MN te él je: ee # J Lx He 1 nl Ne Lu "fi 4 PHARES 4 k mn èdié à EPA OBSERVATIONS Adi à LA PHYSIQUE, SUR L'HISTOIRE NATURELLE EPSSUR LES ARTS; AVEC DES PLANCHES EN TAILLE-DOUCE DÉDIÉES A Me. LE COMTE D’'ARTOIS; Par M. l'Abbé RoOZIER, de plufieurs Académies , & par M. J. A Moncez le jeune , Chanoine Repulier de Sainte- Geneviève, des Académies Royales des Sciences de Rouen , de Dijon, de Lyon, &c. Etc. AN V:leE Re; KB FOME XXAIY- L' CRRRIRAES, AU BUREAU du Journal de Phyfique, rue & Hôtel Serpente, MEME: CLR XIV: AVEC PRIVILÉGE DU ROI, j Li +" : k ME 2 Fi ni ANT Fée EF LY'E OUR 4 “> "à | < PU ES à 3] ci : CUT CE 8 TA LA ü À Fe 2E LU 2: T æ. î Fi s) à aHU0a BAUTAT Ua 2AHOHAN CAR A1 LES A 25 à % 5 0 * # Ra: ‘ pr È BASIC EE HHEN ; È | 3 * ê 4 10 TA AGE ci T ME 3 x AT sb À VIEN PANSTERS | à. on LUC au w bi w ra SE saut ÂE be ia DAS no % wii Jones < sfuai, a” Ÿ 49 “oi Fr. X M: À #e a DENCES sb sui JÙ ab" moi: # Pa dV on 8 92 LE MERE mens ee En ent VO REG LCR SU A 8. A M Qu 4 L F.. E2 ps k L ‘ | | | ?r 5 CT en. ni BAG LL Mn vb: à = f À J + = - T8 f a l LOU 7 AQU 0 QE OR ENEN S PI) re cr PARENT 77 ME ji LIL ill DS : fl OBSERVATIONS | FN pi MÉMOIRES SUR LA PHYSIQUE, SUR L’HISTOIRE NATURELLE, ET SUR LES ARTS.ET MÉTIERS. RL MERE EUR 7145 LR UT OBSERVATIONS MÉTÉOROLOGIQUES FAITES 4 PADOUE AU MOIS DE JUIN 1783; Avec une Differtation fur le Brouillard extraordinaire qui a régné durant ce temps-là (1); Traduites de l'Italien de M. ToALDo, 6 accompagnées de nouvelles Vues fur l'origine de ce Brouillard , de l Académie de Turin ; Par M. le Chevalier DE LAMANON, Correfpondant de l'Acadëmie des Sciences de Paris. Bio Sa plus grande élévation a été de 28 pouces 4 lignes le 24 & le 25 du mois. Son plus grand abäiffement a été de 27 pouces (1) Ces Obfervations du célèbre Fioféfeur de, Padoue font inférées Fee na Journal Tome X XIV, Part, I, 1784. JANVIER, A 2 pa LA LA 4 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, 4 lignes 4 points le 16. Dans les mois d'été, il n’y a pas ordinairement de grandes variations dans le baromètre , & il refte prefque toujours fta- tionnaire, Il paroît qu’il s’eft élevé notablement après le brouillard dont je parlerai bientôt. Thermomètre. En général , le mois a été frais; fa chaleur moyenne, qui eft ordinairement d: 19 à 20 degrés, n'a été ce moisci que de 16: ; car , dans les derniers jours du mois , le thermomètre n'eft monté qu'à 22, 6,&ilétoit à 10 dans le commencement. On peut remarquer u’il y a eu un abaiffément de 4 degrés du 16 au 17, occafionné par l'orage qui eftfurvenu. _Hygromètre. Malgré la pluie, il a toujours indiqué la fécherefle; ce qui prouve l'exaltation des vapeurs. \ Pluie. Si nous confidérions les jours où il a plu peu ou beaucoup, nous devrions dire que le mois a été très-pluvieux ; car il a plu vingt-deux jou:s: mais les pluies ont été en général affez petites , puifqu'il eft rombé 2 pouces d'eau moins qu'à l'ordinaire, Cette obfervation ne regarde que la plaine; car, dans les montagnes, la pluie a été exceflive, & a oc- cahonné de très-grandes crues dans les rorrents & les rivières. Mais il fe préfente deux phénomènes particuliers à obferver , le brouil- lard & les tonnerres. Le 18 au matin , après un orage qui avoit été pré-: cédé de plulieurs autres, le foleil parut fortrpale à travérs un brouillard léger répandu dans toute l’atmofphère, Ce brouillard s’eft toujours plus condenfé les jours fuivants, & n'a point été. diflipé par les vents, pas même par la tempête du 26 au matin , accompagnée d’une grande quan- tité de tonnerres , qui fe firent entendre dans toute la dixcétion des mon- tagnes d’une mer à l’autre. Il dure encore à préfent dans les premiers jours de Juillet; & femble même devenir plus épais, du moins à certaines heu- res, Il n'ôte pas la vu: du foleil, ni des étoiles de la première grandeur, excepté dans la partie baffe de l'horizon, On peut fixer le foleil fans en être incommodé, & fans avoir befoin d’un verre coloré ou enfumé, & il paroît de diverfes couleurs , felon la différente denfité du brouillard, qui laïfle pañler telle ou telle efpèce de rayons. Comme les jaunes & les rouges , qui font les plus forts , font ceux qui percent le plus fouvent, le foleil paroït femblable à un globe en feu ou couleurde fang ; ce qui donne occalion à plufieurs perfonnes , dont l'imagination eft fantaftique & échauffée , d'y voir, comme dans les nuages, des figures d'hommes & d'animaux. Le plus fouvent, dans le haut de l’atmofphère, le foleil paroifloit pâle & blanc, par l’abfence des rayons de plufieurs couleurs ; ns Jcalien , entrepris à limitation du Journal de Phyfique en France. 11 simprime à Mi- Jan, &a pour titre : Opufroli [cel fulle Scienge e fulle Arri. I feroit à defirer qu'il eu parût plus de fix cahiers par année, : SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. $ & il paroifloit rouge lorfqu'il étoit plus bas, parce que fes rayons par- couroient alors un plus long efpace horizontal, Pour qu’on ne croie pas ce phénomène nouveau dans le monde , je don- perai ici une notice de ceux qu’on a obfervés autrefois , & qui lui font ana- logues. Mais il convient de dire avant quelque chofe fur la caufe de ce brouillard extraordinaire dans la faifon |, du moins par fa lonoue durée, ui eft déjà de vingt-deux jours ( afin qu'on ne l’attribue pas à une queue de comète que ce brouillard même pourroit cacher ). Je dirai donc que jincline à penfer, & je ne fuis pas le feul à avoir cette idée, que ce brouillard eft venu de la Sicile & de la Calabre, où il y a eu de f grands tremblements de terre. On fait, par les relations, que l'air dans ces pays a paru nébuleux après Les fortes fecouffes; ce qui n'eft pas difcile à croire, vu l'immenfe exhalaifon quia dû fe répandre dans l'atmofphère. Dans le mois de Juin, les vents de fud-eft ont dominé dans notre pays. Ces vents font appellés Foriani à Venile, parce qu'ils ont d'abord lieu en-deçà du golfe. Il eft crès-probable que ces vents traverfant cette partie de l’atmof- phère , ont entraîné une grande maffe d’exhalaifons, qui étant arrêtées par Ja chaîne des Alpes, fe font répandues dans la Lombardie, & ont occupé les Alpes mêmes que l’ona vues avec éronnement rouges on Sfiéremment coloriées , felon la pofition du foleil & de l’obfervateur. Il re paroît pas que ces exhalaifons foienc dues à notre territoire, qu’on n’a pas vu fumer, comme il arrive ordinairement dans les temps de brouillard. Mais celui-ci eft venu d'en haut , comme s'il étoit tombé de l’atmofphère. Cn ne le voyoit point roucher la terre , excepté lorfque, par une illufion oprique , la couche nébuleufe, en fe prolongeant , le rapportoit à l'horizon fen- fible : aufi n’a-t-il point endommagé les fruits de la terre ; on dir feu- lement qu'il a un peu brûlé les oliviers & les vignes dans les collines éle- vées. Si quelques-unes ont fouffert dans la plaine, on peut en attribuer la caufe aux pluies qui ont eu lieu dans le temps de la floraifon. Si ce brouillard provient , comme nous l’avons dit. des exhalaifons que les tremblements de terre ont laiffé échapper, il a dû être fec, con- tenir des matières terreftres minérales ignées , beaucoup d'air infamma- ble & de feu électrique. C'eft à quoi l’on peut attribuer la quantité de foudres qui our éclaté , fut-rour depuis le milieu du mois. Non alias cælo ceciderünt plura fereno fulmina ; le ciel étant ferein, comme on me Pa rapporté des montagnes voifines. Le tonnerre a fait en général d’étran- ges ravages , brülé des maifons, tué des hommes & des animaux (1). (x) Quelques-unes de ces foudres furent heureufement dérivées par les conducteurs : & particulièrement le 21 par celui de M. Ange Quirini dans Alichierro. On a vu du feu le long du conduéteur, & entendu des cliquetis le long des fils de fer où fre attachées les fonnettes. On croit affez généralement qu'il en eft arrivé de même au con- ducteur de Saint-Marc de Venife. - 6 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, On écrit de Hongrie, qu'après des tremblements de terre, la Ville de Kremnitz a êté incendiée par la foudre, On craignoit le même fort pour Vicenze le 26 au matin, tant les coups redoublés du tonnerre fe firent entendre avec force. On compte cinq ou fix édifices où la foudre eft tombée cejour-là, & où elle a occafionné des dommages confidéra- bles. Elle eft tombée aufli à une douzaine d’endroits dans ce territoire, particulièrement dans les montagnes. * On verra, par la notice ci-après , que ces phénomènes accompagnent ordinairement les tremblements de terre. Les grandes fecouffes de la Ca- labre étoient aufli accompagnées d'orages terribles ; un ciel obfcur, brouillé, & pour ainfi dire enfumé, précède, accompagne ou fuit les tremblements de terre, fur-tout dansles pays qui y font difpofés parles matières & les fentes qu'ils contiennent, & dont l'expérience de plufieurs fiècles fait voir que le nôtre eft exempr. Ce qui pourroit tout au plus nous arriver de fâcheux , feroit une fécherefle qui prît la place de lhumidité que nous craignions , & à laquelle nous nous attendions pour cet été: mais nous efpérons plutôt que ces exhalaifons, entraînées infenfiblement ar les pluies, viviferont & fertiliferont notre territoire, comme les éruptions du Véfuve fertilifent celui de Naples, & les tremblements de terre celui de la Calabre , felon l'opinion de M. Le Chevalier Ha- milton. Je place ici une efpèce de chronique , tirée de mes Journaux des Epo- ques, où l’on a vu des brouillards obfcurcir le foleil, perfuadé qu'on en trouvera bien d’autres dans Les Ecrivains , fans celles dont on n’a pastenu compte. Cette notice fervira à faire difparoître La merveille, & à faire voir qu'il n'arrive rien à préfent qui ne foit arrivé autrefois , & même avec des circonftances plus fâcheufes, Epoques auxquelles on a vu le Soleil s'obfeurcir ; € des phénomènes ARE analogues, Rome. 291 Soleil ebfeurci , comète, feu dans le ciel, (c. à d. aurore boréale ). Juzrus OBSEQUENS , de prodigiis.\ L s42 Soleil plus rouge qu’à l'ordinaire , ayant une couleur de fans. 552: Le difque du foleil paroît plus petit. s54 Dansle Royaume de Naples, le temps étant en apparence fe- rein, le foleil parut couleur de fang, & le ciel enflammé. ( c. à d.au- rore boréale). 710 Parmi les prodiges obfervés l’année de la mort de Céfar , on compte celui du foleil obfcurci& paroiffant rouge , crm caput obf- cur4 nitidum ferrugine texit , impiaque æternam timuerunt fœcula noëtem. Julius Obféquens rapporte, avec plus de détail, les pro- diges qui arrivèrent , notamment des torches vues dans le ciel, SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 7 + & des couronnes environnant le foleil , quine donna , pendant ms plufieurs mois , qu'une lumière pâle & languiffante : aufi pouvoit- Chrit. On le fixer. 264 Grand tremblement de terre & ténèbres pendant plufieurs jours, (Friftchio ). 396 IL y eut à Conftantinople des orages fi extraordinaires, qué dans le même temps que le ciel étoitembrafé, la terre trembloit : on s’at= tendoit. à la fin du monde, 790 Et felon quelques autres 798. Pendant dix-fept jours, le ciel ne donna La de lumière. Ce phénomène fut précédé de tremble- = ments de terre en Candie & en Sicile, (Colleét. Acad. de Lancil, Friftchio). 037 Le ciel étant ferein, le foleil s’obfcurcit, & fes rayons paf + 2 fant par les fenêtres ; parurent fanguinolents. | XO20 La /lune parut couleur de fans ; des flammes tombèrent du ciel comme une tour. ( c. à d. Une foudre confidérable , ou un globe de feu femblable à une carcafle ou bombe pleine de grenades , tel qu'on écrit en avoir obfervé un cette année à la Cathédrale de Liége. Si jene me trompe , Scheuchzer de Berne rapporte en avoir obfervé un ). Selon l’hiltoire , il y eut d’autres bouleverfements; la mer fortit de fon lit, & fubmergea plufieurs endroits voifins, La même chofe eft arrivée dans l'ouragan du 11 Mars de cette année. %104 ‘Le foleil & la lune en défordre s’éclipsèrent plufieurs fois ( c. à d, s’obfcurcirent): on vit des étoiles tombantes, des feux ardents, des météores ignées, des foudres , grêles, typhons , ouragans qui dé- truifirent les Temples , les maifons, les campagnes , les hommes, les beftiaux, les plantes. C'eft précifément ce qui eft arrivé cetre année 1783: ù154 Le premier Oétobre, le ciel ferein parut tout de fuire obf- curci. " : (1206 On ctut voir dans le ciel une tète:humaine; & l'année fui- vante en Allemagne, le foleil parut divifé em trois parties. De fémblables phénomènes peuvent aifément: tromper l'imagination des hommes, ordinairement troublée dans ces fortes d'événements, comme on l’a vu cette année, 1227 Tremblement de terre, comète ; foleil de couleur de fans. 1263 Le foleil s’obfcurcit fans nuage, de manière à ne donner au- cune lueur. 1383 Tremblement de terre en Suifle; après , grand cercle. autour du-foleil pendant quelques jours. 1549 En Avril, un globe tout en feu parut pendant trois jours, 8 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, l'après-midi: on die même qu'on avoit vu auparavañt des armées combattre dans le ciel, & deux lions aux prifes. ( Ce font les jeux de lumière d’une aurore boréale } VUES SUR LA NATURE ET L'ORIGINE DU BROUILLARD QUI A EU LIEU CETTE ANNÉE. se a ——_—_—_—_— ———————_——————————— Ipfum eriim folem defelum lumine vide. Ovio. Elég. V; lib, 2. EEE « » \ “ Péce à Sallon - de- Crau en Provence , lorfque ce brouillard, qu'on peut appeller brouillard éleëtrique , a commencé à paroître. Pour raflurer, autant qu'il é-citen moi, mes concitoyens & mes voifins, j'écrivis une lettre à M. Artaud , Réd:êteur du Courier d'Avignon, en dare du premier Juillet ; elle a éré réimprimée dans plufi-urs Journaux. Après y avoir parlé de la narure du brouillard , je dis qu'il fcroir confumé par les Orages qui ne manqueroient pas de furvenir. L'événement a pleirement juftité cette efpèce de prédiction. Les Papiers publics m'ont appris en- fuite que ce phénon:ène n'éroir poine local, mais prefque général en Eu- rope. J'ai fait de nouvelles obferyations, & parcouru les plus hautes Alpes Provençales , Dauphinoiles & Piémontoifes; & j'ai pris, pendant tout Le cours de mon voyage, des r-nfcignements fur le brouillard & les effits du tonnerre. [1 en eft réfulté quelques vues, que j'ai cru devoir placer ici. Mais avant de donner l'explication du phénomène qui me pa- roit la plus viaifemblable, râchons de le décrire avec exactitude. $. I Nature G effèrs du Brouillard élefrique. Li] I. Dans prefque tous les pays , le brouillard a été précédé d’un orage, $ IL. ll a commencé le même jour à des diftances très éloignées:, ‘comme $ Paris, à Salon, à Turin, à Padoue & à plufieurs auvesléndloirs où il Fa pour la première fois le 18 du mois de Juin, de te ne ER M. É De de Saluces, Préfident perpétuel Paila dan lee rie tn été obfervé le 17 à Genève. Crenable, s du Dauphiné, qu'il a commencé le 21 à nul : Po à a pus endroits , lorfque le brouil* jour, il régnoit un venc d’eft def Det Te CARRE ten o eft ou de fud, Le brouillard, aprèsavoir ceflé , a reparu SUR L'HIST.- NATURELLE ET LES ARTS. 9 reparu dans certains endroits par un vent de nord; dans d'autres, par les vents d’eft, d’oueft & de fud. IV. Il na pas été par-tout également fec. A Sallon, j'ai obfervé qu'it ne faifoit point entrer les fels en déliquefcence , ne faifoit point monter l'hygromètre , n’empêchoit pas l’évaporation d'être abondante, & ne ter- nifloit pas même les glaces’ que j'y expofois. Les falines d'Hyères en Pro- vence ont cryftallifé, par l'effet du brouillard ; quinze jours plutôt qu'a * l'ordinaire. MM. Toaldo &. Sénebier ont obfervé , l’un à Padoue, l’autre à Genève , que l’hygromètre n'atteignoit pas le point qui défigne l'humi- dité. Dans le Champfaur en Dauphiné , & à Turin, le brouillard a quelquefois été humide, V. Le foleil, qu’on n’appercevoit plus qu’à travers le brouillard, paroif- foit fort pâle dans la journée , d’un rouge de fang à fon lever , & encore lus à fon coucher. VI. A Sallon , le brouillard a répandu quelquefois une odeur défagréa- ble, difficile à bien déterminer, &que plufieurs perfonnes ont cru être fulfureufe. On s’eft apperçu ailleurs de cette mauvaife odeur. VIL 11 fatiguoit les yeux ; & à Sallon, les perfonnes qui ont la poitrine délicate, en étoient défagréablement affectées. Les Habitants*du Champ- faur m'ont dit, que plufieurs perfonnes chez eux avoient eu de violents maux de tête, & qu'en général ils avoient perdu une partie de leur ap- pétit. ( Les Habitants de cette Vallée font les plus grands mangeurs de la France ; les Etrangers qui y féjournent & boivent de leurs eaux , mar- gent prefque autant qu'eux, & ne regardent plus de fi près à la qualité des aliments. J'en ai fait l'expérience cette année ). VIII. Dans la baffle - Provence , dans le Languedoc & ailleurs, le brouillard à müûri les bleds & favorifé Jes moiflons. Les Payfans voyoicnr, avec la plus grande fatisfadion, l'effet de ce brouillard fur la récolte, & cependanten avoient peur. Dans le haut-Dauphiné & à Turin, il a rouilli plufieurs champs de bled , & a verdi des boutons de cuivre ; ailleurs il a defféché des plantes, . IX. Le baromètre à Padoue, à Turin, à Paris, à Sallon, à Grenoble , a prefque toujours refté ftationnaire vers le point qui indique fon état moyen. - X. Il y a eu des jours très-chauds; mais en général les mois de Juin & de Juillet ont été prefque par-tout moins chauds qu’à l'ordinaire, IL n'ya point eu d'été cette année fur les hautes montagnes de la Provence & du Dauphiné , où les Bergers des plaines de Crau & de Camargue cor- duifent tous les ans de nombreux troupeaux. XL. Il y a eu par tout des pluies d'orages; & après l'orage ; le broui!- lard a quelquefois augmenté, mais le plus fouvent diminué. XIT. Pendane tout le temps du brouillard , une machine éle@rique qre j'ai à Sallon, n'a donné que peu ou point d'étincelles. Un Phyficien de Tome XXIV, Part. 1,1784. JANVIER, B 2 ‘+ 10 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, Soroues, près d'Avignon , n'a écrit que fon électromètre a toujours indi- qué beaucoup d'électricité dans l’atmofphère. XIIL. Le 4 Juillet, M. Nicolas, Médecin à Grenoble, & M. Plana, Maître en Pharmacie, prirent, à cinq h:ures du matin, quatre mefures de brouillard, Les mêlèrent avec deux mefures d'air nicreux ; Fabforprion fut d'un quart, & il ne refta plus qu'un gaz dans lequel la lumière s’érei- gnit plufieurs fois. L'air atmofphérique tient ordinairement + d'air pur & = d'air méphitique ou phlogiftiqué. Ce quart d'air fut abforbé par l'air ni- treux. L’eudiomètre de M. Fontana donna le même réfultat le 7 Juiller, Sur trois cents parties d'air atmofphérique , il y en eut trente-deux d'ab- forbées. L'air des brouillards, mêlé avec le gaz inflammable, ne la point empêché de détonner , lorfqu'on a préfenté une bougie allumée au col de la bouteille dans laquelle il étoit renfermé; preuve bien certaine qu'il mavoit rien de délétère, Affiches du Dauphiné du 11 ou 18 Juillet 1783: XIV. Prefque tous ceux qui ont parlé du brouillard , ont dit qu'il éroit bas. Cependantie l'ai vu beaucoup au-deflus de moi, étant fur le mont : Ventoux #à près de 1040 toifes fur le niveau de la mer. M. Sénebier dit, dans fa Lettre à M. le Comte de Saluces, qu'on l'a obfervé dans les Alpes à une élévation plus grande que celle du mont Salève, qui a 6o1x toiles de hauteur fur la mer. Le 22 Septembre de cette année , je fuis monté dans les Alpes les plus élevées du Dauphiné, jufqu'à la hauteur de 1660 toifes fur la mer, ( Perfonne encore n’æété plus haut en Europe ). Les Bergers qui me fervoient de guide, m'ont tous afluré que ce brouillard avoit cependant furmonté toutes ces montagnes. XV. La partie la plus baffe du brouillard étoit la plus épaifle & Ta plus sèche; je m'en fuis affuré en allant des bords de la mer jufqu'au fommet des plus hautes montagnes, XVE. Li eft probable ; d’après les relations, que ce brouillard a couvert à peu-près toute l'Europe , lesifles de la méditerranée , une partie de PA- fique , fans ce que nous ignorons. Il couvroit route la mer Adriatique, mais ne s’'étendoit guères qu'à cent lieues fur l'océan. C'éroit proprement un brouillard continental. : X VIE. Le tonnerre a fait beaucoup de ravages cette année; il a tué, feulement en Provence & en Dauphiné, près de foixante perfonnes, & nombre d'animaux. Je n'ai point trouvé d'exemple qu'il foit tombé & ait occafionné du dommage dans des lieux élevés de plus de 450 toifes fur le niveau de la mer, Il feroit trop long de placer ici le nom de tous les dieux dont j'ai pris note dans mon Journal , & où j'ai appris que la foudre éroit tombée. [l me fuffit d'en rapporter les effets les plus fingu- liers , & qui peuvent ajouter à nos connoiffances fur la nature de ces terribles météores, ï 2 SUR L'HIST. NATURELLE.ET LES ARTS. 11 Selon Pline , Plutarque , Sénèque, &c., l'olivier, le Bguier & le lau- rier ne font jarhais frappés dela foudre, ({ Voyez Pline, Hift, Nat. ; Pu- tarque , dans le quatrième Livre des propos de table, queft. 2 ; Senèque , queft. nar., liv. 2.j. b.) Porta a adopté cette opinion, qui étoit celle de tous les Anciens. [] dit, page 22 de fa Magie naturelle, imprimée à Lyon en 1550: « Le laurier & le figuier ne font jamais frappés de la foudre, » ni la vigne blanche, par quoi les Nochers garniilent les voiles de >» leu: navire de ces chofes, afin que, foudroyées par l'injure du ciel, » elles ne brülent & ne foient confumées ; & de cela même, Octavius » fe fortifioit centre la violence du foudre molefte. Tibère Céfar étoit » coutumier de prendre pour défenfeur le laurier contre tels méchefs , n & couvroit fon chef d'icelui , & ont ufé ces deux Empereurs de ce » moyen, pour fe garantir du foudre; car ces plantes n'échappent feule. » ment de la violence du foudge , ains font douées d’une nature fi puif- » fante, qu’elles peuvent repoufler l’injure du foudre adverfaire. Au moyen # de quoi, Tarcon jadis a environné fa maifon de vigne blanche ». M. Toaldo dit aufli, Journal de Phyfique, tom. 10, page 267: « Il » n'y a que les arbres qui contiennent de la réfine , qui puiffent peutètre >». fuirle danger de la foudre, tek que l'olivier , le Jaurier , le fapin &c » autres femblables, C’eft peut-être le fondement de la pratique popu- » laire , de garder dans les maifons , de porter fur les flèches des clo- » chers, & aux coins des champs, des brähches d'olivier béni, & d'en » brüler dans les maifcns en temps d'orage ». IL eft poffible & même vraifemblableque ces fortes d'arbres foient moins fouvent frappés de la foudre.que ceux qui contiennent beaucoup de fucs aqueux; mais je puis aflurer.que ces paratonnerres des Aiciens ne valent pas les nôtres. Le 21 Juin, le ronnerre a brülé les feuilles d'un figuier & toute l'écorce d’un olivier dans le territoire de Sallon , au quartier des Mouledas, & j'ai appris à cette occafion que la même chofe éroit arrivée anciennement , & même qu'il y avoit eu des fivuiers & des oliviers fendus & arrachés par le tonnerre. « Îly a des foudres, dir Sénèque , qui ontun bruit éclatant, par le. >» quel les hommestombent morts, & quelques-uns en deviennent étour- » dis & hors de fens », . J'ai vu cette année plufieurs exemples, qui confirment la vérité de cêtte obfervation. Entrautres, à Peliffanne, qui eft à une petite lieue de Sallon, Le tonnerre, attiré par une croix de fer , atué deux perfonnes, & en a comme hbébêté plufeurs autres, Je tiens ce fait de M. Jaubert, Médecin , qui fait des ob{ervations météorologiques affez étendues. La même chofe eft arrivée à la Freiflinoule en Dauphiné : de-là viennent, je penfe, les mots d’attonirus & étonné, « Quelquefois par le tonneire , dit Sénèque, le vin demeure pris & » gtlé ». Tome XXIF, Part. I, 1784. JANVIER. B 2 . LA 12 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, Des deux perfonnes tuées par la foudre à Pelliffanne, l'une perdit tout de fuite fa chaleur naturelle, & fon corps fur trouvé extrêmement froid, Le tonnerre doit produire quelquefois ces cffets , en occalionnant une force & prompte évaporation. æ Les corps atteints par Le tonnerre , dit Plutarque, ne fe corrompent » point; les chiens &les oifeaux n’en mangent pas ». Le fait peut arriver quelquefois; mais jen connois plufeurs exemples contraires. Le jour de la Foire de Villefranche (le 22 Juiller ) , le tonnerre tua un mulet, quine tarda pas à fe corrompre: on fut obligé de l'enle- ver. Il y a huit à neuf ans que le tonnerre tua nombre de brebis fur une montagne de Sederon en Provence, Les Bergers reftèrent long temps fans y aller, à caufe de l'infection qu’elles répandirenr. ü . Le- premier Juillet, vers Les quatre heures du foir, la foudre tomba à Carpentras, au Lazaret , endroit où l'on,mettoit autrefois les peftiférés; elle mit le feu à des bois ; le boisa plufeurs quinraux de poudre qui, per fon explofion, tua cinq perfonnes, & en bleffa quinze. Le même ton. nerre traverfa une partie du Couvent des PP, Carmes, & fondit une partie des cifeaux du P. Prieur : il tua auf une vache, qu'on a mangée fans inconvénient, « ; M. l'Abbé ***, Curé de Seyne en Provence, s'exprime aïinfi dans fon Hiftoire du Diocèfe d'Embiug , dont il vient de publier le premier volume: « On eft en uface, dit-il, pige 18, de fonner les cloches dans le pays , » quand il paroit quelque mauvais nuage. . . .. Le Peuple veut encore » que le Curé ou le Vicaire dé la Paroifle fe tienne alots à la porte de » l'Eglife, revêtu du furplis & de l'érole, avec de l’eau-bénite , pour faire » l’exorcifme, comme fi les nuages orageux étoient des diables, qui duffent » craindre l’eau-bénire & l’exorcifme. Si le Prêtre qui fait cette fonction » n’elt pas aflez heureux pour réuffir & pour empêcher la grêle de tom- » ber dans les campagnes, le Peuple, groffier & ignorant, en tire des » conféquences délavantageufes au Prêtre même , difant quil n'eft pas » en état de grace pour mériter d'être obéi des vents & des rempêres. » Cette limpliciré, ou plutôt cette fuperftition , qui n’efk pas pardonnable » à des Peuples d'un Diocèfe, qui font d’ailleurs affez inftruits, doit en- > gager les Pafteurs à ne rien négliger pour les en défabufer. El eft vrai » qu'il neft pas ailé de guérir le Peuple des faux préjugés qu'ils ont hé- » rités de leurs Pères, Je fais que bien des Curés y ont perdu leurs peines ; > & quand je dirois que-je fuis du nombre, je ne dirois rien de trop ». Vers la fin du mois de Juin de cette année, le Curé d’Efpinoufe en Provence , étant fur la porte de fon Eeglife pour exorcifer le tonnerre, en a éré tué, ainfi que fa Servante & fon Clerc. % A Nane en Provence, le tonnerre a tué le Sonneur. Le 26 Août, la foudre a été attirée par la croix de fer qui eft fur l'E- glife de Sigoger-du-Hai en Dauphiné ; ilen a fait le tour intérieurement & y SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 13 extérieurement , & a bien eflrayé le Sonneur, qui a juré de ne plus y re- tourner, en temps d'orage. A Pernes, dans le Comtat, il a renverfé une croix. Cette croix , dont j'ai vu Les débris, étoit de pierre calcaire blanche , & tenoit, par une barre de fer, à une colonne de pierre coquillière un peu jaune. Le fèr a difparu; une partie dè la colonne a éclaté , & des blocs ont été emportés à plus de vingt-cinq pas. . y A Aix, le ronnerre a defféché une poutre, & n’a Jaïffé dans un endroit que la partie fibreufe; ce qui la faifoit reflembles à un ouvrage fait en dentelles. Un autre coup de tonnerre y a fuivi un long fil de fer. A la Freifinoufe en Dauphiné, le tonnerre a tué deux bœufs , a rendu le Laboureur ftupéfait , & lui a enlevé un ongle des pieds. Il faut remar- quer que fes fouliers éroient ferrés. : À la Motte-du-Caire en Provence, il eft entré par la fenêtre, où il n'y a point de fer; il eft forti par la cheminée. A Claret en Provence , ila débâté un âne, fans lui faire de mal, & à ‘emporté le bât aflez loin. Dans plufeurs endroïts, & principalement à Banon en Provence, le tonrierte a épilé plufieurs femmes. ‘ A Saint-Criftol en Provence, il a emporté la moitié d'une fille, À Avignon , il a emporté la moitié d’un chat. Je tiens ce fait de M. Sauvan, qui apperçut ce jour-là (21 Juin } La boule du clocher des Grands- Auguftins d'Avignon , avecune couronne de lumière qui dura trois quarts- d'heure, &finit à onze heures du foir. : Le 22 Juillet, il tomba beaucoup de grêle au Saint-Efprit; elle étoit fort groffe, Une fille , frappée d’un grain de grêle à la tête, y porta la main, & trouva fa coëffure enflammée. Le 21 Juin, on vit à Sallon une fotidre afcendante: on en apperçut plufieurs aurres ailleurs le même jour, à Dans plufieuts Villages où j'ai paflé, on m'a montré une grande quan- tité d'arbres écorcés par le tonnerre. J'ai remarqué que la partie de l'écorce ou du bois enlevée, étoit prefque toujours large au pied de l'arbre, & étroite au fommet. Il femble que le feu du tonnerre a rencontré des obf-. tacles , & qu'il avoit plus la même vigueur, à mefure qu'il attaquoit la partie de l’arbre la plus élevée, Je penfe que toutes ces foudres ont été afcendantes : aufli ai-je fouvent apperçu des trous dans la terre au pied des arbres écorcés. J'ai encore obfervé que les terreins fecs ont moins été frappés de la foudre que les terreins humides ; ce qui n'engage encore à croire que la plus grande partie des foudres de cette année ont été afcen- dantes, | - N. B. Le brouillard n’a pas eu par-tout la même marche, ni la même durée, Le 20 Août, il avoit difparu dans l'Ifle de France; mais il couvroit encore tout le Comtat & la Provence, Le même jour , Madame la Com- x4 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, teffe de *** lobferva en Dauphiné. Le 21, nous nous trouvâmes fur le fommet du mont Ventoux, avant le lever du foleil. Plufeurs perfon- nes sy érojent rendues de divers endroits ,_& toutes s'apperçurent que le brouillard s'élevoit au commencement du jour. Madame de *** fur la première à remarquer l'attraétion du brouillard par les grandes males des montagnes; j'ai depuis vérifié plufieurs fois fon obfervation, Depuis le 31 Août jufqu'au 25 Oétobre où j'écris ce Mémoire à Turin, j'ai eu, en parcourant les Alpes, plufieurs jours de beau temps, & fouvent la pluie. Le brouillard fec ou électrique a auûi paru quelquefois. Le der- nier jour où je l’ai vu a été le 8 Octobre après-diner, dans le vallon de Servières en Dauphiné , à environ 800 toiles fur le niveau de la mer, “ S. IT. Wues fur l'origine du Brouillard éleitrique. Le peuple , toujours étonné par la nouveauté des phénomènes dont il ignore lés caufes , en imagine ordinairement d’abfurdes, qui ajoutent à fon effroi. Il eft alo:s du devoir des Philo-: fophes de tranquillifer ceux qui Les entourent; & quelle faris- faction pour eux, s'ils y parviennent! Les Phyfciens de la Capitale, & ceux qui font répandus dans les Provinces , ont beaucoup diminué la terreur que la vue du foleil obfcurci avoit généralement répandue, S'ils n'ont pas afligné la vraie caufe du phénomène, ilsen ont au moins donné de vraifemblables, & elles ont fufi pour tranquillifer. On a contredit M. de la Lande, parce qu'il rapportoit, difoit-on, la caufe d’un brouil- lard fec à une évaporation humide : mais cet Académicien n’a pas eu in- tention de chercher la caufe la plus éloignée de ce brouillard iofolite ; il a écrit une fimple lettre pour calmer les efprits , & s’eit arrêté à unedes caufes les plus prochaines , qui.efe inconteftablement , comme il Pa dir, la grande humidité qui a précédé les chaleurs. Sa Lettre a rafluré des perfonnes timides ( & le nombre en étoit grand), qui craignoient mal- à-propos. pour leur pays des défaftres femblables à ceux qui onc eu licu cette année dans la’ Calabre & Ja Sicile, Je n'examinerai donc pas ici les opinions données en pañlant fur la caufe du brouillard électrique; je ne m'arrêterai pas non plus à prouver qu'il ne doit fon origine ni à un morceau détaché de la croûte du foleil, ni à une comète qu'on n'a pas vue, ni à la planète de Herfchel nouvelle- nent découverte, & non pas nouvellement formée ; ni enfin à la con- jonction des deux planètes de Vénus & de Saturne, qui n’a eu lieu qu’a- près l’apparition du brouillard. Plufeurs Phyfciens ont adopté lopinion du Peuple, & ont regardé le brouillard comme un effet naturel du tremblement de terre qui a bou- leverfé la Sicile & une partie de la Calabre. M. Toaldo entr'autres a penfé, comme on vient de Le voir, que les vents arrivants de la Calabre & de la” SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. Te Sicile avoient amené toutes ces exhalaifons. Mais ce Savant eftimable ignoroir, lorfqu'il a écrit, que ce brouillard étoit prefque général en Eu- rope, fans quoi il n’auroit pas afligné à un fi grand effet une fi petite Caufe : d’ailleurs , fi les vents avoient amené ces exhalaifons, elles au- roient dû paroïître fuccefivement, & non pas le même jour , dans des lieux fort éloignés les uns des autres; elles auroient dû arriver auf par la même aire de vent, On a vu cependant le brouillard paroître le même jour à divers endroits où fouffloient des vents contraires. Les tremblements de terre de la Calabre & de la Sicile ont eu princi- palement lieu au commencement de Février , & le brouillard n'a paru qu'au milieufde Juin, c'eftà-dire, plus de quatre mois après, Je penfe donc que lebrouillard n'eft pas dû aux tremblements de terre de la Calabre & de la Sicile; mais que le brouillard qui a couvert J'Eu- rope , & les tremblements de terre de la Sicile , dela Calabre, & ceux qu'on aflure avoir eu lieu en Iflande, ont une caufe commune, qui a produit divers effèrs, felon la nature des lieux & les circonftances qui l'ont modifiée, Cherchons à préfent quelle eft cette caufe ; nous la trouverons fans doute infcrite dans les faftes de la Météorologie ; il ne s’aoit que de l'y re- connoître, à J'ai dit ailleurs que « la conftitution de l’atmofphère dépend prin- » cipalement de la nature & de la fornre des terreins, & que les révo- » Jurions de l’air font foumifes aux révolutions de la terre fur lefquelles » ellesinfluent à leur tour (1) ». Nousen avons un exemple bien frappant; & puifqu'il m'en fournit l’occañon , je vais développer, le plus fuc- cinétement poflble, ce principe que je n’avois fait qu'annoncer, & en faire l'application aux brouillards qu'on a vus cette année, Si nous confidérons les différents corps ou les diverfes fubftances dont la partie de la terre que nous connoiflons eft compofée , nous voyons que, maloré leur repos apparent, elles ‘obéiflent toutes à un mouvement pour ant dire inteftinal, qui donne continuellement lieu à de nouvelles com- pofñtions & à des combinaifons dont la filiation nous échappe, mais qui n’en exiftent pas moins. Les dépouilles des animaux & des végétaux en- core reconnoiffables , & qui occupent une fi grande place dans notre globe, les acides qui les attäquent , les fluides aériformes qui s’en déga- gent, les métaux & les pyrites qui fe perfetionnent ou fe décompofent, les feux qui fe défuniffent ou fe raffemblent , les fermentations , les effer- vefcences ; enfin , les innombrables décompoftions & furcompofitions de toutes les parties de la terre , fourniflent avec abondance une matière fubtile , qui fe dégage par fa légèreté à la furface du globe , ne peut, PR ——————————————————_—_—_—— (1) Journal de Phyfique , Mars1782, pag. 187. 16 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, dans certaines circonftances, rélifter au poids de Pair, & s'élève quel- quefois jafqu’au plus haut de l’atmofphère, D'un autre côté, les pluies qui tombent , les brouillards humides & plufieurs autres caufes, font qu'une partie de l’eau qui fe dérache de l'air, pénètre la terre, fe com- bine avec la matière des exhalaifons ; elle eft enfuite attirée en partie par la chaleur extérieure, ou repouflée par la chaleur de la terre même : mais elle ne revient pas dans l'atmofphère aulli pure qu’elle en eft fortie; elle entraîne une grande partie de cette matière fubrile dont j'ai parlé ,” & c’eft enfuite ce qui nous donne la foudre, & prefque tous les météores ionés. Ilya donc une continuelle communication de la terre à l’atmof- phère , & de l'atmofphère à la terre. Nous ferons voir un jour qu'il en refulte de-là qu'on ne fauroit trouver, dans les révolutions de l'air, les périodes qu'on y cherche, & qu'on a cru mal-à-propos y: rencon- trer (1). . En général, la plus grande partie de ces exhalaifons eft fpécifique- ment plus pefante que l'air atmofphérique ; & fi elles ne font pas détrem- pées dans une RE d'eau , elles ne peuvent quitter la terre: elles s’y ramaffent néceflairement, & s’y accumulent plus où moins pro- fondément lors des grandes féchereffes. Confultohs à préfent nos regiftres & ceux des divers Obfervateurs, & nous verrons qu'il a régné, au moins pendant neuf ans , une fécherefle extrême , non-feulement en Europe, mais encore en Afrique & en Amé- rique. Les Gazettes nationales & étrangères nous l'ont annoncée année ar année: on peut la conclure encore des obfervations détaillées du célèbre Van-Swinden, des tables publiées par MM. Toaldo , Cotte, Beraud , Beguelin , de Romily, &c. Quelquefois , il eft vrai, les pluies ent eu lieu dans tel pays : mais en général ily a eu, jufqu’à l'hiver paflé, une fécherefle extraordinaire ; elle LEA même encore dans pluleurs Pro- vinces. Je connois encore quelques endroits où, dans le courant d’une année, il eft tombé plus d’eau qu'à l'ordinaire; mais cette eau eft venue prefque toute à-la-fois, s'eft écoulée par les torrents & les rivières , &-a été prefque perdue pour la verre. C'eft environ depuis 1774 que la féche- refle a lieu ; elle a été extrême en Italie & dans nos Provinces méridio- nales au mois de Juin 1782: auffi efluyâmes-nous une chaleur étouf- fante. La terre écoir pour ainfi dire en feu, & brüloic dans la plaine de la Camargue les pieds des Moiflonneurs, qui fe virent obligés dé ne plus marcher que fur de la paille. Plufieurs moururent de chaleur, la faucille à la main; il y en eut un grand nombre de malades, Enfin, la féchereffe (x) Nofrademus , un de nos plus anciens Faifeurs d’Almanachs prophétiques, croyoit à la période de 19 aus, & SUR L'HIST, NATURELLE ET LES ARTS. 17 & la chaleur furent fi grandes, qu'on vit, à deux lieues de Sallon, des araignées, qui ordinairement ne font pas venimeufes, occafionner , par leur morfure, des maladies graves, & qui avoient de grands rapports tavec celles que donne la morfure des tarentules. Par une fuite de cette grande fécherefle , les exhalaifons de fa terre, fpécifiquement plus pefantes que l'air, & manquant d’une humidité qui leur fert de véhicule , ont refté dans le fein de la terre, où il a dû s’en faire des amas énormes. L'hiver de 1782 à 1783 a été pluvieux , fur-tout en Calabre & en Si- cile. Les Alpes ent été couvertes de beaucoup de neige ; le printemps a aufli été pluvieux affez généralement. L’eau s’eft doncinfiltrée dans les entrailles de la terre ; elle a été d’abord abforbée par les exhalaifons très-sèches qui y étoient retenues. Cette hu- midité , jointe à la chaleur du printemps, a fans doute occafionné des effervefcences , des fermentations; & les exhalaifons fe dégageant avec force dans certains endroits, elles y ont ébranlé la terre, comme en Ca- labre & en Sicile, A mefure que l’eau , par fon propre poids, sinfiltroit davantage , elle trouvoit de nouvelles exhalaifons , qui occafionnoient , en fe dégageant , des tremblements nouveaux, mais moins confidérables, vu la moindre abondance de ces exhalaifons, Aux.endroits où elles fe font échauffées par leur mélange, elles ont liquéfié les pierres , & foulevé des ifles volcaniques , comme en Iflande. Inutilement voudroit-on recourir, pour expliquer les éruptions des vol- cans , à des amas de pyrites dont on fuppofe gratuitement l’exiftence. Enfin, ces exhalaifons fubtiles montant dans l'air de toutes partsavec les vapeurs qui leur fervoient de véhicule, elles n’ont pas d’abord troublé fa pureté , étant intimément liées avec lui ; mais elles n’en exiftoient pas moins, & elles ont produit, dans la région la plus élevée de l'atmof- phère , les halos, parafelennes & parélies multipliés que nous avons obfervés cette année. La chaleur augmentant, & la terre continuant de fournir des exhalai- fons à proportion de l'humidité précédente , elles fe communiquoient à Vair d’une manière prefque invifible: mais enfin, l'air en a été faturé; ces exhalaifons ont fubi de nouvelles décompolitions ; orage s’eft formé; l'atmofphère s’eft refroidie, & a laiffé échapper une partie de la matière des exhalaifons qui retomboient vers la terre; & dans un jour, un brouil- lard fec a couvert l'Europe (1). ——————— (1) Je préfume que le même brouillard a eu lieu en Amérique, où lon fe plaint de la fécherefle depuis huit ans. On ne la pas vu en pleine"mer , parce qu’il étoit abforbé par les eaux : c'eft par cette raifon qu’il ne RE pas dans les pays où le ciel étoit couvert de nuages, Tome XXIV, Part, I, 1784. JANVIER, C 18 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, Des circonftances locales d'humidité , de vents, de nuages, en ont exempté certains endroits pour quelque temps. La terre continuant cependant de fournir des exhalaifons, elles fe font réunies à celles que l’air avoit pour ainfi dire dépofées, & nous avons vu par-tout des foudres defcendantes & afcendantes, jufqu'à ce que les exhalaifons de la terre & de l’air aient été confumées. Peu-à-peu, l'atmofphère s'eft épurée; la fource des exhalaifons épuifée ; la terre n'a plus tremblé, & les matières ignées & électriques dont l’air eft néceffairement encore imprégné , femblent nous promettre la fin de cette féchereffe qui nuifoit depuis fi long-temps à toutes nos récoltes. DE 8 CRT DIEM ONN D'un Brouillard extraordinaire qui a paru fur la fin du mois de Juin, & au commencement de celui de Juillet 2783; Par M. DE MARCORELELE, Baron D’ESCALLE, de plufreurs Académies, ù L ES années 1782 & 1783 ne peuvent pas manquer de faire époque dans l'Hiftoire de la Phyfique & de Ja Météorologie; elles feront infini- ment remarquables par lefpèce des phénomènes qu'elles ont produits. Le premier eft l'entière dépopulation de l'Ifle Formofe , occafionnée par un fléau qui nous retrace en abrégé le tableau du déluge. Selon le rapport des Papiers publics, des typhons énormes verfant des torrents d'eau, joints aux flots de la mer, qui, pouflés par des ouragans terribles , s'étoient élevés à une hauteur prodigieufe, ont inondé cette Ifle , & exterminé huit millions d’ames , le 22 Juillet 1782, Le fecond eft ce fameux tremblement de terre arrivé dans les deux Calabres & dans la Capitale de la Sicile. Les principales Villes de ces riches Provinces ne forment plus qu'un amas de cendres & de décombres ; leurs campagnes, jadis fi fertiles & fi floriffantes , font prefqu’entière- ment bouleverfées , leurs Aeuves engloutis ; & depuis le $ de Février 1783 jufqu'à ce jour, la terre, toujours mouvante & dans un état con- vulfif, ne permet pas encore à fes infortunés Habitants de trouver un fol tranquille où ils puiffent s'établir en füreté, Tandis que la Nature en fureur dévafte dans les mers de l’Afe une Ie fertile & délicieufe, pendant qu’au midi de l'Europe , elle ruine SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 19 & fappe, pour ainf dire, les fondements du féjour des malheureux Ca- labrois, elle crée & prépare , par une léoère compenfation, dans les mers du nord, un nouvel afile aux Habitants du Danemarck. Une lIfle nouvelle, mais très-bornée, s’eft élevés dernièrement du fein des eaux dans le voifinage de l'Iflande, La Cour de Copenhague a déjà envoyé de nouveaux Colons pour en prendre poffefion. Quelle que puiffe être la caufe de ces étonnants phénomènes, il paroît cependant qu’elle n’a aucune analogie fenfible avec le météore vafte & extraordinaire que nous allons décrire, Son fiége eft dans l’atmofphère , & on auroit tort de le re- garder comme le préfage effrayant d'aucune de ces cataftrophes terrible dont je viens de parler. Le voici cel qu'il a-paru à lobfervation. Le 18 Juin, à la pointe du jour , le temps étant fort calme , il pa- rut un brouillard affez épais, qui embrafloit le cercle entier de l'horizon ; fa couleur étoit plus foncée & plus rembrunie que celle des brouillards ordinaires, & il s’éleva fur l'horizon à la hauteur d'environ 2$ degrés. L'action du foleil n'ayant pu le difliper , il refta dans le même état ce jour-là & la nuit fuivante. Le lendemain-19 , il acquit encore plus de confiftance , & monta de quelques degrés de plus vers le zénith. Le 20, le temps étant toujours calme, il s’accrut encore, & il finit par couvrir entièrement l'hémifphère célelte : alors le foleil parut en plein midi d'un rouge très-pale; fa lumière offufquée ne répandoit qu'une lueur trifte., Cette fingularité alarma le Peuple, & principalement les Habitants de la campagne, qui commencèrent à craindre quelqu'accident funefte à leurs récoltes, Il ny eut point de changement , ni dans le temps, ni dans la qualité des brouillards , jufqu'au 24 , à une heure après minuit, où il s’éleva un léger vent du nord. Quoique ce vent für foible, on avoit lieu d’efpérer qu'il diviferoit un peu le brouillard , & le didiperoit, du moins en partie, Vain efpoir! ce vent dura jufqu'au 28 au foir, & le brouillard fut toujours le même. Nouveau calme jufqu'au 4 Juillet, & toujorrs même perfévérance dans le méréore, même étendue & même élévation dans l'atmofphère. Le 4 Juillet, le vent foufla du nord-oueft avec impétuo- fité : alors la vapeur commença à céder à fon choc; elle devint plus rare, & s’affoiblit fenfiblement dans la région du zénith: de forte que le foleil n’eut plus à midi cetre teinte rougeâtre qu’il avoit confervée de- puis le 20 du moïs précédent. Le vent s'étant fourenu av:c le même degré de force jufqu’au foir du 6, il parvint à divifer & à atrénu:r le brouillard , au point qu'il ne reftoit plus à cette époque qu'un lézer nuage autour de l'horizon, On crut alors qu'il ne paroïtroit plus ; mais le caline étant furvenu , il repatut, non pas comme: la première fois, occupant en entier l'hémifphère célelte, mais s'élevant fulement à la hauteur de 20 degrés au-deffus de Phorizon. [Il perfévéra dans cer état jufqu'au 25 Juiller, époque de fon entière difbarition. Elle a été occafionnée par Tome XXIV, Part. I, 1784. JANVIER, C 2 . 20 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, un vent de nord très-froid qui régna pendant trois jours, c'eft-à-dire, depuis le 24 jufqu'au 26 Juillet, | Comme la qualité fingulière de ce brouillard, ainfi que les divers phénomènes dont il a été accompagné , font d'un genre à piquer la cu- tiofité du Phyficien, nous allons en parler avec quelque détail. Ce brouil- lard étoit fec, d'une couleur de fumée plus fombre que celle des brouil- lards ordinaires qui font d’un gris cendré , depuis le 20 Juin jufqu'au 6 de Juillet fuivant, temps où il occupa en entier Fhémifphère célefte. Sa denfité étoit telle, que le foleil n’éroit vifible Le matin qu’à douze degrés d'élévation au-deflus de l'horizon. On le voyoit alors d’un rouge de feu, & il confervoit la vivacité de cette couleur jufqu'à ce fqu'il fût monté vers le fud-eft. En parcourant cet efpacè du ciel, cet aftre n’étoit point rayonnant, & on pouvoit le fixer fans être ébloui de fon éclar, Depuis ce point jufqu'à celui du fud-oueft , fa couleur étoit plus pâle , ou plutôt rougcâtre , & il ne rayonnoit que foiblement , même en plein midi ; mais dès qu'il avoit décliné au fud-oueft, il ceffoit de rayonner, reprenoit fa couleur de feu, & il perfévéroit dans cet état jufqu’à ce qu’il für defcendu au dixième degré au-deflus de l'horizon, point de fa difparition & de fon immerfion totale dans le plus épais du brouillard. | La lune faifoit alors fon dernier quartier au premier degré du bélier; fa lumière éprouva la même opacité & les mêmes altérations , ainfi que celle des étoiles, qui ne donnoient point de fcintillation. … Plufieurs fois, avant que le foleil difparüt dans le fein du brouillard, les diverfes réfractions de fes rayons offrirent aux curieux un fpeétacle tres- rare & très-fingulier. On vit un foir quatre globes contigus d’un fond bleu, & bordés d'un rouge très-vif, fe ranger de file au-deffous de cet aftre, [ls furent vifibles pendant douze minutes. C’étoient vraifemblable- ment des parhé'ies imparfaites. On apperçut un autre jour des bandes tranfparentes , enrichies des couleurs de l'iris, qui traverfoient le difque du foleil, comme des cordes parallèles. On vit, certains jours , des fimu- lacres de pyramides tronquées, & d’autres d’une figure bizarre & irré- gulière; mais {e plus frappant de tous les phénomènes fut une parhélie bien marquée qui eut lieu le 30 Juin à fept heures du foir. L'image du faux foleil étoit placée au côté droit de cet aftre & fur une même ligne horizontale : elle étoit de même diamètre & de même grandeur. Cefpectre lumineux fut vifible pendant quinze minutes: en un mot, la partie occi- dentale du ciel offrit, pendant huit jours, plufieurs fcènes d'optique très- agréables & très-variées. Quoique ce brouillard fût naturellement fec par fa qualité, it devine cependant humide avec le vent d’eft qui régna le 26 , le 27 & le 28 Juin. Pendant ces trois jours, il dépofa dans la nuit fur les végétaux une eau épaifle & gluante, d'un goût défagréable & un peu fétide. Cette liqueur laiffa des traces de la plus grande caufticité, Les fleurs dont Ja vigne &c SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 21 les oliviers étoient chargées furent brülées, & tombèrent en très-grande partie. Les plantes légumineufes , comme les pois , les courges , les melons , &c., furent très-mal traitées. Les feuilles des arbres, & notam- ment celles des peupliers expofés au vent d’eft, furent Aétries. On s’eft ap- perçu, après la récolte, qu'il y avoit beaucoup de bled charbonné ; 8: ns melons, d'ailleurs excellents, ont été infipides & d’un mauvais goûr. Ce brouiliard , comme nous l'avons dit, étoit de la couleur de la fu- mée ; il en avoit même l'odeur âcre & piquante. Sa folidité, qui rélfta plufieurs fois au choc d’un vent médiocrement fort , ne céda qu'à l'im- pétuofité du vent de nord-oueft. Maïgré l'incenfité de la chaleur, fes par- ties n'éprouvèrent jamais dans nos climats un deoré de raréfaction capable d’en élever la mafle au-delà de 400 toifes; de forte que ce météore ne parvint jamais jufqu'à La région des orages , ce qui fit que nous en fûmes heureufement délivrés. Dans la région fupérieure de l'air, le ciel fut tou- jours ferein, & le vent conftamment nord ; au lieu que dans la région inférieure , nous eümes du calme pendant pluleurs jours, & les vents varièrent fouvent du nord-oueft au nord-eft , au fud-eft & au fud. La liqueur du thermomètre de Réaumur monta ces derniers jours au -28° degré au-deffus du point de congélation. Le mercure du baromètre , depuis la formation du brouillard jufqu'au 4 Juillet , fut toujours à 28 po. x ligne; mais depuis ce dernier jour jufqu'au 6 du même mois, il fe fou- tint conftamment à 28 pouces 4 lignes. Le vent ,-pendant ces trois der- niers jours , fouffla avec violence du nord-oueit ; & il diminua beau- coup, comme nous l'avons dit, la denfité du météore. Il ne fera pas fans doute hors de propos de rapporter ici les obferva- tions météorologiques faites à Narbonne pendant le temps qui a précédé ce phénomène, jufqu'au moment de fon apparition. Ce n’eft qu’en fuivane la marche de la Nature, qu'on parvient à découvrir la caufe fecrète de fes opérations. 1°. L'hiver a été fort long. Le froid s’eft fait fentir depuis le commen- cement d'Octobre 1782, jufques vers le 16 Juin 1783; de forte qu'on peut dire qu'il n'y a eu depuis cette époque ni automne, ni printemps : 2°. malgré fa continuité, le froid n’a jamais été fort vif, & il a fi peu gelé à Narbonne pendant les trois mois de l'hiver, qu'il n’a pas été peffible d’enfermer de la glace: 3°. il n’eft point tombé de neige, & il ny a pas eu de pluie depuis le 25 de Novembre 1782, jufqu'au 20 du mois de Mars 1753 ; durant ces quatre mois, la féchereffe a été extrême: 4°. les vents ont prefque toujours foufflé du nord ou du nord-oueft ; quelquefois de l'eft ou du fud-ouelt, mais très-rarement : 5°. le 20 Mars, & prefque au moment de l'équinoxe du printemps , il ft une très-grande pluie, qui dura quinze heures; elle fut fuivie d’un vent impétueux de nord-oueft, qui ramena la fécherefle: elle dura encore un mois & demi jufqu’au 6 de Mai. Ce jour-là, il plut abondamment, de même que le 20 du même 22 OBSERPATIONS SUR LA PHYSIQUE, mois, Le 12 Juin, il plut extraordinairement pendant près de vingt-quatre heures ; le temps étoic toujours très. froid : mais la température changea fubitement le 16 Juin, & la chaleur fut très-vive. D'ailleurs les Papiers publics nous ont appris que le froid a régné crès-long-temps dans le reftede la France, & que les pluies y ont été fréquentes & abondantes jufqu’à l'apparition du brouillard. D'après l'examen des circonftances dans lefquelles il a paru, on a formé quelques conjectures fur les différentes caufes qui ont pu contribuer à fa formation. On lit dansle Mercure de France, n°. 28 de l’année 1783, que M. de la Lande croit qu'il a été occalionné par l'action de la chaleur fur la furface humide de la terre. « Il dit enfuite que la première impref- » fion de cette chaleur a dû fublimer tout-à-la-fois une très-grande abon- » dance de matières aqueufes , dont la terre étoit profondément imbibée, » & leur donner, dès le premier temps de leur élévation, une qualité » sèche, & un degré de raréfaction plus grand que celui des brouillards » ordinaires; que cet effet n’eft point nouveau, & qu’on en trouve un » femblable dans la période de dix-neufans. On lit, continue ce célèbre » Aftronome, dans les Mémoires de l’Académie, parmi les obfervations » météorologiques de 1764 fur le mois de Juillet, que le commence- » ment de ce mois a été humide, & la fin fort sèche; que depuis le 2 » jufqu'au 9, le vent a été toujours au nord ; que le matin, il faifoit du » brouillard 3 & que, pendant le jour, le ciel étoit comme en- » fumé », En applaudiffant aux ingénieufes conjeétures de cet Aftronome , il doit nous être permis de hafarder les nôtres fur le même fujet. Les unes & les autres ont un égal droitde fe produire aux yeux du Public, pour quil les apprécie à leur jufte valeur, Tout le monde eft convenu que ce brouillard n’étoit point humide; il tenoit au contraire infiniment de la nature des exhalaifons. L'irruption fubite de la chaleur peut avoir occafienné une efpèce de bouillonnement dans les premières couches de la terre végétale ; & la fermentation a été d'autant plus puiffante , qu’à raifon du long froid qui avoit régné de- puis huit mois, l'évaporation n'avoit été que très-médiocre, & pour ainfi dire nulle, La partie aqueufe ayant été abforbée par l’intenfité de la chaleur, il n'eft plus refté que les parties terreftres, métalliques , falines, bitumineufes, &c., que l’action du foleil avoit également fublimées pen- dant l’évayoration ; & c’eft de ces corpufcules folides dont ce météore paroifloit être formé. On peut l’inférer, 1°. de la ficcité , effect naturel de la qualité abforbante des parties terreftres dont il étoit imprégné: 2°. de la caulticité, qui ne peut être attribuée qu'à la vertu active & très-corrolive des foufres & des fels qu'il renfermoit: 3°. de fon odeur âcre & pi- quante , quiirritoit les yeux & la gorge, & qui étoit l'effec des parties fulfureufes dont il abondoic: 4°, de fa pefanteur ; elle étoit fpécifique- SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 23 ment plus grande que celle de l'eau raréfiée , puifqu’elle ne s’éleva jamais dans la région de l'air au-deflus de 400 toifes, & qu'il n'y a point eu d’orages ; ceux-ci ne fe forment dans nos climats qu’à environ 1000 toif, d’élévation au deflus du niveau de la mer, felon les expériences faites fur le Canigou: 5°, de fa couleur ; Les brouillards aqueux font pälir le foleil, ils ne le rougiflent pas; il n'y a que la fumée épaifle & plus denfe des exhalaifons qui lui donne une teinre rougeätre : 6°. de la vifcofité de la liqueur qu'il dépofa, avec l'humidité du vent d'eft, qui paroïfloit être une diflolution des parties grafles & bitumineufes dans les vapeurs qu’en- traînoit le venc d’eft ; & c’eft encore à ce mélange qu’on peut attribuer fon goût défagréable & féride : 7°. de la folidité , effet naturel de celle de ces parties qui réfiftèrent à l'action d’un vent modéré: 8°. de fa durée, qui fut relative à celle de la chaleur; fon intenfité , toujours foutenue, occafionnoit la reproduction des nouvelles exhalaifons qui formoienc fans cefle le météore, & donnoiïent en même temps à l'air un degré de dilatation capable d’en vaincre le poids, & de le foutenir long-temps dans la région inférieure de l'atmofphère ; 9°. enfin , fi ce brouillard avoit été principalement compofé de parties aqueufes , leur fublimation n'au- roit point été opérée completement , pour qu'il ne reftât point de traces d'humidité fur la terre avant le lever du foleil. Telles font les conjectures qu'on pourroit donner fur la formation de ce phénomène , en attendant que le fambeau de l'expérience répande un plus grand jour fur cette partie de la Météorologie, OBSERVATIONS CHYMIQUES SUR LES ANTIMOINES SULFUREUX ; Par M. FRED. WicH MANNERCRANTZ: Thèfe foutenue fous la Préfidence de M. Tor. BERG MA NN. IL. Lrrmone eft connu avantageufement depuis plufeurs fiècles, Quelle que foit l'efficacité de ce remède, les Médecins n'en ont pu décou- vrir tout d’un coup la dofe, ni la manière de l’adminiftrer. L'erreur la plus légère eft dans le cas d'y opérer des changements funeftes | fouvenr même de Le rendre un poifon mortel: aufli les Docteurs les plus circonf- peéls en ont-ils abfolument condamné l’ufage; & comme les hommes n'évitent fouvent un excès que pour donner dans un autre, on eft tombé, 24 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, dans cette occafion , de Carybde en Scylla. Le même remède qui, dans les mains d’un Médecin habile, opère des miracles, peut, dans celles d’un ignorant , caufer des ravages affreux : aufli les Chymiftes de nos jours fe font-ils occupés avec fuccès de la manière de préparer & d’em- ployer l’antimoine. Nous examinerons dans ce Mémeire Le caractère & la nature de quelques-unes de ces préparations; de celles par exemple où il fe combine avec ie foufre. Nous indiquerons enfuite les meilleurs moyens: de les compofer , & les différents effets qu’elles produifent. II, Antimoine cru. … L’antimoine , tel que nous l'offre la Nature, préfente prefque toujours des cryftaux prifmatiques, grands , blancs , qui ont le brillant métallique, & qui divergent entr'eux en partant d’un Sr plufeurs points. Voici les effets du feu fur l’antimoine. Expérience première. Placé fur un charbon à la flamme du chalumeau, il coule, répand de la fumées il pénètre, difparoît entièrement, & ne Jaifle plus appercevoir qu'une auréole blanche dépofée çà & la. Expérience II, Expofé fur un têt à rôtir pendant dix - huit jheures à un feu très-doux, il fe réduit en une chaux grife: on y apperçoit en- core des points brillants, & il fe raffemble en ps tendres. Sur #00 liv., on trouve environ 22 © de déchet. Expérience IIL. 400 liv. docimaftiques de cette chaux , placées daus un creufet entouré de charbons ardents , que l’on poufle au feu l'efpace de deux minutes, donnent un beau verre très-tranfparent , & de couleur d'hyacinthe; mais fi cette chaux a été calcinée de manière que tous les points brillants aient difparu , on ne trouve plus qu'une fcorie opaque, qui cependant peut devenir tranfparente , en y mêlant un peu d’antimoine cru, ou du foufre, ; Expérience IV. 100 livres de cette même chaux, avec le double de flux noir, expofées à un feu violent pendant trois où quatre minutes, donnent 78 & même 79 liv. de régule. Si l'opération a été faite felon les règles de la docimafe, 100 liv. de Aux blanc , avec autant detartre , va- lent encore mieux que le Aux noir. Les menftrues agiflent aufñi fur l’antimoine cru. Expérience F. L'acide nitreux agit avec force fur l’antimoine, fur-tout fi on l'aide par la chaleur; mais il calcine la partie métallique, au point qu'il n'en refte que très-peu, Ce mélange s'échauffe prodigieufement ; il en fort une odeur forte d’air nitreux , mais jamais une odeur d'hépar; & fi l'opération dure aflez long-temps, le foufre fe décompofe plus ou moins. Expérience FI. L’acide vitriolique agit à peine fur l’antimoine, & en- Core SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 25 core n’eft-ce que par l’ébullition; il paroît alors donner plus d'air vitrio- lique , que d’air hépatique. Expérience VII. L'acide marin difflout l'antimoine , même fans le fe- cours du feu , & donne une forte odeur hépatique. Aidé du feu , il enlève toute la partie métallique ; & dans l'appareil pneumatique , fur 100 liv. d’antimoine , on retire environ 11 pouces cubes d'air hépatique ; l'eau en abforbe encore quelque chofe au paflage: une portion de kermès minéral {e fublime dans le tube de verre, Sans chaleur extérieure , 100 liv. d’antimoine ne donnent que 2 pouces d'air, Expérience VIII. Trois quarts d'acide marin, mélés avec un quart d'acide nitreux, diffolvent très-aifément la partie métallique de l’antimoine, & en quantité fufhfante; il ne refte plus que le foufre , qu'il faut laïfler cal- ciner jufqu'à la fin, pour l'avoir pur. La diffolution faite, le foufre qui en réfulte, lavé & defléché, donne 26 liv. pour 100 liv. Pendant la diffolution , il s'élève une odeur forte hépatique ; mais l'air que l'on retire par ce procédé eft en moindre quantité que lorfqu'on emploie l'acide marin feul, Nous n'avons point encore fait d'expériences avec les autres acides. III. Verre d'Antimoine. L’antimoine cru eft compolé, comme nous venons de le démontrer, de foufre & de métal chargé de la même quantité de phlogiftique qui fe trouve dans le régule complet. Les Anciens ont changé la proportion refpective de ces principes, & diminué plus ou moins par le changement le phlosiftique du métal ; les uns en employant le nitre, & les autres l’al- Kali. La fimple calcination fait auñfi difparoître le foufre, & déphlogiftique le métal; mais fi le foufre s'évapore entièrement, on n'obtient dans la fufion qu'une mafle opaque , & non le verre prefcrit dans les Pharma- copées (Exp. 11I.). Le verre n’eft donc autre chofe que de l’antimoine calciné, & chargé avec une certaine defe de foufre. Cela eft prouvé en- core par les autres phénomènes, Une fcorie opaque , par exemple, mêlée avec une quantité fufifante d’antimoine cru , ou même feulement de foufre , fe change en un verre parfait. Les expériences fuivantes ôteront tous les doutes fur ce fujet. Expérience IX. L'antimoine diaphorétique, bien lavé , ne contient plus de foufre; il ne conferve que la chaux d’antimoine. 200 liv. docimafti- ques de ce métal , broyées avec 25 liv. de foufre , & laiflées l'efpace de fept minutes dans un creufec rougi au feu , fe fondent, & donnent 137 liv.: d’un beau verre. Expérience X. Mêlez dans le mortier de l'antimoine diaphorétique lavé , avec la quantité de foufre marquée dans la ZX‘, Exp. Jettez-y Tome XX1V, Part. 1, 1784. JANVIER, D 26 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, eïfuite de l’acide marin fur ce mélange; il n'en fortira aucune odeur hépa- tique, Expérience XI. Le verre dont il eft parlé dans la ZX° Exp. étant réduit en poudre, jettez y de l'acide marin , & vous fentirez alors une odeur hépatique. L'air qui en réfulte eft de 2 pouces cubes fur 100 liv. En forte que le verre d’antimoine, mêlé avec l'acide marin , donnant un air hépatique, & non le mélange purement mécanique d’antimoine diaphorétique & de foufre, & l'air hépatique contenant réellement du foufre (Exp. X.), il eft évident que le foufre fe trouve dans le verre comme diflous. Nous ajouterons encore quelques expériences , qui éclairciront la ma- nière dont le verre fe forme. . Exp. XU. Deux tiers d’antimoine diaphorétique fur un tiers de foufre, tenus en fufñon aufli long-temps & de la manière rapportée dans Le IX® Exp. , ne laïffent prefque rien dans le creufet. Exp. XIII, Quatre parties d’antimoine diaphorétique , & une de foufre, traitées de la même manière, ont donné une mafle noire, & en quelque forte fibreufe. ; Exp. XIV. Seïze parties d'antimoine diaphorétique & une de foufre, traitées de la même manière , ont donné unverre de couleur verte. Le verre que donne la préparation de l'Exp. IX, paroît être d’un ufage plus für en Médecine, que le verre commun , qui n'eft prefque jamais le même. Au refte, quant à l’action des acides fur ce verre, ileft de fait que tous les acides , même Les plus foibles, & l'alkali végétal de tartre Vattaquent, IV. Foie d'Antimoine Le foie d’antimoïne fe fait par la déronnation de l’antimoine cru & du nitre en quantité égale. Ce mélange , projetté par cuillerées dans un creufet rougi au feu, peut perdre moitié de fon poids; mais placé dans un creufet refroidi, bouché fur-le-champ, & enfuite expofé au feu, ïl perdra à peiseun pour cent. L'on obtient pat cette opération une mafle bien fondue , vitriforme, claire & tirant fur Le roux , qui fe fépare aifément des fcories. C’eft un hé- ar mêlé de régule; il contient , outre cela, de J'alkali du nitre chargé d'acide vitriolique phlogiftiqué , & le même alkali chargé d’acide du nitre déphlogiftiqué ; il eft connu fous le nom de nitre antimonié, Ces fels , unis dans la fufion avec le foie de foufre, empêchent la déliquefcence qu'éprouve le foie d'antimoine compofé d’alkali fixe en parties égales. Le foie d’antimoine, lavé dans l'eau, dépofe les fels dont nous venons de parler, même le fel hépatique que l'antimoine conferve après fa diffolu- tion : le foufre doré eft précipité de la diffolution par les acides. Après avoir diffous par l'eau les parties folubles , il refte en dernière SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 27 analyfe le fafran des métaux , qui n’eft autre chofe qu'une efpèce de kër- mès auquel il refflemble pour la couleur, & qui , jetté dans l’acide marin, donne une odeur hépatique. Les fcories en font grifes , & l’eau donne un fel qui peut le cryftal- lifer. Exp. XV. Ce fel, placé fur un charbon, & expofé à la flamme, à l’aide d'un chalumeau fe fond} & éclate avec un bruit à-peu-près femblable à celui qui fe fait entendre dans la détonnation; mais il ne donne point de flamme. La mafle faline , fondue en dernière analyfe, devient, en fe refroidiffant , jaune ou touge ; mais cette couleur difparoît bientôt. En ajoutant une feule goutte d’un acide quelconque , uñe odeur forte hépatique fe développe avec effervefcence. La mafle , mife une fe- conde fois en fufion, eft bientôt abforbée toute entière par le charbon ; & il ne refte plus qu'un cercle gris cendré, qu’on peut à peine apper- cevoir. Ces phénomènes prouvent qu'il entre dans la compoñtion de ce fel du nitre phlogiftiqué, & de lalkali fixe végétal vitriolé, Le premier pro- duit l’efpèce de détonnation; & l’autre, uni au phlogiftique du charbon, forme un foie de foufre. Le cercle blanchâtre indique les foibles reftes de l'antimoine calciné. | Les fcories, mélées avec l'acide marin , produifent encore, avant & après Le lavage , de l'air hépatique, mais non Le fafran des métaux. V. Soufre doré d’Antimoine. La poudre connue fous ce nom, 15 po. cubes d'air hépatique. E Exp. XXX. 100 liv. de kermès, diffous dans le même acide , & précipité par l’eau , a donné ç2 liv. de poudre blanche d’antimoine; mais on n'a puentirer que 8 de foufre, + (B) On peurencore obrenir le kermès par la voie sèche. 1200 liv: d'antimoine cru & autant de nitre fondus enfemble , ont donné 18,85 1. avec leurs fcories. On faifoit bouillir, pendant 1$ minutes, du foie de foufre pulvérifé dans la huitième partie d’une mefure d’eau ( canthari ), Le mélange étant repofé, on a pañlé la liqueur par un filtre double : on a fait bouillir de nouveau le réfidu avec moitié d’eau pendant quinze mi- nutes; & le tout enfemble , avec la liqueur , a été paffé au filtre. La liqueur , après avoir été filtrée & retroidie, dépofoic 36 liv. de ker- mês, & le fafran refté fur le filtre, étoic de 10,79 liv. Tel a été le réfulrat de l’analyfe du kermès. Exp. XXXI. Expofé à la Hamme, à l'aide du chalumeau , il a pré- fenté les mêmes phénomènes que celui qui eft préfenté par la voie hu= mide (Exp. XXVI). Exp. XXXII. Il en a été de mème avec le nitre ( Exp. XXVII). Exp. ee De même avec les acides minéraux (Exp. XX VIID, . Exp. XXXIV, Il donne , avec l'acide marin , la même quantité d’air hépatique (Exp. XX1X). Exp. XXXV. Il fe diffout aufli une quantité égale de poudre d’anti- moine (Exp. XXX). Exp. XXXVTI. L'antimoine diaphorétique lavé, bien mêlé avec la même quantité de foufre, & fondu dans le creufet à petit feu, donne du Kermès femblable aux précédents. Il ne faut de feu dans ce procédé , que ce qui eft néceflaire pour amollir la mafle, 30 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, Corollaires. On peut tirer plufieurs conféquences des expériences rapportées plus haut, Je me contenterai d’en indiquer ici quelques-unes. La plupart des métaux dans leur état naturel, c’eft-à-dire lorfqu'ils ont encore la quantité de phlogiftique qui leur eft propre, fe marient fa- cilement avec le foufre ; aulli a-t on été tenté de douter, fi un degré de calcination de plus, n’empécheroit pas cet alliage. Plufieurs Chymiftes font peur la négative. M. Monnet a fait Les plus belles expériences pour difliper ces doutes. Un grand nombre de celles que nous venons de rap- porter, militent en faveur de fon fentiment. Le réoule, dans fon état naturel , mêlé avec le foufre , donne l’antimoine cru ; car l'acide marin agit plus aifément fur l'antimoine cru que fur le régule, ce qui prouve que le régule ne renferme point de phlogiftique. Quant à fa folubilité, tout le monde fait que le mélange du foufre ne augmente pas de beaucoup. Le verre renferme certainement de la chaux ; néanmoins on y retrouve aufli un peu de foufre. Le foufre doré, le kermès , le fafran des métaux font compolés de chaux fulfureufe d’antimoine qui a perdu la blancheur & l'éclat métallique; ils diffèrent cependant entr'eux par la quantité de phlogiftique & de foufre. Cette quantité splus grande donne une couleur orangée moins foncée ; moindre, elle produit alors wne couleur plus foncée , d’un brun tirant fur le roux, Par la même raifon, il eft vraifemblable que la qualité des antimo- niaux dépend de la différente quantité de phlogiftique qu'ils renferment. Le régule complet, dépouillé de tout foie de foufre, a très-peu d'effet. L’antimoine cru n’eft que diurétique & diaphorétique ; le Kermès agit plus doucement que le foufre doré, le fafran des métaux & le verre. L’an- timoine diaphorétique déphlogiltiqué eft fans force. Il eft donc évident que le régule ne produit que peu ou point d'effet, tant qu’il conferve fon phlogiftique ; qu'une légère déphlogiftication le rend efficace, & qu'une plus confidérable fait qu'il relâche trop & provoque des vomiffements; enfin , que, dépouillé de tour fon phlogiftique , il perd toute fa force. Le foufre feul n’agit pas fur le corps humain. Mêlé avec l’antimoine, ik Jui ôte de fa vertu ; il lui rend encore une partie du phlogiftique que ce demi-métal a perdu. L’antimoine diaphorétique (fans parler de fes autres effets), mêlé avec le foufre , donne le verre émétique ( Exp. LX) ; mais il ne peut jamais revenir à fon état primitif, (B) Les préparations dont il a été queftion dans ce Mémoire, renfer- ment toutes du foufre ; mais aucune, fi l’on en excepte le foie, n’a effen- tiellement befoin d’alkali, Point de doute à cet égard pour l’antimoine cru , ni pour le verre; on prétend le contraire pour le foufre doré, & particulièrement pour Le kermès, IL faut convenir, il eft vrai , que l'al- SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS, 31 kali s'ÿ rencontre quelquefois : mais y eft-il néceflaire ? Voilà la queftion. Nous fommes pour la négative, & avec raifon. La poudre de kermès ue donne l’antimoine cru , diffous par l'acide marin, fans employer d'alkali, en eft une preuve convaincante (Æxp. VII), Les molécules an- timoniales , trop calcinées au moment de la diffolution , ont certainement pris une dofe de foufre proportionnée; car ce mêlange donne ; avec l’a- cide marin , une odeur d’hépar. Le vinaigre occalionneroit encore cette odeurs mais le kermès bien lavé n’en donne aucune de cette efpèce. Tout foie de foufre , mêlé avec le vinaigre , donne une odeur d’hépar: mais Le foie alkalifé n’eft pas néceflaire pour donner l'air hépatique. Ce que nous venons de dire, prouve évidemment que l’union de l’an- timoine avec le foufre, n’eft pas un mélange purement mécanique, mais une véritable diflolution, puifqu’il en réfulte une odeur ou un air hépa- tique. (Exp. VII, XI, XI1X, XXIII, XXIX, XXXIV). Il fe pré- fente ici une autre queftion, qu'il eft néceffaire d’éclaircir : F a-r-il une différence dans la quantité de Joufre , en raifon de la différente calcination de l'antimoine, & quelle ef! cette différence ? Nous laiflons les expériences réfoudre cette queftion. 100 liv. d’antimoine cru renferment 74 liv. de métal (Exp. VIII). Le kermès de la Pharmacopée de Suède, 52 (Exp. XXX), & le foufre doré de Goeuing , 75 (Exp. XXIV,XXP'); d’où il réfulte que le foufre y entre en raifon de 26 , 48 & 75 pour 100. Le foufre doré de Goetling eft pour ainfi dire l'inverfe de l'anti- moine cru. Le nombre en effet qui, dans le premier , indique le foufre, dans celui-ci détermine l’antimoine , @ vice verfd. L quantité du foufre augmente donc en raifon de la déphlogiftication de l’antimoine. D’après ces données, voyons fi l’on peut expliquer la différente qua- lité du foufre déré. Qu'une même diffolution , avec une égale quantité de précipitant, enlève d’abord les particules qui ontle plus de force & de vertu, enfuite de plus douces, & enfin de plus foibles encore , & cela à plufeurs reprifes , & fuivant qu’elles font précipitées plutôt ou plus tard; voilà fans doute des phénomènes dignes detoute notre admiration , mais qui fe rencontrent encore dans d’autres circonftances, Pour que les acides agiflent fur les métaux , il faut néceffairement que ces derniers perdent quelque portion de leur phlogiftique. Si cette dé- phlogiftication fort des bornes prefcrites, les liens qui uniffent le métal avec l’acidé font affoiblisy fouvent même ils font abfolument rompus, & les particules difloutes fe précipitenr. C’eft ce qui arrive avec l'étain, V’antimoine & le fer, La diflolution de vitriol de Mars la plus claire , ex- pofée à l’air, dépofe d’elle-même , & peu-à-peu, des molécules que le contact de l’air a trop déphlogiftiquées. Si, dans la diflolution qui con- tient des particules de fer, dont les unes ont encore du phlogiftique & les - autres font déphlopiftiquées, on verfe goutte-à-goutte de l’alkali, & qu’on laifle repofer le tout ; celles qui ont peu de phlogiftique le précipicent 32 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, d’abord, même les particules ochracées ; enfuite celles qui font le plus chargées de phlogiftique, & dont la couleur eft un bleu tirant fur le verd. La diflolution de l'antimoine par le foie de foufre, fe comporte de même, Les particules les plus déphlogiftiquées fe féparent à la première précipitation, & les autres enfuire à leur tour : mais la déphlosiftication, à un certain degré , augmente la force de l’antimoine ; aufli Les der- niers fédiments feront-ils les plus doux, . Comme la leflive d'alkali cauftique peut, par lébullition , abforbez le foufre doré & s’en faturer, la partie qui, pendant le refroidiflement, fe fépare d'elle-même, doit, par la raifon déja citée, avoir moins de force que celle qui refte dans la diffolution à froid. L'âcreté que prennent ces préparations , par la déphlogiltication , fe corrige , foit en employant une plus grande quantité de foufre , comme délayant, foit même par Le phlogiftique du foufre, qui donne plus de force au métal ; de manière que toute fon efficacité confilte dans la com- binaifon de ces forces tempérées l'une par l’autre. (C) Je n'ai plus maintenant que quelques réflexions à faire , qui pour- ront être de quelqu’utilité à notre Pharmacopée. L’antimoine diaphorétique layé & le foufre, fondus enfemble , don- nent aifément le verre d’antimoine( £xp. IX): on évite, par ce procédé, l'ennui d’une longue calcination. Ce moyen d’ailleurs le donne plus uni- forme , & ainfi il eft d’un ufge plus für en Médecine, ! Le kermès de la Pharmacopée de Suède, pour la couleur, la forme & la qualité, reflemble au foufre doré. L’alkali fixe aëré n’a point d’ac- tion fur le foufre; cependant il devient en quelque forte cauftique avec l’antimoine cru, Si la chaleur de l'ébullition weft pas fuffifante pour chafler l'air acide , au moins Le foufre , entraîné par l’alkali, l'éloigne-t-il plus facilement. Ce procédé cependant rend la diffolution plus lente, que lorfqu'on emploie l’alkali cauftique. Nous ne doutons pas non plus qu'on ne puifle obtenir le kermès dont nous parlons ; avec moins de peine & de dépenfe, en fuivant la méthode indiquée plus haut (Exp. XXXVI). Au refle, nous donnons la préférence à la méthode de Goerling. En la fuivant , & en ménageant le foufre, on peut faire fubir à ces prépa- rations toutes les variations qu'exige la Médecine, & chacune d'elles aura un caractère diftintif, à moins que le défautud’attention ne fafle com: mettre des fautes qu’il eft facile d'éviter. NS MÉMOIRE SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 33 MEMOIRE ® SUR LA MESURE DE LA SALUBRITÉ DE L'AIR, Renfermant la Defcription de deux nouveaux Eudiomètres; Par M. ACHARD. Low fait que l'air eft néceffaire à la refpiration; & la refpiration, pour entretenir Le mouvement du fang , fource du jeu de toutes les parties du corps animal : leur action réciproque conftitue ce que l’on nomme la Vie. Il eft prouvé , par des expériences nombreufes , quela qualité de l'air qui le rend propre à la refpiration, ne lui eft pas efféntielle, puifqu'on peut lui ôter cette propriété, fans le priver de fes autres qualités. La refpiration & l'infammation des corps privent l'air en très-peu' de temps de fa falubrité , & le rendent impropre à être refpiré. Avant les expériences du célèbre Prieftley, l'on attribuoit cet effec à La confommation d’un principe imaginaire , que l'on fuppofoit être contenu dans l'air commun, auquel on donnoit le nom d’aliment de vie. D’autres crurent en trouver la perte & la diminution dans l’élafticité de l'air; ce qui eft cependant contraîre à l'expérience, puifque l'air gâté , foit par la ref- piration, ou par des corps qui y ont brûlé, eft tout aufli élaftique qu'il l'étoit avant d’avoir été gaté. Ce qui apparemment a donné lieu à cette idée, c'eft que l'air atmofphérique diminue de volume à mefure qu'il devient moins propre à la refpiration ; mais cette diminution de volume ne provient pas de la perte d’une partie de fon élafticité , & n’eft due qu'à la féparation & à la précipitation de l'air fixe contenu dans l'air at- mofphérique. Prieftley , Phyfcien illuftre , auquel cette partie de la Phyfique doit des découvertes de la plus grande importance, a prouvé, par une infinité d'expériences , qui ne laïflent lieu à aucun doute, que l'ufage principal de Vair dans la refpiration eft de faire fortir du poumon le phloviftique qui en émane, Ainfi, dans le cas où l'air eft faturé de phlogiftique, & où pat conféquent il ne peut s’en charger en plus grande quantité , il fera impropre à la refpiration, Il y fera d’aurant plus propre , & par confé- quent d’autant plus falubre, qu’il fera moins chargé de phlogiftique; la quantité de phlooiftique dont l'air peut fe charger , & la vitefle avec la- Tome X XIV, Part. I, 1784 JANVIER. E ’ 34 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, quelle il Le reçoit, étant en raifon de la moindre quantité qu’il en con- tient, L'air commun , en fe combinant avec le phlogiftique , eft décompolé, & l'air fixe qu'il contient, & qui auparavant étoit tellement combiné avec fes autres parties compofantes , que l'agitation dans l’eau ne pouvoit l'en féparer , fe précipite; en forte que l’eau l’abforbe promptement. Cette féparation de l'air fixe produit une diminution de volume qui eft en raifon de la quantité de phlogiftique que l'air a reçu. Or, l'airne pouvant fe combiner avec le phlogiftique que jufqu'à faturation , & par conféquent avec une quantité déterminée , il fuit que la quantité de phlo- giftique avec laquelle l'air s'eft combiné, eft en raifon inverfe de celle qu'il contenoit déjà, & en raifon inverfe de fa falubrité. Je ne prétends pas cependant prouver, par ce que je viens de dire , que le phiogiftique foit la feule fubftance qui, étant combinée avec l'air, puiffe lui Ôter fa falubrité; je fuis même très perfuadé du contraire, L'air, chargé des vapeurs de l'acide nitreux ou de l'acide marin fumant, en fournit un exemple. Sans être chargé de phlooiftique , il eft mortel, parce qu'il eft corrofif & décruic les poumons, Comme c'eft cependant, dans la plupart des cas, le phlogiftique qui prive l'air de fa falubrité, il éroit extrémement utile de trouver un moyen de déterminer Le degré de falubrité provenant du plus ou du moins de phlogiftique. C’eft à cet ufage que fervene les eudiomètres. Ceux dont MM. Landriani & Magellan ont donné la defcription , font conftruits d’une manière fort ingénieufe; mais leur ufage exige des préparatifs que Fon ne peuc faire par-tout, & il feroit fort utile de pouvoir conftruire cet inftrument de manière qu'on püt, fans incommodité , le porter tou- jours fur foi, & qu'au moyen d'une opération qui n'exigeät point de pré- paratif, l’on pt promptement & aifément déterminer le degré de falu- brité d’un lieu quelconque. C'eft par certe raifon que j'ai travaillé à la conftruction d’un eudiomètre d'un ufage plus aifé que ceux qu'on connoît déjà, Ceux de MM. Lan- driani & Magellan font fondés fur la propriété qu'a l'air nitreux de dimi- nuer de volume par fon mélange avec l'air commun; de manière que cette diminution eft en raifon inverfe de la quantité de phlogiftique que contient l'air, & qu'elle devient nulle, lorfque l'air commun eft faturé de phlogiftique; en forte que l’on juge de la falubrité de l'air commun ajouté à l'air nitreux, par la différence entre le volume de ces deux fortes d'air avant qu'ils aient été mêlés, & après le mêlange. Pour que cette diminution puifle avoir lieu , il faut que le mélange foit en contact aveg de l’eau , ou avec une autre fubftance qui abfoïbe Fair fixe qui s’eft pré- cipité, IL faut remarquer que ce n’eft pas fimplement l'air qu'on ajoute à l’aix nitreux , qui diminue de volume; mais que l'air nitreux étant décompolé SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 35 par fon mélange avec l'air qu'on y ajoute, perd aufli , par la précipitation de l'acide nitreux, une partie plus ou moins confidérable de fon volume. C'eft par cette raifon que la diminution de volume de ce mélange eft fi confidérable, La détermination de la falubrité de l'air , au moyen de l’eudiomètre dont je vais donner la defcription , eft fondée fur le même principe; mais cet inftrument a, comme je l'ai déjà dit, l'avantage d’être d’un ufage fort + » & qui n'exige pas de préparatifs à faire fur le lieu où l’on veut s’en ervir. Cet eudiomètre eft compolé d'un tube de verre abc de f de 4 lignes de diamètre , courbé dela manière que le repréfente la fig. 1, Planc. I; en forte que la branche 4 c foit égale en longueur à la branche ed, & que chacune ait 7 pouces. Ces deux branches font parallèles. g eft un globe de verre de 14 lignes de diamètre, qui fe trouve au milieu de la partie c d du tube, & qui, par l'ouverture À, communique avec l'intérieur du tube. : eftun globe de verre creux de 12 lignes de diamètre, dont le goulot K eft né dans l'ouverture ab du tube abcdef; en forte qu'il le bouche exaétement; L eft un bouchon de cryftal qui eft aufli ufé dans lou- verture de ce tube, PL. II, fig. 1 ; n eft un globe de verre creux de 12 lignes de diamètre, qui aen # une ouverture qu’on peut boucher avec un bouchon de cryftal, & un goul ot op gr , muni d’un robinet de cryftal 52; X eft un facon de cryftal qu’on peut fermer & ouvrir à volonté, au moyen du robinet Y Z. L'extrémité du goulot du globe eft ufée dans celle du gou- lot du flacon X. C’eft un flacon de cryftal fermé avec un bouchon de cryftal & rempli d'eau; il doit contenir environ fix ou huit fois la ca- pacité du globe 7; FG eft un cylindre de verre folide de 7 pouces de lon- gueur, & 2 lignes de diamètre. Le tube +4cdef eft fixé fur une petite planche D'G'F/E’, dont la longueur E D eft égale à celle du tube, c’eft- à-dire, de 7 pouces, & la largeur E F eft de 24 lignes. Cet inftrument, avec routes les parties qui le compofent, peut être rènfermé dans un étui de 9 pouces & longueur fur 4 pouces de largeur & 3 pouces de hauteur, que l'on peut porter fur foi fans incommodité. Avant de mettre cet inftrument dans l'étui, l’on remplit, à la manière ordinaire & connue de tous les Phyficiens, le flacon X d'air nitreux; l'on ferme le robinet, & l'on y laifle affez d’eau pour qu'elle le couvre, lorfqu’on renverfe le flacon, Le facon C doit être rempli d'eau, de mème que le tube ab cdef & la boule g ; l’on ferme les deux ouvertures ab & efde ce tube avec les bouchons de cryftal L & m. Lorfqu'on veut faire ufage de cet inftrument, & déterminer le degré de pureté de l'air dans un endroit où l’on fe trouve , l'on met le goulot du globe » dans l'ouverture du flacon X ; & après avoir ouvert le ro- binet s2, l’on rempli d'eau le globe # par l'ouverture #, afin que l'air Tome XXIV , Part. 1, 1784. JANVIER, E 2 36 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, qui pourroit réfter entre les deux robinets forte, & que tout cet efpace foit rempli d'eau. Cela étant fait, l’on ferme l'ouverture 2, & l'on ouvre le robinet du Hacon X ; l’eau defcend dans le facon, &:la boule 7 fe remplit d'air nitreux: l’on ferme alors les robinets du Aacon & du globe; lon ôre le bouchon de l'ouverture ef du tubeabcdef, & l’on y faicen- trer le goulot op gr du globe ». Cela étant fait, l'on remplit le globe z d’eau, qu'on en fait enfuite reffortir , en le tenant l’ouverture en bas, afin qu'il fe rempliffe de l'air qu'on veut examiner; l’on Ôte alors le bou- chon L de l'ouverture ab du tube ab cdef, & l’on y joint la boule c, après quoi l'on tenverfe tout l'inftrument, de manière que l'air contenu dans les globes : & 7 entre dans le globes, ce qui eft néceflaire pour ac- célérer le mêlange de ces deux fortes d’air: enfuite. l’on incline cet imf- trument de manière que l'air entre dans le globe 2? & la branche fe d du tube; l’on Ôte alors la boule du tube ; l’eau defcendra dans 1a branche ac, à mefure que ke volume du mêlange des deux'airs diminuera. Lorf- se reftera ftationnaire , l’on tiendra la planche fur laquelle l'air eft xé dans une fituation verticale, & lon reconnoïtra qu’elle y eft , au moyen du petit pendule HI attaché à:la planche, Enfin, l'on fera def- cendre le cylindre FG dans la branchezc du tube, jufqu'à ce que l'eau foit à la même hauteur dans cetre branche & dans la branche ed. La différence entre: la longueur de la colonne d'air dans la branche ed & celle de la hauteur d’une colonne d’air dans ze même tube, dont le vo- lume eft égal à celui du globe :, indique la diminution du volume du mélange, & par conféquent le degré de falubrité de l'air, où, pour par- ler plus exaétement, la quantité du phlogiftique qu'il contenoit. | Dans le cas: où la diminution du volume: feroic telle, que le volume du mêlange féroit moindre que le volume de l'air ajouté à l'air nitreux (ce qui. à l'égard de l'air atmofphérique , n'aura jamais lieu , & ne pour- “roit arriver que fi l’on vouloit fe fervir de cet inftrument pour détermi- ner la diminution du volume d'un mêlangeid’air nitreux & d’air déphlo- giftiqué ); dans ce cas ;’dis-je ; lorfque l’eau dans la branche + c du tube refteroit ftationnaire , Von rempliroir ce tube. d’eau; on le boucheroit, & Fon feroit entrer l'air du globe # dans la branche 4 c: la hauteur de la colonne d'air indiquefoit alors la’ diminution du volume du mé- lange. j f A dise Se bis ; H n Pour ce qui regarde l'échelle qu'on pourroit fixer à cet eudiomètre , if eft fi aifé de’ la conftruire , que je ne:crois pas avoir befoin de m'étendre beaucoup ‘fur cet article, Je. me-contentéraidonc de dire :qi’on marque Fendroit où fe trouve la partie inférieure de la colonne d’air dans la branche ed, lorfque le mélangeeft tel , qu'il ne diminue, point de vo- lume, & Pendroit où elleife trouve ; lorfque air ajouté à l'air nitreux contient une quantité de:phlogiftique telle qu'il diminue de la moitié du volume; en forte que le volume du: mélange foit égal aux trois SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 37 quarts du volume des deux fortes d’airs mêlés. L'on pourra divifer l’efpace entre ces deux points en un certain nombre de parties de différentes dimenfions auxquelles an l'appliquera , & qui feront correfpondantes & comparables. Comme lufage de l’eudiomètre exige la connoiffance de la température du lieu , lon peut attacher à la planche furlaquelle eft fixé le tube a4cdef, un thermometre de mercure. L'avantage de cet eudiomètre fur ceux qu'ont imaginés plufieurs Phy- ficiens, eft, comme je lai déjà remarqué, d’être portatif, & tel que, par une opération prompte & aifée, qui demande peu de préparatifs, l'on peut dérerminer le degré de phlogiftication de l'air dans un endroit quel- conque. Tous ceux qui fe font occupés à faire des expériences avec les eudio- miètres à air nitreux, auront remarqué que la qualité de l'air nitreux produit une très-grande différence dans les réfultats. Comme il eft prefque abfolument impoflible de fe procurer , par plufeurs opérations fucceflives, de l'air nitreux qui ait toutes les propriérés dans le même degré, il eft aufli très-difficile de faire des expériences dont les réfultats foient compa- fables, à moins qu'on ne fe ferve pour ces expériences de l'air nitreux dégagé par la même opération, Ce défaut de tous les eudiomètres à air nitreux, m'a engagé à travail- ler à un autre eudiomètre, dont l’ufage n’exigeat pas l'air nitreux. Avant d'en donner la defcription , j'expoferai en peu de mots la théorie fur la= quelle il eft fondé. ; L'air commun ,en fe combinant avec le phlosiftique , diminue de vos lume lorfqu'il touche un corps, par exemple de l'eau ou une leflive cauf= tique, avec lequel l'air fixe, dont la précipitation occafionne la diminu- tion de volume, peut fe combiner. La quantité de phlogiftique que l’air peut recevoir, ou qui eft néceflaire pour fa faturation, eft en raifon in- verfe de celle qu’il en contient déjà , & la diminution de fon volume eft dans le même rapport, Ainf , an inftrument conftruit de manière qu’on puifle déterminer la di- minution du volame d’une quantité connue d'air, lorfqu’on le fature de phlogiftique , feroit très-propre à fixer la quantité de phlogiftique que contenoit cet air, & par conféquent fon degré de falubrité. L'inftrument dont je vais donner la defcription , me paroïît très-propre à cetufage , &'il me femble, par les raifons que j'ai déjà détaillées , au« tant que par fa fimplicité & par la facilité de fon ufage , mériter la préfé- rence fur. Les autres eudiomètres. Planc. IT, fig. 2. Un vafe de verre def d'une figure ovale , dont le grand diamètre eft de 3 pouces & le petit diamètre de 2, a , à la partie fupérieure , un goulot 4 bcd qu'on peut fermer exaétement avec un bouchon de cryftal qui y a été ufé, Ce bouchon eft traverfé, fuivant fa 38 OBSERPATIONS SUR LA PHYSIQUE, longueur , par un fil d'argent 9 r de demi-ligne de diamètre; à l'extré- inité g de ce fil eft foudée une petite afliette de 2 pouces de diamètre, & d'environ 1 pouce de profondeur. A l'extrémité r fe trouve un petit rebord d'environ 1 ligne. Le fil d'ar- gent doit être cimenté dans le bouchon de cryftal , de manière qu'il ne refte pas de paflage à l'air, avec un ciment que la chaleur n'altère pas. A la partie inférieure du vafe 4 efd eft fcellé hermétiquement le tube de verre efgh de 2 lignes de diamètre , recourbé en angle droit en h;en forte que FA foit d’1 pouce, & Ag de 3 pouces : l'extrémité g de ce tube eft fcellée hermétiquement , & à angle droit, au tube de verre gk/i, dont la hauteur gÆ eft d'r pouce, & le diamètre d’1 demi-pouce : Kk/mn eft un tube de verre foudé à la partie fupérieure du tube g ki ; fon diamètre eft de 2 lignes, & fa hauteur » k de 2 pouces; la partie fupérieure de ce tube eft renflée, en forte que la renflure forme une boule #0 pr d'en- viron 1 pouce de diamètre. Cette boule a , à fa partie fupérieure, une ouverture qu’on peut fermer exactement. Le vafe 8 de f avec le tube e fg hi eft attaché à une planche WYXZ ; à laquelle eft fixé un fil à plomb HT, qui fert à la mettre dans une pofi- tion verticale , de même qu'un thermomètre #/ o! , qui indique la tempé- rature du lieu. Cet inftrument eft placé dans un étui, qui, outre cela, doit contenir une petite pincette , un petit flacon avec de l’eau , un autre flacon avec de Pafbit-de Via , & un troifième flacon avec de petits mor- ceaux de phofphore d'urine , de la grandeur d’une grofle tête d'épingle. T'ous.ces facons doivent être bouchés avec des bouchons de cryftal (1). Fig. 3. Un tube 4’ b/ c! d' de verte bien cylindrique d'environ 2 lignes de diamètre , & de 6 pouces de longueur , ouvert à fa partie fupérieure 4, & garni d’un robinet de laiton à fa partie inférieure c/ d/, eft fixé fur une petite planche f/p/ ki, divifée en lignes. Toutes les pièces que je viens de nommer , peuvent étre renfermées dans un étui de 4 pouces de hauteur fur 6 de largeur & autant de lon- gueur. Avant de placer l'inftrument dans l’étui, l'on doit verfer , pat l'ouverture du vafe def, autant d'eau qu’il en faut pour quê, lorfque Ja planche W Y XZ eft dans une pofition verticale, l’eau dans le vafe & dans le tube e fh foit à la hauteur de la ligne horizontale 52 V , & fermer enfuite les ouvertures op & abcd. Pour faire ufage de cet inftrument , l’on débouche le vafe b def & la boule opmn; l'on chaffe l'air contenu dans ce vafe, en foufflant par l'ouverture op ; l'eau montant alors dans le vafe bde f, en fair fortir l'air; fon bouche alors ce vafe de manière qu’il refte plein d’eau. Lorfqu'on fe trouve dans l'endroit où l’on veut s’en fervir, il fuffit d'ouvrir le vafe hdefs Re mme À (r) Nouv. Mem., 1778. SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 39 l'air yentre alors, & remplit l’efpace #s #4, Lorfque l'eau eft en repos, l'on ferme ce vafe , en mettant auparavant fur le petit rebord r du fil d’ar- gent gr, un petit morceau de phofphore; enfuite l'on verfe un peu d’ef- prit-de-vin dans l’aflierteg, & on l’allume ; la chaleur fe communique par le fil 4 r quelques minutes après au rebord r, & allume le phofphore ; le phlogiftique qui fe dégage , fature l'air, & le fait diminuer de volume, Après quelques minutes , l'on agite cet inftrument , afin de faciliter D Épn de l'air fixe précipité; & afin de réfroidir l'air & le vafebaef qui s’échauffe un peu par l’infammation du phofphore, la diminution du volume de l'air occafionne un abaiflement de l’eau dans le tube mn k 1. Lorfque l'eau dans ce tube refte à la même place, l’on met l'ouverture du robinet £, fixé au tube 4/4/ c/ d/ dans l'ouverture du globe opmn; lon remarque la hauteur de l’eau dans le tube, & l'on ouvre le rebiner, qu'on laifle ouvert jufqu'à ce que l’eau foit de niveau dans le vafe befd, & dansle tube » 7 k/. Cela étant fait, l’on ferme le’robinet, & 1a quantité d’eau qui eft fortie du tube, & qui eft déterminée par 'l’abaifle- ment de l’eau dans ce tube , fait connoître de combien l’air contenu dans le vafe 4e fd a diminué de volume. Cette diminution eft, comme je l'ai déjà dit , en raifon inverfe de la quantité de phlogiftique que contenoit l'air, & par conféquent en raifon inverfe de fa falubrité. Il eft aifé de rendre ces eudiomètres comparables; il fuit, pour cer effet, d'appliquer au tube 2/ B/c/d/ une divifion telle que l'efpace qu’occupe chaque degré dans le tube, ait un rappors conftant & fixe à la quantité d’air contenu dans le vafe befd, Avant de terminer ce Mémoire , il eft néceflaire de répondre à quel- ges objections qu'on pourroit me faire contre lufage de cet eu- iomètre. La première eft que cet inftrument n’eft pas d'un ufage aflez général, & ne peut fervir que pour déterminer la falubrité de l'air qui l'entoure. Je réponds , qu'il eft fort aifé de faire entrer dans le vafe bde f toute forte d'air dans un flacon ou dans une veflie, Ceux qui ont fait des expériences de cette efpèce n'y trouveront aucune difficulté ; en forte qu'il feroit inu- tile d'entrer dans un plus grand détail à cet égard. Seconde Objeition. L’inflammation ne pouvant fe faire dans de l'air chargé d’une quantité de phlogiftique moindre que celle qui eft nécef faire pour fa faturation , il s'enfuit que cet inftrument ne pourra fervir qu’à déterminer le degré de phlogiftication de l'air, qui contient beaucoup moins de phlogiftique qu'il n’en faut pour qu'il en foit faturé, Certe ob- jeétion feroit fondée , s’il falloir faturer l'air de phlogiftique par l'inflam- mation d'une autre fubftance que le phofphore, qui effectivement ne s'enfammeroit pas , quoique l'air ne fût pas encore faturé SA A mais la grande inflammabilité du phofphore, & Ja difpolition de fon phlogiftique à fe féparer fort aifément de l'acide auquel il eft uni, fait 40 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, que , fans inflammation fenfible, & dans de l'air phlogiftiqué jufqu’à un certain point, il brûle infenfiblement, & communique à l'air du phlooif tique , tant qu'il eft capable d’en recevoir, & par conféquent jufqu à ce qu'il en foit entièrement faturé. Je me fuis affuré, par un grand nombre d'expériences, de la vérité de ce que je viens de dire. Troifième Objetion. La diminution du volume de l'air, lorfqu’on le charge de phlogiftique, n'étant pas confidérable, les degrés que cet eu- diomètre indiquera, feront trop petits pour être aflez exaëts. Je réponds qu'on peut, en diminuant le diamètre du tube a/ b/c! d!, donner une étendue confidérable à chaque degré, & remédier de cette manière au défaut d'exaditude. SECONDE SUITE'DE LA LETTRE DE M. LE Baron DE MARIVETZ, A M SÉNEBIER, Miniftre du Saint-Evangile , Bibliothécaire de la République de Genève, Membre de la Société Hollandoife des Sciences de Haarlem, Le obfervations que j'ai eu l'honneur de vous préfenter , Monfieur , dans le Journal précédent, étoient applicables aux deux premiers alinéa de la page 202 du Journal de Phyfque du mois de Septembre 1769, & à tour ce qui eft compris depuis la page 207 jufqu'au n°, 8 de la page 211. Je reprends votre Mémoire au dernier alinéa de la page 202, & je le fuivrai par ordre jufqu'à la fin de la page 206. Tout ce qui fuit ayant déjà reçu fa réponfe, je pañlerai à cet alinéa, & je fuivrai votre marche jufqu'à la fn du Mémoire. L'ordre & la clarté ont exigé cette légère interverfion. Ce que nous avons dit ne regarde que la théorie de la lumière ; ce que nous avons à dire a de très-grands rapports avec la théorie des couleurs, J'indiquerai avec exactitude Les pages & les alinéa, ou le n°, I n’y a eu jufqu'à M. Euler, dont nous adoptons en grande partie Les principes, que deux bypothèfes reçues parles Phyficiens modernes pour expliquer les couleurs de la lumière, l’hypothèfe de Newron & celle de Mairan. Le premier de ces Philofophes attribue les couleursde La lu- mire à la diverfité des rayons dont elle eft compofée , & la différence de SÛR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. ai de ces rayons entr'eux à la différente denfité des molécules qui compefent chacun d'eux; il ne fuppofe point de différents degrés de vitefle dans chacun de ces rayons, Mairan au contraire, dont vous adoptez l'opinion comme une hypothèfe qui n'ef? point à l'abri des difficultés, mais qui vous paroîe en avoir Le moins, t’attribue la diverfité des couleurs qu’à la difé- rence des vîtefles avec lefquelles les rayons font lancés du foleil. Il n’admet point la différence de denfité entr'eux. Ces deux Savants fuppofent donc également le mouveméênt local & de tranflation des molécules de la lu- -mière , depuis le foleil jufqu’à nous. Notre théorie diffère de ces deux hypothèfes. Nous foutenons qu'il eft démontré que ce n’elt ni à l’une ni à l'autre de ces caufes qu'il faut rap- porter la crie des couleurs que produit la lumière réfraétée par Le prifme, ou de celles qui fe produifent dans les pénombres, Nous démon- trons que cette diverfité des couleurs eft l'effet de trois caufes : 1°, de la grandeur de la partie, foit du foleil, foit du ciel, qui, par louver- ture de la chambre obfcure, éclaire l'endroit où on apperçoit ces cou- leurs; 2°. de la différence d'incidence {ur la furface du prifme , & dans les autres cas, de la différence d’inflexion de la lumière; 3°. de la nature de la différence d’épaïfleur du milieu diaphane. Cette dernière caufe, par exemple , dans les'expériences du prifime , peut feule expliquer pour- quoi les deux extrémités du fpectre folaire ne font pas de la même cou- leur. Nous concevons le violet comme un rouge plus foncé, oule rouge comme un violet plus vif. Il faut obferver en effec que ces deux extré- mités du fpectre font aux confins de la lumière & de l'ombre : c’eft-là que la lumière s’affoiblit de plus en plus par le mélange de l'ombre; & l'épaifleur du prifme agit tellement fur les couleurs de ces extrémités, qu'en renverfant le prifme, les couleurs qui étoient en haut fe trouvent en bas, 6 vice verfd, ; Avant nous, Mariotte avoit remarqué qu’il y a deux fuites de cou- leurs pour pafler du blañc au noir : l’une, le blanc, le bleu & le violet; l'autre, le blanc, le jaune & le rouge. Selon nous , ces deux fuites font produites, Fune par les bandes ou les fegments de la moitié du difque, Le prifme étant tenu horizontalement, om. IW, f. 147, Planc. XX. Nor.e théorie étant folidement établie fur les preuves inférées dans notre fecond velume, ces mêmes preuves détruifent fondamentalement lhypothèfe de Newton & celle de Mairan , que vous aviez donc bien raïfon de ne pas regarder comme à l'abri de difficultés , quoiqu'elle en fouffit moins que la première, Page 203 , premier alinéa! Je fuis d'autant moins étonné, Monfieur , que vous n’enfrepreniez point d'expliquer comment les fept rayons font tamifés par Le prifme, que vous-même vous paroiflez affez porté à n’en admettre que trois dans vos Mémoires Phyfico-Chymiques , ainfi que je Tome XXIV, Part, I, 1784. JANVIER. F 42 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, l'ai déjà remarqué (1). Quant à nous , à quiil eft impoflible de concevoir cette tamifation, nous nions très-afirmativement que la lumière foit compofée , ni de fept rayons, ni même, de trois fortes de rayons. Nous avons accumulé fans mefure dans notre quatrième volume les preuves fur lefquelles nous nous appuyons.pour le nier, Si le rayon rouge, OÙ, pour parler plus exactement, fi le faifceau , la portion de lumière qui nous paroiït rouge dans le fpe@re folaire , eft moins courbée que celle qui nous fait voir le violet, ce n'eft pas parce que fes molécules ont une plus grande vitefle , ni parce que fes rayons font plus réfrangibles. Ces fuppofi- tions font fondées {ur cette autre fuppofition , que les molécules de la lu- mière font lancées jufqu’à nous par le foleil, & qu’elles traverfent l’ef- pace avec une vitefle inconcevable, Ces deux fuppofitions en exigent une troifième ; c'eft que ces balles font lancées avec des vitefles différentes, fans que les plus lentes foient rencontrées fur la route par celles qui vont le plus vite; que ces rayons qui s’avancent avec différentes vitefles, font cependant parallèles. lorfqu'ils deviennent rayons incidents, ou , fi l'on veut (car, en fait de fuppolition, on a toujours à choilir), on peut fup- pofer que, ces balles font de denfités différentes. Nous rejettons toutes ces hyporhèfes dont l’efprit peut fe fervir pour amufer la curiofité, mais dont la raifon ne:fe fatisfait pas; nous expliquens tous les phénomènes des couleurs par des principes fimples , clairs , évidemment démontrés. Nous avons prouvé, par une.théorie fondée fur des calculs rigoureux, tom, IV , fig. 148. que la diverfité de couleurs des deux extrémités du «{pectre folaire ;; eft l'effer des trois daufes que nous venons de faire con- noître, & que cette diverfité de couleur naïfloit particulièrement du non- parallélifme des rayons incidents ; phénomène qui n’a été foupçonné, par aucun des Auteurs qui ont écrit fur cette matière: & c’eft pour n'avoir pas connu certe vérité; c'eft pour avoir toujours fuppofé ces rayons pa- xallèles, qu’ils font tous tombés dans le même patalogifme , en, attri- buant à différentes denfités inconcevables, ou à différentes virefles inadmiflibles , des effets qu'il falloir déduire du non-parallélifme des xayons. En effet, n’eftil pas évident que, lorfque plufieurs rayons de lu- mière agiflent fur une furface, leur action eft d'autant plus vive, qu'ils approchent plus de la perpendiculaire, & que cette action doit varier comme. les angles d'incidence ; que par conféquent les plus obliques fe- ront les plus foibles?, Rien n'eft plus fimple, plus clair, plus démontré que ‘certe théorie. C'eft, dites-vous, Monfieur, une loi de la Nature d’agir d'une ma- nièré analogique dans des cas qui peuvent fe reffembler. Nous changerons, s’il vous plait, quelque chofe à cette phrafe ; nous dirons que , dans tous (1) Voy. Mém. Phyfico-Chymiques ,tom. III, page 314. SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 43 les phénomènes qui fe reffemblent parfairement, la Nature agit de la même manière : car des phénomènes qui fe reflemblent parfaitement, font les mêmes; &-comme ils fe refflemblent dans toutes leurs parties’, ils doivent avoir Les mêmes éléments & les mêmes caufes: ils ne feroient donc: alors que la répétition l’un de l’autre. Maïs: fans prefler ainfi ‘les dnalogiés ; on peur trouver-dés rapports entre les loïîx de la Nature qui règlent différents phénomènes qui ne fe réflemblent pas parfaitement. Avant d'examiner fi nous'avons été heureux dans/notre manière de failir ces rapports, permettez que je vous fafle obferver un petit paralogifme ‘qui vous eft- échappé, Le fÿfléme de la différente viveffe des rayons pour Produire les différentes couleurs, peut être préférable a tout autre ; & vous “ajoutez deux lignes plus bas: La différence des couleurs dépendra de la diffe- “rence ‘des parties conflitantes (1). Ici vous admettez évidemment les deux “hypothèfés: Or, ce n'elt pas préférer un fyftème à un autre, que de les invoquer en même temps tous deux pour expliquer le même fait. Paffons à ces’ analogies qué vous nous oppolez, & fur lefquelles nous nous ap- puyons , autant qu'il convient de le faire fur des analogies. ; Les ondes fonores nefe mêlent pas dans l'air ; ilen eft de même dés ondu: dations de l’'éther dans lefquelles nous faifonsconfifter la lumière. Les fons ai- gus ne diffèrent des fons graves que par la différence de viteffe deleurs ofcil: Jaätiôns ; mais ils ne fe propagent pas dans Fairavec plus de vitefle, comme l'analogie devroit l’exigér dans votre hypothèfe. D'après elle, on devroit déduire analogiquement que les fons aigus ont plus de vitefle que les fons graves. L'expérience prouve que tous fe propagent avec la même rapidité, en s’éloignant du corps fonore. La feule différence entr'eux confifte dans la fréquence des vibrations dans un temps donné. Ici done l'analogie que vous invoquez , explique nettement en notre faveur & contre vous, Nous difons, avec M. Euler , que la différence des couleurs confifte dans la différence du nombre des vibrations de l’éther dans un temps donné, & nous ne concluons point de cette différence de fré- quence de vibrations , une différence de vitefle dans la propagation des rayons fonores, parce que lécher élaftique n’eft pdint tranfporté du corps Jumineux à nous, de même que l'air fonore n’eit pointtranfporté du corps fonore à notre oreille, Voilà véritablement des rapports d’analogie. Nous avons établi, dans notre fecond volume , qui traite de la Phy- (1) Mémoires Phyfico-Chymiques ,,tom. II, page 297: On peut foupçonner très- OM blémenE que le rayon violet eft plûs Arte les autres, où plutôt que la ma- tiète qui le forme ft moins homogène, & qu'il offre plus de prife que les autres au jeu dés‘afivitésy en offrant plus de Jiens «propres à l’unir aux différentes paries des vésé- sauxs ! - Tome XXIV, Part, 1, 1784. JANVIER. NÉ 44 … OBSERVATIONS SURILA4 PHYSIQUE; fique célefte, que. le fluide éthéré a ‘un mouvement de circulatiotr autour du foleil ; mouvement par lequel il devient le déférent des planètes. Ce mouvement de circulation peut être aflimilé au mouve- ment de circulation de l'atmofphère autour du globe ; le premier ne rend pas l’éther lumineux, & le fecond nerend pasl'air fonore : mais ces deux Auides font élaftiques l’un & l’autre , & le mouvement vibratoire du pre- mier le rend lumineux comme le mouvementvibratoire du fecond le send fonore. La différence des effets tient .à la différencé des fenfations, & celle-ci eft produite par la différente nature des molécules conftituantes des deux fluides, & par la conftruétion , par Le mécanifme des. organes des deux fenfations. Tout ce qui fuit, c’eft-à-dire, tout ce qui fe trouve dans votre Mémoire, depuis le premier alinéa de la page 204, jufqu'au fecond alinéa de la page 205 , nous devient totalement étranger , après Les obferyarions que je viens d’avoir l'honneur de vous faire. Toutes vos objeétions fuppolent lémiflion; & loin de la prouver, vous rapportez des expériences qui la rendent très-douteufe , & d'autres qui préfentent quatre fuppoñitions, & dont on ne peut rien conclure. Notre théorie ne nous laifle point redouter que nous nous trouvions jamais réduits à de tels embarras, & à l'étayer de tant de peur-êrre. Nous érabliffons très-pofitivement , que la lumière n’a point de mou- vement progreflif; nous prouvons que ce mouvement progreflif n'eft qu'une hypothèfe précaire, rrès-révoltante , qui répugne à la faine Phyf- -que; que cette hyporhèfe.n’a été invoquée que dans l'embarras d'expliquer des phénomènes qu'elle, n’explique pas d’une manière fatisfaifante ; qu'elle n’explique pas tout ; que les explications qui sen déduifent , exigent ua tiffu d’autres fuppofñitions ; que plufieurs fe. trouvent contradictoires en- trelles , &c. &c. &c. Nous expliquons clairement , phyfiquement , & fur- tout fans fuppofñtion , tous ces phénomènes. Nous le répétons donc , la lumière n’a point de mouvement progreffif, fi l’on conçoit ce mouve- ment comme le tranfport réel de fes molécules ; mais fa propagation ef fuccelive, C’eit’ainf que le mouvement fe tranfmet le long & à travers d’une longue file de billes d'ivoire, ou de toute autre matière, & par- ticulièrement à travers de l'air dans Le phénomène du fon, Dans ces deux cas , les billes & les molécules de l'air n’éprouvent point de tranfla- tion effective. On objectera en vain que les molécules élaftiques de l'éther ne font pas rangées en ligne droite; il eft aifé de démontrer, comme nous l'avons déjà dit , que, dans l’arrangement tétrahédral, le plus compaë&: de tous , il ne peut réful er d'une impulfion primitive donnée à une mo- lécule de l'éther, qu'une direction en ligne droite. ( Voyez Le dernier Jour- al). Enfin, pour joindre l'expérience à la théorie , le fon fe propage em ligne droice à travers les molécules de l'air, quel que foit leux arrange- SURL'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 4ç ment, & dans tous les mouvements de l’atmofphère, Je crois inutile, Monfieur , de prévoir que vous pourriez me faire quelques obfervations fur quelques différences entre la propagation du fon & celle de Ja lu- mière, Vous êtes trop Phyficien pour ne pas lever les difficultés apparentes qui peuvent fe préfenter, & qui naïflent des obftacles & de leur nature. La fuite au Mois prochain, OBSERVATIONS Sur l'Eau obtenue de la Combuftion de l'Air inflammable & de l'Air déphlogifliqué ; Par M. DE LA MÉTHERIE, D. M. M. MACQUER, eninterpofant une foucoupe de porcelaine dans a flamme du gaz inflammable , y remarqua des gouttelettes d’eau. Daïs mes expériences pour prouver que Vair inflammable fe trouve dans les métaux uni à l'air fixe & à un principe aqueux , & qu’il eft le vrai phlo- giftique de Stahl,, j'ai aufli obtenu beaucoup d’eau , en faifant brüler cer air contre une glace (1). Je penfois que cette eau étoit dans l'air in- flammable, M. Cavendish a répétéen grand ces procédés. La combuftion de l'air inflammable & de l'air déphlogiftiqué lui ont donné une cer- taine quantité d’eau ; d’où ila conclu que ces deux airs étoient réellement changés en eau, MM, Monge, de la Place & Lavoifier , ont adopté fon opinion. . MM. dela Place & Lavoifier ont obtenu environ 4 gros + d'eau de la combuftion de 30 pintes d’air inflammable, & de 15 à 18 d’air déphlogiftiqué: ils prétendent même avoir décompofé l’eau. Ayañt placé de la limaille d’acier avec de l’eau fous une cloche pleine de mer- cure , la limaille a été réduite en chaux, ce qui ne fe peut que par le moyen de l’air déphlogiftiqué ; & il y a eu de l'air infammable de pro- duit, Ces deux gaz paroïflent à ces Meflieurs être provenus de la décom- pofition de l’eau. Analyfons ces expériences, & voyons fi les conféquences qu'on en a tirées font rigoureufement démontrées. Lorfque j'ai retiré l'air inflammable du fer par le moyen de l’eau (ibid, (1) Journ. de Phy£. , Seprembre 1781 & Janvier 3782+ 46 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, je mettois de l’eau de Seine clarifiée & de la limaille d'acier dans un fla- con, & l'air inflammable fe dégageoit. Je ne favois fi cette action étroit due à l’eau feule ou au gaz , fur tout à l'air fixe dont elle eft toujours im- prégnée, Pour lever mes doutes, je mis de certe même limaille dans de l'eau de chaux ; & depuis dix-huit mois ellen’a point été altérée, & il n’y a point eu d’air inflammable de produit. De l'eau diftillée , & mife route bouillante dans un facon avec de la limaille, ne l’altère pas. Ainf , dans l'expérience rapportée, l'eau n'a pas agi fur le fer, Ces Meflieurs ne fauroient en conclure la décompofition de ce fluide, La première expérience ne me paroïît pas prouver davantage qu'il y ait eu de l’eau produite, I eft plus vraifemblable que cette eau eft contenue dans l'air inflammable & l'air déphlogiftiqué. Effeétivement, nous favons qu'il ny a point d'air qui ne contienne de l'eau. Les expériences fuivantes “hé permettent pas de douter que ‘ces deux gaz en particulier n’en con- tiennent beaucoup. Ù J'ai pris de l’alkali végétal bien defféché , & placé dans un tube que je tenois échauffé. J'ai fait pafler par cetube l'air inflammable; l’alkali a été fenfiblement :humecté. La même chofe a eu lieu avec l'air déphlogif- tiqué. M: de Sauflure (Hygrométrie, page 170 ) a fait la même obfervation fur l'air inflammable, Son hygromètre , expofé à cet air, a donné 4° de plus vers l’humide que dans l'air commun. On répondra peut-être que, 1°. cette petite portion d'humidité que con- tiennent ces airs ne peut être comparée à la petite quantité d’eau qu'on ob- tient par leur combuftion , laquelle eft à-peu-près égale au poids de ces airs, qui, 2°. ont prefque difparu. Je conviens que cette quantité d'eau eft confidérable, relativement au volume d’air qu'on a brülé; mais il eft très-poñlible qu'elle y foit conte- nue. M. Lambert ( Mém. de Berlin, 1769) a prouvé qu’un pied cube d'air commun peut tenir en diflolution jufqu’à 399 grains d’eau (1) : or; on n'en a retiré que 300 & quelques grains d'un pied cube & demi d'air. Ileft vrai que ces gaz ne font pas à ce même degré d'humidité , fuivanties obfervations de M, de Sauflure & les miennes; mais il y a une grande différence dans les opérations. Ces airs , foumis aux expériences hygromé- triques , confervent toujours la plus grande partie de leur humidité , avec laquelle ils ont la plus grande affinité; au lieu que, dans leur combuf- tion, ils font obligés de la toute abandonner. Ainfi, il eft donc très pof- fible que ces 330 grains d'eau fe trouvent dans le volume d’air qu'on a employé. () M. deSauflure , ileft vrai, ne penfe pas de même; cependant le cravail de M. Lain- bert paroît exact. SUR L'HIST. NATURELLE'ET LES ARTS. -yy Mais que devient cet air qui eft réduit à un fi petit volume? nous l'i- gnorons parfaitement. M. Scheele prétend que l'air déphlogiftiqué tra- verfe les vaifleaux, M. de la Rochefoucault a obfervé que les cornues de grès font perméables à l'air fixe. M. Darcet a brûlé des diamants (qui pa- roiffent contenir de l'air inflammable ) dans des vaifleaux. de porcelaine fermés hermétiquement, & les vaifleaux fe font trouvés entièrement vuides: d’ailleurs tous les gaz , dans leurs combinaifons , perdent beaucoup de leur volume ; & effectivement, pour que l'air fe trouve en fi grande quan- tité dans les corps, il fauc bien qu’il y occupe un efpace infiniment moindre, que lorfqu'il eft fous forme élaftique. Ajoutons que le poids de l'eau ob- tenue n’eft point égal à celui des airs employés. 15 à 18 pintes d'air dé- phlogiftiqué forment 1n demi-pied cube (le pied cube eft de 35 pintes), & 30 pintes d'air inflammable! donnent prefque 1 pied cubc. L'air dé- phlogiltiqué eft d’un poids un peu plus confidérable que celui de l'air commun dont M. Lambert eftime le pied cube pefer lé d’une livre , ou 768 grains, Ainfi , l'air dévhlogiftiqué employé fera environde 400 grains. L'air inflammable , tiré du fer & de l'acide vitriolique , pèfe fix fois moins que l'air commun; par conféquent celui employé dans l'expérience era plus de 100 grains, Ainfi, l'eau n’a pas égalé tout-à-fait les deux tiers du poids de l'air employé: d’ailleurs , il doit y avoir toujours beau- coup d'erreurs dans des expériences aufñli délicates, quelque exactitude qu’on y apporte. Concluons que les faits qu'on avoit cru prouver , que la combuftion des gaz inflammable & déphlogiftiqué formoit de l'eau , ne font pas en- tièrement convaincants, De grands Phyficiens | au nombre defquels eft Newton, avoient cru la pouvoir convertir en terre, Les expériences ré- étées ont fait voir que cette terre étoit étrangère à l’eau. Nous fommes Bien éloignés de penfer que les corps qu’on appelle les quatre éléments foient inaltérables, & ne puiflent fe décompofer: mais n’admettons ces décompofitions que fur des faits bien conftatés. N.B, Fautes a corriger dans mon Mémoire du mois de Novembre dernier, | Page 388, ligne 33, or métallique, efface? métallique. Page 389, ligne 6 , dans les végétaux , Life dans les métaux. 48 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, OBSERVATIONS LITHOLOGIQUES SUR LE: TERRITOIRE DE. NISMES (1); Par M, Le Baron Dx SERVIÈRES, Lapides excayanc ague, & alluvione paularim terra confumitur. Jos. Cap. xiv, verf. 19. D: même que l'Æiffoire Civile de notre Pays mérite d'être étudiée pré- férablement à celle des anciens Peuples & des Nations étrangères , ainfi l'Hifloire Naturelle d'une Province ou d’un Diocèfe eft plus intéreflante pour fes habitants , que celle des régions lointaines: aufli les progrès en ce genre ne datent que de l’époque où l’on a commencé à faire l’Hifloire Naturelle par cantons & départements. C’eft l'unique moyen d'arriver à la connoiffance exacte du fol & des productions du Royaume, & de pou- voir un jour en drefler l’Hiffoire générale. Convaincu de cette impor- tante vérité, j'ai toujours eu pour but d'approfondir l'Hiffoire Naturelle des Provinces où j'ai eu occafon de voyager. Dans cette vuz, pendant mon jour à Nîmes , je me fuis beaucoup appliqué à l'examen Lithologique du terriroire de cette Ville. L'origine 4 monticules caillouteux qui l’avoili- nent, m'a déjà fourni le fujet d'un Mémoire: aujourd’hui, je donnerai plus d'étendue & de développement à mes premiers apperçus; en outre, je traiterai de quelques nouveaux objets, $. I. Monticules caillouteux de Nimes, Je crois avoir fufifamment prouvé que les cailloux quartzeux répandus & amoncelés dans les environs de Nimes font venus du Rhône, Néan- moins j’ajouterai un fait bien décifif : ce font les Zaves poreufes & autres Jcories volcaniques qu'on trouve en aflez grande quantité dansles arrer- riffements de Bouillargues & de Vauyert, Perfonne n'ignore que ces fubf- () Sous la dénomination de territoire de Nimes, je comprends les Afonticules cai- dourcux & calcaires dont il eft parlé dans ce Mémoire, avec la vallée ou plaine qu'ils renferment, tances SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 49 tances font entraînées dans le Rhône par l’Ardèche, & par d'autres vor: rents du Piværais : donc les laves de Vauvert appartiennent inconteftable- ment au Rhone. Une lifte des principales matières qui compofent les arerriffements de Wauvert | va fervir de confirmation à mon fyflême. Ces dépôts offrent : 1°. Des cailloux vicrefcibles de diverfes fortes. 2°. Des cailloux quart- eux décompofes. 3°. Des [chifles. 4°. Des Variolitesen grand nombre. $°. Des Laves & autres déjeélions volcaniques. 6°. Des cailloux calcaires & bleua- tres & grisätres. 7°. Des grès roulés. 8°. Divers poudingues quartçeux, dans l'intérieur defquels on voit des graviers décompofës. 9°. Diverfes brèches calcaires. 10°. Des bancs & monticules prodigieux de fable gris, mèlés de quelques lits de cailloux & de marne, & à feuillets ondulants, Quelques patties de ce fable ont fubi un commencement de décompo/ition. 119. Des monticules coniques de fable gris fort élevés, fitués au N. E. de Vauvere. IL s'y trouve dés lits rares & fort minces de cailloux très-pe- tits pour la plupart. 12°. Des grès cendres & naïffants dansles bancs fablonneux. Plufieurs de ces grès commencent à fe pourrir. 13°. Dans ces bancs & monticules de fable , on rencontre des huitres & autres coquilles marines. Quelques-unes de ces coquilles font chargées de balanites où glands de mer : on y trouve aufli des cornets de Saint-Hubert pétrifies. 14°. Un poudingue calco-quartzeux , avec cammes , vis & autres co- guillages marins au N.E. de Vauvert , fous le pic d’Eflienne au valat de l'Arëne. 15°. En creufant des puits dans ces £ancs de fable , on trouve fréquem- ment d'énormes géodes calcaires de couleur grisâtre comme celles de Ra- mufat. L'intérieur de ces géodes contient de l’eau & un anneau circulaire de cryflaux fpathiques rhomboïdaux. Ces géodes ne paroïflent point avoir été roulées , mais plutôt avoir pris naïiffance dans les /zb/es. 16°. Dans les bancs & monticules de fable, on voit une quantité confi- dérable de cailloux quartzeux de différentes groffeurs , paflés les uns à l'état d’argille , les autres à celui d'argile marneufe , à caufe des matières calcaires que les eaux y ont infiltrées. De tous ces faits, je tire deux conféquences. 1°. Que les atrerriffements & monticules caillouteux & feblonneux qui règnent depuis le Gardon jufqu'à la mer, en paflant par Bouillargues , Vauvert, Combas, Aigues-vives, Gc. &c., font dûüs au Rhône quant aux matériaux , & aux courants de la mer quant aux dépôts & à la forme. Ici, j'ai la fatisfaction de me trouver d'accord avec un excellent Tome XXIV, Part. I, 1784. JANVIER. G ‘so OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, Obfervateur , M. FAUJAS, dont je rapporterai Les propres termes (1). « Willeneuve-les- Avignon eft au pied d’un rocher calcaire aflez élevé, » furmonté d’un plateau de plufieurs lieues d’étendue. C’eft à l'entrée de » certe valte terraffe qu’on trouve, auprès d'un Oratoire qui eft fur le » chemin, une couche épaifle & confidérable de caïlloux roulés , qui » couronne la montagne calcaire, Ces cailloux ufes & arrondis font campolés » de quartz groffrers de diverfes couleurs, de quelques pranits, &e de bafaltesa » crote aroilleufe, qui offrent dans leur caffure un Bafalte noir, xenfer- » mant quelques cryflaux de fchoerl noir. Il r'exifte cependant aucun » volcan dans le voilinage. Ce dépôt de cailloux roulés eft femblable à ce- » lui des environs de Montelimare, à un tel point, qu'on trouve dans Fun > & dans l'autre des sripolis arrondis. Cette traînée de cailloux roulés des » environs de Villeneuve-les- Avignon , fe prolonge au loin dans le Lan- » guedoc ; lon en rencontre plufieurs branches juiqu'à Remoulin ». Ces monticules caillouteux ne font pas les feuls produits par les cou- rants de ia mer. en exifte de femblables en Dauphine, M. FAUJAS en parle ainfi (2): « D'autres fois des s7ontagnes entières furent produites par l'accumulation > de ces pierres roulées , & fouvent les déblais en étant difperfés au loin, >» formèrent ces grandes traïnées de cailloux arrondis qui traverfent le » Dauphiné prefque en entier dans plufieurs points ». 2°. Ma feconde conféquence eft que l'aëion non interrompue de l'eau change à la longue les pierres vitrefeibles en véritable arpille. Quelque ex- traordinaire que paroifle cette conver/or , je l'ai. vue trop fouvent & trop clairement , pour avoir le moindre doute à cet égard: mais ce phéno- mène méritaut un examen rédéchi, je me propofe de difcuter, dans un Mémoire particulier , les queftions fuivantes : 1°. N'y a-til, comme l’ontceru STaHL, MAcQuER (3) & BUFFON (4), qu'une feule terre primitive élémentaire dont les autres terres ne font que des modifications ? 2°. Comment s'opère le changement des quartz en argille ? 3°. Eftil vrai, comme le prétend M. DE BUFFON ($), que toutes les argilles ne font que des fables virrefèibles | décompofés & pourris dans l'eau ? 4°. Enfin, eft-il vrai, comme le veulent M.DE BuFFON (6) & l'Abbé ) HifE. Nar. de Dauphiné, tom, L, pag, 235, dans la note. ) Ibid., pag. 23. ) Dit. de Chymie , article ga, in fine. 4) Théorie de la Terre , & Supplément à l'Hift. Nar. Epogues de [2 Nature. $) Epoques de la Nature, Sappl. à l'Hift. Na, tom. IX, in-12 , pag. 19, 20, 145; & 154, & Théorie de la Terre. ‘ (6) Ibid , pag. 421. ue ot = ( ( ( \ ( SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. gx BACHELEY (1), que la plupart des cailloux filiceux proviennent de la mer, & qu'ils ont ete formés par des madrépores & autres matières, qui ori= gtnairement étoient calcaires ? Avant de quitter ces monticules caillouteux, j'expliquerai brièvement un fait dont je ne fache pas qu’on ait encore rendu railon. Les vins qui croiffent dans les terreins caillouteux de Remonlin, de Bouillaroues , de Saint-Gilles, &c. &c., font d'une qualité fupérieure aux vins qu'on récolte dans les lieux circonvoifins. Quelles peuvent être les caufes d’une différence aufli marquée ? Les voici. 1°. La vigne fe plaît fur les collines: Bacchus amat colles. 2°. Dans les serreins fecs , la vigne rend moins de yir que dans les terreins humides , mais aufli le vineft plus généreux. 3°. Les arrerrifflements dont il eft ici queftion étant formés en grande partie de cailloux , il n'y a précifément que la serre néceffaire pour nourrir la vigne. Cette terre étant /égère, ne retient, après les pluies , que la quantité d’eau convenable. 4°. IL eft d'expérience que les pierres s’échauffent plus fortement , & con- fervent plus long-temps la matière calorifique que les serres ; de plus, les cailloux , comme autant de miroirs ardents, réfléchiffent, par les différents points de leur furface , la /umière & la chaleur folaire fur les plants de vi- gne, & facilitent ainfi beaucoup la prompte & parfaite marié du raifin. Telles font les caufes de la fupériorité des vins de Remonlin , Bouil- largues & Saint-Gilles fur ceux de la plaine de. Layvonage , 6e. Gc. &c. $. II. Monticules calcaires de Nimes, Dans une direction oppofée aux monticules caïillouteux , & vis-à-vis, court une chaîne de 7zonticules calcaires: Ces collines préfentent : 1°. une pierre très-compaéte, grisdtre en certains. endroits, bleudtre dans d’autres. On en tire une excellente pierre à bâtir, & des meules de moulin. 2°. On trouve, mais rarement, dans cette piérre, des coquilles & autres corps Marins, 5 Voïti une courte notice des lieux où l’on découvre ces dépouilles ma: rines. Dans la carrière de Barutel ( d’où ont été tirées les pierres des Arémes) , à une lieue & demie de Nfmes , on trouve dans l’intérieur de la mafle de … (1) Journal de Phyfique , 1782, Supplément ; tom. XXI, pag. 8I—to1. Tome XXIV, Part, I, 1784. JANVIER. G 2 52 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, grandes vis, & d'énormes vertèbres mobiles de cornes d'Ammon feuil- Letées. Derrière le Cimetière, au-deflus des vignes & au pied des moulins à vent , la furface du rocher eft percée d’une infinité de trous de dirres ou pholades , & de vers demer. Au même endroit, la pierre eft garnie çà & R de glands de mer & de diverfes efpèces d’huitres. Près le Château de Vezerombre exiite une pierre calcaire en table de demi-pouce d’épaifleur , totalement recouverte de cammes. Située à trois lieues & demie de Mimes , la carrière de Mus donne une pierre blanche & bleuâtre, pleine de coquillages (1), & que l'humidité réduit en une efpèce de boue. A l'extrémité de certe carrière, vers le Cha- teau d’Axbai, on remarque un lit entier de peignes de la plus belle confervation , qui ne font enfemble qu'un feul corps. 3°. La carrière qui a fourni les pierres de la #aifon quarrée n’eft qu'un afflemblage d'oolithes. Cette carrière, appellée Lens, eft à demi-lieue du Village de Fons, Diocèfe d'Uzès. ; 4°. À chaque pas, on voit enchaffés dans ces collines des fragments irréguliers d'une pierre calcaire, vraifemblablement antérieure à la mafle qui la renferme, | °. On y rencontre-aufi très-fréquemment des royaux calcaires incruf- tés, dont la forme approche beaucoup de celle d'une amande, d’une péche ou d’un abricot, c'elt-à-dire , que ce font deux hémifphères , dont la réunion produit une efpèce d'ésranglement ou de gorge, comme celle d’une poulie. À l'extrémité de ces royaux eft attachée une queue ou pé- dicule fort court. La grofleur de ces zoyaux varie depuis celle d'une noiferte jufqu’à celle d'une pomme. Leur couleur, toujours femblable à celle de la pierre, indique qu'ils ont été formés en même temps qu'elle, Malgré de longues & profondes méditations, n'ayant rien pu imagi- ner de fatisfaifant fur l’origine de ces royaux , j'en laiffe le foin à de plus habiles que moi (2): Multa latent in majeflate Nature. 6°. Il exifte dans ces carrières plufieurs couches , où l’on remarque le ee — (1) In Parochià Mus, prope Abbatïam de Saint-Gilles , rupes mollis exrar, ex qu ex- trahuntur Lipides ditti bar de mus , Livophitis , efcaris , mufcis marinis, echini ffagmen- ris mixris circumlii, ( DARGENVILLE , enumerationis foflilium quæ in omnibus Galliæ Provinciis reperiuntur Tentamina. Parif. 1751, n-8°, page 76). | (2) M. 0e Jougerr, qui a obfervé les mêmes royaux dans le territoire de Æ/onrpel- lier, mais formés d'un fable matin gris congloméré , & parvenu à une dureté infi- niment plus grande que celle du grès, demande fi ces zoyaux ne pourroïent pas être regardés comme des o/omries, des theres ou de poumons marins pétrifiés? ( Obfervar. Jur les folles des environs de Montpellier, AfJemblée publique de Montpellier, 8777; pag. 22 ). SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 53 paflage du virrefcible au calcaire, c'eft-à-dire , qu'une partie éincèle avec le briquet, & ne fait point d'effervefcence avec les acides; tandis que l'autre partie , en même temps qu'elle érimcèle un peu avec le briquet , fait aufli efférvefcence avec les acides. 7°. Dans ces mêmes carrières, notamment auprès de la Tour Magne, on apperçoit des débris irréguliers de pierre visreftible que les eaux ont mis en partie à découvert, en rongeant & ufant La pierre calcaire où ils font contenus. 8°. On obferve ailleurs ( à Fons, fur la route. d'Ardufe ) , non-feule- ment les mêmes accidents, maisencore des feuillets ou couches alternatives de pierre vitrefcible , & même de filex ou pierre à fufil , avec des couches calcaires. Des noyaux filiceux, anguleux & arrondis y font enfermés dans la pierre calcaire. Quelques-uns de ces royaux portent l'empreinte de vis, 8 d’autres coquillages de mer ; certains ont commencé à blanchir & à fe décompofer. | Mais c’elt principalement derrière le Cirmesidre de Nimes , entre Les vi- gnes & les moulins à vent, qu'on peut contempler à l’aife , fur une lon- gueur d'environ 4o toifes, un banc horizontal entièrement vitrefcible ; de 18 pouces d’épaifleur & à replis ondulants , implanté dans le bloc du rocher calcaire, Ce lie renferme plufieurs royaux auf virefcibles | de hyure fphérique , ovoïde & cylindrique , de diverfes groffeurs depuis celle d'un petit concombre jufqu'à celle d’une grande courge , & au-delà. Ces noyaux , compofés de couches concentriques très-minces, font extérieure ment couverts de proéminences & tubérofités reflemblant à celles d’une tortue. Quelques-uns de ces noyaux font parfemés dans la mafle calcaire, tant au-deflus qu'au-deffous de la zône vitrefcible, Sur l’un s'eft attaché un ourfin ; fait qui prouve démonftrativement la formation de cette zône fous les eaux de la mer. Ces couches alternatives de filex & de calcaire, ont déjà été remarquées par l'Abbé BACHELEY dans la carrière de Sainte-Catherine, à la porte de Rouen (1). Les noyaux ffliceux dans une maffe calcaire , fe montrent auf à la Fontaine de Vaucluf, & M. FAUJAS (2) a aufli reconnu dans le rocher des grottes de Saffenage quelques royaux d’un flex pierre à fufil rou- geñtres, d’un affez gros volume, mais clair-femé. Il réfulte de ces faits, que les monticules calcaires du territoire de Nîmes font l'ouvrage de La mer. | GDF TE Exhauffement de la Vallée de Nimes. Le fol aëtuel de la vallée de Nimes eft beaucoup plus haut qu'il ne NE nt (1) Ubi fupra, (1, p. s1.\ , page 84. (2) Ubi fupra (p.50), pag. 281. 534 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, Péroit.dans les remps reculés. J'en tire la preuve des fouilles faites au puits de M. JEAN, place Maréchale, Le verrein y étoit difpofé de la manière {vivante : à Pieds. Poua 19, Terre tranfportée., + , + . COMTE, TURAIES oncherre labourable Meta, 4 meute one CAES DARU Le 32 aTuE RAP EN enter EE STAR G 4°. Rocher vif. . Phodte , PNR RUES 6 5°. Argille. M PET LANE AE LCA AVS I Las LES +120 ESA 36 6 N. B. À cette profondeur, on trouva de l’eau, & l’on s'en fervic pendant dix-huit ans; mais ayant manqué en 1779, on fit creufer plus bas, & l’on trouva: RE CRM Ro Ed er TRES PASS CEE 7°. Terre fablonneufe mêlée de grès tendre & gristre, 2 8°, Argille grife ardoife. HAN RAAUÈNES SATO 64 6 N, B. Dans cette argille, on découvrit plufieurs troncs d'arbres renverfés, lesuns très-fuins, d’autres charbonnifies. 9°. Argille noiratre, VER SSL RU EE ETES TA 6 RSS PART 2 Lolrreunt, L’exhauffement de la Vallee de Nimes n'a rien qui doive furprendre Aer neft point un phénomène ifolé. On en a recueilli d’analogues dans plu- fieurs contrées. Il me fuflira de dire que MM; DE BUFFON (1) & DE LAMANON (2) ont prouvé l’exhauflement de la vallée de la Seine à Paris, par l'obfervation des bois travaillés de main d'homme , trouvés à 75 pieds de profondeur dans les puits de Bicétre & de l'Ecole Militaire, & par l'ob- fésvation d'une clef de fer enfevelie à 80 pieds de profondeur dans le cœur de la pierre gypfeufe de Montmartre, & d’autres morceaux de fer ouvré qu'on trouve en pleine mafle à Belleville & à Charonne. Ce comblement de la vallée de Nimes a été produit par deux caufes. : 1°. Par les dépôts & le féjour de la mer. 2°, Par les déblais des monticules calcaires. tails. Sur les routes d'Uzès, d'Avignon, de Beancaire, d'Arles , de Saint- Are ; Ceci exige quelques dé- (x) Ubi fupra (p:$0), pag. 180 & 220. {> ) Journal de Phyfique, Mars 1782, tom. XIX. SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 5ÿÿ Gilles, de Montpellier, de Sauve & d’Alais, on apperçoit à chaque pas des traces d’un banc où brèche calcaire fur laquelle repofe la cerr: végétale, Cette Brèche eft appellée vulgairement fffre; & par M. DE BoFFon, carrières parafites. C'eft fur-rout dans le lit du torrent nommé Cadarau ; qu'on peut voir diftinétement les diverfes couches de cette brèche ou féffre, qui, Fan quelques endroits, a 20 pieds d'épaifleur (1). Par-tout les cou- ches fuivenc la direction des monricules calcaires | & vont fe confondre à Peffric & ailleurs avec les depôrs caillouteux. L'origine & la formation de certe brèche ne font pas difficiles à expli« quer. L'action continuelle des pluies , des gelées & des vents délira la fw- perficie des monticules calcaires (2): Tempus edax ‘rerum. Ce délitement peut s'obfervèr dans toute les carrières de Nimes, mais principalement au fommet des collines fur.le chemin d’Anduze. Ces detriments & les terres furent entraïnés dans la vallée par les eaux météoriques. Sur ces terres crûrent & périrent des végétaux. Leur deftruction four- nit une immenfe quantité d'acide méphitique dont l'eau fe chargea. Cette eau, ainfi faturée, réunit, agglutina , identifia & folidifa les dérrimenrs des collines avec la diffolution des atômes calcaires de la terre végérale , qui, de leur côté, foutiroient plus qu moins l'air fixe de l'atmof- phère. La formation de ces brèches eft donc opérée par les mêmes moyens que la révenération de la pierre calcaire. : Le célèbre M. DARCET a reconnu (3) que cinq cents ansne fufñfent point à la parfaite régéneration de la pierre calcaire, puifque le mortier des murs du palais de Paris étoitencore cauflique , tandis que le morrier Romain des bains de l'Empereur JULIEN , & celui de Be/ançon ne donnoient plus aucun figne de cauflicité , & faïiloient une viveeffervefcence avec les acides. J'ai vé- rifié cette expérience fur le mortier de la Tour-Magne & des anciens murs Romains , près du Mas Alary. Qu'on juge, d'après cela, quelle longue période de fiècles s’eft écoulée vendant l’abaiflement de ces collines , qui doivent. avoir perdu au moins Ê moitié de leur hauteur, & pendant la formation de ce Yiffre, qui fur- a —— (1) Dans le nouveau puits qu’on creufe aëtuellement aux moulins à feu , on a trouvé € wWiron 20 pieds dece /{ffre , avant d'arriver au lit d'argile. : (2) BurFOn,, ubi fuprâ (p:$0)pag. 21, 179,187, 228, 2374 (3) AZémoire [ur la calcinarion de La Terre calcaire , & fur fx vicrificarion, foit “fente; foircombinéeavece d'autres terres® lu à la renirée du Collége Royal de France, par M. Darcer, le 1 Novembre 1782. (Journ. de Phyf. 1783 , Janvier, tom: XXIT, page 19 , 34 ). re 56 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, pafle la pierre calcaire en dureté, C’eft bien ici le cas de dire, avec Voc- TAIRE : Le Monde eff une vieille Coquette qui cache fon âge. J'ai cherché, dans ces obférvations & ces remarques fur le territoire de Nimes , à remplir de mon mieux les fages préceptes de l'illuftre BUFFON, qui nous dit fi éloquemment (1): & Dans l’Hifloire Naturelle, il faut fouiller les Archives du Monde, » tirer des, entrailles de La terre les vieux monuments, recueillir Les débris, x € raffembler en un corps de preuves tous Les indices des changements phy- fiques qui peuvent nous faire remonter aux différents âges de la Na- > sure, C'eft le feul moyen de fixer quelques points dans l'immenfité &e l'efpace , & de placer un certain nombre de pierres numéraires fur la » route éternelle du temps ». B ” ë OB SE R.V'AT I O:N SUR LE PHÉNOMÈNE DES LUEURS PHOSPHORIQUES D'ETAT EE RAI LUTAMONU. €: D: tous les phofphores connus jufqw'ici, l’un des plus intéreffants fans doute eft le phénomène de la mer lumineufe, IL éroit impoflible qu'un fbectacle aufli frappant n'attirât l'attention des obfervateurs attentifs, & la curiofité mème des gens les moins inftruits : auffi plufeurs l'ont-ils ob- fervé, & en ont parlé, Les uns ont attribué la caufe de ce phénomène fingulier à une matière phofphorique contenue dans la mer, d’autres à la matière électrique , & le plus grand nombre enfin à des infectes noéti- luques : mais le plus grand défaut de ces opinions eft d’avoir voulu affer- vir la production de ces lueurs phofphoriques à une unique & feule caufe. { Ce fut le 15 de Juiller 1781, faifant voile de Cronftadt à Copenha- gue , un peu plus bas à-peu-près que la hauteur des côtes de Courlande, que j'eus occalion d'obferver ce phénomène pour la première fois. IL faifoit un calme prefque plat, un temps brumeux & une nuit obfcure; mais la mer avoit éprouvé une agitation affez ‘violente de deux ou trois jeurs, & dans la journée même du 15 : auf il exiftoit encore une très- D (1) Uôi fupra (p. so) » Page I. SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 57 légère ondulation à fa furface , dans cette nuit où je vis les lames for- mées par leMfillage du vaifleau , jetter un éclat & des lueurs brillantes d'un rouge prefque blanc, ou très pâle, femblabies à des étincelles. Le 30 Août, étant à l'ancre devant Copenhague , à caufe des vents contraires qui agitoient violemment la mer depuis deux jours (& fur-tout e 28, où il y eut des coups de vent fi terribles , qu'ils firent échouer un * navire) j’obfervai de temps en temps, la nuit étant encore aflez claire, fur-rout lorfque des lames formées par le fillage du vaifleau (deux ou plufeurs) venoient fe brifér avec impétuofité l’une contre l’autre, un éclat phofphorique fuperbe, & partant pour la plus grande partie de route leur longueur, comme des ruifleaux de feu; & je crus même plus d’une fois lavoir vu produit par l'écume qui fe formoir en abondance dans certe occafion. Ce fpectacle m'enchanta , & cette continuité de la matière lu- mineufe me frappa & me fit réfléchir. Quelques jours après, étanr à la voile, je vis, par un temps affez venteux , quelques légères lueurs , toujours au fillage , & de loin en loin; le lendemain, par un calme, mais qui n’avoit pas duré toute la journée , j'obfervai la même chofe. j Mais le 31, étant encore à l'ancre devant Copenhague, pendant le crépufcule qui précéda le clair de lune, j'obfervai clairement , & pendant long-cemps, plulñeurs petites lueurs phofphoriques ifolées par-ci par-là, fort vives , fautillant d’un endroit à l'autre, à peu de diftance à l'arrière du vaïfleau, mais point auprès du fillage , qui n’étoit même pas fenfble, le temps étant d’un parfait calme & le vaifleau à l'ancre. Ce nouveau fpectacle m’ouvrit les yeux, & me fit tirer les conclufons füuivantes: 1°. que tout éclat phofphorique que jette la mer pendant la nuit, n'eft point l'effet d’une feule & même caufe ; 2°. qu'il eft des lueurs phofphoriques de deux efpèces, & peut-être davantage; 3°. qu'il eft certain qu'il en eft qu'on ne peut attribuer qu'à des infectes, ainfi que le prouve ma dernière obfervation , les infectes me faifant même entendre Je même bruir que des poiflons qui, par un beau temps, fe jouent à la furface des eaux calmes & tranquilles d’un vivier; 4°. qu'il eft certain auf qu'il en eft ( & c'eft les plus communs dans la Baltique) dont le développement n'eft abfolument dû qu'au frottement de la partie infé- rieure du vaifleau contre les eaux (r). (x) MM. Vinelli & Nollet , qui ontobfervé dans les Mers d'Italie, & M. Valmont de Bomare, dans celles de France (Voyez Leçons de Phyfique, rome W, page 33, & le Dit. d'Hift. Na. , à Particle Mer lumineufe ), prétendent que ce phénomène fingulier w’eft abfolument dû qu'aux infeétes noë@tiluques de ces mers. L’on conçoit affez que là où ces infeétes fonr en effettrès-abondans, ces Meflieurs ont pu facilement Tome XXIV,, Part, I, 1784. JANVIER. H 53 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, Tant que je n’avois point vu les animalcules lumineux fe jouer à fa furface des ondes, je n'ofai point prononcer fur le phénomène, objet de mes premières obfervarions: mais lorfque je les eus examinés -attentive- ment , que je reconnus qu'ils fe plaifoient à la furface des eaux , que je ne réufis plus à en obférver depuis malgré toute l'attention que j'y apportaf, je ne pus m'empêcher d'en conclure qu'ils fe trouvoient en fort petite quantité dans ces mers, qu'ils yétoient fort rares ; que l’endroir où j'en avois vu en abondoit apparemment le plus, & qu’enfin l'éclat qu'ils jettoient étroit bien différent de celui qu'on ne voyoit paroître que près du fillage, dans un temps où la mer étroit agitée ou l’avoit été pendant un certain temps , & dont la produétion étroit uniquement due ala mer même ; car fi l’on vouloit aufli l'attribuer à des infectes , comment expliquer pourquoi ces petits animaux fe plaifant à la furface des eaux (ainli que nous l’a- vons vu plus haut ) n’y auroïent plus paru depuis que par le foulement de celles-ci dans des temps orageux , & uniquement auprès de la quille du vaiffeau ? Et fuppofez que les ondes agitées les euflent foulevés, pourquoi ne ® paroitrcient-ils point du fein des vapeurs qui fe brifenc les unes contre les autres , difperfés aux différents points de la vafte érendue que peut embraf- fer l'œil jufqu’à horizon ? Pourquoi leur nombre étant fi petit, lefpace comme embrafé eft il fi grand & continu ? Tout cela conduit bien plutôt à penfer que la mer contient dans fa compoftion , foit un acide, foit mêmeun gaz phofphorique. On fait que la chaleur du fond de la mer eft toujours plus grande que celle qui règne à fa furface dans toutes les variations de l’atmofphère; & il a été prouvé, par des expériences , que cette chaleur augmente par l'agitation des yaoues (1). être induits én erreur par leur quantité, & que par conféquent leuts obfervatioss fur cer objer ne peuvent être bien exaétes: mais dans les mers les plus feprentrionales de notre globe, où ces infeétes {e trouvent en très petit nombre , la matière phofpho- rique propre de la mer eft plus fenñible & plus facile à faifir, quoique fe dévelop- pant plus difficilement, Au relte, je ne fuis pas éloigné de croire que cette matière a un cerrain rappote néceffaire avec l’exiftence des infeftes noëétiluques ; de manière que , dans les zônes rempéiées & les climats chauds, la matière phofphorique ou éle&rique £ trouvant “affez abondante , ces petits animaux s'y trouvent en quantité innombrable , & vice verf pour les mers des climats froids ; & alors, il eft ailé de concevoir que, fans la plis grande attention , on n’apperçoit dans les premières que les infeftes, & dans les fecondes que la matière phofphorique ; ce qui fait que. chaque Oblervateur aura voulu ne rapporrer le phénomène de la mer lumineufe qu'à une feule caufe. (1) Ha été obfervé, dans un voyage au pôle boréal, par le Capitaine Phipps , que la mer, agitée par un coup de vent, ft monter le thermomètre, plongé dans une de fes vagues, à 62°, tandis que Ja chaleur de fa furface & de l’armofphere étoit de 50°, tandis encore que, par un t-mps modéré, la chaleur de Faumofphère ditféroir de celle du fond de la mer d’un degré. SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 59 Ainfi donc cette agitation, cette chaleur qui en eft la fuite, font le pre- miser pas au développement de la matière phofphorique , qui , fi elle n’eft pas Le phlogiftique déguifé , a au moins, à ce que je foupçonne, beaucoup d'analogie avec lui: alors fi un corps folide, comme celui d'un vaiffeau , vient à frotter contreces eaux échauffées, cette matière , déjà mife en mouvement, eft obligée te fe développer fous la forme d’une lueur plus ou moins vive & continue, felon le plus ou le moins d’agitation qu'au- ront éprouvée les eaux de la mer, & felon le plus ou le moins de matière phofphorique, dont la quantité peut varier comme les eaux de la mer même; car je comparéila produétion de la matière phofphorique à celle de la Aamme , puifqu’elle a été précédée d’un mouvement de chaleur, ce- lui-ci d'un mouvement antérieur au frottement ou action des parties d'un fluide les unes contre les autres, & qu'il n’exifte point de chaleur fans mouvement, & de matière de feu fans chaleur. Une autte obferva- tion d’ailleurs que j'aifaite, étaie mon fentiment, & prouve un mouvemert de chaleur intérieure dans la mer continu, & une matière phofphorique très tenue inhérente à la compofition de fes eaux. C’eftque , foit que celles- ci foient agitées ou non (cependant toujours en raifon de fon calme ou de fon agitation), lorfque les rayons de la lueur phofphorique font raf- femblés dans un efpace étroit comme la lunette de commodité , ils fonc toujours fenfibles dans tous les temps fous la forme d'une lueur blanche, continue & vacillante , femblablé à celle que donne la chaux légèrement chauffée. j M. Bojan a fait aufli des obfervations fur ce phénomène, dans fes Voyages de France à Cayenne, & il en attribue l'effet à une matière élec- trique > qu'il prouve par des expériences. Mais il eft certain que , ou cette matière électrique ne fe trouve pas dans toutes les mers, ou n’eft pas la même par-fout; car jen’en ai apperçu aucun veftig: dans les eaux de la Baltique, fur lefquelles j'ai eflayé une expérience femblable à celles de M. Bojan, fans aucun fuccès : la voici, Ayant fait apporter, dans le temps que la mer étoit fortagitée , un feau d’eau, je m’enfermai avec lui dans une chambre tout-à-fait obfcure , & j'en agitai fortement l’eau pendant plus d'un quart-d’heure avec un bâton garni d’un bout métal- lique; mais fans autre deffein que de voir fi je pourrois produire , parune agitation artificielle , le même phénomène qui étoit produit par la na- turelle, n’y foupçonnant alors la matière électrique en atcune manière, & ne connoiffant en rien les expériences de M. Bojan, Cette différence d’ef- fets me fit penfer alors que ce phénomène étant un effet de la chaleur interne, une petite quantité d'eau reflerrée entre l’efpace étroit des parois d'un feau, expofée à l’action fubite de toute la mafle de l’atmof- phère, perdoit fans doute inc:ffamment le peu de chaleur contenu dans un fi petit volume , & avec elle la vertu phofphorique; & que s'il étoit Tome XXI, Part. 1, 1784 JANVIER. H52 60 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, poffible de puifer plus près du fond , cette chaleur & cette vertu fe con- {erveroient peut-être plus long-temps (1). Cependant , comme je l'ai dit, la matière éleétrique peut n'être pas par-tout la même, & les expériences de M. Bojan méritent une attention particulière. La Nature eft d’une uniformité admirable dans toutes les productions de la mème clafle dans tous les pays du monde; il n’y aque le climat & certaines circonftances qui peuvent y apporter de légères variations : mais ces variations n’altèrent jamais Les principes compolants des mixtes, d’où il réfulte que ceux qui font eflentiels à un corps font uniques & déterminés. Ainfi, lorfque l’on voit reparoître continuelle- ment le même objet dans un compofé quelconque, il eft à préfumer que cet objet eft eflentiel à fa mixtion. Or, dans toutes les mers connues, on voit le phénomène dont nous parlons , &, je fuis perluadé que fi Fon veut bien obferver, on le trouvera par-tout inhérent à la fubftance de la mer, indépendamment du phofphore des infeétes noctilu- ques. Si donc M. Bojan a bien conftaté la préfence de la matière élec- trique dans les mers où il a obfervé , il faut rechercher fi ce qui ne pa- roît que purement phofphorique dans les autres mers, n’eft point réelle- ment la matière électrique déouifée, modifiée par le local & le climat; & fi ce que l’on nomme matière phofphorique dans un climat où l'at- mofphère , naturellement plus chaude , augmente aufli la chaleur habi- tuelle de la mer , ne fe change pas d'une manière qui nous eft inconnue en matière éleétrique. Cette idée peut paroïître abfurde d’abord; mais fi l’on confidère qu'une äinfinité de mixtions & la manière dont elles fe font nous font inconnues, & que plufeurs autres connues fe font d'une manière à laquelle on ne s’attendoit point, on regardera ma con- jecture avec plus d'indulgence. (1) On comprend affez que, fi le phénomène de la mer lumineufe éoit produit par les infeétes phofphoriques, ils auroient dû dans cette expérience fe manifelter par leur phofphorifme, même fans agitation aucune de la part de l’eau, ainfi qu’on peut le voir dans un Mémoire de M.P Abbé Dicquemare, inféré dans le Journal de Phyf. & d'Hif. Nat. pour l’année 1778, mois d’Août. SE SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS, 6: a —° MN UHR Es VOS 4É | . D'uxE nouvelle efpèce de Mine de Mercure | fous forme * de Chaux folide , d'Idria dans le Frioul. CG —— 2 D qe 9 Extrait d'un Mémoire lu à l'Académie des Sciences, le 11 Mai 1782; Par M. SAGE, Profiffèur Royal de Chymie Mérallursique. 154 mine de mercure en chaux folide eft d’un rouge brun; elle fe caffe difficilement , & elt granuleufe dans fa fracture , qui eft plus rouge que la fracture qui a été expofée à l'air. On découvre dans fon intérieur des glo- bules de ce demi-métal, qui partent de divers points de fa furface | &c rentrent dans l'intérieur du morceau, à mefure qu'il reprend la tempéra- ture de l’atmofphère. ai expofé dans une cuiller de fer, de la mine de mercure en chaux folide; fa couleur rouge s’y eft avivée , & elle a confervé la même in- tenfité , tant qu’elle eft reftée chaude, Par le refroidifflement , elle a pris une couleur jaunâtre. La mine de mercure en chaux folide fe révivifie par la feule diftillation, En adaptant à la cornue un appareil hydre-pneumatique , on en retire de l'air déphlogifliqué , mais un quart de moins que du mercure précipité per fe, parce que la chaux naturelle contient du mercure Aüide. Ayant raflemblé le mercure que j'ai obtenu par la diftillation de la chaux native de ce demi-métal , j'ai reconnu qu’elle produifoit, par quintal , quatre-vinet- onze livres de mercure. Une once de cette mine de mercure en chaux folide,, ayant été revivifiée par la diftillation, a laiffé au fond de la cornue une poudre grife pefanc un quart de grain. La partie du verre fur laquelle elle pofoit éroit pénétrée d'une couleur jaune femblable à celle que produit la chaux d'argent fon- due fur du verre blanc. Afin de conftater fi la poudre grife qui éroit au fond de la cornue, éroit de Ja chaux d'argent, je l'ai coupellée avec 2 gros de plomb, ayant eu foin de la mettre dans un papier dont le charbon a reftirué du phlo- giftique à la chaux d'argent. Le témoin du même plomb ayant été peté en oppoltion avec le grain de retour, l'excès de pefanteur de celui-ci a démontré que cette poudre grife contenoit réellement de l'argent, 62 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, Er ET TRE + pe M WILLEMET, Médecin de Namwy, AUX AUTEURS DU JOURNAL DE PHYSIQUE, Messieurs, LE Mémoire fur la génération fengulière d’une efpèce de grillon , par M. le Comte de Fraula ,inféré dans votre Journal du mois de Février dernier, er mulripliant la connoiffance des faits , 6 en augmentant la maffe des con- noiffances humaines , par la bonne defcription que ce Savant a donnée de cet infecte, & par les obfervations exactes qu'il a faites fur fa ponte, doit mériter affurément la reconnoiffance des Naruraliftes ; mais aufli je crois devoir défabufer Le Public fur ce prétendu grillon, qui n’elt que la blatre des cuifines. Cet infecte, l'opprobre des mailons qu'il habite, par fa fé. condité ; fa figure & fa mauvaile odeur, eft décrit par les Infectologiftes. L'Hiftoire des Infeétes de M. Geoffroy en fait mention, tome IL, pag. 380 , ainfi que le Syftème de la Nature du Chevalier de Tinné, tom, [°*, part.<2, page 688, fous la dénomination de‘ Blarra Orientalis. La blatte, füivant le Pline du Nord, eft originaire du Levant; de-là elle s’eft communiquée en Ruflië , où elle eft actuellement commune. En 1739, elle s'eft fait appercevoir à Stockholm , pour la première fois, Cet infedte étoit déjà connu de Fabius Columna, qui en a parlé dans un de fes Ouvrages, M. Schranck, qui vient de donner l’'Er- meratio [nfeétorum Auffriæ indigenorum , dit qu'on le trouve communément par toute l'Autriche, Il'eft fort commun à Nancy. Un de mes voifins m'a affuré , qu'indépendamment des gouffes qu'il pond , il étoit entièrement vivipare, l'ayant vu mettre bas des petits entièrement formés. Je fais, &c. SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 63 APS ER CN ARE TO NS:S SUR LE SASSAFRAS, arbre de l'Amérique; Per M. P. DE LA COUDRENIÉÈRE, ° L E faflafras ou laurier des [roquois eft crès-connu par fon odeur agréable & fes prepriétés médicinales. On fait que c'eft un affez bon fpécifique contre les maladies vénériennes; il eft fudorifique , incifif, réfolutif, & on l'emploie utilement dans la goutte & la paralyfie. Il n’y a que fon bois & fa racine qui foient en ufaveen Europe, mais à la Louifiane , on fe fert auf de fes feuilles , que l’on cueille en Juillet, que l'on fait fé- cher à l'ombre & au grand air, & que l'on pulvérife groflièrement. Ces feuilles employées dans Les fauces , les font filer comme de l’eau gommée, & leur donnent un goût agréable. On prétend qu’elles con- viennent aux phthifiques & aux pulmoniques. Le principe oommeux qu'elles contiennent eft tel, qu’une pincée de cette poudre fuffr pour rendre un bouillon vifqueux. C'eft ce mets que l’on nomme en Amérique gombo. Cependant il faut diftinguer ce ragoût américain , de celui qu’on nomme gombo-fevi. Celui-ci eft fait avec les goufles d’une efpèce de grande mauve, connue des Botaniftes fous le nom de fzbdariffa. Foutes les parties de cetre plante contiennent un fuc vifqueux ; & les goufles = EM font vertes , rendent l'eau plus gluante encore que ne le font les feuilles de faffafras. La première fois que l’on mange de ces gombos, on fent une forte de répugnance, à caufe de cette vifcofité; mais quand on en a goûté deux ou trois fois ; la répuenatce pale. & l’on voudroît enfuire en manger tous les jours ; principalement du faflafras, qui eft beaucoup plus favou- reux que Le févi. Les Créoles de la Louifiane aiment fi paflionaément, qu'ils ne peuvent manger d'autre potage que celui qu'ils font avec du bouillon, du piment, du faffafras, & du maïs ou du riz cuit à l'eau. Il faut avouer que ce potage et bien plus fain & bien meilleur au goût que toutes nos foupes de pain, On fait du gombo avec roues fortes de viandes, de volailles & de poiffon. On en fait auffi avec des chevrertes & des écre- vifles, Celui de choux eft le moins éftimé; il fe mange, ainfi que celui de chevretre ; le foir, & tient fouvent lieu de fouper. On ne fait aucun ufage de l'écorce de faffafras ; cependant elle eft très- aromatique, & je crois qu'elle doit avoir d’autres bonnes qualités, qui peut-être font fupérieures à celles du bois & de la racine de 64 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, cet arbre. On pourroit auf tirer de l'huile ou de la cire de fes baies ; car elles font femblables à celles du laurier , & contiennent comme elles une fubitance grafle. Il eft furprenant qu'on ne cherche point à naturalifer le faflafras dans l’Ifle de Corfe & dans les Provinces méridionales de la France, où il réuffiroit tout aufli bien qu’en Virginie, à la Floride & aux Illinois. C’eft un bel arbre, & qui eft toujours verd : d’ailleurs, ce feroit affranchir {a Nation d’un tribut qu'elle paie annuellement à l'étranger , pour {e procurer ce bois, fur-tout depuis que nous n'avons plus la Loui- fiane, OBSERVATIONS SUR LES EXPÉRIENCES DE MM. DE MONTGOLFIER, ROBERT ET CHARLES, Aves les moyens de les rendre plus aifées & moins dangereufes ; Par M. le Comte DE MiLLYy , de l'Académie Royale des Sciences. A PRÈS avoir rendu , avec toute l'Europe , à M. de Montgolfer l’hom- mage mêlé d’admiration qu'on lui doit pour la fuperbe expérience qui étonnera bientôt l'Univers, & qui doit immortalifer fon ingénieux Au- teur, J'ai deliré, ainfi que tous les hommes pour qui la vie des autres eft quelque chofe, de voir diminuer les dangers de cette expérience, qu'on ne peut fe diflimuler, & qui ont menacé les Voyageurs intrépides qui ont entrepris les premiers de s’élancer dans les airs, & franchir l’efpace , par le moyen de la machine aëroftatique ; ces dangers menaceront en- core tous ceux qui auront l'audace de MM. Pilatre & d’Arlandes, fi l'on ne perfectionne pasle moteur dont ils fe font fervis. On ne peut penfer, fans friffonner , que le feu de paille qu’on eft obligé d'employer , peut dé- truire dans un inftant la machine, les provifions & les Voyageurs. Il fe- toit donc à defirer, pour la fécurité de l'expérience, de trouver un autre moyen d'entretenir & de renouveller à volonté la puiffance igniforme, fans être obligé de s'en occuper fans ceffe, & fur-tout fans courir les rif- ques d’embrafer la machine ou la paille qu’on eft obligé d’emporter avec foi, & dont le poids & le volume augmentent encore les inconvénients, T1 m'eft venu quelques idées là-deflus, dont une me paroit fi fimple , & en même temps fi commode, que je crois devoir la foumettre , fans héfiter, au jugement de l’Académie, Si ce que j’ai à propofer lui paroïît utile, j'en ferai très-flatté ; finon mon amour-propre n’en fera point humilié, parce SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 6$ parce que je croisqu'on ne peut, fans crime ,conferverun fentiment pour Loi {eul , lorfqu'on les doit tous à fes femblables, qui courent des dangers éminents, Mais avant tout, jé rappellerai des principes connus de tous les Phyfciens fur la légèreté des corps , d'où j> râcherai de déduire dés conféquences qui pourront s'appliquer aux deux. fyftémes aëroftariques A partagent le Public de Paris dans ce moment-ci ; c'eft.à dire , celui e M.deMontyolfer, & celui de MM. Charles & Robert: tous les deux ont leurs avantages & leurs inconvénients, La méthode de MM. Charles & Robert feroit peut-être plus commode pour les obfervations ; & fur- tout moins dangereufe pour les Voyageurs aëriens., fi on pouvoir, à moins de frais & avec plus de facilité, fe procurer la puiffance qu’ils emploienr, c'elt-à-dire, l'air inflammable: je dis moins dangereufe , car je ne la crois pas exempte de tout péril , & je demande aux Phÿficiens ce qu'il arriveroir, fi un ballon aéroftatique, rempli d'air inflammable, pafloit à portée de l'éclair qui forc de la nue (1) ? Mais , fans m'arrèrer à cette idée effrayante , la feule difficulté d’avoir dé l'air inflammable , & de réparer au milieu des airs la diflipation qui s'en fait réceflairement, me fait de- firer de pouvoir mettre à la place de l'air inflammable une autre fub£ tance, dont on puifle potter avec foi une provifion fous un petit volume, qu'on puiffe vaporifér à volonté & entrerenir dans cet état avec faciliré. Une infinité de moyens fe préfentent en foule à mon imagination ; mais je vais les reftreindre, pour moins ennuyer , & je tâcherai de mettre autant d'ordre dans mes idées que je le pourrai , pour les rendre plus intelligibles. J’entre en matière. $. I“. Le feu eft le principe de toute volatilité. Si l’on doutoit de cette vérité , je citerois l'expérience d: M. Homberg, qui a volatilifé l’or même , en l'expofant au foyer d'un verre ardent, $. IL. L'eau, dont la pefanteur fpécifique eff à celle de l'air comme 800: à 1 , s’évaporife par le feu, & devient plus légère que l’air. $. IT. Il y a donc apparence que tous les gaz pofibles qui fe fou- tiennent dans l’air, n’ont acquis une légèreté fpécifique plus grande que ce fluide, que par la préfence du feu. $- IV. L'air inflammable lui-même feroit/il plus léger que l'air de l’at- mofphère , sil ne contenoit pas du phlogiftique en furabondance ? $. V. Mais l'examen chymique de la fumée de nos foyers nous démon- trera, d’une manière plus évidente , l'action du feu , pour changer la pe- fanteur des corps. è $ VI. En effet , qu'eft -ce que c'eft que la fumée? un com- polé de différentes fubftances émanées du mixte combultible pendant luf- — (x) La déperdition de l'air inflammable que fait Le ballon , doit nécefliirement former une enveloppe ou atmofphère autour de lui. Ainfi , dans cette hypothèfe , on fent aifg- «ment l'effet que produiroit un éclair qui fe dirigeroit près du ballon: Tome X XIV, Part. I, 1784. JANVIER. I 66 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, tion, lefquelles font toutes plus pefantes que l'air , fi on les examine fé- parément , qui fe font volatilifées par le feu , & qui fe foutiennent en l'air jufqu'au refroidiffement total , c'eft-à-dire , jufqu'a l'entière évaporation du feu. $. VII. La pefanteur des parties conftituantes de Ja fumée fe prouve ar l’analyfe de la fuie, $. VIII. On y trouve de La terre, une huile très-lourde, de l'alkali volatil, &c. s. IX, Toutes ces fubltances, excepté l’alkali volatil, font beaucoup plus pefantes que l'air; cependant elles font portées au haut de la che- minée, malgré la loi impérieufe de l'hydroftarique , qui fembloit les condamner à demeurer au fond d’un fluide plus léger qu'elles, L'on ne fau- roit donc douter que ce ne foit l'effet du feu qui leur a prêté des ailes: le feu difipé, elles fe condenfent & s’attachent contre les parois de la cheminée, $. X. Après ces obfervations, toutes les fubftances vaporifables fe- roient propres à enlever des ballons aëroftatiques , fion pouvoit aifément. leur donner & entretenir le degré de feu convenable, pour les maintenir dans l’état de vapeurs, $. XF, L'eau même feroit dans ce cas , fi elle ne laifloit pas échap- per le feu avec trop de facilité, comme les nuages le prouvent. $. XII. L'efprit-de-vin, l’éther , les huiles font dans le même cas. Les huiles feroient meilleures que l’eau, fi elles n’exigeoient pas une fi grande chaleur, pour fe réduire en vapeurs & fe foutenir dans cer état, $. XIII. L’alkali volaril feroit peut-être la fubftance la plus conve- nable à l'opération dontil s’agit, par fa volatilité naturelle; mais il fe condenfe avec facilité, & cela s’oppoferoit fans doute à l’ufage que je vou- drois en faire , fans le moyen que je propoferai bientôt , mais qui exige des expériences, pour pouvoir en aflurer la validité : j'y reviendrai dans un inftanr. Il ne s’agit plus que d'appliquer les principes que je viens de pofer, aux opérations aëroftatiques de MM, de Montgolfier, Charles & Robert. Il eft évident que ce qui fe paffe en grand dans l'opération de M. de Montgolfer , eft la même chole que ce qui fe pale en petit, lorf- qu'on met fous une cloche de verre , ou fous le récipient d’une machine preumatique, une chandelle ou toute autre matière allumée ; l'air qui eft contenu fous le récipient fe raréfie & devient plus léger que celui de l'atmofphère, qui pèfe bientôt fur la cloche & l'atrache à fa bafe. Je ne difeuterai pas fi l'air atmofphérique eft remplacé par une autre fubftance d'une nature différente, ou fi c'eft fimplement le feu qui fe combine: avec lui ,. & le rend plus léger; ce qui me paroît très-vraifemblable. Je fais feulement que l'effet dure autant que la chaleur, & que la cloche ne fe détache que lorfque tout eft refroidi, C'eft donc la préfence du feu qui opère ce phénomène. La même chofe arrive dans l’opérationen grand SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 67 de M. de Montoolfier, M. Faujas rapporte , dans Ouvrage qu’il vient de publier, page 179, & que j'ai parceuru hier au foir, « que , lorfque le æ ballon commence à fe gonfler , il fe forme fur-lé-champ un courant >» d'air rapide, qui vient de l'extérieur & entre dans la machine; de » manière qu'avant qu'on eût pris les précautions néceflaires, les toiles » difpofées fous l'échafaud autour du foyer, en manière de cylindre, étoient agitées avec une violence extrême , & venoient fe joindre contre » lefoyer. Il entre donc, continue-t-il , une grande quantité d’air atmof- » phérique dans le ballon », Mais comment cet air atmofphérique fe trouve-t-il plus léger que celui qui eft ambiant ? Ecoutons encore M, Faujas. « Cet air commun, dit-il, $. V, avant de pénétrer dans la capacité du » ballon, eft obligé de traverfer la flamme que produit la paille allumée »; d’où je conclus qu'il fe combine avec le bu , qui le rend plus léger de moitié que l'air extérieur , fuivant mon . 1”, Ainfi , il ne s’agit que de fubftituer au feu de paille un feu plus conf tant & moins dangereux , pour produire une grande chaleur fous l’ou- verture inférieure du ballon, afin que l'air ambiant qui fera obligé d'y paffer ; puifle fe charger du feu: rien n’eft plus aifé que cela; & des lani- pions à mèches nombreufes & très-grofles rempliront parfaitement cet objet. On peut les alimenter avec de l’efprit-de-vin, de l'huile ordinaire ou diftillée fur de la chaux , ce qui rend l'huile graffe fi éthérée , qu’elle fe diffout entièrement dans l’efprit-de-vin à la manière des huiles effenti-lles; les lampions feroient des parallélogrammes , avec des couvercles à char- nières qui ferviroient à les éteindre à volonté, lorfque le cas le requer- roit (I). Pour accélérer l'opération aëroffatique & gonfler le ballonen peu de temps , on pourroit fe fervir de paille ; & lorfqu’il feroit prêt à s'envoler, on mettroit une table légère en bois, couverte de tôle ou de fer-blanc, fur laquelle feroient fixés tous les lampions , dont les mèches feroient propor- tionnées à l'effet qu'on voudroit en avoir. On fent que lefprit-de-vin ne donneroit aucune fumée & beaucoup de chaleur; mais cela feroit peut- être trop difpendieux: c’eft ce qu'il faut calculer & foumettre à l'expé- rience ; l'huile feroit à meilleur marché, & l’on peut empêcher la fu- mée avec beaucoup de facilité, comme on le voit par l’ufage des mèches économiques qui fe vendent au Bureau de confiance , rue Saint- Honoré. y ÿ (x) On pourroit fixer les lampions fur la table , en les faifant gliffer dans des cou- Biffes qu'on y praciqueroit avec des bandes de fer-blanc ou de tôle; & les couvercles à charnières des lampions fe régiroient par le moyen de perites baguettes de fer qu’on y adapteroit, & qui (ottiroient dehors du cylindre de toile , dans l'intérieur duquel feroient placés la table & les lampions. Tome XXIV , Part. 1, 1784. JANVIER, 12 68 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, Les avantages des lampions fur la paille s’apperçoivent fi aifément , qu'il eft prefque inutile de les préfenter, 1°. Le feu eft conftamment le même, fans qu’on foit obligé de l'alimepter à chaque inftant, 2°. On pourroit, ar le moyen de réfervoirs communiquants , qui rempliroient les lampions a mefure que l'huile fe confumeroit, s'affranchir de tout foin pour ali- menter le feu, & de toute inquiétude fur l'incendie des provifions com- bultibles, & même fur celle du ballon , parce que le feu des lampes ne donne pas, comme celui de la paille, des flammèches dangereules, 3°. On pourroit , pour ainfi dire , être maitre de fa marche & de fon afcenfion , en allumant plus ou moins de mèches, fuivant qu'on vou- droit monter ou defcendre. ‘EL fuffira de faire deux ou trois expériences, qui ne feroient pas fort difpendieufes , pour juger de l'effet des lampions dans l'emploi que je pro- pole relativement au fyfême de M. de Montoslfer. A l'égard de celui de MM. Charles & Robert, où il s’agit d’enfer- mer un fluide plus léger que l'air atmofphérique dans le ballon aërof- tatique , il faudroit, 1°. en trouvér un qui coûtât moins, & quife fit plus aifément que l'air inflammable ; 2°. qui ne füt pas fufceptible de prendre feu auf facilement; 3°. qu'on püt réparer à mefure qu'il fe diffipe ; 4°. enfin , qu'on-püt facilement en emporter une provifion avec foi. Je penfe, Mefieurs , que l’alkali volatil rempliroit ces conditions, en Aui appliquant la chaleur convenable pour Le tenir toujours en vapeurs , & cela peut fe faire aifément. [l ne s'agiroit , à ce que je crois, que de donner au ballon une forme fphéroïdg , dont Ja pointe feroit en bas , &c terminée par un cône tronqué de fer-blanc , fous lequel on appliqueroit le feu d'une ou de plufeurs lampes. Effets. Dès qu'on auroit introduit l'alkali volatil en vapeurs dans l'intérieur du ballon , il sy foutiendra tant qu'il confervera aflez de feu; mais en fe refroidiflant , il fe condenfera, & la liqueur tombera par fon propre oids dans le cône de fer-blanc qui termine le fphéroïde , & qui, étant échauffé par la lampe où par les lampes , lui rendra bientôt les aïles que Le froid lui avoit ôtées. Ainfi | l’alkali volatil s'entreriendra toujours avec peu de foin & peu de frais dans l’état de vaporifation, On conçoit aifément que , fi l'expé- rience qu'on peut en faire à peu de frais , vérifioit-mes efpérances., quel avantage ce procédé auroit fur celui de l'air inflammable; 1°. pour la fécuriré des Voyageurs aëriens, qui ne courroient plus le rifque de lin flammabilité, & qui pourroient avec a plus grande facilité réparer la dé perdition du fluide moteur, à melure qu'elle s'opéreroit. Il ne s’agiroit pour cela que d’avoir quelques Livres d’alkali volatil dans des flacons SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 69 avec un matras de métal qu’on échaufferoit avec une lampe , & qui com- muniqueroit partune foupape dans l'intérieur du ballon, On pourroit encore eflayer dans le fyfléme de M. de Montoolfer, d’employer-le gaz impétueux.(1) qui fe forme par la détonnation du nitre mêlé avec le charbon, Peut-être que le feu des lampions que j'ai propofés, fufiroit pour l’entretenir long temps dans l’état de gaz: on ne s'en ferviroit cependant que dans les cas particuliers où l’on voudroit une afcenfion très-prompte; enfin, cefont des expériences à faire, que l’on pourroit exécuter avec des ballons de papier de médiocre grandeur, pour épargner la dépenfe. En multipliant les expériences , on feroit bien dédommagé , fi une feule réuMifloit & remplifloit parfaitement le but qu'on fe propofe. NB. Je me fuis borné aux lampions alimentés avec de l’efprit de-vin & de l'huile, tandis que j'aurois pu propofer encore plufieurs autres fubftances pour alimenter la flamme & foutenir la chaleur , tels que le charbon, la cire , Le fuif, les graifles , les réfines, les torches de cire, &c., _qui toutes peuvent être foumifes à l'expérienc> ; mais la crainte d’alonger trop ce Mémoire, m'a arrêté , fauf à les énoncer une autre fois, fi on veut les eflayer, Comme je fniflois ce Mémoire, j'ai reçu la vifite intéreffante de M, de Montgolfier, à qui j'ai fait part de mes idées; & j'ai eu la fatisfaction de les entendre approuver, & de me dire que M. fon frere , dans une expé- rience faite à Lyon , avoit employé des cornets de papier huilé, qui avoient foutenu un ballon contenant 300 pieds cubes, par le moyen d’une livre de papier & autant d'huile. Son élévation & fon éloigne. ment le firent perdre de vue au bout de 22 minutes; & par un apperçu comparatif. l'effet de l'huile eft, felon lui, à l'effet de la paille, comme 1:à13. [la pareillement approuvé mes idées fur l’alkali volatil , & m'a dit avoir fait des expériences qui paroiffent juftifier mon fentiment, Ila misen équilibre un vafe dans un baflin de balance ; il a, par le moyen du feu, vaporifé l’alkali volatil qui étoit renfermé dans le vafe , & le - bafin s’eft élevé. Il croit que la pefanteur fpécifique de l’alkali volatil eft de: moindre que celle de l'air, tandis que l'air échauffé n’eft que d’une moitié plus léger que l'air ordinaire. ‘ —— " (x) Le gaz qui fe dégage pendantla détonnation du nitre avec k charbon, étant plus pefanr que Pair, ne pourroit fervir qu’autant que la chaleur des lampions füt aflez forte pour l’atténuer & [ui donner une légèreté fpécifique plus grande, comme cela arrive à l'eau que le fu évaporife. Ainf, ce font des expériences à faire que je propofe, relative- ment au gaz du nitre , plutôt qu'un moyen ceéitain , qui ne feroit que furabondant , puif- que la paille enflammée fuit pour gonfler le ballon, & les lampions pour le foutenir em l'air & le maintenir à Hhauteur qu'on voudra. 70 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, OBSERVATIONS SUR. LE" CIRILER, ARBRISSEAU DE LAMÉRIQUE; Par M. P. DE LA COUDRENIÈRE. x cirier ou arbre de cire, n’eft qu'un arbriffeau, mais l’un des plus beaux que l’on connoiffle, Il a communément 6 à 7 pieds de haut, & il conferve fes feuilles route l’année. C’eft une efpèce de grand myrte, qui feroit un très-bel effer dans les bofquets des pays méridionaux de l'Europe. On retire de fes baies , en les faifant bouillir dans de l’eau , une cire verte & friable , qui pourroit former l’objet d’un commerce très-étendu,, fi l’on vouloit cultiver en France cet arbrifleau. Notre climat ne Jui eft point trop rude, car on le trouve dans prefque toutes les Provinces ma- ricimes de l'Amérique feptentrionale : il croît dans la Floride, la Caroline, la Virginie, Acadie, & jufqu'en Canada. Les lieux où il fe plaît le mieux font dans les terres bafles , humides, fablonneufes, & peu éloignées de la mer : aufli s'en trouve-t-il une grande quantité dans la baffe-Louifiane. On pourroit donc le cultiver avec fuccès dans l'Ifle de Corfe & les Pro- vinces maritimes de la France. Les nouveaux atterriflements du Languedoc & du Rouflillon pourroïent en être couverts ; ce qui donneroit l’exiftence à de nouvelles Villes & de nouvelles Provinces. Les terreins bas , limoneux & fablonneux de nos côtes maritimes , étant ainfi couverts de ciriers , en deviendroient plus fains , puifque l’expérience prouve que les défrichements de ces terreins les rendent beaucoup plus mal- fains que lorfqu’ils font couverts d'arbres ou d’arbriffeaux. On en fent aifé- ment la raifon; car de grands arbriffeaux , tels que les ciriers, doivent faire de l'ombrage , & entretenir une certaine fraîcheur fur la terre, capa- ble de diminuer confidérablement l'élévation des vapeurs malfaifantes, pendant les grandes chaleurs de l'été. Ces arbriffeaux doivent même cor- riger le peu d’exhalaifons qui fortent de la terre dans cette faifon, foiten abforbant leurs parties les plus méphitiques, foit en répandant dans Pat- mofphère des corpufcules propres à détruire la malignité de ces vapeurs. Ce feroit donc rendre la falubrité à une partie de llfle de Corfe , de la Provence, du Languedoc , du Rouffillon, de la Gafcogne , de la Sain- ronge & de l'Aunis; toutes ces terres bafles PA. infiniment plus faines que fi elles éroient couvertes de riz ou de toute autre plante, SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 71 IL eft bien fingulier que l’eau qui a fervi à fondre la cire des baies de ciriers , ait la propriété de durcir le fuif qu’on y fait fondre , & de lui don- ner prefque autant de confiftance que la cire paroït en avoir. On pour- roit gie des recherches fur ce fujer, Gé conduiroient peut-être à la dé- couvËrte d’un moyen peu coûteux , de donner réellement au fuif toutes les propriétés de la cire: alors on ne feroit plus que des bougies de fuif, ce qui deviendroit très économique, Enfin , fi cet arbriffeau étoit cultivé en France, peut-être découvriroit- on en lui d'autres avantages qui le rendroient précieux pour la Médecine ou pour les Arts, Mais n'en connüt-on jamais d’autres que ceux que l'on fait maintenant, fa culture n’eft pas à négliger ; l'économie, le commerce ê& la falubrité de l'air dans nos Provinces maritimes, font des motifs aflez puiffants pour ne pas diflérer plus long temps la multiplication d’un vé- gétal aufli utile. RE EE —— RAPPORT DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES, Sur l'Effai d'une Théorie fur la Strudure des Cryftaux ; Par M. l'Abbé Haüy , de l’Académie Royale des Sciences | Profeffeur d'Hu- manités dans lUniverfité de Paris (1), Déesse nous ayant chargés, M. Daubenton & moi , d'examiner un Ouvrage de M. PAbbé Haüy, qui a pour titre: Effai d'une Théorie fur la flruêlure des Cryflaux , nous allons lui en rendre compte. Cet Ouvrage eft précédé d'une Introduction , dans laquelle l’Auteur expofe avec beaucoup de clarté l’objet de fon travail. La cryftallifation eft un des réfulrats les plus remarquables des forces d’affinités ou d’attrac- tions éleétives qui exiftent entre les diverfes fubftances de la Nature. Lorf- que leurs molécules , fufpendues dans un fluide, viennent à fe réunir en vertu de ces forces, elles forment, par leur affemblage , des folides d’a- bord imperceptibles | mais qui deviennent fenfbles par l'addition de couches fucceflives , & qui fe préfentent alors fous une forme régulière , fi les molécules conftituartes ont joui du temps , de lefpace & du repos néceffaires pour cet objet. Le folide formé par la réunion au plus petic nombre poilible de molécules, eft déjà un petit cryftal, dont la forme doic être regardée comme primitive, & qui ne peut s’accroiître que par l'addition (1) Cet Ouvrage fe trouve à Paris , chez Gogué & Née de la Rochelle, Libraires , qua: des Auguftins , près le Pont Saint- Midhél. In-8°. de 250 pages , avec gravures ea taille-douce. Prix , 3 div. broché , 4 liv. relié. 72 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, de molécules femblables. H confervera cette forme, fi l’accroiflement eft proportionnel, fuivant toutes fes dimenfions: maisil arrive fouvent, par des caufes qui nous font encore inconnues , que le cryftal s'accroît fui- Vant une loi différente ; & dans ce cas, il réfulte des cryftaux de forme fecondaire ; dont la ftruéture dépend & de la forme primitive du cryftal, & de la loi fuivant laquelle les couches fucceflives fe font ajoutées les uues aux autres. La théorie de la ftruéture des cryftaux fe réduit donc à déterminer, dans chaque genre de cryftal, fa forme primitive , & les loix de décroifflement d'où naiflent les formes fecondaires. Pour y parvenir, M, l'Abbé Haüy conçoit un cryftal de forme primi- tive, infcric dans ceux de forme fecondaire, & qui leur fert comme de noyau ; il obferve enfuite que toutes les lames furajoutées à ce premier cryftal doivent être parallèles à fes faces, & la géométrie lui indique la loi fuivant laquelle elles doivent décroître , pour former des cryftaux fecondaires d'une forme donnée. Ces lames peuvent décroïtre de deux manières, ou par leurs bords, ou parleurs angles, Dans le premier cas, les faces engen- drées par la fuperpoltion de ces lames font fillonnées d'un nombre prefque infini de ftries infenfbles, à caufe de la finefle des molécules confti- tuantes , mais que la Nature laiffe quelquefois appercevoir, lorfque des circonftances particulières ont gêné la cryftallifation. Dans le fecond cas, les faces font hériflées d’un très-grand nombre de pointes , pareillement infenfibles. Les lames peuvent ,en décroiffant , diminuer d'une ou de plu- fieurs rangées de molécules; toutes les loix de décroiflement d’où ré- fultent des folides terminés par des angles faillants & par des furfaces planes, fontadmiflibles: mais Les décroiflements par une & par deux ran- gées de molécules font beaucoup plus communs que les autres. Si les cryftaux font affez tendres pour que l'on puifle L:s divifer par des fections convenables, les lames fe détachent avec une grande facilité dans le fens que ce calcul indique. On reconnoît aifément, au poli bril- #anc de la Nature, que c’eft dans ce même fens qu'elles font fuperpo- fées , & l'on parvient à découvrir fans peine le cryftal de forme primitive que l’on conçoit infcrit dans celui de forme fecondaire. Lorfque la dureté des cryftaux rend leur divifion impoffble , Les ftries que l'on obferve fou- vent fur les furfaces, montrent le fens de la fuperpoftion des lames. Ainf, cette manière d’envifager la ftructure des eryftaux , Loïn d’être hy- pothérique, eft clairement indiquée par la Nature, On peut déterminer, par l’obfervation directe, les angles de la forme primitive d’un cryftal : on peut les conclure des angles cbfervés dans les cryftaux de forme fecondaire , qui fouvent font mieux prononcés que dans le cryftal de forme primitive. Quelquefois la nature des cryftaux fe- condaires fait connoître ces angles 4 priori, On peut enfin y parvenir , en faifant ufage du principe fuivant dela théorie des probabilités ; principe qui eft d’un grand ufage dans la philofophie naturelle, mais qu'il faut employer SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 73 employer avec circonfpe@ion. Lorfqu’un réfultat de la Nature approche d’une limite donnée, dé manière que la différence eft inappréciab'e, on peut fuppoler avec vraifemblance que ce réfultat coïncide exaétemest avec la limite. Ainf, de ce qu’une longue fuite d'obfervations n’a fait ap- percevoir aucune différence entre les moyens mouvements de rotation &z de révolution de la lune, on eft fondé à les regarder comme rigoureufe- ment égaux. D'après ce principe, M. l'Abbé Haüy confidère comme identiques les valeurs des angles, qui, quoique mefurés avec beaucoup de précifion, ne diffèrent point entr'eux; & comme droits, ceux qui diffèrent fi: peu de 90°, qu'il eft permis de rejetter cette différence fur l'erreur de la me- fure, De cette manière , au lieu de n’avoir que des valeurs approchées des angles des cryftaux de forme primitive & fecondaire, il détermine ces angles en rigueur, ce qui eft un mérite aux yeux des Géomètres. L'Auteur déduit de ces évaluations plufeurs propoftions de Géométrie folide très inté- reflantes fur la nature des cryftaux , & toujours les mefures prifes avec foin, s'accordent avec les réfultats du calcul. Il a obfervé , par exem- ple, que dans le fpath calcaire en prifme à fix pans, les lames que l’on détache font également inclinées fur la bafe & fur les faces latérales. En fuppofant ces inclinaifons parfaitement égales , il prouve que le côté du cryftal d'Iflande eft à la diagonale qui joint fes deux angles aigus , comme ” ç eftà J/ 123 ce qui lui dohue 101° 32/13/ pour Ja valeur du grand angle de ce cryftal. La fuppoñtion d'une égalité rigoureufe entre cet angle & le plus grand angle du fpath calcaire à douze faces triangu- laïres fcalènes , le conduit à la même valeux, qui ne diffère que de 2/ 13// de la mefure de M. de la Hire. [l eft certainement probable que cette légère différence-tient à une erreur de l'obfervation, & que le réfultar de M. l'Abbé Haüy coïncide exactement avec celui de la Nature. Tels font les principes généraux que l’Auteur a employés dans fon QHTEEe Nous, ne le fuivrons point dans les applications nombreufes qu'il en a faites, & que l'Académie connoït par les Mémoires particu- liers que M. l'Abbé Haüy a déjà lus fur cet objet, & dont on lui a rendu compte. Nous nous contenterons d’obferver que l'accord qui règne entre les réfultats du calcul & les mefures des différents angles de cry£- taux, ne laifle aucun doute fur l’exactitude de fa théorie. .M. l'Abbé Haïüy termine fon Ouvrage par quelques confidérations fur le nombre des éryftaux fecondaires, auxquels une forme primitive peut donner naiffance, ; fur la formation de ces cryftaux. IL fait voir que , fi l'on n’admet que des décroiffements par une & par deux rangées de mo- lécules dans les lames des cryftaux calcaires, la cryftallifation de certe füubftance eft fufceptible de ro 19 variétés différentes, parmi lefquelles il n'exifte que quatre formes rhomboïdales. La Nature n'offre point toutes ces variétés , ou du moins elles n'ont pas encore été toutes obfervées ; ce Tome XXIV, Part, I, 1784. JANVIER, K 74 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, _ qui tient au grand nombre de circonftances néceffaires pour les produire ; & dont la réunion doit être extrêmement rare. Quant à la formarion des cryftaux fecondaies, l'Auteur obferve avec ratfon que leur forme eft déterminée lone-temps avant qu'ils foient fenfibles à nos yeux, & qu'ils Se qe Ë 6 jp s'accroiflent enfuite proportionnellement à leurs dimenfions, fuivant la loi du développement des êtres organifés, Cet Ouvrage, fondé fur des données prifes dans la Nature , & furune FA P ; ; Géométrie délicate que l’Auteur fait employer avec beaucoup d’élé- gance & d’adreile, & {eulement au befvin, eft entièrement neuf dans fon > Û , genreÿhil nous paroït fait pour intéreffer les Naturaliftes & Les Phyficiens- Géomètrres. Ainf, nous penfons qu'il eft digne de l'approbation de l’A- . RE RENE LAON ALES a de cadémie , & qu'il mérite d’être imprimé fous fon privilége. Au Louvre, ce 26 Novembre 1783. DAUBENTON , LA PLACE, TR —— NOUVELLES LITTÉRAIRES. P HYTONOMATOTECHNIE univerfelle de M. BERGERET, Ce cinquième cahier contient l’hydne finué , le bolet verniffé, l'agaric androfacé , l'agaric gercé, la clavaire cornue , le polytric desarbres , Le bry àbalais, la morelle à fruitsnoirs, la morelle douce-amère, le mouron des champs , la ceraifte vulgaire, & le lamium pourpré. Nouvel Ftamage a couche épaiffe , économique & de fanté, rougiffant au feu Jans fe fondre ; approuvé , après des expériences multipliées, par la Fa- culté de Médecine , Académie des Sciences & la Société Royale de Méde- Ar D RES ; Ho cine; par Priviléve du Roi, revêtu de Lertres-Patentes enregifirées au Par- lement le 2$ Juillet 1783. La Manufaéture eft fituée rue Thévenor, la première porte cochère à gauche en entrant par celle Saint-Denis, o au n°. 6. Ufage d'un Compas de proportion à quatre bêtes, avec lequel on pourra ré- Joudre tous les Problénes énoncés dans l'ufage du Compas à quarre bran. ches , d'une manière plis facile, plus prompte ; & Bvec une exaülitude qui approche du calcul, puifqwon fera les quatre règles de ! Arithmétique en nombres, en lignes & en fra&ions ; qu'on extraira la racine quarrée & cubique; qu'on aura Y'exaltation des puiffances , l'évaluation des mon- noies, des mefures étrangères , Ge, @c, ; par de R. P. TOUSSAINT DE . SUR L’HIST. NATURELLE ET LES ARTS. . 7s SainT-MarCEL, avec figure. À Paris , chez Lamy, quai des Augul- tins, in-8°, de 300 pages. D. Joannis Hedwigii, Societatum Economicæ Lipfienfis ex Nat. Sirutatorum Berol. Membro. Honor, fundamentum Hiflorie Natxralis Mufcorum fron- doforum, concernens eorum flores , flruélus , féminalem propagationem, ad- jeél4 generum difpofitione methodicé , iconibus illuftraris. Fondement de l'Hifioire Naturelle des Mouffes feuillues , où l’on démontre leurs fleurs , leurs fruits, & la manière de-les propager par femences ; avec un arrange- ment méthodique des genres ; par M. JEAN HeDw1G , Membre honoraire de la Socièté Économique dé Lépfick, & de celle des Scrutateurs de la Na- ture de Berlin. Partie féconde. À Léiplck, chez Crufus; à Strafbourg, chez Kænig. 1782. in-4°. de 108.pages , avec figures. Cette feconde partie n’eft pas moins intéreffante que la précédente. M. Hedvig nous a déjà démontré les organes de la génération des moufles , ignorés avant lui; maintenant il nous fait connoître leurs fruits, en nous prouvant, par des expériences inconteltables , la germinatiôn-de leurs femences, Le fruit ou la capfule des moufles eft ordinairement foutenu par un péduncule. M. Hedwig fait voir d'abord comme ce péduncule s’insère dans une efpèce de petite gaîne, vaginula, formée par la tige même de la plante. Il a découvert cette gaîne dans toutes les moufles qu’il a eues fous les yeux , excepté dans les fphaignes de marais, Après divers détails fur la vaginule & fur le péduncule , il traite des caplules. Nous reuret- tons de ce que la brièveré d'un extrait ne nous permet pas de traduire toutes les particularités que notre favant Mufcographe enfeigne fur la manière dont la capfule prend fon accroiflement , & fur les différentes parties qui la compofent, Nous paflerons donc fur-le-champaux femences, qui nous fourniront des détails non moins curieux. R Les moufles, malgré leur occulration, leur petiteffe, mettent fouvent autant de temps qne les plus grandes plantes à faire mürir leurs fruits. “Les femences de la plupart n’acquièrent leur parfaire maturité qu'au bout d'environ un an. .Renfermées dans l'intérieur de la cipfule , leur couleur, d’abord jaunâtre ou verdâtre, finit par devenir plus où moins brune, Dans beaucoup de moufles communes , en fecouant les capfuiies * dans Le temps de la maturité ,on voit fortir des femences fous la forme de,pouffière, Si on foumèt au microfcop: cette poufière féminale, on en trouvera d’ovales , des fphériques, des liffes , des hériffées, felon les ef- pèces. Cette diverfité dans la fuperfigie des femences des mout:s, an- nonce qu'elles font douées d’uve tunique, ainfi que celles des autres plantes. Elles ont de même des cotylédons, une radicule & une plu- Tome XXIV, Part, I, 1784. JANVIER. K 2 76 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, mule. Le Chevalier de Linné a donc eu tort d’avancer que les moufles étoient fans cotylédons; il faut en conféquence rectifier les méthodes où elles font placées parmi les acotylédones. * Des expériences irrévocables viennent au fecours de toutes les de- couvertes de M. Hedwig. Déjà avant lui, en 1767, M. Meefe, Bota- nifte Hollandois , étoit parvenu à faire germer les femences du polytric commun; mais alors la vérité ne parut pas encore dans tout {6n jour. M. Hedvig a infiniment mieux réuffi, Voilà Le réfultat de fes opérations faites avec le mnie hygromèrre, On fait que cette jolie mouffe fe plaît fur-tout dans les lieux où Pon a brülé du bois , où il refte quelques charbons, IL imita la nature de ce fol , en rempliffant un por jufqu'aux deux tiers de cette terre, en mettant pardeilus des cendres & des charbons pulvérifés à La hauteur d’1 pouce : il plaça le por fur une fenêtre expofée au nord ; il l’arrofa rrois ou quatre fois par Jour, pendant une demi-femaine , foufflant deflus de l’eau de fon- taine, dont il avoit rempli fa bouche, pour mieux imiter une pluie douce; après quoi il y répandit des femences mûres , qu'il difpofoit çà & là en petits tas , afin d’obferver plus facilement à la vué fimple les changements qui arriveroient: enfin, pour empêcher que le vent ne nuisit à fes petites femences , il entoura le pot de branches de buis. Les premiers jours, les Bérits tas, qui étoient d’abord jaunâtres , de- vinrent d’une couleur plus obfcure, & difparurent prefque à l'œil nud. Le feprième jour après ces femailles , en examinant le por avec un verre qui grofiffoit médiocrement , la fuperficie parut toute verdâtre; mais fur- tout les petits tas: alors M. Hedwiz ôta les branches de buis devenues inu- tiles ; il enleva, avec la pointe d'une aiguille, quelques uns des petits corps verdètres raflemblés en tas, les mit dans une goutte d’eau fur une lame de verre, & les expofa au microfcope. Il apperçut, avec la plus grande joie , une infinité de femences , les unes prêtes à germer, étant un peu enflées, les autres montrant déjà d’un côté une radicule fimple, très- tendre , tranfparente , blanch:, & du côté oppofé, än , deux ,ou même trois cotylédons obtus, tranfparents, lésèrement verdätres à l'extrémité, Trois jours après , la terre du pot parut entièrement verte; les cotylédons des petites plantes ,vus au microfcope , étoient ramifés; les feuilles ne tardèrent pas à paroître; & de jour en jour , les jeunes mouffes devenoient plus vifibles à l'œil nud. Enfin, au mois de Novembre , les ‘Azurs paru- rent;elles furent fuivies au printemps par des capfules qui mürirent. M. Hedwig en fema la graine avec le même fuccès. Il ne manqua pas de répérer fes expériences avec les femences de plufieurs autres efpèces de moules; les réfultats furent comjours également heureux. Après avoir ainfi démontré l’exiftence des organes fexuels dans Les mouf fes , la fécondation & la germination de leurs femences , M, Hkdwig \ SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 77 revient à la définition de la mouffe , qu'il n'avoit pas voulu donner dans la première partie. Selon lui, la moufle eft une plante douée d’un pé- tale en forme de coîffe , lequel porte le ftyle. * {l rermine cet Ouvrage par une nouvelle difpoñtion méthodique des genres; il tire fes caractères effentiels de l'ouverture de la capfule , qu'il appelle periffoma. Cette ouverture eft quelquefois nulle ; c’eft le caractère propre au phafeum : mais ordinairement elleexifte, & alors M. Hedwig obferve religieufement les cils qui l’environnent; à leur nombre, à leur forme, à leur différence , il conftruit fes genres. Il en a établijufqu'à vingt- cinq , tandis qu’on n’en trouve que neuf dans Linné. On lui reprochera, fans contredit, que ce nombre eft trop grand pour des plantes qui fe reffemblent de très-près. L’on aura encore droit de fe plaindre de ce que les parties d’où les caraëtères font tirés, demandent prefque toujours un microfcope pour être bien examinées: mais une objection infiniment plus folide, qu'il aura dela peine à réfoudre, c'eft que très-peu de fes genres font maturels. D'après fa nouvelle méthode, fouvent des moufles qui fe reffémblent par le plus grand nombre de rapports, font féparées en plu- fieurs genres ; tandis que d’autres, fans aucune analogie, font réunies en un feul, C’eft ainfi qu'on voit le bryum apocarpum , variété de Linné, faire un nouveau genre fous le nom d'Hédwigia, & que le bryum apocarpum en fait un autre avec les variétés du bryum ffriatum, fous le nom de Grimmia. Nous penfons donc que ces nouveaux'genres feront difficilemenc adoptés des Botaniftes; mais nous eftinons aufli qu'on ne peut donner trop d’éloges à M. Hedwig pour les découvertes qu'il a faites, & pour avoir le premier frayé une route inconnue. Cette partie eft , comme la première, accompagnée de dix planches * fuperbement enluminées, très-utiles pour l'intelligence de l'Ouvrage. Differtatio de Frigoris ufu medico ; PeTri-REMIGrI-FRANCISCI DEPAULA WiLremsT, Dooris Medici. Nanceï, 1783, in-8°. de 22 pages. C’eft la feconde édition d’une Thèfe que nous avons déjà annoncée avec des éloges mérités, & qu'a écrire & foutenue M. Willemet le jeune: elle ne laifle rien à defirer fur l'ufage du froid dans la Médecine ; une éru- dition bien digérée y règne fans profufon: aufli a-t-elle mérité l’approba- tion du Public eclairé. La première édition a été enlevée rapidement, & les demandes réitérées des Cuïieux & des Savants en ont nécefité une fe- conde : Æortes creansur foriibus & bonis. Le jeune Auteur a pour père & pour Maïtre le favant Médecin du même nom, fi connu dans la Botani- que, & aquel le Journal de Phyfique doit des Notices précieufes fur Les Ouvrages de Phyfique & de Chymie publiés dans le Nord ,que nous ne fommes pas à même de nous procurer, Nous nous émpreffons à lui faire 78 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, honneur de fon travail, & à nous applaudir en public d'avoir un tel coo- pérateur. De Okis Tentamina, Gc. Effai fur les Huiles, par JACQUES LORIMER, Ecofois , Doéteur en Médecine, Membre des Sociétés Chirurgico- Médicale & Phyfico-Chirurgicale d'Edimbourg. À Bafle, chez Schweighaufer; & à Surafbourg , chez Kænig, 1781; in-8°. de 56 pages. Cet Effai eft compofé de cinq chapitres : dans le premier , M. Lorimer traite de la nature des huiles en général ; le fecond offre des difcuflions fur les effers que les huiles éprouvent de‘la part du feu ou de la chaleur ; lerroi- fième préfente Les phénomènes que le mélange des huiles occalionne: M. Lo- timer montre fpécialement dans ce chapitre fes hautes connoiffances chy- miques: le quatrième eft confacré aux huiles minérales, & le dernier dé- montre l’utilité que les plantes & les animaux retirenc des huiles. IL règne dans tout cet Opufcule beaucoup de fageflz & de précifon. ADALBERTI ViNCENTIT ZARDA, AA. LI, Philofophie & Medicinæ Doëloris Pharmaca vegetabilia juxta Pharmacopæam Auffriaco-Provin- cialem, Les Médicaments du règne végétal, felon la Pharmacopée Auftriaco- Provinciale ; par ADALBERT-VINCENT ZARDA, Mañrre ès- Arts 6 Doileur en Médecine, À Prague, chez Gerle; à Strafbourg , chez Kæ- nig. 1783 ;in-8°. de 364 pages. La connoiffance des remèdes végétaux conitituant la bafe de la Maïière Médicale, cette Science doit être fans contredit une des principales études du Médecin: c’eft pourquoi M. Zarda a jugé qu'il étoit néceffaire de traiter fpécialement des médicaments du règne végétal, dans un ordre fyftémari-. que, felon la Pharmacopée pour les Provinces d'Autriche. Avec cet Ou- vrage, il eft facile de fe pafler du Syftème de Linné, & des célèbres Ma- tières Médicales de MM: Murray & Bergius, Il a été entrepris particuliè- rement pour Les Etudiants, Au nom trivial & à la phrafe qui caraétérifent chaque plante , felon M.le Chevalier de Linné, M, le Docteur Zarda y joint les dénominations officinale , vulgaire & germanique , les parties d’u- fage, leurs forme , defcription , propriétés & préparations , les compofi- tions dans lefquelles elles entrent ; fi le végétal eft exotique ou indigène, vivace ou annuel , & fes caraétères botaniques , qui font la diftinétion de chaque gente, M. Zarda nous apprend que la racine d’oro/fna echioïdes, L. peur être fubf- tituée à l'orcanette , pour rougir les onguents, huiles & pommades: c’eft pourquoi il la nomme orcanette jaune des Officines ; que la racine de ptar- mique (Achillea ptarmica, L. } eft fubitituée en Allemagne à la pirèthre, Il SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 9 a eu foin de faire entrer dans fon Recueil les plantes qui fourniffent des remèdes nouveaux, comme celles de M. le Baron de Storck, la menthe poivrée des Anglois, la fairue fauvage, la cévadille , le lichen d'If lande , &c. &c. Prix extraordinaire propofè par l’Académie des Sciences, Belles-Lettres & Arts de Lyon. M. de Montgolfer l'aîné ayant expofé à l'Académie, dans un favant Mémoire , les principes de Phvyfique, de Chymie & de Géométrie, qui font conduit, de concert avec M. fon frère, à la découverte du Ballon aëroflatique, M. de Fleffelles , Fntendant de la Généralité de Eyon, & M.le Marquis de Saint-V'incent , préfents à la Séance , animés d'un même zèle pour tout ce qui intérefle les Sciences & l'utilité publique , ont propofé de faire les fonds d'un Prix de 1209 liv., pour être diftribué , au jugement de l'Académie, à celui qui donnera les meilleurs moyens de diriger cette machine, L'Académie a accepté la propofition avec reconnoiffance , & s'emprefle de publier Le fujet , airfi qu'il fuit: . « Indiquer la manière la plus sûre, la moins difpendieufe & la plus » efficace de diriger, à volonté , les Machines aëroftatiques ». Les Auteurs qui voudrent concourir pour le Prix, ne doivent pas fe borner à expofer une fimple théorie ; ils feront connoître auñli leurs moyens par des plans ou des modèles, & rapporteront leurs propres expériences, de manière qu’elles puiffent être facilement répétées. Ceux qui delireront procéder eux-mêmes en préfence des Commiffaires de l’Académie , y feront admis. Les Auteurs qui voudront n'être pas con- nus, mettront chacun , fuivant l’ufage , une devife à larête de leurs Mé- moires , & y joindront un billet cacheré, contenant la même devife, leur nom & le lieu de leur réfidence. On n’ouvrira le billet , que dans le cas où l'Ouvage feroit couronné. Les Académiciens ordinaires & vétérans font feuls exceptés du con- cours. Les Mémoires n”y ferontadmis que jufqu'au premier Septembre 1784; le terme eft de rigueur. : , Ils pourront être adreflés, fous le couvert de M. lIntendant ; ou di- zeétement, & francs de port, à M. de la Tourrerte, Secrétaire perpétuel de la claffe des Sciences ; à M. de Bory , Secrétaire perpétuel de la clafle des Belles-Lettres; ou au (eur Aimé de La Roche, Imprimeur de l'Académie. Le Prix eft de 1200 liv., & fe difribuera dans la Séance de La rentrée publique de l’Académie , le Mardi 7 Décembre 1784. Sa OBSERVATIONS SUR LA AR Se NE me a PHYSIQUE, &c: Ve Te der P'ACBIENF Des ARTICLES CONTENUS DANS CE CAHIER. Cet MÉTÉOROLOGIQUES faites à Padoue an mois de Juin 1783 ; avec une Dif{ertarion fur le Brouillard extraordinaire qui a régné durant ce temps-là ; traduires de l'Italien de M. TOALDO , & ac- compagnées de nouvelles Vues [ur l'origine de ce Brouillard ; par M. le Che- valier DE LAMANON, Correfpondant de l'Académie des Sciences de Paris, de l'Académie de Turin, 6 Page 3 Defcription d'un Brouillard extraordinaire qui a paru fur la fin du mois de Juin A au, commencement de celui de Juillet 1783 ; Par M. DE Mar- CORELLE , Baron D'ESCALLE, de plufieurs Académies. 18 Obfervations Chymiques fur les Antimoines fulfureux ; par M. FRE D. Wizæ MANNERCRANTZ: Thèfe foutenue fous la Préfidence de M. TOB. BERGMANN. 2 Mémoire fur la mefure de la Salubrité de P Air , renfermant la deftription de deux nouveaux Eudiomètres ; par M. ACHARKD, 33 * Seconde fuite de la Eerrre de M. le Baron DE MARI ETZa M,.SÉNERIER:40 Obfervations fur l'Eau obtenue dela Combuftion de l'Air inflammable & dé l'Air déphlopiffiqué, par M.DE LA MÉTHERIE , D. M, 45. Objérvations Lithologiques fur Le territoire de Nimes 3 par M. le Baron DE SERVIÈRES, e 48 Objervations fur le Phénomène des Lueurs phofphoriques de la Mer Baliique. 56 Analyfe d'une nouvelle efpèce de Mine de Mercure, fous forme de Chaux folide, d'Idria dans le Frioul; par M. SAGE, Profeffeur Royal de Chymie Meétalluroique. * GT . Lettre de M. WiLLEMET , Médecin de Nañcy, aux Auteurs du Journal. 62 Obfervations fur le Saffafras , par M. P. De LA COUDRENIÈRE. #10 Ob/ervations fur les Expériences de MM. DE MONTGOLFIER, ROBERT 6 CHARLES, avec les moyens de Les rendre plus aifèes & moins dangereufes; par M. le Comte DE MrLzy. 64 Obfervations fur le Cirier ; par M. P, DE LA COUDRENIÈRE. 70 Rapport de P Académie des Sciences fur l'Effai d’une Théorie fur la flruiture des Cryflaux, par M. l Abbe HAüy. : TE Nouvelles Lirréraires. 74 APPROBATION. "AI lu, par ordre de Monfeigneur le Garde des Sceaux, un Ouvrage qui a pour titte: Obfervations fur L2 Phyfique, fur l'Hiffoire Naturelle & fur les Arts, &c.; par ML. Rozrer & MonNcEz/e jeune, &c. La Colleétion de faits importans qu’il offre périodi- quement à fes Lecteurs, mérite l’accueil des Savans ; en conféquence, j’eftime qu'on peut en permettre l'impreflion, À Paris, ce 20 Janvier 1784. VALMONT DE BOMARE, LM | Un) d, N men parer man amer dan tête ; ne 2 J | lÉ Et Eten re = a _— (æ] PE 79 pr RE pe FÉVRIER 19784. “TRIAUE P O RIT FAIT À L’'ACADÉMIE DES SCIENCES, SUR LA MACHINE AEROSTATIQUE Inventée par MM. DE MONTGOLFIER. M. D'ORMESSON, Contrôleur-Général , frappé de l'expérience faite à Annonay par MM. de Montoolfer , le $ Juin dernier, en préfence de MM, les Etats particuliers du Vivarais, en a envoyé le procès-verbal à l’Académie. Dans cette expérience, on vit, non fans un grand étonne- ment, un globe creux de 35 pieds de diamètre, fait en toile & en pa- pier , & pefant quatre cents cinquante livres , parcourir en l'air plus de 1200 toiles , en s’élevant à une hauteur confidérable. Par la Lettre qui accompagnoit ce procès-verbal, M, le Contrôleur- Général demandoit à l’Académie fon jugement fur cette expérience , & fur lefpèce de machine qui avoit fervi à la faire, La Compagnie, pour remplir fes.vues, nomma MM. Tillet, Brion, Cadet, Lavoilier , Boflur, de Condorcet, Definarets & moi, Commiflaires , pour prendre. connoif- fance & de cette expérience & de cette machine, Il étoit néceffaire, dans une matière aufli nouvelle , que Les Commiffaires fuffent éclairés par des expériences qui fe fiflent fous leurs yeux. Il fut décidé en conféquence , que M. de Montgolferle jeune (qui étoit arrivé à Paris ) feroir exé- cuter une Machine aëroftatique aux frais de l’Académie (1), pour pou- (x) L'Académie , toujours empreffée à favorifer les progrès des Arts & des Sciences» avoit en effet décidé que les expériences de la Machine aéroftatique de MM. de Mont- golfier fe feroient à fes frais ; mais le Gouvernement ayant fenti depuis l'importance de cette découverte, & que ces frais pourroient être trop confidérables pour PAS s’eft chargé de toutes les dépenfes que l’on a faites à cette occafon. Tome XXIV, Part, 1,1784. FÉVRIER. L £2 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, voir non-feulement répéter l’expérience d’Annondy, maisencore en faire plufiewrs autres, Nous allons rendre compte à la Compagnie de ces expé- riences , ainfi que de la nouvelle Machine conftruite par M. de Mont- golfier, & du Mémoire qu'il a lu à cette occafion depuis la rentrée de la Saint-Martin, % Mais comme l’objet dont nous allons entretenir l’Académie eft des plus importants, nous efpérons qu'elle voudra bien nous accorderune attention particulière, pour mieux juger de ce que nous allons lui expofer. Afin de procéder avec plus d’ordre Fes ce Rapport, nous le partage- rons en plufieurs articles: dans le premier, nous dirons un mot de ce FE lon a tenté ou plutôt propofé dans ce genre avant lexpérience "Annonay ; nous expoferons enfuite les idées, & Les rentatives qui ont mené fucceflivement MM. de Montgolher à la découverte de leur Ma- chine aëroftatique; nous parlerons après des expériences que nous avons vues, du moyen qu’ils emploient pour remplir, où plutôt pour enlever cette machine , & de la caufe qui la foutient en l'air; nous paflerons en- fuite au moyen dont on a fait ufage, à La place de celui dont ils fe fervent pour remplir des globes & des ballons ; enfin , nous traiterons , mais fort en abrégé , des différents ufages auxquels on peut employer la Machine aëroftatique. , Le vol des oifeaux eft fi étonnant, & la faculté de s'élever & de pla- ner dans les airs a quelque chofe de fi admirable & de fi propre à élever lame, qu'il paroït que de tous les temps les hommes s’en font occupés: de-là toutes les fables de l'antiquité fur ce fujer ; de-là les efforts qu'ont _ faits dans différents remps ceux qui fe font cru affez de génie pour par- venir à inventer l’art de voler. Il feroit aufli inutile que déplacé de rap- porter ici ce que les Anciens nous en ont dit. Aiof, paffant à des temps moins éloignés, nous nous contenterons de diré qu’on regarde en géré- ral Roger Bacon, ce génie fi fort au-deflus de fon fiècle, comme le pre- nier qui ait parlé d’une machine pour voler: c’eft dans fon Traité de mirabili poteflate Artis & Nature ; Gc. Selon ce qu'il nous en dit dans cet Ouvrage, cette machine portoit un fiége, dans lequel un homme étant placé , il pouvoit, par fon action , fe donner un mouvement pro- grefif, & voler comme un oifeau. Roger Bacon n'explique pas com- nent elle fe foutenoit dans l'air , ou fi cet effet réfultoit de l’aétion de l'homme. Il affure néanmoins qu'une machine de ce genre avoit été faite & eflayée avec fuccès par une autre perfonne, Cependant il y a tout lieu de croire qu'elle n’exifta jamais que dans fon imagination | & qu'elle n'eut pas plus de réalité que cette fameufe tête d’airain qu'on lui a attribuée, & qui répondoit , dit-on, aux queftions qu'on lui failoit. À Le P. Lana, long-temps après, ou vers la fin du fiècle dernier ,imagina e machine qui devoit aufli fe foutenir dans l'air; mais il va plus loin SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 8} que Bacon, car il en indique le moyen. La machine confitoie en quatre * globes de cuivre, vuides d'air, qui devoient , par l'excès de légèreté ré- fultant de leur capacité, être en état.de la faire Aotter au milieu de ce fluide; elle étoit à voiles & à rames. On voit par-là qu’il avoit fagement penfé à divifer en deux parties l’action employée pour aller dans l'air : l'une , au moyen de laquelle on devoit s’y foutenir; l'autre , pat laquelle on devoit s’y mouvoir. Mais plufeurs Savants, & entr'autres Hooke & Bo- relli(), critiquèrent fortement , & avec raifon, le moyen qu'il propofoit, infiftant l’un & l’autre fur l’impollbilité de faire des globes d'une capa- cité auffi confidérable que ceile qu'illeur donnoit, fans que ces globes ne crevaflent par la preflion de l’atmofphère, En 175$, ou près d'un fiècle après , on imprima à Avignon un Livre intitulé : L'Art de naviger dans les Airs, amufement phyfique G géométrique , &c. L’Auteur de cet Ouvrage , Le P. Gallien, paroît avoir bien fenti en quoi confftoit principalement le moyen de furmonter la difficulté d’éle- ver des corps creux dans l'air. Il remarque judicieufement que ce n’eft qu'en augmentant confidérablement la capacité de ces corps, qu'on pourra par- venir à les faire otter dansce fluide, en les rempliflant d'un air beaucoup plus rare: fes paroles méritent d’être rapportées. Plus ce PAT ER (car ileftici queftion d’une vafte machineaërienne) , plus ce vaiffeau, ditsil, fèra grand, plus La pefanteur en fera abfolument plus grande ; mais. auffi elle en fera moindre , relativement à [on énorme volume, comme peuvent le comprendre ceux qui ont quelque teinture de Géométrie. &c. Ilen vient après aux dimenfions qu'il veut qu’on donne à ce vaifleau, & elles font véritablément immenfes; car il veut qu'il foit plus long & plus large que la Ville d'Avignon, & qu'il foit haut commeune montagne confidérable, Il fuppofe enfuite qu’on lersmpliffe , en s’élevant aflez haut É cela, d'unair moitié plus léger que celui dans lequel on fe propofe e le faire fotters Mais nous croyons en avoir dit aflez, fans nous étendre davantage , pour faire voir que, comme letitre de fon Ouvrage l'annonce, le P. Gal- lien ne s’eft pas occupé férieufement de cer objet; car il feroit difficile de le croire ,aux dimenfonSämpraticables , pour ne rien dire de plus, qu'il donne à toute fa machine, Cependant onne peut s'empêcher de recon- (x) Quelques perfonnes ont prétendu que, dans fon Traité fur le vol des Oifeaux, Borelli parle de ces machines compofées de globes vuides d’air, comme propres à nous fournir les moyens de voler; mais ce que l’on vient de rapporter , prouve plei- nement le contraire. C’eft faute d’avoir lu avec affez d’attention ce qu’il dit à ce fujet dans la dernière pto ofition de ce Traité , qu’on a pu en prendre eerte idée. En eflet, loin d'établir la poffibilité de fe fervir de pareilles machines pour fe feutenir & fe mou- voir dans l'air, il emploie une-grande partie de cette dernière propofition à prouver que ce moyen de voler ne peut être tenté avec aucune efpèce de fuccès. Tome XXIV, Part. I,1784. FÉVRIER. E2 84 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, noître qu'il avoit bien jugé des moyensde vaincre une partie des difficultés de faire Aotter des corps creux dans l'air , à la manière dontilinffte fur la néceflité d'augmenter prodigieufement leur capacité, Si nous paffons à une époque plus récente , ou à celle de la découverte des nouveaux airs , & entr'autres de l'air inflammable, il paroît bien qu’on s'en ef fervi pour remplir des boules de favon, & s’amufer à voir comment elles s'élèvent; mais qu'on n'a pas employé cet air à d’autres ufages de ce genre: au moins tout ce qu'on a dita ce fujet femble laïffer tant d'incer- titudes, que nous n'avons pu en conclure rien d’affez pofitif, pour nous engager à le rapporter ici. Lu Tel éroit l’état de nos connoiffances fur cet objet, lorfque MM. de Montgolfier commencèrent à s’en occuper. IL paroït que le point de vue fous lequel ils envifagèrent ce grand problème , d'élever des corps dans Fair , fut celui des nuases; de ces grandes mafles d’eau, qui, par des caufes que nous n'avons pas encore pu démèêler , parviennent à s'élever & à fotter dans les airs à des hauteurs confidérables, Occupés de cette idée , ils pensèrent aux moyens d'imiter la Nature , en donnant des enveloppes très-légères à des nuages faétices , & en contrebalançant la preflion d'un air lourd par la réaction ou l’élafticité d’un air plus léger. S'écant affurés, pat une expérience très-fimple, qu'une chaleur de 70 degrés du rhermo- mètre fufhfoit, felon ce qu'ils rapportent, pour raréfier l'air de la moitié dans un vaifleau fermé, ils en concçurent bientôt lefpérance de parvenir, par ce moyen, à remplir leurs vues. Or, tout annonce que leurs méditations fur ce fujet remontent au delà du mois d’Août de F'an- née dernière 1782; mais l’expérience intéreflante qu’elles leur avoient fug- gérée, ne fut tentée que vers le milieu de Novembre de cette même année. Ce fut à Avignon que M. de Montgolfer Faïné la fit pour la première fois; là , il ne vit pas, fans une vive joie, ce que l’on concevra fans peine, qu'un petit parallélipipède creux de taffetäs , qui contenoit” 40 pieds cubes où à-peu-près , ayant été échauffé intérieurement avec du papier., monta rapidement au plafond. Retourné à Annonay peu detemps après , il n’eut rien de plus preffé que de répéter, avec M. fon frère , cette expérience en plein air, & ils virent, avec la même fatisfaction , ce pa- raliélipipède s'élever , & monter à une hauteur de 70 pieds. Animés par des effais fi heureux , ils firent faire une machine plus con- fidérable, & qui contenoit aux environs de 6$o pieds cubes. Cetre ma- chine réuflit également bien ; car, par fon excès de légèreté , elle s’éleva avec tant de force, qu’elle rompit les cordes qui la retenoient ; & alla tomber fur des côteaux voifins , après être montée à une hauteur de 100 à 150 toifes. “ Pleinement convaincus , par ces différentes expériences, de la jufteffe des conjectures qui les avoient guidés, MM. de Montpolfer réfolurent de tenter les-effers de cette machine en grand, Ils en firent faire en confé- SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 8$ quence une de 3 $ pieds de diamètre ;elle pefoit quatre cents cinquante liv.; &=en foulevoit plus de quatre cents. C'éroit précifément celle dont il a été queftion au commencement de ce Rapport, & qui fervit après à l’ex- périence du $ Juin dernier. Ils centèrent de l'enlever le 3 d'Avril: mais un vent impérueux les en empêchaz; néanmoins, à l'effort qu'elle fit pour monter , ils reconnurent facilement qu’elle rempliroit complettement leur attente. Le 25 d'Avril, le temps étant plus favorable, ils eflayèrent de nouveau de la faire partir. Cependant les gens qui les sidoient , étonnés de la force avec laquelle elle tiroit les cordes, les ayant lichées brufque- ment , elle monta fi räpidement en l'air qu’elle leur échappa , & alla tomber à un quart de lieue de-là, après s'être élevée à une hauteur de plus de 200 toifes , & être reftée en l'air prèsède dix minutes. Enfin , le $ Juin, ils firent cette expérience, comme nous l'avons dit, en préfence de MM. les Etats particuliers du Vivarais & de toute la Ville d'Anno- nay, & avec le fuccès dont l’Académie a été informée par le procès.ver- bal dont n@us avons parlé. ; Nous venons d’expofer en détail les idées de MM. de Montgolfer, & la fuite de leurs différents effais : nous nous y fommes crus obligés ; 1°, pour faire voir la manière dont ils ont été conduits à leur découverte, & qu’elle n’eft point un effet du hafard ; 2°. pour montrer que, lorfque la nouvelle en eft venueici , cette découverte étoit complette, quant à l'effet en gé- néral ; 3°. enfin, que ce n’étoit pas, comme quelques gens peu inftruits l'ont dit, de ces idées qui ont befoin d'être réalifées par l'expérience ; mais que L'aëroffar éroit véritablement inventé, & que toute une Ville avoit été témoin de es effets. Au refte , les preuves de tout ceïque nous venons .de rapporter, ré- fultent des Letwges que M. de Montaolfer le jeune a écrires à l'un de nous (M. Defmarets ), & dont plufeurs font mème de l'année dernière 1782: nous les mettons fous les yeux de l'Académie, Mais il faut en venir aux expériences dont nous avons été té- moins. 5 Pour mieux remplir l'objet de l'Académie ; M. de Montgolfer ft conftruire une machine aëroftatique , exactement de la même manière que celle d’Annonay, c’eft-à-dire , en toile & en papier, mais dont la ca- pacité étoit plus du double , contenant 45,000 pieds cubes, & pefant 900 liv. Il n’étoit pas aifé de trouver les facilités néceffaires pour faire exécuter une aufli grande machine ; il l'étoit encore moins d'avoir un emplacement convenable pour l'enlever, & pour y faire toutes les expé- riences qu'on voudroit tenter. M. de Montgolfier rencontra tout cela chez fon a Réveillon, qui a une Manufaéture de papiers peints, au Fauxbo aint- Antoine. Il y trouva plus encore ; caz il trouva dans cet ami une activité, un zèle & une intelligence pour faire exécuter tout ce qu'il defiroit, qui ont frappé tous ceux qui ont été préfents à ces expé- 86 OBSE RVATIONS SUR LA PHYSIQUE, riences, & auxquels nous nous reprocherions de ne pas rendre ce témoir gnage devant l'Académie, La machine faite, on fe prépara à l'enlever; mais cette opération demandant quelques préliminaires & des préparatifs, il eft néceflaire d'en donner une idée: Cette machine ne fe développe & ne s'élève qu'au moyen des fubftances qu'on brüle au-deffous, ou dans fon intérieur il faut en conféquence qu'elle foit établie fur une efpèce d’eftrade ,; élevée de plufeurs pieds au- deffus du terrein, & qui ait au milieu une grande ouverture. Au centre de cette ouverture & en bas , et placé un grand réchaud de fer à claire- voie, dont on verra l’ufage dans ‘un moment. Pour facilirer le dévelop- pement de la machine , elle eft foutenue par fon milieu ou par fon fom- met, au moyen d’une corde qui va pafler fur les poulies de deux grands mâts, qui font placés des deux côtés de l'eftrade , & à l'oppofite l'un de l'autre. Par-là, en tirant cette corde , on foulève toute la machine; & à mefure que l’on fait du feu avec de la paille & d’autres combultibles dans Le réchaud.dont nous venons de parler, elle fe développes fe gonfle, & enfin s'enlève & part, comme nous le dirons dans la fuite. La machine & tout cetappareil étant prêts, le Vendredi 12 Septem- bre, on l’effaya devant nous; & maloré l’action des hommes employés à la retenir, elle fe développa d’une manière qui furpric tous les Spec- tateurs , & enleva un poids de quatre cents livres ou environ; mais le vent qui furvint, & la pluie qui tomba enfuite en abondance pendant toute la journée , ayant détruic entièrement cette machine par l’action de l'humidité fur le papier & fur La toile dont elle étoit formée , il fallut en refaire une autre. Ce contre-temps étoit d'autant plus ficheux, que le Roi, qui avoit ordonné que lexpérience s’en fît devant lui à Verfailles, en avoit fixé Le jour au Vendredi fuivant, 19 du mêmegmois. Cependant M. de Montgolfer ne fut point découragé par cet accident ; animé d’un nouveau zèle, il ft exécuter en quatre jours un fphéroïde en toile de fil & coton, peinte en détrempe fur les deux côtés. Ce fphéroïde * avoit 41 pieds de diamètre fur 57 de hauteur , & contenoit 37,500 pieds cubes ou à-peu- près: il pefoit aux environs de huit cents livres. On en fit L'efli le Jeudi 18 ; mais au moment où il étoit foutenu par fon point le plus élevé, & qu'on ne faifoit que de le gonfler, il furvinc un coup de vent qui le déchira près de cet endroit. Preflé par le temps, on ne fit que nouer fortement avec une corde la partie déchirée; &, pro- fitant d'un moment de calme, on enleva de nouveau la machine, en brûlant cinquante livres de paille uniquement. Nous la vîmes alors fe foutenir en l'air fort majeftaeufement pendant cinq ou fix miautes. Aflurés de fon effet par cette fimple expérience , nous n’eümes pesgliemoindre doute fur fon fuccès le lendemain à Verfailies. lé Un appareil femblable à celui dont nous avons donné une idée, éroit établi au milieu de la grande cour. du Château , ou de la cour des Mi- [SUR L'HIST: NATURELLE ET LES ARTS. 87 niftres, avec la machine aëroftatique étendue fur l'eftrade. Tout étane préparé & difpofé convenablement, on en fit l'expérience à un fignal donné, en préfence du Roi, de la Reine & detoute la Cour, & avec tout le fuc- cès que nous avions prévu la veille, Là ; on vit, en moins de dix mi- nutes , & en brülant feulement quatre-vingts livres de paille & fept ou huit livres de lainage , la machine fe foulever ; fe développer d'une ma- nière qui frappa d'étonnement tous les Spectateurs, & partir & monter enfuite à une hauteur de plus de 240 toifes, quoique chargée de deux cents livres de poids étrangers. Après,avoir parcouru un efpace confidé- rable , elle alla tomber à une diftance de 1700 toifes ou à-peu-près du point d'où elle étoit partie; étant reftée en l'air environ dix minutes: Il eft néceffaire d'obferver quetcette machine defcendit fi doucement ; qu’elle ne fit que ployer des branches d'arbres fur lefquelles elle tomba; & que des animaux qu'on y avoit fufpendus n’eurent pas le moindre mal, . La hauteur où nous avons dit qu'elle s’étoie élevée , a été déterminée uniquement par eftime. MM. le Gengil & Jeaurat, qui l'ont obfervée fé- parément , en ont fixé depuis la hauteur , l'un à 280 toifes au-deffus du fecond étage de l'Obfervatoire, l’autre à 293au-deflus du rez-de-chauffée mais il eft certain qu’elle feroit reftée plus long-temps en l'air, &Mäuroit été beaucoup plus loin , fans la déchirure de la veille ; qui étoit très-confi- dérable, En eff2t, cette déchirure s'étant rouverte, laiffa fortir une partie des vapeurs échauffées de l'intérieur de la machine ; & ces vapeurs, jointes à celles qui s'échappèrent dans deux ou trois balancements qu’elle effuya , diminuèrent beaucoup de la force qu'elle avoit pour fe foutenir, Nous devons ajouter ,.pour l'honneur des Sciences, que jamais expé- rience ne fe fit avec autant d'éclat & autant de pompe, & n'eut d’aufi illuftres Spectateurs ni en plus grand nombre, Il eft important même de rapporter ici , qu'avant l'expérience, le Roi daigna fe rendre dans le lieu où la machine aëroftatique éroit établie , & qu'il prit la peine de pañer fous l’eftrade , dans l'endroit où étoit le réchaud, pour voir les prépara- tifs & fe faire expliquer ,par M. de Montgolfer , les moyens qu'onalloit employer pour développer cette grande maffe , fi informe pour le moment, & la faire élever & monter dans les airs: la Reine & la Famille Royale fuivirent l'exemple de Sa Majefté. Après des expériences aufli multipliées , il n’étoit plus poffible de douter des effets de l'aéroflar de MM. de Montgolfer; mais il étoit important de connoître plus particulièrement la nature de leurs procédés, pour faire élever cette machine, & de conftater fur-tout fi , avec un aëroftat d’une ca- pacité fufffante, on pourroit enlever des hommes, & à quel point ils pourroient le gouverner , en obfervant cependant de le retenir , jufqu’à un certain degré , par descordes, afin de ne rien hafarder dans ces pre- mières expériences, M. de Montgolfer fit faire, pour remplir cet objer, un nouvel aëroftat , plus grand encore que celui de l'expérience de Ver- &8 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, failles, ayant 45 pieds de diamètre & 70 piedsde haut :il étoircompofé, en quelque façon , de trois parties; d'un cylindre qui en faifoit le.corps du milieu , d'une portion de cône placée au-deflus , & d’une autre partie conique, dans une fituation renverfée, qui éroit au-deffous : le petit dia- mètre de cette portion de cône étoie de 14 pieds. À cette partie étoit adapté un cylindre en toile, autour duquel M, de Montgolfier fit attacher extérieurement une galerie d’ofier de 2 pieds & demi de large, avec des appuis de 3 pieds de haut; il y avoit en outre au milieu du vuide formé par cette galerie , une efpèce de panier de fil-de-fer , formant un réchaud, pour y brüler de la paille ou tout autre combuftible , lorfque la machine feroiten l'air. En cet état , l'aëroftat pefoit aux environs de quatorze à quinze cents livres. Nous ne parlerons pas de quelques expériences préli- minaires ; nous paflerons tout de fuite à celle qui fut faite en notre préfence le 15 d'Oétobre. M. Pilatre de Rozier, qui , Le premier , a propofé de monter dansla machine aëroftatique abandonnée à elle-même, & qui ena fait publique- ment la demande à l'Académie le 30 du mois d’Août ; pour l'expérience qui devoit s’en faire à Verfailles les jôurs fuivants ; enfin, qui a montré tant Wactivité & de courage dans toutes les expériences qu’on en a faites depuis; M, Pilatre de Rozier monta ce jour-là dans la galerie du nouvel aëroftat : on l’enleva à une hauteur de 100 pieds ou aux environs, la ma- chine étant retenue à cette élévation par des cordes. IL nous parut entière- ment le maître de monter ou de defcendre , felon la quantité plus ou moins grande de feu qu'il entretenoit dans le panier ou Le réchaud dont nous avons parlé; mais l’expérience du Dimanche fuivant démontra, d’une manière encore plus fenfble , comment, par ce moyen , on pouvoit régler les mou- vements de l’aëroftat, pour s'élever ou pour s’abaifler. M. Pilatre s’y étant placé, on mitun contre-poids dans un panier d'ofier attaché à l'oppofite, parce qu'on avoit fupprimé une partie de la galerie, à caufe de fa pefan- teur. La machine s’éleva promptement à la hauteur que permettoit la lon- gueur des cordes. Après y être reftée quelque temps, on la vit redefcendre par la ceflation du'feu. Ayant été pouflée par Le vent fur les arbres d’un jardin voilin, on s’emprefla de dégager les cordages qui la retenoient : & M. Pilatre ayant renouvellé en même temps le feu , il la fit relever promprement, & on la ramena avec la plus grande facilité dans le jardin de M. Réveillon. Encouragés par des effais fi propres à raffurer contre les dangers qu'on pouvoit courir dans l'aëroftat ainfi élevé en l'air, M. Giroud de Villette & M. le Marquis d’Arlandes y montèrent fucceflive- ment. Îl eft néceffaire de faire obferver que, dans ces expériences, la machine fut élevée à 324 pieds, c'eft-à-dire , près de la moitié plus haut que les tours de Notre-Dame, & que M, Pilatre de Rozier , par fon activité & par fon adreffe à bien ménager Le feu, la faifoit montet, ee cendre, SUR L'HIST. NATURELLE ETLES ARTS. 89 cendre, rafer la terre, remonter encore ; enfin, lui donnoit tousles divers mouvements de ce genre qu'il defiroir. Des expériences de cette nature, & que nous avons cru parlà devoir expofer en détail , écoient bien propres à convaincre de la poilibilité d'em- ployer fans danger cette machine! à tranfporter dés hommes, fur-tout quand on fe rappelle comment, dans l’expérience de Verfailles, la ma- chine tomba doucement, quoique d'une hauteur de plus de 200 toifes. Auñi M. de Montoolfer, qui nous paroît n'avoir procédé, dans tout ce’ qu'il a entrepris à ce fujet, qu'éclairé par la théorie & appuyé par la pra- tique, ne fut-il plus incertain fur la poffibilité de transformer fon aërof- tat en un véritable char aërien : mais il falloit qu’on en fit l’expérience ;’ pour confacrer à jamais cette découverte; & cette expérience a été faite le 21 du mois dernier. d Ce fut dans Les jardins de la Muette , devant Monfeigneur le Dauphin, accompagné de touté fa Cour, &environné d’une foule de Spectateurs, Le temps étant des plus favorables, on vit partir, vers une heure trois quarts, l’aéroftat de M. de Montgolfier, monté par M. le Marquis d’Ar- landes &c par M, Pilatre de Rozier; ils s’élevèrent, felon l’obfervation de M. l'Abbé Rochon , à une hauteur de plus de 367 toifes, & à-peu- près à cette hauteur, traversèrent la Seine , pafsèrent fur la partie du fud-oueft de cette Ville , & allèrent defcendre près du chemin de Fon- tainebleau, après avoir parcouru un efpace de près de 4000 toiles, & être reftés en l'air pendant plus de dix-fept minutes. Ils s’élevoient ou S'abaifloient , felon qu'ils excitoient ou ralentifloienc le feu ; & par cet unique moyen , ils évitèrent , ficela fe peut dire, dans une pareille naviga- tion, les écueils qui leur parurent à craindre, & allèrent defcendre doucement où ils voulurent arriver, Mais il feroit inutile de pouffer plus loin ce dé- tail , l'Académie ayant entendu de la bouche même de M. le Marquis -d’'Arlandes le récit de ce voyage, qui féra à jamais célèbre chez la poité- rité, comme le premier que les hommes aient ofé entreprendre à travers les airs, Pour ne point interrompre le récit de ces différentes expériences , nous avons remis à ce moment à parler plus en détail de ce qui concerne la manière dont MM. de Montoolfier sy prennent pour enlever leur aëroftat, On a vu qu'ils font brûler dans un réchaud à claire-voie , de la paille & des matières animales; & qu'il s'enfuit de cette combultion & de la cha- leur qui s’excite en conféquence dans l'intérieur de la machine, qu'elle fe développe, fe gonfle , s'enlève & monte.dans l'air, IL eft naturel de de- mander ce qui fe pafle dans cette combultion, & fi c’eft par leffer de gaz plus légers que l'air atmofphérique, dont elle occafionne Le déga- gement , que l'aéroftat parvient ainfi à s'élever. Nous penfons qu'il feroit fort difficile, pour ne pas dire impoTble , de Tome XXIV, Part. I, 1784. FÉVRIER. M go OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, bien ftatuer fur la nature & lenombre des différents gaz ou vapeurs qui fe développent dans certe combuftion : mais ce qui prouve que cet effet tient uniquement à la raréfaétion de l'air intérieur de la-machine , occa- fionnée par la chaleur qu'on y excite, c’eft qu'à l'inftantoù , par la dimi- nution de cetre chaleur, la raréfation diminue auf, l’aëroftat defcend:, ou n'eft plus foutenu à la même hauteur, & qu'au contraire, au moment où on la ranime , il remonte. Ce qui confirme encore cette explication c'eft que MM. de Montgolfer font obligés de tenir leur aëroftat ouvert par en.bas. En effer, qu'arrive-t-il. par-là 2 Dans l'inftant où, en exci- tant le feu , on augmente la chaleur dans. cette machine, une partie plus ou moins confidérable de l'air qui y eft contenu eft oblivée de fortir par Vouverture d'en bas. Or , fi on fuppofe, par exemple, cette chaleur fuf- fante pour raréfier l'air de moitié , voilà ea un moment le poids de la machine, où plutôt de Fair qu’elle renferme, diminué dans cette pro- portion; & fi ce volume fe trouve dans ungrand, rapport avec l'enveloppe, cette caufe fufft pourfoutenir la machine en l'air, & même pour la portes à une grande hauteur : de plus, fi l'on fuppofoit que la combution des différentes fubftances que MM. de Montgolfer brülent dans:leur aëroftat ;. le remplit d’un ou de plufeurs fluides d’une pefanteur fpécifique , telle qu'avec Le corps de cette machine ils formaffent un tout plus léger que l'air atmofphérique dans une proportion quelconque , il feroit cerraine- ment néceflaire , dans cette fuppofñition , de la fermer.,.ou du moins d'en rétrécir confidérablement louverture, pour prévenir l'introduction de l'air atmofphérique, qui, fans cela , fe glifleroit & s'introduiroit le. long des «parois intérieures de cette machine. Îl paroit donc bien prouvé ;. par ces différentes confidérations , que c’eft , comme nous l'avons dit , à la raré- fa&tion de l'air de l'intérieur de Faëroftat ; occafionnée par le feu qu'o y fit, qu'il faut attribuer la caufe de fon élévation dans l'air , &c. Nous defirions pouvoir nous en aflurer expérimentalement , outrouver quelque moyen de déterminer la pefanteur fpécifique de l'air , ou des fluides aëriformes contenus dans la machine, Par un hafard heureux , l’ex- périence qu'on fit le 17 d'Oétobre, nous en fournit l'occafion. Ce jour-là, elle refta ftationnaire à une petite hauteur, d'où il étoit. facile de con- clure qu'elle étoit de la même pefanteur fpécifique que l'air de l'atmof- phère. Elle pefoit alors dix-fept cents livres . y compris le poids de la ga- lerie & de la perfonne qui étoit dedans, Or, comme cette machine con- tenoit 60,000-pieds cubes d'air, & que ce jour-B le poids d’r pied cube d'air étoit de 1° 4 3 85 20 8%, ilen réfulte que le poids de l'air q'elle déplaçoit éroit decinq mille deux cents quatre-vingc-fix livres, d'où déduifant dix-fept cents livres pour le poids total de la machine, on a pour celui de l'air, ou des airs qu’elle renfermoit, troismille huit cents cinquante- fix livres; c’eft à-dire , à-peu-près les deux tiers du poids de l'air atmofphé- rique. Ainl, dans cette expérience, l'air dela machine écoit raréfié d’un SUR L'HIST. NATURELLE 'ET LES ARTS. 91 tiers ou aux environs; & dans les autres , on trouve encore à peu-près le même réfulrat, excepté cependant que, comme la machine tendoit à s'é= lever , l'air devoit y être un peu plusraréfié, Quant à la chaleur intérieure de l'aéroltat , propre à dilater l'air d'un tiers, il feroic difhcile de la dérer- miner avec précition. Cépendant il y a tout lieu de croire qu'elle ne difft- roit pas beaucoup de celle de l’eau bouillante ; car, fuivant la règle de M. Deluc fur la dilatation de l'air , {lon les différents degrés du thermo= mètre, il paroît qu'une chaleur de foixante-onze degrés un tiers fuffit pour dilater l'air d'une troifième partie. Or, comme celui de l’aëroftar s’eit di- laté à-peu-près de cette quantité , la chaleur de l'intérieur de cette machine na pas dû s'éloigner beaucoup , comme nous venons de le dire, de celle de l’eau bouillante. Mais il faut en revenix au moyen que MM. de Montgolfer emploient “pourenlever leur aëroftat : on ne peur difconvenir qu’il ne foit fort fimple, peu difpendieux & fort expéditif, puifque , dans l'expérience de Verfailles, par la combuftion de quatre-vingts livres de paille & de feptà huit livres de lainages, on a enlevé , en moins de dix minutes, un aëroftat contenant au-delà de 37,000 pieds cubes, & pefant fept à huit cents livres, indé- pendamment de deux cents livres de poids étrangers dont ilétoit chargé, “IL femble en conféquence que ce foient ces avantages qui ont déterminé MM.de Montgolfier à employer ce moyen, de préférence à tous aurres. En effet, felon ce que M. de Montgolfier le jeune expofe dans le Mémoire qu'il a lu à l’Académie , depuis la rentrée , comme nous l'avons dit, il n'y a point de Auides d'une pefanteur fpécifique beaucoup plus légère que Pair atmofphérique , auxquels lui & fon frère n'aient penfé, re , l'eau réduite en vapeur, l'air inflammable & d'autres fluides , produits par la combuftion , ont été fucceflivement l'objet de leur attention; mais l'em- barras d'employer les uns , les‘dépenfes qu'auroïent entraînées les autres, & particulièrement l'air inflammable , les ont empêchés de s'en fervir, fe. propofant particulièrement de rendre leur opération aufli fimple que peu coûteufe. Et il n'eft pas étonnant qu’éloignés des fecours & des ref fources de la Capitale, les difficultés d'employer l'air inflammable ne fe foient mukipliées à leurs yeux, & ne les aient confirmés dans l’ufage d’un moyen auffi facile que celui qu'ils avoient imaginé. Mais fans nous écendre davantage fur ce fujet, nous nous bornerons à faire obferver , commeun fait cérrain , qu'au moment où la nouvelie de l'expérience d'Annonay ar- riva ici , les Phyfciens & les Chymiftes, inftruits de la théorie des nouveaux airs , indiquèrent, d’une voix générale, l'air inflammable comme très- propre à faire Ma fonction de celai que MM. de Montgolfer avoient em- ployé pour enlever leur sëroftat. & fur lequel ils ne s'expliquoient pas. Aurefte,ona vu avec quel fuccès MM. Charles & Robert s’en font Tome XXIV, Part, I, 1784. FÉVRIER, M 2 \ ’ 92 + OBSERFATIONS'SUR LA PHYSIQUE, fervis dans Pexpérience. faite au Champ de Marsle 27 du mois d'Août -dernier, & commencils l'ont employé tout récemment d’une manière encore plus frappante ; dans l'expérience mémorable du premier de ce _mois. | 3 - Lou Paris les a vus portés dans un charfoutenu par un globe de 26 pieds sde diamètre, & rempli, d'air inflammable, s'élever du milieu du bafin des - Tuileries, & monter fucceflivement à.une hauteur de plus de, 300 roifes : -de:là, pouffés par un vent de fud-eft, ils ont parcouru enfuite , à travers les airs, un efpace de plus de neuf lieues avant de defcendre ; & M. Charles, refté feul dans le char après ce voyage , animé par un nouveau courage, s'eft élevé jufqu'à une hauteur, de près de 1700 toifes, & a montré aux Phyficiens comment on pouvoit aller jufques dans les nuages étudier les -çaufès . des météores. HOCE j On deirandera fans doute lequel. du moje Mie MM, de Monteolfer ou de celui qu'ont employé MM. Charles & Robert, ef préférable pour foutenir en l'air les aëroftars ; mais ily auroit véritablementde la témérité à prononcer fur cette queftion , dans un moment où cette découverte -eft encore fi- nouvelle ;:qu'on:n'a pas fait la millième partie des recherches qu'on pourra faire pour la perfectionner. MM,.de Montgolfer entrevoient déjà beaucoup de moyens de fimpifier leur opération, & ils en ont in- diqué plutieurs: d'un autre côté, qui fair les découvertes qu'on pourra faire pour obtenir de l'air inflammable en bien plus grande quantité , ou beaucoup plus facilement qu'on ne l’a-eu jufqu'ici par Les moyens connus? Qui fair fi l'on.ne trouvera pas quelque nouveau Buide plus léger.enco.e que cet airjnfammable? On a regardé long-remps l'efpric-de-vin comme la plus légère de toutesiles liqueurs , & enfuite on,a découvert lécher, qui left encore davantage. La fcience des girs efl encore trop nouvelle, pour pouvoir rien affirmer fur ces, différents objéts, Tout ce que nous pouvons dire, c'eft que la fimplicicé du moyen.de MM, de Montgolfer, fa facilité, & la prompritude avec laquelle on peut l’employer , paroiffent lui donner de.grands avantages dans beaucoup; d’ufages de la vie: civile; mais celui de l'air inflammable ayant l'avantage de diminuer confidérablement 1e ve= Jurme des aëroftats, portant le même poids , & ne demandant aucun foin ni aucun-approvifionnement de la part de ceux qui. fonc! portés par cette machine, femble par-là beaucoup plus. propre à un grand nombre d’ufages phyfiques. En effet , fans parler de beaucoup d’autres , M. Charles a montré comment ,avec unaëroftat, on peut s'élever jufques dans les nuages pour y faire des obfervations; & rtoutannonce que, parce moyen,on pourraen faire un grand nombre, qui nouë, méttront,fur la voie pour expliquer beaucoup de phénomènes de météorologie, qui jufqu'ici ont été autant de myltères pour nous. Attendons ainf du temps & des recherches poftérieures la décifion de SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 3 cette queftion fur la préference que l’on doit donner au moyen de MM. de Montgolfier, ou à celui de l'air inflammable ; pour enlever des aëroftats. IL faut en venir maintenant aux applications & aux ufages de la ma- chine aéroftatique : mais ici nous fommes arrêtés par la multitude de ceux qui fe préfentent ; car il faudroit un volume pour expofer en détail tous ceux où on peut les employer. Nous nous contenterons de dire, qu'on pourra s’en fervir pour élever des poids à une certaine hauteur, pour pafler des montagnes, pour monter fur celles où jufqu’ici perfonne n’a pu arriver, pour defcendre dans des vallées ou des lieux inacceflibles, pour élever des fanaux pendant la nuit à une très-grande hauteur, pour donner des fignaux de toute efpèce , foi à terre , foit à la mer, Or , tous ces üfages , ou au moinsune grande partie , avoient déjà été imaginés par MM. de Montgolfier. L’aëroftat pourra être employé encore dans beau- coup d'uüfages pour la Phÿfique, comme pour mieux connoître les vitefles & les directions des différents vents qui foufflent dans l’atmofphère ; pour avoir des éleétrofcopes portés à une hauteur beaucoup plus grande ue celle où on peut élever des cerfs-volants; enfin , comme nous l'avons déjà dit, pour s'élever jufques dans la région des nuages , & y aller obfer- ver Les méréores, 4 3 : D'ailleurs, on fent que toûs ces ufages fe multiplieront encore , lorfque cette machine aura été perfeétionnée , & même qu'ils deviendront d’une toute autre conféquence , fi ôn parvient jamais à la diriger, comme tout femble en annoncer la pofibilité. D'après cer expofé, que nous craindrions d’avoir trop étendu, fi l'im- portance du fujer ne l’avoit exigé, nous croyons que l’Académie a pu prendre une jufte idée de la machine aëroftatique de MM. de Montaolfer, de la caufe par laquelle elle fe foutienten l'air ; enfin , de fes différents effers. Nous penfons en conféquence qu’elle ne peut approuver d'une manière trop diftinguée cette machine, dont elle a déjà vu des expé- tiences fi propres à donner Les plus gtandes efpérances fur les Eos qu'on pourra en faire dans La fuite; & pour donner à MM. de Mont- golfer un témoignage encore plus marqué de l’eftime que. mérite une découverte ff Heureufe, nous propofons que l'Académie leur décerne le Prix annuel de 600 liv. fondé pour les découvertes nouvelles dans les! Aus (par une perfonne inconnue), comme à des Savants auxquels on doit un, Ârt nouveau, qui fera époque dans l'Hiftoire des Inventions bu- maines, 4 ; Après ce'que nous venons de dire , il eft prefque inutile d'ajouter que le Mémoire: de M. de Montoolfier, où il expofe la fuice des penfées & des effais de fon frère & de iui fur les machines aëroftatiques, & les diffé rentes expériences qui en ont été faites, avec les raïfons qui les ont dé- 24 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, terminés dans le choix des moyens qu'ils ont employés , mérite d'être imprimé dans le Recueil des Savants Etrangers. Fait à l’Académie des Sciences , le 23 Décembre 1783. Signes, Lr Roy, TizLeT , BrissoN , CADET, Lavoisier, BossuT, le Marquis DE CONDORCET & DESMAREST, ExTRAIT des’ Regiftres de l’Académie Royale des Sciences , du 23 Décembre 1783. L'Académie ayant entendu la lecture de ce Rapport, la approuvé, & a en même temps arrêté unanimement ; 1°. que le Rapport feroit im- primé & publié ; 2°, que Le Prix annuel de 600 livres , fondé par un Ci- toyen anonyme pour l'encouragement des Sciences & des Arts , feroit accordé, pour l'année 1783, à MM. de Montgolfier. Je certifie le préfent extrait conforme à l'original € aux Repiffres de l'Académie. A Paris, ce 28 Décembre 1783. Signé Le Marquis DE CONDORCET, MÉMOIRE SUR LES MOYENS DE PERFECTIONNER LES LAINES : DE LA FRANCE; Par M. l'Abbé CARLIER, Ox fe plaint de ce que nous manquons en France d'une quantité fuf- fante de laines fines, tant de carde que de peigne, pour alimenter nos Manufactures ; on fe répand en plaintes vives {ur l'efpèce de fatalité qui femble affujetrir notre fabrication de draps & d'écoffes légères à la néceflité de nous pourvoir chez l'Etranger. Des plans & des fyftèmes divers paroifs fent ouvrir la voie de convertir nos laines communes en laines fines. Je me propofe de faire voir que ce genre de réforme, préfenté fous un appareil féduifant, accrédité par la célébrité des Auteurs , ne peut pas fe réalifer, 4 SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 95 Le feul efpédienc propre à rendre à chaque qualité de nos laines natio- nales, le degré de perfection dont elle eft fufceprible , confifte à réprimer dans les Provinces les abus qui opèrent la dégradation des toifons. Je vais tâcher de mettre ce fentiment danstout fon jour : 1°, en prou- vant , par l’autorité & par la raifon , que le fyftèéme de changer une efpèce de bêtes à laine commune, par le remplacement d’une autre à laine fine, eft inadmilfible. 2°, Je ferai l'énumération desprincipales caufes qui contribuent à détério- rer les roifons, 3°. J'indiquerai les moyens d’écarter ou de prévenir ces caufes, 4°. Je finirai par un réfumé , & par l’expofition des conféquences de ce Mémoire, J'ai tiré des Bergers , des Cultivateurs , des Bouchers mêmes, les ré- flexions que je vais développer, Mes expériences depuis trente-deux ans ont été faites ou par eux-mêmes , ou fous leurs yeux. J'ai foumis à leur juge- ment les induétions déduites de mes recherches locales & hifto- riques. $. L°, L’expédient de renouveler une efpèce de Bêtes à laine commune par une autre à laine fine , efl inadmiffible. L'autorité & la raifon combattent les prétentions des partifans de ce fyftème: ileft fondé fur deux traits hiftoriques, rapportés par M. Chomel, dans fon Dictionnaire Economique. L’un fuppofe que la belle race des bêtes à laine sra/umante d’Efpagne , doit fon origine à un renouvellement des troupeaux nationaux , exécuté fous le règne de Dom Pèdre IV, puis fous le Miniftère du Cardinal Ximenès, “ur nouveaux troupeaux tranf- portés d’Afrique. L'autre trait annonce , que les meilleures races Angloifes doivent pareillement leur origine à diverfes portions de ce bétail , amenées d'Efpagne er Angleterre , fous le règne d'Edouard IV. Les conféquences de cette double tranfmigration, fuppofent que les toi- fons fines d'Éfpagne furpaflent en qualité les laines à draper des autres contrées de l'Europe. Le principe eft certain : mais il n’eft pas également avéré que les belles laines à peigner d'Angleterre lemportent fur les plus belles laines du monde : on leur préfère à jufte titre celles de Hollande, & même celles de Flandres. Sur la foi de cette opinion, accréditée de plus par divers Ecrits, M. Alftræœnter , Confeiller à Commerce en Suède, & Chevalier de l'Ordre Royal de l'Etoile du Nord , entreprit en 172$ d'établir en Suède des por- tions de troupeaux qu'il avoit fait venir d'Efpagne & d'Angleterre. Ce coup d'effai fut d’abord encouragé par l’efpérance d'une réuflite com- plette. IL fut annoncé par toute l’Europe, avec l’éclat d'une heureufe ré- volution, On ne manqua pas d'attribuer à la mal-adrefle des Anciens le 26 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, mauvais fuccès des tentatives faites avant cer illuftre Citoyen”: l'on ne fe permit plus de former des doutes fur l'avantage des tranfmigrations de bêtes à laine, J’augmentai le nombre des pattifans du fyftème, en Le propofantdans mon Mémoire fur les Laines , qui obtint le Prixde l’Académie d'Amiensen 1754, imprimé en 175$ fous le nôm de Blancheville. Les détails hiftoriques conte- pus dans l'inftruétion fur les bêtes à laine, par M. Haft-Fer , traduite du Suédois en Allemand , & de l'Allemand en François, par M. Pohol , im- primée par mes foins en 1756, m’affermirent dans mes premières idées, Je marchai fur la même ligne, dans mes Confidérations fur les Troupeaux, É’c. , imprimées en 1762; j'appliquai le même principe aux moyens de perfectionner notre bonne efpèce de bêtes à laine de Flandres, dans l’inf- sruilion que je publiai en 1763. Les voyages que je fis par ordre du Gouvernement, dans les différentes Provinces du Royaume, depuis 1764 jufqu’en 1768, ébranlèrent beautoup ma première façon de penfer; je reconnus , par l'infpeétion des lieux & par l'examen des troupeaux, que les pâturages font les races. Les Bergers & les Cultivateurs que je confultai, fe trouvèrent d'accord fur ce fujetz Tunanimité de leurs fuffrages me parut conforme au fentiment de Colu- melle , auquel un intervalle de quinze fiècles donnoitencore un plus grand oids. Malgré tant & de fi puiffants motifs de prendre un parti, je demeurai indécis, dans la perfuafion où j'étois des fuccès de la Suède. Cette incer- ticude fe remarque dans le Chapitre préliminaire de mon Traité des Bêres à laine, qui commença d’être imprimé en 1769. J'infifte FRE beau- coup au Chapitre IV, page 208 , fur le danger & fur les difficultés d'é- tablir & de foutenir une race étrangère dans un canton quelconque, Je mets Le fentiment de Columnelle dans tout fon jour. Des perquifitions faites en Suède, il y a fix ou fept ans, m'apprirent que les troupeaux d’Efpagne fixés dans ce Royaume , avoient abfolument dégénéré; je fus aufli informé que de pareils renouvellements opérés, tant au midi qu'au nord de la France, n’avoient pas été plus heureux, ; M. Alftræmer fils, intéreflé à la vérification & au développement des traits hiftoriques qui avoient fait naître à fon illuftre père l’idée de fesopé- rations économiques , réfolut de voyager en Éfpagne & en An- gleterre. Il pafla deux ans en Efpagne , examina mürement les monuments hif- toriques, les ufages nationaux; l'origine, la conduite & le gouvernement des troupeaux de bêtes trafumantes : il reconnut que depuis le troifième fiècle de l'Ere Chrétienne, les nourriciers Efpagnols avoient tiré nombre ‘de fois du bétail de remplacement des côtes de Barbarie , & même de l'inté- rieur de l’Afrique; que la révolution opérée par Les foins de Ximenès ; l'emportoit SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 97 Pemportoit fur les autres repeuplements, par l'attention de ce Miniftre à foumettre Les efpèces de bêtes à laine fine , aux mêmes règles de conduire que Les Chéïks & les Bergers d'Afrique pratiquoient. Il fit afligner à ces animaux des pâturages d'été fur les montagnes , & des pâturages d'hiver en Eftramadure ; détermina les époques du départ , la route , la durée des voyages , & le cerme d'arriver dans les pâtyrages de chaque faifon. * : | Le bétail. Efpagnol a toujours furpaffé les meilleurs troupeaux de l'A- frique , quant à la finefle & au prix des toifons , depuis l'introduction de la vie ambulante , fans bergeries, fans toits & fans couverts. Cet avan- tage eft dû à la nature des pâturages , modifiés par la température de l'air & par la douceur duclimat. . de C’eft à tort que les Anglois s’attribuent la poffefion des plus beaux & des plus nombreux troupeaux de l'Europe. On lit ce qui fuit dans J’Effai fur l'état du Commerce d'Angleterre , tom. [, page 33, in-123 1755: æ Les laines de l’Angleterre font les meilleures du monde ; du moins » on n’en connoît point Ste les égalent en qualité, fur-tout pour la fa- » brique des draps. Celles d'Efpagne & de Barbarie , quoique fort bonnes, » leur cèdent en cette partie ». Les Auteurs Anglois les plus enthou- fialtes n’ont jamais formé une telle prétention. Tous conviennent que les laines à draper d'Efpagne font très-fupérieures en fineffe à celles d'Angle- cerre, Les beaux draps de ce Royaume fe font avec la laine d'Efpagne, & portent par cette raifon Le nom de /paniff. Les plus belleslaines des Ifles Britanniques font employées aux camelots, calemandes , étamines & autres étoffes légères ou aflorties en qualité de laines de peigne. La quantité de foixante-quinze millions de bêtes blanches que l’on croit répandues dans les [fles Britanniques , parut à M. Alftræmer une fuppof- tion extravagante, qui n'approche pas de la vraifemblance: elle eft fon- dée fur une fupputation de routes les laines manufacturées & ferges qui fe confomment dans les trois Royaumes, & de celles que l’on en exporte. Or, d’après l'examen le plus attentif que M. Alftrœmer a fait des matières premières qui alimentent la fabrication Angloife , la plus grande partie des ouvrages en draperie & en éroffes légères fonc tiflus de laines étran- gères , d'Éfpagne , de Portugal , de Barbarie , de la France même, de l4 Ruffie & de la Pologne , de l'Allemagne , &c. Les troupeaux tranfportés d'Efpagne en Anpleterre fous Edouard IV, dégénérèrent. Il s’en Fi beaucoup que les laines courtes & frifées de la petite efpèce de BouWrn & de Cantorbéry vaillent celles d'Efpagne. La plupart des troupeaux font compofés d'individus à grañd corfage. Les toifons des races choifies n’égalent pas en fineffe celles de Hollande & de Flandres ; le bétail qu’elles couvrent mène la vie fauvage , fans Ber- gers & fans chiens, dans de vaftes pâturages qui s'étendent le long des côtes de la mer. Tome XXI, Pare, I, 1784. FÉVRIER. N ’ 98 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, Ces obfervations , juftifiées par des preuves , font difcutées dans un très-long Mémoire, que M. Alftræmer lut, il y a environ dix ans, à l'Académie de Stockholm. Cet écrit n'a été communiqué ; les traits in- téreffants qu'il contient ne font pas expofés avec l'ordre & la netteté que Finportance du fujet femble demander. J'en ai extrait les notions dignes d'attention; je Les ai fournifes à un foi- goeux examen , d’après de nouvelles recherches. J'ai obtenu, par mes correfpondances ,.d’amples fuppléments à ce qui manquoit ou à ce qui n’étoit pas préfenté aflez clairement dans ke Mémoire, Je n'airien préci- pité ; le centps & la patience m'ont confirmé dans la bonne opinion que J'avois conçue de la candeur , de la droiture & de l'amour de la vérité, qui avoient dirigé les vues de M. Alftræœmer dans fes perquifitions. J'ai éuni mes obfervations dans deux Mémoires hiftoriques ; l’un fur les bêtes à laine trafumantes d'Efpagne , l'autre fur les troupeaux & fur le lanifice des Anglois. [ls feront imprimés , en forme de pièces juftificatives, à la fuite de cet Ecrit. « La France, dira-t-on, tient à lEfpagne ;+ cette pofition lui donne des «droits auxquels Angleterre & la Suède ne peuvent pas pré- tendre. Je réponds qu'il exifte à ta vérité, dans le Rouffillon & dans le Lan- guedoc , des territoires affez femblables à ceux d'Efpagne, par rapport aux pâturages & au climat. Il y auroit plus à perdre qu'à gagner, en fubftituant des bêtes trafunrantes à celles de ceslieux. ; Le bétail Efpagnol fe foutiendroit l'été aux montagnes , & dépériroic l'hiver à la plaine; ce qui arrive en Efpagne , même aux animaux qui ne pallent point le quartier d hiver en Eftramadure. Que l'on parvienné à prévenir cet inconvénient par des dépenfes & par des foins extraordinaires , la valeur de la laine montera à un taux excef fi, par Le prix de l'emplette des individus , par Les embarras & les nour- zitures. Ces confidérations portent également fur les troupeaux à laine longue de la France feprentrionale, J'ai fait voir, dans mon inftruction fur les bêtes à laine de Flandres, que nous n'avons rien à envier à l'Anglererre fur ce genre de production. J'ai démontré, à la page 209 du Traité, que le climat & le fol in- fluent effentiellement fur Ja vertu des pâturages & des fourrages ; qu'à foins égaux , les pâturages conftiruent les races, De deux chofes l'une: ow le troupeau de remplacement trouvera des nourritures pareilles à celles du territoire qu'il quitte; ou ces nourritures ne vaudront pas celles du fol natal. Dans le fecond cas, la nouvelle efpèce ne tardera pas à dégénérer; Ja dépenfe de lemplette fera en pure perte; ilne reftera de profit à Pa- cheteur que celui des toifons de ne ou trois tout au plus; les premières fuperfines , les fecondes moyennes, les troilièmes prefque communes, SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 99 Le premier cas eft une hypothèfe fans vraifemblance. Une race formée par des pâturages, ne dégénère jamais que faute d'attentions & de {oins. »: L’on peut m'objecter que le rétabliffement par tranfmigration de be- liers ou detroupeaux entiers, opère un effet bien plus prompt que celui qui réfulte des foins & de la fuppreffion des abus, C'eft Le fentiment d’an Auteur de réputation, qui s'exprime ainfi ( Inftruétion des Bergers, &c., page 121): « Les’beliers les plus parfaits améliorent le plus prompte- > ment, & donnentle Hu de profit. Il ne faut donc pas épargner l'argent » pour faire venir des beliers de loin. . .. Jamais l'amélioration des trou- » peaux ne fe foutiendra dansun pays où Les bons beliers ne feront pas » de grand prix ». . : J'admetsle principe , & je nie les conféquences. Je ne vois pas quel pro- fit peut faire un Nourricier ou un Cultivateur fur un belier dont l’achae & les frais de voyage auront été très-chers , en fuppofant l'animal rendu fain & bien portant au propriétaire, En admettant la maxime indubitable que les qualités de laine dépen- dent des pâturages, on court les rifques de payer 1000 à 1200 liv. une ou deux toifons de quatre ou fix livres chacune , indépendamment des frais de nourriture choifie dont l'individu doit être alimenté. : J'ai combattu d'avance cette opinion à la page 208 du Traité, par les obfervations qui fuivent: « Ce qui vient de loin paffe ordinairement pour » avoir un mérite plus diftingué que ce qui croît fous nos yeux. La rareté » fait le prix de bien des chofes; l'éloignement & la privation rendent # plus vifs les defirs d’avoir en fa pofleflion des objets dont on auneidée >» extraordinairé », Ceux qui agiflent ain, ent fouvent fort cher la préférence qu'ils donnent à des produ&i étrangères fur celles de leur cru. .... Imaginer qu'une race choilié fe foutienne fans dégénérer par-tout où on la placera, ce feroit un préjugé contraire à l’expérience , l'effet d’une ignorance oppofée aux premiers PaRRE de l’économie rurale , & à l’an- cienne maxime, quirecommande d'aflortir les races de bétail à la nature des lieux ; enfin , qu’il eft infiniment plus avantageux d'élever & de foi- gner une branche de pays, que d’en établir une plus parfaire tirée d’une région lointaine, Eligendum pecus ad naturam loci. . ., Vernaculum pecus peregrino lorgè preflantius eft. Colum. . Je fuis fort éloigné de croire que jamais l’amélioration ne fe foutiendra dans un pays où les bons beliers ne feront pas de grand prix : l'expé- rience prouve le contraire. C’eft le bas prix feul qui peut ouvrir la voie à l'amélioration , par le choix & par la multiplication des bons beliers. Les propriétaires aifés des grands troupeaux ont une reflource facile ; qu’ils nourriflent bien le mâle & la femelle , ils auront des agneaux propres à devenir d'excellents beliers : quant aux troupeaux mêlés des Communautés Tome XXIV, Part. 1, 1784. FÉVRIER. N 2 100 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, ou des Particuliers peu aifés, il n’y a que la modicité du prix qui puifle les décider à fe procurer de meilleurs beliers que les leurs. Propofer lecon- traite , c’eft favorifer le monopole du vendeur & le découragement du Cultivateur. Il y a cent expédients, en France fur-rout plus qu'en Ef£ pagne & en Angleterre, aufli variés que les territoires, pour remonter en peu de temps un troupeau dégénéré : ils dépendent de la recherche des A des imperfections , & de l'application des moyens d'y re- médier, $. IT, Caufes de dégradation qui alièrent la qualité de nos Laines. Dans un temps où le.luxe des Romains avoit été porté à fon plus haut période, les laines de la Gaule éroient recherchées de préférence à toutes celles du monde connu. Colum., Liv. 7, chap. 2. Cette fupériorité avoit fa fource dans les pâturages des vacants & des plaines , dans le genre de vie auquel on aflujettifloit les troupeaux. La pature de pâturages eft décidée par le climat & le fol : or , le climat & le fol n’ont pas changé. C’eft donc dans le régime & dans le gouvernement du bétail qu'il faut chercher les caufes de l’altération, : Les Bergers Gaulois du midi gouvernoient leurs ouaïlles , comme font prélentement les Pafteurs Efpagnols, dans une immenfe étendue de terreins incultes , tant à la plaine qu'à la montagne ; l’été à la montagne, l'hiver à la plaine. Ceux du feprentrion occupoïenc toute l’année les mêmes cerri- toires. 4 À mefure que l'Agriculture prit faveur , les défrichements changèrent fucceffivement l’ordre des chofes , tant au nord qu’au fudide la contrée: au nord, dans tous les territoires indiftinétemenr ; au fud , pour les plaines feulement, car le régime des troupeaux idi à la montagne eft rou- jours le même qu'en Efpagne. Le parcageïde nos Bergers du feptentrion, eft une campagne d'été, correfpondante au féjour de la montagne par Feffec & par fa durée. Les plaines défrichées ne produifent plus la même nourriture qu’elles produifoient dans l'antiquité. La reffource des vacants a encore été affoi- blie de nos jours, depuis vingt à trente ans fur-tout, par les progrès de l'Agriculture, Eft-ce un bien ? eft-ce un mal? C’eft une queftion que J'exa- minerai au paragraphe fuivant, di Les laines ne perdent rien de leurs qualités , au parc & à la montagne, depuis la tonte, vers la fin de Juin, jufqu'aux premières neiges de la montaone, & jufqu'au* déparc en Novembre, C’eft dans l'intervalle du retour des montagnes, & du départ jufqu’à fa route , que les toifons perdent une partie de leur prix, par des caufes pu- sement accidentelles. Les bêtes à laines tirent leur principale fubfftance des fourrages & des SUR L'HIST, NATURELLE ET LES ARTS. 101 nourritures sèches qu'on Leur prépare dans les rateliers. Ce genre de nour- riture fortifie le tempérament des individus : mais la laine en contracte un nerf & une fermeté prôportionnelle à fa qualité; elle n'eft pas aufli fouple , audi fine & aufli foyeufe que fi le bétail eûc päturé l'herbe des champs. Le différend pourroit être partagé , même dans l'état aétuel des chofes : nombre d'abus s'y oppofent. . La plupart de nos prairies n’ofrent plus les anciennes reflources de pi- turages, depuis Juin & Juillec jufqu'en Avril. L accroiflement du nombre de moulins, depuis Ja hauffe du prix de grains , retient les eaux des ruif- feaux & des petites rivières à fleur de terre; l’eau qui filtre dans les pa- zons, en rend les herbes aigres ; les troupeaux ne peuvent plus y étre in- troduits fans danger. , - Que de terreins perdus en fait de pâtures & de toute autre production, faute de curer les foffés deftinés à l'écoulement des eaux de fources , & à la décharge des ravines ! Cette négligence s'accroît dans nos meilleures Provinces , en proporticn de l'ardeur des défrichements. Quelle étrange inconféquence! * Les longs de chemins , bordés de gazons & de verdures, ont été de tout temps d’un grand fecours aux Bergers , pour l'exercice & la fubff- tance de leurs ouailles. Les Laboureurs ordonnent à leurs Charretiers d'en retourner le fol parla charrue, à deffein de gagner quelque pas de culture fur la voie publique. Ces erdres partent'd'un efprit d’avidité ; les Charretiers les exécutent & Les préviennent fort fouvent par un inftinét de parefle. A peine les chemins de traverfe ont-ils préfentement la voie de fentiers, Lin’y a pas d’aliment plus fain & plus favorable à la pouffe d’une laine fine , que les hérhes des jachères : elles furpaflent en vertu celles des vacants. L'ufage de ces herbes, entremêlé avec celui des fourrages fecs , produit le meilleur effet. Ce principe eft une fource de défordres puniffables. Ici un Propriétaire opulent, intime à fon Berger les ordres les plus précis de conduire {ur les poffeflions d’un voifin ou d’une Communauté qu'il fait hors d'état de le traduire à la Jaftice des lieux; ou dans le cas d’une condamnation , de le fuivre en caufe d'appel. Il eft promptement obéi, & avec perfévé. rance; il double & triple Le ie de fes bêtes blanches, au mépris de l'ufage du canton. Fa, les Bergers , de leur propre mouvement, fe croifent & fe de- vancent, Les Wagans des troupeaux de Bouchers furviennent fouvent, & augmentent le trouble par leur infolence ; tous gâtent plus d'herbe qu'ils n’en confomment. Il eft des Provinces , comme en Rouffllon, où des priviléges abuñfs permettent aux Nourriciers citadins de porter leurs troupeaux à un nombre 102 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE arbitraire, Les Fieffés des divers cantons exercent, ou font exercer des droits qui défolent quelquefois le Nourricier-Culrivateur. Ce n'eft pas du fond des Cabinets que l’on peut obferver ces abus; il faut avoir parcouru nos Provinces du midi & du feptentrion , pour les x connoître. Il n’y a pas , à proprement parler, de médecine curative contre les maladies des bêtes à laines ; elle eft trop chère & trop embarrafante. Il eft bien plus expédient de recourir aux méthodes préfervatives : elles confiftent dans des précautions efflentielles touchant A cr de conduire aux pâturages, les rations de nourriture proportionnées aux efpèces & aux faifons ; la rencontre des troupeaux des Bouchers ou des Marchands Forains. C’eft de la FR de ces règles que proviennent les épidémies , le claveau & la plupart des mortalités de pourriture. L’énu- mération des contraventions feroit trop longue : je les ai expofées au chapitre V du Traité, Sans les abus qui accompagnent en Efpagne l’o- pération de la tonte, il n’y auroit ni mortalités, ni maladies férieufes dans les troupeaux , à la faveur du feul régime. Les pratiques abufives que je viens d’énoncer, concernent les fubff- tances; il en eft d’autres qui regardent la génération & la propa- ation. f Le belier et le-germe & le foutien des races, Le bas prix décide fort fouvent les acheteurs à l’emplette d'un mâle; ils le confidèrent fous le point de vue le plus oppofé à leurs intérêts, c’eft-à-dire , comme un inftrument de propagation, dont le travail avilira la chair & la toifon, Fondés fur Æette opinion , ils trient, au temps de la caftration, les plus beaux agneaux mâles, pour les convertir en moutons. Reconuoît-on dans un ou deux agneaux des difpofitions à prendre graifle, des membres forts, un corfage avantageux, on les nourrit de lait, pour les vendre à l’âge de fix femaines, deux & trois mois, aux Hôtels, dans les Châteaux ou dans les Villes, Depuis la hauffe du prix des grains, & les derniers progrès des dé- frichements , les Laboureurs des grands emplois dédaignent de faire des élèves; ils achètent aux Foires, avant le parc , le furcroîc de bétail qui leur eft néceffaire , revendent à l'entrée de l'hiver ou confomment dans leurs fermes les bêtes de réforme. Ont-ils befoin de jeuneffe, ils achètent en Otobre, ou après l'hiver, des agneaux faits ou des antenois: ils évitent ainfi la dépenfe & l’em- barras d'une nourriture choifie pour les portières & le foin des agneaux. IL feroit fuperflu de décrire ici les fuites funeftes du féjour des bêtes à laine dans des Bergeries clofes, où l'air extérieur ne pénètre pas. Les SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 10; : Ecrits des Auteurs économiques roulent tes fur cette coutume pernicieufe. L’atmofphère factice & condenfée deces lieux rénébreux , mêlée de la vapeur des haleines, desurines & du fumier, affe@e toutes les parties in- térieures & extérieures des individus, affoiblic les tempéraments, donne naif- fance à des maladies qui fe déclarent au printemps eu pendant l'été. L'hu- meur cauftique des falerés d'une litière corrompue , dégrade les toifons; la chaleur provoque l'écoulement d’un fuin forcé dans les filets des mèches, & les prive d’une partie de l'aliment néceffaire pour les conferver dans toute leur force: de là l'énorme déchet du poids des laines au lavage. L’ex- trémité des flocons , rouflie & defléchée, devient une forte de bourre qu'on eft obligé de retrancher des toifons. La laine du ventré & des cuif- {és , éprouve une altération qui la relègue dans la claffe des rebuts. Certe dérention des troupeaux ; dans des réduits mal-fains, eft pro- ‘Jongée d'un par à l’autre, dans nos Provinces feprentrionales, mais pen- dant les nuits feulement. Les feules conjonctures d’une pluie abondante , ou lorfque la terre eft couverte de neiges épaifles , les privent de l'exercice au grand air, depuis dix à onze heures du matin jufqu’à la chüûre du jour. Les Nourriciers du midi en ufent de même , depuis le retour de [a montagne jufqu’au départ de l’année fuivante ; ils ajoutent à cette con- duite la funefte Ébitade de mener aux champs de grand matin M& de renfermer le bétail dans la bergerie, ‘depuis dix à onze heures jufqu'à quatre heures du foir, dès que les chaleurs commencent. , La tonte précède prefque par-tout l'abandon des bergeries; l'on y ref- ferre les bêtes dans un efpace fort étroit, afin d’exciter une fueur immo- dérée. Ce furcroît d’un fuin artificiel | mêlé aux anciennes faletés onc- tueufes , augmente à la vérité le poids destoifons; mais il diminue le prix & le poids réel de la laine, en altérant fa fubftance & fa qualité. Je ne parle point des dangers auxquels ce ftratagème expofe la fanté & même la vie des animaux dégarnis de leurs vêtements, par le paflage fubit d’un air étouf- fant à un air vif, aux fraîcheurs des foirées & des nuits. L'on donne le nom de pelades aux laines enlevées des peaux de mou- ton abattues dansles boucheries. Les Fabricants en emploient beaucoup dans leurs Ateliers, à caufe de la molleffe qui les caractérife & les dif- tingue des laines tondues. Une légère attention de la part des Bouchers, garantiroit la laine de ces peaux du fang & des ordures corrofives dont elles fe trouvent pénétrées au fortir des échaudoirs, Ces faletés, pour peu qu'elles féjournent ; defsèchenc & corrompent les Aocons qu’elles - >\ imprègnent. La marque en couleur, à l'huile, au goudron ou au terque , eft une forte de caractère indélébile , l'empreinte de notre ignorance & de notre négligence à foigner les animaux qu'elle diftingue; elle eft comme le fceau de notre mépris pour une matière précieufe, de Ja fervitude & des trai- 104 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, tements ignominieux que nous faifons fubir à une efpèce fi chère à nos befoins. . Ceie façon de marquer, plus rare au midi, eft prefque généralement pratiquée au feptentrion de la France : on pourroit la comparer à la peine flétriffante & affliétive qui porte le nom de cette empreinte. La ténacité & l’onétuolité des ingrédients plaqués fur la partie la plus recherchée de la mère-laine, préfente à l'air extérieur une furface gluante qu'il ne pé- nètre pas. Certe privation fomente un germe de gale ou de telle autre maladie cutanée, qui s'étend fur le refte de la peau, & gagne comme une lèpre : ileft difficile d'en arrêter les progrès. La portion de laine colorée eft ün rebut en pure perte. La réunion de ces portions de la meil- leure laine de chaque individu , forme une mafle confidérable qu'on laiffe facrifier annuellement à une habitude aufli bizarre que deftructive. Ces défordres touchant la fubfiftance & le régime, fe décompofent en une multitude d’abus , les uns paffagers, les autres permanents; ils ne fe montrent pas à-la-fois dans une même Province. Tantôt ils paroif- fent à découvert , tantôt ils agiflent fourdement; le temps les change quelquefois , ou les fait circuler fous des formes diverfes, $. III: Moyens de remédier aux imperfections de nos Laines. . . Deux Peuples fixent principalement les regards de l'Europe commer- çante, par rapport au régime des troupeaux & à la culture des laines; les Efpagnols & les Anglois. C'eft effectivement chez eux que nous pou- vons chercher des lecons de réforme. Gardons-nous cependant de copier fervilement nos modèles ; nous porterions préjudice à notre Agriculture, 4 La campagne d'hiver n'oppole pas aux Efpagnols & aux Anglois, comme à nous, des obftacles difficiles à furmonter touchant les pâtu- rages. Les Pafteurs Efpagnols conduifent leur bétail dans des vacants immenfes, fous un ciel doux pour la faifon; les feconds raffemblent leurs bêtes à laine dans de vaftes enceintes, le long des côtes de la mer, ou à la campagne , dans des terreins circonfcrits de haies vives ou par d'au- tres défenfes. Ce font autant de prairies naturelles ou artificielles ; les mou- tons y mènent la vie fauvage, tant de jour que de nuit, fans Bergers & fans chiens, à Notre rempérature , & les fecours importants que nous tirons de l’A- griculture, écartent tout efpoir, l’idée même d'introduire parmi nous la méthode Efpagnole, : On ne voit point de loups en Angleterre; cette engeance cruelle & carnaflière fe reproduit continuellement en France , malgré la guerre qu'on lui fait, & les foins qu'on prend de l’extirper, Lesbrigands, en Angleterre, volent fur les grands chemins ; ils dirigent rarement SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 105 rarement leur cupidité fur les propriétés de la campagne. C’eft le contraire en France : une police févère veille à la füreté des routes, Un troupeau dans les claies, ou dans de larges enceintes, fans Berger, & fous la feule fo publique, ne tarderoit pas à devenir la proie des marandeurs , ou à éprou- ver de fréquentes réductions, par des vols nocturnes & ciandeftins. Cette expoñition fait aflez fentir l'impoflibilité de nous conformer en tous points aux méthodes ulitées en Efpagne & en Angleterre, Notre Aori- culture n’admet point de vacants ; nos terres privées des amendements du parc & du fumier des bergeries, ou ne rapporteroient pas, ou fe- xoient moins fécondes, Ces réflexions, quoique fondées fur l'intérée public & particulier, & fur l'évidence des faits, ne laiflent pas d’être combattues par des difficultés que je vais eflayer de réfoudre, On prétend que les Laboureurs devroient confacrer une partie de leurs terres à des prairies artificielles ; que l’on défriche trop en France , & que les Loix devroient , comme celles d'Efpagne, centenir des difpoftions tou- chant certaines natures de friches qu'il ne feroit pas permis de cultiver. Cette opinion eft appuyée fur la faufle perfuafion que le nombre des trou- peaux & des individus eft confidérablement diminué depuis quinze à vingt ans, par degrés, & en proportion de la quantité & de l’étendue des ter- reins défrichés. Je conviens que, depuis l’époque en queftion, les Cultivateurs ne font plus le même cas de leurs laines. Les Éaboureurs , ceux principalement de la France feptentrionale, ont pour objet capital celui d'amender leurs terres par le fumier des bergeries, & de préférence par les nuits du parc. Sur trois récoltes de bled, ils en gagnent une. Le grain produit par l'effet du parcage eft moins fujet à la nielle ; la paille eft plus f:rme; ils recueillent un fuperfu de fourrages pour la nourriture du bétail; la litière ne leur coûte prefque que le foin de la faire joncher. Le fumier des bergeries a des propriétés effentielles au bien de l'Agriculture: je les ai décrites dans le Traité. Le profit de la vente du gras & des bêtes de réforme les occupe préfé- rablement à celui de la vente des toifons; la laine n’eft à leurs yeux qu’un troifième point d'utilité & de profit. Ont-ils raifon ? ont-ils tort? C’eft une queftion, L'indifférence qu’on pourroit leur reprocher fur la qualité de leurs laines paroît fondée. Ils defireroient que les Fabricants fe pourvuffent directement de ‘cette matière première , au lieu de la recevoir des Magafiniers, des Marchands ambulants & des Cultivateurs. Les laines n'arrivent fort fouvent aux Ateliers, qu'après avoir pafé par plufieurs mains munies d'ingrédients recherchés, qui en altèrenc la qualité. Les roifons vendues d’abord aux Mépifliers voilins , paflent enfuire. Tome XXIV, Part. l, 1784 FÉVRIER. (e) 106 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, à des Mégiffiers en gros ; de ceux-ci à des Marchands ambulants, à des Maga- finiers , à des Houpiers ov à des Fileurs, qui les livrent enfinaux Fabricants ; chacun d’eux protefle qu'il les tient de la première main, Autant d'acqué- reurs, autant de façons de furcharger la laine d’un nouveau fard , pour la parer. Les Nourriciers forment à ce fujet une demande très-fenfée. Que les Fabricants traitent direftement avec nous; qu'ils nous aflurent des débou- chés pour la vente annuelle de notre Dee ; qu'ils nous faflent part d’une portion des frais interniédiaires à la proportion des dépenfes nécef- feires pour perfectionner les toifons, nous remplirons , nous préviendrons même leurs defirs, Je n'ofe aflurer que la négligence foit 1a même dans le plus grand nombre des Ateliers du Royaume; mais je puis avancer que plufeurs Laboureurs , auxquels j'avois confeillé de livrer immédiatement leurs laines aux Manufactures , n’ont pas rapporté de leur voyage la fatisfaction que je leur avois fait efpérer. L'inaction du Manufaéturier foumet néceffairement le Cultivateur à La loi du premier acheteur. Le langage de ce dernier eft bien différent de celui que le Fabricant devroit tenir: Du poids , du poids, du fuin fur- zout. L'exprefion de cette demande eft facile à interpréter ; la furabondance du fuineft de nature à recevoir les matières hétérogènes qu'il eft d’ufage d'y amalgamer, tant pour colorer la toifon , que pour la rendre plus pe- fante. Le Marchand intermédiaire confond ainfi le poids de fubftance avec le poids d’un fuin fuperflu, Le réel avec Le factice, le naturel avec l’artifi- ciel, Cette explication rend raifon de l'indifférence des Cultivateurs à per- fe@ionner la fubftance de la laine: elle fait aufli connoître que l'amé- lioration des qualités eft du reflort des feuls Chefs des Manufaures ; qu’elle doit néceffairement éclore d'une relation immédiate, d'un parfait accord & d’un concert foutenu entre le Nourricier & le Fabricant. . Cette union feroit bientôt fuivie d’un effét néceffaire: la profcriprion des bergeries étouffées, ou l’érabliffement des parcs domeftiques , fur les plans énoncés au chap. VI, art, 2 du Traité; de l'obfervation des règles de conduite pour lexercice du pâturage (chap. V ); le Laboureur , intéreflé à la chofe, feroit un meilleur choix des beliers (chap. HT); la laine igôit de pair avec les premiers objets de fes foins ; les marques a l’huile fe- roient fuppléées par celles que j'ai indiquées (chap. IV }; enfin, le com- merce frauduleux des Marchands intermédiaires feroit anéanti , fans qu'il fût befoin de recourir à la vindiéte publique & à l'autorité coactive Il feroit réfervé au Miniftère public de veiller à la police des pâtu- rages , au defféchement des prairies, à l'écoulement des eaux, au réta- SUR L'HIST. NATURE LLELET LES ARTS. 107 bliffement & à la confervation des chemins, à prévenir les cruels effècs du claveau. Ceffons donc d’inculper le Laboureur & le Nourricier , de les tour- menter dans l'exécution d'un plan qui tend à affurer de plus en plus la production des denrées de première néceflité pour notre fubfiftance. Le progrès de notre Agriculture par les défrichements n’eft point du tout incompatible avec la perfection des laines. L'opinion qu'ils ont oc- cafionné une réduction du nombre des troupeaux , & par conféquent du nombre des individus qui les compofenr , eft deftituée de fon- dement,. Je l'ai foumife à un rigoureux examen, dans plufeurs cantons de la France feptentrionale où l'Agriculture a fait de grands progrès depuis vingt ans , par le moyen des défrichements, J'ai trouvé par-tout le nom- bre du bétail augmenté d'un fixième, d’un tiers, & quelquefois de moi- tié. Dans une Paroiffe limitrophe de l’Ifle de France & de la Picardie, où l'on fe répandoit en plaintes amères fur ce fujet, j'ai fupputé avec attention l'état fucceflif des troupeaux depuis vingt-cinq ans; j'ai trouvé qu'en 17$5$ , le nombre des bêtes montoit à quatorze cents, & qu’en 1780 il étoit porté à celui de trois mille deux cents. La raifon de cette augmentation eft palpable. Les fourrages provenants des nouvelles moiflons , offrent aux Cultivateurs la facilité de nourrirun bétail plus nombreux, dans une faifon où les frimats & la neige cou- vrenc les pâturages. L On m'oppofera fans doute que , de mon propre aveu, l'ufage des aliments fecs durcit la laine, Je réponds que l'herbe courte des friches & des côteaux arides fur lef- quels s'exerce l'induftrie des défrichements, dutcit autant la laine , que les bons fourrages fecs de paille de bled , de trèfle, &c. ( Voy. chap. V). Cet inconvénient, s'il exiftoit, feroit doublement réparé par le change- ment des bergeries, les parcs dumeftiques , & en géréral par les abris où l'air extérieur pourra pénétrer & circuler. 5 - L'ufage des fourrages fecs , entremêlé avec celui des herbes de jachères & des pâturages artificiels, deux mois feulement avant la tonte , rendra aux toifons un degré de finefle d’autant plus avantageux à notre lanifice, que les filets des mèches feront plus forts de fubftance : ils feront préfer- vés de cette molleffe , qui, partant d'une foiblefle de tempérament, donne lieu aux atteintes du ver. Ne nous alarmons pas fur le relichement des Laboureurs fur le foin de faire des élèves : il ne préjudicie point par le fair au maintien & même à l'accroifflement du bétail dans les cantons qu'ils habitent; ils trou- vent des reffources plus que fuffifantes dans les Marchés & dans les Foires. Je ne vois pas que, depuis quinze ans, il y ait aucun fujet de craindre que certe innovation porte préjudice au Commerce ; je vois au contraire que Tome X XIV, Part. I, 1784. FÉVRIER. O2 108 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, les fecours de remplacement fe multiplient à raifon des befoins. El eft une clafle de menus Ménagers, qui vivent. du produit de l’occupation de faire des élèves , pour les revendre à l’âge d’agneaux ou d’antenois. La nature des aliments dont ils les fubftantent , ne leur permet pas de les garder plus long-temps ; les jeunes bêtes contracteroient des germes de pourriture & de rourny : l’ufage des fourrages fecs les en garantit. Ces Nourriciers auxiliaires des forts Laboureurs fe rencontrent en plus grand nombre au midi qu'au nord dela France ; c’eft principalement du midi qu'arrivent aux Foires les recrues de bétail dont nos Laboureurs garniffent leurs troupeaux. Ïl refte à craindre l'inconvénient du claveau, que les bêtes con- traétent dans leur route, par la fatigue , par l'échauffure & par Vennui, Les Laboureurs, lorfqu'ils font leurs emplettes, apportent beaucoup: plus d’atrention que les Bouchers ; ils wincorporent les bêtes nouvelle- ment achetées, qu'après une revue fcrupuleufe de tous les individus. S'ils trouvent une ou deux bêtes attaquées, ils les tuent & les enfouiffent; une fumigation de vinaigre dans un lieu clos , préferve de tout accident le corps du nouveau troupeau. ; C'eft par Le feul canal des Mégifliers, des Tanneurs & Chamoifeurs , qu'on peut parvenir à préferver les pelades des faletés de boucheries qu les avihffent : ils ont un droit acquis fur les Bouchers ; ceux-ci ne peuvent s'adreffer qu’à eux pour la vente des peaux : ils en dépendent encore plus: Immédiatement , par es petites fommes qu'ils leur avancent dans le befoin, Les Mévifiers pourroient aufli payer les peaux falies quelques fols moins que les autres; cet expédient feroit un puiflant correctif. Il eft au pouvoir des Fabricants d'employer ce moyen pour porter les Nourriciers & les Cultivateurs à bien faire : c’eft le feul genre d’encou- ragement qui puifle mettre en action le corps entier des propriétaires de troupeaux , & fixer leur attention fur nos defirs. Les Fabricants n’en conviennent point: ils foutiennent qu'il vaudroir beaucoup mieux encourager [es propriétaires &c les Bergers eux-mêmes, par des diftributions de médailles, par des prix, des honneurs, des dif- tinctions ; par des exemprions de taille & de charges pnbliques, ou par des gratifications prifes fur les fonds de PEtar. Des Culrivateurs fenfés, & des Commerçants en troupeaux de plu- fieurs Provinces , m'ont paru fort peu affectés de ces divers genres d’ému- lation. \ ‘Un Marchand de moutons établi à Lille en Flandres, ancien Berger, très- vetfé dans la connoiflance du bétail blanc , homme aifé, mais fans refpeét humain , à qui je propofois l’expédient dont il s'agit, me fit cette ré- ponfe :’« Les plus belles médaïlles font les écus de 6 francs que l’on » gacne dans le commerce; Les honneurs & les diftinétions font bons SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. ‘ro9 # pour ceux qui ont leur pain cuit ; les gratifications appartiennent aux » intrigants & aux beaux parleurs , qui gatent la beéfogne ». Des Agriculteurs , moins brufques & plus honnêtes, m'ont obfervé qu'il y a peu de fuccès à attendre des récompenfes paffagères ; que le feul mobile capable de faire impreflion fur lefprit du Culrtivateur, eft l'in- térêt. Cette prétention eft légitime; elle eft plus louable que repréhenfible dans celui qui vit du produit d’une jouiffance grevée de redevance envers le Propriétaire & envers l'Etat. IL eft naturel de recoufir à des moyens généraux , pour opérer une réforme générale. Pour peu que les avantages réfultants de la fupprefion des abus foient foutenus, réglés & perma- hents , il faut que le profit à faire à la faveur du changément le foit aufñi, ' Je laïfle à juger fi ces réponfes font marquées au coin du bon fens. Les partifans de ces maximes en inféreront que les réformes projettées dé: pendent principalement des Chefs ou Entrepreneurs des Manufadures , touchant la perfection des laines feulemenr, C’eft par cette voie que les Anglois font parvenus à élever leut fabri- cation à un fihaut degré de fplendeur. Noûs refufons d'ouvrir les ÿeux fur un pareil objet d'imitation; nous fouffrons même qu'ils s'infinuent, qu'ils circulent à bas bruit dans nos Provinces, & qu'ils y enlèvenc les laines de choix dans chaque qualité à un prix plus haut queiles offres de nos Fabricants. Pourquoi ne pas les prévenir, au lieu de nous livrer à des fpéculations de rivalité & de concurrence , fur dés points d'éducation que la différence des fols & du climat; la difparité des mœurs & des ufages nationaux, rendent impraticables ? C’eft donc de la perfuafon & de la perfpective d'un gain certain ; que doit partir l'impulfion propre à effectuer les changements. £ $. IV. Conféquences & Réfumé de ce Mémoire. Les conféquences de ce Mémoiré doivent fe rapporter au début, r On demande une quantité de lainés fines du crû de la France , qui puiffe fournir au travail de nos Manufaétures en draperie & en étoffes lépères : on defireroit même la produétion d'un furctoît de cette matière en convertif- fant nos races communes en des efpèces à toifon de première qualité. L’E- tranger , dit-on, deviendroit notre tributaire , au lieu que nous recourions à fon affiftance dans nos befoins. Nos laïnes fiñies à draper croiffent dans les Provinces du midi; ils’en fait une grande confommation fur Les lieux, en draps, mahons , londrins & qualités, pour les Echelles du Levant & les Etats du Grand-Scigneur. Le commerce en et réglé; il eft confidérable , parce qu'à la faveur des 1-0 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, Ports de, la Méditerranée, letrajet ef moins long pour nous que pour les Anglois, qui étoient autrefois en poffeflion de ce négoce, La production des laines fines, longues & propres au peigne , appar- tient à la Flandre; elles fervent à la fabrication des camelots , bouracans, calemandres , étamines & ferges de différentes fortes. Les laines des autres Provinces feptentrionales fe fubdivifent en diffé- rentes claffes , mi-fines, communes & groflières ; une partie fe façonne à la carde,, l’autre au peigne, Les plus rondes & les plus dures s’emploient en matelas & à tous les ouvrages qui exigent dans les filets & les Aocons une forte de réfiftance , de roideur & d’élafticité analogue à celle du crin. La confommation de ces laines communes eft immenfe , en draps ordi, naires pour l'habillement du Peuple , des Troupes, de la Livrée, &c. Plus on approche de l'Efpagne, plus nos laines nationales participent de la qualité des belles laines de ce Royaume. Deux obftacles s'oppofenc à ce qu'elles égalent ces dernières : la diverfité & la difficulté des fubff- tances pendant l'hiver, jufqu’à la-tonte, & au départ pour la montagne ; le féjour & la mal-propreté des étables. Nous ne tirons pas, à beaucoup près, de la Flandre, la quantité de laine fine à peigner que cette Province pourroit fournir. J'en ai expliqué les raifons dans l’Avertiflement, & au Chapitre préliminaire de l/nffruc- tion, La contiguité de cetre Province à la Hoilande , la reflemblance des pâturages & du climat, nous ouvrent la voie à des prétentions qu'il ne tiendroit qu’à nous d'exercer. > Eft-il de notre intérêt de le faire? Voici quelques réflexions , qui pa- roiffent condamner l’ardeur de nos recherches pour les laines fuperfines des deux qualités générales, Les laines nationales: tant communes que groflières , alimentent un commerce intérieur qui fatisfait aux befoins de la claffe ordinaire des Ci- toyens. : Le commun Peuple de nos Provinces du midi fe couvre & fe pare même de vêtements fabriqués de laine noire, confidérée comme un re- but dans les Provinces féptentrionales. Ce goût fe foutient depuis des fiècles; la laine fine fe cultive par la confidération d'un commerce ré- glé avec les Orientaux. Ilfetrouve, par intervalle, des laines groflières ; elles entrent dans la fabrique de la bonneterie , du tricoté & des matelas. Voilà des débouchés réglés & habituels, bafe d’un commerce intérieur, exempt de la viciflitude des modes ; tout fe confomme au gré du vendeur & de l'acheteur, & il nous fuffit. Le Flamand fair marcher lutilité qu'il retire de fes toifons communes, avant le profit que lui produiroit Le débit d'une plus grande quantité SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 111 de laines fines ; Le climat les lui rend néceffaires : il préfère la commo- dité de s'habiller avec des matières de fon crû , à l'avantage de débiter plus d’étoffes légères pour l'ufage de l'Etranger des pays chauds. Il a été plufieurs fois le jouer du confommateur de fes laines fuperfines , qui lui-même ne pouvoit pas porter la-matière à fa valeur , dans des révo- lutions de modes. Les érofes & les draps communs ne demandent pas une déduction de frais de tranfport, comme les étoffes lépères & fines, fur la valeur intrin- sèque de la marchandife. Doit-on le blämer de préférer le certain à incertain ? Le Manufacturier , au fecours duquel on veut voler, trouve dans les laines de nos grandes Provinces feptentrionales , une prodigieufe variété, à raifon des territoires bas , plats ou montueux, Le triape & l'afforti= ment des qualités fournit aux Ateliers une ample moiflon de matière, que les Marchands intermédiaires y vendent fous des noms étrangers. Que l'on ne fe récrie donc plus contre l'indolence & l’aveuglement qu'on nous fuppofe. Commençons par pourvoir nos Provinces, où plutôt n'interrompons point leur poffeffion d'ufer des matières de leur crû. Eft- il befoin d’un fuperflu en faveur des modes ? Recourons , comme fônt les Anglois , aux productions de l'Etranger, Eft-il récalcitrant outrop cher, laïffons-lui fa denrée. Ne nous deflaififfons point, pardeffus tout , de nos matières de première néceflité; ne nous laïffons pas entraîner par le ot d’un profit paflager, dañs des révolutions de luxe, Les calmes qui fuc- cèdent à ces fortes de tempêtes , ne Jaiffent voir fouvent que les débris d'un commerce prefque anéanti, des fortunés renverfées, uné Agricul- ture tourmentée & arrêtée dans fes progrès. C’eft le cas d’être réduit à l'extrémité, de devenir tributaires forcés de l'Etranger. après avoir entre-" pris inconfidérément de l’aflujettir aux loix d’un commerce arbitraire. Etudions, avant tout, la marche de la Nature, en la fuivant pas à pas dans les diverfes firuations des campagnes ; à la fuite des troupeaux, dans les bergeries , & jufques dans les boucheries. Ne noùs immifçons pas: à détourner le cours de fes opérations ; contentons-nous de la fonder & de nous affurer du travail & des fuins qu'elle exige, pour arriver à des fins faifonnables. L’Agriculture & l'éducation des troupeaux s’entr'aide- xont par des fecours mutuels ; elles concourront d’un pas égal à prévenir nos befoins. Pourvus abondamment des matières de première & de fe- conde nécefités , nous ne payerons plus à l'Etranger” qu'un tribut volon- taire pour des productions d'un autre fol, propres à fatisfaire des defirs momentanés , fugoérés par l’efprit d'un luxe bizarre & capricieux, x 112 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, MÉMOIRE SUR LE MÉTÉORE DU 18 D'AOUST 178;: ul Par M, le Baron DE BERUSTORFF, dela Societé Allemande de | Gottingue, c, &c. ” > calcul que je préfente ici aux Lecteurs, vient un peu tard, puifqu’il y a cinq mois que le météore qui en eft L'objet a: paru. J'ai cru cependant que mes tentatives pourroient ne pas être tout-à-fait inutiles; car il faut avouer que nous connoïflons encore bien peu la nature de cette efpèce de météores , & l’on:ne pourra guères, parvenir à enavoir une connoif- . fance parfaite, qu'après avoir obfervé, pendant un temps aflez confidé- table , leur marche & Les différents phénomènes qu'ils préfentent. Ce qui ne contribue pas peu à rendre cette recherche difficile , c’eft [a grande rapidité de ces météores, qui ne nous laifle pas le temps de faire des obfervations aflez exactes, Le météore du 18 d'Août fur-cout a été vu par fi peu de perfonnes, & les faits qu'on en a rapportés, & qui doi- vent fournir les données du calcul, font en fi petit nombre , qu'il eft très- dificile, pour ne pasdire impoflible, de parvenir à quelques réfultats un peu fürs à ce fujet ; de forte que la feule efpèce d’exaétitude qu'on peut defirer dans un calcul auffi borné, c’eit de donner des réfultats qui foient toujours au-deffous dela vériré;c'eft-à-dire , de donner toujours la vitefle, la diftance, la grandeur réelle, & les autres quantités qui peuvent entrer dans le calcul , moindres qu’elles n'ont été en effer, C'eft-là l’objet que je tacherai de remplir, Voici les faits rapportés par M. de la Lande, dans le Journal de Paris du,24 d’Août 1783. 1°, Il eft forti de l'horizon de Paris, au nord, un peu à l'oueft, à neuf heures & demie, le foir 18 d'Aoûc, & il eft rentré dans l'horizon au midi, un peu à left, ; ‘2°. Sa forme étoit celle d’un globe de feu., dont la grandeur apparente; au moment de Ja fortie de l'horizon, étoit celle de Jupiter. 3°. Après être arrivé au zénith de l'horizon de Paris fon diamètre appa- rent étoit celui du difque de la lune 5 après quoiila éclaté, 8c il s'eft formé une fuite de dix petits globes , qui a rempli une étendue de plus de F5 deorés, æ. La SUR L'HIST, NATURELLE ET LES ARTS. a13 - : 4. La durée totale de l'apparition fur l'horizon de Paris ; a été de 15 à 20 fecondes. 5°. Le même météore a été vu à Nuits en Bourgogne, où il eft rentré dans l'horizon au fud. - La Gazerte de France ajoute qu'il a été vu à Londres à la même heure de Paris; que la durée de l'apparition fur l'horizon de Londres, a été e 20 fecondes, & qu'il eft forti d'un nuage au nord de l'horizon de Londres, Voilà tous les faits cenftatés qu’on fait de ce météore. On voir d’abord , puifqu'il eft {orti par-tout où on l’a vu, du nord un eu à l'oueft, & qu'il eft rentré dans l'horizon au midi un peu à l'eft, que a direction ne s’'écarte pas fenfiblement d’un plan qui paflera par les deux pôles. Mais parce que par-tout où on l'a vu, il eft forti, eft rentré dans l'horizon, on voit encore que la direction qu'il a fuivie n'eft pas rectiligne, mais qu'il a décrit une ligne courbe, Or, puifqu'il s'eft élevé au-deflus de la farface de la terre, & qu’il ef redefcendu fur la terre, il eft évident que ce globe n’a pas été exempt de pefanteur ; car il n'eft pas pollible d'imaginer aucune autre force qui ait pu le poufler vers la terre. Mais parce que la viteffe a été évidem- ment fupérieure à celle du vent, il.eft clair qu’il doit avoir été poufté le Tong de la furface de la terre par une force différente & fupérieure à celle du venr, Nous avons donc deux forces qui ont agi fur ce globe; celle de la pefanteur, & une force d’impulfion ou de projection , dont la caufe n'eft pas bien connue. Voilà tout ce qu'il faut pour mettre ce globe au nombre des projec- tiles , & pour nous convaincre que la courbe tracée par le météore a été, au moins dans le commencement de fa courfe , fenfiblement parabolique. Ki eff vrai que la gravité fpécifique d’un globe de cette nature doit être très-peu confidérable: mais la valeur de la gravité fpécifique n'entre point dans l’équation de la parabole ; & tout l'effet que le défaut de gra- vité fpécifique peut produire , c’eft d'augmenter la réfiffance de Fair. I s’agit donc feulement de parvenir à des réfultats qui foient roujouts au- deflous de la vérité, quel que puille être l'effet de la réfiftance de l'air. : Pour parvenir à des réfulrats auffi modérés que poffbles , je m'y prends ainf : 4 Soit A B une ligne droite tirée de A, le centre de l'horizon fenfble de Nuits ; en B, le centre de l'horizon de Londres, Soit N B la hauteur du nuageen N, d'où le globe eft forti. Soit P Le centre de l'horizon de Paris, &' A p B, la courbure de la terre entre Nuits & Londres; Na, la route du météore , & pa fon élévatiori fur l'horizon de Paris(fig. 1 , Plane, I.), La différence des longirudes des divers endroits eft ici abfolumeut in- différente; de forte que À PB fera la différence des latitudes de Nuits & de: Tome KXIV, Pari. I, 1784. FÉPRIER. P 114 OBSERVATIONS-SUR LA PHYSIQUE, Londres : cette différence eft de 4 degrés 21. Je retrancherai encore Îes 21, &je ne la fuppoferai même que de 4°=—228,300 toifes. Je pourrai par conféquent faire abftraction de la courbure de la terre, d'autant plus que je fuppoferai le météore forti du zénith de l'horizon de Londres , & rentré dans l'horizon de Nuits, quoique fa route ait été effectivement plus longue. Il s'agit donc de déterminer, 1°.la force avec laquelle ce globe s'eft élancé ; 2°. fa vielle; 3°. la plus grande élévation qu'il a eue pendant fa courfe ; 4°. fon élévation fur l'horizon de Paris; $°. fa grandeur réelle. Soit À la hauteur due à la viteffe initiale du météore ; x, les efpaces par= courus fucceflivement par le météore, réduits à ka droite B A; y, l'éléva- tion que le méréore a eue dans les différents points de fa route ; ” , la tan- gente de l'angle d’élévarion de la courbe, En fuppofant la hauteur due à la viteffe initiale du méréore aufli pe- tite qué poffible , la nature de la parabole donne pour Le: cas propo- KRh—= :y+iV (x °+y");oux devenant = A B— 228300 toif., & = 0 donne = + A B—11415$0 toifes; de forte qu’en fuppofant la viteffe auffi petire que poffible, la hauteur due à cette viteile ne peut pas être moindre de 174150 toifes — çsolieues. Cela fe voit encore d’une autre mas nière ; car encherchantlatangente”, ontrouve”m=— SAT < 8 4 x x V (447— x), où x devenant AB, m devient impolfible, à moins que 4 ne foit = ou AB, Cela fignifie que, quelque petite qu'on veuille admettre la pefanteur. fpécifique de ce globe, il n’auroit jamaïs pu arriver jufqu'à Nuits, à moins qu'il n'ait été lancé par une force égale à celle qu'un corps grave acquiert par une chüte de So lieues de Hauteur. $ On peut tirer de là la viteffe initiale de ce méréore, Suivant le rapport qu'on a fait, il a traverfé l'horizon de Londres en 20 fecondes, & il s'eft arrêté fur celui de Paris pendant 15 à 20 fecondes; ce qu'on peut entendre de deux manières. H peut s'être anêté pendant 20 fecondes fur chacun des horizons des différents endroits où il a pañlé ; owil a parcouru {a route entière de Londres jufqu'à Nuits, en 20 fecondes. Le calcul fait voir que le premier cas eft impollible ; car # étant = 114150 toiles — 68490) pieds, on trouve , en nommant s La durée totale du pañlage , V 684200 fe Condes ; ce qui ne fait pas encore 4 minutes, en fup- Vs pofant même que le méréore foit allé en ligne droite horizontale, Avec certe valeur de z , on trouve la viteffe initiale de 10$2 toifes, à-peu près , llieue par feconde. Ce réfulrat eft au-deflous de la vérité ; car cette vi- tele eft exprimée par lefpace réduit à la ligne horizontale , & l'efpace SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 115 parcouru réellement par le météore dans l'air eft plus confidérable. Quant à l'élévation da méréore, on doït confidérer que , fuivant les rapports , ce globe s’eft élevé d'un nuage fur l’horizon de Londres, La hauteur de ce nuage , exprimée par NB dans la figure, eft impoñlible à dérerminer, Mais il eft polible de déterminer la hauteur à laquelle il s'eft élevé au-deflus du nuage dont il eft forti; car en mettant dans l'é- quation qu’on a donnée plus haut x==° pafleroit il de nos jeunes oififs ; aux hommes précieux qui cherchent à reculer 1zs bornes de nos connoiffances? Je n’oferois le prétendre ;. cependant j il faut l'avouer, parmi nous , on voit dans le goût des Sciences , une forte de flux & de reflux qui n’eft pas aufli fen- fible chez les autres Peuples inftruits. Jettons un coup-d'æil rapide fur nos variations à cet égard. é La Géométrie a obtenu de nous jadis une partie de la préférence qu’elle mérite à raifon de fa certirude & de fon utilité. Le goût de la Phy- fique générale à enfuite remplacé celui-là , & à fon tour il a fait place au goût des recherches fur l'électricité: celui-ci a été très-vif , comme il de- voit l'être naturellement , à l'époque des découvertes nombreufes que l’on a faites dans ce genre brillant. Cependant, quelque multipliées qu’elles aient été, elles n’ont pas eu fur les diverfes branches de la Phyfique, & fur la Phyfologie, l'infuence à laquelle on pouvoit s'attendre; & c’eft peut-être ce qui a enfuite ralenti Le zèle des Phyliciens pour ce myflérieux 118 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, agent. Les travaux heureux du Docteur Prieftley ayant ouvert tout-à- coup une nouvelle & vafte carrière à des recherches d’un autre genre , tout le monde s’eft occupé des gaz; leur étude a été couronnée de fuccès ra- pides : la liaifon qu'elle a avec les connoiffances chymiques a mis parmi nous la Chymie plus à la mode qu'elle n'y avoit jamais été, & bientôt cette Science, également curieule, utile & néceffaire aux progrès des au- tres branches des connoiffances phyfiques, eft.devenue notre unique étude; comme fi tout le monde devoir s'occuper des mêmes objets ; comme fi chaque individu étoit né avec des difpoñtions du même genre; comme fi routes les Sciences marchant de front, je ne dis pas dans une tête (ce feroit une idée chimérique), mais chez un Peuple, la mafle des lumières qui en réfulteroient ne feroit pas néceflairement plus grande. En effet , quelqu’avantageufe que foit la Science Chymique aux pro- grès de l'Hiftoire Naturelle, ce goût décidé & prefque exclufif a nui réellement, & nuit encore tous les jours aux progrès de cette hiftoire, Prife dans fon univerfalité. Il en eft réfulté que la feule étude des miné- Taux a été mile en faveur, & que les deux autres règnes font reftés to- talement négligés, parce que leur étude a moins de rapport aux connoif- fances chymiques. À cette raifon de préférer la Minéralogie à la Bota- nique & à la Zoologie, il s’en joint peut-être encore une autre, dont il eft fâcheux d'être obligé d’avouer l’afcendant fur nous. C’eft que la Miné- ralogie prête plus que toute autre partie de ’Hiftoire Naturelle à la manie des fyftêmes , & qu’elle fournit en même temps moins de reffources pour prouver leur faufleré. Combien de fuppofitions gratuites, de rêves ingé- nieux ne nous débite-t-on pas tous Les jours fur l'origine, la formation & la compolition des terres , des pierres , des fels & des métaux! Ondi- roit qu'en Minéralogie , tout eft devenu arbitraire ; que les purés fuppoti- tions y font permifes; que les notions n’y ont plus rien d’invariable & de fxe : aufli chacun y a-t-il fes notions & fes principes. Cette efpèce d'in- certitude favorifant le penchant naturel, mais fecret, de tout Auteur à dire des chofes neuves , contribue fans doute à aiguillonner vivement le gout que nous avons aujourd'hui pour la Minéralogie- Je le répète, cette branche d'Hiftoire Naturelle renferme de grands & nombreux objets d'utilité & de curiofité: mais faut-il pour cela qu'il n’y ait prefque plus que des Minéralogiftes parmi les Naturaliftes ? pourquoi la Zoologie , & particulièrement l'Infeétologie, ce champ fi propre aux découvertes , refte-t-il aujourd’hui en friche Croit-on qu'il n’y ait plus rien à y faire | après les immortels travaux des Leuwenhoeck, des Swvam- merdam, des Réaumur, des de Geer, des Bonnet, des Lyonnet, des Trembley, des Spallanzani , & de tant d’autres ? Cependant ne fit-on qfe glaner après eux , la campagne eft fi vafte, qu'on pourroit encore être dédommagé de fes peines par la plus riche moiffon. Tant que l’ana- tormie de tous les infectes ne nous fera pas dévoilée aufli parfaitementque SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. #19 celle de la chenille du faule l’a éré par le favant & délicat fcalpel du patient Eyonnet ; tant que l’on ne connoîtra pas la larve de tous les infectes parfaits connus, & l'infeéte parfait de toutes les larves connues; tant qu'on n’aura pas étudié les différentes fortes d'hermaphrodifme dont ces curieux animaux nous offrent des exemples ; tant qu'on v’aura pas tenté fur-tout des fécondations artificielles , telles que celles qui ont f bien téufi à l'Abbé Spallanzani , à ce hardi Naturalifte, à qui la Nature ne refufe jamais de répondre ; tant qu’on n'aura pas tâché d'enchérir fur fes découvertes, en fait de reproduction animale , en eflayanc de les appli- quer à d’autres genres que ceux fur lefquels il a travaillé ; tant que les efpèces ne feront ni mieux aflionées, ni mieux diftinguées qu'elles ne le font des fimples variétés ; rant que les divers inftinéts ne feront pas mieux connus ; tant que l'hiftoire des moyens , des reffources , des procédés, de Ja manière de vivre de tous Et ne fera pas plus approfondie, comment ne pas s'en occuper ? Peut-on croire , par exemple, connoître Ja police des abeilles? Au feul nom de ces précieux infees, on fent ani- mer fon zèle, quand on penfe combien ils font intéreffants , peu connus, & cependant négligés parmi nous, On a vu s'établir dans la haute Luface une Société, qui n’a pas d'autre objet que l'étude de ces laborieux animaux. Plufieurs de fes Membres ont eu le courage de répéter les obfervations de Swammerdam , de Maraldi, de Réaumur : ils ont ofé croire que es hommes fi clairvoyants avoient pu cependant ne pas tout voir, & cette noble audace leur a réuñi, Un d'entr'eux, le patient M. Schirach, a publié fes obfervations & celles de fes Confrères, foit dans des Ouvrages périodiques, foit dans divers Ecrits (1), foit dans des Lettres au célèbre M. Bonnet, Celuici a fait voler ces découvertes dans tous les lieux où fes immortels Ouvrages ont énétré , dans tous ceux où le Journal de Phyfique eft répandu, c’eft- à-dire, par-tout où la Langue Françoife eft connue. Depuis ce moment, aucun Naturalifte n'a pu ignorer les prétentions des Ariffomarques du Petit-Bautzen. Rappellons les cependant , en peu de mots, à l'efprit de ceux qui pourroient avoir perdu de vue leurs découvertes réelles ou pré- tendues. Selon leur théorie , tout ver d'abeille ouvrière , qui n’a que trois ou quatre jours, peut devenir une reine. Cette doctrine eft fondée fur des faits, & ces faits paroiffent revêtus de tous les caractères qu'on peut exiger , quand il s’agit d'établir une propoftion aufli paradoxale en ap- parence. Que l’on fépare, dit M. Schirach , une centaine d’ouvrières ; qu'on les enferme dans une ruche avec un morceau de gâteau, grand ou A (1) Un feul de ces Ecrits a été traduit en François par M. Blaflière , fous le titre é'Hiftoire Naturelle de La Reine des Abeilles. ‘ 120 OBSERPATIONS SUR LA PHFSIQUE, petit, contenant des vers d’ouvrières éclos. depuis trois ou quatre. jours. Celles qu'on aura enfermées avec ce couvain, conftruiront bientôt deux ou trois cellules de reine, & placeront dans chacune un de ces vers, qui y deviendra reine-abeille , propre à conduire un effaim, De ce fait ,en le fuppofant bien établi, on peut conclure bien évi- demment qu’il n'y a pas d'abeilles neutres ; que toute abeille: ouvrière ap- partient au genre féminin; que par conféquent les trois efpèces qu'on diftingue parmi ces merveilleux infectes, ne compofent réellement que deux venres. à Les Naturaliftes qui ont parlé de ce nouveau prodige dans le temps, Pont tous expliqué de la même manière, la feule raifonnable qu'on puifle imaginer, Puifque chaque ver d’ouvrière, ont-ils dir, peut donner unereine, il faut que tous les organes du genre féminin fe trouve dans chacun des embryons. Mais ces organes ne fe développent que par la réunion de certaines circonftances. Telles fonc une plus grande chaleur, un féjour plus long dans lalvéole (1), une attitude différente; mais fur-tout une plus grand= cellule , une autre nourriture (2), & peut-être encore d'autres cir- conftances auxquelles il eft pofible qu’on n’ait pas fait attention. Ces cir- conftances font fans doutenéceffaires au développement des parties fexuelles, ui, fanselles, reftent oblitérées. Au reft: , ce développement n’eft fen- fible que dans l’infeéte parfait: il ne l'eft point dans Le ver même, M. Schi- rach & M. Frenzel fon ami , en ont obfervé au microfcope , & en ont diflé- qué plufeurs fois un certain nombre du même âge, les uns placés par les abeilles dans les cellules de reines, les autres laiffés par elles dans leurs cellules natales, & ils n’ont jamais pu y diltinguer aucune différence, ni extérieure, ni intérieure. Les faits que je viens de remettre fous les yeux des Naturaliftes font fi conftants, que, non-feulement dans la haute-Luface, où les premières expériences ont été faites & répétées cent & cent feis par M. Schirach & fes Confrères, mais dans toute la Saxe & le Palatinat, elles font de- venues la pratique commune des Cultivateurs, des fimples Villageois même; tous, depuis plufieurs années, forment ainfi à volonté des eflaims artificiels (3). I s’en faut bien que ces nouveautés aient été ainfi admifes fans contra- diction, M. Wilhelmi a fairà M, Schirach, fon beau-frère & fon ami, a ———— —————"— — "© 2 — (x) Les reines y demeurent quatre à cinq jours de plus que les ouvrieres, (2) On fait que la nourriture des vers des reines diffère beaucoup de celle des vers d’abeilles communes ; ceux-ci vivent d’uné bouillie affez fade , tandis que les vers de reines ont use gelée fort aflaifonnée, un peu poivrée, fucrée, & cependant acidule. (3: Un Auteur Anglois, M.-Mill, connu fous le nom de Thomas Wildman, pré- tendoit , dès 1768, c'eft-à-dire, deux ans après les découvertes , que les anciens Grecs avpient déjà counu & pratiqué ce moyen. toutes 1 - ræ # SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. fit toutes les objections que fes connoïffances en Hiftoire Naturelle ont pu lui fuggérer; il a pouffé l'incrédulité au dernier point, & l'examen des fairs jufqu'au (crupule, M. Vogel, Madame Vicat, & plufieurs autres, quoique moins lents à fe rendre, ont tenu d’abord la même conduite. M. Borner, trop inftruie, trop fage, trop plein des regrets de la mort de fon cher & illuftre ami Réaumur, & trop préoccupé de fa théorie pour recevoir faci- lement de telles idées , alla jufqu'a paroître rougir d'écre devenu Mem.. bre de la Société du Perir-Bautzen , qui les'admettoir, Je ne puis vous Le diffimuler, écrivoic il à un des Directeurs de cette Académie; vorre fzvante Société fe décréditeroit entièremeut auprès des vrais Naturalifles , [£ elle fem- bloit adopter l'idée de M. Schirach. Je prie cec eflimable Pafleur d'y reflé- chir encore, avant de publier une conjeëture auffi étrange, qui choque direc- tement tout ce que nous connoiffons de plus certain de l'olganifation inte- rieure & exrérieure des abeilles. Il faudroit avoir vu & revu cent @ cent fois. une pareille transformation, pour ofer l’annoncer aux Naturalifles inf- truits. Il étoit bien en droit de tenir ce langage , lui qui , après les ob- fervations les plus exa@tes pour établir l'androginifme des pucerons, fur un peut-être de M. Tremblay , eut le courage de les recommencer aux dépens de fa vue , dans l'intention de les poufler jufqu'à la crentième géné- ration de ces finguliers infectes, On avoit d’abord cbjecté à M. Schirach, que peut être la reine avoit- elle dépofé quelques œufs de femelles dans des cellules d'ouvrières , & que ce pouvoit être là ce qui avoit fait trouver à celles-ci des femelles pour occuper des cellules royales. Mais cette objeétion , très-bonne dans les premiers moments de la découverte, n’eft plus propofable aujourd’hui. Que la reine dépofe quelquéfois par méprife un petit nombre d'œufs dans des cellules d'ouvrières , la chofe eft très-poflible ; mais c’eft une efpèce de hafard , qui ne peut influer conftamment fur l'expérience dont il s’agir. On ne dit pas qu’un grand morceau de gâteau , muni de couvain , & mis à part dans une niche avec des ouvrières , fournifle quelquefois une reine ; mais on dit qu'il en fournit à coup für: on dit qu'un très-petit morceau fufit pour le fuccès de l'expérience. Or, pour que , dans un très-petit morceau pris au hafard , il fe trouvât toujours des œufs de femeiles , il faudroit que la ruche ne contint prefque que de certe forte d'œufs , d'autant plus qu'on a réuffi de mème en exterminant tous les vers , excepté les deux ou trois dont on vouloit faire des reines. Le fuccès d'une telle épreuve fuppoferoit évidemment que prefque tous les alvéoles font occupés par des vers des femelles, & où feroient alors ceux des ouvrières? Difons donc que, fice que l’objection fuppofe étroit vrai, l'expérience, au lieu de réuflir conftamment , ne réulliroit prefque jamais. Cependant elle a éu lieu foixante fois de fuite fur tous les morceaux de gâteau qu’on a tirés fucceflivement de la même ruche. On a propofé une autre difficulté , aufli facile à détruire que celle que Tome XXIV, Part. I, 1784 FÉVRIER, Q ° > " _— 122 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, nous venons de combattre. On n’apperçoit, dit-on, aucun ovaire dans les abeilles ouvrières: ainfi, elles ne peuvent être des femelles. Cette objection étant purement négative , n’a aucune force , d'autant plus que les ovaires des reines, qui, en été, font fi fenfbles à Pœil nud , le font à peine en hiver avec le fecours d’une loupe médiocre, Sommes-nous donc dans un fiècle où l’on puiffe encore fe permettre de raifonner de manière à con- clure de l'invifibilité d’un organe , fa non-exiftence, fur-tout quand il s'agit d'un organe oblitéré, ou non développé, & n’exiftant peut-être que D D dans fon germe ? Il feroit inutile, au but que je me propofe , de m'étendre davantage far les détails , les preuves ou les difficultés; je me contente de rappeler un fait , & les conféquences qui en fortent d’elles-mêmes; je me contente de demander aux Naturaliftes , fur-tout à ceux de ma Nation, s'ils croient à fa réalité de cette grande découverte, ou comment ils peuvent n’y pas croire; je leur demande comment un fait, répété mille & mille fois par des Naturalifles , par des Cultivateurs, par des Villageois mêmes; comment un fait reconnu par ceux qui l’avoient combattu d’abord avec le plus d'acharnement, admis par les hommes. les plus fages & les plus réfervés, adopté par le profond Génevois, qui avoit été fcandalifé de fa fimple propofition: je demande , dis-je , comment un tel fait peut être regardé comme faux; comment fa fauffeté peut paroître fi facile à déci- der ; comment fes preuves peuvent fembler fi légères, qu'on ne daigne pas en parler, ne füt-ce même que pour les combattre : je demande com- ment ceux de nos Auteurs qui devoient le plus én parler ne l'ont pas fait (1). Si, au lieu de la réalité de cerre découverte , ils y croient réellemenr, comment ne s’en occupent-ils pas? Q uoi ! une larve, qui, felon Swami- merdam & Réaumur, felon tous les Naturaliftes qui nous ont précédés, (1) Les Auteurs François ont gardé fur ce fujet le plus profond filence. M. de Bo- mare même, à Particle Æ£eille de fon utile Diftionnaire, n’eu dit pas un feulmot, quoique fa nouvelle édition foit fort poftéricure aux obfervations dont il s’agit, & qu’on doive s'attendre à trouver , dans un Livre de cette nature, les principaux faits conteltés oureçus. Le laborieux Auteur de cet Ouvrage ne l’isnore pas , &il a prefque toujours rempli certe attente de (s Letteurs ; il l’a même fait fouvent fur des points moins im- pen , & fur des @pinions moins folidemenc établies. MM. Ducarne de Blangy & ingeron font à-peu-près nos feuls Auteurs qui saient fait mention des découvertes en queltion: mais ils n’ont fait que les indique: ; le fecond , dans l'extrait des Ouvrages où il a puifé pour fon Extrait des Abeilles ; le premier, dans une Lettre inférée dans le «Journal de Phyfique (Janvier 1776). Cette Lettre nous dir fimplement que, für un grand nombre c’épreuves , qu'il prétend avoir bien fiites , un petit nombre feulement Jui a réufMi. Il nous renvoie, pour les détails, à fon Traité des Abeilles, & au Supplé- ment ; mais en les confultant, on eft fort étonné de n’y pas trouver un feul détail, un £ul mot de plus que dans la Lettre qui y renvoie. SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 122 doit donner uninfeéte parfait , dépourvu de tout fexe , & qui cependant , placé dans certaines circonftances par fes nourrices, donne, au lieu de cette mouche neutre , une femelle très-féconde ; quoi ! dis je, une telle larve nous paroîtrok trop peu intéreffante pour nous en occuper ? quoi ! de fem- blables merveilles , qui tiennent à la fublime théorie du développement des germes & de la génération, ne méritent pas qu'on les étudie? elles ne méritent pas qu'on cherche à en tirer des induétians ; à les appliquer au genre des guêpes (1), à celui des fourmis ? Que fautil dorc délor- mais pour nous intérefler ? Mais je vais plus loin. Le prodige pour lequel je tâche de réveiller le zèle des Naturaliftes, eft loin d’être le feul en ce genre, Il y along temps que l'illuftre Auteur des Confidérations fur les Corps organilis, l'a dit : Une ruche eft, aux yeux du Sage, un abime où fe perd le génie le plus vale, Si les faits dont je vais parler paroïflent moins certair.s que celui Es vient de m'occuper, ils n’en font pas moins piquants, parce qu'ici le oute eft ce qui doit fe plus porter aux recherches , & ce qui les rend le plus néceffaires, M. Schirach avoit‘ remarqué avec étonnement, que, dans chacun des effaims artificiels qu'il formoit dans fes petites ruchcs où il n’introduifoit que des ouvrières , les nouvelles reines ; fans paroître avoir eu commerce avec aucun mâle, éroient fécondées , c’eft-à dire , pondoient des œufs fé- conds : nouveauté étonnante , mais moins paradoxale aujourd’hui qu'elle ne leût, paru avant la célèbre découverte du Naturalift: Génevois fur les pucerons. Cependant, que deviendront les faux bourdons? quel fera leur ufage ? Swammerdam & Réaumur font une grande autorité; ils ont re- connu dans ces animaux les parties fexuelles des mâles, de: manière à ne laiffer aucun doute à cer égard , & c’elt cette certitude même du fexe des faux-bourdons qui tait ici l'embarras. M. de Réaumur croit avoir vu un véritable accouplemententre une reine & un faux-bourdon placés fous un poudrier. Cependant cet homme fi réfervé dans fes décilions , cer homme fi fage , que l'Abbé Spallanzani n’héfire pas de dire, qu'en fait «d'obfervation fon témoignage contrebalanceroit dans fon efprit celui de PEurope entière; cet homme, dis-je, qui infpire ordinairement tant de confiance à fes Lecteurs , leur laiffe ici beaucoup de doute. Il neft perfonne qui, ayant lu fans prévention le Mémoire où il parle de cer accouplement, ne fente que l’Auteur ne fe jugeoit pas sûr de fon fair, M. Bonnet, fon ami & le confident de fes apperçus, le répète en plufieurs endroits. M. de Réaumur, dit-il, n’eft pas certain d’avoir vu un véritable accouplement: (1) M: Schirach foupconnoit en effet qu'il pouvoit en être à cet égard des guêpes comme des abeilles, On fait que parmi ces induftrieux pirates, les femelles font aflez nombreules. Tome XXIV,, Part. I, 1784. FÉVRIER. Q 2 + 124 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, aufli, quoique ce mâle tombât mort comme d’épuifement , Auteur n’en prit pas pour cela un ton plus affirmatif, parce que la reine mourut auff, & qu’en général cet accident arrive aux abeilles placées en petit nombre fous des poudriers , où il eft rare qu'elles aient le degré de chaleur con- venable (1). M. Schirach, voulant répéter fa même expérience ; n’a rien apperçu d’analogue à un accouplement ; mais il a vu diftinétement la reine tuer le male qu'il lui avoir préfenté. Ceux qui ont fuppléé M. de Réaumur , abfent vers la fin de l'obfervation, quelque confiance qu'il eût en eux, n’étoient pas des Réaumur ; ils peuvent avoir mal vu , ou avoir été dupes de leur imagination prévenue, Ainfi, Pon peut dire que, jufqu'ici, nous n'avons rien de bien certain à cet égard, Pour décider ce doute, M. Hattorf fe mit à interroger la Nature de la manière dont M. Bonnet & M. de Réaumut même avoient confeillé de Vinterroger. H prit une reine vierge, & bien certainement vierge , puifqu'il la tira de fon alvéole , avant qu'elle en fût encore fortie d’elle-même ; il la plaça avec des ouvrières , examinées une à une, fans mâles, dans une ruch+ où étoient des morceaux de gâteau foigneufement vifités, & re- connus dépourvus de couvain. Au bout de quelques jours, il y trouva un nombre de vers de tout âge, qui lui donnèrent enfuite un petit effaim. Certe expérience a été pouflée jufqu'à l feconde génération, & elle aéré répétée par M. Schirach avec le même faccès. . Si l'obfervarion eft exacte , elle prouve évidemment que les faux-bour- : dons ne font pas abfolument néceflaires pour féconder la reine ou les œufs u’elle pond. L’ardeur des pucerons mâles, dont les femelles favenc fi bien fe paffer, doit nous rendre moins incrédules fur ce fait; mais il n’en exige & n'en mérite pas moins d'être répété, & de l'être plufieurs fois, On re peut trop multiplier les précautions , pour s’aflurer qu'aucun faux- bourdon fa trouvé moyen de pénétrer jufqu’à la reine (2) : on ne peut (1) Je ne prétends pas dire que M. de Réaumur n’a pas cru à l’accouplement des reines ; c’étoit réellement fon opinion ; l’analogie l'y portoir, comme elle y porte tout le monde, d’autant plus qu'il croyoir être für d’avoir vu de vrais accouplements dans l’efpèce des abeilles-bourdons , & duns le genre des guèpes ; mais je dis feulement ue, d’après ce qui s’étoit pailé fous fes veux & fous ceux de fes fubitituts dans l’ob- don dont il s’agit, il ne croyoit pas être sûr qu'il y eût eu un véritable accou- plement. (2), MM. Maraldi & de Réaumur ont vu quelquefois de petits faux-bourdons qui n’étoient pas plus grands que des ouvrières ; au(fi les ont-ils cru nés dans des alvéoles d’ouvrières , où la reine auroit dépolé par erreur les œufs d’où ils font fortis , & où la petitefle de leur logement auroit empêché leur accroifflement. Mais d’autres Naturaliftes ayant vu très-communément de ces petits mâles, ne croient pas qu'on puiffe attribuer cette efpèce ou cette variété À une erreur de la reine , à une circonftance fortuite , qui de- vroit les rendre plus rares qu'ils ne le font, Quoi qu’il en foit, leur exiftence elt cer- \ LE # ll è ” N \ SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 312$ faire trop de tentatives pour vérifier les fonétions de ces mâles, qui font devenues fi incertaines. | Parmi les Auteurs qui ont voulu qu’ils fuffent abfolument néceflaires à - la multiplication , quelques-uns ont déjà élevé jadis des doutes fur La réalité de leur accouplement avec la reine; ils ont prétendu que leur unique fonc- tion éroit de couver, & M.de Réaumur a cru devoir réfuter certe opi- nion. Swammerdam n’a pas cru plus qu'eux au prétendu accouplement ; mais il s’eft perfuadé que la reine éroit fécondée par les émanations ou les efprixs qui s’exhalent du fperme renfermé dans le corps des mâles qui l'environnent communément. Cette opinion ne paroît d’abord que ridicule , fuppofé qu'on puifle rire des rêves d'un grand homme; mais elle paroïe moins abfurde, à'mefure qu'on y réfléchir. En effet, comme le remarque M. de Réaumur lui-même, il paroîtphyfiquementimpofibleque la moindre outte du fperme dépofé à l'entrée de la vulve, parvienne par la matrice jufqu’au fond d'un ovaire long & finueux, pour y féconder une fuite in- nombrable d'œufs. Il femble donc que les efprits feuls de cette liqueur peuvent y pénétrer. D'après certe réflexion, feroit-il beaucoup plus étrange que ces efprits duffent parvenir aux œufs par les ftigmates de l'infete, que par le canal qui conduit jufqu’au fond de lovaire ? Il eft certain que la Nature ne fait rien en vain; elle n’a pas donné inutilement aux faux-bourdons cet appareil d'organes fexuels. Hs font donc , comme mâles, deftinés à quelque ufage ; mais , encore une fois, quel eft cet ufage ? Peut être eft-il rout autre que ceux que nous imagi- nons. M. Wilhelmi, après s’être enfin rendu à la certitude des faits fur lef- quels eft fondée la découverte de M. Schirach, mais embarraffé fur le rôle qu'il feroit jouer aux faux-bourdons, imagina à ce problème une folution bien plus extraordinaire que celle de Swammerdam. Il fuppofa que, foit par un véritable accouplement, foit par quelque autre moyen, les mâles communiquoient aux ouvrières leur liqueur fpermatique; qu'ils l'intro- duifoient dans quelque partie de leur corps, où elie confervoit aflez de vertu pour qu’elles puflent, dans Le temps, -imprégner de ce ftimulant la gelée qui doit nourrir les vers. L:s doutes en ce genre font très-anciens, Dès le temps d’ÂAriftore, on croyoit que ces infeétes n’accompliffoient le vœu dela Nature qu’à la ma- nière des poifons , en arrofant les œufs de leur fperme : le nombre des mâles , beaucoup plus proportionné à celui des œufs qu'à celui des femelles, contribuoit à leur donner cette opinion. Eile éroit totalement abandonnée, quand M, Maraldi eft venu la renouveller. La théorie de M. de Réau- mur a enfuite fait oublier celle-là; mais à fon tour elle pourroit bien lut raïne. Aiofi , c'eftfur eux qu’il faut le plus porter l'attention , quand il s’agit d'exclare les mâles, pour s’äffurer de la virginité de la reite. r = _ _ 126 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, céder un jour à cet égard. M. de Braw, obfervateur eftimé en Angleterre; a vu & revu les petits faux-bourdons introduire leur derrière dans les cel- lules d'ouvrières où des œufs venoient d'être pondus , & les arrofer de leur liqueur. M, Bonnet a vu un grand faux-bourdon , c'efà-dire, un faux-bourdon commun , pafler & repaffer lentement fur les cellules ,s'arrè- "ter à leur entrée, donner de fon derrière de petits coups rapides & réi- térés. Ou ce manége eft indifpenfablement néceffaire, & alors il faudroit que MM. Hattort & Schirach fe fuffent trompés, en croyant avoir réull à exclure tout mâle de leur ruche, & qu'ils euflent confondu les faux bour- dons de Ja petite efpèce avec les ouvrières; ou bien ce manége, au lieu d'êcre néceflaire, n'eft qu'utile à la multiplication, comme les pncerous y fervent ,quard ils fe trouvent à portée de leurs femelles, quoiqu'elies puifient être fécondes fans eux. ( 4 Ce fujet eft inépuifable. Si je voulois ne Le quitter que quand je r’aurois plus de doutes à propofer, je ferois obligé d'écrire un volume, au lieu d'un Mémoire que je voudrois rendre très-court, & qui eft déjà plus long que je ne l’aurois defiré. Cependant il refte encore un point trop impor- fant, pour que je ne tache pas d'engager les Naturalites à l'examiner de nouveau. Parmi ceux qui ont écrit fur les abeilles | avant Swammerdam, il s'en eft trouvé qui ont cru que les ouvrières produifoient quelquefois. [ls fe fondoient {ur ce qu'on les voyoit fouvent entrer dans les alvéoles , le der- rière le premier. Cette opinion fut renouvelilée , il y a quinze ans, par M. Riem, Membre de la Société de Lauter dans le Palatinat. [1 difléqua un grand nombre d'ouvrières, & crut avoir trouvé dans deux d’entr’elles de petits ôvaires, M. Needham , s'élevant contre cette prétention, affura avoir vu des reines fi petites, que M. Riem pouvoit très bien enavoir pris de fembfables pour des ouvrières. Le Naturalifte de Lauter trouva peu de partifans, même parmi les Académiciens du Petit Bautzen, même parmi ceux de Lauter. Cependant pour s’aflurer du fait , il enferma plu- fieurs fois, dans de petites ruches, des ouvrières examinées une à une; il y joignit un morceau de gâteau, vilité & reconnu pour être fans couvain, Au bout de deux jours, il y trouva un affez grand nombre d'œufs: alors il recommença à examiner une à une les ouvrières qu'il y retrouvoit, & n'y apperçut aucun mâle. Que dire de ce fait? que peut-on en penfer ? Peut-on le nier ou l'ad- mettre, fans avoir eflayé de le vérifier? Les organes féminins ne font peut-être qu'imparfaitement oblitérés dans plufieurs de ces prétendus neutres? Que quelques-uns d'ent”eux aient de petits ovaires impercepti- bles, & capables feulement de contenir chacun un, deux ou trois œufs, au lieu de quarante mille que renferment ceux des reines , il en réful- tera ce que M. Riem aflure avoir trouvé. Ceux qui font aflez heureux pour difpofer d’un doux loifir à la campagne, devroient donc s'appliquer SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 127 à épier de nouveau ces infeétes dans des ruches vitrées, les difléquer avec plus de foin, les foumettre à de plus forts microfcopes. Sans doute il ne faut pas que le merveilleux nous féduife; mais il ne faut pas non plus qu’il nous effraie au delà d’un certain point. Les ob- fervations les plus extraordinaires méritent toujours d’être examinées , répétées, difcutées , fur-tour quand elles n'ont pas été faites ge des Na- turaliftes ordinaires. L’orgusilleux dédain, le ton tranchant d’un homme qui, avant d'avoir entrepris de vérifier un fait, le traite de fabuleux , parce qu'il fort de l'ordre commun, décèle plus de préfomption, de pa- reffe, d'apathie & d'ignorance , que d'énergie & de lumières. [1 ÿ a trop long- remps que nous devons être habitués aux merveilles, aux exceptions, aux chofes contraires àtoure analogie , pour que nous puiflions rejetter facile- ment un fait, parce qu'il ne reflemble pas à ceux qui nous font déjà con- rus. Le dos du pipa femelle; la monogénéfie de certains papillons, ob- fervés par MM. Bafler, Bernouilli & Pallas; l'hermaphrodifme des pu- cerons; la faculté qu'ils ont d'etre vivipares dans une faifon , ovipares dans une autre; les reproductions des vers, des falamandres , des écre« villes ; l'hifloire entière des polypes & des anémones de mer; le fperme de la sèche & du calmar; l’accouplement des vers & des limaces , tout eft miracle autour de nous. Environnés d'animaux qui fortent des prétendus règles communes , qui ont les parties génitales, les uns fur la têre , Les autres fur le cou, qui refpirent par une longue queue, qui, morts depuis plufeurs années peuvent être rendus à La vie, replongés dans la mort, & ranimés encore, fans qu'on connoiffe le terme où cette faculté s'arrête ; ne voyant prefque que des merveilles, pour peu que nous ayions la vue bonne , qu'eft- ce qui peut encore nous étonner? Ces réflexions me paroiffent naturelles ; & quand une fois on les a faites , je ne vois pas ce qui peut porter à négliger de répéter parmi nous les expériences de MM. Schirach , Hattorf & Riem, fur les abeilles. Comme mon deffein n’eft pas de parcourir tous les points obfcurs & dif- ficiles de leur hiftoire , mais feulement de les rappeller, pour tâcher de fixer fur eux l'attention de quelques Naturalifles, je crois en avoir dit aflez. Je m'arrête donc, & me borne à former des vœux pour le re- nouvellement de l’ardeur qu’ils ont mife autrefois à la recherche des mer- veilles de la Nature. Plus on l'étudiera , fur-tout dans les êtres organifés, plus on y découvrira de prodiges, plus on admirera fes reflources ; plus on adorera fon auteur, plus on fentira que nous n'avons encore foulevé jufqu'ici qu'un très-petit coin du voile qui la couvre; mieux on apperce- vra combien font étroites les bornes de l'efprit humain , qu'un infecte, une fibre eft capable d'arrêger ; plus on fe défisra des analogies, mieux on apprendra à diftinguer la tranquille & fage raifon d’une imagination toujours féduifente & trompeufe. 128 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, Je ne puis me refüfer à la tentation de le dire ici en finiffant , fa railon ne peut jamais/nous tromper, & l'imagination , dans tout ce qui eft étranger aux-Beaux-Arts, ne peut que nous conduire mal; il eft, pour ainfi dire, de fon effence, de chercher: à fe mêler de tout; mais, fous prétexte de répandre l'agrément, fouvent elle feme l'erreur. Elle voulut autrefois s'introduire dans la Métaphyfique , & elle égara Malebranche ; elle égare e même le Naturalifte qui ne fait pas lui impofer un filence févère. C’eft elle qui forme les préventions ; c’eft elle qui fait voir à l'obfervateur ar- dent , non ce qui eften effec fous fes yeux , mais ce qu’il a intérêt de voir, pour étayet un fyftème chéri ! Quel rôle ne lui a-t-on pas fait jouer de nos jours , faute de diftinguer fon langage de celui de la raifon ! Il eft bien vrai qu'en agiflant ainf, l’on prend le parti le plus commode, Il eft tant de cas où la raifon fe tait, tandis que imagination a mille chofes à dire ! Je n’en citerai qu'un exemple, & je choifirai à-la-fois celui qui me paroït le plus intéreffant , parce que le fujet d’où je le tire tient à la théo- rie des être organifés, & celui où il eft le plus évident que c’eit l'imagi- nation qui a tout décidé. Pourquoi tant de gens ont-ils été révoltés de la feule idée de la diffémination , & plus encore de .celle de Pemboite- ment ? Ceft que l’inconcevable petireffe qu’il faut fuppofer aux germes dans ces hypothèfes , a choqué l'imagination, Mais pourquoi a-t-elle cho- qué l'imagination plutôt que la raifon? C'eft que l'imagination admet toujours , : fans le favoir , quelque chofe d'abfolu dans la gran- deur & dans la petitefle , tandis que la raifon n'y voit & n'y peut voir rien que de relatif, D’après cette idée de -petiteffe purement re- lative , la raifon ne peut pas même étre tentée de s'effrayer de la petiteffe qu'on prère à un germe, le fupposât-on aufli inférieur aux molécules des liqueurs contenues dans les animaux microfcopiques , que ces molécules mêmes Le font à tout l’enfemble de notre fyftème planétaire, On n’a donc fair que s'effrayer des difficultés , fans examiner par qui elles étoient pro- pofées; fi c'éroit par la raifon ou par limagination. Ain, l'épigenèfe a fait fortune , parce qu’on n’a pas remarqué que le feul défaut de rapport ou de proportion entre les agents mécaniques & la formation fuccellive d’une fibre , d'un mufele , d'un cœur ou d’un cerveau , eft une difficulté qui a quelque chofe de mille fois plus révoltant que l’hypothèfe de l’évo- lution, puiique l’exiftence des êtres fur lefquels elle a lieu par entus-fuf- ception , ne peut choquer qu’à caufe de leur petitefle, & que cette petitefle ne pouvant être que relative , ne peut tourmenter que l'imagination , tan- dis qu’au contraire la formation journalière & proprement dite d’un or- gane, par la fimple }uxta-po/irion de fes paies, paroît à la raifon une pure fuppofñcion, qui ne dir'& qui n'explique rien, qui fait former un organe , un cerveau , un animal, un homme , comme une ftalactite, par la fimple addition extérieure de parties à d’autres parties. Combien de Lecteurs , SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS, 129 Lecteurs , quand il a été queftion de choifir entre l’épigenëfe & l’évolution, ont été ainfi dupés par leur imagination ! La plupart fe font laiflés aveu- gler au-point de ne pas fentir la force invincible des conclulions qu'on : pouvoit tirer à cet égard des découvertes du grand Haller (11. Que les réflexions qu'on pourroit faire fur cet abus de l'imagination dans l'étude de l'Hiftoire Naturelle, fe préfenrent facilement ! Que celui qui fe char- geroit d'en faire le trifte & afligeant détail, féroit utile aux progrès d’une Science dans laquelle l'imagination eft capable de produiré tant d'erreurs! OBS E RNA FT L'ON SUR LES ROCHES DE GRANIT D'HUELGOUET EN BASSE-BRETAGNE; Par MMONNET , Infpeéteur des Mines. Ex Bretagne, qui eft un pays formé prefque entièrement de granit , de fchifte. graniteux, de grès de montagne, de fchifte talqueux & d’ardoife, offre en plufieurs lieux des variérés fingulières de ces diverfes matières; & parmi. les roches de granit, il n’en eft fûrement, pas dans toute la Bre- tagne qui mérite plus d'attention que les roches de granit d'Huelgouer. Huelgouet eft-un petit Bourg, éloigné d’une demi lieue de la mine de ce nom, où fe trouve l'étang donc les eaux font agir les machines hy- drauliques de cette mine. . Tout le terrein fur lequekfe trouve pofé ce Bourg, qui eft fort élevé, eu égard:aux autres parties de terreins qui l’environnent , eft formé des plus grandes & des plus.belles mafles de granit gris que l’on puifle voir. On peut les confidérer comme autant de cryftaux particuliers, ainfi que nous l'avons dit en plufeurs occafions , & notamment dans la feconde partie de la Minéralogie de la France, qui doit bientôt paroïtre, où l'on verraune partie des montagnes des Vas. ainfi: que celles de la Breta- gne, formées de pareilles. roches dans leur hauteur , tandis que leur bas left par un rocher continu , fufceptible de fe divifer en feuillers, A Huel- gouet, comme dans les Vofoes , on voit ces énormes mafles de granit, comme entaflées! les unes. fur les autres: & former des grouppes que {r) Dans fon étonnant Ouvrage fur la Formation du cœur dans le poulet. Tome XXI, Part, 1,1784. FÉVRIER. R 130 OBSERFATIONS SUR L'AVPHYSIQUE, les yeux du Naturalifte ne fe -laffent pas d'admirer, Comme il n’y a entre ces roches que de la rerre, ou des parties de ces mêmes granits, l’eau qui S'yinfinue ; emportant ces parties , leur fait perdre leur point d'appui, & occafionne ces éboulements .& communs daps ces fortes dé montagnes, qui, dépouillant ces roches entièrement nues, les font paroître. fous un afpect effrayant, roulées & accumulées léstunes fur les autres, fouvenc: fans autré appui qu'une feule de; ces roches, qui étant rouléela première, a-rerenu celles qui font venues enfuite. À cet égard , la montagne d'Huel- gouet peut paroître encore fort extraordinaire: on y trouve plufieurs de ces grouppes accidentels, de diverfes grandeurs & de diverfes formes; mais on y voit aufli de ces roches grouppées, qui paroiflent être dans leur.état naturel, On peut les diftinguer des grouppes accidentels, en ce que les roches ont de plus grands points d'appui, & en ce qu'elles n’ont pas les angles caflés ou arrondis. Parmi ceux de [a première efpèce, on en voit un fort remarquable, & à moitié à-peu près de la hauteur de cette mon- tagne. On l'appelle le gouffre ; parce que le ruifleau s’engouffre en deflous,, & ne reparoïît qu'après quelques toifes au-delà. Je ne me laflai pas d'en admirer la fingulièré architeéture” On y voit des roches , qui ne portent fur d'autres que par un feul de leursangles, & femblent fe détacher à tous moments. On lui atrouvéà-peu-près 45 pieds de hauteur , en le mefu- ranc du plus bas du ruiffeau, La grandeur de ces roches met point uni- forme, non plus que leurs formes & figures : on en voit qui font des carrés longs, d’autres qui font des efpèces d'octogones; celles-ci font en deflous, & patoiflènt couchées les unes fur les autres. Celles de ces ro- ches que j'ai pu‘mefurer , m'ont donné 30 pieds de lonoueur, &6-à 7° d’épaiffeur, A côté de ce grouppe , on en voit un autre; mais celui-ci m’a paru être dans fon état naturel, Prefque toutes les roches en font couchées à plat, & n’ont pas moins de 34 pieds de longueur ou de largeur, & 7 d'épaif- feur. Un autre de ces monticules , quiet le plus haut de cette montagne, étroit terminé vèrs fa pointe par la plus grande & la plus vafte roche qu'on ait ? jamais vuc; elle m’avoit pas moins de; 30 pieds de hauteur , & plus du‘ double de largeur. Comme elle étoit dans fon état naturel, elle étoit affez réculière, & reflembloitaffez à un octaèdre doublé dans fa bafe, & dont les faces font plus grandes ou plus petites les unes que les’ autres. Certe énorme maffe , du plus ferme granit, & qui étoit remarquée par tous ceux qui montoient à Huelgouet, fut un fujet d’amufemerit pour Mon- feigneur le Duc de Chartres, lorfqw'il vint viliter les mines de Baffe- : Bretagne en 1778. M: Baloffe , Ingénieur de la mine d'Huelgouer, l'ayant minée aflez profondément fur une de fes faces, la fit fauter en éclats avec un fracas horrible. Les fragments de cette roche, que j'ai vu jettés çà & là, peuvent pafler encore pour de très-grandes rochés, SUR L'HIST.-NATURELLE ET LES ARTS. 131 Maïs de toutes ces mafles de granit, il n’en eft poinc qui attire autant l'attention du Public, qu'uñe qui fe trouve parmi beaucoup d’autres à côté de l'étang de la mine , fur le penchant du terrein de la vallée. Cetteroche, appellée la roche branlante , parce qu’elle branle en effet, mefurée & cal- culée mathématiquement, eft de 21 pieds de longueur, 7 dehauteur, & 8 de largeur ; elle pèle deux cents dix-neuf. mille neuf cents douze livres, & a 1160° pieds Cubes de matière. En voyant cette énornie mafle , j'é- tois bien éloigné de croire que fa dénomination fût fondée: mais MM. Ba- loffe & Duchefne, Ingénieurs des mines, m’ayant accompagné dans cette courfe, me convainquirent facilement de cette vérité. Après avoir appuyé une canne contre cette roche, nous nous mîmes tous trois à la pouffer à plufeurs reprifes, comme fi nous avions dû la renverfer. Quelle fut ma furprife de voir énfuite la canne marquer le mouvement de cette roche, en allant en avant, & revenant en arrière; &..cela très-fenfible- ment! On concevra facilement qu’il n’y avoit pas d'autre moyen de remar- quer le mouvement de cette roche, fi on fait attention à la grandeur de fa mafle. Je fis tout ce que je pus enfüuite pour découvrir la caufe de la mo- bilité de cetre mafle, & je crus appercevoir que cela venoit de ce qu’ellene portoit que fur un feul point vers fon centre:, vraifemblablement fur l'angle aigu d'uné autré mafle de granir, qui eft enterrée de-tout le reftede fa-mafle . & que comme elle y porte à plat, & qu'il y a très-peu dé diftance entre la terre & fa face inférieure, cette maflé y touche dans fon mouvement par quelques autres. points ,.ce qui l’oblige à refter en place. - Quant à la nature de ce granit , on peut: obferver feulement quil eft de. l’efpèce, la plus commune, comnie tous ceux de la, Bre- tagne, Où je n'ai semarqué d'ailleurs aucune variété de cette pierre qui fût digne d'attention. Ce granic eft gris , à très-gros grains, &c très-ferrés les uns contre les autres; ,en forte qu'ileft fufceptible de prendre le poli, & cela d'autant mieux , qu'il eft formé prefque entièrement de quartz de couleurs différentes. Les parties micacées y font fondues entiè- nn & ne peuvent guère occafionner de lopacité & ‘du terne aw poli. gr ic 2lub ! ie] R ; 1 la Tome XXIV, Part, 1, 1784. FÉPRIER. R 2 132 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, D‘ ELS A ICRA PAM EMNOMN DUNE ESPÈCE PARTICULIÈRE DE SERPENT A MADAGA'S CAR: Par M BRUGNIÈRE, D. M., de la Société Royale des Sciences de Montpellier. Extrait d'une Lettre à M. BROUSSONET , D. M., Affocié ordinaire de la Société Royale de Londres , de celles d'Edimbourg, de Montpellier, & de l'Académie Royale de Médecirie de Madrid, Ce: reptile.eft connu fous le nom de! Langahar, das l'Ifle de Mada- galcar, où'il'eft dffez commun. J'énai eu trois individus; lun ‘avoit été :pris-däns l'Ifle Marofle ; :au fud de la grande-baie d’Antongil. 1Sa-longueur, de puis ‘le: bout: du'miufeau jufQhà l'extrémité de la queue , étoit de 32 pouces, & fon diamètre, dans la partie la plus grofle, étoic de 7 lignes ; la tête, depuis la bafe du crâne jufqu’au bout du mu- feau, avdir 41 lignes de longueur; lé crâne étoit recouvért depuis fa bafe jufqu'à 7 lignes aw-derrière -des-yeux de fept écailles : la centrale étoic la plus confidérable, Les yeux fe trouvoient placés ‘entre celle-ci & déux latérales ;au devant de cés trois, on obfervoit quatre écailles ‘blan- châtres, & rangées en demi-cercle. La mâchoire fupérieure ‘étoit termi- néerpar unerappendice longue de 9 lignes, tendineufe, flexible , & f- niflant en pointe, La mâchoire inférieure avoit $ lignes de longueur ; la gueule étoit armée de dents de même forme & en même nombre que celles de la vipère, Le corps éroit un peu grêle vers le col, à la longueur de 3 pouces; il confervoit enfüite fa grofleur jufqu'à $ pouces au devant de l'anus. Le dos étoit recouvert d'écailles rnomboïdales & de couleur de brique, marquées à leur bafe d’un cercle gris, orné d’un point jaune. Le ventre étoit muni de bandes .demi-circulaires (feuta) , qui com- mençoient à 13 lignes de l’angle de la mâchoire , & continuoient juf- qu'à 7 pouces avant l'extrémité de la queue. Ces parties étoient au nombre de cent quatre-vingt-quatre, dont quatre-vingt-dix avant, & quatre-vingt-quatorze après l'anus. Celles qui étoient avant l'anus, éroient plus grandes, à mefure qu'elles s'éloignoient de la tête; celles qui étoient SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 133 après, devenoient plus longues, à mefure qu’elles fe rapprochoient de la queue: elles formoient enfin autour du corps des anteaux parfaits, dont le nombre fe portoit jufqu’à quarante deux ; leur couleur fur l'a- nimal vivant approchoit de celle 4 plâtre, & elles étoienc très-lui- fantes : quelque temps après la mort, elles prenojient une teinte de gris- de-fer très-foncée, L’anus étoit placé entre quatre écailles, dont Ia poftérieure étroit la plus renflée ; les deux latérales éroient prefque orbiculaires, & de la grof- feur d’une lentille, La queue, proprement dite , commençoit après les anneaux; elle avoit $ pouces de long, & étoit entièremert recouverte de petits points écailleux arrondis, & abfolument femblables à ceux qui défendoient l’appendice tendineufe de la mâchoire fupérieure. On comptoit fur un autre individu , plus court de 2 pouces que ce- lui-ci, cent quatre-vingt fept demi-bandes écailleufes , avec quarante-trois anneaux parfaits, & cent quatre-vingt-deux demi-bandes, & quarante- un avneaux fur un troifième individu , plus long que le premier de dix- fept lignes. La couleur ne fournifloit point de caractère plus conftanc que celui du nombre des .demi-bandes ; un d'eux étoit lilas , avec des points de même couleur , mais plus foncés fur le dos. Les Habitants ont beaucoup d'averfion pour ce ferpent; ils ofent à peine le regarder : l'expérience leur a appris fans doute à le craindre. Il fait un genre particulier ; il fe rapproche cependant de celui que Linné a défigné fous le nom de crotalus. Voyez Planche IT, s TD Dé be es à On à DE M. MAUDUYT, Doëleur en Médecine, A M L'ABBé MONGEZ laine , Garde des Cabinets d'Hifloife Naturelle & d'Antiquités de l'Abbaye de Saïinte-Geneviéve, Monsreur, . Mon neveu étoi, il y a eu Mardi huit jours, à fa campagne, à feize liêues de Paris, en remontant la Seine. On l’avertic qu'il y avoit fur.le bord de la rivière , des cy gnes fauvages: il fe rendit à l'endroit où on les avoit apperçus ; il en compta cinq , deux blarcs & trois gris : ils étoient au milieu de la rivière, & fe laïfloient aller au courantde l’eau, Mon neveu 134 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, fe coucha àterre, pour ne pas effaroucher les cygnes; ils pafsèrent vis- à-vis de l’endroic où il s’étoit arrêté, en lui faifanc entendre un fon qui lui parut agréable , qu'il avoit diftingué de fort loin, & qu'il jugea com- pofé de trois notes , qui alloient en montant. Au moment où il fe leva, les cygnes prirent leur vol , en continuant leur chant, J'ai penfé que cette obfervation , fi analogue à celle que vous avez faire à Chantilly , pourroit vous être agréable: c'eft ce qui m'a déterminé à vous la communiquer. Mon neveu a trouvé le chant des cygnes doux & agréable, Si vous jugez à propos d'inférer fon obfervation dans Le Journal de Phyfique, vous en êtes pleinement maître, Je fuis , &c. ES PERCÉE NRGEnS Sur les Pefanteurs fpécifiques, & l’attraétion des diverfes Subftances falines ; Par M. RicxArp KIRWAN. «€ A due = = Lu à la Société Royale de Londres , le 16 Novembre 1780 ; traduit par M. MARCHArS fils 1 ES travaux de M. Bergmann , & dernièrement encore les recherches de M. Wentzel ,ontfait faire les plus grands progrès à la do@trine des affinités chymiques : mais ces Savants , ainfi que les Chymiftes qui les ont -précédés , ne fe font occupés que de l'ordre de ces attractions. En effer, je n'en connois pas , fi ce n'eft M. de Morveau de Dijon, qui ait penté à dé. terminer les divers degrés de force de cette attraction chymique, par la- quelle un corps agit fur les autres corps , ou même, dans différentes cir- conftances , fur un autre corps de fon efpèce. IL a cependant démontré fi fupérieurement les avantages qui pouvoient réfulrer d'une pareille recher- che, que j'y ai porté toute mon attention, & que j'en ai fait l’objet de tous mes travaux. Je fuis en effet parvenu à pouvoir déterminer, avec aflez d’exatticude, les proportions des parties conftituantes des {els neutres, la pefanteur fpécifique des acides minéraux dans leur état de pureté , & dé: SUR DHIST. NATURELLE ETLES ARTS, 135 barraflés, de toure eau. Les principes fur lefquels je me fuis fondé, font: 1°. Que la pefanteur fpécifique des carps eft, comme leur poids , divifée par celui d'une égale quantité d’eau de pluie ou d'eau diftillée. Voilà l'échelle: dont on fe fert à.préfent pour.comparer tous les corps. 2°. Que fi les corps fpécifiquement plus légers que l’eau font pefés dars l'air & dans l’eau , la pertedans l’eau étant fouftraite du poids qui a été trouvé dans l'air, eft abfolument égale à une pareille quantité d’eau ; par conféquent leur pefanteur fpécifique eft égale à leur poids dans l'air (ou à leur poids abfolu) , divifé par la perte de leur poids dans l’eau, : 3°. Que fi un folide fpécifiquement plus léger qu'un liquide eft d’abord pefé dans l'air, & enfuite dans ce liquide ; le poids qu'il perd eft égal à un pareil volume de ce liquide: en conféquence , fi on l’a pelé d’abord dans l'air, enfüuite dans l'eau, & après dans quelqu’autre liquide , la pefanteur fpécifique de ce dernier liquide fera la perte que le folide y aura éprouvée, divifée par celle que ce même folide a éprouvée dans l’eau. Je trouve cette méthode pour déterminer: la pefanteur fpécifique d’un liquide, bien pré- férable à l’aréomètre , où l’on compare le poids de quantités égales d’un !. liquide &: d’eau; ce qui eft fujet à une infinité d’erreurs. 4°. Que lorfqu’on connoît déjà la pefanteur fpécifique d’un corps , on peut trouver aufli le poids d’une égale quantité d’eau, puifqu'elle eft comme le quotient de leur poids réel , divifé par leur pefanteur fpécifique. Je nommerai ceci la perte du poids dans l’eau. - Conféquemment , lorfqu'on connoît la pefanteurfpécifique des parties conftituantes d'un compolé , on. peut aifément en calculer la pefanteur fpécifique, puifqu'elle doit être moyenne entre celle du plus Jourd & du plus léger des corps entrants dansle compofé, fuivant leurs différentes proportions, J’appellerai ceci pefanteur fpécifique-mathématique : mais dans le‘fait, la pefanteur fécihale d'un compofé eft, par l'expérience , quelquefois pareille à celle que fournitile;calcul ; mais fouvent elle eftaufi plus grande , fans qu'on ait diminué dela partie conftituante la plus lé- gère. Cette augmentatiom de denfité peut venir d'une union plus étroite des parties compofantés , qu'elles n’en avoient féparément avec leurs pro-. pres parties intégrantes ; & cette union plus intime doit être le produit de Vattraétion de ces parties entr'elles: aufi d’abord avois-je cru que cette attraction pouvoit être déterminée par l'augmentation de denfité ou de pefanteur fpécifique , & lui éroit proportionnée ; mais j'ai été bientôt dé- ttompé. Jedois aufi prévenir que le poids abfolu de beaucoup de fortes de gaz a jété dérerminé avec grand foin par M. Fontana; que j'étois pré- fent à fes expériences ; & que Le thermomètre étant à 55; Le baromètre À 29 pouces & demi, ou très près , il a trouvé Les poids fuivants: Un pouce cubique d'air commun k sise 0,385 grains. Gaz crayeux, : é ; - FU BE 0,570 136 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, F Gaz marin, : : d H à à O,6$4grains. Gaz nitreux, : : . . : . 0,399 Gaz vitriolique. . : ; : : : 0,778 Gaz alkalin È 3 3 ; i 5 O,2 Gaz inflammable. 5 è L a 0,03$ D: l'Efprit de Sel. Dès Le temps que je lus, pour la première fois, les expériences du Doc- teur Prieftley fur l'air ( fource inépuifable de découvertes futures), je con- çus,' par le changement de l'acide marin en forme de gaz, & libre de toute eau, ainfi que par la réunion dé ce gaz à l'eau, ce qui reforme une liqueur acide en tout femblable à de l'efprit de! fel ordinaire; je con- çus, dis-je , la poflibilité de découvrir la quantité exacte d'acide contenu dans de lefprit de fel, dont la pefanteur fpécifique feroit donnée, & par ce moyen , celle de toute autre liqueur acide, Si un poids donné d'alkali fixe pur eft faturé d'abord par une certaine quantité d'efprit de fel , & en- fuite par une quantité déterminée d’un autre acide , j'ai donc droit de con- clure que ces liqueurs contenoient autant d'acide l’une que l'autre. Ceci connu, le refte fera la partie aqueufe qui doit aufli être comptée. Mais ce Fa portant en entier fur la fuppolition qu'une quantité donnée d’al- ali fixe n’en demande qu'une même de tous les ie pour être faturée, il tombe de lui-même, sil fe trouve qu'il faille une quantité moindre d'un acide que d’un autre, pour faturer le même poids. d’aikali fixe. Cetre difficulté peut être en quelque façon levée, en pefantile fel neutre formé par ces acides, quand il fera rout-à-faic fec. Mais il nous refte encore une fource d'erreurs ; car s’il el expofé à une chaleur confidérable , partie de l'acide néceffairement fe volatilife ; & chaque acide fuivant fa volatilité propre : mais fi la chaleur n’eft pas forte , il refte plus d’eau dans la cryf- tallifation. L'égalité du poids peut donc être l'effr de celle des acides ; . mais elle peut provenir aufli de ce qu'il yaura moins d’acide &. plus d’eau, comme l'inverfe peut exifter. Les poids font-ils inégaux? on ne peut pas conclure plus sürement. Voici ce que j'aiimaginé pour obvier à cette difficulté, J'ai fuppofé d'abord que la quantité d'acide vitriolique & nitreux néceffaire pour faturer un poidsdonné d’alkali fixe, étoit exactementla même que celle qu’il falloit d'acide marin. Pour prouver la vérité de cette fuppof- tion, j'ai obfervé la pefanteur fpécifique de l'huile de vitriol & de l'efprit de nitre dont je faifois ufage, & dans lefquels, au moyen de l’alkali fixe, j'ai déterminé une nroportion commune d'acide & d’eau, Jy ai alors ajouté plus d'acide & d'eau, & j'ai calculé que leur pefanteur fpé- cifique feroit en fus de la fuppoñiion. dont j'érois parti, En effet, jai nu le réfulcat pareil à mon hypothèfe , d’où j'ai conclu qu’elle éroit £xacte, ° Paflons SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 137 Paflons à mes expériences fur l'acide mario. J'ai pris deux bouteilles , que j'ai emplies avec foin jufqu’au goulot d'eau diftillée ; elles en conte- noïent en tout 1399,9 gr. Je les ai introduites fous deux cloches pleines de gaz marin retiré du fel commun parle moyen de l'huile de vitriol aidée de la chaleur , & avec l'appareil de mercure, J'ai renouvellé ce procédé jufqu'à ce que l'eau em fût chargée. En huit jours, elle avoit pris 794 pouces cubiques de gaz marin. Le thermomètre ne s’éroit point pendant ce temps élevé au-deflus de $5 , ni defcendu, à moins peut- être que ce ne fût dans la nuit au-deflous de 50 ; le baromètre avoit toujours été entre 29 & 30 pouces, Cette eau, ou plutôt cet efprit de fel, p:fa alors 1920 gr. , c’eft-à-dire , 20,1 gr. plus qu'auparavant. La quantité de gaz marin abforbé montoit donc à $20,1 gr. Jexaminai la pefanteur fpécifique de cet acide, & la trouvai 1,225 gr. ; fa perte de poids dans l’eau, c’eft ä-dire , le poids d’une pareille quantité d’eau très- près de 1567,346gr.; mais il contenoit feulement , comme nous avons VU ; 1399,9 gr. : c'eft pourquoi, en les fouftrayant des 1567,346 , le reflte, quiet 167,446 , doit être la perte éprouvée par les 20,1 gr. de gaz marin; conféquemment la pefanteur fpécifique de l'air marin pur, dans un pareil degré de condenfation que celui où il eft, quandil eft uni 520,1 “ 167;44 fité de cet efprit de {el ne provienne pas en entier de celle du gaz marin , mais en partie de l'attraction que cet acide a avec l’eau. Quoique la lon- gueur du temps qu'il demande pour y être abforbé, me fafle juger que l'attraétion ne foit pas confidérable , l'expérience fuivante en convaincra encore mieux. J'aiexpolé 1440 gr. de cet efprie de fel pendant cinq jours à de nou- veau gaz marin; le thermomètre étoit à $O deorés, ou au-deffous: il pefa , au bout de ce temps, 1562 gr. C’étoir donc 122 dont il étoit augmenté, Sa pefanteur fpécifique étoit alors de 1,253, ce qui eft ab[o- Jument conforme au calcul, N. B.Il eût été trop ennuyeux de répéter toutes mes expériences ; mais je les ai recommencées en différents temps, avant d'aflurer avec précifion la quantité de gaz marin abforbé, En effet, lorfque le gaz des bouteilles fe trouvoit tout abforbé, il étoit très-difficile d'empêcher qu'un peu de mer- cure ny tombât. Ajoutons que j'étois obligé d'emplir de gaz mes clo- ches toutes les fiuits, de peur que s'il n’en reftoit qu’une petite quan- tiré, il neût été diffous avant le matin, & que le mercure ne tombät dans les bouteilles, Il a pu fe faire aufli quelque mélange d'air commun , fans pouvoir l'éviter , en empliffant la cloche de gaz marin, comme le verront ceux qui répéteront mes expériences. Tome XXIV, Part. l, 1784. FÉVRIER. s à l’eau, doit être — 3,100. On peut encore douter que la den- 6 P q 138 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, Ce Acide à Pefanreur marin. : fpécifique. 5° 1,497 60 1,431 70 | 2,381 80 | 1,341 90 1,308 100 1,282 110 | 1,259 120 1,240 130 | 1,229 140 1,209 150 1,196 160 1,185 170 1,17$ 180 1,166 190 | 1,158 200 LEE 210 f 1,144 220 1,138 48,7 { 230 | 1,132 240 | 1,127 250 | 1,122 260 | 1,118 270 | 1,114 280 | 1,110 150 1,106 ue 300 | 1,103 \ 310 | 1,100 92 1,097 330 1,091 340 À 1,089 350 | 1,086 360 | 1,084 370 | 1,082 380 | 1,080 390 | 1,078 400 1,076 | 410 | 1,074 Ma curiofité une fois fatisfaite, puifque j'a vois découvert la proportion d'acide & d’eau contenue dans lefprit de fel, je fus impatient de pouvoir la déterminer dans les autres acides, Pour cela , je pris 180 gr. d'huile de tartre per deliquium tès-concentrée. Je n'ai pas pu re- ‘trouver la note de fa pelanteur fpécifique. J'em- ployai, pour les faturer, 180 gr. d'efprit de fel, dont la pefanteur fpécifique eft 1,225. A préfent, par le calcul , nous trouvons donc que 180 gr. de cet efprit contiennent 48,7 d’a- cide , & 131,3 d'eau; & de-là je fuis parti pour drefler cette table. La pefanteur fpécifique de Pefprit de fel le plus fort , fait par la méthode ordinaire, et, fuivant M. Baumé , 1,187; & fuivanc M. Berg- mann,, 1,19 : mais dans les Mémoires de l’A- cadémie des Sciences pour l’année 1700, page 191, M: Homberg düttilla de l'efprit de fel, dont la pefanteur fpécifique étoit 1,200. Celui fait parle Doéteur Prieftley (vid. vol. IT, pag. 275) doit avoir été à peu-près 1,500. Concluons-en que l'efprit de fel, dont la pefanteur fpécifique eft 1,261 .ou moindre, n'a que, peu ou point d’attraétion avec l’eau, n'at- tire rien de l’air, & ne peut produire de cha- leur capable de faire monter un thermomètre dont on y plonge la boule , comme le font l'efprit de vitriol & celui de nitre, ainfi que la obfervé depuis peu l'Académie de Berlin. Cette table n’eft point de la dernière exacti- tude , parce‘que , dans mes premières expé- riences , je n'avois pas trouvé aufli exactement le point de faruration que je l'ai fait par la fuire, Je ne l'ai pourtant pas recorrigée , parce que l'erreur eft petite, & que le calcul peut en toutremps faire trouver la proportion, pourvu que la pefanteur fpécifique de l’ef- prir de fel n'excède pas 1,253. Je nai pas examiné fi la pefanteur fpéci- fique-mathématique diffère dans un plus haut degré de la pefanteur fpéci- fique ; mais la table eft faite dans la fuppofñition qu'elles font fem- blables. L’efprit de fel ordinaire eft toujours mêlé avec de l'acide vitriolique, & il n'eft pas propre pour nos épreuves, Voulant déterminer, par l'ex- SURL'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. ‘139 périence , quelle étoit la proportion d'acide, d'eau & d’alkali fixe dans le fel marin , je pris 100 gr. d’alkali paffablement pur , que j’avois calciné à blancheur trois fois. La pefanteur fpécifique de cette folution étroit 1,097. J'étendis aufli de l’efpric de fel dans différentes portions d’eau; la pefan- teur fpécifique de l’une étoit 1,115, & de l'autre 1,098. Il fallut 27 or. d’efprit de {el pour faturer la folution d’alkali végétal , en employant la portion dont la pefanteur fpécifique éroit 1,093, & 23,35 gr. de celle dont la pefanteur fpécifique étoit 1,15$: donc nous favons , par le calcul , que 27 gr. d'efprit de fel, dont la pelanteur fpé- cifique eft 1,098 , contiennent 3,55 gr. d'agide marin ; & comme le prin- cipe de ce calcul , par lequel.on trouve la proportion des fubftances en- tant dans la compofition des corps , n'eft pas très-connu, je vais rappor- ter les propres mots de M. Cotes: « On demande la pefanreur fpécifiqutlu mêlange de deux corps... » donc la différence. de pefanteur fpécifique du mélange, felon le corps » le plus léger , eft à la différence de la pefanteur fpécifique , felon le » corps-le plus lourd, comme la quantité du plus lourd eft à celle du plus » léger: alors la quantité du plus lourd, multipliée par fa pefanteur » fpécifique , eft à la quantité du plus léger , multipliée par fa pefanteur » fpécifique, comme le poids du plus lourd au poids du plus léger. ...; » donc la fomme de ces poids eft au poids donné de l’autre corps , comme » le poids donné à celui qu'on cherche ». Dans ce cas'1,098— 1009 — ,098, quantité du corps le plus léger ; c’eft-à-dire, l’acide marin, &,098 x 3,100 — 3038, poids de l'acide marin; d'autre côté, ,*3,100— 1,098 —2,002 quantité de l’eau, & 2,002 X 1000 = 2,007 fon poids, La fomme de ces poids eft 2,3058: donc fi 2,3058 d’efprit de fel contiennent 0,3038 d'acide, 27 gr. def prit de fel en contiendront 3,55. De forte que 23,35 gr. d’efprit de fel , dont la pefanteur fpécifique étoit 1,11$, contiennent 3,55 d'acide. ‘ Le point de faturation avoit été cherché avec le plus grand foin , en mettant le vafe de verre qui contenoit la foiution aikaline fur le baflin d’une balance très-fenfible , & en pefant d'autre côté la liqueur acide dans une paire de balances pareilles, Quand la perte de poids indiquoit le dégage- ment d'une quantité prefque égale de l'air fixe contenu dans la folution alkaline, on ajoutoit alors de lacide peu-à-peu. Pour y parvenir, j’em- ployois une baguette de verre, au bout de laquelle il n’adhéroit qu’une petite goutte d'acide; je m'en fervois encore à remuer la folution , & à en pofer une goutte fur un morceau de papier teint en bleu avec du jus de rave. Aufli-tôt que le papier commençoit à rougir , car ie laiflois toujours un petit excès d’acide pour lequel dans le calcul j'ai paflé un demi-grain, l'opération étoit finie. Je n’ai pas tenu dans mescalculscompte de Pair fixe qui refte toujours dans la folution: mais comme j'ai ufé une petite quan- Tome XXIF, Part. I, 1784. FÉVRIER. GE Frot Ü _ 140 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, tité de cette folution alkaline , la proportion d’air fixe doit avoir été trés peu confidérable. Si j'eufle employé une once de cette folution , certe quantité inappréciable de gaz eût fuffi pour caufer une erreur fenfble ; car j'ai déterminé la quantité qui s’en eft perdue, par la différence entre le poids que les 100 gr. ont acquis, & le poids actuel du compofé. La différence montoit À 2,2 gr. J'ai donc jugé que la totalité de l'air fixe, chaflé & trouvé, devoit être celle-ci. 100 gr. de cette folution alkaline, évaporés à ficciré à une chaleur de 300°, laifsèrent un réfidu qui pefoit 10= gr. , lefquels contenoient 2,2 d'air fixe, comme on va le voir. Si 8,3 gr. d’alkali fixe végétal pur, ne contenant ni eau, ni air fixe, où 10,6 d’alkali fxe non cauftique, font faturés par 3,55 de gaz marin pur ; par conféquent le felneutre produit peferoir, s’ilne contenoit pas d'eau, 11,85 gr.; mais ce fel, la folution évaporée à ficciré parfaite par une cha leur de r6o°, pendant quatre tures, pefoit 12,66 ; l'acide & l’alkali ne devant pefer que 11,85 , le refte, celt-à-dire 0,81, eft l’eau: donc 100 gr. de fel commun, parfaitement fec, contiennent 28 gr. d’acide, 6,55 d'eau , 65,4 d’alkali fixe. J'étois curieux de comparer mes expériences avec celles que les autres Savants avoient pu faire; mais je n’en ai point trouvé qui euffentla préci- fion que je demandois , fi ce n’eft celles de M. Homberg( Mém. de Acad. , 1699). Néanmoins je ne penfe pas non plus que lefprit de fel dont il s’eft fervi , les rende propres À entrer en comparaifon , puifqu'il rapporte qu'il diflolvoit l'or, ce qui prouve qu'il étoit impur. De l'Efprit de Nitre. L'efprit de nitre ordinaire rouge, brun ou verdâtre, contenant, outre lacide & l'eau, une portion de phlogiftique, & étant mêlé d’acide ma: tin, neft pas propre à mes épreuves : c’elt pourquoi je l’ai employé dé- phlogiftiqué, 11 eft cout-àsfait fans couleur, & reflemble à de l’eau pure, Cet acide pur ne peut être réduit fous forme de gaz, comme l’a démon- tré le Docteur Prieftley. En effet, une fois privé d'eau & de phlogiftique, & fuifamment fourni de feu élémentaire, il cefle d’être acide, & de- vient air déphlogiftiqué. Ne pouvant donc déterminer dans l’efprit de nitre la quantité d'acide contenue, de même que je lavois fait pour celui du fel marin, j'employai une autre méthode. 1°. À 1963,25 gr. de cet efprit de nitre, dont la pefanteur fpécifique étoit 1,419, j'ajoutai peu à-peu 179,5 gr. d'eau diftillée : je trouvai, après le refroidiflement, que la pefanteur fpécifique de ce mélange étoie 1,389. 2°. À 194,5 gr. , j'ajoutai encore 178,75 gr. d'eau, & la pefanteur fpécifique fe trouva 1,362. Je pris alors 100 gr. d'une folution d’alkali fixe végétal, donc la SUR L'HIST., NATURELLE ET LES ARTS, 14r pefanteur fpécifique étoit 1.097, le même dont j'avois ufé dans les expé- riences fur l'efprit de fel. 11 gr. d'efprit de nitre, dont la pefanteur fpé- cifique éroit 1,419 , faturèrent cout cet alkali; 12 gr. d’un autre efprit de nitre oùelle étoit, 1,389; & 1 3,08 d'un troilième où elle étoit, 1,362, furent néceflaires pour cette faruration. Les quantités que je rapporte, font le terme moyen de cinq expériences. J'ai trouvé néceflaire d'étendre l'efprit de nitre dans une petite quantité d'eau dont j'ai fait note, J'ai toujours laiffé dix minutes après chaque inftanr de mélange, pour qu'il fe fit bien, & cetre précaution eft abfolument réceffaire. Par conféquent, dans la fuppofition que le même poids, de quel- qu'acide que ce foit, peut faturer une quantité donnée d’alkali fixe , nous trouverons que 11 gr. d'efprit de nitre, dont la pefanteur fpécifique eft 1,419, contiennent la même quantité d'acide que 27 gr. d’efprit de fel, dont la pefanteur fpécifique eft 1,098, c'eft-à-dire, 3,55 gr.: le refte des 11 gr. eft donc de l’eau pure, pefant 7,45 gr. ; conféquemmenr, fi la denfité de l'acide & de l'eau n’avoit pas été augmentée par leur union, la pefanteur fpécifique de l'acide nitreux pur feroit 11,872 ; car la pes fanteur (écibqué de cet acide feroit , comme fon poids abfolu , divifé par fa perte de poids dans l’eau, & cette perte feroit comme La perte totale 11 de ces 11 gr.,moins la partie aqueufe, À préfent, la perte totale — NE ] = 7,140, & celle de la partie aqueufe== 7,45 ; par conféquent, celle de l'acide 7,749 — 7,745 —0,299 : donc la pefanteur fpécifique de la partie acide, c’eft-à-dire, de l'acide nitreux pur, eft " —= 11,8729,. 2 Mais il eft bien connu que la denfité des acides nitreux & vitrio- lique s’augmente par leur union avec l’eau: donc la perte que nous ve- nons de donner n’eft pas la totalité de la perte réelle que l'acide éprouve- roit dans fon état de pureté, s'il étoit pollible de fe le procurer, mais feulement celle produite par la denfité qui provient de fon union avec l'eau, En effet, puifque fa denfité eft augmentée par cette union, la perte eft moindre que fi l'acide nitreux ne jouifloit que de la fienne propre. La pefanteur fpécifique que nous avons donnée, eft donc plus forte que la pe- fanteur fpécifique réelle, ! Il faut donc trouver cette augmentation de denfité pour avoir la pefan- teur fpécifique de cet acide dans fon état naturel , & la fouftraire de celle de l'efprit de nitre , dont alors nous aurons la pefanteur fpécifique - ma- thématique. J’ai cherché à y parvenir , par le mélange de diverfes portions d’efprit de nitre & d'eau , & en remarquant la diminution de leur volume, comparé à celui des efpaces que chacun d'eux occupoit féparément ; mais je n'ai jamais pu obtenir un degré fufifant de précifion , & je trouve la méthode fuivante plus fatisfaifante. 12 gr. d'efprit de nitre, dont la pefanteur fpécifique étoit 1,389, con- 142 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, tenoient, comme nous l’avons conclu dans notre première expérience, 3,55 gr. d'acide , & 8,45 d’eau: donc li la pefanteur fpécifique de l'a- cide nitreux pur étoit 11,872, celle de ce compofé, l’acide & l'eau, feroit 1,371; car la perte de 3,55 gr. d'acide feroit 0,299; & celle de 12 8,749 je l'ai déjà di, la pefanteur fpécifique trouvée étant 1,389 , la denfité dans ce cas eft donc augmentée au moins de ,018 , différence entre 1,389 & 1,371. Je dis au moins, parce que la pefanteur fpécifique 11,872 eft certainement portée trop haut, & la perte de 3,55 gr. d'acide eft aufh trop petite. Si elle étoic plus forte, la pefanteur fpécifique - mathématique 1,371 feroit encore moindre. Néanmoins ,018 eft une très-grande ap- proximation du degré de denfité que les 3,55 gr. d’acide acquièrent par Jeur union avec les 7,45 gr. d’eau, La fuite nous fera voir que nous ne fommes pas loin de la vérité. Ainf, fouftrayant cette quantité de 1,419, nous avons d'une manière très-prochaine la pefanteur fpécifique de cette proportion d'acide & d’eau; favoir 1,401. Mais puifque 11 gr. de cet efprit de nitre contiennent 3,55 gr. d'acide & 7,4ÿ d’eau, fa perte devoit être 119: l'eau , 8,45 ; la fomme de ces pertes, 8,749 = 1,371 : mais comme — 7,855. Souftrayant la perte de la partie aqueufe, le refte 0,405 1,401 eft donc la perte des 3,$$ gr. d’acide : donc la véritable pefanteur de l'acide nitreux pur eft = — 8,76 54. Ceci pofé, la pefanteur fpécifique- mathématique & la véritable augmentation de denfité de tous ces mélanges fera trouvée, La pefanteur fpécifique - mathématique de 12 gr. d’efprit de nitre, qui, par l'expérience , auront donné de pefanteur fpécifique 1,389, doit être 1,355 , en fuppofant que ces 12 gr. contiennent 3,f5 d'a: cide ,& 8,45 d’eau; car la perte de ces 3,5 $ gr, d’acide eft n—0,4055 celle de l'eau, 8,455; & leur total, 8,855 : alors = 15555 8 l'ac- 2°99 craiffement de denfité eft 1,389— 1,3 55 — 34. On trouvera, par le même calcul , que la pefanteur fpécifique - mathématique de 13,08 gr. de cet efprit de nitre, dont l'expérience aura donné la pefanteur fpécifique à 1,362 , doit être 1,315, & conféquemment l'accroiffement de den- fité ,047. Tout ce que nous venons de voir , portant fur la fuppofñtion que cha- cune de ces portions d’efprit de nitre contienne 3,55 gr. d'acide ; pour la vérifier, je n'avois pas de meilleure méthode que d'examiner la pefan- teur fpécifique - mathématique du premier mêlange que j'avois fait en quan- tité confidérable d’efprit de nitre & d’eau, En effet, fi elle étoit abfolu- ment la même que celle fuppoféedans les portions que j'avois employées, j'avois Le droit de conclure que Les proportions d'acide & d’eau , dérermi- = ‘ SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 143 nées dans chacune, étoient parfaitement juftes, & c'eft ce que vont prouver les calculs fuivants: 1°, J'ajourai à 1963,25 gr. d'efprit de nitre , dont la pefanteur fpé- cifique étroit 1,419 gr. 179,5 gr. d'eau. D’après l'hypothèfe ci-deflus , la quantité d'acide devoit être 634,53 gr.; Car = 11.3,55::1963,25, 634,53 , & celle de l'eau contenue dans Les 1963,2$ d'efprit de nitre 1328,72. Ajoutant enfuite 179,5 gr. d'eau ,* la totalité de l'acide & de 634,53 8,7654 leurs pertes 1 580,46: donc la pefanteur fpécifique - ahématique devroic être ee 1,355, ce quieft exactement la quantité d'acide contenue o dans 12 grains d’efprit de nitre, que nousavions en effet fuppofé en con- tenir 3,53 gr. 2°, J'ajoutai 178,75 gr. d’eau à 1084,5 gr. de ce premier mélange. Cet efprit de nitre ainfi étendu, pefoit 2103,2$ gr. La quantité d'acide dans 1984,ç gr. étoit 587,081 gr.; Car = 12.3,5$ ::1084,5.587 O81, La perte de cette quantité d'acide eft C6,96 gr., & la fomme totale des pertes de l'acide & de l’eau 164:,129 gr. ; conféquemment, la pefan- teur fpecifique - mathémathique id — 131$, qui eft la quantité déterminée dans 13,08 gr. du même mélange. En continuant ainfi ces mélanges , jufqu'à ce que j'aie pu faire coïnci- der les pefanteurs fpécifiques- mathématiques , & celles données par l’ex- périence , je me fuis trouvé en état de drefler la Table fuivante. Je prie de m’excufer,, fi l’on y trouve quelques erreurs ; il eft impoflible de les évi- ter, quand il faut déterminer les poids avec une extrème précifion, C'eft par l’analogie que j'ai formé les deux premières colonnes. l'eau fera 2142,75. La perte de l'acide "71,24, & la fomme de Pefanteur | Pefanteur : Atrra&tion | Atraétion EE l'Acide, y, (Augmentation) Léifoue [ipéciique de lAcide|de l'Eau & ne 027 14,16 10,6 5051 1,286 15337 504$ 5018 15,23 11,68 3054 1,260 1,3 14 ,054 3009 16,305 12,75$ 5054 1,238 1,292 ,054 009 17,38 13,83 ,0S1 1,220 1,271 18,455 14,9 047 1,205 1,252 19,53 15,98 044 1,191 1,235 | 20,605 17,05$ 5042 1,180 1,222 | : | 21,68 118,13 ,040 1,177 | 1,217 144 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, Fa E Pefanteur Pefanceur | Auradion | Attration Ps Acide. | Eau RNB ROR fpécifique | fpécifique |del’Acide& de l'Eau & * [mathématiq.|felonl’expér.| del'Eau. | de l'Acide, £' | gr. Ter ñ* VTT PT 22,755 19,205 5038 1,160 1,198 23,83 20,28 >036 1,152 1,188 14,90$ (21,45 »933 1,144 1,177 26,17 | 3,55 |22,62 030 1,132 1,162 frs 2379 3027 1,130 1,157 28,51 24,96 3926 1,124 1,150 29,68 26,1% ,024 1,114 1,138 F j 30,85 | 27 30 2022 1,113 1,135 32,02 28,47 5020 1,109 1,129 33,09 29,54 ,018 1,102 1,120 34:26 30,71 5016 1,101 1,117 35,43 31,88 5014 1,097 AT 36,60 33:05 5012 1,094 1,106 37:77 34,22 ,210 1,090 1,100 38,94 35:39 ,008 1,088 1,096 40,11 36,56 3206 1,085 1,091 41,28 37:73 5054 1.082 1,086 42,45 38,90 ,002 1,080 1,082 On peut trouver la pefanteur fpécifique intermédiaire, en prenantune moyenne arithmétique entre la pefanteur fpécifique donnée par lexpé- rience entre laquelle celle cherchée doit fe trouver; & marquant de com- bien elle excède ou elle eft au-deffous de ‘cette moyenne arithmétique, alors on prend aufli une moyenne arithmétique entre la pefanteur fpécifi- que - mathématique entre laquelle celle demandée doit être, & l'excédant ou le manque proportionnel, J'ai ajouté une colonne de l’attra@ion de l'acide nitreux & de l’eau auf loin qu'elle marche avec l'augmentation de denfité; mais je n’ai pas pañlé outre, parce que j'ignorois quelles loix cet accroiflement fuivoit en= fuite, M. Baumé donne 1,500 pour la pefanteur fpécifique de l'efprit de nitre le plus fort, & M. Bergmann 1,566. J'ai cherché à déterminer, par la même méthode que j’avois employée pour le fel marin, les proportions d’eau, d’acide & d’alkali fixe contenues dans le nitre. 100 grains de ce fel, parfaitement fec , contiennent 28,48 d'acide, ÿ,2 d’eau, & 66,32 d’alkali fixe. Comparons à préfent le réful- tat de ces expériences avec celles de M. Homberg. La pefanteur fpécifique de l’efprit de nitre qu’employa ce Savant, étoit 1,349 , & il dit qu'il lui en fallut 1 once 2 dragmes & 36 gr., ( 621 poids de sroy), pour faturer 1 once ( 472, $ troy de fel de tartre fec. Suivant moi, 613 gr. auroient dû fuffire; car la pefanteur fpé- cifique réelle eft entre 1,362 donné par l'expérience & 1,337, & forme prefque Lé - SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 114$ prefque une moyenne arithmétique entre ces deux nombres, La pefanteur fpécifique - mathématique correfpondante doir être entre ceux-ci 1,315, & 1,286 , par conféquent approcher de 18800. RFA RPINon d'acide & 1765 d’eau doit être 2,629 d'acide, &7,465 d'eauscar— 1,390 &8,76$4 300 == 7 46$ eau=— 2,629 d'acide; la fomme des deux eft 10,044. Puilque 10,5 gr. d’alkali fixe non cauf tique emploient 3,55 d'acide pour leur faturation, 472,5 gr. en em- ploieront 159,7. C'eft pourquoi , fi 10,044 gr. de nitre contiennent 2,629 gr. d'acide, la quantité d’efprit de nitre pour former le nombre 1$9,7 fera donc bien près de 613,2. Ainf, il fe trouve que nos expérien- ces diffèrent feulement de 8 gr. 2°. M. Homberg dit qu'il trouva que fon fel , évaporé à ficcité, pe- foic 186 gr. de plus. Mais, d’après mes obfervations , il ne devroit avoir acquis que 92,8 gr. En traitant du tartre vitriolé , je parlerai des caufes de cette augmentation ; car je ne puis l'attribuer en entier à la différence de l'évaporation. 3°. Ce Savant penfe que 1 once (c’eft-à-dire, 472,5 gr., poids de troy} de cer efprit, contiennent 141 gr. (poids detroy)d’acide. Par mon cakcul; il ne doit s'y en trouver que 123,08. Cette différence provient clairement de ce qu'il a négligé la ras d'eau qui entre dans la compolition du nitre, & qu'il calcule ainfi = 621.186,6::472,5.141. Une expérience très-curieufe de M. Fontana (Journal de Phyfique de MM. Rozier & Mongez, ann. 1778) , confirme la vérité de la quantité d’alkali que je viens d'avancer exifter dans le nitre. Cet ingénieux Savanc décompofa 2 onces de ce fel , en le diftillant pendant dix-huit heures à un feu très-vif. La diftillation finie, on trouva dans la cornue une fubftance . purement alkaline, qui pefoit 10 dr. françoife, & 12 gr. 2 onces fran- çoile — 944 gr. ( poids de troy. ), la parti: alkaline pèfe 607 gr.; & , con- formément à mon calcul, 944 gr. de nitre en contiennent 625$ d’alkali. On peut donc attribuer une aufh petite différence , foit à la perte qu'on éprouve en tranfvafant les liqueurs , foit à la grande exaditude des poids , aux filtrations , aux évaporations, &c. . M. Lavoifier (Mém. de l'Acad., ann, 1776 } nous a donné, d’après le Docteur Prieftley, l’analyfe de l'acide nitreux. . Dans 2 onces, poids de France (—94$ poids detroy. ) d’efpritdenitre, dont la pefanteur fpécique étoit 1,3160 , il fit diffoudre 2 & 1 dr, de mercure. [l obtint, pendant la diffolution, 191 pouces cubiques de gaz (—= 202,55 anglois); ce gaz étoit entièrement nitreux. Il refta un {el mercuriel #blanc , qui, à la diftillation , donna 12 pouces cubiques (= 12,785 anglois) d'un fluide mêlé de vapeurs rouges , & qui ne différa que peu de l'air commun, Il fe produifit 224 pouces cubiques — 238,56 anglois )de gaz déphlooiftiqué pendant le développement Tome XXIV, Part. I, 1784. FEVRIER. s} | 146 . OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, duquel le mercure fe revivifia en entier, & il ne fe trouva que quelques grains d’un fublimé jaune: Les 12 pouces d'air, mélé de vapeurs rouges, font , dit ce Savant , le produit du mélange de 36 pouces cubiques de gaz nitreux (— 38,34 anglois) , & de 14 de gaz déphlogiftiqué $ (= 14,91 anglois); & parce que rour le mercure selt revi- vifé, il conclut que ces gaz font le produit de lacide nitreux, & le conftituenr, 11 fappute delà que 16 onces d’efprit denitre (= 7560 gr. poids de troy. ) contiennent 13 onc. 7 dr. 36 gr.+, c’eft àä-dire, (6589 gr. poids de troy.) d’eau , & feulement 971 gr. poids de troy. d'acide réel. Ainfi, 2 onces de cet efprit de nitre ne contiennent donc que1 20 gr. poids de troy. cet acide. Cependant nous devrions, à moncalcul , en trouver 213 ; car la pefanteur fpécifique - mathématique eft 1,265. Nous retrouverons en- core Je même poids d’acide, fi nous calculons celui du volume des diffé- rents gaz que M. Lavoifier penfe conftituer cette différente fubftance , où qu'elle fournit du moins dans fa décompofition. M. Fontana a trouvé que 202,5 $ pouces cubiques d’air nitreux pefoient 80,8174 er. poids de troy., & 238,56 pouces de gaz déphlogiftiqué 100,1952 gr. poids de troy; &addi- tionnant avec ces poids ceux de l'air nitreux & déphlooiftiqué, c’eft-à-dire, 38,34, & 14,91, qui forment les 12 pouces cubiques d'air mêlé de va- peurs rouges, nous aurons 202,181 gr. poids total de ces gaz. La diffé- rence qu'il y a jufqu’à 213 gr. peut fe donner pour la perte totale cau- fée par l’abforption que produitl'eau dans laquelle on reçoit ces gaz, & à ce qui a pu refter combiné dans le fublimé jaune. * De l'Huile de Vüriol. Celle que j'ai employée n’éroit pas parfaitement déplogiftiquée : on voyoit aifément quelle tournoit au rouge, quoiqu'il füc très - pâle; elle contenoit en outre des matières blanchâtres , que j'apperçus , par la couleur laiteufe qu’elle prit en la mêlant avec de l’eau diftillée crès-pure. Je n'ai point cherché à éclaircir jufqu'à quel point elle pouvoit altérer les expériences fuivantes; mais comme je lai cru au moins aufli pure. que celle dont on fe fert dans toutes les expériences, je l'ai jugée affez propre à mon objet. J'ajoutai graduellement 180 gr. d'eau diftillée à 2519,7$ gr. de cette huile de vitriol, dont la pefanteur fpécifique étoit 1,819 : fix heures après, elle n’éroit plus que 1,771. J'y reverfai encore 198,75 gr. d’eau, & le tout refroidi au même degré de l’atmofphère.; fa pefanteur fpéci- fique étoit 1,710: c'eft alors qu'elle fe trouva blanchâtre. A Je procédai enfuite à la faturation d’une pareille quantité de fel de tartre que dans les expériences précédentes. Je fuivis la même marche; & en prenant la moyenne que m'ont donnée cinq expériences, j'ai vu SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 147 qu'elle s’opéroit très-bien avec 6,5 de’certe-huile , dont la pefanteur fpécifique éroit 1,819 ; 6,96 de celle pefant 1,7715& 7,41 de celle qui pefoit 1,719. Je fus obligé qe ces diverfes fractions dans de l'eau; car , fans cette. précaution ; la partie de cet acide qui étroit phlogiltiquée, fe difipoit avec l'air fixe: mais fachant la quantité d’eau que j'ajoutois, il me fut aifé, par une fimple règle de proportion, de trouver la quan- tité d'acide vitriolique qui neutralifoit le fel de tartre. J'ai donc fuppofé que chacune de ces fractions d'huile de vitriol con- tenoit 3,55 d'acide, puifqu’elles avoient faruré autant d'alkali fixe vévétal que les onze grains d’efprit de nitre où nous avions trouvé cette quantité d'acide. Alors j'ai voulu tenter de déterminer la pefanteur fpécifique de l'acide vitriolique pur, ainfi que je l'avois fait pour 'celui de nitre, parce qu’on ne peut le réduire fous forme de gaz r priver en même temps de tout fon phlogiftique ; qui altère co ablement fes propriétés. La PR Re 6,5 LR. &E perte de 6,5 de l'huile de vitriol, pefant 1,819, eft ra an ice mais ‘comme ces 6,$ gr. ,outre 3,55 d'acide, contiennent encore 2,95 d’eau, cetre perte doit étre fouftraite de la perte totale ; le refte eft 0,622 , pzrte réelle de l'acide pur dans l'état de denfité dans lequel il fe trouve réduit par k 355 0,622 trouver fa pefanteur fpécifique naturelle, nous devons chercher quelle eft l'augmentation de denlité qu'il reçoit de fon union avec l'eau, Pour y parvenir, j'ai. fuivi la même méthode employée pour l'acide nitreux. 6,96 d'huile de vitriol, dont la pefanteur fpécifique eft 1,771, contiennent 3,55 d'acide & 341 d'eau: donc celle que donne le 3:55 N»707 celle des 3,41 gr. d'eau 3,41 ; 8 la fomme totale de routes ces pertes 6, fon union avec l'eau, & fa pefanteur fpécifique = 5,707. Maispour caicul devroit être 1,726 , car la perte de 3,55 d'acide eft 0,622; 4,032 : donc —17,261. Ainfñ , l'augmentation de denfité eft 4,932 1,771 — 1,726 —04$. Déduifant ceci de 1,819, fa pefanteur (pécifique- mathématique fera 1,774: donc la perte de 6,5 gr. d'huile de vi- wiol , dont l'expérience donne la pefanteur fpécifique 1,819 , fe trouvera être = 3,664 Otant 2,95 pour l'eau , le refte 0,714 (1) eft la perte SAZAE ) TT ——_—— 29 —_——— (1) On a fait les calculs fuivants, d’après la fuppofition que la perte étoit o 715 3 la aifiérence étant trés-petite , ils n’ont pas été recommencés. Tome XXIV, Part, I, 17984. FÉVRIER. 1 2 148 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, de l'acide pur. Ainf, TE — 4,9646 eft , à peu de chofe près, la véritable 2 pefanteur fpécifique de l'acide vitriolique. Nous avons donc trouvé la vraie augmentation de denfité réfulrante de l’union dexcet acide & de l’eau dans les mêlanges ci-deflus; & vu que, pour l’huile de vitriol, dont la pefanteur fpécifique étoit 1,771, elle étoit ,0,84, & dans celle qui pe- foit 1,719,0,100. Pour obtenir une preuve fynthétique de toutes ces fouftraétions, je les ai comparées avec la pefanteur fpécifique des premiers mêlanges que j’a- vois faits;car fi elles étoient juftes, je devois retrouver la même pefanteur fpécifique que celle donnée par l’expérisnce , en additionnant enfemble la pefanteur fpécifique - mathématique , & l’accroiffement de denfité, & j'ai trouvé qu'en effet j'en approchois. Dans la première expérience, où 2519,75 gr. d'huile de vitriol, dont la pefanteur fpécifique étoitr,819, furent mêlés avec 180 gr. d’eau, j'am@is déterminé par le calcul, qu’en outre de ces 180 gr. d'eau, cette HR ac vitriol contenoit 1376,171 gr. d’a- cide, & 1143,597 d'eau, La perte de l’acide étoit SET » la totalité de l'huile 2699,75 gr. : donc la fomme de leurs pertes 2699,75 1600,81 — 1686, qui s'ajoute à l'augmentation de denfité 0,84. La pefanteur {pécifique donnée par l'expérience devroit donc être 1,770, & c’elt ici de moins d'une mil. lième partie que les 2700 ne font pas entièrement juftes. Dans le mélange dont la pefanteur fpécifique éroit 1,719, la fomme des pertes 1779,549, & le poids en tout 2878,4, la pefanteur fpécifique- 2778,400 : / dr? 1,617; ajoutant O,100, celle donnée 1779,549 ar l'expérience devoit fe trouver 1,717, ce qui approche du fait. J'ai formé la table fuivante , en continuant ces mêlanges jufqu’à ce que mes deux pefanteurs fe foient rapprochées, Les proportions qui n'y fonc pas contenues fe trouveront, en employant notre méthode. C'eft par l'a- nalogie que j'ai formé les deux premières colonnes, = 277,22 ; 1600,81. Ain, la pefanteur fpécifique - mathématique 2 . CEE mathématique devoit Être SUR L’'HIST. NATURELLE ET LES ARTS, 149 Huile & à Pefanteur : Aurattion | Auradiont efprit del Acide. Eau. tr RRET fpécifique- AMEN de lAcide &clde l'Eau & Vicriol. F mathématiq: P * | de l'Eau. | de l’Acide. £gr- gr. ‘ 5,53 1,03 5900 2,032 2,032 ,00$ 0,140 6,04 2:49 >00$ 1,884 | 1,889 >C4$ | , 0,149 6,5 2,95 >045$ 1,74, | 1,819 084 0,139 6,56 3541 ,084 1,687 1,771 0,100 0,137 7,41 3,86 0,100 1,619 1,719 0,112 0,129 7:87 4,32 O,112 1,563 1,675 0,122 0,122 8,33 4,78 0,122 1,515 1,637 0,129 0,112 8,79 5,24 0,29 1,476 1,605 0,137 0,100 9525 5:70 0137 1,441 1,578 | 0,139 084 9,71 6,16 9,139 1,412 1,551 0,149 >04$ 10,17 6,6: 0,140 1,385 1,525 0,140 005 10,63 7,08 0,139 1,363 1,502 11,09 7,54 9.132 1,343 1,475 11,5$ 8,00 0,127 1,328 1,452 12,07 8,46 0,120 1,308 1,418 12,47 8,92 0,113 1,294 1,407 12,93 | 9,38 0,106 1,280 1,386 13 39 9,84 0,100 1,268 1,368 13,85 10,30 0,094 125704333542 14,31 10,76 0,088 1,247 1,335 14,77 11,22 083 1,237 1,320 1523 11,68 :078 1,228 1,306 15,69 11,14 >074 1,220 | 1,294 16,15 | 3,$$ | 12,60 3070 1,212 | 1,282 16,61 13,06 ,066 1,205 1,271 17:07 1352 ,062 1,199 1,261 17 53 13,98 3059 | :I,197 1,250 17,99 14,44 >056 1,187 | 1,243 18,45 14,90 053 1,181 1,234 18,97 15,36 050 1,176 1,226 19:37 15,82 5047 1,167 1,214 19,83 16,28 3044 1,166 |-1,210 20,29 16,74 >043 1,162 1,103 20,75 17,20 038 1,158 1,196 21,21 17,66 035 1,154 1,189 21,67 18,12 032 1,150 1,182 22,13 18,58 5029 1,146 1,17$ 22,59 19,04 ,026 1,145 13869 23,05 19,50 3023 1,140 1,163 23,51 19,96 3020 1,137 1,157 23,97 20,42 018 1,134 1,152 24,43 20,88 3016 1,131 1,147 24,89 21,34 5014 1,128 1,142 253 21,30 5012 1,125 1,137 25,81 22,26 ,010 1,123 1,133 26,2 22,72 |» 008 1,120 1,128 \ 26,73 23,18 ,006 1,118 | 1,124 27,19 23,64 3004 1,116 1,120 | 27,65 | Ï 24,10 | ,002 1,114 1,116 150 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, MM. Baumé & Bergmann fixent la pefanteur fpécifique de l'huile de vitriol dans Le plus grand degré de concentration à 2,125. J'ai reconnu , par la méthode que j'ai employée pour le fel marin & le hitre, la quantité d'acide, d'eau & d’alkali fixe contenue dans le tartre vitriolé, Le réfaltarmoyen de la faturation de notre même huile de tartre, avec des fractions d'huile de vicriol à divers degrés d: denfité , eft 12,45 gr. Sur ce poids, il n’y avoit que 11,85 d'acide & d'alkali; le refte eft l’eau , c’elt-à-dire, 0,06 de grains; par conféquent, 100 gr. de tartre vitriolé contiennent 28,51 or. d'acide, 4,82 d'eau, & 66,67 d’alkali fixe végétal. En defféchiant ce fel, j'ai employé une chaleur de 240°, afin de chaffer l'acide adhérent plus exactement, & je l'ai tenu à cette chaleur un .quart-d’heure, Suivant M. Homberg, 1once.françoife (ou 472, $ gr. poids de troy) defel de tartre fec demande, pour fa faturation, 297,5 gr. de vitriol, dont la pefanteur fpécifique eft 1,674. Dans mon calcul, certe même quantité d’alkali fixe en demanderoir 325 gr. Mais cette différence , vu celle de nos méthodes pour connoître la pefanteur fpécifique , & celle qui fe trouve en outre dans l'exficcatios de nos alkalis la réduifent à peu de chofe, La méthode de M. Homberg , de mefurerles liqueurs pour connoître leur pe: fanteur fpécifique, donne moins que la mienne. Le felqu'ilobtint , pefa 182 gr. (poids de troy.) de plus que le premier poids de l’alkali fixe. Par mes expériences , il n’auroit dû fe trouver que 87,7 d'augmentation ; car — 10,5.12,45 ::472.560,2. Il eft difficile de con- cevoir comment ce Savant a trouvé dans le nitre &le tartre vitriolé un excès de poids aufli confidérable ; à moins qu'il n’entende par poids pri- mitif du {el de tartre celui de la partie alkaline pure privée de fon air fixe; on feroic tenté de croire qu'il a fait cette diftinétion, En effet, dans ce cas, l'excès de poids approcheroïit beancoup de celui qu'il a déterminé: car <— 10,5.8,3::472,$.373.3. Son poids total de nitre étoir 560,2, comme nous l'avons vu ; donc $60,2— 373 = 116,9, ce qui né s'éloigne que de 4 grains. Ji conclut que 1 once 472,$ gr. (poids de troy.) de cette huile de vitriol en contiennent 291,7 d'acide; mon calcul m'en donneroit 213,3 3 mais il faut confidérer qu’il ne tient aucun compte de l’eau qui eft dans le tartre vitriolé, & qu'il iggagine que roure l'augmentation provient de l’a- cide uni à l’alkali fixe. La partie aqueufe eft dans 569 gr. de taitre vi- triolé , 37 gr. Les divers degrés d’exficcation peuvent aifément former le furplus de Ja différence, De l'Acidé acèteux, ‘ Je n'ai point fait d'expériences direétes fur cet acide ; mais j'ai trouvé, en foumettant aux calculs celles de M. Homberg + quelle étoit fa pefanteur fpécifique, lorfqu’il eft pur , c’eft-à dire, dépouillé d'eau, &elle doit être 2,130. Vraifemblablement fon affinité avec l'eau n’eft pas affez force pour SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 151 caufer une augmeñtation irrégulière dans fa denfité, Mais au moins, comme on pourroit l'exprimer avec trois décimales , il s’enfuit que la proportion d'acide & d’eau peut toujours fe calculer en- partant de fa pefanteur fpécifique & du poids abfclu. 100 parties de tartre folié ou tartre acé- teux (nom beaucoup meilleur) en contiennent , quand ce fel -eft bien fec; 32 d’alkali fixe , 19 d'acide, & 49 d’eau. La pefanteur fpécifique du vinaigre le plus concentré , eft 1,069. Avec les acides végétaux, on rencontre le p e de faturation plus dificilement qu'avec les acides minéraux. Ces s ontun mucilage qui empêéch: leur union immédiate avec les alRalis ; Ce qui communément en fait employer ube trop grande quantité pour faturer l'acide. On doit les faire chauffer un peu, & donner un temps fuffant pour qu'ils s'unif- fenc à l’alkali. On peut conclure de toutes les expériences que l’on a rapportées ci-deflus: 1°. Que Falkali fxe végétal fe neutralife avec une égale quantité des trois acides minéraux , & probablement de tous les acides purs. Nous avons vu que 8,3 gr, d'alkali fixe végétal pur , c’eft-à-dire, privé d’air fixe , emploient 3,55 de chacun des acides à leur faturation : donc 100 parties d’alkali fixe cauftique en demandent 42,4 d’acide , pour être neutralifées. M. Bergmann a trouvé que 100 parties de cette efpèce d’al- kali en employoient 47 d'acidé aërien: mais outre que nos calculs dif- fèrent de très-peu, il eft poflible que fon alkali eût retenu un peu d’eau. 11 fembleroit donc que ce fel ait une certaine poñfibilité fixe pour s'unir aux acides , ceft-à-dire, à un poids donné d'acide , & qu'elle foit égale & conitante pour le même poids donné d'un acide quelconque pur. Ce poids eft à-peu-près les 2,35 de celui de l'alkali fixe. 2°, Que les trois acides minéraux, & vraifemblablement tous ceux qui feront purs, ont befoin ; pour être neuttalifés , de 2,253 , leur poids d’alkali fxe pur. 3°. Que la denfité qu'acquièrent les fubftances compofées par l'union de leuts parties compofantes, paflant la raifon mathématique , s'accroît depuis le minimum , lorfque l’une des fubftanceseft en proportion très- inférieure à l’autre, jufqu'au maximum , quand elles diffèrent moins. Mais cette attraction, au contraire de la fubftance qui eft en moindre quargité avec. celle qui fe trouve en plus grande, eft à on maximum , quand la den- fité acquife eft à fon minimum, l'inverfe n'a pas lieu. On peut donc croire que Le point de faturation eft le z7aximum de denfité, & eft le minimum de l'attraction fenfible de l'une des fubftances. Il eft donc vrai que toute dé- compofition opérée par un troifième corps , quia plus d’affinité avec un de:ceux qui forment le compofé, qu'avec l'autre , & qu'ils n’en ont eux- mêmes entr'eux , ne peut néanmoins être complete , fi le minimum de l’affinité de ce troifième corps n’eft plus fort que le maximum de lafhinité des fubftances qui étoient déjà unies. 152 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, Mais, fans Le fecours des doubles afhnités , il y a peu de décompofitions complettes. Il n’y a point de Chymifte qui n’ait obfervé l’extrème adhé- rence des dernières portions d'une fubftance que l’on veut féparer, au corps auquel elle étoit précédemment unie. Les.acides, par exemple , ontune plus grande affinité avec le phlogiftique , que n’en ont avec lui les terres des métaux; jamais cependant elles ne peuvent être entièrement déphlo- giftiquées par les acides. L'air atmofphérique, & fur. tout Le gaz déphlo- giftiqué , attirent le iftique bien plus vivement que ne le fait l'acide nitreux. Le gaz dé iqué ne peut cependant priver totalement l'acide nitreux de fon phlogiftique; cela-eft évident , par la couleur rouge de l’acide nitreux, quand on fait le mêlange des gaz nitreux & déphlogif- tiqué. ; Le mercure précipité des acides, même par les alkalis , retient, ainfi que l’a démontré M, Bayen , une portion de fon diflolvant, Il en eft de même de la terre de l’alun , quand on la précipite par cette méthode, & lon peut expliquer ainfi toutes les décompofitions incomplettes. J’ai des raifons particulières pour croire que le mercure a plus d'affinité avec les acides , que n’en ont les alkalis. 4°, Que les acides concentrés font en quelque forte phlogiftiqués, & s’évaporent par l'union aux alkalis. 5°: Que, connoiffant la quantité d’alkali fixe contenue dans de l'huile de tartre, nous pouvons connoître celle d’acide réel pur que renferme une autre fubftance acide qu'il eft difficile de décompofer , tels que l'acide fédatif, ou quelques autres du règne végétal ou animal. 3,55 d’acide fuff- fant toujours à la faturation de 10,5 gr. d'alkali fixe non çauftique, & en outre connoiffant la quantité qu’une liqueur acide a d'acide , il eft facile de trouver combien une diffolution d’alkali végétal renferme de ce fel pur. De La pefanteur fpécifique de l'Air fixe dans fon état de fixite. Cürieux de connoître la pefanteur fpéciñique de plufieurs fubftänces ue l’on obtient rarement privées d’air fixe, ou qu'il et au moins très. difficile d’en féparer pour quelque temps, je crus qu'il falloit d’abord que je connufle fa pefanteur Te eh particulière, pour pouvoir en faire la bafe de mes calculs. En effec, il eft clair que, dans l’état de fixité, fa denfité diffère extrèmement de celle qu'il a fous la forme de Auide élaftique. J'ai prisun morceau de marbre blanc de l’efpèce la plus pure; il pefoit 440,25 gr. Dans l’eau, la perte fe trouva de 162 gr. Sa pefanteur fpéci- fique étoit donc 2,7175. » Je mis 180 gr. de ce marbre réduit en poudre fine dansune fiole; & au moyen de l'acide vitriolique , aidé de la chaleur , j'en retirai l'air fixé, J'en obtins 105,28 pouces cubiques, le thermomètre étant à 65°, & Le baro- mètre SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 15} mètre entte 29 & 30 pouces, Cette quantité de gaz à $5°. de Farenhei, n'occupe que 102,4 pouces ; & à cette température, fuivant les expé- riences de M. Fontana, le baromètre marquant 29%; un pouce cubique! d'air fixe doit pefer 0,57 gr. Le poids total de cette quantité fe trouve donc être 58,368, c’elt à-dire, près du tiers du poids-du marbre. À ce compte, 100 gr. de marbre contiennent donc 32,42 d'air fixe. Il me reftoir à détetiminer la proportion d'eau &''de terre calcaire, ainfi que la pefanteur fpécifique de cette dernière. Je mis dans un-creufcer 3009,25 gr. du même marbre bien pulvérifé; je Le cotvris:le tout pefoit, avant la calcination, 8394 gr. ; & après avoir été tenu quatre heures au feu blanc , le tout peloit feulement 7067,5 or.: le creufer pefoic feul 538475 gr., & la chaux 1682,30 gr. La calcination avoit fait perdre au marbre 1326,9$ gr.: 10 grains perdroientdonc 44,08, dont feulement: 32,42 feroient de l'air fixe ; le refte , c'eft-à dire 11,66 gr. , eft le poids de! l'eau, La quantité de terre calcaire pure que donnent 100 gr. dé marbre, eft 55,92. Je m'occupai enfuite’à connoître la pefanteur fpécifique de a chaux, Je pris une boîte de cuivre, dont le fond étroit percé d'un petit trou’; elle pefoit 607,65 gr. Je la remplis , autant qu'il me fur poflible ; dé chaux en poudre; je viflai le couvercle, & la pelai dans Pair & l’eam Lorfque je l'y plorigeai , il s'échappa une quantité d’air commun très-confidérable ; j'attendis que ce dégagement für fini, & voici le réfultar de mes expériences. grains, Poids de Ja boîte dans l'air. an IE PET A OT Sa perte de poids dans l'eau. DIEM IMANTION 737$ Poids de la boîte & de la chaux dans l’air, . . 1043, & Poids de la chaux feule dans l'air, 3 435,85 Perte de poids de la boîte & de la cHaux dans PE 256,05 Perte de poids de La chaux feule. , RAR RADEMR 182, 3: Ainf, divifant le poids abfolu de la chaux par fa perte dans l’eau, on à, pour fa pefanteur fpécifique , 2,2908. Je déduis de ces données la pefanteur fpécifique de l'air fxe dans fa fixité. 100 gr. de marbre, renfermant $ 5,92 de terre calcaire, 32,42 d'air fixe ; & 11,66 d’eau ; & la pefanteur fpécifique de ce compofé étant 2,717, celle de l'air fixe dans fa fixité eft comme le poids abfolu divifé par fa perte dans l'eau, laquelle eft comme la perte de 100 gr.-de mar- bre, moins celle de la terre calcaire pure & de l'eau. 100 Perte de 100 gr. de marbre = T5 — 23:39. 11,66 Perte de11,66 gr. d’eau — : 35505 donc la perte de l'air fixe 36,8 — 35,0$ —1,75 ; conféquemment £a © Tome X XIV, Part. E, 1784. FÉVRIER. N. "4 154 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, Fe 2,42 DRE he pefanteur fpécifique eft PR 18,52: calcul d'où il fuit que c’eft fe - ? r plus lourd de tous les acides , ou même de tous les corps connus , excepté l'or & la platine, $ De l'Alkali fixe végétal, La manière dont j'ai fait les expériences fuivantes étant à-peu-près [a même que dans celles rapportées ci-deffus, à l'exception que, pour trou- ver la pefanteur fpécifique , je fubftituai l’éther à l’eau ; je me borneraï, pour éviter l’ennuyeufe répétition de tous les calculs, à donner les réful- tats ide mesexpériences, 1°, 100 gr. d'alkali contiennent 6,7 gr. d'une terre que M, Bergmann regade comme filiceufe ; elle pañle à cravers le filtre, quand l'alkali n'eft pas faturé d'air fixe, de forte qu’elle femble être tenue en diflolu-' tion, comme dans la liqueur des cailloux. 2°. J'ai trouvé que l'air fixe étoit , foir dans l'huile de tartre , foit dans l'alkali fixe végétal, très-fec, fous des proportions tout-à-faic différentes en divers temps , où même dans diver{:s parties du même fel. Le terme moyen m'a paru devoir être fixé à 21 gr. pour 100. On peut donc con- jecturer, d'une manière affez exacte, ce qu’une diffolution d'un pareil aikali en contient , en ajoutant un poids connu d’acide à un poids connu de cette diffolurion, & en :pefant alors le tout; car 21:100, comme le poids perdu eft à celui de l’alkali non cauftique d’une pareille diffolution, La pefanteur fpécifique d'un alkali parfaitement fec & calciné quatre fois , dépouillé de fa terre filiceufe , contenant 21 gr. par cent d'air fixe , ef 50527: Sa pefanteur fpécifique doit varier , quand il tient plus d'air fixe, à moins qu'il ne foit pas parfaitement fec, & j'aicalculé qu'elle étoit 4,234» quand il eft caultique & privé d'eau. | Les alkalis fixes font donc fpécifiquement plus lourds lors de feur union à l'air 6xe, que lorfqu'ils font unis aux acides vitriolique & ni treux. C’eft ce qu'il faut conclure du poids de l'air fixe dans fa fixité. Voilà pourquoi M. Watfon ( Tranf. Philof., ann. 1770, pag. 37 ) trouve que la pefanteur du fel de tartre, contenant fa terre filiceufe, eft 27 x, tandis que celle du tartre vitriolé & du nitre eft feulement 2,626 ; & pour le nitre, 1933: Ce qui fait que ce dernier fel eft 1 léger en com- paraifon du tartre vitriolé:, c'eft parce qu'il retient beaucoup plus d'eau, & que l'union de fes parties eft beaucoup moins intime, 3°. Enfin, j'ai dreflé une table des quantités d'alkali fxe végétal non cauftique que l’on peut trouver dans des folutions alkalines , foit na- turelles ou artificielles, le thermomètre marquant 63°. J’ai fuppofé que ce fel contenoit 6 pour cent de terre; car c’elt le degré de pureté où nous J'avons ordinairement: Quoique la Table fuivante ne foit pas exacte, puifquil y a 11 pour SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 1$$ ceñt d'erreur , je préfume néanmoins que la facilité avec laquelle on peut rétablir cette faute , la rendra encore utile, Gr. de Ja G Pefanteur Pelanceur folurion |Gr. d’alkali.|Gr. d’eau, AuSMentauon fpécifique- |fpécifique par alkaline. der denfire, fée [machématig. l'expérience. 64,92 35,67 »250 | 1,445 1,495 79,50 4435 049 1,393 1,446 76,28 50,03 048 1,356 1,404 81,96 55571 047 1,324 1,371 37,64 61,39 046 1,297 1,343 9332 675°7 >04$ 1,274 1,319 99,00 727 044 2,254 1,298 104,68 33:43 043 13237 1,280 110,36 84,11 5042 15222 1,26$ 115,98 8c,79 ,041I 1,209 4 14 1,250 121,66 95,4 »040 1,198, | 1,238 127,34 191,15 5039 1,187 1,226 133,02 105,83 038 1,178 1,216 138, 7 112,51 5037 1,170 1,207 M4, 3 118,19 5036 1,162 1,198 146,98 12:,87 2035 I5185 1,190 155,66 129,55 »034 1,149 1,183 161,34 13523 >033 1,143 1,176 167,02 26,25 140,91 ,032 | 1,138 1,170 172,70 | * 146,59 3031 ï, 132 Ë,163 178,38 152,27 030 1,128 1,158 184,06 157,95 »029 1,12} 1,152 189,74 163,63 5028 J,119 1,147 195,42 169,31 3027 1,11$ 1,142 201,10 174,99 026 1,113 1,138 206,78 180,67 025. s 108 1,133 211,46 186,3$ »024 T,10$ 1,129 218,14 192,03 5023 1,100 1,123 223,82 197,71 5022 1,099 1,121 229,50 203;39 5021 1,097 1,118 235,18 209,07 3920 1,094 1,114 240,86 214,75 5019 1,092 I,111 246,54 220,43 ,018 1,089 1, 107 252,12 226,11 5017 1,087 1,104 257,80 231,79 5016 1,085 I,10I 263,48 237,47 >01$ 1,083 1,098 269,16 243,15 014 1,081 1,09$ 274,78 248,83 013 1,079 1,092 280,46 254,51 5012 1,077 1,089 286,14 260,19 3OTI 1,076 1,087 291,82 265,87 5210 1,074 1,084 297,ç0 271,5$ ,009 1,070 1,079 303,18 277:23 008 1,069 1,077 308,86 282,97 3907 1,068 1,07$ 314,54 288,59, ,006 1,066 1,072 319,22 294,27 ,00$ 1, 06$ 1,070 324,90 300,45 3004 1,064 1,068 330,58 306,13 500% 1,063 1,066 336,26 - 311,81 5002 1,062 1,064 341,94 34749 3001 1,661 1,062 De ——— oo Tome XXI, Part, 1, 1784. FÉVRIER. V à 156 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, Les expériences du Docteur Lewis nous apprennent que les alkalis fixes impurs , tels que les potafles , les foudes, &c...., contiennent une plus grande quantité d'air fixe. Suivant M. Cavendish , elles en fourniffent 28,4,28,7 par cent. Ainf, dans des leflives de ces fels, égales en pefanteur fpécifique avec d’autres d'alkali plus pur, la matière faline fe trouvera probablément fous le rapport de 28,4 ou 28,7 à 2r, le furplus du poids étant l'air fixe. On pourra donc trouver dans la Table précédente la quan- tité de fel alkali purifié que ces leffives renferment. Ces fels , felon leur âge, varient auili beaucoup entr'eux , Les plus vieux contenant Le plus d'air fixe. S'EQO NID MÉMOIRE Sur les Expériences Aëroflatiques de MM.DE MoNTGOLFIER , CHARLES & RoBerT ,avec un Ejfai fur la manière de diriger les Machines Aëroftatiques ; préfenté a l'Académie Royale des Sciences le 2: Janvier 2784, Par M. le Comte DE Mr: Lx. Pr propofé , dans le Mémoire que j'ai lu le 6 Décembre 1783 , dans une des Séances particulières de l'Académie Royale des Sciences, le few des Jampions pour enlever les ballons aëroftatiques , comme le moyen le plus fimple, le plus sûr & le moins difpendieux ; j'ajouterat actuelle- ment ici, & le feul dont on puiffe fe fervir avec avantage pour les voyages aériens de long cours. À Les expériences qui ont.été faites depuis la leéture de mon Mémoire, chez Madame: la Comteffe de Sabran, fous la diredtion de M. Faujas, & par M, le Marquis de Bullion, dont il a rendu compte à l’Académie des Sciences le 17 Janvier, ont démontré la bonté & l'efficacité des moyens que j'ai propolés. On ne fauroit trop y revenir , pour épargner des recherches inutiles à ceux dont l’efprit laborieux & fécond ne peut fe contenter de ce ui eft fimple & raifé, & qui croient que le mérite d’une découverte eft en raifon de la difficulté & de la complication des moyens. Auf voit-on la plus grande partie de ceux qui s'occupent des ballons aëroltatiques , depuis leur découverte, chercher les moyens les plus com- pliqués de les enlever & de les diriger , tandis qu'il eft démontré à l'efprit 4 SUR L'HIST. NATURELLE ETLES ARTS. 157 jufte , que nous avons fous la main les moyens les plus fimples , les plus ailés & Les plus efficaces. Le plus difficile du problème a été réfolu par MM: de Montoolfer ; ils ont fait voir par expérience, à l'Europe éton- née, qu'on pouvoit élever dans les airs des poids ‘confidérables par un moyen facile. C’eft actuellement aux Phyficiens inftruits à perfe&tionner la découverte; fans s'écarrer que le moins qu'il fera poffible de la fimplicité de l'expérienée primitive , & de ne jamais perdre de vue, en phyfique. comme au moral!; le principe univerfel, qu'il n'y a de beau que le fimple, & de bon que lutile. 4 : « D'après cela, j'ofe prononcer affirmativement ; que tous les efforts de ceux qui cherchent, dans les différentes fubitahces aëriformes , les moyens d'enlever des ballons aëroftatiques pour l'utilité générale, feront abfo- lument inutiles ; car la cherté de tous ces 222, 14 difficulté de les ob- tenir, & fur-tout celle de réparer , dans le cours d'un voyage aërien , la déperdition qui fe fait inévitablement de la fubftance aëriforme renfermée dans le ballon , rendront toujours ce moyen impraticable. En fuppofarc qu'on! fe ferve- de l'air inflammable , & qu'on trouve même un procédé pour l'obténir à un prix vingt-cinq fois au-deffous du prix aQuel , comme un Chymifte célèbre de l'Académie de Dijon l'a annoncé dans le Journal de Paris du 7 Janvier 1784, cela ne ferviroic encore à rien pour l’objet que l'on fe propofe. 1°. Le ballon aëroftatique aura beau fe remplir à bon marché il faudra lentreténir dans le même état, pour pouvoir naviver & faire route; pour entretenir fans defcendre , il faudra avoir avec foi de air inflamimable-et provifion, ou en former dans le milieu des airs. Danse premier cas, où le mettra-t:on ? Dans le fecond cas , de quel appareil pourra:t-on fe fervir? 2°. Si l’on eft néceflité de defcendre , ce ne fera qu'en vuidant le ballon , & par conféquent en perdant l’air in- flammable qui le foutenoit, Il faudra donc, pour continuer le voyage , en former de nouveau; ce qui fuppofe un appareil & des provilions de ma- tières émbarraflantes, pour ne pas dire impofñlibles à porter avec foi : d’où je conclus que Les ballons aëroftatiques remplis avec des fubftances aëri- formés , ne peuvent être employés que pour des expériences particulières” de Phyfique , relatives à l'étac & à la nature de l'air atmofphérique , à l'éleétricité des nuages, &c, Maïs cette manière ne pourra jamais être pratiquée en grand pour l'utilité générale , c'eft:à-dire , pour le tranfport des hommes & des mar- chandifes', où pour entreprendre des’voyages de long cours, Il n’en eft pas de même de la raréfaction de l'air ordinaire par le feu ; la: puiffance igniforme peut ‘être augmentée à volonté , & entretenue dans le même deoré, fans peine & fans embarras quelconque. Des lanr- pions de routes formes & de toutes grarideurs rempliroieht parfaitement cer objet , comme je J'ai dit dans mon premier Mémoire, Les ‘expériences faites-depuis par M, Faujas & le Marquis de Bullion, ont prouvé la 158 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, vérité de ma théorie. La première a enlevé un ballon de 22 pieds de diamètre , avec de l'huile & trois mèches de papier plus groffes qu'il ne le falloit, puifqu’il partit avec une force fur laquelle on ne s’attendoit pas, qui xompit les cordes, & déchira le ballon. M; de Bullion a rendu compte à l’Académie , le 17 Janvier, de fes expériences aëroftatiques avec une lampe alimentée par de l’efprit-de-vin, qui routes ont eu un fuccès étonnant. Les avantages de cette méthode font fi frappants, que je ne répéterai pas ici ce que j'en ai dir dans mon Mémoire , qui a pour'titre: Obférvarions für Les Expériences de MM. de Montgolfer , Charles G& Robert (1). EH "ne s'agit plus actuellement que de. chercher les moyens d'aug- menter l'intenfité de la chaleur, & la. vivacité de la flamme ,-fans pro- duire de la fumée que le moins poflible; car c'eft de la chaleur feule ae doitobtenir les effets aëroftatiques les plus prodigieux (2). C'elt onc là le but que tous les Phyficiens aéroftatiques doivent fe propofer. Je vais ouvrir la carrière, en expofant le mien, $. 1°. Tout le monde connoiït la puiffance d’un air foufflé fur un corps enflammé, pour augmenter l’intenfité de la chaleur & la vivacité de la flamme. Celle d’une lampe, ou même d’une bougie ordinaire , animée par un chalumeau d'Emailleur , la rend capable de fondre & de calciner les métaux les moins fufibles. 6. Il. Le vent d'un foufflet, en pouffant l'air fur le charbon allumé , produit une chaleur , dont l'intenfité eft toujours en raifon compofée du volume d'air & de fa compreflion, $. IIL. Les fourneaux à vent, dont le courant d'air eft formé par la râréfaction de l'air fupérieur, donnent une chaleur confidérable, & dé- montrent allez la puiflance de l'air fur les corps enflammés , pour aug- menter l’activité du feu. $. IV. Je ne rechercherai point les caufes de ces effets connus des per- fonnes les moins inftruites, comme de celles qui le font davantage, & je ne difcuterai pas fi les effets d'un air foufflé fur les corps enflammés, font dûs à l'air inflammable ou à Pair déphlogiftiqué , qui, felon quel- ques Phyficiens , entrent comme parties conftituantes de l'air atmofphé- rique. Je me contenterai, Meflieurs , de rappeller ces effets à votre mé- moire, pour en faire l’application aux opérations aéroftatiques, qui de- mandent, comme je l'ai dit, du feu & beaucoup de chaleur avec le moins de fumée pollible, parce que la fumée refroidie pèfe beaucoup plus que l'air atmofphérique dans lequel elle nage tandis quelle eft chaude. : &. V. Si, dans la conftruction d’une lampe, on peut parvenir à faire (x) Voyez mon premier Mémoire, praagraphes 1, III & IX , Mercure de France, 24 Janvier 1784, & le Journal de Phyfique, Janvier 1784 , pag. 64. {2) Thidem. _SURL'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 159 pafler un courant d'air dans le milieu de la mèche, il doit néceffairement animer la Aamme, comme l’eff:t du chalumeau ; du foufflet & de Pair dans Les fourneaux à vent; ce qui, joint à l'air qui entoure extérieure- ment la mèche , & qui fe renouvelle fans cefle par la chaleur qui le raré- fie, doit augmenter l'intenfité du feu. En effer, ces deux aétions réunies du même agent ; produiront néceflairement une flamme fi vive-& fi ac- tive, que la chaleur fera très-grande, & confumera coutes les fuligino- lités; par conféquent il n’y aura aucune fumée. $: VI. Pour conftruire une lampe fur ces principes, il ne s'agit que d’avoir deux cylindres de même longueur, mais de diamètre différent, qui entreront l'un dans l’autre , en laiflant entr’eux un efpace proporticnné à l'effet qu’on veutiavoir. Ces deux cylindres fe: placeront verticalemenc & parallèlement entr'eux , & fe fouderont fur une, bafe commune, en laiffant le cylindre du milieu vuide ,8 percé d'un bout à l’autre: L'efpace entre les deux cylindres , quireftera aulli vuide , mais qui fera fermé par le bas & ouvert par le haut , fervira à recevoir l'huile pour l'aliment de La flamme, On formera une mèche avec de la toile de coron, qui entrera circulairement dans l'efpace entre les deux.cylindres. Cette mèche fe rou- lera fur un petit cercle defer-blanc ou de cuivre, lequel cercle fe pla- cera dans l’entre-deux des cylindres , que l'on remplira d'huile, Le‘rout dans cet état, fi l’on allume la mèche , le cylindre du milieu , qui eft vuide “& percé d’un boutàdl'autre, fervira de tuyau conduétèur à l'air ambiant, qui fera raréfié par la flamme de la mèche, Ainfi , cette Aamme fera ani- mée par l'air intérieur & par l’air extérieur, & le volume de flamme , ainfi que l’intenfité de la chaleur, augmenteront prodigieufement: c’eft ce que Pexpérience a juftifié, J'ai fair faire une lampe telle que je viens de la décrire , dont l'effet a paffé mes efpérances. L'idée de certe lampe nr'a été donnée par M, Faujas, qui m'a dit en avoirvu une femblable chez un Etran- gernommé M. Argant, qui a offert à M. le Lieutenant d: Police d’en éclairer la Ville de Paris, & qui, fur le refus qu'on lui fait, eft parti pour lAn- gleterre , en faifant un fecret de la ftructure de fa lampe (1). Je fongeois fur-le-champ à l'application qu’on pouvoit en faire aux bailons aërofta- tiques ; & pour être certain de fon effet, j'en ai fait conftruire une qui m'a confirmé dans ma première idée, $ , $.. VIT, On fent qu'on peut aifément , & fans inconvénient, conftruire ces fortes de lampes fur toutes fortes de proportions ; leur effet dépendra toujours de l’épaiffeur de leurs mèches , & de la quantité d'huile qu’elles (r) Certe ingénieufe lampe eft, comine je l’ai dit, de invention de M. Aroant, ha- bile Chymifte dé Genève. M. Fanjas, à qui M. Argant en avoit fait voir le méca- file , & de qui jé tiens ces détails, ne s'eft déterminé à me les communiquer, que dans l'intention de confetver le mérite de la découverte à fon Auteur, à qui des per= fonnes qui ont voulu Je copier tâchent de la difputer, 160 : OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, : confommeront , par conféquent du diamètre des cylindres, & fur-tout de l'efpace qu'ils laifféront entr'eux pour recevoir la mèche & l'huile qui fervira d'aliment à la Aamme. On pourroit de même les employer avec de Fefprit-de-vin', ce qui donneroit une chaleur bien plus aétive. Mais cette manière feroit trop difpendieule y & peut-être mème :dangereufei, tar tout/l'efprit-de-vin s'échaufferoir aifémencs il fe raréfsroit peut être -par l'èxcès de chaleur; & fortitoit cout enflammié par le hauc de là lampe(x). Je penfe donc que l'huile. feule fuffra pour l’ufage qu'on pourroirien faire pour enlevet les ballons aëroftatiques. | Une quantité de ces lampes cylindriques , proportionnées à la ,capacité du ballon qu'on voudroit employer, feroit placée dans une table ; dont -le diamètre: feroit moindre que celui du cylivdre de-toile qui termineroit de ballon, & fous lequel on fufpendroit la table «on feroit autant ide trous “à cette table, qu'il y auroit de lampes à placer; oniles fixeroit dans les trous par des collets de cuivrétou deifer foudés à la partie fupérieure des lampes, 8 l’on pourroit, par des petits tuyaux de cuivre ou de fer-blanc, conduire l'huile néceffaire à l'aliment de la Aamme, & larenouveller à mefure qu’elle fe confumeroir, Pous ces tuyaux partiroient d'un réfervoir commun; qui fe rempliroit lui-même parun tonneau ou des tonneaux placés autour :& à quelques lignes awdeflus: de la ligne de niveau , comme: dans, les lampes dont on fe fert dans les Laboratoires dé Chymie , pour échauffer les four neaux à lampes. Les tonneaux d’huile feroient placés en dehots du cy- lindre , loin du foyer de la chaleur, afin que l'huile ne s'échauffe pas. © Tout homme qui aura un peu de reétitude dans le jugement, con- cevra facilement la difficalté, pour ne pas dire la chimère de vouloir en= lever des ballons d’une grandeur démefurée, avec d’anili petirs moyens que ceux qu'on a employés jufqu'à préfent ; c’eft-à-dire, la paille & la laine, pour alimenter un feu qui ne peut agir dans l'opération dont il s'agit que par fa vivacité. Tous les Chymiltes favent très-bien , que de toutes Les fubftances qui peuvent fe brüler , les matières animales font les (1) J'ai fait des expériences ultérieures avec de l’efprit-de-vin, dont j'ai alimenté Ja lampe que j'ai décrite ci-deffus , qui ont parfaitement réulli fans -auçun des ineon- vénients que je redoutois mal-à-propos. L’efprit-de-vin brüle tranquillement, &\pré- fente un phénomène digne de l’attention des Phyficiens ; il fe forme deux cônes lu- wnineux très-diftinéts l’un de l’autre. Le premier, plus volumineux!;Meft produit: par/(là mèche circulaire , imbibée d’efprit-de-vin ; le fecond , beaucoup plus petit, eft ren- fermé dans l’intérieur du: premier, & a pour baf Pouverture-duæeylindre-,; qui fert de conduéteur à l'air qui pafle par le milieu de la mèche. Lorfqu'on bouche l'ouverture inférieure de ce tuyau, le petit cône lumineux s'éteint, & il ne refte que le grands Pintenfité de la flamme diminue, mais elle ne s’éteinn, pas. Ne pourroit-on pas con clure de ce phénomène, que le petit cône lumineux éft formé: par les parties_inflam- mables de Pair atmofphérique, qui s’allumenten paffant par la flamme de l’efprit-de- Ée FES 51 DB RSUAOE moins SURL'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 161 moins combuftibles ; excepté les graifles, & par conféquent , qu’elles ne peuvent pas convenir à alimenter la fanime. On prétend qu'on doit émployer de la laine, ou quelques matières ani- males ; pour neutralifer , par l’alkali volatil. qu’elles contiennent, l'air fixe qui fe dégage pendant l'uftion de la paille parce que l'air fixe éranc plus lourd'que l'air atmofphérique, il diminue d'autant la légèreté fpéci- fique de l’aéroftar. Mais je réponds à cette fpéculation ; 1°. que le feu, qui , dans l’expérience de Homberg ; volatilife l'or, peut encore avec plus de facilité changer la pefanteur de l'air fixe, & le rendre plus lé- ger que l'air ordinaire; 2°. qu'il fe dégage une fi petite quantité d'air fixe , relativement àlla mafle de l'air raréñié, qu'il ne vaut pas la peine d’y faire attention ;,3°:-que l'inconvénient des matières animales , relati- vement à la difficulté de brüler, n'eft pas balancé par le très-perit avantage de neutralifer une, très-petite quantité d'air fixe; 4°.en fuppofant que cette neutralifation eût lieu, illen réfulteroit un fel ammoniac, qui feroit en- core.plus lourd que- l'air atmofphérique, fi le feu ne chargeoit pas fa pefanteur fpécifique. Ainfi ; de quelque côté qu'on examine la méthode de brüler des matières animales, on n'y trouve aucun avantage qui puifle contrebalancer leur inconvénient. è Je: penfe que fi tout ce qui exifte dans l'Univers a des rapports & des proportions, les ballons doivent avoir lés leurs. Il faut, pour les opéra- tions aëroftatiques , que la puiflance igiforme puifle agir dans tout l'in- térieur du ballon avec la même force, afin que la dilatation & la raré- faction de l'air s'y faffent fur tous les points en même temps; fans quoi les parties de l'air, trop éloignées du foyer, fe condenferoient ; tandis que les autres s'échaufferoient, d’où il réfulteroit une, nullité d’effer ; pour échauffer & raréfer l'air contenu fous une ,fphère de 100 pieds de dia- mètre, telle que le ballon-de Lyon, appellé Ze Fleffelles, il faudroit une chaleur fi confidérable , que je doute fort qu'on puiffe la produire avec de la paille & de la laine ; & fille fe produifoir, la toile n'y réfifte- toit pas. Au refte:;. l’expétience prouvera ce qu'il en eft (1). Il s'agit actuellement dé-la direion des ballons , dont tout le monde (x) I faut remarquer que ce Mémoire a été préfenté à l'Académie Royale des Sciences, & paraphé par M. le Marquis de Condorcet, Secrétaire, le 21 Janvier 1784, Aiof , l’accident du F4ffelles avoit été prévu & prédit d'avance ; mais cetaccident eft fans doute Ja démosftration la plus. complette & la plus évidente du peu de rifque à cou- rir dans.Jes voyages aériens. Car , tout ce quipourroit arriver de plus malheureux à un ballon agroftatique , éft artivé à celui de Lyon; il ‘s'eft crevé à 700 toiles d’élévarion ; & les fept nouveaux Icares qui devoñent périr par un: chûte aufli terrible, font arrivés à serre fans aucun'accident ,: parce que le volume du ballon les a foutenus dans l'air, ou du moius a diminué , jufqu’à un certain point, la vieffe de la chüûte, Tome XXIV, Part, 1,1784. FÉVRIER. X 162 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, parle, & qu'on cherche dans les moyens mécaniques les plus compli- qués , tandis que nous avons fous les yeux des modèles de ce que lon doit employer pour remplir le but qu’on fe propofe. Les uns veulent des voiles , les autres des aïles comme les oifeaux, & d’autres defirent des! nageoires’ comme les poiffons, Je vais examiner ces trois moyens les uns après les autres, pour tâcher d’avoir un réfultat fatisfaifant. La navigation aërienne diffère de la nautique dans un point effentiel : dans la nautique, les vaifleaux voguent dans un fluide qui les porte , & s'élèvent dans un autre , qui eft plus de huit cents fois moins denfe ; ce qui donne la facilité d'employer des voiles. Leur effet eft de multiplier les fur- faces, afin de recevoir une plus grande quantité de force dufuide qui pouffe, pour vaincre la réfiftance du Auide qui porte, Ainfi, l'on oppofe deux forces inégales, dont on multiplie l'une & diminue l'autre , autant qu'il eft pofible ; par la grandeur des voiles & par la forme du vaiffeau. Mais , dans la navigation aërienne , ces moyens ne peuvent pas avoir lieu, parce que le corps porté ne furnage pas ; il refte enfoncé dans le fluide comme un vaiflèau fubmergé qui fotteroit entre deux eaux, & qui feroit emporté par un courant. Dans cette fituation , toutes les voiles fe- roient non-feulement inutiles , mais elles deviendroient très-nuilbles , en ce que, donnant plus de prife à la puiflance du courant, & étant élevées au-deflus du centre de gravité, elles feroient chavirer le vaiffeau. Dans une mer tranquille , leur effet feroit abfolument nul, & ne feroit que furcharger le vaiffeau , qui flotteroit entre deux eaux , d’un poids tout au moins inutile, et À Un ballon aëroftatique eft Le corps flottant & fubmergé dans un fluide ; toutes les voiles ne pourroïent queluinuire, &il faut confulter là-deffus les Officiers de vaifleaux. Je fuis bien trompé, s'ils ne font, pas de mon avis. Quant au vol des oifeaux & à la marche des poiflons, la conftruc- tion naturelle de ces premiers démontrera toujours, aux yeux: des Phyf+ ciens, que ce n'eft pas chez eux qué l’on doitchercher, jufqi'à un certain point, des modèles pour diriger des ballons ; 1°. parce que la Nature ayant deftiné les oifeaux à habiter plus la terré qué les airs , leur conftruétion eft mixte, & relative à leur deftination ; 2°. la vélocité du mouvement des aîles dans les oifeaux eft prefque inimitable , & feroit inapplicable aux bal- lons aëriens, qui n'auront jamais aflez de folidité pour fupporter les efforts néceffaires pour produire un mouvement auff accéléré. Quant aux poif- fons , leurs nageoires, & fur-tout la poftion & le mouvement de leurs queues, femblent indiquer les: moyens les plus convenables à la direction des machines aëroftatiques, Les nageoires font courtes , larges, & placées un peu obliquement ; la queue, placée verticalement, fait l'office de gou- vernail, & l’on voit aflez qu’elle a fervi de modèle dans l'Art Nautique SUR L'HIST. NATURELLE ET LES' ARTS, 163 à ceux .des vaifleaux (1) : les nageoires femblent auñi avoir été Le type des rames, & je penfe que ce font là les meilleurs & les principaux moyens qu’on peut employer dans la navigation aëriemne : mais les poiffons ont un avantage que l’art n'imitera pas aifément ; c'eft la faculté d'augmenter ou de diminuer à volonté leur pelanteur fpécifique , par le moyen de Leur veflie aërienne qu’ils vuident pour défcendre , & qu'ils rempliflevt pour monter. Les ballons fufpendus par le moyen du feu, auront à la vérité , la facilité de monter & de defcendre, en allumant ou en éteignant les lampes: mais dans Le fyftème des fubftances aëriformes , l'afcenfion ne fera jamais aifée , parce qu'on fera toujours obligé de renouveller le gaz, lorfque, pour fleur ; On l'aura laiflé échapper. Cependant, fi l'on fait atten- tion au peu de force qu'il faut employer pour mouvoir un corps, quelque lourd qu'il foit, lorfqu'il eft parfaitement en équilibre, & qu’on obferve enfuite le mouvement des aîles d’un oifeau qui plane dans les airs, & qui s'élève enfuite , on feroit tenté de croire qu'on pourroit monter & def- cendre par le jeu de deux rames attachées horizontalement par des char- nières [ur les deux côtés oppofés d’un corps fufpendu, & en équilibre au milieu des airs, lefquelles rames fe mouvéroient verticalement. Pour mon- rer , il, faudroit faire agir les rames ou les aîles artificielles fur la colonne d'air inférieure; & pour defcendre , l’inverfé auroit lieu. Il faudroir, pour obtenir un effet plus complet , que ces aîles puifent fe retourner, après avoir appuyé & fait effort fur le Auide , afin que, dans le mouvement contraire, elles ne préfentaflent que la tranche au même fluide réfiftanr. Un peu d'exercice fuMiroit pour exécuter facilement cette manœuvre. A l'égard du mouvement horizontal, il me paroït démontré que les rames feules fufhfent : on peut les faire avec du taffetas , du papier ou du parchemin. On doit donner la préférence à la matière la plus légère, & en même temps la plus folide; je crois donc que le tafferas verniflé ou ciré feroit ce qui conviendroit le mieux. Il ne faut pas croire que ces rames doivent être d'une grandeur énorme, Le corps Hottant dans l'air étant dans un équilibre parfait, le moindre effort fufira pour le mettre en mouvement, & le diriger où lon voudra, fi toutefois les vents, qui font à la navigation aérienne ce que les courants font dans l'eau pour les corps qui y fottent, ne font pas direétement contraires. À mettre les (x) Selon M. Henrick, fameux Conftruéteur , les proportions des vaifleaux , pour être bonnes , doivent être prifes des poiflons, & choilir ceux qui font leur mouvement avec plus de vitefle, & de facilité. Selon lui, c’eft le maquereau qui doit fervir de mo- dèle. Voici fon raifonnement : « Le maquereau eft cinq fois plus long que large , & » fa partie la plus groffe eft aux deux premières parties de fa longueun, & les trois autres » vonten diminuant jufqu'à la queue » ; d’où il conclut que les vaiffeaux qui ont certe proportion, doivent avoir la même légèreté. ( Voyez l'Encyclop., ait. vaiffeau, édir. d'Yverd,, 1776. ; Tome X XIV, Part, 1,1784 FÉVRIER. 2 164 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, chofes au pis, on aura toujours , dans la navigation aërienne , au moins la moitié de la bouflole pour aller en avant; & peut-être qu'avec de lexercice , les Rameurs aëriens acquerront aflez d'agilité & d'adrefle pour aller un peu plus près du vent. S La forme & la longueur des rames fe détermineront par l'expérience & lufage. Je penfe ,en attendant, que l’on doit d’abord eflayer des rames de taffetas ciré ou verniflé de forme parallélagramme de 18 pouces de dia- mètre fur 30 pouces de longueur, fansy comprendre le manche, qui peut être de 3 pieds ou environ: le gouvernail doit être auffi de taffetas, de 30 pouces de large {ur 4 ous pieds de haut ; mais on fent que le gouvernail doit être en proportion avec le volume dela machine aëroftatique. La manierè, à ce que je crois, la plus avantageufe pour la direction des machines aëroftatiques , feroit de placer le ballon au centre d’une ga- Icrie circulaire, dont on entourroit l’aréoftat. Cette galerie feroit uni- quement pour les Rameurs & le Pilote. On fu‘pendroit plus bas, au-def- fous de la machine & dela galerie, un char ou un vaiffeau pour les Voya- geurs & leurs efits , qui ferviroit de left à la galerie, pour la maintenir dans fa pofition horizontale & l'empêcher de chavirer. On fent que l'aëéroftat étant fixé dans le centre de la galerie, Îe jeu des rames auroit bien plusd'effer, & s’exécuteroit dans tous les fens avec plus de facilité, dans les mouvements horizontaux ou verticaux. La fufpenhon de l'aëroftat au centre de la galerie pourroit fe faire par le moyen d'un filer, à la manière de MM. Charles & Robert. Le char ou le vaifleau aëroftatique fe fufpendroit à l'ordinaire , mais à la diftance con- venable pour fervir de left à la galerie des Rameurs , & la venir fixée dans fa pofition horizontale. - Enfin , des Mécaniciens , plus exercés que moi , trouveront aifément les moyens de rectifier cette idée , fi on lui trouve quelque jufteffe. Si l’on veut perfectionner l'Art, il faut confulter la Nature , & feuil- leter fon grand livre avec attention: on y trouvera des modèles dans tous les genres, dont le génie & lefprit jufte feront leur profit. Les poiflons que j'ai déjà cités dans le cours de ce Mémoire , méritent d'autant plus d'attention, qu'ils habitent & fe meuvent dans un Auide, qui étant huit cents fois plus denfe que l'air, doit oppofer une réfftance proportionnée. Malgré cela, les nageoires des poiflons font très-perites dans leur dimenfon, relativement à la groffeur , la longueur & la pefan- teur de ces mêmes poiffons ; parce qu’étant dans un équilibre parfait, le moindre effort, la plus petite force fuffit pour leur mouvement: auff lexécutent-ils dans tous les fens avec une agilité qui étonne, Il ne s’agit, ce me femble, pour la proportion & la place des rames aëroftariques , que d'interroger la Nature dans la conftruétion des nageoires , & fur tout fur l'endroit où elles font placées fur le corps des poiffons. On en trouve de conftruits fur toutes fortes de modèles. Enfin , le poiffon qui peut don- ner les idées les plus juftes fur la chofe donril s’agit, eft celui que les Na- SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 165 turaliftes ont nommé Orbis echinarus, C'eft un vrai ballon vivant; fa forme eft prelque fphérique , & il eft à remarquer que les nageoires font placées au fommet du globe tandis que, dans les poiflons qui font plus longs que larges, les nageoires font placées plus bas ; c'eft-à dire , plus près de la bafe, Il ef fi ailé d'en deviner larailon , que je me difpenferai de la détailler ; je me contenterai feulement d'indiquer le modèle, L'Orbis echinatus doit donc {ervir de type , d'où je conclus que la galerie des Rameurs & du Pilote doit être placée autour du ballon aëroftatique , pour pouvoir le diriger avec füreté & facilité. Si l'on vouloit fe fervir de deux ballons , la galerie fe placeroit un peu plus bas, & peut-être entre deux; il faudra encore confulter notre Orbis echinatus , & le Géomètre, le moins profond trouvera la proportion des rames par le calcul le plus fimple, en difant : Si la fphère vivante Orbis echinatus de tant de pouces de dia- mètre, exige des nageoires de tant de lignes de longueur & de tant de largeur pour fe mouvoir, de combien doivent être celles d'un ballon aëroftatique, dont le diamètre fera de tant de pieds? Et fi ces nageoires font placées à tant de lignes du fommet dans le globe Orbis echinatus , à combien de pieds du fommert doivent être fixées les rames du globe aëroftatique de tant de pieds de diamètre , &c. &c. &c, ? : Voilà, ce me femble, une donnée pour les proportions des rames, & l'endroit où -elles doivent être placées , dont les Géomètres & les Mécaniciens peuvent fe fervir avantageufement; car toutes les circonftan- ces font égales entre le poiflon Orbis echinatus & un ballon aéroftatique : Pun & l’autre font fubmergés dans le fluide qui les porte, & leur forme eft prefque femblable. Le mouvement & la direction du ballon doivent donc s’exécuter par les mêmes principes que ceux du poiflon dont je viens de parler, Je n’ignore Le qu'il y a quelques perfonnes qui ont décidé , fans appel, l'impoflbilité de diriger les ballons aëroftatiques par aucun moyen quel: conque; & elles fondent leur opinion fur la réfiftance du fluide qu'il faut déplacer, & qu'il eft impoñible , aflurent-elles , de vaincre, fans une force confidérable qu'on ne peut pas employer dans les machines aërof- tatiques, On pourroit, pour toute réponfe , imiter le Philofophe Grec; qui fe contenta de marcher devant un homme qui nioit le mouvement. En efet, pour marcher & changer de pofition , il faut que mon corps déplace un vo- lume d'air pareil audren. Cependant je me meus à volonté dans tous les fens; je marche en avant, en arrière & de côté, fans éprouver la moindre réfif- tance & fans faire le moindre effort, parce que toutes les parties de l'air font en équilibre entr'elles , & que , lorfque je me porte en avant , je laifle au fluide que je déplace un efpace égal derrière moi, qu'il remplit dans l'inftant. La même chofe arrive lorfque je plonge dans la rivière, & que je nage entre deux eaux : mon corps eft obligé de déplacer un Auide huit 166 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, cents fois plus denfe que l'air, dont la réfiftance devroit être par confé- quent huit cents fois plus grande. Cependant j'exécute tous les mouve- ments poflibles avec à-peu-près la même facilité, & cela par la même raifon que je viens d’expofer. Je pourrois encore citer les poiffons , dont la vitefle des mouvements eft incroyable, malgré la réliftance du fluide dans lequel ils fe meuvent ÿmais tout cela n'ajouteroit rien à l'évidence. Enfin , pour peu qu'on ait Pefprit jufte, on fentira aifément que tout ce que je viens de dire peut s'appliquer aux mouvements des ballons aërof: tatiques , à la différence près, qu'étant plus légers que l'air , ils ont la pefanteur de moins à vaincre que celle que mon corps eft obligé de fur- monter dans fes mouvements, & dont je m’apperçois par la fatigue après une longue marche, & fur-tout en graviffant les montagnes, IL'eft évident que les ballons aëroftatiques étant au milieu des airs, dans un parfait équilibre , céderont au plus petit effort, & le mouvement des rames les portera dans tous les fens & fur tous les points où l’on voudra les diriger , lorfque les vents ne feront pas direétement contraires; car il faut convenir qu'il y aura toujours entre'les deux navigations (lorf- qu'il s'agira d'aller près du vent) la différence que la denfité des deux fluides , & celle que la poñition du vaiffeau & du ballon doivent néceffai- rement. produire; c’eft-à-dire , que lorfque les vents foufileronc, les ma- chines aëroftatiques feront pofitivement dans le même cas que les vaifleaux qui font expofés par un temps calme à l’action des courants, parce que les vents, comme je l'ai dit, fonc à l’armofphère ce que les courants fonc à la mer; mais les vaifleaux hors du calme peuvent vaincre les courants par le moyen des voiles , au lieu que les ballons aëroftatiques n'auront ja- mais aucun moyen de réfifter aux vents abfolument contraires ; les rames APRRORE avoir d'effet que pendant le calme, & avec des vents favo- sables, - P,. S, Comme on imprimoit ce Mémoire, MM. Large & Quinquet m'ont faic voir plufieurs lampes de leur invention , faites à-peu près fur Les mêmes principes que celle de M. Argant; mais qui font beaucoup plus d’effec, & confument moins d'huile: c’eft le perfe‘tionnement de la lampe de M. Aroant. Si le principe eft à lui, l'application plus heureufe appartient à M. Lange. Ce Phyficien l’a varié de plufieurs manières très- ingénieufes | & peut-être plus avantageufes; & ce qui eft très-louable , c'eft qu'il ne fait aucun myftère de fon procédé, ni de la conftruétion de fes lampes, dont le Public va bientôt jouir. Il en a fait conftruire une, d’un diamètre confidérable, pour l'ufage des ballons aëroftatiques dont il doit faire l'épreuve inceffamment, ae SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 167 SSD TT MEL PES LORIE SERRE EI OE VACANTS PU EPP CEE TT CIRE TRES SE AR CES PACERXTETUR E DE M DE TREBRA, Intendant des Mines du Hartz , A M. LE BARON DE DIETRICH, Secrétaire Général des Suiffles .& Grifons. Ve US avez lu , Monfieur , l'annonce de mon Ouvrage ou de mes Ob- fervations fur l'énrérieur des Montagnes , fruit de mon travail dans les emplois que j'occupe depuis dix-fept ans aux mines. Cette annonce ne vous fufit pas, me dites-vous; vous voulez connoître de plus près l’utilité que je me perfuade qui réfultera de la publicité de cer Ouvrage: jy confens; je ne faurois vous rien refufer. J'étois bien éloigné de me vouer aux mines; j'y ai été conduit par un coup tout particulier du fort. Libre de tout préjugé; plus hardi, plus entreprenant que je n'eufle été , fi j'eufle connu leur travail dès ma jeu- nefle, & fi jeufle pu me former une idée des innombrables difficultés dont il eft hériflé , je me propofai fur-le-champ la plus difficile de toutes les queftions: Quels font les indices des contrées dans lefquelles l'exploitation des mines doit profpérer ? où faut-il établir de préférence ? Par-tout j'en cherchois la folution, d’abord avec aflurance, enfuite avec plus de cir- confpection; rarement j’obtenois des réponfes fatisfaifantes. A mefure que je vieilliffois fous le bonnet de mineur, je me difois cependant, & je le répérois à mes amis, qu’il étoit indifpenfable de chercher à réfoudre cette queftien; ear, en admettant que, dans tous les pays , Le premier établiffement des travaux des mines étoit dû à d’heureux hafards , n'importoit-il pas de foutenir ces travaux , & de découvrir des règles qui permiffent de les continuer avec la probabilité du fuccès, & qui miflent à l’abri des pertes de temps & d'argent? Je me perfuadai avoir fait un grand pas , lorfqu’après avoir recueilli un grand nombre d’obfer- .… vations dans plufieurs contrées de montagnes , après les avoir analyfées , modifiées, & confirmées, leurs réfultats m'ont fourni dans tous les cas des probabilités , & m'ont au moins mis en état de dire de bien des can- tons : // n’y a point à efpérer ici une exploitation de mine avantageufe, Je 168 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, vis que les travaux de nos anciens nous fouraiffoient déjà des moyens d'en tirer quelques principes , qui peuvent contribuer au fuccès de la continua- tion de l'exploitation des mines; mais que nous pouvions, à leur dé- faut , nous contenter d’être conftamment animés oar l’efprit d'obferva- tion, & d’avoir toujours conftamment l'œil ouvert, dans tous les travaux des mines que nous faifons exécuter, fur les fuites qui en réfultent , quand même ces travaux auroient été enramés par d'autres que par nous fur Les conjeétures Les plus incertaines & les moins vraifemblables. Je penfai qu'en jugeant alors fans prévention des réfultats de ces fortes d'entreprifes , & en les appliquant aux cas où les mêmes circonftances fe rencontreroient dans les travaux que nous dirigeons , nous parviendrions ainfi à employer plus : avantageufement les fonds du Gouvernement & des Adtion- naires, qu'en nous abandonnant au pur hafard ou à l’enthoufiafme de la fuperitition, & en demeurant enveloppés dans les ténèbres de nos fou- terreins , dont on nous reproche fi communément l’obfcurité. Je me per- fuadai enfin que, dans la route. de l’obfervation, nous tirerions parti de nos fautes mêmes, & qu’on ne pourroit plus nous les reprocher , lorfque nous ne nous ferions expofés au danger de les commettre, qu’en étant fondés en raifon , & dans la vüe de nous ménager, par l'expérience, les moyens de n’en plus faire à l'avenir. ‘ Pénétré de ces idées, je fus affez hardi pour agir en conféquence ; & dès le commencement de ma carrière, les exploitations confiées à ma con- fidération profpérèrent, quoique j'en fuffe à mes premiers effais , & qu'il s’en fallüt de beaucoup que j’euffe acquis la maturité néceffaire. J'ai lieu de penfer néanmoins , qu’en faifant connoître des extraits de mes opérations, & en rendant compte de quelques-unes de mes premières expériences, j'É- pargnerois des fommes confidérables , & procurerois, par un meilleur emploi des fonds deftinés à ces travaux, des produits plus importants encore au Souverain , à l'Etat & aux Actionnaires des mines, que ceux que j'ai obtenus , indépendammentde ce que ces extraits mettront au jour un grand nombre de fraudes orofières ou plus adroites, & qu'ils eu- gageront d’autres perfonnes que moi à me fuivre dans un fentier que je leur ai tracé avec fuccès, & à fubitituer d’aflez (fortes probabilités aux fimples effets du hafard, C'eft-là, Monfeur , ce qui n'a déterminé à faire connoître mes obfervations, & vous êtes maintenant inftruit de mes efpérances , relativement à l'avantage de leur publicité. Ma première Lettre renferme des obfervations générales fur la confor- mation extérieure des parties de montagnes que j'ai trouvées nobles ou abondantes en minérai. Je décris dans ma feconde Lettre la ftruéture des maffes de rochers dans l’intérieur des montagnes, Ma troifième Lettre contient des obfervations fur l’infiltration & la circulation des eaux dans les montagnes, fur la chaleur, les vapeurs , les diffolutions & les com- pofés qu'elles produifent, Je donne , dans ma quatrième Lettre, les pièces juftificatives, > SUR L'HIST, NATURELLE ET LES ARTS. 169 juftificatives, ou les preuves tirées de mes propres expériences , dontj'ap- puie chacune de mes obfervations, & j'en éclaircis encore quelques points, autant que les bornes que je me fuis prefcrites me l'ont permis. Enfin, la cinquième Lettre comprend une defcription minéralogique des montagnes du Haïtz: vous ytrouverez encore un grand nombre de faits qui confirmenc les obfervations des trois premières Lettres, quoique je n'aie pas eu cela précifément en vue, & que je laifle à mes Lecteurs Le foin d'en faire l'application. F r Ces Lettres font fuivies d’un Traité fait pour recommander l’exploita- tion des mines. Ce Traité renferme des exemples de la manière dont on peut établir des travaux de mines avec avantage pour le Souverain &c les Aétionnaires , fur des probabilités fondées , en prenant pour bafe les obfervations contenues dans mestrois premières Lettres. L'Ouvrage elt terminé par une Diflertation économique, d’après les principes de laquelle on a conduit, avec un avantagz confidérable, un diftriét ou Bailliage de mine très-érendu. -J'avois différé jufqu'à préfenc d: publier ces obfervarions , par la difi- culté de trouver un Artifte en érat de me defliner la Narure tèlle qu’efle eft. Enfin, il s’eft préfenté un Deffinateur de mon goût, qui a aflez de connoïiflance de notre métier, pour retrancher de fes deflins des beautés que la Nature n’a pas, & qui conferve néanmoins affez de volonté, dë goût & de foins pour bien rendré ce qui lui appartient, Rendez le fervice à votre pays, Monfieur , de foigner la traduétion de cet Ouvrage, de l’enrichir de vos connoiflances dans cette partie, fi vous jugez comme moi qu'il peur lui étre utile (1). © (x) More du Rédaëteur du Journal. On verra , par un article du Journal de Paris , que M, le Baron de Dietrich fatisfait entièrement aux defir de M. de Trebra, & que M. Cuchet, Libraire, va publier le Profpeëtus de cet Ouvrage : non-feulementM. le Baron de Diertich lenrichit de notes ; mais il fe propole de faire paroî:re différentes obfer- vations qu'il a faites dans fon dernier voyage au Hartz, relatives à l’adminiftration des mines de ce canton, & à plufieurs changements faits depuis peu: dans la marière d'y fondre le minerai, avec des réflexions & des calculs fur les avantages & les inconvé- nients de cette nouvelle méthode. Ces obfervations feront placées à la fuite du travail de M. de Trebra ; ou elles feront inférées dans des Lettres de M. le Baron de Dietrich à M. le Duc de Ja Rochefoucaulr, fur différents objets de Minéralogie & de Phyfique, qu'il eft occupé à mettre en ordre. GS Tome XXIV, Part. I, 1784. FÉVRIER. *: 170 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, LEFT CRUE DE‘M. Le Baron DE DIETRICH, Secrétaire général des Suiffès & Grifons , A M. L'ABBÉ MONGEZ LE JEUNE. Je vous prie, Monfieur, de vouloir bien faire imprimer l'Errata ci-joint, dans un de vos premiers Cahiers du Journal de Phyfiquè. Mon Mémoire füur les volcans du Brifgaw , imprimé tome XXIIL, pag. 161—184 de ce Journal , eft rempli de fautes typographiques, qu'il eft important de rec- tifier en faveur des Naturaliftes, qui auroient de le peine à trouver fur les lieux plufieurs des endroits nommés dans mon Mémoire, fans cette pré- caution. PAGE 162, à l'avant-dernière ligne , chalcédoine , lifez calcédoiïne. Pag. 166, Lig. 10, Achkaru, /ifez Achkarn. Ibid. , lig. 23, Achkaru , Zifez Achkarn. Pag. 167, lig. 1°, Bikernfal , L/ez Bikernfol, Pag. 173, lg. 1°, f’xième alinéa, Bifchaffngen, Zi/ez Bifchoffingen, Ibid. , lig, 1°, fècond alinéa , Kicehlfberg , Lifez Kichelfberg. Ibid. , 9.1", féxièmealinea, Kæingffchaff haufen, fe; Kæœnigffchaffhaufen. Pag, 174, dernière ligne de la note , Girardi , ifez Gerhardi. Pag. 175, Lig. 26, irruption , Zifez éruption. Ibid, , ig. 37, Eningen, Zifez Endingen. Pag. 176, lig. 12, Eichftell, Zfez Eichftett. Pag. 177, lis. 4, Eichftell , Zfez Eichfterr. Ibid. lis. 19 , Eichitell , 4féx Eichftett. Pag. 170 , lig. dernière , Eckaerd , lifez Eckard. Pag. 181, lig. 11, Eugamiens , Zifez Euganiens, Pag. 182, lig. feconde , Achkaru , Lifez Achkarn. Ibid. , lig. 27, Achkaru, Zfez Achkar». PAL: A fs faut Bi£e ) Antec nee EU!) 207 J SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. x71 D, ES: CLP TON DEA LL IONRATINHCE ZT A; CHA RAC: I 'AYS, LU cun Naturalifte n'ignore les progrès que l'étude des infectes a faits dans ces'derniers temps ; mais ceux qui s'occupent de cette étude, favent feuls combien elle eft encore loin de la perfection qu'ont atteinte les autres parties de l'Hiftoire Naturelle, , Es effèt , il en tombe tous les jours entre les mains des Obfervateurs, même dans les lieux les mieux connus , qui préfentent des particularités dignes d'attention; & fouvent ils font perdus pour la fcience, par la né- gligence qu'ils apportent à en publier la defcription , à les faire connoître aux Nomenclateurs. l Afin d'ajouter quelque chofe à la fomme des faits déjà connus, on a cru devoir rendre publique la defcription d'un individu de ce genre, qui préfente un phénomène nouveau, & des particularités aflez frappantes our fixer l’attention des Scrutateurs de la Natüre. Les infectes font naturellement divifés en deux grandes claffes; ceux qui ont desaîles, & ceux qui n’en ont point. Le. nôtre eft de cette der- ‘rière , bien moins nombreufe en genres & en efpèces que la première. Il y forme un nouveau genre. En effet, il n'a que fix pattes, ce qui le rapporte à la première fubdivifion de Linné: mais il en eft rejetté, parce * qW'il n'a pas la têre féparée du thorax par un étrangiement ; de mêmeil ne peut être réuni à la feconde dont tel eft le caractère, parce qu’il n’a que fix pattes. IL faudra dônc le mettre dans une divifior intermédiaire, & il conftituera un genre nouveau. Nous avons dit qu'il n’avoit que fix pattes; leurs tarfes ont quatre ar- ticulations ; elles fonc noires, ainfi que la «partie du thorax à laquelle elles font attachées. Entre la première paire, fe voit une trompe courte & inflexible’, ou fon envelôppe. On wa pu s'en aflurer. Plus haut, les antennes prennent naiflance ; elles font noires, & vont en diminuant de la bafe à la pointe, On peut dire que cet infecte n’a pas de tête, puifque fa bouche ou fa trompe eft au thorax entre les pattes, & qu'on n’a pu s'aflurer de la préfence de fes yeux , au microfcope même de Delbarre, Jufqu'ici nous n'avons vu que ce qui fe rencontre fur les autres in- fectes, Ce qui rend Le nôtre fi intéreffant, eft une fubftance blanche, fari- neufe , ayant aflez de confiftance pour former de petits cylindres réguliers deux à deux, & formant un enfemble également régulier. On enféompte Tome XXI, Part. I, 1784: FÊVRER. dE 172 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, fix féries de neuf chacune ; elles font divifées en deux par une ftrie longitu- dirale plus où moins large , felon les individus. Les cylindres des quatre féries fupérieures font en recouvrement; ceux des deux latérales font placés à côté Les uns des autres de Ja manière que la figure 2, PI. IF, l'indique, & qu'il eft difficile de décrire, Un frottement aflez léuer fait difparoître ce fingulier arrangement ; les cylindres fe réduifenc en farine, L’infecte s’en trouvant dépouillé, eft alors tout noir; réduit d'un tiers dans toutes fes proportions , il laïifle alors voir neuf ftries tranfverfales indiquées fur la figure 3 , fuivant lefquelles les cy- lindres étoient rangés. - L'infecte ainf dépouillé ne paroît pas foufftir;fes fonctions ne font poine dérangées ; il court , mange comme à l'ordinaire. Au bout de quelques jours , il fe trouve recouvert d'une poufière blanche, qui augmente petit à petir, prend le même arrangement qu'aupa- ravant , & l'infecte finit par devenir parfaitement femblable à ceux qui n’ont pas été dépouillés. Cependant on doit dire que ceux qui ont été élevés dans des boëtes, n’ont jamais pu acquérir une régularité aufli par- faite. ; Ce phénomène eft unique , du moins que je fache: quelques infectes _ fonc bien recouverts d’une poulière; mais une fois enlevée , elle ne reparoît plus : d'autres fe couvrent-de leurs excréments ou de matières éträn- R gères, ‘ Celui qui, par fa manière d’être, en approche le plus , eft la lave du cicada fpumaria , cigale bedaude ; il tranflude de fon corps une écume qui la garantit des ardeurs du foleil, & qui fe reproduit lorfqu'on l’enlève ; mais elle n’a aucune régularité, | Notre infecte fe trouve aux environs de Nimes fur lesphorkia chang- cias ; il fe nourrit de fon fuc laiteux en le‘pompant, à travers l'écorce, avec fa trompe. On le voit en grande abondance fur cette plante, fur- tout lorfque le foleil darde fes rayons. Ne pourroit-on pas foupçonner que ce fût la partie réfineufe de ce fuc, qui, vejettée par la tranfpiration , formeroit la fubftance blanche ci-def- fus décrite ? Quoique lobfervation n’ait rien fourni de favorable à cette opinion, l’analyfe chymique vient à fon appui. On connoîc-les rapports du fuc. des euphorbes avec la gomme élaf- tique. Comme cette dernière fubftance, la croûte blanche de netre in- fecte fe fond , brûle à la chandelle , & eft cependant indiffoluble dans l’'ef prit-de-vin, C'eft aux Chymiftes du Languedoc, à même de fe procurer une certaine quantité de cette matière, à poufler plus loin cette analyfe, qui pourroit préfenter des phénomènes intéreffants. T'elles font les réflexions qu’une obfervation, continuée pendant une arnée à Patis, a donné lieu de faire. Il ne refte plus qu'a donner un nom àerinfecte, Pour cela, nous ne pouvons mieux faire que de fuivre l'exemple de notre Maître Linné, SUR L'HIST. NATURELLE.ET LES ARTS. 17; Il a été découvert , au dire du Baron de Servières, par l'Abbé d'Or- thez , qui fe livre avec fuccès à l'étude de la Nature. Nous joindrons fon nom, qui formera celui du genre, à celui de la plante fur laquelle l'infecte vit, qui fera celui de lefpèce. Ainfi, il fera appellé le d'Orthezia. Characias. + Explication des Plinches. Fig. 2. L'infeête grofi & recouvert de fon écorce , vu par le dos. Fig. 3. Le même , vu pardeflous avec fa trompe entre les deux pre- mières paires de pattes , & l’origine des antennes plus haut, Fig. 4. L'infecte dépouille de fon écorce : on y voit fes neuf ftries. 2 NOUVELLES LITTÉRAIRES. O RYCTOGRAPHIE de Bruxelles, on Deféription des Foffiks, tant naturels qu'accidentels, découverts jufqw'a ce jour dans les environs de cette Ville ; par François Xavier BURTIN , Médecin-Confeiller de feu $. 4. R, le Duc Charles de Lorraine , Membre de plufieurs Académies G Societés Lirréraires ; volume in-fol. relié en carton , avec 32 Planches grayées en taille-douce , & enluminées d’après nature. Prix, 48 liv. En attendant que nous connoiflions l’intérieur de la terre , car nos plus profondes ruines entament à peine fa première écorce , fi l'on pouvoit parvenir au noyau , il eft à croire qu'on trouveroit des fubftances forc différentes de celles que nous, connoiffons , & des phénomènes bien fin- guliers. Avant les inmmenfes fouilles néceffaires à cette opération, tâchons au moins de parvenir aux connoiflances phyfiques du globe que nous ha- bitons. C’eft à coup sûr par le concours des Oryéographies particulières , que nous verrons s’accumuler les matériaux de la Géographie-Phyfique , par les formes , les vrais faftes de la Nature, & une théorie générale de la terre. Voici affurément un Ouvrage précieux pour les Naturaliftes; il eft le fruit de dix-huit ans de recherches, d’application & de voyages minéra- logiques dans rous les Pays-Bas Autrichiens, très-riches en fofliles: auffi fait-il infiniment honneur au mérite diftingué de fon favant Auteur, dont le front eft déjà ceint de plufieurs couronnes Académiques, & donc le zèle pour le progrès des Sciènces ne l'empêche pas aujourd’hui de rem- plir les fonétions pénibles & multipliées de Part de guérir, Il ne faut pas s'imaginer que cette Collection oryétologique ne foit propre qu'au Peuple LA 174 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, Beloique ; elle fatisfera également le Naturalifte François , Anglois, Efpagnol , Italien, ainfi que ceux du Nord. La clarté qui règne dans chaque defcription, démontre une étude confommée de la Minéralogie. Ublfervateur attentif, M. Burtin faifit avec juiteffe les plus légers détails ; il les rapproche avec art, & en compofe des tableaux avoués par la Na- ture, dont lenfemble eft toujours clair, précis ,inftruétif, ce qui lui donne des droits imprefcriptibles à la reconnoiflance publique. D'un autre côté, il n’épargne rien pour donner à fon travail toute la perfection poflible, ayant pris le plus grand foin pour la vérité & l'exaétitude des deflins, pour Ja beauté de la gravure, pour l’arrangement méthodique des planches, pour l'enluminure , pour la partie typographique, & pour le choix & la blancheur du papier. L'Ouvragé paroîtra complet dans le courant d'Avril 1784 , à moins qu'ilne foit retardé par quelque ‘obftacle imprévu. La {oufcription, qui eft de 48 liv.. de France, ne reftera ouverte que jufqu'au dernier Mars de la mêmé année, Ceux qui n'auront pas foufcrit , paieront 60.liv. par exemplaire. Les Soufcripteurs font priés d'ajouter leurs titres & qualifications à leurs noms, pour les ajouter à l'Ouvrage. M. Burtin defire auñi que ceux d’entr’eux qui pofsèdent des Cabinets d'Hiftoire Naturelle, en inftruifent le Public par cette voie, afin de fuppléer par-là en quelque façon à l’inexactitude ‘a liftes des Cabinets d'Europe , qui ont été pu- bliées jufqu'ici, On pourra fouicrire, en affranchiffant les lettres & l'ar- gent , à Bruxelles, chez l’Auteur; à Gand, chez M. Jacobs, Profefleur en Chirurgie ; à Anvers , chez M. André Colins, Apothicaire ; à Maëltrichr, chez M. Loyens, Négociant, rue du petit Foffé; à Nancy, chez Ma- thieu , Libraire ; à Paris, chez M. Carangcot, Hôtel de Pons, rue neuve Notre-Dame-des-Champs; & chez M, Cuchet, rue & Hôtel Serpente. IL faut donner 6 Liv. en foufcrivanit, Erreurs populaires fur la Médesine ; Ouvrage compof? pour l'inflruëlion de ceux qui ne profeffent pas cette Science , avec l'explication des termes de l'Art dont on n'a pu Je difpenfèr de fe fervirs par M. D'YRARCE, Ecryer, Doileuren Médecine, & Médecin bréveré du Roi. À Paris, chez, Méquignon l'aîné, Libraire, rus des Cordeliers , 1783. in-12 de 465 pages. Prix, 3 liv. broché. M. d'Yharce veut parcourir toutes les erreurs populaires qui règnent en Médecine , afñn de les anéantir, sil eft pofñble, & qu'elles ne mettent aucun obftacle aux progrès de l'art , ainfi qu'aux avantages que l’on peut en retirer, Un grand nombre de caufes font naître, croître & multiplier les erreurs populaires , telles que les préjugés de l'éducation, la difpof- tion naturelle à l'erreur, les faufles idées, la crédulité , la préventioh pour l'antiquité, l'autorité, l'exemple, & plufeurs autres. Son but ft de pro- pafer à ceux quine profcffent pas la Médecine , des moyens d'éviter les SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 175 maladies, & d'écarter tout ce qui peut en empêcher ou retarder la gué- tifon , quand ils n'ont pu les éviter, Ce volume eft partagé en deux par- ties, compofées chacune de douze chapitres. Dans la première partie, M. d'Yharce offre deux moyens pour combattre les erreurs dont il parle, en déterminant les règles de régime , & en réfutant expreffément les er- reurs les plus dangereufes. Pour cer effet, il traite de routce qui fert à la vie animale, de la différence des tempéraments, de la manière de vivre pour fe conferver en fanté , & pour la prolonger faine par le régime. La feconde partie tend à détruire les Charlatans & le Charlatanifme ; elle ouvre, en confidérant les dignités attachées à la profelion de Médecin, de l'érudition vafte & des autres qualités qu'il doit pofléder ; car aflurémenc un Difcipie d'Efculape eft obligé d'êtfe inftruit fur bien des objets. Après cela , il eft parlé du choix d'un Médecin, & des moyens que l’on peut mettre en ufage, pour ne pas fe tromper dans ce choix. Le tout -eft ter- mipé par l’expofition & la conduite du Public enversles Médecins. Détachons un fragment du livre de M. d’Yharce ; il préfente un phé- nomène fingulier, & digne d’admiration. « Nous connoiffons, dit-il, » une dame de 39 ans, de tempérament Janguin & bilieux , qui vint au » monde avec des cheveux & des fourcils très-noirs. Elle avoit à 12 ans » plus de la moitié de fes cheveux d’un blanc de neige ; à dix-neufans, » ils étoient tous de la même blancheur. C’étoit cependant une brune » très-piquante, & d’une grande beauté. Ses fourcils & fes poils font » toujours fort noirs, fes yeux bruns, fes lèvres vermeilles, fes dents » d'un blanc d'ivoire, & très-faines, & fa peau bien blanche : elle a Le » cerveau très-fec, ne mouche prefque jamais, & ne s'enrhume point ; » elle a toujours joui de la fanté la plus parfaite, n’a jamais eu d'enfants; » elle eft grafle & fraiche «. Differtatio Medica de ufu legitimo oleoforum in variorum morborum medeld. Differtation de Médecine fur l'ufage légitime des Huileux dans le traite- ment des Maladies ; par M. Frédéric HEILMANN, de Mulhufèn en .Suiffe, Doëleur en Médecine. À Bâle , chez Schweigfaufer; à Strafbourg, chez Kænig , 1781, in-4°. de 23 pag. Cette Differtation traite, en treize paragraphes , de la nature de l’huile & des huileux. M. Heilmann en examine Les effets fur le corps humain. Les oléagineux , appliqués à l'extérieur , adoucifient , relächent , font obf tacle à la tranfpiration , bouchent & obftruent les pores de la peau , em- péchent linhalation de l'humidité atmofphérique. Pris intérieurement , ils relâchent les vifcères trop tendus & les lubréfient , adouciffent Les fpafmes & leténefme. Après cela, M. Heilmann entre dans un plus grand détail fur les maladies dans lefquelles l'ufage des huileux & des onétueux elt convenable ou nuifible, 175 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, &e. ET ES ET © D 9 4e EAN Cf M m4 M DM OË M one PV MN AMEN « MM “eee “ho 2 4m ASE A : Eei EUD 2 Des ARTICLES CONTENUS DANS CE CAHIER. Phares fait à l'Académie des Sciences , fur la Machine Aëroflatique inventée par MM. DE MONTGOLFIER. x Page 8r Mémoire fur les moyens de perfetlionner les Laines de la France, par M. l'Abbé CaRLrER. 94 Mémoire [ur Le Météore du 8 Août 1733 ; par M. le Baron DE BERUS- TORFF, dela Société Allemande de Gottingue, €c. &c. 112 Mémoire [ar l'Hifloire des Abeilles ; par M. l'Abbé RAY , Aumônier de l'Ordre de Saint-Lazare. not) Oëfervation fur les Roches de Granit d'Huelgouet en Baffe-Bretagne. 129 Défiription d'une efpèce particulière de Serpent à Madagafcar; par M. BRUGNIÈRE, D.M., de la Société Royale des Sciences de Mont- pellier, ! 132 Lesre de M, MAuDUYT, Doëleur en Médecine, à M. l'Abbé MONGEZ l'aîné ; Garde des Cabinets d'Hifloire Narurelle G& d'Antiquités de l'Abbaye de Sainte-Geneviéve. 133 Expériences fur les Pefanteurs fpécifiques € l'attraëlion des diverfes Subf: tances falines; par M. RicCHARD KrRWAN. 134 Second Mémoire fur les Expériences Aëroflatiques de MM. De MoNTGoL- FIER, CHARLES & ROBERT , avec un Effai fur la manière de diriger ces Machines Aëroflatiques; par M, le Comte DE MicLy. 156 Lettre de M. DE TREBRA , /ntendant dès Mines du Hartz, à M. Le Baron DE DIETRICH, Secrétaire général des Suifles & Grifons, 167 Défériprion de l'Orthezia-Characias, + 171 Nouvelles Lirtéraires, 173 A PP ROBATIO N. ‘Ar lu, par ordre de Monfeisneur le Garde des Sceaux, un Ouvrage qui a pour titre: Obfervations fur 2 Phyfique, fur l'Hiftoire Naturelle & fur les Arts, &c.; par MM. Rozrer & MoNcEz Le jeune, &e. La Collection de faits importans qu’iloffre périodi- quement à fes Leéteurs, mérite l'accueil des Savans; en conféquence, j’eftime qu'on peut en permeure limpreflion, À Puis, ce 1* Mars 1784. VALMONT DE BOMARE. Fevrt : rte 176 Le + , Jeter Se l Fevrier 1784 . Seller Se. ï QUE EU Fa den int es PL * CR CT titi Er Et UGS ments arrange mem ALLÉS Jo BE rm mn SEE ST ———— | JOURNAL DE PHYSIQUE. | M 2784. | dl DE NE, Dal RE — 0 OBSERVATIONS HISTORIQUES Concernant le régime , la näture & l'état a&uel des Troupeaux de Bêétes à laine trafumantes d'Efpagne. « Par M. l'Abbé CARLIER. ts ST une opinion prefque générale, que la belle race des bêtes à laine trafumantes d'Efpagne vient d'Afrique ; qu’elle s’eft propagée dans la Caftille & dans les Provinces voilines, avec tous les attributs qui la ca- ractériloient dans fon fol natal. Mon deffein eft de faire connoître que cette efpèce choïilie appartient à l'Efpagre ; que le prix & la fineffe des toifons de ce bétail eft l'effet des pâturages & du genre de vie auquel il eft affujetti. Faits hifloriques. Le foin des bêtes à laine en Efpagne eft auffi ancien que la population de la contrée. On entrevoit , dans la nuit des temps primitifs , que fes Lybiens & les Phéniciens s’y fournifloient des matières premières fervant à la fabrique des étoffès dont ils commerçoient par mer avec toutes les Nations po- licées. Les Tyriens appliquoient aux draps de la mème qualité leur belle tein- tufe de pourpre , ainfi qu'aux peaux qu'ils avoient l’art de difpofer à ceite opération, Les Carthaginois, aflociés d’abord à ce commerce , l’exercèrent feuls pendant une longue fuite d'années. Le cours en futinterrompu par leurs guerres avec les Romains: Ces guerres ayant occañonné la dégénération des bonnes efpèces, les Ouvriers en draps fins manquèrent des anciennes reflources ; ils furent dès-lors obligés de recourir aux produétions de la Colchide, - L’Efpagne , réduite en Province Romaine , jouit enfin des fruits de Ja paix ; les Arts reparurent; les Nourriciers reprirent la conduire de leurs troupeaux , les renouvellèrent & les multiplièrent par le choix des Tome XXIV , Part. 1, 1784. MARS. Z PE 178 OBSERFATIONS SUR LA PHYSIQUE, beliers. Strabon ( Georg. L. 3 , Hifp.) écrivoit qu'un belier Efpagnol de [a meilleure branche fe payoit un talent, environ 2500 liv. de notre monnoie, Il ajoute qu'anciennement les Romains tiroient leurs belles étoffes de FEtranger; mais que depuis Le rétabliffement de l'Efpagne , ils ne for- toient pas de étendue de leur domination pour s'en procurer. Lorfqu'il y avoit difetre de bons beliers dans le pays , on avoit recours aux côtes d'Afrique, On lit dans Columelle ( de Re ruff., lib. 8 , chap. 2.) , que Marcus fon oncle , voyant débarquer à Cadix des beliers d’une grande beauté , qui devoient fervir aux Spectacles, il en acheta plufieurs, Mêlant ces animaux avec fes brebis, il en eut des rejettons fupérieurs en force & en qualité de laine. Columelle vivoit fous l'Empereur Claude, au pre- mier fiècle de lPEre Chrétienne. En ce temps, les bêtes à laine de la Gaule pafloient pour les plus précieufes du monde connu. ( Idem. Col.L.7, C7, 2: k Il ne fe pafla rien de remarquable en Efpagne, jufqu’à l’établiflement du Chriftianifme , & avant les irruptions des Goths, Aéaux des Arts & de l'Agriculture. : Le premier calme qui offrit aux Efpagnols la facilité de répater la perte de leur bétail, fe rapporte au règne d'Eric ou Evaric, après le milieu du cinquième fiècle. Îl fe forma alors une Affociation ou Confrai- rie de Pafteurs & de propriétaires raflemblés à des jours marqués. Leurs conférences enibrafloïent tous les fujets relatifs à la propagation & au gouvernement des troupeaux. L'utilité de cette Affociation la fit confirmer par les Pères du quatrième Concile de Tolède, aflemblés en 633 fous le règne de Sifnand, Elle prit par deorés la forme d'un Tribunal, & a été l’origine du célèbre Concejo de ta Meffa. s Le réfultat des conférences particulières éroit préfenté tous les ans à PAffemblée nationale du Champ de Mars. Après une revue générale du bétail , chaque Propriétaire obrenoit la reftitution des pièces de fon trou- peau , qui avoient paflé dans un autre; les Juges ftatuoient enfüuite fur les objets contentieux, fur la fuppreflion des abus , & fur divers points ; ils drefloient des Réglements , fi les circonftances l’exigeoient: autrement ils & contentoïent de renouveller ou de modifer les anciens. Aux Goths fuccédèrenr les Sarralins , les Maures & les Arabes d’A- frique. Bergers de profeffion, ceux-ci menèrent en Efpagre le même genre de vie que dans leur Patrie; les troupeaux, depuis Ce temps, n’eu- rent plus de demeure fixe. L’ufage fut dès-lors introduit de les faire voya- ger dans les vacants ( pâturages libres , terres vaines & vagues ) d’un bout de l’année à l’autre: de-là le nom de srafumantes, c’eft-à-dite, ambu- lantes, ou paffantes d’un territoire à l’autre. L'étymologie en eft fenfible. Ce nom a pour racine , srans , au-delà ou à travers; & humus , fol ou ter- ritoire. SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 179 La Caftille fouffrit beaucoup , au commencement du quatorzième fiècle, de la divifion & des petites guerres que les Seigneurs & les Chevaliers fe faifoient entr'eux, Les troupeaux qu'ils pilloient furent réduits à un petit nombre ; les Bergers ne pouvoient plus exercer leurs fonctions. Alphonfe XI voulant arrêter le cours de ces déprédations, promuloua en 1335 une loi, par laquelle il eft ordonné que tous les troupeaux de fes Etats feront regardés & traités comme portion de fes biens & de fon Domaine Royal. Cette Loi mit fin aux défaftres , fans réparer les pertes auxquelles on ne pouvoit remédier que par des remplacements, Dom Pèdre IV, fuccefleur d’Alphonfe, y pourvut, en obtenant de plufieurs Princes Maures d'Afrique , la permiflion d'acheter dans leurs Etats un nombre de bons beliers, & des troupeaux complets, Ces ani- maux, embarqués fans obftacle, arrivèrent heureufement en Cafille, Comme ils l'emportoient, par la force du tempérament , fur l’efpèce du pays qui avoit été négligée , ils en furent diftingués par la dénomination de ganados-merinos , c’eft-à-dire, moutons d'outre-mer, Les troupeaux ambulants de l’Efpagne confervent encore ce nom. En 1388, la Caftille ne fe troxvoit pas encore fufifamment garnie. Ce vuide fut rempli , en grande partie, à l'occafion du mariage du Roi Henri IT avec Catherine, fille du Duc de Lanceftre en Angleterre C#. Henr. IL, ch. 3, fol. 11 ). Catherine apporta en dot plufieurs mil- liers de bêtes à laine choifies. Ce trait, écrit par Gilles Gonzalès d'Avila, a été l'origine de plufieurs fables: elles attribuent aux Anglois l'honneur d'avoir fondé en Efpagne la belle race trafumante, À Catherine confirma, fous la minorité de Jean fon fils , les priviléges des Bergers & des Propriétaires. Le grand œuvre du parfait rétabliflement & du dernier renouvel{emen des bonnes races en Efpagne, eit dû à la fagefle des difpofitions , & aux opérations du Cardinal Ximenès , fous le règne de Ferdirand & d'Ifabelle, Ce grand homme , confidérant que la principale richeffe de l'Efpagne venoit de fes troupeaux , tourna fes vues du côté de leur amélioration & de leur accroiffement. à L’abandon que fit Léonor, Reine de Portugal, en 1499, de tous Îes pâturages de fon Royaume limitrophes à ceux d'Efpagne , eft actribué aux attentions de ce Misiftre. 4 Confeil Souverain de la Mefla (1). Le Concejo de la Mefla n'étoit qu'ure efpèce de Jurifdiction Confulaire,compofée de Pafteurs & de Propriétaires, dont les décifions n’en impofoient pas affez. Ferdinand & Ifabelle ordon- a (1) V. Recueil de Réglements ; &c. , par D. Navarro. Madrid, 173r- Tome XXIF, Part. I, 1784. MARS, Z 2 180 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, nèrent en 1500, que ce Tribunal feroit préfidé par un de leurs Con- feillers d'Etat. ! L'origine en a étéexpliquée, Ce Confcil avoit alors plus de mille ans d’an- tiquité. Son nom vient de l'adjeétif latin mixte , qui fignifie mélange; c'eft Le fentiment de Covarravias & de l’Académie Efpagnole, Il eft fondé fur ce que cette Société avoit toujours été compofée d’un mélange de perfonnes de différentes conditions, des propriétaires de tout état, des In- tendants de troupeaux , des Bergers, &c. Le reflort de ce Confeil ne s'étend pas fur les troupeaux communs, qui pañlent toute l’année dans les métairies ou dans les bornes d’un même territoire. Son infpection & fes loix ne regardent que les troupeaux de trafumantes, qui vivent l'été aux montagnes , & l’hiver dans les pays plats: tempérés. Depuis la réforme introduite fous Ferdinand & Ifabelle, il doit être compofé d'un Préfident & des Propriétaires de troupeaux ambulants ; qui ont leurs habitations & leurs établiffements aux Provinces de Lus-Sier- ras , Ou des montagnes. Ces propriétaires fe rafflemblent deux fois lan, au nombre de quarante au moins , avec leurs f/cales généraux ou fubalternes. Ce Tribunal fe tient huit jours au printemps , depuis le 25 Avril, & huit jours en automne, à commencer du 4 Octobre, Ces deux termes font quelquefois anticipés ow retardés , felon les circonftances. Chaque Membre doit pofléder au moins cent cinquante têtes de trou- peaux en propriété, Le Confeil eft partagé en quatre divifons ou qua- drillas ; celles de Soria , de Cuença , Sepovia & Léon. Le Propriétaire du troupeau le plus nombreux eft de droit Préfident de chaque quadrillas. Ces quatre Préfidents fiégent de face aux deux côtés du Prélident général, dans l'erdre quivient d’être décrit, Le refte des Propriétaires fiégent indiftinétement. On délibère À tout ce qui a rapport au Gouvernement de la Cavana royale des Merinas , ou troupeaux à laine fine. Les Alcades Majores, Entregadores, ou Juges de Canadas, ainfi que leurs afleffeurs & les fubalteraes, y rendent compte de leur conduite, Gn. connoît par-là que la Cavanaroyale eft l'enfémble des troupeaux choifis de la Nation , & non un corps de troupeau appartenant au Roi. Le Concejo du printemps fe tient toujours en Eftramadure ; & celui de l'automne , dans les Szerras ou montagnes. Les fonctions du Préfident-Commiflaire du Roi ne durent que deux ans ; il eft toujours choifi parmi les Membres du Confeil Souverain, Ceux qui ont rempli ce pote, ny rentrent plus. La Préfidence eft fucceflivement départie au plus ancien des Membres du Confeil Souverain , qui n'en a pas encore exercé les fonétions, Cerre efpèce de fucceflion a été ainfi établie , afin que chacun des premiers Maoiftrats für fufifamment inftruic d’une branche de commerce aufli précieufe pour l'Efpagne. ‘ SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 181 Après la diflolution-de chaque Concejo général, le Prélident, le Fifcal général & le Procureur Général fe retirent à Madrid, lieu de leur réfidence pendant le refte de l'année. Ces Magiftrats repréfentent le Confeil entier dans tous les cas qui demandent une prompte expédition , fauf la condi- tion de faire le rapport des affaires traitées ou provifoirement décidées au premier Confcil général. Les cas font très-rares, où l’on eft obligé de convoquer à l'extraordinaire une affemblée générale , outre les deux Concejo du printemps & de l'au- tomne, Lorfqu'il furvient des raifons indifpenfables de procéder à cette convocation , elle eft ordonnée par des lettres circulaires que la Cour fait diftribuer aux Membres difperfés du Confeil, Suite des faits hifloriques ; caufes d'amélioration. L'expédition de Ximenès en Afrique, vers l'an 1509, ne lui ft pas moins d'honneur, par le grand nombre de bêtes à laine choïfies qu'il ramena en Efpagne, que par la con- quête de plufieurs places qu’il foumit à l’obéiffance du Roi fon maître. Il ne fe borna pas à ce gente de tranfmioration. Informé que l’efpèce natio- nale avoit été abâtardie par l'ignorance des Bergers, & par la négligence des Propriétaires, il fit un choix de Pafteurs Africains, qu'il prépofa au régime général des troupeaux du Royaume. La plupart des Seigneurs & des grands tenanciers, dépouillés de leur autorité , tournèrent leurs vues vers l’accroiflement & la confervation de leurs troupeaux. Damiens de Goez, Portugais, qui écrivoit avant le mi- lieu du même fiècle, compare ces tenanciers aux Chéiks ou Régules d’A- frique, occupés tout le long de l’année du gouvernement de leur bétail. (Ren. Chopin, privil. Reï ruflic. , part, 2, Ub. 2, cap. 1 ). Il fait monter à vingt, trente & quarante milliers le nombre des individus que chacun d’eux poffédoir. (Rerum Hifpanicarum Scriptores aliquor, éd. Francfort,1 579). La méthode d’une vie ambulante fut rétablie dès le vivant de Ximenès, Le raffinement des toifons eut befoin d’un laps de quelques générations, pour être effectué; car les moutons de Barbarie n’avoient d'avantage fur ceux d'Efpagne , que la blancheur & la vigueur. Cette révolution fuc l'ouvrage du temps, des pâturages , & l’occalion de la nouvelle dénomi- nation de ganados-finos , qui caraétérife encore aujourd'hui les bêtes tra- fumantes. Depuis la parfaite exécution du plan de: Ximenès , le régime des trou peaux d'Efpagne n’a pas changé. Îl ne paroïc pas que , dans cet inter- valle , les Nourriciers aient cherché à foutenir le mérite de leur bonne ef- pèce , par l’expédient d’une race étrangère plus parfaite. Moyens de perfeëlion. Trois moyens leur ont fuff pour en conferver la qualité, La direétion du Confeil de la Mefta, dont il vient d'être parlé, le choix des beliers, & les pratiques de la vie ambulante. Ce qui fuir, & ue partie des notions précédentes fur l’état atuel des troupeaux d'Ef- pagne, ontété extraits d'un Difcours manufcrit defM, Alftroëmer fils, lu 182 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, à l'Académie de Stockholm; d'un Mémoire de Dom Louis Ortego, & de plufieurs RER à mes Queftions envoyées de Madrid, Choix des Beliers. Un Propriétaire aifé, jaloux de voir profpérer fon bétail , n'héfite pas de facrifier jufqu'à 200 ducats, environ 2500 liv. de notre monnoie , à l'acquifition d'un excellent étalon. eux qui fe piquent d'un bon choix, ont moins égard à la fineffe de la toifon , qu'à la force du tempérament. Le fuc des pâturages & la dou- ceur du climat , qui concourent à rendre la laine molle & foyeufe, affoi- bliffent infenfiblement les mâles Les plus vigoureux. Cet inconvénient n'a pas lieu dans notre France feprentrionale. Les beliers bien conftitués fe foutiennent , & fervent plus long-temps. De nos jours, les troupeaux de trafumantes ne font pas moins nom- Dreux qu'au temps de Damiens de Goez. Il en eft qui montent à cinquante & foixante mille bêtes. On évalue à cinq millions le total de ces animaux. Les bêtes à laine commune qui ne voyagent pas, égalent le même nombre, Le régime de la vie ambuiante ne peut pas être propofé indiftinéte- ment à toutes les Nations, Il fuppofe & exige une longue fuite de terres incultes: mais il eft très-poflible, & même néceflaire, d’imiter les Efpa- gnols , en procurant aux troupeaux la jouiflance nof interrompue d'un air pur. Vie ambulante. Les Efpagnols promènent perpétuellement leurs races choifies de bêtes à laine, La vie de ces animaux & des Bergers qui les gou- vernent, eft un voyage continuel , un paflage des pâturages d'été dans les pâturages d'hiver, Point de féjour dans les habitations des Propriétaires , que le temps néceffaire à l’opération de la tonte ; point de Bergeries ; point d'abri ni de parcs domeftiques. Les races trafumantes fe trouvent en plus grand nombre dans une partie de la Caitille neuve , aux environs de Sépovie, & en divers triages de la vieille Caftille , depuis Burgos & les montagnes ou Sierrasde Orbion , jufqu’aux frontières des Royaumes d'Aragon & de Navarre, en allant de l'Ogrogne à Agreda, & en pénétrant dans l’intérieur du pays, du côté d'Almazan, Ville fituée fur la grande route de la Navarre à Madrid. Les meilleures branches fe diftinquent par les qualifications de Ségo- vie, de Paular, de l'Efcurial, de Guadeloupe, de Bexas , de l'Infantado , de Luco, de Negrette, de l'Efcobar, &c.; de Léon & d’'Eftramadure, es dénominations, quoique généralement accréditées, font impropres, en ce que, par le fair , les vraies bêtes trafumantes n'ont point de patrie : elles fe tirent de la demeure des Propriétaires , & des lieux où fe fait la tonte au retour des pâturages d'hiver. Le gouvernement de ce peuple d'animaux eft confié à des Bergers, pré- fidés par un Chef ou Majoral, SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 18; Un grand troupeau (Cavana) , compofé depuis vinot & trente mille jufqu'à cinqante & foixante mille bèces, eft fubdivifé en autant de "troupeaux particuliers ( Rebano ) qn'il y a de milliers d'animaux. Les € Ravaden ou Bergers de Rebano vivent aflez miférablement: il leur eft permis de joindre vingt chèvres à leur divifion. Le lait de ces femelles ferc en partie à nourrir les agneaux des mères qui en manquent, Chaque Berger a fous lui un aide ou adjudant, un Paflor ,un Adjudant de ce Paflor, &un Zagal. Au temps de la tonte & de la naïflance des agneaux , les Propriétaires louent des Æ/co/eros où Gardiens extraordinai- res. Leurs fonctions ceflent aufli-tôt après la récolte desilaines, & dès que les agneaux nouveau- nés peuvent être aflujettis à la vie commune du Rebano. Les maîtres qui, par un efprit d'épargne, retranchent deux Serviceurs , agiffent contre leurs intérêts. La Boulangerie & le foin d’apprèter les victuailles font départis à des Vivandiers Roperos , qui fuivent la troupe, depuis le départ après la tonte, jufqu'au retour. Deux fufifent pour vingt Rebano. - Les provifions & les bagages de chaque divifion font portés par un cheval, un mulet ou un âne ; deux limiers ou mâtins accompagnent aufli chaque Rebano pour fa défenfe. Il y a tous les ans une revue générale du grand troupeau, & une revne particulière de chaque divifion. Le majoral ÿ rend compte au Proprié- taire des opérations des deux campagnes d'été & d'hiver; des accroiffe- ments & des pertes; de la dépenfe & de la recette, Ke, Ce compte fini, le Majoral reçoit des ordres, dont il fait part aux Ravadans & aux Adju- dants, ù Les Bergers Efpagnols jouiffent de plufieurs priviléoes. La plupart ont leurs caufes commifes au Conf£il où Concejo de la Mefla, font exempts des contributions pour les ponts & chaullées : il leur elt permis d’abattre fur leur route tout le bois dont ils ont befoin. Au premier danger, ils peuvent exiger une efcorte militaire , tant en paix qu'en guerre, La jouif- fance de ces prérogatives eft affujettie au tribut annuel ( Puerto) d'u: bête par vingr, qui fe paye exactement à une efpèce de Douane für route des pâturages d'hiver, Péturages. L'évendue des vacants d'Efpagne eft immenfe; les troupeaux peuvent parcourir quinze & vingt lieues , fans faire tort aux productions du labourage. L'herbe de la Vicille-Caftille eft très-courte, & en général peu abon- dante. Celle de l'Eftramadure eft plus longue & plus garnie, Ï| y a des cantons & des années où cette herbe pouffe à la hauteur des moutons qui s'en nourriffent, Le f;ftème établi en Efpagne, de regarder les pâturages comme la principale richefle de l'Etat , eft fondé fur pluñeurs loix, L'on a emtr'autres 184 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, une Ordonnance du Roi Philippe IV, en date du 4 Mars 1633, dans laquelle ce Prince déclare, qu'afin que l'abondance des pâturages puifle en faire le bon marché , il ne fera déformais permis à qui que ce foit d’en- clore , de labourer ou de cultiver aucune portion de terrein , fans une permilion exprefle ; elle ne peut s’obtenir que dans Le cas d’une néceflité bien prouvée, après l'examen le plus exact : défenfes de planter de nou- velles vignes ; les différends à naître fur le prix de la location des pâtu- rages. feront terminés à l'amiable par des Experts; routes les redevances arbitrairement impofées par la cupidité des poffeffeurs , feront fupprimées; les pâturages communs ne pourront être affermés; un Propriétaire n'aura pas la liberté de vendre ou: céder fon troupeau , fans vendre ou céder en même temps la location ou propriété de fon pâturage; tout particulier qui n’a pas de bêtes à laines ne fera pas reçu à prendre à bail un pâturage; celui qui pofsède plus d’arpents de pâturages que le nombre proportionnel de bêtes , eft obligé de céder Le furplus de fon ténement à un autre poflef- feur ; le prix des pâturages fera taxé, fans excepter ceux qui appartiennent au Roi. Les herbages ou pâtures fe divifent en deux faifons; les unes d'été, & les autres d'hiver. Pendant cette dernière faifon , les bêtes trafumantes par- courent les plaines baffes de l'Eftramadure, de l'Andaloufe , de la Nou- velle-Caltille & du Portugal. Les quartiers d'été fe prennent fur les mon- tagnes des Provinces feptentrionales, telles que la Vieille-Caftille, Le Léon, les Afturies & la Galice. Les Propriétaires de Saria envoient les leurs fur les montagnes de Burgos & de Bifcaye, Le départ pour les pà- turages d’été fe fait immédiatement après la tonte : on les quitte à la mi- Novembre, pour entrer dans les pâturages d'hiver, Les Bergers & leurs adjudants s’avancent à très-petites journées pour ne pas fatiguer leurs ouailles : la diligence qu'ils pourroient faire ne ferviroic de rien, Il ne leur eft pas permis de prendre polfeflion des pâturages d'été & d'hiver, avant un terme, Ils parquent en blanc pendant la nuit, ou font une enceinte de filets autour des divifions qui ont befoin d’être con- tenues, Ils prennent leur route fur une direétion qui leur a été marquée. Les chemins ou peloufes qu'ils fuivent, doivent avoir 90 varras d'Éfpagne, environ 240 pieds de France. Cet efpace offre au bétail la facilité de pâturer , même dans les plantations d’oliviers , excepté dans Les jardins &: dans les héritages entourés, foit de murs, foit de haies. Les bêtes qui paf- fent en Eftramadure, mangent, chemin faifant, beaucoup de glands & de feuilles de vignes. Si les Bergers rencontrent quelques torrents groflis par les pluies ou par la fonte des neiges, ou d'autres obflacles qui les ar- rêtent , les Officiers de Juftice ou Municipaux du canton doivent les fournir de paturages ou de fourrages , pendant leur féjour, à un prix modique, SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 185 modique. Le voyage pour gagner les pâturages d'été, dure deux mois, ainfi que le retour de ceux d'hiver, pour arriver aux lieux de la tonte. Le quartier d'été fe prolonge jufqu'à la mi-Novembre ; & celui d'hiver, depuis cette époque, jufqu’en Février ou Mars, proportionnellement au chemin que les bêtes ont à faire pour arriver au lieu de la tonte. IL n'eft pas toujours au pouvoir des maîtres de faire voyager airfi la totalité de leurs bêtes; ils éprouvent fouvent la nécefité d'en garder une partie fur les lieux de leur réfidence ; ils payent fort cher cette prévention, Les bêtes trafumantes qui ne paflent pas alternativement des pâturages d'été aux pâturages d'hiver, dégénèrent d'une année à l’autre. Après trois ans de ce féjour forcé, ce bétail & celui quiren provient, s'abâtardit, & eft réputé commun ou effonte. Les herbes d'hiver fe defsèchent pendant l'été, De riches Particuliers ayant formé en Eftramadure des troupeaux confidérables de la plus belle efpèce, ont eu le déplaifir de les voir dépérir. Les toifons des animaux qui paflent l'été dans les quartiers d'hiver, n’ont plus la même fineffe. Maladies. Les troupeaux ambulants d'Efpagne éprouvent rarement les maladies qui défolent fort fouvent ceux des autres Nations, Il n'y a prefque jamais de mortalités qu’à la fuite de la tonte. L'abus de faire fuer , l'intérruption de l’exercice ordinaire, l'impreflion fucceflive de la chaleur du jour & de la fraîcheur des nuits fur les bêtes dégarnies"äe leur toifon , en font la caufe. Les accidents deviennent encore plus funeltes, lorfque la tonte eft fuivie de pluie, L'éducation d’une vie ambulante, telle à-peu-près qu’elle vient d’être décrite , a été pratiquée par les plus anciens Peuples, & dans les premiers âges des grands Empires. Elle eft encore fuivie en Afie & en Afrique: elle procure l'avantage de mettre à profit les pâturages des terres incultes, & de préferver les bêtes de bien des maladies; les peaux en font meilleures, la laine plus pure & plus fine: mais il y a moins de gras pour la bouche- tie, & l'on ne tire point parti du fumier, comme parmi nous, pour la culture des terres. La Tonte. Les trafumantes ne vifitent qu’une fois lan les habitations de leurs maîtres. Elles arrivent à Sécovie au commencement de Mai; à So- ria & à Burgos , à la fin de ce mois ou au commencement de Juin Ce n'eft pas dans ces Villes que les Propriétaires reçoivent leurs hordes d’ani- maux , mais dans des campagnes firuées à quelques diftances des chefs- lieux, Le féjour ne dure que le temps nécefaire à la tonte. Les Efpaonols fe diftinguent des autres Nations de PEurope, par l'ap- pareil avec lequel ïls folemnifent la moifflon de leurs laines fuper- fines. Le bâtiment où f: fait la tonte eft diftribué en plufieurs parties. Le tondoir eft-au centre: on le nomme Æ/quileo. Sa grandeur eft propor- Tome XXI, Part, I, 1784. MARS. Aa 186 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, tionnée au nombre des individus qui doivent être dépouillés de leurs toï- fons : il eft quarré en tour fens. k Les logements accefloires , outre la falle occupée par le Propriétaire, fervent de retraite aux bêtes blanches ; les uns avant la tonte, pour les faire fuer, les autres après , pour les garantir des pluies, de l'ardeur du foleil, & en général de tout ce qui pourroit affecter La fanté des animaux, dans leur état de nudité. S L'ufage ordinaire eft de n’expédier à-la-fois qu'un Rebano ou mille bêtes. On introduit d’abord ce nombre dans le lieu deftiné à faire fuer; Fon y tient les bêtes ferrées les unes contre les autres , à l’effec d’exciter une tran{piration plus prompte, plus abondante , & d'augmenter par-là le poids des toifons. C’eft-là que la laine fine d’Efpagne contracte toutes les faletés d'urine , de croton , de fiente & de terre, qui la rendent mé- connoiffable aux yeux de ceux qui l'ont vue avant cette pratique. -Les portes de l’Efquileo , gardées par des gens affidés , ne s’ouvrent qu'au moment d'y faire pafler les bêtes de chaque Rebano au fortir de l'endroit où on les a fait fuer : on les referme fur-le-champ. Il eft expref- fément enjoint aux Portiers de ne laifler fortir ni ouvriers , ni bêtes , qu’en préferce du Propriétaire, ou en vertu d'un ordre authentiquement fi- gnifiés, Les Tondeurs, rangés fur quatre lignes, au nombre de deux à trois cents, #ecoivent une bête à laine des mains d’un Recividor , homme de confiance, chargé du foin d'introduire les bêtes Fune après l’autre dans V'Efquileo. TI lie les pieds de animal , & le livre au Tondeur, qui opère fur-le-champ , de la même manière que parmi nous. Il plie d’abord le corps de la teifon, en la roulant fur elle-même, & la lie, pendant que le Tondeur achève de dégarnir le ventre , la queue & les cuiffes. La laine du ventre eft jettée dans de grandes mannes ou paniers. Le Recividor en prend une portion, qu'il insère dans chaque toifon. Les laines de cuif- fes & de queue font recueillies par des femmes, qui en rempliffent des facs, Cette qualité eft employée comme bourre ou rebut , dans Le pays, à des Ouvrages grofliers. ne : Chaque Tondeur n’expédie pas plus de dix à douze bêtes par jour. S'il a piqué ou coupé la peau, il applique fur la place une poudre de cette efpèce d'écume qui s'échappe du fer, lorfqu’on le bat en fortant du brafier de la forge. Le Recividor reprend enfuite l'animal, le délie, & le remet dans l'endroit deftiné à recevoir les bêtes rondues. Il livre Ja toifon à des prépofés, qui la placent dans des lieux humides, pour empêcher qu’elle ne perde de fon poids. À l'extrémité de l'Efquileo, eft un balcon, d’où le Maître jouit du fpec- tacle de la tonte, Environné d’une compagnie choiïfie d'amis & de per- fonnes attachées à fes intérêts, il excite les Tondeurs à bien faire, & donne SUR L'HIST. NATURELEE ET LES ARTS, 187 les ordres de détails relatifs à l’objet. Les afliftans le fecondent, & par- tagent fes foins, dans les circonftances où il ne peut pas fuffre à tour. Le fpectacle n’eft interrompu qu'aux heures de repas ; par des fêtes brillantes & fomptueufes. S'il arrive que les laines aient été enarrhées ou vendues avant la tonte, l'acheteur commet un Facteur, qui ne cefle pas d'être préfent, - jufqu’à eau toutes les toifons foient abattues, Celui-ci veille à ce qu'il ne fe paile rien dans l'Atelier , qui puifle porter préjudice à fon Com- mettant, La feule pratique abufive qui puifle être reprochée aux Propriétaires , eft celle de faire fuer. Ils perdent en qualité ce qu'ils. gagnent en poids, La vapeur d'un air étouffant , infecté & concentré , occafionne plufeurs fortes de maladies, qui ne fe déclarent pas fur-lechamp : nouveau fu- jet de perte , que les Nourriciers Efpagnols préviendroient en s’abfte- nant de faire fuer. si Avant de congédier chaque Rebano , on imprime une marque aux in- dividus qui les compofent, pour prévenir la confufon du mélange , & afin que les Chefs de chaque divifion puiffent rendre un compte plus exact de leur conduite. Les Bergers , avant leur départ pour la campagne d'été , repréfentenc au Maître toutes les peaux des moutons tués, ou morts de maladies. Ces peaux fe façonnent & s'apprêtent fuivant l’art de la Mézifferie. La laine des meilleures eft tondue ou préparée en pelades. Les avalies s’abattent avec une plane de fer, garnie de dents longues d’un demi-pouce à l'en- droit du tranchant. Le Propriétaire , après avoir pourvu à tout, congédie le troupeau & fes gardiens, La campagne d'été commence ainfi que l'année écono- mique; fa durée comprend aufli la campagne d'hiver. Confequences. Cette expoñition hiftorique rend palpable la vérité du principe, que ce font Les pâturages qui forment les râces, & la qualité des laines pardeflus tout. L'avantage dont jouit l'Efpagne à cet égard , eft foutenu par la fage direction de Confeil de /a Mefla. par l'attention à n’admettre aux trou- peaux que desbeliers choifis, par les pratiques de la vie ambulante; & enfin, par la douceur prefque toujours égale du climat. Le froid n’exerce point fes rigueurs dans les Provinces où les trafumantes paflènt le quartier d'hiver. Les chaleurs fe font peu fentir aux montagnes, tandis que la plaine eft defféchée 8 comme embrafée par l'ardeur des rayons du foleil, Croire qu’en tranfportant de tels animaux fous un ciel différent, l’on obtiendra la production perpétuée d’une laine aufli fine, c’eft un faxi- ment contredie par les faits ; par l'expérience & par la raifon, Tome XXIV, Part, 1,1784. MARS. L Aa 2 188 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, ST T A DES EXPÉRIENCES ET DES OBSERVATIONS Sur les gravités fpécifiques & les forces attraétives de différentes Subflances falines ; par M. KIRwaAN : Lue à la Société Royale, le 11 Avril 1782; Traduite de l'Anglois, par M. L. D.B, , de l'Académie de Dijon. Aivanr d'entrer dans le détail des nouvelles expériences que j'ai faites, en continuant de m'occuper de ce fujet, je demanderai la permiflion de rectifier quelques erreurs où je fuis tombé dans mon dernier Mé- moire. ! c L. En calculant la quantité d’acide que prennent 10 grains #- d’alkali fixe végétal non cauftique, je n’ai point fait érat de la terre qu’ils con- tiennent (favoir 0,7035$ de grain); mais dans une grande quantité d’al- kali , cette proportion devient confidérable, & a occafonné une erreur fenfible dans les calculs fuivants de la proportion des ingrédients des fels neutres , la quantité d’alkalife trouvant moindre par-là que je ne l'ai fuppofée dans les 20 grains “. Au moyen de cette correction , l'on trouvera que 100 grains d'alkali végétal parfaitement fec, déduction faite de la quantité de terre, contiennent généralement 22,457 grains d’air fixe, au lieu de 27, comme je l’avois ci-devant déterminé. Cepen- dant la première détermination eft jufte, lorfqu’on ne fait point abftrac- tion de la terre, & l’on peut fuppofer qu’elle a lieu, comme dans l'al- kali des cendres gravelées, purifié par trois calcinations & folutions répé- tées, 100 grains d’alkali dégagé d’air fixe, de terre & d'eau , prennent donc 46,77 grains d’acide minéral , c’eft-à-dire , d’acide pur; & 100 grains d’alkali végétal commun non cauftique , prennent environ 36,23 d'acide réel, : g 100 gfains de tartre vitriolé parfaitement fec, contiennent 30,21 d’acide réel, 64,61 d’alkali fixe, & 5,18 d’eau. Le tartre vitriolé cryftal- lifé ne perd que 1 pour cent d’eau , à la chaleur qui n’en fépare aucune- iment l'acide, &gontient par conféquent 6,18 d'eau. 100 grains de nitre,parfaitement fec, contiennent 30,86 d'acide, 66 = SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 189 d’alkali, & 3,14 d'eau, Mais dans le nitre cryftallifé , la proportion de l’eau, eftun peu plus grande ; car 100 grains de ces cryftaux , expofés à une cha- leur de 180°. pendant deux heures, ont perdu 3 grains de leur poids, fans exhaler aucune odeur d’acide ; mais à la chaleur de 200°, l'odeur de la. cide nitreux devient fenfible. 100 grains de nitre cryftallifé contiennent donc 29,80 d'aëide pur, 63,97 d'alkali, & 6,14 d’eau. 100 grains de fel de Sylvius parfaitement fec, contiennent 20,68 d'acide marin, 63,47 d’alkali, & 6,85 d'eau. 100 grains de ce fel cryf- tallifé ne perdent qu'un grain de leur poids , jufqu'au moment où la cha- leur en exhale Peu d'acide martin, Ils contiennent donc 7,85 grains d’eau, e ; Mais l'erreur qui m'a coûté le plus de temps & de peine à corriger, eft celle par laquelle j'imaginois que les mélanges d'huile de vitriol & d’eau, d’efprit de nitre &.d’eau , avoient atteint le maximum-de leur denfité , lutte étoient refroidis à là température de latmofphère, qui, au moment de mes expériences , étoit entre 50 & 60° du thermomètre de Farenheit. Avant d'examiner {a denfité: du premier de ces mélanges, j'ai attendu fix heures , remps beaucoup plus long que ne l'exige fon refroidiflement ; mais je n’attendois que très-peu de temps, lorfque l'acide étoit délayé au point de n’occafionner que peu.ou point de chaleur. Cependant , au bouc de quelques mois, j'ai trouvé que:beaucoup de ces mélanges étoient plus denfes que lorfque je les avois-examinés d’abord. I} faut un intervalle de douze heures au moins, avant que l'huile de vitriol concentrée , à laquelle on ajoute deux fois fon poids d'eau ,ait atteint le dernier degré de denfité : & l'intervalle doit être d'autant plus confidérable , que la proportion d’eau eft moindre. Lors donc que j'ai fait le mélange de 2$19,75 grains d'huile de vitriol, dont la gravité fpécifique étoir 1,819, avec 180 grains d’eau, au bout de fix heures , j'ai trouvé [a dénfité1,771 ; maïs au bout de vingt- quatre heures, elle étroit de 1,798. Ainfi , fuivant. le raifonnement de mon premier Mémoire, la denfité accrue étoit au moins 0,64, au lieu de 0,45, comme je l’avois trouvé d’abord, Mais en. me fervant d'huile de vi- triol encore! plus concentrée:, dont laigravité fpécifique étoir 1,8846, par une fuite de mon raifonnement , j'aittouvé une approximation encore plus ‘grande , & que la denfité accrue dell'huile de vitrisl, dont la gravité fpé- cifique eft 1,819, Monte à 0,104, & par conféquent fa gravité fpéci- fique-mathématique eft de 1,715. 6,5 grains de cette huile de vitriol contient, comme-je l'ai trouvé d’a- bord , 3,55 d'acide. pur, &le refte d'eau. Ainfi, le poids d’un volume égal d'eau eft de 3,79 grains; & en fouftrayant de l’huile de vitriol le poids de l’eau qui entre dans fa compofition, lon trouvera que le poids d’un volume d'eau égal à la partie acide, eft de 0,84, & conféquemment , que la gravité fpécifique de la partie acide pure eft 4,226, J'ai conftruit Ia Table 190 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, ci-jointe fur ce principe , & en n’examinant la denfité des mélanges qu’au bout de douze heures au moins, & fouvent de fix. heures feulement, lorfque l'huile de vitriol eft délayée avec quatre fois fon poids d'eau. J'ai maintenu conftamment la température de La chambre entre 50 & 60°. mathématique |phyfique de la e la gravité gravité fpéci- ité, fpécifique. fique. ee ob EMA MER CAR Sr Fr, 1000 |— —| 387,95 1,877 1, 846 1100 [— — 437395 pee ï Es AZ OO ER RE 79 > > 1300 [— — HA 1,661 1; 70$ 1400 |— —| 787,05 125,90 121644 1500 |— — #87:95 ee » ie 1600 |— .—| 987,95 ? 2 1700 |— —|1087,9$ 1,379 1, 509 1800 |— —|1187,95 1,359 1, 474 1900 |— —|1287,9$ * 1,326 1, 442 2000 |— —|1387,6< re 1, 420 2100 |— —|1487,95 12 1, 32e 2100 f— —|1587,9$ 1,269 hi 2300 |— —|1687,95 ESA 1, 362 2400 |— —|1787,95 1241 1, 345 2500 |— —|1887,9s 1229 1, 333 2600 [— —|1987,95 1,219 1, 320 2700 |— —{21087,95 1209 07 2800 |— —|2187,9$ 1,200 me 12 2900 |— —|1287,9$ ee Ts 202 3000 |— —|2387,95 1,154 1, Sn 3100 |612,05|2487,96 1177 1, 4 3200 |— —|2587,9$ 1177 1,-260 3300 |— —{2687,9s pré4 1400 3400 |— —{2787,9S 1159 HONPE 3500 |— —]21887,9s 1:1$0 11233 3600 |— —|2987,9$ 1149 1, 222 3700 |— .—|3087,95 11144 1; 217 3800 [— — 3187,95 1,140 x ap 3900 |— —|3287,95 1,136 1, 20 4000 |— —13387,95 EURE “He 4100 |— —|3487,9s 1:128 M, 19 4200 [— —|3587,95 D125$ RS 4300 |— —|3687,95 Mar tee 4400 |— —|3787,95 1118 1; 4500 |— —|:887,9; LUI RE 4600 |— —]3987,95 PS QUE 4700 |— —|4087,9$ 1,110 1, I 4800 |— —|4187,95 ROZ RE 4900 |— —|4187,95$ 1,105 13,175 5000 |— —14387,95 ne LAURE ——— SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS, Huile de Vitriol. [48 s100 5200 5 300 5400 5$00 $ 600 s700 $800 5 900 6000 6100 6200 6300 6400 6500 6600 6700 6300 6900 7000 Acide. Eau. —|4487,9$ —|4527,95 +|4687,95 —!4787,9$ — 487,95 —|4987,95 —|5087,95 —|5187,95 —15287595 —1538759$| 12,05|5487,95| (5 587:95 —15687,95 — {57875 —:5887,95 1598795 Cal 6c87,9$ —|6187,9s —|6287,95 —16387,95 RTS TS BIEL | LS Accroif-| Détermination | Déterminat. fement }mathémarique |phyfique de de den-lde la gravité) la gravité fpé- lité. fpécifique. cifique, ,069 1,100 1,169 069 1,098 1,167 3069 1,096 1,16$ 069 1,094 1,163 ,068 1,092 1,160 5067 1,091 1,158 5067 1,089 1,156 5067 1,087 1,154 ,06$ 1,086 1,151 ,C64 1,084 1,148 064 1,082 1,146 3063 1,087 1,144 5262 1,080 1,142 3062 1,078 1,140 061 1,077 1,138 060 1,076 1,136 ,060 1,074 1,134 ,260 13072 1,132 ,060 1,070 1,130 5959 1,069 1,128 191 L A l'égard de l'acide nitreux , j'ai trouvé aufli que je m’érois trop preflé pour l'examen de fa denfité, après le mélange avec l'eau. En faifant n 7 ?E , . , Ë ufage d'un acide, dont la gravité fpécifique étoit 1,474, en DORDUNnE le mélange que douze heures après, & fix heures au moins , lorfque l'a- cide étoit délayé avec deux fois fon poids d’eau, ou au delà, ar une . . 2 LA : 4 ai é fuite de mon raifonnement , j'ai trouvé que la gravité fpécifique de Pa cide nitreux pur, étoit ÿ,530. k | Efprit de Aude. Eau. Nître, fité. £r- Pr DPrRRETr 9001507) — 1000 — —| 607|— — 1100 — —| 707| ,035 oo 807| ,056 1300 |——,——! 907| ,065 1400 | 393 1007) ,06$ 1500 !— —|1107| ,077 1600 |— —|1207| ,08z 1700 — +397 5082 1800 — —;1407| ,983 Accroif- Détermination fementr | mathématique de den-| de la gravitélia + re | fpécifique. fpécifique. LED EN ER 1,557 1,474 1,413 1,367 1,329 1,298 1,273 1,2$7 1,233 1,217 Déterminat. phyfique de gravité 1,557 ° 1,474 1,448 1,423 1,394 1,363 1,350 1,333 1,315 1,300 | A ———— s92 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, \ Accroif-| Décermination DER Efpric de, , : fement [mathématique |phyfique de Nitre. Acide, | Eau. 4. den-|de la gravitéfla gravité fité. fpécifique. fpécifique. che RE = 40 1900 |— —|1507| ,083 1,204 1,287 2000 [— —|1607| ,096 1,191 1,269 1100 |[— —l1707| ,088 1,181 1,254 2200 |— —|1807| ,071 1,176 1,247 2300 |— —|1907| ,068 1,162 1,230 2400 |— —|2007| ,068 1,154 1,222 2<0@ |— —|2107| ,067 1,147 1,214 1600 |+- —|2207| ,065 1,141 1,206 1700 |— —|2307| 063 1,135 1,198 2800 |— —|12407| ,061 1,129 1,190 2900 |[— —|1507| ,058 1,124 1,182 3000 |— —|2607| ,055 I,120 1,175 3100 |— —|2707| ,054 1,116 1,170 3200 |— —|2807| ,054 IIII 1,165 3300 |— —|2907| ,053 1108 1,161 3400 |— —|3007| ,052 1,104 1,156 350007) 50e 1101 1,151 3600 | 393 13207 ,048 1,098 1,146 3700 |— 13307] ,047 1,095 1,142 3800 |— —|3407| ,045 1,092003| 1,137 3900 |— —|4507| 043 |. 1089 1,132 4000 |— 37 ,040 | 1,087 1,127 4100 |— —13707, ,037 1,085 1,122 4200 |=— —|3807| ,035 1,083 1,118 4300 |— —|3907| 934 1,080 1,114 4400 | —|4007| :037 1,078 1,110 4500 |— =—|4107| 029 1,077 1,106 4600 |— —|4107| 027 1,075 1,102 4700 |— —)4307| 025 1,073 1,098 4800 ue: —|4407| ,022 1,072 1,094 4900 |—= —|4507| ,020 1,070 1,090 5000 = —|4607| ,018 1,068 1,086 5100 j— —14707| 015 © 1,067 1,082 5200 5 — 4807| ,o12 1,066 1,078 5300 |— —l4907) ,008 1,066 1,074 Les expériences précédentes ont été faites à une température, entre ÇO & Go°, de Farenheit. Mais comme on peut foupçonner que la denfité des acides ci-deflus eft confidérablement altérée par une grande différence dans les degrés de température, j'ai tâché de trouver la quantité de cette altération, & de calculer quelle feroit la denfité à $5°, afin de dérermi- ner par-là les quantités d'acide & d'eau. En conféquence , j'ai pris de l'efprit de nitre déphlogiftiqué ; j'ai exa- ' miné AL » SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 193 miné fa gravité fpécifique à différents degrés de chaleur, & l'ai trouvée comme ci-après. Degrés. Gravité fpécifique. , 39 Ph QU ei el val 1 546 $° A 461... pen pa S87 rit 86 , . éd . r:4302 T2 +105 6 :s 154123 Par conféquent , lexpanfion totale de cet efprit de nitre, depuis le 30° degré , jufqu'au 120°, c'eft-à-dire , par une chaleur de 60 degrés, a été de 0,527; car 14650— 1,4123=—=0,$27, par où l’on voit que les dilatations font à-peu-près proportionnelles aux degrés de chaleur: car, fuivant la première dilatation de 30 à 46 degrés, c'eft-à-dire ; pour 16° de chaleur , 90:0,0527:: 16:0,0093. Mais ces 16° de chaleur n'ont produit effectivement qu'une dilatation de 0,0063 ; de forte que la diffé- rence du calcul & de. l’obfervation n’eft que es 0000 Différence qui n’eft d'aucune conféquence dans le cas préfent, & qui pourroit provenir de limmerfion dans la liqueur d'une boule froide de verre remplie de mercure. C’eft le folide que j'emploie pour déterminer la gravité fpécifique des liquides. Dans le cas fuivant , la différence eft en- core moins grande; car 90:0,0527:: 56:0,0327. Mais 56° de chaleur ont produit effectivement une dilatation de0,0348: car 1,4650 — 1,4302 D ET: 04 1 2I =0,0348; de forte que la différence du caleul eft feulement de —-, 10000 J'employai enfuite un autre efprit de nitre, donr la gravité fpécifique étoit Degrés. Gravité fpécifique. : DAMES Penlet emeure 154750 C AIMER ee I 40e ISO enr ete D TE 772 Les expaañons font encore ici prefque proportionnelles aux degrés 'de chaleur; car 115° de chaleur ( différence entre 34 & 1$0) produifene une expanfion de 0,0958, & 15 degrés de chaleur (différence entre 34 & 49) produifent une expanfon de 0,0097 ; & pat le calcul, 0,0123. Il n'y a donc effectivement ici de différence que de — ï 1990 Nous voyons, par ces expériences, que plus l'efprit de nitre eft fort, plus il eft expanfble au même degré de chaleur ; car fi, dans la dernière expérience, l'expanfion de l’efprit de nitre étoit en proportion de celui Tome XXIV, Part. I, 1784. MARS, Bb " 194 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, dela première , fa dilatation à 116° degré de chaleur devroit être de 0,0679 , au lieu qu’elle eft dé 0,0558. Comme Ja dilatation de l’efprit de nitreeft beaucoup plus grande au même degré de chaleur que celle de. l’eau ,.& qu'il n’eft compofé que d’a- cide & d’eau, il en réfulte clairement que fa plus grande dilatabilité ne- doit être attribuée qu'a la partie acide, Ainfi , plus Pefprit de nitre con- tient d'acide, plus fa dilatabilité eft grande; c’eft pourquoi, nous pou- vons fuppofer que la dilatation de l’efprit de nitre eft proportionnelle à celles de la quantité d'eau & de la quantité d’acide qu’il contient: mais, indépendamment de ce réfultat fimple, l’attraétion mutuelle de l’acide & de l'eau fait qu'ils occupent un moindre efpace que la fomme de leurs volumes réunis; condenfation que j'ai donc appellée denfitéaccrue. En y ayant égard, nous pouvons confidérer la dilatation de l'efprit de nitre comme éoale à celles des quantités d’eau'@ d’acide qw'il contient ,moins la con- denfation qu'ils acquièrent par leur atrraëtion mutuelle ; G cette règle convient a tous autres Compofès hétérogènes. Pour trouver les quantités d'acide & d’eau dans l’efprit de nitre, dont la gravité fpécifique a été déterminée à des degrés de température diffé- rents de ceux pour lefquels la Table a été conftruite, par exemple, 54, 55 ou 56 de Farenheit, la méthode la plus füre eft de chercher com- bien cet efprit de nitre eft condenfé ou raréfié par .un moindre ou plus rand degré de chaleur; puis, par une règle de proportion, l’on juge quelle feroit fa denfité à $5°. Mais fi l'on ne peut faire cette expérience, \ A pis y ÿ 10 ° on approchera très-près de la vérité , en prenant —— pour 15° de cha- : 1000 leur au-deffus ou au-deffous de 55° de Farenheit, quand la gravité fpé- : ; . 8 cifique de l'efprit eft entre 1,400 & 1,500, & —— quandelle eft entre 1000 1,400 & 1,300. Quant à l’huile & à lefprit de vitriol, j'ai trouvé les dilatations excef- fivement régulières, probablement à raifon d’une fubftance blanche étran- gère qui s'y trouve plus où moins diffoute ou fufpendue, fuivant que la liqueur eft plus où moins étendue, Je nai pas voulu féparer cette fubf tance, parce que mon intention étoit d'en éprouver la denfité dans l’état où on l'emploie communément, En général, j'ai trouvé que 15° de Vs 5 : 8 ee Fe chaleur occafionnent une différence d'environ —— dans fa gravité fpéci- 1000 3 . 19000 ù cifique eftentre 1,400, & 1,300. Sa dilatation eft plus grande que celle de l'eau , & d'autant plus grande, que l'huile ou lefprit de vitriol eft plus concentré, Les dilacations de l'efprit de fel font prefque proper- æ fique , quand elle n'excède pas 1,800 , & de quand la gravité fpé- SURL'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 195$ tionnelles aux degrés de chaleur, comme il paroïît par la Table fui. vante, n Degrés. Gravité fpécifique, DRE NMNCINENRNS UFR S4 71 MP Se CN 1e SULIL I5 DS CO ROM SNA IT 11920 TG OU E Frs Ur OT IL faudroit donc ajouter où fouftraire pour 21° au-deflus ou au: deffous de $5° , pour réduire au $$° degré pour lequel la proportion d'acide & d’eau a été calculée. La dilatabilité de cet acide eft beaucoup plus grande que’celle de l'eau, & même que celle de l'acide nitreux de même denfité. Je vais maintenant examiner la Quantité d'acide pur néceffaire au point de faturation des différences fubftances avec lefqu:lles ils s’uniffenr, De L'Alkali minéral, Celui que j'ai employé, m'a été donné par M. Turner, qui , par ün procédé particulier &très-ingénieux, le retire du fel commun , & dans fa plus grande pureré. J'ai rendu une portion de cet alkali affez cauf- tique par le procédé ufité; & après avoir évaporé jufqu'à parfaite fic- cité une once de cette folution cauftique , j'ai trouvé qu’elle contenoit 20,25 grains de matière folide. J'étois affuré que la partie aqueufe étoic la feule qui fe füc évaporée , parce que la folution ne contenant que très-peu d'air fixe, il eût fallu, pour le difliper, une chaleur beaucoup plus forte que celle que j'y avois appliquée. J'ai diffous immédiatement cet alkali fec dans deux fois fon poids d'eau; & après l'avoir faturé avec de l'acide vitriolique étendu, j'ai trouvé qu'il contenoit 2,2$ grains d'air fixe : car ce poids manquoit à celui de l’eau , de Palkali & de l'efprie de vitriol employés. . J'ai trouvé quela quantité d'acide vitriolique pur , néceffaire pour fa- turer 100 grains d’alkali minéral pur, étoit de 60 à 6 grains. La folution ainf formée & faturéeSaprès l’évaporation, jufqu’à ficcité parfaite, pèle 36,5 grains, dont 28,38 feulement font d'acide & d’alkali, le reft d'eau , c’eft-a-dire 8,12 grains. ‘ Aüof , 100 grains de.fel de Glaube: parfairement fec , contiennent 29,12 grains d’acide vitriolique pur , 48,6 d’alkali pur, & 22,28 d'eau, Mais Le fel de Glauber cryftallifé contient une plus grande proportion d’eau ; car 100: grains de ces cryftaux, chauffés jufqu’au rouge , ont perdu $5 grains de leur poids. Je fuppofe: que cette perte provient uniquement de l'évaporation de la partie aqueufe, & que les 45 grains reftans con- Tome XXIV , Part, 1, 1784. MARS. BD 196 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, tiennent de l’alkali, de l’eau & de: l'acide dans la même proportion que les 100 grains de fel de Glauber parfaitement fec ; ainfi, ces 45 grains con- tiennent 13,19 grains d'acide viriolique, 21,87 d'alkali fixe, & 9,4 d’eau, r , i Conféquem , 100 grains de fel de Glauber cryftallifé contiennent 13,19 d'acide vitriolique, 21,87 d’alkali, &. 6494 d’eau. J'ai faturé aufli cet alkali avec l'acide nitreux déphlogiftiqué , & j'ai trouvé que 100 grains de cet alkali ont pris $7 grains d'acide nitreux pur dans l'expérience fur laquelle je compte le plus. Mais , dans plufeurs expériences , cette quantité a varié de quelques grains de plus, tantôt 3, tantôt 6 ; d’où je conclus que la proportion de cet acide néceffaire à la faturation de l’alkali , eft à-peu-près la même que celle de l'acide vitrio- lique. Suppofons cette quantité de 57 grains ; alors 100 grrains de nitre cubique parfaitement fec , contiennent 30 grains d'acide, 62,18 d’alkali, & 17,82 d'eau, Mais le nitre cubique cryftallifé contient un peu plus d’eau ; car 100 grains de ces cryftaux perdent environ 4 grains par un defféche- ment doux. Ainf, 100 grains de ce fel cryftallifé contiennent 28,8 d’a- cide, $0,09 d'alkali, & 21,15 d’eau. 100 grains de cet alkali exigent de 63 jufqu'à 66 où 67 grains d’a- cide marin pur. Peut-être la raifon de cette variété vient-elle de l’exceflive difficulté d'atteindre le vrai point de faturation. En fuppofant que ce foit 66 grains , alors 100 grains de fel commun parfaitement fec contiennent environ 35 grains d'acide pur, $3 d'alkali, & 13 d’eau, Ainfi, 100 grains de ces cryftaux contiennent 33,3 d'acide, So d’alkali , & 16,7 d’eau. Pour trouver la proportion d'air fixe, d’alkali & d’eau contenue dans l'alkali minéral cryftallifé , j'ai diffous 250 grains de ces cryftaux dâns 240 grains d'eau. La folurtion a été faturée par une quantité d'efprit de nitre , qui contenoit 40 grains d’acide nitreux pur; d’où ie conclus que ces 200 grains d’alkali contenoient 70 grains d’alkali réel. La folution* faturée pefoit 49 grains moins que la fomme de fon poids , & de celui de lefprit de nitre que j'y ai ajouté ; par conféquent , elle a perdu 40 grains d'air fxe, Ainf, le furplus du poids des cryftaux ( c’eft:à-dire, 90 grains) doit être de l’eau; conféquemment, 100 grains d® ces cryfkaüx conrien- nent 35 grains d'alkali, 20 d'air fixe, & 45 d’eau. Cette proportion, fingulièrement par rapport à l’alkali, eft très-diffé- rente de celle qu'ont trouvée MM. Bergmann & Éavoilier; ce que j'attri- bue à ce qu'ils ont employé de la foude récemment cryftallifée. La mienne l'étoit depuis quelques mois, & probablement avoit perdu beaucoup d'eau & d'airsfixe , par l’'évaporation’; d’où fair l’altération dans toutes les proportions. Suivant les Phyficiens, 100 grains de cet alkali con- tiennent 80 grains d'air fixe. , J'ai trouvé que la gravité fpécifique de l'alkali minéral cryftallifé étoit dans l'air de 1,421. SUR L'HIST, NATURELLE ET LES ARTS. 197 De l'Alkali volatil, Il n’eft pas poffible , par les anciennes méthodes chymiques, de trouver les proportions des principes conftituants de l’alkali volatil fluor ou con- cret, parce que s'il ef poflible d’en féparer l'air fixe , il ne l’eft pas éga- lement d'en féparer l’eau, à raifon de fon extrème volatilité, Ainf, pour trouver cette proportion, il faut recourir aux expériences du Doc- teur Prieftley , qui, par une nouvelle analyfe, produit cet alkali dégagé d'acide aërien & d’eau fous forme d'air. Dans le troifième volume de fes Obfervations, page 294, il nous ap- prend que 1,6 mefure d’air alkalin eft faturée par une mefure d’air fixe, Suppofons que la mefure contienne 100 pouces cubiques :,alors 185 pouces cubiques d’air alkalin en prennent 100 d'air fixe, Mais 8 < pouces cubiques d’aît alkalin pèfent moyennement 42,5 $ grains, & 100 pouces cubiques d’air fixe pèfent 57 grains : donc 100 grains d’alkali volatil pur, dépouillé d'eau, en prennent 134 d’air fixe, En dégageant l'acide aërien d’une partie de cet alkali dans l’état con- cret, & formé par fublimation, j'ai trouvé que 100 grains en conte- noient 53 d'air fixe ; & par conféquent , d'après Le raifonnement précé- dent, 39,47 d'alkali réel , & 7,53 d’eau, ss En faturant une folution de cet alkali avec les acides vitrioliques ni. treux & marin , j'ai trouvé que 10 grains de l’alkali pur prenoient 106 grains d'acide vitriolique pur, 115 grains d'acide nitreux , & 30 d'acide marin. La gravité fpécifique de l’alkali volatil concret dans l'air, 1,4076. Je n’ai pas pu déterminer la proportion de l'eau dans les différenrs fels ammoniacaux , à raifon de leur volatilité ; mais je crois qu'elle y eft en très petite quantité , puifque l'alkali volatil & l'air fixe cryftallifent fans le fecours de l’eau , quand ils font tous deux dansl'état de gaz, De la Terre calcaire. J'ai d’abord diffous cette terre dans l'acide nitreux; & en faifant état de la perte d’air & de la quantité d'eau mentionnée plus haut, j'ai trouvé que 100 grains de terre pure prennent 104 grains d'acide nitreux pur, Au lieu de diffoudre la terre immédiatement dans l'acide vitriolique , j'ai précipité la folution dans acide nitreux par l'acide vitriolique verfé peu-à-peu, & j'ai trouvé qu'il ne falloit pour cela que 91 à 92 grains d'acide vitriolique pur, Pour diffuudre 100 grains de cette terre pure , il faut 112 grains d’a- cide marin, La diffolution , qui d’abord eft fans couleur , devient verdärre avec le temps. Le gyps naturel varie dans fes proportions d'acide, de 198 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, terre & d'eau. 100 grains en contiennent 32 à 34 d'acide , autant de terre , & 26 à 32 d'eau. Le gyps artificiel contient 32 parties de terre, 29,44 d'acide, & 38,56 d'eau. Quand il eft bien féché, il perd environ 24 parties d'eau, & contient par conféquent 42 parties de terre, 39 d’a- cide, & 19 d’eau. 100 grains de félénite nitreufe , foigneufement féchée, en contiennent 33:28 d'acide, 32 de terre, & 34,72 d’eau, 100 grains de félénite ma- rine, bien féchée, de manière à ce qu'il ne s’évapore point d'acide, en contiennent 42,56 d'acide, 38 deterre, & 19,44 d’eau, De la Magnéfie ou Terre muriatique. * Cette terte , parfaitement sèche & dégagée d'air fixe, n’a pu fe dif- foudre fans chaleur dans aucun des acides( minéraux) à la température de l'atmofphère, L’acide nitreux le plus fort n’a pas produit fur elle aucun effet en vingt-quatre heures; mais à une chaleur de 180 degrés , ces acides étendus de quatre ou fix fois leur quantité d'eau , l'attaquent fenfible- ment. Mais comme il fe diflipe par la chaleur beaucoup de ces acides , je n'ai pu juger de la quantité exacte d'acide néceflaire pour en diffoudre une quantité donnée, qu'en précipitant les folutions par une autre fubf- tance , dont la propriété de prendre les acides en certaine proportion étoit déjà connue. Je me fuis fervi pour cela d’un alkali végétal affez cauftique, Par cette méthode , j'ai trouvé que 109 grains de magnéfie pure prennent 12$ grains d'acide vitriolique pur, 132 grains d’acide nitreux, & 140 d'acide marin. Aucune de ces diffolutions n’a rougi les couleurs bleues végétales ; toutes paroiffent contenir quelque chofe de géla- tineux, La diflolution dans l'acide marin eft devenue verdâtre au bout de quelque temps. 100 grains de fel d’epfom parfaitement fec contiennent 45,67 d'acide vitriolique pur, 36,54 de terre pure, & 17,83 d’eau; mais 100 grains de fel d'epfom cryftallifé en perdent 48 en fe defléchant, & n'en con- tiennent par conféquent que 23,75 d'acide, 19 deterre, & $7,25 d’eau. Le fel d’epfom commun contient un excès d'acide ; car fa diffolution rougit les couleurs bleues végétales, 100 grains de hitre de magnélie bien defléché , en contiennent 35,64 d'acide, 27 deterre pure, & 37,36 d’eau. La diflolution de muriate de magnéfie ne “peut être bien defféchée, fans perdre, en même temps que l’eau , beaucoup de fon acide, La gravité fpécifique de la magnéfie pure eft 2,3206. De la Terre de l’Alun ou Terre argilleufe. J'ai trouvé que cette terre contenoit environ 26 pour cent d'air fixe, SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 199 quoique je l'euffe tenue rouge au feu pendant demi-heure, Ceci m'a furpris d'autant plus, que la plupart des Auteurs difent qu’elle en contient à peine. Elle fe diffout dans les acides avec une effervefcence modérée juf- u’au 220° degré de chaleur. J’ai trouvé enfuite le poids de la diflolurion plus léger dans la proportion ci-deflus, que n'étoit celui des quantités employées. ". Pour diffoudre 100 grains de cette terre, non compris l'air fixe, il faut 133 grains d'acide vitriolique pur, J'ai fait cette diflolution dans un efprit de vitriol très-étendu , dont la gravité fpécifique éroit 1,093 , & dont la proportion de l'acide à l’eau étoit à-peu-près comme 1 eft à 14. Cette diflolution contenoit un léger excès d’acide; car elle changeoit les cou- leurs bleues végétales en un rouge brun: maïs elle cryftallifoit par le re- froidiflement , & les cryftaux avoient la forme de l’alun ; de forte que j'imagine que ce font à-peu-près là les proportions de l'acide &de la terre dans l’alun. Cependant il n'y avoit pas aflez d’eau pour former des cry taux confidérables. Comme cette diflolution contenoit un excès d’acide, jy. ajoutai de la terre ; mais je ne pus empêcher qu'elle teignît en rouge le papier bleu , jufqu'à ce qu'il formät un fel infoluble , c’eft-à-dire , qui exige une quantité exceflived’eau pour être diffous ; & quoiqu'une partie fût devenue infoluble, l’autre retint toujours un excès d’acide : aufli dans le même temps & à-la- fois, une partie fe trouve fuperfaturée de terre, & l’autre d'acide, fi toutefois le changement en rouge du papier bleu eft uñe marque de l'excès d'acide ; ce qui, dans ce cas, paroiît douteux. 2 106 grains d'alun parfaitement fec , contiennent 42,74 d'acide, 32,14 deterre, & 25,02 d’eay; mais l’alun cryftallifé perdant 44 pour cent par la defliccation ," 1CO grains en contiennent donc 23,94 d'a- cide, 18 deterre, & 58,06 d'eau. 100 grains de cette terre pure prennent, autant que j'en puis juger , 163 grains d’acide nitreux pur. La diflolution rougit toujours les végétaux bleus: mais après l'addition de cette quantité de terre pure, j'ai eru qu'il pouvoit s'être formé un fel infoluble. La diflolution, après le refroidiffe- ment , seit troublée, & cinq cents fois fon poids d’eau n'ont pu la diffoudre ( de nouveau ). Pour diffoudre la même quantité de terre pure, il faut 173,45 grains d'acide marin , & la diflolution rougit toujours les couleurs bleues végétales : il s’'eft enfuite formé un fel infoluble; mais le commencement de la formation de ce fel eft très-difficile à appercevoir dans le cas a@tuel & dans le précédent. La gravité fpécifique de la terre argilleufe, contenant 2$ pour cent d'air fixe, eft 1,9901. TT Ce 200 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, a AP PE R.C\U SUR LA MINÉRALOGIE DU DAUPHINÉ; Par M DE BOURNONS Lieutenant des Maréchaux de France d Grenoble. L: defir de fatisfaire aux follicitations de plufieurs. de mes amis, joint ‘à celui de faire connoître avec quelque exactitude les richeffes minéralo- giques d’une Province néglizée pendant très-long-temps , & cependant fi intéreflante à connoître , m'a décidé à livrer au jour cet apperçu , qui, à l'origine, n'étoit deftiné qu’à être placé en rête du Catalogue de lapartie miné- ralogique de mon Cabinet, principalement formé des productions de cette Province. M’étant d’ailleurs occupé fur-tout à raflembler tout ce que le Dauphiné pouvoit offrir de variétés eñ ce genre , ma Collection peut être regardée comme la plus complette qui en ait encore été faire jufqu'à ce moment. Je fuis loin cependant de prétendre pouvoir faire connoître toutes les variétés que cette Province intéreffante renferme, Soit à raifon de ce qu’on s’eft occupé delle fort tard, foit à raifon des difficultés que préfentent fes montagnes très-élevées, & fouvent inabor- dables , à l'exception de quelques petits cantons ifolés particuliers des montagnes ; le feul qui commence à étre un peu connu, eft un arron- diflement en demi-cercle de quatre à cinq lieues autour du Bourg d'Oifan. Combien cependant les différentes richefles que ce canton a fournies & fournit encore tous les jours, fur-tout en Lithologie , ne doivent-elles pas faire regretter l'ignorance où l’on eft fur une grande partie du refte ! & avec quelle fatisfation ne doit-on pas voir la révolution qui a tourné de ce côté les connoiffances en Dauphiné, & principalement à Gre- noble, où de nouveaux Cabinets fe forment tous. les jours (1)! En- core quelques années | & fans doute nous ferons-loin alors d’articuler les mêmes regrets. ee mr . (x) Cette révolution doit être principalement attribuée à l’établiffement prefque ma- gique de la Bibliothèque publique de Grenoble, joint à celui d’un Cabinet d'Hiftoire Naturelle, qui reçoit rous les jours un accroifflement cohfidérable, par le zèle a@tif & éclairé du Père Ducros, aux foins duquel il eft confié. 11 feroit à defirer , pour le pro- grès des connoiffances , que toutes les Capitales euffent un pareil établiffemente Une SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. #ot Une des propriétés qui diftingue fur-tout la Province de Dauphiné , & qui eft bien faite pour être appréciée par le vrai Naturalifte , eft de pré» {enter habituellement en décompofition une grande partie des fubftances tant minéralogiques que lythologiques qu'elle renferme, De quelle ref- fource en effet ne peuvent pas être ces décompofitions fimples & naturelles opérées par la Nature elle-même fur les différences fubitances , au Naru- ralifte Chymifte qui les fuit attentivement, & peut y joindre les divers apperçus que lui fourniflent fes analyfes particulières! C’eft fur-tout par ce concours des opérations de l'Art & de la Nature , que nous pouvons efpérer de foulever de temps en temps un petit coin du voile qui couvre cette Nature fi fouvent impénétrable; mais gardons-nous bien de vouloir le déchirer, Tel effort qui ne plaît que trop fouvent à notre amour-pro- pre , convient peu à la modeftie & à la fimplicité de la Nature, qui s’en venge d'ordinaire, en nous faifant prendre pour vérités des illufons , qui, tôt ou tard, fe montrent fous leur véritable afpect. A l'exception de l’étain dans les métaux & du bifmuth dans les demi- métaux, on trouve en Dauphiné des traces de tous les autres. Il eft vrai cependant que plufieurs d’entreux n’ont offert jufqu'’ici que des échantillons propres à enrichir les Cabinets; mais dont la rareté ou le peu de fuite n’a pu jufqu’à préfent fervir de bafe à aucune fpéculation pour lexploi- tation. Les feules mines qui, jufqu'à préfent, aient été exploitées avec avantage , font celles d'argent , de fer & de plomb; encore de ces mines, les feules fur lefquelles on puifle raifonnablement former une fpécula- tion fondée , font les mines de fer , celles-ci fe préfentant pour l’ordi- paire en vrais filons bien fuivis , tandis que les autres ne fe préfentent prefque jamais que par couches, qui fouvent abandonnent le Mineur dans l’inf- tant où il croit avoir lieu de former le plus d’efpoir : ce qui eft dans le cas de le peiner d'autant plus, que ces couches n'ayant pour l'ordinaire aucun rapport les unes avec les autres , lorfqu'une d'elles eft ainfi épuifée , il ne peut attendre que du hafard feul, & de la conftance de fon tra- vail, la découverte d'une autre , qui peut-être le quittera encore plus . promptement que n'avoit fait la première. Telles font, par exemple , les mines d’arsent de Monfieur , à Allemond ,-fur lefquelles il eft impoffible de rien ftatuer, ni fur la durée , ni fur le profit annuel de l'exploi- tation. Les autres métaux fe rencontrent çà & là en nombres d’endroits des montagnes de Dauphiné ; mais ils n'y forment que des rognons ifolés, ou des veines, qui s’annonçant d’abord aflez richement, s’appau- vriffent peu-à-peu , & finiffent même fouvent par difparoïtre, fans efpoir d'aucun retour. Or. Le Dauphiné eft la feule Province qui renfzrme une mine d’or en filon bien réglé, Cette mine, qui appartient à Monféeur, eft fituée à la Tome XXIV, Part. I, 1784 MARS. Grc . 202 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, Gardette , dans les montagnes de l'Oifan , à une demi-lieue du Bourg de ce nom , & environ neuf de Grenoble. Jufqu’à préfent cette mine, quoiqu'une de celles qui fe rencontrent aflez rarement en cette Province en filon bien réglé, n’a fourni que quelques Morceaux, qui n'étant point en aflez grande quantité pour mériter les frais d’une exploitation en grand, font vendus aux Naturaliftes au profit de Monfieur, par M. Schreiber, Diredteur de la conceflion de fes mines en Dauphiné. Le filon de cette mine eft un quartz grenu , fouvent cryftallifé dans les cavités qu'il préfente , & intéreflant par les différentes fubf- tances qu’il renferme : on y voit fouvent du fchorl noir en faifceaux di- vergents , de la galène, de la mine d’argent grife, du bleu & vert de cuivre, & fur-tout beaucoup d’ochre martial. Mais une fubftance qui augmente encore l'intérêt de cette mine, & qui fe rencontre rarement ailleurs dans cet état , c’eft la chaux de plomb , ou mafñficot natif cryftal- lié, dont la forme eft prifmatique aiguille. Il eft fâcheux que ces ai- guilles trop déliées ne permettent pas d’en pouvoir faifiraffez bien la forme, pour pouvoir prononcer deflus. La mine d’or eft difféminée dans quelques parties de ce filon, foit en petites feuilles, foit en petits filets capillaires, &c. A en juger par l’ochre mar- tial dont cette mine eft accompagnée , & la grande quantité de pyrites cui- vro-martiales qui s’y rencontrent aufli, & qui toutes font aurifères , il pa- roît qu'on en doit rapporter la formation à la décompofition de ces mêmes pyrites, Il ne feroit pas étonnant, d’après ceïa, qu’on trouvât dans quel- ques autres endroits de ces montagnes quelques mines pareilles à celle-ci , D grande partie des pyrites qu'on y rencontre donnant de légers indices de ce métal rare & précieux (1). : Argent, L'argent, combiné avec différentes fubftances métalliques , fe rencontre dans une grande partie des mines de Dauphiné, Prefque toutes les mines de plomb contiennent quelqu’indice d'argent , & on le retrouve encore dans {es mines de fer; toutes ces mines , tant celles d’Allevard , que celles de Vizilles & d’Articole , contenant en grande quantité l’efpèce de pyrite cupro-martiale , tenant argent ou mine de cuivre, & mine d'argent grife. Mais la feule mine qui foit proprement mine d'argent, & foit exploitée comme telle , eft la mine d’argent de Monfieur, à Alle- mond, Cependant il paroît, par les reftes de quelques anciens travaux, qu'il y en a eu. jadis plufeurs autres. Telles fonc, ‘par exemple, les ane (x) Suivant les effais que m’a dir en avoir faits M. Schreïber , à qui l'intérêt de ces mines eft confié. Il ne pouvoit être en meilleures mains qu'en celles de ce Minéralo- gifte éclairé, qui joint à une grande modeftie les connoïffances les plus étendues ans l'exploitation des mines, _ \ SUR L'HIST., NATURELLE ET LES ARTS, 03 cfennes fouilles faites à Huez , près du Bourg-d'Oifan, qui paroiffent avoir eu pour objet la mine de cuivre grifetenant argent ,dont on retrouve encore quelques morceaux intéreflants dans les déblais. La mine d’argent d’Allemond eft fituée dans Ja montagne au-deffus du Village de ce nom , à environ fept lieues de Grenoble, Cette montagne, on nomme les Chalanches, fait partie de la grande chaîne fituée à eft de Grenoble. La mine d'argent eft placée fur 1e revers de certe chaîne, dont Le genre de pierre eft de Kkneïfl ; tandis que celui dé la partie regar- dant la plaine de Gréfivaudan eft en plus grande partie de fchifté calcaire. La gangue de cette mine eft calcaréo-martiale, Nous avons déjà vu que la gangue de la mine d’or étoit auAi martiale, & je crois que ces deux mines ont beaucoup de rapport, par la manière dônt elles fe font for- mées. De même que la mine d'or paroît être due à la décompolition de pyrites aurifères, ici la mine d'argent paroït devoir fon origine à la dé- compofition de pyrites argentifères , ou de la mine de cuivre grife tenant argent, Ce qui tendroit à le faire préfumer , eft ia manière irrégulière avec laquelle elle eft difléminée dans cette montagne , où il exifte très-peu de filons , & où prefque tout eft couches , n'ayant aucunes fuites & parfaite- ment indépendantes les unes des autres : d’ailleurs cette mine , qui fournit beaucoup d'argent natif capillaire , a toujours cet argent accom- pagné de beaucoup d’ochre martial , & l'on fait que la pyrite cupro- martiale , ou mine de cuivre grife tenant argent, donne fouvent , par fa décompolition , naiffance à l'argent natif capillaire, Or, il n'y a aucune difficulté d'imaginer qu'il y ait eu dans cet endroit un amas confidérable de mine de cuivre grife tenant argent, qui fe fera décompofée. Cette fup- pofition eft d'autant plus dans le cas de fe faire, que la mine d'argent des Chalanches eft prefque adoffée aux montagnes d’Allevard, fituées à la partie de cette chaîne qui regarde l’oueft, & que les mines de fer fpa- thiques de ces montagnes A D abondamment cette mine de cuivre argentifère. Les mines de fer d'Articole , fituées fur le même rideau que Ja mine d'argent, & à environ une lieue de diftance , font dans le même cas. On retrouve encore cette même mine de cuivre dans Les mines de fer de Vizilles, fituées à la partie oueft de la même chaîne, & à environ cinq lieues au fud des Chalanches; & lefpace qui fépare ces deux mines , montre aufli dans plufeurs endroits la même fubftance. L'origine de la mine d'argent d'Allemond, par la décompofition d'un amas de mine de cuivre grife tenant argent, ne feroit donc pas hors de vraifem- blance. La mine d'argent d’Allemond eft peut-être une de celles de cette fubf- tance qui a fourni le plus abondammert de variétés intéreffantes , propres à inftruire les Naturaliftes & à orner leurs Cabinets, Otez la mine d’ar- gent blanche antimoniale , elle-a fourni toutes les autres variétés con- Tome X XIV, Part. 1, 1784. MARS. Cc2 204 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, nues (1), & la plupart du temps dans un état de décompofition plus intéreffante pour les vrais Naturaliftes que les morceaux choifis & fat- tant la vue, qui feuls font admis dans nombre de Cabinets; & Ôtez les morceaux d'argent natif qui fe font trouvés en grande quantité dans cette mine, elle a fourni peu de morceaux de ce genre, Mais ce qui elt dans le cas d'étonner , c’eft qu’elle n’a préfenté de cryftallifations mats uées dans aucune de ces variétés. J'ai cependant un petit morceau de mine ant rouge en cryftaux prefque imperceptibles, venant de cette mine ; mais c'eft le feul moïceau cryftallifé fortant des Cha- lanches que j'aieencore vu. Une Le variétés faites pour tenir le premier rang dans cette mine, eft celle connue fous le nom de mine de cobalt vitreufe noire : elle eft extrèmement riche, & prefque habirnellement traverfée par une très-grande quantité d'argent natif en petits filets capillaires ou en végétation; fou- vent même ces morceaux font fi riches, que le fimple frottement fufñc pour leur faire prendre Le brillant de l'argent. Cette variété s’eft rencon- trée en grande abondance dans les premiers temps de l'exploitation de cette mine: elle y eft moins commune aujourd'hui. Cuivre. Le cuivre eft mès-abondamment répandu dans les montagnes du Dauphiné, mais jufqu'à ce moment, iln’y en a aucune mine én exploi- tation: il paroît même , par le peu de fuite qu'ont les petites veines de ce métal, qui ne tardent pas à s'appauvrir & même à difparoître toutà-fait, qu'aucun des endroits connus où il fe trouve ne pourroit être exploité avec avantage. Cependant cette Province fournit en échantillons la plus grande partie des variétés connues (2), dont plufieurs peu communes, telles que la malachite brune & la mine de cuivre noire, défignée par Gellert fous la phrafe: minera cupri nigra, fcoriis vitrefaëlis, fimilis aut pi- ceum nigrum referens. Cette fubftance fournit-aufli de beaux échantillons en décompofition , & cette propriété, qui paroît attachée fpécialement aux mines de Dauphiné , en augmente de beatcoup l'intérêt. Fer. Peu de Provinces font aufli riches en mines de fer, & renferment une auflingrande quantité de variétés que le Dauphiné: on y trouve ab- folument toutes celles qui font connues, à l'exception de la mine de fer octaëdre ; encore l’ai-je rencontrée en petits cryltaux difféminés, dans un marbre calcaire primitif des montagnes du Valgodemar (3), Mis les plus intéreffantes de ces mines, eu égard à l'excellent fer qu'elles pro- duifent , & à leur abondance , qui fait un objet de richefle pour le pays, — (1) M: Schreiber n'a montré quelques morceaux de mine d’argent cornée qu'il a trouvés dansicette mine. (2) A l'exception du cuivre natif & de la mine de cuivre vitreufe rouve, j'ai trouvé des échantilions de toutes les autres variétés. (3) L'Hifoire Naturelle doit à M. Villard, Médecin de l'Hôpital Miliaire à Gre- noble, connu fi avantageufement par fes connoiffances étendues dans la Botanique, SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 205 font les mines de fer fpathiques, Leur exploitation fe fait dans trois cantons principaux différents ; dans les montagnes de Vizilles, dans celles d’Alle- vard & dans celles d’Articole, Ces montagnes font partie de la grande chaîne fituée à left de Grenoble ; & font à quelque diftance les unes des autres, Celles de Viziiles font les plus près de cette Capitale, dont elles ne font éloignées que de deux fortes lieues, Celles d’Allevard en font à fepc, & ont à-peu-près la même diftance entre celles de Vizilles & elles; elles font toutes deux placées fur la pente de cette chaîne, qui fait face à la vallée de Gréfivaudan, dans laquelle Grenoble eft fitué. Celles d’Articole enfin font fur le revers de cette chaîne , & oppofées à- \peu-près à celles d'Allevard. 3 F Ces mines font très-étendues; & quoique la plupart foient exploitées depuis plufeurs fiècles, elles n’en font pas moins abondantes. Les mon- tagnes d'Allevard entr'autres pourroient être regardées comme un grand uépier » par la grande quantité de foffes qui {ont ouvertes à leur fuper- cie, & les pénètrent à plus ou moins de profondeur. Cependant ces montagnes fourniflent toujours abondamment ; & à quelqu’endroit qu’on les attaque , on eft prefque sûr d'y trouver un filon. Je viens de dire que les montagnes où font placées les mines d’Arricole font fur le revers de cette chaine, & à-peu près oppofées à celles d'Allevard, Il paroît donc conftant que cette chaîne eft pénétrée en cet endroit de mine de fer fpa- thique, dans toute fon épaifleur, qui eft aflez confidérable. Si l'on ajoute que les montagnes de cette même chaîne, fituées entre celles d’Allevard ‘& de Vizilles , laiffent appercevoir de temps en temps fur les deux pentes oppofées la même mine de fer fpathique , on aura une idée de l'extrême abondance de ces mines, qui rè- grent fur une étendue d'environ une dixaine de lieues, & une largeur très-confidérable , & font en fi grande quantité en certains cantons, tel, par exemple, qu’Allevard , qu'elles paroïffent pour ainfi dire former le noyau de la montagne. Ces mines font mélées de mine de fer fpathique, de mine de fer hépathique due à leur décompofition, & de mine de fer hématite due à une décompofition plus complette, qui les a faic pailer à l’état d’ochre , qui enfuite remanié & charrié par les eaux , a été dépofé par elles à la manière des ftalactites dans les cavités qu’elles ont rencontrées, Une obfervation qui peut être intéreflante à faire, par l'induction qu’on en peut tirer fur fa formation , c'eft que la mine de fer fpathique fur la- celle dece marbre intéreffant qui fe trouve dans une montagne de Kneïff, ou roches feuilletées granitoides , à l'entrée du Valgodemar , au deffus d’un Village qu’on nomme la Chaux , & à la hauteur d’environ douze cents toiles , où il forme un banc d’envi- ron 18 à 20 pieds d’épaifleur , & 45 toiles d'inclinaifon. Ce marbre, quieft homogène dans le milieu de l’épaifleur du banc, fe combine avec les parties conftituantes du kneïlf, à proportion qu'il fe rapproche du rocher formant la mafle de la montagne. 206 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, quelle les acides n’ont aucun effet , fait une léoère,effervefcence avec eux, lorfque , par fa décompolition, elle eft pañlée à l’état hépathique, & montre même d’une manière très-fenfible la progreflion de cette décompofition, due fans doute à la volatilifation d’une grande partie de l'acide minérali- fateur de la mine de fer fpathique, Par cette volatilifation, cette mine devient beaucoup plus légère , friable & poreufe, Si, dans cet état, onen plonge un petit morceau dans l'acide nitreux, les parties fpathiques de la fuperficie qui n'ont pas été totalement décompofées & pénétrées par le fer, étant pour ainf dire mifes à nud, ce morceau fera de légères effervef- cences en quelques points de fa furface , qui cefferont lorfque ces parties fe- ront difluutes, mais reparoîtront detemps en temps par de petites fufées qui s’élèveront de l’intérieur du morceau, à mefure que l’acide nitreux le‘pé- nétrant , attaquera les autres parties calcaires qui y font difléminées; phé- nomène qui n'a nullement lieu, lorfqu'en place de ces fragments de la partie hépathique , on plonge dans le même acide nitreux des fragments de la partie du même morceau qui n’a éprouvé aucune décompofition , parce qu’alors les parties fpathiques font trop enveloppées pour que l'acide puiffe être direétement en contact avec elles. Parmi les mines de fer de Dauphiné , plufieurs font intéreflantes , foit par leur nature, telles que les mines de fer micacées-grifes-magnétiques (1), {vit par leur cryftallifation, telles que les mines de fer fpéculaire en la- mes , parmi lefquelles on peut en diftinguer trois, qui n’ont pas été dé- crites dans la nouvelle édition de l’intérefflant Ouvrage fur laCryftallo- graphie , de M. Romé de l’Ifle. L'une a rapport à la variété 13, citée par cet Auteur, vol. IT, pag. 201, Planc. VI, fig. 44 (2): elle n'en diffère qu'en ce qu'habi- (x) On trouveen Dauphiné deux variétés différentes de ces mines de fer micacées- magnétiques : l’une d’elles a pour gangue un mélange de quartz & de fpath féléniteux ; les lames endont très folides, & fa vertu attraétive eft aflez forte pour enlever une aiguille. ? L’autre, dont la gangue eft de quartz , eft en lames très-minces, très-fragiles & très-brillantes, tachetées pout l’ordinaire de petits points rouges, ayant léclat du ru- bis! Sa vertu attraétive s'exerce fortement fur le barreau aimanté; mais la répulfve n’a de force que celle néceflaire pour contrebalancer l'aétion de la mine en elle- même fur le barreau aimanté ; de forte que l’un des pôles attire très-fortement, tandis que l’autre n’a prefque aucune aétion fur le barreau. (z) Cer Auteur eftimable, queje me félicite d’avoir pour ami, & à la complaifance duquel je dois le peu de connoïffance que je puis avoir en Cryftallographie , par l’hon- nêteté qu'il a toujours mile , en répondant aux divers éclaircifféments que je lui deman- dois , donne cette variété 13 d’après moi. À cette époque, je ne la connoiffois moi- même que par le morceau que j’avois vu à Grenoble dans le Cabinet de M. le Comman- deur de Sayve, & j'ignorois d’où il pouvoir venir. Depuis, j'ai acquis deux ou trois morceaux des mines fpéculaires des Vofoes , qui préfentent la même variété, & je ne SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 207 tuellemenc une des pyramides tronquées manque; de forte qu'on peut regarder ce cryftal comme un fegment de prifme hexaëdre , dont les bords font tronqués de biais, d’un côté feulemenr. Souvent les deux pyramides manquent , & l’on a alors le fegment fimple du prifme hexaèdre. La feconde a de même rapport à cette variété 13 du même Auteur; mais les côtés du prifme font tronqués net par un petit rectangle, & les angles folides des pyramides tronquées le font de biais ; fouvent il manque une des pyramides , ainfi qu’à la variété précédente, La troifième variété eft la précédente , à laquelle manquent les deux py- ramides tronquées , d’où réfulre un fegment de prifme dodécaëdre à côtés alternativement larges & étroits. J'ai toutes ces variétés en cryftaux très-bien confervés , & très-bien caradlérifés. - Plomb. Les mines de plomb font, ainfi que la plupart des mines de Dauphiné, répandues çà & à dans les montagnes. Il en eft peu d’aflez riches & d’aflez fuivies pour mériter d’être exploitées ; quelques-unes ce- pendant le font pour la fonte de la mine d'argent d’Allemond. Une des principales , & celle qui fournit dans ce moment , eftcelle de la Grave. La mine de la Fare, ie à peu d’élévation dans la montagne des Cha- Jlanches, qui eft celle où font les mines d'argent, a aufli donné quelques temps. A l'exception des mines de plomb vertes & rouges , toutes les autres variétés fe rencontrent dans les mines de Dauphiné. La mine de plomb blanche m'a fourni quelques variétés de cryftallifation intéreffantes. Telle eftune variété octaëdre, qui n’a pas été décrite encore, & que m’a fourni un morceau de galène à petites facettes , rendue phofphorique par fon mélange intime avec de la blende jaune & rougeatre venant des envi- rons de Briançon. La mine de plomb difféminée dans la gangue quartzeufe de la mine d'or de la Gardette , préfente aulli une variété, qui jufqu'i préfent avoit pas été cryftallifée ; c'eft le maflicot natif. Peut-être dans la fuite quelques échantillons nous mettront-ils dans le cas de décider la forme de cette cryftallifation , qu'il n'a été impoflible de déterminer jufqu'à pré- fent. Fout ce qu’il m'a été poflible d'en appercevoir, c’eft qu’elle eften pe- tites aiguilles prifmatiques , alongées & ftriées longitudinalement , termi- nées par de petites pyramides très- obtufes. Etain, Jufqu’à préfet il ne s'eft rencontré en Dauphiné aucune trace quelconque de mine d’étain, doute nullement, par le rapport que ce morceau a avec eux, qu'il ne vienne du même endroit, Le Dauphiné m'a aulli fourni plufears morceaux préfentant la même variété, 208 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, Mercure. IL exifte en Dauphiné, dans un canton nommé Saint-Hercy, près de Lamur , à fix lieues de Grenoble, une mine de mercure à l'état de cinabre mêlé de galène & de blende ; mais fi pauvre dans chacune de ces fubftances , qu’elle ne peut meriter d’être exploitée, & fournit même à peine quelques échantillons pour les Naturaliftes. Il paroît cependant, par les diverfes traces des fouiiles qui y ont été faites, & les déblais qui font aux environs , qu’elle a été exploitée autrefois, fans doute à raifon de la galène qui y elt jointe, & qui peut-être y étoit alors plus abondante, I! paroît d’ailleurs qu'elle a fort peu duré. On a eu, pendant un inftant, dans la même Province, l'efpoir de pofféder une mine plus abondante de cette fubftance métallique, Il y a quelques années que , dans Les travaux qu'occafionna la conftruction d'un uai à Vienne , on rencontra un tuf pénétré d’une très-grande quantité 1 À petits globules de mercure; mais cet efpoir ne tarda guère à s’évanouir: & certe découverte fe borna à quelques morceaux qui ont enrichi les Ca- binets, & qui fans doute étoient düs à quelques événements fournis par le hafard , tels, par exemple, que la fracture dans cet endroit de quelques vafes renfermant cette fubftance, &c, &c. Antimoine. On a été pendant très-long-temps indécis fur la nature d’une fubftance métallique blanche, à larges facettes , très-brillantes , ui s’eft rencontrée Re fois dans les travaux de la mine d’argent d'Allemond. Elle a d’abord été prife en Dauphiné pour du bifmuth, puis pour de l’arfenic teftacée, enfuite pour une pyrite arfenicale tenant antimoine. Elle tenoit cette dernière dénomination de M. Sage, d’après un premier effai fait fur cette mine, qui lui avoit fait reconnoïtre la pré- fence de l’antimoine : mais dans la fuite, en ayant eu en fa puiflance plufieurs autres échantillons, il fut dans le cas de répéter plus complet- tement & plus efficacement fes effais, ce qui le conduifit enfin à fixer dé- terminément la nature de cette fubftance, qu'il a nommée mine d'anti- moine arfenicale, ou régule d’antimoine natif, mélé avec très-peu d'arfenic, dans une grande Lettre qu'il écrivoit à cet égard Le 30 Septembre 1781, à M. Schreiber , Directeur des mines de’ Monfieur , en Dauphiné, Mais une variété qui n’a encore été citée par aucun Auteur jufqu’à pré- fent (1), & qui m'a été fournie par cette mine, eft la mine d'antimoine en plumes blanches. On pourroit prendre au premier afpect cette fubf- tance pour une chaux blanche d’arfenic, à l’état cryftallin natif: mais je pofsède un morceau de cette mine, qui lève coute incertitude à cet 1] (x) À l'époque où j'écrivois ces obfervations , n’avoit point encore paru le Mémoire de M. l'Abbé Mongez le jeune, inféré dans le Journal de Phyfique, Juillet 1783, page 66. Cet Auteur a très-bien obfervé la même fubftance , & je me félicite de m'être rencontré avec lui dans ma manière de penfer {ur fa nature. égard, LI L. SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS, 20) égard, en faifant voir de ces petits faifceaux , dont une partie de la longueur des filers plumeux eft à l’état de mine d'antimoine en plumes grifes , tandis que l'autre partie eft à celui de mine d'antimoine en plumes blanches (1). Julqu’à préfent , il ne s'eft trouyé aucune mine d’antimoine dans, cette Province, Zinc. Le zinc eft une des fubftances métalliques le plus abondam- ment répandue en Dauphiné , puifque , indépendamment des blen- des qui y font déjà en grande quantité, les nouvelles découvertes, qui placent au rang des manganèfes la fubftance que M. Romé de l’ifle avoit nommée jadis fleurs de fer , & mine de fer fpongieufe, ont confidé- rablement augmenté les richefles de cetre Province en cette fubftance métallique , puifque la plupart des hématites des mines de fer d'Allevard, de Vizilles & d’Articole font recouvertes de cette fabftance fpongieufe ou pulvérulente , reconnue maintenant pour manganèfe, Comme les mines de fer fpathiques de Dauphiné contiennent toutes plus ou moins de zinc, mais toujours en aflez grande quantité, il n'eft point étonnant que la partie d2 zinc contenue dans ces mines , lorfqu'elles viennent à fe décom- pofer , s'effleurifle à leur fuperficie, & produife ces différentes fubf- tances, connues aujourd’hui fous le nom de fleurs & de chaux de man- ganèfe. Mais comme on ne fauroit révoquer en doute que les hématites qui accompagnent les mines de fer fpathiques de Dauphiné, ne doivent leur origine à la décompoftion complette de ces mines, qui, réduites à l'état d'ochre , ontété enfuite remaniées par les eaux , charriées & dépofées dans les cavités qu’elles ont rencontrées, il fe préfente naturellement ici une queftion , favoir, pourquoi ces hématites contiennent plus de zinc, où pourquoi, fielles n'en contiennent pas davantage, il s’efileurit plutôt à leur fuperficie qu'à celle de la mine de fer fpathique, & fur-rout de celle: qui, par fa décompolition , eft paflée à l’état de mine de fer hé- pathique? Car certe variété, nommée aujourd’hui manganèfe , fe trouve très-rarement fur cette dernière efpèce de mine de fer; & lorfqu'elle sy rencontre , il eft fort rare de ne pas y rencontrer aufli la mine de fer hé- matite. Veut-on adopter la manière de penfer de MM. Bergmann & de Morveau, & regarder cette fubftance & la manganèfe en général comme un nouveau demi-métal particulier ? manière de penfer qui n’a cependant pas encore acquis entre Jes mains de ces deux célèbres Chy- (1) M Roméde Ille, parmi plufieurs autres obfervations intéreffantes, m’a mandé, qu’il regardoit cette fubftance comme étant de véritables fleurs blanches argentines na- tives d’antimoine: c'eft aufli le fentiment de M. l'Abbé Mongez, page 68 du Mc- moire cité ci-deffus. Ê Tome XXIV, Part, I , 1784. MARS. D d 210 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, miftes le degré d’évidence néceflaire pour la faire admettre généra- lement. La réponfe à cette queftion fera encore plus embarraflante; car du moins l’exiftence du zinc eft-elle prouvée dans ces mines de fer, au lieu que rien , à l'exception de ces leurs pulvérulentes , toujours en aflez petite quantité, n’annonce ce demi-métal particulier , qui devroit du moins fe dévoiler de quelque manière , ainfi que le zinc s’y dévoile fouvent par la blende qui les accompagne. Eft-il donc bien décidé que cette fubftance pulvérulente ne foit pas vraiment une décompofition de l'hématite (1), ainfi que tout fembloit l'annoncer? & en effayant de répondre à la queftion que j'ai fait précé- demment, ne pourroit-on pas dire que, dans ces hématites, Le fer ayant été plus atténué que le zinc, elles contiennent réellement cette fubftance en plus grande quantité que les mines auxquelles elles doivent leur ori- gine? Alors il ne feroit pas étonnant que , par la décompofition de ces hé- matites , qui, je crois, n'eft autre chofe qu'une fimple divifion de leurs parties , peut-être par la perte de l’eau qui entre dans leur formation, la fubftance pulvérulente qui en réfulte ne peut donner en effet à l’effai un régule de zinc: mais eft-il biens prouvé qu’elle ne contienne pas de fer (2)? (1) J'ai rencontré très-fouvent difféminées fur cette fubftance fpongieufe ou pulvéru- lente, dans des morceaux de mine de fer d’Allevard , de petites lames de fer micacée grile , dont M. Romé de l’Ifle a attribué Potigine à une nouvelle minéralifation, par une union contractée avec le foufre ( qui peut être fourni par les décompofitions pyriteufes ), de l’ochre martiale , des hématites. Defcripiion des minéraux , page 114. J'ai nombre de morceaux de l’Ifle d'Elbe, où certe régénération de l'hématite eft prouvée d’une manière bien féduifante, (2) C’eft à cette fubftance martiale, connue jadis fous le nom de fleurs de fer , le feul She puifle , je crois, bien rendre fa nature, que je penfe que font pour l’ordinaire ues les dendrites qui décorent quelquefois fi agréablement plufieurs morceaux lyrho- logiques. Ces dendrites fe rencontrent en très-grande quantité für les pierres d’un ro- cher qu’on exploite à Coufon , près de Lyon, pour la bâtiffe de cette Ville; elles y font quelquefois très-confidérables. J'en pofsède une qui a près de 9 pouces de lon- gueur, & eft formée par une fubftance noire très pulyérulente , n’ayant abfolumentau- cune confiftance, & dont l’épaifleur eft de près de 2 lignes. Ces mêmes dendrites re- couvrent quelquefois les cryftaux de fpath calcaire que préfentent les cavités de ces pierres, & font même fouvent renfermées dans l’intérieur de ces mêmes cryftaux. J'ai un de ces grouppes de cryftaux, fur lequel s'élèvent de ces petites dendries , folides , pareilles à celles qu’on rencontre fur les hématites du Comté de Foix, & de Dau- phiné. Or, dira-t-on que cette fubftance appartient ici à un demi-métal particulier , dont il ’exifte d’ailleurs aucune autre trace ? On ne peut non plus foupconner qu’elles appartiennent exclufivement au zinc, dont rien non plus n’annonce l’exiftence; mais il eft , ce mefemble, tout fimple de rapporter fon origine au fer, dont la préfence eft annoncée par une mine de fer en grains qui eft attenante, & par la couleur même mn SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 211 Parmi les blendes de Dauphiné, plufeurs font vraiment intéreffantes : telles font , par exemple, les blendes jaunes , phofphoriques au couteau, de Maronne. C’elt, à ce que je fache, le feul endroit conru de la France , us jufqu’à préfent, ait préfenté cette propriété dans les blendes, qui ‘ailleurs eft peu commune , même par-tout ailleurs, Sin Une charmante variété que fournit aufli cette Province, font les blendes jaunes , vertes & rougeâtres de la Frey, Le hafard Les a fait ren- contrer dans cet endroit, fitué à trois grandes lieues de Grenoble, fur la route de Briançon, dans la chaîne des montagnes calcaires, En exploi- tant un rocher pour élargir le dégorgement du grand lac de la Frey, on a rencontré une veine de cette blende , dont les morceaux font très- rares , l'exploitation du rocher ayant été peu confidérable ; mais je fuis très- perfuadé que , fi l'on vouloit fuivre cette veine , elle fourniroic de fuperbes morceaux, Ceux que jy ai ramaffés ne le cèdent en rien aux plus beaux de ceux qui nous viennent de Scharffenberg , de Ratieborziz , &c. Ils m'ont d’ailleurs fourni deux.variétés de cryftallifations, quin’ont pas été décrites dans la favante Cryftallographie de M, Romé de l'Ife, La première eft une modification de celle citée par cet Auteur ( Va- riété première, vol, IT, pag. 65 , PL. I, fig. 1 ). C'eft le même tétraëdre, dont les angles folides font tronqués net par un petit triangle , entouré de trois petits trapèzes en bizeaux. La feconde eft l’oétaëdre cunéiforme (PI. IIT, fig 2), tronqué net aux arêtes formées par la réunion des bafes des pyramides tétraëdres , d'où ré- fulte l’oétaëdre cünéiforme, à prifme court intermédiaire. Ces morceaux de la Frey font en outre rendus intéreffants par un paf- fage bien caractérifé, que l’on remarque fur plufeurs de cette blende cyftallifée à l’état de manganèfe noire, friable par décompofition. Bifrmuth. Jufqu’à préfent, il ne s’eft encore rencontré aucune trace de bif- muth en Dauphiné. Il eft vrai que jadis on croyoir en avoir trouvé dans les mines d'argent d'Allemond ; maïs ce qui avoit accrédité cette er- reur , eft celle qui avoit fait prendre pour du bifmuth les morceaux de mine d’antimoine arfenicale cités plus haut ; erreur plus pardonnable en- core cependant que celle qui avoit en même temps fait regarder le fchoyl vert, 5 commun dans cette Proyince, comme étant aufli une mine pa bifmuth. Cobalt. Le feul endroit où l’on ait encore rencontré du cobalt en Dau- phiné , eft la mine d'argent d'Allemond ; mais outre qu’il n’y eft pas d'une bonne qualité, il n'y eft pas en affez grande abondance pour for- . de la pierre de roche, qui _elt d’un jaune foncé, & qui , diffoute dans l’acide nitreux, kiffe un réfidu ochreux, qui, légèrement phlooïtiqué, par exemple, mis fur une te P n 2 P 2 alle rouve , devient attirable au barreau aimanté. P B Tome XXIV, Part, 1, 1784. MARS. Dd2 212 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, mer un objet de fpéculation : il eft répandu çà & là avec la mine d'argent, & ÿ eft même fouvent en décompofition ; alors il donne naïf fance , avec le kuptermikel qui s'y rencontre auffi, aux mines d'argent - merde-d’oie dont cette mine a fourni de fuperbes morceaux, Ce cobalt eft arfenical ; & lors de fa décompolition , l'arfenic s’en dégage fous la forme d'une chaux blanche pulvérulente qu'on rencontre quelquefois avec les mines d'argent. | Arfènic. L’arfenic ne fe trouve en Dauphiné, que dans les mines d’ar- gent d’Allemond ; encore n’y eft-il qu’en petite quantité, & habituelle- ment à l’état de chaux blanche pulvérulente. [1 doit fon origine dans cette mine aux décompoftions des mines d'argent rouges & griles, ainfi qu'à celle du cobalt arfenical qui s'y rencontre fi fréquemment. ; L’arfenic s’y trouve encore combiné avec l’antimoine , & forme alors la variété nommée par M. Sage, mine d’antimoine arfenicale ; variété neuve, dont la Minéralogie lui a obligation. [Lfe rencontre quelquefois des mor- ceaux de cette mine, fur lefquels l'arfenis eft à l’état cryftallin natif, & d’autr& fur lefquels il eft à l'état de chaux blanche pulvérulente. Pyrires. La pyrite eft une des produétions a plus abondante en Dau- phiné: on en rencontre prefque par-tout ; plufieurs mines même paroif- fent devoir leur origine à leur décompofition , telle que la mine d’or à celle des pyrites aurifères, & peut-être celle d'argent d’Allemond à celle des pyrites cuivreufes tenant argent , raffemblées primitivement en très- grande abondance dans cet endroit. [l paroîtroir aufli que les mines de fer d'Allevard , Vizilles & Articole , doivent, finon en entier, du moins en partie, leur origine à la décompofition d'un amas confidérable de pyrites. martiales qui s’y rencontrent encore en très-prande abondance, & dont plufieurs même offrent un état de décompoftion très-marqué. C’eft la ma- nière de penfer de MM. Sage & Romé de l'Iflk, & il eft certainement bien peu de fyftèmes formés fur la produétion des mines qui aient autant de vraifemblance que celui-là. Tout concourt ici à en établir la vérité : 1°. la forme de cette mine, qui eft une de celles habituées du fpath calcaire primitif, ou cryftal d’Iflande; 2°, leur fituation , qui eft dans les montagnes calcaires adjacentes aux roches de kneiff, & qui étant par conféquent de feconde formation, font celles qui renferment le fpath calcaire cryftal d'Iflande (1) ; à quoi on peut objecter que celles d’Articole font dans les A ——_—_—_—_——————— (x) M. Romé de l'Ile à fait des montagnes une divifion très-ingénieufe , en mon- tagnes de première formation ou granitiques, en montagnes de feconde forination, ou granitoides , & en montagnes fecondaires & tertiaires , qui font celles qui doivent leur origine, foi à des détritus des deux premières , foit aux différenes dépôts dûs aux décompofñrions des corps marins. Cette divifion , jointe à La différence conftante qu'il avoit remarquée dans la mefure des angles des cryftaux de fparh calcaire de différents cantons, l’a mis dans le cas de divifer les fubftances calcaires en deux claffes ; 1°, celle: w SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 213 roches de kneifl, ce qui eft très-vrai: mais ces roches font bien éloignées d’être de kneïf pur; on doit les regarder comme la naïflance de’ ces ro- ches granitoïdes feuilletées, ou montagnes primitives du fecond ordre; & dans cet endroit, ainfi que dans la montagne des Chalanches, où fe trouve la mine d'argent d’Allemond , elles font plus ou moins mélangées avec les fubftances calcaires; 3°. la grande quantité de pyrites qu’on y re- trouve encore; 4°. enfin, les indices qu'elle donne encore de pyrites cal- caires, lorfqu’ayant , par décompofñtion , perdu une grande paitie de leur acide minéralifateur, elles font à l’état hépathique. Parmi les pyrites de Dauphiné, on rencontre une grande partie des formes cryftallinés attachées à cette fubitance , & quelques-unes même aflez rares, & qui n’avoient point encore été décrites avant la nouvelle édition de l'intéreflant Ouvrage de M. Romé de l'Ifle, Telle eft La jolie variété qu'on rencontre dans les mines de fer de Vizilles, citée dans cet Ouvrage (Table des Auteurs, vol. III, pag. 570). SA Tue É DES EXTRAITS DU PORTE-FEUILLE DE M. LABBé DICQUEMARE. > a GA ee 5 Reproduétions des grands, Polypes marins. - Ava avoir confidéré l’agiliré , la force, le courage, la voracité, &c, du grand polype marin, on verra peut être avec plaifir , dans quelques coups de crayon que J'ai donnés d’après nature, la manière dont fe fait la reproduction d'un ou de plufieurs de fes membres. La première figure de la Planche 1, fait voir une de ces reproductions, qui ne fait que commencer au bout coupé du membre d'un polype : elle a à-peu-près la forme du doigt index. Ce morceau eft cuit, parce que, —— dort l’origine eft contemporaine des montagnes de feconde formation, & antérieure à celles fecondaires &-tertiaires: C’eft cene variété, à la cryftallifation de laquelle il a donné le nom de cryftal d’Iflande, dont il eit queftion. La feconde porte le nom de fparh calcaire-muriatique , & fait partie des roches fecondaires & tertiaires. 214 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, fans ce moyen , il n'eft pas facile de bien voir l’intérieur , & que je ne le defimai qu'après l'avoir fait cuire: frais, il étoit un peu plus grand, mais il avoit la même forme. _. La figure 2 repréfente frais le bout de l’un des membres d’un autre individu de même efpèce, dont la reproduction eft beaucoup plus avancée: on le voit pardeffus , & faifant des inflexions aufli librement qu'un membre parfait. La figure 3 fait voir le même membre, & la reprodu@tion pardeffous, avec les Grganes au moyen defquels les grands polypes marins s’attachent aux corps qu'ils faififfent. On voit que ces organes font déjà formés à la partie reproduite, mais qu'ils y font encore petits. Cependant ils satta- choient très-bien , lorfque l'animal étoit vivant; & en les pofant fur ma main , lors mème qu’il fut mort , ils y adhéroient encore, comme il ar- rive à de plus grands. Ce font des ventoufes naturelles. La figure 4 repréfente la coupe longitudinale du même bout de membre, mais cuit, afin de rendre plus fenfible la manière dont s'opère la reprodu&ion. La figure $ eft celle de la coupe tranfverfale de Pun des membres cuit de ces animaux, vers fon origine. . Il m'a paru que cette reproduétion , figurée graduellement par plufeurs deflins , procureroit une connoiflance fufhfante, & qu'il n’étoit pas né- ceflaire de repréfenter le polype , ni même un membré entier, l'un & l'autre devant être connus de ceux pour lefquels j'écris. Il eft aifé de voir maintenant , fi la reproduction de ces membres reflemble autant à celles des végétaux , que quelques Auteurs l'ont cru. Ici la paitie même coupée, la chair incifée , reproduit fans cicatrice celle qui en aété retranchée. Le centre de cette reproduction eft celui de la. nervures &tout , jufqu’aux membranes latérales , repoufle enfemble. Ceux qui ont fuivi atrentivenfent les reproduétions végétales , ne feront pas fur- ris que , loin de comparer l'animal avec le végétal, je regarde comme abfolument différentes l’organifation animale & la végétale, les repro- ductions totales & partielles de l’une & de Pautre , &c. Ceci rappelle un phénomène de reproduction & de multiplication na- turelle, dont aucun polype ne nous a donné d’exemple: c'eft celui que nous préfentent les anémones de mer, quatrième efpèce, en fe déchirant de petits lambeaux, qui doivent devenir & deviennent en effet des ani- maux femblables à elles. Si, après avoir découvert cette belle efpèce, & fuivi la manœuvre étonnante ne je parle; fi , après l'avoir fufcitée en- fuite par des fections qu'on eût pu regarder comme des boutures , elle ne m'a point féduit: devois-je l'être par la reproduction des membres du grand polype ? Non, non: un petit lambeau d'anémone de mer nelt point une bouture , ou, fi l’on veut fe fervir de cette expreflion , c’eft une bouture animée; c'eft un animal comme ceux qui commencent à fe for- SUR L'HIST. NATURELLE ET ÉES ARTS. 215$ mer dans l’intérieur des autres animaux ; c’eft même quelque chofe de plus, cat il manifeite déjà fes petites manœuvres, & il eft abandonné à lui- même, avec, en apparence, la feule faculté de s'attacher & de fe détacher au befoin : mais il en a d’autres ; il faut voir ces chofes, & les bien voir, pour en juger. . N'eft-il point à craindre qu’on ait été frappé trop vivement , en voyant, par des fections factices, la partie reproduire le tout, ou en s’apperce- vant que certains polypes multiplient en dehors? Un peu de réflexion fur nos connoiffances , quoique bornées à l'égard des multiplications qui s'opèrent en dedans, auroit fans doute diminué la furprife, & la réaion réciproque de ces foiblés lumières en eût produit une plus fenfible, La : marche contraire étoit-elle préférable? devroit-on, fur une fimple appa- rence , comparer la multiplication du polype d'eau-douce avec celle des plantes? Ces polypes font des animaux. Il paroît donc naturel de compa- rer leur multiplication , quoiqu’extérieure , avec celle qui s'opère inté- rieurement, Dans d’autres genres du règne animal, il en eft de même des reproductions de leurs parties. à Je conviens qu'une fuite de fingularités réunies dans une même ef- pèce , doit exciter notre admiration ; je l'ai fouvent éprouvé. Il ne faut pas oublier cependant que les animaux qui préfentent ces phénomènes, font auffi organifés qu'ils paroïflent fimples. De ce que nous ne voyons point tout ce qu'il feroit defirable de voir, il ne s'enfuit pas que nous n'en appercevions point aflez pour être convaincus de cette vérité ; jen donnerai bientôt des preuves convaincantes, Ajoutons qu'il y a dans cha- cun de ces individus, non plufieurs principes d'animalité, mais beaucoup plus d'organes de reproduction & de multiplication, que dans les au- tres. C’eft ce dont on doit chercher à s’inftruire de plus en plus. Il femble que l'organifation qui nous furprend eft ainfi difpofée, pour fuppléer à ceux dés fens qui paroiflent manquer à quelques mollufques, Je dois encore différer à m'expliquer fur un aflez grand nombre d'êtres animés que je découvre, & que j'obferve à la mer ; je refpecte trop mes Le@eurs, pour hafarder la moindre chofe. Ce que je puis dire avec vé- rité, c'eft que j'apperçois de nouveau une longue perfpeétiye fans fortir du règne animal, & que de fon extrémité à celle du végétal, la diftance me paroît toujours la même. Pourquoi, dans un fiècle où les Sciences font cultivées autant qu'on peut le defirer, femble-t-on dégénérer , en offrant une accumulation d’in- certitudes, & même de contradictions ? Ne feroit-ce pas parce que les hommes les mieux difpofés à voir er grand, reftent confinés dans le ré- duit tranquille d’une bibliothèque, ou au milieu de éolleétions froides d'êtres defféchés 2 Ne nous y trompons pas ; les connoïflances qu'on y puile ne procureront jamais la fcience de la Nature, 216 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, MÉMOIRE Contenant des Expériences fur la vitrification de la Terre vitrifiable combinée de toutes les manières poffibles , en proportions connues & variées , avec les autres Terres pures s Par M. ACHARD. pis le volume des Mémoires'de cette Académie de l'année 17709 (1), j'ai donné un Mémoire qui a pour but de faire connoïtre Les changements ARE les terres mêlées avec les chaux des métaux imparfaits &cdes emi-métaux , lorfqu’on les expofe au feu de fufion. Dans l'introduction à ce Mémoire, j'ai fait connoître les motifs qui m'ont engagé à entre- prendre un travail fuivi fur les vitrifications ; j'y renvoie donc le Lecteur, afin d'éviter les répétitions.Les mêmes raifons qui m'ont engagé à re- préfenter , dans le Mémoire que j'ai cité , mes expériences & leurs réful- tats dans des Tables , m'engagent à le faire également dans celui-ci. Il ne me refte qu’une remarque à faire , avant d'entrer en matière; c’eft que les terres dont j'ai fait ufage pour les expériences que je vais rapporter, ont été préparées & purifiées de la manière que jai indiquée dans le Mé- moire déjà cité. ÿ Afin que le Lecteur puifle facilement trouver les mélanges & les com- binaifons qu’il pourroit être particulièrement intéreffé à connoître , j'ai formé plufieurs Tables : la première renferme les fufions opérées fur la terre vitrifiable mêlée avec une des terres pures, chaque combinaifon étant faite en fept proportions différentes ; la feconde Table contient toutes les combinaifons poflibles de la terre vitrifiable avec deux des autres terres pures, chaque mélange étant fait dans vingt-une proportions différentes; la troifième & dernière Table renferme les expériences fur le mélange des quatre terres fait en cinquante-fept différentes proportions, (z) Journ. de Phyf. 1783 ,tom. XXII, pag. 179. TABLE SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. ÎLélange. Terre vicriable, Terre calcaire. Terrevitrifiable. Terre calcaire. Terre vitrifiable. Terre calcaire. Terre calcaire. Terre calcaire. RES One ME AMEES Terre vitrifiable, Terre calcaire. Terre calcaire. Terre d'alun. Terre vitrifiable. Terre d’alun. Terre d’alun. Terre vitrifiable. Terre d’alun. Terre vitrifiable, Terre d’alun. Terre d’alun. Terre vitrifiable. Terre d’alun. Terre vitrifable. Terrevitrifiable. Terre du fel amer Terre vitrifiable. |3 Terre du fel amer. Terrevitrifiable. Térre du {el amer. Terre vitriñable. Terre du {el amer: Terrevirifable. Terre du {el amer. Terre vitrifiable. Terrevitrifiable. Terre vitrifiab'e, Terre vitrifiable. Terrevitrifiable- Terre vitrifiable. Terre vitrifiable. Terre du fel amer. Terre du {el amer HPASB PE SERRE Mi ELR:E. Propert. | {1 partie.| 1 partie 1 partie. 2 parties. 2 parties. 1 partie. I partie. 3 parties. 3 parties. I partie. 1 partie, 4 parties. 4 parties. T parie. 1 partie. 1 partie. 1 partie 2 parties She 2 parties 1 partie, f parie 3 parties. 3 parties 1 partie, 1 partie. 4 parties. 4 parties 1 partie 1 partie. 1 partie. 2 parties. 1 partie. 1 partie. 2 parties. parties. v partie 1 partie. 3 parties. 4 parties. 1 parie. 1 partie. 4 parties R éfie lrar. |Mafle qui n’avoit pas éprouvé le moindre degré de fufion. la moindre fufon. Poudre. EE Maffe qui n’avoit pas éprouvé de fufion. ————_—__—__ — Poudre. Poudre, Poudre. RÉ CARE Maffe. PE mn a Maffe. Maffe. Mafe. Poudre. Poudre. Poudre Poudre. Me. Poudre. Mafe. Tome X XIV, Part. I, 1784. MARS. ———— © 2 Male qui n’avoir pas éprouvé Couleur. Blanche. Blanche. Blanche. Blanche, Blaiche. Blanche. Blanche. En —— Blanche, Blanche. Blanche, Grisâtre. Blanche. Blanche. Blanche. Blanche. . Blanche. Blanche. Blanche. Blanche. Blanche. Blanche. 217% Facile à écrafe entre les doigts. Se ie Aflez dure. — RER ENT: | Se LE Affez dure. Qui n’avoir que peu de dureté, ee Dure, Facile à écrafer entre les doigts. Facile à pulvériler entfe les doigts. Facile à pulvérifer entre les doigts. —_——_—_———— a — —_—_—_——_—_—_— entre les doigts. — Facile à puls érife entre les doiots. Facile à pulvérifer 218 Mélange. Terre vitrifiable, Terre calcaire. Terre d’alun. Mr es ni, Terre vitrifable. Terre calcaire. Terre d’alun. Terre vitrifiable. Terre calcaire. Terre d’alun. Terre calcaire. Terre d’alun. Terre calcaire. Terre d’alun. Terre calcañe. Terre d’alun. Terre calcaire, Terre d’alun. Terre calcaire. Terre d’alun. Terre vitrifiable. Terre calcaire. Terre d’alun. Terre vitifiable. Terre calcaire, Terre d’alun. Terre vitrifiable, Terre calcaire. Terre d’alun. Terre vitrifiable. Terre calcaire. Terre d’alun. Terre vitrifiable. Terre calcaire. erred'alun,. Terre vitrifable. Terre calcaire. Terre d’alun. OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, Terre vitrifiable. Terre vitrifiable. Terre vinihable, Terre vitrifiable, Terre vitrifiable. d'A DB'L ECSLELCON'DOVUE, |Proport. | Réfulrar. | Couleur. | Dureré, 1 Parle] Mafle qui n’avoit pas éprouvé Blanch D à RiRAES. de fufion. anche. ure. 2 parties. ÉLRER es es À 1 parti. Re 1 partie, Mañfe. Blanche. An ( É VU 2 parties. entre les doigts. 1 partie. k & j 2 parties. Male , °paque , qui avoit}, Verre. Donne des étincel- 1 partie. éprouvé la fufon. les avec l'a cier. 2 parties. Maffle opaque , qui avoit 7 1 partic.|éprouvé la fufion ; {a furface Verdatre. Donne des étincel 2 parties. |étoit polie. les avec l'acier. 2 parties: à : = opaque RCE 2 parties. Male op dy d a yon Verdâtre. Donne des érincel I partie. éprouvé a funon. les avec | acier, 2 parties: EUES 1 fer Maffe opaque, qui étoit entrée \Verditre Donne des étincel- 1 partie: en fuñon, les avec l'acier. es . I partie. re 3 parties. Verre. Verd, Dornede tincel- 3 parties. es avec l’acier. is tv païitie pr 3 parties. Verre. Verds ue de étin- 1 partie. celles avec l'acier. LT —— Res 1 partie |j,ffe qui n’avoi rx : affe qui n’avoir pas éprouvé BI à e anche, vs 1 partie COR Très-dure. 3 parues. 1 parti c . : à PAU. Male qui n’avoit pas éprouvé Blanch Facile à pulvérifer 3 parties Ne anche. S < defufion. entre les doigts. 2 parties | 1 partie, À ne ! ’ LAS 1: ul ; av ile à pulvérifer 2 parties. Maïle qui n'avoit pas éprouvé Blanche. jee P de fuñon. entre les doigts. 3 païties PRE Ee a Maffe poreufe , qui avoit 2 patties.|éprouve la fufon; fa partie fu- 3 parties. |périeure étoittranfparente, & La partie tranfpa-| La partie tran{pa- rente verdätre , lalrente donne des les avec l'acier. ee : te el 3 parties.|la partie qui occupoit le fond}Partié opaque érivcelles avec l'a du creufet opaque. blanche. cier. 2 parties. Fi 3 parties Verre. Verdâtre. D 1 partie 5 es avec l'acier. 2 parties. Mafle poreufe , opaque, qui ni 1 paitie.lavoit éprouvé la fufion; fa Grife. Donne des étincel- à ÿ parties. {furface éroit brillante. SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. Ï Couleur. | {Blanche à la fur- 2 parties. Male opaque , qui avoit/face , grife à la 3 parties. éprouvé la fufion , dont /la/partie qui occu- Mélange. Terre vitrifable. Terre calcaire. Terre d’alun, Terre vitrifiable, Terre calcaire. Terre d’alun. mr Terre vitrifiable. Terre calcaire, Terre d’alun. TELE ST 7) Terre vitrifiable , Terre calcaire. Terre d’alun, [Terre vitrifable, Terre calcaire, Terre d’alun, Terre vitrifiable, Terre calcaire, Terre d’alun. RE Terre vitriñable. Terre calcaire. Terre du fel amer. Terre vitrifiable. Terre calcaire. Terre du fel amer. Terre vitrifiable, Terre calcaire. Terre du fel amer. Terre vitrifiable. Teire calcaire. Tertre du fel amer. EEE EEE Terre vtrifiable, Terre calcaire. Terre du fel amer. Terre vitrifiable. Terre calcaire. Terre du fel amer, Terre vitrifiable. Terre calcaire. Terre du fel amer. DH Tr Terre vitriñable. erre calcaire. Terre du felamer.|t partie. Proport. | R éfutrar. 2-parties. furface étoit-brillante. EE 2 parties.| Une maffe demi-tranfparente,| 2 parties. qui avoit éprouvé une entière 3 parties! fufion. 3 parties. 3 parties. Verre. 1 partie. TERRE : : 3 parties Mañfe opaque , qui avoit 1 partie.| éprouvé la fufion ; elle n’avoit 3 parties.| que peu de poli. | ————— — — —_—_—_—_—__—— 3 parties 3 parties Verre. e ; arties. $ ; 3 ER Maffe demi-tranfparente , qui es avoit éprouvé la fufon. 2 parties. 2 parties. Verre. 1 partie 1 partie 2 parties. Verre. 1 partie. . |Maffe opaque, qui étoit en-! 2 parues.lrée completement en fufon ;! 1 partié.lelle éroic polie, tant à la fur- T parte. l face, que dans la fraéture, 1 partie. I partie. Verre. 1 partie. a — Lalla 5" 1 partie. z parties Poudre, 2 parties. | 2 parties. : : ren: P artie. | Maffe qui n’avoit pas éprouvé LPPATUÉ de fuñon. 2 parties. [ partie. T partie. Poudre, 2 parties. J 3 parries. Maffe qui n’avoit pas éprouvé arties. - A 3P la moindre fuñon. Tome XXIV, Part.l, 1784 MARS. 219 Dureri. Donne peu d'étin- poir Je bas du Celles.avec l'acier. creufet, j La {urface blanche & verdatre, la frac ture brune. onnedes étincel- les avec l'acier. RER - | Donne peu d’étin- celles avec Pacier, Verditre. FRERE TS Rougeâtre à [a fur- LE face, rouge & grife Donne des étincel- dans Ja fraêture. les avec l’acier, amer Blanc riræet {ur le Donne des étincel- verdatre. les avec l'acier. Donne des érin- celles avec Pacier. Jaune. ne, Changeant du verd au bleu, comme l’epale. Donne des étin- celles avec l’acier.; rt) Donne des érincel- les avec l'acier. 2 nue SES DRE Donne beaucoup Blanche. d’étincelles avec Pacier. 4: Donne des étincel- Verditre, QUE les avec Pacier, St pentes Blanche. c Blanche. Affez dure. Blanche, BLatEe Facile à écrafer entre les doigts. ! [ Ee 2 220 {Mélanges OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, |Proport. | 5 Terre vicriñable. Terre calcaire. Terre du fel amer.|1 3 parties, 1 partie païtie. Terre virifiable. Terre calcaire. Terre du fei ainer. 1 partie 3 parties. 1 partie DENISE Eee PEAU Terre vivifiable. |3 parties. Terre calcaire. |2 parties, Terre du fel amer.|r partie. Terre vitrifiable. |2 parties. Terre calcaire. |3 parties. Terre du fel amer.|1 partie. erre viunfable. |3 parties. Terre calcaire. Terre du {el amer. ES TR” AS ST RSR Terre viuifiable. Terre calcaire. Terre du fel amer: 3 parties. 2 parties. 3 parties. 1 partie. 2 parties. 1 partie. 3 parties. 2 parties ESS EI Meg RM EE Terre vicriliable, Terre calcaire. Terre du fel amer Terre vitifiable: |3 parties: Terre calcaire. |21 parties. Terre du fel amer.|2 paities. Terre viifiable. {2 paries. Terre calcaire. |3 parties. Terre du fel aner.|2 parties. Terre vitrifiable. |3 parties. Terre calcaire. 1 partie. Terre du fel amer. |; parties. Terre vitrifiable. |1 partie. Terre calcaire. |3 parties Terre du fe] amer.|3 parties. Terre vitrifiable. || 2 parties Tete calcaire. |3 parties. Terre du (el amer.|3 parties. TFerie viviñable. |3 parties. Térre calcaire. |2 parties. Terre du fel amer.|3 parties. RENE og ve EME 2e | Terre vitrifiable. |2 parties, {Terre d’alun. 2 paities, [Terre du fel amer.|r pue. Réfulrar. | Coxkur. Maffe qui n’avoit pas éprouvé Dlarche de fuñon. f Verre. Verd. Maffe opaque , poreufe , qui Blanche étoit entrée en fufon. À Verre. Verd. Maffe opaque, qui avoit Blaneke éprouvé la fuñon. E Maffe qui n’avoit pas éprouvé Blanche de fufon. Verte à la furface, grisâtre dans la fracture, Mafle demi-tranfparent , poreule. F Mafle qui n’avoit pas éprouvé de tufon. Blanche. Mafle opaque , qui avoit ; éprouvé la fufñon, Gife. Maffe qui n’avoit pas éprouvé Riecbe de fufion. ———…—_—— Mafle opaque , qui avoit éprouvé une entière fufon: elle étoit polie, tant àla fur- face que dans la fraéture. verdâtre. Male opaque ui avoit LC NIOPAGIER AE L ke éprouvé uneentière fufion ; fa furface étoic -cryftailifée. face, grfe dans la ftries blanches. Maffe qui n’avoit pas éprouve ar _ Elanche. Mafle porenfe, qui avoit| éprouvé les premiers degrés Blanche. de fufion. — Blanche , un peu Jaurâtre à Ja fur- fraéture , avec des Dureté. Facile à écraferen- tie les doigts. Donne des étincel- les avec l’acier. Dure. Donne des étin- celles avec lacier. Dure. Facile à pulvérifer entre les doigts. Donne des étincel- les avec l'acier. Facile à écrafer entre les doigts. Donne des étincel- les avec l'acier.” Facile à écrafer entre les doigts. Donne des étincel- les. avec lacier. Donnedesétincel- les avec l’acier. Affez dure. Dure. SUR L'HIST. NATUR ELLECET LES ARTS. 1 °22r Mélange. |Proporr. | Réfulrzr: | Couleur. || Durert, Terre viwrifiable, |: Partie. Maffe poreufe , qui avoit [ à erte d’alun. |2 parties éprouvé 18S premiers degrés Blanche, bleuâtre Dure. dans la fraéture, Terre du fel amer.|r partie, |de fufion. M nr a _—_— Te re vitrifiablé. |» partie Tente L partie, Maffe poreufe , qui avoic Donne beaucoupl de Blanche d’ér » ; £ 5 ! { s . étincelles avec Terre dû felamer. lr partie. prouvé une demi-fufion. J | Péttde Racer ner TETE RESTE $ a ———— ——————2 me Terre vitrifiable, |: PA MARETE / ! lemme Terre d’alun. 1_partie, | /MAUE Qui n avoit pas éprouvé Blanche, Afez dur ! : de fufon. €z dure, Terre du (el amer. |r Partie. s : mr ETS RER 2 Terre vitrifiable. : |r partie.| fe TR ; é TT ‘ee l'Ma l v v 1 Térre d’alun. |2 parties. [faite qui Far op ps Blanche. Dire Terre du Îel amer {2 parties. DOTE 4 CRD. NES Mb ———— f Mafie qui avoit éprouvé la {u- En Terre vitrifiable. 2 PATES: fon ; ia furface étroit polie, Donne des érin- Terre d'alun 1 parte | dans Ja fracture élle étoir Blanche. celles avec la- Terre du fel amer. | 1 Partie. Doreufe, es Terre vitrifiable. |r partie, |Mafle qui reffembloit à de la Donne des &ine k 5 ] Ë £ Terre d’alun. ï pa'tie. porcelaine > Mais dont la fur Blanche; eblled® ape. Terre du fl amer.|2 parties. face étoit cryftallifée. Brie Sp ve le er er el = Ê Maffe opaque , qui. avoit|| ] TRE Terre vivifiable. 3 parties. éprouvé la fufion; dans la Terre d’alun. 3 parties. fraêture , elle avoit aflez de Terre du (el amer.|1 partie. poli, mais fa furface n’en javoit que peu. UE Blanc fale, celles avec Paz cier, RE | ———— = | ——_—_—_]_ Ferre vitrifiable. |; patties:/ ST NSEATE Terre d’alun. 1 partie, | Maffe d'avoir éprouvé une Elanch Hp E D) au demi fufion. ançhe, Ares Térre duel amer.|r partie. S À PRET ST Dr ES pe Op Le Terre vitrifiable. |r portie, Terre d’alun. 3 parties, Poudre, Blanche, Terre du el amer. |r partie. Fo er pa) ne el RE À nr — Terre vitrifiable, 3 Parties. ! 1 re qui n'avoir pas éprouvé | - : ë qu éprouv s Terre d'alun. :|; parries. a fafon, P Grisâtre. Dure. Térre du {el amer.|r partié, ‘ PR re | EP TO EE DR !|Terre vitrifable, 2 parties. Male qui n’avoit pas 6 À ! > ETES CI pas éproayé | Terre. d’alun. 3 parties. de fufion P Blinche Dire Terre du fel amer | paitie : A PPREETE AT — gl ere vitrifiable, |3 parties ; LP. SErL 3. Pre Mafle qui reffenbloir à de [a Donne des EH Terre d’alun. 3 parties. les avec l'ar orcelaine Blanche, Cm avec" ila Terre du fel amer. |2 parties | - Bot - léier CR ele ne NRESR on je gun rt grre AE 3, PATTES v Donne des éin- ere d'alun, - }|1 partie. êrre, Verdâtre. celles avec la: Terre du fel amer. |2 Parties. cier ae = ne ne ae le es Terre vitrifable. | partie. = EN D r ere d'alun. |3 parties |Mafle qui n 2Yoi pas éprouvé Blanc file. Dure Terie du fe] amer.! 2 parties de fufion. { OBS Mélange. | 1222 Terre vitrifiable. Terre” d'alun. | Terre du 1 amer! Terre vitrifiable, Terre d’alun. Terre du fel amer. Terre vitriñable. Terre d’alun. Terte du fel amer, ERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, Terre virifiable. Terre d’alun. Terre du fel amer. |3 parties. Terre vitrifiable. Terre d’alun. Terre du fel amer. |2 partie Terre vicrifiable, Terre d’alun. Terre du fel amer.| > parties. Mélange. ‘| Terre vitrifable. Terre calcaire. Terre d’alun. Terre du fel amer. Terre -vitrifiable. Terre calcaire. Terre d’alun. Terre du fel amer. Terre vitrifable. Terre calcaire. Terre d’alun. Terre du {el amer. Terre vitrifiable, Terre calcaire. Terre d’alun. Terre du fel amer, RAT R ee pe Terre viuifable. Terre calcaire. Terre d’alun. Terre du fel amer. pe rome UE Terre vitrifable. Terre calcaire. Terre d’alun. Proport. | Réfultar. | Couleur. | Dureté, 3 parties, ES De ip) 2 patries.. Maffe AE 4 Qu pas éprouvé Blanc he. Dure. 3 païties. LE HORQNE d Se ——— RS a ———— —— { 2 parties. Donne des étin- : « |Maffe poreu j 3 parties. ED fe >, Se qua Blanche. celles avec la- 2 parties. avoit éprouvé la fuñon. Cier: TERRE | 5 paries.| y . 3 Donne des étin- H : afle opaque T partie, POP 1 x Rte AFOS Blanche. celles’ avec L’a- À 3 parties. éprouvé la fufon. ns HR Ein be I partie, 3 parties. Poudre. Blanche. 3 pardes.|Maffe qui , en grande partie, Donne des étin- 2 parties.lavoit éprouvé la füfion ; fa Blanche. celles avec l'a- .furfice étoit cryftallifée. cier, 2 parties. |, Donne des étin e : .|Maffe opaqu i i 3 parties. |" 7, SR LARG AVOIt| Blanche. [celles avec l'a- P ion, cier. T À B LE" TR .O-S IMEIM'E. Proport. | Réfulrar. | Couleur. | Dureré. I partie. I -partie. Donne des étin- L partie. Verre. Verd. celles avec l'acier. I partie. z parties.|Mafle opaque, qui avoit Blanche à la fur- AE à ses 2 parties. |éprouvé la fufion ; fa firface) face , rougeñtre &|Donne des étin- 2 patties.|éroit polie; dans la fratture, grife dans la frac-lceiles avec l’asier. 1 partie.|elle étoit poreufe. ture. 2 parties. Mar. & É 7} | Jess affe poreufe, tranfparente An 2 parties. P » P ! . ES dans de certains endroits, & Verditre. Dés SEE Een J ; celles a . 1 partie. |PPaque dans d’autres. 1 partie. Û 2 parties. |Maffe qui avoit éprouvé une 2 parties. demi-fufion. Blanche. Dure. 1 partie. 1 partie. 2 paities.|Maffe qui n’avoitpas éprouvé 1 parte. de fufon. Jaunatre. Dure, I partie. t partie. Mafle opaque, poreufe , qui x partie.lavoit éprouvé Ja fufon , &|Bleuâtre au mi 2 parties.|dont les bords de la furface l'ougeatre aux » Donne des érin- celles avec l’acier, Il Terte du fel amer. r partie. léroient cryftallifés. |bords, re SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS, 223 … Mélange. Terre vitrifiable. 12 parties. Terre calcaire. Îr partie. Terre d’alun. 1 partie. Terre du fel amer.|r, partie. | Proporr. tp CU Terre vitrifiable. |; parties. Terre calcaire. |r partie. Terre d’alun. 2 parties. Terre du fel amer.|n partie. —_—_———— Terre vitrifiable, |r partie. Perre calcaire. |r partie: Terre d’alun. 2 partie. Terre du felamer.|2 parties Terre vitrifiable. |, parties. Terre calcaire. |, pariies: Terre d’alun. 1 partie. Terre du {el amer. |, parties. TRE Terre vitrifiable. Terre calcaire, |; parties. Terre d’alun. 2 parties. Terre du fel amer. | parties. ms | Terre vitrifable, |; partie. Terre calcaire. 2 parties. Terre d’alun. 1 partie. Terte du fel amer.|, parties. I partie. Terre vitrifiable, Terre calcaire. Terre d’alun, Terre du fel amer. L partie. Tr partie. 2 parties. 2 parues. Terre vitrifiable. |2 parties. Terre calcaire. |: partie. Terre d’alun. 1 partie. Terre du fel amer. |: parties. EE EE Er Terre vitrifiable. |2 parties. Terre calcaire. [r partie. Terre d'alun. 2 parties. Terre du fel amer.|2 parties. ES eue Terre vitrifiable. |3 parties. Terre calcaire. |; parties. Terre d’alun. I partie. Terre du fl amer.|r partie. Terre vitrifiable. |3 parties Terre calcaire. |; parties. Terre d’alun 2 parties. Terre du fel amer.|r partie. Terre vitrifiable. Terre calcaire. 3 parties. Terre d’alun. 3 parties. Terre du felamer.|1_ partie. 3 parties. ————————_—— | R éfulrar. Verre. Maffe opaque, poreufe dans lafraéture , qui avoit éprouvé une entière fufon. Maffe tranfparente dans de certains endroits , opaque dans d’autres ,quiavoitéprou vé une entière fufion, Verre. Maffe opaque, poreufe, qui avoit éprouve la fufon. a ———— Pouare. Poudre. Verre. Maffe opaque, poreufe , qui avoit éprouvé la fufon. Verre. avoit Maffe opaque , qui éprouvé la fàfion. à mm Verre. RE PS _ Couleur, | Durété, Donne des érin- celles avec l'acier. Verd, — | —— —— Bleuâtre. à la fur- face , rouge-pris dans la fraéture. Donne des étin- celles: avec l'acier. Donne des étin- \ Verditre, celles avec lacier. c RER LES Ver Donne, des étin- celles avec l'acier. Güisätre à la für-| Donne FAST ETES face , Toupeatre| celles avec: l'acier: dans la fra@ure. : ———— Blanche, Blanche. RELELS 2 Din rorm) Donre des étin- Verd. celles avec l’acier. Rougeître & gris Donne des étin- mêlé. celles avec l’acier, Donse peu d’étin- rdâtre. 3 Ve celles avec l'acier. a ———_—_——_—__—. L Donne des étin- Verdätre. celles avec l’acier. À Donñe peu d’éüin- Verdâtre. celles avec. l’acier. <} | | 0 224 Mélange. \Proporr. | Réfiulrae. | Terre vitrifiable. |3 parties. Terre calcaire. 1 partic. Verre. Terre d’alun. Terre du fel amer. Terre vitrifiable. Terre calcaire. Terre d'alun. Terre du {el amer. 1 partié. 1 paitic. 3 parties, 1 partie 2 parties. 1 partie. Terre vitrifiable. Terre’ calcaire. Terre d’alun. Terre du fel amer. 3 parties. 1- partie. 3 parties. I paitie. I partie. 3 parties: L partie. 1 partie. Terre vicrifiable. Terre calcaire. Terre d’alun. Terre du fel amer. Terre vitrifable. Terre calcaire. Terre d'alun. Terre du fel amer, 1 partie. Terre vicrifable. Terre calcaire. Terre d’alun. Terre du fel amer. I partie. 3 parties. 3 parties. I EE Terre vitrihable. Terre calcaire. Terre d’alun. Terre du fel amer. 1 partie. 1 partie. 3 parties. 2 parties. 2 parties. 1 partie. Terre viifiable. Terre calcaire. Terre d’alun. Terre du {ei amer. BE ss — Terre vitrifiable. Terre calcaire. Terre d’alun. Terre du fel amer, Terre vitrifiable. Terre calcaire. Terre d’alun. Terre du (el amer. 3 parties. 2 parties. 3 parties. I partie. 2 parties. 3 parties. 1 paitie. I partie. 2 parties, 3 parties. 2 parties. I partie. Terre vittifable, Terre calcaire. Terre d’alun. Terre du fel amer. Terre vitrifiable. Terre calcaire. 3 parties. Terre d’alun. 3 parties. Terre dufel amer.]s partie. 2 parties. Mafle opaque , qui avoit éprouvé la fufon. Verre. Verre. la fraéture, qui avoit éprouvé la fufion. Verte. —— Mafle opaque, poreufe ; qui avoit éprouve la fuñon. Verre. Verre qui avoit attaqué le creufer. —— Maffe opaque, poreufe, qui avoit éprouvé La fuliou. LL Maffe qui avoit éprouvé la fu- vitriforine. Blanche & ver- Mafle opaque, poreufe dans|Jirre à [a furface , fion; à la furface,, elle étoit|}; Gifac OBSERVATIONS SUR. LA\PHYSIQUE, °°? ms mm À Couleur. | Dureté. Verd Donne des étin- LE celles avec l'acier. Donne des étin- A Verdätre. celles avec l’acier. 3 Verd Donne peu d’étin: k celles avec l'acier. e Blanche. Donne des étin- Verd. celles avec l’acier. LL Donne des étin- rouge-gris dans la |celles avec l'acier. fraéture. RS Werdates Donne des étin- celles avec l’acier. Blanches Donne des étin- celles avec l'acier. ÿ Donne beaucoup Verdâtre. d’étincelles avec Pacier. Jaune tirant fur le| Donne peu d’étin- celles avec l'acier. verd. Gris tirant fur le| Donne des étin- House {celles avec l'acier. La parie vitrifor- me vette, la partie paque blanche à Donne € &, & bru-|celles avec ne dans Ja frac- ure. Î SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 22$ Mélange. | Proport. | Réfulrar. l Couleur. | Dureré. . |Terre vicrifiable. 3 parties. Denne;d de : foibles Re dll | Ve Va Homes Terre du feï amer. !2 de 2 parties. Terre du fel amer. |2 2 parties. Terre vitrifable, Terre calcaire. Terre d’alun. Terre du felamer.|2 3 parties. 3 parties. 3 parties. parties. Terre vitrifiable. Terre calcaire. Terre d’alun. Terre du fl amer. 3 parties" partie. parue. Le I 2 parties, LEE Le Terre vitrifiable, Terre calcaire, Terre d’alun. Terre du fel amer. 3 parties. d partie. 2 parties. 2 parties. a, 3 parties. L partie, 3 parties. 2 parties. ms À Terre vitrifable, Terre calcaire. Terre d’alun. Terre du fel amer. Terre vitrifiable, Terre calcaire. Terre d’alun, Terre du fel amer. |, I partie. 3 parties. I partie. 2 parties Re Terre vitrifiable. “| Terre calcaire. “| Terre d’alun, Terre du fel amer. 1 parie 3 parties. 2 parties. 2 parties. Terre vitrifiable. 1 partie. Terre calcaire. 3 parties. Terre d’alun. 3 parties. … | Terre du fel amer.|= parties. Mi —— + Terre vitrifiable. Terre calcaire. 2 parties, Terre d’alun. I partie, Terre du fel amet: |, parties. 3 Parties. Terre vitrifiable. 3 parties. Î Î | Terre calcaire. |: parties. Terre d’alun. 2 parties. Terre du fel amer.|2 2 parties. [LE PERRET Terre vicrifiable. |3 parties. |Terre calcaire. |2 parties. [Terre d’alun. 3 parties. - [Terre du fel amer. ET ue eee") arties. 2 parties] Er Ed per ets Terre vitrifiableÆ|3 parties. Terre calcaire. 3 parties. Male parut pe dans genes Terre d’ alun. €Enaroits, Vitr1 OImME, q ce = = attaqué le creufer. Verre. a — Verre. Jafle opaque, qui avoic éprouvé la fufion , polie, tantà la furface que dans la fracture. Verre. Poudre. Verre. er Mafle opaque , qui avoit éprouvé la fufon. Mañle SU , qui avoit éprouvé la ufons dont la furface étoit polie. Mafle vitriforme. | Tome XXIV, Part. l, 1784 MARS, La partie vitrifiée| Dorne de foibles verte, la partie Jérincelles avec l’a - opaque rougeâtre.|cier. ——— Donne des érin- Verd. celles avec l’acier. Donne beaucoup N Verditre. d’étincelles avec lPacier. - Donne des érin- Blanche. celles avec l'acier. Donne de foibles Jaune-verdâtre.. |érincelles avec l’a- cier. LIRE h Facile à. écrafer Blanche. entre les doigts. Blanche. 4 Donne des érin- Verdätre. celles avec l’acier. Gr; Donne des étin- risâtre. celies avec l’acier. Gi Donne des étin- ue celles avec l’acier.| Donne des érin- Verdätre. celles avec l’acier, IP Bus D MARS re É 226 Mélange. Terre vitrifiable. Terre calcaire. Terre d’alun. Terre du {el amer. Terte vitrifable. Terre calcaire, Terre d’alun. Terre du fel amer. sg ea à Terre vitrifiable. Terre calcaire. Terre d’alun. Terre du fel amer. Terre virifiable. Terre calcaire. Terre d’alun. Terre du fel amer. Terre vitrifable. Terre calcaire. Terre d'alun. Terre du fel amer, VEINES EE ES Er EEn Terre virifiable. Terre calcaire. Terre d’alun. Terre du felamer.|3 Terre vivihable. Terre calcaire. Terre d’alun. Terre du fel amer. LEE Terre viifable. Terre calcaire. Terre d’alun. Terre du fei amer.| Terre vitrihiable. Terre calcaire. Terre d’alun. Terre du felamer- Terre vittifable. Terre calcaire. Terre d’alun. Terre du (el amer. Terre viriñable. Tetre calcaire. Terre d’alun. Terre du fel amer. Terre vitrifiable. Terre calcaire. Terre d’alun. Terre du fe] amer. I partie. 1 partie. 1 païtie. I partie: OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, |Proport. | 2 parties. 3 parties. 1 partie. 2 parties. 2 parties. 3 partie es. parties. parties, : 2 2 parties. 3 parties. 3 parties. 2 parties. 3 parties. partie. d partie. 3 parties. 3 parties. I partie, 2 parties. 3 parties. 3 parties. 3 parties. parties. 3 parues. 3 parties. 1 partie, 3 parties. 2 parties. 3 parties. 1 partie. 3 parties. 3 parties. 3 parties. 3 parties. 2 parties. 3 parties. 3 parties. 2 parties. z parties. 3-parties. 3 parties. 2 paities, 3 parties. 3 parties. Réfultar. [l Couleur. | Durerté. Donne des étin- 1 Verre. L | Verd celles avec l'acier. Maffe opaque, poreufe , qui Grif Donne des étin avoit éprouvé la fufion. HACE celles avec l’acier. Donne des étin- À Verre. Verdätre. celles avec l’acier.| DS Mafle opaque , qui avoit Verdà Donne des étin-| éprouvé la fufon. piCautes celles avec Pacier.| Donne des érin- Verre. Verdâtre, celles avec l’acier.. ÿ 1 ] fl mn _ Blanche à la fur- face , ‘rougeûtre dans la fraure: Donne des étin-| celles avec lacier. Maffe opaque, poreufe, qui avoit éprouvé la fuñon. re Poudre. Blanche. PRET RL RESTE Poudre, Blanche. SE — ———— tn Toi ss Va Poudre. Blanche. Verre Verdi Donne des étin-|! - Crdatre. celles avec l'acier. ns ré Donne des érin- Verre. Verd foncé, celles avec l'acier. Donne peu d’étin-. celles avec Pacier. Maffe opaque, qui avoit éprouvé ja fufion. Verdätre. NT SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 227 Mélange. |Proport. | Réfutrar. [ Couleur. | Dureré. Terre vitrifiablé. [2 parties. Terre calcaire. |3 parties.|Maffe qui n’avoitpas éprouvé Facile à pulvérifer Terre d’alun. L partie. de fufion. Blanche. entre les doigts. Terre du {el amer. 3 parties. Terre vitrifiable, |: parties. Terre calcaire. 3 parties. à Donne des étin- Terre d’alun. 2 parties. Verre. Verdatre. celles avec l'acier. Terre du {el amer.|3 parties. ones PRES PRE CESRSSSRER VOST REL —…. Terre vitrifiable. |: parties. Blanche à la {ur- Terre calcaire, |3 parties. Maffe opaque, poreufe, quilface , rougeätre Donne des étin- Terre d’alun. 3 parties.| avoit éprouvé la fufñon. dans [a frac- celles avec l'acier. Terre du fel amer.l3 parties. ture. ; La comparaifon des expériences que je viens de rapporter, fournit plu- fieurs conclufions, qui a tant à faire connoître la fufibilité de chaque terre par elle-même , que fon action diffolvante fur d’autres. Cette com- ï paraifon ne trouvant aucune difficulté , je ne, m'y arrêterai pas, & remar- À querai feulement encore, que la fufbilité ou non-fufbilité de tous ces mélanges a été déterminée , en les plaçant à l'endroit le plus ardent du fourneau où l'on fait la porcelaine dans la Fabrique Royale, PRES EE RER PIE € PENSE AE PEN PE CE PEN MO EE NES LS DRE De L'A8B8É FONTANA, Diredeur du Cabinet de Phyfique du Grand-Duc de Tofcane, A M DARCET, Médecin à Paris; Sur la Maladie des Bêtes à laine , nommée Folie ; fur le Ténia & le Cryflallin des Animaux : Traduite par M. DE C***, 1 vous envoie, Monfeur, mes derniers travaux littéraires, puifque vous ayez eu la complaifance de me faire connoître qu'ils ne vous dé- plairoïent pas. Je ne ferai que vous indiquer un petit nombre de dé- tails, .& un réfultat général, parce que je me réferve de traiter la même Tome XXIV, Part.I, 1784. MARS. Rif 9 # 228 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, matière dans une occafon plus favorable, Je me fuis occupé l'automne dernier, dans quelques momens de loifir que m'ont laiffés mes occupations, à examiner la nature & la caufe d’une maladie fingulière des bêtes à laine, qui, en Tofcane & en plufieurs endroits de F'lralie , fe nomme la folie. J'ai découvert dans le cerveau de plus de quinze de ces animaux , que l'on appelloit fols , une veflie nébuleufe, pleine d’une humeur tranfpa- rente. Dans cet état de maladie, ces animaux perdent le goût de la nour-. riture , marchent en chancelant de côté & d'autre, & finiflent par mourir. Une remarque intéreffante , c’eft qu'ils tombent ordinairement fur le côté, & que la veflie fe trouve au cerveau, dans le lobe du côté oppofé à celui fur lequel ils tombent. Cette obfervation s’eft trouvée confirmée dans tous les animaux qui tomboient conftamment fur ie même côté ; dans ce cas la veflie étoit fort grande, enfoncée très-avant dans le Icbe, J'ai trouvé dans quelques animaux la veflie groffe de deux ou trois pouces plus ou moins , arrondie & flafque; une portion du lobe égale à la groffeur de la veflie éroit entiérement détruite. La cavité.occupée par la-velie, & formée aux dépens des deux fubitances du cerveau, étoit déchiquetée, fibreufe , de couleur jaunâtre , un peu feche & endurcie. Dans tous les animaux que j'ai examinés , j'ai toujours trouvé que dans le lobe attaqué il y avoit un trou, ou ouverture extérieure, pénétrant jufqu'à la vefhe, qui paroifloit fortir un peu par ce trou. De ces premiers faits , il réfulte deux vérités phyfologiques: d’abord, que les premiers filaments nerveux du cerveau partent des lobes oppofés & s'entre-croifent; la feconde, que l'on peut vivre, lors même qu'une grande partie de la fubftance médullaire du cerveau eft détruite. Cette maladie fingulière des bêtes à laine, me fit naître le defir de connoître la véritable matière de la veflie que j'avois trouvée dans leur cerveau ; je foupçonnai par analogie qu’une femblable maladie pouvoit s’obferver aufli dans l’homme, & un très-bon Médecin Praticien m'a afluré qu'il avoit trouvé des idatides, ou veflies, grofles de quatre à cinq lignes , dans le cerveau dé différentes perfonnes mortes folles. Pendant mon féjour à Paris, ,j'avois obfervé un très-grand nombre d'idatides, ou veflies, dans l’'omentum & le méfentère des lapins fauvages, & j'avois vu que ces vellies étoient de véritables animaux (1): mais comme je ——— (1) J'ai été informé, après avoir publié en Italie mes Obfervations fur la Folie des Brebis, qu’on en avoit parlé dans le nouveau Journal d’Iralie ,imprimé à Venife en 1783. en2vol., à la page 105 : il yeft fait mention effeétivement en peu de mots d’une ma- Jadie des bœufs, appellée mue vertiginofo, ou fterno. Voici les paroles de l Auteur. « J'ai » vu quelqu'Expert Payfan percer le crâne avec fuccès aux bœufs, près de lacorne » droite ou gauche, du côté où le bœuf fe tournoit; & ayant extrait un facher, ou pa- * SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 229 trouvai, peu de temps après , que ces animaux avoient été fort bien dé- crits par le célèbre Naturalifte M, Pallas, dans fa Zootomie, je crus inutile de publier le peu d’obfervations nouvelles que j’avois faires fur ce fujer : mais il me fut facile de foupçonner que les idatides ou veflies que j'avois obfervées dans Les brebis, éroient des animaux aufli bien que celles du bas-ventre des lapins , lefquelles font sûrement des animaux, quoique plufeurs Médecins & Naturaliftes aient foutenu le contraire. Pour procéder avec plus de certitude, & afin que l'analopie püt me fervir de guide dans mes opérations, jai cru devoir, avant tout, exami- ner les idatides du bas-ventre que je favois exifter fouvent dans les brebis, lors même qu’elles ne paroïflent attaquées d'aucune maladie, Dans les lapins de Paris, j'en ai trouvé jufqu’à trois & quatre cents à peu-près de Ja groffeur d’un gros pois, & oviformes. Les lapins étoient gras & très- fains, en forte que ces veflies ne paroïflent avoir aucun effect ficheux. Dans les brebis que j'ai examinées à Fiorence, je n'ai trouvé que dix-huit ou vingt, au plus, de ces veflies; mais elles étoient beaucoup plus grandes que dans les lapins, car elles avoient jufqu’à deux pouces, & méme plus, 5 : » quet conrenant de l’eau, & une efpèce de petit ver, l’animal guérit de cette ma- » nière. Je ferois cependant le marché auparavant avec le Boucher ». . Il paroît qu’on peutdéduire de. ce paflage , que :l’Auteur n’a obfervé cette maladie ue dans les bœufs , & non dans les brebis, parmi lefquelles ell2 eft très-fréquente. I femble qu'un Payfan fit voir l'extraétion d’un paquet contenant de l’eau; mais ilweft pas dit qu'on trouve ce paquet dans tous les bœufs amaqués de cette maladie, On ne voit pas que ce paquet ait gré reconnu pour une idatide, qui eft toujours remplie d’une lymphe particulière, & nor pas:d'eau, Il ne paroît pas non plus ‘qu'on. ait reconnu que ce paquet renfermoi des vers &: de vraisanimaux ; fi on doit s'en rapporter aux phrafes fort vagues que nous avons citées./1l ne femble pas qu’on ait oblervé du mou- vement dans ces vers , ni qu'on ait connu la ftruéture du paquers il fembleroic au contraire qu’on ait cru ces corps déliés &-nageants dans la lÿmphe, & non adhérents au paquet ou fachet, comme je les avois obfervés. Ce que j'ai obfervéconftamment , eft que, dansles brebis attaquées de manie, on trouve une idaride acimale, mais bien différente de celles du bas-ventre. II eit fort fin- gulier de voir deux animaux , l'un gigantefque & l’autre microfcopique, d’une forme prefque évale vers la rére , &différents dans tout le refte. L'animal microfcopique eft fi adhérent au fac dans lequel il fe trouve, qu'il paroïît en être une continuation , de manière qu'on pourroit confidérer ce fac comme une matice particulière d’une gran- deur & d’une étendue énorme. Un de mes amis m’aflure dans ce moment, qu’on a publié ua Ouvrage en Allemand, dans lequel on parle de la même maladie : mais n’ayant pas fous les yeux cet Ouvrage, je ne puis en rien dire. Je fuis cependant bien perfuadé que les Bouchers & les Payfans connoiffent là maladie en queftion plus que les Philofophes ; par la raifon qu'ils ÿ ont un, plus grand intérêt que ces derniers. Maïs les obfervations des hommes ienorants font'toujours imparfaites & informes ; c’eft au Philoefophe à Îeur donner l'étendue qu'elles méritent. Si j'ai été prévenu en Allemagne ( & il n'y a rien de plus facile dans un fiècle où il y a rant d'Obfervateurs), j'aurai le plaifir de confirmer les découvertes des autres, même en les ignorant, & de donner lieu à d’autres, après moi, de véi- fier les points fur lefquels nous ne ferons pas d’accord, 239 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, dans leur diamètre; la forme en étoit la même: elles font couvertes de différentes enveloppes cellulaires ou membraneufes, & dans le milieu de ces membranes fe trouve l'idatide flottante, formée par une membrane fimple , laiteufe, remplie d'une humeur très-limpide, fans aucune efpèce de vifcère. J'ai fait retirer de ces idatides des moutons, à l'inftant qu'ils venoiene de mourir, & je les ai trouvées encore vivantes, doùées d’un mouve- ment très-vif & durable, Quoique les idatides que j'avois obfervées ne changeaflant pas de place, lors même qu'elles étoient plongées dans l'eau chaude & ifolées, je remerquois cependant que leur peau avoit des mou- vements très- vifs de contraction & de relaxation dans tous les fens & toutes les directions. Ce mouvement eft celui de fucuation & d’ondu- lation, & je les comparerois , en petit, à celui de la mer agitée : quel- quefois elles ont continué à fe mouvoir pendant plufieurs heures, & j'ai vu, à mon grand étonnement, des morceaux de cette peau coupés, con- tinuer pendant long-temps à fe contracter & fe relâcher. Jufqu’ici je n'ai pu obferver de ces idatides que dans Le bas-ventre des brebis ; quoi- qu'à Paris il me foit arrivé deux fois d’en trouver , dans les lapins, quel- ques-unes immédiatement fous la peau aux envifons du nombril. Il m'eft encore arrivé d'en trouver quelquefois dans ces animaux, quoique très rarement, deux enfemble fous la même enveloppe extérieure ; mais je n'ai jamais pu voir une idatide dans Le corps de l'autre, La veflie a un col ridé, & comme fait à vis; la bouche rayonnée, & quatre lèvres en dedans de cette bouche , comme elles ont été décrites par Pallas. Dans mes obfervations microfcopiques, je donnerai la figure de ces animaux, & je ferai voir en quoi ils different de ceux du favant Profeffeur de Péterfbourg : la refflemblance de grandeur , de figure & de couleur, pouvoit faire croire que les idatides ou veñlies trouvées dans le cerveau des brebis étoient aufhi des animaux , & ne différoient en rien de celles qui fe trouvent dans le bas-ventre : mais ici l’analogie irduiroit en erreur, Je n’ai jamais pu voir aucuns mouvements dans la peau de ces idatides du cerveau; je n’en ai jamais trouvé de couvertes par des té- guments externes comme celles du bas-ventre: on n'y voit ni col, ni bouche , ni lèvres. 4 Ces corps, à les bien examiner , ne font autre chofe qu’une peau, ou veñlie , remplie d’une humeur très-limpide. Avec les-loupes les plus fortes, j'ai découvert fur leur furface un tiflu vafculaire très-fin, compolé de mailles, & que je crois formé de vaiffeaux lymphatiques; au lieu que dans les idatides du bas-ventre, on n’apperçoit aucune trace de ce réfeau vafculaire lymphatique. Enfin, je puis dire maintenant, avec certitude, que les veflies qui fe trouvent dans le cerveau des brebis ne font point des animaux , & n'ont aucun principe de vie; en forte que l’analogie qui eft fi avantageufe dans l'Hiftoire Naturelle, n'a aucune force dans ce SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 231 Cas-ci, & ne ferviroit qu'à induire en erreur, Mais, comme la nature eft inépuifable dans fes productions » & nous récompenfe de nos travaux par quelques découvertes, lors même que nous ÿ penfons le moins, elle a voulu, dans la matière que je traite, nous enrichir de nouveaux faits. Ces idatides du cerveau , outre une eau très-limpide , contiennent un grand nombre de petits grains arrondis, oviformes, & de la groffeur des grains de miller. J'en ai compté dans quelques-uns, jufqu’à deux ou trois cents & plus ; mais un examen plus foigneux , aidé du microfcope, en fait découvrir des milliers, qui vont toujours en diminuant de gran- deur, & qui entourent les plus gros grains. IL me reftoit à examiner La ftruéture & la nature de ces corpufcules oviformes , que je trouvois attachés par l'une de leurs extrémités, qui écoit la plus longue, à la partie intérieure de la veflie , tandis que l’autre extrémité éoit fufpendue dans la liqueur tranfparente ; j’examinai quel- ques -uns de ces grains, à l’inftânt où la veflie venoit d’être enlevée de l'animal encore chaud, & je reconnus qu'ils étoient doués d’un véritable mouvement animal, s’alongeant & fe contractant d’une manière très- fenfible : ils étoient fi fortement attachés à la vefle, qu'on ne pouvoit parvenir à les détacher fans les rompre; deux fois feulement j'ai réulfi a en voir un nageant dans l'humeur & féparé des autres: ce mouvement obfervé dans les petits, prouvoit clairement que c’étoit de véritables ani- maux; mais il me manquoit encore une obfervation plus concluante, qui étoit celle de leur ftructure. Quoiqu'une telle obfervation microfcopique ne foit point aifée , elle n'eft cependant pas des plus difficiles; j'ai réuii plufieurs fois à voir la partie pendante de ces grains oviformes , & j'ai pu diftinguer qu’elle étoit formée de quatre lèvres avec une bouche au milieu , toute entourée de rayons. û J'en ai fait faire des deflins, & je les ai mis en comparaifon avec ceux des idatides du bas-ventre , afin qu’en puifle voir en quoi elles fe reffemblent, & en quoi elles different ; car elles ne font pas abfolument femblables en tout, quoique leur ftruéture principale foit naturellement la même, Ce font donc de vrais animaux , que ces corpufcules qui fe trouvent dans les veflies du cerveau des brebis, attaquées d2 la folie, & cette vérité nouvelle & fingulière pourroit donner des lumières fur quelques maladies du cerveau de l’homme, même fur la folie; puifqu'on a trouvé des veflies groffes comme un pois, & plus groffès encore , dans le cerveau des perfonnes qui fonc mortes de cette maladie fi terrible & fi humiliante pour l'homme, Après avoir découvert la véritable caufe de cette maladie des brebis, S& Ja nature animale de ces grains oviformes qui fe trouvent dans le fac membraneux , qui fe groflic & s'étend, comme nous l'avons dit , aux dépens du cerveau; il nous refte à dire qûelque chofe fur les idatides de l'homme , que les Médecins croyent être fans organifation, & formées 232 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, par la rupture & le gonflement des vaifleaux lymphatiques. Pour mob, il ne me paroît point qu'un grand nombre de ces idatides ne foient des animaux, ou tout-à-fait femblables à ceux que j'ai décrits, ou en diffé- rant fort peu: ces idatides forment des facs & des veflies, comme celles des brebis ; elles contiennent comme elles une humeur tranfparente. IL ne paroît pas qu'avant Tifon on eût reconnu pour de vrais ani- maux organifés, ces idatides qui fe trouvent dans le bas-ventre de beau- coup d'animaux, quoique Rédi, & d’autres , leur donnent le nom de vivantes. Après Tifon, Hoffman les caraétérifa aufli comme des ani- maux; mais les opinions de Tifon & de Hoffman n'ont pas été fuivies par les Médecins. Le fameux Pallas eft parmi les modernes le feul qui aic découvert la nature des idatides du bas-ventre des différents animaux, & qui ait reconnu que c'étoient de véritables animalcules : mais perfonne, que je fache, n'a parlé de celles du cerveau, perfonne n’a foupçonné qu'elles fuflent un amas d'animaux, perfonne n’a fu qu'elles étoient la caufe d'une fi grande maladie, & perfonne n’a prouvé que celles qui fe trouvent dans l’homme foient aulli de vrais animaux. Il ne fera plus difficile à l'avenir de rechercher quelle eft la vraie nature des idatides qui fe trouvent fouvent dans l’homme, fi ce font aufli des animaux, dans quelles maladies, & dans quelles circonftances elles font telles. Lorfque la nature de ces maladies dans l’homme fera mieux connue, le Médecin judicieux pourra s'en former une idée plus sûre, y appliquer les remèdes les plus convenables, ou en imaginer de nouveaux. Les idatides que j'ai examinées dans les brebis, m'ont fait naitre le defir de faire quelques recherches fur une autre clafle d'animaux, ap- pellés ténia , qui ont beaucoup de rapport avec ceux qu'on trouve dans le cerveau & dans le bas-ventre, Cette refflemblance, à la vérité, n’exifte que vers la tête; dans tous les ténia on obferve une bouche, & autour de la bouche, quatre lèvres, comme les idatides; le refte du corps des ténia eft très- différent des idatides, comme tout le monde le fait. J'ai obfervé jufqu'à préfent plus de mille ténia , dont le plus grand nombre étoit vivant, & je crois être en état de pouvoir décider plufieurs points très-important de phyfque animale, fur lefquels les Médecins & les Na- turaliftes font en fufpens. On croit généralement que les ténia des inteftins fe multiplient par fection , & que chaque portion ou anneau de ténia, devient un ténia entier, Plufeurs foutiennent que le ténia n’eft qu'un amas de vers, dif- tincts les uns des autres, unis feulement enfemble, & liés en forme. de chaîne par le contact, ou par des trous ou bouches fuppofées. Ces vers, ou anneaux , détachés du ténia, ont été appellés cucurbitains , à caufe d'une efpèce de reffemblanceavec la femence de citrouille; & moi , au con- traire, Je crois pouvoir démontrer par le fait & par l'expérience que les ténia font ovipares , que les œufs les plus en maturité fe trouvent dans les is SUR L'HIST, NATURELLE ET LES ARTS. 23; les derniers anneaux du ténia, vers la queue ; qu'à proportion que ces œufs grofliffent , les anneaux fe décachent plus facilement les uns des au- tres , & du corps des ténia; que chacun de ces anneaux du ténia a un mouvement très-marqué d'alongement & de contraétion ; que ce mou- vement continue, quelque temps après que ces anneaux font détachés du ténia, & que ces anneaux perdent alors plus ou moins la forme des vers appellés cucurbitains. À l’aide du microfcope, j'ai vu, réunis enfemble & amoncelés , des centaines de très-petits ténia imperceptibles, mais ténia véritables & bien formés. Je les ai trouvés dans le duvet des inteftins des pigeons , des poules, des agneaux, & je les ai trouvés unis aux œufs des anneaux, & même à quelques morceaux d’anneaux. L'obfervation qui m'a paru la plus fingulière , & que. j'ai vérifiée dix- fept fois dans la poule, c'eft que j'ai trouvé la cête d’un ténia adulte tellement implantée dans le duvet des inceflins, qu’il n’étoit pas poñible de retirer le ténia fans rifque de le rompre & de lui faire laïffer La tête dans le a | obfervé conftamment qu'à l'endroit où ja rète du ténia étoit ainfi attachée , on voyoit des amas de très-petits ténia : & tout bien examiné, je trouvois que la tête du ténia correfpondoit à différents œufs des anneaux , comme fi c'étoit avec cette partie que le téuia eût la faculté de les féconder , & de concoutifà les faire éclore. Je ne fais fi vous avez vu une lettre de moi, écrite à M. Gibelin, à Aix en Provence, elle eft imprimée dans les Journaux de l'Italie : y parle d'un fpécifique très-vanté contre la morfure dela vipère, & d’une obferva- tion fingulière que j'ai faite fur la matière ou le fluide dont font remplis les cylindres primitifs nerveux que j’ai décrits dans le fecond tome de mon Ouvrage fur les poifons, Cette nouvelle obfervation fur la matière dont font remplis les cylindres primitifs-nerveux, eft peut-être tout ce qu'on pourra favoir de plus certain fur cette matière fi obfcure, & je ferois fort aife que vous les lufiez. J'ai multiplié enfuite mes obfervations fur Ja reproduction des nerfs; mais je n'ai rien obfervé de plus que ce que javois déjà vu. Sur vingt animaux, un feul m’a donné une véritable re- production; mais tous les vingt auroient pu en impofer à quiconque ne feroit pas dans l’ufage de fe fervir des loupes avec toute l'attention nécef- faire pour aflurer la certitude d'un fait. J’ai cependant toujours obfervé des prolongements fenfibles dans les extrémités nerveufes , & qui avoienc été coupées. On voit à chacune des extrémités un ganglion nerveux, beaucoup plus grand du côté de la rête, & plus petit du côté du corps. Ces gan- glions fniffent en pointe aiguë, & certe pointe en tiflu cellulaire qui fe prolonge. Les quadrupèdes que j'ai examinés avoient fouffert l'opération cinq ou fix mois avant. Je n'ai pu obferver de reproduction ner- veufe dans aucune des douze poules, auxquelles j'ai coupé La huitième paire de nerfs; j'ai même trouvé les parties coupées éloignées l’une de l’autre Tome XXIV, Part. I, 1784. MARS. G oœ 2 234 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, de 2 ou 3 pouces fquoique je n’euffe coupéque 4 ou 5 lignes du nerf. J'y ai remarqué de même les deux ganglions ordinaires, le plus grand & le plus perie, fitués comme je viens de le dire, Ils fe terminoienc en une pointe fort alongée, & cette pointe en tiflu cellulaire. Je n’examinai les poules que fept mois après la coupure du nerf. Vous voyez donc que tout s'accorde avec ce que j'ai déjà écrit dans mon Ouvrage, & ce que-j'avois déja obfervé jufqu'en 1779 à Londres, où je fis mes expériences , qui furent commencées en préfence de deux fa- meux Anaromiftes, M. Meckel, digne fils de l’illuftre Anatomifte de Berlin, & M. Wirflow, Danois, parent du grand Winflow , qui a f fort avancé l'Anatomie en France, Je communiquai le réfultat de mes expériences faites à Londres, au ‘favant Anatomifte M. Cruikshenks, quien parle dans une note marginale de fes Lettres publiées à Londres en 1779, & avant mon départ de cette Ville. Je les communiquai en- fuite à M. Pringle, à M. Hunter &à mon ami M. Ingenbaufen; en forte qu'en peu de jourselles furent connues de tousles Sayantsde Londres, Peu de temps après, j'envoyai mon Manufcrit à Aix en Provence à M. Gibelin, que vous connoiïflez. J'ai cru devoir rappeller tout ce détail, afin que vous fufliez informé de l'époque précife de mes expériences; & que vous pufliez détromper ceux ahiMenc dans l'erreur à ce fujet. Le Mémoire lu par M. Cruikshenks , avaht mon arrivée à Londres , fur la reproduction des nerfs, devant MM. les Coopérateurs des Tranfaétions Philofophiques , fut jugé fi peu fatisfaifant, qu'ils ne voulurent pas l'im- primer dans leur Recueil. * Avant de finircette Lettre, je veux vous faire part de ce que j'ai obfervé, en examinant le cryftallin fur lequel les Anatomiftes ont tant écrit , & que Yon connoît fi peu. J’avois par hafard plufieurs fouris vivantes, & nou- vellement nées , enforte que leur paupière étoit encore fermée. J'enlevai :Pœil d'un de ces animaux , & je mis à l’inftant le cryftallin fous le mi- crofcope; j'y obfervai un très-beau tifflu vafculaire, compofé de canaux qui n’éroient point rouges, & que je pris pour de vrais vaifleaux lympha- tiques. Je ne pus pas à la vérité y obferver de valvules; maïs on fait que les vaifleaux lymphatiques n’ont point par-tout de valvules , & qu'elles manquent dans les dernières ramiñcations imperceptibles, comme je m'en fuis affuré par mes expériences & mes propres obfervations. Dans Les autres animaux, j'ai obfervé les mêmes vaiffeaux lymphatiques, en forte que l’obfervation paroît conftante. Je les trouve auf dans les yeux des poules , en les obfervant aufli-tôt qu’elles venoient de mourir, parce qu? quelque temps après ils fe voient moins bien, & difparoiflent. En exa minant attentivement le cryftallin avec le microfcope, jy ai remarqué une ftruéture fingulière de ftries, filaments ou cylindres curvilignes rrès-ré- guliers, qui alloient de la circonférence du cryftallin, vers le milieu des deux furfaces oppofées du même cryftallins ils fe formoient fuccellive- 72 \ SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 235 ment, & difparoifloient peu-à-peu, en laiffant Le cryftallin trop long- temps fous le microfcope ; mais plus facilement encore en le faifant un peu deflécher , ou en le mettant dans les acides, La divifion en arc régulier qui fe produit dans Le cryftallin, naît de la formation & ftruéture de la matière même dont il eft formé , comme je vais l'expliquer. J'étois donc curieux de voir de quoi étoit compofé le cryitallin ; fi c'étoit un tiflu de vaifleaux cylindriques folides, ou une matière gélatineufe, tranfparente, inorganifés , comme le plus grand nombre des Anatomiltes le penfent, “Après quelques tentatives, & ayant levé la première capfule , je fuis par- venu à m'aflurer que le cryftallin étoicun tiflu de très-petits cylindres folides, tranfparents, parallèles les uns aux autres, & arqués. Ces cylindres font unis & liés enfemble par des cylindres tortueux, qui fe trouvent en beaucoup plus grande abondance immédiatement fous la capfule, & sattachenc comme autant de petites mailles imperceptibles à la partie intérieure de la capfule antérieure du cryftallin , {ous la forme d’une pulpe demi-opaque. Le tiflu qu'ils y forment, leur ordre & leur diftribution me feroient croire qu'ils pourroient être les premières origines des vaifleaux lymphatiques; & certe idée eft foutenue par un grand nombre d’obfervations que j'ai taites fur d’autres parties du corps des animaux , où les vaifleaux lymphatiques font en plus grande abondance. Cette hypothèfe ferviroit à expliquer une infinité de phénomènes obfcurs, & à faire concevoir comment croiflent, par exemple , les ongles , le tiflu cellulaire, la peau , les cheveux ; com- ment ces derniers fe nourriflent , croiflent , changent de couleur , & vien- nent même dans quelques maladies à fe remplir de fang. Toutes ces par- ties , formées par mes cylindres tortueux, ne feroient plus qu'un tiflu de vaifleaux lymphatiques: mais fi celaeft, que feront donc les cylindres tortueux qui s'obfervent aufli dans les fofliles? La reffemblance de figure n’emporte pas avec elle la conformité de fubftance & d'ufage; & il eft très-poflible, en fachant une vérité, d'en ignorer une autre qui y touche de près, Quoi qu'ilen foit, il eft certain, d’après mes obfervations, que le cryftallin eft un amas de cylindres folides, flexibles, tranfparents , unis ou liés enfemble par des filaments tortueux. Quand j'ai pris la plume pour vous écrire, j'ai cru que j'acheverois en peu de mots; & fans m'en appercevoir, j'ai fait une longue lettre: mais je devois ces détails aux nouveautés dont vous avez bien voulu me faire par. P.S. Je puis déduire d’une obfervation qui m'eft particulière , une nou velle preuve que mes cylindres tortueux font les premières origines des vaiffeaux lymphatiques, Cette obfervation eft, que le duvec des inteftins eft compofé de filaments tortueux , abfolumenr femblables, pour la gran- deur & la figure, aux cylindres tortueux que j'ai décrits dans mon Ou- vrage fur les poifons. On faic que L: duvee des inteftins eft deftiné par la Nature à facer le chyle & la lymphe; en forte qu'on ne peut douter, à ce Tome XXI, Part, I, 1784. MARS, Gg2 D 236 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, qu'il me femble, qu'il ne foit de la nature des vaiffeaux lymphatiques , & qu'il n'en faffe toutes les fonétions, J'ai examiné principalement le du- ver des inteftins des poullins, dans lefquels tout eft plus clair & plus diftinét; je l'ai obfervé aufli dans les fouris & même dans l’homme : mais il eft bon de fe fervir d'animaux jeunes, & il vaut mieux encore faire l’obfervation fur des asimaux qui ne font pas nés, Le duvec inteftinal éft tiffu d'une ma- nière fymmétrique par les cylindres tortueux, comme je le ferai voir dans mon Ouvrage fur les obfervations microfcopiques. En attendant , il pa- roît qu'on peut avoir plus que des probabilités fur Les premières origines ou principes des vaifleaux lymphatiques du corps arimal. Ces origines des vaiffeaux lymphatiques ont échappé jufqu’à préfent aux meilleurs Ob- fervateurs & Anatomiftes, quoiqu'ils n'ignoraflent pas que toutes les ca- vités du corps vivant peuvent abforber la Iymphe & les fluides plus fub- tils qui s’extravafent & fe verfent dansces cavités. TROISIÈME SUITE DE LA LETTRE DE M. ZE Baron DE MARIVETZ, A M SÉNEBIER. Page 20$ , fecond alinéa. ares calcul fur la déperdition du foleil eft parfaitement indifférent, tant qu'on n'aura pas rendu au moins vraifem- blable que cet aftre difperfe perpétuellement fa fubftance dans le vuide. Ces calculs ne font rien autre chofe , que de petites prétentions à de grands tours de force dans l’art du calcul, ce font difficiles nuga : c’eft perdre fon temps que de fe livrer à de pareilles recherches; ce feroit le perdre que de s'arrêter à les confidérer. Mais enfin que deviennent ces molécules , qui, dans l'hypothèfe que nous combattons , s’échappent du foleil en torrents ? y retournent-elles jamais & par quelle route? s'accumu- lent-elles quelque part pour former des comètes , qui vont enfuite ali- menter le foleil & réparer fa fubitance® font-elles anéanties ? &c. &c.&c. J'avoue, Monfieur , que l'idée de M. Horfley me paroït plus plaifante que fa folution n'’eft curieufe , & fur-tout beaucoup plus qu'elle n'eft fa- tisfaifante, Dire que des molécules de lumière qui fe fuccèdent avec une extrème rapidité dans le même rayon, font diftantes l’une de l’autre de trente mille lieues, donner à cette conclufion un air fcientifique , en vérité c'eft fe jouer de la raifon des hommes. Notre fyftéme ne nous conduira SURLHISTANATURELLETET LES ARTS." 537 jamais à de pareilles déductions; nous l'abandonnerions long-temps, avant de nous voir réduits à de fi triltes extrémités. Page 206, premier alinéa, D'après le calcul de M. Hoïfley , j'avoue qe le choc des corpufcules lumineux ne peut détruire les corps les plus élicats; il y a plus: on pourroit alors confidérer l'effet de la lumiere fur ces corps comme nul, où à-peu-près. D'où déduirons-nous donc à préfent les caufes des modifications que la lumière leur fait éprouver; modifica- tions que vous avez obfervées avec plus d'attention que perfonne, & avec une telle fagacité, que vous avez calculé l’effer de chacun des rayons (1)? comment concevoir cette énorme quantité d’air fixe que vous avez trouvé, que la lumière produit en phlogiftiquant l'air compris dans les planètes ? Comment concevoir l’addition de phlogiftique communiquée par la lu- mière au précipité per fe, au précipité rouge , au turbith minéral, à la lune cornée (2) ? Comment concevoir que ces particules, diftantes les unés des autres de trente mille lieues, fufifent à peine pour communiquer aux plantes leur faveur & leur odeur ? & obfervons bien que nous ne confidérons ici leur diftance l’une de l’autre, que dans la direction du rayon ; car, fi nous confidérions leur diftance mefurée fur la circonférence du cercle, dont le foleil feroit le centre, & dont la circonférence toucheroit la furface de la terre, à combien d’efpace croyez-vous qu'elles fuflent l'une de l'autre, en fuppofant qu’elles partent du foleil avec la moindre divergence poflible ? car enfin, on ne peut jamais fuppofer qu'elles en partent paral- lèles. Croyez-vous que la terre püût jamais en recevoir deux particules ? n'y auroit donc fur fa furface qu'un point mathématique de frappé. Cependant, Monfieur, en quelle abondance concevez-vous cette ma- tière , lorfque vous nous dites (1) : « Il faut que la lumière s’accumule » dans un corps pour l’échauffer ; elle ne peut l'échauffer , que lorfque fes » rayons mêlés, rapprochés, ou combinés avec le corps, laitlent le feu élé- » mentaire fe dégager de fa bafe, & agir avec toute fon énergie?... Il » réfulte donc clairement de mon hypothèfe, ajoutez-vous, que la lumière » n’échaufle les corps que lorfqu’elle s’y loge & s'y accumule , de manière » que les corpufcules foient rapprochés au point de pouvoir agir l'un fux » l'autre, lorfqu’elle fe combine avec Le corps lui-même qu’elle échauffe ». Je vous avoue, Monfeur, qu'il me paroît difficile, de concilier la pro- babilité de ce rapprochement des corpufcules de la lumière , avec la pro- babilité du calcul de M. Hoïfley. Nous nexaminerons point ici la compofition que vous nous donnez (x) V. Mémoires Phyfico-Chymiques , tom, Il, pag: 195. (2) Thid., pag. 109. (3) Tbid, , tom. INT, fax. 25. 238 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, de la lumière, que vous confidérez comme contenant, 1°. fes parties propres; 2°. l'élément du feu élémentaire ; 3°. la bafe à laquelle il eft uni, _ & d'où réfulte vraifemblablement le phlogiftique qu'elle contient, & au moyen duquel elle réduit les chaux, qui n’ont pas befoin d’une grande quantité de phlogiftique. Vous ajoutez même, page 292: « Le phlogifti- >» que feroit peut-être la lumière elle-même, fi l'élément du feu n’y étoit » pas trop enveloppé , trop ifolé, &c. Enfin, ajoutez-vous, pag. 205, » la lumière fe décompofe , & fa bafe phlogiftiquéc fe dégageant d'une ‘ » partie de l'élément du feu, dans lès corps qui la décompofent, y » porte fa bafe, & y opère les phénomènes produits par le phlogiftique, » foit que certe bafe y agiffe elle-même comme phlogiftique, foit qu'elle » le devienne par la combinaifon qu’elle y éprouve ». Mais il n’eft point queltion ici de la théorie du phlogiftique, ni de celle du feu. Vous foup- Çonnez, pag. 301 , « que c’eft en vertu des affinités de la lumière qu'eft > formée la partie réfineufe des végétaux ; que c’eft pour cela que la quan- » tité de matière réfineufe, dans les plantes étiolées, eft moindre que celle » des plantes élevées à la lumière». Ceci me paroît exiger plus de ma- tière de la lumière, que n’en donne le caicul de M. Horfley. Enfin, Mon- fieur , quelle quantité de matière de la fubitance du foleil ne fuppofez- vous pas, lorfque dans votre noble enthoufiafme vous confidérez. fes actions fur notre globe ; lorfque vous nous en tracez ce tableau ! & J'aime voir les corpufcules de la lumière fe combiner dans les corps, » & j'aime à croire qu'ils frapperont de nouveau nos yeux dans la flamme » des matières combultibles; il me femble lui voir former les réfines avec » lefquelles elle a tant d’afünité, les matières huileufes pleines de fa cha- » leur & de fa clarté, la partie fpiritueufe des graines & des fruits faturés » de fes feux, Il me femble la voir animer la végétation, donner à la >» terre les fucs nourriciers, aux plantes leur vigueur, aux hommes leurs » aliments & leurs délices: oui, par la volonté de Dieu, la lumière de- » vient la fource de la vie & de notre bonheur terreftre ; fans elle, la u y >» terre, dépouillée de fa verdure, de fes couleurs, de fes fruits, de fes » charmes, n'offriroit que des crevafles horribles , des pierres pelées, un » fol ftérile, & l’idée repouffante d’une mafle inanimée & d'un féjour » défefpérant »! Voulez - vous bien à préfent, Monfeur, me permettre de vous faire faire une réflexion , trifte peut-être, mais au moins embaraffante ? Avant de rendre graces au foleil de tous les bienfaits qu'il répand fur nous aux dépens de fa propre fubftance , calculons quelle eft, au contraire, dans vos principes, la parcimonie avec laquelle il répand fur nous fes trélors, En admettant comme probable, ainfi que vous le faites, Monfieur, pag. 206 du Mémoire auquel je réponds, le calcul de M. Horfley, avez- yous cherché à déterminer la fomme de matière folaire que Ja terre P SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 239 recevroit en un an? Si vous l'avez fait, j'admire votre art, pour fuffire à une dépenfe aufi immenfe avec une aufli petite recette ; fi vous n'avez pas fait ce calcul, il faudra vous pourvoir de fonds plus confidérables. Vous allez tre étonné, Monfieur ; il réfulte de ces folutions curieufès de M. Hoïfley, que chaque lieue quarrée de la furface de la terre ne reçoit pas par an un pouce cube de la matière folaire. Voilà, cependant, ce il faut répartir fur $,212,089 toifes quarrées, & cela pour fuffire à la épenfe des trois règnes, à la quantité des réfines qui fe forment par l’aff. nité des corpufcules de la lumière, à toutes les phlogiftications, combi- naifons , qui produifent tant d’air fixe, &c, &c. &c. On efpéreroit vaine- ment de fe mettre plus à l'aife , en théfaurifant & en calculant que cette - matière accumulée depuis le commencement du monde, exifte aujourd'hui fur la terre, qu'elle eft toute entière en circulation. Calculons donc encore, & nous trouverons que depuis fix mille ans vous n’avez acquis qu'environ 6000 pouces cubes par lieue quarrée, c’eft-à-dire, environ 3 à 4 pieds cubes par lieue. quarrée : voilà vos tréfors pour fufñre à toute votre dé- penfe , qui véritablement eft énorme; & malgré la grande divifibilité de la matière, elle épuiferoit en peu de temps le foleil , s’il étoic obligé d'y fournir de fa propre fubitance. | Je ne vous donne point , Monfieur , les calculs d'où déduit {a fomme de matière folaire, que je viens de vous préfenter. Mefurez la furface de la fphère concave qu’éclaire le foleil, à la diftance où eft la terre; mefurez l'aire d’un grand cercle de la terre; divifez une furface par l’autre ; calculez enfuite ce que fait la 13,232°-partie de la folidité du foleil. J'ai employé celle que nous avons donnée dans nos tables des planètes : divifez cette 13,232° partie par 385,130,000 années ; vous verrez ce que vous recevrez par an, & vous trouverez que je viens de vous accorder plus qu'il Be vous revient. Je n’ai pas voulu y regarder de près, tant vos befoins m'étoient préfents, & tant j étois émerveillé du bon emploi que vous feriez d'une fi petite recette. Pardonnez-moi , Monfieur , ce moment de gaieté, il ne tombe que fur le calcul de M, Horfley; je vous avoue que je n'ai pu,me le refufer, pour me dédommager de lennui d’avoir mis tant de chiffres les. uns auprès des autres. Après avoir vu à quoi menois Le fyftème de l'émiflion, permetrez-moi de vous faire obferver combien les principes de la nouvelle Phyfique du Monde fimplifient la théorie. Je n'ai befoin que du mouvement vibra- toire que le foleil imprime au Auide élaftique, au milieu duquel il tourne : nous avons prouvé l'exiftence de ce fluide, de la manière la plus inatra- quable ; la théorie des couleurs y ajoute des démonftrations furabondarnites, &t avec cela feul,-nous expliquens tous les phénomènes. Revenons au fecond alinéa de la p. 20 de votre Mémoire du Jourral de Phyfique : il nous fuffic ici de vous répéter que ce n'eft pas, ainfi que 240 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, nous {e prouvons, la différence de vicefle qui produit la différente cou- leur ou l'énergie de la force des rayons; mais ces diverfités de couleur & d'énergie dépendent de trois caufes que nous venons de faire connoître. Attaquez notre théorie, ou fouffrez que nous nous croyons autorifés à y tenir, puifqu'elle explique très-clairement tous les phénomènes, & que nous n'invoquons aucune hypothèfe, Troifième 6 quatrième alinéa. Nous ne doutons point, Monfeur, de la vicefle de la lumière, c’eft-a-dire, de la vitefle de fa propagation; c’eft la tranflation de fes molécules du foleil à nous, que nous nions très- affirmativement , & nous en avons dit affez pour ne plus y revenir. Les deux phénomènes, l’un des fatellites, l'autre À l’aberration de la lumière des étoiles fixes ; prouvent évidemment cette fucceflion d’action, & ce même phénomène des fatellites milite puifflamment contre vous, comme vous l’avouez pag. 20, troifième alinéa : il ne prouve donc pasle mouvement de tranflation des particules lumineufes ; & pour revenir encore aux corps diaphanes à travers defquels on s’obitine à vouloir toujours fuppofer un mouvement de tranflation, un paflage réel de la lumière , femblable à l'eau d’un Aeuve qui paffe à travers les mailles d'un filet , nous répétons, Monfieur que ces corps ne font point percés de pores en ligne droite, & en toutes forteS de fens, pour donner paflage à la matière de la lumière en toutes fortes de directions. Il eft évidemment impoñible qu'un corps puiffe être percé de pores rectilignes en toutes fortes de directions; il ne pour- roit y avoir aucune union entre Les parties d’un tel corps. Concevez , fi vous le pouvez , un corps folide , compofé de tuyaux ouverts dans toutes fortes de directions , & de manière que la folidité des parois de ces tuyaux ne préfente aucun obitacle. Si, pour former ce corps, vous faites vos tuyaux de filigrane, quelle fera, je vous prie, fa folidité? Les corps dia- phanes devroient donc être les plus légers de tous les corps. Mais ne fup- pofons point très-gratuitement de pareilles conftruétions ; parfaitement inconcevables : difons tout fimplement , Monfieur, qu'il eft certain que la lumière ne pafle point réellement à travers les corps diaphanes , pour propager les rayons [lumineux ; de même que l'air ne pañle point à travers les corps, pour propager le fon. Lorfqu'avec une épingle je frappe l'ex- trémité d'une poutre de 60 pieds de long , je ne force aucune particule de l'air à parcourir cette longueur , pour alter frapper letympan de l'homme qui eft à l’autre bout ; mais le mouvement que j'imprime , fe communique à travers de ces particules élaftiques, comme il fe tranfmer à travers d’une file de billes d'ivoire, fans en déranger aucune, fi ce n’eft la dernière, Vous aimez les analogies, Monfieur; en voilà de bien fimples , de bien claires. L’éther paffe à l'état lumineux, comme l’air pafle à l'état fonore, & l’un & l'autre en vertu de leur élafticité. L’éther eft dans les corps dia- phanes dans le même état où l'air eft dans Les corps folides ; Les vibrations de me, À SURL'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 241 de lun & de l'autre de ces Auides fe propagent de la même manière à travers ces corps, fans que les molécules de ces Auides les parcourent. Cette manière de concevoir la tranfmiflion de l’action de l’éther qui confticue la lumière, rend: très-facile l'explicarion de plufieurs phéno- mènes que l’on obferve dans les modifications de la lumière, dans diffé- rentes fubftances diaphanes , dont la denfité ne répond pas à la force ré- fringente, En effet, fuivant que les pores de ces fubitances feront occupés par divers fluides aëriformes , par divers gaz, particulièrement felon que ie principe inflammable, que vous vous fouviendrez bien qu'il faut re- garder comme un élément, abondera dans ces pores, ces Auides exclue- ront d'autant plus l'air de ces pores. L'éther qui occupe le refte de leur capacité fera donc plus libre , plus fufcéptible d’être ébrahlé par les vi- brations extérieures ; & de-là, Monfeur, la réfraction plus grande dans les fubftances réfineufes qui contiennent plus de principe inflammable : ce que vous ne me nierez pas, puifque vous les formez vous-même aux dé- pens de la matière de la lumière, & du phlogiftique que vous confon- dez avec la lumière, comme je viens de le rapporter dans mes obferva- tions fur le premier alinéa de la pag. 206 de votre Mémoire. Enfin, vous convenez que ce ne font pas des démonftrations que vous nous don- nez : il vous fufir, dites-vous , que Les autres fyftèmes ne foient pas mieux fondés ; mais le nôtre n’eft pas compris dans ceux que vous examinez , il ne vous étoit pas encore bien connu. Maintenant que le voilà tout en- tier fous vos yeux, nous invoquons vos objections, en vous obfervant toutefois que le fond de ce fyftéme dépend uniquement de la queftion du vuide ou du plein, Il faut abfolument où démontrer Le vuide , ou prouver que , dans le fyftème du plein , tel que nous l'avons admis , nous expliquons mal quelque phénomène. Nous croyons avoir démontré le plein à priori & à pofferiori. Quant à nos explications, nous attendons qu'on les attaque. Paffons maintenant à la page 217, n°. 8; tout ce qui fe trouve depuis le dernier alinéa de la page 206 que nous venons de citer, jufqu’au pre- mier alinéa de celle 211, a déjà reçu fa réponfe. Huyghlens, Euler, &c. &c.ont-expliqué la réfraction dans le fyftème des ondulations de lécher, & nous avons beaucoup ajouté aux preuves qu'ils en ont données ; nous croyons même avoir mis cette vérité hors de doute, & l’avoir portée à l'évidence mathématique. Mais, dices-vous, Mon- fieur , un rayon de lumière qui traverfe l'air ef? appercu : il a donc des par- ricules reflexibles € réfléchies. W n’eft certainement pas queftion ici d’un rayon dirigé à l'œil; car c'eft fa faculté, fa qualité , fa propriété effen- tielle d’affeéter, d'exciter l’organe de la vifion. Vous parlez donc d'un rayon qui traverfe la chambre obfcure, ou de tout rayon vifble dans des circonftances qui £ rapprochent de celle-ci, Or , ces rayons font à la Tome XXIV , Part, I, 1784. MARS. Hh 242 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, vérité vifbles tranfverfalement; mais ce n’eft point , à parler exactement, le rayon que l’on apperçbit alors : on ne voit point les particules propres de la lumière ; ce font les molécules de l'air, & toutes celles qui y na- gent, qui font éclairées par ce rayon. Ces molécules réféchiflent la lu- mière vers nos yeux: on apperçoit les pouflières qui nagent dans Pair ; ces pouflières ne font pas le rayon de lumière, &c. &c. Enfin , obfervez encore, je vous prie, que l'induction que vous tirez ici de l’hypothèfe d’une prefion continue ne peut nous être oppofée. Nous avons fufilam- ment prouvé que nous n’admertons point une pareille preflion , mais une action vibratoire fuccelive, & renouvellée dans des inftants qui ne font divifibles que par la penfée , efpèce de divifion à laquelle la faine phy- fique nous force à chaque inftant à avoir recours, Vous ne croyez pas, Monfieur, que les expériences rapportées dans ce paragraphe , foient concluantes en votre faveur: mais vous conviendrez au moins quelles militent en faveur de l’impulfion ; & beaucoup d’au- tres , que nous avons rapportées dans notre Ouvrage , & que nous ne pou- vons copier dans un Ecrit, déjà trop long peut-être, la prouvent invinci- blemient. Par exemple , la fufñon, la prompte calcination des fubftances les plus compactes au foyer du miroir ardent, pourroient-elles avoir une autre caufe que dans l'effet d’une violente agitation? agitation aflez puif- fante pour rompre les liens des aggrégations les plus fortes. Quant au calcul de M. Mitchel , il ne prouve pas l'émiffion ; il la fuppofe : mais, Monfieur , calculons aufi avec lui, comme nous avons fait avec M. Horf- ley ;je prévois qu'il doit en réfulter quelque chofe d’aflez extraordinaire. 11 fuppofe qu’1 pouce quarré reçoit par feconde à la furface de la terre la 1800 millionième partie d’un grain pefant de la matière folaire : il en réfulte qu'un pied .quarré de la furface de la terre recevroit en 1809 millions de fecondes le poids d’un grain de matière folaire. Or, la furface de l’'hémifphère de la terre étant de 2,389,943,902,578 pieds quarrés, l’hémifphère éclairé recevroit en 1800 millions de fecondes 2,389,943,902,578 grains pefant de la matière folaire; mais nous rédui- fant à la furface du cercle terminateur de la lumière & de l'ombre fur la terre , cette furface eft de 6,488,869 lieues quarrées ,;, ow de 1,217,540,257,5 44.276 pieds quarrés. La furface de la terre recevroir donc en 1800 millions de fecondes un nombre de grains, poids de marc égal à 1,217,$49,257,544,276 grains. Mais ces 1800 millions de fe- condes répondent à 8300 heures, ou à peu-près; car ici des à-peu-près nous fufifent. Suppofons que cela fafle trois cents quarante-fix jours.d'il- lumipation , en trois cents quarante-fix jours la furface de la terre rece- vroit donc 1,217,540,257,544,;276 grains pefant de la matière folaire ; c'eft-à-dire , plus de 130 milliards pefant. Maintenant, Monfieur , mul- tipliez ce nombre par 2,087,361,989 , qui exprime Je nombre de fois que la furface d'un grand cercle de la terre eft contenue dans la furface de SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 243 lotbe que le foleil illumine continuellement à Ja diftance où eft placée notre planète, Vous trouverez un 2, fuivi de vingt chiffres; ce nombre exprimera en livres pefant la perte que le foleil fait de fa propre fubitance en trois cents quarante-fix jours, Revenons à la terre. Si elle reçoit en onze mois 130 milliards pefant de la matière folaire, elle en reçoit en un an près de 140 milliards, Ce poids, réparti fur La furface de fon grand cercle , fait plus de 10,000 livres par lieue quarrée. Mais nous venons de prouver que, dans votre autre hypothèfe , & d’après M. Horfley , chaque lieue quarrée ne peut recevoir par an qu'environ 1 pouce cube de la matière folaire, Le pouce cube de cette matière folaire pèfe donc 10,000 liv.Conciliez ces deux hyporhèfes, Monfieur , puifque vous les adoprez l'une & l’autre ; conciliez-les avec la denfité que , dans le fyftême de l'attraction ; on accorde au foleil, & eris rmihi magnus Apollo. Ajoutez , retranchez à mes calculs, tourmentez-les tant qu'il vous plaira; je vous les abandonne : mais vous ne trouverez ja- mais vote compte. Voilà, Monfieur , ce qui arrivera toujours , tant que l'on fe permettra de faire ufage de différentes hypothèfes, de différentes fpéculations failies à la pointe de l’efprit, & felon le befoin du momerr. On n'aura point de théories particulières folidement établies, tant qu’on n'aura pas une théorie générale. C’eit à établir cette théorie générale que nous confacrons nos veilles, & nous efpérons qu'elles ne produirort point de rêves femblables à ceux que nous venons d'expofer , d'après MM. Horfley & Mitchel. En vérité, Monfieur, après autant d’hypothèfes dont nous venons de voir les conféquences , eft-on autorifé.à nous reprocher que c’eft gratuite - ment que nous admettons un fluide élaftique qui remplit tout l’efpace que la matière folide n’occupe pas, & qui pénètre les pores de celle-ci? Tous les arguments qui démontrent évidemment l’impoflbilité du vuide abfolu , ne démontrent-ils pas le plein, & ne deviennent-ils pas des arguments di- rects en fa faveur? car il n’y pas une troifième manière de concevoir l'ef- pace, Nous pouvons encore mettre au rang des arguments direéts en fa- veur-de l’éther , le grand nombre de phénomènes qui ne peuvent s'expli- quer que par lui, Vous nous attaquez très-dire“tement ici, Monfeur:, pag. 212, fecond alinéa. Selon vous , notrethéorie a tous les inconvénients qui réfultent de la compofition & décompofition des ondes, &c. &c. &c, Entendons-nous bien une dernière fois, & tous ces inconvénients difparoîtront. Dans notrethéorie, la lumière teft produite:par lation du corps lumi- neux fur lefluide éthéré : mais cette action n’eft pas une preflion continue, opérée également fur tout le Aaide ambiant, par toutes les parties de la furface du foleil ; une telle preflion , que nous n'admetrons/point;ne pour- soit pas à la vérité produire des ondes fucceflives. Mais ces ondes fuccef fives réfultent néceffairement des vibrations que produifenc les chocs ré. Tome XXIF, Pare, I, 178 4 MARS. Hh 2 244 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, térés des afpérirés de la furface du foleil , comme nous l'avons prouvé, C'eft ainfi que les inégalités de la roue de la vielle produifent des fons, en excitant l'élafticité de la corde qui fait vibrer l'air environnant. Or, les vibrations de l’écher qui produifent la lumière , s’excitent & fe propagent comme Les vibrations de l'air qui produifent le fon; & de même que l'air peut re- cevoir & tranfmettre à la-fois plufeurs fons ou rayons fonores, il n’y a nul doute que l'éther ne puiffe tranfinertre à-la-fois plufieurs rayons lu- miveux, L'un & l’autre phénomène fe produit dans les deux fluides, fans aucun déplacement de leurs molécules. Ce déplacement n’eft point né- ceflaire dans un fluide élaftique , pour tranfmettre une a@ion ; il fufficqu'en vertu de fon élafticité , chaque molécule tranfmette aux molécules qui la touchent immédiatement la compreflion qu’elle a reçue , & ces molécules reçoivent cette compreflion dans la dire“ion de la ligne de l'impulfon primitive, comme nous l'avons démontré dans l’avant-dernier Journal, en préfentant nos obfervations fur les pag. 207 & 208 de votre Mémoire, Mais, dites-vous, Monfeur, a preffion fe fait fentir plus fenfiblement , fui- vant la direétion de la ligne qui coupe perpendiculairement les ondes. Il fal- loit ici dire pulfion , au lieu de preffion, pour éviter toute équivoque ; il falloit mème ajouter que cette pulfion où impulfion ne fe fait fentir que dans cette feule & unique direction, Les ondes élaitiques n’agiflent que de dedans en dehors , en s’éloignant du corps central. Les différentes parties d’une même onde n’exercent aucune a@ion latérale l’une fur d'autre ; toutes pouffent celles qu’elles trouvent devant elles. L'énergie de la preflion , ajoutez-vous, Monfieur, n'eft pas la même dans toutes les parties du fluide ....; i/ em doit réfulter. ... , &c, &c.. IL eft abfolument effentiel d’avoir ce paragraphe de votre Mémoire fous les yeux, pour entendre notre réponfe ; c’eft celui de la page 212, fecond. alinéa. Nous aurions dit : L’énergie de l'impulfon n’eft pas la même dans rout le fluide ; elle varie à raifon de la diftance au corps lumineux , & dans la raïlon inverfe du quarré de cette diftance: il en-doit réfulter què l'intendité de lillumination varie à raifon de la diftance au corps lumineux; ce qui et également conforme à la théorie & à l'expérience. Je ne vois point du tout comment , de ceci, on pourroit déduire que les Jours devraient être plus courts, @ leur illumination très-différente "dans les. différentes parties de leur brièveté. On fait aflez pourquoïles jours fonc plus ou moins longs; quant aux différents degrés de leur illumination , ils font , toutes chofes égales d’ailleurs, en raifon de la diftance variable de la terre au foleil , Vous concluez encore, que le mouvement imprimé à une partie doit fe communiquer à toute la mafle; de forte qu'il femble qu'il ne devroit point y avoir de nuit, parce que la prefioneft continuelle fur toutes les parties du fluide, &c, &c, SEE SUR L'HIST, NATURELLE ET LES ARTS. 24$ Dans ceci trois propofitions : la Lim eft vraie; un nouveau degré de compreflion , imprimé à un fluide élaftique incarcéré entre des parois, fe communique à toute la mafle. On ne peut frapper un ballon rempli d'air, & ajouter ainfi un nouveau degré de compreflion aux parties de l'air qui répondent à l'endroit frappé , fans que l'impulfon fe fafle fentir aufli-tôt fur tous les points de la furface Ha ballon, Si le corps frappant relte appliqué au ballon, de manière que lenfoncement qu'il a produit pe in fe rétablir , il en réfulcera que l’air inclus aura acquis un nou- veau degré de compreffion , un nouveau ee de reffort. Votre feconde propofirion, c’eft que fi la feule compreflion de l’éther opéroit la lumiere, fi celle-ci étoit l’effet d’une preflion continue comme dans l'objet de com- parailon, 4! ne devroit point y avoir de nuir. D'accord ; mais la lumière n'eft pas, felon nous, l'effet d'une telle compreflion: elle eft l'effet du mouvement de vibration de l’éther. Or, comme nous l'avons prouvé, ce mouvement de vibration ne peut fe faire fentir que dans la direction * perpendiculaire aux ondes fphériques , qui ont le corps lumineux pour centre, S'il eft très-vrai de dire que l’action de ce corps lumineux fe propage de tous côtés à-la-fois, ce n’eft qu'en concevant que cette pro- pagation fe fair dans les fens des rayons de la fphère, dont le corps lumineux occupe le centre, Cette multitude de direétions ne doit pas être aimilée aux réactions des molécules élaftiqués incarcérées entre des parois. Les réactions de ces dernières ont lieu pour chacune d'elles, dans toutes fortes de directions, quelque molécule que l'on conçoive & que lon choïfifle par la penfée pour centre. Aidons-nous ici de comparai- fons bien claires : fi deux ou plufeurs hommes, également éloignés d’une cloche , entendent en méme temps le fon de cette cloche , chacun d'eux le reçoit par des lignes différentes: il arrive à chacun d'eux par deux toutes particulières : il n’y a point ici de réaétion entre ces deux lignes, entre aucune des molécules d’air qui les compofent, & le fon n'eft point réfléchi de l’un à l'autre, Il en eft de même de plufeurs perfonnes qui voient à-la-fois le même objet; chacun d’eux l'apperçoit par des rayons particuliers, qui viennent de l'objet à chaque fpeétateur: il n’y a poinc de réa@ion entre les molécules de la lumière de chacun de ces rayons; ils ne font point réfléchis de l'un à l’autre : chaque fpectateur voit égaie- ment bien l’objet, ou lorfqu'il eft feul à le confidérer, ou lorfque cent le regardent en mème temps. Il n'eft pas de même de la preffion en tout fens qui s'exerce dans le ballon rempli d'air, dont nous venons de parler. Comparons ce ballon à une foule de Spectateurs , contenus dans le parterre d’une Salle de Speétacle, ce parterre étant fuppofé rempli autant qu'il peur Pêtre. Dans ce cas, chacun des Spectareurs eft preflé par rous les autres , & chacun d'eux réagit & exerce une preflion fur tous: chacun d'eux eft véritable- mént un centre d’où l’aétion de prcflion s'étend de toutes parts. Ceci 246 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, repréfente ; aufli exactement qu'il eft pofible, l’état du globe rempli d'air, où chaque molécule reçoit & rend de toutes parts des preflions. Ces deux comparaifons bien entendues, paflons au phénomène de la vue. Ici il n'y a qu'un feul centre d'adtion , c’eft le corps lumineux : or, fi l'action de ce corps, action qui pour chaque Spectateur, confidéré comme étant feul, n'a qu'une feule & unique direétion, eft interrompue par un corps opaque interpofé ; ce Spectateur ne verra plus rien; & voila pour- quoi & comment il y a des nuits: rien aflurément ne me paroît plus évidemment démontré, Dans l'exemple de la foule que nous avons fup- pofée dans une Salle bien remplie d'hommes, chacun d’eux au con- traire ne fera pas moins comprimé par tous, foit qu'il exifte ou non un pilier inébranlanble , près duquel l’un d’eux feroit placé. Votre feconde propoñtion , / ne devroit point y avoir de nuit, eft donc inadmiflible!, & notre théorie refte pour démontrée. Voici comme nous l’énonçons. La lumière eft une modification de l’éther; cette modification eft l'é- tat de vibration; une vibration eft compofée d’une compreflion & d'une reftitution du reflort: ces deux états font alternatifs. Ceci, comme vous voyez , Monfieur, differe beaucoup d’une compreflion continuelle. L'air le plus cordenfé ne produit point de fon , mais l’air mis en vi- bration devienc fonore : or, les vibrations des molécules de Pair, font, comme tout le monde en convient, compofées d’une compreflion & d’une reftitution de chacune de ces molécules, & ces compreflions , ces refti- tutions , font alternatives & dans le fens de la direction où la molécule a été frappée. Lorfque la molécule fe rétablit, elle communique fon mouvement à la molécule-voifine en s'éloignant du corps fonore, & il en réfulte des ondes vibratoires autour du corps fonore: c’eft par le moyen de ces ondes, que le fon fe propage de tous côtés à-la- fois, mais toujours felon des rayons perpendiculaires aux orbes que forment ces ondes, & avec une vitefle connue de 173 toifes par feconde. Paflons à votre troifième propolition, Sur celle-ci nous ferons très-laconiques ; elle fuppofe l'effet d’une pref- fion continue : or, nous difons que la lumière n’eft pas l’effer d’une preflion continue ; qu'une pareille preflion ne feroit pas pafler l’éther à l'érat de vibration; que c’eft de cet état de vibration que réfulte le phénomène de la lumière, de même que c’eft de l'état de vibration des molécules de l'air que réfulte le fon. Lorfque les vibrations de l'air ne font pas excitées , c'eft le filence ; lorfque les vibrations de l'éther ne font pas excitées, c'eft la nuit. Les vibrations de l’éther fe propagent fort loin, pardelà les limites de notre monde, & voilà pourquoi notre foleil eft vifble , fans doute, dans les efpaces des autres mondes. Les vibrations produites par leurs foleils pénètrent de même le tourbillon du nôtre; elles pénètrent même plulieurs étages de ces tourbillons , & voilà pourquoi nous voyons dif- ne À : [l _ SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 247 férents étages d'étoiles fixes. Lorfque nous parlons de ces vibrations qui pénètrent les tourbillons & qui les traverfent, il eft évident que nous ne voulons pas dire qu'il vienne rien, aucune molécule de matière, au. cune fubftance de là jufqu'à nous; c’eft la feule ation vibratoire , qui, en s’affoibliffant toujours comme le quarré de la diftance augmente, fe propage à travers le fluide univerfel , ce mot, univerfel , pris ici iz latiffimo fenfu. W faut encore obferver, qu'on ne doit poine confondre le mouvement de circulation que chaque foleil communique à l’éther qui l’environne, avec le mouvement de vibration qu'il lui imprime: c’éft par le mouvement de circulation, que l'éther devient Le déférent des planètes , ainfi que nous l’avons prouvé tome II. Mais ce mouvement de circulation n’eft point celui qui produit la lumière ; ce phénomène eft uniquement produit par le mouvement de vibration: c’eit ainfi que le mouvement de tranflation de l'air n'eft pas le fon c'eft le vent par lequel ce fluide devient le déférent des corps qui y font fufpendus, mais le mouvement de vibration de l'air produit le fon. Voici, Monfieur, ce que, pour me conformer à vos defirs, très-éner- giquement expliqués dans votre dernière lettre, j'ai cru devoir vous pro- pofer. Je vous ai dit pourquoi je ne l’avois pas fait dans le troifième volume de la Phyfique du monde, En lifant le quatrième, nos raifons pour avoir différé vous paroîtront encore plus fortes ; vous y verrez avec quel fuccès nous avons combattu la différente réfrangibilité, que Ton avoit fuppofée dans les différents rayons, en imputant à une pro- priété particulière à chacun de ces rayons , une modification qu’ils éprou- vent tous également dans les mêmes circonftances, & en concluant que de ce qu'ils étoient différemment réfraétés dans certaines circonftances , ils étoient par leur nature différemment réfrangibles, Nous avons dé- truit ce cercle vicieux, dans lequel font tombés plufeurs Phyfciens , d’ailleurs très-eftimables. C’eft ainfi qu'un feul paralogifme avoit retardé la théorie de la lumière, Je ne vous ferai point encore d’obfervations, Monfieur , fur les trois derniers alinéa de ce fecond paragraphe de votre Mémoire; il s’agit ici de la combinaifon de la lumière: cette matière, & votre troifième pa- ragraphe, qui traite du phlogiftique, appartiennent, felon nous , à la théorie du feu & de la chaleur ; ce fera l’objet de notre cinquième volume. Lorf- que nous aurons expofé nos principes, fi vous avez, Monfieur, quelques obfervations à nous propofer , foyez bien afluré de toute l'attention avec laquelle nous les méditerons, & de notre reconnoiffance. Aoréez les aflu- rances de la haute eftime avec laquelle j'ai l'honneur d’être, Monfeur , &c, Ke Vs 248 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, MÉMOIRE D'OTTON-FrÉDÉRIC MULLER, Sur la Mouffe d'Eau invifible. Air eft grande [a quantité d'animaux impercepribles fans l'aide du microfcope, découverts dans ces derniers temps, autant eft petite celle des plantes découvertes depuis l'invention de cet inftrument ; elles {ont même encore très-rares dans un fiècle où le Phyfcien de chaque pays eft nuit & jour en obfervation vers les objets que la fimple vue ne peut faifir. I! n’eft pas facile à déterminer pourquoi il a plu au Créateur de nous don- ner fi peu de plantes invifibles, & une fi grande quantité d’infectes, Dans: les efpèces, à-peine y a-t-il une petite plante contre vingc infectes, & dans les individus il n’y en a pas un contre mille. Outre cela, elles ne forment que trois familles, qui font toutes des cryptogamiltes , des mouf- fes de moifi ou des moufles d’eau, tandis qu'il auroit pu y avoir fans contredit des plantes microfcopiques avee des fils de pouflière, des poches à pouflière, des feuilles de fleurs, &c. Je dis qu'il auroit dü y en avoir, parce que l'on trouve dans ce petit monde , ainfi que dans le grand, des vivipares & des ovipares , des êtres qui fe reproduifent en fe féparant, & d’autres en s’accouplant. Que l’on ne m’objecte pas qu'elles n’étoient pe néceflaires , parce que Les infeétes microfcopiques peuvent fe nourrir des parties invifibles des plantes vifibles & macérées, & desinfectes de moindre grandeur de leur région; car comment oferions-nous, d’après les bornes de notre intelligence, tirer des conclufons fur la néceflité de la création , & fur la volonté du Créateur? Tout eft ici bas fuivant fon bon plailr: il nous. donne dans le règne animal invifible mille êtres frappants, dont les yeux défarmés cherchent en vain la reffemblance, tandis qu'il laiffe le règne végétal invifible prefque tout-à-fait dénué d'objets. Quel contrafte marqué que Ja pauvreté de celui-ci contre la richeffe de celui-là ! La conf truétion fimple de la petite quantité de l'un, en comparaifon de la dif- pofition compliquée & artiftement ordonnée de la multitude de l'autre; la reffemblance & le rapport des plantes aquatiques vifbles & de celles qui ne le font pas, & la différence étonnante des animaux microfcopi- ques , qui porte.nt tous le caractère d’un autre monde. Les animaux &: les plantes limitrophes du monde invifble fe trouvent dans x SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 249 dans un rapport plus particulier les uns avec les autres: je veux parler de ceux dont on ne peut reconnoître les organes extérieurs fans microfcope, quoique leurs corps foient vifbles. Tels fonc dans les infeétes les fa- milles des pieds-à-veflies ( shrips ) , les poux à feuille 8 à bouclier ( apkys, Pfylla , coreus ) , & le fuce-feuille ( chermes }; quelques efpèces d'infectes à crochet, de mouches puantes , de tueurs de chenilles & d’infectes de-fiel ; beaucoup d’efpèces de mouches, des lésions de limaçons ‘de terre, des coulins , des poux, des mites de terre & d’eau, des puces & des borgnes, Dans les vermiffeaux, il faut compter les burfaires, quelques vorticelles & brachiones , quelques afcarides & naïdes, des vers plats , des faftioles , des rmédufes & des monceaux d’habirants de cellules ; & dans les plantes, les /eprofi , & quelques /curellari, les byffis , conferva , rixia , quelques cham- pignons, & routes les efpèces de moififlures. Il femble cependant que, même dans cette région, l'animal furpafle le végétal en nombre; mais dans le monde vifble , la quantité des efpèces & des individus des plantes, eft beaucoup plus grande que celle des animaux. Qui ne reconnoîtroit pas ici le doigt puiflant de Ja Sageffe éternelle! Quelques-uns de ces habitants des frontières du règne végétal fe trou- vent déjà dans le Flora Dunica. Je ne veux faire mention ici que des plus rares de l’eau douce ; je ferai connoître deux efpèces nouvelles; enfin, j'expoferai deux plantes du monde invifible. Les cinq efpèces de mouffe d’eau repréfentées dans Le onzième cahier du Flora, p. $1 ,f.1—3,ë& p.60, f. 1—2, font vifibles à la vérité; mais l’on ne peut point en avoir une idée jufte fans microfcope, & on ne fauroit déterminer ni leurs familles, ni leurs efpèces. Les trois efpèces de la Table $1, quand elles fonc hors de l'eau , ne paroïflent être qu'un mucilage, ce qu'eiles ont de commun avec beaucoup de moufles d’eau de la mer; mais dans l'eau & fous la loupe, on voit toute leur conftruétion de part en part, La première figure de la 662% Table, dont j'ai écrit l'hiftoire à la page 189 du fep- tième volume du Phyficien, & par laquelle on voit l'ufage néceffaire du microfcope pour fa détermination, eft nouvelle & inconnue, La feconde figure de la même planche a été rendue publique avant par M. de Lénné; mais il eft tombé dans une double erreur en cette occalion, où pour ne s'être pas fervi du microfcope, ou bien pour ne s’en être pas affez fervi: premièrement dans le fyftème , en la qualifiant (/v2), dans fa Mantiffa , pag. 136 ; fecondement , de la confondre (felon les premières apparences) avec une femblable ( wlva ) fouvent citée fous le même nom. Pour corri- ger cette erreur, je les ai groflies toutes deux , & repréfentées fur la 660° Planche , figure 2 du onzième cahier, & fur la 705° Planche du douzième cahier, & j'ai montré que la première eft une:( conferva ), & ue celle ci eft une (w/va } d'une efpèce toute différente, Les deux efpèces 4 champignons de La 716° Planche du cahier fufdie, FAUNE lefquelles ‘je n'ai encore pu trouver de fynonymes , font difficiles à décerminer fans Tome X XIV, Part. I, 1784. MARS. Ji 250 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, microfcope, au moyen duquel les creux ; ainfñ que les-veines faillantes, diviénnent vifibles, Lors de mon féiour à Pyrmont, à la fin d'Août de l’année dernière, j'ai découvert la moufle d'eau nouvelle, Dans le foflé à eau'à droite, en allant à enclos des arbuftes étrangers, je vis entr'autres moufles d'eau un gros tas brun. J'en retirai quelque peu avec ma Canne; je portai cette fubitance fileufe dans ma chambre, & Ja mis dans un verre d’eau, pour lexaminer plus tranquillement, Les fils éroient très-entortillés les uns dans les autres: j'en mis un peu fur une afliette ; j’écartai les.fils, pour exami- ner les plantes chacune à part. Ce, fut alors qu’elles fe préfentèrent à l'œil dans leur fituation’naturelle, comme la première fivure, PI, IT. Des fiis bruns fe partagent plufieurs fois en deux branches, à la dernière defqueiles elles en ont.ordinairement trois, cinq, & même jufqua fept autres plus petites, & toures du même côté, Sous la loupe, les fils parurent ar- rondis, pointus par les bouts, remplis de petits grains brunâtres; & c’étoit alors qu'on ,pouvoit voir qu'ils n’avoient point de nœuds. Ils éroient par- femés de corps cryftallins, & particulièrement aux plus anciennes bran- ches. Ces corps éroient de forme elliptique, les uns arrondis pardevant, les autres émouflés & fufpendus pèle-mèle & fans ordre par trois, par deux ou par un, à des queues crÿftallines, courtes .& minces: ainfi, ils avoient beaucoup d’analogie avec les vorticelles à qu2ue. Dans quélques- us, il.y. avoit une raie tout du long. Seroit-elle bien l'annonce, d’une féparation prochaine? Malgré toutes les peines que je me fuis données, je n’aipu remarquer ni inteftins, ni mouvement; toute la plante étroit dure & âpre au toucher (comme il arrive fouvent aux petits limaçons d'eau douce de la vort anafatica } à force d’être garnie de ces petits corps. Dans un’'autre endroit , j'ai fait mention d'une herbe de mer , qui étoit velue, & comme couverte de buiffons , par la multitude innombrable de etites hbres qu’elle avoit. Peu importe au Créateur de garnir un fil d’un million de fibres ou d’un million d’infeétes, Certe moufle d’eau eft proprement la demeure des Vorticelles noirs, que j'ai décrits dans mon Æifloria Vermium, 11 y avoit une infinité de points noirs difperfés dans ce tiffu brun, & vifibles à l'œil. J'en mis une petite mafle dans le verre d’eau. Au même inftant, ces petits infeétes couvri- rent par, eflaim Le côté du verre qui étoit tourné vers, la lumière. Je tournai ce côté là dans l'ombre: alors ils quittèrent tous l’obfcurité , tra- versèrent l'eau..entre les fils ; & en peu de temps, ils fe placèrent da côté oppofé, c’elt-à-dire, celui qui étoit éclairé. Je ne demande pas fi ces ointé-ontides yeux; car qui mele dira ? Mais chacun peut fe convaincre qu'ils:font £enfbles à la lumière; qu'ils nagent rapidement , & qu'ils ne s'arrêtent pas.les uns les, autres. [ls fe réuniffent quelquefois. par les queues trois, quatre & plus, &c. Dans cette pofirion, ils voyagent en- femble dans l'eau. La None habite aulli cette moufle, Cependant elle eft É SUR-L'HIST.-NATURELLE ET LES ARTS. 2561 firate, qu'à peine pouvois-je compter une None contre mille Vorti- celles, “1: À J'ai cherché en vain certe moufle chez les Botaniftes : la conferva fla- mmentis fufcis , tenuibus}, ramofis intricatis , de M. Haller , lui convicre pour le nom , mais la defcription & le fynonyme ne s'accordent pas avec elle; jai tiré fon nom trivial de la roideur que caufent les petirs corps . £ryftallins, que je crois avoir apperçus fur tous, & je lui ai donné la dé- nomination fpécifique fuivante: Conferva hirta , filamentis flexuofis dichoto- ris ; ramulis apicem verfus fecundis. É Revenons aux plantes microfcopiques, ou à celles qui font imper- ceptibles à l'œil. [l y en a qui ne deviennent jamais vilibles fans mi- crofcope, même s’il Jen a des millions; parce que non feulementelles ont le dernier degré d: finefle & de tranfparence, mais parce que , de quelque manière qu'elles foient entaflées, il n’elt pas porte que les intervalles ne foient plufeurs fois plus grands que leur diamètre : aufli ne peut-on pas les voir fans les groflir très: confidérablement. Elles font dans le monde microfcopique , eu égard à leur fimplicité, ce que font les moilflures dans le monde vifible; c’eft-à- dire elles font l'extrémité de la végétation, & iglativement à Leur finefle, elles font frontières d’un troiième monde où Je microfcope n’a point de prife ; elles fe produifent comme Le moili dans les corps morts du règne végétal & de lanimal: ce font des fils Bexibles & réellement pliés; ils font de différentes longueurs, tranfparents, de la couleur de l’eau, rarement tirant fur le bleu, & dans ce cas-là peut-être remplis de leur femence, mais fans aucune organifation fenfible, Souvent ils font dérachés de l'endroit de leur naiflance , & on les peut fort bien diftinguer de ceux de la moufle de pois, qui font roides, privés de leur femence, & qui rempliflent quelquefois l'eau du haut en bas en ÿ na- geant. e Il y en d'auires qui ne deviennent vifibles à l'œil, que lorfqu'ils fe préfentent en très-grande quantité; ils ont beaucoup de conformité avec Îles moufles d’eau du monde vifible, & font très-rares , comme nous l’a- vons déjà dit. De plufieurs milliers de gouttes d'eau que j'ai examinées une à une, & des myriades infeéles que j'ai vues, & qui font deux cents efpèces, il ne s’en eft trouvé rout au plus que dix efpèces de moufles d'eau invifbles , & la plupart feulement une, deux ou trois fois; j'en vais faire conhoître ici deux, que je trouvai dans le mois d’Août de l'année dernière ; à Weynbere , lorfque j'y étois pour prendre les bains, Il eft très-incertain de Les retrouver une feconde fois, & cela dépend d'un ha- fard aufli grand, que celui d'attraper un terne ou-un quaterve à la lo- terie ; mais en les cherchant avec patience, on -auroit l'occafon de par- venir à la connoifflance des mœurs & des alliances des habitants microf- copiques. Tous les deux fe préfenrent à l'œil muni d'un microfcope , comme Tome X XIV, Part, I, 1784. MARS, AS 252 . OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, des fils de la couleur d’un verd naiffant, creux & tranfparent. Dans fa première efpèce, le fil ou la tige de la plante s'étend çà & là, comme dans queiques herbes de mer, en forme de veflie, & finit par des nœuds courts & durs, qui forme avec [a tige un angle droit ou aigu; quelque- fois la tig: même finit-par une veffie. Dans la feconde efpèce, la tige, après avoir fait un petit pli, reprend fa première direction droite; & au lieu de s'étendre en nœuds ou en vellies, elle forme à côté de petites poches couïbes, comme les fersularies; tous deux appartiennent à ce genre de mouffe d’eau qui n’a point de jointure, & dans le commencement, ils font par rout remplis de corps tranfparents, Lorfque ceux-ci font par- venus à leur maturité , ils quittent leur place & s'entaflent les uns fur les autres: par cette opération Les endroits vuides du fl deviennent plats, blancs, & {ont de couleur d’eau; mais ceux où les grains font entaffés, paroïfent forts & verds. Enfin , l'on voit couler les grains en grande quantité , par le bout de la tige, par les nœuds, par les veflies & par les poches. Il eft très-récréatif pour l'Obfervateur de reconnoître de l’ordre, des règle & un deffein fixe , jufque dans la plus invifible & la moindre produétion de la nature; la moindre fibre même n’eft pas l'effet du ha- fard : elle mürit fes grains de femences , les jette ; après quoi Le réfervoir fe relâche , fe fane & fe déchire. J'ai nommé la première de ces moufles, la moufle à veflie , & la feconde la moufle à poche. Je nr'étois fort occupé, particulièrement dans les mois de Novembre & Décembre, des obfervations microfcopiques des eaux, qui produifent lés cirons d'eau, & j'avois fouvent mon Peintre à côté de moi , depuis fix heures jufqu’à minuir. A la fin de l’année je lui fis corriger les deffins des moufles d’eau que j'avois faits pendant les bains ; je lui racontai en même temps que j'avois trouvé à Weynberg la mouffe d’eau que je viens de décrire, & entrautres infectes microfcopiques, j'avois aufli trouvé la belle fleinbütte de M. Eichhorn, Je lui parlai de la circonftance parti- culière de n'avoir jamais pu trouver cet infeéte, ni avant , ni après ce temps, quoique j'eufle cherché ces derniers préférablement, Il écoit minuit, & mon Peintre fe préparoit à fe retirer chez lui; cependant l'envie me prit de mettre encore quelques gouttes d’eau fous le microfcope, & j'y trouvei avec furprife la belle ffeinbirte pleine de vie, & la mouffe d’eau exiftante: je ne penfai plus à me coucher. La mouffe d’eau, alors , ne fe diftinguoit de celle de Weynberg, qu'en ce que la tige & les nœuds n’é- toient pas droits, mais entortillés, & que les derniers étoient beaucoup plus longs, Dans la mouffe de Copenhague, les grains éroient encore également diftribués fur les tuyaux, & n'avoient point encore fait de mouvement pour s’épancher; cependant il n’eft pas invraifemblable que les grains, par la force qu'ils auroïent employée pour fortir à travers des tuyaux, euffent donné à la tige & aux nœuds de la mouffe de Weynberg cette roideur & cette direction droite. Ceci me rappelle une expérience SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 553 toute particulière , de ce que les Norwégiens appellent Trold -Sinér (beurre de Sorcière ) , qui fe trouve en quantité dans l'automne au bois de fapin & de pin pourris ; j'en ai trouvé aufli en Danemarck {ur des feuilles de hêtre sèches & brunes , qui éroient tombés partie en un tas, & partie par plufieurs nœuds, & répandus par toute la feuille, & j'ai pris ces derniers pour une efpèce de jeu. Ce n'eft pas ici le lieu de s'é- tendre fur leur hiftoire: ainfi, je nai qu’à faire mention de la circonf- tance particulière d’un mouvement, qui me perfuada que ce qui eft noueux &Æ#tépandu r’eft point une efpèce différente , mais qu'il repré- fente la première période du trold-finôr, Dans peu d'heures, ces nœuds fe raffemblent de tour côté, & ne forment qu'une mafle ; & le lendemain cette mafle molle & gluante eft sèche & emplie d’une pouffière brune- noirâtre, | Explication des Figures. 1. La mouffe d'eau dans fa grandeur naturelle. 2. Un bout de fa queue grofli. (a) Le fil rempli de grains. (4) Les petits corps cryltallins, fufpendus à des queues. 3. Le plus petit moifi aux floccons d’une plante macérée, 4. La moufle à poches, (a) La tige, (6) La courbe, (c) Les poches, $: La moufle à veflie de Weynberg. (a) La tige. (b) Les nœuds, (c) Les vellies. (d) La poufière de femence. 6. La moufle à veflie de Copenhague. (a) La tige. (&) Les nœuds, (c) Les veflies. 24 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, mm mm | === à NOUVELLES LITFÉRAIRES. | MR Du MONDE , dédiée au Roi, par M. le Baron DE Mart- VETZ € par M. GOUFFIER,, tome IV°. Paris, in-4e. ayec fig. , au Bureau du Journal de Phyfique , rue & Hôtel Serpente. Ce nouveau volume renferme la théorie des couleurs, adoptée & dé- montrée par ces deux favants Auteurs, Cette théorie renferme ee objets principaux , qui divifent ce volume en deux parties. La première traite de la vifion, & la feconde des couleurs & des phénomènes qui les accom- pagnent. Après avoir décrit l'organe de la vue, & comparé l'œil artificiel avec l'œil naturel, ils entrent dans le détail de tous les phénomènes que la viñon peut offrir, & dont ils adoptent des folutions non moins claires & fimples que vraies, On doit diftinguer fur-tout celle du phénomène de la pius grande apparence du foleil & de la lune à l'horizon : elle nousa paru plus jufte, & fur-tout plus phyfique que toutes celles qu'on avoit don- nées jufqu'à ce jour. L’expofition L fentiments des Philofophes , tant an- ciens que modernes , fur La vifion, la lumière & les couleurs, & ter- minée par celle de la doétrine de M. Euler , à laquelle les favants Auteurs de cet Ouvrage donnent la préférence, & qu'ils adoptent, conduit na- turellement à la feconde partie &'à la théorie des couleurs. Elle fe réduic à ces principes : L'éther exifte &c eft difléminé dans rout l'efpace, C’eft de fes vibrations que réfulte le phénomène d: la lumière ; c’eft de la difé- rence de fréquence de fes vibrations que naiffent Les couleurs. Ces vibra- tions forment des ondes, qui, propagées jufqu'à nos yeux, y impriment le fentiment de la couleur qui répond à la fiéquence des ondulations produites par Le corps opaque illuminé. Qu'on ne foit pas éronnéiff nous approuvons ce fyflême; c’eft celui que nous avons toujours adopté , & que nous avions même indiqué dans plufisurs Mémoires imprimés dans ce Jourral en 177$ & 1778, fur différents phénomènes appartenants à la lumière. Nous obferverons feulement que nous fommes furpris que les Auteurs de la Phyfique du Monde , qui. paroiffeat connofire fi parfaite- ment tous les Ouvrages qui ont rapport aux objets qu'ils traitent, n'aient pas connu Le Mémoire que nous avons impriméen1778, Août,tom, XXII de ce Journal, fur le phénomène des ombres colorées: ils auroient vu v'ileft impoffible , & même contre la faine Phylique , de l'expliquer dans Je fens de MM, de Buffon & Beguelin, par la réflexion des rayons bleus par l'azur du ciel pur, puifqu'il eff de fair que les ombres colorées ne font SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS, 256$ jamais plus belles, pour ainfi dire , que lorfque le ciel eft très-couvert. On . peut encore Confulter fur cer objec un Mémoire de M. Qpoix, imprimé l’année dernière 1783 , Décembre. Papillons d'Europe , peints , gravés € ènlurhinés d'après nature, huitième cahier. À Paris, chez Delaguette , Imprimeur-Libraire; & chez Bazan, Marchand d'Eltampes , rue & Hôtel Serpente. Certe huitième livraifon, qui ne le cède point aux précédentes en vérité d’a- près nature & beauté d'exécution, contientla fuite de la troilième famille des fphinx, les/phinx beliers favoir : Le fphinx des prés, le fphinx de la flipendule, Le fphinx des graminées , le fphinx du peucedan, le fphinx de l’efparcette, le fphinx de l'achillière , le fphinx de la bruyère; Le fphiux-belier brun à points rouges , le fphinx de la luzerne , le fphinx de la lavande , Le fphinx de la coronille , le fphinx du piflenlit, le fphinx eagne , le fphinx appendice , le fphinx turquoife, le fphinx du prunelier, le fphinx des haies, Seconde claffe. Sphinx à ailes inférieures , feflonnées , fphinx du nérillon , fphinx à tête de. mort, fphinx du tithymale, Phytonomatotechnie univerfelle ; par M. BERGERET , Chiruroien, feprième cahier in fol. de 24 pag. d'impréffion, & 12 Planches. Nous avons déjà rendu compte des premiers cahiers de cet Ouvrage ; tous font également bien foignés ; les defcriptions &c les figures ne laiflenc rien à defirer. Ce feptième cahier contient la clavair coralloide , la pézize, corne d'abondancé , le boles bigarré, le boler fulerreux ; l'agaric chante- relle, l'agaric bulbeux ; 'hypne prolifère , V'héliotrope d'Europe, Valléluia jaune, le mufflier majeur’, Vellébore noir & la lampette dioique. Nous ren- drons compte de l'introduction , lorfqu'elle paroîtra. La foufcription par année eft, pour le papier d'Hollande, 108 liv. Pour le papier ordinaire, figures coloriées, , . . . . $4 Idem , figures non ccloriées, . . Sr DT NOR ay On foufcrit chez l'Auteur, rue d'Antin; & chez Didot ie jeune , quai des Auguftins, 6x A0 :ÿ6 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, 6« _ LA De LE Des ARTICLES CONTENUS DANS CE CAHIER. Ce hifloriques concernant le régime, la nature & l'état ac- tuel des troupeaux de bêtes à laine trafumantes d'Efpagne ; par M. l'Abbé CARLIER. Page 177 Suite des Expériences & des Obfervations fur Les pravites fpecifiques € les forces attraëtives de differentes Subflances falines; par M. KIRWAN. 188 Apperçu fur la Minéralogie du Dauphine; par M. DE BOURNON, Lieutenant des Marèchaux de France à Grenoble. 200 Suie des Extraits du Porte-Feuille de M. l'Abbé DiCQUEMARE.Reproduétions des grands Polypes marins. 213 Mémoire contenant des Expériences [ur la vitrification de la Terre virrifiable combinée de toutes les manières poffibles , en proportions connues € va- riées , avec Les autres Terres pures ; par M. ACHARD. 216 Lertre de M. l'Abbé FONTANA, Direfleur du Cabinet de Phyfique du Grand- Duc de Tofcane, à M. D'ARCET, Médecin à Paris; fur la Maladie des Bétes a laine, nommée Folie : traduite par M. DE C * **, 227 Troifième fuite de la Lettre de M, le Baron DE MARIVETZ à M. SÉNE- BIER. 236 Mémoire d'Othon-Frédéric MULLER , fur la Mouffe d'Eau invifible. 248 Nouvelles Littéraires, | 254 APPROBATION. Ju lu , par ordre de Monfeigneur le Garde des Sceaux, un Ouvrage qui a pour titre: Obfervarions fur La Phyfique, fur l'Hiffoire Naturelle & fur les #ris, &c.; par MM. Rozrer & Moncxz/e jeune, &c. La Colleétion de faits importans qu’iloffre périodi- quement à fes Lecteurs, mérite l’accueil des Savans ; en conféquence, j’eftime qu'on peut gen permettre l'impreffion, À Pauis, ce 26 Mars 1784. VALMONT DE BOMARE. Mars 278 $ Jrugp . Jelier hr ET à PE PSM Le comm E ce T letter on die mm am a, + Bemcngne e QE ; f. At < $ à | JOURNAL DE PHYSIQUE. | À 84. I À | VRIL 1704 | k 1 LE | CCESPERE PP ASTETIONNTS Sur les Variations diurnes. de l’Aïguille aimantée ; Par M, le Comte DE CASssiNx, Membre de l'Académie des Sciences, Monstreur, Plufieurs Savants m’ayant paru defirer connoître le réfultat des obfer- vations que je fais depuis quelques années à l'Obfervatoire Royal, fur les variations diurnes de l'aiguille aimantée, je nai pas cru pouvoir mieux les fatisfaire , qu’en vous donnant un extrait de ces obfervations , avec quelques détails fur les expériences relatives à cet objet, & fur les con- féquences que l’on en peut tirer, Vous vous rappellez, Monfieur , qu’en 1773 l'Académie Royale des Sciences propofa cette queftion : Quelle ef? la meilleure manière de fabri- quer des Aiouilles aimantées, de les fufpendre, de s’affurer qwelles font dans le vrai méridien magnétique; enfin, de rendre r#ifon de leurs variations ré- gulières diurnes, < L'Académie n’ayant point été fatisfaite des Mémoires qui lui avoient été envoyés en 1775, remit le Prix ,'qui ne fut remporté qu'en 1777, & partagé entre M. Coulomb, Capitaine au Corps Royal du Génie , &c M. Wan Swinden , Profeffeur de Philofophie à Franeke-. Je ne m’arréterai point à vous donner ici le précis des recherches neuves & intéreffantes qui ont amené Les deux Auteurs au même but , quoiqu'en fuivantdes routes différentes ; je craindroisd’occuper dans votre Journal une lace trop précieufe, & qui appartient à d’autres objets. Je me bornerai donc à vous parler des expériences que j'ai faites, en adoprant les principes & la méthode de M, Coulomb, qui confifte à fufpendre à un fil de foie de 1 5 à 20 pouces de longueur , & d’une force fufhfante ,une aiouille aimantée, libre entre les jambes d’un étrier, au haut duquel le fil eft attaché. L’é- trier, le fil & l'aiguille font renfermés dans une boîte , dont toutes les Tome XXI, Part, I, 1784. AVRIL. Kk 258 OBSERVATIONS SUR LAPHYSIQUE, parois font hermétiquement bouchées, & qui n’a qu’une ouverture fermée d’une glace au-deflus de l’extrémité de l'aiguille, afin de pouvoir obferver fes mouvements, & les mefurer par le moyen d’un micromètre extérieur placé à cette extrémité. Cette courte defcription doit vous fufire, Monfieur, pour juger de l'avantage d’une pareille fufpenfon fur celle des pivots , qui avoir été en ufage jufqu'alors, & dans laquelle le feul frotrement étoit capable d’a- néantir l'effet de la variation diurne , qui, comme vous le verrez bientôt ; ne monte qu'à quelques minutes. Le feul inconvément qu'un premier coup-d'œil pouvoit faire foupçon- ner dans cette fufpenfion de fils de foie, étoic l'effèt de la torfion des fils; & cet effet pouvant être de quelque conféquence , méritoit bien d’être examiné & apprécié par l’Auteur. Les expériences les plus délicates, jointes à une théorie ingénieufe , lui ont fait reconnoître & démontrer, que la torfion des foies ne peut influer que d’une manière infenfible fur la poñition des aiguilles aimantées qui y font fufpendues, En effet, M. Cou- lomb prouve qu'un angle de torfion de 222°, ne peut produire qu'une mi- nute d'erreurs dans la pofition de l'aiguille fufpendue. C’eft ainfi qu'un examen attentif & une jufte appréciation des chofes nous mettent fouvent dans le cas de lever facilement des obftacles , qui d’abord paroiffoient in- farmontables. Il eft, dans la carrière des Sciences comme ailleurs , cer: tains fantômes, qui femblent d'abord vouloir arrêter nos pas, & dont il fuit de s'approcher pour reconnoître & diffiper leur illufion, Au refte, Monfieur , pour fatisfaire pleinement les perfonnes qui, malgré les expé- riences & la démonftration de M. Coulomb, ont encore quelque méfiance fur la torfion des fils de foie, voici le procédé que j’emploie , & la pré- paration par laquelle j’ofe me fatter de rendre abfolument nul l'effet de la torfion dans les fils de fufpenfion de mes aiguilles. Je prends des fils de foie, tels qu'ils fortent du cocon, en nombre fuf- fant pour qu'ils puiffent fupporter Le poids de l'aiguille avec fon équipage, que je fuppofe de 7 onces. Ces fils étant coupés à la longueur néceffaire, & noués enfemble par les deux bouts, pour ne former qu’un feul fil, je les accroche par l'extrémité fupérieure dans une fituation verticale à un poine fixe; & pendant l'efpace de vingt-quatre heures, je fufpends facceffive- ment à l'extrémité inférieure un , deux, trois, & jufqu’à huit perits poids d'un once chacun; je preffe enfuite plufieurs fois, & de haut en bas, ces fils aiufi charoés, entre mes doigts trempés dans une eau légèrement gom- mée, afin de les réunir; & au bout de quelques heures, je répèté la même cérémonie, mais avec un peu de fuifen place de gomme , pour ga- rantir de l'effet de l'humidité, Cela fait, je coupe mon fil de fufpenfion à la longueur requife; je l’accroche à fon étrier dans la boîte placée d'avance, & difpofée à demeure dans le plan du méridien magnétique. Je fufpends de nouveau un poids au crochet que porte le fil de fufpenfon à fon extré- sit SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS, 259 mité inférieure, & j'attends que toute ofcillation, au cas qu'il y en ait, étant.ceflée , la direction du crochet m'indique l'état naturel de mon fil de fufpenfion. Par le moyen de la vis qui porte le crochet fupérieur auquel tienc le fl, je tourne le crochet inférieur dans un plan perpendiculaire à celui du méridien magnétique; & c'ef: alors que je fubflitue au poids l'ai- guille aimantée, qui , par ce moyen, fe trouve dans la pofition la plus libre , n'ayant à vaincre aucune torfon quelconque , & ne devant obéir qu'à l’effec de la matière magnétique. Telle et, Monfeur , la manière de fufpendre les aiguilles aimantées que je mets en ufage. J'ai cru devoir vous la détailler , afin de prévenic nombre d'objeétions que l’on auroit pu faire , ne la connoiflant pas; d'ail- leurs elle pourra fervir de règle à ceux qui feroient dans le cas de vouloir répéter mes expériences. Je pale aux obfervations. L: I. Depuis le ro Août 1780, jufqu’au 18 du mê OÏS, avec une ai- guille de lame de rejforc pofée fur champ, de 9 lignes de largeur , maïnte- nue dans toute fa longueur par deux petites lames de cuivre d'une demi-lisne d'épaiffeur fur 2 lignes de largeur. . Longueur totale de Païguille, x pied 8 pouc. 9 lie, ; du point de fufpen- fion à l'extrémité boréale, 1 pied 1 pouc. 6 lig.: poids total de l'aiguille avec fon contrepoids & fon équipage, 7 onces $ gros =. Réfultat, « 1°. Le plus grand écart de l'aiguille a eu lieu communé- » ment du côté de l’oueft, versune heure après-midi; l'aiguille fe rap-! » prochoit du nord vers le foir, reftoit à-peu-près fixe la nuit , & re- » commencoit le lendemain matin à s'éloigner vers l'oueft. »> 2°. La variation diurne moyenne a été de 14/ environ ». IT. Depuis le 3 Décembre 1780, jufqu'au 31 Janvier 1781: avec la même aiguille. ; Réfulrat. « 1°. Le grand écart de l'aiguille a prefque toujours eu ». lieu entre deux & trois heures après-midi. L'aiguille s'avançant depuis » le lever du foleil jufqu'à deux ou trois heures du nord vers l’oueft, » & rétrogradant enfuite dans l'après-midi, pour revenir, vers dix heures » dufoir, à-peu-près au même point que le matin. La nuit, l'aiguille >» étoit aflez conftamment ftationnaire ; de forte qu'a huit heures du ma- » tin, on la retrouvoit communément au même point où elle étoit la » veilleau foir. » 2°, La variation a été plus communément de $/ ou 7’. »13°, Le 19 Décembre , il y a eu une variation extraordinaire de 17/ : » il a foufflé toute la journée un grand vent de nord-eft ». IIS. Depuis le 20 Septembre 1781 , jufqu'au 29 du mème mois , avec la méme aiguille. Réfulrat, « 1°. Les variations de l'aiguille ont été très-inconftantes. Le » 23, la direction étoit le matin fur 0°. 26/ de la divifion du micromètre; » à deux heures après-midi , elle parvint à 1°, 0’. Ce grand mouvement Tome XXIV, Part, 1, 1784. AVRIL. Kk2 { 280 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, » annonçoit quelque chofe d’extraordinaire, L’aiguille enfuite rétrograda vers left, non-feulement de tout le degré où elle étoit parvenue , mais encore de 13/ en-decà, où elle fut obfervée à neuf heures du foir. »> C’eft alors qu'on s’apperçut d’une aurore boréale , dont l'effet fur l’ai- » guille avoit été par conféquent de 73 min. Le 25, une.autre aurore >» boréale ne produifit qu'une variation totale desz$ min. (I faut à la » vérité défalquer l'effet ordinaire de la variation diurne, qui eft d’en- > viron 14 min.) i » 2°, Le 24, entre midi & trois heures, un orage , accompagné de » tonnerre , eut lieu; & pendant ce temps, l'aiguille ne varia que de » $ min, Le 2$ , entre huit heures du matin & midi, même circonf- » tance &à-peu-près même effet; c'eft-à dire , que ce tonnerre & ces >» orages ne chat nt rien à la variation ordinaire. » 3°.Îl a an à l'effet de l'aurore boréale précédoit fouvent de » plufieurs heures l'inftant où elle commence à être vifble, & fe pro- » longeoit aufli long-temips après, » 4°. Les jours où l’on n'a rien remarqué de particulier , la variation » diurne a été obfervée entre 13 & 18 min. ». A ; On fe’ doute bien que, pour mieux reconnoître les loix du mouve- met de l'aiguille & de fes variations diurnes, je l'ai obfervée à toutes les différentes heures de la journée, marquant en même temps la hauteur du baromètre, celle du thermomètre, la direction du vent, & les autres cir- conftance: de l’état de l'air. La perfeétion de cette nouvelle fufpenfion laiffanc à l'aiguille une liberté abfolue & une extrême fenfibilité, j’avois la plus grande attention, non-feulement de me dépouiller de toute ma- tière attirable à l'aimant, mais encore de chercher à garantir ma bouf- fole de route impreflion & des courants de l'air extérieur. J’avois foin d'ouvrir très-doucement la porte en entrant dans le cabinet où étoit placée la bouffole , de m'approcher d'elle fort pofément, quoique je n’euffe rien à craindre de la mobilité du plancher; la bouffole étant aflife fur une forte voûre. Malgré ces précautions, je croyois fouvent avoir quelque chofe à me reprocher, lorfqu'en arrivant je trouvois l'aiguille en ofcillation , ce qui avoit lieu affez fréquemment. On verra par la fuite à quoi cela pouvoir tenir, Les trois fuites d'obfervations que je viens de rapporter , n'étoient que le prélude des nombreufes expériences que je projettois dé faire: J'avois dû commencer par faire connoiflance avec le nouvelinftrument, & fon ufage »” m'avoit convaincu que , pour enrirer le plus grand parti, il ne s'agifloit- que de faire répondre la délicatefle des obfervations & l’adreffe de Fob- fervateur à la précifion de la nouvelle fufpenfion. Une fois débarraflé de toutes les imperfeétions des anciennes fufpen- fions, & des erreurs dont elles-affcétoient les obfervations, il ne nous reftoit plus qu'à examiner les’aiguilles même ; rechercher fi leur forme, SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 261 leur matière , leur poids, leur longueur , leurs degrés de magnétifme ne pouvoient pasapporter dans les réfulrats des obfervations des différences fen- fibles, & donner des effets compofés de plulieurs caufes. Dans le cours même de nos expériences , il s'étoit élevé à l’Académie une queftion fort importante à décider, On demandoit : Si Peleétricité de L'air , ou quelqu'autre caufe étrangère au magnétifime , n'influoit point [ur les variations diurnes. M. Coulomb , devenu al@rs Membre de l’Académie, propofa, pour s'en aflurer, de fufpendre , felon fa méthode, deux aiguilles de même lon- gueur, même poids, même matière , tels que deux fils d’acier égaux , tirés à la même filière; d’aimanter fortement l’une, l’autre-foiblement , & d’ob- ferver fi les variations diurnes données par ces aiguilles , feroient propor- tionnellessou non à leur, force magnétique, Je me chargeai de ces nou velles expériences ; nous fimes faire deux roues de bouflole abfolument égales dans routes leurs dimenfions, & nous primes deux aiguilles de fil d'acier aflez femblables aux aiguilles à tricoter , dont le diamètre étoic d'environ trois quarts de lione, & la longueur de 1 pied 7 pouc. 10 lig. Vers le tiers de la longueur de chaque aiguille , un fl de foie lâche , fixé avec de la cire, fervoit d'anneau de fufpenfion; à l’une des extrémités de l'aiguille étoit adapté également, avec un peu du cire, un petit bout de fil de laiton de l’épaiffeur d’un cheveu, pour fervir d'index , & à l’autre ex- trémité , l'aiguille portoit un contre-poids. Dans cet état , chaque aiguille, pefant au total 44 grains, fut fufpendue dans fa boîte, & polée à de- meure, avec toutes les précautions requifes, fur un plancher voûté, dans deux cabinets différents & éloignés l’un de l’autre, Mais pour n'avoir rien à me reprocher , & n'être point dans le cas de foupçonner que le différent giflement des cabinets pütinfluer fur Les effets comparés , j'ai eu l'attention, après un certain temps, de changer les boufloles de place , mettant l’une dans le cabinet où l’autre avoit été précédemment ; & dans cette nouvelle fituation , de répéter les obfervations & les comparaifons. IV. Depuis le 19 Mars 1782 jufqu'au 3 Avril, & depuis lé 30 Avril jufqu'au 11 Mai , comparaifon de deux aiguilles de fil d'acier aimantées, l'une foiblement , © autre le plus fortement poffible, Leurs dimenfions {ont rapportées ci-deflus. æ Réfultat, 1°. La variation diurne de l'aiguille, fortement aimantée a » été'aflez inégale , tantôt de 10 min., tantôt de 17 min. ou environ. Les » jours où elle éroit la plus grande , on remarquoit affez communément » qu'ilrégnoit alors des vents très-forts. Cependant le 20 Mars, où la > variation diurne a été de 8 min., & le 1°, où elle n’a été que de trois, > il fouffloit un très-grand vent, En général, pendant le mois. de Mars, » & les premiers jours d'Avril ; il y a eu de la neige, de grandes pluies, » & des vents violents. » 2°. Le plus grand écart de l'aiguille a eu lieu aflez conftamment vers » deux heures après-midi du côté de l’oueft, J'ai aufli remarqué Le plus y 262 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, 32 » » » U ÿ communément dans les mouvements de l'aiguille la loi de progrefion vers l’oueft, du matin vers deux heures après-midi, de rétrogradation vers left, depuis deux heures jufqu'au foir, & de ftation pendant la puit. » 3°. Dès mes premières obfervarions , il femble que le mouvement de la vis du micromètre en imprime un à la boîte & à l'aiguille ; qui‘pa- roît prefque toujours en ofcillation, quañid je l'obferve; en confé- quence, je prends Le parti d'amener d’abord Le curfeur fur l'aiguille, 8e d’attendre , pendant $ min. ;-que l'aiguille cefle d'ofciller, pour l'ob- ferver de nouveau: mais bientôt je reconnois que ces ofcillations ne dé- pendent pas cout-à-fait de ce prétendu mouvement imprimé à la boîte, En effet , le 24 Mars au matin, j'arrive auprès de mes bouffoles ; j'ai foin de les obferver , fans toucher au micromètre, & je vois très-fen- fiblement mes aiguilles fe mouvoir d'abord ‘aïfez lentement, mais en- fuite leur vitefle s'augmente. Je foupçonne dès-lors un effet particulier, caufé par ma préfence, fur les aiguilles. Le même jour, vers midi, curieux de vérifier ce phénomène , j'arrive auprès de l’aiguille fortement aimantée ; j'amène le curfeur du micromètre fur l'index de l'aiguille, & me retire promptement. Au bout de 3 minutes, je reviens, & re- trouve l'aiguille parfaitement fous le curfeur : donc le mouvement du micromètre n’en avoit imprimé aucun à l'aiguille , qui étoic par con- féquent très-fixe, & dans un état d'inertie. Je refte 2 min. entières l'œil fixé au microfcope, & le corps tout proche de Ja boîte, fans y toucher; je n’apperçois pas le moindre mouvement : je refte encore dans la même polition ; & au bout de 20 fecondes, je commence à voir l'index de l’aiguilie fortir de deflous le curfeur , s'en féparer & s’en écarter fenfiblement, Je me retire , me tiens éloigné pendant 3 min., & retourne à mon aiguille ; je la trouve revenue {ous le curfeur. Pareil effet fur les deux aiguilles: en conféquence , je prends dorénavant le parti de refter, le moins de temps poflble, auprès des bouflules, en les obfervant, ( » 4°. Les variations de l'aiguille foiblement aimantée n’ont eu aucune loi. Ileft impoffible de rien ftatuer fur les mouvements de cette ai- guille, qui paroît étre le jouer de mille caufes étrangères ; dont le ma- gnétifme eft la moins puiflante fur elle. Ses ofcillations font prefque perpétuelles; elle fe meurt fouvent vers left, quand l’autre marche à l'oueft. Le vent, l'approche d’une bougie la font ofciller; elle a des écarts confidérables dans des moments où l’on ne foupçonne aucune caufe apparente : elle eft plus fixe dans d'autres, où l'agitation de l’air motiveroit fon agitation, L'approche du corps humain la met quel- quefois très-promptement dans un grand mouvement ; d’autres fois cet effet eft plus lent & moins confidérable. J'ai cité plus haut l'expé- rience du 24 Mars fur les deux aiguilles. Le 28 du mème mois, trou- SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 263 » vant à l'aiguille foiblement aimantée une fixité, qu'elle n’avoit pas cou- » tume d’avoir, je me. couchai le long de la boîte , ayant l'œil au mi- » crofcove. Ce ne fut qu’au bout de 6 min. que je vis l'aiguille fortir de » deflous le curfeur, Je me fuis couché comme précédemment, & pareil- » lement , au bout de 6 min., j'ai communiqué à l'aiguille pareil & égal » mouvement. Le 24, en moins de 2 min., j'avois dérangé l’aiouille » d’une bien plus grande quantité, Ce même jour 28 Mars, l'aiguille foi- » blement aimantée, a eu, par extraordinaire , les mêmes mouvements » que l’autre. » 5°. Le rapport des forces magnétiques des deux aiguilles, déterminé ». par lé nombre de leurs ofcillations obfervé dans des temps égaux, s’eft » trouvé de 1 à 10; c'eft-à-dire, que l'aiguille foiblement aimantée , n'a- » voir que le dixième de la force magnétique de l'autre », Cette quatrième fuite d’obfervation ayant évidemment prouvé que les variations diurnes de nos aiguilles étoient fouvent compofées des effets réunis non-feulement du magnétifme de la terre, mais encore de plufieurs autres caufes différentes & étrangères, nous eûmes l'idée, M. Coulomb & moi , detranfporter au fond des caves de l’Obfervatoire les deux bouffoles: là fe trouvant à plus de 80 pieds fous terre , dans une température toujours égale ,abritées de toute agitation & des courants de l'air extérieur, nos ai- guilles ne devoient plus avoir de variations compliquées d’autant d'effets que ci-deflus ; l'humidité des caves devoit détruire une grande partie de l’électri- cité de l'air, & ce qui pouvoit en refter, devoitau moins être répandu par-touc uniformément : les aiguilles devoient donc être plus foumifes au magné- tifme de la terre. D’après ces idées, je me déterminai à defcendre mes deux boufloles au fond des caves, & à obferver dans cet endroit les mouve.… mens réciproques des deux aiguilles le plus fouvent qu'il me feroit pof- fible ; car , à chaque obfervation , il y avoit deux cents marches à defcendre, & autant à remonter, ce qui ne permettoit pas de répéter très-fréquemment les expériences. A la vérité, il falloit peu de jours pour vérifier nos doutes, Je tranfportai donc les deux boufloles , & les plaçai dans deux cabiners fouterreins , fufifamment éloignés Pun de l’autre, & voifins du lieu où l'on a coutume de mettre les thérmomètres en expérience , pour fixer le terme de la température. V. Depuis le 15 Mai 1782, jufqu'au 26 du même mois , avec Les nûmes aiguilles , placées au fond des caves de l'Obfervatoire. « Refulrar. 1°. La variation diurne de l'aiguille fortement aimantée a » été aflez régulièrement aux environs de 12 min., s'avançant du nord » vers l'oueft , depuis le matin jufques vers une heure après-midi ; rétro- > grädant enfuite depuis une heure jufqu'au foir , & reitanc fixe la » nuit. » 2°, Mon approche & mademeure contre la boîte n’a fait dans les caves aucun effet fur l'aiguille fortement aimantée, En général, je trouvois u > 264 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, >» prefque toujours certe aiguille très-fixe; l'obfervation fe faifoit très fa- » cilement, & je ne remarquois plus ces ofcillations fréquentes qui avoient » lieu dans les appartements fupérieurs. Néanmoins pendant tout Le temps » de mes expériences au fond des caves , il a fait un temps épouvantable, >» pluie prefque continuelle & par grains ; coups de vent confidé- » rables. | > » 3°, La bouflole foiblement aimantée, n’a pastoujours eu une marche » aufli uniforme que l'autre; cependant elle a eu beaucoup plus de régu- » larité dans fes mouvements au fond des caves, qu’elle n’en avoit eu » dans les appartements fupérieurs; elle s’eft même accordée plufeurs » fois avec l'autre bouffole , & a donné particulièrement le 19, le 22 » &le 23, la même variation diurne que l'aiguille fortement ai- 2) mantée. + » 4°. L'approche & la demeure du corps de l’obfervateur le long de » la boîte, a fait dans les caves un effetau moins aufli fenfible que pré- » cédemment fur la bouffole foiblement aimantée. Cette expérience s’eft » faite de manière à ne laifler aucun doute fur l'exiftence de cet effet fin- » gulier qui a été produit par deux perfonnes différentes , qui emfe cou- » chant tantôt à droite, tantôt à gauche de la bouflole, repoufloient » conftamment l'aiguille dans le fens oppofé, lui faifant ainfi changer » de direction à volonté. » 5°. Quoique la bouffole foiblement aimantée ait eu des mouvements » plus réguliers dans le fond des caves que dans les appartements des » ricurs, On y a néanmoins remarqué encorequelques mouvements fin- >» gulièrs, dont l’ifolement des caves n'a pu la garantir ». D'aprèsles expériences nombreufes & multipliées que je viens de rap- porter , vous concluez fans doute avec moi, Monfieur, que l'ifolementdes caves ayant procuré à l'aiguille foiblement aimantée des mouvements en général plus réguliers, il faut regarder l'agitation & les impreflions de l'air extérieur comme une caule conftante , qui mêle fes effets à ceux du magnétifme, dans les variations diurnes de l'aiguille aimantée : mais comme , malgré l'abri de l'air agité , notre aiguille a encore eu des rnou- vements particuliers d’irrégularités , il exifte d’autres caufes perturbatrices, dont nous en avons reconnu une , celle de l'approche du corps humain. On ne peut donc fe flatter d'obtenir les véritables variations diurnes, c’eftà-dire , de connoître la quantité du dérangement de la direction de l'aiguille aimantée, caufé par le feul effet du magnétifme de la terre, qu'autant que l’on pourra garantir abfolument l'aiguille, non-feulement des effets de l’impreflion de l'air, mais encore des autres caufes étrangères qui pa- roiffent agir fur les aiguilles. Pour y parvenir, faifons attention aux phénomè- nes qui ont eu lieu pendant mes diverfes expériences. Nous avons remarqué dans la quatrième expérience, que le 28 Mars les aiguilles , placées dans les appartements fupérieurs, avoient eu les mêmes mouvements; & dans le fond SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 926$ fond des caves, le 19, le 22 & 23 Mai, pareille correfpondance a eu lieu. Dans ces circonftances , les caufes étrangères paroïflent donc avoir été nulles, ou avoir ceflé d'agir fur la bouflole foiblement aimantée, qui, dans les autregtemps y étoit fi fenfible; & c’eft alors que la va- riation' diurne donnée par les deux boufloles, doit être regardée comme Ja plus exacte & la moins altérée par Les effets étrangers. Nous voyons de plus que l'aiguille foiblement aimantée eft finoulièrement foumite à l'effet particulier de l'approche & de la préfence de l'Obfervateur , tandis que l’autre plus fortement aimantée ne l’eft que très-peu, & mème poinc du tout, dans les caves où fe trouvant plus ifolée & plus foumife fans” doute à l'empire du magnétifme de la terre, elle réhile mieux à cette impreflion étrangère ; ce qui elt en effect cofifirmé encore par l'expérience du 28 Mars, dans laquelle je remarquai que l'aiguille foiblement aimantée ayant les mêmes môuvements que l’autre (& ne reffentant par conféquent aucune impreflion étrangère ), avoit eu bien plus de peine à fentir l'effet de la préfence de l'Obfervateur, que dans le moment où fes variations étoient fort inégales. Voilà donc une des plus fortes caufes perturbatrices dumouvement des aiguilles devenue nulle, lorfqu'elle agit f-ule fur l'aiguille fortement aimantée , & aflez peu fenfble fur l'aiguille foiblement ai- mantée, Augmentez donc, autant qu'il vous fera poffible, La force magne- tique de vos aiguilles; cherchez la forme , la matière & les dimenfions Les plus favorables à employer dans leur conftruëlion , pour les rendre plus propres & recevoir, à contraëfer & a conferver une grande force magnétique, Telle eft laconclufion naturelle des expériences & des réflexions que je viens, Mon- fieur , de vous expofer. Le problème qui reftoit à réfoudre , n’étoit pas fans doute la partie la plus facile de la queftion ; mais perfonne n’étoit plus en état que M. Coulomb d’en venir à bout. Du moment où je lui eus communiqué les réfultats de mes expériences, il s'en occupa avec fuccès, comme vous allez Le voir, aufli-tôt de je vous aurai rendu compte d’une dernière fuite d’obfervations que je fis encore avec la bouffole fortement aimantée, après qu'elle eut été tirée des caves, & remontée dans Jes ap- partements fupérieurs. VI. Depuis le 14 de Juin jufqu’au 25 Juillet, avec {2 même aiguille de fil d'acier fortement aimantée. « Réfulrar. 1°. La loi générale de la marche de l'aiguille du nord à » l'oueft, depuis huit heures du matin jufqu'à midi, de la rétrograda- » tion daris l'après-midi, & de la ftation pendant la nuit, a eu lieu, ex- » cepté le 17 Juin , où l'aiguille a été fixée depuis dix heures & demie du * matin jufqu'au lendemain onze heures du matin. Même fixité le 21, » depuis huit heures du matin, jufqu’à cinq heures après-midi ;le 25, » depuis dix heures du foir, jufqu’au lendemain 26 à trois heures après- » midi; les12,21& 23 Juillec toute la journée. Les circonftances qui Tome XXIV, Part, 1,1784. AVRIL. LI 266 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, » accompagnent cette inaction de l'aiguille font une grande chaleur, un » temps bas, un très-beau temps. | » 2°, La variation diurne dans ces deux mois a été fort inégale , nulle # dans les temps très-chauds , lé plus communément de $ à 9 min. dans » d'autres jours: elle n’a été de 12 & 14 que le 14 &1$ Juin. # 3°. De l'orage, des éclairs, du tonnerre n’ont aucune influence fut » l'aiguille, le 4, le 21, le 26 Juin, ainf que les 13 &c 23 Juillet ; » mais le2$, elle varie de 1$ min. pendant un orage. C’eft la pre- » mière fois que je lui remarque cette influence en pareille circonf- » tance. » 4°. Le matin & le foir , felon la loi ordinaire, l'aiguille s'étoit toujours # remife à peu-près au niême point, c’efl-à dire, avoit toujours eu, à >» peu de minutes près, la même direction, depuis le 14 Juin jufqu'au % 20: mais dans la nuit du 19 au 20, au lieu de refter fixe , elle fe dé- > rangea, & fut repouflée de 36 min, vers le nord , ce qui lui fit affecter > une nouvelle direction pour le foir & le matin , qu’elle conferva pen- » dant plis de quinze jours, Ce ne fut que le 12 Juiller qu'elle revint à fa » première direction, ce qui arrive aflez ordinairement aux aiguilles ai- » mantées. On remarqua , lors du premier dérangement , que le ciel s’étoit > fubitement couvert ,| & avoit été chargé de nuages une partie de la > huit; le fecond dérangement fut accompagné d'un grand vent de midi, > & dun temps pluvieux depuis plufieurs jours ». Tandis que M. Coulomb s’occupoit des moyens de donner aux ai- guiles la plus grande force magnétique poflible, je m’appliquois de mon côté à perf ctiorner leur monture, leur enveloppe & leur établiflement. Jufqu’alors l'étrier qui portoit le fil de fufpenfon , n’étoit fixé que fur une forte femelle, d’un bois à la vérité très-fec & très-épais ; la boîte de bois qui fervoit d’e: veloppe, & le micromètre, étoient également aflis fur cette n éme bafe, dont 1: moirdre jeu devoit communiquer du mouve- ment à tout l'équipage Je fis faire en plomb la boîte ou cage qui de- voit renfermer l’aivuill- ; au lieu d’étrier , je fs vifler & cramponner dans |: haut dela boîte contre fes parois une traverfe de cuivre, portant une longue vis, varnie d’un crochet, pour tenir Le fil de fufpenfion. Cette fre: & folide boîte de plomb fit enfuite incruftée de deux pouces dans un dez de pierre dure , haut de 10 pouces fur 15 de longueur & 8 d'épaif- Li; & cet fur ce dez que je fixai à demeure le micromètre entièrement ifoié de la boîte. C'eft ainfi qu'avec l'équipage le plus fimple & le plus folide, j'efpérai mettre, autant qu'il étoit pofible, mes aiguilles à l'abri des couraits d'air & des mouvements étrangers En eff, je n’avois plus à craindre l’effet de l'humidité des temps & des lieux; l'air ne pouvoit guères pénétrer dans une boîte de plomb , qui v’avoit qu'une porte, dont les parois écoient bouchées & collées avec foin. Enfin, le micromètre, por- LR er =. FF SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS* 267 tant fur un mafhfou dez de pierre, ne pouvoit plus communiquer de mou- vement à l'aiguille. C’éft avec ce nouvel appareil que je fis les obferva- tions fuivantes. VII. Depuis le 14 Février 1783, jufqu'au 24 du même mois , avec une aiguille de lame de refforlfortement aimantée , renfermée dans une boite de plomb fixée [ur un dey de pierre: longueur totule de l'aiguille, 1 pieds du point de fufpenfion à l'extrémité boréale, 9 pouc. 1 Lio. æ Réfulrar, 1°. Le plus grand écart de l'aiguille vers l'ouelt, a eu lieu » entre midi & une heure. Prefque toutes les matinées la progreflion de » l'aiguille a été très-régulière , & de 11 min. ; mais dans les foirées, » l'aiguille éprouvoit de fréquentes irrégularités. Depuis le 16 après- » midi, jufquau 18 au matin, il n’a pas été poflible d'obferver , lai- » quille étant dans une continuelle agitation. Il a régné pendant cetemps » un vent très-fort de nord & de nord-eft. Les jours où la marche de » l'aiguille a été très-régulière , la variation diurne a été d'environ æ J12 min. , » 2°. Le 20 au matin, l'aiguille étant très-fixe, la demeure du corps » de l'Obfervateur le long de la boîte a agi fur elle au bout de » À min, + Ces dernières expériences , jointes’ aux précédentes, paroiflent nous in- diquer , Monfieur, que les aiguilles de lame de reffort font fufceptibles des impreflions étrangères. Sans doute elles font trop légères, & inca- pables de contracter une äffez grande force magnétique. Il paroît donc avantageux de donner aux aiguilles une certaine épaifleur, un certain poids, qui offre une plus grande réfiftance ; & en même temps, que la matière dont elles font compofées foit fufceptible de fe charger d'une grande quantité de magnérifme, C’eft à quoi les expériences & les recher- ches de M. Coulomb l'ont conduit; après avoir eflayé routes les différentes matières & métaux propres à employer pour les aiguilles aimantées, il a reconnu que l'acier fondu étoit ce qui remplifloit mieux toutes les con- ditions requifes: il a de plus trouvé une manière qui lui eft propre , de communiquer à ces aiguilles d'acier fondu le plus fort & le même deoré de magnétifme. En effet, à la fin d'Avril 1783 , il me remit deux de fes nouvelles aiguilles , que je plaçai dans deux boîtes de plomb , relles que je les ai décrites ci-deflus, établies dans deux cabinets différents ; ce qui me procura une rouvelle fuite d'obfervations dont je vais vous rendre compte, VII. Depuis le 1° Mai jufqu'au 6 Juillet , avec deux aiguilles d'a cier fondu, placées fur champ ; aïmantées le plus fortement poffible ; lon- gueur totale de chaque aïgille , 1 piedO pouc. 1 lig. 33 épañfeur , = lie,; poids de l'aiguille avec fon contre-poids & l'anneau de fufpenfion , 4 onces 2 gros ;; diflance du point de fufpenfion a l'extrémité boréale de l'aiguille, 9 pouc. 1 lig. Tome XXIV, Part, I, 1784 AVRIL, Li 2 | | °° 268 * OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, « Réfultar. 1°. Je me hâte de dire , que l'accord le plus parfait s'eft re- » marqué,pendant ces deux mois d'expériences & de comparaifon des » deux aiguilles, qui fe font trouvées ftationnaires, ofcillantes & écartées , » dans les mêmes circonftances , dans les mênes intervallés de temps , de » la même quantité & dans le même fensäffes exceptions à cetre règle » ont été fi rares , & la différence une fi petite quantité , que j'ai cru de-. » voir l’attribuer à-l’erreur de l’obfervation. Une feule fois, le 3 Mai, » lune des aiguilles avoit une grande agitation , tandis que l’autre en » avoittrès peu. À la vérité, celle-ci éroit placée dans un cabinet infé- >» rieur, abrité de tout vent ; & l’autre étoit dans une grande falle fupé- » rieure, & proche d’une croifée dans laquelle il fouffloit un très-grand # vent. Et deux autres fois, favoir le 24 Mai, l'aiguille fupérieure a eu, depuis midi jufqu’à neuf heures du foir, 17 min. de variation; l’infé- > rieure n’en a eu que 8 min. +. Le 14 Juin au contraire, depuis midi » jufqu’à fix heures , l'aiguilie fupérieure n'a eu que 8 min. : de varia- » tion, & l’inférieur en a eu 16 min. <. Le 14 Juin fut un jour très- » orageux ; il y eut le foir une grande averfe, & une continuité de ton- »# nerre pendant 20 min, : mais les aiguilles n’eurent aucun mouvement » pendant ce temps. » 29, Je nai jamais pu , même en reftant 10 min. couché contre la Le: » boîte de mes bouffoles, & pofant un doigt deflus , communiquer le # moindre mouvement à mes aiguilles. » 3°. Le 21 Mai, l’aiguille fupérieure faifoic huit ofcillations en » 69 fec., & l'aiguille inférieure en 67 fec. Le 7 Juillet, l'aiguille fu- » périeure faifoit cinq ofcillations en $o fec. : , & l'inférieure en » 47 fec. =. k » 4°, Le plus crand des écarts de nos aiguilles vers l’oueft a eu lieu » dans le mois de Mai, vers l'heure de midi; dans le mois de Juin , entre æ> deux & trois heures. » $°. La variation diurne a été la même à «rès-peu-près dans ces deux æ mois, & de}13 min. » 6°. Le 12 Mai, les aiguilles vers le foir rétrogradent de 14 min, » plus que de coutume, & l’on remarque alors un bandeau d'aurore bo- » réale, véritable caufe de cet effer extraordinaire, qui n'eut plus lieu le jour fuivant 13, où les aiguilles reprirent le matin leur direction ordi- naire, & eurent même , particulièrement ce jour-là, la plus grande ré- » gularité dans leurs mouvements, quoiqu'à midiily ait eu de l'orage, du tonnerre, un vent fort de l’oueft, & une grande chaleur; mais le lendemain 14, à fix heures du matin, les aiguilles fo trouvent écar- tées de près de 40 min. de leur direction ordinaire ; à midi, elles font encore éloignées de 14 min. du point où elles avoient coutume de fe trouver à cette heure. Or, dans tout cet intervalle , il règne le plus beau temps du monde , qui paroït feulement difpofé à la chaleur ; le _ ‘ SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 269 » foir, leciel fe couvre , & alors les aiguilles reprennent leur direâion » ordinaire. Voilà une des plus grandes irrégularités que nous ayons » obfervées, fans en pouvoir foupçonner la caufe ». D’après tout ce que je viens de vous expofer, Monfieur , & fur-tout d'a- près ces dernières obfervations, ne peut-on pas fe fatter, qu'avec le fe- cours de la nouvelle fufpenfion de M. Coulomb, fes nouvelles aiguilles & fa nouvelle manière d’aimanter , on parviendra déformais à détermi- ner exactement les véritables variations diurnes ? Nos aiguilles fe trouvant donées de la plus grande force magnétique , le magnétifme de Ja terre exercera fur elles le plus grand empire. Sufpendues avec la plus grande liberté, aucun frottement ne les empèchera d'obéir à fes impulfons, à fuivre fa direction ; abritées de l'air ambiant, aflifes avec la plus grande folidité, aucun mouvement , aucun ébranlement étranger ne les détour- nera de leur véritable direction. Il ne nous refte donc plus qu’à fuivre , avec la dernière attention & Ia plus grande perfévérance, les mouvements de ces nouvelles aiguilles. Vous apprendrez fans doute avec plaifir , Monfieur, que j'en ai remis une entre les mains d’un habile Obfervateur, que, pour tout éloge , il me fuffit de vous nommer, le Père Corte. Ses nombreufes & foigneufes ob- fervations, réunies & comparées à celles que je continue de Bite à l'Ob- fervatoire Royal , ne manqueront pas de nous donner des réfultats exacts & intéreflants , d'après lefquels nous pourrons reconnoître & fixer les loix des variations diurnes de l'aiguille aimantée. J'attends aufi de jour en jour une nombreufe fuite d’obfervations de ce genre, faites à Bafle-Terre, fous les yeux & par la proteétion de M. le Préfident de Foulquier , Intendant de la Guadeloupe, qui a formé dans ceue Ifle un établifflement précieux aux Sciences. J'aurai l'honneur, Monfeur, de vous imformer en fon temps du réfultat de ces obfervations lointaines; en atten- dant, je vais hafarder quelques idées & obfervations générales , réfumées des expériences que j'ai faires jufqu'à ce moment, 1°, La variation diurne de l'aiguille aimantée eft un mouvement d’of- cillation égal , régulier , que je comparerois prefque à celui d’un pendule, par lequekune aiguille, le plus fortement aimantée , le plus libremenc fufpendue & le mieux abritée des mouvements de l’air ambiant, étant placée au milieu de la nuit dans le plan du méridien magnétique (à 24°. environ du nord à Paris), commence le matin à fe mettre en mouve- ment, pour s'éloigner du nord, & s’avancer vers l'oueft de plufieurs mi- nutes. Parvenue , vers les une heure après-midi, à fon plus grand éloigne- ment du nord , elle refte pendant quelque temps immobile; puis revenant fur fes pas, & rétrogradant l’après-midi de la même quantité dont elle s'étoit avancée le matin , revient vers le foir au même point d’où elle étoit partie Le matin, Là, fixe & immobile pendant le refte du jour, & 270 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, toute la nuit, elle ne recommence que Le lendemain une nouvelle & Lem< blable ofcillation; & c’eft dans les circonftances , rares À la vérité, d’un mouvement fi régulier , que l'aiguille aimantée donne ce que j'appelle la variation diurne Vraie, Remarques. Le moment où l'aiguille parvient à fon plus grand éloi- gnement, varie, à ce qu'il paroît, felon les différentes faifons , depuis midi jufqu'à trois heures; de forte que midi & trois heures du foir font les limites affez exates du moment de ce maximum. Celui du minimum, c'eft-à-dire, l'inftant où l'aiguille fe trouve dans la pofition la plus proche du nord , a lieu deux fois le jour, le matin & le foir; mais fes limites ne font pas fi régulières; elles font du moins plus difficiles à fixér, parce que le marin, & fur-tout le foir, font Les inftants les plus fujets aux pertur- bations, Un plus grand nombre d’obfervations avec mes nouvelles ai- guilles , pourra me donner par la fuite des réfulcats plus fixes. Jufqu’à préfent, il m'a femblé que c'étoit vers huit heures du matin & dix heures du foir que l'aiguille fe trouvoit Le plus communément dans fon plus petit écart du nord, 2°. Toutes les fois que les mouvements de l'aiguille aimantée n’auront point cette égalité de marche que je viens de prefcrire, on doit, ce me femble , regarder la variation diurne comme-troublée & compofée d'effets étrangers. Je la défigne alors par cette exprelion: variation apparente. En effer, rappeliez-vous, Monfieur , que, dans les ças rares, où les caufes perturbatrices n'ont point agi fur mon aiguille foiblement aiman- tée, & où elle a donnéla même variation que l’autre aiguille fortement aiman- tée , on a remarqué alors cette égalité & cette uniformité de marche & d’ofcillation. : Remarques. Parmi les caufes perturbatrices de la variation diurne, les aurores boréales font fans doute les plus fortes ; leur effet dérange abfe- lument la direction des aiguilles aimantées qu’elles agitent en tout fens, & d'une quantité plus ou moins:grande, felon la force & l'étendue du phénomène, Les aiguilles femblent même quelquefois en fentir l'effet d'a- vance, & quelquefois aulli cet effet fe prolonge après le phénomène, J'ai lieu de foupçonner aufi quelqu’infuence de la part de la lumière zodia- cale; mais je n'ai point encore aflez d'obfervations avec mes bonnes ai- guilles, Le tonnerre, les éclairs, les orages ont bien rarement de l’action fur les aiguilles; mais le vent de nord-eft & d’eft m'a femblé plus d’une fois accompagner certaines irrégularités. J’ai remarqué quelquefois qu'un changement fubit du beau au mauvais temps, ou du mauvais au beau, changeoït aufli la direction ordinaire de l'aiguille pour quelques jours, & qu'enfuite femblable changement la ramenoit à fon premier état. 3°. La quantité de la variation diurne n’eft point la même dans toutes les faifons; il paroic qu'on peut fixer La plus grande à 14 min, , la plus petice à $ min, SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 271 Remarques. C’eft en hiver que la variation diurne paroït être la plus petite. On remarque cependant qu'en été, lorfque la chaleur elt confidé- rable, la variation eft nulle. + Tels font, Monfieur , les réfultats auxquels je fuis parvenu jufqu'à ce moment, Un plus grand nombre d’obfervations, faites ayec un nouveau foin , des inftruments & un coup-d'œil perfectionnés par l'expérience, les confirmeront ou les reétifieront. J'ai tranfporté de nouveau au fond des caves de l'Obfervatoire l’une de mes nouvelles aiguilles, tandis que l’autre refte dans mes cabinets fupérieurs. Ces deux initruménts font deftinés à demeurer toujours dans ces deux pofñtions; je fuis leurs mouvements au- tant qu'il m’eft poffible. Pour rendre mes voyages fouterreins utiles à plus d'un objet, j'ai placé aufli au fond des caves , à côté de la bouffole, un thermomètre de température, exécuté par le fieur Morry, fous les yeux & d'après les principes de M. Lavoifier. Chaque degré de ce thermomètre a 4pouc. 2 lig. d’étendue, & fe trouve divifé en cent parties; ce qui ren- dra fenfibles les moindres variations dans la température des caves de l'Ob- fervatoire, Si les réfultats de cesnouvelles obfervations peuvent vous in- térefler, Monlieur, & fi vous les croyez dignes d'être communiqués au Public , je me ferai un plaifir de vous en faire part un jour, Je fuis, &c. OBSERVATIONS HISTORIQUES Sur l'état ancien & fur l'état aëuel des Troupeaux & des laines d'Angleterre ; Par M. l'Abbé CARLIER. I L feroit injufte de contefter aux Anglois le talent d’exceller dans le 1a- nifice & dans l'art d'élever le bétail ; leurs exagérations jettent un voile difficile à pénétrer , fur l'origine & fur les circonftances hiftoriques qui peuvent donner une jufte idée de l'antiquité & des progrès de leur indutrie dans l'éducation des troupeaux. Etat ancien. La modeftie de leurs Chroniqueurs ne Jeur permet pas de faire remonter plus haut que Jofué, origine de leurs fuccès. - Es revendiquent, pour premier Maître, l’Hercule Phénicien, qui, felon eux , conquit leurs Îfles , dans le même temps que Jofué prit polieilion de 272 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, la Terre promife.. Hercule, dit-on, peupla le pays de Païteurs géants, defcendus d'Enac le Chananéen. à + Il n'y a de remarquable dans cette fable que le nom de géanr. Il étoitautre- fois donné non-feulement aux hommes de ftature coloflale; mais aux Ber- gers qui n'avoient pas de demeure fixe, aux gens errants & aux Pafteurs fans domicile, (Mém. de l Acad. des Belles Lettres,tom. XVI, pag. 155,in-4°.) La première découverte des Ifles Caflitérides & Britanniques eft com- munément attribuée à Pythéas de Marfeille & aux Carthaginois , environ trois fiècles, & non quinze cents ans avant l’'Ere Chrétienne. Le plus angien témoignage fur lequel on puifle faire fonds, eft celui de Strabon, Les Phéniciens, ditcet Auteur (Geogr., Liv. 4) ontcommencé le commerce des Iles Britanniques. Ces Ifles font fécondes en troupeaux. Le bétail fait partie de ce commerce, ainfi que les Efclaves & les chiens, les peaux, les cuirs & l’érain. Les Infulaires reçoivent en échange de la vaiflelle de terre, du fel, & toutes fortes d’inftruments de fer ou de cuivre, tantôt directement, tantôt par l’entremife des Gaulois de P'Ar- morique ( la Bretagne ). Depuis Strabon jufqu’à Jornandez, qui écrivoit après Clovis, on manque d’autorités propres à faire connoître l’état des Ifles Britanniques , par rap- port aux beftiaux. Les troupeaux , dit Jornandez (De orig. Got., cap. 2), y font plus communs que les hommes. Les Habitans & les Rois eux- mêmes n'ont ni olitele ; Di culture ; tous mènent la vie de Bergers: ils ont pour demeure des cabanes formées de branches d’ofier & d’arbrif- feaux. Certe vie rude & fauvage des Peuples Britanniques reçut peu de chan- gements , avant le règne d'Offa, Roi de Murcie, qui, par fes liaifons à la Cour de Charlemagne, contribua beaucoup à civilifer la portion de Peuple qui lui étoit confiée. Les Chroniques Angloifes font mention d’un Roi Ina (Sxlling. fl. Chronicon. pretiofum , pag. 20) qui vivoit entre les années 712 & 727: elles lui attribuent plufeurs Réglements touchant la füreté & la propa- ation des bêtes à laine. En 885$, Alfred, l’un des fucceffeurs du Roi Ecbeït , avoit réuni en un feul Royaume prefque tous les Etats des Régules qui gouvernoient les différentes parties de l'Angleterre, Il ftrevivre les Réglements d’Ina ,.& y ajouta de nouvelles difpoñtions, ” À Alfred fuccéda Edouard le vieux , premier du nom, Il époufa , en 918 (The compleat body of hufbaudri, Lond. 1756 ; pag. 586) , Eguvine, qui joua en Angleterre le même rôle que Tanaquil , femme de Tarquin l'ancien , avoit fait dans Rome. Cette Reine , élevée à la campagne , avoit pañfé une partie de fa jeuneffe à des occupations de lanifice, pour lequel elle conferva un goût décidé pendant tout le cours de fä vie. Son exemple ayant mis en honneur ce genre d'induftrie , il fe forma en peu de temps dans SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 273 dans l'Angleterre beaucoup d’Ateliers, d'où fortirent une grande variécé d'ou- vrages de laineries, femblables à çeux qu'on fabriquoit tant en France, que dans le bas-Empire, La Chronique du Chevalier Richard Baker porte: Que dans la fe- conde année du règne d'Edouard I‘, il y euten Angleterre une morta- lité de moutons , qui dura vingt-cinq ans ; qu'on atrribuoit, pour-lors ce fléau à une bête à laine malade apportée d'Efpagne dans le Northumber- land , par un Marchand François. Sous Le règne d'Edgard le Pacifique , les troupeaux coururent les rifques d’être prefque anéantis. Des bandes de loups faifoient dans l'Ifle des ra- vages inouis. Le bétail blanc éprouva ; par les attaques continuelles de ces animaux féroces , une réduction confidérable, ( Sxilling flët. ibid. the compleat body of Husbandry; pag. $86.) Edgard ufa de deux moyens certains pour les détruire. Les Peuples de la Principauté de Galles s’éroient révoltés ; il leur pardonna, à condi- tion qu'ils lui paieroient tous les ans cent têtes de loups. Il publia auñi une amniftie en faveur des fuyitifs , & accorda aux exilés des lettres de rappel, à la charge de lui apporter un nombre de têtes de loups , felon la qualité des perfonnes & la nature du crime dont elless’étoienr fouillées. Par cer expédient, la race de ces bêtes fut entièrement extirpée de l’'Anglererre. La mer, qui la baigne de toutes parts , fut un obftacle à ce qu'il en vint déformais des contrées voifines, Cet événement fe pafla entre Les années 961 & 966. L’accroiffement des troupeaux fuivit de près cette deftru&ion ; bientôc la production des Jaines mitles Anglois en état de reprendre les opéra- tions du lanifice, fur le plan tracé par les foins de la Reine Eguvine, époufe d'Edouard le vieux. Ce plan avoit été dreffé à limitation des établiffe- ments de ce genre faits par Charlemagne en France, en Italie, dans les Pays-Bas & en Allemagne. Les Villes de Lincoln, d'Yorck & d'Oxford ( Mules, primitive origina- tion of mankind, pag. 24), fe fignalèrent dans ce genre d'exercice , ves l'année 1080. Leur exemple fut fuivi , un fiècle après, par d’autres Villes, & plus particulièrement par celle de Winchefter. La mortalité de vingt-cinq ans, & le dépeuplement par les ravages des loups, avoient occalionné dans les Manufa@ures une difette de matières, qui obligea de recourir aux laines d'Efpagne. Ce vuide ayant été rempli, le Roi Henri II (The origine of Commerce , vol.1, pag. 89 6: 285.) dé- fendit en 1172 l’ufage de ces laines, & de toutes autres laines étrangères, fous des peines très-févères. J Ses fuccefleurs montrèrent, par divers Réglements, le même emprefe- ment-& la même attention au foutien des Manufa&tures. (Sedden: Epino- nis Angliæ inter capitula plantor. coronæ Richardi, cap. 27). C'eft fous le règne d'Edouard III , qu'un grand nombre d'habiles Tome XXIV , Part. 1, 1784. AVRIL, Mm #. ' 074 OBSERVATIONS SUR IA PHYSIQUE, Ouvriers Flamands fugitifs de la Ville de Louvain fe refugièrent en Angle- terre, Les Angolois apprirent d'eux la feience de trier & d'aflortir les qua- Fités de laine. Le Flamand Jean Kempt devint, en 1331, ke principal nftrunient de cette importante révolution, (Anderfon , origine of Commerce, vol, 1, pag. 162). Ü'eft regardé, par les Anglois, comme le Fondateur de leurs Manufactures dé draps fins, tiflus’ & apprêètés fuivanc les règles de l'Art. L'entrée de l'Angleterre fut dès-lors fermée aux Flamands', quant à l'ex- portation des laines, qui jufqu’alors avoit alimenté leurs Manufaétures : ils cefsèrent de jouir du fpectacle de ces flottes de cinquante , foixante, & quelquefois cent vaifleaux , qui entroient chaque année dans le feul port d'Anvers, ( Etat du Commerce d’Anglererre , tom. , pag. 3%). S'il n'y a point d’exagération dans le calcul des Ecrivains du temps, la quantité des laines précédemment exportées pour ks Manufactures , de- voit monter à 10 millions de livres par année. La prohibition dont il vient d'être parlé, dura peu. En1357, l'exportation du fuperflu des laines, montoit à cent mille packs (Anderfon , ibid. pay. 188) de trois cent foixante-quatre livres d’An- glecerre, Cette ARE étoit indépendante de ce qui étoit habituellement réfervé pour. la fabrication nationale. La même liberté continua fous Ri- chard II & fous fes fuccefleurs. En une feule année du rèvne de Henri IV, on vendit à l'Etranger cent trente mille packs de laine, chacun de deux cents quarante livres d'Angleterre. On avoit jufques-là toléré le choix & l'exportation des meilleurs be- fiers , tant en [landres que dans les pays voilins. Edouard , en 1338 € Anderfon, 1bid. Voy. pag. 62), fitun Réglement, par lequel il défendic très-expreflément de fortir ou de vendre à l'Etranger aucun belier de bonne race, de peur, dit ce Prince, que la laine Angloife ne baiffe de prix, & que la qualité des laines étrangères ne foit améliorée au défa- vanrage du Roi & de fon Peuple. # L'Ordonnance d’Edouard reçut fous fes fuccefleurs plufeurs fortes d’in- terprétations , à la faveur defquelles la fortie des beliers & des femelles: étoit tolérée. En 1424, Le Roi Henri V (ibid, pag. 252) déclara qu'il ne feroit plus permis de laiffer forcir aucune bête à laine, tondue ou non tondue, E'appauvriffement du bétail, par la diminution du nombre & par l'al- térarion des qualités , l’avoient décidé à prendre ce parti, Edouard IV, confidérant que les défenfes peuvent tout au plus arrêter les progrès du mal fansen réparer les fuites, fit la recherche des moyens! propres à remonter jes troupeaux fur le meilleur pied poflible. Il porta à cet cet fes yes firr l'Efpagne. ? Charles-le-Hardi fils de Philippe-le-Bon; Duc de Bourgogne ; Comte: de Flandres * de Hainaulc , de Hollande ; &c, non content d’avoir con- ñ cents roc ge Le ppmganinss-cngts "pion SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS, 27ç tribué à l'élévation d'Edouard furle Trône d'Angleterre, voulut auf par= tager avec lui la plus grande partie des avantages qne fes Etats tiroient des troupeaux & des Manufactares, Philippe fon père avoit été l’un des Princes de fon fiècle le plus attentif aux progrès dulanifice dans fes domaines de Flandres & de Brabant, IE avoit établi , en 1429 , l'Ordre de la Toifon d'or, en mémoire d’une vente de laine très-confidétable , dont le produit avoit beaucoup augmenté la richefe de fes Peuples. Marie de Bourgogne, fille de Charles-le-Hardi, époufe de l'Empereur Maximilien I, avoit des relations intimes avec le Roi d'Efpagne Ferdi- nand le Catholique & Ifabelle de Caftille fon époufe, Héritière des fen- timents de fon père, elle parvint à obtenir du Roi d'Efpagne la per- million de faire tranfporter en Angleterre trois mille bêtes à laine choifies dans la Caftille, Le Miniftère Anglois eftima queles avantages qu'on attendoit de cette peuplade d'animaux, feroient peu durables, fi l’on ne fe faifoit pas une Loi de fe conformer aux méthodes ufitées en Efpagne. Il s'établit une Com- million aflez femblable au célèbre Confeil de /4 Mefla: elle fubffte en- core. L’un des premiers Réglements dictés par cette Société Patriotique , dé- fendoit de tuer ou châtrer aucun mâle de l'efpèce choilie, pendant l’ef- pace de fept années. À ce terme, les nouveaux troupeaux avoient déjà profité en force , en groffeur & en qualité de laine. Un Auteur écono- mique ( M. Chomel ) écrit , qu'avant cette révolution, prefque toute l’An- gleterre étoit garnie de petites races. Quelques fuccefleurs d'Edouard , Henri VIII fur-tout, & la Reine Elifabeth , accélérèrentle renouvellement général de la contrée, par de nouveaux beliers achetés en Efpagne. Ces males ne furent confiés qu’à des Nourriciers d’une intelligence reconnue dans la partie, propriétaires ou ‘locataires de pâturages convenables à l’efpèce. On retint du régime E£ pagnol touchant la vie ambulante, toutce qu'il fut poflible d'en imiter dans un pays cultivé. Les opérations du règne de Henri VIIT, à l’égard des Manufaëtures & des troupeaux , portent l'empreinte de la prudence & du difcerne- ment. L’Angleterre doit beaucoup à ce Roi; c’eft lui qui a préparé la gloire dont Elifabeth s’eft couronnée. La népligence des nourriciers avoit opéré la rédu@tion des bonsbeliers à un très-petit nombre. Henri leur en procura d'excellents, qu'il avoit fait venir d'Efpagne ; iltourna enfuite fes vues fur la diminution des races com- munes ou viciées par des imperfections capitales, 4 ” Les Culrivateurs abandonnoient le foin du gros bétail , & négligeoient d'en faire des élèves. Une partie des pâturages ci-devant occupés par ces nimaux , étoit livrée à de nouveaux troupeaux de bêtes à laine. (The Tom: XXIV, Part. I,1784. AVRIL Mm 2 276 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, compleat bodi of Husbandry , pag. S89), Le Roi prévine les fuites fâcheufes de ce changement , en défendant à tout particulier , de quelque nature que fuffent fes ténements, de nourrir au-delà de deux mille quatre cents bêtes à laine, les agneaux exceptés. Elifabeth porta fur le Trône lesmèmes difpofitions que le Roi Henri fon père : elle ordonna & fir exécuter une révifion de tous les anciens Réple- ments fur les troupeaux, les laines & Les Manufaétures; modifa les uns, & donna plus d'extenfñon aux autres. Après avoir fait faire chez l'Etran- get l’emplette de tous les beliers de bonnelfage qu’on avoit voulu lui céder, elleréitéra & donna une nouvelle force aux défenfes de laiffér fortir de fes Etats aucun mâle à toifon fine. Elle déclara ,en 1566, que tout contrevenant feroit puni, pour la première fois , par la confifcation de tous fes biens , par un an de prifon, à la fin de laquelle il auroit la main coupée, clouée &‘expofée dans le lieu le plus apparent du Marché. Le coupable, en cas de récidive, devoit fubir la peire de mort, ( Anderfon , ibid ). ; Cette prohibition fut étendue, par Charles IL, à la fortie des peaux & des laines , lors fur-rout de la révocation de l’Edit de Nantes, en 1685. Le nombre prodigieux de bons Ouvriers François réfugiés, auxquels on vouloit donner de l'emploi dans les Manufaétures, rendit certe févériré néceffaire, : i Ces peines ne font plus préfentement que comminaroires : on y fubftitue des punitions analogues à la nature du délit; elles nempêchent pas qu’il ne forte tous les hns d’Ancleterre beaucoup de laines par contrebande, Les bateaux employés à ce genre de fraude , fe somment barques lanif]. ; La révolution de 168$ eft l’époque , en Angleterre, des Métiers en Draps & en étofles de routes les fortes, & de l'accroiffement de l’Are dela Chapellerie que les François y perfectionnèrent, Celui de la tein- ture avoit été apporté quelques années auparavant par le Flamand Bewer. Le Gouvernement Anglois, après avoir exclu tes Peuples voifins de toute participation à leurs matières premières de lanifice , trouva moyen de faire tous lesans une moiffon ample & habituelle de laines d'Efpagne, de France , de Flandres, d'Ecofle & d'Irlande , fans parler de celles de la Pologne , de la Ruflie , &c. Les Fabricants Anolois font encore en pofléflion de faire venir une très-grande quantité de laines d'Efpagne par Bilbao : ils en achètent aufi annuellement en Ecoffe pour plus de 60,000 liv. fterlings , indépendam- ment de cent mille packs au moins de cette marchandife qu'ils tirent d'Ir- lande, d'Allemagne, de la France, &c., tant, lavée , que filée & furge. Etat aëuel, La taille & le poids des moutons d'Angleterre dépendent pre SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. ‘27 de la qualité des pâturages qui les nourriffent. La grande efpèce eft préfen- tement plus commune qu'autrefois , par le fecret que les Anglois ont eu de rendre plus fécondes en herbes leurs prairies ordinaires, & de multiplier les prairies artificielles dans des terreins ingrats & prefque aban- donnés, Les branches à grand corfage les plus remarquables, fe trouvent dans les Comtés de Lincoln & de Leicefter ; dans les bruyères qui touchent aux Comtés de Suffolck & de Norfolck; fur les voulds ou dunes, dans la fub- divifion orientale de la Province d’Yorck, du banc de Tées, dans l'Evé- ché de Durham. Ces efpèces fe partagent en plufeurs branches , différen- ciées pour le corfage , à raifon des paturages qui Les alimentent ; leur laine eft principalement propre au peignage. La plus grande efpèce eft celle du Comté de Lincoln, Cette Province fournit aux autres les beliers néceffaires au foutien & au renouvellement des bonnes races ; elle en tire elle-même de la Barbarie , lorfque les bons males diminuent en nombre , ou s’affoibliflent, On ne voit plus guère maintenant de petites efpèces en Angleterre , que dansune étendue d'environ foixante-cinq milles de longueur fur cinq ou fix de largeur, depuis Bourn-en-Suffex , jufques près de Chicefter & de Port-Doun en Hampshire. On la conferve, parce qu’elle donne de bonne laine , propre x la carde , mais inférieure à celle d’Ef- pagne. Les Anglois perliftent , plus que jamais, dans l'ufage de préférer les efpèces à grand corfage, aux moyennes & aux moindres ; ils Les rétablif- fenc ou les foutiennent par le fervice des plus gros & des plus forts beliers, & par d'excellentes nourritures. Le poids de nos plus gros moutons de Flandres ne paffe pas cent cin- uante-à cent foixante livres. On a vu en Angleterre un belier qui dou- bloit ce poids. M. Alftroœmer fils, dans un Mémoire dont je ferai men- tion ailleurs, rapporte le trait fuivant. En 1758 , un Cultivateur Anglois, nommé Guillaume Story , poffédoit un belier de trois ans, qui pefoit trois cents quatre-vingt-dix-huit livres d'Angleterre. Le fieur Banks de Harfvorth en fit l’emplette, moyennant 1$ guinées, Il fut bientôt rem- bourfé de fon capital, en louant ce mâle une demi-guinée par chaque brebis couverte; les agneaux qui en provinrent égalèrent le père en force & en grandeur. Le fieur Banks de Denifdale , frère du précédent, en eut une brebis, qui, à l’âge de cinq ans, donna une toifon du poids de vingt-deux livres & demie d'Angleterre, ( Robert Gibfon , Ecuyer , eut de ce mâle un belier de même force. 1] le Jouoit , en 1766 , une demi-guinée par chaque femelle, L'année fuivante, le nombre des brebis qu'on lui amenoit pour être faillies , le décida à doubler le prix. ll 278 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, La valeur de ces étalons extraordinaires dépend de la facilité ou de la difficulté de s’en procurer. On en a payé jufqu'à 100 guinées, dans des temps où l’efpèce étoit rare. * Il feroic très-poflible de former dans notre Flandre Françoife des beliers de cette force, par des nourritures analogues à celles d'Angleterre : mais les Cultivateurs n’y trouveroient pas leur compte ; l'Agriculture en fouf- friroit. La grande efpèce Flamande fe foutient fans fecours étrangers; elle fe divife en cinq branches d’un corfage prefque égal à celui des moutons de Lincoln, Ces branches difiérent feulement entrelles par les qualités de laine qui couvrent les individus (Woy. Ze Traité des bétes à laine , pag. 811). La laine fine à peigner de Flandres, eft fuperfine à la plus belle laine d’An- gleterre, Elle acquerroic un nouveau prix, fi les animaux qui la produi- fent étoient auf foignés. que ceux des Ifles Britanniques. On aban- donne à une vie libre & fauvage les meilleures branches Angloifes, dans de vaftes pâturages, circonfcrits par des enceintes de pieux , de piquets ou de planches , fans toits , fans Bergers & fans chiens. Les Nourriciers Fla- mands perdrojient à ce genre d'éducation ; ils feroient privés d’un fumier néceffaire à la fécondation de leurs terres, : I règne beaucoup d’inconféquences & de contradidions dans les cal- culs Anglois, touchant le nombre & Le produit des bêtes à laine répan- dues dans les trois Royaumes. La commune évaluation eft de quarante- quatre millions en‘ Angleterre , vingt-deux millions en Irlande, & onze en Ecofle : foixante-dix-fept millions en tout , chaque bête faifant annuel- lement, l'une dans l’autre, fix livres de profit au propriétaire. Plufeurs raifons portent à révoquer en doute l'exactitude de cette éva- luation, Les fpéculations de M. Daniel Fox font monte: le produit annuel des laines du feul Royaume d’Angleterre, à 121 millions 104,000 liv. En fuppofant que chaque toifon ne pesât que trois livres , les deux fentiments du nombre & du produit fe rapporteroient. Mais en admettant les fupputations qui font monter le poids des toifons d'Angleterre de fix à douze livres , le poids moyen de neuflivres opéreroit la réduétion nécef- faire du nombre de quarante millions à celui de treize millions trois cents mille bêtes. Pour parvenir au compte de tout ce que l’Angleterre peut contenir de bêtes à laines , il faudroit, 1°. s’aflurer de la quantité d’acres ou d’ar- pents de terres de chaque diftriét, pareil à celui de nos Paroifles ; 2°, claf fer ces terres, & cohftater combien une ou plufieurs acres de chaque qua- lité peut nourrir de bêtes de telle ou telle taille; 3°. eftimer le produit des pâturages artificiels & des fourrages, par lefquels on fupplée à la fté- tilité de la dernière clafle des terres. Sans ce préalable, les calculateurs ne peuvent opérer que par approxi- SUR L'HIST.. NATURELLE ET LES ARTS. 279 mation. Le produit prétendu de 6 liv. par bête , année commune, eft un peu forcé. ( P. à ce fujet le chap. 7, art.2,6:3), La prodigieufe quantité de laines furges que les Anglois tirent de toutes parts, & qu'ils réexportent après les avoir travaillées, ne’permet pas d'afléoir un jugement cértain fur l’objet. Conclufion. Ces derniers traits , & une partie de ceux qui les précèdent, devroient bien hous mettre en garde contre les exagérations de la forfan- trie Angloife : elles font trop de dupes parmi nous. ; : Ceftle renouvellement, la culture & l’extenfion des prairies naturelles & artificielles qui ontoccafionné en Angleterre le changement des anciennes races, en desefpèces plus grandes & plus fortes; d’une laine plus longue & plus abondante, La grande branche a été multipliée, à la faveur de ces pâturages; elle a été fucceflivement foutenue & renforcée par des gros beliers des côtes d'Afrique , d'Allemagne, de Hollande & de Flan- dres, Ces animaux , élevés dans de gras pâturages , ne peuvent être con- fervés que par une profufion de nourritures. Les Efpagnols ont été les premiers maîtres des Anglois; ceux-ci les ont feulement imités , fans les copier fervilement. La Commiflion, qui veille en Angleterre au maintien de l’ordre dans le gouvernement des trou- peaux , aété établie à l’inftar du célèbre Confeil de la Mefta. On l’a mo- difiée dès fon origine, par des reftriétions analogues aux ufages & à la différence des territoires. Les Anglois ont fubititué aux exercices de la vie ambulante , les pratiques de la vie fauvage: On ne voit pas qu’ils aïent jamais conçu le projet d’éta- blir & de propager parmi eux labelle race trafumante ; les troupeaux qu’ils dnt faic venir d'Efpagne à diverfes reprifes , ont feulement fervi à remplir les vuides occafionnés par les pertes & les mortalités, Ce feroit en effet un phénomène ivoui contraire à l'expérience & à la droite raifon , qu'une efpèce moyenne à laine fine , frifée, retapée & propre à la carde, eût été la fouçche d’une autre efpèce infiniment plus forte, plus grofle , garnie d’une laine longue, droite & propre au feul pei-' gnage. La contiguité denos territoires avec ceux de l’Efpagne , eft pour nous une raifon de plus de porter d’abord nos vues fur ce Royaume , pour y prendre les premières leçons de réforme néceffaire à la plus grande per- fection de nos diftérentes qualités de laine. Nos fhécuiations doivent partir du principe, que les Efpagnoïs ne cul- tivent point; que les Anglois, à la faveur de l'immenfe étendue de leur commerce maritime, tirent de toutes parts une quantité de grains & d’au- tres denrées de première néceffité , qui les difpenfent d’enfemencer une partie de leurs terres. [ls trouvent dans cette reflource la facilité de con- vertir en prairies naturelles & artificielles, des portions confidérables de terreins dont on abandonne les herbages à de nombreux troupeaux, 280 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, L'Agriculture, en France , eft un Art de première néceñité, La fubf£- tance des hommes doit fixer les attentions du Gouvernement, avant ceile du bétail. La production des grains obtient néceffairement la préférence fur celle des pâturages. C’eft le cas de tirer d’abord parti des bêtes à laine pour l'amendement des terres, & de pourvoir enfuite à la culture des laines. Il s'enfuit que nous ne devons pas nous modeler fur les Anglois, tou- chant l'éducation fauvage de leurs troupeaux; il faut feulement les imiter dans les pratiques qui pourroient tendre à procurer habituellement aux bêtes à laine la jouiflance d’un air libre & pur , & à les préferver de tout ce qui peut contribuer à falir ou altérer la qualité de leurs toifons, C'eft un point de difcipline rurale , que Le Gouvernement Anglois ne perd jamais de vue; fa vigilance s'étend également fur tous les objets qui ont trait à la perfection des laines. Ce foin eft comme inhérent à la confitution nationale; les Grands le regardent comme quelque chofe de fi important au fuccès des Manufactures , qu'ils fiégent toujours fur des. toifons , de peur que la difcuflion des affaires ordinaires ne détourne à la longue leur attention de la produétion d'une matière qui a été , dans tous les temps, l'une des principales fources de la richeffe de l’Etar. E,X PER IE NUC:EYS Sur la vitrification de la Terre Végétale mélée avec des Sels ; Par M, ACHARD. Le s expériences qui font le fujet de ce Mémoire, ont pour but de faire connoître les altérations que les fubftances falines, traitées par la voie sèche avec la terre des végétaux, lui font éprouver. La terre végétale dont j'ai fait ufage dans les expériences renfermées dans la Table fui- vante , a été tirée des cendres du bois de chêne. Afin dela féparer de Valkali fixe qui refte dans les cendres, & qui eft trop adhérent à Ja terre, pour qu'il puiffe en être féparé par une fimpleélixiviation avec de l’eau , j'ai diffous les cendres dans de l'efprit de fel, & en ai féparé le terre par pré- cipication avec le fel de tartre. à Ilne me refte rien de plus à remarquer , fi ce n’eft que tous les mé- langes que j'ai faits ont été expofés au feu de fufion, pendant trois heures, 9 a] \ . 1 dans un fourneau à vent femblable à celui donc M. Pott a donné la def- cription dans fa Lithogéognofie, Mélanse, ( SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. Mélange. |Proport. | Réfulrar, | Couleur. | 285 Dureté, . . 0 e a . Alkali cauftique.|1 partie. poudre qui n’avoit pas éprou- les avec l'acier. ! vé de fulion. ——_—— EVEREST RE PE SRE ETS a Terre végétale. |r partie. Maffe fort polie, qui avoit Noire, Donne des étincel- Alkali minéral. |r partie.|éprouvé une parfaite” fufñon. les avec l’acier. T Égéral i D léri erre végétale, |r partie. : ae onne peu d’étin- RTS, : : Ant e, Jaune foncé. JEU Alkali minéral. |3 parties. Maffe demi-tran{parent celles avec l’acier.Ë | Sn es Se Pin Terre végétale, 3 parties. Vos Jaune verdärre | Donne des érin- Alkali minéral. |1 partie. celles avec l'acier. ———_—_——_——+. ge = A — ———— mm Terre végétale. [1 partie.| Maffe demi-tranfparente, fort Jaune & bleuâtre.|Donnedes érincel- | Sel fédari£. 3 parties. polie. les avec lacier. ——_—_——_—_—_—_—_—_———— . ; a Terre végétale, 13 parties. Varie: Mine foncés Donne des étincel Sel fédatif, |r partie. les avec lacier. Tr l'EU TENTE 4 sé I partie. : , étin- _Terre vévétale. parti Verres SR NE Donne des étin Sel de Glauber.lr parue. celles avec l’acier. 1 Terre végérale. [1 partie.|Mafle vitriforme mêlée É er Ben Donne des étin- : Sel de Glauber. [3 parties. le creufer, qui avoit été détruit. celles avec l'acier. à # I RE À = EN RS ——— ER MU ES JET 77 Ÿ Terre végétale, |3 parties. Maffe fort polie, qui avoir Noir Donne des étin- Sel de Glauber. | partie | éprouvé une parfaite fufon. que celles avec l'acier lue . [Maffe peu polie dans la frac- Ne donnc pas d’é- Re der 1 partéelture, fort polie à la furface , Grisâre. tincelles avec l’a- VTIOIG, IT partie. qui paroifloit cryftallifée. cier. D ————— [2 es | À Terre végétale. |r partie. Maffe polie, qui avoit percé Blancl Donne des étia- | Tartre vitriolé: 3/parties. le creufer. anche: celles avec l’acier, : = | —— © ———— | — + | Terre végétale. 3 parties.| Maffe demi-tranfparente , fort AHSA Ne donne pas d’é Tartre vitriolé. |; partie. polie. Jeune & bleuätre li etes avec Pac. 4 Mafle poreufe, qui avoit Sel de tartre. Sel de tartre. Sélénite. Terre végétale, |r partie. Selderart. cauftiq.hg parties. Terre végétale. |3 parties. Terre végétale. |r partie. Terre végétale. |7 Terre végétale. |f partie: Mafle poreufe , qui avoit 1 partie.| éprouvé la füfon. Terre végétale. |r partie. Mafle peu polie, qui avoit 3 parties. éprouvé une parfaite fufion. Piment Verre. Malle porenfe vitriforine, po- lie; au centre il fe trouva une éprouvé la fuñon; aux en- droits où elle touchoïr le creu- fer, elle étoit vitrifée. EL partie. partie. Grile. LUE? Jaune foncé. Verd foncé, : Jaune verdâtre. Gite. Donne des [Ponne desétincel- les avec l'acier. Ne donne pas d'é- uncelles avec lac. Donne peu d’étin- celles avec Facier. a Donne des étincel- Donne des éin- celles avec l'acier. 7e ctin- ‘gp la , . Sélénite. 3 parues. | Verre, Ved. celles àvec l’acier. = D EE het YLREPS RS ter ne Maffe = =: PRE k $ . [Maffle porenfe y [ es étin- Terre végétale. CL FPE IRAN PRES Sélénite. Terre végétale. |r partie Nitre prilimatiq.!r partie.| Ur D Te ne Tome X XIV, Part. I, 1384 AVRIL, éprouvé la fufion; elle pa: roïifloit être ctyftallifée. Mafle cryftaliifée, qui avoir éprouvé la fufion & détruit le creufet, Y partie.l Guile. Blanche, celles l'a- cier. avec Donne peu d’é- uncelles avec l’a- cier. mit Nn 282 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, ALélange. - |Proporr. | R cg. Terre végétale. E païtties. v Nitre prifmatiq.!1' partie. ÉPRCS Maffe poreufe, qui, dans quel- F jy édes (ASS endroits , avoir un peu de crre végétale. 3 PATUSS: Loli; dans le milieu, il fe trouva Nitre cubique. He PAIE: une partie du mélange qui étoit . refté en poudre. » Terre végétale. |r partie Mafle vitriforme, qui avoit Sel commun. |; partie.|_percé & détruit le creufet. ee Terre végétale. f3 parties. Mafle demi - tranfparente ; Selcommun. 1 partie. fort polie. a — re : 4 rP! Terre végétale. |1 partie. : Maffe i : Sel commun régé- : poreufe, peu polie, Grile. celles avec la- néré 1 païitie qui avoit éprouvé la fufon. cier AS RL - À ————————— | st Terre végérale. |3 parties. | F 1 g ù $ ; jù Sel commun régé- Verre. Jaune foncé. Donne des étincel È URL 1 partie les avec l'acier. a PR RO ERER : Terre végétale. |r partie, + Ne donne pas Sel commun régé- - Verre. Jaunitre. d’étincelles avec nérés 3 patties, ; Pacier. CE use RSR SE RARE Terre végétale, |£ partie,|\r DRPTSE ñ ! 1: > Sel ammoniac etre qui avoit percé & dé- Verd. Donne des étin- ; 5 uuit le creufet: celles avec l'acier. fixe 1 partie: ; LS En ART EN RE Et Es Terre végétale. |1 parte. Donne peu d'é- i Verre, Jaune. tincelles-avee l’a-f! el ammoniac fixe. 3 parues. = cier. : RENE NC AREES — EST D RE AE PP RTE Le GE Terre végérale. }3 parties. ; } ë Lo) . el ammoniac Verre. Jaane. Donne desérincel F PRE 1 partie. les avec l'acier. = ALES ARLON A SDS) LEE DES EEE pe 22 Ne donne pas Terre végétale. j1 PRES . Verre, Jaune. d’étincelles avecl: Borax. 1 parue. ‘acier.. À — "nt ER — 2) Pate ; Ne donne pas Terre végétale. ‘ es Verre. Jaune foncé. [d’érincelles avec Borax. 5P î l'acier. # 2 . ne ee ES Terre végétale. |3 parties. Donne des étincel- orax. T partie. Verre. Jaune. les avec l'acier. Couleur. Jaune verdâtre. | Grife.. Jaune. Jaune foncé nn | Dureré, {Donne des étin- celles avec l’acier. Ne donne pas d’étincelles . avsc|: l'acier. « a Donnedes érincel- les avec l'acier. Donne des étin- celles avec Pacier, Donne des étin- neue COM ee — F. » \ SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 283 CET | CRSNMERLT COINS SUR LA VITRIFICATION DE LA TERRE VITRIFIABLE, Mélée, en proportions differentes & connues, avec une des autres Terres pures , & avec des Subflances falines ; Par LE MÈME, | VRP des altérations que le feu fair éprouver à la terre vitrifiable, mêlée avec les autres terres pures, m’a occupé dans un autre Mémoire, Les expériences que je rapporterai dans la première partie de celui-ci , ont pour but de faire connoître Les effets que les fubftances falines produifent dans la vitrification fur les mêlanges de la terre vitrifiable avec une des terres pures; dans la feconde partie, je détaillerai les expériences que j'ai faites fur les effets que les fels produifent fur la fufñon de la terre vitrifiable, mêlée, toujours en proportions différentes & connues, d’abord avec la terre calcaire & la terre d’alun ; enfuite avec la terre calcaire & la terre du fel amer ; enfin , avec la terre d’alun & la terre du fel amer: la troifième & dernière partie de ce Mémoire fera con- noître les effets que les fels produifent dans la fufion du mêlange des quatre terres faites en proportions variées & déterminées dans chaque expérience. s Ayant déjà détaillé amplement les moyens que j'ai mis en ufage pour me procurer les terres pures, fans aucun mélange de parties hétérogènes & étrangères (1), ilne me refte rien à ajouter , fi ce n'eft que , pour faire éprouver la fufion aux mêlanges, je les ai placés pendant deux heures dans un fourneau à vent. Les raifons qui m'ont engagé à préfenter les réfultats de routes mes re- cherches {ur la fufion des terres, dans des Tables, m'engagent à fuivre encore la même méthode , & à donner aux Tables ls mm: arrange- ment « a (1) J: Journ. de Phyf. , agnée1783 , tom. XXI!, pag. 179 & 309. . Tome XXIV’, Part. I, 1784. AVRIE, No 2 284 Mélange. l'erre vitrifiable. Terre calcaire, Sel de tartre. Terre vitrifiable. Terre calcaire. Sel de tartre. Terre vic:ifiable, Terre calcaire. Sel de tartre. Terre vitrifiable. Terre calcaire. Sel de tartre. Terre vitrifiable. Terre calcaire. Sel de tartre cauft, Terre vitrifiable. Terre calcaire. Sel de tartre cauft. Terre vitifable. Terre calcaire. Alkali minéral. Terre vitrifiable, Terre calcaire. Alkali minéral. Terre vitrifiable, Terre calcaire. Alkali minéral. Terre vitrifiable. Terre calcaire, Sel fédarif. Terre vitrifiable. calcaire, Sel féda Terre vi: rifiable, Terre calcaire. Sel fédarif. Terre vitrifiable, Terre calcaire. Sel fédaf, Terre vitrifiable, Terre calcaire. {Sel de Glauber. 1 |Proport. Réfutrar. 1 partie. Maffe poreufe, opaque, dontla 3 païties. 2 parties. 1 partie 3 parties. 6 parues. 3 parties. 1 partie. 2 pariies, 3 parties. 1 partie 6 partics 3 parties. 1 partie. 2 parties. 3 parties. 1 partie. 6 parties. 1 partie 3 parties. z parties. 1 partie. 3 parties 6 parties. 3 parties 1 partie. 2 parties. 1 parti. 3 parties. 2 parties. 3 paities. 1 partie.|ll 2 parties 3 parties. 1 partie. 6 pète PAR tie. parties. parties ll a 3 5 n partie. parties. le U parues. !fu furface étoir pole, & qui avoit éprouvé une entière fufon. Verre. — ———. Male qui avoit éprouvé une demi-fufon. Vu RE RE ROUE Verre, "[Mafle opaque ui avoit L le) ; nl éprouvé une entière fuñon; elle étoir polie, tanc à la {ur- face, que das la’fraéture. Verre. Maffe demi-vitrifiée. a Verre. Mañle deimi-tranfparente. Maffe opaque , qui avoit éprouvé une entière fufon : elle éroit polie, tant äla fur- face que dans là fraéture. Mafte poreufe opaque, dontla furface étoit polie, & qui avoit éprouvé | une entière fufion, Maffe opaque, polie tantà la [urface que dans la fracture, qui avoit éprouvé une entière tufion. es Verre dont la furface étoir couverte d’une croûre blanche. Malle opaque, polie, tant à la (urface que dans la fracture : Ile avoit éprouvé une entière OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, l Couleur. | Jaune fale. a — nm £ , Jaune foncé. Blanche. Verd. Olive. Verd foncé. Jaune. Jaune foncé, C Jaune. Blanche. TE Blanche. Blanc fale. Jaune foncé. | Noire. , ——— ——— Ne donne pas d’é- Dureré. Donne des étincel- les avec l'acier. tincelles avec la - cier. Dure. = rene Ne donne pas d’é- tincelles avec l’a- cier. Donne des étin- celles. Ne donne pasd’é- tincelles avec LÆ cier. Donne beaucoup d’étincelles avec lacier. Donne des étin- celles avec l’acier. re Donne des étincel- les avec l’acier. Donnedes étincel- les avec l’acier. Donne des étin-| celles avec la- cier. Donne des étin- celles avec Pa-f ciér. Donne des étin- celles avec Wa- cicr. x Donne des étin-f celles avec cier. Pa- SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. Mélange, 4 Terre virifable, Terte calcaire. Sel de Glauber, Terre vitrifable. Terre calcaire: Sel de Glauber. Terre virifiable. Terre calcaire. Sel de Glauber. Terre calcaire, Sélénite. Terre calcaire. Sélénite, Terre vitrifable. Terre calcaire. Sélénite, Tetre calcaire. Sélénite. EDITOR TE JET FX ere lenie vitrihable, Terre calcaire. LT Terre vitrifiable. Terre calcaire. Terre vitrifiable. Terre calcaire. Terre vitrifiable. Terre calcaire. Terre vicrifable, Terre calcaire. Nitre cubique. Terre viuifable. Terre calcaire. Nitre cubique. Terre vitrifiable. Terre calcaire. Nitre cubique. Terre vitrifable. Terre calcaire, ÎNitre cubique. Terre vitriñable, Terre vitrifiable, nee LES AD d 2 8) Terre vitrifiable. Nitre prifimatique. Nitre prifmatique. Nitre prifmatique. ER nr les Nitre prifmarique. À Ed rétention Les |roporr. | Rafulrar. 3 parties 1 partie. Verre, 2 patties. 3 parties. 1 partie Verre. 6 parties. T partie. 3 parties.| Vetre avec destaches opaques. 6 parties. = nn 1 partie ; L 3 paities.| Maffe qui n’avoir pas éprouvé Blanche. 2 parties de fufñon, 3 parties à 1 pare. | Mafle qui avoit éprouvé un Blanene 2 parties commencement de fufion. — s a ————, atties : x Mañle qui n'avoir pas éprouvé) Blanche, 6 parties. de fufon. HR in _— J parue. 3 paries. Verre. Verïd clair. 6 parties. res CR er 1 partie./Mafle opaque , qui avoit Brunâtre à la fur- 3 parties |éprouvé la fufon ; fa furfacel face, grife dans la z parties.|étoir polie, frature. ef 3 parties. 1. partie. Verre, Jaune. 2 parties. È A 3 parties. ; ll partie. Verre, Jaune foncé. 6 parties. SE ————————— ‘Verre qui avoit percé le arties. 3P ; creufet, 6 parties, 1 partie. 3 parties. Verre, 2 parties. | 3 parties. 1 partie. Verre. 2 parties. 3 parties. 3 PATES Verre qui avoit attaqué le 1 partie. : creufet. 6 parues. ÉRCLP I RUB ARES) 1 partie. 3 parties. 6 parties. Verre qui avoit percé le creufet. | Couteur. . Verd clair. Verd clair. meme Jaune foncé, Jaune. EE, Jaune clair. Verd. Jaune foncé. a Jaune, 28$ Dureté. Nedoune pas d’é- üncelles avec l’a- cier. Ne donne pas d’é- uncelles avec l’a- cier. Donne beaucoup d’étincelles avec l'acier. | Aflez dure. Dure. Facile à écraferen- tre lés doigts. Donne des étincel- les avec l'acier. FL Donne peu d’érin- celles avec Pa cier, a Ne donne pas d’é- tincelles avec l’a- cier. 7 Ne donne pas d’é tincelles avec l’a- cier. RE RE Nedonne pas d’é- uncelles aveciPa- cier. a — Ne donne pas d’é- tincelles avec l’a- cier. Donne peu d'é- tincelles avec Pa- cier. Ne donne pas d’e- tincelles avec l’a- cier. Ne donne pas d’é- unceiles avec l’a- cier. en PR 286 Mélange. Terre vitrifable. Terre calcaire. Sel commun. Terre vitrifiable. Terre calcaire. Sel commun. Terre vitrifiablez Terre calcaire. Sel commun. Se SU Terre vitrifiable. Terre calcaire, Sel commun. Terrevitrifiable. Terre calcaire. Selammoniac fixe. PR EE EP Terre vitrifiable. Terre calcaire. Borax calciné. Terre vitrifiable. Terre calcaire. Borax calciné. Terre vitrifiable, Terre calcaire. Borax calciné, | Terrevitrifiable. Terre calcaire. Borax calciné. Terre vitrifiable- Terre d’alun. Sel de tartre. Térrevitrifiable, Terre d’alun. Sel detartre. Terrevitrifiable. Terre d’alun. Sel de tartre. Terre vitrifiable, Terre d'alun, Sel de tartre. Terre virifiable, Terre d’alun, Sel de tartre cauft. mer Terre vitrifiable, ler 1: | Terre d'alun. ISe! d cauit à —___——_—_— OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, |Proport. | Réfulrar. 1 partie. 3 Pre | Verte. » parties. 3 parties. Z partie, z parties. _ . 3 parties. 1 partie. 6 parties, Maffe qui avoit éprouvé une demi-fufion , & beaucoup attaqué le creufet. Mafle poreufe, opaque , qui s ; avoit percé le creufet. Maffe poreufe, opaque, polie à la furface, qui avoir percé le creufer. 1 partie, 3 parties. 6 parties. 3 parties. partie. ( Poudre, 2 parties. L partie. 3 parties. 2 parties. Verre. 3 parties. 1 partie, 2 parties. RE Mafle opaque , polie, rant à fa furface, que dans la frac- ture. 5 parties. L partie. 6 parties I partie. 3 parties. 6 parties. Verre, Verre. I partie. 3 parties. 2 parties Poudre. 3 parties. 1 partie. 2 parties. Abies ere 3 parties. [ partie. 6 parties. Scorie. | Maïfle poreufe, demi-tran£. parente , qui avoit attaqué le creufet. t partie 3 parties. 6 parues. Mafle tranfparente dans de certains endroits, & opaque dans d’autres. ; 1 partic. 3 parties. 2 parties. Une partie de ce mélange éprouva une demi-fufion , le refte refta en poudre. 3 parties. T partie, 2 païties Maffe qui avoit éprouvé une demi -fufion. ————— | Couleur. | Durcré. Donne des éin- celles avec la- cier. } —— Tes Donne des étin- celles avec la- cier. ne, Dorne des étin- celles avec La- cier. Jaune foncé. Grile. Grife. Donue des étin celles avec l’acier. Brune. Blanche, Donne des étin- Jaune verdâtre. celles avec l'acier. Donne beaucoup d’étincelles avec l’acier. Blanche, Donne peu d’é- rincelles avec l’a- cier. Jaune foncé. a ———— Ne donne pas Blanc. d’étincelles avec Pacier. Blanche, Fe) ER re Blanche. f + Vordaires Donne des étin- celles avec l'acier. Re TUE En Donne des étin- celles avec l'acier. Verdät:e. qui avoit}La partie qui avoit artie éprouvé la fufion , [éprouvé la fufion , gtile ; la poudreldonna des étincel- blanche. les avec l'acier. Donne des étin celles ayec l’acier. a Gr, SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 287 RE EE CE EE ER Mélange. | Proport. | R éfulrar. !: Couleur. | Dureré. Ferre vitrifiable. ,x parte. Terre d’alun: {3 parties Poudre; Blanche. ET E > \ Alkali minéral, |2 parties. Re nn | Terre vnrifiable: |3 parties. Terre d’alun: 1 partie. Mafe poreufe, ‘opaque , qui Blanche, Donne des érin- Alkali minéral. |: parties.| 2" oit éprouvé la fufon., celles avec Pacier. Terre vkrifable. |; parties. D 4 Terre d’alun. 1 partie. Verre. Jaune foncé. SEE des étin- Alkaïi minéral. | parties, celles avecilacier. Terre vitrifiable. |r partie. Donne beaucoup Terre d’alun,- |; parties. Scorie vitriñée. Verte. d'étincelles * avec Alkali minéral. |6 parties. l’atier. Ferre vicifiable. |r partie. Mal Donne beaucoup Terte d’alun. 3 parties. ee are és avor Blanche. d’étincelles avec Sel fédatif, Pnarties éprouvé une demi-fufon. l'acier. Ferre vitrifiable. 3 parties.| Mäfle fort poreufe, polie, Terre d’aluo. 1 partie.|[qui avoit éprouvé une demi- Blanche. Facile à rompre. Sel fédatif. 2 parties |fufon. —— — Terre vitr#iable. 3 parties. S _. ; Terre d’alun. 1 partie. Mafe qui avoit éprouvé une Blanche. Facile à ro mpre. Sel fédatif. 6 parties. demi - fufon. on ; oreu F Terre vitrifabte. |r partie. faffe ‘pore Le polie, qui Ne donne pas d'é- Hérre di] D . [avoit éprouvé une entièré fu- Blanche: à ; SelfédaiE me LS fion ; dans la fraêture , elle tincelles avec l'a L FR MRRSRT pee paroifloit cryftallifée, EE = a Se) et pure vitrifiable. 1 partie, Blanche à la fur- D des ei (Terre d’alun. 3 parties. Maffe qui avoit éprouvé une face, grife au fond|Ponne des étin- Sel de Glauber. |, parties. demi-fufon. ets celles avec l’acier. ms | ————— ——— Terre viihable, 3 parties. G deb RE Blanc avec des ta- D pertes Terre d’alun, 1 partie. Verre rempli de beaucoup del pe & ftries jau- ee & étin Sel de Glauber. |: parties. bulles. ER cel'es avec l'acier. Terre vituifable. |3 parties. ÿ = x Donne peu d’étin- Terre d’alun. 1 paitie. Scorie ROSE > LE axes Brune. celles avec la- Sel de Glauber. |6 parties. PEER Î cier. ] S " Terrevitrifiable. |r partie. Donne peu d’étin- Terre d'alun. 3 parties. i voit 2 Scorie poreufe , que Brun foncé. [celles avec l'a- percé le creuler Sel de Glauber. |6 parties cier. Terre vitrifiable. |r partie È S oi rande ; re Terre d’alun. RE qu Eh LEE : Grfe. Donne des éün Sélénire, 2 parties. partie éprouvé la fufñon. celles avec l'acier. a mn nn Terre vitrifiable. 3 parties, LE QT Terre d’alun. 1 parie. Verre. Blanc. Donne SUR Sélénite. 2 parties.| , celles avec l'acier. PETER = ES es Terre vitrifiable, |; parties. 1: Terre d’alun. 1 partie. Verre. Verd clair, [Donne ie Eure Sélénite. 6 parties. - ( celles avec l’acier.} oo OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, 288 Mélange. \Proport. | Réfulrar. | - Couleur. Dureré. Terre vitriiable, |1 partie. Donne beaucou 5 » e -._|Maffe opaque, poreufe, fur- ’ Ne FER Terre d'alun. |3 parties. AaSTE opaqt I d cts Ne Noire. d'étincelles avec Sélénite. 6 parties. CORAN ECC Paéter Terre vitrifiable. |[r partie. Terre d’alun. |3 parties. Pougre. Blanche. Nitre prifmatique.|2 parties. Terre vitcihiable. |[3 parties. Terre d’alun. Nitre prifmatique. TR SERRE 7 Terre vitrifiable. I partie. ! 1 2 parties. éprouvé la fuñon. :.[Maffe opaque , qui avoit Blanche. Scorie tort poreufe , qui bril-| Blanche à la fur- 3 parties | SC Terre dalun. [1 partie.|loit comme dufücre; le creu-|face , grife dans la Nitre prifmatique.|6 parties. fer avoit été attaqué, fracture. Ce qui étoitau milieu du creu- Terre vitrifiable. [r partie.|fet étoit encore en poudre ; Terre d’alun. |3 parties.|ce qui avoit touché les bords, Blanche. Nitre prifmatique.|é parties.|avoit commencé à entrer en fufon. Ca eee Terre vitrifiable. 1 partie. Maffe qui avoit éprouvé une Terre d’alun. 3 parties. dnrefiion Blanche. Nitre cubique. |2 parties. Terre vitifiable. |3 parties. Terre d’alun. |1 partie.| Verre fort rempli de bulles. Blanc Nitre cubique. |2 parties. Terre vitrifiable, Terre d’alun. Nitre cubique. RNÉREAME AE EUHERE Terre vicrifable. Terre d’alun. Nitre cubique. Terre vitrifable. Terre d’alun. Sel commun. — Terre vitrifiable. Terre d’alun. Borax calciné. Terre vitrifiable, Terre d’alun. Borax calciné. Terre vitrifiable. Terre d’alun. Borax calciné. Terre vitrifiable, Terre d’alun. Borax calciné, 3 parties. 1! partie. 6 parties. | le creufet avoit été percé. 1 partie. 3 parties. 6 parties. 3 parties. 1 partie. 6 parties. éprouvé la fufon. truc, | partie, parties. parties. ! Mafle demi-tranfparente, I B 2 li ë polie. 3 parties. 1 partie. 2 parties. 3 7 1 partie. 6 parties. Verre, Verre. 1 partie. 3 pie 6 paities. Verre. Maffe dont une partie farmoit un verre , & l’autre une fcorie; Mafe fort poreufe, qui avoit ———————— Le verre jaune foncé , la- fcorie blanche. qe Blanche. Scorie ; le creufet étoit dé-| Brun, gris & blane mélé. Blanche. ae à bem ses Blanc. Elanc. | Blanc, a —————————_———————"———— Donne des étin- celles avec lPacier. Donne des étin- celles avec l’acier. Donne des étin- celles avec l'acier. Dure. Donne beaucoup d’étincelles avec l'acier. Donne des étin- celles avec lacier. Donne des étin- celles avec l'acier. JRRR E TONUE 2 Donne des étin- celles avec la- cier. RSR RE Donne des étin- celles avec la- cier. DEEE ess Donne des étin- celles avec l'a- cier. Ne donne pas d’é- tincelles avec Pa- cier. Ne donne pas d'é- tincelles avec l’a- cier. 4 | Sel fédarif. Ë parties. ë il Terre vitrifable. |r partie: dans la fraéture; :le creufer avoit été pércé. L Maffe qui n’avoitpas éprouvé SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 289 REA " Mélange. Froport. | À éfulrar, Couleur. } Dureté. — = —_—— | Au milieu du creufet , le mé-l Terre vitrifiable. 1x partie.|lange étoit refté en poudre; Terre du fel amer.|3 parties.|où il touchoit le cteufer, il Flanc. 3 Sel de tartre. 2 parties.|avoit commencé à éprouver la fuñon. ; - Terre viifiable. |3 parties. D FTTE Terre du fel amer.|t partie. Verre. Blanc. fans “à SEM Alkali minéral. |? parties. celles avec l'acier. Tegre vicrifiable. |1 partie Maffe quiayoit commencé à Rue PS Terre du fel amer.|3 parties, éprouver la fufon ; fes parties Blanche. CSV vec PAS Alkali minéral. _|2 parties. |n’étoient pas toutes réunies. a SE Terre vitrifiable. |3 parties. Donne peu d'étin- Terre du felamer.|r partie. Verre. Jaune foncé. [celles avec l'a-| Alkali minéral. . [6 pages. cier. CPE LE Lente os Pa llt He D? . [Maffe opaque , qui avoir 2e. Terre vitrifiable. |1 partie. éprouvé la fufon ; fes parties Donne peu d’étin- | Terre du fel amer.|3 parties.| n’étoient pas toutes réunies ; Noire. celles avec l'a- Alkali minéral. |6 parties.|dans la fraêture , elle avoitun EGrs peude poli. ELA UR EATES Be LE lies Ferre vicrifiable. |3 paities. Mar 2 } Ne donne pas d’é- | Terre du felamer.|1 partie.| aile poreufe ; qui avoit Blanche, tincelles avec l’a- 1 Sel fédarif. 2 parties. éprouvé la fufion. cier. h2+ [Mare poteufe , qui avoit Terre vitrifiable. |r partie. éprouvé la fufion ; elle étoit D dés” ét Terre du (el amer.|3 parties. |polie , tant à la furfice , que Blanche. onne des étin- celles avec l’acier. {| Terre du {clamer!|3 parties. Elanche. Affez dure: Î Sel fédarif, 1|6 parties. de fufon. Terre witifiable. 3-parties:} Maffe qui n’avoit pas éprouvé Terre du fel amer.|1 partie.|de fufon ; elle brilloit comme Blanche. Dure, Sel fédarif. Terre vitrifiable. |3 parties. Terre-du {el amer,|r partie. Sel de Glauber. |2 parties. 6 parties. dufucre. F Ja Un verre rempli de bulles. À Jaune verdätre. Donne des étin- celles avec l’acier. Mafle opaque, poreufe &|La furface blan- polie, qui avoit éprouvé lalche , la fraêture —— Terre vitrifiable. |r partie. ; Terre du fel amer.|3 parties. Donne des. étin- celles avec l'acier. Sel de Glauber. M) Terre vigrifiable. 2 parties. I partie. | Terre du fel amer.|3 parties. #|Sel de Glauber. |6 parties. TL en ND jure Ferre -virrifiable: |3 parties. Terre di fekamer.|r partie, 2] Sel de Glauber. 6 parties. A | Terre vitrifiable. |3 parties. = 4 |Terre du felamer.|1 partie. !|Sélénite, 2 Da 2 parties. fufñon. Verre. Maffe opaque, polie ; tant à la furface, que dans la fraéture. Maffe opaque ; poreufe, polie à Ja furface 8 dans la fraéture, Tome XXI; Part. 1, 1784 AVRIL, jaune foncé. Jaune fonce. Verd foncé. Blanche. Donne peu d’étin- cel'es avec l'acier. Ne donne pas d’étincelles avec Pacier. Donne des étin- feelles avec l'acier. Oe 290 \ OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, ÎLElanges Terre vitriñable, Terre du fel amer. Sélénite. Terievirifable. Terre du fel amer. Sélénite. Terre vicrifiable, Terre du fel amer. Sélénite. Terre vitrifiable. Terre du fel amer. Nitre prifmatique. Terrevitrifable. Terre du fel amer. Nitre prifmatique Terre vitrifiable. Terre du fel aimer. Nitre prifmatique, Terre vitrifiable. Terre du {el amer. Nitre prifmatique. Terre vitrifiable. Terre du felamer. Nitre cubiqne Terre vitrifiable. [Terre du fel amer. Nitre cubique. Terre vitrifable- Terre du fel amer. Nitre cubique. Térrevitrifiable. Terre du {el amer. Nitre cubique. Terrevitrifiable. Terre du fel amer. Sel commun. Terte vicrifable. Terre du fel amer. Sel commun. | Proport. | R éfaltar. 1 partie. 3 parties. > parties Maffe qui n’avoit pas éprouvé de fufon. I. partie. 3 païties.| ” Poudre. , 6 parties. RES e 3 parties. 1 parue Poudre. 6 parties dre FREE L'ART Eu EE VAE 3 parties. I 1 partie Verre. 2 parties. 1 partie |Poudre. Ce qui touchoit le 3 parties.|fond du creufer avoit com- 2 parties.|mencé à éprouver la fufion Mafle qui navoit com- mencé àéprouver Les premiers degrés de fufon ,.que dans les endroits où elle touchoit le creufer; au milieu elle étoiten poudre , & les par- ties n’ayoient que peu d’adhé- rence. 1. partie. 3 parties. 6 parties. ...[Mañle opaque ,, qui. avoit 3 PAT US: éprouvé la fufon; elle étoit 1 partie 6 parties ans la fracture. 3 païties. 1 partie. 2 parties. Mafle poreufe, qui avoit éprouvé une demi-fufon. Mafle poreufe, qui avoit éprouvé une demi-tufion ; Les parties n’étoient pas - toutes réunies. T partie. 3 parties. 2 parties Mafle qui avoir éprouvé la fufion ; elle étoir polie à la furface & dans la frature; fe: parties n'etoient pas toutet réunies, é 1 1 partie à! 3 parties 6 parties. 3 parties. J ÿ ; 1 partie. Verre qui St le 6 partie: creufet. ———__— sd 3 parties. |Mafle poreufe , opaque , ex- 1 patrie. |cepté au fond du creufet , où 2 parties. [elle éroit vitrifiée. 3 paities. :Maffe poreufe , opaque, qui 1 partie.|avoit éprouvé la fufon ; fa 6 parties. |furface étoit polie, polie, tant à la furface que] | Couleur. | Durété. Facile à écrafer Blanche, ; entre les doigts. Blanche, es Blanche, ñ Ne donne pas Jaune foncé. |q'éincelles avec Pacier. Blanche: Facile à pulvérifer Blanche. enue Les doigts. Ne donne : pas Jaune foncé. |d’étincelles avec l'acier. A ——— > Blanche. Blanche. Dure, Donne peu. Pél tincelles avec L’a- cier. Verd foncé. Verd clair. Donne des étin- celles avec l’acier. Blanche. Donne desétincel- les avec l’acier. Blanche avec des! Donne des étincel- taches jaunes. les avec l'acier. pa — SUR L'HIST.: NATURELLE ET LES ARTS. Mélange. |2ropert. | R éfulrar. Maffe , dontune partie , fur- tout celle .qui touchoit le creufer, étoir entréeten fufion, & l’avoit décruit, randis que le refte étoit refté en poudre. Terre vitrifiable. |r partie. Terre du fel amer.|3 parties. - Sel commun. |é6 parties. Maffe opaque ; porcufe , qui avoit éprouvé la fufion , Mais donttoutes les parties n *étoient Terrevitrifiable. |3 parties Terre du fel amer |1 partie. Selammoniacfixe.|2 PArHES" bas réunies. ne EE Û Terre vitrifable, TRerue Mafe opaque: , qui avoit Terre du fel amer, , Farsan éprouvé la fufion , mais dont : ei el , [les parties n’ Étoïent asto Selammoniacfxe, 2 parties. pa pastoutes réunies, ne SR HR RLER Terrevitrifiable. Terre du fel amer. Selammoniacfxe, RE T ÉLLN EEE L partie. 3 parties. Scorie qui avoir percé le 6 parties. creuler. Terrevittifiable. Terre du fel amer. Sel ammoniacfixe. 3 parties. 1 partie. 6 parties. Maffe qui avoit prefque en- tièrement détruit le creufet. Mae opaque , qui avoit Terrevitrifiable. 3 parties. éprouvé une parfaire LE Terre du fel amer. |. partie. [elle avoit à la furface & dans Selammoniachxe. la + fraéture 2 parties. poli. beaucoup de Terrevitritiable: Terre du {el amer, Selammoniacfixe Maffe opaqué : Rail ,! qui avoit éprouvéunefufion com- plette. : 7, 1 partie: | 3 parties, .|z parties, Terre vitrifiable. | # partie. Terre du fel amer. 3 parties. Selammoniacfixe.l é parties. Maffe opaque, polie à la fur- face & dans la fracture. a — | — Terre vitriñable. 3 parties. Terre du (el amer.| r partie. Selammoniacfixe.| 6 parties, Verre. [ Cliurn 1: PDA | Dureré. La paitie fondue Donne des étin-} grile > la poudre! celles avec l’acier.} rougeâtre. Ne donne pas - Guife. d’étincelles avec Pacier. fe Ne donne pas d’é Verdätre. tincelles avec l’a- cier. Grife. “ Ne donne pas d’é- Grile. rincelles avec l’a- cier. Donne des étin- F5 Blanche. celles avec Pa- à cier. Donne des étin- Blanc fale., |celles. avec. la- cier. * Donne des étin- Blanc tirant fur le ejjes avec Pa- bleuitre. ee Ne donne pas Blanc. ’étincelles avec Pacier. EE Oo 2 Tome XXI , Part, 1, 1784 AVRIL. ARTS. agr OBSERVATIONS Sur la faculté fébrifuge de l’Hippo - Caflanus , ou Marronnier d'Inde; Lues à l'Académie des Sciences de Padoue; Par Jean-François ZULATTI, Doëfeur en Médecine, Correfpondant de j l’Académie de Padoue. D EPUIS les temps les plus reculés de la Médecine, jufqu’à nos jours, on s’eft appliqué fans relâche à découvrir un remède sûr pour arrêter les accès des fièvres intermittentes : on n’a rien épargné pour y parvenir. Les trois règnes de la Nature ont été mis à contribution, & l’on a eflayé | prefque toutes les fubftances qui leur appartiennent, les végétaux les plus actifs, comme les plus doux ; Les parties les plus dégoûtantes des animaux; les fels de toute efpèce , combinés de toutes les manières ; les huiles na- turelles ou préparées ; les terres, les chaux , les poifons mêmes ont été mis en œuvre. Quelqu'incértain ou foible qu'ait été le fuccès de ces drogues ; quelqu’inutiles , funeftes même qu’elles aient été aux malades, elles n'en ont pas moins été prônées , & par des Auteurs très-célèbres, comme des fpécifiques merveilleux & infaillibles. Les malades ont avalé, fous ce beau titre, l'opium (1), la ciguë (2), le napel (3), la noix vomique (4), les préparations les plus cauftiques du mercure & de l’antimoine (5) , & juf- qu'à l’arfenic (6). L'heureufe découverte du quinquina auroit dû mettre fin à des tentatives d'où il a réfulté beaucoup plus de mal que de bien: mais comme la cherté de ce remède, qui nous eft apporté de très-loin, le met hors de la portée des pauvres, les Marchands y ont mêlé à lenvi les écorces de quantité d’autres plantes, qui croifflent dans les mêmes (x) Perryat , Comment. lips. vol. 6, part. 3. (2) Friccio de virture venen. Medica Differratioi (3) Ephem. n, &. decur. 1 , ann. 11, Of. xux. (4) Geoffroy , Mater. Med. tom. 1 , part. 11, pag. 424: (5) Le calomelan & lantiquars de rivière ; la panacée mercurielle; le mercure de vie; le kermès minéral, & autres pareilles drogues. Zoy. Schulzius , de merc. ufu ir febr.; les notes de Pothier fur Hoffmann ; & Geoffroy , Loc.cir., pag. 126. (6) Goblius , act. Berolin., décad. 1 , vol. 117, pag. 90 ; Friccius, dans la Diflers ration déjà citée ; Vepfer, Lémery & Jacoby, cités par le célèbre Stork ; Ann. Méd,, pag. 72. or ht RE SRE LEE em de RE D « ES ÈS SUR'L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 293 pays. Cérte fraude ; jointe aux obftacles qu'éprouva , dans les commen- cements, l'introduction du quinquina, & que lui oppofent peut-être en- core beaucoup d’ignorants accrédités ; enfin , Le defir ï trouver un fébri- fuge qu’on püt fe procurer plus aifément & à meilleur compte , ont faic continuer les: mêmes recherches. Parmi ceux qui s’y font attachés , on compte l'illuftre Jacques Zanichelli, Apothicaire de Venife, qui, en 1733 ; publia une Lettre, où il recommande l'écorce de l’hippo-caflanus, comme un fébrifuge comparable au quinquina (1). Il avoue qu'il fur con- duit à cette idée , par l'analogie qu’il crut trouver entre l’'amertume & la ftipticité de ces deux écorces , attribuant la moindre intenfité de celle- ci à ce qu'elle éroit plus récente & plus furchargée de parties aqueufes. Il y fut confirmé enfuite par l'analyfe chymique qu'il ft de l’une & de l’autre, & qui lui donna les mêmes réfultats. Mais vous voyez combien ces raifons font foibles. L’amertume de l’hippo-caflanus , beaucoup moin- dre que celle du quinquina , loin d'augmenter à mefure qu'il sèche, s’a- néantit au contraire, fuivant les expériences du favant Capello (2). Quant à l’analyfe chymique faite par l'intermède d’un feu violent, il eft mani- fefte qu’elle doit beaucoup altérer la contexture délicate & très-compolée des fubftances végétales & animales (3), d'où il arrive qu'on voit les mêmes plantes donner des réfultats différents , & au contraire, que l’on retire de quantité de plantes différentes, les mêmes principes combinés de la même manière. Cet ainfi, entre mille exemples, que le fameux Nin-Zin donne des réfultats pareils à ceux de l’hépatique, & que le /o- lanum-furiofum en donne de femblables à ceux du choux-fleur , quoique Pun foit un poifon terrible, l’autre un aliment agréable (4). On ne peut donc rien conclure, ni des raifonnements de Zannichelli, ni de fes expé- riences. Un paflage de la Correfpondance Littéraire de Nuremberg, an- née 1736 , vient à l'appui de ce que j’avance. « L’écorce de l’kippo-cafla- » nus, y eft-il dir, dont la vertu fébrifuge a été fi fort vantée par l’illuftre » Zannichelli, na peut - être pas aflez de confiftence pour nos efto- _» macs; car l’ayant éprouvée en divers temps , & fur différentes perfonnes, » ‘avec l’atrention bird exactement les règles prefcrites par lui, je » l'ai trouvée fort innocente (5), mais très-inutile (6) ». Malgré tout (0) illuftr. Sig. Giulio Pontedera, ec. lettera ferirta da Gio-Giacomo Zannt= chelli fpeciale ec. intorn. la facolra dell Ippg-Caftano. Venezia , 1732. Preffo Giacomo Tomarini, vol. XXII della R accolra di Opafrot: ffico-medici di Firenze. (2) Leffico Farmaceutico Chim., Trat. delle Droghe, pag. 214. (3) Di&. de Chym:>-par M.-Macquer, tom, [, pag. 170 ; fec. édie, de aris. Ex Acad. Roy. des Scienc. , ann. 1708. $) On verra, par la fuite’, fi elle eft innocente. Nors du Trad. (6) L’Auteur de ces Obfervations n’eft pas le célèbre Verlofius, comme le prétend le Docteur Turra, mais Je Docteur Mofchrinch, ain qu'il confte par les Mémoires cités. , 294 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, cela, deux ou trois Médecins ultramontains n’ont pas laiflé d’en faire re- vivre l’ufage, fpécialement contre les fièvres tierces. Le partifan le plus décidé de ce prétendu remède, eft le favant Docteur Antonio Turra, Médecin de Vicence, qui, dans un de fes Opufcules , vante l’Aippo-cafta- aus comme un fpécifique fupérieurau quinquina dans toutes fortes de fièvres intermittentes, fans en excepter celles qui ont un. caractère de ma- lignité. Une aflertion aufli générale & auflibien: appuyée en apparencer, accrédita le nouveau fébrifuge , d'autant plus aifément qu’on peut l'avoir à peu de frais. J'attendis en conféquence très-impatiemment loccafon d’en faire moi-même uné épreuve publique. Il me fut enfin permis de la faire à l'Hôpital Saint-François de cette Ville (Tr). s! Je fis donc enlever, dans la faifon la plus convenable , c’eit-à-dire , au mois de Mai, des jeunes branches de l’Appo-caflanus , la première écorce; jen fis ôter la moufle, lorfqu’il s'y en trouvoit. Cette écorce, propre- ment féparée de la partie ligneufe, & dépouillée avec foin de fon épi- derme , fut féchée à l'ombre; enfuire pulvérifée, fuivantle befoin, ayant foin d’avoir toujours de cette poudre bien fraîche. J’eus l'attention en outre de choiïfir des malades d’un bon tempérament, & attaqués de fièvres qui n’euffent point pour caufe un vice confidérable ; tel que des obitruc- tions , l'altération des humeurs, &c. Je n’oubliai pas de faire obferver à chacun d'eux un régime convenable; je leur donnai enfüite l’Appo- caflanus fans difcontinuer, jufqu'à ce qu'ils en euflent pris un tiers, ou la moitié en fus de ce qu'on en donnoit aux autres malades : enfin, je n’eus jamais recours au quinquina , qu'après avoir laiflé pafler deux ou trois jours fans avoir donné d’autre remède. Je pouvois , fans fcrupule , prendre cette dernière précaution , attendu le peu de danger de la maladie ; & par- là, je prévins jufqu’au moindre doute qui auroit pu me refter fur l’exacti- tude de mes obfervations, Les expériences ayant fort mal réufli, je ne pus donc m'en prendre qu'au peu d'efficacité de l’hippo-caflanus. Je me ferois contenté de m'éclairer moi:même , fans hafarder d'offrir mes obfervarions à une fi docte & fi illuftre ‘Affemblée, fi un intérêt auf précieux que celui de la vie des hommes ne l’eüt emporté fur ma tépugnance à me produire en public. Les Médecins qui vantent encore l'u- tilité de l’hippo-caffanus dans les fièvres d’un mauvais caractère | pour- roient en impofer facilement parleur réputation , & le faire employer dans ce cas, Or, qui ignore que ces fièvres emportent les malades au troifième {1) Je fus , à cette époque , choili par le favant Doëteur Jean dalla-Bona, premier Profeffeur de Médecine clinique en l’Univerfité de Padoue, pour être fon afliftant, place à laquel'e je n’avois guère droit de prétendre, n'étant alors âgé que de dix-neuf ans. Un bienfait fi inattendu , joint à beaucoup d’autres que j'en ai reçus , lui affure. à-jamais de ma part la plus vite & la plus SE reconnoiflance. - SUR L'HIST.. NATURELLE ET LES ARTS. 295 ou quatrième accès ? Er quels ravages ne cauferoient-elles pas , fi ,au lieu de recourir alors à l’infaillible vertu du quinquina , on perdoit le temps à adminiftrer une inutile écorce ! D'ailleurs, ce ne feroit pas le feul cas où cette méprif: deviendroit pernicieufe, Les meilleurs Praticiens atteftenc (1), & l'expérience journalière démontre, qu'en été & en automne les fie- vres tierces fe changent très-aifément en doubles tierces, puis en fièvres putrides , ou malignes ,ou inflammatoires. Or, j'ai eu fouvent occafion d'obferver ,que ce changement a lieu , fur-rout quand on néglige de faire ufage du quinquina , comme il arriveroit néceflairement fi l'on s’amuloit à donner l’hippo-caflanus. De plus , les fièvres quotidiennes qui attaquent particulièrement les fujets d’un tempérament phlegmatique ; d’une vie oifive & fédentaire , les perfonnes cacochymes , Les enfans , les femmes, fur-tout dans la froide faifon , finiffent, pour peu qu’elles foient prolongées, par engendrer des obftruétions dans les vifcères, par aug menter la dépravation des humeurs, & l'engourdiffement des folides. Or, quels maux ne cauferoit pas l'ufage d’un remède fans vertu, ou plutôt aftringent, tel qu'il eft, comme on le verra par la fuite! & combien, en augmentant fans cefle la difpofition cacheétique , ne feroit-il pas propre à former de nouvelles cbftruétions , des phthifies , des anafarques, des fcorbuts , des iétères opiniâtres, des rachitis, & d’autres maladies fem- blables , qui trop fouvent fuccèdent aux fièvres intermitrentes mal traitées! Voilà un petit échantillon des mauvais effets que produiroit l’ufage de Y'hippo-caflanus. On doit donc me favoir gré du courage que j'ai de venir, la preuve en main, défabufer ceux qui font prévenus en fa faveur. Cependant ,comme je ne faurois diffimuler que je l’ai trouvé moi-même efficace dans deux cas de fièvres tierces fimples & dépuratoires, je ne pré- tends pas le profcrire entièrement, Mon deffein n’eft que de modérer les éloges outrés qu'on lui prodigue , & de diminuer la confance dan- gereufe qu'on pourroit lui accorder, Si l’on doit s'en rapporter au nombre, *à l'importance des guérifons , à la célébrité des médecins qui les ont opé- rées, on doit placer immédiatement après le quinquina, les fleurs de camomille , juftement préconifées par Aëtius, Morton, Baglivi, Pitcarne & Cartheufer; l'écorce du frêne & celle du noyer , recommandées , l'une par Hebrigius & Lentille, l'autre , par Febur; l’arnica-montana de col- lin; la racine de benoîte aquatique , employée avec tant de fuccès par les Peuples de l'Amérique feptentrionale (2) ; la datifca-cannabina ( où eu- patoire chanporin ), qui a guéri beaucoup de fièvres intermittentes dans cette Ville & dans d’autres encore (3)3 l'écorce du faule blanc, que le nt (1) Siderham, Epift. Refp. 1, p.348, édir. Par. 1700. (2) Poy. le Journal de Bouillon , tom. X , art. Invenrions, note (4). (3) Ce végétal fut mis en vogue à Padoue , par l'illuftre Jean Marfigli , Profeffeur ‘+ 296 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, Doéteur Edmon Stone prefcrivoit à la dofe de deux fcrupules, & avec laquelle il guérit plus de cinquante malades; enfin, une infinité d'autres bois, écorces , racines, fleurs, dont on fait encore aujourd’hui quelque ufage, dans des cas où un péril imminent n'oblige pas de recourir fans délai à celui du quinquina. Il eft bon d'oberver ici que l’hippo-caffanus , à la différence de tous les autres fébrifuges , a été prefcrit par les Médecins, pendant un demi fiècle , comme peu efficace , en comparaifon de l'abfynthe, de la perice centaurée , de la gentiane, & de mille autres amers, dont on #ait quel- qu'ufage dans les cas peu dangereux. j Croit-on donner plus de valeur à l’hppo-caflanus, en s'efforçant , comme l’on fait, d’avilir celle du quinquina! On accufe ce dernier mé- dicament d'être ftiptique , & propre à caufer de grands maux, quelque. fois même la mort, dans ces fièvres doubles tierces malignes , produites par.des matières bilieufes putrides, qu'il feroit important d’expulfer. Mais neftce pas plutôt l’hippo-caflanus lui-même qui mérite ces accufations? & les dérraéteurs de ce remède admirable (1) ne méritent:ils pas les noms que leur donne le favant Borfieri (2) ? Quoi ! l'expérience de tant d’années & de tant de Médecins d'un grand nom, n'eft-elle pas fufifante pour le mettre à l'abri de ces reproches ? Comment feroit-il poffible , difoir au- trefois.le célèbre Morton (3), de regarder comme ftiptique un remède qui agit quelquefois comme purgatif, & qu’on ordonne avec fuccès dans les couches? En effet, la plus grande partie des Praticiens le prefcrit dans ce cas, & dans celui de l'évacuation périodique des femmes, fans que jamais, comme dit Torti (4), on en ait vu de fâcheufes fuites; bien au contraire, Verlofius(s) a obfervé que le quinquina rend le ventre libre à ceux qui l’avoient reflerré: il fait l'office d'apéritit (6) dans les obf- truétions des glandes; &, fuivant les obfervations du célèbre Albertini de Bologne (7) , tantôt il procure telle évacuation critique , & tantôt telle de Botanique ; & quantité de Médecins dign:s de foi, m'ont afluré qu'il réuflit fou- vent. L'expérience en futfaite encore à Parme, parle Doëteur Paolo Pizzerti, Profeffeur & Médecin en fürvivance de la Famille Royale. 11 y fut engagé par le Profeffleur Don Jean-Baprifte Guatteri , à qui, fi je ne me trompe, la connoiflance de ce végéral fut communiquée par le Doéteur Marfgli , autrefois fon Maîtres, aujourd’hui fon ami. Le réfulat des obfervations faites à ce fujer, fe trouve dans la Gazere de Parme du 7 Décembre 1781. (1)7. Turra, Le. ,p. 140 & fais. (2) InfE. Med, prait. , $. 132. : (3) Lyrerol. cap. VII. (4) Therap. fpec. L 1, « III. (s) Oëferv. de Febr. fe&l. II, S. 17. (6) V. les Auteurs cités parle Doéteur Rahn , dans fon Ouvrage intitulé : Avverfari Medico-Prarici , ch, x. : (7) Comm. Acad. Bonon., & 1 , p.40$, autre; SUR L'HIST, NAT GENET LES ARTS. 297 autre; ce qui a été depuis confiriné par quantité de Praticiens , & parti- culièrement par Gorler (1), Enfin, les préceptes cliniques de Rahn (2), d'Huxham (3), de Clarck (4) & de beaucoup d’autres (5), nous auro- rifent à. donner hardiment ce remède dans les fièvres putrides, & dans toutes les fièvres continues, en exceptant celles qui font inflammatoires Je dis dans Les fièvres putrides, parce que celles qui font caufées par des matières putrides bilieufes , qu'il convient d’évacuer par les felles, appar- tiennent plutôc à cette clafle qu'à celle des malignes, comme on en conviendra, fi l'on pèle bien Les termes des Ecrivains les plus judi- cieux, : Pour revenir à l’hipgo-caflanus , fes partifan#même font obligés de con- venir qu'il n'eft pas fpécifique. Le Docteur Turra , par exemple , avoue (6) que ce médicament eft parfaitement inutile dans les fièwres quartes, Or, fi je ne me trompe, cette fièvre eft la pierre de couche qui fert à diftinguer des fimples fébrifuges, propres feulement dans certains cas, & contre certaines efpèces de fièvres intermittentes , les vrais fpécifiques qui doivent les guérir toutes: & il eft certain qu'avant la découverte du quinquina, tous Les fébrifuges que l’on connoïfloit devenoient inutiles dans les fièvres quartes , que l'on nommoit pour cette raifon’opprobre des Médecins (7); au lieu qu'elles cèdent à de fortes dofes de ce remède, pourvu qu'il foit bien choifi, & qu'on y joigne ; fuivant les occurrences , les faignées (8) , les émétiques , les purgatifs, les fels fixes, les neutres, les apéritiés amers. Enfin, au tableau que fait un Auteur (9) des maux qu'occalonne dans les (x) Compend. Med, tra. 52, 6. 27. (2) Dans Pendroit cité. (3) De Febr. , ce. VIII. (4) Obfervarions fur les Fièvrés , en Anglois. (s) Cités par le Doéteur Rahn , daus l'excellent Ouvrage mentionné. (6) L.c., pag. 17 &fuiv. (7) Sydenham, OBferv. de morb. acut., c. V, p. 100. (8) Un -habile Médecin clinique , le Doétéur Borferi de Kanifeld 5 regarde comme également dangereux d’exclure tout-à fait la faignée du traitement des fièvies intérmit- rentes, comme ont. fait Sydenham , Tori, Ramazzini, ou de l'employer indiférem- ment dans tons lescas. La jeuneffe , un tempérament vigoureux, l'ufage immodéré des aliments fpiritueux , les chaleurs de l'été , différents fymptômées qui accompagnent Ja fièvre, comme le délire , l’affoupifflement , le point deçôré , le crachement de {ang , Ja difficulté de la refpitation ; & autres femblables , ne Mnodenc-ils pas l'ouverture de la veine Si l’on en pouvoit douter encore, ma dernière obfervation achevera de le démontrer. Le fage confeil que donne à cet égard le Docteur Borferi , dans fes Infti- tutions de Médecine, & une infinité d’autres excellents préceptes qu'on y trouve, doi- vent les faire lire avidement de quiconque defire de faire des progrès dans l'Art difiüile de guérir. (9) Zurra, Le. , pag. 17 & fuiv. Tome X XIV, Part. 1, 1784 AVRIL, ' PPp 298 OBSERVATIO NS& UR LA PHYSIQUE, campagnes la cherté du quinquina ,'en y laiffant régner librement les fié- vres intermittentes , & à la prétendue néceflité qu'il allègue en confé. quence, de lui fubftituer un médicament moins coûteux , tel que l’hip- po-caflanus , j'oppofe ces réflexions : [ly a des Hôpitaux établis par la magnificence des Grands & la piété du refte des Fidèles, pour fubvenir aux befoins de l'indigence; les portes en font ouvertes à tous ceux qui s'y préfentent , pour peu qu'ils foient inconimodés : ils y trouvent des Méde- cins habiles, humains, & routes fortes de fecours; d’ailleurs, il ne feroit pas facile de prouver que les fièvres intermittentes règnent plus dans les Campagnes que dans les Villes. Les obfervations néceffaires pour décider cette queftion, manquentfäblolument: enfin, je ne connois point de cal- cul propre à autorifer l’aflertion de Turra. Un Médecin habile , qui entre- prendroit de Le faire , n’éclairciroit pas feulement cette queftion; mais il jetteroit peut-être aufli du jour fur la nature des fièvres intérmittentes, A la multitude des caufes qui peuvent les répandre dans les Campagnes, il ne tiendroit qu'à mot d’en oppofer unplus grand nombre encore , & de plus puiflantes, dont la lifte a éré faire par le célèbre Tiflot (1). Mais, fans entrer dans ces difcuflions, contentons-nous d’obferver que le bas prix d'un médicament n'eft pas une raifon de l’adopter, s'il eft: prefque entièrement fans vertu, encore moins de le préférer à un autre un peu cher , mais d’un effet infaillible. Après tous ces préliminaires, qui ne fe- ront peut-être pas inutiles , jé pafle au détail de mes obfervations. Première Obfervarion. André Santini, âgé de :2 ans, d’un tempérament bilieux , fut attaqué, au mois de Juin dernier, d’une fièvre tierce , qui re- venoit tous les deux jours , À quatre heures après-midi, Le froid duroit environ une heure ; il étoit fuivi d’une fièvre modérée, & l'accès finif- foic à une heure après-minuit, par une fueur copieufe, Un peu de douleur . dans lestombes, & quelque amertume dans la bouche , étoient tout ce qu’il fouffroit ; il n’éprouvoit ni vomiffement , ni naufées , ni douleur de tête, aucun fymptôme notable, Au furplus , la maladie-ne devoit fa naiffance qu'à des fautes de régime, & n'étoit accompagnée d'aycun vice intérieur. L'ayant purgé avec un demi-gros#d’ipécacuanha , je lui ordonnai , après le quatrième accès , l’hippo-caflanus ,-en m’attachant à fuivre à la rigueur la méthode du Docteur Furra. Le malade en ayant déjà pris trois onces, les actès devinrent plus longs & plus forts; ils commencèrent deux heu- res plutôr. Il furvint enfuite des naufées & des maux de tête, accompa- gnés de pefanteur. Je cofftinuai le remède; la fièvre, au feprième accés, devint double-tierce. Ce mauvais fuccès, joint aux inftances du malade, me firent interrompre l'ufage de l’hippo caflanus ; deux jours après , je lui | (3) P. VAvis aux: Gens du Monde fur leur Santé. 4 SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 299 fubftituai le quinquina : deux onces & demie emportèrent la fièvre, Seconde Obférvation. Catherine Barbieri, âgée de 60 ans , femme d'un tempérament fanguin & d'une conftitution robute , fut portée à l'Hôpital au mois de Juillet dernier : elle me raconta que , pendant trois mois, elle avoit été fujette à de fréquentes rechütes, Ft elle guérifloit tonjours au moyen du quinquina, mais qui revenoient fans cefle , à caufe des fautes de régime que fon extrême pauvreté lui rendoit inévitables. La fimple tierce dont elle étoit SE de © lorfque je lui fs ma première vifite , évoic fort modérée, & Les accès duroient à peine cinq heures ; la langue n'étoit point chargée; les hypocondres n’étoient ni rendus, ni obltrués, & la malade étoit peu affoiblie, Après avoir donné une petite dofe d'ipéca- cuanhæ, j'en vins à l'hippo-caftanus , dont elle avala quatre onces, fans en retirer d'autre fruit que d:s douleurs cruelles dans le bas-ventre, une conftipation- qui dura quatre ou cinq jours, une chaleur incommode, & un fentiment de pefanteur dans le creux de l’eftomac. Je fupprimai alors l’u- fage dé l’hippo-caflanus ; j'ordonnai à la place quatre onces d’huile de lin récente , qui calmèrent les douleurs, & produifirent deux ou trois felles, Deux onces de quinquina, que je commençai à faire prendre deux jours après , arrérèrent la fièvre. Je retins cependant dix jours encore la ma- lade à l'Hôpital, lui faifant prendre chaque jour une demi once du même remède ; après quoi elle fe retira fi bien guérie, qu'elle n’éprouva plus de rechûte, comme ilme fut aifé de m'en aflurer , cette femme étant de Padoue, & habitante de Sainte-Croix , Fauxbourg très-fréquenté. Troifième Obëfervation. Dominique Fufaro , jeune homme de 18 ans, replet, & d'un tempérament fanguin & bilieux , fut pris , au mois de Sep- tembre , d’une fièvre tierce. Dans l'intervalle qui fuivit le quatrième accès, je le purgeai avac la caffe & la rhubarbe. Le cinquième fut, comme les autres, doux & accompagné feulement d’un pet de douleur de tête, Le jour fuivant, je lui adminiftrai mon hippo-caflanus.. Il en avoit à peine pris deux onces , que l'accès devança de deux heures le temps ordinaire, & dura quatre heures pardelà ; le mal de tête augmenta. Je n’en conti- nuai pas moins de lui faire prendre le mème remède, Lorfqu'il en fut à trois onces & demie, la fièvre s’'empara du jour libre ; c’eft-à-dire, que, de fimple tierce, elle devint double, Néanmoins , ‘toujours prévenu en faveur du prétendu fpécifique , j'en ordonnai encore trois prifes, c’eft-à-dire, encore une demi-once , qu'à la vérité il n’acheva point; car, avant la der- nière prife, il furvint un accès , accompagné d’une chaleur ardente & d'un vomiflement violent. Je changeai alors de méthode : trois onces de quinquina rendirent la fanté à ce jeune homme, Quatrième Obfervation. Melchior Guarda , de l’âge de 37 ans , d’un naturel mélancolique & d’une conftitution maigre , eut , aux mois d'Août & de Septembre, vingt accès d’une fièvre tierce-bénigne , commençant tous à la même heure, & tous égaux en durée. Il fut purgé à l'Hôpital Tome XXIV, Part. 1, 1784. AVRIL. Pp 2 300 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, avec dix gros de l'éleétuaire des Nègres; & quand il paffa au quartier où je faifois mes épreuves , je ne manquai pas de lui adminiftrer l’hippo caffa- aus, Aufli-tôt qu'il en eut pris une once , fon ventre , qui jufqu'alors avoit été libre, fe reflerra: quand il en fut à deux , la fèvre devança de deux heures le remps ordinaire, & le froid dura une demi-heure de plus qu'il n'avoit accoutumé, Dans l'intervalle. nouvel accès, qui me prouva que la maladie s’étoit changée en doublestierce. Je ne difcontinuai pas pour cela de lui donier le fpécifique de Zannicheili, & j'en fis avaler au malade quatre onces, noncbftant l'horrible conftipation qu'il lui avoit caufée, nonobitant la chaleur brülante & le poids qu’il fentoit à l’orifice de l'eftomac après chaque prife, Je m'arrêtai pourtant à la fin; & après avoir rendu le ventre libre au moyen de trois onces de bonne manne , j'ordonnai le quinquina : deux onces & demie guérirent La fièvre. Cinquième Obférvation. Barthelemi N....-, d’une conftirution robufte & d'un tempérament mélancolique, après avoir efluyé à la campagne neuf accès de fièvre tierce, vintà notre Hôpital le 8 Octobre. Dès qu'il eur fait les remèdes généraux que l’ufage prefcrit , je lui fis prendre, le jour incercalaire , un gros de fel effentiel d'hippo-caflanus | préparé fuivant Ja méthode du Comte de la Garaye; il opéra aucun changement dans la Gèvre. J’ordonnai une autre dofe pareille du même fel ; elle n’empêcha as le nouvel accès de furvenir avec violence , accompagné de douleur de tête & des reins. Ayant, après deux jours d'intervalle , fubftitué à ce fel 12 quinquina , une once & demie emporta la fièvre. Sixième Obfervation. Catherine Traglia, de l’âge de 44 ans, & d'un tempérament phlegmatique , fut aufli attaquée, au mois d'Octobre, d’une fièvre tierce, dont les accès duroient environ fix heures, & étoient ac- compagnés d’une légèresconftipation. L'ayant purgée avec la cafle & la rhubarbe , je lui. fis renêlre deux drachmes de fel d'hppo-caflanus, di- vifées en fix prifes, dont une de quatre en quatre heures. La fièvre ne céda point, & il furvint de plus un grand abattement. Vingt drachmes de bon quinquina, que je lui ordonnai deux jours après , la .délivrèrent du premier mal, & de celui qu’elle devoit à l’hippo-caftantus. Remarque. Le fel d'hippo-caflanus , que j'ai éprouvé fur les deux der- niers malades , fut propofé par M. Bucholtz (1) , & fubftitué par lui au quinquina, qu'il regardoit comme pefant fur l’eftomac. Il Le donne pour infaillible , d'après une feule obfervation , dans laquelle cependant il avoue , avec une louable ingénuité, qu'après avoir ufé de fon remède , la malade à qui il lavoit adminiftré éprouva des langueurs, des tumé- faîtions aux pieds, & d'autres pareils accidents, qui fans doute ne préviennent pas beaucoup en faveur de ce fel; en conféquence , je me 70 (1) Nova alta l'hyfics Med., nc.) tom, IV, OËf.xv. SÉCÉEL - Re PEN ET LE ue Le TRES nest SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 301 ferois abftenu d'en faire ufage, fi je n'avois ouï-dire que le Docteur Turra l'avoit employé heureulement fur trois malades (1) : mais l'événe- meut pe UN occafion de vérifier par moi-même ce que M. Bucholtz avoit fi franchement avoué , & j'éprouvai l'inutilité du {el de l’Appo-caf- anus, préparé à la manière du Comte de la Garaye, Cependant, M, Bucholtz voulant prouver d'une autre manière la faculté fébrifuge qu'il attribuoir à ce {el, allézua quelques expériences de M. Peiper , fur l'écorce de l'hippo-caflanus , & quelques autres qu'il avoit faites lui même fur le fel. Il en concluoit qu’ils avoient tousles deux une vertu antifeprique, égale à celle du qunquina. & Si Pen doit , dit-il, juger de la vertu fébri- > fuge d’un médicament pr fa qualité anti-putride, comme le peufene » les Docteurs Pringle, Macbride, & 12 Traducteur de la Chymie de Shdw, » je puis affurer avec confiance , que le fel d’hépposcaflanus efk un orand fébrifuge. », Mais, qui ne voit l'inconféquence de ce raifonnement , fondé fur l'opinion des deux Auteurs cités , que la caufe prochaine des fièvres intermittentes eft la corruption des fluides (2)! Et combien ne doit-on pas déplorer la précipitation avec laquelle des Auteurs, même illuftres , tirent des conféquences de pratique de certaines hyporbèfes, qui n'ont pour fondement que la brillante imagination de leurs inventeurs! Les expériences ftatiques du dote Langrish (3) , prouvent que le fang eft très-vifqueux dans toutes les fièvres intermittentes. Or , comment acé@rder cette vifcolité avec la putrefcence , dont l'effet eft de difloudre Jes“hu- meurs? Les fels neutres, qui, fuivant les expériences du même Pringle, donnés à petite dofe , accélèrenc la putréfaétion (1), ne font-ils pas d’un grand ufage dans les fièvres périodiques, & ne les prefcrit-il pas lui- même ? En outre , l’opium qu'un grand Médecin (5) place au rang des feptiques , ne produit-il pas fouvent de bons effets dans ces maladies (6) 2 8 (DL. «, Obl{rv. ;x7, x11+8 (2) Priogle , Maladies des Armées , part. 3, c. 4, $. 11, & Mémoires fur les Sep- tiques & les anti-feptiques , c. 4. (3) Théorie & Pratique modernes, c. $. 4) Appendice; L.c., exp. XxV. a Le célèbre Diflor, Traïé des Nerfs , tom.Ï, part. II, art. 1X, pag.234, n, (2). Le favant &'aimable Comte Antonio Pimbiolo des Elgefreds, Profeffeur de Mé- decine théorique à Padoue, m'a afluré que huit ou dix gouttes de laudanur: liquide de Sydenhain , ptifes dans une décottion de camoiville dans le temps du calme, avoient guéri beaucoup de fébricirans dans des campagnes où il avoit faic éprouver ce remède par un, Médecin de fa connoiffance. Il ajoutoit qu’il avoit fait faire ces expériences, d’après les obfervations de M. Duchanoy, rapportées dans le Journal des Savants, année, fi je neume trompe , 1780, & confirmant celles. de M. Berryat, que j'ai citées ci- deflus. Toutefois ce Prolefleur convint avec moi qu'il falloit adminiftrer ce remède avec beauconp de précaution , guidé en cela par la raïfon & par l'autorité du Doéteur Borfieri , qui aflure avoir quelquefois obfervé des effets meurtriers & irréparables de l'o- pium mal adminiftie. (7. les Inftitutions citées, $. 119 ). 302 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, D'ailleurs , fi l'on pouvoit conclure de la qualité anti-feprique à la vertu fébrifuge, on devroit placer beaucoup au-deflus du quinquina lecamphre, la myrrhe , la ferpentaire de Virginie, la camomille, l'abfynthe , qui font bien plus anti-putrides que lui. On conviendra donc que les expériences de MM. Peiper & Bucholtz ne prouvent rien , que la théorie des Doc- teurs Pringle & Macbride n’eft pas exacte , & que les conféquences qu'on entire ne font point fondées. * Septième Objervation. Dominique Dagueletro, vieillard de 7o ans, d'un tempérament fanguin & bilieux, d’une conftitution sèche & hälée, ayant fait beaucoup de chemin par un temps froid & pluvieux, fut attaqué d'une fièvre double-tierce , mais bénigne , & fans aucun fymptôme bien remarquable. 11 vint à notre Hôpital le 24 de Juillet: je lui ordonnai d'a- bord une prife d’ipécacuanha, puis l'écorce d’hippo-caflanus , adminiftrée fuivant ma méthode. Il en prit une once & demie, fans qu'il arrivat le moindre changement dans fa fièvre ; mais lorfqu'il en fut à deux onces fix drachmes, les accès commencèrent à devancer Le remps ordinaire; ils de- vinrent plus longs, & furent accompagnés d’un froid violent, d'un trem- blement de tous les membres, d’un délire continuel & d’un abattement extrême. Il fallut pourtant qu'il allât jufqu'à quatre onces: alors , voyant toutaller de malen pis, le froid devenir plus fort & plus long, Les autres fymptômes augmenter de même, le pouls , dans les intervalles, com- mencer à n'être pas net;enfin, ne voyant aucune apparence de guérir mon malade par cette voie , je recourus vîte au quinquina , & il en fallut trois onces pour dompter cette fièvre, devenue affez effrayante (1). Huirième Obférvation. Domenica Pafetti, âgée de 26 ans, & dun tempérament mélancolique , fut attaquée , au mois d'Août, d’une fièvre double-tierce, L’ayant purgée avec la rhubarbe , aiguifée de quelques grains de diagrède foufré, je lui ordonnai l'écorce d’hippo-caftanus. Lorfqu'elle en eut prisenviron quatre onces , la fièvre devint erratique, & ne füivit plus aucune règle, ni dans la durée, ni dans la force des accès ; une conf- tipation terrible, dont je n'avois vu aucun exemple dans les autres fébri- citants, fit enfler fon ventre, lui caufa de cruels maux de tête, & changea fon teint fleuri en une couleur extrémement pâle & plombée. N’ayant pas pu l'engaÿer à prendre un lavement émollient , je lui ordonnai trois onces d'huile de lin, & des fomentations tièdes pour le bas-ventre. Par ces moyens, je donnai cours aux matières ; mais la fièvre confervoit rou- RÉ ge A2 (1) Quoique j'aie donné à certe Obfervation la feprième place, elle fat pourtant la feconde que je fis. La prévention où j’étois alors en faveur de ce remède, fut caufe de mèn obitination à le faire continuer au malade. J'ai eu lieu de mer re- penir, Que mon exemple apprenne aux autres à ne compter que jufqu'à un certain point fur un nouveau remède, oi SUR L'HIST, NATURELLE ET LES ARTS. 303 — fouts fon nouveau çaraétère, Avant d'em venir au vrai remède, je préparai la malade par deux légères dofes d'ipécacuanha , qui donnèrent aux accès une marche régulière & certaine: alors deux onces de quinquina guérirent entièrement la fièvre. Neuvième Obfèrvation, André Demori, Laboureur , âgé de 34 ans, d'un tempérament atrabilaire & d’une conltitution maigre , fut {urpris d’une fièvre quotidienne , qui le prenoit régulièrement à huic heures du foir , & fe terminoit par une légère fueur au point du jour. Un des Médecins ordinaires de l'Hôpital lui donna dix gros de l'électuaire des Nèores , qui mAui procurérent quatre felles copieufes. Dès que je l'eus fôus ma direétion, je lui fis prendre deux onces d'hippo-caflanus , adtiniftrées fuivant ma méthode accoutumée , & deux onces mélées avec huit fcrupules de rhu- barbe. Tout cela ne fervit qu'à produire une ficheufe conflipation, un poids incommode & une chaleur brülante au creux de l’eftomac, À la 6n, -cet homme, imipatienté, partit de l'Hôpital, fans me dire adieu: mais fa fièvre continuant, il revint au bout de fix jours ; alors je lui fs prendre quelques dofes de tartre vitgiolé, de rhubarbe & de fleurs de fel ammo- niac martial ; le tout réduit en poudre. Ce remède , joint à une affez bonne prife d'ipécacuanlia , rendit la fanté au malede. Dixième Obfervation. Un Payfan de Vicerze, âgé de 43 ans, d'un tempérament phlegmatique & d'une couleur terreufe, fut attaqué d'une fièvre quotidienne, Elle revenoit tous les foirs vers minuit, avec un léger friflon , fuivi d’une chaleur douce & inégale, & avec un peu de fueur fur la fin de l'accès, qui fe rerminoit au.point du jour fuivanr. M’étare chargé de lui, j'examinai fes hypocordres , que je trouvai exempts de du« reté & de renfion ; cependant fes dents étoient fales & fa langue chargée. Je le purgeai avec la médecine ordinaire, & je lui fs prendre l’Aippo-cafc tanus , mêlé avec la rhubarbe. La fièvre n'éprouva pas la plus petite alré- ration jufqu'a la fin de la quatrième once ; mais alors le ventre devint très conftipé, & les jambes commencèrent à s’enfler. Un vomitif que je fubi- tituai à l’héppo-caflanus , & le vin médicamenteux de Boërrhaave (1), opé- rèrent la guérilon. Remarque, L'embarras pituireux des premières voies, les obftructions des vifcères , effets ordinaires des fièvres quotidiennes , enfin, la qualité aftrin- gente de l'hippo-caffanus, n'engagèrent à mêler ce remède avec la rhubarbe, qui , comme tout le morde fait, eft incifive & apéritive, Je ne crois pas que cette circonftance ait pu nuire à l’exactitude de mes obfervations; & puifque les partifans de l’hippo-caflanus veulent le comparer au quinquina, qu'ils fachent que la rhubarbe, jointe à ce dernier remède à petite dofe, (x) Décrit dens la fettion 767 de la Matière Médicale, ; 304 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, n’eft nullement purgatif, fuivanttles obfervations de Lancifi (1), de ” Mead (2), & de plufeurs autres. ; Onrxième Obfervation. Jofeph Bonzi, âgé de 5 ans, & d’un tempéra- ment phlegmatique , fut pris d'une fièvre quarte; le ventre & les hypo- condres éoient dans leur état naturel. Après le cinquième accès, je lui donnai, à la fuite de l’ipécacuanha, la poudre d’hippo-caflanus , dont il prit quatre. onces , fans qu'il en réfulrât aucun autre effer que la conftipa- tion, avec Le poids & la chaleur au creux dé l'eftomac. Trois onces : de quinquina , qui lui furent adminiftrées dans un très-petit efpace de temps, lui rendirent la Bé, Douzième Obfervätion. On reçut dans le même temps à l'Hôpital, Jean-Baptifte Penolini, jeune homme de 24 ans , mufculeux & robufte, & d’un tempérament fanguin. Il avoit une fièvre quarte , dont les accès commençoient par un froid violent & de longue durée, & étoient fuivis d’une forte chaleur, accompagnée de grands maux de tête, Toutes ces indications n'engagèrent à ordonner une légère faignée, & j'eus lieu de m'en applaudir, puifque les accès fuivants furent beaucoup plus modérés. Je fis prendre inutilement à ce malade une déco@ion de fix onces d’hip- po caflanus ; je recourus au quinquina, donttrois onces le délivrèrent de {a fièvre. Je penfe que ces douze obfervarions en difent affez contre l'ufage de laippo-caffanus , pour que je puifle me difpenfersd’en rapporter fept autres que je fis avec un füccès à-peu-près femblable, De ce nombre , trois furent faites fur de fimples tierces d'automne, deux fur des doubles tierces, deux fur des fièvres quartes. Qu'il me foit permis à préfent de faire ob- ferver, 1°, que j’eus l'attention la plus fcrupuleufe à faire en forte que la poudre fût bien choifie, & le felbien préparé ; 2°. que j'ai eu foin , pour l'ordinaire, de me conformer avec exactitude à la méthode de ceux qui confeillent l'hippo-caflanus ; 3°. que je l'ai employé de toutes les manières les plus ulitées ; c’eft-à-dire, en fubltance, en {el & en décotion; 4°. que; fous toutes ces formes, j'en ai fait prendre à mes malades le double de ce qu'on a coutume de leur en donner, $°, qu’autant que j'ai pu le faire fans rifque, j'ai toujours laiflé pafler deux ou trois jours avant de pref- crire d’autres remèdes; 6°. que. malgré toutes ces attentions , les fièvres fubfflirent avec différents caractères , & devinrent doubles ou fubin- trantes, fuivant la diverfité des fifons & des tempéraments; 7°. que mes expériences furent faites dans un Hôpital public, en préfence de dix ou douze perfonnes, qui pourront attefter la vérité, fur-tout ceux qui ont (1) De nox. palud. efluv., lib. 28 epid. 4 je. V,S. 16. (2) Monir. & Prev. Med. , «1, Selr, 8, SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 305$ été Les plus aflidus , comme le Docteur Dominique Zuccolo , alors Mé- decin de quartier, M. Gafpard Trévifan, premier Apothicaire, & M. Marc-Antoine dalla-Vecchia , Infirmier; 8°. que la conftiparion de ceux qui firent ufage de l’hippo-caflanus, le poids & la chaleur qu'ils éprou- vèrent dans l'eftomac (1), preuves de fa ftipticité anciennement re- connue par Lémery (2), ont mis hors de doute qu'il eft non-feulement fans vertu , mais encore dangereux & incemmode; & qu’enfin, les ana- lyfes chymiques & les expériences qui l'ont rangé parmi les anti-fepti- ques (3), n’ont aucunement augmenté fa valeur. Que l'on joigne à rout ce que J'ai dit, treize Obfervations préfentées par un favant Médecin à l'Inftitut de Bologne (4); quelques-unes faites à Venife, & rapportées dans le Journal de Médecine; d’autres, faites à Parme, comme l'a écrit de cette Ville M. Guatteri à notre favant Aca- démicien M. Marfgli ; d’autres à Vérone, comme me l'a affuré le Doéteur Belafchi monami. J'ai déjà fait mention, dans la note 1, pag.293, de celles qui me furent communiquées à Milan. Une lettre du Docteur Porferi, en date du 24 Août 1781, me parle de quantité d'autres qui ont été faites à Pavie. « Jefais, dit cette Lettre, qu'un Profefleur de Pavie, » autrefois mon écolier , a fait beaucoup d'épreuves, qui ne confirment » point les grands éloges donnés à l'écorce d’hippo-caflanus », Que l'on recueille donc tous ces faits , & que l'on juge fi ce végétal mérite d’être mis au rang des meilleurs fébrifuges, ou fi même il peut être regardé comme un remède innocent (5). I AR {1) En paffanr par Milan, j’eus la fatisfaétion de lier connoiffance, d’une manière affez particulière , avec Don Pietro Mofcati , Profeffeur Royal de Chymie & de Chi- rurgie. Raifonnant avec lui de chofe & d’autre, nous rombâmes fur la veruT de l’Aippo- caftanus. Ce Médecin m’affura que non-feulement ce remède #'avoit fair aucun - bien à dix malades à qui il l’avoit adminiftré, mais qu'il leur avoit caufé tous les maux dont j'ai parlé. Ce fur avec un plaifir fenfible que je vis mon fentiment fur ce point ee par le témoignage d’un Savant eftimable & connu dans la République des ertres. ” x (2) Diétionnaire des Médicaments, pag. 172 de mon édition. (3) Quoiqu’en répétant les expériences de Peiper & de Bucolrz, je n’aie pas: trouvé des réfultats qui répondiffent à mon attente , cependant je m’aflurai que l’Aéppo-cafta- nusw'elt pas abfolument privé de la vertu anti-feptique, & c’eft à quoi je m’atten- dois , fachant bien, par les expériences de MM. Pringle , Macbride, Gardane , & de plufeurs autres, que les aftringents font anti-putrides : mais, à mon avis , cela ne relève pas beaucoup la valeur de ce remède, puifque, s’il s’agifloit de s’oppofer à la putréfaétion , l’abfynthe , la camomille, & quantité d’autres anti-fepriques , plus effi- caces que celui-là , fe trouveroient parcillement fous la main , & ne coüteroient pas davantage. (4) V. le Journal de Médecine, imprimé à Veuife, dans lequel on fe contente d’in- _diquer ces expériences , qui , je crois, n’ont pas encore été publiées. (s) Tout ce F he j'ai dit contre l’Aïppo-Caffanus , confidéré comme fébrifuge , ne doit pas empêcher de le regarder comme utile à d’autres égards. Un favant Confciller » Tome XXIV, Part.I, 1784. AVRIL, Q7q 306 : OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, SECOND MÉMOIRE Sur les Citernes deflinées à y conferver les Vins, Par M. FOUGEROUX DE BONDAROY: Lu a la Sociéré Royale d'Agriculture, dans nne de fes Séances dn mois de Février 1784. L E premier Mémoire publié dans le Journal de Phyfique (Mars 1782), contient La manière de conftruire les citernes. Il éroit deftiné principale- ment à fervir de réponfe à ceux qui , ayant été dans l'embarras pour fe pro- curer des futailles après la récolte abondante de 1781, demandoient, à M. Duhamel du Monceau ce qu'on pouvoit attendre de l'ufage des ci- ternes deftinées à y conferver les vins. AL J'ignorois ce que M. le Payen , Procureur du Roï au Bureau des Fi- nances , & ancien Directeur de l’Académie de Metz, avoit publié fur La conftruétion des vaiffeaux en maçonnerie propres à loger & à conferver le vin (Metz, 1780), & ce qu'il avoit écrit dans un Mémoire préfenté à l'Académie de Metz en l’année 1775. Si j'eufle fu que cet Académicien: M. Scopoli , aflure ( Flor. Carniol. ,tom. I, pag. 168 , feconde édition de Vienne, 1772 ) que la culture de cet arbre peut être fort avantageufe. En effer, outre le bien qu'il fait aux chevaux dans la poufle & dans d’autres maladies , fon fruit, dépouillé de la peau, & réduit en poudre, étant mis dans l’eau , forme une écume, quieftune ef- pèce de favon propre à nettoyer le linge & les habits; les feuilles fervent à la nour- riture des troupeaux ; l'écorce peut être employée à tanner le cuir ; l'infufion du fruit ferc- àrouir le chanvre, & elle vaut beaucoup mieux pour laver la foie crue que le favon, qui empèche la foie de prendre de belles couleurs , & cette dépuration de la foie fe peut faire encore au moyen du fel extrait des cendres d’hippo-caftanus : enfin, on fait du fruit un amidon , & de la partie favonneufe extraite ; une poudre qui, détrempée dans l'eau , & mêlée avee le fou du fromenr, fait un bon aliment pour les poules. Plufieurs de ces avantages de l’Aippo caffanus , & principalement fes qualités nutritive & dérerfive, font atretés par lilluitre Haller , dans {on Hiftoire de la Suifle, (Voyez-en l'extrait dans les Comm. de reB. in Scient. narurs © medic. geff., pare, F, v. xvr. Léipfc, 1771). De tout cela, ilréfulte que l’Aippo-cafhanus n’eft rien moins que méprifable, & qu'il doit être clailé parmi les fimples wuiles à l'économie & aux Arts. SUR'L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 307 fe fütuoccupé de cet objet, je me ferois acquitté, en le citant , du de- voir queje remplis aujourd'hui. Pour donner au Public toute la confiance qu'il doit avoir dans'les ci : ternes en maçonnerie propres à y conferver les vins , j'aurois dû lui rap- peller qu'on les a employées fort anciennement à cer ufage; que ces citernes fubfiftent encore dans ungymaifon de plaifance , fituée à mi côte, près de Tours, que Louis XI RoMQiE fa maifon des Tonneaux-lès-Tours , parce que ces foudres ou citernes, conftruits en maçonnerie , avoient la forme de tonneaux. Je pouvois ajouter que , dans la Brülerie de Valignac , dépendante du Château du Bois, à deux lieues de Montpellier , appartenante à M. de Joubert, Syndic général & Trélorier général de la Province du Lan- guedoc , MM. Argand de Genève, Directeurs de ce fuperbe Atelier de diftillation, ont fait conftruire en contre-bas du terrein d’un bâtiment, feize cirexnes à vin , de la continence chacune de feize muids de Lan- guedoc (chaque muid de 67$ pintes de Paris), & que les vins s'y con- fervent très-bien. Je devois raflembler ces faits dans le premier Mémoire que j'ai donné fur l'ufage des citernes , d'autant que j'y avouois que l'expérience faite par MM. Duhamel vers 1769 étoit infu@fante, puifquil auroit été néceflaire de dépofer des poinçons remplis du même vin que contenoit la citerne , & de les laïfler dans la cave proche cette même citerne, pour fervir de comparaifon. Je n'avois parlé, danse prèmier Mémoire, que de deux citernes exif- tartes’à Denainvilliers, proche Pethiviers , tandis qu'il y en a trois pla- cées dans une des caves du Château , & fous le bâtiment qu'on nomme Foulerie , où font les cuves & le prefloir. Cette troifième citerne a 6 pieds 3 pouces de hauteur fur 6 pieds 7 pouces de diamètre; elle eft prefque cylindrique, & contientenviron 3$ poinçons, jauge d'Orléans , chaque poinçôn ou demi-queue de la continence de 240 pintes. MM. Duhamel ont préféré , comme je l'ai dit dans mon premier Mémoire, d'éta- blir trois citernes, plutôt que d'en avoir une feule de la continence de ces trois ; à plus forte raifon ne cherchoientils pas à faire conftruire de ces foudres, qui auroient contenu jufqu'à 26,000 pintes de vin, ou plus encore. ( V’oy. Mémoire qui a remporté le Prix au Jugement de l'Acadé- mie de Marfeille en 1770, {ur la meilleure manière de gouverner les vins de Provence, & qui contient d'excellentes vues). Ces trois citernes font établies dans le terrein d’une cave en contre-bas, Tous le bâtiment qu’on nomme Foulerie. Je fais qu'on auroit pu les placer au-deffus du niveau du terrein, & qu'on fe feroic ainfi ménagé une fa- cilité , pour, à l'aide d’un robinet, tirer aifément le vin qu’elle auroit contenu; il eûtété encore poflible de former une galerie ou conduire , pour arriver À une partie du fond de la citerne , & tirer ainfi Le vin : mais, Tome XXIV, Part. I, 1784 AVRIL. Q q 2 308 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, comme on le verra, il eft d’autres moyens fimples pour y parvenir; & je ne dois pas confeiller , lorfqu’il s’agit d’un objet de commerce & de lucre d'y mettre un capital en dépenfe , dont il feroit difficile de retirer l'in- teret, Nous penfons autrement, lorfque , tendant à l'épargne des bois , & defirant fuppléer à leur rareté, nous confeillons , d'après les vues patrio- tiques de MM, Duhamel , de faire conftruire des cuviers en maçonnerie pour les lefives. Ces cuviers, faits à-peu-près comme les citernes à vin, font dans nos fermes établis plufeurs pieds au-deflus du niveau du fol, & affez élevés, pour que l’eau de la leilive fortie du cuvier, puiffe fuivre une pente, & veair retomber dans le vafe de fonte ou bafline , mis fur un fourneau , & y reprendre une nouvelle chaleur. J'avois annoncé au Public, dans mon premier Mémoire, l'intention où j'étois de répéter , avec tous les foins pofibles , l'expérience fur la confervation des vins dans les citernes, & que j'en publiergis le ré- fulrat. Etant devenu propriétaire de ces citernes (1), je me fuis cru double- ment obligé de remplir la promefle que j'avois donnée ; & je publie d’au- tant plus volontiers l'épreuve que j'ai faite, qu'elle me ‘paroït confirmer Vavantage qu'on peut retirer des citernes dans les pays de vignobles pour la confervation des vins, & que les citernes conftruites en pierre doivent tendre à une moindge confommation de bois, qui devient de plus en plus rare en France. | Je dois prévenir que les vins de Denainvilliers , où J'ai fait l'expérience, reffemblent en qualité à ceux qui fe tirent d'Orléans, dont Denainvilliers eft éloigné de neuf lieues: ils ne font pas aufli hauts en couleur que ceux de l’intérieur du Gatinois , mais plus colorés que ceux de Bour- gogne, Ïl convient encore de rappeller que le vin de Ia récolte de 1782 n’a pas eu de qualité. Le raifin , ainfi que les autres fruits , n’ont pas müri: & au mois de Décembre 1783, les vins de cette récolte avoient plus de valeur , quoique nouveaux , que ceux de 1782. J'avois recueilli, en 1782, 40 poinçons de vin, dont le raifin étoit artie de l’efpèce appellée gouas ou goas (2), partie ffomentée : il avoit été foulé, & avoit bouiili dans une cuve de bois, autant que la faifon & (r) Je dois ces citernes à MM. Duhamel. Ces Citoyens favants & vertueux Patriotes: les avoient fait conftruire, n'ayant en vue que Putilié publique ; je dois donc ne mem regarder que comme dépofitaire. Je fuis leur élève & leur fucceffeur , & fi je n’ai pas leurs: talents , je puis me flatter d’avoir hérité de leur manière de penfer dans tout ce qui peur concourir à l'avantage de mes Concitoyens. (2) Le gouas ne donne pas un vin délicar, 1 SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 309 la nature du railin fembloient cette année le permettre. Je l'avois fait tiree à clair ; & le 30 Octobre 1782, je fis dépofer , dans une de mes citernes, 3$ poinçons de ce vin ; elle étoit remplie à la hauteur de 6 pieds 3 pouces. La citerne auparavant avoit été lavée à plufieurs reprifes avec de l’eau bouillante , & je l'avois faic imbiber enfuite avec 8 pintes d’eau- de-vie. J'avois auffi difpofé près la citerne un poinçon neuf, jauge d'Orléans, qui avoit été lavé , puis imbibé d’un demi-fetier d’eau-de-vie. Je le fis emplir du même vin que contenoit la citerne ; pour fervir de comparaifon avec le vin de la citerne , ce qui n’avoit pas été fait dans l'expérience de MM, Duhamel. Je ne dois pas pafler fous filence (quoique cela tienne probablement à lefpèce de vin dont j'ai rempli la citerne ) que cette année il avoit peu & mal bouilli dans la cuve, & qu'étant dépofé dans cette citerne, ils’y eft établi une nouvelle fermentation & chaleur , à tel point que j'ai penfé qu'il étoit à propos de ne la pas fermer dans ce temps, & je n’ai cru de- voir y mettre le couvercle que fix jours après que le vin y avoit été dé- pofé. J'ai agi de la même manière pour placer le bondon à la pièce de comparaifon, Après avoir arrangé le couvercle fur la citerne, j'ai fait entrer de la moufle avec force dans les jointures ; puis une couche de terre rouge hu- mectée, couverte encore de 3 pouces de fable. 4 Le $ Décembre , je vilitai la citerne & la pièce de comparaifon. Le vin éroit baiflé dans la citerne de , . . . . . 1 pouc. O is. Il avoit déjà perdu un peu de fa couleur, lorfqu’on le comparoit à celui du poinçon. Le 22 Janvier 1783 , le vin de la citerne avoit baiflé OA et leu et les NME elle MOUUR 6 Le vin de la citerne étoit moins coloré que celui de la pièce de comparaifon , nulle différence pour le goût. . Le 24 Février, le vin étoit baïflé de . . , « . o 9 COM SE RS ME LEE Ur ENT 0 NO 4 Le 9 Avril , ° . - . . . . . . . . . (e] 9 TOTAL ©: . . 4 pouc. 4 lis, Donc, depuis le 30 O&tobre 1782 jufqu'au 9 Avril 1783, le vin de la citerne a baiflé de 4 pouces 4 lignes, & celui de la pièce de com- paraifon de 3 pouces. Le 10 Avril 1783, on a rempli la citerne avec deux pièces de vince la récolte de 1782; de forte que La citerne étant remplie, il y avoit , 310 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, comme au 30 Ottob’e 1782, 6 pieds 3 pouces de vin, & il m'en avoit coûté 37 poinçons de vin. : * On fe rappelle que le vin avoit baïffé de 4 pouces 4 lignes; & comme il a fallu deux pièces de vin pour la remplir, je peux compter qu'une pièce de vin occupe dans ma citérne un efpace de 2 ge” 2 lignes. On a auffi rempli ce même jour 10 Avril 1783, la pièce de com- paraifon jufqu'au bondon, & ila fallu 25 pintes. : Le premier Mai, on a mefuré & gouté le vin. Celui de fa citerne fe décoloroit de plusen plus par comparaifon avec celui de la pièce; Le vin de la citerne étoit peu baiffé. Lex Jhinsilia batdiéde 21e.) MNL SIEMENS NON TEES ES rot À PE Cu EE en AC tre PRE. SR ES GS) 2 DetTo AO ANNE MIA ANNEES EC 3 Less Seprmbren ti. idee nt UP MAR 0 é LerctiO to Bree MCE EE A RUE MT SI IO 4 Ten Novembren1emde cape ale ie mi SO 2 Le 4 Décembre, . AE RE he tte ie AIO 2 Ce même jour 4 Décembre 1783 , on a goûté le vin de la citerne ; toujours mains de couleur que le vin de la pièce de comparaifon, mais moins de verdeur , & il étoic bon à boire. Le 2 Janvier 1784, le vin a baité dette Ve mn 2 ———— TOTAL 65 Me mode} OMig. Ce vin étoit clair, & j'ai cru que cet efpace de temps, depuis le 30 Octobre 1782, fufifoit pour conftater l'épreuve des citernes , d'autant que nos vins, principalement d'une année où'ils ont peude vigueur, ne font pas de garde, fur-tout dans de grands vaifleaux ; & je réfolus d'en faire tirer le vin. Le 8 Janvier 1784, on découvrit la citerne ; il en fortit une vapeur ou gaz confidérable , 8& on l'a laïflée ouverte pendant deux heures, avant d'en tirer le vin(1}. "7 - On plaça deffus la citerne une échelle double , qui portoit une poulie à fon dernier échelon, & on tira ainfi le vin à l’aide d’un feau & d’une corde. Cette opération a duré près de neuf heures pour vuider la citerne, fans qu'on ait éprouvé le moindre inconvénient, & avec grande fa- cilité. (1) Je crois l'obfervation de la plus grande importance pour ceux qui feront chargés de faire cette opération. SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 3251 La liqueur conftamment claire, on a été étonné de ne trouver au fond de la citerne qu'environ la moitié d'un poinçon de lie, & une demi-pièce de vin trouble. Cependant on n’a tiré de la citerne que 30 poinçons de vin bien condi- tionné , quoique le 30 Octobre 1782, & le 10 Avril 1783, on ait dé- pofé dans cette citerne 37 pièces de vin. Nous avons dit qu’il y avoir 6 pieds 3 pouces de vin dans la citerne, & qu'une pièce de vin y occupe un efpace de 2 pouces 2 lignes, ou 26 lignes. L Par conféquent 6 pieds 3 pouces, ou 7$ pouces , ou 9co lignes, doi. vent contenir 34 poinçons — ; & comme , pour lemplir, on y a mis 35 poinçons, cela prouve que la citerne eft à-peu-près cylindrique. Le 10 Avril, on Fa remife à 35 poinçons. Le 8 Janvier , il y avoit en moins 1 pouce 11 fisnes ; ainfi , il devoie y avoir encore 34 poinçons. Cependant on n'y en a trouvé que 30 de vin clair , & environ une pièce, tant de lie , que de vin trouble. Il faut donc compter que, par évaporation & imbibition de la citerne, j'ai perdu 3 pièces de vin, & quatre par imbibition des nouvelles futailles ; ou par mal-adrefle & négligence de ceux chargés de cette opération, &c. Total de fa perte, fept pièces (1). * , Voyons maintenant quel peut être le déchet de 37 poinçons de vin dé. pofés dans une cave’, fans y comprendre la perte des poinçons par acci- dents, fuintages , brifement de cercles, trous de vers, &c. &c. On aremis le 10 Avril 1783 , dans le poinçon decomparaifon, 25 pintes. Le 8 Janvier 1784, il y manquoit encore". . . . . 10 Je ne l'ai pastiré , voulant le conferver pour fervir de compa- raifon; mais ce vin n’ayant pas été foutiré depuis qu’il eft dans la futaille, pouvoit compter fur , tant lieque vin trouble. . 10 À T'OTAE SUN 708 4Spiris. Mulipliant 4$ par 37 poinçons, on a 166$ pintes, qui, divifées par 240 , donnent 6 poinçons 22$ pintes , près de 7 poinçons de perte. Ainf , fur 37 poinçons ‘de vin fans accidents caufés par la rupture de cercles, &c, , faurois vu réduire ce nombre à 39 >; comme dans la ci- terne. (1) Quant à la diminution du vin dans la citerne, je crois en connoître la caufe , & pouvoir y remédier. On n’avoit pu l’imbiber d’eau aflez de temps auparavant qu'on y mit le vin, & il y avoit 20 à 22 ans qu'onn’y en avoit dépofé. Il auroit été avantageux de couvrir quelques gerçures : c’elt A ra dans ma citerne, mais qui ne peut retomber für ks autres. L’effentiel ici, c’eft que le vin s’y foit bien confervé, 312 * OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, Voici donc les avanrages que je penfe avoir retirés de ma citerne. 1 Les poinçons où j'ai mis ce vin m'ont coûté 3 Liv. 12 fols ; & dans une année où la récolte auroitété abondante, & au temps de la vendange, je les aurois payés 9, 10 & r2liv. Je n'ai point eu de vin gaâté, tandis que, fur-tout lorfque les futailles font chères, on en achète fouvent moitié de la provifon , qui perdent le vin qu'on y a mis. Je n'ai rien payé pour le reliage des tonneaux: enfin, mon vin étoit placé de manière que, fans m’occafionner aucune diminution de mon terrein , puifque Les trois citernes qui font dans cette cave contiennent 95 pièces de vin, ou 22,809 pintes , je puis encore y placer autant de pièces de vin que s’il n’y avoit pas de citernes. Cette épreuve annonce donc l'avantage qu'il y a à faire des citernes, pour y dépofer Les vins aufli-tôt la récolte. Elle confirme ce que j'ai avancé dans le premier Mémoire, que le vin fe fait plus promptement, lorfqu’il eft en grande mafle, que lorfqu'on l'a dépofé dans de moindres vaifleaux, & en petite quantité, J'aurois defiré faire l'épreuve des citernes , pour y conferver des eaux-de= vie; mais la dépenfe excède mes facultés, nos vins donnant trop peu d’efprit pour retirer partie des frais ; d’ailleurs la gène eft fi grande pour ceux qui brüûlent du vin, que je cherche à me perfuader de ne point ys fonpger. Je me propofe feulement de m'affurer, s’il eft des moyens d'empêcher Tes vins dépofés dans les citernes de fe décolorer, & mon premier foin fera d'en initruire le Public, Di ES "CHR PT LEON D'UN NOUVEAU CADRAN SOLAIRE Par M. CarayON fils, Négociant a la Rochelle, A (fig.2, Planc. I. ), eft un difque de métal, dont les deux furfaces doivent être bien dreflées, unies & parallèles , à une diftance convenable du bord (afin de laiffer l'efpace néceffaire pour placer les chiffres des heures ). Du centre B décrivez le cercle C D; tirez enfuite le diamètre EF, & divifez le demi-cerclé E D F en douze parties égales, qui feront les douze heures du jour, depuis fix heures du matin jufqu'à fix heures du foir: mais pour que ce cadran indique toutes les heures des plus longs jours de’notre climat, portez deux de ces divifions de chaque côté du diamètre fut l’autre moitié du cercle , depuis E jufqu’en G, & depuis F jufqu'èn jufqu’en H, &alors le cadran pourra indiquer depuis quatre heures du | AFP RENE SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS, 31; matin jufqu'à huit heures du foir, L'on peut, fi l'en veut, divifer le cercle entier en vingt-quatre parties égales, Pour qu'il ferve dans rousdes climats, l'on fubdivifera chacune de ces parties en denvie & en quarts; mais pour que ces fubdivifions foient bien diftinétes, décrivez trois autres cercles con- centriques au premier ; alors Les lignes tranfverfalés qui indiqueront les heures, couperont quatre cercles ; celles qui indiquerotit Les demi-heüres, couperont trois cercles; & enfin , celles qui indiqueront les quarts, n'en couperont que deux, comme on le voit dans la figure. Décrivez de plus en dedans de tous ces cercles deux autres demi-cercles I K L , que vous diviferez aufli par des tranfverfalesen 6o parties égales. Ce font les minutes qui feront indiquées par une aiguille mile en mouvement par un méca- ® nifme dont je ferai la defcription ci-après, MN (fig. 2 ) eft une alidade ou aiguille vus en profil; #7 la repré- fente vie en face ; fon centre s’ajufte au centre B du difque , fur le quarré d’une tige mobile, comme il fera indiqué plus bas. P eft une chape ajaftée deflous Palidade ; elle y eft fixée par deux vis. Cette chape, qui embrafle les deux furfaces du difque , lorfque l’alidade fe met au centre, doit glifler autour de la circonférence, &émpêcher le ballotement de l’'alidade ; mais pour que le mouvement en foit doux, fans rien ôter de la folidité nécef- faire, il faut ajufter en dedans de la partie inférieure de la chape {qui doit être difpofée pour cela) un petit reflort de preflion Q, que lon pourra bander plus ou moins par le moyen d'une vis à tête godronnée R, ef repréfente le profil du difque. -: S eft une pinule fixée perpendiculairement fur l’alidade , on en voit la forme en s ; tracez au milieu de cette pinule une ligne hieñ apparente SS, qui doit tomber exactement fur la ligne #7, qui pafle par le centre & l’ex- trémiré de la fleur-de-lys de l’alidade. T eft une autre pinule qui fert de ftyle. Voyez en z la forme qüe je lui ai donnée : on y ajufte une foie V, qui doit être dans la même direction du trou X & de la flèche Y. Cette pinule, comme la première , doit êtré fixée fur l’alidade , à 2 ou 3 pouces plus loin du centre, fuivant la grandeur du cadran. ? @ eft l'aiguille des minutes , terminée à chaque bout par une flèche, & dont la longueur eft déterminée par le diamètre du cercleIL (fig. 2). L'on voit, fous le profil du difque e f un rouage 7 2 , compofé de la roue 3, qui porte foixante.douze dents , fixée à la tige 4, qui doit être affez longue pour ttaverfer le difque ef & l’alidade M N; elle doit être percée dans toute fa longueur, & terminée par un quarré, Cette pre- mière roue engrène dans le pienon $ defix aîles , fixées fur la roue 6, di- vifée en trente dents. Cette feconde roue, dent le ‘pivot eft commun avec le pignon , engrène dans-une autre 1oue 7, aufli de 30 dents. La tige 8 ou pivot de cette dernière roue traverfe la tige 4 de la grande roue. La tige 4 eft, comme nous l'avons dit ; terminée ‘par un quarré où Tome X XIV, Part, I, 1784. AVRIL, Rr 314 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, s’ajufte lalidade M N; & la tige 8 reçoit à frottement la petite aiguille Z &, & y eft retenue par une petite vis à tête godronnée 9. L'on voit que ce rouage eft abfolument le même que celui qui fait marquer les minutes 2 une pendule ordinaire; & que , lorfque l'alidade MN fera un demi-tour , la petite aiguille Z & fera fix tours: mais comme cette petite aiguille in- dique indifféremment par les deux bouts, chacun des bouts faifant fix tours, enfemble ils équivaudront à douze tours, pendant que l'alidade indiquera Les douze heures, J'ai préféré de faire indiquer Les minutes par les deux bouts de la petite aiguille, parce que , fi je ne les avois fait indiquer que ar un feul bout , il auroit fallu divifer le cercle entier en 60 parties: alors plufeurs des divifions de la partie fupérieure du cadran auroient été cachées par La grande alidade, ce qui n'a pas lieu de cette manière; d’ailleurs l'ornement du cadran n'y perd pas. Le tout étant monté & ailbofé comme l'indique le profil dela (fig. 1) , fur une bafe (fig. 4) ,dontle plan 10,11 doit former avec la bafe 12,13 un angle égal au complément de la hauteur du pôle du lieu où doit être placé ce cadran, le difque y fera adapté & retenu par trois ou quatre tenons foudés au difque, & qui s’emboiteront dans le pied, comme on le voit en 14, 15, 16. L'ouverture ou creux 17 fert à contenir le rouage qui eft deffous le cadran. Ce cadran , monté fur fon pied , doit être placé fur un plan bien ho- rizontal, & orienté de manière que, lorfque la fleur-de-lis de l’alidade eft fur le point de midi, elle doit être exactement du côté du nord, & par conféquent le ftyle ou la pointe T au midi. La ( fig. 1°*°) repréfente le cadran orienté, vu en perfpective. Le cadran étant dans cette pofition, vu l'inclinaifon donnée à fon pied , l'on conçoit que fon plan fera paral- lèle à l'équateur; & confidérant , comme on le fait pour tous les autres cadrans , tous les points de la furface de la terre comme s'ils étoient joints au centre, vu fa grande diftance qu'il y a du foleil à la terre ; ce qui n'apporte aucuns changements fenfibles au mouvement journalier du {oleil , l’on fuppofera donc que Le centre de l'orbite apparent que le foleil £emble décrire, eft précifément au centre du cadran. Cela pofé, lorfque Von voudra connoître l’heure qu'il eft, il ne faudra que tourner l’alidade MN, jufqu’à ce que le point de lumière, l'ombre de la foie ou de la flèche du {tyle T tombe fur la ligne gravée fur la pinuleS : alors la Aeur-de-lis indi- quera l’heure qu'il fera avec la plus grande précifion , & un des bouts de la petite aiguille Z € marquera les minutes. Le cadran que j'ai exécuté, & d'après lequel j'ai fait cette defcription , a 34 pouces de diamètre. Cette grandeur eft fufhfante pour qu’on y trace très-diftinétement, mème les demi-minutes. Nota. L'on pourroit, fi l'on vouloit , tracer les fignes du zodiaque fur la pinule S. k j Mt Plufieurs caufes concourent à rendre défedtueux les cadrans ordinaires SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 315 à ftyle fixe. Dans la méthode graphique , les fections des lignes prolongées qui forment entr'elles des angles toujours très- obtus ou très-aigus, ne peu= vent donner que des à-peu-près, où il faudroit une précifion mathéma- tique ; le calcul lui-même eft foumis à des opérations graphiques, & la pé- nombre ,comme l’on fait, rend toujours douteux le moment précis: l'on fait aufli qu'on ne peut compter fur l'exactitude des cadrans folaires ordi- naires qu'une ou deux heures avant & après-midi, Celui que l’on préfente ici paroît exempt de ces inconvénients ;fa conftruction eft facile & n’exige aucuns calculs, & la defcription en eft elle-même la démonftration. LUE TETE RCSE DEA MAN ER PRIE ENS AM MONGEZ le jeune, Auteur du Journal de Phyfique, Sur un Eleéfromèérre, Moxsreur, Depuis que votre ineftimabie Journal eft venu parer la fcène brillante du Monde Littéraire , il à rendu à la Phyfique & à l'efprit humain les fer- vices Les plus fignalés. Dépôt des découvertes que font tous les jours dans le vafte champ de la Nature les Jaborieux Savants qui illuftrent l'Europe & le fiècle qui les vit naître, cer Ouvrage reffemble à un fleuve majef tueux , dont une foule de rivières fécondes viennent groflir le cours : mais plus cer Ouvrage eft inappréciable, moins la médiocrité a de droit à s’y placer; il n'appartient qu'à des génies fublimes d'y prétendre ; c’eft le Tem- ple de Mémoire, où ne doivent être gravés que des noms dignes de l'im- mortalité. Cette réflexion étoit certainement bien jufte, &'il n'étoit aifé de n'en faire l'application: mon âge, mon peu d'expérience , & la mo- dicité de mes connoiflances dans la Phyfique , tout fembloit m'interdire jufqu’à l’idée de prétendre à l'honneur de voir paroïître mon nom dans votre Journal; mais une autre idée m’a rafluré. N’eft-il pas Fait, me fuis- je die à moi-même, pour aiguillonner l'émulation, & pour encourager ceux qui entrent à peine dans la lice ? & quel plus fort encouragement que de voir fon nom figurer parmi ceux des Savans les plus illuftres ? C’eft d’après cette confidération , que je prends la liberté de vous communi- Tome XXIV, Part, 1, 1784. AVRIL, Rr2 316 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, quer mes réflexions fur un inftrument reconnu pour néceffaire en Phy- fique , que les Savants ont conftruit , d’après différents principes , & au- quel ils ont fait fübir diverfes formes, Cet inftrument eit l’électro- mètre, En parcourant la lifte de ceux qu'on a imaginé jufqu'à ce jour, jai eu lieu d'en remarquer de plus ou moins ingénieux ; mais celui de M. Noller eft celui qui m'a le plus frappé; & je m'y fuis arrêté avec d'autant plus deplaifir, que J'ai penfé qu’en le perfe&tionnant, il pourroit devenir plus utile & plus commode que les autres. Ce grand Maître, partant de ce prin- cipe , que deux fils électrifés ne s’écartent l’un de l’autre, & ne formentun angle plus ou moins grand , que parce que leurs atmofphères ont une force répulfive d'autant plus grande, que l'électricité du conduéteur eft plüs abondante, imagina de mefurer {on intenfité par l'angle que les fils forment entreux en s’écartant; il pofoit par derrière une lampe, dont la lumière paflant par un crou pratiqué dans une planche, portoit fur la mu- raille ou fur un papier oppofé l'ombre de ces fils, & y repréfentoit un angle , dont la mefure étoit prife fur des arcs de cercle tracés fur le pa- pier. On fent combien cet appareil, tout ingénieux qu'il étoit, devoit être incommode, & que d'ailleurs la mefure de l'angle ne devoit pas être bien exacte , attendu que le mouvement continuel qu'ont ordinaire- ment ces fils , devoit être encore plus fenfible dans leur ombre. Bien-aife de parer à ces inconvénients, voici les changements que je me permets de faire à cetinftrument, J’adopte le principe de M. Noller; je me fers , comme lui, de deux fils qui s’écartent l'un de l’autre par l’élec- trifation ; mais-je mefure autrement l’angle qu’ils forment entr'eux. Voici la defcription de l'appareil que j'ai imaginé à cet effer, Planc. IT. Soit A un pied de guéridon (fig. 1 ), ayantenviron 8 pouces de diamètre , furmonté d’une petite colonne de bois quarrée ou ronde A B, qui s’élargit en fa partie fupérieure B , pour fervir de bafe à uñe pièce de bois C D d'r pouce d’épaiffeur , d’environ r pouce = de hauteur , & de ÿo pouc. de longueur (1). fg eft une rainure d'environ x pouce de profondeur, pratiquée dans fon épaiffeur, Cette pièce de bois eft pofée horizontalement fur la partie fupérieure de la colonne AB , de manière que l'ouverture de la’ rainure fe trouve au-deflus. La rainure fg cft deftinée à recevoir un plateau de verre ou de glace CC D D de 12 pouces de hauteur , & de 10 de largeur. Sur une des furfaces de ce plateau doit être collé par fes quatre bouts un papier huilé de 8 pouces en quarré, tellement éloigné des bords du plateau , qu'il y ait une marge d'I pouce tout autour , ex- (1) La figure que je donne ici de cet inftrument n’a, dans chacune de fes dimer« fions , que le fixième de ce qu’il doit avoir naturellement, J’ai fubftitué pour cela la me- sidus LS) AÉRESU ; P fure de 2 lignes à celle d’r pouce. J'en ai fait de même dans la figure 2. SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 317 cepté dans la partie inférieure, où elle fera de 2 pouces, parce que, fur 3 pouces qui reftent , il y a 1 pouce qui entre dans la rainure, Sur ce papier doit être décrit un grand arc de cercle de 160 degrés, divifé en deux parties par la ligne GK; chacune des parties correfpon- dantes de l'arc doit être divifée en 80 degrés, pris avec le rapporteur , & marqués de cinq en cinq (r) par des lignes allant du point G aux points correfpondants de la circonférence. Cet inftrument étant ainfi difpofé , on l'approchera du conduéteur , & on l'y fera toucher par la furface oppo- fée au papier. Le plateau de verre étant un des corps les plus ifolants, {on adhérence au conducteur ne nuira aucunement à l'électricité. Il faue faire en forte que le point de fufpenfon des fils au condudteur, réponde au point G de l’inftrument, & que les fils fe trouvent bien dans la di- rection de GK. Qu'on éleétrife alors le conduéteur, on verra les fils sé carter de cette ligne comme à l’envi, & former chacun avec elle un angle d'un certain nombre de degrés. La fomme de ces angles fera l’écartement total ; il fera aifé de le remarquer à travers le papier huilé : il faut d’ail- leurs fe fervir de papier de Hollande , du plus fin qu’on puifle trouver. Outre cet inftrument , que je ne fais que renouveller, en y ajoutant l'appareil que je viens de décrire, j’en ai imaginé un nouveau, dont l’efe pèce ne diffère de celui que M. Sigaud de la Fond paroît adopter (Phyf. expér. , tom. IV , pag. 360 [2]), qu'en ce que cet habile Phyficien, confervant toujours la même diftance aux deux corps entre lefquels doit partir l'étincelle , mefure l'intenfité de la matière électrique, par letemps qui s'écoule entre le commencement de l’électrifation & l'inftant où l’on voit éclater l’étincelle, au lieu que je fixe le temps de l’éleétrifation , & que je mefure l'intenfité de l’éleétricité, par la diftance à laquelle part lérincelle. | Soit (fig.2)la planche FF d’1 pouce = d’épaïfleur , percée en A & en B d’un trou rond, pour recevoir les deux fupports de verre qui doi- vent foutenir le conducteur principal, Cette planche eft jointe , vers le mi- lieu de fa longueur , à la planche PP, de 8 pouces de longueur, & de même épaifleur , dans laquelle fe trouve pratiquée la coulifle f# moins large, comme l’on voit, à fon ouverture , que vers le plan qui lui fert de bafe, Cette couliffe eft faite pour recevoir la colonne de bois M N d'envi- ron 12 pouces de hauteur , & dont la bafe va en diminuant jufqu’en M, pour pouvoir entrer exactement dans la coulifle fe. Au point N de la colonne M N eft adaptée à angle droit , & à la hauteur du conducteur (x) Outre cette divifion de s en $ , que lon voit dans la figure, on pourra , pour me fürer l’angle avec plus de précifion , divifer encore en degrés les petits arcs compris entre les lignes, qui , du poiat G , vont à la circonférence, [2] Les deux tireurs, 18 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, principal , une tige de métal de 2 pouces de longueur , terminée par une balle de cuivre viflée à fon extrémité. rs eft un papier collé au fond de la coulifle, & éloigné d’r pouce & demi de l'endroit où la planche P P fe joint à la planche FF, Tout étant ainfi difpofé, je fais gliffer la colonne MN dans la coulifle fg, jufqu'à ce que la balle de métal qui termine la tige adaptée à la colonne, touche le conduéteur. Je marque alors fur Le papier collé au fond de la coulifle fs ,le point où répond la bafe de la colonne, Je fais glifler de nouveau celle-ci jufqu’en g(1), & je divife en pouces , lignes & demi lignes la bande de papier rs, fur 4 pouces de fa longueur. On conçoit aifément que Le point de conta& de la balle de cuivre avec le conducteur, peut être regardé comme le point zéro del’é- leétricité; qu’à mefure que l’étincelle éclatera à une certaine diftance du conduéteur , quelque petite qu’elle foit , on aura un degré d'électricité au- deflus de ce point zéro; & que, plus cette diftance augmentera dans le même efpace de temps, plus l'électricité fera abondante. La balle de cuivre ne peut s'éloigner du conducteur, fans que la colonne de bois ne fafle un chemin égal dans la coulifle, & le chemin fera aifé à eftimer , en voyant de combien de lignes & de demi-lignes elle a avancé fur la bande de pa: pier divifée comme deflus. Cet appareil ne préfente rien d’embarraflant : on peut , après avoir mefuré le degré d'éle@ricité, enlever la colonne de bois, en la faifant glifler le long de la couliffe. Telles font, Monfieur , mes vues fur l'életromètre de M. l'Abbé Nollet; tel eit celui que je propofe moi-même, Je fuis bien éloigné de le regarder comme parfait, tandis que M. l'Abbé Nollet lui-même a prétendu avec raifon qu'on ne parviendroit jamais à en conftruire un qui fût tel. Vou- drois-je faire ce que n’ont pu faire les plus grands Maîtres? L'émulation eft le feul motif qui m’anime, mais elle ne m’aveugle pas. Je regarde mes produétions comme bien médiocres, & je penfe qu'avec d’autres yeux que ceux d’un Auteur, on pourroit bien les regarder comme mauvaifes, C'eft vous , Monfieur , que j'établis Juge de cellz-ci: prononcez votre arrêt, en en faifant part au Public, fi vous l'en jugez digne , ou en la condam- nant à un éternel oubli, fi elle ne mérite pas un traitement plus fa« vorable, Je fuis , &c. À Marfeille, Le 15 Décembre 1783: (1) On peut divifer plus commodément la bande de papier rs, fi on fait cette opé- tion hors de Ia couliffe, & en l'y collant enfuie de façon que celle de fes extrémités où commencent les divifions , réponde parfaitement au point de la couliffe où fe trouve la colonne MN, lorfque la balle de cuivre touche le conduéteur. SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 319 SPHÈRES NOUVELLES; Par M. l'Abbé GRENET, Profeffeur en l'Univerfité de Parie, au Collège de Lifieux. Eure globes & les fphères ordinaires font fi mallontés. qu'il eft très- difficile, on diroit prefque impoñlible, de donneravec ces fortes de machines une idée claire & nette du fyftème du monde:elles repréfentent mal le mou- vement de la terre fur fon centre & autour du foleil. Le mouvement de Fécliprique eft inintelligible ; le pôle eft fixe, & il faut fans ceffe le dé- Pie ; l'horizon varie pour les différents Peuples, & il eft fixe & immo- ile, Dans la fphère même de Copernic , telle qu’on l’a exécutée jufqw'ici , la terre eft trop petite pour qu'on puifle faire la moïndre opération. Celles ue nous annonçons n’ont aucun de ces inconvénients : avec chacune d'elles, on fera toutes les opérations qu'on voudra. L'Auteur en a de trois cfpèces. | 1°. Sphère à horizon mobile en tout fens, Elle eft exécutée avec un globe terreftre , dont l'axe incliné de 23 degrés 28/, conferve parfaitement fon parallélifme, en tournant aurour d'une boule dorée fervant de foleil, par Le moyen d’une corde fans fin ou d’un rouage. Du foleil partent quatre rayons à angle droit, dont deux indiquent les folftices , & les deux autres les équinoxes: il y a un grand méridien gradué avec les climats; un écliprique gradué avec les fignes, qui occupe la place de l'horizon dans les fphères ordinaires; un horizon mobile en rout fens, pour faire celui de tous ces Peuples. Tous ces cercles font en cuivre verni à l'Angloife. Prix , avec un globe de 8 pouces, corde fans fin, pied en bois com- AUDE En TAN MP AUS US RS RE OT live Avec un globe d’1 pied, corde fans fin . . . . . 144 Avec un rouage & une monture ornée , depuis 300 jufqu'à 1200 2°. Sphère à lanterne. Rien de fi fimple, rien de plus à la portée des enfants que cette machine, Un globe terreftre, fans autre cercle qu'un cercle terminateur qui, d'un côté fait le jour, & de Fautre la nuit, tourne autour d’une lanterne fervant de foleil. Un verre lenticulaire , fixé fur une tige entre la terre & la lanterne, trace fur le globe lécliptique par un rayon de lumière plus vif. Les opérations fe font avec une fim- plicité furprenante. Lever & coucher du foleil pour tous les Peuples de la terre, différence du lever & du coucher, hauteur du foleil, climats d'heures , climats de mois, &c. ; le cout fans rien déplacer. 320 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, _ Prix, avec un globe de 8 pouces, corde fans fin, piedcommun, 60. Avec un globe d’1 pied, corde fans fin, écliptique en cuivre, fur 1e PE PS EN ER NAS PET SERRE + 130 Avec un rouage pour la terre & la lune, monture ornée , de- Paseo ulqu'a rt EM MANS ST Ne UNE 1000 . 3° Sphére gerreftre & célefte tout à-la-fois. Elle fera exécutée avec deux globes, l’un terreftre & l’autre célefte , d'un pied chacun; ils tourneront au- tour d’une lanterne rs faces, par le moyen d’un rouage. Avec une corde , les mouvement8hne feroient pas affez réguliers: avec cette ma- chine , on verra en même temps l'état de la terre & du ciel; à quelle beure le foleil fe levera & fe couchera chaque jour de l’année pour tous ÿ les Peuples , & quelles étoiles fe leveront & fe coucheront tous les jours au lever & au coucher du foleil ; celles qui pafferont au méridien à chaque heure du jour & de la nuit. Cette machine, au jugement d’un célèbre Aftronome, fera du plus grand effet; elle conviendra aux bibliothèques & aux perfonnes riches; elle pourra coûter , avec une monture fimple , HR MUNIE A PS AE ne ANTON Avec une monture ornée, depuis 700 jufqu'à . . . . 1500 L'Auteur avertit qu'il ne fera exécuter cette dernière, que lorfqu’on [a lui demandera. Il a un petit Traité de la Sphère , où fe trouve la manière de s’en fervir. A Paris, chez l'Auteur, au Collège de Lifieux , rue Saint-Jean-de- Beauvais. D nc Le «5 MECEUTUIRNE Ë DE M. LE Baron DE DIETRICH, Secrétaire Général des Suiffes & Grifenst, ‘ A M. LABBÉ MONGEZ IE JEUNE. J. vous envoie, Monfieur , le commencement d’une Correfpondance intéreffante, qui piquera la curiofité de nos Phyficiens. Je connois la folution du problème, mais je n’ôterai pas aux Amateurs Le plaifir de fuivre la marche des favans Auteurs de cette Correfpondance, en vous difant le mot de l'énigme, [nférez , Monfieur, je vous prie, ces premières Lettres dans votre premier Cahier du Journal de Phyfique, & M. Eifen, Traducteur SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. j21 Traducteur de ces Lettres, fe fera un plaifir de vous en faire pafler par mes mains Ja Continuation. Cette Correfpondance eft tirée d’un Ouvrage périodique dont je vous ai adreflé quelques extraits intéreffans, J'ai l'honneur d'être, &c. Paris, ce 14 Mars. or ere QU SET D ee à CO R,RE S P:O N D,A NC E Entre M. DE MICHAELIS, Projeffleur en Langues Orientales à Gottingue, Er M. LICHTENBERG, Profeffeur en Phyfique, Sur un trait de l'Hifloire ancienne , au fujet des Conduéteurs : Traduite de l'Allemand du Magafñn des Sciences de Gottingue , année 1783, cinquième cahier; Par M. EisEnN, Miniftre Luthérien & Niederbern en baffe Aiface. Ju fouvent rêvé à une queftion dont je fouhaiterois trouver la folution. S'il eft poflible d'y répondre , bien des perfonnes féroient peut-être char- mées d’en lire La folution dans votre Magafin : fi l’on ne peut point ré- foudre ma queftion, je la retire, & fouhaite qu’elle foit enfevelie dans l'oubli, afin qu'on ne fe moque pas de moi. Suppofez qu'il y ait fur une montagne un Palais couvert à l'Italienne ; d’un toit plat, mais un peu voûté vers le milieu; que l’on garnifle ce toit d'un bout à l’autre étroitement & perpendiculairement de lances de fer fort pointues: l'édifice en fera-t-il pour cela préférablement expofé à la foudre , ou préférablement garanti ,ou, ce que j'ai de la peine à pré- fumer , ne fera t-il ni l’un ni l'autre ? Je me tais encore fur ce qui peut avoir occafonné cette queltion, & fur le fingulier & puiflant intérêt que jy prends, pour empêcher toute influence fur la décifion, & pour ne pas avoir l'air d'un ami mendiant un jugement favorable, Un point de l'Hiffoire ancienne , affez particulier, me détermine à propofer cette queftion. Aulli- tôt que je faurai votre décifion., je m'expliquerai, Signé MiCHAEL1S , ce 30 Mai 1783. Tome XXIV, Part. I, 1784. AVRIL, Ss 322 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, SL SEEN ne REP ON STE CC pé M. LICHTENBERG A M. DE MicHaAELz1s. S r les lances font confidérablement élevées , fagement diftribuées fur l'édifice , & leur communication avec la terre bien établie, le bâtiment, felon toute théorie, doit naturellement être peu expofé à l'orage. Je ne puis croire qu'il pür être embrafé par le feu du ciel, & les perfonnes qui s'y trouvent fercient probablement à l'abri de la foudre. Je dis d’abord que les lances doivent être confidérablement hautes; car une maifon qui, au lieu de tuiles, féroit, par exemple, couverte de ferans, n’en tireroit pas tant d'avantage que de quelques barres de fer hautes & ointues. Lorfqu’il y a une grande affluence de matière éle@rique, une petite pointe, quelque aiguë qu'elle foit, une fois enveloppée & dominée par l’atmofphère de la maifon , feroit un très-mauvais conduéteur. Une lance au contraire fort haute , & quis’élève au deflus.de l'atmofphère , dans un air libre & communément agité, dégage ou abforbe par cela même une quantité de matière nuifble, fuivant que l'électricité du nuage orageux qui pafle pardeflus eft négative ou politive, Le Lord Mahona fait de très-belles obfervations fur ce cas particulier (tr); & il réfulte du même principe, que des pointes trop nombreufes, & trop près les unes des autxes , font , je ne dirai point dangereufes, mais pour- tant inutiles, parce que l'effet des unes contrarie l'effet des autres. Ainf, quoique la vertu conduétrice puifle augmenter par le nombre des pointes, cette augmentation n'eft pas toujours proportionnée à celle de leur nombre. La communication doit être bien établie entre les pointes & la terre ; des chaînes , ou quelqu'autre métal plus interrompu encore , ne fuff- roient pas. Il faut que le métal foit fans interruption, [l y a desexemples , que des pointes ainfi liées avec la terre, ont filé dans un crand orage aufMi fortement que ces feux d'artifice qu'on appelle ferpentaux. La matière difipée par ce filement , auroit produit des explofons entre les anneaux. nombreux d’une chaîne, où dans une liaifon de conducteurs moins con- tinue, (1) Dans fes Principes Of Eleéfricity , 4°: London , 1779: SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 323 Venons préfentement à notre queltion. Si , fur le Palais dont vous par- lez, les pointes étoient d'une certaine hauteur, & qu'elles communiquaf- fent bien avec la terre ( lorfque les pointes font intimémentunies entr'elles, ileft fuffilant d'en faire communiquer quelques unes feulement avec la terre }),, il n'eft pas douteux qu'il feroic bien moins frappé de la foudre, que s'il navoit point été revêru de ces pointes, En Carinthie, àla campagne du Comte Orfini de Rofemberg , Cham- bellan de l'Empereur , fur une montagne fe trouve un clocher dont l'hif- toire appartient ici, & qui en général offre un fait, le plus remarquable que je connoille , relativement à cette doctrine, De tout temps, la foudre frappa ce clocher, & même fi fouvent , que, pendant l'été, le Service Divin ne fe faifoit pas dans l'Eglife , parce que plufieurs perfonnes y avoient été tuées. L’an 1730, il fut tout anéanti par la foudre, fuivant l'expreflion d'Ingenhouff (1), dont jetire ce fait. On le rebâtit à neuf; mais fon fort, à l’anéantiflement près, fut er- core plus fatal. La foudre le frappa quatre ou cinq fois par an, &- dans un même orage (exemple unique de cette nature que je fache avoir été publié) , la foudre y tomba dix fois; & en 1778, cinq fois, Le cin- quième coup fut fi violent, que le clocher commenca à s’affaifer ; de fa- çon que le Comte fut obligé de le faire démolir. On en conftruifit un woifième, qui fut muni d’un conducteur pointu; & depuis, tout fut tranquille, La foudre y eft bien tombée une fois depuis ce temps là ; mais le coup étoit fi foible , qu’il ne fit pas même fondre la pointe fubtile du conducteur ; Le clocher n'en fouffrit pas, & probablement n’en fouffrira plus. | Si les pointes de votre Palais étoient baffles, & de fimples pointes, mais bien liées avec la terre , elles fereient encore utiles ; fans communi- cation avec la terre, elles ne ferviroient pas à grand chofe: leur effet ce- ‘ pendant dépendroit encore beaucoup des matériaux dont le Palais eft conftruit. Au refte , je ne crois pas que cette efpèce de pointe attireroit la foudre, de façon qu'une maïfon qui en feroit garnie n'auroit pas plus ou peut- être moins à rifquer qu’un autre qui n'en auroit-point. En général, je ne fais pas de cas de la prétendue attraction de la foudre par les métaux à de grandes diftances. Signé LICHTENBERG, ce 22 Mai 1783. ———— ——— ——— ————— ——— (x) Vermifchue Schriffon , où Ecrits divers , 8°. Vienne, 1782 , pag. 160, 5x fe Tome XXIV, Part, I, 1784. AVRIL. Ss 2 324 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, se 2 LEE a © QT ——— —— —— NOUVELLES LITTÉRAIRES. M ANUEL du Minéralogifle, ou Sciagraphie du Règne Minéral, diffribué d'après l'analyfe chymique par M. BERGMANN , Profeffleur de Chymie à Upfal, &c. ; traduit par M. MonGEZ le jeune; Chanoine Régulier de Sainte-Geneviève, Auteur du Journal de Phyfique, &c. &c.in-8°, avec figures, À Paris , chez Cuchet , rue & Hôtel Serpente, Voilà enfin cet Ouvrage que nous avions annoncé pour 1783 , & que des voyages minéralogiques & différentes circonftances ont retardé jufqu’à ce Moment. Heureux, file foin avec lequel nous l'avons rédigé, le rend digne du célèbre Chymifte Suédois que nous avons traduit, & utile à ceux qui fe livrent à l'étude de la Minéralogie, pour lefquels nous l'avons fait ! Des Maladies des Femmes, par M. CHAMBON DE MONTAUx , Médecin de la Faculté de Paris, &c, ,in-12 , 2 vol, , 1784. Paris, rue & Hôtel Serpente. Cet Ouvrage fi intéreflant , & par l’objet qu'il traite, les maladies des femmes pendant & après leurs couches , & par la manière dont il eft traité , a mérité l'approbation de la Société Royale de Médecine, L'é- loge que les Commiffaires en ont fait, annonce qu'elle le regarde comme un des meilleurs Ouvrages qui aient paru fur cette matière. [1 eft diviféen deux parties. Dans la première, qui forme le premier volume , il expofe les maladies aiguës auxquelles Les femmes font fujettes pendant leurs couches ; & dans la feconde, les maladies chroniques qui peuvent en être les fuites. Cet, fuivant les Commiflaires de cette illuftre Société, MM. Andry & Thouret, le plan le plus convenable pour donner fur cette matière un bon Ouvrage élémentaire: on y trouve ce que les Anciens ort penfé fur la nature & le traitement de ces maladies , réuni dans de rom- breufesrecherches; & quelques points fur lefquels ils paroiffent s'êtretrom- , pés, indiqués avec foin & rectifés ; les connoiffances que les Obferva- teurs du moyen âge ont ajoutées à celles des Anciens ; les découvertes plus récentes faites par les Modernes , celles que l'on doit aux Auteurs étrangers , qui, fur-tout parmi les Anglois,, fe font, dans ces derniers temps , beaucoup occupés du même objet ; enfin, la defcription de quel ques affections du même ordre, qui, fans avoir été totalement incon- SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 325 nues aux Anciens, peuvent être regardées comme nouvellement décou« vertes , telle que la fièvre puerpérale, Ce travail d’ailleurs ne doit pas être regardé comme un fimple précis , dans lequel l'Auteur fe feroit borné à rapporter la doétrine des Auteurs connus fur cette matière, M. Cham- bon y joint plufeurs détails qui lui font particuliers, Tels font les ré- fultats des obfervations qu’il a recueillies dans la pratique de cette partie de la Médecine , à laquelle il paroît avoir donné une attention pur culière ; des vues nouvelles fur la manière de trairer quelques-unes de ces maladies; l'explication de plufeurs phénomènes de l'économie animale, que l’on n'avoit point encore apperçus, ou dont on n’avoit pas rendu raifon ; enfin, l'indication de quelques remèdes , tirés principalement de la claffe des fubftances falines, & des fels neutres à bafe calcaire & dé- liquefcents, dont il a éprouvé les bonseffets dans le traitement des affec- tions laiteufes. Cet Ouvrage eft écrit avec ordre & clarté, ajoutent les Commiffaires; il nous paroît très-propre à remplir le but que M. Cham- bon fe propofe en le publiant, celui de fixer l'attention des Médecins fur un grand ordre de maladies aufli peu connues qu'il eft intéreffant qu’elles le foient, pour le bonheur & la confervation d’un féxe qui doit nous être précieux à tant d'égards, Minéralogie des Volcans , ou Deftription de toutes les Subflances produites ou rejetées par les feux fouterreins ; par M. FAUJAS DE SAINT-FOND, in.8°. avec figures. Paris, chez Cuchet, rue & Hôtel Serpente, Depuis que l'étude des volcans eft devenue une partie effentielle de l'Hif- toire Naturelle, que les différents voyages des favants Obfervateurs les ont fait connoître en fi grand nombre, que leurs veftiges paroiffent cou- vrir deux zônes confidérables parallèles à l'équateur , qui jettent quelques rameaux jufques vers les régions des zônes glaciales; la multitude des échantillons dont on a fait colleétion , & leur variété prodigieufe, nécei- toient une nomenclature toute nouvelle. M. Faujas, qui marche fur les traces des Hamilton, des Defmarefts, &c. &c. , s’eft chargé de ce foin. La colleétion immenfe des matières volcaniques ou volcanifées Le mettoit à même de l’exécuter d’une manière fatisfaifante. Après avoir examiné le bafalte en général, il parcourt fes variétés, qu'il tire des dif- férentes formes réculières qu’il affecte; viennent enfuite les bafaltes irréou- liers , ou laves compactes, puis les laves cellulaires , Les pierres-ponces , le verre de volcan, les brèches volcaniques, les pouzzolanes , les laves dé- compofées & les fubftances minérales & falines. Cette Minéralogie vol- canique offre le tableau exact & méthodique de tous les objers que M. Fau- jas a pu raflembler, & il fera très-utile -pour pouvoir Claflér lés nou- veaux que l’on pourra découvrir, Une foule d'obfervations très-intéref. fantes ajoute au mérite de cette nomenclature: mais les Naturaliftes, es 326 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, obfervateurs de la Nature en grand, qui ont étudié ces mafles, ces bancs énormes de granit, qui, des régions des nuages , defcendent jufques dans les entrailles les plus profondes de la terre, & forment la bafe du globe, & peut-être fa partie la plus confidérable , auront certainement de la peine à fe prêter à l'idée de l’Auteur que toute cette maffe ait été originairement de la terre argileufe , de la terre quartzeule , du fer & de la terre calcaire, mais fous une forme diftérenre de celle de granits, placés près des volcans ; que les volcans , en attaquant ces matières , Les ont changées enlaves; que la mer, venant à fon tour les travailler, a décompofé & diffous certe lave, pour en fabriquer enfüuite du granit. On ne peut difconvenir que ce fyftème ne foit préfenté dans cet Ouvrage avec tout l'efprit & la magie néceffaire pour féduire. Très-ingénieux dans nos petits cabinets , & même prefque démontré avec une collection choifie d'échantillons, il fe foutiendra ce- pendant difficilement dans Le grand laboratoire de la Nature. Là nous ver- rons des males immenfes de granit pur, & pour ainfi dire homogène , fans la moindre trace directe ou indirecte de volcans; ici nous obferve- rons les volcans eux-mêmes, tantôt dans le granit, tantôt dans la roche calcaire, Plus loin nous trouverons les couches de laves interpofées avec des bancs calcaires, le feu & la mer agiffant par conféquent fans repro- duétion de granit ; dans cet endroit au contraire, nous trouverons le granit attaqué parle feu, au lieu de devenir lave ,fe changer en ponce , &c.&c. &ce C'eft donc par des obfervations multipliées , plutôt que par des fyftêmes ingénieux, que l’on apprendra la grande fcience de la Nature. Etudions toujours, amaflons fans cefle des matériaux, accumulons connoiflances fur connoiffances , & héfitons de faire des fyftèmes; c’eft l’unique moyen de favoir & de bien favoir. Nouveaux Mémoires de l Académie de Dijon, pour la partie des Sciences & Arts; premier Semeftre , 1783. À Dijon, chez Caufle ; & à Paris, chez Didor le jeune, quai des Augufins. Ce nouveau volume renferme quinze Mémoires , la plupart très-intéref- fants , que nous allons parcourir fucceflivement. Le premier , de M. Tor- telin, traite de la précipitation qui fe faitle plus fouvent, lorfqu’on mêle deux teintures réfineufes, toutes deux faturées, & d’une limpidité qui conftate la perfection de la diffolution. Ce phénomène a conduit l’Auteur à examiner s’il a lieu en raifon des différentes affinités de ces réfines avec l'efprit-de-vin. Il trouve que l’aloës eft de toutes les réfines qu'ila éprouvées, celle qui a le plus d’affinité avec l’efprit-de-vin ; & le bitume & le char- bon de terre, celles qui en ont le moins. Il en réfulte que, par rap- port aux remèdes , lorfqu'on emploie enfemble deux teintures de réfines, qui forment néceflairement par leur mêlange un précipité, ces remèdes pe peuvent Ctre exactement appréciés que par la connoiflance de la SUR L'HIST, NATURELLE ET LES ARTS. 327 fubftance qni formera la plus grande partie du précipité. Danse fecond , M. Maret indique le moyen dont il s’eft fervi pour combiner directement le mercure & l'acide muriarique. On favoit déjà en Chymie que cette combinaifon avoit lieu par afhnité difpofée, en verfant de l'acide muria- tique fur des diffolutions vitrioliques ou nitreufes mercurielles. M. Marec en eft venu à bout par affinité fimple, en faifant rencontrer le mercure & l'acide muriatique dans l’état de vapeurs, M, le Camus, dans le troi- fième , recherche quelle eft l'origine des gouttes d’eau renfermées dans les cryftaux de roche & autres corps, & la trouve dans le defléchement fubit de la partie extérieure des cryftaux , qui empêche l’évaporation de l’eau de cryftallifation contenue dans l'intérieure, 4°. M. de Morveau donne le procédé pour obtenir directement la blende artificielle, en combinant au feu le foufre avec le zinc, foit à l’état de chaux, foir à l'érat métallique, Dans le cinquième, M. Pafumot continue les obferva- tions d'Hiftoire Naturelle de la Bourgogne, dont on voit le commence. ment dans le femeftre précédent, M. Enaux donne fes obfervations fur différentes tumeurs polypeufes, inteftinales & utérines ; ce font des faits rares qui font Le fujet de cet excellent Mémoire. M. de Morveau expofe enfuite quelques obfervations fur un charbon-foffile incombultible , trouvé à Rive-de-Gié; il y a joint des réflexions fur les propriétés de quelques matières paflées à l’état de plombagine. Cette fubftance , qui n’eft , comme nous l'ont appris MM. Scheele & Bergmann, qu'une combinaifon de l'acide aërien ou air fixe avec le phlogiftique , devient très-intéreffante, depuis qu'on commence à s'appercevoir qu’elle fe produit dans quantité d'expériences. D’après le favant Chymifte de Dijon, il paroît qu’elle fe reproduit en quelque forte dans l’incinération des charbons des animaux , du fang de bœuf, de la matière caféeufe, dans l’eifenman ou mine de fer micacée grife, lorfque l'on tient long-temps au feu l’alliage métallique de M. Darcet , qui devient fufible à un degré de chaleur inférieur à celui de l’eau bouillante, &c. Ce Mémoire de M. de Morveau eft on ne peut plus intéreffant , par les réfultats & les conféquences qu'il en tire: on y voit aufMi que, dans les forges de M. de Buffon, il eft parvenu à faire cryftallifer du fer, par le procédé que j'ai indiqué pour les cryftallifations métalliques; il a obtenu des pyramides quadrangulaires , ou des oétaëdres, dont une partie étoit engagée. Dans le Mémoire fuivant, M. Durande fait l'énumération des plantes aftringentes indigènes. Vient enfuite une excellente Differtation de M. Hoin fur la fituation la plus ordinaire de l’en- fant dans la matrice , pendant la sroffefle , où il démontre , par le raifonne- ment & par l'obfervation, que l'enfant a ordinairement la tête enbas, depuis Ph bot temps de la conception, jufqu'à celui de l'accouchement ; que la fituation eft latérale dans la matrice, en raifon de la ftruéture de ce vifcère , & que ce n’eft que lorfque l’ordre eft interverti, qu'il eft fitué différemment : d’où il fe croit en droit de conclure que le mouvement » ‘328 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, de culbute attribué à l'enfant eft un être de raifon qui répugne également à la Nature, à l’efprit & à la faine Phyfique. M. Maret décrit enfuite une trombe qu’il a obfervée le 20 Juillet 1773 , à la Chartreufe de Dijon. On lit encore de ce favant Médecin deux Mémoires, l’un fur la durée & les probabilités de la vie, calculées pour la Ville de Dijon, d’après Les re- giftres mortuaires ; l’autre eft l'Hiftoire Méréorologique de cette Ville en 1783. M. de Morveau donne la defcription & l’ufage du néceffaire chy- mique & de l’appareil d'expériences fur les réchauds à efprit-de-vin; rien n’eft fi commode que cet appareil, pour faire affez vite des expériences, petites à la vérité, mais fouvent très-décifives. Il a joint à ce Mémoire Vufage du chalumeau pour l’analyfe des fubftances minérales, &une table de la manière dont les fubftances pierreufes fe comportent avec cet inf- trument, Nous obferverons en paflant , que M. de Morveau dit que l'afbefte eft infufible au chalumeau. Cependant tous les afbeftes & les amiantes que j'ai eflayés avec cet inftrument , fe vitrifient lorfqu'on les tient long-temps au feu, & fe réduifent en un verre opaque & brunâtre. On lit encore de ce Savantune Obfervation chymique fur l’acéte du bifmuth, & fur la propriété de l’acide acéteux d'empêcher la précipitation du nitre de bifmuth par l’eau pure. Enfin, le dernier Mémoire eft de M. l'Abbé Ber- trand fur la formation des fuites, dont Les termes font des puiffances femblables de finus ou de co-finus d’arcs, qui forment une progreflion arithmétique. On voit, par la nature des Mémoires dont nous venons de parler , combien cette Colleëtion devient de jour en jourintéreffante & pré- cieufe. Quel bel exemple à fuivre pour Les autres Académies du Royaume ! 12 La Nature confiderée dans plufieurs de fes opérations , ou Mémoires € Obférvations Jur diverfes parties de l'Hifloire Naturelle, avecla Minéralogie de l'Orléanois ; par M. DEFAY , Membre de la Société Royale des Sciences de Montpellier | Gc.in-8°. Paris , chez Cuchet , rue & Hôtel Serpente, Cette Colle&tion renferme plufeurs Mémoires curieux & intéreffants fur différents objets d'Hiftoire Naturelle & de Phyfique, & elle ne peut faire qu'un très-grand plailr aux Amateurs de ces deux Sciences; ils y dif- tingueront fur-tout le premier , fur la fameufe queftion fi fouvent agitée, s'il eft falutaire ou nuilible à la fanté des hommes de planter des arbres dans les Villes & aux environs ; & le fecond , fur le Loiret, Bibliothèque Phyfico-Economique ; inffruétive & amufante, recueillie em 1783, avec fig. in-12. Paris, rue & Hôtel Serpente. Une Colleétion de Mémoires & d'Obfervations-Pratiques, des diffèr- tations, de nouvelles machines pour les Arts, des recettes , des procédés découverts ou renouvelés l’année dernière, tel eft cet Ouvrage qui ne peut être qu'amufant & même utile à bien des perfonnes. De SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 329 De Péleitriciré des Végétaux ; Ouvrage dans lequel on traite de l'éleétricité de l'Atmofphère fur les Planres , de [es effers fur l'économie des Végétaux , deleur vertu médico & nutritivo-éleëlrique , & principalement des moyens de pratique de l'appliquer utilement à l'Agriculture , avec l'invention d'un éleétro-végétomètre , avec figures ; par M. l'Abbé BERTHOLON , ProfefJeur de Phyfique expérimentale des Etats Généraux de Languedoc, Ge. Paris , chez Didot jeune , 1783 , in-8°. Cet Ouvrage , qui fait fuite au Traité de l'Electricité des animaux du LA » . . , même Auteur , eft plein de recherches & d’obfervations intéreffantes, & ne peut qu'être très-utile un jour en Agriculture, fi les nombreufes expé- riences faites ou propofées par l'Auteur ont un égal fuccès entre les mains, non-feulement des Phyficiens qui les répéteront, mais des Cultivateurs, pour lefquels on doit les diriger naturellement. Traité fur la Mycithologie, ou Diftours hiflorique fur les Champignons en général, dans lequel on démontre leur véritable origine & leur géneration , d'où dépendent Les effets pernicieux & funefles de ceux que l'on mange, avec les moyens de les évirer, Opufcule avec figures. Par M. Natalis- Jofephæe NECKER, Botanifle de S. À. S. l'Ekeleur Palatin, Duc de Bavière, Hifloriographe du Palatinat du Rhin & des Duches de Berg & Juliers | Membre ordinaire de l Académie Eleëlorale des Sciences de Manheim ; & Affocié Etranger à diverfes Academies des Sciences de l'Europe. À Manheim, chez Mathias Fontaine, Libraire de l'Electeur. 1783 , in-8. de 133 pages. . Ce Traité faifoit partie d’un Ouvrage qui embrafloit toute la Ctyp- togamie du Chevalier de Linné , & que M: de Necker avait envoyé au concours de l'Académie Impériale des Sciences de Péterfbourg. De temps immémorial les champignons ont paflé pour ‘des plantes , mais depuis quelques années , quelques Naturaliftes ont fait fur eux des obfervations microfcopiques ; au moyen defquelles ils ont découvert des femences qui fe changent en animalcules ; par cette métamorphofe, ils ont fait pafler la famille des champignons du règne végétal au règne animal. M.de Necker difcuteen les rejetrant ces expériences microfcopiques , & les révoque en doute, en aflurant que malgré les méditations Les plus profondes, routes les recherches qui ont été faites au fujer des champi- gnons ; perfonne jufqu'ici n’a pu encore connoître leur origine primitive. Que dira M. de Necker, lorfqu'il lira un Mémoire couronné À l’Acadéinie des Sciences, Arts & Belles-Lectres de Dijon, imprimé à Groningue , fur les plantes inutiles.& venimeufes des prairies , oùail eft démontré, a l’occalion des champignons ,; qu'ayant recherché la caufe qui rend ce Tome XX, Part. 1,1784. AVRIL, Te 330 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE; végétal venimeux avec l’âge, il a découvert ou reconnu que cela prove- noit des infeétes que l’on n’y apperçoit point d'abord avec le meilleur microfcope , au moment qu'on le cueille, quoiqu'à coup für leuts œufs s’y trouvent, & qu'ils ne communiquent aux champignons qu'une qualité venimeufe très-foible. Le nombre de ces infectes s'accroît avec l’âge du champignon; leur tête eft ornée de deux cornes, avec un bec long ; leur corps eft à anneaux & prefque cylindrique ; ils ont fix pieds très mobiles & garnis d’écailles , terminés par des ongles pointus, très-aigus ; ae tanfparens, de forte qu’on ne doit pas être étonné qu'ils caufent des douleu’s mortelles & cruelles dans les inteftins, De plus ces infeétes rejettent une mucofité vénéneufe, dont fouvent cout le chantpignon elt enduit comme d'une gelée, mais d'une couleur tout-à-fait analogue à célle de l'intérieur de la plante, d'où il eft difficile de s'en appercevoir. Ee vinaigre fait périr fur-le-champ ces infeétes, d'où cet acide eft le vrai contre-poifon des champignons & des animaux qui les habitent. Cette Differtation eft de M. Brugmans, favant Batave. Ce Naturalifte eft inti- mément perfuadé que les champignons font de véritables plantes. M. de Necker , au contraire, voudroit nous faire croire que leur naifflance fpon- tanée ne provient nullement de femences; fuivant lui, les champignons ne doivent appartenir à aucun des trois règnes, c’eft pourquoi il crée en fa faveur un quatrième règne, qu'il nomme meérymale, moyen ou in- termédiaire. Voici la manière que M. de Necker emploie pour diftinguer Les champignons nuifibles & pernicieux. La truffe, la morille, la chan- terelle & le champignon vulgaire font ordinairement ceux qui fe trouvent dans nos cuifines. Lorfqu'on aura des mets à faire préparer ; dans lefquels entreront ces efpèces de champignons, ilsfaudra prendre la moitié d'un oignon ordinaire, dépouillé de fa pellicule extérieure ; cette portion fera mife en entier dans le vafe, pour être cuite fur-le-champ avec*le cham- pignon. Si la couleur de l'oignon devient bleuâtre où d’un brun tirant fur le noir, c’eft une marque certaine qu'il s’en trouve parmi eux d’un principe malfaifant & délétère; ik faut alors fe garder d'en manger. Si au contraire, après la cuiflon convenable , l’oignon conferve fa couleur blanche telle qu'il Pavoit dans fon état naturel, on pourra alors en man gèr avec fécurité, Quant à la nature du champignon, difons avec M. de Necker, que c’eft en général un vrai Protée, en ce qu'il fe montre fous les formes les plus bizarres. Souvent il reflemble à une oreille d'homme, à un globe uni ou hériflé de pointes; tantôt il prend la figure d’uñe étoile, d’un gobelet, d’une tafle , d'un verre à boire , d’une cloche, d’une maflue où d'an arbriffeau ; quelquefois il repréfente un jeu de quille, une trompe, des tuyaux d'orgue ou les alvéoles des nids d'abeilles , un goupillons une autre fois il imite un vrai priape par fa fioure. Nous croyons relever ici une faute eflentielle, puifqu’elle porte fur Le gicre mème du Livre: Mycirologie ; il faut lire Mycérologie, SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 331 Barth. Euflachii, Medici ac Philofophi, Libellus de multitudine five de Plethorä. Editio tertia. De la multitude , ou dela Pléthore , par Bar- thelemi Euflachi, Médecin & Philofophe. Troifième édition : à Stxafbourg, chez Amand Kœnig , 1783;in-8°. de 138 pages. Le célèbre Euftachi, Anatomifte ancien, eft l’Auteur de ce petit livre fur la Pléthore. Il contient trente-quatre chapitres ;les premiers commencent par faire mention des différentes dénominations , des diverfes acceptions & de la définition du vice pléthorique : les fuivants traitent des caufes, examinent les fubftances folides, humides ou aëriennes , "qui peuvent lui fervir de matière ; ils s'étendent fpécialement fur plufeurs chofes ; qui onc quelque rapport à la multitude , telles que les différences provenantes de la quantité des humeurs, le degré d'augmentation du fang ou des fluides, leurs diverfes proportions, la cacochymie , &c. Euftachi finit ce Traité par indiquer les fignes qui font.reconnoître la Pléthore , mêlant de temps en temps dès digreflions à la mode de fon fiècie; mais cela n'empêche pas qu'il ne montre par-tout une vafte érudition, C’eft vraiment un génie créateur, qui ne s’en laifloit pas impofer par le nom d’Ariftote ou de Galien ; il réunifloit à de grandes connoiflances anatomiques , celles de la phyfologie, On lira avec fatisfaction les détails qu'il donne fur les organes des fenfations, quoiqu'il ne paroifle pas reconnoître tout Le pou- voir des nerfs, ! Nouveau Traitement des maladies Pfeutériques , & l’ufage du Peuple indi- gent. Par M. Harmand de Montgarny , Doëteur en Médecine, de lU- niverfité de Montpellier, 6e, À Verdun , chez Chriftophe, 1783 ,27-4°. - de 10 pages, * Il eft fort fingulier que, tandis que les .cargaifons de nos vaifleaux arrivent avec les produétions de la nature de l’autre hémifphère, nous néglisions ‘aflez les plantes que notre climat nous offre avec profufon; mous les regardons pour ainfi dire avec dédain , & cela fans contredit, parce que nous les foulons tous les jours fous nos pieds. Le Médecin doit s'appliquer à multiplier les reflources curatives, pour medifier, felon les événements & les circonftances, le traiement des maladies ; mais, réunir la fimplicité & la facilité dans l'emploi des médicaments, ajouter à cela la modicité du prix, c’eft mériter, à coup sûr , la reconnoiffance publique. M. le Docteur Harmand a des droits imprefcripribles à cette reconnoiffance, en nous faifant connoître aujourd’hui l’ufage de la racine de Bryone, Bryona alba, comme un fpécifique certain contre les dyflen- teries épidémiques. La Pharmacologie nous avoit depuis long temps appris l'efficacité de cette racine contre les hydropifies, les affe@ions foporeu- Zome X XIV, Part. I, 1784. AVRIL, 1H 332 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, fes, & la plupart des maladies chroniques; mais elle fe tait quant aux dyffenteries, Sachons donc gré à M. Harmand de ce qu’il nous préfente un fpécifique fimple & indigène, propre à combattre des affections, qui depuis nombre d’années infeftent plufieurs Provinces de ce Royaume. Infcrivons dans les Annales de la Médecine, l'hiftoire d’une épidémie dyffentérique qui a régné en dernier lieu dans le Verdunois. Aux traite- ments relatifs à fes différentes époques, M. Harmand a fu joindre les 1ègles générales qui regardent le régime non-feulement que les malades doivent fuivre , mais bien encore les convalefcents ; une table & quelques réflexions fages fur l'emploi de quelques remèdes. Nous renvoyons à l'O- pufcule même les Médecins qui voudront connoître la méthode d'admi- niftrer la racine de bryone , par la perfuafon où nous fommes qu'ils en re- tireront de nouvelles inftructions. Obfervations fur Le Traitement de la Gonorrhée , traduites de l'Anglois de M. Samuel FOART SiMONS, Doëfeur en Médecine, Membre du Collège Royal des Médecins , & de la Société Royale de Londres, Affocié étranger de la Sociéré Royale de Médecine de Paris , Ge. &c. &c. Paris, chez Théo- phile Barrois jeune, 1783 ,in-12, IL y a déjà plus de deux ans que ces Ob/ervarions fur Le traitemént de la Gonorrhée parurent à Londres en Anglois. Leur utilité en a fans doute faic entreprendre cette verfon françoife. Une maladie qui, depuis plus de deux fiècles, règne en Europe, mérite bien affurément que les Médecins du premier ordre s’en occupent. M. le Docteur Simons augmente certainement la mafle de nos connoiflances fur ce mal. A près avoir démontré la néceflité qu'ily a de réunir l’étude de la Médecine à celle de l'Anatomie , avant de traiter la gonorrhée , il recommande d'éviter tout raifonnement fpéculatif, pour s’en tenir, quant aux traitements, à l'emploi de quelques prépara- tions mercurielles choifies , qui paroîtront les plus propres à empêcher les effets de l’abforption, ou réforption du virus vérolique à l'intérieur, pour prévenir par-là l'infection de la maffe générale, [L expofe très en détail. les fymptômes , les phénomènes qui fe préfentent dans les gonorrhées des deux fexes, le régime , la diète & les moyens curatifs à employer. Ses raifonnements fur l’'adminiftration des remèdes font fages, & méritent d'être médités. M. Simons traite enfuite très-doétement , en fept para- graphes , des reliquats de la gonorrhée, portée à un degré violent, ow mal gouvernée, ‘Fels font la hernie vénérienne, le bubon, le phymofis, de paraphymolfis , les chancres , le reflerrement de l’urètre ; & les écoule= ments opiniatres. + ras D SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 333 Traité des Vapeurs, par M. DUCASSE , Doëleur en Médecine de lUniverfiré de Montpellier , Confeiller-Médecin du Roi, 6 Médecin de l'Hotel. Dieu de Sens. À Sens ,chez Tarbé , 1782 , in-16 de 127 pag. Cet Opufcule eft compofé de deux parties. Il eft queftion dans la pre- mière des affections convulfives & vaporeufes , ou des vapeurs , & il s’agic dans la feconde des vapeurs mélancoliques; l’on y trouve la définition, la defcription des fymptômes , l'étivlogie, les caufes, le fiége , Les effets, des remarques-pratiques, & les différences de routes les efpèces de vapeurs, avec les moyens pour les guérir. La Médecine ne manque pas de livres fur les vapeurs. Celui-ci eft dédié à M. le Premier-Prélident du Parlement de Grenoble. Nous n’aimons pas qu'un Docteur en Médecine de Montpellier , taife la formule d’un remède fpécifique contre les vapeurs, & qu'il indique qu'on le trouve exclufivement prépa@tchez M. Defmoulins ,. Marchand Epicier-Droguifle, à Sens , vis-a-vis l'Hôtel- Dieu. Voici encore des ex- reflions , qui tiennent fans contredit de l'empyrifme; elles font relatives à ce médicament fecret. + « À ce réoime fi peu févère , dit M. Ducafle , j'ai joint un remède » fimple , agréable, & dont l'effet n’a jamais trompé mon attente: il eft » compofé du meilleur choix des CAC da GE de cordiaux abfor- » bants, à caufe des aigreurs qu'ont en furabondance les perfonnes atta- » quées de vapeurs, &-des ftomachiques convenables pour fourenir {e ton » néceffaire aux digeftions ,.& évicer le relächement qui fouvent devient > une caufe de vapeurs ». Joannis WE1sz , Leurfchovia Hungari, Med. Dr. Phyf. inclir. Comir. Zemplinienfis , Pyretologiæ-praëlice Tentamen. Effai de Pyretologie-pra- tique , par JEAN WE1sz , de Leutfchovie en Hongrie, Doëleur en Méde- cine, &c., feconde édition. À Vienne , chez Græfler ; & à Strafbourg, chez Kænig, 1783, in-8°. de 94 pag. Point de maladie plus commune que la fièvre ; il n’en eft point für laquelle Les Auteurs aient plus écrit , & peut-Ctre aucune n’a fait naître au- tant d'avis différents, Le Mivetité des fentiments , quelquefois même la confüfion qu’on remarque dans les Ouvrages des Médecins qui ont décrit & claflé les fièvres, la Aifculeé de guérir cette maladie, font les motifs qui ont engagé M. Weifz à entreprendre cer Effai, qui parut, il y a deux ans, pour la première fois. L’Auteur traite d’abord de la fièvre en général. HR qu'on ne peut en donner une définition parfaite , felon les règles de la Logique, attendu qu'il n’eft aucun fymptôme qui foit toujours, & dans tous les cas, eflen- x 334 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE; tiel à cette maladie, & qui puifle fournir un véritable figne pathognomo- nique. Après ces préliminaires, M. Weifz donne les divifions ordinaires des fièvres , d’après le fymptôme principal, la période, la durée , le temps de l’année, &c. &c. Il avoue que le grand nombre d’efpèces , leur diver- fité & Leur complication apportent beaucoup de difficulté dans la guérifon, ainfi que dans l’arrangement de ces maladies. Cependant, pour mettre de l’ordre dans leur énumération , il en propofe plufieurs , comme princi- pales & plus fréquentes; de manière qu'on peut réduire à Re d'elles toute autre efpèce de fièvres, en fuivant l'analogie. Ces fièvres principales , que M, Weifz nomme cardinales ; font l'inflammatoire , la bilieufe , la pituiteufe , la variole, la rougeole & la fièvre intermittente. IL donne des détails fatisfaifants fur chacune de ces fièvres , à l'exception de lintermittente , renvoyant les Lecteurs à une Differtation que le Docteur Marherr a compofée à cefujer. w ‘ " Joannis Weisz, Leutfchovia Hungari, Med. Dr. Continuatio prima Ten- taminis Pyrecologiæ - pratticæ , fiflens Febres Cardinales primas in- flammatorias. Première Continuation de P'Effai de Pyretologie-pratique, contenant les premières Fièvres Cardinales , ou Les Inflammatoires ; par JEAN WeEisz , de Leutfchovie en Hongrie | Doëteur en Médecine. À Vienne ,chez Græffer ; à Strafbourg , chez Kænig, 1783 , in-8°. de 1 25 pages. Cet Ecrit eft une fuite du précédent, Dans le premier, M. Weifz n’avoit qu'effleuré Les fièvres inflammatoires ; dans celui-ci, il les expofe plus au long. Pratiquant la Médecine dans une Ville de Hongrie , dont les Habi- tans robultes font naturellement portés aux maladies inflammatoires , il n’a pas laiflé échapper l’occafion de les bien obferver: de-la eft né cet Ouvrage , que M, Weifz montra manufcrit à M. Stalh, & qui obtint le fuffrage de cet illuftre Profeffeur de Vienne. Encouragé d’ailleurs par V’ac- cueil favorable qué fon premier effai avoit reçu en Allemagne & dans tout le Nord , il n’a pas craint de donner celui ci au Public , & l’a dédié au Comte Palfy d'Erdod, Chambellan de l'Empereur. M. Weifz partage les fièvres inflammatoires en cinq claffes principales, qu'il divife & fous-divife enfuite. Ce font , 1°. les infammations , provenantes de la plénitude ou de l'abondance des humeurs ; 2°. celles qui font produites par quelque acrimonie ; 3°. celles qui viennent de quelque ftimulant mécanique; 4°. les inflammations cachées; & 5°. les périodi- ques, Les chroniques & les épidémiques. Notre Pyrétographe donne ici beaucoup plus à la pratique, qu'il n'a- voit fait dans l'Effai précédent. Il offre par-tout fes propres obfervations, Détachons-en la fuivante , qui plaira vraifemblablement aux Phyfciens, puifqu'elle roule fur le gaz inflammable, SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 33s « Nous préparames un jour, M. le Baron C***. & moi, dit M. Wei£z,. w de l'air inflammable avec de l'acide vitriolique & de la limaille de » fer, fous une cheminée qui ne tiroit pas bien, Le temps étoit pluvieux, » & par conféquent l'atmofphère grave. Cela nous occafionna des maux » detête, des naufées, une difficulté à refpirer , un mouvement très-vie- 2 lent des humeurs, & cela pendant deux jours, Les acides & l'air libre » nous foulagèrent ». Encyklopedifeher Handbuch feer ausiiben de aergte inaphabelifched ordaung , &ë,; celt-à-dire, Manuel Encyclopédique de Médecine pratique. À Nu- remberg, chez Rafpe, 1783, in-8°. Ce premier volume contient les lettres À —E inclufivement , &traite de toutes fortes de matièrés utiles aux Médecins-Praticiens, Les jeunes difciples d'Efculape , qui aimeront à s’inftruire , trouveront abondamment à fe fatisfaire dans ce Dictionnaire. L’indication des meïlleurs Auteurs & livres de Médecine; l'explication claire & précife de tous les termes an- ciens & modernes, foit en langues étrangères ou nationales , relativement à la Médecine-pratique, y font exactement confignées. On eftime fpécia- lement dans ce premier volume les articles apoplexie, avortement, efqui- nancie, éréfipèles , exhalaifons , dyffenterie , dentition , éducation médicinale ; cantharides , analeptique , acrimonie, arthritique , parce qu'ils font traités & travaillés avec foin, folidité & érudition, Eflai d'une Deftription Topographique d'Oliver , in-8°. de 93 pages. Olivet eft un aflez gros Bourg , à une lieue d'Orléans; il offre à la vue un magnifique côteau, au pied duquel coule le Loiret, petite rivière; {on diftriét contient fept lieues de circonférence. La nature du fol, les fofliles, enfin , tout ce qui dépend de l’oriétographie de ce territoire, fe trouve ici fort bien détaillé. Il eft enfuite parlé des mœurs , de l’induftrie , des tempéraments des Habitants. Cette Topographie eft terminée par une Nomenclature raifonnée des plantes, quadrupèdes , oifeaux amphibies , oiffons, infectes & coquillages, tant terreftres que fuviatiles, de 1a Pa- roifle d'Oliver. Cet Opufcule eft très-bien fait dans fon genre. 336 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, €. = TAB LE N : Des ARTICLES CONTENUS DANS CE CAHIER. Os ERVATIONS furles Mouvements diurnes de l'Aiguille aiman- tées par M. le Comte DE CAssiNr, Membre de l'Académie des Sciences. Page 257 Obférvations hifloriques fur l'état ancien & fur l'état aë&luel des Troupeaux & des Laines d'Angleterre; par M. l'Abbé CARLIER. 271 Expériences fur la vitrification de la Terre Végétale mélée avec des Sels ; par M. ACHARD. 280 Offervations fur la faculté fébrifuge de l'Hippo-Caftanus , ox Marronnier _ d'Inde; par Jean-François ZULATTI , Doëleuren Médecine, Correfpon- dant de l Académie de Padoue, 292 Second Mémoire fur les Citernes deflinées à y conferver les Vins, par M. FOUGEROUX DE BONDAROY. 306 Defcription d'un nouveau Cadran Solaire , par M. CARAYON fils. 312 Lettre de M..FERRY fils, a M. MoNGEz Lejeune, fur un Eleëromètre. 315 Sphères nouvelles, par M. l'Abbé GRENET , Profeffeur en l'Univerfité de Pa- ris, au Collège de Lifieux. 319 * Leutre de M.le Brron DE DieTricHT à M. MONGEz le jeune; 6: Correfpondance entre M. MicuAELis , Profeffeur en Langues Orientales à Gouingue , & M. LICHTEMBERG , Profeffeur er Phyfique , fur un trait de l'Hifloire ancienne , au fujet des Conduteurs ; par M. EISEN , Miniflre Lutherien à Nicderbren en bafe Afface. 320 Nouvelles “Littéraires, 324 APPROBATION. Ju lu , par ordre de Monfeigneur le Gardedes Sceaux, un Ouvrage qui a pour titres Obfervarions fur La Phyfique, fur l'Hifhoire Naturelle & fur Les Arts, Éc.; par ML. Rozier & Moncez le jeune, &e. La Colletion de faits importans qu’iloffre périodi- quement à fes Leéteurs, mérite l'accueil des Savans; en conféquence j’eftime qu’on peut en permettre l’impreflion, À Paris, ce 26 Avril 1784. VALMONT DE BOMARE, | a ne ARS f Avril 1784: à . Jellier Se. series méme ra m0, ut 1 RE UE 48 : FF: : = \ E ; = mi F "+ ae Le ar een aient Skoda ee RS nr par emma D es D PR EE RENE : ñ a. £ S ne 2 ce Z- Jelier Se. ET > « + [ TEE ire GLS Le 2 F Le j = = è qi s4fl È Le M Vi PDT re dolce RESTE à À On ne ame v ass 6e Rate ce Te TE Sn ee-en pa nas MEET: N a SN eq Le a / : LV | JOUR NAL:DE PHYSIQUE. | j! Mar 1784. E OBSERVATIONS Sur la vertu de l'Eau imprégnée d'air fixe, de différens acides, & de plufieurs autres fubflances , pour en obtenir , par le moyen des plantes & de la lumière du foleil, de l'air déphlogiflique ; Par JEAN INGEN-Housz. Di: la crainte que d'impreffion du manufcrit du fecond volume de mes Expériences fur les végétaux ne fouffre le même délai que la Colletion des Opufcules, qui s'imprime actuellement à Paris , je crois obliger ceux des Phyficiens qui s'occupent de la doctrine de l'air, en leur communi- quant fommairement le réfultat de quelques expériences que j'ai faites en Angleterre avec l’eau aërée; & ici à Vienne , avec l'eau acidulée par les acides dés trois règnes : elles pourront lesexciter à les répéter , & à chercher la raifon de la grande différence qui fe trouve dans le réfultat de mes FRERES > & de celles. que M. Senebier a faites à Genève à cet égard. aus la feétion XXII de mes Expériences fur les végétaux, de l'édition françoif® (qui eft la feétion XXI de l'édition Angloife) , j'ai examiné pour- quoi quelques eaux , telles que l'eau diftillée, l’eau bouillie, &c.!l, non- feulement ne favorifent, pas la produétion de l'air déphlogiftiqué , mais même empêchent en grande partie cette production. On a pu voir dans cette fection qu’une des raifons pour lefquelles les plantes mifes au foleil dans une eau bouillie ne fourniffent pas d’air déphlogiftiqué, eft, felon mon opinion, que cette eau étant dépouillée d’air , abforbe ell:-même air que la plante évapore. J'ai détaillé depuis (dans un Mémoire lu devant l'Affemblée de la Société Royale de Londres ,en Juin 1782, & d-puis imprimé dans les Tranfations Philofophiques ) quelques expériences que je croyois décifives , & qui m'ont Coin do plus en plus dans cette opi- Tome XXIV, Part, I, 1784. MAL. Vy 335 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, nion. Je mis au foleil des plantes dans un globe de verre rempli d'eau, que j'avois fait bouillir pendant plus de deux heures, & qui par confé- quent avoit perdu abfolument tout air, On ne peut prendre pour une telle expérience que des végétaux qui peuvent vivre dans une telle eau, affez long-temps pour la faturer de leur air. Les plantes aquatiques fonc donc les feules qu'on peut employer à cette fin; ou , fion en emploie d'autres, il faut les- renouveler plufieurs fois;-car les premières y ayant bientôt perdu leur vie , n'ont pu fournir affez de fluide aërien por fetu- rer une telle eau; mais elles auront cependant communiqué (pendant le court efpace de temps qu’elles ont pu vivre dans une-eau nuifible à leur conftiturion } aflez d'air à cette eau , pour pouvoir s’en aflurer , en la faifant bouillir, La chaleur dégagera l'air qu'elle aura abforbé de la plante, La conferva rivülaris , mife dans une telle eau aufoleil , ne fournit aucune bulle d'air pendant le premier jour de fon expofition à a lumière , ni même le fecond, nf ie troifième jour, fi le foleil eft couvert, parce que cetté eau ayant perdu tout fon air, abforbe au commencement avidement tout l'air que le vé- gétal produit ; elle abforbe de même toutes les bulles d'air qui reftent com- munément adhérentes aux flamens de cette plante , lorfqu’on la metdans le vafe rempli d’eau. Dès que cette eau et faturée d’air , le refte que la plante fournit au foleil, monte en forme dé bulles À la furface de l’eau, & cetair eft communément d’une qualité plus exquife que celui qu'on obtient de la même plante dans l’eau fraîchement tirée de la pompe, La raifon en et, que l’eau fraîche étant elle-même faturée d'air, qui eft de l'air commun, ou un mêlange d'air commun & d’air fixe, en laifle échappertune partie qui fémèêle à l'air déphlogiftiqué produit par le végétal, tandis qu’elle ab- ® forbe en même temps toujours une portiond'air déphlogiftiqué que la plante fournit, & qu’on peut en extraire par l'ébullition. Dès que les premières balles d’air commencent à paroître dans cette eau, on peut déjà fe con- vaincre qu'elle fe trouve pleinement faturée d'air, en donnant des fecouffes au vafe (les boules ou globes de verre font les meïlleurs vafes pour cette expérience). L'air déphlogiftiqué dont cette eau eft alors faturée, n'étant guères plus intimément lié à l'eau que l'air fixe, s’en dégage par les fe- coufles qu'on donne au vafe (1), & fait mouffer l’eau comme fe vin de Champagne ou l'eau de Seltzer. On ne peut pas foupçonner avec raifon que l'air ainfi obtenu ait été abforbé de l'atmofphère par l'eau , pendant (x) Cette eau ne mouffe , en la feconant, que, dans le temps qu’elle eft expofée au foleil, car elle doit être furfaturée d’air , pour mouffer manifeftement ; ce n’eft qu’au fo- leil qu’elle peut fe over dans cet érat ; car dès que le végéral ceffle de forcer l'air, qu’il “fournit au foléil ; à fe'méler à l’eau, l'air déphlogiitiqué ; qui n’a qu'une connexion peu intime avec l'eau, s’en féparé en patrie ;.& inonte à Ja fürface! de l'eau, El n’y reftera donc , pendant la uit, qu'une-quantité médiocre d'air ,Kelle que l’eau peur cenir en fe- lution, j SUR L'HIST.- NATURELLE ET LES: ARTS. 339 le temps que la plante y étoit; çat on obtient La même quantité d'air, fi l'orifice du globe et plongé dans un vafe plein de merçuie, qu'on en 05- tient lorfqu'il eft plongé dans un vafe rempli d'eau, | L'eau bouillie & l'eau diftillée nuifent toujours plus où moins, comme ileft affez connu , à la conftitution des plantes, même des-plantes aqua- tiques, parce qu'érant privées d'air ( qui faic peut-être la principale HOur< riure des végétaux) & de prefque tout autre principe nutritif, elles ne fourniffent que peu, ou rien de ce que la plante a"befoin pour refter en vigueur. L'eau pleinement faturée d'air fixe eft encore plus nuifible que l'eau privée de tout air , à plufieurs plantes, fur-rout aux plantes aquatiques, comme M. Senebier l’a très-bien remarqué. La conferva rivularis & la potamogeton crifpum y trouvent bientôt leur deftruction. L’herbe ordinaire (gramen) ne la fouffre Pas bien non-plus, ainfi que quelques autres plantes d’une textufe délicate. J'ai détaillé dans la fection XXII de mon M Ouvrage cité, unef@xpérience faite avec de l’eau pleinement faturée d’air fixe, par le moyen dela machine de l'invention du Doéteur Nood , & qui fe vend à Londres chez M. Parker. Je l'ai répétée deux ou trois fois avec le même fuccès. Dans le moment que jy mis la plante, elle commençoit à fe couvrir de bulles d'air, qui groflifloient au folcil rrès- confidérablement. J'en obtins une grande quantité d'air , qui étoit prefque tout air fixe, & le refte n’étoit pas déphlogiftiqué. Mon opinion étoit, que l'air fixe, qui quitte aifément l’eau , fe plaçoit en partie fur la plante même, comme il s'attache à tout autre corps plongé dans une telle eau, & qu'il s'en infinuoit en même temps une grande quantité dans la fubf- tance même de la plante , y excitoit un mouvement tumulrueux , & for- toit confufément avec l'air de la plante fous la forme de bulles. La raifon pour laquelle je croyois que cette dépofñition d'air {ur Les feuilles n’éroit pas tout-à fait mécanique, mais qu'elle étoit en grande partie due à un mouvement viral de la plante, étoit que ces bulles paroifloient premièrement, fur la furface inférieure des feuilles de prelque toutes les plantes qu’on couvre d'une telle eau , fur laquelle furface elles fe mettent * lorfqu'on les expofe au foleil dans l'eaa ordinaire. Si cette dépofition d'air {ur les feuilles étoit purement mécanique , les bulles dévroient fe placer indifféremment fur les deux furfaces des feuilles, comme elles s’attachent indifféremment fur les deux furfaces d’un morceau de drap, d'une pièce de monnoie, ou de quelqu'autre corps qu'on met dans une telle eau aërée. : Etant de retour à Vienne au mois d'Août 1780, je repris d'abord la fuite de mes recherches, & entr'autres je répétai les mêmes expériences avec l'eau farurée d'air fixe , & j'en fs d’autres avec l'eau imprégnée des acides & de différentes autres fubftances. Je deftinois le détail de ces expériences pour le fecond volume de mon Ouvrage fur les végétaux, \ En voyant avec furprife, dans l'Ouvrage infwuctif de M. Senebier Tome XXIV , Part. 1,1784 MAI. Vv2 340 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, imprimé en 1782, que les expériences nombreufes qu’il a faites für ce même füujet avoient eu un rélultat très-différent , pour ne pas dire dia- métralement oppofé au mien, je commençai à foupçonner que j'avois mal vu, ou que javois commis quelqu’erreur dans les expériences mêmes , que j'aurois été bien-aife de pouvoir corriger avant limpreffion de l'Ouvrage indiqué. Je répétai dans l'été de 1783 toutes les expériences que j'avois faites auparavant , & j'en fis grard nombre d’autres fur le même fujer, en les variant de toutesles manières que je pus imaginer. Je cherchai bien plutôt mon erreur, que les moyens pour appuyer l'opinion qui m’é- toit fuggérée par mes expériences antécédentes. Mais quelques peines que je me fois données dans cette recherche depuis le mois de Mai jufqu’en Novembre , je n'ai pu jufqu'à préfent concevoir la raifon de la variété dans le fuccès que M, Senebier a eu de fes expériences, comparé avec celui que j'ai obtenu des miennes, Je publie ici une ‘lation abrégée du réfultat de mes recherches fur ce fujet, en attendantiique je les détaille plus amplement ailleurs. Je m’abftiendrai de décider moi-même la quef- tion, en abandonnant très-volontiers la conclufion au jugement du Pu- blic, & en efpérant aufli que M. Senebier lui-même voudra bien donner de nouvelles lumières fur un fujer que fes expériences, eu égard à leur nombre confidérable, me paroiflent avoir épuifé, avant d'avoir repris les miennes. Si j'ai mal obfervé, je m’eftimerai toujours heureux de voir mes idées rectifiées par un homme à qui la Phylique doit déjà des progrès variés & importants, & dont l'activité, jointe à un goût décidé pour les recherches | promer des fuccès ultérieurs. M. Senebier a mis à l’épreuve l'acide aërien & les trois acides minéraux, ainff que l’acide végétal, pour center fi les plantes enfermées dans les eaux acidulées par leur moyen, fourniroient une plus grande quantité d’'ait déphlogiftiqué que dans l’eau fimple. D’après ces expériences , il paroît prendre pour une règle générale, que l'eau faturée d’air fixe eft des plus efficaces pour obtenir au foleil, par le moyen des plantes (il en exc2pte celle des aquatiques qui féjournent fous la furface de l'eau }qu'on y mit, une très-grande quantité d'air déphlogiftiqué très:bon, Mais Le ré- fulrat conftant qu’il a eu des expériences faites avec les eaux acidulées par quelqu'un des acides proprement dits, lui fait conclure que ces acides excitent à la vérité les végétaux à répandre une quantité très-confidérable d'air, mais d’un air mauvais. Le meilleur air qu'il a obtenu par leur moyen étoit de l’air commun (voyez le rome I de fon Ouvrage, pages 195 & 196), & alors il n’avoit mis dans l’eau qu’une très- petite quantité d’acide ; favoir, la quatorze - mille - cent - foixantième partie d'acide vitriolique, & la quatorze - cent - quatrième partie d'acide marin. Afin d'abréger la peine que le Lecteur pourroit fe donner pour chercher dans l'Ouvrage de M. $ enebier les endroits oùil exprime fon jugement fur ce fujer je crois Aui faire plailir d'indiquer quelques paffages de fon Ouvrage, qui a pour Le SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 34 tite: Mémoires Phyfico Chymiques [ur l'influence de la Lumière folaire, pour modifier les êtres des trois règnes de la Nature, € [ur tous ceux du règne végétal, par Jean Senebier ,. Minifire du Saint-E vangile , Bibliothécaire de La République de Genève, Membre de la Socièté des Sciences de Haarlem. A Ge- nève , 1782. Dans le tome Î dudit Ouvrage , il dit, page 199, qu'il ne faut pas perdre de vuë que l'air produit par les feuilles expofées au foleil dans Peau acidulée ; eft abfolument mauvais. Il répète la même affertion, pag. 200 & 202, & il ajoute que , l'air obtenu dans d'eau acidulée par le moyen des plantes, ef un air de/diffolution , au lieu que l'air pur ou déphlogifliqué eflur air de végétation. À la page 206 , il dit avoir obfervé que /es phénomènes produits par Les plantes mifes dans une eau acidulée, étoient abfolument fèm- blables dans l'obfcurité la plus entière, comme à la lumière du jour, fournie par les fenêtres très-bien éclairées, Et à la page 213 , il confirme ce fait ulté- riéurement , en difant que Les acides nitreux © marin ont produit Les mêmes effets à l'ombre qu'au foleil , & que læquantité d'air qw’ils ont fournie a été plus grande que celle qui a été produite par l'acide vitriolique. Quoique j'abhorre , autant que M? Senebier, tout écrit polémique, & que je défire même d'éviter jufqu’au moindre foupçon d'avoir en, vue la critique, on ne peut cependant me favoir mauvais gré de décrire fidellemenc ce que j'ai vu , & d'abandonner aux Phyficiens, comme à nos juges com- pétents, la décifion des différences qui fe trouvent dans le fuccès de nos recherches. La Phyfique ne fauroit qu'y gagner , qui que ce foit de nous deux qui ait le mieux vu: d’ailleurs je ne fais en cela que fuivre le louable exemple de M. Senebier lui-même ; & j'efpère qu'il voudra bien agréer la reconnoifflance que je lui dois en particulier pour fa fincérité & fa can- deur , en rectifiant , comme il le croit , quelques-unes de mes opinions, & que je partage avec le Public , pour les travaux qu’il continue de pour- fuivre avec un zèle infatigable & un fuccès dont la Phyfique tirera les avantages les plus marqués, Les deux derniers paflages que j'ai cités du tome I de M. Senebier, & qui me paroïfloient ne contenir rien d'ambigu, m’auroient fair conclure, fans héfiter , que feslexpériences lui avoient indiqué que les plantes mifes .dans une eau acidulée ne donnent pas plus d'air au foleil qu'à l'ombre, fi les expériences mêmes dont il fait mention à la page 212 ,ne me pa- roifloient fignifier le contraire, Si fon opinion s'accorde avec les expé- riences qu'il allègue , c'elt-à-dire , s'il penfe que les phénomènes des plantes mifes dans Les eaux acidulées font abfolument différents à l’obfturité de ce qu’ils font à la lumière, même lorfque, dans les deux cas , les plantes re- çoivent un égal deoré de chaleur ; alors nous fommes parfaitement d’ac- cord fur ce point; car j'ai conftamment vu que les plant mifes à l'ombre dans l'eau , foit pure , foit acidulée, ne donnent qu’une quantité d'air extrémement petite, & que cet air eft toujours méphitique. Mais fi heureufement nos deux opinions fe rencontrent fur cet article , ce dont je 342 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, ne fuis cependant pas tout-à-fair sûr, à caufe des deux textes que j'ai cités, elles ne s'accordent nullement fur le refte. Effk@ivement, j'ai ob- fervé conftamment que les plantes expolées au foleil dans l'eau légèrement : acidulée par un acide quelconque, ne donnent pas feulementune quantité d'air confidérablement plus grande que dans l'eau pure; mais que cer air eft toujours d'une qualité éminente , au lieu que M. Senebier l'a toujours trouvé abfolument mauvais, Le réfultat de nos expériences diffère donc in- finiment fur ce point. * J'ai fait plufieurs centaines d’expériences , depuis que j’ai lu l'Ouvrage de M. Senebier, pour découvrir qui de nous deux a commis l'erreur. J'aiaufli conftamment obtenu un air déphlogiftiqué d’une grande bonté, que M, Se- nebier a obtenu par le même moyen un air mauvais. C’eft à lui à décider fi cette différence dépend de la nature particulière de fon eau, ou de quel- qu'autre caufe que je ne faurois même deviner. Il ne m’eft certainement pas permis d'avoir le moindre foupçon qu'un Phyficien & un Ecrivain auñi éclairé que M. Senebier , n'ait pas pu diftinguer un air ab/olument mauvais d'un air infiniment meilleur que l'air atmofphérique, En me ré- fervant de parler plus amplement fur ce fujec dans.mon Ouvrage fur les végétaux ; je me contenterai ici de prélenter quelques règles générales que j'ai obfervées fur ce fujer. Fous lestrois acides minéraux m'ont produit le même cffet, fans manquer une feule fois, lorfque le temps n'étoit pas fombre. L'acide végétal & l'acide microcofmique ou phofphorique , qui eft un acide animal; ont eu Le même effic que les acides minéraux. La quantité de ces acides qu'il faut pour produire la plus grande quantité d'air déphlogiftiqué & de la meilleure qualité, welt pas aifée à déterminer avec exactitude; car cela dépend de la force des acides qu'on emploie. Je puis dire en général , qu’en prenant autant de quelqu'un de ces acides qu'il en faut pour rendre au goût agréablement acide l’eau dans laquelle on veut mettre les plantes, on obtient la plus grande quantité d'air très-pur. Un quart de pouce cubique de l'huile de vitriol très-fort, mis dans une clo- che contenant 372 pouces cubiques d'eau , fournifloit communément avec des feuilles de vigne, d’if ou de gramen , danlun beau foleil , entre 40 & 50 pouces cubiques d’air déphlooiftiqué d'une qualité fi éminente, qu’il écoit toujours au-delà de 309 degrés (1); fa bonté approchoit même (1) On peut voir, dans mon Ouvrage fur les vécéraux , & dans la Differtation fax Vair déphlogiftiqué , faifant partie de ma Collection d’Opufcules , qui va fortir de prefle inceffamment à Paris , de quelle manière j'évalue la bonté des airs. En mélant à une mefure d’air , dont on veut connoître la bonté , autant de mefures d'air nitreux duitre faut pour la faturer pleinement, & en fecouant le tube de l’eudiomèrre chaque ois qu'on y fait monter une mefure d’air nitreux , on obferve fur l’échelle Anobile de *Jéudiomètre, combien d’efpace la colonne aërienne reftante occupe encore. Chaque mefure étant divifée en cent fubdivifions au degrés , il faut déduire les mefures entières, SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 343 quelquefoisde 400 degrés. L’acide vitriolique m'a paru préférable aux autres, Si on ajoute à l’eau ainfi acidulée un peu de fel de tartre, ou de la — & les fubdivifions de mefure qu’on trouve encore dans le œube de l’eudiomètre, de la totaliré des mefures qu'on y a mifes. Le nombre ainf trouvé fera celui des mefures & fubdivifions de mefures détruites du mélange des deux airs. Comme le. volume des deux airs fe réduit à un efpace d'autant plus petit, que l'air qu'on y a mis à l'épreuve étoit plus pur, il s'enfuit que le nonibre des füubdivifions décruires dans l’effai , indique exaétement les degrés de bonté qu'avoit l'air eflayé. Cette méthode eft celle" de M. Fontana. Maiscomme , dans cette manière d'effaver les ais, il faut fouvent ajouter trois ou quatre mefures d’air nitreux à une d'air déphlogiftiqué, lerfque celui-ci eft très- fin , j'ai donnémne méthode rès-abrégée pour faire un tel effai (dans une Differtation imprimée dans le troifième volume des Alémoires de Ja Société Philofophique Barave de Rotterdam, & qui eft la même qui fait partie de la Colleétion de mes Opufcules que je viens d'indiquer) , qui confifte à mêler dans un vafe féparé( qui à environ 3 pouces diamètre, & autant en hauteur) une quadruple mefure d’air nitreux avec une fimple mefure d'air déphlogiftiqué dout on veut connoître la bonté, De ceite façon, je fuis affez sûr que la mefure d’air déphlogiftiqué fe trouvera faturée , & ce qu'il y aura eu de füurplus d’air nitreux fe déduira dans le décompte à fai:e; car on trouvera toujours Ja ‘quantité du mêlange dérruire, être en raifon direéte de la bonté de l'air qu’on a examiné, “quelque grande quantité d'air nitreux qu'on y ait ajoutée. Par la mérhode que-je viens de dérailler , & que j'ai expliquée plus clairement dans le Mémoire {ufdit , on peut être sûr que le nombre des fubdivifions ou des centièmes de mefures qu’on trouvera dé- trüites , dénote avec grande exactitude le nombre des degrés de bonté que l'air examiné avoit. Cette méthode a un avantage des plus réels, en ce qfte tous ceux qui fe fervent de leudiomètre de M. Fontana auront toujours des réfaltats conformes , eneffayanr des lairs de la même qualité , conformité qu'on ne fauroit obtenir par aucun inftrument ou æudiomètre que, j'aie vu jufqu’à préfent, L’eudiomètre originaire de M. Piieftley (donc -on voirune defen tion dans l'introduétion de fon quatrième tome fur les Ars, imprimé 1779", pag. XXK). auroit peut-être le même avantage , fi la mefüre étroit garnie d'une couliffe où valvule , qui coupe net la colonne d'air , ou qui fépare l'air qui eft dans la mefure de celui qui eft deffous cette couliffe, & qu'on doit laïfer échapper en tournant la mefure fous l’eau. La mefure de M. Prieftley étast nn flacon fimple , il doit arriver fouvent que Pair quin’a pu entrerdans la mefüre, en s’échappant par l’o- rifice de lentonnoir , dans le moment qu’on en te le flacon, en la gliffanc für La lanche du baquet d’eau, pouffe, par la violence avec laquelle il monte, une partie de Pair hors du goulot du flacon, & l’entraîne avec lui ; mais comme la quantité d’air qui eft ainfi entraînée hors de l’orifice du flacon ne peut étre toujours égale, il eft na- turel qu’une telle mefure doit contenir tantôt plus, tantôt moins d'air. Ileft facile de fe‘ convaincre de cet‘inconvénient attaché à la nature d’une telle mefure. La val. vule, dans la mefure de M. Fontana , coupe court à cette incertitude. N’ayant pas une idée exacte de l’eudiomètre de M. Senebier, ni de la méthode de Pemployer , je ne puis le mettreen comparaifon avec celui de M. Fontana. Je ne me fouviens pas d’a- voir lu , dans Ouvrage de M. Senebier , s’il mêle les deux airs dans un vafe féparé ; avant de les faire monter dans un tube gradué , ni s’il fecouele vafe.dans lequel le mê- Jlange fe fait, où non. On peut voir à la page 275 du premier tome de fes Æ/moires Phyfico-Chymiques, fon aveu fincère qu'il trouvoit des différences 1rés-con/ffdérables cdans Les produirs qu'il auroit eu lieu d’efpérer parfziement femblables. Il ajoute même, je ne fais pourquoi, gæil importe foñfpeu dans ces Obfervations , d’apporter la préci- on ferupuleufe que NL. Fontana met dans fes recherches ; qu’il aurois cependanr &£ 344 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, foude d'Efpagne, la quantité d'air qu’on obtient n'en eft pas moins confie dérable , & la qualité n’en eft pas moins bonne, quoiqu'il foit alorscom- munément infecté de plus ou moins d’air fixe. Les fucs, foit doux, foitacides, des fruits & des feuilles, font le même effet que les acides mentionnés. Lejus des raifins , mêlé avec de l’eau , ex- cite les plantes à fournir une quantité furprenante d'air d’une qualité excel- lente. Il n'importe pas fi ce jus vient de raifins murs, ou de ceux qui nap- prochent pas même dela maturité. Les fucs amers des plantes n'ont pas cer effet. Le fuc des limons & des oranges produit le même effet que celui des raifins. Les raifins mêmes , foit entiers, foit écrafés , mis dans l’eau au. foleil , fans feuilles , ne produifent cependant que très-peu d'air , commu- nément inférieur en qualité à l'air commun. Les raiñins entiers cependant, fur-tout lorfqu’ils ne font pas encore müris, mis dans l’eau au foleil fans feuilles, donnent fouvent un air déphlogiftiqué, mais d'une qualité infé- rieure ; par exemple , de 180 à 200 degrés , mais toujours en petite quan- tité. Les haricots verds, qui NE un pouvoir furprenant de méphi- tifer l'air commun à l'ombre, fourniflent dans un beau jour aufli un peu d’air déphlosiftiqué, & ils en donnent même davantage dans une eau acidulée. J'ai déjà dit, dans mon Ouvrage fur les végétaux , que le foleil a Le pou- voir d'empêcher quelques fruits , tels que les haricots verds, & quelques racines, telle qu'eit celle du beccabunga , de méphitifer l'air commun , & de les empêcher d’évaporer un air mauvais au folei]. Letartre crud, diflous dans l’eau , a aufi le pouvoir d'exciter les plantes à fournir beaucoup d’air déplogiftiqué ; la crême de tartre l'a encore à un degré plus haut. Ces deux ingrédients , qui ne diffèrent entr'eux effentielle- ment que par la pureté plus grande de la crème de tartre , étant des aci- des , fuivent en cela la nature de tous les autres acides que j'ai effayés. Plufieurs fels parfaitement neutres, pofsèdent la même qualité que les acides. L’alun me paroît avoir le plus g vertu à cet égard. Un gros d'a- lun, diffous dans 89 pouces d'eau , dans laduelle je mis quelques branches du saxus-baccata (l'if) [occupant trois pouces cubes ], fournifloit 15 pouc. cubiques d’air déphlogiftiqué de 335$ degrés, fans air fixe ; au lieu que 2 gros d’alun, diflous dans la même quantité d’eau, n’en fournifloient ,avec la même quantité du taxus , que 9 = pouces de 334 degrés. enchanté de pouvoir l'obtenir , @& que ce n’eft qu'avec peine qu’il fe trouve forcé d’avouer combien il eft loin de for modèle à cer égard. Si M. Senebier agoit employé, pour faire fon air nitreux , du cuivre, ou , ce qui vautencore mieux , du mercure au lieu de fer , qui eft un des métaux les plus mauvais pour cet objet, & qui même n’en donne jamais de bon ; s’il s’étoit fervi de l’eudiomètre de M. Fontana, & de {a méthode de l’employer, je luis très-perfuadé qu’il auroit trouvé tous les effais aufli concordants entr'eux , qu'il les a trouvésincertains. Le Je SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 34$ Je penfe quelesplantes aquatiques, telles que le poramogeton crifpum, & la conferva rivülaris , ne produifent pas le même effet que les plantes or- dinaires, parée que 1 ftruéture de ces deux plantes eff fi délicate , qu'elles ne fouffrent aucun {tiulant un tant foit peu actif, fans périr, J'ai d'autart plusde fondement d'en juger ainfi, quesces mêmes plantes m'ont fourni quelquefois plus d'air dans une eau très-légèrement acidulée, ainfi que dans l'eau très-légèrement imprégnée d'air fixe , par le moyen de ja machine du Docteur Nood , que dans l'eau pure. Quoique j'aie oblervé, comme M. Senebier., que l'eau faturée d’air fixe eft en état de fournir , par lé moyen des plantes expofées au foleil dans cette eau, une très-grande quantité d’air déphlogiftiqué , j'ai vu cependant que rien n'eft plus incertain que l’effet d’une telle eau fur certaines plantes , fpécialement fur le-gramen. L'ayant eflayé deux ou trois fois en Angle- terre , j'emai eu conftamment le même effet. On peut voir le détail de cette expérience dans mon Ouvrage fur les végétaux, feétion XXI, De- puis mon retour à Vienne, j'ai répété ces expériences, & j'ai obtenu de la plupart un réfultat femblable ; mais aufli quelquefois j'ai obtenu , comme M. Senebier, une très-grande quantité d'air déphlogiftiqué, mêlée cepen- dant toujours avèc une portion plus ou moins grande d'air fixe. Ainfi, ce que M. Senebier a trouvé conftamment , je ne l'ai trouvé que rarement, au moins avec ce gramen ; au lieu que M. Senebier n'a trouvé aucun cas dans lequel la quantité d’air produite par les feuilles dans l'eau faturée d'air fixe , n'ait été au moins double ( voyez fon tom. I , pag. 188 \. J'en ai trouvé grand nombre où la quantité d’air étoit infiniment moindre que dans l’eau pure. Quelques autres plantes, telles que le saxus baccata, m'ont fourni prefque toujéäfshbeaucoup d'air déphlogiftiqué dans une -telle eau. Je joindrai ici qu -unes des expériences que j'ai faites avec différentes plantes en différents temps , en les expofant au foleil dans l'eau aërée par la machine du Doéteur Nood, J'y ai joint prefque toujours une expérience def@@mparaifon : en mettant une même quantité de la même “plante dans l’eat pure de fource ou de puits, l'on y verra la grande in- conftance de l’effer de l’eau imprégnée d’air fixe , au moins fur le gramen. Cett: même plante cependant ne fourniflant que rarement une grande quantité d'air déphlogiftiqué dans une eau aërée , m'en fournifloir toujours une grande quantité, & d'une qualité trèsbonne dans l'eau acidulée par un acide quelconque , de mème qu'avec lalun , Le fuc de railin, &c. Elle éroit une de celles qui perdoit fa couleur verte le plus facilement, lorf- que l’eau étoit faturée d'air fixe , ou acidulée par des: autres acides à un degré qui n’altéroit en rien la vigueur de la plupart des autres plantes. Je ne hafarderai pas de donner une raifon de cette grande différence qui fe trouve dans le réfultat de mes expériences, & celui que M. Senebier en a obtenu conftamment, Je me contenterai de rappoïter des faits. Tome XXIV, Part. I, 1784. MAL... xx 346 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, int Quantité Proportion bonrédel'aër: d'airobtenue, d'air fixe efjayé apres 6 è évaluée par qui s'y avoir purË Expériences. Re e pouc. cubes, tbe ges tour aër I. 3 pouces cubiques d'herbe, mife au foleil pendant environ Z fix heures dans 80 pouces cubiques d'eaw de fource pure. .: 72 (0) 248 F = La méme quantité d'herbe, mife au foleil dans 80 pouces | 1 2 cubiques d’eau légèrement aërée ou imprégnée d'air fixe, . 12 moe 100 1 [L. 2 = pouces cubiques d'herbe , mife au foleil dans 80 pouces bi: g cubiques d'eau defource: pure, , . 4) Li, 46e Set, - 284 | 5 Autantd'herbe, mife dans 80 pouces cubiques d’eau forte- : 4 2. ment |aërée. ie Leonardo dre na iTit TS RAUE 45 ÿ IL. 3 pouces cubiques d'herbe dans 80 pouces cubiques d’eau ‘1 Be pure. ee NS etienne nee 1e nie Main 24 4 fs 232 # ÊE Une égale quantité d'herbe dans 80 pouces cubiques d'eau : Hi Sa dénèrement aëréé.. isniiel te) sue ae ane late on 68003 12 10 ” IV. 3 pouces cubiques d'herbe dans 86 pouces cubiques d'eau À Le pure. . . . . . . . . . . . . . . . . . 2 etns 178 ! £? La même quantité d'herbe dans 86 pouces cubiques d’eau TE É2.. faturéeneattu Rene NE ln AE a NRA nl ET am ES _V. 2 pouces cubiques d'herbe dans 86 pouces cubiques d'eau 1 24 Pures= Vas Éc dm 2e (uent etat Re M ue nel AREA ne Sp E° La même quantité d'herbe dans 86 poucescubiques d’eau fa- pa LR. eutéeld'ainiféel "Vs Male UN LE AA D ER dE te FPE = VL 1 pouce cubique d'herbe dans 89 pouces cubiques d'eau : BE: pure r lvendtt Ne guette ma ou Lette Ai erier Ra S ins tirs o 262 := La même quantité d'herbe dans 80 pouces cul s d'eau $E légèrement :aërée.f 535 290 ee je) te 42306 RARE 215 VIL. 3 pouces cub. d'herbe dans 40 pouces cub. d’eatf pure, mife 3 au foleil depuis dix heures du matin jufqu'à deux heures après- >, midi; & depuis ce temps jufqu'au foir à l'ombre, ue Éhtoujotrs a ais pur ettlisnn ed 10 71 Uche ANR EINEAE _. téspeu, 218 La même quantité d'herbe dans-40 pouces cubiques d'eau | 4 2 environ, la étoit phlo fortement aërée (1). aan ni ad hhabl letoeil: sic etes NES moitie, GiRiQuES VIIL. 3 pouces cub. d'herbe dans 80 pouces cub. d’eau pure. +. 4 O 193 >= Lamême quantité d'herbe dans 80 pouces cubiques d'eau ! Een bed laërée, 2h Mn eleeh a unit dt aie MORIN ÉRIC ne ie utOn # 3 pouces cubiques de raxus baccata dans 80 pouces cubiques - d'éanthien atrée 40e ete Cote ire NAN On ANNIeLE æ 289 a —_——_—_— (1) En transférantle vafe du foleil à Pombre, à deux heures après-midi, jy trouvois envitons pouces d’air développé. Cet airétoit de nouveau prefque tout ablorbé-par Peau , pendant que le vafe étoirplacé à l'ombre; de façon qu'il n’en reftoit que deux tiers d’un pouce cube. Je foupçonne que ce cas étoit arrivé pluñeurs fois, fans que je l’aie remarqué. è > RU Æxpérierces, SUR L'HIST. NATURELLE EILES ARTS. 346 Quantité Propartion d'air obtenue d'air fe IX, 2 pouces d'herbe dans oO pouces cubiques d'eau pure. . 3 X. 2 pouces cubiques d'herbe ques 80 ‘dus nroq-5s9M La même quantité d'herbe dans so pouc. cubiques d’eau bien aérées NET : . rs en lee el L pouces cubiques d’eau PES PROD LE 0e MO SIDE CRC DS car TI AE AL | La même quantité dans 80 pouces cubiques d’eau fortement EL ec pe Lo g 2 pouces cubiques du saxus baccata dans 80 pouces cubiques d’eau fortement aërée, . . . SÉ e E A ITT XI. 3 & + de pouces cubiques de arriplex laciniata dans 80 pouc. *sdurs nt3q 110 cubes d’eau pure, enr LE F P . . , . 3 La st Lux de la même plante dans 80 pouces d’eau uote … OPA CANIN SL PRE EEE » 9= 3 pouces cubiques du axus baccata , dans 80 pouces d'eau PAPE NU PR De el net ele enr Ua st A La même quantité de la même plante dans 80 pouc. cubiques d'éNfortementderees 0 En ARAMENIENNMRE TN ENTREE OU 19 XII. Deux pouces cubiques d’herbe dans 86 pouces cubiques d'émicommne, (ns SP UE USSR TDR né La mêméquantitéd'herbe dans 86 po.cub. d’eau bien aërée. 13 og 1107 sduros w 2 pouces cubiques du saxus baccata dans 86 pouces cubiques RL Eng ed fact ROME mm or CO LC ENS SE LL A f a» 4 La même quantité du taxus baccata dans 86 pouces cubes AERLDE DEN ACTES MR EE EDR IEC AR ER ERRUR ETAT TT SS évaluée par quis'ytreu- \ pouces cubes, voit mêlée. à peine un vellige. environ !a moitié, à peine un velipe. L2 3 environ [a moituc. très-peu, environ la moitie. [e) 12 pouces. ai= Q O 1 = 3 J'ai calculé dans ces expériences, la quantité d’air fixe, par la diminution que cet air fouffroit en le fecouant dans l’eau pendant trois minutes, en m'aflurant toujours, par l’eau de chaux, premièrement de la préfence de cet acide aérien. Si j'obfervois que l'air obrenu dans ces expériences précipi- toit l’eau de chaux au premier contact, & qu’elle s'en troubloit entière- ment , je foumettois cet air à l'épreuve de la concuflion dans l’eau , & j'éva- Juois la quantité d'air fixe qui y étoit Contenue , par la diminution que fouffroit l'air par ces fecouffes. Certe évaluation ne pouvoit à la vérité qu'être au-deffous de la quantité réelle d’air fixe que l'air avoir contenü; Car il s’en étoit abforbé toujours une bonne quantité , par la transfulion de cet air hors du vafe dans lequel la plante fut expofée au foleil. Lorfque l'eau de chaux ne perdoit qu'un peu de fa pellucidité par Le contact, & des fecouffes avec cet air , je ne cherchaï pas à déterminer la quantité exacte d'air fixe qui y étoit contenu, étant bien afluré qu’elle étoit très-petite, Je Tome XXIV, Part. l, 1784. MA I, Xx2 Degré da bonté de l'ar cfayé aprés “ayoir puré fé de tour air fixes eo 270 étoit_ phil giftique, 278 64 26ÿ 228 286 206 244 280 336 225$ 322 348 OBSERVATIONS SUR'LA PHYSIQUE, me fuis contenté alors d’ajouter dans la table , à [a colonne deftinée pour la quantité d’air fixe , #r peu, Lorfque je trouvois la quantité d'air fixe fi petite, j'obfervois à peine le moindre changement dars l’eau de chaux. En {a fecouant avec cet air ; j'ai noté qu'il n'en contenait qu'un ve/age. Dané mes notes originaires, j'ai marqué la quantité d'air fixe par pouces cubes & fubdivifions de pouces. Dans la table que je préfente ici, je n'ai marqué que la proportion que la quantité de cet air avoit à-peu-près avec la mafle totale d'air obtenu, | CONSIDÉRATIONS PHYSICO-BOTANIQUES Sur les joëntures ou les articulations des Plantes 5 : à Par M. AmoREux fils, Médecin, L L A faculté loco-motive dont les animaux feuls jouiffent par eux-mêmes, eft due principalement à la difpoñition , à l’arrangement de leurs membres, & à la mobilité ou au jeu de leurs articulations (n'ayant égard içi qu'au fimple mécanifme ). ; # k { Les yégétaux au contraire , quoique d’une nature vivante, font toujours fixes ; la terre qui Les produit & Les fait croître , les enchaîne & les aflu+ jettitau même lieu, jufqu’au terme de leur deftruétion. S'ils différent ence point, comme en bien d’autres , des êtres animés, on nefauroit difcon- venir que , fous plufieurs rapports, ils ne foient liésenfemble, & ne faffent entr'eux qu'une mème chaîne , une forte de gradation plusiou moins in- fenfible , & obfervée entre tous les êtres organifés. L'animal le plus ftupide , le plus informe, a un mouvement progreilif, un mouvement de contrac- tion. La plante la plus fimple dans fa ftructure , donne des fignes de fenfi- bilité. Certe fimilitude d’organifation, far laquelle tant. de plumes fa- vantes fe font jufqu'ici exercées aflez inutilement, vu le peu d'utilité qu'on en peut retirer, & les conféquences hafardeufes qu'on en pourroir déduire, n'a pas été pouflée , que je fache , relativement aux végétaux , jufqu'à la recherche d'un mécanifme femblable à celui qui fait mouvoir les animaux. Trop prévenus de l'idée d'immobilité, les Phyficiens ne fe font poine occupés à découvrir de nouveaux refforts dans Les plantes; ils ont été fa- tisfaits de l’approximation & de la forte analogie qu'ils ont fuppoté exifter entre les plantes & les animaux. Ils ont tiré d’autre part des preuves qui leur éroient plus que fufifantes pour étayer leurs opinions & leurs raifon- nements. J: crois néanmoins qu'on ne peut fe refuler d'admettre des faits SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. ‘349 nouveaux , fur-tout quand c’eft la nature elle-même qui nous les préfente, Ce fera donc ajouter un degré de plus au parallèle qu'on a fait des deux règnes ; l'animal & le végétal, de faire appercevoir des articulations de plulieurs fortes dans les plantes ; ou du moins quelque chofe d’équivalent, Ce ne fera cependant point pour leur accorder un mouvement progreflif. Les temps d'Orphée ne font plust on ne doit pas non-plus s'attendre à trouver une parité parfaite entre les jointures dont il va être queftion & celles des animaux. On fait combien la Nature eft féconde en moyens, & combien elle fe modifie par des routes différentes, pour parvenir à une même fin ; d’où réfulte cette variété d'objets qui fait le fpeétacle admirable de l'Univers. Cependant l'analooie eft ici aufli exacte qu'elle puifle l'être entre dés êrres de nature aufli diverfe, & fur-tout entre des corps mobiles par eux- mêmes, & des corps qui font dans un repos perpétuel par leur bale; & quand même les jointures des plantes n’auroient qu'un foible rapport avec celles des animaux , il fufñit que lufage en fait à-peu-près le même , c'eftà-dire, qu'elles fervent à l'union , à l'aflemblage & au jeu de quelques-unes de Jéurs parties , pour qu’elles puiflent être réputées des articulations. L'Anatomi: comparée ne nous offre-t-elle pas -des preuves de ce que j'avance À Combien ne connoît-on pas d’efpèces d’articulations , qui di&è- rent abfolument de celles du corps de l'homme, & même des quadru- pèdes ? En un mot, la réunion des deux pièces qui peuvent fe féparer au be- foin, foit qu’elles adhèrent étroitement l’une à l’autre , foit qu'elles fe meuvent lune fur l’autre à l’aide de quelques liens , conftirue une articu- lation. D'après ce principe inconteftable, je dis que les feuilles qui font implantées fur les branches, fur les rameaux & fur les tiges des plantes, fpécialement des arbres & des arbuftes , y font réellement articulées. Cette affertion reçoit fa pleine certitude vers la fin de l'automne gguand les ar- ‘bres fe dépouillent de leur ornemenr, Les cicatrices quel illesdaiflent lentfe dérachant de l'arbre , prouveront à tout Obfervateur "de la manière la plus évidente , que ces parties font fimplement contiguës, puifque leur féparation fe fait fans déchirure. Les vaifleaux de communication de l'arbre aux feuilles, & les fibres qui fe continuent de lun à l’autre , ne reçoivent plus les fucs néceffaires À leur entretien , par la fufpenfion & lengourdiflemient que caufe dans le mouvement de la féve la températuré froide de l'air, L'engouement par trop d'humidité , le refferrement des fibres , l’oblitération ou l’affaiflemenc des pores des feuilles , ne permettent plus ni abforption, ni tran{piration ; celles-ci deviennent des organes inutiles, & abandonnent leur foutien. C’eft ainfi que fe déracheroit un membre d’un animal, fi on interceptoit totalement le cours des fluides qui y abordent , jufqu'à lui douner la mort, ou fi l'on en coupoit les ligaments articulaires. 359 OBSERVATIONS SUR'LA PHYSIQUE, Si l’on tâche d'enlever les feuilles d’un arbre en vigueur, & dans le temps qu'il elt en féve , quelque précaution que l'on … prenne , on ne fiuroit-y réuffir , fans cafler le pétiole ou la queue des feuilles , ou même fans caufer une déchirure dans l'écorce des branches. Ces parties femblent en effet ne faire qu'un feul tout. Si l'arbre devient au contraire languil- fant, on les arrachera fans peine : elles s’en féparent fpontanément , où pat ls moindre effore extérieur, comme par une fecoufle , par le vent, par la pluie, & lorfque Le froid.commence à ralentir la végétation. Si les feuilles étoient continues à l'arbre, comme le font les branches & Les rameaux , pourquoi celles-là fe fépareroient-elles dans une faifon, pour être renouvellées dans une autre, taudis que celles-ci font permanentes, comme extenfon de l'arbre, & qu'elles continuent à croître l’année d’a- près, ou plutôt comment s’opéreroit cette féparation, aulli-tôt que les éeuilles deviennent des membres inutiles aux plantes ? On peut prévenir , retarder jufqu'à uu certain point la chûte des feuilles au temps marqué par la Nature, en confervant dans les ferres & dans les lieux abrités ,* une température convenable , qui imite celle d'une belle faifon, Quant aux arbres qui font toujours parés de leurs feuillages!, tels que les lauriers, les pins , les cyprès , les fapins , Polivier (1) , &c., on fait ce qui les entretient dans cet état de fraîcheur , & ce qui Les fait réfifter à la rigueur des hivers. Ils fonc prefque tous oléagineux ou réli- neux. Leurs fcuilles fe renouvellent cependant par intervalles; ils ne s'en dépouillent que par partie, de manière qu'il en refte aflez pour les faire paroïtre toujours verds : ce qui varie beaucoup felon le climat, & ce qui fait que pluleurs ne peuvent s’acclimater indifféremment par-tout. Les relations des Voyageurs nous apprennent que, dans les Antilles, tout pouffe l'hiver ; les campagnes, nous dit-on, y font alors couvertes de ‘verdure: elles font arides en été; les feuilles tombent, & la plupart des plantes y meurenr, C’eft que, dans ces climats chauds , il fait chaud pen- dantd'hiv ènxe, & que, pendant l'été, les plantes y fonc brülées par l'exces de lahaleur. Les plantes qui y feroienttranfportées d’ailleurs , ou . Celles qu'on rapporteroit dans nos climats froids ou tempérés , feroient dé- payfées. Mais revenons aux articulations. Si l’on examine l'extrémité des pétioles des feuilles qui fe fonc détachées naturellement de l’arbre, on les trouve pour l'ordinaire applatis, plus où moins évafés , formant une efpèce - d’empatement quisadapteà la branche à laquelle elles adhéroient for- tement; quelquefois aufli ils font taillés en bifeau, en cœur, en croiflant; sl LE LE: gs (1) L’Auteur va publier un Traité fur l'olivier, où l’hiftoire naturelle de cet atbre fera expolte dans tous fes détails. Cet Ouvrage pourra intéreffer le Naïuralifte, le Cultivateur & l'Econome, parce qu'il y fera afh queltion de la culture de l'olivier, de la con- fection de l'huile, & de la manière de la conferver. SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 351 d’autres font creufés en gouttière ou en cuiller , ou fimplemnent plats, cy- lindriques, quarrés, triangulaires, &c. Des ftipules & plufieurs glandes accompagnent communément les bords de cette coupe ou infertion, & fouruiflent par là aux feuilles une attache plus folide contre les tiges qui les foutiennent. Ceci fe remarque fur-tout aux feuilles des arbres fruitiers , qui partent de l'aifielle dan bourrelet ou bouton qui leur fert de fupport, & qu'elles défendent elles-mêmes. C’eft dans l'excavation de l’extrémité des pétioies, que l’on apperçoitdes glandes ou des mamelons fouvent entremélés de légères cavités propres à rece- voir les petites éminences de la branche , laquelle a réciproquement quelques glandules qui s'adaptent aux cavités pétiolaires : on y voit auf les aboutiflants des fibres ligneufes , tantôt au nombre de trois, plus ou moins , qui fe ramifent enfuite , & vont déterminer la forme de la feuille & le nombre de fes nervures. Ces faifceaux fibreux varient fuivant la forme & la groffeur du pétiole, Les feuilles du marronnier d'[nde , celles du noyer , du faux acacia , du mürier, m'ont fouvent fourni l’occafñon de confidérer facilement cette ftruéture, Aucun arbre, de ceux qui me font connus , ne préfente mieux cette caufe du dépouillement par les défarti- culations, que le bonduc dioïque; les feuilles, les folioles, les pétioles par- tiels & les communs , & tour Le feuillage, qui forment eux feuls lesgamifca- tions de cet arbre fans branches, fe dérachent pièce à pièce, &ne laiffent qu'un tronc nud , tandis qu'il étoit autrefois très’feuillu , d'où lui eft venu le nom de chicot, qui exprime bien cet état d’entier dépouillement, Une plante très-fucculente, de la famille de celles qu'on nomme cem- munément plantes grafles, le cosyledon orbiculé , lorfqu’il a fouffert de la fécherefle ou de la gelée, fe dépouille de fes feuilles charnues; & laïfle à découvert fur fa tige les traces bien marquées d’une articulation a plus rapprochée. Les glandes , au nombre de trois; le croiffant de la feuille, ui embrafloit la tige , & les cicatrices de celle-ci , font alors très-appa- rentes, Plufieurs auties plantes, comme certains craffula, en font de même. : La plupart des feuilles étant encore vertes, & tenant à l'arbre, y fonc fi adhérentes, qu’elles paroïflent lui être unies par cette efpèce de fynar- throfe ou d'articulation immobile , que les Anatomiftes ont appelée kar- monie: on n'apperçoit qu'un léger fillon , une fente, qui en indique fu- perficiellement les limites. Si au contraire l'on examine les feuilles fépa- rées de l'arbre, les éminences & les cavirés que préfentent leurs extrémités pétiolaires, & qui correfpondent à celles des rameaux , paroiffent confti- tuer uné articulation ginglinoïde ou à charnière , ou même une double arthrodie , mais bornée à raifon du peu d’étendue du mouvement, & des cavités fuperficielles qui reçoivent les mamelons glanduleux. Quand jeadisle peu d’érendue, c’eft qu'en effer ce mouvement eft obf- cur ; maisil eft fuffifamment prouvé parles diférehtes inclinaifons que 352 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, preinent les feuilles dans le cours de leur vie, lo:fqu'elles fonc! plus:ow moins abritées , lorfqu'elles jouiflent d'un plus grand jour, d'un’ air plus libre ; qu'elles ont plus où moins tranfpiré ; que l’atmofphère elt plus ou moins chaud & chargé de vapeurs. On a obfervé, depuis long-temps , quelques mouvements dans l’exté: rieur des plantes, qui, par leur régularité , ont d’abord paru extraordi- naires; mais la fimplicité de leur mécanifme a été fuflifamment dévelop+ pée par de célèbres Phyficiens de ce fiècle, dont les fyftèmes ont paru être ; felon le temps, plus ou moins plaufbles. e La direction verticale qu'affectent les tiges des végétaux plantés dans une fituation inclinée , ou renverfés horizontalement, le retournement de celles qu'on a courbées , le redreffement du germe dans les graines fe- mées à rebours, & l'efpèce d’entorfe ou la nutation qu'éprouvent plu- fieurs plantes herbacées , pour fe préfenter toujours en face à l’afpeét du foleil, dans quelque pofition que cet aftre bienfaifant les éclaire , ou de quelque côté qu'il tourne ; lors même qu'il eft caché par les nuages: tous ces retournements ; dis-je, ont reçu des explications aflez fatisfaifantes de la part de MM. Dodart, Parent , Aftruc, Bonnet, Duhamel, Euler & autres. [l eft reconnu que ce font là les effets de l'air , de la chaleur & de la lumière. Il eft d’autres mouvements dans les feuilles , qui me paroif fent dépendre d'une autre caufe , & que l'on pourroit, à ce que je penfe, attribuer en partie aux articulations dont j'ai déjà fait mention. Telle eft cette contraction fubite & furprenante de la fenfitive, qui, au moindre taët ou à la plus légère agitation de l'air ambiant , lui fait rapprocher fes feuilles, pencher les pétioles qui les foutiennent, & lui donne un air de fétriflure ou de plante fanée. Tel eftencore le renverfement en fens con- traire des folioles de prefque toutes les plantes empennées ou à feuilles pin- nées , comme font les cafles, les acacia , les mimofa, plufieurs des papi- lionacées, &c. Pendant la nuit, ou aux approches d'un temps pluvieux , Leurs folioles fe couchent , s’adoffent les. uns aux autres, & Le long de Leur côte commune , en fe recouvrant ; & celle-ci fe renverfe encore fur Yarbre, Quelques plantes fuivent une marche route oppofée , & c’eft pendant Îa nuit qu'elles s'ouvrent, ou lorfque le foleil fe couche. Au refte, la fenfi- bilité de trois mimofa, dites pudique , chafte & fenfible , peut dépendre d'une autre caufe , que je ne cherche point à expliquer. Mais je n'en con- fidère ici que les effets, qui font l'inflexion & le redreflement des feuilles, & que je crois pouvoir juftement attribuer au feul mouvement articulaire. Le mouvement intérieur des vépétaux eft peut-être plus furprénant en- core dans fa fimpliciré, que celui qui fe paffe chez leslanimaux. Tout ce qui a été avancé à ce fujet w’eft prefque qu'un apperçu. Chaque nature de plantes, les ligneufes, les moëlleufes, les herbacées , les fftuleufés , les fibreufes, les charnues , les drapéès ou cotonneufes, offriroïent fans doute autant TRE PÉRSATSTE F ? bé TT v— 2 CS RSR MESSE St SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 353 autant de variétés qu'il y a de genres, ou même d’efpèces, pour ce qui con- cerne l’ordre de Ja végétation ; pour l'afcenfion & la diftribution de la féve. Cependant on s'eft preflé de conclure, pour le général, de quelques ex- périences centées {ur un très-petit nombre de plantes. À bien examiner toutes les feuilles des plantes , on trouveroit fans doute que chacune a fon mouvement propre, car on les voit affe&ter diffé- rentes attitudes. Mais comme on ne fauroit rappeler toutes ces inflexions à un même mode, y ayant beaucoup de plantes herbacées & annuelles, dont les feuilles étant continues à la tige, ou même fefiles, c'eft-à dire, fans pétioles , fuivent le mouvement commun de la plante, je me contenterai de rapporter en général quelles font Les différentes manières dont les plantes fe replient, felon que l’a obfervé M. le Chevalier Linné, Je ne change- tai rien aux termes, puifque ce Savant les a confacrés à ces mouvements , & qu'il feroit difficile de les rendre exactement en françois par des expref- fions aufli fignificatives. Les feuilles fimples ont quatre façons de fe replier: 1°. connivendo ; 2°. includendo ; 3°. circumfepiendo ; 4°. muniendo. Les feuilles compofées fe replient de fix manières: 1°. conduplicando ; 2°, involvendo ; 3°. divergendo ; 4°. dependendo ; $°. invertendo ; 0°. 1m- bricando. Quelques-unes de ces inflexions s’opèrent dans le corps même de la feuille , fans que fon pédicule y ait aucune part; & alors ce n’eft que le gonflement ou le defféchement des fibres qui procure ces cour- bures , ces roulements, ces mutations: mais quaïfd le pédicule y parti- cipe , & qu'il forme, felon les: circonftances , différents angles avec la tige ou avec La branche & les rameaux, je crois qu’alors l'article eft mis en jeu. Il eft à remarquer que les plantes qui font accoutumées à ployer leurs feuilles & à fe retourner , le font également en plein air, & dans les lieux clos comme les ferres & les orangeries ; dans un endroit éclairé comme dans celui qui eft obfcur , & même dans l'eau comme dans Pair. Ces mou- vements réglés caractérifent affez bien un temps de veille & un temps de repos dans les plantes; ce repos eft même plus long , & conféquemment plus néceffaire, à proportion de leur jeunefle & de leur délicatefle, comme on l’obferve chez Les animaux: ce qui prouve aufli que la féve n’a pes toujours la même ad@ivité, L'on à reconnu d’autres mouvements réguliers dans les parties des plantes; mais ce ne font pas ceux qui étonnent le plus , par l'habitude où l'on eft de les obferver journellement. Je veux parler de l’épanouifle- ment des. fleurs; elles s'ouvrent & fe ferment alternativement au lever du foleil ou à fon coucher, par un temps chaud ou aux approches de la puit & d’un tempshumide, Ce mouvement des fleurs eft fi conftant & fi réglé, que M. de Linné , qui a fu envifager la Botanique fous tous les points de vue poflibles , avoit formé , dans le Jardin d'Upfal ,une hor- Tome XXI, Part. 1, 1784. MA L Yy 354 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, loge de plantes, dont chacune indiquoit une heure différente par fon épa- nouiflement. Ce n’eft pas le feul agrément qu'on puifle retirer de cette Science. Les articulations n’auroient-elles pas aufli quelque part à cette ouverture périodique des fleurs ? Il n’eft pas jufqu’aux corolles ou pétales des fleurs, qui ne puillent fe détacher du calice ou du réceptacle qui les foutient; ce qu'on remarque fur-tout fur les rofes & les lis, & que je cite comme étant des fleurs des plus communes. Les fleurs fe fanent & tombent , lorfqu’elles ne font plus d'aucun ufage au germe ou au fruit naïffant qu'elles ont dé- fendu & nourri d'un fue#plus délicat, plus épuré. Lorfque ce petit fruit et parvenu au point de recevoir plus abondamment la féve ordinaire, ce que les Jardiniers appellent fruit noué , les fleurs difparoiffenr, N'eft-il pas évident que les fquelettes des leurs & des calices feroient au moins perfftants, s'ils avoient fait corps avec l’enfemble des parties de la fruc- tification ? ce qu’on obferve aflez rarement. J'en dis autant des pédicules qui foutiennent les fleurs , leurs calices & les fruits; ils font à cer égard comparables aux périoles des feuilles, c’eft-à-dire, tous articulés. Je rangerai encore parmi les pièces articulées des végétaux , les fruits & les graines qui fe détachent fpontanément dans leur état de maturité; quelques capfules s'ouvrent avec éclat & une forte d’explofion qui punit Ja curiofité de ceux qui y regardent de trop près. Tels font les fruits de l'elaterium où concombre fauvage, les momordica ou pommes de merveille, les balfamines & 20/7 me tangere, les oxalis, une cardamine, &c, M. de Tournefort avoit examiné ce mouvement fpontané, cette déhif- cence des fruits élaftiques qui crèvent au temps de leur maturité , & fe fé- parent par différentes fections naturelles. Il regardoit les bandes ou fec- tions des péricarpes comme autant de mufcles; ce qui n'étoit peut-être pas fort exact. L'exemple de ce grand Maître ne nous autorife-til pas à xeconnoitre avec plus de fondement des articulations dans les différentes parties des plantes ? J'en vois fur-tout dans la manière dont les graines font portées fur les réceptacles , dans leurs attaches aux diflépiments, dans leur fufpenfion aux placenta, &c. Les jointures les plus admirables font celles qui en ont le moins lap- parence ; je veux dire les valves des noyaux, ou les os des fruits à noyaux , connue la pêche, l’abricot, l’amande , la prune , la cerife, Folive, &c., qui font fi intimément unies, qu'il faut employer la plus grande force pour les féparer; encore Les cafle-t-on plutôt qu’on ne les disjoint, tandis que cette forte connexion cède naturellement au gon- lement de l’amande & au développement des cotylédons qui féparent pro- prement les deux coques à l'endroit de leur jointure, Quelle que foit cette force expanfive, ces coques s'ouvrent aufli facilement dans la terre qu'une coquille d’huître, par la volonté de l’animal. La même chofe s’obferve aufli , avec quelque différence pourtant, dans les gouffes , Les filiques, les & SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 35ç légumes , dont la déhifcence fe fait fans effort, lorfqu'elles font au pince de leur maturité, Je ne finirois point fur cet article, sil ne me reftoit à parler de quelques articulations, qui font plus vifibles dans les tigés de certaines plantes , foit annueiles, foit vivaces , telles que les eguifeum ou queue de cheval, & dans plufieurs graminées, arundinacées, &c. Il n'y a pas de «doute fur les articulations des premières ; c’eft une fuite de gomphofes, qui repréfente au mieux les dents enchäfées dans leurs al- véoles. L'hippuris vulgaris eft à-peu-près articulé de même : on les défarti- cule avec bruir. Quant aux tiges des graminées, qui font noueules , on pa pas fait difficulté de les appeler de tout temps des gramens articulés, & leurs nœuds des articulations , articuli , geniculæ. Les rofeaux fe prêtent à la même comperaifon. Enfin , j'ai remarqué que la irabilis ou belle-de-nuit ne femble être formée qu'avec des pièces de rapport. Quand cette plante eft fur le point de fe faner, & qu’elle a éré fur-tout touchée des premières gelées, on en fépare, avec la plus grande facilité , les feuilles , Les branches & les tiges : on divife même ces dernières en plufieurs pièces, comme on feroit d’une colonne vertébrale, ou comme les os de nos mains. La c/avtonia portula- caria ; & quelques autres plantes grafles en font de même. Le guy , en fe féchant , fe fépare aufli pièce à pièce ; fes fruits, fes feuilles, fes branches, fes tiges fe déboitent comme une machine qui netient que par arrifice. La champlure , mäadie particulière à la vigne, défarticule un cep en autant de pièces qu'il y a de nœuds dans la nouvelle poufle, La vigne- vierge ou de Canada , différentes efpèces de ciffus , & mille autres plantes qu'il eft inutile de nommer , offrent le même phénomène. Un Botanifte eft quelquefois fort furpris , en revoyant les plantes qu'il préparoit pour fon herbier, de les trouver toutes en pièces, fans que rien ait pu les en- dommager. Voilà des exemples des articulations immobiles , dont lufage doit être apparemment différent de celles qui font mobiles. ! - En général , les jointures végétales fervent à donner les différents degrés d'inclinaifon, à opérer les inflexions & les changements de direétion né- ceffaires aux feuilles, pour préfenter alternativement l’une ou l’autre de Jeurs furfaces à l'humidité ou à la chaleur, felon qu'elles ont befoin de tranf pirer ou de pomper de la nourriture dans l'air. [1 n’eft pas moins évi- deñt que les feuilles devenant un poids inutile , incommode aux arbres & aux plantes vivaces que l'hiver engourdit, la Nature les en décharge, au moyen des ruptures naturelles qu’occafonpe le defféchement des join- tures, Les plantes herbacées & les annuelles périffent en entier, après leur fruc- tification. Le dépouillement des feuilles leur devenoit donc inutile : auffi les feuilles de la plupart des plantes naïffent-elles immédiatement de la tige qu’elles embraflent de différentes manières. Les unes font vraiment am- plexicaules; les autres connées ou unies entr'elles par leur bafe; d’autres Tome XXIV, Parc, I, 1784. MAL. Y y 2 356 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, font décurrentes , fe prolongent tout le long de la tige , &c, Ces fortes de feuilles n’éprouvent qu'un fimple mouvement de converfion ou d'obli- quité ; elles fe cambrent, fe récoquillenc, ce qui fupplée au jeu des arti- culations qui (dans celles qui en font pourvues) les fait s'élever, s’abaif- fer, s'ouvrir, fe fermer. Jobferverai en dernier lieu , que les arbres déracinés dans letemps de- la féve, ou ceux qu'un coup de foleil defsèche promptement fur pied, gardent plus long-temps les feuilles fur leurs branches mortes, parce que les liens qui lesunifloient étoient encore en vigueur lors de la deftruc- tion de l’arbre. La mort les a furprifes avant le temps. Je ne poufle pas plus loin ces recherches ; c'en eft aflez pour inviter les: Phyficiens & les Botaniftes, qui font à portée d’obferver beaucoup de plantes étrangères , des arbres fur-tout, à s’occuper de cet objet , & à nous faire part de leurs expériences & de leurs obfervations fur cette partie de la hyfique des végétaux, qui eft aufli attrayante qu’elle peut devenir utile à l'Agriculture & au Jardinage. ï NN D M SAN 5 DES OBSERVATIONS ET EXPÉRIENCES DZ M KT OR HS AM A): Fraduites par M. L. D, B, de l'Académie de Dijon. Le EN Phefitee AN VA NT d'examiner fes proportions davs les différents compofés , & particulièrement dans les acides phlogiftiqués, il eft néceflaire de dire quelque chofe de fa nature, Toutle monde convient que l'air fixe ou l'acide aërien (dénomination plus convenable ) peut exifter fous deux érats : l'un fixe concret, & non élaftique , comme lorfqu’it eft combiné avec la terre calcaire , les alkalis ou la magnéfie ; l'autre Auide, élaftique & aériforme, lorfqu'il eft dégagé de toute combinaifon. On ne peut le dégager d’aucune fubftance dans. Yétat concret & rom élaflique ; car , au moment où on l'en dégage , il re- prend fa forme aërienne & élaftique. On peut en dire autant du phlogif- DESPERATE RDA (1) Voyez le cabier de Mars, pag. 188, mobs. Le. RES EE 36 ÉA te Tan “as ES rt NLA SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS, 357 tique; il n'eft pas poffible de l'obtenir dans l’état concret, fimple , & fans qu'il foit combiné avec d’autres fubftances; car à l'inftanc où on Jen dé- gage , il paroît fous une forme élaftique & fluide, & on l'appelle com- munément air inflammable. Ces différents états de la même fubftance proviennent . fuivant les découvertes immortelles du Doéteut Black, des différentes portions de feu élémentaire que cette fubftance contienc ou u'elle abforbe , tant que fa chaleur fenfble refte la même; d’où on a appellé fon feu fpécifique, pour n'avoir pas fait attention à ces différents états. La véritable exiftence du phlogiftique comme principe diftinét , a été fouvent mife en queftion; & l’on a demandé aux Chymiltes de le pro- duire féparément dans fon état fixe, fans fe rappeler que l'air FR peut être féparé ni produit dans l'état Concret, & qu'il en eft de même du phlogiftique ; d’autres fe font totalement trompés {ur la nature de l'air inflammable, & l'ont regardé comme une combinaifon d'acide & de phlopgiftique. Si l'air fixe ne peut être féparé d'aucune fubftance en état concret, c'eft que , quand il eft dégagé par exemple au moyen d’un acide, alors il y a toujours une double décompofition; l’acide cède fa quantité fpécifique de feu à l'air fixe , qui cède à l'acide la fubftance avec laquelle il étoit combiné. Cela eft fi vrai, qu'une diffolution de chaux dans l’a- cide nitreux produit une quantité de chaleur confidérable, & qu’une diffo- lution de craie n'en produit cependant qu’à peine; tout le feu qui eft dé- gagé & rendu fenfble dans le premier cas, eft abforbé par l'air fixe dans le fecond , & c'eft-là précifément ce qui lui donne une forme aërienne. La féparation du phlogitique d’une terre métallique eft due à la même caufe. L’acide diffolvant cède fon feu au phlogiftique ; qui prend alors la forme aërienne, & cède la terre métallique à l'acide. H eft vrai qu’en certe occafion il fe produit une chaleur fenfible, dont on peut afligner trois raifons effentielles : premièrement, la quantité d’air fixe dans une quan- tité donnée de terre calcaire eft beaucoup plus grande que celle du phlo- giftique dans aucun métal , comme ou Le verra ci-après; car il entre pour un tiers dans la compofition des terres calcaires , & le phlogiftique n’entre pas même pour un fixième»dans la plupart des terres métalliques ; fecon- dement, pendant la diffelution, il fe combine avec Facide même beau- coup de phlogiftique , qui dégage une partie de fa quantité fpécifique de feu , comme l’a montré le Doéteur Crawford, & comme je l’ai éprouvé depuis ; & ce feu peut occafionner une chaleur fenfible : troifièmemenrt , pendant la diffolution , il s'unit à l’atmofphère environnante beaucoup de phlogiftique , qui chaffe aufli une partie de fon feu fpécifique, ce qui occafonne encore une chaleur fenfble; & c’eft pour cela que les diffolu- tions métalliques fe font'avec moins de chaleur dans le vuide, quoiqu'avec plus d’effervefcence qu'à l'air. La diflolution das chaux métalliques ne fe fait pas avec autant de chaleur que celle de leurs métaux refpectifs, non-feulement parce que ni les acides diffolvants , ni l'air en- 53 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, . vironnant , ne font très-phlogiftiqués , mais encore parce qu'ils contiennent un fluide élaftique en état concret, qui abforbe beaucoup du feu que les acides diflolvants abandonnent à mefure qu'il acquiert l’état aërien. Après avoir ainfi expliqué l’origine & la formation de l'air inflam- mable , je vais montrer fon identité & fon homogénéité avec le phlogif- tique. Par phlogiftique , on entend généralement ce principe dont, dans les corps combuftibles, dépend principalement leur infammabilité ; ce principe auquel les métaux doivent leur brillant & leur malléabilité ; qui, combiné avec l'acide vitriolique, forme le foufre, qui diminue l'air mpirable L'air inflammable eft ce principe , qui feul eft véritablement inflammable, comme M. VoltaJ'a également montré. En effet, les fubf- tances combultibles font ou animales ou végétales , comme les cheveux , la corne, la graifle, le bois, &c., defquels le Docteur Hales a tiré de Vair inflammable ; le charbon , d’où M. Fontana en a extrait aufli, comme le Docteur Prieftley en avoit tiré des réfines , de l’efprit-de-vin & de l'é- ther , dans lefquels il eft le feul principe qui foit inflammable , & qui ne font inflammables qu'en proportion qu'ils cèdent ce principe , le phof- phore de l'acide duquel le Doéteur Prieftley a obtenu cet air par le moyen du minium; car c’eft l'acide & non le minium qui le contenait, comme le Docteur Prieftley le conjeëture très-bien, puifque l'acide obtenu par déliquefcence n’eft jamais entièrement déphlogiftiqué, jufqu'à ce qu’il ait été chauffé & vitrifié, ainfi que l’a montré M. Margraff, Ou ces fubftances combuftibles font des fubitances minérales, comme le foufre dont on fépare l'air inflammable par les alkalis, ou même, fuivant Prieftley, par l'air marin; des bitumes ou fubftances bitumineufes, defquéls on le re- tire aufli; les fubftances métalliques , comme le zinc & le révule d'arfenic, qui tous deux font inflammables, mais dont aucun ne left autant lorf qu'il eft privé de fon air inflammable. Il eft donc le véritable & unique principe de l’inflammabilité de toutes les fubftances. Je conviens que V'air inflammable qui provient de prefque toutes ces fubftances eft excef fivement impur ; que, dans plufieurs , il contient un mélange d'acide aërien & d'huile; & dans tous, quelque partie de la fubftance qui le chaffe ‘ou l'abandonne ; c’eft pour cela que fon odeur Varie fuivant la claffe dés fubftances dont il eft extrait: mais il eft également vrai qu'aucune de ces fubftances ne contribue à fon inflammabiliré, & qu’au contraire l'air le moins inflammable l’eft d'autant plus (c’eft-à-dire, exige, avant de s’en- flammer , un mêlange d'air d’autanc plus confidérable }, qu'il contient plus de ces fubltances hétérogènes. C’eft pour cela que l'air inflammable des marais n'eft jamais entièrement confumé( Journ. de Phyf. ,t. 15, p. 146.), & qu'au contraire, l'air inflammable des métaux, quieft Le plus pur de tous, eft auñMi le plus inflammable. Secondement, l'air inflammable eft auf le principe qui réduit les chaux à l'état métallique, & leur donne le brillant de métal, Ceci a été 1 L | | ; SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 359 prouvé par lanalyfe & par la fynthèfe , & démontré, l’on peut Je dire, aufli complettement que quoi que ce foit dans la Philofophie naturelle. Le Dodteur Prieftley a retiré l'air inflammable du fer & du zinc, par la chaleur feule; & le fer, ainfi dépouillé de fon phlogiftique, perd fon brillane & devient noir, couleur que prend toujours le fer légèrement déphlogiftiqué, comme il paroît par l'éthiops martial. Le zinc & le régule d’arfenic après l'inflammation , perdent leur apparence métallique ; un mélange de plomb & d’étain s’enflamme aufli à une chaleur modérée, & tous deux font con- vertis en une chaux fans brillant ri malléabilité: d'autre part, fi, dans l'aéte de la combuftion, on dirige un courant d'air infammable fur les Chaux de fer, de plomb ou de mercure, les métaux font immédiatement revi- vifiés, & reprennent leur forme métallique, comme il paroît par l'expériencz de M. Chaufier (Journ. de Phyf. , t. 10, p.313). L'expérience fuivante eft encore plus concluante. Si l'on met une lame de fer poli dans une diffolu- tion faturée & étendue de cuivre dans les acides vitriolique ou marin (je cite ceux-ci, parce qu'on les emploie communément pour la produc- tion de l’air inflammable , quoique le réfulrat foit le même avec les autres acides), il n’y a point d’effervefcence , point d'air inflammable ; mais le fer fera diflous , & le cuivre précipité en état métallique. Il fe produit ici de l'air inflammable comme à l'ordinaire , car l'acide quitte Le cuivre & dif- fout le fer; mais cet air inflammable perd à l'inftant fa forme aërienne, & s'unit au cuivre, comme l'air fixe quitte l'alkali pour s'unir à la chaux, fans aucune effervefcence ;. il réduit évidemment le cuivre, qui reprend le brillant, ia malléabiliré & toutes les autres propriétés du métal. Mais fi la diflolution n’eft pas faturée de cuivre, on aura un peu d’air inflam- mable, car l'excès d’acide en dégagera du fer plus que la chaux de cuivre n’en peut prendre. L'air inflammable eft donc le principe qui métallife les chaux; & fi les métaux ne contiennent qu'une terre propre & du phlo- giftique , l’air inflammable ne contient certainement autre chofe que du phlogiftique. Si l'on fait digérer enfemble du fer & de l'acide arfenical ; il ne fe produit point d'air inflammable; mais J'acide arfenical eft eg grande partie converti en arfenic blanc , comme l'ont obfervé MM, Berg- mann & Schecle (1). Pourquoi cet acide ne produit-il pas, comme les autres, de l’air inflammable , frce n'eft parce qu'il le reçoit, & fe trouve par-là réduit à l'érat de demi-métal , comme par le phlogiftique pur » Cependant cet acide dégage l'air inflammable du zinc, parce que le zinc cède plus de phlosiftique que le régule d’arfenic n'en peut prendre; celui- ci attire une partie qui le métallife, & ce n'eft que l'excès qui paroît fous forme d'air inflammable, comme M. Scheele l'a remarqué. Cet air in- EC LT CT TS TT (1) 2 Nov. at. Upfal , pag. 210. ® Kon. Verenf. Acad, Handlingar. , vol. 36 , pag. 288; 369 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, flammable à la vériré n'eft pas pur , car il tient un peu de régule d’arfenic en diflolution; mais il eft évident que cette portion de régule n’entre pas dans fa compofition. ( Froifièmement, l'air inflammable eft la fubftance avec laquelle l'acide .vitriolique forme le foufre; car il eft la véritable fubftance que l'acide vitriolique fépare des métaux , & cette fubftance ainf féparée s’unit à la- cide vitriolique , lorfqu’elle eft en quantité fuffifante & dans les circonf- tances propres , en proportion capable de former le foufre commun. C’eft ainfi que l'on forme du foufre , en diftillant de l'acide vitriolique con- centré avec du fer ou du bifmuth , ouen diftillant du tartre vicriolé avec du régule d’antimoine, L'air inflammable diminue l'air refpirable, comme le Docteur Prieftley l’a très-clairement montré dans Le cinquième volume de fes Obfervations, page 84 : car quoique, dans fon état aérien pat- fait , après avoir ab{orbé la grande quantité de feu néceffaire pour fa forme aérienne , il ne fe combine que diflcilement & lentement avec l'air ref- pirable à la chaleur de latmofphère , leurs points de contact étant inf- niment petits à railon de leur différente denfité, & n’y ayant aucune fubf tance prochaine pour recevoir la grande quantité de feu élémentaire qu'ils contiennent tous deux, & dont ils doivent perdre une quantité confidé- rable avant de fe combiner enfemble ; cependant, tant que l'air inflam- mable eft dans fon état raiffant , comme l'exprime élégamment le Doc- teur Prieflley , avant qu'il n’acquière fa quantité entière de feu fpécifique, Pair refpirable sy unit aifément, & fe trouve ainfi diminué en propor- tion de fa pureté. Mais s’il s’introduit dans le mêlange des deux fubf- tances des particules ignées d’une denfité fuffante pour être vilbles , il s'excite un degré de chaleur qui raréfie la partie d'air refpirable plus qu'elle ne peut raréfier l’aic inflammable, qui augmente leur contact, leur attraétion réciproque, & en les uniffant , chafle leur feu, ou, pour fe fervir d'une autre expreflion , enflamme, quand ils font en proportion convenable l’un avec l’autre , fans décompofition d'aucun , à moins qu'on ne veuille, contre l'ufage, appeler décompofñition la perte de leur feu fpécifique; mais on n’a jamais dir que l’eau eft décompofée, quand elle devient glace, ni les métaux, quand ils deviennent folides par le re- froidiffement. ? Pour répondre à tout cela, l’on dira que l'air inflammable contient fans doute du phlogiftique , qui produit tous les effers ci-deflus ; mais que le feu qu'il contient eft uni avec quelqu’autre fubitance, que quelques-uns veulent être un acide, pluficurs une terre, d’autres enfin l'air re{pirable, À ces hypothèfes, je n'oppoferai qu’üne obfervation générale ; c’eft que, puifque l'air inflammable a toujours les mêmes propriétés, quand il eft pur, c'eft-à-dire, quand il eft dégagé de toute fubftance hérérogène, ui ne peut contribuer en aucune manière à fon inflammabilité , il faut 1e , S' confifte dans l'union du phlogiftique avec une autre fubftance , qu'il SUR 'LHIST. NATURELLE ET LES ARTS. 36: qu'il foit toujours uni avec cette même fabftance fpécifique; c'eft-iidire , fi c’eft un acide , que ce foit toujours la même efpèce d'acide, ou , fi c’eft une terre, que ce foit toujours la même efpèce de terre ; car noustrouvons que les fubftances , qui font feules pénériguement les mêmes, produifent toujours, avec une autre fubftance donnée, des compofés , dont les pro- priétés font très-différentes de celles de chacune, C'eft ainfi que nous -voyons les différentes efpèces d’alkalis , de terres ou de métaux produire ; -avec une même efpèce d'acide , des compofés effentiellement différents. Cette règle, autant que je fache, n’admet aucune exception, & fi nous lappliquons aux hypothèfes dont il vient d’être queftion , elle les détruira tout-à-fait; car il eft impoñlible de penfer que le phlogiftique peut , dans chaque fubftance qui produit l'air inflammable , rencontrerle même acide, la même terre, ou le même air refpirable. Mais les particularités fui- vantes démontreront qu'aucun ne peut être la bafe de l'air inflammable. Le Docteur Prieftley a dégagé des métaux l'air inflammable, par la cha- leur feule, I n’y a point d'acide dans les métaux, fi ce n’eft peut-être leurs chaux déphlosiftiquées , que les célèbres Chymiftes Bergmann & Scheele foupçonnent être de nature acide. Mais Les chaux n’entrent point dans la compofition de l'air inflammable ; autrement l'air inflammable de chaque métal différent auroit, comme on l’a montré, des propriétés différentes, Ce ne font pas d'ailleurs ces acides qu'on fuppofe entrer dans la compo- fition de l'air inflammable, mais plutôt ceux dont on s’eft fervi pour le dégager. Or, comme on ne le dégage pas feulement par les acides, mais par les alkalis (Mém. Paris, 1776 ;p. 687), cette fuppoñtion s'évanouir d'abord. Les mêmes raifons militentavec une force égale contre l'hypothèfe qu’au- cune efpèce de terre puifle entrer dans la compofñition de cer air. Il nya point d'exemple qu'une terre ait été rendue par aucun moyen conftam- ment fluide , fi ce n’eft dans le gaz Auorique : d’ailleurs, fi c’étoic une terre métallique, il faudroit néceflairement fuppofer qu’elle eft dans l’état mé- tallique; alors comment pourroit-elle échapper à l'action de route efpèce d'acide ? car aucun acide n'eft en état de décompofer l'air inflammable, Enfin, l'on ne peut pas dire que l'air refpirable foit la bafe de l'air inflam- mable, à moins qu’on ne fuppofe que l'air refpirable entre dans la compo- fition des métaux; car le Docteur Prieftley en a dégagé l'air inflammable par la chaleur du foleil, dans un vaiffeau rempli de mercure où l'air refpi- rable wavoit point d'accès, & même dans Le vuide : d’ailleurs , l'air ref pirable & le phlogiftique forment, comme on va le voir, d’autres com- pofés très-différents de l'air inflammable, tels que les airsfixe & phlogif- tiqué. à On peut encore objeéter, contre ces fuppolitions, qu’elles ne font fon. dées fur aucune expérience directe, fur aucune analogie connue; qu'elles Tome XXIF , Part, I, 1784. MA I, * Zz 362 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, fontpurement gratuites , où déduites au moins d'expériences incapables de Les étayer. Mais l'opinion que l'air inflammable n'eft autre chofe que le phlogiftique mis dans l'état fluide par le feu élémentaire, eft directe- ment fondée fur l’expérience par laquelle on dégage l'air inflammable des métaux dans Le vuide Le plus parfait, par la fimple chaleur du foleil, tout comme l'air fixe uni au marbre & concret (état dans lequel il ap- proche de la denfité de l'or) eft dégagé du marbre par la chaleur feule, & mis dans un état fluide & permanent. ne . Pour prouver l'exiftence d’un acide dans l'air inflammable, l'on a dit que, fi cet air pafle au travers de l'eau teinte par le tournefol , elle la rougit, Je lai vu arriver fouvent, lorfque l'air inflammable ef extrait du fer par l'acide vitriolique : mais lorfqu’on lave cet air avec de l’eau de chaux , il ne change plus la couleur de teinture de tournefol , fi on les mêle & qu'on les agite enfemble. C’eftce que j'ai vu faire à M. Fontana au mois de Juin 1779. L'on a dit encore que l'air inflammable & l'air alkalin , mêlés enfemble, formoient un nuage: mais cette objection a été complettement réfutée par le. Docteur Prieftley , dans le quatrième volume ‘de fes obfervations. Qu'une terre, de quelqw’efpèce qu'elle puiffe être, foit effentiellement nécef faire pour contituer l’airinflammable, c’eft ce qui me femble tout-à-fait impro- bable, & je ne fache aucune expérience de laquelle on'puifle l'induire. Il ef certain que les fubftances métalliques peuvent être tenues en diffolution per Vair inflammable; mais il left également qu'elles ne contribuent en rien à fon inflammabilité ( Prieftley , tom. LE, p. 268 ), & qu’elles en font abfo- Tument diftinées, À Mais l’opinion que l'air inflammable eft l'air refpirable fuperfaturé de phlogiftique; cette opinion, dis-je, eft fondée fur des arguments très-fpé- cieux , tirés des expériences rapprochées dans différentes parties des Ou- vrages du Doéteur Pricftley, & qui méritent d'autant plus d'attention, que les faits cités par cet excellent Philofophe , ne peuvent être mis en queftion. Je vais les établir avec exaétirude , mais en même temps les accompagner de remarques ; qui me femblent rendre nulle la conclufon qu'on en a tirée. Dans Le premier volume des obfervations du Docteur Prieftley , il pa- roît qu'une quantité d'air inflammable très-fort ayant été agitée pendant dix minutes dans un vafe de verre plongé dans l'eau , dont la furface étoit expofée à latmofphère , un quart de la quantité a difparu, & le refte s’eft trouvé propre à la refpiration , quoiqu'encore légèrement in- flammable. L’agitation continuée l’a diminué de moitié, & une chandelle y brüloit alors foiblement ; mais en continuant, il eft parvenu à éteindre la chandelle. Sur cela , je remarque d’abord , qu'il fuit de cette expé- rience , que fi l'air refpirable extérieur n’a point eu d'accès dans l’intérieur du vaiffeau , ilentroit pour moitié dans la conftitution de l'air inflammable. SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 363 ou que moitié de celui-ci a été convertie dans cette efpèce d’air , paifqu'il s'en trouve une pareille quantité après l’opération. Mais il eft impo@ble que l’un ou l’autre arrive; car l'air inflammable ne pourroit être converti en la moitié, même le tiers ou le quart d'air refpirable , puifque le quart même d'air refpirable contient plus de matière que quatre fois fon volume d’air inflammable: ileft donc évident que l'air extérieur y a eu néceflairement accès. Secondement , j'ai pris une demi-pinte d’air inflam- mable tiré du fer lavé dans l’eau de chaux, & confervé dans l'appareil au mercure; je l'ai agité avec douze fois fon volume d’eau (purgée d'air par lébullition ) dans une bouteille de verre, fermée d’un bouchon de verre. L’agication en plufieurs fois a duré au moins deux heures. Il y a eu à la vérité une grande quantité d'air abforbée , comme il a paru en ouvrant la bouteille dans l'eau ; mais l'épreuve de l'air nitreux a démontré que le refte éroit également nuifible à la refpiration, & auffi inflammable qu’au- paravant. Le Docteur Prieftley attefte lui même que de l’air inflammable , après avoir été uni à l’eau pendant un mois, eft refté également inflam- mable ( Prieftley , rom. IIT , pag. 267 ). La véritable explication de certe expérience me paroît être premièré- ment , que l’eau abforbe l’air inflammable , mais ne fe combine point aveclui; car, après s'en être imbibée d’,', ;, fon goût n’en eft aucunement altéré , comme le Docteur Prieftley l’a obfervé , tom. I, pag. 194, L'eau simbibe auf aifément de l’air commun. Pendant que l'air inflam- mable eft agité dans de l'eau qui a communication avec l'atmofphère, il eft diminué néceflairement à raifon de fon abforption, & la partie ainfi abforbée paffe immédiatement de l’eau dans l'armofphère; ce qui eft fen- fible par l'odeur qui s’exhale , quand la quantité d’air inflammable eft con- fidérable, L'air qui s'échappe , donne lieu à une nouvelle abforption d'air infammable, qui s'échappe de la même manière. Cependant l’ais commun fous le vaiffeau s’y élève; comme il paroît par les expériences directes du Docteur Prieftley & de M. Fontana (1); & c’eft pour cela que l'air qui eft dans Le vaiffeau, doit, par l'épreuve de l’air nitreux, paroître Jécère- ment phlogiftiqué & refpirable. Mais cette rouvelle agitation décompofe l'air commun , comme nous le verrons bientôt, & alors la chandelle s'y éteint. La même chofe a lieu , lorfque l'air inflammable eft long temps uni à l'eau, dont la furface eft expofée à l'atmofphère, 3 Une autre expérience qui tend au même but, mais en apparence plus décifive , eft celle qui fe trouve dans le quatrième volume des Obferva- tions du Docteur Prieftley, pag. 368. IL y rapporte qu'une portion d'air inflamniable, enfermée dans un tube de verre fcellé hermétiquement , & chauffé jufqu’à la fufion de verre, a taché de noir Le tube; & qu'après oo 3) Tranfaét. Philof. 1779 , pag. 443. Le Tome X XIV, Part, I, 1784. MAL FATAL 0 : » OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, erture , l'air s'eft trouvé réduit à un tiers de fon volume. Ce qui ré Se s ft trouvé n'être que de l'air phlogiflique, qui pes point l'eau de chaux , fur lequel l'air nitreux ne produit aucun effet, & qui n’eft point du tout inflammable. Cependant quelque décifive que cette ex- périence paroifle, un peu d'attention fufft pour montrer ,l’impofhbilité abfolue que l'air irflammable puiffe conffter en un tiers d'air phlogif- tiqué , & deux tiers de phlogiltique; car , en premier lieu, x pouce cu-- bique d'air phlogiftiqué pèfe 0,377 d’un grain, Maintenant, fuppofons qu'à cet air phlogiftiqué; l’on ajoute deux tiers de fon volume de phlo- giftique, & pour rendre la fuppufition encore plus forte, fuppofons en- core que le phlogiftique n’a point de poids; alors, fuivant l'hypothèfe, ce compolé d’air phlogiltiqué & de phlogiftique conftituera l'air inflam- mable , & fon volume fera de 3 pouces cubiques. Ces 3 pouces cubiques ne pèferont pas plus de 0,377 d'un grain : mais fi 3 pouces cubiques d'air inflammable pèfent 0,377 d’un grain , 1 pouce cubique devroit pefer 0,125 d’un grain; ce quine peut pas être; car alors l'air inflammable ne feroit que d'un tiers un peu plus léger que l'air commun , ce qui eff contraire à toutes Les expériences qu'una faites jufqu’ici, & particulière- ment à celles de MM. Cavendifch , Fontana, & du Docteur Prieftley lui-même, qui a montré qu'il étoit environ onze fois plus léger que Pair commun, L'on a dit fecondement , que la matière qui reignoit le verre en noir étoit du véritable phlooiftique, faifant partie de l’airinflammable, & qu’elle éroit enfuite féparée par Le moyen du minium. Celui-ci ne contenoit donc point: d'air phlogiftiqué : mais n'eft-il pas certain que s'il y en avoit eu aflez , le minium auroit été réduit & converti en plomb? & l'air inam- mable ne pourroit-il pas être de nouveau féparé du plomb , quoiqu'il n’y eût point là d'air déphlogiftiqué ou d’air commun , pour fuppléer aux autres parties confticuantes qu'on lui fuppof® ? Troilièmement , dans l'une des expériences du Doéteur Prieftley, l'air inflammable contenu dans le tube de verre qui a été le plus chauflé, a été réduit à une bulle fi petite, qu'il n'a pas été pofñlible de l’éprouver. Ain, dans celle-ci du moins , la quantité d'air phlogiftiqué ne montoit pas à un ers ; elle étoit infiniment petite : donc le refte qu'a pris la chaux de plomb qui eft dans le verre n'eft que. du phlogiftique pur , en forte que cette expérience eft une forte preuve de mon opinion. Quatrièmement , fi le phlogiftique pouvoit être décompofé par la chaleur, & laïiffer alors un rélidu d'air phlogifliqué, montant au tiers de fon volume , la diminution qu'occafionne fon inflammation avec Vair commun ou l'air déphlogiftiqué , ne feroit jamais fi grande , qu'elle a été trouvée par des expériences répétées ; car quand l'air inflammable & l'air commun s’enflamment dans la proportion de onze parties de celui-ci M& de auatre parties du premier , il difparoît , fuivant _ SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 36$ M. Volta (1), un volume égal au total de l'air inflammable & à un cinquième de l'air commun; ou, plus exactement, fur quinze mefures il n'en refte que 8,8: mais fi l’air inMammable étoit décompofé, & s'il en reftoit un tiers, qui feroit de l’air phlovifliqué, alors il ne s’évanouiroit pas tout-à-fair un cinquième du tout, & le refte feroit 10,54 melures, Ceci prouve évidemment que l’air inflammable n’eft jamais décompofé (à moins qu'on n’appelle décompofition la perte de fon feu), mais que, dans l’aéte de linflammation , il fe porte totalement fur la partie pure de l'air refpirable à laquelle il s’unit. Cinquièmement , pour éclaircir davan- tage la matière, j'ai prié M. Cavallo, très expert dans l’art de fouffler le verre, comme dans toutes les expériences pneumatiques , de répéter certe expérience dans mon Laboratoire. Nous avons rempli un tube de 10,5 pouces de longueur , & dont le diamètre éçoit d’un quart de pouce, avec de l'air inflammable extrait du fer, & reçu dans l'appareil au mer- cure, Nous avons chauffé tout le tube jufqu'au rouge ; nous l'avons noirci, & nous l'avons fondu au point de rifquer que l'air n’échappär. Nous l'avons ouvetc fur le mercure; l'air n’étoit diminué que d’un dixième, & s'enflammoit avec une explofñon aufli forte qu'une égale quantité du même air inflammable qui n'avoir pas été chauffé. La feule queftion qui refte , eft de favoir d’où provient l'air phlogiftiqué que le Doëteur Prieftley ditavoir trouvé. La circonftance de fon expérience me fourniroit une réponfe plaufi- ble. Le Docteur m'a mandé dernièrement qu'il croit que l'air étoit réel- lement inflammable, mais que la quantité en étoit très-petire, & qu'elle s’é- chappa avant qu'on pût appliquer la flamme. Il paroït donc fuffifäamment prouvé que l’air inflammable , purifié des acides ou autres fubftances qui le dégagent de fa bafe, & même de toutes les particules du corps auquel il éroit précédemment uni; il pa- roît, dis-je, qu’un tel air inflammable extrait des métaux, reçu dans l'ap- pareil au mercure, lavé dans l’eau de chaux, n'eft qu'une feule & même fubftanceavec léphlosiftique, & n’en diffère que par la quantité de feu (2), Vair inflammable contenant à-peu-près la même quantité de cet élémenc & le même volume d’air atmofphérique , comme l'a trouvé le Doéteur Crawford en dernier lieu , par quelques expériences dont on rendra bien- tôt compte au Public, Ceci ne contredit point la découverte importante de cg Philofophe ingénieux , que le feu & le phlogiftique fe repouffent mu- (1} Jours. de Phyf. , Avril 1779 , pag. 295. *(2) On doit voir, "par ce qui précède , que M. Kirwan entend ici par f2x, fon pas le feu en ignition, mais la matière de la chaleur , le principe calorifique, qui corititue, indépendamment du phlogiftique , la chaleur fpécifique des corps. (dore communiqués aw Tradutteur ). 3 366 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE; tuellement; car il entend feulement que l'addition du phlogiftique à quel- : que fubftance , comme à l'air refpirable , aux acides déphlogiftiqués , aux chaux métalliques , dégage une partie du feu déjà contenue dans cette fubftance ; & qu’au contraire, par le dégagement du phlogiftique d’une fubftance, il y a accroiflement dans la quantité de feu abforbée par cette fubftance. . On peut trouver extraordinaire , en confidérant l'air inflammable & le phlogiltique comme une même fubftance, que l'air inflammable fe mêle 11 facilement à l’eau, tandis que le phlogiftique la repoufle conftamment & en eft repouffé : mais cela dépend entièrement de l’état de cette même fubftance , que dans l'écart fixe & concret l’on nomme phlogiftique, & qui s'appelle air inflammable, lorfqu'elle eft raréfiée & aëriforme. Dans ce dernier état, elle fe mêle avec l’eau en proportion de fa raréfaction, comme elle le : FA fous les formes moins denfes de fon état concret. Ainf, Véther eft abforbé par dix fois fon poids d’eau. L'huile animale de Dippel fe mêle entièrement avec l’eau. Il en eft de même de l'huile de pétrole pure, des huiles ‘effenticlles qui ont éprouvé plufeurs diftillations, & de l’efprit recteur des plantes, Il refte bien plus de chofes à dire des différents états du phlogiftique depuis l’état où on le connoît le plus raréfié , favoir celui d'air inflam- mable, jufqu’à l’érat où il eft le plus condenfé, lorfqu'il eft combiné avec les rérres métalliques. J'ai déjà diftingué huit états intermédiaires, tous différents l’un de l’autre, par la portion de feu élémentaire qu'ils con- tiennent; cette quantité étant, autant que j'en puis juger, directement proportionnelle à la quantité du phlogiftique. Mais ces recherches font étrangères à mon fujet ; je remarquerai feulement que le phlogiftique dansun état peut-être cent fois plus raréfié que l'air inflammable, & par conféquent contenant beaucoup plus de feu, pourroit bien conftituer le fluide électrique. Poftérieurement à ce Mémoire, j'ai reçu une lettre du Docteur Prieftley, par laquelle il m'apprend qu'il a réduit les chaux de ferg de cuivre, de plomb & d'étain, uniquement en Les fondant dans l'air inflammable , par le moyen d’un verre ardent. Chacun de ces métaux a abforbé , pendant fa réduétion , une certaine quantité d’air inflammable: mais la partie qui n'avoit pas été abforbée, étoit également inflammable ; en forte qu'il n’y avoit pointeu de décompofition. Par les mêmes MOYEN Ses il a aufli converti les vapeurs nitreufes en air nitreux , & l’acide phofpho- rique en phofphore ; & depuis la communication des expériences ci-deflus , qui lui femblent aufli une préuve direéte de l'identité de l’air inflammable & Mae , ila cu l'honnêteté de me mander qu'il avoit revivifié les chäux métalliquês dans l'air alkalin comme dans l'air inflammable , & formé de même le phofphore ; qu'il ne doute pas qu'il ne parvienne à produire la même chofe avec toute autre fubftance où le phlogitique ef SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 367 fuppofé entrer. Ceci, dit-il , eft d'accord avec plufeufs de fes premières expériences, notamment celle par laquelle il retire l'air inflammable de l'air alkalin par le moyer de l'étincelle électrique, & l’alkali volatil du fer fuperfaturé avec le phlogiftique, par le moyen de l'acide nitreux ; ce qu'il a répété fouvent depuis la publication de {on dernier volume, Cette obfervation, ajoute-t-il, peut aider à expliquer quelques articles de théo- rie dans la Chymie, fpécialement l’afhnité que tous les acides ont avec le phlogiftique & avec Les alkalis; mais il dit que l’air alkalin contient encore un autre principe, indépendamment du phlogittique ; parce qu’a- près que cer air eff détru , il y a toujours un réfidu , qui n’eft ni de l'air alKalin , ni de l'air inflammable ; mais il lui faut un foleil plus nec pour completter & étendre fes expériences fur ce fujet (1). De la quantité de Phlogiflique dans l'Air nitreux. 100 grains de limaille de fer, diffous dans une quantité fufffante d'a- cide vitriolique bien étendu , ont produit, au moyen d’une chaleur gra- duellement appliquée, 155 pouces cubiques d'air inflammable , le baro- mètre étant à 29,5, & le thermomètre entre so & 60 degrés; puifque l'air inflammable & le phlociftique font une même chofe , la quantité d'air inflammable monte à $,42 grains de phlogiftique. 100 grains de fer diffous dans l'acide nitreux déphlogiftiqué par une chaleur graduelle , & enfin pouflée au dernier point , produifent 83,87 po. cubiques d’air nitreux ; &-comme cet air nitreux contient à-peu-près Ja quantité entière de phlogiftique que de fer abandonne ( parce qu'il elt plus complettement déphlooiftiqué par cet acide que par aucun autre moyen }, il s'enfuit que 83,87 pouces cubes d’air nitreux contiennent au moins $,42 grains de phlogiltiqme : mais on peut croire raifonnablement que toute la quantité de phlogiftique dont le fer eft pourvu , n'eft pas dé- gagée par l'acide vitriolique , & que l'acide nitreux peut en extraire & en prendre davantage. Pour m'aflurer de ce fait, j'ai calciné une certaine quantité de vitriol verd , jufqu'à ce que fa bafe für rout-à-faic infipide ; j'ai extrait de 64 grains de cette ochre 2 pouces d’air nitreux ; par conféquent 100 grains de cette ochre fourniroient 3,12 pouces cubiques d'air nitreux : & fi 83,87 pouces cubiques d'air nitreux contiennent ç,42 de phlo- giftique , 3,12 pouces cubiques de cet air contiennent 0,2 de grain de phiogittique ; par conféquent l'acide nitreux extrait de 100 grains de fer + de grain de phlogiftique plus que ne fait l'acide vitriolique: donc. 83,87 pouces cubiques d'air nitreux , à-peu-près pourvu de tout le phlo- giftique du fer , contiennent 5,62 grains de phlogiftique. Aiofi, 100 pouces cubiques d'air nitreux contiennent 6,7 grains de (x) Depuis quece Mémoire eft fous preffe , je trouve que M. Pelletier a réduit la- cide arfenical en régule, en fzifanr paffer de l'air inflammable par une folution de cex acide dans deux fois fon poids d’eau. (Journ. de Phyf. ,Février178z). 368 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, phlogiftique ; & "puifque 102 pouces cubiques d'air nitreux pèfent 39,9 grains , ils doivent donc contenir 33,2 grains d'acide ni- treux (1). Donc 100 grains d'air nitreux contiennent 16,792 de phlosiftique, & 83,208 d'acide. Lorfque je fis ces expériences pour la première fois, j'imaginois que l'air nitreux ainfi degagé, contenoit tout le phlogiftique. des métaux diflous dans l'acide nitreux , parce qu'il eft reconnu pour déphlogiftiquer les mé- taux autant qu'il eft poflible; mais j'obfervai bientôt, comme l'ont fait le Dodeur Prieftley & M. Fontana , que la plus grande partie de cet air eft abforbée & retenue dans la diffolution , l'acide & la chaux , fuivant la belle remarque de M. Scheele , ayant une affinité plus forte avec le phlo- giftique qu'ils n'en ont chacun féparément. Cependant lon verra claire- ment dans mon Mémoire fuivant , que ce calcul eft à-peu-près jufte, puif qu'il eft d'accord avec la quantité de phlooiftique que le Decteur Prieftley a découverte dans le plomb, & avec celle qui eft évidemment contenue dans le régule d’arfenic, dans l'argent & dans le mercure. a (x) Ne pourroit-on pas dire que ce n’eft plus l’acide nitrenx tout entier, mais feule+ meatr la bale acidifiable de cetacide ? (Vorc communiquée au Tradutteur ). ( La Suite au Journal prochain ), EXTRAIT D’UN MÉMOIRE Où l'on prouve , par la décompofition de l'Eau, que ce fluide n'eft point une fubftance femple , & qu'il y a plufieurs moyens d'obtenir en grand l’Air inflammable qui y entre comme prin- cipe conflituant : Lu à la rentrée publique de l'Académie desySciences , le Mercredi 21 Avril 17846 Par M. MEUSNIER, Lieutenant en premier au Corps du Génie, Membre de l’Académie , en commun avec M. LAVOISIER. D qu'on connoît l'expérience dans laquelle un mêlange d’air in- flammable & d'air déphlogiftiqué , fait fuivant les proportions conve- nables, SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 369 nables, ne produit en brülant que de l'eau très-pure, à-peu-près égale en poids à celui des deux airs réunis; il étoit difficile de ne pas reconnoître dans cette production d’eau une preuve prefque évidente que ce fluide , mis de tout remps au rang des Énees fimples , eft réellement un corps compofé , & que les deux airs, du mêlange cet il réfulte, en four- niffent les principes conftituans. M. Lavoifier en tira cette conféquence, dans un Mémoire qu’il lut à la dernière Séance publique de cette Académie, en annonçant qu'avec M. de la Place, ils avoient les premiers obrenu ainfi une quantité d’eau affez confidérable pour la foumettre à quelques épreuves chymiques; & en admettant quelqu'exactitude dans ee nation du poids des airs employés dans cette expérience, on ne voir pas comment il feroit poflible de linfirmer. On a cependant élevé des doutes far cette réduction entière de deux fluides aëriformes en eau; & malgré les foins apportés par M. Lavoifier, pour aflurer , autant qu'ileft poflible, la précifion d'une expérience aufli délicate; malgré la conformité du ré- fulcat obtenu à-peu-près en même temps par M. Monge dans le Labora- toire de l'Ecole de Mézières avec un appareil très- exact & les atten- tions les plus fcrupuleufes , quelques perfonnes ont cru pouvoir attribuer l'eau qui provient de cette opération à l'humidité difloute par les airs, & privée de foutien au moment de leur combuftion. Mais, fans parler du peu de proportion d'une caufe aufli légère avec la quantité d’eau dont il faut expliquer l'origine , fi les airs eux-mêmes n'y entroient pour rien, il refteroit à trouver quel eft le produit réel de leur combuftion ; & puif- qu'en en brûlant des volumes confidérables , on n'obtient autre chofe que cette eau très pure qu'on voit couler de toutes parts, il s'enfuit que, même en admettant une erreur groflière dans la comparaifon du poids des airs avec celui de l’eau qui fe manifette, l’explication qu’on vient de rap- peler feroïf encore fujette aux difficultés les plus fortes. C'eft au refte la multitude de faits , bien plus que le raifonnement, qui doit établir toute efpèce de théorie nouvelle, & c’elt la voie que nous avons prife dans le travail dont nous allons rendre compte : il eft le fruit des recher. ches récentes auxquelles M. Lavoifier & moi avons eu occafon de nous livrer fur la production de l'air inflammable ; & voyant déjà tant de raifons de croire que c’eft dans l’eau que la Nature a dépofé tout celui dont elle fait ufage pour fes diverfes combinaifons; ayant éprouvé qu'en le tirant des corps plus compofés, il eft toujours altéré par le mêlange des fubftances qui fervoient à le fixer, nous ne pouvions être mieux conduits à le cher- cher directement dans ce fluide te La queftion qu'il s’agifloit de réfoudre étoit donc de décompofer l’eau, en lui préfentant des intermèdes capables de s'unir à l’un de fes principes conitituans & tendans à cette union avec une force fupérieure à celle qui lie ces principes entr'eux; & puifqu'il éroit fi natu-el de penfer , qu'outre Yair inflammable, l'eau contient encore l'air déphlogiftiqué que nous Tome XXIV , Part, 1, 1784, MAI. ._ Aaa 370 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, avions vu contribuer à fa formation , il falloit chercher à en féparer ce dernier par le moyen des corps avec lefquels on lui connoît une grande affinité. C’étoit donc parmi les corps combuftibles & les métaux calci- nables que nous pouvions efpérer de trouver les agens propres à opérer cette décompolition. M. Lavoïier , conduit par ces principes , avoit déjà tenté un mélange dont il rendit compte dans le Mémoire que je viens ‘de citer, & avoit réufli parce moyen à obtenir de l'air inflammable, De la limaille de fer & de l'eau , mifes’en petite quantité dans la partie fupérieure d’une cloche pleine de mercure, n’avoient pas tardé à laiffer dégager ce Auide aëri- forme, qui, au bout de quelques jours , devint aflez abondant pour en effayer la combultion; & le fer calciné alors annonçoit une abforption d'air déphlogiftiqué, qu'il ne pouvoit avoir tiré que de l’eau dans laquelle il étoic plongé. Cetre expérience , dans laquelle M. Lavoifier avoit opéré une vraie dé- compofition de l’eau , n’éroit pas cependant exempte de route dificulté ; & quoiqu'il eût employé de l’eau diftillée, la petitefle du volume de Fair inflammable ainfi obtenu , pouvoit peut-être encore donner lieu aux ob- jeétions qu'en a établies fur la fup io où cette eau n'auroit pas été par- faitement pure, Il manquoir en effect quelque chofe à ce procédé; & puilque Ja matière du feu paroît un élément fi eflentiel à la formation de tous les fluides élaftiques , qu'elle eft prefque toujours abforbée dans les expériences qui en produifent , & dégagée quand ils fe condenfent ; puifque fur-touc il s'en fait une production fi confdérable, lorfque les deux airs qui conf- tituent l'eau la réforment par leur combuftion; & qu'enfin les métaux calcinables , de même que les corps combultibles, re deviennent fenfi- blement altérables par l'air déphlogiftiqué qu'à l'aide d'une lee , très-élevée, il n’eft pas étonnant qu'une opération dans laquelle on n’em- ployoit d’autre chaleur que celle de l’atmofphère , eût un effèr fi lent & fi peu marqué. La décompofition de l’eauexige donc, pour fe faire rapi- dement , le concours d’une chaleur confidérable, & c’eit une des condi- tions principales que nous avions à remplir; mais la difficulté de donner à l’eau une chaleur au-deflus du degré de fon ébullition , étoit encore un obftacle à nos vues, & ce n'eft qu'en la prenant déjà réduite en vapeurs, que nous avons pu la porter jufqu'à l'état d'incandefcence auquel nous préfumions qu’il étoit néceflaire de l’amener. D'après ces confidérations, l'appareil néceffaire fe préfénte de lui- même , & n'exigeroit pas une longue defcription ; mais quelqu'incéref- «fantes qu'aient été pour nous les préfnières épreuves que nous en avoris faites, & done M. Bertholet a.bien voulu être témoin & coopérateur, les bornes de cet Extrait ne nous permettent pas d'entrer à ce fujer dans le détail qu'elles exigeroient, & nous paflerons rapidement aux expériences ‘entièrement concluantes die nous nous fommes empreffés de tenter , dès SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. ‘39 que notre appareil eut acquis fucceflivement le degré de perfection né- ceffaire. Nous dirons feulement qu’en faifant pafler dans un tube de fer incandefcent , foit de l’eau en vapeurs , fournie par une cornue à la- quelle il étoie ajufté, foit de l'eau verfée goutre-à-goutte , au moyen d’un robinet ouvert imperceptiblement, & qui fe vaporifant de même , dès qu'elle commençoir à atteindre Ja partie rouge FE, fer, étoit égale- ment forcée , en la parcourant en entier , d'acquérir au paflage le même degré de chaleur, nous avons conftamment obtenu de grandes quantités d'air inflammable ; que cet air préfentoit, dans fon inflammation & dans fa déronnation avec l'air déphlogiftiqué , tous les phénomènes qui carac- rérifent celui qu'on obtient par la diflolution de quelques métaux dans l'acide vitriolique ; qu'il avoit de même une odeur très-marquée; mais que n’offrant rien de femblable à celle de l'acide fulfureux qu'on déméle dans l'air inflammable ordinaire , celui-ci fe rapprochoit infiniment plus de ce que les Chymiftes ont nommé empyreume ; que fa pefanteur fpéci- fique, déterminée avec des inftrumens très-délicats, s’eft toujours trouvée d’autant moindre, que l'air atmofphérique qui remplifloit originairement l'appareil , s’y eft mélé en moindre proportion , par rapport au volume total de l'air inflammable qu’on à fabriqué à chaque expérience ; & que , Lo peuqu'on en produife un volume décuple de la capacité des vaif eaux qu’on emploie , on l'obtient au moins neuf fois plus léger que celui de l'atmofphère ; qu'enfin le tube de fer foumis à cette opération, éprouve facceflivement une altération confidérable , qui le rend de moins en mcias noue à dégager l'air inflammable ; que l'opération éprouve par cette raifon un ralentiffement gradué , jufqu’à ce qu'elle ceffe enfin totalemer t ; & qu'alors le fer, calciné intérieurement, fe trouve converti fur une grard: épaiffeur en une matière fingulière que nous décrirons plus bas, & cui annonce fa combinaifon avec l'air déphlogiftiqué qu'il devoit enlever à l'eau, pour mettre l'air inflammable en liberté. Ces expériences expliquent donc lobfervation faite affez récemment , que le fer rouge éteint dans l’eau dégage de l'air inflammable (1). En le plongeant au-deffous d'une cloche renverfée & pleine d'eau, on voit en effet ce gaz fe raffembler dans la partie fupérieure de la cloche, & on lui trouve routes Les propriétés de celui que nous venons de décrire. Cette efpèce d'épreuve eft même extrêmement commode pour connoître fur-le- champ les diverfes fubitänces qui peuvent produire le même effet, & nous nous en fommes fervis dans cette vue. Nous allons encore rendre un compte fucciné® de ces tentatives générales, I étoir en effer bien eflenriel de vérifier fi les fubftances calcinables ou (x) Cetre Obfervation a étéenvoyée d'Allemagne à M. Sage au mois d’Aoûtde l'année dernière, part MM. Haflenfraft , Stoukz & d’Hellancourt, Elèves de l'Ecole Royaledes Mines. M. l'Abbé Fontana a aufli parlé de l'air infammable qui fe dégage da charbon qu'on plongebrilant dans l’eau. Tome X XIV, Part. I, 1784. MA 1. Âaa g 372 : OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, combuftibles font les feules qui puiffent décompofer l’eau, comme la théa- rie l'indiquoit; & il étoit également intéreflant de: déterminer fi elles ont toutes cette propriété. Nous avons en conféquence foumis à l’expé- rience de l'extinction dans l’eau un affez grand nombre de corps incan- .defcens, principalement des fubftances métalliques. Celles qui font faci- lement fufbles ont été mifes dans des creufets avec lefquels nous les avons plongées, & toutes ces épreuves ont été d'accord avec la théorie que nous avonsexpofée. Ainfi, l'or & l'argent, métaux parfaits, qui ne font fufceptibles d'aucune calcination, pris en maffes confidérables du poids de 30 & 45 marcs, & plongés prefque fondans , n’ont point four- ni d'air inflammable; des cailloux rougis, des creufets vuides, fubftances également dénuées d’afinité par Pair déphlooiftiqué, n’ont dégagé, comme Îes premiers, qu'un air incombuftible en très-petite quantité , que tout annonce être celui que l’eau tient naturellement en diflolution. Le cuivre rouge, quoique calcinable, a eu le même fort, n'ayant pas fans doute avec l'air déphlogiftiqué le degré d’affinité fufifante pour le féparer de l'air inflammable; & il eft bien remarquable que , difflous par l'a- cide vitriolique , il n’en fournit pas non plus: mais le zinc, qui, à cet égard, fe comporte comme le fer, a donné aufi comme lui de l'air in- flammable, par fon contaét avec l'eau. Le charbon végétal & le charbon deterre, plongés brûlans, en ont également fourni, quoiqu’on les eût épuifés par une longue combultion de tout celui qu'ils pouvoient donner pr la feule chaleur ; & il faut bien que l’eau foit eflentielle à ces divers phénomènes ; puifque l’immerfion dans le mercure ne. produit rien de - femblable, Quant à l'étain & au régule d’antimoine , ils ont conftam- ment occafonné des explofions fi fortes , que les cloches ont été brifées avecéclat, & ils nous ont appris à ne plus tenter ces fortes d'épreuves, qu'avec des précautions particulières. En même temps que nous voyions la théorie qui nous “a os fe confirmer de plus en plus, nous venions d'acquérir , par ces dernières expériences, une connoiffance précieufe pour la pratique, en :apprenant qu'un métal commun dans les Arts, tel.que le cuivre rouge, qui-peut, après le fer, fupporter la plus grande chaleur , n’éprouve aucune altéra- tion’ de la part de l’eau dans l’état d’incandefcence. Si en effet ce métal fe fût calciné comme le fer, on n’auroit pu fabriquer. pour ces fortes d’ex- périences que des appareils expofés à une prompte deftruction , & les re- cherches expérimentales y auroient prefque autant perdu que les ufages auxquels on appliquera les nouvelles méthodes qui réfultent de ce travail pour la fabrication de l'air inflammable; car le verre ou les poteries fonc infiniment trop fragiles pour être employés en grand à des opérations de-ce genre , & l'on fait d'ailleurs que ces dérnières ne font plus imperméables à l'air , dès qu'elles font échauffées au point de devenir rouges. C’eft donc de cuivre que doivent être faits par la fuite les appareils que l’on defti- SUR L'HIST: NATURELLE) ET.LES ARTS. 373 nera à ces fortes de décompofitions de l’eau ; & l’on y. renfermera. les fubftances que l’on jugera pouvoir y employer. Nous cherchämes en con- féquence à nous procurer des tubes de ce métal-coulés d’une feule pièce & fans foudure; mais l’empreffement bien naturel dans. des recherches auñi neuves , nous engagea à continuer les nôtres, avec les tubes de fér que nous avions fous la main, I ne s’agifloit plus alors de chercher de nouvellés méthodes pour fabri- quer l'air inflammable.! Nous nous voyionsen poffeffion d’une théorie, fé- conde, de laquelle dérivent une multitude de ces moyens; mais plus certe théorie cadroit avec lès épreuves que nous avions déjà faites, plus nous devions l'examiner févérement, & multiplier pour cela les expériences de poids & de mefures, fans lefquelles la Phyfique, ni,la Chymie ne peuvent plus guères rien admettre. l Nous cherchâmes donc d'abord à conftater fi ,en .mefurant exactement toute l’eau qu'on fait pafler dans l'appareil que nous avons indiqué, & recueillant de même celle qui fe condenfe , après en avoir parcouru toute la longueur, il fe trouveroit entre ces deux quantités une différence notable qu'on püt attribuer à l’eau décompofée qui auroït ainfi changé de na- tyre. Ainfi, au lieu de faire aboutir immédiatement le tube de fer à l'appa- reil pneumato-chymique , nô@s interposâmes un ferpéntin environné d’eau froide, & l’eau qui fe condenfoit dans ce refrigérent étoic verfée dans un flacon tubulé , d’où les produits aëriformes fe rendoient comme à l'ordinaire fous les cloches de l'appareil , parun conduit particulier appli- ué à la tubulure du flacon, Le deflin expofé dans cette falle, fous le titre jé figure 1°, donné une idée complette de tonte cette difpoftion : on y voit en détail l’entonnoir qui ver{e l'eau goutte-à-goutte à l’aide d’un ro- binèt qui en traverfe la queue, le tube de fer où elle paffe enfuite, le bra- fier qui l'échauffe, le ferpentin, le récipient, & enfin la cloche où eft re- cueilli l'air inflammable, Il eft prefque inutile d'obferver que toutes les jointures, de cet appareil étaient hermétiquement fermées par des lus, de l'exactitude defquels on s’eft affuré avec le plus grand foin. Plufieurs, Membres de l'Académie voulurent bien, être témoins de cette expérience importante ; il en réfulta 125 pintes d'air inflam le, &il s'en fallut de 3 onces 1 gros que l’eau reçue au fortir de l'apparéil , n’éga- Jr celle que l'entonnoir fupérieur y avoit verfée. Ce deficis | beaucoup trop confidérable pour qu'on püût l'attribuer à l'humidité qui avoit dû mouiller l'intérieur de la machine, annonce donc qu'une certaine quan- tité d’eau étoit vraiment, difparue, & avoit contribué à former l'air is- flammable ainfi obtenu. Cet air fut pefé avec la plus fcrupuleufe atren- tion ; il éroit neuf fois & demi plus léger que l'air armofphérique, & Le volume total qui en avoit été produit, pefoit par, conféquent 4 gros & quelques grains. Il eft à remarquer que c’eft, à quelques grains près, le fixième de la quantité d’eau que nous avons vu s'être diflipée , & que cette 374 - OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, | propôrtion eft aufi précifément celle qui réfulté de l'expérience capitale dans laquelle-on forme de l'eau par la combuftion des ds airs. Une feconde expérience, faite avec le mème canon , dans la vue de le calciner entièrement, a encore fourni foixante-une pintes d’air inflam- mable ; avec une déperdition d'eau de 1 once 7 gros, dont la fixième partie étoit encore , à quelques grains près, égale au poids total du gaz “dégagé! On avoit réufli parfaitement à préferver ce tube de fer de l’action de l'air extérieur, par des enveloppes & des luts d'argile arrangés avec foin. JL fe cafla néanmoins avec facilité , quand on voulut en vifiter l'intérieur ; & à l'exception d'une couche très-mince de fer doux qui le couvroit par dehors ; il fé trouva converti tout entier en une. matière qui n'avoit plus du fer que la couleur; mais elle préfentoit un grain compofé de facettes brillantes, qui Juidonnoient quelque refflemblance avec la mine de fer fpécu- faire ; la furface intérieure paroifloit même être devenue d’autant plus fu- fible , qu'elle étoit plus faturée d'air déphlosiftiqué, & formoit ainfi, fur-un tiers de ligne d'épaifleur, une doublure tifle & brillante , fur la- quelle Le burin ni la fime ne mordoient plus, tandis que les parties plus éloignées du centre péfentoient un grain ge inégal, & comme rempli de petites cavités. L'aimant attire d'autant Moins les différentes parties de cette matière, qu'elles font plus voitines de l’érat de la doublure inté- rieure ; mais fon action paroïr devoir être toujours fenfible : enfin , le métal avoit confidérzblement augmenté de volume, en éprouvant ce change- ment , puifque le calibre intérieur fut réduit de 7 lignes à 4, fans que le diamètre extérieur ‘eût changé. - ù Cette fubftance , éprouvée par les acides, ne donne plus aucune efpèce de gaz ; il en refte même une quantité confidérable, qui demeure indif- foluble; & quoiqu’ayant beaucoup de rapports avec le fer calciné par l'air déphlogiftiqué qui fe trouve dans l'air libre , c'eft cependant, à beauconp d’égards, une matière nouvelle, qui mérite l'attention des Chymiftes. Indépendamment des connoiflances acquifes dans ces derniers temps fur la caufe de la calcination des métaux , tout annonçoit donc dans cet état de fér l'admifion d’une fubftance étrangère , qui en avoit augmenté le volume & chargé organifation. Il falloir bien en effet que les ? du poids de l’eau qui nous manquoit, euffent été employés, & leur union avec le métal étoit la feule deftination qu'on püût leur attribuer, puifqu'it n’y a point dans la Nature de déperdition GES dite : mais la perfuafion où nous étions que notre tube de fer feroit calcihé par dehors nous ayant fait négliger de le pefer avant l'opération, nous ne pümes acquérir de cette conféquence une confirmation directe que fon évidence ne pouvoit nous empêcher de défirer. Nous entreprîimes donc une nouvelle expérience, dont l’objet éroit de conftater fi le fer augmente de poids, quand il fe calcine par le contatt \ SUR L'HIST. NATURELLE ETLES ARTS. 37s de l'eau, comme quandil fe calcire dans l'air libre ou dans l'air déphlo- giftiqué, C'étoit d'ailleurs le moyen le plus direét de répondre à l'objetion qu'on pourroit peut-être encore faire contre la décompolitlon de l’eau, enattribuant tout l'air inflammable que nous avons obtenu ,au mécal qui J'auroit fourni, & non à l’eau de laquelle nous croyons qu'il provienr. Dans cette manière de voir ; le fer perdant un de fes principes, diminue: soit de poids ; tandis que, dans la théorie que - nous avons adoptée , il doit-au contraire augmenter, Cette expérignce éroic donc la plus propre à décider la queftion d'une manière définitive, N'ayant pu encore obtenir aucun des tubes de cuivre rouge que nous avions demandés, afin d'y introduire un morceau de fer d'un poids connu & déterminé fcrupuleufemént , nous cherchâmes au moins à en faire une forte d'imitation avec un nouveau tube de fer dans lequel nous - fimes appliquer une feuille de cuivre rouge qui Jui frvoic de doublure, Nous ne pümes à la vérité fermer exattement la jointure longitudinale, parce qu'il ny a point de foudure qui ne foit trop fufible pour le degré de chaleur que nous avions intention de produire. Mais fi nous ne préférvâmes pas en entier le fer du canon de l’action de l'eau en vapeurs, nous divii- nuâmes au moins de beaucoup cetre action étrangère à notre objet préfeñf, Nous introduisimes dans cet appareil une baguette de fer plarte, roulé: fur elle-même comme le filer d’une vis, & occupant ainfi une lonoueur de 18 pouces ; & pour éviter que , devenue plus fufñble, elle n’adhérât à la doublure de cuivre, nous la mîmes dans un canal de même métal, avec lequel nous devions la retirer avec facilité quand l'opération feroit finie. Notre baguette de fer pefoit exactement 2 onces 5 gros 47 grains, | Cette opération confomma 1 once $ gros $4 grains d’eau , & produi- fit cinquante trois pintes d'air inflammable, La baguette de fer calcinée par l'eau avoit éprouvé à fa furface une foite de fufon, qui en avoit arrondi des arrètes, & fon poids fe wpuva augmenté de 2 gros ÿ4 grains, comme notre théorie le HR 1x augmentation de poids fait prefque un feptième du total: mais nous nous fommes affurés qu'il reftoit encore dans cette baguette une grande quantité de fer non calciné, qui en formoit le noyau; que le refte étoit compolé de différentes couches inégalement çal- -cinées; de forte que, n'étant pas à beaucoup près faturée d’air déphlogif- tiqué , elle ne peut fervir à dérerminer la vraie dofe de cette faruration; mais il paroît qu'elle ne doit être éloignée de celles qu'on obferve dans le fer calciné par l'air libre, qui augmente d'environ un. quart. de fon poids (1). ——— —— ——————_—_—_—_—_—_—_—_—__————_— (1) Plufeurs Chymiftes avaient retiré de l'air inflammable de [a limaille de fer , ex- pofée feule à une chaleur violente ; & il finbloit devoir en réfulter que c'eft du méral que = 376 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, Après avoir ainfi multiplié les expériences pour trouver les vraies caufes des phénomènes que préfente le concours du fer & de l’eau dans l’état d'incandefcence, & en avoir tiré des preuves démonftrarives, que l’eau ne fournit l'air inflammable qu'autant qu'elle dépofe l'air déphlogiftiqué dont elle contient encore la bafe , nous réfolämes de prendre cette théorie par toutes fes conféquences, & d'établir, en les. vérifiant, autant d'ex- périences confirmatives. Ainfi, voyant, par ce qui précède, que le fer a plus d’affnité avec l’air déphlogiftiqué, que celui-ci n'en-a pour l'air in- fammable, puifqu’il les fépare l’un de l’autre en décompofant l'eau; fa- chant d’ailleurs, par l'opération la plus commune en Métallurgie, que le principe du charbon a plus d’afhnité encore avec l'air déphlogiftiqué , puif- qu’il enlève celui-ci au fer, pour le ramener à l’état métallique; nous en conclümes que le charbon étroit, à plus forte raifon , propre à décompofer l'eau, & qu'il devoir brûler fans Le concours de l'air, dès qu'on lui ap-. pliqueroit cette autre fubftance. Nous avions en effet éprouvé, comme on j'a vu plus haut, que ce corps, plongé dans l'eau, en dégage de l'air in- flammable ; mais une combuftion complette étant la feule preuve propre à nous fatisfaire , nous pensâmes à introduire du charbon ip le même appareil où nous venions de déterminer l'augmentation de poids du ferg & pour priver cé charbon de tout l'air inflammable par lequel il pouvoie encore participer à l'état du bois dont il vient originairement, & que la fimple chaleur auroit pu en dégager, nous l’épuisämes entièrement , en le tenant , pendant deux heures & demie dans un creufer rouoi à blanc, qui n'étoit fermé qu'autant qu'il le falloit pour empêcher le libre accès de l'air extérieur. - çe gaz provient : mais il paroît bien prouvé, par ce qui précède, que la caufe à laquelle nous attribuons le dégagementde Pair inflammable, fe trouvoit déguifée dans ces expériences, & qu'un peu d'humidité adhérente à la limaille fesdécompofoit par le contaét du fer fortement échauffé, M. de la Metherie a répété cette expérience un grand nombre de fois , &, avec le plus grand foin. Il en rend compte dans un Mémoire inféré dans Le Jour- nal de Phylfique du mois de Septembre 1781, & obferve qu'il a toujours trauvé de l’hu- midité condenfée dans le col du matras où il avoit diftillé la limaille ; ce qui femble une preuve que, malgré fes foins, la limaille qu'il a employée n'éroit point parfairément sèche. L’odeur empyreumatique que cette eau lui faifoit fentir eft précife- ment celle que nous obtenons, & qui eft propre à l'air inflammable de l’eau. 1l eft d’au- tant plus probable que c’eft à l’état de limaille & à l'humidité retenue par le grand nombre des furfaces préfentées parle fer ainli divifé, qu’eft dû l’effer obfervé par M. de la Methe- rie, qu'en diftillänt Le fer en plus groffes maffes , & fous la forme de petits clous, MM. Lavoiler & Bertholet ont vainement cherché à dégager de l’air inflammable, quoique l'expérience leur ait également réufli avec le feren limaille. M. Lavoiler obtint 30 pou- ces cubes d’air inflammable d'environ 3 onces de limaille de fer diftillée feule ; & on voit, par nos données, qu'il fufhloit pour cet effer qu'il y eût 7 grains d'eau parmi la Jimaille qu'il a mile en ufage, ? , ke fl SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 377 M'étoic aifé de prévoir Le réfultat de cette expérience, d'après la théorie donnée antérieurement par M. Lavoifier fur la combuftion du charbon. Ce corps, uni avec l'air déphlogiftiqué de l’eau , devoit produire de l'air fixe, & l'air inflammahle de l'eau devoit ainfi en être mêlé en grande quantité. : = Nous mîmes donc dans notre appareil 4oros & 15 grains de charbon préparé, comme nous l'avons dit plus haut, & nous procédämes d’ailleurs comme dans les autres expériences, Celle-ci difflipa 2 onces 3 gros d’eau, qui, avec le charbon, compofoient un total de près de 3 onces ; & nous ne retrouvâmes de toutes ces fubitances que fix grains de cendre, qui ref- tèrent dans le canal de cuivre où le charbon avoit été arrangé : mais il s'éroit formé cent dix-huit pintes d'un fluide aëriforme inflammable, qui, éprouvé fréquemment par l’alkali cauftique , contenoit ‘un peu plus du quart de fon volume d'air fixe. IL pefoit à-peu-près la moitié de Fair at- mofphérique, & cette pefanteur cadroit parfaitement avec les proportions dans lefquelles la théorie indiquoir que l'air fixe & l'air inflammable de Peau devoient fe trouver mélangés. L'odeur de l'air formé dans cette expé- rience étoit d’ailleurs exatement la même quecelle de l'air inflammable ré- fultant de la calcination du fer. | ? Le volume total de l'air aïnfi obtenu, pefoit donc environ 9 gros 22 grains, c’eft à-dire, plus du double du charbon employé. Cette expé- rience fufroit donc feule pour offrir une preuve démonftrative que l’eau peut fe réduire en Auide aëriforme , puifque cet excédent ne pouvoit venir que de l'eau corfommée ; & le poids de celle-ci s’y feroit retrouvé en entier, file canon , mal défendu par la doublure de cuivre, n’eût abforbé une partie de l'air déphlogiftiqué qu'elle contenoit. Cette expérience enfin montre le premier exemple d’une combultion entière , opérée fans 1: con- cours de l'air, & ne laifle plus de doute , tant fur la nature du vrai prin: cipe de la re{piration & de la combuftion, que fur fon identité avec celui que l'eau dépofe, quand elle forme l'air inflammable, On trouve dans ce fait l'explication d’une foule de phénomènes que la Nature nous montroit tous les jours, fans que la raifon en für connue, Ain, lation de l'éolipyle fur les lampes d'Emaïlleurs , dont elle peut remplacer le foufflet ; celle de l'eau, qui, jertée en petite quantité, ou fur les huiles brülantes, ou dans le foyer d’un violentincendie , en augmenté l'a@ivité , loin de l’éteindre, & mille autres faits journalie:s dans la pratique des Arts, font aurant de formes différentes fous lefquelles la même caufe fe préfente. L’air icflammable de l’eau fe dégage , & joint fa propre combultion à celle desmarières qu'elle rouche dans leur état d’incand-fcence. Nous nous fommes mêmes aflurés que les corps Végéraux exigent pour cette opération une chaleur infiniment moindre que le fer fur lequel nous avons commencé nos épreuves , & le degré de l’huile bouillante feroie pro- bablemert fuffifant pour cela. Tome XXIV, Part, 1,1784. MAI. Bbb 378 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, . La Planche IL montre le deffin d'un appareil propre à: le) vérifierg en faifant tomber l’eau goutte-à-goutte fur des huiles & graifles en ébullition; mais il exige quelque modification pour éviter la fuccion de l’eau de la cuve pneumato-chymique , qui, rentrant en abondance , occafioune une vio- Lente explofion, dont notre première épreuve a été accompagnée. On demandera fans doute quel eft , d’après notre travail, le vrai degré de légèreté de l'air inflammable de l’eau, & le poids qu’elle en contient ? La pe- tite quantité d'eau, qui à chaque fois eft reftés adhérente à notre appareil, & l'air atmofphérique qui le remplifloit originairement, font que chacune de nos expéiiences ne peut pas feule déterminer ces données avec une précifion mathématique ; mais , en comparant enfemble plufeurs épreuves , on peut, à l’aide: d'une analyfe fort fimple, en déduire ces. élémers effentiels de la théorie, générale, Nous réfervons pour nos féances particulières les détails de ce calcul; mais il en réfulte que l'air inflammable de l’eau , dans fon plus grand état de pureté, eft environitreize fois plus léger que celui de l'at- mofphère , & que l’eau en contient à-peu-près la feptième partie de fon poids; d'où il fuit qu'elle en peut fournir un volume quinze cents fois égal au fien. : On voit, par ces proportions, pourquoi , dans l'expérience de la com- buflion des deux airs, l’eau formée n’a jamais égalé rigoureufement leurs poids réunis, Ce deficir, que les foins les plusattentifs n’ont jamais pu annul- ler, & que M. Monge a trouvé lui-même avec un appareil fermé de toutes parts , qu'on peut regarder comme un modèle de précifion, vient de ce que l'air inflammable que l’on a employé, pefant toujours au moins la dixième partie de celui de l’armofphère, contenoit un fluide étranger avec l'air inammable propre à conftituer l'eau: on peut même mainte- pant calcuier ce d-ficit ; & , à l’aide de nos nouvyellés données, on trouve a priori, qu'il devoit aller à environ un douzième de la fomme du poids des deux airs. L'application de cette théorie à la fabrication de l’air inflammable en grand , ne laifle plus maintenant que le choix des moyens. Un fourneau foit fimple , traverfé d’un ou plufieurs tuyaux de cuivre, & un réfervoir fourniffant continuellement un filet d'eau , compoferont généralement l’ap- parcil propre à cette opération. Enfermant enfuite dans cet appareil celles des fubftances qu’on jugera devoir employer, ou fourniffant encore un filet des matières Auides combuftibles qui peuvent également fervir à cette opération, on aura l’airinflammable donné par l’eau décompofée. Ainfi, le fer, dif- pofé de manière à préfenter une grande furface, comme des rognures de rôle ou de fer battu, donnera , fans acide vitriolique, &. cependant en même quantité , l'air le plus léger qu'on connoiïffe , à raifon de, 5. à 6 pieds cubes par livre , le charbon vévétal opérera avec encore plus de viteife & d’abondance; car une livre de cette fubftance peut dégager 54 pieds cubes d’ait inammable de l’eau ; mais il fe trouve mélangé d'environ un quart d'air £xe, qu’il faut abforber par les leflives alkalines cauftiques, & dont SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 379 peut-être l'air inflammable retiendroit encore une petite portion. Il en eft de même des autres corps combuftibles , tels que les huiles, l’efprit-de- vin ou leau-de-vie, & le charbon de terre. Plufieurs , quoique chers en apparence , comme l'efprit-de-vin & l'eau-de-vie, fe réfolvent feuls & en entier en une immenfe quantité d’air inflammable , dont le concours de l'eau convertit en air fixe la partie qui en altère la léoèreté , ce qui la rend dès-lors abforbable par les aikalis ; & nous nous fommes aflurés que, par ce moyen, on peut rendre tous ces airs environ quatre fois plus lé- gers que l'air commun : mais c’eft la matière d’un travail de pratique, qui ne peut être bien fait qu'en grand, & auquel nous devons inceflamment nous livrer, EXPLICATION DES FIGURES, Planche I°'° À. Entonnoir à queue coudée, dans lequel eft l'eau qu'on veut em- loyer. : B. FR obiner qui traverfe la queue de l'entonnoir ; au moyen duquel on fournit l’eau goutte-à-goutte & à volonté. C. Tube de verre , dans lequel aboutit la queue de l’entonnoir , afin qu'on puifle juger de la fréquence avec laquelle les gouttes d’eau fe fuc- cèdent,. D: Alonse coudée, EF, Canon de fer paflant au travers d’un brafier, G. Allonge. S. Serpentin pour condenfer l'eau qui a échappé à la décompofition. H. Flacon tubulé qui reçoit l’eau condenfée par le ferpentin. KKK. Conduit appliqué à la tubulure du facon, pour évacuer les pro+ duits aëriformes. PQ. Cuve pleine d’eau. TT. Tablette plongée d’1 pouce ou 2. M. Cloche dans laquelle font reçus les produits aëriformes. LLL. Luts appliqués aux différentes jointures, : Planche II. A. Entonnoir plein d’eau. B. Robinet qui traverfe la queue.de cet entonnoir, €. Cornue tubulée, H. Huile bouillante, S. Bain de fable, KK. Conduit appliqué au bec de lacornue. PQ. Cuve pleine d’eau. TT. Tablette de la cuve. M. Cloche pour recevoir les produits aëriformes. Tome XXIY, Part. I, 1784. MAI, Bbb à 380 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, LL. Luths appliqués aux jointures, Ù . Nora 11 faut ajouter à cet appareil une foupape à mercure, pour empêcher les füc- cions qui feroient rentrer l’eau de la cuve dans la cornue. | Explication du defJin de lu foupape de mercure. a Extrémité du:bec de la cornue, £ cd e f Tube de verre recourbé, dont la partie 2 c doit avoir environ 28 po. m Orifice par lequel fortent les produits acriformes. g Boule qui doit contenir du mercure afin d'empêcher la fuccion par le poids de Ja colonne qui s’éleveroit dans l’autre branche, h Autre boule pour recevoir l’eau qui rentrera par l’erifice m. £ Luth. OBSERVATIONS. Sur la montagne des Chalanches,, près d’ Allemont en Dauphiré, & fur les Gites (1) de minerai d'argent qui s'y trouvent : Adreflées par M. SCHREIBER , Directeur des Mines de MONSrEvR , À M. le Baron DE DIETRICH, Secrétaire Général des Suiffes & Grifons Le 19 Décembre 1783. : , Lues à l’Académie Royale des Seiences Le 28 Avril 1784, © approuvées Le £ 1% ai Juivarr. LE: montaone des Chalanches, fituée à quatre lieues à vol d’oifeau au levant de Grenoble , dans la Paroïifle d’'Allemont en Oifans, eft formée de gneifl & de hornblende. Cette montagne, confidérée en général, & prile depuis fa bafe à la rivière de la Romanche, s'élève du fud a nord, fous un angle de 36 degrés., jufqu'à la hauteur perpendiculaire de 10Co toifes , ou d'environ 1490 toifes au-deflus du niveau de la mer, fui- vant mes obfervarions barométriques, ce qui eft différent de la hauteur de 02 toifes au-deflus du même niveau, qui eft indiquée page 666 des an- ciens Minéralogiftes de [a France. Lesbancs de ces rochers font en général inclinés au couchant fous un (1) J'ai été obligé de me fervir du mot de gite, pour rendre le mot A'lemand La: gerféade, qui exprime , lorfqu’il s’agit de mioerai , toutefpace qui renferme des fub{= tances minérales, de quelque nature & de quelque forme que foient ces efpaces. Aïn, on comprendra fous ce mot les filons , comme ‘les-couches minérales, les mines en amas , comme les mines en rognons, en nids, &c. Je préfère le mot de gîte à celui de dépôt, parce que ce dernier exprimeroit plus que le mot Allemand, & qu'ik femble avoir rapport à la manière dont le minéral s’eft logé dans fes différents pites, &c à la matière même du minéral, tandis qu’il ne s'agit que de l’efpace qui la con- tient, *# e À tale à SUR L'HIST: NATURELLEET LES ARTS. 381 angle plus oumoins ouvert, &: ils renfermenr, comme dans nos mon- tagnes à filons de la Saxe, plufieurs couches de pierre à chaux blanche, qui doivent avoir été formées en même temps que le gneifl ; car ces deux fubftances fe perdent :& fe confondent infenfiblemenr l'une dans l'autre, Sitouges les matières calcaires devoient leur origine aux règnes vééétal & animal , comme’ le penfent plufeurs Naruraliftes les végéraux & les animaux auroiert donc préexifté à la formation du gneïl, qu'on avoit cependant regardé jufqu'à préfent , de même que le granit, comme des rochers d'une formation antérieure à route chofe, ‘En quelques endroits des Chalanghes, Jes lics s’inclinent au levant, & quelquefois on n’y en diftingue pas, parce, que le rocher y elt en défordre & en confufion , fur- tout aux environs des flons & des couches minérales; ce qui fair penfer que certe montagne a fouffert quelques fecoufles violentes, que l'on pour- roitrattribuer à la dilatation des vapeurs & de l'air produite parla chaleur des pyrités en fermentation. ke ÿ | De La bafe au fommet de cette montagne, on. trouve Leaucoup de veines , qui donnent des indices d'argent, de plomb, de cuivre » dé. fer, &c.;1jy.ai méme découvert des veltiges d'or, en faïfant l'analyfe d'une pynte cuivreufe, rirée des foffes des Chalanches, 1! y.a 642 toifes d'élévation perpendiculaire depuis la Romarche ; où Ja häureur moyenne du baromètre elt d'environ 25. pouces 8 lisses & demie, jufqu'’à l'entrée de la principale ‘galerie de la mine d’argent. Certe mine , découverte par des. PayfanS en 1768 , fut ouverte & di- rigée. poux le compte du, Roi jufqu'en 1776, époque à laquelle Morféeur, Frère du Roi, a commencé. à la faire exploiter en Jon nom. C'éft donc fans f ndement que le ,Rédaëteur des Anciens Minéralogifles avance, page F66, qu'on en avoit accordé en 1746 :la conceffion à une .Compa- gaie, fous le nom de Micoud }& qu'elle y avoir inutilement dépenfe plus de 200,000 iv. Certe. Compagnie a effectivement eue une corceflion ;; en vertu de laquelle elle a fait exploiter différentes mines de plomb , de cuivre & de cryftaux dans les montagnes de l'Oifans; mais elle n’a jamais touché à la montagne des Chalanches., ve | Les gîtes de; minerai de la montagne des Chalanches font, de vrais filons &, des couches minérales, mais de peu d’étendue, qui ne fauroienc être comparés à des filons réplés.& fuivis. On n’en connoit que deux ou trois qui. aient eu 40 à fOtoifes de longueur fur 30 de profondeur & de lergeur; ,& c'eft ce qui a fait dire à plufieurs Minéralogiftes , que le minerai neife trouvoit aux Chalanches que par nids &. par LOgnons ; ce ui pouvoit d'aurant plus s'accréditer, que l'on trouve affez fouvent à f furface de Ja montagne, de petites veines qui n'ont que quelques toiles de longueur & de profondeur, qui fourniffent la mine la plus riche & de l'argentnatif, & qui tarifflent avant qu'on foit parvenu à en ra- mafler quelques; quintaux, 382 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, Vers l'intérieur de la montagne, les filons & couches minérales ont ui peu plus de fuite; ils n'y font pas moins riches que vers le jour, maisils font moins nombreux : lorfqu'ils fe perdent, il n’y a plus d'efpérance de les retrouver ; il faut alors tâcher d'en découvrir d’autres, & c'effce qui obligé de faire, dans certe exploitation, plus d'ouvrages en recherches qu'on n'en fait pour l'extraction du minérai même. Les flons & couclies minérales difparoiflent fous trois différentes cir- conitances : ou leur épaiffeur diminue jufqu’à ce qu'il n’en refte plus de trace dans le rocher; ou, ils font coupés par une efpèce de gros filons fauvages., compofés de terre argilléufe 8 de morceaux arrondis de gneiff, qui pourroïent être confidérés comme des parties du rocher qui ont fubi quelque altération; ou ils fe perdent dans un rocher brifé & fracaflé , dont les bancs n’obfervent aucune régularité, & qui font entrecoupés en tous fens dé fees donc il y em a qui ontjufqu'à 1 pied & même plus d'ou- verture en largeur, & plufieurs toifes en longueur & en hauteur. De quelque côté qu'on ait pouffé les travaux au-delà de ces points où les filons difparoifent, ‘on n’a jamais pu en retrouver des traces. ; Les gîtes de minerai d'argent ; qui font en afléz grand nombre dans fà montagne des, Chalanchès, fe trouvent tous dans un diftriét qui a envi- ron 300 toiles de longueur & 250 toiles de larger, Quoique ces gîtes foient'aflez près les uns des autres , il, n’y en a cependant que peu qui fe joignent ou fe croifent; ils font, pour la plupart, féparés les uns des autres , & pour ainf dire ifolés dans le rocher, Quelque attentif qu’on foit., on ne peut rien déconvrir dans cette montagne qui puiffe indiquer: l'exif= tence d'un filon principal duquel les autres émanerdient, conime les branchés d’un arbre de léur tronc. On n’a ‘pdint trouvé jufqu'à prélent de filons noblés plus avant dans la montagne que 160 roïfes en ligne horizontale depuis le jour. 9 Rien de fi bizarre & de fi irrégulier que les filons & couches minérales des Chalanches dans leur dircétion & leur inclinailon. Il eft très-raré qu'un filon côhferve là même direction & la même inélinaifon dans une étendue de 6 à 8 toiles; ils fe jettent tantôt d'un côté , tantôt dé l'autre. Les couches minérales ÿ font un peu plus conftantes que lés filons', parce qu'elles fufvent les bancs de rocher qui les renferment , au lieu que les filons Les coupent. Il y a autant de différences dans la direction des filons des Chalanches ; qu'il y a de divifions fur la bouffole du mineur, & leur inclinaifon varie dépuis $ jufqu'à 70 désrés, Cependant lés couches mis hérales qui fe maintiennent lé mieux, font celles qui ent leur direction du fud au nord , & dont l'inclinaifon ef occidentale; & les filons qui fe foutiennent le plus font’ ceux qui ont la même dire@ion , mais dont l’in- clinaifon eft orientale, : À :* L'échre martiale conftitue La majeure partie des filons d'Allemont , qui ont depuis 1 jufqu'à 12 pouces d'épaiffeur, C'eft cette ochre & les pyrites SUR L'HIST. NATURELLE,ET LES ARTS. 383 mattiales.qui font répandues dans le rocher où ces filonsexiftent, qui me font penfer que cesdifférents gites de minerai n'étoientautrefois que des flons de pyrites martiales , dont la décompoftion a produit: cette ochie. La Nature nous offre fréquemment des preuves de cette manière d'opérer, & je crois que cette opinion eft une de celles que les Minéralogifkes ont, générales ment adoptées, Une moindre partie de nos filons eff compelée de fpath calcaire ; &ce qu'il ÿ a de fingulier , c'eft que, dans l'intérieur, des Chalanches, & prin- cipalement dans le voifinage des filons, Le gneiff ft entremélé de parties calcaires qu'on découvre aflez facilement par les acides ; propriété que le gneifl n’a pas à [a fuperfcie de la montagne. Ces particules calcaires fe font-elles infiltrées dans cette pierre dans le temps que la,mer, couvroït encore ce canton, où la Nature transformeroit-elle auli dans certe : À Ôtés de même, ou du moins l’un d'eux ; il faut en oùrre qu'ils puiffeuc être à une petite diftance l’un de l’autre, c’eft-à dire, qu'entre les deux glaces, il refte un intervalle d’un pouce environ, & qu'ils foient bien aflüjettis enfemble ; ce .qu'on peut faire au moyen de petits” crochets &c de, icons. Jet Cha i Quant au pied folide, on peut le faire de plufieurs façons ; mais le pre- mier qui fut fait, confiftoiten deux {egments de cercles, féparés entr'eux de la largeur du chafis, & rejoints par deux traverfes tangentes, qui alloient d’une circonférence à l’autre. : Dans l'intérieur du parallélogramme qui réfulte de cet aflemblage, éroient de petits litreaux ds bois cloués contte lés faces du fegment de cercles .ce qui formoit deux coulifles néceffaires à l'introduction des chaflis dans lefquels font les glaces. Ujage de la Machine à deffiner. On ajufte l’un des chaflis verticalement dans fon pied , en l'introduifant dans une des couliffes: on introduit la cheville dans le trou qui eft au haut du chañis , & on pofe cet attirail far une table élevée , où J'on s’affeoit fur un fiége qui ait peu de hauteur; de manière que , regardant à tra- vérs la glace tranfparente l'objet qu'on veut-defliñer ; il vienne fe préfenter dans l'étendue de cette glace , & ‘qu'ayant Le front pofé fur la cheville & un œil fermé ; ‘on voie à fon aife ce même objet ; il faut en outre que la SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 301 tête de la cheville ne foit pas trop éloigné de la glice , afin qu'on puille , en érendant le bras, & appuyantle coude fur la table, tracer {ur le verre l'objer qui fe repréfente à l'œil ; pour cer effet, une diftance d’en- viron 1 pied de Ja tête de la cheville à la glace , & que cette rête vienne aboutir au niveau du milieu de la glace doit fufhre à quelqu'un qui a une vue ordinaire. 1 faut, au refte, chercher Le point qui réunifle la commodité du Defli- nateur , & la perfpective la plus claire, On peut avoir plufieurs chevilles de différentes longueur, pour chercher ce point favorable ; elles feront d'1 pied à 1 pied 3 ou 4 pouces de longueur, La manière de tracer l'objet renfermé dans cette glace ou verre bien blanc, confifte à avoir des crayons qui puiflent marquer fur Le verre, & le favon ou le fuif peuvent également convenir ; quant au fuif, il n’a pas befoin d’être taillé: on l'approche du feu , on lui fait former une goutte qui marque bien & long-temps; mais Le favon eft plus propre , & fe taille comme on veut, È La tête étant donc appuyée fur la cheville , & ayant fermé un œil ,on fuit exaétement les principaux traits que l'on apperçoit avec la plus grande clarté; & dès qu'un feul point a été marqué, il fert de recordement pour tracer les autres: car on peuttoujours , quelque mouvement que la tête _ foie dans le cas de faire; on peut, dis-je, recorder la ligne tracée avec _celle qui fe repréfente , & fe remettre ainfi dans fa première polition ; & “par la même raifon , on n'a pas befoin d’une Iongue application , quel- que compliqué que foit Le deflin qu'on veut faire, puifqu'on peut quitter & reprendre fon ouvrage à volonté , fans le moindre inconvénient , pourvu que ni l’objet à deffiner , ni la machine, n'aientété dérangés. Au refte , on eut , en un très petit efpace de temps , deffiner à gros traits des payfages très-étendus & fort diverfifiés dans les plus juftes proportions de la per£ pective. On peut auffi defliner de même , & très-promptement des figures; mais il eft néceflaire d’avoir quelques principes de peinture , pour attraper la reffemblance, qui , comme l'on fait ; dépend plus de traits juftement faifis, que des formes de la figure ; mais on réuflira avec agrément à faifir des attitudes , enfin à defliner tout ce que l’on voudra mettre derrière le verre, à telle diftance où la vue pourra porter. La feule attention àfaire, c'eft que les objets qu’on veut defliner de très-près , s'ils ontune forme folide, ne paroiflent plus s'éloigner dans les proportions de la perfpeétive, Un homme , par exemple , qu'on peindroit à demi-tourné, auroit le fecond bras infiniment plus petit que le premier, Ainfi, on ne peut defliner à peu de diftance que des objets qui foient fur une mème ligne également dif tante du verre; mais ce petit inconvénient , aifé à réparer à la vue, n’exifte plus à une certaine diftance, Jufqu'à préfent je n'ai parlé que de l’ufage de la première glace , & 392 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, c'eft après avoir defliné deffus l'objet à repréfenter, qu'on fe fert de la feconde pour pouvoir rapporter ce deflin fur le papier ; en conféquence, on place la feconde glace enchäflée dans la couliffe qui lui eft deftinée, à 1 pouce de-là : on l'y aflujettie avec les crochets & les pitons qui vont d'une glace à l’autre; & couvrant un des côtés de cette feconde glace d'un papier blanc bien tendu, & fermant les volets de la chambre, on: pofe uve lumière à une diftance quelconque derrière ces glaces, de ma- nière que l’objet vienne fe repréfenter fur le papier, & l’on en fuit Les traits avec un crayon ofdinaire; & fi l’on voit quelque chofe à re@ifer ou - ajouter, on peut le faire par la comparaifon du deflin avec l’objet qu'on a cherché à repréfenter. R On peut, à la place de cette feconde glace , fe fervir avantageufement d'un pentographe dont on aura déviffé deux roulettes; mais il faut alors un attirail que n’exige pas la fimple appofition de la feconde glace, On pourroit rendre cette machine très-portative , en ajoutant une boîte où toutes les parties feroient renfermées , & faifant un pied qui püt s’allonger ou fe raccourcir au befoin: mais mon but a été de faire con- noître une machine aufh fimple que commode & fort ingénieufe, qui fait partie des agréables, intéreflantes & nombreufes découvertes de fon Auteur. DES NUAGES PARASITES, Par M. pu CARLA. I. Ds mon Mémoire fur le Feu fouterreir , imprimé chez Prault, Libraire , quai des Auguftins, à Paris, j'ai tâché d'établir, que les 10 degrés conftamment obfervés dans lescaves, dans les grottes ; dans Les mines pro- fondes , étoient également conftans fous les glaciers de tous les climats de latitude & de niveau; & dans mon Mémoire fur le Feu complet , a@uelle- ment fous-prefle , je donne Les caufes qui me paroiflent produire cetre per- manence univerfelle : j'y fais voir que l'air beaucoup plus froid fur les sontagnes plus hautes, left beaucoup moins que dans les mêmes latitude & niveau , mais loin des montagnes ; & pour ne pas abufer de l'efpace qu'on m'accorde ici , je prie le Lecteur de voir dans ce Mémoire jufqu’à quel point je fuis ou ne fuis pas fondé dans ce principe qui va me fervir de bafe, Il simprime chez Moutard, rue des Mathurins, à Paris, & fait . : partie . SUR L'HIST. NATURELLE CETiLES ARTS. 89% pattie du Recuëil que le Mufée de Paris fe propofe de donne: au.Publiefs {ur les Sciences, les Belles-Lertres & les Arts. II. Puilque la chaleur eft conftamiment à 10 degrés dans tous les fou- terreins, & fous les glaciers même du tropique & du pôles tandis.que l'air ambiant eft habituellement à — 10 degrés, & quelquefois à — Go degrés, la tendance de toute chaleur à l'équilibre la fair donc fortir de-deflous les terres & les glaces où elle réfide , pour fe répandre dans cet air qui en, eft exceflivement avide, Elle fort avec une vitefle déterminée par une dif- tance de 20 degrés ou de 79 degrés à l'équilibre , c'eft-à-dire, très-vite, & le principe qui fournit les 10 degrés conftants des caves, répare fans ceffe cette déperdition , puifque ces 10 degrés font conftants. Ainfi, toute montagne dont l'air ambiant a moins de 10 degrés, eft un corps qui fe refroidic par la furface, tandis qu'il eft continuellement réchauffé par la bale. | III. Cette émanation du feu terreftre, plus forte fur les montagnes plus hautes ou plus voilines du pôle, eft une chofe qui me paroît auffi nouvelle que certaine. Si l’on me demande où eft le magafin de ce feu ; par quel canal ce magalin le reftitue à la terre ? je puis répondre que je l'i- gnore, fans infirmer les conféquences du fait; tout comme j'ignore ce qui rend au foleil les torrents de feu qu'il projette vers l'infini , fans pou- voir me diflimuler cette projection. Le feu rerreftre eft un fait qu'on trouve le même, & par-tout & toujours : fa manière d'être eft à-peu-près 10 degrés, parce que les variérés des faifons, des niveaux, des latitudes & des autres circonftances extérieures, ne pénètrent point jufqu’aux profondeurs ie habite ; en forte que plufeurs glaciers épais de 20 toifes , ayant ces 10 deg. à leur bafe, tandis que leur face extérieure eft à —8o degrés , la rempéra- ture de cette bafe & de cette furface diffèrent de 90 degrés, autant par conféquent que l'été de Mofambique & l'hiver des Lapons. Ces deux tem- pératures fimultanées ne font féparées que par une diftance de. 20 toifes, Cet été perpétuel , ce feu de 10 deyrés eft fous le glacier, felon ou malgré nos raifonnements: il pénètre donc cette glace , pour l'exhaler -dans l’air, & y chercher l'équilibre avec l'impéruofité réfultante d’une différence de 90 degrés. N'importe comment ce feu faillant fe répare fous le glacier; il fufñt de favoir qu’on l’y trouve toujours: fouillez donc fous ges glaces , & vous pourrez dire, la feule chofe qui nous importe en ce moment : 4 y ef?. Îlen fort donc pour chercher l'équilibre, & d'autant plus vie, que cet équilibre eft plus éloigné. C’eft donc un fleuve de feu qui fort toujours des montagnes, quand leur air eft moins que 10 degrés, efluve dont l’impétuofité s'accroît avec la froïdure de l'atmofphère , puif- ue la chaleur qui réfide fous Les glaciers eft invariable.Voyez-en les preuves de droit & de fait dans mon Mémoire fur le Feu complet. IV. Or, ce feu s'exhalant plus vite hors des montagnes plus hautes, puifqu'il eft le même pour toutes, fuppofons un fommet haut de 1000 toifes, Tome XXIV, Part, I, 1784 MAL Ddd 394 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, fur lequel la température moyenne eft o dep, ;, & dans la mème latitude, un fommet haut de 3000 toifes, dont l'air a pour moyenne — 30 degrés: le feu fort du petit avec une vitefle déterminée par une dif- férence de 10 degrés entre l'air extérieur & le feu fouterrein, Ce même feu fort ‘du haut fommet avec une virefle déterminée par üne différence de 49 degrés: donc ce feu s’exhale quatre fois plus vîté du grand fommet que du petit. 2.40 V. Ce théorème eft Le réfultat de tout ce que j'ai établi dans les deux Mémoires cités , & la feconde bafe de celui-ci; il eft la tranfition de la caufe à l'effet, Fobjet fur lequel doit fe réunir toute l’attention dw Leeur. fi VI. J'ajoute une autre confidération, pour montrer que l’exhalation calorifique efk plus forte fur les montagnes plus élevées , c’eft que le feu court plus abondamment à l'équilibre , a mefure qu’il a plus d'iflues. Or, chaque pore extérieur des montagnes eft une iffue , & le nombre des pores eft proportionnel à la furface d'un local dont la bafe eft donnée : mais une’ montagne plus haute fur une bafe donnée a plus de furface ; donc elle exhale plus de feus VI. Les montagnés-les plus bizarrement excavées, eflanquées, Hi- deufes ,onc le plus de’furfacé ; car plus elles font hideufes ; plus-elles ont de furface. Aïinfi, les hauteurs qui ont le plus de valléés , les vallées les plus profondes, les plus étroites ,exhaleront le plus de-feu dans la latitude & le niveau donnés , quand leur air aura moins de 10 deg. VITE. Pour fe rendre fenfible ces deux paragraphes , il fuffit de fe rap peller ; par exemple, qu’un millier de fer rougi perdra “plus lentement F2 chaleur ; s'il eft fphérique, c'effà-dite , sil a la moindre furface pof- fible. JL fe refroidira plutôt s’il 'eft en eube ;' plutôt encere , fi fa Fongueur contient dix fois fa largeur , & fa largeur dix fois fon épañfeur , parce qu'il aura plus de furface. Il fe refroidiroit plus vite encore, s'il étoir en gros fil d’archal tendu ; & enfin, fon plus prompt refroidifflement feroit pour le cas où il fetoit difperfé dans l'air en limaille imperceptible , parce qu'il préfenteroir à ce milieu fa plus grande furface qu'il peut acquérir. C’eft le grand principe de Newton, que Martine veut rectifier en l’adoptant (Differt. fur la Chal., p, 82 & fuiv:) , qu'ont employé MM. Changeux & de la Folie, dans ce Journal, & qu'emploient tous les hommes dans les cas analogues. IX. La terre peut être confidérée comme un polièdre d'un nombre infini de faces diverfes, dont plufieurs portent des maflifs pyramidaux ; coniques, renant de la parabole ‘de la fphère , verticaux inclinés , confufément taflés, fe pénétrant, fe débordant , fe dominant ; éouverts d’excava2 tions de toute grandeur, figure, afpect, fite, appellées gorges, vallons; vallées, ravins , abîmes; encadrées comme à l'infini les unes dans les autres, comme pour multiplier à l'infini les points de contingence entre [ SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 395 Ja terre & l'air, & rendre plus abondante l’émerfion du feu , quand la {ur- face terreftre eft plus chaude que l’atmofphère. X. Ce feu de 10 degrés arrivant, naiflant ou croiflant, mais fe trouvant +oujours dans tous les fommets, {e propage donc dans l'air qui les en- toure ,& qui par conféquent fe trouve plus chaud qu'il nele feroit fans cette éruption perpétuelle; & cet aina, par exemple, — 40 degrés, tandis qu'un point quelconque de même latitude 8 niveau , mais éloigné de toute montagne , eft à — 100 degrés. La montagne donne donc 60 deg. à l'air ambiant, qui nous parôît cependant très froid , à nous qui r’éprou- vons guères, de minimum inférieur à—"1$ degrés, & l'air des hauts fommets)eft.donc /exceivement froid par rapport à ‘l'air voifin mari- time : exceflivement chaud , par rapport à l'air de même latitude & niveau, mais éloigné de routemontagne. ! XI, Cet air repofant fur les montagnes ne peut être plus chaud que l'air éloigné des montagnes , fans être en même temps plus rare & plus léger , fans être continuellement foulevé par.la maffe entière de Pair qui l'envi- ronne Jui-même, & qui, en vertu de fa gravité fpécifique ; afflue vers la montagne par tous! les rumbs horizontaux comme vers un centre de con- cours, pour remplacer continuellement cer air ambiant qu'elle échauffe , raréfie, allège ,à mefure qu'il arrive ; enforte que cetair ne peut approcher la montagne fans s’échauffer , ni s'échauffer fans prendre fon effor au zénith. La montagne eftcomme: un fourneau toujours-brülant ; toujours à-10 degrés dans un air toujours excefliverient froid ; &, quelquefois jufqu’à + 80 deg. L'air monte donc autour de la montagne comme autouride nos. fourneaux , comme au-deffus denos volcans (voyez dans ce Journal mon Mémoire fur Les Inondations Volciques ; Août :1782), ou plutôt Ja montagne, dans un air inférieur à 10 degrés ; eft un véritable volcan toujours en éruption. | XIL. IE faut bien diftinguer, pour la fuite dece Mémoire; deux mou vements , horizontal. & vertical de l’atmofphère auprès de la montagne, Le mouvemeut vertical efti produit par l'effluve ignéde Ja montagne, qui échauffe ; raréfe, allège l'air aflisau:deflus d’ellé, & qui par conféquent monte fans cefle, Le mouvement horizontal eft celui de l’atmofphèreen- tière, qui , plus froide, plus denfe & plûs pefantel, accourt par tous les rumbs, vers la montagne, comme vers le centre d’un cercle, pour sy échauffer, s’alléger , monter. Ainf , toujours o. -: XITL Cetiair, contigh aux fommités ; venu toujours horizontalement &.s'en allant verticalement, produit Le phénomène que j'ai pour unique but dans'çe Mémoire. Avant d'entrer en matière , rappellons-nous que , 1°. toute montagne a toujours 10 degrés de feu; 2°. elle exhale ce feu avec une vitefle proportionnée à la froidure de l'air ambiant: donc, 3°. cette exhalation eft plus vive fur les montagnes .ou plus hautes ou plus diftantes de l'équateur : donc 4°. l'air de ces montagnes a plus d'excès Tome XXIF , Part. I, 1784. MAL. Ddd 2 396 O'BSE RKAMTLONS SUR LA PHYSIQUE, deichaleur fur l'airrde même latitude & niveau ; mais éloigné d'elle: donc 5°. cet air monte plus conftämment & plus vite. #XIV: Cerair , qui monte fans cefle des hauts: fommets, contient les parties hérérogènes.donvibeft imbu comme menfrue ,:& qu’on nonime diflolution ou comme milieu; & qu'on: nomme vapeur véficulaire.( Voy. mon Mémoire furles Vents pluvieux, Décémbre 1781 ), Cet air ne peut s'élever fans {e refroidir ; fait d'obfervation générale , & dont j'airenté la folution dans mon Mémoire fur le feu compter. Or, il ne peut fe refroi- dir:fans abandonner üne portion de ces fubftances qui le faturoïent ou le chargeaïent. ( Voyez mes Mémoires fur les Vents Pluvieux , fur les Inorida- tions Valcaniques 8 les autorités. que: j'y rapporte ): Ainfi, ces fubftanices hétérogènes qu'abandonné un! aix refroidi, font un véritable précipité chymique , appellé pluie , bruine, grêle ,.neige, frimats: EE XV: On:avoit cru que Pair-maririmeà F5! degrés, & faturé, contenoit à peu-près un tiers d'eau , que M..de Sauffure réduit à 10 grains par pied cube, à Genève, dans les rempétatures moyennes; ce qui r’eft qu'un Pixaute-douzieme du total; ou un: vingt-quatrième de’ ce qu'on ‘avoit cru: Cette correction m'a paruijuite; j'en donnerai lés raifons ; quand j'aurai publié tout le péu.que J'ai faivfur les pluies. (Hygrométrie, pag.268). Cev Auteur ajoute, que la vapeur véficulaire , qui'eft la fubftance des nuages ou brouillards ; peut aller jufqu’au.tiers de l'air refpirable ; ce que je crois devoir adopter provifoirement , pag: 269. XVI. Cela pofé, fi Pair qui s'élève au-deflus des hauts fommets, doit, avant d'atteindre lesbords de latmofphère , dépofer toute fa charge , il verfera fur ces nrontagnes environ :1 grain d’eau par pied cube; parce qu'étant froid & rare en partant, ilne contient guères plus, s’il eft dia= phane, & faturé ; mais s’il a fon maximum de vapeurs véficulaires, fon précipité fera d'environ 200 grains d’eau par pied cube, XVEE. Nous pouvons donner provifoirement à cet airafcendanc 1 pied de viteffe par feconde. C'eft donc 200 grains d'eau par feconde qui tombe: xont fur chaque pied quarré de la furface terreftre réduite à l'horizon, ce qui fera o pouces d’eau dans! un jour: mais il faut obferver que je fup- pofe l'air auf chargé qu'il peur d'être de vapeurs véficulaires. Si certe va- peur eftle neuvième de cet excès, cétte pluie fera d’r pouce par joux; ainfi des autres fuppoftions relatives à l’état des chofss, XVIEL. Les nuées font très-épaifles, t ès opiniâtres fur les hauts fom- mets, & parconféquent l'air y eft fort fouvent dans ce maximum que je fuppofe. H w'eit donc pas furprenant que les neiges y foient prefque perpé- tuelles , & que les hautes montagnes deviennent ainfi le réfervoir des fleuves; elles font le réceptacle d'une diftillation continuelle , dont le chapiteau eft conftamment fort refroidi, par des caufes quelconques ; mais que j'examinerai ailleurs. Ces vapeurs fans cefle criblées, réfoutes en eau & tombantes , font ce que j'appelle rxages parafites , parce qu’elles affectent [ # SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 307 les montagnes , plus fortement, & plus conftamment les montagnes plus hautes, Pour mettre le Leéteur à portée de reconnoître pat-tout ces "nuages, le vais expofer les principaux caractères que j'y diftingue. X[X. Ces caractères ne font prefque jamais tous réunis dans les relations, parce que , 1°. certains énexCluent d'autres; 2°, tous ne font pas égale- ment faillants dans la diverfité des circonftances, de faifon, d'alpeè & de lieu; 3°. le Speétateur n'ayant aucune idée de ce qu'ils fignifient , n'ont obfervé ce phénomène que par les faces les moins éloignées de leur goût: & je crois devoir à une ré de hafard, mais d’un hafard mis à profit par lé génie obfervateur , les détails dans lefquels je vais entrer. Ainfi, ces caractères fe mrouvent dans Chaque relation par deux, partrois, par qua- tre ; quelquefois davantage, Plus elle en réunit , plus elle eft propre à la Vérification dés principes ci-deffus. XX, Premier caraëtère. Les nuages parafites font fitués vers une terre élevée, foit chaîne, foit fommet ilolé; ils font plus forts & plus fixes à mefure qu’elle eft plus bizarre, c'elta-dire, plus abondante en précipices lus profonds , en vallées très élevées , crès-érroites ; en un mot , à mefure qu'elle a plus de furface. Les terres les plus élevées font communément les plus bizarres, pour dés raïfons que j'étudierai dans mes Wues fur La Geographie-Phy fique. : XXI. Second curaëère. Le nuage eft fouvent très-épais & très-vafte fur ‘les grandes montagnes, tandis que les environs jouiffent d’une féré- nité parfaite. Des vents impétueux peuvent chaffer le nuage à mefure qu'il s'y reproduit , tandis que le Spsétateur eft dans le calme ; car c’eft un fait reconnu, fur lequel je m’étendrai beaucoup. ailleurs , que les‘vents font fans comparaifon plus fréquents & plus forts fur les pays plus élevés, XXII. Troifième caraélère. Le nuage fe met derrière la montagne, à l'abri du vent ; mais lorfque la montagne a peu d'épaiffeur , & lorfque le vent eft bizarre , le nuage eft entièrement chaffé de cet abri lui-même; il y eft prefque roujours affez foible. XXIIL Quatrième caraëtère. Le nuage , dans le calme, monte en ram- pant fur les Aancs de la montagne , avec l’air qui le porte & lentraîne; mais Jorfque le nuage eft complet, il paroit ftable , parce qu'il fe répare au-deffous à mefure qu'il s'élève, que la vapeur difloute fe change en vapeur véficulaire, F XXIV. Cnquième caraëère, Dans le calme , les nuages éloignés de la montagne affluent horizontalement vers elle avec une vîtefle accélérée , & par tous Les rumbs. : XXV. Sixième caraëlère, Ce nuage , quand il naît au bas de la mon- tagne , S'épailfit de plus en montant; car Paffluence horizontale de tous les rumbs le pouflant toujours vers elle, l'efpace qu'il occupe fe trouve tou- jours moindre, à mefure qu'il monte , puifque la montagne diminue à 528 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, mefure qu'elle s'élève. De plus , puifque l'air fe refroïdit en montant , une plus grande portion de fon eau diffoute devient vapeur, & le nuage ac- quiert d'autant plus de mafle, . XXVI. Septième caraëlère. Une montagne plus haute fournit plus de fources , des fources plus volumineufes ; ce qui fuppofe plus de pluie, & par conféquent des nuages plus parafites. XXVII. Huitième caraëlère, Ce nuage augmente avec le froid, & di- minue avec le chaud de l’armofphère ; car le feu fouterrein ne variant point , fort avec une vitefle proportionnée à [a froidure de l’atmofphère qu'il réchauffe à proportion de cette vicefle émergente. L'air ambiant fe trouve donc d'autant plus chaud , que l’air éloigné monte, fe crible, & dépofe l'eau qui conftitue le brouillard. Lorfque l'air a plus que 10 degrés, lus de nuage parafite , puifque c’eft l'air qui échauffe la montagne, au eu d'en être échauffé; alors il devient plus denfe qu’au loin , & defcend donc bien loin de monter, Il peut donc être fort ferein , tandis que Les plaines baffes ont la pluie, XXVIIL. Neuvième caraëlère. L'air qui eft, par exemple, à quelques lieues de la montagne , eft fouvent très ferein , tandis qu’à dix lieues de la montagne , & fur la montagne même, il eft pluvieux; car nous avons reconnu que les nuages peu diftants de la montagne , affluent vers elle au moins dans le calme. Or , Le local d’où ils viennent fur elle eft rendu ferein par leur départ. Ces montagnes font comme le cloaque de leur horizon fenfible, & n'influent point fur les régions éloignées. XXIX. Dixième caraëtère. Les nuages font plus taflés, plus çontinus, plus noirs, plus épais,'à mefure qu'ils avoilinent la montagne; car la montagne étant leur centre de concours, ils occupent moins d’efpace, quand ils font plus près de ce centre. Ils s'accumulent denc en ap- prochant. | XXX. Ongième caraëtère. Les nuages , poulfés par un vent général dans une ligne qui avoiline la montagne, fe devient de cette route pour pafler plus près d'elle; car. ce vent n'empêche pas la tendance générale de l'air vers elle, pour aller y remplacer celui qui monte au zénith. Le mouve- ment de ces nuages eft donc compolé de celui que leur imprimelevent, & de celui que leur communique, la montagne, &ilsen décrivent la di- rection réfultante. Quand le vent général eft foible, & que les nuages paflent fort près de la montagne, ils s’y fixent. XXXI. Douzième caraëlère. Ces nuages, pouflés près de la montagne, arun vent général, font plus rapides à mefüre qu'ils s’approchent, d'elle, autant qu'ils font plus lents en s’'éloignant enfuite, ainf, qu'un pendule à l'égard dela verticale ; car la même tendance qui es accélère avant, les retarde enfuite. XXXII. Treizième caraëlère, Souvent Le nuage naît fur la montagne pnême , ce qui défigne une fecrétion locale, une caufe locale de cerre fe- SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 399 ciérion, une tendance de l'air au zénith. Ce fait eft très-rare dans les laines ; les nuages y viennent ordinairement de la mer. XXXIIL. Ces treize caraétères me paroiflent réfulter fi néceflairement de tout ceiqu'on fait en Météorologie , que je me crois difpenfé. de les ap- püuyer fur l'autorité des relations, Le fait eft général ; il affeéte les hauts lieux comme pour fe montrer davantage; il y eft prefque perpétuel; & fon volume eft énorme. Le vulgaire , cet Auteur de toutes les langues ; le défigne par des termes génériques, toujours liés aux règles de l'étymo: logie. Les Monts Pilate font des Montes Pileari, des montagnes coïffées; le nuage eft un manteau , un habit ; enfin, une efpèce d’nabillement, car il reffemble alrernativement à prefque tous ceux que nous connoiffons! Pour défigner fa fonction de préfage , on a conftruit des proverbes également fenfés & burlefques ; qui deviennent un dépôt traditionnel, Ma do@rine paroït donc prouvée pour tous ceux qui voudront reconnoii tre, dans Les nuages parafites de leur horizon, les caractères que j'indique , & les autres q\'on pourra découvrir. : XXXIV. Cependant le volume, Îa perfévérance & l’univerfalité du phénomène rempliroient imparfaitement le defir:que j'ai de le montrer; fi je me bornois au développement des principes. Les applications, qui vont occuper le refte de ce Mémoire, familiariferont mes Lecteurs aveé cet objet, qu'ils verront d'autant mieux quad il frappera leurs regards: (On verra Les exemples dans les Cahiers fuivants). LE TL TRUE AUX AUTEURS DU JOURNAL DE PHYSIQUE ; Sur un Phénomène fingulier du Brouillard de 7 783. Messieurs, JE ne peux m'empêcher de vous marquer ma furprife, de ce que, dans les Ds Mémoires de votre Cahier de Janvier , concernant la caufe du brouillard de 1783 , précédée du détail des différents phénomènes qui l'ont accompagné, leurs Auteurs & les Phyficiens , dont ils ont recueilli les obfervations, n’aient fait aucune mention de la propriéte phofphorique qu'il avoit, Dans les derniers jours de Juin, & danses premiers de Juillet , c’eft- 4e OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE; à-dire , à la fin de la lunaifon du premier mois, & au commencement de celle du fuivant , temps où la lune ne répand aucune lumière, on ap- percevoit dans la nuit une clarté prefque égale à celle qu’elle fournit dans fon plein, lorfqu’elle eft cachée par un ciel nuageux & couvert. Son degré d'intenfité étoic telle, qu’on appercevoit , d’une manière très-dif- tinéte ; les objets éloignés de près de 100 toifes. Ce phénomène étoit apparent dans le cercle entier de l'horizon; il occupoic tout l’hémifphère célefte ; il n’étoit pas momenhtané, Je l'ai fait appercevoir à plufeurs per+ fonnes , durant tout Le temps de La tenue du brouillard. Bien des gens feroient peut-être portés À attribuer cette propriéré phof- phorique à affa caufes qu'à la nature de ces vapeurs; maïs ils chan geront de fentiment, lorfqu'ils fauront , 1°. que ce n'éroit pas l'effer de quelques méréores, puifque la clarté qu'ils répandent eft de peu de durée, & qu'elle eft locale , &c. &c. 2°, Que certe lumière ne provenoit pas d’une aurore boréale, puif- qu'aucun Obfervateur n’en a fait mention dans le temps , & que d’ailleurs la place qu’elles occupent dans le ciel eft toujours du éôté des pôles, tandis que le phénomène-occupoit l'hémifphère entier, &c. &c. 3°. Que ce ne pouvoit pas être l'effet de la durée du crépufcule. Une pareille clarté occupe feulement la partie du ciel d'où le foleil difparoît de notre horizon, & diminue d'incenfité, &c. &c. Elle eft donc un effet de la nature du brouillard. En remontant aux caufes qui produifent cette propriété; en fe rappellant qu'il eft peu de corps qui ne foient fufceptibles de l’acquérir; en raffemblant quelques ob- fervations faites fur la nature de ces vapeurs, on eft porté à la leur attri- buer. Voilà, Meffieurs , l’'obfervation que j'ai faite, & que je foumets, pour fon degré d'utilité, à votre jugement; vous en ferez le cas qu’elle vous paroîcra mériter. Je l'ai cru utile , pour donner un plus grand jour fur la nature de ce phénomène fingulier. Je me fuis décidé à vous la commu- niquer. Je fuis , &, RoserJoT , Curé de Saint: Veran en Mäconnois. 2) SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 4ot À PARUS SENS DM NT à TÉri AUX AUTEURS DU JOURNAL DE PHYSIQUE, Sur l’ufage de l'Ether vitriolique dans certaines maladies des Chiens. MEssreurs, On trouve dans le Journal Encyclopédique du mois de Juillet 1783, tome V, première partie, pag. 156, une Lettre de M, le Marquis de Sainc- Vincent , fur Vlufage donné de l'écher vitriolique aux che- vaux & aux bêtes à cornes attaqués de coliques violentes. La dofe qu'il a employée étoit de cinquante à {oixante gouttes avec du fucre pilé, en fai- fant avaler pardeflus une certaine quantité d’eau pure. En confultant cette Lettre , on trouvera le moyen que l’Auteur a employé pour faire avaler le remède à ces animaux. M.le Marquis de Saint-Vincent eft le premier , que je fache, qui ait adminiftré lécher vitriolique aux animaux, & c’eft à lui que je dois l'idée de l'avoir employé dans les maladies des chiens, quoique d'un caraétère bien différent de la maladie des chevaux & des bêtes à cornes, pour la- quelle M.le Marquis de Saint-Vincent l'a employé. Au mois de Février dernier, fix levriers , cinq chiens courants & deux chiens d'arrêt appartenants à M. le Marquis de Myfzkowski, furent attaqués d’une maladie que les Chaïleurs Polonois appellent morve, Cette maladie fe manifefta d'abord par un éternuement , qui fut bientôt fuivi d'un écoulement par Les narines & par les yeux , d’une liqueur vifqueufe & jaunâtre , accompagné d'une grande triftefle & d'un abattement qui ne leur permettoient plus de manger. Plufieurs perfonnes, tant Chaffeurs qu’au- tres, ayant été confultées fur les moyens qu'il y auroic de procurer du foulagement à ces animaux fouffrants, les uns confeillèrent de faire avaler à chacun, pendant trois jours confécurifs, une pinte de boiffon avec moitié lair & moitié huile: on leur fit prendre ce remède , qui ne pro- duifit aucun bon effet, puifque trois crevèrent le quatrième jour. Les autres confeillèrent de leur faire cafler latête àtous, & de lesjetter dans la rivière, afin, difoient-ils , d’empécher les chiens bien portans de les Aairer, ni de des manger , & les préferver par ce moyen dela même maladie, Cette ma- Tome XXIV, Part.I, 1784 MA 1. Eee 402 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, ladie étant une pefte, & à laquelleil n’y a pas encore d'exemple qu'un feul chien ait échappé, malgré tous les remèdes qu’on eût emplôyé. J'avoue que la fentence de mort prononcée contre ces pauvres animaux, A leurs cris plaintifs & leurs regards nonchalants , fembloient de- mander aux hommes qui les environnojent, un remède beaucoup plus doux pour leur mal que celui qu'on venoit de prefcire : j'avoue, dis-je, que cette fentence excita en moi un mouvement de compaflion, qui me porta à demander leur grâce, en promettant de faire tout ce qui feroiten mon pouvoir, pour leur procurer du foulagement, J'ordonnai qu'on coupat toute efpèce de communication entr’eux & les chiens bien portants ; dès-lors je cherchai à imaginer quelques médicaments que je croirois con- venir davantage à cette maladie. Je me reflouvins bientôt d’avoir lu dans le Journal Encyclopédique , que quelqu'un avoit adminiftré l’éther vitrio- lique à des chevaux malades; mais je ne me fouvenois ni du nom de la perfonne, ni du volume du Journal où je l’avois lu. Je croyois feule- ment me fouvenir que c’étoit pour la morve des chevaux; & comme je ne voulois pas perdre de temps en feuilletant le Journal, lequel d’ailleurs je n’avois pas pour l’inftant fous la main, je réfolus aufli-tôt de donner d: l’éther vitriolique, de la manière qui fuit. Je mélai 30 gouttes d’éther avec un demi-fetier de lait dans une bou- teille à large ouverture; j'agitai fortement la bouteille, en appuyant Le pouce fur l'ofifice , pour faciliter le mélange, & éviter Févaporation de l'écher, Pendant ce temps-là, une perfonne tenoit entre fes jambes le chien & les deux oreilles avec fes mains, tandis qu'une autre lui ouvroit la gueule , en tenant la mâchoire fupérieure avec une main ,.& la mâchoire inférieure avec l’autre; je verfai en même temps la moitié de la liqueur dans le gofer, & le fis lâcher , pour lui donner plus de facilité à avaler; tout de fuite après, je lui donnai l’autre moitié de la même manière. J'em- ployai la même dofe pour chacun; de neuf qu'ils étoient, iln’y en eût que deux qui burent ce remède de bon gré, dans un plat qu’on leur pré- fenta; mais pour les fept autres , il fallut le leur faire avaler de force; ce qui n’eft pas difficile, quand l’orifice de la bouteille qui contient la boif- on n’eft pas aufi large que l'ouverture de la gueule du chien, Vingt quatre heures après, j'eus quelques fatisfactions de mon effai: je touvai un changement total; il n’y avoit plus d’éternuement; l’écoule- ment par les narines avoit diminué de moitié , & celui par les yeux avoit entièrement ceffé; l'appétit éoit revenu, & La triftefle moins grande. D’a- près un changement fi marqué, je ne crus pas néceffaire de réitérer le re- mède: je voulus attendre au lendemain ; mais les ayant trouvés le lende- main fort gais & jouant enfemble, je vis qu’il feroit inutile de leur en donner davantage ; & au bout de quatre jours, huit furent entièrement guéris ; il ny eut que le neuvième, qui étoit une chienne en chaleur, & dont la maladie étoit à un plus haut période, quand je l’entrepris, à laquelle SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 463 je donnai une feconde dofe, & lui fis renifl :r une fois de l’eau de luce , qui lui procura une évacuation très-abondante par les narines; deux jours apres , elle fe porta aufli-bien que les huit autres. M. le Marquis de Saint-Vincent obferve , avec raifon, que plus lécher fera bon, plus prompte fera la cure, Je puis garantir la bonté de celui que j'ai employé, puifque je lai fait moi-même , d’après le procédé que j'ai décrit dans mon Mémoire fur la gomme élaftique, inféré dans le Journal de Phyfique pour l’année 1781. En le confultant , on verra que je partage en deux portions la rectification , & que la première eft la meii- leure, C'eft celle-là que j'ai employée pour les chiens , quoique je ne doute nullement que la feconde portion n'eüt produit le même effer, Je dois avertir ici qu'on doit tenir enfemble tous les chiens malades pendant le traitement, & qu'après leur guérifon on doit faire bien né- toyer leur chenil , le laver à grande eau, le laifler ouvert jufqu'à ce qu'il foit bien fec, après quoi le refermer , & y brüler du foufre, & quelques jours après , y brûler des baies de genièvre, IL faut faire la même chofe pour leur mangeoire & leur abreuvoir, fi l’on n'aime mieux en refaire de neufs, ce qui feroit préférable, Pendant ce temps-là, il faut laifler Les chiens en liberté dans une cour pour prendre l'air. Avant de vous faire part , Meflieurs, des obfervations contenues dans cette Lettre, concernant l’éther vitriolique contre la morve des chiens, J'ai voulu confulter le Journal Encyclopédique, pour voir fi mon trai- tement avoit quelques rapports avec celui que M. de Saint-Vincent avoit employé pour les chevaux & les bêtes à cornes, & en même temps pour lui témoigner ma reconnoiflance de m’avoir fourni les moyens d'être. utile à des animaux , qui, par le feul attachement qu’ils portent à l'homme, ont quelques droits à fa pitié ; j ofe même dire à fa reconnoiffance. J'avoue que c'eft avec autant de furprife que de fatisfaétion que j'ai vu que M. le Marquis de Saint Vincent & moi avions employé l'éther vitriolique avec fuccès dans le traitement de deux maladies fi oppofées, & fur des ani- maux d'une efpèce auf différente : je dis furprife ; car je croyois de bonne foi , avant d’avoir relu la Lettre de M. de Saint Vincent , que c’étoit contre la morve des chevaux qu'il avoit employé l'éther ; fatisfaétion, parce que le même remède ayant produit également de bons effets dans des maladies d’un genre fi contraire, & fur des animaux d’une claffe fi oppofée l’une à l’autre , il y a tout lieu defpérer que les chevaux ,- les vaches & les chiens ne font pas les feuls animaux fur lefquels l’éther pro- duit de bons effets; & que, d'après Les réfulrats de M. le Marquis de Saint-Vincent & de moi, on fera des recherches fuivies fur les maladies d'animaux de toute efpèce. Je ne doute nullement que, files expériences de M. de Saint-Vincent euffent été connues avant l'épizovtie mémorable qui ravag:a rout le Béarn & une grande partie de la Gafcogne , on n’eût confervé la plus grande partie des bêrés à corne, qui devinrent viétimes de Tome XXIV, Part, I, 1784. MAL. Eee 2 404 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, la méthode aufli hardie que neuve qu'on employa pour couper couts à certe maladie, Les chevaux & les bêtes cornes font fans contreditdeux claffes d'animaux bien plus précieufes à la Société, que les chiens ; mais cette idée doit-elle arrê- ter l'homme dans fes recherches, pour procurer du foulagement à tout être fouffrant? D'ailleurs , Le chien eft un animal affez précieux à mes yeux ; & n’eût-il pour lui que la fidélité & l'attachement qu'il a pour fon maître , ce feroit autant de droits pour mériter notre reconnoiflance. On fait qu'il n'y a pas plus de vingt à vingt-cinq ans que la morve eft connue parmi les chiens , par conféquent on peut la regarder encore comme dans fon.en- fance , & il y a tout lieu d’efpérer qu'avec des effais ultérieurs, on pourra guérir cette maladie peftilentielle, Heureux fi mes expériences peuvent y avoir contribué pour quelque chofe ! Mais quelqu'heureux qu'en foient les fuccès , ce fera toujours à M, le Marquis de Saint-Vincent que la Société en fera redevable ; car j’avoue que, fans lui , l'idée d’adminiftrer l'éther vitriolique pour la morve des chiens , ne me füt peut-être jamais venue, | Je n’ai eu d'autre objet, Mefieurs , en vous adreffant cette Lettre , que d'offrir au Public un nouveau préfervatif contre une maladie à laquelle très-fouvent des meutes de 200 à 300 chiens ont fuccombé. Si vous la croyez faite pour occuper une place dans votre Journal, je vous prie de l'y inférer. 4 J'ai l'honneur d’être, &c. BERNIARD, Au Chétean de Pincyow en Pologne, dans le Palatinat de Sendomir , le 28 Mars 1784. DE: ONE CICO PE ARET-TNON Sur la Vapeur qui a régné pendant l'été de 1783, Faire à Genève, par Jean SENEBIER , Bibliothécaire de la Republique. L A vapeur qui a répné pendant l'été de 1783, eft un événement mé- téorologique très-extraordinaire; je ne fais pas même s'il a jamais été ob- fervé, à moins qu'on ne le compare à l'état du ciel pendant l’année de la SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 405 mort de Jules-Céfar. Les Poëtes peignent le foleil vbfcurci & rouge, cum caput obfeura netidum ferrugine rexit impiaque æternam timuérunt fæ- cula noëlem. Les Hiftoriens difent, que lon Vit des couronnes" aitour du foleil, & que la lumière fur très-long-cehrps laïpuiffante. T ous Les autres qu'on a voulu comparer à celui-ci, ont été d’une petite durées, &.ce qui caraëtérife la vapeur 4 l'été paflé, c’eft non-fèulement fon épaiffeur , mais encore la longueur du temps pendant laquelle on l’a vue, IL feroit très important d’avoir une defcription exacte & fidèle de cette brume fingulière ; faite en divers lieuxléloignés où féparés des autres par, de hautes montagnes , d’en déterminer les commencements , d'en fuivieles progrès , d'en fixer la fin, d'en chercher les caufes. AE HUF J'ai cru que la defcriprion de cette brume , obfervée à Genève, pourroit. être utile; j'ai effayé de la faîre; mais afin de la rendre plus exacte, j'ai cru convenable d’en diftinguer chaque circonfiance. 7 | L La durée de cette vapeur eft le premier objet à examiner; mais, elle me paroît tout-à-fait indétériihiée : je crois même quil ef trés-dificile d'en fixer les limites, Depuis le 23, de Mai jufqu'àla fin de ce ‘mois : comme dans létommencement de Jüin, il y a eu üne fuite de jours couverts, pluvieux & bfumeux , qui ne permirent pas de bien diftinguer le moment où la vapeur que je veux peindre a paru. Il fembleroit cepén- dant que fi l'on vouloit abfolument en fixer l’époque , il faudroit placer fon commencement au 1 du mois de Jüin,, ” JAP ENEEN AE ‘£a fin abfolue ‘de cette vapeur n'eft pas plus facilé à déterminer, Ses fôrtes apparences ont fini à la vérité lé'25 Juiller, mañs' elle 'a fubfifté, plus “ou moins lépèrement pendant les mois d’Août, & dé Septembre ; elle. a même été alors quelquefois aflez forte , & aécompagnée de fign:s qui l'ont fait diftinguer AE bobine ordinaires, J’avois des expériences im portantes à faire au foleil; & comme je fouhaïtois qu'il füt parfaitement refplendiffant , jeln'ai pu trouver aucun jour’ où il: brillät purement ide, tout fon éclat. ete Sr. “IE. Je’ vais préfenter le tableau général de Îa. vapeur ‘, avant d'en, prendre les détails. PARENTS Tour ie . Du 16 au 19 Mai, : le ciel fut couvert & brumeux, Du 19 au 22, il plut continuellement, Du 22 au 24, le ciel affez brumeux. Du ‘26 au 28, 7 léciel couvert & pluvieux, Du 28 au 5 Juillet, lecieltrès-brumeux. Du' 6 au 9, la vâpeur brimeufe diminua. Du : 9 au 18, la vapeur fut très-forte, mais fur-tout le 10 , le aies TR 11/1133 1e 15; 16106. Dù 18 au 24, Ja vapeur diminüa beaucoup, Du24'au 2$, +: Va vapeur fuc affez forte, 406 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, Du 26 au 30 Juillet, la vapeur fut très-légère. { Lors la vapeur fut àflez forte. Le 2 au 7 Août, la vapeur fut aflez forte. Enfite la vapeur s'eft dégradée peu-à-peu; mais je crois en avoir ap- perçu des marques bien fenlibles le 2, le 3 & le 9 de Septembre ; en- fuite je ne faurois dire fi elle ne s’eft pas confondue avec les brouillards de l'automne. Quoi qu'il en foit, je ne puis déterminer l'époque de fa fin, LIL. Cette vapeur a paru bleuâtre dans fa couleur ; quelquefois elle a tiré un peu vers le roux. Avec une forte lunette, elle m'a toujours paru bleuâtre, ou du moins elle donnoit fouvent aux objets une légère nuance bieue. IV. Je nai pas remarqué que cette vapeur eût une odeur | & je n’ai pas ouï-dire que les Etrangers arrivés à Genève lui en trouvaffent. V. À l'égard de la denfé de certe vapeur, il me paroît bien difile de Feftimer. Lorfqu'elle m'a femblé la plus denfe, je ne pouvois diftinguer, à neuf heures du matin & à fix heures du foir les maifons , les arbres 8c le cerrein à la diftance d’un tiers & même d'un quart de lieue. Lorfque fai voulu obferver quelques objets avec une forte lunette, je voyois la vapeur ofciller très-près de la lunette, &.il, me fembloit appercevoir des. ftries légères, Par la manière dont je voyois Aotter les nuages dans la vapeur à diverfes hauteurs, je croyois pouvoir faupçonner que la .denfité de cette vapeur n'étoit pas par-tout la même : mais M. de Sauffure, qui voyageoit alors dans les hautes Alpes , a juftifié & éclairci mon foupçon: ila vu la vapeur fe raréfier en s’élevant , & il l’a vue comme il voit tout, de ma nière à ne laifler aucun doute dans l’efprit. Lorfqu'il fe trouvoir à mi-côte d'une montagne , il appercevoit mieux Le fommet, quoiqu'il fuie, que le pied qui fe rapproche, « VI. L'’Arfloire diurne de cette vapeur n’eft pas bien variée; elle. paroif- foit plus forte le matin & le foir , que dans je milieu du jour ; mais ce phénomène eft plus apparent que réel, parce qu'on n’a jugé la denfité de la vapeur que par la diminution de l’illumination , qui eft en raifon du nombre des rayons réfraétés , réfléchis & perdus; mais comme cela arrive fur-tout le matin & le foir , puifqu’à midh il n'y a plus de réfraction ; il eff clair que la vapeur reftant la même, elle devoit paroître: plus forte le matin & le foir, parce qu'elle étoit moins éclairée. . : rl VIL. A l'égard de l’élévarion de la vapeur, je doute qu’on,en ait atteint les limites. Un ballon aëÿroftatique auroit pu peut-être en faire toifer la hauteur ; maïs ce moyen ingénieux manquoit alors. Ur dire qu’on a obfervé la vapeur fur le mont Salève, & qu’elle paroifloit fort élevée au- deilus de lui, On l’a'vue à Chamounyau pied des glaciers, M. de Sauflure SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 407 J'a fuivie fur les plus hautes Alpes; & comme on étoit baigné par cette vapeur à Berne, dans le Piémont & dansla Lombardie , je ne puis douter qu'elle ne fût plus élevée Me le Jura & les Alpes. VIII. Après avoir confidéré cette vapeur en elle-même , ileft curieux de chercher fes rapports avec les corps qu’elle environne ou qu'elle pé- nètre, Il me paroît d'abord que cette vapeur n’a pas influé fur la marche du baromètre , & par conféquent fur la pefanteur & l’élafticité de l'air d’une manière bien fenfible. Pendant toute la durée de cette vapeur, mais {ur- tout pendant fa plus grande force , j'ai vu le baromètre monter & defcen- dre indifféremment. Ainf, par exemple, il éroit le 20 Juin , à 26 pouces 8 lignes, & le 4 Juillet à 27 pouces 2 lignes & demi, ce qui fait les extrêmes de dépreflion & de hauteur pour le temps où la vapeur a régné : je ne parle pas de la hauteur moyenne du baromètre prife pour les mois où la vapeur a été obférvée, parce que, comme cet hauteur moyenne eft un réfultat de plufieurs années , on conclueroit mal, fi on vouloit le comparer à un cas particulier. IX, J'en dirai autant de la marche du thermomètre 3 elle n’a rien eu de particulier. Le 19 Juin, j'ai vu le thermomètre à 11°. & le 10 Juillet à 24 = Voilà les extrêmes de fes variations. En général cependant la cha- leur moyenne a été moindre, & cela devoit être , parce que , comme cette vapeur interceptoit beaucoup de rayons, il eft clair qu’elle -diminuoit ainfi la fource de la chaleur; d'ailleurs les pluies abondantes qu’on a eues, pouvoient être encore une fource de refroidiflement, par la grande évapo- ration qui avoit lieu continuellement. X. Les expériences faites avec le plus de foin & avec les inftruments les plus délicats, annoncent que cette vapeur r'agifloit point fur l’Ay- gromètre comme un corps humide. On connoïît déjà la grande fenfibilité & l'exacte comparabilité de l’hygromètre à cheveu de M. de Sauflure: on fait que c'eft feulement à préfent, & avec cet inftrument qu’on pourra parler de l'humidité actuelle de l'air. Eh bien, c'eft avec cet inftrument que les obfervations ont été faites, Je n’en rapporterai que quelques-unes, pour ne pas charger ce Mémoire d’inutilités , & je les choifirai dans les jours où la vapeur a été forte & l'hygromètre Le plus au fec, Juiller, 6 68° <. 7 4 else TONER 21 68° —. 25 67 Ces obfervations ont été faites en plein air, & quelques-unes à la cars 408 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, pagne. Les. obfèrvations faites féparément /& en divers lieux par M, de Sauflure , annoncent que la vapeur étoic peu humide. Voici celles qu'il a eu la complaifance de me communiquer ; Les obfervations ont été faices en rafe campagne. . Le 18 Juillet, à 12 heures 40 minutes, l’'hygromètre fufpendu à un arbre en plein champ, montroit 1: 70°, le thermomètre étoita 14°; dans de même jour, à à minutes 20 fecondes, le thermomètre étancäs s°<£,, l'hy- gromètre montra 66° +. Le 24 Juin, à 12 heures 37, min., le-thermomètre étant à 17°, le vent N. E., l'hygromètre fut à 79 &. | Le28 Juin, à 1 heure, le thermomètre à 18° #, le vent N. E., l’hygro- mètre a été à 73 ;, quoique la vapeur fût beaucoup plus denfe que le 24.Juin. 5 Le 3 Juillec à Laufanne , à 2 heures 20 min. après-midi , Le thermo- -mètre étant à 22 À, l'hygromètre éroit à 74 2 Le 4 Juillet, M. de Sauflure entra dans les Alpes, fur lefquelles il erouva la vapeur moins denfe que dans la plaine & dans les vallées; il la re- trouva Le 19 fur les bords du lac majeur, moins denfe qu'il ne l’avoit vue à Genève; mais le »0, élle fut forr denfe à Ufogna, Village d'un Bailliage Italien de Belin-Zona , à 2 heures 3f mio. après-midi , le ther- momètre étant à 23° À, lhygromètre montroit Le 61°, Quand il s'agit d'un fait aulli curieux, il faut multiplier les preuves. L'évaporation fuivoic les loix ordinaires dans les temps fecs & chauds; les corps mouillés fe féchoisne crès-vire; les foins coupés fe fanèrent très-promptement ; la rofée du matin difparoiffoit d'abord; les chemins étoient très-poudreux, ce qui ne feroit. pas arrivé, fi la vapeur eûc été humide. XI. Les phénomènes de la rofée du foir & du matin fe firent remar- quer conftamment pendant toute la durée de la vapeur. XII La quantité de la pluie tombée pendant le règne de la vapeur eft confidérable, Depuis le 17 Juin à la fa de Juillet, il y a eu 89 lignes & ; de pluie; ce qui eft à peu-près le tiers de ce qu'il en tombe année commune, La vapeur a-telle influé fur ces pluies? Je fais qu'on.a eu fouvent des pluies aufñi confidérables , fans avoir obfervé la vapeur dont il s’agit; mais comme il y a eu fur-tout des moments de pluie confidéra- bles, après que la vapeur a été la plus forte, & en particulier Le 12, le 21 & le 23 Juillet, il fembleroit qu'elle y a eu quelque part; mais je dois obferver aufli, qu’à la fin de Juin & au commencement de Juiller, temps où la vapeur a été extrêmement forte, il a plu très-peu. Enfin, il ne faut pas oublier que Les plüies les plus abondantes, les orages les plus forts n'ont pas débartaflé l’armofphère de cette vapeur; & fi le ciel a paru moins obfcurci après La pluie, c'eft que J'atmofphère où la - vapeur nageoit , a été un peu.lavée, comme. cela feroit arrivé, li la vapeur n'y SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS, 409 n’y avoit pas été; & dans ce cas aufli, le ciel auroit alors pare plus ur. , XIIL. J'ai obfervé les vents fouffler de tous les points de l'horizon pen- dant le règne de cette vapeur: il m'a paru feulement qu’elle diminua fenfiblement le 21 Juillet par un vent d’oueft affez fort jufqu'au 24, L'idis recommença de remplir l'air par un vent de S. ©, ; mais elle iminua de nouveau, pour difparoître prefque entièrément par un vent d’eft. XIV. Le règne ds cette vapeur a été celui des orages. Jamais on n'a obfervé à Genève des orages aufli longs , aufli nombreux , & quelquefois auffi effrayants. Du 57 Juin à la fin de Juillet, on a entendu douze fois: des ronnerres, le 20 Juin, le 25, le 26, le 27; le 3 Juillet, le 12, le 13, le 16, le 21,le 23 , le 28 & le 29. Il paroït que les plus violents orages fe rencontrent dans le moment où l'intenfité de la vapeur étoit la plus grande, en particulier le 12 Juillet, pendant laquelle, depuis minuit & emie jufqu'a quatre heures & demi, le ciel paroïfloiten feu , par la fuc- ceflion rapide & continuelle de mille éclairs, & un fracas horrible faifoit retentir une fuite non-interrompue d'éclats de tonnerre, qui recommen- cèrent à fept heures du matin, pour durer encore jufqu’à huit. On a ob- fervé dans la Ville les traces de huit tonnerres qui avoient frappé des bä- timents; & à la campagne des environs, il y eut mille accidents funeftes pendant cette nuit défaftreufe. J'avoue-que , malgré ces obfervations, je ne voudrois pas attribuer à la vapeur ces orages comme à leur caufe, parce que je ne peux pasen voir les preuves ; mais je ne voudrois pas décider qu'elle, n’y a eu aucune part : peut-être la longue fécherefle de l'air & la vapeur y ont joué de concert un rôle, XV. Enfin, j'ai obfervé fouvent le foir, & les Payfans le matin, le foleil fans rayon , rouge-cerife comme un boulet de canon rougi au feu, Les Aftronomes m'entendront bien, quand je leur dirai que le foleil me paroifloit à l'œil nu comme ils Le voient au travers des verres enfumés , quand ils l’obfervent avec la iunette dans fon éclat, & fa vivacité me fem- bloit encore bien moindre que par ce moyen. On ne peut douter que ce phénomène ne foit produit par la vapeur, puifque le foleil ne perdoit fon éclat qu’en raifon de l'intenfité de la vapeur, & qu'il le reprenoit auffi-tôt que la vapeur diminuoit: d'ailleurs , avant d'arriver à ce maximum d’extinétion,, il pafloit par diverfes nuances proportionnelles à la denfité de la vapeur. Enfin, on ne l’obfervoit ainfi éteint qu'une demi-heure ou trois quart d’heure avant fon coucher , parce que la réfraction étoit alors la plus forte. La lune paroiffoic aufli parfaitement rouge-pourpré & fans éclat. XVI. Il réfulre de tour ceci, que tous les événements méréorologiques fe font pañlés au milieu de cette vapeur , comme sil ny en avoit point eu. ” 1 ra ‘XVII. Quoique cetre vapeur ait eu différents caractères pernicjeux en Tome XXIV, Part, I, 1784 MA 1, FFF 410 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, divers pays ; fuivant une Lettre de M. Van-Swinden, elle a eu dans Îles Provinces de Frife & de Groningue une odeur fulfureufe , qui incommo- doit les perfonnes d’une poitrine Lélicate, & lés faifoit toufler en plein air ; elle avoit fait encore un tort immenfe à la végétation , en defléchant les feuilles & les fruits; mais ce phénomène n'a point été obfervé dans les autres Provinces de la Hollande, ni à Genève, où la végétation a été très-belle , où les fruits ont été trèsbons, où la moiffon a été abondante : & fi les vins font mauvais, c’eft l'effet des grandes pluies & des froids du mois de Septembre, On n'a remarqué parmi les Hommes & les animaux aucune efpèce par- ticulière de maladie. Quelques perfonnes ont cru que des indiennes, expolées à l'air fur le pré, pour fécher ; avoient été tachées; que les rouges étoient devenues ta- chées à différentes places d’une couleur brune; mais fi cela eûtété vrai, on n'auroit pas apperçu quelques taches éparfes fur la pièce d'indienne; toute la furface de l’indienne auroit été également tachée. Secondement, les indiennes qui féchoient dans un étendage , également expofées à la va- peur , puifqu’elles étoient expofées alors à de grands coutants d’air, n'ont pas eu la moindre tache. Troifièmement enfin , ces taches ont eu lieu dans le même pays, dans quelques endroits où les indiennes étoïient expofées , & nôn dans tous, D'où venoient donc ces taches ? On en a trouvé la caufe. La fréquence des pluies empéchoit les toiles de fe fécher; elles reftoient toujours étendues fur le pré; les plantes les plus délicates, qui étoient ainfi toujours movillées & couvertes par les indiennes , pourrif- foient, & cette pourriture rachoit les indiennes. Cela eft fi vrai, qu'on obfervoit les pointes des herbes rachantes peintes fur les taches. XVI. Il eft évident que cette brime ou cette vapeur n'eft pas un brouillard ordinaire ; elle n’en a pas la couleur grife, ni la grande humi- dité, qui fait monter communément à l'hygrometre de M. de Sauflure l'hu- midité extrême, ni les événements diurnes. Les brouillards difparoiffent à mefure que le foleil monte fur l'horizon; on ne les obferve pas en été avec cette épaiffeur , & ils ne durent jamais aufli opiniâtrément dans aucune faifon. XIX. Quelle eft la caufe de ce brouillard ? La plupart des Phyficiens y voient l'effet des tremblements de terre qui ont xenvetfé la Calabre , & qui durent toujours depuis le 5 Février; d’autres croient y réconnoître l’é- ruption du nouveau volcan formé le 8 Juin en Iflande , parce qu'il fem- bleroit que cette vapeur s'eft d’abord fait appercevoir dans le nord, Mais combien il y a eu d'éraptions du Véfune , de l'Erna , qui not pas prô- duit cet effet? La cataftrophe de Lifbonne , dont les rameaux fecouèrent tant de lieux, ne fit remarquer rien de femblable. Il y a plus ;.ces érup- tions ne peuvent produire vraifemblablement que des différents airs mé- phitiques que nous connoiffons; ils font tous ou plus pefants quel'air com- SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 4x mun, & abforbés très-vice par l’eau: ceux-là ne feroient pas veru jufqu'à nous; ou bien ils font plus légers, & ils fe décompofent dans l'air, comme je lai faic voir dans mes Recherches [ur l'influence de la Lumière Jolaire, pour métamorphofèr l'air fixe en air pur, pag. 297 & fuiv., & ils n'auroient pas offufqué l'air pendant fi long-temps , où du moins on auroit vu diminuer peu-à peu l'incerfité de Ja vapeur qu'ils auroient for mée, Enfin, le mêlange de tous ces airs avec l'air commun, ne trouble jamais (à tranfparence, comme je l'ai obfervé fréquemment , & fi quel- ques airs méphitiques mêlés enfemble troublent leur tranfparence , ce n'eft g'ie pour quelques moments ; de forte que l’analogie ne permet pas de croire que ce foir par ce moyen que les événements dont il s'agit ont produircer effet : je puis même aflurer que , dans les jours où la vapeur a été la plus forte , il n’y a pas eu plus d'air fixe pour précipiter la terre cal- caire de au dechanx, & l'air n’étoit pas plus phlogiftiqué, puifque , dans les temps ordinaires, la refpiration n'étoit pas gênée , & que les combuftibles brûloient très-bien. XX. Après y avoir bien réfléchi , je ne puis appercevoir de refflemblance à certe vapeur qu'avec celle que M. de Sauflure a décrire le premier, dans fon Elfai fur l'Hvgrométrie .$. 355, & qu'il a oblervée fotrant dans Fair, pendant & Lorfque le ciel éroit ferein , depuis quelques jours , 11 l'a vue bl-nâtre, & elle n’a jamais affecté l’hygromètre. [l la fuppofe d'une nature indiDluble dans l’eau. Cependant , la vapzir que nous avons dépsinte ne fauroit erre rigoureufe nent celle-là, paifqu’elle eft diffipée par la pluie qui la précipite , puifqw'elle exige quelques jours d2 férénité pour fe for- mer & r'paroîre ; mais il eft très-vraifemblable qrelle lui eft fort ana= logu-. Où ne fauroit au moins fuppofer qu'eile foit le produit de l’évapo- ration des eaux contenues dans la terre , puilqu’elle n’affeétuit pas L'hy- Le gromètre. Tome XXIV, Part, 1, 1784. MAL Fff 2 412 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, RE —— —— 2 a —— a © ——— NOUVELLES LITTÉRAIRES. Css Lib. Bar. DE GEER, Regie Aule Marefch. R, Ord. Wafiaci, Com- mend, Crucig. KR, ord, de Stella Bor. Equir. Aurar. R. Acad. Scienc. Suec. Membr. € Parifinæ Correfp. Genera & Jpecies Infeëlorum generofiffimi auëonis feriptis extraxit, digeffit , latinè quod partem reddidit, & rermi- nologiam Infe&lorum Linnæanam addidit Anders Johan ReTzrus, Phil, Mag. Prof. Reg. Demonff. Societ. Phyfiogr. Lund. Secret. Soc. Reg. Patr. Suec. & Haffa- Homb. Med. Nat, Curiof. Bert. & Scienr. Art, Live. Goth., Membr. Soc. œcon. Lipf. Correfpond. Genres € ef- pèces d'Infeétes ; par le Baron DE GEER , Chevalier de l'Ordre de Wafa, &c. ; cirés defes Ouvrages , mis en ordre, traduit en partie du Latin, Œ augmentés des noms de Linné: par M. André-Jean RETzius , Maitre en Philofophie, Profefleur Royal & Démonftrateur de Botanique, Secrétaire de la Société Phyfographique de Lunden , Membre de la Societé Royale-Patriotique de Suède 6 de Heffe-Homboure , de celles des Méde- cins de Copenhague, des Curieux de la Nature de Berlin, des Sciences & Belles- Lettres de Gotha , Correfpondant de la Socièté Economique de Leip- * fick. A Leipfick, chez Crufius; à Strafbourg, chez Kœnig , 1783, in-8°. de 220 pag. : Parmiles Ouvrages qui éclairciffent l'hiftoire naturelle des infeétes, les Mémoires du Baron de Geer tiennent aflurément le premier rang. IL eft vrai que les ordres fous lefquels il a rangé ces petits animaux, ne paroiflent pas fort naturels, mais en revanche , les genres le font beaucoup. L'hiftoire & les defcriptions qu'il donne de chaque efpèce , peuvent fervir de modèle aux autres Naruraliftes. D'abord, imitateur de Réaumur , il eft bientôt devenu fon rival, & peut-être a-t-il fini par Le furpaffer. C'eft fans doute de-là que fes derniers volumes font bien fupérieurs aux premiers, IL le fentoit lui-même; auf fe propofoit:il de faire réimprimer le commen cement avec beaucoup d’additions & de corrections : mais la mort eft ve- nue l'enlever, aux grands regrets de tous ceux qui culrivent l'Hiftoire Naturelle, Ce précieux Recueil, enrichi de belles planches , eft malheureufement très-cher & très-rare. C’eft pour obvier à ces difficultés, que M. Rerzius vient de faire imprimer ce Volume , qui préfente l'extrait fidele & fucciné d'un livre peu connu, qui a ététraguit en Allemand par M. Golze, en AE SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 413 1777: Quatorze claffes forment la méthode entomologique du Baron de Géer, & M. Retzius a fait entrer dans chacune les infectes, tant indi- gènes qu'exotiques; on y trouve de plus un catalogue ou table fyftéma- tique , qui réunit , autant qu'il eft poflible , les noms triviaux du Cheva- lier de Linné. Ce favant Editeur a donc! fu extraire & mettre en ordre, füivant l’efprit de l’Auteur, ce qui étoit épars dans plufieurs gros volumes. ILa traduit en latin les noms des ordres, des genres & des efoèces, que le Baron de Géer n’avoit donnés qu’en françois, Ce travail ne peut qu'être infiniment agréable aux Naturaliftes, en leur épargnant non-feulement la la dépenfe, mais encore la néceflité de rechercher , de feuilleter quelquefois Jong-temps l'original ; & de réunir aufli fidèlement les fynonimes du Pline Suédois. Théodori Petri CAELS1, Collegit Medicorum Bruxellenfium Socii,ratio occur- rendi morbis à mineraliwm abufu produci folitis. Accedir Lucas Doraflen- aus, de ufw chalvbis atque Mercurii in Obftruétione curandi, Moyen de remédier aux Maladies qui font produites ordinairement par l'abus des Mi- riéraux ; par M. Théodore-Pierre CarLs, Membre du Collège des Me- decins de Bruxelles: ony a joint une Differtation de Luc Doraflentius , fur Pufage du Fer & du Mercure dans la guérifon des Obflruälions. A Rome, chez Pierre Sabeundi; à Strafbourg , chez Amand Kænig, 1773, petit in-8°, de 134 pag. - Il y a près de dix ans que M. Caels, n'étant encore que Licencié en Mé- decine, fut couronné par l’Académie Impériale des Sciences & des Belles- Letres de Bruxelles, pour une excellente Differtation fur les plantes de Flandres | qu’on a regardé comme nuifibles aux: hommes ou aux animaux; fur les fymptômes qui fe manifeftent , après qu'on en a fait ufage , & fur les remèdes néceffaires pout détruire leurs effets pernicieux , que nous fimes connoître dans le tome III de ce Journal, année 1774, pag. 314. Eo 17817 , il publia le Traité dont il eft ici queftion. Nous profitons de la réimpreflion de cet Ouvrage , pour en dire un mor. Les fofliles qui font l'objet du travail de M. Caels., font l'or ,, l’ar- gent, le cuivre, le fer, le plomb, l'étain, le-mercure, l’antimoine , l’ar- fenic , les acides minéraux , les fels a!kalis fixes minéraux, les pierres & Les terres calcaires , les pierres & les terres gypfeufes, le foufre commun & le zinc. On fera fans doute étonné de voir au nombre des mivéraux délérères, Vor, le plus pur des métaux , ainfi que l’argent.& l'étain, dont on fe ferc journellement pour préparer nos aliments, Mais ce n’eft point par eux-mêmes que ces méraux font dangereux , c’eft parce qu’on les allie fouvent avec Le cuivre ; & par-là, on ne peut donc trop prendre de précaution , quand on fait fi fouvent ufage de vafes de métal. 414 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, M. Caels examine en abrégé la nature des autres minéraux , dont nous venons d'offrir l'écumération ; il détaille avec exactitude les maladies qui peuvent provenir de leur ufage, & indique les rernèdes convenabl.s. Le cuivre, reconnu de tout temps pour très-dangzreux, a mérité juftement fon attention particulière. [L voudroie , pour prévenir les dangers du cuivre, que, dans toutes les Villes un peu confidérables , on nomimät des Inf- peéteurs pour alter vifiter fouvent & à l'improvilte, les Aubergiftes , les Traiteurs, & autres Artifans qui fe fervent de vaifleaux de ce métal éta- NL més, afin de voir fi ces uftenliles font en bon état, 2 Les remèdes qui doivent être oppofés à l'arfenic, font les huileux, fui- vant M. Caels. Left au moyen de lhuile, prife d’abord clandeftinement, avant d’avaler en public de l’arfenic, que le célèbre Orvier, adroit Char- latan, s’elt rer du tameux dans toute l'Europe Prévenant ain l’effec du oifon , il prérendoit enfuite pofléder un antidore inconnu , l’orviétan , qu'il afluroit être infaillible contre routes fortes de poilons ; auffi le vendoit- ii force cher : mais il fut puni comme il le méritoit, car il mourut par Lffct d'une trop grande dofe d’arfenic qu'il venoit d’avaler en Public. Cet Ouvraye eft terminé par l'indication des principales précautions - que doivent prendre les Mineurs, & en général ceux qui travaillenc les métaux & les minéraux. La Differtation de Euc Doraftentius, que l’Imprimeur de Strafbourg a ajourée à ces Opufcules , eft en forme de Lettre, adreilée à l'illuftre Baron de Haller. L’Auteur s'eft plu à la compofer , pour rétuter les paroles fui- vantes , tirées d'un Dilcours d2 Boranique qu'un Médecin d'ftalie venoit de faire paroître, « Combierrde fois , dit il , en voulant guérir Les obftruc: 4 » tions par Le fer, ne les avons-nous pas vu changer en fquirre ou en » cancer incurable! Combien de fois n'avons nous pas détefté le mercure » & fes diverfes préparations, voyant les tempêtes qu'il exciruit, & fi vio- » lemment, que nous ne favions quel parti pre dre !» M. Doraftentius ; pour prouver qu: Le fer, loin d'augmenter les obftruétions , les guérit au contraire , expofe les fentiments d'un grand nombre de Médecins célèbres, & cite fa propre expérience, [l préfente l'action immédiate du mercure dans la même maladie, & fe contente d'oppoler à fon antagonifte lautoriré du grand Haller, puis il dit: « Toutes les obitruétions, en tant qu'elles ne font qu'obftruétions , fe guériffent par la vertu du mercure ». D Sera rh ere Fat Specimen Medicum fyllogen Obfervationum varit argumenti fiffns, &e Effai de Médecine, contenant ur Recuvil d'Obfervations [ur divers [u- jets ; par M. Chriltian Gafpard SErP, Dour en Midscine. À Copen- hague, chez Thiel; à Sirafbourg , chez Kænig, 1752, in-8 . de 60 pag. à Ce petit volume renferme des obfervations fur l'hémorrhagie , accom- PR RL | = SUR L'HIST. NATURELLESET LES ARTS. 41ç pagnée de taches parfemées fur route la furface du corps, l'ifchurie , la variole, la pteuréfe bilieufe, la jaunifle périodique & le ver folitaire, A la fin fe trouve la relation de plufieurs ouvertures de cadavres, remar- quables, auxquelles M. Seip, a joint l'hiftoire fommaire de la maladie qui avoit précédé, A l'article du 1énia, l'Obfervateur a vu que l'éréfipèle, après avoir réfifté à tous les anthelmintiques les plus vantés, cédoit enfin au remède de Nouffer. Cependant il à foin d’adoucir le purgatif draftique que l'on emploie avec ce remède, à caufe des fuites fâcheufes qu'il peut en réfulter, 11 a quelquefois vu rendre dans les fièvres des morceaux de ce ver , après que Je malade avoit pris de la potion camphrée acide de Lo- cher, où après un ‘léger yomitif. Reliquiæ Houflunniane; &c.; c'elt-a-dire : Refles. de Houflour , ou figures des” Plantes recueillies dans l'Amérique méridionale par Guillaume Houf- toun , Doëteur en Médecine, Membre de da Socièté Royale de Londres. On a Joint les defériptions trouvées dans fes papiers, qui font confervès dans da Bibliothèque de Jofiph Bancks, Baronnet., Prefident de la Société Royale. ‘À Londres, 1781 , àn:4°. avec. 26 planches en taille-douce, El y a environ so ans que Guillaume Houftoun., Médecin Ecoflois , zélé pour le progrès des Sciences, partie pour l’Amérique, Il recueillit à la Ja- maïque; & dans lesterres voilines deJ'fle deja Vera-Crux, pluñeurs plantes très-rares, qu'il décrivit felon la méthode de Tournefort, & Les defliga & grava luimèême, Mais à peine y avoit-il dix'aps qu'il étoit parti d'Angle- arte, que la mort l'enleva dans les Indes occidentales. Sa Colle&ion de Plantes, fes Obfervations, fes Deflins 8 fes, Gravures pafsèrent entre les mains de Philippe Miller ; & à la mort de ce dernier, M, Bancks en fit l'acquifition. C'eft par les foins de cet homme célèbre , ardent pour toutes Jes Sciences , fpécialement pour l'Hiftoire Naturelle , que les defcrip- tions , les deflins & les gravures de, Houftoun viennent d’être publiés. M:Bancks, qui a fait tôus les frais de l'édition, ne la cependant pas mife æn vente; mais il en diftribue des exemplaires à fes amis, aux Botaniftes «connus , aux Bibliothèques publiques, &c, . + + Miller avoit précédemment donné au Chevalier de Linné des copies des originaux de Houftoun; le réformateur de la Botanique en a quelquefois profité. [l cite dans fes Genres les aëfa ante aëla de notre Voyageur An- glois, & il allègue deux ou trois fois les fynonymes manufcrits dans le Species Plantarum. Amman cite iaufli de temps'entemps, dans fon Her- Lbier, les noms manufcrits de Houftoun, & les Botaniftes defiroient depuis long-temps la publication de ce Recueil. On ne peut donner trop &’éloges à l'illuftre Editeur, qui a encore eu foin de joindre aux noms de Houf- toun , les principaux fynonymes des Modernes. Les plantes décrites & gra- vées font au nombre de vingt-fx. = 29 15 1 À ,saoïl fi 4i6 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, &c. “T'ANRUD:E . Des ARTICLES CONTENUS DANS CE CAHIER. O BSERVATIONS fur la vertu de l'Eau imprégnée d'air fixe, de diffe- rents acides , & de plufieurs autres fubflances, pour en obtenir, par le moyen des plantes € de la lumière du foleil , de l'air déphlogifliqué. Page 357 Con/fidérations Phyfico-Botaniques fur Les Jointures ou les articulations des Plantes; par M. AMOREUX/#/s, Médecin. 348 Suite des Obfervations & Expériences de M. KiIRWAN 3 traduites par M. L. D.B. de lAcadémietde Dijon. 356 Extrait d'un Mémoire où l'on prouve, par La décompofition de l'Eau ; que ce + fluide n’eff point une fubflance fimple ,& qu'il y a plufteurs moyens d'ob- tenir er grand l'Air inflammable qui y entre ; comme principe confhtuant ; par. M, MEUSNYER , Lieutenant au premier Corps du Génie, Membre de l'Académie , en commun avec M. LAFOISIER. 368 Obfèrvations fur la Montagne des Chalanches, près d'Allemont en Dauphiné, & fur Les Gites de minerais d'argent qui s'y trouvent; adreffées par M. SCHREIBER , Direéleur des Mines de Monsreur , 4 M. le Baron DE DIETRICH , Secréraire-Géneéral des Suifles & Grifons , le 19 Décembre 2783. “5 MARTAPIOTRETE Lettre de M. SCHREIBER & M./'Abbé MonGEZ le jeune; & Paris ;le:18 Avril1784,: Î 38 “Machine à deffiner , de l'inventio®du fieur HETTLINGER, Membre de plufieurs Académies, Infpeëteur-Général des Mines de Navarre. 389 -Des Nuages parafites ; par M. DucARLA. 392 Lettre aux Auteurs du Journal de Phyfique, fur un Phénomène fingulier. 399 Lerrre aux Auteurs du Journal de Phyfique , fur l'Echer vitrioliques: »V40x Obfervation fur la Vapeur qui a régné pendant l'été de 1783 , faire a Genève, par Jean SENEBIER , Bibliothécaire de la République. 404 Nouvelles Litréraires. L 412 APPROBATION. Ja lu , par ordre de Monfeigneur le Garde des Sceaux, un Ouvrage qui à pouf titre: Obfervarions fur la Phyfique, fur &Hiftoire Naturelle & fur les Aris , Gc.s par MM. Rozier &, Moncez Le jeune, &c, La Colle&tion de faits importans qu’il offre périodi= quement à fes Leéteurs , mérite l’accueil des Savans; enconféquence, j’eftime qu'on peut en permettre l'impreflion, À Paris, ce 22 Mai 1784 VALMONT DE BOMARE, [TR nent Las M “ nu PEL IN “IN du 74 2p re Jurn 19784. NE GR en VA DE = RS DE, M: L'Arsé E'O'N T':A N'A, AM GIBELIN,a Aix en Provence, datée de Florence du z0 Juillet 1782. | I Left très-vrai, Monfieur, que, dans nos Feuilles Littéraires d'Italie, on a rapporté différentes guérifons de la morfure de la vipère , opérées par l'efprit de corne-de-cerf injeété dans les veines. Il eft vrai aufli que, par la manière dont elles ont été préfentées, elles avoient quelque chofe _de merveilleux, & fembloient en quelque forte miraculeufes. Il paroît que certaines perfonnes’ ont trouvé un fecret plailir à pouvoir dire au Public qu'on avoit trouvé le vrai fpécifique contre ce venin ; fpécifique que j'avois cherché inutilement pendant olufeurs années , au bout def quelles j'avois déclaré , avec une candeur philofophique , l’inutilité de mes longues recherches fur cette matière, À la vérité , je dois avouer que je n’ai pas penfé à chercher un remède dans le sraitement inpeëfatoire, par des raifons que je paflerai maintenant fous filence, & dont vous pouvez vous douter aifément, Le cas unique, rapporté par Vallifnieri, ne m'avoit pas beaucoup frappé , par la raifon même qu'il eft unique. Main- tenant que l’on compte plulieurs guérifons de cette elpèce , la matière mé- rite d'être examinée. [1 eft cependant vrai que ces guérifons tant vantées font en trop petit nombre pour former une preuve , même incomplette, que ce remède foit un véritable fpécifique qui ait opéré feul la guérifon, fans qu'on puifle les attribuer à la force du fujet malade , ou à une nature de venin qui ne foit point mortelle. Peut-être cent guérifons fufroient- elles à peine pour donner de la certitude fur ce fair. Si l’efprit de corne- de-cerf eft le remède fpécifique contre le venin de la vipère, les animaux mordus , auxquels on injectera cette liqueur dans les veines, de- vront être préfervés de la mort; &ciela , d’aucant plus facilement, que Tom. XXIW,, Part. I, 1784. JUIN. Ggg 418 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, la liqueur injeétée fera en plus grande dofe , & qu'on tardera moins, après Ja morfure, à faire l’injcétion. J'ai fait ufage dans mes expériences, d'a- geaux &, de lapins très-forts ; les agneaux ontété mordus déux & même trois fois, les lapins feulement deux. Les morfures ont été faites dans les cuifles, & Pefprit de corne-cerf introduit dans le fang par la jugulaire, après la morfure; en forte que, dans quelques animaux, il n’y a eu que très-peu d'intervalle. Les dofes d’efprit de-corne-de-cerf éroient depuis 20 jufqu'à 40 gouttes; dofe que l'animal pouvoit fouffrir , fans mourir, comme jenavois fait auparavant l’expérience dans les animaux qui n’avoient point été mordus de la vipère, Une plusigrai de dofe auroit pu leur nuire & même les tuer. J'ai fait mordre trois aïneaux aux cuffes; tous Les trois font mortsen moins de deux heures , & un en peu de minutes. De neuf lapins, deux feulement ônt fürvécu dix heures, tous les autres font morts en moins d'une heure, Je fais que douze expérierces ne fufffent pas pour démontrer l'inutilité abfolue de lefprit de corne de cerf contre la morfure de la vi- "père; maiselles fuffentisour faite voir que certe liqueur n'eft pas un fpé- cifique, comme on Le dit, & qu'il ne fiut pas s’en rapporter à un petit nombre d'expériences citées par les taureurs de ce remède. Tant que les Médecins ne s’appliqueront point à faire des expériences, l’art utile de guérir ne fera point de grands progrès; & c’eft par cetre feule raifon que la Médecine cft reftée ftariornaire , d puis Hippocrate jufqu'à préfenr, pendant que toutes les autres Sciences font des pas de géant. Le Médecin “prend pour le remède d’un n'al le médicament après l’ufage duquel la uérifon s’en eft-fuivie , ‘tandis qu'en bontie lopique on ne pourroit dé- duie autre chofe, finon que le remède vanté n'a pas pu tuer le malade, On voit que , d'après fon raifonnement , le Médecin croit tacitement que le malade feroir mort , s'il ne l’avoir pas traité , & en cela, il fuppofe ce il ne fait pas, & ce qui eft encore douteux où abfolument faux H ne fu pasque le n'alade ohérifle,, il faut encore s’affirer qu'il feroit mort fans le ren ède; & pour cela , il faut avoir unie longue fuite d'obfervations, d’é- véneménts heureux avec le remède , & d'événements nialheurtux fans lui: mais comme une telle méthode peut exiger les travaux de plufieurs per- fonnes & de plufieurs fiècles’, il eft très important d'avoir recours aux animaux , quand on ne peut, par d’autres moyens , avoir des réfulrats certains. Ce genre de recherche peut être d’une très grande utiliré dans beaucoup de cas, & principalement pour les poifons en général. Où peut, par ce moyen, faire en très-peu de temps , ce qui , autrement, pourroie fe faire à peine en plufeurs fiècles. Si Pün s’étoir fervi de cetre méthode ‘la Médecine f roir.y lus utile au genre humain, par cela mème qu'elle n’aù- “roîr point une infinité de remèdes inutiles , & qu’on ne verroir pas les re- mèdes & les foécifiques fe fuccéder lesuns aux autres, & périr auf rôr qu'ils: font nés , ce qui fcandalile les penfeurs, & apprète à rire aux fceptiques. Daus mon grand Ouvrage {ur Lës poifons, j'ai tait voir que la mor- L SUR L'HIST\ NATURELLE ET LES ARTS, 419 Îure de la vipère va rarement jufqu'à occafionner la mort, quoiqu'il foie vrai qu’elle occafionne une maladie plus ou moins grave. Des gens dignes de foi m'ont'afluré que, dans les campagnes du Ferrarois; les Paylans remédientà la morfure de la vipère, en y appliquant un peu de terre prife au hafard, & qu'ils guériflent parfaitement bien ; en forte que ces bonnes gens regardent cette terre comme le vrai fpécifique de ce venin. J'ai vu des perfonnnes mordues païune vipère tellement |frappées d'épouvante, qu'elles paroifloient mourantes, & n'avoient prefque plus de pouls! ni de réfpiration: Il n'eft pas difficile, dans ce cas:là , de produire en apparence une guérifon miraculeufe , mênie en employant les rèémèdes Les plus inu= tiles, comme un peu d’eau fraîche jetée {ur Je vilage, ou quelques liqueurs fpiritueufes qu'on fait prendre par la bouche, J'ai obfervé aufli que le ral produit par la vipère , augmente, dans les animaux ; jufqu'à up certain point, & diminue enfüuite très-rapidement; en forte. que l’aninal qui pas roiffoit mourant quelques inftants avant , fe retrouve tout de fuite en bonne fanté,, De telles guérifons s’ebfervent dans les animaux chez lefquels la maladie eft plutôt interne qu'externe; car la guérifon demande beauccup plus de temps, comme:il. eft facile de, fe l’imaginer, s'il s’eft. formé une grande inflammation dans la-partie mordue, à plus forte raifon s'il s’y forme une plaie: Dans La guérifon ique L'on vante ,.il eft plus que. pro- bable que la-maladis étoir prefque uriquement interne ; autrement, les füujers mordus ne.fe feroient: point trouvés guéris ; comme:on.le dit, aufli- tôt après l'ufage du remède, Ainf, tant qu'on ne produira pas un plus grand nombre de guérifons fur les hommes, & ce nombre doit pafler au moins cent, il fera permis de rejeter le remède que l’on vante comme foécifique contre la morfure de la vipère; autrement, nous propoferons aux Médecins injecteurs, la terre. des campagnes.du-Ferrarois comme un autre fpécifique contre ce venin; fpécifique qu'ils ne voudront point ac- cepter. }. bi PART | ‘Sivous ne m’aviez pas engagé à vous dire. mon fentiment fur le nou- veau fpécifique Italien, je n’aurois pas penfé, au moins pour le préfent, à faire aucune expérience fur une matière qui, depuis Jong - temps, commençoit à m'ennuyer , & fur laquelle on dira peut-être que j'ai em- ployé plus de temps qu'il ne falloir, Telle eft au. moins l'opiniog des Philofophes, qui.croient deviner dans leur cabinet les fecrets de la Na- ture, & qui ne craignent point de fubftituer des fonges & des hypo- thèfes aux faits & à la vérité, Mais puifque j'ai commencé à parler de mon Ouvrage furles poifons ; & que vous en êtes la principale caufe, per- mettez-moi de vous dire quelques mots fur les nerfs, qui ferviront d’é- clairciffement à ce que j'ai écrit) dans le fecond tome du même Ouvrage, Je ne:me ;propofe d’entrer.dans aucuns détails , me .réfervant à le: faire dans! une autre occafon;.& alors , pour plus de clarté ; je donnerai quel- ques figures, qui fervironc de fupplément à l'Ouvrage même, & qui fe- Tome XXI, Part. 1, 1784 MAI, LGgga go OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE," ront inféiées dans mes obfervations microfcopiques , dont je vous ai parlé plufieurs fois, Après avoir décompofé un très-petit nervicule dans les der- niers filaments nerveux , compofés de différents cylindres nerveux primitifs, dont j'ai parlé fort au long dans mon Ouvrage, j'ai réufli à dépouiller de la dernière enveloppe interne, ou des filaments rortueux, quelques-uns de ces cylindres nerveux primitifs: ils étoient tranfparents , homogènes , non vuides, & tels que je les avois trouvés dans d’autres occafions. L'idée me vint de les mettre entre deux cryftaux, conftruits de manière que je puis les approcher l'un de l’autre, jufqu’au point de fe toucher par leurs fur- faces oppofées, & de comprimer tout-à-fait la matière que je mets entre deux. Je puis approcher une loupe très-forte du cryftal fupérieur qui eft le plus mince, & cette loupe me fert à obferver ce qui arrive à mefure que les verres s’'approchent par degrés infenfbles, & comprimentles objets. Ce petit inftrument , que j'ai imaginé & fait exécuter il y a plufieurs années; ëft d’une crès-grande utilité dans les obférvations microfcopiques les plus délicates , & je lui dois beaucoup de véritésimportantes, quej’auroisignorées fans fon fecours, comme on le verra un jour dans mes Obfervations microfco- piques: En examinant donc un petit amas de différents cylindres primitifs- nerveux avec mon inftrument, je m'apperçus qu'à proportion que j’ap- prochoïs les deux lames de cryftal , il fortoit de ces flaments écrafés une matiere glutineufe ; élaftique ; tranfparente, que l’eau dans laquelle‘les cylindres nageoient , ne pouvoit difloudre én‘aucune façon. Quand deux ou plufisurs cylindres. voifins' éroient comprimés enfemble, les matières glu- tincufes des uns nefe mêloient point avec celles des autres , quoique ces différentes matières fe comprimaflent mutuellement entreelles , & que Füne éloignât l'autre. En continuant à comprimer les cylindres de plus en plus, j'en vins à remarquer que la matière glutineufe fe décompofoit en très petits grains ‘arrondis d'un diamètre quatre ‘ou cinq fois plus petit que c2lui d’un globule rouge du fang. Je vis en cette occafion , que beau coup de ces petits grains couroient avec une grande célérité dans le mi- lieu des cylindres primitifs, & fortoient par les extrémités coupées de ces cylindres. En cet état, l'eau du porte-objer les tranfportoit avec la plus grande facilité d’un lieu à l'autre ; & ils ne fe réunifloient plus en femble, ‘pour reformer la matière glutineufe d’où ils prôvenoient, Cette matière glutineufe , examinée avec Les Joupes Les plus fortes’, au moment où elle fort des cylindres néiveux-primitifs , ‘paroît formée de filaments granuleux , tenaces & élaftiques ; que l’eau né peut ni diffoudre ni fépa- rer. J'ai confirmé cette obférvarion plufieurs fois fur plufieurs efpèces de nerfs, dans plufeurs animaux, & fur l'homme rnème ; en forte que je ne crains point d'en certifiet la vérité. Il faut donc confidérer à préfenc les cylindres nerveux comme de vrais canaux, contenant une matière élaftique, glutineufe , graniforme: c'eft au moins jufqu'où conduit lob- fervation, Je ne fais pas files Phyhologiftes voudront regarder les pe- SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 421 tits grains quej'ai obfervés, comme les efprits animaux, & comme le principe mécanique de tous les mouvements, Dans ces hypothèfes, on expli- queroit mal la vélocité inftantanée des mouvements animaux; car ces petits grains paroiflent trop lents à fe mouvoir , quand ils font dans Le nerf, où ils forment plutôt un gluten vifqueux & inerte, qu'un fluide fubril & très-mobile , comme ilfemble que cela devroit être, Les mouvements animaux s’expliqueroient plus facilement, en. confidérent que la ma- tière graniforme eft élaftique , & continue dans route la longueur du canal nerveux, comme l’obfervation le démontre. Le mouvement pour- roit fe tranfmettre dans le moment même qu'il furviendroit une altéra- tion mécanique , où un ébranlement dans une partie quelconque du nerf, Ce genre de mouvement nerveux eft bien différent du mouvement qu'on attribue aux efprits animaux; il diffère aufli de ces hyporhéles ima ginées par Les Solidiltes, qui font entrer tout le nerf lui-même en vibra- tion, Ainf, l’exiftênce de ces prétendus efprits animaux coûrant d’un lieu à un autre, ne paroît pas compatible avec les obfervations que je viens de rapporter, & les vibrations des nerfs font contraires à l’expérience & à la ftruéture du nerf même, Mais il ne feroit point abfuirde de penfet que la matière élaftique , gélatineufe, qui remplit le cylindre primitif- nerveux , peut avoir des vibrations infenfibles , femblables à celles que re- çoit l'air dans la formation du fon, c'eft-à-dire, fans qu'il y ait aucun tranfport de parties d’un lieu à l’autre. Voilà ce que j'ai vu dans les nerfs, & ce que j'ai cru pouvoir dire de plus vraifemblable, en partant des faits vrais & de mes propres obfervations, fans créer des hypothèles & des fluides invifbles, qu'il eft fi aifé d'imaginer & fi dificile de prouver. Vous voyez donc que, fi l’on pent s'attendre à quelques progrès dans la Médecine théorique ou pratique , ils ne feront jamais dus qu’à l'expérience & à l'obfervation: mais il faut que l’une & l'autre foient guidées par la raifon, & qu’elles prèfentent une analy{e très-exaéte de la vérité que l'on veut établir, Les faits épars, les expériences détachées ne formeront jamais la bafe de nouvelles théories ou de nouveaux principes. Nous n’en voyons que trop de preuves dans beaucoup d’Ecrivains modernes. COUP - D'ŒIL ‘SUR. LES FILONS; Par M.DE LA CHABEAUSSIÈRE, /rgénieur de Lu Mine de Baïsorry , ‘dans les Pyrénées, I: n'eft prefque point d’Auteurs qui, ayant à traîtér des mines, naît parlé des filons, & n’en ait dit à peu près tout ce qu'il y avoit à en dire: mais, On né fauroit trop le répéter, pour détruire‘un vieux préjugé qui 422 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, exifte dans l’efprit de ceux qui ne connoiffent que foiblement cette partie, les uns comparent les flons à un arbre , dont le tronc eft la mère, & les branches à autant de veines, Aflurément cette définition n'eft pas favante : mais dans toutes chofes peu connues , on fe guide volontiers par compa- raifon ; d’autres , fans vouloir rien comparer , imaginent que tour filon a une mère nourrice , &crient fans celle: « Avez vous trouvé la mère? Oh! quand vous ferez à la mère: comptez-vous bientôt trouver la mère ? » S'ils prennent intérêt dans une affaire de mine , c’eft toujours à la mère qu'ils en veulent. Eh! Meilieurs , il n’y a point de mère; il n'y a point de tronc d'arbre ; la mère du minéral eft le filon qui le recèle; mais rien ne porte un endroit à être plus riche que l’autre: la première abondance ne détruit pas la feconde ; les rameaux valent fouvent mieux pour le produit, que le corps de l'arbre. Enfin, ouvrez les yeux; prenez le premier Traité des Filons, & voyez ce que font les entrailles de la terre. J'ai vu plufieurs perfonnes qui mettoient beaucoup @'importance à l’art de découvrir des filons; j’en ai vu d’autres qui fe fâchoient prefque contre moi de ce que je répondois à leur queftion , que rien ne pouvoit indiquer s’ils feroient riches ou pauvres. Ils me taxoient de faire un fecret de la ma- nière de reconnoitre un filon, &,me favoient mauvais gré, ainfi qu'à tous les autres Ingénieurs de mines, de ne pas dire ouvertement le fecret de l'art; & , encoreun coup, il ny en a point, Vous arrivez fur une mon- tagne; vous l’examinez de fond en comble dans toutes les direétions; vous crouvez ou vous ne trouvez pas des matières: à filons, comme font le quartz, le fpath , une efpèce d'argille , des terres ochracées , des fontaines, dont l'eau eft ochreufe , ferrugineufe , vitriolique , &c. &c. C'eft fur-tout vers Les ravins, & après les temps de pluie; qu'on trouve mieux les ma= tières que la montagne recèle, parce que les eaux entraînent infenfiblemenr les terres , découvrent le rocher, l’attaquent & en détachent des particules. Si vous trouvez quelque matière à filon, ou quelques indices, vous étendez vos recherches; vous faices faire quelques tranchées qui puiffent vous découvrir leroc vif, & vous jugez fi, tout en parcourant la mon- tagne, vous trouverez une efpèce de filon; ce que vous reconnoiffez faci- lement, en ce que la matière eft fouvent différente du refte de la monta- gne , & qu'elle prend une forte de direction qu'on peut fuivre: il y paroït fouvent un peu de pyrite , quelquefois du minéral; alors vous avez un commencement de filon , & il'eft eflentiel de voir la direction qu'il préfente, de la jalonner, & de faire , de diftance en diftance, de petites tranchées qui puiffent vous dénoter s'il fe prolonge. Bien fouvent fa crête ne s'étend pas jufqu’à la fuperficie, & fi vous ne rencontrez pas fa prolongation, ce ne doit pas être une raifon pour ne pas l’attaquer, mais il faut alors beaucoup de prudence dansla manière de diriger l’at- taque. Ce fonc. les lieux où fe fait la découverte qui peuvent donner la manière dont on doit s’y prendre pour la mieux reconnoître, Voilà tout SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 423 l'art de la recherche d’un filon. On eft revenu de l’idée que des herbes jau- niflantes , des arbres mal faits & mal venus, la neige fondant prompte- ment, &c.&c., foient des indications de filons. Tout cela ne fait rien du tout , &n’eft point lPeffet de l'approche du filon. J'ai vu de fort beaux arbres fur de très-beaux filons , de la neige très-durable fur des filons ri- ches , de l'herbe verdoyante fur des pyrites mêmes , dont l’eAorefcence & Les vapeurs qui s’enfuivent, devroient plus particulièrement attaquer une fubftance tendre & délicate, Tous les filons ne fe montrent pas à la fuperficie, & par cette même raifon ne font & ne feront jamais tous découverts : le bafard en fait recon- noître quelques-uns, Des tentatives hafardéces , des éboulements font des caufes qui ouvrent fouvent la carrière aux découvertes , & c'eft fur- tout dans les plaines où l'on a le moins d'occafons de s’aflurer de l'exil tence des filons , & par conféquent de les laïffer à jamais enfevelis. [1 y a cependant un moyen de les découvrir, qui peut réuflir, lorfqw’ils ne font qu'à peu de profondeur. Pour cet effet, on va le matin, avant le lever du foleil , dans un endroit quelconque; & fe couchant fur le ventre, on examine s’il ne s'élève pas une petite vapeur légère , qu’on apperçoive fur tour fur une direction fuivie ; alors on eft prefque sûr qu'il exifte un filon quelconque. Cette exhalaifon eft affez naturelle ; car on n’ignore pas ue la matrice d’un filon eft ordinairement d’une matière plus fufceptible d'être pénétrée par les eaux, que le refte de la matière qui compofe la mafle du local: l'eau qui a engerdré le filon s’y eft d’ailleurs toujours confervé un paflage, & le travail perpétuel qui fe fait par la décompof- tion des matières fulfureufes & La fermentation qu’occafionuent Les eaux fitrantes, laiffent toujours évaporer des vapeurs, tant fulfureufes qu’aqua- tiques; & ce moyen, ufité en EE AM a fait découvrir beaucoup de filons. Je ne parlerai pas de la baguette & de fes divins effets: elle a bien encofé quelques croyants, mais je ne fuis pas du nombre. Ainfi, n'en dé- plaife à fes Sectateurs , nous la laifferors dans le plus parfait oubli prof- pérer. avec Bléron & fes partifants. L'habitude de voir des filons, aide beaucoup à leur découverte : on s'aperçoit, à l'infpeétion d'un local, de certaines terres plus pourries , plus brülées, & enfin qui portent un caraétère que l'on reconnoït, & qu'on ne peut guère définir : on eft alors naturellement porté à exami. ner; avec une attention fcrupuleufe, Les environs du lieu qui fournit ces indices. Mais, devons-nous le dire, en France , où les min-s ne foac que peu connues, quoiqu'il y exifte beaucoup de filens, toures ces dé- couvertes ne mènent à rien; Car, par-tout , les plus grandes découvertes fe fonc par des Payfans qui font féduits à la vue d’un minéral étranger, & fur-tout de la pyrite, que bien fouvent ils prennent pour de la mine d’or. Ils apportent leurs échantillons, fous l'efpoir d’une récompenfe, & 424 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, ce n'eit que d’après ces échantillons ( fur-tout quand ils contiennent du minéral ) que l’on fe réfout à travailler, Que nous fert après de décou- vit Le plus beau filon, sil ne montre point de minéral? on ne l'exploi- tera pas, ou ce fera rarement, Il eft vrai aufli que fouvent, en recher- chant à la fuperficie la fuite d’un filon qui s'eft montré fans minéral, on trouve quelque endroit qui en contient, & qui étoit caché fous la terre. Alors, force travaux : on calcule d'avance Les produits nets, & plus fou- vent , il faudroit calculer le déficit. C’eft en général un très-grand vice dans toutes nos mines. On ne veut exploiter que des filons riches à la {u- perficie, & l'expérience nous a mille fois prouvé que ce font ceux qui donnent le plus rarement du bénéfice à une certaine profondeur; tout comme nous favons, de fcience certaine , que bien fouvent un filon , fté- rile à la fuperficie, & qui ne commence à donner fon minéral qu'à une certaine profondeur , eft le plus fouvent long-temps riche, & fe foutient dans le même produit, s’il ne s’augmente pas, Nous avons icependant des exemples du contraire dans les mines d’Arallar en Efpagne , à dix-huit heures de marche, & au fud des mines de Baïgorry; car dans cette mine que l'on exploite pour le cuivre , le filon eft auñli fruétifiant dans ce moment , à Co toiles de profondeur, qu'il Pécoic lors de la découverte : mais on a négligé la profondeur, pour récolter plus haut & plus aifé- ment le minéral qui fe trouve par-tour, Aurefte, nous ne pourrions adopter aucune notion fur les filons , qui p'ait aufli tôt un exemple contraire ; car rien n'eft fi varié que la Narure - dans fes productions. Dans un endroit, un filon fe bonifie , lorfque l’on y trouve des géodes avec des cryftallifations; dans un autre ,, c’eft le mo- “ment où le minéral fe perd, & où le filon va difparoître, C’eft pourquoi les-principes généraux fe réduifent à peu de chofe, & l'on auroit tort d'en établir de fondamentaux fur l'exemple de ceux que plufeurs expé- riences peuvent préfenter ; car s'ils ne font pas démentis par rous rs corpus ils le feroient fans doute par ceux qui fontreftés cachés igno- rés. Par exemple, dans un excellent Ouvrage fur les filons , qui paroîtra probablement bientôt , & dont la leéture m'a été communiquée , il eit dit que les filons qui fuivent le cours des rivières, font volontiers les plus produétifs. Le favanc Ingénieur qui avance cette affertion Na donne pour une chofe qu'il a éprouvée fouvent; mais il penfe aufli que ce n'eft pas une loi générale. Cependant fon avis eft aflez prépondérant pour en- - traîner des gens de peu d'expérience, Cet homme a vu beaucoup plus e . . « CS - que moi; maïs j’ai vu des filons qui fuivoient le cours des rivièress & particulièrement à Baïgorry, le filon de Sainte-Marie , je puis certifier qu'ils fonc les plus* mauvais de l'exploitation. Ainfi ce principe demande des exceptions, comme je fuis perfuadé qu'il en admet lui-même, ; Le grand point pour fe faire des principes sûrs ; eft de bien examiner chaque local & fes différentes propriétés , les variétés des filons, du heu | SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 45 lieü où l'on en fait travailler, & ce qui les caufe. C’eft pourquoi une mine déjà travaillée offre plus de notions pour la bien exploiter dans la fuite , qu’une mine nouvellement découverte, Je comparerois volontiers l’art des mines à celui de la Médecine, où tout git en conjectures. Sivous n'avez un efprit jufte , vous trouvez des obftruétions au foie, lorfqu'elles font à la rate, Le tempérament du malade doit diriger le Médecin qui 1: traite , &c le même remède ne peut pas faire le même effet fur tous les individus: auffi, un Médecin qui connoît fon malade, le traitera-t-il mieux que celui qui , appellé pour la première fois auprès du fouffrant qu'iln’a jamais vu , tifque fes remèdes, qui n’ont aucun bon effet. L'Art des Mines eft de même ; il faut avoir acquis ces connoiffances locales , qui dévoilenc le mécanifme des filons, & qui annullent fouvent Les principes les plus ufités & Les plus reconnus (1). IL eft cependant des points fondamentaux qui font fürs, à peu d’excep- tion près : tels font, par exemple, de favoir qu'un filon principal , re- connu pour tel (ce qui eft ordinairement lorfqu'un filon fe prolonge fort loin avec une puiflance raifonnable ), a toujours une même direc- tion dans une montagne; & sil s'en écarte par des obftacles qui ont obligé fon chansement, comme font un rocher fort dur , une veine étrangère qui s'y joint ou le traverfe, il revient à la direction première; ce qui facilite beaucoup l'exploitation : mais cependant on en voit faire des fauts ( c’eft ainfi qu’on appelle un écart fubit du filon ) , & fe prolon- ger enfüite fur une autre direction qu’il fuit aufi conftamment que la première. Ces fauts & ces changements font plus fréquens Îors-du paflage du filon d’une montagne dans une autre; il y a aufh volontiers un chan- gement daws le produit ; ou le minéral augmente, ou quelquefois il di- minue. Cela dépend du côté où l’on a commencé lexploitation ; mais il eft bien rare qu'il n’y ait un changement quelconque , fur-tout, fi les deux montagnes font de nature différente , & traverfées par quelque grande rivière ; les veines & veinules font plus inconftantes ; les unes & les autres font fouvent de petits filons qui n’ont pas une grande étendue, & dont la direction varie, ainfi que le produit; les unes font ftériles en totalité, d’autres font très-riches; mais la plus grande partie font ordinairement des veines qui font ou joignantes au filon principal , ou qui en partent; (1) Les Mineurs, qui, pour l'ordinaire, n’ont & ne peuvent avoir qu’une routine für la connoïffance des mines , fe font des fignes caraëtériftiques , d'où ils augurent le plus ou le moins de valeur des filons en général ; ils n’eftiment pas un filon compolé d'un fpath ou d’un qyartz prefque blanc; ils ne les regardent pas comme propres à donner du minéral ; & en effet, rarement le minéral fe loge-t-il daas les quartz prefque tranfparents. Depot aie en cela comme en autres notions, il y a des analogues cor- r traires. La mine d'Orbaigetta en Efpagne, donne fon meilleur minéral dans un quartz prefque disphane, Tome XXIF, Part. I, 1784. JUIN. Hbhh 426 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, & j'ai fouvent remarqué qu'elles étoienc plus riches en minéral que le corps même du filon. Par exemple, à Baïgorry on trouve beaucoup de mi- néral dans quelques-unes de ces veines partantes; mais ce qu'il y a de plus remarquable , c’eftque , prefque dans routes, l’efpèce de minéral eft différente de celle du filon principal; car celui-ci a toujours donné de là pyrite cuivreufe , rendant vingt à vingt-quatre livres de cuivre au quintal, avec un peu de mine grife, & les veines ont toutes, ou prefque toutes, donné de la mine de cuivre grife antimoniale , rendant dix à douze livres de cuivre au quintal, & le quintal de cuivre rendant jufquà 20 & 30 onces d'argent. Quoique la pyrite cuivreufe neñ contienne prefque oint , on rencontre fouvent à ces jonctions de veines un minéral étranger par rognons, Nous trouvons parfois à Baïgorry de la galène de plomb. Quoiqu’on n’en reconnoifle nulle part de là , à plus d’une lieue , on trouve aufli quelquefois de la blinde rouge & jaune cryftallifée, & toujours au départ ou à la jonétion d’une veine. C’eft encore l'habitude de voir, qui peut donner à ceux qui s'occupent de cette partie, la connoïffance du minéral que contiendra un filon nou- vellement découvert; car prefque tous s’annoncent de même. Un chapeat de fer recouvre bien fouvent la plupart des filons 3 mais le coup-d’œil défigne à-peu-près, non cependant fans fe tromper, quelle fera l'efpèce du minéral que doit recéler le filon trouvé. On fait, par exemple, que le quartz eft plus particulier aux mines de fer & de cuivre , & que ces der- niers fe plaifent affez dans les fpaths & feld de fpath. Les argilles noires, grafles au toucher, accompagnent volontiers les filons de plomb avec d’autres terres argilleufes , aufh de différentes couleurs, de l'ochre, &c.; mais tous les filons qui contiennent des pyrites, & prefque tous en con- tiennent à la fuperficie , font fujets à offrir des terres noircies par les va- peurs fulfureufes , qui corrodent par la vitriolifation , & font tomber en efflorefcence les terres qui les contiennent & les entourent. Ce n’eft donc qu'après des recherches qui aient pénétré dans l’intérieur du roc , à l'abri des influences de l'air atmofphérique , qu'on peut reconnoître diftincte- ment la nature du minéral propre à un filon, & fouvent il en contient de plufeurs efpèces. ù À peine a-t-on découvert de quelques pieds un filon , que quelquefois il paroïît abfolument différent de ce quil étoit aux affleuremens; le quartz eft changé en fpath, la pyrite fe change en minéral, & récipro- quement le minéral en pyrite, & Le fpath en quartz; la largeur , qui n'é- toit apparente que de quelques lignes , fe change en une puiffance de plu- fieurs pièds € viciffim. Par exemple, à la mine de Saint-Louis, à Baï- gorty, on ne voyoit d'abord que de la pyrite dans un filon de 6 pouces de large; mais bientôt après Le filon fut de $ à 6 pieds, & cotinua ainfi. Je ne parle point des ftokverts , dont tous les Auteurs traitent confor= . SUR L'HIST. NATURELLE ET:LES ARTS, 427 mément. En ouvrant Les Livres de MM. Duhamel , Jars, Monnet, Schrei= ber, &c,, on y trouvera des defcriptions très détaillées ; qui met- tent à même de les connoître parfaitement, Je ne m'étendrai pas davantage non plus {ur les filons, par la même raifon que je ne faurois que répéter ce qu'en ont dit ces célèbres Auteurs; mais je prêche pour qu'on fe dégoûte du préjugé de n’exploiter que des filons riches à l’abord, comme c'elt le malheureux ufage, & pour qu'on n’exige pas d'un Ingé- nieur qu'il vous dife au coup-d'œil la valeur d’un filon: mais pour cela il faudroit vouloir facrifier au profit de l'Art, & que les Entrepreneurs des. mines ne vouluflent pas fi exaétement calculer ce qu'il leur en coû- tera , & fur-tout le temps. où ils doivent récolter des dacats bien fonnans. C'eft ce qui ne fera jamais en France. Cependant, le bénéfice de l'Etat eft des plus vifibles ; tout ce qu’on retire du centre de la terre eft autant d'acquis, & l'argent circule : mais quel eft le patriote aflez défintéreilé pour fe ruiner pour le bien général? aucun fans doute, Mais fi l'on peut allier l’efpoir de réuflir pour foi-même, & de fatisfaire fon intérêt en faifant l'avantage public, & ne facrifiant pour cela qu’une très-petite partie de fon fuperfu , quel eft celui qui ne voudroit point faire cette agréable {péculation ? Il y auroit bien plus de gens encore qui la feroient cette fpé- culation heureufe, s'ils voyoient par eux-mêmes quel heureux emploi il, fe fait de ce fonds , dont ils emploieroient la plus grande partie à des ob- jets fi differents, Qu'ils fe tranfportent un moment dans la Province fau- vage où font établis leurs comptoirs. & qu'ils la voient heureufe & riche d'un fi bon emploi de leur fuperflu; qu'ils y viennent avec un cœur tel a celui d'un des Affociés de cette Compagnie, qui s’y eft tran{porté, : qui a reçu les adorations de chacune des familles qu’il contribue à faire enrichir , la pauvreté bannie d’un climat déteftable., les hommes civilifés, trois cents familles qui,emploient leur bras à un travail de forçat qu'ils béniflent, & qui retirent de la magnificence des Intéreflés de Ja Compa- gnie , une fubfftance que la terre ingrate leur refufe. Ah! s'ils le voyoient avec ce cœur que la richefle n’endurcit pas, je ne doute point qu'ils ne quittaffent leurs bruyants plaifirs, pour venir jouir de celui bien plus pailible , mais bien plus parfait , de fe voir aimer & bénir chaque jour de leur vie par tant de gens à qui ils la donnent, Tome XXI, Part..1, 1784. JUIN, sd ob Hbhoær,2r 428 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, Des CSS SC MÉMOIRE D E M OIGARNENEEG, Sur l'emploi de nouveaux Ingrédiens fubflitués au Verd-de- pp A Gris dans la Teinture en noir : Extrait des Tranfaétions de 1782, de la Société initituée à Londres pouf l'encouragement des Arts, des Manufactures & du Commerce; Traduit de l'Anglois par M, PELLETIER. C'ssr au hafard que l’on doit l'emploi journalier que nous faifons de plufieurs fubftances, foit dans la teinture, foit dans d’autres Arts ; mais nous ignorons comment eft-ce qu’elles agiffent, & nous n'avons point pris les peines fuffifantes pour nous en inftruire. De ce nombre eft Le verd-de-gris; & comme cet article nous eft ap- porté de la France à un prix confidérable, j’entrepris, il y a dt années, une fuite d'expériences , pour connoître Les principes par lefquels il agifloit, afin de trouver ( s’il étoit poffible ) une autre fubftance qui füt plus près de chez nous, d’un prix moindre que celui du verd-de-gris, & qui pût lui être fubfituée. * - Lorfqu’on ajoute le verd-de-gris aux ingrédiens ordinaires de la teinture noire (qui font des aftringens & du vitriol martial), on obferve qu'une quantité de fer eft précipitée; car les morceaux de verd-de-gris feront auffi-tôt couverts de chaux de fer, & le cuivre du verd-de-gris fera dans le même inftant diffous par l'acide qui fe trouve à nu ; de manière que l'acide vitriolique quitte le fer avec lequel il étoit uni dans le vitriol martial, & s’unit avec le cuivre du verd-de-gris; mais il quitte de nouveau le cuivre dans fon état métallique, pour s’unir au fer, comme cela eft démontré, en plongeant dans la diffolution une lame de couteau , qui eft auffi tôt recouverte d’une furface cuivreufe. Il s'opère une pareille décempofition avec le plomb; pourvu qu’on fe ferve du fucre de Saturne, à la place du verd-de-gris. Cependant ( fuivant la doétrine reçue des attractions éleétives ) l’afinité du plomb avec le fer eft encore moindre que celle du cuivre. Je trouve donc que le fel de Sa- turne répondra de bien près aux fuccès du verd-de-oris; mais nous ne ner ns l on mate DC sde nt + mA Ress ad = I A men mel BR RES SURL'HIST. NATÜRELLE ET LES ARTS. %29 pouvons en attehdre aucun avantage en le fubftituant dans la pratique : néanmoins il nous fait très - bien cohnoître comment lé verd- de-gris fe comporte dans la teinture noire; favoir, en s’uniflant à une portion de l'acide du vitriol martial , & occafionnant par-là la préci- pitation du fer en encre , en bien plus grande quantité & bien plus promp: tement que ne le feroïit la matière aftringente du végétal ; employée feule. cs 4Ù N'ayant donc ducun doute de la vérité de cette théorie, je me mis au travail d’après ces principes, & je fubftituai au verd-de-pris l’alkalt fixe”, que jé regardois comme bien plus innocent & d’un prix moindre; car , dans la teinture, l'acide & les fels- métalliques : corrofifs font les feuls ingrédiens nuifibles; l’alkali au contraire, employé à des proportions juites, s'ünira avec l'acide furaboñdanc | &*produira ün el neutre inno- cent , défigné fous de nom de cartre virriole. Mes premiers eflais répon- dirent très-bien à mes conjectures; & dans toutes les expériences que j'ai faites en petit, les cendres ont remplacé avec fuccès le verd-de-gris : mais dans la pratique en grand , les fuccès n’ont pas été les mêmes; & en teignant, par ce procédé , une chaudière de chapeaux de vingt-quatre douzaines , la couleur vint d’abord très- bien; maïs elle F'aoiblie bientôt, Je ne rapporterai point toures les expériences que j'ai faites avanc que j'aye tenté d'unir du vitriol de cuivre avec l’alkali fixe; & ce vitriol, d’après des effais répétés, a parfaitement répondu ausbut du verd-de- riss & je crois que les proportions que je vais donner dans le procédé Soc feront juftes, quoiqu'il y ait quelque différence dans la pratique qu'emploient les divers Teinturiers. Saturez deux livres de vitriol de cuivre avec l’alkali fixe (je recom- mande la potaffe d'Amérique , fi on peut fe la procurer). Il faut environ une quantité de cendres sèches égale au poids du vitriol. ‘On ‘aura foin ‘de fairella leffive des cendres & la diflolurion du: vitriol dans deux vafes féparés : on les mélera enfuite: on agitera ces deux liqueurs très-exacte- ment, & on les abandonnera pendant quelques heures: il fe formera fur %e champ un précipité; & lorfqu'il fera bien dépofé , il faut ajouter quel- ques gouttes de leflive de cendres fur la liqueur nageante. Si elle refte claire, c’eft une preuve qu'elle eft bien faturée ; fi «elle ne left poine, il y aura un précipité bleu qui fera produit, Il faut alors ajouter de la leflive de cendres, jufqu’à ce qu'on foit parvenu à la décompofition totale du vitriol de cuivre; il n’y a pas même de danger à mettre un excès de léfive de cendres : il faut aufli-avoir attention de verfer peu à peu la leflive de cendres fur la diffolution de vitriol, afin d'éviter la grande effervefcence, qui feroit rejaillir les liqueurs hors du vafe. ia Ce mélange de deux livres de vitriol &: de deux livres detcendres,, doir être employé aux proportions ufitées du verd-de-sris , & au même poids, 439 OBSERVATIONS :SUR LA PHYSIQUE, , & on l'ajoutera aux aurres liqueurs. de la, teinture, à. divers temps, comme on le pratique à l'égard du verd-desgris is 14 + Le noir ainfi teint, n'altérera point les marchandifes. Cette prépara- tion tend plucôt à les adoucir qu'à les corroder , particulièrement Îes chapeaux. dans, la teinture defquels il entre beaucoup,de, verd-de-oris, Je confeillerai encore, à ceux qui voudront, fubitituer cette préparation au verd-de-oris, d’avoir toujours fous la main deux vaifleaux; dans l'un, on .tiendroit une diflolution de vitriok de cuivre, ; & dans. l'autre une lefive très-forte de cendres prètes.à être mêlées dans le befoin ; car j'ai obfervé que , lorfqu'elles font. gardées quelque temps étant mêlées, elles ne produifent point une réuflite aufli fatisfaifante, 10 LE br of al Es Le er cols: Ecrite par M. DE BourNO.N, Lieutenant des Maré- réchaux de France , à Grenoble ;, ( rar ileolle axe Al s j À COM SUCH REF BE R°;° En réponfe à fes Obfervations fur L'Apperçu de la Minéralogie du Dauphine, ni Si toutes. Les perfonnes ; Monfeur, fé livrant aux mêmes, Sciences, difcutoient ayecl-autant: d'honnèteté que vous le faites , Les! articles fur lefquels: leur manière de penfer ne feroit pas la même, plufñeurs d'en- tre elles, retenues par l’averfion que leur caractère leur infpire pour tout ce quitient aux querelles littéraires, parle peu d'honnéteté,. & je puis dire, fouvent. par les perfonnalités & expreflions choquarites qui accom« pagnent ces dilcuffions, fe feroient une loi de faire hommage au Public, foit de leurs: découvertes, foit des obfervations qui feroient le fruit .de leurs travaux, & pourroient l'intérefler. La Société, qui voit toujours avec peine une rivalité qui pourroit tourner à fon avantage, fe changer d'ordinaire en animolfité qui la trouble, y gagneroit:, & la Science. n'y perdroit rien, Loin demébprifer ces Ecrits , qui eft le feul fentimenr.qu'ils peuventin{pirer, lorfqu’ils font: fatiriques , on:regarderoit commeun ‘der voir d'yirépondre, Telle eft la:‘poltion où je. me trouve , & c'eft, avec pleilr queje réponds, Monfieur ;! aux obfervations que. vous faites fix SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. ‘43x quelques paflages de mon Apperçu de la Minéralogie du Dauphiné, que vous avez eu l'honnêteté deme communiquer, J'y trouve un double avantage, celui de vous prouver! quernos manières de penfer ne fonc pas aufMi éloignées qu'on vous l'a obfervé , & de faire publiquement l'aveaidu délir que j'ai de Les rapprocher ; par l’eftime que m'ont infpirée vos con- noïflances , ainfi que l’honnèteté de votre caractère, Texte de M. Schreiber, La chaîne de montagnes ‘entre Vigilles & Allevard, dans là lon- gueur de A a dix lieues 'eflcompofee de granitWwkneif], G° d'autres pierres qu'on nomme primitives ; ce n'eff que du côté de la vallée de Graïfivau- dan quil y a des montagnes cal- caires ou de feconde formation , adof- fées aux montagnes primitives. Vous dites, Monfieur, que [a chaîne de montagnes fituées ‘entre Vizille & Allevard, eft compofée sl, ft comp de granit , de kneiff & autres pierres granir ; de kneiff & autres p qu’on nomme primitives, & que ce : # La 2 n'eft que du côté de la vallée de Graifivaudan qu'il y a des mon: tagnes calcaires ou de feconde for- mation, adoflées aux montagnes primitives , & en cela nous fommes arfaitement d’accord ; car c’eft abfolument ce que j'ai dit moi-même, à l'exception feulement que j'ai donné au genre de ces pierres compofées le nom de kneiff, qui eft la roche dominante de ces montagnes où la véri- table fubftance à laquelle on peut & doit feule donner le nom de granit, n’eft pas commune, De lautre côté, au pied de la montagne des Chalanches, près du Village d’Allemond , on trouve auffi de petites côtes de [éhifle & d'ardoife ; mais le noyau de cette chaïne , dans lequel exiflent les mines de fer de Vi- gille , de Vaunavey, d'Articolle , d'Allevard , & la mined'arvent d'Al lemond, ef? conflamment une roche pri- mitiye, En quoi ne fuis je donc pas d'ac- cord avec vous? Ai-je dit que les mines de fer d’Allevard étoient dans un noyau de pierre calcaire ? J'ai dit'en effet que la plus grande partie de la chaîne de montagnes qui re- garde la vallée de Graifivaudan, étoit de fchifte calcaire ; -& le fair eft vrai , puifque la bafe de ces mon- tagnes eft formée par une pierre cal- caire, mêlée de beaucoup d’ar- gille, qui la rend d'un très-mauvais ufage pour la bâtifle , fe décompofant facilement à l'air, Tel eft le genre de pierre, depuis Ebens jufqu’à Gonfelin. Ici, en fuivant Le chemin d’Allevard, on commence à s'élever dans la montagne ; la pierre eft toujours fchifteufe, mais moins calcaire que dans la partie que je viens de citer. Arrivé à Allevard, & fuivantles montagnes jufqu’à Saint-Hugon , la pierre eft du genre de celle 432 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, qu'on nomme lofe dans Le pays: c’eft une pierre argilleufe , mêlée de par ties calcaires, En général; plus on s'élève, & moins la matière calcaire eft abondante; ce qu'on pouvoit aifément préfumer d’après la diftinction que j'avois faite des deux faces oppofées de cette chaîne de montagnes, La matière calcaire fe. montre cependant à une aflez grande hau- teur, par des veines de fpath calcaire blanc, & j'ajouterai que c'eft à la diflolution de ce fpath calcaire, mêlé à la matière argil- leufe de ces montagnes , que font vues Les inçruftations calcaires que forme un petit ruifleau qui coule à Ja droite & près des fourneaux d’Allevard, qui ont fervi & fervent peut-être encore de caftine aux mines de fer quon y exploite. C'eit encore à la même raifon qu’on doit fans doute attribuer l’origine de çe tuf calcaire qu'on trouve au bas de la combe gon, qui fert , cant à bâtir qu'à faire de la chaux. La bafe des ontagnes de cette même chaîne , en allant d'Allevard à Vizilles, eft aufli de fchifte calcaire, mais où la partie calcaire eft cependant moins abondante que dans celles que j'ai citées précédemment, quoique fouvent elle sy dé- voile par des veines de fpath. Tous ces fpaths calcaires, dont j'ai plufieurs grouppes dans mon cabinet , font de la nature de ceux que M. Romé de J'Ifle regarde comme primitifs, & auxquels il donne le nom de cryftal d'Iflande. Seroit-il donc fi hafardé de croire que c’eft peut-être à de pa- reilles veines de fpath calcaire , qu'on peut nommer filons , coupant plus volontiers les couches du rocher, qu’elles ne s'interpofent entre elles, ainfi qu'on peut aifément l'obferver depuis Uriage jufqu'à la Chapelle- Blanche; ne pourroit-on pas croire, dis-je, que c’eft à de pareils filons de fpath calcaire, qui auront pu exifter dans la roche oranitoïde, ren- fermant les mines de fer, ainfi que j'en ai vu fouvent dans plufeurs de ces mêmes roches , dans les montagnes du Bourgdoifans, que feroient dus les filans de mine de fer fpathique ? J'ajouterai que j’ai vu nombre deces morceaux de mine d: fer, accompagnés de fpath calcaire, aflez communs dans les mines de fer de Vizilles, qui préfentent même en outre des rhombes de mine de fer fpathique très-blanche, faifant une effervef cence très-fenfble dans les acides , due fans doute à la quantité de parties calcaires qu’ils contiennent encore. J'ai dans mon cabinet nombre de ces morceaux, Les mines de fer qu'on extrait dans es environs de ces endroits, de même que la mine d'areent aux Chalanches, ne fe trouvent point par amas , mais par filons très-bien encaiffes, moins Jouvent par couches, Les mines de fer, dires-vous , ne fe trouvent point par atias , mais par filons. Ai-je dit un feul mot du contraire , & me fuis-je fervi une feule fois du mot d’amas, pour ex primer leur manière d’être? Je me fuis au contraire toujours fervi de gelui de filon. Quant aux mines d'argent des Chalanches, il eft de faie qu'on SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 433 qu'on y a exploité nombre de couches ; peut-être celui des filons y do- mine-t-il, Je m'en rapporte à vous, Monfeur ; vous devez en être mieux inftruit que moi. Ce qui fait douter que l'intérieur Vous ajoutez que cela vous fait de ladite chaîne de montagnes confifle douterquel'intérieur de ladité chaîne totalement er inines de fer. de montagnes confifte totalement en mine de fer. Permettez-moi de vous dire, Monfieur , que vous me prenez là fur le mot, en donnant à mon expreffion beaucoup plus d’extenfion qu’elle n'en préfente par elle- même; car il eft crès-fenfible, & c’eft même la feule manière de le confi- dérer, que, lorfqu’en parlant de la montagne d’Allevard, je fais Le détail e la quantité de fofles qui y ont été ouvertes, & qui prefque toutes ont été fructueufes, & fais voir que cette mine de fer occupe & fe montre fur un efpace très-confidérable, & que je finis par dire: elles font même er JE grande quantité, tel, par exemple , qu'a Allevard , qw'elles paroïffent, pour ainfi dire, former le noyau de la montagne : il eft très-fenfible , dis-je , que je n'ai pas voulu dire que l'intérieur de cette montagne füt en effer une mine de fer, mais rendre feulement l'extrême abondance de ces mines, qui, par le rapprochement des filons , met dans le cas de regarder l'intérieur de la montagne d’Allevard comme en grande partie compofé de mine de fer fpathique. Selon les Cartes de la France, faites par ordre du Roi, € dreffées par M. Caffini, les mines de fer d'Arzicolle Jont éloignées des Chalanches d'envi- ron 4000 toifes; celles de Vauravey de 7000 ; & celles de Vizilles de 8 a 9000, Elles ne peuvent donc avoir aucune connexion avec la mine d'ar- gent d’Allemond , encore moins celles d'Allevard , qui en font écartées d'en- viron 12 & 15000 toifes. Cet éloi- gnement fait voir que la mine de cuivre grife qu'on rencontre de temps à au- tre dans Les foffes d'Allevard , ne fau- roit venir a l'appui du f[yfléme de M. de Bournonr fur Les filons des Cha- lanches , & [ur la formation du mi- nerai d'argent, qu'il fait deriver de La décompofition des mines de cuivre grifes. Tome XXIV, Part, 1,1784. JUIN, Vous dites que les mines des Chalanches font éloignées d’environ 4000 toifes de celles d’Articolle; de 7000 de celles de Vaunavey, de 8 à 9000 de celles de Vizilles, & de 12 à 15000 decelles d’Allevard: mais obfervez, Monfieur, que ce calcul a été fans doute fait fur la diftance à parcourir pour communi- quer entre ces différents endroits; diftance finguliérement augmentée par la hauteur des montagnes qu’il faut en partie couronner, & qu'il s'en faut de beaucoup que cette même diftance , prile en ligne droite , par exemple, d'Allevard aux Chalanches , puifle être aufli confi- . dérable : d’ailleurs, qu'importeroit certe diftance, qui, dans tous les cas ne feroit pas exceflive ,à la com ii 434 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE; munication de ces mines ? Sommes-nous donc affezin{truics iur la marche de la Nature , pour lui donner desbornes ? L Ce [yflême indique le génie de fon Auteur , qui embraffe souc à la fois; mais fi, en communiquant à ce Na- turalifle, des échantillons de cette nine, on lui edr dit que ce r'étoir gu'accidentellement qu'on en rencon- croit ; & s’il eût pu favoir gW'elle ne rendoit jamais plus de 2 a 3 onces d'argent au quintal, il auroit peut- être douté de La réalité de ce [yffême, d'autant plus que , dans les mines des Chalanches , on ne trouve prefque pas de traces de cuivre; que la mine de cuivre eff très-rare dans les filons de Villes, & que dans le minerai de fer dArticolls & de Vaunavey , on peut a peine en appercevoir un veflige. Comme je mai pas donné la for- mation de la mine d'argent d’Alle- mond, par la décompofition d’un ainas très-confidérable de mine de cuivre grife ; tenant argent, comme une vérité inconteftable , mais feu- lement comme une idée non dénuée de vraifemblance, & que je ne tiens pas autrement à celles de nies ob- fervations, qui ne font que fyftéma- tiques, je ne fuis pas étonné que vous penfiez différemment que moi fur la formation de ces mines, & peut-être même avec plus de raifon, vos connoiflances étendues dans la Minéralogie active & fpéculative , jointes à la grande connoiffance que vous avez de ces mines, que vous exploitez avec une intelligence qui vous en fait tirer un parti vraiment étonnant, vous ayant mis dans le cas de faire des obfervations qui au- roient tès-bien pu m'échapper. Je vous obferverai cependant, que cen’eft pas par la fimple communication qui n'a été faire des morceaux de mine de fer d'Allevard, que j'ai jugé de la mine de cuivre grife répandue dans cette mine , & que , notamment en Juin 1781, ayant été à Allevard avec Le P. Ducros , un Préfident de la Chambre des Comptes de Dijon & un Anglois, je pus jiger que la mine de cuivre grife n’y eft pas fi rare, ayant vu par moi-même un filon qu'on exploitoit alors, & où la mine de cuivre grife étoir extrêmement abondante. J'ajouterai que j'ai nombre de morceaux de la mine de fer fpathique de Vizilles, chargés de mine de cuivre grife, qui m'ont même fourni plufeurs jolies variétés de cryf- tallifation , & entre autres une, décrite d’après moi, dans l’intéreffarc Ou- vrage de M. Romé de l'Ile, vol. 3, pag. 231 ; quantà l'obfervation du peur - de richeffe de cette mine en argent, rout dépendroit de la quantité qui s’en feroit trouvée : qui nous affureroit même, fi mon hypothèfe étoit vraie, que la mine de cuivre grife qui fe feroit trouvée primitivement dans les Cha- lanches, n'eut pas été beaucoup plus riche que celle mêlée aux mines de fer ? Vous favez vous-même, Moïfieur, que les échantillons de mine de cuivre grife qu'on trouve encore mêlés avec la mine d'argent, font extré- mement riches, puifque vous m'avez mandé, au mois de Février dernier qu'elle contenoit jufqu’à 40 marcs au quintal, SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. La mine d'argent des Chalanches fe trouve effeétivement fouvent dans de Lochre martial; mais l'argent natif y eft très-rare dans cette fublance; & a la mine d'or de la Gardette, il y a très-peu d'ochre martial, à proportion de la gangue , qui n'efl qu'un quartz tant foit peu coloré par le fer. On peut en dire autant des pyrites martial:s & cuivreufes, Vous pouvez en juger vous- même , puifque dans 17 toifes d'ex- cavation faites fur Le filon , on n'en a pas pu ramaffer deux quintaux. Je dois vous dire a cette occafion , Mon- + fieur , quela mine d'or de lu Gardette a été ouverte dans le mois de Juin 1781 ; qu'elle aéré exploitée en grand, puifque l'on y a employé pendant un certain temps douze Mineurs & un Maître Mineur , & qu'elle a rendu des échantillons très-riches en or natif; mais il ef? vrai que la petite quan- té d'or natif qu’elle a fournie, n'a pas encore permis de faire un établif- fement en grand pour lextra&ion de ce métal de fon minérat, 435 Quant à la mine d’or de la Gar- derte, que je fuppofe aufli devoir fon origine à la décompofition de pyrites aurifères , tout ce que j'ai vu en morceaux venant de cette mine, m'a mis dans le cas de le préfu- mer; &je me rappelle même avec plaifir, que , lorfque je vous lus cette manière de penfer, qui alors n'étoit pas deftirée à l'impreflion, mais à fervir d'introduction à l’ar- ticle de la mine d’or, dans le cata- logue de mon cabinet, je vis, avec une vraie fatisfaction , que votre façon de penfer étoir en cela d’ac- cordavec la mienne, & ce fut même par cette raifon que vous me fites l'honneur de me dire, ce que j'ai cité d’après vous, que la plus grande partie des pyrites des montagnes de l'Oizan, vous avoit donné de lésers indices d'or. Ce que vous ajoutez du eu d’ochre martial qui fe rencontre au filon de la Gardette , en compa- raifon de la gangue, qui eft un quartz tant foit peu coloré par le fer , ne doit pas étonner, à raifon du peu de mine d’or quis’y rencongre auf. Le peu de pyrites martiales & cui- vreufes qui s’y trouvent de même, ne prouve rien non plus. Si une grande partie d'elles a été décompofée pour donner naïiflance à la mine d'or, il ne feroit pas étonnant qu'il n'en reftât pas une abondante quantité. Il n’en eft pas de même dans la mine de fer fpathique d’Allevard , Vizilles, &c. S'ileft vrai, comme tout femble l'annoncer, que c’eft à leur décom- pofition que ces mines doivent leur origine, elles ont dû y exifter dans une abondance extrême, & s’y retrouvent encore en très-grande quantité, far-tout dans nombre de filons, foit à l’état de décompoñition, foit in- tactes; d’autres filons ayant fans doute fubi une décompofition plus complette, en préfentent beaucoup moins de traces. Quant à ce que vous dites que l'argent natif eft très-rare dans l’ochre martial, je n’ai rien à y oppofer, étant de votre avis: aufli n’ai-je pas dit que l'argent natif capillaire fût conftamment dans de l’ochre martial, mais accompagné d’echre martial ; ce qui eft un peu différenc: & en effer, la plus grande partie des morceaux contenant de l'argent natif capillaire , que Tome X XIV, Part, I, 1784. JUIN. lii 2 436 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, j'ai vus, & j'en ai vu beaucoup, foit ceux qui forment ma collection , foit ceux que j'ai vus dans les différents cabinets de Grenoble , foit enfin ceux USE RES $ que j'ai vus chez vous , font accompagnés d'ochre martial, J'ai cru rendre fervice, Monfieur , aux Amateurs d’Hifloire Naturelle, en engageant l’'Adminiffration de Monlieur , d'émiter ce qu fe palle chez l'Empereur & chez l'Eletteur de Saxe, en m'autorifant de vendre ces échan- cillons inftruëtifs , pour leur valeur intrinsèque, pour en verfèr le produit dans la caille de fabrique. J'ai plus d'une fois éprouvé, Monfieur, combien éroit intéreflant -pour les Amateurs d'Hiftoire Natu- relle, le parti que vous aviez pris de préférer de mettre en vente , pour Pornement des Cabinets & linf truction de leurs Propriétaires , les morceaux qui, par leurs accidents, pouvoient mériter d'y trouver place, en en reverfant le bénéfice dans la caille des frais d'exploitations & il feroit à défirer qu’on eûtune pareille con- duite dans toutes les mines exploitées, foit en France, foit dans les Pays étranvers, Auñli, lorfque j'ai dit, dans mon Apperçu, que ces morceaux étoient vendus par vous au profit de la mine de Monffeur , n'ai-je eu pour but que de donner aux Naturaliftes un renfeignement qui pouvoit leur être utile , en les mettant à même de profiter des reflources dontda bonté de Monfieur les mettoit à même de jouir. M. de Bournon parle de deux va- riètés de mine de fer micacée-grife-ma- gnétique. Je crois lui faire plaifir , en indiquant les lieux où je les ai décou- vertes : l'une je trouve près du rivier d'Allemond , € l'autre [ur la mon- tagne du Villard.d Arenne ; la pre- mière fe préfènte communément en maffes folides d'un gris noir , 6: autre en feuilles qui ont peu d'adhérence entre elles. Ily a des échantillons qui font plus magnétiques les uns que les autres. Je parle eneffet de deux variétés de mine de fer micacée-grife-magnéti- que provenant du Dauphiné, & fais à cet égard une obfervation qui, je crois, n’avoit pas encore été faite dans les minés magnétiques ;c'eft de n’a- voir de certe vertu que la dofe fufh- fante pour contrebalancer la vertu attractive ordinaire à cette variété de mine de fer fpéculaire ; de forte qu'elle attiré fortement par un pôle, tandis qu'elle eft prefque infenfible à l’autre, J'ai décrit cette propriété, ainfi que leur afpeét; mais je n'avois pas cité ,ileft vrai, leur endroit natal, me contentant de les citer comme produétion du Dauphiné. Mon projet n’étoit pas de décrire la Minéra- logie du Dauphiné, ce que mon titre annonce; travail qui eût exigé une connoiflance plus ample de cette Province, & qui n’eût pu être le fruit que d’une étude de plufeurs années employées à la parcourir, ce dont j'ai toujours eu le projet, auquel nombre d'occupations & de cir- conftances particulières ont mis obitacle. Mais m'étant appliqué à raflem- SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 437 bler dans mon cabinet tout ce qu'elle pouvoit offrir d’intéreffane , tant en Lichologie qu'en Minéralogie, j'ai cru rendre fervice au Püblic de lui faire hommage de cette efpèce de nomenclature minéralogique raifonnée Dauphinoife, me réfervant par la fuite un détail à peu près pareil fur la Lithologie, Je ne me fuis pas en conféquence aftreint à citer les cantons particuliers où fe trouvent les diverfes fübftances dont j'ai parlé, y en ayant plufieurs {ur lefquelles j'aurois pu tromper, les tenant de divers par- ticuliers ou de payfans, qui en font un objet de lucre , & font en confé- quence la plupart portés à nous tromper füur leur véritable pays natal. Je n'ignorois cependant pas que Le rivier d’Allemond fût celui d’une de ces variétés de mine de fer micacée que j'aicitées ; & le Villard-d’Arenne , ce- Jui de l’autre. Je vous dirai même plus; j'avois de ces morceaux du Vil- lard-d'Arenne avant que vous vinfliez en Dauphiné, Je fuis , &c. « ONDPS TES ER ANA TE TU O IN SUR ALARLROMUMNELUTR S'ÉPMIEN ALES Pare MARS EE J: n'eft point de fujet de Phyfique ou d'Hiftoire Naturelle que lAu- teur le plus réfervé ne puifle traiter dans un Journal deftiné aux feuls Phyficiens & Naturaliftes , les feuls qui puiflent lui fournir des Leteurs, On peut abufer de tout, je le fais; mais les gens vertueux , & par confé- quent de bonne foi , les feuls dont le fuffrage ou le blâme importe à l'homme fenfé , diftinguent aifément l’Auteur qui ne cherche qu'à perfec- tionner la Science , de l'Ecrivain aflez vil pour abufer de ce motif, & le changer en prétexte. Ainfi, fans craindre des clameurs auxquelles je fuis très-loin de pouvoir donner le moindre fujet ; sûr de ne choquer aucun de ceux que je dois refpecter, je vais faire l'expofé fimple & didactique de mes obfervations. La fageffe la plus auftère auroit tort de s’en alarmer; elle n'y trouvera rien qui puiffe Jui déplaire. La décence , la réferve & la délicateffe fôht des vertus trop dignes d'égards, pour qu'il me foit dif- cile de leur laïffer conduire ma plume. Il ne s'agit ici ni de tableaux , ni d'effets. Je ne parle ni aux fens, ni à l'imagination; je ne m'adrefle qu'à la froide raifon ; en un mot, je n'écris point un nouveau chapitre pour la 433 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, Vénus Phyfiqué , mais des raiformements & des détails très-férieux fur une découverte purement théorico-phyfologique (1). Parmi les nombreux & intéreffants objets qui peuvent occuper les Na- turaliftes, il n’en eft pas de plus propres à piquer la curiofité, que ceux qui ont rapport au grand myftere de la génération. Plus les ténèbres dont il a paru jufqu'ici enveloppé, & dont il le’fera peut-être toujours, font épaifles, plus le défir de les percer eft vif & naturel: aufi, dès qu’on a commencé à fentir qu’il falloit obferver la Nature avant de vouloir ex- pliquer fes opérations , s’eft-il trouvé des obfervateurs attentifs, qui l'ont épiée, pour tâcher de lui dérober fon fecret dans la multiplication des êtres animés. Le célèbre Harwey fut le premier des Modernes dont les recherches donnèrent lieu d’efpérer l'avancement réel de nos connoïflances en ce genre. Cependant, maloré fes efforts & ceux de fes fucceffeurs , Les ténèbres étoient encore loin d'être éclaircies, & le myftère fublftoir prefque dans fon entier. M. le Baron de Haller, profitant de leurs tra- vaux, raflemblant leurs obfervations & leurs découvertes, y joignant les fiennes, les liant & les combinant , en a compolé, dans fa grande Phyfologie , un corps de doétrine qui forme un Traité complet de la Génération. L'illuftre M. Bonnet. l'ami de ce grand Homme , fit en Na- turalifte & en penfeur profond, dans fes Confidérations fur les corps or- anilés , ce que le Préfident de l’Académie de Gottingue faifoit en favant Phyfolosifte , dans fon Ouvrage. Par des raifonnements folides, par un ufage fobre de l’analogie, il tira de l’état où en étoient fur ce fujet nos con- noiflances , les induétions les mieux liées, les connoiffances les plus inté- reflantes : il fe fervit fur-tout avantageufement de l'importante découverte de M. de Haller fur la préexiftence du germe du poulet dans l'œuf, à fa fécondation. M. l'Abbé Spallanzani , habitué à fuivre pas-à-pas le fil de T'expérience , fans fe permettre de le quitter un inftant, prouva, par des obfervations directes fur les œufs des grenouilles , des crapauds & des fa- lamandres , la mème vérité , la préexiftence des germes de ces animaux à leur fécondation. Il prouva de plus, que ce qu'on appelloit ici des œufs, n'étoit autre chofe que les embryons mêmes dans leurs amnios. Il eft peu d'hommes qui apportent à l'étude de la Nature les difpofitions heureufes , mais fur-tout l'impartialité, cette curieufe & active indifférence que procure toujours un doute vraiment philofophique. La plupart au con- traire , bâtifent avec complaifance leurs petites hypothèfes d’après des ——— (x) L’Auteur prie le Lefteur de regarder ce préambule comme un hommage qui n’étoit point néceffaire dans l’occafion préfente,maisqu’il a cru devoir aux vertus ; cequ'on ne refpecte pas toujours affez dans les Ecrits de la nature de celui-ci. SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 439 opinions conçues d’avance , indépendamment des faits , & avant d’avoir fufifamment obfervé. Pour de tels Naturaliftes, une vérité nouvelle eft communément un coup de foudre ; elle écrafe prefque toujours quelque partie du frêle édifice qu'ils ont élevé en dépit de la Nature. La décou- verre. de M, de Hallèr, confirmée par les obfervarions de M, Spallanzani, a produit cet effet ; La conféquence qui en fort naturellement , a anéanti les fyfèmes ingénieux formés avant cette mémorable époque. Puifque le germe préexifte à la fécondation , il appartient donc uniquement à la fe- melle; conféquence immédiate, néceflairement liée à fes prémiffes; con- féquence avouée depuis par la Nature même, dans les réponfes réirérées qu'elle a faites au fameux problème phyfique de Breynius , fur la certitude d’un androginifine réel, En effec , s'il eft de vrais androgynes, comment le germe n’appartiendroit-il pas uniquement à la femelle > Tel eft l'enchaînement des vérités entre elles; les erreurs fe nuifent réci- -proquement , tandis que les vérités fe prêtent un fecours mutuel, Tant qu'on a oublié les idées d'une faine Phyfique, au point de croire que des agents purement mécaniques pouvoient former un être fenfible ; qu’ils pouvoient conftruire fucceflivement des vifcères , qui font cependant autant de pièces héceflairement co-exiftantes, puifqu'elles fe fuppofent mutuellement ; tant qu'on a donné au mâle les fonctions principales ; tant qu’on a fait du fperme une caufe produétrice , il a paru & a dû paroître indifpenfablement néceffaire. On à dit, & l’on a dû dire, que l’androgynifme étoit une chimère : ainfi l'erreur enfantoit l'erreur. Aujourd'hui le Naturalifte le moins inftruit fait que la loi qui établit la nécefité du concours des deux fexes, n’eft rien moins que générale; quela Nature y a fait de nom- breufes exceptions; que dans la clafle des infectes, dans celle des vers & dans celle des coquillages, il eft plufieurs genres dont chaque individu reproduit fon femblable fans le concours d’un individu mâle ; que la même chofe paroïît avoir lieu dans prefque toutes les efpèces d’animaicules mi- crofcopiques ; que dans plufieurs d’entre eux la chofe eft certaine; qu'on a vu & revu la troifième, la quatrième ,& même la cinquième génération ren- fermée dans de grands volvox; que parmi les végétaux dans un affez grand nombre de genres, le concours de la pouflière des étamines n’eft point du tout néceflaire à la prolification, comme l'infatigable & pénétranr Abbé Spallanzani la encore prouvé par des obfervations auxquelles on n’a rien a répliquer. Voilà les réponfes de la Nature au problème de Breynius, Ce font-là autant de vérités , qui ne paroiflent plus étranges, quand on fait que le germe appartient à la femelle, & qui, à leur tour , empêchent de trouver incroyable cette même vérité, qui difpofe fi bien à les re- cevoir. Mais n'en reftons pas là; fi l'erreur eft ftérile, la vérité doit être fé. conde. L'intervention du mâle n'étant pas univerfellement néceflaire, & le germe appartenant uniquement à la femelle, le mâle, en lui fournif- * 440 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, fant fa liqueur, ne peut donc que produire fon développement , en lui pro- curant un fuc ftimulant & nourricier. C’eft donc là le feul rôle qu’il puifle jouer dans le grand acte de la génération ; conféquence dont je me fer- virai bientôt, Ce rôle, tout reftreint qu’il paroît, quelque infériorité qu'il donne au père vis-à-vis de la mère, à l'égard de l’être reproduit , eft: toujours inf- niment noble. Rien r’eft petit en ce genre; par conféquent , toute obferva- tion qui peut contribuer à faire mieux connoître le fperme, ou même à faire naître des foupçons qui portent à mieux étudier fa nature, eft dès- lors intéreflante, & mérite d’être fuivie. C’eft d’après ces réflexions que je me détermine à en entretenir les Naturaliftes. Cette liqueur a été examinée avec les yeux les plus exercés, &c armés des plus fortes lentilles. MM. Lewenhoëck, Hartfoëcker , Baker , Haller, Spallanzani , en ont vu & revu les animalcules, & ce dernier a, pour ainfi dire, écrit leur hiftoire; mais fans doute le hafard a voulu jufqu'ici qu'on n'obfervât pas aflez cette précieufe liqueur au bout d'un certain temps, à l'époque où, encore pure & non putréfñée, devenue tranquille par Le repos & la mort des animalcules, elle a perdu aflez de fon phlegme par l'éva- poration , pour étre un peu plus concentrée, mais pas aflez pour avoir acquis une demi-opacité par fon épaifliflement, C'eft cependant alors qu'il faudroit qu'on obfervat le fperme , c’eft-à-dire, depuis la douzième jufqu’à la foixante-douzième heure de fon extrafion, dans un lieu à l'abri de la poufière , dans une chambre où le thermomètre de Réaumur, fans defcendre au deffous du 5° degré (ce qui retarderoit peut-être trop l'évaporation), ne montât pas au-deflus du 25° (ce qui pourroit la pré- cipiter. Une goutte de fperme humain, prife dans ces circonftances , re- gardée à une loupe un peu forte, ou mieux , placée au foyer d’un microf cope, paroît contenir quantité de petits criftaux très-brillants , légers, furnageanc le liquide, ouy reftant fufpendus, Ils ont la forme de fu- feaux , ou plutôt de cônes oppofés par la bafe , & dont les côtés, au lieu d'êrte des lignes droites, feroient un peu convexes: ils font , les uns feuls & ilolés, les autres grouppés. Dans la figure où je les repréfente ,les dimen- fions font celles de leur apparence à un microfcope qui fait paroître le diamètre des objets 180 fois plus grand que nature. Ils font, comme on le voit , de grandeurs fort inégales, Leurs dimenfions réelles varient com- munément depuis + jufqu'à de ligne de longueur , & depuis + jufqu'à :s de ligne de diamètre. Quelques-uns font beaucoup plus grands, & alors on parvient à les appercevoir à l'œil nu : mais, excepté quelques cas dificiles à prévoir , & par conféquent à faire naître, les plus gros ne fe montrent guère que tronqués, & fouvent fervant de fupports aux grouppes que forment aflez ordinairement les autres, Parvient-on, avec une pointe fine, à en tirer quelques-uns du liquide ? on peut , au bout de cette SUR L’HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 441 cette pointe, les conferver autant de temps que l'on veut; ce qui prouve qu'ils ne font fujets à romber ni en déliquium , ni en efilorefcence. L'exiftence de ces cryftaux ne me paroït pas une chofe indifférente ; ils font fans doute un fel : or, la deftination d'un fel n’eft pas difficile à devi- ner ici, d'après le rôle que nous avons vu jouer au fperme, Cette liqueur devant être à la fois un fuc nourricier & un ftimulant , comme nous l’a- vons dit ci-deflus ; le mucilage qui la compofe en grande partie, four- nira abondamment la portion nourriflante, & le fel qu’annonce la préfence des cryftaux , fournira le flimulus. Il n'eft pas étonnant qu'on n'apperçoive ce fel qu'après une certaine évaportion, parce qu'il ne devient fenfble que par fa cryftallifation, & que la cryftallifation fuppofe toujours un cer- tain degré de concentration. Combien ne feroit-il pas intéreMant de connoître la nature de ce fel! Mais comment y parvenir ?.. [1 faudroit que des Naturaliftes, placés dans des circonftances où ils puffent afifter fouvent à l'ouverture de cadavres ré- cents, proftaflent de toutes les occafions pour obferver la liqueur fémi- nale le lendemain & le furlendemain de fon extraction; ou plutôe, il faudroit commencer par employer Le fperme des animaux > qu’on peut fe procurer plus facilement ; il faudroit en raffembler aflez pour Le foumet- tre à diverfes épreuves chimiques; il faudroit trouver le moyen de le dé- compofer & d'en féparer les parties filamenteufe & mucilagineufe de la partie féreufe dans laquelle ce fel eft en diffolutiun, IL feroit à fouhaiter quele moyen auquel on auroit recours, approchât de la fimplicité de celui qu'on emploie pour féparer Les parties du fang, ou celles du lait. L’efprit de-vin , qui paroftroit d'abord convenir pour remplir ce but, par la propriété qu'il a de coaguler les fubftances gommeufes, ne s'y trouve point propre dans la pratique. Son afhinité avec l’eau faitque, fe combi- nant aufli-tôt avec la partie féreufe, il agit à peine fur la partis gom- meufe; il n’en fépare qu'une légère portion , & ne fe fait bien fentir que fur la partie filamenteufe : on lui en voit, au microfcope, agiter lore- temps les molécules infenfibles à la fimple vue; ce qui indique une efr- vefcence qui dure plus d’une demi-heure dans un verre de montre ; vaif feau où la même quantité d'efprit-de-vin & d’eau gommée ne montre w’une effervefcence de quelques minutes. M. de Haller, de même que les autres Naturaliftes qui ont obfervé juf- qu'ici le fperme , n’y avoit point apperçu les cryftaux dont je parle, Ce- pendant ila penfé, comme plufeurs d’entre eux , à l’analyfer. [1 dir que cette liqueur , diftillée au feu de fable , a donné du phlegme, quantité d'huile fétide, un peu de fel volatil, & beaucoup de terre; mais il ne dit point quel étoit.ce fel volatil: fans doute c'étoit fimplement celui que donne toute {ubftance animale décompolée, c’efta-dire , de l'alkaii volatil. Maïs ce n'eft pas d’alkali volatil qu'il s'agit ici ; il s’agit d’un fel neutre, cryftal- lifable , prefque indiffoluble à l'efprit-de-vin, point du tout volatil, qui, Tome XXI, Part, I, 1784. JUIN. KEKk 442 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, loin d'être déliquefcent , ne fe fond que dans une très grande quantité d'eau, & qui exifte tout développé dans du fperme où l’alkali ,ne l'eft pas encore : d’ailleurs, je ne crois pas que , par des opérations aufli violentes que de pareilles diftillations, on parvienne jamais à connoître la nature d'une liqueur aufi alrérable que le fperme , ni la qualité du fel qui lui appartient, & dont ja bafe, fi elle eft fixe, peut demeurer méconnoif fible, & unie à La terre qui refte au fond du vaifleau. Je penfe donc qu'il faudroir plutôt, comme je l’ai déjà dit, tâcher d’avoir féparément Ja partie féreule, pour raffembier enfüite les cryftaux, qui s’y formeroienc plus abondamment quand elle feroit féparée du mucilage. Mais quand mêmeon ne parviendroitpas à connoître la nature du fel ainf cryftallifé, il reiteroit toujours les obfervations les plus curieufes à faire fur ja forme des cryftaux fournis par le fperme des divers animaux. Fire- roit-on de celui de chaque genre, de celui de chaque efpèce d'animaux, des cryftaux de forme différente ? Les figures de ces divers cryftaux fe rapprocheroient-elles & s'éloigneroient-elles à mefure que les genres & les efpèces fe rapprocheroient ou s'éloigneroient ? Y auroit-il, par exemple, entre les cryftaux du chien, & ceux du loup ou du renard, ou entre ceux du lièvre & ceux du lapin, des rapports aufli marqués que ceux qui ont lieu entre ces animaux? En combinant ces obfervations avec des eflais de fécondations artificielles, à la manière de celle de la chienne de M. l'Abbé Spallanzani, n'auroit on pas quelques réfultats nouveaux & intéreffants ? Il feroic plus facile de les multiplier & de les varier par cette voie, que par celle des MS ri. auxquels fouvent on ne peut décider les animaux d'efpèces diflérentes. Ainfi, c'eft par ce moyen qu'il faudroit toujours procéder. Si la fécondation artificielle réuflifloit fur une fernelle dans laquelle on auroit introduit du fperme d’un mâle d’une autre elpèce, mais dont les cryftaux feroient à peu près les mêmes ; s'il arri- voit enfuite que la même expérience , appliquée à diverfes autres efpèces plus ou moins rapprochées par la figure de leurs cryftaux, réufsit commu- nément; enfin, sil arrivoit qu'elle manquât toujours , quand les animaux des efpèces mifes en expérience fourniroient des cryftaux d’une forme plus différente, ne feroit-on pas autorifé, jufqu’à un certain point , À con- clure; que l'aptitude ou l'inaptitude de la femehce d'un mâle d’une efpèce à féconder la femelle de telle ou telle autre efpèce, vient de la nature du flimulus , qui eft ou qui n'eft pas approprié au germe fur lequel on veut le faire agir? Si, au contraire , ces expériences offroient des réfultats qui annonçaflent que la reffemblance ou la différence des cryftaux n’y a au cune influence, ne paroïtroit-il pas vraifemblable que c’eft dans les rap- ports du fuc nourricier avec le germe , & non dans ceux du ffmulus, qu'il faut chercher la poffibilité d'une fécondation 2 Je croirois inutile d'infifter davantage; c’eft affez pour moi d’avoir mis fur la voie, Je Llaifle à ceux des Naturaliftes qui ont reçu du ciel le rare . “ SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 44; & précieux talent de bien interroger la Nature, à imaginer tous les moyens de varier , autant qu’il le faudroit , les expériences en ce genre ; à décider des induétions & des conféquences qu’on pourroit en tirer , & à juger de l'influence plus ou moins grande qu’elles pourroient avoir fur le myflère de la génération & fur la théorie des êtres organifés. MAUR LNESX T'OUNLS SUR L'ÉCONOMIE DES VÉGÉTAUX; , Par Jean INGEN-Houz. À #8 végétaux étant deftitués de mouvement progrellif, ne peuvent, comme les animaux , aller chercher leur aliment. Deltinés à pañler tout le temps de leur vie dans l'endroit même où ils ont pris naïflance , il étoit néceflaire qu’ils trouvaffent dans l'enceinte de l’efpace qu'ils occupent, tout ce qu’il leur faut pour fubffter. N'étant en contact qu'avec la terre & avec l'air, c’eft de ces deux fubftances qu’ils doivent puiferla nourriture dontils ont befoin, Laterre, confidérée comme telle, abftraction faite de l'humidité, des fels & des matières phlogiftiques dont elle eft généralement pénétrée , & que les filaments des racines pompent, ne paroît fervir aux plantes que comme un appui, une bafe fur laquelle elles fe fixent d'une manière ftable , en répandant leurs nombreufes racines en tous fens, & fouvent très-profondément dans la terre. Si nous comparons la petitefle de la ra- cine de la plupart des plantes avec leur tronc, leurs branches & leurs feuilles, nous ferons tentés de croire que les plantes cherchent à expofer une furfaceinfiniment plus grande de leur étre parmi l'air, que parmi la terre, à caufe dubefoin fupérieur qu'elles ont de l'influence de l'acmofphère, fur rout pendant le temps que la chaleur de l'été anime la vigueur de leur végé- tation, Effectivement, une plante peut vivre fans terre, mais elle ne Éus roit furvivre long temps dans le vuide. Boyle mit une branche de faule dans un vafe plein de terre qu'il avoit pefé exactement. Au bout d: cin ans, cette branche avoit acquis cent foixante cinq livres de poids , &'la terre n’avoit pas perdu 2 onces du fien. Cette plante avoit donc puife fa fubftance , ou de l’eau dont on avoit arrofée la terre, ou de l'air. $i l'eau, comme telle ,a le même ufage dans les végétaux que dans les ani naux, fa principaleutilité confift:ra en ce qu'elle fert de véhicule aux princives de nutrition , & qu’elle entretient la mafle des humeurs dans un état de À idité néceffaire à l’économie de leur vie. L'eau pure ne contient que très-peu de particules nutritives, foit pour le fupport des animaux, foit pour la fubfi£ Tome XXIF , Part. 1,4784. JUIN. KkKk 2 { 2 444 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, tance des végéraux ; & l’eau diffillée en contient encore beaucoup moins, fi tant eft qu'elle en pofsède quelqu'une; & cependant l’eau diftillée fufit feule pour faire croitre une hyacinthe , une jonquille, &c., pourvu qu'on laïffe jouir ces plantes de l'air. Le fait paroït indiquer que la plante a un plus grand befoin du principe qu'elle puife de l'air, que de celui qu'elle peut trouver dans l'eau, Ceci paroîtra encore plus probable, lorf- que nous confidérerons que beaucoup de plantes reftent en vigueur fans aucune eau, Le fémper vivum teëlorum refte végétant pendant des mois entiers fans eau. Plufieurs plantes des pays chauds , qui croiflent dans les rochers les plus arides, fous un ciel ardent qui sèche tout , reftent en pleine vigueur, fi même ilne pleut pas dans l’efpace de plufieurs mois, pendant que beaucoup d'autres plantes de ces mêmes climats fe defsèchenc & périflent par cette même fécherefle: telles font les agave, les cartus, & bien d’autres. La plante appelée cacalia anteuphorbium , refte en pleine vigueur, même dans nos ferres, pendant des années, & croît luxurieufe- ment fans être arrofée, La raifon de ce phénomène paroît, au premier coup-d'œil, difficile à comprendre, Je penfe qu’on doit attribuer prin- cipalement à ce que ces plantes engendrent du froid (comme le font, à la vérité plus ou moins , toutes les autres plantes, tandis qu'elles engendrent de la chaleur pendant la gelée), par lequel l'air en conta@ avec leur fubf tance, y précipite l'humidité dent l'air atmofphérique paroît contenir en diffolution une quantité d'autant plus grande, qu'il eft plus chaud. C’eft pour cette même raifon que la furface d’une caraffe remplie d’eau à la glace, fe charge d'autant plus d'humidité , que l'air en contact avec elle eft plus chaud; de même aufñi l'humidité qui fe précipite continuel- lement dans les pays chauds , quoique d’une manière invifble, fur la furface des plantes que je viens de nommer ( & plus ou moins auñi fur la furface des plantes européennes), pénètre leur fubftance & en- tretient la fluidité néceffaire dans leurs fucs. Mais on fe tromperoit, en croyant que l'humidité feule fufft pour entretenir la vigueur des plantes; illeur faut une autre nourriture ; & c'eft l'air qui pénètre les plantes, foit avec l'humidité, foit dans l’état d’air proprement dit, qui n’eft cependant ja- mais fans humidité , quelque réel qu’il foit en toute apparence. Cet air fe digère dans la fubftance de la plante. Le phlogiftique , toujours inhérent à Fair atmofphérique , & peut-être encore d’autres principes qui y font con- tenus, y demeurent comme nourriture de la plante. Le refte étant privé de ces principes nutritifs , devient ou inutile ou fuperfu, ou nuifble à la conftitution du végétal : mais la plante ne fauroit fe défaire de ce fuperfu, au moins dans l'état d'air déphlogiftiqué , qu'à l’aide de la lumière du foleil. Les plantes n’ont point des réfervoirs particuliers , deftinés à accumuler les parties fuperflues , comme les animaux, pour les vuider de temps en semps , & elles n'ont rien qu'on puifle comparer raifonnablement aux pre- SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 445 mières voies des animaux, où l'aliment eft reçu & digéré. Toute la fur. face de la plante, depuis les filaments des racines ( qui paroiflent cepen- dant deftinés fpécialement à pomper , comme autant de fyphons, l'humi- dité de la terre, & ce: qui Ê trouve diflous dans cette humidité ) jufqu’à l'extrémité des feuilles ; eft occupée:fans relâche à abforber , foic de Ja terre; foit de l'air ambiant, tout ce qui vient en contaét avec elle, & qui eft utile à la fubfftance de la plante; & c'eft aufli par toute l'étendue de la plante que font diftribués les organes qui fervent à vuider ou évapo- rer ce qui eft devenu fuperu. I me paroît donc plus que probable que la plante ne ceffant jamais de pomper fa nourriture , ne cefle jamais non plus de rendré ce qui ne convient plus à fon être; & comme on trouve fa fubftance chargée manifeftement de deux Auides, l'un aqueux , la féve, & l'autre aëtien ; on ne fauroit douter, à ce que je .penfe, que l’un & l’autre de ces Auides ne fe renouvellent continuellement ; mais l’une & l'autre de ces évaporations des végétaux font infiniment plus manifeftes dans le temps que la lumière du foleil arime le mouvement viral de leur organe, fans cependant ceffer entièrement en aucuntemps, pas même au milieu de la plus fombre obfcurité: il paroït même que ces deux éva- porations vont de pair ; c'eft-à-dire, que l'évaporation aqueufe, ainfi que l'émavation aërienne, font plus fortes que l’afpiration de ces deux fluides pendant le jour au foleil , qu'elles ne font pendant la nuit & à l'ombre; & que; dans l'obfeurité, Ja fuccion des deux fluides furpaffe l’évaporation, ou au moins légale à peu près. Les feuilles de plufeurs plantes paroiflent comme épuifées pendant le jour , & perdent leur élafticité &, leur vigueur très-manifeftement , quoiqu'on arrofe bien leurs racines, Dès que Le foleil fé couche, leurs feuilles commencent à fe redrefler de nouveau. 11 n’y a peut-être point de plante qui donne des fignes plus manifeftes de cette épuifement dans le foleil , que la cucurbita pepo. Pendant l'obfcurité de la puit, lorfque les plantes font dans une efpèce d’engourdifflement (1), leur évaporation languit beaucoup, tandis que la continuation d’abforber ne diminue pas en proportion. $ Lorfqu'on enfermeune plante, par exemple un fémpervivum tedlorumr, dans unè cloche ou tube , avec une certaine quantité de mercure, & qu'on laiffe ce tube renverfé dans un vafe ,contenant aufli du mercure, dans une place obfcure, on trouvera bientôt Les parois du verre enduites d'humidité , figne évident que la plante atranfpiré. Si on place un tel ap- (1) Un grand nombre de plantes donnent des figues non équivoques d’un engour- diffement très-manifefte , ou une efpèce de fommeil qui Les faifir dès que le foleil fe couche , & dontelles fe réveillent aflez promptement, lorfqu'elles reçoivent de nouveau Pinfluence de cet aître. Parmi ces plantes, fonc les mémofæ, les caffie, la glyeyrrhiza, & beaucoup d’autres qu'on peuttrouver dansia Diflertetion qui à pour tire : de fomne Plantarum , & qui ir partie des Amænirues Academicæ de Linné, 446 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, pareil au foleil, on obfervera une tranfpiration beaucoup plus confidé- rable, Si on enferme une plante dans un tel vale, en mettant fa racine dans une petite phiole remplie d’eau ,'on obfervera généralement que Veau abforbée furpaflera l'évaporation de la plante pendant la nuit, ou légalera à peu près; & qu'au contraire, l'évaporation furpaflera la fuc- cion dans le foleil, Il faut, dans cette expérience, couper toute commu nication entre l’eau contenue dans le petit flacon & l'air du vale, par le moyen de læcire molle. Pour démontrer que l'évaporation & l’afpiration aqueufe ont lieu en tout remps dans les végétaux , il ne faut qu'employer les yeux; mais’il n’eft pas éralement facile de démontrer ce que j'avance touchant l'évaporation & l’afpiratioñ aërienne, La raifon de la difficulté eft claire; car le fluide aërien n'eft pas'un objec dela vue, comme l'humi- dité ; d’ailleurs, cette émaïtation aërienne fe faifant dans l’air même qui environne la plante , eile ne peut fe manifefter à nos yeux de cette ma- nière, On trouveroit la même difficulté de démontrer la trañfpiration aqueufe d'une plante, ou mème cellede notre corps, en les tenant fous l'eau ; car l’huniidité qui en fort indubitablement toujours , fe confondant alors avec l’eau en conract avec eux,on n’en appercevroit rien. Perfonne ne doute que les poiflons ne tranfpirent. Il feroit cependant aflez difficile d'en convaincre un homme qui ne fe contenteroit d'aucunes preuves à cet égard, de de celles qui tombent fous fes yeux ; il faudroit alors , pour le perfua- er, placer un poiflon qui peut vivre long temps fans eau, par exemple une anguille , dans un vafe avec du mercure à fec. Il faut donc employer des moyens particuliers, pour démontrer que les végétaux ne ceffent jamais d’abforber & d'évaporer un fluide aërien. J'a- vois cru bonnement , en publiant mon Ouvrage fur Les végéraux , que le même fait qui prouve que les plantes évaporent une grande quantité d'air au foleil , prouveroit aufli qu'elles en évaporent au moins une rès-petire quantité dans l'obfcurité, puifque toutes les deux affertions avoient pour bafe l'expérience, Je trouvois , en plaçant des plantes dans l’eau au foleil, beaucoup d'air ramaflé, & j'en obtenois conftamment au moins un peu, lorfque je les laiflois dans l’eau pendant la nuit. Si j'avois prévu qu’on m'eût difputé le fair, j'aurois allégué d’autres expériences & d'autres rai- fonnements , pour en appuyer la réalité, On peut voir , à la fin de la Pré- face de l'édition françoife de mon Ouvrage cité, que je me réfervois de parler plus au long de cette émanation aérienne noéturne des végéraux, & de fa nature particulière. [l n’a pas dépendu de moi que ce fecond vo- lume n'ait déjà vu le jour depuis long-temps, puifque j'en avois les ma- tériaux prêts lorfque je publiois le premier. En atrendant que je puiffe m’acquitter de mes engasements vis-à vis du Public, j'ai vu avec fatisfation, par l'Ouvrageinftructif de M. Sexebier (1), (4) Mémoires Phyfico - Chimiques fur l'influence de la lumière folaire , pour modi- SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 447 & par plufieurs autres qui en ont été, pour ainfi dire, la fuire, qu'il éft déja plus que temps de reprendre ce fujet, que je n'avois qu'ébauché, M. Senebier , en approuvant d’une manière également honorable & flatreufe pour moi, mo opinion fur l’'émanation aërienne & falutaire des végéraux expofés au foleil, & leur influence bienfaifante fur la conflitution de l’at- mofphère, rejette entièrement & fans réferve l’autre partie de mon fyf- tême; favoir, l'émanation aérienne noéturne des plantes, & leur influence pernicieufe dans l’obfcurité fur notre élément, Sa piété paroît même avoir été léfée par cette dernière affertion ; qu’il regarde comme peu confolante, & même comme wne calomnie contre la Nature € les Plantes. Je fuis tuès- éloigné d'être aucunement offenfé de cetre fentence , quelque févère qu'elle foit; je fuis même perfuadé qu’il ne l’a prononcée que par un zèle épuré pour la bonne caufe , & nullement pour faire une réflexion odieufe contre moi, Effeétivement , on ne calomnie pas la Nature, en difant quil ya des vipères venimeuf£s, des chiens enragés & de l'arfenic, & encore moins, lorfqu'on donne des préceptes pour fe garantir de leurs mauvais effets, J'érois même fiéloigné de traiter cette émanation mal-faifante des plantes (quoique très meurtrière pour tout animal à poumon qu'on y expofe , lorf. qu'elle s’eft concentrée) comme un défordre dans les loix de la Nature , que je dis à la pag. 50 de la Préface de mon Ouvrage cité, que l'énanation méphi- tique des végétaux a un ufage très-grand @ fort urile dans la conflitution de l'atmofphère ; & en difant (à la page 49 de la même Préface) que l'air com- mun , expofe à l'influence noëurne des végétaux , eff changé, pour une grande partie, en air fixe, & que cet air fixe étant plus pefant que l'air commun , fe précipite vers la terre, Te donnois à entendre affez clairement pour un génie pénétrant, que, felon mon opinion, cet airfixe, dégagé de l'air com- mun, imprègne la terre d’un principe de végétation qui met les plantes en état de continuer à nous rendre le fervice important que nous en def- rons; c'eft-à-dire, à entretenir l’état de l’atmofphère dans un degré de fa- lubrité néceffaire pour notre confervation. Sapienti pauca (1). Je dis fier Les êtres des trois règnes de La Mature, fur-tout ceux du règne Végétal; par Jean Senebier, ÆZiniftre du Saint Evangile, Bibliorhécaire de la République de Genève, Membre de la Société Hollandoife des Sciences de Harlem. À Genève , 1782. (1) Comme M. Senebier s’eit étendu beaucoup fur l’ufage de l'air fixe dans l'affaire de la végétation , j’aurois bien fouhaité, pour ma propre fatisfaétion, de trouver une fi belle & vraiment ingénieufe théorie plus conforme au refultat de mes recherches qu'elle ne Peft. Par exemple , je n'ai jamais vu que l’eau inhérence à l'air commun , fût chargée d'air fixe , pas même celle qui eft contente dans l’air d’une chambre où pluleurs perfonnes couchent (jen ai tiré par des vafes remplis de glace au milieu de l'été ); je n’ai non plus trouvé que la neige fondue, la rofée ou l’eau de pluie en fuffent chargées , pas même pendant .le fort d’un orage. J'ai fecoué fort fouvent routes ces eaux avec l’eau de chaux, & elles ne l’ont jamais troublée ; au lieu que M. Sencbier les a toujours trouvées chargées d'air fixe, Je diffère encore en opinion avec M. Sene- 443 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, nême , page 47 dudit Ouvrage, que les plantes, dans certaines circonf- tances , corrigent l'air, même pendant la nuit; j'y déraille 1: cas particu- licr ; jen donne des exemples, & je ne doute pas que ce cas n'ait lieu dans les endroits bas & marécageux , où lait eft rempli des particules féptiques, phlogiftiques , nuilibles à la vie des animaux. Quoique je croye avoir prouvé que les plantes répandentréellement dans Fobfeurité , parmi l'air ambiant, un principe , une émanation suifible à la vie des animaux, fi ce principe eft concentré( comme il l’eft lorfqu'il ne peut fe délayer ou fe répandre dans l'air ouvert); je difois cependant en mème temps , qu'on ne devoit pas s’eñ alarmer, vu que, dans la na- ture des chofes, cette éranarion méphitique fe trouve fi délayée dans la mafle de l'atmofphère , qu’elle ne peut aucunement diminuer Pétat de la falubrité, pas même au milieu des forêts. On peut voir mes idées là def- fus ,‘page 40 dela préface de mon Ouvrage fur les végétaux, & page 55 —58 de l'Ouvrage même, Voyons à préfent li l'opinion de M. Senebier eft aufli fondée qu'elle paroît être confolante. Dans la fection XIII de la première partie , & dans la feétion VI de la feconde païtie de mon Ouvrage /ur Les! végéraux , j'en- feigne que les plantes exhalent , à l'ombre & pendant la nuit,une srès-perire quantité d'air méphitique ; une quantité {i petite, que quelquefois je n'é- tois pas en état d'en faire un eflai quelconque ( voyez pag. 217 dudit Ouvrage), pas mème par une petite bougie ; quoique les bocaux que j'em- loyois pour mes expériences contintinilent plufieurs pintes (au lieu que M. Senebier fe fervoit communément de cloches qui ne contenoient que 3 pouces cubes d’efpace), & que j'y mifle deux poignées pleines de feuilles attachées à leurs tiges. J’avois toujours foin de laver les feuilles dans l'eau , pour en détacher l'air atmofphérique , avant de les enfermer dans l'eau même, & avant de renverfer la cloche. Ces expériences étoient faites au beau milieu d'un été particulièrement chaud, lorfque la végétation, & par conféquent l’évaporation des plantes étoit vigoureufe. Si d’autres Phyficiens, en répétant cette expérience , n’ont obtenu abfolument aucun air, cela ne prouve rien contre les faits que j'ai détaillés; car il fe peut que l'eau dont ils fe font fervis ait été moins chargée d’air par fa nature, à nebier, {ur la nature de l’air qui exilte dans les plantes, & qui fe change en air dé- phlogiftiqué au foleil. M. Senebier croit que l’air contenu dans les végétaux y exifte fous la forme d’air fixe. J'ai trouvé en général, que l'air exprimé des feuilles bien végétantes , des fruits & des racines , eft de l'air commun. Celui qu'on exprime des vé- gétaux un peu #étris, contient un tant foit peu d’ai fixe. Celui que j'ai exprimé de la Beccabunga & de la grande joubarbe , étoit meilleur que l’air commun ; celui des feuilles de noyerétoit phlogiftiqué , mais fans air fixe. L'air qu'on obtient des végétaux par Pébulliion, peut être regardé comme engendré par {la chaleur , tout comme il &Pro- duit par la‘fermeutation & la putrefaétion. que SUR L'HIST. NATURELLECETILES ARTS. 449 que celle dont je me fervois en Anglererre, & dont je me fers encore à Vienne eniAutriche ; & par conféquent, qu'elle.ait abforbé cette srès- petite quantité d'air que les plantes avoient réellement exhalée, Si un fait, done le réfulrat étoit oppole à celui de mes expériences, fufhfoit pour rent verfer mon fyftème ; on pourroit. également mrobjecter , & on l’a dejà fair que les végétaux ne fourniflent aucun air, même au foleil, lorf- qu'on. les entermedans une cloche remplie d’eau , dont on a expuifé tout air par une ébullition de plufieurs heures; & par conféquent, que Pair obtenu par le moyen des plantes mifes au foleil dans l'eau commune; n’é- toit que de l’air/qui étoit contenu dans L'eau: J'ai démontré ailleurs , que Ja raifon)pourquoi les feuilles mifes dans une eau qui ne contient que peu où point d'air; n'en fourniflenc point au foleil, eft que ces eaux, outre qu'elles: font nuifbles à la coniticution des plantes, abforbent avidement J'air qui vient en contact avec elles. Si on veut être convaincu de la vé; rité de ce que j’avance ici, on n'a qu'à enfermer pendant une feule nuit une plante quelconque bien vigoureufe dans un bocal d’eau qu’on a dé- pouillé de:tout air par une ébullition de trois ou quatre heures, on n’y trouvera le lendemain , il eft vrai , aucune bulle d'air, &-cependant , il eft aifé de fe convaiacre que cette plante en a réellement évaporé. On le trouvera dans l'eau en l'échauffant, après en avoir ôté la plante. Comme les végétaux ne ceffent jamais d'évaporer & d’abforber le fluide aérien, tout comme 1ls ne ceffent jamais d'évaporer-& d'abforber l'humidité, il paroît naturel qu'ils abforberont de Pair , lorfqu’on les enferme dans une eau qui en feroitfurchargéé , & alors ; ils pourroient en-fournir dans certe mêmeteau une/portiomsplus grande que dans l’eau. commune de fource, telle quecelleque j'ai yée, &quien eft généralementa peu près farurée: mais fau contraire, l'eau eft privée de cout air, ou en contient très-peu, ce fera elle-même qui pompera l'air de la plante. Je viens de prouver que cette doctrine eft conforme aux loix de la Nature; mais je l'ai prouvé plus amplement dansun Mémoire imprimé dans les Tranfactions Philo- fophiques. qi 36a) J'ai des fairs(je compte les publier dans mon fecond volume fur Jes végétaux) , qui me pafoiflent isdiquer aflez clairement , que les plantes répandent une quantité d'air déphlogiftiqué bien plus grande, lorfqu’elles rettent dans Leur fituation naturelle dans L'air ouvert, que lorfqu'on les couvre d’eau , & par conféquent, qu’elles évaporeat de même plus de fluide aérien‘dans l’obfcurité à l'aimouvert, que lorfqu’elles fe trouventenfermées dans nos boyaux. Je n'ai pas même douté de: ce que j'avance ici , Iorfque Jobfervois . par les expériences détaillées dans mon Ouvrage, que ces émavations oncréellement lieu à la lumière !& dans l’obfcurité; mais il me manquoit alors des preuves directes pour le conftater. Effeéétivement, n'eft-il pas probable que les plantes , dont la deftination eft de vivre au mi- lieu de Pair libre, fe trouvent génées dans toutes Leurs fonctions, lorf- Tome XXIV , Part, I, 1784 JUIN. LI 450 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, qu’elles font couvertes d'un fluide infiniment plus réliftant que leur propre élément, le fluide aérien , &, ce qui eft plus, un Auide , qui, n'ayant que peu où abfolument point d’élafticité , ne cède qu'à une force confidérable ? Une plante, par exemple ; une jonbarbe couverte de mercure, ne parait pas tranfpirer La moindre humidité manifefte, durant tout le remps qu’elle y refte en vie; parce que ce fluide mérallique , preffanc fur route la, fur- face du végétal, obftrue fes pores. , & empêche en grande partie | ou en- tièrement , l'iflue de cette humidité, On ne pourroit cependant pas con- clure de ce fait, que les végétaux ne tranfpirent aucune humidité lorf- qu'ils font couverts!d’eau, Quoiqu'on puifle démontrerbéaucoup. moins à l'œil la cranfpiration des plantes pendant qu’elles fonticomvertes d’eau} que lorfqu'elles font couvertes de mercure; à plus forte :raifon ne 1devroit- on nullement conclure queles plantes ne tranfpirent aucun: fluide! aérien dans l'état de nature, lors même qu’on n'obferveroit aucun indice max nifefte à nos yeux d’une telle émanation , lorfque la plante eft couverte d'eau. Je disà plus forte raifon, pa:ce que la différence de la gravité fpé- cifique eft bien plus grande entre) l'air & Peau :( étant comme 1 eft à 21090.);, qu'entre l’eau & le mercure , iqui n'eft que comme :1 eft à 113 + ) 6 : IL paroîtra peut-être un jour fort fingulier que, dans notre fiècle éclairé, on ait pu nier abfolument toute évaporation d’un fluide aérien des végé- taux par la feule raifon qu’on ne la voit pas ,.tandis qu’on eft aflez per- fuadé que , fi elle exiftoic, elle feroit également invifible à l'air ouverr. Ceux qui ont lu avec attention les Ouvrages de:Boyle & de Hales, ne peuveut douter que les vésétaux ne contienn e quantité confidé- Table d'air. On en peut exprimer une bonre par une opération aflez fimple, en preffant un végétal quelconque dans la main fous l'eau. Lorfqu’on place une plante couverte d’eau fous la cloche d'une pompe preumatique, & qu'on la vuide , on voit une quantité furprenante de bulles d’air forcer un paflage à travers fes pores , & pafler à travers l’eau dans la cloche, parce que la preflion de Patmofphère étant ôtée de la fur- face de l'eau, dont chaque pouce cubique fupportoit un poids équiva- lent à environ quinze livres, l’air contenu naturellement dans la plante, exerce fon élafticité contre la feule réfiftance de l'eau, & fe fait jour avec force, Lorfqu’on enferme une plante vivante fans eau fous une telle cloche, il faut une pompe pneumatique très-forte pour produire dans la cloche un vaide qui ne fera même jamais parfait, parce que l’humidité & l'air que la plaute exhalent , Pempêchent, Pourroit-on croire, avec vraifem- blance , que , pendant qu'on ne doure aucunement du renouvellement continuel des fucs dans les plantes, le Auide aérien, plus fubril & plus corruprible que les fucs, ne fe renouvelât jamais? N’eft-il pas: plus rai- fonnable de croire que l’un & l’autre de ces fluides font dans une fluétua- tion continuelle dans Les vésétaux vigoureux, & fe renouvellenc l'un SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS, 4ç1 cômnie l’autre en tout temps, fion n’y met aucun obftacle ? L'eau paroît en étre un plus ou moins grand, Comme il feroit difcile de convaincre un aveugle du renouvellement continuel d'humidité dans les plantes; airfi, il me paroïît également difficile de nous convaincre de la réalité de leur évaporation & attraction aérienne, à l'égard defquelles nous fommes rous des aveugles : & vraiment c’eft un bonheur pour! nous que l'air foie un fluide tranfparent & invifble, Il me paroît aflez naturel qu'une plante qui eft dans une ficuation où elle ne peut fe raffafier d'air, ne puifle en évaporer une fi grande quantité, que lorfqu'’elie peut continuellement réparer faperte. Cheft pour cette raifon qu’une plante ou une branche féparée d'une plante, & féparée de tout contaét avec l’eau, donne bientôt des fignes non équivoques d'é- puifement, parce que la tranfpiration ; qui ne cefle jamais , n’eft pas ré- parée par une afpiration proportionnée, Plongez la tige dans l'eau , & vous verrez bientôc les feuilles fe redrefler de nouveau. L'évaporation ” aérienne fe comporte de même ; elle ne cefle pas entièrement , quoique la plante fe trouve dans une fituation où elle ne pourroit abfolument ab- forber aucun air, ni même aucun fluide aqueux ; pour remplacer le fluide aérien qu’elle perd continuellement : voici le cas, Rempiiflz de mercure un tube aflez large, de 28 à 30 pouces de longueur; faites mon- ter toutes les bulles! d'air qui peuvent s'être attachées aux parois du tube , enfuite fermez très exaétenrent l'ouverture de ce tube, & tournez-le en plongeant fon orifice fur le champ dans ue baquet rempli de mercure; faites-y monter une ou deux plantes de jonbarbe , fémper vivum teëlorum, après les avoir tournées plufieurs fois fous le mercure , afin de les dégager de tout air qui pourroit refter entre fes feuilles, On trouvera au haut du tube, qui eft alors un vrai baromètre, un vuide affez parfait. Les plantes y étant montées, déprimeront bientôt très-vifiblement le mer- cure ,: par l'air élaftique qu'elles fourniront, & on fera convaincu que c'eft un véritabie fluide aérien qui eft la caufe de la dépreflion du mer= cure , en renverfant ce tube dans un grand baquet d’eau, & en faifant monter l'air ainfi obtenu dans un vafe plein d’eau, qu’on tient renverfé fur Vorifice du tube, pour le recevoir. On trouvera cet air être en partie air fixe, & en partie air inférieur en qualité à l'air commun. Dans le cas que je viens de détailler, on obferve :manifeft:ment une portion d'air produit par la préfence de la plante; mais lorfqu'on place une jonbarbe à fec dans un tube où il y a une quantité d'air commun, foutenu fur du mercure , on obfervera un phénomène contraire en ap- parence à celui que je viens de détailler. - Le volume d'air enfermé avec la planté commencera d'abord à diminuer pour peu de temps, &; bientôt après ‘on lewerra augmenter manifeftement , même au milieu des ténèbres. (Au foleil, ce volume d'air augmentera dabord , non feulement en appa- rence, par la raréfaétion due à la chaleur, mais en réalité). La raifon de Tome X XIV, Part, I, 1784, JUIN, Lil a 452. OBSERVATIONS SUR IA PHYSIQUE, :? citte diminution du volume d'air aucommencemenr:, paroît dépendre de ce que la planre tranfpire dans lobfcuritélun Auide aérien phlogiftiqué, qui décompofe l'air enfermé avec elle, &: le change en air fixe, Cer air: hixe étant abloibé par l'humidité qui-s’exhale en même remps de la plante ; il faut que le volume de: lait fe-rétréciffe auf long-temps que: cette humidité peut en imbiber : mais une ff petite quantité d'humidité étant bientôt faturée d'air fixe, refufe d’en ablorber davanrage, La tranf-i piration méphitiqué dé la plante nelceflant: pas dans l'obfcurité , la décom- pofition de l'air enfermé avec elle, va toujours en augmentant; & ei proportion, une plus grande quantité d'air fixe eft produite, lequel ne peut plus être-imbibé par l'humidité que Ja ::plante: fournit toujours ; vu que la traufpiration aqueufe: languit bientôt. dans ain endroit fi reflerté ; où. il n'y a aucune eau que la plante ne puiile pomper, | : { La petfpiration aérienne méphitique ne langnitpas fi-tôt dans ces cir- conftances ; parce que la plante y trouve pour un tempsaflez d'air à afpi- rer, pour balancer à peu près celui qu’elle évapore, Mais la plante ne trou: * vañt, au bout de quelque temps, plus rien dans ce petit volume d'air qui puifle contenter fon: avidité abforbante , cefle d'en‘afpirer y fans cependant cefler tour. à-fait de tranfpirer, La plante, dans la firuarion que je: viens de détailler, agit comme les animaux , lorfqu'ils ne trouvent plus rien pour affouvir leur faim & leur foif ;; elle s’épuife-par les vuidanges, La quantité d'air enfermée avec la plante , doit donc bientôt augmenter ,:& elle aug mentera continuellement, On peut cependant fe convaincre aflez facile- ment que la fermentation n’a aucune part , au commencement , à cette augmentation de volume; car, fion-ôte la plante de certe fituation gé- naute , lorfque l'augmentation! du volume d'air eft déjà commencée; on la trouve encore très-végétante, CH Le) ee Si, au lien d’enfermer ainfi une plante par le mercure ‘on l’enferme avec de l'eau, le volume d'air diminue pendant beaucoup plas long-remps; & elle ne cefle quelquefois pas pendant trois ou quatre jours ; quelque- fois même elle continue de fe contracter jufqu’à ce que l’économie de la plante foit, parune fituation auffi contraire à fanature , notablement dé- rangée, La raifon de ce. phénomène me paroît aflez claire. La plante ne méphitife guère moins l'air enfermé avec elle fur l'eau que furle mercure; mais l'eau étant. en état de fe charger aifément de tour l'air fixe qui s'en- gendre , & qui eft en contact avec elle, le volume d’air peut roujours continuer à s'amoindrir, s’il y a de l’eau en quantité fuffñifante. Ainfi , lorf- qu'on trouve le volume d'air enfermé avec une plante dans Pobfcurité , diminué, on ne peut nullement emhconclure que la'plante la abforbé, Celui qui , ignorant la vertu d’abforber l'air fixe que l’eau pofsède , en- fermeroit une quantité connue de cet air avec de l’eau, &y placeroit , foit une pièce de monnoie, foit un corps quelconque ; pourroit , en ob- fervant la grande diminution de cet air, en inférer que la pièce de mon- SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 43. noie l’a abforbé , avec le même droit qu'on à déjà inféré de la diminution du volume d'air enfermé avec une plante dans l’obfcurité, que la plante lavoir abforbé. Cette conclufion ne peut venir que de l'ignorance de la faculté des plantes de changer l'air refpirable en air fixe, que je leur ai trouvée, & de la faculté de l’eau de s'imprégner d'air fixe en contaét avec elle. On peut au moins conclure, par ce qui vient d'étre dit, que la diminution du volume d'air enfermé avec une plante dans l’obfcurité , n’eft en aucune manière une preuve que la plante l’a abforbé. M. Senebier penfe que route émanation méphitique des végétaux défigne une décompolirion de la plante ; & paroît être très-perfuadé que , dans le cas ci-deflus mentionné, la plante même, ou du moins quelques-unes de fes feuilles fonc en fermentation, & par conféquent deftituées de vé- gétation, Jai lieu de croire cependant , qu'il fera déjà convaincu lui-même de s'être trompé à cer égard , par cette feule réflexion , que les feuilles vé- gétantes , ou une plante entière , après avoir été enfermées pendañt toute la nuit avec une quantité d'air qu'elles auront rendu abfolument meurtrier, font encore en état de donner le lendemain, en les expofant dans l’eau au foleil, du erès-bon air déphlogiftiqué , que M. Senebier lui-même prend pour l'air de la végétation. Mais fi, au lieu de couvrir d’eau cette plante Je lendemain , on l’expofe avec le même air au foleil (après s’étre affuré que cet air en eft méphitifé), elle réabforbera tout le phlogiftique qu’elle avoit exhalé pendant la nuit : on n'y trouvera plus d'air fixe qui aura été abforbé par l'eau, & peut-être en partie aufi par la plante; & ells aura ainfi bientôt réparé tout le dégât qu’elle avoit caufé. On peut voir le détail de ces expériences dans mon Ouvrage fur les végétaux. Si l'expérience que je viens d’alléguer ne fufñt pas, dans l'efprit de tous les Phyficiens , pour démontrer que lexhalaifon méphitique des végétaux dans l’obfcurité n'eft aucunement due à la décompoftion ou à la fermentation de la plante entière , ou de quelques-unes de fes feuilles, mais au contraire à la vigueur de la plante, on s’en convaincra plei- nement , en enfermant une plante entière quelconque en pleine vigueur fous une cloche pendant la nuit , en la laiffant dans fon pot À fleurs, & en mettant un peu d’eau fur le plat fur lequel la cloche eft renverfée : our empêcher toute communication entre l'air enfermé dans la cloche & l'air du dehors, On trouvera la plante n'avoir rien fouflerr, & avoir pourtant méphitifé l’air avec lequel elle a été enfermé , & cette méphiri- fation d'air fera plus ou moins confidérable, à proportion du volume de la plante, comparé avec.le volume d'air fur lequel elle a agi, & en partie aufi en raifon de Ja nature particulière de la plante, C'eft vraiment avec peine que je me trouve forcé d’alléguer de nouveau des preuves pour conftater l'influence mal-faifante des végétaux fur l'air dans l’obfcurité , puifqu’on peut s’en convaincre en tout remps , en été, & en tour lieu, & fans autre inftrument qu'un gobelet , une plante , un bou- 4s4 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, quet, des fleurs ou quelque fruit , & un peu d’eau à mettre fur l'afiette fur’ laquelle on tient le gobelet renverfé. Après avoir laiffé cet appareil pendanc la nuit, ou dans un endroit obfcur pendant le jour , on plonge le tout dans un baquet d’eau : on ôte la plante; & après avoir appliqué de nou- veau l’afiette contre le bord du gobelet, on le renverfe fous la furface de l'eau , & on plonge dans le gobeler, au même moment qu’on retire le plat , une bougie ou un petit morceau de bois allumé, qui sy éteindronc fur le champ. Si on veut y introduire un animal quelconque , comme une fouris, moineau , &c., il faut [y mettre à travers l’eau, pendant que les bords du gobeler fe trouvent encore fous fa furface. Je fuis cependant bien éloigné de m'étonner de la difficulté avec laquelle cette découverte eft reçue des Phyficiens , avant de l'avoir mife à l'épreuve, puifqu'on ny avoit encore jamaispenfé, & que la chofe, au premier coup-d'œil , pa- roît réellement très-extraordinaire: moi-même, après la première expé- rience, pouvois-je à peine en croire mes yeux. Cette faculté des végéraux de méphitifer l'air dans l’obfcurité, eft fi grande , qu'une plante eft en état de corrompre d’une manière mani- fefte plus de cinquante fois fon volume d'air. Une plante quelconque, bien vigoureufe , enfermée en été avec un volume d’air commun dix fois plus volumineux que la plante même, le méphitife tellement dans une feule nuit, qu'il en devient le poifon le plus actif qui exifte peut-être au monde ; car un animal quelconque à poumon , qu'on y introduit, y trouve fa deftruétion dans l’efpace de peu de fecondes. IL y a des plantes dont le pouvoir à cet égard eft fort au-deffus des autres. Les fruits, les racines & les leurs furpaflent de beaucoup les plantes en cette force deftructive. Je reprendrai peut-être cette matière dans le fecond tome de mes Expé- riences fur les vézéteux. Etant très-perfuadé qu'on ne peut offenfer perfonne d'opinion diffé: rente , en mettant devant le public , fans ambiouité & fans amertume, £es propres opinions & fes expériences , je protefte de ne lire rien avee-plus de plaifir que des réflexions & des expériences oppofées aux miennes , dans l’efpérance de les trouver redifées. De la collifion des opinions, réfulte fouvent la lumière; & en cout cas, les connoïflances ne fauroient qu'y gagner. Je ne puis donc voir qu'avec fatisfation mon fyflême con- trarié par les hommes les plus refpectables & les plus éclairés, tels que MM. Senebier , Prieftley & Cavallo, Ces deux derniers nient abfolu- ment toute émanation d'air des végétaux, même au foleil. Leur opinion eft , que l'air obtenu dans l’eau dans laquelle on expofe les plantes au foleil , n'eft que l'air qui étoit contenu auparavant dans l'eau, & qui fe met, fous la forme de bulles, fur la furface des plantes , routcomme il fe met fur la furface d’un métal , d’un morceau de drap, &c. M. Cavallo va plus loin, en foutenant que l'air, expofé à l'influence nocturne des végétaux, n’en fouffte aucune altération, Je ne fais ce que M, Prieftley SUR L'HIST, NATURELLE ET LES ARTS. 4çs penfe fur cet article , car il n’en fait aucune mention dans fes Ouvrages. Il me paroît cependant, qu'il eft de toute nécefliré de s'être première- ment afluré que les plantes ne corrigent pas l'air gaté, & n'améliorent pas l’air bon dans l’obfcurité ; avant de pouvoir conclure que le pouvoir des végéraux de corriger le mauvais air & d'améliorer le bon, eft dû ex- clufivement a la lumière du foleil , & non à la végétation, comme telle , qui a lieu en tout temps. Mais pour s’aflurer que cette influence bénigne n'a pas lieu dans l’obfcurité , il étoit néceflaire d’avoir examiné la nature de l'air expofé à lation des plantes dans l’obfcurité ; & en Pexaminanr, on n’auroir pu manquer de voir que la préfence des plantes l’avoit rendu nuifble à la vie des animaux. Ïl me paroît donc que le profond filence de tous les Ecrivains , avant moi, fur l'influence mal-faifante nocturne des plantes fur l’air , équivaut à une démonftration qu'on n'avoit pas feu- lement foupçonnée , que l'influence bénigne des végétaux fur notre élé- ment, étoit due à la feule lumière du foleil, Ceux qui refufent ouvertement aux plantes toute émanation malfaifante , me font certainement le plus d'honneur à cet égard. Cet à M. Prieftley feul que nous devons la grande découverte , que les végétaux pofsèdent le pouvoir de corriger l'air mauvais, & d’a- méliorer l'air commun; c’eft lui qui nous en a ouvert la porte, J'ai été aflez conftamment attaché à ce beau fyftème, dans le temps que lui- même , par trop peu de prédileétion pour fes propres opinions , paroifloit chanceler, On peut voir , dans la Préface de mon Ouvrage fur les végé- taux , combien mon efprit éroit , depuis 1773 , occupé des idées que je formois fur la manière dont ce merveilleux ouvrage s’opéroit, Je brülai d'envie , depuis ce temps, de parcourir le vafte champ dont j’entrevoyois les beautés, & dont je voyois la route ouverte, Très-eloigné de n'y avoir pas penfé avant que je mifle la main à l'ouvrage en 1779 , il ne me manquoit que l'occafñon favorable de réalifer, par des expériences, les différentes idées que je m'étois formées fur la nature de cette influence des végétaux. Je m’obftinai à cheicher, de toutes les manières imaginables, Y’objet qui m'avoit occupé depuis tant d'années; & en cherchant , même dans les ténèbres, ce que j'efpérois d'y pouvoir trouver , la lumièré à la fin s'ouvrit à mes yeux. ERRATA. Dans ie Cahier de Mai 1784 , pag. 344 , Lign. 28 : Plufieurs fels parfaitement neutres , poffedent la même qualité que les acides , Zif. les fels neutres dans lef quels Pacide prédomine, poffedent la même qualité. Ds 456 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, SULTE. DU. .MÉ MORE... DEMI UTAUIGE TACARO EN TAN SUR LES NUAGES PARASITES. M. FORSTER., dansle fecond Voyage du Capitaine Coock, nous dit ceci mot à mot, [ s'agit d'une baie, qu'ils appelèrent Duski obfcure, fituée prefque fous nos pieds, à la pointe fud-oueft de la Nouvelle-Zélande méridionale, Le temps fur nébuleux pour nous, fans pluie: ; mais arrivant au vaiffeau, l'on: nous dit qu'il avoir plu fans‘reläche. Nous fimes fouvent cette remarque dans cette baie Duski. Les hautes montagnes de [a côte fud.…. occafionnent probablement cette différence dans l'atmofphère. Ces montagnes étant voujours couvertes de nuages ; & le navire fe trouvant par-deflous , il étoit expofé aux vapeurs qu'on voyoit fe mouvoir avec différents degrés de véteffe fur Le banc des collines qui enveloppoient d’un brouillard blanc à demi- opaque Les arbres fur lefquels elles pafloient, & fe convertiffoient enfuite en bruine , en pluie, qui nous mouilloient jufqu’aux os. Les Îfles dans la par- tie feptentrionale, de cette baie, qui n'ont pas de collines pour attirer les brouillards, les laiffent pafler librement jufqu'aux Alpes couvertes de neige, Le brouillard continuel qui nous environnoit , caufoit dans tout le-navire une humidisé mal-faine, & gétoit notre colleétion de plantes. Le bätiment, mouillé JE près de La côte. éroit couvert par des bois. Dans le beau temps même, nous vivions dans l’obfcurité ; il nous falloit allumer des flambeaux à midi. (Second Voyage de Coock , in-4°.1om. I, pag. 168.) Voilà pour le nuage parafite ; voici pour les hauteur & configuration de ces montagnes. Coock nous dira que plufieurs de fes Officiers ayant gravi fur ke pic de La cafcade, près de cette baie & [ur cette pointe’, n’apperçurent que des mon- tagnes flériles, couvertes de neige , de rochers efcarpés , & d’affreux précipices Jéparés par des abimes, pag. 188. Le 23 Avril 1773, qui répond à notre 23 Octobre , temps où la neige n'a point de confiftance chez nous, par- tout où elle neft point permanente , la latitude eft environ 45 deg. 45 min.un peu moindre que celle d’Aftracan, Venife , Lyon , la Rochelle, Puifque ces montagnes étoient couvertes de neige dans cette faifon & à cette laticude , elles devoient être fort hautes. Coock nous avoit même dit, dans fon premier voyage, que La neige , vue [ur ces montagnes le 10 Mars , y eff en grande maffe dès La création du monde ( Voyage des Ar.- glois , tom, IT , pag. 139 € fuiv.), & ce 10 Mars répond à notre 10 Septembre SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 457 Septembre en Guienne ,en Lombardie, Or , dans cette partie , onnetroive guère que le Mont: Blanc de neige, & les hauteurs qui lui reflemb.ent dans les Alpes. Or, le Mont-Blanc ayant 2450 toiles, les montagne; de la baye Duski fe rapprochent beaucoup decette élévation, fi elles ne la fur« paflent. Voila ce que nous pouvons déduire des faits rapportés par Coo:k, dont le fentiment , déterminé par toutes les circonftances locales, eft jue ces neiges font [à depuis la création du monde, & y font en gr nde mafle; ce qui caractérife les plus forts glaciers & une élévation rag. * Voilà donc des montagnes qui vont porter bien haut la tempér ‘ure des fouterrzins. L’effluve igné doit donc y être bien violent, Quant à leur configuration, elle eft horrible, c’eft-à-dire, qu'elles offrent beau o 1p de vallées profondes , étroites, uné furface énorme, comparative nent à leur bafe; car être horrible, c’eft, pour des montagnes, avoir une grande furface. Or, fi l’émerfion fouterraine eft proportionnelle aux furfaces , nous avons un fecond motif de la regarder comme bien impétueufe ; par conféquent , la viteffle afcendantegde la coionne aérienne afhife fur fur ces montagnes, doit être fort confidérabl:, fa fecrétion très-épaifle, fes pluies très-abondantes, Reprenons la narration de M. Forfter. Le temps fut nébuleux pour nous, fans pluie. Forfter avoit été fais une excurfion à quelques milles du vaiffeau , le jour dont il parle. En s “loi- gnant du navire , & paf conféquent des montagnes qui fe drefl ient auprès de lui, Forfter alloit vers les bords de cette colonne aérieine, afife au deflus & autour de la hauteur, & qui , graviflant contiauel- lement au zénith, dépofoit fans cefle fes parties hétérogènes, qui devenoient brouillard, nuage , bruines pluie, & couvroit d’épail:s té- nèbres un local environné de toute la fplendeur du midi, Le brouilla d & l’eau ne tomboient qu'auprès de la montagne, parce que l'air ne montoit qu'auprès d'elle, C’étoit la feule fcène de l’effluve igné , des brouillards & des ténèbres. Forfter fe trouvoit vers La partie feptentrio- nale, qui,n'ayant pas des collines élevées , laiffoit paffer les brouillards juf- qu'aux Alpes, centre, bafe & matrice de cette colonne ténébreufe. Ces brouillards paflants étoient les vapeurs ordinaires formées au loin dans l'atmofphère, & que celle-ci entrainoit horizontalement par tous les rumbs vers la montagne. Ces brouillards, toujours affluents vers cette hauteur, s’accumuloient autour d'elle, S'élevanr enfuiteau deflus , en devenant eau, & avec la colonne afcendante où ils s’étoient enfevelis, ils étoient g:oflis par la"fecrétion vive de cette colonne, qui , en s’élevant, dépoloit tout ce qu'elle contenoit, & comme menftrue, & comme milieu , d’où réfülroie une obfcurité dont la nuit feule peut nous fournir quelque idée; car ja: mais. orage ne nous força d'allumer des Aambeaux à midi, pour nous en- trevoir dans la campagne. Ce noir brouillard, toujours fondant, toujours renouvellé , devenoit eau , & smouilloit jufqu'aux os. Ces vapeursre fai« Tome XXIV, Part, 1, 1784. JUIN, Mmm ! 458 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, foient que pafler fur la cète de Forfter , pour aller au rendez-vous com- muo, Leurpaflage rendoit le ciel nébuleux , & ne donnoit point de pluie, à l'Obfervateur s'entend, parce qu'elles ne s’élevoient point encore; leur mouvement n'étoit dans ce moment qu’horizontal. Mais lorfque Foriter rentroit dans la colonne afcendante, pour aller au navire , il retrouvoit la pluie & les ténèbres , & la diftance entre elles & la férénité n’étoit que de quelques milles. La fecrétion s’opéroit {1 vite dans cette colonne , que l'air même ren- fermé dans les armoires du navire, mouilloit & faifoic pourrir cette col- lection de plantes , fruit de leur courage, de leur induftrie & de leur per- févérance. On avoit beau renfermer ces plantes avec un foin extrème fous plufeurs enveloppes , l'air extérieur trouvoit toujours des ouvertures imperceptibles , au travers defquelles il alloit circuler dans les caifles. S'y trouvant fous une colonne raréfiée, & par conféquent plus légère, cetair, moins comprimé , fe diftendoit fur le champ , & perdoit à mefure fa qualité de menftrue & de milieu : il cachoit une partie de l’eau qu'il avoit tenue jufqu'alors fufpendue, & dont ces plantes s'emparoienc \ pour fe difloudre, : Par exemple, la charge que foutenoit cet air, avant d’entrer dans la colonne afcendante, éroit 1000, & devient 99, lorfqu'il eft parvenu horizontalement fous cette colonne | en rafant la terre. Cet air, en vertu : de fon reflort toujours vivant, acquiert donc un volume plus grand de 0,01 dansles armoires, & perd conféquemment, felon M. Lambert, 0,01 de fa force afpirante , 0,01 de l'eau qu'il tenoit en diffolution, & c'eft précifément cette eau qui dépofoit parmi les plantes, L'air qui afflie horizontalement vers ces montagnes, vient de fe faoû- ler fur cet océan , qui couvre un hémifphère preique entier. Cette fatu- ration réfulte des principes que j'ai établis dans le Journal de Phyfique, Décembre 1781: aufli, ne peut-il s'élever auprès de ces hauteurs, fans les couvrir d’eau & de ténèbres, L'air aflis fur cette zéland:, étant conti- nuellerent renouvellé par cet air faturé, contient de l'eau; il faut que toute cette eau retombe fur cette Ifle dans le temps que cet air employe à franchir la région des vapeurs. Une autre Ifle également élevée, mais qu'entoure une petite mer , recevra fouvent un air peu faturé ; il s’élevera fur elle, fans l'inonder. A plus forte raifon , une haute montagne mé- diterranée foulevera fon air, fans en recevoir beaucoup d’eau, parce u'il_ vient de dépofer paitie de fa charge fur les chaînes moindres qu'il a franchies, La baye Duski eft donc dans une pofition très-propre àgroflir & perpétusrle nuage paralite. Ses montagnes font très-hautes , très-hi- deufes ; l'air y gravit en quittant la mer. Les hautes montagnes , ajoute Forfter, Le Long du côté fud de la baie, oc- calonnent probablement certe différence , les ténèbres & l’humidiré au fud de la baye, la férénité au nord; c’eft-à-dire, qu'il avoit fait ailleurs & - SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 459 fouvent la même obfervation. Le voifinagé des montagnes fort hautes , vues par Forfter , avoit toujours été modifié de même : c’eft une règle qu'il fuppofe univerfellement reconnue. La montagne attirant à elle tous les nuages, devient comme le crible de l'horizon. Ses rénèbres font la mafle réunie de toutes les ombres. Ne nous étonnons donc point de fon état lugubre , tandis que le ciel eft brillant au loin. Coock nous dit aufi: Les pluies prefque continuelles de la baie Duski, n'arrivent peut-être que dans la faifon où nous étions ; mais la fituation de ce pays, l'élévation confidérable, € la proximité des montagnes feroient croire qu'il y pleut beaucoup dans tous les temps, pag. 211. Coock eft donc prévenu , comme Forfter , de la PRET qu'ont les montagnes plus hautes de produire plus de pluie. C’eft ainfi que d’un fait local, ces deux hommes font une loi, ou plutôt ils fuppofent cette loi reçue, puifque c'eft par elle qu’ils expliquent le fait; & Coock anticipe, comme par inftin&, fur le temps où cette théorie devoit être développée, en fpécifiant les trois circonftances ; f£tuarion de l’Ifle au milieu d’une vafte mer; élévation de ces montagnes, qui fuppofe une émerfion violente du feu fouterrain ; proxi- mité de ces montagnes & de la mer , qui fait que l'air affluent gravit avec toute la charge poffible, & il croit que tout le monde s’attend à trouver la permanence & la force du nuage par-tout où fe trouveront ces trois circonftances. Ce récit de Foriter & de Coock, renferme huit caraétères des nuages parafites ; 1°. des montagnes exceflivement élevées; 2°. exCeflivement hi- deufes ; 3°.-la permanence du nuage , puifqu'il fut le même pendant prefque tout le long & fecond relâche de Coock dans cette baie, à laquelle ik avoit donné dans le premier ,. l’année précédente, le nom de Duski obf- cure, pour réunir inféparablement & à jamais dans tous les efprits la connoiffance de la baie à la connoiïflance de fes ténèbres; 4°. le nuage paralite fe mouvoir fur Le flanc des collines ; mais Forfter ne dit point fi ce nuage montoit ou defcendoit; ce qui laiffé de l’équivoque à ce carac- tère. S'il avoit connu la théorie , il auroit fpécifié ce fait important; ce qui annonce au Lecteur combien les obfervations que je trouve font tron- quées , & qu'on les fera mieux dans la fuîte; 5°. les nuages formés au loin, accourant tous vers la hauteur, comme pour indiquer la réndance continuelle de l’acmofphère vers ce centre de concours; 6°, ce nuage étroit preffé fans ceffe contre la moritagne, par cette affluence horizontale de l'atmofphère felon tous les rumbs , puifque tous les nuages lointains y accou- roient ; 7°. les fources, dont nos Auteurs ne parlent point , devoient être fortes & nombreufes fur un terrein fi conftamment & fi violemment ar- rofé. Quoique ce caractère ne foit pas exprimé dans la relation , il s'en déduit évidemment qu'on étoit perpétuellement mouillé jufqu’aux os ; 8°. les nuages éroient plus taflés, plus continus, plus épais , à mefure qu'ils Tome XXIV, Part.I, 1784. JUIN. M mm 2 4to OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, étoient près de la montagne , puifque la férénité augmentoit à proportion qu'on s'en éloignoir. Chacun de ces huit caraétères , pris tout feul , ne prouve rien pour les nuages parafites 5 mais comme ils appartiennenr tous à certe efpèce de nuage , leur réunion démontre fon exiftence. Il n'en auroit rien coûté aux deux Auteurs de nous apprendre fi les autres caractères fe trouvent à la baie Duski; mais félicitons-nous de l’exac- titude avec laquelle ils nous donnent ces huit, fans avoir aucun lieu d'en preffentir l'importance , & paflons à d'autres faits. Le pic d'Egmont, fitué vers la pointe fud-oueff de la Nouvelle Zélande feptentrionale, par 30 deg. 6 min.füd, étoit couvert de neige le 10 Janvier 1770. Il fè donne un nuage, qui, ne pouvant toujours fe tenir au fommet, defcend jufqu'a fa bafe apparente, & remonte, pour fervir alternativement de ceinture G de bonnet à certe montagne fuperbe. (Voy..des Anglois, tom. III, pag. 177.) La latitude & la faifon de cerre neige indiquentune hauteur exceilive. Sa bafe apparente étoit dans la région des nuages; tout le corps vifible de la montagne fe trouvoit parfois au-deflus de cette ré - gion. Sa bafe apparente étoit donc fort haute ; fon fommet étoit donc à une grande élévation. Les montagnes fituées entre ce pic & la mer, cachoiene la partie inférieure de ce pic. Toutes ces circonitances font préfumer que fa hauteur égaloit celle du Chimboraco , haut de 3240 toiles. Les nuages quelconques fe placent aufli vite qu'ils peuvent dans la ré- gion qui convient aux denfités variables & de leurs molécules & de leur milieu; mais tandis que ce vafte nuage ofcilloit ainfi verticalement pour devenir ceinture ou bonnet, le refte de l'horizon étoit ferein, puifqu’on voyoit ces vicillitudes. La caufe du nuage étoit donc particulière à ce mañlif énorme ; & cette caufe , c’eft cette chaleur fouterraine, éternelle- ment & par-tout vivante , que le pic d'Egmont alloit porter dans la haute région des froidures. L’effluve igné doit y être furieux, la colonne aérienne afcendante fort rapide , la fecrétion perpétuelle, abondante, & le nuage volumineux. : Ce nuage , nous dit-on’, paroiffoit adhérer à la montagne ,en vertu d'une attraüion. Les vents généraux le chaffent-ils ? il s’y répare de fuite, ou plutôt il renaît fans cefle à mefure qu'il eft difperfé, parce que l’effluve igné , l'afcenfion de l'air & la fecrétion y font conftans, violens. L'at- mofphère y afflue horizontalement par tous les rumbs, y poree les dépôts de l'horizon; & commeil n’y a qu'un feul rumb diréétement contraire à ces vents dominants , les autres y parviennent malgré ces vents ; & les nuages preffés vers la montagne par ces autres rumbs ; paroifloient y être collés par une affinité. Ce fait nous offre quatre caractères; 1°. montagne très-élevée; 2°. per- manence du nuage; 3°. férénité aux environs ; 4°. adhérence du nuage au mañif produit par l'affluençe horizontale de l'atmofphère par tous Les SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 461 rumbs. Ceci ne vaut pas la baie Duski, où nous avons reconnu huit ca- ractères; mais il faut prendre avec reconnoiffance les faits cels qu’on veut bien nous les offrir. Le Capitaine Wallis nous donne pour troifième exemple cette Ifle de Taïti, qu'on aime tant à trouver par-tout. C'eff, dit-il, wne Ifle élevée ; il > coule de grandes rivières, Un fommer que j'y efcaladai , paroiffoit élevé d'un mille Jura vallée, € beaucoup plus bas que les montagnes en perfpeëlive, qui regorocoient beaucoup d’eau. (Voy. des Anglois , tom. IE, pag. 95 & 143.) ‘Coock voit de 60 milles en mer les fommers de Tuïiri ; puis il y trouve ur grand nombre de ruiffeaux. Page 44$. Forlter ajoute : Que les montagnes de Taiti font humeëtées par les brouillards fufpendus tour le jour fur leurs cimes, tandis que la fechereffe dévore Le voifinage. (Voy. de Coock, tom.1I, pag. 349.) Er Coock : Que Les Ifles de la Société, parmi lefquelles eft Taïti, attirent continuellement les vapeurs de l'atmofphère (tom. II, pag. 56). FA LE" De grandes rivières à Taïti ! dans une Ifle dont la plus grande lon- gueur eft de onze lieues , la plus grande largeur de fepr, & qui, vers le milieu , fe réduit à demi - lieue de large, (tom. If, pag. 313, fui- vant la carte)! une Ifle où nul courant ne peut avoir guère plus que quatre lieues de long, a cependant de grandes rivières! Et d'où peu- vent donc fortir ces rivières , appellées grandes , fi ce n’eft de tes monta- gnes qu'on voit de vingt lieues en mer , qui font de beaucoup plus élevées que celles qui font hautes d’un mille, fur lefquelles font fufpendus des brouillards humides perpétuels, tandis que la fécherefle dévore le voifi- nage ? ces fommets attirent fans cefle les vapeurs de l'horizon, qui devient par-là d’autant plus ferein, que ces fommets font plus noirs; car ceux#ci vont porter bien haut la température fouterraine : elle s'exhale dans un air qui feroit exceflivement froid fans elle , & qu’elle rend par conféquent plus léger que l'air de même niveau: mais éloigné de ces fommets , il monte, il fe raréfie, fe refroidir à mefure, dépofe ce brouillard fans .ceffe grofli par tous les nuages que l'atmofphère entraîne vers eux par tous les rumbs , en allant y remplacer l'air afcendanr. Ainfi , cet air qui monte toujours , dépofe de même , & le local de cette fecrétion permanente devient le concours de toutes les fecrétions voi- fines. Voilà donc cinq caraétères bien tranchants à Taïti; 1°. montagnes élevées ; 2°, nuage permanert; 3°, concours de l’armofphère par tous les rumbs ; 4°. férénité dans le voifinage; 5°. eaux abondantes, Ce fait eft digne de rèmarque. . Coock nous dira, que l’/fle Sainte-Hélène ef} d'une hauteur prodigieufe. (Foy. des Anglois , tom. IV, pag. 329.) Le Hollandois Linfehot nous Pa- voit appris, il y a deux fiècles, en ajoutant ; que l’eau y tombe er grande abondance ; que le pays ne peut manquer d'être fertile, vu qu'il efè 462 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, arrofé tous Les jours-fix ou fept fois par La pluie. Elle ef? ordinairement couverte de nuages. L'eau tombe en grande abondance des montagnes en uné vallée, chofe déleëfable, comme ainfi foit , que toute l'Ifle foit aride, pleine de ro- chers & précipices. Cette eau efl très-douce, belle, de grand ufage aux pafla- gers, qui y lavent leur linge & en font provifion ; elle a fix lieues de circuir. L'Ifle de l'Aféenfion paroït plus grande & plus balle. ( Hifi. de la Navig. de J, À. Linfchot , troifième édit. in-fol. pag. 167 & Juiv. ) ne joindra d’autres circonftances à ce récit. Deux haütes montagnes , dit-il, fouvene enveloppées de nuages a Sainte-Hélène, donnent probablement naïf[ance au petit ruifleau qu'on y trouve dans chaque vallée. On a planté dans l'Ifle ur genët épineux, qui conferve & propage l'humidité propre & maintenir fous Jon ombre un gazon verdoyant , autrefois dévoré par Le foleil. Ce genêt ayant engendré la verdure, on le détruit tant qu'on peut ; elle fe maintient d'elle- même. ( Voy. de Coock ; tom. IV, pag. 164.) On voit pourquoi Linfchot dit que cette Ifle eft arrofée fix ou fept fois par la pluie tous les jours , quoiqu'il la-fuppofe abfolument ftérile , & qu’il fait venir l'eau des montagnes. Cette pluie ne tombe que fur les hau- teurs, & les ruiffeaux qu’elle nourrit propagent la fécondité fur leurs bords, Forfter confirme ce moyen de concilier Linfchot avec lui-même , en nous difant qu'on fit planter en grande quantité du genêt d'Angleterre dans cette terrestorréfiée , & qu'on y fit naître ainfi la végétation. Les mon- tagnes de cette Ifle font donc très-pluvieufes , leurs environs très-arides ; car elles attirent tous les nuages qui fe montrent aux environs. Mais, quoique fort élevées , elles ont un très - petit volume , puifqu'elles noccupent que l’intérieur d’une Ifle qui n’a pas deux lieues de diamètre : elles peuvent porter fort haut le feu fouterrain , & le vomir par une grande furface refpective, puifqu'elles font & fort hautes & fort hideufes; mais ayant fi peu de mafle, la colonne aérienne afcendante y eft petite, & facilement troublée par les vents quelconques. Cependant, ces montagnes dohnent beaucoup d’eau , beaucoup de ruifleaux à toute la côte , & un feul de ces ruifleaux fufit pour l’aigade des.navires qui s'y trouvent fouvent en grand nombre; des ruifleaux dont le plus long n'a guère qu'une lieue, & dans un climat ardent qui le pompe à mefure qu’il avance. : 2 L'Ile Sainte-Hélène fournit donc quatre caraétères des nuages parafites; 1°. montagnes fort élevées; 2°. fort hideufes; 3°, permanence du nuage; 4”. férénité perpétuelle cout autour de ces montagnes. Le même Linfchot nous avoit dit au contraire, que l’eau potable eff tranf- portée à l'Ifle d'Ormus , en pots , & confervée en citernes , pag. 15. I met dans la même néceffité Mofambique & le Caire, que nous favons être des pays fort bas, ns Carteret n’avoit jamais trouvé d’eau dans une Ifle aufli baflè que celle de Trévis; il ne croit pas qu'on puifle y en trouver ( Voy .des Anglois, SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 463 tom. Î, pag. 204); & voici la règle inverfe fournie par Wallis, L’/fle d'Ofnabrug étoit fort haute 6 remplie de cocotiers, figne infaillible qu'il y avoit de l'eau. 1b. tom, 11, pag. 89 & fuiv. Jamais de l’eau dans une Ifle baffe , dit l'un; toujours de l’eau dans une Ifle élevée, dit l'autre, Tous les deux font Navigateurs de profeflion; tous les deux ont donc vérifié * leur maxime par des expériences fréquentes, bien cruelles ou bien douces, ce qui fait qu'elles fé gravent dans la mémoire, Pour qu'une terre ait conftamment beaucoup d’eau, il faut qu’elle aille porter dans la région des froidures la température fouterraine, Carteret nous dit encore , que l’{ffe Mafffuero , à deux cents lieues ouef du Chili, efl compote de très-hautes montagnes. ( Woy. des Angl., tom. 1, pag. 223.) D. Ulloa nous peint auf cette Ifle comme srés élevée & inacceffible de tous les côtés , & ajoute la conféquence ordinaire , que de ce maffif hétérogène defcendent plufieurs gros torrents , l'un defquels tombe par plufieurs cafcades dans la mer, qu'il couvre d’une écume vifible de trois lieues. ( Voy.d’'Amér. , tom. IL, pag. 21.) Une Ifle dont la circonfé- rence eft de huit lieues, fuivant Carteret, dont le plus grand diamètre eft d’une lieue , fuivant Dom Ulloa, fournir un pareil torrent! Cela pa- roîtroit incroyable , quand il recevroit toutes les eaux d’une fi petite Ifle, Mais combien d’autres torrents doivent fortir de l’Ifle par les autres afpeéts de la côte ! D. Ulloa lui-même en remarque plufeurs, qu'il appelle gros, & ne les a pas tous vus apparemment ; maïs l'abondance de fes eaux ne furprendra plus, dès qu’elle eft hétérogène , c’eft-à dire, difforme & très élevée, Elle va vomir le feu fouterrain par une grande furface dans la réoion des fortes froidures. Cette émerfon eft par conféquenttrès vive, très-foutenue, La colonne aérienne affife fur les fommets , monte vîte , dé- pofe par conféquent beaucoup, Sa moindre diftance des terres eft de deux cents lieues; par-tout ailleurs , elle eft de deux mille & plus. L'air eft rou- jours faturé , de quelque endroit qu'il vienne. C’eft ce que nous avons remarqué des deux Zélandes. Mais Maflafuéro n’eft pas fi haute, puifqu'on ne la dit point neigée : elle donne donc moins d’eau que la Zélande. C'eft ainfi que l'effet fe REPPIHOERS à La caufe. \ Ce fait ne nous offre que trois caractères des nuages parafites ; 1°. mon- tagnes élevées; 2°, bizarres; 3°, eaux abondantes. M. Peyroux de la Coudrenière a eu la complaifance de me donner cette Notice, qui! garantit comme témoin oculaire , & que je tranfcris mot à mot. Le Morne de plaifance, Ifle Saint-Domingue, et prefque toujours couronné de nuages ou brouillards épais , qui rendent fon fommet hu- mide & froid. Le petit nombre de perfonnes qui habitent les haureurs , font fouvent obligées de fe chauffer dans la journée, & de fe couvrir la nuit, Lorfque le ciel eft pur, & qu'il fait beau foleil , le froid cefle, & lon y éprouve même de grandes chaleurs ; il n'y a qu'un grand vent qui puifle chafler ces nuages. Pendant que les plaines bafles font brülées par 464 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, de grandes fécherefles, ces hauteurs jouiffent d'une abondance d’eau qui entretient une verdure agréable & d'excellents pâturages, Tous Les grains 8 légumes d'Europe y réufliffent très - bien, & les habitants y jouiflent d'une meilleure fanté que dans Les plaines bafles. Comme les mornes font très - élevés ; on obierve facilement dans le jour de petits nuages qui fe forment fur leurs Aancs; ils groffiffent , s'élèvent , forment des orages, & vont fe réunir à la cime des montagnes, ou enfin fe diflipent la nuit avec Ja brife de terre: . , Ce récit contient onze caractères; 1°. le morne eft haut; les gens s’y chauffent Le jour & s'y couvrent la nuit ; &il ne s'agit pas ici des perfonnes qui habitent le fommer, où ce froid eft fans doute plus confidérable; ce qui fuppofe une plus grande élévation ; 2°. nuages à peu près permanents; 3°. la férénité vient avec la chaleur refpective de l’atmofphère ; car quand l'atmofphère eft plus chaude que les fouterrains, le feu va de l'air dans la terre, pour chercher l'équilibre, C’eit l'air oule foleil qui échauffe la terre, & non la terre qui échautfe & raréfie Pair. L'air de ce fommet n'étant pas plus allégé que celui de fon niveau , mais éloigné, il ne monte pas plus fur ce fommet qu'ailleurs ; plus de fecrétion par conféquent, plus de brouillard; 4°. tandis que le morne eft couronné de vapeurs diftillantes , les alentours éprouvent de grandes fécherefles; 5°, ces nuages montent vi- fiblement , & prouvent par conféquent l’afcenfion de la colonne qui les porte ; 0°. ces nuages rampent fur le flanc de la montagne. fe réuniffent par conféquent tous au fommet , au deflus duquel ils ne forment qu'un peloton fenfiblement ftable, Ce caractère veut être développé. L'air monte du morne au zénith, parce qu’il eft raréfié par l'émerfion du feu fouterrain. Pour remplacer cet air afcendant, l'atmofphere afflue par tous Les rumbs, poufle vers elle tout ce qu'il porte & qu'il rencontre; & comme on ne voit pas cetair, on croit que les nuages font attirés par la hauteur. Ces nuages font cependant obligés de monter avec l'air qui les porte , & rampent fur la montagne jufqu'au fommet, Quand les nuages commencent à naître au bas du fommet, ils fervent de ceinture au morne, Cette ceinture , toujours collée à cette élévation , devient plus étroite à mefure que la montagne fe rétrécit , & ne forme enfin au-deflus du fommer qu'un feul peloton. Seprième caraéère, Puifque ces nuages s'accumulent tous fur le fommet, ils doivent fe fondre en pluie à mefure qu'ils arrivent dans cette région, fans quoi ils couvriroient bientot toute la montagne, puis l'Ifle, pour s'étendre enfuite fur mer: aufli trouve-t-on fur le morne une grande abondance d'eau. : Huitième caraëtère, Ces nuages fe forment fur les Aancs de la mon- tagne ; C’eft-à-dire, là où l'air afcendant commence à être fur-faturé , à fe cribler , par conféquent à devenir milieu de cette eau dont il étoit menf- true, [ls ne viennent point de la mer tout formés ; c’eft 1 qu'ils naïflent parce SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 45$, parce qu'ils font une fecrétion. 9°. Ils groffiflent en s'élevant, pargeque l'air, en afcenfon , fe raréfianc, fe refroidiflant, perd à mefure de force diflolvante, & dépofe par conféquent une nouvelle quantité d’eau, qui devient brouillard & groffir le nuage. La fecrétion d’en bas fe joint à la {ecrétion de toute la route afcendante ; jufqu'à ce que ces vapeurs: äient atteint leur niveau par-deflus le fommet où elles vont fe réfoudreren eau: de plus, en finiffant de développer le fixième caraétère, j'ai dit que la ceinture formée par ces brouillards au LE du fommet;fe récrécifloiravec la montagne, Or, elle ne peut fe rétrécir fans devenir plus denfe, plus continue, plus épaifle. Ces nuages paroiflent donc groflit pour deux raifons en montant ; 1°. c'eft que leur matière devient plus abondante; 2°. c’eft qu'elle occupe une moindre circonférence. 10°. Puifque ces nuages s'accumulent habituelle- ment {ur le fommest ,'ils doivent fe réfoudre en pluie à mefure qu'ils agrivene dans ce peloton, fans quoi ils couvriroient bientôt la montagne entière ; puis l'Ifle, puis la mer; & c'eft en fe fondant qu'ils fourniffent au morne une grande quantité d’eau. 11°. Ces nuages fe diffipent avec la brife de terre , laquelle va toujours de haut en bas, des montagnes à la mer, comme je l'ai fait voir ailleurs, S'ils fe font formés , parce que leur fubitance éroit dans un air afcendant, ils doivent difparoître quand leur véhicule devient defcendanr. ‘ | D. Ulloa nous dit que Monte Capiro, près Porto-Bello , ef toujours couvert ou ceint de nuages plus [ombres que lès autres... ; le fommet efl ra- rement vifible (Voy. d'Amér, tom. 1, pag. 81.) Pourquoi plus fombre ? C'eft que la fecrérion eft la plus abondante fur ce maflif le plus haut de l'horizon, Si le fommet eft rarement wvilible, c’eft que cette fecrétion eft prefque perpétuelle. La colonne aérienve eft {pvivement afcendante , que fon précipité , le brouillard, rélifte à toutes les perturbations des vents variables ; il fe reproduit plus vite qu'il n’eft diflipé. Pour déloger ce nuage , il faut des tempêtes; tout reläche le laifle renaître & grollir. C'eft ce que nous avons remarqué fur le pic d'Egmont, Ce fait nous donne quatre caraétères des nuages parafites : 1°. c’eft ce nuage lui-même; 2°, fa permanence; 3°. fa denfité ; 4°. la férénicé dans le voifinage. Dampierre nous dira que la Ville de Sainte-Marthe a tne montagne comparée au pic de Ténériffe, qu’elle furpafle en groffeur : il l'a vue de trente lieues enmer. D'autres prétendent l'avoir vue de cinquante. Les nuages en ca- chent ordinairement le fommet ; qui paroit blanc lorfqwil fe montre: ( Voy. autour du Monde, 16, in-12. Rouen , tom. 1°, pag. 47: Puifque le fom- met eft blanc, quoique plus voifin de l'équateur que du tropique , il fur- monte donc la ligne de neige, dont l'élévation eft de 2450 toifes dans ces latitudes. Ne foyons donc plus furpris de le voir entouré d’épais nuages. F. Coreal nous dit aufi que Ze voif{nage des montagnes & La cha- Leur rendent le tonnerre très-fréquent vers Sainte-Maïthe ; la neige qui le Tom, XXIV, Part. I, 1784. JUIN, Nan 466 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, couvre. fert de connoiffement aux Mariniers, Voy. aux Indes Occid., tom. E, pagMO8 6 fuiv.in-12. Une montagne aufli haute, portant la chaleur fouterraine dans un air éternellement glacial , exhale rapidement cette chaleur , &c. Nous avons trois caractères dans ces deux récits; 1°: montagne pro- digieufement élevée; 2°, nuages à peu près pernranents; 3°. {érénité dans les environs , lorfqu'on le voit. On auroïit remarqué les nuages dans ces environs , s'ils y écoient fréquents comme fur çe fommet. Dampierre nous dira gwil pleut fur les montagnes de la Jamaïque quel- quefois «rois femaires avant qu'il pleuve fur la:côte ; il y remarquoit même tous les jours des nuages tonrants ; qui paroiloient quelquefois s'approcher de la mer, qui étoient détournés vers ces montagnes ,ou difparoiffoient, Voy. tom. LI, pag. 364; car quoique la fecrétion de la colonne afcendante ait toujours à peu près les mêmes caufes dans ce climat peu variable en température , elle eft continuellement modifiée nar d'autres combinaifons variables, particulièrement parmi des montagnes , & fur-tout parmi les Antilles. Les vents ballottent cette colonne, la devient, la courbent, la brifent. Sa fecrétion , fon précipité, c’eftà-dire, fes nuages, paroiflent quelquefois tendre vers la mer, avec les vents qui les pouflent; mais ils fe diflipent chemin faifant, parce qu’étant éloigrés de la colonne afcen- dante , ils ne montent plus , fe difperfent, font fubtilifés par la chaleur, en defcendant des montagnes avec leur véhicule; car j'ai démontré que l'air devient & plus denfe & plus chaud en defcendant, double augmen- tation de fa qualité menftruelle. L'eau, qui étoit brouillard avant de def- cendre , devient diffolution. Mais pour peu que ces circonftances viennent à fe ralentir, le nuage reprend la direction naturelle de l’atmofphère en corps qui afflue vers la montagne , pour remplacer l'air des colonnes afcendantes, & monter après lui comme lui. Revenu fur ces croupes , comme dans fon fite naturel, le nuage reprend fon ton propre ; il fe conglobe, s'étend, déronne. Dampierre l'a vu tous les jours, pendant qu'une longue férénité régnoit aux environs , & cela, malgréiles vents locaux, qui , quoique dans la bande alifée, n’étoient certainement pas les mêmes tous les jours. La montagne étoit donc le rendez-vous ordinaire des vapeurs éloignées, & l’origine des vapeurs locales, Cette relation nous fournit trois caraëtères ; 1°, nuage à peu près per- manent; 2°*féchereffe aux environs; 3°. tendance de l'atmofphère vers ces montagnes : ils font foibles ; mais, faute de mieux, ils montrent luni- verfalité de la loi, j Dampierre nous parle aufli des pluies célèbres que les Navigateurs difent être journalières dans l'Ifle des Pins , au fud de Cuba. Au milieu de cette Île, qu'elles rendent inhabitable, large de quatre lieues, longue de dix, eff une montagne pointue ; le plus fouvent couverte de nuages, lorfqw'a peine onen voit ailleurs, Les Pilotes difent quelle attire les vapeurs (tom. Il, SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 467 pag. 366), Elle ne les attire pas; elles y font pouflées par l’armofphère qui accourt vers cette montagne pointue, pourfoulever , remplacer l'air qu’elle porte , que l'émerfion fouterraine fait monter: mais voir un effet dont on ignore le principe , c’eft être toujours tenté de forger des caufes occultes. On aime à s'en impofer, pour fe flatter de jouir. Nous voyons donc fur l’Ifle des Pins les cinq caraétères que nousavons trouvés à Laïtij 1°. montagne vraifemblablement élevée, puifqu’on, la diftingue de toutes les autres, quoiqu'elle foic au milieu de l'Ifle; car, dans cette pofition, des montagnes fort bafles de la côté pourroient la cacher aux Navigateurs , fi elle n’éroie-très haute ; 2°. nuäges affluents, puifqu'on, dit que cette hauteur les attire ; 3°. nuages fixes, puifqu'ils rendent 1Ifle inhabitabie ; 4°. des pluies exceflives produites par ces nua- ges 3 5°. férénité dans les environs. Ces caractères , au premier près, font très-nets. | : Le même Dampierre nous dit encore qu'il pleut étonnamment dans JIfle Gorgone , vis à vis &Mprès du Popsyan , dans la mer Pacifique , plus petite que celle des Pins; elle a une montagie moindre, qu’on voit de dix-fept lisues, Cependant, ce qui achève de fixer le premier caraétère vu dans l'Ifle des Pins , & fur lequel nous étions dans quelque incertitude: J'ai ététrois fois, ajoute-t-il, dans certe Îfle, que je trouvai roujours fort pluvieufe. Obligés de prendre en plein air notre chocolat , la pluie remplif{oit nos calebaffes à mefure que nous y puifions. Après avoir bu autant de pluie & de chocolat qu'il nous en falioit, nous jettions Le refle. 18. Coroal dit auf qu'il pleut & tonne huit mois de l'année fur certe Gorgone, qui eff très- élevée. ( Voy. aux lndes Occid. tom, 1, pag. 255$), & cependant plus baffle que la montagne pointue de 'Ifle des Pins , felon Dampierre; & comme l'air ÿ afflue par tous les rumbs , les navires y font parfois pouflés malgré eux. C'eflce que les Mariniers appellent s’engorgoner ({elon D. Ulloa, Voy. d'Amér., tom. I", pag. 138 ). Mais Herrera renchérit fur tout cela. L'Ifle Gorgone, dit-il , ef? comparée a l'Enfer, par la noire obfcurité de [es bois, la hauteur de fes montagnes , ts pluies continuelles, la mauvaifè qua- lité de fon air , dont le foleil ne pénètre jamais lépaiffeur ; @ fur-tout par la prodigieufe quantité de mofquites & de reptiles. C'efl lafile que Pigarre choifit dans fes défaftres ( Hff. des Voy. tom. X[11, pag. 43 ). Wodes & Roger ajoutent ceci: La Gorgone éprouve de terribles orages € de furieux tourbillons , fuivant nos prifonniers Efpagnols. Nous en fümes quittes pour de la pluie & dustonnerre ..., € une prodigieufe quantité de reptiles de toute grandeur , qu'on ne pouvoit s'empêcher de fouler.. . ., L'Ifle paroët affez haute deloin. (Ib. tom. 11, pag. 72.) Cette Ifle eft donc fort élevée, fuivant ces quatre témoins, & par conféquent il y pleut toujours ; fes montagnes paroiflent la couvrir, ce qui en démontre la petitefle : on n’en parle qu’au pluriel, néanmoins ce neft qu'une montägne crénelée. Puifqu'on dit que cette Ifle elk Tome XXIF , Part. I, 1784 JUIN, Nnn2 468 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, fort élevée, elle porte donc bien haut la chaleur fourerraine 3 fexhale. par une grande furface , donnepar conféquent une grande virefle à la co- lonne aérienne afcendante qu'elle porte, & lui fait perpétuellement Jâcher de grandes pluies. Ce fait nous donne cinq caraétèrés de nuages parafites ; 1°. hautes mon- taores ; 2°, nuages permanents ténébrenx ; 3°. eaux abondantes; 4°. air affluent pat trous les rumbs; 5°. férénité tout autour ; puifquon ne dit nulle part que la mer environnante foi nébuleufe, M. de Bougainville fait un tableau lugubre des pluies qui toniboient fans relâche au Port Praflin pendant préfque tout Juiller, qui fut la durée de fon féjoûr en. 1768: fcorpions, ferpents , infeétes fans nombre, qui ca- raérifoient un fol toujours noyé, &' qu'il eroit tél. ( Voy. des Angl. pag. 273 , 282, 290): puis il ajoute, que cette côte élevée eff garnie de plufeurs rangs de montagnes placées derrière Les unes des autres. Toujours donc de grandes pluies opiniatres par-tout joù nous trouvons de grandes montagnes. Cell:s-ci devoient être bien hautes, puifqu'on fes voyoir par- deflus une côte élevée, & derrière plufieurs rangs intermédiaires ; bien voi- fines, puifqu'on difcernoit les rangs que la perfpective devoit confondre en un feul, Ce fait vaut encore moins que celui de la Jamaïque ; c’eft une foible vérification de la loi, au bout de la mer Pacifique. Il ne faut pas être difficile fur ce qu'on nous en dit; car on en dit peu de chofe. M. l'Abbé de la Caille dit qu'il pleut prefque journellement vers Le ailieu de V’ifle.de France, moins vers la côte, (Mém. de L Acad, 1754, pag. 114) ; journellement, à caufe des montagnes de PIfle. L'air y vient toujoursid'une vafte mer, & par conféquent toujours à peu près faturé , difpofé à lâcher. beaucoup de vapeurs, pour peu qu'il mon- te , & il monte fréquemment fur ces montagnes , dont l'effluve igné l'attire fouvent. L’Auteur fe répète & s'explique mieux. 1/ pleut, dicil, prefque tous les jours vers le milieu de l’fle...."; des flocons de nuages fe détachent des montagnes pendant prefque toute l’année, pag. 117. Ces mon- tagnes font donc le féjour habituel des nuages ? C'eft en effec là qu'ils naiflent, affluent , rélident, fuivant nos principes, Ces flocons ne vien- nent point d’ailleurs, puifqu'ils n'ont point d'autre centre de départ ou d'arrivée dans ces valtes mers. Des bouffées de vent, d’un vent même régu- lier, entraînent ceux de ces nuages parafites qu’ils peuvent faifir. Ce fait eft le troifième que j'appelle foible : je le rapporte, parce que je ne trouve pas mieux pour ces parages. Tous Lecteurs inftroits connoiffent l'œil de bœuf, ce parafite prefque fixe fur Ja montagne de la Table, ce parofcope dont la couleur, la fituation , la forme & l'étendue affectent fi cruellement les Navigateurs: on connoît auffi les nuages adhérents aux pics d'Adam , de Tésériffe & autres. Tous ces exemples contribuent à montrer que le nuage, VU par prefque tous mes _ SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 469 Lecteurs fur divers pics , eft un fait général, produit par une caufe perma- nente, “ On fe rappelle aufi la Nimbofa Ida d'Horace ; c’eft d’ells où de [ui qu'on nous dit dans le Journal des Savants: Le mont Ida ef rude , fiérèle, défagréable | au milieu d'uge Ifle extrémement jolie. La neige remplit nombre de cavernes fur le fommet , 6 paroït dater de plufieurs fiècles : on n'y ren- contre que des rochers & des précipices. L’Apennin, qui avoit paru terrible , n'a que des pentes douces & agréables en comparaifon. (1767 , pag. 467, in-4°.) Cette montagne ne peut avoir des neiges perpétuelles, vu fa lati- tude, fans être beaucoup plus élevée que le Mont-Blanc, haut de 2450 toifes, & réputé mal à propos par conféquent, le plus haut de l'ancien Monde. Elle va donc porter à une grande élévation la chaleur fouterraine. Cette chaleur doit donc fortir bien vite, puifque Pair ambiant y eft aflez froid pour ne jamais fondre les neiges; de plus, cette montagne eft fort hi- deufe. Les abîmes effrayants de l'Apennin font des pentes douces en com- pataifon: elle a donc une grande furface , elle exhale donc fon feu par beaucoup de points: la qualité émergente de ce feu eft donc très-forre ; par conféquent, la colonne aérienne aflife fur certe Montagne monte fort vire, fe crible violemment, doit y entretenir un nuage qui donne à certe mafle la qualification de Nimbofa , au milieu d'une Ifle célèbre par fa férénité, aë milieu d’une mer dont la tranquillité et le caractère prefque général, Or, cette Ifle eft plus fereine, parce que la montagne eft nébuleufe : celle- ci eft lc rendez-vous des nuages formés au loin par toute autre caufe. Ecoutons Tournefort. De quelque côté que nous tournaffions la vue, ce r'étoit que des fondrières € des abimes remplis de neige depuis Le règne de Jupiter, premier du nom. Nous redoubldmes nos efforts pour gravir le fommet, malgré la fureur des vents qui nous repouffoient, Le 4 Juillet , nous defcendimes par des précipices horribles fud-ou+f?, tournés prefque en limaçon jufqu’au pied du mont, dont la vue étoir toujours plus affreufe. ... >; puis le contrafle nous ravit tout & coup : grande vallée entre les monts Ida & Keurro , Villages multipliés , eaux. admiréles. L'Ida ef? un alembic qui fournit de l'eau aux deux tiers de l'Ifle. La montagne de Keutro , voifine de l'Ida , fournit, dit-on , 1O1 fontaines. (Voyage du Levant , tom. 1, pag. $o—70 ). Tournefort ajoute à la précédente relation la quantité prodigieufe d’eau fournie par l'Ida , & que l’Ida par conféquent reçoit du ciel. Mais cette eau doit defcendre fur cette montagne fuivant des principes reconnus pour inconteflables. A la néceflité du fait, nous joignons donc fon exif- tence oculaire. Ce fait nous offre cinq caractères ; 1°. montagne prodigieufe; 2°. di£ formité plus prodigieufe encore; 3°. nébuleufe ; fuivant Horace; 4°. eaux exceflivement abondantes; s°- férénité dans les environs. Tournefort trouva cependant une grande féchereffe fur tout l'efpace qu'il Le 470 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, parcourut au mont Ida. Il #'y a, dit-il, qu'un feul puits dans ces quartiers. De ce puits amfommet, on compte quatre milles. Ce célèbre mont [da n'eft giun gros vilain dos - d'äns pelé ; point de fontaine, point de ruiffeau ; à peine y trouvet-on ur méchant puits, dont il faut puifer l'eau à force de bras , pag. $3. L'Ida eft cependant un alembic qui arrofe le tiers de l'Ifle; ce qui paroït impliquer, & devient clair. Suivant toute la relation de Tournefort , on trouve dans l'Ifle de Candie beaucoup de cavernes, & la plupart des rochers y fonc percés à jour, fur le mont Ida principale- ment. Ce font des trous où L'on peut plonger la tête, beaucoup d'abîmes profonds verticaux, pag. 69, & ce font fans doute ces cavernes natu- relles qui ont fourni aux anciens Rois de Crète Le projet de former dans l'Ida un labyrinthe commencé par la Nature. Les defcriptions de Tournefort femblent nous dire que l'Ida n’eft qu'un volcan éteint , quoi- que T'ournefort & fon fiècle fuflent bien loin de cette idée, dont MM. de la Condamine, Guettard , Defmarets , Faujas de Saint-Fond nous ont fi bien appris à faireuface. L'Ida ne paroît être , en un mot, qu’un tas de roches volcaniques , féparées par des interftices. Or, à mefure que la pluie tombe , elle s’engouffre dans ces dédales, & la furface eft entièrement aride pendant la moindre férénité; mais cette eau ne s’anéantit point ; elle trouve, pour fortir, Les mêmes iflues qu’elle a ttouvées pour entrer, & l’Ida devient ainfi le grand alembic de l’Ifle. L'eau fort plus difficilement qu’elle n'entre, parce que la montagne s’élargit en defcendant , & préfente plus d’obftacles, Le fommet eft donc exceflivement fec,& les environs excefli. vement arrofés. Un feul Village y a 101 fontaines. Tournefort nous peint aufli l’Ararat comme un waffif entièrement ifole, à moitié couvert de neige, depuis que l'Arche y prit terre, & ces nuages font cachés la moité de l'année [ous des nuages fort épais, 10m. 11, pag. 358. L'Ararat eft donc bien haut, & par conféquent il a , la moitié de l’an- née , un nuage parafite. L’Olympe efl une horrible chaîne fur laquelle nous ne vimes que de la vieille neige en fort grande quantité, le o Novembre, pag. 468. Point de Wille au monde plus arrofèe que l’efl Prufe par le mont Olympe , pag. 46828 VO- Iympe fournit beaucoup d'eau, ila donc beaucoup de nuages: d’ailleurs il eft très-haut , puifqu'on Le compte parmi les montagnes neigées. La tra- dition univerfelle fe joint même à ce raifonnement , pour nous attefter que Olympe eft prefque toujours environné d’épais nuages, de nuages fulmi- nants , puifqu'on en fit le féjour du tonnerre & du Dieu qui le lance. L'Olympe nous fournit donc ainfi quatre caractères; 1°. montagne fort haute ; 2°. horrrible ; 3°. nuages à peu près permanents; 4°. eaux très- abondantes. Voyons ce qui fe pafle au nord. Jarrivai au Spisberg le 18 Juin 1671, dit Martin; fes Jommets étotent couverts de brouillards. Cette Ifle ef? environnée de glaces que tous Les vents y pouffent : on y voit fept montagnes de glace d'une prodigieufe hauteur ; elles L Li SUR L'HIST, NATURELLE ET LES ARTS. 471 ont des nuages vers Le milieu. Les rochers font envirennés de nuages ; quel- ques-uns font d'un feul bloc, & paroiljent des murs ruines. , ,., Spisberg Jignifie montagne aiguë. Le vent fera fud ici , ouef? la à peu de diflance. Lorf- que le vent ne fait pas décliner de La verticale les vapeurs afcendantes en pré- fence du foleil, elles marquent un temps plus doux. (Hift, des Voy. tom XV, pag. 269 & fuiv.) Temps d'une douceurremarquable , dit Phips, & prefque toujours férein 3 mais des nuages épars, mobiles, nous empéchoient de prendre des hauteurs correfpondantes, ( Voy. au pôle boréal , pag. $7 & fuiv.) Remarquons que Phips voguoit autour de l'Ifle, hors de la colonne afcendante qu’elle porte , & il avoit toujours la férénité, parce que l'air & la mer ayant à peu près même température, le feu fouterrain ne fortoit point, n'entraînoit point de brouillard pour chercher un équilibre exiftant. Mais les chofes furent tout autres, quand on eut débarqué dans l'Efle, quand on fe trouva dans la colonne afcendante. Le ciel, dit Phips, n'efl jamais ici fans nuages ; ce qui mous empécha de voir la lune pen- dant tout notre féjour à terre, pag. 42. Ain , férénité prefque perpé- tuelle en ces moments {ur mer; ciel toujours couvert fur terre. Ces nuages épars qu'on voyoit ordinairement fur mer , étoient ce que j'appelle nuages affluents , que le vent horizontal porte au Spitfberg par tous les rumbs ; & Martin nous autorife à cette déduétion , en nous aflurant que les glaces font pouffées au Spitfberg par tous Les rumbs ; que le vent eft ouéft ici , fud là ; c’eft-à-dire , felon l’afpect de l’Ifle; car les vents vont du fpeétateur à cette Ifle, quelque part qu’il foit placé. Si les vents pouflent les glaces par tous les rumbs, à plus forte raifon y pouflent-ils les nuages. Mais pourquoi cette férénité fur mer , cette obfcurité fur terre? C'eft que le Spitfberg eft très-élevé ; fa furface eft par conféquent dans un air plus froid , à mefure que celui de la mer eft plus chaud. Le feu fouterrain fort donc plus vite de la terre que de la mer, & par conféquent , l'air aflis fur la terre monte beaucoup plus vite ; celui de la mer, pouflé vers laterre, entraîne fes propres nuages, qui s'en vont par conféquent à mefure qu'ils naïflent fur l'horizon de la mer ; ils y font épars, & vont s’accumuler fur terre, autour & dans l'intervalle des montagnes, dans une terre que fon élévation fait appeler Spitfberg pointue. Phips mefura graphiquement diverfes montagnes du Spitfberg; fes ré- fultats ne répondent pas à l’exprefion de Martin, qui les appelle prodi- gieufes, Le pic de Snoot, la plus haute de toutes , n’a que 7$o toifes, & feroit par conféquent une de nos montagnes moyennes, Mais cette petite bauteur produit plus d'effet dans le nord, qu’une hauteur double n'en produit chez nous, parce que la ligne de neige ou de glace rafe prefque la terre au Spitfberz, & ne fe trouve qu’à environ 1$00 toifes chez nous; par conféquent, la bafe du Snoor eft dans la ligne de glace, qui, dans Les Al- pes, fe trouve à la même hauteur fur le Buct, montagne élevée de 1572 voifes 472 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, fur la Méditerranée. Ainfi, les 750 toifes trouvées au Snoor, font tout entières dans la région des glaces; ce qui fe trouve confirmé par le texte de Phips & des autres Voyageurs, L'air affis fur ce pic ; ou plutôt fur prefque toute l'Ifle, eft donc habi- tuellement fous zéro, même en préfence du foleil; car M. Pagès nous aflure que ff les hautes montagnes du Spitsberg ne font point couvertes de glace, c'eft que le foleil ne peut fondre leurs neiges. { Voy. autour du Monde, om, Il, pag. 160). En eflet, les glaces des hautes fommirés font laneige fondue par le foleil vers une heure après-midi , temps de fa plus grande force ; & cette eau commence à peine à couler dans les interftices de la neige, qu'elle eft confolidée par le froid du foir , puis de la nuit, Cette eau devient le gluten de la neige, & ne forme plus avec elle qu'une cou- verture de roc. Mais au Spit{berg , Le foleil n’acquiert jamais la force de lubrifier la furface extérieure des neiges; elles reftent taflées, fans s’a- maloamer, & à-peu-près comme Le fable pur. Or fi, fur ces montagnes, la préfence continuelle du foleil pendant fix mois ne produit point de fonte , prefque tout y eft donc rigoureufement dans la ligne de glace. : Par conféquent, le feu , fupérieur de 10 degrés pour le moins aux plus fortes chaleurs de l'été dans le Spitiberg , fort même alors violemment de la terre, pour chercher dans l'air un'équilibre impofñfble, Cet air dans le- quel il fe répand , eft donc beaucoup moins glacial qu'il ne le feroit fans cet effluve: donc l’air de même niveau, mais éloigné de cette terre, ac- court violemment vers elle en vertu de fa gravité fpécifique ; il y remplace l'air éternellement afcendant, le devient lui-même, & y dépofe les parties hétérogènes dont il eft imbu: elles deviennent, non pas pluie, caril ne pleut point fur la ligne de glace, mais brouillard, nuage, verglas, neige, ÂAinf , les montagnes du Spitfberg , fans être fort hautes, ont la pro- priété des plus hautes montagnes intertropiques , lefquelles n’ont au plus que leur fommet dans la région des glaces, Le Snoor, montagne du Spitf- berg , haut de 750 toifes à 780 toifes fur la ligne de neige ; le Chimbo- raco , haut de 3250 toifes, n’a guère que 800 toifes fur la ligne de neige : donc l'émanation du feu fouterrain eft aufñli violente , aufi perpé- tuelle fur le Snoor tout entier, que fur le fommet du Chimboraco : donc le nuage parafite femble devoir être aufli volumineux fur le Snoor que fur le Chimboraco. Mais une circonftance diminue ce nuage pour le Snoor: c’eft que l'air des mers voifines étant beaucoup plus froid que l'air des mers qui avoifinent le Chimboraco, a moins de force menftruelle , tient moins d’eau en diflo- lution, & n'en peut dépofer autant fur le Snoor que fur ie Chimboraco: remarque uniquement deftinée à ne pas laifler naître des préjugés. Le fait que j'ai tiré de MM. Martin, Phips & Pagès , réunit fix carac- tères; 1°. montagnes fort élevées dans la région des glaces ; 2°. très-dif- formes ; SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 473 formes ; 3°. nuages à peu près permanents ; 4". férénité dans les envi- rons, 5°, nuages affluents par tous les rumbs; 6°. nuages afcendants du Sptifbere au Zénith, Coock nous parle aufli des épais nuages qui voiloient Le fommet des Iflots de Fruland , par so deg. fud & 27 oueft de Londres, Le 31 Jan- vier 1775, un de ces fommets fut évalué à deux mille de haut, un autre dominoit les nuages. ( Second Voyage , tom. IV, pag. 102.) Le cielétoit doncferein autour , puifqu’on difcernoit cer effer, & le refte de l'horizon fuis vant fon rapport, On ajoute, que ces montagnes étoient caverneufes;elles avoient donc beaucoup de furface. (La Suite au Journal prochain ). SEM RUE AUX AUTEURS DU JOURNAL DE PHYSIQUE, Sur les Subftances métalliques, & particulièrement fur leur air inflammable; Par M DE LA METHER:E, D. M. Bios & Stahl ont démontré, par un grand nombre d’expé- riences, que les métaux font compofés d’un principe particulier ; qui eft la terre métallique , uni au principe de l’inflammabilité , qu'ils appeloient phlogiftique. Par la calcination , on dépouille cette terre de fon phlozif- tique, & on la réduit en chaux, Cependant , d’après ces principes , ils ne pouvoient donner la raifon du poids qu'acquéroient les métaux par la calcination; car les chaux métal- liques perdant un principe , quelque léger qu'il fût, devoient être moins pefantes que le métal. Beccher avoit été frappé de cette obfervation, & foupçonna que la calcination ajoutoit quelque autre principe à la chaux métallique. Jean Rey fit voir que cetre chaux n’étoit pas feulement privée de phlogiftique, mais qu'il s’y étoit joint un nouveau principe, & que, par le feu, on en retiroit de l'air. Ses expériences ne furent pas aflez con- nues, Stalh , qui donna un fi grand luftre à la Chimie, les ignora, & fon opinion fut fuivie de tous ceux qui cultivèrent cette Science. M. Prieftley voyant que tous les corps contenoient de l'air, effaya d’en Tome XXIV, Part, I, 1784. JUIN. O00o 474 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, retirer également des chaux métalliques, Il foumit de la rouille de fer, qui eft une vraie chaux, aux expériences pneumato-chimiques, & il ob- tint une grande quantité d'air fixe, La chaux grife de plomb, la litharge, le minium lui donnèrent de l'air fixe & de l’air déphlogiftiqué. M. Fontana a retiré également du minium beaucoup d’air fixe & d'air déphlogiftiqué. TL croit « que le principe uni aux chaux métalliques n'eft pas de l'air, « & qu'il ne devient air que par l’action du feu qu'on emploie pour le » dégager (1) ». D’autres Phyficiens ont retiré beaucoup d'air fixe des chaux de fer, particulièrement du /a/fran de Mars aflringent, ! M. Bayen avoit obfervé que les chaux de mercure {e réduifoient feules, & donnoient un fluide aëriforme trés-abondant. M. Prieftley reconnue que ce fluide étoit l'air déphlogiftiqué pur. Toutes les chaux de mercure en donnent en quantité, d'où quelques Chimiftes ont conclu que le feul air déphlooiftiqué pouvoit calciner les métaux, & les réduire en chaux, Il en eft même qui ont été jufqu'à nier l’exiftence du phlogiftique dans les métaux, M. Scheele ayant démontré dans l’arfenic l’exiftence d’un acide qu’on y foupçonnoit depuis long-temps, que Barlet , Macquer avoient apperçu, ayant fait. voir que la moiybdène & la rungftène en contenoient également, croit que la terre métallique eft un acide particulier, qui, uni au phlo- giftique , forme le métal. « Que diroit-on, fi je penfois que toutes les >» terres métalliques , & même en général toutes les terres ne font’ que 5» diverfes fortes d'acides » ? Tel eft le fentiment de cecélèbre Chimifte, adopté par M. Bergmann & les Chimiftes Suédois. J'ai examiné , dans différents Mémoires , quelle pouvoit être la nature du phlogittique. De mes expériences, j'ai cru pouvoir conclure, que l'air in- flammable conftituoit le vrai phlogiftique de Sthal (2). Le foufre dans lequel ce Chimifte faifoic voir particulièrement fon phlogiftique , contient de l'air inflammable; car le foie de foufre , fait avec la chaux vive, donneun gaz hépathique très-inflammable, qui n'a pu être fourni par la chaux. Les métaux ne pofsèdent toutes leurs qualités , que lorfqu’ils font unis à ce principe ; & quand ils en font dépouillés, ils font réduits en chaux: mais il paroît que l'air inflammable n’eft féparé de la terre métallique que par l'intermède d'un autre principe, fur la rature duquel les Chimiltes ne font pas encore d'accord, comme nous venons de le voir. Je vais ajouter de nouvelles preuves à celles que j'en avois donnée. 1°. loutes les fubftances métalliques diffoutes par un acide quelconque, l'air fixe , l'acide vitriolique , l’efprit de fel, les acides végétaux , &c., AU A l'air déphlogiftiqué, pag. 289,tom. V des Ouvrages de M, , raduét. franc. (2) Journ. de Phyf. ann. 1781 & 1782. à ; SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 475 donnent de l’air inflammable. Cet air a toujours quelques qualités parii- culières, fuivant le métal & l'acide qu’on a employés. 2°, L'acide nitreux , en diflolvant les mêmes fubftances, dégage éga- Jersent un gaz qu'on appelle nitreux , & qui n'eft point irSammable. Je ferai voir bientot que ce n’eft toujours que le gaz inflammable du métal, modifié par quelque principe que lui fournit l'acide nitreux, Eff.étivement, tous les gaz qu'on obtient des diffolutions métalliques & de route autre, contiennent toujours quelques-uns des principes des fubitances qu'on a employées. M. le Comte de Morozzo à prouvé que celui qu'on obtient de la diflolution du fer par l'acide vitriolique , dépofe du vitriol martial ; que celui qui s'échappe de la diffolution d’étain dans l'eau régale, con- tient de l’étain , puifqu'il précipite quelquefois la diffolution d’or fans cou- leur de pourpre. l 3°. La plupart des fubftances métalliques , & particulièrement le fer, le zinc, &c., font déroner le nitre comme le font les charbons, Or, il eft reconnu qu'il n’y a que les fubitances qui contiennent du gaz inflammable, telles que les matières charbonneufes , qui opèrent cette détona- tion, 4°, L'étain diffout par l'acide vitriolique, & expofé au feu dans une cornue , donne de l'acide fulfureux volaril & du foufre , comme l’a ob- fervé M. Macquer. Le plomb, le mercure fourniflent les mêmes produits. Or, l'acide fulfureux & le foufre font compofés d'acide vitriolique & d'air inflammable. 5°. De la limaille de fer, de zinc, &c., placée dans des matras, des canons de fufil, & expofée au feu , donne de l'air inflammable. M. Prieftley a également retiré cet air de limaille de fer, de zinc, placée dans des cloches vuides d’air ou pleines de mercure (tom. 11, pag. 131.) 6°. Ona retiré de l'air inflammable du zinc par le moyen des aikalis fixes & volatils dans leur état de caufticité. : Toutes ces expériences ne permettent pas de douter que l'air inflam- mable fe trouve dans les fubftances métalliques. On avoit dit , lorfqu'on employoit les acides , qu'il éroit dû à leur décompolition; mais dans les expériences (ç & 6) on ne fe fert pas d'acides. La revivification des chaux métalliques par le moyen de l'air inflèm- mable , établira la même vérité. 1°, Prenez de la lune cornée , que vous expoferez à l’air inflammable: elle f revivifie auffi-tôt. | 2°, Faites pafler de l'air inflammable dans l'acide arfenical , vous cb- tiendrez un vrai régule d’arfenic, comme l'a fait M, Pelletier. 3". Si, dans une diffolution métallique quelconque, on ajoute un autre métal qui ait plus d’afhinité avec l'acide diflolvant , ce nouveau mé- tal fe diflout fans bdtrnee ; & le premier eft précipité fous fa forme Tome X XIV, Part. 1, 1784. JUIN, Oo02 476 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, métallique. Analyfons .cette expérience, qui me paroît démonftra- tive, t Jetons un morceau de fer dans une diffolution de cuivre par l'acide vitiiolique. Le fer fera diffout fans effervefcence , fans dégagement d'air, & le cuivre fe précipite fur le fer avec fon éclat & toutes fes qualités métalliques. Cependant du fer diffout par l’acide vitriolique, donne une quantité étonnante de gaz. Il faut donc, dans cette circonftance, que ce- gaz s’unifle au cuivre & le revivifie, Ce qui le confirme , c'eft que ce même cuivre, précipité par toute autre fubftance , comme par les alka- lis & les terres, eft réduit en chaux, parce que ces précipitants ne fau- roient lui rendre fon air inflammable, Je regarde cette expérience du genre de celles que Bacon appeloit experimentum crucis, Le même phénomène fe préfente avec l'acide nitreux. Cet acide diffout les métaux avec grande effervefcence, & donne un gaz particulier, qu'on a appelé nitreux. Si, dans une diffolution de cuivre par cet acide, on y jetre du fer, celui-ci eft, diffout fans effervefcence, & le cuivre eft pré- cipité fous fa forme métallique. Le gaz nitreux opère donc ici le même effet que le gaz inflammable ; ce qui prouve, comme je l'ai dit (1) , que le gaz nitreux n’eft que le gaz inflammable uni à un principe que lui fournir l'acide nitreux, & qui le modifie, Effeétivement, le gaz inflam- mable, dégagé du métal, n'eft pas détruit dans cette opération. Il faut donc qu'il fe retrouve, & il ne peut être que dans le gaz nitreux. Tour corps qui contient de l'air inflammable, comine les huiles, le charbon, &c., diffout par l'acide nitreux, donne un gaz nitreux, tandis qu'on n'aura que de l'air fixe avec les alkalis , Ja craie, qui ne contiennent point d'air inflammable, Ces expériences répondront d'une manière vi@orieufe à l'objection que me faifoit un Savant diftingué fur la revivification des chaux métalliques par l'air inflammable. [1 me difoit que ce n'étoit point fair inflammable qui opéroit cette revivification , mais le phlogiftique contenu dans cer air inflammable, dont la chaux métallique le dépouilloit ; car , dans cette fup- poñtion , l'air inflammable, dépouillé de fon phlogiftique, devroit tou- jours fe faire voir fous la forme d’un gaz quelconque, & produire dans la liqueur une effervefcence plus ou moins confidérable; & cependant il ne s’en dégage pas la moindre parcelle ; ce qui prouve qu'il fe combine tout entier avec Je métal revivifé. Pour le confirmer, j'ai fait lexpé- rience fuivante. J'ai pris de lacide‘arfenical que m’avoit remis M. Pelletier , dans les quel j'ai renverfé un tube plein d'air inflammable, Cer air a été abforbé en quantité, à mefure que Le régule s'eft formé. (1) Journ, de Ph , Janvier 1782. SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 477 Enfin, files oz inflammable & nitreux, obtenus par les diffolutions métalliques, étoient une portion des acides décompofés , on ne retrouve- roit plus ces acides. Or, ils ne font point décompolés. J'ai pris une mefure de ces acides , que j'ai faturée de métal , une femblable que j'ai faturée de terre calcaire. J'ai précipité le métal & la terre calcaire par un alkali; j'ai eu à jÈs près la même quantite de fel neutre qu'avec la même quantité d'acide faturée d’alkali, On ne peut donc pas plus nier la préfence de Pair inflammable dans les métaux, que celle de l'air fixe dans les fubftances calcaires, On prouve l'exiftence de l'air fixe dans celles-ci, parce qu'on ler retire , 1°, par les acides; 2°, par le feu; 3°. on reproduit ces fubftances, en rendant à la terre calcaire fon air fixe, Or, la même chofe a lieu pour les métaux, relativement à l'air inflam- mable ; 1°. on retire ce gaz des métaux par les acides; 2°. par le feu, foit celui de nos foyers, foit la lumière folaire ; 3°. en rendant aux mé- taux calcinés l'air inflammable, on les revivife, Si on s’obftinoit à foutenir que cet air inflammable eft étranger au mé- tal , je demanderai pourquoi ne pas dire également que l'air fixe eft étran- ger aux fubftances calcaires ; pourquoi ne pas dire que, dans la diftilla- tion du nitre ou du fel marin avec l'acide vitriolique , les acides nitreux & marins qu'on obtient, font dus à la décompofition de l'acide vitriolique. .., Ne feroit-ce pas renverfer toutes Les théories les-mieux établies 2 Ces faits ne me paroiffent laifler aucun doute fur la préfence de l'air inflammable dans les métaux. Cet air eft ce que les Anciens appeloienc huile ou foufre des métaux, & ce que Beccher, Sthal & rous les Chimiftes modernes ont appelé principe de l'inflammabilité, phlogiftique, &c. Nous pourrions ajouter que nous ne connoïflons que l'air inflammable capable de donner de la flamme, Or, le zinc brûle feul avec une famme des plus brillantes. Le régule d’arfenic le fer , le cuivre , & prefque tous les métaux ,comme l’obferve M. Mongez le jeune , donnent de [a flamme ; elle ne peut être due qu'à l'air inflammable contenu dans ces fubf- tances. Cet air inflammable des métaux, comme la plupart des autres airs in flammables , paroît contenir de l'air fixe. J'ai fait pafler celui que j'avois retiré du fer par le moyen du feu, à travers l'eau de chaux: celle-ci a été précipitée, Celui qu’on obtient par les acides , n’opère pas toujours le même effet :il rougir conftamment la teinture du tournefol ; mais cela peut être dû à une partie d'acide volatilifée. La préfence de l'air inflammable étant bien démontrée dans les métaux, ils s’enfuit qu'ils contiennent aufli de l'eau; car cette efpèce de gaz n’eft jamais fans eau. 1°. M. de Sauflure ayant foumis fon hygromètre , qui eft très-fenfible, à l’imprellion de l'air inflammable, l'inftrument a marché à l'humide, 478 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, 2°, J'ai fait paffer cet air à travers des tubes à moitié pleins d’alkali végéral très-defléché ; l’alkali a été aufli-tôt humecté, L'expérience réuflit également avec de l'air inflammable retiré du.fer parle feu. { 3. En faifanr brüler l'air inflammable avec de l'air déphlogiltiqué , on obtient toujours de l'eau. 1 On vient de propofer une nouvelle opinion fur cette eau obtenue par a combuftion de l'air inflammable & de l'air déphlogiftiqué. On croit que cette eau eft formée de la combinaifon de ces deux airs. J'ai fait voir que les expériences fur lefquelles on s’appuyoit, n'étoient pas concluantes; 1°. parce que ces airs contiennent toujours de l’eau dans un état de diffo- Turion ; 2°. on n'obtient pas en eau le même poids que les deux airs employés; 3°. ces airs ne font pas même entièrement abforbés. C'eft ce que prouve une expérience bien connue. Un mélange de ces deux airs, enfermé dans un tube , & erflammé par Périncelle életrique , laifle toujours une partie d'air non confumée, On a voulu prouver ies premières expériences par de nouvelles: on a fait pafler de l’eau à travers des tubes de fer qu’on tenoit en état d’incan- defcence ; le fer a été calciné , & on a obtenu beaucoup d’air inflamma- bie (1). Mais la preuve que cet air n’eft point dû à la décompofition de l'eau , mais à celle du fer, c’eft que la même eau, en paflant dans des tubes de cuivre, d’or, d'argent, ne donne point d'air inflammable. Cet air a été dégagé du fer dans cette opération, parce que l’eau attaque ce métal avec beaucoup de facilité. « Mais, dit-on, le fer eft calciné , le charbon confumé; ce ne peut » être que par l'air déphlogiftiqué , & cet air ne peut avoir été fourni »> que par l'eau », Nous avons vu que M. Prieftley & les autres Chi- miftes n’ont retiré des chaux de fer que de l'air fixe, & non pas de l'air déphlogiftiqué. Ainfi , il neft donc pas prouvé que le fer calciné dans l'expérience citée , le foit par de l'air déphlopittiqué. C'eft en fuppofant que ce fer contienne un gaz ; & nous avons vu que l'Abbé Fontana regarde comme problématique, fi les chaux métal- liques contiennent un gaz. C’eft ce dontje m'occupe dans ce moment. Nous pourrions encore répondre avec M. Schecle , que cet air, en le fuppofant déphlogiftiqué, a traverfé les vaiffeaux ; la combuftion du charbon le feroit foupçonner. Nous favions déjà que le diamant brüle dans des vaif feaux fermés; mais ici il ef vraifemblable qu'une partie de cet air, foit fixe, foit déphlogiftiqué, étoit contenue dans l’eau, & que, par l’ex- trême chaleur, il s'en eft féparé pour attaquer le fer; car l'eau, même PR ee (x) Les Phyficiens Anglois avoient déjà obtenu une grande quantité d'air, en faifant paer de l’eau à vravers des tuyaux de pipe incandefcents ; mais ils ne failoient que lexrraire, ( Journ, de Phyf. 1783.) SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 479 diftillée, dès qu'elle a été expofée quelque temps à l’atmofphère , con- tient, ainfi que tous les autres.corps de la Nature, une grande quantité d'air. On en retire beaucoup, foit par la machine pneumatique, foic par l’ébullition, J'ai pris de l’eau que j'avois diftillée avec le plus grand foin; & après l'avoir laiffégepofer quelque temps, je l'ai fait bouillir avec un appareil pneumato-chimique. J'en ai obtenu une quantité confidérable d'air, dans lequel les corps paroiffent un peu mieux brûler que dans l'air atmofphérique : il précipite un peu l’eau de chaux ;.ce qui indiqueroit que cet aircontient plus d'air fixe & d’air déphlogiftiqué, que l'air commun, quoiqu'il en approche beaucoup; & néanmoins , ces moyens n’enlèvent pas à l’eau tout fon air; leur affinité eft crop grande pour qu'on les puifle entièrement féparer ; ainfi que nous avons vu qu'an ne peut jamais dé- pouilier l’air de toute fon humidité, L'eau, réduite en vapeurs incandefcentes , a agi avec aflez de force fur une baguette de fer introduite dans un canon de fufil , pour lui faire éprouver à& Ja furface une forte de fufion qui en avoit arrondi les arêres. Elle l'aura donc décompofée, comme elle décompofe en cet état un grand nombre d’autres corps. Enfermée dans un matras , & expofée à un feu long-temps continué , fans être violent, elle attaque le verre, & le réduit en liqueur des cailloux. M: Bergmann a obfervé que, dans cet état, elle peut dif foudre la terre filiceufe elle-même. A Geyfer en Iflande , il a vu un fuperbe jet d’eau chaude, qui , en retombant, paroît très-pure, & abandonne une terre filiceufe qu’elle tenoit en diflolution. D'ailleurs , le fer fe comporte au feu d’une manière toute particulière; M. de Buffon ayant fait chauffer au blanc des boulets de fer forgé de dia- mètres différents , a obfervé qu'ils perdoient toujours plus où moins de leurs poids. M. de Montbelliard , Lieutenant-Colonel du Régiment d’Ar- tillerie , rapporte que des boulets de fonte chauffés au blanc, augmen- tent de volume, & perdent jufqu’à un quart de leurs poids, J'ai chaufté des barreaux du meilleur fer avec du charbon de bois qui les entouroit, Ils ont été altérés jufqu’à leur centre, & ont perdu beaucoup de leurs qua- lités. Je n'ai pu dde fi leurs poids étoient diminués , à caufe des écail- les ou batitures qui s’en détachenrt. Ces batitures font noires, dépouillées de leur air inflammable, caffantes, prefque entièrement infolubles dans les acides , très-attirables à l’aimant; enfin , dans le même état que la limaille d'acier calcinée dans un creufet , qui, comme je l’ai fait voir, eft une efpèce d’éthiops qui acquiert beaucoup de poids dans cette opération, Cet érar eft bien différent , comme je le prouverai, de celui des chaux ordi- naires de fer; qui ne font plus atrirables àlaimant, Ces faits démontrent que le fer brûle feul , puifque l’intérieur d'un barreau de fer, d’un boulet, eft altéré, quoique l'air extérieur n’y ait point d'accès , & qu'il perde fon air inflammable. L'expérience de MM. Haffenfraft, Stouldtz & d'Hallancourt, qui, en plongeant des fers rouges dans de l’eau , en obtiennent de l’air in- 480 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, Aammable, ne laifle aucun doute à cet égard. Enfin, M. Prieftley a dé gagé l'air inflammable du fer & d’autres métaux fous des cloches pleines de mercure & dans le vuide. Nous pouvons donc conclure de toutes ces expériences, qu'il n'eft nullement prouvé que l'eau puile s'invertir ep air inflammable & en air déphlogiftiqué , & que celle que j'avois obrenuede la combuftion de ces deux airs, n’en eft que dégagée, & qu’elle y étoit fous forme de diffolu- tion. J'ai fait voir, dans mon Mémoire fur les éléments, qu'ils font tou- jours mélangés , & que nous ne faurions jamais les avoir purs. On trouvera néanmoins fingulier qu’une fi grande quantité d'air foit abforbée; mais c’eft un phénomène qui eft conftant dans toutes les opérations de la Na- ture. J'ai pris, d'après MM. Prieftley, Scheele, un mélange de limaille de fer & de foufre que j'ai expofé fous une cloche. Il y a eu une quan tité confidérable d'air abforbée. Toutes les fois que l'air fe combine , il di- minue confidérablement. Onen fera moins furpris, lorfqu’on fera atten- tion à la quantité d’air qu’on retire de tous les corps. IL paroit donc que les métaux contiennent de l’eau (1), de Pair inflam- mable, & une lécère portion d'air fixe. Mais quel eft l’autre principe qui les conftitue métal? Nous l’ignorons. Dans la molybdène , ja tungftène , Parfenic, il paroît acide , puifqu'on en retire de ces fubltances , & qu’a- vec de l'acide arfenical & l'air inflammable , on obtient un régule d’ar- {enic. L’analogie pourroit-elle faire conclure que le même principe dans les autres métaux eft également acide? Voici quelques faits qui pourronc fervir à éclaircir la queftion. Il eft bien reconnu que Les végétaux contiennent des parties métalliques , particulièrement du fer & de l'or. On fait encore que les végétaux peuvent 12 nourrir d’eau feule. Pour porter plus de précifion dans cette expérience, j'ai élevé des haricots, des féves avec de l'eau diftillée: ils étoienc bien nourris; & à la diftillation, ont donné les mêmes produits, particulière- ment, des parties attirables à l'aimant. Ces parties métalliques n'ont pu être apportées par l'air ; elles n’étoient pas dans l'eau diftillée. Il faut donc qu'elles aient été produites par les forces de la végétation dans ces plantes, conjointement avec leurs autres principes. Il n'y a que l'eau, les gaz fournis par l'atmofphère, & particulièrement la lumière, qui puiffent avoir coopéré à cette formation, Je dis la lumière , parce que les plantes qui croiffent à l’obfcurité font étiolées , blanches , & ne donnent à l’ana- Lyfe qu'une grande quantité de phlegme, & peu d’autres principes , comme (r) Quand même le nouveau fentiment fur la production de l’eau feroit confirmé, on ne pourroit toujours pas nier que l’air inflammable ne tienne en diffolution une certaine quantité d’eau qui exiftoit par conféquent dans le métal; & en regardant les chaux métalliques comme un acide, cela ne feroit plus furprenant, je SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS, 48r je l'ai obfervé, d'après M. Sennebier, La terre , qui voltige toujours dans latmofphère, pourroit peut-être aufli s’y combiner, Ces différents principes réunis formerofñt donc ces métaux dans les plantes; la lumière entrera comme partie conftituante du gaz métallique. On revivifie la lune cornée, en l'expofant au foleil comme en l'expolant à l'air inflammable, De la manganèfe calcinée & revivifiée au foleil , s'en- flamme. Dans cette expérience, dit M. Scheele , Ze phlogiftique vire des rayons du foleil, s'enflamme. C'eft que la lumière s’unit à l'air atmofphé- rique, pour former le gaz inflammable par l’intermède de la terre métal- lique. L'autre principe des métaux peut-il également fe former dans les plantes? Il fauc bien qu'il le PU. puifqu’il y a du métal produit. La Nature forme dans les végéraux toutes Les efpèces de fels, foit acides, foit alkalis , foit neutres ; toutes les huiles effentielles ou non eflentielles , & le foufre même, comme l'a prouvé M. Deyeux. M. Thouvenel a fait voir qu’elle produit également , par le concours des gaz , tous les fels dans les nitrières. Le même travail de la Nature, avec les mêmes principes , formera les métaux. Mais fi ce fecond principe des métaux contient de la terre, où la prendre dans cette hypothèfe ? N’abandonnons jamais Les faits, nous trou- verons les caufes quand nous pourrons. Cette terre , en fuppofant que les métaux en contiennent, ce que M. Scheele ne croit pas, peut avoir été apportée par l'air, qui eft rempli d’une multitude de petites parcelles de terre, Au refte, ne nous preflons pas de prononcer ; établiffons bien les faits, & ne difons rien d'impofhble. II fe peut que les éléments fe décom- pofent , & que la Nature les invertiffe les uns dans les-autres. Ces décom- pofrions pourroient ne pas donner de nouveaux éléments, Les quatre élé- ments connus ne forment jamais qu’un certain nombre d'acides, d’alkalis, & d'autres compofés qui ne varient point. De même, la matière première pe nous donneroit toujours que les quatre éléments : mais n’admettons ces décompofitions que fur des expériences décifives, J'ai l'honneur d’être, &c, Ce 15 Mai 1784. Se Tome XXIV, Part. I, 1784. JUIN, 482 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, QE — EE —— —— NOUVELLES LITTÉRAIRES. PRIX difiribués & propofés dans la Séance publique de la Société Royale de Médecine , tenue au Louvre le 2 Mars 2784. Prix diftribuése E L, Société avoit propofé, dans fa Séance publique du 27 Août 1782, pour fujet d’un Prix de la valeur de 600 livres , fondé par le Roi, la queftion fuivante : « Déterminer quelles font les efpèces & les diffé- >» rents cas d'hydropifie, dans le traitement defquels on doit donner la pré- » férence au régime délayant ou au régime fec », Parmi les Mémoires en- voyés au concours , la Société en a diftingué quatre. Aucun des Auteurs p’a traité la queftion dans toute fon étendue; mais la réunion de leurs travaux & de leurs recherches a paru remplir les vues de la Société, qui leur a en conféquence partagé Le Prix d'une manière proportionnée au mérite de leurs productions. Elle a décerné une Médaille d’or de la valeur de 3 ao livres à M. Mezler, Confeiller & Médecin de Monfeigneur le Comte de Lipinghen-Nippen- bourg , à Schtamberg , Auteur d'un Mémoire écrit en latin, envoyé avec cette épigraphe : Medio tutiffimus ibis. La Société a adjugé à chacun des Auteurs des trois autres Mémoires, une Médaille d’or de la valeur de 100 liv. La première de ces Médailles a été décernée à M. Chartier, Docteur- Régent de la Faculté de Médecine d'Angers, & Médecin de Monfieur, Frère du Roi. Son Mémoire porte la devife fuivante: Sz quis noviffi rec- tius iflis , Éc. La feconde Médaille de 100 liv. a été adjugée à M. Thomas OIL, Médecin Anglois, En ouvrant le papier cacheté , attaché à fon Mémoire, on a trouvé pour épigraphe , avec fon nom, deux vers latins à la louange du Roi; ils contiennent un hommage libre, offert par un Anglois à un Prince vertueux. Ces vers font: Hec ego ; dum felix nimium tu, Gallia , Regem Pacis habes legumque & Libertatis amicum. C'eft-à-dire ; SURVIHIST- NATURELLE ETLES ARTS. 48 « Tandis que j'écris ce Mémoire, à trop heureufe France! tues gou- » vernée par un Prince ami de la paix, des loix & de la liberté ». La Ba ja Médaille de 100 liv. a été remportée par M, Pierre Mat- thieu Niclen , Directeur de la Société des Arts & des Sciences d'Utrecht, Docteur en Médecine, Auteur d’un Mémoire écrit en latin, ayant l'épi- graphe füuivante: Æoc opus , hic Labor. La Société voit avec plaifir les Savants des Nations les plus éclairées, l'Angleterre , l'Allemagne & la Hollande, réunis pour concourir à fes Prix. Elle croit devoir citer honorablement un Mémoire fur 'Hydropifie, contenant des réflexions fages & judicieufes, envoyé par M, Dufau , Doc- teur en Médecine, & Correfpondant à Dax. IT. La Société avoir propofé, dans fa Séance tenue le 19 Février 1782, pour fujet d’un Prix de la valeur de 400 livres , dû à la bienfaifance d'un Militaire qui ne veut point être connu, la queftion fuivante : « [n- » diquer quelles font les maladies qui règnent le plus fouvent parmi les » troupes pendant l'été , & en général dans les temps des grandes cha- » leurs; quelle eft la méthode la plus fimple & la moins difpendieufe » de les traiter; quels font les moyens d’en prévenir ou d'en diminuer les » effets dans Les pays très-chauds, comme de les Ifles du Vent & fous » le Vent ». Ce Prix a été décerné à M. Thion de la Chaume , ancien Médecin des Hôpitaux Militaires, employé en chef dans les dernières expéditions de Mahon & de Gibraltar, Correfpondant de la Société, & qui a par- tagé précédemment le Prix qui avoit été propofé fur les maladies au- tomnales des Armées. Son Mémoire a été envoyé avec l’épigraphe fuivante: Nobilirate & mag- ritudine. La Société n’a point adjugé d’Accefit. III. La Société ayant annoncé qu’elle diftribueroit dans cetre Séance, des Prix aux Auteurs des meilleurs Mémoires fur les Eaux Minérales, elle s’eft fait rendre compte de ceux qu’elle a reçus , & qui lui font parvenus depuis un an par fa correfpondance. Elle a vu avec peine que la plupart de ces Mémoires contiennent des analyfes imparfaites, foit parce que les Auteurs ne font pas aflez inftruits en Chimie, foit parce qu'ils ont opéré fur de trop petites quantités. Le feul Mémoire fur l’Analyfe des Eaux de Sainte- Reine, envoyé par M. Maret, Secrétaire de l’Académie de Dijon, & Aflocié régnicole, a été jugé digne d'être couronné. La Société lui a ad- jugé une Médaille d’or de la valeur de 100 liv. M. Maret a employé dans fonsanalyfe les procédés nouveaux, & il y a mis cette précifion que donnent les connoiffances chimiques les plus exactes. Parmi les autres Mémoires , la Société a jugé à propos de faire une men tion honorable des fuivants. Tome X XIV, Part, I, 1784 JUIN. Ppp2 484 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, Le premier a été envoyé par M. Cuel, Docteur en Médecine à Cler- mont-Ferrand , ir l'Analyfe des Eaux Minérales de la Bänffe. Le fecond , par M. Duméril, Docteur en Médecine à Valogne, fur Les Eaux Minérales de la Taille, Le troifième , par M. de Marfonat, Curé de la Paroiffe de Caflin & Charbonnière, en Lyonnois, fur l'Analyfe des Eaux Minérales de Char- bonnière, ? Le quatrième, par M. Gallot, Correfpondant à Saint-Maurie-le-Girard en Bas-Poitou , fur les Eaux Minérales de Saint-Laurent-[ur-Sevre , & de Mortagne en Bas-Poitou. La Société invite ceux qui voudront bien dorénavant fe livrer à de fem- blables travaux, à fe fervir, dans l’analyfe des eaux minérales, des différents moyens que la Chimie moderne fournit , & à opérer fur de grandes quantités; ou fi les procédés chimiques ne leur font point familiers, elle les engage à réunir un corps d’obfervations de Médecine fur les propriétés des eaux minérales qu'ils auront occafion d’examiner , fans entrer d’ailleurs dans les détails de l’analyfe , & en fe contentant d'indiquer ce que l'on fait de la nature de ces eaux. IV. Parmi les Mémoires préfentés fur la Topographie Médicale, la Société Royale a adjugé à chacun des Auteurs des trois Mémoires fuivants, une Médaille de la valeur d’un jeton d’or. Le premier a été envoyé par M. Gilbert , Docteur en Médecine, fur læ Topographie Médicale de la Subdélégation de Landerneau : il contient des détails intéreffants fur les maladies endémiques , & fur la population du pays, comparées entre elles. Le fecond eft un Effai fur la Topographie Médicale & l'Hifloire Naturelle du Bailliage & de la Ville de Lons-le-Saunier, par M. Guyétant, Docteur en Médecine. Ce Mémoire eft court, mais il eft fait avec précifon & netteté. ; Le troifième contient une Topographie Médicale du Bailliage de Remi- remont, par M. Didelot, Correfpondant , que la Société a déjà couronné pour des travaux du même genre, [1 feroit à fouhaiter que fon Mémoire füt un peu moins volumineux, & qu'il n'y eût pas traité de quelques objets tout à-fait étrangers à ceux qui nous occupent. La Société a reçu un Mémoire /ur la Topographie Médicale de la Ville de Montdauphin € de fes environs , par M. Charmeil fon Correfpondant, & Chirurgien-Major de la Place. Ce Mémoire eft bien fait , & la Compa- gnie lui auroit adjugé un Prix, s’il avoit pas été deftiné par l’Auteur à faire partie du Journal de Médecine Militaire , rédigé par M. Dehorne, & fi les ufages de la Société lui avoient permis d'admettre au concours un Mémoire qui n’eft pas deftiné à paroître dans fa collection: elle a ce- pendant cru devoir faire connoître fon opinion fur Le Mémoire de M, Charmeil , qui mérite d'être cité avec éloge, SUR L'HIST, NATURELLE ET LES ARTS. 485 V, Les Obfervations relatives à la Médecine des animaux, ont tou- jours fait partie des recherches de la Société: elle a reçu avec reconnoif- fance, & elle a diftingué parmi les envois qui lui ont été faits, les ré- flexions de M. Jacquinellé, Etudiant en Chirurgie , fur une gaftrodynie calculeufe, & fur la rupture du diaphragme des chevaux. La Société a cru devoir en faire une mention honorable. k Bellerocq, Artifte Vétérinaire, très-eftimé à Bordeaux, a remis à la Sociéré ou manufcrit intitulé: Differtations & Obfervations fur plufieurs maladies des chevaux. La partie de cet Ouvrage qui contient des obferva- tions, a été jugée digne d'approbation ; elle préfente des faits qui mé- ritent d'être confervés. La Société a décerné à l'Auteur une Médaille en argent de la même forme que celle qu’elle fait frapper en or pour fes grands Prix. Elle a déjà couronné, dans fa dernière féance publique, M. Huzard, Artifte Vétérinaire, La Société failira avec empreflement toutes les occafons où elle poùrra donner des preuves de fon eftime aux Elèves d’une Ecole auffi utile, & dont il eft fi important de favorifer les progrès, Prix propofés par la Société Royale de Médecine, dans fa Séance publique tenue au Louvre le Mardi 2 Mars :784. Prix relatifs aux Epidémies. La defcription & le traitement des maladies épidémiques & épizooti- ques (1), & l’Hiftoire de la conftitution médicale de chaque année, font le but principal de l’'inftitution de la Société, & l'objer dont elle s'eft Le plus conftamment occupée. Elle a annoncé dans fa dernière féance publique , que la bienfaifance du Gouvernement, & la générofité de quelques-uns de fes Membres, qui n’ont point voulu être connus, l’a- voient mife à portée de difpofer d’une fomme de 3000 livres, deftinée à fournir des encouragements pour les travaux relatifs aux épidémies , aux épizooties, & à la conftitution médicale des faifons. Depuis cette épo- que , le Gouvernement , voulant favorifer des vues aufli utiles, a porté cette fomme à 4000 liv. Les mêmes conditions du concours annoncé le 26 Août 1783, fubfftent. Nous croyons devoir les rappeler ici. I. La fomme de 4000 livres, dont il a été parlé , fera employée à la diftribution de Médailles de différentes valeurs, aux Auteurs des meil- leurs Mémoires & Obfervations, foit {ur la conftitution médicale des faifons , & fur les maladies épidémiques du Royaume , foit fur différentes (1) Article IX des Lettres Patentes de 1778. 486 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, queftions relatives à ces deux fujets, que la Société s'eft réfervé, dans fon dernier Programme le droit de propofer. IT. La ditribution de ces différentes Médailles fe fera, comme il a été déjà dit , dans les Séances publiques de l’année 1786. II. I y a plufeurs manières de mériter ces Prix ; 1°. par une corref- ondance fuivie & exacte fur la conftitution médicale des faifons, c’eft- à-dire , fur les obfervations nofologiques journalières, comparées avec les principaux réfulrats que la Météorologie fournit, & dont l'enfemble forme l'année médicale (aznus medicus), que tout Médecin peut rédi- ger dans le lieu qu'il habite ; 2°. par des Mémoires bien faits, foit fur une épidémie ifolée , ou fur La conftitution d’une faifon, pendant laquelle il aura régné des maladies remarquables; foit en réponfe aux Programmes qui feront propofés concernant Les maladies épidémiques ou conftitution- nelles des faifons, En conféquence , depuis le 26 Août 1783 , époque de la dernière féance publique de la Société. Royale, tous les Mémoires & Obfervations qui ont été adreflés relativement à ces différents fujets, font confervés dans des cartons particuliers , & il en fera de même de tous ceux qui feront envoyés jufqu'au temps fixé pour la diftribution des Prix, La Société efpère que le zèle & l’émulation s’accroîtront encore , lorfqu'on apprendra que le Gouvernement donne la plus grande attention à ces travaux, & qu'il a augmenté la fomme deftinée aux Prix qui doivent les couronner. Déjà la Société Royale a propsfé plufeurs Programmes concernant les épidémies, dont les Prix ont été diltribués, & elle a recueilli un grand nombre de Mémoires bien faits fur les maladies exanthématiques , fur la: fièvre milliaire , {ur Les maladies des armées, fur les influences de l’atmof- phère dans la formation des épidémies , & fur les maladies intercurrentes; fujers qui font tous relatifs aux maladies conftitutionnelles de l’année. : C’eft dans la même vue qu'elle a propofé, dans fes féances publiques précédentes , deux Programmes qu’elle croit devoir rappeler au- jourd'hui, Le premier eft conçu de la manière fuivante: « Déterminer, 1°. quelles » font parmi les maladies , foit aiguës, foit chroniques , celles qu'on doit »# regarder comme vraiment contagieufes ; par quels moyens chacune de » ces maladies fe communique d’un individu à un autre; 2°. quels font » les procédés les plus sûrs pour arrêter les progrès de ces différentes # contagions ». On fent combien la réponfe à cette queftion intéreffe la fanté publique. M. Lenoir, Confeiller d'Etat , Lieutenant-Général de Police, & Membre de la Société Royale de Médecine, en a fenti l'im- portance. Ce Prix, de la valeur de 600 liv., eft dû à fa généroliré. Les Mémoires deftinés au concours feront envoyés avant le 1°° Janvier 178$, ë& ce Prix fera diftribué dans la féance publique du Carèëme de cette même année, SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 487 Le fecond Programme, annoncé dans La dernière féance publique, eft le fuivant : « Déterminer quels font les avantages & les dangers du quin- » quina, adminiftré dans le traitement des différentes efpèces de fièvres » rémittentes », Ce Prix, fondé par le Roi , elt de la valeur de 6001, Les Mémoires doivent être envoyés avant le 1° Mai 1785, & la diftri- bution en fera faite dans la féance publique de la Fête de Sainc-Louis de la:smême année. Parmi les maladies épidémiques , il y en a un grand nombre qui doivent être rapportées aux fièvres rémictentes, & le quin- quina ayant été confeillé à grande dofe dans leur traitement , il et utile de faire des recherches & de réunir des obfervations qui fixent enfin les idées fur cet objet. Il y a fans doute un grand nombre d’autres queftions à réfoudre , rela- tivement aux maladies épidémiques ou conititutionnelles des faifons. La Société s'en occupera fucceflivement. La fuivante lui paroït mériter , de la part des Médecins, la plus férieufe attention. Nouveau Programme relatif aux Epidémies. Prix de 600 livres. L'obfervation ayant appris que les maladies épidémiques font plus ou moins aflujetties à l’ordre conftant & régulier des faifons, on eft parti de ce principe, pour les rapporter à quatre conftitutions principales , en les di- vifant en affections printannières & automnales, en maladies de l'hiver & de l'été, Cette divifñon des maladies épidémiques n’étoit point inconnue aux An- ciens, qui l'employoient fous d'autres dénominations, On fait qu'ils ad- mettoient dans l'homme quatre humeurs principales; favoir la pituite, le fang proprement dit, la bile & l’acrabile, Suivant eux, l'effet des différentes faifons étroit de faire prédominer alternativement chacune de ces humeurs, & ils défignoient chacune des quatre faifons de l’année par le nom particulier de l'humeur qui furabondoïit pendant fon règne. C'eft de là qu'eft venue la divifion des maladies épidémiques ou conftitution- nelles de l’année, en pituiteufes ou catharrales , inflammatoires , bilieufes & atrabilieufes. Quoique la théorie des Anciens fur ces quatre humeurs foit fujette à de grandes difficultés , cependant leur divifion a été adoptée par Les Praticiens, qui ont bien décrit les trois premières conftitations; îls y ont attaché un fens précis, &ils en ont déterminé la nature, La quatrième efpèce, que lon nomme arrabilieufe , ne paroît pas également reconnue par les obfer- vateurs, On ne fait pas encore fi elle a une exiftence bien diftinéte, ou fi elle n'eft pas une modification des autres conftitutions, Cependant, quei- ” 4838 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, ques Modernes s’en font fpécialement occupés (1). Suivant eux , la conf- titution arrabilieufe a ététrop négligée par les Médecins, & c'eft à fon influence que l'on doit rapporter non feulement un grand nombre de maladies chroniques particulières à l'automne, telles que Les affections hypocondriaques ou mélancoliques, & plufieurs fortes d'éruptions puftu- leufes & dartreufes; mais encore les fièvres dyffentériques automnales (2) , certaines efpèces de fièvres quartes rebelles, & plufieurs autres genres de fièvres arrabilieufes aiguës. Ce point de doétrine préfente dans l'hiftoire des maladies épidémiques une queftion intéreflante, & dont la difcuflion ne peut avoir lieu fans le fecours des lumières que fournit la lecture des Anciens, auxquels on ne fauroit trop fouvent rappeller les obfervateurs. La Société propofe donc pour fujec d’un Prix de la valeur de 6001: la queftion fuivante : « Des quatre conftitutions annuelles admifes par Les Anciens, & qui font la catharrale, l’inflammatoire , la bilieufe & l'atrabilieufe , les trois premières étant connues & bien déterminées , » on demande fi la quatrième a une exiftence diftinéte , & quelle eft fon > influence dans la production des maladies épidémiques ». Ce Prix fera diftribué dans la Séance publique du Carème en 1786; & les Mémoires feront envoyés avant le 1° Janvier de la même année, Ü 1 u M u Programmes dejà propofës fur d’autres fujets que les Epidémies. Après avoir expofé Les vues de la Société, relativement aux travaux qu'elle propolfe fur la nature & le traitement des maladies épidémiques & conftitutionnelles des années, nous rapporterons ici les autres Pro- grammes déjà propofés, concernant d'autres fujers de Médecine. Premier Programme. Prix de 600 liv. « Déterminer quels font les rap- > ports qui exiftent entre l’état du foie & les maladies de la peau; dans » quel cas les vices de la bile, qui accompagnent fouvent ces maladies, » en font la caufe ou l'effet; indiquer en mème cemps les fignes propres » à faire connoiître l'influence des uns fur les autres, & le traitement » particulier que cette influence exige », Les Mémoires feront envoyés avant le 1° Mai 1784. Second Programme. Prix de 600 Liv. « Indiquer quels font ,en France, >» les abus à réformer dans l'éducation phyfique, & quel eft le régime ————— (1) Voyez Grant , Traité des Fièvres , tom. II, & M. Lépec, Maladies Epidémir ues , tom. II, feconde part. ” (2) Voyez Hoffmann, Pathol. Gener. part. 1, cap. V,6. 13. l » 1€ SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS: 489 » le plus propre à fortifier le tempérament , & à prévenir les maladies des * enfans , eu égard aux différents ufages & aux différentes températures » ? Les Mémoires feront envoyés avant le 1° Mai 1784. Troifième Programme, Prix de 300 liv. « Déterminer , par l’analyfe » chimique, quelle eft la nature des plantes anti-fcorbutiques , tirées de » la famille des crucifères, telles que Le cochléaria, le creflon & le # taifort ». Il fuffira de faire l'analyfe exacte de deux ou trois de ces plantes. Les Mémoires feront envoyés avant le 1° Janvier 1784. Quatrième Programme. La Société demande : & Si la maladie connue, en » Ecoffe & en Suède , fous les noms de croups ou d'angina membranaceæ » feu polypofa , & qui a été décrite principalement par les Docteurs Home » en 176$, & Michaëlis en 1778, exifteen France; dans quelles Pro » vinces elle a été obfervée; par quels fignes diagnoftics on l'a diftinguée » des autres maladies analogues , & quelle méthode de traitement on a » employée pour la combattre »? Les Mémoires feront envoyés avant ke 1° Mai 1784. Il fera diftribué des Prix relatifs au nombre & au mé- rite des Mémoires. La Société Royale continuera de diftribuer des Médailles aux Auteurs des meilleurs Mémoires qui lui feront envoyés, 1°. fur la topographie médicale des différentes Villes ou cantons; 2°. fur l’'analyfe & les pro- priétés des eaux minérales; 3°. elle en diftribuera de même aux Auteurs des Mémoires où Obfervations qui lui paroîtront propres à contribuer, d'une manière marquée, aux progrès de la Médecine. Les Mémoires qui concourront aux Prix , feront adreffés , francs de port ; à M. Vicq-d’Azyr, Secrétaire perpétuel de La Société, & feul chargé de fa cor- refpondance, rue des Petirs-Auguflins, n°. 2 , avec des billets cachetés , con- zenant le nom de Auteur, € la même épigraphe que le Mémoire. Ceux qui enverront des Mémoires ou Obfervations pour concourir aux Prix d'émulation , relativement à la conflitution médicale des [aifons, aux épidémies & épizooties, à la Topographie médicale , à l'analyfe & aux pro- priètés des eaux minérales , & autres objets dépendants de la correfpondance de la Société, les adrefferont à M. Vicq-d'Azyr, par la voie ordinaire de la Correfpondance , € ainfi qu’il efl d'ufage depuis l'établiffement de cette Com- Pagnie, Cefl-à-dire, avec une double enveloppe, la première à l'adreffè de M. Vicq-d'Azyr ; La feconde , ou celle extérieure , a l'adreffe de Monfeioneur le Contrôleur Général des Finances , à Paris, dans Le département G: fous les aufpices duquel fe fait cette correfpondance. IL eff effentiel de détruire ici erreur ou font quelques Médecins, Phyficiens © Chirurgiens qui ne correfpondent point avec la Socièté , parce qu'elle a: déja des Affociés ou des Correfpondant dans les lieux qu'ils habitent. La Conspagnie eff bien éloignée d’avoir adopté ce principe ; elle défire avoir tous Les gens de l'Art pour Correfpondants : elle fera parvenir à tous ceux qui lui étriront , Les feuilles ox annonces qu’elle ef chargée de difiribuer. Tome XXI, Part, 1, 1784. JUIN, Qgq # 490 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, PROGRAMME de l’Académie Royale des Belles-Lettres d'Arras , publié le 2: Avril 2784 : L'Académie , en annonçant , l’année dernière, qu’un Prix fondé par les Etats d'Artois, feroit décerné, pour la première fois , dans la Séance pu- blique qu’elle devoit tenir vers les Fêtes de Pâques de cette année 1784, ajouta qu’elle adjugeroit à Pâques 178$ un Prix femblable fur ces quef- tions: î « Quelles furent autrefois les différentes branches de Commerce dans > les contrées qui forment préfentement la Province d’Artois , en remon- æ tant même au temps des Gaulois ? Quelles ont été lef caufes de leur dé- > cadence, & quels feroient les moyens de les rétablir , notamment les » Manufadures de la Ville d'Arras »? L'Académie renouvelle aujourd'hui cette annonce; mais quoiqu’elle eûtexigé que les Ouvrages deftinés au concours fuffent envoyés avant le premier Novembre prochain ; elle a jugé à propos d'accorder aux Auteurs un mois de plus. Aucun Membre ordinaire ou honoraire de la Compagnie ne pourra prétendre au Prix. Les Auteurs ne mettront à leurs Ouvrages qu'une fentence , devife ou épigraphe , qui fera répétée fur un billet cacheté , contenant leurs noms, leurs qualités & leur demeure, Ceux qui fe feroient connoître avant le ju= gement de l'Académie, feroient exclus du concours. Les Mémoires feront adreffés, francs de port, au Secrétaire perpétuel de l’Académie , à Arras, ou fous le couvert de M, l'Entendant de Flan- dres & Artois, à Lille; & on ne délibérera que fur ceux qui feront reçus avant le premier Décembre prochain. Le Prix fera délivré, dans la féance publique indiquée ci-deflus, à l'Auteur de l'Ouvrage couronné, ou à la perfonne chargée de fa pro- curation. Ce Prix fera une Médaille d'ox de la valeur de 500 liv, ou pa- reille fomme en efpèces. L'Académie croit devoir publier , dès à préfent, que , de concert avec MM. les Députés généraux & ordinaires des Etats, elle a choili, pour fujet du Prix de 1786, la queftion fuivante: « Eft-ilutile en Artois de divifer les fermes ou exploitation des terres à » & dans le cas de l’aflirmative, quelles bornes doit-on garder danscette > divifion » ? Les Auteurs feront tenus de remettre leurs Mémoires pour ce fecond Prix avant le premier Décembre 1785. Dans la même féance du 21 Avril, le Prix propofé en 1783, fur une queftion d'Agriculture , fut adjugé à M, Hermann, Avocat à Arras y SUR L'HIST, NATURELLE ET LES ARTS. 401 L'accueil favorable qu’a reçu la Carte générale des Produëtions naturelles de PEurope, que M. À. T. W. CromE , Membre de l’Académie des Sciences de Maïence, a publié il y a deux ans, a furpaflé toute attente. Des hommes célèbres , très-verfés dans la connoifflance des richefles de chaque contrée, l’ont jugée neuve & fort utile; ils ont trouvé qu’elle préfentoit une exécution heureufe d’une idée vraiment neuve, avec la- quelle la Science Géographique acquéroit un haut degré d'utilité dans tout ce qui concerne les Finances, la Politique & l'Economie. Au nombre des gens de mérite qui eftiment certe Carte , fe trouvent plufieurs Savants RCE qui invitent l'Auteur à en publier une édition françoife, ainfi que du livre fur les productions naturelles de l'Europe, qui l’accompa- gne. Ofant fe flatter que cette invitation n'eft pas un vain compliment, & qu’elle tend à rendre fon Recueil d’une utilité plus générale, M. Crome a pris La réfolution de s’y conformer; & à cet effet, il annonce une édi- tion complette & totalement refondue de cet Ouvrage , traduit en Fran- çois. La Carte , qui n’étoit ci-devant qu'en une feuille, fera maintenant divifée en deux grandes feuilles. La gravure & l'impreflion réuniront l'exactitude à l'élégance. On pourra néanmoins coller ces deux feuilles enfemble. Le texte recevra des additions & des corrections importantes; il fera prefque tout-à-fait refondu ; de forte que cette traduction pourra être regardée comme un Ouvrage neuf, Enfin, en ajoutant que c'eft M. Bernoulli, de l'Académie Royale des Sciences & Belles-Lettres de Berlin, qui fe charge de cette verfion, on doit juger qu'il ne négligera rien pour fatisfaire le Public , & pour foutenir fa réputation acquife: d’ailleurs, ce Savant eft également connu par fes travaux géographiques, & par une étude profonde des deux Langues. Ce Recueil fe publie par foufcription: on paiera d’avance 12 livres de France en foufcrivant pour l'Ouvrage entier , qui formera deux volumes & les Cartes. On ne fera admis à foufcrire que jufqu’au 4 Mai 1784. Ce temps paflé, le prix fera de 16 livres de France, quoiqu'il ne puifle pa- roître qu’à la fête de Saint-Michel prochaine. Les Soufcripteurs recevront Les épreuves de la Carte , fuivant la date de leur foufcription & de leur paiement; leurs noms feront imprimés à la tête du livre, Il faut affranchir le port des lettres & de l'argent. On foufcrit à Strasbourg chez Amand Kœnig, Libraire. Arlas Cofmographique, Méthodique & Elémentaire ; Traité complet qui réunit aux connoiffances de la Phyfique & de l'Hifloire Naturelle , celle des diffe- rentes parties de l'Univers, fpécialement de la Terre que nous habitons , la nature, l'ordre , la difpofition , le mouvement des Affres; enfin, tout ce qui a rapport à l'explication des globes terreffre & célefle, avec Dif- cours gravé en marge de chaque Carte, par Le fieur BUY DE MorNas; première partie de fon Arlas , qui fe vend fèparément pour l'ufage des Col- Tome XXIV , Part. 1, 1784. JUIN. Qgg 2 L 492 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, lèges, Penfions, © de toutes les perfonnes qui étudient ou enfeignent la Géographie ou l'Hifloire ,en $7 Cartes ,vol. in-fol. , petit papier , 28 livres ; moyen papier , 36 livres, grand papier, 44 liv. À Paris , chez M, Defhos, Ingénieur - Géographe & Libraire du Roi de Danemarck, Nous ferons connoître plus particulièrement cet Ouvrage intéreffanr. LSEURT RE Ecrite par M. DE BourNon, Lieutenant des Maré- chaux de France à Grenoble, A M. L'ABBÉ MONGEZ LE JEUNE. L: s'eft gliffé, Morfieur , dans limpreffion de mon Apperçu fur [a Minéralogie du Dauphiné , inféré dans le Journal de Phyfique du mois de Maïs dernier , plufieurs fautes qui changent abfolument le fens des phrafes où elles fe rencontrent , foit par des mots retranchés, foit par des mots ajoutés. Je vous ferai obligé de vouloir bien en conféquence faire impri- mer lÆErrata ci-joint, abfolument néceflaire pour l'intelligence des en- droits cités. Page 1017 , ligne 12, tel effort, Afez cet effort. Ibid , lig. pénultième, le Dauphiné eft la feule Province , ajoutez de France. Pag. 202, lig. 10 & intéreflanc , /ifez & rendu intéreffant. Pag. 205$ , lig. 4 de la troifième note, & 45 toifes d’inclinaifon, Life 45 degrés, Pag. 207, lig. 31, n'avoit été cryftallifée , Lfez n’avoit pas été cité cryf- tallifée. Pag. 208, lig. 1°. Saint-Hercy , Zifez Saint-Herey. Ibid. lig. 31, dans une grande lettre, Ziféz das une lettre, Pag. 209, lig. $, ilne s’eft trouvé aucune , Zféz il ne s’eft trouvé aucune autre, Pag. 210, lig. 18, ne peut donner, Zifez ne put donner. Pag. 211, Uig. x°, de la note , de la pierre de roche, /ifez de la pierre du rocher. Pag. 213, lig. 6, de pyrites calcaires , Lfez de parties calcaires. Pag, 213, lig. 9 , de leur acide, elles font, Ze de fon acide , elle eft, Le fupplément que je vous avois adreflé pour l’article des mines de «SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 493 plomb , étant arrivé trop tard, je vous prie de vouloir bien J'inférer à la “fuite de cet Errata ; il peut être de quelque intérêr aux progrès de la fcience de la Cryltallographie, en indiquant la véritable origine des cryftaux de mine de plomb jaune en lames carrées rectangulaires, qui ne peuvent être rapportées à auzune des variétés citées jufqu'ici, & dont il nous eft venu de fort beaux morceaux de Bleiberg en Carinthie, Supplément à Particle des Mines de Plomb de Dauphine. On trouve encore fort fouvent dans Les cavités de la gangue de la même mine de la Gardette, de petits cry{taux de mine de plomb jaune, dont la figure mérite d'être décrite , par l'éloignement où elle eft de celles qui feules ont été connues jufqu'ici appartenir aux mines de plomb de cette nature, C'eft le cube rectangle , ou le parallélipipède rectangulaire, lorf- .que le cube s’eft allongé parallèlement à l’une de fes faces. Ces cryftaux fouvent ne préfentent qu'un fegment très-mince de l'une ou l'autre de ces deux formes, & alors i!s font analogues à la mine de plomb jaune de Bleiberg en Carinthie , qui fe préfente en lames carrées très-minces, dont les angles folides font tranqués de part & d'autre en doubles bizeaux. Je ne favois à quel cryftal rapporter cette variété; mais la mine de plomb jaune de la Gardette , en prouvant que cette fubftance cryftallyfe en cube, lève cer embarras. J'ai reçu , depuis peu de temps, de M. Schreiber, des morceaux venant de Vaujany, dans les montages de l'Oifan, qui préfentent, en cryftaux de mine de plomb blanche, les mêmes cryftaux en cubes, ou parallélipi- pèdes, ou.fegmens de l’un ou l’autre, Tome X XIV, Part. I, 1784. JUIN. Qqq 3 404 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, &s. fo TU BLUE DES ARTICLES CONTENUS DANS CE CAHIER. 1: TTRE de M. l'Abbé FONTANA à M. GIBELIN, à Aix en Provence datée de Florence du 10 Juillet 1782. Page au Coup-d'œil fur les Filons ; par M. DE LA CHABKAUSSIRRE, Inge- nieur de la Mine de Baïgorry , dans les Pyrénées. 421 Mémoire de M. CLEeGG , fur l'emploi de nouveaux ingrédients Jubflituës au Verd-de-Gris dans la Teinture en noir; traduit de l'Anglois par M. PELLETIER. 428 Lettre écrite par M. DE BouRNON , Lieutenant des Maréchaux de France à Grenoble, à M. SCHREIBER , ex réponfe à fes Obfervations fur l'Ap- perçu de la Minéralogie du Dauphine. 430 Obférvation fur la Liqueur Séminale, par M. R,.... .437 Réflexions fur l'économie des Végétaux , par Jean INGEN-Housz,. 443 Suite du Mémoire de M. mu CARLA, fur les Nuages Parafites. 456 Lettre aux Auteurs du Journal de Phyfique , fur les Subffances métalliques, € particulièrement [ur leur air inflammable ; par M. DE LA METHERIE, D. M. 473 Nouvelles Lirtéraires, 482 APPROBATION. J'« lu , par ordre de Monfeigneur le Garde des Sceaux, un Ouvrage qui a poux titre: Obfervations fur La Phyfique, fur l'Hiftoire Naturelle & fur les Anis, &c.; par MM. Rozier & Moncez le jeune, &c. La Colleétion de faits importans qu’iloffre périodi- quement à fes Leéteurs , mérite l’accueil des Savans ; en conféquence, j’eftime qu’on peut en permettre l’impreffion, A Paris, ce 22 Juin 1784. VALMONT DE BOMARE. ET TABLE GÉNÉRALE DES AR ECOLES GO NT E NU SLDANS. CE VO L'U ME, PHYSIQUE. Drsczararton Jur Le Brouillard extraordinaire de 1783 ; par M. TOALDO, accompagnée de nouvelles vues fur l'origine de ce Brouillard ; par M. le Chevalier DE LAMANON. Page 3 Defcription d'un Brouillard extraordinaire du mois de Juin 17833 par M. MaArRCORELLE , Baron D'ESCALLE, 18 Lettre fur un Phénomène fingulier du Brouillard de 1783. 399 Obfervation fur Le Brouillard de 1783 ; par M. SENNEBIER , Bübliothécaire de la République de Genève. 404 Mémoire fur la mefure de la falubrité de À Air , renfermant la defcription de deux nouveaux Eudiomètres ; par M. ACHARD, 33 Suite de la Lettre de M. le Baron DE MARIVETZ a M, SENNEBIER. 40 Suite. 236 Rapport de l'Académie des Sciences fur l'Effai d'une Théorie fur'la ffruëture des Cryflaux , par M. l'Abbé Haüy. 71 Obférvations fur les Expériences de MM. DE MONTGOLFIER, ROBERT CHARLES,avec les moyens de Les rendre plus aifees & moins dangereufes; par M. le Comte DE MiLLy. 64 Second Memoire. : 156 Rapport fait à l'Académie des Sciences , fur la Machine Aëroflatique in- ventée par MM. DE MONTGOLFIER. 81 Objérvations fur le Phénomène des Lueurs phofphoriques de la Mer Baltique. SG 496 TABLE GÉNÉRALE DES ARTICLES, Mémoire fur Le Meétéore igné du x8 Août 1783; par M, le Baron DY BERNSTORFF. 112 Obfervations fur les Mouvements diurnes de l Aiguille aimantée; par M. le Comte DE CASSINr, de l’'Atadémie des Sciences. 257 Defcriprion d'un nouveau Cadran Solaire , par M. CARAYON fils. 312 Lettre de M. FERRY fils, fur un Eleétromètre. 315) Correfpondance entre M, MicHAELIs & M. LICHTEMBERG , fur un trait de l'Hifloire ancienne , au fujet des Conduëteurs, 320 Des Nuages parafites ; par M. Du CARLA. 392 Suite de ce Mémoire. 456 CHIMIE. OS trore CHIMIQUES fur les Antimoines fulfureux ; par M. BERGMANN. 23 Obfervations fur l'Eau obtenue de la combuflion de V'Air inflammable € de l'Air déphlogifliqué, par M. DE LA MÉTHERIE , D. M. 45 Analyfe d'une nouvelle efpèce de Mine de Mercure, fous forme de Chaux folide, d'Idria dans le Frioul; par M. SAGE. 61, Mémoire contenant des Expériences fur la vitrification de La Terre vitrifiable, | combinée avec les autres Terres pures ; par M. ACHARD. 216 Expériences fur les Pefanteurs fpécifiques & l'attraëlion des diverfes Subf- cances falines; par M, RICHARD KIRWAN, 134 Suite. 188 Suite, 356 Expériences fur la vitrification de La Terre Végétale mélée avec des Sels ; par M. ACHARD. 280 Offrrvations fur la vertu de l'Eau imprégnée d'air fixe, de différents acides , & de plufieurs aucres fubflances, pour en obtenir , par le moyen des plantes & de la lumière du foleil , de l'air déphlogifliqué ; par M. INGEN-Housz, 337. Extrait d'un Mémoire où l'on prouve , par la décompofition de PEau , que ce fluide r'eff point une fubffance fimple , € qu'il y a plufieurs moyens d’ob- DES ARTICEES. 497 cenir en grand l'Air inflammable qui y entre comme principe cofflicuanr F par M. MEUSNIER, er commun avec M, LAPOISIER. 368 Lerres fur les Subflances métalliques & leur air inflammable, par M. br LA MÉTHERTIE. 473 Lettre de M. FONTANA 4 M. GIBELIN. 417 Mémoire de M. CLEGG fur l'emploi des nouveaux ingrédients fubflitués au verd-de-gris dans la teinture en noir. 428 Réflexions fur l'économie des Végétaux , par M.INGEN-Housz, 447 Obfervation [ur La Liqueur Séminale, par M. K...…. 437 ÉatE: STORE: N'ANT: DR E L LE, M rue LIiTHOLOGIQUES Jur le territoire de Né. mes ; par M. le Baron DESERVIÈRES. 48 Lettre de M. WiLLEMET , fur une efpèce de Grillon , décrite par le Comte D& FRAULA. 6z Obfervations fur le Saffafras , par M. P. DE LA COUDRENIÈRE, 63 Oëférvations fur le Cirier; par M. P, DE LA COUDRENIÈRE, 70 Mémoire [ur l'Hifloire des Abeilles ; par M. L Abbé RAY. 117 Offervation [ur les Roches de Granit d'Huelgouet en Baffe-Bretagne ; par M. MonNNET. 129 Défcription d'une efpèce de Serpent particulière & Madagafcar ; par M, BRUGNIÈRE, 132 Lettre de M. MAUDUYT , fur des Cygnes chantants. 133] Lettre de M. DE TREBRA , {ntendant des Mines du Hartz, à M. le Baron DE DIETRICH. 167 Déféription de l'Orthezia-Characias. 171 Apperçu fur la Minéralogie du Dauphiné ; par M, DE BOURNON. 200 Lettre de M. SCHREIBER fur cet Apperçu, 387 Réponfe de M. de Bournon à certe Lettre. 430 Reproduëlions des grands Polypes marins , par M. l Abbé DiCQUEMARE.213 Mémoire d’Othon-Frédéric MULLER , fur la Mouffe d'Eau invifible. 248 Obférvations fur la Montagne des Chalanches , près d’Allemont en Dauphiné, & Jur Les Gites de minerais d'argent qui sy trouvent; par M. SCHREI- BER, Direlleur des Mines de MONSIEUR, 389 ps | TABLE GÈENÉRALE. RENAN PT EEE STEP PRET ONE ERP SIENS PPT PETER NE MÉDECINE. Os ERPATIONS [ur la ‘faculté fébrifuge de l’'Hippo-Caftanus , ox Marronnier d'Inde; par M. ZULATTI , D. M. 292 Lertre fur l'ufage de l'Ether vitrielique dans certaines maladies des Chiens; par M. BERNYARD. 40T Leire de M. l'Abbé FONTANA 4 M. DARCET, fur la Maladie des Bées à laine , nommée Folie. 227 ARTS ET MÉTIERS. ECONOMIE. Msors Jur les moyens de perfeëlionner les Laines de la France, par M. l'Abbé CARLIER. 94 Obfervations hifloriques concernant le régime, la nature & l'écat aëluel des Troupeaux de bêtes à laine trafumantes d’'Efpagne ; par M, l'Abbé Car- LIER, 177 Obférvations hifloriques fur l'état ancien € fur l'état aëtuel des Troupeaux & des Laines d'Angleterre; par M. l'Abbé CARLIER. 271 Mémoire fur les Citernes deflinées à y conferver les Vins, par M. Fou- GEROUX DE BONDAROY. F 306 Sphères nouvelles, par M. l'Abbé GRENET. 319 Machine à deffiner , de l'invention du fieur HETTLINGER. 389 BOTANIQUE. | NSIDÉRATIONS Phyfico-Botaniques fur les jointures ou Les articulations des Plantes; par M. AMOREUX//s, Médecin, 345$ Nouvelles Littéraires, 74—173—254—324—412—482. De l'Imprimerie de Demon virer, I l’Académie Françoile, rue Chriftive. Tr, TEE BALL ne RP ere Fee