LL AE e: RTS: D 2 PLIS, > LE 2 ER TS PPS SIL L ROSOR ER NTES: PRES De Li UE EL me ù L: , ui ni t L é L NI it (4 CRE RTE # e PEL TA ENS: ni} Le miéfé D . ” OBSERVATIONS LÉ DR d' LA PHYSIQUE, SUR L'HISTOIRE NATURELLE ET SUR LES,ARTS, AVEC DES PLANCHES EN TAILLE-DOUCE, DÉDIÉES A M*. LE COMTE D'ARTOIS; Par M. l'Abbé RoziER , de plufieurs Académies , par M. J. À. Mowncez le jeune, Chanoine Régulier de Sainte Geneviève , des Académies Royales des Sciences de Rouen, de Dijon , de Lyon , &c. &c. & par M. DE LA METHERIE, Doëeur en Médecine , de l’Académie de Dijon. © » - JANVI-E R 1786. TOME XXVIIL * A PARTS; AU BUREAU du Journal de Phyfique , rue & hôtel Serpente, M /DICICAL XXEX VI. APE PRIVILEICE D U ROL PT 77 OBSERVATIONS JET MÉMOIRES SUR LA PHYSIQUE, SUR L'HISTOIRE NATURELLE, ET SUR LES ARTS ET MÉTIERS. DISCOURS PRÉLIMINAIRE CONTENANT UN PRÉCIS DES NOUVELLES DÉCOUVERTES (1); Per M. DE LA METHER:E, D. M. Auteur de ce Journal, ” Ls efforts redoublés qu’on fait de toutes parts pour perfectionner la Philofophie naturelle ont conduit aux plus belles découvertes depuis quelques années. On a abandonné les fyftèmes pour rechercher la vérité (x) Plufeurs de nos Leéteurs nous ayant demandé un précis des nouvelles décou- vertes , & des différentes doëtrines fur les airs, nous avons cru leur faire plaifir en leur préfentant ce tableau que nous avons été obligés de refferrer beaucoup, crainte d’être trop long. « Tome XXV1IIL, Part. I, 1786. JANVIER. A 2 (A 4 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE; par la voie de l'expérience. La fcience mathématique elle-même , à laquelle on avoir peut-être un peu trop accordé, a éré reftreinte à fes juftes bornes. Le Géomètre opère, il eft vrai, d'une manière infaillible ; mais il lui faut des données lorfqu'il veut expliquer les phénomènes de la philofophie naturelle ; & ces données ne font pas encore certaines, La feule expérience peut les apprendre (a). Les Aftronomes livrés aux hautes théories & à la fcience du calcul bornoient tous leurs efforts à faire accorder tous les phénomènes que préfentent les corps céleftes avec les principes de l’action qu'ils exercenc les uns fur les autres en raifon des mafles & de l'inverfe des quarrés des diftances, quelle qu’en foit la caufe. Mais M. Herfchel cherchant plutôe à perfectionner fes inftrumens , vient de faire dans le ciel les découvertes les plus intéreflantes. Il a reconnu une nouvelle planète à laquelle il a donné le nom du Roi d'Angleterre, & qu'en France on appelle Her/chel. Mais ces noms d'hommes ne fubfftant pas ordinairement , comme nous Y'avons vu pour les fatellites de jupiter & de faturne, je crois que pour fe conformer à la dénomination des autres planètes qui portent le nom des fubftances métalliques, on pourroit appeller celle-ci la platine, M. Herfchel a encore apperçu des étoiles dans la voie laétée & dans les nébuleufes. Il a obfervé de ces nébuleufes où on n'en avoit encore point vu , & il en porte le nombre à plus de douze cens. Il a cru appercevoir un volcan dans la lune. Enfin, il a vu des étoiles doubles. . . . I] travaille dans ce moment, aflure-t-on , à faire un télefcope de quatre pieds d'ouverture & de quarante pieds de foyer , qui certainement lui dévoilera encore bien des chofes nouvelles dans les efpaces éthérées. (1) Quels efforts, par exemple , n’ont pas faitsles plus célèbres Mathématiciens pour déterminer les loix de l’hydroflatique ! Ils regardoient les fluides comme un affemblage de très-petits folides , n’ayant aucune adhérence ou qu’une très-foible , & ils calculoient d’après cette idée. Ils avoient trouvé que la-réfiftance des fluides en mouvement, étoit en raifon du quarré des vîtefles. Mais l'expérience a démontré que cette loi étoit trop foible dans les grandes vitefles, parce que, comme je l'ai dit, (Journal de Phyfq. Septembre 1781, page 227) Le fluide doit étre regardé prefque comme un folide d'une longueur d'autant plus confidérable que la viteffe du courant fera plus grande, les parties n'ayane pas le rems de fe déviers On ne pourroit également expliquer dans l'hypothèfe admife , comment différens fluides peuvent fe mouvoir les uns dans les autres, fans que leurs mouvemens paroïflent fouffrir. Mille rayons de lumière diverfement colorés , mille fons différens peuvent traverfer le même efpace ; l’éle&ricité , l’aimant y exerceront encore leur aëtivité , des odeurs s’y propageront, &c. & néanmoins cette multitude de fluides en mouvement ne fe nuifent point, chacun fe meut comme s’il étoit feul. Si lon fuppoloit dans les efpaces éthérées différens fluides fe mouvant les uns dans les autres, & agiflant en raifon inverfe des quarrés des diftances , ainfi que l’a prouvé M. Coulomb pour l’éleêricité..... peut-être entreverroit-on la poffibilité d'une explication mécanique des mouvemens célefles. J4jd, page 229. SUR L'HIST, NATURELLE ET LES ARTS. $ L'éleétricité que nous avons vu , pour ainfi dire , naître , a enrichi la philofophie naturelle des plus belles expériences, L'immortel Franklin, auf grand dans le phylique que dans le moral, a fait la découverte la plus intéreffante , en remettant entre les mains de l’homme cette foudre que la crédule antiquité avoit toujours regardée comme l'attribut du plus grand de fes Dieux. On a fait cette année deux belles expériences en électricité. 1°, M, Coulomb a fait voir que l’action de ce fluide fuivoie la grande loi de la nature, l'inverfe des quarrés des diftances. 2°. M, Ca- vendish en faifant pafler l’étincelle électrique dans un mêlange d’air pur & d’ait phlogiftiqué, dit avoir obtenu de l'acide nitreux. Mais nulle partie n'a autant gaoné que l'Hifloire-Naturelle. Les Obfervateurs voient tous les jours des animaux, des plantes & des minéraux inconnus, Ils les décrivent & les claffent. Car les familles, quoiqu'elles ne foient peut-être pas avouées par la nature, font indifpen- fables pour aider notre foible mémoire, Le goût pour cette belle fcience ef fi général , les Chefs des nations en ont tellement fenti Putilité, qu'ils ont invité & prié des Savans de parcourir toutes les parties du globe pour connoître & ramaffer les chofes non décrites. Nous avons donc lieu d’efpérer de voir augmenter nos connoiffances, & fur-rout éclaircir beaucoup de faits douteux. M. Banks donne en détail les obfervations nombreufes qu'il a faites dans fon voyage autour du monde. M, Thunberg qui a voyagé au Japon, aux Indes & au Cap, fait connoître dans des diflertations aufli intéreflantes que nombreufes les plantes qu'il y a découvertes. M. 1e Chevalier de a *Marck raffemble dans la collection encyclopédique celle des autres voyageurs qui n’ont pas écrit; & M. l’Héritier aflure par des gravures done Ja perfection ne laifle rien à défirer , la connoiffance des plantes nouvelles _iqui fleuriffent dans les jardins de cette Capitale , fur-tour au Jardin du Roi, où MM. Thouin ont acclimaté un grand nombre de plantes étrangères. , È M. de la Tourette vient de nous donner le catalooue des plantes du Lyonnois ; & M. de Villars nous promet celles du Dauphiné. Il nous fera peut-être enfin permis d'efpérer que les productions de la France feront connues de fes habitans, . : M. l'Abbé Cavanilles débrouille le chaos qui règne dans la nombreufe famille des malvacées; M. Bulliard continue d’éclaircir celle des cham- pignors , qui eft encore plus inconnue, M. Dombey qui revient du Pérou rapporte une collection intéreffante en végétaux & en minéraux, & fe difpofe à faire jouir le public favant de ce fruit de dix années de fatigues & de dangers. L'infatigable André Michaux à peine arrivé de l’Arabie & dela Perfe, où il a féjourné quatre ans, a facrifié au plaifir de jouir du fruit de fes travaux, celui de faire de nouvelles découvertes, &c vient de partir pour 6 OBSERFATIONS SUR LA PHYSIQUE, PAmérique feprentrionale, Mais fouhaicons que celles qu'il a, faites dans l'Orient ne reftent pas enfevelies comme celles des Commercans & autres voyageurs, dont les noms feuls nous font connus. si M. Desfontaines, dont le zèle égale les connoiffances , après avoir parcouru pendant trois ans les Royaumes de Tunis .& d'Alger , revient riche des produétions végétales de ces, climats jadis fi Aoriflans , & aujourd’hui prefqu’inconnus. Il nous promet denous faire jouir promptement de la relation de fa favante excurfon. M. Richard parcourt encore les forêts de la Guyanne, fans parler de [on retour: & le Suédois Schwartz qui l'aaccompagné dans fes courfes favantes, l'a enfuire quitté pour aller à Rio- Janeiro chercher à nous faire connoître les productions du Brefil, Le Docteur Maerlens & le Jardinier Boc, ont acclimaté cette année au Jardin Impérial de Schombrun à Vienne, pluleurs milliers de plantes qu'ils ont apportées de la Chine & du Japon. L'Impératrice de Ruflie a également engagé des Savans à voyager dans fes vaites Etats, & vient de faire partir une nombreufe commiflion pour faire de nouvelles découvertes. La Zoologie ne nous préfentera pas un aufli grand nombre de nouveautés, quoiqu'elle foit plus cultivée que jamais; mais fes progrès n'en font pas moins fenfibles, M. de Fourcroi a donné un abrégé de l’hiftoire des infedtes de M, Geoffoi , dans lequel il a décrit quelques nouvelles efpèces. Les Allemands ont publié un calendrier des chenilles qui peut être fort utile aux amateurs ; mais il le fera moins aux progrès de la fcience que la: méthode de les conferver pour les deffécher; méthode que M. d’Antic a ubliée dans un des cahiers de ee Journal. M. Gigot d'Orcy & fes coopérateurs continuént avec le même fuccès [a collection des papillons d'Europe. Ils viennent de mettre au jour les premiers cahiers des phalènes qui ne le cèdent pas à ceux des papillons de jour. M. Badier que fon amour pour l’Hiftoire-Naturelle a déterminé à pafler à la Martinique, nous annonce une colleétion nombreufe d'ani- maux, & fur-tout ce qui lui manque pour completter la fuite des crabes, 4 à s Nous devons au mémorable voyage de M. Vaillant qui a pénétré du Cap de Bonne-Efpérance jufqu'au tropique, une colle“tion nombreufe d'oifeaux dont beaucoup font nouveaux, & une girafe quadrupede de dix-huit pieds de hauteur, qui n’avoit jamais été apportée en France, Il nous fait efpérer une relation de ce voyage qui ne pourra qu'être favorablement accueillie, Mais il n'y a point de voyages qui promettent autant pour les fciences que celui done Louis XVI a formé le plan, & qui s’exécute aüjourd'hui fous la direction de M. de la Peyroufe, Les Savans qu'on a priés de SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS, 7 concourir à cette belle entreprife font MM. Dagelet, Monge (1) comme Afltronomes, MM, de Lamanon, la Martinière, l'Abbé Mongez un des Auteurs de ce Journal, & l'Abbé Receveurcomme Naturaliftes & Phyficiens, Les uns déteérmineront la pofition des lieux, lés autres s’occuperont de toutes les parties d'Hiftoire-Naturelle & de Phyfique ; & nous devons attendre de leur zèle & de leurs lumières les connoiffances les plus “précieufes, La Géographie qui a déjà tant gagné dans ces derniers tems par les voyages du célèbre Cook, acquerra encore beaucoup dans celui-ci, Nous fouhaiterions qu'on cherchät enfin à déterminer les mouvemens de l'Océan fi eflentiels pour la géographie phyfique & la théorie de la: verre. Les Européens ont des ports dans toutes les contrées de l'univers. Il leur feroit bien facile d'obferver fur les jetées la hauteur des eaux ; & enfin on pourroit s’aflurer fi la mer gagne fur des parages & perd fur d’autres. Mais il y a des précautions à prendre. La mer, par exemple, paroît fe retirer des côtes de Provence. Aigue-morte, Certe, qui étoient He ports, font aujourd’hui dans les terres. Cependant dans le port de Marfeille, qui remonte à plus de deux mille ans , le niveau de la mer ne paroît pas avoir baiflé. Ainfi Aigue-morte, Cette, ont été feulement comblés par des arterriflemens, fans que les eaux s’en foient éloignées, La Minéralogie n'a pas fait de moindres progrès que les autres parties d'Hiftoire-Naturelle. Les découvertes y font plus dificiles, parce que les efpèces y font moins multipliées que dans les autres règnes, Néanmoins on eft parvenu à avoir des caraétères plus conftans, & qui induifent moins en erreur, tels que la texture , la dureté, la pefanteur , la couleur, &c. mais un des plus frappans eft la figure , l’objet de la Criftallographie, Cette fcience prefque nouvelle, entrevue par Bouguer, Linné , &c. a été portée à un grand point de perfection par le favant Romé de l’Ifle , dont louvrage donne la forme & afligne les angles d’un grand nombre de criftaux, 1l a travaillé à ramener à quel formes premières cette variété immenfe de criftallifations que préfeP: pature, en indiquant les pañlages qu'elle s’eft ménagés par des troncatures. M. l'Abbé Haïüy s’eft auffi Occupé avec fuccès de cette fcience, & cherche à retrouver le noyau ou la forme première de chaque’ fubftance criftallifée. En fous-divifant ce noyau par des fections qui fuivent le joint des lames, & offrent le poli de la nature, il eflaie d'afligner par une application du calcul à des loix fimples & régulières , la forme des molécules intégrantes , & les modifi- cations que fubiflent les criflaux: Tous les caraétèrestextérieurs ne nous donnant qu'une connoiflance très-imparfaite des corps, on a cherché à en approfondir la nature , & à (1) La fanté de M. Monge ne Jui a pas permis de continuer ce voyage. 8 OBSERVATIONS'SUR LA PHYSIQUE, en découvrir les premiers principes. C’eft ce qu’on a fait par le moyen de la Chimie, cette belle partie de la philofophie naturelle. Cette fcience née en Egypte, cultivée enfuite par les Arabes, fe cachant poftérieuremenc dans les laboratoires myftérieux des adeptes , s’eft enfin montrée au grand jour avec les Beccher , Les Schal, les Boerhaave, les Rouelle | &c. Mais tous ces favans négligèrent dans leurs analyfes un des principaux produits. Ils s’écoient bien apperçus, fur-tout Vanhelmont & Boile, que * dans toutes les opérations il {e dégageoit une immenfe quantité de vapeurs aériformes qui faifoient brifer les vaifleaux, fi on ne leur fournifloit une iflue de tems en tems. Mais ils n’y donnèrent point affez d'attention. J.Rey vic un des premiers que les chaux de plomb contenoient de l'air. Venel en tira des eaux de Selez ; mais ils n'examinèrent point cet air. M. Black le premier y donna une attention fufifante. MM. Cavendish,, Prieftley, Lavoilier , Schéele, Bergman , Fontana, Berthollet, Kirwan, Ingen- Houfz , Senebier , Volta, &c. en ant fait depuis l'objet de leurs princi- pales recherches. Je n’en fuis auf occupé. On a vu avec furprife que cet air qu'on avoit négligé jufqu'ici, jouoit le plus grand rôle dans tous les phénomènes naturels. Il en eft né de nouvelles théories qui ont changé entièrement celles qui étoient reçues. Mais cette analyfe devient tous les jours plus difficile , parce qu'il eft reconnu que l'air lui-même dans beau- çoup d’opérations traverfe les vaifleaux. M. de la Rochefoucaud a prouvé que l'air fixe s'échappe à travers les vaiffeaux de grès. J'ai fait voir que la même chofe a lieu à l'égard de l'air atmofphérique, & M. Prieftley a prouvé que l’eau elle-même dans un grand coup de feu n'y eft pas retenue. Ain nous ne faurions douter que cela n’ait lieu dans beaucoup d’autres circonftances & à l'égard d’un grand nombre de corps. Aufli a-t-on: toujours une perte plus ou moins confidérable dans toutes les opérations. Les mêmes expériences nous font voir qu'il nous échappe encore un grand nombre de principes que nous ne pouvons faifir, tels que celui de la chaleur , le feu, la lumière, le Auide éleétrique, &c. Nous ne pouvons cependanc doutert@ge ces fubftances n'entrent comme parties conftituantes dans la plupart des corps, fur-rout dans les corps organifés. Ainf nos analyfes auront toujours néceflairement un certain degré d'imperfection , auquel nous devons faire attention dans les conféquences ue nous en:tirerons. Des Elémens. Les premiers principes des corps ont toujours été l’objet des recherches des Philofophes (1). Héraclire & toure l'école du Portique regardoient le feu comme le premier principe. Anaximène croyoit que g'étoit l'air. Les Prètres d'Egypte, Thalès, &c, ant cru que c’étoit l'eau. (1) Voyez mon Mémoire fur les Elémens, Journal de Phyfique, Septembre , année 3781 Enfin SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 9 Enfin, Empedocle, Ariftote, &c. ont admis comme corps élémentaires, l'eau, le feu, l'air & la terre. De la Terre. Ce dernier fentiment a été affez fuivi. Cependant Vanhelmont, Boile, Newton, &c. croyoient que l'eau pouvoit fe convertir en terre. Ainfi dans cette hypothèfe la terre ni l’eau n’auroient point été de vrais élémens. Mais on a reconnu que la terre qu'on obtenoit dans les diftillations répétées qu'on faifoic éprouver à l'eau étoit due à l'érofion des vaifleaux, M. Schéele néanmoins ne paroît pas regarder la terre comme élément, & il foupçonne que routes les terres pourroient bien n’être que des acides. Car les fubftances métalliques , en qui le principe terreux paroîtroic devoir être abondant, ne font, fuivant lui, que des acides unis au hlogiftique. Il regardoit aufh la terre quartzeufe comme une combinaifon de l'acide fpathique avec l'eau, parce que cet acide dépofe une matière quartzeufe lorfqu'il touche l’eau. Mais M. de Morveau rapporte une expérience de M. Meyer qui prouve que la terre que dépofe ordinairement l'acide fpathique par le contact de l’eau lui eft étrangère. Il a pris trois vafes d’érain : dans l’un il a mis du fpath uor pur avec de l'acide vitriolique. Dans le fecond il a mis le même fpath & le même acide, & y a ajouté du verre réduit en poudre ; & dans le troifième il a mis le même acide & fpath, & y a ajouté du quartz pulvérifé. Il a fufpendu une éponge humide dans ces vaifleaux , & y a adapté un couvercle qui fermoit bien. Il les a enfuite échauffés légèrement ; & les ayant ouverts au bout de quelques heures, les éponges des deux derniers ont été couvertes d’une incruftation quartzeufe, tandis qu'il n'y en avoit aucune dans celle du premier. Ainfi la croûte quartzeule que laiffe l'acide fpathique lorfqu’il touche l'eau eft due à une portion de terre volatilifée. ; Le foupçon de M. Schéele que les terres ne font que des acides n'eft donc point encore fondé fur des expériences fuffifantes. Néanmoins la partie terreufe eft beaucoup moins abondante qu’elle ne le paroîc d'abord ; car les terres & pierres con-iennent une immenfe quantité d'eau , de feu, d'air, d'acide, &c. comme nous le verrons. : Def Eau. De l'air inflammable brûlé avec de l'air pur donne beaucoup d’eau , comme M. Macquer & moi nous en étions apperçus des premiers. MM. Cavendish, ae Monge, la Place, Meunier, &c. ayant répété ces expériences en grand , ont obtenu à-peu-près le mème poids d'eau que celui des airs qu'ils avoient brûlés ; d'où ils ont conclu qu'ils avoient produit de l’eau , & que l’eau étoit compofée d’air; mais ils n’ont pas tous la même opinion. æ M. Cavendish croit que l'air pur n’eft que l’eau dépouillée de fon » phlogiftique, & que l'eau eft l'air pur uni au phlopiftique », Tome XXVIII, Part. 1, 1786. JANVIER. B 20 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, M. Wat croit que l'eau eft compofée d'air pur & de phlogiftique; dépouillés de leur chaleur latente. M. de Fourcroy regarde l'eau comme un produit de l'air inflammable & d’un principe inconnu, M. Lavoilier penfe que l’eau eft compofée d'air inflammable & d’air pur. Un quintal d’eau eit compolé, fuivant lui, de 2€ d'air pur , & de 2© d'air inflammable; lequel air inflammable eft douze fois plus léger que l'air atmofphérique. MM. Monge , de la Place, Meunier, Bertholler, &c. ont aufli embraflé ce fentiment. MM. Meunier & Lavoilier ont fait une feconde expérience pour prouver cette opinion. ls ont mis de la limaille d’acier dans un canon de fufñl qu'ils ont expofé à un grand feu, & y ont fait paffer de l’eau en vapeurs. La limaille a été-calcinée, & il s'eft dégagé beaucoup d’air inflammable. Suivant eux dans cette opération l'eau a été décompofée, Sa partie d’air pur s’eft unie au fer qu'elle a réduit en chaux ; & fa portion ” d'air inflammable , devenue libre, s'eft dégagée. J'ai cru que-ces expériences n’écoient pas concluantes: voici les faits fur lefquels j'ai fondé mes doutes, 1°. Le cuivre fe calcine aflez facilement ; & cependant l’eau introduite dans un tuyau de cuivre à l'état d'incandefcence n'eft point décompofée ; d’où j'ai conclu que dans l’éxpérience précédente l’air inflammable vient du fer & non pas de l'eau 32°. que la limaille de fer n’eft point calcinée par l'air pur provenant de la décompolition de l'eau, mais par celui qui eft contenu dans cette eau , par ce même air pur & le principe de la chaleur qui traverfent les vaifleaux dans cet érat d’incandefcence, Effecti- vement on ne fauroit douter que pour lors l'air ne traverfe les vaifleaux, puifque le diamant, le charbon fe brülent dans des vaifleaux fermés hermétiquement. | M.-Fontana explique d’une autre manière cette expérience. Il penfe que le fer perd fon phlogiflique , ce qui produit l'air inflammable ; & que Veau fe combine dans lé fer, & le fait criftallifer. Quant à l’eau :obtenue par la combuftion de l'air pur & de l'air inflammable , je la crois contenue dans ces airs dont elle eft fimplement dégagée. 1°. Ces airs contiennent rous beaucoup d’eau comme lé prouvent Fhygromètre &. les fels déliquefcens: 2°. On n'obtient pas en eau un poids égal: à celui des airs brûlés. 3°. Dans cette combuftion il y a toujours de l'air phlogiftiqué & de Pair fixe produit , quoiqu’on eût bien lavé auparavant ces airs dans l’eau de chaux. H n'y a que l'air inflammable obtenu par l'acide vitriolique qui dans fa combuftion .ne donne point d'air fixe, parce que la petite portion d'acide vitriolique qu'il contient fans doute , le détruit ; mais on a de l'acide {ulfureux. 4°. En mêlant l'air pur & l'air nitreux , ces deuxairs fe combinent pour former l'acide nitreux , & paroiflent aufli prefque tous changés:en liqueur, SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS, 17 Tous ces faits & quelques autres m'ont fair conclure que dans la combuftion ou le mélange de ces airs, 1°. ils abandonnent l’eau qu'ils contenoieut, 2°. que ces airs fe combinent enfuite‘pour former de l'air phlogiftiqué , de l'air fixe , de l'acide nitreux & le principe de la chaleur qui {e diflipe à travers les vaifleaux ; 30, que les expériences fur lefquelles on fondoir la décompofition de l’eau n'étoient pas.aflez concluantes pour une affertion d’une aufli grande importance. Du Feu. Le feu eft un corps fi fubtil que nous ne faurions le fair. Aulfi nous ne le connoiïflons que par quelques effets. Je foupçonre avec M. Macquer & quelques autres Chimiftes que le feu eft idenrique avec la matière de La lumière, le Auide lumineux. La lumière échauffe , brüle , Calcine, &c. comme le feu; & celui-ci devient lumineux, Plufeurs Phyficiens croient au contraire que le feu & la lumière font entièrement diftinéts, parce qu’un corps peut contenir beaucoup de feu, avoir un grand degré de chaleur fans être lumineux , & réciproquement il peut être lumineux fans avoir de chaleur ; mais on peut répondré.que la lumière & la chaleur font deux états différens du même fluide, Mais quelque parti que l'on prenne fur l'identité du feu & de la lumière, il eft certain que ce (ou ces Auides ) pénètre tous les corps, IL eft d’une telle fubtilité qu'il traverfe avec la plus grande facilité les pores des fubftances les plus dures , comme on le voit par la tranfparence du diamant & de toutes les pierres précieufes. Ainfi tous les corps font donc pénétrés par la lumière & le feu , comme une éponge, par exemple, l'eft ar l’eau, Dans cet état Le feu n'eft point combiné ; il eft feulemenc inter- pofé dans les pores des corps. C'eft ce que j'ai appelé matière du feu libre (x). Cette matière du feu ou de ia lumière cherche roujours à fe mettre en équilibre dans les corps comme tout autre fluide ; elle eit fi fubrile & rraverfe tous les corps avec tant de facilité qu’elle n’agit pas fur eux , &e ne produit point de chaleur, jufqu'à ce qu'elle foit fixée : la lumière con- centrée au foyer d’un verre ardent, & tombant {ur unelame de vetre bien mince & bien tranfparente , l'échauffe à peine ; maïs fi elle eft arrêtée par un corps opaque , elle s'y fixe & acquerra la plus grande activité, Dans cet état la matière du feu ne paroît pas feule, Elle eft déjà com- binée avec une fubftance qui paroît être l'air pur; & pour lors je l'appelle matière de La chaleur. Car la chaleur peut ètre retenue dans des vaifleaux, par exemple, dans un poële, & rien ne peut retenir la lumière. La chaleur fe répand avec lenteur , & la lumière avec la plus grande vitefle, &c. Ainf tout annonce que dans la matière de la chaleur , le feu, la lumière eft déjà combinée, & cene peur être qu'avec l'air pur. Dans cer érat de combinaifon la matière du feu a la plus grande activité. La chaleur eft capable d'effets dont ne le feroit pas Le feu feul, quoiqu'il foit le principe 1) Voyez mon Effai analytique fur l’air pur, & les différentes efpèces d’air, Tome XXVIIT, Part. I, 1785. JANVIER, B 2 L 1x2 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, de l'a&ivité de la chaleur (1) ; mais il eft fi fubtil , qu'il traverfe avec la plus grande facilité tous les corps & ne peut agir nr eux ; au lieu que lorfqu’il eft combiné avec l'air , celui-ci lui donne de la mafle , & pour lors ne traverfant que difficilement les corps, il en brife les combinaifons, détruit leur force de cohéfion, les liquéfie, les volatilife, &c. C'eft comme un grand courant d’eau qui feul fait peu de dégâts aux digues qui le retiennent , & qui les renverfe dès qu'il charrie des glaçons, des bois, &c. Rien n'annonce davantage l'énergie de la matière de la chaleur que la force des vapeurs qui déchirent les enveloppes les plus dures dans lefquelles on voudroit les contenir. Il exifte toujours dans le globe & dans l'atmofphère une certaine quantité de ce principe de la chaleur qui cherche à fe mettre en équi- libre. Cependant tous les corps n’en ont pas la même quantité. Elle varie fuivant l'affinité qu'ils ont avec lui. Diverfes fubftances , par exemple, expolées dans une atmofphère chargée de fluide électrique , d'humi- dité , &c. s’électriferont ou s’humeéteront plus ou moins en raifon de leur affinité avec le fuide électrique ou l'eau ; il en eft de même du principe de la chaleur. M. Wilke ayant pris une livre de glace à o, & une livre d’eau à ÿ8 degrés de Réaumur , les mêla. La glace fe fondit, & tout le mêlange vint à o ; d’où il conclud/que la glace à o exige 58° de chaleur pour fe fondre (2). MM. Black , Irwine, Crawtord, Kirwan, Lavoilier, &c. ont embraflé cette doctrine, & ont déterminé les chaleurs fpécifiques de différens corps. IL réfulte de toutes ces expériences que la’ chaleur fpécifique de l’eau étant 1,000 , celle de l'air pureft 87,000 , celle de l'air atmofphérique 18,000 , celle de l'air fixe 0,270, celle de l'acide vitriolique 0,758 , celle de l'acide nitreux pur 0,844 , celle de l’acide marin 0,680. Ainfi chaque corps a fa chaleur fpécifique. On a aufi appelé cette chaleur la chaleur latente. Un corps perd de fa chaleur fpécifique ou latente lorfqu’il fe trouve*en contact avec un autre corps qui a plus d’affinité que lui avec cette même chaleur, De même qu’une éponge mouillée cédera fon humi- dité à un autre corps qui a plus d’affinité avec l'eau, par exemple, à Valkali du tartre. IL faut bien obferver que cette chaleur fpécifique , quoiqu'effentielle aux corps , n’eft point combinée avec eux, & qu'ils en peuvent contenir une plus ou moins grande quantité fans que leur nature en foit changée. (1) L’a&ivité du feu me paroît dépendre, 1°. de fa figure fphérique que prouve la réflexion de la lumière ; 2°. de fon mouvement giratoire, ( Voÿez mon Mémoire fur les Elémens. ) (2) De l’eau peut conferver fa liquidité à trois ou quatre degrés au-deffous de o , & au moment qu’elle fe congèle elle remonte à o. Tous les corps liquides un inffant ayant que de paffer à l’état de folidité Jaïffent également échapper une partie de leux chaleur latente. SUR L’HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 13 Indépendamment de ces deux manières d'être du feu ou de la lumière, elle entre encore comme principe conftituant des corps. Les plantes privées de la lumière s’étiolent. La même chofe a lieu pour les ani- maux (1). La lune cornée expofée à la lumière devient violette, L'acide nitreux acquiert la couleur orangée en étant expofé à la lumière ou à une douce chaleur. Le naphte fe colore également. Le phofphore au contraire fe décolore, &c. On ne peut donc douter que le fluide lumineux fe combine, & foit un des principes des corps. Beccher & Sthal ont appelé ce feu ainfi combiné dans les corps principe de l'inflammabilité, phlogiffon. Mais Sthal ne regardoit point le phlogifton comme le feu pur. Il le croyoit déjà combiné, Le phlogiftique, füivant lui , fe retrouvoit dans les trois règnes, l'animal , le végétal & le minéral, & on pouvoit le faire pafler d’une fubitance dans une autre. Depuis Sthal on s’eft beaucoup occupé de fa doctrine du phlogiftique. Néanmoins on eft bien éloigné d'en avoir des notions claires. Je le regarde avec M. Kirwan comme l'air inflammable des modernes (2). Suivant moi, cet air inflammable fe trouve dans les métaux, dans le foufre, dans le phofphore, dans le charbon , dans les huiles, &c. Un grand nombre d’autres Chimiftes penfe bien que le phlogiftique fe trouve dans l'air inflammable , mais qu'il n’y eft pas pur. Telle eft l'opinion de MM. Prieftley, Schéele , Bergman, &c. Cette doûrine du phlogiftique a été généralement admife jufqu'à ces derniers tems, que de célèbres Chimiftes l'ont révoquée en doute. MM. Lavoifier & Bayen ayant traité dans des vaiffeaux iés les chaux métalliques , virent qu’elles ne fe calcinoient que par l'air contenu dans la cloche, que celles du mercure fe revivifioient fans addition , & qu'il s’en dégageoit un fluide aériforme. Ils crurent dès-lors que le phlogiftique n’exiftoit point. La mêrne deétrine a été depuis embraflée par MM. Ber- tholer, de la Place, Monge, Meunier, &c. On y a joint la doctrine des airs, & on en a fait une théorie générale entiérement oppofée à la théorie du phlogiftique. Cependant ces Savans ne nient point l'exiftegce du principe du feu, & ils admertent Les différens degrés de chaleur fpécifique dans les corps. Ils reconnoiffent aufli l’exiftence de l'air inflammable dans le charbon, dans les huiles, dans les corps muqueux, &c. mais ils croient qu'il ne fe trouve point dans le foufte , le phofphore , les métaux , &c. Ils penfenc encore que l'air inflammable ne vient que de la décompofition de l’eau. C’eft pourquoi ils l'appellent toujours air inflammable aqueux ; au lieu que , fuivant moi, l'air inflammable eft formé dans les végétaux, les 0 (1) Voyez mes vues phyfologiques. ù : (z) Journal de Phyfique, janvier 1782, & mon effai fur l'air. 4 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, animaux , les mécaux, le foufre, &c. pat la combinaifon du principe de la lumière , avec l'air pur. | Je crois que le feu fe rrouve encore combiné très-abondamment dans certains corps fous forme de principe de la chaleur. Je prends pour exemple La chaux vive. Si on verfe de l’eau fur un gros morceau de chaux vive, elle s’échauffe au point de mettre le feu aux corps com- büftibles. Oh voit même des traits de feu dans fes gerfures. IL me paroît donc qu'elle eft faturée de la matière de la chaleur, fi on peut fe fervir de cette expreffion , que le feu y eft concentré. Ici la chaleur eft combinée ; ce qui elt bien différent de la chaleur latente , qui exifte dans les corps fans y être combinée. L'eau ayant plus d’aflinité avec la terre calcaire, en dégage une partie de cette chaleur combinée , quoique la majeure partie y demeure toujours adhérente. Dans cette matière de la chaleur le feu eft moins engagé que dans l'air inflammable , & jouit d’une partie de l'aétivité qu'il a lorfqu'il eft libre. Auñi regardé-je la matière de la chaleur , comme le principe d'activité des différens corps. Nous verrons qu'elle fe retrouve dans les acides, les alkalis, les huiles, &c. mais pour bien entendre ces différentes doétrines , il faut parler auparavant des airs, De P Air. L'air qu'on avoit négligé autrefois dans les analyfes. trouve un des principes les plus abondans des corps. Les Chimiftes modernes qui s’en font occupés ont bientôt reconnu que ces airs n’étoient point homogènes, & qu'il y en avoit un très-grand nombre d’efpèces différentes, De l'Air pur. L'air déphlogiftiqué de M. Prieftley , l'air du feu de M. Schéele , l'air vital de M. de Condorcet , celui que j'appelle air pur , pofsède feul les qualités les plus effentielles à l'air, d'entretenir la vie des animaux & la combuftion des corps. Son élafticité eft la même que celle de l'air atmofphérique dont il fair environ le quart. Sa pefanteur eft un peu plus confidérable, & le pied cube pèfe 76$ grains; celui de l’air atmofphérique étant de 720 grains. Sa chaleur fpécifique eft plus grande que celle d'aucun autre corps : c'elt à cette quantité de chaleur qu’il doie {on état aériforme, Peut-être cefleroit-il d’être fous cette forme fi on pouvoir l’expofer à un froid aflez vif. Nous verrons bientôt le grand rôle qu'il joue dans la nature: ] De l'Air inflammable. Cet air dont le pied cube pèfe 72 grains ne peut entretenir la vie des animaux, ni la combuftion des corps , quoiqu'il s'enflamme & déronne avec grande force , lorfqu'étant mêlé avec moitié d'air pur on en approche une bougie allumée. Il paroît furcharoé du principe du feu avec lequel il eft combiné , & auquel il doit fa grande légéreté & fon inflammabilité. De l'Air phlogifliqué. M ne peut entretenir la combuftion ni la vie des animaux. Il ne s’enflamme point, ne précipite pas leau,de chaux. C'eft pourquoi jé l'ai appelé air impur, MM, Lavoifier & Leonhardi l'ont æ# SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. is appelé mofette atmofphérique , parce qu'il conftitue à-peu-près les trois quarts de l’atmofphère. Son pied cube pèfe 675 grains. . De l'Air fixe. Je l'ai appelé air acide, parce qu'il agit comme les acides, ne peut entretenir la vie des animaux ni la combuition des corps, Son pied cube pèfe 1080 grains. ; De l'Air hépatique & de l'Air phofphorique. s font fétides ,-ne peuvent entretenir la vie ni la combuftion ; l'air phofphorique découvert par M. Gengembre, s'enflamme mêlé avec l'air pur, & détonne. L'air hépatique mêlé avec l’air pur ne prend pas feu. Îl faut en approcher une bougie allumée, De l'Air nitreux. Cet air s'obtient en difflolvant par l'acide nitreux les corps dont on retire de l'air inflammable , tels que les métaux , les huiles , le charbon, &c. Son pied cube pèfe 698 grains. Il ne peut fervir ni à la combultion ni à la vie. Mëlés avec l'air pur ces deux airs fe réfolvenc prefqu’entièrement en une liqueur acide, qui eft l'acide nitreux, Nous allons maintenant expofer les différentes opinions fur la nature de ces airs (1), en fuivant les phénomènes qu'ils nous préfentent, De la combuftion, Les anciens Chimiftes croyoient que lorfqu’un corps brüloic , les partiës mêmes de ce corps étoient feulement réduites en flamme par l'ation du feu. Ils n’avoient point aflez examiné toute la part que l'air avoit. dans ce phénomène. Les modernes n'eurent pas (t) La nature de tous ces airs eft encore fort obfcure, Sont-ce autant de fubflances différentes? & y a-t-il différentes efpèces d’air , comme il paroït y avoir différentes efpèces de terre? Quoique la plupart des Chimiftes penfent qu’il n’y a qu’une terre primitive , je ne prononcerai pas à cet égard, parce qu’on n’eft pas encore parvenu à les convertir lés unes dans les autres ; maïs il me paroît qu’il n’en eft pas de même pour les airs, Toutes ces efpèces d’air agitées dans l’eau ou mélangées les uns avec les autres, perdent leurs propriétés , &' peuvent devenir capables d’entretenir la combuflion , c’eft-à-dire , qu’ils acquièrent les qualités d’air pur jufqu’à un certain point. Ce même air pur agité dans l'eau, même dépouillée par l'ébullition de tout autre air , perd de fa pureté. J'ai conclu de ces expériences que l’air pur étoit l’air principe, qui pouvoit fe modifier, & paller à toutes les autres efpèces d’air par addition d’un principe , que je crois étre la matière du feu ou de la lumière. Il ef fans douté différemment combiné daps les différens airs, mais nous ignorons la nature de ces combinaifonc, Mais qu’eft l’air pur? Par les expériences que nous avons rapportées, il paroït qu'il contient, 1°. une très-grande quantité d’eau ainfi que l’air inflammable, l'air nitreux & tous les autres airs. 2°. L’air pur contient encore une très-grande quantité de la matière du feu , fous forme de chaleur latente, fans qu’elle y paroïfle combinée : au lieu que dans les autres airs ce feueft combiné. Mais cette chaleur & cette eau étant enlevées ; que refte-t-il dans l’air pur : Une fubftance que nous ne pouvons pas faifir dans fa pureté , parce qu’elle eft toujours combinée ; mais dont nous connoïffons les effets prodigieux. D'ailleurs, il paroît que l’air pur & toutes les autres efpèces d’air font fous forrne de vapeurs véficulaires. C’eft ce qu’on peut conclure du petit volume qu’ils occupent Jorfqu'ils fe combinent, Cet état de vapeur eft dû à leur chaleur latente. xé OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, découvert les différentes efpèces d'air qu’ils reconnurent qu’il n'y avoit que l'air pur qui pât entretenir la combultion , & qu'il étoit abforbé dans cette opération, On en a douné une explication différente dans les deux fyftêmes. Suivanr M. Lavoifier , l'air pur eft compofé d’un principe qu'il appelle oxygine, & de la matière du feu ou de la chaleur. Dans la combuftion du oufre, du phofphore, de l'air inflammable, & de tout corps combuftible, le principe oxygine de l’äir pur fe combine avec ces corps pour produire de nouveaux compolés , en abandonnant le principe du feu ou la chaleur latente qu'il contient en fi grande abondance. C’eft ce principe du feu qui, devenu libre, produit la flamme & la chaleur. « La matière du > feu, dit-il, qui fe dégage pendant la combuftion du phofphore vient de > Ja décompofition de l'air , & non pas de celle du phofphore ». Cet air pur ainfi privé de fa chaleur latente eft appelé par M. Lavoifier principe oxygine ou acidifiant , lorfqu'il fe combine avec quelque fubf- tance pour former les acides. Le vitriolique , le phofphorique , &c. font le foufre ou le phofphore, plus l'air pur fous forme de principe oxygine, c'eft-à-dire, dépouillé de fa chaleur. Suivant le même Phyficien, le même principe oxygine fe combinant avec les métaux , devient le pripcipe calciforme. Ainfi une chaux métallique eft le métal, plus Pair pur dépouillé de fa chaleur ou principe oxygine. Enfin ,ce même air pur brûlé avec l’air inflammable devient eau pure , c’eft-à-dire, que l’eau eft l'air pur dépouillé de fa chaleur, & combiné avec l'air inflammable. M. Lavoi- fier qui admet auffi une chaleur latente dans les corps combuftibles ; quoique moins confidérable que celle de l'air pur, ne dit pas fielle fe dégage dans leur combinaifon avec cet air, & contribue ainfi à la flamme & à la chaleur qui naît de la combuftion. Les partifans du phlogiftique croient au contraire que la principale caufe de route combuftion eft due au phlogiftique ; & que tous les corps, tels que les huiles, le foufre , les métaux, ne brülent que par ce prin- cipe. Voici la manière dont j'ai expliqué ce phénomène, en regardant roujours l'air inflammable comme le phlogiftique. L'air pur a une très-grande affinité avec, la matière du feu : c'eft ce que rouve fa grande chaleur fpécifique. IL cherchera donc toujours à fe combiner avec elle, dès qu'il la rencontrera. Or , l'air inflammable contient une très-grande quantité de cette matière du feu combinée ; & nous pouvons le fuppofer compofé de petites véficules remplies de cette matière du feu, Dès que ce feu jouira d’une certaine liberté, que quelques-unes de ces véficules feront brifées , il fe portera avec force vers l'air pur qu'il rencontrera. Îl y aura action & réaétion de la part de ces deux fluides, Toutes les véficules de l'air inflammable feront brifées avec effort. Celles de l'air pur le feront également. Sa chaleur latente fe dégagera par cette explofion de la matière du feu ou de la lumière , tout le fluide lumineux eft SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 17 eft ébranlé, La lumiere & la Azrame font produites, ainfi que le principe de la chaleur; la partie d'air qui forme l’enveloppe des véficules de l’air pur & de l'air inflammable , ébranlera à fon tour l'air de l'atmofphère , & y produira un fon plus ou moins vif, ce qui eft la caufe de la détonation. L'air inflammable ne pourra être mis dans cet état de combuftion que, 1°. par un corps enflammé ; 2°. par l'étincelle éle@rique; 3°. par les rayons du foleil ramaflés au foyer d’une lentille & tombane fur un corps combuftible; 4°. par un violent frottement excité fur un corps com- buftible, Car le mêlange de l'air pur & de l’air inflammable feuls ne produit jamais de flamme. ; La chaleur que l'air pur abandonne lorfqu'il fe combine ne me paroît pas pouvoir feule produire de la flamme & combuftion, Car dans le mélange de l'air pur & de l'air nitreux , par exemple, ily a une chaleur aflez confidérable, mais fans flamme. La même chofe a lieu lorfque Pair pur eft abforbé par le foie de foufre, &c. Pour avoir combultion & flamme il faut donc toujours un corps qui contienne de l'air inflam- mable. Le phofphore & le pirophore font les feuls corps qui s’allument par le contact de l’air pur , parce que la chaleur qui eft excitée par leur combinaifon eft aflez forte pour leur faire prendre feu. Des Acides. L'analyfe des acides eft une de celles que la théorie des airs a le plus avancées. Beccher & Schal les croyoient compofés de terre & du principe de l'inflammabilité ; mais aujourd’hui il eft reconnu que les airs en font un des principes les plus.abondans , fur-teut l'air pur, La matière de la chaleur s'y trouve également , & je crois que c’eft à elle qu'ils doivent leur aétivité. Lorfqu'on verfe un acide concentré fur de l’eau , fur un métal, fur Les huiles , &c. il y a toujours une chaleur con- fidérable produite. Elle peut même aller jufqu’à l'inflammation , comme dans l’inflamrnation des huiles par l'acide nitreux & l'acide vitriolique. Or, ce principe de la chaleur eft dégagé en partie de l'acide dans l’inftant qu'il fe combine, comme il eft dégagé de la chaux fur laquelle on verfe de l’eau. Peut-être ce principe de la chaleur vient-il uniquement de l’air pur qui eft fi abondant dans tous les acides. Cependant l’air pur n’a point d'activité par lui-même, Le principe de la chaleur ou la matière du feu exifte donc fous une forme différente dans les acides que dans l'air pur, & y eft moins engagé, puifqu'ils jouiflent d’une activité fi prodigieufe. De l'Air acide, ou Air fixe. Il eft l'acide le plus foible; tous les autres acides le dégagent de fes combinaifons, ce qui produit l’effer- vefcence qu'on obferve lorfqu'on verfe un acide fur un aikali aéré, fur du marbre, de la pierre calcaire, &c. | Les Chimiftes font aufli partagés fur la nature de cet acide. Plufeurs d’entr’eux croient que cet acide eft produit par la combinaifon de Fair pur & du phlogiftique. Si par phlooiftique , ils entendent l'air inflam- Tome XXVIII, Part, [, 1786. JANVIER. f 18 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, mable , leur fentiment ne peut fe foutenir , parce que f’air pur & l'air inflammable mêlés enfemble ne donnent point d’air acide , mais de l'air phlogiftiqué de l'air impur, s . « M, Lavoilier ayant brûlé du charbon avec de l'air pur , l'air pur à » été abforbé, & il a obtenu de l'air fixe. En faifant abforber par l'alkali >» cauftique cet air fixe , il refte de l'air pur qu'on peut, en répétant un » certain nombre de fois cette expérience , convertir en totalité en acide >» charbonneux, fans.qu'il refte aucun réfidu ». D'où il a conclu que cet acide eft une combinaifon de la fubftance charbonneufe & de l'air pur; & il a appelé l'air acide, acide charbonneux. Cette fubftance charbonneufe eft un être particulier. « J'appelerai, dit-il, fubftance charbonneufe le > charbon dépouillé d'air inflammable aqueux , de terre & d'alkali fixe ». Un quintal d'acide charbonneux contient air pur dépouillé de fa chaleur ou principe oxyoine 71,78, & fubitance charbonneufe 28,22. Je crois que l'air acide eft compofé d'air pur & du principe particulier que j'ai défigné par le principe de la chaleur. Voici les expériences fur lefquelles je fonde mon opinion. 1°. La chaux calcaire, les alkalis cauftiques expolés à l'air, s’aèrent , quoiqu'on ne puifle découvrir d’air fixe dans l’atmofphère. Ces fubftances attirent donc l'air pur, & le convertiflent én air acide. Or, elles con- tiennent le principe de la chaleur. 2°, En brûlant de l'air inflammable avec l’air pur on a toujours de l'air acide avec dé l’eau. Qu'on prenne l’air inflammable retiré des végéraux & des animaux ; foit par la diftillation , foic par la putréfaétion ; qu’on * prenne écalemenr celui des métaux retiré par Le feu ou par les acides, (excepté l'acide vitriolique ) qu’on les lave dans l'eau de chaux pour les dépoñiller de tout air acide, qu'on les brûle enfuite avec l'air pur , on aura de l’air acide, Or, la matière de la chaleur eft formée dans cette com- buftion, 3°. J'ai brûlé du charbon avec de l'air pur , j’ai eu de l’eau& de l'air acide. Mais tout cet air fixe ne vient pas Ê la combuftion du charbon; car ce charbon diftillé dans des vaifleaux fermés où l'air pur n'a aucun accès, donne beaucoup d'air fixe, & de l'air inflammable. . @. Les animaux en refpirant l’air pur le changent en air acide, Or, dans le poumon de l'animal il ny a que le principe de la chaleur. 5°: Enfin, la matière de la chaleur paroît être la fubftance qui donne l'activité à tous les acides. Elle doit par confequent fe retrouver dans celui-ci. j La fubftance qui combinée avec l’air pur forme l'air acide fe trouve donc dans les chaux, dans les alkalis, dans la combuftion de l'air inflam- mable, & dans la poitrine des animaux. Le nom qu'on lui donnera fera indifférent, Je l'ai appelé principe de la chaleur ; parce que, comme nous SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 19 l'avons vu, la chaux , les alkalis , &c. paroïflent contenir une grande quantité de la matière du feu. De Acide nitreux. Une partie d'air pur-mêlée avec deux d'air nitreux, il s'excite une grande chaleur, le mêlange devient rouge rutilant, & bientôt les deux airs font prefque tous abforbés à un cinquantième près. Ils fe réfolvent en une liqueur ‘acide , qui eft l’acide nitreux le plus pur. La petite portion d'air qui relte contient de l'air phlogiftiqué & de l'air fixe qui précipite l’eau de chaux. Nous avons dit ce qu’on fait fur la nature de l'air pur ; il nous refte à rechercher ce qu'eft l'acide nitreux. M. Lavoifier regarde l'air nitreux, ainfi que la fubftance charbonneufe, comme une efpèce de corps particulier , qui uni au principe oxygine ou air pur dépouillé de fa chaleur , forme l’acide nirreux. * MM. Bergman , Prieftley , &c. regardent l'air nitreux comme l'acide nitreux furcharoé de phlogiftique. L'air pur en s’uniffant à lui le dépouille de cette partie furabondante de phlogiftique, & lui rend fes qualités premières. L'air nitreux, fuivant moi , eft de l’air inflammable modifié par quelque principe que lui fournit l'acide nitreux. Ce principe paroît être l'air pur, mais déjà altéré , peut-être par le principe de la chaleur. Voici les faits fur lefquels je m'’appuie. 1°. On ne retire de l'air nitreux qu’en faifant difloudre dans l'acide nitreux les corps qui par les autres procédés donnent de l’air inflammable, tels que le charbon, les huiles , le fucre , le foufre, le phofphore, les métaux , &Ce 2°. Un métal quelconque, du mercure, par exemple, étant diflous dans l'acide nitreux , ii s’en dégage beaucoup d'air nitreux , & on obtient un fel mercuriel qui eft compofé de mercure & d'acide nitreux. On peut décompofer ce fel par un alkali; & on obtient ä-peu près la même quantité de nitre qu'on a ordinairement avec la mème quantité d'acide employé. Ainfi on ne peut fuppofer qu'une très-petite quantité d'acide nitreux décompofé; & l'air nitreux ne fauroit venir en totalité de la décompoftion de cet acide, 3°. L’air nitreux révivifie les chaux métalliques comme l'air inflam: mable. Si dans une diffolution de cuivre par l'acide nitreux , par exemple, on jette du fer, ce dernier métal eft diffous fans dégagement fenfible d’air inflammable ni d'air nitreux & le cuivre eft révivifé. Il fe dégage feule- ment d’une manière infenfble une efpèce d’air nitreux dans lequel les corps brülent bien. Ce qui a engagé M. Prieftley à l'appeler air nitreux déphlooiftiqué. H eft bien fingulier que l'air pur puifle ainfi fe trouver avec l'air nitreux fans fe combiner ; mais cela annonce qu'il y a quelque principe qui empêche cette combinaifon. M. Cavendish dit avoir produit de l'acide nitreux. IL a pris fept parties d'air pur & trois parties d’air #éphlogiftiqué qu'il a enfermés dans un tube, Tome XXW'IIT, Parr, 1, 1786, JANVIER, C2 20 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, &ya tiré grand nombre d'érincelles éleétriques. Les airs ont été abforbés, & il a obtenu une liqueur acide, qui mêlée avec Palkali lui a donné un vrai nitre. D'où il conclut que l'acide nitreux eft compofé d'air pur & d’air phlogiftiqué. I] croit que l'air pur ne fait ici que déphlogiltiquer l'air phlogiftiqué. « Il ne faut, dit-il, que dépouiller l’air phlogiftiqué de fon > phlogiftique pour le changer en acide nitreux: & cet ce que fait > J'air pur ». Cette expérience ne détruiroit point mon fentiment, 1°. parce que l'air phlogiftiqué eft déjà compofé, fuivant moi, d’air inflammable & d’ait pur; 2°. parce que l’érincelle électrique fournit certainement ici quelque chofe, puifqu'elle eft une efpèce d’air inflammable en combuftion (x). Au refle , toures les conféquences que l'on tire d'expériences femblables à celles de M, Cavendish ne me paroiflent pas affez concluantes. Nous ne pouvons dire un corps compofé de tels principes que lorfqu'on forme ce corps en upiflant immédiatement ces principes, comme en mêlant l'air ur & l'air nitreux on forme l’acide nitreux. Au lieu qu’en mélant l'air pur & l'air phlogiftiqué on ne formera jamais d'acide nitreux ; il faut donc ue létincelle électrique fournifle ici quelque chofe. . M. Prieftley avoit dit que l’étincelle électrique tirée dans Pair atmof- phérique, qui eft un mêlange d'air pur & d'air phlogiftiqué, produifoit de l’air fixe. L’acide nitreux peut être fous deux formes différentes ; l'acide nitreux blanc qui paroît être l'acide nitreux pur, & l'acide nitreux rutilant qui efk un acide nitreux furchargé du principe de l'inflammabilité , c'eft-à-dire, d'air inflammable. On défigne aujourd’hui cet acide fous le nom d'acide nitreux phlogifiqué. L'air nitreux eft produit journellement dans les nitrières, & dans toutes les terres chargées de matières végétales & animales en putréfaction par le concours de l'air pur & de l'air putride. Cet air putride contient de l'air phlogiftiqué , de l'air inflammable, de l’air fixe & lé principe de [a chaleur. Ce feront donc les élémens de l'acide nitreux, On ne peut méconnotre le principe de la chaleur dans l'acide nitreux, & il y eft très-abondant. Dans toutes les diffolutions faites par cet acide, il y a toujours une grande chaleur ; mais c’eft fur-rout Iorfqu’on verfe fux des huiles un acide nitreux concentré , que le principe de la chaleur s'en dégage avec aflez de force pour les enflammer. On ne peut donc pas plus douter de l’exiftence de la préfence du principe de la chaleur dans cet acide que dans la chaux vive, &c. (x) J'ai prouvé que létincelle éle@rique eft une efpèce d’air inflammable, 1°. parce qu’elle révivife les chaux métalliques ; 2°, parce qu’elle enflamme lair indammable qui ne peut s’enflamnær que par un corps qui donne de la flamme , car un charbon ardent ne s’epflamme pas ; 3°, elle déjonne comme l'air inflammable. SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 21 De L' Acide marin. L'acide marin fe forine dans les nitrières comme acide nitreux par le concours de l'air pur, & dé l'air qui fe dégage des matières animales & végétales en putréfaction. Ces airs doivent être - modifiés différemment pour la formation de ces deux acides; mais comme l'acide marin ne fe décompofe pas aufli facilement que l'acide nitreux , on ne peut en retirer les principes conftituans ; Le principe de la chaleur s'y doit également trouver. : à M. Schéele ayant diftillé l'acide marin avec de la manganèfe, obtint un acide particulier capable de difloudre l'or. Il l'appela acide marin déphlo- giftiqué, parce qu'il crut que la manganèfe avoit une grande affinité avec le phlogiftique , & l’enlevoit à cet acide. Il reconnut auffi que l’eau régale ne diflolvoit l’or que parce que l'acide marin ordinaire étoit changé en acide marin déphlogiftiqué par l'acide nitreux ; mais il paroît que la manganèfe, qui contient une grande quantité d’air pur, en fournit à l'acide marin qui sen trouve furchargé, ou avoir de l’air pur en excès , ce qui diminue la proportion de l'air inflammable, Cet acide peut devenir concret, De l'Acide vitriolique. Cet acide avoit été long-tems regardé comme Pacide primitif qui pouvoit fe convertir en tous les autres ; mais rien ne prouve cette aflertion. Il eft néanmoins très-abondant dans la nature. Il fe trouve dans le gip£e, le fpath pefant, &c. IL eft aufli très - commun dans les mines fous forme de foufre, * L'acide vitriolique eft produit journellement fous cette derrière forme. Dans tous les cloaques , les foffes d'aifance , &c. on retrouve du foutre. Quelques plantes en contiennent également. Ce foufre eft de nouvelle formation. Sthal penfoir que le foufre étoit formé par la combinaifon de l'acide vitriolique & du phlogiftique. | M. Lavoifier regarde au contraire le foufre comme une fubftance combuftible particulière , qui en s’uniflant avec le principe oxygine ou air pur dépouillé de fa chaleur, forme l'acide vitriolique. Le foutre, dit-il, ne pafle à l’état d'acide vitriolique que par la combuftion. Or, il ne brüle que par le concours de l’air pur qu'il abforbe, Donc l’acide vitriolique eft le foufre , plus l'air pur dépouillé de fa chaleur fpécifique' qui fe dégage pendant la combuftion. Le foufre me paroît une combinaifon de l'acide vitriolique & de l'air inflammable. 1°, Lorfqu'on combine la chaux calcaire, les chaux métal- liques, les alkalis avec le foufre, on a un hépar ou foie de foufre, qui donne - beaucoup d'air hépatique inflammable & d'acide fulfureux. Or, cetair inflammable ne peut venir de la chaux ni des alkalis ; il faut donc qu'il ait été fourni par la décompofition du foufre , dont l'acide s’eft trouvé libre en même-tems par le dégagement de l'air inflammable. Cet air hépatique contient encore une petite portion de foufre volatilifé & non décompole ; »2 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, 2°. en tenant de l'acide vitriolique expofé à la chaleur en conta@ avec l'air inflammable, & tous les corps dont on retire de l'air inflammable, tels que les métaux , le charbon, les huiles , &c. on obtient de l'acide fulfureux & du foufre ; 3°. en diftillant le foufre avec l'acide nitreux on a beaucou d'air nitreux & de l'acide vitriolique ; 4°. le foutre eft un compofé qui ré produit par le concours de l'air pur & des différens airs. De tous ces faits je crois pouvoir conclure que le foufre eft compofé d'acide vitriolique & d’air inflammable ; & l'acide vitriolique fera le foufre moins une portion d'air inflammable. L’acide fulfureux qui eft, fuivant moi, l'acide vitriolique contenant un excès d'air inammable, mis fous une clothe pleine d'air pur , abforbe cet air , & fe change en acide vitriolique, parce que cer air pur ajouté fe combine avec l’air inflammable qui écoit en excès. La même chofe pourra donc arriver pendant la combuftion du foufre, mais la majeure partie de l'air pur abforbé dans cette opération brüle avec l’air inflammable du foutre, & dans les nouveaux principes forme cette quantité d’eau dont eft délayé l'acide fulfureux. Ainfi cet air pur feroic tout changé en eau, qui dans cette doctrine ne peut pas avoir d'autre origine. Mais, fuivant moi , cette eau n’eft que dégagée de ces airs, dont le réfidu fe retrouve dans le même état que dans la combuftion de l'air pur & de l'air inflammable: ce qui prouve de plus en plus la préfence de l'air inflammable dans le foufre. Je fais, que dans les nouveaux principes, on répondra, 1°. que l'air inflammable hépatique vient de la décompofirion de l’eau dont la portion d’air pur s’uniflant au foufre forme l’acide fulfureux ; mais je ne crois pas cette décompofition‘de l’eau prouvée ; 2°. que l’acide vitriolique ne pafle À l’état d’acide fulfureux ou de foufre par le moyen de l'air inflammable, que parce que l'acide vitriolique fe décompofe. Son air pur s'unit à l'air inflammable , forme de l'eau, tandis que le foufre ou l'acide fulfureux reviennent à leur état primitif ; mais cette décompofition de l'acide vitrio- lique dans cette circonftance n'eft pas plus prouvée. D'ailleurs , l'air put & l’air inflammable ne donnent de l’eau que dans leur combuftion, & non as dans leur mêlange. L’acide vitriolique impregné d'une vapeur nitreufe fe criftallife. L'air nitreux s’en dégage, & la pertion d'air pur de l'acide nitreux fe combinant avec l’acide vitriolique le furcharge d'air pur. L’acide vitriolique peut donc être fous plufieurs états, 1°. dans fon état de pureté; 2°, furchargé d'air pur; 3°. furchargé d'air inflammable ou à l'état d'acide fulfureux ; 4°. être faturé par cet air inflammable, & former le foufre. De L Acide phofphorique. Cer acide avoit été regardé long-tems comme propre aux êtres organifés. M. Sage l’avoit cependant foupçonné dans les minéraux. M. Gahn le découvrit dans quelques mines de plomb, M, Meyer l’avoit auili annoncé dans la fidérite, Et je viens de faire du SUR L’'HIST, NATURELLE ET LES ARTS. 23 pHelphare avec la mine de plomb verte. On en a aufli retiré de la fidérite. M, Lavoifier faifant brûler du phofphore a vu qu'il abforboit beaucoup d’air pur, & que le phofphore étoit changé en acide phofphorique: d'où il conclut que le phofphore eft un corps combultible particulier comme le foufre qui fe change en acide phofphorique par fa combinaifon avec le principe oxigine ou air pur dépouillé de fa chaleur. Les partilans du phlogiftique difent au contraire que le phofphore eft la combinaifon de l'acide phofphorique avec le phlogiftique: moi je penfe que c’elt avec l'air inflammable, Voici mes raifons; 1°. le phofphore ou l'acide phofphorique eft produit journellement dans le règne animal ; ainfi c'eft un compolé nouveau ; 2°. l'acide phofphorique elt changé en phofphore en l’expofant au feu en contaét avec l'air inflammable , je Charbon , les huiles , &c. 3°. en combinant le phofphore avec les alkalis, les chaux , &c. on a un foie de phofphore d’où il fe dégage un air inflam- mable qui prend feu & détonne feul; & l'alkali fe trouve combiné avec Vacide phofphorique. Cet air phofphorique me paroît produit comme Vair hépatique par la décompofition d’une partie du phofphore dont l’acide s’unit à l’alkali, & l'air inflammable s'en dégage , tandis qu’une portion du phofphore eft volatilifée. C'eft cette portion qui s'enflamme par le* contact de l'air pur & fait prendre feu à l'air inflammablé qui détonne à Pordinaire ; 4°. ce phofphore révivifie les chaux métalliques ; 5°. traité avec l’acide nitreux, on a de l’air nitreux & de l'acide phofphorique ; 6°. enfin, l'air pur abforbé pendant la combuftion du phofphore brüle avec l'air inflammable & forme, fuivant la nouvelle do&rine, cette grande quantité d’eau qui étend l'acide phofphorique & dont on peut le débar- rafler, L'eau n’eit pas ici formée, fuivant moi , mais elle eft dégagée de ces deux airs qui fe comportent comme dans leur combuftion ordinaire. On répondra dans la nouvelle doétrine que l’air.inflammable phofpho- rique du foie de phofphore eft dû à la décompofition de l’eau dont l'air pur produit de l'acide phofphorique : ( mais certe décompofition n’eft point prouvée ); 2°. que l’acide phofphorique ne paffe à l’état de phofphore par le concours de Pair inflammable, &c, que parce qu'il fe décompole, perd fon air pur qui fe combinant avec l'air inflammable, forme de l'eau ; mais on n’a encore jamais pu décompofër l’acide phofphorique. Au refte, dans les deux doétrines ce font les mêmes objections & les mêmes réponfes que pour le foufre & l'acide vitriolique. De l' Acide arfenical. Cet acide entrevu par Barlet & Macquer a été démontré par M. Schéele. Il l'obrient en mettant dans une cornue l'arfenic blanc pulvérifé avec de l'acide nitreux, & diftillant, il pafle beaucoup d’air nitreux ; & continuant le feu, on obtient une mafle vitreufe qui eft l'acide arfenical. ; M, Lavoilier , conféquemment à fes principes, doit regarder l'arfenic $ Û 24 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, comme la fubftance fimple, qui combinée avec le principe oxigine que lui fournit l'acide nitreux , pafle à l'état d'acide, & forme l'acide arfenical. Les partifans du phlogiftique croient au contraire que l'acide arfenical combiné avec le phlogiftique forme la chaux & le régule d’arfenic. Pour moi regardant l'air inflammable comme le phlogiftique, je crois que l'acide arfenical fe combine avec cet air pour acquérir les qualités de régule ; 1°. l'acide arfenical en contact avec l'air inflammable l’abforbe & deviene régule; 2°. le même acide combiné avec le charbon , les huiles, devient régule d'arfenic. Ainf l'acide arfenical fera la chaux d'arfenic dépouillée d'une portion de phlogiftique qui lui demeuroit encore adhérente. Des fubflances métalliques. Les fubftances métalliques font très abondantes dans les entrailles de la terre, & La nature en produit fans cefle chez les êtres organifés. ! Beccher, Sthal & prefque tous les Chimiftes y avoient toujours reconnu le principe de l'infammabilité qu'ils appeloient phlogiftique , & que les anciens Chimiftes défignoient par huile ou foufre des métaux. Suivant eux en dépouillant le métal de ce principe , on le réduit en une efpèce de terre appelée chaux métallique. j M. Lavoilier regarde au contraire le métal comme un corps particulier combuftible, & capable de s’enflammer ; mais cette fubftance en brûlant eft réduite en chaux & abforbe le principe oxygine ou l'air pur qui eft dépouillé de fa chaleur : d'où il conclut que la chaux métallique eft le métal plus l'air pur dépouillé de fa chaleur. M. Bayen avoit été conduit à cette conféquence en traitant les chaux de-mercure. IL vit qu'elles fe révivifioient fans addition, & qu’il s’en dégageoit beaucoup de fluide aériforme que MM. Prieftley & Lavoifier ont reconnu depuis être l’air pur. Ainfi, dit M. Lavoilier , le métal ne fe calcine que par le concours de l'air pur qui eft abforbé; 2°, certaines chaux métalliques , telles que celles de mercure, d’or, d'argent, &c. font révivifiées fans addition , & on en retire à-peu-près l'air pur qui a été abforbé ; donc la chaux métal- lique eft le métal plus l'air pur ; & le métal ne perd rien dans la calcination; mais acquiert feulement de l'air pur. Je penfe que les métaux contiennent de l'air inflammable mêlé d'air fixe & d’eau qu'ils perdent dans la calcination, en fe combinant avec l’air pur & le principe de la chaleur. Voici les faits qui me femblent le prouver; 1°, on retire de quelques métaux, tels que le fer & le zinc, de l'air inflammable mêlé d'air fixe & d’eau , foit par le feu feul, foic par les acides , ainfi qu'on retire de l'air fixe de la chaux, foit par le feu, foic par les acides. Ainfi on ne peut pas plus douter que ces métaux contiennent de l'air inflammable mêlé d’air fixe & d’eau , qu'on ne peut douter que les pierres calcaires ne contiennent de l’air fixe. 2°. Ces fub{tances traitées par l'acide nitreux donnent beaucoup d’air nitreux, Or, je crois avoir prouvé que Pair nitreux contient de l'air inflammable, 32. Les chaux métalliques SUR L’'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. of métalliques font révivifiées par l'air inflammable ; car fi dans une diflolu: tion de cuivre on jette du fer, celui-ci eit diflous fans dégagement d’air inflammable, & le cuivre eft révivifié. Des chaux métalliques expofées fous une cloche pleine d'air inflammable, & fur lefquelles on fair tomber le foyer d'une lentille font révivifiées, & l'air inflammable eft abforbé. IL ett vrai qu'une partie de cer air inflammable s'uniflant à l'air pur qui fe dégage de la chaux métallique eft diminuée & abandonne fon eau. 4°. Dans la calcination des métaux par Pair pur, il y a aufli de l’eau dégagée , comme je l'ai fait voir il y a long-tems. Or, cette eau dans les nouveaux principes ne peut venir que de l’air pur & de l'air inflammable qui brülés enfemble forment cette eau. Suivant moi l’eau n’eft que dégagée :al y a d'ailleurs toujours un peu d'air fixe dû , dans mon opinion au principe de Ja chaleur qui eft formé dans cette combuftion. Dans la diftillation du précipité & de la limaille de fer on a également de l'eau & de l'air fixe. M. Lavoifer convienrque l'air pur brûlé avec le charbon dans lequel il reconnoît l’air inflammable, eft cout abforbé fans qu'il refle aucun refcdu , & changé en air fixe 3 mais il y a de l’eau qui provient de la combuftion de l'air inflammable & de l'air pur. Ainfi la même chofe a lieu dans la combultion des métaux. . Dans lautre opinion on répond à ces faits en difant, 1°. que l'air inflammable obtenu par le feu des limailles de fer, de zinc , &c. vient de la décompofñtion de l’eau qui leur eft adhérente : l'air inflammable fe dégage, tandis que leur air pur s'unit au métal & le réduit en chaux. 2°, L'air inflammable obtenu de la diflolution des métaux dans les acides , vient encore de la décompolition| de: l’eau , dit M. de la Place: les acides font auf: toujours en partie décompofés en diflolvanc les métaux pour leur fournir une partie d'air pur quiles réduit:en chaux. Ainfi l'acide vitrio2 lique perdant de fon air pur redevient foufre ou acide fulfureux: 30: Les chaux métalliques ne font point révivifiées par l'air inflammable; mais cet air fe combinant avec l'air pur qui fe dégage de la chaux mérallique, forme de l'eau. 4°. Les métaux diflous par l'acide marin déphlogiftiqué ne donnent point d'air. Je réponds à ces faits , 1°. qu'il n’eft point prouvé que l'eau fe décom- pofe (1): d'ailleurs ,:on obtient toujours de l'air fixe qui ne fauroitvenir de la décompofition de l’eau; 2°. que dans la révivifcation des chaux métal- liques par l'air inflammable opérée par voie humide on ne fauroit dire que l'air inflammable foit employé à former de l’eau par le mêlange de l'air pur:parce que ces deux airs mêlés:enfemble ne forment point d’eau : il faur qu'il y aie combuftion de ces deuxrairsipour que l’eau s'en dégage ; 3°. M. Kirwan a retiré de l'air inflammable d'un amalgame de zinc & de (r) De la limaille de fer mifé dans l'eau commune , donne de Pair inflam- mable , mais n’en donne point dans l’eau de chaux, ni dans l’eau difillée & renfermée toute bouillante. [of Tome XXV I, Part, 1, 1786. JANVIER, D 26 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE; mercure dans lequel on ne peut foupçonner de l’eau ; 4°. dans la diffoluz tion des métaux par l'acide marin déphlogiftiqué l'air inflammable eft abforbé à mefure qu'il fe dégage, comme dans la révivification des mêmes chaux métalliques ; $°. ces Savans admettent l'air inflammable dans le charbon , les huiles, &c. pourquoi le nier dans les métaux; car les mêmes faits le prouvent chez les uns & les autres; 6°, enfin , on ne peut pas dire que dans les révivifications on obtienne en air pur le même poids que la chaux métallique a perdu ; car dans routes ces opérations on a toujours un deficit plus ou moins confidérable. Cent livres de plomb donnent 110 à 112 de minium, & révivifiés 9$ de plomb. M, Lavoifier ayant révivifié quelques onces de minium & pefé le plomb & l'air obtenus, a eu une perte aflez confidérable. MM. Bayen & Fontana en ont eu en révivifant les chaux de mercure; & j'ai toujours éprouvé la même perte. Erfin, il eft prouvé que dans toutes ces opérations il y a une partie du méral volatilifée. Voyez les expériences de M. de Morozzo ; & d’ailleurs il faut tenir compte de l'eau qui a été dégagée lors de la calcination. La chaux métallique eft donc, fuivant moi, une fubftance particulière qui combinée avec l'air. inflammable forme le métal. Cerre chaux peut être plus ou moins dépouillée d’air inflammable , ce qui conftitue de grandes différences dans ces chaux ; mais en perdant leur air inflammable, ces chaux fe combinent avec d’autres principes, * Quant à la révivification de certaines chaux métalliques fans intermède, telles que celles de mercure, d’or, d'argent, & dont on retire de l'air pur; les partifans du phlogifique en donnent différentes explications, M. Kirwan qui admet comme moi l'air inflammable dans les métaux ; coit qu’ils font dépouillés par la calcination de cet air inflammable , & que l'air pur qui eft abforbé pendant cette combuftion eft changé'en air fixe; d'où il s'enfuit que dans la révivification de la chaux métallique l'air fixe fe décompofe. Le phlogiftique qu'il contient opère la révivification completre de certaines chaux métalliques qui reprennent plus facilemenc leur phlegiftique , telles que le mercure , l'or, &c. tandis que la portion d'air pur devenue libre paffe dans toute fa pureté. t M, Cavendish qui croit également au phlogiftique penfe que les chaux métalliques contiennent de l'eau, que dans cette révivification l’eau décompofée fournit du phlogiftique au métal qui eft révivifié, tandis que la portion d’air pur qui eft dégagée pañle dans l'appareil. MM. Schéele & Beregmah croyent que le métal eft dépouillé de fon phlogiftique par la calcination , & qu'il s'unit au principe de 14 chaleur, Ce principe eft compofé, faivant eux, de l'air pur & de la matière du feu. Ce principe de Ja chaleur fe décompofé : la portion “de feu révivife le métal , & l'air pur eft dégagé dans toute-fa pureté. De Je penfe avec ces derniers ,Chimiftes que-la calcination dépouille Les métaux de leur air inflammable, & que l’airpur s’y combine avec la matière du feu fous forme de principe de la chaleur, Cette calcination ne fe fait V3 BV LL NE À € JS À SUR L'EIST: NATURELLE ET LES ARTS. 29 complettement que par l'air pur qui eft abforbé , quoiqu'il y ait fouvent , comme je l'ai fair voir, une petite calcination par les grands coups de feu dans les vaifleaux fermés & dans les: airs intpurs , parce que pour lors l'air pur traverfe les vaiffeaux. Une portion de cet air pur fe confume avec une partie de l'airinflammable métallique; faille échapper, 1°. une certaine quantité d’eau, & 2°. forme l'air fixeique l'on obrieur toujours dans ces calcinations; maisune autre partie de cet air pur fe combine avécila/matière du feu & forme le principe de la chaieur qui fe décompofatit dans l'opéra= tion de larévivification fournie l'air inflammable au métat révivihié, & l'air pur toujours mêlé d'air fixe qui fe dégage. Cet air inflammable eft ici com- polé d'une portion de matière du feu , qui fe combine avec l'air pur. Un grand nombre de faits prouve que les chaux métalliques contiennent le même principe dela chaleur que les chaux calcaires. Conime celles-cr elles s’uniffent aux: huiles fous forme de favon, elles décompofetit le fel ammoniac, font folubles dans l'eau, ont plus où moins de caufticité, &c. Mais il y a encore un autre rapport des chaux métalliques avec les chaux calcaires. Toutes attirent l'air pur & le convertiffent en air fixe, foir celles qui onc été faites par le feu , foit celles qui ont été précipitées des diffolutions par les acides ; car du minium , de la litharge qui fortent du feu , expofées'enfuite à l'air pur, l'attirent & le convertiflent partie en air fixe. L’air qu'on retire du précipité per fe & des autres chaux de mercure contient toujours: de Bi fixe. J'ai précipité avec un alkali cauftique du vitriol de fer, du nitre mercuriel, &c. & j'ai introduit dans le vaiffeau de l'air pur qui a été abforbé & changé en air fixe. Les chaux métalliques , ainfi que les chaux calcaires , contiennent donc le principe qui change l'air purten ‘air acide , lequel principe eft,, fuivant mot , celui de la chaleur , & fuivant M. Lavoïilier , la {ubftance charbonneufe. Ainfi ce célèbre Académicien ne! peut pas regarder la chaux métallique comme le métal plus Pair pur. Il faut qu'il ÿ'admetre encore fa fubftance char- bonneufe. C’eft , je crois, ce que Bacon appelle experémentum crucis. Mais quelle fera en dernière analyfe la nature des chaux métalliques ? C’eft fur quoi nos connoiffances font encore très-péu avancées. L’arfenic eft un vrai demi-métal qui en a le facies , l'éclat, la pefanteur , &c. On peut le réduire en chaux blanche en le dépouillant d’une partie de fon air inflammable, &enfin en acide en le lui enlevant tout par le moyen de lPacide nitreux, comme l’a fait M. Schéele. Il a auf retiré des acides de la molybdène & de la rungftène , qui paroiflent des fubftances métalliques. MM. Hielm & Pelletier ont réduit la molybdène, & M. d'Elhuyar la tungftène. On pourroir donc conclure avec M. Schéele que toutes les fubftances métalliques font des acides faturés d’air inflammable, ou des efpèces de foufre de phofphore ; car un grand nombre de ces fubftances brülent avec Aamme , telles que le zinc , le fer, l’arfenic , &c. Elles abforbent également Pair pur. Cependant toutes les chaux métalliques ne peuvent pas être amenées à la qualité d’acides. Peut-être eft-ce parce Tome XXV III, Par. I, 1786. JANVIER. D 2 23 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE; qu'on n’a pas encore pu affez les dépouiller du principé inflammable; & ce qui confirmeroit le foupçon de M. Schéele, c'eft que certains métaux, rels que le fer, l'or, la manganèle, font produits dans les végétaux; ceux-ci étant même nourris avec de la feule eau diftillée. Il paroïtroic donc que les métaux y font formés comme les acides par le concaurs des différens airs, Effectivement on peut retirer de l’air pur de l'acide arfenical. Il y a une autre obfervation effentielle à faire. Les chaux métalliques paroiffent toutes tenir de la nature alkaline, comme nous l'avons vu ; même celles qu'on peut faire pafler à la nature d’acide; tel eft l'arfenic blanc. Ceci pourroit faire foupçonner que les alkalis ne font peut-être pas bien éloignés de la nature des acides. Des Acides végétaux. Les végétaux contiennent tous des acides ; mais ces acides font fous différentes formes qu'il faut foigneufement diftinguer. Les uns font tous développés chez quelques plantes ; rels qué celui du citron, de la grofeille, &c. Ces acides néanmoins ne font point purs, & font toujours mêlés avec une partie extractive où muqueufe dont on peur les dépouiller. M. Schéele pour avoir l'acide du citron dans toute fa pureté le fait bouillir avec la terre calcaire. Il obtient un fel qui étant a-peu-près infoluble fe précipite, Il décante la liqueur , & lave dans plu- fieurseaux ce fel, puis il le jette danis un acide vitriolique étendu de dix parties d’eau; ce fel eft décompofé par l'acide vitriolique qui a plus d’affinité avec la verre calcaire que l’acide citronien , & en ayant foin de ne mettre que la quantité néceflaire d’acide vitriolique, on obtient un acide citronien qui criltallife très-bien. Cet acide traité avec l'acide nitreux ne donne point d'acide faccharin; au lieu que la partie extractive ou muqueufe qui enveloppoir cet acide citronien fe change tout en acide faccharin par l'acide nitreux (1). On peut par le même procédé retirer un acide d’un grand nombre de végétaux. On s’en fert également pour avoir la crème de tartre ou l'acide du tartre dans toute fa pureté. Mais il eft d'autres acides dans les végétaux ; qui à la vérité font maîqués par un principe qui les neutralife en quelque forte, & les tient fous forme de foufre. La partie muqueufe ou fucrée de tous les végétaux contient un véritable acide, M. Bergman l'a retiré en abondance du fucre par le moyen de l'acide nitreux. Il met du fucre dans une cornue avec trois parties d'acide nitreux & faic bouillir la liqueur. Il fe dégage une grande quantité d'acide nitreux. Il répète trois fois cette opération ; & enfin il obtient une liqueur qui criftallife: c’eft l'acide du fucre. M. Fontana a retiré le même acide des gommes, & on l’obtient de toutes: les parties muqueufes ou fucrées des végétaux. Le coton en a fourni également à M. Berthollet, qui en a obtenu de la foie, de la limphe animale , des chairs, des tendons, du fang,, &c, Ainfi il fe retrouve dans toutes les Gi ' (1) Voyez les Mémoires de Chimie de M. Schéele, traduits à Dijon par Madame P***,& les excellentes notes qui y font jointes ë. SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS, 29 parties muqueufes € gelatineufes ; mais cet acide eft combiné avec de l'huile, de l'air inflammable, &c. qui le tiennent fous forme de foufre ; & il ne jouit de fon activité que lorfqu'il en elt débarraflé, C’eft ce que -faic l'acide nitreux en lui enlevant fon air inflammable, comme il en dépouille l'acide vitriolique en décompofant le foufre , l’acide phofpho- rique en décompofant le phofphore , l'acide arfenical en décompofanc l'arfenic , &c. Il eft un autre moyen d’avoir l'acide du fucre, c’eft en diftillant le fucre. Il pafle d'abord de l’eau pure, de l'acide, de l'huile , de Fair fixe , de l'air inflammable, de l’air phlooiftiqué. Ces airs font produits par la décompofition d'une partie de l'acide & d’une partie de fucre; car l'acide du facre le plus pur diftillé fe décompofe en partie , & donne les mêmes airs avec de l'air commun ; mais l’acide qu'on obtient par la diftillation du fucre , n’eft point pur. Il eft toujours uni à une portion d’huile que n'a pas celui qu'on obtient par l'acide nitreux. Cependant M. Schrikel en multipliant les diftillations du fucre a eu un acide faccharin femblable à celui obtenu par l'acide nitreux. Enfin , nous verrons que cette partie fucrée en paffant à la fermentation vineufe & acéreufe, difparoït pour fe changer d'abord dans le vin en acide du tartre, puis être invertie entièrement en vinaigre dans la fermen- tation acéteufe. Ain il paroitroit, comme le foupconne M. Crell, que Pacide du fucre, celui de la crême de tartre & le vinaigre, ne fonc que des modifications du même acide. MM. Fontana & Berthollet ayant diftillé les acides végétaux, tels que celui de grofeille , la crème de tartre, le vinaigre, l'acide du fucre, celui des fourmis lui-même, les ont décompofés & ont obrenu de l’air fixe; de l'air inflammable, de l’air phlogiftiqué & de Pair commun. On ne retire point d'air pur, quoique les acides en aient beaucoup abforbé, parce que cet air pur eft en partie dénaturé, & inveflti dans les autres airs. On en trouve feulement une petite portion fous forme d'air commun. Le réfidu eft une fubftance charbonneufe , légère & fpongieufe’, dans laquelle on retrouve une portion terreufe de l'air fixe & de l'air inflammable, Des Huiles. Les fubftances huileufes font prodigieufement multipliées dans tous les règnes de la nature. Il eft vrai que les huiles minérales paroiflent dues aux deux autres règnes; mais elles ont été modifiées dans le fein de la terre par quelqu'acide , vraifemblablement par l'acide vitrio- lique. Les unes font très-légères, comme le naphre, le pétrole; les autres très-pefantes , comme le bitume de Judée, &c. On peut divifer les huiles des deux autres règnes, 1 °.en huiles éthérées, telles que les efprits recteurs & les huiles eflentielles chez les végéraux ; on peut aufli mettre dans la même clafle l’efprit-de-vin & l'éther; & chez les animaux, le caftoreum, le mufc (1) , &c. 2°. les huiles dites graffes ou (1) L'aura feminalis, & peut-être l'aura animalis , ou efprits animaux, doivent Être mis dans çette clafle. Voyez mes vues phyftologiques. 39 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, douces, telles que. l'huile d'olives, d'amandes, &c. la graifle , de beurre, &c. Ces dernières contiennent un principe mucilagineux qui leur eft étranger jufqu'à un certain point, & dont on peut les dépouiller. M. Schéele en faifant difloudre de la litharge dans l'huile d’olives ou de la graifle, en a féparé une partie muqueufe qu’il appelle principe doux, & laquelle traitée avec l'acide nitreux a donné de l'acide du fucre. J'ai répété l’expérience de M. Schéele & ai obrenu le même principe quia un goût fucré, J'en ai féparé avec foin la partie difloure par la litharge qui éroit l'huile dépouillée de fon principe fucré , & l'ai diftillé, J'ai obtenu de l'air fixe, 2°. de l’air inflammable; 3°. une hui!e femblable à celle qu'on obtient en diftillant l'huile avec la chaux ; 4°. une liqueur acide, qui ne pouvoit être attribuée qu'au principe huileux. L'huile effentieile perd continuellement de l'air inflammable & abforbe de l'air pur. L’huile de térébenthine , par exemple, laifle échapper fans cefle de l'air irAammable. J'en ai mis fous une cloche pleine d'air purs L'air a éré abforbé, & changé en air phlogiftiqué. L'huile a formé un dépôt réfineux, & paflé entièrement à l’état de réline. Les réfines ne different donc des huiles effentielles que parce qu'elles ont abforbé de l'air pur , comme l’avoit déjà foupçonné M. d’Arcet, & de plus perdu de l'air inflammable. J'ai fait la même expérience avec l’huile d'olives (1); l'air pur a été abforbé en partie, le réfidu contenoit de l'air fixe. L’huile s'eft troublée, a acquis une odeur rance , &c. M. Berthollet a obrenu ces huiles concrètes, en en mettant une couche léoère fur de l’eau, & les laïflant long - tems expofées à l'air, Ia auffi fait prendre de la confiftance à l'huile par le moyen de l'acide marin déphlooiftiqué. Le beurre ordinaire , celui de cacao , la cire des abeilles, la cire verte, la graifle, &c. fonc des huiles qui font également concrètes par l'action de Pair pur, c’eft-à-dire, qu’elles contiennent une plus grande quantité de cet air que les autres huiles de cette nature, De la Cire. Y’ai mélé de l’acide nitreux foible avec de l’huile d'olives ; & expofé ce mêlange à un certain degré de chaleur au bain de fable, pas affez fort pour que l'acide agifle crop vivement fur l’huile; il s’excire une effervefcence confidérable ; il y a beaucoup d'air fixe & d’air nitreux dégagé ; l’huile s’épaiffit, acquiert une belle couleur jaune, & prend beaucoup de confiftance. L’acide eft décompofé pour la plus grande partie. Il ne refle que fa portion d'air pur combinée avec l'huile, qui dans cer état brûle fans donner prefque de fumée. Cette huile a une légère odeur de cire ; & l'acide reftant acquiert une odeur agréable. J'avois fait un pareil mélange, il y a quatre ans. Il a pris beaucoup de {1) Pages 245 , 45a & 452 de mon Effai [ur l'air pure ‘SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 31 confiftance ; & a l'apparence d'une vraie cire. Il en a l'odeur , brûle comme elle fans fuliginofité, comme je l'ai fait voir à M. d’Arcer & à uelques autres Savans, &c (1). M. Berthollet a auffi fait prendre de la confiftance à l'huile par le moyen de l'acide marin déphlogiftiqué. Certaines réfines, telles que le benzoin, le fuccin, la gomme copal, &c. donnent à la diftillation un acide concret, & il fe dégage beaucoup d'air fixe, d'air inflammable & d'air phlogiftiqué. Les autres réfines, celles que la térébenthine fous forme folide, l'encens, &c. donnent aufli un acide à la difillation. Le Doéteur Kofegarten en diflillant le camphre huit fois avec l'acide nitreux , en a obtenu un acide concret. . Toutes les huiles douces, foit celles qui font concrètes, foit celles qui font Auides, diftillées à un feu doux , ne fe décompofent qu'en partie. II paîle de l'eau, de l'acide, de l'air fixe, de l'air inflammable, de l'air phlogiftiqué, & une huile renue fubrile, & qui fe rapproche des huiles eflentielles. Enfin ,on a un réfidu charboneux. “D'après toutes ces expériences nous pouvons denc regarder les huiles comme des efpèces de foufre végétal & animal, c'eft-à-dire, que ce fonc des acides furchargés d’air inflammable, peut-être mêlé d'air fixe, ainfi que je l'ai dit dans mes vues phyfiologiques. Lorfqu'on les dépouille de cet air inflammable par la diftillation dans les vaifleaux fermés où l’air pur n’a pas d’accès, l'acide reparoîc avec toutes fes qualités. Il eft plus vif dans les réfines, & même quelquefois concret, parce que les réfines ont abforbé beaucoup d’air pur qui pour lors fait difparoître l'excès d'air inflammable. Peut-êtré même cet acide concret eft-il avec excès d'air pur. Dans l’efprit recteur l'acide contient moins d'air inflammable ; ce qui le rend foluble dans l’eau , & l'empêche de brüler feul. Les acides retirés des huiles fe décompofent comme tous les autres acides végétaux , lorfqu’ils font traités par le feu, & on en retire également de leau, de l’air fixe, de l'air inflammable & de l'air commun. Nous pouvons donc conclure que lhuile eft compofée, 1°. d’eau, 2°. d'acide , 3°. d’air inflammable, peut-être mèlé d'air fixe , ( car cet air inflammable contient toujours de Pair fixe qui , il eft vrai, pourroit venir d'une léoère portion d'acide décompofé ) ce font à- peu-près les principes du foufre. Auffi brûüle-t-il comme les huiles, eft-il infoluble dans l’eau, fe mêle aux huiles, &c. - Mais l'acide de lhuile fe décompofe très-facilement, & donne à [a (1) Je éontinue ces expériences avec différentes huiles. L’abeille ramafle la pouf fière des étamines qui paroît une huile concrète , s'en nourrit, & en dégorge enfüuite une petite portion qui eft La cire. Or, l'abeille, comme les autres infeûtes , contient beaucoup d'acide, N'eft ce pas cet acide qui fe combinant avec cette matière huileu@ la fait pañler à l’état de cire, peut-être en fe décompolant en partie ? Le 32 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, diftillation , 1°, de l'air fixe, 2°. de l'air inflammable, 3°. de l'air phlooiftiqué, 4°. de l'air commun, $°: de l'eau , 6°. une portion char- bonneufe qui fe calcine difficilement , mais enfin laiffe un réfidu rerreux, Il contient encore fans doute la matière de la chaleur comme tous les autres acides. On ne peut néanmoins douter que l'air pur ne s’y trouve auf, puifque nous l'avons vu abforbé ; mais dans la diftillation il s’unie à une partie du feu , du principe de la lumière & de la chaleur, ce qui le change partie en air fixe, partie en air phlogiftiqué, & le refte fe trouve fous forme d'air commun. Les acides végétaux feroient-ils un feul acide différemment modifié? L’acide du fucre paroît bien le même dans tous les corps muqueux. Îl patoît encore que cer acide peut fe changer en acide du tartre & en vinaigre, comme nous Le verrons ; mais quant aux autres acides , els que ceux du citron , des grofeilles , &c. ceux qu'on retire des huiles, des rélines , ce font vraifemblablement des acides particuliers. Au moins n’a-t-on pas éncore pu les ramener à l'état d'acide faccharin. Ainfi il eft plus probable que ce font des acides entièrement différens ; ce qui conftitue les variétés de routes ces fubftances. On retrouve encore dans les végétaux d’autres principes que M. Rouelle a appelés extracto-réfineux , & réfino-extractifs; mais ces fubftances n'étant compofées que du corps muqueux & de réfines , tout ce que nous avons dit fur ces deux dernières fubftances doit s'appliquer aux premières. De la fermentation vineufe & acéteufe. Le corps fucré érendu d’eau fe trouvant en certaine quantité dans un lieu chaud fubir un mouvement particulier qu'on appelle fermentation vineufe. Il y a abforprion d’air pur , dégagement d'air fixe & phlogiftiqué ; & le corps fucré fe décompofe, Il fe développe un efprit ardent échéré, & une affez grande quantité d'acide nommé acide du tartre. Si on laiffe aller plus loin la fermentation fpiritueufe, il ÿ a encore grand dégagement d’air fixe, abforption d'air pur, l'acide du tartre & lefprit-de-vin difparoiflent, & on a du vinaigre. Certe fermentation continuant encore, la liqueur fe décompofe , devient vapide, moife & pafie à la putréfiétion. Le vin eft par conféquent compofé 1°, d'acide du tartre, 2°. d’une partie exrractive , 39. d'une partie colorante , 4. d'efprit-de-vin. La partie extractive eft une portion du corps fucré qui n’eft pas décompofée. Trairée avec l'acide nitreux, elle donne l’acide du fucre. La partie colorante eft la même que celle qui étoit dans le vépéral. L’acide du tartre paroît compofé de J’acide du corps fucré. Ce dernier acide a été dégagé pendant la fermentation d'une partie de fon air inflammable fous forme d'air phlogiftiqué; & d'une partie d’air fixe, D'un autre côté il a abforbé de l'air pur. Aufli cer acide du tartre a fes qualités acides routes développées, & ne differe vraifemblablement de celui du facre que parce qu'il contient moins d'air inflammable, & plus d'air UFe ù Enfin, SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 33 Enfin, l'efprit-de-vin paroît compofé d’un acide uni à une portion d'air inflammable; car toutes les fois qu'on traite l'efprit-de-vin avec d’autres acides, on a du vinaigre. M. Crell croit que l'acide de l'efprit-de- vin eft celui du tartre. Il a faturé de l’efprit de nitre dulcifié avec de la craie, & a obtenu un fel infoluble qui, décompofé par l’acide vitriolique, lui a donné de la crème de tartre, Quoi qu’il en foit de cette idée de M. Crell, que l’acide de l'efprit-de- vin foit l'acide du cartre qui pale enfuite à l'état de vinaigre, ou que cet acide foit Le vinaigre lui-même ; car dans la plupart des opérations qu'on fait fubir à l'efpric-de-vin, comme dans la formation des éthers , on a du vinaigre , on ne peut douter que cette liqueur éthérée ne contienne un véritable acide qui eft combiné avec une certaine quantité d’air inflam- mable. Ainfi l'efprit-de-vin feroit comme l'huile üne efpèce de foufre, mais dans lequel l'acide eft plus développé : ce qui lui donne fa grande activité & fa folubilité dans l'eau. Le développement de cet acide eft dû à la portion d’air pur abforbée , & au dépagement des airs impurs. Nous avons vu que les huiles douces acquièrent de l’'adivité à l'air libre en abforbant de l'air pur, ou par le dégagement des airs impurs dans la diftillation, L'efprit-de-vin contient encore une partie fucrée qui n’a pas été décompofée. C’eft elle d’où on retire les criftaux d’Hierne. Dans la fermentation acéteufe il y a un nouveau dégagement d'air phlogiftiqué provenant de la décompofition de l'air inflammable , ainli de d’air fixe. L'air pur eft abforbé encore en grande quantité. L’efprir- su perd par-là tout fon air inflammable, & fon acide demeure ibre. L'acide du tartre perd aufli de fon air inflammable, acquiert de l'air pur, & devient acide du vinaigre. C’eft ce que prouve l'expérience fuivante : en mêlant de l'acide du tartre avec de la manganèfe & de l'acide vitriolique, on obtient du vinaigre, & de l'acide vitriolique. Or, la manganèfe diftillée avec l'acide vitriclique fournit beaucoup d’air pur. Cet air pur fe combine avec l’acide du tartre, & Le fait pafler à l’état de vinaigre. En fuppofant que l'acide de l'efprit-de-vin foit l'acide du tartre, il pallera par la même raifon à l'érat de vinaigre dans la fermentation acéteufe. Ainfi le vinaigre contiendra encore moins d'air inflammable & plus d'air pur que l'acide du tartre, L'opération des fermentations vimeufe-& acéteufe confifte donc en ce qu'il fe dégage une grande quantité d’air inflammable fous forme d’air phlogiftiqué , peut-être de l'air phlogiftiqué lui-même, & qu’il eft abforbé beaucoup d'air pur. Quant à lair fixe qui fe dégage également, il en peut venir une portion de l'acide décompofé : mais le corps fucré en contient ; car l'alkali cauflique verfé dans du fuc de raifin s’aëre, Le vinaigre contient toujours une partie muqueufe qui vient furnager Tome XXV IT, Part. I, 1786. JANVIER. En *. N Ÿ 34 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, fous forme de pellicule, On peut l'en débarraffer par la diftillation. On en peut retirer de Pacide du fucre par l'acide nitreux. Le vinaigre paroît pouvoir , comme tous les autres acides , contenir un excès d'air pur; tel eft le vinaigre radical. Mais d’où vient le mouvement de fermentation, & la chaleur qui s’y excite? La fermentation n’a jamais lieu qu'il n'y ait déjà un commence- ment de chaleur, & le concours de l'air pur & de l’eau; car un corps fucré qui n’eft pas aflez étendu d'eau ne fermente pas. Quoiqu'érendu d’eau s'il n'y a pas accès de l'air pur, il n’y a encore pointde fermentation: du fuc de raifin enfermé dans un vaiffeau devient vapide fans fermenter. L'air pur étant abforbé fe combine : en fe combinant il abandonne une partie du principe de la chaleur qu’il porte avec lui. L'air inflammable du corps fermentant fe dégage , & fe combinant avec une portion d'air pur forme l'air phlogiftiqué. Il y a donc une chaleur plus ou moins confidérable produite, Le mouvement augmente: le corps fucré fe décompofe de plus en plus, ainfi que l'huile qui peut s'y trouver mêlée. L'air inflammable fe diflipant ; & l'air pur fe combinant, leur acide fe développe, & pafle à l'état d'acide du tartre , tandis qu'une partie forme la partie fpiritueufe. Il refte dans le mélange la partie colorante , & une partie du corps fucré qui n’eft pas décompolé. La fermentation continuant , l'air inflammable eft dégagé de plus en plus. L'air pur eft abforbé : l'acide du tartre pañle à l'état de vinaigre, ainfi que l’efprit-de-vin. La chaleur excitée par la fermentation eft quelquefois affez confidérable pour mettre le feu à des matières combultibles, On cite des exemples de foins amoncelés fans être parfairement fecs, & qui fe font enflammés, Des étoffes imprégnées d’huilé fe font aflez échauffées , au rapport de M. Carrette, pour s'enflammer ,ainfi que des herbes cuites avec des huiles pour des onguens. Il paroîc que ces inflammations font routes dues à la même caufe, L’air pur eft abforbe: fa chaleur fe dégage, & devient capable d’énflammer ces fubftances. La même chofe a encore lieu dans l’inflam- mation des copeaux de fer que m'a communiquée M. Sage, De L'Erher. L'éther eft une liqueur qui fe fait en mêlant l'efprit-de-vin avec un acide, Le premier éther qu'on ait fait efl l'éther vitriolique ; mais depuis on eft parvenu à en faire avec prefque tous les acides. M. Navier a fait lécher nitreux , M. de Courtanvaux l’éther marin avec la liqueur fumante, M. de LauragaisLaeide-acéreux avec le vinaigre radical, M. Crell l’éther febacé avec l'acide du fuif, M. Goettling l’éther lignique avec l'acide du bois, M. Bergman l'éther fucré avec l'acide du fucre, M. Schéele l’éther benzonique avec l’acide du benzoin , l’éther fpathique avec l’acide fpathique , M. Weftendorf l'éther phofphorique avec l'acide du phofphore ; mais qu'eft-ce que Péther ? M, Schéele vient de jecer un grand jour fur cette matière. IL a fait voir DA SUR DHIST. NATURELLE ET LES ARTS, 35 que les échers contiennent toujours une portion des acides dont on s'eft fervi, Ayant verfé de l’acide nitreux fur de l'écher vicriolique , il a faie évaporer la liqueur jufqu à ce qu'il n’en reftät que quelques gouttes. Ce réfidu précipita la diffolurion du fpath pefant; ce qui y indique l'acide vitriolique. Le réfidu de lécher marin précipite en Îune cornée [a diflo- lurion d'argent. On ne fauroit donc douter que les éthers ne contienneng une partie de l’acide employé. Leur odeur d'ailleurs ne permet pas d’en douter ; car ils confervent toujours plus ou moins l'odeur de l'acide. Les acides dulcifiés nous prouvent encore la même chofe. [ls ont tous une odeur plus ou moins agréable , & qui rapproche de celle de l’éther. La feule différence qu'il y ait entre un acide dulcifié & l’écher , c'eft que dans le premier la combinaifon n’eft pas parfaite. L’acide conferve encore beaucoup de fes propriétés , eft mifcible à l'eau , tandis que Péther ne fe mêle point avec l’eau, ou au moins qu'en partie. M. Schéele a ajouté de la manganèfe dans la cornue lorfqu'il a fait lécher vitriolique & l’éther marin. L’éther a paflé promptement & en grande quantité. La manganèfe , comme nous favons , donne de l'air pur. C'eft donc cet air pur qui en s'uniflant à l'acide le rend plus propre à fe combiner avec l'efprit-de-vin : ou pour nous exprimer comme M. Schéele, la manganèfe déphlogiftique l'efprit-de-vin , & l'acide fe combine plus facilement avec lui, Effetivement dans l'opération ordinaire de l’éthers vitriolique une partie de l'acide paffe en acide fulfureux , parce que l’efprit- de-vin lui a fourni de l'air inflammable, C’eft donc l'excès d’air pur qui facilite la combinaifon de l'acide & de l’efprit-de-vin. Auñli pour faire l'éther marin emploie-t-on ordinairement la liqueur fumante qui eft un acide marin déphlogiftiqué ; pour faire l'écher acéteux , le vinaigre radical qui a auffi un excès d'air pur, &c. L'éther paroïtroit donc être un nouveau compofé , dans lequel l'acide employé qui paroît devoir être à l'état d'acide ayant excès d'air pur, prend Ja place d'une partie de lacide de l'efprit-de-vin , & s’unit avec la partie inflammable ou air inflammable de lefprit-de-vin. Cette partie inflam- mable paroît plus abondante dans l’éther que dans l’efprit-de-vin, ce qui rend l’écher immifcible à l'eau , & encore plus combuftible que l'efprit- de-vin. Il laiffe aufli une plus grande quantité de matière charbonneufe dans fa combuftion, L'écher fera par conféquent une efpèce de foufre ou d'huile , qui différera des huiles ordinaires & de l'efprit-de-vin , en ce que l'acide végétal fe trouve dans celles-ci , au lieu que dans les éthers c'eft le nouvel acide qu'on a employé avec l'efpric-de-vin. La combinaifon n'eft jamais rotale; c'eft pourquoi on n'a qu'une très-petite quantité d'éthér enr à celle d'acide & d’efprit-de-vin employés; &'il y a préfque toujours une portion de vinaigre dégagée. De la partie glutineufe. Les végétaux contiennent encore une autre fubftance que M. Beccari a appelée plutineufe. Elle eft à-peu-près infoluble Tome XXVIII, Part. I, 1786. JANVIER. F2 36 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, dans l’eau, lorfqu’eile eft parfaitement pure. C’eft elle qui-me paroît former le tiflu des végétaux & des animaux , leur fibre ; laquelle fibre, quoiqu’elle ait été formée dans un fluide aqueux , ne peut plus s’y difloudre (1). Nous retrouverons cette fubftance dans le charbon. Cette fubftance à l’analyfe donne, comme les fubftances animales, de l'eau, de l’huile & de l’alkali volatil, fans aucun veftige d'acide. Il pafle auffi de Pair fixe, de Pair inflammable & de l'air phlogiftiqué. IL paroît qu'il fe trouve dans cette fubftance de Palkali volatil tout formé, puifque M, Poulletier en verfant deflus des acides, en a retiré de vrais fels ammoniacaux. Néanmoins il n’eft pas douteux qu'il ne s'en forme une plus grande quantité dans la diftillation. La produétion de cet alkali volatil dans cette fubftance doit paroître furprenante, puifque dans tous les autres produits des végéraux , nous n’en n'avons point encore trouvé, Îl me paroît cependant qu’on peut en afligner la caufe. Nous verrons que l'alkali volatil paroît compoté d'air inflam- mable , d'air phlogiftiqué & du principe de la chaleur; l'air atmofphé- rique que les plantes abforbent fe dénature en circulant dans le fyftème végéral , fe combine avec le principe de la lumière que la plante abforbe également, & fe change en partie en air inflammable & phloviftiqué. La portion d’air pur qui n’eft pas dénaturée fe combine avec ces airs, forme de l'air fixe & les acides végétaux ; mais dans la partie de la plante élaborée, l'air pur eft entièrement combiné avec le feu ou la lumière , & tout changé en air inflammable & phlogiftiqué, qui s’uniffant avec le principe de la chaleur, forme une partie d’alkali volatil. Cette combinaifon qui fe fait difficilement & en petite quantité dans la plante , devient plus prompte & plus rapide par le concours du feu ou dé la putréfaétion , & on obtient pour lors une grande quantité d’alkali volatil , qui eft formé dans l'opération ; & ce qui confirme ces vues fur la production de l’alkati volatil, c’eft qu'en diftillant toute la plante on n'obtient point d’alkali volatil, quoiqu'il sy trouve de la fubftance glutineufe; l’acide en fe décompofant fournit une partie d'air pur ou d'air commun qui empêche la formation de l’alkali volatil. La partie glutineufe paroît donc contenir très-peu d'air pur, ou même point; mais beaucoup d'air inflammable, d'air phlogiftiqué, & de Pair fixe. C'eft certe quantité d'air inflammable qui rend cette fubftance infoluble dans l’eau ; tandis que la partie fucrée qui contient de l'air pur eft acide, & par conféquent fe diflout dans l’eau ; d’ailleurs, cette partie glutineufe contient beaucoup de parties rerreufes, comme nous le verrons en parlant du charbon, Elle eft par conféquent la partie la plus élaborée de la plante. Es (2) Voyez mes vues Phyfolagiques.. “SUR L'HIST, NATURELLE ET LES ARTS. 37 La matière glutineufe, telle que la partie cafeufe , le blanc d'œuf, la partie glutineufe animale, eft coagulée par les acides , par la chaleur, par la chaux vive, les alkalis cauftiques , les chaux métalliques comme la litharge , &c. en un mot, par toutes les fubftances qui contiennent /a matière de la chaleur, laquelle contracte une vraie combinaifon avec elle. De la partie colorante. La partie colorante des végétaux eft, fuivant M. Rouelle , une fubftance extraéto-réfineufe foluble dans l'eau & l’efpric- de-vin. Ainfi fes principes doivent être à-peu-près les mêmes que ceux des extraits & des réfines; mais il paroi qu'elle contient encore de la fubftance glutineufe dont nous venons de parler. . ‘Suivant les partifans du phlogiftique route couleur dépend de ce prin- cipe, Il n’y a effectivement de colorés que les corps qui contiennent du phlooiftique. Tous les métaux font colorés , & leurs chaux, parfaitement dépouillées de phlogiftique, font fans couleur, & font blanches; telles font les chaux de fer, de bifmuth, de zinc, d'étain , de plomb, de mercure , d'argent, Se ler par un alkali aéré. Quelques chaux faites par le fe font aufli fans couleur , telles que la matière perlée, la chaux d’étain bien calcinée, &c. Toutes les chaux précipitées par les alkalis fixes cauftiques , la chaux vive ou l'alkali volatil font colorées, parce que ces fubftances leur rendent le principe colorant , ou fous forme de matière de la chaleur, ou fous celle d’air inflammable. D'autres, telles que la lune cornée, fe colorent à la lumière, ou par le contact de Vair inflammable, de l'air hépatique, comme le magiftère de bifmuth , &c. Æoutes les chaux métalliques , excepté celles d'étain, fe colorent en fe vitrifiant , parce qu’elles reprennent le principe du feu ou de la lumière. Enfin, les terres parfaitement pures , telles que la craie, le plâtre, l'argile, la terre filiceufe, font parfaitement blanches. Il ne faut pas confondre cette blancheur avec celle des fels criftallifés ; tels que le fel marin , le nitre, &c. Leur blancheur n’eft qu'apparente, & eft due à un nombre immenfe de petites gerçures qui brifent les rayons de lumière, comme dans la neige, dans du verre plein de fentes, &c. Le principe colorant des plantes fera donc également dû à ce que nous appelons le phlogiftique , ou l'air inflammable , ou matière de la chaleur. On croit que ces couleurs proviennent des parties métalliques , fur-tout du fer contenu en quantité dans les végétaux. Effectivement les plantes contiennent de l'alkali, & le fer précipité par un alkali prend aflez volontiers la couleur verte, M, Berthollet a fait voir que ce principe colorant des végétaux eft enlevé très-promptement par l’acide marin déphlogiftiqué. Il plonge dans cet acide du fil roux , de la cire verte, & 1ls font blanchis en peu d'heures, & l'acide marin ceffe d'être déphlogiftiqué. D'où ce favant Académicien conclut que le blanchiment ordinaire des toiles , de la cire, &c. fe tait pat le conçours de l'air pur, Voici comme on pourroit expliquer ce 38 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE; - phénomène dans la doétrine du phlogiftique : l'air pur fe combine avec le principe inflammable. Ce principe perd fes propriétés dans cette cem= binaifon , & en acquiert de nouvelles. [ci l'air pur fe combine donc avec le phlogiftique de la partie colorante, & lui Ôôte fes propriétés. Il paroît que cette partie colorante eft due au fer. Or, nous avons vu que les chaux métalliques parfaitement dépouillées de phlogiftique deviennent blanches. Du Charbon. La plante dépouillée de fes différens principes par les menftrues aqueux & fpiritueux , il refte encore une fubftance qui en con- ferve la configuration. Par exemple, chez les plantes herbacées qui ent été long-tems macérées dans l'eau , on trouve le fquelette de la plante, mais dépouillé de la plus grande partie de fes principes. Le chanvre trop roui eft dans ce cas. Lorfqu'on en a enlevé l'écorce, il refte une efpèce de matière très-légère, qui a la configuration première, d’une grande blan- cheur, fans faveur , &c. Elle brûle cependant , mais ne donne que très-peu de chaleur, & laifle une cendre blanchätre, Le charbon ordinaire fait par une combuftion arrêtée à propos, conferve aufli une partie de la configuration première. I! donne à l’analyfe de l'air inflammable , de l'air fixe, mais en beaucoup plus grande quantité que la fubftance dont nous venons de parler, & fa chaleur eft beaucoup plus confidérable. Il contient même encore quelques fels, tandis que la première n'en contient aucun, parce que l'eau les lui a tous enlevés. Je regarde donc cette dernière fubitance comme un charbon fair par la voie humide, & dépouillé encore plus de tout principe que celui fait par la voie prdinaire. Le charbon , foit celui fait par la voie humide, foit celui fait par le feu, n'eft que la fibre végétale dépouillée prefque de tout autre principe, & infoluble elle-même dans tout menftrue, excepté dans les alkalis. Or, nous avons vu que cette fibre n’eft que la partie glutineufe, qui doit fon infolubilité à la partie terreufe & à une grande quantité d’air inflammable, On retire du charbon, 1°. de l’eau, 2°. de la terre & des parties mé talliques, 3°. de l'air fixe, 4°. une très-grande quantité d'air inflammable, Mais n’y feroit-il pas refté quelqu’acide qui fe décompoferoit par la com- buftion , & fourniroit une partie de cet air fixe & de cet air inflammable? D'ailleurs , nous ne retrouvons point ici l’alkali volatil de la matière glutineufe pure , comme on n’en retire point de la diftillation de la plante entière, La partie fucrée , les acides végétaux, les huiles, &c. toutes les matières animales donnent aufli un charbon qui eft léger , fpongieux , &c. Ileft aufi compofé d'une portion de terre, d'air fixe & d'air inflammable. Le charbon brülé dans l'air pur , celui-ci eft abforbé , on obtient de l’eau & de l'air fixe, ou air acide, & il y a un réfidu terreux, &c. Une partie de cette eau étroit contenue dans le charbon , l’autre eft dégagée de la com- buflion de l'air pur & de l'air inflammable, Il en eft de même de l'air fixes, ou air acide : une partie étoit contenue dans le charbon, puifqu'il en ef SUR L'HIST: NATURELLE ET LES ARTS. 39 dégagé par la diftillation du charbon dans les vaifleaux fermés {ans le concours de l'air pur, & l'autre eft produite par la combuition de l’air inflammable contenu dans le charbon, avec l'air pur. Le végétal brûlé à l'air libre donne une cendre qui contient différens principes qu'on n6 retrouve pas toujours dans le charbon , parce que l’eau en a emporté une partie. L'analyfe des cendres donne, 1°. du fer très- fenfible à l'aimant; 2°. une petite portion d'or ; 3°. M. Schéele y a reconnu de la manganèfe. La terre des végétaux avoit toujours été regardée comme calcaire; mais M. d’Arcet vient de prouver qu’elle contient beaucoup de magnélie. Une livre de cendres de bois de hêtre traitée avec fuffante quantité d'acide vitriolique lui a donné une once de fel d’epfom. IL y a auili un grand nombre deMfels qui varient dans les différentes plantes. Ces fels font le tartre vitriolé, le nitre , le {el marin , le fel fébrifuge , les deux alkalis fixes ; enfin, quelques-unes, telles que les crüciferes, donnent par la combuftion de l’aikali volatil. Les fels neutres fe trouvent dans les liqueurs de la plante, par conféquent les alkalis ; mais la majeure partie de ceux-ci font produits par la combuftion & par l’aétion du feu. C’eft ce que nous allons examiner. Des Alkalis fixes & volatils, & de la Chaux vive. La pierre calcaire expofée à un grand feu perd fon eau de criftallifarion , fon air fixe, & les = de fon poids. Si on l'humedte légèrement dans cet état, elle s’échauffe au point de mettre le feu à des corps combultibles : quelquefois même on apperçoit des traits de feu dans fes gerçures. Ces effets ne peuvent être dus qu’à une grande quantité de matière du feu combinée dans la chaux vive. L'eau a plus d’affinité avec la chaux que certe matière du feu, qui par conféquent fe dégage avec fes effets ordinaires. C’eft cette matière du feu combinée que j'ai appelée le principe de la chaleur. Le feu vraifemblable- ment n’y eft pas pur: il y eft déjà combiné avec l'air pur. Les alkalis fixes font de deux efpèces ; un appelé végétal ou du tartre ou potafle, & l'autre de la foude ou natron. L’alkali volatil eft un. Les alkalis rapprochent beaucoup de la chaux vive par leurs qualités. Ils s’uniffent également aux acides , verdiffent les fucs bleus , fe combinent avec les huiles, font âcres & cauftiques ,attirent l'air pur, & le changent en air fixe, &c. Ils contiennent donc aufli la même matière du feu combinée, ou principe de la chaleur, Les alkalis, foit fixes, foit volatils , font produits dans les êtres organifés & dans les nitrières; mais la combuftion en forme une bien plus grande quantité, C’eft le procédé pour avoir en grand les alkalis fixes, On brûle les bois & les foudes. La combuftion des imatières animales produit auffi beaucoup d’alkali volatil. Or, dans ces combuftions la matière de la chaleur doit fe combiner avec les autres principes des alkalis. Cette même matière de la chaleur eft fournie par les forces vitales chez les animaux & les végétaux , & par la fermentation dans les nitrières, dans la putré- LL 40 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, faction , &c. Ainfi Le principe des alkalis fe trouve dans ces fubftancess : mais il y en a peu de formé. L’alkali volatil contient encore de l’air inflammable ; car réduit à l'état aériforme, il eft inflammable. Le nitre ammoniacal détonne feul ; ce qui ne peut être qu’autant que l'alkali volatil fournit de l'air inflammable. L'eau fe retrouve encore dans cet alkali. Voilà donc l’eau, l'air inflam- mable & le principe de la chaleur dans cet alkali; mais en font-ce les feuls principes ? M. Landriani ayant fait pafler de l’alkali volatil par un tube incan- defcent, a obtenu beaucoup d'air inflammable & de l'air fixe. M. Berthollet ayant décompofé dans des vaifleaux fermés le nitre : ammoniacal, a obtenu beaucoup d’eau & de l'air phlogiftiqué. Or, cette eau dans fes principes n'a pu être produite que par l'air pur de l'acide nitreux & l'air inflammable de l’alkali volatil. Refte donc Pair phlo- giftiqué qui doit être l’autre principe de l’alkali volatil, Ayant calculé les produits & tenu compte de la portion-d'air phlogiftiqué qui peut être venue d’ailleurs, il croit que l’alkali volatil contient environ trois mefures d’air inflammable & une d’air phlogiftiqué. J'ai répété cette expérience: j'ai eu beaucoup d’eau , dont fans doute une partie eft l'eau de criftallifation , & beaucoup d'air qui n’a point précipité l'eau de chaux, que je n'ai pu enflammer, & qui cependant n'étoit pas parfaitement phlogiftiqué. Les alkalis fixes fe convertiffent en alkalis volatils. Le réfidu du tartre brûlé contient beaucoup d’alkali fixe. Si on le difille, il fe dégage de d’alkali volatil , & l’alkali fixe diminue dans les mêmes proportions. IL paroît que c’eft l'air inflammable contenu dans le tartre qui s’unit à l'alkali fixe & ie change en alkali volatil. Les alkalis fixes étant diffous dans l'eau & filtrés dépofent toujours une terre qui eft infoluble dans Les acides ; mais cette terre leur paroïc étran- gère. Îls lont diffous dans les diflérentes préparations qu'on leur a fait fubir, & l’abandonnent enfuite. Cependant il y a apparence que la terre eft un de leurs principes; ils font fixes au feu, fe vicrifient, &c. Ils contiennent aufli de l’eau; le principe de la chaleur leur donne l’aétivité, & ce principe de la chaleur eft compofé d’air & de feu; mais contiennent-ils quelques autres efpèces d'air ? L'activité des acides & des alkalis paroït donc venir du même principe, de la matière de la chaleur. Dans les acides cette matière paroît principa- lement enchaînée par l'air, & dans la chaux & les alkalis par le principe terreux. Et nous avons vu quelques chaux métalliques devenir de vrais acides , quoiqu'elles euflent auparavant les caractères des alkalis. Les alkalis peuvent être phlogiftiqués , & perdent une partie de leurs qualités ; mais dans cet état ils peuvent précipiter la plupart des chaux métalliques en leur donnant une couleur, . € SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 4x Je regarde les alkalis phlogiftiqués comme combinés avec beaucoup d'air inflammable mêlé d'air fixe. 1°. On les obtient en les combinant avec des matières qui contiennent de cet air, telles que le charbon , les huiles , le fang, &c. 2°. On en retire de l'air inflammable contenant toujours un peu d'air fixe, M. Schéele croit que la matière colorante qui adhère à l'alkali phlo- gittiqué eft compofé d'air inflammable, d'air fixe & d’alkali volatil, parce qu'il en a retiré tous ces principes par la diftillation ; mais cet alkali volatil n'eft-il pas un produit nouveau, réfultant de la combinaifon de l'alkali fixe avec l'air inflammable ? car nous avons déjà vu que l'alkali fixe diftillé avec les matières qui contiennent de l'air inflammable pañle à l’état d’alkali volatil; ce qui eft certain, c’eft que je n'ai jamais pu tirer de fel ammoniac de l’alkali phlogiftiqué. Cetre matière colorante de l’alkali phlogiftiqué a été envifagée par MM. Bergman & de Morveau comme un acide capable de contracter des combinaifons. M. de Morveau l'appelle acide pruffique. Ce feroit donc, à raifon de la petite portion d'air fixe qu'il contient , un air fixe furchargé d’air inflammable. De la Fermentation putride. La fermentation putride donne d’autres produits que ceux des fermentations vineufe & acéteufe. Aufli les phéno- menes en {ont bien différens. Le corps muqueux ou le corps fucré ne pafle à la putréfaction que lorfqu’il n’a pas l'accès de l'air pur. Des grains de railin pourriffent & ne peuvent fubir la fermentation fpiritueufe. Le fuc de railin exprimé & mis dans des vaifleaux fermés avant qu’il ait fubi la fermentation vineufe fe décompofe , devient vapide & fe moifit; ce qui eft une efpèce de fermen- tation putride, Les végétaux herbacés fubiflenr aufli une fermentation putride lorfqu’on les amoncèle dans un état d'humidité, Dans cet état il fe dégage de l'air inflammable, de l’air fixe & de l'air phlogiftiqué avec de l'eau. Il fe développe en même-tems un alkali volaril. Cette fermentation putride eft bien plus abondante , plus accélérée dans la partie glutineufe, dans les plantes cruciferes, & dans les matières animales. L’alkali volatil s’y forme en plus grande quantité, & ce qui eft affez fingulier , il paroît qu'il y a prefque toujours du foufre de pro- duic (1). Nous trouverons la caufe des grandes différences que préfentent ces fermentations en faifant attention à tout ce qui sy pañle. Dans les fer- -mentations fpiritueufe & acéreufe , il y a dégagement d’air fixe, d'air (1) Dans la diflillation de la fuie, du blanc d'œuf, &c. on obtient de l’alkali volatil , & un air hépatique. L’air alkalin paroitroit donc contribuer à la formation du foufre , par conféquent de l’acide vitriolique. Tome XXVIIT, Part, I, 1786. JANVIER. EF 42 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, / inflammable: fous forme d'air phlogiftiqué , & abforption d’air pur. Le dégagement de cet air fixe & de cet air inflammable vient de la décom- poñtion d'une partie du corps fucré, dont l'acide fe trouve un peu plus développé. L'air pur fe combinant avec ui dans ce moment fe développe encore davantage en faifant difparoître cer excès d’air inflammable : c’eft ce qui conflitue la partie fpiritueufe du vin & le vinaigre ; mais dans la fermentation putride la décompofition du corps fucré eft prefqu'entière, comnre l'annonce l'air inflammable qui fe dégage en nature, il ny a point d'air pur abforbé. L'air inflammable & l'air phlogiftiqué combinés avec le principe de la chaleur forment l'alkali volatil dont ils font les’élémens, comme nous l'avons vu, Cet alkali volatil eft plus abondant dans la putré- faction de la partie glutineufe & des matières animales, parce que l'air inflammable & l'air phlogiftiqué s'y trouvent en plus grande quantité, & qu'elles ne contiennent que trés-peu d’air pur. M. Lavoilier s’eft aufi fait des idées différentes fur la nature des fubftances végétales. I! croit que les huiles font compofées de fubftances charbonneufes & d'air inflammable aqueux. Ayant fait brûler une bougie, il a obtenu de l'air fixe, dé l’eau, & il y a eu beaucoup d'air pur abforbé. Dans fes principes l’eau a été produite par la combuftion de l'air inflam- -mable aqueux & de Pair pur ; & l'air fixe par la combuftion de la fubftance charbonneufe & du même air pur. D'où il conclut que le 86 2 quintal de cire, par exemple, contient —— de fubftance charbonneufe, 12 EN Le Fe 8 — © d'air inflammable aqueux. Cet air inflammable aqueux eft pro- 100 duit, fuivant lui, par une décompofition de d’eau , dont il donne une théorie très-ingénieufe, M. ngen-Houfz a obfervé que les plantes verfenc ‘beaucoup d’air pur. Cer air pur, dit M. Lavoifier , vient de la décompo- fition de l’eau, dont l’autre principe , l'air inflammable , fe combine dans la plante. Mais l’obfervation même de M. Ingen-Houfz paroît contredire cette opinion, Les plantes ne verfent de lair pur que lorfqu’elles font expofées au foleil, & que la végétation eft active ; car dans toute autre circonf{- tance la plante ne donne qu'un air impur , qui fans doute ne peut venir de la décompofition de l'eau. M. Lavoifier regarde auffi le fucre & l'efprit-de-vin comme compofés de fubftance charbonneufe & d'air inflammable aqueux. Voici la théorie quil en donne, 4 « La fermentation fpiritueufe, dit-il, eftencore un moyen de décompo- > fer l'eau par la voie humide. Le fucre contient une quantité très- » confidérable de matière charbonneufe toute formée. Puis donc que la » matière charbonneufe a plus d’affinité avec le principe oxygine, que ce » dérnier n’en a avec Le principe inflammable aqueux, puiqu’en vertu - SUR L'HIST, NATURELLE ET LES ARTS. 43 » de cette affinité, le charbon décompofe l’eau par la voie sèche, pourquoi # n€ la décompoferoit-elle pas par la voie humide ? » [Il paroît donc que dans la fermentation fpiritueufe la matière » charbonneufe du fucre fe combine avec le principe oxygine de l'eau, >» & que le principe inflammable aqueux devenu libre fe fixe dans la » combinaifon en s'uniflant avec une portion aflez confidérable du >» principe charbonneux, & que c'eft ce principe inflammable qui forme > la partie fpxitueufe, l'efprit-de-vin. » Cette double combinaifon me paroîc établie par des expériences à décifives. Celle du principe oxygine avec le charbon eft prouvée par la » quantité étonnante d'air fixe qui fe dégage pendant la fermentation. La » combinailon du principe inflammable aqueux avec la matière char- » bonneufe eft prouvée, parce que l’efprit-de-vin en brülant donne de » l’air fixe ; donc il contient un principe charbonneux , qui feul donne » de l'air fixe en brûlant. » L’exiftence de l'air inlammble aqueux dans Pefprit-de-vin n’eft pas » moins certaine, parce qu'il fe reforme de l’eau dans fa combuftion. » Ayant brûlé une livre d'efprit-de-vin , j'ai obtenu 18 onces d'eau & > beaucoup d'air fixe. Voilà donc une plus grande quantité d’eau , que » d'efprit-de-vin employé ». Enfin, le charbon, fuivant ce favant Académicien , eft compofé de fubftance charbonneufe , d'air inflammable aqueux & de terre. Ainfi, fuivant M. Lavoifier, l'huile, le fucre , l’efprit-de-vin , Le char- bon, &c. font compolés de fubftance charbonneufe & d’air inflammable aqueux. Ils ne different fans doute les uns des autres que dans les pro- portions de ces principes, Des matières animales. Les végétaux fervant de nourriture aux animaux frugivores, & ceux-là aux carnivores , il fembleroit d’abord qu'on devroit retrouver dans les matières animales les mêmes principes que nous avons vus chez les végétaux; mais le travail de l’animalifation les a dénaturés en partie , & donne des produits nouveaux. I! faut en excepter la graifle qui differe peu des huiles douces végétales. M. Schéele en a retiré également un principe fucré. Elle contient auñli un acide aflez vif, connu fous le nom d'acide fébacé, qu’on obtient par la diflillation en le dégageant d'une partie de fon air inflammable, On peut donc aufi regarder la graifle comme un acide végétal furchargé d'air ivflammable , par conféquent comme une efpèce de foufre. Le lait eft également purement végétal. C’eft une efpèce d'émulfon contenant une huile concrète , appelée beurre. Le beurre ne differe guère de la graiïlle. Je l'ai aufli traité avec la litharge, & j’en ai retiré un principe doux. Il contient d’ailleurs aufi un acide furchargé d’air inflammable. On retrouve encore dans Le lait la partie fucrée, connue fous le nom de fucre de lait; on en peut retirer l'acide faccharin par l'acide nitreux. Tome XXV III, Part. I, 1786. JANVIER. F 2 44 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, M. Schéele en a encore retiré un acide particulier , qu'il appelle fach- - laique, IL y a d’ailleurs dans le lait une petite quantité d’alkali fixe & de {el febrifuge, Enfin, la troifième partie du lait eft la cafeufe ou glutineufe, qui à la difillation donne l’alkali volatil, C’eft elle qui forme la fibre animale ; mais cette matière cafeufe contient toujours une partie fucrée qui la fait fermenter. x Toutes les autres liqueurs des animaux different entièrement de celles des végétaux. Elles contiennentune aflez grande quantité de fels différens, donc quelques-uns ne fe trouvent pas. chez ceux-ci. 1°. Le natron qui n'exifte guère que dans les plantes marines eft trèt-abondant chez les animaux. 2°, Îl s’y trouve du fel fébrifuge de Silvius, par conféquent l'alkali végétal & l'acide marin. 3°, Du fel marin. 4°. Du fel de Glauber & quelquefois de la félénite, s°. Le double fel fufñble. Quant au fel perlé, M.Schéele prétend que c’eft toujours l’acide phofphorique. 6°. Le fer y eft aufli fort abondant ; mais il peut y avoir été porté par les végétaux, Les principales liqueurs des animaux font : = 1°. Une eau chargée de natron & d'une légère partie gelatineufe. 2°, La feconde eft une partie gelatineufe très-abondante , entièrement foluble dans l’eau. Elle rapproche par conféquent de la partie fucrée des végétaux, & même elle en contient une portion, qu'y a démontré M. Berthollet. Néanmoins à la diftillation elle pafle prefque toute en alkali volatil, parce que l'air pur de la partie fucrée végétale a été dénaturé & changé en air impur. 3°, La partie glutineufe qui conftitue la partie fibreufe & la coefne du fang eft aufi fort abondante. Elle ne paroït que peu différer de la partie glutineufe des végétaux, & donne également de l’alkali volatil , de Vhuile, &c. 4°. Les animaux contiennent aufñfi quelques efpèces d'huiles effentielles. On a foupçonné une partie réfineufe dans la bile. Le caftoreum , le mufc, &c. font de vraies huiles effentielles. $°. La partie colorante paroît due ici, comme chez les végétaux, au fer. . 6°. Les matières animales dépouillées de tout principe par les différens menftrues donnent par la combultion un charbon très-fpongieux, difficile à brüler, & laïflant toujours dégager de Palkali volatil. Si on le confume entièrement on a de l'air fixe , de l’air inflammable, de l’eau, dela terre, des parties métalliques. Ce charbon eft le produit de la décompoftion des parties glutineufes ou fibre animale, La partie gelatineufe & l'huile animale donnent aufi un charbon. Ainf le travail de l'animalifation change jufqu’à un certain point la nature des liqueurs végétales, Quelques-uns des principes de celles-ci font détruits, tels les acides végétaux, l'acide nitreux qui étoit dans le nitre SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS, 4s des plantes, tandis qu'il y en a d’autres de produits, comme l'acide phof: phorique ; mais le grand changement qui s’eft opéré , eft la deftruction des acides végétaux, & la formation de l’alkali volatil fi abondant dans les matières animales. Cependant l'alkali n'y exifte qu'en très-petite uantité. Tous.fes principes y font abondans ; favoir, l’air inflammable , l'air phlogiftiqué , &c. & dès que la chaleur vient à les combiner, ils fe changent aufhi-tôc en alkalis volatils. Cet alkali volatil dans cet état, & que j'ai appelé dans mes Vues phyfiologiques principe falin animal, ne paroît donc être autre chofe que l'acide végéral dénaturé par la matière de la lumière combinée, qui a fait pafler l'air pur de cet acide à l’état | d’air phlogiftiqué & d'air inflammable. Si nous remontons aux procédés qu'emploie la nature dans la formation des êtres orgenifés, nous retrouverons tous leurs principes dans la nutrition des végétaux qui les fourniffent enfuite aux animaux ; car les végétaux fe nourriflent , 1°. d'eau ; 2°. cette eau n'eft jamais fans verre ; & il en eft toujours apporté par l'atmofphère; 3°. certe eau contient encore de l'air, fur-tout de l'air pur & de l’air fixe ; 4°. les plantes abforbent l'air de l’atmofphère dans lequel fe trouve lair pur, l'air phlogiftiqué & de l'eau ; ge. elles abforbent encore la lumière du foleil. AE Une partie de cet air abforbé par la plante foit par les feuilles, foit ar les racines, fe combinant avec la lumière, forme de l’air inflammable, & l’air fixe eft produit par ce même air s’uniflant avec la matière de la chaleur. Quant à l'air phlogiftiqué , il eft contenu dans l'air atmofphé- rique lui-même, Il paroît même que Les forces de la végétation peuvent dans certaines circonftances dépouiller cet air phlogiftiqué de la partie du feu qu'il contient pour former de l'air inflammable , & l'air phlo- giftiqué pour lors -pafle à l’état d'air pur; car M. Ingen-Houfz a prouvé que les plantes expofées au foleil dans l'inflant où elles végèrent avec le plus de force verfent une grande quantité d'air parfaitement pur , lequel air ne fe trouvoit pas dans la plante. C'eft donc l'air armofphérique qui a été dépouillé de fa portion impure, & qui a paflé tout entier à l'écar d'air pur ; & ce qui le confirme, c'eft que ces mêmes plantes expofées à l'ombre & ne végétant plus avec la même force , ne verfent pour lors que de l'air impur en totalité ou en partie. Ce fonc-là tous les principes des végétaux, Tous ces airs fe combinant entr'eux & avec le principe de la lumière & de la chaleur, forment les acides & des huiles. L'acide eft formé par le principe de la chaleur, l'air pur, l'air inflammable , peut-être l'air phlopiftiqué & l'air fixe, Il en réfultera différens acides fuivant les pro- portions de ces mélanges. Ces acides différens combinés de nouveau avec l'air inflammable formeront la partie fucrée & coutes les huiles ; car nous avons vu qu'il paroît que les acides qu'on retire des végétaux & de leurs huiles , font réellement différens les uns des autres, Enfin , les 46 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE; efprits recteurs. paroiflent une combinaifon huileufe analogue à celle de l'efprit-de-vin , dans laquelle l'acide eft encore aflez à nu pour que cet efprit recteur foic foluble dans l'eau. La partie muqueufe ou fuerée contient également un acide qui paroît le même dans toutes les fubftances végétales , l'acide faccharin ; mais cet acide eft aufli mafqué par de l'air inflammable, qui n’eft pas à la vérité en aflez grande quantité pour le faire pafler à la nature huileufe & le rendre infoluble, &c. La partie glutineufe elt encore une efpèce de combinaifon analogue à celle-ci, qui cependant en differe eflentiellement. Le principe inflam- mable y eft plus abondant, ce qui la rend en partie infoluble dans l'eau, comme les huiles. D'ailleurs, comme cette partie a été plus élaborée, l'acide a été en partie décompofé ; la portion d’air pur qu'il contenoit s’eft uni avec beaucoup de principe du feu ou de la lumière , & a été prefque toute dénaturée. Tous les principes de l'alkali volatil ont pris la place de l'acide qui a été changé en principe falin animal. I a même déjà été formé une partie d’alkali volatil , & dès que la chaleur augmentera, foit par le feu, foic par la fermentation putride, tout paflera à l’état d’alkali volatil. «La même chofe a lieu dans toutes les matières animales, Les acides végétaux y font décompofés en partie, ainfi que l'acide nitreux qui fe trouve dans quelques plantes, par l’effec des forces vitales. L'air pur eft prefque tout dénaturé par les combinaifons qu'il contracte avec le principe du feu ou de la lumière. On ne trouve plus que le principe falin animal ou le principe de l’alkali volatil. Il s’en forme également une petite portion dans l’économie animale; & tout paffera en cet alkali dès que la chaleur fera augmentée par la putréfaétion ou l'action du feu ; & ce qui confirme ces apperçus, c’eft que l'air qu'abforbent les animaux , foit par la refpi- ration , foit autrement, eft changé en airs impurs, tels que l'air fixe, l'air inflammable, l'air phlogiftiqué. Cependant il eft une petite portion d'air pur qui échappe à cette décompofition , & qui en fe combinant avec le principe de la chaleur & les autres airs, forme les acides qui fe trouvent dans l’économie animale, tels que l'acide phofphorique, l'acide marin, &c. Il y a encore une petite partie du corps fucré qui n’eft pas décompolé, & que M. Berchollet a retrouvée dans toutes les matières animales, Ainf la grande différence qui paroît dans le travail de la nature entre les végétaux & les animaux, eft que les premiers abforbent une grande quantité de matière du feu, & rendent les airs déphlogiftiqués, tandis que chez les animaux , l'air pur eft entièrement inverti en airs impurs, & la matière du feu paroît furabondante chez eux, Les végétaux contiennent encore d'autres fubftances qui paroiffent des. produits nouveaux , tels que les alkalis fixes , les fubftances métalliques ; favoir , le’fer, l'or & la manganèfe , enfin, la agnéfie; car elles n’ont pu, id » SUR L'HIST. NATURELLE ÆET'LES ARTS.) 47 être apportées du dehors, par exemple, dans les plantes élevées dans l’eau diftillée. H faut donc qu’elles aient été produites comme les autres corps dont nous avons parlé, les acides & les huiles',/par le concours des différens airs, de la lumière , de la terre & de l’eau. Ce qui confirme encore le foupçon que lésrmétaux ne fonc peut-êtrejque des acides fürchargés d'air inflammable. 3 La magnéfe feroit-elle aufi là terre-calcaire altérée par quelque principe étranger, quelqu'air (1)? ou même toutes les terres &\pierres ne feroient-elles également que des :efpèces d'acides, comme le foupconne M. Schéele ? Il regarde la plombagine ‘comme compofée d'air inflam- mable & d'air-acide, auxquels:font'uriiés accidentellement quelques portions martiales, La combuftianentière du diamant Le fait auffi regarder ‘comme une efpèce de foufre. Si-cetre pierre fi dure’eft route compofëe de fubftances combuftibles , eft un foufre véritable , toutes les autres pour- roient-elles être rangées dans la même clafle> Voici un vafte champ à de ‘belles expériences; & on ne peut rien prononcer ;jufqu’à ce qu’elles foienc P Ù q faites. Ces nouvelles vues fimplifieroient beaucoup l'étude de la nature, Tous les corps ne feroient que des:acides, combinés avec différens principes. Mais arrêtons-nous un inftant fur laformation des acides; car nous avons vu que ‘la nature les forme par-tout , & dans le règne minéral, & dans les êtres organifés. M. Lavoilier les regarde tous comme produits de la combinaifon d’une fubftance particulière avec l'air pur dépouillé de fa chaleur sue dans cer état il appelle principe oxygine. Je crois au contraire que les acides font compofés fans cefle par la combinaifon de différens airs , fur-rout celle de l’air pur , de l'air inflam- mable , du principe de la chaleur , &c. Ces acides fe combinant enfüuite avec l’air inflammable, forment le foufre, le phofphore , les métaux, &c. Certe idée pourroit même fe concilier avec les principes nouveaux ; car le foufre, les métaux, &c. font produits journellement chez les êtres organifés. Ces fubftances-pourroïent par conféquent abforber l'air inflam- mable aqueux comme le font, dans certe théorie ; l’huile , le charbon , le fucre, &c. > YUi Mais que devient he abforbé dans la combuflion du foufre, du phofphore , du charbon , dans la calcination des métaux , demandent ces Savans ? [lin’eft pas difficile de Je leur dire dans leurs principes. Cec air pur brûle avec l'air inflammable de cés fubftances , du foufre , du phofphore, des fubitances métalliques , ‘du charbon, (ces Melieurs vadmetrent l'air inflammable dans lecharbon ) & fofme de l’eau (2). Tous a _—_—_—_—_—————————— "2 (1) Elle -eft-f abondante-dans les nitrières que je l’ai déjà regardée comme un produit nouveau. | (3) La combeftion du phofphore fous le niercure donne un açide.concret , mais 43 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, les acides effectivement qu'on obtient par la combuftion font toujours étendus d’une grande quantité d'eau qui leur eft étrangère , & dont on peut les dépouiller. Qu'on expofe au feu dans un creufet l'acide phof- phorique fait par la combuftion du phofphore, il perdra la plus grande partie de cette eau, & on aura un verre acide phofphorique, Or, dans les principes de ces Savans cette eau étrangère ne peut avoir d’autre caufe que la combuftion de Pair pur & de l'air inflammable. Suivant moi , l'eau eft fimplement dégagée de ces airs, qui d'ailleurs ici fe comportent comme dans leur combuftion ordinaire. Ces acides fe trouvent débar- raffés de leur air inflammable par cette combultion , & reparoiffent pour lors avec leurs propriétés ordinaires; mais dans Les deux opinions cette eau démontre également la préfence de l'air inflammable dans le foufre & le phofphore, comme dans le charbon. L'eau qu'on obtient également en calcinant les métaux dans l'air put, prouve aufi qu'ils contiennent Fair inflammable, D'ailleurs, l’air pur dépouillé de fa chaleur ne peut être regardé comme le principe oxygine ou acidifiant , puifque les acides ne tirent toute leur activité que du principe de la chaleur. Cer air au contraire ne pourroît être regardé comme principe acidifiant qu'autant qu'il contiendroit ee de la matière du feu dans un certain érat de liberté qui donne aux acides toute leur activité. Auñli ne regardé-je pas l'air abforbé pendant la combution du foufre, du phofphore , &c. comme celui qui fe trouve dans les acides vitrioliques phofphoriques. Il n’y en a qu'une trésaléoère partie ; mais l’air pur de ces acides y a été combiné dans leur formation première, | Quelques Chimiftes ont cru que les acides qu’on extrait par le moyen de l'acide nitreux, els que l'acide faccharin , &c, tenoient en partie leurs propriétés acides de Pacide nitreux. Pour fe convaincre du contraire il fufñt d'examiner ces différentes opérations. L’acide nitreux diftillé avec le foufre donne l'acide vitriolique , avec le phofphore l'acide phofpho- rique , avec la molybdène l'acide molybdique, avec l'arfenic l'acide arfenical , avec le fucre l'acide faccharin, &c. Or, l'acide vitriolique, l'acide phofphorique, &c, n’ont certainement rien emprunté de l'acide nitreux. Il n’a donc pas plus fourni aux autres acides. L’acide nitreux ne fait donc dans toutes ces’ opérations qu’enlever l'air inflammable qui pafle fous forme d'air nitreux ; & l'acide qui étoit mafqué par cer air inflammable , demeure à nu. Il fe peut cependant que très-fouvent, ou peut-être toujours , l'acide nitreux décompofé'fournifle une portion d'air pur à ce nouvel acide; parce que celui-ci étant encore furchargé d'air inflammable ,comme l'eft , par exemple, l'acide fulfureux , abforbera de l'air pur qui le fera pañler à fon état naturel, ou même quelquefois .le qui néanmoins contient beaucoup d’eau, comme on peut s’en aflurer en le jetant promptement dans un creufet rougi au feu, farchargera - ; SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 49 furchargera d'air pur, & le fera pafler à l'état d'acide déphloviftiqué ou avec excès d’air pur; mais cet air pur n'eft nullement eflentiel à ces acides , puifqu'on peut les obtenir fans le concours de l'air pur, en diftillanc le fucre, les huiles , les réfines, &c, dans des vaifleaux fermés. La même vérité peut encore s'établir par la fimple obfervation. Dans les premiers momens les fucs des végétaux, par exemple, ceux de rafin., de la canne à fucre, font acerbes & acides. Celui de raifin ne donne que du verjus ; mais par la maturité , la lumière fe combine , il fe forme de l'air inflammable qui s’uniffant avec Le verjus, neutralife cet acide, & forme la partie fucrée. Les huiles font formées de même , ainfi que la partie glutineufe, On ne peut à la vérité décompofer le foufre, le phofphore dans les vaifleaux fermés, comme on décompole le fucre, les huiles, le charbon ; & les métaux ne s’y décompofenc que difficilement , excepté le fer, le zinc ; il faut le concours de l'air pur. Cette différence vient de’ ce que l'air inflammable eft trop adhérent à ces corps, qui d’ailleurs fonc volatils ; leur combinaifon eft plus parfaite. Une troifième fubftance peut feule rompre cette aggrégation par une afhnité fupérieure. C'eft ce qui arrive dans différentes opérations , comme dans les foies de foufre , de phofphore, lorfqu'on traite ces fubftances avec l’acide nitreux , au lieu ue dans les produits des végétaux & des animaux l'union n’eft pas fi forte, & la chaleur la brife plus facilement; mais d’ailleurs tous les phénomènes prouvent également que la partie fucrée, les huiles #les réfines, &c. ne font que des acides unis à l'air inflammable , comme le foufre, le phofphore, les métaux (1), : Une autre conclufion que nous devons tirer de tous ces faits, c’eft que l'eau n'eft point produire, mais fimplement dégagée dans toutes ces opérations. 1°. Il n’eft pas douteux que tous les airs pe contiennent une grande quantité d'eau, comme le prouvent l’hygromètre & les fels déliquefcens. 2°. On n'obrient jamais de l’eau feulé : dans la combinaifon de l'air pur & de l'air nitreux on a de l’eau, plus de l’acide nitreux, de l'air fixe & de l’air phlogiftiqué: dans ia combuftion de Pair pur & de Pair inflammable retiré foit des matières animales & végérales, foit des métaux par la diftillation , &c. on a de l’eau, de l'air fixe, de l’air phlogiftiqué, de la matière de la chaleur , &c, 3°. Dans la diftillation de la limaille de fer, de zinc, avec le précipité, on a de l’eau , de l'air fixe & de l’air phlogiftiqué. 4°. Jamais on n’a de l’eau pure dans aucune de ces (1) On fait que le fer, le zinc, l’arfenic, &c. s’enflamment lor{qu’ils font expofés à un füufffant degré de chaleur. M. Gahn eft parvenu également à faire brûler l’étain. 11 en chauffe un globule au feu du chalumeau jufqu’au blanc, & le jette promptement fur une feuille de papier dont les bords font relevés. Le globule s’agite en différens fens . & brûle avec un grand éclat, : i Tome XXVIII, Part, 1, 1786. JANVIER, G so OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, opérations ; d'ailleurs, il y a toujours une produ&ion plus ou moins con- fidérable de la matière de la chaleur : or, Les airs qui paroiffent difparoïtre font combinés dans tous ces produits, & l'eau en eft fimplement dégagée. 5°: L'eau n’eft point décompofée par la limaille de fer. | Au relte , je dois rendre la juftice à M. Lavoifier qu'après la leéture de mes Mémoires & de mon Effai fur l'air pur, &c. il a émbraflé une partie de ma dodrine, & fans doute ce célèbre Chimifte reconnoîtra la vérité de ce que j'ai dir. Dans le nouveau volume de .” icadémie qui vient de paroïtre (1), il convient, { page 537) « que dans la > combinaifon de l'air vital & de l'air nitreux, une petite portion » de la matière de la chaleur devient libre; mais une portion beau- » coup plus confidérable fe fixe dans la combinaifon ». C'eft ce que j'ai dit, (Journal de Phyfique, & dans mon Ouvrage, pag. 155 > Ainf, fuivant ces nouveaux principes de M. Lavoifier , l'acide nicreux 1era compofé du principe oxygine, de l'air nitreux, plus de la marière de la chaleur , comme je l'ai avancé. Sans doute il fera obligé d’écendre fa même doctrine à tous les autres acides; par conféquent l’air fixe ou fon acide charbonneux fera compofé de la fubitance charbonneufe, du principe oxygine , plus de la matière de la chaleur ; Vacide vitriolique le fera da foufre, du principe oxygine , plus de la matière de la chaleur ; l'acide marin le fera du principe muriatique, c’eft ainfi qu'il l’appelle, du principe oxygine & de la matière de la chaleur, &c. J'ai encore été aflez heureux pour me rencontrer ici avec lui mot pour mot. « L’acide , » marin ordinaire, (dit-il, page $33) n'eft pas complettement faturé de » principe oxygine : il eft en analogie avec l'acide fulfureux » ; tandis que l'acide marin déphlogiftiqué elt completement faturé. Or, c'eft ce que J'ai dit ( page 379 de mon Effai ). Ainfi voilà un grand nombre de rapproche- mens qui en peuvent faire efpérer d’autres. M. Lavoifer auroit pu également reconnoître combien étoient fondées mes obfervations , (page 139 de mon Ouvrage ) fur fon analyfe de l’acide nitreux. Il a fait difloudre du mercure dans de l’acide nitreux, & a obtenu beaucoup d’air nitreux & un vrai fel mercuriel. IL eft vrai qu'ici il a fait pafler ce fel mercuriel à l’état de précipité rouge. Mais prenons-le, comme dans fa précédente expérience, à l’érat de fel mercuriel ; il croit que l'air nitreux vient tout de la décompofition de l'acide nitreux. Cependant Päcide nitreux exifte tout entier dans le fel mercuriel, & décompofant ce fel avec de Palkali, on a à-peu-près la même quantité de nitre, qu'avec une quantité d’acide nitreux égale à celle qu’on a employée dans la diffolution, M. Lavoifier dit que fouvent il faut un tiers moins d’alkali ; mais c’eft lorfque la diffolurion a été trop rapide, ce qui n’a pas lieu, —— . (@) Je n’ai pu lavoir que lorfque la plus grande partie, de ce Difcours étox imprimée, SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS, $ÿse lorfqu'elle fe faic lentement. L'air nitreux ne vient donc point de la décompoftion de l'acide, mais la plus grande partie eft due au phlogiftique ou air inflammable du métal, lequel air inflammable eft modifié à la vérité par un principe que lui fournit une très-légère portion d'acide décompoté. Le même Chimilte a examiné ce qui fe pafloit dans la diffolution des métaux par les acides , & leurs précipitations les uns par les autres (1). Conféquemment à fes principes, il croit que l’acide le plus fouvent fe décompofe & fournit Le principe oxygine qui réduic le métal en chaux; mais que devient ici la matière de la chaleur de l'acide ? Pourquoi ne fe combineroit-elle pas avec la chaux métallique conjointement avec l'air pur ? Sans doute M. Lavoifier en conviendra bientôr, & ce qui le prouve, c'eft qu'il a toujours obtenu de l'air fixe, même du précipité rouge préparé dans les vaifleaux fermés. Ceci eft une nouvelle preuve que l'air fixe eft compofé de la matière de la chaleur, & non de fubftance char- bonneufe; car il n’admet pas de fubftance charbonneufe dans l'acide nitreux, ni dans le mercure. Mais voyons comment il explique ce qui fe pañle dans les diflolutions métalliques. 11 croit que tantôt l'acide, rantôc Peau fe décompofent pour fournir le principe oxygine au métal ; car il penfe que le métal dans l’état de diflolurion eft fous forme de chaux. Voici comme il s'exprime en parlant de la diflolution du fer par l'acide vitriolique , (page 546). « Si on verfe de l'acide vitriolique con- » centré fur du fer, & qu’on le fafle bouillir dans une cornue, le métal > détompofe prefqu’entiérement l'acide, il fe forme d’une part du x foufre , & de l'autre de l'ocre.... Si l'acide eft étendu d’une demi-partie » d’eau, ilane fe forme plus de foufre ; le fer n’en décompofe pas moins > l'acide, qui pafle à l’état d’acide fulfureux... Enfin, fi l'acide virrio- > lique eft étendu de quatre à cinq parties d'eau, il n’eft pas décompolé , » & l’eau l’eft. Elle fournit l'air pur pour calciner Le fer , candis que fon > air inflammable fe dégage ». Il prouve que l'acide n'eft pas décompofé ici par l'expérience que j'ai faire, ( page 83 de mon Ouvrage). « En » précipitant les métaux par un alkali,on a la même quantité de fel >» neutre qu'on auroit eu avec une égale quantité d'acide & d’alkali », M. Lavoifier convient donc que l'air inflammable ne vient point de la décompofition de l'acide. Mais j'ai démoritré par des expériences décifives qu'il ne vient point de la décompofñtion de l'eau , ( Journal U (x) M. Bergman avoit calculé la quantité de phlogifique que contenoient refpeëti- vement les métaux par la quantité que tel métal révivifioit de tel autre. Un quintal d'argent elt révivifié par 31 livres de cuivre , &c. M. Lavoifier regardant cette révivification comme une foufiraétiôn du principe oxygine , en conclut la quantité que chaque chaux métallique contient de ce principe. Ainf la quantité de principe oxygine contenue dans 100 livres d’argent à l’état de chaux , eff égale à celle contenue dans 31 livres de cuivre: Il étend cette méthode à tous les métaux, Tome XXV1LII, Part. 1, 1786. JANVIER. G 2 #2 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, de Phyfique, & page 438 de mon Ouvrage ). « J'ai mis de la limaille de > fer pure dans de l’eau de chaux : elle y eft depuis plufieurs années , fans =» qu'elle foit aucunement altérée , ni fans aucun dégagement d'air inflam- » mable. La même limaille mife dans un flacon plein d’eau diftillée & > qui a bouilli long-tems , n’a pas non plus laiffé échapper d'air inflam- » mable », Ainfi l'air inflammable qui fe dégage de la limaille de fer mife dans l’eau ordinaire ou dans l'acide vitriolique , ne fauroit venir de la décompofition de l’eau. D'ailleurs, il contient toujours de l'air fixe que l'eau ne fauroit fournir. Par conféquent il eft dû au fer , dont on l'obtient également par le feu, &c. C’eft ce même air inflammable du feu qui, lorfque l'acide vitriolique eft concentré, le fait paffer à l’état de foufre ou d'acide fulfureux. Ainfi dans les diflolurions des métaux M. Lavoifer ici fuppofe l'acide décompofé pour fournir le foufre, l’air nitreux , &c. Ailleurs il veut que ce foit l’eau qui donne l'air inflammable, Ces . différentes fuppofitions dans des ‘opérations femblables, fonc éloighées de l’exactirude. te Que M. Lavoiler veuille bien examiner les phénomènes que préfentent le fer, le zinc, &c: avec ceux qu'offrentle charbon & les huiles dans lefquels il admet l'air inflammable, & il verra qu'ils font abfolument les mêmes dans routes les expériences en les traitant par le feu , les acides , les alkalis,-&c. Il reconnoïtra que dans la calcination le métal perd fon air inflammable & fe combine avec la matière de la chaleur , que cette matière dela chaleur dans les chaux métalliques eft encore capable d'attirer de’nouvel air pur, & de l'invertir en air fixe; que dans la cafcination‘par le feu une portion de cet air pur brûlant avec kair inflam- mable métallique, laifle dégager fon eau, qu'enfin tout l'air pur qui a difparu dans l'opération fe retrouve dans la matière de la chaleur, dans l'air fixe, peut-être une portion y eft-elle comme air pur. Qu'il admette donc l'air inflammable dans ces métaux , ou qu'il le nie dans le charbon & les huiles. Il ceflera pour lors de dire ( page 493}: « Cet être , Cle phlogiftique ) » introduit par Sthal dans la Chimie, loin d'y avoir æ porté la lumière , me paroît en avoir fait une fcience obfcure & > inintelligible pour ceux qui n’en ont pas fait une étude très - particu- > lière. C'eft le Deus ex mäachina des Métaphyficiens , un être qui explique » tout & qui n’explique rien , auquel on fuppofe tour-à-tour des qualités » oppofées » , &c. Certainement qui n'aura pas fair une étude particulière de la Chimie n’entendra pas mieux les combinaifons du principe oxygine, (qui ne fera plus le feul principe acidifiant, puifque la matière de la chaleur entre dans la compofition de l'acide ) ou celles de l'eau décom- pofée dans telle opération, non-décompofée dans telle autre analogue, &c. Er ilme paroît qu’en regardant avec moi l'air inflammable comme le phlo- giftique , on a une théorie toute aufñi claire au moins que l'oppolée , & qui eft plus conforme aux phénomènes. D'ailleurs, Mekavoilier lui-même PAT a SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 53 admet l'air inflammable dahs l’eau, dans le charbon, dans l'huile, &c. Ainf fon reproche retomberoit fur une partie de fa doétrine. On voit par cet expofé fuccinét les belles découvertes qu'a faites la Chimie, & la grande râche qui s'offre encore à fes travaux ; mais la difficulté angmente chaque jour. Les anciens avoient négligé de recueillir les airs, & cependant ils font une des parties les plus eflentielles de l’analyfe. Aujourd'hui on ne s'occupe pas encore aflez de la matière du feu & dela chaleur. Cependant elle ne doit pas être plus oubliée que les airs; & l'analyfe ne pourra être perfectionnée que quand on en tiendra compte. En général, ne croyons une analyfe exacte, que lorfque nous reformons la même fubftance par la finthèfe. L'air pur & l'air nitreux formant de l'acide nicreux, doivent en être regardés comme les principes immédiats ; mais non l’äir.pur & l'air phlogiftiqué, qui feuls ne formeront jamais cet acide. D'ailleurs, il eft des fluides dont l’exiftence eft bien avérée, tels que l’électrique , le magnétique , &c. qui certainement entrent dans les corps, & que nous ne pourrons peut-être jamais faifir. Combien encore de principes fugaces dan les diverfes opérations de la nature, dans les efprits recteurs des plänres , &c. &c. &c. La Philofophie naturelle fe perfeétionnant de plus en plus , amenera peut-être auf une heureufe révolurion dans les Sciences morales; câr tant de connoiffances ne feront précieufes qu'autant qu'elles concourront au bonhéur de l'humanité. Celui-là eft le plus favant & le plus fage qui eft lé‘plus heureux. T . * N. B. On m’a demandé pourquoi les plantes font blanches, lorfqu’elles font privées de la lumière , font vertes dans leur état de vigueur , puis finiflent par devenir jaunes ou rouges dans leur vieilleffe ou décrépitude. En fuppofant , comme il paroit prouvé , que la couleur des végétaux eft due au fer, je répondrai par l’expérience fuivante : une diffolution de fer précipitée par un alkali eft plus ou moins verte; fi on l’expofe à Pair libre ou à Pair pur, elle attire cet air pur , la couleur verte difparoït , & une couleur ocreufe plus ou moins jaune , plus ou moins rouge, en prend la place. La même chofe fe paffe dans la plante. Lorfqu’elle eft privée de la lumière , fes fucs font aqueux , & la végétation ne paroît pas affez vigoureufe pour produire du fer, ni de VPalkali. La lumière lui eft-elle rendue , ces deux principes font formés , & le fer eft précipité en une couleur plus ou moins verte ; mais l’air pur que les plantes verfent fans cefle, précipite peu-à-peu ce fer fous une couleur ocreufe plus ou moins jaune, plus ou moins rouge. On retrouve chez les animaux la couleur verdâtre dans la bile, & la couleur rouge dans le fang , &c. $4 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, DESCRIPTION D'une Lampe avec laquelle on peut lire la nuit dans fon le Jans craindre les accidens du feu, Lue à l'Académie Royale des Sciences de Montpellier , le 16 Juin'178$; Par M. DE ViLLiers fils, Contrôleur-Général des Fermes du Roi. Msssreurs, Les Gens de Lettres en général, & beaucoup d’autres perfonnes profitent de l’inervalle que leur laifle le fommeil pour fe livrer auffi-rôc qu'ils font couchés à la lecture ; les uns y font forcés par leur état & les autres par habitude, Leurs lumières pofées à côté du lit, les mettent rous les jours à la veille de perdre la vie en devenant la proie des flammes. Quelques précautions qu'ils puiflent prendre, le fommeil vient les fur- prendre , & une fois endormis , la moindre étincelle, le moindre mou- vement agitant la Aamme, la porte fur les rideaux , les meubles ou objets voilins , y met Le feu, & le lit dans lequel ils fe trouvent , au lieu de leur procurer le repos qu'ils y cherchent, devient leur bûücher.{ Victimes de leur imprudence, ils entraînent dans leur malheur, non- feulement toutes les perfonnes qui occupent la mème maifon, mais encore celles du voifinage, le feu ayant le rems de faire un ravage confidérable, ayant qu'on ait pu y porter aucun fecours. Les exemples de cette nature ne font malheureufement que trop fréquens ; combien n’en voyons-nous pas de nos jours, & à combien de gens ces malheurs ne doivent-ils pas fervir de leçons ? La plupart ayant éré fur le point d’en devenir la viétime, & les autres devant toujours être dans la crainte d’un pareil accident. Il eft, Mefieurs , ce me femble , très-inutile de vous en tracer ici le tableau effrayant , l'imagination fe le peint aflez , & elle feule fuffit pour : nous décider à ne pas nous y expofer. C’eft donc un fervice eflentiel à rendre à l'humanité, que d'imaginer un moyen de la mettre à l'abri de ce malheur, & de procurer aux SPA qui ont contracté l'habitude de lire dans leur lit, la fatifaction de fe livrer à leur inclination fans aucune inquiétude pour les fuites. C'eft ce dont on ne s’eft point aflez occupé jufqu'ici, & c’eft le motif qui m'a fuggéré le défir de.faire la découverte que j'expofe fous vos yeux. On m'objectera peut-être qu'il a déjà paru plufeurs machines propiés . SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. fs à remplir le même objet , mais elle peuvent être fujetres à des incon- véniens; il n’en eft parvenu à ma connoiffance qu'une feule dont voici en peu de mots la defcription. C’eft une pince de métal qui fert à embraffer Ja circonférence d’une chandelle ou bougie; à la queue de cette pince qui fe ferre & fe defferre à volonté au moyen d’une virole, fe trouve un fil de cuivre perpendiculaire, d’où en part un autre contourné en S, & à l'extrémité de cette S eft adapté un éteignoir , qui ne peut faire fa fonétion que lorfqu'une éguille attenante à LS Pie dans fon milieu, & piquée dans le fuif, ou la cire, comme fur un point d'appui, parvient au haut de la chandelle par la confommation du fuif, & ne trouvant plus de réfiftance, fe plie & oblige l'éteignoir de tomber fur la flamme, ce qui ne réuflic pas toujours ; de perfonnes de cette Ville qui en ont fait Pexpérience m'ayant afluré que fouvent l’éceignoir tomboit en arrière, inconvénient qui annulle l’effer de cetre découverte ; de plus cette machine ne peut fervir que lorfque la chandelle eft d'une certaine hauteur , étant nécelleire qu’il s’en trouve une quantité fufhfanre pour l'y établir, de plus encore l’écou'e nent de La cire ou du fuif vous empêche de limiter au jufte le res que l’on veut employeg à la lecture. J'ai cherché, Meflieurs, à éviter ces inconvéniens: la bougie fe trouvant renfermée dans un fourreau dans lequel elle eft obligée de monter par la force d'un reflort qui la poufle , & qui tient toujours la lumière à la même hauteur ; les agrémens & les commodités qui s’y trouvent réunis, doivent , ce me femble, la rendre préférable à celle que je viens de vous décrire. La perfonne qui fe fert de ma lampe peut à fa volonté la faire éreindre au moyen de la graduation du fourreau , en limitant l’inrer- valle du rems qu'il a fixé pour fa leture , il n’eft plus néceffaire d’avoir fa lumière auprès de fon lit, on peut la laifler fur une table, ou fur tour autre fupport quelconque, & dans le cas où le fommeil viendroic à vous faifir , on eft afluré qu'à l'heure fixée la bougie s'éteint par la chûte d'un éteignoir qui s’y trouve adapté, Voici, Meflieurs , la defcription de ce flambeau repréfenté en A A. Planche I. Dans un martinet en fer-blanc haut de quatre pouces & demi, planche 2 , figure 1°, fe met un fourreau de même métal, fig. 28& #6 haut de huit pouces, fe viflant au milieu par un écrou en cuivre GG, Ja partie fupérieure finiflent en cône tronqué À , dont l'ouverture eft de fix lignes ; dans toute fa longueur fe trouve une rainure B de trois lignes de largeur ; au bord de cette rainure font les degrés pour fixer.les heures; la partie inférieure eft fermée à fon extrémité par le moyen d’une platine au centre de laquelle on pratique un fimple trou C, Ces deux parties réunies enfemble fervent à renfermer une bougie & un reflort qui doit la poufler à mefure qu'elle brüle; ce reflort, f. 5, s6 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, , eft de fil de cuivre applati, ayant la forme d'un boudin, au haut duquel eft une pièce ronde de fer-blanc, au milieu & au-deflous de laquelle eft foudé un anneau D, dont l’ufage fera expliqué ci-après. La f£2. 6 repréfenre une cuverre aulli de fer-blanc , dans laquelle on fait entrer l'extrémité inférieure de la bougie, de forte que lorfqu’elle eft fur fa fn, coute la cire peut fe confumer fans couler dans l'intérieur du fourreau , ce qui gâteroit par fon enduit les anneaux du reflort. Lorfque l’on veut démonter le fourreau pour le garnir d'une nouvelle bougie , on retire ce reflort & on le contient par l’ufage d'une verge de fer, fe. 7, dont on fait entrer le crochet qui eft à une de fes extrémités, par l'ouverture C de la fg. 3 , on le pouffe pour le faire parvenir au haut du reflort & y accrocher l'anneau D, fig. 5 , énoncé ci deflus, que l’on ramène à foi, & qui fe fixe par un arrêc E, placé à un pouce de diftance au-deflous du crocher. v” Au-deffus du fourreau fe place un cône tronqué, f£g. 8, foutenu par deux branches FF; qui partent du martinet ,f£e. I, cedit cône de fer-blanc , haut de trois pouces, large dans fa partie inférieure de trois ouces & demi , & dans fa partie fupérieure formant élipfe d'un pouce & Emi fur trois, fe trouve ouvert par une rainure de deux lignes de largeur, depuis la pointe de l’élipfe jufqu'à fon centre. Cette rainure fert à diriger l'éteignoir dont nous parlerons ci-après. Cette pièce ferc non-feulement de réverbère à la lumière, mais encore à garantir tout objet combuftible. A l’extérieur & du côté de la rainure de ce cône, que l’on peut nommer garde-feu , fe trouve adaptée une colonne ou conduit, fg. 9 , longue d’un pouce & demi; fa rainure a la largeur de près de deux lignes, & fa partie fupérieure fe termine par deux platines rondes H. A l'extérieur de ce conduit fe place à la partie z un refort très-flexible , fg. r0', dont l’extré- mité recourbée doit traverfer ledit conduit au-deffous des deux platines, Ce reffort fert à chafler avec plus de force un éteignoir enchäffé dans les deux platines par le moyen d'un écrou, fig. 11, qui lui fert d’axe. Cet éreignoir, f£g. 22, fe trouve armé d’une queue qui forme le demi-cercle jufqu'à la genouillère, & dont le diamètre eft de deux pouces. Cette queue fe trouve prolongée au-delà de ja genouillère d'un pouce , & fe termine par un crochet 772: A la partie inférieure du conduit eft annexée une petite cage quarrée , fig. 13, faite de lame de cuivre, largeur quatre lignes, & hauteur fix ‘lignes, Elle fert à contenir un cylindre de cuivre traverfé par un axe d'acier , fg, 4. Un de fes côtés fe trouve denrelé en forme de roche; {a circonférence eft percée de deux trous à l'oppoñite l’un de l'autre #7. Au bas de certe pièce eft une détente, f2g. 15, dont la queue a trois quarts de pouce de longueur. D'un des trous du cylindre part un cordonner de foie qui va s’attacher au crocher « de la queue de l'éteignoir , & de l’autre trou un autre cor: : donnet SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 57 donnet au bout duquel pend un ftilet d'acier, fg. 6, d’un pouce & demi de longueur. Toutes ces pièces ainfi arrangées & difpofées, en tirant Le ftiler , dont le cordonnet fe trouve roulé fur le cylindre, vous faites remonter l’éreignoir , fon cordonnet venant prendre la place de celui du ftiler, vous enfoncez ledit ftilec dans la bougie par la rainure du fourreau, d’après la graduation , au point que vous jugez à PPS: : A mefure que la cire fe confume, le reflort qui pouffe [a bougie fait monter avec elle le ftilet qui, parvenu à La détente, la force en la fou- levant de quitter le rochet, & oblige Le reflorc , f£z. 10, qui fe trouve tendu lorfque l'éteignoir eR monté, à chafler ledic éteignoir , qui dirigé par la rainure du garde-feu , vient étouffer la flamme de la bougie en couvrant la partie fupérieure du fourreau, Voilà , Meñfeurs , le réfulrat de mes réflexions. Heureux fi cette invention peut mériter votre approbation en rempliffant vos vues qui ne tendent toutes qu'au progrès des arts & à l'avantage du Public. Nota. Il faut avoir la précaution , lorfque l’on tire le ftiler, de faire remonter entièrement l’éteignoir , afin qu'il fe trouve hors du garde-feu, * fans cela la Hamme l’échaufferoit & Le mettroit dans le cas pa#la chaleut qu'il auroit acquife, de fondre la cire lorfqu'il feroit tombé fur la bougie. : EXAMEN COMPARÉ De l'intenfité de chaleur produite par la combuflion du Charbon de bois & de celui de tourbe : Extrait d’un Mémoire lu à l’Académie le 16 Novembre dernier ; Por M. SAGE. La tourbe réduite en charbon eft propre à entretenir une chaleur plus vive & plus long-tems fourenue que le charbon de bois, comme les expériences fuivantes le démontrent; mais réduire [a tourbe en charbon par un autre moyen que par la diflillation , eft une opération difficile ; car l'on n'obtient fouvent qu'une efpèce de pyrophore , lorfqu’on a procédé par la fuffocarion qui eft en ufage pour préparer Le charbon de bois. Ici le pyrophore eft produit par la décompofition de. la félénire qui eft dans la tourbe, dont l'acide vitriolique fe combine avec le phlogiftique du charbon & forme du foufre , lequel après s'être uni avec la terre de la flénite , conftitue le pyrophore. Tome XXVUI, Part, 1, 1786. JANVIER: H $8 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, Le charbon de tourbe le mieux fait contient toujours une portion de foie de foufre terreux (1), qui fe décompofe pendant fa combuftion , noircir & rouille le cuivre , altère l’argent, & rouille le fer. Dans le commencement de la combuftion du charbon de tourbe le’ mieux fait il fe dégage une odeur hépatique fingulière. L'examen comparé de l'intenfité de chaleur produite par la combuftion du charbon de bois & du charbon de tourbe prouve que ce dernier eft pour l’intenfiré de chaleur dans le rapport de trois à un environ. J'ai pris deux fourneaux ronds de fix pouces de diamètre, dont le foyer avoit quatre pouces & demi de hauteur, & le cendrier quatre pouces d’élévation à partir de la grille du foyer ; j'ai rempli un de ces fourneaux avec du charbon de bois, & l’autre avec du charbon de tourbe; je les ai allumés en mettant un charbon für leur farface : j'ai laïflé brûler ces, charbons fans les remuer; j'ai placé dans les échancrures du fourneau deux petites barres de fer; j'ai pofé deflus deux cafleroles de cuivre éramé, qui contenoient chacune une pinte & demie d’eau, Leur diamètre étoit de fix pouces quatre lignes, leur hauteur de deux pouces neuf lignes , & leur épaifleur d'une ligne. Le charBon de bois a produit l'ébullition de quatre cafferoles d’eau en cinquante minutes. ‘ 1° ébullition au bout de 14 minutes. DO ES MA 22 FLE PARLE EI Sphere) Has La LS do IC ANS TR TT Ce charbon a brülé fans flamme & n’a point altéré le cuivre, Le charbon de tourbe fait par fuffocation a exhalé d'abord une odeur fétide à laquelle a fuccédé une Aamme vive colorée, mais fans odeur, Ce. charbon a produit l’ébullition de onze cafleroles d’eau en une heure cinquante-quatre minutes. 1° ébullition au bout de 13 minutes, DEP AAN TT ES ee es Le AT LE 2 l'a QE 0 6 lens tel Rss Ttle s S'ie PUTE LU ETENO Ont dite le eZ Loterie. PUR LENS NE TT Sous ol nettes gipnnnsel nation LOL, SL UNE AORON TER DATES RE TT à (1) On peut l’extraire.en Jeffivant le charbon avec de l’eau diflillée, SUR L'HIST, NATURELLE ET LES ARTS. $9 Le charbon de tourbe fair par diftillarion s’eft allumé plus lente mene, a répandu une odeur moins défagréable ; fa flamme n'écoit point fi vive, il a produit l’ébullition de onze cafleroles d'eau en deux heures fix minutes & demie, ébullition au bout de 33 minutes. SU DATE, Pre es 2 DE Van EM Re A rats 8 ANT CCS RS MT ete te 8 ISRÉRONEE SET its 7 = CASH IS nheEl bai TE MAUR IR ES N LS 7 8 HT Te 8 Le RO PO ée 17 10 . LI L L L 1$ 11 . . . D . 21 ” Une livre & demie de charbon de tourbe qui a fervi à ces expériences ; ne s’eft confumée qu'au bour de quatre heures , & a laiflé cinq onces de cendres rougeâtres qui contiennent de la terre çalcaire , de la félénice, de la terre argileufe & un peu de foie de foufre, Une livre trois onces de charbon de bois s’eft confumée au bout de deux heures , & a produit cinq gros de cendres alkalines. Si le charbon de tourbe produit plus de chaleur par la combuftion , c’eft que s’affaiflant moins, il concourt à la décompofition d’une plus grande quantité d'air, & produit par conféquent une chaleur plus confidérable & plus long-tems foutenue. MÉMOIRE SAUTER ERA SUTMIDSE RAT TRES: Par M, ***%, 4 Désiranr connoître cette poudre blanche que M. Bergman a obfervé conftamment fe précipiter des diflolutions de fer caflant à froid dans Vacide vitriolique, nous avons dirigé nos recherches vers cette fubftance fingulière, connue à préfent fous le nom de fiderite. Elle eft le réfulrat de la combinaifon de l’acide phofphorique avec les fers caffans à froid, comme l’a annoncé M. Meyer, & comme l'ont confirmé les expériences dont nous allons donner le détail. Tome XXVIIL, Part. I, 1786. JANVIER. 15 (> 60 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, La fiderite fe trouve conftamment en plus ou moindre quantité dans les fers caflans à froid, tandis qu’on ne peut en extraire des fers dont la ténacité & la ducülité font le partage. En effec toutes les diffolutions dans l'acide vitriolique des fers extraits des différentes mines de ce pays-ci( Champagne, frontière d'Ardennes), dont on obtient un fer caflant à froid, ont donné un précipité blanc qui paroîc d’abord très-abondant, mais qui eft fi léger, & fe réduic tellement, que d’une livre de Himaille de fer le plus cafiant,on en obtient tout au plus un gros. La limaille de fer de Berchiwé, produit des mines de S. Pancrez en Lorraine, ce fer dont la ténacité & la -ductilité le rend fi effentiel à la fabrication des armes, & au fervice des arfenaux de l'artillerie, n’a pas donné un atôme de fiderite. Sa diffolution, quoique bien faturée depuis plus de trois femaines, conferve toujours fa tranfparence. Pour obtenir la fiderite, il faut que la diffolution foit faturée à une douce chaleur au moyen d’un bain de fable. Si on accélère la diffolution par une trop forte chaleur, ou en approchant trop près du feu le bocal où fe fait la diflolurion, alors la fiderite fe trouve mêlée avec de l’ocre qui en altère & la pureté & la blancheur. Le précipité a lieu d'autant plus vice, que la diffolution eft plus étendue d'eau, toutefois après qu'elle eft filtrée. Le précipité fe forme dans les trois ou quatre premiers jours; il s’en fait enfuite un fecond dans l’efpace de cinq à fix jours, puis un troifième, mais le dernier prend une teinte de jaune qui indique le mélange d'un peu d’ocre. : s Il s'enfuit que ce procédé n’eft pas fufifamment exaët pour déterminer au jufte la quantité de fiderite que tel ou tel fer donne, ce qui nous a déterminés à fuivre un autre procédé qui confifte à faire difloudre dans l'acide nitreux quelques onces de fer qu'on veut connoître. La diflolution faite, on l'évapore à ficcité, & on calcine fufffamment pour volatilifer l'acide nitreux. Par cette opération, Le fer fe trouve com- plettement calciné & indifloluble dans de nouvel acide nitreux qui, verfé deflus, s'empare de la fiderite fans toucher à la chaux de fer. On filtre enfuite cette nouvelle diflolution; on la fait évaporer comme la première, ayant foin cependant, à mefure que l’évaporation tire à fa fin, d'étendre Ja diffolution d’un peu d’eau diftillée, ce qu’on réitère trois ou quatre fois pour faciliter la volatilifation de l'acide nitreux, pour laquelle il ne faut plus qu'un foible degré de chaleur. Par ce procédé, on obtient toute la fiderite que contenoir le fer qu'on a fait difloudre. Si nous paflons aux propriétés de cette fubftance, nous trouverons qu'elle eft difloluble dans les trois acides vitriolique, nitreux & marin, dont en la précipite à l’état de fiderite, en ne verfant dans la diflolution que ce qu’il faut d'alkali pour faturer l'acide diffolvanc, .. SUR L’'HIST, NATURELLE ET LES ARTS. 6t Si on en met avec excès en forte qu'il y ait de quoi faturer l'acide diffol- vant & l’acide phofphorique, alors la fiderite fe trouve décompolée , & le précipité n'eft que de l'ocre. Les alkalis tant fixes que volatils, ainfi que l’eau de chaux, décompofent la fiderite. On la décompofe encore en la projettant fur du nitre en fufion. Ce dernier moyen eft même le plus prompt & le plus efficace pour la décompoftion completre. Quant aux preuves que nous avons annoncées au commencement de ce Mémoire, de la préfence de l'acide phofphorique dans la fiderite, voici celles que nous en offrons. Ayant décompofé la fiderite par le moyen de l’alkali volatil , le fer s’eft précipité; nous avons filtré la liqueur, fait évaporer jufqu'à criftallifation confufe; les criftaux recueillis ont été mêlés avec de la pouflière-de charbon, & introduits dans une cornue qui, pouflée au feu, nous a donné du phofphore. A l'égard du fer précipité, nous l’avons recueilli, mis en digeftion dans lalkali fixe pour lui enlever tout ce qui auroit pu s'y trouver d'acide; ayant enfuite procédé à la réduction, nous avons obtenu un culot par- faicement attirable à l'aimant, qui, diflous dans l'acide vitriolique, n’a donné aucune indice de fiderite, Si cette expérience avoit befoin d'être appuyée d’autres preuves , nous pouvons en produire d'aufli concluantes que celle-ci ; en effet toute diflolution de fer eft précipitée en fiderite par l'acide phofpho- rique. Avec le fel fuñble de l’urine, & même avec de l'urine fraîche, on obtient aufli des précipités qui, recueillis & réduits, donnent un régule auquel il ne manque aucune des propriétés connues par M. Bergman, dans celui de la fiderite. Tout ce que nous venons de dire, doit nous conduire à regarder l'acide phofphorique comme minéralifateur en partie des mines de fer cafant à froid, Pour ôter à ce fer fa mauvaife qualité, il ne s’agit donc que de lui enlever cet acide minéralifateur par des procédés qui puiffent semployer dans les travaux des forges. Ceux que nous connoïflons ne peuvent être propofés; aufli n’en parlons-nous que très-fuccinétement, Si on réduit la mine en poudre très-fine, qu’on la fafle digérer dans les acides vitriolique & nitreux, pas trop affoiblis & aidés de la chaleur, qu'on filtre enfuite, & qu'après avoir bien lavé ce qui refte fur le filtre, on en fafle la réduction, le culot qu’on obtiendra, fera exempt du régule de fiderite. Il le fera de même fi au lieu des acides on emploie les alkalis tant fixes que volatils, & qu'à cela près on fuiveles mêmes procédés qu'on vient d'indiquer. Le nitre peut encore remplir lemême objet , mais tous ces procédés prouvent qu’il nous refte prefque tout à faire pour remplir € OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, Pobjec important de donner une meilleure qualité aux fers caflans à froid en les privant de l'acide phofphorique. Cependant, comme c'eft de faics en faits qu’on parvient aux découvertes utiles, nous cherchons à nous avancer à la fuite de l'expérience fans vouloir jamais la précéder. es mn mien sn sen mm min san este em ci) EXTRAIT DUN MÉMOIRE Sur le Saturnite de la mine de plomb de Poullaouen en Bretagne , Lu à l'Académie Royale des Sciences en Décembre 1785 ; Par MM. HassENFRATZ € GrrouD , de l'Ecole Royale des Mines. L E farurnite eft une efpèce de matte provenant des fonderies de la mine de plomb de Poullaouen en Bretagne. M. Monnet en a parlé le premier , & M. Kirwan en fait mention d'après lui dans fes Elémens de Minéra- logie, page 368 de la traduction francoife. Ce mélange métallique étoie négligé autrefois, mais M. Broleman, Profeffeur-pratique de l'Ecole Royale des mines, l’a fait mettre à part dès fon arrivée à Poullaouen dans l'intention d’en tirer parti. L’analyfe du faturnire opérée fur des quantités aflez confidérables ; mais réduites pour la commodité du calcul au quintal fiétif, a donné les réfultats fuivans. Cent livres fidtives de cette matière ont été difloutes en partie dans l'acide vitriolique bouillant, Une lame de fer mife dans cette diflolution en a précipité 42 liv. 4 onces de chaux de cuivre brune , laquelle a donné par la réduétion 31 liv. 4 onces de régule. Le fer employé à la précipi- tation pefoit 40 liv. il a été précipité lui-même par l’alkali cauftique, & a laiflé 74 liv. de chaux brune ; celle-ci calcinée à rouge, s'eft réduire à 53 liv. 3 onces. Comme 40 liv. de fer n'équivalent qu'à 46 liv. 3 onces de chaux, les 6 liv. 3 onces excèdentes de cetre chaux qui équivalent à & liv. 1 once 2 gros de fer, ont exprimé la quantité de ce métal qui fe trouve comme partie conftituante dans le faturnite. Cent livres de cetre matte épuifées à l’aide de plufieurs fublimations avec le fel ammoniac du fer qui y éroit contenu, ont donné une quantité de ce métal à-peu-près égale à celle que le calcul avoit indiquée. Le réfidu de la vitriolifation étoit ut mêlange de plomb & de foufre ; après la fublimation de celui-ci , dont la quantité a été négligée dans cette première opération , il eft refté 43 liv. 13 onces 3 gros de chaux de ’ s SUR L'HIST, NATURELLE ET LES ARTS.) 6ÿ plomb mêlée d'argent , la réduction a produit un régule de plomb tenant argent du poids de 41 liv. . Le faturnire produit par la coupellation 2 onces 1 gros 66 grains d'argent au quintal, ce qui réduit la proportion du plomb à 40 liv. 13 onces 6 gros 6 grains. Un quintal de cette efpèce de matte ayant été mis en digeftion dans l’eau régale ; le cuivre & le fer onrété diffous par ce menftrue; mais le plomb & l'argent fe font précipités fous forme de plomb corné, randis que le foufre furnageoit le diflolvant. La pellicule fulfureufe après avoir été enlevée, lavée & féchée, pefoit 23 liv. 10 onces 6 gros. Ce foufre expofé au feu dans un têr, a brûlé en entier en répandant de l'acide fulfureux ; le précipité a été torréfié fans donner aucune indice de foufre. :- I réfulreide ces expériences que le faturnite foumis à l'analyfe contenoit par quintal , 40 livres 13 onces 6 uros 6 grains de plomb. 31 4 O TO de cuivre, 4 I 2 (o) de fer. O 2 #: 66 d’argent. 23 10 6 Ô de” foufre. - Total 100 (e) o o Ce mélange métallique provient de différentes coulées de plomb dans les fourneaux à manche, mais principalement des grillages fucceflifs qu’éprouvent les maftes de ces fourneaux ; dès-lors il peut varier dans les proportions de fes parties conflituantes , & il doit être rare de trouver deux coulées de cette efpèce de matte parfaitement égales. + La fynthèfe a confirmé rigoureufement les réfultats de l'analyfe. Un mêlange de plomb, de cuivre, de fer & d’argent , fait dans les proportions indiquées par l’analyfe , & fondu au creufer avec excès de foufre pour compenfer celui qui eft volatilifé par l'action du feu, a produit du faturnite femblable à celui de Poullaouen. IE LAET LR E DE M. L'AB;B É;:HA U x, AN DE L'A°METUHERTÉ,; SUR LE SCHORL BLANC. M owsieur, Dans le Mémoire que j'ai lu à l'académie des Sciences , au mois de Février 1785 , {ur la ftructure de plufieurs criftaux métalliques, & dont 64 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, vous avez donné l'extrait , ( Journal de Phyfique, Déc. 1785); j'ai annoncé que ma théorie me paroiffoit propre non-feulement à ré- pandre du jour fur les loix auxquelles eft foumife la criftallifarion , mais encore à fournir des indications pour clafler les minéraux dans leurs divers genres. Comme cette théorie en effet eft fondée fur l'examen de l’intérieur même des criftaux , & qu’elle donne la figure exacte de leurs molécules intégrantes (1), qui refte conftamment la même, au milieu de cette multitude de modifications que fubit la forme extérieure, par une fuite de la loi des décroiflemens, j'ai toujours penfé qu'il devoit en réfulrer des connoïflances par rapport au fond & à la nature des fubitances. C’eft en fuivant ce principe, qu'après avoir reconnu que les criftaux appelés jufqu'ici /&horls blancs , avoient des molécules abfolu- ment femblables à celles du feld-fparh , j'en ai conclu qu'on devoic les rapporter à ce dernier genre, & non pas à celui des {chorls, dont ils s’écartent fenfiblement par le même caractère de ftructure. Ce réfulrat vient d'être confirmé par les obfervations d’un de nos plus habiles Chimiftes. M. d’Arcer, dont vous connoiffez, Monfieur , les belles expériences fur la fufion des minéragx (2), a bien voulu, à ma prière , expofer des fragmens de ces criftaux , au feu de porcelaine , &ils ont produit un émail blanc , qui préfente les caractères du feld-fpath traité de la même manière. Les criftaux que j’ai remis à M. d'Arcer, pour être foumis À certe épreuve , avoient été apportés du Dauphiné, & fe rrouvoient fur un fchifte mêlé de quartz, avec des criftaux qu'on a appelés /chorls violess , mais qui n'ont pas non plus la même ftructure que plufieurs autres criftaux , qui portent aulli le nom de /chorls. En général, je vois, Monfieur , par le travail que j'ai commencé fur les fchorls, que ce genre, tel qu'il exifte aujourd'hui, eft compofé de lufieurs minéraux de diverfes natures, & entre lefquels il faudra tracer des lignes de féparation, qui me font déjà indiquées par Les différences de ftructure que j'y ai obfervées. J'ai l'honneur d’être, &c, (x) Effai d’une théorie fur Ja fruêture des criftaux, pag. 10 & füiv. (z) Mémoire fæ l’aftion d’un feu égal, violent, & continué pendant plufieurs jours, fur un grand nombre de terres, de pierres, &c. N. B. M.d’Arcet ayant également traité au feu de porcelaine la fubftance qui fe trouve fous forme vitreufe (ur les laves volcaniques, & dont j’ai ramaflé un beau morceau dans les laves du Vivarais, l’a trouvé infufble; ce qui fait croire à ce gélèbre Chimifle que cette fubftance eft de la calcédoine & non pas du verre, Nore de M. de la Metherie. Dr at NOTE SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 65 ————— NOTE SUR LES HYPPOPOTAMES; Par M. SonNNiNr DE MANONcCOUR. Lez: hyppopotames étoient communs anciennement dans Îes eaux du Nil ; ils en parcouroient toute l'étendue , & ils faifoient dans les campagnes des ravages prodigieux. Par la terreur qu'ils infpiroient, ils étoient regardés comme le fymbole de Pefprit Typhonique , ou du mauvais principe. Chez les peuples fuperftitieux , la crainte a aufli fes dieux , & c’eft à ce feul fentiment que l’on doit attribuer le culte particulier dont on les honoroit dans quelques endroits , uni- quement pour en détourner , ou en appailer la fureur. Depuis ces tems reculés, ils fonc devenus extrêmement rares,en Egypte, & ont fini par en difparoître entièrement. Nous favons que dans les deux derniers fiècles , il ne s'y en eft trouvé qu'un trés - petit nombre, Vers l'an 1550, Belon en obferva un à Conftantinople, où on l'avoie amené d'Egypre (1), en fuppofant toutefois que ce foit véritablement un hyppopotame que ce voyageur ait vu; ce que Mathiole, fondé fur quelques erreurs de defcription , lui contefte. Je penfe , dit-il, que Bellonius a eu la berlue , ou qu’il raconte plus qu'il wa vu (2. En 1600, Fédérico Zerenghi , Chirurgien Italien , en tua deux près de Damiette (3). 8 ans après on en prit un autre à Guirgué capitale du Saïdi ; on le conduifit au Caire ‘où il fut décrit par T'hévenot (4). A-peu- rès dans le même tems Pietro della Valle dit que l'on en nourrifloit au Caire (5). Peut-être n’y trouva-t-il que celui dont parle Thévenot , de même qu'il peut fe faire que ceux qui, felon M. Maillet, ont été pris uelques années avant le tems de fon confulat ( en 1692 ) fuflent ceux de Zérenghi (6); en forte que la dernière époque précife de l'appari- tion des hyppopotames en Egypre , feroit l'année 1658. En effæ, depuis ce tems ou environ, lon n'y en a plus rencontré; le:nom pa- (Gi) Petr. Bellonii de Aquatil. Parifiis, 1553, page 14, @ obferv. fol, 103 verfo. j fe Comment. fur Diofcoride , tradu&. franc. de M. du Pinet, Lyon, 1605, page 138, colon, 1, G) Hift. Nat. dé l’hyppopotame , par M. le Comte de Buffon, (4) Voyag. au Levant, par M Théyenot, page 491. (5) « J'ai vu dans le Caire plufieurs animaux vivans, comme... . des cheyaux » marins ». Voyag, de Pietro della Valle. Paris, 1670 , tome 1 , pag. 319. (6) Defcription de l'Egypte, par M. de Maillet, part. 2 , pag, 31. Tome XXVIII, Part, 1, 1786. JANVIER, ! : . L 66 OBSERVATIONS SUR LEA PHYSIQUE, roît mème s’en être perdu avec la race , car les habitans de l'Egypte fupérieure où ces anfmaux fe trouvoient autrefois plus communément, ne connoiflent pas à préfent davantage la dénomination de cheval de rivière, que l’animal auquel on le donnoit; ils paroiffent même ne plus en avoir d'idée. M. Shaw avoit déjà afluré la même chofe de ceux de la baffle Egypte (1). Je remarquerai à cette occafion qu'il y a dans l’ouvrage de M. de Buffon ( 2 ) une faute d'arabe, qui peut-être n'en eft qu'une d'impreflion ; on y lic foras l’bar, pour foraf] & buhard, cheval de rivière ; bar veut dire terre, & bahar fignife rivière, mer, ou lac (3). 4 I ef furprenant que les hyppopotames fe foient retirés tout-à-coup de l'Egypte, au point de ne plus y être connus. Cet éloignement fubit ne peut avoir pour caufe le plus grand nombre d'hommes, ni l’induf- trie plus adive des habitans (4); car perfonne n'ignore que ce pays fut jadis beaucoup plus peuplé & incomparablement mieux habité qu'il ne l’eft de nos jours. En y réfléchiflant un peu , je n'ai appercu que l'effer tout naturel de l’ufage des armes à feu, ufage généralement ré- pandu en Egypte , quoique ces armes , ou du moins les canons, n'y foient pas encore en très-grand nombre : mais il ny a point devillage un peu confidérable dont le commandant n'ait deux ou trois petits canons que lon tire , fans raifon, plufieurs fois le jour , & ces villages font , comme Von fait, fur les bords du Nil ou des canaux. Des armées , ou plutôt des bandes de Mamelouck font prefque con- tinuellement en campagne ; le fleuve eft fouvent couvert de leurs flot- tiles de bateaux de guerre ; ils traînent roujours avec eux une petite ar= tillerie qui leur fevoir inutile , s'ils ne la faifoient jouer à chaque inf tant, pour le feul plaifir de faire du bruir. Ce fracas, ces explofions fréquentes auront fufi de refte pour écarter au loin les hyppopotames que les voyageurs s'accordent à repréfenter en général comme fort ti- mides , & pour les reléguer en Abyflinie où l'on ne connoît pas ces machines bruyantes. Heureux les Egyptiens , s'ils n'avoient pas plus de dégâts à fouffrir de ceux qui les ont débarraflées d'animaux dangereux; qu'ils n’en auroient à craindre de ces mêmes animaux multipliés chez eux ! L'on a dit que lhyppopotame ne pouvoit vivre long-tems hors de (1) Voyez la tradu&, franc. des Voyages du doéteur Shaw. (2) Hifl, Nat. de l’hyppopotame. (3) M. de Buffon a fans doute cité comme il a lu, & la faute eft à fon auteur. Mais fi l’on veut écrire l’arabe avec exa@itude, il faut écrire faras el bahr, & non foraff, qui veut dire occafions , ni bahar, qui eft un prétérit delerbe , ni bar, qui veut dire jufle. C’eft bazz qui fignifie terre. Nore communiquée par un Voyageur. (4) M. de Buffon a trouvé que l’efpèce du lion fe trouve réduite à la dixième partie de ce qu’elle étoit autrefois, ce qui vient , dit-il, de J’augmentaÿon de l’efpèce de Phomme, Æ:2, Nar, du lion: SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS, 67 Veau (x), qu'il babitoit le fond des fleuves, qu'il y marchoïit à fon aïfe, qu'il (2) eft entraîné au fond de la mer par le poids de fon corps & qu'il ne nage qu’à l'embouchure des rivières (3), &c. &c. &c. L'on a dit aufli qu'il ne pouvoit refter long-rems dans l’eau ; enfin , au Cap de Bonne-Efpérance l'on a afluré à M. Forfter qu'il ne pouvoit pas y faire plus de trente verges de chemin ( 4). IL réfulte de tout ce que l’on a dit à {on fujet, que fon hiftoire naturelle n’eft pas encore fort avancée: je fuis perfuadé qu'à mefure qu'elle s’éclaircira , l’on re- connoîtra que l'hyppoporame des rivières n'eft pas l'hyppopotame de la mer; que ce font deux efpèces diftinétes, & que c'eft du défaut de cette diftinétion que viennent les différences dans les defcriptions & dans les relations qu'on a données de ces quadrupèdes. L'on pourtoit même foupçonner avec quelque vraifemblänce que la plüpart des ani- maux marins , donnés par des voyageurs pour des hyppopotames , né font que des efpèces de grands phoques (5). — a OBSE KV. A T\T.ON Sur DEs CREVETTES DE RIVIÈRE PHOSPHORIQUES; Par MM. TauLis & BERNARD, de l Académie de Mar/eille, Voix une obfervation que nous croyons nouvelle. Etant aflis au mois de Juin, au milieu de la nuit, fur les bords d’un ruifleau dérivé de la rivière qui pafle à Trans, nous découvrimes au fond de petits corpe en mouvement qui avoient beaucoup d'éclat ; nous crumes d’abord que c'étoient des vers luifans ordinaires , mais en tirant de l'eau quelqtes- uns de ces infectes brillans que nous voulions fauver, nous reconnümes que c'étoienr des crevettes défignées par M. Geoffroi (Hift..des infectes, tom. IT, pag. 667 ) fous le nom de Cancer macrourus rufefcens 1ho- race articulato. Nous defcendîmes enfuite dans la rivière ; & nous y obfervimes une multitude de ces animaux entièrement phofphoriques : cependant , à côté de ceux-là, il y en avoit encore plus qui n’étoient pas doués de la même propriété. On fait que les vers luifans deviennent plus éclatans au temps des A amours ,:& que la lumière que la mer répand quelquefois jeft due à (1) Ariftote, Mathiole, &c. &c, {2) Belon. Loc. fupr. citar. (3) Voyez une Diflertation hiftorique & phyfique fur la preuve d’innocence ou de crime , par l’immerfion ; par M. Pierquin | Curé de Lorraine , imprimée en 1731. (4) Second voyage du Capitaine Cook , traduét. franç. tom. 1 , page 134. (5) Les caravannes d’Abyflinie affurent que l’hyppopotame fe trouve encore dans le haut Nil. ; Tome XXVIIT, Part. I, 1786. JANVIER., I2 68 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE: des œufs ou à des émanations d'êtres vivans. Beaucoup de poiffons, d’a- nitwaux terreftres, de productions vépétales deviennent phofphoriques lorf- que état de l'air rend leur décompofition prompte. La réproduétion & la deftruction des êtres vivans s'annonce donc quelquefois par des caractères, femblables. Cependant , comme les crevettes lumineufes étoient des plus grofles , aufli leftes & aufli animées que puiflent l'être les infeètes de ce genre, nous avons préfumé que la clarté qu’elles répandoient, loin d'annoncer un état de foiblefle, manifeftoit au con- traire cette vigueur néceflaire pour remplir le vœu de la nature d'autant mieux qu'elle leur a accordé un double organe pour fe reproduire. Ce fujet auroit pu donner lieu à beaucoup d’obfervations intéreflan- tes. Les circonflances ne nous ont pas permis de le fuivre. Mais quoi- que nous n’ayons qu'un faic ifolé à offrir aux naturaliftes, nous l'avons cru digne de leur curiofité & propre à exciters leur recherches. MÉMOIRE) SUR UNE MINE DE MANGANÈSE NATIVE; Par M. DE LA PEYROUSE. | BARRES je fis inférer dans le Journal de Phyfique de l’année 1780 , au mois de janvier, une Differtation contenant la clafification des mines de manganèle, je ne connoïflois point , à cette époque ; la mine de manganèfe native. Elle a la couleur de fon régule : elle falit les doigts de la même teinte. Son tiflu paroît aufli lamelleux , & les lames feblent affecter une forte de divergence. Elle a ; ainfi que lui, l'éclat métallique ; comme lui elle fe laifle applacir fous le marteau , & s’exfolie fi l'on redouble les coups ; mais une circonftance qui eft trop frappante pour que je l'omette, c’eft la figure de la manganèfe native, fi prodi- gieufement conforme à celle du régule, qu'on s’y laifleroit tromper, fi la mine n'éroit encore dans fa gangue : figure très-effentielle à obferver ici, parce qu'elle eft due à la nature même de la manganèfe. En effet, pour réduire toute les mines en général, il faut employer divers flux appropriés. Pour la rédud@ion de la manganèfe, bien loin d’ufer de ce moyen , il faut , au contraire, éloigner tour Aux, produire la fufion , par la feule violence & la promptitude du feu. Et telle eft la propenfon naturelle & prodigieufe de la manganèfe à la vitrification ; qu'on n’a pu parvenir encore à réduire fon régule en un feul culot ; on trouve dans le creufec plufeurs petits boutons, qui forment autant de culots féparés. Dans la mine de manganèfe native, elle n’eft point en une feule mafle ; elle eft difpofée également en plufieurs culots féparés, & un peu applatis, Pa \ . SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 69 comme ceux que l’art produit ; beaucoup plus gros, à la vérité, parce que les agens de la nature doivent avoir une autre énergie, que ceux de nos laboratoires ; & certe reflemblance fi exaéte, femble devoir nous faire penfer que la mine native a été produite par le feu , tout comme fon régule. La préfence de la chaux argentée de la manganèfe, me permettroit de croire quéla nature n’a fait que réduire cette chaux. Du refte , cetre mine native eft très-pure, & ne contient aucune partie attirable à l’aimanc, Cette mine, unique jufqu'à ce moment , vient, tout comme les autres manganèles que j'ai décrites, des mines de fer de Sem dans la vallée de Viederfos, au Comté de Foix. Si donc il reftoit encore des incrédules , qui vouluffent foutenir que la manganèfe eft une mine de fer , ou une mine de zinc ; après leur avoir oppofé les propriétés particulières de certe fubftance , reconnues & confir- mées par un grand nombre d’expériencess , telle que la couleur violette u’elle donne au verre de borax , qu'on lui ôte & reftitue à volonté; la folubilité de fon régule dans l'acide acéteux , la couleur cramoifi de fa diffolution par l'acide vitriolique , la couleur brune de fon précipité par l’alkali phlogiftique, &c..... on leur diroit, voilà le régule que l'on tire de ces mines; régule qui n’a aucune des propriétés des autres régules connus; & voilà une mine de cette même fubftance, qui a tous les points de reflemblance avec fon régule, & toutes fes propriétés ; ils feroient forcés, ou de reconnoître la vérité de ces découvertes, ou d’avouer leur entêtement , fi funefte aux progrès des fciences, CORRECTION NÉCESSAIRE Pour LA HAUTEUR DU MonNT-CENi1s; Par M. PASUMOT. Dis le Mémoire que j'ai donné fur les hauteurs comparées des montagnes, & qui a été inféré dans.le Journal de feprembre 1783, ‘rome XXXIII, je n'ai donné pour la hauteur du Mont-Cenis que 434 toifes, Œns J'ai tiré cette hauteur de Néedham , que j'ai cité, mais il ÿ a dans cette dérermination une erreur confidérable qu’il convient de corriger. M. de la Condamine en comparant le Mont-Cenis avec le Canigou , d’après les obfervations qu'il a faites de la hauteur du mercure au Mont-Cenis , (Mém, de l'Acad. Royale des Sciences, 1757, page 407) fixe à cette montagne 1490 toiles de hauteur pour fa païtie la plus élevée qui domine l'hôpital des Pélerins d'environ ÿo0 roifes, mo OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, Cette détermination de M. de la Condamine peut paroître d’abord exagérée à caufe de fa trop grande différence avec celle de Néedham ; mais comime elle a été confirmée , à très-peu-près , par M. le Chevalier de Lamanon, c'eft à cetre détermination quil faut s’en tenir. Suivant l'obfervation de ce dernier, inférée dans le Journal de Paris, du 23 feptembre 1784. l'hôpital des Pélerins eft élevé de 945 toifes au-deffus de la mer. Si à cette hauteur on ajoute 500 toifes pour le fommer qui domine lhôpital, on aura 144$ toifes pour l'élévation totale de la montagne. [l n’y a, comme l’on voit , que 4 toifes de différence entre la détermination de M. de la Condamine & celle de M. le Chevalier de Lamanon, Ainfi il faut déplacer le Mont-Cenis de la place que je lui ai affignée pour le mettre entre le Saint-Gorhard & le Buet , en lui donnant 1450 toifes de hauteur. Cette montagne au lieu d'être une des moins hautes , fe trouve alors une des plus élevées des Alpes. Dans la Table comparative des haureurs des montagnes qui accom- pagne mon Mémoire , jai dit que Le Bruer éroit la plus grande'hauteur où l’on füt monté dans les Alpes. Cela étoit vrai à l’époque à laquelle j'écrivois. Je ne pouvois favoir alors que M. de Lamanon étoit monté à 1807 toifes au-deflus du niveau de la mer, fur une des plus hautes fommités du Mont Cenis. C'étoit certainement la hauteur la plus grande à laquelle on füt parvenu. Elle le feroit encore fi les fieurs Marie Coulet & François Cuidet, qui ont fervi de guides à M. Bourrit le 11 fepcembre 1784, ne fuflent parvenus fur le Mont-Blanc à 2346 toifes , fans avoir eu le tems de gravir un pic de glaces qui les furpafloit de 80 toifes de hauteur. = —— Be a ne & a — NOUVELLES LITTÉRAIRES. P PILLONS d'Europe peints, gravés & coloriés d’après nature, onzième & douzième cahier. À Paris, chez Delaguette, Imprimeur- Libraire, rue de la Vieille- Draperie , & chez Bazan, Marchand d’Eftampes, rue & hôtel Serpente. Cette belle entreprife faite par un amateur diftingué, fe continue toujours avec le même fuccès. Les deux précédens cahiers terminoïent la partie des papillons de jour & celle des fphinx. Le nombre des efpèces repréfentées & décrites dans cet Ouvrage furpafle de plus du double celles qui jufqu'ici ont été citées par les Auteurs naturaliftes. Les deux cahiers de la préfente livraifon commencent les papillons de nuit, proprement dits phalènes, Le premier cahier contient un difcours SUR L’'HIST. NATURELLE ETILES ARTS. 71 préliminaire fur les phalènes. M. Carangeot , de l’Académie des Sciences de la Rochelle, depuis long-tems attaché à l’érude de l'Hiftoire-Naturelle, & avantageufement conau par l'ingénieufe invention du goniomètre, 8 par le Mémoire qui en rend compte (1), s’elt chargé de la rédaction de cette dernière partie de l'Ouvrage. Il eft fecondé par les mémoires & obfervations de très-grand nombre d'amateurs , dont le zèle procure des fecours très-utiles. A l'occafion du ver-à-foie, qu'il place, avec raifon, à la tête des phalènes, il donne les inftructions les plus claires & les plus détaillées fur l'éducation de cet infecte. [1 eft à préfumer qu’elles excite- ront plufeurs perfonnes à fe livrer à ce genre d'occupation, les unes pour amufer leur loifir, les autres en vue de l’avantage qu'on peut en retirer. Les defcriptions des autres efpèces que renferment ces deux cahiers, fatisferont les amateurs en ce genre d'hiftoire-naturelle. Ceux qui forment des collections y apprendront le tems où les chenilles de chaque phalène paroïflenc, fur quelles plantes on les trouve, & l’époque de leur transfor- mation. L’enluminure très-foignée des planches, repréfente avec vérité leurs différens états. Defcriprion d’une trés -grande machine éle&trique placée dans le Mufeum de Teyler à Haerlem,& des expériences faites par le moyen de cette machine ; par M. MarriNus VaAN-MAKUM, in-4°. figur. prix, 9 liv. broché. À Paris, chez Cuchet, Libraire , rue & hôtel Serpente. Nous avons déjà fait connoître cette fuperbe machine & les belles expériences de M. Van-Marum. Hifloire de Kentucke, nouvelle colonie à l'oueff de la Virginie, contenant , 1°. la découverte , l'acquifition , l'établiffement, la Defcription topographique , l'Hifloire-Naturelle , &c. du territoire 3 2°. la Relation hiflorique du Colonel Boon, un des premiers colons, fur la guerre contre les naturels ; 3°. Paffemblée des Piankas-Haws au pofle Saint-Vincent ; 4°. un expofé fuccin& des Nations Indiennes qui habitent dans les limites des treize Etats-Unis, de leurs mœurs & coutumes , & des réflexions fur leur origine, & autres pièces , avec un autre Ouvrage pour féervir de Juite aux Lettres d'un Cultivateur Américain, traduit de l'Anglois, de M. Jon Ficson ; par M. PARRAUD, de l’Académie des Arcades de Rome. À Paris, chez Buiflon , Libraire, hôtel de (1) Journal de Phyfique , tome XXII, page 193. 72 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE; Mefgrigni, rue des Poirevins, N°. 13. 1786, un vol, ë7-8°. Prix; 3 liv. broch. & 3 liv. 19 fols franc de port par la pofte, On affranchit l'argent & la lectre d'avis. Cette Hiftoire d'un pays peu connu en Europe, nous a paru faite pour intérefler. * Effais fur l'Hifloire Mdico-topographique de Paris, ou Lertres à M. D'AUMONT, Profeffeur ex Médecine à Valence fur le climat de Paris, fur l'état de la Médecine, fur Le caraëtère & le traitement des maladies , & particulièrement fur la petite vérole & l'inoculation ; par M. MeNURET DE CHAMBAUD, Doéteur en Ll'Univerfité de Médecine de Montpellier, Aggrègé Honoraire de celle de Valence, Correfpondant de la Société Royale des Sciences ; Affocié regnicole de la Société Royale de Médecine, ancien Médecin des Hôpitaux en Dauphiné, Médecin Confultant de Madame Comtefle d'Artois, A Paris, rue & hôtel Serpente , un vol. 2r-12, 1786, Rien de plus utile pour le praticien que de connoître la topographie du lieu où il exerce fon art. C’eft un précepte d'Hippocrate. Ces Lettres offrent des détails très-intéreflans fur la topographie de Paris, Traité des Maladies des Yeux & des Oreilles, confidérées fous le rapport des quatre parties ou quatre âges de la vie de l’homme , avec les remèdes curatifs, & les moyens propres à les préferver des accidens , avec Planches gravées en taille-douce ; par M. l'Abbé DeësmonCEAUX , Penfionnaire du Roi. Lux à luce pendet, A Paris, chez l’Auteur, rue Saint-Antoine, au coin de la rue Royale, N°. 137; & Lottin de Saint-Germain, Libraire - Imprimeur de la Ville, rue Saint-André-des-Arcs, No. 27, 1786, 2 vol, ën-8°. Cet Ouvrage eft le fruit d’une longue expérience, & fera utile aux praticiens. Differtation fur le Thé, fur fa récolte , & fur les bons & mauvais effets de fon infufion ; par M. Buc'noz. À Paris, chez l'Auteur , rue de la Harpe , au-deflus du Collège d'Harcourt. Prix, 4 liv. avec figures coloriées, Cette Differtation eft une fuite de celles que nous avons déjà annoncées du même Auteur. Effai fur la Livhologie des environs de Saint-Etienne en Forez, & fur l'origine de fes Charbons de pierre, avec des Obfervations Jur les Silex , SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS, #3 1 Silex, Petro-filex, . Jafpes & Granits ; par M. DE BouRNoN, Lieutenant de Meffreurs les Maréchaux de France au Département de Grenoble. Er {e trouve à Paris , chez Cuehgt , rue & hôtel Serpente, un vol. z1-8°. Cet Ouvrage intéreffera tous les Naturaliftes pat les obfervations done äleft rempli, & lés vues de l’Aureur fur l'origine des différentes fubftances dontiltraite, « Quoiqu'il: y ait plufieurs mines de charbon , dit-il, dont æ l’origine paroifle appartenir à de grands enfouiffemens de bois ; il y en æ a aufli.une très-grande quantité , telles que celles de Saint-Etienne, > qu'on ne peut ab{olumentrapporteràcerte caufe... Ils doivent plucôt être æ attribués à une immenfequantité de mollufques & de zoophires membra- » neux où gélatineux (1):.:4 Lors de la deftruétion de ces animaux, leur » acide réagiflant fur leur matière grafle en aura formé un bitume qui » pour lors aura pénétré les différentes couches argileufes qui leur fervoient » de bafe, & aura changé ces couches en charbon. De nouvelles couches » argileufes ayant recouvert ces zoophites auront fervi de patrie à de n nouveaux hôtes du même genre, & ainfi auront été formées les diffé- > rentes couches de chaïbon;; c'eft pourquoi on ne les trouve que dans » les fchiftes , les grès ; & jamais dans les granits ». L’Auteur fair voir » que ces couches argileufes viennent du débris des montagnes voifines ; Jelquelles fonc routes formées, de kneifs , c'eft-à-dire, de quartz & mica. H croit aufli que l'acide des animaux & des végéraux qui forment les charbons peut fe changer en acide vitriolique , qui s’uniffant au phlo- gifique & au fer , formera du foufre & les pyrites qu'on retrouve toujours dans les charbons (2). M. de B. pafle enfuite à l'origine du pétro-filex , du filex , du jafpe &c du granit. pl % : Le pérro-filex ou filex de roche, appelé par Îes Allemands Aornflein , fe trouve en mafles confidérables dans une montagne auprès de Saint- Etienne. Cette montagne eft du genre des graniroïdes fecondaires , contient ‘des -fchiftes quartzeux ; &c. On y trouve beaucoup de bois écrifiés. Parmi ces pétro-filex piufeurs reffemblent parfaitement au pechflein des Allemands ; ou pierre de poix. : Le filex, ou pierre à fufl , fevvrflein des Allemands , fe trouve ordi- pairement dans les pierres calcaires & marreufes, & fouvent par couches, . Le jafpe, jafpis des Allemands, ne fe trouve point dans les montagnes x) M: Parmentier avoit déjà dit que heaucoup de bitumes étoient dûs au desrétus dés animäux.: Note-de M de Ta Metherie. L ; (2) Quoique ‘cette tranfinutation des acides foit très-poffible , elle n’eft pas encore prouvée. Nore de M, dè Lx Mecherie. < Tome XXV III, Part. L, 1786. JANVIER. K g4 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, calcaires , accidentellement dans.les gränitoïdes, mais fe rencontre ordi- nairement ‘parmi-les gtanits primitifs. È Le granit dont la criftallifation avoit déjà été apperçue par Bourguer en 1729 , & qui a été démontrée par MM. de Sauflure , Romé de l'Ifle, &c. eft compofé de différentes fubftances , quartz, feld-fpath, &c. Il eft en grande malle, & forme de vafteS chaînes de montagnes: ‘ « Cés trois fubitances ; dit l'Auteur , Le pétro-filex , le filex & le jafpe, #,ont un coup-d'œilgras qui les faic facilement diftingüer des quartz purs. » Elles ne criftallifent jamais qu'en mafles informes, & n’aflectent point » de figures réculières. Elles contiennent une fubftance étrangère qui >» s’oppofe à la criftallifation. Je penfe que c’eft une matière grafle qui‘a > différente origine , fuivant là nature de ces pierres. Le filex_ eft dû à æ l’union de la fubftance quartzeufe avec la matière ‘grafle produite pat la » décompofition des animaux marins. Îl ne fe trouve que F'p les couches » calcaires formées par les dépouilles des animaux marins, Le pétro-filex eft » auffi dû au quartz , mais modifié par la matière grafle des fubftances végé- » tales, Effectivement on nele rencontre que dans les fchiftes qui contien- >» nent des débris de végéraux.... Enfin , le jafpe eft une autre modification > du quartz par une matière graffe. Dans le réfidu de la criftillifation du » granit il a dû .y avoir une eau-mère. Certe eau-mère contenoit urië ».matière grafle; & encore une portion quartzeufe en diffolurion, Ces » fubftances fe font dépofées ; & ont formé les jafpes, auxquels fe font » jointes des parties argileufes &martiales. L’agathe , la fardoine , la = Calcedoine, rentrent dans ces divifions , & quoique des modifications ».du quartz ne criftallifent jamais fous des formes anguleufes détermi- > nées, à caufe de la matière grafle. S'il arrive quelquefois qu’elles fe » dépouillenc affez de la matière grafle pour criftallifer, ce fera la æ crilallifation du criftal de roche... Telles font les différentes ‘idées ».qui me font venüés à la faite de nombre d’obfervations ; mais je fuis >» bien loin-de Les offrir comme des faits inconteftables ». ï Traité \d’Anatomie comparée ;t par ALEXANDRE Monro, Doëeur en Médecine, Membre de la Société Royale de Londres ; Profefjeur au Collège Royal de Méderine , &sei-devant Profeffeur de Médecine G& d'Anatomie! en PUniuerfité Edimbourg, publié par fon fils ALEXANDRE Monro, Doëeur en Médecine , Profefleur de Médecine , d Anatomie & de Chirurgie en la même. Univerfiué, Nouvelle Edition , corrigée & confidérablement augmentée, avec des notes , traduire deT Anglois, par M:Sue fils, Membre du Collège & de l'Académie Royale de Chirurgie; Subfliut. du Ghirurgien en chef de l'Hôpital de la Charité, ne em Médecine, Aflocié Honoraire des Sociétés Royalés d'Edimbouag & de Philadelphie; Profeffeur d' Anatomie & de Chirurgie à l'Ecole-pratique. À Paris ; SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS 7j rue & hôtel Serpente, 1786 ; un vol. 27-12, prix, 2 liv. broché & 2 div. 10 fols relié. La ftructure des êtres organifés eft une des plus belles parties de La Philofophie naturelle. Les connoïflances de M. Monroe font un sûr garant de la bonté de ce Traité, que M, Sue à enrichi de notes intéreflantes. s ac Journal de Nimes, dédié à Monfeigneur le Prince DE ROHAN: ROCHEFORT, Gouverneur de la Wille de Nifnes. Quid utile? Quid non. Horat. ce On fe récrie depuis long-tems, dit Auteur, fur le grand nombte de 5 Journaux, de Gazerces & de Papiers-nouvelles ; mais fi, l'on vouloic » faire attention que leur multiplicité même prouve mieux que tous les >» raifonnemens combien ils font néceflaires ,on mettroit fin à des plaintes » fouvent injuftes , toujours inutiles , & l’on conferveroit de la recon- » noiflance pour ceux d’entre les Journaliftes donc le buteft d'amufer ou > d'inftruire : tel eft celui que nous nous propolons ». Omne tulit punétum , qui mifcuit utile dulci.. S'adreffer à Nifmes à M. Boyer-Brüun.t Ce Journal traitera des Belles-Lettres, des Sciences, des Arts, des objéts de Commerce, &c. Il paroîtra toutes les femaines fous le format in-8°, & aura 8 pages d'impreflion. # SÉANCE ACADÉMIQUE. La Société Royale de Phyfique , d'Hifloire-Naturelle & des Arts d'Orléans a tenu Ja-Séance Publique de rentrée, le Mardi6 Décembre. M. Mafluau de la Borde, Vice-préfident, en a fait l'Ouverture en exprimant les regrets de la Compagnie, au füjet de la perte qu'elle vient de faire dans La perfonne deS. A. Monfeigneur le Duc d'Orléans, fon Protecteur. M. Huet de Froberville, Secréraire Perpétuel , a lu le précis des travaux de la fociété depuis le dernier femeftie. M.Defai, Direéteur | un Mémoire fur l'origine & les fon@ions des Epines dans les Végéraux 4 : - Le Secrétaire Perpétuel , Eloge de M. ROUSSEL , aflocié titulaire, M. Crignon-Vandebergue , une Defcriprion de la Grotte de Ro: and, près Marfeille, avec des Obfervations fur un Madréporite tiré de certe Grotte. -b M; Prozet, Jnrendant du Jardin des Plantes , un Mémoire fur le: Rouïffage du. Chanvre ,. qui a obtenu l Acceffir d’un prix remporté par M. l'Abbé RozrER, à la Société d'Agriculture de- Lyon. :-7 1 Tome XXVIIT, Part. I, 1786. JANVIER, K 2 , 5 OBSERWATIONS SUR LA PHYSIQUE; Le Secrétaire Perpétuel ; VEloge de M. PILATRE DE ROZIER; ‘Affocié libre. Le zèle & le courage de ce premier Aéronaute & fa mal- heureufe deftinée font bien faits pour exciter l'admiration & les regrets. M. de Froberville les a peints avec cant de chaleur que fon difcours a fait la plus vive fenfation. : ÿ Lé mémé à terminé [a Séance , par rappeller les conditions du Programme , lu dans la Séance publique du 17 Mai dernier , relative- ment aux Places d'Expectans, &aux prix propofés par la Scciété, é Prix propofés par la Société Royale de Phyfique , d'Hifloire- Naturelle & des Arts d'Orléans, dans fon Affemblée publique du Mardi 17 Mai 1785. Les foins que la Société n'a ceflé de prendre depuis fon établif: fement pour lui dontier l’éclat & l'utilité dont il peut être fufceprible ; ont convaincu le Magiftrat qui la préfide des avantages que la Province en devoit retirer. IL a penfé qu'il entroït dans les vues d'Adminif- tration qui le dirigent, de favorifer fes progrès ; & ce motif l'a porté à folliciter auprès du Miniftre l'emploi annuel d’une fomme de 400 livres pour fonder un Prix , que la Société décerneroit tous les ans, à l'Ouvrage qu’elle auroit jugé avoir le mieux fatistait à fes queftions. Cette démarche ayant obtenu tout le fuccès qu'elle méritoit , la Société semprefle de répondre à une confiance aufli flatreufe , en propofant pour fujet du Prix de 400 livres , qu’elle accordera à la fin de l’année 1786 , la Queftion füivante : Par quel genre de culture ou d'indufirie applicable à la Sologne Orléanoife ; pourroit-on améliorer fon fol , & augmenter: fon produit? ’ La Société défire que les Auteurs envifagent d'abord cette Queftion d’une manière générale, & ‘qu'ils appliquent enfuite leurs ebfervations , particulièrement aux différens cantons de la Sologne Orléanoife , en ayant égard à la nature du fol , & aux débouchés qui exiftent , ou qu’on pourroit faciliter. Ils font invités , relative= ment à ces deux circonftances , à dérerminer en quelle proportion , les Cultures , les Pâturages , les Bois & les Étangs doivent occu< per le terrein , pour obtenir le produit le plus avantageux ? & comme il feroit poffible de faire concourir le commerce d’induftrie à ces vues, foit en établiffant dé nouvelles Manufaétures , foit en ra nimant celles qui languiffent, = ; Toutes perfonnes,, excepté les Affociés-Réfdens , feront’ admifes au Concours. Les Mémoires écrits en François ou en Latin, feront adreflés, francs. de . port, oi fous le couvert de M. l'Intendant! de la Généralité d'Orléans , à M. Huet de Eroberville ,: Secrétaire-Per< pétuel de Ja Société, à Orléans. #: d # .ŒSUR L'HIST, NATURELLE ET LES ARTS. 71 Les . Auteurs joindront à leurs ouvrages un billet cacheté qui con- tiendra leur nom & leur demeure ; ils mettront. à la tête du Mémoire une Epigraphe qui fera répétée fur le bille, La Société ne recevra au Concours aucunes Pièces dont les Auteurs fe feroient connoître direétement ou indirectement. Elle rejettera pa: reillement toutes celles qui ne lui parviendront pas. avantäle premier de Juin 1786. Le Prix fera décerné dans la Séance publique d’après la Saint-Martin. hi La Société propofe pour fujet du prix qu’elle accordera à la fin de « l'année 1787, les Queftions fuivantes: 1°. A quelle caufe doit-on attribuer le mauvais goût que les tont neaux font quelquefois contraëter au vin , & qui efl généralement con- nu fous le nom de goût de fût ? L 2°. Le Bois ne fubit-il l'altération qui occafionine ce goût ; qu'après avoir été coupé, ou la fève en étoit-elle affe&tée lorfqu’il étoit [ur pied? 3°. À quels fignes peut-on reconnoître les Bois dont les fucs ont Jouffert cette altération ? 4 Quels Jont les moyens de corriger ou de faire perdre au vin le goût défagréable que le fit lui a commrniqué.?- | On a déjà fait quelques effais pour connoître fi l’altération du Bois n'étoit pas occafionnée par la vétufté , ou l’humidité, C’eft pourquoi on a conftruit des tonneaux avec des douves qui avoient été expo- fées pendant plufieurs années aux injures de l'air fur les Ports , ou qui avoient lohg-temps féjourné dans des magalns humides, Ils n'ont com- muniqué aucune mauvaife qualité au vin qu'ony a mis. [l eft donc vraifemblable que le godé de für provient d'une altération de la fève ‘dans l'arbre , tandis qu’il végéte. Il’ paroît que certe maladie ne chan ge point la texture des fibres ligneufes , mais elle dénature fans doute les fucs , & c’eft de ce côté que la Société invite fur-tout les Au- teurs à portèr‘ leurs recherches. Elle n'adjugera le prix que fur des expériences non équivoques, & qu’elle pourra faire vérifier fous fes yeux. " On fait perdre au ,vin le gode de fit, lorfque la fermentation n’eft pas encore achevée , ou lorfqu'il n’a pas féjourné long-temps dans le füc vicié, On fait même que les Marchands de vin réuffiffent quel- quefois à le corriger , foi en y mettant des mufcades , où autres ingrédiens , foic fimplement, en répartiflant le poinçon de vin gûîté fur ‘dix à douzéautres qui ne le font pas. Ce qu'il y a de certain, c'eéftrqW'onine!s'eft jämais apperçu que:le vinaigre fait avec ce vin, en confervat le goûr. Il eft donc détruit par la fermentation acéteufe. On peut donc croire qu'il. dépend de-certaines.parties fermentefcibles qui peuvent être altérées par un nouveau mouvement fermentatif, La # 78 “OBSERFATIONS SUR TA PHYSIQUE, Société exhorte les Auteurs à-approfondir ces vues, & à les appuyer d'expériences décifives. i ee Le Prix fera également de 400 livres. 7 Les Mémoires écries eh François ôuw-en Latin feront envoyés avec les mêmes formes ; & fous les conditiotis préfcrices pour le Prix pré- cédént , avañt le premier de Juin, 199. - pa ac n5t gré Je SU XUA Al .060 Prix propoès par l'Academie de Châlons-fur-Marne: dans fon Afemblée publique du 2$ Août-1785. Le Chanvre & le Lin font deux objets de commerce très-in- térefflaps , pour. une Province La :culture, du, Chanvre ft ‘affez en vigueur. dans. plüfieurs endroits de la Champagne: Mais celle du in y eft néoligée. Il 'feroit à défirer. jpour. l'avantage. de, certe Province que l'on y,pôt multiplier la culture de l'un .& de: l’autre. IL feroit encore plus à défirer qu'au lieu de les exporter , & Aur- tout le Chanvre , comme cela fe fait tous les ans , on le mît en œuvre dans le pays même. Ce feroit pour les Hhabitans de la Champagne une chofe fort utile. Ces confidérations” ont déter- miné l'Académié à propofer pour fujét du prix qu'elle décerner le2$ Août 1787: Quels féroiene Les moyens de multiplier er Champagne la culiure du Lin & du Chanvre, & d'en fixer la préparation dans la Province, au plus grand avantage de fes habirans 8 Ce prix fera une Médaille d’or de la valeur de trois cens livres. Les Mémoires feront écrits en François ou en Latin , &, feront envoyés , francs de port, à M. Sabathier, Secrétaire perpéruel de YAcadémie à Châlons-fur-Marne , ou fous l’enveloppe de M. l'In- tendant de la Province & Frontière de Champagne , à Chälons- {ur-Marne. Ils ne feront reçus que jufqu’au premier Mai 1787, & paflé cette époque , il n'en fera plus admis aucun.” 1. Les Auteurs ne fe feront point connoître , ils mettront feule- ment une devife à la têre ou à la fn de leurs, mémoires. Ils y joindront un billet cachété qui contiendra leurs noms , qualités & demeure , s'ils veulent fe faire connoïître ; & la devife fera répétée fur ce biller. di dans L'Académie a déjà annoncé qu'elle adjugeroir , dans fon Affemblée ublique du 2$ Août 1786, un autre prix au meilleur Mémoire au la queftion fuivante : Fi} Quels féroient Les moyens de prévenir-en France © partituliérement dans la Province dé Champagne ; la difette des bois , tant de Char- 2 SURLHISTONATURELLE ETLES ARTS. #9 pente Civile, Militaire & Navale, que de Charronnage , Chauffage , & autres, AS ; Cette matière eft de la dernière, conféquence. Nos defcendans font menacés d’éprouver la plus grande difette des bois de pré- mière néceflité. Tout le monde en convient. Mais peu de perfonnes s'occupent ‘eficacémerit” des moyens’ de prévenir cette diferte, Tous ceux qui ont des connoiflances relatives à une queftion fi impor- tante, fonc invités à les communiquer à l'Académie. ‘ ” > Ce prix fera aufli une médaillé d’ot de la valeur de trois cens livres. j À Lés Mémoires , écrits en François où en Latin , feront envoyés avant le premier Mai de l'année prochaine , de la manière qu'on a indiquée ci- deflus. Il nen Tera plus admis auçun après l'époque fixée. NE su de Les Auteurs auront foin de fe conformer aux autres conditions prefcrites pour le Prix précédent. Prix. extraordinaire. Une perfonne d'un rang diftingué,; amie de l'humanité , mem- bre honoraire de l’Académie, & qui a la modeftie de vouloir refter inconnue , avoit remis à la Compagnie une fomme.de fix cens livres pour un prix extraordinaire dont le fujer eft conçu en ces termes: Quels feroient les moyens d'animer le Commerce dans la. Province de Champagne, & particulièrement dans la ville de Châlons? Ce: Prix devoit Etre décerné le 25 Août de l’année 1782. L’A- éadémie n’ayant pas été pleinement fatisfaite des Mémoires qu'elle avoit ‘réçus fur cette queftion , avoit remis le prix au 2$ Août 1783. Mais , quoique les mémoires, envoyés au Concours , fuffent remplis de vués utiles , ils étoient encore bien éloignés de remplir le vœu de l'Académie, L'objet dont il s’agit eft fi intéreflant pour la Province de Cham- pagne , & en particulier pour la ville de Chaälons , que l'Académie crut devoir remettre de nouveau le Prix à cette année. Mais, plufieurs des Concurrens s'étant trompés fur l’époque de l'envoi des mémoires, parce qu'ils penfoient que ce Prix ne devoit être adjugé que le 2$ Août 1786, l’Académie seft décerminée à attendre encore une année pour le décerner. Les mémoires feront envoyés avec les conditions ordinaires. Elle a déjà annoncé , & elle le répete avec une véritable fatisfac- tion , que la perfonne généreufe & bienfaifante , à qui elle eft rede- vable de ce Prix a bien voulu y ajouterune nouvelle fomme de fix-cens livres ; ainf Le prix fera de douze cens livres, So OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, &c: T.A B LE Des ARTICLES CONTENUS DANS CE CAHIER, D ISCOURS préliminaire, contenant un précis des, nouvelles découvertes ; par M. DE LA MetHeste, D. M, Auteur de ce Journal , page 3 Defcription d'une Lampe avec laquelle on peut Lire la huit dans for lit fans craindre Les accidens du few, lue à L Académie Royale des Sciences de Montpellier, le 16 Juin 178$ ; par M. DE ViLLiers ffls, Contrôleur des Fermes du Roi, Examen comparé de l'intenfité de chaleur produite par la combuflion du Charbon de bois & de celui de tourbe : extrait d’un Mémoire Lu à l'Académie le 16 Novembre dernier ; par M. SAGE, 57 Mémoire fur la Siderite; par M. ***, ÆExtraït d'un Mémoire fur le Saturnite de la mine de plomb de Poullaouen en Bretagne, lu-à l'Académie Royale des Sciences en Décembre 1785 ; par MM: HassENFRAIZ & Giroup, de l'Ecole Royale des Mines, 62 Lettre de M. Abbé Haüy, à M, DE LA METHERIE , fur le Schort blanc , 63 Note fur les Hyppopotames ; par M. SoNNiNr DE Manoncour, 6$ Objervation Jur des Crevettes de rivière, phofphoriques ; ‘par MM. Tauiis & BERNARD, de l’Académie de Murfeille | 67 Mémoire fur une mine de Manganefe native ; par M. DE LA PEYROUSE , 68 Correëtion neceffaire pour la hauteur du Mont-Cenis ; par M. PASUMOT, 69 Nouvelles Littéraires , - 70 APPROBATION, Jar lu , par ordre de Monfeigneur le Garde des Sceaux, un Ouvrage quia-pour titre: Obfervarions fur La Phyfique, fur l'Hiflorre Naturelle & fur les Ares, &c. par MM. Rozier, Moncez lejeune & De La Mevuerie, &c. La Colleion de faits importans qu’il offre périodiquement à fes Leteurs, merite l’attention des Sa: vans ; en conféquence , j’eflime qu’on peut en permettre l'impreflion. À Paris, ce 25 Janvier 1786. j VALMONT DE BOMARE,.. À ’anvir 1786 À : ; j PONTS EEE SS 1 ” | … AR 3 u : [4 * < NT £ = 169 PL P72 Janvér 1786, : . ne en «( 1 JOURNAL DE PHYSIQUE. 1] FÉVRIER 1786. IE — ne té —mt a ms mn LETTRE DE M. INGEN-HOUSZ, AMEN CAMION AMOR: Profefleur de Chimie dans l'Univerfité de Mayence ; Au fujet de l'effet particulier qu'ont fur la germination des Jemences & fur l'accroiffement des plantes formées , les différentes efpèces d'air , les diffèrens degrés de lumière & de chaleur, & l'élericité. Meier a Je prends la liberté de vous adreffer les remarques fuivantes , dans la perfuafion que vous les recevrez avec d’autant plus de plaifir , qu'elles font tirées des différens mémoires deftinés à faire partie d’un troifième volume de mes Mélanges, dont vous m'avez faic l'honneur de publier les deux premièrs volumes, traduits en langue allemande des manuf crits que je vous ai fournis dans le tems que vous viviez encore par- mi nous à Vienne. Confidérez cette communication , je vous prie, comme un témoignage public de l'amitié fincère & de la haute confi- dération que je vous ai vouées, Nous favons que trois principales conditions font requifes pour faire germer les femences fécondes , ou pour développer Le principe de vé- gétation qu'elles poffèdent, favoir l'humidité, l'air & un certain depré de chaleur , qui differe un peu felon la différente nature des plantes, Ces trois conditions font également néceflaires pour entretenir en vi- gueur les plantes même déjà adultes. Maïs comme ces principes font auffi d’une néceflité abfolue pour la vie des animaux en général , il paroît que la providence a deftiné les mêmes élémens à l'entretien des individus des deux principaux règnes de la nature, l'animal & le végétal. Tome XXVIIT, Pare. 1, 1986. FEVRIER. L - 82 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, Je me fuis occupé depuis bien des années , à rechercher les différen- tes modifications “ ces trois élémens qui font les plus favorables au premier développement ou à la germination des femences ,aux plantes même dans leur première jeunefle, & à leur état de plantes parfaites. J'ai fur-tout fait des recherches fur le rôle que joue la lumière du foleil dans ces trois états ou époques de la vie de ces êtres , & fur le degré de chaleur qui eft le plus favorable au développement & à l'a- croiflement de la même plante dans ces différens âges; plufieurs expériences faites dans d’autres intentions m'ayant déjà fait entrevoir que le même degré de chaleur & de clarté qui eft le plus favorable à la germination des femences , ne left pas aux progrès des plantes adultes. Lorfqu'après beaucoup de peine je voyois l’extrème délicatefle de ces fortes de recherches. & que je m'appercevois , combien facilement on fe trompe, fi lon n’eft pas extrêmement attentif à chaque circonf= tance , je commençois à révoquer en doute plufieurs obfervations, que je croyois déja avoir faites fur cette matière , & fur-tout quelques obfer- vations des autres, nomément celles qui regardent l'influence de l’é- leétricité fur la végétation. IL m’eft venu des doutes fur l'exactitude de ces faits , depuis que vers l’année 1777 ou 1778 je trouvai tout-à-fait erronées les expériences de quelques phyficiens françois qui croyoient avoir obfervé que les “corps ifolans idioéletriques ou non-conducteurs , tels que le verre, la cire à cacheter, &c. n'ont pas le même effet fur la plante fenfirive ( Mimofa ) qu'un morceau de métal , ou quel- qu'autre corps tranfmettant ou conducteur. J'avoue que la difficulté de déterminer l'effet des différens airs & des différentes modifications de ces airs , ainfi que des différens degrés de chaleur & de lumière fur ces êtres organilés, a été infiniment plus grande que je n'avois prévu. Quoique plus de mille expériences faites dans ces vues n’ayent pas fufñ pour arranger mes idées fur tous les points comme je l’aurois fouhaité , je fuis cependant bien éloigné de croire que les peines que je me fuis données à ce fujet ayent été entière- ment inutiles. J'ai déjà préparé pour la prefle un bon nombre de mé- moires dans lefquels j'ai détaillé quelques-unes des principales expérien= ces, & les conclufions que je crois en pouvoir tirer. Mais en attendane que cet ouvrage foit publié , je me contenterai de donner ici un abrégé de quelques-uns de ces différens articles, par forme de corollaires, Ce n'eft qu'après avoir eu quelques fuccès dans ces recherches, que je pouvois découvrir la vraie fource du jugement erroné qu'on a pro- noncé fur la force fuppofée de électricité fur la végétation. Je me fuis fervi dans ces expériences des femences de creflon & de moutarde. I. L'air entièrement incapable d’entrétenir la vie d’un animal qui SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 83 refpire (1), eft aufli incapable de faire germer les femences & de faire croître les plantes à peine formées. La lumière du foleit même n'eft pas en état de contrebalancer l'effec pernicieux de ces airs fur les fe- mences & les jeunes plantes; excepté peut-être (2) Pair gâté ou en- tièrement phlogiftiqué par la putréfaction des fubftances animales ou vé- gétales. ' IT. Dès que les plantes ont acquis un certain degré de vigueur, elles réfiftent pendant quelque tems à l’action de ces airs, mais au foleil feu- lement, À l'ombre & dans l’obfcurité le contact de ces airs leur elt abfolument mortel. HIT. L'air inflammable paroît encore plus pernicieux aux femences que l'air phlogiftiqué au plus haut deoré, en détruifant plutôt , dans des circonfiances égales , le principe même de végétation. IL paroît de même plus pernicieux aux plantes qui commencent à fe développer , que l'air phlogiftiqué. V. Une quantité quelconque d’air inflammable ajoutée à un air plei- nement phlogifiqué par l'influence no@urne des plantes vivantes , par la corruption des fubftances animales ou végérales- ou par tout autre moyen , ne donne à ces airs aucun degré d’aptitude pour en- tretenir la vie des végétaux, V. En général les plantes adultes fe foutiennenc plus long-tems au foleil dans un air pleinement phlogiftiqué que dans un air inflammable. Une feule & même plante elt quelquefois capable de changer à l’aide du foleil l'air pleinement méphitifé en air commun , quoique fon volume occupe au-delà de cinquante fois celui de la plante; au lieu que les plantes les plus fortes fuccombent au milieu de cette carrière dans l'air infammable : elles rendent cet air, il eft vrai, moins pernicieux ; mais elles y péiflent avant de l'avoir conduit à l'état d’air commun, VI. Le volume d’air inflammable enfermé avec une plante au fo- leil diminue confidérablement : au lieu que le volume d'air phlo- giftiqué expofé de même au foleil avec une plante ne diminue que peu ou rien , & fouvenr même ce volume augmente , fur-tout fi la plante s’y foutient en vigueur jufqu’à ce que l'air foit devenu refpirable. (1) En parlant des airs abfolument incapables d’entretenir la vie des animaux, J'entends un tel air qui tue, au premier conta& , un animal qu’on y plonge, & qui ne diminue en rien par Paddition de l'air nitreux. L’air inflammable des marais n’eft pas moins pernicieux aux végétaux , que celui qu’on obtient par les métaux & l'acide vitrivlique ou marin. L’air fixe eft auffi pernicieux aux végétaux, que l'air inflammable ou phlogiftiqué, ï & (2) Je dis peut-être , parce que je trouve dans mes notes , que les femences ont quelquefois végété dans ces airs à la lumière ; mais comme dans les autres expériences cela ne m'a pas réuffi, je foupçonne qu’une portion d'air commun fe foi gliflée à mon infu dans le vafe , lorfque les fémences ont levé dans ces airs. Tome XXVIIT, Part. I, 1786. FEVRIER, - L 2 84 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, 11 ne faut cependant pas conclure de ce fait, que les plantes ont ab- forbé tout cet air inflammable , ou que cet air fe détruit & s’abforbe par l’eau même en grande quantité , & beaucoup plus promptement au foleil qu’à l'ombre , fans la préfence des plantes. VIT. En ajoutant à l'air inflammable une quantité quelconque d'air fixe, il ne m'a pas paru en acquérir le moindre degré d'aptitude pour faire germer Les femences à l’obfcurité ou pour entretenir mieux la vie des lantes formées au foleil. VIIT. Une petite portion d'air inflammable ajoutée à un air refpirable rend , dans certaines circonftances , la verdure des plantes qu'on y enferme plus foncée ; ce qui paroît confirmer l'opinion reçue, que ceft le phlogiftique communiqué par les rayons du foleil , qui produit la ver- dure des végétaux. IX. Il eft difficile de décider , fans crainte de fe tromper , fi une quantité même petite d'air inflammable ajoutée à un air refpirable avance réellement la végétation. Les variations que j'ai trouvées dans les effais de ce genre , ont pu dépendre des circonftances étrangères à l'air inflammable, Quoi qu'il en foit , une partie d’air inflammable jointe à deux parties d'un air refpirable , a généralement retardé la végétation ; une dofe plus forte le fit encore plus manifeftement. X. Les plantes enfermées dans un air fort méphitique réparent cet air beaucoup plus promptement, fi on les ôte de cet air pendant la nuit, & quon les y enferme de nouveau pendant le jour, La rai- fon en eft manitefte ; c’eft que ces mêmes plantes en méphitifant l'air pendant la nuit, détruifent en partie l'effet qu'elles avoient produit étane afliftées par la lumière folaire. XI. L'air fixe pur , qui eft abfolument mortel aux plantes, tant au foleil qu'à ombre, ne diminue en rien l’effer pernicieux des airs pleinement méphitifés fur les plantes à l'ombre & dans l’obfcurité , lorfqu'on l'y mêle à une dofe quelconque: & quelle que foit la quan- tité quon en ajoute à un air refpirable , dans lequel on a enfermé une plante dans un endroit obfcur, la plante y périra d’autant plus vite , que la dofe d'air fixe, qu’on y a ajoutée, eft plus confidérable, XII. Il n'en eft pas de même à la lumière du jour. Une quantité modérée d'air fixe ajoutée à un air refpirable, dans lequel une plante eft enfermée & expofée au foleil , ne rend pas cet air manifeftement pire, L'air fixe, qu'on y a ajouté, fe trouve bientôt en partie abforbé par l’eau ou la plante, & probablement par toutes les deux ; mais la plus grande partie de cet air s'y trouve changée en peu de tems en air refpirable. Mais une quantité trop grande d'air fxe ajoutée à un air refpirable , dans lequel une plante fe trouve enfermée & expofée au foleil , fait périr la plante. XIIL. L'air déphlogiftiqué & l'air commun ont à-peu-près le même effet fur les femences, foic qu’on les expofe au grand jour, foit qu'on les es SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS, 8$ place à l'ombre ou dans un endroit obfeur : l'air déphlogiftiqué eft aufli très-propre à faire profpérer une plante déjà formée, foit au foleil , foit à l'ombre; & fi la plante eft très-forre & le foleil beau , l'air déphlogifti- qué n'eft ni diminué ni dégradé notablement au foleil par la plante ; & ne l’eft pas du tout , fi routes les circonftances font entièrement favo- rables , & fur-tour fi le vafe ne s’échauffe pas trop. XIV. Les plantes élevées dans l'air déphlooiftiqué ,ou enfermées dans un tel air après qu'elles éroient déjà formées , n’y profpèrent pas moins à l'ombre que dans l'air commun , & y vivent même plus long-tems. La durée de leur vie dans un tel air eft d'autant plus longue, que l'air déphlogiftiqué eft plus pur. La raifon en eft, que l'air commun ayant moins de bonté que l'air déphlogiftiqué , eft rendu pleinement phlogifti- qué en moins de tems par une plante à l'ombre, que ne l’eft l'air déphlo- giftiqué. Or, un air pleinement phlogiftiqué étant, (comme il eft déjà dit, $. L.) également mortel aux plantes & aux animaux, elles commencent à y périr dès le moment que l'air enfermé avec elles a perdu tout degré de bonté. Plufieurs petites circonftances , qui échappent aifément à notre obfervation , peuvent être caufe que des deux plantes d’une égale gran- deur , dont l’une eft enfermée dans une certaine quantité d’air commun & l’autre dans une égale quantité d’air déphlogiftiqué, celle qui eft enfermée dans l'air commun furvive à l’autre qui eft enfermée dans l'air déphlogiltiqué. Une telle circonitance peut avoir lieu , fi, par exemple ; au lieu de prendre des vafes larges & peu hauts , on emploie des vafes fort étroits & alongés. La raifon cependant du dépériffement de ces deux plantes placées à l'ombre, l'une étant enfermée dans l'air commun & l'autre dans l’air déphlogiftiqué , n’eft pas tout-à-fait la même dans les deux cas. Nous allons mettre ceci d'abord dans un jour plus clair. XV. Suppofons que deux plantes égales placées hors du foleil, l’une étant enfermée dans une certaine quantité d'air déphlogiftiqué très-pur, & dont le volume égale , par exemple , un cinquantième du volume de l'air, l’autre étant enfermée avec une femblable quantité d’air commun, meurent dans le même tems; ce qui arrive quelquefois lorfque les circonftances particulières concourent à produire un tel effer. On ne pourroit cependant pas en conclure, que la caufe de la mort eft la même dans les deux cas; car la plante enfermée dans l’air commun y meurt à la fin, parce qu'elle infecte ou phlogiftique continuellement l'air qui Penvironne , de façon qu'il devient à la fin un vrai poifon pour la plante ; & ce poifon ne feroit pas moins aéif, fi même on Gtoit de cet air cout l'air fixe qui s’engendre toujours dans cet air par la préfence de la plante ; mais la plante enfermée dans l'air déphlogiftiqué n'y périt nulle- ment par la phlogiftication de cet air, mais uniquement par la trop grande quantité d'air fixe, dans lequel l'air déphlogiftiqué fe change en grande partie par la préfence de la plante , hors du foleil. Voici la preuve 86 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, de cette affertion : fi dans le cas fuppofé les deux plantes mouroient au bout de quatre ou cinq jours , les vafes étant reftés en repos, on auroic rolongé du double ou plus la vie de la plante enfermée avec de l'air déphlogiftiqué, en transvafant deux fois dansles vingt-quatre heures cer air dans un autre vafe, & en le débarraflant de tout air fixe par quelques fecoufles dans l’eau. Par cette fimple manœuvre, dis-je, la plante enfermée dans l'air déphlogiftiqué reftera très-vigoureufe ; au lieu que celle qui eft enfermée dans l'air commuñ mourra à-peu-près dans le même tems, foic qu'on en Ôre l'air fixe, ou qu'on ne l’ôte pas. Si on laifle mourir ces deux plantes fans laver dé leur acide aérien les airs enfermés avec elles, & fi après en avoir Ôté les plantes mortes , on les remplace par de nouvelles plantes très-végétantes ; ces deux plantes y mourront dans fort peu de tems; mais fi on débarraffe de tout air fixe l'air déphlogiftiqué , après que la première ou même après que la feconde plante y ef morte, on le trouvera encore déphlogiftiqué , quoique plus ou moins dégradé : une nouvelle plante alors s’y foutiendra très-bien , & des femences y germeront promprement ; mais quoiqu'on Ôte tout acide aérien de l'air commun , après que la première ou la feconde plante ÿ eft périe, on le trouvera néanmoins encore très-phlogiftiqué ; les femences, won y enferme, ne germeront pas, & une nouvelle plante y trouvera d’abord fa deftruétion, Il paroît donc clair , que la caufe de la mort des plantes dans ces deux airs, eft très-différente, XVI. Le pouvoir des plantes de gâter l'air bon pendant la nuit, & de détériorer l'air qui étoit déjà phlogiftiqué à un certain degré par la refpiration , par la Mamme d'une chandelle , ou par quelqu'autre moyen, furpaffe leur faculté d'améliorer au foleil l'air bon & de corriger l'air gâté, de façon qu'une plante, qui ne fauroit améliorer au foleil une certaine quantité d'air bon ou corriger un air méphitifé , eft cependant très en état, & ne manquera même jamais, de méphitifer pendant la nuit un air bon , & d'augmenter avec certitude le méphitifme d'un air gâté par la refpiraiton , la flamme d'une chandelle, &c. & cela fans en fouffrir elle-même de la moindre manière remarquable. Il eft afez fingulier, que les circonftances doivent être toutes très-favorables pour qu’une plante puiffe améliorer un air bon , & que, fi les circonftances ne font pas aflez favorables pour cer effet , elles Le font fouvent aflez pour que cette même plante corrige un air gâté. Il fembleroit par-là , que l’Auteur de la Nature ait deftiné Les végéraux plutôt pour corriger le méphitifme , qui s'engendre continuellement dans l'air atmofphérique par mille caufes dans le rems chaud , que de rendre la maffe de l'air commun meilleure , qu'elle ne fe trouve généralement par-tout où il n’y a point de marécages, ni d’autres fourçes particulières de corruption, Nous ne parviendrons peut-être jamais à dévoiler la raifon myftérieufe, pourquoi la Providence a trouvé bon de refferrer dans des bornes fi étroices SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 87 le pouvoir des plantes de rendre meilleur l'air atmofphérique, La partie de l'économie des plantes, dont cette opération dépend , eft des plus déli- cartes, Cette opération s'arrête par la plus légère caufe , par un nuage qui couvre le foleil. Elle n’a été confiée, pour ainfi dire, qu'aux feules feuilles. Les tiges vertes ne le font qu'imparfaitement, & ne conftituent d’ailleurs qu’une très-petie partie d’un arbre ,en comparaifon de l'immenfe furface des feuilles. Les Aeurs & la plupart des fruits ne font pas doués de cette faculté. Si on ajoute à ces confidérations que le pouvoir des plantes de corriger l’air atmofphérique dégradé, furpaile beaucoup leur faculté d'améliorer l’air bon , on feroit tenté de croire que la Providence doit avoir eu un but, qui nous eft inconnu, une raifon importante de prévenir que la qualité de l'air commun ne devienne pas beaucoup meilleure qu'elle fe trouve aflez généralement par-tout. | XVII. Une plante élevée dans un pot rempli de terre, ou qu'on y a mife après qu'elle étoit déjà formée, méphitife communément plus l'air commun enfermé avec elle dans l’obfcurité, & corrige moins promptement l'air gâté, que fi on l’ôte de fon pot & qu'on tienne les racines baignées dans l'eau pure. La raifon en eft, que la terre la plus propre pour l'entretien des plantes contient des fubitances corruptibles, dont les exhalaifons infeétent plus où moins l'air enfermé avec elles. Si on en obtient un réfultat différent , on doit l’attribuer à un hafard , ou à des circonftances particulières , par exemple , à la vigueur extraordinaire de la plante. Si on employoit, au lieu de la terre ordinaire des jardins bien cultivés , une terre lavée ou un fable quartzeux bien purifié , elle ne pourra certainement pas méphitifer l'air; mais cette terre feroit à la longue moins favorable à la vigueur de la plupart des plantes que la terre commune des jardins, Ces fortes d'expériences font fujettes à caution , & ce n'eft qu'après un grand nombre d'expériences fuivies avec attention , qu'on peut en tirer des conféquences légitimes. Toutes les plantes n’ont pas la même vigueur, & très-fouvent la plante la plus forte périt dans un feul jour, lorfqu'étant enfermée dans une cloche on l’expofe pendant toute la journée au foleil au milieu de l'été, foit parce que l'air enfermé avec la plante, (& par conféquent la plante auili ) s'échauffe trop, faute de pouvoir fe mêler avec l'air du dehors ;1de façon que la plante y recoit trop de chaleur pour pouvoir y vivre ; foit parce que cette même chaleur trop forte augmente tellement la perfpiration des feuilles , que les racines ne fauroient fournir autant de sève qu’il en faut pour réparer celle qui tranfpire. Il faut alors que les feuilles fe sèchent, & que la plante périfle : & pour cette même raifon on entretient en général une plante plus long tems en vigueur , lorfqu'elle eft ,au milieu de l'été , enfermée avec une aflez grande quantité d'air, & placée dans un endroit obfcur , que fi on l’expofe toute la journée à l'ardeur du foleil. XVUIT. Il y a à cet égard une grande diftinétion à faire entre la plupart 88 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, des plantes européennes & celles des climats chauds. En général une plante européenne , qui évapore, fans jamais manquer, de l'air déphlo- giftiqué au foleil , lorfqu'elle eft couverte d'eau , ne faura améliorer avec la même certitude de l'air commun avec lequel elle fe trouve enfermée & expofée au foleil ; mais une plante charnue des climats chauds, relle qu'un agave , un caëus, un cacalia , manquera rarement (pourvu que le tems foit un tant foit peu favorable) d'améliorer manifeftement l'air commun enfermé avec elle au foleil, La raifon en eft, que les plantes des pays rempérés ne peuvent pas fouffrit aflez long-tems le degré de chaleur, qu'elles reçoivent étant enfermées dans une cloche & expofées au foleil ardent, pour ajouter un furcroit de bonté manifefte à l’air commun; au lieu que celles des climats chauds fouffrent beaucoup mieux une chaleur aflez confidérable. Une plante enfermée dans de l’eau ne reçoit pas fi promptement un depré de chaleur qui pourroit déranger fon économie, que fi elle eft enfermée dans l'air ; mais dès que l'eau s’échauffe à la fin trop fortement, comme il arrive fouvent dans les grandes chaleurs de l'été, les plantes qui y font enfermées, périflent toutes, & ceffent par conféquent d'y élaborer de l'air vital. Il ne feroit donc pas étonnant , que les plantes expofées au foleil couvertes d'eau , manquaflent fouvent d'élaborer de l'air déphlogiftiqué dans les climats les: plus chauds de l'Europe , telle que l'Éfpagne & l'Italie, & qu'elles y manquaflent même de corriger un air méphitique enfermé avec elles, parce que la chaleur -trop forte, que l'ardeur du foleil leur communiqueroir , dérangeroit bientôt leur économie. XIX. Ce n’eft pas feulement dans un endroit fort obfcur, que les plantes pâtent l'air commun, & dérériorent manifeftement l'air déjà méphitifé ; mais elles le font même dans un endroit un peu ombragé, où il fair affez clair pour y pouvoir lire l'écriture la plus fine. Elles exercent même ce pouvoir dans une chambre expofée aux rayons du foleil, pourvu qu'on place devant le vafe un carton ou Le ec chofe qui tempère Ja lumière du jour trop vive. Il feroit même difficile de choifir une telle expofition, où la lumière ne feroit pas aflez forte , pour que les plantes y corrigeaflent l'air gâté , ni aflez foible pour augmenter le méphitifme d’un air déjà infecté, - XX. Par le contenu des paragraphes précédens on peut évaluer le degré de confiance que méritent ceux qui dans des écrits publics, imprimés deux ans après mon Ouvrage für les vévétaux , prétendent avoir obfervé avant moi, que l’influence bienfaifante des végétaux fur l'air, dépend de la lumière du foleil, & qui difenc avoir placé dans des endroits , où le foleil ne pouvoit pas venir, des plantes pendant des femaines entières enfermées avec un air infecté par la refpiration ou par la flamme d’une chandelle, & cela expreffément pour examiner l'air ainfi expofé à l'influence noûurne des végétaux, par Le moyen d’un bon eudiomètre, par lequel SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 39 lequel ils diftinguèrent parfaitement bien les petites variations que les plantes produifoient en peu d’heures dans ces mêmes airs au foleil; & qui , dis-je, avancent qu'en examinant par un aflez bon eudiomètre ces airs , après avoir été enfermés durant des femaines entières avec les plantes à l'obfcurité , ils ont obfervé qu'aucune de ces plantes n’avoit corrigé ces airs. Si ces éxpériences euffent été faites avec foin, l’obfervateur n'eût pu manquer de trouver, même à la première épreuve , que ces airs, qui navoient été que médiocrement phlogiftiqués par la refpiration ou la flamme d'une chandelle , (il ne feroit pas même poflible de les méphitifer pleinement par ce moyen ) fuflent devenus, non-feulement infiniment plus corrompus , qu'ils ne l’étoient au moment où ils avoient été enfermés avec les plantes , mais qu'ils fuffent même devenus abfolument empoi- un de premier contact mortels aux animaux; il ne falloit pas même Un eudiomètre pour découvrir au premier examen la différence infinie , qui devoic s’être trouvée immanquablement dans ces airs avant & après avoir été enfermés avec les plantes. Une bougie ou une allumette n'auroit pu manquer d'indiquer manifeftement le haut degré de méphi- tifme, que ces airs n'ont pu manquer de contracter : elle s'y feroit éteinte plus de vingt fois dans le même flacon rempli de cet air, dans lequel elle ne fe feroic éteinte que deux ou trois fois étant rempli de ce même air avant d'avoir été enfermé avec les plantes. Comment pouvoit-on avancer politivement, que c’eft par la pré- fence du foleil, que les plantes corrigent l'air phlogiftiqué, & non pas par la végétation comme telle , (qui a lieu nuit & jour) fans avoir examiné ces airs enfermés, dans l'abfence du foleil, avec les plan- tes? & comment feroit-il poflible , qu'en examinant à propos prémé- dité (comme ces écrivains prétendent avoir fait) l'effet de ces plantes fur ces airs dans l’obfcurité, que ce même eudiomètre, qui leur indi- quoit les plus lépères améliorations de ces airs au foleil, n’auroit pas indiqué auffi les détériorations infiniment plus manifeftes , & qui ne man- quent jamais d'arriver lorfqu'on enferme ces airs avec les plantes, même pendant une feule nuit ? Voila cependant des expériences que des Phyfi- ciens des Pays-Bas ont pu trouver bon d’alléguer , comme des prétentions à la priorité de ma découverte, deux ans après la publication de mon ouvrage. Comme il ne me convient pas de m'ériger en juge dans ma propre caufe , le lecteur impartial décidera lui-même, fi une afferrion appuyée fur des preuves de cette efpèce indique, que les expériences avoient été faites en réalité, ou plurôt en idée, XXI. Les plantes enfermées avec une certaine quantité d’air déphlo- giftiqué dans l'obfcurité , décompofent cet air , ou le changent en air fixe beaucoup plus promptement qu'elles ne décompoferoient une égale quantité d'air commun. Une plante enfermée dans un endroit obfcur Tome XXVIIT, Part, 1,.1786. FEVRIER, M Ai go OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, avec environ cent fois fon volume d'un air déplilopiftiqué d’une qualité eruinente, par exemple , de 400 degrés , aura changé cette maffe pour la plus grande partie en air fixe, dans le tems qu'une femblabie plante auroit dans ce même endroit changé à peine une fixième partie d'une égale quantité d'air commun en air fixe, Mais cette plante auroit, pendant le-même tems, phlogiftiqué complètement l'air commun ; au lieu que la plante enfermée avec de l'air déphlogiftiqué, n'auroit fait que dégrader plus ou moins cet air, qui, après avoir été lavé de l'ait fixe, fe feroit trouvé être encore déphlogiftiqué. Une plante cepen- dant ne manque pas de méphitifer à la longue entièrement l'air dé- phlogiftiqué. IlLparoît par cette expérience, que fi l'air déphlogiftiqué eft réellement la partie élémentaire de l'air atmofphérique il eft -cependaut plus facilement décompofable que l'air commun. XXIT. Les plantes tranfpirent nuit & jour un fluide en, & abforbent de l'air ambiant en même tems une quantité d'air qui puif fe réparer celui qu'elles perdent. L'air ainfi produit'au foleil eftun air déphlogiftiqué. Celui qui fe produit pendant la nuit, eft en par- tie air fixe & en partie air phlogiftiqué. On peut s'en convaincre eñ enfermant une plante dans un vide fur du mercure. Il paroît vraifem- blable que l’évaporation aérienne des plantes furpañle leur abforprion au foleil. Le contraire femble avoir lieu pendant la nuir, au moins en apparence. Je dis 67 apparence, parce que la quantité d’air enfer- mée avec une plante pendant la nuit fe trouve toujours diminuée : mais cette diminution dépend en partie de ce que l'air fixe, qui fe produie pendant la nuit, s’abforbe aifément par l'eau. XXII, J'ai déjà dir que les plantes ne méphitifent pas feulement Vair commun enfermé avec elles dans l'obfcurité, mais qu’elles aug- mentent aufli très-manifeflement, & fans jamais manquer, le méphi= tifme d’un air qui avoit été corrompu par la refpiration ou la flam- me d'une chandelle. Ce furcroît conftant de méphitifme eft une preu- ve ultérieure de ce que j'ai avancé dans mon ouvrage /ur les végétaux ; que l’évaporarion nocturne des végétaux eft en elle-même (c'eft à dire, dans l'état de concentration ) le poifon le plus aëlif qui exifle ; quoi- qu'il ne refte pas moins vrai, que cette émanation no@urne ne fau- roit nuire à l'air ouvert, où cette évaporation eft difféminée à l'infini armi la mafle de l’armofphère, XXIV. La lumière folaire , fi avantageufe pour les plantes adultes ; eft très-nuifible aux plantes at commencement de leur formation, & fur-tout à la germination des feinences, de façon que les graines ex- poées au foleil ne germent pas feulement beaucoup plus lentement qu'à l'ombre, toute chofe étant d’ailleurs égale; mais un grand nom- bre y périt abfolument, & celles qui levent deviennent en général des plantes foibles. Les plantes ont befoin, au commencement de DS 1 SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. ox leur développement, d'ombre ou d’oblcurité, d’un air refpirable &e d'un degré moderé de chaleur. La lumière eft fi défavantageufe à la germination des femences , que telles femences , qui ponfient leurs ra- cines en 24 heures, comme font les femences de creflon & de mou- tarde en été dans un endroit aflez chaud & ombragé, donneront à peine des fignes de germination lé troifiéme jour ou le quatrième jour , fi on les expofe au foleil. Plus l'endroit où on les place eft obfcur , plus elles végéteront promptement ( toutes chofes d’ailleurs égales) & plus les plantes qui en proviennent font vigoureufes, au moins au commencemént. S'il y a des plantes, dont les femences le- vent. mieux , étant expofées au foleil, ces exemples font fi rares, que les jardiniers & les cultivateurs prennent pour une régle générale de couvrir de terre toutes les femences. XXV. L'obfervation précédente pourra faire comprendre , comment il eft facile de fe tromper, lorfqu'on éleve pour certaines expériences, des végétaux dans une chambre, fans faire affez d’atrention à l’en- droit où on les place, & comment on peut, faute de cette attention, attribuer la différence notable qu'on obferve entre la vitefle de a végétation des femences placées dans différens endroits d’une même chambre , à toute autre caufe qu'à celle qui a réellement produit l’effer. XXVI. On comprendra de même par ce que je viens de dire, pour quoi la plupart des expériences, qui ont fervi jufqu’ici à prouver que l'électricité artificielle ferc merveilleufement à accélérer l’accroiflement des plantes, font très-éloignées d’être décifives. On a placé les femen- ces, qui devoient fervir à ces expériences, au fond des jarres char- gées, ou près des machines électriques, qu'on établit rarement dans les endroits, où elles feroient expofées aux rayons du foleil, qui les endommageroient. En es les femences électrifées dans cette fituation devancoient très-maniféftement celles qu’on avoit placées plus près de la lumière fansles électrifer, on a cru bonnement, que l’é- lecricité en étoit la caufe. Si on avoit été aflez attentif, on auroit trouvé, que les graines mifes exactement dans les mêmes circonftances que celles qu’on avoir électrifées, auroient végété au moins tout aufli promprement fans électricité. J'ai répérélées fortes d'expériences fi fré- quemment: je les ai variées de tant de manières, en prenant fouvent plufieurs centaines de femences à la fois, que la confiance que j'ai eue autrefois, avec la plupart des Phyficiens , dans le pouvoir merveilleux de Pelectriciré à cec égard, eft infiniment diminuée pour ne pas dire entièrement nulle. Depuis que M. Sckwankhard a trouvé bon de publier dans le Journal de Phyfique plufeurs expériences relatives à ce fujet que je lui avois montrées , ainfi qu'à pluñeurs autres de mes mis, j'ai cru que je ne devois plus tarder à indiquer la fource de Sfesreur qu'il a combattue. Tome XXVIIT, Part. I, 1786. FEVRIER. M 2 #2 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, La différence qu'un peu plus ou un peu moins de lumière caufe dans l’accroiflement des végétaux , eft fi grande, qu’il y a vraiment de quoi s’en étonner. Quelques femences de creflon ou de moutarde placées dans ma chambre près d’une fenêtre fermée ( 1) n'étoient parve- nues qu'à la hauteur d'un pouce environ dans le même tems que d’au- tres femences pareilles mifes au fond d’une jarre armée de feuilles d’étain en forme de bouteille de Leyde, étoient crues à la hauteur d’environ trois pouces. Le fond de cette jarre étoit cependant aflez éclairé pendant le jour pour pouvoir y lirerès-bien une écriture fine. Elle étoit cylindrique & avoit 16 pouces de haut & fept & demi de dia- mètre. Elle étoit toujours ouverte & placée par terre à quatorze pieds de diftance des fenêtres dans la même chambre où étoient placées les autres femences , & cette chambre eft grande & bien éclairée. Lorf- que je tenois cette jarre chargée d'électricité , je plaçois toujours une fem- blable jarre dans la chambre attenante à La même diftance des fenêtres , fans lui communiquer de l'électricité. En voyant que la végétation fe faifoit coujours au moins aufli-bien dans la jarre non électrifée que dans celle qui l’étoit conftamment, il me paroifloit aflez décidé , que c’étoit la foiblefle de la lumière & nullement la force électrique , qui étoit caufe de l’accroifflement précoce des femences placées dans ces jarres élecrifées, On peut voir quelques autres expériences de ce genre dans le memoire mentionné du profefleur Sckwankhardt. Tout ce qu'on a avancé de merveilleux touchant la plante /énfirive ( Mimofa ) par rapport à l'électricité , m'a paru aufli peu exa&. Cette plante fe contracte également fi l'on la touche avec un morceau de verre ou de cire à cacheter comme fi on la couche avec le doist ou un morcean de métal, Ce n’eft que l’ébranlement ou la fecouffe qu'on lui communique qui lui a fait baifler fes feuilles & fes branches. L'élettricité comme telle paroït n'y faire rien. L'atmofphère d’une bouteille chargée ou d'un conducteur excité produit le même effet qu'un vent, ou un foufle, ou tout autre mouvement méchanique. (G) J’avois férmé la fenêtre , pour que les rayons du foleil , en paffant à travers les carreaux de vitres , fuflent un peu affoiblis ; car fi j’avois placé ces femencès dehors de la fenêtre, la grande force des rayons du foleil auroit trop retardé leur germination & en auroit fait périr beaucoup. Faures à corriger dans le Mémoire de M. Schwankhardt (mois de Décembre 1735 ). Page 466, ligne 10 : en l’ifolant à quatre pieds du verre; Zi/ez, (ur un ifoloir à quatre pieds du verre; & page 467 : Inghen-Houz : /ifez , Ingen-Houfz. aa ; ge R) * T7 SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS, 93 EEE PE ED A D *OBSERVATION Relative à la Lettre de M. SCHWANKHARDT, au füujet de l'influence de l'électricité fur la végétation , inferee dans le Journal de Phyfique, Décembre 178$ , page 462; Par M DUVARNIER, D. M Les premières expériences électriques un peu fuivies fur la fenfitive ont été faites à Paris en 1776, & imprimées la même année , dans le Journal de Phyfique, novembre, page 396. Elles appartiennent à M. le Dru , très-connu par un très-grand nombre d'expériences curieufes qu’on lui doir. Les expreflions dont M. Schwankhardt fe fert étant un peu équivoques , on a cru néceflaire de faire cette remarque. Il cite à la fin de la page 467 , une perfonne qui lui a dit que les expériences décrites dans Ouvrage de l'électricité des végétaux au fujet du grand pouvoir de l'électricité fur la fenfitive , æémo/a , lui avoient paru peu exactes. Ces expériences imprimées auparavant dans le Journal de Phyfique, ainfi que nous l'avons dit , ont été rapportées enfuite par M. Bertholon , comme hiftorien, Il dit expreffément dans fon intéreffant Ouvrage, qu'elles font de M. le Dru , & qu'il les rapporte celles qu’elles ont été publiées... Que nos connoiffances ne font pas affez avancées pour dévoiler ces refforts fecrets. Il eft donc de toute équité de réclamer contre l'expreflion (1) de M. Schwankhardt , l’antériorité des expériences fur la fenftive , en faveur de M. le Dru , & cela avec d'autant plus de raifon que certains Phyficiens ont affeté de ne pas le citer en plufeurs occafions. Si M. Schwankhardt vient jamais à Paris, il pourra voir chez M. le Dru répéter ces expériences avec un égal fuccès, & fe convaincre , de même que ceux qui les ont vues à Paris, que s’il y a de la différence dans les réfultats, elle peut tenir à des circonftances qui lui auront peut-être échappé. Ce qui eft arrivé en cette occalion a eu lieu dans plufieurs autres rencontres. MM. Lavoifier & Meunier, à Paris, onc retiré de l'eau un air inflammable , tandis que MM. Gioroi & Cioni n'ont pu en obtenir à Florence. Plufeurs expériences de M. Ingen-Houfz ne font pas d'accord avec les dernières du célèbre Prieftley. On fera donc moins furpris de voir que les expériences de M. le Dru fur la fenfitive ne font pas (1) Il ya quelques autres inexaétitudes dans cette lettre que nous paflons ici fous flence, + 04 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, concordantes avec celles dont parle M. Schwankharde , fur-tout quand on fe rappelera que les expériences de celui-ci fur la germination diffèrenr, non-feulement de celles que l'Abbé Nollet a faites ave@ la plus grande exactitude fur des graines de plantes, mais encore different des autres expériences rapportées par les plus habiles Phyficiens modernes de France, d'Iralie , de Prufle, d'Allemagne , &c. tels que MM. Noller , Jallabert, Sigaud de la Fond, Bertholon , Eacepede, Mainbrai, Bofe , Menou, Zardini , Achard, Nuneberg , Cavalli, Kæftlin, Linné, Rune- berg , &c. &c. obfervateurs très-exaéts (1). “ TROISIÈME ET DERNIÈRE SUITE D E LA DERNIÈRE PARTIE DES EXPÉRIENCES ET OBSERVATIONS DE M. KIRWAN; SUR LES AFFINITÉS, &Ce Traduites de l'Anglois , par Madame P***, de Dijon. De l'Affinié des chaux métalliques avec le phlopifiique. LES MPLE du gaz méphitique, qui, en s’uniffant à la terre calcaire acquiert une pefanteur fpécifique égale à celle de l'or , peut nous autorifer à conclure que le gaz inflammable , où phlogiftique , eft condenfé à un degré confidérable, dans fa combinaifon avec quelques fubftances métalliques, de manière que fa pelanreur fpécifique eft non-feulement égale, mais très-fupérieure à celle de la terre métallique à laquelle il eft uni. Ainfi la terre métallique qui condenfe le plus le phlogiftique, & en plus grande quantité, en s'uniflant avec lui le plus intimement , peur être regardée comme ayant avec lui la plus grande affinité. Si on pouvoit donc trouver la pefanteur fpécifique d’une chaux parfaitement pure & exempte foit de phlogiftique, foic de gaz méphitique, il feroit facile, en comparant fa denfité avec celle de la même chaux, quand elle eft métallifée, de connoître la denfité que le phlogiftique acquiert en s'uniflanc à cette (x) Des réfultats aufli oppofés dans des expériences faites d’une part par des Phyfciens aufli célèbres que ceux que cite ici M. Duvarnier, & de l’autre par des Phyfciens non moins célebres, MM. Ingen-Houfz, Schwankhardt, &c. doivent furprendre, & font voir toutes les difficultés que préfente l’art des expcriences. Celles-ci doivent encore être répétées pour favoir enfin de quel côté eft la vérité, Move du Rédacteur. SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 0ÿ chaux ; mais jufqu’à préfent il a été impollible de {e procurer de areilles chaüx , parce que pendant leur déphlooiftication , elles fe com Has avec le gaz acide méphitique, ou avec quelques parties de leur diffolvant; & de-là l'augmentation de leur poids abfoiu, quoique leur pefanteur fpécifique foit un peu diminuée, Cette dernière circonftance fait voir que la pefanteur fpécifique des chaux difiere beaucoup moins de celle de leurs métaux refpectifs , que la pefanteur fpécifique qu'acquierc le phlo- giftique en s’uniffant avec ces chaux , ne differe de celle qu'il a, lorfqu’il n’eft pas combiné; de même que la denfité de la chaux vive differe beaucoup moins de celle de la pierre calcaire que là denfité acquife par le gaz méphitique dans fon union avec la chaux vive, ne diffère de celle qui lui appartient dans fon état aériforme. Ainf, au lieu de déduire la quantité d'aflinité des chaux métalliques avec le phlogiftique , de cette propofirion : que l’affinité des chaux métalliques avec le phlogiflique eft en raifon compofée de fes quantité & denfité dans chaque métal, je fuis obligé de la déduire de cette autre propolition, que l'affinité des chaux métalliques avec le phlogiflique ‘ef en raifon direde de la pelantém fpécifique des diffèrens métaux 6 en raïfon inverfe de la quantité de chaux contenue dans un poids donné de ces métaux. Cette propofition eft une approximation de la précédente , fondée fur ce principe : que plus il y a de phlogiflique dans un métal, moins il y a de chaux dans un poids donné de ce metal, & que la denfité gu'acquiert le phlogifiique efl comme la pefanteur fpécifique de ce métal. Cette dernière propoftion n'eft cépendant pas exactement vraie, car la denfité eft bien plus confidérable ; mais c'eft la plus grande approximation que je puifle donner , & l'erreur n’eft fenfble qu’à l'égard des métaux qui contiennent beaucoup de phlogiftique , comme l'or , le cuivre, le cobalt & le fer; pour tous les autres, elle n'eft d'aucune importance, Maintenant, la pefanteur fpécifique des métaux étant, comme l'indique la première colonne de la Table fuivante, les affinités de leurs chaux avec le phlogiftique feront , comme on le voit dans la feconde colonne. La troifième colonne exprime ces affinités en nombres homogènes avec ceux qui expriment les afhnités des acides avec leurs bales. Pefanteur fpécifique. Affinités des chaux métalliques à avec Le phlogiflique. OMS OR, S 19 Oj2 tele el. MIO Mercure... 14 CO FAT Mie tte OL ATHENE ere le se» ee TOO OTTO eee eletelete 491 Élomb,. chere.) 11,93 STE ADR ONE ET Cuivre ,...,... 8,3 0,109 vers. 454 96 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, Pefanteur fpécifique. Affinités des chaux métalliques avec le phlogiflique. Bifnutht ete: 9,6 0,099 vs... 412 Cobalt 4.4... 197 0,092 cosmscue 383 Herette …. TÈTI 0,090 «essor. 375 Arfenic ...so. 8,31 008011... 70 Zinc Se see 107,24 C'O817 0-0 0348 Nickel Eee N0r32 GioBla en dense lie Etain OL 7 CLOS OT PR SOIENT Antimoine ...... 6,86 05074 ereesre 308 On voit ici que la chaux de plomb a une plus grande affinité avec le phlogiftique que les chaux de la plupart des métaux imparfaits, & c'eft pour cela que l'on l’emploie à la coupellation ; car après qu'il a perdu {on propre phlogiftique, il en reprend aux autres chaux métalliques, & détermine ainf leur calcination & leur vitrification, Quoique les nombres de la feconde colonne expriment affbien Ja plus grande & la moindre affinité des chaux métalliques avec le phlo- giftique, cependant ils ont l'inconvénient de ne s'appliquer qu’à un petit nombre de circonftances , parce qu'ils ne font pas comparables avec ceux qui expriment les affinités des acides avec les autres bafes ; c'eft pour- quoi j'ai cherché à déterminer leur coincidence dans quelques circonf- tances pour les réduire à la même échelle numérique , comme on le verra dans le paragraphe fuivant. Des affinités de l'acide vitriolique avec le phlogiflique dans le foufre. Suivant le principe ci-deflus , cette affinité eft en raifon compofée de la quantité de phlogiftique que prennent 100 grains d’acide vitriolique & de la denfité qu'il acquiert par fon union avec l'acide. Maintenant on fait que 100 grains de foufre contiennent 59 grains d'acide & 41 de phlogiftique , & que la pefanteur fpécifique du foufre eft 2,344; ainfi la perte de poids de la partie phlogiftique = 28,70 grains : or, le poids abfolu du phlogiftique étant 41 grains, fa denfité fera 1,429 = À ; & puifque 100 grains d'acide vitriolique prennent 70 grains de phlogiftique, fon affinité fera 1.429 X 70—100. Mais fi.l'afiniré de l'acide vitrio- lique avec le phloaiftique dans le foufre eût été cherchée de la même manière que les affinités des chaux métalliques avec le phlogiftique, la quantité feroit la même, quoique l’expreflion en füt différente, comme fe rapportant à une autre fuite de proportions ; car par cette méthode, l'affinité féroit en raifon directe de la denfité du phlogiftique, & en raifon inver{e de la quantité d'acide vitriolique contenu dans 100 grains de foufre, SUR L’HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 97 11429 foufre , c'eft-ä-dire, #2 — 0,024; par conféquent cette expreffion fe rapporte ou équivaut à la première, c'eft-à-dire à 100. C'eit par ce moyen que j'ai formé les quantités exprimées dans, la troifième colonne & qui correfpondent àgcelles qui expriment les affinités des acides avec leurs bafes ; ainfi l’affinité de la chaux d'or avec le phlogiftique eft 1041, Car 0,024 : 100: : 2$ : 1041, &C. Le troifième point néceflaire pour l'explication des phénomènes concernant la diflolution des métaux & leur précipitation l'un par l’autre, eft de déterminer la proportion de phlogiftique qu’ils perdent pendant leur diffolution dans chacun des acides & l’affiniré LA leurs chaux avec cette portion de phlogiftique. Il ne m'a pas été poffible de la déterminer par aucune expérience directe, car , quoiqu'il füt facile de déterminer la portion qui s'échappe en forme de gaz, il n’en étoit pas de même de celle qui, également féparée du métal , étoit retenue dans la . diffolution. Cependant diverfes confidérations rapprochées m'ont conduit à penfer que la proportion de phlogiftique féparée des métaux par les différens acides - étoic moyennement , comme l'indique la Table fuivante. y alla UE AES | moine. rnic. Fer, |Cuivre des ANNE Par lPacide| 2 8 | 7 | 98 à . | 97 | 86 — —— — |entIier entier vicriolique. | 3 10 | 10 | 100 100 | 100 oil 100 | 100 | 100 : | | | Par Pacide| 2 87 7, | 88 e | 99 | 97 a 4 e em entier entier entier |entier nicreux, 3 100! 10 | 100 | 100 | 100 | Par Pacide| 42 | 57 3 | 6 | 6 7 | 94 | 8 84 | 8 mutiarique. | 100 | 100 | 10 | 10 E o | 10 | 100 10 | 100 | 19 . D'après cette fuppofñition , il eft aifé de calculer l'affinité des chaux métalliques , avec la partie de phlogiftique qui leur manque ; car on peut les confidérer comme des acides, dont l'afhnité avec la partie qui leur manque de leurs bafes eft comme le rapport de cette partie avec le tout , ainfi qu’il a été dit précédemment. Ainfi, l’affinité du fer, complettement privé de fon phlogiftique, étant 375, comme il perd + de fon phlo- giftique pendant fa diflolution dans l'acide vitriolique , l’affinité du fer avec ces + eft = de fon affinité totale, c’eft-à-dire, : de 37ÿ — 250. Tome XXVII, Part. I, 1786. FEVRIER, N 98 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, Ces affinités & celles des trois acides avec chacune des chaux métal- liques, font CPS enfemble dans la Table qui fuit : Mer- cure, Antis Arfe- moine. | niet Fer. | Cuivre\ Etain.| Plomb * | Cobatr Nickel Acide 250 Solo viteiélique: 270 | 260 | 138 | 412 | 390 | 432 | 318 310 360 |320| 2 Chaux avec le |250| 360 | 218 | 483 | 497 | 532 | 298 | 350 | 300 | 338 | 300 phlogiftique. | à T a Her 16 | 304 | 290 o |300|1 reel 255 2200/303))3754)4# 304 35013 94 Chaux ) avec le |2150| 363 | 218 | 424 | 491 | 552 | 337 | 400 | 383 | 338 | 308 | 366 phlogiftique. EE ———_—_—_—_— d y Acide 8 250 275$ muriatique. 265 | 264 ES Pet Le 320 ne 310 EE Chaux | " avec le | 165 | 260 | 104 | 290 | 491 | 500 | 200 | 280 | 360 | 265 | 240 | 300 phlogiftique, Les affinités des chaux avec le phlogiftique font prifes à un terme moyen; car prefque toutes les fubitances métalliques font fufceptibles d’être plus ou moins déphlogiftiquées fuivant l'efpèce, la concentra- tion & la déphlesiftication de leur diffolvant. Plus elles font déphlo- giftiquées, plus elles ont d'affiniré avec les acides minéraux. Cepen- dantil ya un point de déphlogiftication auquel l'attraction des acides avec Les chaux eft plus forte : ainfi l'acide vitriolique attire plus puiflamment le bifmuch lorfqu'il a été déphlogiftiqué par l'acide ni- treux 3 & l'acide muriatique attire plus fortement le bifmuth & le nickel, quand ils font déphlogiftiqués par l'acide nitreux ou par l'aci- de vitriolique. Par ces données, on peut juger en plufeurs cas ce qui doit arrivér en mettant un métal dans la diflolurion d’un autre métal. Si l'on met, par exemple, un morceau de cuivre dañs une diffolu- tion farurée d'argent , l’argent fera précipité, car la balance eft en faveur des puiflances divellentes. SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 99 Affinités quiefeentes, Affinités divellentes. Acide nitreux avec l'argent 375 Acide nitreux avec le cuivre 255 Chaux de cuivre avec le Chaux d'argent avec le phlogiftique ........ +. 363 | phlogiftique ......... 407 ——— Total des affinités quiefc. 738 Total des divellentes . . . 746 Les diffolutions doivent être à-peu-près faturées, fans quoi une grande quantité du métal ajouté feroit difloute par l'acide libre avant qu'il parût aucune précipitation : cependant elles ne doivent pas être entièrement faturées, au moins dans plufeurs cas, comme on va le voir, Je dis dans plufieurs cas, parce que dans quelques-uns, & par- ticulièrement quand on a employé du mercure, du bifmuth, du cobalt, de l'Mimoine ou de l'arfenic, il intervient une autre puif- fance qui n’a pas encore été bien examinée, c’eft-à-dire , l’attraction des chaux les unes avec les autres, dont j'aurai occafon de parler dans la fuite. C’eft une chofe digne d’obfervation que les métaux précipitans font plus déphlogiftiqués par ce procédé que par la diflolution directe dans leurs menftrues refpedtifs, & deviennent même folubles par un diflolvant qui ne les auroit pas attaqués d'une autre manière; ce qui vient de ce que leur phlogiftique éprouve à la fois l’action de deux uiffances au lieu d’une. Ainfi, quoique le cuivre ne fe diffolve dans l'acide vitriolique, que lorfqw’ileft concentré & très-chaud , cependant un morceau de cuivre-fe diflout lorfqu'on le jette dans une diflolution froi- de & délayée d’argent ou de mercure par l'acide vitriolique , même dans une diffolution vitriolique de fer affoiblie & expofée à l'air. Ce phénomène a juftement excité l'attention de MM. Marpraff & VWen- zel, cependant ils n’en ont pas faif la théorie. Nous voyons par-là com- ment le vitriol de cuivre peut être formé par la nature & pourquoi il contient toujours un mélange de fer. Des diffolutions dans l'acide vitriolique. Cet acide diflout le fer & le zinc fans le fecours de la chaleur , par- ce que fon affinité avec leurs chaux eft plus grande que l’affinité qu'el- les ont avec la portion de phlogiftique qu’elles doivent perdre avant de s'unir à l’acide, comme on peut le voir dans la table. Toutes les autres fubftances métalliques ne s'uniflenc à cet acide que quand il eft concentré & à l’aide de la chaleur. Tome XXVIII, Part. I, 1786. FEVRIER. N 2 100 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, Des diffolutions dans l'acide nitreux. L’acide nitreux a moins d’affinité avec toutes les fubftances métalliques que les acides vitrolique & muriatique ; il a aufi moins d’affinité avec elles qu'elles n'en ont avec la portion de phlogiftique qu'elles doivent perdre avant de s'unir avec lui; cependant il les diflout toutes (excep- té l'or & la platine), même fans le fecours de la chaleur, parce qu'il s'unit lui-même au phlogiftique , à moins qu'il ne foit trop délayé ; & la chaleur produite par fon union avec le phlogiftique, eft fuf- fante pour déterminer la diflolurion. Cependant s'il eft crop concentré, il n’agit ni fur le plomb, ni fur Pargent, fans l’aide de la chaleur, comme Boyle & Boerhaave l’avoienc déjà remarqué ; car il y a une grande différence entre fon affinité avec ces métaux & celle de ces métaux avec la portion de phloziftique qu'ils doivent perdre avant de s'unir à lui; & quand il eft très-concentré , la liqueur ne contient pas aflez de feu pour volatilifer lesphlogiftique & le mettre en état de gaz & réduire le folide en fluide. On obfer- veroit probablement la même chofe à l'égard du mercure s’il n'étoit pas d'avance fluide. Stahl a auffi remarqué qu'il ne fe produifoit que très-peu de chaleur pendant la diffolution de l'argent, & point du tout pendant la diflolution du plomb & du mercure ( 1 ). Cela eft aifé à expliquer maintenant que nous favons que l'argent ne tient que peu de phlogiftique & le plomb beaucoup moins, la chaleur étant évidem- ment produite, fuivant la loi découverte par le Docteur Crawford, par l'union du phlogiftique avec l'acide, car les chaux métalliques ne produifent point de chaleur. Quant au mercure l'obfervation n'eft pas exacte, car fuivant M. Lavoifier (2), fa diflolution eft accompagnée de chaleur. Des diffolutions dans l'acide muriatique, On fait que cet acide déphlopiftique moins les métaux que Îles autres acides, La portion de phlogiftique qui doit être néceflairement féparée étant plus attirée que l’acide même , il ne peut opérer la diflo- luition, ou du moins que très-lentement fans le fecours de la cha- leur ; pas même quand l'attraction de l'acide à la chaux eft plus forte que celle de la portion de phlogiftique qu'il fépare, fi la propor- tion de l'acide à la chaux eft trop foible; parce qu'une fi petite quantité d’acide ne contient pas aflez de feu pour volatilifer le phlo- giftique; c'eft pourquoi la chaleur eft néceffaire pour la diflolution (1) Stahl, traité des Sels, page 168, (2) Opuf, tom, 3 , page 248, SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS, xor du plomb dans cet acide, Celui qui eft déphlogiftiqué , agit plus puiflamment. Des précipitations du fer & par le fer. Les précipitations réciproques du fer & du cuivre l'un par l'autre, ont été bien expliquées en général par M. Monnet & par M. Berg- man, jindiquerai ici d’une manière plus particulière la raifon de ces phénomènes. Si on met une pièce de cuivre dans une diflolution du fer nou: vellement faite, il ny aura aucune précipitation, ni diffolution du cuivre douze heures après, ni même après un plus long tems, fi la dif- folution n’eft pas expofée à l'air; mais fi la diffolution eft laiflée à l'air libre, l'addition d’un peu d'alkali volatil fera voir que le cui- vre a été aftaqué au bout de vingt-quatre heures, ou plutôt fi on y a appliqué la chaleur, & il y aura un précipité de chaux de fer, Dans le premier cas les affinités font comme il fuit : Quiefcentes. Divellentes. Acide vitriolique avec la Acide vitriolique avec le chatide eee 20270 )NICUIVIeNte eine ee lI2 00 Cuivre avec fon phlogiftiq. 360 | Chaux de fer aveclephlog. 250 Total : . « +, 630 Doll LT elles ICTO Il ne peut donc dans ce cas y avoir décompofition ; mais dans le fecond cas, comme il s'eft dégagé beaucoup de phlogiftique de la diflolution de fer, l’affinité de la chaux de fer avec l'acide eft dimi- nuée, & fon affinité avec le phlogiftique eft augmentée, de forte que ces affinités peuvent être fuppofées comme il fuit : Quiefcentes. Divellentes. Acide vitriolique avec la Acide vitriolique avec le chaux de fer ......... 240 | CuIVrE Se lee cine à e 260 Cuivre avec fon phlosiftiq. 360 | Chauxde fer avec le phlog. 330 Hotalki sf; se er 600 MONO ES AMOMERE De cette augmentation de Paffinité de Ja chaux de fer avec le pblogiftique, on pouvoit inférer que comme le fer recouvre fon phlo- giftique, l'acide devroit réagir fur lui & abandonner le cuivre; & to OBSERVATIONS, SUR LA PHFSIQUE, cela arriveroit certainement s'il reprenoit du phlogiftique en aflez grande quantité , mais l'accès de Pair & la chaleur l'en empêchent. Ce n'eft pas une pure hyporhèla que l'augmentation d’afñinité de la chaux de fer avec le phlogittique; car fi on met de nouveau du fer dans une diflolution de fer déphlogifliquée au point qu’elle refu- fe de criftallifer , la chaux aura le pouvoir de reprendre aflez du phlogiftique, qui fe dégage pendant Ja diffolution du nouveau fer, pour donner des criftaux, ainfi que M. Monnet l’a obfervé dans fon excellent traité de la vitriolifation. La diminution d’affinité de la chaux de fer avec les acides eft encore évidente par cette expérience, de même que la néceffité d’ajouter de l'acide à une diffolution trouble de fer pour en rétablir la tranfparence. Les chaux de cuivre précipi- céfie aufli une diffolution de fer déphlogiftiquée, comme elles le feroient, l'afinité de l'acide avec la chaux de fer étant de 240 & celle avec le cuivre étant 260. La même chofe arrive à la diflolueion de fer dans l'acide nitreux; mais comme cette diflolution contient un grand excès d'acide, une portion du cuivre eft difloute , même avant qu’il y ait du fer précipité. Pour la diffolution de fer dans l'acide muriatique , quoiqu'ex- pofée à l'air libre, le cuivre n'en a rien précipité au bout de vingt- quatre heures. Mais fi on met une lame de fer nette dans une diflolution vitrioli- ue de cœivre, le cuivre eft fur le champ précipité, car les affinités quiefcenres & divellentes, indiquées dans le premier emblème, fonc ici inverfes, les quiefcentes devenant divellentes ; & réciproquement; il eft inutile d'ajouter que le cuivre eft précipité de la même manière par le fer dans les acides nitreux & muriatique. De-là l'ufage de retirer le cuivre de quelques eaux minérales par le moyen du fer, & ces eaux fourniflent par l’évaporation du vitriol de mars; mais il eft remarquable que ce vitriol eft beaucoup plus pâle que le vitriol commun & moins propre pour la teinture (1) par la raifon qu'il eft plus déphlogiftiqué, nor-feulement parce qu'on emploie du vieux fer, mais aufli parce que le cuivre contenant plus de phlogiftique qu'un égal poids de fer, il lui enlève plus de phlogiftique qu'il n’en perdroit s'il étoit fimplement diffous dans l'acide vitriolique. Le fer crud, füuivant Schlutter , précipite à peine la diffolution de cuivre; en effet M. Bergman a trouvé qu'il contenoit moins de phlo- giftique que le fer forgé. J'ai toujours trouvé que l'argent étoit aifément précipité de fa dif- folurion nitreufe par le fer; la fomme des affinités quiefcentes étant (zx) Voyez Schutter, tome.z , page so7s SUR LHIST. NATURELLE ET LES ARTS, 103 & la fomme des affinités divellentes 746 : cependant M. Bergman a ervé qu’une diflolution très-faturée d’argent n’étoit précipitée que très- difficilement par le fer & feulement par quelques efpèces de fer, lors même que la diffolution eft délayée & que l’on y ajoute de l'acide par excès (1), 11 me femble ‘qu'on peut déduire la caufe de ce curieux phénomène d’une circonftance que M. Schéele a le premier obfervée en diflolvant le mercure, c’elt que l'acide nitreux quand il en eft faturé, peut en prendre encore dans fon état métallique (2). . La même chofe arrive quand on diflout l'argent dans l’acide ni- treux à une forte chaleur; car, comme je l'avois déjà remarqué, la dernière portion que l’on y jette ne fournit point de gaz, & par conféquent n'eft pas déphlogiftiqué. Or il eft poffible que le compofé de chaux d'argent & d'argent ‘en état de métal ne fe laiflè pas précipiter par le fer, l'argent en état métallique empêchant la chaux de fe trouver en contaét avec le fer & de lui enlever fon phlo- giftique. C’eft encore pour cela que l’on a quelquefois obfervé que le fer ne précipitoit pas la diflolution nitreufe de mercure (3). On a cru long-tèems que le fer pouvoit être précipité des acides par le zinc , quoique Neuman ait foutenu le contraire ; mais M. Bereman a rendu cela très-clair en faifant voir que le zinc ne peut précipiter le fer de l'acide vitriolique, jufqu'à ce que la diffolution du fer ait perdu une partie de fon phlogiftique. A l'égard de l'acide nitreux , j'ai trouvé que le zinc ne précipitoit pas le fer , au contraire que le fér précipitoit le zinc ; mais qu'en peu de tes l'acide rediflolvoit le zinc & laifloic tomber le fer, ce qui vient évidemment de ce que la chaux de fer eft trop déphlogifti- quée. Le zinc précipite le fer de fa diflolurion muriatique , quoique difficilement ; car au bout de vingt-quatre heures , elle noircit encore avec la noix de galle. J’ajourerai que le fer ne précipite pas le zinc de l'acide vitriolique. Plufeurs fubftances métalliques , précipitées de l'acide nitreux par le fer font à un certain point rediffoutes promptement après , parce que l'acide nitreux a bientôt enlevé trop de phlogiftique au fer, qu’il le laifle _ alors précipiter , réagit fur les autres métaux & les rediflour. ‘ La précipitation de la verre de l’alun eft due à l'excès d'acide de ce fel qui commence à déphlooiftiquer le fer, & quand il elt déphlopiftiqué, il attire l’acide plus puiflamment. D’autre côté la terre alumineufe pré- cipite le fer de fa difflolurion quand elle a été déphlosiftiquée par la chaleur. Elle peut auffi produire cet effet en privant le fer de l’excès d’acide qui le tient en diffolution. (1) Differtation fur la quantité de phlogiftique dans les métaux, (2) Mém. de Chim. édit. franç. pain 1, page 222. (3) Crell, Neu, Enrdech, page 266. 104 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE; Des précipitations du cuivre & par le cuivre. aœ: Si après avoir diffous l'argent dans l'acide nitreux, on y met un morceau de cuivre , il arrive quelquefois que l'argent n’eft pas précipité, ainfi que le Docteur Lewis l'a obfervé (1) ; cela arrive, foit que l'acide nitreux foic furfaturé d'argent, en ayant pris une portion dans l'état métallique, comme on l’a déjà dit ; foit quand l'argent n'eft pas beaucoup déphlogiftiqué; car alots fon affinité avec le phlogiftique qui eft la princi- ale caufe de fa précipitation eft au-deffous de 491 ; c’eft pourquoi il faut chauffer la diflolution & y ajouter de l'acide qui le déphlosiftique davan- rage. Néanmoins l'acide nitreux retient toujours un peu d'argent (2). On%dit communément que lorfqu'on met de la limaille de cuivre dans une diflolution d’alun bouillante, on trouve du vitriol du cuivre, & un précipité de terre alumineufe. Si cela éroit , cela feroit bien furpre- nant, puifque le cuivre n’eft foluble que dans l’acide vitriolique , & même à l’aide de la chaleur. J’ai donc répété l’expériençce & j'ai trouvé après avoir fait bouillir la diffolution pendant vingt heures, qu'il n’y avoit pas la plus petite partie de cuivre difloute ; car la couleur de la diffolution n’étoit point altérée par lalkali volaril; quoique l'alun fût précipité, il étoie encore en état falin , de forte qu'il n'avoit perdu dans cette opération que fon excès d'acide, Des précipitations de l'étain & par l'étain. L'étain n’eft précipité en état de métal par aucune fubftance métal- lique ; cela vient de ce que fa précipitation n’eft pas l'effet d’une affinité double , mais de la plus grande affinité fimple de fon diflolvant avec les autres terres métalliques. Les métaux qui font précipités de l'acide nitreux par l'étain font enfuite rediflous , parce que l'acide abandonne bientôt l'étain qui devient trop déphlogiftiqué. Des précipitations du plomb & par le plomb. Les métaux diflous dans les acides vitriolique & muriatique & qui peuvent être précipités par le plomb, fuivant la balance des affinités, ne : font cependant précipités que lentement, parce que la première portion de plomb qui eft difloute forme des fels peu folubles qui en couvrent la furface & le défendent de lation de l'acide ; & cependant il contient fi peu de phlogiftique, qu'il faut qu'il y en ait une grande partie de diffoute avant qu'il en fournifle affez pour précipiter les métaux diffous, M. Bergman a obfervé qu'une diflolution très-faturée de plomb n’eft précipitée que difficilement & même pas du tout par le fer. Cela ne (x) Commerc. Philofoph. page 157. (2) Schlutter , 362. Acad. Royale des Scienc, de Paris , année 1728. viendroit-il SUR L'HIST, NATURELLE ET LES ARTS. %os viendroit-il pas de ce que l'acide fe feroit chargé d'un peu de plomb en état de métal ? Le fer ne précipite pas le plomb de l'acide muriatique , quoiqu'il paroifle un précipité, car ce précipité retient,encore de l’acide muriatique ; au contraire le plomb précipite le fer de cer acide, quoique fort lentement. Des précipitations du mercure & par le mercure. LL { Quoiqu'il y ait fort peu de différence entre les puiflances quiefcentes 8 divellentes , cependant le mercure eft promptement précipité de l'acide Yitriolique par le cuivre; parce que l’afhnité de la chaux de mercure avec le phlogiftique eft très-forte ,-& qu'une fort petite proportion de celui qui eft contenu dans le cuivre fuffit pour le révivifier. L'argent ne précipite pas le mercure de l'acide vitriolique, à moins qu'il ne contienne du cuivre; cependant fi on traite l'argent à la diftillation avec le turbith minéral, le mercure pafle fous fa forme métallique (1). Ce qui prouve que l’affinité de la chaux de mercure avec le phlogiftique eft augmentée par la chaleur. La différence entre les forces quiefcentes & les forces divellentes eft, à la vérité, fort peu confidérable, Il m'a paru que l'argent précipitoit le mercure de l’acide nitreux, quoique fort lentement , quand la diflolution de mercure étoit faite avec chaleur & non fur-faturée; mais quand la diffolution eft faite fans chaleur, elle n'eft nullement précipitée, D'autre part le mercure précipite l’argent de cet acide , non en vertu de la fupériorité des forces divellentes ordinaires , mais à raifon de l’affinité que le mercure &4l'argent ont l'un avec l’autre ; car ils forment en partie un amalgame & en partie une végétation , & à peine refté-t-il quelque chofe des deux métaux dans la diflolutiongLa même chofe arrive, c’eft-à-dire, qu'il y a végétation quand en Hate de l’un & de l’autre dans cet acide. L'argent ne précipite pas le mercure de la diffolution de muriate mer- curiel corrofif; mais au contraire le mercure précipite l’argent de l'acide muriatique , & fi on triture la diffolation de muriate d'argent dans l’alkali volatil avec le mercure , l'argent eft dégagé fous fa forme métallique , & il fe forme du calomelas (2); & cependant fi on traite à la diftillation le calomelas & l'argent , le mercure pañlera en état de métal, & il {6 formera du muriate d'argent (3). Il en eft de même quand on diftille l’argent & le muriate mercuriel corrofif (4), parce que l’afñinité de la chaux de mercure avec le phlogiftique eft augmentée par la chaleur. (x) Wenzel, page 42. (2) Margraf, tom. 1, page 284, (3) Ibid, tom. 2 , page 6. : (4) Pott, tom. 1, page 338. Stahl, des Sels, page 306. Tome XXV1IIL, Part. I, 1785. FEVRIER. Le) 106 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, Dés précipitations du bifinuth & par le bifinuth. A l'égard de l'acide vitriolique, j'ai rendu égale la fomme des puiflances quiefcentes &c celle des puiffances divellentes , quoique dans le fait les unes fe foient trouvées quelquefois plus fortes & quelquefois les autres, Le bifmuth n’a rien précipité du vitriol de cuivre au bout de feize heures , ni le cuivre du vitriol de bifmuth. On prétend que le cuivre précipite Le bifmuth de l’acide nitreux, cependant j'ai aufli obfervé que le bifmuth précipitoit le cuivre de fa diffolution nitreufe en état de métal. Ces variations dépendent des différens degrés de déphlogiftication du cuivre. Des précipitations du nickel & par le nickel, A moins que le nickel ne foit pulvérifé , il ne précipite prefqu'aucun métal. Le zinc précipite des diffolutions nitreufe & vitriolique de nickel, une poudre noire que M. Bergman a reconnue (par un procédé qui lui eft particulier } être un compofé d’arfenic , de nickel & même d'un peu de zinc ; l'arfenic attirant à lui la chaux de nickel (1). Le zinc précipite le nickel de l'acide muriatique. La diflolution de vitriol de fer agit fur le nickel, & la diffolution de nickel dans le même acide agit fur le fer; mais ni l'une ni l’autre ne donne de précipité au bout de vingt-quatre heures: cependant après un plus long tems, le fer femble avoir l'avantage. Le fer précipite fenfible- ment le nickel de l'acide nitreux ; & quoique le nickel paroifle encore précipiter le fer, cela n'a lieu que par la déphlogiftication fucceflive du fer, Le nickel précipite le cuivre de l'acide vitriolique 2 état métallique. Il précipite auffi le cuivre des acides nitreux & muriatique ; cependant le cuivre précipite l’arfenic de la diffolution nitreufe de nickel. T1 paroît que les diffolutions vitriolique & nitreufe de plomb agiflene comme telles fur le nickel, c'eft-à-dire, qu’elles le diffolvent fans fe décompofer , les chaux métalliques s’uniffant les unes aux autres. Les diflolutions vitriolique & nitreufe de nickel agiflent pendant quelque tems de la même manière fur le plomb; mais à la fin le nickel paroît emporter. À l'égard de l'acide muriatique , le plomb femble avoir l'avantage, quoiqu'il y ait un précipité noir, quahd on met l’un des deux dans la diflolurion de l’autre. Le nickel précipite fur le champ le bifmuth des acides vitriolique & (1) Mém, de Stockolm , année 3780, SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS, 107 nitreux. Pour ce qui eft de l'acide muriatique , j'ai trouvé chacun de ces métaux foluble dans la diflolution de l’autre; cependant le nickel préci- pite le bifmuth fort lentement & feulement en partie; & le bifmuth précipite de la diflolution de nickel une poudre rouge, que je crois être de l’ochre. Le nickel & l'étain font foiblement attaquésypar leurs diflolutions refpectives ; mais ces précipitations font en quelque forte indiquées par la balance des affinités, Des précipitations du cobalt & par le cobalr. Le cobalt n’eft précipité par le zinc ni de l’acide vitriolique ni de l'acide nitreux, mais il n'a paru l'être de l'acide muriatique. Quoique le fer précipite le cobalt des trois acides, cependant j'ai reconnu qu'il refloit beaucoup de cobalt dans les acides vitriolique & nitreux & fur-tout dans le dernier qui, après avoir abandonné le cobalt, le reprend , & laïifle précipiter la chaux de fer déphlogiftiquée. Le nickel ne précipite pas le cobalt même , comme on peut en juger par la couleur rouge que retient la diffolution ; cependant il en précipite conftamment quelqu’autre fubftance hétérogène. La diflolution muriatique de cobalt eft décolorée par l'addition du nickel. » Le bifmuth eft foluble dans les diffolutions vitriolique & nitreufe de cobalt, & occafionne un peu de précipité blanc, mais n’attaque pas les vraies parties de cobalt. Ces diflolutions dans l'acide vitriolique ne peuvent être attribuées à un excès d’acide, puifqu’elles ont lieu dans l'acide délayé & fans chaleur. Le cuivre précipite auf de la diflolution nitreufe de cobalt une fubitance blanche , que je crois être de l'arfenic. Il eft difficile de fe procurer du nickel & du cobalt très-purs, on voit clairement que ceux que j'ai employés, n'éroient pas exempts de mélange, Des précipitations de l'antimoine ( en régule) & par l’antimoine. Le cuivre ne précipite pas l’antimoine de l'acide vitriolique , & l’anti- moine ne décompofe pas le vitriol de cuivre , du moins au bout de trois jours. Mais le vitriol d’antimoine diffout comme tel , ou fans décompofi- tion, le cuivre, à la vérité, lentement. L’antimoine eft aufli attaqué par le vitriol de plomb , car il paroîr du rouge au bout de feize heures ; &le plomb le précipite à peine de l'acide vitriolique. J'ai auffi obfervé que l’antimoine pulvérilé précipitoit très-foiblement le vitriol de mercure. ‘ Le bifmuth ne précipite l’antimoine ni n’en eft précipité de l'acide vitriolique, au bout de vingt-quatre heures. L'étain précipite l’antimoine de l'acide nitreux, cependant fi on met Tome XXVIIL, Part. I, 1786. FEVRIER. O 2 108 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, de l’antimoine dans une diffolution nitreufe d’étain , on n’en trouvera oint au bout de feize heures dans la diflolution; foit à caufe de la déphlogiftication des chaux , foit à raifon de l’afhnité qu'elles ont l’une avec l’autre. Le fer ne précipite pas entièrement l'antimoine de l'acide muriatique, mais il patoît fe former un fel triple compofé de Pacide & des deux chaux. L'antimoine eft de même foluble dans la diffolution muriatique de fer. Le cuivre n’a rien précipité en feize heures de la diffolution de muriate d’antimoine, & fi on met de l’antimoine dans la diflolution muriatique de cuivre il fera diflous, & l’alkali volatil ne rendra pas la diflolution bleue, mais y occafionnera feulement uu précipité blanc ; preuve qu'il s'eft encore formé un fel triple. Des précipitations de Parfenic (en régule) & par l'arfenic. Les diffolutions d’arfenic agiflent fouvent comme deux acides. C’eft ainfi que le fer, le cuivre, le plomb, le nickel & le zinc font attaqués par le vitriol d’arfenic , c'eft-à-dire , par la diflolution vitriolique de ce demi-métal, mais ils donnent à peine quelque précipité. Le fer ne précipite pas non plus l’arfenic de l'acide nitreux ; mais le cuivre & même l'argent donne un léger précipité blanc ; néanmoins l'arfenic précipite l’argent complettement en feize heures. Ce qui annonce que Le premier précipité peut bien être un fel triple. Le mercure précipite encore foiblement l’arfenic de l'acide nitreux & aroît s'unir à lui; cependant le mercure eft lui-même précipité par l'arfenic au bout de vingt-quatre heures. Le bifmuth détermine un léger précipité dars la diffolution nitreufe d’arfenic , mais celui-ci occafionne un précipité abondant dans la diflolu- tion nitreufe de bifmuth, ce qui me porte à croire que leurs chaux s’uniflent. Le nickel'ne précipite pas l’arfenic de l'acide nitreux , mais leurs chaux s’uniffent; l’arfenic précipite abondamment la diflolution nitreufe de nickel , cependant la liqueur refte verte ; ainfi il eft certain que le nickel n’eft pas précipité ; & la poudre blanche qui fe précipite dans ce cas eft probablement de l’arfenic légèrement déphlogiftiqué. L’arfenic.occafionne auffi un précipité blanc dans la diflolution nitreufe de cobalt, & la liqueur conferve fa couleur rouge. Dans l'acide muriatique , le,cuivre précipite l’arfenic , mais la liqueur n'eft pas colorée en bleu par l’alkali volatil, ce qui prouve que le cuivre s'eft uni à l’arfenic. L'arfenic eft auf précipité par le fer. L'étain eft foluble dans la diflolution muriatique d’arfenic , mais je n’ai pas obfervé de précipité, & l'arfenic ne précipite pas non plus l'étain. SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS, ‘xoÿ Le bifmuth n'a rien précipité au bout de feize heures du muriate d'arfenic, ni l’arfenic du muriate de bifmuth. L’antimoine eft encore attaqué par la diffolution muriatique d'arfenic , quoiqu'il n'y occafonne aucun précipité, & qu'il ne foit pas lui-même précipité par l’arferic. . LA MÉMOIRE SUR L'ORIGINE ET LA NATURE DE LA SUBSTANCE ANIMALE ÿ Par M. VAN-BOCHAUTE, de l’Académie de Bruxelles. Novs appellons matière animale une fubftance chimiquement com- pofée par la nature, très-manifefte dans les animaux, dont elle conf- titue la mafle principale; rais très - obfcure dans les plantes, quoi- qu’elle y exifte toute formée, & qu’elle en faffe une partie tellement effentielle, qu'elle paroîc être la bafe & le fondement de leur or- ganifation, On fe propofe de prouver, que la nature la compofe dans la feule économie végétale, & qu'elle en pañle toute formée, foit médiate- ment foit immediatement , dans les animaux pour les nourrir. On reconnoît en général la matière animale, à fon odeur fingu- lière & féride , lorfqu'elle brûle ; mais ce qui eft moins connu, c’eft que cette même fubftance eft la feule entre tous les corps de la na- ture , qui foic fufceptible de cette horrible décompofition qu’on ap- pelle fermentation putride. La matière animale eft généralement la fubftance principale des os, des cartilages , des ongles, des cheveux, des foies ,de la laine, des ligamens, des tendons, des fibres, des nerfs, des membranes, des vifcères, du fang , de la lymphe, du blanc d'œufs , de la colle, de la partie caféeufe du lait, &c. dans les animaux, & en partie celle des graines ou femences, du. parenchyme des racines, &c. dans les végé- taux. L'analyfe de la matière animale, faite au feu dans des vaifleaux clos , prouve exactement fon- homogénéité dans la nature, & la ca- ractérile par un nombre de produits conflants, dont il y a plufieurs qui lui font tellement propres, quon ne les obtient jamais dans les analyfes des autres corps, fi ces corpsne font point des dérivés de la décompofition d'une fubftance animale. Ces produits, propres à la matière animale, font l’alkali volatil, deux huiles fpéciales empyreu- matiques , l'huile éthérée de Dippel , un gaz ou air inflammable qui a l’odeur des fleurs de pêcher , le phofphore, Le principe colorant du sio OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE; bleu de Prufle, s'il n’eft pas en tout cas le gaz inflammable fus-men< tionné, La terre calcaire & l'alkali minéral pourroient bien appartenir auffi à la feule fubftance animale, ainfi que cette fubftance faline fingulière apperçue par MM. Pot & Margraf , mais dont M. Prouft a fait l’objet de fon attention, & qu'il a reconnue pour être la bafe du verre phofphorique , qui refte fixe au feu avec l'acide phofphori- que, après la diflipation de l’alkali volatil du fel fufble d'urine, qui eft par conféquent un fel neutre à trois parties. Voici l'ordre dans lequel s'offrent les produits fufdits & autres, pendant l’analyfe au feu de la fubftance animale, fur-tout lorfqu'eile fe fait en grand & par un feu gradué. IG Nous avons pris le corps glutineux animal de la farine de froment bien féparé de l’amidon & féché d’abord au degré de chaleur de l’eau bouillante, il s’en échappoit une quantité d’eau , ou de phlegme d’une odeur très-fade ; c’eft une eau chargée de matière animale extrêmement tenue & non altérée; elle eft chariée par les vapeurs de l'eau; au bout de quelques jours elle nous a montré, à l’aide du microfcope, une grande quantité d’animalcuies microfcopiques, comme on obtient dans les infuñons du blé; ce même phlegme, mis dans un lieu chaud, eft tombé dans une vraie putréfaction. Je, Avec une chaleur qui furpafloit le degré de l'eau bouillante, il en fortoit des vapeurs élaftiques. Nous les avons introduites dans l'eau de chaux, & nous avons eu promprement un précipité calcaire. C’eft donc le gaz helmontien ou l'air fixe, qui fe dégage du commence- -ment de la compofition des matières animales. Après , la liqueur qui en fortoit, avoit l'odeur de l’alkali volatil, TITI. En augmentant le feu , la liqueur devenoit de plus en plus alkaline; une huile empyreumatique accompagnoit certe liqueur , & y furnageoit, I V. Cette huile devenoit de plus en plus copieufe, & la liqueur di- minuoit ; le ballon fe tapifloit d'un fel concret criftallin, jaune & inquiné par l'huile: c’étoit l’alkali volatil concret (1). (1) L’alkali volatil n’exifte tout formé qu’en très-petite quantité dans Ja fubftance glutineufe , dans les plantes crucifères & dans les matières animales ; mais il s’y trouve L SUR L'HIST, NATURELLE ET LES ARTS, x11 V. Tout d’un coup un air filoit par le petit trou du ballon: cet air piquoit fortement le nez & les yeux, & ne s'enflammoit pas à l'approche d'une bougie allumée ; nous avons jugé que c’étoit un aix ou gaz alkalin. VE , Nous avons changé le ballon , & mis un autre, après que le fiflement cefloit. Nous avions mis de l’eau diftillée dans ce dernier ballon, & nous avons vu que l'huile qui y tomboit , alloit au fond; c'étoit l’huile pefante animale, VIT Lorfqu'il ne furvenoit plus d'huile, nous avons encore changé le ballon , & appliqué un autre, aufli avec de l'eau, & en augmentanc encore le feu jufqu'à ce que la cornue devint rouge-blanche ; l'odeur fétide empyreumatique cefloit prefquw’entièrement , & il fur- venoit un fiflement par le petit trou du ballon, & en même tems une odeur femblable à celle des fleurs de pêcher. Nous avons ap- proché la flamme d'une chandelle, & ce qui fortoit du trou, s’en- flammoit d’une flamme rouge, qui continua jufqu'à ce qu’on eût fer- mé le trou ; l'inflammation ne pénétroit pas dans le ballon, & il ne fe faifoit aucune déronnation.Nous avons pris cette matière fingulière pour une efpèce particulière de gaz inflammable, & nous la foup- çonnions être le principe qui fe combine avec l’alkali fxe pendant la calcination avec des matières animales, & par conféquent le principe colorant du bleu de Prufle. Nous avons d'autant plus fujet de le foupçonrer, que felon M. Macquer , M. de Laffone a obteni trente-quatre pouces cubiques d'air . de deux gros-de bleu de: Prufle, foumis à l’aétion d’un feu de forge dans un canon de piftoler, qui s’eft enflammé fans détonner. D'ail- leurs on fait que la leffive de bleu de Prufle, bien faire, doit avoir une odeur de fleur de pêcher. En attendant pour en être bien afluré , il fudroit voir fi cet air inflammable eft mifcible à l’eau , & fi cela étoit ainfi , on pourroit le mêler avec une leflive alkaline, & voir fi fous forme de principe falin animal. Ce dernier principe eft, fuivant moi , un nouveau compofé réfultant de l’altération de l’acide végétal, & dans lequel tous les principes de l’alkali volatil commencent à fe combiner. Cette combinaifon n’eft que commencée. Elle ne s’achevera que par le mouvement de putréfa&tion , ou par un degré de chaleur plus confidérable que celui qui exifte ordinairement dans l’économie végétale ou animale, Voyez çe que j'en ai dÿ dans le cahier précédent, More de M. de la Metheries ùi2 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE; elle produiroit l'effet de la leffive pruflienne fur une diflolution de vitriol de mars, VIIL, L'odeur de fleur de pêcher étant paflée , il parut des vapeurs blanches & par le trou du ballon fortoit une odeur d'ail. La vapeur, qui en fortoit en même tems, devint lumineufe dans l’obfcurité ; c'étoit du phofphore (1), dont cependant nous n'avons pu rien attraper dans Feau du ballon, . 1ÈS Le charbon , qui reftoit dans la cornue, fut en partie. lefivé par l’eau diftillée, & nous en avons obtenu du fel marin , du fel fé- brifuge de Silvius & très-peu de natrum ou fel de foude, ou d'al- Kali minéral, X, L'autre partie du charbon reftant a été calcinée, mais elle n’eft pas devenue blanche ; nous l'avons mife en poudre, & traitée avec laci- de vitriolique , comme la corne de cerf calcinée, felon la méthode, de M. Schéele, & nous avons obtenu une vraie félénite; & celle-ci étant féparée de la liqueur concentrée, cette liqueur évaporée à fec, & enfuite fondue, nous a donné du verre quoiqu'en beaucoup moin- dre quantité que celui qu'on obtient de la corne de cerf calcinée. Ce verre ayant été mis en poudre & mêlé avec la poudre de charbon a été mis dans un creufet couvert d'un autre, percé d’un petit trou lorfque ce creufet au feu de forge étroit rouge-blanc, il en fortoit . 12 . » des dards de flammes qui répandoient l'odeur du phofphore, X I L'huile regardée comme animale, du numero trois & quatre, fue rectifiée beaucoup de fois, & toujours dans un appareil nouveau & très-propre, jufqu'à ce qu’elle ne laiffät plus de tache au fond de la cornue de verre ; l’huile avoit perdu fon odeur fétide, fentoit le: carvi, étoit aflez blanche, extrèment volatile & pénétrante ; elle eft connue fous le nom d’huile éthérée de Dippel ; elle et nervine , calmante, & particulièrement renommée pour pouvoir prévenir & arrêter le paroxifme de l’épilepfie, qu'elle guérit quelquefois radi- calement. (x) M. Berthollet m’a dit avoir aufi retiré de l’acide phofphorique de la même matière glutineufe & du charbon de toutes les matières animales , ce qui eft une des caufes de fa difficile incinération. Nose de M. de La Merherie. \ Par SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 113 Par cette analyfe , qui eft aflez conforme , (à des quantités près , des produits chimiques ) aux analyfes de l'ivoire, de la corne de cerf, du blanc d'œufs & autres matières animales, on voit très-clairement la grande compofition de la fubftance animale & fon homogénéité dans la nature; on fent aufli très-bien quelle quantité de différens élémens la nature doit aflortir, pour qu'il en réfulte un fi grand compolé, teHe ve la fubftance animale, Les Phifologiltes, tâchant d'expliquer ce phénomène de la na- ture à peu de frais, font pis que les adeptes; ils fuppofent une tranf- mutation de corps, infiniment plus compofée que les métaux. Cette admirable compoftion que la nature prépare avec lenteur, leur paroït un ouvrage de peu d'heures ; les organes de la digeftion dans les ani- maux , les humeurs qui y confluent, & la mafle du fang circulant y fufhfent en très-peu de tems: c'eft là, à ce qu’ils prétendent , que la matière végétale fe décompofe fubitement, & que d’abord de quel- ques-uns de fes débris avec les humeurs des inteltins, il fe recompofe une fubftance animale ; n'importe fi c’elt le corps muqueux, l’amidon, le corps fucré , huileux , falin, &c. des végétaux , tout s'y métamor- phofe , s’y aflimile, s'y animalife, mais grace à la chimie moderne, qui doit encore porter fon flambeau dans ces deux fciences obfcures, la philologie & la pathologie, pour y donner ce degré de clarté qui diftingue les autres fciences phyfiques , c'eft elle qui aujourd’hui nous apprend ce que c’eft que la digeftion des alimens : elle nous montre que la digeftion eft une véritable diflolution de matières alimentaires qui entrent en même tems dans de légères décompofitions ou fermen- tations, par lefquelles fe développe la matière animale déjà formée dans l’économie végétale, & qui fe divife & fe débarrafle de ce qui eft étranger à fa nature. Dans cet état, & difloute dans les liquides qu’elle y rencontre, elle pafle en partie par la réforption ou fuccion des veines réforbantes dans la mafle du fang circulant pour réfociller & nourrir le corps promptement ; & en partie elle devient la partie ca- féeufe du chyle , dont l'ufage principal eft de nourrir les animaux nou- vellement nés, & qui ne font pas encore en état de digérer d’autres ali- mens. Nous difons l'ufage principal ; car la nature, qui met tout ce qu'elle peut à profit, emploie aufli Le chyle quand il eft entré dans la mafle du fang , felon fes différentes parties confitutives à différens ufages, par exemple fa partie caféeufe ( car le chyle fe décompofe bien- tôt dans le fang} étant une*matière animale, nourrit également les arties du corps comme celle qui a été abforbée par les veines. La Bile recoit de Ja férofité du chyle fon corps fucré, qui en eft une partie eflentielle, comme nous avons prouvé dans notre diflertation fur cette humeur, La même partie féreufe du chyle contient encore un corps muqueux à l'inftar de l'amidon, du fel marin, du fel fébri- Tome XXV'IIT, Part, 1, 1786. FEVRIER. 14 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE; fuge de Sylvius, & beaucoup d’acide végétal. La nature en fair ufage comme des anti-feptiques qui corrigent la décompfition fcorbutique & autres putrides des humeurs. Enfin la partie butyreufe, qui eft une huile douce, végétale , fournit la graifle aux animaux & entretient différentes humeurs unguineufes. Nous allons préfentement prouver que la matière animale ne fe fait que dans l’économie végétale. Le célèbre Beccari a été le premier qui aït retiré la fubftance animale toute formée des végétaux: c'étoit une pâte de farine de froment qu'il avoit analyfée à froid & par le feul lavage dans l'eau; de cette façon il à facilement féparé cette pâte en deux fubitances , bien différentes l'une de l'autre : l'une étoit l'amidon, qui fe précipita au fond de l'eau , & l’autre une fubftance glutineufe, élaftique, qui ayant été féchée., étoit à demi tranfparente & reflembloit exaétement à de la corne; aufli répandoit- elle la même odeur fétide quand on la brüloit. C’eft cette matière qui a été le fujet de notre analyfe. -_ Cette expérience capitale de l'illuftre italien ne s’eft pas attiré l'atten- tion qu’elle méritoit ; fur-tout de la part des phifologiftes ; il falloir voir du moins, qu'un végétal qui n’eft pas nourri par des fubftances animales, finon quand elles font décompofées & détruites par le fumier , pouvoit préparer cette fubftance lui-même dans fa propre économie, tel par exemple que le froment. M. Keffel Maier à Strasbourg, a relevé cette matière en 1759; mais il n'a pas réuflià en faire fentir rout le prix. Feu M. Rouelle , frère & fuccefleur du célèbre démonftrateur & acalémicien qui a porté en France la faine chimie , a été le premier qui ait pouflé à bout la découverte de Beccari; mais fa grande mo- deltie l'a empêché de tirer les conféquences phifologiques qu'on ne doic plus douter qu'il air apperçues, Ce grand homme chercha certe fubftance animale de Beccari dans d’autres végéraux que le froment, & il réuifit parfaitement; il examina les fucs verts exprimés des plan- tes récentes & particulièrement la matière bourbeufe verte qui fe fé- pare des fücs , à la chaleur moyenne de l’eau bouillante. Ila fait fécher p'omptement ‘cette matière coagulée , & l'ayant mife en poudre , il en tira une teinture verte dans l’efprit de vin; ce qu'il a continué jufqu'à ce que l'efprit de vin ne prit plus de couleur; la matière qui reftoit au fond, éroit d’une couleur de cendre; lavée & féchée , elle offroit exacte- ment l'apparence de la corne, & en° la brülant elle répandoit la même odeur, Au furplus M, Rouelle ne pouvant direétement tirer cette ma- tière animale dés autres parties des végétaux que de la farine de froment & des fucs verts, il en démontra l’exiftence par des produits caractériftiques de cette fubftance, & en faturanc les ef SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS, 11$ prits acides de leur analyfe, il en retira un alkali volatil décidé. Nous avons vérifié les réfultats de M, Rovelle avec les fucs verts d'un gr nombre de plantes , & nous avons eu également de tous , le même corps glutineux animal de Beccari ; les fucs des graminées , des ombelles & généralement des plantes alimentaires en ont donné plus que les autres, Les autres farineux & les fécules des racines ne fe féparent pas, à la vérité, en corps glutineux & amidon, comme le blé, mais quand on les analyfe au feu, leur efprit acide par l'intermède de l'alkali fixe, offre beaucoup d'alkali volatil, Nous ‘avons diftillé une égale quantité de farine de froment, d'amidon de la même farine , dans différentes cornues ; nous avons également retiré de lune & de l’autre un efprit acide empyreu- matique ; & nous les avons faturées routes deux d’alkali fixe, & les ayant diftillées dans une cucurbite à une chaleur fort modérée , nous avons obtenu du premier efprit beaucoup d'alkali volatil en liqueur. La deuxième, je veux dire celle de lamidon, a fourni auf de l’alkali volatil, mais beaucoup moins; d'où nous pouvons conclure que non-feulement ce produit aikalin volatil démontre Pexiftence de la matière animale dans la farine de froment; mais ue lamidon même en retient une certaine quantité qui en eft inféparable par la méthode connue. L'acide de l’analyfe de la gomme arabique, du fucre, de Ia crème de tartre, & mème le vinaigre, donnent aufli, par l'inter- mède de l’alkali fixe, un alkali volatil ; ce qui défigne que ces fubftances végétales ne font pas entièrement deflituées de matières animales, CONCLUSION. Telles font les raifons qui nous ont portés à croire fermement que la matière ganimale eft de formation végétale, & quelle eft entièrement l'ouvrage de fon économie ; laquelle y paroît particu- lièrement deftinée par la lenteur de fon action & une organifa- tion propre: à abforber les premiers élémens, le feu, ou la lu- mière , l'air refpirable, l'eau, la terre, les gaz , les fels, la ma- tière électrique, &c. tous dans un état de divifion, & dans leur plus grande vigueur d'attraction élective, EU Tome XXVIIL, Part. I, 17986. FEVRIER. P2 116 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, OBSERVATIONS SUR L'ANALYSE DU SEL SÉDATIF, ET SUR LA COMPOSITION pu BoRrAx; Par M. ExscHAQUET, Direéteur des Fonderies du Haut-Fauffigny ; & par M. le Profefleur STRUVE, Ingénieur des Minières du Haur-Fauffieny (1). INTRODUCTION. P: RSONNE n'ignore que le borax eft compofé de fel fédatif & d’alkali minéral; mais jufqu'ici aucun Chimifte n'a pu découvrir la nature du fel fédatif, Les fingulières propriétés de cette fubitance ont donné lieu à nombre de conjectures fur fa nature. M. Cadet le regarde comme un nouveau compofé , réfulrant de l'union des principes contenus dans le borax , avec les acides qu’on emploie pour l'extraire ; M. de Buffon le regarde comme une combinaifon de l'arfenic avec le cuivre ; M. Vogel, comme un fel ammoniac ; M. Vallerius, comme une modification du borax ; M. Baumé , comme le réfultat de l'union de l'acide animal à la. terre vitrifiable; M. Sage , comme un fel neutre phofphorique à bafe d’alkali fixe, M. Villermoz, comme lunion d'une terre vitrifiable , divifée, à l'acide arfenical; M. Hahnemann , comme le produit de l'acide phofphorique ou fpathique & de la terre vitrifiable. Quelques Chimiftes penfent que c’eft une modification de l’alkali; d'autres que c'eft un mixte, ayant pour principe un acide minéral, que Neumann, fi je ne me trompe , croit être l’acide vitriolique ; & Bourdelin, l'acide marin : d’autres, au contraire, le regardent comme une efpèce de Ziquor filieum ; d’autres enfin (x) Les perfonnes que ces obfervations pourroient intérefler trouveront dans le fecond volume des Memoires de la Société des Sciences phyfiques de Laufanne, quelques Mémoires des mêmes Auteurs , lefquels ont quelque liaifon avec ces obfer- vations , & dont voici les titres: Nouvelle méthode de retirer l’acide phofphorique des os dans le plus grand état de pureté poflible. Vues fur la décompofition des mixtes phofphoriques, avec quelques obfervations fur la décompofition des métaux. Obfervations fur l'emploi des fels phofphoriques dans les arts, renfermant des vues importantes. Projet d'expériences fur le borax , &c. SUR L'HIST. NATURELLE ETILES ARTS. 117 le confidèrent comme un corps fimple & indécompofable ; en quoi ils fe fondent fur ce qu'il n’a pas été poilible jufqu'ici de le décompoler , & qu'il a réffté à toutes les épreuves que l'on a pu tenter, & a confervé, comme s'exprime M. de Buffon, fon effence fans altération, Indiquer les moyens de décompofer ce fel , feroit fans doute rendre un grand fervice à la Chimie. Si on pouvoit joindre l’analyfe à la fynchèfe, préparer ce fel, & par conféquent faire du borax à bas prix, il eft hors de doute qu’on rendroit par-là un très-grand fervice aux arts, car qui ignore que la cherté de ce fel empêche nombre d’artiftes de l’employer, & les prive des avantages qu'ils en pourroient retirer ? Nous avons été aflez heureux pour décompofer le fel fédatif; & cette décompolition nous a donné des vues fur fa formation. Si nous ne fommes pas parvenus à imiter entièrement la nature dans la compofition du borax , du moins nous avons trouvé des fels qui en ont toutes les propriétés relatives aux arts; & non-feulement nous ne défefpérons pas de parvenir à l'imiter parfaitement , mais nous nous attons même d'en produire à bas prix. Comme cela exige de longues recherches, & que nos occupations ne nous permettent pas d’y travailler avec autant d’afliduité que nous le défirerions , nous avons cru faire plaifir aux Chimiftes en leur préfentanc un réfumé de nos obfervations ; en attendant que nous puiflions leur offrir un travail plus fuivi. Nous fentons toute l’imperfetion de notre réfumé ; mais J’importance du fujer nous fait efpérer d’obrenir quelqu'indulgence. Au pied des glaciers, privés de tous les fecours que donne la proximité des villes , hors d’état de confulter les travaux de MM. Pott, Model , Bourdelin ÿ Baron, Cadet, Bomare , Meltefer, Laflone, &c. dont nous ne con- noiflons que l'exiftence, & ne pouvant accorder que quelques momens à la Chimie, fommes-nous dans une poftion propre à fuivre des travaux aufi délicats & aufli longs : Sur la décompofirion du Sel fédatif. Les propriétés qu’a le fel fédatif, de donner, comme l'acide phofpho- rique, un verre foluble ; de préfenter, dans fa vitrification avec les pierres & les terres, à-peu-près les mêmes phénomènes que cet acide ; d’être très-fixe; de fuivre, dans fes affinités , l'ordre de celles de l’acide du phofphore; enfin, de neutralifer l'alkali, & de décompofer, par voie sèche , les fels neutres : toutes ces propriétés nous firent foupçonner que ce fel étoit un mixte phofphorique. Nous fumes confirmés dans ce foupçon par l'examen du borax brut & du rinkal, qui, fondu au cha- lumeau , donne une flamme évidemment phofphorique , femblable à celle de tous les fels phofphoriques (1). oo (1) On peut ajouter nombre d’autres rapports entre le borax & le fel fédatif, & Jes fels phofphoriques : le rap port qu’il y a entre Le goût du borax & celui des fels ix8 “OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, © Les agens que fournit l’analyfe ordinaire, ne fufffant pas pour décom: pofer ce fel, nous nous vimes obligés de nous écarter de la voie ordinaire, pour parvenir à en connoïtre les principes. On faic que, dans les cas où les moyens d’analyfes ordinaires font infufifans , on peut réuflir à décompofer un corps en changeant le rapport de là partie diflolvante à Ta partie lianre. C’eft ainfi, par exemple, que le verre, qui n’eft pas décompofable par les acides, le devient dès qu'on en augmente l’'alkali ou la partie diflolvante , & qu'on le change en liquor filicum. | D'après ce principe, & fur le foupcon que l'acide phofphorique étoit un des principes du fel fédatif, nous commençâmes par mêler environ une partie d'acide phofphorique (1) en confiftance de miel , avec une partie de fel fédarif. Nous mimes ce mélange far un fupport de verre ; &, à l'aide du chalumeau, il nous donna une terre blanche exempte de goût. La décompofition ayant eu lieu par ce moyen fi fimple, nous primes environ deux parties d’acide phofphorique en confiltance de miel ; une partie de fel fédatif, & deux d'eau, Nous diftillämes ce mêlange dans une cornue , en pouffant le feu par degrés jufqu’à la faire rougir. Le liquide qui pafla dans le récipient, éroir vers la fin, huit feux, épais, & très-acide; &'il reffa dans la cornue une terre blant che , très-abondante, furpañlant en poids les trois quarts du fel fédatif employé. Cerre terre n'éroit point fufble au feu ordinaire, elle n’avoit point de goût ; elle ne fe diffolvoit dans aucun acide; fondue avec de l'alkali, elle préfentoit les mêmes phénomènes que le liquor filicum : trairée avec les acides, elle ne s’y diffolvoic point. D'où il paroîc que cette terre eft de même nature que la terre vitrifiable, La liqueur qui a pañlé étoir de l’acide phofphorique volaril. Ellé a préfenté les mêmes phénomènes que de l’acide phofphorique foi: phofphoriques , la propricté que quelques fels phofphoriques , par exemple , le fel natif, ont en commun avec le (el fédatif, d’ôter au nitre la propriété de déflagrer , celle de colorer en verd la flamme de l’efprit-de-vin ; la propriété que Venzel a obfervée dans l'acide d’urine, & qui lui ef commune avec le fel fédatif, de fe criflallifer avec excès d’alkali; celle qu'il partage auffi avec le fel fédauif, & par laquelle il forme avec VPalkali volatil, un fel ammoniac , qui fe décompofe par la feule ation du feu , &c. &c, ‘ P (1) L’acide phofphorique que nous avons employé dans le cours de ces recherches, étoit tiré des os, par un procédé qui nous elt propre, & au moyen duquel on peut Pobtenir dans le plus grand état de pureté poflible ; ce, procédé fera décrit dans le fecond. volume des Mémoires de la Société des Sciences phyfiques de Laufanne. On doit obferver que l'acide phofphorique tiré du phofphore , & celui tiré du [el natif d'urine, fe comportent d’ung autre mamière que celui tiré des os, à caufe du phofphore qui refte diffous dans le premier, &)des!fels étrangers qui reftent unis au fécond. Il féroit intéreffant d'examiner les différences que préfente Pacide phofpho- rique fous ces différens états ; différences qui font des plus remarquables dans les combinaifons avec les terres & les fubffances métalliques, SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS, 119 ble; & avec de l'alkali, on a obtenu des cryftaux entièrement femblables à ceux que cet acide fournit. Les deux parties d’acide phofphorique en confiftance de miel peus vent correfpondre à une d’acide fous l'état de verre, Nous n'avons pu déterminer avec exactitude les proportions les plus convenables, quoique nous ayons répété l’expérience. Si l'on prend trop d'acide phofphorique, il en refle une partie qui forme une. matière grafle, Si on en prend trop peu , il refte du fel fédatif non décompofé, On fera fans doute étonné que lacide phofphorique , fi fixe d’ailleurs , fe foit volatilifé. En voici l'explication. Lorfque cet acide s’unit au phlogiftique , on fait qu'il forme le phofphore ; mais dorfqu'il fe joint au feu fixe d'un corps ou à la matière du feu, principe qui entre dans fa compofition , il fe volatilife & paroît fous l'état d'acide phofphorique volatil, & cela à un degré de chaleur bien inférieur à celui qui elt néceflaire pour le volatilifer par l'in- termède du phlogiftique des corps inflammables. Qu'on mêle de Thuile d'olives avec de l'acide phofphorique , & qu’on poufle, le feu jufqu'à réduire l'huile en charbons , on retrouvera l'acide im- bibé dans Le charbon, & on ne parviendra à le volatilifer qu’en le faifant rougir fortement. Qu'on digère de l’acide phofphorique, à l’aide de la chaleur, avec du foufre, il le décompofe : l'acide witriolique s'échappe en vapeurs épaifles d’acide fulfurgux. volatil, & l'acide phofphorique relte fans fe volatilifer, devient épais & brun , comme de l'huile de vitriol impur ; mais au lieu de corps inflammable, ajoutez à l'acide phofphorique quelque fubftance qui contienne du feu fixé , par exemple, du fel fédatif , des terres, des chaux métalliques, &c. il fe volatiliféra à un léger degré de feu. Cette propriété eft peu connue, & eft cependant d'une grande reflource dans l’analyfe par voie féche (1). oo, (1) Nous diftinguons le feu fixé du phlogiflique ; & cette différence eft pri@& ‘principalement de l’état fous lequel la matière du feufe combine aux corps, Pour expliquer notre idée , que les métaux nous fervent d'exemple : dans les métaux , le +phlogiftique n’eft qu'un principe éloigné. Uni à l’acide métallique , il forme une efpèce de foufre , qui eft un des principes prochains des métaux. Dans le zinc, cette efpèce de foufre paroît être un vrai phofphore ; unie à la rerre métallique, elle forme un métal. Enlevez le phlogiftique , vous aurez une chaux métallique, un vrai fl, formé par la combinaifon de la terre métallique , & de l’acide du foufre métallique , qui fera plus ougnoins foluble , fuivant que le métal contiendra plus ou moins de foufre métallique, & par conféquent d’acide, comme nous le voyons d’une manière bien évidente dans la chaux d’arfenic, d’une manière moins fenfible dans la chaux de mercure & de zinc. Ce métal, privé de phlogifique, contient du feu fixé, qui, n’étant uni à aucune partie du métal en particulier , doit être confidéré comme principe prochain. Le régule d’arfenic eft très-propre à montrer l’exiftence de la matière du feu fous ces 120 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, Ce que sous venons d’expofer paroît indiquer que le fel féda- tif eft un mixte compofé d'acide phofphorique, de terre vitrifiable , & de matière du feu. Une expérience qui tend à confirmer que le fel fédatif contient de la matière du feu, c'eft l'odeur d’acide fulfureux volatil , que ce fel communique à l’acide vitriolique d’après l’obfervation de Bourdelin. Paflons aux tentatives faites pour tâcher de confirmer l’analyfe par la fynthèfe. : Effais tendans à compofer du [el fédatif & du borax. Nous commençämes par traiter l'acide phofphorique avec du crif- tal & du quartz pilé; mais il ne nous parut pas qu'il y eût au- cune action par voie humide: ce qui n'eft pas étonnant, va que les moyens mécaniques ne peuvent divifer que d’une manière très-imparfaite, Par voie féche, cer acide fe combine très-diflicilement avec le criflal & le quartz, & fe volatilife prefqu’en entier. Nous aurions pu employer la terre des cailloux ou du liquor fili- cum; mais plufieurs raifons nous firent prétérer la terre d’alun , qu'on peut regarder, à jufle titre, comme une modification de la terre vi- trifiable. La terre d’alun fe combine fans effervefcence fenfble avec l'acide phofphorique, & ce mêlange forme à la longue de petits criflaux en aiguilles, Lorfqu'on fait brûler un papier imbibé de cette combinai- fon , elle communique à la flamme , une couleur verte, comme fait le fel fédatif. L’alkali en précipite la#erre ; & la liqueur donne des criftaux qui ont plufieurs des propriétés du borax. Il paroît qu’une partie de la terre entre dans la combinaifon de ce nouveau fel, Si on évapore jufqu'à ficcité ce mélange de terre & de fel, & qu'on le vitrife, on obtient un verre, qui fe comporte comme le borax, mais qui eft peu foluble. Par voie féche, la terre d’alun donne , avec l'acide phofphorique, un verre qui a la même fulibilité que le verre de fel fédatif, mais dont les globules reftent moins atrachés au charbon , & s’arrondiffent plus vite; verre qui, comme ce dernier, eft fixe au feu, &, fous certaines proportions , difloluble dans l'eau, Plus on prend de terre d'alun , moins il eft foluble. La diffolution de ce verre n’a point don- né de criftaux. Elle refte grafle, même au bout de plufeurs mois. a ————_—_———— deux états. Privé de phlogiftique, il donne une chaux, je veux dire la chaux d’arfenic , qui, traitée avec des fubftances qui ont de l’affinité avec la matière du feu , donne ce qu'on nomme acide arfenical, Expolez-le au feu , la matière du feu s'y joindra , & vous aurez de Ja chaux d’arfenic. Ajoutez à cette chaux une matière inflammable , & vous aurez le régule d’arfenic, Voyez Bibliochèque de Chimie , par M, Struve , page 141 Par . SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS: ox Par voie sèche , l'alun ne fe combine pas fi facilement que la terre avec l'acide du phofphore; mais ilproduit un verre qui a les mêmes propriétés. : L'argile pure fe rapprochant de la terre d’alun , nous en avons fait digérer avec de l'acide phofphorique. Au bout d'un certain tems, nous obtinmes des criftaux foyeux , aflez refflemblans au fel fédatif, mais qui , comme toutes les combinaifons de l'argile avec les aci- des, étoient d’un goût acide. Ils avoient plufieurs propriétés du fel fédatif, & communiquoient une couleur verte à la flamme. Si on prend les criftaux avec l’eau - mère, & qu'on les defféche, ils donnent un verre clair, qui, combiné par voie sèche avec l’alkali minéral, a pref- ue le même goût que le borax ; &, fion les égoutte avant de les Die. ils donnent un verre laireux. Si la digeftion fe fait fans cha- leur , on obtient des criftaux en aiguilles. Le verre de la combinaifon d'argile & d'acide phofporique fe comporte prelque comme le fel fé- datif, fe mêle par voie sèche avec l’alkali minéral, & donne un verre dont le goût approche de celui du borax ; verre tranfparent , tendre, un peu noirâtre ; bouillonnant fur le charbon prefque comme le borax ; formant , avec la chaux de plomb, un verre moins laiteux que ceux que forment les autres fels phofphoriques, & fe -comportant avec les autres métaux à-peu-près comme le borax. Par voie sèche, l’acide phofphorique fe combine plus difficilement avec l'argile qu'avec laterre d'alun , & l’alun donne un verre très-fufble, qui n'eft pas foluble dans l’eau , à moins qu'on n'y ajoute de l’a kaki. Les cendres contenant de la terre argileufe(1), nous en combinimes avec de l'acide phofphorique, L’effervefcence fut confidérable ; & nous obtinmes promptement des criftaux, qui donnèrent au feu un verre fufible, De ces expériences, dans le détail defquelles nous nous difpenfons d'entrer, nous pafsämes à d'autres , après avoir examiné le rapport de l'acide phofphorique à quelques autres fubftances terreufes, L’acide phofphorique fe combine avec effervefcence , par voie humide; avec la terre calcaire , la magnéfie, & la terre du fpath pefanr, Ces combinaifons colorent la flamme en verd, & donnent des verres fufbles , fixes au feu, & infolubles dans l’eau. La combinaifon de magnéfie & d'acide phofphorique, digérée , donne Fe évaporation des petits criftaux d’un goût acide & amer , enve- oppés d’une eau - mère fort grafle. Le verre qui en réfulte au chalu- meau , eft laiteux, Par voie sèche, la terre calcaire, Ja chaux vive, la chaux fufée, le gyps, la félénité offeufe , la magnéfie, & les fels à bafe de ma- gnélie, la terre du fpath pefant, le fpath pefant, le fpath fluor, le () C’eft de la terre calcaire & de la magnéfie que contiennent les cendres. Nore de M. de la Merherie. , Tome X XVIII, Part, I, 17986, FEVRIER. Q 122 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, . fpath quartzo-calcaire (1), ou le fpath à porcelaine des Alpes , fe com- binent facilement avec l'acide phofphorique (le dernier cependant avec plus de difficulté à caufe du quartz qu'il contient), & donnent au chalumeau & au creufet des verres blancs, fixes au feu, très-fufbles, indiflolubles, & qui ont plufieurs des propriétés du verre de fel féda- tif. Ils en différent par leur infolubilité dans l'eau, & par la fingulière propriété de donner, avec la chaux de plomb, un verre blanc, lai teux , reflemblant à de l'émail. Si l'on met un volume à-peu-près égal de félénite offeufe, où de gyps, ou de terre calcaire, & d'acide phofphorique réduir en confif- tance de miel , dans un creufer, & qu’on expofe le tout à un feu bruf- que, dans un fourneau à réverbère rouge, en avançant peu-à-peu le creufer pour éviter que la matière ne forte, on obtient au bout de demi-heure un verre auffi blanc , auffi dur, & aufli beau, que le plus beau criftal factice. Ce verre contient quelques bulles d'air. Il eft très-fufible, & prefque autant que le verre de borax; car il refte malléable lorfqu'if cefle d’être rouge: il eft d’ailleurs infoluble dans l'eau & dans les acides, Expofé de nouveau pendant deux heures & demie à un feu violent, dans un fourneau à réverbère, il a perdu prefqu’entièrement fes bulles. Dans cet état, il étroit très-brillant, très-blanc, fans aucune appa- rence de verd ; & il avoit beaucoup plus de corps & de ténacité que le criftal factice : nonobftant cela, il étoit des plus fufñbles , cepen- dantun peu moins , que lorfqu’on retire le verre au bout de demi-heure de fonte, Ce même mélange de parties égales de gyps & d'acide phofphori- que en confiftance de miel, fondu au chalumeau, donne aufli un verre = (1) Nous nommons ainfi un fpath qui n’elt point rare dans nos Alpes, où il fe trouve dans les fchiftes & pierres de corne qui avoifinent les montagnes calcaires, lefquelles font à la fuite dès montagnes granitiques, Ce fpath fait feu au briquet ; il fair plus ou moins d’effervefcence avec les acides ; il a des facettes plus où moins diflinétes’, fuivant qu'il contient plus ou moins de terre calcaire» il tient dans {a fra@ure le milieu avec le quartz & le fpath rhomboidal: expofé au feu , il donneune mafle blarche, femblable à la porcelaine; &, fi on augmente le feu , un verre blanc, tranfparent. Sa fufibilité le rend très-propre pour la couverture de la porcelaine ; &, uni à l'argile , pour la porcelaine. On Pa trouvé beaucoup plus propre pour la porcelaine , que les autres fubffances qu’on ajoute à l'argile, Ce fpath, par fes propriétés & par fa fufibilité, paroît (e rapprocher infiniment plus du peruntzé qu'aucune autre, fubflance. En réfléchiffant fur ce que dit Réaumur du petuntze des Chinois, on ne fauroit le regarder , avec Scheffer, comme un fpath gypleux ; ou, avec Bomare, comme un fpath fluor. Ce fpath-quarizo-caicaire appartient au /pathum fcinrillans , diaphanum , planis minus regularibus. Quartzum fpathofum de Wallerius , Spec. 92. Nous ignorons fi le nôtre diffère de celui de Suède. Wallerius en dit: Rarius reperitur, & plerumque domicilium in quartzo haber ; ce qui n’a pas Jieu pour le nôtre. EN SUR L'HIST, NATURELLE ET LES ARTS. 123 très-blane & très-brillant. On: peut obtenir encore un verre blanc &e fufible, en augmentant la dofe du gyps. À la dofe de deux parties de gyps contre une d'acide phofphorique ,; on obtient encore au cha- lumeau un verre qui,-quoique laiteux , ne le feroic vraifemblable- ment pas, sil étoit traité à un feu violent. x. Ce verre peut fervir à fouder les métaux, qu'il éft propre à émail- ler , & fans doute de diverfes couleurs; cependant il ne coule pas aufli bien que les verres phofphoriques où ïl entre de l'alkali. Il aide, comme le borax, la vicrification & la fufon, Pour bien réuffir, il faut deflécher le mélange promptement & à un feu brufque. Si la chaleur n’eft pas forte, l'acide phofphorique s’é- vapore en bonne partie en vapeurs très-épaiflesÿ & dans ce cas, la fonte de la matière ne peur être bonne. Cet acide fe volatilife avec Les tèrres , avant que la matière rougifle: Si: les terres fonc diffolubles, & qu'on attende qu’elles foient unies à l'acide, avant que de les expofer au feu, la volatilifation eft moins fenfble, parce que la marière du feu qui fe fépare lors de l'union, & qui eft la caufe de la votilifation, fe diflipe en partie. Par ces raifons , on réullit mieux à faire ces verres én petit qu'en grand. JE € Ù Les expériences quel nous ‘venons de rapporter, montrent que a terre vitrifable fous l'état de terre d’alün , létant'unie à l'acide phof2 phorique, fe rapproche beaucoup dans fes propriérés du el fédarif. Peut-être que la terre du liquor filicum, unie à cet acide, s'en rap- procheroic encore plus: Nous ferons là-deflus des expériences , par lef- quelles nous étendrons celles que nous avons rapportées , qui ne font qu'ébanchées , & qui méritent à cous ‘égards qu'on les pourfuive. ” Sôupçônnant que Ia fimplé combinaifon des-rérres avec l'acide phof phorique n'étoic pas le moyen le’ plus propre pour former le el f- datif, nous changeâmes de vues. Sans doute , il faut, dîmes-nous, que la matière du feu entre en jeu dans cetre combinaifon, Elle y fert fans doute, d’inrermède /: pour unir d’une manière intime l'acide’à ld terre. On a tâché de montrér dans üné autré occafon Fiifluence de cette fübftance ;| pour ‘rendre plus Cihrime l'union des corps (a). 2 Les difficultés que nous trouvions À unir. Hi matière -Ausfeuràl un! Mélange de terre &: d'acide 'phôfphôriquei, Inous déterminèrent à chercher un corps qui continc déjà la terre vitrifidble dufel fédatif} 1e D: GL JUIL.) 215 n 73 CRETE so hodg el sb re 5x: vs 1 (1) Nous avons lexpliqué, plus haut ce;.que: noïfs entendons par, feu :fixé! 84 ce MEL DA RER Er 0e MES ë > phlop/flique. Le, dernier étant un, principe: éloigné, pjaugmente ni ne diminue _ Vintimité- d'union. Le premier a , pat excellence , {a propriété d’unir d'ine marièré plus intime les parties des Corps auxquels if fe joint, & ’augmenter letr coh£fon ; en vertu de Ja grande attra@ion & de Ja petitélle de Les parties, Payer Bibliothèque de Chimie ; par>M.Stuve jpag. 243 & fuiv uno 013 rivisl 109v Tome XXVUI, Part. I, 1786. FEVRIER. Q2 124 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, unie à une aflez grande quantité de la matière du feu. Comme nous nous repréfentions les alkalis comme une combinaifon de terre vitri- fiable , de beaucoup de matière de feu, caufe de leur caufticité, & d'un peu d'acide phofphorique, & ne différant du fel fédarif que par le rapport des parties, nous nous flattämes de trouver en eux la fub- ftance la plus propre à notre deflein. Nous rentâmes la décompofition des deux alkalis fixes au moyen de l'acide phofphorique. Ils furent décompofés en partie avec une petite quantité de cet acide, & nons obtîinmes une terre qui avoit des rap- ports avec celle du fel fédatif, & qui donnoit avec l'alkali un liquor filicum qui paroifloit être de même nature, On peut opérer cette décom- ofition , au moyen du chalumeau, fur les charbons, La terre qui en réfulte a une couleur rougeñtre , qui vient fans doute du fer contenu ordinairement en petite quantité dans l'alkali. Soupçonnant que les alkalis ne différoient du fel fédatif que par le rapport de leurs parties, nous pafsàmes à leur combinaifon avec l'acide phofphorique. . L'alkali minéral , faturé avec cet acide, & criftallifé dans un lieu frais, donne tout de fuite des criftaux en lames, comme du talc, ref- femblant au fel fédatif, mais qui tombent en pouflière à l'air. Si on fond ce fel fans l’égoutter , il donne un verre tranfparent ; fi on égoutte les criffaux, on obtient un verre laiteux. Ce fel, ajouté à grande dofe au fel fédatif, par exemple à parties égales, n’en change pas bien fenfiblement les propriétés. Après ce mélange, le fel fédatif préfente à-peu-près les mêmes phénomènes au feu.Si , au lieu de faire crif- tallifer la combinaifon d'acide. phofphorique &. d’alkali minéral, on là fair digérer, on obtienr , au bout d'un certain temps, des crif- taux aflez reflemblans au fel d'Epfom ou,de Glauber, & qui tom- bent en pouflière à l’air. Par une plus longue digeftion, le mélange devient gras, acide, & âcre; & il fe forme des criftaux moins diflo- lübles , plus reflemblans.à ceux du borax,, mais d’un goût acide ; aci- dité -qui. dépend de: l'eau-mère qui les enveloppe. 4 Si ,rau lieu d'alkali ordinaire , on emploie l'alkali phogiftiqué avec le: féng oui,les charbons , ou l’alkali cauftique, ou un Hiquor. fili- cum. fott furchargé.d’alkali ; on obtient tout de fuite des criftaux fem blables àceux qui: ont paflé parles trois différens érats qui ont été décrits. Sans doute, la différence des criftaux dépend en partie de l'air fixe; car l’acide phofphorique ne dézage point tout l'air fixe de l'alkali aéré. L'air ne fe dégage en entier que par la digeftion , & les criftaux varient felon la quantité d'air qui refte. Lorfque tout l'air ef dégagé, on obtient des .criflaux femblables à ceux que fourniflent les alkalis privés d'air. Ces fels ont prefque le goût du-borax;, :& peu- vent fervir, prefque comme lui; à fouder.& à émailler les métaux 4 \i JET he | & \ «47 SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 125 Mèlés au borax ou au fel fédatif, ils ne le gâtent point. Lorfqu’on en ajoute beaucoup, par exemple le double, le verre eft plus blanc & le globule s’arrondit plus vite. Plus la digeftion dure , plus le goût des cniftaux approche de celui du borax; mais fi lon veut que le verre que donnent les criftaux au bout d'une longue digeftion, ne foit pas laiteux, il faut avoir foin que l’alkali ne prédomine jamais dans le mêlange, & qu'il y ait toujours un petit excédent d'acide. L'alkali marin cauftique, faturé d'acide phofphorique, & évaporé, forme une gelée très-épaifle ; & ce coagulum, qui eft dû fans doute à la terre calcaire contenue: dans l’alkali cauftique , diminue au bout d’un certain nombre de jours de digeftion: mais , lorfqu'on -y ajoute de l'acide phofphorique ou de l’eau , il fe forme de nouveau. Ce mélange forme des criftaux différens felon la durée de la digeftion. IL refte , après la criftallifation , une eau pgrafle, roufle, refufant de fe criftallifer, même au foleil. Le fel que forme l’alkali phlogiftiqué , fe comporte à-peu-près comme le borax, écume, gonfle , devient blanc, farineux , & bouillonne, comme lui. Au bout d'un certain temps, il ne donne plus certe écume blanche. he Lorfqu’on ajoute de l'acide phofphoriue à un fel phofphorique fait avec furabondance d’alkali , la matière deÿent oraffe; elle a de la peine à fe criflallifer. Lorfqu'on en fait fondre au chalumeau , elle bouillonne beaucoup après avoir rougi; & le verre qui en réfulre, forme , pendant qu'il eft rouge , un globule rond & bien tranfparent : en fe refroidifflantc le verre fe ride & devient un peu laiteux, Il ne convient pas ,à ce qu'il paroît, d'employer trop d'alkali; l'acide phofphorique qu'onajoute pour le farurer , ne met pas le mêlange dans le même état où il eût étéfi on eut fait le mélange à faturation. Commé on a foupçonné que la vitrification de ces combinaifons pourroit rendre l'union plus intime, on a uni de l'acide phofphorique à de l’alkali minéral, & réduit le mélange en un verre, fur lequel nous avons fait les expériences fuivantes. Si l'on fait du verre avec une combinaifon d’alkali miréral, & d'a- cide phofphorique avec excès d’acide ; qu'après l'avoit gardé pendant deux mois, on le faffe difloudre, & qu'on fature la diffolution avec de l’alkali, on cbrient une liqueur qui fe comporte fur un fupport de verre, à-peu-près comme une diflolution de borax brut. Elle bouil- lonne , donne une écume blanche; & 13 matière devient enfuite fari- neufe , conferve à-peu-près le goût du borax brut , donne un verre d’un œil noirâtre qui s'attache afflez au charbon, & forme enfuite un clo- bule de verre plus blanc que celui du borax brut, mais d'un goût ap- prochant de celui de ce fel ou du borax. : Si l'on fait fondre un mélange d'acide phofphorique & d'alkali 126 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, minéral fai à faturation, on obtient un verre blanc , très-fufble, qui a dans cet état un goût doux, à-peu-près comme le borax. Au bout d'un long temps , il attire un peu l'humidité de l'air, devient gluant , & prend un goût acide. Ce verre fert à fouder les métaux, comme le borax. La foudure coule fur les métaux, comme avec ce fel; & il en facilite, comme lui, la fonte. Un connoifleur auroit de la peine à le diftin- guer du verre de borax. Lorfqu'on le fait difloudre dans de l’eau, il ne fe criftallife poine, & donne, par évaporation, une matière comme de la gomme: la dif- folution de ce verre s’aisrit confidérablement au bout de peu de jours, & fait pour lors effervefcence avec l’alkali minéral. Dès le lendemain du jour que la diflolurion eft faite, ce changement eft déjà fenfible. Sion la fature d’alkali minéral, elle s'aigrit de nouveau, & fait de nouveau effervefcence : ce qui fe répète nombre de fis à des temps plus éloignés. Nous ignorons le terme final où ilne fe fait plus de changement. Si l'on fait criftallifer ce mêlange, au bout d'un certain temps, on obtient des criftaux’affez reflembians à ceux du borax, mais qui ef- Aeuriffent un peu plus qu'eux à l'air. Tous ces verres phofphoriques, digérés long-remps , prennent un goût cauftique, fans doute par l’ex- cédent de la matière du feu qui s’en dégage: mais, examinés après la première faturation , ils n'offrent plus un goût cauftique ; ils fe rappro- chent par-là de celui du borax, & le verre qu'il donne, n’elt pas Jlaiteux, Les verres faits avec l'acide phofphorique & l’alkali minéral, fe combinent encore avec une grande quantité de terre d’alun , fans qu'ils paroiffent perdre de leur fufibilité. Dans cet étar & pourvu qu’on n'ait pes pris trop de terre d’alun , ce verre eft difloluble dans l’eau. Cette dif- folution, évaporée dans un vale de verre, bouillonne, & donne une écume blanche, à-peu-près comme le borax. Cette combinaifon peut fervir, comme le borax, à fouder les métaux, >] 2 " à 4 Tous ces fels & verres fe comportent avec les métaux à-peu- près comme le borax. Ils préfentent, avec l'argent & le cuivre, lés mêines phénomènes. Il n'y a que la chaux de plomb avec laquelle ils fe com- portent d'une manière différente, Ils forment avec elle un verre blanc laireux, femblablé à l'émail (1 ). Ils donnent tous, fur le charbon, la petite flamme blanche, on- doyante, tirant {ur le vert, que donne le borax ; flamme qui ne dé- Y » q q pend point du charbon. Le goût, la figure, la dureté, la folubilité des criftaux ; la pro- a (1) Le plomb, précipité de fa diffolution par une diffolution de fl fédatif faturé @alkali minéral, produit au chalumeau un verre femblable , felon Wenzel. SUR. L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS: 157 priéré de donner à la flamme d'un papier qu'on en imbibe une couleur verte; la propriété qu’a le borax décumer, de donner un verre qui S'atrache aux charbons, qui a un œil noïâtre , qui s’arrondit enfuite en devenant blanc, qui eft difloluble dans l'eau , qui s'étend & coule bien fur les métaux, & qui fe comporte avec chaque terre d'une manière un peù différente : toutes ces propriétés font communes en tout ou en partie à plufieurs de nos fels ou de nos verres. Enfin, au moyen de l'acide vitriolique , la combinaifon de l'alkali minéral avec l'acide phofphorique donne, avant & après fa vitrification , mais fur-tout avant , une efpèce de fel fédatif, difloluble en partie dans l'efprit-de-vin , mais enveloppé d’une matière faline , grafle , provenant fans doute de ce que la digeftion n’a pas duré affez long-tems pour achever la confection du borax , comme nous lexpliquerons plus bas : cette matière rend difficile la féparation du {el fédatif, Voilà , ce me femble, des rapports bien marqués entre nos fels & le borax. Concluons du moins que, fi lon ne parvient pas à faire du vrai borax , on peut faire des fels qui en ont toutes ies propriétés relatives aux arts. L’acide phofphorique , traité par la voie sèche , forme avec le falpètre, le fel de Glauber, le fel commun, tous les fels à bafe d’alkali, &c. des verres blancs & fufibles, Ces derniers préfentent les mêmes phénomènes que les verres produits au moyen de l'alkali minéral. Si l’on réfléchir fur les phénomènes que nous avons décrits, on verra que , dès que la combinaifon d’alkali & d'acide phofphorique eft faite, il fe forme une efpèce de décompolition ; puifque la liqueur s'aigrir, & qu'on obtient toujours par conféquent de l'acide à nud. Suivant notre opinion, l'acide phofphorique, dans le premier moment, s'unit à l’alkali en tant qu'alkali, ou à l’alkali en totalité. Bientôt après, il commence à décompofer l'alkali & à s'unir à la terre ou au principe terreux qui entre dans fa compolition ; cela arrive par l'intermède de la matière du feu, qui eft auffi une des parties conftituantes de ce fel. L’excès de la matière du feu, qui ne peut pas entrer dans la nouvelle combi- paifon , s'échappe, comme le montre aflez la diminution du poids; & il fe forme peu-ä-peu un nouveau mixte. Comme il faut moins d’alkali que de fa terre pour faturer l’acide phofphorique (1) , il arrive qu'à mefure que l’alkali eft décompoté, il refte de libre une quantité proportionnée d'acide, En faturant derechef —_—— (1) Je veux dire par-là que l’acide phofphorique demande , pour fa féturation , une plus grande quantité de la terre qui le compofe , que d’alkali fixe ; phénomène qui paroît propre à la terre vitriñable & à fes modifications. Le rapport de la terre d’alun , par éxemple , à une quantité donnée d’acide quelconque , eft toujours plus grand que le rapport d’un alkali fixe à cette mêmie quantité d’acide, 1428 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, cet acide libre avec de l'alkali , le même phénomène a lieu; & plus on avance , plus le fel approche de la nature du borax & du fel fédaif : mais il faut un tems très-confidérable pour cette union, & l’on ne doit efpérer de la voir complete qu’au bout d'un long efpace de tems, Ce ne fera que quand nous ferons parvenus à ce terme, que nous pourrons efpérer de préfenter du vrai fel fédarif & du vrai borax. \ En général , plus les fubftances onc de l'afinité, plus leur union demande de tems , comme l’a très-bien obfervé Wenzel; & combien ne doit-elle pas en demander dans les mixtes, & dans les unions où les liens de Paffinité font des plus forts? [l en eft de même des mixtes métalliques ; de l’analyfe & de la compofition defquels nous aurons occafon de parler. D'après l'explication que nous avons donnée des phénomènes que préfente la combinaifon de l'alkali avec Pacide phofphorique, il s'enfuit, fi nous ne nous trompons pas, que l'acide phofphorique a moins d’affinité avec l’alkali fixe qu'avec la terre de cet alkali. Un phénomène qui tend à confirmer notre opinion & à montrer le peu d’affinité qu'a l'alkali avec l'acide phofphorique, c'eft que cet acide ne dégage qu’une partie de l'air de Palkai aéré, À mefure que le mélange aigrit , le refte de l'air fixe fe dégage , comme on peut s’en aflurer par un appareil, & même par le fimple odorat ; car toutes les combinaifons d’alkali & d'acide phofpho rique, digérées, frappent le fens de l’odorar, comme le feroit de la bierre mouffeufe, De plus, la combinaifon de l’acide phofphorique avec l'alkali, eft fi peu intime, qu'avant même de s'être aigrie , elle attaque plufieurs fubftances métalliques; & fi l’on doit en croire M. Villermoz, le vinaigre eft même en état de la décompofer, En un mor, il paroît que ce n'eft qu'une combinaifon fuperficielle, Nous rerminerons ce Mémoire en confeillant à ceux qui voudront s'occuper de recherches fur le fel fédatif, de ne pas négliger les rerres &c fur-tout l'argile, qui nous paroïît être dans un état propre à fournir directement du fel fédatif, en la combinant avec l'acide phofphorique ; il feroit fuperflu d'en alléguer les raifons. Quelques Chimiftes, entr'autres, je crois, M. Gren, fe font plaints de la difficulté qu'il y avoit d'obtenir des criftaux de barax avec le fel fédatif uni à l’alkali minéral, & onc cru qu’il falloit abfolument pour la réufñiite, que l’alkali fût cauftique, Je profite de cette occafion pour défabufer les Chimites à cet évard. Lorfqu'on fait digérer long-tems du fel fédatif avec une partie d’alkali minéral criftallifé, on obtient de beaux criftaux de borax. Tout ce qu'on peut dire à cet égard, c’eft que la digeftion ou une criftallifation lente paroît néceflaire pour obtenir de beaux criftaux , parce qu'il en eft de l'alkali aéré traité avec le fel fédarif comme de l'acide phofphorique traité avec ce fel, LL fauc un certain tems pour que l'air fixe s'en dégage en entier. | Voilà SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS: 129 -Voiià en quoi confifte le réfumé des expériences que nous avons faites depuis le mois de Février 1785. Servoz , dans la vallée de Chamouni , ce premier Juiller 178$. EXPÉRIENCES SUR DIFFÉRENS ÉTATS DU MERCURE, DANS LE SUBLIMÉ CORROSIF ; Par M, Scorozi: Traduites des Recherches & Obférvations de Chimie de CRELL , pour “année 1784, par M. HAssENFRATZ, Sous-Infpeëteur des Mines de France , Correfpondant de la Société Royale de Medecine. Je croyois pouvoir établir que la proportion des compofans dans K: fublimé corrofif étoic conftante, mais cette opinion ne dura pas long- tems , lorfque j'eus recherché attentivement de quelle manière le mercure fe comportoit avec l'acide marin. Voici le réfultat de mes recherches ; 1°. Un mêlange de 800 fb de vitriol de fer calciné, à 400 de fel marin décrépité, 300 de mercure, 100 de falpètre, produit 330 Ïb de fublimé corrofif. Cent parties de ce fublimé corrofif, mêlées avec égale partie de cuivre, ont donné 6$ fb de mercure. 2°. Un mélange de 800 tb de chaux de vitriol de fer, 400 de fel marin décrépité, 200 de mercure, 100 de falpèrre, s’eft réduit à 259 15 de fublimé corrolif. Cent parties de ce fublimé, ont produit avec égale partie de cuivre ; $9 5 de mercure. 3% Sur un mêlange de 800 tb de chaux de vitriol de fer; 300 de fel marin décrépité , 300 de mercure, 100 de falpètre, le produit du fublimé peoit 375 15. Tome XXVWIII, Part, 1, 1786. FEVRIER, k \ 130 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, Cent parties mêlées d'autant de cuivre ont donné 375 15 de mercure, 4°”. Sur un mêlange de 600 parties de vitriol de fer calciné, 400 de fel marin décrépité , 100 de mercure, 100 de falpètre, le produit du fublimé corroff pefoit 112 Ïb. Cent parties mêlées avec autant de cuivre ont donné ÿ 5 fb de mercure. $°® Surun mélange de 800 Ïb de chaux de vitriol de fer; 400 de fel marin décrépité, 200 de mercure, 100 de falpèrre, on a retiré 259 tb de fublimé corrofif. ra Cent parties mêlées avec égal poids de cuivre ont donné soÏb de Mercure. 2 6°. Sur un mélange de 800 Ïb de chaux de vitriol de fer; 400 de {el marin décrépité, 200 de mercure, so de mercure, on a obtenu 227 tb de fublimé corrofif. Cent parties diltillées avec aurant de cuivre ont donné 66 Ïb de mercure. 7 Sur un mélange de 800 Ï5 de chaux de vitriol de fer, 400 de fel marin décrépité , 200 de mercure, on a obtenu 223. b de fublimé corrofif. Cent parties de ce fublimé avec une même quantité de cuivre onc donné 6$ Ïb de mercure. 8% Un mélange de 8001b de chaux de vitriol de fer, 300 de fel marin décrépité, 100 de mercure, a produit #14 ib de fublimé corrofif. Cent parties mêlées avec 100 autres de cuivre ont régénéré 6 1,25 de mercure, 2°. SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS, 137: Un mélange de 500 Ï5 de chaux de vitriol de fer, soo de fel marin décrépité, $oo de mercure, a produir 500 Ï5 de fublimé corrofif. Cent parties de ce produit, & autant de cuivre, ont donné 79 tb de mercure. 10°, Sur une quantité de 6 onces de vitriol de fer, 3 de fel marin décrépité, 1 + de mercure, on a obtenu I = gros & 140 grains, J'ai pris de ce fublimé ........: 4ooïb Hmaille dé cuivre ...:..... sr 5: 5$00 Ja cornue pefoir ............. 2100 le récipient & l’eau pefoient . ..... 6924 Après la réduction la cornue pefoit 2674 ib le récipient & l'eau ..:......... 6917 le mercure révivifié ....... 1402 920) 3 ——_—_—_— 9911 HI y avoit donc fur 100 tb de ce fublimé 80 15 de mercure & 15 fb: d'acide marin; ces 4 Ïb : de plus avoient été prifes à la rerré du fer. ETS Décompofition du fublimé corrofif préparé d'après la méthode de Bolduc. Deux onces de mercure avec 3 onces d'huile de vitriol donnent 265$ grains de turbith, qui mêlés avec égale partie de fel marin décrépité, produifent 2 onces + & 2 grains de fublimé corrofif. J'ai pris de ce fublimé ......... 400 Ïb limaille du-cuivre ........ sue 5 0Q la cornue peloit ..... » sish imp 002040 le récipient avec Feau .....4.... 772$ Après La réduction la cornue pefoie . : 2640 15 le récipients ............s.e 7730 le mercuré .....s....... +.» 1 280 4 à : 106 Tome XXV LIT, Part. I, 1786, FEVRIER. RKR2z Ï 132 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, Cent livres de ce fublimé contenoient donc 70 15 de mercure, 25 Ïb À d'acide marin. Pour les autres 4 À; je ne puis pas encore trouver d’où ils peuvent être venus. De ce peu d’expériences, je conclus , 1°. que la proportion des arties eflentielles dk fublimé varie d'après les différentes manières dont il eft préparé; enfin, qu'il n'eft pas étonnant que l’on obferve en Médecine, l'ufage du fublimé corroff produire des effets fi différens ; 2°. que le mercure & l'acide marin ne font pas les feuls compofans du fublimé corrofif; qu'il y a toujours une autre matière étrangère mêlée avec ; 3°. que le mercure fublimé peut être plus ou moins corrofif, ! NoTes pu TRADUCTEUR. Les expériences de M. Berthollet fur l’acide marin déphlogiftiqué , & celles de : M. Pelletier , nous ont appris que le fublimé corrofif étoit un compofé de mercure, d’acide marin & d’air vital. Celles de M. Scopoli , quoiqu’indireétes , ne prouvent pas autre chofe. La chaux de vitriol de fer eft compofée de fer , d’acide vitriolique , & d'air déphlogifliqué ; le fel marin d’acide & d’alkali marin; enfin, le falpètre d’alkalivépgétal, d’air déphlogiftiqué, & de mofette atmofphérique ou air phlogiftiqué. Ces compofés agiflans les uns {ur les autres ,.ont produit du fublimé corrofif, dont les proportions des trois compofans, mercure , acide marin ;, air déphlogiftiqué , ont varié dans chaque procédé. Une expérience où l’union de l’air déphlogiftiqué ne s’apperçoit pas, c’eft le fublimé à la manière de Bolduc; mais pour peu qu'on y faffe attention, on le trouvera extrait de l’huile de vitriol , dans la formation du turbith minéral, qui n’eft que de la chaux de mercure unie à l’acide vitriolique ; & comme la chaux eft généralement le métal uni à l’air déphlogiftiqué, le rurbith fe trouve donc compofé de mercure ; d’acide vitriolique , & d’air déphlogiftiqué. Dans cette expé- rience , il s’eft dégagé une grande quantité d’acide fulfureux volatil ; & tout le monde peut s’aflurer , ainfi que je l’ai fait, que fi l’on fait paffer de l'air déphlopiftiqué à travers de l’acide fülfureux volatil, qu’il y en a une grande partie d’abforbé , que le mélange augmente de poids , & pafle à l’état d'acide vitriolique affoibli, Par la raifon que les métaux en fe diflolvant éprouvent un commencement de calcination, & que cette calcination eft produite par de Pair déphlogiftiqué dégapé de Pacide ou de fes compofans ; il s’enfuit que dans la réduétion du fublimé corrofif, à Fa maniere de Bolduc , une portion de {on air déphlogiftiqué s’eft portée fur le cuivre, pour le calciner ; aïnfi ce qui eft refté uni à ce métal n’étoit pas tout acide marin. Il falloit donc en déduire l'air déphlogiftiqué , dont [a quantité dépendoit de l’état du métal , & on auroit trouvé rhoïris dé 25 livres de fel marin dans Îe (ublimé corrofif. Si à du fublimé corroff faturé d’air vital on ajoute du mercure doux, qui eft le mereute diffous dans l'acide marin, & uni à infiniment peu d'air déphlogiftiqué , l’air vital en furabandance dans le fublimé corrofif fe partage ; & le tout contient propor- tionnellement d'autant moins d’air vital, & d’autant plus de mercure, que le mercure doux et en plus grande quantité, D’où il fuit que fi l’on connoifloit la quantité d’air vital avec laquelle le‘ fublimé cerroff peut s’unir , & la quantité d'air déphlogiftiqué , dont le mercure s'empare. pour. pouvoir fe diffoudre dans l’acide marin, que l’on reconnoîtroit par la quantité de mercure contenue dans un quintal de fublimé corrofif, la proportion de mercure doux, & de mercure fublimé. : Il peut quelquefois entrer des matières étrangères qui font varier les proportions. ” É cm tar me nie, { . SUR L'HIST: NATURELLE ET LES ARTS. 133 LD'E'PSTR E Adreffée à M. le Baron DE SERVIÈRES, par M. Boyer- BRUN, contenant la Défcription d'un Eleétrofcope adaptable aux Para-tonnerres. ' J'A PPRENDS, Monfieur, avec un véritable plaifir que les Ezats particuliers du Gevaudan ont délibéré de faire armer d’un para- sonnerre le fameux clocher de l'Eglife Cathédrale de Merde (1), & jene fuis point du tout furpris que ce foit vous qui en ayez donné l’idée. Les fciences , les découvertes , les inventions, même les plus utiles, arrivent fort tard dans nos cantons , où , comme vous le favez , une vieille routine eft prefque roujours préférée à la plus fage théorie: aufli je fuis bien certain qu'il n’a fallu rien moins que vous pour perfuader à vos com- patriotes qu'un para-tonnerre eft une bonne chofe, Permettez-moi , à cette occafion , de vous décrire une machine que j'ai imaginée, & moyennant laquelle un coup de canon annoncera la préfence de la atière eleërique dans nos para-tonnerres | comme un coup de canon annonce l'inftant de midi dans les nouveaux méridiens. Revèêrez intérieurement & extérieurement d'une feuille d’étain A; planch. 1°, & jufqu'à deux pouces de fon bord un bocal de verre B B de dix- huit pouces de diamètre {ur dix-huit pouces de hauteur ; collez ce métal avec beaucoup d’exadtitude, Fermez votre bocal avec un bouchon de liège dans le centre duquel'vous implanterez un tube de verre C. Elevez verticalement dans ce tube une tringle de fer bronzée D de demi-pouce de grofleur & de cinq à fix pieds de longueur. Que l’extrémité inférieure de certe tringle foit garnie de quelques fils de laiton qui toucheront avec elle le fond du bocal , & que fon autre bout foit terminé par une pointe aigüe. 5 (1) Le premier feptembre 1784, à 4 heures 14’ du matin, après un orage terrible, qui avoit duré plus de 4 heures, ce clocher fut frappé d’un coup de foudre aftendante des plus violens. La Aèche pyramidale oétogone qui le termine & qui eft élevée en contre-haut d'environ 16 toifes au-deffus de Îa galerie fupérieure d’une tour quarrée, élevée elle-même en contre-bas de 23 toifes fur le (ol , fut confidérablément endom- magée : la foudre y fit trois grandes crevafles & des lézardes nombreufes, Les Etats particuliers du pays de Gevaudan , affemblés à Mende le 20 juin ,1785, ont unanimement délibéré la re/auration dé ce bel édifice gothique, bâti au commencèment du feizième fiècle par un Evêque de Mende, François de La Rovere , neveu du Pape Jules II. Ws ont auffi d2lihereé de le faire armer d’un para-tonnerre , dont la direétion a été confiée au Baron de Servières , qui le fera conftruire fur les avis & le rapport de l'Académie Royale des Sciences, 134 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, Ce bocal ainfi préparé, renfermez-le dans une caifle EE, dont le couvercle F fera traver{é par la tringle & le tube de verre, Coulez fur ce couvercle une couche de foufre de deux ou trois lignes d'épaifleur , & difpofez-le de manière qu'aucune humidité ne puifle pénétrer dans la caifle, ni par le tube, ni par aucune autre ouverture. Incruftez en dedans- de la caifle une lame de cuivre G GG de deux ou trois pouces de largeur, au moyen de laquelle vous mettrez en communication fon fond & deux de Les côtés avec la furface extérieure du bocal. Ajuftez au dehors de la caifle & aux extrémités de la lame de cuivre d’un côté l'anneau H & de l’autre la confole I, vous les deux du même métal. Enfin , à trois ou quatre pouces du couvercle, viflez contre la tringle une boule de cuivre K, d'un pouce environ de diamètre. s Conitruifez une feconde caifle L, mais de beaucoup plus petite à deux des côtés de laquelle feront à charnières M , & dont les deux autres feront fixés contre {on fond. Percez dans leur milieu les deux derniers, & mettez dans les trous deux tubes de verre très-épais & fort courts, au travers defquels vous puifliez faire pafler deux chevilles de cuivre. L'une de ces chevilles fera terminée par un anneau N ; l'autre par une bouleO, du même diamètre que celle de la tringle. Que ces chevilles entrent à frottement dans les tubes, & que la petite caiffe puiffe être établie folide- ment fur la grande, & pofée de-telle forte que la boule de la tringle foi à-peu-près à quatre ou cinq lignes de la boule qui termine l'une des deux chevilles , lorfque certe cheville eft en place dans un des tubes. Que le couvercle de cette boîte la ferme bien ; qu’il retienne en fituation les deux côtés à charnières, & qu'il foit enchaîné enfin à Fun des côtés fixe, afin que l’explofion de la poudre ne le jette pas a loin. | t Lorfqu'on voudra faire ufage de cet appareil, on formera une cartouche P , plus ou moins grofle, dans laquelle on mettra une fuffifante quantité de poudre à canon. On couvrira alors la petite caifle, & faifane pafler les chevilles de cuivre à travers les tubes ,on mettra la cartouche dans la boîte entre les deux chevilles, & l’on bourrera la poudre, de manière qu'elle n'occupe qu'un efpace de $ à 6 lignes entre les deux bouts des chevilles : enfuite on fermera la petite caïfle, & on la fixera fur la grande , de façon , comme je l'ai déjà die , que la boule O , qui elt au bout d'une des chevilles, foit à la diftance’ de 4 ou $ lignes de la boule K. Faites communiquer par une chaîne Q l'anneau N de la cheville avec l'anneau H de la grande caifle, & qu'une autre chaine R,, terminée par une très-petite boule de cuivre, & atrachée à la confoleT, foit difpolée de manière que cette petite boule foic fixée à quelques lignes de diftance d’un conduéleur quelconque. Si l’on vouloit faire ufage de cer appareil , fans le mettre auprès d’un para-tonnerre , il faudroit faire communiquer avec le re/ervoir commun SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 13$ la furface extérieure du bocal , par une feconde tringle de fer , que l’on implanteroit aflez profondément dans la terre, Vous voyez, d'après la defcription que je viens de vous faire, que quand un conduëteur fe chargera d'éleétricité, il s'en accumulera aufli une forte dofe à la /urface intérieure du bocal, & qu'il y aura conféquemment des étincelles qui paroîtront de tems en tems dans la folution de con- tinuité , qui fe trouve entre les deux boules. Alors, fi l'appareil eft bien établi, fi la poudre qu'on aura employée eft bien sèche, elle s’enflammera; la cartouche éclatera avec un bruit proportionné à fa charge; & une détonnation, plus ou moins forte, annoncera la préfence de la marièæ électrique dans le para-tonnerre. On pourroit encore tirer parti de la chüte des côtés à charnières de la petite caifle, fi on Jes arrangeoit de manière qu’en tombant ils lâchaffent la déténte d’un réveil , d'un carillon à cylindre, &c. &c, &c. Cette machine , coute fimple qu’elle.eft, pourroit contribuer, peut- être, à faire multiplier les conduéteurs. Tel qui ne voudroit point écouter une démonftration folide & -bien raifonnée , fe laiflera fouvent éblouir par les feux arabejques & chinois. Au refte , les érincelles éleétriques qui fe feront appercevoir dans la /olution de continuité feront ; en tems d'orage, un brillant fpectacle pour les ignorans, & un aflez bon é/e&ro/cope pour le Phyficien qui voudroit faire desob/ervations météorologiques. D'ESIC'RIPITIION DE DEUX PLANTES DE LA FAMILLE DES CHAMPIGNONS; Par M. REYNIER, L’'AGARIC DES Dunes. Planch. IT, fs. I J'ai donné ce nom à une efpèce inconnue d’agaric, qui croîc fré- quemment dans les dunes & les landes les plus fériles des Provin- ces-unies, Ses caractères particuliers le rendent très - reconnoiffable, Son pétiole, plus court que le diamètre du parafol , a toujours une courbure très-marquée , en forte que le lieu où il tient à la terre, forme un angle prefque droit avec fon point d’infertion. Souvent il manque , alors le parafol forme une demi-circonférence, qui adhère au fol par le centre. Si le parafol eft entier, & fourenu par un périole, il a toujours un endroit divifé jufqu’au centre & plus étroit. Ce périole eft extrêmement épais, non-feulement comparé à fa longueur, mais audi relativement au parafol: fon intérieur eft vide, & fes parois 336 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, sèches, mais friables, & point filamenteufes comme celles de prefque tous les agarics. Il fe déchire aufli facilement en travers qu’en lon- gueur, Toute la plante elt blanche , un peu tranfparente, d’une confif- tance plus rendre que le pétiole, & reflemble tant par fa couleur , que par fou peu d'opacité, aux ouvrages en cire. Le parafol varie depuis deux lignes jufques à un pouce de diamètre; dans fa jeuneffe il forme un gobelet prefque fermé ; mais en augmentant de volume , il s'ouvre fans perdre néanmoins cette grande concavité qui le diftingue, fa forme n’eft jamais régulière ; le pétiole s’insère toujours à côté du centre, & toujours du côté divifé; les autres parties de la circonférence fonc ou régulières ou ondées, fans fuivre de règle fixe. fou le pétiole manque , il eft remplacé par un bourrelet qui foutient le parafol ; vrai- femblablement c’eft le pétiole dont le peu de longueur naturelle a été gèné par des caufes extérieures. Les lames font infiniment étroites, ferrées & féparées par des demi-lames ; elles fonc blanches & fort minces. Le périole n'étant pas diftinét du parafol, mais le formant par un épanouiffe- ment de fa fubftance, les lames lui font adhérentes, & continuent un certain remps fur fa furface avant de cefler entièrement ( 1 ). Le peu de lon- gueur & l'épaifleur du pétiole , l'irrégularité de fa poftion qui rend cette plante intermédiaire entre les agarics fefliles & ceux à tige, empêche de trouver des efpèces à qui on puifle la comparer. Cec agaric diffère eflentiellement des agarics fefliles 2337 & 2338 de Hal- ler, tant par fa pofition, ceux de cette hauteur croiflant {ur le bois fec ,que par la nature de leur fubftance, & par plufieurs différences de forme. Son amanira 2337 eft convexe, eft réellement fefile, quoique avec l'apparence d'un pétiole: celui-ci elt creufé en gobeler, & pref- que toujours foutenu par un pétiole, L'amanita 2338 peut encore moins lui être comparé (2). : On trouve l’agaric des dunes dans les landes, dans les bruyères les plus ftériles, & fur les dunes des Provinces-unies. Ïl eft très-commun , mais il abonde fur-tout dans les ornières qui y font tracées. Le Péfi orangé. ( PL. IT, frs. 2.) r Ce péfi n'eft pas feulement féparé des autres efpèces par fa cou- Jeur , mais auf par fon air qui eft caractériftique. Sa manière de croî- tre lui eft particulière & differe de celle qu'ont les péfis, nommés (x) On peut le comparer pour caraëtère au champignon, P/. XIW fig. 1,2,3, de Vaillant Bot. Paris; mais non pas pour fon air qui eft abfolument différent. (2) Ces deux champignons font les mêmes qu’Adan(on , fam. des PI. tom. 2, pag. 11, nomme gelona , & les mêmes que Micheli décrit, page 123 de fon Merhodus fungorum. J'obferverai que le genre des gelona eft abfolument arbi- traire , & qu'il dépand de caractères très-yariables, « vulgairement SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS, 137 Vulgairement Oreille de Judas (1). Ces derniers , excepté l’efpèce décrite par Haller n°. 2221 de fon hiftoire des plantes fuiffes, font folitaires, ou rarement grouppés deux ou trois enfemble, Si le péf pourpre (2221 de Haller ) fe grouppe davantage , c’eft par aggrézation & fans racine commune. Le péfi orangé naïflanc reflemble à une de ces extravafions gommeufes fi comunes fur lés pruniers; il eft alors mucilagineux , fans confiftance, & abfolument informe. Il prend un peu de confiftance en grandiflant , fans néanmoins perdre fon ‘élaf- ticité qui imite celle de la gelée. Sa furface fe ride & fe couvre de plis plus ou moins profonds dont les finuofités font très-irrégulières pour la forme on ne peut mieux comparer cette partie de la plante, w’au noftoch jaune refflemblant au méfentère de Vaillant (2), excepté que le yolume du péfi n'en approche jamais. Sa couleur eft orangé, mais d'une teinte extrêmement foncée, & tirant fur le rouge. C’eft de ce corps que fortent les parties de,la plante qui la rapprochent des péfs : ce font des lames recourbées & prenant diverfes formes ; tantôt c'eft une coupe ou un entonnoir , tantôt une oreille, plus ou moins convexe ou concave, régulière ou irrégulière : elles ne varient pas feu- lement dans les différens individus, maisaufli fur le même grouppe. Cette partie de la plante eft mince; elle reflemble aux autres péfis gélatineux, par fa confiftance & fa forme; mais elle en difière par fa couleur orangée plus pâle que celle des racines, & par fa furface qui n'eft pas veloutée, mais difle & fans reflets. Quoique la grandeur de ce genre de plante foit très-variable, on peut cependant remarquer que ce péfi eft plus petit que les autres. On trouve le péfi orangé fur les branches mortes & humides des arbres. Il eft affez rare. Les arbres où je l’ai obfervé chaque fois étoient des chênes ; j'ignore s’il croît fur d'autres efpèces, Æ (1) On peut claffer le péfi orangé parmi les péfis gélatineux de Haller; mais il differe de toutes les efpèces décrites par cet Auteur, même de celle n°. 2221, à quiil refflemble le plus. Malgré mes recherches je n’ai pu le découvrir dans aucun ouvrage de Botanique. 9 Fi Noftoch, Zureum mefenteriforme Vaïlant Bot, Parifienfe, PL XIV, Le qe Tome XXVIIT, Part. I, 1786. FEVRIER. S 138 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, EXTRAIT D'UN MÉMOIRE Sur l'Ether acéteux, & fur un Sel particulier d'une nature analogue aux acides végétaux , ou Sels effentiels acides : Lu à l’Académie Royale des Sciences en Novembre 1785 ; Par M. Perrertrer, Membre du Collège de Pharmacie de Paris , & Correfpondanr del Académie Royale des Sciences de Turin. H; ERNE eft le premier qui a obfervé qu'on obtenoitun feldu réfidu de l'acide nitreux , traité avec l’efprit de vin. M. Rouelle a aufli enfeigné que de ce réfidu on retiroit du vinaigre, acide particulier quon n'avoit produit avant lui, que par la fermentation des corps muqueux fucrés: des Chimiftes modernes ont reconnu que les crif- taux d'Hierne étoient un acide particulier analogue à celui du fucre : j'ai cherché en vain à retirer de l’éfprit de vin décompofé par l’acide vitriolique , un fel acide, peut-être eft-ce la quantité d’acide vitrioli- que qui refte toujours après l'opération , qui empêche de l’y demontrer. M. Schéele dit cependant, qu'il fe produit du vinaigre qui pafle dans la diflillation avec l'acide fulfreux: on n'eft pas plus heureux en décompofant l'acide marin, parce que ce dernier acide, fur-tout lorf- qu'il eft furchargé d’air déphlooiftiqué, réagit fur l’efprit de vin, de la même manière que l'acide vitriolique; c’eft-à-dire, quil en change une portion en une fubftance noire, dont ileft difficile de dérerminer la nature. J'ai été curieux d'examiner le réfidu de lécher acéteux, & pour cer eflec, j'ai diftillé plufieurs fois de lefprit de vin fur du vinaigre radical; ce qui m’a fourni l’occafion de confirmer l'obfervation de M. d'Arcet, en obtenant à chaque diftillation de nouvel éther acé- teux : le vinaigre radical fe trouvoit enfuite très-coloré ; l'ayant mis dans des capfules de verre à uneévaporation infenfible, j'ai obtenu un,fel qui préfencoit diverfes modifications dans fa criftallifation. La figure la plus conftante m'a paru un cube alongé & applati, qui quelquefois grof- fifloit par l'application de lames de même forme. Ces mêmes ‘criftaux étoient quelquefois rerminés par deux troncatures, ce qui leur donne la forme de lames rhomboïdales : d'autres fois , le criftal étant parfait, on diftinguoit un prifme quadrangulaire terminé par une pyramide té- taëdre: jai aufli obtenu ce même fel en cubes alongés, qui vus à leurs extrémités , paroïfloient formés par des lames tronquées à fens oppofés de manière à faire appercevoix divers angles rentrans, è SUR L'HIST, NATURELLE ET LES ARTS, 139 Ce fel mis fur la langue, y imprimoit d'abord uné faveur acide, à laquelle fuccédoit un goût d’une nature tout-à-fait particulière. IL eft très-foluble, & fa diflolution n’altère point le firop de violettes, mais elle rougit fur le champ la teinture du tournefol. Un criftal de ce fel mis fur un charbon allumé, a commencé par fe bourfoufler; il a brûlé enfuite , comme les fels effentiels des végétaux , & la matière charbonneufe qu'il a donnée étoit très-fpongieufe , légère & en grande quantité : je ne puis mieux la comparer qu’au charbon que fournit l'huile empireumatique de gayac enflammée par l'acide nitreux. Ce fe combine avec les alkalis fixes cauftiques fans effervefcence, & le nouveau fel qui réfulte de cette combinaifon , fe préfente en criftaux alongés : le même fel avec l’alkali fixe aéré , fair effervefcence, & le produit eft abfolument femblable au fel obtenu avec lalkali cauf- tique ; j'obferverai aufli que ce nouveau fel eft très-foluble. Ayant combiné ce même fel acide avec les alkalis volatils , j'ai vu que l’effervefcence avoit lieu avec l’akali volatil aéré ; & le nouveau fel amoniacal produit eft très-foluble, & criftallife en aiguilles. Ce fel acide ne précipite point l'eau de chaux, il fe combine avee la terre qui y eft tenue en diflolution; & la combinaifon a lieu avec effervefcence, lorfqu'on traite ce fel acide avec de la craie: je n’ai pu obtenir le produit de leur union qu’en houpes foyeufes, qui n'ont paru s’effleurir. Je nai pas pouffé plus loin l’examien de ce nouvel acide ; néanmoins les expériences que je viens d'indiquer, m'ont paru fufñfantes pour fixer Partention des Chimiltes : on doit voir que ce fel qui manifeftemenc eft de nature acide, ne peut être aflimilé aux acides du fucre, ou de tartre; iln'a non plus aucune analogie avec les autres acides connus : fes pro- priétés d’ailleurs indiquent aflez qu’il eft formé par des principes ana- logues à ceux qui de la végétation produifent les acides végétaux ; & comme il paroît que ce fel acide a été formé de roures pièces ; par des principes fournis par l’efprit de vin, & par ceux du vinaigre radical, cetre obfervation doit nous donner quelques lumières fur la production des acides végétaux. : On pourroit peut-être foupçonner que ce fel acide étoit contenu dans le vinaigre radical , & qu'il n’étoit point le produit d’une nou- velle combinaifon : ce qui m’a engagé à foumertre à une évaporation infenfble dans des vaifleaux ouverts deux onces de vinaigre radical: le réfidu que j'ai obtenu étoit en fi petite quantité, que.je ne puis l'é- valuer qu’à environ demi-grain. Ne 8 Le phénomène que nous a fourni le vinaigre radical traité avec l'ef- prit-de-vin, comparé à celui qui arrive en traitant l'efprit-de-vin avec Vacide nicreux, auroit été pour Pilluftre Rouelle, un nouveau motif pour admettre un grand rapport entre le vinaigre & l’acide nitreux: Tome XXVIII, Part. I, 1786. FEVRIER, S 2 * 140 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, ce chimifte admertoit la mème analogie relativemenc à l'acide du ben- # join, & autres fels acides que nous retirons des plantes de la famille des lauriérs; & cela, d'après la manière dont ces divers acides réagiflene fur les huiles. M, Rouelle avoit d’ailleurs obfervé que de la décompolition de l’aeide nitreux , il obtenoit du vinaigre , il ne lui reftoit plus qu'à changer le vinaigre en acide nitreux : les contemporains de M. Rouelle pouvoient bien regarder cette affertion , comme abfolument hypothétique ; mais aujourd'hui nous voyons que nos connoiflances ne nous éloignens point de pareilles données, puifque les expériences nouvelles viennent de nous apprendre que l'acide nitreux éroit le réfultat de la … fon intime des airs phlooiftiqué & déphlogiftiqué ; & que Îe vinaigre a aufli pour principe l'air déphogiftiqué uni à une autre fubftance de nature inflammable. L'académie doit bien voir que les obfervations que je lui préfente , font le réfulrat des différens eflais que j'ai dû faire fur la combinaifon di- recte de l’efprit-de-vin & du vinaigre radical , qui nous donne léther acéreux , que M, le comte de Lauraguais a le premier décrit en 1759. Et comme j'ai eu occafion de fuivreexaétement ce procédé , je vais répondre aux doutes que des habiles Chimiftes , tels que Schéele, Bergman, Pærner & autres , ont élevés fur cette production : voici ce qu'en dit Sccele (1 ): Pour me procurer une fufñfante quantité d’acide acéteux concen- » tré, je le tirai de ce qu’on appelle criftaux de verder , que je diftillai > “une feconde fois pour le reifier. Mon projet étoit de préparer &c æ d’examiner l’éther acéreux découvert par M. le-comte de Eaura- >» D a: guais; mais toutes mes tentatives furent inutiles ; il ne me fut pas poffible d'en obtenir la moindre partie : il en fut de même avec » le vinaigre retiré de la terre foliée. Il eft aflez fingulier que la æ plupart des Chimiftes les plus modernes aient admis cette décou- » verte comme réelle. Je fis part à M. le chevalier Bergman du peu > de fuccès de mes expériences à ce fujet &il me fit réponfe, que » M, Pærner écoit le feul qui ne crût pas à l'éther de M. le comre æ de Lauraguais, & qu’il afluroit pofitivemert qu'on n’en obtenoir 2 point par fon procédé Quoique cela foit très-certain ; j'ai néanmoins » trouvé le moyen de compofer un femblable écher ; il ne fautqu’ajou- » ter un peu de quelqu'acide minéral, & procéder enfuite à la diftil- lation ». Je fuis au contraire d'un avis abfolument oppofé à celui de Schéele, & je ne crois point que les acides étrangers qu'il confeille d'ajouter au mêlange foient néceflaires pour la produétion de l'éther acéreux ; fi Schéele eut examiné l’éther qu'on obtient par leur mêlange , il auroit vu qu'ils 8 (1) Mémoires de Chimie de M. C. W. Schéele, traduits du fuédois & de l’alle- mand, feconde partie, page 115, SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 14r my entroient pour rien. Les ouvrages de Chimie qui ont traité de Péther acéreux n'ayant pas décrit exactement l'opération, je vais la fuivre dans toutes fes circonftances, J'ai mêlé une livre de bon elprit-de-vin à une livre de vinaigre radical : il n’y a point eu du tout de chaleur. J'ai procédé auñi-16t à la diftillation, & j'ai retiré environ dix-huit onces de liqueur ui avoit une odeur éthérée. J'ai faturé l'excès d’acide avec de lalkali, mais comme il ne fe fit point de féparation d’éther, je mis le tout dans une cornue de verre, avec un appareil propre à cette rectification: les premières portions de liqueur que j’obtins , avoient une odeur très- éthérée , mais elles fe font mélées à l'eau, fans qu'il y eût féparation d'éther. Je fis alors un nouveau mélange de douze onces d’efprit-de-vin, & de douze onces de vinaigre radical ; j'eus occafion d'obferver de nou- veau qu'il n’y avoit point de chaleur lors du mélange. Je me fervis pour cette diftillation d’une cornue rubulée, à laquelle j’avois adapté un ballon à trois becs, dont l’un recevoit le col de la cornue; celui qui lui éroit oppolé , avoit un tube qui me permettoit d'y adapter l’ap- “pareil pneumaço-chimique; & le troifième bec, pratiqué à la partie inférieure du ballon étoit recu dans une bouteille aflez grande pour con- tenir le produit , & je l’avois difpofée de manière que je pufle la reti- rer fans déranger l’appareil : ayant procédé à la diflillation , j'ai retiré environ douze onces de produit que j'ai recohobé fur le rélidu: j'ai pro- cédé à une nouvelle diftillation , & ayant recohobé le produit unegroi- fième fois , j'a recommencé la diftillation , toujours au degré de l’ébul. lition , jufqu'à ce que j'ai eu douze oncesde liqueur. Elle avoit alors une odeur très-éthérées je dois aufli obferver qu'il ne m'a pas éré poffible de faire ufage de l'appareil pneumato-chimique , parce que je voyois toujours le moment où l'abforption alloit avoir lieu; ce qui me fit prendre le parti de renir au bec du tube une petite bouteille pleine d’eau de chaux , que j’avois la précaution de retirer promptement lorfque je voyois l’afcenfion de l’eau dans le tube; l'eau de chaux dans ces trois diftillations n’a pas changé de couleur, preuve qu'il n’y a pas eu du tour d’air fixe de produit, & j'ai eu au contraire occafion d'obferver qu'il s'abforboit beaucoup d’air dans cette opération. Ayantenfuite faturé avec de l’alkali du tartre , l’acide qui fe manifeftoie au goût & à l'odorat dans la liqueur éthérée , j'ai procédé à la diftillation en fraéturant les produits , & j'ai eu environ fix onces d'éther acéteux bien pur ; le fecond produit ; du poids de quatre onces , contenoit encore de l'éther ; mais celui ci n'étoit pas aufli agréable que le premier. Si l’on fait ufage de chaux, pour rectifier l’éther acéreux, te produie fera moins confidérable, parce que la chaux décompofe une portion d’éther, x42 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, Pour m'aflurer de l’immifcibilité de l'éther acéreux avec l'eau , j’af choili un tube de verre , qui avoit trois à quatre lignes d'ouverture , & avec une petite mefure jai déterminé ce qu'il pouvoit contenir, en féparant chaque mefure par une petite bande de papier ; & comme il contenoit feize mefures, j'y en ai introduit fept d'eau & fepc d'éther acéreux ; j'ai laifflé les deux autres vides, afin de pouvoir agiter Les deux liqueurs & les mêlanger autant qu'il me feroit poflible : lécher qui a furnagé la liqueur n’occupoit plus que quatre mefures , tandis que l'eau en occupoit dix; j'ai jugé par-là, que fept mefures d'eau peuvent en difloudre trois d’éther acéteux ; voilà déjà plufieurs mois que j'ai fait ce mélange, & je n'ai point vu d’autre abforption que celle que j'ai indiquée. Il réfulte de ces obfervations qu'on peut faire de l'éther acéteux avec le vinaigre radical , fans le fecours des autres acides, & que pour y réuflir, il ne faut que recohober trois fois le produit fur le réfidu, puifqu'un mêlange d'une livre d’efprit-de-vin & d’une livre de vinaigre radical , n’ont donné qu'une liqueur éthérée; ce n’eft pas qu’elle ne contint déjà de l’éther , mais comme l'efprit-de-vin y eft en excès, il nuit à la fépa- ration de l'écher , & dans les recohobations cer efprit-de-vin fe changeant en éther , bien loin de nuire alors à fa féparation , il en augmente la quantité, : On peut encore faire de lécher acéreux , en diftillant un mêlange d'huile de vitriol & d’efprit-de-vin fur des criflaux de verdec , ou fur du fel de faturne ; mais commeon emploie l'acide vitriolique , Schéele auroic pu croire que ce dernier acide entre aufli dans la produétion de léther LA acéteux. Il me refle à confidérer la nature des éthers : Rouelle l'aîné difoit un jour à M. d’Arcet, qu’il avoit de la peine à croire à la théorie reçue , & w'il donnoit lui-même de l’éther , & que pour procéder aux expériences qui lui paroïfloient néceflaires pour en conftater la vraie éthiologie, il lui falloir des vaiffeaux qu’il ne pouvoit faire exécuter qu'en allant lui-même à une verrerie. Schéele paroît difpofé à croire qu’il y a en jeu une matière capabie d'attirer le phlogiftique de Pelprit-de-vin , & que la féparation de l'éther d'avec l’eau , s'opère de la même manière que le foufre fe fépare du gaz hépatique. Les expériences que j'ai déjà rentées, me laiffenc entrevoir une explication plus fatisfaifante; j'en ai déjà fait part à M, d’Arcet, mais avant de les foumettre au jugement de l'Académie, je técherai de les rendre plus éoncluantes ; j'ai déjà conftaté l'abforprion.de Pair pur, dans la formation des différens éthers , fans production d'air fixe; je puis même décompofer lefprit-de-vin par le fecours d'un acide, fans produire de lécher; & pour ne rien avancer qui füt regardé comme des conjeQures, j'ai cru devoir entreprendre une fuite d'expériences dans f SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 143 es vues de m’aflurer de la nature des éthers , en déterminant la manière dont les divers acides réaoiflent fur l'efprit-de-vin , pour nous donner un produit auñli particulier (1). MÉMOIRE. $ Sur différentes efpèces de Mines qui [e trouvent dans les filons de la montagne des Chalanches , près d'Allemont en Dauphine ; Par M SCHREIïBER, Direéleur des Mines de MONSIEUR, Infpeëteur Honoraire des Mines de France. EE minéral que les Minéralooiftes nomment communément mine d'argent merde d'oie , eft une mine de cobalt terreufe , renant argent. Elle eft ordinairement compofée de mine de cobalt noire , de fleurs lilas de ce demi-métal , de chaux verte de kupfernickel , d'argent narif, & quelque- fois il s’y trouve de la terre argileufe & de locre martiale, Les parties noires font fouvent combinées avec de l'arfenic, & un peu de foufre; fans que ces fubftances les privent de ce coup-d'œil terreux , & fans qu'elles leur communiquent ce brillant qui eft propre aux fubftances métalliques , lorfqu'elles en font minéralifées. Tantôt ce font les parties noires qui dominent dans cette mine, tantôt ce font les vertes; les fleurs de cobalt n’y font ordinairement qu’en petite quantité. Telles fonc au moins la plupart des efpèces de mine d'argent merde d’oie qui fe rencontrent dans les filons des Chalanches. . Le hafard m'ayant, faic tomber entre les mains des échantillons d’une pareille mine, je crus y appercevoir des parties rouge-brunâtres que je foupconnois être du cinabre, ce qui m’engagea à examiner de plus près & avec plus d’attention cette mine, Je choifis à cer effet un échantillon extrait dans le puits de la traverfe du jour depuis environ neuf mois, Il éroit folide# tenace fous le marteau, en conféquence difficile à réduire en poudre aflez fine pour pouvoir pafer par le tamis de foie, Il confftoit en mine noire entremêlée d’un peu de chaux. verte de kupfernickel & des parcelles de fleurs de cobalt. Le tout (1) Tous les acides n’ont pas la propriété de produire des éthers , par leur mélange avec lefprit-de-vini les acides du phofphore , du benjoin, de l’arfenic, ne m’on: jamais donné de l’éther, quoique je les aie traîtés à des dofes confidérables avec Pefprit-de-vin, L 144 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, éroit traverfé de beaucoup d'argent natif, cependant il n’y avoit aucune trace de cinabre. « II eft difficile de déterminer avec exactitude la richefle en argent de pareilles mines, attendu que le métal natif ne pouvant être broyé ni tamifé, ne peut conféquemment être mêlé également avec la matière qui a paflé par le tamis. Ce métal natif ne peut non plus entrer en compte tel qu'il eft à caufe des parties hétérogènes qui lui font adhérentes. Ce n’eft qu'avec beaucoup de foin & d'attention , aidésdu calcul, qu’on vient à bout de déterininer au jufte la richeffe d'un échantillon, je dis d'un échantillon, car tous ceux d'une même efpèce de mine, ont pour l'ordinaire une richefle différente. Celui dont il s'agir & qui a été analyfé, contenoit par quintal dans fa totalité $7 marcs 1 once 8 deniers d'argent, & la pouflière pailée au tamis en contenoit 2$ marcs 4 onces. Ayant mis 100 liv. poids f&if de cette dernière dans un têc fous la mouffle, il s’en eft volatilifé 21 liv. en peu de tems, avec odeur arfenicale, Le réfidu étroit de couleur grife-jaunâtre. L’ayant mêlé à différentes reprifes avec de la pouflière de charbon, & l'ayant grillé pendant fix heures , il s’en eft dégagé beaucoup de vapeurs arfenicales. La perte totale dans cette opération a été de 41 liv. par 100. Le réfidu de cetre dernière opération étoit de couleur grife-jaunâtre. II contenoit deslparcelles de fer que le barreau aimanté déceloit , & ayant été fublimé avec du fel ammoniac , ce dernier étoit coloré en jaune , & noircifloit la ceinture de noix de galles, La quantité de fer ne furpañloit pas celle de 3 à 4 livres par quintal. Ce qui éroit refté au fond du matras, étoit du cobalt & de l'argent. J'ai fondu ce réfidu avec vingt-quatre fois fon poids de verre blanc, & j'ai obtenu une fcorie d'un bleu clair affez agréable , malgré cette grande uantité de flux värreux. - 7 Au fond du creufet & dans cette fcorie bleue j'ai trouvé des globules d'argent, & un peu de régule de cobalt aufi blanc à fa furface & dans fa caflure , que l’argent même. I! fuit de-là que 100 liv. de cette mine, dont l'argent natif a été féparé par le tamis, contiennent 12 liv. 12 onces d'argent, environ 3 liv. 8 onc. de fer, & 43 liv. de cobalt. {l refte maintenant à examiner en quoi confiftent les 41 Liv. volatilifées par le feu. J'ai mis 6 onces ou°3456 grains de cettemêème mine mêlée avec demi- once ou 288 grains de limaille de fer , dans une cornue de verre enduire de terre olaife; l'ayant placée dans le fourneau , j'y ai adapté un récipient. Après avoir lutté les jointures, j'ai donné du feu: aufli-rôt que la cornue a fenti la chaleur, des vapeurs aqueufes fe font montrées , & ont en fe condenfant, coulé le long des parois au fond du récipient. Ayant augmenté . Er ISUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS, 14$ augmenté le feu, il a paffé du phlegme entremêlé de petits globules de mercure qui avoient de la peine à fe réunir, à caufe de l’arfenic blanc qui cornmencoit à fe fublimer en mème-tems; cet arfenic faliffanc les furfaces . de ces globules les empêchoit de former une feule mafle. A mefure que la chaleur devint plus forte, l’arfenic fe fublimoie abondamment en vapeurs blanches rempliffant tout l'intérieur du récipient en forme de brouillard. Ces vapeurs fe condensèrent peu-à-peu & s'atta- chèrent aux parois, Le phlegme qui avoit paflé au commencement de Popération fut aufli couvert d'une pellicule d’arfenic blanc qui le furnageoit. _ Après avoir ouvert les vaiffeaux, j’ai trouvé dans le col de la cornue beaucoup d’arfenic, dont une très-petite partie étoit jaunâtre , le refte étoit parfaitement blanc, partie criftallifée, partie en pouñlière. Les criftaux de cet arfenic étoient ou des octaëdres ifolés, plus ou moins parfaits, ou implantés les uns fur les autres. Une forte partie n’étoit que des ébauches de cette forme, ne préfentant que les arrètes & les angles folides des octaèdres , randis que les faces étoient creufes ou en trémie. ; Il reftoit confondu dans l'arfenic en pouflière un peu de mercure , qu'on ne pouvoit féparer des autres globules qui s'étoient arrêtés à l'orifice de la cornue. Ce mercure .éroit indiqué par la couleur blanche de l'or frotté avec cette poudre d’arfenic. Je ne pouvois donc pas dérer- miner avec précifion la quantité de mercure contenue dans cette mine, par celni qui avoit paflé dans Le récipient. Il falloit employer un autre moyen; & pour arriver à mon but, je mis dans un matras tout l’arfenic qui s'étoit fublimé , auquel j'ajoutai l'eau fufilante pour le difloudre.. Je plaçai ce matras au bain de fable, & fs bouillir l'eau jufqu'à ce qu'elle eût entièrement diffous l’arfenic. . Je décantai cette diffolution , & au fond du matras je trouvai un peu de mercure avec des parcelles de régule d’arfenic , qui s’étoient formées dans la diftillation. Ayant réuni tout le mercure que les 3456 grains de mine avoient rendu, il pefoit 164 grains, ce qui donne par quintal environ 4 livres 12 onces, - Le phlegme qui étoit dans le récipient pefoit 528 grains, confé- quemment le quintal en rend à-peu-près 15 liv. 4 onces. En ouvrant les vaifleaux je fentis une odeur fuffocante de foufre brülé ; qui rempliffoit tout le laboratoire ; c’écoir du gaz acide fulfureux volatil qui s’éroit formé pendant la diftillation, La liqueur ou le phlegme qui étoit dansle récipient en éroit fi fortement imprégné , qu'indépendamment de l'odeur fuffocante qu’il répandoit , 1°. Il diffolvoit l'alk:li fixe avec effervefcence, & attaquoit même, quoique foiblement, le fpath calcaire ; 29. Il avoir un goûr acide fur la langue; Tome XXVIU , Part, I, 1786, FEVRIER, 26 146 OBSERVA TIONS SUR LA PHYSIQUE, 3°. Il coloroit le papier bleu en rouge ; ANS °. IL précipitoit le nitre mercuriel en noir; $°: Il rendoit fur le champ laiœufe la diflolution de l'argent dans l'acide nitreux ; laquelle ayanc-paffé du lilas au violet, devint enfin noire; . 162 IL troubloit Peau de chaux & y formoit un précipité blanc que les acides nitréax & marin diffolvoient. Ce qui prouve qu'outre le gaz de l'acide fulfureux, il s’'eft aufli dégagé de certe mine , où il s'eft formé dans Popération, ün peu d'acide méphitique ou air fixe. L'appareil ma manqué pour recueillir cet air de l'acide fulfureux & our l’évaluer. MH fair de ces expériences , d’après l'échantillon qui a été analyfé , que 100 liv. de cette! mine contiennent, f : Argent «essences 12 liv. 12 onces. Fersu.de sdasrbn ériaielée ersie)s)e 3 8 COBRIC MEN RERTAMRN U EH UN OUAIS 2e © Mercure 4.04 2.10 OT ANNIZ Phlegme mêlé d’air de l'acide fuléureux APTE SPA Arfenic très-peu fulfureux ...:... 20 : 12 100 [e) J'ai répété ces expériences far différens échantillons de la même efpèce de mine, & j'ai eu conflamment les mêmes réfülrats quant au général, mais ils varioient dans la proportion. Dans l'analyfe d’un pareil morceau, fe fublimé atfenical étoir de la plus grande blancheür , fans le moindre indice de foufre; maloré cela le gaz acide fülfureux volatil s'étoir formé pendant lopération comme dans l’añalyfe des autres échantillonss où la couleur de l'arfenic indiquoir un peu de foufre. Il eft vrai que j'avois ajouté à cet échantillon une portion plus forte de limaille de fer or autres, & il fe peutique ce fer aic entièrement abforbé la partie de oufre qui n’a pas été se C’eft de l’eau fimple qui paîle dans le récipient dès le commencement de la diftillation. L’odorat ni le ‘poût n’en font affectés, & les réaétifs ordinaires pour examiner les eaux, comme le nitre mercuriel , la diflo- lution d'argent, &c. n'y produifent aucun effet; Mais pour peu que Popération füit avancée, [le méréüre commencé à fe montrer, il fe dégage de l’arfenic , & le gaz fulfüreux volaril fe développe & fe mêle fortement avec Je phlegme. Ce n’eft que lorfque ce dernier a paflé & quand on augmente le feu, que la majeure partie de l’arfenic fe fublime , & que la plus grande quantité d'air de l'acide du foufre fe forme, Quelque forte que foit la chaleur, il eft impoflible de faire fublimer dans certe, opéra- tion , cout l'arfenic contenu dans la mine; fi l'on n'y ajoute pas des SUR L'HIST, NATURELLE ET LES ARTS, 147 matières inflammables , elle en retient toujours une quantité notable qui peut aller de 8 à 12 livres par quintal, Une partie de foufre fe combine dans l'opération avec la limaille de fer, une autre fe décompofe ; dans cette décompoftion le phlogiftique 8e l'acide du foufre deviennent libres, & forment enfemble le gaz fulfureux volatil. Le phlogiftique de l'arfenic peut aufli beaucoup contribuer à la formation de ce fluide aérien. Jeñecrains point de m’écarter de lawérité, en penfant que dans /a mine d'argent merde d'oiedes Chalanches, le mercure fe trouve combiné avec le foufre & y eft à l'étar d'éthiops minéral. Ce qui augmente ma certitude en cela, c’eft qu’on ne trouve ordinairement dans cette mine, qui cependant prend du mercuré , aucune marque rouge de cinabre. 4 On rencontre une autre efpèce de mine d'argent aux Chalanches qui n'eft pas moins intéreffante que la précédente: elle eft communément terreufe, ayant cependant aflez de confiftänce pour pouvoir être con- fervée en échantillons fans fe brifer. Elle eft noire & ordinairement entre- mêlée d’une matière terreufe blanche tirant fur le verd jaunatre. C’eft une vraie chaux d’arfenic combinée avec le fer. Lorfque les échantillons fortent du filon, certe dernière fubflance eft molle comme du-beurre; en fe féchant elle contraéte beaucoup de gercures. On découvre dans cette mine, quoique rarement , des parties d’un rouge brun, J'ai trouvé dans quelques morceaux des rognons de mine d'argent rouge , & je crois y avoir auffi apperçu des indices d'orpiment. Tantôt on y remarque l'arcent raûf, tamôt il n’y en. a aucune trace. Les parties noires ont quelquefois un ciup-d'œil vitreux & luifant femblable à des fcories , ce qui pourroit les faire prendre au premier afpect pour une mine de cobalt noire vitreufe ; mais l'expérience fuivante fera voir que :ce, n’en eft point. J'en ai foumis à l’analyfe un échantillon dans lequel je nappercevois point d'argent natif, & qui avoit un peu moins de folidité que la plupart ‘des autres morceaux. Il étoit fans gangue rpierreufe. L'ayant faic piler & tamifer ,& ayant mêlé le cout bien exaétement., leffai que j'en ai fait m'a donné 23 marcs 6 onces d'argent »par quintal, | Cernit livres de cette mine ont perdu dans lacalcination fous Ja mouffle avec de la pouffière de chgrbon 43 liv. & demie ; exhalant.des vapeurs ‘arfenicales, Le refte éroit atrirable au barreau aimanté. Etant parvenu à en enlever le fer ‘par la fublimation répétée avec du fel ammoniac, le réfidu éroic du cobalt , il pefoic environ,$ liv. &ayantété fondu avec du flux vitreux , il donnoit une aflez belle couleur bleue au verre, J'ai mis 6 onces de cette mine mêlée avec une once de limaille-de fer dans une cornue , &- en opérant comme j'avois’ fait précédemment Tome XXVIIL, Part. I, 1786, FEVRIER, L'2 148 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE; avec la mine d'argent merde d'oie, j'ai obrenu un fublimé confidérable d’arfenic, coloré tant foit peu en jaune ; des criftaux octaèdres d’arfeniç blanc, du phlegme mêlé d'air de l'acide fulfureux qui répandoit pareille- ment une odeur fuffocante, & du mercure. Ayant ramaflé avec foin tous les produits , & après les avoir pefés, j'ai trouvé que le quintal de mine pareille à mon échantillon , contenoit , Argent Spctu die be ter tele tire le Rive F4 onces Fer Re ce net 130 1 TO ÉOPAIEE one see ciel ete IS ‘ Mercureqh ein eleteeicrelel se RSI ER O 9 Phlesme ou de l’eau mêlée de gaz de i Pacide fulfureux. 220 0h 08: 72 8 < 1: Arfenic un peu fulfureux ...,...... 25 100 [e) L'on peut donc convenablement défigner ce minéral par la defcription de mine d’argent terreufe & arfenicale , tenant fer , cobalt & mercure, Les filons actuellement en exploitation dans la montagne des Cha- lanches , ne font pas les feuls qui aient rendu des matières tenant mercure, je puis aflurer que de tout tems & depuis la découverte de la mine des Cbalanches, il y a toujours eu des filons qui ont rendu des minéraux arger- tifères & cobaltiques renant mercure. J'ai faic des expériences fur des morceaux extraits anciennement & au commencement de cette exploita= tion , où j'ai trouvé la preuve de ce que j'avance. Afin de conftater ce faic, j'invite ceux qui pofsèdent de ces anciens échantillons de les examiner , & de faire des expériences fur des fragmens , s'ils ne veulent pas facrifiez des morceaux entiers, Les deux efpèces de mine dont j'ai parlé dans ce Mémoire, ne font pas les feules qui donnent du mercure. La plupart des mines de cobalt rérreufes , principalement celles qui font noires, folides ou friables , en contiennent, ainfi que la mine de cobalt vitreufe. Je. viens même d’en obtenir environ 20 liv. fur 100 liv. de matière noire contenant 117 marcs d'argent, & qui après avoir été grillée, donneune belle couleur bleue au verre blanc, étant fondu enfemble, Le mercure dans ces minérais fe montre rarement combiné avec le foufre fous la forme rouge de cinabre ,il y en a cependant quelquefois, En 1778 je trouvai déjà un morceau de fpath calcaire pénétré d'argent accompagné de cinabre. Depuis lors jen ai fouvent trouvé de perirs ropnons , foit dans les différens minéraux d'argent & de cobalt, foie dads les gangues flériles & roches latérales du voifinage des filons des SUR L’'HIST. NATURELLE'ET LES ARTS. 149 Chalanches, IL n’y a pas même long-tems qu'un de ces filons m'a donné un morceau de blende jaunâtre entre-mêlée de cinabre , le refle de l'échantillon étoit du fpath calcaire , de la mine & fleurs de cobalt , de la galène, & de l’asbelte, ‘ Fait à Allemont, ce 17 Décembre 1735. oo Mt Er DARGE DE M. LE COMTE DE RAZOUMO WSKI, Correfpondant de l’Académie Royale des Sciences de Turin , de la Societé Phyfique de Zuric , & de celle des Sciences Phyfiques de Laufanne , A M DE LA METHERIE, SUR DES PÉTRIFICATIONS. Monsieur; Pluñeuwrs pierres font fouvent remplies de cavités ou de trous, ceux-ci , font, ou irréguliers , & peuvent être confidérés comme des jeux de la nature, qui fe trouvent formés par la deftruction de quel- que matière terreufe, ou pierreufe, plus rendre que la pierre même qui la contenoit; ou ils offrent quelqu’apparence de régularité, & fonc voir évidemment alors qu'ils ont fervi de demeure à quelqu’animal marin. Souvent l'œil feul ne peut pénétrer dans la profondeur de ces trous ; il faut donc alors chercher quelque moyen méchanique de fe procurer fur leurs formes qu'il importeroit de connoître des lumières que ne peut donner le fens de la vue feule; voici la manière la plus fimple & la plus expéditive que j'ai employée avec fuccès en pareil . Cas. : . ü Je remplis d’abord les trous en queftion , d’eau ; je façonne enfuite -de la cire de bougie, en forme de cylindre proportionné de telle ma- nière à-peu-près qu'il puifle s’introduire facilement dans ceux-ci, & je lui donne une longueur égale environ à la profondeur de ces trous, que j'ai préalablement fondés & mefurés ; j'y enfonce promptement enfuire .mon cylindre de cire, que j'ai eu d'abord foin de ramollir le plus que pofññble fans le fondre à la flamme d'une chandelle, & je l'en retire Le 159 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, prefqu'aufli-rôt avec précaution, pour qu'il ne fe cafle pas, & j'ai le relief exact de l'intérieur des cavités mentionnées, qui m'offre ablo- lument la même forme & les organifations extérieures, qu'avoienc les corps marins, qui, en fe détruifant, ont laiflé leurs empreintes , comme on peut sen convaincre aifément, par les figures ( 1,2, 3,4, $,plan- che 1), qui repréfentent des reliets en cire moulée, dans des creux remplis-jadis par une bélemaire & des pholades, L'eau dont j'ai dit qu'on remplit ces creux, fert à accélerer le réfroidiflement de la cire, añn d'empêcher qu'elle ne fe colle coutre les parois de ceux-ci, ce qui feroit un obftacle à ce-qu'on ne retirât le cylindre moulé dans route fon intégrité, Les empreinces donc j'ai repréfenté ici les reliefs, fe trouvent dans deux échantillons que je pofsède, d'une mine de fer du Mubhlithal dans le canton de Pœrner (1). La fig. 1 offre une belemnite de l'efpèce uiceft renflée fur une partie de {a longueur; elle ne diffère d’une {em- blable qui fe trouve repréfentée dans Le sraité des pérrifications & les lettres Jur la formation des fels & des criflaux , de Bourguer, que par fon fominet arrondi À; onwoit en B,l'efpècede canal longitu- dinal en forme de gouttière, qui s’obferve fouvent fur la circonfé- rence ex-érieute des belemnites (2). Les reliefs des figutes 2, 3, & 4, font voir des pholades très- petices. La fig. 2 en fait voir un des grands battans, ( c’eft le battanc inférieur en entier) très-reconnoiflable par fa forme; la fo. 4 n'of- fre que le fommet d’une valve inférieure, & la troifième que l'extré- mité la plus renflée d’une pholade , où fes deux grands battans s'ouvrent, s'écarrent naturellement l’un de l’autre , pour faire place aux petites pièces intermédiaires qui contribuent à former fon rêt; on peut comparer ces trois morceaux, avec la fig. $ ,qui repréfente une pholade entière , & les fioures 4 & ÆE E de la planche 10$ de léndex conchyliorum de Gualtiéri. Les fig. 3 & 4 ne reprélenrent que des fragmes de co- quilles, parce qu'une portion de la pierre ‘où fe trouvoient cestrous & empreintes de pholades, manque ‘dans l'échantillon que j’en pofsède & elt fans doure reftée adhérente au rocher. C'éroic fans doute , une queftion inréreflane en bhiftoire naturelle, (1) Cette mine efffn vrai phénomène minéralogique, dont je me réferve à parler dans un plus grand détail ailleurs. (2) Ce n’elt pas la première fois que j'ai obfervé de pareils trous #ereufés: évidem- ‘nent par des belemnites, dans letemsiqua les pierres où on les trouve n'en avoient pas encore la confitance ; j’en ai vu dans des cailloux filex. Cela prouveruit que la belemnite comme coquillage marin , (Mémoires de.la Socieré des Scienves Phyfig. de Laufanne, tome I, pagess), fe .creuioit une demeure dans la fang: où le Jimon de la mer, comme nous le voyons faire aujourd’hoi à plufeursanimaux marins à coquilles, +? - k À | | Ge . SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 15* que de favoir : fi les pholades s’introduifent dans la pierre déja for- mée, ou dans la fubitance encore molle & non durcie de celle-ci, & elle fembloit avoir été heureufement réfolue par M. de Réaumur (Memoires de L'Acad. roy. des Je. an. 1712, édit d'Hollande , ir-8°.), H faut cependant avouer, que tout ce que cet ingénieux & célèbre naturalifte . a rapporté en faveur de fon opinion, eft plutôt conjectural: que fondé fur des preuves de faits bien évidens ; & comme il ne dit point abfolument que ce coquillage ait laiflé l'empreinte des parties extérieures de fon têt dans la bauche ou pierre molle où il l’a trouvé, ce qu'il eut dû cependant néceflairement obferver, fi la pholade fe fut logée dans la baunche avant que celle-ci für devenue pierre, on pourroit prefque préfumer contre fon fentiment, que la pholade fe loge aufli fouvent dansla pierre déjà formée, comme lefonr, felon MM: Vallifmieri, Tortis & Spallauzant, les dates de mer; d'autant que l'illuftre Académicien de Paris avoue lui-même qu'il croit que les pholades ont la faculté de creufer des corps aufli durs que la pierre, pagé 171 du volume des Mémoires de l’Académie cité ci-deffus. Mais les morceaux de la mine de fer du Mublithal que je pofsède & es reliefs dont j'ai donné ici les figures, me paroiflent établir l'opinion de M. de Réaumur d'une manière inconteftable, & forment une preuve qui manquoit encore pour adopter fon fentiment. J'ai l'honneur d’être, &c. A Vernens prés de Laufünne , ce 13 Novembre 1785% = a ——— NOUVELLES LITTÉRAIRES. Px YSIQUE du Monde, dédiée au Roi, par M. le Baron De MariveTz 6 par M. GOUSSIER , tome cinquième , première partie. À Paris, de l'Imprimerie de Quillau, Imprimeur de S. A. 5. Mon-: feigneur le Prince de Conti , rue du Fouare, 178$, 1 vol. z7-4°, Les Auteurs de la Phyfique du Monde continuent la grande tâche qu'ils fe font impofée. La première Se&ion de cet Ouvrage contenue dans le premier volume, renferme l'examen de rous les fyftèmes de cofmographie: la feconde, contenue dans le fecond volume | embraïfe toure leur aftro- nomie phyfique: la troifième, contenue dans le troifième volume, renferme toute leur théorie de la lumière : la quatrième, contenue dans le quatrième volume , renferme toute leur théorie des couleurs: Le traité du feu, qui forme la cinquième Section , fera divifé en deux volumes, dont celui-ci elt le premier, MM, de Marivetz & Goudier ne s'écartent point de la méchode is2 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, qu'ils ont füuivie jufqu'ici. Voulant faire un corps complet de Phyfique, ils commencent par expofer les principales opinions avancées avart eux fur la matière qu'ils ont à traiter. Ils rapportent dans ce volume tout ce qu'ont dit fur le feu les plus célèbres Philofophes, depuis Ocellus jufqu'à l'Abbé Noller; & dans la feconde partie ils feront également connoître les fentimens des Auteurs vivans, : . Ils diftinguent la matière du feu du principe inflammable, « L'on ne » doit regarder, difent-ils, le feu que comme la matière propre de la > lumière ou l’écher ». Cer éther pénètre tous les corps, eft parfaitement élaftique. Lorfqu'il fera ébranlé avec une certaine force , il réagira contre les parties des corps, les ébranlera, ce qui les raréfiera , &c, Or, la raréfaction eff le figne le plus certain de la préfence du feu. « Le feu fous ce » titre refte au nombre des quatre élémens que les Phyficiens ont toujours > comptés, Il faur ajouter à cette fi fameufe & fi ancienne quaternité le » principe inflammable, Ain il faut compter cinq élémens ». Ce principe inflammable fe retrouve , fuivant nos Auteurs, dans les huiles , les corps gras, &c. & eft le principe de la flamme. « La matière particulière qui » exifte dans le lieu occupé par la flamme , n'accompagne pas toujours » le feu pur, conçu fous l'idée de chaleur. On peut produire un très-" = grand feu ou une très-grande chaleur fans qu'il y ait de flamme. >» Lorfque la flamme accompagne le feu ou la chaleur , elle n'eft point en z rapport avec la quantité de chaleur. La flamme n'eft donc pas la matière du feu. Jamais la matière du feu proprement dite , c’eft-ä-dire, » celle de ce Auide élaftique qui produit la raréfaction des corps , ne peut » être portée à l’état d'inflammation à quelque degré que foit porté fon >» mouvement, fi le principe inflammable n'eft point avec elle. Voilà » pourquoi certains corps peuvent contracter un très- grand degré de + chaleur fans produire aucune flamme , & que d'autres au contraire >» s'échappent en flamme fans éprouver une grande chaleur ». J'obferverai à ces favans Auteurs que rien ne me paroît prouver que le principe inflammable foit un cinquième élément. N'eft-il pas plus vraifemblable que ce principe eft l'air inflammable qui certainement ‘ef compofé? Je penfe bien avec eux que la lumière eft le principe du feu, de la chaleur , de la raréfaétion , &c. mais je crois que pour produire tous ces effers elle eft déjà combinée avec une fubitarcé plus groflière qui lui donne de la mafle, & que je crois être l'air pur (1). Au refte, MM. de Marivetz & Gouflier développeront davantage leur façon de penfer dans y Ÿ (1) C’eft cette combinaïfon de Ja lumière qu’on défigne communément par matière du feu, & qui à fait croire à quelques Phyficiens que le feu étoit un principe particulier dans lequel ne fe trouvoit point la lumière, & qui en étoit entièrement différent. Ainf la matière du feu des Phyficiens ne me paroit donc être que la matière de la chaleur , ou Ja lumière combinée ayec l'air pur. ; ls SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS, 1$f3 Ja feconde partie de ce Traité. Ils ont répondu au commencement de ce cinquième volume aux principales obje@tions qu'on leur a faites , & ont donné un réfumé fommaire de tous leurs principes & des preuves qui leur, paroifloient les établir , avec l'ordre, la clarté & la méthode qu'ils faveur mettre dans tous leurs Ouvrages. Bibliothèque Phyfico-économique , inftru&ive , amufante, année 1786, ou cinquième année , contenant des Mémoires | Obférvations-pratiques Jur l'économie rurale, les nouvelles découvertes dans les Arts utiles € agréables ; la Defcription € la figure des nouvelles Machines , des Inflrumens qu'on doit y employer d'après les expériences des Auteurs qui les ont imaginées ; des Recettes, Pratiques , Procédés, Médicamens nouveaux , externes ou internes qui peuvent intéreffer les honmimes & les animaux ; les Moyens d'arréter les incendies & autres événemens provenans des vices ou de l’altération de l'air ; des nouvelles vues fur plufieurs points d'Economie domeflique , & en général fur tous Les objets d'utilité & d'agrément dans la vie civile 6 privée, Ge. &c. On y a joint des notes que l'on a cru néceffaires à plufieurs articles, avec des planches en taille-douce : in-72. 2 vol. prix, 3 liv. chaque volume relié, & franc de port par la pofle 2 Liv. 12 fols broché À Paris, chez Buiflon, Libraire , hôtel de Mefgrigny , rue des Poirevins, N°, 13, Le grand fuccès de cet Ouvrage annonce combien il paroîc intéreflant au Public. Ces deux volumes ne le lui feront pas moins que les précédens, Galerie hiflorique , univerfelle ; par M. DE P. prix, 3 liv. 12 fols chaque Livraifon , compofée de huit Portraits graves à l'eau-forte, avecune Notice fur la vie de chaque Perfonnage, La première livraifon contient les Portraits d'Alexandre le Grand, d'Anne de Boulen, de Cicéron , de Fénelon, de Mazaniello , de Staniflas , de Tell, de Vareau. La feconde livraifon contient les Portraus de Lebas , de Bofiuer , de J, Céfar, de Chriftine Reine de Suède, de Henri IV, de Magalotti, du Titien, de. J. de Wir. On foufcrit à Paris, chez Mérigot le jeune, Libraire , quai des Auguftins, à Valenciennes , chez Giard , & chez les principaux Libraires du Royaume & de l'Europe. Cette Galerie fera intéreffante pour perfeétionner la fcience de la 1 EST PER PE à phyfonomie ; mais il faut que les Portraits foient fideles, & non pas definés de mémoire, comme on nous dit que l’a été celui de Szaniflas, Eloge de M. Pilâtre de Rozier, lu dans P Affemblée publique de la Société Royale de Phyfique, d'Hifloire- Naturelle & des Arts Tome XXVIIL, Part, 1,1786, FEVRIER. V 134 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, d'Orléans \ le 6 Décembre 1785. Arripuit traxirque virum fax mentis honeflæ gloria; par, M. HuET DE FROBERVILLE , Secrétaire perpétuel ‘de cette Société, des Acadèmies de Chälons-fur: Marne & de Dijon. A Orléans, de l'Imprimérie de Couret de Villeneuve, Imprimeur du Roi, & à Paris , chez Cucher, Nyon l'aîné & Belins, prix, 15 fols. Nous avons rendu compte de l'impreflion qu'a faite cet intéreffant Difcours, « Différtation fur lIpo, efpèce de poifon fubtil, don fe fervent les Sauvages pour empoifonner leurs flèches ; in-fol. prix , 2 liv. avec figures coloriées ; par M. Buc'oz. ‘ Differtation fur le Café, fa culture, fes différentes préparations & fes proprietés tant alimentaires que médicinales ; par M. Bucx'oz; in-fol. prix , $ liv. avec figures coloriées. Differtation fur le Barington, nouveau genre de Plante découverte © par MM. Forfter ; par M. Bucux'oz ; in-fol. prix, 4 liv. avec figures coloriees. ‘ Differtation fur la Lagerfroëm , une des plus belles Plantes qu'on puiffe cultiver dans nos erres chaudes ; par M. Buc’Hoz ; prix, 2 Liv. avec figures coloriées. Ces quatre Differtations font fuite à celles que nous avons déjà annoncées du même Auteur, & fe trouvent chez lui, rue de la Harpe, au-deflus du, Collège d'Harcourt. x ; Manière d’allaiter les Enfans à la main, au défaut de Nourrices ; traduit de l'Italien de M. BALDini, par M. ***, avec figures : prix, 36 Jols broché, franc de port par la pofle dans tout le Royaume. On affranchit l'argent & la lettre d'avis. À Paris, chez Buiflon, Libraire , hôtel de Meforigny , rue des Poitevins, N°. 13. 1786. Cet Ouvrage nous a paru intéreflant. Compendium Botanico , fyflematis Linnæani confpectum ejufdemque applicarionem ad feletiora plantarum Germanix indigenarum ufu medico & æœconomico infignium ,genera-earumque fpecies continéns, adornavit. D, CHrisT. Fr1D:REuss, Profeflor Tubingenfsy editio, fecunda aucta. 4 Ulme ,aux frais de Suttin,, &. fe rrouve à Strafbourg , chez Amand Koenig : 1785 ,in-8°. de $89 pages, Jans les Tables & Préfaces. 2.0) à Plufeurs Botaniftes ont travaillé à répandre les préceptes du Chevalier de Linré, foit en les publiant en bide foitt au contraire en les SUR L'HIST. NATURELLE ŒETLES ARTS. 3$s cômmentant. Aucun n'a obtenu, dans le Nord , un plus grand fuccès qûe M. le Profeffeur Reufs. Il eft vrai aufli que perfonne au monde n’a fu réunir autant de chofes en un fi court efpace, & que jamais on ne les a apr avec plus de clarté ; comme fon abrégé peut être également ort utile aux François qui commencent l'étude de la Botanique, nous croyons qu'on nous faura gré d'en donner la notice. Le Traité de M. Reufs eft divifé en deux parties diftinctes. La première eft confacrée aux élémens & à l'explication des termes de Botanique, Il fe trouve d’abord quelques généralités, & un fommaire des principaux fyftèmes. Il déraille en particulier celui de Linné , ne néglige rien pour bien faire comprendre les expreflions techniques des Bota- niftes, donne la verfion allemande de chaque mot, & cite une plante où l'on peut obferver ce qu'il défigne. La feconde partie offre l'ufage & l'application des termes expliqués dans la première. Elle contient la defcription botanique d'environ quatre cens trente genres & de plus de fept cens efpèces de plantes, qui croitlent fpontanément à la campagne, & de plufieurs cultivées, qui fe trouvent dans les jardins. M. Reufs y ajoute indication de l'endroit & du tems où elles feuriffent , ainfi que leur ufage médical & économique. Le tout eft terminé par plufieurs Tables très-utiles, & de dix Planches, où font repréfentées les parties des plantes qu'il eft néceflaire de connoître. On voir combien ce Livre eft avantageux pour ceux qui commencent à fe livrer à l'étude de la Botanique ; il l'eft fur-tout aux amateurs qui nont aucun Maître qui puifle les guider. Cette nouvelle édition l'emporte fur la première par plus de 200 pages d'augmentation, On y voit l'explication des termes rechniques oubliés dans la précédente; c’eft dans celle-ci feule que M. Reufs a éclairci chaque explication. Quelques Commentaires fur les Optiques de BOERHAAVE € de HALLER; par ABRAHAM GOTTHELF KAESTNER, Profeffeur public de Phyfique & de Mathématiques. À Gottingue & à Leiphck , chez Breitkopf, 1785 ; in-8°. de 44 pages. si Le Profefleur Kaeftner commence, 1°. par expliquer le paflage de Boerhaave fur. les maladies des yeux , dans lequel il eft dit , qu'en fixant l'œil fur quelqu’objer , on appercçoir feulement un très- petit point phyfique, qui fe préfente dans l’axe, & que les autres points ne fe montrent que lorfqu'on change la direction de l'œil. 2°. Il éclaircit enfuice un paflage de la: Phyfologie ‘du Baron de Haller où il eft fait mention du verre concave dônt fe fervent les myopes. 3°: Ces Commentaires expliquent un autre morceau de Haller, fur les moyens de juger de la grandeur d’un Tome XXV'ILI, Part, I, 1786, FEVRIER, Vie d 356 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, objet par l’angle optique , qui eft produit à la bafe du triangle. 4°. Le tout eft terminé par un article concernant l'ufage des microfcopes ; & par l'apologie de M. Walter , accufé d'erreur par Haller , au fujet de la réfraction du criftallin, Pharmacopeia Wirtenberoica in duas pattes divifa , quaram prior materian medicam hiftorico-phyfico -medice defcriptam , pofterior compofita & præparata, modum præparandi & encheirefes exhibet , cura Colleoii Archiatralis Wirtenbergici , editio nova , revifa , aucta & emendata. À Laufanne, chez Jules-Henri Port, & Je trouve à Strasbourg, chez Amand Koenig, Libraire. Cette Pharmacopée eft univerfellement eftimée ; elle fert de guide dans prefque toutes les pharmacies d'Allemagne & de la Suiffe ; comme les éditions précédentes étoient épuifées, il vient de s’en faire une nouvelle fur papier collé, & corrigée avec foin. La première partie de ce Difpenfaire contienc un catalogue raifonné, par ordre alphabétique , des médicamens fimples , de leur vertu , de leurs noms latin, françois & allemand , de leurs qualités & des endroits d'où on les tire. La feconde partie renferme les formules pour compofer les divers remèdes dont on fe fert en médecine, & une lifte rangée par claffes, de tous les médicamens fimples où compofés , qui doivent fe trouver dans une pharmacie bien montée; le tout eft pourvu d’une triple Täbleen latin, françois & allemand de toutes les fubftances & compolfitions dont il eft fait mention dans cette Pharmacopée, Sujets des Prix propofés par l'Académie des Sciences, Arts & Belles Lettres de Dijon, pour l'année 1787. Quelle efl l'influence de la morale des Gouvernemens fur celle des Peuples ? ‘Cette influence n'eft point douteufe, & le philofophe, qui a fa lire l’hiftoire de tous les peuples qui ont couvert la face de la terre, & de tous ceux qui Phabitent de nos jours, n’a pu s'empêcher de la k teconnoître. Il a vu que les principes, qui fervoient de bafe à la conduite des gouvernemens les uns envers les autres, & envers les peuples qui vi- vent fous leur autorité, font toujours devenus la regle de la conduite des peuples eux-mêmes. En demandant quelle eft l’inuence de la morale des gouvernemens fur celle des peuples , l'Académie ne demande donc pas qu'on prouve certe influence , mais elle efpère qu’on la démontrera par les effets qu’elle a produits; qu'en confidérant les peuples dont les mœurs & le SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS) iy7 earadtère fe fonc , à différentes époques , améliorés ou pervertis d’une manière fenfble , on fera fibre le rapport de ces effets à' leur caufe. L'Académie, en ne diftribuant qu'une de deux. médailles qu'elle avoit propofées pour le prix dont le fujet étoit Ja théorie des vents, a déjà annoncé qu’elle deftinoit l’autre à l'auteur, qui ,en quelque temps que ce fût, enverroit fur le même fujet un ouvrage fait pour ajouter aux lumières répandues dans le Mémoire couronné au mois : d'août dernier, Elle renouvelle aujourd’hui cette annonce , & avertit que ce Mé- moire dont M. le chevalier de la Coudraie eft l'auteur, ne tardera pas à être imprimé. Tous les favans, à l’exception des Académiciens réfidens, feront admis au concours. Ils ne fe feront connoître ni direétement, ni in4 directement; ils infcriront feulement leurs noms dans un billet cacheté, & ils adrefferont leurs ouvrages francs de port, à M. MARET, docteur en médecine , fecrétaire perpétuel , où M. CaiLLeT , profef- feur de poéfie , fecrétaire adjoint , qui recevront jufqu'au premier avril 1787, inclufivement, les ouvrages envoyés pour concourir au prix pro- pofé; & en quelque temps que ce foit, ceux qui auront pour objet la théorie des vents, Le prix fondé par M, le marquis du Terrail & par Madame de Cruflol d'Uzès de Montaufier fon époufe, à préfent duchefle de Cay- lus , confifte en une médaille d’or de la valeur de 30 livres , portant, d'un côté, l'empreinte des armes & du nom de M. Pouffer, fon- dateur de l’Académie ; & de l’autre, la devife de cette Société Littéraire, Lucrèce Newtonien ; par G.L.LE SAGE, Membre de l'Académie & de l'Inflitut de Bologne, des Académies de Padoue & de Sienne, Affocié étranger des Sociétés Royales de Londres & de Montpellier , © Correfpondant de l'Académie Royale des Sciences de Paris. Mémoire détaché de ceux de l’Académie Royale des Sciences & Belles-Lertres de Berlin de 1782, publiés en 1784. Le favant Auteur de ce Mémoire fuppofe qu'un difciple d'Epicure qui auroit connu les loix de la graviration découvertes par Newron , auroit pu en donner une explication mécanique par le mouvement des atômes, auxquels il affigne les qualités fuivantes : 1°. Les particules indivifibles font des caves, par exemple , des cubes ou octaëdres évidés , c’efl-à-dire, dont on n’auroit confervé que les’ douze arrètes. 2°. Les diamètres des barreaux de ces cages font fi petits relativement à la diftance mutuelle xs3& ORBSERY A TIONSISUR LA PHYSIQUE; des barreaux, patallèles d'unesmême cage, que le globe terreftre , pañ exemple; nintercepte:pas la dix millième partie des corpufculés qui fe préfentenc pour le traverfer. 3°. Ces diamètres font fenfiblement égaux. gp Leurs: mouvemens proyreflifs font néceflairement rectilignes. s°. Ces çcorpufcules {one fi clair-femés, qu'il n'y en a qu'un fur plufeurs centaines quien-reicontre ,quelqu'autre pendant: plufieurs milliers d'années ; de {orte.que l'uniformité-derleux mouvementin’'en et jamais troublé d’une façon ferdible, 6%: Ils fe meuventfur plufieurs mille millions de direétions différentes. 7°. Leurs virefles font prodigieufes. D'après ces fuppofiions & quelques-autres,; P'Auteur croit quon pourroit expliquer mécaniquement tutes les-loix de la gravité tant fublunaire qu'univerfelle, & par confé+ quent les loix de Kepler. Suppofons, dit-il, des courans d’atômes mus en route} forte dédiretiomatrivant-für un globe, paf exemple , fur la terre. Ces couransienlront tous vers le-centre de: la terre , comme s'il grêloie dans tous les pays du monde ,:& y poufleront les corps qu'ils rencontre ont: &' comme ils agiflent uniformément ; cette chüte fuivra les loix de la gravité raflignées par Galilée, Elle n’eft point ralentie par le courant oppofé ;rparçerquerla mafle-de la terre qu'il faut que celui-ci traverfe diminuefon aétions Cependant la:chûre des corps fera'en raïifon de leur malle ; parceriquezles courans qui traverfentavec facilité tous: les corps éprouveront néanmoins d'autant plus d'obftacles que les corps feront plus épais, ,auronc ,plus demafle , plus de denfié, Tous ces courans tendans vers le centre de la terre, par exemple; feront convergence, Ainfi la lune qui eft 60 fois plus éloignée du centre de Ja terre qu'un point pris à la furface de celle-ci ; fera donc frappée par 60 fois 60 moins d'atômes. Ainfi fa chüûte vers la terre fera 3600 fois moindre que celle du grave qui elt à la furface de la terre. Par, con- féquent la chûte des corps fera en raifon inverfe du quarré de la diftance au, centre. ! : : Recherches, fur la nature € les effets du méphiifme des foffes d'aifance ; par M. HALLÉ, de la Faculté de Médecine de Paris, de la Société Royale de Médecine : imprimées. par ordre du Gouveriement. À Paris ,. de l’Imprimerie de Ph. D, Pierres, Imprimeur otdinaire du Roi, de la Police, &c. Pour parvenir à des connoiffances exactes fur les effets du méphirifme des foffes d’aifance , il falloit connoître les gaz ou airs qui s’en dégagent, M. Hallé les, réduit à quatre, 1°. l'air inflammable ; 2°. l'air fixe ou acide ; 3°, l'air hépatique; 4°. l'air alkalin. Il examine enfuite les différens effets que peuvent produire, ces airs, ,& conclut que l'anti- mépbirifme de M. Janin étoit infufifant, En général cet Ouvrage eft + 2° SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 159 n de favantes recherches, & a mérité l'approbation de la Société Royale de Médecine. Fautes à corriger dans la Cahier de Janvier, Page 6, ligne, commerçans ; Lfe; , Commerçons, ME \ ! Page $2, ligne 10, air inflammable du feu, Z;/e7 , du, fer. “Page 62, ligne 17, 46 liv. 3 onces, lifez, 46 liv. 13 onces. + Page 66, notez, ligne.4, c’eft bazz ,difez ; barr. >» Page 67 ; à" lafin de Jà note 51, ajoutez: Note du méme Voyageur. \< [x TAB Ë : RON ot Des ARTICLES CONTENUS DANS CE CAHIER" ) æ D : 23 SALE 291 t Le TTRE de M. Incex-Housz, à M. N.C. Morrtor, Profeffeur de Chimie dans l'Univerfité de Mayence; au fujet de l'effer particulier qu'ont fur la germination des femences & Jur l'accroiffe- rent des ‘plantes formées , les” différentes éfpêces d'airs , les différens degrés de lumière & de chaleur, &, léleétricité, page 81 Objervation relative à la Lettre de M. SCHWANKHARDT » au fujet de l'influence de l'éledricité fur. la végétation, inférée dans le Journgl de Phyfique, Décembre 1785; page. 462: par. M. DuvAaRKIER, D. M | k Ç ris Troifième & derniere fuite de la dernière Partie des Expériences CA M. KiRwaN , fur les Affinités , Ge, Traduites de l'Anglois, par Madame P*** , de, Dijon, Mémoire Jur l'origine & là nature de la fubflance animale : par M. VAN-BOCHAUTE , de l’Académie de Bruxelles, 109 Objervation fur lanalyfe du Sel fédatif, & fur la compofition du Borax ; par M. EXSCHAQUET, Directeur des Fonderies du Heut- Fouffigny , & par M, SrRUVE, lagénieur des Minières du Haut- Fauffigny , 116 Expériences Jur différens états du Mercure dans le Sublimé corrofif ; par M. ScopPozr: traduites des Recherches & Obférvations de Chimie de CRELL, pour l'année 1784, par M. HASsENFRATZ, Sous-In/peéteur-des Mines de France , Correfpondant de la Societe Royale de Médecine, 129 169 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, 6e: Lertre adreffée à M. le Baron de SERVIÈRES, par M. Boyer-BruN ; contenant La defcription d'un Electrofcope adaptable aux Para: ronnerres ; 133 Defcription de deux Plantes de la famille des Champignons; par M, REYNIER , ‘135 Extrait d'ux Mérnoire fur L'Ether acéteux, & fur un Sel particulier d'une nature analogue aux acides végétaux, ou Sels effentiels acides : lu à l Académie des Sciences en Novembre 1785 ; par M. PELLETIER, Membre du Collège de Pharmacie de Paris, & Correfpondant de l Académie Royale des Sciences de Turin, 138 Mémoire fur différentes efpèces :de Mines qui fe trouvent dans les filons de la montagne des Chalanches, près d” Allemont en Dauphiné ; par M. SCHREIEER ; Directeur des Mines de MONSIEUR, In/peëeur Honoraire des Mines de France, 143 Lertre de M. le Comte DE Razoumowsky, Correfpondant de l Académie Royale des Sciences de Turin, de da Société Phyfique de Zuric, & de celle des Sciences Phyfiques de Laufanne, à M. DE LA MEDHERIE } ur des Petrifications , 111 349 Nouvelles Lütéraires , 151 APPROBATION. Jai lu , par ordre de Monfeigneur le Garde des Sceaux, un Ouvrage qui a pour titre: Obfervarions fur La Phyfique, fur l'Hifloire Naturelle & fur les Arts, Eee par MM. Rozree, Moncez Le jeune & DE LA Meruerie , Gc. La Colleétion de faits importans qu'il offre périodiquement à fes Lelteurs, mérite lattention des Sa« vans ; en conféquence , j’eflime qu’on peut en permettre l’impreflion. A Paris, ce 23 Février 1786. k " VALMONT DE BOMARE, Zevrier 1786 . Echelle. dun péds Te LEE à L'APRE el à SH Qu GE AL Pl Lo EL De A Fevrér 1766, de Ps a ——— a — | JOURNAL DE PHYSIQUE. | | l Mars 1786, IE ee Len — —_ — EXTRAIT D'UNE LETTRE DE M. L'ABBÉ FORTIS, Datée de Wéronne 24 Septembre 1785, A M. L'EAC:O'MILE 1D:E=C A'S'S1T NT De LP Académie des Sciences. SUR DIFFÉRENTES PÉTRIFICATIONS Fosse ee Moser un fait qui me paroït important en hiftoire natu« relle, & dont je ne me fuis afluré que depuis peu de jours. Il y a près de deux fiècles que l’on connoît dans les montagnes du Veronoïis une vafte carrière d’ardoife calcaire blanchâtre, qui renferme des fquelettes de plantes & de poiflons inconnus à nos climats, Plu- fieurs naturaliltes tels qu’ Aldrovande, Calceolarius, &c. en ont parlé très-fuperficiellement, Fa/lifnieri en a dit quelque chofe & y fit dans le tems travailler pour fon cabinet. On voit encore dans la collection de l'Univerfité de Padoue un petit nombre des pièces que le même Auteur avoit retirées de ces carrières. J'ai fait plufñeurs voyages dans les montagnes de Véronne ; l’endroit où l'on trouve les ardoifes dont je viens de parler eft au milieu de plufeurs volcans éteints, dont les vapeurs bitumineufes ont fouvent noirci les pierres. Les couches de cette fingulière mine de fquelettes ne font pas actuellement dans leur emplacement originaire; es explofions les ont renverfées , foit en les pouffant de bas en haut ou latéralement , foit en creufant au-deflous d'énormes cavités dont la voûte s’eft écroulée avec le tems, ou par les eaux & les tremblemens de terre; des cratères, dont il ne refte actuel- lement prefqu'aucun veftige, avoient vomi une immenfe quantité de laves & de pouzzolanes ; ils ont élevé des pic: bafalriques après le culbute- ment des anciennes couches, qui, après avoir été profondémententertées , ont été entraînées par un torrent qui s'eft creufé un lic parmi les matières volcaniques, dans l'intérieur de la montagne. On n'a jamais examiné en détail ce curieux endroit ; on ne fe doutoit pas que les poiffons qui s’y trouvent enfevelis, pourroient fervir de point Tome XXVIIT, Part, 1, 1786. MARS. ré OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, fixe aux perfonnes qui chercheroient à débrouiller le chaos des anciennes révolutions générales que notre globe a fubies, Après avoir fait plufieurs voyages dans les montagnes de Boca & de Veflena , & en avoir reconnu les coupes dans le plus grand detail, j'ai cru que la riche colieétion de M. Bozza à Véronne méritoit d'être étudiée à fon tour; c’eft Le réfultat de vingr années de foins & de dépenfe. L'on y voit environ fix cens pièces très-bien confervées, & qui ont d'abord fait concevoir l’efpérance de réuflir à déterminer un nombre confidérable d’efpèces. Les cabinets que j'ai été À portée d’examiner ne font ordinairement compofés que d’objets ifolés & apportés de différens endroits: celui de M, Bozza ne contient que des ichtyolithes de la montagne le Bolca, dont les individus vivoient tous dans les mêmes eaux, dans le même tems, & préfentent une variété d’efpèces : nouvelle preuve des conféquences que nous.avons cru devoir déduire de tous les faits qui nous font connus fur cet objet, Plufieurs de ces poiffons ont reçu des noms d'après les defcriptions qu'on a trouvées dans les anciens Ichtyologiftes; mais je me fuis con- vaincu qu'ils ne leur convenoient pas. Il y a des efpèces qui fe trouvent dans toutes les mers ; telles que les aiguilles, les congres, &c. Mais les fquelettes de ces poiflons ont des variétés très-marquées, On y voit, entrautres, un Æ/ox acus , roflro cufpidato , gracili, fubrereti , Spithamali , ( Arted. Synonim. page 27) dont la nâgeoire commence à la nuque, & s'étend jufqu'à la queue fans interruption, Cet individu a été ‘enterré dans le moment où il avoit pris une autre aiguille plus petite, par la rère, comme fi elle eût voulu avaler celle-ci toure entière la têre la première. Les deux poiflons ainfi couchés dans l'ardoife préfentent une longueur de trente-trois pouces. Pour parvenir à rectifier les dénomina- tions inexactes , j'ai parcouru avec attention les Ouvrages relatifs à l'Ichtyologie que j'ai pu me procurer, & qui ne font pas ici en grand nombre ; ils ont cependant {ervi à me convaincre qu'ils ne pouvoient m'être d'aucune utilité pour mon objet, Je m'en fuis tenu aux Ouvrages d'Artedi , de M. Gouan, & du docteur Block , dont je me fuis procuré les planches, quoiqu'elles n'aient pas encore paru, J'ai voulu avoir aufli les Icones du profeffeur Afcanius; & les Poiffons , Ecreviffes & Crabes des îles Moluques & des côtes des Terres auftrales, publiés par Renard, fans cependant compter beaucoup fur ce dernier. Quelle a été ma furprife, lorfqu'après avoir feuilleté cent quarante-quatre planches du docteur Block ; je n'ai trouvé que le feul Lopkius Pifcatorius où Diable de mer, qui paroifle pouvoir être rapporté exactement avec un des fquelettes de Bolca. J'aurois perdu entièrement courage , & je me ferois vu peut-être forcé, quoiqu'elle ne foit rien moins que démontrée, d'accéder à l'opinion de quelques fameux Naturaliftes, qui prétendent qu'un grand nombre d'efpèces anciennes , dont on trouve les refles dans ‘ SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. x64 les montagnes , ont ceflé depuis lonz-tems de fe propager-dans les mers: Mais ayant eu occafion de parcourir la »première décade de poiflons publiée par M. Brouflonet, j'ai eu le plathir d’y trouver trois poiflons dont la figure, les proportions & les nâgeoires répondent exaétemenc à trois des fquelettes que j'ai fous les yeux. Ces trois indiyidusront été péchés dans les mers qui baignerc lé" heurenfes ‘îles: d’Oraheite, d Ulitea, &c, & ils ne different des figures données par M2 Brouffoner que par la grandeur, J'ai fous les'yeux un fqueletre-du Polynemus plebeius , l'Ermoë des Otaheitiens , il a vingt-cinq pouces de longueur, & eft très-bien confervé. Le Gobius firigatus que ces infulaires nomment Jaipoa eft aufli, chez nous, plus grand que l'individu que M. le chevalier Banks a communiqué à M. Broufloner. Le Chætodon trioflezus que nous avons, n'excède pas les dimenfigns de la figure que M. Brouffonet en a donnée, Ce n’eft peut-être pas encore allez pour conclure que la température de l’endroit où fe trouvent aétuellement nos fquelertes étoit, dans des tems très-reculés, la même que cellé d’O’aheite actuellement ; mais j'ofe elpérer que cette préfomprion prendra un jour la force de preuve , fi les Savans portent leurs vues de ce côré-là. Il eft à fouhaiter que la publication des décades ichtyologiques dont nous venons de parler, n éprouve aucun retard ; cet Ouvrage fera d'autant plus intéreflant que l’Auteur promet avant tout de donner les defcrip- tions de tous les poiflons que M, le chevalier Banks a rapportés de’fes célèbres voyages. gi Pour donner une idée des fquelettes dont je viens de faire mention , je joins ici la figure d'un Chætodon faber, planche Fe, definée & coloriée exactement d'après un individu bien confervé:(1).:... . Vous fivez que le but de mes voyages a été principalement de faire des obfervatis ns minés ralogiques. Vous favez que.c'eft dans une de os eourfes que j'ai decou- vert la riche mine de falpêtre qu’on exploite dans ce moment aux frais & au profit du Roi de Naples. On me mande de Molfetta à une demi- lieue de la nitrière , qu'en déblayant des terres nitreufes on a découvert dernièrement.un morceau de nitre criftallifé , dur , & du poids de trois livres; on ajoute que la terre argileufe-bolaire qui occupe dans cet endroit les interftices des couches, & les grandes crevalles des couches calcaires qui font toujours chargées d’efflorefcences de falpètre', après avoir donné le trois pour cent de nitre par la lixivation , en a reproduit avec une abondance & une rapidité étonnanre. Le falpêtre eft de très- bonne qualité, quoique fon exploitation püt être mieux entendue: Il me ot “ce (1) M. Pabbé Fortis avoit joint à ce deffin celui de quatre autres efpèces de poiffons dont les analogues {e trouvent dans les mers des grandes Indes, IVoce dé M.'e la Merherie. Tome XXVIIT, Part. 1, 1786, MARS, X 2 164 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, paroïc que la nitrière de Molfetta ne fera pas la dernière qu'on découvrira dans le Royaume de Naples, M. l'abbé Fortis a envoyé le Catalogue füuivant de la collection de M. Bozza, qui eft à vendre, & qui eft vraifemblablement la plus com- pletre qu'on ait jamais faire dans ce genre. Elle confifte principalement en pétrifications ramaflces dans les montagnes du Véronois par M. Vicence Bozza, & confervées dans fon cabinet à Vérone. Savoir : Des ichtyolites ou fquelettes de poiffons dans un fchifle blanc-cendré du mont Bolca dans le Véronois, donc il y a plus de quatre cens empreintes de différentes grandeurs & de différentes efpèces. On y remarque particulièrement : Un grand poiffon , le Carcarias ou requin, de Rondelet; dont il y a double empreinte, Sa longueur eft de 28 pouces, mefure de Paris , & fa largeur de 6. Un autre grand poiflon , dont double empreinte, que l’on doit peut- être rapporter au faumon de Rondelet : longueur 2$ pouces , largeur 6. Un'autre grand poiffon qui doit peut-être être rapporté à la dentale d’Aldrovande , double empreinte; l’impreflion en elt très-bien confervée. Les vertèbres en font parfaitement criftallifées : longueur 22 pouces , largeur 6. 4 ‘Le paon d’Aldrovande , dont la tête ef criftallifée , double empreinte : longueur 19 pouces , largeur 6. Une murène de Rondelet. Plufieurs empreintes de différentes longueurs, H2, 10 & 6 pouces. Scorpena de Rondélet , dont double empreinte : longueur 15 pouces, dargeur 6. Un autre poiffon , double empreinte : longueur 16 pouces. Rhombus , rhomb bouclé , double empreinte : longueur 11 pouces; Largeur 6. Un poiffon très-beau : longueur 18 pouces. : Autre grand poiffon, double empreinte: longueur 1$ pouces, largeur 6. Un poiffon , dont une double empreinte : longueur 9 pouces ; avec de petits poiflons élégamment fitués proche la tête & la queue. Plufieurs autres poiflons , dont les efpèces méritent d'être examinées : différentes longueurs, 15, 14 & 12 pouces. Sudis five fphirena de Rondelet, dont une double empreinte : longueur x4 pouces, j Acus roffrata , une aiguille très-grande, dont une double empreinte : longueur 28 pouces. Âutre aiguille ayant dans la gueule & avalant une autre aiguille , d’une forme admirable , dont une double empreinte ; longueur 33 pouces. SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 16$ La petite aiguille de Rondeler. sb Aurre grande aiguille ayant la tête, dont double empreinte: longueur 27 pouces. Autre grande aiguille : longueur 27 pouces. Autre aiguille très - belle, dont une double empreinte : longueur 18 pouces. Raja levis où raie fans piquans, de Rondelet, dont une double empreinte: longueur 23 pouces, largeur 11. -Aper , le fanglier de Rondeler, dont une double empreinte, belle impreflion, Eflrus five affillus , eftre de Rondeler, efpèce très-rare dans [es pétrifications. Rhombus (1).rhomb , beau poiffon volant: longueur dun corps 9 pouces & longueur des aîles 1$ pouces, dans une double couche, Il eft des mers méridionales. Autre poiflon volant des mêmes mers, dont une double empreinte, efpèce très-rare : longueur du corps 7 pouces, & longueur des aîles 8 pouces. Rhombus , poiffon volant, dont une double empreinte , très-beau , petit, mais d’une belle imprefhon, & colorée en noir, Autre petit poiflon aîlé, Quaperva du Bréfil, la vielle de Pifon , dont une double empreinte ; très-belle & très-rare, Deux autres poiflons volans très-beaux par la grandeur de leurs aîles ; & rares par leur belle confervation. Frogfisch des mers de Surinam, décrir par Edouard. Gobius flrigatus, goujon rayé de l'Océan pacifique, proche l'ile d'Otahaïti, décrit par MM, Forfter, Solander & Broufloner. Chetodon trioflegus des mers proche l'ile Orahaïti & les îles Sandwich, dans le Mufée de M. Bank. Autre efpèce qui paroïc être un Cherodon , mais qu'il faut encore examiner , des mers des deux Indes; favoir , des mers de la Caroline & desîles de la Société dans l'Océan pacifique , décrite par MM, Bank, Solander & Brouflonet. Morrhua cibelli fpecies , vulgo baccala verde ; morrue du banc de Terre-Neuve : longueur 20 pouces. Autre efpèce de morrue des mêmes mers : longueur 20 pouces. Rhombi barbati, rhombs barbus, exotiques très-beaux , d’une belle empreinte, remarquables par leurs grandeurs, au nombre de ving, (1) Le 7hombus n’eft gependant pas du genre des poilons volans, Noze de PEdireur, 166 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, prefque tous de double empreinte, On ignore dans quelles mers ils ont vécu, ù La grande diffance qu'il y a des mers méridionales fituées fous l'équareur dans lefquelles fe trouvent aujourdhui les anelogues de la plupart de cés poiflons pécrifiés, à la montagne de Bolca auprés de Vérone , offre un vafte champ aux fpéculations des Philofophes pour expliquer de fi grandes révolutions (1). , A {1) NoTe DE M. DE 14 MEeruenrte. Aucun Auteur n'a pu expliquer d’une manière fatisfaifante l’origine de tant de débris d'animaux & de végétaux qui fe trouvent dans toutes les parties eptentrionales de l’Europe , de l’Afe, & même dans le nord de l'Amérique (*), & dont les analogues aujourd’hui ne fubfiftent que dans les climats les plus chauds fitués entre les trop.ques, Les faits tuivans me paroiffent pouvoir jeter quelque jour {ur cette matière. 1°. Toute la furface de la terre a été autrefois couverte d’eau, puifque toutes . Les fubftances minérales qui la compofent, même les pics les plus élevés , font criftallifés, (voyez nion Mémoire für la criftallifation, Journ. de Phyfq. an. 1781, page 251). Or, cette criflallifation na pu s’opérer que dns le fein des eaux, qui par conféquent ont dû autrefois füurpafler les plus hautes montagnes, I] eft vrai que les pics les plus élevés , tels que Chimboraco , &c. font volcaniques, & ont été exhauilés par les matières que les volcans ont rejetées. 2°, Dans la première origine la rotation diurne du globe a dû être plus accélérée qu’elle n’eft aujourd'hui, puifque füuivant les mefüres des arcs des méridiens prifes au Pérou & en Laponie par les académiciens françois , le diamètre de l'équateur & Vexe font entr'eux comme 178 à 177, ce que confirme la longueur du pendule à différentes latitudes, tandis que fuivant la théorie des forces centrales , Newton les a trouvés comme 230 à 229. Ainf la force centrifuge étant pour lors plus confidé- rable , les eaux des mers ont dû être amoncelées dans ce moment vers l'équateur. 3°. L'obliquité de l’écliptique diminue tous les jours ; en forte qu’on peut fuppofer qu’un jour il fera parallèle avec l'équateur. Cette diminution eft due à lation des planètes fur le fphéroïde de la terre. À Suppofons donc que dans les premiers momens où la rotation étoit fi accélérée, Pécliptique & l'équateur étoient parallèles : le printems étoit perpétuel. Le (oleil éclairoit continuellement les zones glaciaies; il n’y avoit point d'hiver, & la température y étoit peut-être plus chaude que dans aucune autre région. La rotation diurne perdant de {a rapidité par des caufes que nous n’examinons pas dans ce moment , les eaux refluèrent pour lors vers les pôles ; & les pays fitués entre les tropiques furent découverts. Il refla cependant des lacs, des mares dont les eaux fe corrompirent , & dans lefquels fe développèrent les premiers êtres organifés, comme nous en voyons encore naïtre tous les jours dans les eaux croupiflantes & (*) On a trouvé dans des marais près de l'Ohio des os foffiles très-confidérables. On a cru pendan: long-rems qu’ils avoienc apparrenu à des éléphans. Mais M. Hunter après un mür examen a reconnu que Les dents de cer animal avoienrt appartenu à un carnivore : d’où il a conclu que cer an‘mal nous eft inconnu, & peut-être ne fubhite plus. On retrouve au Chïii des ôs aufli crès- confidérables. M. Dombey vient d’en apporter qui fonc minéralifés par l'argent On a recrouvé dans l’ancien continent des dents qui paroïffent femblables à cel'es de POhio & du Chili. M. de Morveau vient d’en décrire une trouvée auprès de Trevoux en Breffe. Ainf, que les aninaux trouvés à l’Ohio, au Chili, foienr éléphant, le rhinoceros , où un animal inconnu, il patoît certain qu’il a exifté dans les deux conrinens, ss \ SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. ‘167 Dans la méme colle&ion fe trouvent les Poiffons fuivans de différens endroits. Aurata major : la grande dorade, Inaros , Rondel. double empreinte. Rhombus levis, Rondel, Aurata minor five vulgaris, petite Marmyrus, Rondel, J dorade. Ceranus , Rondel. Faber, Rondel. Cantharus , Rondel. Cephallus , Rondel. Sargus , Rondel. Sardina flandrica. Seomber , Rondel. Hepatus , Rondel, Surda , Rondel. Mugillus, Rondel, Gytharus , Aidrovand. Boops , Rondel. PafJer , Rondel. Plufieurs autres petits poiffons. Il y a encore plufeurs autres efpèces de poiffons à examiner. Ils font prefque tous remarquables par leur grandeur, d'une belle empreinte, & on voit beaucoup de leurs os & vertèbres criftallifés dans des fpaths & des ftalatires. Certe collection connue de prefque toute l’Europe eft le fruit d'un travail de vingt ans, & a coûté beaucoup. Plufieurs Savans en ont parlé, On y voit encore les empreintes de plufieurs plantes exotiques trouvées dans la même montagne de Bolca, Il y a auñli les genres fuivans également pétrifés. Différens coraux. Trochires. Retepores, Aftérires. Cerebrites. Des articulations detêtede Médufe; Millepores. Nautilites, Madrepores, Cornes d’'Ammon. Fungites , Turbinites. flagnantes,... Dans ce même moment l’écliptique s’inclinoit relativement à Péquateur...…, s Mais la rotation diurne augmentant de nouveau, l’obliquité de lécliptique diminuan-, les eaux fe porteront derechef vers l’équateur.... Il y aura équinoxe & printem: perpétuel. Tous les pays fitués fous la ligne feront inondés. Les animaux qui Phabitent & les plantes gagneront les zones tempérées & polaires, où ils pourront fubffter dans ce moment & pafler en Amérique , dont le nord fera contigu avec celui de l’ancien continent. ... Une multitude de faits me paroïffent établir [a réalité de cette hypothèfe. IL eft sûr, par exemple, que les mers quittent les pôles pour fe porter à l'équateur , que l’obliquité de l'écliptique diminue, . … Mais je développera ges idées ailleurs, ” xéS OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, Belemnires, Griphites. Buccinites, Terebratulites. Neritites. Mummifmites. - Cochlires. Conchites annatiferes. Ortoceratites, Echinites , leurs pointes, Conchites. Vermiculites. # Chamites. Tubulires. Oftreites, Cancrites, Différentes dents, Des os humains de l'île Offari. Des os de cerf. F De grands os d’éléphans ; favoir , des femurs , des rotules , des ver= tèbres & d'autres parties pétrifiées, & trouvées également dans le Véronois, Différens bois pétrifiés. La plupart de ces morceaux font bien confervés , & fe trouvent changés en pierre calcaire ou en filex, Cette colle“tion a été eftimée par les connoiffeurs 28000 liv. a —— LETTRE DE M MONNET, Infpeëteur Général des Mines, Adreflée à M DE LA MÉTHERIE, Rédaëteur de ce Journal, AU SUJET DE LA SATURNITE. J E viens de voir, Monfieur , avec furprife dans le cahier du Journal de phyfique qui vient de paroître l'extrait d’un mémoire lu à l'Académie royale des fciences par MM. Haflenfratz & Giroud , fur une efpèce de mate , que ces meflieurs croyent être la matière que j'ai décrire dans mon expofition des mines & dans mon eflai fur la minéralogie , fous le nom de matière finguliére & trés-fufible qui fe fépare des mines de plomb de Poullaouen,& que M. Kirwan a nommée fort à propos dans fa minéralogie faturnire. Comme la matière que ces meflieurs décri- vent dans leur mémoire n’a aucune forte de rapport avec la mienne, & qu'il pourroit réfulter de cette forte d'afimilation une erreur pré- judiciable aux progrès de la minéralogie, je me hâte de détromper le = Ho — SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 169 le public là-deflus. Je vous prie donc, Monfieur, de vouloir bien donner place à cette lettre, dans votre plus prochain cahier. La faturnite, comme l’appelle M. Kirwan & d’autres encore qui l'ont reconnue d’après mon petit expofé dans d’autres fortes de mine de plomb, eft une matière particulière & homogène , qui peut fe trouver dans une matte, mais qui ne l’eft pas elle-même, Elle avoit fes carac- tères particuliers, comme on peut le voir par cet expofé : elle fe criftallife en aiguilles , ou elle fe trouve aiguillée plus ou moins après avoir été fondue : elle coule à la flamme d’une boupgie aflez facilement; fe dilipe fur la coupelle avec une promptitude fingulière; elle ne fe combine point avec le plomb, &ne fe tient combinée avec le plomb qu’autant qu'elle eft minéralifée par le foufre ; & dès qu’elle eft privée de ce minéralifateur, ou la voit couler à côté comme du beurre. Ces propriétés de la fatürnite font voir qu'elle eft bien différente de la matte qu'ont analyfée ces Meffieurs. M. Broelmana n'a pas pu dire ce qu'eft la faturnite , attendu que depuis qu'il eft à Poullaouen , il n'a pas eu occafion d’en voir. Ce font les mines de Poullaouen proprement dites qui fourniflent de cette matière, & depuis long-temps on n'y en fond plus, du moins, de celle qui en contient. En 1783 , j'étois à Poullaouen avec meflieurs de Morveau & Mongez le jeune. Notre premier foin fut de chercher de cetre matière fingulière, mais nous n’y en trouvames point. Il eft vrai que le fieur Gérard nous promit de nous en envoyer, parce qu'il efpé- roit qu'on en trouveroit fous un tas de vieilles crafles ou fcories qu'on repafloit aux fourneaux à manche. Nous recumesen effet, M. Mongez & moi, une matière; mais cette matière n’étoit qu'une matte toute pareille à celle que ces Meflieurs analyfent dans leur mémoire: M. Mongez écrivit à M. de Morveau que nous étions fruftrés dans notre attente, & qu'il n’y falloit plus compter, jufqu'à ce qu'on fondroit de nouvelle mine. Vous me demanderez peut-être, Monfieur, pourquoi je n'ai pas confervé un échantillon de la faturnite. En ce cas j'aurois plufieurs réponfes à vous faire ; la première eft que dans le déménagement pré- cipité de mon cabinet, j’ai perdu beaucoup de chofes ; la feconde eft que feu M. Rouelle le jeune, qui avoit fait toutes les perires expérien- ces furcette matière dont je viens de parler, & qui avoit vu qu’elle mére travail particulier, vint me prier de lui en donner le plus que je pourrois. Beaucoup de perfonnes qui ont fuivi M. Rouelle, doivent fe rapeller que cet excellent artifle, en citant ma découverte , fe plaifoit à en faire couler à la flamme de la chandelle: je me rap- pelle bien de l'avoir vu une fois faire cette petite expérience, & je me rappelle aufli d’y avoir vu M. d’Arcer. I! eft fâcheux que la mort nous ait enlevé trop tôt M. Beroman; Tome XXVIIL, Part. 1, 1786. MARS. Y 170 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, qui fe difpofoit à faire connoître cette matière à fes compatriotes, Il m'avoit mandé qu'il l'avoit découverte aufli dans quelques minérais de plomb de la Suède, & qu'il lui avoit reconnu bien d'autres propriétés que celles que je lui afligne. J'ai l'honneur d’être, &c. Ce 2 Février 1786. “ k LCESDIEURAE DE M. ETIENNE DE LESSERT, APM) D'EETAN MN ENTAH CESR TES Sur un moyen de mefurer la chaleur de la vapeur de l’eau. Edimbourg, 11 Décembre 1785 Monsieur, Il paroît, par le mémoire fur le décreufage de la foie, inféré dans le Journal de phyfique du mois d'août dernier, que M. l'abbé Collomb sauroit aifément déterminé avec précifion le degré de chaleur de l'eau, dans fes intéreffantes expériences, s’il avoit eu connoiffance d’une addi- tion qui a été faite dans ce pays-ci au digelteur de Papin; & au moyen de laquelle on peut y appliquer le thermomètre : elle confifte en uo tube de métal , qui plonge dans le digefteur, fans cependant en toucher le fond, & paie au travers du couvercle , auquel il eft foudé , ou fortement viffé par fon extrémité fupérieure : cette extrémité du tube eft ouverte, mais celle d’en bas eft fermée & arrendie, tant en-dedans qu'en dehors. L’é- paifleur eft à-peu-près celle qu'on donne au tube qui porte la valve de füreté; & la capacité intérieure fe détermine par fon ufage, qui eft de recevoir un petit thermomètre. On conçoit fans peine que le cher- momètre ainf placé , indique avec toute la précifion défirablenle de- gré de chaleur de l'eau & de la vapeur contenues dans le divefteur : c’eft le moyen dont le doë@eur Blach & M, Wart fe font fervis dans leurs belles expériences fur a chaleur de la vapeur de l'eau. Si les chaudières coniques , recommandées par M. Collomb, fonr adoptées, on pourra peut-être y placer le thermomètre plus convenablement & plus fürement, en foudant à la chaudière même le tube deftiné à Le recevoir, + SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 177 Si vous penfez, Monfieur, que cètre indication foi de quelque fer- vice à M. l'abbé Collomb , ou aux perfonnes qu'il invite à perfection ner fa découverte, je me féliciterai d'avoir pu concourir à feconder leur zèle pour le progrès des arts utiles. J'ai l'honneur d'être, &c. CPE R ILE NUCE:S RELATIVES A LA COHÉSION DES LIQUIDES; Par le P. BÉS1LE, de l'Oratoire. 1 à M. ACHAR D, de l’Académie de Berlin, a donné un mé- moire intitulé : Chymifch-phyfifche [chriflen (1); ce favant s'eft prin- cipalement occupé de l’eftimation de la force d’adhéfion des folides avec les fluides , dans le mémoire que je viens de citer; M. Dutour, correfpondant de l'Académie des Sciences, a configné dans le Jour- nal de phyfique, fes belles expériences fur les adhéfions. Ces deux bäbiles phyficiens n'ont point fait une étude particulière de la cohé- Jion ; c’elt une matière neuve en phyfique: elle a fait l'objet de mes occupations pendant quelque tems. J’aurois déjà publié fuivant les dé- firs d'un célèbre Chimifte, tous les réfultats que j'ai obtenus, fi des travaux plus urgens & d'un autre genre, n’avoient abforbé les mo- mens que je deltinois à une vérification générale de mes expériences ; cetre vérification eft d'autant plus effentielle, que la matière eft déli- cate, & que des erreurs légères dans le principe, influeroient beau- coup fur les conféquences théoriques qu'on voudroit établir. IL. La méthode du doëteur Taylor, attaquée par M. Cigna, de l'académie de Turin, & défendue par M. de Morveau , peut être em- ployée avec avantage, quand il s'agit deMdérerminer la force d’adhé- fion; mais ce procédé ne peut avoir lieu , lorfqu’on fe propofe de trouver d'une manière expérimentale l’intenfité de la cohéfion des mo- lécules de chaque fluide ; il eft néceflaire d'y en fubfifter un autre. Je crois qu'on peut avoir recours à celui qui eft décrit dans le Journal de M. l’abbé Mongez ( 2), mais avec quelques reftritions. C'eft à l’aide de cette méthode modifiée que j'ai tâché de déterminer la valeur de la (1) Mém. de Berlin, page 354 & fuiv. tome (2) Tome 19, Février 1782, page 143 & fuiv. (art. XIII). Tome XXVIIT, Part, I, 1786. MARS. d'ONL 172 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, force avec laquelle, les molécules intégrantes de plufeurs liquides s'attirent, ou exercent les unes fur les autres une action plus ou moins marquée , que les phyficiens nomment cohéfion, Je me propofe de difcuter quelques-unes des épreuves faites par MM. Dutour & Achard; ce fera avec les égards que je dois à ces deux ingénieux obfervateurs; en comparant leurs expériences avec les miennes, je ferai en forte de dé- couvrir les caufes qui ont pù occafionner des différences entre mes réfulrats , & ceux que ces favans ont obtenus. III. J'ai fait ufage de plufeurs tubes de verre, on en connoîtra les dimenfons, en jettant un coup-d'œil fur la table qui fuit. Après avoir calculé les circonférences des orifices intérieurs de chaque tube, j'ai déterminé leurs aires, ainfi que les quarrés des diamètres , tant intérieurs qu'extérieurs des mêmes orifices. Je ferai dans le cas de recourir fouvent à cette table & d'y renvoyer le lecteur, pour em- RP le moins de paroles qu'il fera poflible, & pour évirer des re- ites, TABLE PREMIÈRE. Tubes Diamètres Quarrés | Epaifleur dsl Quarrés |Circonférenc. Aire intérieurs de|des diamètres| parois de |des diamètres] desorific. de chaque défignés. chaque tube.| intérieurs. | chaque rube. | extérieurs. | inférieurs. | orif. infér. 1,66 18] 2,7556 | 0,33 1. 5:3289| 7,181 | 4,1644 — —— ——| — 1,50 2,2500 | 0,50 6,2500|! 7,85 4,5530 9 0,56 13,3956| 11,50 10,46$0 18,7489 2$ 15,68 19,6000 36 39,0625 | 20,42 32,9040 3352776 5553536 | 23:37 43,4682 586756 79,7920 83,6694 380,2700 IV. Le tube D a été fufpendu en équilibre à une petie balance très-exadte avec un contrepoids qui étoit de 133 grains: je laiflai SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 17 d’abord ce tube ouvert par le haut; fon orifice intérieur rafoit la fuper- ficie d’une certaine quantité de mercure commun qui avoit été verfé. antérieurement dans une cuvette de verre , placée au-deflous du tube D ; enfuite je lui fs fubir une immerfion de $ lignes & demie; alors je bouchai l’orifice fupérieur avec de la cire molle que j'avois difpofée exprès fur fon contour. Je commençai à furcharger le baîlin oppofé de mon trébuchet avec des lames de cartes de différens poids: les unes de ces lames éroient de 4 grains, les autres de 3 grains, &c. toujours en diminuant jufqu'à des quarts de grains, Ces derniers poids ont été employés, non-feulement dans l'expérience dont il eft ici queftion , mais encore vers la fin de routes les autres épreuves analogues à celle-ci, & mentionnées ci-après. On en a ufé de la forte dans l'intention de ne pas rompre brufquement la cohéfion par des facades ou fecouffes que de plus grandés mafles auroient pu occafonner. Il fallut 160 grains pour amener l’orifice intérieur du tube D, au niveau de la furface du mercure qui étoit au-deffous. J'obferverai que-la tranche du fluide, logée dans ce tube, étoit, dans cet état, de ÿ lignes & demie, 82 grains ajoutés fucceflivement à la furcharge fufirent pour féparer tout-à-fair le tube de la mafle intérieure de mercure; le thermomètre de Sulzer, étoic alors à 38 degrés au-deflus de la congélation; ce qui répond , à peu de chofe près , au dix-huitième degré de la graduarion de M. de Réaumur. V. L'épreuve dont je viens de rendre compte fut répétée, avec cette différence que l’immérfion du tube D fut feulement de 3 lignes un tiers; fon orifice intérieur fut rappelé au niveau par l'accumulation fucceflive de 78 grains placés dans le baflin oppofé, J'ajoutai par degrés, dans ce bafin, 82 grains qui détachérent le tube en quellion de la maffle mer- curielle dans laquelle il avoit été plongé jufqu'au moment de la féparation totale. La colonne de vif-argent, logée dans l'intérieur du tube, fe foutint à la hauteur de 3 lignes, VI. Ces deux expériences femblent nous indiquer que f’augmentation des poids eft ici due uniquement à la profondeur des immerfions qu'on fair fubir au tube D; en effet pour faire cefler une immerfion de $ lignes & demie, on a employé 160 grains, & pout une immerfion de.3 lignes ou environ , il n’a fallu que 78 grains. Aïnfi par abréviation dans le premier des deux cas: Pour le niveau ..,....,..,0.%4,.5: 1600 grains. Pour vaincre la cohéfion . ........:.,. 82 Total oser vpree esters. 242 grains, 174 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, Dans le fecond cas on a employé pour ramener le tube D au niveau .......:.......4:9 78 grains Pour furmonter la cohéfion ............ 82 ee Total . se... ssesses 1ÿO grains J'ai obfervé que dans les deux expériences précédentes, il y avoit auprès des parois tant intérieures qu’extérieures de D, une efpèce de houache ou de vide qui provient de ce que l'intenfité de la cohérence des molécules de mercure entr'elles eft très-fupérieure à l'adhéfion du même fluide au verre. J'ai remarqué de plus, que, quelques inftans avant la chûte du cylindre de vif-argent, qui étoit logé dans le tube D, fes parois intérieures étoient bien féparées de la mafle mercurielle contenue dans la cuvette. VII On a mis à la place de la cuvette de mercure un godet dans lequel on a verfé une certaine quantité d'eau de fontaine; puis on a rocédé , comme dans les deux premières expériences , en faifant fubir au tube D, d’abord une immerfion de $ lignes , enfuite une immerfion de 8 lignes. Dans le premier cas, pour rappeler l'orifice inférieur de D au niveau du liquide contenu dans le 2odet, il a fallu employer fucceflivement & par degrés ............ 16 À grains, Pour vaincre la cohefion .. .......... 8 = Total esse eee 245 Dans le fecond cas, pour rappeler l'orifice inférieur de D au niveau du fluide contenu dans le godet, on a ajouté par degrés au contrepoids «secoue. 2$ grains Pour furmonter la cohéfion ........... 8 : # ets s z Miatal 2e NES ME te Cr 3912 Dans ces deux dernières épreuves , faites fur l’eau , il y avoit au-dehors du tube D, une petite couronne d'eau qui s’élevoit au-deflus du niveau du fluide contenu dans le godet ; la même chofe avoit lieu dans l’intérieur du tube. Cerre obfervation annonce que l’adhéfion de l’eau au verre eft fupérieure 3 la cohéfion des molécules conftituantes de l’eau entr'elles. “Dans les deux mêmes expériences , j'ai remarqué qu'après la féparation du folide & du fluide contenu dans le godet, les deux cylindres (1) logés fucceflivement dans l’intérieur du tube D , étoient demeurés fufpendus dans ce tube ; fon orifice inférieur étoit humide ou couvert de molécules (5) L'un ayoit 5 lignes & l’autre 8 lignes de hauteur. SUR L'HIST, NATURELLE ET LES ARTS. 175 d’eau; lorfque j'ai fait ufage de mercure, je n'ai obfervé, après les épreuves, aucune trace de ce fluide, Ainfi, quand on voudra faire avec “quelque précifion , l'évaluation des réfiflances oppofées à la féparation des tubes & des liquides , eu égard à l'étendue des aires, il faudra prendre tantôt les diamètres intérieurs , tantôt les diamètres extérieurs des tubes, fuivant l'exigence des cas. VIII. Les expériences fpécifiées aux Nos. 1V, V & VIT, paroiflent annoncer , 1°. que la cohefton des molécules d’eau fur une aire d’en- viron 19,16 lignes quarrées , peut ètre évaluée à 8 = grains; 20. que celle des molécules de mercure fur la même aire, moins l'épaifleur du tube D, c'eft-à-dire, fur une aire de 14,69 lignes quarrées, eft de 82 grains. La remarque qui a été faite vers la fin du N°. VIT, indique qu'il faut calculer ainfi dans la circonftance. Si l’on pouvoit compter fur l'exactitude de la méthode qui a éré employée, j'établirois que dans le moment où ces expériences ont été faites, la cohéfion du mercure étoic à celle de l’eau dans le rapport de 82 à 8 =, à peu de chofe A près. Je ferai voir ci-après que cette méthode eft vicieufe quand on fe fert d'un tube qui égale ou furpafle le calibre de celui que j'ai appelé D. Il neft pas étonnant que ce rapport foit différent de celui trouvé par M. Dutour : ce Savant a jugé d’après fes expériences que la cohérence du mercure étoit à celle de l’eau , comme 212 eft à 39, fur une aire de 83,79 lignes quarrées. Indépendamment du défaut de la méthode, défaut qui augmente avec le calibre des tubes, plufieurs caufes ont pu influer fur la différence de nos réfultats: cette différence peut proveñir, 1°. de ce que nous avons employé l’un & l’autre du mercure commun qui n'étoit peut-être pas purifié au même degré, & de l’eau ordinaire qui pouvoit fe trouver plus ou moins favonneufe , ou bien réceler dans fon fein des dofes plus ou moins confidérables d’alkali , &c. Pour que mes expériences euflent été comparables , il auroic fallu recourir à de l'eau diftillée d'une part, & de l’autre à du mercure révivifé du cinabre; 2°. de ce qu'il eft très-difficile , à caufe des réfractions que les rayons de lumière éprouvent en traverfant obliquement le verre & les liquides, de difcerner le moment auquel les orifices inférieurs des tubes font arrivés précifément au niveau des liquides qui font au-deflous ; 3°, de ce que nos épreuves ont probablement été faites dans des tems où la température étoit différente: pour fe convaincre de l'influence de cette caufe fur ces réfultats , il fuit de jeter un coup-d'œil fur la première des dix Tables de M. Achard; 4°. de ce qu'en prenant les dimenfions des bouteilles cylindriques nous avons pu commettre des erreurs, légères dans le principe, mais qui auront influé & fur les réfultats des calculs, & fur ceux des expériences; 5°. enfin, de ce qu’il n’eft pas aifé de fe procurer de petites lames de carte ou de papier , qui aient toutes exactement le 176 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, même poids. Mais la différence qui provient de ce chef ne peut aller qu’à quelques grains. IX. Pour favoir jufqu’à quel point on pouvoit compter fur la méchode indiquée par M. Dutour , pour déterminer l'intenfité de la cohéfion , j'ai ‘fait diverles épreuves qui tendent toutes à” établir que le procédé dont il s'agit n'eft rigoureufement exact qu'autant qu’on emploie des tubes d’un calibre tel qu'ils puiflent foutenir les cylindres liquides, logés dans leur intérieur, après que ces tubes ont été totalement féparés de la mafle fluide , placée au-deflous. X. Le tube A a été mis en équilibre fuivant le procédé décrit à l'article IV, fon intérieur avoit été rendu humide auparavant avec de l’eau ordinaire de fontaine; on lui a fait fubir une immerfion de 6 lignes dans la même eau; puis il fut clos par en-haut ; un cylindre de 9 lignes s’éleva dans fon intérieur; © grains ont rappelé au niveau Lorifice inférieur de ce tube, & 7 de grain l'ont féparé de la mafle d'eau qui étoit au-deffous. Le cylindre de 9 lignes eft refté dans Pintérieur de À, même après que ce tube fut féparé de l'eau contenue dans le 2odet. XI. Le tube B , humedé intérieurement, a été fubititué au tube À ; fon immerfion a été de fix lignes , comme dans l'épreuve qui précède celle-ci; un cylindre aqueux de huit lignes & demie de hauteur s’eft logé dans fon intérieur ; l’orifice fupérieur dans cet état a été bouché avec de la cire molle: 2 grains mis dans le bafin oppofé à B, l’onc ramené au niveau de l’eau dans laquelle il étoit plongé: ; de grain & quelque chofe de plus, l'ont détaché de l’eau inférieure. XIL. Le tube € a éré mis à la place de B; c’étoit avec les mêmes précautions. Ayant été plongé dans l'eau jufqu'à 6 lignes de profondeur, un cylindre aqueux de 6 + lignes s’eft élevé dans fon intérieur ; je bouchai alors l’orifice fupérieur , puis je chargeaï de plus en plus le baffin oppofé à C. J'employai # grains pour amener ce tube au niveau de l’eau inférieure, & ? pour l’en détacher. Il faut obferver qu'après que les tubes A, B,C, & même D, mentionnés N°. VIT, furent féparés de l’eau, les cylindres aqueux , qui s’étoient élevés dans leur intérieur , y reftèrent fufpendus. XIII. Ces expériences font d’autant plus fatisfaifantes qu'il y a entre le calcul & les obfervations un accord auñli parfait qu'il eft pofible de le défirer. Il eft évident que les féparations des folides & des fluides doivent être d'autant plus difficiles à opérer, que les aires font plus étendues, toures chofes égales d’ailleurs. Il eft démontré en Géométrie que les furfaces font entr'elles comme les quarrés des diamètres. Ainfi pour la facilité des calculs je pourrai prendre ces quarrés au lieu des aires. J'ai cru pouvoir négliger fans erreurs fenfibles les dernières décimales de la Table première, C'eft d'après ces principes que j'ai dreflé la T'able qui fuit à TABLE SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS, ÿ7 TA. BOL ET. Quarré diamèt, ext. A Quarré diamèt. ext, B Coh. A Coh. B 5,32 lig. = 6,25 lig. 27e 175 £":x = 2,058" Quarré diamèt, ext. A Quarré diamèt. ext € Coh. A Coh. C 5,32 : 13:32 RTS 0 Quarré diamèt. ext. B Quarré diamèt, ext, C Coh. B Coh C 6,25 : 13,39 FE 2,05 : X = 4,40 Quarré diamèt, ext, C Quarré diamèt, ext, D Coh. K C Coh. D 13,39 : 25 dE 4,40 : x ==8,21 J'ai pris les quarrés des diamètres extérieurs , & non les quarrés des diamètres intérieurs , pour fervir de bafes aux calculs qu'on vient de lire, parce que dans toutes les expériences faites fur l’eau, j'ai obfervé que le contour des tubes préfentoit des traces vifibles d'humidité , d’où j'ai conclu que non-feulement il avoit fallu une force pour vaincre la réfiftance oppofée par les cylindres logés dans l’intérieur des tubes, mais qu'il avoit encore été néceflaire d'augmenter cette force pour fur- monter la réfiftance qui doit provenir de la part des molécules aqueufes obligées , par l'augmentation prosreflive des grains mis dans le bain Oppofé , d’abandonner celles adhérentes aux parties folides du verre, # Tome XXVIIT , Part, T, 1786. MARS, | Z i98 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, T AU BL ER ELITE AUTEUR Quarré diamèt. ext, B Quarré diamèt. ext, E Coh, B Coh E 6,25 lig. : 39,06 lig. :: 2,058 :x ==12,81 Er. DANSE IL Le PR Quarré diamèt. ext. B Quarré diamèt, ext. F Coh B °Cok, F 6,25 è 5535 2ë 2,05 :x=—=18,15 oo Quarré diamèt. ext. B Quarré diamèt. ext. G Coh. B Coh. G 6,25 : 68,06 :: 2,99 :X==22,32 PS Quarré diamèt. ext, B Quarré diamèt. ext. H Coh. B Coh. H 6,25. ï 106,70 :: 2,0$ :X=—= 34,99 Quarté diamèt, ext. B Quarré diamèt, ext. VW Coh. B Coh. V 6,2$ 2 144 C0 2,0$ :x == 47,23 1Quarré diamèt, ext. B ‘Quarré diamèt, ext. K Coh. B ‘Coh. K 6,25 : 484 dE 2,050 :%=7158,75 XV. J'ai calculé, comme on vient de le voir, dans une troilième Table, la force qu'il feroit néceflaire d'employer pour détacher les bouteilles cylindriques E,F, G, H,K (1) de la male d’eau dans laquelle avoient été plongés fucceflivement les tubes A, B, G, D: j'ai, de plus, déterminé par le calcul, dans la même Table, la rence qu'auroit dix oppofer à la féparation la bouteille cylindrique V, dont seft fervi M. Dutour ; les réfultats que j'ai obtenus par diverfes épreuves réitérées - font tous au-deflous de ceux annoncés par le calcul: en effet, le tube E aété mis en expérience , fuivant le procédé décrit au N°. IV, il a été plongé à la profondeur de fix lignes ; pour amener fon orifice inférieur au niveau de la maffe d’eau qui étoit au-deflous de lui; on a employé ns (3) Voyez les dimenfions de ces tubes dans la Table première: — SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS, x79 47 grains & demi: il n’a oppofé à fa féparation que 6 grains & demi ; au lieu de 12,81 que promettoit le calcul. Voici en abrégé les réfultats obtenus avec les bouteilles cylindriques E,F,G,H, V,K. TABLE TP, Immerfionse Niveaux Cohéfronse E é6lig. 47 3 gre 6 3; pre F, € 36 9.7 G 6 58 xx + H EE 69 16 à V 8 140 36 K 6 900 66 + Tubes. Refif. obferv. | “Refif. calcur Différencess 6,50 gr. 12,21 gr. 6,31 Te 9,33 18,15 22,32 24,99 47:23 —_—————— 158,75 On voit dans la Table III que les réfiflances calculées different fenfiblement des réfiftances obfervées & mentionnées dans la Table IV. Ces différences ont été réunies dans la Table V, pour la commodité des Lecteurs, Les quatre premières colonnes horifontales nous apprennent qué Tome XXVIIL, Part. I, 1786, MARS, Z 2 ï8o OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, es réfiftances obfervées font inférieures de moitié aux réliftances calci- lées ; cette différence eft moindre pour ce-qui concerne la bouteille V; cela peut venir, 1°, de ce qu’elle a été mife en expérience dans un tems fec ou froid , tandis que dans le tems où mes épreuves ont été faires , le thermomètre de Sulzer a toujours été entre 38 & 40 degrés au-deflus de la congélation , ce qui répond , à peu de chofe près, à 19 & 20 degrés de la graduation du thermomètre de M. de Réaumur ; 2°, de ce que, dans l'inftant où j'ai fait mes calculs, je n'avois pas fous les yeux les dimenfions de la bouteille cylindrique V ; c'eft pourquoi j'ai fuppofé fes parois d’une demi-ligne ; fi elles font moins épaiiles , il faut défalquer quelque chofe du réfultat annoncé par le calcul. C'eft dans la dernière colonne hori- fontale que l'on trouve la plus grande différence entre les dérerminations numériques & les épreuves. Si l'on foumettoit à l'expérience des tubes d’un calibre plus confidérable , on auroit probablement des différences encore plus marquées. XVI On peut donc conclure des obfervations précédentes que pour déterminer l'intenfité de la cohéfion des molécules des fluides Aumides , c'eft-à dire, des Auides qui laiflent des traces de leur paflage fur les vafes, on peut recourir avec avantage à la méthode qui a été propofée dans le Journal de Phyfique , tome XIX, page 143, pourvu qu'on fafle ufage de .quelques-uns de ces tubes qui ont la propriété des tubes capillaires, & qui retiennent dans Jeur intérieur, même après les épreuves, les cylindres liquides qu’ils ont foulevés avec eux. Si l'on emploie des bouteilles cylin- driques dont le calibre foit tel qu'elles n'aient point la propriété dont je viens de parler, on aura feulement par approximation la force avec laquelle les molécules conftituantes des liquides humides s'attirent refpeétive- ment. XVIL, J'ai voulu favoir jufqu’à quel point il étoit pofible de: compter fur la loi que je viens d'établir lorfqu'on foumet à l'expérience des fluides non humides, c’eft-à-dire, des fluides qui, lorfqu'on les décante , ne laiffent dans les vaiffeaux' aucunes traces fenfibles de leur paflage; tels font les métaux fondus, le mercure, &c. En conféquence j'ai fait plufeurs expériences. Le tube À a été mis en équilibre, par Le moyen d'un contre- poids fuffifant , puis on a placé au-deflous de ce tube une cuvette, dans laquelle une quantité convenable de vifargent avoit été verfée. L'orifice fupérieur étant ouvert , j'ai forcé A avec le doigt de fubir une immerfion de 7 lignes, enfuite j'ai bouché le trou fupérieur de la manière indiquée au N°. IV. IH y avoit dans l'intérieur de À un cylindre mercuriel de .& lignes de hauteur , j'ai feulement employé 10 grains pour rappeler {on orifice inférieur au niveau de la mafle du vif-argent contenu dans [a . cuvette qui étoit au-deffous. Il a fallu dans cetre circonftance , ajouter , à la furcharge du baffin oppofé au tube 27 grains pour furmonter la cohéfion, Après l'expérience le cylindre de vif-argent haut de 4 lignes ef SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 184 demeuré fufpendu dans le tube, en vertu de l’adhéfion du mercure au verre (1) malgré une force antagonifte qui follicitoit fa chûte vers le Centre des gravités, Cette expérience a été faite avec la plus grande attention , dans le deffein d’en faire ufage, pour déterminer par le calcul, l'intenfité de la cohéfion fur des furfaces plus étendues ; c'eft ce qui a été exécuté dans la Table VI. XVII, Au commencement de l'épreuve faite avec A , j'obferverai qu'aufli-tôt que ce tube étoit abandonné à lai-même après l’immerfion, il fe foulevoit de quelques lignes ; la même remarque a eu lieu lorfque les tubes numérotés de la Table première ont été foumis à l’expérience & plongés dans une mafle de mercure fuivant les mêmes procédés : cer effec éroit d'autant plus fenfible que les tubes éroienc plus petits, Lorfque les mêmes tubes ont été mis à l'épreuve [ur des mafles d’eau, on a obfervé un effet qui écoit l'inverfe du précédent. Quoique ces tubes euffent été fufpendus en équilibre avant qu'on les fic plonger dans l'eau , ils y defcendoient d'eux-mêmes à une profondeur plus grande que celle qui leur avoit été aflignée à raifon de la couronne d'eau qui s’élevoir au-deflus du niveau, tant à l'intérieur qu’à l'extérieur des mêmes tubes, Eee (1) Et de la preffion que l’atmofphère exerce de bas en haut, 182 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, RAR UE PE Quarré diamèt. int. A 275 AQuarré diamèt.int. ‘A 2,75 Quarré diamèt, int, A 2,75 Quarré dianièt. int. A 2,75 Quarré diamèt, int. A 2,75 Quarré diamèt, int. À 2,75 Quarré diamèt. int. À 275 Quarré diamèt. int. A 2375 Quarré diamèt. int. A 2,75 Quarré diamèt. int. B 2,2$ Je Quarré diamèt, int. C 2 Quarré diamèt, int. D 18,74 1: Quarré diamèt, int. E 36 Quarré diamèt, int. F 35307 Quarré diamèt, int. G 58,67 Quarré diamèt. int. H 81 Quarré diamèt, int, V 121 Quarré diamèt. int. K 441 af Coh. A Coh. B 27: X == 22,09 Coh, A Coh. C 27: Ki== 188,36 Coh, A Coh. D 27:x=— 187,62 Coh. À Coh. E 27: X == 262,54 Coh. A Coh. F 27:x 2 315,66 Coh. A Coh. G 27: x == 576,03 Coh. A Coh. H 27:X=—=795,27 Coh. A Coh. V 271iX—= 1188,00 Coh, A Coh. K AT Xi 42 SAS La détermination pourletube B a été trouvée numériquement de 22,09, & expérimentalement de 22 ; la différence 0,09 ef fi petite qu'elle peut être réputée nulle. Dans cette feconde épreuve le cylindre mercuriel logé SUR L'HIST. NATURELLE ETLES ARTS. 18 dans B a füivi ce tube, même après la féparation de la maffe inférieure du vifargent : cer effet n’a point été obfervé dans huit expériences qui ont été faites, en employant les tubes cylindriques dont il eft parlé dans les Tables IV & V.C & D ont été mis en épreuve fur du mercure, Le calcul avoit annoncé , comme on le voit dans la Table VI, 88,36 grains pour C,& 187,62 pour D ;le réfultat de l'expérience pour le premier cas a été feulement de 43 =, & pour le fecond cas de 92: ces effets font à-peu-près fous-doubles de ceux que promettoientles calculs. Les quatre derniers tubes de la Table première , ainfi que la bouteille cylin- drique V, doncil eft fait mention dans le Journal de Phyfque, tome XIX, page 143, ont procuré des réfultats qui s’éloignent tellement de mes déterminations numériques , &-felon des rapports fi différens entr'eux, que je ne crois pas devoir les configner ici. En opérant fur de grandes mafles de mercure ,.on eft dans la néceflité d'employer de grands poids qui occafonnent inévitablement des fecoufles , & ces fecoufles féparene les folides du fluide, avant qu'on ait furmonté l’intenfité de la cohéfron. La preffion de l'atmofphère intervient ici. M. Dutour a prouvé qu’elle y jouoit un rôle, ainfi que l'afinité: cette preflion doit, à raifon des facades plus ou moins fortes, avoir beaucoup de prife fur la partie infé- rieure & latérale des gros cylindres liquides que les tubes enlèvent avec eux, & occafionner des perturbations & des anomalies qui diminuent leffec de l'attraction du vifargent fur le verre, augmentent par-là celui de la pefanteur qui devient prédominante , & empêchent les réfultats d'être comparables entr'eux. Îl faut donc exécuter les épreuves de ce genre en petit, & employer des tubes qui aient un calibre propre à foutenir , dans leur intérieur , les cylindres liquides qui s'y logent , & y reftent fufpendus, malgré l’action d'une force anragonifte qui les follicite vers le centre du globe cerreftre, En procédant de cette manière, outre l’économie du tems , on a la certitude d’avoir furmonté l’intenfité de la cohéfion des molécules liquides entrelles , autant qu'il eft poflible de le faire dans l’état aétuel des chofes, XIX. Après avoir pris routes les précautions que je viens de détailler, pour m'aflurer de l'exactitude de la méthode précédente, j'ai cherché à dérerminer la valeur de la coéfion des molécules intégrantes de l’eau diftillée, de l'acide nitreux & de l'acide vitriolique. En faifanc ufage du tube C, j'ai trouvé que pour furmonter la cohérence des parties du premier liquide, il falloit employer 4,50 grains, pour vaincre celle des molécules du fecond, ç,00 grains, & enfin pour furmonter celle de l'acide vitriolique C, 88 grains. Ces rapports different de ceux aflignés par M. Achard dans la Table VIII de l'Ouvrage que j'ai cité au com- mencement de ce Mémoire. Les nombres qu'on y trouve font 1000 pour Veau diflillée, 849,0073 pour l'acide nitreux, & 676,3568 pour l'acide vitriolique, Je me propofe dans la fuite de pafler en revue tous les 184 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE; liquides énoncés dans cette Table, & de difcuter les rapports qui y font confignés, en comparant les expériences de cet habile Chimifte avec les miennes. Une révifion générale me paroît néceflaire ici pour découvrir la vérité. Comme je crains encore d'avoir mal obfervé, je fufpends mon jugement, jufqu’à ce que de nouvelles expériences aidées des lumières du calcul m’aient fait connoître le degré de confiance, qu'il faut accorder à cette Table en particulier, XX. Dans la Table IV dreffée par M. Achard, on trouve la valeur de la force avec laquelle des difques de verre de différentes grandeurs adhèrent à l’eau diftillée, & à d’autres liquides. En me conformant au procédé du docteur Taylor, j'ai tâché de faire quelques expériences qui fuflent com- parables avec celles de l'Académicien de Berlin : j'ai obfervé les trois conditions effentielles ; elles confiftent , 1°. à fufpendre les difques hori- fontalement ; 2°. à ne pas laiffer d'air entre les furfaces; 3°. à ne pas jeter fur la fin des poids capables de rompre l’adhéfion. Je me fuis fervi de plufieurs difques dont on trouve les dimenfions dans la Table VIT. J'ai ajouté dans cette Table les calculs des quarrés des diamètres , des circon- férences , & des aires des mêmes tubes. Le thermomètre de Sulzer étoit à 32 degrés au-deflus de Q, dans le rems où mes épreuves ont été faites, EF CANE VE MENCHA IE Difques. Diamètre. | Quarré diam, | Circonféren c. Aires. x 6,50 lig. 42,2500 20,43 33,100 R 9 8r 28,23 63,6950 S 10 199 | 31,42 78,500 | 3428 942700 50,28 201,12 a —— FA 29 84t | 91,14 660,7650 100,57 804,5712 < SUR L'HIST, NATURELLE ET LES ARTS, 158$ XXT. Le tube X a été mis en expérience fur de l’eau diftillée ; il a fallu employer 16 grains pour le détacher de la maffe liquide à laquelle il adhéroit. C’eft de certe épreuve que je fuis parti pour calculer la Table VIII. J'ai obfervé qu'à la fin de cette épreuve le difque X étoit couvert d'humidité fur-fon contour , & fur la furface qui avoit été mife en contact avec l'eau diftillée. La mème chofe a été faite par rapport aux 6 difques dont les dimenfions font confignées dans la Table VII. DRÉANBEL ENT TL. Quarré diamèt. difq. X Quarré diamèt. R Adh, X Adh. R 41,25 : 81 2 16: x == 30,67 Br. _ Quarré diamèt. X Quarré diamèt. S Adh. X Adh. S 41,25 , 100 Quarré diamèt. X Quarré diamèt, P 42,25 ; 121 Quarré diamèt. X Quarré diamèt, T Adh: :X 42,25) A 256 ae 16 : Quarré diamèt, X Quarré diamèt, Z 42,25: 341 Quarré diamèt, X Quarré diamèt, © Adh. X Adh. O 42,25 ; 10,24 de 16:x== 335,42 Tome XXVIIL, Part. I, 1786, MARS; Aa 186 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, T'A, BB: LMENMTX, Difques. Réf. calcul. Refft. obferv. RUE 09,00 16, gr. R 30,67 30,00 S 37,86 36 P 2 44 dt 96,94 94 CA 318,48 313 es Dans la Table IX, on voit que les réfiftances obférvées font un peu au-deffous des: réfiftances calculées ; cependant la différence n'eft pas confidérable, I] n’en eft pas ainfi quand on compare les expériences de M. Achard fur l’eau diftillée avec les miennes. En effer, les trois premiers difques de la Table IV de ce Savant, ont les dimenfons fuivantes : 1 18 lignes de diamètre , ) Quarré 324 2° 21 lignes de diamètre ,$ Quarré 447. 3° 24 lignes de diamètre ,\ Quarré 576 Si lon calcule les réfiftances que doivent oppofer ces trois difques à leur féparation , d’après l'expérience que j'ai faite avec attention ,en me fervant de X, on aura les nombres 122 , 167, 218; ces trois nombres font bien inférieurs à ceux indiqués dans la Table IV de M. Achard , ce font 364, 494, 647. J'ai négligé les décimales de part & d'autre. e n'ai pas cru devoir faire d’autres comparaifons dans ce Mémoire ; je me contente aujourd’hui d'annoncer la fuite de mon travail qui paroîera dans les cahiers fuivans de ce Journal. L'obfervation qui fe SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS, 187 trouve au N°. XXIT, prouve que ce n'eft point l'adhéfon qui été fur- montée dans les expériences précédentes ; il -auroie-fallu pour cela que le plan de féparation fe füe fait entre les difques de verre, & les particules de l’eau diftillée immédiatement en contact avec la furface inférieure de ces difques. C'eft ce qui n'eft point arrivé ; puifque la féparation fut faite entre les molécules 2queufes adhérentes au verre , & les molécules infé- rieures à celles-là. Les belles expériences qu'a faites fur le même objec M. de Morteau en préfence de l’Académie de Dijon, confirment La même chofe (1), XXII. D'après cette confidération , il y a lieu de préfumer que des nombreufes combinaifons de fluides à folides, où M. Achard a cru trouver, dans toutes , des dérerminations de l’adhéfon , il y en a plufieurs & peut-être la plus grande partie qui n’ont pu lui fournir que des déter- minations de la cohefton des molécules des Auides. Cela eft déjà bien conftaté à l'égard de celle de l'eau avec les difques de glace. Nonobftant cetre obfervarion générale, les Tables du favant Académicien de Berlin ne laifleront pas d'être très-utiles , aucune de fes déterminations ne fera fuperflue. Ce feront celles de l’adhéfion dans les combinaifons, où la force de la cohefion des molécules du fluide fera reconnue être fupérieure à la force de leur adhéfon au folide : ce feront au contraire des détermi- nations totales ou partielles de la cohéfton des molécules du fluide , dans les combinaifons où la force de cette cohéfion fera reconnue être moins puiffante que celle de l’adhéfion du fluide au folide. Une des grandes obligations que les Savans auront toujours à M. Achard, c’eft d’avoir tout réduit à uñe formulé très-élégante & fort propre à abréger les travaux fur cette matière. (5) Voyez Journal de Phyfique ÿ année 1773, Mars, page 460, Tome XXVII, Part. 1, 1786, MARS, Aa 2 488 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, PREMIÈRE TETTARIE DE M L'ABBÉ SPALLANZANI, Profeffeur d'Hifloire-Naturelle dans PUniverfité de Paris , A M CHARLES BONNET, Membre des plus célèbres Académies de l'Europe , SUR DIVERSES PRODUCTIONS MARINES, Traduite de l'Italien, par JEAN SENEBIER, Bibliothécaire de la République de Genève , fur l'original imprimé dans les Mémoires: de la Société Italienne , Tome LE, Monsreux; En apprenant mes voyages fur mer & le plaifir que j'ai à les faire, vous ferez curieux de connoître quels fonc les objets qui m'ont occupé; vous devinez déjà que mes recherches fe font fixées fur les productions marines, c'elt pour cela que j'ai féjourné ff long-tems à Porto-Venere fur les bords de la rivière de Gènes, contigue au golfe de Spezie, fi célèbre par le calme qui y règne & la facilité qu'on y trouve pour y étudier les richefles que la mer offre à la curiofité philofophique, Voilà le théâtre de mes obfervations pendant deux mois &c demi, Je n’entrerai pas ici dans les détails que vous défirez. Les productions naturelles que j'ai étudiées font trop nombreufes pour pouvoir être analyfées, comme j’efpère: Les analyfer un jour. Je me bornerai donc à préfent à vous donner les réfulrats de mes principales obfervations en deux Lettres, dont l’une traitéra des objets marins , & l'autre de ceux que préfentent les montagnes, : I De la lumière nodurne de la Mer. _ On a toujours remarqué que {a mer refplendifloit en divers lieux” pendant la nuit. Les Phyficiens ont imaginé diverfes explications de ce phénomène , dont voici les plus fatisfaifanres: MM. Vianelli & Grifellini ent préçendu que cette lumière étoit produite par de petits animaux SUR L'HIST. NATURELLE ET-LES ARTS, 189 phofphoriques dans les légunes de Venere. M. de Rurlle a cru q'ie ces animaux formoient cette lumière dans les mers de l'Inde, M, Canron a cru qu'elle étoit formée par des parties huileufes qui abondent” dans la mer, Quant aux animalcules phofphoriques ou aux vers luifans de mer, j'ai eu occafion de les obferver ; j'ai même trouvé l'efpèce décrite par les deux Italiens; mais je n'ai pu découvrir celle de l’obfervateur François, quoique j'en aie vu cinq efpèces tout-à-fait nouvelles, Les trois Naturaliftes dont j'ai parlé fe font bornés à décrire les organes de ces vers luifans, & le petit phofphore qu'ils produifent dans l’eau, ce qui à la vérité eft intéreffant ; mais ils laifent l’hiftoire de ces animalcules tout-à-fait imparfaite, Aufli je ne me contenterai pas de décrire ces animaux & de rapporter diverfes expériences propres à faire mieux connoître la lumière qu’ils répandent; mais je ferai remarquer plufeurs circonftances négligées , comme, par exemple, fi la lumière qu'ils répandent s'érend à tout le corps ou à une partie ; fi elle brille continuellement ou feulement à diverfes reprifes ; fi elle continue lorfque ces animaux font hors de la mer; je ferai connoître les lieux qu’ils habitent, s'ils nagent ou rampent; quels font Les corps où on les trouve, s'ils vivent hors de l'eau, & fi en les remettant dans l’eau ils reprennent la vie; s'ils fe multiplient par des œufs ou par des fétus , ou par bouture comme les polÿpes. Pour la lumière qu'on imagine produite par des parties huileufes qui fonc les débris des animaux , j'accorde à M. Canton que Les vers luifans dont j'ai parlé ne font pas la feule caufe de la lumière qu'on obferve fur la mer, qu'il y en a une autre tout-à-fait différente ; j’en ferai con- noître les différences , & je crois que cette découverte eft abfolument neuve ; mais je ne puis convenir avec cet illuftre Anglois que les débris de diverfes fubftances animales , comme ceux des poiflons, en fe déconr- pofant dans la mer concourent à former cette lumière; fon bypothèle repofe fur la lumière qu'on obferve dans les vafes où les poiffons qu’on y met dans l'eau commencent à fe gûter; j'ai bien vu qu’une certaine efpèce de poiflon produifoir cer effet, mais la plus grande parrie ne peavoir faire paroître aucune lumière, & dans le nombre de ces derniers poiffens on compte les plus gros , & ceux qui font en particulier cités par M. Cañton, comme étant les plus propres à produire cette lumière ; d’ailleurs fi les parties décompofées des poifluns étoient la caufe de cette lumière, il eft clair qu'elle devroir feulement fe faire remarquer à la furface où les parties décompofées viennent nager , ce qui eft contraire à l’obfervation, puif- qu'on voit cette lumière au moins à quarante pieds au-deflous du niveau de la mer, & je crois qu’elle s'obferve à routes les profondeurs ; d’où il réfulte que cette lumière eft une propriété de l'eau de mer qui eft plus ou moins fenfible, fuivant fes vents , les faifons , & d’autres circonflances que je ferai connoitre, Mais quoi qu'il en foit , j'avouerai que je n'ai x90 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, encore fur ce iujet que des conjectures que je foumertrai à l'expérience aufli-tôt que je reverrai la mer. LT Des Plumes de mer, } Les Naturaliftes défignent par ce nom un genre fingulier de zoopbhites, parce qu'il a quelque reffemblance avec les plumes des aîles des oifeaux. Linneus, fans aucune raifon, les appelle Pennatule. La plume marine grife, comme la roufJe, fonc phofphoriques ; mais avane de parler de cette propriété je rapporterai quelques obfervations propres à fixer Les idées qu'on doit avoir de leur organifation & de leur nature. Pallas en s'appuyant für l'autorité d'Ellis ; veut que ces animaux foienc privés de bouche ou d'organe qui la remplace ; mais ils ont véritablement cet organe, On le trouve dans toutes les efpèces fitué à l'extrémité du pied ou de la bafe de cette plume; on lui voit au moins fucer l'eau & la faire jaillir en la rendant par Pouverture qui fe trouve dans cette place. Je ne nie pas que l’animal n’aic ençore d'autres pores pour attirer à lui l’eau de mer, & avec elle fon aliment; on trouve ces petites ouvertures des polypes très-nombreufes à la partie oppofée du pied du zoophire que j'appelerai emplumce , parce qu'elle reflemble aux plumes. En parlant de ces polypes je puis dire qu'ayant pu les étudier en vie & à mon aile, je crois avoir fort augmenté leur hiftoire qui paroît encore au berceau. On a cru que les plumes marines changeoïent de place, & on l’a conclu, parce que leurs corps avoient quelques mouvemens partiaux , faifoienc quelques contorfions ; mais perfonne , je crois, ne les a vu réalifer un mouvement progrellif, La commodité que j'ai eue d'en obferver plufieurs fans les fortir de l’eau de mer m'a rendu plus heureux; j'ai vu la plume grife & la roufle fe mouvoir pour changer de place ; leur mouvement local étoie à la vérité très-lent; mais il fuffit pour s’aflurer que ces zoophites fe promènent dans la mer, Je décrirai une fois ce mouvement qui diftingue ces zoophites de tant d'autres, comme les gorgones , les madrepores, millepores, alcyons, dont je parlerai aufli, qui reftent conftamment attachés à la place où ils naïflent, & qui n'ont d’autres mouvemens que celui des polypes , dont on voit fortir du corps &e petites cellules qu'ils retirent à leur volonté; mais ces plumes ont avec ce mou- vement celui de tout leur corps, & on peut les confidérer avec admiration comme un grand animal fur lequel font entés une foule de petits polypes. La multicude de ces plumes m'a fait découvrir comment elles fe déve- loppent , comment elles croiflent , ce qui n’avoit pas encore été obfervé ar les Naruraliftes. Mais parlons de leur phofphorefcence qui eft bien propre par fa nouveauté à piquer la curiofité, On favoit déjà que la plume grife & la “ . SUR L’HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 191 rouffe brilloiens pendant Ja nuit dans la mer. Auñi quelques Auteurs fyféniatiques les ont appelés phofphoriques : le fait eft-vrai, mais il a befoin d'éclairciffement; fi ces plumes reftent immobiles dans l’eau de mer , elles ne brillent en aucune manière, mais elles ne luifent que lo:fqu'elles font en mouvement, foit que cette lumière leur foic propre, ou qu'elle foit produite par leur choc contre les eaux de la mer dans lefquelles ces zoophites cheminent; outre cela ils luifent non-feulement quand ils font en vie, mais encore après leur mort, Il fuffic alors de les toucher hors de l’eau ou dans l’eau ; mais la lumière s'éteint avec l’im- reffion de l’attouchement , & la lumière reparoît quand l’atrouchemenr fe renouvelle. Bartholin parle d’une sèche Sepza oélo podia , Linn. Hift, Nar. qui rendoit une lumière fi vive en s’ouvranr , qu’elle éclairoit toutle palais quand la bougie fur écartée. La Méditerranée abonde de ces mollufhes ; j'y ai trouvé l'occafion de vérifier ce prodige adopté par Linnéus ; mais il faut l'avouer, il n’a pas répondu à mon attente, J'ai bien obfervé quelquefois une lumière aflez forte, & même elle m'a paru - très-vive, quoique la sèche füt morte, quoiqu'on ne la touchât pas, & qu’elle fût fans mouvement ; mais je parlerai plus en décail une autre fois de cette lumière & de divers poiffons qui la répandent. Revenons aux plumes de mer: les Auteurs qui ont parlé de leur lumière ne difent point fi elle couvre tout leur corps ou feule:nent une partie ; ce qu'il étoit important de favoir : je dirai feulement que lorfquelles font vivantes ou mortes depuis peu de tems, le pied de la plume ne paroït jamais lumineux, mais feulement la partie emplumée, Quoique celle-ci foit également brillante , vous ne devineriez pas où rélide la plus grande intenfité de certe lumière, & par conféquent fa fource; vous la trouverez dans les polypes , & la lumiere eft toujours proportionnelle à leur nombre; ils font autant de lumignons d'un blanc bleu, & leur lumière eft fi vive qu’elle peut éclipfer celle d’une bougie. En touchant les bords de la partie emplumée, la lumière femble fe précipiter vegs fon milieu. Je m'arrêterai à démontrer ce phénomène dans l'Ouvrage que je prépare, & alors je ferai.voir que la lumière des polypes eft due à une matière muqueufe. Si ces plumes reftent dans l’eau pendant quelques jours après leur mort , elles commencent à fe décompoler, & à former une gelée qui couvre toute la partie emplumée ; cette gelée, lorfqu'on la touche, jerre quelquefois des étincelles de lumière; mais fi l’on expofe ces plumes à l’air, elles perdent leur phofphorefcence , parce qu'elles fe defsèchent entièrement. J'ai dir que l'eau s'infinuoit. dans les plumes par un trou placé à l'extrémité de leur pied. Chaque plume grife ou rouge après quelque rems - s'imprègne tellement de ce fluide , qu'au bout d'un certain tems elle en eft pleine; fi on la tire alors de l’eau, & qu'on comprime fa partie émplumée en laiffant le pied en liberté, il fort par ce trou un jet d'eau 182 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, qui forme dans les ténèbres une petite fontaine très-lumineufe qui teint Ia main ou les linges fur lefquels elle tombe d’une très-jolie couleur argèn- tine: lorfqu'elle tombe fur Le plancher ,elle y forme un petit lac d’une lumière très-blanche, Il écoic important de conferver un phofphore.aufli remarquable; mais à mefure qu’il fe diflolvoit dans l'eau, il difparut au bout de quelques jours. On connoîr les efforts de Beccari pour conferver le phofphoré des pholades, quoiqu'il foir bien inférieur pour la force à celui des plumes de mer; je crus qu'il étoit utile de faire une feconde tentative, & de chercher les caufes qui contribuent à éteindre ce phofphore. Cependant la nature du phofphore lui-même devoit n'occuper particulièrement, fur-tout dans la vue de pénétrer fi le phofphorifme de tous les animaux marins avoit la mème origne. Ceci me ramenoit aux vers luifans qui ont les plus grands rapports à cet égard avec les animaux marins dont j'ai parlé. Je me fuis occupé de ces recherches, & j'ai eu lieu de connoître dans quel rang il falloit placer l'opinion de M. Forfter, qui croit que la füfpenfion de la lumière fournie par certains vers terreftres dépend de l'infpiration & de l'expiration de l'air, III, ‘Alcyonss Ce genre de zoophites par fes rapports avec les végétaux, femble plus près d’eux que les plumes marines ; les alcyons font toujours enracinés dans la mer: quelques-uns ont un tronc & des rameaux ; comme l'alcyon palmé, qu'on a appelé main de mer, & dont je veux parler (1). On trouve ces elcyons avec les plumes grifes dans cette partie du golfe qui regarde le midi, & on pêche les uns & les autres à la profondeur au moins de deux cens pieds. Pallas dit que ces alcyons naiffent fur les écueils & les coquilles: cela eft vrai; mais ce n’eft pourtant pas une condition effentielle pour leur produétion ; on trouve Palcyon palmé fur un fonds terreux. Ce zoophite eft rameux quand il eft adulte; mais l’eft-il quand il naît? La Nature feule pourroit me donner la folution de cette queftion. T'ous Les alcyons n'ont pas une feule couleur ; les rameaux de quelques- uns font plus ou moins rouges , CEUX des autres font cendrés, quelques autres font blancs ; je ne crois pas que ces couleurs déterminent différentes (x) Linneus qui a donné & changé fi fouvent les noms des corps naturels, appelle Ves alcyons exos , fans os: il eft vrai qu’on peut en général regarder les alcyons comme des zoophites fans os, puifque , fuivant l’obfervation de Pallas, ils font privés de cette fubftance dure qu’on trouve dans les zoophites ; mais alors cette dénomination gxos eft générique, & par conféquent on l’attribue mal à propos à une efpèce. efpèces ; hote une a. d-# à EL SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 197 efpèces, mais leur conformation & leur ftruêture font abfolument les mêmes; on obferve la même chofe dans leurs polypes qui ont la couleur de l'alcyon auquel ils appartiennent. Ces animalcules curieux ont été décrits par Marlgly comme de vraies fleurs ; je Les ai fuivis avec attention. Lorfqu'on tire un alcyon de la mer, tous Les polypes fe cachent dans leur trou; ils paroiflenc bien enfuite , mais avec cette différence que tant que l’alcyon eft à l’air, on ne les voir que comme des papilles ou de petits boutons ; mais en plongeant l'alcyon dans l’eau de mer, les polypes fortent de nouveau, étendent leurs bras, & offrent l’idée d’une eur à huit pétales. Si l’on agite l'eau les polypes difparoiffent, mais ils {e montrent aufi-tôt qu'elle eft tranquille ; fi l'on ne change pas l'eau , cette armée de polypes perd la vie , chacun refte hors de fa cellule comme un efcargot terreltre eft hors de fa coquille quand on le force à périr dans l’eau, Pallas dans fon beau Traité des Zoophites, a dic que les alcyons naïfloient d'un œuf; mais je n’ai rien apperçu qui puifle le prouver , & je crois qu'il fe fonde plus fur l’analogie des autres zoophites qui font ovi- pares, que fur les faits. J’ofe affurer que je fuis le premier qui les ai vus dans les alcyons palmés; mais je ferai leur defcription , je montrerai la place qu’ils occupent , le lieu d'où ils fortent , dans l'Ouvrage que je prépare: J'ai découvert encore un autre alcyon très-différent du palmé; c’eft cependant un alcyon: il en a tous les caractères ; mais il eft privé de polypes, quoiqu'on voye fur fa furface les petites ouvertures d’où ils fortent je ne me fuis pas apperçu qu'aucune partie de fon corps donne le plus petic indice de fentiment ou de mouvement ; on ne peut donc pas dire à la rigueur que ce corps foit un zoophite. IV. Millepore retepore: Je n’ai qu'un mot à dire de ce zoophite appelé improprement par quelques François mannequin de Neptune, parce qu'il reffemble un peu aux couflins de dentelles par la multitude des polypes qu’on y obferve: ces polypes font prodigieufement plus petits que ceux des plumes marines & des alcyons; mais tandis que ceux-ci ont une vie fenfitive fort engourdie, comme il paroît par leur lenteur à fortir de leur cellule & à y entrer, puifqu'ils ne prennent ce dernier parti que lorfqu'ils y fonc forcés ou par la colère ou par une forte agitation de l'eau , les polypes des millepores retepores font pleins de vivacité ; le plus léger frémifle- ment de l’eau les fait rentrer dans leur trou jufqu’à ce que l'eau foit tranquille. Leurs bras font nombreux, & ils fe difpofent de manière à former une efpèce d’entonnoir , dont le fommet eft à l’ouverture de leur caverne. Tome XXVIIT, Part. 1, 1786. MARS. Bb 194 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, On trouve ces millepores fur le fond de ia mer, mais ils ne font pasä üne grande profondeur ; ils paient & ils s’atcachent par-tout. V. Madrepores. Malgré la prodigieufe diverfité des efpèces de ces productions marines que les Naturaliftes ont décrites , qu'ils ont repréfentées comme étant fi femblablesau corail commun, malgré les foupçons raifonnables d'Imperato & les affertions de Rampheus & de Peyflonnel, qui rangent ces pro- duétions avec les animaux, il eft pourtant sûr que ces foupcons & ces Pi P Rs LE SRE affertions ne fonc fondés que fur une feulé obfervation de Donati, qui repréfente la madrepore rameufe comme une niche de polypes; il me paroïît donc important de joindre à ce fait unique les nouveaux faits que j'ai obfervés. La madrepore que Pallas appelle ca/ycularis , & que je pourrai appeler à boutons , m'a fourni l’objet de mes obfervations, Dans les fonds où l’on trouve la madrepore retepore, on trouve encore la madrepore à boutons formant plufieurs groupes de corallines cylin- driques d’un blanc jaunâtre, ayant la groffeur d’une plume à écrire, liées étroitement entr'elles , quelquefois plus, quelquefois moins nombreufes ; ces groupes ne font jamais enracinés fur les écueils ou fur les pierres ou fur quelque corps ftable, mais ils repofent fimplement fur la vafe. Chaque groupe fait un corps particulier, & il y a autant de polypes que de cylindres où ils habitent, à moins que les polypes ne foient péris par vieillefle ou par accident ; chaque cylindre eft ouvert à fa fomunité : lou- verture fe rend profonde, & elle forme un calice rempli par le polype quand il fort. Ces polypes font plus gros que ceux des plumes de mer & des alcyons; mais ils leur refflemblent par la lenteur de leur mouvement. Ces polypes ne fortent & n'étendent leurs bras que dans l’eau , & pour les obferver facilement dans les vafes, il faut en changer l’eau fouvent comme pour les autres 20ophites; mais fi l'on oublie de la changer, ces polypes fonc expolés à un événement que les autres ne m'ont pas fait obferver : fi une plume marine , un alcyon , une millépore, &c. féjournent toujours dans la même eau , leurs polypes reftent unis à leurs cellules, maïs au contraire divers polypes de notre madrepore s'en féparent , fe promènent dans l’eau , mais ne s’écartent pas de leur retraire. Cet abandon que les polypes font ainfi de leur féjour naturel eft remarquable, puifque ces madrepores ne paroiflent autre chofe pour ces polypes que ce que les rüches font pour les guêpes, c'eft-à-dire , des retraites qui font rout-à-fait diftinétes des animaux qui Les habitent : ce qui femble contraire à l'opinion de quelques Phyficiens qui croient que les polyses forment un tout infépa- table avec la madrepore. Cependant encore fufpendez votre jugement , je, me réferve d'écablir cette opinion par des faits qui ne laifferont aucun doute, SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS, %9s Je remarquerai {eulement que cette féparation de quelques polypes gai ont quitté les madrepores m'a été fort utile, parce qu’elle m a permis de les obferver plus à mon aife & d'en faire une groflière anatomie. NATTE Gorgones. Cette efpèce de zoophyte m'a fait recommencer un voyage de mer que je venois d’achever : je lifois l'ouvrage de Pallas fur ies zoophi- ‘tes, & je rombois fur ce paflage : certiora & fpecialiora ex vivis gorgo- niis difei debent quorum nos cognitione ob italorum quos maris Medi- terranei. divitiæ 1# Lanta vicinitate fruffra exertant fupinam neglipen- gentiam Ê huc ufque carere dolendum eft (1). Certainement il faut con- venir qu'on pourroit obferver avec fruit les productions marines dans quel- ques villes d’Iralie, où l’on s'occupe de toute autre chofe, mais notre nation ne feroit pas Ja feule qui méritât ce reproche, les françois auroient au moins dû le partager; un mouvement de dépit me fit naître l’idée d’é- tudier les gorgones, & fur-tout leurs polypes en cas que j'en trouvaffe. Je pañlai pour cela de Gènes à Spezia, & ayant les yeux fixés fur une fource d'eau douce qui jaillit dans la mer, je découvris un grand nombre d’arbrifleaux que je fis tirer de l'eau & que je reconnus bientôt pour ces gorgones après lefquelles je foupirois. La faifon ne me permit pas de marrècer davantage dans ces lieux maritimes, mais je réfolus d'y revenir dans des temps plus convenables, & c’eft ce que j'ai fait pendant l'été pañlé. _ On fait que les gorgones font des productions marines attachées au fol d'une fubftance cornée , qui font rameufes , garnies d'épines à leurs bafes, couverte d’une molle écorce & pleines de cellules ou de petits trous d'ou fortent les polypes. Les gorgones que j'ai trouvées à Spezia font toutes d’une efpèce, & comme leur furface eft couverte d’une mul- titude de petites verrues , elles approchent de l’efpèce que Linneus & Pallas appellent verruco/a, mais elles ont des caraétères qui les diftinguent de celles-ci. Je n’ai trouvé ces gorgones que dans les lieux proches de la fontai- ne d'eau douce , & où l’eau de mer fe mêle avec celle de la fontaine, La moindre falure de cette eau feroit-elle une condition favorable à la naïflance & au développement de ce zoophite. Les alcyons, les plumes marines , les millepores naïflent par - tout, les gorgones ont toujours pour bafe une pierre : j’en ai tiré au moins deux cents hors de la mer , elles étoient toutes fortement attachées à leurs pierres , & quand je les obfervois au foleil fous l’eau dans des lieux (1) Page 163. Tome X XVII, Part, I, 1786. MARS, Bb2 196 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, où elle éroit peu profonde, je n’en ai jamais vu aucune enracinée dans Îa terre , ou fur quelques plantes marines. Si elles n'étoient pas attachées , où collées à une pierre par la partie applatie de leur bafe , elles reffembleroient affez en petit, à un arbre qui a perdu fes feuilles ; on y voit le tronc , les branches, les rameaux ; le tronc eft perpendiculaire à l'horizon , les bran- ches & les rameaux fe plienten enbas : ily en a de diverfes grandeurs ;-les plus hautes ontun pied & demi, & leur tête eft plus grande, les plus petites font fans branches , & ont à peine un pouce. Outre ces rapports extérieurs avec les plantes , les gorgones en ont encore dans leur intérieur ; elles font pourvues d'écorces , de bois & de moëlle. Seulement , Le corps que j'appelle bois & qui eft entre l'écorce & la moëlle fe trouve d’une fub- ftance cornée, ou du moins fort analogue à la corne, auffi l'on ap- peloir les gorgones ceratophites ou plantes cornées. Je tâcherai de faire bien connoître une fois ce triple corps, je remarquerai feulement ici que l'écorce du tronc & des branches eft toujours enveloppée d’une forte enveloppe calcaire. J'aijufques ici confidéré les gorgones comme ayantdes rapports avec les plantes; voyons-les à préfent fous leur rapport avec les animaux, ou plutôt donnos une idée des polypes qui les habitent, en me réler- vant d’en parler en détail dans mon ouvrage , d'autant plus que perfonne n’en a parlé avant moi. Quand on a tiré une gorgone de la mer, on obferve fur le tronc, & fur-tout fur les branches & les rameaux de pe- tites verrues; quand on les étudie avec une lentille , elles paroiffent per- cées dans le milieu & ouverture eft une étoile octogone; fi la gor- gone refte hors de l’eau, on ne verra rien d'autre dans les verrues; mais en les mettant de nouveau dans l’eau , alors le trou central de cha- que verrue offrira un corpufcüle qui fortira fpontanément, & comme ce corpufcule eft plus gros que le trou , le corpufcule en fortant force le trou à sélargir, on voit bientôt que ce corpufcule eft un polype qui a huit bras, dont la figure eft cylindrique : tant que l'eau eft tran- quille, chaque polype refte hors de la verrue, mais fi on les expofe à Pair ,ils fe cachent bientôt; fi l’on touche ces verrues lorfque les po- lypes y font nichés, on fent qu'ils font dans le fond, & fion les pi- que, ils f contratent bien davantage , ils fonc aflez grands poux les pouvoir examiner & deffiner facilement. L'examen des queftions fuivantes devoit m'inftruire davantage fur les polypes des gorgones & fur leur nature. Qu'arrive-t-il fi la gor- gone mère fe fépare de la pierre {fur laquelle elle eft colée quoiqu’elle refte dans la mer? La vie des polypes dépend-elle de l’érat entier de la gorgone ; ou périffent-ils quand on coupe la gorgone en plufieurs parties ? Suffit-il pour la vie des polypes que la partie du tronc à la- quelle tient fa cellule foit confervée entière ? Qu'arrive-t-il à ces animal- cules quand on dépouille la gorgone de fon écorce en tour ou ea. ‘SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS, 197 partie : Si l'on coupe un ou deux rameaux à une gorgone, repouffe-telle de nouveaux rameaux en tout ou en partie ? J'ai le plaifir de vous af- furer que la nature nv'a fourni la folution de ces queftions, & j’ajouterai relativement à la dernière que les reproduétions dans les gorgones ne font point femblables à celles des plantes qui pouffent des rejettons autour de la partie coupée du rameau , mais elles reffemblent plutôt à celles des animaux, puifqu’à la corne de chaque rameau coupé, il fe forme un cone femblable à celui qu'on obferve dans les vers de terre mutilés & dans vos vers d’eau douce; lorfque ce cone s’eft yn peu groffi, alors il fort latéralement de nouvelles verrues & de nouveaux polypes, Suivant les idées de Linneus , les gorgones font un exemple parlant du pañfage du végétal à l'animal , puifqu’elles ont non-feulement les ca- raétères d'une vraie plante , mais encore leur moëlle animée fe mani- fefte au dehors fous la forme de polypes. Mes obfervations feront voir l'erreur de ce célèbre naturalifte, & il. faut dire que quoiqu'il ait été bien voifin de la mer, il n’avoit jamais vu une feule gorgone en vie. VII, Eponges. Mettrons-nous dans l'ordre des zoophytes cette produdtion marine ? Linnéus & Pallas le croyent, ils regardent les éponges comme les termes dela vie & dela nature animée; une foule d'écrivains penfent comme eux, ils prétendent avoir remarqué des fines de fentiment dans les éponges , quoique d’autres ayent cru le contraire. Mes obfervations ont été faires fur deux efpèces d'éponges qui font les feules que j’aye rencontrées dans les lieux où j'érois. La première eff une éponge en forme d'arbre, remarquable par l’entrelacement de fes rameaux, & la finefle de fa ftrudure; on la pêche à la profondeur de 200 à 300 pieds. L’autre eft une éponge plus compacte, plus forte, plus folide , d’une forme plus ou moins fphérique, naiffant dans le golfe à une petite profondeur; elle s'attache communément aux écueils, aux pierres & aux coquilles vivantes. Vous verrezles expériences multipliées & variées que j'ai faites fur ces deux efpèces d’éponges, pour voir fi elles donnent quelque indice de vie, en examinant fur-tout avec fcrupule cette {ub- flance gélatineufe qu'elles contiennent, & qu'on prétend être le fiège du fentiment & du mouvement. J'ai fair ces expériences fur les épon- ges placées dans leur élément, & en particulier, fur les fphériques {or qu'elles étoient adhérentes à leur pierre; mais je manquerois à la vé- rité, fi je difois que jy ai obfervé une ombre de vie, ou de mou vement; aufli je ne puis placer ces deux efpèces d’éponges dans le nom- bre des zoophytes, de forte que je les crois de fmples végétaux , & 198 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, je pourrai même dire ses chofe fur le développement de ces épon- ges & leur maturité, dont je ne crois pas qu’on ait encore parlé. VIII. Corallines. Les efpèces que j'ai trouvées , font les corallines appellées 'offcinale, le pavonia, l'opuniia & une autre qui ne me paroït qu'une variété de celle qu'Ellis a repréfentée dans la planche XXIIT, & qu’il appelle corallina articulata dichotoma, inter nodos fubeylindricis cellulis rhom- boidiis omnino teétis & tubulis membranaceis, exiguis calyculis. Un des principaux buts de mes recherches a été d’examiner avec foin fi ces. corallines font les habitations des polypes ,comme Ellis nrérend fans Vavoir vu ; mais comme il le conclut par l’analogie , & par les perires cellules qu'il y a découvertes & qu'il croit deftinées à cet ufage, je dirai que j'ai obfervé ces cellules ou plutôt ces petits trous, mais je dirai de même que je n'y ai jamais appercu un être vivant, avec les meil- leurs microfcopes, quoique je les aye toujours obfervés dans l'eau de mer. Ces petits trous font bien différens des cellules qui fervent de do- miciles aux polypes dans les zoophytes ; ils ne font que des pores fem- blables à ceux de plufieurs plantes marines, qui fervent à nourrir les corallines, car la plupart des végétaux marins prennent leur nour- siture par toute leur furface, n’ayant point de racine. Je crois donc avec Pallas qu'il faut diftinguer les corallines des zoophytes auxquels Ellis & Linneus les avoient affociées, & les mettre feulement dans le rang des plantes, d'autant plus que j'ai découvert les graines de quelques- unes. Je fais bien que Linneus veut que les corallines appartiennent au règne animal, quoiqu'il ne puifle pas en démontrer les poiypes; mais il croit que leur enveloppe calcaire eft une preuve d’animalité , quoi- que vous fachiez bien que cette preuve eftau moins très-fufpecte ; mais en l'accordant même il en réfulteroit que des produétions marines qui font plus couvertes de matière calcaire que les corallines, & que Lin- neus avec d’autres botaniftes , ont reconnues pour des plantes , de- vroient être mifes au rang des animaux. Je vous parlerai une fois de ces végétaux pierreux, parce qu'ils intéreffent votre curiofité à divers égards, mais fur-tout parce qu’ils me forceront d'examiner fi elles font un an- peau ou les anneaux qui lient les fofliles aux végétaux. Donati croyoit que la moufle pierreufe d'Impérato éroit cet anneau, & vous le remarquez dans la contemplation ; fi céla eft, les plantes pierreu- fes doivent en être pareillement, Mais avant de conclure cela, il faut premièrement s’aflurer d’une chofe à laquelle il ne me paroït pas qu'on ait penfé, c'eft la fubitance pierreufe qu'on obferve fur ces plan- états : SUR L'HIST: NATURELLE ET LES ARTS. 199 tes, eft-elle formée par le dépôt de particules erreufes que l’eau de la mer y apporte? car dans ce cas, ces plantes ne fauroient être confidérées comme un anneau , autrement toutes les plantes qui vivent près de certaines fontaines , & qui font encruftces d'une matière pier- reufe, feroient également ces anneaux; ou bien cette fubftance pierreufe elt-elle une partie eflentielle de Ja plante comme la chaux dans les coquilles 2 & alors je croirôis que ces plantes font des points de paf fage entre Les fofliles & les végétaux. J’efpère que mes analyfes éclai- reront ces ténèbres, & j'ofe me atter que je prouverai les erreurs d'Ellis, quand il penfe que les moufles, les fucus & les autres produc- tions marines ne font pas de fimples végétaux , mais de vrais zoophytes, IX, Les Zoophites que j'ai décrits ne font pas des nids de Polypes ou des Polypiers, Après la fameufe découverte de Peyflonnel & les lumineufes confr- mations que Bernard de Juffieu en a donsées, on croycit univerfelle… ment que les plumes marines, les alcyons , les millepores , les madre- pores, les gorgones, les corallines, &c. étoient des polypiers ou nids de polypes, comme les guêpiers font des nids de guêpes, Hériffanc a combattu cette opinion, pour les madrepores, les millepores & les coraux , & ayant décompofé ces produétions dans l’efprit de nicre, il a trouvé qu'elles étoient produites par l'union d'une multitude de petits tubes dont chacun eft comme les coquilles, formé par une {ubftance ani- male ou membraneufe , & par une matière terreufe , que ces petits tubes fe prolongent par les polypes qui y habitent, comme les coquilles font au- gmentées par l’animal qu'elles renferment (1). Ces polypes ne font donc pas funplement renfermés dans leurs cellules ; mais ils forment un tout avec elles & par conféquent avec le madrepore, ou nillepore ou quel. qu'autre produétion marine où ils fe trouvent. . Certe obfervation et certainement très-belle; mais comme cette. ‘analyfe ingénieufe a été faite à Paris, où l’on eft affez éloigné de la mer, & où {es productions marines dont j'ai parlé font alors privées, de leurs polypes ; car j'ai vu que lorfque ces productions marines réf tent quelques jours hors de Peau , non-feulement Jes polypes périflenc , mais encore comme ils fonc fort gélatineux, ils fe réduifent à rien; ces productions foumifes à ce diffolyant , ont beau être décompofées dans la double fubftance d’une membrane & de la terre , ce qui et très- vrai, elles ne fauroient faire voir que les petits tubes qui forment Es pro= ductions, font contenus avec leurs polypes, puifque les polypes n'e- 0 (3) Mém, fur, l'Ofificarion, Mém, de l'Acad. 17664 200 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE,. xiftoient pas. J’examinois donc le paflage de la belle diflertation d'Hé- tiflant, où il parle de la continuité de ces petits tubes avec les poly- pes, & il paroîc lavoir déduite analogiquement des coquilles dif- foutes dans l'efprit de nitre, qui le refolvent en une fubftance terreufe & une fubftance membraneufe , & qui montrent clairement que cette fubftance membraneufe eft une continuation de l'animal lui- même. La preuve de ce grand anatomifte n'eft donc pas directe, mais analogique, & par conféquent, elle n'eft pas propre à perfuader: il falloir donc chercher ces preuves, s'il y en avoit, dans les zoophites , lorfqu'ils pofsèdent encore leurs polypes vivans. Je ne pouvois pas avoir une plus belle occafion pour démontrer ce fait, que celle de la ma- drepore à boutons $. V, en mettant quelques groupes très-abondans en polypes vivans dans l’efprit de nitre affaibli par lPeau commune, comme Hérifflant l’avoit fait ; après bien des efforts j'ai eu le plailir de voir que ce célèbre phyficien ne s'éroit pas trompé en fe fervanc de l’analogie; mais cette madrepore animée me fournit d'autres lumières plus grandes: 1°. les polypes ne fouffrirent point dans ces menftrues; 2% on voyoit de petits polypes attachés aux plus grands, ou plutôt ils formoient un tout avec eux comme les rameaux qui pouffent à un arbre ou les petits polypes à bras quand ils font unis à leur mère; 3°. vous les polypes communiquoient entr'eux par des bandes meni- braneufes qu'on yoyoit continuées avec les cellules calcaires où demeu- roient les polypes , ayant l'entière décompolition de la madrepore. Ces connoiffances que me fournit l’acide nitreux me furent encore fournies par le vinaigre, & par le moyen decet acide qui agifloit avec plus de lenteur ; la partie animale de la madrépore étroit encore mieux con- {ervée. La conclufion générale qu'on peut tirer de ces faits faute aux yeux : un groupe de madrepores n’eft autre chofe qu’un groupe de polypes qui fe mulciplient par rejettons comme ceux de trembley, & qui sincruf tent peu à peu d'une matière terreufe, Ces faits vous apprendront ce qu’on peut penfer des polypes de la madrepore à boutons qu'on voit quitter quelquefois leurs cellules dans les valès où on les conferve, $. V; l'eau des vafes ne leur plaît pas comme celle de la mer, ils font donc effort pour la quitter, & comme leur nature eft gélatineufe , ils font attachés par un très - petit nom- bre de points à leur voifin dont ils fe détachent aifément ; outre cela comme ils fe multiplient par rejettons, n’eft-il pas naturel de penfer que plufñeurs de ces rejetrons parvenus à maturité fe dérachent fpon- tanément de leur tige commune , comme les polypes de Trembley, & qu'ils fe tranfportent ailleurs pour former de nouvelles colonies ? Dans cette fuppolition l’on peut croire que les polypes qui fuyent la madre. ore font de ce nombre. Je n'ai pu faire fur les millepores les expériences que javois faires fur \ « SUR L’HIST. NATURELIE ET LES ARTS. 2017 Mur les madrepores , parce que la prodisieufe peticelle de leurs polypes ne me l’a pas permis : lefprit de nitre qui ma été futile pour les ma- drepores , m'eft devenu inutile pour les alcyons & les plumes marines. Pour analyfer ces zoophites, il falloit employer Île couteau anatomique, & je. lai fait avec d’autant plus de plaifir que perfonne encoré ne l'a- voit eflayé. Mais imaginez-vous, mon illuftre ami, ce que peut être un alcyon, celui au moins qu'on appelle une mais marine ? I] n’eft qu'un compofé d’animalcules formés par des petits tubes membraneux Qui s'ouvrent tout à la furface extérieure de l’alcyon avec ces petites bouches étroites que nous appellons polypes : la compofition des plu- mes marines ne diflere pas beaucoup pour l'eflentiel de celle des alcyons. Quant aux gorgones l'aftion des acides & fur-tout l'anatomie m'ont montré que les polypes font une continuation de l'écorce de ces gorgo- nes, que cette écorce par le moyen de plufeurs liens s’unit au corps corné que nous avons appellé le Pois, & que ce bois fe ligue de même avec la moëlle ; d'ou il réfulte que les madrepores , les porgones , les plumes marines , les alcyons, au moins tous ceux dont j'ai parlé, ne font pas des polypiers, où des nids d’animalcules , mais des familles elies- mêmes d'animalcules fous l'apparence de plantes & qu'on a appellés *pour cela zoophytes, & dont je me fuis fervi plutôt, comme d’une expreflion commune aux naturaliftes que comme d'une expreflion pro- pre à peindre la vérité, x Divers animaux nouveaux: Je crois pouvoir leur donner cette dénomination , parce que je n'ai : trouvé perfonne qui en ait parlé. Le premier a une figure groflièrement cylindrique , fufceprible d'al- longement & d'accourciffement. Lorfqu’il s’accourcit, il a environ trois pouces de longueur, & plus d’un pouce de largeur. Lorfqu'il s'allonge, fa largeur diminue, & fa longueur peut doubler. Ces mouvements s’apèrent fans le fecours des anneaux, au contraire , fon corps eft par- faicement uni & couverc d'un fuc légèrement vifqueux & très-glif- fant ; la partie antérieure que j'appellerai la tête eft ornée de deux _cer- cles de petites pointes allongées , ils font concentriques, j'appellerai ces pointes des cornes parce qu'elles me paroiflent avoir de l'analogie Lavec celles des limaçons, elles font au moins très-fouples , & lanimal les accourcit jufques à un point déterminé, les pointes du cercle ex- térieur font plus longues que celles du cercle intérieur. Les pre- mières ont un pouce & demi , & les fecondes feulement un demi-pouce; pour le refte, ces cornes font parfaitement femblables entrelles, & ‘il y en a plus de deux cens ; elles font intérieurement pleines d'une Tome XXVIII, Part, 1, 1786. MARS. Ce 02 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, \ liqueur tranfparente dont le goût eft celui de l’eau de mer, elles font percées aû fommet, & lorfqu'on les prefle, il en fort de petits jets de certe eau. J'ai pu faire jufques à un certain point l'anatomie de cet animal. On le trouve toujours à la profondeur de quelques pieds d’eau, & il paroît préférer les lieux où règne une parfaite tranquillité ; mais ces circonftances ne fuffifoient pas pour fa confervation , cet animal eft non-feulement nud ; il ne peut changer de place malgré les allonge- mens & les accourciflemens de fon corps, & il auroit été expofé à mille dangers, mais la nature a voulu le mettre en füreté au moyen d'une efpèce de bourfe dans laquelle il eft toujours renfermé. Cette bourfe eft longue d’un pied, perpendiculaire à l’horifon , fermée dans le fond & toujours amarrée aux racines de quelques plantes marines, en particulier de l’algue , par ce moyen elle refte droite, mais elle eft ouverte dans la partie fupérieure, & c’eft par cette ouverture que l'a- nimal fort fon corps & fon double rang de cornes. Si la mer eft tran< quille ou peu agitée, l'animal refte immobile en partie hors de fa bourfe; la variété des couleurs de fes cornes, leur pofition régulière le feroit prendre plutôt pour une fleur que pour un animal; mais cette fleur fe retire & difparoït quand la mer eft agitée, ou qu'on cherche avec la main à la cueillir 3 alors l'animal fe cache entièrement dans fa bourfe, & il reparoît feulement quand l'agitation eft finie, ou quand le péril eft paflé ; fi l'on place la bourfe qui contient l'ani- mal, dans un vafe plein d’eau de mer après l’avoir détaché des racines auxquelles elle étoit attachée, & en mettant l'ouverture deflus, l'ani- mal fort de fa bourfe & y rentre comme en pleine mer: la bourfe eft d'autant plus grande, que l'animal eft plus grand ; ces bourfes fonc d'une matière très-molle & membraneufe, mais elles ne manifeftent aucune efpèce de fentiment, quoiqu'elles ayent toutes les apparences d'une fubftance animale. J’ai examiné leur ftruéture que je décrirai , j'obfer- verai feulement à préfent que l'animal eft libre dans cette bourfe , en forte qu’il n'a aucune efpèce de lien qui l’uniffle à elle. Vous n’ignorez pas qu'il y a un genre d'animaux que les naturaliftes appellent tubulaires, parce qu’on les trouve dans les eaux douces & fa- lées, placés dans des tubes dont ils fortent par la partie intérieure du corps qui eft liée au tube par des filamens. Notre animal appartien- droit-il à ce genre ? dans cette fuppofition il formeroit une efpèce nou- velle, de même que pour la partie du tube à bourfe, qui n'eft pas une fubftance cornée comme ceux des autres tubulaires. Les lieux marins où l’on trouve l'animal que je viens de décrire ,en nourriflent un autre qui lui eft analogue jufques à un certain point; il eft dans un tube, il a la rète entourée d’une multitude de filamens ; cependant il paroît d’une efpèce différente; on peut vraiment appeler SUR L'HIST. NATUREELE ET LES ARTS. 903 celui-ci un tubulaire, il reffemble un peu à celle que Ellis repréfente dans la planche XXXIV, & qu’il appelle corrallina tabularia meliren= fes : mais comme il a des caractères particuliers, il fait un être nou- veau. Je ferai fon hiftoire, celle de fes mœurs, foit relarivement à {on organifation , foit par rapport au tube qui lui fert de'domicile ; à pré. fent je ne vous en donnerai qu'une ébauche, Ce tube qui eft cylindrique, eft d'une fubftance cornée à plus d’un pied de longueur, fon diamètre eft de peu de lignes, il s'élève droit & fon ouverture eft en haut, la par- tie inférieure à la diftanced'un pouce & demi de fon extrémité , fe courbe & faic un coude qui fe trouve attaché à une pierre qui lui fert d'ap- pui pour ne pas tomber lorfque l’eau eft en mouvement, foit dans la mer , foit dans le vafe , le trou du tube paroîc vide, mais quand l'a- gitation eft ceflée, on le voir fe remplir peu-à-peu par un corps qui fe foulève & qui par l’élargiflement qu'il prend, offre l'idée d’un pin- ceau dont le tube repréfente le manche : le pinceau s’élargit toujours plus jufques à ce qu’il ait acquis fon plus grand diamètre qui eft de qua- tre pouces ; c’elt ainfi qu'on voit ce corps animé forti du tube & obfervé de face; mais fi on l'obferve de profil, le pinceau paroît di- vifé en cinq plus petits liés enfemble ; l'eau éprouve-t-elle quelque fe. coufle, le pinceau difparoît & s'enfonce dans le tube dont il étoit forti, & l'animal qui formoit cette {cène agréable , eft le pinceau que j'ai dépeint, Le pinceau n’eft point compofé de cornes comme l'autre ani- mal, mais de filets femblables à ceux des plumes, au moins autant que chaque fl a un double rang de barbes. Cet animal n’eft pas sûrement attaché au tube : fi on le fort de fon étui dans l'eau , il y forme le pinceau fans changer de place; il s’allonge feulement & s'accourcit comme l’autre animal , fa fibre eft fort irritable , il refflemble par la grandeur aux fangfues , il y en a ce- pendant de plus grands & de plus petits, leur tube eft toujours pro= portionnel à leur taille. * Les recherches que je faifois fur cette efpèce de crabes, appellés Ber- nard l'hermite, dont je devrois parler plus bas, me firent découvrir un troifième animal qui me parut nouveau comme les deux précédens. Cinq individus de la même efpèce éroienc tenacement attachés à la coquille d’un murex dont la niche intérieure étoit occupée par un de ces petits crabes; quand les pêcheurs m'apportèrent cette coquille, il y avoit demi-heure qu’elle étoit hors de l'eau, alors chacun de ces indi- vidus a un cone tronqué, dont le diamètre de la bafe appuyé fur la coquille , & collé fur elle, avoit environ un pouce. Quand j'eus mis ce grouppe dans l’eau, ces cinq cones tronqués me préfentèrent un fpecta- cle nouveau; la partie tronquée du cone s’élargit & forma un plan circulaire dont il fortit une armée de petits cornets mols, flexibles , d'une grandeur différente , comme on voit fortir les cornes de la têre d'un Tome XXVIII, Part. I, 1786. MARS, Cc2 204 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, efcargot. Sur ce plan on vôyoit deux trous, l’un central, l’autre latéral; outre cela ce plan paroifloit à eur de peau couvert de petits fiphons dont pluñeurs fervoient d'emboîtement aux petites cornes: ces cornes étoient des plumes d’eau marines, comme on le voyoit; en les preffant, une partie de cette eau entroit dans.les fiphons , l'autre fortoit par petits jets de l'extrémité des cornes qui avoient de très-petits trous, & par la déguftation on ne pouvoit douter que ce ne füt de l'eau de mer. On comprend comment par le moyen de ce mécanifme l'eau marine entroit dans ces curieux animaux, Tous ces phénomènes pouvoient s'obferver , foit que la coquille du murex füt tranquille, foit qu'elle fût mife en mou- vement par Bernard l'hermite; mais fi l’on touchoit ces animaux avec le doiot , ou fi l'on agitoit fortement l’eau , ils fe cachoïent ; on n’apperce- voit plus le plan circulaire, & chaque individu reprenoit la forme d'un cone tronqué. Ces animaux fembloient faits par la nature pour vivre toujours à la même place, au moins tant que je les ai eus dans le même vafe, il n’en eft pas mort un feul. Mais ils n’étoient pas les feuls qui en occupaffent la furface : les places vides étoient remplies par une armée d’animalcules à peine vifibles à Pœil nud, mais qu’on diftinguoit mieux avec un verre; ils étoient fi ferrés fur ce teflacé, que les poils d’un chien ne font pas plus ferrés fur fon corps. La longueur de ces plus grands animaux étoit de trois lignes, celle des plus petits d’une ligne & demie: leur tranfparence permettoit d'en obferver les vifcères , ce qui me permit de les examiner comme il faut, L’extrémité inférieure de chaque animalcule étoit enracinée fur la coquille ; la partie fupérieure où étoit la bouche fe trouvoit tournée en en-haut : fi l'on fortoit la coquille hors de l’eau , ou fi on agitoit forte- ment l’eau où elle étoit, les animalcules fe contraétoient, & divers cornets qui entouroient comme une couronne les parties fituées au-deflous de la bouche, fe cachèrent dans le corps. Je n'ai pas pu favoir comment ces animaux multiplioient, parce que je ne les ai vus que cette feule fois ; je me fuis feulement apperçu qu'en leur coupant quelques morceaux de leur corps, ils les reproduifoient très-promprement. Ces animalcules m'ont offert un autre phénomène que je ne dois pas oublier : j'ai vu des véficules attachées au corps de plulieurs; ces véficules fe font changées fous la lentille en uterus qui avoient leurs férus mouvans, Ces fétus ne tardèrent pas à venir au jour & à nager librement dans l'eau 3 leur fingulière manière de nager & leur conformation intérieure mefemblent deux chofes dignes de remarque. Mais comment ces uterus font-ils adhérens au corps de ces animaux fi-nombreux ? Leur appartiennenc-ils effentiellement , ou bien font-ils des productions paralites ? La fuite au mois prochain —— SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 505 ES:SxAT Sur la queftion de favoir fi le Sucre entre tout entier dans la compo/ition de l'acide faccharin ; Pur M DE MoRVEAU. O N peut démontrer préfentement en Chimie que le fucre, c’eft-à- dire l'élément nutritif dans fa plus grande pureté, fournit par analyfe ou par compolition, jufquà cinq acides tous très-différens : il eft fuf- ceptible de fermentation & donne un très-bon vinaigre; fi on l’arrète à l’état vineux, il dépofe l'acide du tartre; lorfqu'on le traite avec Vacide nitreux , il laïfle l'acide faccharin ; diflillé feul , il devient acide fyrupeux empyreumatique ; à un feu plus fort, il fe réfout en partie en gaz acide méphitique. De tous ces produits, je ne confidère aujowx- d'hui que l’acide faccharin. Il nexifte poift d'acide fans air vital acidifiant; cette vérité qui tient à la théorielgénérale, a été particuliérement démontrée par les belles expériences de M. Lavoifier fur l'acide faccharin (1). H nes’a- git donc plus, pour avoir une entière connoiflance de la nature de cet acide, que de déterminer quel eft fon principe radical particulier, quelle eft la fubftance qui y fait fonction de bafe acidifiable, Suivant M, Lavoiler, c'eft le fucre tout entier qui entre en com= binaifon avec le principe acidifiant; & ceux qui connoiffent la doc+ trine que ce célèbre Académicien a entrepris de mettre à la place de celle de Sthal , fentiront que cette opinion devient forcée dans fon fyflème ; car le fucre doit être confidéré dans l'acide faccharin comme le foufre dans l'acide vitriolique , comme le phofphore dans l'acide phofphorique, &c. S'il perd quelque chofe en paffanc à l'état d’acide, ce ne peut ètre que ce principe fugace que Stahl a appellé phlogifiique ; sil lâche ce principe , il faut bien qu'il fe retrouve quelque part; & puifqu'il n’y a d’autre produit que le gaz nitreux , il fera donc dans ce fluide aériforme, pour ÿ mettre le radi- cal nitreux en état de foufre, pour concourir à de nouvelles affinités doubles, &c. &c. & voilà toutes les preuves du phlooiftique raffermies fur leur bafe, tout l'édifice de la théorie exclufive de Lair vital ren= verfé : Ja queftion fous ce point de vue acquiert un nouvel intérêt. Je pourrois d'abord demander à M. Lavoifier pourquoi le fucre lui- (x) Mém. de l’Acad, Roy. des Sciénc. ann, 1778, 206 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, même étant fuppofé capable de s'unir avec l'air vital, cetre affinité fim- ple & directe ne s'exerce pas en tant d'occalions où ces fubftances fe trouvent en contact? Cette queflion qui revient toutes Les fois que j’exa- mine quelque point relatif à l’hypothèfe anti - phlogiftique, devient plus embarraflante encore dans le cas préfent, par deux circonftances que je ne dois pas omettre. La première elt que jufqu’à préfent l'acide nitreux a été le feul in- termède capable de procurer cette combinaifon de l'air vital acidifiant avec le radical , quel qu'il foit , de l'acide faccharin. L’illuftre Berpman a cherché à l'obtenir , ou, comme il le difoit, à décompofer le fucre, à mettre à nu fon principe falin, en Le diflillanr feul , en le faifant détonner avec le nitre, en le faifant bouillir dans l'acide vitriolique, en le tenant en dipeflion dans l'acide muriatique déphlogifliqué, en le traitant enfin, avec la chaux noire de manganéfe : aucun de ces moyens n'a réufli. J'ai effayé l’action fi puiflante du gaz muriatique déphlo- giftiqué , condenfé à la manière de M. Berchollet, & qui décompofe le foufre, je n’ai pas eu plus de fuccès. J’ai fait digérer le fucre dans l'acide arfenical en liqueur, le mêlange eft devenu noir long-temps avant l'ébullition ; le filtre en a féparé une matière noire qui étroit un vrai régule d’arfenic, & cependant il ne s’eft poinfé formé d'acide fac. charin, puifque la liqueur n'a pas précipité l'eau @é"chaux, Dans routes ces opérations , il y a une portion d'air vital rendue libre ; c'eft une vé- rité de fait indépendanre de tout fyffême, & préfentement avouée par tous les Chimiftes. Le fucre pourroit donc fe combiner avec cet air, il le devroit néceflairement fuivant les regles établies d’après les phénomènes analogues; or, c'eft ce qui n'arrive pas : l'afinité fimple eft donc infuffifante pour produire l'union de l’air acidifiant avec fe radical faccharin. Une autre circonflance non moins digne de remarque, eft que dans les opérations où le fucre eft employé pour reprendre l'air viral qui fe trouve par excès, où il ne peut , dans l’hypothèfe anti-phlogifti- que , jouer aucun autre rôle, il ne fe produit cependant point d'acide faccharin: c’elt ainfi que le fucre ajouté à l’acide vitriolique pur y rend foluble la chaux noire de maganèle, en s’appropriant l'air vital fura- bondant qui adhéroit à cette chaux; c’elt ainfi qu'ajauté à l'acide mu- riatique, 1l empêche par la même raïfon la production du gaz acide muriatique déphlogiftiqué, M. Schéele a obfervé que pendant cette décompofition du fucre , on n'appercevoit point de matière noire , mais qu'il s’élevoit des vapeurs de vrai vinaigre (1). Mais nous pouvons abandonner ici les conféquences qui réfulrent de (1) Mém, de Chimie, &c, part, 3, page 75: (ro SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 307 Ja néceflité d’une affinité double pour ces fortes de décompofition & de converfon à l'état d’acide , le fujet préfente des argumens plus direds, & qui me paroiffent décififs. Si, comme le penfe M. Lavoilier , le fucre entre tout entier dans l'acide faccharin , il fuit néceflairemert que le fucre doit exifter dans toutes les fubftances dont on retire cet acide parle mème intermede; c'eft ce qu'il n’eft pas poflible d'admettre: le fucre n'entre donc pas tour entier dans la compofition de l'acide faccharin. É Je dis qu’! ef? impoffible d’admetre que Le fucre exifle dans toutes les fubflances que l’on peut employer à la formation de l'acide fac- "Wcharin; & pour sen convaincre , il fufft de fe les rappeller & de con- fidérer leur nature diverfe: ce -ne font pas feulement les fucs fuerés, les muqueux fermentefcibles , les végétaux aceflents; c’eft encore , & en même temps, & de la même manière, la partie amilacée & la par- tie glutineufe des graminées, l'huile graffe pefante & l’efprit ardent, le fel piquant de lofeille, le jus aigre du citron & les filamens in fipides qui entourent les graines du cotonnier ; ce font des fubftances tout aufli diverfes entrelles , qui appartiennent au regne animal , tels que les poils, la peau, les mufcles, la partie rouge du fang, la férofité, la graifle , le jaune & le blanc de l’œuf, &c. Quoi! le fucre feroit réellement partie conftituante de tous ces corps, ils le receleroient dans une proportion aflez confidérable, & les caradtères extérieurs de la plupart femblent plus faits pour l'exclure que pour lannoncer ! il fau- droit croire que l'efprit-de-vin , par exemple, qui ne s’unit pas même au fucre en toute proportion, en contient pourtant un quart de fa mafle , puifque huit onces d’efprit-de-vin en donnent trois d’acide fac- charin, & que M. Lavoifier n’y fait entrer lui-même l'air acidifiant que pour un tiers! il faudroit imaginer enfin que le fucre füt tour à la fois un principe aflez fimple pour entrer comme élément dans pret que tous les individus des deux regnes organiques , aflez forc pour réf ter à l’ation de l’acide nitreux bouillant, & pourtant affez deftruc- tible pour difparoïtre même avant de fe manifefter par aucune pro- priété dans toutes autres analyfes de tous ces corps , fi lon en excepte la clafle des muqueux fucrés! C'eft pour le coup que l'on feroic dans le cas d'exiger des preuves bien précifes d’un pareil fyftême , & on défire encore des probabilités, Ce ne font pas cependant les feules objections que l’on puifle faire au fyflème de M. Lavoilier. Il fuppofe que le fucre eft de toutes les matières, celle qui doit fournir davantage d'acide faccharin; c’eft une conféquence évidemment néceflaire de fes principes, puifque toutes les autres matières ne contiennent qu'en partie ce qui le conftitue en en- tier ; & cette conféquence eft démentie par l’obfervation. M. Bergman wa pu retirer qu’une pattie d’acide {accharin de crois parties de fucre, "= 208 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE; en prenant tous les moyens pofibles pour atteindre le maximüm de ce produit, & la laine a donné à M. Berchollec plus de moitié de fon poids de cet acide. concrer. IL n'eft plus permis de dire après cela que le fucre tout entier pafle dans cet acide. à Quelle fera donc la fubftance que nous regarderons proprement comme la bafe acidiñiée par l'air vical dans l'acide faccharin ? Il eft pofüble que nous n'ayons pas toutes les données néceflaires pour té foudre complétement ce problème, mais nous nous tiendrons du moins dans les bornes d’une conje@ure plus raifonnable , en, difanc que c'eft le principe qui exifte le plus abondamment dans les matières qui four- niflent le plus de cet acide ; que c'eft celui qui rapproche le plus eflen-#w rieflement routes ces matières , foir par leurs propriétés extérieures, foic par les produits de leur analyfe; que ce doir être enfin celui qui, par-tout où il fe rencontre, conferve des cara@ères plus fimples , plus uniformes, & femble donner à la mafle une apparence d'autant plus ho- mogène, qu'il y eft plus dominant. Or, toutes ces confidérations ex- cluenc précifément le corps fucré, & indiquent aflez clairement une huile tenue, réduite à fa plus grande pureté, ifolée de tout ce qui la mettoit auparavant dans l’état favonneux, & à plus forte raifon de ce qui portoit ce favon à un ordre ultérieur de compofition. ; Dans cette hypothèfe, on concevra du moins pourquoi trois par- ties de fucre ne donnent jamais qu'une partie d'acide faccharin , quoi- que tout le fucre foit décompofé ; pourquoi cec acide une fois formé, il n’eft' plus poffible d’en féparer la moindre partie de fucre ( ce qui devroit arriver fi ce n’éroit qu’une fimple furcompofition du fucre tout entier) mais feulement les principes que donnent à l’analyfe les bui- les qui laiffent le moins de charbon; l'attention qu’a eue M. Lavoifier de recueillir les produits aériformes dans tous les temps de l’opéra- tion , nous a fait voir que, même pendant la formation de l'acide fac- charin , il fe dégagoit déjà de l’acide méphitique & du gaz inlamma- ble; ce n’étoit pas l'acide nitreux qui les fournifloit , ils écoient donc féparés du fucre, & il y a lieu de croire que le gaz inflammable n'é- toit que la portion furabondante à celle qui entroit dans le gaz ni- treux ; que l'un & l’autre faifoient partie du füucre ou plutôt de l'acide propre du fucre ou acide fyrupeux qui étant déplacé fe réfolvoit en fes élé- mens analogues à ceux de tous les acides végétaux. On ne manquera pas d’objecter que comme l’acide faccharin lui-même fe réfout par l’action du feu prefque tout entier en ces deux gaz, il n’eft pas poñible de diftinguer ce qui vient de fa deftruction ou de celle des autres parties compofantes du fucre. Il eft vrai que je n'ai à oppo- fer à cette objection que la fuccellion affez marquée des effets, & je #ens bien que ce feroit y répondre d'une maniere peu faisfaifante , que de dire vaguement avec la plupart des Chimiftes, que ce font les pro- portions nu nr tite ira tasbRal SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 209 portions de ces principes & leur union plus ou moins intime , qui conf- tituent les différences de tous les corps qui fe rapprochent par ces pro- duits analytiques; voilà pourquoi je n'ai pas craint d'avouer qu'il nous manquoit quelque connoïiflance pour l'explication de ces phénomènes à laquelle on n’arrivera peut-être que quand on aura acquis de nouvel- les lumières fur le calorifique , élément plus fugace que tous ceux que nous fommes déjà venus à bout de coercer, & qui Joue vraifembla- blement un rôle dans toutes ces opérations ; mais'jufques-là je ne vois pas que ce foit un motif de regarder comme identiques des corps que nous voyons d’ailleurs manifefter des propriétés fi différentes ; que ce foic une raifon de penfer qu'il y ait plus de fucre dans la laine que dans le fucre même , ou que l’efprit-de-vin contienne plutôc du fucre dont il ne donne aucun'indice , que le fucre ne contient de l'huile qui s'y dé- cèle dettant de manieres différentes, Deux obfervations d’un autre ordre viennent à l'appui de ces rai- fonnemens. La première eft due au célèbre Schéele; il a reconnu que l'acide citronien en l’état concret & criftallin, ne donnoit plus d'acide fac- charin avec l'acide nitreux , tandis que Je jus de citron ou acide citro- nien ordinaire en produifoit en quantité (1 }: voilà deux effets oppofés dont la caufe eft bien fürement dans Popération qu’on fait fubir à cet acide pour lui donner la forme concrète ; jugeons de l'altération qu'elle produit. par les moyens qu'on emploie. C'eft en unillant l’acide à la chaux pour lui reprendre enfüite cette bafe par l'acide lvitriolique , qu'on Famène au depté de pureté néceffaire , que l’on: parvient à lé débar- rafler de la matière extractive favonneüfe qui s’oppofoit à cette cryftal- lifition. L'acide propre du citron ne’contribue donc-eñ'rien à la pro- duétion de l'acide faccharin, il'n’y a que la partiehuileafe qui devient partie conftituante dé ce nouveau produit; & puifque l'acide citro- nien Auide paroît décompofé comme l'acide du fucre, puifque l’acide du fucre a'aufli fon acide propre: ( quoique moïns à nu) qui met auñli fon‘huile à |l'écat favonneux, il paroît-aflez clair que c'eft abfolument le même ordre de phénomènes. FH Vénons à là féconde obfervation. MM. Hermfladt & Weftrumb ont traité avec l'acide nitreux'! l'acidule rartareux , vulgairement appellé crême de'tartre, & en ont obtenu de l'acide ‘facchärin.-Le premier travaillant à déphlogiftiquer l’acide tartareux en diftillant deflus de l’a- cide nitreux, fut fort : étonné lorfqu’ayant ifcerrompu fon : opération avant que tout l'acide nitreux eût: pañlé ‘il trouva, ‘après le réfroidif- fement, des cryftaux de ‘véritable acide faccharin, M: Wefrumb avoit pour objet de découvrir dans le tarte raffiné l’äcide faccharin qu’il foup- (1) Mém. de Chimie , &c. part. 17 page 20$. À Tome XXVIIT, Part. I, 1786. MARS. D d 210 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, connoit exifler dans tous les acides végétaux ; il commença par verfer fur une once ou 480 grains d’adicule tartareux (crème de tartre du commerce ) deux onces d'acide nitreux foible pour en faire la diflolu- tion, il en fépara par le filere 28 grains de matière terreule infoluble ; il Gt criftallifer le nitre qui sy étroit formé, & ayant diftillé à plu- fieurs reprifes fur la liqueur, jufqu'à 4 onces d'acide nitreux plus force, il trouva dans la cornue une mañle faline qui, redifloute & criftalli- fée, fournit 280 grains d’acide faccharin , indépendamment de ce qui s'éroit perdu par la fracture d’un vaifleau fur la fin de l'opération. On vient de voir les conféquences qu’en tire M. Weftrumb. M. Hermftadt croit que l'acide faccharin n’eft autre chofe que de l’acide tartareux ou altéré par fon union avec un peu d'acide nitreux , où plus dépouillé de fa partie grafle par l’action de l'acide minéral, & que l'acide acéreux n’en differe lui-même que parce qu'il retient en= core plus de matière huileufe que l'acide tartareux, Ce que j'ai dit précédemment me paroît devoir fuffre pour appré- cier ces opinions , fans que j'en fafle une application direéte; mais cette converfion de l’acide rartareux me femble bien favorable aux principes que j'ai établis, Si on retranche de la quantité d'acidule tartareux eni- ployée par M. Weftrumb, 1°, les 28 grains qui n’ont pas été diflous & qui étoient dutartre calcaire; 2°. 61 grains d’alkali qui ont produit 125$ grains de nitre cryftallifé; il ne refte que 391 grains d’acide tar- tareux, c'eft-a-dire, de la matière qui a pu être convertie. Or, le pro- duit de la converfion a été 280 grains, non compris la perte occa- fionnés par un accident; & déduifant le tiers pour le poids de-l'air aci= difiant, fuivant l'eftimation de M. Lavoifer, on trouve que des 307 grains de fubftance convertible, ilen a pañlé 187 dans le nouvel acide: voilà donc-ençore äne:matière qui n’elt pas du fucre, & qui fournit plus que le déuble du fucre à la compofition de l'acide faccharin; & fi on confidère en même temps à. quel point ces matières s'éloignent l'une de l’autre par leurs propriétés fenfbles ; fi on fait attention qu'en effet le principe. huileux: domine dans l'acide tartareux, qu'il fe ma-. nifefte par Le charbon qu'il laïfle , & à la difillation;! que cette huile} quoique trop,groflière:pouir entrer en, combinaifon-avec l'air acidifiant , n’en recèle pas moins, en plus grande! porporsion , l'huile: plus fub-. tile analogue à celle que l'air vital. prend dans l’efprit-de-vin; enfin, qu'à la différence de l'acide citronien, l'acide tartareux h’éprouve aucune: altération par la chaux, 8 peut êvre régénéré en tartre comme aupas ravant ; on ne fera plus rénté d'admettre: mi l'acide ficcharin dans le tatre, ni l'acide tartareux dans. le: fucre ; ni aucun de ces fels out! entier dans l’acide faccharih.…. 11:42:12, 32 On acquerroit problablement une nouvelle preuve contre ces. hyporhèfes, en traitant avec l'acide nitreux l'huile de la diftilla- A Ne 1 PR rw 2 9 2 rent IE à Tr 1 e { Ê SUR L'HIST, NATURELLE ET LES ARTS. o11 tion du tartre , & retirant ain de l'acide faccharin de ce {el décom- polé. | . Concluons donc que l’acide faccharin eft formé, comme tous Les au- tres acides, dela combinaifon de l’air vital avec un radical particulier ou bafe acidifiable de fon genre; que le premier eft fourni par l'acide nitreux qui eft décompofé, & dont la bafe eft mife en étar de foufre ni- treux aériforme par fon union avec le phlogiftique ; que le radical fac- charin eft une fubftance huileufe qui fe rencontre fous une forme plus ou moins extractive , plus ou moins groflière dans une infinité de corps de diverfe nature, & qui par l'opération eft réduite au degré de pureté, de ténuité néceflaire, pour devenir le principe prochain identique de l'acide faccharin (1). {1) OBSERVATIONS DE M. DE 14 METKHERIE. Cette idée que préfente ici ce célèbre Académicien peut s'étendre à tous les acides. * Ainfi on pourroit également dire , que dans l'acide vitriolique & le foufre, il fe trouve une bafe commune , laquelle unie avec l’air pur formera l’acide virriolique , & unie au phlogiftique ou air inflammable , formera le foufre : que dans l’acide phofphorique & le phofphote il fe trouve également une bafe commune , laquelle unie avec Pair pur forme l'acide phofphorique , & unie avec l’air infammable forme le * phofphore : que dans l'acide arfenical & le régule d’arfenic, il {& trouve également une bafe commune , qui unie avec l’air pur forme l’acide arfenical , & unie avec Pair ‘inflammable forme le régule d’arfenic, & ainf de tous les autres acides & métaux. On auroit par conféquent trois opinions différentes fur la nature de ces fubflances, La première fera celle de Sthal, de Bérgman, de Schéele & la mienne, qui les regardons comme des compofés, lefquels unis avec le phlogifique ou aie inflammable forment le foufre , le phofphore , les régules métalliques , &ec, La feconde fera celle des Phyficiens qui niant l’exiflence du phlegiftique dans le foufre, le phofphore , les fubftances métalliques , regardent ces fubftences comme des corps combuftibles, qui ne paffent à l’état d'acide que par leur union avec l’a pur, fans perdre eux-mêmes aucuns de leurs principes. La troifième fera celle dont nous venons de parler, qui regarde le foufre , le phofphore , &c. comme compof£ d’une bafe quelconque , laquelle ne devient foufre ou phofphore que par fa combinailon avec le principe inflammable, & pañle à la nature acide lorfqw’elle fe combine avec l'air pur. M. Berthollet , dans le tems qu’il admettoit le phlogilique , avoit déjà eu cette idée en parlant de l’acide vitriolique. Ces trois opinions renferment à-peu-près le cercle d’idées qu’on peut fe former fur cette matière, Or , comme l’efprit humain n'arrive fouvent à la vérité qu'après avoir Épuifé touresles erreurs, il faut efpérer que nous touchons au moment de voir éclaircir cette grande queflion. 11 fera hâté par les efforts redoublés que fait chaque parti pour foutenir fon fentiment. Cette difcuflion ne peut être qwu’infiniment avantageufe à la fcience , pourvu qu’on n’y mette point d'humeur , que les expériences foient faites de bonne foi, & qu’on cherche fincèrement la vérité. Le vrai { trouvant le plus fouvent dans un jufte milieu également éloigné des extrêmes, là troifième opinion feroit donc plus proche de la vérité fuivant les analo- gies. Cependant, quant à mon fentiment particulier, la première me paroit toujours fatisfaire davantage aux phénomènes. Lorfqu’on tient l'air inflammable fur l’acide arfenical , cet air ef abforbé, & on a du régule d’arfenic. L’acide n’a cependant rien Tome XXVIIL, Part. I, 1786. MARS. Dd 2 212 ‘OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE; EXTRAIT D’UNE LETTRE DE M BLAGDEN, A4 M BERTHOLLET, « Datée de Londres du 27 Janvier, Sur différens Mémoires qui ont été lus à la Société Royale depuis fa rentrée du mois de Decembre. M. CAvALLO a lu des expériences fur le magnétifme de différens métaux , dont l’objet eft de montrer que quelques - uns, & entr'autres le laiton ou le cuivre jaune , font fufcepribles de magnétifme , perdu dans cette opération : ce régule eft donc lacide, plus Pair inflammable. Or, dans la troifième opinion il faudroit dire : le régule eft l’acide , moins Pair pur, plus Vair inflammable, Lorfqu’on fait chauffer l’acide vitriolique avec l'air inflammable ou le charbon, &c. on a de l'acide fulfureux & du foufre. L'air inflammable ef abforbé , & l’acide ne paroît rien perdre. Si on diftille dans des vaifleaux fermés du fucre , du fuccin, des réfines , des huiles, &c on a un acide plus ou moins a&if, & dégagement d’air inflammable, Cet acide a été ici developpé fans accès de l'air pur: & par le feul dégagement de l'air inflammable. Ainf le fucre, les réfines , les huiles paroiflent donc des acides, plus Pair inflammable, L’éther paroïît également une combinaifon de l’acide employé , lequel s’eft combiné-avec une portion d’air inflam- mable provenant de la décompofition de l’efprit-de-vin , plus avec une autre portion d’efprit-de-vin non décompofé....... Ce n’efl pas que je ne regarde l’air pur comme un des principes conftituans des acides, quoique je penfe qu'ils doivent leur a@tivité au principe de la chaleur, à la matière du feu combinée. Mais je ne crois pas que dans la formation du foufre, du phofphore, du régule d’arfenic , &e. les acides vitriolique , phofphorique , arfe- nical , perdent de leur air pur. Ainfi la portion d’air pur qui paroît entrer dans ces acides dans Ja combuftion du foufre, du phofphore, de l’arfenic, dépend d’une autre câufe. Dans la combuftion du foufre , par exemple, l’air inflammable n’eft pas entièrement dégagé. Il en demeure toujours une portion en excès, laquelle fe combinant avec l’acide vitriolique forme l’acide fulfureux. Cet acide fulfureux , s’il rencontre de l'air pur, l’abforbera , & deviendra acide vitriolique, parce que l’excès d'air inflammable difparoîtra. L’acide firupeux du fücre dont parle M. de Morveau, c’eft-à-dire , l’acide qu’on obtient par la diftillation du fucre , eft un acide encore fur chargé d’air inflammable , & eft à l’acide facharin ce qu’eft l’acide fulfureux à l'acide vitriolique, La chaux blanche d’arfenic eft également à l'acide arfenical ce qu’eff l’acide fulfureux à l’acide vitriolique. ..... Aïnf l’on voit que Pair pur dans ces combuftions ne devient néceffaire que parce que l’air inflammable n’a pas été entière- ment dégagé : ce qui eff très-différent de l’idée que préfente la troifième opinion... Au refte c’eft maintenant au tems & aux travaux des Phyficiens de diffiper ce qui pie refler d’obfcur dans ces théories que j’ai tâché de préfenter au Le&teur dans tout ur jour. SUR L’'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 213 fans qu'on puifle foupconner qu'aucune partie ferrugineufe entre dans leur compofition. [1 y a long-temps qu'on a remarqué que le cuivre jaune éroit fufceptible d'une forte de magnétifme, ou qu'il attiroit des ai- guilles aimantées, M. Hugghens avoit une regle de laiton qu'il mon- troit fouvent comme un phénomène dans ce genre, & M. Afderm a montré depuis par plulieurs expériences & obfervations, que le laicon étoit fujet à attirer les aiguilles aimantées, ce qui a fait abandonner aux Anglois l’ufage où ils éroient de faire les boîtes des bouflolles de cuivre jaune. M, Cavallo a prouvé cependant par fes expériences, que certains cuivres jaunes ne pouvoient pas tre rendus magnétiques pat aucun moyen, mais que ceux qui en étoient fufceptibles étoient fou- vent fans cette propriété, lorfqu'ils étoient dans #n état de recuit, & qu'ils l'acquèroienc par le feul effet du marteau ou du forgement, fi cela fe peut dire; qu'ils la reperdoient enfüite en les faifanc chauffer ou en les recuifant de nouveau pour la reprendre encore en les for- geant ; bien que , ce qu'il eft important de remarquer, on employe une fubftance dure quelconque pour les forger, & que ces cuivres fuflencbien enveloppés pour les garantir du contact immédiat de l'inffrument dont on fe fervoit pour cette opération. Enfin M. Cavallo a mêlé par la fufion avec du laiton qui n’étoit pas fufceptible de magnétifme en le forgeant, une très-petite partie de fer, & précifément ce qu'il en falloit pour le rendre capable d'attirer une aiguille aimantée, & alors il a ob- fervé que ce léger degré de magnétifme ne pouvoit étre détruit par » Le recuit, ni augmenté par le forgement. Or, ceci montrant une dif- férence fpécifique entre ces deux états du magnétifme ; M. Cavallo en conclut que /a zature du magnétifine du cuivre jaune, dépend d’une certaine configuration donnée à fes particules, par l'action du forgement, & applique le même raifonnement au nickel & à la platine(1). M. Kiwan a donné le détail d'un grand nombre d'expériences qu’il a faites à la manière du Doéteur Prieftley , fur l'air hépatique; l'au- “ teur conclut de ces diverfes expériences, qu'il n’y a dans cet air » hépatique effentiellement aucun air inflammable, & que celui qu'on My trouve y eft accidentel, & vient uniquement des fubftances qui “ont pu en fournir; enfin que cet air n'eft dans la réalité autre chofe “que du foufre , entretenu fous une forme élaftique au moyen de la (1) On fait que la platine dépouillée de toute partie ferrugineufe n’eft plus attirable à l'amant. M. Romé de lIfle en pofède plufeurs morceaux femblables. J'ai vu “beaucoup d’inflrumens de Jaîton faire tourner le barreau aimanté. Mais Je laiton fe fait n ordinairement avec de la calamine qui contient toujours du fer. Pour s’affurer fi le “laiton eft réellement fufceptible de magnétifme , il faudra prendre du cuivre rouge bien pur , le mêler avec du zinc également très-pur , & pour Îors on verra fi en le traitant comme M. Cavallo, il deviendra magnétique. C’eft fans doute ce que ce w Savant ne manquera pas de faire, More de M. de la Merherte, -214 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, matière de la chaleur. Mais invoquer ainfi dans toutes les occafons ; comme on le fait aujourd'hui, {a rratière de la chaleur, pour expli- quer les phénomènes chimiques, n’elt-ce pas felon M. Blagden un peu imiter le langage de l'école, & expliquer ob/curum per obfcu- Tèus ? Un autre mémoire fur les aMinités mérite attention : l’auteur prérend quon a en fait He peu aux menftrues dans lefquels éroient en ac- tion les fubftances dont on entreprenoit d'établir les affinités, IL prouve par exemple au moyen des expériences qu'il rapporte, que fi à un f{a- von calcaire formé de chaux & d’une huile exprimée, on ajoute un alkali fixe non cauftique, cet alkali ne décompofera. point ce favon, ni dans l’eau ni par la fufon ; mais que fi le mêlange fe fait dans l’ef- prit-de-vin, on aura un favon alkalin & une terre calcaire non cauf- tique; de même l'emplatre de Dyachilon fe décompofe par le fel commun dans l'efpric-de-vin, & refte en fon entier dans l'eau, On a lu encore à la fociété royale, le détail de nouvelles expérien ces qui ont été faites fur le froid à la baye de Hudfon , 85 qui onrété apportées par les vaifleaux qui font venus de cette baye : elles confir- ment les précédentes qui ont établi que le rerme de la congélation du mercure eft à 40 degrés , ou à-peu-près de l'échelle de Fahrenheit (1), & elles nous apprennent en même - temps qu'on peut obtenir un froid artificiel beaucoup plus grand au moyen de l'acide vitriolique qu'avec l'acide nitreux. Enfin elles ajoutent après: On a obfervé dans cetre baye un jour un froid fi confidérable qu'il furpaffoit de 7 ‘degrés le plus grand froid qu'on puille produire avec l'acide nitreux , ce froid ayant été non moins de 12 dégres (à un thermomètre d'efprit-de- vin), au-deffous du point de la congélation du mercure; que dans le cours de ces différentes expériences fur la congélation du mercure il fe préfenta aufli plufieurs circonftances curieules relativement à deux différentes manières de congélation , obfervées dans les acides qu'on em. ploya. ù (1) Le 6 du mois de janvier dernier le froid de L'air extérieur étant de 12° au thermomètre de Reaumur, M. Achard à Berlin a congelé le mercure par un froid artificiel qui fit defcendre le thermomètre à 31° au-deffous de o. Dans le thermo- mètre de Fahrenheït le terme de l’eau bouillante eft 212°, celui de Ja glace eft 329, & o répond à 14 degrés & demi au-deflous de o, divifion de Reaumur. Ainfi dans Pexpérience de M. Achard le mercure fe feroit congelé à 37, plus trois quarts de degrés au-deflous de o , thermomètre de Fahrenheït. More de M. de la Mecheries ses LU SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS o1y pen] / LETTRE DE) MWCR'EL LE, AUX AUTEUR SIDE. CE RECUEIL: CONTENANT QUELQUES EXPÉRIENCES SUR LA SIDÉRITE, L'ACIDE FLUORIQUE, &c. Mssreuss; ....... M. Schéele a vérifié la découverte de M Meyer & Kia- prolh fur la fidérite; mais le premier a choifi une nouvelle route , en fai- fant bouillir le fiderum avec le fel de tartre , & décompofant l’alkali ‘Phofphoratum par le mercure nitreux. Cette méthode m'a donné oc- _ Cafion d’imaginer un nouveau procédé pour faire le phofphore d'une = manière abrégée & peu coûteufe. Je fonds les os calcinés à noir 4 avec l'alkali fixe ; & j'ajoute à la leflive, que jen fais, du vitriol L blanc, ou de zinc, jufqu'à ce qu'il ne fe précipite plus rien. Il eft vrai que dans le commencement il fe précipite de la chaux de zinc, par l'alkali fuperfu de la leflive: mais cela ne fait rien; & même on peut l'éviter , ( fi on le trouve bon) en faturant d'avance cet alkali fuperflu par l'acide vitriolique: car alors il ne fe précipitéra rien , que le Zncum phofphoratum , & il fe formera du tartre vitriolé: Si on ajoute au précipité lavé de la poudre de charbon, & qu'on diftille, on trou- vera du zinc dans le col de Ja retorte, & du phofphore dans le ré- cipient, On peut aufli purifier le vitriol blanc, en précipitant le fer par la digeftion avec le zinc métallique: mais je trouve qu'en travail- lent en grand, on n’en a pas befoin. M. Schéele m'a communiqué une méthode, qui prouve décifve- me ment contre M. Achard, & d'autres, que l'acide du fluor n’eft pas mu quelque acide méthamorphofé , & qu'il n’y a pas. une terre particu- lière volatile dans le fluor (/41f5 fpath ) il fond le fluor avec le fel de “ carte, il filtre la leflive, il fature l’alkali fuperflu avec un acide, &. . y ajoute du vinaigre de plomb. Il mêle alors le plomb fluorique avec la poudre de charbon , & aufli-tôt que le plomb fe revivifie, l'acide pafle dans fa forme ordinaire & pourvu de toutes fes qualités. Il contient de la terre, ou non, felon ce qu'il a pu attaquer le verre, où qu'on s'eft fervi au contraire de vaifleaux métalliques. 216 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, M. Weftrumb fuppofe que l'acide de nitre ( pur, ou contenu dans le falpêtre , ) quand on s’en fert pour en tirer l'air vital , n'entre pas du tout dans la compofition de cer air; mais qu'il fert feulement à dé- phlogiftiquer l'eau. Voici quelles font fes preuves. Il diftille Le nitre, & pour cela adapte un tube de verre recourbé à la retorte, & l’autre extrémité du tube a un double récipient à col, rempli d'eau: au fecond , il adapte un tube, courbé en S , comme dans d’autres expériences pneu- re matiques. Il obferva non-feulement dans le récipient , vers le milieu de R l'opération, des vapeurs rouges, mais l’eau étoic aufli convertie dans un vrai acide nitreux bien fort. Il ft aufli paffer de l’eau en vapeurs fur la manganèle, qu'il avoit mife dans le tuyau d’un fufil chauffé à rouge, & la manganèle devint blanche, & il pafla de l’air vital. On pour- : roit cependant objecter contre la dernière expérience que les vapeurs de l’eau ont dégagé quelque phlopiftique du fer, & l’ont dépolé de nouveau fur la manganèfe. Vous vous fouvenez peut-être, que quelques Chimiftes allemands ont fair des expériences, qui prouvent que la teinture de gayac a la propriété de devenir bleue, en y ajoutant un efprit de nitre dulcifié, ou de lécher nitreux, qui contenoit encore un peu d'acide libre, On a répété ‘les expériences, & l'éther, ou l'acide dulcifié, dépouillé de tout acide, ne la colore pas en bleu; mais ce même éther, gardé dans les vaiffeaux les mieux clos, devienr de foi-même, en fort peu de rems, un peu acide, de forte qu'il afizéte la teinture. Si l’on veut donc avoir un éther fans aucun veftise d’acide, il faut le contenir rou- jours fur de l’alkali. Ce qui eff bien curieux encore, c'eft que l'étner le plus pur , ne changeant pas du tout la teinture , acquiert cetre qua- lité aufl-rôt qu'on y ajoute l’efprit de fel, & même les acides les plus foibles , comme celui de tartre ou de citron. Ily a donc encore un acide enveloppé dans lécher le plus pur: mais celui-là eft devenu f phlogiftiqué, que l'acide le plus foible peut l'en chafler. J'ai l'honneur d'être, &c. SA OBSERVATIONS SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS, 517 mms nan nee see 7 | OBSERVATIONS Relarives à l’Hifloire Naturelle , faites pendant un voyage dans les montagnes de la Suiffe , des Grifons & d’une partie de l'Italie ; Par M. GiIRTANNER, Doëeur en Médecine, Correfpondant de la Societé Royale des Sciences de Goriingue, Tanr d’Auteurs fe font occupés de l’hiftoire naturelle des montagnes de la Suifle & en ont traité fucceflivement toutes les parties dans un fi grand détail, qu’il femble au premier abord, qu'il ne refte plus rien à ajouter à leurs ouvrages. Mais la nature dans cette partie de l'Europe eft fi grande , fi variée & fi différente de ce qu'elle eft par-tout ailleurs, que tout naturalifte obfervateur y trouve un vafte champ pour per- fectionner les découvertes de fes prédécefleurs, & pour y en faire de nouvelles. L’hiftoire des minéraux & des animaux de ce pays n'eft en- core qu’ébauchée , & chaque pas offre, pour ainfi dire , quelque obfer- vation intéreflante, Ce n’eft que pour prouver cette aflértion, que je vais rendre compte de quelques obfervations relatives à l'hiftoire na- turelle , que j'ai eu occafion de faire pendant plufieurs voyages dans ces montagnes, & fur-tout pendant le dernier de l’année pañlée. Pour ce qui regarde les plantes de la Suifle, monfieur de Haller, à l'aide de fes eleves, qui y mettoient un zèle digne de leur maître, en a fait une recherche fi exacte, qu'il eft bien difficile de rien ajouter à la lifte qu'il en a publiée. J'en ai cependant trouvé une dont il nefait pas mention , c'eft la draba pyrenaica de Linnæus, qui fe trouve, en aflez grande quantité , fur le fommet des alpes du canton d’Appenzell. Le règne minéral m'a offert plufieurs obfervations intéreflantes, & en partie nouvelles. Je n'en citerai ici qu'une feule , me réfervant à parler ailleurs dans un plus grand détail, des autres. Au fommet du Grimfel ( montagne très-haute du canton de Berne, fur les frontières du Va- lais) j'ai trouvé dans un précipice affreux , près d’une mine de cryftal récemment ouverte, à une petite demi-lieue de la maifon dite Spital du Grimfel, des courmalines, aflez reflemblantes tant par leur matrice que par leur forme, leur électricité & leur couleur, à celles qui ont été découvertes dans le Tyrol. Elles font noires , ftriées , forment des prifmes à neuf pans, dont fix plus larges que les trois autres. Elles ont toutes de petites felures, ce qui les rend très-fragiles"& caffantes. Il m'a été impoflible de me procurer un prifme entier avec fa pyramide ; Tome XXVIII, Pare. I, 1786 MARS. Ee 213 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, je n'ai pu détacher que des morceaux de la longueur d’un pouce. J’en ai trouvé au même endroit de deux fortes différentes, favoir des tranf- parentes & des opaques. Les premières ont deux à trois lignes de diamètre & font très-électriques , pendant que les dernières, qui ont jufqu'à fept lignes de diamètre, ne montrent que peu ou point d'électricité, ce qui provient fans doute de leur opacité. Voilà doncune nouvelle preuve que la tourmaline ne differe du fchorl que par la tranfparence, & que c’eft avec le fchorl qu'elle doit être placée, & non avec la zéolite, comme l'ont avancé Bergman & Rinman. On fait que c’eft à monfieur de Romé de l'ifle qu’eft du la découverte importante que la tourmaline n'étoic qu'un {chorl tranfparent. Les deux fortes de tourmalines que j'ai trouvées, font feu avec l'acier & fe fondent en bouillonnant. Leur caflure eft comme celle du verre, leur matrice eft une pierre micacée & blanchâtre , & elles s’y trouvent incorporées en tout fens , excepté qu'il n’y en a jamais de tranfparentes & d’opaques mélées dans le même groupe. Mais ce font fur-tout les animaux qui habitent cette région de neiges & de glaces perpétuelles , qui méritent l'attention de l'obfervateur. Leur économie, leur manière de vivre & de fe nourrir differe totalement de celle des autres animaux, & tout ce que nous en favons jufqu’à préfent fe réduit prefqu’en entier à ce qu'en ont dit Geffner & Altmann. M. le Comte de Buffon même s'elt vu réduit uniquement à fuivre ces deux Auteurs , comme il l’avoue en faifant l’hiftoire de la marmotte & du bouquetin (1). Je vais donner maintenant l'hiftoire de ces deux animaux, d’après Les renfeignemens pris fur les lieux , & d’après plufieurs obferva- tions que j'ai faites moi-même. Hifloire naturelle de la Marmotte. C’eft M. Amftein , Docteur en Médecine à Zizers dans les Grifons ; qui a été le premier à obferver l'économie de la marmotte, à prendre de toutes parts des informations qui y avoient rapport , à les comparer entr'elles & à les ranger. Il a donné en allemand , dans l'Ouvrage de M. Schreber, Profefleur d'Érlangue , une notice de ce que lui avoient appris ces informations. Mais depuis l’impreflion de cet Ouvrage il a fait plufieurs obfervations nouvelles , qu'il m'a communiquées. C’eft donc, je le dis avec la plus grande reconnoiffance , à ce Naturalifte zélé & éclairé, que je dois prefqu'en entier les faits que je vais rapporter, & que j'ai vérifiés dans les montagnes de la- Savoye, fans avoir trouvé prefque rien à y ajouter (2). (x) Voyez l'Hiftoire-Naturelle de M. de Buffon, vol. 17, page 20 & fuiv. édit. in-12. (2) M. Amfleim aflure devoir une partie de ces faits à MM, à Porsa & Casan?, \ SUR. L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS o19 . La marmotte n'habite que les montagnes les plus hautes & les plus inacceffibles. Elle choifit préférablement les petites vallées étroites, que laiflent entr'elles des montagnes efcarpées & des pointes de rochers taillés à pic. Elle préfére toujours la partie occidentale & méridionale de Ja montagne , comme la plus expofée au foleil, & évite foigneufemenr, D al L / pour former fon habitation , tous les endroits humides. Au retour du rintems, quand elle fort de fa retraite , où elle étoit engourdie pendant l'hiver , elle defcend dans la région moyenne, pour y chercher fa nourri- ture ; mais pendant l'été elle remonte , pour trouver la folitude & le voifinage des amas de pierres, ou des cavernes , qui puiflent lui fervir de retraites contre tous les dangers imprévus. Elle fe nourrit d'herbes & de racines. M, Amftein remarque que les plantes dont elle fait fa nourriture ordinaire font : la plantago alpina , le phellandrium mutellina , Valchemilla alpina, le rumex digynus, l'antirrhinum alpinum , le trifolium alpinum & V'after alpinus. Appri- voifée elle mange prefque tout ce qu'on lui offre, mais elle refufe conftam- ment la viande. En buvant elle lève la tête à chaque bouchée, à-peu-près comme font les poules, & elle fe tourne en même-tems de tous les côtés, par timidité. Elle ne boit que très-rarement , & M. Amftein fuppofe que c’eft une des caufes qui la font tant engraifler, Celles qu’on a apprivoifées font très-avides de beurre & de lait. A l'aube du jour les vieilles marmottes fortént de leurs trous, & commencent à brouter après le lever du foleil,& pendant le refte du jour elles font fortir auf les jeunes. Celles-ci courent de tout côté, fe Fe la chafle, s'afleyent fur leurs pieds de derrière, & reftent en certe poñition , tournées contre Le foleil, avec un air de fatisfaction incroyable. En général les marmottes aiment la chaleur, & elles fe couchent au foleil, quelquefois pendant des heures entières, quand elles fe croient en sûreté. Toujours , avant que de commencer à couper les herbes, ou pour leur nourriture ou pour leur provifion d'hiver, elles s’afleyent toutes fur leurs jambes de derrière, en formant un cercle , & tournent leurs têtes de tout côté. La première qui croit appercevoir ou apperçoit quelque chofe de fufpect , en avertit la compagnie, par un fifflement très-aigu ; les autres répondent l’une après l’autre, & alors elles prennent la fuite fans répéter ce cri davantage. Les chafleurs , en comptant le nombre de ces fifflemens fucceflifs, peuvent favoir au jufte le nombre de marmottes réunies dans l'endroit. M. Amflein compare ce fifflement à l’abboiement d'un chien, mais je n'ai pas trouvé jufte cette comparaifon ; il imite Minifires Proteflans dans les montagnes des Grifons , où ils ont obfervé les marmottes pendant plufeurs années, J’ai cru qu’il étoit de mon devoir de nommer ces deux Naturalifes , pour faire connoître tous ceux auxquels nous devons des recherches fur un animal jufqw'à préfent fi peu connu. Tome XXVIIT, Pare. I, 1786, MARS, Ee 2 s20 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, plutôt au naturel le coup d’un fifflet ordinaire. La première fois que je l'entendis, je me trouvois au fommet d’une des plus hautes montagnes du canton d'Undervalden , feul avec un guide, auquel je demandai avec la plus grande furprife , s'il y avoit des hommes dans cette folitude , tant j'étois perfuadé que j'avois entendu partir plufeurs coups de ffflet cout à côté de moi. Il me montra en riant une douzafne de marmottes qui prenoient la fuite à notre approche, & en m'aflurant que c'étoient elles qui venoient de fiffler fi naturellement, C’eft à caufe de leur méfiance qu'il eft très-difficile de les approcher fans en être apperçu, parce qu'il y en a toujours une en fentinelle fur un rocher ou fur une pierre élevée. La vue de la marmote d’ailleurs eft très-perçante, & elle apperçoit à une grande diftance un homme où un chien qui approche de fon habitation. Elle ne fait du mal à aucun animal. Elle fuic quand on la pourfuit, & quitte même une partie de la montagne, pour chercher une autre habitation , fi on y revient fouvent troubler fa tranquillité, On a vu des familles entières de marmottes quitter l'habitation qu'elles s’étotenc bâtie & fe tranfporter d’une montagne à l’autre, où elles fe croyoient plus à l'abri des pourfuites des hommes, quoiqu’obligées à recommencer-là leurs travaux. On peut donc dire , qu'en général elle préfere la fuite à la défenfe : cependant quand elle fe voit pouflée à l’extrémité dans un endroit où la fuite lui devient impoñlible, elle fe défend contre les hommes & les chiens en mordant & en égratignant tout ce qui l'approche. Les marmottes vivent en fociété, & il y en a toujours un nombre plus ou moins grand enfemble, qui forment entr’elles une efpèce de famille, Dans le voifinage de leur habitation on remarque pluñeurs trous, plus ou moins grands, & plufieurs cavernes formées fous des pierres ou de petites collines : mais chaque famille raffemblée n’a qu’une feale habita- tion d’hiver. Tous les autres trous ne font que des retraites , où elles fe mettent à l'abri du mauvais tems & des pourfuites de leurs ennemis. Dans ces habitations d'été ( c’eft le nom que les chafleurs donnent à ces trous) on ne trouve jamais du foin, & d'ailleurs il eft facile de les diftinguer des habitations d’hiver , parce qu'il y a toujours beaucoup plus de terre rejetée au-debors de celles-ci, & parce que la quantité de cette terre augmente d'année en année, par l’aggrandiffement des habitations à mefure que les familles s’augmentent. Dans quelques-uns de ces trous, que j'ai appelés habitation d’été, on trouve des excrémens en très-grande quantité, pendant qu'il n’y en a point du tout dans les autres ni dans les habitations d'hiver ; ce qui femble prouver ce qu'ont avancé quelques * anciens Auteurs , favoir, que la marmotte aime la propreté, & que ces trous font deltinés uniquement à cet ufage. On diftingue encore ces habitations d’hiver de celles d'été par le foin qu'on voit répandu devant l'entrée des premières , fur-tout aux mois d’aoûç & de feptembre , pendant qu'il n’y en a point du tout devant les dernieres. D'ailleurs , au mois SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 221 d'octobre les habitations d'hiver font ordinairement bouchées : ce qui eft une marque certaine que les marmottes s'y font retirées, pour y pañler l'hiver, pendant que les habitations d'été reftent ouvertes route l'année, La marmotte creufe la terre avec une célériré merveilleufe & avec un art admirable. Elle ne rejette au-dehors qu'une très-petite quantité de la terre qu'elle remue , & elle fe fert de fes pattes qui font aflez larges, pour appliquer le refte aux parois de la gallerie , qui par-là devient plus ferme, plus folide & moins fujerte à s’écrouler. L'entrée de la gallerie eft très- étroire, & quand on confidère qu'elle n’a que fix ou fept pouces de diamètre , on a peine à concevoir comme la marmotte peut y pafler, Si en creufant elle trouve une pierre ou une roche qui l'empêche de conti- nuer en ligne droite elle fair le tour de cet obitacle, ou creufe dans un autre fens, ce qui rend quelquefois la gallerie tortueufe , pendant qu’ordi- nairement elle eft droite. La longueur de cette gallerie varie : elle eft de huit jufqu'à vingt pieds. À cinq ou fix pieds de l'entrée elle fe partage en deux branches, dont l’une aboutit à la grande caverne, dont je parlerai bientôt, & l’autre à un cul-de-fac, qui va plus ou moins en avant: ce qui donne à la gallerie la forme d'un Y (1). La grande caverne eft ronde ou ovale & voüûtée , elle reffemble à l’intérieur d’un four , & elle eft plus ou moins grande, felon les befoins de la famille, de forte qu'elle a de trois jufqu'a fept pieds de diamètre. Cette caverne eft jonchée d'une grande quantité de foin , fur lequel , en hiver, les marmorres font cou chées à côté l'une de Pautre , reilerrées en boule , ayant la tête près de la queue, engourdies , froides comme la glace, & ne donnant pas le moindre figne de vie, On les trouve de cinq à quinze enfemble. Quelque- fois , mais bien rarement , il n’y en a qu’une feule ; d’autres fois on a trouvé dans la même caverne deux nids & deux familles. Après qu'elles fe fone retirées dans cette retraite elles en bouchent foigneufement l'ouverture avec de la terre mêlée de pierres & de foin, du dedans en dehors, de forte qu'elles font abfolument privées d'air pendant tout le rems qu'elles y féjournent. En ouvrant leur retraite avec précaution , au moins trois femaines ou un mois après qu'elles en ont bouché l'ouverture ; on les trouve, comme je viens de les décrire , & on peut les emporter facilement, Dès qu'elles fentent la chaleur , elles fe réveillent en très-peu de rems. Celles qu'on garde dans les maifons ne s'endorment point ; quoiqu'à l’approche de l'hiver elles fuivent leur inftiné, en ramaflant tout ce qu'elles trouvent, pour fe faire un nid, (3) La comparaifon à un Ÿ a induit en erreur tous les Auteurs qui ont écrit fur la marmotte. Ils ont-cru qu’il y avoit deux galleries , qui fe rejoignoient à quelque diftance de Jeurs ouvertures , tandis qu’il n'y en a qu’une , mais qui fe partage , comme je l’ai dit , en deux branches, à quelque diflance de l’entrée, »22 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, Elles entrent dans leurs retraites au mois d'oétobre, & n'en fortent qu'à la fin de mars ou au commencement du mois d'avril: elles y féjournent donc pendant fix mois entiers. En fortant elles ne pouflent pas au-dehors le bouchon, qui ferme l'entrée de la gallerie, ce qui feroit impoñlible , mais elles le retirent & mettent de côté les terres, les pierres & le foin dont il eft formé, IL eft probable, que la feconde branche de la gallerie en forme d'Y, dont j'ai parlé , leur fert pour y poufler les débris du bouchon , qui fans cela les empêcheroient pendant l'été d'entrer & de fortir librement. Ÿ Elles s’accouplent peu de tems après leur fortie. On ne fait pas au jufte le tems de leur portée , qui cependant ne peut être que de peu de femaines, parce qu'aux mois de juin & de juiller on trouve déjà des petits de la grandeur des rats. Les portées ordinaires font de deux, quelquefois de trois ou de quatre. EE On trouve dans leurs retraites au printems la même quantité de foin qu'on y trouve en automne, ce qui prouve que pendant tout l'hiver elles ne mangent rien. Dans celles qui ont été tirées de leur caverne & difféquées au milieu de l'hiver on a trouvé l'effomac & les inteftins abfolument vides, ce qui eft encore une nouvelle preuve de ce que j'avance. Depuis Pline jufqu’à nos jours. on a débité plufeurs hiftoires fur la manière ingénieufe dont elles faifoienc leurs provifions de foin, pour fe former un lit pendant l'hiver. Mais il eft prouvé aujourd'hui, que toutes ces hiftoires font faufles. M. le Comte de Buffon femble déjà avoir foupçonné que ce qu’on racontoit à ce fujer n'étoit Hi fable. Voici comme il s'exprime , page 26 : « On aflure même, dit-il, que cela fe > fair à frais ou travaux communs, que les unes coupent les herbes les » plus fines , que d'autres les ramaflent , & que tour-à-tour elles fervent » de voitures, pour les tranfporter au gîte ; l’une, dit-on, fe couche fur » le dos, fe laifle charger de foin , étend fes pattes en haut pour fervir » de ridelles, & enfuire fe laifle traîner par les autres, qui la tirent par > la queue , & prennent garde en même-tems que la voiture ne verfe. » C’eft, à ce qu’on prétend, par le frottement trop fouvent réitéré , + qu’elles ont prefque toutes Le poil rongé fur le dos, On pourroit cepen- » dant en donner une autre raifon: c'eft qu'habitant fous la terre, & » s'occupant fans cefle à la creufer, cela feul fuffit pour leur pêler le » dos ». On mange la chair de la marmotte, & plufeurs perfonnes la trouvent fort délicate. Pour moi je lui ai trouvé un goût fade & défagréable. La peau fert de fourrure, & les habitans des montagnes fe fervent de la graifle fondue comme d'un remède contre plufieurs maladies, SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS: 223 Obfervations fur le Bouquetin. n'y a jufqu’à préfent qu'un feul Auteur qui aïc parlé du bouquetin ; d’après des obfervations faites par lui-même; c'eft Stumpf , auteur d'une Hiftoire de la Suifle, écrite en allemand au commencement du feizième fiècle. Tous les Naturaliftes depuis lui n'ont fait que le copier ou le traduire, fans ajouter un feul mot à ce qu'il a dit. Ce n’eft pas que Stumpf ait donné une hiftoire fi complette du bouquetin qu'il eût été difficile d'y faire des additions ; au contraire il ne parle de cer animal qu'en pañlant, dans un ouvrage hiftorique , où l’hiftoire des animaux étoic par conféquent étrangère à fon fujet. Aufli fa defcription du bouquetin, (que Conrad Gefner a enfuite traduite en latin & inférée dans fa def- cription des animaux ) s’en reflent-elle, & il n’eft guère poflible de décrire un animal plus fuperficiellement, Cependant le peu qu'il en dit doit nous être précieux, car fans lui nous ignorerions peut-être jufqu'à l’exiftence du bouquetin, Mais avant que d'entrer dans un plus grand détail, je commencerai ar diftinguer l'efpèce dont je vais parler , de toures les autres, avec lefquelles elle a été confondue jufqu’à préfent. C’eft un chaos à débrouiller. Le bouquetin des Alpes differe effenticllement des chèvre fauvages, qu'on trouve fur les Pyrénées, fur les montagnes de la Grèce & des îles de l’Archipel, & que tous les Auteurs fans exception ont appelées bou- quetins ; il différe, dis-je, de ces bouquetins bâtards comme de tous les animaux connus, par la forme & la longueur énorme de fes cornes, marquées de deux arrètes longitudinales, L’efpèce dont je parle ne fe trouve que fur la chaîne des Alpes qui s'étend du Dauphiné jufqu'en Styrie. IL differe du chamois avec lequel il a été confondu par M, le Comte de, Buffon par les caractères fuivans : 1°. Par la grandeur. s 2°, Par les cornes. Différence effentielle, Les cornes les plus longues du chamoïis font de neuf pouces : celles du bouquetin ont jufqu'à trois pieds. Les cornes du bouquetin fe jettent en arrière fur Le dos de Panimal : celles du chamois , au contraire de tous les autres animaux , fortent en avant, font inclinées en dehors & fe recourbent en crochet à leurs extrémités. Les cornes du chamois font rondes : celles du bouquetin ont deux arrètes longitudinales. 3°. La femelle du chamois a quatre mamelles: celle du bouquetin n’en a que deux. Autre différence effentielle qu'aucun auteur avant moi n'avoit obfervée. 4°. Le bouquetin pris jeune s’apprivoife : le chamoïs ne s’apprivoife famais. 224 OBSERFATIONS SUR LA PHYSIQUE, $°. Les portées ordinaires du chamois font de deux petits: celles du bouquetin ne font que d’un feul. 6°. Le bouquetin a une très-longue barbe : le chamois n’en a point. 7°. La peau du chamois eft très-épaiffe : celle du bouquetin très-mince ; c'eft pour cette raifon que les Chamoïifeurs n’en font point de cas. 8°. Le bouquetin ne produit ni avec le chamoiïs, ni avec la chèvre domeftique. Je n'entre dans aucun détail fur la différence du bouquetin & du bouc ordinaire, parce qu'outre que ces deux efpèces ne produifent point en- femble, il fufft de voir ces animaux l’un à côté de l’autre pour fe con- vaincre que cette différence eft prodigieufe. Ce font les cornes, comme je viens de le dire, qui diftinguent le bouquetin de tous les autres animaux connus. Ses cornes font noirâtres , aflez larges à leurs bafes & diminuent infenfiblemenc vers leurs extré- mités. Elles ont deux arrètes longitudinales , qui forment une face anté- rieure, marquée d’arrètes tranfverfales , tuberculeufes & parallèles. Ces tubercules ou arrêtes tranfverfales font d'autant plus nombreux que l'animal eft plus âgé. Leur nombre ordinaire pour un bouquetin qui a pris tout fon accroiffement eft de vingt ( voyez Planche IL). Alors la longueur des cornes eft de deux pieds fix pouces à crois pieds, & le poids des deux cornes de feize à vingt livres. Je fais donc du bouquetin une efpèce particulière dont voici la nomenclature : Capra alpina cornubus longifimis, fubtriangularibus ; fupra nodofis ; in dorfum reclinatis; #as gula barbata , fæmina mamellis duabus. Capra ibex cornubus fupra nodofis, in dorfum reclinatis , gula barbara. Linn. {yft. 95. Klein ; quadruped. 16. Ibex. Conr. Geffner, de quadrupedibus viviparis, page 305. Wagnez Helv. pag. 176, Plin. 8,c. 53. Raji, fynopf. quadruped. 77, Briffon, quadruped. 30. Munfler , Cofmograph, pag. 381. Steinbock. Szumpf, chronick. pag. 609. Ridingers Betrachtung der wilden Thiere, tab. 38, bonne figure. Ejufdem Jagdbare Thiere, tab. 11. Prinz Eugens Thiergarten , feconde édition , tab. 3, très- bonne figure du mâle, de la femelle & d’un petit. Kramer, Aufttr. ag. 321. AE Hiftoire Naturelle de M. le Comte de Buffon, vol. 24, pag. 178, tab. 13. Mauvaile figure, tab. 14, très-bonne figure des cornes. Wildgoar. Pernant fynopfis of quadrupeds. Chefter , 1771 , pag. 13. On peur voir chez Michel Paccard, Chaffeur à Chamouni, une tête de bouquetin mâle avec les cornes, & un bouquetin femelle avec fon petit empaillé, Je ne fais pas s’il en exifte dans quelqu’autre cabinet, ÿ Le SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS, 22$ Le bouquetin n’habite que les fommets glacés des plus hautesmontagnes. Le mâle elt beaucoup plus grand que le bouc domeltique , auquel il ref- femble par l'exrérieur, Sa têre eft très-petite à proportion du corps. Ses yeux font grands , ronds & ont beaucoup de feu & de vivacité. Il a une longue barbe, fauve comme le refte de fon corps. J'ai déjà décrit fes cornes. La face intérieure de fes fabots eft concave & terminée fur le côté extérieur par un bord faillant, comme celle du chamois. La femelle eft plus petite que le mâle, mais plus grande que la chèvre domeftique. Elle eft d’une couleur moins fauve. Ses cornes font beaucoup plus petites que celles du mâle, comme le font celles de toutes les femelles des bêtes à cornes. Le bouquetin furpaffe de beaucoup le chamois en grandeur & en agilité. Il franchit les précipices les plus affreux en s’élançant de rochers en rochers. Il monte en quelques fauts le rocher perpendiculaire le plus baut, pourvu qu'il y trouve des afpérités pour y pofer fes pieds. Les portées ne font jamais que d’un petit. C'eft-là tout ce que nous favons du bouquetin, & peut-être tout ce que nous en faurons jamais ; car depuis deux fiècles lefpèce a prodigieu- fement diminué, & fera vraifemblablement éteinte en très-peu de rems, D'après les recherches les plus exactes & des informations prifes dans tous les cantons de la Suifle , dans les Grifons & dans le Valais, je puis aflurer pofitivement qu'il ne s’en trouve plus dans tous ces pays (1). L’efpèce a également péri depuis long-rems en Tyrol & dans les Alpes de la Styrie, L’unique endroit où il s’en trouve encore, c’eft dans les glaciers inaccellibles de la val d’Aoft dans la Savoye, & même là ils font déjà très-rares. Cependant Stumpf, qui écrivoit au commencement du feizième fiècle , aflure que de fon tems ils étoient très-communs fur les montagnes de la Suifle & fur-tout du canton de Glarus (2). D’autres monumens biftoriques , que j'ai trouvés en faifant fouiller les archives, prouvent , qu'on les trouvoit au feizième fiècle fur les montagnes des Grifons (3). Wagner, (1) M. Bowrrit, dans fa Defcription des Alpes pennines & rhétiennes, aflure en avoir vu fur les hautes montagnes du canton de Berne ; mais il s’eft trompé , en prenant de loin des chamois pour des bouquetins. Tous les chaffeurs de ce pays m'ont affuré unanimement , que ni eux ni leurs pères n’en avoient jamais vu. (2) On conferve encore fur la maifon-de-ville de Glarus des cornes de bouquetin d’une longueur extraordinaire, qui proviennent d’un de ces animaux , qui autrefois avoit été tué dans le canton. (3) Je pofsède, entr’autres monumens de ce genre, la copie d’une lettre alle- mande , écrite par l’Archiduc Ferdinand d'Autriche, & datée d’Infpruk dans le Tyrol , le 14 d’oétobre 1574, à Georges de Marmels fon Bailli à Caftels, dans les Grifons. L’Archiduc demande deux jeunes bouquetins vivans, pour fa ménagerie , & dit qu’il en a recu autrefois, du même pays, par Le prédécefleur du Bailli. Cette lettre eft un monument très-précieux pour l’hiftoire du bouquetin , en ce qu’elle prouve inconteftablement qu’à l’année 1574 il yen avoit encore dans les montagnes des Grifons , parce que l’Aichiduc affure en avoir recu de-là. Elle prouve en même-tems Tome XXVIIT, Part, I, 1786, MARS, 226 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, ( Helv. pag. 176) dit que de fon tems ils n’étoient pas rares fur les mon- tagnes du Valais. Quelles peuvent donc être les caufes du dépériffement fi prompt de cette efpèce d'animaux, dépériflement qui d’ailleurs n’a point d'exemple connu dans l'Hiftoire naturelle ? Je fens combien il eft difficile d'en donner des raifons fufhifantes ; mais cependant j'eflayerai de l'expli- quer. La grandeur du bouquerin, la longueur monftrueufe & le poids très-grand de fes cornes qui le forcent à tenir conftamment la tête levée, qui l'engagent très-fouvent entre les pierres des rochers qu'il habite & qui gênent fa courfe, femble indiquer que la nature ne l’a pas formé pour les endroits qu'il habite atuellement, & où d'ailleurs il manque de nourriture pendant la plus grande partie de l’année (x). Il femble plutôt qu'il eft l'habitant naturel des montagnes fubalpines , couvertes pendant l'été des herbes les plus fines , qui lui fourniroient une nourriture abon- dante, telle que la demandent la grandeur de fon corps & fes pr perpétuelles , qui la lui font digérer promptement. C’eft dans certe région moyenne, que paifloient tranquillement, à ce que je fuppofe, des troupeaux de bouquetins & de chamois, pendant la longue fuite de fiècles où la Suifle n’étoit.que très-peu peuplée, & où le petit nombre de fes habitans n’occupoit encore que les plaines & n'avoit pas pénétré dans les montagnes , dont alors même les moins hautes devoient être inaccefibles , par les forêts épaifles dont elles étoient couvertes. Mais à mefure que la population a augmenté , & fur-tout depuis le tems qu'on a commencé à tirer profit des plaines alpines & fubalpines , en y menant le bétail pendant l'été, les bouquetins fe font retirés fur le fommet des rochers, pour fe mettre à l'abri de la pourfuire des hommes (2). Là il en fera péri d'abord un grand nombre, par le manque de nourriture , par le froid exceflif, & par les oifeaux de proie , qui font la chaffe aux jeunes. C'eft par ces caufes réunies, jointes à d’autres moins générales, qu'enfin l'efpèce s’en eft détruire par-tout, & que le peu d'individus qui one échappé à la deftruction générale ont cherché un afyle dans les glaciers que ce ne pouvoient pas être des chamois que demandoit l’Archiduc, parce qu’elle eft datée d’Infpruk en Tyrol où les chamois étoient & font encore très-communs. (1) Le bouquetin eft très-fujet à devenir aveugle, & cette cécité, dont il faut chercher la caufe dans la réflexion du foleil fur la neige & la glace, en fait périr un grand nombre, Ne feroit-ce pas-là encore un fait qui vient à l’appui de mon opinion que le bouquetin n’eft pas originaire de la région qu’il habite aétuellement ? (z) C’eft ce qui explique pourquoi le bouquetin pris jeune s’apprivoifé , même jufqu’à aller paître avec les chèvres domeftiques & à revenir avec elles , pendant que le chamoïs , quelque jeune qu’on le prenne, ne s’apprivoife jamais, & regagne les hauteurs aufli-tôt qu'il fe voit libre. La railon en eft fimple. Le chamois trouve par-tout fa nourriture , qui confifle en grande partie d’écorces , de feuilles & de bouts tendres des arbrifleaux. Le bouquetin au contraire, qui ne vit que d'herbes, après qu'il eft apprivoifé , ne change pas une nourriture abondante & les endroits qui Ia lui fourniflent , contre les fommets glacés , où il a tant de peine à la trouver. #4 F SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. ‘227 de la Savoye , où dans moins d’un fiècle ils auront vraifemblablement le même fort; car déjà à préfenc les chafleurs de chamois remarquent qu'ils diminuent d'année en année. En comparant les différentes relations de ces chafleurs , je crois pouvoir aflurer que dans ce moment il ne refte de toute l’efpèce qu'à-peu-près cent individus, Il eft donc tems de rapprocher les faits connus , & d’en rechercher de nouveaux, s’il ef poflible, avanc que la deftruétion totale de l'efpèce nous en Ôte les moyens. Voici d'ailleurs un fait digne de l'attention des Naturaliftes. C’eft une efpèce entière d'animaux très-grands qui fe perd, pour ainfi dire, fous nos yeux, & qui dans quelques fiècles fera placée avec les mammouts & les licornes : & ce ne font pas des contrées éloignées qu'habite ou qu'habitoit certe efpèce, c'eft le milieu de l'Europe, Rien de plus facile pour tout obfervateur que de s’aflurer par lui-même de la vérité de ce que je viens de dire , & de vérifier Les faits que je viens de raconter; aufli j'invite tous les Naturaliftes qui voyagent dans les montagnes de la Suiffe & de la Savoye de faire des recherches pour perfectionner l’hiftoire naturelle d’un animal jufqu'à préfent fi peu connu & prêt à fe perdre. C’eft encore dans le même voyage que j’ai eu occafion de porter à un grand degré de certitude Les foupçons que j'avois conçus dépuis quelques années fur l’origine du fuccin : découverte dont la première idée m'a été fournie par une obfervation que m’a communiquée M. Fifcher, Médecin de S. A.S. Monfeigneur le Duc de Saxe-Cobourg. Je ne parlerai ici qu’en paflant de certe nouvelle hypothèfe fur Porigine du fuccin , parce que je me propofe de détailler par la fuite dans un autre Mémoire tous les faits & toutes les raifons fur lefquels elle eft fondée, Je crois pouvoir aflurer que le fuccin , ( fubftance fur l’origine de laquelle les Auteurs ont forgé tant d'hypothèfes) eft un produit animal, une efpèce de miel ou de cire formée par les grandes fourmis, appelées “par Linneus Formica rufa. Ces fourmis habitent les anciennes forêts de fapins, où quelquefois elles forment des fourmillères qui ont jufqu’à fix ieds de diamètre, & c’eft ordinairement dans ces anciennes forêts ou dans des lieux où il y en avoit autrefois, que fe trouve le fuccin foffile. Ce fuccin foflile n’eft pas dur , comme celui qui fe pêche dans ia mer en Prufle, & qui eft connu de tous les Naturaliftes. Il a la confiftance du miel ou de la cire à moitié fondue, mais il eft jaunâtre , comme le fuccin ordinaire , donne les mêmes produits par l’analyfe chimique , ainfi que Fa prouvé M. Stockar de Neuforn dans fa Differtation fur le fuccin, & fe durcit comme celui-ci quand on le laifle pendant quelque tems dans une diffolution de fel commun. C'eft ce qui explique comment les infectes qu’il renferme y ont pu être enveloppés. Parmi ces infeétes les fourmis font toujours la plus grande partie , ce qui fert peut-être encore à confirmer mon hypothèfe. Le fuccin r’eft donc, felon moi, qu’une huile végétale rendue concrète par l'acide des fourmis, tout comme la Tome XXVIIT, Parr, 1, 1786. MARS, Ff 2 228 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, cire n’elt qu'une huile rendue concrète par l’acide des abeilles, ce qui aujourd’hui eft prouvé inconteftablement depuis que M. de la Metherie, Docteur en Médecine , eft parvenu à faire de la cire artificielle en traitant l'huile d'olive avec l'acide nitreux (1). J'ai vu chez lui de cette cire qui ne differe en rien de la cire naturelle. LE TL 'TERVE DE M JURI-NE, Chirurgien de l'Hépital Général de Genève; AMD, E: EL A" MEMBER IE, Sur l'infuftbhilité du Criflal de roche. ONSIEUR, Le Mémoire que vous avez fait inférer dans le Journal de Phyfique du mois d'août 178$ , fur la fufion du criftal de roche, & dont l'extrait efk rapporté dans la 44° feuille périodique de M. de la Blancherie , a d'autant plus excité notre étonnement , que peu de jours auparavant , nous avions eflayé la fufion de différentes pierres avec le chalumeau par l'air déphlo- giftiqué : le criftal de roche avoit été compris dans le nombre de nos effais; mais quoique nous l’euffions foumis à la chaleur la plus forte ,nous n'avions pu obtenir aucune apparence de fufion, & nous étions perfuadés qu’il étoit abfolun.ent réfractaire; mais la fin de votre Mémoire qui annonce que vous doutez fi l’alkali que fournit la cendre n’a pas été la caufe déterminante de la fufon , nous prouvoit qu’il falloit examiner de nouveau; c'eft ce que nous avons fair: files réfultats de nos eflais peuvent contribuer à éclaircir vos doutes, nous ferons charmés d’y avoir coopéré. Des détails fur la fufion des pierres réfractaires par les flux , feroient ici déplacés ; nous nous contenterons d'obferver que quelque petite qu’en ait été la quantité dans vos expériences , elle a dû néceffairement agir fur les petites males qui ont fervi à vos eflais; & en outre que la décrépitation qui les a accompagnés doit être attribuée plutôt au pétillement du charbon, qu'à la préfence de l’eau de la criftallifation , comme vous le préfumez , puifque nous ne l'avons jamais remarqué d'une manière fenfible fur des fupports de verre. Nous nous fommes fervis pour nos expériences, du chalumeau décrit par M. de Sauflure , adapté à une veflie remplie d'air déphlopiftiqué , (x) Voyez fon Difcours préliminaire, cahier de Janvier de ce Journal, 1786, page 30, SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS, 29 encaiflée & furmontée par un couvercle mobile, qui lui faifoit éprouver la preflion d'un poids d'environ douze livres : notre fupport , il eft vrai, différoit du vôtre; nous avons préféré les petites baguettes de verre que que M. de Sauflure indique , étant perfuadés que toute autre matière auroit été moins fure. Non contens de nos eflais antérieurs, & dans la crainte de n'avoir pas bien vu, ou d'avoir omis quelque chofe , nous les avons répétés en chciliflant des lames de criftal exceflivement minces, qui préfentoient dans la fraéture les aiguilles les plus déliées , & qui toujours expofées" la partie la plus chaude du jec de Aamme, lançoient une Jumière dont on avoit peine à foutenir l'éclat, En voici le réfultat. Séjour Subflances éprouvées, | Support, | dans Refulratss la flamme. N°, x Fragment d’un criftal de roche , tiré d’une quille très-pure. . .|[Verre. ...1...45". ..| Aucune fufon. 201dem. ss... Verres ces [see 601010 »|Idüme 3 ldem.,....,,.....|Charbon. .[...75"...|Bulles à la furface & légère fufon à extrémité. 4 Le même morceau. Charbon, .|...60".,. .|L'aiguille ayant fauté au mo- ment du refroidiflement , nousne pümes pas ob{eryer. $ Fragment d’un criftal tiré d’une géode du Dauphiné.......,|Verre. ...|...60".. .| Aucune fufon. 6 Idem.............| Verre. ...|..,.60". ..|Idem. 7 Idem...........,.|Charbon. ...,60", ..|Légère fufon dans un angle, & le criftal rendu opaque. 8 Hyacinthe de Com- poftelle ....,.,..|Charbon, .|.,,75" , .|Fufon manifefle en un verre blanc , avec bulles à Ja furface. 9 Idem. .,,.,.....,.|Verre. ..,1...75". .,|Décoloré feulement à lex- trémité , & léger figne de fufon, Vous voyez, Monfieur , ces réfultats varier à raifon des es , & le criftal qui a réfifté fur Le fupport de verre être attaqué fur celui de charbon ; 230 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, quelle pourra en être la caufe ? Nous préfumons qu'il peut en exifter deux la première , qui paroît la plus vraifemblable , fera due à la préfence de l'alkali produit par la cendre; & la feconde fera peut-être attribuée À l'augmentation de la chaleur occafionnée par votre fupport même : mais, jufqu'à ce que des expériences péremprtoires aient déterminé la caufe eficiente de cetre fufion, & que par le moyen d’un pyromètre l'on fe foit afluré de l'augmentation de la chaleur dépendante des fupports, le criftal reftera vraifemblablement réfractaire dans l'opinion des Naturaliftes- Phyfciens, J'ai à vous faire obferver, Monfieur , que ces expériences ont été faites avec M. Pi@ter, connu fi avantageufement dans la carrière des fciences &c des arts, & dont l'amitié me Matte infiniment, Je fuis, &c. RÉPONSE DE M DE LA METHERIE À LA LETTRE PRÉCÉDENTE DE M, JURINE. Mowsrur, Les différens réfultats que M. Pictet & vous avez obtenus dans vos belles expériences , me paroiflent devoir être attribués uniquement à la différence d’intenfité de chaleur qui fe trouve dans vos deux procédés. C'eft ce que l'expérience fuivante paroît mettre hors de doute. La platine mife fur un fupport de charbon , fond facilement par le moyen de l'air pur , comme l’a fait voir M. Achard. J'ai effayé de la fondre en la plaçant dans une coupelle , & en la chauffant par le moyen du chalumeau & de Pair pur , & quoique j'aie fourenu le feu près d'une minute, je n'ai pu y réuffir ; j'ai aulli eflayé de me fervir de tubes de verre comme M. de Sauflure, mais les parties de platine font fi petites que le verre fondant, elles s’y trouvent noyées, IL paroîc donc que par ce procédé on ne peut produire la même chaleur que par le premier : & puifqu’on ne peut fondre la platine, à plus forte raifon le criftal de roche. Quand j'ai dit qu'on pourroit croire que l’alkali du charbon pourroit peut-être contribuer à la fufon du criftal de roche, c'éroit pour prévenir l'objection ; car à vous dire vrai le jet d'air pur ef fi vif qu'il chafle fans cefle & la petite portion de cendres & l'infiniment petite portion d'alkali que peut fournir le peu de charbon qui fe confume. M, d’Arcet penfe entièrement comme moi à cet égard, + SUR L’'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 231 * Un pyromètre applicable à toutes les opérations feroit fans doute un . inftrument précieux en Phyfique ; mais vous fentez que dans ces extrêmes degrés de chaleur, il eft impoñfible de trouver aucune fubftance qui en puifle fervir, puifque les unes fe confument , les autres fe volatilifent, & les autres fondent. Mais ici le pyromètre ne me paroît point néceflaire pour décider que la fufion du criftal n’a été due qu'à la grande intenfité de chaleur. J'ai l'honneur d'être, &c. es UE A NOUVELLES LITTÉRAIRES. A NALYSR chimique, & concordance des trois Règnes ; par M. SAGE. Rerum enim natura facra fua non fimul tradit : initiatos nos credimus :in veftibulo ejus hæremus, Sereque, 3 vol.in-8°. À Paris, de l’Imprimerie Royale, 1786 , & fe trouve chez Didot le jeune, quai des Auguftins. L’Auteur dans cette analyfe fair jouer le plus grand rôle à l'acide igné, « Si une fubftance, dit-il, mérite le nom d’élément, c’eft celle qu’on = trouve être principe de tous les corps, c’eft celle qu'on ne peut pro- » duire ni décompofer , l'acide igné eft dans ce cas. Il éprouve des mo- > difications en devenant principe des mixtes, Mais il eft reftitué à fon » premier état de pureté par leur combuftion. » L’acide ioné eft le plus pefant des acides , aufli les dégage-t-il tous » de leur bafes pour s’y fubftituer, C'eft Le principal agent de la vitri- » fication, » L’acide igné combiné avec aflez de phosiftique pour n'être plus æ mifcible à l'eau, conftitue l’azr ou gaz déphlogifliqué. » L’acide igné faturé de phlogiftique forme le /oufre igné , l'huile le » principe métallifant. » L’acide igné furfaturé de phlogiftique, forme l'air ou gaz inflam- æ mable. » L’acide igné modifié par la circulation dans le corps des animaux fanguiferes , devient acide phofphorique. » L'acide vitriolique eft une modification de l'acide igné, » L’acide igné modifié par les émanations putrides, forme les acides _ » nitreux & marin. > L’acide du fucre modifié par la fermentation vineufe , fe convertit » en partie en acide méphitique , candis que l'autre partie reprend fon » caractère d'acide igné , lequel fe retrouve dans l'huile & dans lécher. æ L’acide igné principe de l'huile du vin & de l'éther devient acide dus » vinaigre pendant la fermentation acéreufe, ” 232 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, n L'acide méphitique dit air fêxe, eft la dernière modification de l'a- » cide igné. Il eft inaltérable par les agens chimiques, Mais reforbé » par la végétation , il repaile à l'écat d'air déphlogiftiqué ». Nous ne fuivrons pas plus loin l'analyfe de cet ouvrage qui nous pa- roîc digne de la réputation de l’Aureur. Recherches fur la caufe des Afféétions hypocondriaques , appelées communément vapeurs, où Lettres d'un Médecin Jur ces Affeétions. On.y a joint un journal de l'état du corps en raïfon de la perfetion de La tranfpiration & de la température de l'air ; par M. CLauDe RevizLoN , Do&eur en Médecine , de l'Académie des Sciences de Dijon , Correfpondant de la Société Royale de Médecine de Paris , à Mâcon. Nouvelle édition, augmentée de plufieurs expériences. Si quanta & qualis oporteat quotidie fieret addirio éorum quæ deficiunt , & ablatio eorum quæ excedunt, fanitas amiffa recuperaretur , & præfens femper confervaretur, Sanélor. Aphorifm. prim, 1 vol, in-8°. A Paris, chez la veuve Hériffant, rue Neuve-Notre-Dame, à la Croix d'or, 1786. Le favant Auteur de ces recherches , a donné beaucoup plus d’étendue à cette feconde édition. Il croit que la caufe la plus fréquente des affec- tions hypocondriaques eft la fuppreflion de la tranfpiration. C'eft ce qu’il a conftaté par un grand nombre d'expériences faites à la manière de Sanctorius, IL penfe aufli que l'électricité de l’armofphère influe beaucoup fur les vaporeux. L'ouvrage eft cerminé par des tableaux très-curieux de l'état d’un vaporeux pendant le cours d’une année, eu égard à la mar- che du thermomètre, du baromètre , de l’hygromètre , de l'éleétromètre , des vents, & de l’état du ciel. C’eft une nouvelle carrière que M. Re- villon ouvre aux médecins obfervareurs, L Sasoio di naturali efperienze fopra la decompofizione dell’acqua, &ce C’efl-à-dire : Effai d'expériences [ur la décompofition de l’eau en air , faites par le Doéteur FERDINAND GiorGr, Médecin de Florence. Felix qui potuit rerum cognofcere caufas. Virgil, Lib, 2, Georg. À Florence, chez Jofeph Tofari. Le favant Auteur de ces expériences qui en avoit déjà fait beaucoup fur la décompofition de l’eau, & dont nous avons parlé , Journal de Phy- fique , juiller 1785, les a répétées devant un grand nombre de Phyficiens. 1! fait paffer de l’eau dans des tubes de cuivre, de porcelaine, de verre, &c. & il a toujours obtenu en air à-peu-près le poids d’eau qu'il avoit em- ployé. Cer air a eu conftamment une odeur empyreumatique , ce qui fait dire à l’Auteur qu'il fe pourroit que ce principe odorant entrât dans la compofition de l'eau, & füt un de fes principes : le fecond fera cet air obtenu plus pur que l'air atmofphérique ; car il donnoit de la vivacité à la flamme, ne précipitoit point l’eau de chaux, & n’éçoit inflammable que Lorfqu'il Ci SUR L'HIST. NATURELLE ET LES- ARTS, 239 Jorfqu'il s'eft fervi de tubes de fer: ce qui lui fait croire que c’eft le fer qui a fourni Pair inflammable ; & cette décompolition, felon l’Auteur, s'opère au premier degré de chaleur au-deffus de l’eau bouillante: Æ/ primo grado di calore fopra lebollizione dell'acqua. I dit encore que plus les cannes qu'il emploie font longues , moins il obtient d'air ; en forte que fouvent il a employé des tubes qui n'avoient que fix pouces de longueur. On ne voit pas pourquoi l’eau fe décompoferoit moins dans les-tubes ou cannes longues que dans des courtes dès que la chaleur eft la même. D'ailleurs, comment pouvoir lutrer d'une manière fûre des tubes courts qu'on expofe dans-un brafier? Enfin nous avons un grand nombre d’o- pérations où l'eau éprouve un degré de chaleur bien fupérieur à celui de l'eau bouillante, fans fe décompofer : de l’eau chargée de fel éprouve 90 & quelquefois plus de chaleur, & ne fe décompofe pas. Ce que je puis aflurer , c’eft qu'ayant fait pafler de l’eau dans des tubes de fer très-incandefcents, j'ai d'abord obtenu de l'air inflammable, mais le tube calciné en dedans, l’eau a pailé en vapeurs qui fe font condenfées avec grand bruit dans la cuve, fans donner aucun air. M. Giorgi dit: « que M. de Volta regarde l’eau comme indécom- >» pofable, qu'elle forme l'air inflammable forfqu’elle eft combinée avec æ le phlosiftique; 2°. qu'elle forme Pair pur ou déphlogiftiqué lorf- >». qu'elle eft combinée avec la matière de la chaleur où feu élémentaire », En forte que fuivant M. de Volta l’eau refteroit au nombre des élémens, mais l'air ne feroit plus qu'un compofé. Nouvelles inftruétives ; Bibliographiques , Hifloriques & Critiques de * Médecine, Chirurgie & Pharmacie, où Recueil raifonné de tout ce quil importe d'apprendre chaque année pour étre au courant des connoif[ances & à l'abri des erreurs relatives à l’art de guérir : année 1786 , tome Jecond. À Paris, chez Mequignon l'aîné, Libraire, rue des Cordeliers, près des Ecoles de Chirurgie, Ce fecond volume des Annales de Médecine eft plus confidérable que celui de l'année dernière, & en quelque forte plus intéreffant; c'eft un abrégé de tout ce qui s’eft paflé de neuf en Médecine pendant l’année 1785. L'Auteur anonyme n'a rien omis de ce qui pouvoit rendre cet Ouvrage piquant. Effai fur la fuppreffion des Foffes d'aifances & de toute efpèce de voirie, fur la manière de convertir en combuflibles les fubflances quon y renferme, &c. par M. GirAuD , Doéteur-Répent de la Faculté de Médecine en l'Univerfité de Paris. À Amfterdam , & fe trouve à Paris, rue & hôtel Serpente : 1786, vol. 27-12. Prix, x Liv. 10 fols, broché, L’Auteur frappé des nombreux inconvéniens & accidens qu’occa- Tome XXVIIL, Pare. I, 1786. MARS. Gg 234 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, fionnent les foffes d’aifance établies dans chaque maifon, propofe d’ÿ fubtituer un vafe quelconque qu’on pourroit vider tous les jours ou tous les deux jours ; les matières emmenées par des voitures hors la ville pourroient être mélangées avec des terres , fur-rout avec de l’argille : on y joindroit également toutes les autres immondices , particulièrement les boues. On entafferoit le tout dans de grandes foffes, par exemple, dans les carrières, & l'Auteur penfe qu’au bout d’un certain tems on obtiendroit une efpèce de tourbe très-bonne à brüler. Il fouhaiteroit qu'on employät à ce travail les prifonniers. Extrait des regiflres du Confeil d'Adminifiration de la Correfpondance genérale& gratuite pour les Sciences & les Arts, du 21 Décembre 1785. Le Confeil afflemblé, M. de la Blancherie, Agent Général de Correfpondance pour les Sciences & les Arts, a expofé : Que la confiftance de cet Etabliffement exige que , par un corps de ré- glemens, on lui aflure de plus en plus la confiance publique, & qu'on préfente ainfi le développement de ces moyens ; La matière mife en délibération, il a été ftatué ce qui fuit: IL L'érabliffement de la Correfpondance générale & gratuite pour les Sciences & les Arts, fera dirigé, comme par le pañlé, par l’Agent géné- ral, de concert avec le Confeil d'Adminiftration. QE L’Agent général entretiendra , tant en France, que dans les Pays étran- gers, toutes les relations & correfpondances ütiles à l'objet dudit Etabli£ fement, & toutes lettres & demandes lui feront adrefées. IIT, Le chef-lieu de la Correfpondance continuera d’être à l'Hôrel Vite layer, rue Saint-André des- Ares, à Paris. I V. On y recevra tous les jours, excepté les Dimanches & Fêtes, depuis neuf heures du matin jufqu'à deux, toutes les demandes des perfonnes qui ne font pas exclues par l’art. XXI du préfent réglement; lefquelles demandes feroient relatives aux Sciences & aux Arts, ou aux bons off- ces qui font felon l’efprit de l’Etabliffement: on y répondra le plus promptement poflible, ainfi qu'aux Lettres des mêmes perfonnes, qui auroient été adreflées, franches de port, pour les mêmes objets. V. On continuera de diftribuer, le Mercredi de chaque femaine, la feuille intitulée : Nouvelles de la République des Lettres & des Arts, elle contiendra la notice des objets intéreffans qu’aura fournis Ja Correfpon- dance, & fera, comme par le paflé, de huit pages ë-4°. 1 :SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 33p | VI. Le Sallon de la Correfpondance fera ouvert tous les Jeudis, &, en cas de Fête, le Vendredi, excepté pendant les vacances de Pâques & d'automne, pour fervir de point de réunion aux Savans, Artiftes, & Amateurs nationaux & étrangers, & pour faire connoître les livres, les morceaux de Peinture ; Sculpture, Gravure , Architecture ; DefMin, Mé- chanique, Manufacture , Hiftoire Naturelle , objets de Phyfique, & au- tres quelconques , anciens & modernes, capables d'exciter la curiofité ou l'émulation , lefquels feront remis, à cet effet, à l’Agent général’, - foit par les Auteurs, foit par les Propriétaires. Les Muficiens , tant Maï- tres , qu'Elèves , pourront s’y faire entendre. NAT ES Il fera donné, chaque femaine, un Supplément de la Feuille, & de même format, en quatre pages, qui contiendra, avec une notice , Le ju- gement du Public fur les objets expofés, fur les expériences qui fe feront faites , & fur. les talens des Muficiens. Ce Supplément fervira de cata- logue pour l’Aflemblée fuivante. VIII. .- Ceux qui contribueront d’une fomme de 96 livres par an, pendane trois ans, feront aflociés à l'Etabliflement, fous la dénomination d’4fJo- ciés-Proteéleurs ; ceux qui contribueront d'une fomme de 48 livres par an , pendant le même tems, le feront fous le titre d'Affociés-Ordinaires. Lenombre en feradéterminé, pour Paris, par le Confeil d'Adminiftration; & pour la Province & les Pays étrangers, ou par les Comités qui y feronc formés, comme il va être dit, ou de l’avis des Affociés des lieux; & la life en fera publiée tous les ans. : TX: Lefdits Affociés recevront, chaque femaine , un exemplaire des Feuil- les. Ils pourront faire jouir de tous les avantages de l’Etablifflement dont elles feront fufceptibles , les perfoñnes des lieux de leur rélidence qu'ils en croiront dignes, Ils participeront feuls:, abfens ou préfens , & fans au- cune nouvelle contribution de leur part , à la divifion des objets achetés ; qui aura lieu à la fin de chaque année, de la manière dont il va être parlé : les Affociés-Protecteurs , à raifon de trois billets; les Affociés-Or- dinaires, à raifon d’un feul. Lorfque le nombre des, Aflociés, dans les deux clafles, fera porté à mille, ils recevront fans aucune nouvelle con- tribution, la collection de la Feuille depuis 1779. x. ” Il fera formé, à compter de la première femaine de Février 1786, tous les Vendredis matin, depuis midi jufqu'à deux heures, au Sallon de la Correfpondance , un Bureau général de tous les Aflociés qui vou- Tome XXVIII, Par, I, 1786. MARS. Gg2 236 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, dront s'y rendre , tanc pour y jouir des objets expofés, que pour y faire enregiftrer leurs demandes , ou pour y recommander celles auxquelles ils s'intérefleront. PQ - Le prix de la foufcription , pour la Feuille avec le Supplement, con- tinuera d’être de 24 livres pour Paris, & fera de 33 livres pour la Pro: vince. WA UE Le produit des affociations , & celui de {a foufcription fimple, ferone réunis en mafle, pour être appliqués, 1°. aux frais & charges de l'Etablif- fement ; 2°. à l'éducation des fujets qui annonceroient des difpoñtions pour les Lettres & les Arts ; 3°, à la bienfaifance envers les Gens à talens, qui auroient befoin de fecours , jufqu’au moment où on leur procurera de l'occupation; 4°. enfin à l'acquifition , au profit de l'Etabliffement, des productions les plus intéreflantes des Sciences & des Arts, dans tous les pays , qui feroient mifes en vente , ou des objets expofés au Sallon , lorf- que les Auteuts ou les Propriétaires voudront fe prêter à ces vues. XNICINT Lefdits objets achetés, après avoir été déterminés par le Confeil 8 Agent général , toujours felon les vues les plus propres à encourager les Auteurs en tout genre, feront diftribués , à la fin de chaque année, entre les Affociés des deux clafles, par forme de loterie, en la manière dont il fera ftatué, XI V. Le Confeil d’Adminiftration continuera d'être compofé , outre l’A- gent général , d’un Préfident , de deux Vice-Préfidens , de douze Affociés pris dans l’une & l’autre clafle , & de trois Membres du Comité de Cor- refpon dance, dont il va être queftion ; il embraffera tous les objets qui pourront contribuer au bien de l'Etabliffement, X V. Le Bureau de la Ville de Paris & les Académies feront invités. comme par le paflé, à y faire aflifter un de leurs Membres, & tous ceux qui compofent ces deux Corps, auront leur entrée au Bureau général. XVI Le Préfident , élu par le Confeil , fera perpétuel ; les deux Vice-Pré- fidens, élus par le même Confeil, feront renouvellés de trois ans en trois ans: tous trois feront pris parmi les Affociés-Protecteurs. Les deux Vice- Préfidens, en fortant de place, conferveront leur féance au Confeil. Les autres Membres feront élus chaque année par le Bureau général, & fe- sus renouvellés à la même époque, par tiers qui fera déterminé au ort, - SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 237 XVII. Le Confeil d'Adminiftration s’afflemblera tous les mois, en confé- quence de lettres de convocation, qui feront adreffées à chacun des Meme bres par l'Agent général. Il fera rendu compte , à chaque Affemblée , par l’Agent général, de routes les démarches & opérations qui auront été faites dans l'intervalle d’une Affemblée à l’autre; il fera fait mention du tout fur le regiftre des Délibérations, qui fera figné par tous les Membres préfens, & ledit regiftre fera, une fois par an, mis fous les yeux du Bu- reau général, au jour deftiné pour Les élections, qui demeure fixé au troi- fième Vendredi de Décembre, XVIII. L'Agent général continuera d’être autorifé dans toutes fes démarches pour le bien de l’Etabliffemenr. Dans l’intervalle des Affemblées du Con- {eil, il fe concertera , autant que cela fe pourra, avec le Préfident ; &, en cas d’abfence, avec l’un ou l’autre des deux Vice-Préfidens. XIX, A l'inftar du Bureau général de Paris, les Aflociés des deux claffes ; quife trouveront au nombre de fix au moins dans'les villes de Province ou du Pays étranger, pourront former un Bureau fous le titre de Comité d'affociation; ils auront pour objet de concerter entr’eux les demandes qu'ils auront à faire pafler au chef-lieu, foit pour eux , foit pour le bien de ieur pays , ou l'avantage de quelques-uns de leurs concitoyens. X X, Tous les Affociés qui feront en voyage, auront le droit d’affifter , foie au Bureau général à Paris, foit dans les autres Comités d’Afflociation. "XXI. Toute perfonne qui n’aura pas un de ces titres à l’Etabliffement, on qui ne fera pas connue de l’Agent général, ne pourra jouir des avantages énoncés dans Le préfent Réglement, que par la recommandation defdits Comités ou defdits Aflociés, XXII Le Comité de Correfpondance , dont tousles Membres feront , de droit Aflociés-Ordinaires , continuera d'êrre compofé de vingt Savans ou Ar- tiftes, dont dix fous le titre d'Affociés- Auteurs , & dix fous Le titre d’4/- Jociés-Libres , & d’être préfidé par le Préfident du Confeil d’Adminif- tration. Il aura , au Confeil d'Adminiftration , trois de fes Membres qui ferenouvelleront de fix mois en fix mois, Il s’aflemblera toutes les femai- nes, & s'occupera , tant de l'examen des Lettres où Mémoires qui feront adreffés par l’Agent général pour des renfeignemens à prendre, que des réponfes qu'il conviendra de fire à ceux qu'il aura reçws ; de la rédaction 238 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE; desrarticles de la Feuille , des traductions , & généralement de tous les objets qui lui feront préfentés par l'Agent général, felon l'efpritde l'E - tabliffement ; & il fera tenu, par l'un des Aflociés-Aureurs , repiftre def- dites Affemblées, qui fera figné par tous les Membres préfens. Ye KXCINE Te [ Il y aura deux Sécretaires généraux; l’un, pour la Correfpondance relative aux Sciences & aux Arts, l’autre, pour la Carrefsondance rela- tive à l'Adminiftration: Is fuppléeront l’Agent général en fon abfence, jouironcdes droits des Aflociés-Ordinaires, & de la préfence au Confeil & au Comité. XXIV. 0 I yaura un Tréforier qui tiendra compte de la dépenfe & de la re- cetre , gardera les fonds de l'Etabliflement, qu'il délivrera fur Les mandats de l'Agent général. Il aura, comme les Secrétaires généraux , les mêmes droits que les Aflociés-Ordinaires, & fa préfence au Confeil. XX V. Le prix des affociations & de la foufcription fera reçu au Bureau de La Correfpondance, pour être verfé enfuice entre les mains-du Tréforier. à XX VI. Les perfonnes qui voudront entrer dans l'une des deux Claffes d'Affo- ciés, s’adrefferont , pour Paris, à l'Agent général, qui les propofera au Confeil d'Adminiftration; & pour la Province & le Pays étranger , aux Comités d’Affociation, ou aux Aflociés , s'il n'y a point de Comité. XXVII. A'la fuite du préfent Réglement qui fera figné par le Préfident & l’A- gent général, imprimé à la tête des Feuilles de la Correfpondance de 1786, & dont l'extrait fera publié par la voie des Journaux , on donnera le tableau de toutes les perfonnes qui forment l'Adminiftration de l'Eta- bliffemenc , ou qui y font attachées, en obfervant l’ordre alphabétique & celui dans lequel elles vont être infcrites dans'ce reoittre. Fait à Paris lefdits jour & an que deflus. Signé , le Duc de Charoft & La Blancherie. ‘ Par ordre du Confeil & de M. l'Agent général. Signé, Du Prat, Secrétaire général. Tableuu-\ des Direéteur & Adminiftrateurs de L'Etabliflement: & des Rédaëteurs de la Correfpondance. à Agent général de Correfpondance pour les Sciences & les Arts, . M, de la Blancherie, Hôtel Villayer , rue Saint-André-des-Arcs, SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 239 > Secrétaires Généraux. M. Deñlers de Rancy, pour la Correfpondance relative aux Sciences & aux Ârts. M, Du Prat, pour la Correfpondance relative à l’Adminiftration. ÿ Tréforier. M, Bro, Notaire, rue du Perit-Bourbon-Saint-Sulpice. Confeil d'Adminifiration. Préfident. M. le Duc de Charoft. Vice - Préfidens. MM. $ Le Saint-Preft, Maïrre des Requêtes. Afociés-Proteéteurs. Affociés Honoraires. Mefieurs Meffieurs Condorcet. (le Marquis de ) B hi . D RE UVeN arianc te Pelletier de Morfontaine, Prévôt Paris, des Marchands. ; Calonne, (l'Abbé de) RE ip Clermont-Tonnerre, (le Comte de) Bondis(,de) Receveur général.des Finances, Cruflol d'Amboile, (le Marquis de) so Argis , Avocat au Par: 5 ; Huart du Parc, Avocat au Confeil, Girardot de Marigny. Ringard, Curé de Saint Germain- 3 l’'Auxerrois. Joubert, (de) Tréforier des Etats Un Membre du Bureau du Journal de Languedoc. de Paris, à Trois Membres du Comité de Phelipeaux , Archevèque de Bourges. Correfpondance. L'A BTE DEs ARTICLES CONTENUS DANS CE CAHIER. : Exrrarr dune Lettre de M. l'Abbé Fortis, datée de Wéronne 24 Septembre 1785 , à M. le Comte DB CaAssiNr, de l Académie des Sciences , page 161 T Se, Jur l'énfufibilicé du Criflal de roche, 228 Réponfe de M; DE LA METHERIE, à la Lerrre précédente de M, JURINE, 230 Nouvelles Lirrérarres , 231 APPROBATION. J'ai lu , par ordre de Monfeigneur le Garde des Sceaux, un Ouvrage qui a pour titre: Obférvations fur La Phyfique, fur l'Hifloire Naturelle & fur les Arts, Ëc. par MM. Rozier, MonNcez le jeune € DE LA DMeraerie, 6c. La Colleëtion de faits i importans qu’ il "offre périodiquement à à fes Lecteurs, mérite l'attention des Sas vans ; eñcoñféquente ; j'eflime qu’on peut en permettre Pimpreffion. A Paris, ce 29 Mars 1786. VALMONT DE BOMARE. HN Zars LE 7 #0 EVER RS À Re RAR RENL v rio mu je ME et < » 2 ” : s- 12 * 4 0 # É x E Mars 12786, A D V2 ee ee nt 2 à) 2 N° 1 JOURNAL DE PHYSIQUE. il AE RAD: 11700: ete A ED ap el SUITE DES EXTRAITS DU PORTE-FEUILLE DE L'ABBÉ DICQUEMARE. HuiîTRESs, Faculté locomotive , &c. 3 Enrre les animaux qui figurent dans ma ménagerie marine, il y a fouvent plufeurs variétés d’huîtres à écailles ; abondant , fain & excellent comeltible, d’une fécondité vraiment prodigieufe & qu'il eft pourtant à craindre que nous détruifions fans ménagement , au lieu de le protéger & de le multiplier. En obfervanc cet être, qui doit nous intérefler par les ufages que nous en faifons , & par la place qu’il occupe dans le règne animal, j'ap- perçus une huîrre qui jettoit une grande quantité d'eau : il y en avoit peu au-deflus d'elle , je penfei que fi ce jeravoit rencontré la réfiftance d’une grande mafle du même fluide, qui n’eût pas cédé fi facilement, l’huître ar cet effort, fe {eroit reculée. J'en choilis donc plufieurs de moyenne grandeur, à coquille légère, que je plaçai fur une furface unie & horifontale , dans une quantité d'eau de mer fuifante & bien nette : quelques heures fe pafsèrent dans l’inac- tion, la nuit furvint, mais le lendemain je trouvai l’une des huîtres dans une place & dans une pofition différentes de celle où je l’avois mife , & comme rien n’avoit pu la déplacer , il ne me fut pas poflible de douter qu'elle ne fe für mue par fes propres forces. Je ne doutai pas non plus que ce ne füt par le moyen que j’avois foupçonné ; ce n'étoit pas aflez , il falloit le voir. Je continuai donc à obferver: mais comme fi elles euffent voulu cacher leur fecret , les huîtres opèrerent toujours en mon abfence; enfin en parcourant les rivages de la bafle Normandie , j'appercus dans un parc fur celles du Befin une huître qui changea de place aïtlez vite. De-retour au Havre, je fis de nouvelles difpofitions par lefquelles la -manière dont les huîtres s'y prennent pour faire quelques mouvemens me Tome XXVIIT, Part, I, 1786. AVRIL. Hh 242, OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, fac dévoilée, Celles de la grande rade du Havre, qui font fort groffes, ont principalement fervi à mes recherches fur l'anatomie de cet animal, &c. L’huître lance l'eau par le lieu le plus ouvert & diamètralement oppofé à fa charnière, fouvent elle la jette par Pun ou l’autre côté , quelquefois parles deux côtés proche la charnière , ou par-tout en même-temps ; pour cela elle varie intérieurement fes manœuvres: les parties flexibles ne fervent cependant pas feules à diriger l'eau, il faut dans plufeurs cas , que cette eau éprouve la réfiftance des coquilles. É Une hnître lançant ainfi fon eau fubitement , avec force & à plu- fieurs reprifes, repoufle ceux de fes ennemis qui tendent à s’infinuer dans fes coquilles lorfqu’elle les ouvre; mais ce font les plus foibles ceux qui ne peuvent l’attaquer que par-là. Car je lui en connois de fi redou- tables par leur force, par leur adreffe, & par l'une & l’autre de ces qua- lirés ,qu'elle eneft fouvent la victime, & qu’un grand nombre d’huitres érit par cetre caufe. Elle tend donc de toutes fes forces à les repoufler. Ce-n’eft pas affez; elle fe recule dans la direction de fa longueur, ou d'un côté, ou de Pautre. Toutes ne fe trouvent cependant pas dans des circonftances affez favorables pour exécuter ces mouvemens, Placées fouvent entre des rochers, des cailloux ou d’autres huîtres, partie dans le fable ou dans Ja vale , leurs forces, leurs manœuvres doivent devenir impuiflantes pour changer de lieu: mais n'auroient-elles point la faculté de s'alléger, & combien de caufes érrangeres ne peuvent-elles pas leur aider? Il fa: avouer néanmoins qu'elles doivent être très-rares, à l'égard des hur- tres attachées à d’autres , à quelque corps plus pefant ou même au ro- cher, mais c'eft le plus petit nombre dans les huîtrières que je connois fur les côtes de France dans la Manche. Peut-être encore {uffit-il pour ren- dre les huîtres immobiles ou à-peu-près, qu’elles ayent des coquilles trop. auguleufes ou trop lourdes? Dans combien d’occafons un gros bagage n'incommode-t-il pas ! C'eft fans doute le cas où fe trouventles huïtres que les vers & autres ennemis plus redoutables encore, obligent à augmenter fucceffivement leurs écailles jufqu’à donner aux coquilles une épaiffeur confidérable 8: même de la difformité. Nous ignorons cependant fi dansles circonftances les moins favorables, ces animaux , beaucoup plus fenfibles & plus'induftrieux qu'on ne penfe, ne peuvent pas fuppléer les manœuvres que j'ai apperçues , par d'autres qu'ils ne mont point encore laiflé voir aflez clairement. Une huître qui n'a jamais été attachée peut s'attacher par quelque bord que ce foit de: l'une de fes coquilles , & ce bord deviendra le milieu ou à-peu-près fi lhuître eft jeune. Je ne ferois pas furpris que des huîtres attachées au ro- cher depuis leur naïffance s’en détachaflent ; j’en ai vu travailler leurs co- quilles de manières fi variées, fi furprenantes, fi admirables, lorfque leurs ennemis (au nombre defquels elles ont pu me placer) la percent, que EUR D à DEN \ SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 24} je n'apperçois aucune impoñfbilité abfolue à ce qu'elles puiffent fe déta- cher. Voyez les figures (1). On comprend aifément combien ces obferva- tions & ces expériences font délicates & difñciles à fuivre, à caufe prin- cipalement de la fenfbilité de l’animal , de la fineffe de fes organes , de la tranfparance de la matière qui forme les écailles, de l'opacité des coquilles, des viciflirudes de la mer , des faifons, &c. Mais il étoit utile de faire connoître d’après ces moyens, ( contre l’idée généralement adoprée par les favans & par les pêcheurs } que les huîtres ont quelque faculté locomotive & comment elles changent de lieu. J'ajoute, que le plus grand nombre de celles qui l'ont d'abord fait devant moi, avoient été pêchées aux côtes de Breragne , parquées à Saïnt-Waaft de la Hou- gue, puis à Courfeulle dans le Beffin , donc elles avoient été apportées au Havre, & que tous ces tranfports s'étant faits à fec, les huîtres ne devoient pas être dans toute leur vigueur. Il falloit de même faire con- noître que ces animaux ont comme les autres quelque induftrie, Il eft rare que le défir de généralifer & de paroître au-deflus de fon objet en contemplant la nature , féduife un obfervateur. Se flatter de l’em- braffer toute entière lorfqu'on n'a pas le coup d’œil aflez ferme pour confidérer dans fon enfemble le premier, le plus intéreffant des règnes, c'eft une vaine illufion. On a cependant eflayé de confondre les regnes en même temps qu’on fe permettoit de divifer celui-ci en différentes natures animales. Sous prétexte de le mieux faifix on en rerranchoit toures les extrêmités , c'eft-à-dire , tout ce qu'on ne connoifloit pas bien, tout ce qui gênoit. Cette méthode étroit commode fans-doute, mais étoit-elle grande, étoit-elle propre à nous éclairer? Pourrions-nous fuivre une marche aufli inconféquente & que la nature défavoue? L'organifation de l’huître ‘quoique très-différente de celle qu’on connoît le mieux, ne peut-elle pas être comprife dans nos confidérations fur l'économie animale en général? On n'étoit donc pas aufli avancé qu'on le croyoit, lorfque plufieurs Auteurs ont repréfenté l’huître comme un animal privé de fens, comme un vice-animal, comme un être intermédiaire entre les animaux & les végétaux, comme une plante & même, à quelques égards, comme moins qu'une plante. C'eft aïinfi que faute d'y regarder, on a fouvent fait fervir l’huître de fond à des raifonnemens abfurdes fur la nature des animaux. Effaçons donc de notre mémoire ces portraits in- fidèles, & fixons de nouveau l'original. . . . L’huître fenc fon exiftence, & fenc qu’il exifte quelque chofe au-delà d'elle-même. Elle admet, elle refufe; elle varie librement fes manœu- (1) Pour des chofes auf peu connues il faut un grand nombre de figures bien gravées , dont un Journal , quel qu’il foit, ne peut être chargé. On n’en jouira que par la publication des Ouvrages de M, Dicquemare, Tome XXVIIT, Part. I, 1786. AVRIL, Hh 2 24 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, vres felon les cas; elle fe défend par des moyens compliqués ; elle ré- pare fes pertes, on peut même lui faire changer fes habitudes, &c. Les huîtres nouvellement tirées des lieux que la mer n'abandonne jamais , ouvrent inconfidérément-leurs coquilles, perdent leur eau,& meurent en peu de jours; celles ‘au contraire qui ayant été tirées des mêmes fonds & jerrées dans des réfervoirs où la mer les abandonne quelque- fois, où le foleil darde fes rayons, où le froid les incommode, où le main de l’homme les inquiette, s’accoutument à fe tenir fermées quand on les laifle hors de l'eau, & vivent beaucoup plus long-temps. Ceci nous conduit infenfiblement à parler des moyens de ménager les hui- trières , de protéger les huîtres & de les multiplier ; elles font fouvent un objet de friandiles, de fantaifie & de luxe. Mais c'eft aufli un objet im- portant , abondonné à la cupidité, une reffource, une manné que jufqu'ici on recueille abondamment fans culture & qu'on peut conferver long- temps. D:T-S SE RIT A PIRO UN Sur LES MONTAGNES ET LES TERREINS A MINES EN GÉNÉRAL; Qui a été couronnée par L Académie de Manheim en 178$ ; Par M. MonNNET, Infpcéteur Général des Mines de France ; & de l’Académie de Suède. L'homme avide de fortune fe trompe fouvent en la recherchant. Pinur les Programmes de prix propofés aux Savans par les. Académies , aucun. n’eft d’une importance plus grande , plus eflentielle . À l'avancement de la Minéralogie, & même au bien de l'humanité, après l'Agriculture, que celui que propofe aujourd’hui la refpetable Académie de Manheim. Peut-on, demande-t-elle , reconnoître à la forme extérieure d'une montagne, & particulièrement à la nature des pierres qui la couvrent, Je elle contient des veines ou des couches métalliques ? Quelles font Les pierres qui font efpérer un métal plutôt qu'un autre , & quelles font au contraire celles qui font craindre qu'il ne s'y en trouve aucun? C’eft ce qu'éuroient dû fe dire depuis long-tems tous les Gouvernemens ; fur-tout ceux qu'intérefle particulièrement l'exploitation des mines ; car les fouilles faites au hafard , qui n'ont malheureufement que trop fouvent eu lieu dans tous Les tems & chez toutes Les nations, où l’art d'exploiteg 1 4 k - SUR L’HIST. NATURELLE ET LES ARTS, 24$ les mines n'éroit point aflez connu, ont occafonné beaucoup de pertes de tems & d'argent, & ont dégoûté ceux même qui avoient le goût le plus décidé-pour ces fortes d’entreprifes. Ainfi, c'eft un grand bien que l'Académie de Manheim procure aujourd'hui au public, fi on remplit fon objet. Ce qui a été dit dans tous les Ouvrages de minéralogie & de l'exploitation des mines à ce fujet , ne peut donner en général que des idées imparfaites. Il n'y a même eu qu'un feul Ouvrage- jufqu'ici , le Traité de l'exploitation des Mines, d'après le Collège des Mines de Freyberg , qui tafle diftinguer les terreins à mines de ceux qui ne le font pas ; car cette diftinction fi néceflaire avoit été faire encore qu'imparfai= tement, ou pas d'une manière aflez claire & aflez exacte pour qu’on ne pût s'y tromper. C’eft principalement ce défaut de connoiflance qui a donné lieu à tant de méprifes & d'erreurs, qu'on a commifes en ce genre, L'homme doué d’un grand défir d'acquérir des richeffes , fans confdérer la nature du térrein où il fe crouvoit, & ne fachant pas à quelle marque on peut reconnoître celui qui renférme des mines, & le diftinguer de celui qui n’eft pas de nature à en renfermer , a fouvent hafardé fes fonds & les a perdus inutilement pour lui & pour l'Etat , tandis que les vraies mines font reltées enfouies & ignorées de lui & de l'Etat qui en auroit tiré peut-être de grands avantages. Il eft donc évident qu'avant d’entre- prendre la recherche des mines , il faut favoir dans quelle efpèce de terrein elles fe trouvent, & conféquemment , avant d'entreprendre de fatistaire l'Académie, il eft de toute importance de diftinguer les lieux propres aux mines de ceux qui ne le font pas, & faire affez bien connoître les uns & les autres pour qu'on ne s'y trompe pas. PREMIÈRE PARTIE Des Pays à Mines & de ceux qui ne le font pas. Par le mot pays, on entend en minéralogie un certain efpace de terrein formé de telle ou telle matière , & qui par-là fe diftingue d’un autre qui eft formé d'une autre matière. Il feroit abfurde de croire que notre planète n’eft qu'un compolé indiflin@ement de toutes fortes de matières entaflées les unes fur les autres, fans ordre & fans aucune diitinction entr'elles. La minéralogie géographique nous apprend au contraire, que tous les terreins fe diftinguent les uns des autres, non-feulement par la nature des matières qu'ils renferment, mais encore par une manière particulière d'être de ces matières, & qu'ainfi l'on peut dire pays à marbre, pays à craie, pays à gyps , pays à granit, &c. parce que chacune de ces matières ou deux ou trois enfemble forment un de ces pays ou efpace de terrein; & pour en donner des exemples frappans, nous cirerons la Champagne, entre Rheims, Chälons & Saint-Menehould , qui eft toute 246 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, en craie; une grande partie de la Thiérache , entre Charleville, Rocroy & Philippeville , qui eft route en chifte ou ardoife avec du quartz , & la partie fupérieure des Vôges qui eft route en granit , tandis que la baffle eft toute en fable & cailloux ulés. Outre ces fortes de pays que nous appelons réguliers ou naturels, on en diftingue encore quelques autres, où tout eft bouleverfé , foit par l'effec des tremblemens de terre, foit par l'effet des volcans. Dans ceux-ci, on ne peut pas fouvent diftinguer une matière prédominante, Mais fi on fe donne la peine d'approfondir ces terreins, on retrouve quelquefois la matière première qui forme encore le fond d’un de ces pays. Les pays naturels fe reconnoiffent ou par la répularité de leurs couches, ou par l’inclinaifon de leurs bancs. La configuration d'un lieu ou de tout un pays, eft fouvent illufoire pour reconnoître cette régularité; car une montagne ou une colline, étant l'ouvrage de l’eau, ne peut donner aucun indice certain de fon état & de fa nature. [ly a, par exemple, des montagnes volcanifées , c’eft-à-dire, formées par les matières vomies par les volcans, & d’autres formées par l’affemblage fortuit de plufieurs fortes de matières au moyen de l’eau , & qui font par conféquent dans une confufion extrême , qui font aufli bien configurées que celles dont l'intérieur ou la maffe, eft le plus régulier. Tous les pays formés de fable, d'argile, de craie & de pierre calcaire, dans laquelle on apperçoit des corps marins, ou coquilles, ne doivent point être regardés comme des pays à mines. Ces pays font nommés fecondaires, parce que les matières qui les forment , ou y ont été amenées d’ailleurs , ou font formées du débris des êtres organifés qui y ont exifté, dans lefquels , & à l'occafion defquels il s'eft formé d’autres matières , mais qui ne font jamais des minérais d'importance & dignes d’être recherchés , excepté ceux de fer. Tous les pays au contraire qui font formés de granit, de chifte & même de pierre calcaire ou marbre, pourvu qu’on n'y découvre pas de corps marins, peuvent être regardés comme des pays à mines. Ces pays font nommés primitifs, parce qu'outre qu'ils font les plus anciens, & qu'ils font toujours les plus élevés , ils ont fourni, par les débris que les eaux en ont entraînés , les matières qui ont formé les autres. C'eft dans les pays formés de granit ou en rechers folides , que fe trouvent les véritables mines, les mines primitives , c'eft-à-dire , les filons , les veines, & les amas qui renferment les minérais métalliques. C’eft dans ces pays qu'on peut entreprendre avec fondement la recherche des mines, Mais quoique ces pays foient bien véritablement la patrie des mines, & des minéraux précieux en général; il n'eft que trop vrai que la nature y eft fouvent avare, & l’on auroit encore tort d'y chercher des mines indif- sinétement, Une fois parvenus dans ces pays, nous avons encore befoin d’autres attentions , d’autres fignes , pour être aflurés qu'on y trouvera des nn RE SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 247 mines : & c'eft-là ce qui doit faire le fujet principal de notre examen, Il nous fufft maintenant de bien établir les diftinétions qu'il y a à faire entre les deux genres de pays qui divifent notre planète, dans l’un defquels il fe trouve des mines, & dans l’aurre pas. Les pays à granit , à chifte ou à chifte graniteux (1), ou pays primitifs, ne font pas toujours en montagnes, comme on en a des exemples par la Bretagne, la Haute-Saxe ou le pays de Freyberg , pays qui n’ont pas été encore affez taillés par les eaux pour être en montagnes ; & cela fait voir encore que ce n'elt pas toujours à la forme des terreins, qu’il fauc s'attacher pour reconnoïtre les pays à mines, Il eft bien vrai, & cela eft effentiel à favoir, qu'un pays fecondaire , c'eft-à-dire , où il n’y a point de mines, ne reflemble point en tout extérieurement à un pays à mines. Le premier eft toujours plus plat, plus uniforme , parce que la nature de fon terrein donne le moyen aux eaux d'en remplir les cavités , de l'égalifer en quelque forte, en en délayant & dépofant facilement les terres ou pierres , toujours plus tendres & plus fufceptibles de fe décom- pofer, que celles qui forment les pays à mines. C’eft en partie à caufe de cela que les vallées des pays primitifs font toujours plus profondes que celles des pays fecondaires, & que les inégalités de ces pays réfiltent plus long-tems à l’action de l'eau fans fe détruire, On reconnoît d’ailleurs qu’on approche d’un pays à mines ou primitif, lorfqu’on monte peu-à-peu, & lorfqu'on voit que le terrein fe coupe par de profondes vallées. On trouve bientôt alors des bancs de roches fort inclinés auxquels fuccèdenc bientôt des bancs plus inclinés encore, divifés en feuillers. C’eft ici où commencent véritablement les pays à mines en flons ou mines primitives. Les bancs ou couches qui précèdent ceux-ci, peuvent être de nature calcaire , comme on en voit des exemples en Suifle, & on ne doit pas fe croire dans un pays à mines qu’on ne les ait dépañlés, Mais fouvent, il y a un pays intermédiaire entre l’un & l’autre de ces pays. Ce dernier eft formé ou d’un chifte friable, ou d’un amas de fable, ou d’un mêlange de tout cela, provenant des haures montagnes. Quand on obferve que ce pays eft divifé en couches , on peur conjecturer avec aflez de fondement u'il renferme des mines, & ces mines font nommées comme le pays où elles fe trouvent, mines de feconde formation. Mais lorfque ce pays n’eft formé que d'un amas informe de cailloux, ou de débris de roches (x) On appelle chifte graniteux , une efpèce de pierre , qui tient de la nature dur granit & du chifle ; c’eft à proprement parler la véritable pierre à mines. Elle tient toujours beaucoup de fer dans fa fubftance , & fouvent autant de la matière du chifle que da quartz. Le gneis des Allemans ne doit pas être confondu avec cette pierre , quoiqu’elle foit auffi une pierre à mines, Celle-ci eft formée entièrement de micæ ou de talc impurs ou très-ferrugineux. 243 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, primitives, comme on le voit au bas des Vôges & des Alpes du côté dü Dauphiné, on ne doit pas le regarder comme pays à mines. On eft fondé à croire que cette forte de pays à mines fecondaires, participe aufñi de l'autre grande partie de notre terre qîe nous avons re- gardée comme de feconde formation, en ce qu'on y trouve, outre des impreflions de plante, des impreflions de poiffons. Mais il eft rare qu’on y aic trouvé des corps marins. Il y a de ces pays à mines fecondaires qui font fort éloignés des pays primitifs, ce qui fait croire-qu'ils ne leut doivent pas leur origine, mais à d’autres qui n’exiftent plus, &- dont il ne refte peut-être que les racines extrêmement enfoncées en terre, cels font les pays de Mansfeld & de Franckenberg en Heffe. Ce font ceux là juftement qui annoncent le plus de richefle en minerais & qui en four- niflent le plus long-temps en effet, En général on eft bien fondé à ne pas regarder comme de véritables pays à mines fecondaires, les efpaces trop étroits, où ne formant que des bandes étroites au bas des hautes montagnes, & lorfqu’on trouve que ces terreins font très-près de ceux qui font formés de pierres cal= caires à coquilles. Au furplus , nous verrons dans la fuite , les marques auxquelles on pourra y reconnoïtre des mines, comme dans toutes les autres parties de terreins, réputés à mines, , A l'égard des mines primitives, on peut regarder en général, toutes les hautes montagnes formant des chaînes , celles fur-rout qui divifent le globe en points alignés, comme des pays à mines, ou du moins comme la patrie des mines, quoiqu’elles ne s'y trouvent pas toujours, Ces montagnes font toutes formées, du moins leur intérieur, de gra- nit, de chyfte graniteux, & font telles que dans leur formation ou crif- tallifation, elles ont pu permettreà ces fentes, que nous nommons fi- lons, de fe former. Ce ne font pas au furplus, les plus élevées d’entre ces montagnes, celles qui font ilolées & taillées en pain de fucre, qui prometent le plus de mines. Aflez communément mème, on trouve qu'à cet égard elles font ftériles. Ce font au contraire les plus bañles, qui font ordinairement les plus riches en mines. On en a des exemples remarquables , dans la chaîne des Alpes , des Cordillières, des Vôges, dans les monts Carpatiens, au Hartz, fur-tout quand on les compare: au pays de la Saxe où fe trouve le plus de mines, qui à peine eft formé: en montagnes remarquables. Nous términerions ici ce qui concerne la première partie de cette diflertation , fi l'Académie n’exigeoit pas par la notice jointe à fon pro- gramme , qu'on fafle connoître les fentimens divers des Auteurs de miné- ralogie qui ont parlé des lieux à mines. Il faut donc nous y arrêter un moment; efpérant que ce que nous en dirons fufñra à l’Académie pour la convaincre que, comme nous l'avons dit ci-devant, aucun de ces Auteurs n'a eu des idées nettes fur ce que nous appellons pays à mi- DES ; re 1 RÉ Éd mod du à à à \ : SUR L’'HIST, NATURELLE ET LES ARTS. 249 nes, & que plufeurs ont donné lieu même de penfer qu’ils ne favoient . pas les diftinguer des autres pays, ou ce qui revient au même, qu'ils croyoient que les mines fe trouvoient par-tout indiftinétementc, & là où la roche leur étoit propre. Le premier Auteur digne d’être cité à cet égard eft Lhemann , qui dans fon traité des couches de la terre & dans fon eflai fur l’art d'ex- ploiter les mines, a prétendu défigner les pays à mines en général, mais ce qu'il en dit eft fouvent plus propre à égarer qu'à inftruire. En effet ayant pris pour exemple quelques montagnes à mines faites d’une cer- taine manière, il a cru que toutes celles qui éroienr faites de même, dans quelque pays qu’elles fuflent , devoient néceflairement renfermer auf des mines. D'ailleurs il n'indique pas autrement à quelle marque on peut reconnoître un lieu à mines & le diftinguer de celui qui ne l’eft as. Il dit feulement que routes les montagnes qui ne s'élèvent pas ra- pidement de la plaine & qui forment chaîne entr'elles, font des pays a mines. Mais dès qu'on ne fpécifie pas la nature de ces montagnes, on rifque toujours de fe tromper. Ne voyons-nous pas des chaînes de monta- gnes calcaires comme en Suifle , fe préfenter de même ? 1l feroir pour- tant abfurde d'y chercher des mines, ainfi que nous l'avons dit, car ces mon- tagnes font partie du monde fecondaire, dans lequel aucun filon ou couche à mines n’a pu fe former. Il fuppofe aufñi mal-à-propos que les mines ne fe trouvent que dans les lieux en montagnes, où dans de grandes élevations de terrein, & cependant, on exploite depuis un grand nombre d'années des mines dans des terreins fort bas &-prefque plats; & nous en avons donné un exemple dans la Bretagne , & un autre encore plus remarquable à caufe des immenfes richefles qu'on en a retirées, le pays de Frevberg en Saxe. Il eft vrai qu’en général les Allemands nomment mon- tagnes, tous les terreins où il y a des mines; mais c’eft un abus de Ja langue, qui ne doit pas influer ailleurs dans la manière de penfer. Mais un reproche plus grave encore qu'on peut faire à cet Auteur , eft qu'il ne faic pas connoître les efpèces de roches qui accompagnent les mines, En général l'on voir que Lhemann a pris fes exemples dans le Hartz où les mines ne fe trouvent que dans des montagnes plus où moins élevées. La feule bonne chofe que notre Auteur dit à ce fujer, & relati- ,Vement aux marques par lefquelles on peut reconnoîrre les pays à mines, ou ceux qui ne le font pas, & qui même ne fouffre aucune exception , c'eft qu'une montagne ifolée, ou placée fur une plaine fans fuite ou taillée en pain de fucre, ne doit pas être regardée comme une montagne à mines. En effet toutes les montagnes de cette efpèce ayant été formées ac- cidentellement, foit par l’effec des volcans ou autrement, ne font qu’un amas confus de terre ou de pierres entaflées fans ordre. Mais on doit re- garder comme une très-grande erreur chez cet Auteur, lorfqu'il dit qu'il faut confidérer les montagnes à mines par rapport à leur afpeët , & par Tome XXVIIL, Part, I,1786. AVRIL. li 250, OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, rapport à leur fituation , relativement au foleil, prétendant que la cha- leur de cet aftre contribue en quelque chofe à la formation des miné- rais. L'intérieur de la terre étant par-tout égal quant aux degrés de température, felon les nouvelles obfervations, & le thermomètre de Réaumur y marquant dix degrés par-tout également, lorfqu’une trop grande fucceflion d’air extérieur n'y a pas accès; & étant démontré d’ail- leurs que la chaleur du foleil ne pénètre pas, même dans les pays les plus chauds, au-delà d'un demi-pied dans les rochers folides, & d’un pied dans les terres mobiles, on ne peut regarder cette opinion que comme un préjugé né de ce que dans le Perou, au Mexique & dans la côte de la Guinée, on trouvoit de Por, & en général des minérais fort riches & abondamment , tandis que les pays du Nord n’en fournifloient pas encore, À cette occalon nous devons dire que le climat eft indiffé- rent aux mines ; que c'eft bien plus à la nature du terrein ou de la roche quil faut s’en rapporter, & que lorfqu'on a fuivi cetre règle, on eft bien plus facilement parvenu à découvrir des mines , qu'en fe dirigeant autrement. Un pays ombragé où non ombragé ne fignifie rien non plus pour faire connoître un pays ou lieu à mines, ou non à mines, quoique le prétende encore Lhemann. L’extérieur des montagnes à Sainte - Marie eft très-fertile , & cependant ces montagnes ne font pas moins des mon- tagnes à mines, Quelques-unes de la Tranfilvanie & des monts Carpa- tiens, & mème quelques-unes du Hartz, n’en renferment pas moins des mines riches, quoique ftériles à leur extérieur. On trouve beaucoup plus de lumières ou de vérité dans ce qu'expofe le célèbre Delius dans fon favant traité de l'exploitation des mines. On y apprend, quoique confufément , à reconnoitre les terreins qui peuvent renfermer des mines; mais on n'y apprend pas toujours à en diftinguer ceux qui font de nature à n’en pas renfermer. Il parle comme tous ceux qui ont fondé keur théorie d'après les faits & la nature des lieux qu'ils connoiflent, & qui n'ont pas porté leurs vues plus loin. Les lu- mières les plus vraies qu’on trouve dans cet Auteur à l'égard des pays à mines, & que l'on peut regarder comme tels toutes les montagnes dont les bancs ne font point horifontaux, mais inclinés à l'horifon, ou mieux encore lorfque la roche ne fe diftingue plus en bancs, mais for- me des mafles à grains fins, & eft divifée fréquemment par des fentes qui la traverfent en tout fens. Ordinairement ces maffes, plus ou moins grandes , laiflent entr’elles des fentes capitales où fe trouvent les miné- rais. Voilà pour les filons ou mines primitives ; mais il y a d'autres ef- pèces de mines, comme celles que nous nommons fecondaires , qui n’e- xigent pas un pays formé de cette manière pour être ce qu'elles fonr. C'eft ce que nous verrons avec plus de détail dans la feconde partie. Les delcriptions de mines qu'on trouve dans les voyageurs, où NAT ERNST SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 251 dans ceux qui en ont raflemblé les détails, tels que Bruckemnarn , Galler & autres, ne donnent pas à l'égard des diftinétions à faire entre les pays à mines & ceux qui ne le font pas , des notions plus claires &c plus diftinétes; au contraire, la minéralogie géographique étantun {cierrce ignorée de ces Auteurs, rien de ce qu'ils rapportent ne peut fervir de guide dans d’autres pays que ceux dont ils parlent. Encore trouve-t-on qu'ils parlent fort rarement de la nature & dela forme extérieure des ter- reins à mines. Cependant parmi ces voyageurs , il faut bien diftinguer MM. Duhamel & Jars. Leurs voyages peuvent donner des notions plus juftes, parce que les mines ÿ font décrites & appréciées par des perfonnes de l'art. On y apprend fur-tout , que la forme extérieure des mines, ainfi que leur intérieur, varie par-tout, & que par-touton voit des objets qu’on ne voit point ailleurs. M. d'Oppel dans fa géométrie fouterraine, a auffi fait connoître en général l’état de la roche où fe trouvent les filons, mais il ne dit rien non plus des terreins où il ne fe trouve pas de mines, & laiffe par conféquent dans l’incertitude à l'égard des marques extérieures par lef- quelles on peut reconnoître ceux qui renferment des mines & ceux ui n'en renferment pas. Il feroit fürement poflible de s'étendre beaucoup plus dans cette pre- miere partie ; il n'y auroit pour cela qu'à expofer les divers paflages des Auteurs en général qui ont parlé des mines. Mais ce feroit fürement remplir des pages inutilement , cat outre le peu d'avantage que nous en tirerions, nous n'y apprendrions pas même qu'il en eft des mines, comme de tous les autres objets de la minéralogie, que la manière dont elles fe préfentent en un lieu ne fe voit pas en un autre. Ainfi après avoir vu comment dans un certain pays à mines, le terrein ou la mon- tagne qui Les renferme eft fait, on n'auroit pas pour cela des notions d’après lefquelles on pourroit fe guider fürement ailleurs, & c'eft en cela qu’on ne peut donner aucune règle certaine en tous les points , & qu'en voulant trop l’établir, on rifque de s'égarer ; car ce qui comme nous l'avons déjà dit, pourroit être une marque certaine de l'exiftence d'une mine en un lieu , pourroit ne pas l’être en un autre, comme les voya- ges métallurgiques de MM. Jars & Duhamel peuvent en donner la preuve. Par exemple , felon M. Delius les mines font annoncées en Tran- filvanie par la roche calcaire qui couronne les montagnes à mines, & lon fait bien que c’eft le feul pays à mines connu où de pareilles roches fervent de toît aux filons, Par exemple encore , on fait qu'aflez fouvent à Sainte-Marie les filons font annoncés par une forte de minérai de fer couleur d'acier, & jufqu'ici on n'a point trouvé un pareil minérai aïl- leurs placé de cetre manière. Il n’y a qu’une généralité de régles, qui _eft vraie & bonne à obferver pour tous les pays, & c'eft ce qui nous occupe ici. Il eft certain par des exemples que des pays à craie , à pierre Tome XXV III, Part. I, 1786, AVRIL. Ti2 2ÿ2 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, calcaire coquillère, à couche d'argile, à fable, ne préfenteront jamais de mines, ce feroit une folie d'y en chercher, & malheureufement cette folie a occupé trop long-temps des particuliers, qui s’y font rui- nés fur des apparences frivoles & trompeufes. Des morceaux de pyrites ou du mica jaune, ont été quelquefois les feules marques pour des igno- rans en ce genre, de l'exiftence de mines dans des terreins de la na- ture de ceux dont nous avons parlé. Je ne parle pas ici de cette extra- vagance, qui, plaçant une vertu occulte dans un homme & dans l'inf trument qu'il emploie, folie née dans l'Allemagne, oubliée depuis long-temps, & renouvellée depuis peu en France, prétend indiquer les mines fans aucun figne vifible dans la terre. Mais il eft certain qu'un pays, foiten montagnes, foit en pays plat; formé de granit , de chyfte graniteux, talqueux ou micacé, eft un pays propre aux mines , que fi on n'y en trouve pas toujours, on eft du moins fondé à y en chercher. Il s'agit donc maintenant de reconnoître les mar- ques particulières , auxquelles nous pourrons découvrir des mines dans les pays de ce dernier genre. La fuite au mois prochair. SUITE DE LA PREMIÈRE LETTRE DE M. LABBÉ SPALLANZANI, A M. CHARLES BONNET, SUR DIVERSES PRODUCTIONS MARINES, XI. Mouvement progreffif des ourfins de mer. ! Fe paroïtra peut-être étonnant à quelqu2s perfonnes que je m'occupe de ce fujet qui a déjà été traité par deux illuftres Naturaliftes, Reaumur & Janus Plancus ; mais comme ces célèbres Phyficiens ne s'accordent pasdans leurs idées, il,convenoit peut-être d'examiner de nouveau la queftion pour la décider, On fait que les ourfins de mer font cruftacés, d’une forme globulaire, armés d'épines ; on fait encore que lorfqu’ils font dans l’eau, ils peuvent faire fortir de leur corps & y retirer une prodigieufe quantité SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 23 de cornes longues & charnues. Reaumur croit que ces épines fervent de jambes aux aurfins, & que les cornes , loin de fervir à leur mouvement, ne contribuent qu'à leur repos, en les retenant à leur place comme des ancres. Janus Plancus prétend au contraire que ces ourlins ne fe fervent point de leurs épines pour marcher, mais que leurs cornes font les inftru- mens de leur mouvement tranflatoire, Tous les deux rapportent des faits obfervés dans la Méditerranée (1). S'il m’eft permis de dire mon opinion, je remarquerai que le nombre des faits étoit trop petit pour décider la queftion, Ces Naturaliftes ont dit tous les deux une partie de la vérité; mais ils n’avoient pas vu ce qui devoit éclaircir ce fujer. Pour en venir à bout il falloic plus de loifir fur la mer , une plus grande quantité d’ourfins à éprouver , des expériences plus répétées & plus variées. J’ai donc tâché d'exécuter ce qu'ils n'ont pu faire; & je ferois vraiment digne de cenfure, fi je n’avois pas profité de l’occafion que j'ai eue d'être environné d’ourfins pour terminer cette difpute. Je me bornerai à indiquer les principaux réfultats que j'ai eus , en me réfervant d'en donner les preuves dans mon livre, J'ai étudié les ourfins hors de l'eau, parce qu’ils vivent quelque tems quand ils en font fortis. Je les ai étudiés aufi dans l’eau ; voici ce que j'ai vu hors de l’eau: fi on place les ourfins fraîchement tirés de l’eau fur un plan horifontal efluyé avec la bouche en haut, c'eft-à-dire, dans la fituation qu’ils ont ordinairement dans la mer , alors ou ils ne fe meuvent point du tout en avant, & ils fe tournent lentement deux ou trois fois fur eux-mêmes, ce qui arrive pourtant rarement, ou s'ils font quelques pas en avant, ils parcourent un pouce ou deux, & ils s'arrêtent enfuice totalement : fi on les renverfe de manière que la tête foit en bas , alors les ourfins ne bougent point; mais je vais vous raconter un phénomène vraiment étonnant: fi par une feétion perpendiculaire au diamètre qui fe termine à la bouche, on coupe l’ourfin en deux hémifphères, & qu'on place l'hémifphère qui a la bouche de manière que la bouche foit en haut, comme lorfque lanimal eft dans la mer, alors cet hémifphère com- mence à fe mouvoir, & il parcourt plufeurs pieds, Ne croyez pas que ceci foit un effet du hafard , j'ai fait expérience fur foixante de ces hémifphères , & elle a toujours réufli : chacun a toujours fait un grand voyage ; maisil y a plus, l'autre hémifphère où fe trouve l’anus n’a jamais fait un feul pas. Quelle peut donc être la caufe de ces bifarreries appa- rentes ? J'en dirai une fois ma penfée, mais je ferai obferver que ces voyages fi petits faits par les ourfins entiers & ces grands voyages exécutés par les ourfins partagés s’exécutent tous par le moyen des épines , & les (1) Mèm. de l'Acad. 1712. Ceux de l’Acad. de Bologne, tom. V, part. I. Tous les deux ont fait leurs obfervations fur les mêmes ourfins que j’ai obfervés auffi. 254 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, . cornes n’y jouent aucun rôle : les cornes ne paroiffent point alors rentrer dans le cruftacé. J'ai étudié comment les épines opèrent ce mouvement. Il me refte à raconter les réfultats fournis par les ourfins expofés dans J'eau, pour voir nettement ce qui leur arrive : il faut les placer fur le fond plat d'une cuvette de fayence blanche. Auli-tôt que le fond eft cou- vert d'une légère couche d'eau, l'ourfin fort fes cornes: il les meut & les agite en divers fens; mais ces mouvemens ne lui font faire aucun pas, Pendant qu'il agite fes cornes , il agite aufli fe; épines, & par le moyen de ces dernières, il faic tourner fon corps fur lui-même , mais elles ne le font prefque jamais cheminer en avant , ou du moins l’efpace parcouru eftalors crès-petir. Si la couche d’eau eft plus grande , alors les épines ne fe meuvent plus; mais il agite feulement fes cornes, & cette agitation occafionne le tranfport de l'animal. Si la couche d’eau eft rendue encore plus grande de manière qu'elle ait environ un demi-pouce, l’action des cornes augmente par la réunion de l'action de celles qui n'agiffant pas auparavant & qui peuvent alors agir , & l'ourfin chemine fur le fond de la cuvette avec une plus grande viceife, mais il chemine toujours fans Le fecours des épines : c'eft une chofe vraiment étonnante de voir plufieurs centaines de cornes agitées par une foule de mouvemens différens , em- ployées à tranfporter cette petite machine animale. J'ai obfervé avec atrention ces mouvemens, & j'en rapporterai les circonftances. Le mouvement des ourfins produit par les cornes eft différent de celui qui eft opéré par les épines ou piquans. Le mouvement opéré par les piquans, quel qu'il foit, eft toujours par fauts ou à diverfes reprifes: celui qui eft produit par les cornes eft continu. Le premier ne dure que quelques momens, & le fecond pendant long-tems. Si la cuvette a des parois : élevées & verticales , & qu'elle foit remplie d’eau , l’ourfin avec facilité grimpe les parois & gagne la furface de l'eau, & quelquefois il fort de l’eau une partie de fon corps & s'arrête, d’autres fois après s'y être un peu arrêté, il defcend au fond du vafe, ou bien il fait diverfes marches autour des parois. Ces mouvemens différens & même contraires s'exécutent également bien quoique l’ourfin foit dépouillé de fes piquans: les cornes non-feulement fervent à tranfporter l’ourfin , mais encore à le fixer là où il lui plaît an moyen d’une glu qui fort de leurs extrémités , & qui peut le tenir fufpendu aux parois du vafe, & contrebalancer l'impreflion de fon poids. Si l’on divife un ourfin en deux hémifphères , comme j'ai dit, & qu’on les place au fond de l’eau avec leur contexture en en-haut , l'hémifphère qui a la bouche fe meut comme un ourfin entier; il fait conftamment ufage de fes cornes & jamais de fes piquans. L'hémif- phère où eft l'anus fort fes cornes, mais il refte immobile. Si l’on rerverfe un ourfin entier de manière qu’il foit placé d’une façon oppofée à fon état naturel , alors il ne chemine plus, mais il tâche à reprendre fa pofition naturelle comme une tortue renverfée , & pourvu que l'ourfin ait affez 3 SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 2$$ d’eau , il réuflit fort bien avec fes feules cornes. La même chofe arrive fi on le met fur le côté: la inécanique par laquelle l’ourfin opère ce redreffement eft quelque chofe de fort fingulier, & qui mérite bien d’être connu, Je pouvois me contenter des expériences faites dans les cuvertes pleines d'eau , mais j'ai voulu revoir ces phénomènes dans la mer: j’ai choil pour cela les lieux où les eaux étoient baffes & claires, & j'ai vu les mêmes chofes , les ourfins fe mouvoient fur le fond de la mer ou fur les écueils , les cornes étoient toujours la caufe motrice, & rarement les piquans y concouroient. 7 Il réfulte de-là que Janus Plancus avoit raifon quand il difoit que les cornes faifoient l'office des jambes dans les ourfins marins, mais il fe trompoit quand il excluoit l'ufage des piquans. Reaumur fe trompoit de même lorfqu'il établifloit que les piquans étoient les feules forces motrices des ourfins , & que les cornes n’étoient point agiflantes dans leur mouvement , mais fervant feulement à les fixer. J’examinerai dans mon Ouvrage les raifons fur lefquelles ces deux: Naturaliftes appuyenc leurs opinions. La manière des ourfins pour marcher dans la mer n’a pas été le feul objet de mes recherches. Leur grande abondance dans le lieu où j'érois, la facilité -que j'avois pour les obferver, le petit nombre d’obfervations qu’on a faites fur ces animaux irritoient ma curiofité. J'ai donc cherché à découvrir les lieux que ces cruftacés préferenr, les alimens qu'ils prennenr, leurs procédés pour braver les tempêtes, j'ai examiné s'il étoit vrai qu'ils préfagent le mauvais tems ; j'ai cherché s’ils éroient hermaphrodites, ou fi chaque individu a un fexe ; j'ai voulu pénétrer l’organifation de leurs parties extérieures , comme celles de leurs cornes & de leurs piquans, j'ai étudié l’organifation de leurs parties internes & de leur étui calcaire, & comme je fuis parvenu à difloudre leur enveloppe calcaire fans nuire à la partie animale, j'ai pu faire des obfervations neuves & intéreffantes. XII. x . $ Mouvement progreffif dans d’autres animaux marins. Comme je veux être court en parlant de ce mouvement, je me bornerai à parler ici de l'animal que Rhedi Vallifneri , Janus Plancus & d’autres ont appellé Mentula humana, parce que tous ces Auteurs s’accordent à dire que cet animal rantpe fur la fange ou le fable de la mer; mais on ignore complettement les moyens qu’il emploie pour exécuter ces mou- vemens. Cet animal a une forme cylindrique; fa largeur eft d’un pouce & demi , fa longueur de dix-huit au moins pour les plus grands: fa couleur eft cendrée , plus blanche fous le ventre & plus brune fur les côtés & le dos, Il a deux troys ouverts, l’un à l'extrémité poftérieure du corps, c'e 236 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, l'anus , l’autre à la partie antérieure, c’eft la bouche. Cette bouche eft fituée dans le centre d’un bifeau circulaire duquel s'échappent en cercle vingt petits cylindres mufculaires : chacun d'eux a fa cime ornée de quatre efpèces de feuilles dentées , de manière que chaque petit cylindre reflemble à une belle Aeur, Cet animal eft couvert d’une étonnante quan- tité de papilles : celles du ventre forrentimmédiatement du corps, & celles du dos forcenr du fommet de petites tumeurs en entonnoir. Ces cylindres & ces papilles que l'animal fort quand il eft dans l’eau, lui fervent pour s'attacher où il lui plaît,au moyen d'une glu qu'il en fait échapper. Bohadfch l’avoit déjà obfervé dans fon Idra , qui eft un animal différenc de celui que je décris, mais du même genre. Bohadfch auroit découvert un autre ufage de ces papilles s'il avoit fait Les expériences néceflaires pour cela , il auroit vu cette idra fe fervir de fes papilles pour marcher. La mentula que j'ai décrite fe ferc toujours de - fes papilles, & fur-tour de celles du ventre, pour aller en avant. Ce mou- vement eft encore aidé par la faculté qu'elle a de ‘’allonger & de fe raccourcir, comme je Le prouverai , les papilles font ici ce que font les cornes dans les ourfins. Rhedi parle d’une autre efpèce de mentula marine qu’il appelle Pireo marino (1). Celle-ci eft toujours attachée à quelque corps fous l'eau fans le quitter : ceci nous mène à un autre genre d'animaux appellés Tethyum par Bohadfch & A/cidia par Linneus. J'ai indiqué cet animal, parce que je crois en avoir découvert une autre efpèce , & pour en donner une idée, je me contenterai de dire qu'il appartient à un de ces êtres organifés dans lefquels la vie & le fentiment femblent finir. J'ai eu fur la mer de Gènes la commodité qu'eut Reaumur d’examiner le mouvement progreilif des orties de mer , fur les côtes du Poirou & de l’Aunis, On entend par ortie de mer un genre d’animal d’une figure arrondie , garni de cornes flexibles, dont plufieurs efpèces s’attachent à des corps fous l’eau , & que Linneus appelle Médufe. Si je n'ai pas trouvé les efpèces obfervées par les Naturaliftes françois, j'en ai obfervé deux autres, dont une eft inconnue. Imaginez un cylindre mol & charnu , long de dix-huir lignes , large de douze, attaché par fon plan inférieur à une pierre, & percé dans le centre du plan fupérieur. Sous ce plan on voit s'élever en cercle de la furface convexe une fuire de quatre-vingt-dix ou quatre-vingr-quinze filamens, vous avez une idée groffière de la forme du corps, de la bouche, des cornes d’une efpèce d’ortie qui n'a pas été décrite: elle refte toujours attachée aux pierres qui font fous l’eau, & à l'œil elle paroït immobile; cependant elle peur fe mouvoir progreflivement quand elle veut : pour connoître les caufes de ce mouvement il fuffit de l’appli- (1) Degli anom. vid, Negli anom, vid, quer PP NE Nr SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS, 2f7 quer par le plan oppofé à celui de la bouche fur Les côtés d'un vafe de verre plein d’eau ; comme certe ortie n'aime pas refter là où on la place, on la voit changer de lieu. Suppofons que l'ortie veuille defcendre fur les parois du verre, la portion de la bafe qui eft la plus élevée décrit un petit efpace en fe détachant de fa place, & en fe mettant un peu lus bas; cependant l'animal n’a pas encore changé de lieu. La partie détachée forme un cordon, qui comme une onde paifible s'avance toujours de haut en bas, & de cette manière l'animal defcend : quand ce cordon eft arrivé à la partie baffle de fa bafe , alors un petit pas eft exécuté en avant, & c'eft le premier que l'animal fait , pour defcendre, Il répète les mêmes procédés pour faire d'autres pas ; cependant ce n’eft pas leur feule manière de cheminer , ils fe fervent quelquefois de leurs cornes comme d'un pied , ou ce qui eft plus fingulier , ils Les emploient à détacher leur bafe du lieu où ils font amarrés , & en allongeant leur corps ils le pouflent & lattachenc de nouveau , enfuite en l’accourciffant & le rapprochant de la bafe , ils lui font faire un pas en arrière, & de cette manière ils ontun pas retrograde. L'autre efpèce d’orties de mer que jai obfervée , me paroïît être celle dont parle Janus Plancus, & qu'il compare à un œiller (1). Cet animal bien développé reflemble à une Aeur, mais comme il eft rouge , il reflemble plutôt à une grenade. Cette ortié eft toujours attachée à quelque corps fixe : elle eft un vrai Protée par fes changemens de forme que j'ai étudiés avec foin. Je plaçai plufeurs individus de ces orties fur les parois internes d’un vafe de verre plein d’eau, & je m'apperçus bientôt qu'elles aimoient à refter fixées au même lieu. Elle fe meut bien progreflivement quand elle veut, mais il faut la loupe pour diftinguer ce mouvement & découvrir comment il s'exécute. Si l'ortie , par exemple, veut defcendre, elle pouffe très-lentement en avant cette partie de la bafe de fon corps qui eft la plus baffle & à laquelle tient tout le refte, & par conféquent Le corps: alors l'ortie defcend par un mouvement dont la lenteur eft exceflive; car dans une heure elle ne parcourt pas un demi- pouce de chemin. J'ai étudié fur-tout l'économie animale de ces animaux qui étoit inconnue, je vous en entretiendrai une autre fois ; mais je veux vous parler encore d’une chofe qui regarde les orties comme tous les animaux dont j'ai parlé : les petits bras & les petites cornes qui fortent de leur corps fervent-ils à faire entrer dans leur bouche par un mouvement de tour- billons les corpufcules qui nagent dans l’eau, comme on l'obferve dans divers animaux aquatiques ? Mais d'abord je n’ai point obfervé ces tour- billons, & je crois que ces animaux ne les forment jamais. Il y a plus, fi lon excepte les ourfins, les mentulæ , la première efpèce d'ortie, chez qui les cornes & les papilles fe meuvent en divers fens fans former aucun (1) De Conch. Men. Nof. Tome XXVIIT, Part. I, 1786, AVRIL, KKk 258 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, tourbillon , ces mêmes cornes & ces papilles reftent parfaitement tran- quilles dans les autres animaux de ce genre, quand elles font bien déployées ; il en réfulre donc que leurs fonctions ne font pas les mêmes. Quant aux papilles des mentulæ & aux cornes des ourlins, on a vu qu’elles étoient deftinées à mouvoir & amarrer l'animal. Pour les cornes des orties & des animaux du $, X, je crois qu’elles font des cubes faits pour recevoir l’eau de mer & la tranfmertre dans le corps de l'animal, comme Reaumur Pa cru pour les orties, & comme je crois pouvoir le prouver. Quant aux filamens en forme de plumes de ma tubulaire 8c aux petits bras des polypes de mes zoophytes, je ferai connoître mes conjeétures fur leur ufage. Reaumur païle de quelques orties errantes qui changent de place en nageant : elles reffemblent à un champignon en parafol renverfé: elles ont quelquefois deux pieds de diamètre; leur confiftance eft tout-à-fait gelatineufe , & elles fe réfolvent en eau quand on lestient dans les mains. Le parafol eft convexe dehors & concave dedans ; il a un mouvement alternatif de contraction & de dilatation par le moyen duquel l'animal nage & fe promène dans la mer. J'ai vérifié cette belle obfervation de Reaumur ; & je me fuis arrêté à contempler cette efpèce de fyftole & de diaftole; j'ai obfervé que ce mouvement duroit trois quarts d'heure après que l’ortie étoit tirée de la mer; j'ai vu encore que ce mouvement eft le feul figne de vie que cet animal donne; car en l’irritant, en le bleffant, en le coupant en morceaux il n’annonce pas le moindre fentiment. Outre cela mes orties errantes laiflées à fec fe réfolvent prefqu’entièrement en eau ,& cependant elies font bien éloignées d'avoir la confiftance d’une gelée comme celles de Reaumur : elles ont une folidité qui tient le milieu entre la membrane & le cartilage ; lorfqu'elles fe décompofent , elles fe changent en un fort beau phofphore. Reaumur a encore examiné fi les différentes efpèces d’orties produi- foient fur la peau lorfqu’on les touchoir, la même démangeaifon que la plante qu’on appelle ainfi. Les anciens:le croyoienc, & les anciens.les avoient à caufe de cela appelées de cetre manière: il ne s'oppofe pas à ce fenriment , quoiqu'il aflure que les orties fur lefquelles il a faic des expé- riences n’ont pas produit fur lui cet effet; j'ai voulu répéter cesexpériences, & j'ai trouvé que les anciens Phyliciens ne s’étoient pas trompés. Il eft vrai qu'il y a une ortie de mer, celle que j'ai comparée à une fleur de grenade, qu'on peut toucher impunément; ce fera fans doute celle que Reaumur aura touchée ; mais l’ortie cylindrique qui a environ quatre- vingr-dix cornes , produit fur Les parties délicates du corps, comme le col ou le vifage, les mêmes effets que l'ortie végétale: je l'ai éprouvé plufieurs fois , & j'en ferai connoître les fuites & leurs caufes. Il eft bien croyable que cette ortie marine n'eft pas la feule qui ait cette propriété, SUR L'HIST, NATURELLE ET LES ARTS. 259 XIII. Petit Crabe, appelé Bernard lhermite. On a répété depuis Ariftote qu'une efpèce de petit crabe marin qui n'a pas la peau de l'abdomen dure & encroûtée comme les autres, mais qui a une peau fort délicate, fe cache dans la première coquille qu'il trouve vide, il y vit folitairement , ce qui lui a fait donner le nom de Bernard l'hermite. Cette opinion antique, qui a encore fes défenfeurs, a été fortement attaquée par Swammerdam. Il prétend que la coquille ou le nid dans lequel le petit crabe fe loge , n'eft point une conquête , mais qu’elle lui appartient comme aux autres teftacées , & qu'elle lui eft attachée par le même lien qui unit les coquilles aux animaux qui les habirent ; l’obfer- vateur hollandois en détermine la place, & il s'étonne que les autres obfervateurs ne l’aient pas vu comme lui. Cette obfervation rend donc ce fait qu'on avoit généralement cru , au moins incertain , & l'incertitude augmente quand il dit que les coquilles de ces différens crabes font toujours les mêmes, J Les lieux du golfe près de la terre & où il y a peu d’eau fourmillent de ces animaux appellés Bernards les hermites ; en cherchant à voir ce que Swammerdam raconte, j'ai étendu mes recherches à ce que cet animal offre de plus curieux dans fes allures & la manière de vivre, foit dans l'eau , foit fur la terre, quand on les a tirés de leur coquille & qu'on les a mis dans l’eau , ou qu’on les a retenus fur terre; en un mot, j'ai fait fon hiftoire naturelle, qui étoit abfolument inconnue: je ne la raconterai pas à préfent ; mais je me bornerai à faire connoître quelques faits propres à montrer que Swammerdam a été trompé par une apparence, 1°. Tous les Bernards hermites que j'ai obfervés n’avoient pas pour maifon la même coquille, quoiqu'ils fuffent de la même efpèce , mais ils en avoient de très-différentes. 2°. Les coquilles de cette même efpèce ou d’efpèces différentes , qui loveoient dans un lieu de la mer ces Bernards hermites , logeoient dans d’autres endroits l'animal qui leur appartenoit, Il réfulre de ces deux faits que les crabes s’étoient rendus maîtres de ces coquilles dont les vrais propriétaires étoient morts, & ce qui le prouve encore mieux, c'eft que ces coquilles étoient rares dans le lieu où étoienc leurs ufurpateurs , que la plupart étoient dépouillées de leur écorce unie, & qu’elles manquoient d’un tiers ou de la moitié de leur partie fupérieure. Enfin, tous ces crabes n’habitoient pas des coquilles, mais on en trouvoit dans des trous de pierre ou des tubes de joncs placés fous l’eau où tombés dans la mer, ou encaftrés dans la fange; on en voyoit même dans des pierres percées par des vers litofages. Maïs comment accorder ces obfervations avec celles de Swammerdam qui parle de la forte adhérence de ces crabes avec leur coquille ? Tome XXWIIT, Part. I, 1786. AVRIL, Kk 2 260 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE; J'obferve, 1°. que les obfervations de ce Naturalifte ont été faites fur ces animaux morts & confervés dans l'efprit-de-vin ; 2°. il a trogvé que quelques-uns de ces crabes , & non pas tous, étoient attachés à la coquille vers le milieu du corps (1). J'ai voulu fatisfaire ma curiofité en plongeant quelques-uns de ces cruffacés dans l’efprit-de-vin, & après plulieurs jours d’immerfion je les ai trouvés comme Swammerdam , plus ou moins adhérens à leur coquille; mais en examinant bien la caufe de cette adhérence, je vis clairement qu’elle ne dépendoit pas d’une appendice tendineufe ou mufculaire, mais d'un fuc vifqueux qui couvroir l'abdomen : d’ailleurs, fi cette adhérence provenoit d’une attache mufculaire ou tendi- neufe , on l’obferveroit mieux dans Panimal vivant que dans l'animal mort. Cependant j'ai fouvent brifé la coquille en l’emportant pièce à pièce avec des pinces jufqu'à ce que je parvinfle au crabe qui y étoit caché & à cette protubérance charnue de l'abdomen ; mais je ne l'ai jamais une feule fois trouvé attaché à la coquille : feulement comme cette partie eft plus faillante, elle fe trouvoit dans un contact plus immédiat avec la coquille , & c'eft peut-être pour cela que lorfque l'animal eft mort, il eft plus adhérent à la partie intérieure de la coquille. Lorfque je rompois la partie fupérieure des coquilles habitées par les crabes, ils étoient fi libres dans leur maifon, qu'ils defcendoient peu-à-peu jufqu'à ce qu'ils fuffent tout-à-fait confinés dans la partie la plus bafle, Au contraire , fi je brifois la partie inférieure de la coquille fans offenfer fon locataire, il fortoit par la bouche de fon logement , & il fuyoit librement, ce qui prouve avec évidence la liberté dont il jouit. Enfin, fi j'offrois dans l'eau à ces crabes chaflés de leur domicile une autre coquille vide, ils s'en emparoient & ils y vivoient comme ils auroient fait sp la vieille, XIV. Miles liofages communément appelés Dattyles. 11 ne faut pas confondre cet animal marin avec un autre qui s'appelle Pholades. La coquille du premier eft formée de deux pièces, celle du fecond en a trois , quoique ces animaux aient la même organifation: Mon dattyle , ainfi appelé par fa reffemblance avec le fruit du palmier, eft fort abondant en Iftrie, près de Borgno: j'en ai trouvé autant dans le golfe de Spezia. Linneus l’a placé dans le genre des Mériles, & il l’a appelé litofage, parce qu’il eft toujours emprifonné dans une pierre. Il n’y a point de rochers ou de morceaux de rochers qui ne foient percés par ce teftacée & qui n’en foient remplis, Cet animal fingulier par fa manière de vivre & fi peu connu, a piqué ma curiofité. L'exemple des pholades qui (1) Bibh Nar. SUR LHIST. NATURELLE ET LES ARTS. 261 vivent dans les rochers, & que les judicieufes obfervations de Reaumur repréfentent pénétrant ces pierres lorfqu'elles font molles, m’indiquoit ce que je devois penfer de mes dattyles ; mais le contraire a été décidé par deux célèbres Naturaliftes , Vallifneri & Fortis, & fi leur décifon per- mettoit le doute, j'ai une multitude de faits qui prouvent d’une manière tranchante que mes dattyles percent les pierres les plus dures ; mais fi les datryles percent les pierres dans leur état de dureté, quel inftrument employent-ils pour cet ouvrage ? Se fervent-ils de petites dents offeufes , ou plutôt de la partie antérieure de leur coquille avec laquelle ils frottent la pierre , & par un frottement continué ils parviennent à la percer? Peut-on croire qu'ils diftillent une liqueur diffolvante comme l’eau-forte, qui diflolve la pierre ? Mais alors ils ne perceroient que des pierres calcaires. Les dattyles perceroient-ils les pierres pour les manger , comme les mites percent le bois? ou bien ces trous font-ils préparés feulement pour leur fervir d’afyle, & ces datryles fe nourriffent-ils-là des corps végéraux ou animaux que les ondes y introduifent ? Ces cellules pier- reufes font - elles à la furface de la pierre, & communiquent - elles avec la mer par quelque petit trou ? On préfume que ces dattyles font hermaphrodites ; parce qu'on n'en trouve qu'un feul dans chaque niche; mais eft-il démontré que ces niches n’ont aucune communication à Le fexualifme a-t-il lieu parmi ces animaux ? S'en forment-ils avec les années dans les pierres ? Les dattyles font-ils Libres dans leur retraite, ou bien font-ils liés par quelque lien? Ayant trouvé que chaque dartyle s'attache fortement à deux places de la cellule par deux appendices tendineufes, qu’arriveroit-il fi on les coupoit ? Que deviendroit le datryle ‘arraché à fa demeure & abandonné dans l’eau ? Perceroit-il une nouvelle pierre ? Quand les dattyles font nés fe mettent-ils d’abord à percer leur cellule pierreufe ? Les pholades vives & mortes font phofphoriques, en eft-il de même des dartyles ? Telles font les queftions que je me propofois quand j'étois fur mer pour avancer un peu l’hiftoire à peine commencée de ces dattyles, Je crois les avoir en partie réfolues. ave Torpilles. L'abondance de ces poiflons que j'ai trouvés dans [a Méditerranée n'a fourni l'occafion d'augmenter & de rectifier Le petit nombre d'obferva- tions & d'expériences que j'avois publiées pendant l’année paflée fur la fecouffe électrique & divers autres phénomènes propres à perfectionner l'hiftoire naturelle de ces étonnans animaux. Je me bornerai à rapporter les principaux réfultats de mes expériences. Walsh dans fa première Lettre à Franklin fur la torpille , obferve . ul 262 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, que ce poiflon , quand il veut donner le coup, accompagne ce coup avec un abaiffement fenfible des yeux. Certe circonftance me parut fort importante pour montrer que le choc de cet animal évoit l’effec de fa volonté. J'ai toujours obfervé les yeux de ce poiffon quand il donnoit le coup; mais le figne remarqué par le Phylicien anglois a toujours été fort incertain, Quelquefois dans le moment de la fecouife les yeux du poiflon s’enfonçoient dans leurs orbites ; mais d’autres fois ils en for- toient, & plus fréquemment encore ils reftoient immobiles. Ces. yeux ronds , quoique petits , failliffent beaucoup hors de la tête, & lo:fque je les obfervois , foit avec l'œil nud , foit armé d’un verre , en déterminant le poiflon à me donner une commotion dans l’eau & hors de l'eau, je ne remarquois-pas ombre de changement, ni quand je recevois la commotion, ni avant ni après. J'ai déjà remarqué que dans une torpille qui confervoit fa vigueur, la fecoufle étoic toujours jointe à une remarquable agitation du corps, & dans mes nouvelles obfervarions j'ai vu la même chofe, Cependant ce n’eft pas un figne univerfel & conftant: il arrive quelquefois qu’en maniant les torpilles elles s’agitent innocemment, & qu'elles donnent une com- motion fans montrer un mouvement fenfible, < J'avois fixé ces torpilles de manière qu'elles ne pouvoient ni fe mouvoir ni s’agiter en aucune manière: cependant elles me donnoient de fortes fecouffes à la main & au bras à diverfés reprifes. La fecoufle n'occafionne donc dans le corps aucun figne vifible qui puifle la faire remarquer ; elle eft donc dépendante de la volonté & du caprice de l'animal. Deux . torpilles pèchées dans le même tems , ayant la même vigueur & gran- deur, l’une ayant été maniée & même piquée ou bleflée, quoique ces moyens foient les plus eficaces pour déterminer une fecoufle, n’en donnera cependant aucune, tandis que l’autre aufhi-tôt qu’elle eft prife en donne plufieurs lorfqu'on la touche. Il arrivera même qu'une torpille fourde à toute efpèce de ftimulant & refufant de donner la commotion , la donnera quelque tems après lorfqu'on la touchera. Si la main eft féparée de la torpille par l’épaifleur feule de la peau ; elle n’éprouve aucune fecoufe : le. conraét eft abfolument néceffaire. Quelquefois il ne fuffit pas , il faut encore les ftimulans , les bleflures. Les torpilles qui ne donnent pas la commotion quand on les touche, la donnent quelquefois quand on les prefle avec la main & qu’on les frotte; par ce moyen les torpilles qui avoient ceflé de donner la com- motion, recommencent à la faire éprouver. Enfin , les piquures, & fur- tout les petites coupures faites çà & là fur les organes électriques, font les ftimulans les plus forts pour ranimer les_ fecoufles, même dans les poiflons qui ont perdu leur vigueur, parce qu'ils font reftés hors de l’eau, & fi l’on continue à les tourmenter avec la pointe des cifeaux ou d'un couteau , elles continueront à donner de fortes fecoufles, En agiflanc SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 263 ainfi fur les organes électriques de ces poiflons, j'ai compté vingt-trois fecoufles fucceflives , dont la dernière n'étoit pas moindre que les pre- mières. La compreffion opérée avec la main fur ces organes produit le même effet, & cet effet dure jufqu’à ce qu'elles foient fort écrafées. Les fecoufles d'abord pénibles deviennent peu-à-pea prefqu'infenfibles. Il me femble que c'eft une règle générale que l'inrenfité de la fecouffe eft en raifon de la grandeur de l'animal : elle eft auf en raifon de fa vigueur , pourvu qu'on n'employe pas les ftimulans dont j'ai parlé , parce qu'alors un individu très-foible peut donner des coups très-forts. Si l'individu eft remis dans l’eau, il y reprend les forces qu'il avoit perdues pendant qu’il en a été retiré. J'ai déjà dit avec plufieurs autres Naturaliftes que les mufcies pliés de la torpille, ou plutôt les organes électriques, étoient le fiège de la fecoufle ; mais eft-elle également forte par-tout ? J'ai trouvé qu’elle étoic la plus grande là où les organes étoient les plus gros, vers les ouïes : la force de la fecouffe diminue avec la groffeur des organes ; elle eft très-petire vers leurs bords. Si l'on touche la partie inférieure des organes avec une main, tandis qu'on touche avec l’autre la partie fupérieure, ordinairement on éprouve la fecouffe par deflus, & fi on l'éprouve par deflous , elle eft plus petite : fi l'on irrite la furface inférieure tandis qu'on touche la fupérieure , la première , à l’exclufion de la feconde, donne la fecouffe (1). Dans tous ces cas on éprouve des irrégularités que je ferai remarquer dans mon Ouvrage. Quand on éprouve la fecoufle par l'impreflion des deux furfaces , on l’éprouve dans le même tems. Mais j'avois deux recherches bien importantes à faire. A-t-on une fecoufle en touchant une feule furface ? En touchant dans le même tems les deux organes, arrive-t-il qu'on éprouve la fecoufle comme fi elle ne partoir que d'un feul. Je réponds affirmativement pour la première queftion : j’ajourerai feulement que la fecoufle donnée par une feule furface eft moins forte que lorfqu'elle eft donnée par toutes deux. Pour la feconde , ou bien l’on touche les deux organes en une feule furface ou en chacune d'elles: ordinairement la fecoufle femble fe détacher également & dans le même tems de l’une & de l’autre. Il arrive cepen- dant que lorfqu’un organe agit, l'autre ne dit mot, J'ai éprouvé cela plufieurs fois avec la paume de la main étendue fur la furface fupérieure des deux organes ; mais je l’ai encore obfervé avec une plus grande précifion en touchant la même furface d'un des deux organes avec le pouce, & l’autre organe avec l'index de la même main , puifqu'un de mes LA (x) Par la furface inférieure, j'entends celle qui correfpond à la poitrine , & par la furface fupérieure, celle qui correfpond au dos, 264 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, doigts recevoit la fecoufle, tandis que l’autre ne l'éprouvoit pas. Il ne m'elt pas même arrivé rarement qu'en irritant un des deux organes , & touchant l’autre dans le même tems, tandis que le premier cherchoit à fe venger par de fortes fecoufles, le fecond, qui n'étoit pas offenfé , n'en failoit éprouver aucune. J'ai faic toutes ces expériences fur des torpilles obfervées dans l’eau ; j'en ai répété quelques-unes dans Pair , & je n'y ai trouvé d’autres diffé- rences que dans la plus grande force des fecoufles produites dans le dernier cas, Voici une fuite de réfultats d'expériences faites à l'air: fi je m'ifolois pour toucher une feule furface d’une torpille non-ifolée , je n’éprouvois . qu'une très-lépère fecoufle ; mais elle éroit très-forte fi je touchois les {urfaces des deux organes : la même chofe arrivoit quand la torpille étoit ifolée pendant que je ne l’érois pas. Je n’éprouvai dans les deux cas la légère fecoufle que lorfque la torpille étroit bien vigoureufe. Si je faifois l'expérience autrement , je n’éprouvois aucune fecoufle, à moins que je ne touchafle en mêème-tems les furfaces des deux organes. Si j’augmen- tois l’érendue du cercle par le moyen d’un autre homme ifolé qui touchoit avec une main une des furfaces, tandis que je touchois l’autre furface avec ma main, nous fentions tous deux la fecouffle, non- feulement aux mains qui touchoient l’animal, mais encore aux deux autres qui fervoient à faire la chaîne pour étendre le cercle. Lorfque j'étois ifolé avec la torpille, il m’eft arrivé plus d'une fois qu'en touchant avec deux doigts de la même main les deux organes dans la même furface , j'éprouvois la fecouffe produite par un organe fans éprouver celle de l’autre. Cette fecoufle, qui étoit fort petite , ne pañloit pas au-delà du doigt qui l’éprouvoit. ? Mais voici de nouvelles preuves de l’action éleétrique de la torpille. Jamais certe vertu ne s'eft communiquée à la main lorfque je touchois Fanimal avec un corps non-conduéteur, comme la cire d'Efpagne , mais je l'ai toujours éprouvée quand j'ai touché le poiflon avec un corps conducteur, comme les métaux. Walsh avoit déjà obfervé ceci; mais à l'égard de ce que j'ai di fur les corps conduéteurs , il faut l'entendre avec quelque limitation , 1°. la fecouffe n’eft jamais aufli vive que lorfquon touche immédiatement le poiflon ; 2°. pour la fentir il faut qu'elle foie très-forte : aufli elle eft prefque toujours nulle quand on touche les torpilles affoiblies avec un corps conduéteur. Un mouchoir, un petit filet, qui enveloppent plufieurs fois la torpille, conduifent la fecoufie quand ils font mouillés; ce qui n'arrive jamais lorfqu'ils font fecs, quoiqu'ils foient de chanvre ou de lin. Au contraire fi l’on couvre les deux furfaces du poiffon ou les organes électriques avec l'huile d'olive, quoiqu'elle foit un çorps non-conducteur , elle n'empêche pas la fecouffe, Les 1 SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 265$ Les phénomènes que je viens de rapporter font les feuls qui puiflenc établir la grande analogie des phénomènes électriques avec ceux de la torpille ; car on w’apperçoit pas la moindre étincelle dans l’obfcurité : aucun bruit , aucun vent , aucune attraction ni répulfion des corps légers, aucun indice de charge de la bouteille de Leyde mife en cortaét avec la torpille ifolée & donnant ces fecoufles, aucun figne d'éleétriciré communiquée à un homme ifolé qui tient le poiflon lorfqu'il donne fes fecouffes. Vous avez vu que mes précedentes expériences étoient en oppoftion avec celles de M. Schelling , qui prétend que l'aimant attire les torpilles , comme il attire Le fer 3 mais quoique j'aye répété fouvent ces expériences avec un aimant qui poitoit 25 livres, je n'ai rien appris de nouveau, & j'ai vu confirmer tout ce que j'ai dit. L’aimant en conta& avec le poiflon donnoit le figne d'attraction qu'il donne lorfqu’on le met en contact avec le bois ou la pierre, cependant il pouvoit communiquer l'électricité. Avant de finir, je veux encore vous faire part de quelques nouveautés fin- gulières, propres à captiver votre attention. Dans l'écrit dont j’ai parlé, je difois que lorfque la torpille eft mourante, les fecoufles qu'elle donne fe changent en une batterie continuelle de très-petits coups qui finif- fent avec fa vie. Mais j'ai obfervé qu’on l'éprouvoit encore comme des pulfations , pendant plufeurs heures après fa mort, on les reffent lorf- ue prefle avec la main les organes électriques , les battements font très- réquens & réguliers comme ceux du cœur. On les fent fur toute la furface des organes, & fur-tout dans le voifinage des ouies , où les or- ganes font le plus épais , & où les fecouffes communiquées font plus vio- lentes ; on ne fent rien dafis les autres parties de la torpille morte. On éprouve même ces foibles fecoufles fi l'on touche les organes électriques féparés du corps de la torpille , depuis quelques heures ; la main les diftin- gue , foit qu'elle touche la furface fupérieure , foit qu'elle touche l’infé- rieure. Si l'on écorche la partie fupérieure des organes électriques , les fecouffes diminuent & s’évanouiflenc bientôt après : je lai remarqué dans cinq torpilles , de forte que je ne puis croire m être trompé fur ce fair. Mais qu'arrivera-t-il fi l'on arrache les organes éle@riques aux torpilles vivantes? Je choilis pour le favoir les torpilles qui donnent les plus fortes fecouffss ; mais les fecoufles finiflent dès que les organes font féparés de Panimal, La main qui les comprime fouffre bien d'abord quelque four- millement défagréable qui diminue peu-à-peu , & qui fe réduit à la fin à ces pulfations innocentes qui ne finiflent que quelques heures après, Les torpilles ainfi dépouillées de leurs organes éleétriques continuent à vivre & à nager quelque tems: d'où il paroît que ces organes ne font pas effentiels à la vie; mais ces torpilles ne donnent plus de fecouffes, & même quand elles font privées d'un des deux organes, fouvent elles ne donnent aucune fecoufle avec l'autre ; maïs comme il arrive quelque- Tome X XVIII, Part, I, 1786, AVRIL. Li 266 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, fois le contraire, il eft démontré que chacun des organes a cette vertu. Chaque organe reçoit trois troncs de nerfs: qu'arriverat-il fi l’on coupe les nerfs qui s'uniflent à cet organe en laiflant l’organe uni au corps de la torpille? Toute fecouffe fut finie, mais l’on fentit encore le fourmillement dont j'ai parlé. J’ai déjà dir que lorfque la torpille donne fa fecouffe, les organes qui l'occafionnent reftent fouvent immobiles ; je ne faifois alors que les comprimer, les palper ; mais comme j'étois occupé de ces expériences, j'ai voulu en faire de plus fortes : vous verrez comment j'ai tourmenté ces poillons avec le couteau anatomique pour voir fi le coup électrique étoie accompagné ou précédé de quelqu’ébranlement ou commotion dans les organes ; afin dé n'avoir aucun doute, j'ai étudié ces parties avec le microfcope dans les momens qui précédoient la fecoufle & qui la faivoient ; mais je dois dire que Je n'ai jamais apperçu le moindre mou- vement qui accompagnât le coup éledtrique. Je dirai même qu'ayant tourmenté les organes électriques par les plus puiffans ftimulans, je n'ai oint obfervé cette propriété qui caradtérife le mufcle vivant. Tels font les réfultats principaux de mes obfervations fur ce phéno- mène : je me réferve à les accompagner dans mon Ouvrage des preuves* néceflaires , & à en tirer les théories qui me paroîtront les plus conformes à la verité, & les plus propres à éclaircir ce fujer phifiologico-électrique. Les plus grandes torpilles que j'ai obfervées avoient dix-huit pouces de longueur & huit de largeur : leurs fecouffes inftantanées étoient quel- quefois pénibles, & s’étendoient jufqu’à la poitrine. Les fecoufles des torpilles plus petites m'étoient moins incommodes. Je crois avoir des preuves sûres pour faire voir que la fecoufle électrique eft le moyen employé par les torpilles pour prendre les poiffons qui leur fervent d’aliment. J’ai cherché à découvrir les allures des torpilles , leurs retraites, comment elles fe cachent pour prendre les poiffons plus vifs & plus alertes qu'elles. Je me füuis occupé à rechercher la manière dont les torpilles mulri- plioient : j'ai déjà fait voir que quoique les torpilles fuflent vivipares, puifqu'elles font des perits en vie, elles ont cependant des œufs comme les ovipares. J'ai encore amplement confirmé cette vériré par mes obfervations : j'ajouterai même qu'ayant trouvé quelques fétus dans l’uterus d'une torpille, on voyoit ces fétus attachés par le moyen d'un cordon ombilical aux parois intérieures de l’uterus ; mais je n'apperçois que cette propolirion a befoin d'être rectifiée : il eft vrai que dans quelques torpilles j'ai vu ce cordon qui attachoit le fétus à l'urerus; mais cette adhéfion eft accidentelle , parce qu'il s'échappe de l'uterus une humeur vifqueufe par le moyen de laquelle le cordon du fétus s'attache à l’uterus. Au refte , on trouve que Le cordon ombilical eft attaché par une extrémité SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS 267 à l'œuf, ou plutôt qu'il en eft une continuation, & on le voirgmand les œufs font defcendus des ovaires dans l’uterus ; mais on s'aflure de cetre continuation du cordon ombilical & de l'œuf , fi l’on fait arrention que ce cordon eft compofé d'une enveloppe extérieure membraneufe & d'un canal intérieur membraneux : l'enveloppe extérieure eft un prolongement de la membrane extérieure de i'œuf, & le canal interne la continuation de la membrane interne de l'œuf. Le cordon eft outre cela un prolon- gement du fétus, entant que l'enveloppe extérieure eft une continuation de fa peau, & le canal intérieur une continuation de l'inteftin. Voilà donc comme l'œuf & le fétus, par le moyen du cordon ombilical , font continus entr'eux, ou plutôt ne forment qu'un tout ; mais mes obferva- tions prouvent que les œufs des torpilles exiftent dans leurs ovaires avant 1a fécondation. Lorfqu'ils defcendent dans l’uterus, ils ont la grofleur d’un jaune d'œuf de poule ; mais il refte d’autres œufs beaucoup plus petits dans les ovaires deftinés à la propagation de l'efpèce pendant l’année fuivante. Ces œufs ont une double membrane qui fait un tout avec les fétus : donc ces fétus préexiftent à la fécondation dans ces animaux ; ce qui offre un nouvel argument en faveur de la préexiftence des germes, Haller avoit prouvé cette préexiftence dans les oifeaux : je l'ai montrée dans les amphibies; je l’ai fait voir dans les torpilles, & je ne doute pas qu'on ne lobferve dans plufeurs poiflons. Lorfque quelques fétus paroiffent dans l’uterus, on en voit d’autres qui étant plus prêts à fe déve- lopper ont confumé toute la fubftance de l'œuf : & c’elt de ceux-ci qu'on voit quelques-uns attachés par hafard quelquefois aux parois de l’uterus. XVII L'Aiguillon de la Raye. Les anciens Naturaliftes & quelques-uns des modernes , entre lefquels on compte Linneus, affurent que l'aiguillon de la queue de la raye eft très-venimeux ; les marins en font convaincus, & j'ai voulu examiner la folidité de cetre opinion. On trouve beaucoup de rayes dans la Médi- terranée : jen voyois fouvent dans les filers de mes pêcheurs ; j'obfervois leur réferve pour les coucher, & leur promptitude à couper cet aiguillon offeux & denté qu’ils jettent bien vite dans la mer ; j'ai voulu étudier ce fujet négligé, & vous verrez dans mon Livre la deftription que j'ai faite de cette arme , la manière dont Le poiflon s’en fert, & fes effets fur des animaux à fang chaud & à fang froid quand Ia raye étoit en vie: vous verrez que cetre arme n'a tien de venimeux , & que les maux qu’elle caufe , qui peuvent même nous donner la mort, font un effet de fa ftruéture , par laquelle elle pénètre les chairs & les déchire quand cet animal la retire. Linneus fe trompe de même quand il donne des Tome XXVIII, Part. I, 1786. AV RIT. 11°2 268 OBSERVATIONS SUR'LA PHYSIQUE, poumongà la raye, & quand il prétend que la torpille eft venimeufe : comme je l'ai fait voir. Il convient de faire connoître les erreurs des grands hommes pour éviter les fuites qu'elles peuvent avoir. XVII. MÉLANGES. Anirmalcules marins, On trouve dans l’eau de mer des animalcules microfcopiques comme dans les eaux douces où l’on a fait macérer quelque fubftarce végétale ou animale; on les trouve fur-tout dans ces bas-fonds où les plantes marines fe décompofent , comme dans l’eau de mer confervée dans des vafes avec ces corps dont j'ai parlé ; mais quelles font les loix auxquelles font foumis ces animalcules > Sont-elles les mêmes que celles des animalcules d’eau douce ? Mültiplient-ils pa divifion vaturelle de leur corps ? Sont-ils ovipares , vivipares? Comment fe fait la multiplication des premiers? Dans un très-grand nombre de cas l'analogie dans les deux cas eft aufli grande qu’elle pouvoit être. Vers Lirofages. Outre la multitude des animaux qui habitent les eaux de la mer, la vafe, le fabl:, les pierres fubmergées ont aufli leurs habitans. J'en ai étudié plufieurs , mais fur-tout des petits vers qui vivent dans les Pierres , & qui les percent comme les dattyles : ils éoient entièrement inconnus. La lune influe-t-elle [ur les reflacées & les cruflacées. Si la lune agifloit für eux, il faudroit aflurer que tous ceux que j’ai obfervés n’étoient pas foumis à fon ation. Fond de la mer, Sa furface s’éléve-t-elle , ou s’abaife-t-elle ? Donati avoit obfervé que le fond du golfe Adriatique éroit revêtu d’une croûte de plufeurs pieds formée de cruftacées , de teftacées, de polypiers mêlés avec la terre & le fable & pétrifiés ; d’où il conclut, l'élévation de la füurface de la mer, le fond du golfe & le fond de la mer hors du golfe, eft par-tout fangeux à trois ou quatre cens pieds de profondeur. La petite influence de la lumière folaire eft fans doute la caufe pour laquelle il n'y a point de plantes. Mais parce que cette partie de la mer eft privée de cette croûte , il ne s'enfuivroit pas que fa furface ne fe foit pas élevée. Il y a cependant des argumens qui prouvent que la mer refte toujours à la même hauteur dans certains lieux , & dans d’autres qu’elle baifle. En parlant du golfe ,il va trois îles qui lui font contigues , Pulmaria, Tyr & le petit Tyr. Je ferai voir par un très-beau monument que j'ai découvert, que la mer fe trouve précilément à la même hauteur où elle étoic il y a neuf fiècles, En parlant des plages de Carrere & de Mafla expofées à des vents furieux, qui fonc plag P q formées de petits graviers de fable, & qui font traverfées par plufieurs a | : ; N SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 269 torrens qui fe déchargent dans la mer, quoique ces plages foient à la diftance de peu de milles du golfe, cependant elles fes découvrent conti- nuellement , & s’éloignent de la mer. Les triftes reftes du port de Carerre établi en 1750, & éloigné à préfenc de quatre cens foixante- quinze pieds de la mer, fournit le moyen d’eftimer ce changement. MÉMOIRE SUR QUELQUES EMPREINTES FOSSILES; Par M. GEOFFROY, Avocat à Lyon. L À Nature nous préfente des formes & les détruit bientôt après: les males fe confervent & les modifications changent, L'homme jeté fur la furface du globe & participant comme tout ce qui l’environne , à ces variétés de fcènes & de tableaux, s'efforce d'en fixer la mobilité par des defcriptions : de-là font nées les diverfes branches de l’Hiftoire-Naturelle ; étude immenfe & fublime qui feule préfente à l'homme de quoigätisfaire fon inquiète curiofité. Malgré les travaux confidérables des Savans de plufieurs fiècles , il eft encore une multitude de branches de l'étude de la nature qui n’ont fait que peu de progrès: celle eft la partie de la Botanique qui confifte à comparer -les empreintes des plantes, des capillaires, des fruits qu'on trouve fur différens fofliles avec leurs analogues a@uellement exiftans, Cette partie vraiment utile parce qu'elle permet d'introduire une efpèce de chronologie dans les événemens de la nature , eft encore dans l'enfance de l’art. Un des Mémoires les plus importans fur cette matière, eft celui de M. de Juflieu fur quelques capillaires des Indes & fur le fruit de l'arbre trifte ou mauia pumeran , qu'il trouva dans les pierres feuilletées & fchifteufes de Saint-Chaumond en Lyonnois. Cet homme célebre donne des vues, mais foit qu'il ait cru qu'il n'étoit point encore tems de les remplir, foit quil n'ait voulu que décrire la découverte importante qu'il avoit faite , il s'en eft tenu à des obfervations générales, nous l’imiterons dans fa circonfpe@ion ; fatisfait d’offtir comme lui aux Naturaliftes un petit nombre d'empreintes non moins curieufes que les fiennes. La première (f2g. 1.) détachée d'un bloc de grès crès-dur à gros grains mèêlés de parties charbonneufes, offre la figure d'un fruit oblong & trian- gulaire, d'une couleur d'ochre un peu délayée, & dont la partie interne paroît avoir été changée en une pyrite cuivreufe. Le grès obfcur &c grisâtre auquel ce fruit eft adhérent en laifle appercevoir diftintemenc 27 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, deux faces bombées près de la queue, & compofées de petites lames qua- drangulaires thuilées les unes {ur les autres, d’on réfuite une efpèce de velouté & de luftre chatoyant. On remarque à la tête du fruit un petit enfoncement où étoit fans doute le pédicule. L'empreinte a dans fa plus grande largeur quatre lignes : fa longueur ett de fept, à partir des deux points les plus éloignés. La feconde empreinte ( f£g. 2.) préfente un corps femblable à la moitié d'un noyau de prune , avec des linéamens qui femblent fe rapporter à l'infertion & à la charnière de ce noyau. Un fillon léger règne autour & femble avoir fervi à retenir une pellicule bitumineufe qui a dû recouvrir lempreinte. La couleur de cette empreinte eft un gris noir fort fem- blable au feuillet du fchifte, mêlé de grès & de parties charbonneufes, qui la porte. , On ne peut affurer qu'intérieurement elle contienne autre chofe que la fubftance pierreufe. La troifième empreinte (fig. 3.) eft évidemment la partie inférieure d’un rofeau cannelé. Les ftries au nombre de neuf préfentent aurant de fillons aigus féparés par autant de filets convexes applatis , aflez larges eu égard à la furface entière de l'empreinte qui porte huic lignes & demie, # Ces ftries longitudinales fe rapprochant , concourent vers une des extrémités, & indiquent fon infertion dans la tige. La furface totale légèrement finuée & oblongue, a de longueur environ vingt lignes. Elle eft grisâtre, & tient à un grès bitumineux où l'on remarque quelques autres veltiges de rofeaux trés-finement ftriés, La quatrième emprzinte a aufli beaucoup de rapport avec un noyau, dont il feroit affez difficile d'indiquer l’efpèce , qui d'ailleurs le rapproche de celle de la feconde empreinte par tous fes caraétères extérieurs , à Fexception des dimenfions qui font à-peu-près doubles. Ces quatre empreintes, dont la dernière appartient à M. l'Abbé Tabard , fous les yeux de qui je ramaflai les autres avec quelques filicules & capillaires du même genre que ceux que M: de Jufieu a décrits, & auxquels par cette raifon je n’ai pas cru devoir m'arrêrer , ont été trouvées parmi les débris d’un puits de mine de charbon dererre découverte par M. de la Métherie dans la Paroifle de la Chapelle-fous-Dun en Maconnois, exploitée à fes frais il y a quelques années , & depuis abandonnée. Il feroit effentiel fans doute , & M. de Fontenelle en a fait un devoir pour ceux qui publient ces fortes de découvertes , d'annoncer à quelle profondeur du fol, à quelle diftance de la mine, ces empreintes éroient placées , quelle étoit la denfité refpective des couches & leur conftitution particulière. Maïs n'ayant point été rémoin des opérations des mineurs , & ayant tout trouvé en défordre à la furface du puits, l'on fent qu'il m'eft impoffible de donner des notions exactes à cet égard. Je me bornerai SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 271 donc à préfenter mes conjéctures fur celles des empreintes précédentes dont j'ai cru reconnoître l'efpèce dans les analogues actuellement exiflans, La première me paroît être une faine ou le fruit du hêtre. Je me flatre que c’eft l'idée qu'a déjà fait naître la defcription que j'en ai donnée. On y trouve rapport de forme, de proffeur , & pour ainfi dire, ce duver extérieur qu'il n’a confervé que par une efpèce de phénomène, Avant de prendre aucun parti, je me fuis rappelé que M. de Juffieu s’étoit trompé fur le fruit du mania pumeran , & qu’il ne lavoir d'abord annoncé que comme la femence de l'orme. L'erreur de ce Naturalifte diftingué, erreur qu'il a fi bien réparée depuis, m'a mis en garde fur la prévention que nous avons naturellement pour les objets qui nous font familiers, & je ne me fuis attaché à mon opinion qu'après avoir par- couru les recueils les plus connus de plantes & de fruits de divers continens , & comparé mon empreinte avec les objets décrits & figurés foit dans l’Hortus Malabricus, le Phitantoza Hans-Sloanne, &c, foic dans les Naturalifes qui ont parlé des phytolites où empreintes fofiles. Quant aux autres empreintes, je me fuis convaincu que la troifième navoit pas encore été obfervée. Elle ne fe trouve en effet ni dans Scheuzer , ni dans les Mémoires de M, Guertard fur les empreintes des ardoifières de l’Anjou. On pourroit la prendre pour le cyperus décrit par Hans-Sloanne à la Table neuvième du premier volume de fon Hiftoire Naturelle de la Jamaïque; mais la profondeur de fes ftries, Ja largeur convexe & le nombre de fes cannelures, doivent plutôt la faire regarder comme une feuille de bambou. Ce n'eft que par conjecture que j'ai qualifié de noyaux de prunes les deux autres empreintes dont il me refte à parler. [l feroit bien difficile, je crois, d'en offrir une plus vraifemblable, fur-tout relativement à la quatrième empreinte, Ses proportions , fa forme, tout parle en faveur du fentiment que j'ai embraflé. J’avoue qu'il n’en eft pas de même de l’autre noyau qui eft beaucoup trop petit pour être rangé dans la clafle du premier, & qui n'eft peut-être que celui d’une cerife. Quoi qu'il en foit , en indiquant les analogues, j'ai moins voulu juger, que mettre les Savans dans le cas de le faire par le fecours des objets de comparaifon que je leur ai préfentés. J'ai dépouillé de leur rouille ces médailles de la nature. C'eft à eux maintenant qu'il appartient d'en lire la légende, & de nous apprendre à en reconnoître les caraétères authentiques. IE KÉ4 272 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, PRÉCIS D'OBSERVATIONS SUR L'ANALYSE ANIMALE COMPARÉE A L'ANALYSE VÉGÉTALE : Lu à la Séance publique de la Faculré de Médecine, le 29 Décembre 1785; Par MBERTHOLLET, D.M., de l Académie des Sciences. Les corps organifés font principalement compofés de deux fubftances qui ont des caragtères diftinétifs crès-marqués ; les unes donnent de l'acide lorfqu'on les décompofe par l’action du feu, & les autres de l'alkali volatil ; les unes font propres à former de l’efprit ardent par la fermentation , les autres fe putréfient immédiatement & donnent encore de l’alkali volatil ; les unes laïffent par la calcination un charbon qui fe brüle facilement, les autres fe réduüifent en un charbon dont la com- buftion eft difficile ; enfin, les unes forment la plus grande partie des fubitances végétales & les autres la plus grande partie des fubftances animales, & de-là vienc qu’on les diftingue par ces deux dénominations. Dès que j'ai commencé à m'occuper de chimie, j'ai penfé que pour parvenir à avoir des idées juftes fur la nutrition , fur l’action chimique des médicamens , fur celle de l'air, fur les changemens qu’éprouvent les fubftances animales , {oit lorfqu'elles font abandonnées à elles-mêmes, foit lorfqu'elles font foumifes à linfluence des caufes morbifiques , il falloic commencer par bien déterminer les principes qui entrent dans leur compofition , & par rappeler à des loix générales les rapports qui exiftent entr'elles & les autres fubftances, C'eft le fimple réfultat des recherches que j'ai faites fur cet objet que je vais préfenter, je ferai obligé de fupprimer tous les détails de mes expériences, mais J'efpère de l’indulgence de ceux qui me font l'honneur de n'entendre, qu'ils voudront bien avant de me juger, confulter les Mémoires que j'ai déjà publiés, ou attendre ceux qui doivent l'être bientôt dans le recueil de l’Académie des Sciences. M. Bergman avoit formé par le moyen du fucre & de l'acide nitreux un acide qu'il nomma acide faccharin & qui a des propriétés remar- quebles; j'appliquai aux fubftances animales cette efpèce d'analyfe par l'acide nitreux , & je trouvai que toutes donnoient une quantité plus ou moins grande d'acide faccharin, mais toujours accompagné d’une huile particulière , j'obfervai qu’on ne retiroit point de fel ammoniacal , mais qu’il reftoit un réfidu qu'on ne retrouvoit pas dans les fubftances végétales. Je re - SUR L'HIST. NATURELLE ET LESY ARTS. 273 Je conclus de ces premières expériences ( Mém. dé l'Acad. 1780) que les fubftances animales contenoient une fubftance analogue au fucre, qui étoit unie à une huile que je regardois comme propre aux fübftances animales. Mes expériences m'apprenoient encore que l’aikali volati n’exifloit pas dans les fubftances animales, mais qu'il étoit dû à une combinaifon qui fe formoit ou par l'action de la chaleur ou par l'influence de la putréfaction ; & enfin le réfidu, fur lequel je ne m’expliquai point dans ce Mémoire, contient de l’acide phofphorique en excès combiné avec la terre calcaire. J'examinai enfuice l'aétion que les chaux & les fels métalliques exercent fur les fubftances animales, & je prouvai que cette action à laquelle eft due leur caufticité, eft une fuite des affinités chimiques des Chaux métalliques qui tendent à fe révivifier avec plus où moins de force ; de forte que celles qui fe révivifient très-facilement, telles que les chaux d'argent & de mercure, ont beaucoup de caufticité & forment des fels très-cauftiques. [1 réfulre de-là en appliquant les découvertes nouvelles des Phyficiens , à la théorie que j'avois donnée, que c'eft l'air combiné dans les chaux métalliques & privé du principe de l'élafticiré qui tend à S'unir avec un principe des fubftances animales, & ce principe me paroit être l'huile qu'elles contiennent ; mais la caufticité des alkalis ne pouvoit être attribuée à la même caufe, élle devoir être l’effer d’ane autre ainité, J'ai prouvé dans les Mémoires de l’Acadé nie de 1782, que l’alkali cauftique d'flolvoit les fubftances ‘animales fans défunir leurs principes ; j'ai fait connoître les propriétés de cette combinaifon , & je m'en füis fervi pour unir enfuite la fubftance animalé”avec les différentes chaux méral- liques ; il en eft réfulté plulieurs combinaifôns qui étoiént inconnues aux Chimiftes 3 mais l’alkali cauftique traité de même avéc les fubftances végétalés n’à point formé de combinaifon avec élles. En fuivant mes recherches je fuis parvenu à déterminer les principes de l’alkali volatil , j'ai fait voir que l'aikali volatil étoir une combinaifon du gaz inflammable déronnant ; ou pour le défigner d’une manière plus exacte, du gaz inflammable de l'éaw & de l’air phloziftiqué ou moffetre, de forte que le paz inflammable fait à-peu-près le fixièmé en poids ou les deux tiers en volume de l’alKali volatil. J'ai enfuite décérminé comment l'alkali volatil peut être produit par la putréfaction ow par l’action du feu. Toutes Les fubftances qui ont le caraëtère de fubftance animale ‘contiennent de la moffette qu'on peut en féparer abondamment par le moyen de l'acide nitreux : il faut donc, lorfqu'on diftille ces fubftances, ue leur moffette pafle dans quelque combinaifon ou qu'on la retrouve ep les produirs'aériformes; or, on ne la rétrouve point dansces pro- ‘duits, dinfi que je m’en fuis affüré en faifanc détonner fe gaz inflammable qu’on obtient par ce moyen, dans l’eudiomètre de M. Volta, & en le comparant avec lè gaz inflammable qu’on obtient par la diftillation du Tome XXVIIT, Part. I, 1786. AVRIL. M m 274 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, du charbon & celle dés fubftances végétales, & il n'y a dans les autres produits de la diftillation que l’alkali volatil qui aie pu la recevoir dans {a compofition. Lors donc qu'il fe forme de l’alkali volatil, la moffette des fubftances anima!es fe ERA avec le gaz inflammable qui fe fépare de l'huile, ou plus probablement avec celui qui provient de la décompofition de l’eau dont l’air viral fe combine en {même tems avec du charbon pour former de l'air fixe. Dans la putréfaction le gaz inflammable fe combine avec la moffette , au lieu que dans la fermentation fpiritueufe ce même gaz fe combine avec une huile végétale & du fucre pour former l’efprit-de- vin dans lequel j'ai retrouvé & féparé ces, fubftances par le moyen de l'acide marin déphlogiftiqué. Il réfulte de ces différentes obfervations que les fubftances animales font beaucoup plus compofées que les fubftances purement végétales : elles contiennent une matière analogue au fucre , une huile particulière , de l'acide phofphorique combiné avec un peu de terre calcaire, de la _moffetre & très-probablement de Pair fixe. C’eft l'acide phofphorique qui fe retrouve dans les charbons des fubftances animales combiné avec une portion de véritable charbon , d'huile & de terre qui me paroît former la différence qu’on remarque entre les charbons des fubftances animales & ceux des fubftances végétales. c Mais cet acide m’a paru mériter une attention particulière pour rendre taifon de plufeurs phénomènes de l’économie animale. Je lai retrouvé dans l’état libre ou plutôt combiné en excès avec la terre calcaire dans les urines que la plüpart des Phifologiftes & des Médecins avoient regardées comme ayant un caractère alkalefcent. J'ai donné dans les Mémoires de l'Académie de 1780 un moyen de déterminer par l'eau de chaux la proportion de cet acide exiflant dans différentes urines (1). Ce moyen confifte à mêler à l'urine, fur-tout celle du matin , une quantité fufffante d’eau de chaux & de recueillir far un filtre le précipité qui s’eft formé , & dont le poids fait connoître la quantité de l’acide phofphorique qui eft alors combiné en entier avec la terre calcaire. L'on peut de plus dérerminer quelle eft la quantité d’acide phofphorique qui fe trouve combinée en excès avec le fel phofphorique calcaire , & qui par conféquent tient ce fel en diflolution & forme l'acidité de l’urine, en verfant un peu d’alkali volaril cauftique fur une même quantité de l'urine qu'on éprouve : le fel phofphorique calcaire qui étoit tenu en diflolution fe précipire : on le recueille fur un filtre, &c la différence qui (1) Je trouve dans la tradudtion des, Differtations: de M, Schéele qu’on vient -de nous donner , que cet illufire Chimifle avoit reconnu l'acidité de l’urine,, & qu’il en avoit prégpité le phofphate calcaire par le moyen de l’alkali volatil cauftique. Foyez ÆExam, du bézoard ou pierre de La veffie, premiére partie, page 108. . Û SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 27$ fe trouve entre le poids du premier précipité & celui du fecond, indique la quantité d'acide qui étoit en excès. La fueur rougic aufi le papier bleu, & c’eft très-probablement de l'acide phofphorique qu’elle contient. Les obfervations aflez longues que j'ai faites me paroiffent prouver que les urines de ceux qui font fujers à la goutte & aux rhumatifmes contiennent habituellement beaucoup moins d’acide phofphorique que celles des perfonnes qui jouiffent d’une bonne fanté ; mais pendant l’accès de goutte leur urine contiene beaucoup plus d’acide phofphorique qu’à l'ordinaire, quoiqu'elle n'en contienne pas plus que l'urine d'une perfonne robufte. En fuivanc ces obfervations fur une perfonne très-fujette à la goutte , j'étois venu à bout de reconnoître sûre- ment par la quantité d'acide qui fe rrouvoit dans fon urine fi elle avoit un accès de cette maladie. J'ai remarqué plufieurs fois qu'un papier bleu appliqué fur la fueur d'une partie attaquée de la goutte, rougifloit auf-tôt. Je conjecture donc que dans les perfonnes fujetres à la goutte, aux douleurs vagues & au rhumatifime , l'acide phofphorique ne s'évacue pas auñli bien par les urines que dans les perfonnes faines, qu'il s'égare , pour ainfi parler, & que, lorfqu'il eft accumulé à un certain point, il produit uneirritation de laquelle naît une réaction des organes de la vie, un effort de la nature par lequel il eft repouflé en partie vers les extrémités, & évacué en partie par les urines : mais cet acide fe trouve combiné avec une partie plus ou moins grande deterre calcaire & de fubftance animale, de forte que quelquefois 1l forme des dépôts qui ont beaucoup de rapport avec les fubftances offeufes; tels font les dépôts de goutte qu'on a regardées comme de la craie & les calculs, Mais fi la fueur contient de l'acide phofphorique, n'eft-ce pas à cet acide qu'elle doi fes propriétés ftimulances? N'eft-ce pas cet acide, par exemple, qui étant épanché dans le tiflu cellulaire caufe les maladies catharrales,, ou qui étant répercuté fur les nerfs intercoftaux produit la pleuréfie ? Ne feroit-il point un principe d'irritation qui contribue à troubler l'économie animale lorfque les urines font aqueufes & pales, foit dans les fièvres, foit dans les maladies nerveufes? Il me paroît qu'on pourra dans un grand nombre de cas fubftituer cette acrimonie dont l’exiftence n’eft pas dou- teufe, à ces acrimonies imaginaires par lefquelles on a cherché à expliquer la nature des maladies (1), Mais, fi je défire que ces idées, ces conjectures puiffent être utiles à notre art , je les foumets fans réferve au jugement d’un Corps refpectable, auque: depuis plus de fix fiècles Ja Médecine doit fans interruption une grande partie de fes progrès. (1) M. Adet, jeune Médecin de la Faculté de Paris, a entrepris une füite d'obfervations fur lurine dans différentes maladies, & fur d’autres objets de pathologie chimique ; j’efpère qu’on devra à fon zèle des réfultats utiles. Tome XXV III, Part, 1, 1786. AVRIL, Mm 2 276 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, OBSERVATIONS ET RÉFLEXIONS Sur la Période lunaire de dix-neuf ans , & fur l'influence des points lunaires relativement à la Temperature ; Parle P, CoTTE, Prétre de l'Oratoire, Correfpondant de P Académie Royale des Sciences , Membre de la Société Royale de Médecine, de l’Académie Royale de Bordeaux , de la Société Royale d'Agriculture de Laon, de la Societé Éleëtorale Météorologique établie à Manheim. Dis Obfervateurs font aétuellement une attention particulière à la période lunaire de dix-neuf ans ; ils croient appercevoir une correfpon- dance de température entre les années de cette période, c'eft-à-dire, qu'ils penfent que les cempératures reviennent à-peu-près les mêmes rous les dix-neuf ans. J'ai cru appercevoir aufli ce rapport, & c'ett d’après cet apperçu que j'annonce dans le Journal des Savans , à la fin de chaque année, la température générale de l’année fuivante : depuis fix ou fept ans que je fais cette annonce, je ne me fuis pas trompé. J'avois prévu , par exemple, que l'année 1785 feroit froide & humide; le princems de cette année ayant été d’une féchereffe extrême, j'aurai sûrement paflé dans l’efprit de plufieurs pour un faux-prophète, & cependant l'été & lauromne ont été fi pluvieux & fi froids, que l’on n'héfitera pas à ranger cette année au nombre des années froides & humides, fur-tout f1 l'on fait attention que c’eft cette dernière tempé- rature qui a Le plus influé fur les productions de la terre. J'en excepte les foins dont le fol dépend abfolument de la température du printems. Je ferai remarquer aufli que la quantité d'eau tombée cette année, excède de trois ou quatre pouces celle de l’année moyenne, fixée pour ce climat à dix-neuf ou vingt pouces. On peut donc, non pas aflurer, mais au moins foupçonner une reflemblance de température entre les années de la période lunaire de dix-neuf ans. Je fais que quelques favans Phyficiens penfent autrement; je fais que M. Sennebier, fans nier abfolument cette correfpondance de température, regarde cependant l'idée de ce rapport, dont plufieurs obfervateurs fone imbus, comme un obftacle aux progrès de la Méréo- rologie (Journal de Phyfique , année 1785 ,tome XXVIT, pag. 301) (1). Il eft vrai que M. Sennebier ne parle que de l'influence particulière dés A (1) L'objet du Mémoire de M. Sennebier et de trouver une méthode qui tende à donner aux obfervations météorologiques un degré de perfection que tout amateur RÉ CR D D SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 277 points lunaires dans chaque lunaifon , relle que M. Toaldo l’a annoncée, au lieu qu'il s’agit ici d'une révolution périodique de dix-neuf ans. Je penfe comme M. Sennebier , que le rapport des rempératures avec chaque point lunaire, n'eft pas encore démontré ; je crois même qu'on aura de la peine dans notre climar où les températures font fi variables , à failir ce rapport ; mais je differe de M. Sennebier en ce que je ne regarde pas comme un obftacle aux progrès de la Météorologie l'application qu'on apporte à fuivre ce rapport, pourvu que l'obfervareur ne voye que ce qu'il doit voir, & que l’efprit de fyftême ne lui fafle pas trouver des rapports où il n’y en a pas. Je fuis perfuadé que c'eit dans ce dernier fens que M. Sennebier regarde l'opinion des révolutions cycliques comme un obffacle aux progrès de la Météorologie. IL eft donc avantageux de rapprocher les événemens météorologiques de l'époque des points lunaires ; je dirai même que ü l’on doit faire quelque fond fur les températures correfpondantes des périodes lunaires de dix-neuf ans, cette correfpondance fuppofe néceflairement un rapport entre les tein- pératures & les différentes pofirions de la lune ; rapport que nous ne failiffons pas encore, à la vérité, dans les petites périodes lunaires dans notre climat, & que nous aurions peut-être déjà trouvé, fi nous avions une fuite de quarante où cinquante ans d'obfervations bien faites dans des climats où la température füt plus uniforme & les vents plus conflans, Ne nous laffons cependant pas d'examiner & de comparer nos obfer- vations fous ce point de vue ; fi nous ne travaillons pas pour notre fiècle, nous aurons au moins l'efpérance que nos travaux ne feront pas inutiles aux fiècles à venir , & que nous aiderons ceux qui viendront après nous à trouver la folution d'un problème d’après quelques données importantes que nous leur aurons fournies. C'eft dans cette vue que je rédige mes obfervarions relativement aux points lunaires. Je donne chaque mois dans le Journal des Savans les températures correfpondantes aux points lunaires & aux mois des différentes années de la période lunaire de de cette fcience défireroit qu’elle eût. J1 faudtoit pour cela, felon M. Sennebier, que tous les inftrumens fuflent parfaits , qu’on fuivit leur marche plus fouvent qu’on nele fait, que l’obfervateur eût des connoiflances très-étendues fur la nature de Pair, fes propriétés, fur les différentes efpèces d’airs ou de gaz qui occupent aétuellement les plus habiles Chimiftes , fur l’élericité atmofphérique , &c. &c. La conféquence que je crains qu’on tire du Mémoire de M. Sennebier, c’eft que fi les obfervations météorologiques ne peuvent étre utiles qu’autant quelles font faites felon fes préceptes , il faut y renoncer; car il n’eft pas poflible d'apporter, foit dans la confiruétion des inftrumens, foit dans l’obfervation, cette précifion géométrique, cette multitude de connoiflances qu’on auroit de la peine à trouver réunies dans V’Académie la plus célèbre. 278 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, dix-neuf ans qui fe font écoulés depuis le commencement de ce fiècle, Je publie aufli chaque année dans le même Journal & dans la Connoif- Jance des Tems une Table générale pour l’année, qui indique pour chaque point lunaire les rélultats généraux relatifs à la chaleur moyenne, à l'élévarion moyenne du mercure dans le baromètre , aux vents & à la température dominante, J'ai actuellement dans mes regiftres quinze années d'obfervations rédigées fous ce point de vue. Je vais en rapprocher ici les réfultats année par année pour tâcher de découvrir l'inAuence de chaque point lunaire ; je donnerai enfuite une Table générale qui préfentera le réfultat de cent quinze Tables particulières. THERMOMÈTRE de 1771 à 1778, la plus grande chaleur a concouru AVEC se se se es astse 25. le PQ. &-laposée. En1770he0 lee ete Le O. En 1780 ...,....,.4.4.:.., Luniftice boréal. eu GA Donc li RO 0,00 . le4* jouravant N.L, EnVtr782Mect cle ee e-dNE En:1983: + 0.00% ce Sel jour avabr Pile En 1784 ......4...... le4 jour après N.L. En 1785,--...-........ le P. Q. De 1771 à 1778, la moindre chaleur a concouru AVEC else elelelaie LISE «.. le D.Q. En 1779 ces... le Luniftice boréal. En 1780Me em oeil elle (0): Eh ay ER L eee leTuntiticeboreal A MONET O0 a lo eue OM ENUNES LE Entr7830 LC RER 0 ape Le En 278% ........1.....°"1le4jour avant P.E Eu 178$ ces oossiute ee le D.Q. Il ne paroît donc pas jufqu’à préfent que les points lunaires aient une influence marquée fur l'augmentation ou la diminution de la chaleur, puifque ces deux circonftances ont eu lieu indifféremment dans différens points lunaires. Refte à {avoir fi dans la fuite les années de la période lunaire correfpondantes à celles-ci, ramenetont les mêmes époques; du moins eft-il vrai que cette correfpondance ne fe rencontre point dans les petites périodes. 4 # À SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS 279 BAROMÈTRE de 1771 à 1778, la plus grande élévation a concouru AE PS SD ose os ee l'équinoxe defcend. ER LUDO pressure aie aie eos isfe l'équinoxe afcendant, Enr 780 liant cie Ia NME En T7 1e ee creer latte: l'apogée Enr782Enl. As nee la P. TE NE ET CAIN +... léquinoxe defcend, En 1784 , -.oe eee +0. le Lunifticeboréal, Édures LE mnt ed. JP. LE . De 1771 à 1778, la moindre élévation a concouru n PES TR A PS DIR DEL ... le périgée. O7 EN OR OMIS JOLATE l'équinoxe afcendant. En 1780 -..... A Hobnode le 4° jour avant P. L. En Grec aimons le Luniftice auftral, EnER7S2 MR SR Sector +. le4* jour après N, L. Enr cocdrole so ape le Luniftice boréal. En 1784 ss... +... léquinoxe defcend. ENV ES So do odioc + l’apogée. Les réflexions que j'ai faites fur la chaleur peuvent s'appliquer aux mouvemens du baromètre. Voici maintenant la Table générale de quinze années ( 1771 —178$ ) qui contient, outre les réfulrats du baromètre & du thermomètre, ceux du vent & de la température, 280 OBSERVATIONS SUR LA PHFSIQUE, Points Lunaires. Nouvelle Lune. Pleine Lune, Premier Quartier. Dernier Quartier. Lunift. Boréal. Aufral. Equinoxe Afcendant. Defcendant. Apogée. Périgée, 4 jours avant la N. Lune après ayant Ja PI, Lune. après Chaleur moyenne. .1127.p. Elévarion moyenne du Baromètre. 9,8 Vents dominans. No. & So. Temperature. 9,0 lig.| N. & So. | Variable,humide, Eroide , humide, Idem. Idem. Variation, hum, Froide , humide, Idem. . [Chaude, feche. Variation, hum. . [Idem. Idem. Chaude, feche. Froide , humide, Idem. Je demande quel fond un Phyficien impartial peut faire jufqu'à préfent fur la théorie des- points lunaires. Ne nous décourageons cependant pas , & ne ceflons d'obferver & de comparer ; c’eft le feul moyen de reculer les bornes de la Météorologie, Laon , 17 Février 1786. Ktax C3 MÉMOIRE is } rs ; ) Lo it ,e . SURPHIST. NATURELLE ET LES ARTS. 81 MÉMOIRE SUR LES ACIDES MÉTAELIQUES; Par M. HASsENFRATZ Profeffeur de Phyfique de l'Ecole Royale des Mines, Avan T Îu dans le journal de Crell de 178$, l'extrait d’une lettre de M. Hermbftade de Berlin, dans laquelle il mandoit au rédacteur qu'il venoit d'obtenir de l'acide d'étain , je répétai aufli-côt fes expérien- ces. Je fis diftiller à plufieurs reprifes de l'acide nitreux fur de l’étain. L’acide nitreux fe décompofa , je reçus à l'appareil hydro-pneumatique de l'air nitreux ou de la mophette (1) pure, tandis que l'air déphlogifti- qué abandonné calcinoit le métal. J’ai recommencé mes diftillations juf- qu'à ce quil n’y ait plus d'acide nitreux de décompofé. Ayant verfé de l’eau diftillée {ur la chaux defléchée dans la cornue, l’eau s’acidula foible- ment. Cet acide, ainfi que celui provenant du dernier produit de la difillation , étoient de l'acide d’étain. L’ayant faturé d’alkali fixe, il ne fe fit aucun précipité ; le fel que j'obtins ne füfoit point fur les charbons, & je ne pouvois avoir pour réfultat que du nitre ou de l’acido-ftanique de potafle. M. de Lavoifier ayant fait diftiller du nitre & du vitriol de mars calciné, reconnut que ce qui reftoit dans la cornue après en avoir diftillé l'acide nitreux, fafoit effervefcence avec les acides. Cette expérience me conduifit à rechercher les moyens d'obtenir l'acide du fer. J’opérai de la même manière que pour l'étain , & j’eus des réfulrats analogues, excepté cependant que l'acide obtenu contenoit quelquefois du fer en diffolution. Ces deux nouveaux acides métalliques retirés de l’étain & du fer, & les quatre que nous connoiflions déjà, favoir, l'acide arfenical , molibdique , tungftique & wolfranique, qui tous font des chaux métal- Jiques unies à l'air déphlogiftiqué , ou des métaux furchargés d’air déphlo- giftiqué, me confirmèrent dans l'opinion que les chaux métalliques n'étoient qu'un état intermédiaire entre les métaux & leur acide : d'où il fuit néceflairement que fi l'on trouvoit le moyen d'unir de nouvel air ÉRRRetIQUE aux chaux, qu'on les feroit pañler toures à l'état acide. (1) On obtient Pun ou l’autre de ces airs en raifon de la vitefle de la calcination. Tome XXVIIT, Part, I, 1786. AVRIL, Na { 282 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, J'allois continuer mon travail fur cette matière, & je traitai déjà l'antimoine, lorfque M. Pelletier , ayant eu connoiflance de l’objet qui m'occupoit , eut la bonté de me faire avertir qu'il avoit déjà une fuite d'expériences fur la déphlogiftication des chaux métalliques, qu'il en avoit même déjà parlé dans un Mémoire fur la molibdène, Mémoire lu à l'Académie Royale des Sciences en janvier 1785, & imprimé dans le Journal de Phyfique de décembre de la même année. M. Pelletier me fit voir fes réfultats fur l’étain, l’antimoine & le bifmuth. Son travail étant plus avancé que le mien , je l'ai abandonné, connoiffant la fagacité & l'exactitude de ce Chimifte. M, Bergmann regardant l’arfenic comme l'acide arfenical faturé de: phlogiftique & fa chaux blanche comme un état intermédiaire entre lacide & le métal, concluoit, de la calcination de tous les métaux, qu'ils étoient compofés d’acides différens, & que pour les ramener à leur état primitif, il ne falloit que leur enlever le phlogiftique. Les nréraux augmentant de poids en s’acidifiant , & l'énoncé du favant Chimifte Suédois paroiffant faire entendre qu'ils devroient en perdre, il faut, pour ne point rendre fon raifonnement contradiétoire, traduire, phlogiftique enlevé par addi- tion d'air déphlogiftiqué, & phlogiftique donné par fouftraction d'air déphlogiftiqué, Si le principe acidifiant eft l'acide igné, comme l'avance M. Sage, & fi routes les chaux métalliques font formées de terres métalliques & d'acide igné , comme le croit ce Chimifte , il en réfulte que routes les chaux métalliques peuvent être réduites à l’état d'acide : d’ailleurs , fi l'air déphlogifiqué n’eft qu’une légère modification de l'acide igné, comme l'annonce M. Sage , il s'enfuit que la plus grande partie des réfulrats obtenus par l’air déphlogiftiqué fonc entièrement dus à l'acide igné. Les acides métalliques d’étain , de fer, &c. perdent leur caractère d’acidité en Les calcinant à rouge dans des creufets. Je me propofois de rechercher fi ce changement de nature ne provenoit point d’un dégagemene d'air déphlogiftiqué. | SUR L’'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 283 PROBLÈMES. ET QUESTIONS SUR LES LOIX DU MOUVEMENT DES FLUIDES, PropPposés PAR M. DE LA METHERIE (tr) fe Les fluides fuivent des loix particulières dans leurs mouve- mens, Ces loix doîvent dépendre de la nature même des fluides qui nous eft encore peu connue, On a regardé les fluides comme de petits corps folides qui n’ont aucune adhéfion, Mais je crois qu'avec cette théorie on auroit de la peine à rendre raifon des phénomènes que préfentent les fluides dans leurs mouvemens. “2°. On auroit cependant tort de penfer que Les fluides font d'une nature différente de celle des folides. Puifque , 1°. tous les folides peuvent paller à l'état de liquidité par l’action d’un feu violent , & réci- proquement le froid fait pañler à l’état de folidité la plupart des fluides; 2°, les folides font prefque tous compofés de fluides, favoir , d’eau, d’air, de feu, &c. comme le prouve l'analyfe chimique. Ainfi les parties pre- mières qui compofent les fluides ne different point de celles des folides ; mais elles ont une nmianière d’être différente. 3°. Tous les fluides que nous connoiffons paroiffent élafliques. Le fluide lumineux paroît pofléder l'élafticité au maximum , puifquil fe réfléchit conftamment fous un angle égal à celui d'incidence. L'air fe réfléchit aufi à-peu-près de même dans les échos. L'eau & tous les fluides dont elle fait la bafe , le mercure & rous les métaux ou pierres en état de fufon préfentent le même phénomène (23). Ainf tous les fluides connus paroiffent élaftiques. On auroit donc tort de rechercher les loix des fuides non-élaftiques. IL faut obferver que quelques fluides , tels que l’air, font compreffibles ; & occupent beaucoup moins de place, lorfqu'ils fupportent un poids quelconque , au lieu que d’autres fluides, quoiqu'élaftiques, tels que l’eau, le mercure, ne font point comprimés, au moins fenfiblement, de même qu'un bloc de marbre, quoiqu’élaftique, n’eft point comprimé, & occupe (x) Voyez mes Mémoires fur les élémens & fur la criflallifation , dans ce Journal, année 1781 : jy regarde ces élémens comme atômes ou monades. Je ne confidère ici les fluides que phyfiquement, comme ils paroiffent exifler dans Ja nature, & non point d’une manière abftraite, comme fluides parfaits, ainfi que les fuppofent les Géomètres. Tome XXVIII, Part. I, 1786. AVRIL. Nn2 284 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, toujours le même efpace, quelque poids qu'il fupporte. Ils ne font comprimés que dans le choc. : 4°. Les molécules des fluides paroiffent fphériques , ou approchent beaucoup de la fphéricite, Cela paroît certain pour le Auide lumineux , puifqu'il n’y a que des parties fphériques qui puiflenc conftamment fe réfléchir fous un angle égal à celui d'incidence, & qui fuivent des règles conftantes dans leurs réfractions. L'air fuit à-peu-près les mêmes loix dans fa réflexion. Les molécules d’eau, d'huile, de mercure, &c. fe réfléchiffent aulfi à-peu-près de même, ce qui peut faire foupçonner que leurs molécules font fphériques , ou approchent de la fphéricité. Enfin ,tous les corps réduits en vapeurs font fous forme véliculaire , car en expolant ces vapeurs entre un corps éclairé ; comme une bougie & l'œil, on apperçoit des iris. Ne feroit-ce pas également le feu qui fait affecter la forme fphérique aux molécules des fluides , telles que l'eau , l’huile, le mercure & tous les corps en fufon ? Ceci eft d'autant plus vraifemblable que fi toutes les molécules des corps étoient fphériques , on auroit de la peine à concevoir comment elles pourroient fe combiner. Mais comment le feu peut-il rendre fphériques les vapeurs véficulaires & toutes les molécules des fluides £ 5°. Les fluides peuvent avoir quatre fortes de mouvemens. 1° Un mouvement intérieur qu'on peut appeler mouvement de liquidité : 2°. un mouvement de preflion, que ces molécules exercent les unes fur les autres: 3°, un mouvement communiqué par le choc, qui peut être de deux efpèces, l'un de sranflation, qui tranfporte toute la mañle, tel le courant d'un fleuve: 4, l’autre d'o/cillarion qui agite le fluide fans le tranfporter, tels font les fons excités dans l'air: Je vais parler de chacun de ces mouvemens en particulier. 6°. Du mouvement intérieur des fluides , ou du mouvement de liquidité. Le feu, qui paroît le principe de toute fluidité , puifque par fon abfence la plupart des Auides paffent à l’état de folidité, ne liquéfie tous les corps que par le grand mouvement qu'il leur communique, Lorfqu’on fait fondre des métaux , des pierres, on les voit bouillonner , & leurs molécules font animées d’un mouvement violent, L'activité des acides, des alkalis, des liqueurs fpiritueufes, des huiles, &c. ne peut s'expliquer que par un femblable mouvement intérieur : & effk@ivement elles con- tiennent toutes une grande quantité de matière de la chaleur , comme je l'ai prouvé... . . Mais recherchons la caufe de ce mouvement intérieur. 7. Ne doit-on pas fuppofer que Les premières parties de matiere confiflent en parties folides , maffives , dures , impénétrables , mobiles , & ayant chacune une figure particuliére différente de celle de toute autre ? Voici comme s'exprime Newton , Optiq. trad. franc. page 573. « Il me femble très-probable qu'au commencement Dieu forma la ji A ti sla a # ME “ni À « F SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 285 # matière en particules folides , mafives , dures, impénétrables, mobiles, > que ces particules primitives font incomparablement plus dures qu'aucun >» des corps poreux qui en fonc compofés, & fi dures qu’elles ne s’ufent » ni ne fe rompent jamais. Car fi elles venoient à s'ufer ou à fe mettre > en pièces, la nature des chofes qui en dépend changeroitinfailliblemenr. » L'eau & la terre compofées de vieilles particules ufées ne {eroient pas à >» préfent de même nature & contexture que l'eau & laiterre qui auroient >» été compofées au commencement de particules entières: & par.confé- >» quent afin que la nature puifle étre durable, l’altérarion des êtres >» corporels ne doit confifter qu'en différentes féparations , nouveaux »aflemblages & mouvemens de ces particules permanentes », 8°. Ces parties premières ont une force propre , inhérente, qu’elles ne perdent jamais, & qui varie dans chacune , fuivant le principe des indifcernables. C'eft ce que tour prouve dans la nature, Je n’en rappor- terai qu'un exemple: l’acide marin eft très-volatil & très-pénétrant, ainf que l’alkali volatil cauftique, Si on les unit enfemble, on a un fel ammo- niac qui a peu d'activité : qu’on verfe fur ce fel de l'acide vitriolique , il y a décompofition , & l'acide marin reparoît avec toute fon éñeroie. Si on mêle ce même fel ammoniac avec de la chaux, l’alkali volatil va reparoître avec toutes fes qualités. Cet alkali & cet acide n’avoient donc rien perdu de leurs forces inhérentes dans la combinaifon. Ces forces n’éroient qu'in nifu : & effectivement le mouvement qui fublifte dans l'univers ne peut primitivement fe retrouver que dans les parties premières de matière. Cette force inhérente n'eft-elle pas la caufe de toute impulfon , & l'attraction qu'une hypothèfe mathématique ? , 9°. Deux de ces parties fuppofèes avoir des faces planes ou concaves & convexes, & Je rencontrant dans des direëtions oppofées & dans leurs centres, s'uniront & fe combineront. Velles font, par exemple , les parties cubiques du fel marin , du fpath fluor, &c. Si les forces font égales, elles fe feront équilibre, feront 27 zifu, & le tout fera immobile: Si les forces font inégales , le tout fe mouvra fuivant la direction de la plus forte avec l'excédent des forces. N'eft-ce pas dans une pareïlle combinaifon que confifte l’aggrégation de tous les corps folides ou fluides, la dureté , l'élafticiré? &c. 10°.92 ces deux parties premières ne fe rencontrent pas dans le centre de maffe , mais à côté, elles s’uniront également , mais conferveront un mouvement giratoire , qui dépendra de la figure & de la force de chaque partie: car foient deux corps À B, f£g. 4, animés chacun d’une force, & ayant des diretions oppofées, S'ils fe rencontrent aux centres d & 4, ils suniront, & ou ils demeureront en repos fi les forces font égales, ou fi elles font inégales , ils fe mouvront en ligne droite, fuivant la direétion de la plus forte; mais s'ils fe rencontrent aux points & 6, ils acquerronc un mouvement giratoire. . 286 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, 11°. Suppofons que dans les combinaifons des parties premiéres de matière, leurs forces ne fe trouvent pas parfaitement er équilibre , les compofés qui en réfulteront auront donc toujours un mouvement. Ce mouvement ne fera que très-rarement en ligne droite, parce qu'il n’arivera prefque jamais que les centres de mafle fe rencontrent. Ce fera donc ordinairement un mouvement giratoire. Tel paroît être le mouve- ment qui anime les molécules des fluides. IL ne fauroit être régulier , parce que toutes ces parties s'oppofent des réfiftances qui feront changer continuellement leurs direétions mutuelles. 120. N'eff-ce pas dans ce mouvement giratoire que confifle le mouve- ment de répulfion , qu'a fuppofé Newton entre les différentes parties de matière? Car des parties fphériques animées d’un mouvement giratoire fe repouiferont, dès qu'elles viendront à fe toucher. 13°. L'élaflicité des fluides (ainfi que celle des folides ) dépend de cette force propre des premières parties de matières. Car fuppofons plu- fieurs de ces parties combinées enfemble en vertu de cette force propre, & rendantes à un centre, f22. ÿ , fi on imprime à ce compofé un choc quelconque, celles de ces parties qui recevront le choc feront pouffées en avant, & repoufféront latéralement celles qui leur font unies. Mais l'effec du choc paflé, ces parties repouffées reprendront leur place première, & même repouffront à leur tour les autres : d'où naïîtra le mouvement d'ofcillarion qui conftitue lélafticité. 14°. Scholie. Les uides doivent donc être regardés comme un amas de molécules, 1°. plus ou moins tenues ; 2°. fphériques on approchant de la fphéricité; 30. doués d'une élafticité plus où moins confidérable ; 4°, animés d'un mouvement giratoire plus ou moins vif; Se. ayant un mouvement de répulfion, qui les empêche de fe combiner; elles ont néanmoins une certaine adhérence qui paroît dépendre d’une autre caufe. £ 15°. De l'aëion diffolvante des liquides, Tous les liquides ont une action diffolvante. Certe qualité eft de la plus grande utilité aux Chimiftes qui donnent le nom de menflrues à ces diflolvans. Cette action des fluides doit dépendre du mouvement intérieur de leurs molécules. Sans cefle agitées, elles attaquent , elles heurtent tout ce qu'elles rencontrent, & le déplacenr. Il n’eft pas poñible qu'un corps très-dur, tel qu'un métal, une pierre, foit diffous fans que l’aggrégation de leurs parties foit brifée par une force fupérieure à leur force de cohéfion. La liquéfadtion par le feu, qui nef qu'une efpèce de diffolution , rend ceci plus fenfible. Il fe préfente ici deux phénomènes particuliers. L'un eft que tel diffol- vant attaque telle fubftance, & non pas telle autre: l'acide nitreux diflout l'argent & n’artaque pas l'or. L'eau diffour les corps fucrés & ne peut atraquer les huiles : l'autre, eft que tel menftrue qui ne peut plus difloudre tel corps en diffoudra encore un troifième, Ainfi l’eau faturée de nitre 1108 | De hdtet "1 (l SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 297 diffoudra éncore du fel commun & de l’aikali fixe, &c (1). Le Chimifte répond que ces phénomènes dépendent des affinités ; mais quelle eft la caufe des affinités ? 16°. Loix d'équilibre des fluides ou de leur preffion. La première loi d'équilibre des fluides dont on peut dire que toutes les autres ne fonc que des conféquences , eft l'égalité de preffion qu'ils exercent en toutes fortes de fens, Chaque molécule d'un fluide eft comprimée par fes voifines, & elle les comprime également : d’où il réfulte un équilibre général dans la mafle. Cette loi qu'on a cru ne venir que de la gravité me paroit encore- reconnoître d'autres caufes : 1°, l'élafticité des molécules fluides : 2°. leur mouvement intérieur. On peut donc regarder les molécules des fluides comme autant de reflorts toujours animés d’un mouvement gjiratoire , qui fe compriment mutuellement en toutes fortes de directions , & qui réagiffent de même avec une force égale à celle de compreflion ; en forte qu'une molécule de fluide prife dans une grande mafle a une égale tendance en bas , en haut & latéralement, & par conféquent fa gravité eft comme nulle. On en déduir: Que La bafe des vafes qui contiennent des fluides ef? preffée en raifon de cette bafe multiplie par la hauteur du fluide, & cependant le fupport qui Joutient ce vafe n'eft chargé que du poids du vafe & de celui du fluide qui ef? contenu : que differentes couches d'un fluide prifes à différentes hauteurs feront chargées en raifon de la hauteur des couches fupérieures : que les écoulemes de ces liqueurs feront en railon fous-doublée de ces hauteurs... Cecine fauroit avoir lieu pour des corps foiides, quelque déliés qu'on les fuppofe. Un corps plongé dans un fluide perdra de fa gravité une quantité égale à celle du fluide qu'il déplace, parce que le fluide par fa force de preflion le repouffe fans cefle en haut. Ceci n’auroit pas encore lieu pour un corps plongé dans des corps folides , quelque déliés qu’ils fuffent , par exemple, dans une mafle de fable. Cer effet eft donc uniquement dû au mouvement de fluidité, au mouvement intérieur dont font animées les molécules des fluides qui réagiffent fans cefle contre l’obftacle qui les prefle, avec une force égale à la preflion : au lieu qu’un bloc de marbre, un monceau de fable ou de glace pulvérifée, n'ont nulle réaction, 17°. Donc les molécules des fluides cherchant toujours à fe mettre en équilibre , occuperont le moins d'efpace poflible. Or MM, je Sage de Genève & Fabre ont prouvé que pour que des molecules fphériques occupent le moins d'efpace pollible , il faut qu’elles s'arrangent comme des boulets de canon empilés , en forte qu’une feule de ces molécules , en les fuppofant égales , fera entourée de douze autres, favoir , fix autour de (1) Voyez un Mémoire de M, Eller, Açad. de Berlin , an, 175°. , © èw » # >88 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, l'équateur, & trois vers chacun des pôles: l’efpace qu’elles rempliront fera ©, & le vide qu'elles laitieront entr’elles fera Z. s . 18°. Des courans , ou loix de tranflation des fluides. Les fluides peuvent être mus & changer de place comme les folides. Ils obéiront à un mouvement qui leur fera imprimé, & acquerront une vicefle en avant. Îls ne différeront en rien à cet égard des autres corps. Mais les loix de ce choc ne font point les mêmes pour les fluides que pour les folides. H faut d’abord obferver que les molécules des liquides n’ayant que peu d'adhérence entr'elles, & obéiffant fans ceffe à la gravité qui les attire vers le centre de la terre, & à leur mouvement intérieur de liquidité, une male fluide ne peut fe foutenir, fans qu'elle foit contenue dans un vaifleau, un canal, &c. ce qui occafionne des frottemens violens à certaines parties, tandis que les autres n'en éprouvent que de très-petits: par confé- quent il y a inégalité de mouvement dans les différentes couches de ce fluide, L'eau d'un fleuve , par exemple , doir être conçue divifée en diffé- rentes tranches dont les unes frottent contre le fond & les bords du lit du fleuve; celles qui font à fa furface frottent contre l'air , celles du milieu frottent contre routes celles qui les environnent, Ces différens frottemens n'étant point les mêmes, la vitefle ne fera point non plus la mème dans les différentes lames du courant (1), Faifons abraétion de cette circonflance. 19°. Suppofons un fluide en mouvement divifé en lames parallèles à fon cours. Il eft évident que fi ces lames étoient /o/des , incompreffibles 6 Jans aucune élaflicité, lobitacle fupporteroit tout l'effort de celles qui viendroient le frapper depuis lorigine du fluide: car en fuppofant la longueur du fluide de 60 pieds , on peut Îe regarder comme une fuite de prifmes de 60 pieds qui viennent chouer contre l’obftacle, Le même effet auroit encore lieu fi nous fuppofons ce prifme liquide entrer dans un autre prifme creux dont les parois feroient folides, & qui auroit un fond, Ce fond fupporteroit tout l'effort du prifme liquide. 20°. On confidère ordinairement les Auides comme compofés de parties mobiles. La première, dit-on, qui eft arrêtée par l'obftacle lui commu- nique tout fonsmouvement , coule enfuite à côté, & ne retarde nullement le mouvement de la feconde qui vient aufli communiquer à l'obflacie tout celui qu'elle a, & ainfi des autres: d'où on a conclu que l'effort que fait contre un obftacle un fluide animé de différentes vicefles eft en raifon du quarré de ces vitefles : car foient ces vitefles dans le rapport d’1 à 2, chaque partie du fecond fluide frappe avec 2 de force , tandis que celles du premier ne-frappent qu'avec 1; mais la vitefle de celui-ci n'étant (1) On en a un exemple frappant dans les anfes des fleuves. L'eau y.eft fouvent. obligée de remonter & de décrire plufñeurs courbes avant que de pouvoir rentrer dans le ÿrand courant. - que SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 289- que la moitié du fecond , lorfque l'obitacle fera choqué par une partie’ du premier il le fera par deux du fecond : ce qui donnera les efforts ou la fomme de ces chocs comme 1 à 4, c’eft-à-dire, comme les quarrés des vîtefles de ces Auides, Ÿ 21°. Toutes cesloix ne ftroient que pour des fluides fans élafticité & dont les molécules n’auroient point de mouvement giratoire; mais nous n'en connoifflons point de tels. Les molécules des fluides font non- feulement fphériques , mais encore animées d’un mouvement intérieur, & ont d’ailleurs une élafticité plus ou moins confidérable, Or, l’expérience a appris que le choc des corps élaftiques eft bien différent de celui des corps fans élafticité. Le choc des fluides contre un obiticle doit donc produire le même effet que celui de plufieurs billes élaftiques qui auroient un mouvement giratoire , & donc les centres de mafle feroient difpofés à-peu-prés comme des boulets de canon empilés. 22°. Si on laifle tomber fur un bloc de marbre fuppofé inébranlable une fuite de billes élaftiques contigues , & dont les centres foient dans la même direction, elles communiqueront toutes leur mouvement au bloc, & s’en retourneront avec la même vitefle qu’elles avoient avant le choc; mais fi les centres de ces billes ne font point dans la même direction, qu'une fe trouve entre trois autres, il en arrivera des effets tout diffé- rens , car lorfque cette partie voudra fe réfléchir , elle choquera lacérale- ment les trois autres: dès-lors il y aura décompofition du mouvement, C’eft précifément ce qui a lieu pour les fuides, Il ne nous refte donc que l'expérience. : 23°. Expérience première. J’ai fait tomber de deux pieds de hauteur ; de l'eau, du mercure , fur une plaque de marbre pofée dans une cloche renverfée, Ils ne fe font point réfléchis à la même hauteur. L'un & l’autre n'ont été réfléchis qu'à 8 à 10 pouces , & encore il n’y a eu qu'une très. - petite portion de réfléchie. La plus grande partie s’eft difperfée en nape, La même chofe a lieu fi on verfe de l’eau fur de l’eau , & du mercure fur du mercure. Cette expérience qui fe renouvelle chaque jour prouve, 1°, que les fluides fonc élaftiques & fe réfléchiflenc dans leurs chocs ; 2°. qu’ils ne fe réfléchiflent point à la même hauteur dont ils font tombés, mais fe difperfent en nape pour la plus grande partie: ce qui vient fans doute de ce que les centres de figures de leurs molécules ne font point oppofés ; 3°. qu'on ne pourra calculer le choc des fluides qu'en ayant égard à toutes ces données. : 24°. Expér. 2. Le choc des diffèrens fluides ne fuit point le quarré de leurs virefles refpeäives. 11 eft beaucoup plus confidérable, ce qui dépend encore de la quantité des deux fluides. Si on fuppofe un réfervoir contenant une mafle de 20 pieds de profondeur & autant de longueur, & un autre de même profondeur & de 100 pieds de longueur , qu'on excite Tome XXVIL, Part. I, 1786. AVRIL. Oo 290 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, un mouvement dans ces deux malles d’eau , la dernière exercera un plus grand effort contre les chauflées que la première: car on doit concevoir dans les deux cas le volume d’eau agiffant non-feulement en raifon de fa vitefle, mais en raifon de fa mafle. La force énorme d’un coup de vent qui brife Les plus gros arbres , emporte le toît des maifons , fait chavirer un vaifleau, &c. ne peut s'expliquer que de cette manière : car l'air étant plus de 800 fois plus rare que cet arbre, la plus grande vitefle de ce vent n'étant pas de 100 pieds par feconde, l’effort de ce venc fur cet arbre dans les principes ordinaires ne devroit être que celui d’une mafle égale à cet arbre qui parcourroit un huitième de pied par feconde , ce qui certainement ne le renverferoit pas. 25°. Il faut donc reconnoître une autre caufe. Lorfque la vitefle eft rapide, les parties qui, lorfqu'elles ont communiqué leur mouvement à l'obftacle, couleroient à côté, foir par l'effet de la gravité, foit par leur mouvement de liquidité, n'ont point le rems de fe dévier, Un très- grand nombre de ces molécules frappe donc à la fois. Ainfi dans certe circonftance , le fluide doit étre regardé prefque comme un folide d'une: longueur d'autant plus confidérable quela vireffe du courant fera plus grande. Et l'effort qu'il fera variera dans des raifons plus confidérables que le quarré des vivefles, Les expériences faites en petit par MM. d’Alembert, Condorcet & Bofluc, donnent les mêmes réfulrars. La figure de l’obftacle apportera une grande modification à ces chocs, comme l'expérience l’a appris; car quand la furface de l’obftacle eft plane & perpendiculaire au courant , le choc eft direct. Un grand nombre- de parties d'ailleurs font arrêtées & ne peuvent couler, ce ui fait un remou confidérable ; mais fi cette face de l’obftacle eft inclinée au courant, ou qu'elle foit curviligne, &c. le choc eft oblique ,.& toutes les parties du fluide peuvent couler le long de l'obftacle par leur mouvement de liquidité. : Cependant cet effort d’un fluide en mouvement ou d’un courant contre un obftacle, n’a nulle proportion avec celui que feroient différens folides quelque petits qu'on les fuppofe. C'eft ce que nous allons voir dans l'article füivant. 26°. De la réfiflance que des fluides oppofent à un corps er mouvement. On a calculé cette réfiftance, comme l'effort que fait un fluide en mouvement contre un-obftacle ; d'où on a conclu que cette réfiflance croifloit comme les quarrés des viefles des corps qui les tra- verfoient ; mais l'expérience a auffi donné un rapport plus confidérable : & c’elt par la même raifon. Lorfqu'un corps fe meut dans un fluide, non-feulement il déplace les-parties qu’il touche , & leur donne la vitefle qu'il a lui-même, mais celles-ci ne pouvant pas céder affez promprement en déplacent un nombre d’autres en avant & latéralement , d'autant plus confidérable que le mouvement eft plus vire. SUR L’'HIST, NATURELLE ET LES ARTS. 291 Expér. 3. Une expérience journalière confirme ceci. J'ai fufpendu des «corps très-lécers dans une chambre bien fermée, & dont l'air étoic tranquille: j'y ai fait mouvoir avec vitefle un carton d'un pied en quarré & diftant de quatre des corps fufpendus. Ces corps ont été agités. Nous en devons conclure qu’un corps qui fe meurt dans un fluide , non- feulement communique aux parties qu’il déplace une vitefle égale à la fienne , mais qu'il meut un nombre d’autres parties en avant & latérale- ment d’autant plus confidérable que fa vitefle eft plus grande. Ainfi la réfiflance qu'oppofe un fluide à différens corps qui le traverfent eft plus grande que le quarré de leurs vitefles refpeétives. 27°. Newton a dit qu'un cylindre plongé dans un fluide comprimé, infini & fans élafticité, 27 fluido compreffo, infenito & non elaflico , qui auroit une denfité égale à la fienne, perdroit tout fon mouvement pendant le tems qui lui feroit néceflaire à parcourir quatre de fes diamètres, & que comme la fphère eft au cylindre dans le rapport de 2 à 3, un globe perdroit toute fa vieffe pendant le tems qui lui feroit néceflaire à par- courir + de fon diamètre. Nous ne connoiflons point de fluide infini & fans élafticité; mais l'eau de l'Océan peut être regardée comme infinie par rapport aux infectes & petits poiflons qui s’y meuvent. Elle n’eft pas fenfiblement compreflible, & cependant ces infectes, ces petits poiffons s’y meuvent fort aifément. 28°. Expér. 4. J'ai fait mouvoir un corps dans de l’eau, foit qu'il y foie tout enfoncé, ou feulement en partie ; il m'a fallu beaucoup moins de force, que pour mouvoir ce corps fur un plan fort uni , fur une table, quoiqu’ici 1l ne déplace que l'air, & je fuis sûr que dans le vide l'expérience auroit le même réfultat. #72 Cette expérience fe répète tous les jours en grand. Un bateau fur une rivière, une galère, font mis facilement en mouvement par l'effort de quelques hommes, tandis que fur terre leurs efforts feroient impuiflans, quoique cette galère foit obligée de déplacer dans le premier cas un grand volume d’eau , & que dans le fecond elle ne déplace que le même volume d'air , qui eft près de 1000 fois plus rare ; & dans les deux cas on a également toute l’inertie de la galère à vaincre. Il eft vrai que fa gravité ft moindre par l'effort du fluide qui la repoufle fans cefle en haut (16), par fa force de preflion ; mais d’un autre côté on aura à vaincre la gravité & la force d'inertie de la mafle d’eau déplacée, 29°. Car il paroît certain qu’en ne confidérant les Auides que comme un amas de petits corps folides , un corps ne peut s'y mouvoir qu'en les déplaçant. Or, leur pefanteur & leur inertie s’oppofent à ce déplacement, Il femble donc que fi pour mouvoir un corps dans de l’eau, par exemple, il faut déplacer une livre d’eau & lui donner 10 degrés de vitele, il faudra pour produire cet effet la même force que fi on donnoit les mêmes 10 degrés de viteffe à un corps folide, à une livre de marbre, par exemple, Tome XXVIIT, Part. I, 1786. AVRIL. Oo 2 292 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, ou à une livre de fable dont les grains feroient auffi fins qu'on puiffe les fuppofer, ou à une livre d'eau renfermée dans un vafe, Ne pourroit-on pas en trouver une explication fatisfaifante dans la nature même des fluides? Nous avons déjà vu (16) qu’une molécule fluide prife dans une grande mafle ne rend pas plus en bas qu’en haut ou latéralement. 30°. Toutes les molécules des fuides font fphériques ou approchent de cette figure, ont de l’élafticité , & font animées d’un mouvement giratoire plus ou moins vif, Or, fuppofons plufieurs corps fphériques , élaftiques , mus circulairement fur leurs axes , rels que les totons d’enfans, je dis qu'il eft un grand nombre de circonftances où ils eppoferont moins de réfif- tance à un corps qui voudra es traverfer que s'ils étoient en repos ; car dans ce dernier cas il faut vaincre toute leur inertie: au lieu que le moindre choc latéral éloigne ce toton de fa direction ; car il faut pour lors le confidérer comme un corps mu dans une courbe. Or, il ne faut qu'une très-petite force centripète pour que ce corps foit mu dans cette courbe. Elle ef à la force qui le meut fur la tangente , comme le finus verfe de l’angle infiniment petit qui exprime la nouvelle diretion qu'il prend à chaque élément de la courbe , eft au finus d’un angle droit. ILeft vrai qu'il eft d’autres circonftances où le mouvement du toton oppoferoit une plus grande réfiftance , favoir, lorfque le corps qui voudroit le déplacer le choqueroit dans la direétion de fa force, en fuppofant qu'il ne fe meuve pas fur fon centre. Mais Le tout compenfé, la réliftance d’un tel fuide ne doit-elle pas être infiniment moindre , que celle de ce même fluide dont les parties n'auroient point de mouvement giratoire , que celle d'un corps folide femblable ? C'eft ce qui me paroît devoir être. D'un autre côté, la même force dont font animées les molécules des liquides repoufle en haut le corps qui y eft plongé, ce qui diminue fa gravité (16). N’eft-ce pas à ces deux caufes qu'eft due la grande facilité avec laquelle on fait mouvoir un vaifleau ou un autre corps fur l’eau ou dans l’eau relativement à la force qui eft néceflaire pour le mouvoir fur terre? La même caufe fans doute diminue également l'effort des courans qui n’a nulle proportion avec l'effort que feroient des petits corps folides en mouvement , un fleuve de fable, par exemple. 31°. Expér. 5. J'ai jeté fur le bain d'une eau tranquille différens petits corps. Chacun eft devenu le centre de cercles ou zones concen- triques de colonnes d’eau s’abaiflant & s'élevant fucceflivement, en s'éloignant toujours. Aucune ne fe confond avec fa voifine. 32°. Expér. 6. Différens corps jetés fur du mercure y excitent évale- ment des ondulations qui fe comportent comme celles de l'eau en s'éloignant toujours du centre ; mais ces ondulations préfentent un phé- nomène qui ne fe remarque pas aufli facilement fur l’eau, 33°. Expér. 7. J'ai mis du mercure dans un grand plat rond de faïence, J'ai fait tomber au centre de ce mercure une aiguille très-fine hs SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 293 füfpendue par un fil, & l'ai retirée aufli-rôc. IL s’excita des ondulations qui s’érendirent jufqu'à extrémité du mercure: arrivées-là , elles rétro- gradèrent, & vinrent fe perdre au centre en convergeant de la même manière qu’elles s’en étoient éloignées en divergeant. Si on fait tomber deux ou plufieurs corps en différens endroits de la furface du mercure, il s'excite différentes zones qui s’éloignent en divergeant & rétrogradant jufqu’au point de départ en convergeant, Ce phénomène eft conftant : M. de Bernftorff & plufieurs autres Savans en ont été témoins. IL feroic intéreflant de pouvoir s’aflurer fi la force de ces ondulations décroït en raifon inverfe des quarrés des diftances en divergeant, & fi elle augmente en raifon de ces mêmes quarrés en convergeant. Quoique cela foit vraifemblable , je n'ai pu le conftater par l'expérience. 34”. Ces phénomènes font bien finguliers, & ne fauroient avoir lieu relativement à des corps folides, 1°. Comment un aufli petit choc que la chûte d’un aiguille de la hauteur de quelques pouces peut-il exciter des ondulations fur une grande mafle d’eau, & encore mieux far un bain de mercure qui eft un fluide fi pefant ? Cela ne peut s'expliquer que par Vélafticité de ces fluides. 2°. Comment ces ondes rétrogradent-elles jufqu'au centre d’où elles font parties ? 3°. Comment aux points d'inter- fection de ces différentes ondulations le mouvement ne fe décompofe-t-il pas? Dans des corps folides ils feroient obligés de fuivre la diagonale des forces. L’élafticité des fluides & leur mouvement giratoire entrent fans doute pour beaucoup dans ces phénomènes. 35°. Expér. 8. Plufeurs fluides peuvent fe mouvoir les uns dans les autres fans que leurs mouvemens en foient altérés, au moins fenfible- ment. Suppolons une mafle d'air , par exemple , agitée en différens fens ; qu'on la parfume d’un grand nombre d’odeurs; qu'on y place différens corps chargés d'électricité , des tourmalines en activité , des aimans , &c. chacun de ces phénomènes s’exécutera à-peu-près comme s’il étoit feul. Cependant que de mouvemens dans cette fphère d’activité ! La matière électrique , la magnétique, celle de la tourmaline attirant & repouffant chacune féparément les différens corps qui font foumis à leurs a@tions. Les odeurs fe répandent , l'air eft agité, &c. ë 36°. Expér. 9. On appaie.les grands balancemens d'un fluide agité, par l'interpofition de petits corps flottans. Les vagues de la mer font appaifées par de l'huile ‘qu'on verfe fur fa furface. Cette obfervation faite par les anciens a été renouvellée de nos jours & confirmée par le ab Franklin (1). Les porteurs d’eau mettent une petite planche fur leurs féaux , les marchands de vin jettent des bouchons de liège dans leurs brocs , &c. & ces petits corps empêchent le balancement de ces liquides. (1) Journal de Phyfique, Novembre 1774. 294 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, Seroit-ce par la même raifon que la pluie calme ordinairement le vent ? 37°. Des loix du choc des fluides fans déplacement fenfible, ou du mouvement d'ofcillation des. fluides. Les liquides peuvent encore recevoir des chocs d’une autre efpèce. Chaque molécule choquée com- muniquera fans fe déplacer fon mouvement à fes voifnes, celles-ci aux leurs, & ainfi de proche en proche Pe ce que toute cette force foit . épuifée en fe communiquant à une mafle immenfe , ou qu'il fe rencontre un obftacle infurmontable. 38°. Cette communication fe fera de la même manière que pour des corps folides élaftiques. Soient différences billes élaftiques placées à la fuite les unes des autres de manière que les centres de mafle fe corref- pondent: que la première reçoive un choc, il n'y aura que la dernière qui partira. S'il yen a deux de choquées, ilen partira deux , &c. Si les billes font égales, les dernières partiront précifément avec la même vitefle qu'avoient les choquantes. Si Les billes varient en groffeur, cette différence apportera de grands changemens aux mouvemens commaniqués , comme on le fair. Si une feule bille fe trouve au milieu de plufieurs autres, dont celle-ci fe trouve dans la ligne qui pafle par le centre d’autres billes oppofées, que quelques-unes de celles-ci foient choquées , le mouvement fe tranfmettra à celles qui font oppofées dans le même moment, Enfin, fi les centres de ces différentes billes ne font point oppofés, & qu'il yen ait une de choquée, toutes les autres feront mues. Nous pouvons appliquer ces loix aux fluides, puifque leurs molécules font toutes à-peu- près fphériques , & ont plus ou moins d'élafticiré. 39°. Si nous fuppofons un choc imprimé à une colonne du fluide dont les centres des molécules fe trouvent dans la mème direction, l'impreflion fe communiquera à toute la fuite de ces molécules fans s’affoiblir , en les fuppofant parfaitement élaftiques , & il n'y aura que la dernière molécule qui partira avec toute la force donnée par le choc. Les chofes ne fe paflent cependant point de cette manière; car nous avons vu qu'un choc donné à une malle d’eau, de mercure, &c. y excite des ondulations concentriques & divergentes. La même chofe a lieu pour les fons. Un corps fonore excite des ondulations dans toure la maffe d’air qui l’environne , 8& les fons fe propagent en tout fens. Le fluide électrique, le Auide magnétique, fe propagent de la même façon. Le fluide lumineux , ( en fuppofant la lumière l’effec du choc d’un fluide parfaitement élaftique) fuit aufi à-peu-près les mêmes loix, Le corps lumineux ébranle le fluide lumineux en tout fens, & devient le centre d’une fphère lumineufe. Cependant il y a une petite différence qu'on a faic beaucoup valoir dans le fyflême de l’émiflion. Si on préfente un obftacle aux.ondes excitées fur la furface de l’eau , ces ondes font arrêtées. Si cet obftacle a un trou, les ondes fe communiqueront par ce trou à l'eau qui fe trouve au-delà, & SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARIS. 295 continueront de fe propager par des cercles concentriques. Le même phé- nomène a lieu pour les fons, le fluide électrique, &c. Mais la chofe paroîc - un peu différente pour la lumière. Un rayon introduit dans une chambre obfcure la traverfe en ligne droite; & on ne peut voir l'objet d'où il part que dans cette direction : au lieu qu'on entend les fons fans voir le corps fonore. Cependant la lumière fe rapproche beaucoup des loix des autres fluides , puifque ce rayon lumineux eft apperçu de toutes les parties de la chambre. Il ébranle donc toujours jufqu'à un certain point le fluide lumineux contenu dans cette chambre. Ainfi on peut donc regarder comme règle générale que le choc dans les fluides fe propage en toutes fortes de fens, & non point dans la direction du corps choquant, Il eft facile d’en afligner la caufe. Pour que le choc de la première molécule pafle à la feconde qui fe trouve dans la même direion, de-là à la troifième, &c. il Badroit que les centres de ces molécules fuffent parfai- tement oppofés. Mais cela n'étant pas, le‘mouvement fe communique à toute la mafle. Or, nous avons vu que pour que les molécules des fluides occupent le moins d'efpace poflible (17), leurs centres ne font point oppofés. Mais le fluide lumineux fe propageant en ligne droite, les centres des molécules fe trouvent fans doute plus fouvent oppofés. 40°, Dans un fluide fans élafticité la communication du mouvement ou du choc devroit décroître en raifon inverfe des cubes des difances ; car fuppofons la puiffance au milieu d’une mafle fphérique, agiflante en tout fens, par exemple , un corps fonore. Il ébranle en railon de fon énergie tout ce qui l'environne, c’eft-à-dire , une mafle fphérique plus où moins étendue. Or, les fphères font entr'elles comme les cubes des côtés homologues. Donc une particule placée à un pied de diftance de Ja A puiflance recevra huit fois plus de mouvement que celle qui en fera à deux pieds, C.Q.F, D. 41°. Mais tous les fluides étant élaftiques , ces loix du choc doivent fuivre , & fuivent en effet d’autres raifons. Il feroit diffcile‘de les dérermi- ner par le calcul. Pour y parvenir il faudroit favoir combien la première molécule qui a reçu le choc en doit frapper d’autres, & fous quel angle fe fera ce choc. Il paroïtroit bien qu'une molécule doit être environnée de douze autres (17). Il s’agiroit donc de favoir dans quelle direétion fe fera le choc ; mais ces molécules font dans un mouvement continuel, ce qui dérange leurs poftions. = 42°. D'ailleurs il faudroit fuppofer un fluide feul-& fans mélange. Or, il n’y en a point de tels dans la nature. Ils font tous mélés, & leurs: molécules ne font certainement pas de la même grofieur. L'eau, par exemple , n'eft liquide que par l’action du feu ou du principe de la chaleur, Elle contient d’ailleurs toujours de l'air. Elle eft encore pénétrée par la matière de la lumière, la matière électrique , peut-être la matière magné- tique, &c. La même chofe a lieu pour les liqueurs fpiritueufes, les huiles, 296 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, les acides, &c. &c. L'air de l’atmofphère'eft également mêlangé avec de l'eau , le fluide lumineux , la matière de la chaleur, le Auide électrique, le magnétique , &c. Nous n'avons donc aucun fluide dans la nature qui ne foit mélangé avec un grand nombre d’autres, Ainf il feroit impofhble de déterminer Le nombre de molécules de chaque fluide qui s’environnent mutuellement ; par conféquent de calculer les effets que doit produire le choc dans un fluide quelconque. L'expérience feule pourra donc afligner les loix que fuivent les fluides dans leurs chocs. 43°. Or, il paroît accordé par tous les Phyficiens que ce mouvement d’ofcillation des Auides eft en raifon inverfe des quarrés des diflances. On croit que les fons, la lumière fuivent cette loi dans leur propagation, Cependant cela me paroît très-difcile à conftater par l'expérience. Je -croirois même que ce net pas la vraie loi. J'ai pris deux objets égaux, deux cartes, que j'ai placées l’une à un pied d’une bougie , l’autre à deux pieds : la première ne m'a pas paru quatre fois plus éclairée que la feconde. Il en eft de même des fons; mais il eft fi difficile d’apprécier ces effers faute d'inftrumens, que je ne faurois rien déterminer de précis, Cepen- dant M. Coulomb croit pouvoir aflurer que l’action du fluide électrique fuit l'inverfe des quarrés des diftances. 44°. Il fe préfente une obfervation affez curieufe, C'eft que ce mouve- ment ofcillatoire excité dans les fluides ne l’eft que par de pareilles ofcilla- tions excitées dans un folide, Lès corps lumineux n'éclairent qu'autant que leurs parties font réduites en expanfion. Ce font des véficules huileufes ou autres qui éclatent avec violence. Les corps en état d'incandefcence éprouvent également des ofcillations confidérables. Les corps fonores ne produifent des fons qu’autant que leurs parties font en ofcillations , & toutes ofcillations du corps fonore ne peuvent pas produire cet effet, comme on fair. Le fluide électrique ne paroît également mis en mou- vement que par les vibrations que le frottement excite dans le corps électrifé. La même chofe a peut-être lieu pour le magnérifme. Aïnfi il aroît conftant que tous les #ouvemens ofcillatoires produits dans les différens fluides connus , le font par de pareilles ofcillations excitées das d'autres corps. 45°. Expér. 10. Plufieurs fluides peuvent éprouver des mouvemens o/cillatoires les uns dans les autres, fans que ces mouvermens paroiflent altérés , ainfi que nous avons vu (35) qu’ils peuvent éprouver plulieurs mouvemens de tranflarion. Suppofons une falle de concert où fe trouve le plus grand nombre & la plus grande variété d’inftrumens , qu'on illu- mine cette falle de mille feux diverfement colorés , que par des miroirs, des lentilles, on y raffemble la vue du payfage Îe plus étendu , &c. Tous ces mouvemens s'exécuteront fans fe nuire. Ils -peuvent même avoir lieu dans l’eau, les liqueurs diaphanes. Enfin , ils peuvent encore fe trouver avec le mouvement de tranflation de ces mêmes fluides , ou d’autres , par exemple , ‘ L3 Ne - L LE Cas S 2 : SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 297 exemple, dans un air agité, dans un air rempli d’odeurs. Les Auides électrique, magnétique en activité, ne nuiront nullement à ces mouve- mens. . . . Ces phénomènes font certainement des plusincompréhenfibles de la nature, & cependant influent beaucoup dans toutes fes opérations, puifque par-tout nous.voyons des fluides les uns dans les autres animés de cœ double mouvement de tranflation & d’ofcillation, fans que ces imouvemers fe nuifent. 46°. Je ne n'étendrai pas ici davantage fur les mouvemens des fluides, Mais on voit aflez par tout ce que j'en ai dit combien il refte d’incerti- tudes qu'on ne pourra lever que par la voie de l’expérience; car il me paroît que nous fommes encore bien éloignés d’avoir les données néceflaires pour expliquer des faits auffi furprenans que ceux que je viens d’expofer. Cependant s’il m'eft permis de dire ce que je penfe à cer égard , je crois qu’on ne pourra perfectionner la rhéorie des Au:des qu’erm les confidérant, 1°. comme des corps fphériques où approchans de la figure fphérique, & plus ou moins élaftiques ; 2°. comme animés conti- nuellement d'une force giraroire qui les meut plus où moins vite. Mais pour fixer davantage l’attention des Phyliciens , je vais pofer en problèmes les principales recherches que je crois qu'il y auroit à faire fur cette matière, Nulle ne mérite plus leur attention dans l'état où font les fciences. 47°. Probléme 1. Les molécules des Auides peuvent-elles être regardées comme fphériques ,ou approchant de la fphéricité , élaftiques , & animées continuellement d'un mouvement gjiratoire ? 48°. Probléme 2. Peut-on expliquer phyfiquement, c’eft-à-dire, par les loix connues de la mécanique, pourquoi un fluide diflout telle fubftance, & non pas telle autre, pourquoi étant faturé de telle fubftance il en diffoudra de telle autre, enfin quelle eft la caufe des affinités chimiques ? 49°, Probléme 32 Peut-on expliquer phyfiquement , pourquoi certains Quides ne peuvent point fe mêlanger, teis que l’eau & l'huile, tandis que l'eau & le vin fe mêlent très-bien ? Pourquoi différens fluides mélés enfemble parfaitement ou imparfaitemenc, tels que l’eau, le vin, &c, peuvent être féparés par le moyen de petites bandelettes d'étoffes imbibées de chacune de ces liqueurs féparément? Ceci eft une fuite du problème précédent. 50°. Probléme 4. Les loix d'équilibre des fluides ne dépendent-elles as de l’élafticité de leurs molécules & de leur mouvement giratoire ? 51°. Probléme $. Peut-on expliquer phyfiquement, comment diffé- rentés ondulations peuvent être excitées fur la furface d’une eau tranquille ou du mercure > Comment ces ondulations fe croiferont fans fe détruire ? Comment dans le mercure elles e reportent en convergeant au point du départ ? Enfin , comment différens fluides mêlés peuvent avoir chacun Tome XXVIII, Part. 1, 1786. AVRIL. Pp “1 r ai Ne) ‘ »#S OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, un mouvement de sranflation, un courant, fans que ces courans fe nuifent ? 52°. Probléme 6. Peut-on expliquer par les loix connues de 4a mécanique, comment un corps plongé dans un fluide auffi denfe que lui, prefqu'incompreflible, & immenfe relativement à lui, tel que l'Océan par rapport à un infeéte, peut sy mouvoir avec une très - grande facilité ? 53°. Probléme 7. Peut-on expliquer phyfiquement comment l'agitation violente d’un fluide, telle que les vagues de la mer, peut être appaifée par l'interpolition d’un corps léger, par exemple, par de l'huile ? $4. Problème 8. Peut-on expliquer füivant les loix de la mécanique comment un fluide agit en raifon inverfe des quarrés des diflances, comme le fait le fluide éleétrique ? « 55° Probléme 9. Peut-on expliquer fuivant les loix connues de la mécanique comment des o/cillations excitées par un choc dans un fluide élaftique , par exemple, dans l'air, pour produire les fons, décroiffenc (à peu-près) en raifon inverfe des quarrés des diftances ? 56°. Probléme 10. Peut-on expliquer phyfiquement comment différens fluides mêlangés, tels que l'air, le fluide lumineux , &c. peuvent éprouver différentes o/cillarions pour produire des fons , des couleurs , fans que ces ofcéllations fe confondent ni ne fe nuifenr? $7°. Probléme 11. Peut-on expliquer phyfiquement comment les ofcillations d’un ou de plufieurs fluides ne font point affectées par le mouvement de tranflation d’autres fluides avec lefquels celui-ci ou ceux-ci font mélangés ? 58°. La folution de ces différens problèmes me paroît de la plus grande importance pour la haute phyfique; car ce font les fluides qui jouent le plus grand rôle dans la nature, & fonc fes grands agens. Si donc on veut faire des progrès dans la philofophie naturelle, ce ne fera qu’en tâchant de perfectionner la théorie du mouverhent des fluides. Les queftions fuivantes feront voir de quel intérêt feroir cette théorie. 59°: Queftion première. Toutes les parties premières de matière ne font-elles pas des particules dures qui ne fe brifent point ? Aromes infecables ou non ? 60°. Queftion 2. Ces parties n'ont-elles pas une force propre, inhérente, qu'elles ne perdent jamais ? Et tous les mouvemens que nous obfervons dans la nature ne font-ils pas un effec de certe force qui l'anime conti- nuellement, fans qu'il foir befoin , comme l’a dit Newton , de renouveller ce mouvement à certains intervalles ? L’effec de cette force où impulfon peut être détruit; mais la force première fublifte toujours dans chaque partie de matière, & ne fe perd jamais. 61°. Queftion 3. Deux parties animées chacune de leur force propre & fe rencontrant dans des directions oppofées, ne doivent-elles pas fe - 1 SUR L’HIST. NATURELLE ET LES ARTS@ 299 combiner fi leur figure le permet? Leurs forces ne feront pas détruites : elles ne feront qu'ëz »ifu. Ces combinaifons dépendront de la figure & de la force de chacune de ces parties premières, 1 62°. Queftion 4. Dans ces combinailons toutes ces forces ne doivent- elles pas fe trouver ordinairement dans un défaut d'équilibre d'où naîtra un mouvement giratoire ? : 63°. Queflion $. Dans la première origine , toutes les parties premières de matière n’ont-elles pas dû ainfi fe combiner? Car fuppofons des parties cubiques comme celles du fel marin, du fpath Auor, &c. où rhomboïdales comme celles du fpath calcaire, &c, animées d’une force quelconque& fe rencontrant dans des directions oppofées, ne doivent-elles pas fe combiner? Ce que j'appelle criftallifation, Les réfulrats de ces crifléllifations auront été, 1°. les grands globes, comme foleils (1), planètes , comères & les corps qui lescompofent; 2°. les êtres organifés. 64°. Queftion 6. Ne peut-on pas prouver que lattraétion ne fauroit être caufe de la criflallifation? Agiflant indifféremment fur toutes les mafles en raifon inverfe des cubes des diftances dans les petites diftan- ces, ne devra-t-elle pas former uniquement des mafles fphériques & non des criflaux réguliers? Auffi Newton a-t-il été obligé d'admettre en même-tems une force de répulfion entre toutes les parties de matière, fans laquelle répulfon , toute la matière s’attirant , le mouvement auroit bientôc ceflé dans l'univers pour en faire une feule fphère folide. Newton ne regardoit-il pas toutes ces hypothèfes qui paroïilent contradictoires , comme purement mathématiques, & non comme des caufes phyfiques ? 65°. Queftion 7. Tous les Philofophes ne reconnoiffent-ils pas qu'entre les grands globes il exifte un fluide très-fubtil qu'ils ont nommé éther , matière éthérée, fouverainement fluide , parfaitemenr élaftique & très- rare ? Cet éther n’aura-t-il pas un mouvement intérieur de fluidité? 66°. Queftion'8. Ne font-ce pas les vibrations de cer éther qui produifent da lumière ? 67°. Queftion 9. Autour de ces globes ne fe trouve-t-il pas d’autres fluides moins rares que l’éther , tels que l'air, les fluides éle@rique, magnÉ= rique, &c. &c. qui conftituent leur atmofphère? On ne fait pas encore (x) Les foleils font-ils, 1°. des corps brülans> Ce qui paroitroit dificile, parce qu'un corps ne peut brûler que par le concours de Pair pur. Or, où prendre tout celui qui feroit néceffaire pour une pareille combuftion? 2°. Ne feroient-ils qu’à l'état d’incande{cence ? 3°. Ou plutôt ne feroïent-ils pas des corps approchant des planètes recouverts d'un fluide phofphorique , tel que celui qui rend nos mers lumineufes, excepté que la phofphorefcence de ce fluide feroit plus confidérable à 4°. Cette phofphorefcence feroit-elle due à l'électricité > Ces deux derniers fentimens n'ont-ils pas un plus grand nombre d’analogiz pour eux ? Tome XXVIIT, Part. I, 1786. AVRIL. Pp 2 Fes 300 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, jufqu'où s'étendent ces atmofphères ? Les phénomènes de la lumière zodiacale prouvent que celle du foleil eft vifible pour nous vers mars, c'eft-à-dire , à plus de 40000000 de lieues du foleil. Celles des comètes font aufli vilibles à une très-grande diftance de l’aftre. L'ahalogie ne peut-elle pas faire conclure que ces atmofphères s'étendent encore beau- coup plus loin qu'elles ne font vifbles? Ne peut-on pas aufi conclure par analogie que les atmofphères de la terre & des autres planètes font également beaucoup plus étendues qu’on ne le fuppofe: Newron a foupçonné que la terre pouvoit avoir une atmofphère magnétique qui s'érendit jufqu'à la lune, & influat fur fes irrégularirés. Ainfi il fe pourroit que l'air atmofphérique ne s'érendit pas à une hauteur confidé- rable, mais que la terre eüt une atmofphère électrique, magnétique, ou de tout autre fluide inconnu , qui für très-érendue. 68°. Queltion 10. Les forces, des parties conftituant ces globes, n’ont-elles pas pu lors de leur combinailon générale, de leur criftallifation, n'être point en équilibre? d'où il s'enfuivroit que ces globes auroient confervé un mouvement gjiratoire, femblable à celui des élémens que nous avons vu (queftion 4). I! eft démontré qu'en fuppofant que la force d'impulfñon de chaque planète ne s'eft point trouvée au centre de la mafle, mais à quelque ciftance de ce centre, ces planères auroient le double mouvement que nous leur voyons, celui de rotation autour de leur axe, & celui de tranfport dans une ellipfe, Jean Bernoulli a démontré qu'une force motrice appliquée à la terre fuppofée ronde & homogène à une diftance de — du rayon au-delà de fon centre, lui donneroit à- peu-près le double mouvement qu’elle a. Pour mars il a trouvé que la force a dû être appliquée à = du rayon au-delà du centre, pour jupiter à Z, & pour la lune à + , fuivant M. d’Alemberr. 69°. Queftion 11. Ne peut-on pas fuppofer que la matière éthérée ; fluide immenfe, n’a aucun mouvement particulier (excepté celui de fluidité) que celui qu'y occafionne le paflage de ces globes, femblable à celui que produifent dans notre atmofphère différens corps qui s’y meuvent, lefquels mouvemens ne font que des mouvemens locaux & qui ne s’érendent pas à toute la mafle ? Que par conféquent les planètes , les comètes peuvent traverfer cet éther en toutes fortes de directions fans qu'il y apporte d'autre obftacle qu'une très-petite réfiftance, *70°. Queftion 12. Le globe terreftre n'eft-il pas toujours chargé d'électricité , de magnétifme, &cc. dont l’action s'étend juiqu’à la lune &c peut-être au-delà ? Tous les autres globes ne font-ils pas dans le même cas? Ne font-ce pas ces armofphères électriques, magnétiques, &c. qui agiflant les unes dans les autres de globe à globe caufent leur pertur- bation ; car nous ayons vu que différens fluides peuvent apir les uns dans les autres ? g SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 301 #71 Queftion 13. Ces atmofphères , telles qu'elles foienr, qui enveloppent chaque globe, n’attiferont-elles pas en raifon inverfe des quarrés des diflances , au centre de chacun de ces globes , & non point vers l’axe de rotation, tous les corps qui fe trouveront dans la fphère de leur activité, ce qui feroir la caufe de la pefanreur? Car un globe électrique atrire fuivant cette loi à fon centre tout ce qui eft dans la fphère de fon activité : & ne feroit-ce pas exiger plus qu'on a droit de demander,que de vouloir qu'on explique comment les atmofphères des grands glbes agiflent fuivanc certe loi , puifqu'on ne peut encore expliquer comment le fluide électrique attire fuivant cette loi au centre d'un globe éle@rifé ? 72°. Queftion 14. Ne pourroit-on pas trouver dans les principes que je viens d'établir, la caufe phyfque des différentes hyporhèfes mathématiques qu'a faires Newton ? Toutes les parties de matière animées d’une force inhérente fe combineronr, criftalliferont , fi leur figure le permet, d'où naîtra la dureté des cogps. Fâche-t-on de féparer ces parties ainfi combinées, & l'effort n'elt-il pas affez puiflant ? elles reprendront leur première polirion , ce qui conftirue l’élafliciré, Mais fi la figure des parties premières ne permet pas la combinaifon , il y aura répulfon. Des molécules fphériques, par exemple , qui ont un mouvement piratoire & qui s'approchent, fe repoullent aulli-tôr. Ce mouvement intérieur des fluides n'eft-il pas la caufe de tous les aurres phénomènes qui dépendent de l'impulfon , tels que le mouvement des animaux, la fermentation , les effervefcences , les affinités, &c. &c. Les mouvemens diurnes & annuels des aîtres, la gravité , Nc. &c. n'ont-ils pas encore le mème principe ? Enfin, ne concçoit-on pas dans cette hyporhèle qu'il n’eft point néceflaire de remettre du mouvement dans la nature de rems à autre, comme l'a fuppofé Newton, & que celui qui y eft ne fe perd jamais 2 73°. Cette force inhérente doit être regardée comme caufe de route impulfion, C'eft ce qu’il eft facile de prouver ; car fi les parties combinées confervent un mouvement en ligne droite, il elkévidenc qu’elles cho- queront tout ce qu’elles rencontreront ,& lui donneront un mouvement d'impulfion. Si au contraire ces parties combinées ne confervent qu'un mouvement giratoire , elles peuvent écalement donner un mouvement d’impulfon aux corps qu’elles choqueront , comme font les torons des enfans. Enfin , tous les mouvemens des animaux font une fuite de celui de leurs liqueurs ; & il n’eft point de mouvemens connus dars Ja narure qui ne viennent des fluides , fur-tout du feu. Le mouvement des ares paroïc dépendre de cette même force inhérente, Nous pouvons donc regarder comme certain que toute impulfion & tout mouvement vient de cette force inhérente des premières parties de matière, " Une obfervation eflentielle qu’on doit faire, eft que cette force 302 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, inhérente communique ce mouvemenc d'impulfion fans rien perdre ; comme-nous le voyons par les eflerstdu feu, des acides, des aikalis, &c. Certe impuifion fera détruite par des chocs ; niais la force inhérente eft inaltérable & demeure toujours la même. C'eft un phénomène auquel on n’a point fair ailez d'attention. Certe force inhérente eft indeitructibles mais {es eflets, qui fonc l'impulfion , fe détruifenr fans cefle. Nous ignorons comment cela fe fair, païce que nous n'avons aucune idée de la force , dont nous ne connoiflons que les effzts , qui font le mouvement des corps. Ces effets fe détruifent continuellement ; mais l@fbrce elle- même ne Je perd point. Elle eft toujours la même : lorfqu'éile paroîc détruite, elle n'eft qu'ir nifu. Tel elt le principe de la confervation du mouvement dans la nature. L'ART DE FAIRE LES CRISTAUX COLORÉS IMITANT LES PIERRES PRÉCIEUSES; Par M. FONTANIEU, Jntendant & Contrôleur Général des - Meubles de la Couronne, des Académies Royales des Sciences & d'Architeëlure : prix , 1 liv. 4 fols. À Paris, chez P. Fr. Didoc le jeune, Imprimeur de Monsreur, quai des Auguftins, 1786. RE RNRVREANIÈT. MN avons cru faire plaifir à nos Lecteurs de leur faire connoître les préparations dont fe fervoit M. de Fontanieu pour faïre les criftaux colorés. On fait que ce Savant s'eft beaticoup occupé de cette partie qui devient tous les jours plus intéreffante, & qu'on cherche à perfe“tionner (1). On verra néanmoins que M. de Fontanieu aüroit pu beaucoup fimpliher quelques-unes de fes préparatiofñs ; mais nous Jes rapporterons telles qu'il les a données. Des fondans. Un de ces fondans fe tire des chaux de plomb, telles que le minium , la litharge , le blanc de plomb en écailles, & la cérufe. M. de Fontanieu préféroic le minium , enfuite le plomb en écailles, parce que les autres chaux de plomb fonc fujettes à être fallifices. La bafe des pierres factices eft la chaux de plomb & le criftal de roche, ou toute autre terre vitrifiable par l'intermède des chaux de plomb , telles Cou SEMAINE DUT © 2 ANT SAUT Nr ZIP TRE (x) L'Académie wient de propofer un prix de 12000 liv. pour la préparation du fintglafs. | Er # Al À à! : * : $ € ei if TARA AA: Es ATOS MAIRE TA", f SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 303 que le fable pur, la pierre à fufl, les cailloux tranfparens des rivières, &cs M. de Fontanieu les fait bien rougir dans des creufers, les jette enfuite dans des 4 Lie d’eau froide , décante l’eau , les fait fécher , les pile, les päffefän tamis de foie, & les fait digérer pendant quatre à cinq heures dans de l'acide marin pour en enlever coures les parties ferrugi- neufes. IL décante enfuice l'acide marin, lave dans plufeurs eaux {a pierre vitrifiable , la faic fécher, & la repafle au tamis. Le nitre, l’alkali du tartre & le borax , font les crois efpèces de fels qu'il fait entrer dans fes criftaux. Avec ce quartz ainfi préparé & fa chaux de plomb, tout l'art confifte dans un jufte mélange de ces différentes fubftances. Par exemple, une trop grande quantité de plomb rehd le verre fufceptible de fe ternir; c’eft ce que les ouvriers appellent fonce graffe. M, de Fon- tanieu réduit fes fondans au nombre de cinq. Premier fondant. Deux parties & demie de plomb en écailles, (par uhe partie | Auteur entend un marc ou 8 onces ) une partie & demie de criftal de roche ou de filex préparé , une demi-partie de nitre , autant de borax , & un quart de partie de verre d’arfenic , étant bien mêlés formen la compofition du premier fondant, Ce mélange mis dans un creufec de Heffe , on le fait fritter. Quand il eft bien fondu, on le verfe dans l’eau froide. On le fond une feconde, une troifième fois, toujours dans des creufets neufs, ayant foin de le jeter à chaque fois dans de l'eau claire, & d'en féparer le plomb révivifé. Second fondant. Deux parties & demie de blanc de cérufe, une partie de pierres à fufñl préparées, une demi-partie d’alkali du tartre & un quarc de partie de borax calciné. On fond ce mélange dans un creufer de Heffe, on le verfe dans l’eau , ce qu'on répète une feconde & une troilième fois, comme pour le précédent. Troifième fondant. Deux parties de minium , une partie de criftal de roche, une demi-partie de nitre, & autant d’alkali du tartre. On fond ce mélange, & on le traite comme les précédens. ñ Quatrième fondant. Vrois parties de borax calciné , une partie de criftal de roche préparé, & une d’alkali du tartre. On fond æ mélange , on le verfe dans l’eau riède, Après l’avoir fair fécher , on le mêle avec une égale quantité de minium, On le fond plufeurs fois, & on le lave comme les précédens, Cinquième fondant, où fondant de Mayence, nommé aïinfi parce qu'il a été trouvé par un Médecin de ce pays. C'eft une des plus belles compofñtions ctiftallines que l'Auteuræonnoifle, Trois parties d'alkali dé tartre, une partie de criftal de roche préparée: On fritre ce mélange, on le laiffe refroidir, enfuire on verfe dans le creufet de l’eau chaude qui diflout la fritre. Cette eau décantée dans une terrine de grès, on y-verfe de l'eau-forte jufqu'à ce qu'il n'y ait plus d’effervefcence, On décante l'eau : #8 \ 1 Ch J d { TENTE f RE 304 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, on lave la frite avec de l’eau riède jufqu’à ce qu'elle n’ait plus de faveur. On la fair fécher ; on la mêle avec une partie & dem e de belle cérufe où blanc de plomb en écailles : on phorphirife ce mélange enl’arrofant d’eau diftillée. On prend une partie & demie de cetre MU 4 L'on y ajoute une once de borax calciné, On mêle le tout dans un mortier de marbre, enfuite on le fait fondre, & on le jette dans l’eau froide commé les autres fondans, Ces fufñons & ces lotions ayant été répétées , on mêle au fondant pulvérifé un douzième de nitre, On fait fondre une dernière fois ce nouveau mêlange, & l'on trouve dans le creufer un crès-beau criftal qui a beaucoup d'orient. Huit onces de cérufe , trois cnces de criftal de roche préparé, deux onces de borax en poudre très-fine , & un demi-grain de manganèfe ayant été fondus & lavés comme ci-deflus , ont donné à l’Auteur un très-beau criftal blanc, : Trois onces de criftal de roche de préparé, deux onces de borax en poudre , un demi-grain de manganèfe, donnent auf un beau criftal blanc en procédant comme pour les autres fondans. Dans Les préparations ci-deflus on peut ajouter trois grains de man- anèfe par marc, ou huit onces de matière. Cependant il y a des couleurs qu'elle modifie d’une manière défagréable, Des couleurs. Les couleurs des pierres précieufes facices fonr dues à des chaux métalliques. C'eft de leur préparation que dépend la vivacité de la couleur. Chaux d’or. Cette chaux connue fous le nom de précipité de Caffius ; donne au criftal la couleur pourpre. L’Auteur diflout l'or dans une eau régale compofée de trois parties d'acide nitreux précipité, & une d'acide mario. Il diflout l'étain dans une eau régale compofée de cinq parties d'acide nitreux & une d'acide marin, Les deux diffolutions mélangées, il fe faic un précipité qui eft celui de Cuffius. IL prend, par exemple, huit onces de diffolution d’étain qu’il étend de quatre pintes d’eau difillée, y verfe de la diffolution d’or goutte à goutte, agitant le cout avec un tube de verre. Le mélange prend une couleur pourpre, Pour accélérer la précipitation de ce pourpre , il verfe dans ce mêlange une pinte d’urine fraîche. On décante enfuite le fluide: on lave le précipité une ou deux fois, on le fair fécher jufqu'à ce qu'il foit réduit en une poudre brune. Autre procédé. On diftillé au bain de cendres dans une cornue de verre , de l'or avec de l’eau régale compofée de trois parties d'acide nitreux & une d'acide marin. Lorfque l'acide a paflé, & que l'or contenu dans la cornue paroît à fec , la cornue étant refroidie, on verfe dedans de nouvelle eau régale. On diflille comme ci-deflus : on remet encore deux fois de l'eau régale & on diflille. Pour lors on verfe dans la cornue peu-à-peu de l'huile de vartre par défaillance. Il y a une vive effervefcence : lorfqu’elle ef SUR L'HIST. NATURELLE ETLES ARTS. 30; eft paflée , on diftille Le mélange jufqu’à ficcité. On met de l’eau tiède dans la cornue, & on verfe le tout dans une capfule. Il s’y dépofe un précipité qui varie par fa couleur , qui eft tantôt brune & tantôt-jaune, Ce précipité lavé & féché donne un pourpre bien fupérieur au précédent. Deux grains de celui-ci fufhfent par once de fondans, tandis que du précipité de Caflius , il faut le vinguème du fondant (1); mais on exalte la couleur du précipité de Callius en y ajoutant un fixième de fon poids de verre d'antimoine en poudre fine, & du nitre un gros par marc de fondant. Chaux d'argent. La chaux d'argent vitrifiée produit une couleur d'un gris jauvâtre. L'Auteur ne l’emploie que fous forme de lune cornée. If diflout l'argent dans l'acide nitreux précipité , y verfe une diffolution de fel marin. 11 lave enfuite le précipité , qui fe fond aifément au feu & fe volatile quand il n’eft point mélé avec les matières vitriffables. Vingt-cinq grains de lune cornée avec une once du quatrième fondanc font un beau diamant jaune. On peut diminuer la lune cornée fuivant la nuance de jaune qu'on défire. Chaux de curvre. Les chaux de cuivre donnent au verre blanc la plus belle couleur verte. Mais fi ce métal n'éroit point exaétement à l’état de chaux, il y introduiroit une couleur d’un rouge brurâtre. Le bleu de montagne, le verder & le rétidu de fa diftillation, fonc les différentes préparations de cuivre dont l’Auteur fait ufage. Pour faire les émeraudes arufcielles, il fond quinze onces du premier fondant , un gros de bleu de montagne & un grain de chaux de cobalt. Le mélange du bleu & du jaune donne aufli les émeraudes, On prend une once du fecond fondant, vingt grains de verre d'antimoine & trois grains de chaux de cobalr. Chaux de fer. Quoiqu’on ait avancé que les chaux de fer introduifoient dans le verre blanc'une très-belle couleur rouge tranfparente, l'Aureur n’a pu en obtenir qu'un rouge pâle & un peu opaque. La dofe de la chaux de fer eft le vingrième du fondant, Il faut que ce métal foic entièrement dépouillé de ion phlosiftique , & ne foit plus attirable à l'aimant. Ainfi on peur prendre les écailles de fer ou /guamma ferri (2). FE Premier procédé. Faites digérer de la limaille d'acier avec du vinaigre diftillé, faites évaporer : répérez cette évaporation dix & douze fois ; vous aurez une chaux qu'il faut calciner après lavoir tamifée. Cette chaux de fer ne donne au fondant qu'une couleur verte tirant fur le jaune. Second procédé. On diffout une once de limaille de fer dans de l'acide nitreux. On introduit ce mêlange dns une cornue de verre : on diftille à (1) Le précipité de Caffius contient beaucoup de chaux d’étain , au lieu que celui-ci ne contient que l'or. Nore de M. de la Metherie. (2) Ces écailles font attirables, More de M. de la Metherie, Tome XXVIIT, Part. I, 1786. AV RIT. Q q 306 OBSERVATIONS SUR'LA PHYSIQUE, ficcité. On recohobe une feconde & une troifième fois de l'acide nitreux fur la chaux de fer; on l’édulcore avec l’efprit-de-vin, on lave avec de l’eau diftillée, & on obtient un fafran de mars du plus beau rouge. Ê De L'aimant. L’aimant eft une mine de fer, où ce métal eft à l’état métallique. C'eft pourquoi il faut le calciner avant de l’introduire dans la vitrification. On le torréfie pendant deux heures, on le lave & on le fait écher, On ne l'emploie que pour la compolition de l’opale : fur deux onces de fondant on met deux grains d'airuant , dix grains d'argent corné, demi-grain de précipité de Caïlius & demi-gros de terre des os calcinés à blanc. ; NS Du cobalr. Il n'y a que la chaux de cobalt qui donne la couleur bleue au verre. Mais ce métal contient prefque toujours du fer & du bifmuth dont il faut Le dépouiller. On commence par calciner la mine de cobalt pour en dégager l’arfenic ; enfuite on la diftille dans üne cornue avec du fel ammoniac ; le fer & le bifmuth fe fubliment avec ce fel. On répère cette opération jufqu'à ce que ce fel ne fe colore plus. Alors le cobalt étant calciné dans un tèt eft réduit à l'état de chaux pure. Un neuf centième introduit dans un fondant lui donne une belle couleur bleue, Pour préparer un émail noir femblable à l’agathe d'Iflande, il fuit de fondre enfemble une livre & demie d'un des fondans, deux onces de chaux de cobalt, deux onces de fafran de mars préparé au vinaigre , & deux onces de manganèfe, . De l'étain. La chaux d’étain n'étant pas fufceptible de fe vitrifier, & ayant une couleur blanche lorfqu’elle eft dépouillée du principe inflam- mable, elle eft propre par cette raifon à rendre opaque le verre avec lequel on la fond. C'eft alors qu'il porte le nom d’émaul, L’Auteur calcine la chaux ou potée d’érain , la lave, la defsèche, la pafle au tamis de foie avant que de l'employer. Pour faire l'émail blanc , il prend fix livres du fecond fondant & autant de potée d’étain , & y ajoute quarante-huit grains de manganèfe. ; De l'antimoine. La chaux de ce demi-métal n’eft fufceptible de fe vitrifier que lorfqu'elle contient encore du phlogiftique ; & alors elle roduit un verre rougeâtre ou couleur d'hyacint2. Mais fi l’antimoine eft à l’état de chaux abfolue comme l’antimoine diaphorétique, alors elle n'eft plus fufceptible de vitrification, & peur être fubftituée à la chaux d’étain pour faire l’émail blanc. Le verre d’antimoine entre dans la compolition des topazes, Pour la ropaze d'Orient on prend trois parties du premier fondant & cinq gros de verre d’antimoine ; pour les topazes'de Saxe , cinq grains de verre d’antimoine für une once de fondant ; & pour les ropazes du Bréfil, trois parties du premier fondant , une once vingt-quatre grains de verre d'antimoine & huit grains de précipité de Caflius. SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 307 De la manganéfe. La manganèfe à petite dofe rend le verre blancs Jui donne une couleur violette à une dofe plus confidérable ; enfin , en grande quantité rend le verre noir & opaque. Il y a deux manières de préparer la manganefe. + Premier procédé. Faites rougir la manganèfe, éceignez-la dans du vinaigre diltillé. Faices-la {écher, pulvérifez-la, & pañlez-la au tamis de foie. 3 Second procéde. Prenez une livre de manganèfe de Piémont que vous torréfierez, pulvérilerez, & enfuite mélangerez avec autant de falpètre. On calcine €e mélange pendant vingt-quatre heures; on le lave dans l'eau tiède jufqu'à ce que l'eau des ieflives n'ait plus de faveur. On fait fécher la manganèle & on la mêle avec un poids égal de fel ammoniac. On phorphirife ce mélange en y ajoutant de l'efprit de vitriol affoibli au oint de n’avoir pas plus de faveur que le vinaigre. Ce mêlangé féché, on lintroduit daus une cornue & on procède à la diflllation par un feu gradué. Quand le fel ammoniac eft fublimé, on péfe le reftant pour ajouter le même poids de fel ammoniac, & l’on procède ainfi à la diftilla- - tion & à la fublimation , qu'on répète fix fois, ayant toujours le foin de mêler le fel ammoniac & la manganèfe fur le porphire, & d’y ajouter de l'efprit de vitriol, d Pour faire l'améthifte artificielle, on prend trois parties de fondant de Mayence, on y ajoute quatre gros de cette manganèle préparée & quarante= huit grains de précipité de Cañius. On diminue la dofe de manganèfe fi on veut que la pierre foit moins colorée. Pour faire le rubis, on prend vingr onces de fondant fait avec la pierre à fuñl, & l'on y ajourera une demi-once de manganèfe fufble. Pour faire Le grenat, on mertra le vingtième en poids de cette manganèle dans le fondant précédent, ! L’Aureur ajouté dans ces trois compofitions une demi-once de criftal minéral fur chaque marc du fondant. La girafole fe fait avec la même compofition que le rubis, en introdui- fant les matières colorantes dans le fondant lorfqu'il eft en belle fufñon & agitant le tout avec un tube de verre. On retire le creufet quand la matière eft tranquille fans le laiffer plus de fix à fepc minutes au feu après avoir mis les parties coloranres. Pour faire la pierre qui imite l’agathe, on prend des morceaux de criflaux déjà teints de différentes couleurs. On les fait fondre enfemble en agitant la matière avec une verge de fer, & donnant le même feu qu'à la girafole, Des couleurs employées pour la peinture en émail. Les couleurs dont on fe fert pour peindre fur l'émail ont pour bafe les mêmes matières métal liques que celles qu’on emploie dans la préparation des verres colorés; mais Tome XXVIII, Part, I, 1786. AVRIL. Qq2z 308 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, il faut rendre le fondant plus doux, c’eft-à-dire, plus fufble, afin que les couleurs fe parfondent égalenrent , & qu'elles puiffent fe bien glacer. On prend trois parties de borax calciné , une partie & demie de verre blanc de Bohême & une partie d'alkali du tartre. On fond ce mêlange & on continue l'opération comme il eft décrit pour le quatrième fondant. Après avoir divifé ce verre par la porphirifation, on introduit dedans les chaux métalliques dans la proportion qu'on veut, ce qui dépend de la nuance qu'on cherche à obtenir, Ordinairement on mêle trois parties de fondant contre une de matière colorante. On phofphorife ce mélange avec l'efprit-de-vin : on le laifle fécher, & on le renferme à l'abri de toute pouflière. Pour employer ces émaux , le Peintre n’a plus qu'à les broyer avec de l'huile de lavande pour les appliquer fur fes plaques. Du feu. La conduite du feu eft un objet effentiel pour la vitrification. à Celui qu'on entretient avec du bois & qu’on foutient pendant foixante rA heures fans interruption produit deseffers finguliers fur le verre, le rend plus ÿ beau & moins altérable, ! L'Auteur fe fert d’un fourneau conftruit d’après celui de Kunckel. Il eft divifé en trois chambres les unes au-deflus des autres. I] le chauffe avec du bois pendant les vingt premières heures , il ne mer que trois bûches de bois blanc à la fois: pendant les vingt autres il en met quatre; enfin, pendant les vingt dernières heures , il met fix bûches, ce qui fait en tout foixante heures de feu. Après quoi il laifle refroidir Le fourneau , ayant foin de boucher Fe ventoufes ; & il ne retire les creufets qu’au bout de quarante-huir eures, 309 NOMS DES PIERRES, LE SADPHIR, veceseis «oo12 20,010 0 + os L'AMÉTHYSTE, cossevessesosee L'AIGUE-MARINE jesrsrsenense L'AGATE NOIRE ,veeuosessseses L'OPALE,eesronsnteresveseense LA TOPAZE D'ORIENT ,®esssss es. LA TOPAZE DE SAXE, LA TOPAZE DU BRÉSIL,+v.ve LA HYACINTHE,vvesoee SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. LE RUBIS D'ORIENT, 1° procédé, LE RUBIS D'ORIENT, 2° procédé, : LE RUBIS BALAIS, 1° procédé, + LE RUBIS BALAIS, 2° procédé, x frs onces du fondant qu'on voudra, +. L'ÉMERAUDE, sesessesesesese) Je fecond fondant, par Once ;« TABLE FOND ANS. fur 24 onces de fondant de Mayence, ou de celui décric dans les obfervacions , eee .. sus. fur 24 onces de. fondant de Mayence , ou de celui décrit dans les obfervations, eesserensocessenee eee de fur 24 onces du premier outroiïfième fondant, on mete.e fur 24 onces d’un des fondans qu’on voudra ,-s.ssssee fur une once du troifième fondant , on met, «+sssves fur 24 onces du premier fondant ou du troifième, «+see Y fur 24 onces du premier ou troifième fondant, ssesses fur 24 onces du fecond ou rroïfième fondant, ++ fur 24 onces du fondant faic avec le criftal de roche, ss fur. 16 onces’du fondant de Mayence, sssssssosnsenen { 20 onces du fondant faic avec la pierre À fufil,se.ess fur 16 onces de fondant de Mayence, s.s.ns..sonvnne 20 onces du fondant fait avec la pierre à fufl, +... Des différentes Pierres artificielles , des dofes des fondans & des matières colorantes, GORUPF EAUERNS: Pout LE DIAMANT BLANC, vesouu se Ÿ le fondantde Mayence, oucelui décricdanslesobfervarions: ( Ce criftal elt très-pur, & n’a pas de couleurs, LE DIAMANT JAUNE, «essses. Cle quatrième fondant, par once on ajoutes-..+ese.e (25 grains de lune cornée, ou 10 grains de verre d'antimoine. gros de bleü de montagne, 6 grains de verre d’antimoine, 1 9 20 grains de verre d’antimoine, 3 grains de chaux de cobalr. 5 £ 2 gros 46 grains de chaux de cobalt. 4 gros de manganèle préparée; ptécipiré de Caffius, 4 grains. 96 grains de verre d’antimoine , 4 grains de chaux de cobalr. 2 onces du mêlange dela page 18. 10 gr. de lune cournée ; aimant, 2 gr. terteabforbante, 26 gr. s gros de verre d’antimoine, 6 gros de verre d’antimoine, une once 24 grains de verre d’antimoine, 8 grains de préci- pité de Caflius. 2 gros 48 grains de verre d’antimoine, Il faut mertre un mélange de 2 gros 48 grains de précipité de Cafius, de pareilles dofes de fafran de mars préparé à l’eau-forte, de foufre doté d’antimoine, de manganèfe fufble, & y ajourer z onces de criftal minéral, une demi-once de manganèfefufbleavec 2 onc. decriftal min. diminuer la poudre colorante d’un quart. diminuer la manganèfe fufñble d’un quart. 310 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, mm imomniepemmmeneimhamemmemes. ÿ LETTRE D°E AS L'AIR EURO UNETE A UNEAS Au célèbre M INGEN-HOUSZ, Médecin de Sa Majeflé Impériale. Men Mes occupations ne m'ont point permis jufqu’à préfent de vous répondre. Il eft vrai que je fis l'année dernière quelques expériences fur la décompofition de l’eau, & que l'extrait en fut publié à Florence (1). Je vous l'envoie avec cette Lettre pour m'éviter la peine de vous en écrire une particulière. Cet extrait eft court, mais il fuffra à un Philofophe auffi inftruic que vous. Vous verrez de plus grands détails dans mon Mémoire lorfque j'aurai le tems de le publier. Je veux aujourd'hui vous mander feulement ce que vous défirez , fur les produits qu'on obtient en faifant pafler l'eau dans un tube de fer qui n’eft pas échauflé jufqu’à l'incandefcence , & dont j'ai parlé dans mon extrait, comme vous le verrez, Je n'ai point voulu me fervir cette fois de mon appareil ordinaire dont les tubes fonc polis à l’émeril , & joints par le moyen de vis: ce qui ôte toute communication entre l'air intérieur des tubes , & celui du dehors, L'appareil que j'ai employé a cinq foudures d'étain ; outre le ferpentin de plomb, & deux foudures de cire d'Efpagne dans l’endroit où la vapeur de l'eau eft condenfée, Je me fuis afluré par un grand nombre d'expériences qu'avec quelque foin que foient faites ces foudures , foit avec l’étain , foit avec la ciré d'Efpagne, il y a dix contre un que l'air y paffera toujours ; & il ne faut pas croire qu'il foit bien facile d'y remédier lorfqu'on a trouvé l'endroit mal foudé, IL n’eft pas moins difficile de découvrir ces petites ouvertures. Il ne fufñic pas de préfenter une lumière le long du tube quand on {ouffle dedans , une des extrémités étant fermée; il ne fuffit pas qu'on ne voie point fortir de vapeurs ni d'air quand on fait pafler de l'eau dans ce tube échauffé ; il ne fuffit pas enfin, ce qui paroît un étrange paradoxe, que l'eau s'élève de plufeurs pouces dans le tube recourbé de verre par où pañle l'air, & qui eft plongé dans le baquer. Toutes ces chofes ne ——————————————_— G) Ettraduit, Journal de Phyfique, Septembre 1785. - et. dns ul Me 4 hé IE CRT RARES CUS NON ne SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 311 fufifent pas, dis-je, car j'ai vu fouvent l'air extérieur pénétrer dans le canon, quoique tous ces lignes paruflent aflurer le contraire. Les deux méthodes qui me faroiffent les plus propres à s'aflurer qu'il n'y a point de communication entre l'air intérieur & l'air extérieur, font, 1°. de plonger dans un vafe plein d'eau les tubes & routes les foudures, de fouffler dedans avec beaucoup de force, & d'obferver fi on ne voit point d'air s'échapper ; 2°. de remplir d’eau tout l'appareil , & de le tenir ainfi pendant plulieurs heures, ayant eu foin de le bien efluyer. On s’aflure enfuite s’il n’a rien perdu, en voyant s'il mouille les mains ou un papier. Pour plus de précaution il faut tenir l'appareil dans l’eau qu'on renouvelle quand elle eft chaude , pendant tout le tems de l'expérience, parce qu'il fe pourroit que l’activité du feu occafñonnâc quelque gerçure dans les foudures On voir combien il eft facile d’être induit en erreur dans de pareilles expériences, & combien on doit fe méfer des luts qui font encore bien moins sûrs que des foudures, Comme je*voulois favoir le degré de chaleur qu'éprouveroit mon tuyau de fer , qui avoit deux pieds & demi de longueur, j'en ai plongé la longueur d’un pied dans du fable renfermé dans un vafe de fer, de façon qu'il y avoit deux pouces d'épaifleur de fable deflus & deflous le tube. Je mis fur le tuyau de fer un de mes thermomèrres de Reaumur portant fa divifion fur fon tube, & je l’environnai encore de fable. J'ai vu en général que plus on fait tomber d’eau dans le tuyau de fer, plus il eft chaud , plus on obtient d'air, C’eft pourquoi j'ai fini par laifler tomber deux ou trois gros d'eau à la fois ; & j’attendois Le tems néceffaire pour échauffer le tube & obtenir de nouvel air, - Etant bien afluré de mon appareil, j’ai voulu connoître fa capacité depuis le robinet jufqu'à l'extrémité du fiphon de verre, & j'ai trouvé qu'il contenoit 140 pouces cubiques d’eau, Toutes ces précautions prifes, ayant bien difpofé l'appareil , & le thermomètre étant en contact avec le tuyau de fer, je commençai à appliquer le feu fous le bain de fable. Lorfque la chaleur fut à 81 degrés, je laiffai tomber de l'eau eh ouvrant le robinet. La Table ci-jointewepréfente dans la première colonne les intervalles de tems pour la chüûte de l'eau, la feconde indique les degrés de chaleur du tuyau de fer, & la troifième , la quantité d'air qui fort du tuyau de fer, & eft reçue dans des cloches de criftal, dont la capacité eft bien çonnue, 312 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE; Pouces d'air Heures Minutes. Degrés du du matirr. 9 56 10 I 11 14 12 2$ 40 20 28 36 56 thermomètre, 81 85 87 92 92 IOI 126 150 180 200 254 270 280 obtenue 8 LM) Ÿ) MENETE D D. L'eau du fiphon eft re- montée en 4 minutes à 4 pouces au-deflus du ni- veau de l'eau du baquet. L'eau eft montée dans le fiphon comme ci-deflus. L'eau comme ci-deflus. L'eau comme ci-deflus, L'eau comme ci-deflus. L'eau comme ci-deflus. L'eau comme ci-deflus. L'eau comme ci-deflus. L'eau comme ci-deflus. L'eau comme ci-deflus, L’eau comme ci-deflus. L'eau comme ci-deflus, L'eau comme ci-deflus : craignant que le mercure ne bouillir dans le thermo- mètre, je l'ôtai , parce que la chaleuraugmentoit rapi- dement. L'eau comme ci-deflus, L'eau comme ci-deflus, L'eau comme ci-deflus. L'eau comme ci-deflus. L'eau monta à 1 ÿ pouces. L'eau monta à 24 pouces. L'eau monta au point de furpafler la courbure du fiphon qui étoit à la hau- teur de 27 pouces, & rem- plit l'embouchure. La quantité d’air que j'ai obtenu en 3 heures ne va qu'à 30 pouces, & la chaleur a été à 280 degrés, & je crois que fur la fin elle eft bien montée à 350 degrés. Ayant répété l'expérience avec les mêmes circonftances, variant feu- lement les degrés de chaleur , & les rems de la chüte de l’eau, j'obtins également environ 30 pouces d'air ; mais j'employai 7 heures: & l'eau ne furmonta SUR L’HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 313 farmonta jamais la courbure du fibhon. Sur la fin je fis tombe: à fix fois différentes de l’eau à de grands intervailes fans qu’il fortit plus d'air. Avant laïflé refroidir l'appareil , il entra environ 30 pouces d’eau, qui indi- quoient l'air qui étoit forti. - J'examiriai à Peudiomètré cet air:il ne donna que 112, tandis que celui du laboratoire donnoït 108. Son odeur étoit agréable, & approchoit de celle du fenouil , mais moins forte. Il ne précipitoit pas fenfiblemene l'eau de chaux, ni ne rongifloit la teinture de rournefol. L'eau du réfri- gérant avoit une faveur un peu nauféabonde, & elle étoit moins claire. à De toutes ces expériences on peut conclure en toute sûreté, [. que quand l’appareil eft dans fon état de perfection à peine fort:il la quatrième partie de l'air naturel qu’il contient ; If. que l'air qui fort eft l'air atmof- phérique des tubes ; IIT. que cet air eft devenu un peu plus mauvais que l'air atmofphérique ; IV. qu'il a un peu d'odeur de fenouil. - J'ai voulu examiner enfuite Le ruyau de fer expofé à la chaleur dans le bain de fable, & j'ai trouvé, après beaucoup d'expériences, que fa furface intérieure qui étoit très-luifante & bien polie, n'avoit éprouvé qu'une altération à peine fenfble, On y voyoit feulement une parine très-léoère, ou une teinte obfcure d’une profondeur infenfible, C'eft à cette petite altération qu’eft due principalement celle qu'a éprouvée l'air, fon odeur, & la faveur de l’eau du réfrigérant: je dis principalement , parce que d'autres caufes concourent à cette odeur. Avant de finir ma Lettre il me refte trois chofes à obferver : la première eft que quand l’eau tombe dans le tuyau de fer, le thermomètre defcend plus ou moins, quelquefois de cinq à fix degrés, ce qui eft dû au refroi- diffément : la feconde eft que la partie du tuyau qui fortoit du bain de fable , laquelle avoit environ huit pouces de long , s’abaïfloit de quelques lignes de fa direétion dans le moment de la chüte de l’eau , & revenoit un moment après à fon premier étar. La caufe de ce phénomène, dont on pourroit faireedes applications utiles, eft due au raccourciflement que produit l’eau froide à la partie inférieure du tube, tandis que la partie fupérieure n’eft touchée que par la vapeur de l’eau : la troilième mérite qu'on s’y arrête un peu davantage, parce qu'elle pourroit être la fource de plufieurs paralogifmes qu'on a faits à l’égard des expériences fur la décompofition de l'eau. D'ailleurs, c'eft un phénomène qui en lui-même mérite qu’on le connoifle, J'avois vu plufieurs fois qu'on pouvoir obtenir autant d’air qu'on vouloit d’un tuyau de fer, fi on n'interceptoit pas toute communication avec l'air extérieur : & je pouvois prédire avec toure affurance que l'appareil écoit percé lorfque je voyois fortir plus d’air qu'à l'ordinaire. Effétivement je retrouvois toujours Les petites ouvertures, en rempliffant d'eau le tuyau. Mais comme j'avois vu fouvent l'eau s'élever dans le fiphon au-deflus du Tome X XVIII, Part, I, 1786. AVRIL. Rr 314 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, niveau, & s’y foutenir, quoique l'appareil füt troué, je voulus favoir d’où provenoit ce phénomène. Ayant retiré mes 30 pouces de mon appareil, & voyant qu'il n’en fortoit plus, je fis un très-petit trou au tuyau de cuivre qui aboutifloit au ferpentin du refrigérant, environ 8 pouces au-deflous du tuyau de fer, & aufli-tôt l’eau qui s'étoit élevée à 2$ pouces dans le fiphon retomba au niveau du baquet. J'ouvris le robiner & laiflai tomber de l'eau. Il fortit aufli-tôc 15 pouces d’air du tuyau , & peu après l’eau remonta dans le fiphon à 20 pouces, d’abord avec un mouvement accéléré , enfuite elle s'y fixa, néanmoins avec quelques balancemens. Quelques minutes après ayant ouvert le robinet je fs encore tomber de l’eau, & 1l en fortit environ 13 pouces d'air; & l’eau remontaà 22 pouces. L'expérience répétée plufieurs fois donna à-peu-près toujours les mêmes réfultats. J’aggrandis alors fenfi- blement le petit trou, & l’eau du fiphon retomba à fon niveau. Le robinet ouvert laifla tomber de l’eau, Il s'échappa beaucoup de vapeurs par le trou, fans qu'il pafsât d’air de l'appareil dans le récipient. Mais peu après l’eau remonta ie le fiphon d'environ un pouce & s’y arrêta, L’expérience répétée ne varia pas. Enfin, après bien des recherches il me paroït que l'eau s'attache au trou & empêche l'entrée de l'air extérieur, Pour lors l'ait de l'appareil qui a été raréñé ne peut plus faire équilibre à celui du dehors, ce qui fait remonter l'eau. Je m’en aflurai aufli-tôt en mettant une petite goutte d’eau fur le trou , & en divifant cette goutte d’eau avec la pointe d'une aiguille pour que l'air püt y entrer, l’eau qui étoit montée dans Le fiphon fe remit à fon niveau. Quand le trou eft très-petit, l'eau de l'intérieur le ferme facilement ; ce qui empêche l’accès de l'air , au lieu que lorfque le trou eft plus grand , l’eau le ferme plus difficilement ; mais quand le trou eft très-petit, que l'eau eft montée dans le fiphon, en ouvrant le trou avec une äiguille , l’eau fe remet au niveau, Ce fait qui n’avoit encore été apperçu de perfonne que je fache, aura facilement induit en erreur, & fait croire que l'appareil étoit en bon état, quoiqu'il ne le füt pas. Ceux qui ne font pas experts auront cru que l’air qu'on obtient alors, & qu'on ne peut pas obtenir dans d’autres cas, n’eit point de Pair armofphérique qui foit entré dans les tubes, mais de l'air provenu de la décompolition de l’eau. Je finirai en vous difant que quand on fait l'expérience avec des tuyaux de fer neufs & bien polis à l'intérieur, on n’y trouve point de parties calcinées ou criftallifées, quoiqu'on en ait retiré des milliers de pouces cubiques d'air. J'entends qu'on ne laiffera pas ce tuyau expofé pendant des jours ou des femaines à lair , à l'humidité, à l’eau qui le rouille- roient comme tout autre fer. Je puis en dix heures tirer environ trois mille pouces cubiques d'air, ainfi l'expérience ne demande pas beaucoup de tems, Pour juger enfuite de l’état intérieur du tuyau de fer, il faut le faire ouvrir en long, mais de manière que la limaille ne retombe pas fur fa SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS, 31y furface intérieure, car autrement ceux qui ne feront pas bien habitués prendront cette limaille pour des criftaux. Cependant on peut la recon- noître , foit en la détachant, foit par le microfcope. Le meilleur moyen d'ouvrir ce tuyau eft, après l'avoir limé à un certain point , de le couper avec de forts cifeaux d'acier. En voilà affez pour fatisfaire votre curiolité préfentement. Vous verrez de plus grands détails dans mon Ouvrage fur la Compofteion & décompo- Jicion de Peau (1). Je fuis avec toute l’amitié, &c. Florence, 13 Mars 1786. {1) OBseRvATIONS DE M. DE 14 METRERIE. Mes expériences fe rapportent avec celles de M, Fontana, J’ai mis deux gros de limille de fer dans un canon de fufil de trois pieds & demi de longueur, que j'ai enfuite expofé à une chaleur fufhfante pour le tenir en état d’incandefcence , & j'y ai fait pafler de l’eau. Les luts étoient aflez éloignés du feu pour que je fufle sûr qu'ils ne laifloient rien pañfer. Je n’ai obteru qu’environ 80 pouces d’un air inflammable qui précipitoit l’eau de-chaux. Cet air allumé avec une bougie a détonné légèrement , le réfidu a précipité l’eau de chaux avec encore plus d’abondance ; maïs je ne me fuis pas affuré s’il y avoit eu de l'acide nitreux produit. L’eau qui a continué à paffèr dans le tube, n’a plus donné d’air, & fe condenfoit avec beaucoup de bruit dans l’eau froide de la cuve. ( Voyez mon Effai fur l’air pur, page 441.) Ces expériences expliquent pourquoi plufieurs Phyficiens en faifant paîler de l’eau dans différens tubes ont obtenu une fi grande quantité d’air à-peu-près aufli pur que V'air atmofphérique. C’eft que leurs tubes ou leurs foudures n’interceptoient pas toute communication avec l'air extérieur, ou que cet air pafloit à travers les tubes. On vient de donner dans le Journal polytipe le réfüultat de nouvelles expériences que firent l’année dernière MM. Lavoifier & Meufnier ayec beaucoup de foin. Ils firent pafler de l’eau dans un tuyau de fer incandeftent, & ils obtinrent 248 grains d'air inflammable , le fer augmenta de 1709 grains , ce.qui égaloit le poids de l’eau difparue moins 147 grains. Mais l’appareil déluté , le tuyau de fer fe trouva percé de plufeurs trous, ce qui empêche qu’on puifle compter fur les réfultats de cette expé= rience , für-tout d’après ces dernières de M, Fontana. Ces Meffieurs firent enfüuite brûler par le moyen de l’étincelle éle&rique cet air inflammable avec de l'air pur retiré du précipité rouge. Ils \obrinrent une eau contenant cinq grains par once d'acide nisreux ec, difent-ils ; & il y eut environ un feptième d'air quifne fut pas abforbe. C’eff comme lorfqu’on unit l'air mitreux & Pair pur, les airs font abforbés en partie, ils abandonnent l’eau qu’ils contiennent , & on a de lacidéifitreux. D'ailleurs , dans la combuftion de Pair inflammable & de lair pur; il y a toujours de l’air fixe de produit. On ef donc encore plus éloigné que jamanis.de pouvoir-conclure que l'eau fe décompofe en air inflammable & en air pur, & qu’elle fe recompofe par la combuftion de cesmémes airs. C’eft un fait, dit-on, contre lequel tous les raifonne- mens font inutiles. La prétendue conyerfion de l’eau en terre étoit aufli regardée comme un fait, que d’autres faits ont fait voir n'être pas concluant. TS Tome XXVIII, Part. 1, 1786. AVRIL, Rr2 1 5x6 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE; MT LETTRE DE M DE LAUMONT, Infpeëteur des Mines de France, A M DE LA METHERÏE, Sur wr :nouveau procédé de retirer l'acide phofphorique de certaines mines de plomb. Monwsreur, D'après le procédé par lequel vous avez le premier en France retiré du phofphore de la mine de plomb verte d'Hoffsgrund en Brifgaw, j'ai, recherché fi nos mines de France n’en contiendroient pas également. Vous avez, Monfieur, été rémoin de plufieurs de mes eflais, vous m'avez aidé: de vos lumières, & vous avez vu que beaucoup de variétés de la mine de Huelgoat en bafle-Breragne m'ont donné du phofphore. Je me hâte de vous faire part que je viens d’en retirer de la mine de plomb rougeâtre en prifnies hexaëdres, par un procédé que je crois nouveau; il confifte à diftiller direétement cette mine avec du charbon; par ce moyen fimple j’ai obtenu jufqu’à quatre livres & demie de phofphore par quintal ; mais je fuis en droit de croire qu'il y en a beaucoup davantage. J'aurai, Monfieur , l'honneur de vous faire part inceffamment d'un Mémoire fur ces mines phofphoriques & fur plufeurs fubflances nouvelles de Bretagne , tels u’un fel acide phofphorique martial , des lames de quartz quarrées , une efpèce de zéolite, &c. &c. Je ferai très-heureux, Monfieur, fi vousletrouvez digne d'entrer dans votre collection précieufe, Je fuis, &c. R Paris, 15 Mars 1786. ae NT ‘SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 317 £ aùs6 Los =. sent EE EE — Em a NOUVELLES LITTÉRAIRES, Tr ADUCTIO N nouvelle de l'Oprique de NEWTON, faite fur La dernière édition originale , ornée de 21 Planches, dédiée au Roi, approuvée par l'Académie Royale des Sciences ,& dont M.BEAUzÉE, de lAcadèmie Françoife, ef? l'Editeur. Ouvrage propofé par fouférip- tion, imprimé par. M, Pierres , premier Imprimeur du Roi, 2 vol. in-8°. Prix, 20 Liv. papier velin , & 12 liv. papier d’ Angouléme. On exige qu’une promeffe de prendre l'Ouvrage , qu'on ne payera qu’en Le recevant au mois de décembre: On foufcrit chez Leroi Libraire, rue Saint-Jacques, & chez les principaux Libraires de France & de l'Europe, L'Optique de Newton ef l'Ouvrage le plus philofophique de ce arand homme, Les vitres fous lefquels fe préfente certe nouvelle tradü£tion fonc de sûrs garans qu'elle fera digne de l'original. Effai fur le fluide éleétrique , confidéré comme agent univerfel ; par feu M. le Comte DE TRESSAN , Lieutenant Général des Armées du Roi, Commandant des Villes, Comté de Biche, & Lorraine allemande , Commandeur des Ordres de Saint-Lazare & Mont-Carmel, & Lun des Quarante de l'Académie Françoife, Membre des Académies Royales des Sciences de Paris, Londres , Edimbourg, Berlin, Nanci, Rouen, Caen, Montpellier, &ce. &c. 2 vol. in-8&, 10 Liv. Brochés & 12 Liv. réliés. À Paris, chez Buiflon, Libraire , hôtel de Mefgrigny, rue des Poitevins, Ne. 13. ; Tant de titres littéraires qu'avoit obtenus M. le Comte de Treffan dans des plus. célèbres Académies de l'Europe:par la lecture de cet Ouvrage, annoncent aflez l’idée avantageufe qu’en avaient conçue ces Compagnies favantes. à Manière d'allaiter les enfans à la main au défaut de Nourrice, traduit . dePlralien de M. BALDENt ; par M... , avec figures : prix, 36 Jols franc de port par la pofle dans tout le Royaume. À Paris, chez Buiflon, Libraire, hôtel de Meforigny , rue des Poitevins, N°. 13. Cette méthode ingénieufe confifte en un inffrument terminé par un tuyau garni à fon extrémité d'une éponge très-fine de la grofleur du 318 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE; mammelon , & par laquelle l'enfant fuce Le lait contenu dans l'inftrus ment. M. Launoy, Naturalifte ; vient d'inventer une nouvelle machine qu'il a nommée Fondmine, avec laquelle on peut effayer à la flamme d’une fimple bougie ou lumière quelconque, les pierres, minéraux , métaux & même la platine ; ce fondmine et très-commode en ce qu’il n’épuife pas la poitrine comme le chalumeau. On n’eft pas obligé d'être aflidu & de fe fatiguer comme à la lampe d’émailleur ; cet inftrument peut être portatif, & le feu en peut être gradué à volonté, Le grenat a été fondu en moins d’une minute: refroidi, il paroiffoit être un morceau de fer pailé au feu ; des petits fragmens de fe/2-fpath de la groffeur de ceux que l'on peut à peine eflayer au chalumeau , fe font en moins d’une minute réduits en un petit globule de porcelaine blanche, demi-tranfparente ; des morceaux de fe/d-fpath à-peu-près douze fois plus gros, en trois minutes, fe font arrondis & émaillés, & ont formé comme une lave très-poreufe, Cette machine qui a mérité l'approbation de l’Académie des Sciences ; eft compofée de deux vaiffeaux de fer-blanc , lun fupérieur ; l’autre inférieur , fe communiquant par le moyen d'un robinet. On remplit d'eau le fupérieur. Cette eau pañlant dans l'inférieur en chaffe l’air qui par le moyen d'un appareil particulier s'échappe par un chalumeau, M. de Launoy , qui demeure maifon des eaux minérales , tue Plätrière , fournira de pareilles machines aux amateurs qui en défireront. Prix propofés par la Societé Royale des Sciences de Montpellier, La Société royale des Sciences de Montpellier, annonce qu’elle aura deux prix à diftribuer dans la féance publique, qui fe tiendra à la fin de l'année 1786, en préfence des Etats Généraux de la Province de Lan- guedoc. \ E L : LL Deux particuliers zélés pour les progrès des Sciences, & qui n’ont pas voulu fe faire connoître , ont propofé ces deux prix , qui feront chacun de 300 livres, ou d’une médaille d'or de pareille valeur. Le fujet du premier prix, eft fa queftion fuivante, L'explication de l'arc-en-ciel donnée par Newton, porte-t-elle fur des principes inconteflables ? Eft-il bien démontré que les rayons hété- rogènes , fuppofés émergens du nombre infini de gouttes de pluie qui tombent de la nue, doivent former des arcs féparés ? L'Académie exige des Auteurs un examen approfondi, qui ne con* SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS, 319 genne rien d'hypothétique , & où tout foit établi fur des faies fimples, conflans & décififs. | Le fujet du fecond prix confifte à démontrer par des expériences fim- ples & décifives , la caufe du froid que les liqueurs produifent en s'éva- porant, & le rapport de cette caufe à celle du rafraichiffement qu’une abondante tranfpiration procure, foit dans l'état de fanté, foit dans l'état de maladie. Les pièces pour le concours à ces deux prix, feront envoyées avant le premier novembre 1786. Elles feront adreffées franches de port, à M. de Ratte, fécretaire per- pétuel de la fociété royale des Sciences, à Montpellier, ou on les lui fera remettre entre les mains, auquel cas il en donnera fon récépiflé, Les Auteurs ne mettront point leurs noms à leurs ouvrages, mais feule- ment une fentence ou devife ; ils attacheront à leur écrit un billet féparé & cacheté, où feront avec la même devife leurs noms, qualités & adreffe, Ce billet ne fera ouvert , qu'en cas que.la pièce ait remporté Le prix. FACD, ILE * Des ARTICLES CONTENUS DANS CE CAHIER. S wiTE des Extras du Porte-feuille de M. l'Abbé DicQUE- MARE, page 241 Differtation fur les Montagnes & les terreins à Mines en genéral , qui a été couronnée par l'Académie de Manheim en 178$ ; par. M. MonnET, Infpcéteur Général des Mines de France, & de l Académie de Suede , 244 Suite de la première Lettre de M.T AbbéSPALLANZANI , à M. CHARLES BonNET , /ur diverfes produëtions marines , 252 Mémoire fur quelques empreintes foffiles ; par M. GEOFFROY , Avocat à Lyon, 269 Précis d'Obfervations fur l'analyfe animale comparée à l’analyfe végétale : lu à la Séance publique de la Faculté de Médecine, le 29 Décembre 1785 ; par M. BeRTHOLLET, D. M., de l'Académie des Sczences, 272 Obfervations & Réflexions fur la Période lunaire de dix-neuf ans, & fur l'influence des points lunaires relativement à la Température ; par le P. CoTTe, Prêtre de l’Oratoire, Correfpondant de l Académie Royale des Sciences , Membre de la Société Royale de Médecine , de l’Académie Royale de Bordeaux , de la Société Royale 320 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, &c: . d'Agriculture de Laon, de la Société Eleétorale Météorologique établiè à Manheim, 276 Mémoire fur les Acides métalliques ; par M. HAssENFRATZ , Pro- fefleur de Phyfique de l'Ecole Royale des Mines , 28) Problémes & Queflions fur les loix du mouvement des fluides, propofés par M. DE LA METHERIE, 283 L'Art de faire les Criflaux colorés imitant les pierres précieufes ; par : M. FoNTANIEU , litendant & Contrôleur Général des Meubles de la Couronne, des Académies “Royales des Sciences & Archi- tecture , mas 302 Lettre de M. T Abbé FONTANA, au célèbre M. INGEN -Housz , Médecin de Sa Majeflé Impériale, 310 Leitre de M. DE LAUMONT, Infpeéteur des Mines de France, à M. DE LA METHERIE , fur un nouveau procédé de retirer l'acide phofphorique de. certaines mines de Plomb, 316 Nouvelles Littéraires , 2 317 APP RCONB AIO. J'ai lu , par ordre de Monfeigneur le Garde des Sceaux, un Ouvrage qui a pour titre: Obfervarions fur La Phyfique, fur l'Hifloire Naturelle & furles Ares, Ëe. par MM. Rozier, Moncrz lejeune & ne La Meruerte , 6c. La Colle&ion de faits importans qu’il offre périodiquement à fes Lecteurs, mérite l'attention des Sas vans; en conféquénce , j’eftime qu’on peut en permettre l’impreffion. A Paris, ce 15, Avril 1786: VALMONT DE BOMARE, fs MT UUHH L { Avril 17606, | JOURNAL DE PHYSIQUE. | à M Ar 1786, IE MÉMOIRE Pour sERVIR A L'HisTOrRE-NATURELLE DU PAYS DE SANTA-FÉE DE BOGOTA RELATIVEMENT AUX PRINCIPAUX PHÉNOMÈNES QUI RÉSULTENT DE SA POSITION : Lu à l'Académie Royale des Sciences ; Par M. LEBLOND, Doëeur en Médecine, Mo objet n'étant que de parcourir fommairement ce qui m'a paru le plus intéreflanc & le plus propre à donner une idée exacte du pays de Santa-Fée de Bogota, je me bornerai aux faits principaux, que je tacherai de préfenter de manière à faire fentir les conféquences qui peuvent en réfulter pour l'Hiftoire-Naturelle. Le tems qui ne détruit que pour édifier, dont la durée s'annonce par les changemens fucceflifs qu’il occafonne , & dont l’action infenfible femble ramener tout au niveau d'un centre commun ; le tems qui eft tour pour l’homme & rien pour la nature , nous trace ce qu’il a fait, nous montre ce qu’il doit faire : les montagnes qu’il déprade, les vallées qu'il creufe, les plaines qu'il étend , les mers qu'il reflerre, nous indiquent fa marche qu'il nous laifle à méditer. En effer, fi un obfervateur attentif parcourt les plaines immenfes de l'Amérique méridionale , s’il remonte les fleuves rapides & profonds qui les traverfent & les inondent, & s’il franchit les montagnes prodi- ieufes que l’action des eaux détruit, il s’appercevra bientôt qu’un déve- Ébatent fucceffif & inévitable de ce nouveau continent tend à l'aggran- dir dans tous les fens , & rendra peut-être un jour fa furface épale à celle de notre hémifphère. : EL eft des fites dans les montagnes des Cordillères où des obftacles plus ou moins puiflans retardent cette même dégradation : la plaine de Santa- Fée de Bogota eft entre ces fites celui qui m'a paru Le mieux caractérifé & le plus frappant. Il fera l'objet de ce Mémoire: on verra avec furprife qu'un pays fain , agréable , abondant & fertile aujourd’hui , étoit autre- fois le plus dépourvu & le plus miférable du monde, où l’indien malheu- peux n'avoit pour tout bien que des rivières fans poiffons, des oifeaux Tome XXVIIT, Part. I, 1786. MAI, . . ; 322 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, en petit nombre, un quadrupède ou deux & quelques léumes ; on {era éconné d'apprendre qu'une température froide , environnée d’un climar brülanc, füt une barrière infurmontable pour prefque rous les animaux & les plantes des pays chauds. La nature agrelte & avare de fes dons, fembloit en rejeter l’homme, & vouloir y être en quelque forte féparée du refte du monde par des rochers énormes, coupés verticalement, qu'on ne parvient à franchir qu'avec des difficultés étranges à travers un brouillard humide & ténébreux, qui perfuade au voyageur fatigué qu'il traverfe alors la région des nues. Arrivé au haut de ces montagnes , un nouveau ciel, un nouvel ordre de chofes fe préfentent ; ce ne font plus ces infeétes dégoûtans & infuppor- tables qui le fatiguoient fans relâche; ces reptiles venimeux, dont il redoutoit la morfure ; ces bêtes féroces toujours prêtes à le dévorer; enfin, cette chaleur fuffocante des lieux bas qu'il vient de quitter; l'air qu'il refpire le rafraîchic & le vivifie; il s'arrête, & ce qui l’environne l'étonne & le ravit; s'il regarde au-deffous de lui, tout eft éclipfé par des nuages, dont la furface égale & mouvante lui repréfente une mer qu'habite le filence & que termine fon horifon ; s'il jette la vue fur la plaine qui fe perd devant lui , les nues qu'il croyoit fous fes pieds, roulent majeltueu= fement fur fa tête; de nouvelles montagnes s'élèvent de toutes parts, & forment un nouveau monde qui paroît indépendant du premier, Pour donner une idée exacte de ce pays fingulier , j'ai cru devoir tranfporter le fpectateur à la capitale, où de-là, comme d’un centre , il pût obferver plus commodément les phénomènes que jai à lui préfenter. La ville de Santa-Fée de Bogota, capitale du nouveau royaume de Grenade, a environ 4 degrés de latitude n. & 304 de longitude, prife de l'ile de Fer, eft fituée au pied & fur Le penchant d'une montagne efcar- pée qui la couvre à left; elle domine une plaine de douze lieues de largeur fur une longueur indéterminée & très-confidérable, qui préfente toute année le tiant tableau des plus belles campagnes de l'Europe ; les côteaux toujours verds où les troupeaux bondiffent , Les prairies couvertes de bétail, les champs bien cultivés, les maifons de campagne agréables, les hameaux , les villages , les vergers , les jardins , montrent à la fois, les fleurs du printems & les fruits de l’automne, que l’abondance des pluies ou les féchereffes rerardent ou avancent quelquefois , mais dont l’éternelle durée, bien loin d'infpirer le plaifir , & d'offrir l'attrait piquant de la nouveauté qui fait le charme de ces deux faifons dans nos climats, amène bientôt l'indifférence pour une beauté toujours la même, pour des agrémens qui ne changent pas. £ , as s £ . , Ce climar eft d’ailleurs fi étrange & tellement confitué, que quand on x ef au foleil, on fe trouve bientôt incommodé de fa chaleur ; eft-on à l'ombre? on fe fent pénétré d'un air fubtil & froid qui tranfit : les gens SUR L'HIST, NATURELLE ET LES ARTS. 33 maigres , les vaporeux , les valérudinaires & ceux qui arrivent des pays chauds y font fi fenfibles qu’il leur caufe un friflon défagréable qu'ils ne farmontent que par l'exercice, car on n’eft pas dans l'habitude de fe chauffer à Santa-Fée ; un habic d’écoffe de laine & un manteau fuffifent pour s’y garantir du froid qui n'y eft pas rigoureux , & auquel on s'accou- tume aifément : ce phénomène feroit-1l occalionné par l'atmofphère moins denfe & plus légère que dans les lieux bas, qui doit être par cette raifon moins propre à retenir la chaleur ? A trois lieues à-peu-près à l’oueft de la ville, paffe la rivière de Bogota qui , après avoir reçu les eaux de toute la plaine, la riviere de Serrefuela & les torrens qui fe précipitent de la chaîne des montagnes , dirige fon cours paifible vers Tékendama à fept ou huit lieues au fud-eft à-peu-près ; c'eft-là que ces eaux raffemblées coulent entre une fuite €e rochers granitiques dont le plan incliné accélère leur vicefle ; elles n'offrent bien- tôt plus qu'un courant rapide, étroic & profond qui, au moment de fa chüûte, rejaillic fur un rocher placé plus bas que fon lit, d’où il tombe dans un abîme dont on n’a pu jufqu'ici mefurer la profondeur; c’eft la cataracte ou faut de Tékendama. Des trous pratiqués dans le roc par les anciens’ aux endroits Les plus commodes pour voir toute l'étendue de cette chûte prodigieufe, donnent le moyen d’obferver fans rifque la continuation des rochers qui s’avancent à droite & à gauche, & annoncent par leur hauteur qu'avant le psflage que les eaux femblent avoir forcé , la plaine de Santa-Fée n'étoit alors qu'un lac d’une très-grande étendue : une tradition conftante du pays, mais peu vraifemblable, porte que les indiens ont creufé cette efpèce de canal. Il ÿ a quelques-uns de ces trous d’où l'on voit confufément le lieu où finit cette chüte d’eau effroyable ; la rivière qui en provient, n’offre plus qu’un foible ruiffeau , dont le cours prefqu’infenfible fe perd parmi des plantes qui croiffent fur fes bords ; ainfi difparoiflent dans l'éloignement les maflés les plus énormes : quelques efpèces de perroquets & d’autres oifeaux des pays chauds qui habitent cette vallée profonde & inabordable de ce côté, s'élèvent aflez quelquefois pour pouvoir être remarqués d’en-haut ; mais le froid fubit de ces montagnes qu'ils craignent, eft un obftacle invincible qu'ils ne franchiflent jamais : pour jouir commodé- ment de ce point de vue, à la fois admirable & effrayant , il faut choifir un jour calme & ferein , entre fept à huit heures du matin. Il eft néceffaire de prendre un long détour & cheminer pendant toute une journée , prefque toujours à travers des rochers & des précipices, pour parvenir au pied de cette cataracte ; on eft alors étrangement furpris de voir que cette rivière, à peine fenfible d’en-haut , foic encore un torrent prodigieux, dont la chûte en cafcades dans un angle de 4$ degrés, offre pendant l’efpace d'une grande demi-lieue des amas de rochers entaflés au bafard , que frappe & détruit fans relâche Le plus bruyant confliét des Tome XXVUII, Part, I, 1786. MAL, Sfa 324 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, eaux ; C'eft après cet efpace que le courant, devenu plus paifble, permet encore de comparer la rivière de Bogota à ce qu'eft la Seine dans l'été. "Un phénomène bien extraordinaire, & qui ferten même-tems àdonner la plus haute idée de l'étendue prodigieufe de cette cataraéte, c’eft que fa chûte commence dans un pays très-froid où il gèle fouvent pendant la nuit, & finit dans un autre où la chaleur , égale à nos beaux jours d'été, offre la végétation prompte & facile de routes les plantes des pays chauds: feroit-ce le paflage fubit de l’air du chaud au froid qui occafionneroit ces gelées blanches, à-peu-près comme celles qui onc lieu dans nos climats aux approches de l'hiver & à l'entrée du printems? car on en éprouve rarement dans la plaine. Lorfque les matinées font calmes & fereines, on remarque à environ huit ou neuf heures du matin des nuages épais & blancs qui s'élèvent précifément de l’endroit où les eaux fe précipitent ; fi le calme continue, . on jouit du foleil jufqu'à deux ou trois heures du foir ; f les vents font au fud-oueft, les nuages couvrent bientôt la plaine, & le ciel en eft obfcurci; mais s'ils font chaflés vers la partie oppofée , le beau tems dure toute la journée, à moins que d'autres nuages ne foient apportés d’ailleurs ; car il eft rare à Santa-Fée d'avoir de beaux jours : les foirées y font ordinaire- ment froides & nébuleufes. Ce phénomène météorologique femble m’avoir lieu que quand le foleil eft aflez élevé fur l'horifon pour porter fa chaleur fur l’eau que l'air divife pendant qu’elle rombe, & qui paroît être tranf- portée en plus grande quantité au-deflus des lieux qu'elle vient de quitter, où elle fe condenfe en nuages à mefure que l'air eft privé de fa chaleux par l’atmofphère plus froide de ces lieux élevés. Je ne prétends ici que rapporter un fait aflez conftant pour mériter d’être obfervé, & nullement afligner la caufe générale qui rend le climat de Santa-Fée fi variable & fi:pluvieux, qu'il y pañle en proverbe , que Zz Jaifon des pluyes y dure fix mois avant & fix mois après la Saint- Jean, c'eft-à-dire, route l'année. | Par une fuite du phénomène précédent, il eft probable qu'après le coucher du foleil , l'air devenu plus froid aux environs de la cataracte ne peut plus difloudre ni élever Ja même quantité d’eau qu'auparavant, & ne doit conféquemment plus fournir à la formation des nuages, qui font ordinairement diffipés à fept ou huit heures du foir ; car autant les jours font triftes & fombres à Santa-Fée, autant les nuits y font paifñbles & belles ; la lune & les étoiles y brillent d’une clarté pure qu’on retrouve difficilement ailleurs. : Une autre particularité remarquable de ce pays, c’eft le défaut de poiflon dans toutes les rivières qui l’arrofent ; on en trouve cependant dans celle de Bogota où les autres rivières viennent fe rendre ; mais c’eft une feule efpèce très-peu abondante, que les efpagnols appellent e/ Capiran } SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS, 325 ou le Capitaine; la plus grande longueur de ce poiffon eft d'environ un pied , fur fix pouces de groffeur; il vit dans les eaux troubles & vafeufes de cette rivière, & jamais dans les eaux claires ; il eft gras & excellent à manger: fon genre eft celui de la Muflelle fluviatile de France & les Gades de Linné. Ii eft certain cependant que les poiflons de toutes les fortes abondent dans les grandes rivières de l'Amérique méridionale , & notamment dans celle de la Magdelaine ; ne pourroit-on pas fuppofer d’après cela, que puifque toute communication des eaux de tout le pays élevé de Santa- Fée eft interrompue avec cette dernière par le faut de Tekendama, ces mêmes eaux n'ont pu en être peuplées comme celles-ci paroiflent l'avoir été, au moins en partie, par la mer. Ce même défaut de poiflon fe remarque dans la plupart des lacs & des rivières des Cordillères , pro- bablement par une caufe femblable; il n'y en a point dans les deux lacs aflez étendus qui font près de la ville d'Hyvarra dans la province de Quitto , non plus que dans les rivières de la province de Paftos. On peut objecter qu’une température toujours froide comme celle de Santa-Fée, jointe à la limpidité & à la rapidité des torrens des Cordillères, fuffifent pour en écarter les poiflons , de mème que cela arrive dans plufieurs rivières de l'Europe. Cette objection feroit vraie pour la plupart des torrens des Cordillères ; mais on obfervera que la rivière de Bogota , quoique froide , eft prefque ftagnante dans bien des endroits, & coule toujours fur de la vafe qui en rend les eaux bourbeufes ; il eft à préfumter que, s'il éroit pofhble d’y tranfporter des poiflons de nos rivières , ils y réuffiroient auffi bien que les autres productions de l’Europe qui fe font naturalifées dans ce pays. Quant à la température conftamment froide de ces eaux , qui pourroit paroître s’oppofer au développement des œufs du poiflon qui habite les rivières des päys chauds , on y répondra par Le fait fuivant, A vingt lieues environ, au nord de Santa-Fée, à la même élévation &c à la même température, eft un grand lac où l’on trouve des îles habitées, & qui ma paru aflez grand pour être indiqué dans les cartes géographi- ques , fi on en favoic les dimenfions; c’eft le lac de Chiquinquira, affez poiflonneux pour y faire des pêches abondantes, parce que la rivière qui en fort n'eft pas interrompue par des fauts dans fon cours jufqu’à la rivière de la Magdelaine : cependant les efpèces de poiflons qu’on trouve dans ce lac ne font pas aufi variées que dans cette grande rivière, fans doute à caufe de la rapidité du courant, que le poiffon ne remonte pas également bien. Pour s’aflurer fi le poiffon vient réellement de la mer, il s’agiroit d'éprouver fur celui des rivières l’effec de l’eau de mer mêlée avec de l’eau douce en différentes proportions ; je ne doute pas qu’une pareille tentative t 1 326. OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, bien fuivie pendant quelques années ne donnâc des réfulrats intéreffans pour l’Hiftoire-naturelle. ; Pour conftater à-peu-près l'élévation prodigieufe des montagnes & des plaines de Santa-Fée , ainfi que la température conftimment froide qui paroît en réfulter, l’Académie me permettra de faire ufage des obferva- tions faites par fes illuftres Membres dans la Province de Quito. La hauteur moyenne des plaines de la province de Quito eft d'environ 14 à 1500 toifes au-deflus du niveau de la mer, le Pichincha au pied duquel la ville eft bâtie s'élève à 2430 toifes; fi on Ôôte 130 toifes pour la partie de cette montagne la plus élevée, qui eft prefque toujours couverte de neige, il reftera 2300 toiles; fi l'on fuppofe aufli Les plaines les plus bafles de la zone torride d'un degré de chaleur quelconque , on aura une moyenne proportionnelle pour routes les températures en raifon compofée de la hauteur , de l’afpect & de la forme du lieu, des variations de l’atmofphère & de qualité du fol, En appliquant cette loi de température au pays que nous nous propofons d'examiner elle donnera pour les montagnes de Santa-Fée, où il gèle toutes les nuits , au moins 2300 toiles; car c'eft à-peu-près le point où commence la congellation fur le Pichincha, comme on a dû le remarquer; ainfi, fi ces montagnes, à compter depuis leur bafe, ne font pas à beaucoup près aufli hautes que cette dernière, il s’enfuit que les plaines de Santa-Fée doivent être bien plus élevées que celles de la province de Quito, où le grenadier, l'oranger, le citronier , la vigne, &c. croiflent très-bien dans prefque toutes les vallées , tandis qu’à Santa-Fée, il n'y en a aucun veftige; auffi y fait-il coujours plus froid qu’à Quito; & je ne crois pas me tromper en aflignant 1600 toifes, au moins pour l'élévation de ces plaines. On imagine à Santa-Fée que les eaux yfont plus légères & plus volatiles qu'ailleurs, parce qu’on a obfervé qu'elles entrent en ébullition & qu’elles s'évaporent très-facilement ; mais outre que l’eau la plus pure n’eft jamais que de l'eau , il eft prouvé d’après Les expériences faites fur ce liquide dans a machine pneumatique, que l'évaporation de l’eau augmente comme la preffion de l'atmofphère diminue: ce qui explique ce phénomène. La température conftamment froide de Santa-Fée une-fois déterminée par fa hauteur , voyons quelle peut en être l'influence fur les règnes végétal & animal , tels à-peu-près qu'ils étoient avant l’arrivée des efpagnols, &c tels qu'ils font actuellement. Les lieux qui n’ont pas encore été cultivés ou qui font peu fufceptibles de l'être, quelques familles d'indiens attachées à la garde des troupeaux ; quelques autres que l'exemple n’a pu jufqu'ici retirer de l’état d'abandon & de pareffe où elles vivent , doivent à-peu-près retracer le tableau de ce pays & du peuple qui l’habitoit avant la conquête. ” Des campagnes fertiles & bien cultivées, des villages confidérables , SUR L'HIST. NATURELEE ET LES ARTS. 327 ordonnés d’après nos w2ges, où les loix re permettent pas aux efpagnols de s'établir, formeront celui de l’état aétuel de çe pays tel que les indiens le pofsèdenr. - Lorfqu’on gravit fur les montagnes efcarpées qui dominent.la ville de Santa-lée , on ne rencontre , depuis leur bafe jufqu'à leurs fommets, terminés par des rochers de granite, que des bruyères, des fou- gères, quelques plantes fauvages, &c. & pas un arbre qu'on puifle feulement appeler un buiflon , excepté dans quelques gorges à l'abri des courans d'air, où l’on en voit quelques-uns dont les plus grands n’égalent pas nos pruniers; cette végétation engourdie paroît être due au froid vif & continuel qu'il fait fur ces montagnes ; car plus on monte, moins elle fe développe , & enfin finit par ceffer tout-à-fait : on remarque à la moitié de la hauteur d’une de ces montagnes (à une demi-lieue -peu-près de la ville) une mine de charbon de terre en filon que renferme un rocher entr'ouvert , dans une fituation verticale ; les torrens y roulent de l'or. Si lon defcend dans la plaine , fi l’on remonte fur les collines , toutes à-peu-près de la mème hauteur, qui font entièrement féparées des montagnes voifines , & fituées dans la direction du courant des rivières, on remarque aifément qu'elles font les reftes d'une plaine intérieure que les eaux ont dégradée. Au lieu de ces forêts & de ces buiflons qui fur- chargent bientôt nos campagnes lorfque la main ‘de Fhomme cefle de les cultiver, un gazon touffu couvre la plaine & les collines de Santa-Fée d'une verdure agréable fans nul arbriffeau qui puifle en altérer l’unifor- mité, où les graminées , le plantain , la fcorconnaire, le trefle, le marrube, la pimprenelle , le pourpier , la patience, le chardon, le raifort , le creflon , la chicorée fauvage, la jonquille , la marguerite , le fraifier , la violette, le ferpoler , le thim , & mille autres plantes d'Europe & particulières à ce pays , offrent les variétés les plus piquantes par la beauté des fleurs & l'odeur de leurs parfums; des rochers qu'entourent le rofier ou la ronce , & quelques cavernes que le hafard préfente fur ces mêmes collines , en rendent l'afpect pittorefque & délicieux. On rencontre encore des cabanes de forme ronde, & plus ou moins enfouies dans la terre, qu'entoure une mauvaife paliflade enduite de boue, d’un pied ou deux de hauteur, & dont le toît eft couvert de mortes de terre ou de chaume que foutiennent des perches ou plutôt _ des branchages qui s’appuyent mutuellement: j'ai quelquefois été obligé de pañfer la nuit dans ces cabanes pour me garantir du froid ; & ce n'eft qu’en s’affeyant par terre autour du feu placé au milieu , & mieux encore en fe couchant, qu'on parvient à éviter la fumée de cette efpèce de ruche , qui fufoque quand on eft debout ; là l’indien maigre, hälé, prefque nud, mal-propre , bafané , le bord des paupières rouge, & ordi- nairement petit, végète à la manière du lapon , renfermé avec fa famille & fes animaux domeftiques au milieu de cette fumée qui n'a d'iflue qu'à 328 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, travers le haut du toît ; là cet être foible & prefqu'infenfible dort à terre ou pelotis dans de la paille jufqu'à ce que la crainte de fes maîtres ou Pinftin& de fes befoins le faflenc fortir de cette heureufe apathie, de ce trifte bonheur qu’on lui prête fi gratuitement: la pomme de terre, le kinoa (1), quelques mauvaifes racines, quelques légumes cuits à l'eau avec beaucoup de piment, fouvent point de fel , étoient autrefois & font encore fon aliment ordinaire ; le maïs dégénéré, petit, peu abondant & qui femble y avoir été apporté des pays chauds, rantôt grilk , tantôt écrafé & bouilli, faifoit fa meilleure nourriture , il en tiroit quelquefois une mauvaife boiflon fermentée, c’étoit-là toutes fes délices ; il fait tout ; sifque tout & vend tout pour fe la procurer ; on fent bien que l'abondance de l'Europe qui a fertilifé fon pays , doit néceflairement avoir ajouté à fa fabfftance , cependant ii n'en eft pas plus heureux. Tranfportons-nous maintenant dans ces villages bâtis depuis l'arrivée des efpagnols, & que les indiens feuls peuvent habiter , pour obferver quelle a été l'influence de l'état de civilifation dont ils jouiflent , fur leux couleur, leur phyfique & leur moral. Cette parefle naturelle à l’homme que la force & la néceflité feules peuvent vaincre quand un fentiment plus noble ne fe fait point entendre; cette parefe, à laquelle les indiens de Santa-Fée ont été forcés de renoncer en partie, pour payer un tribut qui leur eft impofé , les tiendroit encore abattus fous fes influences malheureufes , fi ce moyen fagement imaginé n'eût réveillé en eux le defir des jouiffances qui s'étend à proportion des facultés qu’il donne ; le bétail qu’ils fe font facilement procuré, leur a aidé à cultiver des terres excellentes que la loi leur aflure en toute propriété ; cette redevance annuelle qu'il falloit payer en argent leur fit bientôt tranfporter leurs denrées aux marchés voilins (2): de-là cette branche de commerce dort ils font en poflefion, qui procure aux uns une forte d'opulence & à tous les commodités & les douceurs qu'un ouvrier doit attendre de fon travail ; bientôt l'inégalité des fortunes due introduire des diftinétions; le gouvernement municipal dont ils jouiffent ; & dont ils élifent tous les membres parmi eux , en leur donnant des idées d'ordre & de juftice, leur donna l’ambition d’être décorés des emplois publics; de-là aufli cette bienveillance qu'ils cherchent à s'attirer, les égards, les attentions qu'ils ont pour ceux dont les élections dépendent. ———— "a —————— "2 (x) Le kinoa eft une plante du genre des chenopodium & de Ja famille des arroches , dont j'ai tâché de faire connoître la culture & les ufages alimentaires dans un Mémoire lu à la Société Royale d'Agriculture. (2) Les indiens de Santa. Fée ne portent pas de fardeaux ; ce font des chevaux, des mulets, des bœufs même qu'ils dreffent à cet ufage : font-ils donc fi à plaindre À n’ont-ils pas des prés, des terres fertiles en propricté > quel habitant de nos campagnes fe trouveroit malheureux avec çes avantages ? à n SUR L’HIST. NATURELLE ET LES ARTS, ‘329 En voyant ces indiens fi différens d'eux-mêmes fous un même climat, on feroir tenté de les prendre pour deux peuples différens : les premiers petits , parefleux & ftupides , femblent par leur couleur fe rapprocher du nègre, quoique la caufe en foit totalement différente; les autres au contraire abis & vigoureux paroiflent plutôt fe rapprocher de la couleur & du moral des blancs : l'abandon , la mal-propreté, la mauvaife nour- riture des premiers , la fumée dans laquelle ils vivent habituellement , & fur-tout le défaut de vêtement qui les expofe au froid vif & continuel , ne peuvent que ternir & deflécher l’épiderme , endurcir le tiflu cellulaire qui l’unit à la peau, donner plus de denfité & de roideur aux vaiffeaux qui entrent dans l'épaiffeur de cet organe, & altérer la tranfpiration : voilà probablement les caufes & les effets qui occafonnent la couleur bafannée qui différencie ceux-ci des indiens déjà civilifés, qui mieux logés, mieux vêtus, mieux foignés, plus laborieux , & nourris d'alimens mieux préparés & plus fains , doivent , par une tranfpiration plus abondante & la chaleur plus égale de leurs vêtemens , entretenir plus de fouplefle & de fraîcheur dans le tiflu de leur peau, Ils fonc plutôt bruns que bafanés, & incomparablement plus grands, plus nerveux & plus forts que les premiers, dont ils méprifent la puñllanimité & la foibleffle, C’eft, fi l'on veut , quoique d'une manière plus marquée , la rudeffe de la peau d’un de nos miférables campagnards comparée à la délicarefle & à la blancheur des gens aifés : car l'influence du climat froid de Santa-Fée fur la blan- cheur de la peau elt telle , lorfqu'on eft bien vêtu & nourri que, parmi les efpagnols qui s’y font établis, on retrouve communément les rofes, les lis, & l’embonpoint de nos flamandes. Frappé du contrafte de ces deux états fi différens, l’on fe demande fi J'indien de Santa-Fée , tel qu'il étoit avant la conquête , borné à l’étroit néceflaire, fans terme de comparaifon qui pût l’avertir d’un bonheur plus parfaic que celui dont il jouifloit, a perdu ou gagné à la révolution qu'a occafionnée la venue des efpagnols. La réponfe eft d'autant plus délicate que tout homme qui voudra prononcer y apportera néceflairement fes préjugés : entendons plutôt cette même nation civilifée , dont la raifon plus développée ne peut guère fe méprendre fur les objets de fon bonheur, & les plus fages, les plus expérimentés d’entr'eux diront : Avant l’arrivée des efpagnols, nos campagnes peu cultivées nous offroient pour tout bien quelques plantes, quelques miférables racines , le kinoa , la pomme de terre & le maïs, encore celui-ci trompoitil notre atrente, à caufe de l’inftabilité du climat: cé que nous aurions pu tirer des pays voilins nous manquoit le plus fouvent faute d'objets d'échange : c'étoit à mains armées qu’il falloit nous le procurer. Nos maifons fem- bloient plutôt faires pour des animaux que pour des hommes: une Tome X XVIII, Part, I, 1786. MAL, Te 33 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, mante (1) de mauvais poil qui coûtoir des mois à filer , des mois à faire, étoit | pour qui pouvoit fe la procurer , le foible vêtement à oppofer à um froid vif & conrinuel : quelques cerfs, quelques bêres fauves attrapées au hafard, n’étoient pour nous qu'une fubliftance précaire: la chicha qui nous eft reftée excitoit plutôt le fentiment de nos peines que celui de nos plaifirs (2). Aujourd’hui le froment, l'orge, l’avoine , le chanvre, lelin, la laine de nos troupeaux, la pêche, la pomme , les légumes, la volaille, le mouton & mille autres chofes utiles, & que l’ufage rend chères, en multipliant nos moyens de fubfiftance, en ont afluré la durée & varié les agrémens, Le bœuf, le cheval & le mulet partagent nos travaux , & nous en rendent les peines légères : ils nous tranfportent avec nos denrées dans tous les marchés , où plus favorablement traités que les efpagnols, on n’exige de nous aucuns droits d'entrée, au moyen d’un tribut annuel que nous payons lorfque l’âge & la fanté nous permettent de tra- vailler (3). L'argent, qui vient chercher notre induftrie, paye notre fuperfu, & nous procure des douceurs que ne connurent jamais nos pères z ñ quelquefois nous nous fentons vexés,un protecteur que la loi nous donne , & contre lequel le pouvoir ne peut rien ,reçoit nos plaintes, défend nos droits & nous les conferve. Si nous avons des procès ou des différens, nos juges municipaux les rerminent fans frais. Nous avons des propriétés que perfonne ne nous contefle : nous les cultivons, nous les améliorons avec nos femmes & nos enfans, dont les tendres liens ajoutent mille charmes à notre bonheur. Nous travaillons, il eft vrai : certe râche pénible pour qui n’y eft pas accoutumé , bien loin d'être un mal pour nous, fortifie nos organes, nous donne la fanté & la vigueur, & affaifonne tous nos plaïfirs : & s'il en eft parmi nous qui ne foient pas également heureux , c’eft que la pareffe ou l'ivrognerie leur Grent l'amour du travail qui feul pourroit changer leur état. Il refte à examiner ce que peut l'influence de la température de Santa- (x) Une mante eft une pièce d’étoffe quelconque d’environ deux aunes de longueur fer une largeur un peu moindre, On fait un trou au milieu affez grand pour y pafler la tête; on la porte à-peu-près comme une tunique : cet habillement s'appelle puncho dans tout le Pérou. (2) On fait que lorfque les indiens s’enivrent , ils fe querellent & finiffent fouvent par s’égorger ; c’eft donc l'ennui , la haine , l’envie & la peur qui doivent faire le fond de leur cara@ère : leur bonheur eft d’en fortir. La cAicha & même le 2orras chero , efpèce de poifon, qui fignifie ce qui enivre, leur donnent ce délire, Alors la vengeance cherche fes vi× & frappe. La chicha eft le maïs bouilli qu’on écrafe & qu’on fait fermenter avec de la mélafle & de l’eau: cette boïflon eff piquante & agréable comme le vin blanc nouveau, dont elle imite parfaitement la blancheur opaque : la chicha ancienne étoit fimplement du maïs avec de l'eau en fermentation; en fe procure par-tout cette boïflon pour de l’argent. (3) Les hommes qui n’ont aucune efpèce d’incommodité payent le tribut depuis dix-fept jufqu'à so ans; les métis & autres ne payent rien. 4 ‘À ‘4 | L nm 1 p SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 331 , 1 Fée fur l’altération fenfble qu’y éprouve le nègre dans fa couleur, & fes différens mélanges avec les blancs : ce qui nous conduira à parler de celle des climats chauds far la conftitution des européens & autres blancs qui les habitent. | I eft certain qu’une mulatrefle de Santa-Fée, née d’une négrefle & d'un blanc, eft auf claire & communément plus blanche qu'une métive des pays chauds, dont les père & mère font, comme on fair, un blanc & une mulâtrefle ; cette mulatrefle de Santa-Fée eft donc une métive à peine reconnoiflable, aux traits du vifage près, qui tiennent plus ou moins de ceux de fa mère : une métive de Santa-Fée peut être par la même raifon auffi fraîche & auñli blanche que tout autre individu de cette couleur. J'en ai connu quelques-unes dont le teint de rofes & les cheveux blonds auroient pu le difputer aux plus belles européennes. IL femble que plus les races fe croifent , tant dans l'homme que dans les animaux , plus elles acquièrent de force & d'énergie: c'eft la greffe d'un bon fruit fur un fauvageon vigoureux. - Si, abftraction faite de certains tempéramens , l'on compare les blancs du climat froid de Santa-Fée à ceux qui habitent les climats chauds qui Vavoifinent , la différence eft énorme : les premiers, vigoureux & difpos, annoncent le bonheur fur leurs vifages pleins, frais & vermeils ; les derniers au contraire , jaunes, pales & décharnés , n’offrent que les reftes lançuiffans d’une miférable exiftence. L'état de foiblefle de ceux-ci paroït indiquer que les blancs, & notamment les européens, ne font pas confti- tués pour vivre dans les climats chauds, fur-tout fi ces climats font humides. D'après ce principe on comprend aïifément pourquoi les nègres d'Afrique qu'on tranfporte à Santa-Fée y deviennent maigres , triftes , parefleux, valétudinaires, & n'offrent bientôt plus qu'une peau plus ou moins cuivreufe, dont l'épiderme s’en va peu-à-peu en écailles farineufes ; mais placez ces mêmes nègres fous un ciel brûlant , ils retrouveront promptement la force, le courage, & l’agilité infatigable qui les carac- rérifent, Voyez l'habitant de Santa-Fée , robufte & plein de fanté, qui part pour les plaines ardentes que baigne la rivière de la Magdeleine : il arrive, & bientôt les fymptômes les plus violens d’une fueur abondante, d'une refpiration gênée , d'une foif intolérable , & de l’accablement, font les effets d’une chaleur exceflive tout-à-coup augmentée : il paye le mème tribut, quoique d'une manière plus violente , que l’européen qui aborde pour la première fois aux îles de l'Amérique. L’apoplexie & la mort ont quelquefois été la fuite de ce changement fubit de température, Que déduire de ces deux faits , fi ce n’eft qu’un blanc , né dans un pays froid , aura La même difficulté pour vivre dans un climat brûlant, qu'un nègre en éprouvera dans le climat du premier? mais quelle que puifle être la température d'une contrée, l'homme, & la plupart des animaux, Sy Tome XXVIIT, Part, I, 1786 MAL, Lez 332 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, habitueront à la longue ; fans doute à caufe de la chaleur intérieure & aflez conftante que le règne animal pofsède indépendamment du climat qu'il habite; bien différent en cela du régne végétal, dont la chaleur, égale à celle de l’atmofphère, ne peut admettre des températures trop oppofées, fans foutfrir les plus grandes altérations, & même fe détruire. Ainfi le blanc, tranfporté en Guinée, confervera dans fes defcendans les reltes flétris de fa couleur ancienne aufli long-tems qu'il fe tiendra à l'abri des ardeurs du foleil , qu'il habitera une demeure plus fraîche & plus commode, & continuera de vivre & de fe vêrir convenablement 5 & de même la poftérité d'un nègre, qui demeurera dans un pays conftam- ment froid, comme Santa-Fée , réliftera plus ou moins aux impreflions de cette température, fur fa couleur noïre , à raifon des moyens qu'il employera pour s'en garantir ; mais à fuppofer même que le blanc & le nègre reftaflent fans fe mélanger avec les peuples du climat qu’ils habi- teroient, fi jamais leurs defcendans venoient à en adopter les ufages &c Ta manière de vivre, ils finiroient à la fin par former avec eux un tout homoyène , pour ainfi dire, dans des tems plus ou moins longs. On peut demander pourquoi on ne trouve pas de nègres indigènes dans PAmérique méridionale ; s’il eft vrai que la chaleur feule puifle changer la couleur de l’homme ? A cela je réponds, 1°. que dans la province de Guayaquil , entre le cap Paffado & celui de San-Francifco, précifément fous la ligne équinoxiale , eft un pays exceflivement chaud & peu connu, qui confine à la mer, où les naturels fonc en tout femblables aux nègres ; ils fone doux & hofpitaliers , mais fi flupides que s'ils veulent quinze fols de quelque chofe, donnez-leur-en vingt , & vous ne l'aurez pas: il leur faut précifément ce qu’ils demandent : leur logique ne s'étend pas plus loin. Ïl feroit vraifemblable que quelques nègres & négrefles de Guayaquil , de Barbacoas ou du Choco fe fuflent enfuis dans ce pays, & euflent été l’origine de ce peuple: cependant Îes efpagnols qui croiroient avoir des droits à répéter contr'eux comme étant les defcendans de leurs efclaves , n’en ont jamais rien fait, & n'héfitent pas même à dire que ce font des indiens noirs indigènes, Ce point d'Hiftoire-naturelle feroit important à vérifier. ; 20, Que dans les plaines brülantes de Neyva quelques uns de ceux ou: celles qui.travaillent aux lavages de l’or que roulent les fables des rivières, étant expofés à l’humidité & à toute la force de la réverbération du foleil , fe communiquent mutuellement, & font pafler à leurs enfans une maladie de la peau qui la noircit plus ow moins, fans en beaucoup endommager le tiflu : il eft aflez ordinaire de voir dans cette province des blancs mêmes avec un vifage noir, & des taches plus ou moins confidérables fur toute l'habitude du corps. Les efpagnols appellent cette maladie caraté ; il y a du caraté cuivreux, violer , & du bleu indigo. - à PES SUR L'HIST, NATURELLE ET LES ARTS. 333 foncé, qui eft le noir. Cette maladie n’eft pas la lèpre, car on s’en délivre quelquefois par l'ufage du fublimé corrofit, qui feroit, comme on fait, très-contraire à cette dernière, 3°. Que la peau des nègres, affoiblis par ure longue falivation , ou bien par quelques autres maladies, refte tevjours plus ou moins pâle, plus ou moins rougeatre, jufqu’à ce qu’ils aient repris leur vigueur & leur embonpoint : ce qui montre que chez eux ,comme chez nous, l'altération de cet organe dépend de diflérenres caufes naturelles & pathologiques , dont le détail m’auroit trop éloigné de mon fujer. Il ne fera pas inutile en finiflant de recommander aux réflexions des Naturaliftes l'un des plus anciens pays de l'Amérique. méridionale , puifqu'il eft un des plus élevés, où on ne trouve pas même la vigogne, le lamma , ni le paco des Cordillères du Pérou, dont celles de Santa-Fée ne font qu'une continuité non-interrompue, Pourquoi donc, fi près de l'heureufe variété , & de l’éternelle abondance des pays chauds qui l’envi- xonnent , ce climat devoit-il être fi long-tems ftérile pour l'homme, & enfuite fertilifé avec des femences étrangères, & peuplé d'animaux d’un autre continent ? Dans lobfcurité profonde qui règne hors des limites de l'hifloire du genre humain , feroit-ce m'écarter des bornes que doit avoir ce Mémoire, que d’appercevoir l’homme fortant des mains du Créateur dans ces belles contrées où la tradition facrée l’a fait naître >. . . . Sans connoifflance, comme fans moyens, comment auroit-il fu cultiver la terre, recueillir fes fruits & les préparer pour s’en nourrir? Comment privé de cette fourrure, donc jouiffent les animaux , auroit-il bu braver les hivers?.... Ses befoins phyfiques ne fouffrant point de rerard, les fruits, plus analogues à fon organifation que tout autre aliment, durent être fa première nourricure, La nature les lui prodiguoit par-tout dans ces heureufes régions : il fortoit de fa feuillée & les rencontroit fous fa main. Cette noble faculté qui eft en lui, éclairée par l'expérience, dut bientôt le faire choifir, & par une fuite de fon choix il dur planter, cultiver, femer, & ainfi perfectionner fa fubfftance à proportion de Ja poftérité que le fort lui donna : de-là les fruits , les plantes, les Iégumes , les grains, qu'il a fu approprier à fon ufage, les animaux qu'il a domptés, & qu'il a conduits enfuite par-tout où la néceflité l’a forcé d'habiter. Quelles que foient les révolutions que ce globe ait éprouvées & la manière dont la population s’y eft propagée, eft-il probable que l'américain ait jamais abandonné les plaines abondantes & délicieufes de fon pays, où la nature donne tout fans foins & fans culture, & où le meilleur vêtement eft de n'en point avoir, pour aller habiter un pays prefqu'inacceffible , fférile & roujours froid , où il faut abfolument fe vêtir &c travailler? L’excès feul de population des climats chauds auroit pu amener cette époque ; mais cet excès de population eut-il jamais lieu?, ... Quels monumens l'atteftenc 2... , Croyons plutôt qu'une 334 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, nation victime de la guerre ou de quelqu’autre fléau, trouva dans le pays inabordable de Santa-Fée un abri contre la perfécution. La néceflité dut lui fournir des moyens d'y fubfifter ; mais qu’ils étoient foibles ces moyens à l'arrivée des efpagnols!....Les climats froids où l’homme fut entraîné par les circonftances durent donc le forcer au travail, & lui fuggérer la prévoyance néceflaire pour le préferver des hivers : de cette prévoyance naquirent tôt ou tard les échanges de fon fuperu pour des objets que lui offroient des régions plus heureufes : de-là l'induftrie, le commerce & les arts qui ont acquis à l’homme civilifé une fupériorité décidée fur celui de la nature. MÉMOIRE Sur la culture de certaines Malvacées & l’uface economique É à 5 q gu'on pourra retirer de leurs fibres : Lu à l'Académie des Sciences de Paris, le premier Février 17863 Par M. l'Abbé D. ANT. Jos. CAVANILLES. Cu AQUE découverte eft un pas de plus qui recule les bornes des con. noiffances humaines ; Les plus importantes fans doute font celles qui peu- vent fervir ou à diminuer la mafle des maux que nous fouffrons, ou bien à multiplier & faciliter les moyens de fatisfaire à des befoins réels, L’hif= toire des découvertes nous apprend que c’eft très-fouvent le hafard qui les a fait naître, & que nous en devons plufieurs à des hommes dont la profeflion & les lumières paroifloient les moins propres à les décou- vrir. Encouragé par cette réflexion, j’ai voulu effayer fi le même hafard me feroit aufli favorable qu'à tant d'autres, & j'ai conçu l’idée de rendre mes amufemens à la campagne utiles à la Société, & de lui donner une nouvelle matière pour les manufa@ures des toiles , des cor- des & d’autres pareilles. J’ai choifi pour mes expériences certaines mal- vacées qui jufqu à préfent , au moins de ma connoiflance (1 ), fervoient à orner les jardins botaniques , ou à former des mafles dans ceux des particuliers. Il eft vrai que c’eft le fouvenir de ce que j’avois vu en Ef- —— (x) Je viens d’apprendre que Les Chinois travaillent l’aburilon comme Ze chanvre , & en fonc de la corde moins chère que celle du chanvre, je P. d'Incarville, jéfuite miflionnaire , & qu’on a fait en Europe du papier avec de la filaffe de certaines malvacées ; mais on ne dit pas de quelles efpèces , ni da quelle manière & juiqu'à quel point les plantes ont été rouies. PE mé) SUR L’HIST. NATURELLE ET LES ARTS, 335$ pagne qui m’a fourni l'idée du projer’, que j'ai l'honneur de préfenter au- jourd'hui à l'Académie ; car dans ce royaume on retire un profit im- menfe de certaines plantes. Ce qui prouve l’induftrie des efpsgnols fi cruellement’ maltraités par certains écrivains. ar Je favois que l'agave americana rommé vulgairement pira , plante très-commune dans beaucoup de provinces, après avoir fervi de hayes pour entourer les champs, fournifloit par fes feuilles une quantité pro- digieufe de fibres, rudes à la vérité, mais très-fortes , lefquelles rece- vant toutes fortes de couleurs, fervoient à faire des cordes dont l’ufage eft très-commun. Le flipa tenaciffima que nous appellons e/parto , eft une fource de ri- chefles pour beaucoup de provinces; les feuilles de cette plante graminée fervent 1°. à faire toutes fortes de cordes & de grofles ficelles dont l’u- fage eft bien commun en France, mais pas fi répandu qu’en Efpagne ; 2°. à conftruire des nattes variées à l'infini foit par les couleurs, foic ar la forme; lefquelles fervent à tapifer les planchers des maifons dans l'hiver; 3°. à faire toutes fortes d'uftenfiles pour le tranfport des terres, des fumiers, des grains, & pour faire aufli la chauflure ordinaire des laboureurs ; 4°. enfin on retire de ces feuilles une efpèce de filaffe qui fert à la fabrique d'une étoffe belle , forte & peu coûteufe. Si on confi- fidère après cela que ce font les enfans , les femmes, les bergers & la- boureurs mêmes qui dans les nuits d'hiver ou dans les mauvais tems préparent l'ouvrage & qui fourniflent à un grand corps de métier les trefles & les cordes, on découvrira un double intérêt qu'on retire de cette plante. Le chamerops humilis connu fous le nom de palmita , eft très. com- mun dans le royaume de Valence : on l’emploie aufi à beaucoup d’u- fages, mettant à contribution toutes fes parties ; on mange les grappes des dattes, quoique fon goûc ne foit pas comparable à celui des grands palmiers, & J'ai vu travailler au tour les noyaux de fon fruit qui fonc alors d’un blanc marbré de rouge, on mange crue la fouche, laquelle toute près des racines a une fubftance blanche & compaéte affez reflem- blante à un cul d’artichaud , mais douce, quoiqu'indigefte. Celle-ci eft furmontée de fembrions de regimes, longs de 6 à 10 pouces , engainés dans un fpathe rendre , alors douce & de couleur de paille ; mais ce font les feuilles qui préfentent des utilités réelles. On les arrache quand elles font bien développées ; on les expofe aux rayons du foleil qui en les deflechant leur fait prendre un jaune verdâtre: les meilleures fonc x employées à faire beaucoup d'ouvrages pareils à ceux faits avec l'efparto; tels que nattes, paniers , cordons, &c. & les autres fervent à faire des balors. Les branches de mûriers , principalement les tendres, fourniffent auf une flature fi fine, que nous avons vu dans les nouvelles d'Efpagne ; | 336 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, que Les catalans le mettent après la foie comme le fil le plus beau & le plus propre à la fabrique des étoffes. L'ufage reçu dans le royaume de Valence eft de couper les branches du mürier tous les trois ans, en laiffant feulement le tronc ,comme onfait ici avec les faules; par ce moyen, les branches deftinées jufqu’à pré- fent au feu donneront un profit confidérable fans nuire à la récolte de la foie. Enfin la guimauve ordinaire (ce qui m’a donné l'idée principale- ment pour mes malvacées) rouie comme le chanvre, donne une filafle fupérieure pour la filature & pour la conftruction des toiles & des étoffes. Je me rappelle qu'un des premiers feigneurs d'Efpagne fe pré- fentoit à la cour du Roi avec des habits faits avec de la guimauve. Je favois qu'on faifoit cout cela en Efpagne ; je connoiflois aufli le rapport intime qui fe trouve entre l'aboutilon, les mauves frifées , mau- ritanne , &c. & la guimauve; mais j'ignore que perfonne jufqu'à préfent ait prouvé par des expériences bien faites qu'on pouvoit tirer un parti avantageux dans ce pays-ci de ces plantes , en féparant les fibres qui com- pofent leur écorce. Animé toujours du défir de rendre quelque chofe utile à la fociété, j’ai commencé à eflayer dans les jardins de M. le duc de l’Infantado. . La croiflance rapide du fyda aboutillon , fon port avantageux parmi Jes plantes, fa tige droite & épaifle, tout m'engagea à la préférer aux autres pour mes expériences ; mais comme je ne favois pas fi l’'u- tilité réelle répondroit aux apparences , & fi elle feroit furpañlée par d’au- tres malvacées, j'en ai femé beaucoup d’efpèces plutôt pour avoir des termes de comparaifon , que pour faire en grand les expériences, & j'ai choifi parmi le nombre le fida aboutillon fans négliger les autres. Au mois de mai j'ai femé dans des pots une quantité de graines, que j'ai trouvé bien levées de 8 à 10 pouces vers la moitié de juin; je les ai replantées alors en pleine terre à la diftanceà-peu-près de 6 pouces les unes des autres, en mettant quelques pieds dans des mauvais terreins, quelques autres abandonnés à leur fort. Vers la fin de juin j'en ai femé en pleine terre un plus grand nombre pour voir le rélulrat que ces deux femis me donneroient à la fin; au bout de huit jours toutes étoient levéés, & elles commencerent à grandir fans pouvoir jamais atteindre le premier. Je reconnus après que j'avois manqué le moment de les femer, & qu'on doit le faire pour bien réuflir, dans lés premiers jours du beau temps, c'eft-à-dire, au commencement de mai. »_: 4 - _ . sL te TER J'ai partagé mes plantes en trois divifions , dont la première deftinée à être dépouillée de feuilles inférieures tous les huit jours , auxquelles j'ai coupé toutes les fleurs & les branches : une autre partie croifloit dans le même champ fans fouffrir aucune amputation; les autres fe trou- voient difperfées dans différens endroits du jardin mauvais ordinairement ; abandonnées SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 337 abandonnées à leur fort, & à plus grande diftance de toute autre plante que les autres. Je les faifois arrofer au commencement tous les deux jours où plus fouvent, felon que la féchereffe de la terre le demandoit ; mais la partie de celles difperfées dans le jardin, cessèrent d’êrre arroftes, quand elles atteignirent l’hauteur de SEP fans recevoir d’autres arro- femens que les pluyes qui ont été aflez fréquentes dans les mois de juillec & d'aoû l'année derniere, J'ai rqué qu'en général toutes les malvacées, fur-tout les her- bacées , ont befoin d’être arrofées fouvent fans craindre jamais l’excès : car elles font plus vigoureufes & croiflent plus vite, à mefure que la terre eft plus humide, J'en ai confervé avec route la fraîcheur & force pofibles quelques pieds dans des pots environnés toujours d’eau, dans laquelle fe trouvoient leurs racines: ce qui me fait croire que les herbes malvacées viendront parfaitement au bord des ruiffleaux , ou dans des endroits marécageux. Toutes mes plantes prirent une grande croiffance fur-tout celles femées dans le mois de mai, & principalement les pieds qui fe trouvoient dif- perfés dans le jardin; en forte qu'au commencement de feptembre celles- ci avoient fix pieds de hauteur , & en général toutes’plus de 4; crai- gnant alors d'éprouver quelques changemens de réms contraires & des gelées précoces comme nous éprouvames au commencement d’oéto- bre de l'année 1784, je les arrachai routes au milieu de feptembre pour avoir le tems de les faire rouir, Malheureufement la plus grande partie n’avoit pas acquis le degré de croiflance convenable; mais je croyois alors plus prudent de me priver d'une partie de mes productions que de tout perdre f j’attendois jufqu’au mois d'octobre. On pourra éviter ces in- convéniens ( comme je l'ai dit plus haut) en les femant au mois de mai : car trois mois & + font plus que fuffifans pour que ces plantes arrivent à leur point de perfection. Après les avoir arrachées, j'en ai expofé une partie aux rayons du fo- leil pendant trois jours, après lefquels je les mis en faifceaux dans un bain d’eau où les autres fe trouvoient déjà depuis le même tems. J'ai vifité fouvent les faifceaux pour épier les momens où les fibres fe féparoienc entrelles, & de la partieligneufe ,& ce ne fut qu'après quinze jours que je l'ai trouvé dans cet état; il eft vrai que les tiges plus longues & plus dures, c’eft-à-dire, celles qui, plantées de bonne heure, {e trouvoienc éloignées de toute autre plante, au moins d'un pied, eurent befoin de refter dans l’eau un mois entier. J'ai retiré de l'eau les faifceaux des lantes, & j'ai dépouillé les tiges de toures leurs fibres, en les faifant liffer entre mes mains : après avoir fini cette opération, & avoir lavé de nouveau tous les produits , je les fis fécher ayant foin de Les féparer pour reconnoître enfuite Les produits que chaque efpèce de plantes ou de cul- gure m’avoit donnés, Tome XXVUI, Part I, 1786 MAL, Vyv 7 Li 338 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, La différente force, dureté & hauteur que j'ai obfervée; dans mes plan- tes, doit être attribuée à deux caufes. Savoir, 1°. à l'entière liberté donc les unes ont joui pendant toute leur végétation ; pendant que les autres fe trouvoient privées de fleurs, de branches, & d'une grande partie des feuil- les; & 2°. à la portion de terrein plus ou moins confidérable qu'elles ont occupé; car celles qui fe trouvoient éloignées de toute autre plante au moins d’un pied , & qui ont joui de tous les ornemens dgt la na- ture les pare pour fe reproduire, m'ont donné des riges rs plus longues & plus épaifles que Les autres , & la quantité de fibres aêté dou- ble & bien plus forte. s Ces fibres fe trouvent par couches dont j'en ai compté jufqu’à fix # & quoique toutes foient longitudinales , cependant loin de fe confon- dre avec celles des couches inférieures , elles forment différens corps pour ainfi dire , en s’écartant toujours de la perpendiculaire par des ondulations ou zic-zacs, d'où réfulte une efpèce de réfeau, quand la couche fupé- zieure refte appliquée à fon inférieure. L'odeur de ces fibres eft pareille à celle du chanvre & la couleur plus blanche, mais elles ont plus de roideur & de fécherefle, & par confé- quent paroiflent moins propres à recevoir le tors. Sila fécherefle & roideur dont je viens de’ parler étoient eflentielles aux fibres des malvacées, on pourroit aflurer que leur ufage ne feroit pas d’une grande utilité dans les arts & manufactures auxquels elles paroif- fent deftinées par la nature & le tiflu de l'écorce. Mais je crois avoir découvert la caufe qui a produit ces qualités défavantageufes dans les fibres, & je fuis perfuadé. qu'à l'avenir on pourra obtenir des malvacées une filature fouple & forte quoique moins blanche. Examinons à préfent fi mes conjedtures font fondées & jufqu’à quel point pourroient-elles améliorer cette filature. Les couches & même les fibres, qui forment l'écorce des malvacées, fe trouvent liées enfemble par un gluten d'un blanc verdâtre très-abondant , lequel comme toutes les gommes , fe diffour dans l’eau , & qui donne la foupleffe & la force à ces fibres; par conféquent à mefure que l’on dépouille celles-ci de leur gluten , leur force doit auffi diminuer , ainfi que leur fouplefle ; il eft vrai gr'elles paroîrront alors plus déliées & plus blanches; & c'eft précifé- ment la chofe qui m'a fait commettre une faute, qui quoique répara- ble à l'avenir, n'empêche aujourd’hui d'établir le véritable rapport des forces & d'utilité qui règnent entre les chanvres & les malvacées ; car je voulois les avoir très-blanches & les reduire au paint dans lequel fans aucune machine & fans caffer la partie ligneufe, je puifle féparer de celle-ci les fibres qui la recouvroient, J'ai obtenu à la vérité l’une & l'autre, mais en pure perte, à ce que je penfe , des qualités néceflaires c'eft-à-dire, de la force & de la fouplefle : car quoique je ne puifle pas aujourd'hui démontrer par des expériences que la filaffe que j’ai l'honneur de préfenter ait perdu une grande partie de fa force ayant féjourné trop SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 339 Jong-tems dans l’eau, cependant tour me porte à croire qu’en prenant les précautions néceflaires , que des gens habiles découvriront au pre- miet mai, on verra une différence très-confidérable entre la force qu’elles ont actuellement , & celles qu’elles pourront acquérir ou plutôt conferver. L'expofé ci-deflus doit s'entendre non - feulement du fyda abou- tillon , qui fait l’objet principal de ce mémoire, mais aufli des, mau- ves frifées, maurifiennes & du Pérou que j'ai foumifes à la même mé- chode pour ce qui regarde la culture, la manière de les faire vivre & de féparer les fibres. Il faudra feulement favoir qu'à conditions égales la mauve frifée a donné une plus grande quantité de fibres, & que la partie mucilagineufe a été fans comparaifon plus abondante que dans les autres malvacées. 2°. Que ces fibres ainfi que celles de l’aboutillon ont été les plus longues & les plus fortes. 3° Que celles des mauves mauri- fiennes & du Perou ont été plus fines, mais foibles & courtes. 4°. Enfin que les fibres des plantes mutilées ont été moins fortes, quoique d'égale longueur que celles des plantes qui ont confervé leurs feuilles & rout le reite. Nous favons à préfent par des expériences que toutes ces malvacées donnent une efpèce de filafle plus ou moins abondante , plus ou moins forte; mais, quelle eft la force & les ufages de cette filafle comparée au meilleur chanvre? quelle utilité pourra-t-on retirer de cette culture? Ce font des queftions qui méritent un examen & des expériences plus nombreufes & mieux faires que les miennes ; car on ne peut pas donner le nom wrile à une découverte , qu'en ajoutant aux moyens déja connus plus de facilités & moins de dépenfe. Avant de faire connoître le réfultat de mes expériences pour réfoudre ces queftions , je prie l'Académie de vouloir bien fe {ouvenir de deux chofes qui manquent à mon aboutillon ; mais que je crois très-facile d'ob- tenir; la première eft que mes plantes en général n'ont pas acquis le dé- gré de maturité & de perfection convenable ; la feconde, que voulant avoir une filafle très-blanche , fans prévoir les inconvéniens qui en ont réfulté, je l'ai privée dela matière glutineufe qui devoit les rendre plus fortes : ainfi en les confidérant dans l'état imparfait où elles font aétuel- lement , je m'envais dire: le réfultat que j'ai pu trouver en les comparant avec le meilleur chanvre , travaillé & tordu avec le plus grand foin. J'ai faic faire un grofle ficelle d'aboutillon d'une ligne de diamètre, & une petite corde dont le diamètre étoit double; les ayant chargées de poids qui fe trouvoient à trois ou quatre pieds de diftance du point des fufpenfions, la plus mince n'en put fourenir fans cafler que 41 liv. & la feconde 140; ayant fait enfuire les mêmes expériences für des cordes de chanvre d'éval diamètre, la plus mince caffa en foutenant cent quatre livres & la plus forte quatre cents rrente-huit, en forte que par cerre première expérience la force entre l'aboutillon & le chanvre éroit Tome XXVIIL, Part, I, 1786. MAL Vv2. | TE 340 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, comme deux à cinq par rapport aux plus minces , & comme un à trois par rapport aux autres. Je favois qu'à Rio-Janeyro on a des cables conftruits avec des fibres noires qu'on retire du jeriquen, lefquels dans l’eau ont une force beaucoup fupérieure à celle du meilleur chanvre, quoique cette fupériorité fe perde en les retirant de l'eau & en les expofant à l’air. J'ai voulu eflayer fi mon aboutillon gagneroit ou perdroit de fa force en le faifant féjourner dans l'eau; en conféquence je mis dans l’eau pendant vingt-quatre heures les quatre cordes d’aboutillon ou de chanvre & j’ai obrenu le réfultat fuivanc pour les plus minces : aboutillon quarante-huit , chanvre quatre- vingt-feize: pour les plus fortes aboutillon cent quatre-vingt-cinq , chan- vre trois cents foixante-feize. Ainfi la force de l’aboutillon s'eftaugmentée dans l'eau, & celle du chanvre a diminué, au point que celle-ci n’étoit que double , de triple qu'elle étoit à:fec. Je ne prétends pas que cette expérience foit décifive pour calculer & comparer les forces de l'aboutillon & du chanvre: car les cordes de celui-ci plus tordues que l'aboutillon , les fibres qui les compofent & qui peuvent être regardées comme autant de leviers , doivent foufrir d’a- vantage par leur refferrement, que l’eau doit produire. Je laifle & je foumets d’ailleurs cette matière à la décifion de ceux qui font en état de la réfoudre , fans croire cependant que la feconde expé- rience foit inutile. D’ailleurs dans un objet nouveau comme celui-ci, & qui peut devenir intéreflant par les tems, j’ai jugé à-propos de donner tous les renfeignemens poffibles afin que ceux qui voudront les perfec- tionner foient au courant des chofes. Je dois aufli ajouter que les cordes de chanvre étoient plus pefantes que celles d’aboutillon , fans déterminer fi la différence des poids dépendoit de l'excès de gluten qui reftoit dans | le chanvre & dont l’aboutillon étoit privé. Quant aux ufages auxquels on pourra deftiner cette flaffe , il n’y a que le temps & l’induftrie des hommes qui puiflent nous donner une idée jufte, Cependant j'ai fait travailler des cordes & des ficelles ; & de la partie que les maîtres Cordiers rejettent comme une étoupe inutile, j'ai | fait filer un fl qui peut fervir à la fabrique des toiles ordinaires. Ne pourra-t-on point aulli la deftiner aux manufaétures de papiers & de car- ton? Enfin ne pourra-t-elle fuppléer au chanvre dans les rems de di- fetre, & l’employer à bien des ufages pour épargner le chanvre & le ré- ferver à la conftruction des cables & des voiles ? Je lerépère, il n’y a que le tems & l'induftrie fortifiés par l'expérience qui puiflent nous appren- dre les véritables ufages de certe filafle. Quant à la culture j'en diftingue de deux fortes , car on peut planter ces malvacées dans des fols fertiles , & deftinés à d’autres plantes , ou dans des endroits inutiles, tels que les foflés, les marécages, les bords des ruiffeaux, en un mot, dans cette quantité de terreins abandonnés à la À SUR L’'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 34 nature & rejettés comme inutiles par l'excès d'humidité, Pour favoir au jufte jufquà quel point l’aboutillon, les mauves pourront concourir avec le chanvre , il faudra choifir & déterminer un terrein & le femer de chanvre : faire de même avec un pareil en le femant d’abou- tillon, & ainfi pour les autres malvacées ; mais il faut râcher que le nombre des plantes foit à-peu-près égal en tout & que les labours & les arrofemens foient faits avec la même égalité. Quand on aura récolté les plantes & retiré la filafle , il faudra pefer le nombre de celle-ci, en examinant les forces de toutes, les comparant enfemble, Je crois que la cultute de chanvre dans fon bon terrein, doit être pré- férée à celle des malvacées, Mais comme les eflais que j'ai faits dans “celle-ci, & encore plus la nature même qui les fait naître fouvent dans des endroits humides, indiquent Les fols les plus convenables aux malva- cées; je crois que leur culture doit s'établir par préférence dans ce lieu ; elle fera alors exempte de toute dépenfe , n’exigeant que les frais modi- ques de cueillir & de femer. Par ce moyen on pourra obtenir des ter- res une nouvelle production , fans apporter aucun préjudice à toutes les autres établies, Je finirai ce mémoire par avertir que tout ce qu'il contient, n’eft autre chofe que des eflais & des expériences incomplettes , & que c’eft le dé- fir d’être utile qui m'engage à le publier. Des perfonnes plus inftruices tireront fans doute quelque parti, & je les prie de vouloir m'éclairer par leurs lumieres , ainfi que de me communiquer les moyens les plus fürs pour porter cette branche à-tel point qu'elle foit utile à la fociété ; alors j'aurai atteint le but que je me fuis propofé dans mes recherches, & je me trouverai très-heureux d’avoir pu contribuer en quelqueforte au bon- heur des hommes, Mais fi l'expérience & le tems venoient à démontrer que tout eft inutile, j’efpère que les bons défirs qui m'ont animé à entre- prendre ce travail, en obriendront le pardon & l'indulgence des gens éclairés. ESSAI Sur quelques phénomènes relatifs à la crifiallifation des Sels neutres : Lu à l’Académie , le premier Mars 1786, Par M. LE BLANC ,'Chirurgien. L À réunion des parties falines, d’où réfultent des corps fouvent tranf- parens & rerminés par des furfaces polies; eft une des opérations de la nature es plus capables d’exciter notre admiration, Elle préfente plufeurs 342 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, hénomènes qui font encore autant de problèmes dont la folution paroït difficile, & fur lefquels mes recherches n'ont donné l’occafion de faire des remarques qui peuvent expliquer peut-être, quelques-unes de ces diffé- rences aparentes, & fouvent très-nombreufes , dans la forme des crif- taux d'un même fel. Toutes les formes criftallines peuvent être rappor- tées , en général , au prifme & à la pyramide , & aflez fouvenc, la même forme participe de l’un & de l’autre, Les criftaux font fufceptibles de deux efpèces de variations; les unes donnent des formes réellement diftinguées les unes des autres, & dont le nombre eft limité d'après les loix de la criftallifation : telles font par exemple, les formes du rhomboïde du fpath d'Iflande, du prifme droit régulier hexagonal , &c. dans le genre du fpath calcaire. Les au- tres variations ne font que les modifications accidentelles d'une même forme ; ainfi, par exemple, le prifme hexagonal que nous venons de citer peut être plus ou moins alongé, ou avoir deux pans oppofés plus larges ou plus étroits, que les quatre autres, &c. Ces modifications peuvent varier à l'infini dans un même criftal; & aflez fouvent elles déguifent la forme dont elles font originaires, au point qu'il faut un œil très- exercé pour n'y être pas trompé, Ce font ces dernières modifications qui font la matière du mémoire que je préfente aujourd’hui à l'Académie ; il m'a paru que les caufes qui les déterminent, méritoient une attention particulière , d'autant plus que perfonne n'avoit encore cherché à les lier les unes avec les autres & à en faire l’objet d'un travail füivi. C’eft ce- pendant une partie vraiment intéreffante. J'efpère pouvoir jetter du jour fur quelques-unes de ces caufes, particulièrement fur celle qui regarde la pofrion du criftal ; enfuite je rapporterai quelques expériences fur laccroiffement des criftaux. Je me propofe de faire connoître dans un autre mémoire, mes obfervations fur la furcompofition de plufieurs fels neutres, On ne peut douter que le folide formé par l’aggrégation des molé- cules falines, ne s’accroifle par l'addition fucceflive de nouvelles molé- cules femblables aux premières ; il en réfulteroit des formes conftantes, fi l’ordre , dans lequel s'opère la diftribution de ces molécules, n'éprou- voit aucun changemeñt, mais il arrive fouvent que des caufes qui pa- roiffenc.multipliées , modifient le réfultat de cette belle opération ; en forre que la différence entre les criftaux d'une même efpèce, n'a laiflé voir à pluñeurs favants dans la criftallifation , qu'un jeu de la nature qui n’éroir aflujetri à aucune règle, L'apparence de deux formes diftinétes dans Les criftaux d'un mêmefel, fixa d’abord: mon attention : j'employai toutes les précautions que je crus converiables pour avoir des liqueurs fa lines bien homogènes & exempres de mêlanges, je répérai plufieurs fois l'opération & je fis criftallifer en diférens rems, plufeurs portions de Ja même liqueur, les réfultats furent toujours les mêmes, Et enfin, je SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 343 découvris que la variéré de pofition du prifme , étoit la caufe princi- pale de ces différences qui en avoient d’abord impofé à mes yeux. Je re- marquai, que ce prifme fe crouvoit pofé , tantôt horifontalement , c’eft- à-dire couché fur lune de fes faces latérales; tantôt verticalement , c’eft- à-dire pofé fur l’une de fes bafes. Il me parut enfuire que ces deux po fitions principales pouvoient être modifiées de plufieurs manières , & qu'il en réfultoit autant de variétés. J'ai trouvé des exemples de ces va- riations dans les criftaux du fel acéteux minéral; mais comme ces exem- ples m'ont paru mieux caractérifés dans un cas particulier, je donnerai le procédé de la préparation & enfuite la defcription des criftaux qu’elle fournit. Si lon ajoute cinq à fix gros d’alkali volatil cauftique fur une pinte de diffolution de mercure par l'acide du vinaigre , la liqueur louchit à peine; mais le mercure acquiert immédiatement la propriété d'être pré- cipité parfaitement blanc, par l’alkali fixe. Cette liqueur ainfi préci- pitée par l'alkali fixe minéral aéré, évaporée très - lentement, fournit des prifmes obliques , à fix pans, dont deux oppofés entr'eux , font plus larges que les quatre autres; & des dodécaëdres à quatre pans qui font des hexagones alongés, terminés par des fommets à qua- tre faces rhomboïdales. Cette forme a du rapport avec celle de l'hyacin- the, criftal gemme, Prefque toujours les arrêtes d a, b 0, attenantes aux bafes du prifme hexaëdre ( fg. 15 ), font remplacées par deux facetres ou même par un plus grand nombre. L'autre efpèce , qui fe trouve quel- quefois abondante dans la liqueur, en même tems que le criftal précé- dent, en eft fur-tout diftinguée par un caractère très-particulier dont nous n'avons point encore parlé ; il confiite en ce que la face qui Tepo- foic fur le fond de la capfule, fe trouve creufée dans la forme d'une nacelle, de manière que ce criftal renverfé , repréfente très-bien cette efpèce de bateau. Cette face excavée, eft toujours un des hexagones ba cdoe, qui forment les pans du criftal ( 8. 16) ; il arrive fouvent dans le même cas, que deux des faces rhomboïdales du fommet prennent une telle érendue que les autres font nulles ou prefque nulles: alors, deux des hexagones , oppofés entr'eux, tels que cr on 1 4 (id.) fe trouvent changés en pentagones. Suppofons que le criftal repréfenté (fig. 16) foit excavé en-deflous, dans ce cas la furface de la cavité eft compofée , 1°, d’un hexagone qui en occupe le fond & qui eft parallèle à abcode; 2°. de deux trapèzes inclinés & parallèles à l'hexagone crodn!, & à celui qui iut cortefpond de l'autre côté ; 3°. de quatre trapezoïdes pareillement inclinés & parallèles aux quatre petits rhombes hbas, dlgo,&c, Il s’agit maintenant de faire voir le rapport qui exifte entre les criltaux fg.15 , & fig. 16. Nous avons dit que le criftal (f2g. 15. ) avoit fouvent fes deux arrètes da, bo,remplacées par deux facettes: fi l’on fuppofoir que les deux 344 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, autres arrêtes £a, 8 f, fuient auili remplacées par des facettes , alors on concevra, avec un peu d'attention, que dans le cas où ces facettes auroienc affez d'écendue pour anticiper fur les rhombes cdef,hkpo, ceux-ci fe rrouvercient chanpés en hexagones, en forte que le criftal auroit, comme celui de la fg. 16, quatre hexagones & huit rhombes ; mais il ett bien eflentiel de remarquer que c'eft l'hexagone ak Agcd, qui, dans le criftal(f£g. 15), répond à l'hexagone a beo dc, dans celui de la (fig. 16 ) en forte que dans le paflage du premier au fecond le prifme fe raccourcit & fe comprime dans la direction d’une bafe à l’autre, & que la cavité qui forme le criftal nacelle, correfpond toujours à l’une des bafes dont il s’agit. Ce qui prouve fur-tout, le rapport que nous venons d’expofer entre les formes de ces deux criftaux , c’eft que les angles firués dans les parties correfpondantes” de ces mêmes criftaux, ont exactement les mêmes valeurs ; ainfi linclinaifon refpective des deux faces dane, kanp (fig. 15) et précifément la même que celle des deux faces acrs,abns,(fig. 16), c'eft-à-dire, que ces angles donnent, à-peu-près, 84° 30’, & que l'inclinaifon refpective des faces adne,gcbf, qui donne le fupplément ( fg. 15) correfpond à celle des faces sarc,gold, (fig. 16), de plus l'inclinaifon des bafes hexagonaies du prifme (fig. 15 ) fur lesarrètes ar, gb, elt de 68° d’une part & de 112° de l'autre part : ce qui s'accorde avec les inclinaifons refpectives de l'arrèce sa, ( fig. 16 ) avec la face hexagonale excavée, & de l’arrète go, avec la face hexagonale Bacdoe, &c. Il eft donc démontré par l'obfervation que les différences entre ces deux criftaux , ne font que des modifications accidentelles d’une même forme; & l’on va voir que l'expérience juftifie pleinement cette affertion. Ces deux efpèces de criftaux fe diftinguent facilement l’une de l'autre dès l'inftant où le criftal commence à fe rendre fenfible à l'œil fimple: fi alors on échange la pofition, c’eft-à-dire, fi lon met à plat le criftal qui étoit dreflé fur lune de fes bafes, & vice versä, & fi ces criftaux reçoivent enfuite un nouvel accroiflement, la forme fe trouve également échangée ; en forte que le criftal qui avoit commencé à prendre la forme d'une nacelle, s'accroît dans les dimenfions du criftal prifmatique , & que l'effet contraire a lieu pour l’autre criftal: & lorfque le prifme fe trouve pofé pendant fon accroiflement fur l’une des longues arrètes de fes faces hexagonales, ou de fes bafes, À Æ, par exemple, (fe. 15 ) on remarque aifément les modifications de l'une & de l'autre efpèce ; ou plutôt le criftal qui en réfulte , participe de la forme des deux, &c. Ces obfervations ne permertent-elles pas de préfumer que cette multitude de variétés , qui s’obfervent dans un très-grand nombre de fels, peut fe rapporter, au moins en grande partie, à ces phénomènes de pofition ? Les recherches de M. l'Abbé Haïüy fur la ftru@ure des criftaux ont déjà rendu à certaines clafles, des efpèces qui en avoient été sie ut 1 = SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS, 34ÿ fur de fimples apparences , puifque l’analyfe chimique a depuis pleinement juftifié l'obfervation de cer Académicien célèbre, La diverfité d'opinions fur le mécanifme que la nature emploie dans la formation des criftaux , m'a fugoéré quelques expériences que je crois décifives ; elles me paroiflent devoir terminer abfolument les difputes que quelques Auteurs avoient encore renouvellées dans ces derniers tes. J'ai d'abord imaginé de placer un criftal dans la diflolution , de manière qu'une partie füc hors de la liqueur pendant l’évaporation. J'ai conftam- ment obfervé que la portion qui baignoit a toujours été la feule qui prit de l’accroiffement. Quelquefois il eft arrivé au criftal, de fe féparer en deux par une fection qui- s'eft toujours faite à la furface de la liqueur : après avoir tranfvafé alternativement différens groupes, compolés de criftaux d’une ligne de diamètre à-peu-près ; parvenus par ces tranfvafions à un beaucoup plus gros volume, chaque criftal reftant toujours bien diftinét fans que fes adhérences fe fuflent jamais détruites, je croyois appercevoir des raifons contre la juxta-pofition. J’élevai enfuire des criftaux enclavés qui parurent autorifer aufli mes doutes ; mais des points de démarcation , folidement placés dans un criftal, me parurent le moyen le plus convenable pour obtenir une folution complette. J'imaginai donc d’aflembler trois colonnes , de manière que le fl qui les aflujettifloic par leurs extrémités, pafsät dans les angles vides qui réfultoient de l’aflemblage de ces mêmes colonnes. Enfuire j'ai perforé d'autres criftaux & implanté folidement des tiges d’acier, dont la diflance bien connue ne pouvoit manquer de me donner des réfulrats certains, Après avoir donné un nouvel accroiflement à ces criftaux, il ne m'a pas paru qu'aucun des points de démarcartion fe für jamais écarté ou que leur diflance eût augmenté fenfiblement. L’accroiflement d'un criftal s'opère donc par juxta-pofition uniquement. MÉMOIRE Sur les Chalumeaux à bouche , & foufflers & & air dephlogifliqué : Par M HaAssENFRATZ, Profeffleur de Phyfique de l'Ecole Royale des Mines & Correfpondant de la Société Royale de Médecine. Le Chimifte qui eft-obligé d'opérer , pour ainfi dire; fur un atôme de matière , lorfqu'il fait en petit l’effai d’une mine , l'Emailleur qui courbe des tubes capillaires , le Jouaillier qui foude des petites portions Tome XXVIII, Pare, I, 1786. MAL. Xx \ + ! 346 OBSERVATIONS SUR LAPHYSIQUE, de métaux, ne peuvent tous fe fervir du feu de forge, & ont cependant befoin d’un degré de chaleur fupérieur à celui que donne ordinairement une lampe ou une bougie. Aufli-tôt que l'induftrie a connu leur befoin , elle a fu y fubvenir en leur offrant le chalumeau, On ne fe fervit pendant long-tems que de celui des Jouailliers ; mais les Chimiftes fentirent bien- tôt fes inconvéniens, ils cherchèrent à en changer la forme, & ne tardèrent pas à réufir. En effet, rien de plus commode, de plus portatif que le chalumeau à bouche que Schevab employoit en 1738, pour ana- lyfer les minéraux par la voie sèche, dont Cronftedt & Rinman ont aufli fait ufage , dont leur célèbre compatriote M. d'Engeftrom a parlé dans une Diflértation fur l'avantage du chelumeau pour diriger les effais des mines, & qu'enfin Bergman nous a fait connoître dans le fecond volume de fes Opufcules. Rien de mieux imaginé que le réfervoir d'humidité qui le rerd infiniment plus commode que celui dont les Orfevres, Jouailliers & Bijoutiers fe fervent pour leur foudure ; mais ce chalumeau demande un grand ufage , fatigue les poumons lorfque l’on veut fondre des matières difficiles , & produit un air mélangé d’air fixe qui le rend plus impur que J'air atmofphérique , en ce que la prôportion d'air déphlogiftiqué avec la moferte eft moindre à caufe de l'acide méphitique qu'il contient, & qui augmente fon volume en diminuant le rapport de fa bonté. Une autre incommodité étroit d'être obligé de tenir le charbon d'une main &le chalumeau de l’autre, de manière que toutes les fois que l’on devoit toucher à la matière expofée fur le charbon ou faire quelques autres manœuvres , on étoit obligé d'arrêter l’action de la flamme, conféquem- ment de laifler un peu refroidir la matière à fondre, & de perdre du tems. La figure 1° repréfente le chalumeau de M. d'Engeftrom , la figure 2° celui de M. Bergman, & la figure 3° celui des Orfevres, M. de Sauflure vient de nous donner un moyen, imité à-peu-près de celui que les marchands de baromètre de campagne fuivent, afin de maintenir le chalumeau dans une pofition ffable & de laïfler la liberté d'une main, On pourroit encore ajouter à fon appareil qui eft peu embar- raffant un foutien pour le charbon , & l'on jouiroit des deux mains à la fois; mais le remède à ce dernier inconvénient ne change rien aux premiers: pour les faire difparoître on a imaginé des chalumeaux à fouet. Il paroït que nous devons encore aux allemands l'invention du chalumeau à fouffler. Le premier que je vis étroit à Vienne en Autriche , chez M. l'abbé Poda, Profeffeur particulier de Chimie &- d'Hiftoire- naturelle. Sa conftrution étoit fimple: un foufflet double ordinaire étoit attaché fermement à trois petits poteaux élevés fur une planche qui fervoit de pied à l'enfemble : un petit arbre dans lequel étoient emiman- chées deux petites chevilles, étoit mu par une manivelle ; les chevilles SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 34% rencontrant fucceflivement le deffous du foufllet, l'élevoient , il retom- boit par fon propre poids, & le mouvement continu de la manivelle en procuroit un femblable au fouffler. Le foufiler fe terminoit en chelumeau à l'extrémité duquel étroit une lampe , & de l'autre côté de la lampe un fupport pour le charbon. Tour le monde fent Javantage d'une pareille machine, imaginée d’après le fouffler des fouflleurs de verre. Ce foufflet , que l'on peut voir dans la fig. 4°, emploie l'air atmof- phérique tel qu'il fe trouve dans l'appartement où fe fait l'expérience , &difpenfe de s'époumonner. On peut mouvoir le foufflet d’une main & conduire l'opération de l’autre. Si l’expérience exigeoit les deux mains, on en feroit quitte pour faire tourner la manivelle par quel- qu'un. Comme l'air envoyé fur le charbon ne produit de chaleur que relativement à fa quantité d'air déphlogiftiqué, & que fa proportion dans l'air atmofphérique eft plus grande que dans l'air qui fort des poumons, il s'enfuit qu'à quantité égale d'air produit, le foufflet doit fondre plus facilement que le chalumeau à bouche. Nouvel avantage que l'on peut encore augmenter par la force du foufler. J’ai dans mon laboratoire, fait arranger un foufflet de manière qu’il peut me fervir de chalumeau & de foufflet de forge à la fois. Comme mon fouflec a deux pieds de long, ce qui et confidérable pour un chalumeau à fouffler, je fonds mes matières prefqu'avec autant de facilité qu'avec l’air déphlooiftiqué. Un autre avantage, c’eft qu'il me fert aufli à travailler mon verre, courber mes tubes, les fouder, &c. &c. La fig. 5° repréfente l'arrangement du foufflet : on peut encore voir la defcription d'un chalumeau à-peu-près femblable dans le Journal de Crell, Le fecond chalumeau que je vis étroit chez M, le comte d'Hydelberg , à Clagenfurt,en Carinthie. I ne différoit en rien du premier pour fon ufage, mais fa forme avoit quelque chofe de particulier (f£g. 6 ). La partie inférieure du foufflet , le mécanifme qui le faifoir mouvoir, l'extré- mité du chalumeau & le fupport du charbon font tout-à-fait femblables au chalumeau de l'abbé Poda: la partie fupérieure feule du foufilet en differe en ce qu'elle s'élève parallèlement, & que pour que l'air ne foic point lancé avec trop de force , on a pratiqué à la partie fupérieure une foupape retenue par un reflort, de manière que lorfque par un mouve- ment trop accéléré de la manivelle, on détermine l'air à fortir avec trop d'impétuofité , le reflort de la foupape eft forcé, & l'air fort par le chalumeau avec une force un peu moindre que celle avec laquelle le reflort prefle fur ia foupape fupérieure. M. Teillard jeune mécanicien françois , très-intelligent, vient. de conftruire un chalumeau à foufflec beaucoup plus avantageux que les premiers. Le foufflet & routes fes dépendances , les flacons avec les réactifs, un marteau, un cileau, un “tas, & généralement tour ce qui eft néceflaire aux effais, fe trouvenc Tome XXVIII, Part, I, 1786. MAI, Xx 2 348 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, renfermés dans une boîte très-portative de 9 pouces de long, 6 de large & 3 de haureur. Le deffin de tout l'enfemble eft repréfenté, fgg. 7, & le fouflet féparé, fig. 8. Il ne nous reftoit plus que le moyen d'employer l'air déphlogiftiqué ; d’abord on imagina d'emplir une vellie à l'extrémité de laquelle on avoit attaché un robinet. Pour opérér avec cet air on mertoit la vellie fous le bras , & après avoir ouvert Le robinet on prefloit la veflie en dirigeant le courant d'air fur l’objet qu'on vouloit fondre. On füubftitua à la veflie diverfes machines. Je crois inutile de fuivre l’ordre des dates d'invention, je me propole au contraire de fuivre celui des avantages qu'ils réuniflent. M. de Fourcroy indique dans fes Mémoires & Obfervations de Chimie, un moyen fimple & peu difpendieux de fe procurer un foufflet à air déphlogiftiqué ; il ne faut qu'une cloche de verre, fg. 9 , percée vers le milieu de fa voûte pourfrecevoir uh robinet de cuivre. On vifle fur ce robinet un tube de cuivre de fix lignes de diamètre, qui fe recourbe à angle droit à deux pouces de fa naïflance. Ce canal horifontal fe rétrécie peu-à-peu jufqu'à fon extrémité , il fe termine par un pas de vis pour recevoir des tuyaux de différens diamètres, d’une, deux, trois lignes , &c. Cette cloche pleine d’eau s'empait d'air à la manière ordinaire par le moyen d’une cuve hydropneumatique, & cette même cuve fert de réfervoir, dans lequel en enfonçant la cloche, on détermine l’air à fortir avec une force exprimée par le poids d'une colonne d’eau dont la bafe feroit égale à l'ouverture de la cloche, & la hauteur, égale à celle de l'eau de la cuve au-deflus de cette même ouverture. M: Achard , de l’Académie de Berlin, a décrit dans le Journal de Phyfique de , un chalumeau à air déphlogiftiqué , fig. 10, dont la conftruétion differe peu de celui de M. de Fourcroy. Ils ont adopté tous deux la cloche de verre avec le robinet & le tube recourbé; mais au lieu de faire ufage de cuve hydropneumatique, M. Achard emploie un vafe de verre cylindrique dans lequel la cloche peut fe mouvoir avec liberté ; il emplit fon appareil d’eau en plongeant la cloche dans le cylindre de verre, & ouvrant le robinet afin de donner fortie à l'air. Cela fait, il ferme le robinet, emplit la cloche d'air, en faifane communiquer deflous, l'extrémité d’une cornue, dans laquelle on a mis du nitre , du précipité rouge ou de la chaux de manganèfe. J'ai fait faire aufli deux chalumeaux à air déphlosiftiqué différens. Le premier , f£z. 11, eft une cuve de fer-blanc de dix-huit pouces de long, quinze de large & douze de haut. J’ai fait pratiquer un double fond , échancré pour laiffer paflage à un vafe, les faces verticales de l’échan- crure font fermées, à l'exception d’une petite ouverture , dans le bas d'une d'elles, pour pouvoir emplir ma nouvelle caifle d'air déphlogiftiqué. Sur le double fond s'élève un cylindre de verre, terminé par un robinet; &: SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 349 un tube recourbé qui pafle à travers une table, fait l'effec d'une lampe d'émailleur. J'entretiens conftamment ma cuve pleine, ce qui caufe fur mon air une preflion égale à la furface de la doubie caifle , multipliée par la hauteur des différences de niveau de l’eau dans les caifles intérieures & extérieures. = Comme mon chalumeau ne contenoit pas aflez d'air déphlogiftiqué pour des expériences fuivies , je fs faire une nouvelle caifle de fer-blanc, fig. 12, avec les mêmes dimenfions extérieures. Le double fond eft à treize pouces de haut, & n’eft percé que de deux trous ; l’un pour pofer le cylindre de verre, & l’autre pour pofer un autre cylindre. C’eft par cette ouverture que l'on fait entrer l'air déphlogiftiqué dans la caifle, Un autre tube dans l'intérieur , dont une des ouvertures eft au fond de la caifle & l’autre communique à l’extérieur au niveau du double fond, fert d'écoulement à l’eau pendant que l'air pénètre. La cuve pleine d'air, . le canal d'écoulement d’eau fe ferme hermétiquement. Par Le moyen d’un robinet on ête tout moyen de fortie à l'air déphlogiftiqué , & à la place du tuyau de communication on vifle le grand entonnoir, que l’on emplit d'eau à une hauteur déterminée; car de cette hauteur dépend la preflion exercée fur l’air pour le faire fortir par le tube à robiner. Un tube recourbé eft ajufté comme au premier chalumeau & pafle à travers une table, Pour emplir cette cuve, comme l’air en entrant eft obligé d'exer- cer une forte preflion pour chaffer l’eau, il faut faire communiquer di- rectement la cornue de laquelle on retire l'air déphlogiftiqué, ou Éta= blir une eommunication avec un récipient placé dans une cuve hydro- pneumatique, de manière que l’on puifle y verfer l'air déphlosiftiqué, & que la différence des niveaux d’eau entre l’intérieur & l'extérieur du récipient foi: plus grande que la hauteur intérieure de la cuve du chalu- meau. On trouve dans le Journal de Crell un chalumeau à air, fig. 13 ; décrit par le Docteur Gallifch , qui differe effentiellement des chalumeaux françois : celui-ci eft un cylindre creux , de métal, bien poli & bien égal intérieurement , cerminé à fa partie inférieure par un robinet für lequel eft viffé un tübe recourbé. Un pifton fufpendu par une corde qui paile fur des poulies , & à l’extrémité de laquelle eft un poids que l’on peut diminuer ou augmenter , fe meut dans le cylindre. Ce pifion empêche l'air de fortir par la partie fupérieure, & fa preflion plus ou moins grande dépendante de la différence de fa pefanteur à celle du poids fufpendu à Pautre extrémité de la corde , détermine l'air à fortir avec plus où moins de force. Après avoir ouvert le robinet, on emplit le cylindre d’air par Pouverture du robinet, en le pofant fur une cuve hydropneumarique & faifant defcendre le pifton au fond du cylindre, À mefure que Pair entre, le pifton eft foulevé ; lorfqu'il eft arrivé à la partie fupérieure, on ferme le robiner, & le cylindre eft plein d'air déphlogiftiqué, 339 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, M. de Lavoifiex, faifoit autrefois ufage d'une cuve de fer-blanc, pleine d'eau, dans laquelle éroit une autre cuve placée en fens contraire. Cette feconde cuve portoit à fa partie fupérieure un robinet fur lequel fe vifloit un canal flexible : on pouvoit ajufter au bout de ce canal des petits tubes de cuivre dont les embouchures avoient différens diamètres, & faifoient l'office de bufes. Le canai Aexible paflant à travers une table produifoit l'effet d’une lampe d'émailteur. La caifle intérieure éroit retenue dans une fituation verticale par des cordes qui pafloient fur deux poulies ; à l'extré- mité de ces cordes évoit fufpendu un poids qui, pouvant être augmenté ou diminué , faifoir varier la preflion de la caïfle fur l'air & Le faifoic fortir avec plus ou moins de force. M. Meunier a fait conftruire une nouvelle caifle, f. 14, pour la fupetbe expérience de la compofñtion de l'eau. On peut calculer à fon exrérieur la plus petite quantité d’air déphlogiftiqué employé. Ce font les deux mêmes cuves de fer-blanc que dans le chalumeau de M, de Lavoifier ; mais la taifle intérieure, au lieu d’ètre fufpendue par des cordes , eft attachée à l’extrémiré d’un bras de levier; à l’autre extrémité eft un plateau de balance : le rapport entre le poids de la caifle dans l'eau & celui du plateau eft connu. Les deux extrémités des bras de levier font terminés en arc de cercle, afin que les points de fufpenfion foient toujours à égale diftance du centre de mouvement. Sur un de ces arcs eft un limbe gradué en parties égales ; une aiguille immobile & horifontale indique de combien de ces divifions l’extrémiré de ce bras de levier et hauflée ou baïflée, & on connoït avec ces divifions le rapport des quantités d'air entré ou forti de da caiffe inrérieure. Ces rapports fonc calculés par une faite d'expériences pour un degré de chaleur conftant ; fi la température varie pendant l'emploi de l'air, on peut corriger le produit en raifon des dilatations ou des condenfations qu'il aura éprouvées, Comme la caifle fervant de réfervair d'air, pèfe plus ou moins fur le bras de levier où elle eft fufpendue , en raifon de la quantité dont elle eft plus ou moins plongée dans l’eau , il étoit néceffäire d'établir un moyen de compenfer cette variation. Pour cela , le bras de levier où eft fufpendu le plateau s'élève , par le moyen d'une vis, parallèlement à la prolon- gation de celui où eft fufpendue ‘la caille intérieure. Certe élévation écarte plus ou moins le point de fufpenfion du plateau, du centre demouvement, comme le plus où moins d'élévation eft indiqué par une échelle divifée en parties égales ; on connoît pour chaque divifion quelle eft l'augmentation de longueur du bras de levier. D'après cela, fi la caifle entièrement plongée dans l’eau eft en équilibre avec le plateau , l’équilibre fera rompu en élevant la caifle; comme la caifle en sélevant acquiert un excès de pefanteur, & que cerexcès fur une extrémité de levier peut être corrigé par une augmentation de longueur. L'échelle qui indique l'augmentation de longueur pat l'élévation parallèle du bras de levier où eft fufpendu le En de > SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 3x plateau, eft-relle que chaque divifion correfpond à une hauteur déterminée de la caille. © Pour emplir la caifle d'air vital , on a établi un tube dans l'intérieur s'élevant ua peu plus haut que le fommer de la voñte , il y loge fa partie fupérieure , quand la cuve eft pleine d’eau, dans un perit cylindre creux pratiqué exprès. Ce tube fe prolonge dans fa partie inférieure à travers une des faces latérales, Un robinet fermé, on établit, par le moyen d'un tube de cuivre, une communication avec un récipient placé dans une cuve hydropneumatique : lorfque lon a chargé le plateau de poids propre à foulever la cuve, on verfe de l’air dans le récipient , on ouvre le robinet; l'air pale dans la cuve & la foulève en raifon de fa quantité. Quand l'élévation de la cuve indique qu'elle eft pleine , on ferme le robinet, & don peut procéder aux différentes expériences à faire avec l'air déphlo- gifliqué. Pour en faire ufage, un autre tube vertical eft élevé dans l’intérieur de la cuve , parallèlement au premier; fa partie fupérieure fe niche de même dans un petit cylindre creux, & fa partie inférieure fe prolonge à travers une des faces latérales de la caifle, jufqu’au-deflous d'une table, & la traverfe; le tube eft terminé en pointe fur laquelle on peut vifler diffé- rentes bufes. Un robinet à l'extrémité du tube permet à l'air dé fortir avec une force dépendante de l'excès de pefanteur de la cuve intérieure fur le plateau chargé ou non chargé de poids. - On a encore pratiqué par le moyen d'un tube de verre une communf= cation de l’intérieur de la petite cuve qui indique la hauteur de l’eau : cette haureur comparée , celle d'un autre tube communiquant à l’eau de la cuve exrérieure donne la preflion exercée par ces différences. ' D'après la defcription & les plans de ces fix chalumeaux à air déphlo- giftiqué , il n'eft perfonne qui ne s'apperçoive que ceux de MM. de Fourcroy & Achard, quoique très-fimples , n’aient le défavantage d’un tube mobile fervant de chalumeau , qui oblige à fuivre toutes fes variations; & dans celui de M. Achard une difficulté de plus pour le remplir: on pourroit Cependant vaincre les difficultés dela mobilité en faifant communiquer les cloches à une table par le moyen d’un canal flexible. Dans mes deux cuves la première a le défaut de ne pas laiffer maître de la prefion exercée fur l'air, & la feconde de s'emplir difficilement & d'obliger d'avoir un appareil exprès. Le chalumeau du Docteur Gallifch eft fimple, peu embarraffant , & feroit excellent fi l'on pouvoit répondre de l'effet du pifton, Le chalumeau qui remplit plus d'objets à la fois, & dont la jufteffe dans les réfultats ne peut être comparée avec le$ autres , eft la fuperbe cuve que M. Meufnier a fait faire pour lés expériences de la compofirion de l'eau; mais le travail qu'exige fa conitruction, fa juftefle & fa précifion le rend très-cher. 352 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, Chacun des chalumeaux à foufflet & à air déphlogiftiqué que j'ai décrits, pouvane fervir à eflayer les minéraux par la voiesèche , on pourra fe déterminer à adopter Les uns ou les autrés en raifon des expériences que l'on projette, de l’emplacemenr que l’on a , & de la dépenfe que l'ox veut faire, : SUITE DE DAC DISSERJTATEON DE M MONNET, æ Sur LES MoNTAGNES ET LES ÎERREINS A MINES EN GÉNÉRAE, SAESCRO!NEDPESSPPANRMTIRE Des Mines & des lieux qui les renferment. A sanr établi les caraëtères & les formes par lefquelles on peut: diftinguer les pays à [mines de ceux qui ne le font pas, & donné les moyens de connoître les uns & les autres, nous n'avons plus qu’à fixer ici entièrement nos idées fur l'objet de cette diflertarion & faire cannoître en détail les lieux où fe trouvent les mines. Nous avons dit qu'il falloit moins s’en rapporter à l’apparence ou à la configuration d'un terrein ou d’une montagne, qu'à fa compofirion, pour jugér s’il renferme des mines ou non. Nous ajouterons ici que ce feroit même un préjugé fâcheux que celui qui dérermineroit à s'en rapporter plutôt à l'apparence qu'à la nature même des terreins. Mais dès qu’on trouve dans un lieu véritablement à mines les marques indicatives de l'exiftence des mines, on ne rifque plus rien, en entreprenant de faire des recherches; au contraire, avec de la perféverance on parviendra immanquablement à découvrir des mines. Nous allons donc voir en quoi confiftent ces marques; mais auparavant il fauc diftinguer les diverfes fortes de mines , car chacune d'elles préfente quelquefois des caraétères fort différens, & par conféquent ce que nous dirions en général, ne pourroit convenir qu'imparfaitement à chacune d'elles en particulier. Il y a de plus à obferver tant de variétés dans la même efpèce de mine, que la manière dont elle fe montre en un certain lieu, ne peut pas être prife pour un modèle en un autre. * Une fois donc qu'on eft parvenu dans un pays à mines, c’eft-à-dire, formé de roche graniteufe, &c. on doit obferver les lieux les plus ap- parens, ceux où l'on voit que la roche eft divifée par des fentes qui la traverfent * À ioge à docti ii DÉS SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. :353 traverfent dans plufieurs fens, & là où l’on apperçoit des taches ferru- gineufes ou ocracées , où la roche elt pénétrée elle - même par le fer, ce que l’on connoït par fa couleur qui eft ou grife ou jaune ou rouge, mais encore mieux par fa pefanteur, qui eft plus grande que celle des autres pierres qui l’avoifinent. On connoît encore mieux qu’on eft dans un lieu à mines, où même qu'on en-a trouvé une là où l’on apperçoie des fentes perpendiculaires ou obliques garnies de matières ou grafles o4 folides , parmi lefquelles on trouve des concrétions criftallines, & qtiel- quefois où l'on voit fuinter de l’eau chargée d’ocre, On feconnoic que c'eft là l'embouchure d'un filon, fi en comparant les fubftances qu'on y trouve avec celles des aurres parties du terrein, on les trouve diffé- rentes. « C’eft ordinairement au bas d'une montagne ; ou au bas d'une chaîne de montagnes où la roche fe trouve différente de ce qu'elle eft à fon fommer ou fur fes flancs, & telle que nous l'avons dit ; où l’on apper- çoit ces dernières indications, & c’eft là aufli où l’on à lieu d’efpérer de trouver les chofes comme nous difons. Affez fouvent on trouve ces lieux humectés & ombragés commele dit Lhémann. Les filons qui ne fe trou - vent pas en montagnes, ou dans des terreins qui ne font pas élevés, mais-feulement coupés par des vallons plus ou moins profonds, font reconnoiflables quelquefois par des terres aroileufes rougeâtres , chargées de parties martiales, par des concrétions calcaires ou purement férrugi- neufes, Et comme ces filons font ordinairement les plus larges, on à plus de facilité à les reconnoître, au moyen des marques indicarives dont nous venons de parler. En fouillant perpendiculairement , ou très- obliquement dans les marques, on ne manque pas de trouver la gangue folide de mines, & fouvent parfemée de grains de minérais; c’eft ainfi qu'on découvre les mines dans les pays plats’ou peu élevés en montagnes , tels que celui de Freyberg & de Poullaouen en bafle-Bretagne. Tour le monde fait maintenant qu'on entend par filons des fentes régulières qui coupent la roche dans un fens plus ou moins oblique , & qui fe dirigent d'un point de l’horifon à l’autre ,& on fait aufi que lorfque ces fentes font petites & qu'elles font fans régularité , c'eft-à-dire, qu’elles fe détournent à droite.& à gauche , elles fe nomment veines. La roche qui les annonce eft celle que l’on voir divifée fréquemment ; comme le chyte graniteux. Plus on voit de ces: fentes; moins on a lieu d’efpérer de découvrir de grands:filons, C'eft ordinairement dans les montagnes que ces veines fe trouvent le plus, & dans les terreins bas où elles fe trouvent moins, il y a aufli de plus grands filons, Nous avons vu.que les flons ou veines font ce-que nous appellons mines de première formatidn,, parce qu'elles ne fe trouvent que dans les pays de remière formation, ou: roche:-primitive:, qui: eft formée de l’une ou L'autre matière dont-nous ayons parlé, Les autres miues fe nomment Tome XXVIU, Part. I, 1786, MAL, Yy 354, OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, fecondaires, par la raifon aufli que nous avons déduite, favoir , que lon fuppofe qu'elles ont été formées du débris des premières, & qu’elles réfultent de l’afflemblage de leurs parties diverfes. Nous avons vu que ces affemblages qui fe font faits au bas des montagnes & près des pays que nous avons nommés fecondaires ou. le nouveau monde, doivent nécef- fairement avoir d’autres caractères , d'autres formes & d'autres marques par lefquelles on puiffe les reconnoître. Ces fecondes efpèces de mines ne fonc point en filons, mais en couches plus ou moins inclinées à l’horifons Ce font, fi l'en veut , des fentes ou horifontales ou obliques, garnies de minéraux , mais qui ne reffemblent jamais en tout point à ceux des mines primitives, Ces mines font aifées à connoître, d’abord parce que le terrein qui les renferme ne reflemble point à celui des mines primitives. il n’eft jamais formé de granit parfait ni de chÿte graniteux, mais bien d’une forte de roche friable réfultante du débris des roches primitives , ou d’une forte d'ardoife, fur laquelle on trouve fouvent des impreflions de plantes & de poiflons, comme nous l'avons dit précédemment. On peut con= jecturer-aflez bien, qu'on eft près d'une mine de cette efpèce , lorfqu'on voit que le terrein eft femé de petits monticules , où que le terrein eft inégal & raboteux , & qu'il va en s’élevant infenfiblement ; mais l'indica- tion devient encore plus fenfible lorfqu’on voit que les inégalités de terrein ou monticules préfentent la roche en feuillets & d'une couleur grisître tachée d’ocre. Les mines de charbon fe trouvent affez ordinairement de cette manière; & dans un pareil terrein. Toute la différence qu’il y a eft que la roche feuilletée paroît toujours plus noire, & que les couches qui la forment paroiflent toujours plus régulières. Il eft vrai qu'on diftingue deux fortes de ces mines. Les unes qui fe trouvent dans un pareil terrein, & les autres dans les montagnes ou au bas des montagnes primitives. Mais celles-ci font prefque toujours en couches qui approchent plus de la ligne perpendiculaire que de la ligne horifontale, Les premières font annoncées auili très-fouvent par des veines qui fe montrent au jour , accompagnées de chyte noir, & les autres le font par des amas de fable, qui laïlent appercevoir aufi quelquefois une forte de chyte noir, ou du charbon même qui colore le fable. On a lieu d’efpérer de découvrir quelqu'une de ces mines, lorfqu'on apperçoit fur une montagne primitive; ou fur un terrein formé de granit, du chyte fableux noirâtre fur lequel on voit du fable, comme fur quelques montagnes des Vôges, & qu’on fuit l'inclinaifon du terrein fur le bord de la montagne. Une fouille faite alors perpendiculairement fur le fommet de la partie fableufe , met bientôt à découvert une ou plufieurs de ces couches. On en peut donner pour exemple les mines de Sainte-Croix dans le val de Lièvre à une lieue de Sainte-Marie. IL eft encore d’autres efpèces de mines de charbon à la vérité qu'il eft bon d'indiquer ici, qui fe trouvent entièrement dans le è 8 SUR L'HIST. NATURELLE ETLES ARTS. 355 granit , comme on en a encore des exemples dans les montagnes des Vôges; mais ces mines ne confiftenc qu'en veines fi étroites & de fi peu de durée , qu'elles ne valent pas la peine d’être recherchées. - En rappelant donc l’ordre des choles, nous voyons qu'un pays primitif, étant plus élevé que celui que nous avons nommé intermédiaire, & que celui-ci l'étant encore plus que celui que nôus avons nommé fecondaire, on doit rencontrer en partant de la plaine ou le dernier pays, d'abord les mines de feconde formation, & enfuice celles de première formation ; mais comme nous l'avons dit, ces premières mines, & les lieux qui les renferment étant extrèmement rares, on rencontre bien plus fouvenc qu'il n’y a rien d'intermédiaire entre Le pays primitif & le fecondaire , que l’un & l'autre fonc joints enfemble, ou ste ne font féparés que par une très-petite lifière formée d’un amas de fable & de cailloux fans ordre, dans lefquels on ne doit point chercher de mines , ainfi que nous l’avons fait fentir ci-devant. . Nous avons vu aufli que ces pays intermédiaires font quelquefois très- éloignés des hautes montagnes, ou qu'ils s’'allongent prodisieufement dans les pays de feconde formation , dont ils font quelquefois accom- pagnés de tous les côtés , excepté du côté des montagnes. Alors on trouve que les couches qui forment ces mines font très-confufes , & qu’elles ne préfentent pas {es minérais conftamment ou dans un ordre fuivi, mais par parties çà & là & fouvent fort éloisnées l'une de l’autre ; celles font les mines de Franckenberg en Héfle; mais on peut reconnoître que ces pays renferment des mines, par leur élévation plus grande & plus inégale que les parties de terrein qui les entourent , & parce qu'on ny apperçoic que la nature des terres & des pierres n'eft pas la même que celle des autres parties de terres qui les avoifirent. On y découvre quelquefois des pierres & terres colorées diverfement. Si on y apperçoit en même-tems des efpèces de couches ou bancs feuillerés, on eft prefqu’afluré qu’au deflous on trouvera du minérai, foit de cuivre, plomb ou autre, & fouvent même on trouve que le banc ou la couche feuilletée en contient, ce que l’on reconnoît par des raches rouges ou vertes qui paroiflent deflus, & auf fans cela par la pefanteur plus grande de fes parties. Il eft des cas au furplus , tels que là où la terre des couches eft très-mobile ou friable , où il eft prudent d’effayer à la fibile pour favoir fi elle ne renferme rien de métallique. A l'égard des exceptions à faire mème dans les pays à mines primitives, nous remarquerons d'abord que ce feroit vainement qu'on chercheroit à découvrir des mines dans le terrein qui feroit formé entièrement de granit à gros grains, tel que le gris, car cette forte de roche , toujours sèche & aride , n’admer point ou n’a point admis dans fa fubftance aucune forte de filon, La conformation même de cette roche n’a pu le permettre. Aflez fouvent, comme on le voit dans les cantons des Vôges où fe trouvent Tome XXVIIL , Part, I, 1786, MAL, Vye2 356 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE; l'Abbaye de Pairis, Gerard-Mer, ce granit eft divifé en mafles criftalli- fées d’une forme régulière & féparées l’une de l'autre par une terre fableufe provenante de ces roches mêmes, qui emportées par les eaux donnent lieu à ces roches de s’écrouler, & d’être à l'égard les unes des autres dans un défordre épouvantable , ainfi qu'on le voit dans les lieux que nous indiquons : à la yérité on voit aféz fouvent que de pareilles roches forment le haut de la montagne, tandis que le bas eft d'un rocher continu & feuilleté , comme on en a des exemples à Giromani. Ainfi il faut bien examiner la conftruétion entière d’une montagne avant de fe déterminer à l’abandonner , ou à y fouiller. On trouve auñli quelquefois que ce granit fe change peu-à-peu en roche chyteufe & feuillerée, & c'eft-là une bonne marque qu'elle renferme quelque mine. On peut efpérer de trouver des mines dans un lieu chyteux , humedté, & là où fuinte de l’eau ocrée, qui fouvent fort de quelque filon; mais cette règle n’eft pas fans exception , & beaucoup de bonnes mines n'ont pas été découvertes à la faveur d’un tel indice qui n’exiftoit pas, mais bien d'une autre manière, ou par du fpath calcaire ou pefant qui indiquoit le filon , ou par une terre grife ou brune, qui en formoit la gangue. D’après l'exemple que nous avons rapporté ci-devant, la roche calcaire ne doit pas paroïtre un obitacle à ce qu'on trouve dans.un terrein qui en eft formé ou couvert , des mines, lorfque cette roche eft comme il eft entendu, de l’efpèce que nous nommons primitive (1), puifque nous avons eu occafon de dire que la plupart des mines en Hongrie & en Tranfilvanie fe font trouvées entre cette roche & la graniteufe,felon MM. Delius & de Born. Ce qui a donné lieu au premier, dans une Differtation {ur la nature des filons, d'en faire une règle générale, tandis que ce n'eft qu'une exception. Mais la plupart des mines dans l’efpèce des primitives, font aufli ce qu'on appelle des mines en amas, connues dans le lancage des mineurs allemands fous le nom de flockewerck. On reconnoït ces mines dans une montagne lorfque cette montagne eft compofée de diverfes fortes de pierres où fe trouvent beaucoup de parties de fer; car le fer fi généralement . répandu dans le règne minéral , eft encore [a marque la plus, sûre de l’exiflence des autres métaux. On reconnoît aufli, ou l’on a lieu de foupçonner, l’exiftence d’une telle mine dans un terrein, lorfque la roche compofée des diverfes efpèces des primitives, eft friable, mais (x) Ce mot exprime notre idée. On avoit cru très-mal-à-propos que toutes les pierres calcaires fe reffembloient, quant au fond , & qu’elles avoienf Ja mème origine. Aujourd'hui, un peu plus avancés dans la connoiffance: de la minéralogie géographique , nous pouvons dire que cette roche eft totalement différénte de celle qui fe trouve dans Îles pays calcaires ordinaires. Elle eff. fpathique ou granulce, & n’a jamais d'impreflions de plantes & de coquilles, à SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS, 357 fur-tout lorfqu'on voir plufeurs veines capitales, dont le penchant fair. croire qu'il y a un point où elles fe réuniflent toutes. Telles font les mines d'Altemberg en Saxe & de Marienberg, Lorfqu'on fuivra quelques- unes de veines qu'on rencontrera dans cette roche, on aura pareillement l'efpérance d'aboutir à une de ces mines. À l'égard des montagnes cou- vertes de pierré calcaire, il fufic, die M. Delius dans fa Differtation citée, de fouiller quatre à cinq pieds à travers les roches pour découvrir quelques-uns de ces amas, - La grandeur ou l’épaiffeur très-grande d’un filon, ne doit pas le faire regarder comme une mine en amas , puifqu'il a une direction conftante, & que les mines en amas n'en ont point , & font bornées de tous côtés par le rocher qui Les entoure , & les circonfcrit dans une étendue. plus ou moins grande, Les filons ainfi extraordinaires ont une autre manière de fe faire connoître ; ils fe préfentent toujours au jour avec leur ganoue & leur minérai, & on les reconnoît tout de fuire lorfqu'on les a dépouillés du terreau ou gazon qui les couvroit ; ainfi a été découvert le filon de Ramelfberg dans le Hartz, qui occupe prefqu’entièrement la montagne de ce nom. Comme ces filons contiennent rarement des minérais précieux, & qu'ils ne renferment guère autre chofe que des minérais très-communs , tels que de la pyrite & de la galène, ils font auñi découverts aifément au moyen de quelques-unes de ces parties qui paroiflent au jour , & s’en détachent dans les lavanges ou autrement. C'eft ainfi que des mines plus importantes ont été découvertes. Les mines qui font dans une montagne chyteufe , & dont la ganoue eft-friable , laiflenc paroître aflez fouvent , après de grandes pluyes, des parties de minérais même précieux , tels que de largent-vierge&. de l'argent rouge. Lors donc qu'on a obfervé une telle montagne, on fait fort bien après de grandes pluyes , d'aller examiner les réfidus qui font au bas, C’eft äinf qu’on a découvert les mines d’argent du Dauphiné, qui confiftent en -plufeurs veines irrégulières, courant dans une roche qui paroït quelque- fois comme pourrie. Les flons & les mines en amas fe trouvent quelquefois encaiffés, pour ainf dire, dans une forte de chyte, ou une, forte d'ardoife grife qui les fuie & les accompagne deflus & deflous , tant qu'ils fe prolongent. Cette forte d’ärdoife eft elle-même enveloppée par le granit ordinaire, ainfi qu’on en a des exemples dans quelques mines de la Suède & de la Norvège. On reconnoîc bientôt qu’il court des filons dans cette forte .d’ardoife, par des taches rouges , vertes, ou par une gangue verdâtre ou grife qui fe trouve ordinairement au milieu. Dans les mines de Confberg en Norwege, ce rocher intermédiaire eft tellement dur, qu’il adhère fortement avec la totalité de l’autre rocher, & cette grande adhérence fait qu'on ne peut pas toujours diftinguer la véritable place des filons , & quand bien même on la reconnoîtroit facilement, on ne feroit pas encore sûr d’ÿ trouver du 358 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, minerai ; car c'eft une chofe certaine, dit-on , que plus la partie qui forme la gangue d’un filon eft dure & uaie avec le rocher , ou ce qui revient au même, moins le filon eft marqué, plus le minérai y eft rare. Cependant ceci, qui dans bien des pays peut pafler ‘pour une règle conftante, fouffre beaucoup d'exceptions dans d’autres pays. Un pays qui eft cotalemenr de granit, lorfqu'il ne préfente ni quartz ni fpath dans fes veines, n'annonce pas qu'il renferme des mines; il en -eft de même de celui qui elt formé entièrement d'ardoife ou de chyte. Mais il n’en eft pas de même lorfque ces pays font ou pofés l’un fur l'autre, ou qu'ils fe traverfent en plufieurs fens. El arrive quelquefois qu’on trouve du minérai ou même une inine réglée dans l’un des bancs d’un pays qui en traverfe un autre ; mais il arrive aufli qu'on ne trouve rien du tout dans une telle variété de pays. Nous avons même vu des filons bien marqués dans l’un & l’autre de ces pays, qui étoient entièrement d’une forte de chyte pourri, ou d’une forte de marbre, & ne préfenter aucune partie de minérai, & d’un autre côté nous favons que les mines d'Eifleben en Saxe fonc de cette nature: elles confiftent en un banc d’ardoife travetfant un autre pays , où fe trouvent répandues des parties de‘minérai de cuivre; mais ces mines font regardées comme de feconde formation. Nous apprenons aufli qu'on a découvert plufeurs mines au Potoli en fuivanc quelqu'une de ces marques, & on a trouvé là quelquefois , comme dans l'ancien monde, que ces fortss de bancs font ou font la fonction de véritables filons, Il eft vrai que fi nous pouvons nous en rap- porter au récit d'Alonfo Barba, les premières mines riches qu'on a découvertes dans ce pays n'ont pas été accompagnées, ni de l’ardoife ou chyte, ou du fpath où du quartz, mais bien d'une terre molle, qui tenoit.plus de l'argile ou du bol que de toute autre chofe. L'or & l'argent vierge étoient difléminés dans cette gangue, où fe trouvoient aufli de riches concrétions d’autres minérais. Les filons ou mines les plus apparentes, n’ont pas été toujours les plus riches; celles fur-tout qui ont été découvertes à raifon de leur grande & épaifle gangue, qui fe montroit au jour , n'ont pas toujours répondu aux grandes efpérances qu'elles donnoient. Ainfi la découverte d'une mine, n'a été fouvent qu’un fujet de dépenfe infrudueufe, & d’autres mines, avec très-peu d'apparence , ont furpailé de beaucoup l'efpérance qu’on en avoit. Pour le premier cas, nous pouvons citer pour exemple un filon au-deflus du village nommé Roya , près de Clermont en Auvergne , qui préfente une gangue de fpath pefant blanc , forte & épaifle , qui fe pré- fente comme une muraille , au-deflus du granit, & qui ne contient que quelques grains de galène de plomb, difperfés çà & là. Nous pouvons citer auffi des filons très-apparens, d'une bonne largeur , offrant fouvent du fpath calcaire au jour , & même quelquefois des concrétions de plomb verd, à Glauges en Limoufn , qui à peine en les approfondiffant donneus SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 359 quelques parties de minérais; maïs pour le fecond cas , nous pouvons citer aufli les mines de W/olfach dans la principauté de Firftemberg à quinze lieues de Strafbourg , où l’on a trouvé & où l’on trouve encore de très-riches & abondans minérais d'argent vitreux & autres dans de larges filons , garnis prefqu'entièrement de fpath blanc. Il y a en outre des mines qui ne font reconnoiflables par aucune marque extérieure, ou dont le terrein qui les renferme ne laifle appercevoir rien de bien caraétérifé, ou de différent de ceux qui n’en renferment point. Telles font les mines de la bafle-Bretagne , dont la découverte n’a été due qu’au hafard. C'eft principalement comme là où le cerrein n’eft point élevé en montagne, ou fréquemment coupé par de profonds vallons, que les filons fe trouvent couverts par beaucoup de terre où gazon , que l'on peut ignorer long-tems qu'on marche fur des mines ou qu'on fe trouve # côté. Je ne parle pas même de celles qui font couvertes entièrement par la roche générale , & qui n'ont nulle embouchure au jour : & combien n’y en a-t-il pas de cette efpèce qui font & qui feront peut-être toujours ignorées ! Cependant comme ordinairement les filons, qui fe trouvent dans des terreins qui ne font pas fort montagneux, font fort larges, & que leur embouchure de nature différente de la roche qui les accompagne , laiflent pafler les eaux, & que les neiges y fondent plus facilement qu'ailleurs : fait qui eft connu des perfonnes qui s’en appuyent pour fe perfuader une prétendue chaleur centrale , on a par-là le moyen de les - reconnoïtre, & ce moyen a fervi dans les hautes montagnes où la neige _féjourne long-tems, à découvrir des mines qu'on n'y auroit peut-être pas foupçonnées fans cela. Il eft vrai aufli que pour peu qu'on remue la terre qui eft par-deflus ces filons larges , on apperçoit bientôt quelque chofe d’extraordinaire dans l’état & la couleur de la terre ou de la pierre; que l’on trouve ordinairement d’une couleur différente, & plus mobile ou détachée que tout ce qui l’avoifine, & comme nous l'avons dit, des concrétions calcaires ou ferrugineufes. C’eft ainfi qu'on en a découvert quelquefois en Saxe, dans la direction de Freyberg , où les filons font fort larges. A l’égard des mines en couches ou de feconde formation , les particula- rités qu'elles offrent dans Les divers pays, ne s’écartent guère des caractères généraux par lefquels nous avons dit qu’on pouvoit les reconnoître : ce que nous pouvons ajouter ici eft que lorfque ces mines ne font pas en couches régulières , c’eft-à-dire, bien formées, les minérais s'y trouvent prefque toujours difperfés çà & là, & fouvent auffi bien dans les terres qui font deffous & deflus. Le fecours de la fibile eft alors néceffaire pour favoir où il y a le plus de minérai, & là où l’on doit le chercher. Les taches colorées & la pefanteur plus ou moins grande font encore d’autres moyéns , qui dans ce cas-là font d'un grand fecours , fur-rout quand on ne peut pas en employer d’autres, C'elt ainfi à-peu-près qu'on a reconnu $6o OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, dans quelques parties de la Lorraine allemande lexiftence du minérai de plomb & de cuivre. Ces minérais n’y ayant pas été raflemblésen couches, il n’y a rien d'étonnant qu’on en trouve des nids çà & là. La Lorraine allemande peut nous fournir encore des exemples frappans de cette forte d’aflemblage. On y en a trouvé de très-grands, aux environs de Sarrelouis , dans les bancs de pierre de fable rouge qui forme tout le fond de ce terrein. Le plomb s'y annonce par des raches noires, & le cuivre par des taches verres. Dans les mines en couches'ardoifées comme celle de Rothenbourg & d'Eifleben , où le minérai ou le métal eft uni intimement avec la fubftance du chyte ou de l’ardoife, au point de ne pouvoir point l'y diftinguer à la vue, on n’auroit point d'autre reflource pour s’aflurer de fon exiftence , & la forme & l’état même de ces couches ne le faifoient pas foupçonner fufifamment , que de comparer la pefanteur d'un volume donné de ce chyte, avec un autre:où l’on feroit afluré qu’il n’exifte pas de parties métalliques. Cependant quand c'eft le cuivre qui exifte dans ces chytes, & qu'il yeft en une se un peu confidérable, on ly reconnoît en coupant ou raclant fimplement ces chytes avec le couteau, par une couleur cuivreufe fombre, qui paroît dans la coupure fraîche de la partie la plus dure & la plus maflive de ces chytes. Autrefois on penfoit pouvoir reçonnoître certaines mines à l’infpetion feule d’un terrein. On eft revenu de cette idée en voyant rant de variétés dans les marques ; & à mefure que la Minéralogie a fait des progrès ou a été mieux connue, On a Vu que ce qui peut faire une marque indicative en un lieu, n’en peut pas faire en un autre, que la nature eft aufli variée dans fes marques extérieures , qu’elle l’eft dans les formes extérieures des minérais même. Il y a feulemenc cette règle à obferver , qu’il en eft des mines comme des autres objets du règne minéral, que certaines mines £emblent affecter plus certains pays que d’autres, qu'il ya, parexemple, des pays où l'on ne trouve généralement que du minérai de plomb, telle que la Bretagne, & d'autres, où l'on ne trouve généralement que du minérai de cuivre & d'argent gris, tel que le petit canton de Baigory dans les Pyrenées : d'autres où l'on ne trouve que des mines de mercure, comme dans le canton d’Almaden en Efpagne, & d’autres où on ne trouve que des mines d’étain, tel que Cornouailles en Angleterre, & telle que la lifière des petites montagnes qui féparent la Bohème de la Saxe du côté de Toepliz & d'Altemberg. La conféquence que l'on peut tirer de ceci, eft que lorfqu’on a découvert dans un lieu une efpèce de mine, on peut croire que les autres qu'on découvrira dans ce même lieu feront vraifemblablement de même narure. L’exception en cela eft qu'il eft également vrai qu'il y a des pays où toutes les efpèces de mines fe trouvent également & en mêmeproportion:ou à-peu-près, telles que les montagnes de Sainte-Marie & de Giromany, & quelqués cantops du Hartz. On j appelle SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 361 appelle celles-ci mines mêlées ou compofées , & les autres mines fimples. C'eft par ces dernières réflexions que oué terminerions cette Differtation, fi par mines l’Académie n’entendoit feulement que ces places régulières où fe trouvent les minéraux , & qüe nous nommons juftement mines ; mais fi fous la même dénomination, elle entend également tous les terreins ou les places où il fe trouve fortuitement des morceaux de minérais, tels que ceux de fer, il faut encore nous arrêter un inftant pour dire quelque chofe de ces aflemblages nommés improprement mines. Nous difons improprement mines , parce que nous avons vu que ce qui conftitue une mine, n'eft pas feulement l’aflemblage des minéraux dans des places ;répulières , telles que les couches , les filons . & les amas, mais encore l’union des minéraux, leur gangue ou matrice. Au lieu que les minérais de fer ou autres qui conftituent ces prétendues mines , n'ont aucune connexion entreux, & ne fe trouvent dans la terre , que comme tant d'autres pierres ifolées. D'ailleurs , ces minérais ne fe trouvent la plupart du tems que dans des pays de feconde formation , où il ne peut y avoir, comme nous l'avons dit, de véritables mines. Cependant on ne peut nier que beaucoup de minérais de fer , ainfi que les pyrites, ne foient nés où ils fe trouvent, & qu'ils ne foient des concrétions ou dues par la réunion des parties de la chaux de fer difperfées dans le terrein , ou dues à la formation même au moyen de l’eau ,comme dans les véritables mines. Les afleiblages de minéraux qui ne font dus qu'au tranfport ou dépôt que l'eau en a fait , méritent bien moins encore le nom de mines, telles font les prétendues mines de diamans dans le royaume de Golconde, qui ne confiftenr qu'en couches ou bancs de fable dans lefquels fe trouvent difperfés des diamans ufés , ou dont les angles font tronqués : telles font les prétendues mines d'or du Bannat de Temefwar, dont parle M. de Born dans fes Lettres fur la minéralogie de la Hongrie & de la Tranfiivanie , qui ne confiftent aufli qu'en dépôt de fable & de terre , où fe trouvent diffleminées très-finement des parties d’or. Il eft aifé à croire qu'on trouvera de l’or & d’autres métaux plus ou moins dans tous les bas-fonds , les plaines , ou dans les fonds defléchés d'anciennes rivières , des pays où il y a eu une grande fucceflion de population, & où les arts & les fciences ont été cultivés. Nos terreaux même les plus éloignés des montagnes, contiennent tous plus où moins d’or & de fer, & même de l’étain; & fi fouvent il n’y a que l'or feul qui y paroifle, c'eft qu'il eft le feul qui réfifte au tems & à l’aéton de l’eau. Les autres métaux fe diflolvent ou fe divifenc en infiniment petits, pour ainf dire, & ne font plus fenfibles à nos expériences , jufqu'à ce que ces mêmes eaux les dépofent & les rendent fenfibles de nouveau par la criftallifation, - A l'égard des minérais de fer dont il eft fi important de connoître Les Tome XXVIII, Part. I, 1786. MAL, Zz 362 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, lieux où ils fe trouvent , nous pouvons dire que la nature même de ces minérais fait connoître aflez les rerreins qui les renferment, par la couleur jaune & ocracée qu’ils leur donnent ; nous pouvons ajouter par la flérilité qu'ils leur impriment, la trop grande quantité de fer étant contraire à la végétation, Les terreins reftent même long-tems incultes après qu'on en a enlevé les minerais :on peut d’ailleurs prendre pour des marques cer- taines qu’un terrein renferme des minérais de fer, lorfque ce terrein eft un peu plus élevé, plus ftérile, plus parfemé de pierres ou graviers jaunâtres , & par conféquent qu'il y a beaucoup moins d’herbes que les terreins qui lavoifinent. {1 fufit fouvent de lever la croûte de ces fortes de terreins pour découvrir des minérais de fer en abondance, comme on en a des exemples en Normandie, du côté d'Alençon , en Bourgogne & dans le Berry. On trouve aufli des minérais de fer dans des bas-fonds, dans des lieux marécageux , qui font le produit de la deftruction des plantes, & par conféquent fort différens de ceux dont nous venons de parler. Par-tout où l'on voit des boues noires, & qui ne produifent rien ou que très-peu de chofe, on peut y foupçonner de cette efpèce de mine. Quant aux vraies mines de fer, elles fuivent la loi des autres mines, & tout ce que nous avons dit des filons & des mines en général , les regarde aufli bien que celles des autrés métaux. Nous obferverons feulement ici, puifque l’occafion $’'en préfente, qu'il y a des filons qui femblent être par- ciculièrement affectés aux minérais*de fer, puifqu'il eft rare qu'on y en trouve d’autres: & nous pouvons en citer un exemple remarquable dans le canton des Vôges compris entre Beffort & Thann, où les filons ne donnent abfolument que du minérai de fer. Cet exemple peut auffi fervir à nous faire voir que la nature des filons, ou la nature de ces minérais, eft déterminée par la formation de l’un ou de l’autre, car on y voir que ces filons different beaucoup de ceux qui préfentent d'autres minérais. Ils font fort irréguliers, ou pour mieux dire, ils ne font que des fentes dans le rocher, tantôt larges & tantôr étroices, fans aucune direction conftante, Ainfi on peut conjeéturer & affurer même lorfqu'on verra de tels filons , qu'on n’y trouvera que du minérai de fer, & réciproquement , lorfqu'on ne trouvera dans ces filons que de cette efpèce de minérai feu] , ces filons fe trouveront ainfi irréguliers. Au furplus , il eft des fituations de minéraux dans les pays de feconde formation ou nouveau monde, qui, par rapport à leur ordre , à leur fituation & à leur régularité, méritent en quelque forte, ls nom de mine. Ce font les couches ou les mafles de gyps & de fel marin. On fait que ces deux matières s’indiquent réciproquement , que l'une femble être la matrice de l’autre, & que lorfqu'on en découvre une, on peut croire, avec raifon, qu’on ne tardera pas à découvrir l'autre. C'eit toujours le gyps qui fe préfente le premier vers la furface de la terre ; c’eft par lui qu'on juge d'abord qu'on trouvera en approfondiflant , ou des couches —. SUR L'HIST, NATURELLE ET LES ARTS. 363 de fel ou de l’eau falée , comme on en a un exemple dans la mine de {el de Sulz dans le duché de Wirtemberg , & dans le pays à gyps de la Lorraine, On peut d’ailleurs préfumer affez bien qu'on découvrira l’un & l'autre dans le bas des chaînes de montagnes ou pays primitifs, lorfqu'on trouvera que le pays intermédiaire dont nous avons parlé, n'y exifte pas, & que le pays calcaire fe préfente immédiatement après le pays à granit oufautre roche primitive. La mine de Sulz, fi juftement célèbre, peut encore en cela nous fervir d’exemple , aufli bien que ceHe de la Franche- Comté ; mais comme il n'y a pas de règle fans exception ; il ne faut pas comprendre dans ce que nous difons, les pays à gyps , où les bancs fort épais, très-fecs & prefque à la furface de la terre, font formés de parties granulées , & où fe trouvent des os, comme dans celui des environs de Paris, ou celui où le gyps et irrégulièrement arrangé, & fe trouve çà & là en affemblages particuliers fous la forme de roche & d’une pâte fine, qu'à caufe de cela on nomme albaftrites, tel que celui qui fe trouve entre Boullay & Sirik dans la Lorraine allemande. Cette dernière expoñtion, quoiqu’abfolument étrangère à notre füujet , n’en eft pas moins utile pour faireMbir une autre fingularité du règne minéral, quand nous la compa- rons à ce que nous avons dit précédemment couchant les minérais répan- dus dans un pareil terrein qui n’ont ni cet ordre ni cette régularité. En terminant cette Diflertation nous avouerons que malgré l'attention que nous avons portée à traiter toutes les parties relatives aux queftions propofées , il nous refte néanmoins encore à fatisfaire pleinement l'Académie fur l’objet qui concerne les marques ou pierres par lefquelles on peut reconnoître qu’un terrein ou une montagne renferme plutôt un métal qu'un autre: nous avouons franchement que cette .partie de la queftion n’eft pas fufceptible d’être réfolue dans le fens que l’enrend l'Académie, par la raifon qu'il n’y a poinc de pierre qui décèle plutôt un métal qu'un autre, & nous croyons avoir aflez montré le contraire dans tout ce que nous avons rapporté, où nous avons montré , que la manière de fe préfenter d’une mine dans un pays ne reflemble point toujours à celle de même nature qui fe trouve dans un autre pays ; il en eft de même d'un métal pris en particulier. Nous avons vu encore que la roche eft indifférente à lefpèce de métal, que le granit chyteux ou le chyte graniteux , ou le chyte pur, appelé aufñli faufle ardoife, peuvent auffi bien renfermer une mine de cuivre qu'une mine de plomb , une mine d'argent qu’une mine d’étain , &c. Et quant aux cas particuliers, nous avons vu encore, que quoique telle matière accompagne tel minérai ou métal dans un lieu; on ne peut pas en inférer que cette matière accompagne ce même métal ou minérai dans un autre lieu ; & pour fournir d’autres exemples qui appuyent cette vérité, nous pouvons citer les mines de plomb de la Croix en Lorraine, dont tous les minérais, tant le plomb blanc que la galène, font toujours annoncés & accompagnés Tome X XVIII , Part, I, 1786, MAL La 364 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, par une roché extrèmement ferrugineufes, & mème par du minérai de fer pur, tandis que les mêmes minérais en bafle-Bretagne ne montrent rien de femblable, ni les terreins qui les renferment. Les mines de mercure dans le duché de Deux-Ponts, fur-tout à Moefecfelh , font routes plus ou moins annoncées par le minérai de fer. Le minerai de mercure où cinabre, & le mercure vierge lui-mêmea fouvent pour gangue ou matrice du minérai de fer couleur de tabac, & les mines de cette même fubftante métallique , dans le Frioul, dans les montagnes du Tirol, furtout à Hydria, font accompagnées par du chyre ou véritable ardoife. A Almaden en Efpagne le minérai de mercure fe trouve principalement dans une gangue grisâtre, qui tient fouvent de la nature du talc ou de l'argile; & celui qui s'eft trouvé près de Saint-Lo en Normandie, ne s’eft montré jamais autrement qu'avec de la pyrite jaune qui garnifloit même le plus fouvent tout le filon, & l’annoncoit à la furface du cerrein avec une efpèce de bol rouge. L'or vierge fe trouve prefque toujours annoncé dans les pays du nord & même en Hongrie, par une forte de quartz grisâtre. Et nous avons vu que le plus fouvent les minérais les plus riches ne fe trouvent au Perou que dans une gangue friable & grafle. La feule exception peut-être qu'il y auroit à faire ici, elt que les mines d’étain font aflez accompagnées par de la chaux de fer ; de l’ocre rouge , du bol de mêine couleur ; & cependant, d’après cette indication prife dans le Cornouailles & dans le canton où fe trouve Alremberg & Zingraupen , on n'a pu découvrir encore aucune mine de cette forte en France, quoi- qu'on y ait fait beaucoup de recherches à cet égard, fur-touten Limoufn, où l’on eft arrêté fouvent par la reflemblance qu’on y trouve entre l’em- bouchure ou tête de filon, & ceux des lieux qne nous venons de nommer. Concluons par cette grande vérité, quoique nous l’ayons déjà dire, que s'il y a des refflemblances dans le règne minéral, entre fes diverfes parties, ce n’eft jarnais que pour le fond , & en gros, & que les détails font comme les phyfionomies, qüi ne fe trouvent jamais les mêmes par-tout , ce qui fait que la nature ne paroït pas moins admirable . dans le règne minéral, qu'elle le paroît dans les autres individus de ce vafte univers. ÿ Le 20 Mai 1785. SUR L’'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 365 EX HDRNAMST,; D'UINLE LE TAEER E DE" MN. CR:E;E;L;, AAMADME LA ME THERE", Sur LE BLEU DE PRUssSE, &c, Helmftedt , 10 Mars 1786. LL M ONSIEUR; s........1l mefemble , que comme une grande partie des acides végétaux eft déjà convertie en acide de fucre, cet acide elt la bafe de tous les acides végétaux , modifié feulentent par plus ou moins de pAlopiflique. Je fuis bien charmé, que je me puñfle fervir de ce terme , parce que vous croyez encore à l'ancien phlogiftique, dont je fuis un partifan zélé : & il n'y a pas encore un de mes compatriotes (autant que-je fache ) qui ait adopté la théorie contraire. On en peut dire autant, fi je ne me trompe, des Suédois. . ...M. Lowitz à Pérerfbourg a décrit une manière de convertir le fel effentiel de tartre en des criftaux rrès-beaux & blancs, Réfléchiffanc fur la qualité du charbon, de retenir fi fortement le phlogiftique, il foupçonna, que les charbons pouvoient attirer le phlooif- tique par la voie humide : que l’acide du tastre dépourvu de fon phlo- giftique, ne deviendroit pas brun. Sur cette idée il mêla lacide eflentiel du tartre avec de la poudre des charbons, & y ajouta encore quelques charbons entiers : il mit le tout à évaporer à un degré de feu, qui felon la méthode ancienne , auroit détruit le tartre. Néanmoins il obtint une leflive décolorée, & bientôt après des criftaux très-grands & très-blancs ; de façon qu’il acheva le procédé, pour une certaine quantité de fel, en cinq jours , pour laquelle il auroit eu befoin autrefois de trois femaines. El fe fervit du même procédé, pour faire une terre foliée de tartre très- blanche. On m'a écrit poftérieurement qu'on peut fe fervir aufli de l'addition des charbons pour la diftillation du vinaigre; qu'on le peut prefque diftiller à ficcité jufqu’à -=, fans qu'il en devienne empyreuma- tique. Si l’on diftille la mafle fermentée du froment, pour en tirer l'efprit ardent (/piritus frumenti ) avec la poudre des charbons , l’efprit approche, dit-on, de l'efprit-de-vin. M. Hopfner a découvert dans la Suifle une breccia , dont le cément étoit la terre filiciée. M, Weftrumb a fait la 366 (OBSERVATIONS SUR LA PHPSIQUE, découverte importante , que la matière colorante du bleu de Pruffe ou de la leffive du fang , n'eft autre chofe que l'acide phofphorique; car il obtint du bleu de Prufle, le fderum ; & de la leflive du fang, mêlée avec la terre calcaire difloute, la terre animale, Il obtint le même produit , quoiqu'il fe füt fervi de l'alkali phlogiftiqué, préparé (à la manière de Schéele ) du charbon de l’alkali & du fel ammoniäc, S'il n’y a pas à douter de la juftefle de fes expériences ( comme elles font très-nombreufes & très-exactes ), vous fentez bien, Monfieur, la révo- lution qu’elles doivent néceflairement faire dans nos connoiflances fur la manière de la combuftion des corps inflammables, &c.. ...... Je fuis, &c. Lu N. B. Les Annales chimiques de M. Crell , écrites en allemand , font connues de tous les Savans. Ceux qui voudront fe les procurer pourront s’adrefler à M. Hecht, Apothicaire à Strafbourg. Nore de M. de la Merherie. EXTRAIT D'UN MÉMOIRE Lu à l'Académie Royale des Sciences, Sur la Defcription de plufteurs filons métalliques de Bretagne , & l’Analyfe de quelques fubftances nouvelles ; Par M. pe LAuMon®T , Infpeëteur Général des Mines de France. La Bretagne, compofée de montagnes peu élevées, parmi lefquelles on en diftingue de primitives , de fecondaires & du troifième ordre, eft vraiment un pays à mines ; mais de toutes celles qu’elle renferme, il n’y a que deux mines de charbon, quelques mines de fer, & trois mines de plomb en exploitation. Toutes rendent des produits avantageux à l'Etar, font vivre beaucoup d'ouvriers , & préfentent des objets intéreffans pour le Naturalifte. Je vais tracer une efquifle légère de la marche des filons de ces mines & de leurs productions diverfes. Je m'arrêterai davantage fur la mine du Huelgoat , où J'ai trouvé l'acide phofphorique dans une efpèce de galène, dans plufeurs mines de plomb fpathique, & fous forme de fel acide phofphorique martial. Je finirai par quelques détails fur un quartz difpofé en lames quarrées, qui n'a pas encore été décrit, SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 307 f Mines de Charbon. Ces mines font en veines ou filons dans des terreins ou couches fecondaires, & nefontconnuesen Breragne que dans deux parties éloignées l'une de l’autre. Les unes, fituées entre Bret, Lauderneau , Quimper , Quimperlay & l'Orient, y feroient de la plus grande utilité 3 mais malheureufement les tentatives que l'on y a faites ont été jufqu'ici infructueufes. Les autres, fituées aux environs de Nantes, traver{ent la Bretagne à-peu-près du couchant au levant , font exploitées avanrageufe- ment à Nort, Montrelais, de-là entrent en Anjou; une partie pafle fous la Loire, fe montre à Montjean, & va peut-être former les mines de Saint-Georges près Saumur. Nort & Monrrelais. Ces deux mines, qui font continuité , font établies fur plufeurs veines étroites & prefque parallèles, donnent abondamment du charbon maflif & friable, fouvent de bonne qualité ; elles font fur la même direction du couchant au levant entre huit & neuf heures, & la même que le fchifte qui les renferme ; mais leur inclinaïifon varie, en général elle approche beaucoup de la verticale ; elles ont ordinairement pour mur une pierre grife arénacée , parfemée de mica , & pour toit un fchifte noir, feuilleté, & quelquefois pyrireux. Aux mines de Nort j'ai trouvé jufqu'à plus de quatre cens pieds de profondeur de la ftéatire de la plus grande blancheur interpofée dans les veines mêmes de charbon. à e i A Montrelais j'ai rencontré la mème fÆarire blanche dans tous les travaux ; mais à ceux de Boislong j'en ai trouvé de la verte, difperfée, fans ordre, dans un fchifte noirâtre ; au même endroit, le long de la veine même , il'exifte pour mur des mafles confidérables d'un vrai poudingue, compofées de cailloux de quartz (1) à demi-roulés,agglutinés par un fable gris micacé. Aux travaux dits Militaires, l'on a trouvé des Charbons ez mafles fibreufes flrices. À la Peignerie l’on en a trouvé d'irifés. Lorfque l'on confidère ces poudingues, cette pierre arénacée qui fert fouvent de mur &ces mines anciennes , on croit y reconnoître un dépôt formé par les eaux ; mais recueillons des faits avant de former des fyftèmes. (r) Ce quartz, extfêmement dur & laiteux , a une propriété fingulière, il entame facilement le criftal de roche & un peu l’agathe, ce que ne peut faire le criflal de roche, Il feroit peut-être du jade, PF _ 368 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, Mines de Fer. Elles font affez abondantes dans cette province , fe trouvent ordinai- rement à peu de profondeur, recouvrent fouvent des montagnes fchifteufes où elles font dépofées en mafles éparfes dans la terre : j’en ai trouvé près Belle-Ifle en terre qui préfentent des cavités anguleufes & qui donnent d'excellent fer. J'en ai d'autres du bourg de Saint-Martin, près l'abbaye de Bon-Repos , qui portent l’empreinte bien nette de la pyrite martiale cubique liffe qui, en fe décompofant, a laifé la place vide. M. Duhamel a découvert à Châätelaudren une mine de fer en mafles d’un blanc mar, reflemblant parfaitement à de la craie : je la décrirai en parlant de cette mine, È Mines de Rlomb. L Le plomb tenant agent paroîc être le métal affecté par la nature à la Bretagne. Il en exifte dans les pranits fecondaires Mes fchiftes , & à côté des couches calcaires; on en trouve, en füivant la côte, aux environs de Saint-Malo, de Saint-Brieux, de Morlaix & de Vannes, près de Rennes, de Châteauneuf, de Châtelaudren , de Carhaix, de Belle-Ifle en térre, &c. &c. mais les feules mines exploitées font celles de Pontpéan près Rennes, de Châtelaudren près Saint - Brieux , de Poullaouen & Huelgoat près Carhaix, Les bons filons dans cette province paroiffent courir du nord au midi dans une dire@ion perpendiculaire à celle des fchiftes qu’ils traverfent ; ils font plus ou mojns inclinés, & le minéral plonge fouvent du nord au midi dans la direction du filon (1). Mais ces filons varient beaucoup dans leur nombre & leur richeffe ; ici la nature paroît avoir raffemblé tous fes tréfors dans un filon unique: plus loin , elle préfente quelques filons épars, mais toujours riches & abondans : ailleurs enfin, cent filons, dont quelques-uns feulement fe propagent dans la profondeur, exigent le coup-d'œil exercé du Minéralogifte. Ponrpéan, Poulläouen , Châtelau- dren en font des exemples, Pontpéan , pres Rennes. C'eft dans un pays jadis coupé de vallées profondes , depuis comblé par les eaux, que l’on a trouvé, fous le lit même de la rivière de Seiche, un feul filon, fi l'on peut appeler*ainfi une mafle argileufe de plus de douze toifes de largeur, renfermant des amas fucceflifs de minéral , dirigé du nord au midi fur une longueur encore inconnue. 7 (x) Cette obfervation fingulière que j’ai faite à Pontpéan , à Poullaouen & au Huelgoat, me fembleroit indiquer une allufion venue du Nord, Ce SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ‘ARTS. 369 Ce filon fingulier , exploité jufqu'à près de quatre cens pieds de profondeur fur plus de fix cens toifes de longueur , paroît prendre naiflance au nord lelong d'un banc coquillier, fe propage au midi fous une inclinaifon légère en s'appuyant au couchant fur un fchifte qui lui ferc de mur , & fupportant au levant une mafle pgrife d'argile qui lui fert de toic, il plonge du nord au midi d'environ cinq degrés. Si l'on examine la mafle qui compofe cet énorme filon, on trouve une terre argileufe bleuâtre, renfermant des parties de quartz & de fchiftes roulées , des roignons , des amas ellyptiques & fucceflifs de minéral pur , quelquefois conlidérables, d'autres fois mêlés avec des portions du mur & agglutinés à la manière des brêches; l'on y remarque fur-tout une veine mince de terre noirâtre, bitumineufe, mêlée des mêmes parties roulées ; une vraie falbande ; qui fuit & accompagne toujours le mur , dirige & indique ces amas fucceflifs de minéral, & prolonge fa courfe en ligne droite avec une régularité admirable fur une longueur reconnue de plus de deux mille quatre cens toifes. Tel eft ce filon , peut-être unique en fon efpèce. L'on y a trouvé des coquilles marines, Le caillous roulés, un châtaignier entier à deux cens quarante pieds de profondeur ; il étoit couché horifontalement dans la direction du filon; fon écorce étoit convertie en pyrite, l'aubier en jayet , & le centre en charbon. Tous ces témoins, dépofés par la nature, atteftent le féjour, le tumulte ou le paflage ancien des eaux ; mais de nouveaux attériffemens dépolés par des eaux plus tranquilles, ont comblé ces vallées, & couvert ces myftères de la nature. Dans cette mine, tous les travaux pratiqués dans le filon même avancent facilement ; mais il n’en eft peut-être pas de plus difñcile pour le boifage. Le féjour fréquent des eaux délaye cette mafle argileufe , comble & détruit les galleries ; lorfque ces eaux font épuifées , celles retenues dans la mafle produifent quelquefois une preflion à laquelle il eft étonnant que l’induftrie humaine puiffe réfifter ; j'ai vu jufqu'à cinq &c fix étançons de fuite de plus d’un pied d'équariflage , placés depuis peu à côté les uns des autres, ployés & cafés dans leur milieu ; un coup de tarière donné à propos a fouvent procuré un écoulement de quelques ieds cubes d’eau, les érançons fe font redreflés, & la preflion a été détruite. Je la regarde comme un exemple de cette expérience , connue en phyfique , où l’on fait crever un tonneau en y ajoutant un long tube fort petit que l’on emplit avec quelques pintes d’eau : ici un filet d’eau retenu derrière le boifage communiquant avec des travaux fupérieurs , exerçoit une prellion latérale proportionnée à fa bafe multipliée par fa hauteur , quelquefois de quatre cens pieds, Un moyen fimple va remédier à tous ces inconvéniens. On ouvrira toutes Les galleries de communication dans le mur folide de cette mine , & l'on ne craindra plus ni le féjour , ni la preflion des eaux. Tome XXVIII, Part, I, 1786. MAI. Aaa 379 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, Les productions utiles de cette mine font: A, (1) 1°. La galène à grandes facettes. Elle fe trouve en amas, quelquefois confidérables du côté du toit, fe fubdivife fouvent en cubes très-réguliers, elle donne en grand environ 56 liv. de plomb par 100 liv. de minéral trié ou lavé, tenant 6 à 7 gros d'argent au quintal de plomb. A. 2°, La galène à petites facertes. Elle fe trouve en amas, peu confi- dérables du côté du mur , dans les parties quartzeufes & les plus folides du filon ; elle y eft fouvent à petites facettes brillantes mêlées avec la mine de plomb teflulaire , d’autres fois, en mafles dont la finefle des grains lui ont fait donner le nom de mine à grain d’acier , elle donne a-peu-près la même quantité de plomb ; mais depuis 2 jufqu'à 3 onces d'argent & plus par quintal de plomb. Les productions qui intéreflent le Naturalifte font : A. 3°. Des coquilles marines dans une mafle calcairé que l’on exploite pour faire de la chaux , à peu de profondeur au nord du filon. A. 4°. Les mines de plomb teffulaire. J’enai vu de beaux criftaux folicaires très-rares en octaëdres parfaits, cunéiformes & tronqués aux extrémités des pyramides , ce qui en forme des décaëdres. ( Criftall. de de Lille, tom. IIT , page 372 & fuivantes. ) A. 5°. La mine de plomb noir couleur de fuie, qui paroît être une décompofition de la galène, eftidifférente de celle due à la décompofition du plomb hépatique décrite dans la Criftall, de de Lille, tom, IN, pag. 400. Elle y eft rare. . A. 6°. La mine de plomb en chaux terreufe. Elle y eft aflez rare: elle fe trouve du côté du toît en mafles jaunâtres éparfes dans l'argile, fouvent informes , mêlées de beaucoup de terre , d’autres fois plus pures ayant la frature luifante ; enfin ; fous forme arrondie & life , compofée d’aiguilles ferrées difpofées en rayons autour d’un noyau ou d’un centre commun ; elle eft minéralifée par l’acide méphirique , fait effervefcence avec les acides ; fe réduit d’abord en litharge couleur d'or au chalumeau, & bientôt en globules métalliques, elle m'a donné 60 liv. de plomb par quintal, & environ 8 pouces d’air fixe qui éteignoit la lumière , pré- cipicoit l’eau de chaux, &:yiétoit abforbé en totalité : la cornue exhaloit une odeur empyreumatique. A. 7°, L'on y trouve blende brune criflallifée en maffe feuilletée, mélangée de pyrite martiale , rarement en male flriée , quelquefois er grains & en boulettes folitaires , ciftallifées confufément , & dont les afpérités font remplies de fléatite blanche. (x) Les lettres majufcules avec les numéros qui précèdent chaque efpèce , ‘ont rapport à une fuite d'environ cent foixante-dix morceaux à l'appui de ce Mémoire ; que j’ai dépofés dans le Cabinet national .de l'Ecole Royale/des Mines. SUR L'HIST. NATURELLE ET LES AR15. ‘371 - À. 8°. Le vitriol de zinc. On le trouve dans la terre qui contient ces boulettes; elle eft blanche, quelquefois ftyptique , impregnée de ce vitriol de zinc, dû à la décompofition de la blende. Deux cens grains mis dans une demi-once d'eau diftillée, ont donné une liqueur acide qui , n'étant point précipitée en bleu par la liqueur teignante, ni en noir par la noix de galle, ne contient ni fer ni plomb. À, 9°. On y a trouvé du gyps en rayons divergens dans l'argile. J'en ai trouvé en flers courts & opaques fur le mur mème & er aiguilles fines , tranfparentes comme du criftel dans la galène à petites facettes du côté du mur. A. 10°. Une efpèce de galene ftriée raffemblée en ramifications grouppées l'une fur l'autre. Au chalumeau «elle répand des vapeurs qui xevêtiflent le charbon d’une couleur blanche : elle eft.fort rare. CHATELAUDREN, PRÈS SAINT-BRIEU x. C’eft dafisun pays très-tourmenté, traverfé d’une infinité d’afleuremens de filons , que l’on a fait des tentatives multipliées, tantôt dans des granits fecondaires , tantôt dans des fchiftes, & jufques fous la falaife qui borde la mer. Recherches dans les granits fecondaires. On en a fait un nombre confidérable au fud-eft de Châitelaudren dans des granits à couches & feuillerés dans un quartz micacé très-dur fur des filons dirigés à-peu-près du nord au fud , donnant du minéral de plomb riche en argent fouvent jufqw'à cent & cent cinquante piedsde profondeur ; mais le rocher fe reflerrant , elles devinrent infructueufes. Les productions cette mine qui intéreffent le Naturalifte font : B. 1°. Des féhorls noirs , opaques , que l'on a trouvés fréquemment dans les collines près l'étang de la mine , ordinairement dans un quartz «blanchätre ; ils y font fouvent à fleur de terre, en maffes ftriées ; quelque- fois en prifmes comprimés , accolés ,ifolés (1), à faces inégales ftriées fuivant leur longueur , & terminés très-rarement par une pyramide abtufe. J’en ai une dont le fommet eft formé par trois pentagones femblables à ceux de la tourmaline; & une autre qui a fix faces à fon fommet, dont trois plus petites correfpondent aux trois pentagones du criftal précédent, & les trois autres remplacent les arrètes formées par la réunion de ces A . e mêmes pentagones. B. 2°. Du fer fpathique , mêlé avec la blende , la galène & la pyrite martiale & arfenicale. (1) L’on m'a affuré y avoir trouvé à cent pieds de profondeur un prifme de fchorl ifol£, de plus de trente pouces de longueur, debout le Jong du rocher; mais l’ouvrier ui le montoit le laïffa tomber au moment où il alloit fortir du puits. Tome XXV III, Pare, I, 1786, MAI, Aaa 2 372 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, B. 3°. Une mine de fer en maf]e d’un blanc mat comme de la craie compacte & homogène. Cette mine fingulière, qui n’a aucun rapport avec les mines connues , a été trouvée dans le filon dit du Sénéchal, par M. Duhamel qui en rendit compte à l'Académie en 1776 , en fit l’eflai, & trouva qu’elle tenoir 60 liv. de fer par quintal. M. Sage en fit auffi l'effai, & trouva la même chofe. Un morceau que m'a donné M. Duhamel a pris une couleur rougeâtre parfemée de taches de couleur de rouillé , calcinée , elle eft fortement attirable à l’aimant ; elle paroïit alors compofée de petits grains brillans extrèmement fins. B. 4°. De la pyrite arfenicale , mêlée avec la blende & Le fer fpathique qui accompagne fouvent ces mines. B. 5°. Ce que l'on a trouvé de plus intéreflant dans ces roches anciennes, c’eft, près la chapelle des Seignaux , une veine de girafole enveloppée d’Aydrophane, dirigée fur deux heures ( elle a fuccédé à une veine de galène qui s'étoit reflerrée à trente pieds de profondeur dans un granit micacé, argileux, décompofé; l'on en a trouvé beaucoup , Mais les travaux étoient ceflés lorfque l’on a commencé à la connoître ). Cette girafole a la caflure nette , brillante ; quoique fort tendre elle fait feu avec le briquet, prend un beau poli, a une couleur bleuâtre agréable , légèrement laiteufe, qui devient aurore Lorfqu'on la place entre l'œil & la lumière ; fa plus grande épaiffeur a été d'environ un pouce. L'hydrophane enveloppe conftamment la ira{ole, eft fouvent difféminée dans la roche granitoïde argileufe qui lui fert de gangue fous forme d’un émail jaunâtre , quelquefois d’un émail blanc , & alors elle devient très- promptement diaphane dans l’eau (1)3 comparée à la irafole , elle a la caflure vitreufe , elle a la même dureté , fait feu foiblement avec l'acier , comme elle fe laiffe entamer par le verre ordinaire, & l'entame de même. Elle eft, par zones , jointe immédiatement à la girafole à la manière des agathes-onix, & paroît être Ja même forte de pierre qui n’en différe que par la tranfparence : tranfparence qu’elle acquiert avec les mêmes" couleurs , lorfque fes interftices remplis d'eau permettent le paflage de la lumière, Elle peut donc devenir girafole ; & la oirafole peut aufli rétrograder & redevenir hydrophane. J'ai mis dans un bain de fable chauffé à quatre- vingts degrés , un morceau de oirafole ; bordée d'un filet opaque, il eft devenu laiteux & opaque prefqu'en totalité, le centre feulement eft refté (:) J'en ai des morceaux qui deviennent tranfparens en quelques fecondes, & en un inflant lorfqu’ils font féchés depuis peu de tems. Elle me paroit conflituée des mêmes principes que la girafole & la calcédoine arpileufe de Ferroë , trouvée hydrophane , & décrite par M. Sage, tom. II, page 162. L SUR L’HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 373 girafole. Cette nouvelle hydrophane ( quoiqu'un peu plus lentement ) reprend fa tranfparence dans l’eau & fon opacité à l'air. Au chalumeau la girafole décrépite ; mais elles y font l'une & l’autre infufbles fans addition, Elles fe diflolvent également avec le borax & dans l’alkali végéral. Leur compofition eft le quartz & la terre argileufe ; le feu avec le briquet indique le quartz: la partie argileufe fe manifefte lorfque l'on fouffle deflus. Dans l'acide nitreux cette pierre devient entièrement diaphane; dans l'acide vitriolique plus lentement , mais parfaitemenr. B. 6°. Bleu martial natif. Je l'ai trouvé en 1784, près de la ville de Châtelaudren en grains épars dans une terre limoneufe provenante de l'ancienne chauflée. B. 7°. Wariolites dont les criftaux de feld-fpath expofés à l'air font : fouvent décompofés. Recherches dans Les Schifles. C’eft au nord-eft de Chätelaudren , principalement à Tregan , à fa ville Halen & aux Boflières , que Fon a fuivi des filons dirigés du nord au fud dans des collines fchifteufes. Ce n’eft plus ici, comme près de Chärelaudren , un granit qui fe refferrant dans la profondeur étrangloit tous les filons , mais un fchifte doux , micacé , dans lequel les filons fe fouriennent. ” $ A Trégan. L'on a fuivi jufqu'à cent treize pieds un filon dirigé du nord au fud , inclinant au couchant ; l’abondance des eaux , le peu de richefles à certe profondeur, l'ont fait abandonner ; mais les environs préfentent des afleureméns du meilleur augure , ils pourroient être repris avec avantage : alors il faudroit porter ces recherches dans une collire fchifteufe derrière une vieille fonderie où les filons doivent fe croifer ; l’on y voit encore les reftes des fourneaux & deux cheminées inclinées en fuivant la pente de la colline dans laquelle elles font engagées. Cette idée heureufe mérite d'être connue & d'être appliquée ailleurs ; elle réunit à la folidiré l'avan- tage d'élever beaucoup les cheminées, par-là de les faire afpirer davan- tage, &, ée que l'on ne fauroit trop apprécier , d’éloigner les vapeurs du plomb de la fonderie, A la Ville Halen. Le filon, dirigé dans un rocher feuilleté, fur trois heures, inclinane légèrement au couchant, a une largeur variante depuis fix pouces jufqu'à trois & quatre pieds. Sa marche a été troublée, jufqu'à environ cent pieds, par huit veines tranfverfales , qui quelquefois l'enrichifloient ou lappau- vrifloient, & toujours lui faifoient faire des reffauts fréquens ; mais, ces 374 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, veines fe réduifant à rien dans la profondeur, le filon a repris fa régularité fans perdre de fa puiffance : remarque intéreflante qui peut faire concevoir de grandes efpérances de cette entreprife. . La falbande eft ici une veine de glaife noire qui fe trouve entre le mur & le filon, annonce, accompagne & fuit roujours le minéral ; il s’y eft trouvé jufqu'ici avec beaucour de blende, mais il a donné de la galène, mêlée d'argent gris , précieufe par fa richeffe. Ces travaux alloient être fufpendus par le défaut de forces fufffantes pour en extraire les eaux ; mais, en fix mois, l'on vient d’y ouvrir un canal de dix-huit cens toifes qui amène déjà de l'eau fur une machine hydraulique qui facilitera la fuite de ces travaux intéreflans. Les productions utiles de cette mine font: C. 1. Les variétés de galènes à facettes & flriées. Elles rendent en grand environ ÿ$ liv. de plomb par 100 liv. de minéral trié & lavé s tenant 2 & 3 onces d'argent au quintal de plomb. C. 2°. La mine d'argent grife. Elle y eft fouvent difféminée d'une manière vifible, dans une galène à facettes, mais on la trouve très- rarement criftallifée : alors elle m'a paru préfenter la forme rhomboïdale. La galène qui la contient rend 6,7 & 8 onces d’argent par quintal de plomb ; mais ce métal précieux n’accompagne pas toujours en aufli grande quantité ce minéral, C. 3°. Le plomb blanc. Il s’y eft trouvé tantôt en feuillets minces dans les interftices d’un fchife argileux, tantôt en petits criftaux blancs recouvrant des mafles de chaux de plomb blanches & jaunâtres , terreufes, réductibles au chalumeau : il y a été jufqu'ici peu commun, il pourroit le devenir dans la profondeur : comme on le trouve fouvent fur des chaux de plomb terreufes ,ne pourroit-on pas croire que ces chaux ont été difloutes par des eaux chargées d’air fixe qui les ont dépofées fous une forme criftalline ? C. 4°. La galène à grains fins & chatoyante fuperficiellement. La couleur bleue y domine. C. 5°. La blende. Il y en a de deux efpèces dans cette mine : l’une feuillettée, opaque & très - commune ; l’autre rouge, tranfparente , criflallifée , moins commune : elle eft fouvent recouverte de calcédoine qu'elle colore très-agréablement. C. 6°. La calcédoine ,de diverfes couleurs, en mammelons, en couches minces, recouvrant la galène , la blende, le fer fpathique , le criftal de ‘oche , en veines fouvent interpofées dans des mafles de minéral, quelque- fois en aiguilles extrêmement fines de deux & trois lignes de longueur qui affectent la forme du criftal de roche, mais qui pourroient bien n'être jue des criftaux recouverts. C. 7°. La pyrite cuivreufe.Elle s'y trouve quelquefois mêlée avec le er fpathique, la calcédoine & le jafpe fanguin, SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 375 Mines des Boffières & de Trémuffon. Ces travaux , fitués à côté l’un de l’autre & dans un pays traverfé de vallées profondes & remplies d'afleuremens de filons, ont fouvent ren- contré des travaux des anciens , dont on ignore l'origine. Ils n’avoient pas , heureufement, de moyens pour les poufler beaucoup au-deffous de leurs galleries d'écoulement : & c'eft fur leur impuiffance que font fondées les efpérances de cette entreprife. Aux Boffières l'on a fuivi un large filon, dirigé du levant au couchant inclinant au nord, & donnant du minéral fur deux veines tendant à fe réunir dans un fchifte tendre. L'abondance des eaux forties des ouvrages des anciens, a obligé de laiffèr les travaux , en 178$ , à cent dix-fept pieds de profondeur ; mais ils pourroient être repris par le filon de Trémuflon qui croife celui-ci. Ce filon , dirigé dans un fchifte folide , à-peu-près du nord au fud , fur deux heures de la bouflole , inclinant de trente-cinq à quarante degrés au couchant, a un toît & un mur bien réglés, & a donné du minéral riche en argent ; il a été exploité trente pieds au-deflous des travaux des anciens , a donné beaucoup d’eau que l’on étoit obligé de puifer à bras d'homme ; mais de nouveaux travaux, commencés au midi, au niveau d’une rivière, reconnoitront le filon dans une partie abfolument neuve, & donneront la facilité de Les fuivre en profondeur , & de reprendre même ceux des Boflières. - | Les productions utiles de ces mines font : D. 1°. La galène à grandes facettes , le plus fouveñt à grains fins & ftriés; donnant depuis 4 jufqu'à 7 onces d'argent par quintal de plomb. D. 20. La galène chatoyante. L'on en a trouvé dans le puits de Mory aux Bofières , où le gris de la galène , la couleur d'or mat & l’azur, forment les couleurs de la queue de paon les plus variées, Elle y eft maflive & folide , tantôt lamelleufe , tantôt à grains fins & friés : en la caffant on y trouve les couleurs d'iris interpolées entre Les lames mêmes de la galène. D. 3°. La pyrite cuivreufe. Elle y eft aflez abondante, & fouvent mêlée agréablement avec la galène & le jafpe fanguin. D. 4°, Un fable noir , roulé , trés-ferrugineux. C'eft dans les environs de Saint-Quai fur les bords de la mer , que l'on a trouvé ce fable liffe & fin, dont un tiers eft très-attirable à Paimant ; j'ai cru y reconnoître la criftallifation de l’octaëdre : il rend environ $8 iv. d’excellent fer, & pourroit être un objet utile s'il y étoit plus abondant, En 1784, j'en eftimai la quantité à deux cens pieds cubes, & je fis des recherches inutiles pour voir, d’où il étoit apporté fur cette eôre bordée de granits, D. 5°. Schifles pyriteux , portant l'empreinte du feu. Je les ai vus dans 316 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, le cabinet du château de Saint-Bihi : ils venoient d’une colline fchifteufe du port du Legué : les eaux s'y étant élevées lors de la rupture de la digue de Châtelaudren, ces fchiftes prirent feu & brülèrent pendant deux jours. Ce fait peut fervir à expliquer les fchiftes volcauifés que l’on trouve à Poligné, à quatre lieues de Pontpéan. Là une colline, dirigée à-peu-près de même que les feuillets du fchifte pyriteux qui la compofent, eft entamée à l'endroit où la rivière, qui pafle au pied, forme un coude rentrant; c’eft-là que paroîr avoir été le foyer de l'incendie : au-deflus & au-deffous , l’on trouve le banc de fchifte, intact , toujours dirigé fur huit heures : au centre il manque. Des deux côtés le fchifte eft converti en crayon noir (1). En approchant du foyer on trouve des tripolis ; enfin , des efpèces de laves occupent le centre. Je croirois donc que ces phéno- mènes font dus pareillement à une inflammation de fchiftes pyriteux , & non à un véritable volcan. MINES DE POUILAOUERN ET DU HUELGOAT,; PRÈS CARHAIX. C’eft encore dans des roches feuilletées, granitoïdes, dans le baflin irrégulier formé par la rivière d'Aulne, terminé au nord par les montagnes d'Arés, au fud par les montagnes Noires, que font ouvertes ces mines précieufes. Les filons principaux font, à Poullaouen & au Huelgoar, dirigés du nord au fud, parallèlement au cours de la rivière, Elles ont eu vers 1760 une exploitation confidérable : elles faifoient vivre alors plus de deux mille perfonnés; leurs produits ont bien diminué , mais cempays, jadis défert , couvert de landes immenfes , eft refté peuplé & cultivé : exemple frappant de Pavantage des grandes exploitations, A Poullaouen. C'eft dans un petit vallon entouré de collines fchifteufes , que l'on a d'abord fuivi un filon peu riche, dit de la Visille-mine, dirigé fur près de quatre heures , inclinant au fud-eft. On l’abandonra en 1741, lorlque l'on découvrit, à peu de diftance, le filon de la nouvelle mine; qui, prenant naiffance au nord dans un fchifte pourri , s'étend au midi dans un fchifte quartzeux micacé, fur 11 heures : de la bouflole ( direction déjà reconnue pour la meilleure en Breragne) : fon inclinaifon eft au levant d’environ foixante-fept degrés en plongeant au midi , car l'on remarque ici, comme à Pontpéan, dans les maffes de minéral , une pente genérale fuivant la dire&ion du filon , du nord au midi , ordinairement de cinquante-trois à cinquante-quatre degrés : l'on en a trouvé une colonne qui plonggoit de quarante-cinq degrés,, & donr la direction étoit marquée fur le mur par des filets réguliers en faillie d’une ou deux lignes. EEE ones mn men) (1) Ce fchifle porte l'empreinte d’une infinité de corps marins. Ce SUR L'HIST. NATURELLE ETLES ARTS. 377 Ce filon a donné d’abord cinq à fix pieds de minéral mafif: il devine enfuite beaucoup plus puiffant & fut divifé en trois veines qui , fe dilatant dans le toit peu réglé de cette mine, néceflitèrent quelquefois une exca- vation de plus de viagt-quatre pieds de largeur, Il fut fuivi jufqu’à près de cinq cens pieds de profondeur ; mais fa largeur confidérable , l’abon- dance des eaux , le défaut de mañlif pour foutenir le toît, rendirent cette exploitation onéreufe & dangereufe, Tel éroic l’état de cette mine, jadis fi féconde, lorfque , d'après l'avis de M. Broslemann , habile Métallurgifte faxon , l’on abandonna tous les anciens travaux : l'on ouvrit au midi un puits , dit de l'Efpérance , qui doit tomber à mille pieds fur le flon dans une partie abfolument neuve ; l'on commença un canal de dix mille toifes, paflant pendant près de cinq cens fous deux montagnes, qui ameneï4 les eaux de la rivière d'Aulne fur des machines puiflantes ; déjà une gallerie dite de La Boullaye ouverçe à deux cens cinquante pieds dans ce nouveau puits & pouflée vers le filon , vient de le rencontrer fous quatre pieds de puiffance ; déjà le nouveau canal, fait en partie quoique non communiqué, amène des eaux fur les machines Ê & l’on peut être afluré que ces deux moyens réunis donneront à certe mine une exploitation aufi brillante que par le palé, & de bien plus longue durée, Les productions utiles de cette mine font : E. 1°. La galène à grandes facettes, donnant généralement peu d’argent , (une once par quintal) mais riche en plomb, & très-facile à traiter. Celles qui intéreffent le Naruralifte font : E. 2°. Des pyrites martiales , chatoyantes , très-agréables. E. 3°. De la blende brune feuilletée, & en criflaux noirs très- brillans. E. 4°. De belles criftallifations de quartz. E. 5°. Du Jpath calcaire rhomboïdal à fommets obtus. E. 6°. Du path perlé, E. 7°. De la fléatire. Mines du Huelz Cette mine, de la conceflion de Poullaouen, & qui en eft éloignée de cinq quarts de lieue , préfenre l’exploitation la plus intéreffante de la Bretagne par fon heureufe polition, & par la richefle & la variété des produétions qu'elle renferme. C’eft fur le penchant d'une montagne fchifteufe très-rapide à côté des granirs, que l’on a repris cette belle exploitation commencée du tems de la Duchefle Anne. Un canal de trois mille fix cens toifes foutenu fur le penchant des montagnes, amène au-deflus de l'exploitation les eaux abondantes d'un vafte étang , cent quatre-vingt-dix pieds au-deflus du Tome XXVUI, Part. I, 1786. MAL. Bbb 373 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE; niveau du ruiffeau qui pafle dans le fond de la vallée: des machines nornbreufes que ces eaux mettent en mouvement, épuifent celles qui fe raflemblent dans la profondeur , broyent & lavent les matières forties de ces mines profondes. Ce fpectacle mouvant, enrichi par un payfage pittorefque , animé par des bandes d'ouvriers de toute efpèce , eft un des plus impofant , qui puifle exifter en ce genre. « Le filon exploité jufqu'à cinq cens quatre-vingt-huit pieds de pro- fondeur , dirigé du nord au fud fur 11 heures =, incline d’environ foixante-onze degrés à l’eft, & plonge au midi à-peu-près comme celuë de Poullaouen, Son mur & fon toic fe font fouvent trouvés revêtus de cailloüs roulés : obfervation intéreflante faite par M. Duhamel, préfentée à l'Académie en 1776 , & imprimée dans Le tome IX des Mémoires des Savans Etrangers. Û Ce filon a donné beaucoup de minéral au midi , où fe fait la fuite de l'exploitation. Mais un nouveau puits avec une roue hydraulique de quarante pieds, va reconnoître le filon du côté du nord , & donner une étendue confidérable à cette mine, précieufe par fa richefle & par les raretés qu'elle renferme. Ses productions utiles font : F. 1°. Les galènes à grandes & petites facettes, quelquefois cha- toyantes , fouvent méèlées de mine de plomb teflulaire : elles donnent en grand environ $$ liv..de plomb pour 100 liv. de minéral trié ou lavé, tenant depuis deux jufqu'à quatre onces, & quelquefois plus, d’argent par quintal : elles doivent leurs richefles à la mine d’argent orife qui s’y trouve mêlée , elles y font abondantes, mais leur produit en argent a fouvent diminué à mefure que l’on avançoit en profondeur, F.20. Une ocre martiale, & une terre noëre légère comme de la fuie ; connue fur la mine fous le nom de terres rouges, Le produit en eft diminué, mais elles ont donné depuis 2 jufqu'à 16 onces d’argent par quintal de terre, & quelques livres de plomb. On les jette directement dans les fourneaux à manches, où elles rendent l'argent qu’elles con- tiennent. M. Duhamel afait connoître ces terres dans le Mémoire cité ci-deffus , page 715, anière-de les traiter : il croit que l'argent y a exifté fous forme métallique. F.3°. Je crois devoir rapporter ici des morceaux d’ocre d’un brun jaunâtre, parfemés d'argent natif, que M. Sage dit, dans la nouvelle édition de fes Ouvrages , tom. III ; page 247 , avoir été trouvés en aflez grande quantité dans les mines de Poullaouen, Nous allons pafler à un autre ordre de produ@tions utiles , qui inté- reffent encore plus le Naturalifte , & préfentent le tableau Île plus varié, Le plomb offrantun exemple frappant de la grande variété des productions de la nature , y paroît tour-à-tour fous différentes formes. On ne l'avoit jufqu'ici reconnu dans ces mines que minéralifé par le foufre & par l'acide SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS, 379 méphitique ou air fixe ; j’y ai trouvé l'acide phofphorique, comme miné- ralifareur, & fon paflage à l'acide fulfureux. Voici ce qui m'y a conduit : ayant vu l'expérience intéreflante de M. de la Metherie qui, défirant vérifier celle de M. Gahn, retira le premier en France du phofphore de la mine de plomb verte d'Hoffsgrund , près Fribourg en Brifgaw , je foupconnai , d'après le bouton polièdre irréduétible que j'avois obtenu de plufeurs de ces mines, d’après la flamme verte qui voltige au-deflus des fourneaux à manches, que nos mines de France contenoient aufli de l'acide phofphorique. J'ai pris de la belle mine, d'un brun rouge, tranf parente, du Huëigoat, & j'en ai retiré du phofphore, J’ai traité de même celles en aiguilles, en canons, la mine de plomb grife en houppes, celle fleurs de pêcher, & elles m'ont donné pareillement du phofphore, Jai effayé la mine de plomb en canons noirs, une variété de galène , & j'en ai retiré du foufre & du phofphore, Jai eflayé la mine de plomb blanche & tranfparente, elle n'a produit que de l'air fixe. D'après ces expériences , je crois qu'il faut regarder comme des fortes de mines très-diftinguées desautres, celles qui font connues fous le nom de mines fpathiques ; & que c'eft pour avoir agi fur des fubftances fouvent différentes , que des Chimiftes célèbres ont obtenu des réfultats fi variés. Je vais rendre compte des différentes mines que j'ai remarquées au Huelgoat, en les divifant en quatre fortes de mines : la première, minéra- lifée par Le foufre feul ; la feconde par l'acide phofphorique ; la troifième, par le foufre & l'acide phofphorique ; enfin la quatrième , par l'acide méphiique ou air fixe. Plomb minéralif£ par le foufre feul. Ces mines comprennent les galènes dont j'ai parlé, N°. 1°°, & les galènes régénérées du plomb phofphorique. ou du plomb blanc qui paroiffent minéralifés par le foufre feul. J'ai trouvé dans celles qui font friées , & que je décrirai ci-deffous , de l'acide phofphorique; mais ayant “effaié avec foin celle du Huelgoat à grandes facettes , une de Poullaouen & une de Pontpéan qui fe délire en grands cubes, je n'ai pu en retirer de phofphore ; toutes m'ont donné un peu d’air hépatique ; du foufre , du plomb & une terre. Plomb minéralifé par l'acide phofphorique, ou Mine de plomb phofphorique. Je crois devoir y comprendre les mines en prifmes droits , fouvenit hexaëdres ou dodécaëdres , non terminés par des pyramides , celles en houppes, en aiguilles & en ramifications; leurs couleurs varient beaucoup; elles font rougeâtres, rouge-brun, grifes, rarement vertes, jaunes, Tome XXVHI, Part, I, 1786. MAIL. Bbb 2 339 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, encore moins blanches (1). La plupart décrépitent peu : elles donnent toutes au chalumeau un bouton poliëdre, irréduétible fans addition , ne font point d’effervefcence avec les acides ; diffoutes dans l'acide nitreux, elles criftallifent en aiguilles : diftillées elles ne donnent point d’air fixe, mais directement l’on en retire du phofphore. Variétés. F. 4°. Mine de plomb d'un brun rouge , tranfparente comme la fardoine , criftallifée en aiguilles rafflemblées en houppes (de Lille, Criftall, tom. III, page 399). Elle s’eft trouvée aflez abondamment depuis quatre cens trente-deux pieds jufqu’à cinq cens cinquante-deux, fouvenc en houppes, mamellonnées , en aiguilles, recouvrant des pyrires ou de la galène, rarement en mafles. J'ai pris deux onces de ces criftaux , bien nets & ifolés , je les ai mis dansacide nitreux pur ; la diffolution s’eft faite en totalité à l’aide de la chaleur , en féparant ce qui étoit diflous, & verfant fucceflivement de nouvel acide : les produits très-fufceptibles de criftallifer , étoient verfés dans de l’eau diftillée mêlée d’acide vitriolique pour les précipiter ; les ayant tous réunis, décantés & mis à évaporer, j’en ai obtenu une liqueur jaunâtre , d'une acidité agréable, en confiftance de firop, qui, mife fur un charbon , à l’aide du chalumeau, colore la flamme en verd, Ayant réduit certe liqueur en pâte avec du charbon en poudre , mife au fourneau de réverbère dans une cornue de verre lutée , dont le bec plongeoit de quelques lignes dans l’eau contenue dans un matras , il pafla beaucoup d’acide fulfureux volatil , enfuité des vapeurs blanches ayant l'odeur d'ail; enfin , du phofphore qui s’enflammoit très-facilement & fe répandoit en jets de flamme à chaque bulle qui fortoit de la cornue. Après l'opération, ayant raflemblé tout le phofphore, j'en trouvai vingt-trois grains que j'ai moulés en cylindre, ce qui fait environ deux livres par quintal de mine; mais je fuis autorifé à croire qu'il y en a bien davantage, en ayant eu beaucoup de brülé, Le plomb provenu de la précipitation de cette mine, révivifié, m'a produit un culot de 72 liv. par quintal, Cette mine, traitée au chalumeau , m'a donné un bouton poliëdre, irréduétible fans addition ( à l’aide de la lampe d’émailleur , qui donne un fouffle plus fort & plus pur, je les obtiens très-gros & très-réguliers ). Chaque face elt fillonée fur toute fon étendue par des ftries circulaires & concentriques : tous les autres boutons obtenus de ces mines phofpho- riques, préfentent lemême afped. Lorfqu'on les expofe lopg-tems à la (1) J'en ai cependant en houppes tranfparentes , & en aiguilles fines , blanches & opaques, SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 381 chaleur , le plomb s’évapore, colore en jaune le charbon, & le bouton ne criftallife plus, il devient opaque & ftrié ; fi l'on coñtinue-de Pexpofer à la flamme, il devient tranfparent comme du criftal. Le bouton poliédre & la flamme verte donnés par le réfidu de la diflolution de ces mines, m'ont paru des indices conftans de la préfence de l'acide phofphorique. F. s°. Mine de plomb d’un brun rouge , en prifmes fens , tran{parens ; quelquefois très-brillans. Ces prifmes, dérivés de l'hexaëdre qui a pañlé au dodecaëdre , font fi déliés qu'ils paroiffent cylindriques. F.-6°. Plomb brun jaune, en prifmes finfthexaëdres, Ces jolis criftaux, parfaitement tranfparens, n’ont pas plus de deux lignes de longueur ; ils font un peu renflés dans leur milieu, & fe trouvent fouvent répandus fur du quartz blanc ou de la pyrite en ftalactites. Ces deux variétés (F. $ & 6) grouppées diverfement , raflemblées fouvent en faifceaux , partant d’un centre commun , me paroiflent donner naïiflance aux variétés d’un brun rouge que l'ôn trouve dans cette mine, à la même hauteur, difpofées en houppes , en ramifications , en ai- guilles , qui recouvrent fouvent d’une manière crès-agréable des pyrites en ftalactites. F. 7°. Je crois devoir aufli y rapporter les mines" de plomb grifes, rougeâtres , fleurs de pécher, d'autres fois chätoyantes , difpofées de même en aiguilles, en houppes & en ramifications. F. 8°. La mine de plomb jaune, difpofee en aiguilles brillantes. Mife en poudre & expofée fur un charbon à la Aamme du chalumeau , elle décrépite beaucoup en donnant une belle couleur verte: je ja foupçonne beaucoup plus abondante en acide phofphorique ; mais je n’ai pas voulu détruire le morceau très-petit & unique que je poflédois, F, 9°. La mine de plomb blanche en aïguilles opaques d'un blanc mat. Elle ne fe trouve qu'en petite quantité. Plufieurs de ces mines dont j'avois aflez pour faire des eflais en grand, ont été traitées comme la mine d’un brun rouge tranfparente , & m'onc donné du phofphore. D’autres ont été eflayées au chalumeau , & toutes m'ont donné des fignes certains de la préfence de l'acide phofphorique. F. 10°. Mine de plomb rougeätre opaque, en canons, dont les prifmes droits , hexaëdres , ne font terminées par aucune pyramide. ( De Lille, Criftall.com.IlE, page 384 & fuivantes. } Les arrètes des prifmes, quelque- fois tronqués , en forment des dodécaëdres, & fouvent des prifmes à faces très-inégales, Elle s’eft trouvée depuis deux cens pieds , beaucoup moins profondément que la mine d’un rouge brun , fouvent en maffes de criftaux entaflés les uns fur les autres & recouverts d’une chaux ferrugineufe , quel- quefois de terres noires ocracées , tenant argent ,ou d'aiguilles de plomb gris ou brun. Deux cens grains de cette mine mis en poudre, diftillés feuls à l’appa- 382 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, reil pneumato-chimique , ne m'ont donné aucune efpèce d'air; chauffés aflez pour amollir la cornue, ils ont cependant perdu 4 liv. par quintal, ce que j'attribue à l'eau de la criftallifation, Deux cens -grains diflous dans l'acide nitreux (1), précipités , éva- porés, traités ainfi que la mine en houppes tranfparentes d’un brun rouge, m'ont donné du phofphore, mais en moindre quantité, Le pré- cipité révivifié m'a donné un culot de plomb de 69 liv. par quintal de mine. Cette manière de retirer le phofphore , quoique sûre , entraînant une lenteur extrème dans les opérations mulripliées que j’érois obligé de faire, j'ai cherché & trouvéän moyen fimple & prompt de le retirer de ces mines, J'ai mis deux mille grains de la mine en canons avec autant de charbon de cœur de chêne & bien fec, dans une cornue de orès au fourneau de forge & j'ai pouflé le feu : en un quart-d’heure le phofphore a commencé à paroître , en une heure un quart tout éroit paflé. J'en ai obrenu quatre-vingt-dix grains, mais j'en ai perdu beaucoup au travers des bandelettes qui lutoient la cornue au matras; j'y avois adapté un appareil pneumato-chimique , mais je n'ai obtenu aucun air jufqu’à ce que le phofphore commençât à pafler : je n’ai pu alors m'occuper de la petite quantité qui s'en eft dégagée , ayant été obligé de veiller au phofphore. Cette mine, traîtée au chalumeau , décrépite, fe convertit en efpèce d'émail , donne le bouton poliëdre , irréductible fans addition , mais plus difficilement que la mine d'un brun rouge. J'ai vu ici un exemple de la différence qu'il y a entre les effais en petit & ceux en grand, Voulant vérifier fi l'acide phofphorique qui empéchoit le plomb de fe réduire au chalumeau ne produifoit pas le même effet en grand, je mis dans un creufet découvert une once de cette mine. Lorfqu'il fut rouge, il s'éleva des vapeurs fenfibles , je vis une flamme verte voliger au fond du creufet; je l'y laiffai quelque tems au feu , je le retirai, & je trouvai une partie du plomb de réduir..Je répétai l'expérience en y ajoutant du charbon pilé & un peu de poix-réline , laiflant roujours le creufer découvert ; le phofphore brüla d’une manière bien vifible, & jobtins un petit culot de plomb (2). Cetre expérience indique la réduétion du plomb minéral fé par l'acide phofphorique au travers des charbons dans les fourneaux à manches, ce qui elt important pour ces mines qui en ont donné beaucoup. Une once, traitée avec trois parties de flux noir, m'a rendu 69 Liv. de plomb par quintal. —_—_—— (1) IL m’ef refté un léger précipité ferrugineux. (2) En fermant exactement le creufet , je n’ai pu obtenir de réduétion ; maïs le phofphore fe faifant jour, répandoit une flamme vertes C’eft ce qui m’a conduit à la manière que je crois nouvelle de retirer direétement le phofphore, 1 à SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 383 Plomb minéralifé par le foufre & par l'acide phofphorique. Je crois devoir y rapporter la mine de plomb noire en canons, la mine de plomb noire en mafles qui paroiffent dues à la décompoñition de la mine rougeâtre, & quelques efpèces de galènes: mais dans ces mines, je foupconne que l'acide phofphorique n'exifte que parce qu’elles contiennent de la mine de plomb rougeâtre , fouvent difficile à appercevoir. Variétés. F. 11°, Mines de plomb noir en prifmes hexaëdres , fouvent mal pro- noncés , dont une partie eft encore quelquefois à l’écat de plomb rougeatre, l'autre à l'état de galène. Certe mine eft vifiblement due à la décom- pofition de la mine de plomb rougeâtre en prifmes hexaëdres & dodécaëdres. L'on trouve fouvent des criftaux cellulaires où le paflage de la mine phofphorique à la mine fulfureufe eft bien marqué. J'ai pris un de ces prifmes , je l’ai dépouillé de la partie qui avoit le brillant métallique , & n’ai confervé que la partie rougeâtre qui , expoféé à la flamme du chalumeau, s’eft fondue fans donner d’odeur d'acide fulfureux , & j'en ai obrenu le bouton poliëdre , irréductible fans addition; j'ai pris l'écorce de ce prifme que j'avois enlevée, je l'ai expofée à la flamme, l'acide fulfureux seft bientôt manifefté; le fragment retiré m'a paru fouvent couvert d’une flamme bleue légère ; remis à la Aamme le plomb s’eft réduit en un inftant, mais il paroifloit nager dans une matière que je foupconne due à L’acide phofphorique & à la terre contenue dans certe nouvelle galène. Cette mine, traitée avec l'acide nitreux, précipitée , diftillée avec du charbon , a donné de l'acide fulfureux volatil, & du phofphore. J'ai pris de la même mine, dont les prifmes plus raflemblés n’offroient plus aucunes traces de la mine de plomb rougeâtre, quoiqu'ils paruflene en être originaires : diffoute dans l’acide nitreux, j'ai obtenu beaucoup de foufre; précipitée , évaporée, diftillée , j'ai eu beaucoup d’acide fulfureux & un peu de phofphore. La même matière, mife dans un creufet avec du charbon au feu de forge, m’a donné une odeur d'acide fulfu= reux , une flamme bleuâtre, & des jets phofphoriques très-marqués. F. 12°, Galéne ffriée du Huelgoat , ayant tout fon brillant métallique, Elle étoit mêlée de fer fpathique lenticulaire, & avoit été tirée au-deflous des mines de plomb phofphoriques. J'ai pris deux cens grains de cette mine, je les ai fait diffoudre fur un bain de fable, dans l’acide nitreux pur étendu d’eau diftillée, le foufre s’eft élevé en une mafñle noire & fpongieufe ; j'ai décanté la liqueur , j'ai remis de nouvel acide pour parvenir à l'entière diflolution ; mais j'ai remarqué qu'il falloit étendre beaucoup l'acide, & que malgré cela ik ! 4, 384 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE; y avoit toujours un précipité blanc femblable au vitriol de plomb que forme l'acide vitriolique lorfqu'on en verfe dans la diflolution du plomb par l'acide nitreux. Je crois que ce vitriol de plomb dans cette circonf- tance eft dû à une portion d'acide vitriolique formé par une partie du foufre que l’acide nitreux a décompofé & a fait pañler à l’état d'acide, Ayant raflemblé la diflolution précipitée , évaporée , mêlée avec du charbon , j'en ai obtenu un peu d’air hépatique , de l'acide fulfureux, & enfin du phofphore, Je crois cependant que l'acide phofphorique n’y eft qu'accidentellement; mais ce fait, déjà indiqué par la flamme verte qui voltige fouvent au- deffus dés fourneaux à manches , peut jetter des lumières fur la fonte en grand, foit aux fourneaux de réverbères , foit aux fourneaux à manches. Je compte m'occuper particulièrement de ce travail. L Plomb minéralifé par l'acide méphitique ou air fixe. + Je crois devoir comprendre fous ce titre les mines de plomb tranfpa- genres, blanches, foit en prifmes terminés par des pyramides , foit en criftaux lamelleux & ftriés , quelquefois colorés fuperficiellement, rare- ment à l'intérieur. J’y ajoute les mines de plomb en chaux, terreufes, opaques, & diverfement colorées. Les premières font effervefcence avec les acides , décrépitent au feu ; s’y convertiflent en litharge d’un beau jaune ; toutes s'y réduifent fans addition, diffoutes dans l’acide nitreux, elles criftallifent en hexagones , dont trois côtés alternes font plus grands que les trois autres ; diftillées , elles donnent de l'air fixe. Variéres, F. 13°. La mine de plomb , tranfparente , blanche , en prifmes hexaëdres, peu réguliers, terminés par des pyramides quelquefois hexaëdres , fouvent irrégulières. Certe variété, ainfi que les fuivantes , fe trouve dans les parties caverneufes du filon avec les plombs rouge-brun ; au fond des travaux, fouvent mêlée avec des chaux de plomb, des ocres ferrugineufes , & des pyrites en décompolfition. J'ai une variété fur une pyrite en ftalactire, où les criftaux, très-courts, à deux pointes efilées , fonr fillonnés dans leur milieu, & imitent aflez bien des grains de riz. F. 14% La mine de plomb tranfparente , blanche, ex criflaux lamelleux , faifant fouvent entr'eux un angle obtus de cent vingt desrés , quelquefois raflemblés en mafles cellulaires , d'autres fois en longs criftaux aiguillés & ftriés à leur furface. Tous.ces criftaux fe trouvent rarement d’un beau blanc ; ils font le plus fouvent jatinâtres, ainf que toutes les mines de cette efpèce, quelquefois colorés fuperficiellement par une ocre ferrugineufe , d’autres fois enduits d’un brillant métallique, & reffemblant Li # SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 385 xeffemblant beaucoup à la plombagine ; il arrive, quoique rarement, que le cuivre les colore en bleu à l'intérieur. Deux cens grains de criftatix lamelleux bien nets, diftillés, ont donné cinquante-quatre pouces cubiques d'air fixe, qui, agités avec l'eau de chaux, ont été entièrement abforbés; le réfidu, d’une couleur ocracée , avoit perdu quinze grains par cent. Cette mine, traitée avec l'acide nitreux à la manière des mines phofphoriques , n'a point donné de phofphore. F. 14°. (bis) Mine de plomb en prifme rhomboïdal & fommet diëdre, Ces rares criftaux font d’une couleur brun foncé, & traités au chalumeaw ils fe réduifent aifément. j F. 15°. Mine de plomb en chaux terreufe. Il s’en trouve dans cette mine de couleurs très-variées. Je range dans cette clafle contes les chaux réductibles au chalumeau fans addition , quoique plufieurs laiflent des réfidus qui font dus aux mines de plomb phofphoriques , à la galène, au plomb noir, & à la pyrite martiale qui s’y trouvent fouvent mêlés, & qui rendent les effais avec les acides & avec les Aux fort incertains. Telles font les différentes variétés de plomb. Mais il exifte encore d’autres fubftances intéreflantes que je vais décrire très-fuccinctement. F. 16°. Au milieu des plombs rouges-bruns , au fond de la mine; il s'eft trouvé une fubftance fingulière très-rare, que je crois pouvoir nommer /el. acide-phofphorique-martial. Elle a la couleur, la tranfpa- rence & la fragilité de la poix-réfine ; elle a vifiblement coulé fur plufeurs morceaux qui en font impregnés ; elle y eft raflemblée en mafles lifles, arrondies, mamellonnées , très-fragiles. Mife fur la langue elle y imprime un goût acide & ftypique qui la diftingue d'une mine citée par M. Romé de Lille, dans fa Criftall. tom. III, page 399 & note CIX, comme un des morceaux les plus rares de fon cabinet. Je crois avoir cette variété dépofée, fur plufieurs morceaux, en mamme- lons tranfparens, en couches minces, & imitant la calcédoine, Elle lus folide que celle ci-deflus , fe bourfouffle de même au chalume ais ilet très-diffiicile d'en obtenir d'affez pur pour l’effayer , recouvrant le plus fouvent de la pyrite martiale , à la décompofition de laquelle elle doit peut-être naiflance. : Vingt-cinq grains du N°. F. 16, mis dans une once d’eau diftillée ; après avoir bouilli fept à huit heures, ont donné une liqueur blanche, tranfparente, très-fenfiblement acide, d 1°. Elle rougit le papier bleu: c’eft donc un acide (1). 2°. Elle précipite la diffolution d’argent : l'acide phofphorique Ia précipite aufli. (1) Le réfidu , féché, ne s’eft trouvé avoir perdu qu’environ un grain & demi; Ja poudre jaune qui nageoit au fond , étoit encore très-légèrement acide, Tome XXVIIT, Part, I, 1786. MAI, Ccc 386 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, 3°. Elle produit un petit nuage blanc dans l’eau de chaux, analogue à celui produit par l'acide phofphorique ; ce qui, joint à la amme verre ue j'en obtiens au chalumeau, me fait fréfumer qu’elle contient de l'acide phofphorique, É 4°. Elle eft précipirée en bleu par la liqueur teignante, & en noir, par la noix de gaile ; donc elle contient du fer. 5°. Douze grains diflous dans l'acide nitreux , précipités par la liqueur teignante & par la noix de galle, ont donné le mèmeréfultat. 6°. Cette diffolution mêlée avec l’acide vitriolique , n’a point donné de précipité; donc elle ne contient point de plomb. 7°. Cette diflolution dans l’acide nitreux avec l’alkali volatil a donné un précipité couleur de rouille : la liqueur filtrée & évaporée, a laiflé un réfidu jaunâtre qui mis à la flamme du chalumeau fur le charbon , s'y eft abforbé, dans la cuiller d’or s’eft fondu en bouillonnant , a répandu une légère flamme verte, & s'eft diffipé en entier. Dans cette expérience le nitre ammoniacal s'eft volatilifé , & j'attribue au phofphore ammoniacal flamme verre. 8°. Cette fubitance , traitée feule au chalumeau , fe bourfouffle, prend une couleur de réalgar, & devient extrémement légère, J’en ai obtenu, quoique difficilement, des globules fragiles , ayant le brillant métallique du fer, très-attirables à l'aimant, & en les réduifant j'ai apperçu une flamme verte, - C’eft d'après ces indications que je crois pouvoir appeler cette fubftance fingulière & nouvelle/eZ acide-phofphorique-martial. Peut-être y exilte-t-il de l'acide vitriolique , précipitant en blanc la diflolution de la terre pefante dans l’acide marin. F. 17°. Le fpath calcaire rhomboïdal. On en trouve en beaux criftaux blancs , dont les: arrètes font taillées en bizeaux. -F. 18°. Le fpath phofphorique. F..19°. La pyrite martiale. Elle y eft abondante, fouvent criftalli- fée, re en ftalactique, mêlée avec le plomb blanc ; d'autres fois avec le plomb brun-rouge, & quelquefois recouverte entièrement d'aiguilles de plomb brun de la manière la plus agréable. F. 20°. Des hématites en flalaëites , difpofées en feuillets légers , minces & fragiles, quelquefois châtoyantes très-agréablement. «EF. 21°. La pyrite cuivreufe. F. 22°, Würiol bleu natif. I fe trouve quelquefois criftallifé, d’autres fois il coule le long des murs des galleries, mais il n'eft pas aflez chargé de cuivre pour en produire à l’aide du fer par cémentarion ; il s'en eft trouvé de mèlé avec le vitriol verd. F. 230. Quartz en lames -quarrées, J'ai trouvé ces lames à cent quatre-vingt-douze pieds de profondeur à côté des criftaux de plomb en canons , engagées fans ordre dans une matière friable, ocracée , SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS, 387 très-ferrugineufe ; ces lames font minces , quarrées , de forme allongée ; les angles font ordinairement droits : j’en ai cependant dont une portion eft coupée fous différens angles. Lorfqu’elles font intactes les bords en font amincis , ce qui engageroit à croire qu’elles doivenc:leur forme à la décompofition de criftaux du fpath pefant, qui auroient été remplacés par du quartz à la manière des ftalactites, Les plus grandes que j'aie trouvées avoient vinet-unedignes fur vingt-fix , depuis une demi-ligne jufqu’à deux & trois lignes d’épaifleur au plus: leur couleur eft le gris bleuitre, Si l’on examine la compofition intérieure de ces lames, l'on trouve un plan extrêmement mince qui femble les féparer en deux fuivant leur épaifleur , & d'où partent perpendiculairement de petites aiguilles qui, dun côté & de l’autre, viennent aboutir inégalement à la furface & la rendent raboteufe ; elles ÿ criftallifent à la manière du quartz. Ces lames, qui n'ont point encore été décrites par les Minéralogiftes , font feu avec le briquet, & ne font point attaquées dans Les acides. F. 24°, Il me refteroit à parler d'une mine aflez fufñble pour couler à la chaleur d’une lumière, & d’une fubftance criftallifée en prifmes obliques faifant gelée avec les acides; & fur lefquels j'ai une fuite d'expériences commencées. Je dois la plupart des morceaux intéreflans que je viens de citer à l'amitié de M. de Brolemann , aux foins duquel eft confée l'exploitation des mines de bafle-Breragne. NOUVELLES LITTÉRAIRES. Co LLÉCTION Académique compofee des Mémoires, Aées ou Journaux des plus célèbres Académies &. Sociétés Litéraires de l'Europe , concernant la Phyfique , l'Hifloire-Naturelle , la Bota- nique, la Chimie , l' Anatomie , la Medecine, la Mecanique , 6e. Ïta res accedunt lumina rebus. Tomes X & XT, partie Françoife, contenant la fuite de l'Hifloire & des Mémoires de l Académie Royale des Sciences de Paris. A Paris, chez G. J. Cucher, Libraire, rue & hôtel Serpente. À Liege, chez C. Plomteux, Imprimeur de Meffeigneurs les Etats, 1786. L’utilité de cette Collection précieufe eft trop reconnue pour qu'il foit 4 ° nn néceffaire de nous y arrêter. Suite des Papillons d'Europe, peints, gravés & coloriés d’après nature. Tome XXVIIL, Part, I, 1786. MAL, Ccc2 388 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, A Paris, chez Delaguette , rue de la Vieille-Draperie, & chez Bazar; Marchand d’'Eftampes, rue & hôtel Serpente. : Cette nouvelle livraifon n’eft point inférieure aux autres. Nous avons fait connoître tout ce que mérite cette belle entreprife. Mémoires d’ Agriculture, d'Economie rurale & domeflique , publiés par la Société Royale d'Agriculture de Paris , année 178$ , trimeftre d'été. À Paris, chez Buiflon , Libraire , hôtel de Mefgriony , rue des Poitevins , z1-8°. Les Sociétés d'Agriculture font néceflaires pour éclairer les travaux routiniers de l'habitant de la campagne. Le Cultivateur trop attaché ordinairement aux ufages de fes pères , fait ce qu'il leur a vu faire, ne croyant pas qu'il puifle faire mieux. D'ailleurs, l’état miférable où il fe trouve communément, écrafé fous toutes fortes d'impôts, corvées , charges, &c. &c. l'empêche d'ofer fe livrer à des effais qui, s’ils ne lui réuflifloient pas, lui ôteroient le peu de moyens de fubffter qui lui demeurent. Il n’y a donc que l'homme riche & inftruic qui puifle faire des tentatives utiles à l'Agriculture. C’eft ce que fe propofe la Société d'Agriculture de Paris. Ses travaux confifteront en expériences faites en grand , & non pas dans des jardins, en obfervations en grand , en rappro- chemens de la culture dans les différens pays, &c. On a tour liewd’efpérer des connoiffances & du zèle des Savans diftingués qui la compofeat. Le trimeftre que nous annonçons eft le meilleur garant que nous en puiflions. donner, Secunda Differtatio Botanica, de Malva, Serra, Malope, Lavatera, Alcea, Alchea & Malachra ; accedunt fidæ mantiffla & tentamina de malvarum atque abutilonis fibris in ufus œconomicos præparandis ; Auctore A. J. CAV ANILLES , Hifpano-Valentino. Parifüs , apud Fran- cifeum Didor, M. l’Abbé Cavanilles fe fit connoître il y a un an comme Botanifte dans une Différtation fur les fidas. Il publie aujourd'hui une fuite des malvacées dans laquelle on trouve quatre-vingts plantes de cette famille & deux autres de la pentandrie. Il fe propofe de parcourir toute la monadelphie , de rectifier les caractères des genres connus , d’en faire de nouveaux & d'ajouter toutes les efpèces nouvelles qu'il pourra fe pro- curer. Il defline lui-même les planches, & les vingt-trois de cette Differtation , font une preuve certaine qu'il ne laiffera rien à défirer aux Botaniftes, À L'Auteur commence par un fupplément à fapremière Differtation , & après avoir donné des defcriptions plus exaétes de quelques efpèces de Jida , il fait mention des ufages auxquels on en emploie quelques-unes ;’ x SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 389 tels font ceux mentionnés dans fon Mémoire inféré dans ce Journal. On trouve à la fin de ce fupplément la defcription de cinq nouvelles efpèces dont une à capfules pentafpermes ; ce qui doit faire une nouvelle fe&tion dans le genre nombreux des fida. M. Cavanilles pale enfuite augenre de la mauve dont il décrit quarante- huit efpèces dont vingt-quatre nouvelles. Il admet avec Linnée le caractère générique principal tiré des capfules difpofées en anneau & du calice extérieur ordinairement compolé de trois folioles. Mais c’eft lui le premier qui a obfervé que parmi les mauvesil y en avoit quelques-unes dont le fruit étoit compofé de capfules biloculaires. Les herbiers de MM. de Juffieu, la Marck, Thouin, Dombey, Sonnerat, Commerfon & d’autres, lui ont fourni les moyens d'enrichir la Botanique ; mais il a cultivé lui-même un grand nombre d’efpèces. L’Auteur pafle enfuite à un genre nouveau qu'il nomme Serra en mémoire d'un Boranifte efpagnol ; il n’ÿ a qu'une feule efpèce qu'il doit à M. Banks: ce genre eft regardé par M. Cavanilles comme moyen entre: les mauves & les corons, mais différent de tous les deux: caril a, 1°. un double calice perfiftant dont l'extérieur compolé de trois grandes feuilles & l'intérieur très-perit, monophylle, & partagé en cinq divifions; 2°. une corolle malvacée ; 3°. un feul germe furmonté d’un ftyle terminé: par cinq fligmates recourbés ; 4°. un tuyau qui recouvre le germe & qui foutient dans fa partie fupérieure dix étamines courtes ; & autanc d’anthères reniformes ; $°. entre la bafe de ce tuyau & le calice, quatre ou cinq petites membranes; 6°. un fruit ovale contenant dix femences ovales glabres. L’Auteur n’a pas pu déterminer fi c’eft une feule capfule à cinq loges, quoiqu'il penche pour cette opinion. Le Malope troifième genre de cette Differtation , diftinét du Malva par fes capfules ramaflées en tête, qui n'avoit jufqu'à préfent qu’une feule: efpèce, en a trois bien diftinétes, & caractérifées avec foin. Le quatrième genre connu fous le nom de Lavatera, contient dix efpèces que lAureur a fucceflivement examinées & dérerminées. Dans le genre fuivant, nommé ÆA4hæa, M. Cavanilles à réuni L'Athæa & \ Alcea de Linnée, en obfervant que le fruit eft le même dans les deux, & que le caractère du nombre de divifions du calice extérieur ui fervoit à les diftinguer devient infufñfant , puifqu'il varie quelquefois. ES l’un & dans l’autre. Linnée n’avoit connu que deux efpèces d Alcea, & quatre d'AZhæa , & M. Cavanilles nous donne aujourd’hui dix efpèces, Le dernier genre malvacé de cette Differtation eft celui de Malachra dont l’Auteur décrietrois efpèces. Il relève une erreur de M. Linnée , qui avoit dit que ce genre n’avoit que cinq ftigmates: l’Auteur en a toujours obfervé dix & cinq caplules ; l'Auteur rectifie encore le caractère du 390 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, calice, puifque dans deux efpèces, outre le calice commun , chaque fleur en a deux autres. . \ É Il préfente à la fuire un autre genre nouveau , ifolé, abfolument diffé rent, & faifant partie de la famille des Solanees qu'il nomme Tripuera, en l'honneur de fon ami D. Candide-Marie Trigueros, Botanifte efpagnol. Ce nouveau triguera , dont il cire deux efpèces routes deux originaires d'Efpagne , a un calice à cinq divifions , une corolle pliffée à fon limbe & découpée en cinq lobes prefque ronds : cinq étamines inférées fur une membrane denticulée qui environne & recouvre quelquefois le germe ; autant d’anthères fagirées & conniventes en cônes: le germe fupérieur bilobé & furmonté d’un ftyle terminé par un fligmate. Ce germe devient un brou à quatre loges, contenant chacune deux femences offeufes hériffées de pointes, & dans chaque femence une amande. Enfin, il annonce une troifième Diflertation de la famille des malvacées, dans laquelle il traitera de huit genres, dont fx nouveaux, qu'ila déterminés en examinant l'herbier de Commerfon, Il donne d'avance les caractères génériques de chacun, & à l’article Dombeya fait voir que le grand Linnée s’eft mépris en décrivant le Pentapete Phænicea. Cet Ouvrage dont les gravures font très-foignées & les defcriptions très-détaillées, doit avoir coûté beaucoup de recherches à l’Auteur. L'Ouvrage fe vend avec les autres de l’Auteur, chez MM. Didor & Jombert , rue Dauphine ; le prix eft de 11 livres. Seconde Leitre à M. DE CRUX, fur Les os foffiles d'éléphans & de rhinoceros qui fe trouvent en Allemagne, & particulierement dans le pays de Hefle-Darmfladt ; par M. MERCK, Conferller de Guerre. A Darmftadr, de l’Imprimerie de la Cour, 1785 , iz-4°. de 25 pages. Cette Lettre offre la relation de nouvelles découvertes que M. Merck’ a faites depuis la publication de fa première. Parmi les particularités inté- reflantes qui s'y trouvent , nous ferons remarquer, 1°. une tête de rhino- ceros qui a été dérerrée à Lamperftheins, près de Worms ; 2°. des morceaux de la tête & de la mâchoire du même animal trouvés dans le pays de Rudolftadt; 3°. des dents ramaflées près de Mayence. On connoît fix os de rhinoceros déterrés en Allemagne : ce que M. de Merck regarde comme autant d'indices d'anciennes révolutions de notre globe. Stirpes novæ defcriptionibus & iconibus illuftratæ ‘à CAROLO- Luporico L'HERITIER, Dom.de Brutello in aula Juvaminum Parifienfi Regis Confiliario. Parif. apud Prevot ; Londini, apud Elmfly ; Viennæ & Lepfiæ, apud Graffer. Prix, 24 fols la planche & le texte en papier ordinaire, & 48 fols en papier velin, format atlantique. Quoique la Botanique foit cultivée avec zèle en France , les Botaniftes SUR L'HIST. N'ATUREILE ET LES ARTS. 3or de cette nation paroifloient cependant peu faire pour la fcience , puifque leurs richeffes demeuroient cachées dans des herbiers, tandis que Linnée & route fon école lui faifoient faire des progrès fi rapides. Enfin, des Savans diflingués commencent à réparer les torts qu'on a eus à cet égard, Entre ces entreprifes on doit diftinguer celles de M. l'Héritier. En effec, Pexactirude du deffin , la beauté des gravures, & la vérité des defcriptions, tout donne à cet Ouvrage une grande perfection. Il paroît par fafcicules de dix à douze planches #7-folio. Le premier eft en vente depuis plufieurs mois , & les fecond & troifième viennent d'y être mis, a Ces derniers contiennent dix-neuf efpèces nouvelles ou mal décrites, & quatre genres nouveaux ; favoir ,un de la dodecandrie, Ariflotelie > un de la didynamie , Dombeya ; un de la fyngenelie , Didelta ; & un de la dioëcie, Flacourtia. Nous défirerions pouvoir entrer dans quelques détails fir ces genres intéreflans , mais les bornes de ce Journal nous forcent de renvoyer à TOuvrage même. . Cependant comme l'un d'eux porte le nom de M. Dombey, nous ne pouvons nous difpenfer d'annoncer au Public, que la fanté de ce Bota- nifte altérée par des fatioues exceflives & dix ans de féjour an Pérou, ne lui permettant pas de publier les quinze à feize cens plantes nouvelles qu'il en a rapportées, a jeté les yeux fur M. l’Héritier pour le remplacer , & fon choix a été approuvé par le Gouvernement. La Société Royale de Médecine a tenu le7 Mars 1786 , fon ajfemblée publique, au Louvre, dans l’ordre fuivant. A l'ouverture de la Séance Le Secrétaire perpétuel a dit : La Société avoit propofé dans fa Séance publique du 2 mars 1784; pour fojet du Prix de la valeur de 600 liv. fondé par le Roï, la queftion fuivante: Des quatre conflitutions annuelles admifes par les anciens , & qui fone Za Catharale, l'Inflammatoire, la Bilieufe & PL Atrabilaire , les trois premières étant connues & bien déterminées , on demande ft la quatrième a une exiflence diflinäe , & quelle eft fon influence dans la produë&tior des Maladies épidémiques. Parmi les Mémoires envoyés au concours , la Société Royale en a diftingué deux , entre lefquels elle a partagé le Prix. Elle a adjugé la première Médaille d'or, de la valeur de 300 iv. à M. Mezler, Docteur em Médecine , & Phyficien de la Ville Impériale de Gengenbac. La feconde Médaille d’or, de la valeur de 300 liv. a été décernée à M. Jeune , Docteur en Médecine de l’Univerfté de Befançon, réfident à Châtel-Blanc en Franche-Comté, à 392 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, L'Acceffit a été accordé à l’Auteur du Mémoire ayant pour épigraphe le paflage füivant d'Hippocrate : Hominis autem corpus in fe fanguinem & pituitam & bilem duplicem , flavam nempe & nigram , continer, &c, &c. Hipp. de Natur. human. L'Auteur de ce Mémoire ne s’eft point fait connoître. La Société avoit propofé dans fa Séance publique du 31 août 1784, pour fujet du prix de la valeur de 600 liv. fondé par le Roi, la queltion fuivante : Ù Expofer quels font les caraëtères des maladies nerveufes proprement dites , telles que l'hyfléricifme , l’hypochondriacif[me , &c. Jufqu'à quel point elles different des maladies analogues , telles que la mélancolie ; quelles font leurs caufes principales & quelle méthode l’on doit employer en général dans leur traitement. 7 Ce prix a été décerné à M. Jean-Péterfen Michell, Doéteur en Méde- cine , Membre de la Société d’'Utrecht , réfident à Amfterdam. L'Acceffit a été accordé à M. Moublet-Gras , Médecin à Tarafcon. La Société avoit propofé dans fa Séance publique du 31 août 1784, pour fujec d'un prix de la valeur de 600 liv. dû à la générofité d’un Par- üculier qui n'a pas voulu fe faire connoître, la queftion fuivante : Déterminer par l'obfervation quelle efl La caufe de la difpofition aux calculs , & aux autres affeëtions analogues , auxquelles les enfans font Jüujets ; ft cette difpofition dépend des vices de l'offification ; & quels Jont les moyens de les prévenir & d’en arréter les progrès. Ce prix a été décerné à M. Jacquinelle ; Chirurgien- Major du Régiment d’Agénois, La Société a remarqué quelques articles dont elle a été fatisfaite dans un Mémoire ayant pour épigraphe ces paroles : V3 contraëili fit vita ; elle invite l’Auteur à écrire avec plus de clarté & avec plus de précifion. La Société avoit propofé dans fa Séance publique. du 31 août 1784, pour fujet d’un prix confiftant en une médaille d’or de la valeur de 400 liv. dû à la bienfaifance d'un Militaire qui n’a pas voulu fe faire connoître , le Programme fuivant : Expofér quelles font relativement à la température de la faifon & à la nature du climat , les précautions à prendre pour conferver , après une campagne , la fanté des troupes qui rentrent dans leurs quartiers ,) € pour prévenir les épidémies dont elles y font ordinairement attaguées.' Parmi les Mémoires envoyés, la Société en a remarqué deux, auxquels efle a diftribué le prix dans l’ordre füuivant : | ; : Ele a décerné, 1°. une médaille d’or de la valeur de 300 liv. à M. Craifme , Médecin de l'Hôpital militaire, &c. à Lille, 2°. Une ; médaille SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS) 393 médaille d’or de la valeur de 100 liv. à M. Party, Chirurgien-Major en chef de l'Hôpital militaire de Breft. La Compagnie a plufieurs fois adjugé des prix aux Auteurs des Mémoires qui lui ont été adreflés fur divers objets de Médecine-Pratique, Cette année elle en a reçu un dont les Commiffaires ont rendu le compte le plus avantageux, & qui lui a paru mériter toute fon attention. Il contient des obfervations de Médecine-Pratique fuivies de l’hiftoire des épidémies, des petites véroles qui ont régné à Montpellier depuis 1746 jufqu’en 1770 , par M. C. Cole Docteur en Médecine de l’Univerfité de Montpellier. M. J. A. Chaptal, Docteur en Médecine de la même Univerfité, neveu du précédent; & notre Correfpondant, l’a aidé dans la rédaction de cet Ouvrage. La Société voulant donner à M. C.-Chaptal , qu'une expérience longue & réfléchie dans la pratique de notre Art rend très-recommandable, une marqué publique de fon eftime ; lui a décerné une médaille d’or de la valeur de 100 liv. : Le grand travail que la Société a entrepris, conformément aux ordres du Roi, fur la topographie médicale du Royaume , avance chaque jour. Depuis la dernière affemblée du 30 août 1785, la Société a reçu plufeurs Mémoires , parmi lefquels quatre lui ont paru fur-tout devoir être remarques, : j Elle a adjugé le premier prix, confiftant en une médaille d'orde [æ valeur de 100 liv. à M. Picard, Doéteur en Médecine , à Troyes en Champagne, Auteur d’un Mémoire fur la topographie médicale de cette Ville & des environs. La Societé a été très-fatisfaite de ce travail dont le plan eft bien conçu, & les détails foigneufement exécutés. Le fecond prix confittant en une médaille d'or de la même forme que le jetton ordinaire de la Compagnie, a été adjugé à M. Terrède , Docteur en Médecine, Auteur d’un Mémoire fur la topographie médicale de La ville & canton de Laigle , où il réfide, Deux Mémoires méritent qu'on en fafle une mention honorable. Le premier fur la topographie médicale de Vannes, a été envoyé par M. Aubry, Doéteur en Médecine, réfident dans ladite ville. Le fecond fur la topographie médicale de la ville de Sultz en haute- Alface, a été adreflé par M. Beltz, Docteur en Médecine, dont M. Beiger , Docteur en Médecine , auili réfident à Sultz, a été le coopérateur pour toute la partie de ce Mémoire qui concerne l'Agriculture. M. Raymond , Aflocié régnitole à Marfeille, a envoyé précédemment un Mémoire fur la topographie de cette ville, qui a été publié dans nos recueils, & que l’on. peut regarder fous plufieurs rapports comme un modèle dans ce genre de recherches. M, Raymond a étendu ce travail à une partie de la Provence. Il en a déterminé la population comparati- vement avec le fite &.les diverfes autres circonftances des lieux , dont il a arlé. Tome XXVIII, Part. I, 1786, MAL D dd \ 394 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, La Société lui a décerné une médaille: d'or de la valeur de 5o fiv. Tous les Mémoires & ,Obfervations feront adreffés , ainft qu'il eff d'üfage, à M. Vico-D'AZYR , Secrétaire perpétuel de la Société, fous le couvert de Monfeigneur le Contrôleur. General des Finances , dans le département & fous les aufpices duquel Je fait cette Correfpondance, La Société propole pour fujet du prix de {a valeur de 6oo liv. fondé par le Roi, la queftion fuivante : Rechercher quelles ES les maladies dont le [yfléme des varffeaux lymphatiques efl le fège immédiats c’efl-à-dire ; dans lefquelles les glandes , les :vaiffeaux lymphatiques & le fluide qu’ils contiennent font effentiellement afe&tes 3 quels font les [ymptômes qui les carac- térifent & les indications générales .qu’elles. offrent à ‘remplir. Il y a long-tems que l’on parle de la Iymphe, & que l'on dit vague- ment que ce fluide eft vicié. Il eft tems de donner à ces expreflions une jufte valeur. Les glandes & les vaifeaux lymphatiques font à préfent bien “connus & ont été décrits par des Anatomiltes célèbres, Ex appliquant ces connoïffances pofitives à la pratique de notre Art, on fubfttuera des idées exaétes à la théorie vague, & aux expreflions ‘indérerminées que l’on a adoptées jufqu'ici. | Ce prix fera diftribué dans la Séance publique du Carême 1789. Les Mémoires feront remis avant le premier janvier 1789 : ce terme eft dé rigueur. Rae La Société propofe pour fujet d'un prix de {a valeur de 600 liv. la queftion füuivante : ; Rechercher quelles font les éaufes de la Maladie aphteufe , connue fous les noms de Muguet , Millet , Blanchet , à laquelle Les enfans font Sujets, fur-tout lorfqu'ils Jont réunis dans les Hôpitaux ; depuis le premier jufqu’au troifième & quatrième mois de leur naiffance ; quels en Jont les [ymptômes , quelle en ef! la nature, & quel doit en étre le zraitement , foit préfervatif, foit.curatif ? Ce prix fera diftribué dans la Séance publique de la Fête de Saint- Louis 1787, & les Mémoires feront remis avant le premier mai de la même année. ras La Société propole , pour fujet d'un prix de la valeur de 600 liv. le Programme fuivant : Déterminer quelles font les circonflances les plus favorables au développement du vice ferophuleux , & rechercher quels font les moyens , foit diététiques , Joit médicinaux ; d'en retarder les progres, den diminuer l'intenfité & de prévenir les maladies fecondaires done ce vice peut étre la caufe. SUR L'HIST: NATURELLE ET LES ARTS: 395 -:" Ce prix fera difiribué dans Ja Séance publique du Carème 1783, & les Mémoires feront remis avant le premier janvier de la même année. La Société propofe, pour fajet’ d’un quatrième prix, de la valeur de 400 liv. la queftion fuivante : Déterminer quelles font , relativement à la remperature de la [aifon, & à la nature du climat, les précautions à prendre pour conferver la Santé d'une Armée vers la fin de l'hiver, 6 dans les premiers mois de la’ campagne : à quelles maladies les troupes font les plus expoées à cette époque, & quels font les meilleurs moyens de traiter & de prévenir ces maladies. ‘ Ce prix fera diftribué dans la Séance publique de la Fête de Saint-Louis 1787, & les Mémoires feront envoyés avant le premier mai de la même année. Les Mémoires qui concourront à ces prix, feront adreffés francs de port à M. Vico-p’Azye , Secrétaire perpétuel de la Société, rue des Petits- Auguflins , N°,2, avec des billets cachetés , contenant lé nom de P Auteur & la méme épigraphe que le Mémoire, La Société invite les Médecins, les Chirurgiens, & en général les Phyficiens à lui adrefler des Mémoires fur la topographie médicale des lieux qu’ils habitent. Les intentions du Roi, norifiées à la Société Royale de Médecine, par M. le Contrôleur Généraldes Finances, dans une lettre en date du 14 feptembre 198$ , font que la Société Royale fuive avec la plus grande activité des recherches qui doivent fervir à la rédaétion de la topographie médicale du Royaume. La Société continuera de diftribuer des prix aux Auteurs des meilleurs Mémoires envoyés fur ce fujet, La Société croit devoir rappeler ici la fuite des recherches qu’elle a commencées; 1°. fur la météorologie; 2°, fur les eaux minérales & médicinales ; 3°. fur les maladies des Artifans; 40. fur les maladies des Beftiaux. Elle efpère que les Médecins & Phyficiens Regnicoles & Etran- gers voudront bien concourir à ces travaux utiles qui feront continués pendant un nombre d'années fufhfant pour leur exécution, Ordre des leélures qui ont été faites dans l'affemblée publique de la Societé Royale de Médecine le 7 Mars 1786 ; aprés l'annonce & la difiribution des Prix. M. Defperrieres a lu des obfervations fur la maladie appelée : Danfe de Saint-Guy. M. Delaporte a lu des Réflexions redigées avec M. Vicq-d’Azyr, fur le plan que la Société doit fuivre dans la rédaction générale des Obfer- vations qui lui font adreflées fur les épidémies. Le Secrétaire a lu des Notices fur la vie & les Ouvrages de Tome XX VIII, Part, I, 1786. MAI. Ddd 2 396 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, MM. Alexandre, Dianugere, Defmery , Rofe & Darluc, Aflociés Regni- coles, & Correfpondans de la Société. M. Chamfere a lu des Obfervations fur la nyétolopie ou aveuglement de nuit. M. Fourcroy a lu un Mémoire fur l’analyfe des eaux minérales d'Enghien & fur celles des eaux minérales fulfureufes en général. M. Vicq-d'Azyr, Secrétaire perpétuel , a terminé la Séance par la ledture de Eloge de M, Van-Doeveren, Profeffeur de Médecine à Leyde, Affocié Etranger. La Société Royale d’Apriculture de Paris a tenu fa Séance publique le 30 Mars à l'hôtel de L'Intendance : le Secrétaire a lu les Programmes des Prix ainft qu'il fuir : Diffribution des Prix. Parmi les différens Cultivateurs qui ont fait part à la Société des pro- cédés qu'ils ont employés avec fuccès pour chauler les grains , la Com- pagnie 2 diftingué M. Étienne Chevalier , fon Correfpondant à Argen- teuil : les Commiffaires nommés pour examiner en détail fes Expériences , en ayant rendu le comptele plus favorable, il lui a été décerné une Médaille d’or dela même forme que le Jeton ordinaire de fa Société; & du prix de 100 livres. Une Médaille de même valeur a été adjugée à M. Hubert, Fermier à Marcouflis. La Société ayant vu avec fatisfaction les procédés économiques que M. Cretté de Palluel, Maître des Poftés de Saint-Denis & de Sannois, a employés pour nourrir fes chevaux; & perfuadée de l’utiliré de ces moyens , lui a adjugé une Médaille d'or de même forme & de même valeur que les deux autres, ) É Une pareille Médaille a été décerné à M. Charlemagne, Correfpon- dant à Maifonville, & Auteur de plufieurs Mémoires, &: d'un grand nombre d'Expériences intéreffantes qu'ila faites dans divers Cantons de la Généralité. Une cinquiéme Médaille de même forme & valeur que les précé- dentes, a éré accordée à M. V’arrier, Maître de Pofte, à la Croix de Bernis, pour avoir cultivé avec un foin particulier, fuivi du plus grand fuccès, des gros Navets où Turneps, dont l'Adminiftration avoit fait diftribuer les graines , & dont il a préfenté les racines à la Société. Ces divers Cultivateurs ont reçu ces prix de la main de M, le Contrôleur Général. Le petit nombre de Prairies artificielles qui fe trouve dans la Géné- talité de Paris, empêchant les Cultivateurs d'entretenir un aufli grand nombre de Beftiaux, qu'il leur feroit avantageux de le faire, foit pour l'augmentation des engrais qui deviennent de jour en jour plus nécef- SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 397 faires, foic pour rendre la viande à meilleur prix qu’elle n’eft aduelle- ment, & améliorer par ce moyen la nourriture des Habitans de la cam- pagne; la Société a cru devoir propofer pour fujer d’un Prix de 1000 livres, & d’un Jeton d’or de la valeur de 100 1. la Queftion fuivante: Quelles font les efpèces de prairies artificielles qu'on peutcultiver avec le plus d'avantage dans la Généralité de Paris, & quelle en eft la meilleure culture? La Société délire que les Agriculteurs qui s’occuperont de cette quef- tion, veuillent bien citer des Expériences faites dans la Généralité de Paris, ou dans des Pays dont la température & le fol foit à-peu-près les mêmes que dans celui-ci. La Société propofe un fecond Prix de 600 livres , & d’un Jeron d’or de 100 livres, en faveur du meilleur Mémoire qui lui aura été adreflé fur le Sujet fuivant: Indiquer parmi les Arbres, Arbriffeaux ou plantes qui croiffenr fans culture dans la Généralité de Paris, ceux dont on peut retirer du Fil pour faire des Toiles, ou qui fourniflent des parties propres à faire des Cordes. Les Auteurs qui s’occuperont de cette queftion, voudront bien rap- porter en détail les expériences qui ont été. faites fur cet objet, & en ajouter de nouvelles. Ils pourront confulrer le Boranicon Parifienfe de Vaillant : ils y trouveront l’énumération des diverfes efpèces de plantes qui croiflent dans la Généralité. Les Mémoires qui offriront le plus grand nombre de faits feront ac- cueillis préférablement à tous les autres. La Société s’eft fait une loi d’exclure du Concours les Membres & Affociés; mais non les Correfpondans, Les Mémoires ne feront reçus que jufqu’au premier Février 1787. Ils feront écrits en telle langue que les Auteurs voudront: ils font priés feulement de faire en forte que leurs écrits foient bien lifibles. Les Auteurs ne mettront point leur nom à leurs Ouvrages ; mais feu- lement une Sentence ou devife: ils pourront, s'ils veulent, attacher à leurs Mémoires un billet cacheté , contenant*la même Sentence, leur nom, leurs qualités &‘leur demeure. Ce billet ne fera ouvert par la Société, qu’au cas que la pièce ait remporté le Prix. Les mémoires feront adreflés fous le couvert de M. l'Intendane de Paris, à M. Broufloner, Secrétaire perpétuel de la Société, rue des Blancs- Manteaux, N°. 57, & s'ils lui font remis entre les mains, il en donnera à la perfonne de qui il les aura reçus , un récépiflé où feront marqués la fentence de Ouvrage & le numéro: il indiquera aufli l’époque à laquelle le Mémoire aura été remis: S'il n'y a pas de récépiflé du Secrétaire, le prix ne fera délivré qu'à P'Auteur qui fe fera connoître, ou au porteur de procuration de fa part. 398 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, La Sociéré proclamira la Pièce qui aura mérité le prix, à fon aflemblée publique de 1787. IL fera diftribué à cette même aflemblée, plufeurs jetons d’or aux Agriculteurs de la Généralité, qui fe feront diftingués dans le courant de l'année par l'emplci de qu:lque procédé nouveau , ou du moins peu connu, Les habitans des campagnes expofés jour & nuit à l'intéempérie des faifons , contractent fouvent des maladies dont il feroit facile de les préferver, s'ils pouvoient fe procurer des vêremens d’une étoffe plus chaude , moins coûteufe, d’un tiflu plus ferré & moins perméable à la pluie que les éroffes ordinaires. Plulieurs perfonnes animées d'un zèle d'autant plus louable , qu’il eft rarement dirigé vers une claffe de citoyens aufli nombreufe , & occupée à des travaux aufli utiles que celle-ci, ont cru devoir s'occuper de cet objet intéreflant. M, le Contrôleur Général voulant feconder d’aufli louables intentions, & délirant en même-rems que les diverfes manufactures du Royaume fe livrent à ce genre d'effai, a deftiné un prix de 1200 liv, qui fera accordé , au jugement de la Société, à la perfonae qui aura préfenté le travail le plus intéreffant fur la queftion {uivante : Trouver une étoffe de plus de durée, plus chaude, moins. chère & moins perméable à La pluie que les étoffes employéès ordinairement aux vétemens des gens de la campagne. , Les Mémoires feront adreflés fous le couvert de M. l’Intendant de Paris, à M. Brouffoner, Secrétaire perpétuel de la Société , rue des Blancs. Manteaux, N°, ÿ7. Ils ne feront reçus que jufqu'au premier février 1787. La Société prononcera fon jugement dans fon affemblée publique de la même année. Les Auteurs ne mettront point leurs noms à leurs Ouvrages , mais feulement une devife, Ils y joindront un billet cacheté , renfermant avec la même devife, leurs noms, leurs qualités & leurs adreffes. Il eft néceffaire que les échantillons des étoffes qu’on préfentera, foient fufifans pour faire au moins un habit complet. On a lu, 1°, un Mémoire de M. Daubenton fur l’amélioration des troupeaux dans la Généralité de Paris; 2°. un Mémoire fur les arbres réfineux, par M. le Marquis de Turgot; 3°. un Mémoire fur les femis de pomime de terre, par M. Parmentier; 4°. un Mémoire fur les plan- tations des.arbres, &c. par M. Thouin; $°. un expofé des travaux de la Société pendant l'année dernière , par le Secrétaire ; 6°.un Mémoire fur l'utilité des Sociérés d'Agriculture , par M.le Duc de Charoft. Le tems n’a pas permis de lire un Mémoire fur les terres végétales, par M, Defmareft; un Mémoiré fur les moyens employés ‘pour faire un bon pré d’un terrein auparavant inutile & impraticable ,; par M. l'Abbé ® SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 309 Telier , des Obfervations fur la culture & les ufages économiques du genêt d'Efpagne, par le Secrétaire , & enfin , un Mémoire fur la culture & les ufages du faux acacia en Amérique , par M. de Crevecœur. Prix propofé par LP Académie Royale des Sciences pour l'année 1787. M.le B. de Bernftorff a propofé à l’Académie de fe charger du jugement d’un prix fur la queftion fuivante : On fuppofe , 1°. Qu'un vaiffeau connu de poids, de forme & de pofiion fe meuve fur La furface de la mer, fuppofée plane & horifontale avec une viteffle donnée & parallelement à fa quille ; 2°. Quune caufe quelconque faf]e naître [ur la furface de la mer une onde ou lame circulaire unique, dont le centre foit placé fur le prodon- gement de la quille & dont on connoiffe la forme ou à l’origine ou dans un certain inflant de fa durée ; 3°. Que certe lame en vertu de [a viteffe atteigne le vaiffeau - Cela pofé , on demande les changemens que la lame fera naître dans les mouvemens du vaiffeau , foit par le choc, foit par la différence des reffions. $ . propofition a été acceptée par l’Académie. Le prix qu’elle donnera à l’Auteur du meilleur des Mémoires qui lui auront été envoyés fur ce fujet , confiftera en une médaille d'or de la valeur de 240 liv. Les Ouvrages ne feront reçus que jufqu’au premier février 1787 excluf- vement, Ce terme eft de rigueur. L'Académie à fon affemblée publique d’après Pâques 1787, proclamera la Pièce qui aura mérité ce prix. - Prix propofé par la Société Royale des Sciences de Montpellier. Les Etats Généraux de la Province de Languedoc, toujours attentifs à favorifer les Sciences & les Arts, ont unanimement délibéré au mois de décembre 1783, de donner un prix de 600 liv. à celui qui, au jugement de la Société Royale des Sciences , aura le mieux traité la queftion fuivante : Quels font les meilleurs moyens & les moins difpendieux d'entretenir les Ports de mer fujeis aux enfablemens , & notamment le Port de Sete. Le prix n’a pas été adjugé, Les Mémoires pour le nouveau concours feront reçus avant le premier feptembre 1786. ; C'eft avec regret que lAcadémie fe voit aufli dans la nécefité de remettre le prix de 300 liv. propofé par M. Broufloner, Académicien de Paris & de Montpellier, & dont le fujeteft l’E/oge hiflorique de Pierre Richer de Belleval ; ce prix fera adjugé dans l’affemblée publique pendant la tenue des Etars de 1786 à 1787. On recevra les Ouvrages pour le nouveau concours jufqu’au 31 octobre 1786 inclufivement, 1 400 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE; &c: M. Brouflonet toujours zélé pour le progrès & pour l'honneur des Sciences qui font l'objet particulier de fes recherches, vient de propofer un autre prix de 300 liv. qui fera décerné dans l’aflemblée publique pendant la tenue des Ecats de 1787 à 1788. Le fujet de ce nouveau prix eft l'E/ope hiflorique d'Olivier de Serres , donc tout le monde connoît l’excellent Ouvrage fur l’Agriculture. Les Pièces feront reçues jufqu’au 31 octobre 1787 inclufivement, & adreflées au Secrétaire perpétuel de l'Académie, 1 bee pi 3 QU Bus) DEs ARTICLES CONTENUS DANS CE CAHIER. M ÉMOIRE pour fervir à l'Hifloire-Naturelle du Pays de Santa- Fée de Bogota relativement aux principaux phénomènes qui réfultent de fa pofition : lu à l'Académie Royale des Sciences ; par M. LesLonp, Doëeur en Médecine , page 321 Mémoire fur La culture de certaines Malvacées G l’ufage économique qu'on pourra retirer de leurs fibres, lu à l'Académie des Sciences de Paris, le premier Février 1786; par M. l'Abbé D. CAVANILLES, 334 Effai fur quelques phénomènes relatifs à la criflallifation des Sels neutres ; lu à l'Açadémie, le premier Mars 1786 ; par M. Le BLANC, - Chirurgien , 341 Mémoire fur les Chalumeaux à bouche, à foufflets & à air déphlogift- qué ; par M. HassENFRATZ , Profeffeur de Phyfique de l'Ecole Royale des Mines, & Correfpondant de la Société Royale de Médecine, 34$ Suite de la Differtation de M. MonweT , fur les Montagnes & les Terreins à Mines en géuéral ; 352 Extrait d'une Lettre de M. CRreLL, à M. DE LA METHERIE , fur le Bleu de Pruffe, &c, 36$ Extrait d’un Mémoire lu à l Académie Royale. des Sciences, fur la Deféription de plufieurs filons métalliques de Bretagne , & l'analyJe de quelques fubftances nouvelles ; par. M. DE LAUMONT,, In/peéteur Général des Mines de France , 366 Nouvelles Litréraires , 387 qq APPROBATION. Ja lu, par ordre de Monfeigneur le Garde des Sceaux, un Ouvrage qui a pour titre: Obfervarions fur La Phyfique, fur l'Hiftoire Naturelle & fur les Ars, éc. par MM. RoziEer, MoNGez le jeune & DE 14 Merusrie ,-&c. La Colle&ion de faits importants qu’il offre périodiquement à fes Leëteurs , mérite l'attention des Sa- vans ; en conféquence , j'eflime qu’on peut en permeitre l’impreflion. À Paris, ce 16 Mai 1786. VALMONT. DE BOMARE. PLU Lg 6, Mai 1766. RSS RER Apte 2. 1} RTS f « : -, ul L L à * SARL N L « "” n 1 « - È ï Fe ’ « D DORE PONT PT ES 4 OBET 107 Eee "ES > LE RCA réagi #1 à , AU FLE L Su1# I 4 ‘ î 2 É À A RES een TU | | JOURNAL DE PHYSIQUE. | ; 3 Juirv 1766, FT ji HE CN) E ee nn ms 4) (2 A FRERES 3 * MÉMOIRE SUR LA PRÉPARATION DE L'ALKALI CAUSTIQÇUE, © ’sA CRISTALLISATION,ET SON ACTION SUR L'ESPRIT-DE-VIN. Par M BERTHOLLET+ \ dé. a Chimie acquiert de précilion dans fes recherches, plus elle doit s'occuper à fe procurer des agens, dont les propriétés ne foient poine modifiées par des mêlanges étrangers. L’alkali cauftique eft un de ceux dont on fait le plus d’ufages mais cel qu'il a éré employé jufqu’à préfent, il contient une portion d'alkali effervelcent, de [a terre, calcaire, & ordinairement du fer & de la terre filiceufe. | J’avois imaginé, dans un Mémoire que je lus à l’Académie au mois de février 1778, qu’en diftillant dans une cornue de vewreune folution d’alkali rendue, cauftique par fufhfante quantité de chaux, & filtrée , on auroitun alkali cauftique pur, parce que je fuppofois que ce qui empéchoit de l'obtenir tel, lorfqu'il étoir préparé à la manière ordinaire, n'éroit que l'acide .crayeux que lui rendoit,, dans l’évaporation, l'air atmiofphérique avec lequel il fe trouvoic en contact ; mais quoique par ce moyen l’alkali foic plus cauftique, il ef cependant bien loin d’être dans l'état de pureté, L : L'on faie que lefprit-de-vin didout l’alkali cauftique, maïs l'on n'a obfervé qu'imparfaitement les propriétés de cette diflolution ; j'ai penfé que l'alkali devoit s'y trouver dégagé des autres principes fur lefquels s’étoie exercée fonsaction diflolvante, & de cette idée j'ai été conduit aux obfervations fuivantes, 3 J'ai préparé une leflive cauftique avec du fél de tartre & de fa Chaux dans un vaifleau de fer, je l'ai filtrée & je l'ai fair évaporer : quand elle a été rapprochée au point de prendre un peu de confiftance, je l'ai . - mélée avec de l'efprir-de-vin , & j'ai retiré une partie de cetre liqueur par Ja diftillation ; la cornue étant refroidie, j'ai trouvé au fond, des criftaux bien formés, mêlés à une terre noïrâtre, dans un peu de liqueur d’une couleur foncée qui étoit féparée de la teinture d’alkali cauftique ; celle-ci furnageoit: comme une huile, F ÿ Tome XXVIII, Part, 1, 1786, JUIN, Eee 402 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, Les criftaux étoient de l’alkali faturé d'acide crayeux, la terre étoit compofée d’une quantité affez confidérable de terre calcaire, d’un peu de terre filiceufe & d'un peu de fer. L'alkali effervefcent avoit été féparé, parce que ce fel eft infoluble dans Pefprit-de-vin ; la liquenr dans laquelle il étoic criftallifé, étoit de l'eau faturée du même fel, & par-là immifcible à l’efprit-de-vin : la verre filiceufe du dépôt étoit fournie par le fel de tartre qui en contient une certaine quantité , lorfqu'il n’a pas été préparé avec des foins particuliers, comme M. Bergman l’a obfervé ; la terre calcaire s’étoit combinée avec, l'alkali cauftique dans fa préparation , parce qu'aufli-tôc qu'il elt privé d’acide crayeux, il tend fortement à fe combiner avec d’autres fubflances; cette terre elt précipitée dans la liqueur aqueufe , fous la forme effer- vefcente , en raifon de l’afhinité fupérieure qu'elle a avec l’acide,crayeux , relativement à celle que l’alkali a avec ce rnême acide. Les parties de fer étoient dues,au vaifleau dans lequel s’étoit faite la préparation artie de ce fer s’eft trouvée foluble dans l'acide acéteux, mais l’autre partie n’a pu fe difloudre que dans l'acide marin, & étoit par conféquent dans un état de chaux parfaite, je l'ai précipité de ces acides par l’alkali pruflien : telles font les parties étrangères que l’alkali cauftique a abandonnées en s'uniflant à l'efprit-de-vin, Je-vais examiner à préfent cette diflolution. Elle ne faifoit point effervefcence avec les acides , & elle ne précipitoie pas l’eau de chaux, mais elle ne réfiftoit pas à une épreuve plus délicate ; elle troubloit la diffolution de terre pefante par l'acide marin, & elle y formoit un petit précipité effervefcent, de forte qu'elle contenoit encore une petite portion d'acide crayeux: j'en continuai la difillation, & je la fufpendis, lorfqu'une partie de l’efprit-de-vin eut paflé dans le récipient : je trouvai alors la liqueur de la cornue divifée en deux portions, dont lune furnageoit & avoit l'apparence d’une huile jaune qui demeuroit conftamment féparée, même après une forte agitation ; je féparai ces deux portions, la fupérieure ne donnoit plus aucun indice d’acide crayeux, elle précipitoit à la vérité l’eau de chaux , mais ce précipité fe rediflolvoit _dans l’eau, ce qui prouve que la chaux avoit été féparée de l'eau par l'efprit-de-vin , & non précipitée en terre calcaire eflervefcente par l’acide “crayeux ; & effectivement, en mélanc la diflolution alkaline avec une certaine quantité d'eau, elle ne précipitoit plus l'eau de chaux; cette liqueur étendue d’eau difillée, ne troubloit plus la diffolution de terre pefante; lorfqu'elle étoit pure, elle y formoit un précipité, mais il fe rediffolvoit entièrement dans l’eau diftillée, de forte que dans cette occafion c'eft le fel de terre pefante qui elt féparé’ de l’eau qui le tenoit en diflolution, & non la terre pefante qui eft précipitée de fon acide, L'on voit par-là , quel'alkali cauftique a plus d’affinité avec l’eau que la chaux, & le fel muriatique de terre pefante. Je fis évaporer la liqueur dont je viens de parler, dansun petit matras: SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 403 fa couleur fe fonçoit de plus en plus; j'en arrêtai l'évaporation , dans le deffein d'examiner les changemens qui y étoient furvenus. Le lendemain, je crouvai des criftaux très-tranfparens mêlés à un peu de liqueur d’un jaune foncé que j'en féparai, je les examinai , & je trouvai que c’étoit lalkali cauftique pur qui avoit pris cette forme. Ces criftaux prennent différentes figures , ils font quelquefois en aiguilles , le plus ordinairement lamelleux; mais l’on reconnoîr dans ceux qui font ifolés, qu'ils font formés de petites pyramides quadrangulaires implantées les unes fur les autres; alors ils reflemblent aflez aux criftaux de fel ammoniac ; ils fe réfolvent promptement en liqueur à l'air, ils fe diflolvent facilement dans l’eau & dans l'efprit-de-vin, on peut, en évaporant ce dernier, les ramener à l’état de criftaux, ils produifenc du froid en fe diflolvant comme ceux des autres fels. La liqueur inférieure précipitoit la terre pefante : je l'ai fait évaporer, lle a également criftallifé, mais d'une facon moins régulière, & les | AT paroïfloient moins purs; fi l’on diftille cette liqueur, c'eft des l’eau qui pale pour la plus grande partie dans le récipient ,fur-tout fur Ja fin. ; J'ai diffous les premiers criftaux d'alkali cauftique dans l’efprit-de-vin, la liqueur étoit claire & fans couleur , je l'ai fait bouillir, elle et devenue d’un jaune d'autant plus foncé que l’ébullition a été plus lotigue, à un certain degré elle refflembloic entièrement à la liqueur jaune dans laquelle l’alkali cauftique avoit criftallifé ; après une longue ébullition , elle n’a pu criftaliifer, l'ayant évaporée jufques près de la deflication, & y ayant mêlé de l’eau diftillée , il s’en eft féparé des molécules d’un jaune brun , & qui ne fe rediflolvoient qu’en partie dans l’efprit-de-vin. Si l'on diftille à ficcité la diflolution cauftique qui a l'apparence d'huile , elle devient noirâtre & efférvefcente; mais fi les criftaux font purs, ilsne prennent ni cette couleur ni la propriété de faire effervefcence; il eft vrai cependant que dans cer état l’alkali a tant d'activité, qu'il n’eft pas poflible de le priver de Ja liqueur qu’avoient retenue fes criftaux ; fans qu'il attaque la cornue fi elle eft de verre, & alors il fait une gelée avec les acides. . L'efprit-de-vin qu'on diftille avec l’alkali cauftique , en entraîne un peu avec lui, & verdit le firop violat; il paroît en même-tems devenir plus aqueux qu'il métoit. IL réfulre des expériences précédentes, 1°. que lorfqu'on mêle une leMive cauftique avec l'efprit-de-vin , celui-ci s'empare de l'alKali caufti. que , que certe diflolution retient une partie de l'eau , & par fon moyen une partie d'alkali effervefcent , & que l’autre partie de l’eau fe fépare & tient en diflolution la plus grande partie de l’alkali effervefcent , ainfi que les fels étrangers qui auroïent pu s’y trouver mêlés , pendant que les terres & le fer fe précipirent. Tome XXVITI, Pare, I, 1786. JUIN, Eee 2 X SUR Li 404 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, 2° Qu'il fe fait dans la folution d’alkali cauftique , en la concentrant par la diftillation ; une nouvelle féparation , que la liqueur qui furnage eft une folution d’alkali très-pur dans l'efprit-de-vin , & que la liqueur in'erieure eft un mélange de cette diflolution avec une diflolution aqueufe d’un peu d’alkali effervefcent ; cependant , fi l'on diftille la première liqueur, il s’y fait encore une féparation, & il paroït que l’alkali dégage de l’eau de l'efprit-de-vin. Si l'on difille La liqueur inférieure, c’eft de Veau qui pafle pour la plus grande: partie dans lelrécipienr. 3”. Que l’aikali cauftique décompofe, par le moyen de la chaleur, l'efprit-de-vin, & qu'il en fépare une partie que j’appellerai réfineufe, quoique j'en connoifle peu les propriétés ; c’eft cette partie qui colore la teinture d'alkali cauftique, & c'eft probablement elle qhi a: formé les criflaux d'acide faccharin que M. Beroman a retirés; en traitant l'efprit- de-vin avec l’acide nitreux. : 4”. Que l'alkali cauftique privé d'eau par l'efprit-desvin , prend mé forme criftalline, comme la plupart des autres: fubftances falines, Il eft affez difficile d’avoir immédiatement fes criftaux , fans'que leur pureté foit ternie par une portion de la réfine : on peut les purifier par ure nouvelle diflolution dans l'efprit-dé-vin ; & par-une évaporation conduire de manière qu'il refle un peu d'eaumere; mais pour les expériences.; dont uneætès-petire portion de fübftance rélineufe.ne peut troubler la précifion, on peut fe fervir de la liqueur qui a Eapparence d'huile, fans fe donner la peine de la faire criftalifer, J'ai manqué affez fouvent cette criflallifa- tion , parce qu'elle n’eft point annoncée par une pellicule, ni par les autres qualités de,la liqueur. : : 3 Si l’on varie les circonflances de l'opération , l’on trouve auffi quelques variétés dans- les apparences de la diflolution; ain , fi l'on verfe peu d'efprit-de-vin für la lellive cauftique amenée au point de défficcation, cet elpric-de-vin prend une couleur plus foncée, & il ne s'y fait de féparation de deux liqueurs qu'au moment où la criflallifation va commencer. Meyer a obfervé.une partie dés phénomènes que je viens de décrire, mais le cauflicum pingue dont cet excellent Obfervateur étoit préoccupé, l'a empêché de bien voir ce qui fe préfentoie à lui ; il a pris, par exemple, Palkali faturé d'acide cräyeux & criftallifé, pour un nitre imparfait , il a obfervé la teinture cauftique que nous avons vu prendre une apparence d'huile, & il l'a décrire comme une matière épaifle rouge obfcure , qui!a l'apparence d'une réfine à demi-fluide , qu'il regarde comme formée par la décompofition totale de Pefprit-de-vin. Une obfervation intéreflante de Meyer, que j'ai vérifiée, c’eft que fi fon met des fleurs de foufre dans la teinture alkaline, il s’en diffout promptement une partie confidérable fans le fecours dela chaleur. M. Macquer a obfervé , avec encore plus d’exactirude, les phénomènes que préfente l'alkali fxe qu'on traite avec l'efprit-de-vin , & il Les a décrits sl SUR!’ L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 40$) dans un Mémoire imprimé dans le cinquième volume des Mélunces d la Société de Turin ; après avoir fair bouillir de l'efprit-de-vin {ur du fel de tartre fortement defféché , il en a fait évaporer uhe partie, & il en a obtenu des criftaux dont il décrit la figure , & qui font précifément des Criftaux d'alkali ceuftique ; Palkali qui séroit diffous par l'attion de Ja chaleur , au-deflous de lefprit-de-vin , s'eft coagulé par le refroidiffement en une mafñle blanche faline criftalliféeconfufément, qu'il a rediffour: dans Peau, & dont il a obtenu une criftallifation plus régulière, I! a fait évaporer une préparation, nommée en Pharmacie, Teinture de Jet de tartre, & qui v'eft qu'une diflolution d'alkali cauftique dans l'efprit-de-vin ; après que la liqueur a été évaporée à-peu-près aux trois quarts, il a obfervé qu'elle paroïfloit un mélarge d> deux-liqueurs très différentes & très-diftinctes; l’une fans couleur, comme de l’eau, & l’autre d'un jaune foncé qu'il compare à une huile; après Pévaporation totale , il eftefté dans la capfule un enduit d'un jaune brun criftallifé confufément, Mais cer illuftre Chimifte explique tous les faits qu’il avoir obfervés, par une aitération & une décompofition réciproque £ l'efprit-de-vin'& de l'alkali fixe. à Des deux criftallifations qu'il a obtenues, l’une étoit la partie cauftique du fef de tartre qui s’éroir diffloute dans l'efprit-de-vin, & l’autre l’alkali faturé d'acide crayeux qui avoit été féparé de la partie cauftique; la pre- mière s'eft faite par le moyen de l'efprit-de-vin , & la feconde par le moyen de l’eau. ; J'ai cru qu'on pourroit, par l'efprit-de-vin , fe procurer en même-rems une teinture cauftique & de l’alkali faturé d'acide crayeux , mais jufqu’à préfent l'expérience ne n'a réufli qu'imparfaitément. L’alkali fur lequel on a fair bouillir de l’efprit-de-vin, diffous après cela dans l'eau, criflallife effectivement d’un facon régulière ; mais fes criftaux expofés à l'air, tombent en déliquefcence, parce qu'ils retiennent une portion d’alkalt cauftique dont je n'ai pu les priver, même en les faifant bouillir une feconde fois dans l’efp:it-de-vin (1). Si c’eft un moyen de diminuer les incertitudes de la Médecine , que d'employer des agens uniformes &-dont on puifle apprécier éxactemenc les effets généraux ; on pourra faire une application utile des obfervations que je viens de préfenter , en -fubitituant une teinture cauftiqué, dont la force déterminée par un aréomètre, feroit conftante , à la reinture des métaux ou /ilium de Paracelfe , à la teinture de régule d’antimoine , à (1) Je n’ai parlé jufqu’à préfent que de lalkali végétal ; j’ai tenté pareillement de faire criftallifer, par lefprit-de-vin , l’allali minéral cauftique , mais cette opération réuffit-beaucoup plus difficilement , la féparation des deux liqueurs ne fe fait que fur la fin de l’évaporation , celle qui prend l’apparence d’huile eft proportionnellement en beaucoup plus petite quantité, & je n’en ai obtenu qu’une criflallifation confule. 406 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, celle d'antimoine diaphorétique, à celle de tartre, & à pluñeurs autres préparations pharmaceutiques dont les noms ont fouvent induit en erreur les Praticiens qui ont cru fatisfaire par leur moyen à différentes indica- tions , quoique toutes ces téintures ne foient , dans la réalité, qu’une diffolution d’alkali cauftique par l'efprit-de-vin, plus ou moins chargée, felon le procédé & felon les circonftances inégales de l'opération. Il ine paroit qu'on doit attribuer peu d'effets à la réfine féparée de l’efprit-de-vin qui colore ces teintures , que MM. Macquer , Spielman & Meyer ont vue {e dépofer fur les parois des vaifleaux dans lefquels on conferve la teinture de tartre (Spiel. & Boehm exam. acid. ping. ), & à laquelle M. Monnet a attribué toutes les propriétés médicales du /lium de Paracelfe ( Journal de Medecine, 1764). I! feroit peut-être avantageux de fubftituer encore la teinture alkaline ; rapprochée à un point déterminé, à la pierre à cautère , qui a diflous plus ou moins du creufet, dans lequel on l’a fondue, & qui elt plus,sou moins effervefcente : on pourroit modérer à volonté la caufticité très- grande de cette teinture, par différentes proportions d'argile. J'ai effayé fur d’autres fels déliquefcens, le moyen dont je me fuis fervi pour faire criftallifer l’alkali cauftique ; & j'ai obtenu facilement la criltallifation de quelques-uns de ces fels: par exemple, j'ai faturé de terre calcaire l'acide nitreux, j'ai fait évaporer jufqu'à ficcité , le réfidu diffous dans l’efprit-de-vin & évaporé jufqu'au point convenable, n’a donné des criftaux réguliers qui forment un prifme tétraèdre , dont deux faces paroiflent divifées par un fillon, & terminé par deux fommets dièdres : le fel muriatique calcaire , traité de même, a criflallifé en aiguil'es fines tranfparentes, & qui paroiflent pyramidales, il tombe plus promptement en déliquefcence que le nitre calcaire; le fel muriatique de fer donne, par ce moyen, des criftaux jaunes & tranfparens, ce fonc des prifmes tétraèdres dont les bafes font inclinées. À Cependant tous les fels déliquefcens ne criftallifent pas par ce procédé ; ainfi je n'ai pu faire criftallifer la terre foliée de tartre, elle s'eft feulemenc coagulée en formant des couches peu diflinétes & qu'on ne peut regarder comme le réfultat de la criftallifation. La différence que j'ai établie entre le [el formé avec l’alkali fixe & les acides acéreux & radical, eft donc confirmée par cette épreuve: je n'ai pu pareillement obrenir des criftaux de la diflolution muriatique du zinc, ENS 40 SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 407 EE EEE SEP TE ET TIRE NE SE PRET DEEE RES TN EE EEE DE LA VRAIE NATURE DU SEL D'OSEILLE OU OXALIN, ET DE SA PRODUCTION PAR IA SYNTHÈSE : Par M. SCHÉELLE! Traduit de l'Allemand du Journal de CRELL, par M, WELTER, de l'Ecole des Mines. Arr ÈS avoir reconnu que la terre de la rhubarbe étoit le réfultat de la combinaifon du fel d’ofeille avec la chaux, je fis des recherches ulré- rieures fur la nature de ce fel acide, Je tentai d'abord d'en féparer une portion d'alkali qui s'y trouve toujours combiné, Je me fervis à cer effec du procédé en ufage pour extraire l’acide de la crème de tartre. Je parvins avec le tems à abforber l’açide en excès par l'intermède de la craie; & il en réfulta un nouveau compofé infoluble dans l'eau, qui étoit une vraie terre de rhubarbe, Je fis ufage de l'acide vitriolique pour dégager de la chaux l'acide d'ofeille que je venois d'y unir ; mais je m'apperçus bientôe qu'il avoit plus d’affinité pour la chaux que l'acide vitriolique. J'effayai auffi par la diflillation de féparer du fel d'ofeille l'acide en excès ; il pafla en effet, mais en très-petite quantité , & même un peu altéré par le feu, IL fallut donc recourir à un autre moyen pour opérer cette féparation. . Après avoir fait diffoudre dans l'eau tiède du fel d’ofeille jufqu’à faturation , j’y verfai de la diflolution de plomb dans le vinaigre diftillé jufqu'à ce qu'il ne fe formät plus de précipité, & je tins compte de la quantité de diflolution de plomb employée. Quand le précipité fut entiè- rement dépofé , je décantai l’eau qui furnageoit. Elle contenoit l’alkali du fel d'ofeile uni à une portion du vinaigre abandonné par le plomb. Je lavai le précipité à l’eau chaude, Je pris erfuite un poids de vinaigre de faturne égal à celui que j’avois employé à la précipitation. J'y verfai goutte à goutte de l'acide vitriolique affoibli jufqu'à ce qu'il ne fe. précipirat plus de vicriol de plomb: je verfai une quantité égale du même acide vitriolique fur le précipité édulcoré, & après avoir faie digérer le mêlange pendant quelques heures, je verfai le tout fur un filtre : je leflivai le vitriol réfidu pour emporter les dernières portions d’acide, puis je le jettai. L’acide du fel d'ofeille très-pur que j'obtins par ce procédé me donna après lévaporation fur le feu de beaux criflaux prifmatiques. Quoique l'acide du fel d’ofeille foit en rapport avec l’acide du fucre par la plupart de fes propriétés, on a cependant cru qu’il étoit d'une ù E ‘498 . OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE; nature différente, & c'eft ce qui a engagé M. Beroman à lui afigner dans fa table des affiirés une-place particulière parmi 1es acides. Cela n'eft pas étonnant , puifqu'on ne voyoir pas que l'alkali du tartre uni à un excès d'acide du fucre donnâc du {el d’ofaille ,; comme on auroit dû s'y attendre, Ce fair a penfé m'induire en erreur, lorfque j'ai renté de régénérer le fel d’ofeille , en combinant l'acide que: j'en avois tiré, avec l'aikali végétal. Voici mon expérience : dans une diffolurion d'acide d'ofeille par l'eau froide , je verfai une diffolution d'alkali du tartre, mais en excès. L’acide dominoit encore dans le mêlange, cependant au bout de quelques heures il ne fe forma point de précipité de fel d'ofeille : j'ajoutai alors un peu d’acide d’efeille, & je vis bientôt paroître une quantité confidérable de petits criftaux que je reconnus pour être un wrai fel d'ofeille régénéré. J'ai découvert de plus que l'acide d'ofeille décom- ofoit le ritre ; car ayant fait le mêlange d'une diffolution de -nitre & d'une diflolution d'acide d'ofeille , toutes deux complettement fatu- rées, le mêlange fut rempli dans l'inflant d'une multitude de petits criftaux de fel d'ofeille. Cer acide préfente en général le même phéno- mène avec tous les fels neutres, à bafe d’alkali végétal & minéral. D'après ces expériences qui préfentent exaétement dans l'acide de V'ofeille tous les caractères de celui du fucre, fans qu'il füt poflible de remarquer aucune différence entr'eux , je penfai que l’on devoit aufi reproduire le fel d’ofeille en combinant l'acide du fucre avec l’alkali - végétal. Je répérai mes tentatives, & je découvris enfin dans une de mes expériences d’où provenoit le défaut de fuccès en cherchant la reprodu@ion du fel d’ofeille par cette combinaifon. L'erreur ne tenoit qu'à un défaut d’arrention lorfqu'on faifoit le mélange : je fis difloudre dans de l'eau froide de l'acide du fucre jufqu'à faturation , j'y verfai peu-à-peu de la diffolurion bien faturée d'alkali du tartre, & après - chaque goutte j'attendis quelques fecondes ; enfin , je vis durant l’effer- ‘vefcence fe former dans. le mêlange de petits criftaux tranfparens que je trouvai être un vrai fel d'ofeille, L'acide que Part fait retirer du fucre par l'intermède de l'acide nitreux,, fe trouve donc formé de toutes pièces par la nature dans le fel d’ofeille, MÉMOIRE - SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 409 mr MÉMOIRE D E M. S'CH'É E L'E; SAR LANCE D:E "DIErS AL E RU ITS: Journal de CRELLI ; Traduit par M. WELTER, Élève de l'Ecole Royale des Mines. Je me fuis occupé il y a quelque tems des expériences propres à faire connoître la nature & les propriétés de l'acide du citron pris dans fon état de pureté. Depuis ce tems j'ai travaillé fur le fuc de plufeurs autres fruits, . & particulièrement fur celui de nos fruits domeftiques, dans les vues de déterminer le rapport de leurs acides avec celui du citron. Je me fervis pour mes expériences le plus fouvent du fuc des fruits mal mürs, & afin d'obtenir l'acide en plus grande quantité, je les écrafois dans un mortier de bois, & je filtrois le fuc au papier gris. Le fuc du........ribes groffularia, celui de tous les fruits en général que j'ai effayés ne contiennent pas l'acide de l’acetofelle , puifqu’ils ne précipitent pas l’eau de chaux. Je faturai le fuc du ribes grof]ularia de craie; je filtrai la diflolution, je l'introduilis dans une cornue que je plaçai fur le feu, Après que la liqueur eut bouilli une minute, il fe forma une quantité confidérable d’un précipité blanc. Je verfai dans une autre cornue la liqueur qui furnageoit, pour la faire bouillir encore quelques minutes ; mais il ne fe précipita plus rien. Ce fuc fe comporta comme le fuc du citron lorfqu'on le foumet à la même épreuve. J’effayai donc d’en obtenir cec acide fous forme criftalline de mon précipité ; pour cet effet je verfai fur celui-ci de l’acide vitriolique, & je procédai comme je l'ai indiqué dans mon Mémoire fur l'acide du citron , ( Journal de Crell, an. 1784, pièce 7, page 3 ) j'obtins en effet des criftaux d'acide du ribes groffularia qui préfenta tous les caractères de l'acide du citron. La liqueur que j’ai décantée du précipité falin calcaire étoit claire & tranfparente, mais étoit devenue un peu brunâtre par l’opération à laquelle je l'avois foumife. La teinture de tournefol y démontroit un acide à nud que je ne pus parvenir à abforber entièrement par la craie ; cependant cet acide tenoit une quantité confidérable de craie en diffolution. Ce devoit être un acide différent de celui du citron, puifque celui-ci fait avec la chaux un fel infoluble à-peu-près dans l’eau bouillante ; il fallut donc reconnoître dans le 7ibes groffularia , outre l’acide du citron, un acide Tome XXV'IIT, Part, I, 1786. JUIN. PÊEÉ 410 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, particulier différent de celui-ci. Ce qui m'engagea à chercher les moyens de retirer cet acide caché & de le mettre dans fon état de pureté, pour le comparer aux acides connus, & voir les rapports qu'il pourroit avoir avec eux. Après quelques expériences fans fuccès , je trouvai que le mélange d’un efprit-de-vin très-rectifié avec ma liqueur occafionnoit un précipité qui contenoit le fel formé par cet acide & la craie ; mais comme ce précipité contenoit en outre une matière gommeufe, celle-ci étant égale- ment précipitée par l’efprit-de-vin, je reconnus la néceflité de féparer d’abord la fubftance sommeule, puis de combiner l'acide avec la craie. Je fis donc évaporer le fuc du ribes groffularia jufqu'à confiftance de miel ; je verfai fur cet extrait un efprit-de-vin très-rectifié , je jetai le rout fur un filtre. L’efprit-de-vin chargé des acides & des autres fubftances folubles dans ce menftrue , pafla, & la matière gommeufe refta. Je fis évaporer l'efprit-de-vin, & érendis de deux parties d’eau l'acide qui refta. Pour lors je faturai l'acide avec de la craie, & je fs bouillir la diffolution quelques minutes pour dérerminer le précipité de fel de citron calcaire; enfin, je filtrai ma liqueur , j'eus pour lors une diflolution de fel calcaire femblable à la première, mais féparée de toute fubftance gommeufe. J'érendis cette diffolution d’un efprit-de-vin rectiñié, & je verfai fur un filtre le mêlange coagulé. L'efprit-de-vin qui pafla tenoit encore en diffolution une fubftance de nature favonneufe & une matière fucrée. Je lavai ce qui étoit reflé fur le filtre en ajoutant un peu d'efprit-de-vin. Ce fel eft la matière que je me propofe d’examiner. Si randis que ce fel eft encore humide , on en met un peu fur l'ongle, bientôc il fe liquéfie , il sèche prefqu’aufli-tôt , laiffant un enduit d'un brillant qui ne cède pas à celui du plus beau vernis. Il eft très-foluble dans l’eau , & colore en rouge le papier de tournefol. Si on laifle cette diffolution expofée plufeurs jours à l'air libre , il s'y forme des criftaux qui ne font folubles que dans l'eau bouillante, Leur diflolution eft parfaitement neutre : on en peut précipiter la chaux par le moyen d’un alkali. Si on expofe ce fel dans un creufet, il eft bientôt décompofé, & lille de la chaux aérée pour réfidu. Pour obtenir cet acide dégagé de la chaux , il faut verfer dans la diflolution de ce fel calcaire de l’acide vitriolique étendu d'eau jufqu’à ce qu’il ne fe précipite plus de felenire. On jette le tout fur un filtre pour féparer l'acide devenu libre, Ce procédé me parcifloit un peu embarraffant, parce que l’acide n’abandon- noit pas aifément la chaux, & m'érant afluré d'ailleurs que cer acide avoit plus d'affinité pour la chaux de plomb que pour la chaux, je fis ufage de la méthode que j’employai pour retirer du fel d’ofeille l'acide qu'il contienr, c'eft-à-dire, du vinaigre de farurne & de l'acide vitriolique affoibli, j'obtins par ce procédé cet acide particulier dans fon étar de pureté ; mais avant de décrire la nature de cet acide, je vais rendre SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS, aix compte des expériences que j'ai faites fur les fucs d'autres fruits, & fur leurs acides. Les fucs de toutes efpèces de pommes , mûres ou non müres, ne con- tiennent pas l’acide du citron, puifqu'ils ne donnent pas de précipité après avoir été faturés de craie & traités par l’ébullition 3 mais fi dans ces fucs faturés de craie & filrrés on verfe de l'efpric-de-vin, il fe forme des précipités abondans. Le fuc de pommes ne coatenant pas fenfiblement de parties vommeufes , on peut immédiarement les farurer de craie, & les mêler à l'efprit-de-vin: ce précipité qui contient l'acide des pommes uni à la chaux fe comporte exatement comme le fel calcaire que j’ai obrenu en combinant l'acide particulier du ribes groffularia avec la craie : puifque les pommes contenoient le même acide-en plus grande abondance, je me fervis d’un moyen plus direct pour me le procurer. Je faturai le fuc des pommes d’alkali du tartre ; enfuite j'y verfai du vinaigre de farurne jufqu'à ce qu'il nefe précipirâc plusrien. Après avoir parfaitement lavé le précipité, j'y verfai de l'acide vitriolique affoibli jufqu’à ce que le mêlange eût acquis un goût franc, fans mêlange de douceur, (car tant qu’on n’a pas mis aflez d'acide vitriolique pour décompofer tour le fel, il refte toujours une portion de chaux de plomb difloute dans un excès d'acide des pommes qui eft à nud, & de-là le goûr fucré ). Je filtrai ma liqueur pour la féparer du vitriol de plomb infoluble. Cet acide particulier fe trouve dans prefque tous nos fruits, mais fouvent accompagné de l'acide du citron, ce qui n'a pas lieu dans les pommes; c'eft pourquoi je lui donnerai dorénavant le nom d’acide des pommes. J'ai découvert que le fuc des fruits fuivans contenoit l'acide du citron en grande quantité, & peu ou point d'acide des pommes. Le. ...... vaccinium oxicoccos , le... ....vaccinium vitis idæa ,le.......: prunus padus ,le.. ....folanum dulcamara , & les églantines ou gratre-cul, cynofbatos. Les fuivans au contraire ne donnent que peu ou point d'acide du citron, & ne contiennent que l'acide des pommes, Le.......berberis vulgaris , les baies de fureau , fambucus nigra, les prunelles , prunus fpinofa,, les cormes, forbus aucuparia, les prunes, prunus domeflica. Les fruits fuivans contiennent environ moitié des deux acides. Le.......ribes groffularia, les grofeilles blanches , rouges & noires, ribes rubrum, les baies de myrtilles, vaccinium myrullus, le....... cratægus aria, les cerifes, prunius cerafus , les fraifes, fragaria vefca , le rubus camæmorus , les framboifes , rubus idœus ; mais l'acide des raifins mal mûrs eft abfolument & en entier de l'acide du citron. Le fuc de citron donne des veftiges de l'acide des pommes, L’acide des pommes foumis à différentes épreuves fe comporte comme il füit : il ne criflallife pas , il refte toujours fous forme fluide. Avec les trois alkalis il forme des fels déliquefcens. Etant parfaitement faturé de chaux , il produit de petits criftaux irréguliers , qui demandent pour fe Tome XXVIII, Part, I, 1786, JUIN. Fff2 412 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, difloudre une grande quantité d’eau bouillante; mais quand on met uñ petit excès d'acide, alors ils fe diffolvent aifément dans l'eau froide (1). IL fe comporte avec la terre pefante commé avec la chaux. Il forme avec la terre alumineufe un fel neutre qui fe diffouc très-difficilement dans l’eau. Etant combiné avec la magnéfie, il en réfulte un fel déliquefcent. La diflolution de fer dans cet acide a une couleur brune, elle n'eft pas fufceprible de criftallifer. La diflolurion de zinc dans notre acide fournit de beaux criftaux. Il n’agit pas fenfiblement fur les autres métaux. Quoique l'acide des pommes foit en rapport avec l’acide du citron par un grand nombre de fes propriétés, cependant il préfente des différences notables dans les phénomènes fuivans: 1°. L’acide pur du citron donne de beaux criftaux par l’évaporation ; l'acide des pommes ne ctiftallife pas. 2°. L'acide des pommes peut être très-facilement converti en acide du fucre ou d’acerofelle par l'intermède de l'acide nitreux ; je n'ai jamais pu parvenir à convertir l’acide du citron en cet acide, lors même que j’ai employé l'acide nitreux fumant pour le déphlogiftiquer. 3°. L’acide du citron forme avec la chaux un fel à-peu-près infoluble dans Peau bouillante; au contraire le fel formé par l'union de l’acide des pommes avec la chaux eft infiniment plus foluble. 4°. L'acide des pommes pré- cipite l’eau mercurielle , le ritre de faturne, le nitre lunaire & la difloz lution d’or étendu de beaucoup d'eau diflillée : ce précipité d'or fe réduit fpontanément , tandis que l’acice du citron ne précipite pas ces diflolurions. $°. L’acide du citron a plus d’affinité pour la chaux que l'acide des pommes ; car fi dans une diflolution de chaux par l'acide des pommes on verfe un fel ammoniacal de citron , après avoir fait bouillir une minute le mélange, on voit fe précipiter du fel calcaire de citron, Combien de fois les Chimiftes n'ont-ils pas fait l'acide du fucre, & pas un n’a jamais fait attention à l’acide qui fe développe avant que l'acide du fucre paroifle? Je difille une partie de füucre avec une-partie d’acide nitreux: quand le mêlange commence à prendre une couleur brunâtre , ce qui indique que tout l'acide nitreux eft évaporé, on arrête le feu, On trouve que le firop qui eft dans la cornue a un goût déci- dément acide ; fi on en précipite tout l'acide du fucre par le moyen de l'eau de chaux, on trouve qu'il refte encore un acide dans la liqueur, quoiqu'on n'y puifle pas y découvrir un veflige d'acide nitreux , & que l'eau de chaux, n’en puifle rien précipiter. Qu'on fature de craie cet acide, & qu'après avoir filtré la diflolution , on y verfe un efprir-de-vin bien rectifié, alors le mêlange fe prend; jetez le tout fur un filtre : lavez ; ( D L’Auteur dit ka/kwaffer, eau de chaux. IL femble qu’il faut kaldwaffer , eam Jro1de. SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 413 le fel réfidu en ajoutant un peu de nouvel efprit-de-vin ; alors diflolvez ce fel dans l’eau diftillée: verfez-y du vinaigre de faturne, le plomb eft précipité ; dégagé de ce fel de plomb l’acide qui en eft principe par le moyen de l'acide vitriolique affoibli, vous obtenez un acide qui par fes propriétés ne differe pas de l'acide des pommes., & qui conféquemment eft l'acide des pommes. Lors donc que nous faifons l'acide du fucre, nous produifons déjà, deux acides quon peut démontrer dans le règne végétal, favoir, l’acide des pommes & l'acide de lacerofelle, L’efpric- de-vin qui a fervi à précipirer ce fel calcaire & qui a paflé par le filtre, Jaile après l'évaporarion un réfidu d’une faveur amère, très-déliquefcenr, qui avoit perdu toute faveur fucrée. Cette fubftance avoit un rapport exact avec l'extrait favonneux du citron. L'ayanc diftillée avec un peu d'acide nitreux , j'obtins de nouveau de l’äcide des pommes & de l'acide du füucre. Tout occupé de ces expériences, je voulus voir comment fe com- portoient plufieurs autres fubftances tant du règne animal que du rèyne végétal , lorfqu'on les traite par l'acide nitreux. 1°. La gomme arabique donna l'acide des pommes & celui du fucre, 2°. La manne donna les mêmes produits. 3°. Le fucre de lait donna à la fois trois efpèces d’acides différens ; favoir, l'acide des pommes, l'acide du fucre & l’acide du fucre de lait, 4°. La gomme adragante laifla précipiter durant fa digeftion avec lacide nitreux une poudre blanche qui fe trouva être du fucre de Jair, Du refte il donna les acides des pommes & du fucre & un peu de fel faccharin calcaire. 5°. L’empois laifla un réfidu qui ne s’eft pas diffous. Cette matière féparée par la filtration & lavée avec foin , reembloir à une huile très-épaifle en rapport avec le fuif ; mais cette fubftance éroie très - foluble dans l'efprit - de-vin. L'ayanc diftillée fens inrermède , elle donna un acide femblable à celui du vinaigre & une huile qui a l’odeur du fuif, & qui fe fige par le refroidiflement. On obtient d’ailleurs de l’empois l’acide des pommes & l'acide du fucre. 6°... .........: 7”. La racine de falop produit, outre l'acide des pommes & celui du fucre, du fel faccharin calcaire en plus grande abondance. L’extrait d'aloës produit de même l'acide des pommes & du fucre, & perd en grande partie fa faveur amère, Il fe fépare une grande quantité d'une réfine d'un rouge foncé, qui durant l’ébullition avéc l'acide niteux répand une odeur agréable à-peu-près comme les fleurs de benjoin. Cette odeur me fit croire que je pourrois retirer de cette réline un fublimé d'une nature particulière ; mais à peine la cornue dans lquelle je l’avois introduite eut-elle fenti la chaleur , que cette refine prit feu, & la cornue fut reniplie d’une matière charbonneufe. ç°. l'extrait de coloquinte fut converti en une efpèce de réline , & donna peu d'indi- cation d'acide du fucre. 10°. L’extrait des planres que j'ai foumifes à l'expérience m'a donné les deux acides, du fucre & des pommes, Les 414 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE; extraits des végétaux traités de cette manière produifent un peu de el d'ofeille, ce qui vient de la prélence de quelque fel neutre dont ces extraits ne font jamais exempts, 11°. L'infufion de café torréfié, évaporée jufqu'à confiftance de firop, produilic les deux acides, 12°. L’iufufior de rhubarbe traitée de la même manière produit beaucoup de matière réfi- veufe en répandant une odeur agréable à-peu-près comme le borax Il donne de plus les deux acides, du fucre & des pommes. 13°... ......: z4°. L’extrait de noix de galle donne les deux acides. 15°. Je n'ai obrenu que peu ou point des deux acides des huiles ellentielies en les crairant pat l'acide nitreux, mais l'huile de la femence de perfil fe convertit totalement en ces deux acides. Je ne pus parvenir dans le commencement à faire ces deux acides végétaux avec les fubftances animales , parce que je me fervois d'un acide nitreux trop foible; mais lorfque je fis ufage d'un acide nitreux plus concentré, je fus le maîcre de décompofer ces fubitances. 1°. Sur une partie de colle-forte je verfai deux parties d’acide nitreux fumant ; je plaçai l'appareil qui renfermoit le mêlange fur un bain de fable chauffé , auli-tôt la colle fut difloure avec un dégagement d’une quantité confi- dérable de vapeurs rouges foncées. Le féndemain l'appareil étant refroidi, je trouvai une grande quantité de criftaux que je reconnus être du vrai acide du fucre. Je faturai de craie l’acide qui ne voulut pas criftallifer, & j’obrins par le procédé que j'ai décrit du vrai acide des pommes. La colle de poitfon, le blanc & le jaune d'œuf, le fang , donnèrent les mêmes réfultats. Il fe fépare durant l'opération de toutes ces fubftances une graifle épaiffe, particulièrement du jaune d’œuf. Il eft remarquable que Pair qui fe dégage durant ces expériences, confifte en très-peu d'acide méphitique, peu d'air nitreux , & en beaucoup d'air vicié. Lorfque j'ai préparé l'acide du fucre avec des fubitances végétales, je n'ai pas obrenu cet air vicié. Je ne fache pas non plus que quelqu'un ait jamais remarqué avant moi que toutes les fois qu'on procède à la confection de l'acide du fucre, il fe trouve toujours dans les récipiens, outre l’acide nirreux déphlo- giftiqué , un peu de vinaigre (1). J'eflayai de rerirer l'acide du fucre de l'extrait favonneux de l'urine (2). Mais je n'en retirai pas un atôme, & au lieu de cet acide j'obtins un fel qui après avoir éré duement purifié étoie (1) M. Schéele ne pouvoit pas favoir encore que M. Weflrumb avoit publié un détail circonflancié de cette découverte. Ainf l'honneur de cette expérience impor tante vient également à tous deux, Note de l’Aureur du Journal. (2) Si dans de Puring évaporée jufqu’à confiftance de miel, on verfe de l’efprit- de-vin , la plus grande partie des fels fe précipitent ; on filtre & on évapore l’efbrit= de-vin jufqu’à confiftance d'extrait, Cet extrait étant foluble dans l’eau & dans l’efprit- de-vin, on peut l’appeler avec M. Rouelle exrrair favonneux de l'urine. Ce Chimie dit qu'il contient beaucoup d’alkali volatil ; mais il ne fit pas connoitre J'acide avec lequel il fe trouve combinés PF SUR L'HIST, NATURELLE ET LES ARTS. 415 en analogie parfaite avec l'acide de benjoin. On peut s’aflurer que ce fel n'écoit pas un produit de la réation de l'acide nitreux , par l'expérience fuivante : ayant étendu d'un peu d’eau cet extrait favonneux, fi on y verfe de l'acide vitriolique ou de l'acide marin, auffi-tôr il fe forme un préci- pité abondant du même fel de benjoin. Cetteefpèce d'acide fe trouve dans l'extrait favonneux d'urine combiné avec l’alkali volatil à la faveur duquel il eft foluble dans l’eau comme dans l’efprit-de-vin.-J’ai déjà remarqué dans mes Découvertes nouvelles que l’acide du fucre de lait donna à la diftillarion le même acide du benjoin. Il paroît donc que cer acide végétal ne fouffre aucune altération dans fa circulation avec le fang. IL n'y a pas d'acide qui approche plus de l'acide des pommes par fes propriétés que l'acide du lait.( Découvertes nouvelles , huitième partie, page 146.) La feule différence que je remarque confilte en ce que le fel formé par l’union de l'acide du lait avec la chaux , eft foluble dans l'efpric- de-vin, tandis que le fel calcaire , dont l’acide des pommes ef principe, ne left pas: apparemment c'eft un changement dû à la fermentation du petit lait. EP SR PP RECHERCHES SUR LA PLATINE EXPOSÉE DANS UN FOUR A PORCELAINE ; Par M. CRELL; Traduit de l'Allemand, par M. BALLET DE BELLOY, de l'Ecole Royale des Mines. P;x DANT mon féjour à Firftemberg , je ne négligeai pas l’occafon de faire avec M. Kobl , Confeiller des Mines, quelques recherches fur la platine, en foumettant à la chaieur d’un four à porcelaine cette fubftance fi réfractaire, J'avois la connoiïflance de M. le Comte de Sickingen. [1 m’avoit fait prefent de quelques préparations de platine qui fout décrites dans fes excellentes recherches fur ce métal , & je réfolus de les faire fervir aux expériences que je vais détailler. J'avois de la platine en feuille & en fl. Je les nommerai n°, 1 , en défignant la première par n°. 1 a , & la feconde par n°. 1 b. J’avuis aufli de la platine préparée de la manière fuivante : en calcinant fept fois de la platine crue avec du falpêtre, on l’avoit entièrement réduite en une terre blanche qu’on laïla deux jours en digeftion dans de l’acide nitreux : on l’avoit fondue enfuire avec un fel blanc & deux fois autant de flux, Ce flux étoit compofé de quatre parties de borax calciné & d'une 416 OBSERVATIONS. SUR LA PHYSIQUE, partie de verre blanc pur. Le régule qu'on obtint reffembloit au cobalt ; n’avoit pas une grande dureté , étoir poreux dans fa caflure ; & fe rappro- choit moins du fer par fon poli. Je nommerai cette platine , n°. 2. J'avois en outre une mafle agolutinée de platine préparée ainfi : de {a chaux de platine mife en digeftion comme ci-deflus , dans l'acide nitreux, avoit enfuite été difloute dans l’eau régale, puis précipitée -par l'alkali phlogiftiqué en un fel rouge & jaune; & on avoit enfuite réduit ce fel en une mafle de platine par un grillage convenable. Je la nommerai n°. 3. J'avois enfin de la platine crue que je nommerai n°. 4. Je pris 8 grains du n°, 14, & $ grains du n°. 14. 1022 dune. OPEN & 2gros dun°. 4 Je mis ces quatre fubftances chacune dans un creufet de porcelaine que je laiflai rougir à l'endroit du four le plus chaud. I. En découvrant les creufets on trouva la platine n°, r non fondue; & la place qu’elle occupoit dans le creufet marquée de traces jaunes. Elle s’étoit un peu blanchie , & le fel étoic devenu plus flexible, Il y avoit une perte d’un grain. ; La platine n°, 2 s'étoit couverte d’une fcorie bleuätre & hépatique. La mafle de platine n°. 3 étoit un peu plus brillante & plus blanche. Flle n'étoic point encore fondue : cependant elle avoit pris la forme du creufer , & fe Jaifloit malléer. La platine crue n°. 4 avoit pris une couleur d’un gris bleuâtre, s’étoit agglutinée, & l'endroit où elle étoit dans Le creufet étoit couvert d'une croûte jaunâtre, If, Ces creufets furent remis à la même place, & on fit rougir une feconde fois la porcelaine. Le n°. 1 ne perdit rien cette fois, cependant [es traces jaunes étoient devenues plus foncées & la platine plus brillante. Le n°. 2 s’étoit fcorifié davantage , & tour l'intérieur du creufet étoit entièrement réduit en un verre brunâtre , ce qui peut avoit été caufé par la fublimation de quelque partie, Le'n°. 3 comme ci-deflus. Le n°.4 approchoit encore plus de la couleur du gris de fer & s'étoit agolutiné plus fortement. HIT. On remit une troifième fois les creufets dans le four. Le n°. x fe comporta comme précédemment au fecond feu. Le n°, 2 avoit continué de fe fcorifer, s’étoit entièrement affaiflé , & avoit mème pénétré le creufet. Le n°. 3 comme ci-deflus. Le n°, 4 s’étoit fi fortement affaiflé qu'on pouvoit très-peu le malléer ; & poine du tout l’applatir. On en rompait avec peine quelques morceaux qu’on SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 417 qu'on divifoit enfuite fous le marteau ; mais on ne le réduifoic pas en morceaux aufh petits qu’on l’eût fait avec de la platine crue, Mon départ ne me permit pas de pourfuivre ces expériences. Je les laiflai continuer à M. Kohl , Confeiller des Mines, qui me fit Le plaifir de m'envoyer les détails fuivans : Depuis la IV® jufqu’à la IX° reprife, les n°. 1 & 3 reftèrent encore fix fois dans Le four au feu le plus violent fans fubir d'alrération nouvelle. Le n°. 2 fut fi altéré au même feu qu’il n’en refta que 36 grains qui ne fuflent point en fcories, Le n°. 4 étoit toujours plus fortement agglutiné , & avoit la couleur grife de l'acier. La couche intérieure qui touchoit immédiatement le creufet y tenoit fi fortement qu’on ne pouvoitgd'en détacher ni par fecouffe ni avec le marteau. Par-deflus étoit un anneau plus large de quelques lignes & d’une couleur brune très-foncée, X. Le n°. 2 (excepté les 36 grains non fcorifiés ) fut pulvérifé ainf que les deux petits creufets, dont on n'avoir point pu féparer les fcories, mélé avec deux parties de fpath Auor, & fondu dans le four au feu le plus grand. Par-deflus la mafle de porcelaine qui étoir devenue extrêmement noire, extrêmement poreufe , & étoit fortie du creufer en quantité, on trouva un régule très-pur de $8 grains. Sa portion inférieure divifée en partie par des fentes circulaires avoit une forme hémifphérique, Er pat- deffus ce culot s’étoit fondu auili une autre hémifphère huit fois plus grofle: elles avoient toures deux la couleur & l'apparence du cobalr. La plus petite étoit un peu plus foncée. Vraifemblablement cette dernière doit être en artie un régule non fcorifié mélé de fcories très-dures. Ce régule proba- He fondu le premier n’aura point pu enfuite fe combiner exactement avec les parties qui fe feront fcorifiées. L’extérieur de la mafle de porcelaine contenoit aufli quelques grains métalliques gros & petits. Le n°. 4. On en mit fondre, dans un vafe préparé exprès, ÿ8 grains avec deux fois autant de fpath fluor. On obtint un régule de 47 grains. Sa furtace inférieure étoit très-polie & un peu noire, comme le culoe fupérieur du n°. 2, & à-peu-près de la couleur du petit culot. Sa furface fupérieure ,que couvroient les fcories , étoit inégalement raboteufe & d’un beau noir : par-deflus les fcories & principalement fur les bords des fcories fondues, il y avoit encore beaucoup de globules métalliques, Le n°. 3 fut mis à digérer dans de l’eau régale très-forte , & il s’y eft diffous : dans cette expérience il fut précipité par l’étain : la diflolution fe troubla , prit la couleur du vin de France qui devint d’un beau noir au feu comme une diflolution de vitriol martial qu’on fait chauffer: il fe dépofa auffi quelques flocons bruns qui difparurent enfin tout-à fait au bout d’une demi-heure, Tout le mêlange avoit alors la couleur du vin de Mofel : il n'avoir point changé quarante-huit heures après. On l'étendic avec de l’eau difillée , & l'alkali végétal en précipita un fel couleur de Tome XXVIIT, Pare. I, 1786, JUIN, Ggg 418 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, perle. On mêla la diffolution de platine avec la diffolution d'étain , & avant qu'elle pût prendre une couleur noire : on l’étendit d’eau & on la précipita avec le même alkali fixe. Ce précipité éroit d'un gris brun comme la chaux de fer qui furnage la diflolution de vitriol. On le fondit avec trois parties de flux dans le four à porcelaine, Il prit une couleur d'un gris clair, nuancé de noir : le précipité de couleur de perle prit aufli une couleur grife , mais plus nuancée de jaune. Plufeurs de ces rutats me paroiflent préfenter quelque chofe d’éconnant, L’inaltération parfaite de la platine purifiée & réduite n°: 1, & de la mafle de platine n°. 3, expofée tant de fois à un coup de feu aufli grand; l'infufibilité & le peu d'altération de la platine n°. & expofée au même feu gla fufñon & la (corification dans un vaifleau clos du régul® de platine n°. 2, qu'on fit fondre enfuite avec du fpath flüor, tout cela me femble merveilleux, Je laiffe à un œil plus exercé à ces fortes de travaux , & plus pénétrant que le mien, particulièrement à M. le comte de Sickingen , à expliquer ces faits. Je fuis perfuadé qu’on peut poufler ces recherches plus loin & les rendre plus inftructives. Je dois même préparer de nouvelles expériences à ce fujet , que je ferai aidé de M. Kohl. : DÉS OSRUEP T'ON Er ufage du Refrirateur Antiméphitique , imaginé par feu M. PiLATRE DE ROZIER, avec un Précis des Expériences faites par ce Phyficien , fur le meplurifme des foffes d'aifance , des cuves à bière , &c. Par M. DE L'AULNAYE. A Paris , chez Laurent, Libraire, rue de Tournon, Deffenne, arcades du Palais-Royal, N°. 216 , & fe trouve au Lycée & chez Cloufier ; 1785. : FAX Or IREAUTIT, L ES découvertes de M. Marat fur la lumière , & fur-tout les applica- tions aufli curieufes qu'utiles ; que ce Phyficien avoit faites du microfcope folaire à plufeurs objets, infpirèrent à feu M, Pilatre de Rozier l'idée de recourir à cet inftrument , pour examiner avec foin ce qui fe pafle dans les différentes opérations de la Chimie, Il penfoit avec jufte raifon, que ce SUR-L'HIST: NATURELLE. ET LES ARTS, 419 nouvel examirateur, je puis m'exprimer ainfi, lui feroit appercevoir une foule de phénomènes , qui échappent à la groflièreté de nos fens. Déjà le microfcope folaire lui avoir fervi pour reconnoître les défauts, jufqw’alors imperceptibles, des miroirs de glaces. Il voulut encore , au moyen de cet inftrument, rendre fenfibles à l'œil Les différentes pefanteurs fpécifiquès des fluides aërilormes. Pour cer effet , au volet d'une chambre rendue parfairement obfcure, il adapta un microfcope folaire, garni d'une fimple lentille de 6 à 7 pouces de foyer, & d’un pouce & demi de diamètre. À 8 ou 10 pouces du fommet du cône de lumière, il plaça deux flacons fermés de leurs bouchons, au travers defquels pafloit un tube de verre , & tels que ceux dont on fe fert pour les expériences pneumato-chimiques, Dans l’un de ces flacons, il avoit mis trois gros d’acide vitriolique affoibli & deux gros de limaille de fer, & dans l'autre les mêmes dofes de craie & d'acide. En expofant, à 1$ ou 20 pieds du microfcope , un grand chaffis de toile blanche, on voyoit fe projeter fur ce chaflis l’ombre des Auides dégagé de la limaille & de la craie, qui s’échappoient par l'ouverture des tubes. Mais le gaz inammable, comme beaucoup plus léger que l'air atmofphé- rique , s'élevoit fous la forme d’un jet ondoyant avec une rapidité incom- menfurable ; tandis que le gaz acide craÿeux, infiniment plus pefant, defcendoit à-peu-près comme une fource d’eau qui jaillit d'une fontaine, & fe répand enfuite dans les baflins deftinés à la recevoir. En tranfvafant ces fluides, les mêmes phénomènes ont lieu , & d’une nianière encore plus agréable , le chaflis paroïflant recouvert de beaucoup de nuages afcendans & defcendans. Il n’elt aujourd’hui perfonne qui ne connoiffe les effets délétères du gaz acide méphirique, Par-tout où lon rencontre fa préfence , on éprouve des érourdifflemens avant-coureurs de l'afphixie , & l’homme plongé dans cet atmofphère & privé de tout fecours, y perd en très-peu de tems le fentimene & la vie. Les foffes d'aifance, les puifards , les égoûts (1), & prefque toutes les excavations profondes recèlent ce fluide meurtrier. Si les effers du gaz méphitique font aufli redoutables que je viens de le dire , fi nous fommes fi fréquemment expofés aux impreflions malfaifantes de ce Auide, combien ne devons-nous pas de reconnoiflance aux Savans qui fe font occupés des moyens de le neutralifer. Combien fur-tout doivent (x) Le gaz acide crayeux , proprement dit , ne fe rencontre pas toujours dans les foffes d’aifance, & lorfqu’on l’y trouve, il efttrès-fouvent accompagné d’une multitude d’autres Auides aériformes, tels que celui que les ouvriers défignent fous le nom de -plomb ; & qui n’eff pas encore bien connu, Mais tous ces fluides , foit acides, foit -alkalins, Ont méphitiques, prefque tous font inrefpirables; le procédé de M. de Rozier conferve donc toujours tous fes avantages, quelque fluide que les foffes £güntiennent, à Tome XX VIII, Part. I, 1786, JUIN, Ggg 2 420 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, nous être chers, ceux qui, dans les recherches pénibles & rebutantes qu'exige ce genre de travaux , n'ont pas héfité à expofer leur vie & fe fonc généreufement dévoués pour le falut de leurs femblables. Tel fur M. Pilatre de Rozier; telles écoient fes occupations favorites, dans un âge où l’homme uniquement livré aux plailirs, n'écoute le plus fouvent que la voix des pañlions. Ce fut au milieu des émanations méphitiques , qu’il découvrit le moyen de les enchaîner , d'écarter, de rendre nulles leurs propriétés délérères. Ce fut fur lui-même qu’il tenta les expériences dangereufes qui le conduifirent à l’invention de ce procédé. Quoique les accidens occafionnés par les émanations méphitiques ne fuflent que trop fréquens , cependant on n'étoit nullement d’accord fur la caufe qui les produifoit. Quelques Chimiftes , le D. Demefte, par exemple , affuroient que'les poumons des animaux afphixiés dans le gaz de la bière, avoïent acquis une faveur manifeftement acide. Ils penfoient donc'que ce gaz s'introduit dans Les poumons, & c’eft ce qu’il importoit de vérifier, pour parvenir à reconnoître la véritable caufe de l'afphixie, M. de Rozier chercha en conféquence, à répéter les expériences indiquées par le D. Demelte; il £e tranfporta pour cet effet à la braflerie de M. Long- champ du Moulin, artifte avantageufement connu par fes lumières , & par la complaifance avec laquelle il fe prête aux recherches des Savans. Lorfque la bière, contenue dans les cuves, eut éprouvé une fermenta- tion affez confidérable pour être tranfvafée dans les tonneaux, on procéda à cette opération , & quand elle fut terminée, on s’affura , par plufieurs expériences, que les cuves à bière étoient remplies de gaz acide méphi- tique : en effet, les bougies qu’on y defcendit , s'éteignirent fur le champ, & en plongeant des vafes dans cette atmofphère, & les renverfant enfuire fur d’autres bougies, celles-ci s'éteignoient encore, comme fi on les eût recouvertes d’un éteignoir. Alors, M. de Rozier plongea fuccefivement dans une cuve des oïfeaux } des lapins & des cochons-d'inde. Ils furent tous afphixiés en moins de trois minutes. M. Sue les ouvrit aufli-rôt : leurs poumons parurent légè- rement affaiflés & un peu livides ; mais après les avoir goûtés à différentes reprifes, on ne put y reconnoîrre aucun caraétère acidule. On jeta enfuite différentes portions de ces poumons dans de la teinture de tournefol : elle n’en fut nullement altérée, malgré fa fenfbilité à paffer à la couleur rouge par la préfence du plus foible des acides. On répéta ces expériences fur des animaux qu'on ouvrit vivans ; elles préfentèrent conftamment les mêmes réfultats. M. de Rozier conferva, pendant dix heures, un lapin &un cochon- d'inde dans le gaz méphitique; mais lorfqu'il les ouvrit , leurs poumons ne parurent affectés en aucune manière par la préfence de cet acide, Enfin, ilintroduifit du gaz acide méphitique, dans les poumons d'un SUR L'HIST, NATURELLE ET LES ARTS, 421 cadavre : en moins de deux miuutes ils avoient contracté la faveur & toutes les propriétés des acides, de la manière la plus fenfble. Il paroiffoit donc certain, d'après ces réfultats , que l’aflertion du D. Demefte étoit faufle, & que le gaz méphitique ne s'introduifoit point dans les poumons. De nouvelles expériences faires fur une autre clafle d'animaux, en confirmant l'opinion de M. de Rozier , lui donnèrent des lumières fur la véritable caufe de l'afphixie. IL eflaya de plonger des grenouilles dans la cuve à bière. Elles y demeurèrent , de 60 à 70 minutes avant que de paroître complettement afphixiées, & quand on les en eut retirées, on les ranima aifément, en leur préfentant de l'alkali volatil. Des carpes ne furent afphixiées qu'au bout de fo minutes, & la feule infufllation de l'air atmofphérique dans leurs poumons , fufñt pour leur rendre le mouvement; de forte qu’en moins de 4 minutes, elles rede- vinrent aufli vivaces qu'avant l'expérience. M. de Rozier plongea au fond de la cuve une multitude d’infeétes , tels que coffus , punaïfes des bois , larves de boufier , leptures veloutés rouges, 6e. Après plufieurs heures, ces iffeétes ne parurent avoir éprouvé d'autre mal-aife qu'une forre d’engourdiffement , qu'ils perdirent bientôt lorfqu’on les eut expofés à l'air atmofphérique pendant quelque tems. Voilà, fangdoute, une différence bien frappante dans les réfultats. Des oifeaux, des lapins, des cochons-d'inde, font afphixiés prefqu’à l'inftant de leur immerfion dans le fluide ; tandis que des poiffons & des infectes réfiftent très-long-rems aux émanations méphitiques , ou n’en font même prefque point affectés. Quelle peut être ja caufe de certe différence? Il eft - évident qu'on doit la chercher dans la nature & dans la conftiution de ces animaux. Or, tout le monde fait que ceux dont le fang eft très-chaud, tels que les oifeaux & la plupart des quadrupèdes, ont un befoin de refpirer beaucoup plus fréquent que les autres, attendu que l'air qui s'introduit dans leurs poumons , s’y méphitifant très-promprement, ils font fans cefle obligés de le renouveller , pour entraîner tous les effluves qu'ils rejettent par l'expiration; ils doivent donc auffi confommer une plus grande mafle d'air. Les poiffons au contraire, faits pour habiter l'eau, peuvent demeurer très-long-tems au milieu de ce fluide, où il leur eft impoffible de refpirer. Ils font redevables de cette faculté au trou botal dont la nature les a pourvus, & qui leur permet de faire circuler Pair alternativement dans chacun de leurs poumons. Quant aux infedtes, leur puiffance eft encore plus grande à cet égard. On diroit prefque qu'ils font les maîtres de refpirer ou de ne pas refpirer; du moins eft-il certain qu'il y en a beaucoup qui paffent une faifon entière , fans laiffer _appercevoir le moindre mouvement ; le mécanifme de la refpiration eft d'ailleurs tout autre chez eux que dans les quadrupèdes, Telle eft la 422 OBSERVATIONS SÛR LA PHYSIQUE, caufe qui garantit les nymphes ou chryfalides des effets des vapeurs les lus meurtrières. Celles du poivre de Bréfil en combuftion ne les affectent nullement , & lacide fulfureux, malgré fon extrème volatilité , n'a pas plus d'action fur ces petits animaux : enfin , il n'eft prefque point d'infecte qui meure dans le vide, À D'après ces faits, il eft évident que c'eft à cette faculté de ne refpirer que rarement, & de ne confommer qu'une petite portion d'air que l’on doit attribuer la longueur du tems néceflaire, pour afphixier Les poiflons & les infeétes dans le gaz acide crayeux, & certe première propolition une fois prouvée, il fera aifé d'en conclure , que les autres animaux n’ont péri dans ce fluide , que par l'interruption de la refpiration ; qu'enfin, le gaz méphitique, qui n'a par lui-même aucune propriété délérère, n'afphixie, ne foffoque , ne tue, que comme le vide, comme l'eau & tous les fluides inréfpirables ; c’eft-à-dire , en arrêtant le jeu des poumons, & en empê- chant l'incromiflion de l’air armofphérique dans cet organe. Jufques-là M. de Rozier n'avoit opéré que fur des animaux, & quoique Puniformité des réfultats qu’il venoir d'obtenir , ne lui donnât aucun lieu de douter que ces réfultats ne fuffent les mêmes par rapport à l'homme, cependant il réfolut de defcendre lui-même dans la cuve à bière. Ni les follicitations de fes amis, ni Le danger certain qu'il prévoyoit, ne purent le retenir. Ce n’étoit que par de femblables expériences qu’il pouvoic parvenir à vaincre les émanations méphitiques, Il r'héfita point à expofer fa vie. É | Après avoir pris la précaution de paffer fous fes bras des cordes qui étoient retenues par des garçons braffeurs , il defcendit au moyen d'une échelle dans la cuve à bière. À peine fut-il entré dans l'atmofphère méphi- tique, qu'une chaleur douce fe manifefta fur toutes les parties de fon corps, & lui caufa bientôt une tranfpiration fenfible. De légers picotemens le contraignirent fouvent à fermer les yeux. Il voulut refpirer, mais une fuffocation -violente l'en empècha. Il chercha aufli-tôt les bâtons de échelle pour fortir de la cuve, maïs comme il eut quelque peine à les trouver, le befoin d’infpirer augmenta; il éprouva alors un étourdiffement, accompagné des bourdonnemens qui caraétérifent l'apoplexie. Sa rête cependant gagna l’atmofphère falubre & aufli-tôc il infpira librement ; néanmoins fa vue refta obfcurcie pendant quelques minutes , au point qu'il ne pouvoit diftinguer les objets : le fang déjà engorgé dans les veines jugulaires, avoit répandu fur fon vifage une couleur pourpre , fes jambes s'étoient affoiblies, il n’enrendoit & ne parloir que difcilement, mais tous ces (ymptômes fe diffipèrént en peu detems. Voilà donc toujours les mêmes réfüultats. Le gaz méphitique ne ‘introduit point dans les poumons, & c'eft par cette raifon même, c’eft parce qu'il interrompt les fonctions de cet organe, qu'il afphixie l’homme & les animaux qu'or plonge dans fon atmofphère, M, de Rozier répéta plulieus fois certe SUR L'HIST. NATURELLE. ETIES ARIS, 423 expérience téméraire. Tant qu'il pouvoit refter au milieu du fluide fans refpirer , il parloit, agifloit librement , & n’éprouvoit aucune incommo- dité ; vouloic-il infpirer, les fymptômes que je viens de décrire, repa- roifloient fur le champ, & en reftant plus long-rems dans la cuve, 1! y eût infailliblement péri. Non-conrent de cette épreuve dangereufe , il en voulut tenter une autre qui ne l'étoit pas moins. Îl remplit une veflie de gaz retiré de la craie par l'intermède de l'acide vitriolique; puis s'étant placé dans un faureuil , il fit tous fes efforts pour infpirer ce fluide. Il éprouva d'abord une très- grande dificulté, & bientôt après, un étourdiflement qu'un verre dau froide diffipa aifément. L'épiglotte, que de légers picotremens con- traignoient - fermer la glotte , empéchoic que les plus petites particules du fluide puffent s'introduire dans la trachée-artère. En réitérant cerre tentative , il céda fans s’en appercevoir au befoin d’avaler , & le gaz paffa fans peine dans fon eftomac. Satisfait de cette découverte, il continua à infpirer , & À produire le mouvement de la déglutition. Enfin , il avala ainfi jufqu'à cinq pintes de ce Auide, fans en reflentir la plus légère incom- modité. Seulement le gaz, en fe raréfiant dans fon eftomac, lui faifoit éprouver des naufées lévèrement acidules. M. de Rozier répéra plufieurs fois cette expérience. Le gaz qu'il employoit, éteignoir les bougies, afphixioit les animaux , ainfi nul doute fur la nature de ce fluide. Il fe fervit aufli de celui qui fe dégage pendant la fermentation de la bière, & ilen obtint toujours les mêmes réfultats. De tous les faits énoncés ci-deflus , on peut conclure: 1°. Que le gaz acide crayeux où méphitique, n'a par lui-même aucune propriété délérère. En effet, on vient de voir que ce fluide s'introduit dans l’eftomac , fans caufer le moindre dommage à ce vifcère, & il eft tout aufi probable que s’il pouvoit féjourner dans les poumons , il n’y feroit pas-plus de ravage. M. de Rozier avoit confervé pendant huit jours des poumons humains dans du gaz méphitique. Au bout de ce tems, ils ne préfentèrent aucun caraétère d’érofion , & macérés quelques minutes dans de l'eau, ils reprirent aufli-tôt toute leur foupleffe primitive, On faic d’ailleurs que le gaz méphitique eft aujourd’hui employé avec fuccès dans plufieurs maladies, telles que la phthifie pulmonaire & les affections fcorbutiques, foit qu’on le diffolve dans l’eau, foit qu'on l’adminiftre en lavement dans l’état aëriforme. 2°. Que ce fluide ne peut jamais pénétrer dans les poumons de l’homme ni dans ceux des animaux , quelques efforts qu'on fafle. Certe propofition eft fuffifamment démontrée par les expériences ci-deflus, articles $,6,7,8, 10,11,12, 13.& 14. 3°. Que c’eft à l’abfence de l'air refpirable , que l’on doit attribuer la caufe de toutes les afphixies, de quelque nature qu’elles foient. Cette 44 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, propofition réfulte évidemment de la précédente, Si l’on examine d'ailleurs l’état de tous les afphixiés , on retrouvera par-tout les mêmes fymptômes, L'in"erception de l'air produit un engorgement dans les poumons. Le D. Demefte s’eft donc manifeftement trompé, lorfqu'il a avancé que l'alkali volatil n'a tant d'efficacité dans les afphixies, que parce que, en pénétrant dans les poumons, il ÿ neutralife l'acide méphi= tique. 1°. Il eft indubitable qu'un animal afphixié n'infpire plus. 3°. L’alkali volatil, infiniment plus léger que l'air, ne pourroit defcendre dans les poumons fans une caufe déterminante. 3°. L'attration ne peut avoir lieu entre ce fluide & l’acide méphirique, puifque l'épiglotre, en fermant la glotte, intercepte entr'eux toute communication. °. L'expérience prouve que les animaux afphixiés dans l'alkali volatil réduit à l'érat gazeux, ne reçoivent intérieurement aucun arôme de ce fluide, puifque leurs poumons ne verdiflenc nullement le firop de Ale t ; $ 5°: Enfin, les Anatomiftes conviennent tous , que s’il fe formoit du fel ammoniac dans les poumons, il y cauferoir les accidens les plus graves, la délicatefle de cet organe ne lui permettant pas de fupporter une areille combinaifon. L'alkali volatil n'agit donc abfolument que comme flimulant, ainfi que le vinaigre radical, & c’eft avec la précaution qu’exigent ces fortes de remèdes qu'on doit l’adminiftrer ; car il eft fufceptible de corroder les organes auxquels on l’appliqueroit imprudemment, Quoique le gaz inflammable ou phofphore volail, ne fe rencontre que très-rarement dans les foffes d’aifance, quoique , en raifon de fon extrême volatilité & de fa lécèreté plus grande que celle de l’air atmofphérique , il occupe conftamment la partie fupérieure de ces lieux infedts , & fe diffipe facilement & en peu de tems, lorfqu'on en fait l’ouverture, cependant M. de Rozier crut qu'il étoit important d’examiner plus attentivement uw’on ne l’avoit fait jufques-là , les propriétés de ce fluide, fur-rour pour ae Popinion ridicule de quelques perfonnes qui regardoient le gaz inflammable, comme Ja caufe de l’afphixie, qu'on éprouve dans les foffes d’aifance. Perfuadé , avec M, ScAcele, que ce fluide étoit parfaitement refpirable; il avoir à combattre le fentiment de l'abbé Fontana, qui affirmoir le contraire d'après l'expérience, Le récit même de ce Phyficien eût effrayé tout autre que M. de Rozier. « Ayant eflayé, dit-il, d'infpirer du gaz + inflammable , je devins tout-à-coup pâle, les objets s’obfcurcirent à mes » yeux, les forces me manquèrent ; je tombai fur les genoux & enfuite » par terre, quoique j'eufle tenté de refpirer de l'air armofphérique ; je 22 EVINS . SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 425 » revins à moi cependant fans fecours, mais il me refta dans les poumons » une incommodité qui dura jufqu'au lendemain ». - Sans être intimidé par le danger qu'avoit couru PAbbé Fontana, M. de Rozier introduifit dans une vellie fix pintes de gaz inflammable, & fe mit à l’infpirer, Il Le fit avec la plus grande facilité & le réitéra fix à fepr fois de fuire, infpirant & expirant dans la même veflie. Enfuite ayant fait une forte infpiration , il expira par un petit tube de verre de baro- mètre; & le Auide étant allumé à une bougie , fe convertit hors du tube en un jet de flamime verte, de plufieurs pouces de long, qui embrafoit tous Les corps, vers lefquels on le dirigeoit. Cette expérience dangereufe Jui devint f1. familière , qu'il la répéta fouvent à Paris, & toujours elle excita parmi ceux qui en furent témoins, l'admiration la plus vive, le fpectacle d’un homme lançant des flammes par la bouche, étant aull merveilleux qu’agréable. Malgré ce réfultat poftif, quelques perfonnes foutinrent que le gaz inflammable n’avoit perdu fes qualités nuifibles que parce qu'on l'avoit mêlé, foit dans la vellie, foit dans les poumons, avec de l'air refpirable, Cette affertion étoit bien mal fondée , puifqu'on fait que lorfque ces deux fluides font combinés enfemble , ils produifent en s'enflammant une détonation très-confidérable. Aufli, pour y répondre d'une manière décifive , M. de Rozier combina une partie d’air atmofphérique avec neuf parties de gaz inflammable , & infpira ce mélange. À peine en l'expiranc l'eut-il enfammé, qu'il fe ft dans fa bouche une explofion comparable à un coup de piftoler. La commotion qu'il éprouva, fut fi forte , qu’il crut pendant un moment avoir les dents emportées , mais heureufement elle n'eut aucune fuite âcheufe, On a prétendu aufli, que dans cette expérience, le gaz inflammable ne s’introduifoit point réêllement dans les poumons. Les Anatomiltes peuvent feuls, ce me femble , réfoudre cette objection. Ils nous diront ft, par linfpiration , un Auide quelconque peut pafler dans un autre vifcère que la poitrine, fi la bouche & Farrière-bouche peuvent contenir deux pintes de gaz; en un mot, fi la compreffion des joues & la dilatation des poumons, qui foulèvent le thorax & les côtes de la poitrine , ne font pas un indice certain du fait avancé par M. de Rozier. IL y a au furplus, à ce fujer, une expérience décifive à faire; c’eft d'enfermer un animal quelconque, un cochon- d’inde, par exemple, fous une cloche remplie de gaz inflammable, S'il peur y féjourner à- peu-près aufli long-rems que fous une femblable cloche remplie d’air atmofphérique , on doit alcrs conclure que le gaz eft refpirable. Cette expérience mème pourroit être comparative, & fervir à évaluer les différens degrés de refpirabilité des divers fluides aëriformes, Enfin, M. de Rozier refpira quarante-quatre fois le même gaz inflam- mable enfermé dans une veflie ; fans qu’il perdit aucune de fes propriétés Tome XXVUI, Part. I, 1786. JUIN. Hhk 426 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, combuftibles, tandis qu'une égale quantité d'air atmofphérique, refpirée un pareil nombre de fois, avoit acquis éminemment tous les caractères du giz acide crayeux. Le gaz inflammable fe méphitife donc beaucoup plus difficilement que l'air atmofphérique; il paroïtroit donc prefque plus refbirable que ce dernier. Cependant il y a des bornes à tout. Un mêlange d'air atmofphérique & de gaz inflammable, refpiré trente fois, au lieu de faire explofon en senflammant, brüla à la manière du phofphore des marais, Enfin ; la même mafle d’air inflammable, refpirée cent quinze fois, -ugnrenta de pefanteur fpécifique, éteignit les bougies , altéra légèrement la teinture de rournelol, diminua de volume dans l’eau , rendit le gaz nitreux rutilant , acquit, en un mot, toutes les propriétés du gaz acide Craveux. R Convaincu par toutes les expériences précédentes , que la plupart des fluides aëriformes ne font délétères, que parce qu'ils interceptent Pair refpirable , M. de Rozier en conclut aifément, que tout procédé méca- nique qui établiroit une communication entre les poumons & l'air atmof- phérique, permettroit à l'homme de demeurer fans aucun danger au milieu de ces fluides, & fourniroit par conféquent un moyen afluré de porter de prompts fecours aux malheureux qui feroient tombés en afphixie dans les foffes, Î Il effaya donc de defcendre de nouveau dans la cuve à bière, ayant à fa bouche un tube, qui communiquoit à l'air atmofphérique. Aufli-tôc il refpira librement & fans éprouver aucune incommodité. Mais ce fuccès ne fut pas de longue durée. Au bout de quelques minutes , il reflentit une chaleur incommode dans la poitrine, & fa refpiration devint fi génée, que pour attirer l'air atmofphérique , il produifoit des fiflemens violens dans le tube : il fut même obligé de fortir profiptement de la cuve, pour évier l’afpbixie dont il éroit menacé. La raifon de ce phénomène eft aifée à concevoir. L’air qui fert à notre refpiration , fe méphitife en fortant des poumons , & fe convertir en gaz acide crayeux. Devenu alors plus pefant que l’air atmofphérique, ce fluide demeure dans l'intérieur du tube , en remplit en peu de rems la capacité, & intercepte ainfi toute communication entre les poumons & l’air refpi- rable , de forte que le danger eft toujours Le même que dans l'expérience précédente, M. de Rozier crut remédier à cet inconvénient, en infpirant par le tube & expirant par le nez, mais un autre obftacie l’arrêra. À chaque infpira- tion , le vide fe formoit dans fon nez, & alors le Auide environnant y pénérroit avec une telle rapidité, qu'il ftimuloit le genre nerveux , au point de renverfer l'homme le plus vigoureux. Ce fluide d’ailleurs, en s’intro- duifant dans l'arrière -bouche , follicicoit lépiglotte à fermer la glotre, & interceptoit encore le paffage de l'air atmofphérique dans les poumons, SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 427 La cloche du plongeur n'eft guère plus utile pour les fofles d'aifance, Outre les autres inconvéniens qu’elle prélente, les embarras qu’elle occañonne, les précaurions qu’elle exige , & fa capacité , fouvent plus grande que l'ouverture dés fofles , La rendent abfolument impraticable, Enfin, après plufeurs autres tentatives fur lefquelles 1l feroit inutile d'infifter, M. de Rozier parvint à la conftruétion de l’inftrument que je vais décrire, & -que j’appelerai: Re/pirateur antiméphitique, ABCD (fig.1, planch. 1)eft un tuyau de taffetas gommé à la sopale, de quarante-huit pieds de haut, & d'environ deux pouces de diamètre. Ce tuyau eft divifé dans fa longueur en huit parties qui s’ajuftenc à viroles, Dans l’intérieur il règne un fil de laiton tourné en fpirale , qui tient les parois du caffetas tendues, & les empêche de fe coller l'une fur l'autre. Cependant, fi au lieu de fe fervir de gomme copale, on enduifoit le tafferas de gomme élaftique , il auroit alors affez de reffort pour qu'on pût fupprimer le fl de laiton. Ce changement , adopté depuis par M. de Rozier, donne au tuyau plus de légèreté & de flexibilité. En effet, un pareil tuyau n'excède guère le poids d’une livre fept onces, En CD ef viflé un autre tuyau de cuivre EKC D coudé à angle droit, & d’un diamètre un peu plus petir que le premier. Enfin ,en EF s'ajufte un troifième tuyau K LE F qui aboutit à l'intérieur d'une pièce 1GH. Certe pièce ou étui eft creufe au-dedans & courbée en forme de nez. En effer, elle s'applique très-exaétement fur cet organe, & le défend entièrement de l’intromiflion du fluide environnant. Elle eft formée d’une feuille de cuivre très-mince, revètue dans l'intérieur d'une chenille qui s'applique fur fes bords. l Lorfque l’on veut faire ufage du refpirateur , on s'applique fur le nez la partie IG K LH & on l'y fixe au moyen d'un ruban qui pañle dans l’anfe MN & va fe nouer derrière la tête. Alors on defcend dans la fofle, à Pouverture de Jaquelle doit être fixée l'extrémité A B du tuyau de tafetas, de manière à fe trouver au milieu de l'air atmofphérique. ON 1NSPIRE PAR LE NEZ , ET L'ON EXPIRE PAR LA BOUCHE , quon a foin de tenir fermée lorfqu'on fait l'infpiration, q: Tel eft l'appareil fimple & ingénieux qu'imagina feu M. de Rozier,, pour fouftraire l'homme à l'action dangereufe des fluides méphitiques, Il fic avec cer inftrument les expériencesdes plus pénibles, les plus longues & en même-tems les plus probantes, Ii les fit répéter par le fieur Héguem- bourg , fon premier garçon de laboratoire, rempli d'honnéreté, de zèle & d'intelligence. Ils deméurèrent des heures entières au milieu des émanations méphitiques , & roujours ils obtinrent les rélulrars les plus fatisfaifans. Il n'eft en effet perfonne qui, d'après rour ce que j'ai expolé ci-deflus,.ne conçoive ajfément l’infailibilité d’un pareil procédé. Le fluide méphitique ne peut agir-en aucune manière fur l'organe de la sefpiration, puifqu'il ne peut pénétrer, ni dans le nez, ni dans la bouche, Tome XXVIIT, Part, 1, 1786. JUIN. Hhh 2 428 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, L'air atmofphérique , au contraire, s'introduit avec facilité dans le nez & de-là dans les poumons : enfin , le gaz acide crayeux, rendu par l’expira- tion , fe répand dans l’atmofphère méphitique & s’y noie. Les fluides que l'on rencontre dans les fofles d’aifance, étant quelque- fois de nature à agir très-promptement , par cette multitude de pores qui. font à la furface de la 'peau ,’il convient alors de fe revêtir d’un habit de toile enduite de gomme élaftique; cet habit doic être d’une feule pièce, avec les bas , les manches & les gants. C’eft une efpèce de fac, dans lequel on entre, & qui fe ferme à coulifle fur le col. Le nez du refpirareur doit s'adapter à un mafque qui couvre parfaitement le vifage, & qui foit garni de deux lunettes , pour garaïtir aufli les yeux du contact du fluide. La rête enfin doit être recouverte d'un capuchon. Avec ces précautions on ne fera jamais incommodé de l'aétion des fluides envi- ronnans, de quelque nature qu'ils foient. Comme quelques perfonnes ont:trotivé lation d’infpirer par le nez & d'expirer par la bouche, un peu compliquée, & demandant une attention continuelle , comme d’ailleurs il peut arriver que les conduits du nez, obftrués par des humeurs , ne permettent nullement de refpirer par cet organe , M. de PAulnaye a imaginé un nouvel appareil, ou plutôt une modification de celui de M. de Rozier. Cer appareil peut s'appliquer fur la bouche, fans qu'il en réfulte les inconvéniens cités ci-deflus. ABCD (fig. 2, planch. 1) eft un tuyau de taffetas, abfolument femblable à celui de M, de Rozier. C D EF eft un tuyau de cuivre, coudé à angle droit & viflé en CD. Enfin, EKPNMF eft un troifième tuyau aufli de cuivre, terminé par une coquille KP MN, femblable pour la forme à ces petits vaifleaux , connus fous le nom d'æillére, parce qu’ils fervent à baigner l’œil. Certe coquille s’applique exactement fur la bouche, & doit être adaptée à un mafque qui recouvre entièrement le vifage, & dont le nez foit toralement fermé. A-peu-près à deux pouces des points K & M eft fixé au-dedans du tuyau un cercle de cuivre IL d'environ fix lignes de largeur, & fur lequel eft attachée une foupape très-flexible G , fufceprible de s'ouvrir avec la plus grande facilité du côté KM , fous un angle d'environ trente degrés. Entre cette foupape & les points KN eft pratiquée fur le côté fupérieur du tuyau une autre foupape H, que l’action d'un petit reflort O tient conflamment fer- mée, & qui oppofe par conféquent une petite réfftance pour s'ouvrir. Pour faire ufage de cet inftrument, on fe couvte le vifage du mafque dont je viens de parler , la coquille KP MN étant appliquée fur la bouche. Alors fi l'on infpire, le vide fe formant dans la partieIKP LMN, la preflion de l’air contenu dans ACFEDB, force la foupape G à s'ouvrir, & donne paflage à l'air atmofphérique, Lorfqu'on expire, au contraire , l'action repouflante du fluide qui fort des poumons , ferme Ja foupape G, force celle H à s'ouvrir, & le fluide méphitifé fe répand « sc SUR, L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 429 dans l’atmofphère de la foffe, La petitesrortion qui pourroit relter dans ILMK, ne fera jamais affez confidérable pour interceprer la refpiration. Ainfi, l'on pourra , avec cet appareil, infpirer & expirer par la bouche, fans être aflujerti à aucune précaution , & fans qu'il en réfulte le moindre inconvénient. SUITE DES EXTRAITS DU PORTE -FEUILLE DE L'AIBBÉ DIC'QUEMARE. IRAN BNT) FÉEUULTEINE E = Lorsour l’on commença à obferver ces édifices celluleux qui par la variéré & la grace de leur forme générale , la régularité & la configu- ration de leurs cellules , la beauté de leurs couleurs, &c. font l’une des plus agréables productions de la nature & l’un des plus beaux , des plus folides ornemens des cabinets ; on crut que c’étoit des pierres vépétantes, & on les regarda enfuire comme des plantes pierreufes. Quoiqu'on ait reconnu par l'obfervation , & mieux encore par l’expérience, que leur formation eft due à une quantité innombrable de petits animaux , il fe trouve encore entre les amateurs qui forment des collections, des hommes affez peu inftruits fur ce qu'ils pofsèdent, pour douter de cette vérité. Je crois que la forme précife d’un grand nombre n’eft pas encore connue , ni même celle des logemens que fe conftruifent les diférens animaux de cette grande clafle. ‘C'eft ce qui me détermine à faire connoître quelques-uns de ces édifices (1) & de leurs architectes. Ces travaux d'infeétes marins font connus fous le nom générique de polypiers, & les animaux qui les forment défignés par celui de polypes. On reconnoîtra peut-être un jour que ce nom n'eft guère propre à des animaux qui n'ont point de pieds. Dans la néceflité d'en impofer un à ceux que je découvre, je préfere celui qui me femble convenir à l’animal & non à fon logement. Dans les cabinets où l’on ne voit que l'ouvrage des infeétes marins & leurs parties les plus folides, on s'accommode mieux du nom qui les défigne ; mais ceux qui contemplent les objets dans toute leur intégrité & chacun en fa place, préféreront celui de Panimal. Les infeétes marins que j'ai découverts préfentent, je crois, des modèles différens de ceux qu'on trouve ailleurs que dans les mers que je fréquente; (1) I ne fera ici queftion que d’un. 4350 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, tel eft celui donr ja vais donnef la figure, & que je nomme Bifeuille , parce qu'il eft formé comme une branche rerminée par deux feuilles. La première chofe qui me frappa fut l'édifice commun de plufieurs de fes colonies dont je ne dônne ici qu’une partie fufifante pour le caractère. Leur enfemble occupe une des planches de mon portefeuille. La figure première repréfente , l’une des rofettes que forment les 8Bfeurlles. Quoiqu'un peu tranfparente elle eft naturellement d'un très-beau blanc. Différence en cels de la plupart des polypiers qui n'acquièrent que par la préparation leurs belles couleurs. Comme on le voit, certe rofette eft compofée de tuyaux ronds un peu plus gros à l'origine qu'au bouc, dirigés du centre vers la circonférence, & placés l'un fur l'autre comme les pétales des rofes , feur inclinaifon eft peu confidérable; elle fuit néan- moins pour rendre ovale leur ouverture qui eft tranchée horifontalement & avec quelques irrégularités. Tout ceci eft fi petit qu'il n'eûc guère été polible de les repréfenter de grandeur naturelle, De chacun de ces tuyaux blancs fort un tube tranfparent, flexibles évafé par le bout, & qui reflemble au col des vafes lacrimatoires des anciens, Voyez les {7.1 &2, planche à, cette efpèce de foureau eft d'un verd foncé comme celui du laurier-franc. On voit detems en rems fortir de fon intérieur, & beaucoup au-dehors, une tige aufli cranfparente & de même coûleur, rerminée par un bouton en pointe moufle qui fe déploie comme deux feuilles, f£g. 2. Si l’on touche ces feuilles, elles fe ferment, & la tige qui les porte, en fe raccourciflant fe retire dans le fond du tube, avec une vivacité fur- prenante, & femblable à celle des vers à tuyau. Il n'eft pas néceflaire d'y toucher pour les. voir fe retirer ainfi & faire différens mouvemens qui , joints à la fabrication du logement & aux exemples que nous avons'en grand, nous font encore reconnoîtreäci l’animalité cachée fous une forme nouvelle & des plus fingulières. Il n’eft point rare de rencontrer des hommes qui ne faifant pas d'expériences , qui n’obfervant même que fuperficiellement , inférent de ces découvertes fairés dans le règne animal, que tout eft animé dans la nature ; cette méprife eft l'effer ordinaire de l'embarras où ils fe troyvent de reconnoître la ligne de démarcation qui exifte entre les règnes; mais l'heureufe habitude de joindre les expériences aux obfer- vations rend cette ligne toujours diftincte. Toujours l'être animé fe décèle d'une manière non-équivoque ,. & les objets ne fe confondent que pour Les vues trop peu exercées, D C7 | | | . ! | SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARIS. 431 OBSERVATIONS QUI PEUVENT SERVIR A L'HISTOIRE-NATURELLE DU DaAuPin | OÙ PAPILLON - CRÉPUSCULAMRE ; Par M. le Chevalier LE FEeBURE DES HAYES, du Cercle des Philadelphes (1), Correfpondant du Cabinet du Roi. Delphin, five papilio crepuferlarius., dipterus, corpore craflo, fubfufco & pilofo , proboitide incuryÂ, antennis demifis , alis pendentibus & oculo unico ornatis, caudà fupernè porre@à & form caudæ delphini marini fimili, &c. Ox a toujours regardé la diftribution de chaque genre d'animaux , en nocturnes & en diurnes, comme la plus fimple & la moins fafceprible d’exceptions, parce qu'on n'a pointimaginé qu'il püt y avoir quelqu’efpèce exempte de cette loi générale: cependant il n'eft plus pofible de révoquer en doute qu'il en exifte. Nous en préfenrons ici une qui prouve par fa manière de vivre , que la nature ne s’aftreint point abfolument à fuivre les règles que les hommes lui fuppofent quelquefois : c’eft celie dont nous avons nommé les individus dauphins ou papillons crépufculaires (planche 2, fig. 3). On pourra juger par les dérails dans leéfquels nous allons entrer, fi nous avons été fondés à faire cette réflexion. Il y a dans le moment où nous couchons nos obfervarions par écrit (mars 1782 ) un grand nombre de ces papillons dans les montagpes ; ils portent tous un caraéière qui, quand il y auroit de la reffemblance dans la figure , fufroit pour les diftinguer des autres papillons. On ne voit celui-ci que depuis le coucher du foleil jufqu'a la nuit férmante, & depuis le point du jour jufqu’au foleil levant : ail , à la rigueur , il ne peut être compris dans la cliffe des papillons de jour ri ‘dans celle des papillons de nuit où phalenes. Aufli-rtôt que le foleil commence à paroître fur l'horifon, & jufqu'à ce qu'il s’enfevelifle dans le fein des mers, cet infecte fe vient caché, & il ne fe montre en aucun endroit; il en eft de même pendant toute la durée de la nuit. Son exiftence (:) Le Cercle des Philadelphes eft V Académie des Sciences & Belles-Lettres de la Colonie Françoifé de l’ifle Saint-Domingue, Ce Mémoire nous a été communiqué par Mademoifelle Le Maflon-le-Golft , de 1a même Académie. A … : 432 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, journalière n’eft donc, pour bien dire, que d'une heure le matin , & autant le foir, ce qui fe rapproche beaucoup de celle des infeéles éphc- mères. On feroit fort embarraflé s’il falloir indiquer au jufte le lieu qu'il choifit pour pafler les onze douzièmes de la journée, & ce qu'il y fair. Il vit probablement dans la folitude, & peut-être dans une efpèce de fommeil continuel , parce que fes yeux qui font grands & faillans ne peuvent poinc fupporter l'éclat du foleil, & parce qu'ils ne font pas conformés de facon à pouvoir agir fans le fecours de la lumière douce du crépufcule (r). Cette conformation de l’organe vifuel paroïr analogue à celle que lon fuppofe affez gratuitement aux yeux des Albinos ou MNégres blancs, & demanderoit à être examinée par les Swamerdam de notre fiècle. La vie fédentaire & retirée que mène ce papilion femble- roit devoir lui mériter le furnom d’Aermire. Nous avons préféré cependant de lui appliquer des dénominations qui euffent rapport à fa figure, ou qui défignaflent fon caraétère particulier , afin de le rendre d'autant mieux reconnoiffable : telles fonc celles de dauphin & de papillon cré- pufculaire, En effer, la forme du corps prife dans tout fon enfemble , reffemble beaucoup à celle du dauphin de mer. L'abdomen au lieu de fe trouver dans l'alignement de la partie antérieure , comme il eft aflez ordi- naire (2) dans cette clafle d'infeétes, eft recourbé en deflus par cette extrémité, laquelle fe termine exactement de la même manière que la queue du dauphin , c'eft-à-dire, par deux efpèces de nâgeoires arrondies, 11 y a en outre une petite queue velue & droire qui fort du milieu de ces deux lobes ou ailerons. Lasrêre, à l'exception des yeux qui fonc trèss gros , & des lèvres qui ne fe relèvent pas en bourrelet, reffemble encore, ainfi que le dos, à la tète & au dos de ce poiflon , du moins fi on s'en rapporte à la figure que les peintres en donnenr. Nous nous fommes aflez expliqués fur le caradtère particulier de notre papillon ; on n'aura conféquemment pas de peine à concevoir d'où lui vienc le furnom de crépufculaire. Le papillon dont il eft ici queftion ; a environ douze ou quinze lignes de longueur , fur trois de largeur & quatre d'épaïfleur dans fes plus LR CT TT AI ŒIL LR NE TON INT RE TT TON TT LRU a LIN TA ee 12) (x) Si cette conjedture eft vraie, comme elle paroït plaufble . quelle moiflon #bondante les oifeaux , les lézards , les rats, les chauve-fouris, &c. doivent-ils faire aux dépens de-cette malheureufe efpèce , pendant la courte durée de fon exiflence , à moins que la nature ne lui ait donné l’infin& de fe mettre à l’abri de leurs infultes ! (2) y en a dont le corcelet forme par-deffous avec la partie poftérieure du corps, un angle rentrant plus ou moins aigu; c’eft-à-dire , que cette partie eft en quelque facon pendante : c’eft tout le contraire dans le papillon dont il ef ici queftion ; elle (e relève par l'extrémité , comme dans les perce-oreilles & dans quelques autres infectes, grandes SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 433 * grandes dimenfions. I} eft couvert d’un duvet qui imite le poil & qui eft même aflez long fur le dos & à la naïiflance des ailes. La couleur de Y'infeéte tire fur le brun, mais elle eft plus foncée fur la tête, fur le dos & für les aîles : celle du deffous du corps paroît plus claire & plus grisâtre. Il n’y a*qu'une aîle de chaque côté: c'eft encore un attribut particulier au dauphin. Les aîles d’ailleurs font découpées & anguleufes au bout de prefque toutes les nervures. Il y en a huit principales beaucoup plus longues que les cinq autres, & qui forment en quelque façon l'aile fupérieure : du moins elles équivalent à la grande aîle des phalenes. Les cinq nervures plus petites tiennent lieu de l’aîle inférieure; mais Le tout eft contigu & ne Pie qu'une feule aîle. Cette difproportion dans les grandes & petites nervures, occafionne une efpèce d'échancrure à angles droits vers le milieu de chaque aîle. Les aîles font traverfées à la hauteur de la jonction du corcelec avec l'abdomen, par une petite bande double & de couleur jaunâtre. Vers l’extrémité de cetre bande il y a un petit œil brun entouré d’un cercle rougeâtre, Les aîles traînent de part & d'autre ; elles m'ont paru difpofées à-peu-près comme celles du poiffon volant. Leur extrèmité , lorfqu’elles font en repos , ne dépaile pas Le bout de la queue. La tête eft aflez groffe : le front defcend verticalement. Ce papillon porte, comme les phalénes , une trompe qui fe recourbe fous le menton, Au-deflus des yeux il y a deux antennes qui fe placent de chaque côté fous les aîles, au lieu d'être relevées & étendues comme dans les autres infectes. Elles ne font pas longues, mais elles font compofées d'un grand nombre de très-petits anneaux qui par leur arrangement à la file les uns des autres , reflemblent affez aux pas ou filets d’une vis extrêmement fine. La partie fupérieure des antennes eft d’un brun rougeûtre, & le deffous tire fur lé jaune. Lesyeux qui occupent tous les deux côtés de la face , font prefque ronds & de couleur brun-rouge. La partie poftérieure du corps ou l'abdomen eft divifée en fix anneaux ; fans compter celui d'où part la queue. Les deux derniers porcent chacun rois marques blanchâtres, une au-deflus & une de chaque côté (1). Les Téparations des anneaux fe diftinguent par un petit filer couleur de rouille, On voit foûs le ventre une ligne longitudinale jaunâtre qui prend depuis le corcelet & qui fe termine à la petite queue velue. Certe efpèce de papillon fait ufage pour marcher , de fix pattes brunes très-fines, fur-tout en approchant des extrémités , & armées par-deffous (1). Nous n'avons point examiné fi les marques latérales ne défgnoient pas des trachées. Un voyage entrepris pendant letems que ces papillons abondoient chez moi , eft caufe que je n’ai pas pouflé plus loin mes obfervations à leur fujet ; il n’en paroifloit plus à mon retour. Tome XXP II, Part. I, 1786. JUIN, lii 431 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, près des articulations , de petites dents ou pointes ; mais elles n'ont pas des crochets aigus. Le dauphin eft maffif, lourd & très-fort: fon vol refflemble pour la virefle à celui de l’os/eau-mouche ; il fait d’ailleurs autant de bruit. Une conformité que le papillon a encore avec l’oi/eau-mquche, c'eft de fe nourrir comme lui du fuc des flèurs d'oranger , de chadec, de bigarra- dier, &c. Aufli quelqu'un qui n'eft pas pourvu de bons yeux, peut-il Sy méprendre facilement. Je m'y fuis trompé à plufieurs reprifes, & je ferois fans doute encore dans l'erreur, f je ne me fufle point afluré de la vérité , en faififfant quelques-uns de ces papillons que je prenois bonne- ment pour des oifeaux-mouches. De grand matin & le foir après le coucher du foleil, les orangers en font couverts depuis plus de quinze jours : c’eft à ces deux époques de la journée que l’on entend autour de nos orängers fleuris, un bourdonnement aflez confidérable qui eft occalionné pat le vol de ces dauphins. On obfervera que ce vol a non-feulement de la rapidité ,mais qu'il s'exécute en rond, en ferpentanr, de haut en bas, + & dans tous les fens avec une vitefle extrême, & fuivant l'inrention de l'infete. Nous croyons que la forme de la queue contribue beaucoup à faire prendre au vol une direction plus ou moins inclinée à lhorifon, & plus ou moins circulaire , fuivant les circonftances , comme la queue des paffons & des oifeaux détermine la marche & le vol de ces deux genres d’animaux. x s $ Nous n'avons pu nous aflurer fi le dauphin fe fert de fa trompe pour pomper le füc des Heurs, & fi, comme les abeilles, il emporte avec le poil, fes crochets & les pointes dont fes pattes font garnies, la pouflière des étamines & la fubitance miellée que renfèrme le reéZaire ; mais dans le Ÿrai , à quel ufage employeroir-il ces tréfors ? IL paroït bien plus naturel de penfer qu'il ne voltige autour des arbres fleuris , que pour en tirer l'aliment qui lui convient, & qui eft propre à le fuftenter. à Je n’ai pu favoir encore fi ce papillon eft connu ailleurs que dans nos montagnes , où il abonde foir & matin depuis la Aeuraifon des orangers, fans qu'on fe foit apperçu.jufqu'à ce moment-ci, d'aucune diminution dans le nombre. Je n’ai point découvert non plus, où il fait fa ponte, ce ui en réfulte, & d’où il provient. Peut-être la chrifalide d'où fort le Aéhin , eft-elle curieufe, ainfi que la chenille qui a été le premier érat de cet infecte. Comment-donc pouvoir parler des amours de notre papillon ® Les hafards joints à l’obfervation , nous procureront probablement quelque jour la connoiffance de toutes ces particularités, & de beaucoup d’autres auffi intéreffantes. Pour lors nous pourrons traiter avec plus d'étendue lhiftoire du dauphin ou papillon crépufculaire ;. mais en attendant , Famour du vrai nous empêche d’expofer des conjectures qui pourroient être démenties par des faits. SUR ,L'HIST. NATURELLE ET LÈS ARTS. 435 EXPOSÉ. SÜ-C-CINCT DU VOYAGE DE M DESFONTAINES. La CADÉMIE , en 1783 , avoit envoyé M. Desfontaines pour vifiter Le côtes de la Barbarie, & y faire des obfervations relatives aux différentes parties de l'Hiftoire Naturelle. M. Desfontaines s’eft’empreflé ; à fon re- tour , de faire part à fa Compagnie du réfulat de fes recherches: IL à parcouru , pendant plus de deux-ans , les Royaumés d’Algerl& de Tunisÿ & les coptrées ‘voifines , & c’efk dans ce pays; malheureufement trop célèbre par les pirareries. & les. brigandages de fes habitans ; qu'un favant paifble vient de fignaler fon zèle & fon amour: pour les fciences; par d'innocentes conquêtes, en y recueillanc Les tributs des trois règnes de la Nature. | i< |: M. Desfonraines s’eft attaché à ramafler le plus grand nombre:d’in- fectes qu'il lui a été poffible, Il obferve lui-même , dans fon Mémoire , que l'étudeide cette partië de la Zoologie-eft infiniment :curieufe. La diverfité de leurs formes , leurs inclinations, leurs rufes , le mécanifme de leur ftrudure fi différente de.celle des autres animaux ,\& qui raflemble tant d’organes divers dans un point fouvent. prefqu'imperceprible , :touc femble nous dire que fi la fagefle fuprème n’a pas jugé indigne d’elle de foigner ; en quelque forte.;-la-conformation de -ces-perirs) êtres ,“its méritent d’intérefler l'homme & de fixer fon attention. M. Desfontaines a expofé fous les yeux de lAéadémie|, dans {a féance du 1 avril , {a collection d’infectes , qui monte à près de quinze cens, tous très -bien bien confervés , & dont le plus grand-nombre , de l’aveu des plus ha- biles Infectologiftes , n'ont pas encore été décrits. AS: ; Parmi près de deux mille plantes qué M."Desfontaines a recueillies en Afrique , il y en a environ douze cens , dont des unes font fort rares & les autres inconnues. Il a de plus ramaflé beaucoup de graines qu’il a données en partie à M. Thouin, jardinier en chef du Jardin du Roi, & aujourd'hui nrembre de l’Académie , & en partie à différents Culri- vateurs de cette Capitale, Plufieurs de ces graines proviennent de végé- taux intére{lans par. Jeursiufages; rel eftl-entr'autres:, ‘le chène appellé Ballote; par les zarabes:;. dône les fruits, auli dobx que:ceux du châcai- gnier ; font la:noutriture! d'un grand: nombre des.habirans de l'Atlas , & fervent de plus: à:faire dé l'huile. Tel eft encore.le Rhamnus Lorus, efpèce de jujubier fauvage ; dont les: arabes manbent le fruit : ils en font. aufli une liqueur-agréable,&-rafraichiffante, Schaw penfe que c’eit le lotus des anciens , cet arbre fi célèbre dont les lotophages , peuple Tome XXVI, Part, I, 1786 JUIN, lii 2 436 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, de la Lybie, avoient emprunté leur nom. Ses fruits avoient un goût fi délicat, qu'Homere a feint ; dans POdiflée (r), que les compagnons d'Ulyfle, après en avoir mangé, vouloient renoncer à leur patrie pour fe fixer parmi les lotophages, TE LS Le voyage de M. Desfontaines contribuera aufli aux progrès de l'Or- nithologie , tpüifque fur quarante & quelques efpèces d'offeaux qui fe trouvent dans fa colleétion , il n’y en a qu'un-petit nombre dont ik ait reconnu les defcriptions dans les différens auteurs qui ont écrit fur cette partie. Il a de plus rapporté trois quadrupedes vivans , favoir : un chacal , une hyene & un finge pitheque , qui eft une efpèce qu'aucun Naturalifte moderne n’a encore décrite avec les détails convenables, æ Cet animal , dit M. Desfontäines , eft très- familier & ne mord jamais, » la frayeur fe peint fur fon vifage ; il annonce fa joie , fes craintes , fes’ » defirs & diverfes autres affetions par des cris qui font faciles à diftin- » guer ». D’autres quadrupedes ont été empaillés avec foin, & M. Desfontaines y a joint des peaux de lion, de panthere, de caracal, &c. Certe partie de fa colle&ion offre aufli quelques efpèces nouvelles, & des variétés intéreffantes de celles qui font connues. Enfin on voit dans cette riche colle&tion plufieurs coquilles pétrifiées, & d’autres efpèces de foffiles, avec une fuite de minéraux, dont la plu- part , fans fr rien d’abfolument rare , ferviront du moins à completter Phiftoire que ce favant fe propofe de donner de fon voyage, dans plufieurs Mémoires qu'il deftine pour Les féances de l'Académie, LETTRE A M INGEN-HOUZ, SUR LA DÉCOMPOSITION DE L’EAU; Par M: ADET, M, P. Neue. J'ai lu dans le cahier d'avril ; du Journal de Phyfique, une lettre que vous a écrite M. l'abbé Fontana. Ce favant vous y fait part de nouvelles expériences , qu'il a tentées pour s’afurer du changement que l’eau peut éprouver ,-fi-on la fait pafler à travers un tube qui neft point incandefcent. Plufeurs perfonnes ont cru qu'on pouvoit en tirer (1) Livre 7, SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 457 des conféquénces contraires à la théorie de MM. Lavoilier & Meufnier, fur la décompofition de l'eau. Mais en comparant les expériences faites par les deux chimiftes françois , avec celles de M. Fontana , il eft ailé de voir qu’elles ne font pas les mêmes , & qu'elles ne pouvoient pas par conféquénr fournir le même réfultat. Dans fes derniers eflais, M. Fontaria n'a donné que trois cens cinquante degrés de chaleur , au plus, à fon tube de fer , qui s'eft crouvé percé de CHE trous , après l’expé- rience. Mais il eft néceffaire que la chaleur foit portée jufqu'au degré de l'incandefcence , pour la décompofition de l'eau ; à un moindre degré, le fer ne peut s'emparer rapidement de fon air vital, ainfi on ne doit point être étonné fi M. Fontana a obtenu feulement de l'air athmofphé- rique au lieu de gaz inflammable. On m'objectera peut-être que la chaleur ne contribue en rien dans cette expérience , puifque M. Lavoifier à la feule température de l’atmofphere, a décompolfé l'eau diftillée, en la renant fur le mercure en contact avec une certaine quantité de limaille de fer. Cette objeétion ne feroit nullement fondée , car vous favez , Monfieur , que les degrés d’afñinité augmentent ou diminuent en raifon des degrés de chaleur , & que art produit rapidement dans nos laboratoires , des phénomènes qui ne font opérés par la nature , qu'après un long efpace de temps. L'eau qui s'évapore lentement , & d'une ma- nière infenfible, à $ degrés au-deflus de o, fe diflipe promptement en vapeurs à 80°. Il me femble, d'après ces réflexions, qu’on ne peut rien déduire des nouvelles expériences de M. Fontana contre la théorie de MM. Lavoifier & Meufnier. Je ne crois pas même qu’on puifle s'appuyer für les conféquences que ce favant a tirées contre la décompofition de l'eau , des expériences qui ont été imprimées dans le Journal de Phyfique, de feptembre 1785. Ses procédés , dans ce dernier cas , font les mêmes que ceux de MM. Lavoifer & Meufnier , auffi ont-ils préfenté le même réfultat. Les fils de fer que M. Fontana avoit mis dans un canon de cuivre roupi au feu , fe font trouvés aufli fragiles que le verre , aprés avoir été expofés un certain tems à l’action de l'eau réduire en vapeurs, leur furface étoit luifante & préfentoic des grains extrémement fins. Ces grains examinés plus attentivement, étoient des pyramides à quatre faces, - quelquefois réunies bafe à bafe. Donc le fer étoit calciné & criftallifé ; donc il fe trouvoit combiné avec de l’air vital. Mais où fe trouvoit cet air vital ? Il étoit uni avecle gaz inflammable, & conftituoir l'eau par fon union avec la bafe de ce fluide élaftique 3 ’eft ce que je vais tâcher de démon- trer en faifant tous mes efforts pour prouver que les conféquences que M. Fontana tire de fes expériences, ne font pas exaétement déduites. ZZ n'efl pas prouvé, fuivant ce Phyficien , que le gaz inflammable foit un des principes conflituans de l’eau. Cependant, ce me femble , rien n'eft plus facile à faire voir. En effet, du gaz inflammable & de l'air vital, étant combinés enfemble à l'aide de l'étincelle électrique ;.lorfqu'ils fe 438 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, trouvent extrèmement purs , ne donnent que de l’eau. Plufeurs chimiftes; il eft vrai, ont nié la compofition de l’eau , à l’aide de lunion du gaz inflammable & de l'air vital, parce qu'il leur paroifloit impoffible que deux fluides élaftiques puflent produire un liquide ; mais quand M, La- voilier a dit que le gaz inflammable & l'air vital formoiènt de l'eau par leur combinaifon , il a enrendu que c'étoient feulement les bafes de ces deux fluides élaftiques , unis encore à une certaine quantité de matière de la chaleur. D'autres ont foutenu que l’eau qu'on obtenoit-:par la combuftion du gaz inflammable avec l'air vital étoit fimplemenr dégagée de ces fluides élaftiques , & qu’il réfultoit de leur combinaifon , de la mofette & de l'acide crayeux. Mais cette affertion n'eft fondée que fur un défaut d’atcention. En effet on s'eft prefque toujours fervi d'air vital, retiré du mercure précipité rouge , ou du nitre; mais il contient de la mofette qui fe dégage fur la fin de la diftillation. M. Cavendish a com- Pofé l’eau en uniflant avec du gaz inflammable plufieurs efpèces d'air vital , & il a remarqué que fon eau étoit mélangée d'acide nitreux , routes les fois que fon air vital contenoit de la mofette. Si on trouve dans l'eau formée par la combinaifon du gaz inflammable & de l'air vital , une petite quantité d'acide crayeux , il ne peut être produit que par un peu de charbon du fer tenu en diffolution dans le gaz inflammable. M, Bercholler a prouvé que le gaz inflammable , obtenu par la diflillation des fubftances végétales & animales , contenoïit toujours une certaine quantité de charbon ; on peut éviter d’avoir de la mofette pour réfidu , fi on fe ferc d'air vical retiré par la diflillation de la manganèfe pure. J’ai vu plufeurs fois brüler dans Peudiomètre de Polra du gaz inflammable, à l’aide de l'air vital pur , fans qu'il reftât aucun réfidu. M. Monge qui , à Mezieres , travailloit à la compofition de l’eau , dans le même tems où M, Lavoiler s’en occupoit à Paris , & M. Cavendish à Londres, obtint de l’eau chargée feulement d’un peu d'acide crayeux , parce qu'il s’étoit fervi d’air viral très-pur , & de gaz inflammable charbonneux , dégagé de l’eau par la diffolution de l'acier dans l'acide vitriolique. Il n'efl pas prouvé, dic enfuire M. Fontana , que l'augmentation de' poids du fer foit die à Lair vital. W vous eft aifé cependant, Monfeur, de vous en aflurer. Si dans une cornue on expofe à l'action dé Ja chaleur, un métal avec un Auide élaftique qui ne contienne pas d'air vital, tel que le gaz alkalin, la moferte, le gaz inflammable , &c. quelque degré de feu qu'en lui donne ‘on ne parviendra jamais à le calciner; mais fi.on met une quantité connue de fubftance mérallique dans une cornue dont le col foit rerminé par un tube recourbé qui traverfe ou l’eau ou le mercure pour aller fe rendre dans une cloche remplie d’air vital , à mefure que vous donnerez de la chaïeur au métal , vous verrez le volume de L'air vital diminuer dans la eloche, & l'eau ou le mercure, s'élever en taifon directe de fa diminution. Si vous avez gradué La cloche où ÿ SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 439 votre air viral étoit contenu , fi vous connoïflez à quel poids correfpond un Certain nombre de degrés d'air vital que vous voyez abforbés , pelez le métal renfermé dans la cornue ; lorfque Pabforption fera ceflée tora- lement, il fe trouvera augmenté d'un poids égal à celui de l'air vital qui a été abforbé , & il paroîtra fous la forme de chaux. La fynthèfe prouve donc que la chaux d’un métal neft autre chofe que ce métal uni à l'air vital ÿ mais l’analyfe confirme aufli ce fair. Piulieurs fubftances métalliques , relles que la platine, l'or, l'argent , le mercure, &c. qui fe combinent avec l'air vital , à une température médiocre, Le laifent échap- per, fans aucun intermede , à un degré de chaleur plus confidérable , & fe trouvent révivifiés ; d’autres, comme le fer, le plomb , ne paflent à l’état métallique, que quand on les adiftiliés avec du charbon, On obtient alors pour produit , de l'acide crayeux feulement , quand le charbon eft bien fec. Or nous favons que routes les fois qu’il y a de l'air fixe de produit, il y a toujours de l'air vital qui s'eft dégagé pour fe porter fur le charbon & former ce fluide élaftique; car M. Lavoifier ayant mis dans une capfule une quantité connue de charbon, fous une cloche qui plongeoit dans le mercure , & ayant fait monter le mercure jufqu'au fommet de la cloche, en abforbant l'air à l'aide d'un tube recourbé ; fit entrer à fa place une quantité connue d'air vital. 11 alluma enfuite le charbon au foyer d'un miroir ardent, La combuflion fut rapide , & le mercure monta prompte- ment dans le récipient : après que l’abforption fut ceflée, M. Lavoifier pefa le charbon mis en expérience, & il trouva fon poids fenfiblement diminué ; l'air vital avoit été abforbé en grande partie, & M. Lavoifier trouva dans la cloche le fluide élaftique qui éroit connu fous le nom d’air fixe, d'air méphirique , &c. Son poids égaloit le poids de l'air qui avoit été abforbé, plus celui dont le charbon étoit diminué. M. Lavoifier vit que les quantités d’air vital & de charbon dans l’acide crayeux étoient :: 72: 28. On retire donc l'air vital qui fe trouve uni aux métaux pour les conftituer dans l’état de chaux , d’un côté à l’aide de la chaleur , & de l’autre à l’aide du charbon. Il eft probable qu’on les révivifieroit tous fans intermède, - fi on pouvoit donner un degré de chaleur afez confidérable à ceux qui ne reviennent à l’état métallique que quand on les diftille avec du charbon. IL n’efl pas prouvé, ajoute le célèbre Phyfcien de Florence, que le gaz inflammable ne puiffe ‘étre un produit du fer vni à la vapeur de Peau. On pourroit danc conclure d’après cela, que toutes les fois que l'eau fe trouve formée par l'union du gaz inflammable & de l'air vital , en devroit obtenir du fer. Cependant on n’en trouve pas dans l’eau qui eft le produit de la combinaifon des bafes de ces deux fluides élaftiques. : 1! reft pas démontré, pourfuic M, Fontana, que l'air vical Joir un 440 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, des principes compofans de l'eau, quand même ïl feroit prouvé que l'air vital entre dans la compofuion des criflaux de fer dont nous avoñs parlé plus haut ; maïs je crois avoir fair voir que l'air vital éroit uni avec ces-criftaux qui n'étoient autre chofe que du fer calciné. Ce fluide élaftique ne peut donc venir que de la décompofition de l'eau, puifque, .comme je l'ai dit plus haut, il en eft un des principes conftiturifs. L'analyfè de l'eau faite avec la plus grande précifion ñe démontre pas direélement, fuivant M. Fontana, ni que l'eau foit une fubflance compofée, nt quand elle le feroit , qu'elle le foit d'air vital & de gaz znflammable , on ne prouve pas d'où vient ce gaz inflammable du fer expo/é à La vapeur de l'eau $ nt dans quel état l'eau fe trouve dans ce fer qui a Ji fort augmenté de poïds. Je crois, 1°. qu'on ne peut pas! s'empêcher de convenir que l'eau ne foit une fubftance compofée, puiïqu'elle eft formée, comme je crois l'avoir prouvé, par l'union de l'air vital & du gaz inflammable ÿ 2°. que le gaz inflammable ne peut venir que de l'eau, puifque le fer n’en donne point étant diftilié feul ; 3°. que l’eau, d'après ce que j'ai dit plus haut, n’eft point unie à la chaux de fer ; 4°. que fon augmentation de poids ne peut être attribuée qu'à l'air vital qui s’eft combiné avec lui. M. Fontana dit enfin , que Le fer en état d’incandefcence fe change tout en criflaux par le moyen de l'eau, ou pour mieux dire, que la vapeur de l'eau en enlevant au fer une partie de fon phlogiflique s'unie à Ja chaux, & forme ces criflaux, en forte que ces criflaux ne paroiffent étre autre chofe que l'eau unie à la chaux de fer. Je préfume, Mon- fieur , qu'on peut appliquer à cetre dernière conféquence de M. Fontana, les réponfes que j'ai données précédemment. | Je terminerai cette lettre, Monfieur, en répondant à la note que M. de la Mecherie a ajoutée ag bas de la lertre de M. Fontana , & qui a été inférée dans le dernier cahier du Journal de Phyfique ; il me femble que M. de la Merherie n’a pas parfaitement fenti l’érat de la queftion. Ses expériences ne fe rapportent nullement avec celles de M. Fontana. Ce célèbre phyficien avoit pour but de prouver que l'eau ne fe décompofoit pas dans des tuyaux de fer neufs, & bien polis à l'intérieur ; mais le tube à travers lequel il a fait pafler l’eau n'a pas été chauffé jufqu’à l'incandefcence ; il n’a donc pu décompofer l'eau, comme je l'ai die plus haur, & au lieu de gaz inflammable, il a recueilli de l'air armof. phérique qui étoit entré dans le tube par les petires ouverrures qu'il y remarqua après l'opération , & qui d'ailleurs: n’auroir pu être que l'air contenu dans le FR s’il n'avoit point éré percé. M, de la Merherie au çontraire, a employé un canon de fer bien luté: il l’a fait rougir, & il a obtenu du gaz inflammable charbonneüx. Ses expériences offrent done & même réfultat que celles :qui ont été faites Aa € SUR L'HIST. NATURELIE ET LES ARTS, 441 MM. Lavoifier & Meufnier, fur lefquelles néanmoins on ne doit point compter , fuivant M. de la Metherie, fur-tout d'après les expériences de M. Fontana, puifqu’on a remarqué après l'opération que le canon de fer fe trouvoit percé de plufieurs trous. Il fembleroit donc dans ce cas que le fluide élaftique qu'on a recueilli, n'étoit que l'air extérieur qui étoit entré dans le tube par les trous qu'on y a vus après l'opération. Mais ce flüide élaftique étoit du gaz inflammable & non de l'air atmofphérique ; donc ce nétoit pas de l'air extérieur qui étoic entré dans le tube ; d’ailleurs , le fer étoit calciné & pefoit 1907 grains de plus. Ce poids ajouté äux 248 grains que pefoit le gaz inflammable qui s’étoit dégagé, égaloit 2014 grains, c'eft-à-dire, le poids total de l’eau mife en expérience moins 147 grains, Or, puifque le canon de fer, après que l'appareil fut déluté , avoit plufieurs ouvertures qui n’exiftoient point avant qu’on l’eût expofé à l’action de la chaleur , on doït préfumer qu'elles fe font formées dans le téms de l’incandefcence du canon, puifque fi elles avoient-exifté avant, le calcul prouve qu'on auroit dû avoir plus de trois fois 147 grains de perte : ces ouvertures en outre fe font faites dans la partie du canon qui étoit immédiarement expofée à l’action du feu , tandis que le canon de fer dont s’eft fervi M. Fontana étoit troué au-deflus de la partie qui plongeoit dans le bain de fable. Si nous fuppofons a@uellement , ( & cette fuppofirion peut être faire fans bleffer la raifon) que fur les r47 grains de perte il y a eu 10 grains = de gaz inflammable, & 136 grains : d’eau non-décompofée , om conclura qu'il y a eu alors feulement 1967 grains : d’eau qui fé font décompofés en 1709 grains d'air vital & 258 grains + de gaz inflammable. Or, ces deux quantités fe trouvent dans le même rapport que celui de la compofition de l’eau, c'eft-à-dire : : 8686: 1314 Pour terminer cette Lettre je me conténterai d'obferver, Monfieur ; qu'on a encore objecté contre la théorie de M. = avoifier , que l'eau ne fe décompofoit point en air vital & en gaz inflammable, puifqu'on n’obtenoit point de gaz inflammable fi l’on faifoit pafler de l’eau réduite en vapeurs à travers un tube de cuivre, d'or, d'argent, &c. chauffé jufqu’à l’incan- defcence ; mais l’affinité d'un corps eft-elle la même pour tous les corps de la nature? Je crois qu'il vaudroit autant dire que le tartre vitriolé ne contient point de foufre , puifqu’en diftillant de l'or , par exemple, avec du tartre vitriolé, on n'obtient pas de foie de foufre, & qu'il n’y a que le charbon qui puifle produire ce phénomène, Je füis avec refpect, &c. . Tome XXVIII, Part, I, 1786. JUIN, Kkk “ 442 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, RÉFLEXIONS SUR LA LETTRE PRÉCÉDENTE DE M. ADET, RELATIVEMENT A LA DÉCOMPOSITION DE L'EAU ; Par M. DE LA METHERIE. L'arr des expériences eft fi difficile qu'il n’eft pas furprenant que ceux qui recherchent la vérité de la meilleure foi aient fouvent différentes façons de voir. C’eft ce que préfentent d’une manière bien fenfible les deux grandes queftions qui partagent aujourd’hui les Chimiftes , je veux dire celle du phlopiflique & celle de la décompofition de l’eau. Il Jemble à M. Adet que dans les obfervations que j'ai faites à la Juite du Mémoire de M. Fontana, je n'ai pas parfaitement faifi l'état de queflion. Perfuadé que les doutes de M. Adet viennent de ce que je n'ai pas aflez développé ce que j'ai voulu dire, je vais le faire ici, & lui expofer ce qui me fait douter de la décompofition de l’eau. 1°. M. Fon- tana dans ce Mémoire n’a point voulu attaquer les expériences de MM. Lavoilier & Meufnier , puifqu’il dit expreflément qu'il n’a point fait chauffer fes tuyaux de fer jufqu’à l’incandefcence, & que certainement il nignoroit pas que c’étoit Le procédé de ces Mefieurs. Ce favant Phyfi- cien a feulement voulu faire voir d'où provenoit la grande quantité d'air atmofphérique qu’avoient obtenue d’habiles Chimiftes qui croyoient avoir décompofé l’eau en air plus pur que l'air atmofphérique. Tel eft le but de fon travail. 2°. Dans mes obfervations je n'ai point entendu dire, ni nai pu l'entendre , que tout l'air qu'avoient obtenu MM. Lavoifier & Meufnier étoit de l’air atmofphérique ; mais j’ai feulement voulu faire fentir que le tube de fer ayant été percé, l'air de l'atmofphère a dû y pénétrer. L'expérience de M. Fontana ne laifle point de doute à cet égard. On en feut encore être sûr d'après ce que difenc ces Mefieurs eux- mêmes. Ils ont obtenu une certaine quantité d'acide nitreux qu'ils croient produit par la combinaifon de l'air pur & de l'air phlogiftiqué par le moyen de l’étincelle électrique : & ils ont eu pour réfidu une beaucoup plus grande quantité d'air phlogiftiqué qu’ils ne s’y attendoient. Ils ont cru que cet air phlogiftiqué pouvoit venir de l'air retiré du précipité, lequel n'étoit pas parfaitement pur; mais on ne fauroit douter qu'il n’en provienne aufli de celui qui eft entré par les ouvertures du tube. Enfin, ces Meflieurs conviennent que le petit deficis qu'ils ont trouvé peut avoir été occafionné par ce qui fe fera perdu par ces ouvertures. Or, fi l'air e 4 SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 443 atmofphérique eft entré dans le tube , sila pu s'échapper de l’eau ou route autre chofe de ce même tube, dès-lors les réfultats de cette expé- rience ne peuvent plus avoir aflez d’exactitude pour être foumis au calcul : & c'eft particulièrement fur cette parfaite exactitude que ces Mefieurs tâchent d'appuyer leur doctrine, Voilà tout ce que j'ai voulu dire; ainfi je crois avoir faifi l'état de queftion, & ne m'en être point écarté. En attendant que le favant Phyhcien de Florence réponde à M. Adet, je vais reprendre quelques articles de la Lettre de ce dernier. 1°. L'eau diflillée tenue fur. le mercure en contaët avec Le fer fe décompofe, dit-il. J’avois fait voir, il eft vrai, qu'on obtenoit par ce procédé de Pair inflammable, ( Journal de Phyfiq. feptembre 1781, & janvier 1782 ) mais j'ai depuis prouvé ( même Journal , janvier 1784) que la limaille de fer mife dans l’eau de chaux n’y étoit nullement altérée, qu'elle ne létoit prefque pas dans l’eau diftillée qui a bouilli long-tems, & eft enfermée toute bouillante dans un flacon ; que dans ces deux expériences il n’y avoit ni décompoñition ni dégagement d'air inflammable ; d'où on devoit conclure que cette ation de l’eau fur le fer n'éroit point due à l’eau elle-même, mais aux airs qu'elle renfermoit , & dont la chaux & l’ébullition la dépouilloient. 2°. Si on n'obtient point d'air inflammable , dit M. Adet, lorfqu'on fait palfer l’eau dans des tuyaux de cuivre, d'argent , c’efl que ces métaux ont moins d'affinité avec l'air vital, que celui-ci n’en a avec l’autre principe de l'eau ; & qu’il vaudroït autant dire que le tartre vitriolé ne contient point de foufre. . . .. Ces décompofitions de l’eau que l’on fuppofe dans telles circonftances ,.& qu’on ne fuppofe plus dans telles autres analogues, font bien éloignées de porter la conviction, comme je l’ai déjà fait voir en parlant de la diflolution du fer dans Facide vitriolique, opération dans laquelle on prétend que l’eau eft tantôt décompofée , tantôt ne l'eft pas ; maïs je puis répondre ici par une expé- rience directe. Il eft peu de corps qui ait une affinité plus confidérable avec l'air pur que le phofphore, puifqu'il fe confume dès qu'il y eft expofé, Cependant le phofphore tenu dans l’eau même bouillante ne fe décompofe ni ne s’enflamme ; tandis que fi on ajoute de ’alkali à cette eau ,on a dégagement d’air inflammable. - Enfin, fi l’eau étoit compofée d'air pur & d’ait inflammable, comment -_ ne déronneroit-elle pas lorfqu’elle feroit expofée à la chaleur , fur-tout à fée d'incandefcence, comme tout mêlange- d'air pur & d’air inflam- mable. 3°, D'autres ont foutenu, dit M. Adet, que l’eau qu’on obtenoit par la. combuflion du, gax inflammable avec Pair vival étoit fimplement dégapée de ces fluides élafliques ; & qu'ilréfulroit de leur combinaifon de la moffette (owair phlogiftiqué) & de l'acide crayeux. Mais cette affertion n'efl fondée que fur un défaut d'attention, C'eft moi qui l'ai Tome XX VIII, Part. I, 1786, JUIN, Kkk 2 » 444 OBSERVATIONS SUR\ LA PHYSIQUE, foutenu après. y avoir fait beaucoup d'attention & avoir obtenu conftam- ment de l’air acide ou acide crayeux & de l'air phlogiftiqué. Er en cela mes expériences fonc conformes à celles de tous les autres Phyfciens (1) qui dans les combuftions de ces deux airs ont toujours eu pour réfidus des quantités plus ou moins confidérables de ces airs. C’ef? un fait univerfellement admis , & je ne fais pas avancer des faits faux. Jai confirmé ces réfulrats par une autre expérience qui me paroît mériter de, l'attention. Dans la combinaifon de l'air pur & de l'air nitreux ; Pabforption eft aufli confidérable & peut-être plus que dans la combuftion de l'air inflammable & de l'air pur. On a pour produit une eau: acide , qui eft l'acide nitreux: & la petite portion d'air reftant contient de l’air acide ou air fixe avec de l'air phlogiftiqué. Dans la combultion des deux. airs pur! & inflammable on a également une eau acide, plus de l’air fixe & de l'air phlogiftiqué. Ainfi , dans les deux expé- riences les airs fe combinent pour former des acides & d'autres airs, & abandonnent l’eau qu’ils tenoient en diflolution, L'expérience fuivante rendra ceci encore plus évident. J'ai pris du charbon pulvérifé que j'ai mis dans un creufet recouvert d'un fecond creufet renverfé & percé à fon fond d’un petit trou. Les joints étoient bien luttés. Je l'ai tenu plus d’une heure & demie à un violent feu de forge. Ce charbon ne devoit plus contenir d'air inflam- mable , dans les principes de ces Mefieurs , ( car forcés par les argumens que je leur avois faits, Journ, de Phyfiq. janvier 1786, page $2, ou d'admettre l’air inflammable dans le fer , le zinc , &c. ou de le nier dans le charbon, ils ont pris ce dernier parti, & difent maintenant que l'air inflammable retiré du charbon vient de la décompoftion de l'eau qui y eft contenue, & que le charbon dans fa pureté eft un corps com- buftible ainfi que les métaux, ne contenant point d’air inflammable ) ce charbon retiré promptement du feu & expofé le moins de tems poffible à l'air, j’en ai fait pafler une petite quantité dans une cloche pleine de mercure. J'ai introduit fous la même cloche de l’air pur, & ai enflammé le charbon par le moyen d’un très-petit morceau de pirophore gliflé fous la cloche. L'air pur a été abforbé , changé en air fixe ou acide ; & la cloche a été couverte d’une vapeur humide, ; Cetre expérience ne dbit rien Jaifler à défirer à ces Meffieurs. Le charbon ne pouvoit contenir, fuivant eux, aucune portion d’air inflam- mable. Cependant voilà l'air pur abforbé, l'air fixe produit, & il paroîe de l’eau. Cette eau ne peut donc venir , dans leurs principes, que de l'air (1) Dans l'expérience de MM. Lavoifet & Meufnier dontils’agit ici, ils ont eur 456 grains d’air non ab£orbé , ou-un feptième de la mafle totale. Dans leur première expérience en 1783, ils eurent les mêmes réfultats à peu- près ;ainf que M. Cavendish, È i \ # , | | corne dal tie mn dite inde - SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 445 pur qui la abandonnée ; car fuivant eux, n’y ayant point d'air inflammable dans le charbon ainfi calciné, ii n'y a pu avoir production d’eau ; mais dans la théorie du phlogiftique le charbon contient toujours de l'air inflammable , dont les dernières portions reliftent au*plus grand coup de feu. IL n'y a, pour ainfi dire, que celui qui eft furabondant qui fe dégage par le feu. L'autre ne l’eft que par la combuftion. 4. La chaux d'un metal , dir M, Adet, n'efl que le métal uni à l'air vital. Jai déjà, je crois, démontré le contraire, particulièrement page 27 du Difcours préliminaire mis dans ce Journal au comiméncement de cette année. Toutes les chaux métalliques contiennent plus ou moins d’air fixe ou airacide. Le mirium & toutes les chaux de plomb , la chaux ocreufe de’ fer, &c. en contiennent confidérablement. Les chaux de mercure elles-mêmes diflillées, donnent un air pur mêlé d'air fixe, Ce n'eft pas tout : ces chaux convertiffent l'air pur en air fixe. Les chaux de plomb , par exeinple ; le minhim ; en fortant du feu, contiennent affez peu d'air fixe; mais expofées fous des cloches pleines d'air pur, elles attirenc cet äir & le changent en air fixe. J'ai précipité par un alkali cauftique des diflolutions de fer, de mercure, &c. miles dans une cornue dont le bec plongeoït dans lé mercure : j'y ai fair pafler de l'air pur qui a été abforbé & chañgé en air fixe. Or, dans les principes qu'a embrafé M. Ader, l'air acide réfulre de‘ la combinaifon de l'air pur avec la matière charbonneufe. Donc les chaux métalliques dans les mêmes principes doivent contenir de la matière charbonneufe avec l'air pur. Dans la calcination des métaux, fuivant moi, l’air inflammable métal- lique brûlant avec l'air pur, il y a, comme dans toute autre combuftion de ces deux airs, 1°. abforption d’air pur, 2°. dégagement d’eau, 3°, pro- du&ion.d'air fixe,4°. produétion & combinaifon de la matière de Ja chaleur : & comme les chaux métalliques confervent toujoursune portion lus ou moins confidérable d’air inflammable, elles font! comme l'acide fulfureux , elles abforbent une certainé quantité d'air pur qui en fe combinant avec elles les fait pafler à l'étar de chaux. Les chaux métalliques, fuivant moi, contiennent donc l'air pur, mais déjà combiné avec une autre matière qui eft celle, laquelle unie avec l'air pur le change en air fixe ou! acide, Cette matière eft encore pêu connue. Il paroît que c'eft la même qué‘celle qui fe trouve daris faichaax vive, où on ne peut méconnoître la matière du feu. C’eft pourquoi je l'ai appelée avec M. Schéele maire de la chaleur ,avec Meyer cauflicum. C’eit la matière du feu de Lemery & d’ün gtand nonibre de Phyliciens, mais qui paroït bien difiérente du feu élémentaire. Veut-on l'appeler matière charbonneufe ? le nom. eft indifférent , Pourvu qu'on n’entende point par matière charbonneufé un vrai charbon feulement dépouillé par un feu vif de toute eau , de routair, &c. car dans l’acte de la refpi- nn exemple, l'air pur eft changé en air fixe ou acide : & on ne 446 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, peut dire qu'il fe trouve une fubftance charbonneufe dans la poi- trine. Mais fi la chaux métallique perd tout fon air inflammable, il y a une plus grande quantité d'air pur abforbée, plus de la matière de la chaleur produire & combinée, & cette chaux pañle à l'état d'acide comme la chaux d’arfenic , &c. Or, M. Lavoifier a été obligé d'admettre avec moi La matière de La chaleur dans l’acide nitreux & fans doute dans les autres acides, par conféquent dans les acides métalliques; mais ces acides métalliques ne paroiffent qu'une plus grande calcination des chaux métalliques. Il fera donc obligé de reconnoître également /a matière de La chaleur dans les chaux métalliques. Ainfi ce fera la matière de la chaleur & non point la matière charbonneufe qui fe trouvera dans les acides & les chaux métalliques. Je ne crois pas qu'il puifle fe refufer à cette conféquence. Quant à ce qu'ajoute M. Adet, que dans la calcination des métaux on obtient en chaux métalliques un poids égal au metal, plus à Pair pur abforbé : & que dans la révivification de ces mêmes chaux on a en métal révivifié & en air pur un poids égal à celui de la chaux ; j'ai fait voir page 26 du même Difcours préliminaire déjà cité, que cela n’éroit pas exact (1). Le M. Adet parle du charbon du fer pour expliquer l'origine de l'air fixe contenu dans l'air inflammable retiré du fer. L'air inflammable retiré du zinc contient aufli de l'air fixe. Or, j'ai fait voir (bid. page 25) que cet air fixe, dans les principes de ces Meflieurs , ne pouvoit venir de la décompofition de l'eau. Voilà pourquoi aujourd’hui ils admettent du charbon dans les fubftances métalliques. Or, le charbon eft une matière inflammable. Si on convient qu'il fe trouve dans Le fer, le zinc, &c, c’eft beaucoup accorder ; car Sthal & les partifans du phlogiftique prétendent feulement qu'il exifte une matière inflammable quelconque dans ces fubf- tances. Qu’on l'appelle charbon avec ces Meflieurs, pAlogiflon avec Sthal, air inflammable fuivant moi, &c, c’eft coujours un principe inflammable, Ainf voilà donc un point fur lequel il paroîc qu’on fera bientôt d'accord. L'autre objet fur lequel on a des doutes, ne peut manquer également d’être éclairci vu l’ardeur avec laquelle on s’en occupe. M. Ader eft bien fait pour y concourir & y répandre de la lumière, (x) Toutes ces mêmes queflions font difcutées dans mon Traité fur l’Air pur, &c. De Ge we SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 447 ENS SAUT Sur l'application de l'analyfe à la probabilité des deciions rendues à la pluralité des voix ; Par M. le Marquis DE CONDORCET. EXTRAIT. + L E calcul des probabilités eft une des branches des mathématiques qui aic été le plus cultivée dans ces derniers tems. Après avoir déterminé , à l'aide d'une analyfe fublime, les réfulrats des loix conftantes auxquelles l'Etre fuprêéme a foumis la marche de l’univers , on a cherché des mé- thodes pour appliquer la même fcience à des objets fur lefquels nous n'avons que des connoiflances conjecturales , & à calculer ;-en quelque forte , l'incertitude même. En comparant le nombre des combinaifons qui amènent un événement avec celui des combinaifons qui ne l’'amènent pas , on a fixé le degré de vraifemblance que cet événement pourroit avoir lieu ou ne pas arriver , felon que l’un des deux nombres furpañloic l'autre. On eft parvenu ainfi à afligner des limites , qui, dans une multi- tude de circonftances où il s’agit d'engager nos intérêts , nous mettent à portée d'évaluer les avantages auxquels nous pouvons prétendre , les tifques que nous courons , & par-là nous donnent la mefure de nos efpé- rances & de nos craintes. On fent aflez avec quel art & quelle intelligence veut être manié un inftrument auf délicat que le devient le calcul dans les queftions de ce genre. Les difficultés fe multiplient , lorfqu’on en fait application à des objets qui tiennent au moral. Les Bérnouilli , les Euler & d’autres Géomètres du premier ordre l'avoient déjà tenté, & M. le Marquis de Condorcet vient de s'ouvrir une nouvelle route dans cette carrière épineufe, où il n’eft donné qu'à un petit nombre de Savans diftingués, de fuivre même les fentiers déja frayés par d’autres. L'auteur a choifi , pour objet de fes recherches , les décifions rendues à la pluralité des voix , matière extrême- ment importante, & que perfonne n'avoit encore envifagée fous ce point de vue, L Pour avoir une idée de la manière dont un pareil fujet peut être traité , obfervons que, tous les jours , des perfonnes d’un efprit jufte & pénétrant, prévoyent avec quelque vraifemblance quel fera le réfultat d’une décifion , d'après la connoiflance qu’elles ont des difpoñitions & des lumières de ceux qui doivent prononcer, Mais le calcul conduit beau- 443 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, coup plus loin ; il établit certains rapports qui font, en quelque forte ; les valeurs reprélentatives de ces lumières & de ces difpofñitions ; il déve- loppe la férie des accroiflements,ou des diminutions que fubit la probabi- lité, à raifon du nombre des votans, de la pluralité exigée & des autres circonftances qui influent fur la décifion. Il conduit ainfi à des réfulrats que la faine raifon avoue, mais auxquels elle n'eût pu atreindre avec fes feules forces, & fans le fecours d'un guide qui l’aidàt à fe reconnoître au milieu de cette foule de combinaifons qui compliquent la folution des problèmes. M, le marquis -de Condorcet obferve d'abord que dans la matière préfenre , il faut diftinguer deux efpèces de décifions : celle où la fimple pluralité l'emporte, & celle où il eft néceffaire pour que le jugement fôit adopté , qu'il y ait une certaine pluralité, déterminée: L’auceur confidère gnfuire, quatre points effentiels, relativement à la probabilité des décifions : 1°. La probabilité qu’une affemblée ne rendra pas une décifion faufle, 2°. La probabilité qu'ellé rendra une décifion vraie. 3°. La probabilité qu’elle rendra une décifion quelle qu'elle foic. 4°. La probabilité que la décifion eft conforme à la vérité, lorfqu'on fait qu'il en exifte une. \ Plufieurs de ces probabilités paroïffent , auspremier afpe@, rentrer les, unes dans les autres, & cela eftvrai dans certaines hypothèfes, Par exem- ple, fi le nombre des votans étant impair , on prononce fimplement à la pluralité , il eft clair que la probabilité d’avoir une décifion vraie, & celle, ‘de ne point avoir une décifion, qui foit faufle, font les mêmes, puifqu'il y aura néceflairement une décifion, Mais fi, dans le même cas, le nombre des votans étoit pair, on voit que la probabilité d’avoir une décifion vraie n'eft plus la même que cellé de ne pas avoir une décifion faufle, puifqu’il eft poffible que les voix fe, partagent également, auquel cas la décifion étant nulle, ne pourroit.être faufle. De même, il ne faut pas confondre la probabilité d’avoir une décifion vraie , avec celle qu'une décifion que l'on fuppofe rendue; eft conforme à la vérité, Car dès qu'une décifion eft rendue , il eft plus probable qu'elle eft vraie , qu'il ne l'étoit avant le jugement , qu'on auroitiune décifion conforme à la vérité, puifqu'il pou- voit fe faire qu'il n’y eût aucune décifion. M. de Condorcet divife fon-ouvrage en cinq parties. Pour procéder avec plus de clarté & de fimplicité ,, il fuppofe d'abord , dans les trois remières parties , les affemblées compofées de votans , ayant une égale juftefle d’efprit & des lumièrestégalés, .opinant tous de bonne foi , & fans qu'aucun d'eux ait d'influence fur les voix des autres. Mais dans la quatrième partie, il examine les changements que peuvent apporter, dans les réfultats, les diverfes caufes dont nous venons de parler. Ces recherches étoient nécefaires pour en. venir à l'application de la théorie : à e SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 449 à la pratique & à des exemples, ce qui eft l’objet de la cinquième artie. : L’Auteur détermine fucceflivement dans la première, le degré des quatre efpèces de probabilités dont nous avons fait mention , en fuppo- fant que l’on connoifle la probabilité de la voix de chaque votant. Il trouve que fi cette probabilité eft plus grande que : , c’eft-à-dire s’il eft plus probable que chaque votant jugera conformément à la vérité, plus le nombre des votans augmentera, plus aufli la probabilité de la décifion fera grande. Dans le cas au contraire où il feroit moins probable que chaque votant dût rendre une décifion vraie, la probabilité d’avoir une décilion générale, conforme à la vérité, diminuera en même-tems que l’on augmentera le nombre des votans. Ce réfultat conduit l’Auteur à une réflexion importante. [| remarque que comme il eft à préfumer que ceux qui compofent une affemblée très-nombreufe, joindront, fur une multi- tude d'objets , beaucoup de préjugés à un défaut de lumières , en forte que dans ces différens cas , la probabilité de la voix de chaque votant fera au-deflous de +, alors plus l'affemblée fera nombreufe, & plus elle fera expofée à rendre des décifions faufles. È Il y a , comme nous l'avons dit , des formes de décifions , où l’on exige que la pluralité ait une prépondérance marquée, par exemple , qu'elle foit de deux tiers fur la totalité du nombre des votans. L'Auteur fait voir que dans plufieurs cas relatifs à cette hypothèfe , il peut arriver que la probabilité diminue jufqu’à un certain terme , à mefure que le nombre des votans augmentera, pour commencer enfuite à croître avec ce même nombre; d'où il fuit que, dans les cas femblables , il faudra multiplier le nom- bre desvotans , pour avoir une grande aflurance que la décifion rendue fera conforme à la vérité, On voit, par cet exemple, commente calcul conduit, ainf que nous avons dit , à certaines limites, & par une fuite néceflaire, à des conféquences pratiques ; dont la découverte eût été au-deflus des efforts de la raifon abandonnée à elle-même. Les bornes de cet extrait ne nous permettent pas de fuivre M. de Condorcet dans les recherches relatives aux différentes hypothèfes qu’il confidè ous nous bornerons à un feul exemple tiré de ce qui fe pale dañifles élections par fcrutins , entre plufieurs candidats, L'Auteur obferve que la forme de ces élections eft défeétueufe , en ce que chacun des électeurs défigne feulement celui des candidats auquel il donne en général la préférence fur les autres , fans énoncer en même-tems fon vœu fur la préférence qu’il donne à chacun de ceux-ci fur leurs rivaux , d’où il arrive fouvent que le candidat élu n'eft pas réellement celui qui a la luralité en fa faveur. Ainf dans le cas où il y a trois candidats A,B,C, il eft poffible que A d’une part ait un plus grand nombre d'éleéteurs qui le préfèrent en même-tems à B & à C , d'où il fuit qu'il fera élu , tandis ue d'une autre part , fi les électeurs avoient énoncé l'ordre dans lequel Tome XXV UT, Part. I, 1786. JUIN. Lil 450 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, ils rangeoient les trois candidats , il eût pu fe faire que B, par exemple; eût eu un plus grand nombre de fois la préférence fur À & fur C , que chacun de ceux-ci ne l'auroit eue fur lui , ce qui auroit déterminé la pluralité en fa faveur. Dans les cas de cette nature, A n’a l'avantage , que parce que les voix des éleîeurs fe partagent entre les deux autres candidats, & mettent les uns B au-deflus de C, & les autres C au-deflus de B. Un habile géomètre , en propofant un problème femblable, com- pare ingénieufement ces deux derniers candidats à deux athlètes, qui après avoir épuifé leurs forces l’un contre l’autre, feroient enfuite vain- cus par un troifième plus foible que chacun d’eux (1). M. de Condorcet indique les moyens de ramener les élections à une forme telle que le réfultat de la décifion exprime toujours la pluralité réelle , & cela d'après la combinaifon de toutes les propofitions qui énoncent l’ordre dans lequel les électeurs rangent les candidats confidérés comparativement les uns aux autres. Jufqu’ici l’Auteur a fuppofé que l’on connoifloit la probabilité de la voix de chacun des votans qui formoient une aflemblée , le nombre des votans & la pluralité exigée, & d’après ces données il a déterminé les autres probabilités , telles que celle d'avoir une décifion , celle que cette déci- fion fera vraie ou faufle , &c. Dans la feconde partie, il fuppofe au contraire que l’une de ces dernières probabilités eft connue , & de plus que de ces trois chofes , le nombre des votans , la probabilité de chaqué voix & la pluralité exigée , on en connoît deux , & qu'on cherche à dé- terminer la troifième, & en même-tems les autres probabilités encore inconnues. Lorfque les données qu'on emploie pour trouver les quantités que l'on ne connoît pas, font, ou le nombre des votans , ou la pluralité exigée , il n’y a nulle difficulté par rapport à ces données & aux autres de la même nature, puifqu'elles font déterminées par le feul fair. Il n'en eft pas de même de quelques autres données, par exemple , de la probabilité que chacun des votans rendra telle ou telle décifion. Il eft néceffaire d’avoir des méthodes pour déterminer ces efpèces de données qui tiennent au moral des votans , & non pas fimplement à la forme du triburth chargé de prononcer, La recherche de ces méthodes eft un des objets principaux de la troifième partie. Les méthodes dont il s’agit font fondées fur l’obfervation. Élles con- fitent à déterminer la probabilité des jugemens futurs, d’après les réfultars des décifions rendues fur les mêmes matières, Car fi l'on fuppofe, par exemple, que l’on connoiffeun certain nombre de décifions formées par des votans dont la voix a la même probabilité par rapport aux jugemens futurs que celle qui a eu lieu dans ces décifions ; fi de plus après avoir mûrement (1) Mém. de FAcad, des Sciences, 1780. [SUR L’HIST. NATURELLE ET LES ARTS, 4sxr examiné celles-ci, on eft parvenu à en reconnoitre la vérité ou la fauffeté, on aura alors des données qui ferviront enfuite à faire connoîrre , foit la pro- babilité de la voix de chaque votant, par rapport aux décifions futures , foit la probabilité que ces décifions feront vraies ou faufles. I! y a des circonftances où il ne fuffit pas qu'il foit plus probable en général qu'une décifion eff vraie , qu'il ne l’eft qu'elle eft faufle , pour ue l'on ait fujet d'admettre cette décifion. S’il eft queftion, par exemple, “A la condamnation d’un accufé , il faut avoir une aflurance fufñfante de la vérité de la décifion , une aflurance telle qu'on puifle prudemment regarder l’accufé comme coupable d’après la pluralité qui l'a condamné, Car on concoit qu'une pluralité qui ne l'emporteroit que d'une ou deux voix , n’exclueroit pas aflez le foupçon d’une erreur d'autant plus dange- reufe qu’il s’agiroit de la vie d'un homme. Cette pluralité qui eft au moins néceflaire pour qu'il ne refle aucun nuage fur la vérité de la décifion, a donc une limite qu'il eft important de déterminer, & cette détermination eft encore un des objets de la troifième partie. Ce point de la théorie de l’Auteur étoit un des plus délicats à traiter, & un de ceux qui demandoient le plus de fagacité & de juftefle d’efprit. Voici à quoi fe réduit le raifonnement qui fert de bafe aux calculs de M. le marquis de Condorcet. Pour déterminer le degré de la probabilité requife dans le cas mentionné , & en même-temps la pluralité qui doit donner cette probabilité , il faut afligner la limite où l’on peut regarder comme nul le danger d'avoir une décilion faufle. Or dans le jugement d’un accufé, par exemple, le rifque de fe tromper en condamnant un innocent à périr, peut être cenfé nul , lorfqu'il devient égal à celui qu'un homme fage néplige quand il s’agit de fa propre vie. On a , pour évaluer ce dernier rifque , différens moyens , & entr'autres les tables de mortalité ordinaires, Or en comparant la très-grande proba- bilité qu’un homme qui jouiroit d'une bonne fanté , & qui ne s’expoferoit pas volontairement au danger, ne mourra point dans un efpace de tems donné, avec la probabilité qu'il mourra dans le même intervalle, on a un rapport dont l'un des deux termes, celui qui exprime la feconde probabilité , eft fi petit à l'égard de l’autre , qu'on peut prudemment le négliger ; & ce rapport s'applique enfuite à la probabilité qui rend pref- que nul le danger de fe tromper dans un jugement en matière criminelle. L’Auteur dérermine par des méthodes femblables la probabilité qui donne une aflurance fuffifante dans des décifions d’un autre genre, tels que l'établiffement d’une nouvelle loi, ou un jugement en matière civile. Dans la quatrième partie, l’Auteur traite de certaines confidérations qu'il n'eft pas permis de négliger , lorfqu’on veut appliquer le réfultat des calculs à la pratique. Telle ef, pour nous borner à un feul exemple, l'influence que peuvent avoir quelques-uns des votans fur les voix des autres , par leur crédit, par leur rang , par la nature mèmede leurs fonc- Tome XXV II, Part I, 1786, JUIN, Lil 2 452 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, tions , comme cela a lieu pour ceux qui font commiflaires ou rappor- teurs dans une affaire. On peut, entr'autres moyens , déterminer cette irfluence, par l'obfervation de ce qui eft déja arrivé dans d'autres décifions rendues par les mêmes votans. Car en comparant les décifons dans lefquelles il n’y a eu aucune influence , avec celles où l'influence a eu lieu, ou bien en comparant les réfulrats des décifions où le votant qui a une influence a prononcé pour la vérité, avec le réfultat de celles où il a prononcé contre, on pourra déterminer cette influence. M. de Condorcet indique enfuite les moyens de remédier autant qu'il eft poffible, à l'in- fluence , par le choix des votans, par les excluñons, les réclamations & autres moyens femblables. Enfin l'Auteur après avoir expofé dans les quatre premières parties, les différentes méthodes que fournit le calcul des probabilités, pour parvenic à la folution des problèmes , fait , dans la cinquième partie , l'application de ces méthodes à différens cas qui ne font que de fimples hypothèfes, mais qui indiquent la marche que l’on devroit fuivre par rapport à des faits réels du même genre. Nous n'avons pu donner qu'un léger apperçu du travail de M, le marquis de Condorcet. Pour s’en former une jufte idée , il faut lire & méditer l'ouvrage même, où tout confpire à exciter un vifintérèt, foit que l’on confidère ou la nouveauté de l'application que l'Auteur y a faite de l’analyfe, ou les reffources que lui a fuggérées fon génie pour furmonter Les difficultés qui fe préfentoient à chaque pas, ou enfin la nature même d’un füujer fi étroitement lié avec les moyens qui aflurent la’ tranquillité & le bonheur des fociétés (1). {1) Notre DE M. DE 14 METHERIE. « Un grand homme ( M. Turgot) étoit perfuadé , dit M. de Condorcet, que les » vérités des fciences morales & politiques font fufceptibles de la même certitude que » celles qui forment le fyftême des fciences phyfiques , & même que les branches de » ces fciences qui comme l’Aftronomie, paroïflent approcher de la certitude mathé- » matique. Cette opinion lui étoit chère , parce qu’elle conduit à l’efpérance confo- » Jante que l’efpèce humaïne fera néceffairement des progrès vers le bonheur & Ia » perfettion , comme elle en a fait dans Ja connoïflance de la vérité ». Perfuadé comme les profonds philofophes que je viens de citer, MM. Turgot & de Condorcet, de l’utilité qu'il y auroit d'appliquer le caleul à la métaphyfique & à la morale , il y a Jong-tems que j'en ai fait l’effai. J’ai fait voir ( Mercure de France, 20 mai, 1780, page 100 ) que toutes nos connoïflances fe rapportoient à, quatre ordres. Les unes font fondées fur le fentiment: ce font celles qui font démontrées. Les autres ne fe tiennent que dans les probabilités, & font appuyées , 1°. fur la mémoire , 2°, fur l’analogie, 3°, fur le témoignage des hommes. Aïnf on peut faire quatre colonnes qui exprimeront ces différens ordres de connoïflances, & on les claffera dans chaque colonne, Dans la première exprimée par maximum , qui repré- SUR L'HIST. NATURELLE ETLES ARTS. 4$3 LETTRE D\ELM HASSE NFRA F,7% Profefleur de Phyfique de l'Ecole Royale des Mines, AONTRDAE M ITANSMNENTOENENRNIIE" Auteur du Journel de Phyfique, SUR LA MATIÈRE COLORANTE DU BLEU DE PRUSSE. NÉS Se ve Les Chimiftes anciens avoient placé la matière colorante du blen de Prufle dans la clafle des alkalis ; quelques Chimiltes modernes ônt cher- fente la certitude (1), feront tous les axiomes , les vérités mathématiques ; &c. &c, Les autres ordres fe tiennent dans les probabilités, dont la plus grande fera maximum 1. On finira ces colonnes en mettant maximum —-1, maxi- mum — 33 &c. Dans ces trois dernières colonnes on rangera , 1°. les connoiffances fondées fur la mémoire , 2°, celles fondées fur l’analogie; 3°. celles appuyées fur le témoignage des hommes. Si une chofe nous eft aflurée par deux, trois, de ces motifs, on la mettra dans deux, trois colonnes. J'ai pouffé plus loin ces effais. 11 m’a femblé qu’on pouvoit exprimer par des féries tous les êtres finis. Ces êtres ne nous font connus que par leurs qualités. Ces qualités font fufceptibles de plus & de moins , telles font l’étendue, la dureté, Pélañicité , &c. la (enfbilité, l'intelligence. On peut donc repréfenter tous les degrés d’intenfité de ces qualités par la férie des nombres naturels 1,2,3,4.... maximum Mais parmi ces qualités , il y en a deux principales, l’étendue & la fenfbilité.. 11 peut y avoir des êtres qui pofsèdent une feule ou plufeurs de ces qualités, à un feul ou plufeurs degrés. Ce qui donnera autant de variétés d’étres différens qu’il pourra y avoir de combinaïfons différentes de ces qualités, Le calcul donnera des féries qui exprimeront toutes lés différentes combinaifons de ces qualités des êtres. Les mêmes féries exprimeront donc tous les êtres poffibles, Ainf on pourra repréfenter tous les êtres étendus Æ, & tous les êtres fenfibles S par les deux feriest E,2E,3 E....maximumE,&1S,28,3S....maximum S. La morale peut également être foumife au calcul; car la morale n’eft que lexpreffion des devoirs mutuels que fe doivent les êtres fenfibles en raifon de leurs rapports. Ils doivent , par exemple , fe tous eftimer en raïon de la place qu'ils (1) Les Géomètres expriment ordinairement Ja certicude par l'unité. Il me femble qu'il eft plus commode de Ja repréfenter par maximum, pour évier l'embarras des frattions dans le calcul des probabilités, 454 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, ché à en faire un acide, ont-ils plus de raifon ? Ce qui les a conduits à cette adoption, c'eft le changement de couleur qu’éprouve la teinture de tournefol , lorfque l'air pruflien dégagé de la diftillation du bleu de Prufle pafle à travers , & l’union de ce gaz avec les alkalis cauftiques ou l'eau de chaux, fans la préfence defquels il n’agiroit pas & qui feroit enlevé au fer fi les alkalif écoient trop abondants. Mais en diftillant le bleu de Prufle, n'obtient-on pas auffi de l’air inflammable & de l'air fixe que l'on peut regarder comme le réfultat de la décompoftion de l’eau Ainfi pourquoi vouloir que la couleur rouge de {a teinture de rournefol foit plus Le réfultat de l'air pruflien que de l'air fixe , fur-tout lorfque l’air occupent dans Ja grande férie, en raïfon de leurs perfettions P. Celui qui eft au 100° degré de la férie 100 S, & qui a 100 degrés de perfection 100 P , fe devra une eftime E 100 , & en devra une = 200 à l’être qui eft au 209° degré de la férie, qui a 200 degrés de perfe&tion, 200 P: c’eft-à-dire , qu'il lui devra 100 degrés d’eflime de plus qu’il ne {e doit à lui-même. C’eft cet excès d’eftime que j’appelle re/pecz ou honneur H. Par conféquent honneur que doit un être à un autre eft toujours égal à la différence qu’il y a entre leurs perfe@tions. Ainf nous aurons l’eftime x Æ, propor- tionnée aux perfe&tions x P : & l'honneur 4 = x P — x P. D'où on déduira que l'honneur que doivent les différens êtres dela férie a maximum P , {era en raïfon inverfe de leurs perfe@tions. Maximum — 1 P lui doit un honneur = 1 : & 1 P lui doit un honneur = maximum — 1: ainfi on aura, maximum — 1 P: 1 H:: maximum + H.1 P. . La grandeur d’ame ou magnanimité M nous fournira un fecond exemple de l'application qu’on peut faire du calcul à la morale. Cette qualité confifte à fouffrir un petit mal préfent ou une douleur D pour un grand plaifir ou un grand bien futur P. Soit D— 10, & P — 100. Si ces deux (entimens étoient prélens, perfonne ne balanceroit ; mais le plaifir eft futur, & n’eft rappelé que par la mémoire. Si nous fuppolons la force de la mémoire F = maximum , c’eft-à-dire , rappeler le plaifir comme sil étoit préfent, nous rentrerions dans la première hypothèfe ; mais fi la mémoire n’eft qu'àun degré = £ maximum , & que le plaifir qu’elle rappelle au lieu d’être — 100° , ne foitque — 50°, nous-aurons M— P—O—=5;0 — 10— 40, c’eft-à-dire, que la grandeur d’ame fera égale 40. Si la mémoire au lieu d’être + maximum étoit feulement + maximum , le plaifr futur qu’elle repréfenteroit ne feroit plus que 20 ; & la magnarimité M=— 20 — 10=—= 10, Mais fi la mémoire étoit = ; maximum , le plaifir P qu’elle rappeleroit feroit feulement = $ ;& M feroit = $ —10=—=— 5, c’eft-à-dire, la puffillanimité ou licheté L= 5°. Pour trouver la valeur du plaifir P ou de la douleur D , il faut toujours faire attention à l’intenfité des fentimens x S qui les produifent, à leur nombre, & à leur durée d: en forte que nous aurons toujours P ou D = x Sxn xd. Cette formule exprimera le plaifir ou la douleur produits par les fentimens préfens, Si ce plaifr ou cette douleur font caufés par des fentimens rappelés par la mémoire , ils feront en raifon de la force F de la mémoire, dont le degré maximum F repréfentera le fentiment total , comme je viens de le dire. J'ai foumis également au calcul la plupart des autres fentimens. C’eft la même méthcde dont fe fervent les Géomètres pour calculer la mafle , la vitefle, &c, des gsorps, SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. ass fixe dégage l'air pruflien de fes combinaifons avec l’eau , l’alkali, &c.» L'union de cette matière avec les alkalis ne produit pas de plus forte preuve, car les acides font-ils les feules matières fufceptibles de s'unir avec les alkalis & de s’y unir plus fortement qu’au fer ? M. Weftrumb nes’eft pas contenté de faire un acide de la matière colorante du bleu de Prufle , mais il veut encore que ce foi le phofpho- rique, parce que la leffive du fang lui a donné du fiderite , & que le bleu de Prufle , fait avec cette même leflive, lui en a produit auf. Que l'acide phofphorique & le fer fe trouvent dans le fang, c'eft ce ue l'on pourroit déduire naturellement des connoiflances actuelles; que l'alkali digéré fur le fang , enlève l’acide phofphorique & diflolve un peu de fer , c'elt ce qui devoit arriver ; que l’on retire le fiderite de la leflive du fang , c'eft un des réfulrats des afhnités ; que le fidetite fe mêle avec le bleu de Pruffe lorfque l'on verfe de la leflive du {ang fur une diflolution de fer , c'eft encore ce que tous les Chimiftes concevront fans peine ; mais je crois difficile de déduire que cet acide foit la matière colorante du bleu de Pruffe, Si cela étoit , la fynthèfe feroit fimple , cependant on n'obtient point de bleu de Prufle fynthétiquement, Si la découverte de M. Weftrumb étoit telle qu'il l'a déduite, il s’en fuivroit que le charbon contiendroit de l'acide phofphorique & en con- tiendroit en diverfes proportions; car j'ai obtenu du bleu de Prufle, en faifant fondre un mêlange de charbon de bois & d’alkali végétal , diflol- vant ce mélange dans l’eau après la fufñon, & verfant de l'acide vitriolique nitreux ou marin fur la liqueur. En outre, de quelle manière agiroit le fel ammoniac dans la multiplication du bleu de Prufle par le procédé de Schéele ? » Comme le bleu de Pruffe que l'on obtient par mon procédé eft mélangé de charbon, j'ai filtré la diflolution avant d'y verfer un acide ; dans ce cas j'ai obtenu difficilement du bleu de Prufle fans diflolution de fer, On voit trop d’où dépendent ces différences pour qu’il foit néceflaire de les expliquer. Si la matière colorante du bleu de Pruffe a été jufqu'à préfent un pro- blème à réfoudre pour la chimie ; efpérons qu'il le reftera peu de tems ; j'oferois même aflurer qu'il n’en eft plus un , fi je ne craignois de blefler la modeftie d’un favant qui a fait la découverte de fon compofant , en m'empreflant trop tôt de les publier. Je fuis, &c. , Paris, ce $ Juin 1786. Nora. L’explication que donne ici M. Haffenfratz de l’origine de V’air que lon retire du bleu de Prufle , n’eft admifible que dans la do@rine de la décompoftion de Veau, Il faut même, fuivant ces principes, fuppofer encore de la matière char- bonneufe ou du charbon dans le bleu de Pruffe ; car l’air inflammable qu’on en retire 456 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, 1 MÉTHODE FACILE DE PRÉPARER DES VASES DE PLATINE; Par M. ACHARD, de Berlin: Traduite de l'Allemand, par M. CHÉMEL, de l'Ecole Royale des Mines de France. EN faifant des recherches fur lation que différentes fubftances éprou- vent de la part de l’arfenic, je fis aufli des tentatives fur la platine ; je mis deux gros de ce métal, avec partie égale d’arfenic & pareille dofe de crême de tartre, dans un creufet de hefle ; l'addition de la crème de tartre avoit pour but de fixer l’arfenic. Le creufet bien lutté fut expofé pendant une heure au feu d’un fourneau à vent. La platine y fubit une fufion complette, après laquelle elle refta très-aigre , très-caflante , & un peu plus blanche que la platine pure. : Je mis un morceau decerte platine arfénicale furune coupelle, &lexpofai fous la moufle au feu d'un fourneau d'effai; quand la platine y eût rougi completement , elle devint aufli rendre qu’un amalgame de parties égales de plomb & de mercure ; l'augmentation de la chaleur la fit entrer parfai- tement en fufon ,mais elle perdit enfuiteau même degré de feu totalement fa fufbilité, & parvenue à cet état , le plus grand degré de chaleur ne fut pas capable de la lui rendre ,elle perdit fenfiblement de fon poids, & cette perte indiquoit la quantité d’afenic qui lui étoit unie. Elle refta blanche, très- cendre fous la lime , & fufceptible d’être battue en feuilles très-minces. Cetre propriété qu’a Parfenic de faciliter la fufion de la platine , & de s’en féparer enfuite entièrement par la chaleur , fournit un moyen aifé de former avec ce métal toutes fortes de petits vafes ; & fur-rout de petits creufers qui peuvent être très-utiles pour certaines opérations. Le procédé fuivant m'a très-bien réufli pour faire un creufet de platine, eft toujours mêlé d’un peu d’air fixe, Or, dans cette doûtrine l’air fixe ou acide ef le réfultat de la combinaïon de Pair pur avec la matière chafbonneul& ou le charbon. Ainf il faudra donc dire dans cette doétrine que l’alkali phlogiftiqué contient de Feau & du charbon. Ne regardant point la décompoñition de l’eau prouvée, je perfiflerai à croire que Valkali phlogiftiqué eft combiné avec l'air inflammable mélé d’air fixe, jufqu’à ce que j'aie vu les expériences de M, Weftrumb, Norce de M, de la Merherie, A SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 457 À , eft un morceau d'argile daus lequel on fait un creux B, de la forme que doit avoir le creufet. C , eft un autre morceau d'argile qui s'ajuftedans le creux B , de façon qu'il y ait un vide ménagé entre deux. Lorfque ces deux parties du moule font bien feches, on en remplit le vide avec de la platine arfénicale pulvérifée , & on pofe un poids fur la forme , pour empêcher la partie C de fe foulever , pendant que la platine fera en Éion. Tout étant ainfi préparé , le moule rempli eft expolé fous la moufle, & l’on donneun prompt & grand coup de feu. La platine arfénicale entre en fufion , s’endurcit après l'évaporation de l’arfenic , & prend la forme du creux B du moule ;, après le refroidiffement on brife le moule, & pour finir le vafe on le polit avec une pointe d'acier, pere ANALYSE DU GNEIS,;: Par M WrecLes; Traduite du Journal de CRELL, par M. BLAVIER, de l'Ecole Royale des Mines, ARTICLE PREMIER. LE gneis doit être regardé comme une pierre fui generis ; c’elt elle qui ferc à la formation du plus grand nombre de nos montagnes de Saxe ; cette pierre fe trouve en grande maffe ; elle eft luifante au - dehors fur chacune de fes faces, {on tiffu étant formé de feuilles appoffes les unes fur les autres & polies comme l’ardoife. Sa couleur eft en grande partie grife ou d’un gris verdâtre, Cette pierre doit être mife au nombre de celles qui réliltent à vous les mélanges & les réactifs poflibles fans changer de nature; elle, eft compofée de quartz, mica & feld de [park qui s’y trouvent confondus ; oùtre ces trois fubitances , on y rencontre encore quelquefois un peu d'argiletou de /peckren où plerre de poix. Quant à fa nature, elle tient beaucoup du granit, fi on la confidère par rapporc à fa dureté & à fa couleur d’un gris verdâtre ; mais le gneis differe du granit par fa figure feui lerée ou fa forme qui eft à-peu-près régulière. II. Une des propriétés caraétériftiques du gneis, c'elt de n éprouver aucune altération fenfible quels que foient les moyens dont on fe fert pour f'analyfer, tandis que par des procédés convenables les fubftances qui fui fonc contigues éprouvent un changement de nature quelconque ; cependant jai voulu me convaincre plus parfaitement fi un examen Tome XXVIIT, Part. I, 1786, JUIN, Mmnm 358 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, . réfléchi de: cette pierre ne poutroic pas étendre nos connoiflañces concernant fa nature, III. Je pris à cet effet une once de gneis de Friberg, dont, on a donné ci-devant la defcription, je fa pilai dans un mortier de verre, & la réduifis par ce moyen en poudre; quand le tout fut ainfi pulvérifé, on conçoit aifément que fous un volume plus petit, on devoit éprouver dans la décompofition du gneis. moins de réfiftance qu'auparavant. Je verfai cétte pouflière dans une petite fiole avec trois onces d'acide marin iedifé d'une couleër blanche ; j'expofai le mélange au bain de fable, & après avoir laiflé pendant deux heures de fuite l’acide marin en digeftion avec le gneis réduit en poudre, je le retirai du bain de fable, & je trouvai qu'après cette opération, il avoit pris une belle couleur d’un jaune foncé. [V. Après le refroidiffement , je dépofai le tout fur un filtre, & verfai pendant long-rems'de l'eau diftillée fur la poufliète qui refta fur le filtre jufqu’à ce qu'elle eût perdu toute fa faveur acide. Lorfqu'après cela j’eus décanté la liqueur avec une certaine quantité d’eau , je la mêlai avec une lefive de fang, & à l’inftant j'obfervai un précipité au fond du vale, Je continuai alors à verfer de cetre leflive, jufqu’à ce que je n'euffe plus de précipité. Quand! il fut tout-à-fait difcontinué , alors je le mis fur un filtre pour lui ôter toute l'humidité dont il étoit pénétré, & verfai deflus de l’eau fraîche à différentes fois, & alors il fut entière- ment dépouillé de toute fa faveur acide, Quand il fut entièrement deffé- ché für le filtre , il avoit une fuperbe couleur d'un bleu foncé , & il pefoit 26 grains ; mais pour pouvoir apprécier d'une manière plus exacte la quantité de fer contenue dans cette fubftance, je la fis chauffer au feu , & alors elle prit une couleur brune ; maïs dans cet état elle devint atrirable à l’aimant, & ne pefoit plus que 16 grains, ce qui doit être confidéré comme du fer pur. V. La liqueur qui paffa par le filtre étoit trouble & mélangée d’efprit ammoniacal cauftique. Je ne pouvois m'atrendre à y rencontrer du fel amer ni de la terre d’alun. En conféquence je verfai dedans un peu d'alkali fixe cauftique, & aufi-rôt il fe précipita une rerre blanche qui après avoir été féparée du refte de ‘la liqueur , lavée & féchée, pefoit 3 grains, & étroit de la terre. calcaire pure; car mêlée avec de l'acide vitriolique, elle formoit de la félénite. VI. Je n'ai pas beaucoup dénaturé le gneis par le moyen de l'acide marin , & pour cette raifon j'ai eu recours à un procédé plus puiffant. Ce qui reftoit de gneis fur le filtre de papier, comme il a été dit dans l’art. 4, je le mis dans une petite rerorte avec deux onces d'acide vitriolique con- centré, & je conduifis le feu, commeil convenoit, jufqu’à ce que l’acide fuperflu fût entièrement évaporé. Je lavai enfuite le réfidu dans de l'eau diftillée & de l’eau fraiche très-fouvent renouvelée jufqu'à ce que la SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 459 faveur acide füt difparue, & alors je fis la leflive fur le filtre pour accélérer la féparation des matières étrangères, VII. Quand toute humidité eft évaporée & quete filtre eft par- fairement fec , on peur dés-lors eftimer fe quantité de fer que contient cette fubftance. Si vous la mêlez à-une leflive de fang , il fe formera, comme dans le premier cas, un précipité d’un bleu très-fonce qui étant lavé & feché pèle 18 grains ; mais fi vous le calcinez, il ne reftera plus que 8 grains de fer pur. Quand le précipité bleu eft tout-à-fair ceflé , on verfe de l'alkali fixe cauftique fur la diffolution qui fe-convertit en une pouflière blanche, laquelle ayant été lavée & fechée devient de la terre d'alun pur, & pèfe 64 grains. 3 VIIT. Enfin , il ne.nous refte plus à parler que du, dernier réfiüu indiffoluble , qui felon l'art, 6 étoit refté fur le filtre; il éroir d'une couleur tout-à-fait blanchâtre; je le verfai dans un vafe & l’arrofai avec de l’eau jufqu'à unediminution confidérable , & alors je remarquai qu'il fe précipitoit fous Ja forme d’un gravier tantôt plus pefant , tantôt plus léger, mais le tout étoit blanc & la pouflière furnageoit au-deflus de l’eau. Cela fut caufe que je les féparai l’un de l’autre. Quand la féparation fut achevée & que lun & l’autre furent fecs , je pefai le fable & je crouvai que fon poids équivaloit- à plus de 4 dragmes & 18 grains. Ce même fable, vu à travers un microfcope, reflembloir à du quartz en roche, mais dans lequel il y avoit encore une portion de feld de fpath afféz confidé- rable pour être vifble. La pouflière que je fépatai étoit d’une couleur tout-à-fait blanche , elle pefoït 2 dragmes & 12 grains, & d'après un plus grand examen c’étoit de la terre filicée de même que la terre argileufe qui s'y trouvoir. * IX. Dans une once de oneis, les fubftances compofantes doivent entrer dans les proportions fuivantes : 1. Du pros fable deiquartz mêlé avec dalfold de fpath.........,.....,.. 4 dragm.. 20 2, De Ja terre filicée fine .4. 4... , .:.2 1 ANDe la rérredialun dual LR NX 2 3 4 4 Du fers a sonne ele tr pt lens sie 24 ÿ- De la terre calcaire... .... 3 7 dragm. 630gr. Quant aux n°%, 1,2, 3,4, il eft confiant qu'ils font auffi vifibles dans Je laneis que fe font dans l’araile les fubftances qui la compofent, & de la réunion de ces quatre chofes réfulte le #2ca qui avec le quartz & 1e feld-defparh conftitue le gets. En un mot, il ne s'agit plus, pour pouvéir -analyfer patfaitement certe fübftance , que-de connoître la portion de /e/4 de fpath qui entre dans fa compoftion. Tome XXV III, Part, I, 1786. JUIN. Mmm 2 40 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, O°B'S'E:R'V AT T'O'NYS Sur les Variolites & leur décompofition ; Par M. Dortes, D. M. Mors etiam faxis lapidibufque venit, Ovide. CE n’eft qu'en étudiant la nature en, détail, qu'on pourra parvenir à découvrir les opérations ; les objets qui par eux-mêmes ne nous paroiflent d’aucuneutilité , peuvent devenir ; par des obfervarions exactes , la fource d'une infnité de découvertes u’iles aux fciences & aux arts fi néceflaires aux hommes. C’eft donc à tort que la plupart d'entr'eux jettent du ridi- cule fur ces recherches qu'ils regardent comme minutieufes, & qu'ils s’appuyent fur ce grand dire de l'ignorance : 4 quoi bon ? tandis que d'un autre côté, roujours portés au merveilleux , ils attribuent à certains objets des vertus cachéés que le Créateur n’a point prétendu leur donner, Cet ainf que des pierres fur lefquelles font naturellement figurées des taches de perite vérole , ont paru un remède contre cette maladie , en les sortant en forme d’armulertes, Cet abus a lieu non-feulement dans les Indes , mais encore en Europe, où il femble que les fciences auroient dû rendre le peuple moins crédule. Les variolites , autrefois fort rares, parce qu'elles avoient été moins apperçues , font aujourd'hui aflez communes. On n'a plus recours aux Indes pour s’en procurer, plulieurs endroits de l’Europe nous en four- niflent en quantité, On en trouve dans la rivière d'Emen en Suiffe ; er Corfe dans les ferpentines , felor M. Barral (x) ; far les Pyrénées , où M. l'abbé Mongez les a obfervées ; er lralie dans un torrent , entre Boulogne & Pietra-Mala , Suivant feu M. Seguier ; dans la Durance , qui les reçoit du torrent qui traverfe la vallée de Serviéres , près de Briançon, où elles font en gros blocs, enclavés par Lirs dans le rocher ; dans les atterriffements du Bas-Languedoc , où j'en ai trouvé en grand nombre, fur-tout dans les environs de Fauvert, d’ Aigues-mortes , &e for les plages de Perols, Maguelone , &c., où la mer en rejette tous les jours, mêlées avec d’autres cailloux du Rhône. Elles font portés dans ce fleuve par la Durance au-deffous d'Avignon. ee EC EP EU RC ET PT RE TE TETE UN CU TEE V VLC RE EN DNTULA FRET SAUCE M (1) Mémoire fur l'Hifloire-Naturelle de l'ile de Corfe, par M. Barral. Paris; 31783, in-8°. pag. 30 & 101: SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 46% Les variolites répandues dans le rerroir de V’auvert font aflez grofles. J'en ai trouvé pefant plus de trois livres ; celles qu’on rencontre près d’Aigues-mortes font de beaucoup plus petites; les plus confidérables pèfent quatre ou cinq onces ; il en eft à peu-près de même de celles des plages de la Mediterranée au-delà de Pero!s à Maguelone | &c…. Cette Éiférence de groffeur me paroît mériter quelqu’atrention. On ne fauroit douter que les dépôts carlloureux , très-étendus dans les diocèfes de Nimes & Montpellier, ne foienc un tribut de la mer qui les a reçus du Rhône ; cette opération fe répète tous les jours fous nos yeux. Mais d'où vient que les cailloux qu'on trouve à Belleoarde , Bouillar- gues, Vauvert, &-dans'les environs de Montpellier font confidérabies ment plus gros que ceux que rejette aujourd’hui la mer fur fes bords ? Ce fait ne pourroit-il pas être ainfi expliqué ? Selon M. Affruc (1) la mer alloit autrefois du côté d'Avignon ; ce qui me confirme fon fentiment, c’eft que le Rhône, au-deflus de certe ville, fe creufe un lit à travers fes anciens produits, mêlés à ceux de la Durance. J'ai obfervé ce mêlange jufqua Orange , où j'ai trouvé des variolires dans plufieurs degrés de décompofition ; j'ignore s'il fe prolonge plus loin. Le cours du Rhône éroit donc de plus de feize lieues plus court qu'aujourd'hui, Il eft certain que les cailloux s'ufent davantage par le frottement réciproque , lorfqu’ils font tous ramaflés dans un petit elpace, comme le lit du Rhône , que lorfqw’ils fe trouvent au large dans la mer; il s'enfuit que les cailloux des anciens atterrifflemens , n'ayant point par- couru un lit auffi prolongé que celui qu'ont parcouru ceux rejettés aujour- d'hui par notre mer , ils doivent étre beaucoup moinsufés & conféquem- ment plus gros; conféquemment encore les variolires qu'on rencontre dans les anciens atterriflemens doivent être plus grofles que celle des nouveaux. On connoît des variolites de diverfes couleurs ; les premières que j'aie obfervées dans le bas-Languedoc, font celles de PVauvert ; elles y font la plupart bleues, Prévenu que nos dépôrs caïllouteux avoient appartenu 2ù Rhône , j'étois embarraffé d'expliquer d’où pouvoient venir des variolites bleues , fachant que celles de la Durance font conftamment vertes. Je préfumois alors qu'un long féjour dans les arterriffemens avoit pu opérer un changement de couleur (2) ; j'ai vu depuis que je ne m’étois point trompé ; non-feulement les variolites vertes deviennent bleues , (1) Mémoires pour l'Hif&. Nar. de la Province de Languedoc. (2) M. le Baron de Serviéres , à qui je fis part de cette Obfervarion , voulut bien en parler dans un Mémoire inféré dans le Journal de Phyfique, mai 1783, fous ce titre: Conjeétures phyfico-hifloriques fur l'origine des cailloux quarrçeux répandus & amoncelés dans les environs de Nimes € principalement au-delà du Vivere , tom, XXII ,.page 372, 465 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, mais encore elles paflent fucceflivement par toutes les couleurs du /peëre Jolaire ; de forte que du vert , qui tient le milieu de l'éche/le, elles paffenc au bleu , enfuite à l’?digo, au violer, remontent au rouge, continuent par l'orangé , & Bniflent par le jaune ; perdant à mefure qu'elles parcou- rent ces couleurs, de leur ‘pefanteur fpécifique , leur nature filicéufe , leur dureté, & fe réduifant tout-à-fait en argile. C'eft ce qu’on obferve diftinétément fur quinze variétés de variolites ramaflées dans la Durance, à Aioues-mortes, aux plages de Perols, Maguelonne , &c. à Orange & à l’auvert, En voici le tableau : 2, Vert nôirätre...... 17. { De la Durance. 1. Viert, foncé. . se. demie oi = o D'AjaueeMores| ÿ & des Plages de Pe-/ 3. Vert bleuâtre. .......... ne MABPORRE À 4 Vert prefque bleu. ..... | feu] s. Bleu Rs Léoonotouoc | Etincelle Be Variolites, 6. Bleu foncé.....….....,.,/le briquet. 7. Lndigotin..ertase À 8. Indigot tirant fur le violet. TON ADIER neue Delais ue D'Orange ! ro. Violet tirant fur le pourpre. | & de Vauvert, DITS POURDTÉ se sens ee as biaeiers Let ROM nec ce 13. Rouge tirant für l’orangé. . à Odeur d’argile, TAMOTANBE eee nee ee ns Jane. seen set est elte A La variolite n'elt point la feule fubftance fur laquelle on obferve des changemens de couleurs de cette efpèce. La furface d’une lame d'acier polie, expofée au feu, en fubic qui fuivent en 7a//on inverfe la même marche (1). M. Priéflley a montré à la Socièré royale de Londres , des lames de divers métaux , fur lefquelles l’éséncelle éleétrique avoit produit plufeurs anneaux circulaires, repréfentant-les couleurs de l'iris (2). Les @) Voyez le Didionnaire de Chimie de Macquér ; article acier, '$. 34. (>) Differrarion fur cerrains céreles'contenane les couleurs du prifme ; formes par ‘deux explofions “électriques fur la-furface de deux pièces de metal, par M. Prieflley dans le Tableau annuel des progrès de lg Phyfique par Dubois, Paris, 1772, ên-8°. pag. 178 = 18ÿa SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 46; pieres, bols & chaux métalliques, privées de leurpAlogiffique , au point .d’être jaunes ou même blanches , le reprennent enfuite à un feu gradué jufqu'a devenir plus ou moins rouges ; les végéraux & les animaux nous préfentent encore plufieurs exemples analogues , qu'il feroit trop long de rapporter. Les /ubflances qui dominent dans la varéolite font : 1°. Le quartz, qu'on reconnoît aux ésincelles qu’elle donne fous le briquer. 2°. L'argile que la décompofition met à jour. 3°. Le fer, puifqu'on-peut en retirer un beau bleu de Pruffe. On voit même , dans certaines, des veines & des taches métalliques dont quel- ques-unes attirent le barreau aimanté. La nature s’elt réfervé le fecret de la décompofirion des pierres filiceufes; des obfervations fuivies 14 feront peur-être découvrir quelque jour : ïl n'en eft pas moins vrai que les /£/ex font réduits en argile par la décom- pofition qu'ils fubiflent dans les arterriffemens où règne une continuelle humidité. Cette décompofition a également lieu dans les quartz, les granits , les porphyres , &c. Les variolites étant de nature filiceyfe | eftil étonnant qu’elles fubif- fent le même fort ? Leur décompofition doit être attribuée à la déperdition du principe guartzeux (1) & du phlogiflique ; la diminution de pefanteur Jpécifique (2), la propriété qu’elles perdent d’évinceller fous:le briquec, & (1) Selon Bergman , Differtarion fur Les terres géoponiques couronnée par la Société Royale de Montpellier, $. 12 ,p. 168 , laverre quartzeufe eftdenarure faline. (2) Je crois faire plaïfir aux Minéralogifles en publiant ici le Tableau des- expériences de M. le Baron de Serviéres , qui a déterminé à la balance hydroflarique la pefanteur fpécifique de plufieurs variolites verres qe & non decompofees de. la Durance. . | Varioltes. Pefanteur fpécifique. Pied cube. I, À : € Au sessssenesns seneee2384210$e sus vous «19859473 Se eur Be esenceoe sooves 138516328000. 0000: ° 199;61424% 40 0. CRT meer ee ee: 0728 75e nes etdane san ZON 10125 12e Dee es ateeass2912772= see eee mse 203389 404olate s {ee Fragment d’une variolite pefant 18 Liv. EN end ea, 037 one nonevere sou TG SN +7 Pa -ie-ceeecc-ehhece 2041662 been Je202 2H I022 |. nee _—_—_—————— Réfultat moyen, ..., .,.#.2,886843. sus ee on» » 0 0» 2023907902 e veus 464 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, le changement de couleur femblent nous l’indiquer.Il paroîe de même pro- bable que c’eft aux divers états dans lefquels le pAlogifhique & le principe quartzeux fe trouvent combinés avec la chaux de fer, V'argile & autres terres , qu'elles doivent leurs différentes couleurs. Quant à la formation des variolites , nous l'ignorons encore , les Naturalifles qui ont traité de cette pierre, n’ont donné que des conje“tu- res ; ce qu'il y a de certain , c’eft que les taches qu’on ÿ apperçoit fonc plus claires & plus ff/iceufes que le fond; le milieu de ces taches ou grains arrondis, eft plus foncé que les bords, & l’on y apperçoit des rayons divergens dü centre à la circonférence. Enfin ces gruins fe féparent faci- lement dans les variolites fort altérées , & fonc moins décompo/és que leur gangue ; ce qu'il faut pourtant obferver dans l'intérieur , car quel- uefois les globules extérieurs fe décompofent plutôt que le ford ; l'humidité s’infinuant facilement entre le grain & la pâte environnante. N. B. On pourra woîr les objets ci-deflus dans l’intéreffant Cabinet de M. de Joubert, Tréforier des Etats de Languedoc. ee NOUVELLES LITTÉRAIRES. Pise TATI1ON fur les Rofes, leurs propriétés médicinales & économiques , & fur les anecdotes concernant ce genre de plantes. Differtation M Jos de là Chine, plante nouvellement découverte, & recomimandable. par fa racine , un des meilleurs flomachiques. Differtation Jur le Noifettier de Saint-Domingue , un des grands arbres de l'Amérique. Differtarion fur le Caoutchouc, plus connu fous le nom 4e gomme élaftique, fur la nature de [à fubflance, fur [es propriétés. Dix Planches d'Animaux, repréfencans le Chevreuil, le Bouc, le Bélier, le Taureau, la Vache, le Cheval, l'Ane, le Mulet, le Sanglier & le Cochon. é Toutes ces Differtations font de M, Buch'oz , & fe trouvent chez lui, sue de la Harpe. EE : | Eflai d'un Syfléme de tranfition de la Nature dans le règne mineral : . & par M. le Comte DE RAZOUMOwSKE , un vol. 7-12. Dans cet Ouvrage intéreflant, l’Auteur s'attache à faire’ voir que la paturg SUR L'HIST. NATURELLE :ET:LES ARTS: -46$ wature dans le règne minéral comme dans Les autres règnes:s'eft ménagé des tranfitions. - Errata. Cahier de février, page 150 ; Lign. 3 , canton de Poerne , /ifèx : canton de Berne. Page 151, lign. 9 & 11, la bauche, Zi/ez : la banche, Traité fur les. Mines de Fer & les Forges du: Comté de-Foix 3 par M. DE LA PEYROUSE, Baron de Bazus, &c, des Académies des Sciences de Stockolm , de, Touloufe, Correfpondant de l'Acadèmie des Sciences de Paris , de la Société Royale d'Agriculture, 6e, Pluris eft oculatus teftis unus , quàm auriti decem Qui audiunt, audita dicunt: qui vident plane fciunt. : Plaur, À Touloufe , de l’Imprimerie de D. Declaffan, Maître-ez-Arts ,Imprià meur de l'Académie Royale des Sciencess 1786; x vol. 27-8°1 : Les mines de fer font très-aboridantes en-Franée ; mais'en général ellés y font mal exploitées, & les fers y font bien éloignés de-la perfection qu'ils pourroient acquérir, & qu’ils ont en Suède & ailleurs, Cela n'eft point furprenant , puifque les forges font ordinairement entre Jes mains de perfonnes qui ont l'argent néceffaire pour les faire valoir, mais nulle connoiffance pour traiter ces mines avec avantage. C'eft donc un grand fervice que rend M. de la Peyroufe, & il faur'efpérer que la fävarite Ecole des mines que l’on forme s'occupera fpécialement de cet 6bjet , d'autant plus qu'en France il y a peu d’autres mines en exploitation , & que nulles n’ont une utilité aufh réelle que celles-ci. : ‘ aas.28 q M..de la Peyroufe a enrichi fon Ouvrage de notes. Il croit que les Pyrénées font plus élevés qu'on ne le penfe communément. Le pic du midi au-deffus.de Barrège a 15sottoifes.: Le Morr-perdu à 400 toifes de plus , & eft encore moins élevé que le p# di midi d'Offan. H ditailleurs ? «Il ne feroit pas furprenant'que leicaléaire fetvir de fondement & de » bafe aux montagnes de oranit, ainfique quelques favans obfervareurs 5 m'ont aflüré l'avoir vérifié, les uns aux Pyrénées, les autres en Sicile & » ailleurs. Je ne fuis point éloigné de le croire; mais je ne l'ai pas vu ». En parlant des trompes ou chûtes d’ead q''on émploie avec avantage au Jieu de foufflers dans les forges du! Comté de Foix , il ajoute : « Je » dis que dans nos trompes l'air eft chaffé & entrainé par l’eau. J'ai cru » long-tems que cet air étoit produit du moins eh grande partie par la # décompofition de l’eau; mais après avoir examiné la chofe de près, » après avoir recueilli & éprouvé en diverfes reprifes dés portions affez » grandes de l’air fourni par les trompes, je me fuis convaincu que cet air eft le même que celui de l’atmofphère , & que l’eau à la fortie de 55 la caille à vent n’a point éprouvé ‘de décompofition ». An legtung Welter , &c. a Averiffement für Ptaréhiere de placer Tome XXVIIT, Part, I, 1786. JUIN, Nan ‘466 OBSÈRFATIONS SUR LA PHYSIQUE; des} condüéteurs ; par M. Jaéos "HIEMMER ; des ‘Académies de Manheim , Bologne Dijon, &e. Manhein, 1786. Cet Ouvrage renferme des chofes curieuses & neuves fur les conduc- teurs d'éledricité! Mémoire & Obfervations Jur un nouveau moyen de prévenir & éviter P. Aveuplerent qui a pour caufe la catarraëte.; par M. MARCHAN , + Oculifle de là ville de Nimes, &c. À Nîmes, de l'Imprimerie de Pierre Baume , Fmprimeur-Libraire, à fa grand rue. Errata. Février, page 176, lign. 326, fuppofe ; Zifez : (e propofe d'y prouver. Ligne 34, auroit, Le nauroiti pas va 2 découvrir. Ni 157 , lign. ei point ; Et: RÉ A -<9 nie M Cris s53Q 90 4 | N. B: La fouféription! de” la éuseme sad bn dé Pope de Néxyrton ,: par M; Bequsfende dAsadépnie cs et Dune jqau au premier août}, 1 ÿ ) j Les Pronoflics” du tems, ou Alhanach Baba à lufage. de “tonus les hommes, & Jur-tout” ‘des Cultiväteurs, Seconde édition, fort | dgrencée. À Genève, chez Bonant, Iniprimeur, el p'yy4} point hate qui n'ait) eu féhyent lieu de; défrer uve » conrioi| lance folidé, des variations du: tems »., (dit le favans Auteur de cet Almanach, M. Sennebier ),-mais il.n'éxifte poñit de lighes ‘certains qui puiflenc les annoncer. On n’a que des probabilités plus ou, moins grandes, qui-fonr le réfultar d'obfervarions longues & mulripliées , tirées de l’écar.du ciel, plus ou-moïnsferein; des vapeurs des brouillards , dé l'apparence ‘du foleil, de là lune & Fig -éroïles ;,dés vents, &c. Le sie mètre fournit aufi les indications,» mais, qui ne ACT pas non plus exempres d'erreur. M. Sennebier rapproche:ces différens mayeñss: & faic yoir-jufqu'à, quel point on peut,y compter. L'Aureur.a placé ici des. Fables calculées d'après les principes de M.de Luc, pour rronver la haureur des montagnes ou du lieu qu’on habite par le moyen. du, baromèrre. Nous, croyons, qu'elles feront plaifr à un grand nombre de nos-Leét-urs qui n'auroient pas le; rèms défaire ces calculs eux- mêmes: On. fait, queï dans toutes :.ces eflimations. il -ifaue prendre: une moyenne proportionnelle entré un: grand nombre d'obfer- vations. Si on veut mefurer la hauteur d'une .montagne , on a deux baro- mètres accompapnés de, rhermomèrres,, &. dont la marche. eft bien correfpondante, Onen laifle un-au bas de la montagnelen flation , & on porte l'autre au haut de la montagne! On fait . obfervarions, aux mêmes inftans en ayant égard à à la ,chaleur ;,& par le moyen de ces Tables on calculera à à- Fu A la sta BAS L . MNRTE > AN ET] t . SUR L'HIST) NATURELLE ET LES ARTS. 487 T-A-BH-E---——— Hauteurs moyennes Elévation Hauteurs moyennes Elevation Jur Le niveau Jar le niveau du Baromètre. du Baromètre. de La mer. de La mer. Ie) | || MST ae | TS pôuc. lig: fei. Toiles. pouc. lig! feiz. | Toiles. 28. 3° o 000 26. 24 3 330 28. 2. 3 10 26. I. 8 340 28. 1. 7 20 26, 0, 12 350 28. OP REX 30 26 o. : 360 27 0e UT 40 2$e II, $ 370 27. IT. 2 so GHnEseSe Co SE € 0380 27e 10: 6 6o 7 2e 9, 15 390 27.x 9e 9 70 Ib. 25. De 4 400 27. 8. 13 80 MIE 25e FPE 459 27e 8. 1 90 25e Le 3 500 27: 7e. 4 100 244 10. 12 5s50 27e 6. 8 110 24. 7e 5 - 600 27. SEL 120 | 24. 20 18 650 27. $- o 130 24e O. 9 709 27. 4. 4 140 23° Je 4 75° 27. 3° 8 159 23 6. o y= 8oa 27e 2e 12 160 23° Ze 12 850 27e 2. o 170 £ 22e ZT 9 900 27e 1. 4 180 22, 8. 6 950 27 o. 8 190 224 $. A 1000 26. II. 12 200 21 11e 2 1100 260 TT LP UPO 210 21. $ 2 1200 26. 10, 4 210 20, 11. $ 1300 26. 9, 8 230 20 $. 9 1400 26, 8. 12 240 20. o. o 1500 26. 8. I 250 19, 6. 8 1600 26, Te $ 260 19. 1. 3 1709 26. 6, 9 270---— 18. 8, o 1800 26. s: 13 280 18. 2 14 1900 26.- $: 2 290 174 9: 14 2000 26. 4 6 300 17. $- °, 2100 \, 26. 3 10 310 17, o. 4 2200 26. 2 RTS 320 16. 7. 10 2300. 16, 2: ï ” 2400 Tome XXVIIL, Part, I, 1786, JUIN. Nnn 2 43 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, Colonne d'air correfpon- Hauteur de la colonne] Janre à une Ligne de mer. d'air cotrefpondanre. curé , de pouce en pouce de hauteur: du Baromérre. Hauteur du mercure dans Le Baromètre. LE Fine . pieds de roi. -. pieds. :; pouc, | 29 | 000 | ? 76% 2 28 914 | ? 78e ro $ 27 | & 1862 ; EUR 5 3 ? | LUS 1T 26 ; (7 2845 | l il % ; ? | sé, x 25 ieeh ‘(© 3867 | EM DERRRT ; ? | 88. 7 24 | 4931 | ré | F 92. $ 2% | 6940 | | l F : Ç ? 9DÉ« 6 | 22} 7199 | | Jor. © | ZI 84tr } } 1o$. II 20 9682 3 1, 4 19 7 I1019 ; : à PANIQUE ft ? ST APTE + 18 NPC "12428 É ; TRS j < QE ? 114 2 de NME "r7] - MONt30n7. 20 . ; ; A < ? 131 7 16 : ‘15497 Œuvres.d Agriculture de M: DE PLANAZU. Tableau de Ha divifion | des :Terres en douze fôls, &e fafor qu'il #y er ait jamais d'incrltes ,\en ‘repos ‘ou jächéres, dédié'à M, BERTIER , [ntendant de la” Céndrals de Paris. A Orléans, de l’Imprimerie de Couret de Villeneuve ; Imprimeur du Roï, &-fe trouve à Paris chez l'Auteur : rue Montmartre, N°, 30. Tout ce qui peut tendre à perfectionner l'agriculture mérite d’être bien accueilli. SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 469 "Obfervationes Botanicæ , &c. c'efl-à-dire, Obfervations de Botanique ; par M. BENJAMIN-PIERRE GLOxIN , Doéleur en Médecine, défigné Medecin-Phyficien par les Officiers Municipaux de la ville de Colmar, À Strafbourg , chez Dannebach , 1785, in-4°. de 26 pages, avec figures en taille-douce. .. Plufieurs générations nous offrent la famille de M. Gloxin, très- diftinguée dans la république de la Médecine, dans la Province d’Alface, Le jeune Aureur de ces excellentes obfervations ne dégénerera pas. À peine eft-il âgé de vingt ans, qu'il donne des recherches dignes d’un Botanifte confommé, Les Plantes qui viennent d'être l'objet de fes médications , font rares & peu connues. Enumeratio Lichenum , &c. c'efl-à-dire : Enumération des Lichens, enrichie de defcriptions & de figures ; par GEORGES-FRANÇOIS HorFHANN, Fafcicule première. À Erlang , chez Walther; à Strafboure , chez Konig , 1784, in-4°, de 46 pages. Ce premier cahier offre quatre ordres de lichens ; favoir , les lépreux, les verfucaires, les tuberculaires & les fcutellaires. Certe nouvelle clafi- ‘ fication appartient à M. Hoffmann , qui, aux fynonymes de nos meilleurs auteurs Botaniftes cryptogames , en ajoute fouvent de fa facon , lorfqu’il en juge ja néceflité pour l'intelligence de l'efpèce qu'il traire. - Enumeratio Lichenum, &c. c’efl-à-dire : Enwmération des Lichens , enrichie de defcriptions & de figures ; par GEORGES-FRANÇoIS HoFFMANN. Fafeicule feconde. À Exlang, chez Walther; à Strafbourg, chez Konig, 1785, in-4°, Deux ordres de lichens font renfermés dans cette feconde fafcicule ; favoir , les lichens dartreux & les lichens proprement dits, M. Hoffmann continue dans cette partie la marche qu'il s'eft tracée dans la première, Souvent il en décrit de nouvelles efpèces qu'il a découvertes & rencontrées, À l'article de la parelle d'Auvergne, il ajoute que c'eft avec ce lichen que Jon fabrique près d’Amfterdam , cetre belle orfeille qui donne une fi jolie lacque bleue; les figures en taille-douce de cette collection font très-bien gravées. Hiftoria Salicum , ou Hifloire des Suules, enrichie de planches ; par GEORGES-FRANÇOIS HOFFMANN. Fafcicules première & feconde. À Leipfck, chez Crufus , in-fol. 1785. La famille des faules offre plus de foixante efpèces , & l’hiftoire qu'en donne M. Hoffmann ne peut qu’intérefler les favans, 470 . OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, Stirpes Cryptogamicz , &c. les Plantes cryptogamiques nouvelles ou douteufes , avec Les figures. enluminées, & enrichies de leur hifloire analytique ; par JEAN HeDwWiG, Doëteur en Médecine : Fafcicule première. À Leipfick, chez Muller, & à Strafbourg, chez Konig, 1785, zn-folio de 30 pages. : * Cette fuperbe Fafcicule offre dix planches enluminées magnifiques ; deffinées par M. Hedwig , où chaque moufle & fes diverfes parties font vues d’après nature & groflies au microfcope. Combien la cryptogamie renferme encore d'objets cachés aux yeux du Naturalifte ! Tous les jours les favans Botaniftes du nord nous font part de leurs découvertes en ce genre. M. ME doit être fans contredit placé à la tête des meilleurs mufcographes de ce jour ; fes preuves font faites depuis plufieurs années, C'eft lui qui nous a démontré & fait connoître que les moufles, ainfique les plantes les plus parfaites, éroient douées de fleurs à étamines & piftiles, ainfi que des autres parties de la fructification. L'Ouvrage dont nous annonçons le début, préfente à chaque plante, fon hiftoire analytique, contenant la defcription exacte des racines, troncs, tiges , feuilles , Aeurs, flofcules , ftigmates , fruits, femences, fructiñca- tions, anneaux, foies, opercules, urnes , réceptaclés, loges , ovaires, corpufcules , calices , coëfes, filets, graines , péduncules, &c. l’indica- tion de fon lieu natal, du tems de fa fleur, celui de fa durée & fa mauière de croître. M. Hedwig ajoute à fes dénominations particulières, celles de Dillen, de Linnée, de Vaillant , de Buxbaum & de Morifon. Les quatre dernières efpèces de moufles qu’il décrit ne l’ont jamais été, attendu qu'il les a découvertes depuis peu. Les trois premières croiffent fpontanément aux environs de Chemnitz en Saxe. Elles fe nomment Weifia recurviroflra, W'eifia heteromalla & Phafèum crifpum. La première fleurit en juin & juillet, fa femence eft müre dès le com- mencement d'août. La feconde en mai & juin; dès la fin de ce dernier ” mois & en juiller elle dépofe fes opercules. La troifième montre fa fleur en octobre & novembre, & fes parties de la fructification ne font en maturité qu'en juin de l’année fuivante. La dernière moufle de cette décade eft le Phafeum patens , découvert par M. Hedwig dans les bois de Rofentha , près de Leipfck. Ses petites fleurs s’épanouiffent en mai & juin, & ne fourniflent des graines müres qu’en août. M. Hedwig termine ce cahier en conremplant la fagefle du Créateur , qui n’a rien fait dans la nature d'imparfair, & dont l’organifation ne foit parfaite & admirable, puifqu'elle s’écend jufqu'aux êtres infiniment petits, SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 472 Programme de T Académie Royale des Belles-Lettres d'Arras, publié le 26 avril 1786. L'Académie annonça , l'année dernière, qu’elle n'avoit pas reçu de mémoire fatisfaifanc {ur la queltion fuivante : Quelles furent autrefois les différentes branches de Commerce dans les contrées qui forment préfentement la province d’ Artois , er remontant même au tems des Gaulois ? Quelles ont été Les catifes de leur déca- dence , & quels férotent les moyens de les rétablir | notamment les manu- Jaures de la ville d'Arras ? En conféquence , de concert avec meffieurs les députés généraux & ordinaires des ÉrATS D’ARTOIS., elle réfolut de propoler la même queftion , pour fujec d’un prix qui fera décerné vers Pâques de l'année 1787. 3 Elle annonça aufli que , dans le même tems , elle décerneroir un autre prix au meilleur Ouvrage qui lui feroit préfenté fur cette queftion : Æfl-il avantageux de réduire le nombre des chemins dans le territoire des villages de la province d'Artois, & de donner à ceux que l'on con- Jerveroit une largeur fuffifante pour étre plantés ? Indiquer ; dans le cas de l'affirmative , les moyens d'opérer cette réduétion. LA L'Académie renouvelle aujourd'hui cette annonce, & déclare qu’au- cun Membre ordinaire ou honoraire de la Compagnie ne pourra prétendre aux prix, * Les Auteurs ne mettront à leurs ouvrages qu'une fentence , devife ou épigraphe , qui fera répérée fur un billet cacheté, contenant leur nom , leurs qualités & leur demeure. Ceux qui fe feroient connoître avant le jugement de l’Académie , feroienr exclus du concours. Les Mémoires feront adreffés., francs de port , au Secrétaire-Perpétuel de l'Académie , à Arras , ou fousle couvert de M. l'Intendant de Flandres & Artois , à Lille; & on ne délibérera que fur ceux qui feront reçus avant le premier Décembre prochain. Les prix feront délivrés , dans Ja féance publique indiquée ci-deffus, ‘faux Aureurs des ouvrages couronnés , ou aux perfonnes chargées de leurs procurations. Chacun de ces prix fera une médaille d’or de la valeur de 500 livres , ou pareille fomme en efpèces. L'Académie croit devoir publier dès-à-préfent qu’elle décernera un 472 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, prix femblable , vers Pâques de l’année 1788, au Mémoire qui aura le mieux traité la queftion fuivante : 2 Quelle eff la meilleure méthode à employer pour faire des pâturages propres à mulrplier Les befliaux en Artois. Les Auteurs feront tenus de remettre leurs Mémoires, pour ce dernier prix , avant le premier Décembre 1787. Le 31 O&obre 178$, l'Académie Eleétorale Palatine des Sciences à Manheim fut affemblée publiquement pour diftribuer des Prix, & propofer de nouvelles queflions : elle avoit publié il y a deux ans la queflion fuivante : æ Par la forme extérieure d’une montagne & particulièrement par » les pierres & les roches dont elle eft compofée, peut-on parvenir à » connoître fi elle contient, ou non, des filons ou des couches mé- » talliques? Quelles font celles de ces pierres & de ces roches, qui » font efpèrer plutôt un métal qu'un autre? Quelles font celles qui »> font ftériles? De la manière dont ces pierres font difpofées dans l’in- > tétieur d'une montagne, peut-on en tirer aufli des indices de l’exif- # tence d’une mine » ? Par les mémoires qui furent renvoyés fur cette queftion, il s’en eft trouvé un en françois, avec la devife: l’homme avide de fortune, Je trompe fouvent en la cherchant. Au jugement de l’Académie, l’auteur de ce mémoire fans avoir plei- nement fatisfait à fon attente, paroît pourtant être verfé & expéri- menté dans la connoiflance des mines. Il n’a pas héfité de dire, qu'on pouvoit, répondre à la queftion affirmativement. Cependant il ne l'a fait qu'en partie, & cela a engagé l’Académie de partager le prix entre lui & un autre mémoire écrit en allemand , de manière, que le fran- çois aura une médaille de 30 , & l'allemand une autre de 20 ducats, Ain le prix entier de so ducats, n'ayant été adjugé à aucun , les bil- lets qui cachent les noms de ces deux auteurs, ne feront ouverts qu’a- près que ceux-ci auront trouvé bon de fe faire connoître eux-mêmes, & auront déclaré qu'ils accepteront le partage ci-deflus. Dans la même féance, M. Lamey , fecrétaire perpétuel de l’'Acadé- mie, publia deux nouvelles queftions pour les années 1787, & 1789. Voici la première : æ Etant connu que léledricité eft du nombre des irritants, on » demande, fi elle ne pourroit pas être un remède propre à rappeler » à la vie les noyés , les fuffoqués, & autres attaqués de l'afphyxie; » fi elle mérite une préférence fur d’autres moyens femblables employés p jufqu'ici SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 473 >» jufqu'ici, & quelle feroit en ce cas la voie la plus sûre, & la plus » facile de s’en fervir (1 ) »? L'Académie attend là-deflus des expériences convenables & décifives, foir fur les hommes, foi fur les animaux. L'autre queftion pour l’année 1789 eft conçue en ces termes : « Exifte-t-il dans la clafle dioïque de Linné des plantes de même > genre, qui foient purement femelles, dont les femences aient la >» puiflance ou la faculté de reproduire l’efpèce fans la fécondation des » mâles » ? En défignant ies noms botaniques felon Tourneforr & Linné, on devra conftater la fertilité ou la ftérilité des femences de ces femelles mentionnées , dont les mâles n’ont aucunement agi fur leurs propres germes, par des obfervations & par des expériences fi exactes, qu’on ne puifle pas avoir le moindre doute fur un fujet aufli important à l'hiftoire de la génération des végétaux. (1) On peut cohfülter fur cette matière deux Lettres intéreffantes de M, Chan- geux, qui fe trouveut dans ce Journal, tome X,page 197, & tome XV, page 74. TABLE Des ARTICLES CONTENUS DANS CE CAHIER, M: MOIRE fur la préparation de l'Alkali cauflique , fa criflalli- Jation, & fon aëtion fur PEfprit-de-vin ; par M. BERTHOLLET , page 4OI De la vraie nature du Sel d'Ofeille ou Oxalin, & de [a produ&ion par la Synthèfe : de M. SCHÉELLE ; traduit de l'Allemand du Journal de CRELL , par M. WELTER, de l'Ecole des Mines; 07 Mémoire de M. SCHÉELE , fur l'acide des Fruits : Journal de Gérer $ traduit par M. WELrER, Elève de l'Ecole Royale des Mines , 09 Recherches fur la Platine expofée dans un. four à porcelaine ; é M. CRELL ; traduit de l'Allemand, par M, BAILLET DE BELLOY, de l'Ecole Royale des Mines, 415 Tome XXVIIT, Part, I, 1786. JUIN, Ooo 474 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, &c. L'eféription & ufage du Refpirateur 'antiméphitique , imaginé par feu M. Picarre DE ROZIER, avec un Précis des Expériences faites par ce Phyficien , fur le méphitifme des foffes d'aifance , des cuves à biere, &c, par M. DE L'AULNAYE, 418 Suite des extraits du Porte-feuille de | Abbé DiCQUEMARE, 429 Objervarions qui peuvent fervir à l'Hifloire-naturelle du Dauphin ou Papillon- crépufculaire ; par M. le Chevalier LE FEBURE DES Hayes, du Cercle des Philadelphes , Correfpondant du Cabinet du Ro, 431 Expofe fuccinä du voyage de M. DESFONTAINES, Lettre à M. INGEN-Houz, fur la décompofirion de l'Eau ; par M. ADer , M. P. 436 Réflexions fur la Lettre précédente de M. ADET , relativement à La décompofirion de l'Eau ; par M. DE LA METHERIE, 442 Effai fur l'application de l’analyfe à la probabilité des décifions rendues à la pluralité des voix ; par M. le Marquis DE Con- DORCET , 447 Lettre de M. HASsENFRATZ , Profefleur de Phyfique de l'Ecole Royale des Mines, à M. DE LA METHERIE , Auteur du Journal de Phyfique, fur la matière colorante du Bleu de Pruffe, 453 Methode facile de préparer des vafes de Platine ; par M. ACHARD , de Berlin : traduite de l'Allemand, par M. CHÉMEL , de l'Ecole Royale des Mines de France, 456 ‘Analyfe du Gneis; par M. WiEGL8, traduite du Journal de CRELL , par M. BLAVIER, de l'Ecole Royale des Mines, 457 Obfervations fur les V'ariolites & leur décompofition ; par M. DoRTHES, D. M « 460 Nouvelles Littéraires , 464 Errata. . Page 454, ligne 12 de la note, maximum + H, lifez : maximum == 1 H, & ligne 22,P — O0, lifez: P—D, pm mn pm SG, D me emmener RE EE EEE LE a ———— PRE, TABLE GÉNÉRALE DFE SARA PETITES CONTENUS DANS CE VOLUME. PHYSIQUE. Dane préliminaire , contenant un précis des nouvelles découvertes ; par M. DE LA MstHerts, D. M. Auteur de ce Journal’ page 3 Examen comparé de l'intenfité de chaleur produite par la-combufiion du Charbon de bois & de celui de tourbe : extrait d'un Mémoire lu à l’Académie le 16 Novembre dernier ; par M. SAGE, Correélion neceffaire pour la hauteur du Mont-Cenis ; par M. + ñ Lettre de M. INGEx - Housz , à M. N. C. Moztror, Praffen de Chimie dans l'Univerfiré de Mayence ; au jet de l'effèe particulier qu'ont fur la germination des femences & fur l'accroife- ment des plantes formées, les différentes efpèces d’airs , Les diffirens degrés de lumière & de chaleur, & Péle&ricité , 8x Objervation relative à la Lettre de M. SCHWANKHARDT , au fujet de L'influence de Péleëtricité fur la végétation , inférée dans le Journal de Phyfique, Décembre 1785, page 462 ; par M. DuvarNier, D. M. 93 Lettre adreffee à M. le Baron de SERVIÈRES , par M, Boyer-BrUN contenant la déferiprion d'un Ele@rofcope adaptable aux Pars- ronnerres , 33 Lettre de M. ETIENNE DE LESSERT , à M. DE LA MYETHERIE , fur ur moyen de mefurer la chaleur de la vapeur de l'eau, 170 Expériences relatives à la cohéfion des Liquides ; par le P. Bésire 3 de l'Oratoire , 71 Extrair d'une Lettre de M. BLAGDEN , à M. BERTHOLLET , daiée de Londres du 27 janvier, fur diffrens Mémoires qui ont été lus: à la Société Royale depuis fa rentrée du mois de décembre, 212 Tome XXV/IIT, Part. I, 1786. JUIN. © 00 2 476 TABLE GÉNÉRALE DES ARTICLES. Leitre d: M: JuRINE , Chirurg'en de l'Hôpital Général de Genève; à M. De LA METHERIE, fur l'énfufibilité du Criflal de roche, : 2238 Réporfe de M, DE LA METHERIE, à la Lettre précédente de M. JURINE, 230 Objervations & Réflexions fur la Période lunaire de dix-neuf ans, & fur l'influence des points lunaires relativement à la Température ; par de P. CoTTE, Prêtre de L'Oratoire , Correfpondant de l Académie Royale des Sciences, Membre de la Société Royale de Médecine , de l’Académie Royale de Bordeaux , de la Société Royale d'Agriculture de Laon, de la Société Eleëtorale Météorologique établie à Manheim, 276 Problémes & Queflions fur les loix du mouvement des fluides, propofés par M. DE LA METHERIE, 283 Lettre de M. l'Abbé FONTANA, au célèbre M. INGEN - Housz , Médecin de Sa Majeflé Impériale , [ur la décompofition de l’eau, 310 Recherches [ur la Platine expofée dans un four à porcelaine ; par M. CK&LL; traduit de l'Allemand, par M. BAILLET DE BELLOY, de l'Ecole Royale des Mines, 415 Effai fur l'application de l'analyfe à la probabilité des décifions rendues à la pluralité des voix ; par M.le Marquis DE CoNvor- CET ; ° 447 Ls Lo G'ENICMITE: Msmorre fur la Siderite ; par M. ***, page 59 Extrait d'un Mémoire fur le Saturnite de la mine de plomb de Poullaouen en Bretagne, lu à l'Académie Royale des Sciences en Décembre 1785 ; par MM. HAssENFRATZ & GirOUD, de l'Ecole Royale des Mines, ü 62 Troifième & derniere fuite de la dernière Partie des Expériences de M. KiRwWAN , ur les Affinités, &c. traduites de l'Anglois, par Madame PY***%, de Dijon, Mémoire fur l'origine & la nature de la fubflance animale ; par M. VAN-BocHAUTE , de l’Académie de Bruxelles, 109 Obfervation fur Panalyfe du Sel fédatif, & fur la compofition du Borax ; par M. EXSCHAQUET, Direéteur des Fonderies du Haut- Fauffigny , & par M, SrRUVE, logénieur des Mines du Haut- Faufligny , , 116 TABLE GÉNÉRALE DES ARTICLES. 47ÿ Expériences fur différens états du Mercure dans le Sublimé corrofif 3 par M. Scoporr: traduites des Recherches & Obférvations de Chimie de CRELL, pour l'année 1784, par M. HasseNFRATZ , Sous-Infpeéleur des Mines de France, Correfpondant de la Sociéte Royale de Médecine, | 129 Extrait d'un Mémoire fur l'Ether acéréeux , & fur un Sel particulier d'une nature analogue aux acides végétaux, ou Sels effenriels acides : lu à l Académie des Sciences en Novembre 178$ ; par M. PELLETIER , Membre du Collège de Pharmacie de Paris, & Correfpondant de l'Académie Royale des Sciences de Turin , 138 Lerre de M. MonNeT, lufpeëteur Général des Mines, adreffée à M. DE LA METHERIE, Rédaëleur de ce Journal , au Juget de la S'aturnite , 168 Effai Jur la queflion de [avoir fe Le Suére entre tout entier dans la compofrtion de l'Acide faccharin ; par M. be MorvEau, 20$ Lettre de M. CRELL, aux Auteurs de ce Recueil, contenant quelques expériences fur la Sidérite, l'Acide fluorique, &c. 21$ Précis d'Oblervations fur l'analyfe animale comparée à l'analyfe végétale : lu à la Séance publique de la Faculté de Médecine, le 29 Décembre 178$ ; par M. BerTHoLLET, D. M., de l Académie des Sciences, 272 Mémoire fur les Acides métalliques ; par M. HASsENFRATZ , Pro- fefleur de Phyfique de l'Ecole Royale des Mines, 281 L'Art de faire les Criflaux colorés imitant les pierres précieufes ; par M. FoNTANIEU , [ntendant & Contrôleur Général des Meubles de la Couronne, des Académies Royales des Sciences & Archi- te“ure, 302 Lertre de M. DE LAUMONT, Infpe&teur des Mines de France, à M. DE La METHERIE , fur un nouveau procédé de retirer l'acide phokphorique de certaines mines de Plomb, 316 EfJai ur quelques phénomènes relatifs à la criflallifation des Sels neutres ; lu à P Académie, le premier Mars 1786 ; par M. L& BLaxc, Chirurgien , 34 Extrait d'une Lertre de M. CreLz, à M. DE LA METHERIE, fur Le Bleu de Pruffe, &c. 36$ Extrait d'un Mémoire lu à l Académie Royale des Sciences, fur La Defcription de plufieurs filons métalliques de Bretagne , & lanaly/[e de quelques fubflances nouvelles ; par M. DE LAUMONT, Infpeéteur Général des Mines de France, 366 Mémoire fur la préparation de l Alkali cauflique , [a criflallifation, & Jon aëtion fur l'Efprit-de-vin ; par M. BERTHOLLET , 401 De la vraie nature du Sel d'Ofeille , ou Oxalin , & de fa produëion 473 ‘TABLE GÉNÉRALE DES ARTICLES. par la Synchèfe: de M. SCHÉELE ; traduit de l'Allemand du Journal de CReLL, par M. WELTER, de l'Ecole des Mines, 497 Mémoire de M. SCHÉELE , für l’acide des Fruits : Journal de CRELL, traduit par M. WELTER, Elève de PEcole Royale des Mines , 409 Leitre à M. INGEN-Houz , fur La décompofition de l'Eau ; par M. Aoet, M. P, 436 Réflexions fur la Lettre précédente de M. ADET , relativement à la décompofition de l'Eau ; par M. DE La METHERIE, 442 PC SE ER DROITE PE EE TONOEE) HISTOIRE NATURELLE. L ETTRE de M. [Abbé Haïüy, à M, pg LA METHERIE , fur le Schorl blanc , page 63 Note fur les Hyppopotames ; par M. Sonnini DE MoNoxcour, 6$ Objervation Jur des Crevettes de rivière phofphoriques ; par MM. TuuLis & BERNARD , de l’Académie de Marfeille , 67 Mémoire fur une mine de Manganèefe native ; par M. DE LA PEYROUSE, 63 Defeription de deux Plantes de la famille des Champignons ; par M. REYNIER, 135 Mémoire fur différentes efpèces de Mines qui fe trouvent dans les filons de la montagne des Chalanches, près d’Allemont en Dauphine > par M. SCHREIBER , Direéteur des Mines de MonsiEUR, In/peéteur Honoraire des Mines de France, 143 Lertre de M. le Comte DE RaAzOUMOWSKY, Correfpondant de l'Académie Royale des Sciences de Turin, de la Société Phyfique de Zuric, & de celle des Sciences Phyfiques de Laufanne, à M. D£ LA METHERIE , fur des Pétrifications , 149 Extrait d’une Lettre de M. l'Abbé ForTIS, dotée de Weronne 24 Septembre 1785, à M. le Comte p8 Cassini, de l’Académie des Sciences , fur des Pétrifications , 161 Première Lettre de M. l'Abbé SPALLANZANI, Profeffeur d'Hifloire- Narurelle dans l'Univerfité de Pavie(r) ,à M. CHARLES BONNET , Membre des plus célèbres Académies de l'Europe , fur diverfes produéfions marines ; traduite de Plralien, par JEAN SENEBIER, (4) Fuute à corriger: On a mis Paris dans le texte, lifez : Pavie, TABLE GÉNÉRALE DES ARTICLES. 479 Bibliothécaire de la République de Genève, fur Foriginal imprimé dans les Mémoires de la Société. Italienne , Tome 11, 188 Suite de la même Leutre, 252 Objervations relatives à l'Hifloire Naturelle, faites pendant un voyage dans les montagnes de la Suifle, des Grifons & d’une partie de l'Iralie ; par M. GiRTANNER , Docfeur en Médecine, Correfpondant de la Société Royale des Sciences de Gorringue , 217 / Suite des extraits du Porte-feuille de l'Abbé Dicçuemare, 241 Differtation Jur les Montagnes & les terreins à Mines en général, qui a été couronnée pa l'Académie de Manheim en 1725: pe M. MonNeT, Infocteur Général des Mines de France, & de l Académie de Sucde , 244 Suite de la méme Differtation, 352 Mémoire fur quelques empreintes foffiles ; par M. GEOFFROY, Avocat à Lyon, 269 Mémoire pour fervir à PHifloire-Naturelle du Pays de Santa-Fce dé Bogota relativement aux principaux phenomenes qui réfulrent de Ja pofition : lu à l'Academie Royale des Sciences ; par M. LesLonD , Doëeur en Médecine, 321 Mémoire fur La culture de certaines Malvacées & l'ufage économique qu'on pourra retirer de leurs fibres , lu à l’Académie des Sciences de Paris, le premier Février 1786; par M. l'Abbé D. CavaANiLLes, 3 Suite des Extraits du Porte-feuille de M. l'Abbé Droit 2 Obférvations qui peuvent fervir à l'Hifloire-naturelle du Dupée . Papillon - crépufeulaire ; par M. le Chevalier LE FEBURE DES Hayes, du Cercle des Philadelphes , Correfpondant du Cabinet du Roi, 21 Expojé l'uccin& du voyage de M. DESFONTAINES, de Lettre de M. HAssENFRATZ , Profefleur de Phyfique de l'Ecole Royale des Mines, à M. DE LA METHERIE, Auteur du Journal de Phyfique, fur la matière colorante du Bleu de Pruffe, 453 Méthode facile de préparer des vafes de Platine ; par M. AcHarD, de Berlin : traduite de l'Allemand , par M. CHÉMEL , de l'Ecole Royale des Mines de France, 456 Znalyfe du Gneis ; par M. WIEGLB, traduite du Journal de CReLL , par M. BLAVIER, de l'Ecole Royale des Mines, 457 Obfervations fur les Variolites & leur décompofirion ; par M. DOoRTHES , D, M, 469 ñ s 4$9 TABLE GÉNÉRALE DES ARTICLES. AROTNS D »scr IPTION d'une Lampe avec laquelle on peut lire La nuit dans fon lit fans craindre les accidens du feu , Île à l'Académie Royale des Sciences de Montpellier , le 16 Juin 178$ ; par M. ve ViLiess fils, Contrôleur des Fermes du Roi, page $4 Mémoire fur les Chalumeaux à bouche, doufflers & à air déphlogifti- qué; par M. HassENFRATZ, Profefleur de Phyfique de l'Ecole Royale des Mines, & Correfpondant de la Société Royale de Médecine, 345$ Defcription & ufage du Refpirateur antiméphitique , imaginé par feu M. PiILATRE DE ROZIER, avec un Précis des Expériences faites par ce Phyficien, fur le méphitifine des foffes d’aifance , des cuves à bière , &c. par M. DE L'AULNAYE, 418 Nouvelles Lirtéraires, pages 70 — 151— 231— 317— 387 — 464 24 APPROBATION." Jar lu, par ordre de Monfeigneur le Garde des Sceaux, un Ouvrage quia pour titre: Obfervarions fur La Phyfique, fur l'Hifloire Naturelle & fur les Ares, Éc. par MM. Rozrer, Moncez le jeune & ne 4 Merasrie, 6v. La Colle&ion de faits importans qu’il offre périodiquement à fes Leéteurs , mérite l’attention des Sa- wans ; en conféquence , j’eflime qu’on peut en permettre l’impreflion. A Paris, ce 18 Juin 1786. VALMONT DE BOMARE, | ia Ti l or (3 HU il (re . un a PA A, a DUT TE : d ve ; i Red. RE