SE) RS PIRE EI sr ES RÉ ELIS % Re ER PRES ne x? Ah £ ES 1 ! LL | vw 5 Î : é de ñ û (ue dl ; | ; ñ Us = L . Li : ar ITR FU 1 VOIRE Us ] : PA F A 1 Lu A 4 ) D 1 { j PL FA MH ; { L | Hs (APE | : D LR . (At nA te sir re Fr 1 st à 4 re + 0 y \ L û | . } i 4 1 } L | ‘ À } « À J CE t Ce a LI L . _ OBSERVATIONS ” SR LA PHYSIQUE, SUR L'HISTOIRE NATURELLE EL SURILE S ARTS; AVEC DES PLANCHES EN TAILLE-DOUCE; DÉDIÉES A M°. LE COMTE D'ARTOIS; Par M. l'Abbé RoziER , de plufieurs Académies ; par * M. J. À. Moncez le jeune, Chanoine Régulier de Sainte Geneviève , des Académies Royales des Sciences de Rouen, de Dijon , de Lyons&c. &c. & par M. DE LA MÉTHERIE , Doéteur en Médecine , de l’Académie de Dijon. JAN VORER" ar —— TOME XIX, ASP. AIR AISE AU BUREAU du Journal de Phyfique , rue & hôtel Serpente. M DiCC: L'XX XV IE. MAC PR FILE CE DU ROL OBSERVATIONS MÉMOIRES SUR LA PHYSIQUE, SUR L’'HISTOIRE NATURELLE, ET SUR LES ARTS ET MÉTIERS. DISCOURS PRÉLIMINAIRE; Par M. DE LA MÉTHERTIE. La fcience des faits peut feule nous diriger dans l'étudé de la nature, De feges induétions appuyées fur des analogies bien fondées, généralifent enfüite ces faits particuliers, & conduifent à des réfultats qui fonc fafcepribles de la précifion du calcul (1). Souvent, il eft vrai, on donne trop d'étendue à ces analogies, & on tombe dans le fyfème enfant de l'imagination , & néanmoins plus utile qu’on ne penfe. Mais des faits nouveaux nous ramènent bientôt fur la vraie voie. C'eft ainfi que s'élève (1) On peut former des tables où on placeroit les différens degrés des analogies de nos connoïffances phyfiques , comme je lai fait voir. Tome XXX, Part, L, 1787: JANVIER: A 2 4 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, lentement & avec la marche fucceflive des fiècles, l'édifice des con- noiflances humaines. * F Les travaux de cette année noûs*offrent un affez grand nombre de faits nouveaux & intéreffans. Le goût de la fcience s'étendant de plus en plus dans roures les clafles de la fociété, RPAORe les recherches. Auffi la fcience n'a jamais marché d'un pas plus rapide , comme va le prouver le tableau fuivant. | Affrologie. Mifs Herfchel , fœur du célèbre Aftronome de ce nom, a obfervé une comère dont on a calculé l'orbite. C'eft la foixante- treizième comète dont la marche foit calculée. — id M. Her{chel continue fes travaux. Son grand télefcope dont le miroir, du poids de quatorze cens livres, a quatre pieds de diamètre & quarante pieds de foyer , elt achevé ; & entre les mains d’un tel obfervateur, nous dévoilera fans doute bien des objets nouveaux. D'après fes premières obfervations ce célèbre Aftronome avoit porté le nombre des étoiles jufqu'à foixante-quinze millions. Peut-être ce nouvel inftrument lui en déconvrira-t-il encore davantage : & ainfi la nature s’aggrandit fans cefle à nos yeux fans que nous puiflions même foupçonner fon immenfe profondeur. S'il y a foixante-quinze millions d'étoiles, combien ne doit-il pas y avoir de plañères & de comètes! Le paflage de mercure fur le foleil le 4 mai de cette année, a beau- cou» occupé les Aftronomes, & a néceflité quelques corrections dans les tables, \ Zoologie. Les quadrupèdes font les tres qui figurent le plus dans les œuvres de la nature fur notre globe, & parmi eux la clafle des finges , dont l’homme doit être confidéré comme la première efpèce. Celle-ci par ja plus grande perfedibilité a formé de grandes fociétés, qui en fe multipliant ont acquis une force iminenfe. Elles fe font approprié d’une manière prefqu’exclufive l’ufufruit de ce que la nature avoit accordé à tous les êtres vivans pour leur fubfitance. L'homme a plus fait: quoi- qu'organifé pour vivre de fruits comme le finge (1), il a changé fa confi- tution , & eft devenu carnivore, ° Il manquoit un très-grand trait de reffemblance entre l’homme & le finge. Cette partie eft le nez, qui n’eft que peu marqué chez les animaux. On vienc de recévoir au Cabinet du Roi à Paris, un finge du genre des guenons À longue queue , feffes calleufes , &c. qui a un nez très-long, bien prononcé & femblable à celui de homme , excepté qu'il eft un peu (r) Le caraftère qu’on croiroit pouvoir tirer des dents me paroît équivoque , puifque chez les finges qui font tous frugivores , les dents de la plupart approchent encore plus des carnivores que celles de l’homme. Il eft même des efpèces de finges, telles que le magot , dont les dents canines font plus fortes & plus allongées que celles des carnivores, ‘ 4 SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. s applati. La cloifon du nez qui chez les animaux eft en général épaiffe, fe trouve dans celui-ci aufli mince qüe chez l’homme. M. Daubenton Ja nommé nafique, * M. Desfontaines a apporté vivant des côtes de Barbarie le vrai pitheque d’Ariftote , dont avoient parlé M. de Buffon & plufeurs Naruraliftes. Ce finge eft d’une taille moyenne, a vingt-huit dents , dont quatre canines aflez femblables à celles de l'homme. Il eft en fociété dans les bois , & s’apprivoife très-bien. Il vit de fruits comme les autres finges & mange même de l'herbe, Il s’apprivoife aifémenc , & s'attache à fon maître; mais ce qui eft aflez particulier, c'eft que dans le pays même ces animaux dans l'état de domelticité ne produifenr point ; quoique s'accouplant très-fouvent. La femelle eft fujette à un écoulement périodique , a deux mammelles , & ne fait ordinairement qu'un petit comme la femme, Chez le mâle la verge eft dérachée & les refticules font très-perits, Le même Naruralifte a apporté des mêmes cantons, 1°. un tigre qu'il nomme oucelle, un peu plus gros que l'once, & qui en eft réellement différent ; 2°. une nouvelle variété de renard , fi même ce n’eft pas une efpèce nouvelle : il eft plus gros que le nôtre, a le poil jaunâtre, les oreilles noires , &c. 3°. une nouvelle variété de loutre plus grande que Ja nôtre, &. dont le poil eft moins brun ; 4°. deux nouvelles efpèces de rats, dont l’une s'appelle gird. Mais il fera connoître plus particulièrement ces efpèces dans la relation de fon voyage qu'il nous promer bientôr. M. Vaillant a aufli une efpèce nouvelle de taupe. À Londres il ya également quatre à cinq efpèces nouvelles dans différens cabinets, & peut-être d'autres Naturaliftes en ont-ils aufli. Voici donc dix à douze efpèces nouvelles de quadrupèdes (r). C'eft beaucoup gagner dans les grandes efpèces. M. de Buffon avoit décrit plus de deux cens efpèces. M. Erxleben a porté dans fon Ouvrage imprimé en 1782, le nombre des quadrupèdes où mammillaria Aa trois cens quarante-deux efpèces, dont il y en a vingt-cinq parmi les phoques, les dauphins, les baleines, &c. En ajoutant toutes ces efpèces nouvelles , le nombre des quadrupèdes va prefque à quatre cens. Reptiles. Cette clafle qui comprend la tortue, le lézard , la gre- nouille, &c. a été portée par Linnée à quatre-vingt-deux efpeces. M. le Comte de la Cepède, qui doit bientôt nous en donner une hiftoire plus détaillée, en fera connoître de nouveaux. M. Desfontaines en a auf apporté quelques efpeces nouvelles. Serpens. Linnée les à portés à cent trente-cinq #fpeces, & les nantes : parmi lefquels fe trouve la raie, à foixante-quinze efpeces ; mais depuis ce tems les recherches des Naturaliftes ont plus que doublé ce genre pour nous; & on en peut porter le nombre à près de fix cens. m2 (1) Quand je dis nouvelles, j’entends des efpèces non-décrites. = Den 6 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE; Téiologie. Le gente des poiffons eft le moins connu, parce qu'ils habitent un élément où ils évirent plus facilement les pieges £ l'homme, Linnée en a décrit quatre cens fix efpeces. MM. Cook & Bancks en ont rapporté un grand nombre d'efpeces qui étoient inconnues. On peut eftimer à fix cens efpèces nouvelles ceux qui fe trouvent chez M. Bancks, au Mufeum Britannique & dans quelques autres collections de Londres. M. Bloch, qui vient de donner une belle hifoire des poiflons , en a aufli décrit quelques nouvelles efpèces ;'en forte qu'on peut bien porter à douze cens le nombre des poiflons connus. ‘ V’ermes. Ce genre qui embrafle tous les vers, c'eft-à-dire, les animaux qui fe traînent & marchent fans jambes, et très-nombreux. Il renferme les vers proprement dits & lesicoquillages. Un grand nombre qui fe tient dans les hautes mers nous eft inconnu & le fera long-tems. Linnée porte le genre feul des vers à cent vingt-cinq efpèces, celui des coquillages à huit cens quatorze, celui des madrepores à cinquante-neuf, celui des zoophites à cent cinquante-fix. Mais ces genres ont aufli été beaucoup augmentés depuis. M. P'Abbé Dicquemarre en a décrit beaucoup de nou- velles efpèces. On a ramaffé un très-grand nombre de coquillages incon- nus, &c. Ainfi on peut bien porter aujourd'hui cette famille à deux mille, Entomologie. La nature n’a déployé dans aucun de fes ouvrages autant d’art que chez les infectes ; le Naturalifte ne fait s’il doit plus admirer ou les variétés dans les formes, ou leur organifation furprenante , ou leurs mœurs , ou leurs métamorphofes. Fabricius en a décrit cinq mille cinq cens; depuis ce tems d’autres Naturaliftes nous ont encore enrichis de ce côté. M. Desfontaines en a apporté trois à quatre cens efpèces nouvelles. M. Dombey en a aufli quelques-unes. Stoll, hollandois, a augmenté fingulièrement le nombre des punaifes & des cigales. - Drury, anglois , & Cramer, dans leur dernier volume, ont donné un grand nombre d’efpèces nouvelles. Daos la collection des papillons d'Europe onen trouve auñli beaucoup qui n’écoient point décrits. A Paris dans les différens cabinets d'amateurs il y ena plus de deux mille efpèces nouvelles. En AHemagne, en Hollande , en Suède, il yen a auffi un grand nombre ;en forte qu’on peut porter à plus de dix mille efpèces le nombre des infectes connus, Ornichologie. Les oifeaux forment une des plus belles & des plus brillantes claffes des animaux. Elle ne tient que de loin aux autres efpèces, comme je lai fait voir dans le tableau que j'ai donné des êtres organiés dans mes Vues phyfiologiques. Linnée en a décrit environ neuf cens quatre-vingt-quatorze efpèces ; mais depuñs ce tems nos richeffes ont aufli augmenté. M.de Buffon en a faic connoître beaucoup de nouvelles efpèces , ainfi que MM. Briflon, # L2 SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS, 7 Mauduit, &c. M. Vaillant en a apporté cinquante à foixante efpèces nouvelles du Cap de Bonne-Efpérance. M. Desfontaines en a auffi quelques efpèces nouvelles, ainfi que M. Dembey. Letham ena augmenté le nombre des deu x tiers , ce qui feroit environ quinze à feize cens efpèces : ainf en comptant ceux qui font dans différens: cabinets , 8 qui ne font point encore décrits, on peut évaluer à 2000 le nombre des oifeaux connus, Total des efpèces connues, Quadrupèdes, . ,,..., 400 Repriles, 2. ee 600 Foiflonss-..544. 1200 Verso arais niet se 2181 2000 Infeétes 5 1 1h 1 (70000 Oifeaux. 0e: x 2000 16000 . Cette eltimation ne doit être confidérée que comme un apperçu énéral, Ë On voit avec quel zèle on cultive cette partie de l'Hiftoire- Naturelle , puifque Linnée, dans fa dernière édition en 1767, avoit recueilli à- péu-près ce qui étoit connu ; & tous les jours nos richefles vont s’accroître, parce que dans ce moment il y a des favans qui parcourenc les différentes parties du globe. Botanique. Cette belle partie de FHiftoire-Naturelle eft coujours cultivée avec fuccès. Il y a une efpèce d’émulation parmi toutes les nations de l'Europe à cet égard, & les favans de chaque pays fonc connoître les plantes particulières à leurs climats. On en grave même une partie. Î1 féroit à fouhaiter qu'il y eût un peu plus de concert , afin que tous. ces travaux réunis nous donnaflent la gravure de toutes les plantes connues. L’énumération des principaux Jardins de l’Europe fera encore mieux fentir tout ce que l’on afait pour cette fcience, A Upfal, Jardin public, Profeffeur, M. Thunberg. A Srockolm, Jardin public, Profefleur, M. Murrai. A Lund en Scanie, Jardin public, Profeffeur, M. Retzius. A Copenhague, Jardin public, Profeffeur, M. Chriskaer Frii-Rorbol. Et au Collège des. Nobles, autre Jardin pablic, M. Martin Vabhl, Profefleur. A Péterfbourg, Jardin public, Profefleur, M: Sobolew:ki, À Mofcou, un beau Jardin particulier appartemant à M, Broçop -Demidoff. 8 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, A Tegel, proche Berlin, Jardin public , Profefleur, M. le Baron de Bourgsderf, A Vienne, Jardin public, Profefleur, M. Jacquin. : A Schombrun, Jardin particulier de l'Empereur, Directeur , M. Ri- chard Vanden-Scott. m A Manheim, Jardin de l'Electeur Palatin, Profeffeur , M. Medicus. : A Anfpach, Jardin public, M. Schmidl , Profefleur, +: 2: A Salzbourg, Jardin public, Profefleur M. Ranfflh. À Groningue, Jardin public, Profeffeur , M. Munniks. A Mayence, Jardin de l’Electeur, M. Seyti, Directeur. A Malines, Jardin particulier de M. le Comte de Refponi. A Armfterdam, Jardin public, Profeffeur, M. Nicolas-Laurent Bur= ann. A Utrecht, Jardin public, Profefleur , M. Nahuyÿs: * A Leyde, Jardin public, Profeffeur, M: Van-Roÿen. A Harlem, Jardin particulier de MM. Voorlhelm &:Scheneevoogt. Au Cap de Bonne-Efpérance , Jardin de la Compagnie. A Laufanne, Jardin particulier de M. Foulquier. A Genève , Jardin particulier de M. Gauflen de Chapeau-Rouge. n À Turin, Jardin public, M. Allioni, Profefleur. ; A Vicence; Jardin public, Profefleur, M. Turra. A Milan, Jardin particulier de M. le Comte de Caftiglioni. A Pavie, Jardin public, Protefleur , M, Scopoli. A Florence, Jardin public, M. Fabroni, Profe{leur. A Rome, Jardin public, Profefleur, M. Minaf. A Mantoue, Jardin public, M. Ange Goilandris, Profeffeur. A Madrid , Jardin pablic, M. Ortega, Profefleur. - A Coindre.en Portugal, Jardin public , Profeffeur, M. Vandelli. Fa A Edimbourg , Jardin public, Profefleur, M. Hope. A Oxford, Jardin public, M. Sibthorp, Profeffeur. ‘ A Kew, Jardin public, Profefleur, M. Aiton, A Chelfea, Jardin des Apothicaires , Directeur, M. Forfyth. A Hammerfmith, près Londres, Jardin particulier de M. Lée, A Paris, Jardin public, Intendant, M. le Comte de Buffon , Proi fleurs, MM. le, Monnier , de Juflieu & Desfontaines; Jardiniers , MM. Thouin, A Dijon, Jardin public, Profeffeur , M. Durande. A Montpellier , Jardin public, Profefleur, M. Cuffon: A Strafbourg , Jardin püblic, Profefleur, M. Hermann. A Nanci, Jardinpublic, Profefleur, M. Willemer. A: Louvain, Jardin public, Profeffeur, M. Michau. al A Lille en Flandres, Jardin publie, Profefleur, M. Léftibondoï. A Rouen, Jardin de l'Académie , Profefleur, M, Pitrard. . A CMS. unie. SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 9 A Amiens, Jardin public, M. Deu de Perthes, À Caen, Jardin public, M. Desmoneux. A Grenoble, Jardin public , Protefleur, M. Villars. À Angers, Jardin public, Profefleur, M. Burollan. . À Aix en Provence, Jardin public. A Touloufe , Jardin public, Profefleur, M. le Baron de [a Peyroufe; qui a faic une belle collcétion des Plantes des Pyrénées, qu'il fait graver pour en publier l'hifloire, A Bordeaux, Jardin public, M. Latopie, Profeffeur. 4 À Clermont en Auvergne, Jardin public, Profeffeur , M, l'Abbé Delarbre. À Orléans, Jardin public, Profefleur, M. Prozet. La Nation Françoife a d’ailleurs un Jardin public à l'Ile de France, fous la direction de M. de Ceré, où on cultive une partie des épices des Moluques , qui y ont été apportées par les foins de M. Poivre, ce citoyen vertueux que nous venons de perdre. Un autre Jardin public à New- Yorck en Amérique , appartient aufli à la Nation Françoife. Ce Jardin fert de dépôt aux plantes que M. Michaux y élève pour Les faire pafler en France. Indépendamment de ces Jardins publics, il y a un grand nombre de Jardins particuliers en France & ailleurs, où on cultive avec beaucoup de fuccès. On remarque en Francé celui de M. le Monnier à Montreuft proche Verfailles, celui de la Reine à Trianon, celui du Comte d'Artois à Bagatelles, celui du Duc d'Orléans à Mouceau , celui des Apothicaires, celui de M. de Saint-Germain, celui de M. l'Héritier , celui de M. Cels - à Paris, celui de M, de Malsherbes à Malsherbes , celui de M. Fougeroux à Denainvilliers, celui du Maréchal de Noailles à Saint-Germain-en-Laye, celui de M. Gravier à Nifmes , celui de M. Nefmes à Marfeille , celui de M. de Magneville à Caen, celui de M. le Marquis de Becclaer à Cambrai, celui de M. dela Tourrere à Lyon, celui d’Alfort près Charenton, &c. &c. Cette quantité de Jardins publics & particuliers qui exiftent en Europe annoncent aflez le goût général pour cette belle branche de l'étude de la nature, où l’obfervateur philofophe trouve l'inftruction , la fanté & la paix de l'ame , fans laquelle il n’y a point de bonheur, ( laquelle paix de l'ame peut être regardée comme le fouverain bonheur fur lequel les - anciens philofophes ont tant raifonné) : aufli la Botanique a-t-elle faie des progrès immenfes. MM. Linnée père & fils, qui ont décrit dans leurs Ouvrages toutes les plantes connues dans ce tems, en ont décrit environ treize mille cinq cens. M. Commerçon en a recueilli un grand nombre qui n'étoient point connues. On peut les porter de quinze cens à deux mille, M. Dombei en a apporté environ quinze cens. Tome XXX, Part, I, 1787. JANVIER. B 10 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, M. Desfontaines en a bien dans fes herbiers trois à quatre cens efpèces non-décrites jufqu'ici, M. Barks, ce favant qui fair un fi noble emploi de fa fortune, en réuniffant chez lui € les autres favans, & leur fourniflant trous les fecours qu'on peut trouver dans une très-riche collection , une belle bibliorhèque , & la réunion des gens inftruirs, M. Bancks, dis-je, a bien environ douze cens plantes nouvelles , dont une‘partie eft gravée, M. Thunberg en a rapporté de fon voyage au Japon plus de fix cens. M. Sibthorp en a recueilli plus de deux cens efpèces nouvelles dans l'Archipel. M. l'Abbé Poirer qui arrive des côtes de Barbarie , a auffi apporté quelques plantes nouvelles, beaucoup de productions marines, des coraux, des infectes, &c. M. Michaux en a apporté de fon voyage dans le Levanr & en Perfe ; plus de quatre cers efpèces nouvelles , & il en a déjà ramaflé plufieurs dans l'Amérique feprentrionale. M. Sonnerat en a aufli fait connoîrre un certain nombre. MM. de la Martinière & Colignon, qui font avec M. de la Peiroufe, en ont déjà envoyé quelques-unes de Madère, de l’île Sainte-Catherine, & du Chili. M. l'Abbé Cavanilles en a fait connoître environ deux cens efpèces nouvelles dans fes differtations, que nous avons annoncées. M. l'Héritier qui a déjà donné trois fafcicules ,en a auffi décrit quelques nouvelles. Toutes ces defcriptions réunies, & quelques autres herbiers qui ne font pas encore connus, portent le nombre des plantes décriges de vingt à vingt-deux mille. IL eft vrai qu’il y a fouvent double emploi ; ce qui fait croire à quelques favans Botaniites qu’on devroit peut-être réduire le nombre à fcize ou dix-huit mille, Mais tous les jours nos richefles augmentent en ce genre. M. de Beauvoir vient de partir pour l'Afrique avec le fils du Roi de Ouwère. : ; M. de la Billardière eft parti pour le Levant. IL vifitera fur-tout le Monr-Amant , chaîne du Liban. M. Richard eft roujours en Amérique. | M. Leblond va aux Antilles & à Cayenne, M. le Maflon eft au Cap de Bonne-Efpérance, M. Sonnerat eft retourné aux Indes orientales. M. Greber eft à la Martinique. M. l'Abbé de la Haie, Curé du Dondon, quartier du Cap-François , île Saint-Domingue; s'occupe de la recherche des plantes de fon quartier, & les define, i SUR L’'HIST. NATURELLE ET LES ARTS, 11 M. Henderfon eft en Crimée où il s'occupe de la Botanique & de toutes les parties de l'Hiftoire Naturelle. M. le Voiturier , Sous-Directeur du Comptoir de Juida, fait aufli des recherches en Botanique & en Hiftoire-Naturelle. M. Geoffroi , fils de l’Auteur de l’Hiftoire des infectes des environs de Paris, eft allé avec M. le Chevalier de Bouflers au Sénégal pour faire des recherches fur routes les parties de l'Hiftoire-Naturelie. M. Badier eft toujours à la Guadeloupe, où il s'occupe de toutes les - branches d'Hiftoire-Naturelle , {ur-tout des cruftacés. Les favans qui voyagent avec M. de la Peyroufe vont vifiter une partie du globe. . 1 ya encore un grand nombre d’autres favans Botaniftes & Natura- liftes qui parcourent différentes contrées. | Toutes ces richefles font enfuire confignées dans plufieurs bons Ouvrages. M. Pallas vient de publier deux fafcicules de la Flora Roffica. M. Jacquin continue la Flora Auflriaca, M. Varel continue la Flora Danica. M. Bancks va publier fa belle colletion. M. Aiton donne le Hortus Kewenfes. M. Allioni a donné la Flora Pædemontana , où il y a quarante-quatre Jantes nouvelles, M. Bulliard continue fa belle entreprife. M. Villars donne la Flore du Dauphiné. : M. de la Marck connu par la Flore Françoife , insère dans l'Ency- clopédie la defcription d'un grand nombre de plantes nouvelles tirées des herbiers de Commerfon & autres. M. Cavanilles va continuer fon travail , ainfi que M. l'Héritier, M. Rerzius continue de publier à Leipfick fes fafcicules , où il décrit une grande partie des plantes qui lui ont été envoyées par M. Kænig, Médecin & Naruralifte à Tranquebar, que la mort vient d'enlever. M. Wennerberg lui en a auffi communiqué plufieurs, &c. &c. &c. Minéralogie. Nous venons de voir qu'il y a environ feize milie efpèces d'animaux décrirs, & vingt mille efpèces de plantes. Nous fommes cependant bien éloignés encore de connoître toutes celles qui exiflenr. Chaque climat , chaque contrée en a de particuliers ; & comme les Naturaliftes inftruits n’ont pas encore parcouru la moitié du globe , peut être ne connoiflons-nous pas la moitié des efpèces d'animaux & de plantes qui font fur la terre. I faur exceprer les quadrupèdes, les oifeaux & autres animaux qui peuvent fe rranfporter d’un lieu à un autre. La Minéralogie n'offre pas la même variété à beaucoup près. Nous ne connoiffons encore que cinq efpèces principales de terre qu'on a toujours Tome XXX, Part, I, 17987. JANVIER, B 2 1 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, retrouvées par-tout ; favoir , la terre calcaire , la magnélie, la terre pefante, l'argileufe &'la filicée ou quartzeufe. : Ces terres combinées avec certains acides forment enfuite un certain nombre de pierres primitives. j 1°. La terre calcaire combinée avec l'air fixe ou air acide forme les marbres , pierres à chaux, fpaths calcaires, &c. 2°. La même terre calcaire combinée avec l'acide vitriolique forme les plâtres, félénires , &c. | 3°. Cette même terre combinée avec l'acide fpathique forme le fpath fluor. 4°. La terre magnéfienne combinée avec l’air fixe ou d’autres acides fe trouve dans un grand nombre de pierres, telles que les ferpentines , afbeftes , &c. mais elle ne s’y trouve jamais feule. 5°. La terre argileufe combinée avec des agens que nous ne connoiflons pas encore forme les talcs, micas, ferpentines, ardoifes , fchiftes , &c. mais elle y eft toujours mélangée avec la magnéfie, le fer, &c. 6°. La terre pefante unie avec l'acide vitriolique forme le fpath pefanr. 7°. La terre filicée mélangée avec la terre argileufe , avec la magné- fie, &c, & combinée avec des agens qui ne nous font pas connus, forme, 1°. le feld-fpath ; 11°, les fchorls , entre lefquels on diftingue, 1°. le blanc, que quelques Naturaliftes, & particulièrement M. l'Abbé Haüy, re- ardent comme un feld-fpath ; 2°. le fchorl violet; 3°. le fchorl verd ; 4°. les fchorls noirs, & $°. la tourmaline; III°. la zéolite ; IV°. le quartz, pierre à fufl, dont les variétés font, 1°. la fardoine, 2°. les cornalines, 3°. la calcédoine, 4°. l'opale, 5°. la girafol, &c. V°. le grenat; VI°. les gemmes , dont les variétés font, fuivant M. Romé de Lille, 1°. les rubis, faphirs & topazes d'orient qui paroiffent la même pierre (1) ,2°. les rubis fpinelle & balais, 3°. les rubis, faphir & topaze du Bréfil , 4°. l’émeraude, l'aiguemarine & la chryfolite du Bréfil, $°. la topaze & chryfolire de Saxe, 6°. la chryfolite , 7°. l'hyacinthe; VIP. le diamant; VIIL°. le fpath adamantin. Cette pierre qu'on dit venir de la Chine & de l'Inde eft encore peu connue. M. Pelletier en pofsède plufieurs morceaux que nous avons examinés enfemble. Sa criftallifation eft un prifme exaëdre, done les angles font de 120 degrés. Il eft tronqué net; c'eft-à-dire , que fa bafe fait un angle droit avec les côtés. On apperçoit quelquefois fur les côtés des fries tranfverfales comme au criftal de roche. Le tiflu de la pierre efl feuilleté comme les fpaths. Ces feuillets paroiflent appliqués régulière- ment, Car un des prifmes ayant été clivé à fes deux fommets des côtés A —————pZ (1) Ce favant a maintenant dans fon cabinet une pierre qui réunit dans un petit efpace le bleu du faphir , le jaune de la topaze & Le rouge du rubis. . SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 13 oppofés , il s’en eft détaché deux portions qui viennent aboutir à l’angle qui fépare les deux grandes faces de chaque côté du prifme. Ces fections font avec la bafe du prifme un anzle de 120 degrés, & un de 135 degrés avec l'angle folide du côté du prifme. Elles fe trouvent parallèles ; en forte que tout Le prifme paroît compofé de pareilles lames appliquées les unes fur les autres, comme l'eft le prifme exaëdre du fpath calcaire. Ce fpath touché fur la meule n’a paru qu’un peu plus dur que le criftal de roche. Sa pefanteur fpécifique a été déterminée à 38,732 par M. Briffon fur un beau prifme exaëdre qu'a M. Faujas de Saint-Fond,. - M. Darcet en a expofé au feu où on cuit la porcelaine à Sève; il ne s’eft point fondu , ni n’a brülé. D'après tous ces caraétères il ne me paroît pas qu'on puifle le ranger parmi les criftaux de roche , qui 1°. n'ont point le uiffu feuilleté ; 2°, leur pefanteur fpécifique n’eft que 26,500 ; 3°. leur prifme eft terminé par deux pyramides exaëdres ; 4°. ils font un peu moins durs, Ce fpath auroit plus de rapport avec l'éméraude, 1°. par fa criftalli- fation , qui eft également un prifme exaëdre droit ; 2°. par fa dureté ; 3°. quoique le tiflu de l’émeraude ne foit pas feuilleré où lamelleux , cependant elle a fouvent des troncatures à fon fommet inclinées de 135 degrés fur le prifme, ce qui rapproche de linclinaifon que préfente la fradture de ce fpath ; 4°. il differe par la pefanteur qui dans l’émeraude eft de 27,755. IL paroît donc plus vraifemblable que le fpath adamantin eft une pierre Jui generis. Ê 8°. Enfin, tous les corps minéraux combuftibles ; favoir : I. Le phofphore, IT. Le foufre. c a! Les bitumes. V. Les fubftances métalliques qui comprennent huit métaux; la platine, l'or, l'argent , le mercure, le cuivre, Le fer, le plomb, l’étain, V. Les demi-métaux qui font au nombre ‘de neuf; favoir, le zinc, Pantimoine, Le bifmuth , le cobalt , l’arfenic, le nickel , la molibdène, la tungftène , la manganèfe; & le dixième feroit la terre pefante, qu’on ne peut guère s'empêcher de regarder comme une terre métallique. Tous ces différens minéraux ne forment environ que quarante-fix efpèces principales, Telles font à-peu-près les fubftances minérales connues, qui enfuite mêlées, combinées , forment cette grande variété de minéraux qui font l'objet des recherches du Minéralogifte. Nous ne pouvons pas dire cependant qu’il n’y ait pas d’autres fubftances minérales , & qu'on n'en trouvera pas d’autres, La platine eft un métal nd OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, très - parfait, connu depuis peu de tems, & qu'on n’a encore trouvé ue dans une feule contrée. On peut rencontrer également ailleurs de nouvelles fubftances. Parmi celles que nous connoiflons , il y en a encore beaucoup dont l'analyfe n'a pas été faite, & dont on peut retirer de nouveaux compofés, comme on en retiré du volfram, de la tungftène, de la molibdène, &c. Cependant rout nous annonce qu'il y a beaucoup moins de variérés dans ce règne que dans les autres. M, Romé de Lifle a aligné trois principaux caractères extérieurs pour reconnoitre les minéraux ; 1°. la figure ; 2°. la dureté; 3°. la pefanteur. La fioure ft l’objet de la Criftaliographie que le même M. Romé de = , A À Lifle & M. l'Abbé Haüy ont portée à un gränd point de perfection , &c dont nous ne pouvons nous occuper ICI; Mais nous allons préfenrer un tableau de la pefanteur fpécifique des principaux minéraux , à-peu-prés comme l’a eftimé M. Briflon , & de la dureré de quelques-uns eftimés en partie fuivant M. Quitt. à Pefanteur. Platine « «ee + 24,000 Grenat. 77... 4,188 Oressssossse 19,500 {À Topaze d'orient + 4,010 Mercure «+ «so. 14,110 Saphir d'orient- : 3,994 Plomb .......+ 11,450 Spath adamantin. 3,873 Argent ...sssce 10,595 Rubis octaëdre.. 3,760 Bifmuth...s.s.. 9,650 Hyacinthe. .... 3,687 Cuivre. Ra 002$ Diamant....... 3,$21 Arfenic «see 8,308 Peridot.…. ..,.. 3,354 Nickel ........ 8,200 Spath fluor-.... 3,155 Ferun der sos 7,600 Chrylolite. .... 3,098 Cobalt: LRU Mica «5. 4 cite st 2 2,020 Etam selle 7 Ii O Emeraude... 2,755 ZINC eee. ALOD Spath calcaire .. 2,715 Antimoine ...... 6.860 Zéolite de Ferro 2,701 Manganèle ...... 6,850 Criftal de roche. 2,650 Tungitène. ..... Schorl blanc . .. 2,511 Molibdène. ..... = Feld-fpath..... 2,431 Spath pefant, ...: 4,440 Sélenite ...... 2,324 Jargon de Ceylan si. 4,416 Eau. eee sess, 1,009 s SUR L’'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. co Dureté, Diamant ue mnlasrs fe 120 Criftal de roche.,.,.. 11 Rubis ter et : Epy Qartzs sf). 2h12. 2110 Saphire manu Je O6 ®T ourmaline, .....+ 10 Topaze d'orient...... 1ÿ Chryfolite.. ...... "10 Emeraude. ........"* 12 LÉONITEZ Jeleleters ser te Grienat es cel 12 Spath! fluor... .... 17 Agathe .....,..4.. 128% Sparh calcaire ...,. 6 Spath adamantin LENS 212 Gypfers es se sis f Cette partie de nos connoiflances a aufli beaucoup acquis cette année, M. de Sauflure, dans fon bel Quvrage fur les Alpes, nous a appris beaucoup de chofes intéreflanres. MM. Bioeleman, Haflenfratz, Giroud, ont donné l’analyfe d’une nouvelle marre de Pouliaouen. M. Darca a trouvé des émeraudes en Bourgogne. M. Sage a dans {on cabinet un morceau de fer aflez fem- blable à une moitié de, fer à cheval, qui a été trouvé cette année à foixante à quatre-vingts pieds de profondeur dans un bloc de plâtre À Montmartre, auprès du village de Chgnancourr, M. de Lamanon avoit déjà parlé d’un morceau de fer travaillé par Mimain de l'homme trouvé à une grande profondeur dans les plätres des environs de Paris. M. Sulzer a trouvé des clous de cuivre dans des bancs de pierre calcaire auprès de Nice. Voici des faits intéreffans pour l'hifloire du globe. M, de Laumont a décrit une partie des mines de la Bretagne, & a fait voir qu'il y avoit beaucoup de mines de plomb minéralifées par l’acide phofphorique. M. Schreiber a donné l’hiftoire de quelques mines du Dauphiné, & a prouvé que la mine d'argent merde-d’oie contenoit du mercure, &c. &c. - Mais il me paroîc qu'il feroit important que les Minéralogiftes nous traçaflent les chaînes des différens vwrdres de montagnes des pays qu'ils parcourent. Ce feroit fur-toùt urile pour l'erude des mines dont les filons ne fe tiennent comntunement que dans les 4 qui font firués entre les pays granitiques & les) pays calcaires. Je vais faire une appli- cation pour la France-dont j'ai parcouru ure partie. Ceci ne fera qu’un léger appercu, ne pouvant entrer dans des détails Les Cévennes, par exemple, me paroiflent un point central auquel on doir rapporter les privcipalesmontagnes granitiques de la France. Celles-ci ps la plupart de ce centre, & on pourroit les regarder comme des ranches de ce tronc: primitif. f Nous prendrons pour première branche qui s’en dérache celle qui traverfe une partie du Forèz, paile à Saint-Etienne, à Tarare, à Thizÿ «6 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, à Beaujeu , à la Claitte, à la Guiche, à Montceñis, à Autun, à Semur en Auxois, à Avalon, où elle finit. Ce rameau a, comine l'on voit, plus de foixaate-dix lieues de longueur. Sa largeur varie. En général elle n'eft que de cinq à fix lieues. Cependant il eft quelques endroits, comme depuis Roane jufqu’à Lyon, où elle en a plus de douze, Cette chaîne eft compofée pour la majeurë partie de granit. On y trouve aufli beau- coup de porphire du côté de Propiètes, Thizi. [l y a à Thel, proche la Claitte, du porphire rouge qui rapproche beaucoup de l'antique. La ferpentine eft aufli fort commune dans ces montagnes: J’en ai vu du côté de Larbrele, auprès de Lyon , qui étroit criftallifée en forme d'afbefte ; ce qui fair voir que ces genres de piesres fe rapprochent. beaucoup. [1 y a aufli au milieu de ces granits des carrières confidérables de pierre calcaire, dont on fait de la très-bonne chaux. Or en trouve à*Thizi , qui eft fitué fur un monticule aflez élevé, à la Farge, Paroifle de Propières, en Vavre, Paroifle de Saint-Germain-la-Montagne , &c. Cetre pierre n’eft point par bancs ni par lits; on n'y rencontre point de coquilles ni autres débris de matières animales ou végétales. Sa couleur eft ardoifée, traverfée par des veines d'un beau*blanc. Mais ce qu’il y a de fingulier dans cette chaîne , c’eft la quantité pro- digieufe de charbon de terre qui s’y rencontre. Saint-Etienne & plufeurs lieues aux environs ne paroïflent compofés que de charbon. À Saint- Etienne il fe trouve dans des grès fchifteux qui tiennent aux granits ; plus bas , du côté de Saint-Chaümont, ces fchiftes font recouverts de couches calcaires. Auprès de Saint-Etienne le feu eft en deux endroits dans ces charbons, l'un fur la roffte de Saint-Rambert, au pied d'un rocher, & l'autre dans la haute montagne du Chambon. On trouve dans ces fchiftes une grande quantité d'impreflions végétales dont une partie eft des Indes, fuivant M. Bernard de Jufieu. M. de Bournon a rencontré dans ces carrières beaucoup de pechitein. A huit à dix lieues de Saint-Etienne, du côté de Saint-Simphorien-en- Laie, on retrouve du charbon. Il eft vrai que l’on n'a pas encore ren- contré des couches affez épaifles pour pouvoir l’extraire avec avantage. On en retrouve auprès de Beaujeu, à Thel, proche la Claitte: on en a retrouvé du côtéde Cluni, &c. Tous ces’ filons ne font point aflez riches; mais à Montcenis , ou plutôt au Creuzot & aux environs, on a retrouvé des couches d'une grande richeffe, Il y a des bancs qu’on foupconne de quarante-cinq pieds d’épaifleur. Ils font dans une efpèce de fchitte, lequel fchifte eft appuyé immédiatement fur des granits , comme on le voit facilement dans le flanc de la montagne. Enfin, à l'extrémité dela même chaîne , du côté d’Avalon , à Sauvigni , à Montréal, on a cru y reconnoître encore des indices de charbon. À une des autres extrémités de cette chaîne, du côté de Decife-fur-Loire, il y a une autre mine de charbon excellent, à un endroit appelé la Machine. Catte SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ‘ARTS. 17 Cette même chaîne contient aufli des mines métalliques qu'on exploite avec fuccès. Les principales font les mines de cuivre de Saint- Bel & de Seizi. Je connois aufli une mine de plomb qui fe trouve dans la Paroifle de Propières , auprès de Beaujeu, C'’eft une galène pauvre. Il y a une galerie d'environ cent pieds route creufée dans le granit, dans lequel on trouve des morceaux de cette galène. L'ouvrage a été aban- donné de tems immémorial. IL y a aufli une mine de manganèfe à Romanèche dans le Mâconois. Des mines de plomb fe trouvent du côté d’Autun, &c. La feconde chaîne de ces niontagnes fe fépare de la grande mañle au-deflus de Saint-Rambert d’un côté, & de l’autre au-deflus d'Iffoire & de Billon. C'eft au-deflus de Saint-Rambert où elle quitte la chaine dont nous venons de parler. Ces deux chaînes font féparées par la Loire qui abandonne en cet endroit les montagnes granitiques pour entrer dans la plaine calcaire de Montbrifon. Cette feconde chaîne fépare le Forez de l'Auvergne, pafle à Saint-Juft en Chevalai, à Thiers, à Saint- Pierre-le-Moutier, & va fe perdre aux environs. Elle eft bien moins longue que la précédente, & vient fe rejoindre du côté de Roanne à la première chaîne ; en forte qu'on diroit que la plaine de Montbriffon a été autrefois un lac qui s'eft écoulé par la gorge qu'arrofe la Éoire, Elles contiennent aufli des mines. On exploite du côté de Moulins une mine très-riche de charbon. Il y a aufli une mine d’antimoine, &c. &c. La troifième chaîne fe fépare de la précédente au-deflus de Billon & d'Ifloire , pafle à Saint-Flour, Aurillac, au Puy-de-Dôme, &c. & laiffanc l'Allier & la plaine d'Auvergne au nord-oueft, coule du côté du Limou- fin & de la Marche, Le Cher, la Creuze, l'Indre, fortent des différentes branches de cette chaîne, dont une s'étend du côté de Poitiers, pafle à Mauleon , & va communiquer avec les montagnes granitiques de Ja Bre- tagne, d'où fort la Vilaine, & de-là fe propage en Normandie jufqu’à Alençon. Dans les montagnes d'Auvergne fe trouvent des mines d’anti- moine, &c. Il y a aufli des mines de charbon du côté d’Ifloire, En Bretagne il y a beaucoup de mines de plomb & de charbon. On en a retrouvé de ce dernier en Nofmandie , du côté d'Alençon. Cette même chaîne s'étend*par le Poitou jufqu’aux fables d'Olone , où on retrouve des mines de plomb. La quatrième chaîne s'étend du côté de Touloufe, traverfe le pays de Foix, fépare les eaux qui fe jettent dans la Méditerranée & l'Océan , & va communiquer aux Pyrénées, qu'on doit regarder comme un autre centre de montagnes granitiques , qui s'éendent de l'Océan à la Médi= terranée, & d’où partent toures celles d'Efpagne. Cette quatrième chaîne s'étend fort loin , & donne différens rameaux, d’où fortent la Dordogne, Je Lot, la Garone , une portion même de la Charente. Il doit y avoir des mines d’or dans cette chaîne , puifqu'on trouve des paillettes de ce Tome XXX, Part. I, 1787. JANVIER. C 78 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, métal dans les feuves qui en fortent. Il y a aufli beaucoup de mines de charbon du côté du Quercy, dont quelques-unes font enflammées , &c. La cinquième chaîne de ces montagnes granitiques fe fépare du côté de Vivier, du Pont du Saintr-Efprit, & vient fe perdre du côté d’Alais, où on trouve beaucoup de charbon. Enfin , la fixième chaîne fe fépare de la grande maffe au-deflus de Tournon , traverfe le Rhône fur une largeur de quelques lieues , pafle à Vienne en Dauphiné, traverfe une partie de cette Province, & va fe joindre aux Alpes du côté de Briançon. Il y a aufli dans cette chaîne différenres mines; favoir , une mine de plomb auprès de Vienne, des mines d’or, d'argent, de plomb, de cuivre, à Allemont, à la Sure, &c. On vient auf de trouver du charbon du côté de Briançon, &c. Tels font les principaux rameaux granitiques des Cévennes. Entre la chaîne du Beaujolois & celle du Forez, coule la Loire, d'abord dans la plaine de Montbriffon , pafle à Roanne, Nevers, &c. L’Allier arrofe la vallée de l’autre côté, entre les montagnes du Forez & celles d'Auvergne, pafle au Pont du Château, & va fe rendre dans la Loire au Bec d’Allier, au-deflous de Nevers. Le Cher coule dans la vallée qui eft entre les montagnes d'Auvergne & celles du Limoufin; la Creuze prend fes fources dans les autres montagnes du Limoufin, ainfi qu'une partie des eaux de la Charente, qui fépare certe chaîne de la quatrième. Entre les différens rameaux de cette quatrième, coulent les différentes branches de Ja Garone , & quelques petites rivières du côté de la Méditerranée. Le: Gar & les eaux de la cinquième chaîne fourniflenr quelques rivières qui fe jetrent dans le Rhône. La Durance, le Drac & l'Ifère coulent dans les vallées qui naiflent entre les chaînes des Alpes & celles du fixième rameau granitique. Enfin, la Saone & le Rhône reçoivent les eaux qui viennent de la partie nord-eft de la chaîne du Beaujolois & du Forez. Les plaines qu’arrofent les Aeuves naiffent toujours de la principale gorge des grandes montagnes. Celles-ci s’affaiflant peu-à-peu donnent naiflance à celles-là. Commençons par celle où coule la Loire. Son origine eft au-deflus de Montbriflon. On y trouve des pierres calcaires , coquillières, &c. Cette plaine eft fermée par la réunion des montagnes granitiques de la première & feconde chaine , au-deflus de Roanne , en forte qu'il paroït que cette plaine a été autrefois un lac. Mais les pierres calcaires reparoiflent à Pierreu , auprès de Roanne, à Voufoi, & fe continuent jufqu’à la mer, On trouve dans différens endroits le long de Ja Loire, comme auprès de Mancigni , des plaines aflez étendues entière- ment compofées de pierres roulées que les eaux ont détachées des haures montagnes , car elles font du genre des granitiques. Plus bas , du côté de Charolles, Guegnon, Percy, dans le Nivernois, le Berry, &c. les champs font pleins de mines de fer en grains qui font à peu de profondeur, SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 19 fit dans l'argile, foit dans les tranches calcaires , & qu'on exploite avec grand avantage, Tous ces pays font remplis de coquilles. Celles qu'on y trouve en plus grande abondance font les cornes d'ammon , les belemnites, les griphites, les oftracites , &c. Du côté de Briare en Gârinois, on trouve beaucoup de filex , foit feuls, foit en poudingues, des craies, &c. qui s'étendent jufqu'en Champagne. On rencontre puis les grès de Fontainebleau , de Villers-coteret, &c. qui font de tranfport , & qu'on reconnoït avoir été Borté par leur poli. Ils fonc fuperpofés fur des couches calcaires. En approchant de Paris du côté d'Efsône, on. trouve beaucoup de pierres meulières ou quartz cariés, dont les cavités font pleines d'argile, & toujours dans les pays calcaires. Ces mêmes couches fe continuent dans la Normandie, la Picardie , la Champagne, l'Artois, la Flandre , la Hollande, &c. Mais la nature de la pierre change, En Charolois elle eft le plus fouvent d’un gris ardoifé , aflez dure, & la furface des lits eft raboteufe. Du côté de la Charité-fur-Loire la pierre eft blanche & trèssrendre. À Paris elle eft rendre , jaune, par bancs épais, dont les furfaces font unies, Les coquillages qu'on y trouve font des vis, des peignes, &c. £ Dans la Limagne d'Auvergne la pierre calcaire y eft commune ; mais elle ef fi cendre qu'on a de la peine à l'employer. On fe fert de la pierre de Volvic, produit des volcans du Puy de Dôme, pour pierre de taille. La plaine eft parfemée de galets qui font tous volcaniques, & femblables à la pierre de Volvic, ce qui annonce le féjour de la mer dans le rems de l'éruption du volcan. Le piffaphalte fe fait jour de rous cotés aux environs de Clermont , au Pont du Château, mais principalement au Puits de Pege , ou Puits de Poix. C'eft une petite excavation de deux pieds de rofondeur au plus fur un pied de large, fitué dans une petite éminence élevée feulement de quelques pieds au-deffus de la plaine, entre Clermont & Montferrand. J'ai vu vuider ce puits & le bitume fortir de nouveau du fond & le remplir bientôt. Ceci annonce encore des feux fourerrains ui volatilifent fans cefle le bicume, Ce font peur être les reftes du feu d volcan du Puy de Dome , qui faute d’eau ne caufent plus d’'exvlofon, Certe plaine d'Auvergne vient rejoindre celles de la Loire au-deflous de Nevers. On retrouve également des plaines Le long du Cher, de la Charente, de. 1a Garone, du Rhône , de la Durance, &c. dont routes les montagnes font calcaires, comme il eft aifé de le voir par la carte ci-jointe. Quelques-unes de ces montagnes, telles que le Montvariroux en Provence, font aflez élevées pour que la neige y demeure la plus grande partie de l’année. Une autré partie de ces plaines, telles que celles de la Durance , celles de la Crau, font toutes de cailloux roulés. De Saint-Chaumont au Rhône toute la gorge eft calcaire en remontant ar Milleri. Plus près des montagnes granitiques on trouve beaticoup de Tome XXX, Part. [, 1787. JANVIER. C2 20 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, kneifs ou de fchiite argileux micacé. En approchant de Lyon du côté de Vaize, tout eft caillou roulé. Ces cailloux font granitiques & quartzeux. De l’autre côté du Rhône, depuis Vienne jufquà Lyon, ce font les mêmes cailloux roulés qu'on retrouve en fuivant le Rhône prefque jufqu'à * Genève. Le long de la Saone , dans la ville même de Lyon, on retrouve encore les granits. Le château de Pierre-Scize eft fur le granit, ainfi que la montagne vis-à-vis. Ces deux montagnes font très-rapprochées, & paroiffent avoir été féparées, en fort qu'on diroit que la Saone s’y eft ouvert un pañlage, & que peut-être auparavant formoit=glle un lac qui couvroit ue partie de la Dombe & de la Breffe. Tout eft enfuite calcaire le long de la Saone jufqu'à fon origine, qui eft dans la Bourgogne, ainfi que le Bugei, la Brefle, la Comté, le Mâconnois, la Bourgogne, (excepté la petite partie-de la première chaîne granitique dont nous avons parlé) la Champagne, &c. la Picardie, Flandres, &c, & on y trouve des montagnes fort élevées, telle que le Mont-Suzon, &c. Les pays calcaires s'étendent même fort avant dans les Alpes. T'out le Mont-Jura, qui tient depuis Genève, Laufane, Neufchatel, Bienne, &c. les monts Salèves, qui vont jufqu'au pied du Mont-Blanc, &c. font calcaires; mais le Mont-Blanc & fes branches font d'un granit dur, prefque rout compôfé de quartz, de mica, & dans lequel j'ai apperçu peu de fchorl & de feld-fpath. Ce fameux pic du Mont-Blanc paroït le centre des granits dans les hautes Alpes, & ces granits s’érendent depuis Nice par le Mont-Cénis, le Mont-Blanc, le Saint-Bernard, le Saint-Gothard , Schaffouze, & vont communiquer aux Vofges, qui font aufli en partie granitiques, & contiennent beaucoup de mines métalliques, rels que Sainte-Marie-aux- Mines, &c. Les Vofges s'abaiflent enfuite & donnent naiflance à des kneifs du côté de Liège, la Thierache, &c. C'eft fur leurs confins que fe trouvent les riches mines de charbon, du côté de Liège, & qui s'étendent à Namur, Mons, Valenciennes, &c. de left à l’oueft, tandis que celles de Saint-Etienne s'étendent du côté d’Avalon du fud-eft au nord-ouelt, &c. c'eft-à-dire, que ces mines n'ont point de direction particulière , mais fuivenc toujours celles des chaînes des montagnes où elles fe trouvent. La manière dont les pays granitiques & les pays calcaires fe touchent, méritent l'attention du Naturalifte, On avoit cru qu'ils étoient féparés par des gorges, des vallées, des ruiffeaux , des fchiftes, &c. Quoique cela arrive quelquefois , le plus fouvent cela n’eft pas. Le granit s’amollit un peu , comme s’il fe décompofoit, ce qui forme une efpèce d’argile ou de {chifte, & on trouve aufli-tôt le calcaire, fans qu’il s'y rencontre entre deux aucune vallée. Quelquefois, il eft vrai , ces fchiftes fe prolongent plus loin, avant qu'on rencontre le calcaire. D'autres fois les granits pallenr à l’état de kneifs ou granits feuillerés. Les montagnes calcaires accompagnent prefque par-tout les montagnes RS ET, SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 21 granitiques, & fouvent font aufli élevées. Il y a telle montagne calcaire qui eft toujours couverte de neige; telle eft le Mont-Ventoux en Provence, Ja Dole dans leJura, le Mont-Buer aux Alpes, &c. tandis qu'on ren- contre ailleurs des montagnes granitiques qui font peu élevées , telles font les chaînes des Cévennes, dont nous avons parlé. C’eft dans les montagnes granitiques qu’on trouve les criflaux de roche dans de petites cavernes , qu'on appelle fours à criflaux. Ces criftaux de roche {ont affez fouvent recouverts d'argile, ou d’une efpèce de terre verte qui rapproche de la ftéarie. On trouve aufli dans les mêmes lieux de l'afbefte , de l’amianthe, &c. Il y a très-peu de coquillages dans les pierres des hautes montagnes calcaires, tandis que celles des plaines en font remplies. J'ai trouvé néanmoins des peétinites dans la carrière de marbre auprès d’Aigle dans le Valais. Les couches n’y font point non plus conftamment parallèles, comime dans les plaines: fouvent elles font inclinées dans un fens d’un côté de la montagne, & de l’autre côté elles font dans un fens oppoté. J’ai vu au-deflus de Neufcharel, du côté de Moutiers- Travers, des bancs abfolument verticaux. La formation de pareils bancs feroit fort difficile à expliquer, à moins qu'on ne fuppofe , avec M. de Sauflure, que ces mon- tagnes n'aient été bouleverfées; ce que je croirois fort volontiers, d’après Pinfpe&tion d'un grand nombre. k M. de Sauflure a parlé de gros blocs de granit qu'il a vus dans les montagnes calcaires du côté de Geneve, lefquels blocs il croit avoir été apportés des hautes Alpes, dans le rems qu'il fuppofe que le lac de Genève couvroit une partie de ce pays. J'ai trouvé des mêmes blocs de granit à une grande hauteur fur le Jura, du côté de Pontarlier. Les lacs qui font fi abondans dans ces contrées & dans toutes les grandes montagnes, doivent diminuer journellement , foit par les débris des montagnes que les torrens y charient, foit parce que les eaux qui en fortent creufent fans cefle le canal de dégorgement. Le lac de Geneve a beaucoup diminué par cette dernière raifon ; car tout ce qu'on appelle Ja ville-bafle à Genève & le quartier Saint-Gervais , étoit autrefois dans le lac, & il n’eft pas douteux qu'il décroîtra roujonrs de plus en plus, On pourroit même dire que la plupart des lacs fe tariront dans la fuite des fiècles par l'action réunie de ces deux caufes. SLA Toutes les montagnes granitiques , fchifteufes , calcaires, même celles . de plâtre, qui ne fe rencontrent qu'au milieu des couches celcaires , quoiqu’au premier coup-d'œil paroiïflant mélées & confondues , font cependant entièrement féparées : ce qni ne peur être que l’efler des loix générales de la criflallifation , comme je l'ai dit , ( Mem. fur la Criflallifa- tion ; dans ce Journal, année 1782.) ‘ L'origine des filons méralliques & des couches de charbon de terre a toujours paru très-difhcile à expliquer, Les charbons ne fe rencontrent #2 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, jamais que dans les fchiftes ou grès fchifleux, & les filons métalliques fe trouvent aulli le plus fouvent dans ces mêmes fchiftes ou kneifs , quoique quelquefois il y en ait dans les granits & même dans le calcaire. On a fuppofé que les couches de montagnes en fe defléchant ont éprouvé une retraite qui y a produit des fentes, & que ces fentes ont enfuire été remplies poftérieurement par Les fubftances métalliques & bitumineufes. D'abord cela ne peut fe foutenir pour les charbons. Quiconque a vu ces mines fent l'impoflibilité que ces fentes aienc pu fubfifter avant que les charbons aient été dépofés. Gar dans une/même montagne on trouve huic, dix, quinze, vingr lits & plus de charbon de différenres épaiffeurs; car ordinairement plus on creufe, plus on en rencontre. Entre ces lits fe trouvent interpofés d’autres lits ou grès fchitteux, qui fervent de murs & de toîrs (1) aux couches de charbon. Toutes ces ‘couches , foir celles de charbon, foit celles de fchiftes, font ordinairement parallèles, quoique différemment inclinées (2). Quelques-uns font prefqu'horifontaux , d’autres prefque verticaux ; mais fouvent un lit qui plonge fe relève tout-à-coup, en faifant un angle plus ou moins confidérable. Quelques- uns de ces Lirs n’ont que quelques pouces d'épaiffeur , tandis que d’autres ont plufieurs pieds, plufieurs toifes, tels font ceux de Mont-Cenis auxquels on fuppofe quarante-cinq pieds. Certainement ces fchiftes font trop tendres, ont trop peu de confiftance pour que de pareilles fentes aient pu y fubfifter avant que le charbon ait été dépofé. Le tout fe feroit hientôt affaiflé , fur-tout dans le cas où les couches de charbon fe relèvent ; car les couches fupérieures à celles-ci, femblables à un coin, n'auroient eu aucun fupport : il faut donc que le charbon ait été dépofé en même rems que le fchifte, c’eft-à-dire , une couche de fchifte, une couche de char- bon, &c. Enfin, prefque toujours le mur eft différent du toît, ce qui feroit difficile à expliquer dans l’autre hypothèfe, Mais, dit-on, comment fuppofer la formation de couches parallèles fous des angles très-inclinés à l’horifon, & qui fouvent approchent de la verticale? Mais la même difficulté ne fubfifte-elle pas pour le mur & le toit, c’eft-à-dire, pour les'couches où fe trouvent les matières bitumi- neufes ? Ou plutôt cette difhculté eft générale pour toutes les couches de (:) On appelle mur la partie fur laquelle repofe le filon , & zofr celle qui le recouvre, La zéte du filon eft la partie fupérieure la plus proche de Ja furface de la terre. (2) L’inclinaifon d’un filon fe mefure par l’angle que fait le filon avec l’horifon. La dire&ion d’un filon fe prend relativement à la méridienne , fe mefure par la bouffole. On fuppofe la circonférence de la bouffole divifée en deux fois douze parties qu’on appelle heures. Le nord & le fud font marqués par o , & 12, & le levant, & le couchant par 6. Un filon qui court du nord au fud*eft dit être à 12 heures. Celui qui court du levant au couchant eft dit à 6 heures. te SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS, 23 Ja terre, Les lits de pierre calcaire , de craie , de plâtre, de fchifte, ne font prefque jamais horifontaux , mais toujours plus ou moins inclinés, Nous avons vu qu'il y en a même dans les Alpes & dans les grandes montagnes d'abfolument verticaux, Cette direction verticale ne peut vraifemblablement provenir que d'affaiflemens poitérieurs à la formation de la montagne. Peut-on étendre cela à routes les montagnes, & dire qu'elles fe font toutes plus ou moins affaiflées, pour expliquer Porigine de ces lits fi inclinés ? Quelle que foit la caufe de l'inclinaifon de ces lits, je ne crois pas qu'il puifle y avoir de doure pour quiconque a vu les mines de charbon; qu’elles n'aient été dépofées en même rems que les montagnes où elles fe trouvent. Ces charbons n’ont pu être formés de forêts enfouies; car des arbres amoncelés pêle-mêle avec des argiles, des fchiftes, ne pourroient point former des couches aufli régulières que le font celles de charbon. Nous connoiflons des forêts enfouies en Angleterre, en Allemagne , qui fe trouvent dans des marais, mais ne forment point de lits, Il faur donc que les matières animales & végétales qui forment les birumes euffent déjà fubi un mouvement de décompoltion qui leur ait fait perdre leur forme première. Mélangées pour lors avec les argiles, elles £e fonc dépofées par couches comme nous les voyons, Quant aux filons métalliques, quelques-uns fe comportent , il eft vrai, différémment que les charbons. Leur épaiffeur n’eft prelque jamais auf confidérable en général. Leurs roîts & leurs murs ont zufli plus de folidité. Leur direction coupe quelquefois celle des bancs de pierre où ils fe trouvent, en forte qu’on conçoit qu'il a pu y avoir dans ces montagnes des fentes qui ont pu être remplies par des matières métalliques. Cependant il eft d’autres filons métalliques dont l’origine paroît avoir été la même que celle que nous avons aflignée au charbon. Le filon de Pompean en Bretagne , par exemple, tel que l'a décrit M. de L'aumont, a plus de douze toiles de largeur , & qu’on a déjà fuivi à fix gens pieds de profondeur. Son mur eft un.fchifte argileux qui n’a pas une confiftance bien confidérable ; mais le toit fur-tout eft une aroile molle, oui n’auroie pu fe foutenir au-deflus d’une fente de douze roifes de largeur & de fix cens pieds de profondeur, Il faur donc que le minérai ait été dépolé avant ce toir. La même chofe fe préfente dans plufieurs autres mines, Il eft d’autres endroits où le filon ne fait pas une maffe continue, mais fe trouve par rognons , c'eft-a-dire , qu'on trouve des morceaux de miné- rais difperfés çà & là dans la gançue du filon. Telles font les mines d'or d'Allemont, & un‘grand nombre d’autres. Ces mafles métalliques dif- perfées par rognons ont donc dû être aufli dépofées en même tems que leux toit & leur mur. Quant à ceux dont la dire&tion coupe celle des bancs où ils fe #4 OBSÉRVATIONS SUR LA PHYSIQUE; trouvent , & qui ont peu de largeur, donc le toit & le mur ont de [a folidité, il elt peut-être poffible qu'il y ait eu d'abord des fentes pro- duites par la retraite, & que la matière métallique ait rempli poftérieu- rement ces fentes. C’eft à l’obfervateur à confirmer ou détruire cette conjecture, . Il refteroit maintenant à rechercher l’origine des matières métalliques. Je croirois aflez volontiers que produites d'abord , elles ont été difléminées avec les rerres & les pierres , que comme dans la criftallifation générale de celles-ci, chaque fubftance s'eft féparée , là les granitiques , ici les {chifteufes , ailleurs les calcaires, de même les matières métalliques fe fonc aulli féparées pour criftallifer à part , & ont formé ainfi dans le fein des montagnes différens filons qui fouvent fe coupent, mais chaque minéral a criftallifé féparémenr. Si la matière métallique n’a pas été aflez abondante pour former un filon continu, elle n'aura formé que des rognons, Enfin , de grandes caufes locales ont pu détruire quelques-uns de ces filons pour en aller former de fecondaires, & donner l'origine à ce qu'on appelle mines de tranfport. S’il fe trouve des cavités, des vuides dans ces filons, il arrivera comme dans les grottes, les geodes , &c. que des eaux filtrant à travers les gangues, & tenant en diflolution différentes matières pierreufes, viendront former ces belles criftallifations pierreufes que l’on rencontre dans beaucoup de mines, tels que les fpaths calcaires, les Auors', les fpaths pefans, les criftaux de roche, &c. Ces mêmes eaux décompoferont fouvent une partie du filon pour aller former ailleurs de nouvelles fubftances. Ainfi les eaux qui traverfenc les flons de plomb en décompoferont pour aller former les plombs blancs, les plombs verts, &c. dans les cavités qu'elles rencontreront ; celles qui trouveront les mines de cuivre en décompo'eront également , & iront former des malachites, &ce car la nature toujours active travaille dans le fein du globe comme à fa furface. En attribuant l'origine des filons métalliques à une formation pre- mière, je mentends pas nier qu’il ne puifle s'y former tous les jours des fubftances métalliques ; car nous voyons s'en produire continuellement chez les végétaux & les animaux, Ainf il eft à préfumer qu'il s’en forme également dans le fein de la terre. IL refteroit maintenant à rechercher la manière dont s’eft fait cette criftallifarion générale. Il eft ce:tain qu'il a fallu que les eaux aient couvert tout le globe , par conféquent qu'il y ait eu une couche d’eau de plus de trois mille toifes de hauteur au-deflus du niveau actuel des mers. Chim- boraco a trois mille deux cens toifes de hauteur. Il eft vrai que c’eft un pic volcanique, dont le fommet a pu être exhauflé par l'irruption du volcan ; mais on trouve des granits criftallifés à de grandes hauteurs; & M. le Blond a vu une mine de charbon de terre au-deflus de Santa-Fée de Bogota, à une hauteur qui doit être à-peu-près de deux mille toifes.. . . . Que À Q. 4 Ê SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 25 Que font devenues ces eaux ? Tel eft le grand problème à réfoudre, Newron croyant que l’eau fe-changeoit en terre, difoit que cette converfion devoic diminuer la mafle des eaux, Aujourd'hui on ne croit plus à cette converfion ; mais il eft vrai que d:n5 toures les terres & pierres de feconde formation, confme Kneifs, fchiftes, plâtres, marbres, craies, &c. il y a beaucoup d’eau de criflallifation. Néanmoins ceci ne peut fatisfaire aux phénomènes ; car ces fubitances nouvelles occupent le même cfpace qu'occupoit l'eau. D'ailleurs, il y auroit encore une com- penfation à faire pour les dégradations continuelles qu'éprouvent les montagnes, ce qui en diminue les hauteurs, On pourroit encore dire que l’atmofphère contient une plus grande quantité d’eau que dans les premiers tems, ou même que l’eau s'eft changée en air. Mais toute la colonne de l'atmofphère n'équivaut qu'à trente-deux pieds d’eau. Ainfi cette caufe eft abfolument infuffhfante, La partie de glace & de neige qui ne fe fondent point, amoncelée fur les hauts pics & dans les pays du nord , eft encore une très-petite caufe, qui ne peur avoir qu'une très-légère influence. Quelques Phyficiens ont prérendu que les eaux pouvoient par l’évapo- ration pafler jufqu’aux autres globes; mais la rareté de l'air à une certaine hauteur, & le froid qui y règne, paroiflenc y apporter un obftacle infurmontable. Il refte donc à dire que ces eaux qui ont difparu de deflus la furface du globe ont pénétré dans fon intérieur, où elles fe rendent dans des cavités fouterraines, comme on en connoît plufieurs dans le fein des montagnes, où elles ont une cicculation intérieure qui nous eft peu connue. Ce qui eft certain, c'eft que nous connoiflons plufieurs courans fouterrains qui coulent au-deflous du niveau des mers, puifque même quelques-uns vont fe rendre dans les mers, où ils forment des fontaines d eau douce. Ainfi ileft à préfumer qu'il y en a qui fe rendent dans l’intérieur du globe. Une petite portion de ces eaux eft peut-être enfuite volatilifée par la chaleur centrale, par les feux fouterrains, dans les éruptions des volcans, ce qui établiroit une efpèce de communication entre les eaux intérieures & les eaux exrérieures. . . . . : Un grand nombre de phénomènes n'a fait préfumer que la rotation, du globe peur éprouver des variations, tels que la partie plus relevée de J'équateur qu’elle ne devroir l’être, fuivant la théorie des forces centrales, J'accourciffement du pendule à l’équateur , &c. Lorfqüe la retation éroit plus rapide , les eaux devoient affluer vers les tropiques, abandonner les régions polaires , &c. Les jours augmentant de longueur , les eaux ont dû quitter l'équareur pour fe reporter aux pôles, &c. & ainfi alcernati- vement. Elles ont pu par conféquent s'élever fucceflivement à des hauteurs où elles n'auroient pu parvenir au même inftant..... Cependant, comme nous avons dans les régions tempérées des montagnes Tome XXX , Part. I, 1787. JANVIER. 26 OBSERFATIONS SUR LA PHYSIQUE, d'une grande hauteur, telles que le Mont-Blanc, &c. cette caufe n’a pu fufire feule. I! faut abfolument qu'une partie des eaux foit entrée dans l'intérieur du globe (r). Phyfique. Le Naturalifte fe contente de décrire les différens objets ; animaux, plantes & minéraux qui fe préfentent à lui. I cherche à les reconnoitre par des caraétères extérieurs, sûrs & faciles, & qui ne puiflent jamais l'induire en erreur. T'el eft le but de toutes les méthodes: lefquelles ne doivent pas ètre regardées comme l'ouvrage de la nature , mais comme celui de Part, pour fuppléer à la mémoire. ' F Là où finit le travail du Naturalifte, commence celui du Phyfcien. Le premier fe borne à décrire : celui-ci recherche quelles font les loix qui animent tant d'êtres divers, & fuivanc lefquelles Les uns fonc mus & les autres exercent toutes leurs fonctions. La Phyfque elt également cultivée avec zèle. Et cette année nous avons plufieurs faits nouveaux. M. de la Place a calculé l’action des fatellites de jupiter les uns für les autres, & fur leur plarère principale, I a fait voir que l’accélérarion obfervée dans l’année de jupirer , écoit due à cette caufe ; ainfi que l’alon- gement de l’année de faturne, lefquelles années après un certain rems reviendroient à la même période. M. Achard a fait congeler le mercure par un froid artificiel feulement de 31 degrés au-deflous de o. M, Cavallo croit avoir rendu le laiton magnétique en le battant fur une enclume ; mais il eft très à craindre que ce laiton ne contint du fer , qui fe trouve prefque roujours dans la calamine, M. Senebier nous a donné de nouveaux moyens, de perfectionner la Météorologie, k M. Ingen-Houfz a avancé, contre le fentiment d’un grand nombre de Phyfciens, que l'électricité n’influoic fur les mouvemens de la fenfirive que comme toute autre force mécanique. J'ai voulu répéter les expériences. Voici les réfultats que j'ai obtenus: J'ai couché légèrement une fenfitive (m2mofa pudica) avec des bâtons de cire d'Efpayne, des tubes de verre, des tiges métalliques, foir aiguës, foie terminées en globes, La plante n’a donné aucun figne de fenfbilité, J'ai rouch: la plante avec les mêmes corps & en donnant une petite fecouffe. Elle à donné également dans tous les cas des marques de fenfbilité, (1) Il y a un fecond grand problème 4 réfoudre dans la théorie de la terre, On trouve dans tout le nord de l’ancien continentles débris d’animaux & de végétaux qui ne peuvent vivre aujourd’hui qu'entre lestropiques, tels que l'éléphant, le rhinoce- ros, &c. En fuppofant que la diminution de l’obliquité de l’écliptique aille jufqu’au point de rendre l’axe de la terre parallèle à celui du monde... il y aura pour lors un équinoxe peroéruel ; les régions polaires feront affez échauff*es pour que ces animaux & ces plantes puiffent y vivre... , Je développerai ailleurs ces idées, et SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 27 J'ai enfuite approché de la plante ces mêmes corps électrifés légère- ment, en Les tenant à une certaine diftance. Les feuilles ont obéi douce- ment, & n’ont point tombé, M Enfin , ces mêmes corps électrifés fortement, en touchant les feuilles de la plante ou en étant approchés aflez près, les ont fait tomber & fermer, comme fi on les avoit fecouées fortement. Il paroît donc, qu'ainfi que l’a dit M. Ingen-Houfz, l'électricité n’agic fur Ja fenfitive que comme force mécanique. De la Chimie. Nous avons vu que le Naturalifte fe borne à décrire les corps par leurs caractères extérieurs, & que le Phyficien cherche à reconnoître les loix des forces qui les animent & des mouvemens aux- quels ils obéiflent : le Chirifte va plus loin encore. Il s'efforce par des analyfes favanres de découvrir les différens principes de ces corps. Telles font les lignes de démarcation de ces trois fciences. Le Philofophe qui veut pénétrer dans le fantuaire de la nature doit les pofléder également toutes trois. La Chimie a auffi été enrichie de quelques faits nouveaux cette année. L’acide phofphorique que nous avons vu fe retrouver dans la fidérite contenue dans le fer caflant à froid & dans plufieurs mines de plomb, a encore été démontré dans beaucoup d’autres fubftances, M. Weftrumb a prouvé qu'il fe trouvoit dans le bleu de Prufle & l'alkali phlogiftiqué, dont il a toujours retiré de la fidérite. M. Van-Bochaute avoit prouvé que le même acide phofphorique fe retrouvoit toujours dans la fubftance animale, c’eft-à-dire , la partie glutineufe des végétaux & les fubftances animales. M. Berthollet a confirmé ces expériences, & a de plus fait voir qu'il fe trouvoit fouvent à nud dans l'urine & dans la fueur. M. Margraf l'avoir auñfi retiré des plantes cruciferes. Ainf voilà donc l'acide phofphorique qui fe retrouve dans un grand nombre de fubftances. Mais cet acide appartient-il exclufñivement aux êtres organifés comme on l’avoit cru autrefois? Et tout celui qu’on retire du règne minéral viendroit-il primitivement des autres règnes ? Il eft certain que dans cette quantité de débris d'êtres organifés que l'on rencontre dans les rerreins calcaires , il doit y avoir une grande quantité d'acide phofphorique qui par conféquent pourra s'unir au fer , au plomb & aux autres corps. D'un autre côté on ne peut guère douter qu'il ne fe reproduife journellement chez les êtres organifés. Ainfi il fe pourroit bien que celui qui exifte dans les minéraux y eût été apporté. Il fe peut cependant aulli qu'il ÿ en ait eu de produir. ï M. Schééle, dont la Chimie ne fauroit trop regretter la perte, a prouvé que l’acide d’ofeille étoit le même que l'acide faccharin, & qu'il fe trouvoit dans un grand nombre de végétaux. Il a trouvé un nouvel acide dans les fruits, que M de Morveau a appelé malufien, parce Tome XXX Part. I, 1787. JANVIER. D 2 28 OBSERFATIONS SUR LA PHYSIQUE, v'on le retire plus abondamment des pommes. M. Schéele a auñfi retiré à la rbubarbe & de plufieurs autres végétaux une terre particulière qui eft un fel. ; M. de Laumont a apporté des Pyrénées une nouvelle efpèce de noix de galle très-grofle, qui paroît pouvoir remplacer celle du Levanr. Il l'a recueillie dans la Navarre & le Béarn fur les branches d’un chêne blanc, nommé vauffin , à feuilles velues en deflous, fouvent profondément découpées. Ce chêne a la propriété de repouffer des rejets fur racines loin de fa fouche, La platine que M. le Blord nous a appris fe retirer des fables auriferes au Choco, eft toujours mélangée avec un fable ferrugineux que j'ai prouvé être un véritable éthiops. IL paroît qu'il n’y a que l'action des volcans abondans dans ces contrées qui air pu ainfi calciner ce fer. II fe trouve d’ailleurs une portion de fer mélangée le plus fouvent avec la platine , ce ui contribue fans doute à la rendre fi réfractaire, Cette fubitance avoit été néanmoins fondue par MM. Levis, Maroraf, Macquer, Baumi & le Baron de Sickingen : ce dernier en avoit fait couler des mafles confidérables & l'avoir laminée. M. Achard lavoir fondue par le moyen de l'air pur. Le même Chimilte étoit enfuite par- venu à la fondre plus facilement par l’arfenic, & M. de Morveau par le fel arfenical, M. Crell & M. Kohl font parvenus à la fondre en la mêlant avec le fpath fuor. M. Daumi avoit aufi un procédé particulier pour la fondre. M. l'Abbé Rochon en a travaillé pour faire un miroir de télef- cope. MM. Tillet & Lavoifier ont auffi des expériences particulières fus cette matière, M. le Duc d’Aumont eft également parvenu à la fondre ar un procédé, dit-il, plus fimple que ceux qu’on a employés. Mais le Phyfcien qui paroît avoir le plus perfe&tionné ce travail eft M. Chabanon , Profefleur de Phyfique & de Chimie en Efpagne. Il la coule en grandes males, & l’amène au point d’être travaillée comme l'or & l'argent. Elle eft dans cet état très-flexible , & fe forge comme le fer, c'eft-à-dire, qu’en faifant chauffer deux barreaux de cette platine, les appliquant l’un fur l’autre, & les frappant avec le marteau, ils contraétent adhérence fans qu'il foit néceffaire d'employer de la foudure. J'ai vu des ouvrages qu’a fait avec cette platine ainfi préparée un Artifte habile de cette Capitale, M. Janneti, lefquels étoient auffi bien travaillés que ceux d'argent. Les bas-reliefs étoient du plus beau fini. IL y avoit une aiguière renflée à la panfe & reftreinte au coller , comme l’auroit pu être une aiguière d'argent. La partie qui éroit matte rapprochoit pour la couleur du mat de l'argent; & le poli tenoit un milieu entre le poli du fer & celui de l'argent. Ce qui eft affez particulier, c’eft que la platine dans cer état eft très-molle & très-flexible. Mais M. Chabanon lui donne enfuite une efpèce de trempe qui lui rend de la fermeté. Il m'a dit que la gravité fpécifique de la platine amenée à cet état de pureté, eft à celle de l’eau SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 29 comme 24 eft à r. Ainfi tout doit faire efpérer que ce métal fera d'une grande xeflource dans les arts, À Les favans qui ont entrepris de tout expliquer fans phlogiftique , con- tinuent toujours leurs travaux, Je vais préfenter un précis de leur doétrine telle qu'ils l'expofent adtuellement. ’ Ils admettent deux terres élémentaires ; 1°. l’argileufe, 2°, la vitris fable : quant à la calcaire & à la magnéfie, quoiqu'ils paroiffent auf les regarder comme élémens, ils ne fe fonc pas encore expliqués à cet égard. 1 | 3°. La matière du feu, qu'ils regardent aflez volontiers comnie la matière de la lumière, fe trouve dans la plupart des corps, foit fous forme de la matière de la chaleur , foit autrement, Tous les corps contiennent différentes quantités de la matière de 4à chaleur ou de la lumière, mais aucun n'en contient plus que l'air pur.” 4°. L'air pur eft regardé comme une fubftänce élémentaire. 5°. L'air inflammable eft regardé comme une fubftance élémentaire. 6°. L'air phlogiftiqué ou moffere eft répardé comme une fubftance élémentaire. L'air fixe eft regardé comme un compofé de 0,72 parties d'air pur, & de 0,28 de fubftance: charbonneufe. : = ‘e L'air nitreux eft regardé, d'après l'expérience de M.Cavendish; comine un compofé de 7 parties d’air pur , & de 3 parties d'air phlogiftiqué. L'eau eft regardée comme un compofé de 0,87 parties d'air pur, & de 0,13 d'air inflammable pur ; car on diftingue un air inflammable char- bonneux ou qui contient du charbon; favoir, celui qui dans fa combuftion donne de l’eau & Pair fixe | 7°. Le foufre eft regardé comme une fubftance élémentaire: ; 8°. Ainfi que le phofphore , 9°. l'or, 10°. l'argent, 14°. la: platine; 12°. le mercure, 13°, le cuivre, 14°. le fer, 15°. le plomb , 16°, l'étain 17°. le zinc, 18°. l'antimoine , 19°. le bifmuth, 20°. le cobalt, 21°, l'ar- fenic, 22°. la manganèfe, 23°. la molibdène , 24°, la tungfthène, 25°, le nickel, 26°. la terre pefante , en la regardant comme ‘une terre mé- tallique. : É Tous ces corps élémentaires , le foufre, le phofphore &.les métaux, font des fubftances combuftibles qui brülent avec l'air pur, c'eft-à-dite, que l'air pur fe combine avec elles, abandonne pour lors la grande * quantité de chaleur ou de lumière qu'il contient, laquelle forme la flamme. Ainf la famme vient uniquement de la matière de la lumière contenue dans l'air pur. Cet air ainfi dépouillé de fa chaleur eft appelé principe oxygine ou acidifiant , parce que le produit dé.ces combuitions eff toujours! un acide. Ainf le foufre avec le principe oxyoine forme l'acide vitriolique ; lé phofphore avec le principe oxygine forme l'acide phôfphorique ; les méçaux avec une fufffante quantité dé principe oxygine 30 OBSERFATIONS. SUR WA PHYSIQUE, forment fesiacidesméugliques'y & avec une moindre quantirede principe oxygine forment les chaux métalliques. + Len ruôftareh -: Borfqu'on: fait difloudreun métal ‘dans un acide ; par exemple ; le fer dans l'acide vitriolique affoibli, l'eaurcontenue dans l'acide fe décompofe, Sa portion d'air pur s'unit au métal .& leréduit en chaux ; tandis que fa jorrion! d'air inflammable‘ eft rendue-libre, Si lacidelvirrioliquereft con- centré, il fe décompole luiimêmes foutnitide Fairpur aumétal, &e lui il pale à J'érat d'acide fulfuneux ousde doufresss 5 20000 29biessr col Si on diflour un métal dans l'acide nitreux , cet acide fe décompofe également, Sa portion d'air pur Fumit'aulmétal ; & fa' portion d'ait nitreux fe dégage. vi03 290 quiq gi int » ste Î | Enfin , l'air inflammable qu'oniretirerdesilimailles-de fer:&e de zinc pat dé feu feul ; vient db la décompoñition d'hneiporcionod'eau qui s’ytrôuve toujours: adhérentes) asia 130 nuous 25 Qsiditnuls ( 3 Cependant: pour #épondre d'imess obigetionsique-le fer, le zinc.& la plupart des mérauk8cl des /chauxométaltiques donnent roujours. de l'air fixe mêlé avec l'air inflammable ;ona été obligé de dire que ces métaux contiennent du charbon. Mais on veut que ce charbon foic étranger à 1) 91 ces fübftances.: 4 SEC 2h 2logmos ns annRo0 9hTED À 37°. Le principe muriatique , bafé sde d'acidé> marin, féra aufli une fubftancelélémentairé painfirqueyrs ! 25190" b 45 26 Da nr 28: Leiprincipe Auorique, bafe de l'acide fpathiques * 29°. Le principe fédatif; bafe de:l’acide du:borax. 30°. La fubfance charbonneufe ; bafe de l'air acide, fera la trentième fubftance élémentaire dans cette doctrine. Mais ceci nous conduit à l’analyfe des fubftances végétales & animales:fuivant ce fyftème. Les végétaux font compolés d'eau, d'hailes ; d'acides ; d'aikalis & de terres: Je ne parle ‘pas des patties:métalliques qui s'y trouvent, puifque nous Venoris devoir ce qu'on: en ipenfe.. 1391 ; } Les huiles contiennent 0,85 de fubftance charbonneufe & 0,15 d'air inflammable aqueux ; c’eft à-dire, qui provient de la décompofition de l'eau. Car on croit que l’aétion de la lumière fur les plantes décompofe Peau. L'air inflammable fe combine pour former les huiles : & l'air pur eft chaffé’ par les pores de Ja-planrè. | 16 4 Les acides végéraux font compofés d'huiles & d'air pur. L'alkali volatil eft compofé de trois méfures diair infammable & d’une d’air phlogiftiqué ou moffere. Quant aux alkalis fixes , oh n’en a pas encore donné l'analyfe. Le grand rôle qu'on fait jouer à la fubftance charbonneufe mérite que nous nous y arrêtions!unipeu: : «asie vu av “tg s1Eorfqu'on mér des fubfancéswégétales; päriékempler, du bois dans les vaifleaux Fermis ,:& aw'on les foureriau feu!,il pale ; dit-on, de l’eau } puis ‘de l'acide; de l’haile, de l'air inflammable, de l'air fixe, de: l'air SUR L'HIST. NATURELIE' ET LES ARTS. 3x phlogiftiqué, & il refte une fubftance noire, légère, qu'on appelle charbon, Sion augmente le feu, il pafle encore un peu d’eau qui a une odeur empy= teumarique , & les mêmes efpèces d'air. En fourenant un feu vif pendant plufieurs heures , on obtient toujours les mêmes airs. Enfin’, il ne pañle plus rien. Les du délurés , on retrouvé un charbon Ie léger & plus fpongieux. Ce charbon plongé dans l’eau & remis une feconde fois dans Je cornué donne encore ÉEuoer d'air inflammable, d’air fixe & d’eau; &'il a perdu de {on poide, Ce même charbon mis fous une cloche pleine d’air pur, &. étant allumé’ brûle, l air pur efkchangé en aïr fixe ; dit-on. Le rélidu dépouillé de cet'äir Age par j'eau de chaux eft de l’air pur. Voici lés conféquences qu ‘on tire de ces Expériences dans la! nouvelle théorie. e 1°. Où dit que le charbon eft un être fimple élémentaire, qui-en fe combinant avéc l’air pur forme l'air acide ou acide arbonhain:, lequel contient 0,28 de partie chärbonneufe, & 9,72 d'air pur. 2°, Lorfqu'on mouille le charbon & qu'on le diftille , l'eau fe décom- pofe, l'air inflammable s'en dégage, & Pair pur fe combinent avec/une ortion de charbon qui ef brülée, forme l'air acide où acide char- PA if + Dans la diftillation du Harof Hdi: Pait: PRNENE 4 l'air fixe qu'on obtient font produits par la même caufe , ‘c’eft- ssh la décompofition de l’eau. D'où on doit conclure dans ‘cètre hyporhèfe ane 4 chatbon. doit fe trouver par-tout où! il y a de l'air fixe, 2 ns | 4 1°. Dans les marbres & routes les terres & Fe alcairés à so. “en général dans toutes les rétrés. & Fiérres’ qui contiennent de l'air:fxe, ! : 2°, Dans coutes les mines minéralifétes par l'air fixé, comme les: plombs blancs, les malachites, lés ochrés, les calamines, &cs Rte.” : ? 3°. Dans le fer, acier, le zinc, &c. &c. +. Dans le minium & le plus grand nombre des chaux Sel 5° Dans les alkalis aérés, sem es joe 6”. Dans les alkalis & chaux phlogiflicués. % éfidu 7°. Dans toutes les fubftänces animales &1 vépétales:: 8°. Dans la poitrine des animaux , qu'il eri-traverfe le fa des bronches pour venir fe combiner avec l’air pur & le changer en air fixe dans lés ramifications de la trachée-artère, ? 01-205 0h. g Telle eft en abrégé la théorie qu'en a voulu fubftiruer à célle mir tecue, On a appelé éette doctrine ag ellesŸen ét pas auf éloignée qu'elle” paroñr. IGAH2 11-26i59 8 "2 5û 1°, Elle reconnoît la matière du feu ou Le L lamiè ère dañs tous des corps fous forme’de chaleur. 2°, Elle admet dans toutes lé NIBées dkieites & végérilès fus 32 OBSERWATIONS SUR LA PHYSIQUE, principes inflammables au lieu d’un feul ; favoir, l'air inflammable aqueux & le charbon. : 3°. Elle admet un principe inflammable dans beaucoup de fubftances où on n’en admet point dans l’autre doctrine ; car elle elt oblizée de reconnoître du charbon dans toutes les terres & pierres calcaires, dans l'argile & un grand nombre d’autres terres & pierres qui contiennent de l'air fixe , dans un grand nombre de mines minéralifées par l'air fixe, dans les alkalis aérés. 4°. Elle eft obligée aufñi de reconnoître du charbon dans l'acier, dans le fec, dans le zinc, &c. dans la plombagine. On die, il eff vrai, que le charbon eft étranger au fer, au zinc, & qu'ils peuvent être fans charbon, Cependant on n’en a jamais trouvé qui ne contienne de l'air fixe. 5°. Elle admet dans l'eau un principe inflammable , & l’eau devroit être le corps le plus combuftible de la nature, puifqu’elle eft toute formée d'air pur & d'air inflammable, Or, l’eau eft partie effentielle de toutes les criftallifacions falines & pierreufes, par conféquent l'air inflammable doit s'y retrouver. Ainf il n’ya donc , à proprement parler, que le foufre & le phofphore où on n'admette point de principe inflammable étranger à ces fubftances qu'on regarde comme élémentaires, Mais fi on n’admer point de principe inflammable étranger dans le foufre & le phofphore, on en reconnoïc dans un grand nombre d’autres fabftances où on n'en admet pas ordinai- rement, Ainfi ce fentiment eft donc bien éloïgné de détruire le phlo- £iflique , c’elt-à-dire, ua principe inflammable quelconque dans les corps, puifqu’il ladmet dans un bien plus grand nombre que ne le faic l’autre théorie, >. !:- : à En dernière analyfe la queftion fe réduit donc à favoir, 1°. fi le foufre & le phofphore font élémens, ou s'ils contiennent un principe inflam- mable étranger; 2°, fi les métaux font élémens, ou s'ils contiennent de l'air inflammable, & fi ce charbon qu’on veut fubftituer leur efl étranger ; 3°..f le charbon eft un élément ; 4°. fi la combuftion du foufre, du phofphore , des métaux & du charbon , eft une fimple combinaifon de ces fubftances avec l'air pur qui perd fa chaleur pour produire la flamme , & fi les acides qpi en rélulrent font de fimples combinaifons de ces fubitances élémentaires avec l'air pur dépouillé de fa chaleur ; 5°. fi l'eau ef compofée d'air pur & d’air inflammable; 6°. 6 l’air inflammable qu'on retire du fer, du zinc, du charbon, &c, vient d’une portion d’eau décompolée. : .:; J'ai cherché À concilier les expériences anciennes avec les nouvelles, ne croyant pas que celles-ci détruififfent les autres. Voici un précis de ma doctrine, is OH 1°. Le feu ou lumière, fubftance dite élémentaire, 2°. L'eau, fubftance dire élémentaire, 3". SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 33 3°. L'air pur, fubftance dite élémentaire. 4°. Matière de la chaleur compcfée de feu élémentaire & d'air pur. Cette matière de la chaleur doit être confidérée fous deux états différens , 1°. comme matière de la chaleur libre qui fe trouve répandue dans l’atmofphère, dans le globe, &c. Chaque corps de la nature pofiède une certaine quantité de cette chaleur libre en raifon de fon affinité avec elle. Aini l'air pur en a une-grande quantité. La matière de la chaleur doit être confidérée , 2°. comme combinée & faifant partie des corps. Elle fe trouve ainfi dans les acides, les alkalis, &c, $°. Fluides. Union d’un corps quelconque avec une fufhlante quantité de la matière de la chaleur libre. . 6°. Fluides aériformes. L'eau, les acides, &c. l’or lui-même, peuvent êrre réduits à l’état aériforme par une plus grande quantité de la matière de la chaleur libre. ; 7°. Solides. Les corps paffent à l’état de folidité par l'évaporation d’une fufhfante quantité de chaleur. 8°. Air inflammable. Compofé d’air pur & d’une grande quantité de matière de la chaleur : ce que prouve fa grande légèreté. C'eft cette grande matière de la chaleur qui eft caufe de l’infammation de cer air, lequel air fe-retrouve dans tous les corps inflammables. 9°. Air phlogiftiqué ou impur, Compofé de l'air pur & de l'air inflammable, 102, Air acide ou fixe. Compofé de l'air pur & de la matière de la chaleur combinée, ; 11°. Aüir nitreux. Combinaifon de l’air inflammable, de l'air phlo- giftiqué, de l'air pur, ( peut-être de l'air fixe) & de la matière de la chaleur combinée, Tous ces airs, l'air pur, l'air inflammable, l'air impur, air acide, Pair nitreux, &c. contiennent tous beaucoup d’eau, qui peut-être leur eft effentislie. La grande quantité de feu qu'ont ces airs, eft caule qu'ils confervent leur légèreté maloré cette abondance d'eau, 12°. Acide végétal. Jufte combinaifon de la matière de la chaleur combinée avec l'air inflammable , l'air phlogiftiqué, l'air pur, ( peut-être l'air acide ) & l’eau, £ Tous les autres acides, foit végétaux , foit animaux , foit minéraux , tels que l'acide virriolique, l'acide nitreux , l'acide marin & les acides métalliques, contiennent à-peu-près les mêmes principes, & ne different ue dans les combinaifons. 13°. Acide phlogifliqué. Le même compofé que ci-deflus avec excès d'air inflammable, rel eft l'acide fulfureux, 14°. Acide déphlosiftiqué, Le même compofé que le N°. 12 , avec excès d'air pur , tel eft l’acide marin déphlogiftiqué. 15°. Huile. Saturation d’un acide végéta! par l'air inflammable, Tome XXX, Part. 1,1787. JANVIER. E 34 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, 16°. Soufre. Saturation de l'acide vitriolique par l'air inflammable, 17°. Phofphore. Saturation de l'acide phofphorique pat l'air inflam- mable, 18°. Régules métalliques, Saturation de leurs acides particuliers par l'air inflammable. 19°. Chaux métalliques. Les acides métalliques avec un certain excès d'air inflammable, ainfi que les acides phlogiftiqués. Dans les /oufres végétaux, c’eft-à-dire, les huiles , il eft facile de brifer l’union de lacide avec l’air inflammable, Aiïnfi en diftillant dans les vaifleaux fermés fans accès de l'air pur le fuccin, le benjoin, la gomme copal, &c. on retire beaucoup d’air inflammable & un acide très-piquant, Mais dans les foufres minéraux , c’eft-à-dire, le vrai foufre , le phof- phore, les répules métalliques, l'acide a une grande affinité avec Pair inflammable, comme le prouvent tous les phénomènes. L'acide arfe- nical mis en contad avec l'air inflammable, fe révivifie promptement. Les chaux d'argent, de bifmuth , &c. noirciflent dès que l’air inflam- mable les frappe. L’acide vitriolique & l'acide phofphorique chauflés légèrement fur l'air inflammable, donnent ou de l'acide fulfureux, où du foufre, ou du phofphore. C’eft pourquoi le feu-feul ne peut défunir ces acides d'avec l’air inflammable dans les vaifleaux fermés. [1 faut employer les doubles affinités. Aïnfi les alkalis , les chaux calcaires, les chaux métalliques, &c. brifent l'union des acides vitrioliques , phofphoriques avec l'air inflammable, comme dans les hépars fulfureux & phofpho- riques , dans la détonation des chaux de mercure & du foufre , &c. Mais ce que ne peut le feu feul dans les vaifleaux fermés , il le fera avec le concours de l'air pur, parce que celui-ci par fon affinité avec l'air inflammable facilitera cette féparation. Auffi dans la combuftion du foufre, du phofphore, des métaux, &c. il y a abforption d’air pur. Une partie de cet air fe combinant avec l'air inflammable de ces fubftances, laitle dégager l’eau. Mais ces fubftances retiennent toujours une portion d'air inflammable. C’eft pour faire difparoïtre cet excès d'air inflammable qu’il fe combine une portion d'air pur avec une grande quantité de matière du feu, C’eft pourquoi je l'ai appelé matière de la chaleur, & pour lors on a les acides phlogiftiqués & les chaux métalliques. Fournit-on une plus grande quantité d'air pur & de matière du feu , on a les acides ordinaires, parce que cet air pur fait difparoître entièrement cet excès d’air inflammable. Et ce qui confirme ceci, c’eft que ces acides repaflent à l’état de foufre & de régules métalliques par la feule abforption d’air inflammable fans dégagement d'air pur. L’acide arfenical en contact avec l'air inflam- mable devient réeule fans perdre d’air pur, ainfi que la chaux d'argent, &c. SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 35 M. de Morveau dans fon bel ouvrage fur la Chimie dans l'Encyclopédie, a embraflé un troifième fentiment. Il admet avec moi l’air inflammable dans les métaux ; mais il penfe que ceux-ci ne peuvent pafler à l’état d’acide que par le principe acidifiant. ou air pur. Aufñi, fuivant lui, le foufre , le phofphore , les métaux, dans leur combuftion perdent leur air inflam- male , il eft vrai , mais ils ne peuvent devenir acides ou chaux que par l'union d’une certaine quantité d'air pur ; en forte que l'acide vitriolique, par exemple , elt le foufre moins l'air inflammable , plus une portion d'air pur, & ainfi des autres. Il penfe aufli que l’eau qu'on obtient dans ces combuftions eft réellement produite ; car il admet que l'eau eft compofée d’air pur & de phlogiftique. On voit en quoi different & fe rapprochent tous ces fyftêmes fur les acides & les chaux métalliques. Il eft certain, comme l’avoient obfervé les anciens Chimiites, tels que Geber l’Arabe , & far-tout Jean Rey, que les métaux acquièrent du poids dans leur calcination, que les chaux mé - talliques pèfent plus que le métal qu'on a employé, que l'acide vitriolique & l'acide phofphorique pèfent plus que le foufre & le phofphore qu'on a brûlé; enfin , qu’il y a eu abforption d’air pur. Voilà le fait fur fequel on eft univerfellement d'accord. On ne varie que fur Pexplication, Je dis : les huiles, Les réfines, telles que le fuccin, le benjoin , &c. le foufre , le phofphore , les métaux , font des acides furchargés d'air inflam- mable. Si je diftille les réfines dans les vaiffeaux fermés , je fépare l'air inflammable de l'acide, Mais la même chofe n’a pas lieu pour le foufre, le phofphore, les métaux. Si je brâle ces réfines , par exemple, le benjoin à l'air libre, je n’ai plus d’air inflammable, mais de l’eau & un acide, J'en ai brülé fous une cloche au-deflus du mercure, j’ai eu de l’eau & ün acide, comme lorfque je brûle du foufre , du phofphore, du fer, du zinc, &c, qu’arrive t-il dans cette opération ? L'air inflammable de ces fubftances brülant avec une portion d’air pur, il s’en dégage cette grande quantité d’eau, L'acide de Ja réfine fe trouve pour lors à nud. Mais dans la combuftion du foufre, du phofphore & des métaux , leurs acides retiennent toujours une portion de leur air inflammable qui eft très-adhérent, & pour lors elles abforbent avec avidiré l'air pur, & le feu, (ce que j'appelle matière de la chaleur ) avec lefquels ils ont beaucoup d'afinité, De l'air pur & du feu fe combinant fous forme de la matière de Ja chaleur , font difparoître l'excès d’air inflammable , & on a pour lors les chaux métalliques & les acides phlogiftiqués. Cet air pur & cet air inflam- mable dans leurs combinaifôns abandonnent leur eau qui fe retrouve dans ces acides pblooiftiqués & dans les chaux métalliques. On retrouve encore dans celles-ci de l'air fixe. Ces acides phlogiftiqués, rel que l'acide fulfu- reux , s'il eff en contact avec l'air pur, l’artirera encore par fa grande Tome XXX, Part, I, 1787. JANVIER, E 2 36 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, affinité, & paflera ainfi à l’état d’acide vitriolique, comme les chaux métalliques pafleront à l'état d’acides métalliques. Mais pour ces derniers. il faut des procédés particuliers & l’adtion du feu; car autrement elles attirent, il eft vrai, Pair pur, mais le changent feulement en air fixe, comme le font le minium, l’ochre, &c. ainfi que la chaux vive, Dans la nouvelle théorie tous les acides fonr compolés d’une fubftance élémentaire quelconque, avec une portion d'air pur dépouillé de fa cha- leur, où principe oxyoine. Cependant cette bafe dans les acides végétaux eft l'huile dans laquelle on admet l'air inflammable, Ainfi je ne vois pas pourquoi la bafe des acides minéraux & métalliques ne conriendroit éga- lement pas de l'air inflammable, Mais on convient que quelques métaux , tels que l'acier, le fer, le zinc, &c. contiennent du charbon. On pourroit donc faire cette modification à certe théorie, comme on en a fait dans un autre point, J'avois dir que tous les phénomènes prou- voient que les acides contenoïient la matière de la chaleur. I paroît qu'on a fenti la force de mes raifons, & qu’on convient que la matière de la chaleur fe combine avec l'acide nitreux , lors du mêlange de l'air pur & de l’air nitreux : & fans doute la même matière de la chaleur fe retrouve dans tous les acides. Aïnf il faudra dire dans ce fyflème que les acides minéraux & métalliques font compofés, 1°. d’une fubftance élémentaire, 2°. du principe oxygine , 3°. de la matière de la chaleur. Mais dans les métaux où on admet le charbon , il faudra ajouter que cette chaux mé- tallique eft, 1°. le métal, 2°. moins le charbon, 3°, plus l'air pur, 4°. plus la matière de la chaleur ; & fi au lieu de ce charbon on admettoic l'air inflammable dans les métaux, dans le foufre, dans le phofphore, comme dans la bafe des acides végétaux, on feroit bientôt d'accord fur le point important des acides. , Les chaux métalliques ne différant des acides métalliques que par une calcination portée plus loin, doivent donc, comme ceux-ci, contenir non-feulement de l'air pur, mais encore la matière du feu. C’eft ce qu’on ne fauroit nier, même dans la nouvelle théorié. Ainfi on a tort de dire que la chaux métallique eft le métal plus l’air pur, Ïl faut encore ajouter plus la matière de la chaleur. Tel eft l'état d'incertitude où eft maintenant Ja théorie de la fcience : & ce qu’il y a de plus fâcheux encore, eft qu’on fait plier fouvent l’expé- rience à la théorie ; en forte qu'il y a un certain nombre d’expériences {ur lefquelles on n’eft point d’accord , comme on l’a vu dans les Journaux précédens, Le grand nombre de fubftances élémentaires qu'on eft obligé d’admettre dans la nouvelle do&rine, eft bien éloigné des idées reçues par les Philo- fophes de tous les fiècles. Si ce n’eft pas une raifon pour la rejetter , c’en Eu d moins une d'examiner fcrupuleufement les motifs fur lefquels on fe ondes SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 37 Dans les nitrières artificielles nous voyons fe produire par le concours de l'air atmofphérique & de l'air putride, 1°. lacide nitreux, 2°. l’acide marin, 3°. l'acide vitriolique, 4°. & 5°. les deux alkalis fixes, & 6. vraifemblablement ia magnéfie; dans les plantes il fe produit les trois acides minéraux, les deux alkalis fixes, Pacide phofphorique ( chez les cruciferes) le foufre, du fer , de l'or, de la manganèfe , &c. Ainfi on retrouve dans ces opérations de la nature une partie des fubftances qu’on regarde comme élémentaires ; favoir , 1°. le foufre bafe de l'acide vitrio- lique, 2°. le phofphore bafe de l’acide phofphorique , 3°. le ne muriatique bafe de l'acide marin, 4°. & 5°. les deux principes des alkalis fixes, 6°. le fer, 7°. l'or, 8°. la manganèfe , 9°. le charbou, . Or, d’où feroient venues ces fubftances élémentaires » Elles n’exiftene point dans l'air de l’atmofphère. Cela eft prouvé & avoué. On peut prendre des précautions pour s’aflurer qu’elles ne fe trouvent point dns les terres où on fera végéter les plantes. D'ailleurs, on n’a qu'à les élever dans l’eau pure ou même de l’eau diftillée, comme j'ai fair. On peac auffi s’aflurer que ces fubftances resardées comme élémentaires n’exiltent point dans les terres expolées à la nitrification , ni dans l'air atmofphé- rique & l'air putride (excepté l’air fixe qui fe trouve dans l'air putride }. Il faut donc convenir que toutes ces fub{tances ne font point élémentaires, mais compofées de principes qui fervent à la végétarion & à la nitrifica- tion; favoir, des différentes efpèces d'air, du feu , de la lumière, de Ja matière de la chaleur, de l’eau, &c. Quant à la matière charbonneufe, on pourroit dire qu’elle vient de l'air fixe qu’on a cru-long-rems fe trouver dans l’air atmofphérique ; mais je ny en ai jamais pu trouver. J'ai pris une grande cloche tubulée de la contenance de quatre pintes. J’y ai adapté un fiphon recourbé, qui plongeoit dans un vafe où il y avoit demi-once d'eau de chaux; en plongeant la cloche dans une cuve pleine d’eau ; j’ai fait pafler tout l'air à travers l’eau de chaux qui n'en a point été troublée. J'ai introduit dans la cloche un demi-pouce d'air fixe , c'eft-à-dire , environ = de la mafle totale , & j'ai répété l'expérience ; l'eau de chaux a été troublée. M, Fon- tana a fait un grand nombre d'expériences qui lui ont donné les mêmes réfultats. D'ailleurs, j'ai voulu répéter les expériences qu'on apporte pour prouver que le charbon eft une fubftance élémentaire. Elles m'ont paru ni exactes ni concluantes. De l’efprit-de-vin mis dans une cornue & expofé au feu, s'évapore en entier fans laifler de réfidu. Ce même efprit- de-vin brüle fans donner de réfidu charbonneux. L'acide vitriolique peut aufi être diftillé fans avoir de réfidu ni de charbon, Mais fi on mêle cet efprit-de-vin & cet acide vitriolique & qu'on diftille ce mêlange, on obtient différens produits , particulièrement de l’éther , & on a un réfidu charbonneux très-fixe au feu, Qu’on brûle l’éther , on obtient aufli une 33 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, fuie ou réfidu charbonneux. Voilà donc du charbon obreuu de-deux fubitances , d’où on ne pouvoit pas en tirer auparavant. Quel change- ment ont-elles éprouvé ? L’acide vitriolique s'eft combiné avec l'efprit- de-vin pour former lécher, & ces deux fubftances ont formé le charbon. Toutes les huiles mêlées avec Jes acides donnent de pareils rélidus charbonneux, Le charbon ordinaire n'eft également qu'un mêlange d’acide & d'huile, (qui ont réagi l’un fur l'autre par l’action du feu ) avec les terres, les fels & les fubftances métalliques qu'il contient ordinairement, Cet acide & éerte huile contiennent beaucoup d'air inflammable, d'air fixe, d'air phlogifliqué, &c. qu'on retire en les diftillanc feuls, ou lorfqu'ils fonc combinés dans le bois ou ailleurs. Quand on diftille le charbon dans les vaifleaux fermés, une partie de certe huile & de cet acide qui s’y trouve encore eft décompofée , & fournit cette grande quantité d'air fixe, d'air inflammable, d'air phlogifliqué qu'on obtient. Mais enfin, lorfque le feu a été à une certaine violence, ces airs réliftent à {on action dans les vaifleaux fermés, comme l'air inflammable du foufre, du phofphore, des métaux, &c. l'air fixe du fer, dû zinc, l’eau de criftallifation dans un grand nombre de fels, de pierres , &c. réfiftent à la plus grande action du feu. Le rubis, par exemple, expofé au plus grand feu conferve fa tranfparence , par conféquent fon eau de criftallifation, La même chofe a lieu pour les airs que contient le charbon lorfqu'il a été expofé à un grand degré de feu, Mais f on le brûle avec Le concours de l'air pur , il arrive pour fors la même chofe que dans la combuftion du foufre, du phofphore, des métaux dans ce même air pur. Le charbon eft détruit, on a de l'air fixe, de l'air phlogifligné, & de l'eau comme avec la combuftion de Fair pur & de air inflammable. L'air pur a donc été ici abforbé en grande partie par fa combuftion avec l'air inflammable, d’où il eft réfulté de l'eau & de l'air phlogiftiqué. Maïs la portion d'acide & d'huile qui s’eft décompolée a fourni aulli de l'air phlogiftiqué & de l'air fixe. Ainfi une portion de ces airs fixe & phlogifliqué n’eft que dégagée, randis qu'il y en a une autre de produite, On retrouve donc dans cette analyfe du charbon , une portion d'air phlogifliqué , laquelle contrarie entièrement les idées qu'on s’eft formées fur cette fubftance, qui dans fa combuftion avec l'air pur ne devroit donner que de l'air fixe ou acide charbonneux. Comme cette expérience eft décifive, j'ai voulu la bien conftacer. 1°. J'ai rempli une petite cornue de verre lutée, de charbon de hètre bien fait. J'ai difillé à l'appareil au mercure, ayant laiffé pañler une certaine. quantité d'air , environ-une pinte ,! qu'on pouvoir foupçonner mélangé avec celui de la cornue, quoique erès- petite, j'ai pris celui qui a faccédé, l'ai bien agité dans l'eau de chaux qui a été précipitée; trois SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 39 mefures introduites dans l’eudiomètre ont perdu 1,03 par cette agitation. J'en ai enfuite fait pafler une mefure dans l'eudiomètre de Volta avec une mefure d'air atmofphérique. L'étincelle électrique n’a pu lenflammer. J'ai ajouté une feconde mefure d’air atmofphérique. La détonation s’eft faire, & les trois mefures ont donné pour réfidu 2,10 une fois & 2,06 une autre. Ces réfidus bien agités dans l’eau de chaux pour les dépouiller de la portion d'air fixe ont été réduits , le premier à 2,05 & le fecond à 2,01. Une mefure d’air inflammable retiré récemment du fer & de l’acide vitrio- lique détonés avec deux d'air atmofphérique dans le même tems, don nèrent pour réfidu une fois 1,72 & une autre fois 1,70 (1). Cette diffé- rence dans les réfidus ne peut venir que d’une portion d'air phlosiftiqué que contient l'air inflammable retiré du charbon. : Ayant laiffé paffer encore beaucoup d'air, j'eflayai celui qui vint fur la fin au plus grand feu. Une mefure de cet air lavé dans l’eau de chaux détona avec une mefure d’air atmofphérique , ce qui indiquoit qu’il éoit plus pur que le premier. Ayant bien lavé dans l’eau de chaux cet air, qui a été diminué d’un tiers , & en ayant mêlé deux mefures avec une mefure d'air pur retiré du précipité rouge , le réfidu après la détonation a été une fois 0,70 , & une autre fois 0,69. Ces réfidus agités de nouveau dans l’eau de chaux ont été réduits à 0,66 & 0,65. La détonation faite avec une mefure du même air pur & deux d’air inflammable tiré récemment du fer & de l'acide vitriolique , le réfidu a été une fois 0,26 & une autre 0,24, Ces expé- riences répétées plufieurs fois ont toujours donné des réfultats approchans. La cornue retirée du feu , j'en ai plongé le charbon dans l’eau diftillée, & l'ai mis auffi-tôt dans une autre cornue auf petite que la première, qui a été aufli-tôt expofée au feu. Ayant laiflé pafler les premières portions d’air jufqu'à ce que tout l'air de la cornue fût cenfé être forti, j’ai fubti- tué une autre cloche dont j'ai enfuite effayé l'air. Introduit dans l’eau de chaux il l'a précipité, & il n’a perdu que 0,19 de fon volume. Deux mefures déronées avec une d’air pur ont donné pour réfidu 0,77 : 0,80, ce réfidu agité dans l’eau de chaux a été réduit à 0,73 : 0,76. Une mefure du même air pur, & deux de l’air inflammable retiré du fer & de l'acide vitriolique avoient donné pour réfidu 0,25. Plufieurs effais ont donné des réfulrats analogues. On fait que les expériences eudiométriques pré- fenrent toujours quelques variations. Ces expériences, dont j’ai un grand nombre, & que j'ai répétéesavec des cornues de grès, prouvent que l'air inflammable retiré du charbon con- tient, 1°. environ O,33 d'air fixe; 2°. qu'il contient plus de 0,25 d'air (1) Une mefure d’air atmofphérique ne peut pas faire détonner toute une mefure d’air inflammable ; car ces deux mefures donnent pour réfidu 1,z$ , tandis que deux mefures d’air atmofphérique & une d’air inflammable ne donnent que 1,72 où 1,70. 40 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, phlogiftiqué ; 3°. que dans fa détonation avec l'air pur il eit produie environ 0,06 d'air fixe. Il eft vrai qu'il peut en être ablorbé par l'air au moment de la détonation. Les cornues de verre caflées éroient à l’intérieur d’un très- beau noir & toutes bourfoufilées , quoique la furface intérieure n’eût pas foufferr. 3°. J'ai mis un de ces charbons fortis de la cornue & encore tout enflammé fous une cloche pleine d’air pur dans un bain de mercure. Le charbon a brûlé pendant un certain rems, & a fini par s’éteindre, Les vaiffeaux refroidis, il y avoit eu plus du tiers de l’air abforbé, & les parois de la cloche étoienc un peu humides. Cet air lavé dans l’eau de chaux l’a précipité , & a été diminué de 0,36, quelquefois o, so. Ceci dépend de la ‘forme de la cloche. Lorfqu'elle eft étroite & allongée , L'air fixe produit retombant fur le charbon l’éteint avant-que tout l'air pur foie confumé. J'en ai mélé une mefure avec crois de bon air nicreux , dans une rande cloche, & puis introduit dans l’eudiomètre. Les réfidus dans différentes expériences ont été 2,10: 1,46: 1,34: 1,27: Ceci dépend de la quantité d’air pur qui n'a pas été confumé par la forme du vaifleau , tandis qu'une mefure de ce même air pur & trois d'air nitreux on donné 0,28: 0,26, j J'ai faic détoner une mefure dé ce même air pur où avoit brûlé le charbon avec deux mefüres d’air inflammable retiré du fer & de l'acide vitriolique. Le réfidu a été 1,55 & 1,24. Ce même air inflammable & de l'air pur avoient donné 0,247 $ Ces expériences , dont je puis certifier les réfulrats:, aux petites, diffé- rences près que préfentent toujours les expériences eudiométriques , ainfi que les différentes efpèces de charbon , & que j'ai répétées plufeurs fois, démontrent, 1°. que dans la combuftion du charbon avec l’air pur on n'obrient pas feulement de l'air fixe, mais encore beaucoup d’air phlo- giftiqué; 2°. que dans La diftillation du charbon , foit feul, foir plongé dans Peau diftillée, on obtient une certaine quantité d'air fixe, d’air phlogiftiqué & beaucoup d’air inflammable, Gependant l’eau dans la nouvelle théorie étant compofée de 0,87 d'air pur, & de 0,13 d’air inflammable , & l'air fixe de 0,72 d’air pur , & de 0,28 de charbon, on devroit avoir dans la diftillation du charbon plus d'air fixe que d’air inflammable. Mais l’air phlogiftiqué qu'on obtient en fi grande quantité du charbon, foir dans fa diftillation , foit dans fa combuftion avec l'air pur, ne peut nullement fe concilier avec la nouvelle théorie, Car il ne fauroit venir de la décompofition de l’eau, qui dans ces principes ne contient que de V'air inflammable & de Pair pur ; ni de celle du charbon , qui eft regardée comme fubftance élémentaire. Cet air phlogiftiqué obligera donc encore à une nouvelle modification dans la dodtrine , comme l'air fxe retiré des métaux SUR L'HIST: NATURELLE ET LES ARTS. 4 métaux a forcé de reconnoitre du charbon ou un principe inflammable étranger dans ces fubftances, Ces mêmes expériences prouveront démonftrativement , 1°. que ce n'eft poinc le charbon qui fe trouve dans l'acier, le fer, le zinc, &c. puifque ces métaux ne donnent point d'air phlogiftiqué, mais feulemenc de l'air inflammable mêlé d'air fixe ; 2°. que le charbon ne fe trouve également pas dans les pierres calcaires, les mines fparhiques, &c. puilque ces fubitances ne donnent point d'air phlogiftiqué. J'ai diftillé dans une femblable cornue demi-once de bois de hêtre. J'ai eu, 1°. de l’eau, 2°. de l’acide, 3°. de l'huile, 4°. de l’air inflam- mable, de l'air fixe, & de l'air phlopiflique. Cette huile & cet acide mis dans une autre cornue , ont donné de l'air fixe, de l'air inflammable & de l'air phlogifliqueé. On ne fauroit donc douter que le charbon ou la fubftance charbonneufe n’eft autre chofe qu'une portion d'huile & d’acide qui ont réagi l’un fur l'autre, & qui eftunie avec des terres , des fels & des parties métalliques. La nature des différens charbons confirme encore ce que nous difons. Le charbon végétal brûle avec facilité ,randis que le charbon des fubftances animales , de la fubftanceglutineufe, brûle difficilement , parce que l’acide du premier eft un acide végétal qui fe décompofe, & que le fecond contient de l'acide phofphorique qui eft fixe au feu. Le réfidu charbon- neux de Péther vitriolique eft aufli très-difñcile à être incinéré , à caufe de la fixité de l'acide virriolique qu'il contient. J'ai introduit du foufre & du phofphore fous des cloches pleines d'air pur au-deflus du mercure, & les ai enflammés par le moyen d'une verge de fer échauffée. La combuftion achevée, & Fair étant lavé dans l’eau, j'ai eflayé cet air avec l'air nitreux. Il s'eft trouvé à-peu-près aufli pur qu'auparavant. D’après tout ce que nous venons de dire, on voit qu'il eft diffici'e de regarder le foufre , le phofphore , les métaux & le charbon, comme des fubftances élémentaires. Mais doit-on aufli mettre l’air inflammable & l'air pblogiiliqué au nombre des élémens? Parmi les fubftances aériformes je ne regarde comme fubftance dite élémentaire que l'air pur. Voici une partie des faits fur lefquels je me.fonde. . 1°. J'ai pris une mefure de cent parties d’air pur & trois mefures d'air nitreux, que j'ai mêlangé , fuivant la méchode de M. Ingen-Houfz , dans une grande cloche , en agitant promptement , puis faifant pafler le réfidu dans leudiomètre il n’eft refté que 0,28. Une mefure du même air pur & trois du même air nitreux introduits lentement dans le tube de l’eudio- mètre , & n'étant point agités , après quarante-huit keures de repos ont donné ur réfidu de 0,80. J'ai partagé ce réfidu en deux portions : dans lune j'y ai fait pafler de l'air nitreux , il n'y a point eu d’abforption ; ce qui annonce que J’air pur avoit été entièrement dénaturé. Dans l’autre Tome XXX, Part. I, 1787, lANV'IER. F 42 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, portion j'y ai fait pafler de l'air pur; il n'y a également point eu d’ab- forption. Ainf l'air pur & l'air nitreux avoient donc été entièremene altérés, & changés en air phlogiftiqué. 2°. De l'air phlosiftiqué par le charbon , dont une mefure effayée avee “une d'air nitreux avoit donné un réfidu de 1,97, agité long-tems dans de l’eau difillée, & qui avoit bien bouilli, eflayé de nouveau avec l'air nitreux, donna pour réfidu 1,62.:f! avoir donc été beaucoup amélioré. 3°. Mais pour porter plus de précifion dans cette expérience, j'ai faturé d'air nitreux une portion d’air atmofphérique. J'ai introduit deux pouces cubiques de cet air dans un flacon contenant deux pintes d’eau diftillée , & qui avoit bien bouilli. Je lai agité pendant plulieurs heures: j'en ai enfuite introduit une mefure dans l’eudiomèrre & deux d'air nitreux. Il y a eu une abforption confidérable, & les trois mefures ont été réduites à 2,55. Jai fait pafler une feconde mefure d'air nitreux ; mais il n'y a point eu d’abforption. ÿ 4°. J'ai pris deux mefures de l'air inflammable retiré du fer & de l'acide vitriolique , & qui brûlés dans l’eudiomètre de Volta avec une mefure d'air pur avoient donné-pour réfidu 0,28. J'en ai fair pafler dans un grand facon plein d’eau, & je Pai tenu ainfi deux mois. Je l'ai enfuire eflayé de nouveau avec l’eudiomètre de Volta, en faifant détoner deux méfures d'air inflammable & une d'air pur. J'ai eu pour réfidu 0,67: ©,62 : 0,60 dans différentes expériences. 5°. J'ai mis une once de limaille d'acier bien pure avec un gros de fleur de foufre dans une cornue de la contenance d’une pinte'; l'ayant remplie d'eau , jy ai enfuite fait pafler de l'air pur retiré, du précipité rouge, au point que toute l’eau étoit fortie de la cornue. J'ai laiflé le bec de la cornue dans l’eau. Peu-à-peu l’eau seft abforbée; enfin, il n’eft refté qu'environ un quart de l'air au bout d’un mois. J'ai fait pafler dans l’eudiomètre une mefure de cet air & trois mefures de bon air nitreux. Les quatre mefures ont été réduites à 1,6$ une fois & 1,68 une autre, J'ai enfuite eflayé d’enflammer le réfidu ; mais il a éreint Ja bougie. J'avois eflayé cet air pur avant que de l'avoir mis dans la cornue. Une mefure de cet air & trois d’air nitreux étoient réduites à 6,30. Cet air avoit donc été fingulièrement vicié par le mêlange. | Toutes ces expériences, dont j'ai un grand nombre que je publierai par la fuite, prouvent, 1°. que l'air pur fe vicie & fe change en air phlogiftiqué ; 2°. que l'air inflammable fe vicie & fe change en air phlo- gifliqué; 3°. que l'air phlogiftiqué s'améliore & fe change en air pur, & qu'ainfi ces airs ne font que des modifications les uns des autres. On a dit dans la nouvelle doëtrine que l'air inflammable & l'air put mélés s’abforboient & fe changeoient en eau comme par la combuftion. J'ai mêlé en conféquence deux mefures d’air inflammable retiré du fer 8& SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS, 43 de l'acide vitriolique, & une d'air pur retiré du précipité rouge, le touc + à l'appareil au mercure. Je les ai mis dans un flacon bien defléché & rempli de mercure. Au bout d’un mois, il y a ea une léoère abforption; mais il n'a point paru d’eau dans le flacon. ; J'ai enfuite fait détoner ces deux airs dans l’eudiomètre de Volta: {a téfidu de trois mefures a été 0,35 , tandis qu'auparavant le mélange il avoit été O,24. 5 Si Pair pur & l'air inflammable ne font que des modifications l'un de lautre, comment leur combuftion pourroit-elle produire de l’eau? à moins qu'on ne dife avec M. de Volta que ces airs eux-mêmes ne font que de l’eau unie à d’autres principes. L'air pur, fuivant lui, n’eft que de l’eau unie au principe de la chaleur, & l'air inflammable l'eau unie au plogiftique. Mais l'eau en vapeurs , fur-tout à l’état d’incandefcence, eft de l'eau unie à la matière de la chaleur, & n'eft point de Pair pur. IL paroît donc que l'air eftune de ces fubftances dites élémentaires pour nous, qu'il contient en diflolution une très grande quantité d’eau , laquelle il abandonne lorfquil fe combine ; que dans la combultion de l'air pur & de l'air inflammable ces airs fe combinent pour former de nouveaux com- polés , & que l’eau qui leur étoit adhérente fe dégage. La grande quantité de la matière du feu que contiennent ces airs , fur-tout l’air inflammable, peut faire concevoir comment avec autant d’eau ils ont néanmoins fi peu de poids. ; Quand j'appelle fubftances élémentaires le feu , l’eau & l'air, je ne veux pas dire que nous les obrenions dans cer état de fimplicité. L'éau & lair font toujours unis avec une très- grande quantité de feu. L'eau contient toujours beaucoup d'air & l'air beaucoup d'eau. Peut-être même que l'air & Peau ne*peuvent pas être l’un fans l’autre, ni fans le feu ; de même que le feu n’eft peut-être jamais fans air, peut-être même fans eau. Mais, comme l'arc manque d'inftrumens pour arriver à ces dernières combinai- fons, lexpérience ne peut plus nous conduire. Ainfi il ne refte plus que la voie du raifonnement: voici. ceux qui me déterminent. L'eau liquide au point de la congelation, contient beaucoup moins de feu qu'à linf- tant qui précède l’ébullition , & elle n’eft pas moins eau dañs un cas que dans un autre. L'air pur expofé au froid le plus vif, contient moins de feu que lorfqu'il left à une grande chaleur, & cependant il n'eft pas moins air, Cet air aépouillé d'humidité, autant que l’on peut, n'elt pas moins air, que lorfqu'il en eft très - chargé, L'eau dont on a dégasé tout l'air que l’art peut lui enlever , n’en eft pas moins eau qu'auparavant ; de mê- ine que le mercure rendu folide par le froid, ou le mercure liquide, ou le mercure réduit en vapeuts par un.affez grand degré de chaleur, eft rou- jours du mercure. Ainfi, en fuppofant le feu, l'air & l'eau dépouiilés de toutautre corps, nous les aurions dans cer état de fimpl cité que j'appelle Jubflances élémentaires. Certainement ils ne font jamais dans cet état de Tome XXX , Part, I, 787. JANVIER, Fe 44 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, fimpliciré, Mais on fait cette fuppofition pour les autres corps. Par exem- p'e; on dit : le mercure dépouillé de tout autre corps eft du mercure pur, “quoiqu'on fache bien que le mercure contient toujours une plus ou moins grande quantité de feu ou de chaleur. Ainfi j'appelle également le feu, Fair & l'eau, fubflances fimples , en les fuppofant dépouillés de tout autre corps. Au refle, je ne tiens nullement-au mot fubftances élémen- taires. Il me fufit d’avoir dit ce que j'entends par ce rerme des com- pofés, que nulle expérience ne me paroît prouver jufques ici fe décompo- fer, en avouant néanmoins que ces corps font toujours unis les uns avec les autres. FR Quant à la terre, je n’ofe encofe m'expliquer. Plus nous faifons de progrès dans lanalyfe, plus s'étendent nos notions fur cette fubftance; car, L. fi tous les métaux (où on admettoit autrefois beaucoup de terres ) ne font que des acides, comme: il paroît, & que ces acides ne foient compofés que d'air, d'eau & de feu , ou que ces métaux foient des élé- mens eux - mêmes , nous ne pouvons plus y admettre d'élémens’rerreux. Il. Si la terre pefante eft une terre métallique, comme tout paroît le prouver , elle va encore rentrer dans cette clafle. IT. La terre calcaire ne peut guère non plus être regardée comme élé- ment: car 1°. elle a beaucoup de rapports avec la terre pefante, qui, comme nous avons vu, ne paroît point élément. 2°, Elle fe rapproche encore davantage des alkalis par fa caufticité, fa qualité de verdir les fucs, &c. Or, les alkalis volatils paroiflent compofés d’air, d’eau & de feu, puifqu'on peut les réduire totalement en fubftances aériformes , & les alhalis fixes paroiffent pouvoir paffer à l’état d'alkalis volatils. 3°, La terre végérale eft une terre calcaire & elle paroît fe produire dans la véoé- tation , par exemple, dans les plantes que l’on élève avec l’eau diftillée. IV. La magnéfie eft dans le même cas que la rerrecalcaire, & parofîe fe compofer journellement dans les nitrières & dans les végétaux. V. Le diamant fe confume tout par la combuftion, & cette combuft on donne fans doute un nouvel être, un nouvel acide, que j’appelerai acide adamantin, mais-qu'il n’a pas encore été pofhble de contenir faute d'inftrumens pour opérer cette combuftion. VI, Les terres filiceufes & argileufes nous font encore plus inconnues. Mais nous voyons le filex fe décompofer par l’aétion de l'air, & pafer à l'état d'argile & de marne. Ce qui a fait croire à beaucoup de favans que la terre élémentaire éroit la terre calcaire: & fi cetre terre calcaire, comme nous venons de le voir ,a tant de rapports avec les alkalis, en qui on ne peut guère reconnoître que des airs, de l’eau & du feu , dès-lors nous ne pourrions plus aflurer qu'il exiflär un élément terreux. Je ne dirai pas avec le célèbre Schéele que toutes les terres font des acides , puifqu'il n’y auroit que les terres métalliques qui feroient acides : mais je foupçonnerai que ce que nous appelons terres ne font que des SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 45 compbfés , dont les uns font acides, & les autres fe rapprochent davan- tage des alkalis. Au refte, comme je Pai dit ailleurs, les acides & les alkalis ont les plus grands rapports. C’eft à l'expérience à confirmer ou à détruire ces apperçus. Sans doute de nouveaux travaux répandront quelques lumières fur tous ces objets. Fautes effentielles & corriger. Page 4, lign 8, A//rologie , li(ez : Aftronomie. Page 15, lign. 15, M. Darca, life; : M. d’Arceau, Page 16, lign-37, & page 22, lign. 20, quarante-cinq pieds, Zifez : foïxante pieds, 2 DC I CE EG LETTR:E D'E..M D.E MORVE A U, À M. DE LA MÉTHERIE: Sur une Table finoprique des parties conflituantes de quelques | Jubftances principales ; fuivant toutes les hypothèfes. None nues J'ai l'honneur de vous envoyer la Table fynoptique, Planche IT, que vous me témoignez défirer d’après ce que je vous en ai dit dans ma der- nière Lettre ; l'idée m'en eft venue pendant le dernier cours que j'ai fait au laboratoire de l'Académie de Dijon ; comme mon but & celui de mes Confréres éroit moins de commander une opinion & de faire des fetta- teurs, que de mettre nos auditeurs en état de fe faire à eux - mêmes leur fyftème , nous étions obligés , prefqu’à chaque faic un peu important, de ramener fept ou huit hypothèfes qui fourniffent des explications différen- tes, & j'avois remarqué que ceux mêmes qui étoient déjà avancés dans l'étude de la Chimie , avoient peine à fe rerracer à chaque fois ces diverfes féries analytiques ; j’imaginai po lors de les mettre fous leurs yeux par des emblèmes , à la manière de l'illuftre Bergman, & je com- pofai ce Tableau qui fut placé le lendemain au laboratoire. Lorfque nousarrivames pour la féance, on en avoit déjà faif l'objet, au point de nous difpenfer d’en donner l'explication, & d'en indiquer l’ufage. En et- fer, il fufñr de favoir 1°, que le même figne répété après le crochet ex- prime que la fubftance qu'il repréfente eft, dans le fyftème dont il s’a- git, réputée fimple ou du moins élément chimique jufqu’à préfent non- décompolé ; 2°. que les fignes différens enfermés dans ce crochet indi- quent les parties conftituantes de la fubftance repréfentée par le figne qui 46 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, eft à gauche du erochet & qui fe trouve nommé dans la cafe fupérieure. L'ulage que nous avons toujours fair des emblèmes de M. Bergman, avoit préparé à l'inteiligence de ce Tableau; d’ailleurs les fignes font ici en fi petit nombre, qu'il ne peut être embarraflant de les diftinguer, après avoir lu une feule fois explication qui ef dans le bas du Tableau. J'aurois pu comprendre dans ce Tableau un plus grand nombre de fubftances ; mais mon objet étoit principalement qu’on püt en fair l’en- femble d’un coup - d'œil, & y retrouver fur le-champ ce qu'on défiroit ; il falloir pour cela Le réduire à ce qui eft le plus eflenriel. Quand on con- noîera bien les fyflèmes de compolition des onze fubftances nommées dans la premiere colonne horifontale , on n'aura pas grande peine à fup- pléer le refte qui n'en eft, pour ainfi dire, que le développement confé- quemment à l'opirion établie, LE t.CE Je fuis fort éloigné de penfer que même dans le nombre de divifions qu'il comprend , ce Tableau foie aufli parfait qu’ilpeuc. l'être; quelques- uns des auteurs dont j'y expole la doctrine, trouveront peut-être quelques changemens à faire, ou parce qu'ils auront corrigé depuis quelques par- ties de leurs fyftêmes , d'après des faits noifteaux , ou parce que j’aurai fup- pléé, contre leur véritable opinion, cequ'ils n'auront pas traité ex proféflo; mais tout cela prouve encore l'utilité de ce Tableau & la nécellité de le projerter d’abord en forme d'eflai, pour parvenir à le perfectionner, Cet- te manière de rendre la fcience facilement acceflible , me paroît aujour- d'hui du goût de tout le monde, & s'il y a un cas où elle puiffe devenir avantageufe , c’eft affurément celui où nous nous trouvons par la multi- pliciré des vues théoriques que nous offrent les découvertes modernes. Voilà, Monfieur, ce qui m'engage à vous communiquer ce Tableau , tel qu'il a été compolé pour le befoin du moment, & fans y retoucher, quoique le dernier volume que M. Prieftley vient de publier à Birmin- gham eût pu me fournir une nouvelle colonne bien intéreflante ; mais ce- la auroit exigé plus de remps'que je n'en pouvois donner actuellement à ce travail. Je crois devoir vous prévenir que la doctrine de Schéele, un peu différente de ce que l'on en connoït par fes ouvrages traduits, a été prife dans les derniers écrits qu'il a publiés dans les Annales de M. Crell, JE fuis, &Ce …, Ne N 1 a É \ k SUR L’'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 47 EX FE R:AI'T D'un Traité in-4°. fur l’amalgamation des Métaux nobles ; Par M. le Chevalier DE BoRrN, Confeiller de Cour, au département des Mines & des Monnoies 1. & R, à Vienne en Autriche, Précis hiflorique de l'Amalgametion ufitée en Amérique. LE premier qui s'avifa d'extraire, au moyen du mercure, l'or & l'ar- gent des minerais où la nature l’avoit caché, fut un Efpagnol nommé, D, Pedro Fernandès Valafco qui, en 1566, introduifit cette mérhode dans quelques mines du Méxique , & l'année 1571 dans celles du Pérou; cet- te découverte fe répandit de-là dans l’une & l'autre partie de ce grand Continent, & depuis lors a été à peu près l'unique méthode d'extraire dans cet hémifphère l'or & l'argent des minérais les moins riches qu'on amalgame, tandis que ceux qui font vierges y font affinés par le plomb. Bowles a raifon de prétendre , que toute autre nation que l'Efpagno- le auroit été vaine & fiere de cette importante découverte ; mais ne fe- roit-elle pas l’eflet du pur hafard plutôt que le réfulcat de quelques épreu- ves fagement combinées & calquées fur des principes folides ? De tout tems on s’étoit fervi du mercure en Europe, & peut-être à l’arrivée de Va- lafco s'en fervoit-on en Amérique pour extraire les parcelles d’or que les rivières rouldient dans leurs fables. La difette de bois néceflaire aux fonderies , ou la difficulté de tirer parti des minerais les moins riches par un procédé aufli long & aufli coûteux , peut - être auffi l'heureufe iynoran- ce de l'Efpagnol fur les principes de la minéralifation de ces métaux no- bles, l'ont porté à faire ufage des mêmes moyens qu'il avoit vu employer pour les féparer des fables des rivières. Il réuffie ; & s’il ne parvint pasà en extraire tout l'or & l'argent, fon procédé, tout au moins mis en balance avec celui des fonderies de ces rems-là , felon toute apparence , très- mal en ordre, peut l'avoir emporté de beaucoup ,.yu qu'outre lor, il obrenoït encore une partie de l'argent qui reftoit avant cela dans les fco- ries de ces minerais. Quoiqu’onait , felon les Ecrivains Efpagnols, reétifié depuis lors ce procédé d’amalgamation , il femble cependant , que ceux qui font encore aujourd’hui en-ufage tant au Méxique qu’au Pérou, ne font pas fufifans pour extraire les métaux nobles des minerais qui les renferment. Et com+ 4$ OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, : ment auroit-on pu atteindre à une plus grande perfection dans un pays ; où lafcience des mines & des fonderies n'eft regardée que comme un ou- vrage vil & méchanique, abandonné aux indigènes , qui appellent pratique la miférable routine qu'ils fe tranfmecrent de pere en fils , dans un pays où des Moines fuperftitieux & ignorans ont de tout tems traverfé les projets d'un Miniftère éclairé & d’un Roi fage & bienfaifant, & aboyé contre les efforts de quelques courageux citoyens, pour s’arracher au joug fétrif- fant du préjugé , & s’orner des précieufes connoiffances de la Phyfique & de la Chimie, au rifque de devenir la victime de ces forcenés ; dans un pays, dis-je, où depuis la découverte du nouveau monde aucun Minéra- logifte, aucun Métailurgifte n’a ofé fe produire, ni fe faire connoître, à l'exceprion feule de MM, d'Elhujar , qui vont y porter des connoiflances rares, dont les mines richiflimes de cet immenfe Continent peuvent fe promettre le plus brillant fuccès ? . Autant a-t-il été difficile aux Mineurs américains de réduire l’art de leur amalgamation en principes , & de découvrir les moyens propres à enlever aux mineraïs tout leur or & leur argent ; autant fera-t-il aifé, dans peu, aux Métalluroiftes européens de la porter au plus haut degré poñlible de perfection. On comprend à peine comment on a pu négliger, jufqu'aujourd'hui, ce procédé qui , au premier afpect , préfente & promet tant d'avantages, La raifon s’en ereuve peut-être dans les principes fur la minéralifation des métaux nobles, dont toutes les chaires académiques ont retenti fi long -tems, & dans les fréquentes diflerrations appuyées de plufieurs expériences chimiques , que différentes Sociétés littéraires ont fi louvent couronnées. ()n la trouve peut-être aufli dans la politique mal en- tendue des Efpagnols, qui n'ont jamais permis qu'aucun étranger s'appro- che de leurs mines. - On a, à la vérité, vu plufieurs Savans , avec des permiffions fpéciales accordées aux demandes de leurs Souverains , parcourir les vaites contrées du Méxique & du Pérou; mais ilsn’étoient que Botaniftes ou Zoologiftes, ne cherchojent par conféquent qu’à enrichir & orner les jardins & la mé- nagerie de leur maître, fans s'inquiéter des connoiflances qu'ils auroient pu en même- tems recueillir fur les mines & la Techmologie , pour les rapporter dans leur patrie. Pour fuppléer à la diferte des renfeignemens fur les procédés de l'a- maloamation américaine , le Chevalier de Born donne à la fuite de ce précis dans fon Ttaité fur l’Amalgamation , qui paroîtra inceflamment tra- duit en François fous le même format que l'édition originale Allemande, tout ce qu'il a pu recueillir de mémoires & de relations dans toutes les Hifloires des voyages qui en font mention; il va même jufau’à extraire des Archives de la Chambre Impériale & Royale des Mines à Vienne, les actes des épreuves mal dirigées , mais faites en 1588 en Bohème, par un Efpagnol , peu de tems après l'introduction de ce procédé en Améri- que, SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 49 “que; mais fur un plan tout-à- fait étranger à celui du Chevalier de Born , done voici La théorie de l’'Amalgamation felon le, [yfléme de M. de Born, Entre les diverfes propriétés du mercure , on compte fpécialement cel- le qu'il a des’amalgamer avec d'autres métaux & demi - métaux felon les règles que l'expérience & les obfervations nous ont apprifes.! On fait, par exemple, que l’or, l'argent, le cuivre, l’étaim, le plomb, le wifmuth;& le zincs'amalgament ailément à froid avec lui; c’eft-i-dire, fans avoir befoin d'être liquéfiés, & qu'il n'a certe même propriété avec les autres métaux & demi- métaux que pendant leur liquéfa@tion. Ona aufli obfervé, que le mercure abforbe plus aifément le zinc & le wifmuth que l'or & l'argent , & ceux - ci bien plutôt que le cuivre, Quoïque le mercure ait de lui-même la propriété de samalgamer avec les petites parcelles de ces métaux fus - mentionnés & méchanique- ment concaflés , cette opération fe fait cependant bien plutôt, fi, d’un côté, par l’action du feu, le mercure comme principe diffolvant eft rendu plus Auide &-plus actif, & de l’autre, fi les pores des corps à diffloudre font dilarés & agirés en tout fens avec toute la mafle, le conta@ alors &la friction des parties en deviennent néceflairement plus fréquens, & la fécretion des métaux fe fait avec beaucoup plus de célérité, Il faut 1°. pour cela broyer & concaffer les corps que nous voulons dif foudre , & en’multiplianc ainfi leurs furfaces , les mettre à même d'en préfenter plufieurs à la fois à l'action du mercure qui ne s’'amalgamera ce- pendant point encore, fi fa fuperficie, ou celle des métaux avec lefquels il doic s'unir , eft enduite de quelques corps hétérogènes qui fe manifeftent principalement. Les métaux nobles, ou plutôt leurs parcelles vierges, mais fub- divifees à l'infini, font tellement enveloppées de foufre, d’arfénic, ou de quelques autres métaux ou demi-métaux calcinés, qu'on ne peut rien en appercevoir à l’œil. Les demi- métaux & mécaux fimples font véritablement calcinés, ou tout au moins, felon l'opinion des Chi- miftes , privés de leur phlogiftique, Il s'enfuit donc , qu'il faut employer des moyens appropriés pour féparer les métaux nobles de leurs envelop- pes pierreufes ou métalliques, & amalgamer les autres pour les tirer de leur état de calcination & les réduire en véritables métaux, fi on veut les traiter en grand , comme on pourra le faire un jour avec les minerais de Cuivre. Pour féparer les parcelles d'or & d'argent de leurs enveloppes, & les tendre fufcepribles d’amalgamation dont il eft feulement ici queftion, on emploie des moyens méchaniques où chimiques; les premiers, quand les petites parcelles abfolament invifibles de ces méraux nobles ne font ca- chées que dans la pierre, ou dans quelqu’efpèce de terre argileufeou métal Tome XXX, Part, 1, 1787. JANVIER, $o OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, liçue,:1l fuffr alors de les concafler & de les réduire en poudre ; mais il fcudra faire ufage des feconds, s'il eft queftion d'extraire l'or ou l'argent de quelques minerais arfénicaux & fulfureux , & de les féparer par amalga- mation de quelques autres métaux ou demi-métaux : il faut alors les torré- fier pour Les feparer de ces corps hétérogènes; mais il arrive toujours que lPacide virriolique, produit par la deftruction du foufre, s’uniflant aux parties terreufes alkalines, ou à la chaux métallique du fer, du cuivre; ou de quelqu’autre métal ou demi - métal , en incruftant l'or ou l'argent, le rendent encore impropre à une parfaite amalgamation, Pour fe convaincre de cette vérité, qu'on rédtife en poudre très- fine quelques minerais indéterminés d’or ou d'argent, & qu'on mêle ce /cklich cru avec du mercure , on en tirera, à la vérité, une partie d'or & d'argent; on en extraira une plus grande après avoir torréfié & pulvérifé de nouveau ce même /chlich ; mais on ne lextraira tout - À fait qu’en appropriant avant l’amalgamation des moyens chimiques, pour dégager les particu- les d'or & d’argent de leur enveloppe hétérogène , entretenir leurs furfa- ces, aufi bien que le mercure , dans une très- grande propreté, & les rendre réciproquement fufceptibles d’une prompte union , fans cependant altérer ni l'or, ni l'argent, ni le mercure, ni caufer la moindre perte de ces métaux nobles qu'il faudroit alors chercher à regagner par des voies de chimie. Nous employons donc, pour parer à tous ces inconvéniens & cepen- dant arriver à notre but, tous les acides minéraux, dont les effets font auf différens , qu'ils Le font eux - mêmes relativement aux corps fur lef- quels ils opèrent, On peur, pour conftarer ce que nous avançons, d’une certaine quantité de minerais d'or & d'argent torréfiées fans aucun autre appréc , extraire une partie de leur aloi d’or & d’argent, en les arrofant fimplement après le grillage avec de l’eau raturelle , ce feul agent les en- tretenant dans une efpèce de macération , les difpofe à l'amalgame du mercure ; mais qu’on ne s'imagine pas en extraire avec cela feul tout l'or & l'argent; car à la torréfaction , l'acide vitriolique provenu de la décom- pofition du foufre s'étant attaché à la chaux métallique , aux terres alka- lines & à l'argent même , ne peut opérer qu'en tant qu'il né fe transfor- me point en vitriol avec la chaux métallique, ou qu'il ne s’évapore point tout-à-fairà la continuation du grillage, ou que la terre pefante & cal- caire ne le prive point de fon activité en l'abforbant entièrement. L’acide vitriolique a bien , à la vérité, la propriété de diffoudre le cuivre & le fer dans leur état métallique, mieux encore dans leur état de calci- nation , & par l’étroite union de fes parties avec celles du cuivre, de déve- lopper les particules d’or & d'argent; mais ilattaque en même-tems la fu- perficie du mercure, & y forme une pellicule qui empêche le contact im- médiat desmétaux nobles, & ôte par-là toute efpérance de pouvoir les amal- gamer. Obfervons encore, que tous les minerais ne font pas compofés d’une “ SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. sr même quantité de foufre, qu'on ne » ut pas leur donner à tous le même degré de torréfaction, conféquemment, :u’a la décompoftion du foufre, la quantite d'acide vitriolique ne peuc auf t ujours être la même , & d'a- près cette proportion , le réfultat de l'amalgamation doit toujours étre plus où moins parfait. Les rapports de l'acide de fel marin aux terres alkalines & métalliques font tout autres; avec les premières , il forme un fel neutre minéral, qui fe fond & fe décompofe aifément. Avec les feconds, (excepté la plati- ne,) fi le fel neutre qu'il donne ne fe fond pas, il fe décompofe au moins promptement dans l’eau , & dévelope ainf les particules d'or & d'argent qu'il contenoit fans altérer ni l'or , ni l'argent, ni le mercure , excepté dans certaines circonftances. Pour rendre cet acide propre à l’amalgamation de l'or & de l'argent felon les principes de la Chimie & l'ajouter à la mafle des minerais torré- fiés & triturés, il faudroit admettre un procédé, non - feulement fort coû- reux, mais, dans plufeurs rencontres, tout-à - fait impropre & inutile. Pour l'approprier cependant de la façon la plus convenable , & le faire fervir à une extraction complette de ces nobles méraux , par le mercure, il faut préalablement connoître & décider fi l'opération doit fe faire par le feu ou par l'eau, & s'il y faut employer du fel gemme ou du fel com- mun. Préfère - t-on la voie humide ? IL faut torréfer {a quantité de minerais qu'on veut triturer, & cela exactement felon les principes que nous don- nerons ci-après & jufqu'à l'entière évaporation des parties fulfureufes, & ne lui donner cependant qu’un certain degré de chaleur, pour ne point, avec les parties phlogiftiques du foufre , & peut-être aulli les plus fubriles des demi - métaux, volarilifer l'acide vitriolique néceflaire à la décompo- fition du fel commun. A Le fchlich à amalgamer étant convenablement torréfé , il faut l’arro- {er d’eau commune pour difloudre les fels neutres, terreux & métalliques qui ont été produits à la décompofition du foufre, felon les différents rapports de fon alliage avec les minerais & la plus ou moins grande quan- tité d’acide vitriolique qui s’en eft formé. Si on laifle alors une couple de jours ce /chlich préparé dans un en- droit chaud , & fi de temps à autre on leremue bien enfemble, cette ef- èce de macération dilatera encore davantage les particules du. minerais déjà rendues fpongieufes par la torréfaétion & facilitera par-là fa décom- pofition & la revivification du vitriol martial , & par conféquent la folurion du phlogiftique des parties ferrugineufes & le développement des parcelles d’or & d'argent qui y étoient cachées. Si on y mêle enfuite une quantité proportionnelle de fel gemme ou commun il fe fait incontinent plufieurs fortes de fyntkèfes & d’analyfes , felon les différentes efpèces de /ck!ich , o1 la (olution la plus ou la moins Tome XXX, Part, I, 17987. JANVIER. G 2 r 52 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, prompte de fels neutres terreux & méralliques ; parce que les parties alka- lines du fel commun ayant plus d’affinité avec l'acide vitriolique, abarr- donnent les parties terreufes & minérales de l'acide de fel qui font diflou- res, pour compofer , avec l’alkali minéral, le fel de Glauber.fi connu & fi facile à difloudre dans l'eau. Mais fi, entre ces différentes analyfes , if fe formoit par aventure du vitriol d'argent, il faudroit , outrele fel com- mun , recourir à un alkali mêlé d'acide, ou, pour éviter la trop grande dépenfe, employer une chaux terreufe alkaline, pour que les parties dévelopées de l'acide de fel, faute d'abforbant , n’attaguent point les particules d'argent qui fe dégageroient de leur vitriol. À cer effet, on emploie encore avec plus de fuccès un métal qui a beaucoup d’affinité avec le fel, comme le cuivre, le fer & le zinc, pour rendre à l'ar- gent qu'on précipite hors de cette folution , fa forme métallique & les propriétés néceffaires à l’amalgamation, fans quoi il refteroit dans le ré- fidu, L On a déjà fait mention plus haut , qu’il ne fe manifeftoit du vitriol qu'à la torréfa@tion des minerais bruts qui contenoient du foufre dans leur allia- ge, & que, pour décompofer & rendre actif le fel commun dont on fait ufage , qu'on requéroit une certaine quantité de fel vitriolique pour pro- céder à l’amalgamation. Il s'enfuit donc, qu'il ne faut pastorréfierle /ck/1c# à un trop grand feu, pour ne point faire évaporer l'acide vitriolique avecles parties phlogiftiques du foufre, mais mêler les minerais fecs, en- tièrement privésdefoufre, avant la torréfattion, avec dela matte brute, des pyrites, ou quelqu'autre corps fulfureux ; ou après, quand ils font arrofés & détrempés d’eau commune, avec une quantité proportionnelle de vitriol martial ou de vitriol de cuivre qui eft encore infiniment plus eficace pour parvenir d’autant plus vire à décompofer le fel commun. L'expérience de tous les maîtres les plus habiles garantit ce que j’avance Qu'on mêle, après. le procédé d’amalgamation, du vitriol & du fel commun à un /cAlich, qui contiendra encore quelque chofe , & qu’on le laifle quelque- temps dans cet état, on en tirera une feconde fois une partie confidéra- “ble d’argent qu’on n’auroit pu obtenir dans le premier procédé en y ajou- tant même beaucoup de fel, & prolongeant les travaux. Si au contraire on choifit la voie sèche, il faut , pour procéder à l’ana- lyfe du fel commun, avoir égard aux circonftances cout -à- fair étrangè- res à celles qui fe manifeftent dans la voie humide. Les minerais bien & duement broyés & triturés avec les différentes efpèces de /éAlich qu'on deftine à l’amalgamation , doivent préalablement être bién mêlés avec une fufifante quantité de fel commun & de fel gemme bien hroyé, & alors l’alliage doit être torréfié tout enfemble, à un feu convenable de calcination. Selon la différente proportion des efpèces de mêlange, le fel com- mun fe décompofera , ou d’abord à la fynthèfe du vitriol qui fe formera SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 53 à la décompofition du foufre , ou à la continuation de la chaleur de la tor- réfaction des /peif] , ou d’autres minerais peu ou point fulfureux. Dans le premier de ces cas, favoir, dans un mêlange de minerais fulfu- reux, l'acide vitriolique. fe manifefte à la volatilifation, ou plutôt à la décompoñtion du foufre par la torréfaétion ; mais au lieu de s’allier étroitement aux terres alkalines & métalliques du mêlange, il ne s’y atra- che que très- peu & va décompofer le fel commun & s'unir à fon alkali minéral & produire un fel de Glauber , qui, ainfi que les autres, foit par linfuffance du fel alkali minéral produit de Pacide vitriolique , foic par les fels neutres, terreux & métalliques nés de la décompofition de l’a- cide de fel lui-même, fe difloudra dans l’eau qu’on yjettera , & fe confer- vera dans cette leflive. de Cet acide de fel dévelopé de la forte & transformé, au moyen des ter- res alkalines & des chaux métalliques & demi -métalliques ; en fel neutre fi faciie à difloudre, dégage paifiblement or & l'argent des corps hétéro- gènes qui les renfermoient , beaucoup plus complétement qu’on re pour- roit le faire par la trituration méchanique la plus parfaite, pour achever , par l’amalgamation , la féparation de ces nobles métaux, d'autant plus que l'acide de fel peur difloudre les parties ferrugineufes, qui ont été trop dépouillées de leur phlogiftique , chofe que ne pourroit faire l'acide vitriolique. Mais dans le fecond cas, favoir , quand le mêlange des minerais à rorré- fier ne contient point de foufre, & qu'il n’eft compofé que de parties ter- reufes, ou d’ochres métalliques , ou d'un alliage métallique & demi - mé- tallique , l'abfence totale de l'acide vitriolique ne peut nullement opérer fur la décompofition de l'acide de fel commun; mais on fait en Chimie, qu’on parvient à décompofer l'acide de {el par l'action feule d'un feu bien entretenu. Il eft néanmoins plus profitable de provoquer & d'accélérer cette décompo- fition , en y ajoutant quelques minerais fulfureux : comme on l'a déjà confeillé dans le procédé par la voie humide. On fera particulièrement ufage des pyrires fulfureufes de la matte d'argent , ou matre de cuivre, à la torréfaétion des /peiff & du cuivre noir ; parce que le foufre venant à fe développer calcine auffi - tôt une partie des fimples méraux & demi - mé- taux , & l'acide vitriolique qui s’en forme décompofe auffi plus vite & plus parfaitement le {el commun ; alors l'acide de fel, de concert avec le feu & le libre accès de l'air , ronge le réfidu des particules métalliques & demi- métalliques, pour en dégager les parcelles des métaux nobles qui y éroient renfermés. Cette calcinarion & deftruction des fimples métaux eft d'autant plus néceffaire aux minerais aurifères de cuivre & de cuivre vierge , que l'affinité de celui- ci eft plus grande avec l'or ; & qu'il feroic par conféquent impoffible d'en extraire entièrement l'un par le mercure, fans une parfaite & entière calcination de l’autre, Qu'on mélange, par exemple, des /peif] ou du cuivre noir allié .: s4 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, avec de l'or ou de l'argent, purement avec du fel commun, il abforbe- ra, à la vérité, quelques parties du cuivre ; mais bien plus fortement cel. les des demi-méraux qui auront le plus d'affinité avec lui, comme l’anti- moine , l’arfenic & leurs parties ferrugineufes ; la plus grande partie du cuivre reftera cependant intacte à caufe de l'infufhfance de l'acide falin , & Les parcelles d'or qui y fonrçcachées ne fe développeront point; tandis que celles de l’argent, qui fe font développées à la corréfattion, & quionten apparence cherché à s'allier avec les demi - métaux du mélange des mi- nerais, bien plus étroitement qu'avec le cuivre , fe trouveront toutes , à peu de chofe près , dans le mercure de l’amalgame. Pour prouver ultérieurement que le cuivre qui retient les parcelles d'or qui n'ont pu s’amalgamer , n’a réellement pas été calciné, qu'on fonde à part le cuivre rélidu du procédé d’amalgamation, on aura un vé- titable régule de cuivre, qu'on n'auroit pu révivifier fans un alliage convenable de phlogiftique , fi le métal avoit été entièrement cal- ciné. Mais qu'on ajoute au mélange des minerais à corréfier, outrele fel, quelques pyrites fulfureufes, alors les parties de cuivre qui retenoient l'or, {eront vromptement calcinées par les parties {ulfureufes de cet alliage, ain- fi que par les acides vitrioliques & de fel & l’ation combinée du feu & de l'air, La grande affinité du cuivre à l'or fe perdra, & du réfidu bien tri- turé & amalgamé on n'obtiendra plus, fans un alliage convenable de phlogiftique ; aucun régule de cuivre, De tous ces préceptes préliminaires & théorétiques de l'amalgamation de l'or & de l'argent tirés de toute forte de minerais, qu’on détaille plus au Jong dans les procédés qu’exige la pratique , on peut établir Les corol- laires fuivans. ne 1°. Les minerais à amalgamer doivent être concaffés, moulus , {ami nés, en un mot, méchaniquement divifés , pour multiplier leurs furfaz ces, ou leurs points de contad. 2°. Ce mêlange duement pulvérifé doit être torrefié, pour développer par la volatilifation du foufre & la calcination des fimples métaux &c demi - méraux , les parcelles d’or & d'argent qu'il recéloir. °, Les minerais ainfi torréfiés doivenc être mêlés avec du fel com- mun ( s'ils ne l'ont point été avant la torréfaction) & une quantité pro= portionnelle d'eau commune & de mercure, & agités continuellement enfemble pendant un certain tems, pour que Le mercure répandu dans la mafle n’en laiffe aucun point fans le toucher, & venant ainfi à rencon- trer plufieurs fois les parcelles d'or & d'argent dégagées de leur mine- tais, s’y attache fortement & les abforbe. 4. Celui qui préfide aux procédés doit connoître à fond les affinités chimiques des corps, pour qu'il puifle, dans les fynthèfes & analyfes tant méchaniques que chimiques, juger de leurs rapports & lever tous les obitacles qu’il pourroit rencontrer, L SÛR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. $s L'amalgamation des minerais d’or & d’argent requérant dans les fon- deries en grand abfolument la même manipulation que les procédés en petit : il fauc donc Concafler , moudre. Torréher. Tamifer, Amalgamer. Exprimer le mercure. Diftiller l’'amalgame. Diftiller le mercure exprimé, Affiner l'arsent. Faire profit. des réfidus qui pourroient .encôre: contenir de l'or & de l'argent. HROMMHS HA Tous ces procédés demandent de certains préparatifs, des obfervarions, une fage pratique, qui, dans le Traité du Chevalier de Born, font à le faite de ce précis théorétique, détaillés & éclaircis de tous les préceptes fon- damentaux de Ja Chimie: ils fonc en outre appuyés de rout ce que l’expérience offre de plus convainquant & de pius folide, & ornés d’un très- grand nombre de planches pour l'intelligence des machines. Car ce nefont point ici des fimples fpéculations d’un rêve -creux, ce font des faits & des opé- rations, qui depuis plufieurs mois font mis en ufage à Schemnitz en Hongrie, où le premier moulin d'amalgamation a été établi en Europe & depuis à Joachimftal en Bohème. Tout ce que l’Auteur obferve fur cha= que procédé eft expérimenté tous les jours , & dans le mois d'Août der- nier a été foumis à l’examen le plus rigide des d'Elhujar , des Ferber, des Trébra, des Charpentier , des Poda, connus dans le monde favanc our tout ce que l'Efpagne , l'Allemagne & la Suède poffèdent de plus ha- Éiles Minéralogiftes , que des ordres exprès de leurs Souverains & l'envie de tout voir par eux - mêmes & de tout favoir , avoient antenés [ur les lieux en Hongrie, & réunis par le hafard le plus heureux pour l'Auteur, à qui ils ont décerné une efpèce de triomphe, en applaudiffant unanime. ment à fes travaux & recueillant précieufement , avec les Minéralogiftés envoyés par S. M. Cacholique , les leçons de pratique qu'il leur don- noit lui- même, ASF 56 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, L'ÉM RARE A M DE LA MÉITHERLE, Rédaëteur du Journal dé Phyfique. Monsieur, "Je ne ferai aucune difficulté de vous communiquer le procédé dont je fais ufage pour préparer les briquets phyfiques; vous m'avez fait connoïtre que c’étoit pour le rendre public ; c'eft: pour moi une .occafion de vous témoigner ma reconnoiflance , de l'intérêt qüe vous prenez à communiquer à vos Lecteurs tout ce qui peut piquer leur curiofité. On a donné le nom de briquet phyfque à une petite boîte de poche, faite en fer-blanc , laquelle contient des allumettes, une petite verge de fer, une bougie, & un flacon rempli de phofphore: quand on veut fe procurer de la lumière, l’on prend une des allumettes , qu'on plonge dans le flacon en produifanc un petit frottement fur le phofphore, & lorfqu'on vient à la retirer du facon, elle prend feu comme fi on l'eûr approchée d'un charbon embrafé; ce qui donne la facilité d'allumer la petite bougie qui fe trouve daps la boîte : la petite verge de fer ferr à frotter vivement le pharehares lorfque l’allumette a de la peine à prendre feu, Je ne vous parlerai point de l'utilité de cette nouvelle invention, je ne vous dirai point non plus f elle appartient à un Italien, qui le premier en a apporté à Paris, il y a environ quatre mois; l’objet qui peut généralement intéreffer , eft de favoir comment l'on introduit fans danger le phofphore dans le flacon , 8: comment on le difpofe à s’allumer aufli+ tôt qu'il a le contact de l'air : pour cet effer, Von prend une baguette ou cylindre de phofphore , on l’efluye bien avec un vieux linge, on le coupe enfuite dans fa, longueur en quatre, fix ou, huit morceaux , fuivant l'épaiffeur de fa baguette de phôfphore, & fuivant l'ouverture du flacon que l’on veut remplir : on laifle enfuite Le facon ouvert pendant trois ou quatre heures, plus ou moins, felon la température de l'air: peu-à-peu- le phofphore change de couleur, il perd f@ tranfparence, il devient jaune, quelquefois rouge; c’elt enfin une efpèce d’efflorefcence & de décompo- fition qui lui arrive, & dans cet état la préparation du briquet eft achevée. C'eft alors qu’il convient de boucher le flacon. On peut auffi accélérer cette décompofition du phofphore , en foufflant dans l'intérieur du flacon, lorfque Le phofphore y eft déjà introduit, F autre SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 57 L'autre procédé confifte à introduire le phofphore encore tout humide, & à chafler l’humidité à l’aide du, feu ; mais ici il y a des accidens à prévoir; 1% le facon de criftal peut caffer à la moindre chaleur ; & 2°, fi on le chauffe brufquement , le phofphore ef lancé quelquefois très- loin hors du flacon, & même avec explolon. Je connois plufieurs. Mar- chands de ces briquets à qui cer accident eft arrivé, & qui ont été brûlés vivement; mais en fuivant le premier procédés il n’y a point de danger. IL fufft d'apporter certe prudence qui eft toujours néceflaire, quand on fait des expériences avec le phofphore, A l'égard de la prépa- ration du phofphore, je renvoie les Leéteurs au Mémoire de M, Pelletier, fuccefleur de MM. Rouelle, & Aporhicaire de Paris, que vous avez imprimé dans votre Journal (cahier de juiller 178$). Ce Chimifte eft encore parvenu à fimplifier le procédé, & il s’eft fais un plailr de faire voir cette opération à tous les amateurs qui ont été dans fon laboratoire, Je fuis, &c ‘ SUR LE SEL ESSENTIEL DE LA NOIX DE GALLE, OUMACIDENGAILLIQUECONIGRET ; Y% Traduit du Suédois de M. ScHÉELE (1), par Mudarie PICARDET, 6. I. ec occafion de remarquer il y a quelque rems, qu'il fe formoit un précipité particulier dans l'infufion de noix de galle préparée par l'eau de chaux. Ce précipité étoic gris, & étant examiné au foleil il paroifloic criftallin ; il avoit un goût acide, mais non aftringent; il fe diflolvoit premptement dans l’eau chaude, & précipitoit le vitriol de mars en noir. $. II. Pour mieux connoître ce fel, je paflai dans un tamis groflier une livre de noix de galle, & je fis infufer cetre poudre avec une kanne ( deux pintes trois quarts ) d’eau pure , dans un ballon de verre , ‘je laiflai enfuire repofer quatre jours, pendant lequel tenis on remua fouvent avec une baguette de verre, je filtrai la liqueur (2) qui éroir claire & qui avoir la couleur du vin de France ; je La laïffai à L'air libre dans le même ballon de verre fimplement couvert de papier gris; je fis cetre préparation au mois de juin, Un mois après je revis certe infulion, & je la trouvai couverte d’une pellicule épaifle de moififlure; au refte, elle n'avoit (1) Mém. de l’Acad. Roy. de Stockolm, premier trim. 1786, ! (2) Si on emploie de Peau chaude , ou que l’on fafle digérer le mélange à la chaleur , l'infufion n’eft pas claire , c’eft ce qui m’a déterminé à employer Peau froide & la digeflion à froid. 1 Tome XXX, Part. I, 1787. JANVIER, H 53 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, ' formé aucun précipité , elle n’avoit pas plus la faveur aftringente qu'au- peravant , mais plus acide ; je remis cette infufion dans le nième ballon également couvert de papier. Cinq femaines après, je l'examinai de nouveau , elle éroit bien à moitié évaporée ; j'y trouvai un précipité épais de deux doigts, & au-deflus une pellicule muqueufe ; elle’‘avoir perdu toute faveur ftyptique, & coloroit cependant encore le virriol de mars en noir. Je filtrai l’infulion , & l’expofai encore une fois à l'air libre ; l'automne fuivante, la plus grande partie étoit évaporée , mais ce qui reftoit étoit mêlé de beaucoup de précipité. Je réunis tous ces préci- pirés, & je verfai deflus de l’eau froide ; après qu'ils fe furent dépotés , je décantai l’eau, & j'y verfai alors autant d’eau chaude qu'il étoit néceflaire pour leur diflolution ; je filtrai le tout , la liqueur éoit d’un brun-jaune ; je la fis évaporer à une douce chaleur ; pendant l’évaporation , une partie fe précipita comme un fable fin, & partie forma au fond des criftaux difpofés en foleil , ce fel étoit gris, & malgré les diflolutions'& criftalli- fations répétées , il me fut impoñfible de l'obtenir plus blanc. s. III. Ce fel de noix de galle fe comporte de la manière fuivante : 1°. Îl a un goût acide, il fait effervefcence avec la craie & colore en rouge l’infufion de tournefol. 2°. Pour diffoudre complettement une demi-once de ce fel, il faut une once & demie d’eau bouillante ; mais aufli-tôt que la diffolution fe refroidir, le tout forme une mafle concrète compofée de petits criftaux. Une demi-once de ce fel exige douze onces d’eau froide pour fa diflolution. 3°. 11 fe diffout très-aifément dans l’efprit-de-vin : pour une demi-once de ce fel il n’en faut qu’une demie d’efprit-de-vin bouillant, mais fi on emploie l'efprit-de-vin froid , alors il faut pour une demi-once deux onces d'efprir. 4°. Dans un creufer à feu ouvert , il s’enflamme promptement, fe fond en donnant une odeur agréable; mais il donne enfuite un charbon ui fe réduit dificilement en cendres. 5°. Diftillé dans la cornue, il devient d’abord fluide, & donne un phlegme acide; il ne paffe point d'huile, mais à la fin il s'élève un fublimé blanc , qui s'attache au col de la cornue, & qui y refte fluide aufli long- tems qu’il eft chaud , mais enfuite il fe criftallife; on trouve dans la cornue beaucoup de charbon. Ce fublimé a prefque l'odeur & le goûr de l'acide benzonique ou fel de benjoin ; il fe diffout aufli bien dans l'eau que dans l'efprit-de-vin ; il rougit Pinfufion de rournefol, &, ce qui eft remar- quable , il précipite les diffolutions métalliques avec leurs différentes couleurs , & le vitriol de mars en noir. 6°. La diflolution de fel de noix de galle verfée dans la diffolution d'or la rend d’un verd fombre, & en précipite à la fin une poudre brune qui eft de l’or révivifié, SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS, 59 7°. La diflolution d'argent devient brune, & dépofe à la chaleur une poudre grife qui eft de l'argent révivifié. 8°. La diflolution de mercure eft précipitée en jaune-oransé, 9°. La ditlolution de cuivre donne un précipité brun. 10°. La diffolution vitriolique de fer devient noire, plus l’eau en eft chargée, plus la couleur eft foncée. 11°. Le plomb diflous dans le vinaigre eft précipité en blanc, 22°". Le bifhuh donne un précipité d'un jaune-citron, 13°. L'acide molybdique devient d’un jaune obfcur, fans qu'il y ait aucun précipité. j 14°. La platine, le zinc, l'acide arfenical , Pétain, le cobalt & la, manganèfe n'éprouvent aucun changement. F. Les diffolutions de calce, de magnéfie , d'alumine & de barote, ne font pas décompofées , maïs l’eau de chaux donne un précipité gris abondant. 16°. Le fel de noixwde galle eft changé en acide faccharin par l'acide nicreux diftillé deffus fuivant le procédé ordinaire. $. IV. Le précipité blanc que l'on obtient lorfque l’acère de plomb eft précipité par la noix de galle, peut être de nouveau décompofé par l'acide vitriolique, & on obtient le fel de noix de galle dans fa plus rande pureté ; maintenant comine l'infufion de noix de galle précipite l'acète de plomb, j'ai cru pouvoir me procurer ce {el d'une manière encore plus expéditive, mais cela ne m'a pas réufli, car lorfque j'eus décompofé ce précipité, par le moyen de l'acide vitriolique , je retrouvai mon infufñon de galle avec fon goût aftringent ordinaire, Si on diftille la noix de galle à un feu violent, on obtient un phlegme acidule donr l'odeur r'eft pas défagréable ; il ne paffe point d'huile, mais à la fin il s'élève du fel volatil pareil à celui que l’on vbtient du fel de noix de galle diftillé ($ III, N°. 5), & qui a les mênes propriétés, IL paroît d'après cela que ce fel exifte rout formé dans l’infulion de noix de galle, quoiqu'on ne puifle pas l’obtenir par la voie de criftallifarion ordinaire, car il ef fiintimement uni avec quelque principe mucilagineux , ou autre matière, quelle ne peut en être féparé fans un mouvement intérieur ou fans fermentation, ESS Tome XXX, Part, I, 1787. JANVIER, SE €o OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, au MÉMOIRE Sur la Fonderie & les Forges Royales établies au Creufot , près Mont Cénis en Bourgogne , pour fondrela mine de fèr £ affiner la fonte avec du charbon de terre, par le moyen des machines à feu, & fur la Manufa&ure des Criftaux de la Reine , tranferée au même lieu ; Par M. DE LA MÉTHERTIE. Dés mines de charbon qui fe trouvent au Creufot, près Mont Cénis, font des plus riches, & quelques filons parciffent avoir jufqu’à foixante pieds de puiflance. Ce charbon eft de la meïleure qualité. Il contient très-peu de pyrites, & par conféquent très-peu de foufre. On trouve aufli dans le voifinage dés mines de fer très-abondantes, & les-fers qu’on en a retirés font d’une très-bonne qualité, Tous ces avantages réunis engagèrent le Gouvernement à établir au Creufot une fonderié pour couler des canons, des tuyaux de conduite d’eau, &c. Mais n'ayant point l'eau néceffaire pour faire aller les foufflers & les marteaux , &c. on fongea à y fuppléer par les machines à feu , comme on le pratique en Angleterre. à Les Anglois commencèrent il y a environ trente ans , à faire des effais pour fondre la mine de fer avec du coack (charbon de terre défoufré ). Ces expériences ayant réuffi, le procédé fe répandit bientôt dans toute la Grande-Bretagne. Mais les fourneaux étant fitués {ur dés cours d’eau plus ou moins éloignés des mines de charbon, le tranfport de cette matière première occafionnoit des frais qui diminuoient beaucoup l'utilité de la découverte, & fon avantage fe bornoit à l'économie du bois, dont la difette commençoit à fe faire fentir en Angleterre. Cependant plufieurs Maîtres de forges ayant trouvé de petits étangs à portée des mines, établirent des machines à feu qui remontoient l'eau fur des roues qui faifoient mouvoir les foufflers. Cette eau retomboit par les roues dans des réfervoirs , d'où les machines la remontoient fur les mêmes roues, On produifoit ainfi un aflez grand effet avec très-peu d’eau, & il n’y avoit d'autre déchet que celui de lévaporation. On chercha bientôt les moyens d'appliquer plus directement la puiflancé motrice afin d’en obtenir cour l'effet poflible. Au lieu d’afpirer — CORP SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. Gt & refouler l’eau qui faifoit mouvoir les roues des foufflets, on imagina d’afpirer & de refouler l'air même. La machine à feu foufflante que l'on ‘emploie pour cet objet dans beaucoup de fourneaux en Angleterre, & dont on fe fert à préfent à Mont Cénis, n’eft autre chofe qu'un grand foufflet mu par la vapeur , tandis qu'il l'eft par le poids de l’eau dans les ufines fituées fur dés courans d'eau; c’eft-à dire, que le tuyau de pompé qui dans les machines à feu ordinaires plonge dans l’eau , l'afpire & la refoule, dans celles-ci n’afpire que de l'air, qui enfuite refoulé eft conduit où l’on veut par des tuyaux de fer. On imagina quelque tems après de faire mouvoir les gros marteaux également par l'application directe de la puiffance de la machine à feu , ainfi qu’on le dira plus bas. L'on a réuni au Creufot toutes ces inventions utiles ; qui font aller deux grandes forges & quatre hauts fourneaux. Deux de ces fourneaux font placés dans une grande halle, & les deux autres dans deux halles Jatérales. La grande halle contient encore quatre fours à réverbère deflinés à refondre la fonte pour couler des canons, des cylindres ou tuyaux pour conduire les eaux , &c, Dans certe même halle font deux étuves pour recuire les moules, une grande foffe où l’on place ces moules, & plufieurs grues au moyen defquelles on manœuvre les modèles & chaflis fervanc ‘au moulage, ainfi que les moules que l’on place dans la fofle & qu’on en retire, \ Entre les deux fourneaux eft une machine foufflante. Je ne pourrai la décrire qu'à l'aide de beaucoup de planches. Je me bornerai donc à dire qu'à l’extrémiré du balancier oppofé à celle du cylindre à vapeurs ‘péfd la tringle d’un pifton mu dans un cylindre de fix pieds de dianiètre, “Ce pfflon par [&/mouventent du balancier afpire & refoule l’air qui pafle par des ruyaüx dans deux cylindres à peu-près égaux en diamètre au ‘eylindre ‘travañllant, Ces cylindres portent chacun un pifton chargé “d'un poids de huic à dix milliers qui comprime l'air, Lorfqu'il y a peu d’air, ils defcendent ; & quand ily en a beaucoup, ils montent. Cette com- prefion rend continuel le fouffle, qui fans cela feroit interrompu à chaque coup de pifton. C’eft par cette rafon que l’on nomme ces cylindres révulateurs. L’air pale des régulateurs par des tuyaux de fonte aux tuyaux des hauts fourneaux. La machine foufflante peut donner trois mille pieds cubes d'air par minutes, en donnant feulement quinze coups de pifon, Les deux cylindres régulateurs portent des tubulures auxquelles on a adapté des tuyaux de conduire par où l’air fe rend aux tuyères des deux hauts fourneaux fitués dans les halles Jarérales, Une feconde machine foufilante eft établie dans l’une des forges, & Von en conftruit une troifième pour l’autre forge. Ces trois machines fourniront tout l'air néceflaire au foufflage de quatre hauts fourneaux, & de feize affineries de forge. L’affinage du fer exigeant que le fouffle foit gradué, on y parvient dans les forges ordinaires parle moyen de la palke 62 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, que l'on monte ou que l'on baïlle pour donner plus ou moins d’eau à [a roue. On.remplit cer objet aux forges du Creufot par un robinet placé tur le tuyau de conduite d'air que l'on ouvre plus ou moins , fuivant le beloin d'air qu'a l'affinerie, JL y a huit affineries dans chacune des deux forges, La machine qui fait mouvoir les marteaux eft compofée comme fa précédente d’un cylindre à vapeurs & d'une chaudière, Mais à l'extrémité du balancier oppofée à celle du cylindre, il y a un tirant de fer fort pefant qui tient le bouton de deux manivelles, Ces manivelles font fixées aux axes de deux arbres tournans qui portent les cames qui font mouvoir les marteaux : & comme la puiflance de la machine eft alrernative, & que la réfiftance du marteau n’eft pas uniforme, on a placé fur ces arbres tournans des volans de vinat pieds de diamètre en fonte , dont le poids confidérable égalife la puiflance de la machine, ainfi que la réliftance. Cette machine fait mouvoir deux marteaux de fept à huit cens livres qu frappent cent vingt coups par minutes, & deux martinets qui donnent deux cens quarante coups. On peut augmenter ou diminuer inftantané- ment la vitefle de cette machire, en lui faifant donner plus ou moins de coups de pifton , fuivant les circonftances. On peur même l'arrêter à l'inftant où cela eft néceflaire ; & les moyens qu'on emploie pour graduëet le mouvement des marteaux mus par la machine à feu ,font aulli faciles & auili certains que ceux dont on fe fert dans les forges allant par le cours de l’eau, Les quatre hauts fourneaux peuvent produire par an chacun deux millions cinq cens milliers de fonte, & enfemble dix millions, Une partie. de cette fonte fera employée en canons, cylindres, tuyaux & autres objets de commerce. Le furplus fera affiné & converti en fer forgé. Les fourneaux & les forges font fitués à trois à quatre cens toifes des puits d’extration du charbon. Ce combuttible eft cranfporré de la mine fur une plate-forme dans des chariots qui roulent fur des chemins de fer. Pour les conitruire, on commence par approprier le rerrein de manière à donner une pente de quatre à fix lignes par toifes. La pente eft inclinée des puits à la fonderie, afin que Les chariots defcendenr toujours à charge, & montent quand ils font vuides. Sur ce terrein ainfi préparé on pole de trois pieds en trois pieds des traverfines fur lefquelles on cloue avec des chevilles de bois des Jonguerines. Ces longuerines font efpacées d'un intervalle égal à la voie du chariot. À mefure que les hauts fourneaux fourniflent de la fonte, on pofe fur les longuerines de bois des barreaux de fonte de fer, ce qui diminue le frottement , & rend les chemins plus folides, La plus grande partie de ces chemins de fer eft déjà faite, Le chariot confifte dans une platte-forme fur laquelle ett aflujérie une caifle où l’on met le charbon. Les roues font de fonte de fer, & chaque roue a fon eflieu. Ce chariot roulant fur une furface parfaitement unie, SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. C3 & formée fur un plan incliné, un cheval, qui dans un terrein ordinaire traîne avec peine un millier ou douze cens pelant , et capable de conduire cinq milliers pefant, Il en réfulte une économie de quatre cinquièmes dans les frais de tranfport. 4 Le charbon fe défoufre-fur la plate-forme que les chemins de fer. traverfenr. Certe platte-forme eft à-peu-près au niveau des gueulards des hauts fourneaux, c'eft-à-dire, de leurs ouvertures fupérieures par lefquelles on jette le charbon & Ja mine. Sur cette platte-forme elt un réfervoir où la pompe à feu foufflanre monte toute l'eau néceffaire au défoufrement. On fuit pour le défoufrement à-peu-près le même procédé que pour fe charbonnage du bois. On amoncèle circulairement cinq ou fix milliers de charbon de rerre en morceaux , dont le plus petit doit être au moins gros comme un œuf. On pratique au milieu une cheminée où l’on mec le feu. T1 gagne du centre à la circonférence , & à mefure que l’on juge le charbon fuffifamment défoufré, on étouffe ce feu dans les parties qui en font fufceptibles en y jettant des efcarbilles ou pouffières de charbon. Le charbon ainfi féparé de fon bitume & de la petite quantité de foufre que les pyrites peuvent y fournir , fe nomme coack en anglois, & eft propre à la fufion des mines de fer. Ces détails prouvent que le mot charbon de terre eft très-impropre, & doit induire en erreur les perfonnes peu verfées en Hiftoi:e-Naturelle. Le charbon de terre n'eft pas plus charbon que le bois. Pour réduire lun & l’autre à l’érat charbonneux il faut les priver d'une partie de leurs fubftances. Dans le bois c’eft l’huile & l'eau : dans le charbon de terre c’eft principalement le birume & la partie fulfureufe qui eft quelquefois mêlée au charbon; c'eft enfin une efpèce de diftilla- tion dont le réfidu eft le coacK, d’après les mèmes principes que le bois fe convertit en charbon. Il ÿ a pour lune & l’autre converfion quelques différences de procédé , comme il y a des différences dans la nature des corps qu'on veut charbonner. La mine de fer qu’on emploie au Creufot eft de bonne qualité, Son analyfe par les acides a donné 0,50 parties de terre calcaire, 0,20 parties de verre argileufe martiale, & 0,30 parties de fer, Elle eft fous la forme de oolires, Le procédé de la fufon des mines au coack diffère peu de celui qu'on fuit pour les fondre avec le charbon de bois. En géné- ral on obrient une fonte, & meilleure , & en plus grande quan- tité, lorfque les fourneaux ont plus de capacité, & que le: feu eft plus vif, foit par la nature du combuftible, foit par leffee des foufflets. Les fourneaux au charbon de bois ont rarement plus de vinoe pieds de hauteur. Ceux de Mont Cénis ont 39 pieds, & leurs autres dimenfons font proportionnées à cette haureur. D'un autre côté le coack fournit beaucoup plus de chaleur à volume égal , que le 64 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, charbon de bois , & enfin chaque machine foufflanre de Mont Cénis peut donner 3000 pieds cubes d'air par minute. Les trois machines fourniront donc 9009 pieds cubes pour quatre hauts fourneaux & feize affineries. Comme l'expérience a prouvé que quatre affineries confommoient l'air néceflaire pour un fourneau, on peut fuppofer que les trois machines ayant un produit de 9000 pieds cubes , alimenteroient neuf fourneaux de mille pieds cubes d’air chacun pendant une minute : & les plus forts foufflets de fourneau en France ne fourniflent pas 500 pieds cubes d’air dans le même efpace de tems. Ainfi l’agent qui entretient la combuftion des four- neaux de Mont Cénis produira un effec plus que double de celui des autres fourneaux. On peut conclure qu'une plus grande capacité des fourneaux, une quantité d'air plus confidérable, & un combuftible plus a&if doivent augmenter l'intenfité de La chaleur : & comme on ne peut douter que c’eft de cette intenfité que dépend le plus ou moins de qualité de la fonte ou du fer, on doit attribuer à cette caufe feule & le plus grand produit , & la meilleure qualité de fer que lon ob- tient par le procédé qui fe pratique au Creufor. Si la fuñion des mines de fer au coack diffère très-peu de celle des mines au charbon de bois, il n’en eft pas de même de l'af- nage de la fonte en fer forgé. : Dans le procédé qu'on a fuivi jufqu’à préfent en France, la fonte placée au contrevent, commence par rougir, fe fond enfuite & tombe dans le creufec d’affinerie qui eft rempli de fcories. L'ouvrier remue cette fonte avec le ringart ,: &. cette manipulation , ainfi que le contact des fcories , font prendre à la fonte une confiftance pâteufe. Enfuite le forgeron la pafle au vent où elle doit être épurée à la plus grande chaleur. Il pétrit enfemble avec ce même ringart les différens morceaux qu'il réunit au-deflous de la tuyère. Lorfque la loupe eft formée , il la tire du creufec, & la porte au marteau où il la cingle, c’eft-à-dire, quil en forme une efpèce de parallé- lipipèdes du poids de 60: à 80 livres, que l'on étire enfuite en barres par des chaudes fucceflives. Dans le procédé anglois la fonte portée aux affineries y elt tra- vaillée dans le vent par l'ouvrier comme dans la méthode qu'on vient de décrire. Mais au lieu d'en pétrir les morceaux & de les raffembler en une feule loupe, on les porte féparément fous le marteau, à mefure que l'on les juge affinés, Ces morceaux du poids de cinq. ou fix livres plus ou moins ,:ainfi battus, fe nomment pla- quertes. On. ies tranfporte dans,un magafin. Ea -percuflion du marteau détache aufli de ces plaquettes plufieurs ! petits morceaux , & en réduit même le pourtour en pouflière. Ces morceaux SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS, 6$ morceaux très - menus , ainfi que la poufière font tranfportés à un lavoir où on les nettoie. On met enfuite les plaquettes recouvertes de petits morceaux & de la pouflière dans des creufets qui contiennent 60 livres de fer chacun. Ceux - ci font mis dans des fours à réverbère , où les dif- férens morceaux {2 foudent enfemble. Au bout de quatre heures les pots fe fondent , & les morceaux de fer qui y font contenus ne for- ment plus qu’une feule mafle que l'on porte aux marteaux pour l'é- tirer en barres. Tel eft le procédé d'affinage que pratiquent les Anglois , & qui donne au fer ainfi préparé beaucoup de duéhlité & de ténacité. Les expériences qu’on a faires à Mont Cénis ont prouvé qu’eu égard à la bonne qualité de charbon qui ne contient, pour ainfi dire, point de pyrites, on pouvoit obtenir du fer, de bonne qualité, en for- mant la loupe dans le creufet même, ainfi que cela a lieu dans lPancien procédé qu'on vient de décrire, & fans avoir befoin de réduire la fonte afänée en petites plaquettes , que l’on foude en- fuite à la flamme des fours à réverbère, Cependant comme il eft bien démontré d'une autre part que ce nouveau procédé donne au fer toute la qualité dont il peut être fufceprible ,.on s'eft déterminé à les pratiquer tous deux ; & par ce moyen le public trouvera à s'affortir dans la même forge de plufieurs efpèces de fer. - Le procédé ancien eft moins difpendieux ; mais le fer eft de moindre qualité, & par conféquent coûte moins cher. Le procédé nouveau eft un peu plus coûteux. Il donne du fer de première qualité, dont le prix eft un peu plus haut. La manufa@ure de criftaux établie au Parc de Saint - Cloud fait de la gobeleterie aufli belle que celle d’Angletsrre. On y à auffi fabriqué de très - beaux luftres, & du fint-glafs dont les opti- ciens ont été fort conrens, Mais la qualité du verre a fouvent varié, parce que le char- bon de terre dort on chauffoit les fours à Saint- Cloud, n'étoit pas toujours également bon , quelque foin que lon prît pour le choi- fir. C'eft un très- grand inconvénient que d'avoir un charbon d'une qualité inégale ; car on ne peut plus établir une marche régulière dans les opérations. Lorfque le feu n’eft pas aflez ardent, la fufñon fe fait crop lentement , & une partie des fels qui doivent fervir de fondants s'évapore, ou bien elle et incomplette, & la diffolurion refpective des parties qui forment Je verre, n'eft pas affez parfaite, D'où naïflent l'œil gélatineux , les fils &°les bulles qui altèrenc la pureté du verre, malgré l'exactitude des procédés qu'on fuir. La qualité inégale & fouvent mauvaife du charbon de terre n'é- Tome XXX , Part. I, 1787. JANVIER, 66 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE; toit pas le feub inconvénient auquel füt fujet l'établiflemenr faic à Saint - Cloud, Le prix exceifif de ce combuftible, celui de la main- d'œuvre à deux lieues de la capitale , l'efpace trop reflerré des atteliers, éroic un obftacle à fes fuccès. Ces morxifs étoient plus que fufñfans pour en changer le local, En la plaçant au Creu{ot, elle fe trouve fur une mine de charbon de terre excellent, & d'une qua- lité égale. D'ailleurs elle jouira de-tous les autres avantages de cer établifiement, Elle pourra donc fans difficulté étendre fes progrès , & proportionner fes opérations aux befoins des différentes parties du Royaume. Aïnfi le midi de la France manquant de verres en table, à caufe de fon éloignement des manufactures de verres de certe ef èce, la verrerie de Mont Cénis pourra l'en approvifionner par le Canal du Charollois , par la Saône & le Rhône, Les ‘bâtimens pour un fi bel établiflement & une aufli grande quantité d'ouvrages différens devoient avoir une étendue fufhfante ;, afin qu'il n’y eùt point de confufion parmi les ouvriers dans le tems du travail. Il n'écoit pas moins néceflaire de les conf truire d’une manière folide & durable. On a fu réunir lun & l'autre. On croiroit peut - être, au premier coup-d'æœil, qu'ils fonc trop étendus. Mais lorfqu'on entre dans les détails, on s’apperçoit bientôt qu'il n'y a que ce qu'exigeoit la commodité. Et ce qui prouve encore mieux qu'on na eu en vue que lutilité, c'eft que MM, les Adminiftrateurs & Directeurs n’ont point d'habitation par- ticulière comme dans beaucoup d’autres établifflemens moins çonfi- dérables , & ils font logés dans les mêmes bâtimens que les ouvriers. Il manquoit une rivière navigable au Creufor pour faciliter les tranfports. C'eft ce que va procurer dans trois ou quatre ans le nou- veau canal qu'on ouvre pour établir une communication entre la Saône à Châlons, & la Loire à Digoin, & dont une partie elt déjà faite. Il ne paflera qu'à une lieue & demie de la fonderie, & MM. les Elus généraux de Bourgogne voulant procurer à cet éta- bliffement tous les avantages dont fa fituation le rend fufceptible, font faire une branche navigable qui communique au canal, & fe termine à une demi-lieue de l'établiflement. Ainfi pour rendre les fontes & les fers fabriqués au Creufot dans les ports de l'Océan , de la Méditerranée, à Lyon, à Beaucaire, Saint - Chaumont & Saint- Etienne en Forez, il n’y aura qu'un trajet d'une demi-lieue à faire par terre. Les mêmes forges pourront aufli envoyer par la Loire & fournir Paris par le canal de Briarre à aufli bon marché pour le moins que celles de Champagne fituées à portée de la Marne. On apportera par la même voie du canal tout ce qui pourroit être utile à l'établiffement , & principalement la mine de fer. Il n'y aura de tranfport par terre que l’efpace d’une demi -lieue, Ainf SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 67 1 . d fe < A x ! es mines de fer ne couteront guère plus pour le tranfport que celles de charbon. À certe époque qui eft très- prochaine, on ne pourra pas citer en Europe un établiffement aufli avantageufement fitué, pour la faci- lité & le bon marché des importations des matières brutes, & des exportations des matières fabriquées. RSS —_—_—_ aa NOUVELLES LITTÉRAIRES. A BRÉGÉ d'Hifloire-Naturelle pour l'inflruétion de la Jeuneffe, imité de l'Allemand de M. RAFF , Profeffeur d’Hifloire & de Géographie à Goettingue ; par. M. PERRAULT : première partie, avec figures. À Strafbourg, chez Koenig ; & à Paris, chez Barrois jeune, 1786, än-8°. de $O9 pages. On prouve dans la Préface Ja néceflité qu'il y a d'apprendre de bonne heure aux enfans les élémens d’Hiftoire - Naturelle, & on démontre le mérite des inftruétions contenues dans cet abrégé, qui eft en dialogue : les inrerlocuteurs font le on Ami & les Jeunes Amis. Il eft aifé de penfer que ces entretiens familiers font très à la portée des jeunes gens. Aprés une introduction , M. Perrault traite des trois rèones de la nature, 11 débute par les plantes. Les unes vivent feulement quelques heures, d’autres fix mois, d'autres enfin, qui non-feulement paflent l'année, mais qui durent des cinq, dix, trente, foixante, quatre-vingts ans. Le chêne peut refter fur pied pendant quatre ou cinq fiècles. A la defcription lumineufe, précife de chaque article, fe trouve des détails fur les propriétés & ufages ; l'indication des endroits où croît fpontanément la plante dont il fait mention. Le règne animal débute par les infectes ; ces petits animaux ont la vie fort dure. Une mouche à qui l’on vient de couper la tête, ne laïfle pas de voler & de s'enfuir. Il y a des infeétes que l'on peut tenir plufieurs mois embrochés à une épingle fans qu’ils en meurent, quoiau’ils ne mangent rien, Car les infeétes parfaits mangent fort peu & ne boivent point du tout, à l'exception du grillon qui , dit-on, boit volontiers, Il y a même des papillons qui n'ont point de bouche , & qui par conféquent ne peuvent pas manger du tout , aufli ne vivent-ils que quelques heures, c'eft-à-dire, autant de rems qu'il leur en faut pour s’accoupler & fe propager. D’autres infeétes ne vivent guère plus long-tems ; il y en a qui atteignent à peine l’âge d’un jour. Celui de tous qui vit le plus long- tems eft l’écrevifle, qui va jufqu'à dix années, & même à dix buit. 2 Tome XXX, Part. I, 1787. JANVIER. 12 68 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, La multiplication des infectes eft infinie. La femelle du papillon pond jufqu’à deux ou trois cens œufs, qui fervent à faire naître des chenilles ; l'abeille en pond le même nombre par jour , lorfque c’eft la faifon ; la reine des guêpes pond dans les cellules dix à douze mille œufs dans un certain intervalle de tems. Ces œufs font éclos deux ou trois jours après; au bout de douze ou quinze autres, ce font des nimphes, & il n’en faut plus que huit ou dix pour que la guêpe foit parfaite, Après les entretiens fur les infectes , viennent enfuite les amphibies , les ferpens & les poiffons. Les crapauds vivent douze à quinze ans, quelques-uns vont jufqu’à cinquante & au-delà. On a trouvé des crapauds vivans enfermés dans le milieu d'une pierre. C'eft ainfi que M. Perrault réunit utile à l’agréable. I1 fait pafler en revue les êtres de la nature, & fon Abrégé doit fe trouver entre les mains des grands & des petits, des jeunes & des vieux. Andræz Johannis RETzr1 , &c. Obfervationum Botanicarum : c’efl-à- dire, Obfervations de Botanique ; par M. ANDRÉ-JEAN RETZIUS, Maitre en Philofophie, Profeffeur Royal ordinaire d’Hifloire- Naturelle de lPUniverfité de Lunden , Secrétaire de la Societé Phyfiographique de la méme Ville, &c. quatrième fafcicule. À Leipfck, chez Crufius; à Strafbourg, chez Koenig , 1786 , 2n-fol, de 30 pages, avec trois figures en taille-douce. “” Cette fafcicule, dédiée à M. Thomas Pennant, Ecuyer, renferme cent trois plantes, dont la plus grande partie étoit inconnue des Botaniftes, &c dont la moitié appartient à la grande famille des graminées. C’eft à M. Koenig , Médecin & Naturalifte à Tranquebar, que la mort vient d'enlever aux fciences & à l'humanité, à qui nous devons ces nouvelles richefles végétales, dont il a fait part à fon ami M. Retzius; celui-ci les a décrites avec la précifion, la clarté & la netteté que la Botanique exige: M. Wenneberg en a aufli communiqué plufeurs. Programme de l'Académie des Sciences, Arts & Belles - Lerrres de Lyon. Diflribution des Prix. L'Académie, dans la féance publique du 29 Août, a procédé à la proclamation des prix qu'elle avoit pour l’année 1786 Le fujer des prix d’Hifloire naturelle, fondés par M. Adamoli, étoit énoncé ainfi: Quelles font les diverfes efpèces de Lichens dont on peue faire ufage en médecine & dans les arts? On demandoit aux Auteurs de déterminer Les propriétés de ces plantes, par de nouvelles recherches & des expériences. 3 SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 69 L'Académie a particulièrement diftingué trois Mémoires ; première- ment, celui qui eft coté n°. 4, fuivant l’ordre de fa réception, ayant pour titre: Commentatio de Lichenum ufu, & pour devife, ce paflage de Séneque, Multum adhuc reflat operis, multümque reflabit, nec ulli nato pofl. mille fecula , præcludetur occafio aliquid adjiciendi. Ce Mémoire Jatin embrafle le fujet dans toute fon étendue, & pa- roit également intéreffant pour la botanique , la médecine & les arts, IL recule, fur-tout , les bornes des connoiflances acquifes, par cin- quante-un effais fur divers Lichens employés avec fuccès à la cein- ture fur le drap, dont les échantilions accompagnent le Mémoire, L'Académie lui a décerné le premier prix, confiftant en une médaille d’or. Après le jugement rendu, elle n’a été aucunement furprife de trouver dans le billet décacheté , le nom d’un favant, déja très-avan- tageufement connu ; M. G. François Hoffman, Do@teur en médecine de l'Univerfité d'Erlang, Auteur de l'Erumerario Lichenum, de l'Hifloria Salicum , &c.à Erlang, en Franconie. La médaille d'argent ou le fecond prix, a été adjugée au Mémoire, n°.3, très-recommandable par fa rédaction, par les vaftes connoiffan- ces qu'il annonce, & les vues nouvelles qu'il renferme principalement dans Ja partie médicale. Il a pour devife ce paffage, tiré de la dif- fertation de Linné de mundo inviftbili ( amænit. academ.) Hinc nemo Japiens ulterius dicere audebit , nihil agere , bonoque otio aburi illos, qui mufeos & muféas legendo , -opera creatoris admiranda contemplantur, inque ufus debitos convertere docent. L’Auteur eft M. Amoreux , fils, Doéteur- Médecin en l’Univer- fité de Montpellier, Membre de plufieurs Académies, le même à qui celle de Lyon décerna, en 1784, le prix concernant les haies, L'Acceffit a été donné au Mémoire (n°, 2,) ayant pour épigraphe les deux vers fuivans: De l'aurore au couchant parcourons l'univers, Tous les divers climats ont des Lichens divers. Il contient des recherches, nombreufes, utiles, & méthodique- ment préfentées, fur les propriétés reconnues dans un grand nombre de Lichens. L’Auteur eft M. Willemer, père , Démonftrateur de botanique à Nancy, Affocié de l’Académie de Lyon, & anciennement couron- né par elle , fur les médicamens indigènes tirés du règne vé- gétal. - Cetre Compagnie fouhaire que les trois Mémoires foient impri- més, & a invité fes commiflaires & les Auteurs à s'en occuper. L'Académie avoit renvoyé àla même époque, la diftribution du prix yo OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, dont M. le Duc de Villeroy, fon protecteur, a fourni la médaille & le fujet conçu en ces termes: ù Les experiences fur lefquelles Newton établit la différente réfrangi- bilité des rayons hétérogènes, [ont-elles décifives ou illufoires 8 On demandoit aux Auteurs que Pexamen dans. lequel ils entreroient für ap= profondi, & leurs affertions fondées Jur des expériences Jimples, dont des réfultats fuffent uniformes & conftans. Le concours par fon mérite, a répondu à l'importance de la queltion. On y a admis huit Mémoires , dont quatre attaquent la théorie Newto- nienne, & quatre la défendent, Deux des premiers & deux des fe- conds, éroient évidemment trop inférieurs aux autres, pour fourenir la concurrence, Le vrai concours n’a.eu lieu ; en effet, qu'entre deux favans Mémoires oppofés à Newton, & deux qui confirment fes ex- périences & fa théorie. Toutes les expériences ont été foigneufement répétées , avec les inftrumens que le zèle de quelques Académiciens a fournis; les commiflaires y en ont ajouté de nouvelles; Les réful- tars ont été conftamment en faveur du célèbre Phyficien Anglois; & l'Académie s’elt félicitée d’avoir à couronner deux défenfeurs de fa doc: trine, vraiment dignes de ce grand homme. Elle a décerné la médaille d’or, au Mémoire coté n°. 4, quéa pour devife ces mots, parfaitement appliqués à l'ouvrage: Simplicitas ex- perientits , vigorque demonftratitone. Un travail immenfe, une théorie géométrique , juftifiée par l’expérience qui la fuit , toutes les expérien- ces anciennes , répétées & confirmées par de nouvelles : tel eft le mérite de ce Mémoire qui annonce , de la part de l’Auteur , une lon- gue habitude de fa géométrie & de grands calens pour la Phyfque expérimentale, Il eft de M. Flaugergues fils, Correfpondant de la Société Royale de Médecine de Paris, de la Société Royale des Sciences de Montpellier, & du Mufée de Paris; à Viviers,:en Vivarais. L'Accellit a été donné au Mémoire latin, coté 3, qui a pour épi- graphe... T'antiim novimus , quantim experiundo didicimus. L'Académie a témoisné un vrai regret de n'avoir pas un autre prix à accorder à cet important ouvrage. fl défend la théorie de Newton avec des armes également viétorieufes; mais l'étendue du travail a mérité la préférence au précédent, L’Aureur eft M. Antoine Brugmans, Profeffeur de philofophie & de mathématiques , & de plufeurs Académies favantes; à Groningue, dans les Provinces-Unies. L'Académie a arrêté, par délibération, que les deux Mémoires, ainfi, que le rapport de fes commiflaires, feroienc imprimés & publiés aufli-côe qu'il fe pourra, SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS, 75 Sujets propofés pour l'année 1787. » Le prix de Mathématiques, fondé par M. Cbriftin, devoit être adjugé en 1784, à l’Auteur du meilleur Mémoire fur le fujet fui, yant : 1°. Expofer les avantages & les inconvéniens des voûtes fur baiffees, dans les différentes conflruétions, foir publiques, foit particulières , où lof efl en ufage de les employer. : 2°. Conclure de certe expofition , S'il eff des cas où elles doivent étre préférées aux votes à plein-ceintre, & quels font ces cas. 3°. Déterminer géométriquement quelle Jeroit la courbure qui leur donneroit le moins d'élévation, en leur confervant la folidiré neceffaire. Conditions. ! 1 Toutes perfonnes pourront concourir pour ce prix, excépté les Acas démiciens titulaires & les vétérans; les affociés y feront admis. Les Mémoires feront écrits en françois ou en latin. Les Auceurs ze fe fee ront connoître ni direëlement ni indireétement ; ils mettront une devi- fe à la tête de l'ouvrage, & y joindront un billet cacheté, qui con- tiendra la même devife, leur nom & le lieu de feur réfidence. Les paquets feront adreflés, francs de port, à Lyon, à M, de la Tour- rette, Secrétaire perpétuel pour la claffe des Sciences ,rue BoifJac ; Ou à M. de Bory , ancien Commandant de Pierre-fcize, Secré- taire perpétuel pour la claffe des Belles-Lettres & Bibliothécaire, rue Sainte Hélène 3 Ou chez Aimé de la Roche , Imprimeur-Libraire de | Académie , mai- Jon des Halles ‘de la Grenette. Le prix confifleen deux médailles d’or, du prix chacune de 300 liv. & fera délivré en 1787, dans la féance publique de PAcadémie, Îe premier mardi après la fête de S. Louis, Les Mémoires ne feront admis au concours, que jufqu'au premier Avril de la même année, 4e terme étant de figueur. F Prix extraordinaires. \ Un Père de famille, citoyen plein de zèle & de lumières, a de- firé que l'Académie s’occupât d'un fujet relatif aux voyages & à l'éducation de la jeuneffe ; il lui a demandé de propofer un prix de 600 liv. dont il a fait les fonds, à l'Auteur qui , au jugement de l'Académie, aura le mieux rempli fes vues. Cette. Compagnie s’eft em- preflée de propofer le fujet ainfi qu'il fuir: Les Voyages peuvent-ils étre confidérés comme un moyen de perfec- tionner l'éducation ? . 72 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, Le prix de 600 livres fe diftribuera en 1787 , après la fête de S. Louis. Les Mémoires feront admis au concours, jufqu'au pres mier Avril de la même année , fous les mêmes conditions que ci- deflus. A la même époque, l'Académie proclamera le prix de 1200 liv, dont M. l'Abbé Rayhal a fait les fonds, & dont le fujec a été con- tinué & précédemment annoncé en ces termes : La découverte de l Amérique a-t-elle été utile ou nuiftble au genre humain ? S'il en réfulte des biens, quels Jont les moyens de les conferver & de les accroître ? S elle a produit des maux, quels font les moyens d'y remédier ? Les Auteurs qui ont déjà concouru, feront admis à envoyer, fous leur première devife, les changemens qu'ils croiront convenables; ce- pendant une nouvelle copie paroît préférable, On n’admettra au concours, que les Difcours ou Mémoires qui feront envoyés avant le premier Mars 1787 ; le terme eff de rigueur. Les au- tres conditions, fuivant l’ufage, Sujets propolés pour l'année 1788. Pour le prix de Phyfique, de la fondation de M. Chriftin, qui fe- ra double, l'Académie, après avoir couronné un favant Mémoire qui a démontré /es dangers évidens qui réfulrent de la mixtion de Pa- lun dans le vin, defirant la folution complette d'un problème qui lui paroit de la plus grande importance pour le bien de l'humanité, a propofé le fujer qui fuir: Quelle ef la manière La plus fimple, la plus prompte, & la plus exac< te, de reconnoître la préfence de l'alun & fa quantité, lorfqw’il eff en diffolution dans Le vin, fur-tout dans un vin rouge trés-coloré ? On demande des expériences conflantes , fimples & faciles à ré- péter, Le prix confifte en deux médailles d’or, de Îa valeur, chacune, de 300 livres; il fe difttibuera en 1788, à l’époque & aux condis tions ordinaires, L'Académie, pour les prix d’Aifloire naturelle , fondés par M. Adamolï; demande, Quels font les différens infees de la France réputés veni- meux ? quelle eff la nature de leur venin ? quels font les moyens d’en arréter Les effets ? Les Auteurs, en annonçant. les infectes qu'ils voudront défigner, sn détermineront le genre & l’efpèce. t On SUR L'HIST. NATUREELE ET LES ARTS. "3 On leur demande ejJentiellement de nouvelles recherches & des ex- périences. Les conditions comme ci-deflus. Les prix, confiftant en une mé- daille d’or, de la valeur de 300 liv. & une médaille d'axgent, frappée au même coin, feront décernés en 1788, après la fée de S, Pierre, ’ La même année, l'Académ'e diftribuera, extraordinairement, le prix double de la fondation de M. Chriftin, qu’elle a réfervé, con- cernant les arts ; elle propofe en conféquence Le fujer fuivant: Fixer far Les matières végétales ou animales , ou fur leurs tiffus, en nuances également vives & vuriées, la couleur des Lichens, & fpécialement celle que produit l'Orfeille , c'fEà-dire, teindre les ma- tières végétale ou animale, ou bien leurs tiffus, de manière que les couleurs qui en réfulteront, notamment cetles que donne L Orjeille, puiflent étre réputées de bon teint. On demande que les procédés de teinture & ceux d'épreuves , Joient accompagnés d'échantillons , tels qu'on puiffe inférer de leur état de comparaïfon, ce que telle ou telle couleur & telle ou telle nuance, peuvent fupporter de l'aétion de l'air ou des’ lavages. Nora. Les concurrens, qui voudront répéter leurs expériences, en préfence des commillaires de l'Académie, y feront admis, après avoir dépofé leurs Mémoires au concours. Les autres conditions , fuivant l'ufage; on diftribuera après la fête de S. Louis, ce prix Aoublel qui confifté en deux médailles d’or, de La valeur, Chacune , de 300 liv. Signé, DE LA TOURRETTE, Secrétaire perpétuel. A Lyon, le 12 Septembre 1786. Sujets propofes par l’Académie Royale des Sciences, Tnfcriptions & Belles-Lertres de Touloufe, pour les Prix des années 1787, 1788, 1789. Le fajer propofé en 1783 pour le prix de 1786, étoit de détermi- ner les moyens de confiruire un Pont de charpente de vingt-quatre pieds de voie, & d'un feul jet, c’efl-à-dire, fans piles, fur une rivière de qua tre cens cinquante pieds de largeur, dont les rives font [upérieures d'environ vinpt- cinq pieds'au aiweau des eaux ordinaires. Dans le nombre des Mémoires envoyés à l'Académie , elle en a di£- tingué quatre; elle a accordé le pris anuonçé au Mi: ncire n° I, ayant pour devife: Aur leve, aut gravius quod bené librarum, bené Tome XXX, Part, I, 1787. JANVIER, - K 74 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, fercur; fic € eo modo flat mundus. L'Auteur eft M. sa À In- génieur en chef des Provinces de Brefle & du Bugey, Membre de plu- fieurs Académies. Elle a accordé un prix réfervé à partager entre les Mémoires n°, 4» ayant pour devife: Per varios ufus experientia feeit, exemplo monf- zrante viam , dont l'Auteur ne s’eft pas fait connoître; & n°, 12, fans devife;-par M. Racle, de Pont-de-Vaux en Brefle, Archirecte-Ingénieur du Canal de navigation du Reyflouze. Elle a cru aufli devoir faire une mention honorable du Mémoire n°.40 , ayant pour devife: Partibus eff cunétis fortior ir medüs ; elle l'a jugé digne. d'un acceflit; l'Auteur eft M. Migneron de Brocque- VILLE RNA ; Le Programmé de 1784 annonce pour füujet du prix qui fera diftribué en 1787, F 1°. D'indiquer dans les environs de Touloufe, & dans l'étendue de deux. ou trois lieues à la ronde, une terre propre à fabriquer une poterie légère & peu coûteufe, qui réfifle au feu, qui puiffe fervir aux divers, bejoins de la cuifine € du ménage, & aux opérations de l’Or- févrerie & de la Chimie. 2°, De propofer un vernis fimple pour recouvrir la poterie defliñée aux ufüges domefliques , Jans nul danger pour la fante. Les Auteurs qui travailleront fur ce fujer, joindront à leur Mémoire des uftenfiles, ou feulement des échantillons de poterie faite avec la terre qu'ils indiqueront. Ces échantillons feront, les uns recouverts du vernis propofé, & les autres fans couverte, fimplement bifcuits , & propres à fervir de creufets. L'Académie foumettra ces échantillons aux épreuves néceffaires, pour conftater qu'ils rempliflent les conditions du Programme. : On fut informé par le programme de 1784, que l’Académie qui avoit propofé pour fujet du’ prix de l’année, d’affigner les effets de l'air, & des- fluides aériformes introduits où produits dans le corps humain , relativement à l'économie animale, avoit vu à regret que les Auteurs de deux Mémoires qu'elle avoit diftingués, s’étoient plus oc- cupés, l’un de la partie médicale, l'autre de la partie chimique, tandis qu’elle exige que ces deux parties foient traitées également, ce qui la dérermina à propofer encore le même fujet pour le prix double de 1787, qui fera de cent piftoles. Elle avoit propofé dans le Programme de 1782, pour 1785 , dex: pojer les principales révolurions qué le commerce de Touloufe a efluyées, 6 les moyens de Panimer, de l’étendre & de détruire les obflacles, Joit moraux, Joit phyfiques, s'il'en efl, qui s’oppofent à Jon aitiviré _. SUR L'HIST, N'ATURENIE ET LES ARTS. 75 & à fes progrès. L'Académie n'ayant reçu que très-peu de Mémoires, elle repropofa l’année dernière le même fujet pour 1788. Le prix double fera de 1000 I. : L'Académie propofe pour fujet du prix ordinaire de 500 I. qui fera diftribué en 1789, de déterminer la caufe & la nature du vent, produit par les chütes d'eau, principalement dans les trompes ‘des forges à la Catalane, & d’affigner les rapports & les différèncés %e ce vent, avec celui quidff produit par léolipyle. -Ceux qui compoferont font priés d'écrire en françois ou en 1a- tin. : 8 . Les Auteurs écriront au bas de leurs ouvrages une fentenceiou de- vife.; ils pourront auñi joindre un billet féparé &-cacheté qui contienne la même fentence ou devife, avec leur nom:, leurs qualités. & leur adreffe. & «y Ils adrefferont le tout à M. Caftilhon, Avocat , Secrétaire. perpétuel de l’Académie; ou le lui feront remettre par quelque perfonne domiciliée à Touloufe. - a't Les ouvrages ne feront reçus que jufqu’au dernier jour de Janvier des années pour les prix defquelles ils auront été compofés. Ce-terme eft de rigueur. ei QU \ 3 3 Suis L’Académie proclamera, dans fon: aflemblée publique du 25 du mois d'Août de chaque année , la pièce qu’elle aura couronnée, 2 Optique de NEWTON , traduétion nouvelle, faite par: Mi***., fur La dernière édition originale , ornée de vingt-une planches , & approu- vée par l'Académie Royale ‘des Sciences, dédiée au Roi, par M. BEAUZÉ, Edireur de cer Ouvrage , l'un des Qiiarante de V Académie Françoife, de l’Académie della Crufca, des Académies Royales de Rouen, de Merz & d'Arras, Profeffeur Emérite de l'Ecole Royale Militaire, & Secrétaire-Interprére de. Mon/eigneur Comte d'Artois. À Paris, chez le Roy, Libraire, rue Saint-Jacques, vis-à-vis celle de la Parcheminerie, 2 vol. z7-8°. Cette nouvelle Traduction de l'Optique du grand Newton, eft faite par un favant familier avec les expériences für la lumière. Aufli a-t-elle mérité l’approbation de l’Académie des Sciences. è Nouveau Traité phyfique & économique pour former des differtations de touses les Plantes qui croiffent fur la furface du globe, faifant la quatrième partie -del'Hifloire-genérale des: trois «Répnés$ de) la nature ; par M. Buc'hoz ,. Doéteur. en: Médecine, de pliüfieurs Académies. Tome XXX, Part. I, 1787. JANVIER. Ke 76 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, Mémoire fur L'ufuge de la Tourbe & de fes cendres comme engrais , lu à la Société Royale d'Agriculture de Paris, par M, ve RigaucourT. À Paris, chez Buiflon , Libraire, hôtel de Mefgrigny, rue des Poitevins. L’approbation que la Société d'Agriculture a accordée à ce Memoire, en aflure l’utilité. 1 Bibliothèque Phyfico-Econômique inflru&tive & amufante , année 1787 ou fixième année, contenant des Mémoires , Obfervations pratiques Jur l'économie rurale, les nouvelles découvertes les plus inté- reflantes dans les arts utiles & agréables , la defeription & la . figure des nouvelles machines , des inflrumens qu'on doit y employer d’après les expériences des Auteurs qui les ont imagines, des Recertes, Prariques, Procédés, Médicamens nouveaux externes ou internes, qui peuvent intéreffer les hommes 6 les unimaux ; les moyens d'arréter les incendies & autres événemens provenans des vices & de l'altération de l'air ; de nouvelles vues fur plufieurs points de l'économie ruflique,& en général [ur tous les objets d'utilité & d'agrément dans la vie civile & privée, &e. &c. On y a joint des notes qu'on a cru nécelJaires à plufieurs articles, avec. des Planches en taille-douce : 2 vol. in-12, P#x,3 liv. chaque vol, relié & franc de port par la pofle, 2 liv. 12 fols broché. A Paris, chez Buiflon; Libraire , hôtel de Meéfprigny, rue des Poitevins. Le Public a toujours accueilli cer Ouvrage avec empreflemenr. Ces deux volumes ne nous paroiffent pas moins mériter fon fuffrage que les précédens, Abrègé chronologique pour fervir à l'Hifloire de la Phyfique depuis Jon origine jufqu’à nos jours 3 par M. DE Loys , de la Societé Economique de Berne. . Materia & motus omnia & nihil. A Strafbourg, chez l’Auteur ; & à Paris, chez Lamy, Libraire, quai des Auguftins, un vol. in-8°. jufqu'à 1662. Cet Ouvrage qui aura fix volumes , ne pent être que très-précieux pour l’hifloire de l’efprit humain, & pour afligner à chaque favant fes propriétés. I eft imprimé en caractères de Baskerville. SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 77 Année rurale , ou Calendrier à l'ufage des Cultivareurs de la Généralité de Paris, 1787. Se trouve à Paris, chez Cucher, Libraire , rue & hôtel Serpente , un vol. ä7-12. On publie depuis quelques années , dit l’Auteur , un grand nombre d'Ouvrages fur l'Economie rurale 6 domeflique ; mais les Livres ne parviennent pas dans les campagnes. Cependant ce n’eft qu’en y pro- ageant les lumières qu’on parviendra à perfectionner l’Agriculture. . . Fa eft l’objet qu'on’ s’eft propofé en publiant l'Année rurale, On a réuni dans un petit volume les chofes les plus néceflaires aux Culrivateurs. Pour répandre ces connoiflances d’une manière encore plus sûre, dans la. Généralité de Paris on a formé des Comices agricoles , c'eft-à-dire, qu'os réunit tous les mois douze des Culrivateurs les plus éclairés de chaque élection. Ils conferent entr’eux , fe communiquent leurs obfervations , dont ils rendent compte à la Société Royale d'Agriculture, qui de fon côté leur fait pafler des inftructions, & les obfervations des Comices agricoles des autres életions, La Société publiera les réfultats les plus intéreffans de ces conférences, & l’Auteur de l’Année rurale en fera un extrait tous les ans, en forte que cet Ouvrage fera un recueil d’obfer- vations faites par des Cultivareurs, & deviendra par la fuite la biblio- thèque des habitans de la campagne. Cette méthode eft bien faire pour encourager l'Agriculture, & lui faire faire des progrès. On excite encore l'émulation en diftuibuant pour prix des médailles qui font données à chaque comice, au Cultivateur qui au jugement de fes confrères l’a mérité, Pour tout ce qui concerne la Société d’Agricalture , il faut s'adreffer 3 M. Brouflonet, fon Secréraire perpétuel , rue des Blans-Manteaux , N°. 57, & lui écrire fous Je couvert de M. l’Incendant de Paris. L 1 Mémoire fur les Epidémies du Langnedoc, adreffé aux Etats de cette Province, par les Sieurs BONAU, Doëteur en Médecine, Médecin ordinaire de la Garde Suiffe de Monfeigneur Comte d'Artois , & Membre de la Société patriotique Breronne, & TURBEN, ancien Secretaire de Légation de Sa Majeflé Impériale , Membre de la Société Royale des Sciences, Belles-Lettres & Arts de Lorraine, de l'Académie Royale des Belles-Lettres de Caen, & de la Société patriotique Bretonne, Jam paflor & armentarius omnis Et robuflus item curvi moderator aratri ; 78 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, Languebant ; peritufque cafis contrufà jacebant Corpora, paupertate & morbo dedita morti. Li Le gardien des troupeaux de route efpèce , & Le robufte conducteur de la charrue étoient aufñli frappés. La contagion les alloit chercher : ; :\ DE ie \ è jufqu’au fond de leurs chaumières, & la pauvreté jointe à la maladie rendoit leur mort inévitable. Lucrèce, liv. WI, . A Paris, chez l’Auteur, rue de Savoye. Galerie hiflorique univerfelle ; par M. DE P**%*, Prix, 3 iv. 12 fols ; Jèptième livraifor, contenant Achille, S. Le Clerc, Clovis F, M. E. Lepide, Poppée, Raphaël Sanzio ; C. Tromp, F. Wolfey. Nouvelle Colleëtion de Mémoires fur différentes parties intéreffantes des Sciences & Arts : Ouvrage orné de cent foixante-rreize Planches , repréfentant quantité de phénomènes ou monfiruofités de la Nature, dans les trois rêgnes, & defliné à fervir de fuite, 1°, Aux trois volumes que le méme Auteur a publiés en 1768. 2°. Aux Mémoires de l'Académie des Sciences de Paris. 3°. A la Colleétion Académique , partie. Françoife. 4°. À l'Hifloire-Naturelle de M. le Comte de Buffon. s°. Au Journal de Phyfique de M. l'Abbé Rozier, &c. €c. par M. GusrTARD, de l’Académie Royale des Sciences, trois volumes in-4°, faifant les tomes IF, VW € WI de la Colle&ion. Prix brochés , 36 Liv, À Paris, chez Lamy, Libraire, quai des Auguftins. loin Î ; Etat des Etoiles fixes au fecond fiècle ; par CLAUDE PTOLEMÉE, comparé à la pofition des mémes Etoiles en 1786 ; avec le texte Grec & la tradu&ion Françoife ; par M. l'Abbé Dr MoNTIGNOT, Chanoine de Toul ;\de la Société Royale des Sciences & Belles- Lettres de Nancy. A Nancy, chez La Mort, 1786 , in-4°. de 192 pages, avec figures. La rareté de cet Ouvrage, écrit en grec par Claude Prolemée, a engagé M. de Montignot à en donner une nouvelle édition, enrichie de la traduction françoife littérale, mife à côté du rexte grec , avec des notes néceffaires pour l'intelligence des endroits difficiles, La compa- raifon qu’il a faire des étoiles au tems de Prolemée, avec leur poftion pour l’année 1786 , d’après les Ephémerides de M. de la Lande, rendent encore ce recueil plus important. < s SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 79 Carozr Lixnzæ1 Botanicarum Principis fyftema Plantarum Europæ, --exhibens characteres naturales generum , characteres eflentiales generum & fpecierum , fynonima antiquorum , phrafes fpecificas recentiorum HALLERI, SCOPOLT, Ke. Deftriptiones rariorum necnon floras tres novas, Lugdunæam , Delphinatem , Lithuanicam, non omiflis plantis exoticis in hortis Europæ vulgo obviis : 4 vol. z7-8°, 4 Genève, chez Pieflre & de la Molicre ; à Nancy , chez Beaurain fils. M. Gilibert a fait un choix dans les nombreux Ouvrages de Linné fur les plantes: il ne donne dans cette édition que les genres & les efpèces qu'on rencontre dans nos contrées, foit à la campagne, foic dans les jardins ; les efpèces expofées comme dans l'édition de Reichard, forment les troifième & quatrième volumes ; les } caraétères naturels des genres compofent le fecond. M. Gilibert auroit pu faire entrer: toute la Philofophie Botanique dans le premier ; mais malgré l’excellence de ce Traité, comme le commun des amateurs n’a befoin que de la partie qui explique les termes techniques, il a enrichi fon Ouvrage de trois nouvelles Flores, & d’une favante Préface. Prix extraordinaire propofé par l'Académie Royale des Stience 6 Belles-Lerrres de Nancy. , La Lorraine fe reflent du dépériffement général des forêts; ce qui a engagé M. DE LA Porte, lntendant de la Province, à remettre à l'Académie de Nancy , le fonds d'un Prix extraordinaire, dont le but eft ” d'inviter les Savans à la recherche d'un combuftible propre #fuppiéer au bais en Lorraine. L'Académie empreflée de feconder les vues patriotiqués & bienfaifantes de ce Magiftrat, propofe pour fujet de ce Prix les queftions fuivantes : 1°, Ÿ at-il des frones certains de l'exiflence d'une mine de houille ou charbon de terre dans un terrein quelconque ? 20. Quels font les cantons de la Lorraine, où l'on peut préfumer qu'il exifle de ces mines ? 3°. Quelle feroit la méthode la plus facile & la moins difpendieufe d'en Conflater la découverte ? L’énoncé du Programme doit faire fentir que l’on defire que les Auteurs S’attachent principalement à indiquer des obfervations relatives à notre Province, à défigner les lieux où ils auront fait leurs obfervarions, & où ils croiront avoir de bonnes raifons de fôupçonner qu'il exifte une houillière. : Ce Prix, de la valeur de vingt-cinq louis , fera décerné dans la féance de l’Académie, du 8 mai 1788 ; les Mémoires doivent être envoyés avant Je premier février de la même année , à M. DE LA PORTE, Intendant de Lorraine, à Nancy. Les Savans de rous les pays feront admis à concourir; les autres conditions font les mêmes que pour toutes les Académies, 8o OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, 6x TABLE DEs ARTICLES CONTENUS DANS CE CAHIER, Discours préliminaire ; par M. DE LA MÉTHERIE, page % Lettre de M, DE MoRvVEAU à M. DE LA MÉTHERIE, fur une Table Jynoptique des parties conflinantes de quelques fubflances princi- pales , fuivant toutes Les hypothèfes, Extrait d'un Traité in-4. fur l Amaloamation des Métaux nobles ; par M. le Chevalier DE BORN, Confeiller de Cour, au département des Mines & des Monnoies 1. & R. à Vienne en. Autriche, 47 Lettre à M. DE LA MÉTHERIE, Rédaïteur du lournal de Phyfique, für le Briquet phyfique, 56 Sur Le Sel effentiel de la Noix de galle ou acide gellique concret , traduit du Suédois , de M. SchÉELE , par Madame PiCARDET , ST Mémoire fur la Fonderie & les Forges Royales établies au Creufot , prés Mont Cenis en Bourgogne , pour fondre la mine de fer affiner La fonte avec du charbon de terre , par le moyen des machines à feu, & fur la Manufaéture des Criflaux de la Reine transférée au même lieu ; par M. DE LA MÉTHERIE, 60 Nouvelles Littéraires , £ 67 APPROBATION. Ju lu , par ordre de Monfeigneur le Garde des Sceaux, un Ouvrage quia pour titre: Obfervarions fur La Phyfique, fur L'Hifloire Naturelle 6 fur les Arts, &c. par MM. Rozier, Moncez Lejeune & De za Merarrre , &c. La Colle&ion de fîts importans qu’il offre périodiquement à fes Le&teurs , mérite l'attention des Sa- vans; en conféquence , j’eflime qu’on peut en permettre l’impreffion. A Paris, ce 27 Janvier 1786, VALMONT DE BOMARE, AuatI wwmm LE Serndare Ju2p1990 FA FA A “« FA L + A Si _ Janvier 1747. 2" 1 a AR pi 4. nu ie « 24e : + 2NLIJ OIL s = anal, 72 27? 274274 2/22/4274 \\ 1e - conb 4 cd 2227772 ae a S) É DDITE, + 22 [0 f Ÿ DISTOOPT. HAaULLIA 1 : 77/10/24 CE LA AT AOLLS NT 2727720) + CFE F2 ENS Co y 2p7 ep | 2nbY1bLOIYT ve 2742 + TNA] 29 DL) repris ent PIN Du 2102 7970 nb 222 pr. 72 07 Se 21 795 N ü 2 2? 7/4 N ‘EP IPN 272 D EPL OYT PI : 3 d PAIE WP JS LIU 2274 LYS (474 PPIPD, boveur ajgnopas (PINCE ne UPS UD AN Von p preprx +" Ù| 2P2P PT QD UP APP + CRPIOP frprer fi SR Ès 2 EM 122727772077 Ÿ Ÿ q'u + | Ph sn Ê EE V9 " AV V as, ; ‘ ÿ or | AV2N D + D op V (O) * Ko) HA + 27720007 bredop2 nou É es ee ne a Due ñ I Y'A pa IL = (77249 7779 V7 1 NW “) = - }» }o Jo je Lo YEUS I 2 UDALIY ‘JY) l | PUIDYIS S27 7UD@77$ "S Le BA Q Je Re ne = 27 Moniorerpheinent 2PI2F 27721 24709 Vrgrelirsro) mpy 7224.07 lenbihiiopr) ARTE V Ÿ v v S27/ 07727 777 /7/200277/2 S2] JUPOINS SITUDIS GNU SYDAIOULIT SIP OLIS 0407 D} P AV ATH. 1 i AT rs F 2 em Fe A > Ave Ta PL : IA ; OP" ; C: Hire S # ; : REX d. ges Fine LE RES RIRES SECTOR PAP OI RE à " à or o eR er r . INRA 1 ere 2 N “11 H MIANEN CE es S4h: a xG e = se: + Fu LE es à Li SEL Leu ù “A4 È AA I LE Ke DCS y Pat Dar : ER Eee | 4 2 { RAS k he tr RE he ESS roger ss ABS UT SES | 138 vs FT SEE RAT ar, ar HAE fly ERP DR CR: $ Le : Npel ds er ; AS nt P?: | OCT ENTRE: Détunrens ‘ | | JOURNAL DE PHYSIQUE. | J FÉpR LE R : 1787 | Put, } AE TE PO Pr Des DU CHARBON DES MÉTAUX; Par M. PRIESTLEY, Le hafard m'a fait découvrir une fubftance que j'ai nommée le charbon des métaux. En faifant pafler dans un tube de cuivre chauffé au roue, une quantité d'efprit-de-vin en vapeurs, tout l'intérieur du tube a été converti en une poudre noire, ou fubftance friable. Dans les vues de poufler plus loin mes obfervations fur la nature de ce procédé, j'ai mis le cuivre dans un tube de terre, fur lequel je n’ai point trouvé que la vapeur de l’efprit-de-vin eûr exercé quelqu’action , quoiqu'il eût été lui-même décompofé dans fon paflage , en fe changeant principalem:nt en air inflammable, Dans la première expérience j'ai fait pafler trois onces d’efprit-de- vin fur deux onces de cuivre, au degré de feu qui renoit ce dernier en fufion : il s’eft dégagé une quantité confidérable d’un air rel que je pouvois l’attendre de l’efprit-de-vin feulement ; mais ce qui m’a le plus furpris dans le réfultat, a éré que, quoique le cuivre n'ait perdu que vingt-buit grains de fon poids, j'ai ramaflé dans le moment quatre cens quarante-fix grains de ce charbon, principalement fous la forme de poudre, quoiqu’une partie fût en larges flocons de plufieurs pouces de long ; les morceaux les plus gros fe laifloient manier fans fe cafler, & ils étoient bien près d'être tout-à-fait noirs. Dans une autre expérience j'ai eu cinq cens huit grains de charbon de dix-neuf grains de cuivre 3 mais alors Le cuivre étoit en petites lames, & ces cinq cens huit grains n'éroient pas convertis en charbon parfait: ils éroienrun peu plus durs, & cependant il y avoitune partie métallique dans leur intérieur. Une grande quantité de ce charbon étoit difperfée fous la forme d’une poudre fine noire que l'air avoit entraînée; & quoique le cuivre que j'y ai samaflé parût faire feulement environ la fixième partie du total, je crois que je puis avancer , que dans Ja réalité il ne faifoit pas plus de la vingtième partie. À cet égard , il reffemble au charbon de bois ou au charbon de terre, dans lequel les cendres font en petite quantité Tome XXX , Part, 1, 1787. FEVRIER, L 82 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, relativement à l'air inflammable ou phlogiftique qui conftitue la maffe du charbon. Le charbon du cuivre eft aufli comme infoluble dans les acides , de même que celui du bois ; & il lui reffemble à beaucoup d’autres égards. Lorfque dans ce procédé on a employé un grand feu , l’extrème divifion & la volatilité de ce charbon eit très-extraordinaire. Il fortit du fond du tube fous la forme d’un nuage noir & épais ; je travaillai à raflembler cette matière dans un large ballon de verre, mais après avoir fait dans le ballon une couche uniforme , mais mince & noire, & très- femblable en apparence à la fuie, cette matière eft fortie de l’orifice fous la forme d’une fumée épaifle. J'adaptai à ce ballon différens autres tubes & vaifleaux de verre, dans lefquels la matière a préfenté les mêmes réfultats. Enfin, je plongeai le dernier tube dans un grand vaifleau plein d’eau ; & l'air eft encore paflé à travers l’eau, chargé de certe mème fumée épaille, & de la petite quantité de matière qui avoit été ramaflée (1). J'eus donc la fatisfaction de voir que la feule manière de raflembler une quantité confidérable de cette matière , étoit de pouffer le feu jufqu'à rendre le cuivre rouge, ou plutôt jufqu'à le faire entrer en fuñon. Je foupçonnai que l’efprit de thérébentine étoit auffi propre à la pro- éution de ce charbon que lefprit-de-vin. J'en fis l'expérience, & j'obtins cent vingt grains de charbon de cinq grains de cuivre, nonobftant une fumée noire très-épaifle qui étoit charriée par de l'air, & dans laquelle, fans contredit, il y avoit une grande quantité de charbon difperfée & perdue. Je tentai différentes expériences fur cette nouvelle fubftance que je m'étois procurée , & je fus très-furpris de trouver qu'elle ne pouvoit fe fondre à l'air libre qu'à l'aide du miroir ardent, & que la chaleur ne produifoit point fur elle d’effets fenfibles (au moins dans un petit efpace de tems ), mais elle brüle rapidement dans l'air déphlogiftiqué , (comme je me propofe de le décrire plus particulièrement dans la fetion relative à l'air fixe) & fe convertit prefqu'entièrement en air fixe. Il ne doit pas paroître furprenant que cette fubftance n’ait pas produit d'effet fenfible , étant échauffée dans l’air inflammable ou alkalin ; mais lorfqu'on l’a chauffée jufqu'au rouge dans ce dernier, l'air a augmenté confidérablement en mafle, & eft devenu inflammable en très-orande partie, comme il le feroit devenu avec toute autre chofe. .(O L’incoercibilité de cette fuie fous la forme de vapeurs reffemble beaucoup à la vapeur produite par la décompofition de l'air inflammable & déphlogiftiqué , que l'on fayoit déjà ne point être retenu par l’eau en Ja traverfant, SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 83 En confidérant cette fubftance comme un charbon , & étant conduit alors par ma découverte à faire pafler de la vapeur d’eau fur du charbon de bois renfermé dans un creufer de terre rouge, je traitai une quantité de ce charbon de la même manière , & le réfultac a été tel que je devois m'y attendre. Il s’eft dégagé une quantité d'air inflammable, & il eft refté une fubftañce peu colorée , qu'on peut appeler la cendre du métal, Quarante grains de ce charbon ont été réduits à dix-huit par ce procédé, & j'ai raffemblé environ deux cens onces d'air, lequel a paru trouble d’abord, & brûlant d'une Aamme bleue légère. J'eflayai à répéter le ‘même procédé fur d’autres métaux. En com mençant par l'argent, j'ai trouvé qu'il avoit été altéré comme le cuivre, Mais quoique !a matière que l’air avoit entraînée fût à-peu-près aufli noire que celle retirée du cuivre, & qu’elle fe foir fublimée dans les vaifleaux fous la forme d’une poudre noire extrèmement divifée , les plus grandes mafles de ce charbon étoient un peu plus blanches que celui retiré du cuivre. L'or n’a pas été du tout altéré dans ce procéde, ni n'a fenfiblement changé ou diminué de poids. Au commencement cependant il eft fôrti une fumée d’une couleur noirâtre. Je n’ai pu en découvrir ia caufe; mais ce phénomène a bientôt difparu. Ayant obfervé que ce procédé avoie un effet fi remarquable fur le cuivre & aucun fur l'or, j'ai imaginé qu'il nous fourniroit un nouveau moyen de féparer le cuivre d'avec l'or; mais j'ai trouvé que ce moyen étoir infuMifant. J'ai fait un mélange de dix grains de cuivre avec cent grains d’or ; mais le cuivre a été défendu par l’or de l’action de l'efprit- de-vin, & la mafle n’a rien perdu de fon poids. Il ne m'a pas été poffible de me procurer beaucoup de charbon avec le plomb, Ayant employé trois onces d’efprit-de-vin & quatre onces de plomb , j'ai feulement obtenu une petite quantité d’une fubitance pulvé- rulente & blanchätre, quoique le plomb ait perdu cinquante-huit grains de fon poids; mais l'intérieur du tube de verre à travers lequel l'air inflammable avoit paflé , éroit très-noir ; de manière qu'une grande portion du plomb étoir probablement volatilifée & difperfée ; & néan- moins je n'avois pas employé une grande chaleur. Ayant fait pafler trois onces d’efprit-de-vin fur trois cens foixante grains d’étain à l'état d’incandefcence, il n’a pas perdu tour-à-fait quatre grains , & la pouflière noire que j'ai ramaflée pefoit vingt-fix grains. L’air étoir très-noir. J'ai fait pafler dix onces d’efprit fur deux cens foixante grains de copeaux de fer. Le réfulrat éroir que l'air étoir charge de particules noires , & le poids du fer avoir diminué de deux grains ; mais 1l ne m'a point été pollible de ramafler du charbon. Le fer a acquis par ce moyen une couleur d’un noir-bleu. Tome XXX, Part, I, 1787. FEVRIER, L 2 84. OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, eee BE FATRNE DE M PASUMOT, Ingénieur du Roï, &c. À M DE LA METHÉRIE, Sur les endroits où l’on peut. faire colleétion de Criflaux de Sélénire, Nero. Il neft aucun Naturalifte qui ne fache que l’on trouve beaucoup de criftaux de félénite à Montmartre ainfi qu'à la bute de Chaumont, Belleville, &c. mais il n’y a peut-être qu'un petit nombre de perfonnes qui fachent précifément dans quelles couches de terres ou de pierres il faut chercher ces criftaux, & comment on peut s’en procurer aflez pour faire une collection des plus beaux, des mieux grouppés & des plus diaphanes. Je n’entends:point parler de cette criftallifation confufe qui forme un des lits de la pierre à plâtre, & que les Ouvriers des carrières nomment les Laines. Je veux parler des criftaux réguliers, foliraires, maclés ou grouppés, ou en drufes, & dont quelques- uns font d’une tempérance aufli nette que le crifta] de roche. Montmartre n’eft pas l’endroit le plus propre à enrichir les cabinets d'Hiftoire naturelle de ces fortes de criftaux, parce que l'exploitation continuelle des carrières y met obftacle ; mais les différentes dégrada- - tions de la bute Chaumont, offrent à ce fujet tout ce que l’on peut défirer, tant dans la partie feprentrionale qui regarde Îe village de Pantin, qu'à la pointe à loccident & même dans la partie méridionale du côté de Paris. On peut, par les talus que préfentent les carrières que l’on a exploitées & éboulées ces années dernières monter du plus bas au plus haut, en cherchant les endroits les plus commodes, les uns pour vifiter le fommet, les autres pour pouvoir obferver à l’aife le milieu, & d’autres enfin pour contempler avec réflexion le pied de cetre bute. En profitant ainfi de plufeurs dégradations, on trouvera dans le haut , la terre végétale, d'environ un pied ou 18 pouces au plus d’épaiffeur. Elle efl portée par une couche marneufe , de groffes pierrailles i SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 8s blanchâtres, épaifle de 4 pieds, & qui contient du filex dans fa par- tie fupérieure. Au-deffous fe trouve cinq ou fix couches peu épaifles d'une pierraille plus petite, de même efpèce que deflus, qui enfemble forment une épaifleur d'environ deux pieds, & qui au lieu d’être parfaitement horizontales font ondulées comme feroit la furface d’une eau légèrement agitée. On trouve enfuite une mafle d'argile, épaifle d’environ 12 pieds, portée par une couche de 3 à 4 pieds d’épaifleur, qui eft compofée d'une infinité de feuilletis d'argile & de gypfe dont quelques-uns font criftallifés. C'eft dans ces feuilletis que fe trouvent les criftaux de félénite fur- tout dans les fentes & vers le fond. Ce feuilletis eft porté par une couche de pierres marneufes, com- pofée de plufieurs lits, & dont l’épaifleur eft de 9 pieds. On trouve encore, mais plus rarement , des criflaux de félénite dans les interftices de ces lits, dans les fentes, & fur-tout fur la couche fupérieure qui porte les feuilleris gypfeux. La criftallifation a été fort confufe fur cette couche fupérieure , mais elle a été quelquefois fi abondante en certains endroits, que les criftaux font adhérens à la pierre & la cou- vrent d’une épaifleur de plufeurs pouces. Sous cette couche de pierres marneufes ou trouve enfuite une autre couche encore de 9 pieds d’épaifleur, toute compofée de feuilletis gypfeux. On trouve beaucoup de criftaux de félénite dans cette couche qui eft portée par une autre de pierres marneufes, de 6 pieds d’é- paiffeur, fous laquelle fe trouvent des couches argilo-gypfeufes en feuillets peu épais, mais qui en totalité, conftituent une mafle épaifle de 18 pieds. La pierre à plâtre porte certe dernière mafle dans laquelle il paroït qu'il ne fe forme point de criftaux féléniteux. Je ne continuerai pas plus loin la defcription des différentes couches qui forment cette bure. Si l'on fe trouvoit réduit, pour avoir les criftaux qui font l’objet de cette lettre, à les aller chercher dans les couches que je viens d’in- diquer , il faut avouer que l’on auroit de la peine à en faire une col- lection , foit à caufe de la difficulté de pouvoir examiner un aflez long efpace de ces couches, foic aufli parce que l'on ne pourroit avoir que ceux qui fe trouveroient à découvert par les coupures. Mais heureufement pour les curieux, l’on exploite aujourd'hui les carrières à ciel ouvert, Il fauc que les Ouvriers déblaient les 64 à 66 pieds qui couvrent le premier lit de la pierre à plâtre. Ils déblaient pour leur commodité feu- lement, & ils jettent les rerres & les pierres du haut en bas, où elles font reprifes & portées dans quelqu’endroit à l'écart afin de pouvoir tirer li- brement la pierre à plâtre. Ce font ces déblais qui fourniffent les criftaux de félénite, non 86 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, pas dans les endroits où on les entafle confufément, mais dans les talus que les terres forment à mefure que les Ouvriers les pré- -cipitent du haut en bas, où bien lorfqu’elles s’éboulent fpontané- ment. IL exifte dans Les côtés-de cette bute , fur-tout vis-à-vis de la voi- rie, de ces éboulemens qui datent des années dernières. Les gelées d’hyver ont faic élixer les terres qui étoient en mafles. Les pluies, & fur-tout celles du mois de Juin dernier, ont lavé ces terres, elles en ont entraîné toute la fuperficie la plus légère. Elle y ont même formé des rigoles qui font comme des petits ravins. C’eft à la furface de ces terres ainfi élixées, lavées & ravinées, que vers le milieu du mois de Juiller, & depuis peu encore, j'ai fait une ample colleétion de criftaux de félénite, tant folitaires que grouppés & en drufe. Je n'y ai pas trouvé le criflal décaëdre rhomboïdal qui elt La premiére ejpèce, la forme primitive & régulière de la félénite, (Criftallogra- phie de M. de Romé Dèelifle rome premier, page 444), mais j'ai rencontré la première variété, (ibid. page 446 ) , La Jélenite décaëdre rhomboïdale allongée , c'eft-à-dire, un criflal prifmatique hexaëdre à fommets diedres. Les plans des pyramidés tronquées forment un parallélogramme obliquangle dont les angles aigus font, ainfi que M. Delifle l'a obfervé, de 2 degrés, & les obtus de 128. Cerre ef- pèce eft aflez rare. Je n’en ai trouvé que quelques criftaux , encore le plus grand n’a-t-il qu'environ 11 lignes de longueur,4 de largeur & 3 : d’épaifleur. J’ai encore trouvé la troifième variété qui eft la /élénite prifmatique hexaëdre terminée par des fommets tièdres alternes dont une des fa- ces ef? curviligne. Cerre efpèce eft la plus abondante. Le plus grand criftal folitaire de cette variété que j'ai trouvé, a 2 pouces de longueur, 9 lignes de largeur & 6 d’épaifleur. Un fecond pareil, a 20 lignes de long. Ces deux premiers font un peu ‘terreux intérieurement, Leur tranfparence n’eft pas abfolument netre; j'en ai trouvé un troi- fième de 17 lignes de longueur, 9 de largeur, autant d’épaifleur, & d'une tranfparence beaucoup plus nette. On voit, à fon centre, la for- me très décidée d’un premier criftal prifmatique rhomboïdal, long de 7 lignes & large de deux. Il paroît avoir été le premier type ou pre- mier criftal qui aurôit grofli par Tuperaddition de criftallifarion. Il fe montre par la fivure d'un parallélogramme obliquangle, avec une diagonale tirée de l’un à l'autre des deux angles aigus. Les angles aigus de ce criftal font de $2 degrés , & les obtus de 728 ; de forre que ce criftal contient intérieurement La forme primitive rhomboïdale, & l'exrérieur préfente la variéré. J'ai trouvé beaucoup d’autres criftaux pareils, mais plus petits & décroiflans en grandeur jufqu'à la dimenfon de quelques lignes L SUR L’'HIST. NATURELLE ET LES ARTS, 87 feulement , plufieurs ont leurs prifmes égaux en épaifleur & en Jar- eur. | Des criftaux d’une autre forme ont Îe prifme fort applati & deux fois plus large qu’épais. Ils font une quatrième variété que l'on peut nommer /elénire applatie, prifmatique, décaëdre, hexagone, à Jom- mets diedres , quelquefois tétraedres , dont les angles font de 1170 de. grés. C'eft la quatrième variété, de la Criftallographie, page 452, qui montre aflez ordinairement 14 faces, Souvent les fommets, au lieu des faces, font allongés en vives-arrêces, & préfentent par une pointe obtufe la forme d’un fer tranchant, ce qui fait une fous- variété de cette efpèce. Ces vives-arrêres forment /a créte de cog quand les poin- tes font émouflées & arrondies, & quand les criftaux groupés font un drufe, On en trouve de cette efpèce qui font fort petits, ammon- celés, couchés & tapés les uns fur les autres. Dans cet état ils ne forment point un drufe, mais une mafle. C’eft ce que lon nomme fimplement gypfe lenticulaire, parce que ces petits criflaux paroiflent prelqu'entièrement ronds par les bords & renflés à leur centre. Je pañle à une autre efpèce, qui eft la variété 6 , Criftallog. page 457 ; dont les criftaux font à fommets curvilignes, mais à facettes planes fur le rifme hexaëdre qui eft applati. J’ai trouvé plufeurs criftaux de cette efpèce , les uns fort petits & d’autres plus gros. J'en ai un d’un pouce de longueur , autant de largeur, & fix d'épaiffeur; j’ai trouvé beaucoup de prifmes de cette efpèce. Les uns ont quelques pouces de longueur & les autres moins. Tous font également applatis, mais leurs fommets font terminés irrégulièrement ou fracturés. J'ai aufli rencontré quelques prifmes , toujours hexaëdres , dont les faces font prefqu'égales ; ils {ont aflez rares, parce qu'ils fortent de l’ordre commun , qui eft que le prifme doit être applati. Ce fait eft prouvé par beaucoup d’autres prifmes, également applatis, affez gros, & aflez épais, qui font comme crennelés ou déchiquetés fur les bifeaux , parce que ces prifmes ne font alors formés que par des criftaux décaëdres rhomboïdaux, allongés, implantés les uns fur les autres, adhérens enfemble, & que l’on reconnoît aifément par leurs fommets qui font réguliers, très-diftinés, & très-féparés les uns des autres, On en trouve encore quelques-uns qui n’ont guère que deux lignes d’épaiffeur ; & qui n’en montrent pas moins par leurs bifeaux déchiquetés , le même fyftème de criftallifation, Tous ces prifmes, en général , ainfi que ces criftaux prifmatiques , font très-diaphanes, parce qu'ils ont englobé dans leur criftallifarion, moins de terre que les autres, Je n'ai trouvé aucune autre variété des formes primitives des criftaux de félénite. Je ne décrirai point les drufes que j’ai ramaflés, & qui fonten grand nombre. Les uns font en boules ou parfaitement rondes ou applaties; les autres affectent différentes fgures plates ou ovales & plus ou moins anguleufes. Parmi ces drufes qui font plus ou moins gros, & 88 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, parmi lefquels il y a une efpèce de crefsence depuis la capacité d’un quart de pouce cube jufqu'à la groffeur du poing, il eft aifé de diftinguer ceux dont les criftaux , à bifeaux tranchans , forment la crête de coq dont je viens de parler; mais dans tous la forme principale que l’on remarque eft toujours la félénite prifmatique hexaëdre à fommers trièdres, dont une des faces eft curviligne. Je fouhaite que ces obfervations foient utiles à quelques curieux, & qu'elles les conduifent à quelqu’obfervation intéreflante. J'ai l'honneur d’être, &c. Paris , premier Septembre 1786. oo MÉMOIRE Sur les moyens de magonner dans l’eau à très - grande profondeur ; Par M. DE LEYRITZ , Chevalier de Saint-Louis. Le Journal hiftorique de Genève, n°.30 , année 1784, donne les détails de la conftruétion & du placement des caifles à claire- voie qui doivent former les jetrées de Cherbourg. Ce projet de Vétabliffemenc d'un port à Cherbourg propofé depuis fi long - tems, fi vafte dans fon objet, étoit arrété par les difficultés de l'exécution, M. de Ceflart vient de les furmonter. L'idée ingénieufe de fes caifles & de leur placement a eu le plus grand fuccès & lui a mérité l'admiration ‘à toute l’Europe. IL eft , fans doute, du plus grand intérêt que cet ouvrage immenfe qui doit former la rade de Cherbourg foit à l'épreuve des grandes marées | tant par fon importance que par les dépenfes de la conftruction & les dépénfes plus grandes encore de l’établiffement d'un nouveau port de la marine royale, des fortifications, &c. qui deviendroient inutiles. On paroît craindre que les caifles à claire-voie remplies de grofles pierres jettées fans mortier , quoique la charpente en foit très - forte & très-bien travaillée, ne réfiftenc pas long-tems aux coups de mer. En effét, M. de Ceffart ne donne que 60 degrés de talus aux côtés de fes cônes tronqués , en fuppofant même que la bafe portât fur un fond bien de niveau (ce qu'il eft difficile d'attendre) le talus n’eft pas aflez grand. Quand les pierres de toutes figures tiendroient fur ce talus hors de l'eau , efl-il bien afluré - DER L SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 89 bien afluré que, jetées au hafard dans les cailles, elles fe main- tiendront fur ce talus dans l’eau ? Ne peut-il point arriver que plufieurs fe trouvent placées en coins contre une partie de la char- pente & la chaflent continuellement par les fecoufles de la mer qui cauferont toujours un ébranlement aux cailles. De plus, les cônes s’enfonçant de plufieurs pieds dans la vale, il eft au moins afluré que les pierres dans la vale ne tiennent fur aucun talus, & que celles d'en bas prellées & chaffées en tous fens par le poids des fupérieures , agiront fortement contre les pièces inférieures du cône, & peuvent les faire céder. Cet accident qui entraîneroit peu à peu la deftruction des caifles ne feroic point à craindre, fi les caifles étoient maçonnées; il n’y auroit point débranlement dans la charpente, & quand, elle manqueroit , il refteroit toujours la mafle de la maçonnerie qui tous les ans fe confolideroit de plus en plus. ai 1 Il y a environ dix ans que nous fimes conftruire dans ce quartier (la baffle pointe } une rampe en maçonnerie pour porter nos fucres à l’embarcadère. Les fondations furent fouillées dans le fable , environ à trois pieds au-deffous du niveau de la mer, & elles fe remplirent des eaux qui filtroient, Cette partie étoit peu confidérable : nous n’avions pas fous la main des feaux ou des pompes pour l'épuifement des eaux, Nous Fîmes jeter dans les fon. dations quelques barrils de chaux vive, du mortier fec fait la veille & des moëllons , alternativement & brufquement , & nous éle- vâmes le mur & la rampe fur ces fondarions,: L'année fuivante un raz de marée fouilla dans les fondations dans cette partie , les mit en l'air, fans les entamer , & fans endommager le mur qu'elles portoient, Nous refimes la même opération fous œuvre, en profitant des bafles eaux, & l'ouvrage fubfifte en fon entier. J'eus occafion d'obferver 1°. que ie mortier qui lioit les moëllons de la fondation écoit plus dur que celui du mur travaillé en même- tems hors de l’eau. 2°, Quela maçonnerie prenoit bien & en peu de rems de laconfiftance fous l’eau, pourvu qu'il n'y eûc point de courant qui détrem- pât le mortier, ce qu'un épuifement continuel pendant la .conftruc- tion pouvoit occafionner. 3°. Qu'il feroit poflible de maçonner foli- dement à toute profondeur dans Peau, fi on pouvoit parvenir à rendre l'eau ftagnante pendant quelques mois, & à y faire defcendre le mortier fans qu'il fe détrempät & fe décomposât dans la defcenre. D’après ces obfervations , je fis remplir de mortier fec battu de la veille trois facs de toile gaudronnée, je les fis bien fermer & pla- cer à quelques pas dans la mer fous de grofles roches. Comme les jettées en pierres perdues.ne tiennent point dans l'Océan , j'imaginois uen mêlant les pierres & les facs de mortier , on donneroitde la conüf- Tome XXX , Pare, I, 1787 FEVRIER. M 90 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE; tance à ces fortes d'ouvrages, La mer trop agitée dans ce quartier a emporté mes facs. Il devoit encore arriver que le mouvement con- rinuel des eaux auroit détrempé & décompolé le mortier, au moins dans les facs, qui auroient formé les paremens de l'ouvrage à conf- truire, Je perdis entièrement de vue mes idées de conftruction fous l'eau, Les caifles de M. de Cefart peuvent les réalifer. Je propofe de faire revêtir intérieurement les côtés & non les fonds des caifles de planches où madriers affez forts pour réfifter quelques mois à l'eau, de les joindre aflez , fans les calfarer pour empêcher qu'il n'y ait courant dans les caifles & de remplir les caifles, de couches alternatives de pierres de tout échantillon, de recoupes de pierres ou garris & de facs de mortier fec. L'eau pénétrera peu à peu les facs & délayera le mortier. Les facs preflés par le poids des couches fupérieures s’appliqueront fur les fur- faces des moëllons, en prendront les contours & s'y fixeront par la filtration du mortier à travers la toile; ou plutôt ils fe créveront & le mortie: entrera avec les recoupes ou garnis dans les joints des moël- lonc. Les caifles feront mieux garnies, & on peut évaluer que les males feront d'un huitième plus pefantes, & prenant bientôt de la confiflance , elles ne feront plus expofées aux ébranlemens des fecoufles de la mer, & lors même que la charpente, après quelques années, feroit brifée dans quelque partie , les mafles de maçonnerie des cônes fubfifteront toujours, La première obje&tion fera celle de la dépenfe à ajouter à des dé- “penfes déjà énormes : mais ce doit être parce que les premières dé- penfes font énormes & néceflaires , qu'il ne faut point craindre d’y ajouter , pour ne pas les rendre infruétueufes. Certe addition de dépen- fes ne fera point exceflive. On peut employer aux revêtemens des caifles, toutes fortes de madriers & planches de toute épaifleur & de toures largeurs, même vermoulus , des bätimens condamnés, ils ne doivent fervir qu'un ou deux ans , le tems de laifler prendre toute confiftance à la maçonnerie. La chaux ne doit pas être très - chère en Normandie, s’il eft vrai qu’on l’emploie dans cette Province comme engrais. La dépenfe des facs ne fera point ce qu'elle paroît au pre- mier coup d'œil. Il entre dans nos colonies , par toife cube de groffe maconnerie, environ 1$ barrils de chaux vive & 20+à 21 barrils de fable fuivant la qualité : total 36 barrils de mortier ; le barril de S5 pots mefure de Paris. Il faudra trois facs au barril de mortier fec, & environ 100 facs à la toife cube & même 80 , parce que les joints de la maçonnerie ne feront pas exactement garnis , les facs ne coûreront que 10 à 12 fols & la dépenfe par toife cube feroit de 45 à ÿO francs. On peut faire les facs de toutes fortes de vieilles toiles SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS: PL , raperaflées , fut -tout pour l'intérieur des mafles, On peut encore fe fervir de facs faits de jonc ou de paille bien nattés, rels que ceux dans lefquels les Provençaux portent le riz, en les enduifant intérieu- rement ainf que les facs de terre glaife, &c. leur fonction eft d’em- pêcher que le mortier ne foit décompofé à la defcente & le cems feulement que leur couche foit recouverte & furchargée des couches de pierres, &c. S'il reftoit quelque doute fur le fuccès , on en feroit l'épreuve dans quelqu'ouvrage de moindre importance, & fur - tout dans les vafes de Rochefort, en entourant fimplement de pilots l’ouvrage à conf- truire. On retireroit de cette nouvelle conftruction un grand avan- tage pour arrêter les affouillemens aux piles des ponts & aux quais. On y employeroit, avec plus de dépenfes, des facs de mortier bien gros battu avec des recoupes de pierres. Ces facs fe fixanc & fe mo- délant Les uns fur les autres, formeront un maflif de maçonnerie que les eaux ne pourront enlever, comme elles enlèvent les plus groffes pierres qu'on eft dans l'ufage de jetter dans les affouillemens , fans les lier enfemble, IL eft inutile de dire qu'il faut amortir le courant des eaux dans la partie que l'on travaille par une crêche volante de ma- driers portant fur le lit de la rivière , arrêtée à fa bafe & à fa tête par des ancres & des batteaux fur leurs ancres, Si on pouvoit craindre que les toiles ou les joncs empéchaffent trop long - tems l'adhérence du mortier aux pierrees , il faudroir plon- ger les facs un inftant dans l'eau teinte de rouille & les faire fécher quelques heures avant de les employer ; la toile & le jonc feront très- peu de tems après la fubmerlion, décompofés & confondus avec la chaux. J'ai omis d'obferver que les côtes des caifles ne doivent point être revètues dans la partie qui plongera dans Ja vafe, afin que la vafe puifle s'échapper , à mefure que l'on jettera des pierres, & il faudroit ‘avoir attention de les jetter dans le milieu des caifles, Il faut encore obferver que toute la vafe ne s'échappera point, & comme elle con- tient du fable fin qui peut être fixe par la chaux , le mortier quon employera dans le fond des caiffes doit être très - gras , c'eft-à-dire, aux deux tiers de chaux & au tiers de fable. A la baffe pointe Martinique, le 10 Juillet 1786. nes Tome XXX, Part, I, 17987. FEVRIER, M = : 92 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, ER PEINE PDT TE PI RE CARE cr LETTRE DÉPENS PETEOINEDE Médecin-Naturalifle du Roi, Correfpondant de l'Académie Royale des Sciences , de la Société Royale d'Agriculture & de celle de Médecine 3 A MDN ESS L AS CM ÉSEENEARUEE. Moses Intimement perfuadé des avantages qu'on retire du chalumeau pour les effais en Minéralogie , mais malheureufement trop affecté des incom- modités & autres inconvéniens , qu’il préfente toujours plus ou moins, pour pouvoir m'en fervir avec fuccès, & dégoûté d'ailleurs des dif- férens foufflets à eau ou à vent, qu'on a voulu lui fubftituer , foit à caufe de leur volume qui les rend embarraflans pour le tranf- ort, foit à caufe de leur méchanifme compliqué, qui demande de J'ufoge & de la dextérité pour sen fervir; je crois avoir trouvé un moyen infiniment peu coûteux & également sûr & commode, qui me paroît remplacer le chalumeau ordinaire avec un fuccès décidé; je m'emprefle à vous faire part de ce nouveau moyen, afin que les ama- teurs puiflent par la voie de votre Journal en retirer quelque fruit, ne fut-ce que pour épargner leurs poumons. Ce nouveau moyen n'eft autre chofe qu'un fac ou ballon de peau de la groffeur d’une veflie de bœuf (avec laquelle j'ai fair mon pre- mier eflai, & qui m'a enfuite fervi de modèle, ) Ce ballon a deux . » » 4 » conduits, l'un pour l’enfler, & le chalumeau eft adapté à l’autre. Celui par où on enfle le ballon doit être garni intérieurement d'une foupape pour empêcher le refoulement de l'air. Lcrfqu'on veut fe fervir de cet inftrument, on adapte au fecond conduit un chalumeau; on fouffle par le premier, & lorfque le ballon eft plein-on le pofe fur le genou, ( c’eft ma manière}, ou bien fur une table ou tout autre endroit commode; on appuie l’avant-bras deflus ce ballon , tandis qu’avec le pouce & les deux premiers doigts on faifir le tuyau par où l'air fort, & on dirige ce tuyau fur la flamme d’une bougie à la manière ordinaire ; on fent bien qu'il ne faut qu'appuyer un peu plus forcement le bras pour avoir un jet à volonté; il neft pas, non plus befoin de dire que lorfque la veflie s’'épuife , on la remplit facilement fans difcontinuer Popération, dat art mt à ete Le : SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 93 Outre l’avantage marqué que ce chalumeau paroît avoir fur tous ceux qui ont été inventés jufqu'ici, on peut, en le rempliffant d’air atmofphérique par le moyen d’un foufflet, avoir un air plus pur que celui de la refpirarion & conféquemment plus propre à la combuftion. Mais un autre avantage infiniment précieux que préfente ce ballon , c’eft celui de pouvoir tout aufli facilement l'emplir d'air déphlogiftiqué; il eft aifé de preflentir que cet avantage doit être décifif pour toutes les fubftances inaltérables à aétion du feu ordinaire ; & on ne peut que fe promettre de ce nouveau moyen des eflais curieux & inréreflans à faire fur Les fubltances quartzeufes & autres dont l’incombuñibilité a été jufqu'à ce jour un des caractères eflentiels ; dans ce cas- ci, il feroit bon d’avoir un ballon un peu plus confidérable dont l'effet & la durée répondiffent au but qu'on fe feroit propolé, Voilà, Monfieur, le chalumeau dont je me fers depuis quelque tems fans la moindre fatigue ni le plus léger inconvénient & toujours avec une nouvelle fatisfaction : je fouhaite de tout mon cœur que le Public le recoive avec le même plaifir que celui que j'ai à le lui préflenrer. J'ai l'honneur d'être, &c. DOUTES SUR QUELQUES INCONVÉNIENS Attribuës par M. LAvoisiER à@ l'emploi du Phlogiftique pour l'explication des phénomènes de la nature, dans des Réflexions fur le Phlopiflique ; imprimees dans les Mémoires de l’Académie Royale des Sciences de Paris pour 1783 ; Par JEAN SENNEBIER, Bibliothécaire de la République de Genève, 7 I L eft impoffble de s'occuper de Phyfque fans avoir recours à des êtres que la raifon eft forcée d'admettre, quoique les fens ne puiffent pas les lui démontrer; tels font les Auides magnétique, igné , nerveux; telle eft uc - être auffi la caufe méchanique de la pefanreur ; tel fera de même le phlogiflique. I eft fans doute dangereux d'employer gratuitement des êtres de ce genre. Mais fi on a des preuves de leur préfence, par- ce qu'on en a de leur énergie , conclueroit- on logiquement qu'ils n'exifent pas, parce qu'on ne les apperçoit pas agir © Les fpectareurs de l'Opéra croient au contre - poids & aux léviers qui mettent les déco- rations en mouvement, quoiqu'ils leur foient fcrupuleufement cachés. 94 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, Dès qu'on fe livre à l'étude de la Chimie, on voir bientôt qu'il ya une foule de faits différens en apparence qui paroiflenc tous dépendre plus ou moins direétement dune même caufe ,,la calci- nation des métaux , la refpiration , la combuftion , les fermenta- tions, &c. On a vu long -tems ces faits ilolés , parce qu'on les voyoit fans les analyfer. Srahl les pénétra avec l’œil du génie, & Stahl publia de nouvelles loix de la nature; cependant il faut le dire, Stahl n’en vit pas tous les titres. Les Chimiftes qui lui fuccédèrent varièrent plus ou moins fes idées fur le phlogiftique ; mais ces deux belles & fortes colonnes fur lefquelles repofe la Chimie reftent rou- jours debout depuis qu'il les a élevées ; le phlogiftique eft un être identique , & l'on ne peut douter de fa prélence ou de fon abfence dans les corps quand il en fort & quand il y entre. Stahl , il eft vrai, s'eft trompé dans fes idées fur la nature du phlooiftique ; des hommes juftement célèbres fe font encore trompés fur le mème fujec ;- mais fi l'on ne peut parler fur la nature intime de l'air qui nous touche fans adopter des opinions différentes & fans craindre l'erreur , fera-t-on furpris que l’on fe foit égaré quel- quefois en parlant du phlosiftique qui échappe à tous nos fens. Entraîné par des Chimiftes du premier ordre, j'ai répété leurs erreurs fur la neture du phlogiftique dans quelques mémoires qui ont paru dans ce Journal; mais après y avoir mieux penfé, je changeai d'opi- nion dans le troifième Volume de mes Mémoires phyfico-chimiques , page 225, & au lieu de définir le phlogiftique comme j’avois faic précédenment , je pris le-feul parti qui me parût poflible, je me bornai à décrire quelques-uns de fes principaux effers. Je perfévère dans les idées que j'avois alors, & j'appèle toujours le phlogiftique cet étre qui s'échape du foie de Joufre , qui fubit une nouvelle combinaifon dans ù les métaux calcinés, & qui fe trouve néceffairement dans Les corps em- ployés à la réduétion des chaux métalliques. Je ne regarde donc point comme le phlogiftique pur la lumière ; l'éleéricité, l'air inflammable, parce que le phlogiftique y entre feulement dans leur compofition, comme je l'ai fait voir & comme je le montrerai avec de nouvelles preuves pour l'air inflammable, En excluarit donc coujours les idées de lumière d'électricité & d’air inflammable , quand j’employerai le mot phlogiflique , je raifonnerai fur cet être d’après la defcriprion que j'en ai donnée, comme on raifonne fur le flurde igné , fur la bafe de l'air vital & fur le principe charbonneux dont on fe contente de décrire quelques effets fans s'embarraffer de les définir. IL eft bien évident que fi par le moyen de l'air vital confidéré ‘comme composé du principe oxygine & de la matière du feu , on ex- plique tous les phénomènes de la Chimie, & on les explique mieux que par le moyen du phlogiftique , il faut admettre la nouvelle doc- SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS, o$ trine & profcrire l’ancienne ; mais peut-on prendre ce parti avant un examen févère? La méthode des exclufors eft en Phyfique une méthode excellente pour eftimer la fupériorité d'une ôpinion fur une autre ; on compare leurs moyens pour rendre raifon des faits, on voit ces faits découler plus ou moins facilement des principes admis, on juge la force des liens qui uniffent les conféquences à l'idée d'où elles fonc tirées ; mais quelle balance exacte, minutieufe, fidelle peut pefer ces différences ? Quelle jufleffe dans la main qui la tiendroir & dans l'œil qui en füivroic les mouvemens? Quoique la nouvelle doctrine fubfti- tuée à celle du phlogiftique foit appuyée fur les expériences les plus in- génieufes & les plus exactes, quoique leurs conféquences foient très- propres à féduire ; on ne peut cependant quitter une opinion dont on ne démontre pas l’ab/urdité fans fe mefurer avec des doutes qu'il n’elt pas toujours aifé de réfoudre, J'obferve d’abord que fi la démonftration de la pefanteur d’un corps éroit néceflaire pour perfuader fon exiftence, il elt évident que ceux qui croient l'exiftence de la lumière , des fluides électriques & ignés feroient obligés d'anéantir ces êtres dont on ne peut démontrer la pefanteur : par conféquent l'impoflibilité de démontrer la pefanteur du pblogiftique ne fauroit être unë preuve de fon néant. Si la vraie théorie du phlogiftique étoit contenue dans l'excellene Dictionnaire de Chimie de Maquer , on ne pourroit renverfer certe théorie fans renverfer celle du phlogiftique ; mais il y a long - tems qu'on s’apperçoit que cette théorie eft incompletre, & il y a long-tems que la plupart des Chimiftes Italiens, Allemands, Suédois & Anglois en ont adopté une très- différente. Les Chimiltes attachés à l’ancienne dodrine reconnoiffent aflez gé- néralement, que le pAlogiflique a les plus grandes affinités avec l'air pur , que l'air pur ef? le corps avec lequel le phlopiflique.fe combine par préférence auffi- tôt qu’il le peut, & que le refultat le plus ordinaire de l'union de l'air pur avec le phlogiflique efl l'air fixe. Ces idées font fondées fur diverfes expériences très - concluantes , elles ont été variées de mille manières, & elles paroiflent pouvoir repoufler les doutes; ce- pendant en ne regardant ces idées fondamentales de la théorie du phlo- giftique que comme aufli probables que celles qui fervent d'appui à la nouvelle doétrine , il me femble qu'il eft poflible de diffiper les incon- véniens qu'on trouve dans l’admiflion de cette théorie du phlogiftique, Dès lors l'augmentation du poids dans les corps calcinés feroit elle inconcevable ? 1] me paroît qu'on peut voir fans inconvéniens le phlo- gifique ; ce gaz infiniment fubtil & toujours combiné , abandon- nant les corps donc il fait une partie , lorfqu'il en trouve un autre avec Jequel il a plus d’affinité ; c’eft ainfi quil s'unit à l'air pur pendant la calcination , & qu'il forme avec lui l'air fixe qui fe combine étroite- _ | 96 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, ment à fon tour avec la partie calcinée du métal. Le phlogiftique en: chaîne donc avec lui l'air pur, & ils prennent enfemble la formed'airfixe ; mais comme cet air pur a une pefanteur reconnue , il communique par ce moyen à la chaux métallique un poids qu'elle n'avoit pas avant fa calcination, de forte que le poids de la chaux métallique eft exaûte- ment égal au poids du métal & à celui de l’air pur que le phlogiftique y a enchaîné avec lui fous la forme d'air fixe, Les preuves de cette opi- nion me paroiflent aflez folides. Toutes les chaux métalliques hors celles d'or , d'argent & de mercure fourniflent au feu de l’air fixe & de l'air pur, qui eft peut-être une partie du refte de l'air fixe dé- compofé. Les métaux calcinés en détonant avec le-nitre fourniflent aufli de l'air fixe avec de l'air pur, mais il faut remarquer que l’al- kali du nitre eft cauftique, ce qui ne pourroit être fila chaux mé- tallique n’avoit pas abforbé l'air fixe produit pendant la détonation. Les chaux métalliques ont une telle affinité avec l'air fixe, que lorfqu'on précipite une difflolution métallique par un alkali aéré, l'alkali eft cauftique, & la chaux a plus de poids que fi elle avoit été précipitée par un alkali cauftique. Les diffolutions de fer par un acide font pré- cipitées par l'air pur qu'elles abforbent, & la chaux précipitée fournit de l'air fixe, qui eft produit par l'union de cet air pur avec le phlogif- tique que le métal diffous confervoit encore. La litharge privée d'air fixe le reprend à l'air. MM. le Comte de Morozzo, Prieftley, la Mé- thérie, Piétet ont calciné le plomb , l’étain, le mercure dans l'air fixe, & M. Pier a fait ces expériences avec un appareil qui ne laiffe aucun foupçon fur la pureté de l'air fixe pendant tout le tems de l’expé- aience, L’exiftence de l’air fixe dans les chaux métalliques eft-elle im- pofible ? leur affinité avec l’air fixe eft.elle improbable? Ne peut-on pas conclure que l’airfixe ou le phlogiftiquecombiné avec Pair pureft la caufe de l'augmentation du poids que le métal reçoit pendant la calcination ? La réduction des chaux d'or, d'argent & de mercure faires fans ad- dition dans des vafes clos ne me paroît pas plus impoflible dans ce {yltème ; l'air fixe contenu dans ces chaux fe décompofe, le phlogif- tique de l'air fixe qu’elles renferment fuffit à leur revivification. La dif- férence du feu dans la calcination & la réduction de ces métaux , la na- ture particulière des métaux & des chaux expliquent ces particularités, On fair que le précipité per fe fe réduit en le faifant, (i l'on n'eft pas attentif à graduer le feu qu'on emploie. La chaux d’argent précipitée ar un alkali aëré ne rend pas en fe réduifanc l'air fixe qu'elle a pris à lalkali, mais feulement l'air pur qui eft un de fes compofans. Donc ce n'eft pas gratuitement que j'en conclus que la chaux a été revivifiée par le phlogiftique reuni à l'air pur qu'elle avoit confervé. Mais que fe pafle-ct-il quand on mêle l'air nitreux avec l'air dé- phlogiftiqué ? Quand l’acide nitreux eft formé par le dégagement du phlogiftique SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 07 phlogiftique furabondant, que devient ce phlogiftique ? Il ett évident que fi les quantités de l'air nitreux & de l'air déphlogitiqué font telles que ce dernier puiffe abforber le phlogiftique furabondant , qui change l'a- cide nitreux auquel il eft joint en air nitreux , on aura l'acide nitreux reproduit, plus l'air fixe formé avec le phlogittique furabondant qui s’eft combiné avec l'air pur. Cet acide nitreux régénéré par la privation qu'il éprouve fubitement de fon phlogiftique furabondant reprend peut - être une partie du phlogiftique qui n'aura pas été bien combinée avec l'air pur. Peut-être aufli fe forme-t-il un nouvel acide nitreux par la modification particulière que doit alors recevoir l'air fixe dans Ja combinai- fon fingulière de cet air fixe avec l'air pur & le phlosiftique. Les expériences de M. Thouvenel fur la formation de l'acide nitreux rendent au moins ces idées très-probables. Enfin fi l'air fixe produit pendant l'union de l'air nitreux avec l'air déphlogiftiqué ne trouble pas toujours l’eau de chaux , cela peut arriver , parce qu'il y a fufifamment d'acide nitreux pour former avec la chaux un nitre calcaire qui s’oppofe à la précipitation de l’eau de chaux par l'air fixe, La doctrine du phlooiftique expliquera-t-elle de même fans abfurdité la combultion du charbon dans Pair pur? Jeconviens d’abord que le vafe fermé où la combuftion s’eft opérée conferve le même poids qu'il avoit auparavant, & qu’il n'y a d’autres changemens que dans les cendres pro- duites , l’eau vaporifée hors du charbon & l'air pur changé en air fixe par le moyen du phlogiftique du charbon. Je puis me tromper, mais dans ce cas le phlogiftique dont j'ai parlé n’elt-il pas un être aufi digne de confiance que le principe charbonneux ? Nos relations font -elles plus étroites où plus inftructives avec l’un qu'avec l'autre ? L'air fixe ne peut il pas être aufli bien l’enfant de tous les deux ? Etc fuivant l'obfervarion judicieufe de M, de la Métherie le principe charbonneux ne feroit-il pas le phlosiftique fous un autre nom ? Seroit - il poffible de dire que le phlosiftique entendu de cette ma- nière für une matière pefante & non pefante , s’échappant hors des vaif- Jfeaux & ne pouvant s'en échapper? Ne paroît-il pas au contraire fous différentes combinaifons enfermé dans les vaifleaux avec les matières dans lefquelles il étoit d’abord, & comme il eft toujours lié à une bafe, eft-il imaginable qu'il forçât les parois du verre ? Je n’admets pas mieux deux e/pèces de phlogiflique pour la réduc- tion des chaux méralliques , car fi les chaux d'or, d'argent & de mer- cure font réduites dans les vafes clos fans addition par le moyen du phlogiftique de l'air fixe ; il eft clair que le même phlogiftique qui forme toujours l'air fixe les aura réduites; mais il me femble que cela eft affez staifemblable , quand on voit l'air pur s’échapper de la chaux du mer- cure, de l’or & de l'argent pendant leur réduction, au lieu de l'air fixe qui y étoit entré lorfque ces métaux fe calcinoient, Tome XXX, Part. I, 1787. FEVRIER. N 98 OBSERFATIONS SUR LA PHYSIQUE, Les autres chaux métalliques ne peuvent être réduites que par l'addi- tion du phlogiftique des corps phlopifliqués qui le perdent en le leur donnant, parce que ces cheux ont perdu plus de phiogiftique que l'air fixe qu'elles contenoient ne pouvoit leur en rendre, foic parce que le phlogiftique s’en échappe peut-êtie avec plus d'abondance qu'il ne peut s’en combiner d’abord avec l'air pur dans la partie calcinée, foit parce la partie qui n'eft pas d'abord parfairement calcinée.a peut - être alors moins d’afhnité avec l'air fixe, foit enfin parce que la chaux ne raf- femble plus vout le phlogifique que le mécal contenoit avant la cal- cination ; toutes ces chaux néanmoins font réduites par le même phlo- giftique que les chaux d’or, d'argent où de mercure , puifque l'air phlo- giftique réducteur produit pareillement l'air fxe avec l'air pur qui s'é- chappe de la chaux pendant leur réduction. Ainfi donc la 1 éme çaufe a toujours dans les mêmes cas les mêmes eflers , & les mêmes effets ont conftamment les mêmes caufes, Mais fi l'on réduit les chaux métalliques avec du charbon, n’a-t-on pas, après la réduction, le métal avec une quantité d'air fixe égale à l'air pur chaflé de la chaux métallique & au principe charbonneux qui - s’eft échappé du charbon pendant la combuftion£ Par conféquent dans la théorie du phlogiftique les chaux métalliques ne font-elles pas ré- duites avec rez, & le phlogiftique n’eft-il pas un être plaifant qui auroit à volonté du poids ou. qui cefleroit d'en avoir ? J'obferve que dans certe théorie du phlogiftique , les chaux métalliques ne contiennent pas feulement de Pair pur, mais de l'air fxe qui eft.un compofé d'air pur & de phlogiftique, 2°. L'air pur qui s'échappe hors de la chaux métallique après la décompofition de l'air fixe, redevient air fixe en s'uniflant au phlogiftique du :charbon qui ne fert pas à la réduction du métal, 3°. L'air fixe n’eft qu’une partie du poids du charbon & de l'air pur, puifque la petite quantité des cendres qui reftent a un poids, puifque la vapeur aqueufe qui s'élève du charbon a un poids, puif- que l’eau qui eft une partie conftituante de l’air fixe formé a auñli fon poids. 4°. Enfin labforption de l'air inflammable du charbon par les chaux métalliques réduites par ce moyen au foyer d’une lentille montre clairement , comme M. Prieftley l’obferve | que la réduétion des chaux métalliques ne fe borne pas à une fimple évacuation d’air pur , mais qu’elle exige encore läbforption de l’air inflammable , ou fuivant mes idées , celle du phlogiflique pur qui lui eft fourni par la décompofition de Fair inflammable alors brülant. $°. Qu'il me foit permis d'ajouter que comme la pefanteur du phlogiftique n'a pu encore s’eftimer , je peux bién conclure qu'il eft impofhble de dire que le phlogiftique foit un être pe- fant & non pefanr , & par conféquent aucun Chimifte ne fauroit lui affi- gner ni lui ôter du poids quand il-en parle. Le ridicule me lemble avoir été un peu trop l'arme employée pour SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS, 99 anéantir le phlogiftique. Peut - être m'en laiflé-je impofer: mais j'avoue que je ne trouve pas ce phlogiftique plus ridicule que la nouvelle deétrine , ou plutôc je crois que dans tous les cas ni l'un ni l’autre ne peuvent être ridicules aux yeux du Philofophe qui pèle de fang froid les opinions, & du Philofophe fenfible qui refpecte l'amour - propre de ceux qui fe trompent, en diffipant leurs erreurs. Finiflons ; vous calcinez du mercure dans Pair pur, cet air pur eft abforbé jufqu'à la dernière goutte: fi l’on interrompt l'opération, l'air pur eft trouvé aufli pur qu'avant la calcination , où eft donc le phlogiftique? qu’eft- il devenu ? Com- ment n'a-t-il pas gâté l'air? Raflurons- nous : ce phlogiftique exifte; il exifte heureufement à fa place au moment où il rend à fe féparer du métal; s'il trouve l'air pur, il fe combine avec lui & il forme l'air fixe que la chaux métallique s’approprie à mefure qu’il fe forme. Il n’eft donc pas étonnant que dans ce cas l’air où cette calcination s'eft opé- rée ait confervé fa pureté, puifque la chaux renferme tout ce qui auroit pu le falir; mais ce phénomène ne fe préfenre pas de la mêrne manière guand-on calcine du fer où quelqu'autre métal que l'or, l'argent & le mercure. Concluons donc encore une fois que cet air fixe porte avec lui le phiogiftique néceflaire anx réductions fans addition , que le phlo- giftique ne pale pas au travers des vaiffeaux , quand la chaux fe forme & qu'il n'y refte pas pour la revivifier par des parties qui n’exiftent pas pour lui, ou dont il n’a pas befoir, Je ne m'arrête pas ici à difcuter d'autres prétendues abfurdités at- tribuées à la doëtrine du phlogiftique qui n’eft pas toujours celle de Maquer; mais je crois qu'il ne fera pas difficile de faire voir que la théorie du phlogiftique peut être auf générale & aufli (olide que la nouvelle doétrine , & qu'il y a peut-être plufeurs faits expliqués par la première qui me paroiflent infolubles dans la feconde ; je ne négli- gerai pas sûrement ce travail fi néceflaire pour mon inftruétion, & fi je parvenois à faire ainfi la comparaifon des deux théories avec affez d'impartialiré & d'une manière convenable, fi je pouvois ÿ joindre quel- ques expériences lumineufes, ce travail fourniroit les pièces néceflaires à la décilion de cette controverfe importante. . Je n’ajoute qu’une feule réflexion, La nouvelle doétrine me paroît l'appui & le complément de l’ancienne ; leur union forme peut- être un fyflême moins fimple en apparence , que chacune de ces théories prifes féparément> mais la fimpliciré de la nature ne confifte pas à diminuer fans raifon le nombre des êtres qu'elle emploie, elle brille par Pufage rigoureux des feuls moyens néceflaires à fes fublimes vues. 3 4e Tome XXX, Part. I, 1787. FEVRIER. N 2 EVE TIRE D°E "MD E tJ ON PIPL LE" . A M DE LA MÉTHERIE: Sur un Infirument propre à mefurer l'inclinaifon des couches de la terre. Monsreur: Tout ce qui eft'utile aux arts & aux fciences ef accueilli dans votre Journal. Si vous croyez que l’inftrument que j'ai l'honneur de vous pré- fenter puille l'être, je vous y demanderai une place pour lui, Ilef propre à mefurer l’inclinaifon des bancs ou couches he montagnes ; opération effentielle à ceux qui étudient leur formation. Elle doit précéder , étant répétée dans un grand nombre de pays différens, toute théorie de la terre , tout fyflême géologique : elle doit précéder aufli toute defcriprion minéralogique, Les voyageurs l'ont pourtant beaucoup négligée. Plufieurs autres opérations non moins néceflaires Font été aufli. Il faut moins attribuer le défaut d'exacitude qu'il en réfulte à l'impéritie des obfer- vateurs, qu'à la difficulté de porter fur les montagnes des inftrumens lourds & embarraflans , & de faire avec eux des opérations longues, qui font perdre un tems toujours trop court, à caufe de celui qu'on emploie à monter & à defcendre. La Minéralogie fera des progrès plus rapides lorfqu’on aura fimplifié & rendu portatifs les inftrumens qui lui fonc néceffaires. En y travaillant on doit fe dire qu'on ne peut faire qu'à pied de bons voyages minéralogiques, & que par conféquent tout ce qu'on doit porter pour bien obferver doit être léger, point embarraffant , d'un ufage facile & sûr, autant qu'il foit poflible. C’eft d’après ces principes que j'ai imaginé mon inftrument. Il eft compoié , fo. 1 , de fept morceaux de bois de noyer, qui tenus raffemblés: & contenus par douze chevilles , repréfentent la fe. 2. Les deux pieds AB, AC, joints en équerre en À, s'appuyent fur le banc dont on veut mefurer l’inclinaifon ; & le fil à-plomb À D marque fur les pièces EF, FG & GE, le degré de cette inciinaifon , d’un côté ou de l’autre du zéro qui marque l'horifon. On fent que ces trois pièces ont éré graduées par les rayons , qui partant du point À , ont été fe terminer à la demi-cir- conférence dont elles font les conducteurs. Cec inffrument eft commode dans le tranfoort & dans l’ufage. Brifé- eu fept morceaux que j'enferme dans un fac de peau , il vient fort peu: de: .SUR L'HIST. NATURELLE ÆET LES: ARTS. 101 place dans ma poche. Pour m'en fervir je n’ai qu’à chercher un endroit un peu uni fur le banc incliné ; & en y appuyant les pièces B & C, le fil tendu par un plomb pefant à peu-près une once , me défigne l'incli- naifon à droite ou à gauche du o jufqu'à 90°, qui eft le point de la verticale. Lie -poids du plomb empêche que le ventne le fafle jouer. . Ces avantages m'ont paru manquer aux inftumens dont on fe fert depuis long-tems dans la géométrie des mines. Ceux que M. de Genfanme a-décrits, (voy. Géométrie fouterraine, Planche I, fig. AB, & Plan- che II, fig. 4 & 5 ) préfentent plufeurs inconvéniens. Le premier & le fecond font fautifs, parce que le demi-cercle qui en eft la pièce principale, coule fur le cordeau , dans les inclinaifons qui approchent de la perpen- diculaire , & parce qu'ils préfentent une trop large face au vent , qui par certe raifon les fait vaciller. Le premier & le troifième font embarraflanis à caufe du trepied dont ils font munis , & le fecond eft gênant à caufe du cordeau , tendu fur des clous qu'il faut ficher dans le roc, Je fuis, &c. MÉMOIRE Dans lequel on fe propofe de faire voir que les Wéficules féminales ne fervent point de réfervoir a la femence féparee par les tefhcules ; on y établit un nouveau réfervoir de cette liqueur , & l’on affigne un nouvel ufage aux Wéficules ; Par M. J. À CHAPTAL, Profeffeur de Chimie des Etats- Généraux de Languedoc, Infpeéteur honoraire des Mines du Royaume , des Académies Royales de Montpellier, Dijon , Touloufe, Milan, Turin, Nifmes, 6e, &c. &c. Lox a regardé jufqu'ici les véficules féminales comme des réfervoirs deftinés à contenir la femence féparée par les refticules , jufqu'au moment de fn émiflion. Cette opinion a été autorifée du fuffrage unanime des Médecins de tous les fiècles : Hippocrate avoit déjà quelques notions de ces véficules & de leur ufage. | La femence, nous dit-il, fe trouve de chaque côté de la veffie urinaire comme dans un rayon de miel, & de-là partent des caraux qui vont Souvrir dans la verge de chaque côté de lurètre. C'eft La traduction fidèle du texte original, Depuis ce père de la Médecine l'on a perfeétionné les connoiffances ïo> OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, anatomiques; mais la connoiflance des fonétions & des ufages des parties n’a pas marché dans la même proportion. Nous allons en donner un exemple. | Pour mettre de l'ordre dans cette queftion , nous diviferons ce Mémoire en trois parties : dans Ja première , nous'ferons voir que ‘les véficules féininales ne fervent! point de référvoir à la femence féparée par les tefticules : dans la feconde, nous indiqüerons le vériranle réfervoir de cetre liqueur, & dans la troifième!, nous ferons connoître le nouvel ufage des véficules féminales. - PREMIÈRE PARTIE. Les: véficules Jéminales ne fervent point de réfervoir à la femence “hs Jéparée par les teflicules. Pour parvenir à la connoiflance d’une fonction dans l'économie animale, c’eft peu que de s’en rapporter à quelques recherches parricu- ‘Jières fur l’homme, l’anatomie comparée nous offre un moyen plus étendu pour y arriver. Car, sil eft vrai, comme l'obferve judicieufement le Pline françois ; que les êtres qui-habitent ce globe ne different entreux que par des nuances prefqu'imperceptibles , il eft encore plus vrai que l’ufage des parties correfpondantes fe rapproche par l’analogie la plus exacte & la plus frappante. L'on voit fouvent en grand dans l’animal des parties que la nature n'a que foiblement ébauchées dans l’homme ; les travaux de M. Daubenton ont faic faire un grand pas aux connoiffances anatomiques & phyfologiques, & nous efpérons de M. Vicq-d'Azyr de voir bientôt toutes ces parties pottées à leur perfection. Le premier principe que je pofe eft que les véficules féminales ne fervent de réfervoir à la femence dans aucun animal connu. Pour démontrer cette propofition , je divife les animaux relativement à mon objer, c’eft-à-dire, en ceux qui font doués de véficules féminales, & en ceux qui en fonc privés (1). (x) Cette divifion me paroît d’autant mieux fondée, que je crois qu’il y a autant d'animaux privés de véficules que de ceux qui en font pourvus. Je rapporterai les réfüultats des difledtions que j'ai faites des animaux que j'ai pu me procurer, & la defcription de ceux que les circonitances ne m’ont pas permis d’examiner moi-même. Ces détails anatomiques , que je rendrai les plus fuccinés qu’il me fera poffible , ont un autre mérite que celui de fervir de preuves à mes idées , c’efl celui d'étendre les bornes de l'anatomie comparée : & c’efl pour cetfe dernière raifon que j’y joints la delcription des parties de la génération des animaux qui manquent de véficules , & chez lefquels lon voit évidemment que la nature a affefté un autre réfervoir pour la femence. & SUR L'HIST. NATURELLE ETLES ARTS 10% SECTION PREMIÈRE. Animaux fans véficules Jéminales. 1°. Le Chien. . Les tefticules dans le chien offrent peu de particularités, Le cremafter et formé per une continuation des fibres mufculaires du ,mufcle perie oblique du bas-venrre. Le faifceau de fibres qui fe détache de ce mulcle conferve fa nature mufculeufe jufqu'à la queue de l’épididyme, ilcon- tracte avec cette/partie.une adhérence, fi forte qu'il efk impoflible de‘l’en détacher , il dégénère en une expanfion aponévrotique qui recouvre-courè la, furface du teflicule, mais ne forme aucune adhélion.avec-li menibräne qui {e trouve par deflous, de façon que par une incilion faite fur la furface convexe du, tefticule on peut replier cette membrane jufqu'à la queue de l'épididyme, où nous avons dir qu’elle adhéroit fortement. L'ufage de la portion mufculeufe comprife entre le mufcle oblique & l'épididyme fe préfente naturellement; dans un: chien nouvellemene égorgé fi l'on irrite ce faifceau mufculeux, l’on faitrentrer le-refticule!dans le bas- ventre: ainfi fa contraction doit déterminer dans le coït une exprefion vigoureufe de la feménte conrenue dans les tefticules. .. Lescanaux déférens dans leur trajet , ne préfencent rien de particulier, ils s’approchent en convergeant du col de la veffie urinaire où ils paroiflent fe réanir, & ils finiflent par n'être féparés que par un tiflu cellulaire intermédiaire; vers jcet endroit ilsoffrent un renflement très-confidérable relativement. au efte de leur majec ce renflement quisimite aflez bièir une olive ou mieux encore Le corps d’un fufeau dont les extrémités représ fenteroient la partie fupérieure & inférieure des canaux déférens a un diamètre ä-peu-près triple de celui du refte des canaux. Après ce renfle- mentiles canauxdéférens reprennent leur volume primitif, ils marchenc parallèlement l'un à autre ; percent l’urèthre en s’infinuant comme dira la glande proftare , &:vonc s'ouvririaux parties ‘latérales ‘du serhrnontai num ; fans contraéter aucune communication avec Iquelque Corps que CE foit. L'ouverture derces canaux r'eft point fenfible à l'œil; j'ai mille fois tenté de faire pafler une {oye des canaux dans l’urèthre , mais’ tohjours inutilement; un obftacle que je fentois vers le verumontanum's oppoloit au pañlage, & c'évoit vraifemblablement quelque bourelet où fphéet qui m'offroit cette réfiftance ; je n'ai pu découvrir ces ouvertures que par les compreflions que j'ai faites fur les telticules, & de proche-en proche far-rour le trajer dès canaux déféfens, par ce Moyen je! faifois fortir l'humeur feminale ; & je voyois l'endroit pat où éllé s'échappoir. P Sur les côtés du vefumontanum lon voit nombre de corps blan- châures de [a circonférence d’une tête d’épingle , qui reflemblent à de 4 84. OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE ; petites écailles; la cavité de l'urèchre, plus grande dans cet endroit qu'ailleurs permet que ces corps, quoiqu’aflez nombreux , foient féparés Pun de l’autre par un intervalle aflez confidérable : la première fois que j'ai vu ces corps, je n’ai point vu quel pouvoir être leur ufage , mais je n’ai pas tardé à l'appercevoir ; en comprirmant les glandes proftates j'ai vu fortir de deflous ces perites écailles vers la partie antérieure une humeur blancharre & gluante, & par des obfervations répétées, je me fuis convaincu que ces corps n'étoient que des chapiteaux où des écailles qui recouvroient les orifices excréteurs des tuyaux de la proftate : certe écaille doit être confidérée commeun couvercle qui permet à la liqueur proftarique de fortir , mais qui s’oppofe à l'entrée de toute humeur étrangère, Les proftates ne préfenitent en élles-mêmes tien de particulier ; ce font deux corps adoflés l'un contre l’autre; qué le fcapel peut défunir , & qui n’ont aucune communication, puifqu'en comprimant un côté l’on ne voit jamais fortir l’humeur que du côté comprimé. En les partageant longitudinalement, on ne diftingue qu'une f$anifation qui paroît con- fufe, parce que l'œiline fuffit point pour ef faifir la ftrudure & en développer Le mécanifime, 15951161 3 4 ro te Chat. Dans le chat es parties de la génération relatives à mon objet ont .à-peu-près la même ftruéure que dans le chien: Comme eux ils n’ont point de véficules féminales , & les proftates ont la même fituation, la même forme & la mème ftructure. Le diamètre des canaux déférens s'élargit derrière Le col de la veñlie urinaire. Ce renflement eft très- marqué, 3°. Le Renard, Un renard que j'ai eu occafon de difléquer m’a prélenté la même conformation dans fes parties de la génération que le chien, avec cette feule différence qu’ellés m'ont paru d'un volume beaücoup moindre relativement aux groffeurs refpectives de ces deux animaux. Ileft bon d’obferver que le renard que j'ai difléqué, & qui m’avoit été envoyé des montagnes .du Gévaudan , avoit une cicatrice de trois ou quatre lignes au fcrotum du côté droit, & que le tefticule étoit comme defléché ; le canal déférent de ce même côté ne me parut point différer de l’autre. 4. Le Loup.” J'ai difléqué un loup. qu'on m'aflura n’être âgé que de dix mois, &c qu’un mendiant avoit toujours conduit avec lui, jufqu à ce qu’un fentiment inné d'indépendance & de férocité qui fe développa dans cet animal, xendit fa fociété fufpecte & dangereufe, & força le conducteur à s'en défaire, SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS, 110$ défaire. Dès que j'en fus propriétaire, je lui fis prendre un gros de fublimé corrofif bien mêlé avec de la viande hächée, cet animal fue violemment purgé , & le furlendemain il fe portoit à merveille ; il eut ‘au commencement de grandes envies de vomir. Les parties de la génération m'ont paru différer très-peu de celles du chien & du renard, mais elles font bien moins volumineules que celles d'un chien beaucoup plus petit , les proftates font plus féparées & plus petites. Le renflement des canaux déférens eft aflez confidérable. 5°. Le Blaireau, la Loutre , la Fouine, le Furet, la Belette; lHermine, l'Ecureull, &c. Comme je mai pas pu me procurer ces animaux,,-j’ai recueilli dans M: Daubenton les principaux traits qui ont un rapport direét à ma quettion. « Le gland de la verge du blaireau avoit une figure approchante de la » cylindrique : fon extrémiré étoit applatie & avoit la forme d’une » cuiller, la concavité fe trouvoit en deflous, & l'orifice de l’urèthre » étoit au milieu; les bords de cette concayité formoient une efpèce de >» bourelet cartilagineux & adhérent à un os qui s'étendoit jufqu’à >» l'infertion du prépuce ; la partie poftérieure du gland éroit ‘parfemée de >» glandes de la groffeur d'un grain de millet qui fe couchoient les unes » les autres ; il y avoit deux cordons collés l’un contre l’autre fur le côté » inférieur de la verge, ils s’épanouifloient dans le prépuce par l’une de » leurs extrémités, dans les mufcles de l’anus par l'autre extrémiré. Les » tefticules avoient une figure ovoïde applatie, leur fubftance vafculeufe » étoit ‘aflez diftinéte pour que l’on enttirât de longs filets: la veñie » formoit ün ovoïde, les canaux déférens abourifloient:à l’urèthre fans > qu'il parüt aucun veftige de véficule feminale , ni de proftare, &c, >» Les canaux déférens de la loutre avoient peu de longueur, & les » tefticules éroient fort petits; ils avoient au-deffous un noyau longitu- » dinal, je n’ai vu ni proftates ni véficules féminales. » Les refticules de la fouine étoient petits, & l’épididyme ne: formoie » point de tubercule à l’exrrémité poftérieure des tefticules, leur fubftance > intérieure étoit jaunâtre ; ils avoient une forme ovoïde applatie , celle » de la veflie étoit allongée, je n'ai trouvé ni véficule féminale ni > proftare : j'ai feulement apperçu quelque portion de fubftance glan- >» duleufe près de l'infertion des canaux déférens dans l’urèthre », On peut confulter Couper & Perault pour les autres animaux, 6°. L'Ours, le Raton, Le raton, Urfus cauda oblongata. Linn. « IL y avoit fous la verge, dit M. Daubenton, deux cordons tendi- » neux aflez gros qui aboutifloient à lPanus ; la veflie reflembloit à un Tome XXX, Part, 1, 1787: FEVRIER, O Le 106 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, » œuf pour là forme, les refticules étoient prefque ronds , leur fubftance » intérieure avoit une couleur jaunâtre & un axe au milieu ; j'ai tiré de » cette fubftance avec la pince de longs filamens, les canaux déférens » étoient fort petits fur la plus grande partie de leur étendue , mais ils » étoient au contraire fort gros fur Ja longueur d’un pouce & demi près » de la veflie ». I paroîe que cette portion des canaux déférens tenoit lieu des véfi- cules féminales, L'ours manque aufli de véficules, comme on peut le voir dans les Mémoires de l'Académie pour l’année 1729. 7°. Le Lion, le Tigre, lu Panthère , le Léopard , &c. Ces animaux manquent abfolument de véficules féminales , comme nous le démontrent les defcriptions de MM. Tyfon , Perault , Daubenton, 8°. Les Jlimacons, felon Lifter , les écrevifles, felon Roelel, les vipères, felon Tyfon, les falamandres & les oies, felon Harder, manquent auf de véficules , & les canaux déférens s'ouvrent immédiatement dans Yurèchre, Je ne garantis point la vérité de ces obfervations, parce que je n’ai pas pu les vérifier. Û SECTION SECONDE. Animaux avec véfrcules féminales. Les parties de la génération des animaux doués de véficules féminales nous préfentent encore des variétés qui donnent lieu à la divifion que nous allons établir : il en eft , (& c’elt le plus grand nombre) chez qui les canaux déférens n’ont aucune communication avec les véficules , ils vont s'ouvrir dans l’urèthre à côté des deux orifices des conduits des véficules féminales, mais ils n'ont aucune communication avec ces derniers : il en eft d'autres, (& l'on n’en compte que deux ou trois } chez qui les canaux déférens communiquent, à la vérité, avec les véli- cules, mais cette communication eft faite de telle façon qu’elle nous démontre évidemment que la nature n’a pas eu deffein de l’établir pour que les canaux déférens dépofaffent dans la véficule l'humeur qu'ils apportent des tefticules. Nous allons voir en premier lieu quels font les animaux doués de vélicules dont les canaux excréteurs n’ont aucune communication avec ceux des déférens, { 1°, Le Taureau. Dans le taureau les parties de la génération qui ont du rapport à mon fujec ont la plus parfaite refflemblance , au volyme prés , avec celles de l’homme, l’on n’obferve que quelques différences relatives à la forme & à la fituation, SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 107 Les canaux déférens ont à-peu-près crois lignes de diamètre , ils grofiffenc lorfqu'ils approchent de la vellie & des véficules féminales, & leurs parois augmentent de folidité en même-tems que leur capacité s’'aggrandit , après cela ils diminuent peu-ä-peu, & reprennent la forme qu'ils avoient auparavant, ils vont de cette manière fe gliffer entre les parois de l’urèthre & les proftares, s'infinuent dans les tuniques de ce canal, & vont enfin s'ouvrir dans fon intérieur l’un à côté de l’autre fans communiquer d'aucune manière avec Les vélicules ni avec leurs conduits excrétoires. Dans les animaux récemment égorgés dans les boucheries où j'ai fait ces obfervarions, j'ai trouvé les canaux déférens très-irritables , & en difféquant attentivement ces canaux, on doit y diftinguer deux membranes principales ; l’une externe , de couleur brunäâtre , recouverte d'un tifly cellulaire qu'il eft facile d'en féparer ; l'autre interne, formant dans l'intérieur des canaux des rides fort apparentes ; fur-tout dans cet endroic renflé qui fe trouve derrière Le col de la veflie, Ces membranes font féparées par une membrane intermédiaire du tiflu cellulaire, comme dans les artères, les inceftins. Si l’on ouvre longitudinalement ces canaux, & qu'on en comprime les parois , on en verra fuinter une humeur qui couvre bientôt d'un enduit muqueux toute la furface interne de ces parois. Les véficules féminales font extérieurement boffelées , longus de trois ou quatre pouces , placées der:ière la veflie, éloignées par leur bafe l’une de l’autre , mais fe rapprochant par leur pointe. Les parcis des véficules font fort épaifles , principalement vers le fond, Par la furface interne de ces parois fuinte continuellement une liqueur blanche qui peu-à-peu remplir toute la caviré. Ces vélicules qui forment une efpèce de cône ne font féparées vers leur col que par l’efpace qu'occupent les canasx déférens qui fe gliffent entre deux. Ces véficules dégénèrent infenfiblement cha- cune en un canal qui va s'ouvrir dans l'urèthre aux côtés externes des canaux déférens : il n'y a abfolumenc aucune communication entre les vélicules & les canaux déférens. Les parties de la génération du buffle & du cerf ne different point effentiellement de celles du taureau. Tous les Zootomiftes s'accordent à dire qu'elles n’en different que par leur petitefle. 2°. Le Cheval, Dans un cheval nouvellement égorgé dont je me fuis procuré les parties de la génération , j'ai été d’abord frappé de la groffeur qu’ent les canaux déférens derrière la veflie urinaire, ils reflemblent à un perit inteftin , & dans le refte de leur trajet ils font à-peu-près de la groffeur du petit doigt. L’épaifleur des parois dans ce renflement eft proportionnte à l'augmentation du diamèrre de la cavité , ces parois font fponaieules, Tome XXX, Part. I, 17987. FEVRIER O 2 108 OBSERFATIONS SUR LA PHYSIQUE, & le foufile y démontre une communication entre ces follicules; ce tiffu parenchymateux a été décrit par MM. Daubenton, Bourgelat , la Foffe, Virer, &c. Tous ont regardé ce tiflu comme parfemé de glandes qui féparent une humeur qu'elles verfent dans l'intérieur de la cavité par tout autant de conduits excréteurs. Cette liqueur ferc peut-être à entre- tenir dans la femence des telticules qui féjourne dans cet endroit la fluidité qui lui eft néceflaire, & peur-êtré à lui faire fubir quelqu'élabos ration qui la rend propre & la difpofe à remplir fa deftination. Le volume des canaux déférens diminue confidérablement vers le col de la velie urinaire, ils rampenc entre les véficules féminales, & vont s'ouvrir dans l’urèthre à côté des orifices des conduits excréreurs de ces velicules. * Les véficules féminales ont à-peu-près Ja même firuation que dans lhorame, mais Ja forme en eft différente , extérieurement elles ne font pas boflelées , elles ne contraétent nulle part des communications avec les canaux déférens; les membranes de ces vélicules font aflez épaitles , je n'ai pu y trouver aucun corps glanduleux , mais il s'y fait néanmoins une fécrétion , on ne peut en douter, puifqu'aucun conduit ne va s'ouvrir dans leur intérieur, & qu’on y trouve conftamment une humeur moins gluante que la femence telticulaire, mais qui en a la couleur. + Jé ne parlérai point della troiième véficule décrite par M. Bourgelat . & autres Zootemiftes, c'efl étranger à mon fujet , & je n’ai rien à ajouter à leur defcription. 3°. Le Rat, le Mulot, le Campagnol , le Cochon-d'Inde , &c, J'ai difféqué plufeurs rats de groffeur variée pour pouvoir prendre une idéé exacte de leurs parties, j'ai vu dans cet animal à-peu-près toutes les parties que l’on obferve dans l’homme. Le renflement des canaux - déférens derrière les véficules féminales s’obferve d’une manière mani- fefte. Les véficules font placées au col de la veflie, leur volume n'eft point en proportion avec celui des autres parties ; elles font exceflive- ment grofles , Aottent dans le petit baflin par leur bafe qui eftrecourbée, & forme comme une efpèce d’appendice que la ftruéture plus ferme & plus compacte diftingue du refte du corps des véficules ; la furface extérieure de ces véficules préfente des élévations , des renflemens réguliers , qui fe portent d'un des côtés de la véficule à l’autre ; ces renflemens grouppés laiflent entr'eux des efpaces confidérables, des inrerfetions nombreufes qui féparent l'intérieur des vélicules comme en tout autant de parties diftinctes. Le corps de chaque véficule va en diminuant de groffeur jufqu'à ce qu'elle dépénère en un canal qui va s’oavrir dans l’urèchre au côté éxterne de l’orifice du canal déférent fans communiquer en aucun endroit ni avec la véficule, ni avec fon’ canal. Pour évicer des répétitions, l’on peut voir la defcription du mulot , du campagnol , du cochon-d’Inde, dans les Zootomiftes qui en ont traité. "SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 109 Haller nous dit avoir obfervé que dans la marmote les véficules féminales n’ont aucune communication avec les canaux déférens. 4. L’Agouti, le Coati, le Caflor , &c. M. Daubenton, dans la defcription de l'agouti, s'exprime de la manière fuivante : ; « Les proftates étoient en partie glanduleufes & en partie vafculeufes ; >» on voyoit leurs petits vaifleaux qui formoient plufieurs circonvolutions; »il en fortoit une liqueur, elles communiquoient dans l'urèthre. Les » véficules féminales étoient fort longues, & compofées de vaifleaux qui » avoient une ligne de diamètre; ils éroient pelotonés par de grandes » cifconvolutions, & aboutifloient à un long pédicule qui communiqueit = dans l’urèchre près les orifices des canaux détérens & des proflates ; ces + Véficules contenoient une matière blanche ». Les canaux déférens n’ont donc aucune communication avec les véficules dans l’agouti , l’on peut confulter l’hiftoire du caftor dans les Mémoires de l’Académie pour l’année 1724. 5°. Le Lièvre. Vepfer, dans les Ephémérides des Curieux de la Nature, démontre que dans le lièvre les véficules féminales & les canaux déférens vont s’ouvrir dans l’urèthre par des canaux diftindts & féparés. 6°. Le Bélier, Le même Vepfer démontre la même chofe pour le bélier, & je me fuis afluré de la vérité. 7°. Svammerdam nous dit avoir obfervé la même chofe dans l'abeille, le papillon. B:bl, Na. Liv. 21 , 11. Il feroit difficile de lui prouver le contraire, IL eft donc démontré que dans la plupart des animaux doués de véficules féminales , ces véficules ne fervent point de réfervoir à la femence féparée par les tefticules , puifqu’il n'exifte aucune communi- cation entrelles & les canaux déférens. Néanmoins la fruétare générale des véficules , leur forme , leur fituation font eflentiellement les mêmes dans ces animaux que dans l'homme : je puis donc conclure par analogie que l’ufage doit en être le même, Ïl me refte à faire voir que dans le petit nombre d'animaux où Îles extrémités des canaux déférens fe confondent avec les corduits é;acula- toires des véficules , la réunion de ces canaux fe fait de telle façon qu’elle S'oppofe à l'écoulement continuel de la femence de l'intérieur des canaux déférens dans la vélicule. ; M. de Haller ne compte que les animaux fuivans où les vélicules féminales communiquent avec les canaux déférens: So: autem homini , io OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, pigmaæo , fimiæ , erinaceo, apro , reficulæ feminales & duëtus deferentes communi oflio aperiuntur. Lib. XXVIL, part. generat. male. {.1, €. 7. Dans l’homme cette.communication paroît plus marquée que dans le refte des animaux , ainfi j examinerai en détail de quelle manière elle fe fait dans l'homme. Les canaux déférens parvenus à la bafe des véficules féminales fe gliflent vers les bords internes de ces organes, s’approchent de leur col, & peu-à-peu ces véficules & ces canaux diminuent de grofleur , & à la fin les canaux déférens fe confondent avec le canal excréreur des véficules, C’eft- là le fentiment de Graaff, de Morpagni, de Haller, qui s'accordent tous à dire que Les canaux deférens ne s'ouvrent point dans les vélicules, mais que leurs conduits fe réuniflent & fe confondent : 11 me paroît que cette communication ou cetre jonction des canaux excréteurs fait voir ue la nature ne l’a point établie pour que la femence des canaux défé- rens refluât dans la véficule , mais plutôt pour que l'humeur des véficules & des canaux fe mêlär dans l'émiffion. Si la femence féparée par les refticules éroit deftinée à être dépofée dans l’intérieur des vélicules par l'intermède des canaux déférens , cette communication feroit conflante , elle ne left cependant pas comme il paroît par l'obfervation fuivante qui me fournit la première idée de ce mémoire, Au mois de Janvier 1778 je difféquois dans l'Hôpital Saint -Eloi de Montpellier. Le hafard me procura pour l'anatomie du bas .ventre un homme qui étoit mort phthyfique dans les petites maifons de cet Hôpi- tal , il s’appelloit Mouvi & étoir Grenadier dans le régiment de Sa- voie, pour lors en garnifon à Montpellier. Deux jours après que j’eus commencé à le difléquer , je tournai mes vues du côté des parties de la génération , les vélicules féminales de volume ordinaire ne me parurent point extérieurement boffelées, & leur intérieur m'offrit une cavité prin- cipale autour de laquelle il y avoirdes cavités reffemblantes au noyau d'une noifette coupée en deux. Toutes ces parties étoient farcies d’une humeur noirâtre , glutineufe, altérée par la longueur de la maladie. Les canaux déférens étoient exactement dans leur ficuation naturelle, je les féparai des véficules féminales & les conduifis jufques dans les pa- rois même de l’urèthre, fans trouver aucune communication avec les véficules ; j’ouvris alors le canal de l’urèthre, je comprimai les canaux de- uis leur renflement jufqu'à lurèthre ; la femence qu'ils contenoïent. paffa dansce dernier canal fans que j'en ville abfolument refluer dans celui des véficules ; je comprimai pour lors le conduit excréreur de la véficule, je fis pafler également de la liqueur dans l’urèthre fans qu'elle paflät dans les canaux déférens. Dès ce moment je priai M. Fraiffiouhès, premier Chirurgien gagnant maîtrife de l'Hôpital, de me procurer les parties de la génération de SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. LIT tous Les hommes qui mourroient à l'Hôpital Saint-Eloi. Illefir ; je le fis confident de mon projet & témoin de mes difleétions, & nous trou- vâmes un autre homme où les canaux déférens ne fe réunifloient avec ceux des véficules que dans l’épaifleur des parois de l'urèthre. L'obfervation fuivante rapportée par Cabrol me paroît fans réplique. Il dit que lan 1564, Monfeigneur de Montmorency fe trouvant en cerse ville de Monipellier, un foldat des fiens fut trouvé par ledit Seigneur (qui en paffant ouit les exclamations de lamére ) en devoir de forcer une fille , lequel de chaud en chaud fut par fon commandement pendu aux fenêtres de la maifon dans laquelle le délit fut perpétré ; le corps fut porté an théâtre & anatomifé par nous, y affiflans MM. Saporta, Fègue, Jobert, y préfidant le fieur d’'Affas, tous gens les plus doites de notre frècle ,entr'autres chofes Les plus rares , ce qu’il ne fut trouvé au- cun ceflicule ni extérieurement , n£ ëntérieurement ; bien loin trouvâmes- nous les gardouchés ou greniers ( véficules féminales ) autant remplis de femence qu'à homme que j'ai anatomifé du depuis. Si à cette obfervation nous joignons les fuivantes , la démonftration fera complette, M. Taudou, habile Anatomifte de Montpellier & qui a enfeigné cette fcience d'une manière diftinguée, a trouvé dans les diffe@ions deux hommes fans véficules féminales. Voy. les Thèfes de M. Sabbatier pour la difpute, Donc ce réfervoir n’eft point d’une abfolue néceffité pour la femence tefticulaire, Il eft donc des cas où il n’y a aucune communication entre les ca- : naux déférens & les véficules ; il eft des cas par conféquent où ces véli- cules ne fervent pas de rélervoir à la femence des tefticules. L’analogie tirée des autres animaux où les véficules ne fervent point de réfervoir , jointe à ces obfervations, devroit faire de la propoñtion une vérité phyfique. Par l'examen que j'ai fait de la liqueur des véficules & des canaux ; je me fuis convaincu qu'elles ne font point de même nature ; l’une eft épaifle, vifqueufe , filamenteufe , c’eft celle des canaux; tandis que l’autre eft moins gluante, & de-là vient que M. Daubenton a fréquemment trouvé la femence tefticulaire concrète dans les canaux déférens ; mais jamais celle des véficules. Riolan frappé de la différence de ces deux humeurs en a fait deux humeurs particulières comme érant d'une nature toute différente l'une de l’autre ; il a regardé celle des véficules comme prefqu’inntile à la gé- nération & l’a appellée excrementitium excrementitielle, réfervant à celle des tefticules le titre de puriffmum très - pure, . Varthonaconfirmé par de nouvelles obfervations le fentiment de Kio- lan; ces deux efpèces de liqueurs ont été reconnues par prefque tous les Phy= 112 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, fiologiftes , mais ils en ont ignoré la vraie origine. Dans un homme mort d’une chüte & que je difléquai 22 heures après fa mort, je me convainquis bien clairement de la différence de ces humeurs ; l’une ne pa- roîe être que le véhicule de l'autre. La plupart des finges ont à peu près la même ftru@ure que l’homme dans les parties de la génération ; le joKo qui eft celui qui en approche le plus, a felon M. Daubenton les parties internes de la génération reffem- blantes à celles de l'homme; il en eft de même du pygmée qui fait la nuance entre l'homme & le joke, ainfi nous n’entrerons dans aucun détail. On pourroit nous oppofer que de même que la bile féparée par le foie eft apportée dans le tronc des pores biliaires , & que delà elle reflue dans la vélicule pour y féjourner , de même la femence féparée par les tef- ticules eft prife par les canaux déférens, & parvenue à leur extrémité , elle reflue dans les véficules féminales, Mais indépendamment des preuves femblables que nous pourrions tirer en notre faveur de l'infertion, par exemple , des urétères dans le corps de la veflie & non à l'urèthre, nous obferverons que le foie étant très-volumineux & coupé par de profondes finuofités qui le divifene en lobes , il auroit été difficile que la bile de tout l’organe fe rendir dans la véficule fi la nature n’avoit employé cette méchanique. Mais fi prefque tous les animaux doués de vélicule biliaire ne montroient aucune communication entre le foie & la véficule, mais que l'un & l’autre eût un canal qui füc s’ouvrir dans le duodenum , fi dans l'efpèce d'animaux où la communication paroît généralement établie, il s’en trouve certains où elle n’exifte point, fi malgré qu'il n'y ait aucune -communication l’on trouvoit toujours de la bile dans la véfcule , fi enfin l'humeur du foie_ne paroifloit point de la même nature que celle de la vé- ficule , il me paroît qu’on pourroit hardiment prononcer que la véficule n’eft point le réfervoir de la bile: voilà ce qui arrive au fujer des véficules féminales & c'eft ce qu’on n’a vu que très-rarement , où pour mieux dire, jamais dans le foie, S ELC-O ND ES PA RTL E;, Dans lagulle on établit un nouveau réfervoir pour la femence des teflicules. L'idée où l’on a été fur la quantité confidérable de femence qu’on croyoit néceflaire à la fécondation , a rendu vraifemblable le fentimenc qui donne pour réfervoir de cette liqueur les véficules féminales , oùelle fubit de nouvelles élaborations : mais indépendamment des preuves que nous pourrions tirer de diversanimaux pour faire voir qu’uneaflez médiocre quantité de femence fuffit pour féconder une femelle , nous obferverons que cette prodigieufe quantité ne paroit néceflaire dans aucun des fyf- h tèmes , SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS r13 têmes reçus ; fi ce n’eft en effet qu'un aura feminalis qui va imprégner routes.les parties élémentaires de la matrice pour leur imprimer une nouvelle vie & fufciter dans cer organe une fuice de mouvemens né- ceflaires pour le développement de l'embryon, cette profufon de fe- mence devient inutile. Si ce font des animalcules ou des œufs dont un feul fe développe & s'accroît en admettant une petire quantité de liqueur vraiment féminale ou prolifique, nous croyons nous approcher de plus près des vues de la nature; parce que nous la rendons moins pro- digue de ces premiers rudimens de l'homme qu’elle condamaeroit à périr avant d'avoir conftaté leur exiftence. | La plupart des anatomiftes peu verfés dans la Zoologie , ont cru que le chien éroit le feul animal deltitué de véficules, & par-là rendoient rai- fon de la longueur de fon accouplement : mais 1°. ce tems feroit trop court pour préparer la femence ; 2°. plufiéurs autres animaux manquent de vélicules, & néanmoins le tems de leur coït eft très - court; 3°. en fin l'on lit dans les Adverfaria anatomica de Morgagni, l'obférvation faite par Thomas Cornelius fur un chien à qui lon avoit emporté les tefticules & qui néanmoins féconda fa femelle après l'opération. Cette obfervation m'a paru intéreflante, j a tiché de La répéter. Dans le mois de Février 1777, je liaiforrement les telticules d’un chien de chaffe avec une ficelle aflez mince, de façon que les tefticules éroient par- deffous la ligature ; j’enfermai ce chien avec une chienre en chaleur de la même efpèce & qui avoit été tenue à l’attache avec le plus grand foin; de premier jour le chien que la ligature faifoit fouffrir , léchoit continuellement les tefticules & poufloit des cris plaintifs par intervalle ; il but confidérablement. Le lendemain matin je le trouvai couché à côté de la chienne, il me parut aflez trilte, j'examinai la ligature & la trouvai des plus ferrées ; les tefticules étoient un peu plus noirs qu’à l'ordinaire, mais non pas au point où ils l’auroient été fi la ligature n’eûc intercepté que le retour du fang veineux ; il refta couché prefque toute la journée , malgré les agaceries de la chienne. Le lendemain il fe leva dès qu'il napperçut , & me parut plus gai; je revins vers les onze heures dans le jardin , je le trouvai aflez d'accord avec la femelle, & je fus témoin demi-heure après de l’accouplement. Dans les préludes de l’ac- couplement, cet animal poufloit de petits cris qui anroncoient qu'il fouf- froit, mais l'infinét fut plus fort que la douleur. Je feparai mes deux chiens, J'ifolai la femelle qui ne tarda pas à manifelter qu’elle avoir été fécondée, & au terme marqué elle mit bas quatre petits dont un reffem- bloit parfaitement au père. Un ami du particulier qui m’avoit prêté fon jardin & (a chienne pour ces expériences , me dit que l’année précédente fon cuifinier gardoit une petite chienne avec le plus grand foin. Lorfqu'elle étoit en chaleur , un chien de la race des bafléts entra dans la cuifine, & la lui couvrit fans Tome XXX, Part. 1, 1787. FEVRIER, P 114 OBSERPATIONS SUR LA PHYSIQUE, qu'il s’en apperçut; au moment de l'accouplement le cuifinier prend ce chien par les oreilles pour le dégager , & ne pouvant réuflir , il prit un bâton, & à deux reprifes fépara ces animaux ; la femelle fe trouva parfaitement fécondée, J'ai amputé les teflicules à un barbet ; mais la cicatrice fut fi longue, l'animal en fut fi incommodé, que je ne pus parvenir à le faire ac- coupler. Je ne doute point qu'un animal, long - rems après lui avcir coupé les telticules, ne für impropre & inhabile à Ja fécondation ; mais jorfque l'opération eft récente, la quantité de femence contenue dans les ca- naux déférens fufñit pour féconder au moins une fois. D'où je tire deux conféquences , 1°. que le trajet des canaux déférens contient une quantité de femence fufñfante pour féconder une femelle; 2°. qu'on ne connoît pas encore le but que la nature s’eft propofé en faifant nouer le chien avec fa femelle, & je regarde cette longue union comme un effet inévitable de la poficion que prend le chien lorfqu'il defcend de deffus fa femelle ; ils doivent refter accouplés jufqu’à ce que l’érection n'exifte plus: alors la flafcidité de la verge en permet aifément la fortie. Dans les autres animaux privés de véficules, prefque chez tous , le tems de l’accouplement eft fort court; preuve certaine que la capacité des canaux déférens eft fufffante pour conteuir la femence néceflaire à la fécondation. Mais il exifle un vrai réfervoir dans le trajet des canaux déférens. Dans la defcription raifonnée que nous avons donnée des canaux dé- férens dans les divers animaux , nous avons remarqué que l'on obfervoit chez tous fans diftinétion un renflement très - marqué fitué derrière le col de la vellie urinaire; ce renflement commence à fe faire appercevoir vers la partie des canaux qui répond à la bafe des véficules féminales & fe propage jufqu’à leur col , où les canaux reprennent leur groffeur primitive. Le renflement a toutes les propriétés néceflaires pour conftiuer un réfervoir de la femence; nous allons les fuivre en détail. 1°. left conftant dans rous les animaux connus. : On ne peut point difconvenir que ce renflement ne ferve de réfervoir à la femence dans les animaux qui manquent de véficules, ainfi que dans ceux qui en fonc pourvus. Il n’exifte aucune communication entre les ca- naux & les véficules, c’eft une conféquence bien naturelle des principes pofés ci -deflus; mais il paroîc que ce renflement fert également de ré- fervoir à la femence dans la troifième clafle d'animaux, ceft-à-dire, dans ceux où les conduits excréteurs des véficules féminales & des conduits déférens fe confondent ; ce renflement exiftant dans ces animaux comme dans les autres, ayant la même ftruéture, la même fituation , la même grandeur refpeétive, n'y ayant quelquefois aucune communication entre les canaux & les véficules, les véficules manquant même dans certains SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS, 11$ cas, il n’eft point doureux que ces renflemens ne fervent de réfervoir dans ceux - ci comme dans les autres, 2°. La capacité de ce renflement elt fufifante pour fervir de réfervoir à la femence. Cette capacité fuffic dans les animaux qui manquent de véficules ; elle doit donc fufire dans l'homme, parce que, comme l’obferve de Haller, l’homme eft du nombre de ceux quibus verum fèmen parcius eff, lib. 27. Îl. 13. D'ailleurs dans les deux hommes privés de véficules, que M. Taudon a difléqués , il eft évident que les canaux déférens fufifoient | pour contenir la femence. 3°. Sa ftrudure le rend très - propre à fervir de réfervoir. Nous avons obfervé dans nos diflections que l'épaifleur des parois du canal étoic confidérabilement augmentée dans cet endroit ; nous avons vu que dans les gros animaux, comme le taureau , le cheval, &c. le tif. fu des parois de ce renflement eft mufculeux , l'on peut affez facilement y diftinguer deux plans de fibres; l'un longitudinal & l’autre circulaire ; ces obfervations fur de gros animaux fuffroient pour nous faire préfumer une femblable ftructure dans ceux qui font plus petits; mais Leuvenæk a démontré l’exiftence deces fibres charnues dans l’homme, & a prouvé que le canal déférent étoit fufceptible d’une très- grande irritabilité, Cette ftruéture Le rend très-propre à exprimer avec force la liqueur qu'il contient au moment où une irriration fufffante fe communiquera jufqu’a lui & engagera les fibres à fe contracter, , TROISIÈME PARTIE, Ufage des Feficules féminales. On trouve conftamment une certaine liqueur dans les véficules fémi- nales ; elle n’y eft point dépofée par les canaux déférens. D'où vient- elle ? < Heifter, Winflou, Dionis , Gravel, Noguez, &c. ont admis des glandes dans l’épaifleur des parois des véficules : en fuivanc le fentiment de ces habiles Anatomiftes , il nous ferait facile de parvenir à la fource de l'humeur contenue dans les véficules ; mais commemnos obfervations ne nous ont point encore démontré l'exiftence de ces glandes , il feroit imprudent de bâtir une théorie fur une telle bafe, & je ferois d’autant plus repréhenfible, que ma queftion eft indépendante de l’exiftence ou de Ja non-exiftence de ces glandes : en effet tous les Zcotomiftes conviennent que dans l'état naturel on ne trouve aucun corps glanduleux dans les pa- rois des véficules du cheval, du taureau, &c. néanmoins il y fuinte continuellement une humeur qui peu-à-peu remplit la cavité ; la vérité d'une fécrétion ne me paroît point dépendante de l’exiftence des glandes. D'ailleurs lon a vu des perfonnes chez lefquelles Les canaux déférens Tome XXX , Part. I, 1787. FEVRIER, Pa 116 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, ne verfoient évidemment aucune humeur dans les véficules, comme dans le Grenadier de Savoie dont j'ai rapporté l’obfervation ; & cependant ces véficules étoient remplies. L'on en a vu d’autres qui n’avoient point de . tefticules & chez lefquelles les véficules féminales contenoient une hu- meur abondante, comme il paroït par l’obfervation de Cabrol que j'ai citée, & par un autre de Pujati que je vais détailler. Antoine Pujati, dans fa diflertation de Merhodo philofophandi in praxi Medica , rapporte l’obfervation d’un jeune homme qui à 16 ansfit une chüte fur les parties de la génération ; on lui amputa bien exaétement les deux tefticules, & malgré cela, il eut dans la fuite des érections fré- quentes, des éjaculations copieufes, remque fæpiffimé exercuit, dit notre auteur. $ Baïtholin a obfervé que les eunuques à qui on a emporté Les tefticules ;: ont des pollutions fréquentes & abondantes. Les véficules féparent donc une humeur : mais cette humeur n'eft pas prolifique , puifque l’eunuque ne féconde point : quel eft donc fon ufager Elle nous paroît fervir de véhicule à la femence tefticulaire plus épaifle , plus gluante ; & la nature a-uni ces deux canaux excréteurs dans l’homme, afin d'en faciliter le mêlange : je confidère la femence des tefticules comme la partie fécondante de l'œuf qui fe trouve en petite quantité ;, relativement à la mafle des autres humeurs. À ces humeurs véficulaire & tefliculaire pouffées avec force dans lus rèthre , fe joint dans ce paflage l'humeur de la caroncule féminale , que- Morgagni a été le premier à décrire, & où il a vu que les conduits excréteurs des véficules alloient quelquefois s'ouvrir. Dans les animaux privés de véficules, la nature a fuppléé probablement à lufage que nous attribuons aux véficules féminales par quelque mé- canifme qui nous eft encore inconnu. L'on ne pourra que fuivre avec avantage les travaux fuperbes ébauchés par Valfalva qui a vu que dans: les oifeaux , les vipères , les tortues , (Le ferpent même, felon Morgagni } les capfules furénales contractoient des adhérences avec les refticules , & que leurs conduits excréteurs alloient s'ouvrir immédiatement dans les canaux déférens ou dans les tefticules mêmes. Peut-être y verfent-ils une humeur qui lubréfie la femence & remplace la liqueur des véficules, Ces doutes jetés fur une queftion de cette nature, me paroiffent mériter l'attention des Anatomiftes. La feule anatomie comparée peut conduire à les éclaircir; & je laifle au célèbre M, Vicq-d'Azyr le fox d'éclairer des matières aufli importantes. LT SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 117 MÉMOIRE ABRÉGÉ, Sur plufieurs taches nouvelles noires & rondes de Jupiter, cobferveées par M. le Grond-Builli JEAN-JÉRÔME SCHROELER , 4 Jon Obfervatoire: à Lilienthal , près de Bremen. Lzs obfervations fuivantes faites fur jupiter en perihelie, qui font en effet des fupplémens à celles de MM. Caflini & Maraldi, méritent d’autanc plus l'attention des Aftronomes, qu'elles y font non-feulement bien conformes, mais qu'elles en font voir aufli une différence remarquable & un mouvement beaucoup plus vite & entièrement différent de la rotation de cette planète, qu'on a fuppofée jufqu’ici, felon les obfervations de M. Caflini (1). E, En obfervant le 26 d'octobre 17851, à 8 heures 25’ 11” du tems vrai, Fémerfion du premier fatellite de jupiters (fg. 3, N°. 1 ) j’apperçus la première fois deux taches petites & noires Jur le difque , l'une près de l'autre. Elles furent d’une grandeur différente, & la plus grande en fut à-peu-près égale à l’ombre du premier fatellite. Toutes deux éloignées de du bord occidental de jupiter furent fituées tout près de la bande qu'on a obfervée jufqu'ici au milieu de deux autres, & par conféquenc vers l’équateur. Elles firent voir un mouvement d'orient en occident ; mais à 10 heures, quand il fallut felon la rotation fuppofer qu'elles fuflent encore vifbles vers le bord du difque , & quand il faifoit encore beau tems , je n’en pus plus rien appercevoir; ce qui arriva aufñli les 3 , s & 6 de novembre au même tems où il fallut par la rotation de jupiter qu'elles fe fffent revoir au milieu du difque : Je n'en revis rien du tout. ie Le 15 novembre, à $ heures 14/ dutems moyen, étant à obferver l'ombre que le fecond farellite jeta à ce rems fur le difque de fa planère principale, je fus bien étonné d'appercevoir avec toute la diflinétion poffible deux (x) Toutes les obfervations au’on trouve ici, font faites au-moyen d’un très-bon télefcope neuton: de quatre pieds de M. Herfchel, & avec un oculaire qui agrandit Res objets cent cinquante fois, parce que je n’avois pas encore le très-excellent télef- cope neuton. de fept pieds & d’une ouverture de fix pieds cinq pouces , dot je jpuis à préfent par Ja boné de M, Herfchel. 118 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, taches également rondes , noires & grandes. L'une d'elles fe trouva au milieu £ difque, dans la plus méridionale des trois bandes vifibles, (fig 3, N°.2) & l'autre joignit la bande moyenne, mais un peu plus occidentalement ; favoir , = du diamètre de jupiter, Comme la couleur en fut également plus noire que celle des bandes, & la figure juftement la même, je n’en fus pas moins furpris que M. Maraldi le fut le 26 de mars 1707 , en s'appercevant d’une tache femblable qu'il croyoit être fur le quatrième fatellite; & il n'y avoit que l'angle des rayons folaires qui me fit reconnoïtre laquelle de ces deux taches fur l'ombre du fecond fatellite. Ces taches toutes deux pafsèrent fur le difque d’orient en occident, Mais la furprife de cetre obfervation fingulière & imprévue, pendant laquelle elles avoient déjà pañlé le milieu du globe, & les circonftances de l’armofphère, qui ne reftoient plus les mêmes, me mettoient hors- d'état de déterminer avec aflez de précifion leur mouvement relatif; & je crois ne devoir qu'avertir , que les autres trois fatellites furent du côté oriental trop éloignés de la conjonction , pour avoir pu caufer l'une de ces taches, & que les jours fuivans je fus empêché par le mauvais tems qu'il faifoic, d'obferver les corps céleltes. TR (Fig.3, N°. 3). Le 21 de novembre, à 7 heures, je reconnus deux taches également noires & rondes , mais un peu plus petites que celles d’auparavant , qui firent voir de même un mouvement d'orient en occi- dent, & dans la même fituation dans [laquelle j'avois vu pafler les autres. Maïs felon la fituation & la diftance des farellites , il fur im- poflible que l’une ou l’autre de ces taches eût été l'ombre d’un fatellite; comme à l'égard de la rotation fuppofée, il ne fut non plus poffible que Pune ou l’autre fût la même tache que j'avois obfervée le t$ de novembre, Au refte, la diftance qu'il y avoit entr'elles-mêmes d’orient en occident, n’emporta que - du diamètre apparent de jupiter , & un vent qui s'éleva bientôt après, m'empêcha de pouvoir pourfuivre l'obfervation. Alors pour venir à bout de mon deflein, & pour pouvoir à l'avenir déter- miner aflez juftement la fituation & le mouvement relatif des taches, je divifois un petit difque de carton en douze parties égales , marquant à fa périphérie le rapport que les arcs avoient à la ligne apparente du mouvement ou au finus, felon la période de 9 heures 56’, & après l'avoir fixé à une machine mobile, j'en faifois un bon ufage à la manière des micromètres à lampes, inventés par M. Herfchel ; favoir, en rapportant le difque agrandi de jupiter & la fituation des taches vues à l'œil droit par le télefcope aux douze lignes du difque de carton, lefquelles je reconnus à l'œil gauche. ; SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 119 LV: | ( Fig. 4, N°.6.) Avec cet appareil j’ai obfervé , le 5 de février 1786, une tache obfcure ifolée dans la méme bande , ou plutôt immédiatement près d’elle vers le nord , & par conféquent dans la même fituatior de la tache remarquable du 1 $ de novembre; maiselle ne fut pas fi bien diftincte, ni fi grande & noire que celle-ci. Quant à fon mouvement , elle fur à $ heures 45" entre les lignes 9 & 10 du difque, à 6° $' entre les lignes 10 & 113 à 6 heures 28’ elle avoit déjà pailé la ligne 11 vers le bord occidental , & à 6 heures 34/ je ne la pouvois plusdiftinguer avec sûreté, Suppofons qu’elle eût été la même tache du 15 de novembre , & qué fon mouvement eût été conforme ja rotation fuppofée de jupiter , elle auroit fait pendant ce tems-là, fans avoir égard aux petites inégalités, 207 révolutions & + de plus, ce qui n'emporteroit qu'une différence trop grande & prefqu'impoflible, favoir , d'environ 2 heures, V. Le 11 de février, au tems où felon la période de M. Caffini , il fallut que la tache du 9 de février für encore bien vifible fur le difque , je fus extrêmement frappé d'appercevoir à la même bande & dans la même Jituation , quoique plus vers l'orient qu'il ne pouvoir tre felon La période fufdite, (fig-4, N°. 8) UNE TACHE RONDE NOIRE, PLUS DÉFINIE ET BEAUCOUP PLUS GRANDE, que ne fut celle du 9 de février. Sa grandeur s'approchoit de celle de lombre du trotfième fatellite , & le diamètre apparent en emportoit au moins deux fecondes ; mais le troifième fatellite fut à quelques diamètres de jupiter trop loin de fa conjonction, pour pouvoir jeter l’ombre fur le difque , & outre cela fon ombre auroit auffi paflé le difque vers le pôle antarétique de jupiter, De même il n’y avoit non plus aucun des autres fatellites devant le difque, & la tache fut par conféquent un phénomène tout différent de ceiui que M. Maraldi a découvert le 26 de mars & le 4 d'avril de l’année 1707. Le mouvement en fut également remarquable & fingulier ; car il fut beaucoup plus vîte qu'il ne fut poffible, felon les périodes obfervées par M, Caffini. La tache qui avoit déjà paffé le milieu du globe, fe trouvoit à $ heures 30’ dans la feptième ligne , à $ heures 33 30” environ à la huitième, à ÿ heures 52! dans la neuvième, à G heures 4’ dans la dixième, à 6 heures 2$/ environ dans la onzième ; mais elle ne fut plus fi diflinée qu'elle le fut au milieu * & à 7 heures 0’ je ne la pouvois plus réconnoître, quoique les bandes de jupiter fe fiffenc voir très-diftinétement. Ce qui ne laiffoit foupconrer qu'une révolu- tion d'environ fept heures. Auf fat-il impoffible que cette tache plus grande eût été celle même du 9 de février, & qu'elle ef: fait une révolution de 9 heures 56", parce que par cette fuppoñtien elle auroit dû 5 3 Y: Net TOR "A : s ‘ à dd. € t ; lt» + +: . ’ 120 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, réparoître le 11 à 7 heures 45” à la ligne dixième; mais elle difparut déjà au bord occidental à 7 heures 0’, & c'eft par cette raifon qu'il fallue que la tache plus petite du 9 ou fit déjà diffipée pendant deux jours ; ou qu'elle eût eu un mouvement fingulier & inconnu. VI. Ceux qui s'appliquent à obferver les corps céleftes avec empreffement, fentiront bien l'impatience avec laquelle j’atrendois dans cet embarras le tems où la grande tache du 11 devoit repañler le difque de jupiter felon la période de Caffini, & une atmofphère aflez favorable pour attraper fon mouvement avec aflez de précifion ; mais le 13 de février à $ heures 34, auffi bien que les 15,176 18, au moment oi! cela auroit dé arriver, jeren revis rien du tout, malgré le Peau tems qu'il tailoit, & la précifion avec laquelle je reconnus quelquetois les parties moins obfcures des bandes, Le réfuliat en fut que certe tache très-remarquable, ou avoit dejà difparu, ou étoit d’un mouvement différent de celui de la rotation ; ce qu'on devoit auf fuppofer, fuivant l'obfervation du 11 , ou qu'il y avoit l’un & l'autre enfemble. - Il eft vrai que j'apperçus le même jour, favoir, le 13, (fg.4,-N°. 9) au lieu de la grande tache, une autre pareillement noire ; mais elle ne reflembla point du tout à celle-là ; car elle fut très-perite, & pafla auffi les lignes du difque, à 25 minutes plus tard qu’elle l’auroit dû fi elle avoit été la même. Sa figure & grandeur reffemblèrent plutôt cout-à-faie à celle de la tache petite du 9, & il fembla qu’elle fût en effet la même, | mais qu’elle fe rapprochät de fa diflolution totale, parce qu'elle fur à peine ni fi diftinéte, ni fi bien marquée. On y remarqua de même un mouvement beaucoup plus vite, que ne {ut celui que M. Cafñfini a déterminé par fes obfervations ; car à 6 heures 10’ elle fe trouva dans la ligne quatrième , à fix heures 18/ dans la cinquième , à 6° 29'au milieu du difque, à 6° 44/ environ à la feptième ligne, à 6° ç5' dans la huitième, à 7 7 à la neuvième, à 7° 22/ à peine = éloignée du bord occidental, (ou dans la dixième ligne) & à 7° So", elle n’en fut éloignée qu’à peine +, où l’atmofphère fut remplie de vapeurs. De plus pofé que cette tache eût été celle même du 9, & qu'elle eût tenu la période de la rotation de jupiter, elle auroit dû pafler la dixième ligne à 9 heures 25"; mais à ce tems elle fut déjà fur l'hémifphère oppofé de jupiter & tout-à-fait invi- fible, parce qu'elle y pañla à 7 heures 22/, € il n'y avoit qw'une différence impoffible de 2 heures 5’. Enfin, par le contrafte de ces obfervations fingulières , & la vraifemblance extraordinaire qu’il y avoit à l'égard de la figure & du mouvement, je fus porté à fuppofer que la tache du 13 fut celle même du 9 , & à déterminer la durée de fa révolution par le mou- vement relatif aux lignes du difque que j'avois obfervé avec foin. ÆEe ; voilà le calcul qui me fit conclure une révolution d'environ 6 HEURES | ER SUR L'HIST, NATURELLE ET LES ARTS, a2y ET 4 MINUTES, puilque le mouvement, de cette tache; dès la troifième ligne jufqu’à la neuvième, avoit duré, une heure 0’; muis ce. qu'il y a encore de plus frappant, cieft que Le terms, dés le, O fevrier à 6 heures $! jufqu'au 3 à 7 heures 22 —97 heures 17’; divifé par cette révolution de# heures 54, fe réfout jufqu'à de refais aquelle petite différence peut avoir entporté | erreur. dans leftimationides lignes du difque, & on peut en conclure avec. beaucoup de vraifemblance , UNE RÉVOLUTION DE 6 HEURES $0/,56//» Ce qui eft aulli rrèstconforme au réfulrat tiré du tems que la tache ävoig;confommé à pafler par chaque ligne. anus VMII.. Outre ces taches bien remarquables, il y en avoit encore d'autres , que” j'ai obfervées dans la fuite, & qui avoient juftement la même fituarion & un mouvement pareillement plus vite ; favoir, a, le 15 de février une tache obfeure , mais qui. ne fuc pas fi noire, ni fi bien marquée que le furent celles d'auparavant. Elle fe trouva à 7 heures 1 $/ dans la troifième ligne du difque, à 7 heures 37° dans la cinquième, à 7 heures 42’ envi- ron au milieu , & à 7 heures $8/ juftement dans la feptième. b, Le 18 dé février, une tache aflez marquée, & plus obfcure que les bandes , mais très-petite. Elle fut firuée à 7 heures 8" entre la quatrième & cinquième ligne, à 7 heures 15” dans la cinquième, à 7 heures 22/ environ au milieu, à 7 heures 38’ environ dans la feptième, & à 7 heures 49" à-peu-près dans la huitième. ! 21000 1 €, À 7 heures 49’ du mème jour , j’apperçus un point noir de la même façon , qui fuivoit le premier à la même fituation vers l'équateur ; il fe trouva dans la quatrième ligne , mais il ne fut pas aflez diftin@, d, Le 20 de février fe fit voir une tache petite , noire & ronde ; mais fa grandeur ne refflembla pas encore à celle de l'ombre-du premier fatellite. Elle fut fituée à Gheures 20/ dans la quatrième ligne, à 6 heures 45” juftement au milieu , à 7 heures 10’ dans la huitième, à 7 heures 24! dans la neuvième , & à 7 heures 46 entre la dixième & onzième ligne. e, Le 21 de février, je vis une tache femblable à 7 heures 10’, Il fembla qu'elle eûc déjà paflé la cinquième ligne , & à 7 heures 17’ elle fe trouva environ au milieu , mais l'atmofphère ne fut pas affez claire. f, Le 26 de février j’apperçus deux caches obfcures , ( fig. 4, N°.10) qui furent toutes deux égales & aflez grandes pour être reconnues; mais le tems qu’il faifoic fut trop mauvais pour pouvoir diftinguer aflez pré- cifément leur mouvement. À $ heures ÿ6/ elles fe trouvoient l’uneentre la quatrième & cinquième ligne , & l’autre entre la feptième & huitième ; à Gheures $' la précédente environ à la huitième, & la fuivance à la cinquième ligne; à 6 heures 12" à-peu-près dans la neuvième & fixième, & la fuivante fe fit voir à ce tems-là un peu plus grande; à 6 heures 28" Tome XXX , Part, I, 1787. FEVRIER, Q 122 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, l'une n'avoit pas encore touché la dixième, & l’autre avoit déjà pañlé la feptième ; alors à 6 heures 38’ elles furent à la dixième & huitième ligne, auquel tems l'atmofphère faifoit trembler l'image de jupirer ; mais je crois devoir avertir qu’il y avoit pendant cette obfervation deux fatel- lites, favoir ,le premier & le fecond, devant le difques fans qu'ils puflenc être reconnus. A lépard de la fituation de ces deuxraches , il peut être que l'uñedelles fût l'ombre du prémier fatellire. ri Ce qu'il y'à encore À renarquerà l'égard de roùres ces taches obfervées dès le 15° jufqu’aut 26 de février, c’eft que: 1°. Selon le calcul il n’y en a aucune qui eût été vifible plus d’une fois, & que felon toute la vraifemblance chacune d'elles doit avoir difparu avant Jon premier retour, foit qu'on y applique la période de 9 ‘heures 56", ou celle de 6 heures $6 56//, : 2°. Que toutes ces taches laiflent conjeturer dé même ur mouvement beaucoup plus vite que n'efl celui de 9 heures $6', & à l'égard du milieu de tous les nombres , plutôt conforme à celui de 6 heures 56’, à peu de minutes prés. VITETEL Le 12 de novembre 198$ à 7 heures o', j'ai découvert une tache iolée, (fig. 3, N°.4) dont le diamètre) apparent emporta environ 2 fecondes ;: mais malgré cette grandeur elle ne fut ni bornée & ronde, ni noire, mais plurôt nébuleufe & grife comme les bandes. Sa firuation vers l’équateur fut très-feprentiionale; car elle fut éloignée de la bande la plus feptentrionale environ 1 du diametre de jupiter vers le nord, & fa diftance du bord occidental emporta environ ! dela ligne de fon mouvement, qui fe fit voir parallèle aux bandes d’orient en occident, & à 7 heures 25" environ =, Le 14 de novembre, à 8 heures, où elle devoit reparoître fur le difque felon la période de M. Cañini, je la revis alors, (fig. 35 Man) mais elle s’écoit accrue en longueur parallèle aux bandes ; en forte qu'elle fut au moins quatre fois plus longue que large, & qu'elle reffembla à une pièce interrompue d’une bande, Ce qui me fit juger qu’elle deviendroit peut-être à l'avenir une bande nouvelle & en vérité je ne me fuis pas trompé, à ce qu'il me femble ; car après deux mois, pendant lefquels il faifoit toujours mauvais rems, j'apperçus le 18 de janvier une bande nouvelle , mais extrémement étroite , ( fig. 4, N°. 7 ) fe répandant dans la même fituation par toute l’hémifphère, que j'ai obfervée aufli dans la fuite plufeurs fois comme une bande très-fine, mais qui n'étoit pas toujours vilible , peut-être à caufe qu'elle n’entouroit pas tout le globe, Voilà les obfervations que j'ai faites fur jupiter au téms de fon périhélie. Pour éviter toutes les hypothèfes prématurées, qui deviennent fouvent défavantageufes à la vérité, je n’ofe pas encore moi-même juger de ces SUR HIST. NATURELLESET LES ARTS. 123 obfervations contraftantes, quoiqu'iline feroic pas. mal-ailé d’y faire agir l'imagination. Cépendaht jai raifon de croire que ces grands événemens qui fe fonc fait voir fur le difque de jupiter , feront-bien intéreflans aux Altronomes; car en cas que je me fois trompé, contre toute la vrailem- blance dans Peftimation micrométrique des lignes, & que le mouvement des taches mentionnées a été aétuellement conforme au. fuppoféi de la rotation de jupiter, elles ne laillent pourtant pas d'être des :événemens très-remarquables & fubirement changeans ou fur la furface même ou dans l’armofphère de certe pianèce ,‘lefquels fe répandoient fur un efpace, dont le diamètre emportoit quelquefois;la. moitié de celui de toute notre terre; mais fi je ne me fuis pas trompé, elles avoient en effet un mouve- ment beaucoup plus vite, que ne fut celui que M. Caflini.trouva par fes obfervations.;\&c. le items jufte de la rotation de-cette planère eft encore en doute. . PME Quoi qu'il en foit, de telles obfervations peuvent néanmoins répandre à l'avenir quelqw'éclairciflemenc fur la plus admirable variété , avec la- quelle le- Créateur a établi la nature de-chaque corps célefte, pa glorifier l'univers; &. elles ne laiffent pas: douter que nos conclufions analogiques, tirées des phénomènes de notre terre, & appliquées aux autres planères , ne foient quelquefois -outrées, IL faut cependant, pour m'en acquitter tout-à-fait, que je remarque encore que, 1°. toutes les taches qui avoient la couleur beaucoup plus noire que les bandes, & dont la figure étoit aufli plus circonfcrite , ont été oblervées à la bande large, qu'on a vue jufqu'ici vers le milieu du difque entre deux autres; 2°. qu’elles n'avoient pas par conféquert une déclinaifon importante , mais: qu’elles étoient plutôt firuées près de l'équateur dans La zone , où felon les obfervations de. MM. Caffini & Maraldi efl la plus grande force de la rotation ;,3°. qu'elles ne changeoient jamais de fituation à l'égard des bandes, mais que leur mouvement fe faifoit plutôt voir parallèle à- l'équateur. 4° qu'il n'y _en avoir que quelques - unes qui furent fuivies d'une tache femblable , mais qu'il n'eft pourtant pas probable que la tache fuivante eût été, J’ombre de la précédente; 5°. qu’elles fe mouvoient , comme il fembla, plus lentement aux bords di globe qu'à fon milieu ; gwelles ny furent pas ft diflines que près du centre du dilque, & qu'il y a par conféquent bien de la vraifemblance, ou qwelles. ont été fur la Jurface méme de jupiter , ou, ce qui efl plus probable , qu’elles ont été Jituées tout prés du globe, c’efl-à-dire, dans l’atmofphére de jupier, guon a raifon de prèfumer , & qu'elles ont été des éorps.au moins en quelque confidération , analogiques aux nuages ‘de notre terre ; 6°. qu'enfin la rache ancienne découverte l’année, 166$ ; & ,obfervée plufieurs fois pendant près de cinquante ans, par laquelle M, Cafini a pri = cipalement déterminé la période de la rotation , n’a pas été fi définie Tome XXX , Part, 1, 1787. FEVRIER, Q 2 324 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, où circonfcrite, ni fi obfcure que les fufdites, mais plutôt à cet égard reffemblante aux bandes; ce qui paroît aflez par les Mémoires de l'Académie des Sciences de Paris. (.8 “Après avoir fini mes obfervationg, je fus au refte aflez frappé de trouver dans les! Mémoires de Pannée 1692, qu’en hiver 1600 & 1607, pareillement en périhélie de jupiter , M. Caflini a découvert, non-feus lemene uñe quantité pareille de! taches, qu'on n’a .vues ni devant, ni après, mais qu'il a aufli trouvé des périodes plus vies, favoir, de 9 heures 50" &'de 9 heures sr”; quoiqu'il femble que ces taches qui ont fait voir cette période plus vire, ‘euflenc été d’une durée plus longue & de plus de changement que celles que j'ai obfervées ; de même que dé l’'arinée 166 ÿ » jufqwen 1690, ce grand'obfervateur n'a (vu que trés= farément des-taches, & qu'elles tont été > comme il dir lui-même ; Sr CONFUSES ET DE SI PEU DE DURÉE , quil étoit difficile & déterminer bien précifémenc leurs périodes. loin ii, Peut-être qu’il y avoit autant de contrafte à l’égard du mouvement de la tache ancienne, qu'il y en a dans més obfervations, & que cet obfer- vateur bien célèbre, qui a obfervé la tache ancienne plufieurs fois avec beaucoup d'empreflement ;'auroit découvert une :période encore plus vite que celle de 9 heures $0'; s’il avoit pu obferver certe efpèce de taches variables avée la mème précifion ; ce qui eft d'autant plus probable, qu'il fair lui-même mention de taches paffagéres , qui ont changé Jouvent de grandeur & de figure, & qui ont fait voir DES MOU- VEMENS DUNE VITESSE DIFFÉRENTE. Au refte , c’eft M. Cañini lui-même qui a déjà remarqué, que la viteffe des raches fur d'autant plus prañde, gw' autant elles fe firent voir plus prockes dis milieu. En effet, il'eft bien poflible qu'il y a dans Parmofphère de jupiter des forces inconfues , par lefquelles la vitefle des taches eft dérerminée tout autrement qu’elle ne le féroit par la rotation même de toute l'armo- phère. Mais péut-être y a-t-il aufli d'autres caufes entièrement inconnues, dont nous n'avons point d’idée ; car pour dire le vrai , nous ne favons int du tout cé que c’eft que les taches de jupiter. C'eft en effet fans raifon fuffifante qu’on a faic quelquefois cas de mers, nuages, éclairs, montagnes ardentes & d’autres chofes femblables, qu’on a prérendu avoir remarqués, où conjecturés dans la iune & les autres planètes, parce qu'il eft extrémement probable , quela même variété infinie qui fe voit par toute la nature fur notre terre en toutes les chofes d’une mème efpèce , foit aufli répandue! par tout l'univers à l'égard de la modification des parties fondaméñitales ou des: élémens mêmes: de chaque autre corps célefte; & ce n’eft pas le raifonnement feul, mais fur-tout beaucoup d'obfervations ,! qui peuvent répandre-à l'avenir quelque lumière fur plufieurs füjecs de Faftronomie phyfque, dont nous ne favons jufqu'à préfent prefque rien, REA + SUR L’'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 12$ SUITE DES EXPÉRIENCES RELATIVES A LA COHÉSION DES LIQUIDES; pie: BÉSILE, de l'Oratoire (1). xx1v.O N a fait dans ces derniers tems une belle application de la théorie des adhéfions à l’art de naviguer : un Marin doué du génie de l'obfervation , s'apperçut par hafard que l’eau de mer adhéroit d'une ma- nière moins marquée aux métaux en général qu'aux bois dont on fe fert communément dans la conftruétion des navires ; on fit à ce fujet quelques expériences qui donnèrent des lueurs de fuccès. Voilà l’origine des vaif- feaux doublés en cuivre & employés avantageufement dans la dernière guerre. La doctrine des cohéfions peut conduire à des découvertes non moins importantes : la caufe de la réfraction des gerbes lumineufes a été jufqu'ici le défefpoir des phyficiens ; ils n’avoient que des conjec- tures à propofer fur ce point. Je crois entrevoir déjà l'explication d'un phénomène aufli furprenant , & c'eft à la théorie de la cohéfion des fluides que j'en fuis redevable, Il me fuffit aujourd'hui d'annoncer un de mes principaux apperçus , afin de prévenir les difficultés que l'on pour- roit faire contre l'utilité de mes épreuves, Je ne puis configner dans ce cahier qu'une très- petite partie des expériences que j’ai faires relative ment aux cohéfions ; la variété, que M. de la Méthérie met avec raifen dans fon Journal , m'oblige d'en publier la fuite éthiologique pat parties. XXV. Suivant le procédé indiqué au n°. IV du Journal de Phyfique (Mars 1786 , page 173), le tube C mentionné dans la table pre- mire a été mis en équilibre au trébuchet MN, par le moyen d’un contre-poids de 147 grains. J’avois verfé du vinaigre diftillé dans un vafe de cryftal V placé au-deffous de ce cube: la diftance entre la furface du fluide & celle de l’orifice inférieur du tube éroit de deux lignes. Le trébuchet étoit fufpendu au bout d’une ficelle roulée fur un cône tron- qué qui avoit la forme & le jeu d’une cheville de violon. Ce cône fe mouvoit avec frottement dans un trou pratiqué fur un des côtés d'un moñtant fixé par fon extrémité inférieure C fur une tabletre, À quatre poucès au-deflous de la cheville de violon , j'avois implanté paraliè- (:) Voyez le commencement , Cahier de mars 37865 page 171, 126 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, lement entrelles & dans une fituation horifontale, deux lames de car- ton; ces deux lames n'étoient qu’à la diftance d’une démi - ligne lune de l’autre ; elles recevoient la partie fupérieure de la chäfle de ma petite balancé, & la tenoient en relpe& fans cêner en aucuné manière le mouvement ofcillatoire de l'aiguille deftinée à indiquer l'équilibre. Cette conftruction étant connue , je vais rendre un compte exact des épreuves qui ont été tentées en premier lieu. XXVI. En tournant d’une manière convenable la cheville dont j'ai parlé, je fis defcendre le tube C ouvert par fon orifice fupérieur , juf= qu'à ce que fon orifice inférieur rasät la furface du vinaigre diftillé ; puis on l'enfonça avec le doigt , à 6 lignes au-deflous de cette furface: on eut l'attention de tenir le fléau de la balance toujours horifontalement, Il fallut, après avoir bouché l'orifice fupérieur dans cet’ état avec de la cire molle e, placer fucceflivement dans le baflin oppofé, 10 grains pour le ramener au premier niveau ; 4? grains furent {uffifans pour fur- monter l'intenfité de la cohéfion. Lorfque j'ai faic cette expérience , ainfi que les fuivanres, le thermomètre de Sulzer étoit à 30 degrés au-deflus de la congellation. XXVII. On fubititua au tube C celui défigné par D ; 157 = grains furenc employés pour contrebalancer celui-ci auquel je fis fubir une immerfion de 6 + lignes dans le liquide qui a fervi pour l'expérience précédente ; il fut bouché avec toutes les précautions prifes pour C : 16 grains rappellèrent fon orifice inférieur au niveau de la furface du vinaigre diftillé, & 8 : vainquirent la force de la cohéfion : le calcul romettoit 8,40 ; la différence n’eft que de +. J'aurois pu foumettre à l'épreuve d'autres tubes; mais ils ne m'auroient fourni que des dé- terminations fuperflues, eu égard à l'accord qui fe trouve entre les deux expériences qui précèdent. Les tubes € & D, dont j'ai fait ufage , font reftés couverts d'humidité. XXVIL. J'ai voulu éprouver, fi, en procédant comme M, Taylor, je ne pourrois point connoître au moins par approximation , le rôle joué par la cohéfion dans les valeurs numériques qu'on met en pareil cas fur le compte de l’adhéfion. Pour y parvenir, j'ai mis le difque de verre X (1) en équilibre avec un contre-poids fufñfant. Lorfque fon aire, quieft de 33,1500 lignes quarrées, a été en contact avec le vinaigre diftillé , j'ai ajouté par degrés au contre-poids jufqu'à 12 : grains. Cetre fomme a entièrement détaché, de la furface du vinaigre, le difque X qui a entraîné une grofle goutte de ce liquide avec lui: cette goutte, en s'étendant, occupoic un efpace central affez confidérable , & indiquoit par-là que le difque étoit fufpendu bien horifontalement. Dans des cas (1) Voyez (es dimenfons dans la Table feptième , page 184 , Journ. de Phyfiq, MAIS 1786 . SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 127 contraires , j'ai obfervé la même goutte plus ou moins rapprochée de la - périphérie. Ce phénomène peut fervir d'index, & faire connoître, à la fin des expériences de ce genre, fi un difque foutenu par trois fils fufpenfoires fe trouve dans une fituation parfaitement horifontale, ou non. XXIX. Le difque S a été mis à la place de X ;ÿ5 ! grains ont été fuffans pour le tenir eñ équilibre ; il en a fallu 29 + pour le féparer de la mafle du vinaigre , à laquelle il avoit été appliqué comme le précé- dent. En effet, le quarré du diamètre de X doit être au quarré du diamètre de S, comme l’adhéfion du premier efk à celle du fecond , ou 42,25: 100 :: 12,50 : 29,58. XXX. Je me fuis enfuite fervi des tubes H & E (1) ; le diamètre extérieur de l'extrémité inférieure de ce dernier eft prefqu'égal à celui du difque X ; la différence n’eft que de 0,10 — 0,1 ; & le diamètre de S differe de celui de H feulement de 0,32. J'ai fait fubir, avec les pré- cautions convenables, une immerfion de 7 lignes au tube E ; tandis qu'il contenoit un cylindre d'eau de cette hauteur, j'ai bouché fon orifice fupérieur ; 42 grains ont été employés fucceflivement pour ramener fon orifice inférieur au niveau du liquide; & 11 + de plus ont opéré fa fépara- tion d’avec lé vinaigre diftillé. Si ce tube avoit eu la propriété de C, c'efl-à-dire, de foutenir un cylindre d’eau dans fon intérieur, il auroit fallu 13,14 grains pour furmonter la cohéfion; puifque le quarré du diamètre de C eft au quarré du diamètre de E comme la cohéfion du premier eft à celle du fecond, ou numériquement, 13,39 : 39,06 : : 4,50: 13,14, à très-peu de chofe près. Une force de 12,50 grains a été fuffifante , quandil s’eft agi de détacher le difque X qui adhéroit au vinaigre, & dont la furface eft un peu plus étendue que celle de l’orifice inférieur de C. Si de 33,15 ( aire de X), on fouftrait 32,90, qui ett la furface de E , il reftera 0,25 lignes quarrées ; ce dernier nombre exprime la différence des deux furfaces dont il eft ueftion ; différence fi petite, qu’on peut prefque la regarder comme nulle. Il eft effentiel d’obferver qu'au moment du contact de folide à fluide, le difque défigné par X a fubi une immerfion d'environ 2 ligne; & que pour le ramener au niveau du liquide, ainfi que le tube E,, j'ai employé par degrés 6 grains ; il n’en refte que 6? qu'on puifle mettre fur le compte de l’adhéfion, ou plutôt fur celui de la cohéfion , puifque après l'expérience l’aire inférieure du difque X étoit humide. Il paroît naturel de conclure de l'épreuve faire avec le difque X, comparée à celle faite avec le tube E, qu’en faifant ufage de la méthode de M. Taylor pour déterminer l'intenfité de l’adhéfion , c'eft la valeur de l’adhélion qu'on obtient , mais d'une manière fort incompete. L'el eft le réfulrat (Gi) Voyez leurs dimenfons dans la Table première, Journ, de Phyfq, mars 1786, page 172. / x28 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, qui m'a été fourni par l'obfervation , & auquel je fuis parvenu par Ja voie des conjectures qui ont précédé l'expérience. L'épreuve fuivante mettra le fceau de la vérité à l’afferrion dont il s’agit. - XXXI. Le tube H a été fufpenda en équilibre avec un contre-poids convenable ; il a été enfoncé, à la profondeur de 4 lignes, dans du vinaigre diftillé ; c’étoit avec toutes les précautions requifes en pareil cas. J'ai employé 40 + grains pour amener fon orifice inférieur au niveau de la furface du vinaigre ; il n’en a fallu que 2$ + pour furmonter la cohéfion. Si le tube employé avoit eu la propriété de celui défigné par D, on auroit dû ajouter au contre-poids, non pas 2$ + feulement, mais 35,85 ; puifque, comme nous l'avons déjà établi , le quarré du diamètre de D, doit être au quarré du diametre de H, comme la cohéfion déter- minée par le moyen du premier tube eft à la cohéfion donnée par la voie du fecond ; ou fi l'on réduit les élémens de cette expérience en expreflions numériques, on aura 25: 106,70 :: 8,40: 35,85. : Cette proportion eft exacte, à très-peu de chofe près. On a vu au N°, XXIX que pour féparer le difque S de la mafle du vinaigre , on avoit eu recours à une force de 29,58 ; il faut fouftraire de ce nombre la force requife pour ramener S au niveau ; ce dtfque a efluyé, au moment du contaét de folide à fluide , une petite immerfion qui a été farmontée par 13,50 grains; le refte eft par conféquent de 16,08 qu'il faut attribuer, non à l’adhéfion, mais à la cohéfion ; attendu qu'après l'expérience , la furface inférieure du difque & fon pourtour offroient des traces d'humidité, L’aire de H étant de 83,66, & celle de S étant de 78,55 , la première n’eft fupérieure en étendue à la feconde que de $11 lignes quarrées; tandis que la différence des forces eft d'environ 20 grains. En effet, 35,85 — 16,08 — 19,77. N’eft-on pas en droit de conclure de cette épreuve que, par la méthode de M. Taylor , on trouve, feulement par approximation , l’intenfité de la cohéfion combinée, dans certains cas , avec l’adhéfion? Cette conclufon eft applicable à toutes les circonftances dans lefquelles Les difques, employés par M, Achard, font reftés couverts d'humidité, XXXII. Les adhéfions, déterminées conformément au procéde de M. Taylor, devroient , ce femble , être en raifon des points de contact. Un favanc s'elt élevé contre cette aflertion, & a accumulé un certain sombre de faits, dont il tire des conféquences qui, fur ce point, ne paroiffent pas favorables aux partifans de l'attraction. Pour favoir à quoi m'en tenir, j'ai cru devoir confulter l'expérience ; pour cela, j'ai fait ufage des tubes E & H ; le premier a été bouché par le haut , puis appliqué par Le bas fur la furface du vinaigre diftillé qui a été employé dans quelques-unes des épreuves précédentes ; lorfque fon orifice infé- teur rafoit la furface du liquide dont il eft queftion, j'ai été obligé de furcharger fucceflivement Le contre-poids , & dy ajouter 12 grains Ris ui TL SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. ‘129 lui faire abandonner la furface du vinaigre. Ee dernier tube, c'eft-à-diré, H,a été fubftitué au premier, & 37 grains ont furmonté la réfiftance qu’il oppofoit à fa féparation. Les nombres 12 & 317 approchent beau- coup de 12,50 , & de 29,75 ; ces derniers nombres expriment les adhé- fions qu'ont fait obferver les difques X & S, dont il eft fait mention aux Nos, XXVIIT & XXIX de ce Mémoire. En comparant enfemble les quatre expériences que je viens de rapporter, on eft tenté d'embrafler le fentiment de M ***, qui foutient que l'adhéfion | déterminée’ fuivant La méthode du D.:Taylor , n’eft point en raifon des points de contact, : XXXIIL Les deux tubes H & E, dont on a parlé plus haut, ont été foumis de nouveau à l'expérience , leurs orifices fupérieurs étant ouverts; dès qu'ils ont rafé la furface du vinaigre diftillé, on a procédé à Jeur féparation d’avec le liquide; il a fallu émployer 7 grains pour enlever le plus petir cube, & 18 pour détacher le plus grand de la mafle du vinaigre. D’où peut venir la différence qu'on obferve entre ces deux dernières expériences & les précédentes ? Il faut recourir à la preflion atmofphérique pour en afligner la caufe , ou foutenir que l'ir libre & l’air emprifonné font capables de produire cette diverfité d'effets. Quoi qu'il en foit , on eft obligé de reconnoître que l'air joue un rôle & dans les expériences de l’adhéfion, & dans celles faites relativement à la détermis nation des cohéfions. XXXIV. La cohéfion du vinaigre ordinaire a été trouvée moindre que celle du vinaigre dift lé ; car.en faifant ufage du tube C , elle s’eft trouvée être de 3,50 grains; & en employant le tube D; elle a été de 6,50. Ce qui s'éloigne très-peu des réfultats annoncés par le calcul. En effet, la furface de Porifice inférisur du premier tube eft à celle du fecond, comme la cohéfon obfervée avec celui-là «fl à la cohéfion déterminée par la voie de celui-ci, où en expreflions numériques, 10,46 : 19,60 : : 3,50 : 6,53. Le défaut d’exadtitude, qui fe trouve dans cette proportion, eft léger, puifqu'il ne tombe que fur les décimales, On voit que je me fuis contenté de donner les é émens de cette dernière expérience; j'en uferai de même à l'égard des épreuves: qui fuivront : le procédé , auquel j'ai recours pour déterminer l'énergie de la cohéfion , eft aflez connu maintenant pour me permettre d'en ufer de la forte. Je pourroïs, à la rigueur, n’employer qu'un tube dans la recherche des évaluations dont je m'occupe dans ce moment; mais Ja précaution que je prends, en faifant ufage des tubes C & D, eft très-propre à empêcher toute erreur de s’introduire dans mes déterminations. Lorfque je compare deux faits qui s'accordent, je fuis sûr d’avoir bien obfervé, XXXV. On a fubfitué de l’acide muriatique au vinaigre ordinaire. Le tube D, auquel on avoit faic fubir une immerfon de 6 lignes, a été ramené au niveau par une accumulation fucceflive de 20 grains, La Tome XXX , Part, I, 1787. FEVRIER, 130 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, cohefion qu'il a fair obferver, éroit de 4,75 grains; celle de C a été de 2,50. En effet, 25: 13,39 :: 4,75: 2,54 XXXVI L’alkali volatil cauflique a donné une cohéfion qui étoit de 2.4 grains, lorfqu'on a employé C, & de 4 ?, lorfqu’on s'eft lervi de D; ce 1éfulrat s'accorde aflez avec la théorie ; puifque 13,39: 25:: 2,50 : 4,66: La cohéfion chfervée,entre les molécules de l’alkali voiatilne differe pas, du moins fenfiblement, de la cohéfion remarquée entre les parties inté- rantes de acide muriatique. | XX X VIL L’acide régalin a été employé en dernier lieu ; le plus petie de mes deux tubes a fourni une cohélion comme 4 ; & le plus grand une égale à 6 :. En comparant les furfaces avec les réfiftances qu'one oppofées à leur féparation les molécules du liquide dont il s’agit, on a pour réfulrat 13,39 : 25 ::4:7,461. Ce réfultat n'eft pas fort éloigné de La précifion m-thématique, requi'e en pareil cas. XXXVIIL Telles font.les expériences que le tems m'a permis de mettre en ordre ; il me refte à publier la continuation de mes recherches; elles ont eu pour objet les différentes efpèces d'huile, & le plus grand nonibre des acides menrionnés dans l’Encyclopédie méthodique, Quel- ques-unes de mes épreuves ont encore befoin de revifion ; après avoir obtenu: des déterminations exactes , je dreflerai des Tables, à l’aide defquelles le Lecteur pourra, d'un coup-d’œil, difcerner la différence attractive qui exifte entre les molécules intégrantes des différens fluides qui auront été foumis à des épreuves faites avec route l'exactitude dont je fuis capable. 1 Fautes à corriger dans le Memoire fur La Cohéfion des liquides , Journ. Phyfiq. Mars 1786. Page 171, /lign.2,Scriften, Zif. Scriften. Page 172, Lign.23,intérieur, Zf, inférieur. Cerre faute ef? repétée aux lignes +5, 19 & 25 de la même page. Page 174, lion 4,150, Lif. 160. k Page :77 , dign. 2,175, Lf. 1,75 Page 179, lign. 10,36, if. 39. Page 181,/gm 3,gravités, Jif. graves. Page 183,lgn. 39,C,88, Zif. 6, 88. Page 185, Ligne première , tube , Lif. difques Ibid, ligne deyniére, 10,14, lif, 1024. ii SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS, x je MÉMOIRE SRUPR 2 PA CF D'E ?D'U/PIER BE RES: Par M HOFFMAN, Apothicaire à Leer (1). UK: livre de berberis bien mür, étant broyée , & expofée à la fermen- tation à un endroit tempéré , laqueile achevée , on en tira onze onces de fuc ; ces onze onces diftillées, donnèrent une once & demie d’efprit-de-vin phlegmarique, & en répérant la diftillation , on reçut une demi-once d’efprir-de-vin fort, & d'une odeur agréable. A certe demi-once füivoie encore une liqueur aqueufe qui ne fentoit après rien du tout. C’eft pourquoi l'on ceffa alors la diftillation. Le réfidu du fuc dans la cornue confervoit encore le même goût qu'il avoit auparavant , excepté qu’il a perdu un peu de fon acidité agréable , & fa belle couleur rouge. Il me donna par une évaporation lente, peu-à-peu quarante grains de criftaux de berberis , qui étoient fort petits, & paroifloient fous forme d’écailles. Je recueillis encore foixante-dix onces.de ce fuc, & j'en obtins par de nouvelles évaporations neuf dragmes de criftaux de berberis, ainfi un peu plus qu'auparavant, : Je faturai le refte du fuc, dont on ne pouvoit plus obtenir de criftaux; avec de la poudre d'écailles d'huître, de la manière ordinaire; j'en employai deux onces & demie: enfuite je féparai l’acide végétal d'avec l'acide vitriolique à la manière ordinaire. - Je m'attendois à avoir un acide bien pur, fur-tout ayant cherché à purifier le fuc du berberis auparavant quelquefois avec de l’écume du blanc d'œuf, mais l’acide conferva encore une couleur brune. Quoique cer acide poffédär prefque routes les propriétés que l'on obferve à l'acide du fucre, favoir , qu'il trouble l’eau de chaux , qu'il précipire la terre calcaire, le mercure, le plomb , de leur diffolurion dans l'acide nitreux ; je ne pouvois cependant pas le réduire en forme de criftaux. Je l'eflayois toujours en vain. Quelque clair que je rendifle cet acide en le filtrant, il devenoit toujours trouble. Si je voulois pouffer l'évaporarion trop loin, il s'en féparoit quelque peu de criftaux qui étoient du tartre vitriolé. Pour déphlooiftiquer cet acide , & pour l'obtenir fous forme criftal- line, il me fallut avoir recours à l'acide nitreux. Je partageai pour cet (1) Extrait des Annales Chimiques de M. Crell. Tome XXX, Pare, I, 17987. FEVRIER. R 2 1332 OBSERFATIONS SUR rl PHYSIQUE, effet cet acide en deux parties égales ; j'en mis la moitié dans une cornue, & la diflillai avec de l'acide nitreux, qui pañla fous forme de vapeurs rouges, & après d’autres préparations néceflaires, j'obtins le meilleur acide du fucre en criftaux prifmatiques. Je faturai l’autre moitié avec l’alkali végétal , ce qui me produifit des criftaux qui ne différoient en rien des criflaux naturels de berberis, que par la figure, ce qui peut provenir d’une plus 'ou moins forte faturation. Ceci donne une nouvelle preuve de l'identité de l’acide végétal : cepen- dant je n'ai pas pu m'appercevoir de la propriété déronante, ni au fel de berberis naturel, ni à l'artificiel , ce que M. Pakens , dans le magafin de M. Pfingflen , a remarqué au fel d'ofeille ; le mercure étoit précipité en blanc : ce précipité, lavé avec de l’eau , féché & expofé dans une cuiller d'argent fur des eharbons embrafés , s'évapora fans s’enflammer ou déconner. La caufe de cela ne feroit-elle pas due à une plus grande quantité de phlopifton ? Quoique M. Weftrumb & d’autres aient indiqué les qualités effentielles de l'acide du fucre ou de l'acide végétal en général, je n'étois pas moins tenté de faire encore les effais fuivans. Si, dis-je, l'acide du fucre tire fou origine de l’acide nitreux par une modification du phlogiftique, dans ce cas notre acide préfenteroit un corps qui contient encore du phlogiftique en quantité, & fourniroit certainement beaucoup d’acide de fucre, en Îe traitant avec de l’acide nitreux, Pour cela je pris une once du fuc brun duquel j'ai féparé, tant par la criflallifation , que par les écailles des huîtres , tout l’acide véoétal, de forte qu’iln’avoit plus de goût acide. Je l’expofai dans une corniie avec deux onces d’acide nitreux, & je diftillai. Premièrement il pafla un acide nitreux foible ; le fuc qui étroit dans la cornue changea peu-à-peu fa couleur brune en un beau rouge (on y obfervoit une écume ), & après en couleur jaune, laquelle refta jufqu'à la fin. La liqueur devenue totale- ment claire dans la retorte, étoit verfée dans un plat de porcelaine ; elle avoit un goût acide & défagréablement amer, & au refroidiflement elle laiffa tomber quelques grains de félénite , que j'en féparai. J'obfervai que cette liqueur qui avoit repofé pendant quelques jours, & où il ne paroifloit point de criftaux, étoit devenue plus liquide, & par con- féquent qu'élle avoit attiré de l'humidité; ce qui me failoit croire qu'il y avoit encore de l'acide nitreux. Je ne m'y trompois pas; car en faifant évaporer cette liqueur à ficcité , il s’en dégagea encore une quantité de vapeurs rouges; la matière devenoit gluante comme de la térébenthine, & à la fin fi dure, que je pouvois la réduire en poudre. Je diffous cette poudre dans l’eau diftillée , & il s’en précipita encore quelques grains de félénite qui, avec les premiers, pefoient vingt-fix grains. L’acide virrio- lique verfé dans la liqueur en fit précipiter de l’acide du fucre en forme de beaux criftaux prifmatiques, Le refte de la liqueur filtré à travers le SUR L'HIST., NATURELLE ET LES ARTS. 133 apier, avoit encore le même goût amer, mais point acide; elle ne fe criftallifa pas non plus. Comme je n'en pouvois pas obtenir des criflaux, je jugeai que la liqueur contenoit encore trop de phlogiftique. J’y ajoutai de nouveau deux onces d’acide nicreux , & la traitai comme auparavant, avec la feule différence que je continuai la difillation aufli long-tems qu'il s’en dégagea des vapeurs rouges , & jufqu’à ce que la matière devint sèche dans la cornue. En tant le matras, j'y trouvai un acide nitreux bien foible , qui avoit une odeur volatile , & un air qui paroifloit en partie air fixe, en partie air nitreux ; une chandelle allumée s'éreignit d'abord dans cet air. Le réfidu qui étoit dans la cornue diflous de nouveau dans l’eau diftillée, il s’en féparoit par la filcration quelquessgrains d'une terre indif- foluble dans aucun acide, & par-là elle me paroifloic étre du quartz. Je fis évaporer à ficcité la liqueur qui écoic claire, & confervoit toujours une faveur amère, & j'en obtins neuf grains de criftaux prifmatiques qui avoient le goût du falpêtre, fufoient fur des charbons ardens, & par conféquent fe trouvoient être du falpêtre véritable. On expliquera faci- lement l’origine de ce nitre. Je trairai encore une fois cette liqueur avec de l'acide nitreux & avec le même fuccès. J’en féparai encore un grain & demi de terre, qui donna avec la première quatre grains ; la liqueur ne pefa plus qu’une dragme & demie. Ainfi j'ai décompofé le fuc de berberis prefqu'entièrement par l’acide nitreux , & l'ai réduit en eau, air & terre, fans avoir reçu le moindre foupcon d'acide de fucre. Les expériences que j'ai faites fur l'acide de berberis liquide & en forme de criftaux , m'ont donné à-peu-près les mêmes réfultats. Si j’ofois me perfuader que de pareils effais peuvent faire plaifir au Public, ce feroit un motif pour moi de rechercher comment fe comporteroient les criftaux de berberis: avec les autres fels, les alkalis, les terres & les corps métalliques. RSR EEE EXPÉRIENCES SURELIE GAZ HÉPATIQUE, Lues à la Société Royale de Londres, le 22 Décembre 178$, par M. KiIRWAN: Traduites par Madame PIiCARDET. Le gaz hépatique eft ce fluide élaftique permanent que l’on obtient de la combinaifon du foufre avec différentes fubftances , telles que les alkalis, les terres, les métaux , &c, Il a beaucoup de propriétés particulières , #34 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE; qui le diftinguent, dont les plus fenfibles font, qu’il exhale une odeur défagréable , que n’a aucune autre fub{tance; qu'il eft inflammable lo:fqu'il eft mêlé en certaine proportion avec l'air vital ou le gaz nitreux ; qu'il eft mifcible à l'eau à un certain degré, & qu’il a le pouvoir d’altérer les couleurs des métaux, particulièrement de l'argent & du mercure; le célèbre Schéele a le premier découvert ces propriétés. Ce gaz fait une partie importante dans l'économie de Ja nature; il fe trouve communément dans les mines de charbon; le vraiment grand PBergman , que l’on ne peut jamais cefler de regretter , a fair voir qu'il éroit le principe d'où dépendoient les propriétés fulfureufes de beaucoup d'eaux minérales, & par-là il a heureufemeut rerminé les nombreufes difputes que l'obfcuriréide la matière avoir occafionnées. Îl y a encore grande raifon de croire, qu'il eft le produit particulier de la putréfaction d’une vrande partie, fi ce n'eft de routes les fubftances animales. On fait que les œufs pourris & l'eau corrompue ont l'odeur particulière de cette efpèce de gaz, & encore qu'ils décolo-ent les fubftances métalliques de la même manière. M. V’iellard a dernièrement découvert des indices de fa préfence dans le fang putréfié, Cependanr cette fubftances n'a pas été examinée autant qu'elle pouvoit le mériter, Les expériences de M. Bergman n'ont pas été aflez multipliées, ce qui l'a induit en erreur. Le Docteur Prieflley ne l’a examinée que fuperfciellement. Les recherches de l'ingé- nieux M. Sennebier de Genève ont , à la vérité, été fort érendues ; mais comme pour des raifons particulières , il a travaillé cet air fur l’eau , (dans laquelle il a été abforbé en grande quantité) au lieu de mercure, fes conclufions paroiflent à beaucoup d’égard fufceptibles d’objections , comme on le verra dans la fuire. Les expériences que j'ai l'honneur maintenant de préfenter à la Société ont été faites fur le mercure, & chaque fois répétées. SECTION PREMIÈRE. Des Jubflances qui donnent le Gaz hépatique , & des moyens de l'obtenir. On fait bien que le foie de foufre ou hépar falin eft formé par la voie sèche, d’un mêlange de parties égales d'alkali végétal ou minéral & de fleurs de foufre fondues enfemble , à une chaleur médiocre, dans un creufer couvert. J’ai examiné les circonftances de cette opération , & j'ai obfervé que quand ce mélange étoit léoèrement chauffé , il en fortoit une fumée bleuâtre qui devenoit plus blanche à mefure que la chaleur augmentoit; & à la fin, quand le mélange fut entièrement fondu , & le fond du creufet légèrement rouge, il devint parfaitement blanc & inflam- mable. Pour examiner la nature de cette fumée, je préparai un alkali aflez pur, en faifant détoner parties égales d’acidule tartareux ou crème de SUR'L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. ‘113$ tartre & de nitre, dans un creufêt rougi à la manière ordinaire, & mêlant ce {el parfaitement fec avec des Beurs de foufre en beaucoup plus petite quantité, à ce que je crois, (car je ne pefai point le fel, dans la crainte que pendant cette opération il n'attirät l'humidité) je chauffai le mélange par degrés dans une petite retorte de verre lutée, & je reçus le produic aériforme fur le mercure, La première portion d'air qui pafla,à une chaleur très-douce, étoie celui de la retorte même, légèrement phlogiftiqué; il y en avoit 1,5 pouce cubique, & par l'épreuve du gaz nitreux du Doëéteur Prieftley , ( c’eft-à- dire, avec égale mefure de gaz nitreux ) il donnoit 1,29, Il ne cortenoit point de gaz méphirique. La feconde portion d’air obtenu par l'augmentation de la chaleur fue d'environ dix-huit. pouces cubiques ; il étoit rougeâtre, & paroifloit un mélange de gaz nitreux & d’air commun ; il attaquoit léoèrement le mercure. - La troifième portion fut de vingt pouces cubiques , & paroifloit être de même nature que la dernière, mais elle étoit mêlée avec an peu de gaz méphitique. 4 JL pafla enfuire foixante-quatre pouces cubiques de gaz acide méphi- tique prefque parfaitement pur, & le fond de la cornue étant alors rouge, il fe fublima un peu de foufre à fon col; quand tout fut refroidi , le foie de foufre fe trouva dans le fond de Ja cornue, Par-là nous voyons que la fumée bleue eft compofée principalement de gaz acide méphirique , & la fumée blanche, ou jaune, de foufre fublimé; & que le gaz hépatique ne fe forme pas ainfi, ni le gaz vitrio- lique, à moins que la cornue ne foit fi large qu’elle ne tienne fufifamment d'air commun pour favorifer la combuftion d’une partie du foutre, On voit en fecond lieu que le gaz acide méphitique, ou tout autre acide combiné avec Palkali, doit en être dégagé avant qu'il puifle fe combiner avec le foufre, Le foie de foufre attaque fortement la terre des creufers & pafle promprement à travers. L'expérience ci-deflus paroît prouver que le foie de foufre ne donne pas le gaz hépatique fans l'addition d'un acide , & je crois cela vrai quard l'expérience eft faire par la voie sèche, peut-être même auffi par la voie humide ; car ayant ajouté deux cens grains de foufre à une diffolurion concentrée d'alkali végétal très-cauftique , je n'ai obtenu , à l’aide d’une chaleur forte & long-tems continuée, qu'un pouce cubique de gaz hépa- tique; cependant on fait bien , qu’une foie diflolution de foie de foutre fournit conftamment une odeur hépatique, même à la température de l'armofphère; & certe fubftance qui s’en dégage contient aflez de caz hépatique pour décolorer l'argent & le plomb, & même leurs diffelu- tions; ce qui fait voir qu'une très-perire quanriré de ce gaz cit .carable de produire cer effet. Pour découvrir fi le dégagement du gaz hépatique 136 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, pouvoit être caufé par le gaz acide méphitique qui fe fépare de l'ait atmofphérique, je jerai un peu d'hépar calcaire pulvérifé dans de l’eau chargée d'acide méphitique , & j'eflayai en la chauffant d'en obtenir du gaz hépatique, mais cela ne réuflit pas; obfervation conftante que l'odeur hépatique & fon effet font toujours plus forts au premier inftant qu'on débouche une diflolution hépatique , femble indiquer que le gaz acide mépbitique n'influe pas dans cette production. Le meilleur foie de foufre fe fair avec égale quantité d'alkali fixe & de foufre ; mais comme environ un cinquième de l'akali fixe eft compofé du gaz acide qui fe dégage pendant l'opération , il paroît que la proportion du foufre eft plus forte dans le compofé qui en réfulte: cependant, comme il y a toujours un peu de foufre qui fe fublime & même qui fe brüle , il n’eft pas aifé de déterminer exactement les proportions; cent grains du meilleur foie de foufre, c’eft-à-dire, le plus rouge , donnent avec l’acide muriatique afloibli , environ quarante pouces cubiques de gaz hépatique , à la température de foixante degrés (1) , quantité qui équivaut à environ 13 grains de foufre, comme on le verra dans la fuite. L’acide muriatrque eft celui qui convient le mieux pour produire le gaz hépatique. Si on emploie l’acide zitreux concentré, il donne le gaz nitreux; mais ayant affoibli un peu d'acide nitreux, dont la gravité fpécifique étoit 1,347 , avec vingt fois fon volume d’eau, j'obtins, à l'aide de la chaleur , le gaz hépatique auffi pur qu'avec tout autre acide. L’acide vitriolique concentré , verfé fur du foie de foufre ne donne que peu de gaz hépatique, fans le fecours de la chaleur , quoiqu'il décompofe fur le champ le foie de foufre ; & c’elt particulièrement par cette raifon que la proportion de gaz el fi petite ; car c'eft pendant que les matières fulfureufes fe décompofent par degrés que le gaz hépatique eft produit. Le vinaigre diftillé donne ce gaz, à la température de l’ätmofphère; mais il n'eft pas pur; fon odeur particulière étant mêlée à celle du vinaigre. | L'acide faccharin produit auffi un peu de ce gaz, à la température de 59 degrés. Vingt grains defel fédatif, (ou comme 1l convient delenommer acide boracin ) ayant été diflous dans une once d’eau, cette diflolution verfée fur le foie de foufre ne donna le gaz hépatique qu’à la chaleur de l'ébullition ou à-peu-près. On n'obtient point de gaz hépatique par l'acide méphitique ni par l'acide arfenical. Le foie de foufre eft foluble non-feulement dans l’eau , miais encore dans l’efprit-de-vin, & dans l'alkali volatil cauftique; ces diflolutions font colorées en rouge. Le foufre eft précipité de la première par l'addition de l’eau ou d’un acide , de la dernière feulement par un acide, D AC, {1) Ces degrés doivent s’entendre de l'échelle de Farenheït. Ayant SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS, 137. Ayant fait un peu de foie de foufre dans lequel la portion de (oufre excédoit de beaucoup celle de l’alkali , je verfai fur une partie un peu d’acide vitriolique , dont la gravité fpécifique étoit 1,863 ; par ce moyen j'obtins le gaz hépatique fi chargé de foufre, qu'il s’en dépofoic un peu dans le tube à travers lequel il pafloit, & mème à la partie fupérieure du récipient. Je fis païler ce gaz dans un autre vafe; mais quoiqu'il fût par- fairement clair & tranfparent , occupant un efpace de fix pouces cubiques, cependant le lendemain il y avoit fur les côtés du foufre de l’épaifleur d'une ligne , &'le gaz réduit à un pouce cubique, qui étoit du gaz acide vitriolique pur. De-la il paroît , premièrement qu'il peut exifter une efpèce de fluide élaftique dans un état intermédiaire entre l'air & la vapeur, qui n'eft pas élaftique & permanent comme l’air, ni immédiatement condenfé par le froid comme la vapeur, mais qui en perdant par deprés fa chaleur fpécifique peut devenir concret. On voit, ez /econd lieu, qu'une aflez grande quantité de foufre peut être combinée avec le gaz acide vitriolique pour lui communiquer les propriétés de gaz hépatique, au moins pendant quelque tems. Un mélange de trois parties de chaux vive pulvérifée, & d’une partie de foutre chauffé au blanc pendant une heure dans un creufer couvert , acquit la dureré de la pierre, & étant traité avec l'acide muriatique donna le baz hépatique. Si on fair chauffer un morceau de cette pierre dans de l'eau pure , il devient bleu, & de-là l’origine des marnes bleues qui fe trouvent communément près des eaux thermales & fulfureufes. L’hépar calcaire peut encore être formé par la voie humide : ce qui eft bien connu. =: La mapnéfie, privée d'acide méphitique, chauffée de la même manière avec le foutre , ne donne pas le gaz hépatique , quand on verfe deflus un acide. Je produifis encore ce gaz d’un mêlange de trois parties de /imaille de fer & d’une de foufre fondues enfemble, & traitées avec l'acide muria- tique; il eft fingulier, que ce fer fulfuré diffous dans l'acide muriatique donne à peine un peu de gaz inflammable, mais le plus fouvent du gaz hépatique. Un mêlange de parties égales de limaille de fer & de foufre pêtri avec de l’eau , après qu'il fe fur échauffé & qu’il eut commencé à noircir, donna le gaz hépatique, en ÿ verfant un acide ; mais ce gaz étoir mêlé de gaz inflammable qui probablement provenoit du fer non combiné. Quelques jours après cette pâte ne donnoir plus de gaz hépatique. M. Bergman a obfervé que le foufre combiné avec quelques autres métaux donnoit le gaz héparique. J'entrepris d’extraire le gaz d'un mêlange d’Auile d'olive & d’atkale yépétal cauftique; il blanchir fur le champ, & l’ayant chauffe il frune fi vive effervefcence qu'il s’éleva jufque dans le récipient, Je ne réuffis pas mieux Tome XXX, Part. I, 1787. FEVRIER, 13 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, en ajoutant un acide, ce qu'il étoit facile de prévoir. L'événement fut différent quand fur quelques grains de foufre je verfai un peu d'huile & que je fis chauffer dans une fiole portant fyphon recourbé ; aufli-tôt que le foufre fut fondu , l'huile commença d’agir fur Jui, devint rouge & fournit un gaz hépatique, femblable à celui produit par les autres procédés, J'ai encore obtenu ce gaz abondamment d’un mélange de parties égales de foufre & de charbon de bois pulvérifé, qui avoic été, autant quil eft pofiible, privé de l'air qu’il tient accidentellement, en le tenant long-rems chauffe au rouge dans un creufet, fur lequel on avoit luté un couvercle ayant un petit trou pour laiffer pañler l'air. C’étoit du gaz inflammable , comme il parut en lui préfentant une chandelle allumée à l'endroit par où il fortoir. Cependant il eft prefqu’impoñhible de priver entièrement le charbon de bois de tout air étranger ; car il le reprend auffi-tôt qu'il eft expofé à l’atmofphère. Lorfqu'on diftille ce dernier mêlange, il donne une grande quantité de gaz hépatique & un peu de gaz inflammable , fans addition d'aucun acide, J'imaginai que la rerorte n'étant qu'à moitié remplie , elle pouvoit con tenir fuffifamment d'air atmofphérique pour qu’une partie du foufre püt fe brûler, & de cetre manière fournir l’acide néceflaire ; mais lorfque je remplis la cornue d'air phlogiftiqué , à 1,8 par l'épreuve du gaz nitreux , & que je diftillai dans cet air le mélange ci-deflus , le réfultat fut exac- tement le même que quand la cornue étoit remplie d'air armofphérique. Six grains de pyrophore, compofé d'alun & de fucre, firent eflervef- cence avec l’acide muriatique & donrièrent 2,$ pouces cubiques de gaz hépatique ; ce pyrophore avoit été fait fix ans auparavant , il avoit été confervé dans un tube fermé hermétiquement & expofé plufieurs érés à la plus forte lumière du foleil ; il étoit fi combuftible que quelques grains prirent feu pendant qu'on l’introduifoit dans la fiole pour en dégager le gaz hépatique, Un mélange de deux parties de fucre blanc ( fondu auparavant pour le priver d’eau ) & d’une partie de foufre, chauffé à environ 600 ou 700 degrés donna très-promprement du gaz hépatique dont l’odeur refflembloit beaucoup à celle de l'oignon ; il ne contenoit ni gaz acide méphitique, ni acide faccharin, ni aucun autre acide; mais le fucre & le foufre fondus enfemble, ne donnent point de gaz hépatique quand on les traite avec les acides. l’eau, lefprit-de-vin & l'acide muriatique décompefent ce mélange en diflolvant le fucre & laifflant le foufre. La plombagine mêlée avec le foufre ne m'a pas donné de gaz hépa- tique. J’eflavai alors fi le foufre pouvoit fe combiner avec les fluides élaftiques. Voici quels furent les réfulrats. : Douze grains de: foufre chauffés dans une cornue remplie de gaz inflammable métallique ne donnèrent point de gaz hépatique , quoique Ja cornue eut une odeur hépatique Jorfqu’elle euc été refroidie & expofée ne pp SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 139 quelque rems à l’air. Il eft vrai que la chaleur que j'y appliquois pouvoic être infuffifante ; car le gaz inflammable s'élevant à urie douce chaleur, le mercure montoit fi haut dans le col du récipient que craignant que la cornue ne cafsàr , je fus obligé d'interrompre l'opération. Je ne réuflis pas mieux lorfque jhumectai le foutre avec de l'acide muriatique , avant la difillation. J'expofai encore pendant quatre jours 18 grains de foie de foufre à 6 pouces cubiques de gaz méphitique ; à une chaleur de 70 degrés du thermomètre ; le foie de foufre étoit un peu blanchi à la furface @ le gaz n'avoit pas l'odeur hépatique, mais plutôc celle du pain. Il n’étoit pas converti en air phlogiftiqué, mais il fembloit s'être chargé d’un peu de foufre, que l'eau de chaux en fépara. Il n’étoit pas le moindrement diminué, &: fembloit par conféquent avoir reçu une addition de gaz hépatique ou plutôt de foufre. Je mis aufli une pâte de foufre & de fer pendant cinq jours en contact avec le gaz méphitique ; il ne fut pas diminué, mais il reçut une légère addition de gaz inflammable. La pâte retirée hors de ce gaz & expofée à l'atmofphère , s’échauffa fortement. Enfin, j'expofai trois graias de foufre à environ douze pouces cubiques de gaz acide muriatique ; au bout de quatre jours, ni le gaz , ni le foufre n'étoient diminués fenfiblemenr. Lorfque j’ajourei un pouce cubique d’eau , le gaz fut réduit par l'abforprion à un pouce, & celui-ci avoit une odeur hépatique ; de manière que ni Le foufre n'étoir décompofé, ni Pacide’ muriatique converti en gaz inflammable ; l'eau avoit aufli une odeur héparique , & contenoit évidemment du {outre ; car elle précipita la diffolution d'argent en brun mêlé de blanc, & la diflolution nitreufe de cuivre en brun-rougeâtre ; lorfque j'y verfai de la diflolution de potaile, elle occalonna un précipité blanc, & c’étoir du foufre. SECTION SECONDE. Des caraëtères pénéraux du Gaz hépatique. 12 J'ai pris le poids abfolu de ce gaz en le pefant dans une bouteille de verre purgée d’air auparavant par la machine pneumatique nouvellement perfedionnée par M. Hurter, dont l'effet eft fi confiderable qu'elle ne laifle communément que = d’air & fouvent ——. C tre bouteille con- tenoit à-peu-près 116 pouces cubiques, & cerre quantité de gaz hépatique pefoir 38,58 grains, le thermomètre érant à 67° 5", le baromètre à 20,94, & l'hygromèrre de M. de Sauflure à 84 degrés. Le poids de 116 pouces cubiques d'air atmofphérique étoit dans le même tems de 34,87 grains. Ainfi un pied. cubique de gaz, hépatique pèfe dans ces circonflances 5747089 grains; 100 pouces cubiques de ce gaz pèfent environ 33 rains; & fon poids relativement à l’air commun eft comme 50000 à Tome XXX, Part, 1, 1787. FEVRIER S 2 140 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, 9038 (1). Ce gaz hépatique avoit été tiré de la pyrite artificielle par l'acide muriatique. j On a déjà parlé de l’inflammabilité de ce gaz. Il ne détone jamais avec l'air commun ;il ne peut être enflammé dans un vaifleau dont Porifice eft étroit , à moins qu'il ne foit mêlé avec une portion confidé- rable d'air. M. Schéele a trouvé qu'il senflammoit lorfqu'il étoit mélé avec deux tiers d’air : fuivant M. Sernebier l'étincelle éleétrique ne l’allume pas lors même qu’il eft mêlé avec une certaine quantité d'air refpirable. J'ai obfervé que le mêlange d’une partie de gaz hépatique & 1,5 d’air commun brüloit avec une flamme bleue fans éclat ni détonation. Le foufre fe dépofe conftamment pendant la combuftion, & on fent une odeur de gaz acide vitriolique. Le mêlange de parties égales de gaz hépatique & de gaz nitreux donne en brûlant ure flamme vacillante, bleuâtre, verte & jaune; le foufre fe dépofe de même à proportion u'il fe forme, une chandelle mife dans ce gaz brûle plus foiblement & s'éteint à la fin. Un mêlange de deux parties de gaz nitreux & d’une partie de gaz hépatique brüle en partie de même avec une flamme verte, & une chandelle s'éteint dans le réfidu, qui rougit lorfqu'il eft en contact avec l'air atmofphérique. J'ai fair un mélange d’une partie de gaz nitreux & d’une de gaz hépatique, & j'y ai ajouté une partie d’air commun ; à l'inftant que l'air commun fut introduit, le foufre fe précipita, & les trois mefures occupèrent l’efpace de 2,4 mefures ; il brûla à la furface avec une large flamme verdâtre ; mais la chandelle s’y éteignit lorfqu’on l’enfonça profondément. Un mélange de quatre parties d’air commun & d’une partie de gaz hépatique, brüla rapidement avec une flamme bleue; mais une partie d'air vital mêlée avec une partie de gaz hépatique, qui avoit été gardé huit jours, fit une explofon aufi violente qu'un coup de piftoler, & fi promptement que l’on ne put diftinguer la couleur de la flamme. Toutes les efpèces de gaz hépatique roupiffent l'infufton de tournefol, M. Bergman paroît penfer que fi ce gaz étoit lavé il ne produiroit pas cet effet ; cependant, quand j'en ai paflé deux mefures à travers une mefure d'eau, ou quand je l'ai dégagé par l'ébullition de l'eau qui en étoit imprégnée, ou que j'ai fait repafler celui qui avoit déjà rougi l'infufion de tournefol, dans une quantité nouvelle de cette liqueur , il a manifefté la (x) Ainf ii y a évidemment erreur dans le poids que j’ai afigné à l’air commun dans mon premier Mémoire d’après M. Fontana ; car dans cette fuppoñtion l’air ne feroit pas même fept cens fois plus léger que l’eau, à la température de 55 degrés, & le baromètre à 29,5 ; ce qui contredit toutes les expériences aéroflatiques & baromé- triques, & je ne puis m'empêcher de remarquer l’accord de la pefanteur dé Pair commun trouvée ici avec le réfultat des calculs de M. George Shuckburgh, il ef tel qu'il n’y a que deux grains de différençe fur un pied cube. ISURCL'HISTY NATURELLE ET: LES ARTS. 141 même propriété, que par cette raïlon je regarde comme lui étant efléntielle, À l'égard de la folubilité dans l'eau, les gaz hépatiques extraits de diverfes matières, différent confidérablement, A la température de 66 degrés , l’eau diflout, à l’aide d’une légère agitation, deux tiers de fon volume de gaz extrait par l’äcide muriatique de l’hépar calcaire ou alkalin ; À de fon volume de gaz hépatique martial dégagé par le même acide ; = de celui extrait par Le moyen de l'acide vitriolique concentré ou de l'acide nitreux délayé , ou de l'acide faccharin , à la température de 60 degrés; 7 de gaz hépatique boracin ; + de gaz hépatique acéteux , ainfi que de celui produit par l’huile d'olive; & un volume égal au fien du gaz produit par le mélange de fucre & de foufre. En général, j'ai penfé que celui qui exigeoit plus de chaleur pour fa produétion , devoit être le plus foluble, quoique dans quelques épreuves , particulièrement _ dans celle du gaz hépatique acéteux , cette circonftance n'ait pas lieu. Mais le phénomène le plus remarquable que préfente l’union du gaz hépatique avec l’eau, eft qu'il n’eft point permanent, même l’eau que l'on avoit fait bouillir pour en chailer l'air, devint trouble , quelques jours après fa faturation avec le gaz hépatique, & au bout de quelques femaines , elle J’avoit dépofé prefqu’entièrement en forme de foutre, quoique la bouteille fût toujours bien bouchée, ou renverfée dans l’eau ou le mercure. Cependant l'eau ne décompofe en aucune manière le gaz hépatique en l’abforbant , car la portion qui refte non-abforbée par une quantité d’eau , peut l'être par une plus grande quantité, & brûle comme tout autre gaz hépatique. La chaleur ne dégage point ce gaz de l'eau, qu’elle ne foit au degré de l'ébullition. Aucun des gaz hépatiques que j’ai examinés ne précipite la chaux de l'eau de chaux , excepté le gaz hépatique charbonneux ; & même celui-ci produit à peine un précipité fenfible , à moins qu’on n’en fafle pafler une grande quantité dans une petite portion d’eau de chaux. La diflolution de l’acéte barotique devient brune & trouble par le contact de ce gaz, mais celle de muriate barotique n’elt point altérée , non plus que la diflolution des autres terres. Les diflolutions métalliques font changées par ce gaz, comme par l’eau hépatique dont je parlerai dans la cinquième Section. Mais de tous les réadifs pour le gaz hépatique , le plus délicat & le plus fenfible eft la diffolution nitreufe d'argent. Suivant qu'elle eft plus -ou moins chargée, elle devient noire, brune ou d’un brun rougeître, par le contact du gaz hépatique , quoique mêlé avec d’autres gaz, Ou autres fubftances. Quand l'acide n’eft pas faturé ou qu'il eft en grande propor- tion , le précipité brun ou noir, qui n’eft que de l'argent fuifuré, ef rediflous. On peut encore remarquer que tout gaz hépatique eft un peu diminué 142 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, en reftant long-tems fur le mercure, dont alors il noircit la furface ; c’eft ce qui arrive particulièrement avec le gaz hépatique charbonneux , qui enlève sûrement & volatilile une partie du ch:rbon duquel il eft extrait, fur-tout certe portion du gaz qui pafle à la plus grande chaleur, Ce chabon £e dépcfe par l'addition de l’eau, SECTION TROISIÈME, De l'aëtion du Gaz hépatique & des autres fluides aériformes les uns + hépatiqu Jur les autres. Un mélange de fix pouces cubiques d'air commun & de fix pouces de gaz hépatique ayant éré tenu pendant huit jours fur le mercure, il n’y eut aucune altération ni dans le volume ni autrement, quoiqu'on pût apperce= voir une diminution de —=, Le mercure étroit légèremenc noirci, 1] en fut de même, lorfqu'on employa trois méfures d'air commun:& une de gaz hépatique. L'eau abforba le gaz hépatique. [1 ne s’y trouva point de gaz méphitique. Cinq mefures de gaz hépatique & cinq d’air vital,(fi pur qu'une mefure de cet air & deux mefures de gaz nitreux étoient réduites à trois dixièmes ) ne furent point altérées au bout de huit jours ; le mercure fe trouva feulement noirci, il n’y eut point de gaz méphitique produir , nf d'air viral phlogiftiqué. Quand le mêlange fut allumé il partit rout-d’un- coup avec un grand bruit. Quarre mefures d'air phlogifliqué & quatre de gaz hépatique reftèrent feize jours fans diminution ; alors l’eau prit le gaz hépatique & laiffa l'air phlogiftiqué. Quatre mefures de gaz inflammable & autant de gaz hépatique n'avoient éprouvé aucun changement au bout de fix jours. Deux mefures de gaz hépatique & deux de gaz acide muriatique ne furent point diminuées au bout de trois jours. Le mercure fur lequel éroit ce mélange ne noircit point, L'eau les abforba tous les deux, elle précipita la diflolution d’argent en noir. La même quantité de gaz hépatique & de paz acide méphitique n'avoit éprouvé au bout de quatre jours aucune diminution fenlible. Quatre mefures d’eau abforbèrent la plus grande partie de ces deux gaz , certe eau avoit une odeur hépatique , elle précipita l’eau de chaux & la diffolution d'argent comme à l'ordinaire. Le réfidu éteignoir la chandelle. ” Le gaz acide vitriolique , les gaz nitreux & alkalin, produifent des effets très-remarquables fur le gaz hépatique. Deux mefüures de gaz héparique ayant été introduites avec deux mefures de gaz acide vitriolique , ils formèrent aufi-rôt un dépôt jaune blanchâtre qui couvrit le fond & les côtés du récipient; les deux gaz, fans être agités, furent réduits à un peu plus d’une melure ; mais l'incruftation : SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 143 qui rendoit le verre opaque m’empêcha de déterminer exaétement la diminution. Par certe raifon, je répétai l'expérience plus en grand, de la manière qui fuit : à cinq mefures de gaz acide vitriolique , (chaque mefure contenant un pouce cubique } j'en ajoutai une de gaz hépatique; en moins d'une minute, fans aucune agitation , les côtés du verre furent couverts d'une écume blanchâtre qui paroifloit humide , & il y eut diminution de plus d’une melure, Quatre heurés après, j'introduilis une feconde mefure de gaz hépatique qui fe trouva diminuée de même , & forma un dépôt. Le lendemain j'ajoutai trois mefures de ce dernier , laiflant après chacune un intervalle de quatre heures. Ayant encore remarqué à chaque fois une diminution confidérable , je mis, le jour fuivant , une autre mefure ; la diminution produite par ce dernier , ne parut pas excéder une mefure, Je fis alors pafler ce qui reftoit dans un autre vafe & je trouvai qu'il n’étoic que de trois mefures; de manière qu'ici onze mefures, c’éft-à-dire , cinq de gaz acide vitriolique & fix de gaz hépatique furent réduites à trois. Je mis une chandelle allumée dans une mefure de ce réfidu gazeux, elle s’éreignit fur le champ. Aux deux mefures reitantes j’ajoutai une mefure d’eau ; à l’aide de l’agitation , elle prit quatre dixièmes de fon volume. Je mêlai ce qui reftoit avec le gaz nitreux qui ne l’attaqua point, Une autre portion de ce gaz éteignit une chandelle. Il n’avoit point l'odeur vitriolique. L'eaü qui avoit pris quatre dixièmes de fon volume de ce gaz ne précipita pas l'eau de chaux; ce ne fut qu'au bout d'un quart-d'héure qu’elle occafionna quelque changement dans la diflolution d’acère baro- tique, & elle n’y produifir qu'un léger nuage. Elle rougit fenfiblement l'infufion de tournefol & précipita en blanc la diffolution d'argent ; ce qui femble annoncer qu'elle avoir pris une petite portion d'acide vitrio- lique ; & ce que l'eau n'avoit pas abforbé , paroifloit de l'air phlogiftiqué pur. Enfuite je lavai le foufre qui couvroit les parois du récipient avec de l'eau diftillée ; cette eau rougit foiblement l’infufon de rournefol , préci- pira non-ieulement l’acère barotique, mais encore abondamment le muriate barotique , aufi bien que les muriate & nitre calcaires, & encore les diffolutions nitreufes d’arcent, de plomb & de mercure, toutes en blanc. Elle précipita de plus l'eau de chaux , y formant un nuage qui ne pouvoit être produit ni par l’acide vitriolique fixe, ni par l'acide virrio- lique volatil ; ain cetté eau ne contenoit rien d'hépatique , Mais au contraire une portion confidérable d'acide méphitique & d'acide vitriolique (1). ! A (1) Le gaz acide vitriolique ; employé dans cette expérience , étoit zu pur qu'il ef poffible; iliavoiet étélextrait par Ja difillation du foufre avéc” lé précipité per Je Qu chaux de mercure, ! UE « 144 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, Je fs les expériences fuivantes avec le gaz nitreux. 1°. Je trouvai que deux mefures ou deux pouces cubiques de gaz nitreux & deux de gaz hépatique furent peu alrérées dans le mêlange, même en les agitant ; mais trente-ix heures après, le tout fe réduifit à environ ‘un tiers & quelque chofe de plus. IL s’écoit dépofé des particules jaunes de foufre, rant {ur le mercure que fur les côtés du vale ; mais le mercure n’étoit point noirci. Le réfidu gazeux avoit encore une odeur hépatique & éroit un peu plus diminué par l’eau; dans la partie non-abforbée une chandelle brüloit naturellement, L'eau avoit toutes les propriétés de l'eau béparique, Je nvapperçus dans cette expérience que je n’avois pas employé affez de gaz nitreux pour condenfer parfaitement le gaz hépatique. J’ajoutai à huit pouces cubiques de ce dernier neuf pouces de gaz nitreux tout à la fois , il parut aufli-tôt un nuage jaunâtre, il fe dépofa un peu d'écume blanche fur les cotés du vafe, & le rout paroifloit diminué éncon deux pouces cubiques, ou entre un neuvième &-un huitième , la température du lieu étant alors à 70 degrés, Je laïffai le mêlange en repos, & quarante-huit heures après je trouvai le tout réduit à fix pouces cubiques , & le deflus & les côtés du vafe couverts d'une croûte blanche de foufre , La température de l’appartement étant entre 60 & 70 degrés. Ayant obfervé qu’il ne fe faifoit plus de diminution après vingt-quatre heures, j'examinai le réfidu azeux qui manifefta les caractères fuivans. } 1°. Il avoit une odeur affez forte de gaz alkalin, au moins le vaifleau qui le contenoit donna-t-il cette odeur , lorfqu'on eut tranfvafé le gaz dans un autre récipient. 2°. Une chandelle y brüloïit naturellement. 3°. 11 n'altéroit point l'infufion de tournefol , ni l'eau de chaux, ni l'acère barotique, 4”. Aucune efpèce de fluide aériforme n’agit fur lui , excepté l'air vital qui y occafonna un rouge foible & diminution. 5°. Il produifie un léger précipité blanc dans la diffolution d'argent. IL eft évident que ce gaz eft le même que celui que le Doéteur Prieftley appelle gaz nitreux déphlogifliqué, & qui, je crois, peut être plus proprement nommé gaz nitreux déacidifié: Un examen plus étendu de ce caz m'éloigneroit trop de mon fujet , j'attendrai une occafon plus favorable. L'expérience rapportée dans la feconde Sedion, (dans laquelle je trouvai le foufre précipité d'un mélange de gaz nitreux & de gaz hépatique, aufli-tôt que l’air commun y eut été introduit ) m'ayant fait juger qu'un acide non-combiné dans le gaz nitreux étoit la caufe de la préciritation du foufre, j'effayai de priver le gaz nitreux du peu d'acide libre qu'il pouvoit contemir , avant que de le mêler avec le gaz hépatique, 15 SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 148 1°. Je fis pafler du gaz nitreux , tiré avec foin de l'argent, dans de l'eau qui avoit bouilli K que j'avois filtrée, & je rrouvai qu'elle contenoic un acide, car elle coloroit fortement en rouge linfufion de tournefol. 2°. J'introduifis du gaz alkalin dans ce gaz nitreux jufqu’à ce qu'il n'y occalonnât plus aucun nuage , j’emportai alors le compolé ammoniacal par de l’eau diftilée ; après quoi je tranfvafai ce gaz nitreux purifié dans un tube au mercure. Il parut avoir perdu à-peu-près ua fixième de fon volume par la privation de fon acide : & il étoit diminué par l'air commun exactement de la même manière que le gaz nitreux non purifié. Je misen{emble, en une feule fois, huit pouces cubiques de gaz nirreux purifié avec fept pouces cubiques de gaz hépatique ; il.ne parut point de nuage ,il n'y eut ni diminution ni- dépôt, mais fix heures après, (la température du lieu ayant coujours été à 76 degrés ) le tout fut réduit à cinq pouces cubiques. Il n’y eut point de nouvelle diminurion pendant les huit heures qui fuivirent. Il fe dépofa du foufre beaucoup plus blanc que dans les précédenres expériences ; & dans celle-ci, comme dans les premières, cette portion qui, par l'élévation du mercure, avoit été inter- ceptée entre lui & le vafe, éroit jaune ,ou d'un rouge vif & non pas noire, comme eft ordinairement celle dépofée fur le mercure. Le réfidu azeux s'enflamma avec tant de violence qu'il éteignit promptement la chandelle que l’on y avoit plongée. La flamme éroit extrêmement blanche & vive; cependant elle ne détona point & reflembloit plutôt à celle de l'air vital. Le récipient d’où on l'avoir tran{vafé avoit une odeur alkaline pénétrante. Ce gaz n'éroit point du tout diminué par le gaz nitreux, même lorfqu'il étoit échauffé à 150 degrés ; j'avois imaginé de produire cetre chaleur en paflant la partie du deflus de la jarre qui conrenoir ce gaz, dans un autre vafe plus grandydont de fond étoit garni d'un bouchon de liège percé, & le rempliflant d'eau chauffée à ce degré. L'eau verfée dans la jarre dans laquelle le foufre étroit dépofé, quoi- qu'infipide au goût, produifit un nuage d'un blanc bleuâtre dans la diflolution d'argent, De-là il paroïr que, quel que pür être ce gaz, il avoit éré déacidifié par le gaz hépatique encore plus parfaitement que celui dans lequel une chandelle brüloit naturellement, & qu'il n'étoit nullement déphlo- giftiqué. $ Enfin, il eft probable que les gaz a/kalin & héparique , parfaitement purs & mélés en proportion convenable, fe détruiroient l’un & l’autre complertement ; cependant je n’ai pu m'aflurer entièrement de ce fait, Six mefures de gaz héparique de foie de foufre & 5x mefures de gaz alkalin produifirent aufi-tôt un nuage blanc , qui laïifla une écume blanchätre fur les côtés du vafe, & furent réduites à environ une mefure. En y ajourant de l’eau , il ne refta plus qu'à-peu-près une demi-mefure; & Tome XXX, Part, 1, 1787. FEVRIER, T 14$ OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE; dans celui-ci je trouvai qu’une chandelle brûloit naturellement ; maïs les expériences fuivantes faites avec plus d’exactitude prouvèrent que le réfidu gazeux n’étoit que l’air commun des vaifleaux. $ A fix pouces cubiques de gaz hépatique calcaire , j’ai ajouté tout à la fois fept pouces cubiques de gaz alkalin ; il parut fur le champ un nuage blanc & un peu d’écume blanche; mais, quelques fecondes après, le tout fut réduit à fix feptièmes de pouce cubique; & en ajoutant deux mefures d’eau , il ne refta qu'un neuvième de pouce cubique de gaz, qui ne pouvoit s’enfammer. L'eau ainfi imprégnée précipita en noir la diflolution d'argent. Dans cette expérience j'avois eu grande attention de n'employer pour le mélange que des gaz auûi purs qu’il étoit poffible, & au lieu d’y porter le gaz alkalin à diverfes reprifes, je l’avois , à deflein , introduit en une feule fois ; il eft probable, que fi l’on trouvoit la jufte proportion , il ne refteroit rien. L'écume paroifloir prefque liquide, & aufli-tôt que la jarre eut été tirée du mercure, elle fe diflipa en vapeurs blanches qui avoient une odeur urineufe extrêmement pénétrante. J Cinq mefures de gaz hépatique martial fe réduifirent à un peu plu d'une mefüure lors de l'introdu@ion de $ = mefures de gaz alkalin; & en ajoutant de l'eau , il n’y refta qu'une demi-mefure qui étoit inflammable & détonant ; ce gaz inflammable provenoic indubitblement de la diflolution du fer. = : Un mêlange de cinq pouces cubiques de gaz hépatique faccharin & de cinq de gaz alkalin diminuèrent plus lentement ; car après cinq minutes, il y reftoit encore 4,5 de pouce cubique. Alors j'ajoutai une’ autre mefure de gaz alkalin : au bout detrois heures il ne reftoit que 1,25 pouce cubique. En pañlant ce réfidu à travers l’eau, il fut réduit à environ un demi-pouce cubique , qui brûloit en donnant une flamme bleue légère, fans laifler d'odeur vitriolique , ni aucun dépôt fur le verre ; ainf il eft clair que c’etoit le gaz inflammable du fucre, Je penfai une fois que j'avois obtenu le gaz inflammable d’un mêlange de gaz alkalin & de gaz hépatique tiré du foie de foufre; mais enfuite je trouvai que ce gaz inflammable provenoit d'une fort petite quantité de zinc que contenoit accidentellement le mercure fur lequel mes gaz avoient été produits ; le gaz alkalin agiffant fur le zinc avoit dégagé ce gaz inflam- mable; car lorfqu'une autre fois je reçus & que je mélai ces gaz fur le mercure parfaitement purifié, je n’obtins plus de gaz inflammable, La fuite au mois prochain, L SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 147 EEE QG EXTRAIT DES OUVRAGES DE M. L’ABBÉ CAVANILLES, De la Societé Royale Bafcongade, & Correfpondant de celle d Agriculture de Paris: contenant neuf genres nouveaux de la famille des malvacées, & un dixième de celle des folances. LA Botanique, cette fcience où l’utile & l’agréable fe trouvent réunis, & dont les richefles & les charmes renaiflent à chaque pas, a eu depuis fon enfance jufqu'à nos jours un nombre confidérable d'amateurs & de favans, qui lui ont facrifié avec plaifir leurs veilles & très-fouvent leurs fortunes. Malheureufement prefque tous ceux qui ont écrit fur cette fcience jufqu’à la fin du fiècle paflé , ont fervi fi peu à fon avancement , que faute d’une bonne méthode! ils nous ont laiflé prefqu'autant de difficultés que de mots. Très-fouvent ils décrivoient les plantes d’une manière fi vague & fi inexacte, que les mêmes defcriptions pouvoient s'adapter à plufieurs efpèces, & même à des genres différens. Certe fcience n'a fait des progrès rapides & intéreffans que depuis * l'époque où les Botaniftes fe font attachés à des caractères sûrs & inva- riables , c'eft-à-dire , à ceux qui regardent la frucification dans toutes fes parties, & ont déterminé avec précifion les genres & les efpèces, en y ajoutant des gravures fidèles , faires par des mains habiles. Cette méthode étroit indifpenfable pour élever la Botanique au rang des fciences les plus parfaites : maïs pour reculer les bornes de celle-ci , & pour multiplier les connoiflances , il falloit parcourir Le globe , & voir les immenfes richefles de la nature ; on doit avouer que jamais Les hommes fe font montrés plus jaloux-de perfectionner les tréfors du règne végétal , qu’à l’époque où nous vivons. Quelle foule de voyageurs de toutes les nations n'avons-nous pas vu, & ne voyons-nous pas encore parcourir les pays les plus éloignés , &c tous les climats! Les Tournefort, Vaillant, Banks, Solander, Foriter, Thunberg , Whall, Maflon, Jacquine, Commerfon, Aublet, Adanfon, Dombey , Sonnerat, Desfontaines, Pavon, Ruiz, Mutis, &c. nous ont procuré plus de richefles dans ces dernières années, que peut-être tous les anciens enfemble. Ils ont apporté une quantité prodigieufe de genres & d'efpèces nouvelles de plantes, qui ont fervi à reconnoître celles dont avoient parlé les anciens; & ce qu'il y a de précieux, c’eft que les méthodes nouvelles ne permettront plus qu'on puiffe méconnoître par la fuite les plantes décrites. Tome XXX, Part. T, 1787. FEVRIER, “he 148 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, M. Cavanilles eft animé de la même ardeur’pour la Botanique, & montre un zèle infatigable pour perfectionner cette fcience. Il a choifi pour fes travaux la monadelphie. À fn de n'oublier aucune plante connue de cette famille , il a examiné les herbiers nombreux de cette capitale ; il entretient une correfpondance fuivie avec plufieurs favans étrangers; enfin , il cultive lui-même un grand nombre de ces plantes, & ce qui eft crès-intéreffant, c'eft lui-même encore qui fait les deffins des planches qui ornent fon Ouvrage, Celles-ci, & particulièrement les trenre-neuf de fa troifième differtation , font d’un fini admirable , & d’une vérité frappante. Nous allons extraire des Ouvrages de M. Cavanilles, 1°. les genres nouveaux qu'il a fait connoître; 2°. les autres connus déjà, mais qui paroiflent ici avec des caraétères nouveaux puifés dans les plantes que les autres Botaniftes n’ont pas vus, ou n'ont vus que lépèrement. Cet extrait fe bornera feulement aux genres nouveaux. Dans les trois Differtarions que M. Cavanilles a publiées jufqu’à préfent ; il y en a dix; .favoir, ANODA , PALAUA , LAGUNA , Domseya, AssonrA, RuIZ1A, PAVONIA, CIENFUEGOsIA , SENRRA , Î'RIGUERA, Les neuf premiers font monadelphes de la famillle des malvacées , & le dixième de la pentandrie de celle des folanées. Anopa. Genre des plantes à fleurs polypétales de la famille des malvacées ; qui a beaucoup de rapport avec le f:da de Linné, & qui comprend des plantes herbacées, Caraëlère génériques Chaque fleur offre, 1°. Un calice monophylle perfftant, partagé jufqu’à la moitié en cinq divifions. 2°. Une corolle de cinq pétales plus grands que le calice, ouverts en rofe , retrécis vers la bafe, & atrachés au bas de la colonne qui porte . les éramines. : 3°. Un tuyau qui environne le germe, & qui foutient dans la partie fupérieure feulement , plufeurs étamines courtes , terminées par autant d’anthères arrondies. 4°. Un germen orbiculaire, furmonté d’un ftyle multifide à ftigmates en tête. Le fruit eft une capfule ronde très-applatie, qui préfente dans fa partie fupérieure une éroile; elle ef multiloculaire, & dans chaque loge con- » tient une femence noirâtre reniforme. Ce genre fe diflingue du fida par fon fruit, lequel dans celui-ci eft mulricapfulaire à une ou à plufieurs femences, Ejpèces. a. ANODA HASTATA foliis cordatis angulatis, fuperioribus elongatis “& a SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 149 haftatis; pedunculis longiffimis unifloris, axillaribus. Cav. Tab, II, f.2, pag. 33. AR NPE 2. ANODA TRiLOBA foliis inferioribus cordatis fubangulatis, crenatis; fuperioribus trilobatis ; lobo medio lanceolato longiore, reliquis inx- qualibus : Aoribus folitariis axillaribus longiflime pedunculatis. Cav, Tab. 10 , f. 3, pag. 39. 3. ANODA DILLENIANA foliis triangularibus ; inferioribus lato-crenatis ; fuperioribus obfolere crenatis, longe petiolatis, pedunculis axillaribus unifloris longifhimis. Cav. pag. 40, Tab. IT, f, 1. PALAUA. Genre des plantes à Aeurs polypétales de la famille des malvacées, ui a beaucoup de rapport avec le malope de Linné, & qui comprend Es plantes herbacées, Caradtère générique. Chaque fleur offre , 2”. Un calice monophylle perfiftant, fouvent anguleux, & partagé jufqu’à la moitié en cinq divifions lancéolées, 2°. Une corolle de cinq pétales entiers plus grands que le calice, ouverts en rofe, retrécis vers la bafe, & attachés au bas de la colonne qui porte les étamines. 3°. Un tuyau qui environne le germe, & qui foutient les étamines à fon extrémité & non à fa {urface extérieure : les anthèies arrondies. 4. Un germe globuleux furmonté d’un feul ftyle mulrifide à flygmates en tête. Le fruit eft compofé de plufieurs femences ou capfules monofpermes entaflées fur un placenta commun & central. c Ce genre differe du malope par fon calice fimple. Efpèces. 1. PALAUA MALVIFOLIA caulibus declinatis ramofffimis, foliis cordatis obrufe & profunde crenatis, aut Iobatis glabris : pedunculis axillaribus unifloris, petiolo longioribus, Cav. pag. 40, Tab. IT, f. 4 2. PALAUA MOSCHATA foliis cordatis | ovato - crenatis tomentofis : fipulis lanceolatis parvis fubnigris, Aoribus axiliaribus folitariis lon- gifime pedunculatis. Cav. pag. 41, Tab. Il, f. 5. LAGuNA. Genre des plantes à fleurs polypétales de la famille des malva- cées, qui a beaucoup de rapport avec le quermia & le folandra , & dont on ne conuoît qu'une feule efpèce. Curaétère generique. Chaque fleur off:e, 4°. Un calice monophylle, caduc, alongé en tuyau , & terminé par cinq » ” 150 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, dents très-petices & aigues , lequel fe fend de haut en bas par un côté quand la fleur s'épanouir, h 2°. Une corolle de cinq pétales plus grands que le calice , alongés & très-ouverts , dont les onglets font attachés au bas de la colonne qui porte les étamines. 3°. Un tuyau qui environne le germe , & dont la furface fe trouve par- femée de plufeurs étamines courtes , qui foutiennent autant de anthèrés reniformes. 4°. Un germe ovoïde furmonté d’un ftyle terminé par un feul fgmate en plateau. Le fruit eft une capfule pentagone alongée terminée en pointe à cinq loges polifpermes, qui s'ouvre en cinq valves, les femences font reniformes. Ce genre differe du quetmia & du folandra par fon ftigmate en plateau, & par fon calice caduc. Efpèce. 1. LAGUNA ACULEATA caule aculeato tomentofo : foliis profunde multipartitis : Aoribus axillaribus, folitariis. Cav. pag. 174, Tab.71, FA de à DomsEvA. Genre des plantes à fleurs polypétales de la famille des malvacées , qui a du rapport avec l’af/onia & le pentapetes & qui comprend plufieurs arbres ou arbuftes de l'Inde orientale. ; ; Caraëlère générique. Chaque fleur offre, 1°. Un double calice , dont l'extérieur a trois folioles très-caduques , & l'intérieur monophylle perfiftant & partagé profondément en cinq lanières lanceolées. 2°. Une corolle de cinq pétales plus grands que le calice , très-ouverts & fouvent perfftans en partie, dont les onglets fonc attachés au bas de l'anneau qui foutient les étamines, 3°. Un anneau ou godet qui environne le germe, & terminé par vingt filets, dont cinq plus longs*& plus larges ftériles, & placés alterna- tivement entre trois fertiles; les anthères alongées , droites, & prefque fagittées. 4°. Un germe globuleux , fillonné , tomenteux , furmonté d’un feul fyle quinquefde: les ftigmates recouvrés. Le fruit eft globuleux ou ovoïde, compolé de cinq capfules réunies ; qu'on peut féparer ; & chaque capfule contient une, deux , & rarement huit femences , prefque toujours alongées. Ce genre différe de l’affonia par fon ftyle fimple & fon calice SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 151 extérieur triphylle & caduc , diffère aufli du péntapètes de Linné par fon double calice, par le nombre des flismates & par les femences non ailées. Efpéces. 1. DomBEYA PALMATA foliis cordatis palmatis , fubelabris , digitatio= nibus feptem acutis , ferrato - crenatis, floribus corymbofis, Cav. pag. 122, Tab.38, f. 1. 2. DomBEyA ACUTANGULA foliis cordatis, fubrotundo-tricufpidatis , crenatis, initio tomentofis: foribus racemolis. Cav. pag. 123, Tab. 38, f. 2. 3. DomBeyA ANGULATA foliis cordatis, fubrotundis , fupra angulatis, ferrato-dentatis , tomentolis : umbellis numerofis : pedunculis commu- nibus petiolo brevioribus, Cav.pag. 123, Tab. 30 ,f. 1. 4. DOMBEYA PILIÆFOLIA foliis cordatis fubrotundo-acuris,, crenatis : floribus racemofo-corymbofis. Cav. pas, 124, Tab. 30, f. 2. $. DomryA TOMENTOSA foliis cordatis fubrotundis , crenatis , romentofis, venofis : venis fere circularibus: Aoribus umbellatis. Cuv. pag. 125, Tab. 39, f. 3. 6. DomBeyA PUNCTATA foliis ovato-lanceolatis , lonois , integerrimis, fubtus tomentolis , defuper punctato-fcabris. Cav. pag. 125 , Tab. 40, 7. 7. DOMBEYA DECANTHERA foliis ovatis , acumine terminatis, repando- crenatis, glabris : flaminibus quinque diantheris: floribus parvis umbel- latis. Cav. pag. 126, Tab. 40, f. 2. 8. DomBEYA UMBELLATA foliis cordatis, ovato-oblongis, acuminatis, repandis, glabris : Aoribus umbellatis globofis, Cav. pag. 127, Tab. 41, UTe 9. CPE OVATA foliis ovatis, dentatis , quinque-nerviis ; tomen- cofis : ftylo minimo. Cuv. pag. 127, Tab. 41, f. 2. 10. DoMBEYA FERRUGINEA foliis’ ovato-oblongis , feptem-nerviis , fubtus ferrugineis , petiolis , pedunculis, calicibufque tomentofs. Cav. pag. 128, Tab. 42 , f. 2. 11. DomBeya PHÆNICEA foliis fubhaftatis, longiffimis, anguftis, crenato-ferratis : oribus faturate purpureis, cernuis. Cav. pag. 129, TENUE ME c AssoNra. Genre des plantes à fleurs polypétales de Ja famille des malvacées, qui a du rapport avec le dombeya & le pentapétes , & dont on ne connoit qu’une feule efpèce , qui eft un arbre de l'Inde orientale, Caraétère générique. Chaque fleur offre, 1°, Un double calice perfiftant , dont l'extérieur très-petit , bractéiforme ; aÿ2 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, monophylle terminé par trois crenelures ; & l'intérieur monophylle, partagé profondément en cinq lanières aigues. 2°. Une corolle de cinq pétales ouverts, perfiftans en partie, dont les onglets font attachés au bas de l'anneau , ou gode qui foutient les étamines, 3°. Un godet qui environne le germe & fe termine en vingt étamines, dont cinq ftériles alternant entre chaque trois fertiles, plus courts & plus larges que les autres quinze qui contiennent autant d’anthères oblongues. q°. Un germe globuleux pubefcent, d'où naiffent cinq ftyles très-courts ; terminés par autant de ftigmates. Le fruit eft globuleux, contenu dans le calice, compofé des cinq capfules réunies , & recouvertes d’une écorce : les capfules font unilo- culaires & difpermes ; & les femences noires arrondies par le dos & formant un angle aigu en dedans. Ce genre fe diftingue du dombeya par fon double calice perfiftant & fes cinq ftyles, caractères qui le féparent du pentapétes. Efpéce. %. ASSONIA POPULNEA foliis cordatis , ovato - acuminatis : Aoribus corymbofis, Cuv. pag. 120, Tab. 42, f. 1. : Ruizra. Genre des plantes à fleurs polypétales de la famille des malvacées, qui a du rapport avec la MAUVE de Linné, & qui comprend quatre efpèces qui font des arbultes de l'Inde orientale. À Caraëtère genérique. Chaque fleur offre, * x°. Un double calice, dont l'extérieur triphylle, caduc, & l'intérieur monophylle perfiftant , partagé profondément en cinq lanières aigues. 2°. Une corolle de cinq pétales ouverts alongés , dont les onglets font atrachés au bas du godet , qui foutient les étamines. 3°. Un gode, qui environne le germe , & qui fe rermine en 30 -40 étamines plus courtes que la corolle, roures fertiles & foutenant autant d’anthères oblongues. 4°. Un germe globuleux à dix fillons, duquel naiffent dix ftyles très-courts avec des ftigmates fimples. Le fruit eft globuleux, un peu applati, compofé de dix capfules difpofées en anneau, & contenant chacune deux femences arrondies par le dos & anouleufes par la partie intérieure, Ce genre differe du #7a/va par fon calice extérieur caduc , & par fes dix ftyles, Ÿ E/péces, SUR L'HIST. NATURELLE ET. LES ARTS, 153 Efpèces. x. Rut#rA CORDATA foliis cordatis, oblongo-acuminatis, finuato- crenatis ,tincanis; fubtus farinaceis. Cav. pag. 117, Tab. 36, f. 2. 2. RuiziA LoBATA foliis cordatis , crenatis, 3 - $ lobatis, oblongis; lobo medio productiore, acuminato. Cav. pag. 118, Tab.36, f.r. 3. RuizrA PALMATA foliis utrimque incanis , palmatis,inciflis, quinque partitis ; lobis acuminatis, finuato-crenatis, medio produdiore, Cav. pag. 119, Tab.37, f. 7. 4. RuiztA LAGINIATA foliis ufque ad petiolum laciniatis , laciniis feptem anguftiflimis , linearibus , pinnatiñdis, pinnulis decurrentibus. Cav. pag, 119, Tab. 37, f. 2. Pavonra. Genre des plantes à fleurs polypétales de la famille des malva- cées, qui a beaucoup de rapport avec le quermia & l'urena de Linné, & qui comprend des plantes ligneufes & herbacées. Caraélère générique. Chaque fleur offre, 1°. Un double calice perfiftant , dont l'extérieur polyphille, & l'intérieur = monophylle, partagé jufqu'à la moitié en cinq lanières. 2°. Une corolle de cinq pétales ouverts en rofe , fouvent très-grands & farges à fon extrémité, dont les onglets font attachés au bas de La colonne ou tube qui porte les étamines. 3°. Un long tuyau qui environne & recouvre le germe, & dont la furface _ fupérieure eft couverte d'étamines courtes , qui fouriennent autant d’anthères reniformes. 4°. Un germe globuleux, fillonné , furmonté d’un ftyle partagé en huit ou dix filets, terminés par autant de ftygmates globuleux. Le fruic eft globuleux , compofé de cinq capfules monofpermes, bivalves , arrondies & alongées par le dos, & formant un angle aigu dans la partie intérieure 3 elles ont quelquefois crois épines: les femences font oblongues. Ce genre diffère du quetmia où hibifeus par fes cinq capfules & le nombre des flygmates; de l'urena par la forme des calices & par le fruit. / Efpeces. z. PAvVONïA spiNiFex caule arborefcerte , foliis ovato - lanceolatis inæqualiter dentatis: tubo & ftygmatibus decumbentibus : caplulis ariftatis. Cav. pag. 133, Tub.4$ , f.2. 2, PAVONIA ARISTATA caule fruticofo hurmili: foliis cordatis ,ovato- Janceolatis, crenatis , fcabriufculis : Aoribus folicariis, parvis: capfulis ariftatis. Cav. pas. 133, Tab.4$ , f. 3. Tome XXX, Part. T,1787. FEVRIER. Y 154 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, 3. PAVONrA TyPHaLÆA folis ellipticis ; capfulis recurvato-tridentatis, Cav. pags 134: î 5 4 PAVONIA ZEYLANICA caule herbaceo hirto; foliis cordatis , crenaro- dentatis ; inferioribus fubrotundis , reliquis profande $-$ fflis: pedunculis elongatis , geniculatis, unifloris. Cuv. pag. 134, Tab. 48, ras pre CANCELLATA caule debili , hirto ; foliis cordatis, ferratis ; calycibus globofis : radiis vicenis, fubulatis , hirtis. Cav. pag: 135. 6. PAVONIA PANICULATA caule hirto, ramofo : foliis cordatis , fubro- tundis acuminatis , crenato-dentatis, fæpe tricufpidatis ; Aoribus pañicularis ; genitalibus declinatis. Cav. pag. 135, Tab. 46, f. 2. 7. PAVONrA sPICATA foliis cordatis , ovato-acuminatis, ferratis, hirtis, rugofis : floribus chyrfo terminalibus. Cav. pay. 136 , Tab. 46, f. 7. 8. PAVONIA URENS caule fruticofo fuburente : foliis palmatis : Aoribus axillatibus, glomeratis fubreflilibus, Cav. pag, 137, Tab. 49, f. 7. 9. PAVONIA HASTATA foliis haftatis , crenato - dentatis , defuper punétatis : floribus folicariis longe pedunculatis. Cav. pag. 138, DébNAT ET 10, PAVONIA GOLUMELA foliis dentatis angulatis ; inferioribus laris ; fuperioribus oblonpis : oribus axillaribus, folitariis ; pedunculo brevi, Cav. pag. 138, Tab. 48, f. 3. 11. PAVONIA CUNEIFOLIA caule fruticofo : foliis obfolete cordatis , ovato-truncatis, crenatis : floribus folitariis erectis , longe pedunculatis : calycibus glabris. Cav. pag. 139, Tab. 45, fr. 32, PAvONIA PRÆMORSA , hirfuta, foliis ovatis, bafi anguftato-cordatis ; apice prœæmorfis, crenatis : calycibus tomentofis, feminibus tubercu- lacis, Cav. pag, 139. 33. PAvONIA COCCINEA foliis cordatis , fubtrilobis , pubefcentibus ; floribus folitariis , coccineis , liliaceis , revolutis. Cav, pag. 140, Tab. 47, f. +. j 14. PAVONTA PAPILIONACEA caule tereti tomentofo : foliis cordatis , denratis , fubrotundo-acuminatis : loribus folitariis ; genitalibus decli- natis, Cav. pag. 40, Tab. 49 , f, 2. CiENFUEGOSIA. Genre des plantes à fleurs polypétales de la famille des malvacées, qui a quelque rapport avec le Æëbifeus de Linné, & dont on ne connoit qu'une feule efpèce. Caraëlère péneriques. Chaque fleur offre , 1°. Un double calice‘perfiftant, dont l'extérieur eft compofé des douze petites barbes à-peu-près ; & l'interieur monophylle eft partagé jufqu'à la moitié en cinq divifions aigues. a 8h LCR RENE ci & SUR" L'HIST. NATURELLE, ET LES ARTS. 155 »°, Une corolle de cinq pétales plus longs que le calice, retrécie vers la bafe, & attachée au bas du tuyau qui porte les étamines. 3°. Un tuyau qui environne le germe, & qui fourient un petic nombre d’étamines courtes , terminées par ausant d’anthères reniformes. : , 4. Un germe, globuléux!, furmonté d'un feul yle-grofli dans la partie fupérieure à fligmate en forme.de maflye| pa, Se035 Le. fruit eft une-capfule prefque fplérique terminée par uné petite pointe, triloculaire., tivdlve ;.contenatit-dans chaque loge une feule femence oblongue. Lois ssté ni e 1 Ce genre differe de l'hibifcus par fon ftygmare fimple &: par Ja capfule, à trois loges, . Fin Epèce. 1. CIÉNFUEGOSIA TUSERCULATA caule glabro ramofo : foliis tri-quin- quefidis , laciniis oblongis, lanceolatis, Cuv. pag. 175, Tab. 72, f. 2. SENRA. Genredes plantes à fleurs polypétales de la famille des malvacées, qui a beaucoup de rapport avec le 20//ypium & le malva de Linné , & dont on ne connoït qu’une efpèce. Curaëtère générique. Chaque fleur offre, æ°. Un double calice perfiftant , dont l'extérieur compofé de trois grandes folioles en cœur & prefque rondes; & l’intérieur monophylle très-petic _& partagé jufqu’à la moitié en cinq divifions. " 2°. Une corolle de cinq pétales plus grands que le calice, retrécis vers la bafe & attachés au bas du tube qui porte les éraminés. 1 8°. Un tuyau qui environne le.germe & qui foutient une dixaine d’étamines terminées par autant d’anthères reniformes, 4°. Un germe ovale entourré de quelques petites écailles , furmonté d’un ftyle s-fide, à ftygmates globuleux. Le fruit (qui jufqu’à préfent n’a pu être déterminé avec précifion faute de bons échantillons) eft ovale & romenteux, contenant dix femences, - Ce genre differe du ma/va par fon flyle unique ; & du go] vpium par les écailles & le fruic, à ce qu'il paroû. Efpéce. 1. SENRA INCANA foliis cordatis ovato-truncatis , apice trierenatis, incanis: floribus folitariis axillaribus fubfenfilibus. Cav. pag. 83, Tab. 35, f. 3. TRIGUERA. Genre des plantes À fleurs monopétales de la famille des folanées, qui a beaucoup de rapport avec le /o/anum de Linné, & qui comprend deux plantes herbacées. Tome XXX, Part, I, 17987. FEVRIER. V 2 156 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, Caraélère générique. : : Chaque fleur offre, 1°. Un calice perfiftant à cinq divifions. | 2°, Une corolle monopétale irrégulière en cloche, pliffée en fon lymbe & découpée en cinq lobes un peu inégaux. 3°. Cinq étamines, réunies à la bafe par une membrane dentée , qui enveloppe le germe , & inférée au fond de la corolle ; & les éramines terminées par autant d’anthères alongées, fagittées & rapprochées enfemble en forme de tuyau. 4°. Un germe orbiculé partagé en deux par un filon, furmonté d'un ftyle , terminé par un flygmate un peu en tête. Le fruit eft un brou à quatre loges , contenant chacune deux femences, qui font des noyaux ovales applatis,un peu hériilés de pointes, & renfermant chacun une amande. Ce genre differe du /olanum par fon fruit, Efpèces.. z. TRIGUERA AMBROSIACA foliis. decurrentibus, obovatis, ferratis : villofis. Car. p. Il, Tab. A. 2, TRIGUERA INODORA foliis vix decurrentibus, ovato-lanceolatis ; integerrimis, lævibus. Cav. p. III, EX TIR AT T'D'/UN' EE ETTRE DE M CREZLL,; A-M DE LA MÆETHERIE NES cree. 5 Je fuis charmé que vous vous montriez publiquement cornme partifan zélé du phlogiftique ; je ne doute pas que cette doctrine ne foit établie entièrement, & foutenue contre fes adverfaires. . . . M. Wiegleba décompofé la pierre que MM. Charpentier & Werner nomment fchifte de corne, ( kormfchiefer ) dans l’once il fe trouve de terre filicée $ drach. 4x gr. de terre d’alun 1 drach. $$ gr. de fer, 17 gr. Le fchifte de quartz, (quartz-fchiefer ) lequel , felon M. Hacquet, eft très-fréquent dans a chaîne des Alpes européennes, eft un peu différent dans fa compofition. Une efpèce, (aus den julifchen Alpen ) contient dans l'once de terre \ SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 157 filicée 3 drach. 7 or. terre d’alun 1 drach, 9 gr. terre calcaire 1 drach, 30 pr. de fer 3 gr. Une autre efpèce , (aus denrhetifchen Alpen) contient terre filicée 3 drach, 39 gr. terre d’alun 48 gr. de magnéfie 1 drach. 58 gr. de fer 13 gr. Unetroifième efpèce, (aus den norifchen Alpen) contient terre filicée 4 drach. 21 gr. terre d'alun 2 drach. 6 g. de terre calcaire 12 gr. magnélie 21, fer 8or..... M. Brugnatelii à Pavie a découvert une fi grande force du fuc gaftrique de quelques oïfeaux , qu'il corrode les pierres même filiciées. Il prépara quatre petits cylindres de bois, per= forés de petits trous; dans l'un il cacha un criftal de roche très-pur, & de figure très-régulière, qui pefoit 36 grains; dans le fecond un morceau d’agathe de figure cubique, de 30 grains ; dans le troifième 1$ grains de morceaux de pierre calcaire; dans le quatrième des petites coquilles, pefans 18 grains. Le premier & le dernier il les donna à avaler à deux coqs d'Inde ; les deux autres à des poules ordinaires. [l tua les animaux après dix jours. Le criftal de roche étoit devenu obfcur ; les facettes étoient corrodées & comme arrondies, & il avoit perdu 14 crains. L’agathé avoit aufli perdu duelques angles, & 14 grains de poids. Le cylindre avec la terre calcaire étoit vuide; vraifemblablement parce qu'une partie des fragmens étoic diffoute ; par-là ils étoient devenus aflez petits pour pafler par les trous. Les coquilles étaient corrodées, & avoient perdu 10 grains. Le fuc gaftrique des animaux ruminans, des chèvres, agneaux, bœufs, moutons, ne faifoit aucun changement, ni aux métaux , ni aux pierres. . . . Quand on électrife différens corps de tous les règnes de la nature, ils montrent des phénomènes finguliers ; quelques-uns luifent pendant lélectrifarion non-feulement , mais ils font aufli quelque tems encore bien phofpho- refcens, tenus dans la main ; tels font, 1°. la craïe , le fpath calcaire & fluor , (luifant de couleur jaune pâle) la chaux vive , (couleur verte ) le fpath d'Iflande, ( Doppel Jpath ) (de couleur violette; ) 2°. d'autres, comme les fpaths pefans, (#armor metallicum ) donnent , étant éleétri- fés, une lumière jaunâtre, mais ils ne montrent pas de phofphorefcence après ; 3°. d’autres, comme quelques fortes de gneifs , & le fprudelflein de Carlsbad , ne luifent pas pendant lélectrifation, mais ils ont après une lumière phofphorefcente de couleur jaune pâle; 4°. d’autres donnent endant l'éleétrifation une lumière de différentes couleurs : ( par exemple, le fucre de lair, le nitre, le tartre vitriolique, jaune, alkali minéral, camphre, borax , violette , vitriol de cuivre, bleu, ralc de Venife, couleur de pomme , fel de feignerte , rouge , & plufieurs autres), mais cette lumière , fur-cout du fucre de lait, camphre , de félénite, (glacies mariæ) eft fi forte, qu’on eft capable de lire un livre imprimé de lettres un peu grandes; 5°. d’autres, comme l’afphalre, charbon de terre, l'ambre-gris, l'af/a- fatida , fanguis draconis , pierre calcaire , ne donnent point de lumière du tout... . : Je fuis, &c. 158 . OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, R—— Le NOUVELLES LITTÉRAIRES. mu ASS EN Lo a 5 DIR r7e Differtatio Botanica de Ruizia , Affonia, Dombeya ; Pentapete, Malvavifco , Pavonia , Hibifco , Laguna , Cienfuegola , Guaribea, Pachira, Huoonia, & Monfonia; Autore ANTONIO- JosepHo CavaurLLes, Hifpano-Valentino, à Societate Regia vulgo Bafcongada, &c. Parifiis apud Francifeum-Amb. Didot : 1787, cum approbatione & privilegio Rep. Scient. Academiæ Parifienfis , in-4°. de 76 pages & 39 Planches. Prix, 18 liv. Cette Differtation fait fuite aux deux que nous arons déjà annoncées du même Auteur. Elle embraîle quatre-vingt-dix-fepc efpèces, diffribuées en treize genres , dontilyena fix de nouveaux, * L’Auteur a examiné avec le plus grand foin toutes les plantes dont il parle. Et en ayant cultivé une partie, il a vu des chofes qui étoient échappées à beaucoup d’autres Botaniftes. Cependant des defcriptions , quelque détaillées qu’elles foient, laiffenc toujeurs béaucoup à défirer. C'eft ce qui a engagé ie favanc & faborieux Auteur à faire graver la plus grande partie des plantes qu'il a décrites. Il les deffine lui-même avec beaucoup de vérité ; & l’Artilte qui les grave y met un grand fini, Les trente-neuf planches de cette troifiéme Differration font de la plus belle exécution. La Botanique devenant aufli étendue , il feroit à fouhaiter que différens favans traitaflent ainfi chaque famille féparément : nous ne pouvons qu'exhorter M. l'Abbé Cavanilles à continuer fa belle entreprife. Mémoires d’ Agriculture, d'Economie rurale & domeflique, publiés par la Socièté Royale d'Agriculture de Paris : année 1786, trimeflre d'hiver, À Paris, chez Cuchet, Libraire, rue & hôtel Serpente, un vol. 27-8°, Ce nouveau trimeftre n’eft pas moins intéreffant que les précédens, & prouve que la Société s'occupe de tous les moyens de perfectionner en France l'Agriculture. Defcription des Gîtes de Minérai, des Forges & des Salines des Pyrénées, fuivie d’Obfervations fur le Fer mazé & fur les Mines des Sards en Poitou ; par M. le Baron DE DIÉTRICH , Secrétaire Géneral des Suifles & Grifons, Membre de l Académie Royale des Sciences , de la Société Royale de Gottingue , & de celle des Curieux de la Nature de Berlin, Commiffaire du Roi à la vifire _ =} * = à SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 159 des Mines , des Bouches à feu € des Forts du Royaume : 2 vol. in 4°. ornés de Planches. À Paris, chez Didoc fils aîné, Libraire, rue Dauphine, Cuchet , Libraire, rue & hôtel Serpente; & à Strafbourg, chez Treutrel, Libraire. Nouvelles infiruétives bibliographiques , hifloriques & critiques de Médecine , Chirurgie & Pharmacie , pour l'annee 1787, ou Recueil raifonné de tout ce qu'il importe d'apprendre pour étre au courant des connoïffances & à l'abri des erreurs relaiives à l’art de guérir, dédié à $, A. S. Monfeigneur le Duc d'Orléans , Premier Prince du Sang ; par M. RETZ , tome troifième. A Paris, chez Méquignon l'aîné, Libraire, rue des Cordeliers, près des Ecoles de Chirurgie, Ces nouvelles font un abrégé de tout ce qui s’eft paflé de neuf en Médecine pendant l’année 1786. L’Auteur n’a rien omis de ce qui pouvoit rendre cet Ouvrage inftrudif & piquant. M. Herfchel en examinant de nouveau la planète qu'il a découverte, a apperçu deux petits points lumineux qu'il a reconnus après plufieurs obfervations être deux fatellites de cette planète, La révolution du premier eft d'environ huit jours, & celle du fecond de quatorze. Extrait d'une Lettre de M. KiRWAN, de la Société Royale de Londres, à M.***, de l’Académie de Dijon. « La nouvelle que vous me donnez des diffentions de votre Académie » m'affligent très-fenfiblement. . . . Si les chofes prennent un mauvais » tour, c'eft bien malheureux pour l’honneur de votre ville, qui alloit jouir » de la même répitation pour la Chimie philofophique dont Edimbourg » jouit pour la Médecine, & Upfal pour la Minéralogie , où l'élite des » jeunes étudians de routes Les nations européennes vont fe rendre; j’allois » moi-même recommander quelques jeunes gens de ce pays d'aller à » Dijon apprendre la Chimie. ... » Londres, ce 9 janvier 1787. LA LE sé DES ARTICLES CONTENUS DANS CE CAHIER. DU Charbon des Méraux 3 par M. PexesTLEY, page 81 Lettre de M. Pasumor , Ingénieur du Roi, &c. à M. DE LA MÉTHERIE , fur les endroits où l’on peut faire colle&ion de Criflaux de Sélénire, . 84 Mémoire fur les moyens de maçonner dans l'eau à très-grande profondeur ; par M, DE LEYRITZ, Chevalier de Saint-Louis, 88 .s6o. OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, 6c. Lettre de M. Le Bronp , Médecin-Nataralifle du Ro, Correfpondare de l’Académie Royale des Sciences , de la Société Royale d'Agri- culture & de celle de Médecine, à M. DE LA MÉTHERIE, 92 Doutes Jur quelques inconvéniens attribués par M. LAVOISIER à l'emploi du Phlogiflique pour l'explication des phénomènes de la nature, dans des Réflexions fur le Phlogiflique , imprimées dans les Mémoires de l'Académie Royale des Sciences de Paris pour 1783; par JEAN SENEBIER , Bibliothécaire de la République de Genéve , 93 Lettre de M. pe Jonvicze, à M. DE LA MÉTHERIE, fur un Inflrument propre à mefurer l'inclinaifon des couches de La terre , 100 Mémoire dans lequel on fe propofe de faire voir que les Wéficules Jéminales ne fervent point de réfervoir à la femence Jéparée par Les teflicules : on y établit un nouveau réfervoir de cette liqueur, & l'or affigne un nouvel ufage aux Véficules ; par M. J. A. CHAPTAL, Profeffeur de Chimie des Etats-Généraüx de Languedoc, Infpeéteur honoraire des Mines du Royaume , des Académies Royales de Montpellier, Dijon, Touloufe , Milan , Turin, Nifmes ; &c, 101 Mémoire abrégé fur plufieurs taches nouvelles noires & rondes de Jupiter, obfervées par M, Le Grand-Bailli JEAN - JÉRÔME SCHROELER , à fon Obférvatoire à Lilienthal , près de Bremen, II Suite des expériences relatives à la cohéfion des Liquides ; par D P. Bésice, de l'Oratoïre, 125 Mémoire fur l'Acide du Berberis ; par M. HOFFMAN, Apothicaire à Léer, 131 Expériences fur le Gaz hépatique, lues à la Société Royale de Londres , le 22 Décembre 178$ , par M. KiRWAN : traduites par Madame PICARDET ;, 133 Extrait des Ouvrages de M. l'Abbé CAVANILLES, de la Société Royale Bafcongade , & Correfpondant de celle d'Agriculture de Paris, contenant neuf genres nouveaux de la famille des Malva- cées , & un dixième de celle des Solanees , 147 Extrait d’une Lettre de M, CRELL , à M. DE LA MÉTHERIE, 156 Nouvelles Littéraires , 158 _ APPROBATION, Ju lu , par ordre de Monfeigneur le Garde des Sceaux, un Ouvrage qui a pour titre: Obfervarions fur La Phyfique, fur l'Hifloire Naturelle E fur Les Arts, ëc. par MM. Rozier, Moncez Lejeune Ë DE LA MeTaERIE, ge. La Colleëtion de faits importans qu’il offre périodiquement à fes Lecteurs, mérite l'attention des Sa- vans ; en conféquence , j'eftime qu'on peut en permettre Pimpreflion. A Paris LEE 16 RER ET rR Février 1787 VALMONT DE BOMARE. ZZ Z POUCES. RCE" En Ds he ZT. = = 2: Zn cer -ÿ6 p | a À 4. 2 “1 Ê À A a —— a Ve | JOURNAL DE PHYSIQUE. 3| MARS 1787. IE EXPÉRIENCES ET OBSERVATIONS SUR LES FERMENS ET LA FERMENTATION; Suivies d'un procédé pour l’exciter fans le fecours de la levüre , avec un Effai fur une nouvelle théorie de cette operation ; Par M THomAs HENRY, Membre de la Société Royale : Lues le 20 Avril 1785 à la Société Littéraire & Philofophique de Manchefter (1), Nec manet ulka fui fimilis res; omnia migrants Omnia commutat norma & vertere copit, DE tous Les procédés qui appartiennent à la Chimie, la fermentation eft peut-être celui qui a été expliqué jufqu'ici d'une manière moins fatis- faifante. Les Auteurs contens d'en avoir décrit les phénomènes ,la marche & le réfultat , ont négligé d'en rechercher la caufe, comme aufli les altérations que les corps éprouvent par fon ation. Depuis très-peu d'années la théorie de la Chimie fe trouve toute changée. Les magnifiques découvertes de Black & de Prieftley ainfi que d’autres Philofophes chimiftes qui font devenus leurs émules, nous ont initiés dans beaucoup de myftères de la Chimie qui, avant eux, avoient fait notre défefpoirz & notre fiècle eft fait pour être une époque à jamais mémorable dans cette fcience. C'eft à ces favans que nous avons l'obligation de connoître à préfent la nature de la chaux & des alkalis ; (x) Ce morceau eft tiré du fecond volume des Mémoires de la Société de Menchefter, Nous en devons la tradu&tion à M. B. P. D. R. citoyen eftimable, qui confacre une partie_de fon tems à l’étude de la Phyfique & de la Chimie, & l'autre à chercher les moyens d’adoucir le fort des malheureux. Tome XXX , Part, 1, 1787. MARS, X si 162 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, la différence qui exifte entre un métal & fa chaux, pourquoi celle-ci augmente de poids en devenant chaux, & le perd de nouveau quand on la révivifie. On a de plus aralyfé l'air atmofphérique. On y a découvert une multitude de gaz femblables à l'air fous certains rapports, & différens de lui fous d’autres , & parmi ces gaz un fluide éthéré dont les propriétés l'emportent fur l'air commun, en ce qu'il eft plus refpirable & plus propre à la combuftion. La connoifflance de ce Auide pur qui conftitue la partie vitale de l'air atmofphérique , femble nous flatter d’un aggran- diflement fenfible dans nos connoïffances chimiques, quant à la recherche de fes différentes combinaifons. Les recherches des Phyfciens fur la pature de l'air pur , nous ont procuré encore beaucoup de lumières fur les parties conftiruantes des acides & de l’eau. Parmi les gaz qui ont excité l’attention des Chimiltes , l’air fixe, ou fi nous préférons la dénomination plus propre de M. Tobern Bergman, l'acide aérien eft le premier en date. Vanhelmont avoit déjà obfervé que ce gaz s'échappoit en abondance des liqueurs dans la fermentation fpiritueufe. Le Docteur Prieftley trouva qu'on pouvoit les combiner, & il prouva que c'étoit à ce gaz que les liqueurs devotent leur faveur & leur feu, & qu’en le perdant elles devenoient vapides & plattes, Mais quoique M. Cavendish, & M. Prieftley avant lui , aient prouvé qu'on pouvoit dégager ce gaz d'une liqueur, & qu'ils aient calculé la quantité qui s’en échappoit dans la fermentation , il ne paroït pas que ces deux favans fe foient imaginés que ce même gaz étoit la caufe produétive de la fermentation. C'eft un fait très-connu des Braffeurs que le moût de la bière par un phénomène oppofé à celui des liqueurs purement fucrées, comme le moût de raifin, n'entre en fermentation vineufe que par l'addition d’un corps qui y excite la fermentation. C’eft pour cela qu'ils emploient la levûre, fubftance acide & vifqueufe qu'on enlève de la fuperficie d'un corps en fermentation. Mais ni la nature de ce levain, ni fes effets n’ont été confidérés comme ils méritoient de l'être. On a bien dit qu'un levain vineux produifoit la fermentarion vineufe, un acide la fermentation acide , & enfin un levain putride la fermentation alkalefcente; mais rien de tout cela ne jette un jour fuMifant fur la fermentation en elle-même & fes caufes. Avant d’entreprendre d’expofer mes idées fur ces deux objets, je dois rendre compte de quelques fairs qui leur ont donné naïflance, Je décrirai le phénomène tel qu'il a été vu par les autres Chimiftes , puis l’hyporhèfe que je m'en fuis formée; mais ceci avec la plus grande méfiance. Il ne faut pas moins que l'indulgence que me témoigne cette refpeétable . affemblée pour m'en donner la hardieffe. Jamais je n’eus befoin devan- tage de fon exacte imparrialité. D'un côré, l’obfcurité de la carrière dans laquelle je m'engage fans avoir de guide ; de l’autre, la foibleffe de mes Léna 1 = + SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 163 lumières : ces deux confidérations étoient faites pour me défefpérer. Ajoutez à cela que le malheur arrivé à mon fils dans le tems où je comptai mettre la dernière main à mes expériences, a troublé mes idées & m'a empêché , au milieu des occupations ordinaires de mon état , de me livrer fans réferve à des recherches auli abitraites, Aufli-tôc que le docteur Prieftley eut publié fon procédé pour faire des eaux artificielles, j'imitai le fien pour les eaux de pyrmont, Je ne tardai pas d'obferver que ces eaux , qui ne pétilloienc point du tout en les verfant dans un verre, quand on prenoit le parti de les garder dans une bouteille bien bouchée , aufi-tôt qu’on en ôvoir le bouchon , pétilloient à la manière des eaux véritables de pyrmônt (1). J'attribuai, & peut-être avec raifon , cet effer à un gaz, qui après avoir été plus intimement com- biné avec l'eau & y avoir éré, pour ainfi dire emprifonné , recouvroit tout-à-coup fon énergie & fon élafliciré, Je fis un jour du punch avec cette eau. Il m'en reftoit une pinte. Ma compagnie s'étant retirée, j'en mis un demi-feptier dans une bouteille que je bouchai avec foin. T rois ou quatre jours après, en tant lebouchon, j'obfervai que ma liqueur en la verfanr donnoit une crème & une moufle comme le cidre le plus généreux: Un de mes amis, homme d'un certain âge, à qui j'en donnai un demi-verre, fe récria fur lexcellence de la liqueur qu’il buvoir , & me pria de lui en donner un fecond verre, fi j'en avois encore de la même qualité. Je l'ai déjà dit : c'eft par le docteur Prieftley que nous favons que du vin ou de la bière devenus vappides, recouvrent leur goût agréable & pétillanc, en y ajoutant de l’air fixe. J’avois de la bière qui avoit perdu fa faveur ; j'y mêlai de l'air fixe, & je fus fort furpris que cette addition n'y fit rien ; mais je bouchai ma bouteille , & au bout de trois ou quatre jours je trouvai ma bierre redevenue aufli généreufe qu’une bierre ordinaire qui eft en bouteille depuis plufeurs mois. En 1778 j'impregnai d’air fixe une quantité de petit-lait que j'avois clarifié pour en extraire le fucre de lait, & je la mis en bouteilles, En une femaine le petit-lait d’une de ces bouteilles que j'avois bouchée fi négli- gemment qu’une partie de la liqueur s'étoit échappée par le gouleau, étoit fenfiblement vif & pétillant ; mais la liqueur de l’autre, que je ne débouchai point avant l'été de 1782 n’aquit pas la même vivacité ; feule- ment elle étoit fenfiblement vineufe, & fans la moindre acidité perceptible R au goût. Ce fut alors que me vint l’idée que Pair fixe eft le principe de la fermentation, ou autrement que la propriété de la levüre, comme ferment, sélide dans l'air fixe qu’elle contient, & qu'ainf la levüre n’eftrien moins que (1) On a depuis multiplié les procédés pour faturer l’eau de ce gaz , & lui donner par-là les cara@tères apparens de l’eau de pyrmont. Tome XXX , Part, I, 1787. MARS. X 2 NEDI0 PAUSE LAN AU, à | TPENTAR EAN T/U ON D ATTRIEE Huse E70 \ 164 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, de l’air fixe enveloppé dans les parties mucilagineufes d’une liqueur fermentefcible. Cette idée me conduifit à tenter de faire une levüre artificielle. A l'appui de ce fyftème je fis bouillir dans de l’eau une quantité quel- conque de fleur de farine. Après avoir réduit mon mélange à une gelée claire, jele mis dans la machine de Nooth ; puis je le faturai d’air fixe dont il abforba une grande quantité. Après quoi J'enfermai mon mêlange dans une bouteille légèrement bouchée , que j'expofai à une douce chaleur. Dès le lendemain ce mélange étoit en état de fermentation, & le fur- Jendemain il reflembloit fi fort à de la levüre que j'y ajoutai une quantité fofifante de farine, Je pêrris le tout , & après l'avoir laiflé repofer cinq 1 fix heures ,je mis au four & j'obtins du pain fuffifammenc levé, Mais cette expérience n’étoit pas encore aflez pour moi: tout le monde fait que le moût de bierre qu'on obtient du malt ne peut païler à la fermentation qu’à l’aide d'un ferment; & ce ferment eft la levüre, Si donc , en imprégnant d’air fixe le moût de bière, je l’amenai à la fermen- tation vineufe, fi je conduifis cette fermentation à produire de la bière, & cetre bière à donner de l’efprit ardent , ma conclufion éroit toute natu- relle: je pouvois avancer hardiment que j'avois trouvé un nouveau pro cédé pour faire fermenter les liqueurs dans tous Les pays & dans routes les poftions. Pour cela je me procurai dans un magafin public huit pintes de moût très-fort. Il avoit un goût amer & défagréable, fans doure qu'on avoit faic ufage de mauvais houblon ou autre chofe équivalente. J'en laturai d'air fixe une grande partie avec la machine de Nooth, opération qui ne fut pas ongue, & qui abforba beaucoup d'air. Le tout ainfi difpofé, je le mélai avec le reftant, puis le jettai dans une jarre de terre dont l'ouverture, qui étoit large ,/fut feulement recouverte d'un drap, & j'expofai à une chaleur entre dix & vingt degrés. En vingt-quatre heures il s’y excita une vive fermentation. Je vis monter à fa furface une couche de levüre, & le troifième jour ma liqueur parut en état d’être mife en tonneau. Je me fervis pour cela d'un vaiffeau de terre pareil à celui que le perit peuple de notre pays emploie au lieu de barril pour fes petites brafleries de liqueurs fermentées, En moins de huit jours avant de fermer entièrement mon vaifleau, il monta à la furface une nouvelle quantité de levüre, que j’otai, &e qui me fervir à faire fermenter de la farine, & qui me procura d'aufli bon pain que celui que j'aurois pu obtenir avec de la levüre ordinaire. Je bouchai alors férieufement mon vaifleau, & ne le mis en perce qu'au bout d’un mois. Il me donna une liqueur qui avoit tous les carac- tères d'une bonne fermentation, qui avoit de la crème à fa furface, & dont le goût, quoique je ne duffe pas He à à quelque chofe de mer- veilleux d’après la matière première que j'vois employée, étoit cependant auf bon que celui de la plupart des bières qu’on boit dans les tayernes, Va ET Ho il HT Re ES L a 1 y, à 1- - . SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. r6$ Je diftillai une partie de mon produit ; & j'en retirai beaucoup d’efprit ardent qui a été foumis au jugement de la Société, Un malheur qui arriva au vaifleau, qui fe caffa avant la fin de la difillation ,m’a empêché de déterminer au jufte la quantité d’efpric ardent que j’aurois pu retirer. Jai tout lieu de croire cependant d'après les calculs que j'en ai faits qu’elle n’auroit pas été inférieure à celle que donne une bière ordinaire. Comme j'avois perdu mes notes, & que le compte que je viens de rentire eft tout entier de mémoire, je métois déterminé à répéter mes expériences ; mais d’autres affaires m'ont empêché de m'y livrer avant Ja fin d'août 1784. Voici le relevé que je trouve configné dans mon Journal, Le 30 août je me procurai huit pintes de bière commune , & j'en impregnai moitié d’air fixe dans la matinée; mais non jufqu”à-faturation : je mêlai alors mes huit pinres, & fur le minuit je mis le mélange dans un pot très-large dans la cheminée de ma cuiline où il refla toute ja nuit. Le lendemain au matin, point de figne de fermentation. À cinq heures après midi j’obfervai à la furface une petite écume. Je foupconnai que la quantité d’air, que J'y avois mêlé, n'éroit pas fuffante. Dans cette crainte, j'augmentai la dofe avec une bouteille percée fur fon épaule, & qui con- tenoit un mélange de craie & d'huile de vitriol, A neuf heures j’entendis l'air qui s’échappoit de la bouteille en fifflant ; d’où je jugeai que la fer- mentation étoit établie. À onze heures mes doutes furent parfaitement éclaircis, puifque la furface de la liqueur étoit toute couverte : ce qui me détermina à n'y pas combiner une plus grande quantité de gaz. La température du moût étoit de quatre-vingts degrés, ce qui faifoit deux degrés de plus que la chaleur extérieure. Le premier novembre, à fept heures du matin ; la fermentation n’étoit pas trés-avancée , le feu ayant été négligé pendant la nuit. La chalerrs du moût ne marquoit que foixante-douze degrés, & probablement elle avoir été moindre toute la nuit, puifqu'on venoit de rallumer le feu. Je pouifai ma liqueur au quatre-vingr-deuxième degré, & à midi qu’elle marquoit foixante-douze, je l'ôtai du feu. À quatre heures après midi on voyoit déjà de la levüre, & à onze il y en avoit une grande quantité. Le 2 novembre, à neuf heures du matin, la liqueur me parut en étac d'être mife dans le tonneau. Je me fervis du même vaifleaw dont j'ai parlé ci-devant, & je le plaçai à la cave. À midi la levüre dépafloit déjà les bords. J'en enlevai une partie, & deux heures après 1] y en avoitune égale quantité. Le 3 novembre, la fermentation continua fa marche réculière, & le j'avois recueilli aflez de levüre pour faire un pain qui au fortir du four pefa deux livres, Il écoit bien levé, bon, fi ce n'eft un peu d’amertume, que j'attribue à ce que le moût avoit eu dans le principe une trop forte dofe de houblon. Cependant à juger d’un*côté par le grand produit que j'avois obtenu , & de l'autre par le peu de téms que j'y ävois mis , on 166 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, auroit conclu naturellement que la qualité de la levûre auroit dû en être affoiblie. Le $ novembre, ma liqueur fe trouva encore couverte de nouvelle levüre : je l’'abandonnai à fa fermentation jufqu’au 12. Après quoi je bouchai mon vafe fuivant mon ufage. Mon intention étoit de difhller ma liqueur quelques femaines aprés ; mais le malheur qui m'arriva alors, rompit le fil de mes expériences. Ce ne fut qu’à la fin de février que je mis mon tonneau en perce. Ici les phénomènes changent. Sans doute que ma liqueur éroit reltée trop long-tems dans des circonftances défavantageufes. Peut-être auf, qu'il y avoit eu trop de chaleur dans le tems de la fermentation qui avoit été auffi elle-même trop prolongée, Quoi qu'il en foit, ma liqueur avoit saffé à la fermentation acéteufe, & éroit devenue un excellent vinaigre, Mais cet échec apparent ne me fit aucune peine ; car il me conduioit plus loin que je n'avois efpéré d’abord. En effet, j’avois déjà obrenu de l'efprit ardent de ma première expérience. En joignant les deux, j'ai donc eu de la levüre, du pain, de la bière, de l’efprit ardent & de l'acide acéteux, J’apporte même à la fociéré un eflai de ce dernier. Je me Matte que mes expériences peuvent être d’une urilité très-érendue & contribuer à l'agrément, au plaifr, à la fanté même, dans nombre de circonftances où l’on ne pouvoit fe procurer des liqueurs fermentées. L'économie intérieure & la Médecine ne font pas même ici fansintérêr. A la mer, par exemple, & dans notre continent auf, il eft des faifons où il eft impofñfible de fe procurer de la levûre. Avec mon procédé, par-tout & dans toute occafon on a du pain frais & des liqueurs fermentées , foir de malt foit de fucre avec la plus grande facilité, Ce feroit peut-être le lieu d’obferver combien il en réfulteroit d’avantages pour les décoétions de malt recommandées par feu le doéteur Macbride ; mais ce fujet eft trop lié avec la Médecine-pratique, pour fortir des bornes qui me font prefcrites par la fociété. Je n’infifte que fur fes avantages dans l'économie domeftique. S'agit-il de ranimer une fermentation qui languit ? rien de plus facile ni de plus prompt. Plongez-y une bouteille, telle que je l’ai décrite dans mon Effai fur la confervation de l’eau dans des vaifleaux de grès, dans laquelle il y ait un mélange de craie & d'huile de vitriol. Avec certe méthode , vous pouvez faturer d’air fixe votre moût de bière. Je la regarde donc comme très-utile pour les brafferies, & je la recommande à tous ceux qui fe mêlent de ce commerce, Voyons aûuellement les phénomènes qui accompagnent fa fermen- tation, tels qu'ils ont été décrits par les Chimiftes, & râchons d'établir une théorie qui nous en rende raifon, Le fucre, qui eft le jus des fruits mürs, ainfi que le malt, font plus ou moins difpofés à fermenter ; mais pour cela il faut deux conditions indit- penfables ; la première de les amener à un état liquide en les érendant SUR L'HIST., NATURELLE ET LES ARTS, 167 d’une quantité fufhfante d'eau, & en fecond lieu de les foutenir d’un degré de chaleur convenable, Le plus favorable s'étend depuis le foixante- dixième jufqu'au quatre-vingtième degré. Quand la fermentation s'établir, on obferve dans la liqueur un mouve- ment inteitin. Elle fe trouble : quelques fécules fe précipitent, & une écume vifqueufe s'élève à la furtace. On entend un bruit de fifflemens ; il s'échappe une grande abondance de gaz qu'on a reconnu être de l'air fixe, La liqueur acquiert enfuite un goût & un odorat vineux. Elle devient plus légère que l'eau, quoiqu'auparavant elle füc plus pefante, Pendant que cette tranfmutation s'opère , la chaleur de la liqueur eft plus forte que celle de l’atmofphère, & cependant elle a une communication directe avec elle. C’elt même une néceflité : quelques jours après, ces phénomènes commencent à décliner: Quand l'opération eft bien conduite, & arrêtée à propos, on a pour produit une liqueur capable de donner de l'efprit vineux ou ardent. Si au contraire elle a été trop lente, & qu’on n'ait donné qu'un coup de feu trop foible, le produit eft plat, & fans efprit. Enfin, fi elle a été trop rapide, la liqueur pafle à la fermentation acéreufe , terme où elle rend continuellement, quoiqu'en proportion de la quantité de l’efprit ardent qu'elle contient, elle tourne à l'acide plus lentement. La fermentation acéteufe a lieu en vaifleaux clos ; mais on n’obferve alors ni dégagement d'air ni aucun autre phénomène marqué. Ce n’eft que par degrés que la liqueur perd fon goût vineux, qu’elle devient aigre, & qu'un fédiment abondant fe précipite au fond , tandis qu'il refte dans la liqueur beaucoup de matière vifqueufe & qui enveloppe l'acide : la diftillation eft le moyen de le féparer. En ajoutant un ferment , on accélère fans doute le procédé, On a même cru jufqu’ici que cette addition étroit indifpenfable pour amener une liqueur au degré de fermentation, & qu'une infufon farineufe ne pouvoit fer- Menter , qu'autant qu'on lui ajoutoit un corps étranger qui avoit déjà paflé par le même étar, Mais j'ai prouvé que c'éroit une erreur: j'ai prouvé que de l’air fixe obtenu d’un mélange d'acide & de terre calcaire produifoit le même effet qu'un ferment pris d'une liqueur qui a fermenté. Quelques Auteurs prétendent que, dans la fermentation , les parties conftituantes d'une liqueur changent de place entr'elles & de propriétés, Mais en quoi confifte ce double changement ? c’eft ce que perfonne n’a défini. Le docteur Black même, à ce qu’on medir, déclare que de toutes les théories qu’on a données jufqu'ici à ce fujet , aucune ne lui a paru fatisfaifante. Mais peut-être que les faits, & particulièrement quelques nouvelles découvertes chimiques, jeteront du jour fur cette matière, & nous mettront 68 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE ; én état d'établir des conjectures qui pourront au moins fervir de fondement à une théorie, 1°. Le fucre eft un fel effentiel qui contient de l’huile & une matière vifqueufe. Il fe bourioufile continuellement quand on le brûle; preuve qu'il contient beaucoup d'air, indépendamment de fon principe inflam- mable. Le malt eftune matière faccharine unie à un mucilage vifqueux. 2°. Quand on verfe fur du fucre de l'acide nitreux , celui-ci s'empare de fon principe inflammable, & fe convertit, finon pour letourt , au moins pour une de fes parties conftituantes , en gaz nitreux , & fe diflipe fous cette forme. En renouvellant l’acide, il fe forme une nouvelle quantité ce gaz jufqu’à ce qu'enfin le refte du fucre fe convertifle en criftaux qui ont les propriétés d’un acide Jui generis, que Bergman a appelé acide faccharin (1). 3°. En appliquant la chaleur à l'acide du fucre, on a un peu de phlegme, une très-grande quantité d'air inflammable, & d’air fixe qui retiennent leur chaleur latente, & enfin un réfidu brunatre qui eft évalué le = du total. On fuppofe que l'air fixe eft compofé d’air pur uni au phlogiftique , & que l'air inflammable n’eft autre chofe que le phlo- giftique. 4°. On a découvert que l’eau eft formée de l’union de l'air pur avec le gaz inflammable privés de leur chaleur latente. En effet, fi l’on mer ces deux fluides élafliques en contact l’un avec l’autre dans un appareil hydrargiro-pneumatique , ils fe réfolvent en eau, & cette eau fe trouve du même poids que les deux airs réunis. Dans l'opération il fe dégage beaucoup de chaleur. Vice versé. Si l’on fait couler de l’eau en petits filets à travers un tube rempli de coupeaux de fer, & chauffé vigoureu- fement , l’eau, d'après MM. Wat & Lavoilier, eft décompofée. Le phlo- giftique s'échappe avec la matière de la chaleur en forme de gaz inflam- sable, & l'humidité ou l’eau déphlogiftiquée s’unit à la chaux du métal : d’où on la retirera enfuite fous forme d'air pur , ou d'acide aérien , fuivan® le degré auquel la chaux a été déphlogiftiquée. Nous avons obfervé ci-deflus qu'il falloit néceflairement de l'eau pour faire fermenter la matière fucrée, 5°. Une liqueur vineufe donne à la diftillation de l’efprit ardent, 6°, Toute la partie inflammable de l’efprit-de-vin fe diflipe dans fa combultion. L'opération finie, M. Lavoifier trouve que fa partie aqueufe a augmenté en poids, & que feize onces d'efprit-de-vin donnent dix- huit onces d'eau, & cela par l’abforption de l'air qui eft décompofé par la combuftion. (1) Opuftules chimiques de Bergman, 1. V. de l’Acide du fucre, : 1RCUS ta * SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 169 7°. Le réfidu d’une liqueur fermentée, dont on vient d'extraire l'elpric ardent par la diftillation, eft acide. 8°. M. Lavoifier a fuppofé que l'air pur étoit le principe oxygine de tous les acides, & que ceux-ci ne différoient entr'eux qu’en raifon de leur bafe différente unie à cer air pur, «+ Comme nos expériences ont été faires fur une infufion de malt & avec de l’air fixe employé comme ferment, tâchons d'expliquer les phé- nomènes & les produits de la fermentation tels qu'ils fe font préfentés. 1 -Le moût de bière ayant été imprégné d’air fixe, & difpofé à recevoir le degré de chaleur qu’il éprouve ordinairement quand on fe mêle avec de la levüre, le gaz y refte quelque rems dans un état de ftagnation. Mais bientôt par fa tendance à recouvrer fa forme élaftique , & aidé par la chaleur , il s'échappe de la prifon où il étoit renfermé. L’eflorc qu'il faie pour fe dégager brife les particules de la partie mucilagineufe , & déve- loppe la matière fucrée. En foutenant cette opération, les parties confti- tuantes de fa matière font féparées, & les particules de principes confti- tuans fe trouvant ainfi jetées hors de la fphére de leur attraction mutuelle, fe repouffent les unes les autres, Il fe dégage beaucoup de phlogiftique avec de l’air pur. La plus grande partie du principe inflammable éprouve une nouvelle combinaifon. Se joignant à la portion phlogiftiquée de l'eau & lui faifant faire divorce dans la même proportion avec l’air purs tandis que l’autre, mais qui eft plus petite, s’unit dans fa naiflance avec - cet air pur pour former de l'air fixe, lequel rendant à fe dégager , emporte avec lui beaucoup de fon enveloppe vifqueufe. Dans cette converfion d’air pur en air fixe, on fent beaucoup de chaleur, & cette chaleur achève la décompofition de la matière faccharine. La matière vifqueufe fe raflem- blant à la furface, ‘’'oppofe au dégagement d’une trop grande quantité de gaz, & le fait réabforber par la liqueur : ce qui lui donne ce goût piquant & agréable, tandis que le” principe inflammable s’accumulant , & fe condenfant aufli dans la imême liqueur , en forme l’efprit ardenr. Ainf il y a une analogie fous certains rapports entre la décompofition de l'eau, & la produétion de l'air pur par le nitre. Suivant M. Wat, l'acide nitreux s'empare du phlogiftique de l'eau , laquelle fe combine alors avec la matière de la chaleur & s'échappe fous forme d'air pur. Si l’on vient à boucher le vaifleau , comme une partie de la: matière facrée n'a point éprouvé de décompofition , la liqueur continue d’avoir un goût douceâtre. Mais la fermentation continuant toujours dans un degré plus marqué, la liqueur perd de fa douceur, & dans la même pro- portion s’impregne d’efprit ardent, les fécules fe précipitent en forme de lie, & la liqueur eft alors à un point convenable de fermentation & de maturité ; elle eft claire (1). {1) Lorfque le vin fermente, il fe dépofe fur les parois & au fond du tonneau une Tome XXX, Part. I, 1787. MARS, 170 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, Mais fi la matière du fucre eft trop noyée d’eau , ou le vaiffeau expofé à une trop forte chaleur, la liqueur paflera de la fermentation fpiritueufe à la fermentation acide. Dans la formation de l'acide du fucre par l'acide nitreux , on fuppofe que ce dernier s'empare du phlogiftique du fucre, & mec ainfi à nud l'acide fucré. Ou bien, fi l’on veut s’en tenir à la théorie de M. Lavoifier , une des parties conftiruantes de l'acide nitreux produit cet effet, tandis que l'autre, ou l'air pur, s'unit à une bafe particulière du fucre, & produit l'acide faccharin. La même chofe arrive dans la fermentation acide. Si le phlogiftique ne fe trouve pas dans une quantité fufifante, ou que la force avec laquelle il eft combiné dans la liqueur foit énervée par une trop longue application de la chaleur ou d'autres caufes , alors 1l fe fépare des autres parties confti- tuantes de la liqueur. L’efprit ardent ainfi décompofé s'échappe par degrés. L'eau déphlogifliquée, ou autrement la bafe de l'air pur, fe trouve en excès : ce qui fait que retenant toujours une petite portion du phlo- giltique, elle {e combine avec la bafe faccharine, & forme l'acide acéreux. C'eft ainfi que l’on peut établir une analogie entre la fermentation acéreufe , & l'action de l'acide nitreux fur le fucre. Ici le phlogiftique eft féparé avec plus de rapidité; & l'acide qu'on obtient eft appelé l'acide du fucre. Dans l’autre opération les changemens fonc plus lents. Le phlo- giftique ne s'échappe que graduellement ; & de ce que les modifications font différentes en raifon de ce qu'il y a une variété dans les caufes, on a , non pas l'acide du fucre, mais du vinaigre : & peut-être eft-il avan- tageux pour la théorie que j'ai pofée de rappeler que le réfidu d’une liqueur ui a fermenté, & dont on extrait l’efprit ardent , qui ne paroît être autre chofe que de l’eau fuperfaturée de phlogiftique , eft acide. Comme la fermentation putride n’a pas un rapport aufi direct avec les fubftances fucrées, je n'ai point parlé des phénomènes qui l'accompagnent. Je n'eftimerai trop heureux, fi mon travail peut contribuer à reculer les bornes de la fcience, & encore plus, s’il peut être utile à mes concitoyens. J'ai pour principe qu'un feul fait nouveau vaut mieux que les bypothèfes les plus ingénieufes & les mieux travaillées. s “ matière qu’on nomme le tartre, laquelle, fuivant les nouvelles découvertes , n’eff qu'un aikali végétal uni à un excès d’acide particulier. Comme ce fait s’a pas lieu dans la liqueur du malt, je n’en ai pas fait mention dans ce Mémoire, TA SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS, 171 MÉMOIRE - POUR SERVIR A L'HISTOIRE DE LA MARCHANT VARIABLE (1); Par M. REyNI1ER, Membre de plufieurs Sociétés. EE hafard m'a procuré l'occafñon de vérifier le fexualifme des marchants, & de déterminer par expériences une de leurs manières de fe reproduire. Ce point d'Hifloire-Naturelle , répandant quelques jours fur le fexualifme des autres plantes congénères, m'a paru aflez intéreflant pour le publier. J’ai toujours douté de cette fécondation, & de cette multiplication par le concours des fexes, qu'on attribue aux plantes crypto- gamiques : elle me paroifloit trop dificile à concevoir, pour être admife fans preuve de faits, & les expériences manquoient, ou du moins n'étolent pas concluantes, J'ai déjà réfuté le fexualifme des moufles, dans un Mémoire inféré dans le fecond volume des Mémoires de la Société des Sciences Phyfiques de Laufanne , & j'ai éflayé d'expliquer la formation de leurs rofes, que je regarde comme une monftruofité, Le fexualifme des plantes, foupconné par Camerarius & Gefner, fut mis en évidence par Vaillant; & depuis lors Linné, dont le génie fyftématique faifoit fans peine des loix générales, admit celui des plantes criptogamiques. Chaque partie momentanée ou peu commune, & chaque montftruofité ou ditor- mation , devint organe fexuel , entre fes mains & celles de fes élèves. Les urnes des moufles & des jongermanes furent des organes males; leurs rofes & leurs bourgeons axillaires des organes femelles : les cavités des riccies , les écuffons des lichens, les véficules des fucus, les tubercules des conferves, parurent leurs parties reproductrices. Cependant aucune expérience ne démontroit la vérité de ces aflertions, & aucune obferva- tion ne pouvoit rendre ce fyftème probable. J'ai obfervé, pendant troïs étés confécutifs, une quantité aflez con- fidérable d'individus de marchant variable, qui créifloient dans un endroit fec & fabloneux, d'une campagne en Gueldre où je paffe les étés, Ces plantes étoient prefque méconnoïflables , à caufe de leur rabouoriffe- ment & de leur petitefle fingulière; elles avoient rarement plus d’un (1) Marchantia polymorpha , Linn. Syf. Nat. 13, pag. 707. Puiqu'il efl reçu de donner aux plantes le nom des favans , & füur-tout des Botanifles, je ne vois pas pour quelle raïfon on les défigure par une terminaifon étrangère. Peut-être feroit-il préférable de laïfler aux plantes leurs nôms nationaux, qui nous inftruiroient de leur pays natal. Tome XXX, Part, I, 1787. MARS, N°2 192. OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, pouce de diamètre, & leurs feuilles ou divifions étoient affez membreufes, mais très-étroites & plus rapprochées qu'à l'ordinaire. Pendant tout cet efpace de rems, je les obfervai prefque chaque jour, & ne pus apperce- voir aucune partie fexuelle ; enfin, je découvris, vers le milieu d’aoûs 1786, dans un endroit écarté, une plante mieux développée que les autres, & couverte de ces efpèces de godets que Linné nomme fleurs femelles. M'éranc afluré par des recherches exactes , qu'il n’exiftoit point d’autres marchants fleuries , dans les environs à une lieue de diftance, j'ai cru l’occafion favorable pour déterminer par des expériences, fi les germes contenus dans ces godets , font fécondés par eux-mêmes , ou s’ils doivent être fécondés extérieurement. Je retueillis plufieurs de ces petits corps , & les plaçai dans un vafe fur de la terre humedtée; bientôt après le plus grand nombre poufla ces petites racines particulières aux marchants, & donna le jour à d’autres feuilles : vers la fin de l'automne, elles avoient acquis plus ou moins de grandeur (1). Comme j'avois quelques voyages à faire, je finis alors l'expérience, dont les fuites écoient inutiles , puifque les plantes s’étoient développées, & avoient acquis un certain nombre de divilions. Puilqu'il n’exiftoit aueun individu mâle en fleur dans les environs , on peut conclure que ces germésk, contenus dans les godets, font fertiles fans fécondation, ou que les godets renferment , dans leurintérieur, des parties fexuelles ; mais toute perfonne, qui les a obfervés avec foin , ne peut admettre une telle fuppofition. Ainfi ces corps ne font pas des graines , fi elles doivent être produites par le concours des fexes ; ils font très-analogues aux cayeux des liliacées, & ne different des bourgeons , que parce qu'ils peuvent fe développer fans être adhérens à la plante qui les a produits; & par conféquent les chapiteaux pédunculés que (:) M. de Necker cite une obfervation femblable à celle-ci, dont je joins ici les détails. « Voici une obfervation que je tiens de M. Dinckler , Doëteur en Médecine » à Elberfeld, Jai vu, m'écritil, la marchantine pluriforme fe régénérer d’elle-même » fans femence. Je la trouvai garnie de godets qui contenoient de petits corps fphé- » riques de couleur verte, Ils augmentoïent fenfiblement en nombre, & le creux des » petits godets s’en rempliffoir de plus en plus: Quelque tems après je les vis difperfés » & fur la motte de terre où la marchantine avoit crû , & fur la plante elle-même , '& » en proportion que j'en appercevois moins dans les godets ,. j’en voyois un plusgrand » nombre & fur Ja tetre & fur la plante ; & cela continua tant qu'il en refta dans les » godets, Ceux de ces petits corps qui Ctoient tombés fur terre, s’y attachoient, & y » croifloient promptement Ils croifloient moins vite lorfqu’ils s’étoient attachés aux » branches de fa marchantine, J’ai joui de ce petit fpe‘tacle jufqu’à ce que des » occupations de pratique n'ayant forcé de négliger de les arrofer, ces petits corps , » qui ne laïfloient pas d’avoir un certain volume , fe defléchèrent tout-à-coup avec » la marchantine elle-mênte. Je fuis perfuadé que s’il m’eût été poffible de füivre » leur arrofement, j’aurois obtenu par ce moyen de nouvelles marchantines », Phyfologie des corps organifés , par M. de Necker, page 130. SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 173 Linné & fes adhérens croyoient l’organe mâle ne font pas eflentiels à la reproduction de cette plante, puifque mmes expériences ont réufli fans du'ils exiftaffent, & que même ces deux organes fe trouvent rarement dans le même rems & dans la même pofition. Pour pouvoir déterminer jufqu'à quel point cette efpèce de reproduction des marchants doit être aflimilée aux graines des autres végétaux, il faut re- monter aux Joix générales.de la génération des êtres. On me permettra de rappeler ici ce que j'en ai dit dans mon Mémoire fur la rofe des moufles (1). « Si on donne au mot graine toute l’extenfion dont il eft > fufceptible, on trouve qu’il n'exprime qu'une ébauche d’un étre > momentané, qui a reçu d'un autre individu de fon efpèce la faculté de > fe développer. La graine ne differe pas de l’embrion des animaux , & » ne differe des bourgeons, que parce qu’elle peut s’aflimiler la nourriture >» par elle-même, dès que les circonftances extérieures le permettent; » pendant que les derniers ne peuvent la recevoir que de la plante qui les » porte, Cette ébauche des êtres organifés eft formée par un dépôt des » molécules nutritives furabondantes ; celle des êtres , dont l’organifation » eft compofée , dont chaque membre contient des parties diflimilaires, > dont quelques individus pofsèdent des organes qui manquent à d’autres, » fe forme par le concours des fexes ; mais celle des êtres , dont chaque > partie eft organifée de même , dont tous les individus ont les mêmes >» organes, dont enfin le corps entier ne paroît qu’un développement » fucceflif de la même partie, n'a pas befoin du concours des fexes > pour être féconde ». Voilà ce qui me paroifloit vrai, en l’appliquant aux moufles, & qui l’eft à plus forte raifon pour les marchants, dont tout l'individu eft la répétition d’une même partie. En confidérant la graine fous ce point de vue, c'eft-a-dire, comme l’ébauche d’un être organifé , formée par le concours des fexes , lorfque l'individu eft com- pofé de parties différentes, & fans fécondation , lorfqu’il ne contient que des parties fimilaires ; on ne peut difconvenir, que ces corps, contenus dans les godets des marchants , ne foient de véritables graines, produites par le dépôt des molécules organifées furabondantes , 8 qu’ils n'ont pas eu befojn d'être fécondés, puifque les marchants ne font qu'un déve- loppement fucceflif d'une même forme, & que chaque individu contiene les parties néceffaires à fon exiftence parfaire, On ne trouve des godets, que fur les individus vigoureux & placés dans des pofirions avantageufes ; je n'ai vu, dans le ce 3 trois années qu'a duré l'obfervarion qui fait le fujet de ce Mémoire , qu’un feul indi- vidu mieux développé que les autres, qui en ait porté; & d’ailleurs ce fait a été remarqué par d’autres Phyficiens (2). Ces individus contiennent (1) Mémoires de la Societé des Sciences Phyfiques de Laufanne , rome 2. (2) « Lorfqw’elle croit dans les puits, cette plante ne préfente aucune cavité en 174 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, des molécules organifées fuperflues, qui, par leur tendance à fe réunir, forment un développement momentané, & des ébauches d'autres êtres femblables. Les godets font des expanfions de la feuille, & n'en differents que par la forme creufe & conique qu'ils adoptent ; mais leur tiffu eft le même : ainfi rien de plus naturel que leur formation, dans un moment où les molécules agiflent avec force , & cherchent à fe placer , à fe réunir. Les petits corps, contenus dant les godets, font donc des efpèces de graines , c’eit-à dire, des individus en raccourci, qui ont la faculté de poufler des racines, dès qu'ils font pofés fur la terre, & qui ren- ferment en eux tout ce qui eft nécellaire pour devenir un être fem- blable à celui qui les a formés; mais leur exiftence n’a pas eu befoin d’être précédée d'une fécondation , puifque chaque individu , métant qu'une fuite de parties organifées de même, contient toutes les formes néceflaires pour fe reproduire complettement. On pourroit confidérer les chapiteaux portés par des péduncules, qui patoiffent fur quelques individus du marchant , comme des godets, dont le développement eft monftrueux. Soit l’état de maladie ou de vigueur, fon âge , fa poütion , ou ce qui nous paroît plus vraifemblable , Pabondance de la nourriture , & fon défaut d'homosénéité (1); les godets reçoivent une extenfon dont ils ne font pas fufceptibles, qui produit leur défor- mation, Ce n’eft au refte qu'une fimple fuppofñition , & j’avoue ne pouvoir en donner aucune preuve. Mais , qu'ils foient une imonftruolité , ou une partie effentielle aux marchants, on peut les regarder comme abfolument inutiles à la fécondation des graines contenues dans les godets ; ce que je crois démontré par l'expérience que j'ai rapportée. + (oo EE » forme de goder , ni aucune ombelle , tandis que für les montagnes on lui obferve » l’urne féminale ». PAyftologie des corps organifes , par M. de Necker, page 36« Or, il eff facile de voir , que fur les montagnes , où elle jouit de l’aétion plus immé- diate & plus pure de la lumière , elle doit être plus vigoureufe que dans les uitse F (x) Un fait vient à l'appui de ce dernier fentiment. Le lichen des bruyèresa, füivant les Botanifles de l’Europe méridionale , des écuflons pédunculés , & ceux du nord lui donnent des écuffons fefliles, J’ai eu occafion de l’obferver des deux manières, puifqu’en Suifle je l'ai conftamment vu , tel que Haller le décrit, avec un péduncule d’une ligne & plus , & qu'en Gueldre , où il eft commun, je le trouve tel que Linné l’a vulén Suède, Mais la chaleur du climat ne peut inuer, qu'en donnant plus de vigueur à la végétation. Or, ce même effet peut être également produit par une pofñition plus heureufe dans un même pays. | | nl 4e aol SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 175 NOTICE SUR LA FORMATION DE LA TERRE PERTE QUI RECOUVRE LES MATRICES DE CRISTAUX. M. Beffon ayant donné, dans fon Mémoire inféré dans le Jouanal de Phyfque , août 1786, des idées fur la nature & la formation de la terre verte, parfaitement conformes à celles que j'ai propofées dans une notice que j'avois remife à la Société des Sciences Phyfiques de Laufanne : j'ai cru devoir la faire paroître avec L’extrait des regiftres de cette Société, qu'elle a bien voulu m’accorder , qui attefte mon antériorité. L’atrention des Minéralogiftes étant fixée fur la terre verte , j'ai cru devoir leur propofer les idées que de nombreufes obfervations ont pu faire naître fur la manière dont elle fe produit. On la trouve toujours dans les cavités des roches granitiques, dont fes parois fupérieures font garnies de criftaux : tantôt elle eft éparle fur les matrices , tantôt elle eft grouppée dans les bafes de la grotte; fouvent elle eft agglutinée en rognons mobiles; mais fi elle eft réunie en mafle confidérable , c’eft toujours dans le bas de la grotte, & jamais adh£rente aux matrices. De plus on la trouve fréquemment renfermée dans les criffaux, & même en aflez grande quantité pour leur donner une teinte verdâtre. Ce mélange dans la fubftance du criftal, cette conftance à être en plus grande abondance dans le bas de la grotte qu'ailleurs, cette réunion en globules, & la différente apparence des différens morceaux , nous annoncent une for- mation moderne, & le premier fait, une formation contemporaine de celle du criftal. Toutes ces circonftances , que j’ai obfervées chaque fois que j'ai trouvé cette terre , paroiffent indiquer fa nature, Comme elles n'accompagnent les criftaux , que lorfque leur matrice eft un granit , & point lorfque c’eft un quartz; il eft vifible, que c'eit la nature de la matrice qui contribue à fa formation. Enfüuite de routes les obfervations que j'ai eu occafion de faire, j'ai cru pouvoir conclure, que cette terre eft une agglutination des particules de mica, contenues dans les granits, qui étant moins atténuées que le quartz, ont confervéleur pefanteur ; & fe font précipitées dans les parties les plus baffes de la grotte, lors de leur féparation d’avec l'eau , & s’y font réunies. Cette terre a confervé une apparence différente, fuivant le degré de ténuité de fes molécules; j'ai vu plufieurs morceaux, qui n’étoient qu’une agglutination du mica, d’autres où la décompofition étoit plus ou moins complette ; j'ai remis à la Société des Sciences phyfiques de Laufanne un échantillon du premier étar, Lorfqne la décompofition du mica eft à un certain degré la terre verte perd en partie fon aridité, & fe rapproche alors des ftéatites, dont elle ne diffère que par le degré d'atténuation. On peut fuppofer que la diverfité des fentimens des Minéralogiftes, ne pros vient que de Ja différence des morceaux qu’ils ont eu entre les mains, 1796 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, Si la terre verte a eu une formation , telle que je la fuppofe , enfuite des loix de la gravité, les parties les plus pefantes doivent s'être préci- pitées les premières, & les plustlégères peuvent feules recouvrir les criftaux. Mais ici l'obfervation eft conforme à la théorie, & l'on peut remarquer que le deoré d'atténuation de celle qui couvre les criftaux, eft fupérieur à celui de l’autre; mais le mica différant prefque dans toutes les roches , cette terre doit aufli diflérer pour l'apparence, quoiqu'elle conferve fa nature, : Nota. Je vieñs de recevoir le fecond volume des Voyages de M. de Sauflure, dans lequel je vois que cet illuftre Naturalifte a des idées fem- blables aux miennes fur! la nature de la terre verte, puifqu'il la regarde, enfuite de l’analyfe fuivante faite par M, Hoepfner , comme une matière talqueufe. Terre de magnéfie ....... 3 gros 30 grains = Nilicenter TIRE Es .0 ' — argileufe........... 0 20 —fcalcairele AS NO 8 i FERA ONMANRNEN EMUT 2 Total: MM8 Eros 10 Or, en admettant avec M. le Comte de Buffon , que le talc eft une même fubftance que le mica, mais d’une formation fecondaire , ces deux fentimens font parfaitement les mêmes; & ce qui contribue encore plus à établir cette identité, c’eft que le tale, fuivant M. de Buffon , eft preduit par l'influence des agens humides fur les micas , & que le mica me paroît plus ou moins modifié par l’eau dans la terre verte. More envoyée Le 26 février 1787. Extrait des repifires de la Société des Sciences Phyfiques de Laufanne 3 du 21 Janvier 1787. M. Reynier ayant defiré publier la notice {ur la terre verte des criftaux , qu'il a remife à la Société le 16 décembre 1785, elle a cru devoir lui accorder fa demande; & elle certifie que la copie envoyée au Journal de Phyfique eft conforme à l'original qu’on lui a remis. À Laufanne le 21 janvier 1787. Signé , BERTHOUT VAN-BERCHEM fils, Secrétaire Adjoint de la Société des Sciences Phyfiques. SECOND SUR L’HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 177 SECOND MÉMOIRE SUR LES MOYENS DE PERFECTIONNER LA MÉTÉOROLOGIE : Par JEAN SENES1tER, Bibliothécaire de la République de Geneve," Jar cru qu'il étoit important de faire voir que la Météorologie avoit faic peu de progrès , que les connoïflances qu'elle fournifloit étoient au moins fort incertaines , & que les moyens qu'elle employoit pour les perfectionner étoient infufifans ; c'étoic le but du Mémoire publié dans ce Journal (1). Je propofai en même-tems quelques idées propres à pro- mettre des fuccès dans l'étude de la Mérécrologie, ou plutôe j'ai efpéré que ces idées en feroient naître de plus heureufes, & qu'on pourroit peut- être fe fatter de voir enfin plus parfaite cette fcience fi utile à tous les hommes dans les momens de la vie, & fi incéreflante pour l'avancement de la Phyfique particulière. Je nai encore indiqué qu'une partie des fecours qu'on peut mettre en ufage pour arriver à ce but; mais l'étude des météores en fournit un grand nombre auxquels on n’a pas encore fait une aflez grande attention. Quand un obfervateur a mis en œuvre tous les moyens qu'il peut avoir pour pénétrer les propriétés générales de l’objet qu'il étudie, il s'arrête à {cruter les phénomènes particuliers qu’il lui fournit, foit pour s’aflurer s’ils découlent naturellement des découvertes qu'il a faites, foic pour fonder la folidité des découvertes elles-mêmes , foit enfin pour s’élancer dans les régions inconnues des matières qui l’occupent. C'eft aufli pour cela que j'ai penfé que l'étude des météores étoit très-propre à éclairer les ténébres de l’atmofphère où ces météores fe forment, à faire. connoître fon influence pour les produire , & fes rapports avec les différentes circonf- tances qui peuvent la modifier : gette étude qui eft indifpenfable eft prefque négligée , on a fait quelques obfervarions éparfes quand elles ont été forcées par des cas particuliers; elles font raffemblées dans les Collections académiques , dans les Ouvrages de Phyfique; mais la plupart font des faits obfervés à la volée, fans préparation, fans deflein, qui ne permettent qu'un léger degré de confiance, & qui en fourniflant des obfervations incomplettes; ne laiffent que des regrets fur les omiflions qu’on a pu faire. I auroit fallu étudier avec foin chaque météore en particulier, le (1) O&obre 1785. Tome XXX, Part, I, 1787. MARS. Z 178 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, fuivre fcrupuleufement dans toutes fes circonftances, chercher fes rapports avec tous les autres, le voir dans le pailé, l'analyfer dans le préfent, l'accompagner dans l'avenir: voilà la philofophie du Météorolopilte , voilà les reffources qu'il peut employe: pour perfectionner la Météo- rologie. s On comprend déjà combien des obfervations faites fous ce point de vue & avec certe méthode feront plus utiles que les tables météorolo- giques , qui n'enfeignenc pour l'ordinaire que l'hiftoire particulière de deux ou trois pieds cubes d'air pendant trois ou quatre minutes de vingt- quatre heures. L'étude des météores , foignée de cette manière, fournira des détails précieux ; elle préfentera toujours des expériences importantes faites en grand; on verra l'air agir par lui-nième fur les différens corps qui peuvent avoir quelqu'aétion fur lui ; on faifira la variété qu'il offie fuivant la variété des comprefions qu'il reçoit, la nature des circonftances qui peuvent le modifier; on pourra parvenir à mefurer ces modifications, à les comparer avec les effets qui en réfultent, à prévoir peut-être ces modifications & leurs effets, on obtiendra vraifemblablement par ce moyen des réponfes plus fatisfaifantes ; au lieu que.comme, on ne fait à préfent que la moitié de l'ouvrage néceffaire pour la connoiffance de à Météorologie , il eft naturel qu'on ne puifle efpérer aucune formule un peu générale pour l'intelligence des faits dont on elt le témoin. I Moyens généraux. I. La comparaifon de l’état météorologique du monde aduel avec l'état météorologique du monde paflé offriroit sûrement des inftruétions. capitales , fi elle pouvoit fe faire avec une certaine précifion ; mais parce quon ne peut pas la faire parfaitement , il ne faut pas la négliger tout- à-fait; en confultant les hiftoriens, on y apprend divers faits propres à éclairer fur le tems des faifons dans différens lieux de la terre , fur leur température. En rapprochant leurs tableaux de ce qu'on voit & de ce qu'on éprouve, on peut en tirer des induétions plus ou moins, folides fur les différences qu’il” peur y avoir fur ces objets. On acquierra de même des connoiffances plus juftes , en recherchant les effets de la végétation fur les plantes cultivées dans un fiècle donné avec les effets obfervés dans les mêmes lieux dans des fiècles différens ; alors il faudroit rechercher! l'influence des caufes particulières qui auroient changé fur les caufes générales qui font conftantes, & on liroit peut-être fur la furface de la terre qui ne feroit plus la même, la caufe des variétés qu’on obferve dans les phénomènes météorologiques. C’eft ainfi qu'on pourroit calculer Pinfluence des grands bois fur l'air d'un pays, celle des défrichemens , du defféchement des marais ; peut-être verroit-on que la culture des plantes différentes produit des différences remarquables fur la conftitution locale de l'atmofphère, fur fes phénomènes ; on parviendroit ainfi à découvrir SUR L'HIST. NATURELLE ET LES “ARTS! 179 quelques rapports importans de l'air avec ces corps, & par conféquent quelques-unes de ces qualités méréoroiogiques; l'Amérique feptentrio- nale offriroit un théâtre bien vafte, bien varié, bien inftruétif pour ce genre d’obfervations. FT. La comparaifon de la Météorologie de diffirens lieux pour lemême tems feroir encore plasimportante. Ain, par exemple, quand on auroit étudié avec foin la Météorologie encre les tropiques , où les faifons fonc conitantes , les vents réglés , les phénomènes toujours à-peu-près fem- blables , les prognoftics fur leurs variations prefque sûrs , on auroit un grand avantage pour juger la Météorologie en général; en s’éloignant des tropiques, on verroic dominer plus ou moins linfuence des circonf- tances locales fur les caufes générales ; après avoir étudié l'hiftoire des pluies & des vents réguliers , dans ces climats foumis à des loix plus defpotiques, on feroit plus en état de pénétrer les événemens météoro- logiques de nos climats, où tout eft plus compliqué & plus variable, Il faudroit faire ainfi dans tous les pays l’hifloire des mêmes météores; leurs variétés , leur fréquence plus ou moins grande, leurs traits plus ou moins prononcés dans les différens lieuxleù ils feroient étudiés, pourroient faire trouver dans les lieux mêmes où on les obferve les caufes de ces anoma- lies, & indiquer avec plus ou moins de certitude par les modifications qu'ils éprouvent , ce qu'ils peuvent ou doivent être. IT, Confidérations générales [ur l'atmofphére regardée comme le champ des météores, On a fi peu réfléchi fur la nature de l’atmofphère & fur fes qualités effentielles , que les premières queftions qu'elle préfente à l’efprit quand on la confidère relativement aux phénomènes météorologiques, font encore à réfoudre. .. -Ceft ainfi, par exemple, qu’il eft important de connoître l'influence du mouvement de la terre fur les couches différentes de l’atmofshère, en combinant cer élément avec l’infuence de la chaleur du foleil & du terrein fur elles , ou même fur quelques-unes d’elles relativement aux phénomènes météorologiques. Il eft clair que l’atmofphère entraînée par la cerre fuivroit entièrement l’action de la force centrifuge fans l’adtion particulière de la chaleur du foleil & de la terre fur elle. Mais fi la force centrifuge a une influence réelle, fi elle eft combinée avec les autres forces qui régiffent l’armofphère dans quelques cas, cette combinaifon ne donne-t-elle pas naifflance à des phénomènes généraux ? Quand le fluide de l'atmofphère tend à l'équilibre comme il y tend toujours, certe com- binaïfon de forces concourantes ou contrariantes ne donne-t-elle pas paiflance à des phénomènes particuliers ? Au milieu de cette agitation, comment artive-t-il que les couches de l’armofphère foient fi pea équilis Tome XXX, Part, I, 1787. MARS, Za2 180 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, brées pour leur reflort & leur chaleur? Il n’eft pas douteux cependant que ces confidérations ne foient capitales dans l'étude de la Météoro- fogie; car comme la force centrifuge agit avec plus ou moins d'énergie far les couches de l'atmofphère, fuivanc qu’elles. fonc plus ou moins éloignées du centre, & qu’elles ont plus ou moins de denfité , il eft clair que la confidération de cette force doit influer fur l’élafticité & la pefanteur de l'air fuivant que les couches de l’atmofphère s'écarreront davantage de l'équilibre naturel qu’elles devroient avoir pour leur denfité & leur cha- teur. Il paroîc aufli que fous l'équateur où la force centrifuge eft la plus forte, & où la chaleur eft moins variable , les variations barométriques font très-perites. 4 Il y a un phénomène météorologique fort important, dont il me paroît qu’on ne s'eft pas fufifamment occupé. Quand on mêle de l’eau froide avec de l’eau chaude dans un vafe, il s’y forme bientôt une tem- pérature à-peu-près proportionnelle à la différence de la chaleur des deux eaux mêlées ; d'où vient donc que la chaleur de Pair pour un pays eft f& ‘différence de la chaleur de l'air dans un autre ? D'où vient dans une fuite de couches perpendiculaires de l'atméfphère y a-t-il tant de différens degrés de chaleur? Tandis que l'air eft un fluide fi fluide, qui a une fi grande tendance à équilibre, comment arrive-t-il que ce fluide arteigne fi mal & fi rarement cet équilibre ? L'armofphère eft bien éloignée de cerre chaleur moyenne qu’elle devroit avoir , & qu'on obferve mieux fur les niers qui ne paroiflent geler dans les parties de la terre les plus fepten- trionales , que parce que les glaçons charriés par les fleuves s'y fondenr. Mais il y a plus, on trouve les froids de la Laponie fur la cîme de Chimboraco , quoiqu’à fa bafe au bord de la mer on éprouve toute T'äpreté de la chaleur de la zone torride, cependant on a parçouru feulement une lieue de hauteur perpendiculaire, L'air chaud raréfié par la chaleur tend à monter, mais il ne peut s’arrêter dans fon'afcenfion qu’en perdant fa chaleur qu’il communique aux couches qu'il traverfe ; mais comme cet air chaud doit être fuivi continuellement d'un nouvel air qui doit être plus chaud que celui des couches fupérieureg de l’atmofphère, il eft clair que ce nouvel air Chaud en arrivant trouve- voit les couches traverfées par l'air précédent moins froides, par con- féquent le fecond devroit s'élever plus que le premier , & ainfi de fuite ; ce qui donneroit naiffance à une augmentation graduelle dela chaleur de l'air dans toute fa mafle ; car enfin l'air chaud en fe mertant à la tempé- rature des couches fupérieures perd fa chaleur. Il faudroit donc chercher sil y a des bornes prefcries à l’échanffement de l'air, fi elles fonr fixées en partie par la propriété que l’air a d’être un mauvais conducteur de chaleur , fi les petites quantités de chaleur qu'il reçoit par lair chaud qui le pénètre s’attachent à lui ou fe diffipent avec le feu qui les forment, fi ce feu échappé fort de l'atmofphère ou y rentre, fi Les affinités de l'ai SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 181 rarefié & de l'air commun font les mêmes avec le feu ,-fi le verfement des parties fupérieures de l'air dans les inférieures eft fufñfant pour refroidir l'air; mais alors il devroit fe refroidir prefqu'également par-tour, Il feudroit fur-tout confidérer fous ce point de vue le phénomène de la chaleur des faifons qui eft aflez durable : alors on pourroit peut-être faifir des remarques fondamentales pour la fcience météorologique, I! y a une autre confidération importante à faire {ur la nature de l’air oblervé eudiométriquement. Pourquoi cet aireft-il moins bon dans les lieux fort élevés que dans ceux qui ne le font pas? Ne feroit-ce poine parce que l'air commun paroiflant compofé d’un cinquième d’air pur. &c: des quatre cinquièmes d’une, moffere, il arrive que l'air commun en s’élevanc fe tamife un peu, & que la partie de L'air pur qui eft la plus péfante monte dans une prôportion moindre , que celle qu’elle a dans les parties bafles de l’atmofphère ; de forte que l'air des régions élevées eft moins gâté par Les parties impures qui s’uniflent à lui qué par les parties pures qu'il perd? Mais cet:e impureté de Pair dans les régions élevées a-t-elle une borne? où comimence-t-elle ? Qu’eft-ce qui la pofe >-Ne feroit-ce point une des caufes du refroidiflement de l'air dans les lieux élevés ? ‘ Je ne puis imaginer ces magafins de matières hétérogènes que l'air: doit rouler pour produire les événemens météorologiques. 11 paroît que l'air fe dépouille des corps étrangers à mefure qu'il s'élève, ainfi l'humi- dité diminue comme l’hygromètre l’enleigne , la préfence de l'air inflame mable n'a pu être prouvée. Eh comment l'air inflammable que |produit la putréfaétion des végétaux , ou même qui eft dépagé des mines s’élance- roit-il dans les régions élevées de l’atmofphère ? IL eft prefqu'auffi pefane que l’air commun ; s'il s’y élançoit, comment s’y conferveroit-il? Je peux démontrer qu'il fe décompofe dans une armofphère humide, fur-tout & elle eft formée par un air très-pur. M. Felix Fontana a prouvé avec fa fagacité ordinaire, qu'il n’y avoit prefque point d'air fixe dans les couches inférieures de l’armofphère, & il eft démontré que les exhalaifons de la grorte du Chien , qui femblent être l'air fixe pur, ne s’élèvent pas au- deffus de deux pieds, & ne s'étendent pas fort loin. Je ne comprends pas mieux l'exiftence des acides minéraux dans l'air, certainement leur pefanreur fpécifique les en exclut entièrement, & quand on les fuppoferoit changés en airs , leur poids fpécifique ne leur permertroit pas même encore de s’élancr dans l’armofphère à une certaine hauteur , & s'ils s’y élevoienc, ils n’y refteroient pas long-tems, parce qu'au milieu d’un Auide humide ils s'y réfoudroient bientôt en liqueurs, ils retomberoient fur la terre , & ils laifleroient sûrement leur empreinte fur les fleurs bleues des végétaux , fur notre corps, &c. D'ailleurs on pourroit les retirer de la rouille des métaux qui ne fournit que l'air fixe combiné avec le métal, i82 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, Les férmenrations qu'on a fuppofées fi gratuitement dans l’air pour expliquer les phénomènes météorologiques, doivent difparoître devant ces réflexions , qui banniflent de l'air, au moins à une certaine hauteur, tous les acides & les alkalis. D'ailleurs, dans les lieux où l'air devroit être chargé d’une très-prande quantité de ces matières fermentefcibles , & où elles dévroient jouer un trèsigrand rôle’, comme fous l’équateur , les väriations barométriques font très-pérites , tandis qu'elles font très-cranides aux poles, où la terre tient en prilon par le gel routes les exhalaifons qui pourroient en fortir. Outre cela les vents équatoriaux ont coujours la même direction , ce qui n'arriveroit pas fi les fermentarions dirigeoient ou in- fluoient fur ces phénomènes. Enfin, nous voyons que dans nos climats les variations barométriques faires fur les hautgurs parallélifent , au moins pour la quantité, avec les obfervations faites dans les lieux moins élevés : telles fort, par exemple, Les obfervations fuivies depuis quelques années fur la cîme du Saint-Gothard où l'on éprouve des orages aufli nombreuxt& aufi forts que dans la plaine, quoique les météores fermentefcibles de la plaine ne duflent pas naturellement s'élever aufli haut, Quand on obferve plufieurs phénomènes météorologiques dans diverfes circonftancés', ils ne paroiflent pas toujours proportionnels aux caufes u’on leur afligne : tels font , par exemple, les vents violens, les brouil- lards confidérables, l’évaporation plus ou moins grande; mais cela ne viendroit-il pas de ce que les obfervations qu’on fait de ces phénomènes, font ifolées, fans fuite ? Il eft certain qu'il faudroit étudier avec foin un phénomène météorologique fous tous ces rapports, non-feulement dans ün lieu, mais encore dans tous ceux où il a été obfervé avec quelques variétés : le faifir dans fon origine, le fuivre dans fes progrès , le trouver à fa fin, & faire pour ces cas particuliers ce qu’on fait avec tant de fcrupule pour les Tables météorologiques ; il feroit fur-tout bien impor- tant de fonder les caufes des variations brufques que l’armofphère éprouve; foit relativement à la chaleur, au poids, à la denfité de l'air, &c. Elles fourniront sûrement des occafons heureufes de pénétrer le myftère qu’on cherche. En y réfléchiffant on verra bientôt que les phénomènes météorolo- giques fe rapportent plus ou moins aux circonftances générales de l’atmof- phère; telles que la pefanteur, lélaficité, la denfité, la chaleur , l’élec- tricité, le mouvement de l'air , les différentes émanations, foit aqueules, foit gazeufes qu'il contient: cependant il faut bien fe garder d'exclure diverfes autres caufes que nous ignorons encore, & fur-tout les effets produits par la combinaifon variée de ces différentes caufes, que nous ne connoiflons pas mieux. “ fe di à SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 183 III, De l'Eleétricité atmofphérique. Quand on a lu avec attention le bel Effai fur l'Hygrométrie de M. de Sauflure & fes expériences capitales fur l'électricité atmofphérique conte: nues dans le fecond volume de fes Voyages dans les Alpes, on reconnoît bientôt le rôle confidérable que l'électricité doit jouer dans les phéno- mènes météorologiques , & l'indifpenfable néceflité de joindre l’étude de cet agent à celle des autres. Les expériences de M. de Sauffure démontrent clairement, 1°. que la marche de l'électricité aérienne fuit l’érat des vapeurs dans l'air, en forte que l'électricité aérienne eft d'autant plus forte qu’il otre plus de vapeurs dans l'air; 2°. que les vapeurs font peut-être quelquefois productrices de l'électricité & toujours fes conduétricess 3°. que l'électricité atmof phérique pendant un tems ferein eft toujours politives 4°. que le fluide électrique errant dans l'air ferein fert à former les nuages ou les vapeurs véficulaires dontils font compofés; 5°. que les vapeurs aqueufes de l’atmof: phère contiennent le fluide électrique , le tranfportent, s’en déchargenr, & le reprennent. ? Si l'électricité eft produite par l'évaporation que la chaleur de l'ébullition de l'eau produit, cette manière de l'obtenir dans le cours ordinaire des chofes ne peut avoir lieu que dans les volcans; de forte qu'à moins que les volcans ne produifent une quantité fufhfante d'électricité pour réparer celle qui fe difipe dans les incendies aériens, il faut qu'il y ait d’autres moyens pour la faire naître. L’eau réduite en vapeurs par la chaleur de l'ébullition n’auroit-elle pas une affinité plus grande avec le fluide éle&rique que lorfque fes vapeurs ‘ont une chaleur moindre ê Les vapeurs aqueufes contiennent-elles plus d'électricité dans leur état de vapeurs véficulaires que dans celui de vapeurs élaftiques ? Cela patoi- troit vrai fi les vapeurs véficulaires ne doivent leur état qu'à l’életricité , comme M. de Sauflure le foupçonne, & comme l'augmentation de l’éle&ri- cité atmofphérique quand le ciel fe férénife après la pluie, paroîe le juftifier. Si l'électricité aérienne , lorfque le ciel eft fans nuages, s'annonce tou: jours commerétant une électricité pofitive, n’eft-ce point parce que la vapeur véficulaire a laiffé errante dans l'air l'électricité qu’elle contenoit avec plus d’abondance que lorfqu'elle s’eft changée en vapeur élaftique ? Cette électricité portée dans l'air, eft-elle contenue par l'air fec dans les couches fupérieures de latmofphère, en forte qu’elle ne s’échappe pas même au travers des pores de l’air fec quand il eft extrêmement raréfié > Les bornes de l’élévatiôn de l'électricité dans l’air feroient-elles les bornes de l'élévation des vapeurs qui la conduifent ? Quand elle cefle dé trouver des vapeurs pour la conduire plus loin, & qu'elle rencontre l'air fec qui ne peut s’en charger, ne’refte-t-elle pas attachée aux vapeurs qui l’ont 184 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, conduite, & ne fejourne-t-elle pas toujours ainfi dans la partie humide de l'acmofphère ? L’électricité atmofphérique agit-elle pour produire les différens phé- nomènes qui en réfultent par la différence qu'il y a dans la renfion du fluide qui la forme ? Si la différence de la tenfion de ce Auide eft la caufe des différens phénomènes atmofphériques qu'on lui attribue, quelles en font les caufes , les bornes ? ' L’élericité agiroit-elle feulement lorfque l'équilibre entre les parties du fluide qui la forme feroit rompue? la rupture de cet équilibre dépen- droit-elie de la quantité plus grande du fluide électrique dans un lieu que dans un autre ? Ou bien réfulreroit-elle de l'union de divers corps pour foutirer l'électricité de quelques lieux particuliers? feroit-ce auf l’effer de la compreflion que ce fluide éprouveroit, ce qui rameneroit le cas précédent ? Si la différence-de tenfon ou d'équilibre dans le fluide électrique de l'atmofphère eft la caufe de quelques phénomènes météorologiques, cetre différence de tenfion ou d'équilibre eft-elle produite par la différente cor.- denfibilité du fluide électrique que les couches atmofphériques peuvenc avoir ? Les couches les plus humides lui donneroient-elles un paflage plus libre, ou laccumuleroient-elles enfin jufqu’à faturation ? Les couches les plus sèches ferviroient-elles d'obftacles à la forrie de l'électricité, & par conféquent en comprimeroient-elles les parties ? A Si cette tenfion ou cet équilibre du Auide électrique a lieu dans l’atmof phère, s’étendent-ils dans toute l'atmofphère, ou bien font-ils bornés à un petit efpace? il elt au moin$ certain que les différentes couches de l'atmofphère ne font ni également ni femblablement électrifées ; il y en a même qui ne le font point du tour. L - Si l'électricité n’eft pas plus abondante dans l'air raréfié & humide , il faut au moins qu’elle y pafle avec plus de facilité ; les machines électriques donnent moins facilement fur les montagnes des marques d'électricité , ce qui ne peut arriver que parce qu'elles ont une quantité moindre de fluide élerique à y prendre, Comme cette tenfion ou cet équilibre du fluide életrique doivent varier fouvent dans l’atmofphère, quelles fonc les caufes de fon accumulation & de fa déftruction ? Seroïit-ce feule- ment le jeu des vapeurs & des nuages qui occafonneroit la différence? | Les nuages ne s'éle@riferoient-ils pas comme les corps ifolés en fe chargeant de l'électricité des vapeurs véficulaires qui perdent cette éledri- cité lorfqu'elles fe changent en gouttes ? Au moins quand les nuages fe forment ,ou quand ils difparoiffent, ils font obferver une électricité poftive très-fenfible. L'électricité ne foutiendroit-elle pas les vapeurs*élevées par la chaleur ? ou bien la chaleur favorife-t-elle l’évaporation en augmentant l'énergie du. fluide éleétrique ? Mais alors comme la chaleur augmente l’élafticiré de l'air, & que l'électricité eft un fluide très-expanfible ; ces deux caufes : agiflent- à SUR 'L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 185 agiffent-elles de concert & féparément, ou par une influence combinée > Quel ef le degré de chaleur où commence certe opération , certainement elle eft au-deflous du o du thermomètre de Réaumur , puifque la neige & la glace s’évaporent beaucoup ; mais comme on obferve alors de l’élec- tricité dans l’air, l'électricité feule auroit-elle produit cette évaporation ? L'éleétricité fondroit-elle même ies parties évaporées de la glace pour les difloudre dans l’air? t Lorfqu'il pleut, on pourroit peut-être juger par la chaleurou l'éle&ricité qui fe dégagent, quelle eft la caufe qui a fouteru la vapeur dans l'air? Mais comment les vapeurs perdent-elles leur chaleur & leur électri- cité: ce problème eft d’autant plus difficile à réfoudre, que l'air eft un mauvais conducteur de chaleur & d’éleétricité, à moins que l’on n’em- ploye , avec M. Franklin, l’action des montagnes, des forcts, &c. moins électrifées que les nuages. Quand une fois l’équilibre ou la tenfion du fluide électrique eft rompu dans une partie d'un nuage, cette rupture ne s’étend-elle pas à toutes fes parties ? Je m'arrête: il eft fort aifé de propofer des problèmes difficiles ; fi j'ai abufé de certe facilité , ’eft pour montrer l'importance de fuivre les belles découvertes que M. de Sauflure vient de faire, & qu'il abandonne malheu- reufement pour elles à d’autres Phyficiens. La fuite au mois prochain. à PE PERMET SEE TEE TE ET ENV LES ER EAEENT SN ELEPENEET CPE REP EE D IA 2 EEE) OBSERVATIONS SUR LA DURÉE DE LA VIE DE CERTAINS INSECTES; Par M. Risoup, Secrétaire perpétuel de La Société d'émulation de Bourges, des Académies de Dijon, Bordeaux, Lyon , Arras, Etc. x de UT eft admirable dans la nature ; fes ouvrages les plus communs 8 les plus fimples en apparence, offrent à l’œil oblervareur des merveilles auffi nombreufes que frappantes. Il trouve dans leur étude des jouiflances pures & inconnues au refte des hommes , & la nature fait le récompenfer du culte qu'eile reçoit de lui. Dans la multitude des êtres qui atteftent fa puiffance , les infectes ne font pas les moins dignes de l'attention du Naturalifte. Leur naiflance, leur organifation , leur ftruéture, leurs métamorphofes , leurs travaux , fonc des fources intariflables d'obfervations & de recherches curieufes..Le Tome XXX, Part. 1, 1787. MARS. Aa \ 186 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, même faififfement refpectueux s'empare de l'ame du Philofophe, foit qu'il confidère la main de la nature dans un infeéte obfcur, foit qu'il examine le mécanifme du corps humain: le même fentiment d’admiration le pénètre lorfqu'il obferve la forme & l’exiftence d’un ciron, comme Jorfqu'il porte fes regards fur les globes immenfes & nombreux qui fe meuvent dans lefpace infini, Les infectes font petits & foibles, ils ont une foule d’ennemis, font expofés à des dangers continuel$, & ont beaucoup de peine à parcourir la courte carrière qui leur eft défignée; mais la nature femble avoir voulu les en dédommager par des bienfaits particuliers : ils ont le plaifir d’exifter fucceffivement fous diverfes formes exclufivement aflignées aux autres avimaux. Tour-à-rour ils habitent l’intérieur de Ja terre, fa furface & les airs ; tour-à-tour vers, polipèdes , oifeaux : un grand nombre goûte fuc- ceflivement les jouiflances attachées à chacune de ces manières d’être. £a puiflance qui les a créés femble leur avoir foumis rous les corps, puifque tous leur fourniflenc un afyle ou des alimens aflurés ; après les avoir nourris de matières groflières, de détrimens de végétaux & d’animaux, elle leur defline l'air le plus pur, le fuc des fleurs, le miel délicat; après-les avoir fait ramper triftement fur la terre, elle leur donne des aîles éclatantes , elle faic les revêtir d’armures folides & brillantes , elle les pare des plus belles couleurs, Plufieurs d’entr'eux préfentent les phénomènes les plus furprehans dans leur manière de fe multiplier ou leur faculté de réfifter à la mort. Per- fonne n'ignore que le moyen de reproduire le polipe d’eau douce eft précifément celui qui détruit les autres animaux. Chaque portion retran- chée du polype devient bientôt un polype entier & parfait qui peut en re- produire d’autres, Par la même opération (1) quelques-uns fe multipliene par boutures comme les végétaux. D'autres fortent des flancs du polype , & croiflent fur lui comme les branches fur le tronc d'un arbre. Si on divife en plufeurs parties le mlle-pieds à dard , chacune devient un infeéte complet , on voit naître à chacune une têre & de nouvelles jambes. . .. . Ce qu’il y a de plus fingulier, c’elt que cet infèâe multi- plie en fe partageant de lui-même. Il s'élève , dit Charles Bonnet, un nouveau dard perpendiculairement fur le zxille-pieds , une nouvelle tête fe développe à quelque diftance du bout poftérieur ; celui-ci garni de fa nouvelle crête fe fépare du refte du corps, & d’un feul mille-pieds il s’en QE (1) L'herbe fur laquelle on trouve affez fréquemment les polypes en forme de petits globes de vers, eft la /ensille d’eau. Elle eft fréquente dans les eaux flagnantes, elle furnage comme une efpèce de mouffe verte , & couvre la fuperficie des eaux par une multitude de feuilles très-petites, vertes deffus & noirâtres deffous, luifantes:, orbiculaires & d’une forme lenticulaire. Elles font étroitement unies par des filamens menus & blancs, & de chaque feuille part un filet ou une racine qui lui tranfmet (à nourriture. F SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 187 . forme deux. Le même Naturalifte décrie plufieurs vers donc les fe&tions font bientôt transformées en animaux entiers. Si on coupe adroirement le ventre d’une fourmi fans lui bleffer les jambes, elle continue à marchér pendant quelque tems, & à failir fa proie comme fi elle étoir entière. Les guêpes auxquelles on a enlevé la tête, vivenc ainf plufieurs jours, & on a vu des têres de ces infectes piquer. vivement, quoigu’elles euflent été détachées de la veille. On a vu des mantes auxquelles on avoit enlevé la rête , s’agirer, courir, s'accoupler même comme fi cette partie du corps ne leur eût pas manoué(r). Le rotifer ou polype à roue décrit par le célèbre Fontana, après avoir refté long-tems defféché & conféquemment privé du mouvement & de la vie, reflufcite, pour ainfi dire, dès qu'on l'humecte avec de l'eau. Ce favant Phyfcien connoifloit beaucoup d’änimaux de ce genre, & il fe propofoit de donner à ce fujer un Ouvrage qui auroit traité de la vie & de la mort apparente des infectes, On peut conferver plufeurs infectes pendant un tems confidérable fans + leur donner de nourriture, & ils n’en font pendant leur jeûne ni moins actifs, ni moins vifs que ceux qui ne fubiflent pas la même épreuve, Boile avoit déjà obfervé ce fair dans les mouches. M. Poiret l’a remarqué dans les mantes, & je l'ai reconnu dans les araignées & plufieurs autres infectes. ? Ceux qui vivent dans l'eau, & quelques reptiles ne font pas moins remarquables. La fangfue médicinale vit pendant plufieurs mois fans prendre de nourriture dans un vafe où on a mis un peu d'eau; la grenouille verre appelée razxerte, peut exifter ainfi pendant plus de deux ans, {i on a foin de renouveller l’eau ; la falamandre aquatique répare promptement & en entier la perte de fes bras, de fes jambes, de fes mâchoires. J'en ai confervé dans un vafe près d’un mois fans leur donner de nourriture ; fa queue donne des fignes d’agiration dans fes plus petites fe&tions plufieurs heures après la mort de l'animal. Le limaçon auquel on a coupé la tête vit plufieurs mois fans certe partie, & l’on aflure qu'une nouvelle vient infenfiblement remplacer la première. L’écrevifle & la plupart des cruftacées perdent une ou plufieurs pattes & les voient bientôt remplacées par d’autres. Les vers de terre, les ferpens , les lézards, vivent encore aflez lono-tems quoique coupés en deux parties. La tête de la (1) La mante, dit M. Poiïret dans une difertation qui (e trouve dans le Journal de Phyfique, tome 25 , eff un infeéte qui fe trouve principalement dans nos provinces méridionales, Elle eft très-avide de fang & dévore fes femblables. Il en a vu une dévorer la tête d’un jeune mâle qu'il lui avoit livré ; celui-ci, quoique décollé, ne perdit rien de fon feu ; il parvint en s'agitant à faifir la femelle , oublia fon reffenti- ment, & s’accoupla avec elle d’une manière fi complette que les ventres des deux infe&tes adhéroient fortement l’un à l’autre, Tome XXX, Part, I, 1787. MARS. Aa 2 188 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, ; vipère féparée du tronc eft encore dangereufe, les efprits animaux y font en action pendant plufieurs heures ; Fontana a obfervé que le cœur arraché conferve long-tems fon battement , & que la tête peut encore mordre (1). Il en conclut que la vie n'eft pas, dans certains animaux , tellement liée avec la circulation du fang & des humeurs, qu’elle ne puiffe fubfifier indépendamment de cette fonction. Le porte-feuille intéreflant de M. l'Abbé Dicquemarre eft rempli de faits curieux fur l’organifation & a vie des infeétes marins. L’ortie de mer, dont il donne la defcription dans le Journal de Phyfique de décembre 1784, n’a que la confiftance d’une forte gelée, fa longueur eft depuis quelques lignes jufqu'à quatre pieds de tour. Ses parties divifées donnent toujours dés fignes de vie; quand elle eft à moitié dévorée par un plus grand animal, la partie qui n’eft pas avalée rédouble d'efforts pour échapper à la deftruction. Le palmifere , l’anémone de mer, ne font pas moins remarquables; les parties coupées confervent le mouvement. Les. anémones d'eau douce dont M. Muller a fair connoître plus de trente-une efpèces, offrent le même phénomène (1). Il l’a aufli obfervé dans des vers: inteftinaux. Il et trop facile de s'égarer en voulant rendre raifon de ces prodiges, pour que j’ofe tenter de le faire en ce moment: les plus habiles obferva- teurs fe font contentés de les décrire, & ils n’ont propofé leurs conjectures. qu'avec la modeftie du doute. Dans l'étude de la nature , il faut commen- cer par obférver ; ce n’eft que par des expériences fuivies & des médi- tations profondes qu'on parvient quelquefois à expliquer. Je n’ai rapporté ces faits connus parce qu'ils ferviront À prouver la réalité de celui que je vais communiquer ; & fi on connoît des effets éronnans, des effets qui paroiffent oppofés aux idées que nous nous fommes formées de l'organifa- tion & de la vie-des êtres, on doit voir avec moins de furprife de nouveaux phénomènes non moins finguliers. En cherchant à découvrir combien de remë certains infeétes pouvoient vivre fans prendre de nourriture , j'ai eu occafion de remarquer que plu- fieurs d’entr'eux bleflés griévement & fermés avec d’autres de la même efpèce parfairement fains, ne périfloient pas plutôt que ces derniers , exception néanmoins faite d'un dérangement extraordinaire ou d’une deftruction prefque totale de la machine, Pour vérifier ce fair intéreflant, jai foumis divers infectes à des expériences. Ceux fur lefquels j'ai opéré étoient tous des coléoprères x ainfi je ne puis, quant à préfent, tirer des conféquences que pour cette claffe, quoiqu'il y ait apparence qu'on pourroit les appliquer également à d’autres. Je vais rapporter mes effais fur les hannetons. em EE (r) Traité du Venin de Ja Vipère. (2) Hifloria Vermium , tom. 1, 1744 SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 189 Première Expérience. Le 19 avril 1982, je pris dans le même inftane kuit hannetons très-fains ; j'en renfermai trois dans une aflez grande boîte couverte d'un crible pour y laifler entrer l'air ; je fermai le quatrième dans un bocal de verre bien bouché. Je perçai le corps des quatre autres, & en fixai trois fur une perite planche avec une épingle qui les traverfoit. Deux éroient percés par le corceler, un autre par le ventre , & le dernier fut mis dans la boîte après avoir été griévement bieflé. Le 21 il en périt un de ceux qui étoient fixés fur la planche, fes efforts l'avoient totalement déchiré. Le premier qui eut enfuice le même fort fut celui qui avoit été fermé dans le bocal, où il vécut néanmoins onze Jours’; trois heures après , deux de ceux cloués fur la planche furemgg trouvés morts, : Le 2 & le 3 mai les quatre qui étoient fermés dans la boîte périrent ; le dernier qui perdir la vie fut celui que j'ai dit avoir percé le 19 avril & riévement bleffé, fans lui/laifler épingle dans le corps. IL réfulta de cette expérience qu'un feul des hannetons fixés fur la planche eft mort au bout de deux jours : ce qu’on peut attribuer au déchi- rement total de fon corps; que celui qui avoit été fermé fans bleflure dans le bocal a péri avanc les autres bleflés, & qu'un de ces derniers a vécu plus long-tems que ceux qui n'avoient abfolument aucun mal. Seconde Expérience. Le 20 du même mois d’avril je pris deux autres hannetons, dont l’un fut fixé fur une’ planche avec une épingle qui lui traver{oit le corcelet, & Pautre fut mis dans une boîte grillée fans être bleffé en aucune manière. Ils vécurent tous deux jufqu'au 4 mai ; le fecond jufqu’à midi feulement , & le premier jufqu'au fair: celui-ci avoit été pendant ces quatorze jours traverfé par une épingle noire; en s’agitane Les premiers jours il avoit perdu beaucoup d’humeurs par fa bleflure, & le 4 mai au matin j'avois arraché l’épingle qui s'étoit rouillée dans fon corps, & j'avois déchiré fes antennes. Troifième Expérience. Je réitérai le 10 mai mes épreuves fur huit autres hannetons. Dès le lendemain j'en trouvai deux morts, dont l’un fixé fur la planche & l’autre fermé dans la boîte grillée. Les bleflés vécurent à-peu-près autant que les autres; mais au bout de quatre jours aucun des huit n’éroit vivant. J’attribue cette différénce de durée de leur vie avec celle des précédens, à l’épuifement où les avoit jetés leur accouplement, & j'ai remarqué qu'après cet acte leur fin étroit roujours prochaine, Quatrième Expérience. Le premier mai 1783 , de fept hannetons pris fur le même arbre, trois furent fixés avec une épingle fur une planche, trois fermés dans Ja boîte grillée, & 1e dernier violemment bleflé, Celui-ci périt après vingt-quatre heures; trois jours enfuite j'en perdis un de la boîte, les autres vécurene onze jours ; mais un de ceux qui étoient cloués fur la planche furvécut aux autres pendant plufeurs heures, 190 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, Cinquième Expérience. Le 2 du même mois J'en foumis feize à ma curiofité, dont huit furenc mutilés ou bleilés griévement, & huit fimple- ment renfermés dans ma boîte, Deux des bleflés moururent les premiers , mais les jours fuivans entrai- nèrent plufieurs de ceux qui ne l'écorent pas. Le 13 ilen péric fix, dont deux feulement étoient mutilés. Le dernier de ceux-ci moururle 18, & il ne refta après lui qu’un feul de ceux de la boîte, ainfi ex socal les bleflés vécurent plus long-rems. Sixième expérience. Le 16, nouvelle épreuve fur trois bannetons, dont un fut bleffé forrement par une épingle , un autre cloué comme ceux des précédentes expériences, & le dernier confervé fans atteinte, Celui-ci mourut la premier , puis le cloué , enfin le bleffé, Septième 6& huitième Expérience. En 1784 & 178$, j'ai répété les mêmes expériences de diverfes manières, & il en eft conflamnient réfulré que le plus grand nombre des infectes fouftrans & mutilés n’a pas péri avant ceux qui ne létoient point, Je ne rapporterai pas mes obfervarions en détail pour éviter une ennuyeufe prolixité ; j'ai infifté fur Les premières afin d’en rendre l'effet plus fenfible ,& de mettre les Naturaliftes plus à portée de faire les mêmes effais J'ai aufli foumis des fcarabées de plufieurs autres efpèces , des bupreftes, des hydrophiles, &c, & J'ai vu que ceux auxquels j'avois enlevé ou coupé des membres ont communément autant vécu que les autres. Ces expériences exigent beaucoup d'attention : répétées par des per- fonnes qui n’en feroient point détournées par des occupations d’un autre genre , elles pourroient être infiniment variées ; mais il ne faudroit poine être étonné de ne pas obtenir toujours les mêmes rélultats; on fent que le tempérament, l’âge, le fexe , les forces des individus éprouvés , doivent y apporter bien des différences. Les inflrumens qu'on emploie, leur forme, leur matière, y contribuent aufli beaucoup ; car j'ai remarqué qu'il fe formoit du verd-de-oris autour des épingles avec lefquelles je fixois les hannetons fur la planche , ce qui pouvoit avancer beaucoup leur mort. Pour établir un fait il fuit que la mafle des expériences préfente un réfultat uniforme ; quelques exceptions dues à la conformation particu- lière de l’infeéte où à d’autres circonftances ,ne peuvent détruire les conféquences qu'on eft dans le cas de tirer du plus grand nombre des obfervations. Les infectes que j'ai examinés font fi vivaces qu’ils femblent ne point périr de leurs bleffures ; Mais fimplement d’inanition comme ceux qui n’avoient aucun mal. Ainfi il eft conftant que , toutes chofes égales d’ailleurs, il faut un effort proportionnellement plus confidérable pour détruire un infe@te qu'un grand animal, On eft obligé de le fracaffer pour le faire périr , & les bleflures les plus graves ne font prefque zien pour lui. Nous avons vu un hanneton vivre quatorze jours percé SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 191 d'une épingle plus grofle que fa cuifle, & fi on veut prendre l’homme pour terme de comparaifon, on verra que ces quatorze jours dans la vie du hanneton font comme un grand nombre d'années dans celle de homme, & que ce dernier ne vivroit pas un inftant s’il étoit percé d’une barre de métal groffle comme fa cuifle qui le fixeroit fur un corps folide, Comment ces infectes peuvent-ils foutenir de fi terribles dérangemens ? Cette force étonnante vient fans doute du foible degré de leur fenfbilité, de la nature particulière de leur organifation, &. de la qualité de leurs humeurs. Leurs organes paroiflent peu propres à recevoir des impreflions bien vives. On a obfervé qu’ils font dans un état de fécherefle confidé- rable, qu'ils ont peu de parties charnues, & que leurs fibres ne font point humeétées comme celles des grands animaux. On eft tenté de croire que l'infecte ne forme ni plainte, ni cris de douleur; les fons qu'il faic entendre femblent n'être occalonnés que par la perte de fa liberté. Une mouche fans têce effaye de voler, un fcarabée percé ne s’agire que de la même manière qu'il le feroic s'il étoit fimplement attaché par une patte. Cela prouve qu'il eft bien difficile de connoître chez les infeétes le centre du mouvement viral, & que leur organifation differe prodigieu- fement de celle des grands animaux. Dans ceux-ci tous les nerfs abou- tiflent au cerveau comme le fang aboutit au cœur ; mais le principe de la vie & du fentiment femble être ézalement répandu dans tous les organes des infectes. Suivant les Naturaliftes, leurs fibres n’ont aucun point de réunion , & elles fe terminent toutes à la partie pour laquelle elles fonc deftinées. Qu'on arrache la tête, le ventre, le corcelet, les pattes , toujours des fignes de vie. . . . La partie féparée du tronc en donne aufli plus ou moins, comme on l’a pu voir par les détails inférés au commencement de ce Mémoire. On pourroit donc conclure que la partie cffenfée eft-la _feule qui fouflre, &: que rous les organes jouiflent d'une vie particulière ; le polype ; les infeétes marins, le mille- pieds à dard, &c. confirment bien puiflamment cette conjecture. D'un autre côté les matières vifqueufes qui rempliffent les corps des infectes peuvent empêcher que les bleflures ne leur foient bien funeftes ; elles fe coagulent fur les bords des parties attaquées, empêchent la propa- gation de la fenfation ou garantiflent les parties eflenrielles , & pré= viennent les accidens qui accompagnent les bleflures dans les autres animaux. Leurs vaiffeaux peuvent aufli fe contrater avec force , & être bientôt en état d'arrêrer l'écoulement des liqueurs. Le phénomène de Ja durée de leur vie eft peut-être aufli dû à une agitation eu une fièvre violente occafionnée par le dérangement de leur économie. En effer, nous voyons des fiévreux fe fourenir pendant plufieurs jours fans manger, tandis qu'un homme bien portant ne pourroit tenter impunément une pareille abflinence, Au furplus je laifle à des hommes plus éclairés Je foin d'approfondir & de rechercher les caufes de cette force inconnue qui 192 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE; prolonge paiüblement la vie des infectes murilés. La nature tient encore fon voile étendu fur ce phénomène comme fur celui de leurs méramor- phofes ou de leur renaiflance ; je crois devoir me borner à indiquer un nouveau champ aux Naturaliftes & à rapporter mes obfervations. Il en “réfulre que des bleflures énormes qui feroient périr fur le champ les plus grands animaux, ne paroiffent point avancer la mort de certains infectes , que dans cer état ils ne meurent généralement pas plus vite que ceux qui ne font point bleflés , & même qu’ils leur furvivenc quelquefois. ENS IS RAUT De l'application de la force centrifuge à l’afcenfion de l'eau ; Par M, PASIOT DpEs CHARMES. S OIT une roue à palettes renfermée dans un tambour, de manière qu'elle puifle y tourner fans toucher à fes parois ; fi l'on adapte un tuyau vertical & en rangente, à une ouverture faite à ce tambour, & fi, à l’aide d’une fimple manivelle, l’on imprime un mouvement rapide à ladite roue , l’eau enlevée par chaque palette, chaflée par la force centrifuge de cette roue en circulation , & pouflée continuellement par l'effort des jets d’eau qui fe fuccèdent , tendra à s'échapper par le tuyau , & arrivera toute écumante à fon extrémité fupérieure. Si l'on fixe un canal à-peu-près horifontal , à une ouverture faite à l'extrémité fupérieure du tambour, & fi la roue eft mue avec la même rapidité que pour le cas ci-deflus , on verra également l'eau parvenir dans le canal, mais avec plus de facilité & d’abondance. Lors de l'expérience qui a été faite, l’eau fut élevée , dans le tuyau, à un pied au-deflus du tambour , & l'ouverture par laquelle elle montoit , étoit d'un pouce fur fix lignes. La largeur du canal horifontal étoit d’un pouce. Il exiftoit un jour de cinq lignes entre les parois de la roue & celles du tambour qui la ren- fermoit, & quatre lignes de diftance entre l'extrémité des palettes de ladite roue & la circonférence du tambour. La roue avoit un pied de diamètre y compris fes palettes qui étoient au nombre de vingt, & chacune avoit un pouce de longueur fur äutant de largeur. Mieux conftruite, cette machine a monté trois pintes d’eau par minute, & la vitefle de la roue étoic de foixante-dix à quatre-vingts toiles environ, dans le même rems. Avec plus d’exaétitude dans l'exécution , elle auroit eu probablement plus d'effet. Explication M | SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 193 Explication de la figure 3, planche I. Elle repréfente la coupe & le profil du réfervoir , du tambour & des - canaux. a, Tambour. b, Roue àspalettes, €, Tuyau vertical. ‘d, Canal horifontal. e,e, Tuyau de renvoi dans le réfervoir, f, “z, Grillage pour arrêter les ordures. \ k, Robinet de décharge, .z, Manivelle, k, Supports du tambour. : - EXTRAIT DES OBSERVATIONS DE CMEL ANR BR ENH AUTT.;: SUR LE SPATH ADAMANTIN: , ,-. Lues à l'Académie des Sciences , le famedi 17 février 1787. Où peut fe rappeler que nous avons donné , M. Pelletier & moi, dans 3 le Journal de Janvier de cette année, le réfultat de nos recherches fur le fpath adamantin. L'examen que nous avions fait de ce fpath nous a con- duits à conclure que vraifemblablement c'éroit une fubftance fui generis, | M. l'Abbé Haüy , après avoir cité nos obfervations , ajoute : « J'ai cru >» que dans ce moment où l’on commence à s'occuper plus particulière- » ment de cette pierre, il éroit intéreflant de déterminer fa forme primitive | > & les loix de fa ftructure ». | Cet Académicien donne d’abord quelques détails fur la forme & fut les propriérés du fpath adamantin. Selon lui , cette pierre eft d’une couleur grife & quelquefois noirâtre, & plufieurs morceaux font mélangés de … mica. Sa forme criftalline eft celle d'un prifme droit exaëdre régulier, ” donc les angles folides des bafes font quelquefois remplacés par des facettes triangulaires. M. l'Abbé Haïy a remarqué que ce fpath avoit beaucoup d'action fur le barreau aimanté; mais cette action na lieu que pour les parties qui font noirâtres, Le même fpath mis en communication avec un Tome XXX, Part. I, 1787. MARS. Bb 194 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, conducteur éleétrifé produit, à l'approche de la boule d'un excitateur ; des étincelles très-fenfibles, mais feulement dans les mêmes parties noirâtres, Quant à la ftrudure du fpath, elle a fourni à l’Auteur des réfultats intéreflans pour fa théorie. (Planch. IL, fe. 1) Soitbagfmlkh,un prifme du même fpath , & 7 0 r une de fes facerres accidentelles. L'Auteur a trouvé que les divifions du prifme avoient la mêmeñinclinaifon que ces facetres , qui eft de 120° par rapport à la bafe du prifme , ce qui s'accorde avec la pofition des deux faces produites par le clivage dont nous avons parlé à l'endroit cité. Mais M. l'Abbé Haüy a obfervé de plus que les divifions n’étoient pas également praticables fur tous les angles folides. On ne peur en obtenir que fur trois angles d'un même fommer#pris alternativement , & fur les trois angles de l’autre fommet intermédiaires entre les précédens; c’eft-à-dire , que fi, par exemple, les trois premières fections fe font fur les angles a, d,f, de l’extrémité fupérieure , les trois autres fe feront fur les angles Æ, /, p, de l'extrémité inférieure. Si l’on fuppofe que les fix fections dont nous venons de parler s’entre- coupent jufqu'au point de fe rencontrer’, il en Ve: un rhomboïde aigu a d{moi (fig. 2) ,qui donnera la forme primitive du criftal & celle de fes molécules. D'après les calculs de l’Auteur , les deux diago- nales al, d n du rhombe font entr’elles dans le rapport de 2 à V3 » Ce qui donne 81° 47' 10" pour l'angle aigu dan, & 98° 12/ so” pour l'angle obtus ad 2 (1). Or, cette mefure eft précifément la même que celle des angles du rhombe, dans les molécules du vitriol martial , ainfi que M. l'Abbé Haüy fepropofe de le prouver dans un Mémoire particulier fur ce vitriol. « C’eft à la Chimie, dit-il, qu'il appartient de décider fi » cette reflemblance de forme eft purement accidentelle, ou fi elle dépend » de quelque rapport entre les natures des principes élémentaires de > l’une & l’autre fubfance. Quoi qu'il en foit, en fe bornant ici à con“ >» fidérer le fpath adamantin , d’après fes caraétères minéralogiques , on > voit qu'il conflitue un genre particulier, parmi les pierres de la première » clafle du Tableau de M. Daubenton , comme lavoient conjedturé > MM. de la Métherie & Pelletier, & on pourra le diftinguer nettement » des autres pierres de cette clafle, par la forme de fes fragmens, qui feuls (x) Le cofinus du petit angle eff ici+ du rayon. L’Auteur dit à ce fujet, que dans les divers rhomboïdes qu'il a obtenus jufgw’ici , en recherchant les formes primitives des crifaux, ces fortes de cofinus fe trouvent être des quantités rationelles. Ainf dans le fpath calcaire , le cofinus eft + du rayon ; dans le fchorl ,il en ef les ? ; dans le grenat, le +; dans le {path ad2mantin , le 2, comme on vient de le dire, & dans Te rhomboïde que lon extrait du criffal de roche, par les fe@ionsles plus ordinaires, & qui fe réfour ultérieurement en tétraëdres, il eft le -L du rayon. Cette férie de rapports commenfurables entre les cofinus des angles primitifs & les rayons , eft digne d'être remarquée. Ne VE SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 195 » entre tous ceux des fubftances de la même clafle, font des rhomboïces >» aigus », À l'égard des loix de décroiffemens que fubiffent, dans ce fpath , les lames appliquées fur le noyau , elles font les plus fimples de toutes, c’eft-à-dire , qu’elles ont lieu par des fouftractions d’une feule rangée de molécules, M. l'Abbé Haüy a fait voir, (Effai d’une théorie fur la ftruéture des Criftaux, page 220 ) que fi les lames empilées fur un noyau rhomboïdal décroifloient vers leurs deux bords inférieurs, par une rangée de molé- cules, & à la fois fur leur angle fupérieur , fuivanc la même loi, il réfulte= roit de ces décroiflemens un prifme régulier exaëdre tout-à-fait femblable, quant à la forme extérieure, à celui du fpath calcaire, mais qui auroit une ftructure fort différente. Or, certe feconde ftruéture que l'Auteur ne propofoit alors que comme étant dans l'ordre des poñlibles , exifte dans le fpath adamantin : « & cette obfervation, ajoute M. l'Abbé Haüy, n'eft > pas la feule de ce genre qui ait réalifé par des faits, les réfultats que l’on » pouvoit établir d'avance , à l'aide des principes de la théorie >. L'ET FRE DE OMONE SES TMEA RIOUUIBS AD'E FI CHT AMAR DES RAME TI AE RRE X Moxsrisur, Nous connoiflions déjà trois efpèces de poiffons capables de donner la commotion électrique. Le premier eft la torpille, dont les anciens favoient la propriété d’engourdir la main lorfqu'on la touchoit. Mais ce fut Muffembroeck qui reconnut que cet effet dépendoit de l'électricité. Le fecond eft l'anguille de Surinam , (gymnot&s eleëtricus ) dont M. Valsh eft parvenu à tirer de véritables étincelles électriques ,( Journ. de Phyfiq. année 1776, tom.8.) Le troifième eft le trembleur, dont parle M. Adanfon dans fon voyage au Sénégal, & décrit par M. Brouflonnet dans ce Journal, août 1785. C’eft le félurus glanis de Linné. Celui dont j'ai l'honneur de vous envoyer la defcriprion que j'ai traduite des Tranfaétions philofo- phiques , année 1786, me paroît mériter également l'attention des obfer- vateurs, & devoir trouver place dans votre intéreffant Recueil, Je le crois du genre des tetrodons. Tome XXX, Part, I, 1787. MARS. Bb 2 196 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, Traduélion de la Lettre du Lieutenant WiLrtAM PATERSON, à Sir J. M. Josrpn BancKks , Préfident de la Société Royale, contenant la defeription d’un nouveau Poif[on éleétrique. Du premier mai 1786. Lorfque j'étois aux grandes Indes avec le quatre-vingt-dix-huitième Régiment, je trouvai dans l’île de Jean (x), près de cellé de Comore un poiflon électrique que les Naturaliftes n’ont pas encore oblervé, & qui diflere de tous ceux qu’on a connus ou décrits jufqu'à préfent. Malgré te peu de talent que j'ai, j'ofe entreprendre fa defcription : heureux fi mon obfervation peut mériter l'attention de la Société Royale à qui j'ai l'honneur d’en faire hommage. La fituation d’un Officier fubalcerne occupé fans cefle de fon fervice, follicitera pour moi fon indulgence fur Pimperfection de l’efquifle que je vais faire de ce poifflon véritablemenc getonnant. j I a fept pouces de long, (planch. IT, fig. 3 ) deux & demi de large ; la bouche très-longue & avancée, & il me {emble pouvoir être mis dans la clafle des tetrodons. Son dos eft de couleur brune foncée, fon ventre verd de mer, fes côtés jaunes, fes nâgeoires & fa queue roufles; fon corps moucheté a des taches rouges & vertes, & fingulièrement brillantes. Il a les yeux grands, l'iris en eft rouge & jaune ; les nuances en fonc exceflivement tranchantes. L'île. de Jean eft fituée au 12,13 degré de latitude fud ; fes côtes font entièrement compofées de rochers de corail qui font creufés dans plufieurs endroits par les flots battans de la mer. On trouve dans ces cavités une grande quantité de ces poiffons électriques. L'eau y eft de la température du 56 ou 60° degré du thermomètre de Fahrenheits.. J'en pêchai deux dans une efpèce de fac de toile fait pour la pêche. Je les pris à la main, & la commotion que je reçus fut fi forte , que je fus obligé de les quitter. Je les ramaflai cependant avec précaution, les mis dans un filer & les. apportai au Camp , qui étoit à deux milles de diftance. À mon arrivée j’en trouvai un mort , l’autre dans un état de foibleffe étonnant ; mais cepen- dant encore aflez en vie pour prouver fon électricité, Je le mis dans un vafe rempli d'eau de mer. J’appelai le Chirurgien du régiment, je l’engageai à le prendre dans fes mains; il reçut une commotion électrique aufli forte que celle que j’avois recue. L’Adjudent du régiment le toucha fimplement avec le doigt fur le filet, & éprouva la même fenfation. J'en citerois d’autres qui éprouvèrent. le même effet ; mais ces deux exemples. fuMfent. Recevez avec bonté & indulgence cette courte defcriprion ; elle doit. PEER @) L'ile de Jowanna.. ï = + SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 197 engager ceux qui viendront dans l'île à obferver avec plus de détail ce poiflon fingulier. Je ne fais pas affez d'Hifloireinaturelle pour entreprendre de décrire fes organes intérieurs, J'ai l'honneur d'être, &c. SUITE DESRE XPÉ RIE NCE’:S DE M KIRWAN, SUR: L'E, /G'A,Z: HÉ,P A T:I:QUUIE, Traduites par Madame PiCARDET (1) a _—_—_—_— S'ELC-TTON, QU'A TRIEIME. Ea manière dont le Gaz hépatique Je comporte avec les Acides, les Alkalis 6 les Liqueurs inflammables. CU: mefure d'acide virriolique, dont fa pefanteur fpécifique étoir 1,863 , abforba deux mefures de gaz hépatique, à l'exception d’un dixième de mefure. L’acide étoit blanchi par un dépôt abondant de foufre, J'introduifis encore, fur le mercure, une mefure d'acide nitreux rouge, dont la péfanteur fpécifique étoit 1,430, avec une égale mefure de gaz hépatique; il s’éleva fur le champ des vapeurs rouges, & il ne refta que le dixième ou le douzième d'une mefure en forme de gaz ; mais comme l'acide agifloit fur le mercure, je fus obligé de porter la jarre dans l'eau ; par ce moyen tout fur abforbé. IL n’y eur point ici de foufre précipité. Je répétai cette expérience d’une autre maniere. Ayant fait pafler 4,5 mefures de oaz hépatique fur le mercure, je les tranfportai dans la cuve deau, & à l'inftant, par le moyen d'un fyphon, j'y introduifis une mefure de l'acide nitreux concentré dont j'ai parlé ci-devant ; mais quoique j'euffe opéré avec toute la promptitude polfible, le gaz hépatique étoir un peu diminué, avant que l'acide ne für entré dans le vaifleau qui contenoit le gaz. Je bouchai alors le récipient avec un difque de verre dreflé, & je le laiflai en repos pendant 12 heures; après lefquelles je trouvai dans le récipient la liqueur blanche & trouble, & l'acide for cg on ne | nee (21) Voyez le Cahier précédent, page 133, 148 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, affoibli, parce qu’il y étoir entré beaucoup d'eau , malgré mes efforts pour en empêcher. Ce qui reftoit de gaz détonna foiblement, lorfqu’on lui préfenta une chandelle allumée, & il avoir l'odeur hépatique. Mais, comme ce gaz hépatique avoir été obtenu d’une pâte de foufre & de fer, ii n’en réfulte pas que le gaz inflammable entre dans la compofition des autres gaz hépatiques produits par l’union du foufre avec les fubftances qui ne donnent pas le gaz inflammable, Trouvant tant de difficultés à foumettre le gaz hépatique à l’a@tion directe de l'acide nitreux concentré, je délayai cer acide précifément au degré auquel il ne pouvoit agir fur le mercure fans le fecours de la chaleur, & je paflai à travers cet acide un volume égal du même gaz hépatique, lacide devint blanc, & huit dixièmes furent abforbés ; le réfidu étoit détonnant. Ayant répété la même expérience avec le gaz hépatique du foie de foufre, j'en trouvai encore plus d’ahforbé par l'acide ; mais le réfidu ne détonna pas davantage; il brüla au contraire avec une flamme bleue verdätre, & le foufre fe dépofa fur les côtés de la jarre. Ayant obfervé que cet acide affoibli avoit abforbé près de trois fois fon volume de gaz hépatique, je dégageai ce gaz par la chaleur, je n'obrins qu'un fixième de celui qui avoir été abforbé, & une chandelle y brüloit naturellement. Deux mefures de gaz hépatique alkalin , ayant été mifes en contat avec une mefure d'acide muriatique concentré, furent abforbées à un cinquième de mefure près, au moyen d'une légère agitation. J'y ajoutai pour lors une troifième mefure de gaz, il n’y eut abforption que d'une demi-mefure , maloré l'agitation. Le foufre fut précipité comme à l'ordinaire; mais le mercure, fur lequel l'acide repofoit, l'avoit attiré de l'acide; car il étoit noirci, ce qui n'étoit pas arrivé avec les autres acides : le réfidu brüloit exaétement comme du gaz hépatique pur. Le vinaigre diflillé abfotba près de fon propre volume de gaz & fut légèrement blanchi; mais il pouvoit par l'agitation en prendre environ deux fois fon volume, & alors il devenoit fort trouble. Une mefure de potaffe cauflique, dont la pefanteur fpécifique étoit 1,043, abforba près de quatre mefures de gaz hépatique alkalin, il la rendit d’abord brune; mais, quelque tems après, elle s’éclaircit. Le foufre fe dépofa à la furface du mercure noirci : ce qui prouve que les alkalis ne font pas déphlogiftiqués par l'argent ni par les autres métaux, comme M. Baumé l’avoit imaginé, mais qu'ils font feulement purifiés d'une partie de foufre qu'ils récèlent communément; celui-ci étant formé par le vitriol de potaffe contenu dans les plantes & par le charbon, pendant la combulftion. Une mefüure d’alkali volatil cauflique, dont la pefanteur fpécifique étroit 0,9387 en abforba 18 de gaz hépatique. Si la liqueur cauflique contenoit plus d’alkali , elle abforberoit plus de gaz hépatique, parce que SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 199 6 mefures de gaz hépatique s’uniffent à 7 mefures de gaz alkalin; ainfi la force des liqueurs alkalines & la quantité d’alkali réel qu’elles tien- rent, peuvent être déterminées par-là mieux que par route autre méthode, La liqueur fumante de Boyle, quil eft dificile de préparer par le procédé ordinaire, peut encore fe faire aifément en mettant l'alkali vo- latil dans le vaifleau du milieu de l'appareil du Doëeur NootÀ pour faire les’eaux minérales ‘artificielles, & décompofant les pyrites artif- cielles ou le foie de foufre, dansle vafe inférieur , par l’acide muriatique. L’Auile d'olive abforbe près de fon propre volume de ce gaz, & prend une couleur verdâtre. Le Zair récent abforbe à peine un dixieme de fon volume de ce gaz; &, ce qui eft fort remarquable, il n’eft pas le moindrement coagulé. L'huile de rérébenthine abforbe un égal volume de ce gaz & même plus; mais alors elle fe trouble, l'eau femble aufli en féparer le gaz, car quand on l’agite avec elle, il paroît un nuage blanc. De l’efprit de vin dont la pefanteur fpécifique étoit 0,835, abforba près de trois fois fon volume de ce gaz & devint brun. Par ce moyen le foufre peut être combiné avec l’efprit de vin beaucoup plus aifément que par la méthode de M, /e Comte de Lauragais, la feule connue jufqu'à préfent. L’eau précipite le foufre en partie. L'efprit de vin chargé de foufre ne rougit pas l’infufion de tournefol ; mais il précipite l'eau de chaux, comme l’efprit de vin très-rectifié le fait feul. IL précipite encore en brun la diflolution d’acère barotique; ce que l’efprit de vin pur fait de même. Il change la diflolution d'argent en noir & brun rougeñtre. L’acide vitriolique concentré en précipite le foufre, ce que ne peut faire ni l'acide nitreux ni l'acide muriatique. Lorfquon mêle le gaz hépatique avec un égal volume d’éther virrio- ligue, le volume du gaz eft d’abord augmenté ; mais enfuite la moitié en eft abforbée & il paroît un peu de précipité. L'odeur de l’éther eft mêlée de celle du gaz hépatique ; mais lorfqu'on ajoute de l’eau, elle devient très-défagréable & reflemble à celle des fubftances animales putréfiées. ; J'ajoutai à une mefure de gaz*hépatique 1,5 de diffolution nitreufe » d'argent, le gaz fut fur le champ réduit à une demi-mefure, fans le fecours de l’agitation , & la diffolution noircir. Le réfidu gazeux préfenté à une chandelle brüla naturellement. Le gaz hépatique fut encore ab- forbé , mais non pas fi promprement ni en aufli grande quantité, par les dffolutions vitrioliques de fer & d'argent; celle d'argent noircit ; celle de fer blanchit d’abord, mais, au moyen de l'agitation, elle devint noire, Le rélidu gazeux brüla avec flamme bleue, comme le fait ordinai- rement le gaz hépatique, 200 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, SECTION CINQUIÈME.: Des propriétés de l'eau Jaturée de Gaz hépatique. Cette eau rougit l'infufñon de tournefol, Elle n’agit point fur l’eau de chaux. Elle ne forme point de nuage dans la diffojution de muriate barotique, quoiqu’elle en donne dans l'acète barotique. Les diflolutions des autres terres dans les acides minéraux n’en fonc point altérées. Si on en verfe dans une diflolution de w#riol de mars ou de muriate de fer, elle produit un précipité blanc. Dans le aitre de cuivre elle produit un précipité brun, & la liqueur pafle du bleu au verd. Le précipité fe rediflout par l'agitation. Elle précipite la diflolution régaline’ d’étain, d'un blanc jaunâtre: celle de Por en noir; celle d'anrimoine en rouge & en jaune; celle de platine en rouge mêlé de blanc. La diflolution d'argent dans l'acide nitreux, les diffolutions nitreufe & acéteufe de plomb font précipitées en noir. Si ces diflolurions n’étoient pas parfairement facurées de métal, les précipités feroienc bruns ou bruns rougeñtres, & pourroient être rediflous par l'agitation. La diflolution nitreufe de mercure eft précipitée d’un brun jaunâtre ; celle de muriate mercuriel corroff d’un jaume mêlé de noir; mais en lagitant elle devient blanche. .} La diflolution nitreufe de Li/rnut devient, par fon mêlange avec l’eau hépatique, d'un brun rougeître, & même elle prend une apparence métallique. Celle de cobal fe noircit ; celle de zz7c prend une nuance d'un blanc fale; celle d’arfenic, dans le même acide, pafle au jaune mêlé de rouge & de blanc, à caufe de l’orpiment & du réalgar qui fe forme. Lorfque j'ai verfé dans de l'eau hépatique de l'acide vitriolique dont la pefanteur fpécifique étroit 1,863, elle s'eft légèrement troublée, mais .fi l'on y verfe de l’acide vitriolique volatil, il fe forme dans l'eau un nuage très-denfe d’un blanc bleuûtre. L'acide nitreux concentré, phlogiftiqué ou non , produit un précipité blanc abondant, mais l'acide nitreux affoibli n’occafionne aucun chan- gement. De l'acide nitreux vera dont la pefanteur fpécifique étoir 1,328 en précipita fur le champ le foufre. ù L’acide muriatique concentré produifit un Îéger nuage; mais le vi- naigre diftillé ni l'acide faccharin ne firent aucun effer. M. Bergman dit que de Peau rendue hépatique produit une diffolution de fer au bout de quelques jours dans un vaifleau fermé ; mais cette expérience répétée plufieurs fois ne m'a pas réuñli, Je n'ai pu difloudre non er 4 : SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 201 non plus aucun autre métal dans cette eau; il éft’vrai que le foufre s'unit à plufeurs métaux, mais il forme avec eux une mafle in{oluble : d’où je préfume que les fubftances métalliques ne peuvent jamais fe trouver dans les eaux minérales hépatiques. SECTION SIXIÉME. Des propriétés des liqueurs alkalines imprégnées de Gaz Fépatiques J'ai déjà indiqué la proportion de gaz qu'elles peuvent prendre. II communique une teinte brunätre aux liqueurs alkalines fixes non colo- rées. Le réfidu qu’elles laïffent eft de même nature que la partie qu’elles abforbent, F La liqueur alkaline fixe cauftique, faturée de ce gaz, précipite le Barote de l'acide acéteux, d’un blanc jaunâtre : elle décompofe de même les autres diflolutions terreufes, & la couleur des précipirés varie fuivant Jeur pureté ; peut-être que l’on pourroit perfectionner affezce réactif pour le fubfituer à la Jiqueur pruffique. : Les diflolutions vitriolique & muriatique de fer font précipitées en noir par cette liqueur ; mais la dernière blanchit communément par l'agitation. Celle que j'ai employée étoit très-farurée, F Les diflolutions d'argent & de plomb font de même précipitées en noir mêlé d'un peu de blanc; celle d'or eft aufli noircie , mais celle de - platine devient brune. . Les diflolutions de cuivre donnent un précipité d’un noir rougeatre ou brun. Le muriate mercuriel corrofif fe manifefte dans cet eflai par un pré- cipiré en partie blanc & noir, & en partie orangé & verdatre., La diflolution nitreufe d’arfenic donne un précipité jaune & oran la diflolution regaline d’antimoine un précipité orangé mêlé de noir. La diflolution de zinc traitée de cette manière devient d’un blanc falez celle de 2i/muth d'un brun mêlé de blanc ; & celle de cobalt donne un précipité brun & noir, Comme le pruffire alkalin contient toujours un peu de fer, il donne un précipité pourpre dans cet effai; ce précipité fe diflout aïfémenr. L’eau hépatique change en verd la teinture de rave ( raddifhes ÿ , dont je me fers pour éprouver les alkalis. L'action au foie de foufre fur les fubftances métalliques par la voie sèche eft décrite dans beaucoup d’Auteurs & particulièrement dans une excellente diflertation de M. Engeflroem ; mais par la voie humide elle ne l’a _ encore été, autant que je fache, par perfonne. C'eft pourquoi j'ai eflayé é; LEE * fon effer fur quelques grains de fer, de cuivre, de plomb , d’étain, de zinc , de bifmuth, d’antimoine & d’arfenic. Ayant mis chacun de ces métaux dans une bouteille contenant environ une once & demie de foie Tome XXX , Part. I, 1787. MARS, Cc 202 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, de foufre liquide afloibli au point qu'il étoit jaune: après environ quinze jours, j'ai trouvé que tous, excepté le zinc & l’érain, avoient pris le foufre à l’alkali. Le fer, l'arfenic, l’antimoine & le plomb étoient le plus altérés, le cuivre enfuite, & le bifmurh le moins de tous; mais les liqueurs ne tenoient point de métal en diflolution : celle où étoit le fer étoit devenue verre. Le foufre étoit précipité par l'addition d’un acide ; s'il contenoit du fer, on ne pouvoit de certe manière le découvrir. « L'eau faturée avec le réfidu condenfé du gaz alkalin & du gaz hé- patique, c’eft-à-dire avec le foie de foufre volatille plus pur, ne décompofe as le muriate calcaire, quoiqu'elle forme un léger nuage brun & blanc dans la diflolution de rauriate barotique. Elle donne un précipité noir dans la diffolution de vitriol de fer, & un précipité noir & blanc dans fa diflolution muriatique de ce métal; mais la dernière devient entièrement blanche par l’agitation. Elle précipire également en rouge & en brun les diflolutions vitrio- lique & nitreufe dé cuivre. La diflolution régaline d'érain donne avec elle un précipité jaunâtre ; celle d’or un précipité jaune clair & brun rougeätre;, celle de platine un précipité couleur de chair; celle d’antimoine un précipité d’un rouge tirant au jaune. È * Elle précipite l'argent en noir , & de même le plomb , tant dans l'acide nitreux que dans, l'acide acéteux. j f La diffolution de muriate mercuriel corrofif paroît rouge un inftant, mais bientôt après le précipité fe montre en partie noir & en partie blanc. La difflolution nitreufe de 4ifinutk donne de même un précipité en artie noir, en partie blanc, en partie d’un brun rougeatre & qui a une apparence métalliques le précipité de cobalt eft noir ou d’un brun foncé, Les diflolutions d’arfenic donnent un précipité jaune tiranc plus ou moins au rouge ; celles de zinc ne donnent qu'un précipité d'un blanc fâle. Toutes les couleurs varient à un certain point, fuivant que les liqueurs font plus ou moins faturées avant & après le mélange, & encore à raifon du cems qu'on les laifle Pune avec laure. SECTION SEPTIÈME. Des parties conflituantes du Gaz hépatique. En examinant avec attention les expériences précédentes que j'ais à deflein, féparées. de route théorie , il eft difficile de ne pas conclure que le gaz héparique n’eft autre chofe que le foufre lui-même mis en état aérifornie par la matière de la chaleur. Il eft prouvé qu’on ne réuflit pas à tirer le gaz inflammable du gaz hépatique, lorfqu'on a employé nabc SURVL'HIST. NATURELLE ET LES ‘ARTS.1 203 pour la production de ce dernier des matières qui ne tenoient auparavaut rien d'infammable, telles que les hépars alkalins ou calcaire. Au con- traire, fi les matières employées font de nature à produire d'elles-mêmes auparavant du gaz inflammable, comme quand ce font des compofés ferrugineux, charbonneux ou faccharins, on obtient toujours un peu de gaz inflammable ; le gaz hépatique ne peut donc être confidéré comme le produit de l'union direéte du gaz inlammable & du foufre. On avoit imaginé que ce gaz étoit l’hépar de foufre lui-même vola- tilifé, & par conféquent qu'il entroit de l'alkali dans fa compofition , mais il y a de fortes raifons de rejetter cette fuppolition ; 1°. ce gaz eft évidemment quoique foiblement, acide, puifqu’il rougit l'infufon de tournefol & qu'il précipite l’acère barotique; 2°. on le rerire de matières ou qui ne contiennent point d'alkali, ou qui n'en contiennent prefque point, telles que le fer, le fucre, l'huile, le charbon; 3°. enfin il n'eft pas décompolfé par le gaz acide méphitiqu#, ni par le gaz acide muria- tique, qui décompofent cependant le foie de foutre, Je penfai d’abord que le foufre pouvoit être tenu en diffelution dans le gaz hépatique, foit par le 922 acide vitriolique, foit par le gaz - acide muriatique; mais quoique l’un & l'autre puiflenc réellement renir le foufre en diflolution, comme nous l'avons vu , ils ne font cependant pas efflentiels à la compofirion du gaz hépatique, comme tel; puifqu'on peut cirér celui-ci des matières qui ne tiennent aucun des deux premiers, & de quelque matière qu’on la tire, il préfente toujours les caractères d'un acide identique, favoir un acide vitriolique exceffivement affoibli, & tel que l’on peut fuppofer le foufre lui-même. En effec le foufre donne, jufques dans l’érar concret, plufeurs indices d'acidiré. Il s'unir aux alkalis, au calce, au barote, & à la plupart des métaux, comme le pourroit faire un acide foible; & à la réferve'de la diflolubilité dans l’eau ( propriété que quelques acides concrets ne poflè- dent non plus qu'à un très-foible degré) il montre tous les carectères acides. Mais fon acidité eft la plus foible poffible, puifqu'il ne détompofe pas le muriate barotique , mais feulement l’acète barotique , & qu'il fe laifle enlever les alkalis & les terres par tous les autres acides. La matière de la chaleur entre dans la compofition de ce gaz; cet ce qui réfulte évidemment des expériences de M. Schéele, qui s’eft particulièrement occupé de ce fujer, Il a rrouvé que les acides exciroient beaucoup moins de chaleur fenfible pendant leur union avec l’hépar de Jfoufre foit alkalin , foit calcaire, que pendant leur union avec l'alkali cauflique ou la chaux vive, en quantités égales à celles qui entrent dans la compofñtion de ces hépars; d'où il a conclu avec raïfon que la dif- férence devenoïit partie conftiruante du gaz hépatique produir. J'ai prouvé Ja même chofe d'une autre manière: au lieu de décompofer l’hépar alkalin par l’aside muriarique, j'ai effayé de le décompoler par une Tome XXX , Part, I,1787. MARS. Cire 204 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, diflolution faturée de muriate calcaire ou de muriate magnélisn , k dé- compoltion eut lieu, mais il n'y eut point de gaz hépatique; car l'acide ayant laiflé aller fa chaleur fpécifique lors de fon union aux terres, n’en avoit plus à perdre ou à communiquer en suniflant à l’alkali, & le foufre n'en recevant point ne pouvoit être porté à l'état gazeux. IL eft remarquable que les corps fufceptibles de l’état gazeux reçoivent bien plus facilement la chaleur latente néceflaire à cer état d’un corps qui partage avec eux fa chaleur fpécifique ; que par l'application fimple de la chaleur fenfible, Ainfi le méphite barotique ne peur être décompoté par la chaleur feule, comme le Docteur Æihering Va obfervé | quoi- qu’on en dégage facilement le gaz méphitique par un acide; & de la même manicre l'antimoine ne peut être privé de foufre, même par la vitrification, ce qu'on obtient par les acides : le foie de foufre ne donne donc point de gaz hépatique par la chaleur feule, quoiqu'il en fournifle par l'intervention de l'acide le plus foible. Cela vient, à ce qu'il me femble, de ce que la matière de la chaleur n’a pas une affinité particulière avec certaines fubftances, comme le prouve évidemment fon pañlage indifféremment de tout corps chaud à un corps plus froid , quelle que foit fa nature ; elle eft au contraire difpofée à s'unir avec tel ou tel corps en état latent , en plus grande ou plus petite quantité, fuivant la plus ou moins grande capaciré de ces Corps à la recevoir, Maintenant, les acides en s’uniffant à la bafe alkaline du foie de foufre, en dégagent le foutre & lui cédent leur chaleur, & le foufre, qui fe fépare dans cet énffant a la faculté de la recevoir ; au lieu que la chaleur extérieure fenfible , apiffant également fur l’une & l’autre des parties conftituantes du foie de foufre, ne peut les féparer ; ou fi elle les fépare, eile porte d'abord, par fon action /zcceffive , une de ces parties à l'état de vapeur ; or les corps qui acquièrent d’abord cet état de vapeur ne peuvent enfuite prendre l’état gazeux, par une acceflion /ub/équeme de chaleur. Les acides vitriolique & nitreux font moins propres à la production du gaz hépatique que l'acide muriatique; quoiqu’ils contiennent plus de chaleur fpécifique que la partie acide pure de Pacide muriatique : la raifon la plus probable de ce phénomène eft que les deux premiers acides attirent plus fortement le foufre lui-même & le retiennent. Le gaz hépatique eft rrès-difpofé à laifler aller fa chaleur /arente, parti culièrement quand il eft en conta&t avec des fubftances avec lefquellesil a de l'afinité ; c’eft ainf qu'il fe condenfe en peu de jours dans l’eau ; il fe con- denfe de même, lorfqu’il refte long-tems en contaét avec la furface froide du mercure , de l'argent & des autres métaux, fur-tour s'ils (ont humides. M, Bergman a trouvé qu’il s’en condenfoit une grande quantité en foufre, quand on l’enfermoit feul dans une bouteille (x). I eft probable que dans (1) Voyez la note de M. de Morveau , dans fa traduétion des Opuftules, &c, de Bergman, tom. IT, page 341. pe "SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. os ce cas il contenoït un excès de foufre; car le gaz hépatique chaud eft capable de cenir en diflolution une plus grande quantité de foufre, qu'il dépofe en refroidiflant, ce que j'ai fréquemment obfervé. La précipitation des fubftances métalliques par le gaz eft due en partie à Punion & phlosiftication des acides avec le gaz, &, en partie, à l'union qu'il contracte avec les métaux eux-mêmes ; car il eft évidenc qu'en beaucoup de cas il s’unit aux uns & aux autres. Comme on fair que les alkalis ont de Pafivité avec le foufre , on comprend aifément pourquoi les gaz hépatique & alkalin fe condenfent lorfqu'on mêle l'un à l'autre ; il et également facile de concevoir pourquoi le gaz hépatique n’eft pas condenfé par l'air commun , par l'air phlogiftiqué , par le gaz inflammable, & pourquoi il ne l'eft pas fenfible- ment par le gaz acide muriatique ; mais il paroît fort extraordinaire que le gaz hépatique & le gaz acide vitriolique fe condenfent & fe conver- tiflent , en grande quantité, en foufre , par leur aétion refpedtive l’un fur Vautre , fur-rout étant rous les deux de même efpèce ou du moins très- près d’êrre alliés l'un à l’autre. L’attraction des deux corps dans ces circonftances eft fort fingulière ,äl n'eft cependant pas moins certain que leur union eft due à Pattraction ; car l'acide vitriolique concentré, & fur-tout l'acide vitriolique volatil , précipitent, abondamment le foufre de l'eau hépatique. L’acide vitriolique volatil tient communément un peu de foufre en diflolution ,comme le prouvent les expériences de MM. Prieflley & Bertholler, &-il le dépofe quand il perd la forme gazeufe , ou à la “fuice du tems ; mais tout le gaz n’eft pas changé en foufre , puifque nous avons vu que l’eau qui avoit lavé le foufre précipité avoit pris de l'acide volatil & du gaz acide méphitique. S La condenfation du gaz hépatique par le gaz nitreux paroît venir de la même caufe; car quand le gaz nitreux étoit dépouillé pour 18 plus grande partie d’acide furabondant , la condenfation du gaz hépatique étoit beau- coup plus lente ; & celle qui a eu lieu à la fin femble avoir été opérée par la décompofition du gaz nitreux , & conféquemment par l’acide qui en a été tiré, Les décompofitions opérées par les foies de foufre fixes & volatil procèdent fenfiblement d'une double affinité dans le plus grand nombre de cas, SECTION HUITIÈME. Du Gaz hépatique phofphorique. Le phofphore ayant, par rapport à fes parties conflituantes, beaucoup d’analogie avec le foufre, j'ai été naturellement conduit à examiner les phénomènes qu’il préfente dans les mêmes circonftances. Pour cela, jai fait chauffer doucement environ dix ou douze grains de phofphore avec 206 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, à-peu-près une demi-once d'alkali fixe cauftique en liqueur, dans une très-petite fiole portant fiphon recourbé , & j'ai reçu le gaz fur le mercure, A la première application de la chaleur , il y eut deux petites explofions accompagnées d’une flamme jaune & d’une fumée blanche qui pénérra à travers le mercure dans le récipient ; elles furent fuivies d’une égale produdlion de gaz. A la fin le phofphore commença à fe bourfouffler & à bouillonner , & craignant la rupture de la fiole, je bouchai le fiphon pour empêcher l'acceflion de Pair atmofphérique , & je me difpofai à tranfporter la fiole dans l’eau ; mais dans l’intervalle elle fe brifa avec _ une forte explofon , parce que le fiphon étoir bouché, & il en fortie fur le champ une flamme violente. Cependant j'avois recueilli environ huit pouces cubiques de gaz. Ce gaz fut uès- peu diminué par l’agitation avec un égal volume d’eau, il devint d’abord obfcur comme une fumée blanche, mais ‘il recouvra bientôt fa tranfparence. Ayant tourné en haut ouverture du tube pour examiner l’eau, le gaz non-abforbé prit feu dans Pinftant & brüla, fans explofion , avec flamme jaune, laiffant une matière rougeâtre fur Les parois du tube. | L'eau impreanée de gaz phofphorique , & fur laquelle il avoit brûlé, sougit foiblement l'infufion de tournefol, Elle n'eut aucune action fur le prufite alkalin. Elle fur éprouvée avec les diffolutions nitreufes de cuivre, de plomb, de zinc & de cobalt , avec les diflolutions muriatiques de fer & d'érain, avec la diflolution régaline d’érair , avec les diflolutions vitrioliques de fer , de cuivre , d'étain, de plomb, de zinc, d'antimoine , d’arfenic & de manganèfe ; avec les diflolutions muriatiques de cuivre, de plomb , de zinc, de cobalt, d’arfenic & de manganefe , cette edu n'y occafionna aucun Chargement. ” Mais elle a précipité la diffolution nitreufe d'argent en noir, & la diffolution vitriolique d'argent en brun, même la diflolurion nitreufe de mercure , faire à froid, en brun & noir. Le vitriol de mercure devine d’abord rougeâtre & pafla enfuite au blanc; le muriate mercuriel corrofif donna un précipité jaune &grouge mêlé de blanc. L'or fut précipité de l’eau régale en noir tirant au pourpre, de l’acide vitriolique en rouge brunâtre & noir ; l’antimoine fut précipité de l’eau régale en blanc, La diflolution nitreufe de Bifmuth parut d'abord blanche, & donna bientot après un précipité brun. Les vitriol &-muriate de bifmuth furent précipirés de même en brun; le précipité du dernier fut rediflous par l'agitation. La diflolution nitreufe d’arfenic'devint également brune , mais tout fut rediflous au moyen de l'agitation. J'ai enfuite imprégné un peu d'eau de ce gaz, fans Je laïiffer brûler F , SÛR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 207 defus ; elle a à peine altéré l’infufñon de tournefol , elle n’a pas précipité l'eau de chaux ; mais elle a occafionré un précipité noir dans la diflolu- tion d'argent , unvprécipité blanc dans la ditiolution régaline d’ansi- | moine, & un précipité d'un blanc jaunêtre dans la diflolution de muriäte mercuriel covrolif. ] Je mis enfemble une mefure de ce gaz & une mefure d’eau, & je fs paller à travers quelques bulles d’air commun ; chaque bulle s’enflamma & produilit une famée blanche, jufqu’à ce qu'il y eut une quantité d'air commun introduite ä-peu-pres égale à la moitié du volume du gaz < phofphorique , & cependant le premier volüme ne parut pas augmenté ; la flamme donnoit à chaque fois une petite corimotion, & après l'inflam- mation , la fumée comboié dans. l'eau ; quand l'air commun cefla de produire de la flamme, fon ivtrodu@tion occafñonna enccre de la fumée. & Les bulles de, gaz phofphorique qui s'échappoient à travers le mercure dans Vatmofphère donnoient une flamme , un bruit, une odeur exacte- ment fen:blables à ceux de l'érincelle éleétrique (1). ; À une mefure de gaz phofphorique , j’ajoutai une demi-mefure de gaz nüreux, il parut une fumée blanche, il n'y eut qu'une très-foible dimi- pution, & la tranfparence fut bientôt rérabiie, une légère écume s'étant _ dépofée aux parois de la jarre. Une autre demi-melure de gaz nitreux ne produilit ni fumée ni diminution ; mais en ajoutanc de l'eau, & agitane le gaz avec elle, il y en eut bien plus d’abiorbé, La jarre ayant été retour- née , le gaz nitreux s'échappa d’abord en forme de vapeur rouge, & à cette vapeur fuccéda une fumée blanchätre, L'eau avoit une odeur phof- pborique ; elle précipita la diflolution d'argent en brun. Dans certe expérience l'acide du gaz nitreux femble avoir produie le même effet que le fur le gaz hépatique. À ; Le gaz phofphorique re fut prefque pas diminué par Paddition d’une u melure égale de gaz alkalin ; y ayant introduic de l’eau, elle parut fe | comporter autrement qu'avec le gaz alkalin ; cependant lorfque la jarre | _ eut été rerournée , le gaz qui reftoit fuma, fans s'enflammer. L'eau ainfi impregnée avoit exactement l'odeur des oignons. } Elle altéroit en verd l’infufñon de raves. | Elle précipita en noir la diflolution d'argent , & la diffolution nitreufe ; de cuivre en brun; mais le précipité fut redifious par l'agitation , & la liqueur demeura verte. Le muriate mercuriel corrolif fut précipité en jaune mêlé de noir. 1 Le fer fut précipité en blanc de fes diflolutions vitriolique & muria- (1) Quelques mois après que j’eus fait ces expériences [ur le gaz phofphorique, je reçus le dixième volume des Mémoires des Savans Etrangers , &e. & jy trouvai que l’inflammation fpontanée de ce gaz étoit connue de M. Gingembre dès 1783. Ses expériences ont été inférées dans le Journal de Phyfique d'oétobre 1785. 208 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, tique; mais une diffolution nitreufe de fer d’un jaune pâle , ne fut point troublée; fa diflolution rouge dans le même acide fur feulement rendue grumeleufe. te, La diflolution régaline d’antimoine donne un précipité blanc, la diffolution nitreufe de cobals un précipité très-léoèrement rougeâtre , & la diflolution nitreufe de bifmuth un précipité brun. Les diflolutions nitreufes de plomb & de zinc n’éprouvèrent aucune altération; non plus que la diflolution muriatique d’évain & les diflolutions régalines d’étain & d'antimoine. . Le gaz acide méphitique mêlé, en quantité égale, avec le gaz phofphorique, occafionne une fumée blanche, il y a un peu de diminution & un dépôt jaune. Lorfqu’on agite le mêlañge dans l’eau , le gaz acide eft abforbé à un dixième près. Le gaz reftant fuma, mais ne s’enflamma pas fpontanément. "Rx: J'ai introduit du précipité per Je dans une petite quantité de gaz phofphorique , il eft bientôt devenu noir, & il a paru une fumée blanche; deux jours après le précipité éroit encore folide, cependant il avoit acquis une couleur brillante’ d’un blanc pâle, pareille à celle de gcc" , & le gaz avoit perdu la propriété de s'enflammer fpontanément ; Mais je ne puis aflurer qu'il n’y ait pas quelqu'autre caufe qui faffe cefler cette inflamma- bilité; car deux jours après je préparai du même gaz, & en ayant laiflé une certaine quantité toute une nuit fur l’eau, je trouvai le lendemain matin qu'il avoit dépofé une écume jaune fur les côtés de la jarre, & qu'il avoit perdu fon inflammabilité fpontanée, La température étoit alors de 53 degrés ; elle étoic à 68 lorfque ce gaz s'étoit enflammé précé- demment. De ce petit nombre d'expériences que la quantité de gaz obrenue ne m'a pas permis de répéter, je crois pouvoir conclure que le gaz phofphorique n’eft autre chofe que le phofphore lui-même en état aériforme , qu’il differe principalement du foufre en ce qu’il exige beaucoup (moins de chaleur latente pour prendre la forme élaftique, & que par cette raifon il peut être dégagé des alkalis fixes fans le fecours d’un acide, NOTICES SUR L'HIST, NATURELLE ET LES ARTS# 209 Re nn NF O°T TLC'E"S CoNcERNANT LE B@œur-MARIN, AUTREMENT NOMMÉ BÊTE A HUIT ÉCAILLES , OU OCTOFALVE ; Par M, le Chevalier LEFEBURE DES HAYES, Académicien du Cercle des Philadelphes, Correpondant du Cabinet du Roï, Ge. Oéfovalis, conchylium mulrivalve, bos marinus improprie diéum , percellionis form& exteriori & colore , valvis laris , fulcatis & variegaris , pedibus & capiüe carens , margine fquammofo , Éce JE ne fais d'où provient le nom de Bæuf-marin qu'on a donné à un coquillage multivalve qui fe trouve communément fur les rochers dont la côte de Saint-Domingue eft hériflée en beaucoup d’éndroits. Rien en effet dans la figure & dans les mœurs de ce reltacée, ne paroït avoir donné lieu à une telle dénomination ; s'il refflemble à qu2lque animal cerreftre, c’elt fans contredit au cloporte (1); encore la reflemblance eft- elle un peu éloignée : malgré cela j'ai été tenté de l'appeler cloporte marin; mais comme je fuis inftruit (2) qu’il y a un-animal de ce nom, je me fuis bien gardé d'adopter celui-ci. Cependant le coquillage dont on fait mention ici, n’eft peut-être autre chofe que Le cloporte de mer: en ce cas je n'aurai rien dit dans cette notice que l'on ne fache déjà mieux que moi, & c'eft ce qui m’arrivera fans doute dans plufeurs autres occalions jufqu’à ce que j'aie pu me procurer des livres fur la conchy- liologie, & conféquemment des connoiffances un peu étendues fur cette partie très-intéreflaate de l'hiftoire naturelle. Dans l'incertitude où j'étois ( j'y fuis bien encore ) fi la dénomination de cloporte de mer a été employée par les naturaliftes pour défigner le bœuf-marin , j'ai pris le parti de lui en affecter une autre qui ne füt point ufitée, mais qui ne lui convint pas moins, & j'ai choifi celle de bête à huit écarlles où o&ovalve. Elle exprime aflez bien un des prin- cipaux caraétères de notre teflacée. Les maîtres de l’art ne manqueront pas fans doute de l'agréer ou de la rejeter (3) fuivant qu'ils la trouveront convenable ou non (4). (:) La figure que nous avons jointe à:e Mémoire fervira mieux que tout ce qu’on peut dire , a donner une idée du hœuwf-marin ou de l’oéovalve. (z) Je ne connois cependant d'aucune manière l'animal que les N aturalifles défignent {ous lé nom de vloporte de mer. (3) L'animal dont il eft ici queftion eft l’o/cabrion des Naturaliftes. Ainfi on ne doit pas changer fon nom. {Vore de M. de la Metherie. (4) Ces notices font adreffées poñtivement au Naturalifte de France qui s’eft rendu Tome XXX, Part, I, 1787. MARS, D d > 7 | L ‘250 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, Le bœuf-marin (1) reflemble comme nous l'avons dit, par la forme & un peu par la couleur au cloporte de terre; mais aufñli il en diffère eflentiellement, non-feulement par fon aptitude à vivre dans le Auide marin qui eft {on élément, mais encore par un attribut très-diftin@if; je veux dire par fa façon de marcher. Le cloporte terreffre eft pourvu d'un grand nombre de pattes, & le bœuf-marin n’en a aucune, Il eft vrai que la nature y a fuppléé dans le teftacée en lui donnant des appendices mufculeux, capables d'extenfion & de contraction ; c’eft par leur moyen que l’animal parvient à changer de place, quoique avec peine. Nous en parlerons plus particulièrement ci-après 3 mais on doit bien imaginer qu'une matche de cette efpèce ne peut pas être prompte ni expédirive: auf le Zimaçon lemporte-t-il de beaucoup à cer égard , fuivant ce qui nous a paru, fur le bœuf-marin, parte que les peaux ou membranes du coquillage terreltre s’allongent & fe raccourciflent davantage & avec lus de facilité, On ne peut guère douter que l’oëlovalve ne fe trouve placé dès fa naiflance, dans des endroits où fans fe donner de grands: mouvemens & fans être obligé de courir au loin, il rencontre les ali- mens qui font propres à fon efpèce : je fuis encore porté à croire que le rocher fur lequel il paroît vévéter , lui fournit une nourriture abon- dante, L'animal paroït en effet aflez charnu, on pourroit même dire gras. Peut-être fe nourrit-il d'une moufle, ou forte de Zichez dont en général les rochers’ font couverts , ou bien du limon vifqueux que la lame porte fur le rivage chaque fois qu’elle fe déploye. Il lui eft d’autant plus facile de fe procurer fa fubfiftance que la nature a armé la dernière écaille qui couvre probablement la têce du bœuf-marin, où de ce qui en tient lieu, d'une grande rangée de dents aflez fortes & terminées en lame. Certainement ces dents {ufifent pour détacher la moufle, & même pour écrafer des cruflacées, fi tant eft qu'ils lui fervent d’alimens. L’articulation qui fe trouve entre la première &.la feconde écailles, met l'animal dans le cas de faire ufage de cette première écaille, comme les autres animaux de, leur mâchoire mobile, Nous remarquerons à ce fujet que le œuf-marin eft continuellement entouré d’une efpèce d'infectes fort nombreufe, à ce qu'il femble, & qu'on prendroit volontiers pour les poux de ce coquillage (2). Ces in- le plus célèbre dans les connoïffances qui ont pour objet les produ@ions marines : nommer M. Abbé Dicquemare , c’elt certainement _faire un grand éloge en ce genre ; on pourroit ajouter auffien bien d’autres. (1) Nous continuerons à nous fervir de cette dénomination, quelqu'impropre qu’elle nous paroïle; notre opinion ef qu’en fait d’Hifloire-Naturelle son, doit refpeéter les anciennes dénominations , parce qu’on ne peut refondre les livres qui les ont employées. (2) I y a des Naturalifles qui prétendent que clfaque production marine a , comme les produétions terreftres de tout genre, des infectes qui vivent par inftiné aux SUR L'HIST. NATURELLE ET LESRARTO ‘5% fectes fe promènent en tout fens fur le teflacée, fe fourrent dans les plis de fes appendices, dans l'intervalle qui fe trouve entre le corps de lanimal & les écailles qui lui fervent de couverture de même que de défenfe (1). Nous ne pouvons dire fi ces infeétes vivent aux dépens de l'oëlovalve ; maïs cela éft affez vraifemblable, La dénomination de ‘béte à huit écailles, où d'odlovalve', ‘indique fufifamment que le Pæ1f marin elt couvéte de hüit valves ou coquilles (2): telle eft en effet fon organifation extérieure. Ces valves fonc rangées à la file , à peu-près comme les écailles où anneaux cornéiformes qui enve- Lppent la partié poftérieure des celéoprèrés , & elles ont le même jeu (3); mais il faut ébferver qu’elles font folides comme celles des autres tefta= cées, & par conféquént qu'elles font de ‘nature calcaire: on doit donc les regarder comme de vraies coquilles. Il eft bon auili de rematquêt qu'au lieu de former en entier l’anneau & d’entourer tout le: corps de l'animal, elles n'en revériffent que la pattie fupérieute, c'eft-à-dire , comme la carapace ou écaïlle couvre le dos de la zorrue : elles eh ont aufi dans leur enfemble préfque la convexité. Si on les examine fépa- rément, on leur trouvera du rapport avec certains coquillages bivalves de la clafle des selines. Le deflus'éft d'un gris fale, tacheté dé petits points blancs irréguliers avec une teinte verdatre ; & {trié longitudina- lement, & latéralement au-deflous des oreilles (4) : ellés portent les unes fur les autres d'un côté ainfi que les anneaux des infectes. La partie fupérieure des fept valves qui font placées en recouvrement , fe termine dans fon milieu, par une efpèce de bec, dela même manière que dans les battans des bivalves, ce qui augmente la reflemblance de ces pièces avec les coquilles. Il faut même, quand on les trouve féparées de l'animal, favoir qu'elles proviennent de la dépouille du hœf-marin , pour ne pas s’y tromper, fur-rout fi on ne fait point attention que le ‘deffous de ce bec eft raz, & qu'il n'y a rien qui annonce les mâchoires d’une char- mem dépens de chacune. Je fuis fâché de n’avoir point examiné de près les infe@es ou poux dont il et ici queftion , afin de m'’aflurer s'ils n’ont pas de la conformité avec Pa“if de lillufire M. Dicquemare. (1) I eft bien évident que la nature a donné des armes défenfives aux animaux qui font les plus expofés à la fureur de leurs ennemis, ou le moyen de s’y fouffraire. {2) L’arrangement de ces valves rend le bœuf-marin un peu reffemblant à la tortue d’eau douce , dont l’écaille efl cifelée par compartimens ; mais on fait que cette écaille eff toute d’une pièce, au lieu que la couverture du Aæuf-marin (e divile en uit. (3) Aufñi l’animal a-t-il la faculté de fe recoquiller '& de former 1a boule prefque comme le cloporte , le hériffon, &c. (4) Je dis les oreilles, quoique ces valves n’en aïent pas, parce que les firies Fetérales partent de l'endroit où font placées les oreilles des peignes ou coquilles de Jainr Jacques. Quelqu'un cependant prendra peut-être cette pertie flriée latéralement pour les oreilles de la coquille, Tome XXX, Part I, 1787. MARS. Da 2» 212 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, nière. La dernière valve eft arrondie dans endroit qui répond au bec des autres : on n'aura pas de peine à comprendre que ces valves doivent être plus larges que longues ; elles tiennent les unes aux autres par une eau fine, mais cartilagineufe qui fait l'office de charnière. Il faut dire aufli qu’elles font embraflées les unes les aucres dans leurs parties laté- zales (1) par une membrane mufculeufe aflez forte qui fert en quelque façon de bordure à la cuirafle de l'animal. Cette membrane a cela de finguler qu’elle eft couverte en entier ( fupérieurement ) d’une multitude infinie de très-petites coquilles convexes deflus & concaves deffous, d’un blanc jauvâcre & d’un beau poli luftré, lefquelles font arrangées fymmé- triquement comme les ardoifes ou cof£nes lur un dôme, mais en fens inverfe, & fe recouvrent les unes les autres. Nous nous fommes apperçus que de cette membrane & des parties inférieures voifines , il fort une bumeur vifqueufe femblable à celle du limagon , laquelle étant féchée en a le brillant & ferc fans doute à fixer le teftacée fur les rochers, de façon que dans les plus gros tems, les lames ne peuvent l’en détacher, Nous croyons devoir faire remarquer ici que les mufcles de certe membrane font fi puiflans, & la jonétion des parties charnues fi intime avec la pierre dans certains momens, qu’il n’eft pas poñlible, fi on ne furprend pas l'animal, de l'en féparer même avec des inffrumens fans le déchirer, Quand on veut fe procurer des Bœufs-marins , il faut donc choifir l’inftant où le reftacée eft en marche, & faire pafler adroitement une lame de couteau entre lui & le rocher. Par ce moyen fort fimple on l'enlève fans peine; mais comme nous venons de le dire, il n'en eft pas de même lorfqu’on donne le tems à l’oovalve de fe cramponner & de s'appliquer dans toute fon étendue fur la pierre. La caufe de certe fi forte cohélion ne pourroit-elle pas être attribuée à l'interception de l'air qui {e trouvoit entre le teftacée & le corps fur lequel il s’eft atca- ché, & qui a été afpiré fans doute par quelque organe particulier, ou peut-être encore par les pores de l'animal ? Probablement auñli les mêmes organes reftituent l'air afpiré, lorfque le œuf marin veut changer de place. Du moins cette idée n'a paru naturelle & fuffifante pour expliquer ce phénomène (2). a ——— —————————— ———— (1) Il ef tout naturel de concevoir que les deux valves ou pièces qui fe trouvent aux extrémités du teflacée, font arrondies dans toute leur face extérieure, & qu'elles forment chacune un dem-cercle que la membrane fquammeufe enveloppe. (2) Il n’eft peut-être pas hors de propos de rapporter ici qu'un #œuf- marin ayant été enlevé de deflus le rocher par le moyen indiqué dans le texte, & s'étant trouvé enfu.te placé par hafard für une pierre calcaire tufeufe, il s’y efl collé dans toute fon étendue, au point qu'il n’a pu s’en féparer. L’humeur viqueule de J’animal s’eft répandue autour de lui , s’y eft féchée , & a encore augmenté l’adhérence de l’oéZovalve. D'ailleurs , la pierre qui étoit de nature fpongieufe a abforbé proba- blement toute Fhumidité dont ce teflacée abonde, Il eft réfujté de tout cela que le ss SUR L’HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 213 Le deflous du corps eft applati 8 même un peu concave dans toute fa fuperficie , ce qui ne contribue pas peu, outre la figure elliptique qu’elle a, à lui donner quelque rapport avec le plaftron de a sortue. Il nelt pas pourtant revêtu extérieurement, comme le plaftron, d’une croute écailleufe cornéiforme , mais au contraire d’une enveloppe adi- peufe. Le corps femble féparé de la cuirafle & de la membrane fquam- meufe par une forre de raînure ou de canal qui règne tout autour. La fubftance du corps eft en général ferme & cartilagineufe : faute d'inftrumens je n’ai pu examiner les vifcères qui y font contenus. On diftingue difficilement la têre de l’animal : rien n'annonce cette partie f eflentielle en apparence à tout individu. Il n’y a même aucune différence palpable entre les extrémités antérieure & poftérieure du corps, fi ce n’eft que la membrane adipeufe qui le couvre, fe contracte de rems en tems dans l’endroit où il femble que doir être placé la têre, & qu’elle forme alors deux efpèces de co:nes, mais beaucoup moins alongées & plus arrondies que celles du limaçon : je ne faurois même affirmer que c'en foit. Quant à la rangée de dents dent il a été fait mention plus haut, je ne m'en fuis apperçu que quand le coquillage a été defféché, & quand fes valves onr éte entièrement féparées les unes des autres. On peut inférer de la promptitude avec laquelle l'oéovalve fe tapir & fe colle fur les rochers, qu'il a beaucoup d’ennemis , & qu'il devient la pâture de ceux qui ont l’adrefle de le failir avant qu’il fe foit atraché à la pierre. Sans ce moyen de défenfe qu'il tient de la nature, & que fon inftin& lui fait mettre en ufage à propos, l'efpèce s’anéantiroit bientôt, & ferviroit fucceflivement de proie aux oifeaux & aux poiffons carnafliers. Nous re voulons pas dire par-là qu'il y en ait peu de dévorés par les uns & les autres : la marche lente & pénible du hœuf-marin donne lieu de croire au contraire qu'il eft continuellement expofé aux infulres de rous les animaux qui fe nourriffent de reftacées , & que s’ilen échappe , malgré les atraques réitérées de tant d’ennemisacharnés à leur ruine, ils doivent probablement leur falut à leur forte cuirafle, & à l'adhéfion que leur corps contracte avec le rocher. N'ayant point examiné l’intérieur de ce coquillage, nous ne pouvons rien dire des vifcères, ni des parties fexuelles , ni conféquemment de ce ui différencie le mâle d’avec la femelle, fi tant eft que l’odovalve ne Bic pas hermaphrodire comme quelques autres teftacées. I a feule obfer- vation que nous ayons faire & qui a peut-être du rapport à la fexualité, c’eft concernant la bordure ou membrane mufculeufe dont les valves font entourées : nous avons remarqué que dans certains individus elle eit bœuf-marin ef refléémalgré lui fxé (ur la pierre, & qu’il y eft péri bientôt ; mais ce qu'il y a de plus remarquable, c’eft qu'il sy eft defléché peu-à-peu fans fe cor- rompre; du moins il n'eft point exhalé de fon corps aucune odeur de putréfa@tion, 214 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, couverte, comme il a été dic ci-deffus , d’un très-grand nombre de petites coquilles arrangées avec art, mais que dans d’autres elle reflemble à une peau hériffée de perits corps cylindriques irréguliers de nature calcaire. Les valves de ces hœufs-marins ne m'ont pas paru fi ftriées ni fi bigarrées que celles des autres teftacées dont on a parlé dans ce Mémoire, Peut-être cette variété extérieure indique-t-elle la différence des fexes : peut-être aufli en eft-elle une dans l’efpèce. Nous laiflons aux Naturaliftes vraiment inftruits le foin de décider fi le bæœuf-marin eft ovipare ou vivipare. Notre examen a été trop fuperhciel pour que nous puifions réfoudre cette queftion ; mais nous ne défefpérons pas que les circonftances ne nous mettent de nouveau à même de faire cetre obfervation , & beaucoup d’autres que nous avons laiffées en arrière avec regret. I y a des oéovalves de toutes les grandeurs, à ce qu'il paroît : nous en avons vus qui avoient près de deux pouces de longueur fur plus d'un pouce de largeur. Peut-être y en a-t-il de plus grands encore ; on en trouve de plus petits, & c'eft le grand nombre ; mais tous ont la même forme, c’eft-à- dire, la fioure elliptique alongée. Ils font aufi tous convexes dans la partie fupérieure du corps & applatis deflous le ventre. Les nègres mangent ce coquillage après l'avoir fait cuire dans l’eau &c le fel ; mais autant que j'ai pu juger par ceux que j'ai vu préparer de certe manière , il doic être fort coriace, & fa chair doit avoir à-peu-pres la même dureté que la partie antérieure & cartilagineufe des vigneaux , des Ligornaux, des burgaux , &c. Si fur un fimple apperçu il étoit permis de porter dans la balance des coquillages , le re/facée dont nous venons d’exquiffér les traits qui nous ont frappés, & fi nous ofions apprécier fa valeur relativement aux autres de la même clafle, nous poferions , d’après les principes que nous avons puifés dans le livre très-eftimable, intitulé, Balance de la Nature, quatre pour la forme , fix pour la couleur, & quatre pour l’inflinét ; maïs il n'appartient fans doute qu'à Mademoifelle Ze Maffon-le- Golft de balancer ainf les productions marines & terreftres; & il ne faut pas moins qu'un coup-d’œil auf vif, aufli sûr, & auf jufte que le fien , pour fixer avec vérité leur valeur refpective. Planche T, Figure 1. A L'oéovalve vu par-deflus le corps. C Membrane fquammeufe avec fes petites coquilles, H Valves qui couvrent le dos de loéfovalre. I Valve qui porte la rangée de dents. = A SUR L'HIST, NATURELLE ET LES ARTS, 21$ Figure 2. B L'octovalve vu par-deffous le corps. D Membrane mufculeufe repréfentée en C avec fes coquilles. E Partie du corps un peu concave. F Plis de la membrane adipeufe , lefquels reffemblent à des cornes. G Intervalle en forme de raiaure entre le corps de l'animal & fes appendices ou fa membrane mufculeufe. ( Nore du Rédaëteur.) Nous apprenons avec regret que le Chevalier des Hayes, habitant de Tivoly , proche les Caïlles du fond de l'ile la Vache, originaire de Normandie , l’un des favans les plus difingués de la Colonie françoife de Saint- Domingue , par l’étendue de fes connoïflances & fon amour pour les lettres, s'étant échauffé confidérablement dans les montagnes qu'il habitoit & où il faifoit des obfervations d'Hifloire-Naturelle , ayant été expofé fubitement à une pluie froide trés-abondante , fat attaqué d’une maladie qui l’a conduit au tombeau, - EE TLTUR EE DE MM. ADET,D.M.P. ET HASSENFRATZ, AMD E L'ASIMEÉE TUE RTE NES Ne rrux En préfentant dans votre difcours fur le progrès des fciences un précis de la théorie des chimiftes modernes , votre intention a été fans doute qu'on püt la comparer avec celle de S/Aal. Mais pour qu'on für à portée de le faire, il ne falloit point, ce nous femble , omettre aucun des objets contenus dans le tableau que vous réduifiez en petit, & il falloit en outre les copier avec la plus févère exactitude. Tous ceux qui ne connof. tront la théorie moderne que d’après ce que vous en dites, ne pourront en avoir une idée jufle ; ils y verront des erreurs, au lieu de vérités, la croiront appuyée fur des hypothefes , plutôt que fur des faits, & la jugeront fans en être inftruits. Cer inconvénient ne peut manquer de nuire à la fcience fi on ne cherche les moyens d'y remédier; aufli nous n'avons point eu d'autre deflein en vous écrivant cette lettre, que de vous éclairer ainfi que ceux qui ont lu votre difcours, fur les erreurs qui vous 016 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, ont échappé, & de diffiper les nuages dont on veut envelopper une doctrine où tout paroît de la plus grande clarté. 1°. On n'admet, dites-vous, dans la nouvelle théorie, que deux terres élémentaires ; favoir l’aroile, € La terre vurifiable; mais aucun des chimiftes paeumarnites n'a rejetté les autres, puitqu'il n'exifte point d’ex- périence qui prouve que la chaux, la magnéfie & la terre pelante foient des modifications de l'argile ou de la rérre vitrifiable. 2°. Vous dites que fuivant les pneumatiites l'air pur eft le corps qui contient le plus de matière de la chaleur; mais aucune expérience directe pe l’a démontré, & vous devez favoir auf bien que nous, Monfieur, qu'on ne croit aujourd’hui que ce qui eft appuyé fur des faits. 3°. L'air pur, l'air inflammable, la moffete-ne font point, comme vous l’annoncez, des /ub/flances élémentaires pour les chimiftes modernes; ils ont toujours regardé ces Huides élaitiques comme des corps non décompofes. 4°. L'air nitreux, ajoutez-vous enfuite, eft regardé d'après l'expé- rience de M. Cavendifh comme un compofé de Jept parties d'air pur , € de trois parties d'air phlogifliqué. Ce rapport de fept à trois eft celui qui exifte entre l'air pur & la moffere dans l'acide nitreux, & non dans le gaz nitreux. s°. Le Joufre, Le phofphore, les métaux, ne font point rezardés dans la doétrine moderne comme des fubflances élémentaires, mais comme des fubflances non décompofées ; 11 en eft de même de La terre pefante que l’on n’a jamais rangée parmi les fubitances métalliques, puifque nous n'avons pas d'expériences qui nous mettent dans le cas de lui afligner une place parnii les métaux. 6. L'air vital dépouillé de fa chaleur ef? appelé principe oxygine ou acidifant , parce que le produit des différentes combuflions , ou des combinaifons de ce principe efl toujours un acide : aucun chimifte preumatifte n’a jamais dir que l'air vital en s’uniffant avec une fubitance donnoit toujours un acide ; l’acidification, fi nous pouvons nous fervir de ce terme, dépend & de la narure de la bafe avec laquelle fe combine Vair vital, & des proportions de ce principe. Nous ne vous offrirons pour preuve de cette aflertion , que la formation de l'eau & de l'acide marin déphlogifliqué. 7°. Lorfqu'on veut que le charbon foit étranger au fer & au zinc, nous croyons qu'on n’a pas tort. Nous avons retiré une grande quantité de charbon fous l’état de plombagine d’une diffolurion de zinc dans Vacide vitriolique , & nous aurons l'honneur de vous en envoyer une partie. 8°. Les huiles, dites-vous, contiennent fuivant les pneumatiftes, 0,85 de fubftance charbonneufe , & o,1$ de gaz inflammable. Nous vous obferverons qu'on n’a point encore déterminé les proportions de matière charbonneufe SUR L'HIST. NATUREILE ET LES ARTS. 217 charbonneufe, & de gaz inflammable dans toutes les huiles; le rapport de ces deux fubftances doit varier dans chaque efpèce d'huile. 9°. Le charbon, ajoutez-vous autre part, sis fous une clnche pleine d'air pur , & étant allumé brûle, air pur efl changé en air fixe, dit-on. C'eft M. Lavoifer qui a fait cette découverte; & cet illuftre chimifte n'avance que ce qui lui eft confirmé par l'expérience, & par l’obferva- tion; cout le monde feroit convaincu de cette vérité fi avant de s'élever contre les conféquences que M. Lavoifier a tirées de fes expériences, on les eût répétées avec Pexactitude qu'il a toujours apportée dans fes travaux (1). 10°, On doit conclure, dites-vous, enfuite dans cette hypothèfe que le charbon doit fe trouver par-tout où il.y a de l'air fixe. 1°. Dans les marbres , les pierres calcaires, &c. 2°. Dans les mines mineralifées par l'air fixe. 3°. Dans le fer ; l'acier, le zinc. 4°. Dans le minium, & le plus grand nombre des chaux métalliques. °. Dans les alkalis aérés. 6°. Dans les alkalis & chaux phlogifliqués. 7°. Dans toutes les fubflances animales & végétales. 8°. Dans la poitrine des gnimaux. Nous vous obferverons, 1°. que le charbon ne fe trouve point dans les pierres calcaires , libre de toutes combinaifons. Il y eft uni avec loxygine , & par conféquent fous l'état d’air fixe. Ainfi dans le tartre vitriolé , le foufre n'eft point uni à l’alkali fous l’état de foufre | mais fous V'étar d'acide vitriolique, qui et le réfultat de fa combinaifon avec J'air pur. 2°. Que dans le fer, l'acier, le zinc, la porrrine des animaux, le charbon fe préfente fans être combiné avec l'air vital; tandis que dans le minium, les chaux métalliques , les alkalis aérés , les alkalis & chaux phlogifliqués , il eft fous l'état d'air fixe. Vous pouvez donc voir, d’après cela, Monfieur, que la doctrine moderne n’admet point une fubflance inflammable dans tous les corps, où vous dites quelle ne peut s’empècher d’en reconnoître l'exiftence. Dans les marbres, par exemple, il n y a point de füubftance inflammable; en effet , on ne peut ranger l’air fixe parmi les fubftances combuftibles ; car tous les corps combuftibles font ceux qui ont une certaine tendance à fe combiner avec l'air pur : or, l'air fixe n'a point d’affinité avec l’oxygine, au moins aucune expérience ne l'a prouvé. Il en eft de mème de la bafe du gaz inflammable qui conftitue l'eau par fon union avec l'oxygine. L'eau ne peut point être le corps le plus inflammabie de la nature ; car Peau n'eft (x) MM. Adet & Haflenfratz travaillent fouvent dans le laboratoire de M. La- yoifier. Tome XXX, Part. I, 1787 MARS, Ee 218 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, point un fimple mêlange de gaz inflammable & d'air vital; elle eft e produit de la combinaifon des deux bafes de ces deux Auides élaftiques ; or, la bafe du gaz inflammable étant faturée d'air vital, doit former un compolé qui ne doit plus avoir d’affiniré avec ce dernier corps, comme nous voyons le foufre conftituanc l’acide vitriolique par fon union avec loxygine , ne plus avoir de tendance à fe combiner avec lui une fois qu'il en eft faturé. À Nous avons l'honneur d’être, &c. Paris, ce 21 Février 1787. LETTRE DE M DE LA MÉTHERIE, A M, ++ Monsieur: Les reproches que l’on me fait fur les prétendués erreurs qua me fons échappées dans l’expofé que j'ai fait de la nouvelle doëtrine, font com- muns à M. de Morveau comme à moi ; car fa Table fynoptique du même Cahier repréfente une partie de cette doctrine de la même manière que mon Difcours préliminaire, IL dit que La figure répétée avec les crochets exprime que la fubflancé qu'il repréfente dans le [yfléme eft réputée fimple, ou du moins un élément chimique jufqw'à préfent non décompofé. Tels font dans la quatrième hypothèle, le gaz inflammable, le foufre & les métaux. Sans me permettre de réflexion fur Z4 manière de la Lettre précédente que j'ai imprimée , parce qu’elle m'eft adreflée, j’obferverai que fi la doctrine qu’on foutient éroit de la plus grande clarté, pourquoi eft-elle rejetée jufqu'à ce moment préfqu'unanimement par toute l’Europe fa- vante ? &c. &c. &c. Lorfque les Prieftley , les Cavendish , les Schéele, les Bergman , &c. ont annoncé leurs fuperbes expériences, qui ont fi fort reculé les limites de la fcience, cetre même Europe n'a eu qu’une voix our en reconnoître la vérité, & les admirer. Qu'on' en produife de femblables, & aufli tôt j’embrafle la nouvelle do&rine. . .. Mais je dois à mes Leéteurs de leur indiquer les fources où j'ai puifé : c’eft ce que je! vais faire article par article, Objeion première, On n’admet, dites-vous , dans la nouvelle théorie que deux terres élémentaires ; favoir, l'argile & la terre vitrifable , &c, E. 2 PR ne SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. ar Réponfe. « Nous n'admettons donc que deux efpèces de terres pures, # tout aulli fimples & tout aufli élémentaires les unes que les autres, La » première éft celle qui conftitue le criftal de roche. . . . La feconde eft >» la terre argileufe : Nouvelle edition des Elémens de Chimie de M. de Fourcroy , tome 1 , page 231, ligne 23, & page 234. » Telles font les >» deux matières terreufes fimples. . . . qui ont toutes deux-le caradtère de » fubltances élémentaires; & page 304, fubftances falino-terreufes. Nous » défignons fous ce nom trois fubitances, qui ont été regardées jufqu’ici » comme des marières cerreufes, mais dont les caractères les rapprochent >» manifeltement des fels. ...Ces fubftances font la terre pefante , la » magnéfie & la chaux ». Objeétion 2. « Vous dires que fuivant les pneumariftes l’air pur eft [a » corps de la nature qui contient le plus de la matière de la chaleur ». Réponfe. C'eft la conféquence nécellaire de toutes les explications qu’on donne dans cette théorie, puifque la flamme qui fe dégage du foufre, du phofphore , des métaux dans leur combuition & de tous les corps combufñtibles, eft dire ne venir que de la matière du feu ou de la lumière contenue dans l'air pur qui eft abforbé, Suivant moi, au contraire, l'air inflammable contient infinimene plus de matière de la chaleur que l’air pur : c'eft pourquoi il eft le principe de toute combuftion ; car dans l’autre hypothèle, pourquoi la combinaifon de l'air pur & de l’air nitreux ne donne-t-elle pas de la Aamme? Objeion 3. « L'air pur, l'air inflammable , la moffete, ne font point, # corime vous l'annoncez, des fubftances élémentaires pour les Chimiftes » modernes. [ls ont toujours regardé ces fluides élaftiques comme des » corps non-décompofés ». d Objetion $. Le loufre, le phofphore, les métaux, ne font point regardés dans la doétrine moderne comme des fubftances élémentaires , mais comme des fubftances r07-deécompoées. Réponfe. « On voir que certe théorie (celle de Stalh) eft abfolument » l'inverfe de celle des modernes, puifqu'elle annonce que les métaux » font des êtres compofés , tandis que la doétrine pneumatique les confi- » dère comme des corps fimples ». (Elémens de Chimie de M. de Fourcroy, tome IT , page 483, ligne 6.). Ce mot fsmples oppofé à celui de compoés , ne laïfle pas de doute, ; Au refte, cetre diftinétion de /ubflances non-décompofées d’avec les fubftances f£mples ou élémentaires, auroit mérité d'être expliquée. Ne feroit-ce pas encore une diftinétion de convenance ? Car j'ai dit, page 44 du même Difcours, & je fuis en cela d'accord avec tous les Chimiftes, que par fubflances élémentaires j'entends des compojés ; que nulle expérience ne me paroit prouver ju/qu’ict fe décompofer : ainf fubffance éiérmentaire ou fi:bffance non-décompofée feroit la même chofe ; mais Jubfiance femple paroît dire quelque chofe de plus. * Tome XXX, Part. I, 1787. MARS, Ee 2 420 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, Quant à la terre pefante, je fais bien que quoique Cronfted l'ait appelée mæarmor metallicum on n’a pu encore en retirer de réoule ; mais Bergman a dit: Je la regarde comme une efpèce de métal ; & M, La- voifier : « La terre pefante eft vraiment une fubftanée métallique, comme >» Pa foupçonné Beroman, quoiqu’on r’ait encore pu la réduire à l’état de » régule ». ( Mémoires de l'Académie, année 1782, page 477.) Ainf je fuis donc d’accord à cet égard avec les plus célèbres Chimiftes. Il réfule de ceci qu'aux trente fubftances élémentaires que j'ai fait voir qu'admertoit la do@rine nouvelle, il en faut ajouter deux. Le total fera cinq terres élémentaires, trois efpèces d'air, dix-fept métaux, puis le feu, le foufre, le phofphore , le charbon , le principe muriatique, le principe fluorique , & le principe fédatif, en tout trente-deux fubftances /’mples, élémentaires ou non-décompo/ftes. Objeition 4. « Le rapport de 7 parties d'air pur & 3 parties d’air > phlogiftiqué , eft celui.qui exifte dans l'acide nitreux & non dans le gaz > nitreux », Réponfe. « L'air nitreux eft compofé de 20,7044 de moffete & de »43,4771 deprincipeoxygine. (Mémoire de M. Lavoifier dans les Mémoires » des Savans Etrangers , tome XI.) Or, 3 : 7, ou 30:70 :: 20: 46 à. Si je n'ai pas employé les décimales, c'eft pour abréger, & parce que la différence eft prefque nulle. Objeétion 6. Aucun Chimifte-pneumatifle n’a jamais dit que Fair vital en s’uniflant avec une fubftance, donnoit toujours un acide. * Réponfe. I faut ôter de ma phrafe le mot soujours. Cependant la bafe de l'air viral eft conftamment appelée oxygine ou principe acidifiant. Néanmoins je n’rygnore pas, & je l’ai dit aflez fouvent , que ce même oxygine uni à l'air inflammable conftitue l’eau dans ce fyflême. Ainfi ou l'eau fera confidérée comme un acide, ou le nom d’oxygine eft un nom impropre dans cette occafion qui eft cependant toujours employé, « La > bafe de Pair viral ou Poxygine unie à la bafe du gaz ir fammable, confti- » tue l’eau». ( Elémens de M. de Fourcroy, Difcours préliminaire, page 37 ) Îl faut donc donner un autre nom à la bafe de l'air pur; celui d'oxypine n'eft point aflez général. Objeëion 7. « Lorfqu’on veut que le charbon foit étranger au fer & au » Zinc,nous croyons qu’on n'a pas tort, Nous avons retiré une grande » quantité de charbon fous forme de plombagine d'une diflolution de #2inc dans l'acide vitriolique ». Réponfe. H n'y a plus qu'une petite difficulté, qui eft de prouver que la plombagine foir du charbon. Bergman qui a le premier retiré la plombagine du fer , difoit tout fimplement que c’éroit de la plombaoire. M. Prieftley qui le premier a parlé du charbon des métaux, ayant fait pafler de l'huile dans des canons de fer chauffé , n’a pas dit avoir obtenu SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS, 221 de la plombagine: qu’on plonge dans l'huile une barre de fer chauffée au rouge, on aura du charbon & non de la plombagine. Objeëion 8. Nous obferverons qu'on n’a pas encore déterminé les proportions de matière charbonneufe & de gaz inflammable dans toutes les huiles. Réponfe. Soit. Je me fuis fervi des proportions qu’on avoit fixées pour la compofition de la cire, & je n'en ai tiré aucune conféquence, Objeétion 9. L'air pur brûlant avec le charbon eft changé en air fixe. Réponfe. Depuis qu'on connoîe l'air fixe, on fait qu'il eft la caufe de l'afphixie produite par la vapeur du charbon en combuftion ; mais jai faie voir qu'il n’eft pas exaét de dire qu'il n’y a que de l'air fixe produit par la combuftion du charbon avec l'air pur. J’ai encore répété l'expérience à La manière de M. Lavoifier, (Mémoires de l'Académie, 1781, page 450) qui confifte à faire pafler du charbon dans une cloche pleine d’air pur tenue fur le mercure. Il enflamme ce charbon avec un quart de grain d'amadou & un atôme de phofphore , par le moyen d’une verge de fer chauffée. La com- buftion finie il a de l’eau , qui nage fur le mercure, & l’air reftant con- tient une grande quantité d'air fixe ou acide. Lavé dans l’alkali cauftique, le réfidu s’efl trouvé de l'air vital prefqu'auffi pur qu'au commencement lopération. Ce mot prefque indique qu'il n'etoit point aufli pur; is M. Lavoifier ne dit point à quel poinc il étoit vicié : c’elt ce que j'ai conftaté dans les expériences que j'ai rapportées. Mais je Les ai encore répétées en fuivant le procédé de M. Lavoifier, Une mefure de l'air reftant & trois mefures de bon air nitreux, m'ont donné 1,25 une fois, 1,22 une autre. Une mefure du même air pur que j’avois employé , & trois du méme air nitreux m'avoient dosné 0,25. Il y avoit donc une très-grande quantité d'air phloziftiqué dans le réfidu de la combuftion du charbon. L’air inflammable retiré par la diftillation du charbon pur ou du charbon trempé dans l’eau , & déronné avec l'air pur, m'a donné auili beaucoup d’air phlogiftiqué, puifque deux mefures de cet air inflam- mable & une d’air pur m'ont donné pour réfidu 0,80 , tandis que deux mefures d'air inflammable retiré du fer-& de l'acide vitriolique, m'one donné un réfidu 0,25. Je cite mes expériences, il ne s’agie que de les répéter. Ainfi, l'air fixe qui fe trouve dans l'air inflammable du fer, du zinc, &c. ayant forcé de reconnoître une fubitance étrangère dans ces métaux, favoir, du charbon , l'air phlogifliqué qui fe trouve dans l’air inflammable du charbon, forcera pareillement à reconnoître que le charbon contient d’aurre principe que celui qui ,uni à Pair pur , forme l'air fixe. Objeëion 10. « Nous oblerverons, 1°. que le charbon ne fe trouve > point dans les pierres calcaires libre de toute combinaifon : il eft uni à » l'oxygine. . .. e22 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, 2°, » Que dans Le fer, l'acier, le zinc, la poitrine des animaux, le s charbon fe préfente fans être combiné avec l'air vital», ... Réponfe. Jufqu'à ce qu’on nous fafle voir du charbon dans la poitrine des animaux , il fera permis d’en douter. Vous favez ce qu’en penfent tous les Savans étrangers, 2°, Si le charbon fe trouvoit dans le fer, l'acier & le zinc, lorfqu'on diflout ces métaux dans les acides, on obriendroit ce charbon qui y eft indifloluble, 3°. Les terres & pierres calcaires contiennent plus d'un tiers de leur poids d’air fixe ou air acide. La craie, fuivant M. Kirwan ,en contient O,40. Un quintal de craie contiendra donc 40 liv. d'air acide; mais cer acide lui-même contient 0,28 de charbon; donc 40 liv. de cer acide contien- dront 11 liv. 3 onc. de charbon. Ainfi un quintal de craie contient 1 1 liv. 3 onc. de charbon. Que ce charbon foit combiné avec l'air pur; cela ne l'empêche pas d’y être tout entier , de même que le foufre eft tout entier dans la pyrite, quoiqu'il y foit combiné avec le fer. Ainfi 1l eft vrai de dire dans ce fyftème que la craie contient beaucoup plus de principe inflammable , que le foufre n'en contient fuivant Srahi , qui n'admertoit dans le fouire qu'environ + de phlooiftique , tandis que dans la théorie nouvelle la craie contient > de charbon. On pourroit dans ce fyitêème retirer le charbon de la craie, ou de toute pierre ou terre calcazre. I ne s’agiroit que de fournir à l'air pur une fubftance avec laquell eût plus d'affinité, qu’il n'en a avec le charbon. On peut donc toujours dire avec vérité que la doctrine nouvelle reconnoît un principe inflammable dans un bien plus grand nombre de corps que celle de Stalh, 1°. Elle admer deux principes inflammables dans les fubftances animales & végétales, favoir, l'air inflammable aqueux & la fubftance charbonneufe. 2°. Elle eft obligée de reconnoître du charbon dans la plupart des fubftances métalliques, dans les chaux métal= liques, dans toutes les mines minéralifées par l'air fixe, dans les alkalis aérés, dans toutes les terres & pierres calcaires, &c. 3°. L’acide vitrio- lique dans ce fyflême eft le foufre-plus Pair pur. On peut donc dire que cet acide contient un principe inflammable, favoir, le foufre, Ainfi tous les corps qui contiennent de l'acide vitriolique contiennent donc encore du foufre ou un principe inflammable; rels font les plâtres , le fpath pefanr, la plupart desargiles, les aluns , &c. Il en fera de mème pour les fubflances qui contiennent de l'acide phofphorique, de l'acide arfenical , &c. En forte qu’on pourroit dire que dans ce fyfême il y a peu de corps qui ne contiennent un principe-inflammable, & même fi, comme le penfent MM. Achard & de Morveau , le quartz contient de Pair fixe, il n’y auroit peut-être point de corps en qui ne fe rerrouve un principe inflam- mable quelconque. Stahl, il eft vrai, n'admerroit qu’un feul principe inflammable qui pouvoit paffer dans les différens corps , au lieu que dans SUR L’'HIST: NATURELLE ET LES ARTS. 223 la doctrine nouvelle il y en a vingt-une efpèces ; favoir, l'air inflam- mable , le charbon , le foufre , le phofphore , & dix-fept fubftances mé. talliques, lefquelles vingr-une efpèces font regardées comme fimples, éléêmens , ou fubflances non-décompofees. À toutes ces hypothèfes qui bientôt nous rameneroient dans les fciences la confufion que les Defcartes, les Gaflendi, les Pafcal , les Newton, les Leibnitz, ont eu tant de peine à difliper, j'oppofe les faits fuivans. 1°. La chaux vive brûle, enflamme les corps, enfin laifle paroître du feu. Elle contient donc un principe quelconque très-adif, qui eft une modification du feu. Les anciens chimiftes &:Lemeri ont appelé ce principe feu; Meyer l'a défigné par acidum pingue, cauflicum , & moi je l'appelle matière de la chaleur, matière du feu combiné. Pour faire fentir la différence que j'érablis entre Ja matière du feu ordinaire , du feu libre, & la matière du feu combiné, ou matière de la chaleur, je fuppofe un lingot d’argent, un morceau de verre, & un morceau de marbre expofes féparément à un grand feu, en vaif- -feaux fermés avec l'appareil pneumato-chimique. Ces corps rougironr, & pafleront à l'état d'incandefcence. Je les rerire tous. Bientôt ils repren- dront la température du lieu où je les placerai, c’eft-à-dire, qu'ils ne conferveront plus qu’un degré de chaleur analogue à celui des corps environnans en raifon de leur chaleur fpécifique, & fuivant les tables le verre aura O,19 & la chaux O,21. Mais que j'expofe la chaux à une chaleur de 30, ou 40 , ou 80 degrés, ou bien à un froid de 10, ou $o deorés, elle conferve toujours fes propriétés d’être cauftique , brülante , &c qui font par conféquent indé- pendantes de fa chaleur fpécifique. Elle contient donc un principe différent du feu libre, qui avoit im- pregné l'argent & le verre comme elle, Ils ont perdu l’un & l’autre ce feu libre par le refroidiflement; mais la chaux a confervé un autre principe, qui lui eft adhérent & combiné, & qui paroît cependant toujôurs une modification du feu , puifqu'il brûle, enflamme, donne de la lumière , &c. J'ai cru ne pouvoir mieux nommer ce principe qu’en l'appelant #a- tière du feu combiné, ou matière de la chaleur, On peut fi on veut avoir un feul-nom , lui donner celui de cauflicon, &c. 2°. Les alkalis cauftiques contiennent le même principe , le cauf- ticon, puifqu'ils préfentent les mêmes phénomènesäque la chaux vive. 3°. On peut démontrer le même principe dans plufieurs chaux mé- talliques, & fans doute il fe retrouve dans coutes. La chaux d’arfenic eft très-cauftique, &c. 4°. Ce même principe fe retrouve encore dans les acides. 5°. L'air atmofphérique ne contient ordinairement pas d'air fixe ou 224 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, air acide: car en faifant paffer une très-grande quantité d’air atmofphé- rique dans l’eau de chaux, elle n’eft pas troublée, 6°. Cependant de la chaux vive expufée à l'air atmofphérique, con. tient bientot de l'air acide. Les alkalis cauftiques expofés à l'air atmofphérique, contiennent _bientôt de l'air acide, Les chaux métalliques , telles que le minium , expofées à l’air atmof- phérique, contiennent bientôt une plus grande quantité d’air acide. Une diflolution de vitriol de mars précipitéespar l'alkali cauftique , eft d'un verd plus ou moins foncé & conferve certe couleur, fi elle n’a point de contact avec l'air atmofphérique. Mais qu’on place le vafe- fous une cloche pleine d’air pur ou d'air atmofphérique, l'air fera ab- forbé , & le fer fera précipité en ocre qui contient beaucoup d’air acide : (nouvelle preuve que l'eau ne fe décompofe pas, puifque ce précipité de fer en verd eft crès-avide d’air pur, & cependant ne fe dénature point, n'elt pas changé en ocre dans l’eau. ) ô Corol. Donc ce fera le cauflicon ou la matière du feu combine dans la chaux, les alkalis cauftiques , les chaux métalliques, qui fe fera unie à l'air pour le changer en air acide ou air fixe. Les métaux changent aufli quelquefois l'air pur en air fixe. J'ai fait pafler dans un facon fur un bain de mercure fix mefures d’air pur qui faifoient environ quatre pouces cubes, & j'y ai introduit deux gros de limaille d'acier humectée d’eau diftillée. Au bout de cinq jours l'air a été abforbé prefqu’en totalité. J1 n’eft refté que =, qui étoit de l'air phlogiftiqué. La limaille étoic rouillée, c’eft-à-dire, chargée d’air fixe. J'ai fait pafler de la même limaille d’acier humeétée fous une cloche pleine de mercure , & repofant fur le bain de mercure. Il ne s’en eft point dégagé d’air ou prefque point. : On ne fauroit donc dire que l'air pur abforbé dans l'expérience pré- cédente a été changé en eau par l’air inflammable qui fe feroit dégagé de la limaille d'acier. La bafe de l'air inflammable ou du phlogiftique du fer feroit donc le le caufticon uni à quelqu’autre principe, qui lui ôteroit une partie de fa cauflicité, & elle n’auroit befoin pour devenir air inflammable que d’être uni à une nouvelle quantité d’eau. Ne feroit-ce pas à un défaut d’eau que le fer, le charbon, &c. qui ont éprouvé un grand degré de feu ne donnent plus d'air? & qu’ils en donnent de nouveau en leur rendanegde l’eau ? Nous favons que des corps très - volatils acquièrent une certaine fxité, lofqu'ils font combinés à des corps fixes. Ainfi l'huile effentielle dépouillée de fon efprit reéteur ne monte plus. Ainf l’eau combinée dans les alkalis , le tartre vitriolé, le rubis , &c. peut éprouver un très-grand degré de feu fans être volatilifée, Ces expériences ne prouvent donc point que ce foic l'eau qui fourniffe l'air inflammable, puifqu'an SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 25 puifqu'on a en même-tems de l'air phlogiftiqué qu’elle ne fauroit fournir, Mais l'eau produit relativement à cês airs l'effet que produit l’efprit redteur relativement à l'huile effentielle, Le cautticon fera différent de la chaleur fpécifique qui tient les airs à l'état aériforme ou de vapeurs. Il différera encore du phlosiftique ou air inflammable. Cet air n'eft peut-être que ce feu combiné uni à une petite portion d’air pur qui le neurralife, & à beaucoup d'eau. Les parties des corps réduits à l’état aériforme acquièrent du volume, puifqu’on doit les confidérer pour lors comme des véficules remplies de la matière de la chaleur. Les paffages qui leur étoient faciles auparavant , leur feront donc fermés. Ainf Pair pur à l’état aériforme ne peut plus pafler où il pafle lorfqu'il n’eft pas dans cet état: par exemple, dans les acides qui traverfent le papier & d'autres corps impénétrables à l'air. Aïnf dans la combuftion de Pair pur & de l'air inflammable la matière du feu. ou de la chaleur qui renoit ces corps à l’érat aériforme fe diflipant, ils ceffenc d'être à l’état de vapeurs, leurs parties font pour lors aflez tenues pour traverfer tous les vaifleaux , tandis que la grande quantité d’eau qu'ils tenoient en diflolution fe précipite, & il ne refte qu'une petite quantité d’air phlogiftiqué, &c. Donc ce cauflicon ou cette matière du feu combiné fe retrouvera pure, ou unie à quelqu’autre principe par-tout où l'air pur fera changé en air acide , 1°. dans la poitrine des animaux; 2°. dans la combuftion du charbon ; 3°. dans la combuftion de l'huile, &c. Donc on ne fera pas obligé d'admettre du charbon dans la craie, dans la poitrine des animaux , &c. Nous pouvons conclure, comme je l'ai dit (Effai fur l'Air pur, pag. 27 ), que cette matière du feu combiné eft le principe d’activité de tous les corps , puifqu'elle fe retrouve dans les chaux , dans les alkalis, dans les acides, &c. Or, tous les corps cauftiques tiennent leur énergie d'une de ces trois fubftances. & Donc le principe de la chaleur, ou matière du feu combiné, ou » (caufticon ) fera ce principe falin primitif ou univerfel, qu'avoient >» apperçu les anciens Chimiftes. . . Son énergie eft très-confidérable. . . » Ces notions s'accordent parfaitement avec celles qu’on a toujours eues > fur la nature du feu, qui a été regardé de tout tems comme l’agent >» univerfel , le moteur général ; ce qui lui a mérité un culte de la plupart » de$ nations. » ( Ibid. pag. 308.) u Ainfi on ne fera point obligé de regarder les principes des acides vitrio- lique, phofphorique , métalliques, muriatique, air fixe, &c, comme des fubftances fmples , élémentaires ou non-décompofées. Ces acides feront compofés du principe falin univerfel ou cauflicon ,ou matière du feu combiné, uni à l'air pur, &c. J'ai réduit en poudre de la plombasine d'Angleterre très-pure , & qui Ff Tome XXX, Part, I, 1787. MARS. 26 OBSERFATIONS SUR LA PHYSIQUE, n’écoit point fenfible à l’aimant. Humeétée comme la limaille d’acier, je l'ai introduite fous une cloche pleine d'air pur renue fur le mercure. Il n'y a pas eu d’abforprion fenfible : donc ce ne peut être la plombagine de l'acier qui a abforbé l'air dans les expériences ci-deflus, J'ai, je crois, prouvé , Monfieur , que M. de Morveau & moi avons expofe fidèlement la doctrine nouvelle d’après les propres paroles de fes adhérens, Il eût été facile d’accumuler plus de preuves; mais celles-ci fu ont au Le‘tur impartial , & c’eft pour lui que j'écris. Il s’'eft glifé une erreur bien plus réelle, page 41 , lign. 35 & fuivantes du même Difcours. J'ai die qu’en introduifant une mefure d'air pur dans l'eudiomètre , puis y faifant paîler lentement & fans agiter le tube trois mefures d'air nitreux, on avoir un réfidu de 0,80 au bout de plufieurs jours. Cela eft vrai ; mais il eft faux qu’en introduifant du nouvel air pur il n'y ait point d'abforption. Une mefure d'air pur introduire peut être réduite à 0,80. J'ai l'honneur d'être, &c. SE — RS NOUVELLES LITTÉRAIRES. 4 OY AGE en Syrie & en Epypte pour les années 1733, 1784 & 1785 ; par M. C, DE VoLney , 2 vol. in 8°. À Paris, chez Volland, Libraire, quai des Auguftins, & Defenne, Libraire , au Palais Royal. Si le bonheur eft le feul but que doit fe propofer l’homme raïfonnable; & fi le moyen d’y arriver eft de bien fe connoître , on peur dire que les voyages font dela plus grande utilité. L'homme eft un des animaux fux qui les circonftances locales produifent les plus profondes impreflions. Ce n’eft donc qu’en le voyant dans roures ces différentes fituations qu’on pots bien apprendre à le connoître. Tel eft l'avantage du voyageur. elle eft l'inftruction que le Naturalifte en retire pour Fhiftoire de l'homme. M. de Volney pénétré de ces grandes vérités a choifi pour le lieu de fes obfervations les contrées les plus propres à nourrir un efprit philofophe. La Phéicie, la Syrie, l'Egypte; certe pépinière de héros illuftres, ces contrées, fi riches, fi fertiles fous l'empire de la liberté , ne préfentenc plus aujourd bui que les refles déplorables d'un defpotifine deftruéteur , qd craignant toujours, ne cherche qu'à détruire pour aflouvir fa rage évorante ; des Sultans plongés continuellement dans une molle oifiveré , SURIL'HIST. NATURELLE ET LES ARTS, ‘217 ignorant que le bonheur eft attaché au travail, & croyant follemene calmer leur ennui par un luxe infenfé , abandounent leurs finances à des déprédareurs qui pour fe foutenir foudoyent toure une Cour corrompue , oppriment leurs concitoyens & les dépouillent de tout par des impôrs excefMifs, & mulripliés fous toutes fortes de formes. . . . Et n’efl-ce pas ainfi, dit l’Auteur , qu'ont été renverfés les plus grands Empires; & ne font-ce pas ençore les mêmes caufes qui préparent Îa chûte de ceux qui ont la Aie! de füuivre de pareils principes. Ces fameux Egyptiens qui poflédoient une fcience fi profonde, étoient , dit M. de Volney, des nègres , cette claffe d'hommes fi dégéné- rés aujourd’hui. Il le prouve par la figure du fphinx qui a entièrement la figure d’un nègre, & par un paflage très-pofitif d'Hérodore. Cette obfer- vation d'Hiftoire-Naturelle eft on ne peut plus précieufe. L’Auteur nous en préfente une foule d’autres toutes très-intéreffantes qu’il faut lire dans l'Ouvrage même. IL fait voir que les crues du Nil n'ont point varié comme on avoit cru s’en être apperçu; que le port d'Alexandrie fubffte toujours fous le nom de Vieux-port , tel qu'il étoit au moment de la fondation de cette ville célèbre. M. de Volney a enrichi fon Ouvrage de deux cartes très-exactes, l’une de l'Egypte & l’autre de la Syrie. Il ÿ a joint aufli une vue du temple du Soleil à Balbec, & une autre de Palmyre, toutes de la plus belle exécution, L'anriquité ni les rems préfens ne préfentent rien de femblable à certe fuperbe Palmyre. On voit un efpace de treize cens toifes rout occupé par des édifices plus beaux Les uns que les autres, ornés de milliers de colonnes en partie de granit. . . . Tout cela fut l'ouvrage d’un peuple libre & négociant, Aujourd’hui fous l’empire du defpotifme à peine trouve-t-on deux ou trois chetives cabanes parmi ces ruines qui en impofent encore à l'efprit étonné. . . . Lorfque les Philofophes voyageront, a dit l'illuftre Rouflèau, ils nous feront voir des hommes bien différens de ceux que nous préfentent les voyageurs ordinaires. Tel eft l'effet que produit le voyage de M. de Volney. Differtation fur la nature des Eaux de la Seine, avec quelques obfer- vations relatives aux propriétés phyfiques & économiques de l'eau en général ; par M. PARMENTIER, 1 vol. in-8°. Prix, 1 Liv. 10 J. broch. & 2 liv. franc de port par La pofle. À Paris, chez Buiflon, Libraire , hôtel de Meforigny , rue des Poitevins. M. Parmentier dirige toujours fes travaux fur les objets utiles à fes concitoyens. Ce favanr Chimifte fait voir dans cette Differcation que les eaux de la Seine, & en général celle des grandes rivières , font bien plus falutaires pour la-boiflon que celles dés petites rivières, des puits & des citernes. Tome XXX, Part. I, 1787. MARS. Ff 2 228. OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, Galerie Hyflorique Univerfelle ; par M. pe P ***. Prix, 3 Liv. 12 [. huitième livraifon. On foufcrit à Paris, chez Mérigor le jeune, Libraire, quai des Auguftins ; à Valenciennes [chez Giard, & chez les principaux Libraires des villes du Royaume & de PEurope. Cette livraifon traite de l’Ariofle, de Bayard, du Cardinal de Berulle , de Bouchardon, de Guflave I, d'Ifabelle-Claire Eugénie , de Rubens, de H. de Villeneuve, : Hifloire Litéraire de Genève ; par JEAN SENEBTER , Minifire du Sazrnt- Evanpile, & Bibliothécaire de la République de Genève, 3 vol. in-8°. À Genève , chez Barde, Manger & Compagnie, Imprimeurs- Libraires.’ Le favant Auteur de cet Ouvrage, en faifant connoître tous ceux de fes concitoyens qui ont cultivé les fciences , nous montre la place diflinguée qu'ils occupent dans la République des Lertres. Excurfion dans les Mines du Haut-Faucigny, & Defcription de deux nouvelles routes pour aller fur Le Buet & le Breven, avec une Norice fur le Jardin, 1 vol. in-8°. de 62 pages. À Lautanne , chez Jean- Pierre Heubach & Compagnie. Ce petit Ouvrage eft compofé de trois Lettres de M. Berrhoud Van- Berchem fils, à M. Wiltembach. LA Differtation fur un nouveau genre de plante propre à décorer nos parterres d'été & d'automne par la beauté de fes fleurs : Calonnea pulcherrima ; par M. Buc’Hoz. C'eft la même plante que M. Fougeroux de Bondaroï a Îe premier décrite dans ce Journal, juillet 1786, fous le nom de Gaillarda. Seconde partie du Faune françois, ou Traité hiflorique des Animaux de la France ; par M. Buc’Hoz, À Paris, chez l'Auteur, rue de la Harpe, N°. 109. Acta Academiæ Ele@oralis Moountiæ Scientiarum utilium, &c. Mémoires de l'Académie de Mayence , années 17846 1785. À Erfort, chez George-Adam Keyfer, un vol. 27-4°. Ce volume contient un grand nombre de Mémoires intéreffans, Lettre de M. WicemET, Médecin à Nancy, à M. MiiciN pe GRAND-MAISON, Aureur des Mélanges de Littérature Etrangère, fur la Flore japonoife dé M. THUMBERG. « On eft étonné, dir M. Willemer, de voir que M. Thumberg, malgré » les eñtraves continuelles que la méfiance des Japonois lui avoit impofées, SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 225 227 » & dans le feul efpace de feize mois , ait découvert & décrie plus de trois >» cens efpèces nouvelles de plantes, dont une partie l'a Gbligé d’érablir >» plus de vingt genres nouveaux. On fair que dans le fupplément que >» Linné fils donna en 1981, il y avoit plus de neuf censefpèces nouvelles, » communiquées par le feul M. Thumberg », Avvifrufici, c’eff-à-dire, Avis ruflique ; par M. le Ghevalier AVOGADRE DE CaAsANova. Cette Differtation traite de la culture & de l'amélioration des prairies, Effais de Chimie où l’on décide cette queflion : L’aikali minéral & l’alkali fixe différent-ils l’un de l’autre comme efpèces ou comme variétés? Par J. Jacques OsBurG. A Erfort, chez Keiler , 1786. L'Auteur conclut que ce ne font que des variétés, Delle Offa, &c. Mémoire fur l'origine des offemens d’éléphant & für les autres curiofités naturelles qui Je trouvent dans les montagnes de Wéronne ; par M. P Abbé Fortis. À Vicenfe , 1786 , 2n-8°. Enumeratio Lichenum, &c. c'eff-à-dire: Enumération des Lichens , enrichie de defcriptions & de figures ; par GEORGE - FRANÇOIS HOoFFMAN, Fafcicule troifième. A Erlangue, chez Walther, & à Strafboure , chez Amand Koerig, 1786, 2n-4°. M. Hoffmann donne annuellement une fafcicule de lichens. Sagoïide, &c. Effais d'obfervations minéralogiques ; par le Père SciproN BREISsTAK , des Ecoles Pies, À Rome, 1786 , in-8°, Jacozgr Drckson, Fafciculus Plantarum cryptogamicarum Britan- niæ: Fa/cicule de Plantes cryptogames de la Grande-Bretagne; par M. J. Dickson. À Londres, 178$, grand 2n-4°. Cet Ouvrage eft excellent; il eft enrichi de trois Planches, où font le) 2 repréfentées des efpèces ou tout-à-fait nouvelles, ou dont on r’avoit jufqu'ici aucune bonne figure. D. GEorGir RuDnorPxr BOEHMERrT, &c. Commentatio Phyfico-Botanica de Plantarum femine , &c. c'efl-à dire : Mémoires Phyfico-Botaniques fur les femences des Plantes ; publiés aupara- vant par parties , fous le titre de Spermatologie, raffemblés , édités & augmentés : l’on y a ajoure une Differtarion fur Le tiffu cellulaire des végétaux ; par M, GEORGE-RUDOLPHE BOEHMER, ancien de 2:50 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, l'Univerfité de W'itemberg. À Strafbourg , chez Amand Koenig ; à Victemberg, chez Zimmermann , 1785 , perit n-8°.de 458 pages. Cetre Spermatologie végétale mérite l'accueil des Botaniftes & des Cultivateurs. Elle préfence des vues phyfiologiques fur les femences, qu'il ne feroit pas pofhble de rencontrer ailleurs. M. Prozet, Intendant du Jardin d'Orléans, a donné un moyen pout faire lever des femences exoriques très-compactes, & qui n’avoient pes fevé malgré de longues macérations. Il confifte à incifer avec un canif l'écorce de la femence vers le germe, & la mettre en terre. - Abrègé d’'Hifloire-Naturelle pour l'inflruéfion de la Jeuneffe, imiré de l Allemand de M. RSFF, Profejfeur d’Hifloire & de Géographie à Gottingue ; par M. PERRAULT , féconde partie, avec figures. À Strafbourg , chez Amand Koenig; & à Paris, chez Barrois jeune, 1786 , in-8°. de 592 pages. Cette feconde & dernière partie offre le refte de la Zoologie & des notices minéralogiques. M. de la Peyroufe nous marque que le Jardin de Botanique de Touloufe eft à l'Académie de cette ville; qu'elle lui en a confié le foin, à la vérité, mais que c’eft M. du Bernard qui en eft le Profefleur. « Il eft » vrai, Monleur, ajoute-t-il, que j’ai fait une belle & nombreufe col- » lection de plantes des Pyrénées; je fais peindre, avec foin , celles qui » me font particulières, ou dont il n’exifte pas de bonnes figures dans les » Auteurs même les plus modernes, Je fuis trop éloigné du centre des » arts, pour avoir entrepris de livrer en province les deflins à la gravure. » J'ignore encore quel fera leur fort ». Prix propofés par l'Académie Impériale des Sciences de Peterfbourg. L'Académie a remis au mois de juillet 1788 la diftribution du prix fur la queftion fuivante qu’elle avoit propofée en 1786. La force du cœur ne pouvant opérer la diflribution des fucs nourriciers dans beaucoup de parties du corps des animaux , telles que les ongles, Les poils, l'épiderme, les cornes , n'y ayant également dans les plantes aucune force que l'on puiffe comparer à celle du cœur pour la méme difiri- bution des fucs nourriciers ,on demande par quelle force cette diftri- bution des humeurs s'opère dans les plantes & dans les parties men- rionnées des animaux , & quelle ef? la nature de cette force ? Le Prix eft de cent ducats d’or. La même Académie a propofé pour 1787 le Prix fuivant à diftribuer en juillet 1787. Si quelque comète s’approchoit affez de la terre, pour que ces deux … SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 231 afîres puffene agir l'un fur l’autre, déterminer, 1°, quelles inégalités en réfulterorent dans le mouvement de la terre ; 2°. quels phénomènes en refulteroient fur l'Océan ; 3°. comment les deux aftres fe mouvroient enfuite ? Le Prix eft de cent ducats d'or. Les Mémoires doivent être écrits en rufle ou en latin ou en allemand ou en françois, avec les conditions ordinaires pour les concours, & adreflés à M. J. Albert Euler, Secrétaire de l'Académie. AfJemblée publique de l Académie Royale des Sciences, Arts & Belles- Lertres d'Orléans , du vendredi 12 janvier 1787. M. Marcandier, Directeur , a lu une Lettre par laquelle M. l’Intendane annonçoit à la Compagnie l'obtention de Lettres-Patentes du Roi, portant érection de /a Société de Phyfique d'Orléans , en Académie Royale des Sciences , Arts & Belles-Lerrres. Cerre lecture a été fuivie de celle des Lettres-Patentes, données à Fontainebleau au mois d'octobre 1786, & enregiftrées au Parlement le 20 décembre füuivant. Le Secrétaire perpétuel a lu enfüite le précis des travaux de la Compagnie, pendant les deux derniers femeftres. M. Prozet , Intendant du Jardin des Plantes , a lu un Mémoire fur Za 4 formauion des Montagnes & des couches aëuelles de la Terre. M. l'Abbé Pataud a Ju, pour M. l'Abbé de Talfy, la première partie d'un Mémoire fur l'éducation des Vers-à-foie en plein air. L'Académie a propofé pour fujer du Prix de 400 liv. qu’elle difribuera après la Saint-Martin de l’année 1787, les quellions fuivantes : 1°. À quelle caufe doit-on attribuer le mauvais got que Les tonneaux font quelquefois contraëter au vin , & qui eft généralement connu fous le nom de goût de für ? 2°. Le bois ne fubit-il l’altération qui occafionne ce goût ,qu'après avoir été coupé , où la sève en étoit-elle affeëtée lorfqu’il étoit fur pied ? 3°. À quels fignes peut-on reconnoitre les bois dont les f[ucs ont fouffers cette altération ? . 4°. Quels font les moyens de corriger ou de faire perdre au vin le goûe efagréable que le füt lui a communiqué ? Pour le Prix de 400 liv. qui fera décerné à la même époque de l’année 1788 , l’Académie demande : Quel a été état des Arts & du Commerce dans l'Orléanois , depuis les premiers tems de la Monarchie", jufqu’à Henri IV? Quelles ont été Les caufes de leurs progrès, ou de leur décadence depuis cette époque Juiqu'à nos jours, & quels féroient les moyens de les porter au degré d’étendue & de perfe“tion dont ils font fufceptibles ? Un fecond Prix fera également diftribué dans la même année 1788, pie D 32 OBSER FATIONS SUR LA PHYSIQUE; à l’Auteur qui si gene à déterminer par des expériences précifes & direëtes + : .1°. 52 l'Eau efl une fubflance compofte, ou fe elle efl üne matière fimple CH) ecreuare) ? . Si celle que l'on oblient ) par la combuflion du gaz inflammable avec cc l'air vital ; efl produïté dans l'aile même de cette combuflion , ou fi elle n'en efl que pu éragée : c’efl-à-dire , ft réellement elle provient de la combinaifon de l'air vital ou de [a,bafe avec l'air inflammable ; ; ou fè cet air vital, & tous les fluides élafliques ne font pas eux-mêmes une modifecation de l'eau, de DS} combinaifon avec la matière du feu, de la lumière ou de 7 chaleur? bArddémie voulant offrir aux Concurrens un Prix proportionné à l'importance de cette queftion , elle ajoutéta 400 liv. à pareille fomme, provenant de celui qu’elle n’a pas décerné cette année. Ainf , ce fecond Prix fera de 800 liv. Les conditions ordinaires pour les Concours, La Société Royale de Médecine a tenu le 27 février 1787 [a Séance publique au Louvre dans l’ordre fuivant, Le Secrétaire a dit : La Société Royale de Médecine avoit propofé dans fa Séance publique du 30 août 1785 , pour fujet d’un Prix de valeur de 600 liv. fondé par le Roi, la queftion fuivante : Déterminer dans quelles efpèces ,& dans quels tems des maladies chroniques , la fièvre peur étre utile ou dangereufe, & avec quelles précautions on doit l'exciter ou la modérer dans leur traitement. Ce fujer a été traité par un grand nombre de Concurrens. Trois Mémoires ont fur-tout fixé l'attention de la Compagnie, qui leur a diftribué des Prix dans l’ordre fuivant : Elle a adjugé le premier Prix, confiftant en une médaille d’or de la valeur de 300 liv. à M. Pujol, Docteur en Médecine , à Caftres. Le fecond Prix, confiftant en une médaille d'or de la valeur de 150 liv. a été décerné à M. Dumas, Docteur en Médecine, à Lyon. Le Mémoire latin envoyé avec l'épigraphe fuivante : À duplici errore cavere oportec : neque vires naturæ fpernere ; neque nimis relipiosé colere : Greg. in confpect. Med. a paru devoir mériter à fon Auteur le troifième Prix ; mais à l’ouverture du cachet, la Société a trouvé que deux Med. s’étoient réunis pour la rédaction de ces recherches; certe circonftance : imprévue a donné lieu à une délibération d’après laquelle nous offrons à chacun d'eux, une médaille d’or de la valeur de 100 liv. Les deux Auteurs de ce Mémoire, font MM. Van-Leeuwen & Van-Der- Fer, Docteurs en Médecine, à Amfterdam.. AJ L’Acceffit 4 SUR L'HIST, NATURELLE ET LES ARTS. 233 L’Acceffic a été partagé entre M. Mezler , Docteur en Médecine, à Gengenbach, près de Strefbourg , & M. Moublet-Gras, Docteur en Médecine , à Larafcon en Provence. La Société avoit annoncé qu’elle diftribueroit dans cette Séance des Prix aux Auteurs des meilleurs Mémoires fur là Topographie médicale des différens cantons & Provinces ; parmi ceux qu'elle a reçus, elle en a diflingué fix, aux Auteurs-defquels elle a décerné des Prix de la valeur d'un jeton d’or, dans l’ordre fuivant : 1°. À M. Garnier, Docteur en Médecine, à Neuf-Chäâteau en Lorraine. 2°. À M. Ycard, Docteur en Médecine, à Bagnols en Gévaudan, 3°. À M. Gerard, Doéteur en Médecine, à Cotignac en Provence, &. À M. Daquin, Docteur en Médecine, à Chambery. L 5°. À M. le Chevalier de la Coudraye, réfident aux Sables d'Olonne. 6°. A M. Tudefc, Docteur en Médeciné , à Cette. La Sociéré continuera de diftribuer des Prix aux Auteurs des meilleurs Mémoires qui lui feront envoyés fur la Topographie médicale. Parmi les Mémoires de Médecine-pratique adreflés depuis la dernière Séance publique, la Société Royale en a diftingué deux , dont elle a arrêté qu'il feroic fait aujourd'hui une mention honorable, Ces Mémoires font, l'un , de M. Rebiere, Maître en Chiruroie, à Brive en bas-Limoufin , fur la Rage, avec un journal du trairement fait à dix-fept perfonnes mordues par un loup enragé ; l’autre , de M. Pujol , Doéteur en Médecine, à Caftres, furune fièvre puerpérale, fuivie d’un épanchement laiteux dans l'épiploon, & d’un dépôt rerminé par une fiftule au nombril. _ La Sociéré informée que plufieurs Médecins ont fait, fur les maladies nerveufes, & en particulier, fur l’hyftéricifme & lhypocondriacifme , qui ont été le fujec d'un de fes Prix, des recherches très-érendues, & qui n’ont point été achevées aflez-tôc pour être envoyées au Concours, elle Les invite à les lui faire parvenir, elle leur donnera, fi elle en eft fatisfaire, des marques publiques de fon eftime. La Société propofe, 1°. pour fujet d’un Prix de la valeur de 6a0 livres fondé par le Roï, la queftion füuivante : Déterminer, 1°. S'il exifle des maladies vraiment héréditaires, & quelles elles font ? 2°. S'il efl au pouvoir de la médecine d'en em- pécher le développement, ou de les guérir aprés gw’elles Je font déclarées ? Ce Prix fera diftribué dans la Séance publique de la Fête de Saint- Louis 1788; les Mémoires feront remis avant le premier Mai de cette année; ce terme eft de rigueur. 2°. Pour fujet d’un fecond Prix de la valeur de 609 livres, dû à Ja bienfaifance d’une perfonne qui n’a pas voulu fe faire connoître, la quef- tion fuivante : Déterminer par lobfervation quelles font les maladies qui réfultent des émanations des eaux flagnantes & des pays marécageux , [oit pour Tome XXX , Part. I, 1787. MARS, Gg © 12 234 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, ceux qui habitent dans les environs , foit pour ceux qui travaillent à leur defféchement, & quels font les moyens de les prévenir & d'y remédier ? Ce Prix fera diftribué dans la Séance publique du Carème de 1789. Les Mémoires feront envoyés avant le premier Janvier de cette année; ce terme eft de rigueur. Les Mémoires qui concourront à ces Prix, feront adreffes francs de port à M. Vicq-d’Azyr, Secrétaire perpétuel de la Société Royale de Médecine , rue des Perirs-Auguftins, N°.2, avec des Billers cachetés, contenant le 10m de l’ Auteur & la méme épigraphe que le Mémoire. Ordre des le&lures qui ont été faites dans la Séance publique de la Société Royale de Médecine, du 27 février 1787. Après la diftribution & l'annonce des prix par le Secrétaire, M. CROCHET a lu une notice des eflais faits d’après les ordres du Gouvernement à Moufleaux, fur l'allaitement artificiel des enfans nou- veaux nés, par les Commiflaires de la Société Royale de Médecine. M. Vice-D'Azye a lu l'éloge de M. Serrat, premier Médecin du Roi de Naples, ancien Secrétaire perpétuel de l’Académie des Sciences de la même Ville & Aflocié étrange de la Sociéré, * M. D:sPERRIERES a lu un Mémoire fur les caufes des maladies des gens de mer, M. DE LA GUERENNE a lu un Mémoire fur Les effets de l’opium en général, & fur fes propriétés dans le traitement des fièvres intermircenres, La Séance a été terminée par la lecture que M. Vic@-D'Azyr a faite de l'Eloge de M. Schéele , Membre de l'Académie de Stockolm , Affocié Etranger de la Société, Réglement pour l'Adminifiration de la Correfpondance générale & gratuite pour les Sciences & les Arts. L'Agent-Général de Correfpondance pour les Sciences & les Arts. Nous annonçâmes, l’année paflée, dans le préambule du Réglement {1} que nous propülions, & qui a été rendu public, qu'on ne pouvoit, fans témérité, offrir dès-lors un Corps de Statuts, tel qu'il für la bafe per- manente de la Correfpondance, & qu'un tel Ouvrage devoir être le réfulrat de plufieurs années d’expérience, Les changemens furvenus de- puis dans l’Admi: iflration , & donc on a rendu compte (2), en juiti- fiant cette opinion, nous ont de plus en plus impofé l'obligation de (1) Voyez ce Réglement à la tête des Feuilles de la Correfpondance pour cette année, (2) Voyez les mêmes Feuilles, Supplément , N°, XIV , Nos, XVI & XVII, & Supplément, N°, XIX, SUR L'HIST. NATURELLE ETLES ARTS., 353$ faire tenir tous ies Réglemens au développement fucceffif de chacune des parties de l’établiflement. Les relations que nous avons étendues, en dernier lieu, dans le Pays Etranger, n’ont fait qu’accroître l'intérêc que le public a pris à nos foins; mais, à la fatisfaction que ces fuccès nous ont caufée , s’eft joint le defir d'être afluré de l’activité de toutes les parties de l'établiffemenc; aufli n'avons-nous rien épargné pour nous livrer entièrement à ce qui nous eft commandé par notre cœur à cet effet... Malgré la multitude d'obfta- cles auxquels on doit s'attendre, dans une grande carrière , nous ofons efpérer que toutes les Nations en général, & toutes les claffes d'hommes en particulier, à mefure qu'il leur parviendra des notions exaétes fur les avantages de cet établiflement , encourageront nos efforts, fe les ren- dront utiles, & confolideront ainfi elles-mêmes, pour les générations futures, le lien le plus für de la Société, a réciprocité des bons offices. Les Statuts fuivans nous paroiffent propres à préparer la perfection de cet important Ouvrage; ils feront aufh les garans des engagemens que nous avons pris avec des coopérateurs en tout genre. ARTICLE PREMIER. Nous entretiendrons, dans tous les Pays, toutes les relations & cor- refpondances utiles à la communication & au progrès des connoiffances, ainfi qu'à l'encouragement des gens à talens. Toutes lettres & demandes nous feront adreflées, franches de port , à l'Hôtel Villayer, rue Saint- André-des- Ares, à Paris. IL On y recevra en tout tems, pour y être {atisfait gratuitement, & le plus promptément poffible , ainfi qu'il va être dit, les demandes des perfonnes de tous les Pays, foit en voyage, foit dans les lieux de leur réfidence , qui ne font pas exclues par l'art. XII du préfent Réglement ; lefquelles demandes feroient relatives aux Sciences & aux Arts, en tant qu'applicables aux befoins de la vie, ou aux bons offices qui font felon l'efprit de l'Etabliffement, TITI On continuera de publier , le Mercredi de chaque femaine, la Feuille intitulée : Nouvelles de la République des Lettres & des Arts ; elle fera, comme par le paflé, de huit pages 2r-4°. contiendra la notice des objérs intéreffans qu’aura fournis la Correfpondance, Cette notice, autant qu’il fe pourra, aura été préalablement mife fous les yeux des Comités d’Aflociation ou des Aflociés des lieux qu’elle concernera & dont il fera pe ci-après, & elle aura été également lue au Comité d’Affociation de Paris. Tome XXX , Part, 1, 1787. MARS, Getz 236 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, ; I V. Le Salon de la Correfpondance fera ouvert gratuitement, à Paris, tous les Jeudis, &, en cas de Fête, le Vendredi , excepté pendant les vacances de Pâques & d’automne, pour fervir de point de réunion aux Savans, Artiftes, & Amateurs nationaux & étrangers, & pour faire con- noître les Livres, les morceaux de Peinture, Sculpture, Gravure, Ar- chiredture, Deflin, Mécanique, Manufature, Hiftoire Naturelle, objets de Phyfque, & autres quelconques , anciens & modernes , capables d’exciter la curiofiré ou l’émulation, lefquels nous feront remis, à cet effet, foit par.les Auteurs, foit par les Propriétaires, Les Muficiens ; tant Maîtres, qu'Elèves, pourront s’y faire entendre, \V. Il fera publié, chaque femaine, un Supplément de la Feuille , & de même format, en quatre pages, qui contiendra, avec une notice, le jugement du Public fur les objets expofés au Salon , fur les expériences qui y auront été faites, & fur les talens des Muficiens. Ce Supplément fervira de catalogue pour l'Affemblée fuivante, ViI. Ceux qui contribueront d’une fomme de 96 livres par an, pendant trois ans, feront aflociés, pendant le même rems, à l’Etablifflement , fous la dénomination d”Affociés-Proteéteurs; ceux qui contribueront d'une fomme de 48 liv. par an, pendant le même tems, le feront fous le titré d'Affociés-Ordinaires. Le nombre ên fera déterminé, dans chaque pays, ou par nous, ou par les Comités d'Affociation; & la lifte en fera publiée tous les ans, fans diftinétion de rang ni de ces deux clafles, VII. Lefdits Affociés recevront, chaque femaine un exemplaire des Feuilles. Ils pourront faire jouir de tous les avantages de l’Etabliffement dont elles feront fufcepribles, les perfonnes des lieux de leur réfidence qu'ils en cioiront dignes. Ils participeront feuls , abfens ou préfens, & fans aucune nouvelle contribution de leur part, à la divifion des objers achetés, qui aura lieu à la fin de chaque année, de la manière dent il * va être parlé : les Affociés-Prorectéurs, à raifon de trois billets; les Aflociés-Ordinaires, à raifon d’un feul. VAT Lorfque , dans un lieu, le nombre des Aflociés fera porté à fix & plus, il s'en formera un Buxeau, fous le titre de Comité d’Affociarion à la Correfpondance générale & gratuite pour les Sciences & les Arts. r SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 237 1HE. € Chaque Comité d’Affociation ayant des Affemblées réglées, chaque Aflocié y portera les demandes qu'il aura à faire, foic pour le bien de ME : . "n » . . n fon Pays en général, foit pour lui-même, ainfi que celles qui lui auroient été adreflées par ceux de fes concitoyens non Affociés, Ces demandes ayant été examinées & approuvées, feront infcrites dans un regiftre, pour nous être enfuite envoyées. X. Les Comités, dans chaque lieu , ou s’il n’y en avoit pas, les Affociés ; pe feront point tenus à nous faire pafler les demandes des particuliers ; ils muniront feulement ces demandes de leur attache & recommandation : en adreflant nos réponfes à ces particuliers, nous n’en enverrons pas les doubles aux fimples Aflociés , mais feulement aux Comités qui en tien- . dront repgiltre. X I. Tous les Affociés en voyage, auront le droit d’aflifter aux Affemblées des Comités des lieux qu'ils vifiteronr. Nulle autre perfonne ne pourra y être admife, à moins qu’elle n’y ait été invitée, relativement à fes titres dans les Sciences & dans les Arts, ou par lefdits Comités, ou par nous, de l'avis defdits Comités, 2 XMTOT: Toute perfonne qui n’aura pas un des titres d’Affocié à l’Etablifflement; ou qui ne fe fera pas fait connoître à nous , ne pourra jouir des avantages de l'Etabliffement énoncés dans l’article premier du préfent Réglement, qu'autañt qu'elle fera recommandée par lefdits Comités ou lefdits Aflociés. XSTTUT A compter du premier Janvier prochain, toutes les demandes qui nous auront été adreflées, feront ip{crites fucceffivement dans un resiftre en forme de Journal; & à mefure qu'il aura été pourvu à fatisfaire à leur objet, il y en fera fait mention. Celles qui auront befoin d'un-con- cours de lumières , feront, felon leur objet, rendues publiques dans les Feuilles, & mifes fous les yeux du Comité de Paris, & enfuite de tel autre Comité. qu'il appartiendra, & les réponfes en feront enfüuite épa- lement publiées. Celles qui auront befoin d’un concours de bons offices, tels que médiation , prorection, &c. ne-feront communiquées aux Co mités qu'autant que les perfonnes qui les auront faites, l’auront bien voulu , ou que nous le croirons néceffaire ; on ne leur donnera pas use plus grande publicité. 233 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, X I V. Afin de faciliter la formation de ces Comités d’Aflociation, & d’en réfenter un modèle, nous offrons, pour chaque Lundi, à compter du 11 Décembre prochain, depuis cinq heures après midi jufqu'à neuf, les fales deftinées à L’expofition ordinaire, & nous ferons tous les frais de ces Affemblées; en cas de Fête le Lundi, elles (eront remifes au Mardi. X V. Le produit des Affociations, & celui de la Soufcription pour la Feuille, feront réunis en mafle , pour être appliqués fucceflivement : 1°. aux frais & charges de l'Etabliffement : 2°, à l'éducation des fujets qui annonce- roient des difpofitions pour les Lettres & les Arts: 3°. à la bienfaifance envers les gens à talens, qui auroient befoin de fecours, jufqu'au momene où on leur procurera de l'occupation : 4°. enfin, à l'acquifition , au profit de l'Etabliffement, des productions les plus intéreflantes des Sciences & des Arts, dans tous les Pays , qui feroient mifes en vente, ou des objets expofés au Salon, lorfque les Auteurs ou les Propriétaires voudront fe prêter à ces vues. XVI Lefdits objets achetés, après avoir été déterminés par nous, d'après le jugement des Compagnies favantes, ou de l'avis des Comités ou des Aflociés, toujours felon les vues les plus propres à encourager les Au- teurs en tout genre, feront diftribués, à la fin de chaque année, entre les Affociés des deux claffes, par forme de loterie, en la manière dont il fera ftatué. XVIL Tous les trois mois, dans une Affemblée du Comité d’Affociation de Paris, convoquée par nous extraordinairement, & à laquelle auront droit d’aflifter tous les Aflociés qui fe trouveront dans cette Capitale, le Journal dont ila été queftion ci-deflus, fera mis fur le Bureau, ainfi que l'Etat de dépenfe & de recette; & après que l'un & l’autre auront secu la fanétion des perfonnes préfentes, il en fera fait un procès-verbal, qui fera adreflé à rous les Comités, ou-aux Aflociés. XNVATELLT Toute perfonne qui , s'étant conformée à ce Réglement, dans quel- que objet, n'auroit pas retiré, par une caufe quelconque, les avantages qui y fonc annoncés, pourra nous adrefler fes réclamations, & même les rendre publiques. SUR L’HIST. NATURELLE ET LES ARTS, 239 XI X. Il y aura deux Commiffaires Généraux ; l’un, pour la Correfpondance relative aux Sciences & aux Arts; l’autre, pour la Correfpondance relative 4 ah a . , , à l’Adminiftration, Ils nous fuppléeront , en cas d'abfence, X X. Il'y aura un Tréforier qui tiendra compte de la dépenfe & de fa re- cette, & gardera les fonds de l'Etabliflement , qu'il délivrera fur nos mandats. I] aura les droits d’Aflocié. . XXE, Le prix des Aflociations & de la Soufcription pour la Feuille fera reçu au Bureau de la Correfpondance , pour être verfé enfuite entté les mains du Tréforier (1). XXIe Les perfonnes qui voudront entrer dans l’une des deux Clafles d'Aflociés, s’adrefleront direétement à nous, à moins que dans la Pro- vince & le Pays étranger, elles ne préférent de fe propoler aux Comités d'Aflociation, ou aux Aflociés, s'il n'y a point de Comités. Fait à Paris, le 14 novembre 1786. Signé, LA BLANCHERIE, Par ordre de M. L'AGENT GÉNÉRAL. Signé, RENNEQUIN-SUALEM, (1) La Soufcription pour la Feuille eft de 24 liv, pour Paris , & 33 Liv. jufqu’aux frontières. Fautes à corriger dans le Cuhier d'oéfobre dernier. Page 142, lign. 7, mais la théorie du rouiflige eft entièrement inconnue , Zf. Ja théorie du rouiffage eft donc entièrement inconnue. net Page 146 , lign. 33 € 34 du point d'attache du lieu qui Purifloit , Zf. du point d'attache, du lien qui l’unifloit, ts à Page 251, Lign. 10 & 11, au mouvement fermentatif qui s’altére, Z/, au mou- “vement fermentatif qui altère. pdt # \ 240 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, &e: T' ABLE DEs ARTICLES CONTENUS DANS CE CAHIER. Eire ces & Obfervations fur Les Fermens & la Fermentation ; Juivies d'un procédé pour l'exciter fans le fecours de la levire , avec un Effai fur une nouvelle théorie de cette opération ; par M. Taomas HENRY, Membre de la Société Royale : lues le 20 avril 1786, à la Société Littéraire & Philo/ophique de Manchefler , page 161 Mémoire pour fervir à l'hifloire de La Marchant variable ; par M. Reynier, Membre de plufieurs Sociétés , 171 Second Mémoire fur les moyens de iperfeëlionner la Météorologie ; par JEAN SENEBIER , Brbliothécaire de La République de Genève, 177 Obfervations fur la durée de la vie de certains Infeétes ; par M. RisouD, Secrétaire perpétuel de la Société d'émulation de Bourges, des Académies de Dijon, Bordeaux, Lyon, Arras, &c. 185 Effai de l'application de la force centrifuge à l'afcenfion de l'eau ; par M. PAgorT DEs CHARMES, 192 Extrait des Obférvations de MT Abbé Maüy, fur Le Spath adamaniin : lues à l’Académie des Sciences , le famedi 17 février 1737, 193 Lettre de M. le Marquis DE Vicay , à M. DE LA METHFRIE, 19$ - Suite des Expériences de M. KIkWAN fur le Gaz hépatique ; traduites par Madame PiCARDET, 197 Notices concernant le Bœuf-marin, autrement nomme Bête à huic écailles, ou O@tovalve ; par M. le Chevalier LEFEBURE DES HAyEs, Académicien du Cercle des Philadelphes , Correfpondant du Cabinet du Roi, &c. 209 Lettre de MM. ADet, D. P. M. & HAssENFRATZ, à M, DE LA METHERIE, , 215 Lettre de M. DE LA MÉTHERIE, à M. *X*, Fc Nouvelles Litréraires , 226 AP PYRIONB A TMINOEN. Ja lu , par ordre de Monfeigneur le Garde des Sceaux , un Ouvrage qui a pour titre: Obfervarions fur La Phyfique, fur l'Hifloire Naturelle & fur les Arts, &c. par MM. Rozrer, MoNcez Lejeune & De a Meruerte , &c. La Colle&tion de faits importans qu’il offre périodiquement à fes Leteurs, mérite lattention des Sa. vans ; en conféquence , j’eflime qu’on peut en permettre l’impreflion. A Paris, ce 13 Mars 1787. À VALMONT DE BOMARE, 4 Planche Z. Æchelle de Mars 1 78. F7. 1 CR TT EATLERT LR RE La k Dee Re nm 22 2 RAR 2 ET OU ne nd me F D} —— A — — = l à l JOURNAL DE PHYSIQUE. l A 87. + Re; ea MÉMOIRE SUR QUELQUES INSECTES DE BARBARIE; N Par M. l'Abbé PoirET. P: NDANT le cours du voyage que je viens de faire en Barbarie , dans 4 la partie qui répond à l’ancienne Numidie, j'ai eu occafion d’obferver | & deuivre plufieurs infedes particuliers à ce climat. Je me bornerai dans ce Mémoire à citer quelques-uns de ceux dont je n’ai trouvé la defcriprion dans aucun Auteur, ou fur lefquels je crois avoir des obfe-vations nouvelles, SA Es. Ces infectes fi funeftes à nos moiïflons, forment en Les SAUTERELLESs. Ces infectes fi funeft à à Barbarie , vers la fin du printems, des nuées fi épaiffes dans les campagnes & les prairies ,que le voyageur eft fouvent incommodé par leur fuite tumulrueufe ; mais la végérarion eft fi abondanre dans ce pays, les rerres enfemencées fi peu mulripliées, que rarement l’on s’apperçoit des dégâts | de ce nombre prodigieux de fauterelles. Elles ont, outre cela , une foule d'ennemis auxquels elles fervent de nourriture, Quoique naturellement herbivores, elles fe livrent entr'elles des combats continuels , & les vainçues font toujours dévorées , au moins en partie , par les vidorieufes, Elles font encore la proie des ferpens, des lézards , des orenouilles, & de plufieurs oifeaux carnafliers. J'en ai trouvées dans l'eftomac de Paigle, de a chouette u hibou. Les Maures, peû délicats fur le choix eur la chouette & du hibou. Les M dél fur le choix de 1 x pourriture , ne font point difficulté d'en manger. Ils vont à la chafle des fauterelles , comme nous allons à la pêche des grenouilles. Ils les fone rire dans un peu d'huile & de beurre , & les vendent publiquement à frire d peu d'huile & deb S Seal dent publiq t unis, à Bonne, à Conftantine. L'on ne fera plus furpris, d'après cela Tunis, , P P , e voir un de nos Prophètes , Jean-Baptifte, fe borner à ce feul aliment de voi d Proph P , Q Hi & au miel fauvage dont le goût eft très-délicar. d 4 4 ES # La plus forte & la plus vorace de ces fauterelles eft Pefpèce fuivante : elle n’eft point connue, Je vais effayer d’en donner la deferiprion & les mœurs. J'ai fuivi pour les infeétes dont je me propofe de parler, la mérhode de Fabricius , & j’ai donné aux efpèces nouvelles le nom qui m'a paru le plus analogue à leur organifation. _ Tome XXX, Part, I, 1787. AVRIL, Hb 242 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, : Gryzius Numrpice s,thoracecarinata, alis minimis ,fquameis! caudä non armatä. (Vey. Planch. T, fig. 1,) à Certe faurereile, qui alles caractères des G;y/lus de Fabricius , eft une des plus groffes que je conroifle. Elle approche beaucoup du Gryllus Elephas figuré dans Roëlel, mais elle en différe par des caractères bien marques. L'elephus ra point d'aîles, il eft plus gros, plus ramaflé, Son corps eft héniilé en plufieurs endroits de pointes & de tubercules, Le Gryllus Numidicus n'eft pas auf gros, mais il eft beaucoup plus long. Il a le corps partairement lifle, d'un beau verd. A l'infertion des anneaux, de la têre, du corceler & des pattes , l’on remarque, quand il fe développe , des taches de feu d'un rouge vif; mais ces taches fonr peu vifbles quand Pinfeéte eft en repos & fans mouvement, [1 n’a que deux petites aîles très-courtes, ovales, écalleutes, placées fur chaque côté, comme deux petites écailles qui paroïflent fortir de deflous le Corceler, La femelle ne porte point de fabre à la queue; mais fon dernier anneau eft terminé par quatre dents en forme d'ergots. Les males ont le même attribut ; il eft aifé cependant de les diflinguer des femelles, celles - ci * étant prefque plus grofles du double. La larve de cet infecte paroïr vers la fin de feprembre. Elle eft d’une couleur terreufe , jaunâtre. C'eft par cette couleur & le défaut d’aîles, qu’elle differe de l’infeéte parfair. Elle eft encore facile à reconnoître par fon extrême foibleffe, & par fon épiderme , qui alors eft membraneux, & ne devient écailleux que lorfque l’infecte eft arrive à fon dernier degré de perfection. À mefure que cetre larve groflit, elle change de peau; fa couleur jaunâtre prend des teintes plus foncées, & fur le point d’achever fa dernière méramorphofe, ce qui arrive dans le courant d’avril ou de mai, elle verdit un peu, & le rudiment de fes aîles commence à paroître. Lorfque le froid eft vif, elle fe retire foir en terre, foit dans le fable où elle refte fans mouvement & fans appétit; mais dès que le tems fe radoucit , alors elle reparoîc dans les campagnes, s'atrache aux boutons des arbres & aux jeunes plantes qu'elle dévore avec avidité. J'ai déjà afigné la différence qu'il y avoit entre le mâle & la femelle, Celle-ci pond fes œufs dans le courant de juillet & d'août, Elle s'enfonce dans le fable perpendiculairement jufqu’au corceler , développe fes anneaux pour rendre fou corps plus effilé, & pénètre avec plus de faciliré dans ce fol mouvant, Elle a, dans cer état, près de fix pouces de long , donr quatre font tout-à-fait enterrés. Elle rend fes œufs en mafle fous la forme d’un paquet cylindrique, arqué, d'environ un pouce de long fur un demi-pouce de large, Ils font très-ferrés , collés enfemble par une plu noirârre, qui forme, avecle fable dont elle eft mélangée,un maftic très-renace. La femelle refle dans cette pofition pendant plus de huit jours, & expire enfin fur fa famille. Environ deux mois après, lorfque le fable échauffé par le foleil, a L. ” 4 un À ge te Re CR Fe SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 243 développé le germe des œufs, les jeunes larves paroïffent ; mais avant de forrir de leur retraite, elles attendent que leurs forces puifent fournir à leurs excurfions. Elles ont foin de choilir, pour leur première fortie, un téms doux & un beau foleil. D'après la manière dont cette fauterelle pond fes œufs, & le lieu où elle les dépofe, fon organifation ne doit plus étouner, Le fabre ou le long dard dont font pourvues les autres fauterelles femelles lui auroit été inutile pour s'enfoncer dans un fable mobile; mais fi fon corps étoit moins efülé, fi elle n’avoit point la faculté de développer fes anneaux , de les retrécir, & de former de fon corps une efpèce de pivot , elle ne pourroit dépofer fes œufs à une profondeur fufhlante pour les garantir des injures de Pair, & la chaleur qui doit les faire éclore , feroit bien moins con- centrée. L'on conçoit encore combien de longues aîles l'auroienc gènée dans fes opérations. Cette remarque m'a conduit à obferver beaucoup d’autres faurerelles d'une efpèce différente, & j'ai reconnu que leur organifation éroir prefque toujours relative à la manière dont elles pondoient leurs œufs. Il en eft dont les aîles fonc auffi longues que le corps, & dont le ventre elt terminé par un long dard. Celles-ci dépofent leurs œufs en terre un à un à plus ou moins de profondeur. Elles répandent deflus une liqueur gluante. A chaque œuf qu'elles pondent leur dard ,compofé de deux parties creufées intérieu- rement, s'entr'ouvre, & chaque œuf glifle le long de la future. D’autres ont les aîles de la longueur du corps, fouvent même plus longues. Elles font privées d’aiguillon. Les voilà donc forcées de dépofer leurs œufs fur la terre nue; ce qu’elles font en effer. Elles les rendent en mafle avec une glu abondante propre à les fixer & à les garantir des injures de läir. Les œufs enterrés produifent, en Barbarie , des larves dès la fin de l'automne, tandis que ceux qui reftent' expofés à l'air n'éclofenc qu’au printems. Une fuite d'obfervations de cetre nature pourroit conduire le Narura- lifte à des découvertes intérefflantes fur l’organifation & les divers inftru- mens des infe@tes. Des aîles courtes ou longues, des étuis durs ou mem- braneux , le défaut d'aiguillon ne fe:oient plus indfférens. Ces parties deviendroient le fondement d’une divilion d'autant plus naturelle qu'elle feroit appuyée fur les mœurs & les procédés de chaque individu , & l’on ne verroit plus , réunis dans un même genre, des infect:s qui d'ffcrenc effentiellement par leurs opérations. Ces idées exigeroient d’être mieux développées. Je me prôpofe de le faire en appliquant ces principes À quelques genres particuliers. Ces obfervarions pourroient encore devenir d’une très-grande utilité our le Cultivateur, & lui fournir, peut-être, ls moyen de décruire en partie ces infedes voraces. Si la rerre étoit remuée peu après le rems de leur pondaifon , fi elle l'éroir à une profondeur convenable , ‘la plupare Tome XXX, Part. I,1787. AVRIL. Hh 2 \ 244 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, de ces œufs expofés à l'air, à la pluie & au froid , ne pouvant plus recevoir la chaleur qui leur eft néceflaire pour éclore, périroient infailliblemenr, ou les jeunes larves cachées dans le fein de la rerre jufqu’à ce qu'elle fe couvre de verdure, & que l’armofphère foit échauffée par le {oleil du prinrems , forcées d'abandonner trop tôt leur retraité, fupporteroient difficilement la faim & le froid. Elles feroient encore dévorées par une foule d’autres animaux , que le défaut de nourriture, dans la mauvaife faifon , rend moins difficiles fur le choix. Je reviens à notreinfecte, dont j'ai trouvé une variété que je crois devoir appeler, GRYIIUS NUMIDICUS , cruentatus , toto corpore maculis Jangurners. cocperto. % Cecte variété eft couverte par-tout de grandes taches rouges , nuancées. On croiroit , au premier afpeét, que cer infecte eft enfanglanté & déchiré par les bleflures. IL n’a que les pattes & les antennes un peu vertes. Je me te fuis afluré, par des obfervations conftantes, que cette variété n’ap- partient pas au même individu, comme il arrive à plufieurs efpèces Y de fauterelles', dont les couleurs prennent, avec le tems, des veintes E > À D ; différentes. ï! SPHEX MAXILLOSA, nigra, abdomine petiolato violaceo, apice fulvo ; alis hyalnis fulvis, anterioribus apice violaceis , maxillis « arcuatis, acutis, longitudine & forma capitis ( Woy. planck. I, fie. 2.) ÿ Ce très-bel infecte, qui approche de la guêpe, éroit, quand je l'ai trouvé, enveloppé dans la toile d’une araignée dont je parlerai plus bas - M Peut-être avoit-il été imprudemment l’attaquer ; car l’on fait que cet dl infecte s'empare des araignées, ou de larves d’infeétes, qu'il les tue, & ‘ dépofe fes œufs dans leurs cadavres. Enfuite, avec fes deux pattes de #& derrière , il forme un trou en terre, y place l'infécte qui renferme fa 1 famille, & bouche l’ouverture avec foin. Ses petits un à un dans chaque À infecte, trouvent , en fortant de l'œuf, la nourriture qui leur convient. Ils À ne quitrent leur prifon que lorfqu'ils font infectes parfaits. Je n'ai pu . rencontrer ailleurs ce joli /phex. Il a des caractères fi particuliers que j'érois tenté d’en faire un genre nouveau, Cependant il fe rapproche des Jrhex de Fabricius, dont il ne differe que par la longueur de fes mächoires. Sa tête eft platte, femi-hémifphérique. De chaque côté partent deux fortes mâchoires en forme de pinces , longues , effilées, très-aigues, couvertes de plufieurs petits poils roufsätres. Sa bouche eft environnée de quatre barbillons. Ses antennes comme celles dés /phex. Son corceler a, fur la partie antérieure, deux grofles tubercules noires, La tête & le refte du corcelet font également noirs. Les aîles font fauves , l'extrémité des premières eft bleue. Le ventre a une très-jolie forme ovale. Il eft life, d’un bleu d’acier trempé, un peu tacheté de roux aux derniers anneaux, Les pattes font | SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 24 fauves, Cinq articulations aux tarfes ; à chaque articulation des poils roux en forme de broflerres. CULEX ARGENTEUS, dorfum fquamis argenteis exOornaluM ; pedibus fafciatis. Quoique cet infeéte ait été détruit dans ma colleétion , j'ai cru devoir en donner la defcription. C'eft le coufin le plus commun en Barbarie, Il eft de la groffeur du nôtre, mais fi richement paré, que je lui ai fouvent pardonné fes piquûres pour le plaifir de l'admirer. Tour fon corps, parti- culièrement le dos, eft couvert d'ecailles argentées, placées fur lui comme autant de paillettes orbiculaires & brillantes. Ses pates font ornées de bandes alternatives brunes & argentées, La fuite au mois prochain. LL SUITE DU SECOND MÉMOIRE DÉC MAS ENEBIER; SUR LES MOYENS DE PERFECTIONNER LA MÉTÉOROLOGTE, IV. Des Phénomènes atmofphériques ignés: Pour mêttre quelqu'ordre dans les recherches que je propofe {ur les phénomènes météorologiques , je tacherai de les claffer par les caractères particuliers que leur donne leur apparence extérieure, & j'adopterai la. divifion impropre qu'on en a faite en phénomènes zgnés, aqgueux & aériens, fans exclure cependant l'influence de l’eau fur les phénomènes ignés & aériens, ou celle qu’ils ont réciproquement entr'eux. L'EcLair & le TONNERRE fi redoutés des foibles , firemarqués par tous les hommes, fonr, je crois, les phénomènes météorologiques dont on a le mieux auguré la caufe ; l’analogie la plus rigoureufe trouvée entre le tonnerre & l’étincelle éleétrique par le célèbre M. Franklin ne permet - pas de douter que l'électricité ne foic la caufe du ronnerre ; mais certe découverte importante n'eft pas encore aufli utile à la Météorologie qu’elle # pourroit être. Il faudroit connoîrre encore tous les rapports du fluide électrique avec l’atmofphère où il nage, afin de faifir ceux qui déter- minent le tonnerre. Il tonne quelquefois lorfque le ciel eft.ferein , il tonne pour l'ordinaire quand des nuages épais couvrent le ciel. Il eft démontré que l'air fec n’eft 246 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, point un conduéteur de l'électricité; il eft donc clair que fi l'air étoit parfaitement fans mélange, il feroit fans électricité, Il faut donc que l'élericité qu'on trouve dans larmofphère y foic portée par les corps qui s’y mêlent, & fur-rout par les vapeurs aqueufes qui y montent; mais comme Les expériences de MM. Lavoifier, Volta & de Sauflure ont prouvé que les vapeurs aqueules & les émanations aériformes de quelques corps étoient au moins conduétrices de l’éle&ricité, il réfulte que ce font les vapeurs aqueules qui portent Pélectricité dans l'air, & que la qualité ifolante de l'air elt la caufe qu'elles y féjournent. Ces connoiffances précieules le deviendroient davantage fi l'on pouvoit découvrir l'état de l'atmofphère le plus propre pour fe charger & fe décharger de l'électricité; quelques expériences faites en petit par le moyen de l’élericité artificielle permertroient de foupçonner que la denfité, lélafticité, humidité & le poidgide l'air érant plus grands lorfque les autres circonftances fonc égales ; favorifent l’accumuiation du fluide électrique dans l’armofphère , parce qu'il y a une plus grande quantité de matière propre À s'en charger, & parce que les vapeurs aqueufes y montent avec plus de facilité; de même par les raifons contraires la diminution de la denfité de l'air, de fon élafticité & de fon poids, faciliteroit l’évafon du fluide électrique; mais pourquoi les nuages qui font l'eau vaporilée plus ou moins difloute , ne font-ils pas tous les magafins du tonnerre, quoique les nuages foient jufqu’à un cerrain point nécetlaires pour pro- duire ce phénomène ? Quels feront les nuages fulminans ? Leur propriété de fulminer eft-elle eflentielle à ces nuages, ou l’acquièrent-ils par l'état particulier de l'air où ils nagent, ou par le voifinage de quelque corps ? Si les nuages ont en eux-mêmes la faculté de fulminer, qu'eft ce qui peut la leur donner ? S'il tonne rarement en hiver, eft-ce parce que la chaleur influe en été fur l’air & le rend plus propre par la dilatation qu'il éprouve à perdre Pélectricité qu'il avoit acquife? ou bien fe fogme-t-il moins alors d'électri- cité, quoiqu'il fe forme au moins autant de vapeurs ? ou bien encore l'air condenfé par le froid, eft-il plus propre à conferver l’équilibre auquel tend ce Auide, qu'un air plus raréfié? Cependant l’obfervation journalière apprend que l'éle@ricité armofphérique pendant l'hiver eft au moins ésale à celle qu'on obferve en éré: cependant fi l'électricité eft égale, pourquoi y a-t-il fi peu d’explofion ? Seroir-ce donc parce que l'armofphère eft plus denfe, plus humide ? On fait au moins que la capacité des conducteurs dans les jarres armées rerarde l’explofion; mais enfin , elledevreit au moins avoir lieu une fois : qu’elt-ce donc qui l’arrête fi fouvent ? L'éleétricité fe décompoferoit-elle dans lair humide fans. inflammation ? J1 fera de même très-curieux de chercher les raifons pour lefquelles il tonne plus en certains lieux que dans d’aurres ; on verra que des caufes locales dérerminent peut-être l'accumulation de l'électricité dans l'air se os + mm “odlh : SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 249 comme fon humidité habituelle : ainfi, par exemple, la Louifiane qui eft un pays fort humide , eft la patrie des ronnerres, tandis qu'il tonne fort rarement en Arabie qui ft un pays trés-fec. il ronne fur-tout dens les pays chauds , lorfqu'on eft dans la faifon des pluies; à la Louifiane les tonnerres font annoncés par des Jralos. Après ces confidérarions générales qui follicitent l'attention des Phyfi- ciens , il y en a de plus particulières qu'il ne faut pas négliger. On ignore, par exemple, ce qui conftitue le coup de tonnerre; eft-1l purement l’effec de l'érincelle élerique tirée du nuage, ou bien fe combine-t-il alore quelqu’autre effet particulier +: Si l’on cherchoir, comme l'Abbé Spal- lanzani , à voir partir l'étincelle électrique au milieu d’un nuage orageux ; on parviendroit à découvrir ce fair. Cerre recherche eft néceflaire, puif= qu'on voit pendant l'été des fulgurations très-vives , trè -abondantes, fans explofions , & quelquefois fans nuages. Seroienr-elles produites dans des parties fort élevées de l’armofphère ? Sercient-elles les modèles des fulgu- rations qu'on obtient en failant pañler le fluide électrique dans un air très= raréfié ? + Je ne me bornerai point à ces obfervations , je voudrois qu’on examinât la matière éleétrique elle-même ; jamais on ne peut en avoir une aufli grande quantité à fa difpofition que dans les rems d'orage ; on ne peut douter que l'électricité ne foit décompofée après le tonnerre ; la flamme produite, l'odeur des étincelles , Fair pur changé alors en air fixe , l’élec- tromèrre qui ceffe pendant un inftant d’annoncer une forte électricité après l'éclair, tout cela fait préjuger qu’il y a eu de l’électricité détruite, & une partie de fes compofans combinée: ce qui me rappelle les foupçons que j'avois infinués dans le troifième volume de mes Mémoires Phyfco- chimiques , où j'avois repréfenté l’eleétricité comme le feu combiné ävec quelqu'autre corps, ayant moins d’affinité que le feu, mais ayant une union plus forte que la Aamme avec les corps qui la compofent, étant chargé de parties hérérogènes jointes au feu , plus nombreufes que la lumière, mais en ayant beaucoup moins que le phlooiftique; aufli toutes les fois qu'il y aura du feu dégagé avec du phlogiftique décompofé, il eft très-vraifemblable qu’on obtiendra de l'éleétricité, comme plufieurs expériences le laiflent entre- voir. Mais comment arrive-t-il que l'éleétromètre décharge quand Péclair a paru indiquer encore fubitement après, une électricité auf confidérable qu'avant la décharge précédente ? Où éroir cerre électricité qui reparoîr,, fi elle avoir toujours exifté, l’éle&romètre l'auroit toujours indiquée ; elle fe feroit embrafée avec l’autre. Seroit-elle dégagée fubitemenr par les vapeurs qui fe réfolvent en eau? Seroit-elle le produit inffantané de quelque combinaifon particulière du feu avec le phlogiftique ? ou bien y trouveroit-on un fluide exiftant toujours dans la méme quantité , mais dont l'équilibre peut fe rompre & fe rétablir? Il y a bien des difficultés dans ces fuppofñtions, mais je ferois porté à croire fa compofition jour- A 248 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE,. nalière, parce que le Auide électrique me paroît une combinaifon parti- culière de la lumière , & en imaginant ainfi fa compofition, il eft bien aifé de foupconner fa décompofition. - | Entra feroit utile de reche: cher fi l'influence du tonnerre, pour faire aigrir le vin, la bière, le lair, efl une influence mécanique produire par le frémiflement que lexplofion occafonne dans l'air, ou bien une influence naturelle dépendante de l'impreffion plus ou moins grande qu'occafionne fur ces liqueurs un air plus où moins chargé d'électricité ou de fes débris. On ia pas fait tout ce qu'il falloit faire pour reconnoître l’aîtion de l'éledtricité ur les végétaux ; il faudroit rechercher s’ils la fucent avec les vapeurs , ou s'ils la ramifent , fi elle fe décompofe dans le végéral, ou fi elle y pale & s'y conferve en fubltance ; il faudroit déterminer quel elt le genre de rapport qu'elle a avec la végétation , quelles font les parties du végétal qui en font fur-rout affectées ; enfin , décider s’il eft vrai que le fuide éleétrique influe ou n'influe pas fur les végétaux, car M. Ingen- Houfz met en doute cette influence par des expériences ingénieufes qui méritent beaucoup d’artention. Je crois que des expériences faites en petit pourroient aider à la folution de ces queftions. Ces réflexions font déjà fentir combien l’hiftoire du tonnerre peut être augmentée , & combien les découvertes qu'on peut y faire doivent influer fur la perfedion de l’hiftoire de l'atmofphère: on connoîtroit peut être par ce moyen le rapport de l’armofphère avec Je tonnerre; ainfi, par exemple, la différente couleur de l'éclair pourroit peut-être indiquer l'état de l'air; on fait au moins que lérincelle éleétrique change de couleur fuivant le gaz où elle éclate, la rareré ou l'humidité de l'air où l’embra- fe nent fe fair; on y découvriroit sûrement aufli de nouvelles fources dobfervations, & sûrement de nouvelles vérités. Les autres phénomènes ignés ont été plus où moins obfervés ; leurs defcriptions rempliflent les colleions d'obfervarions, mais elles fonc aufi rapides que les phénomènes qu'elles font connoître, & aufli imparfaites qu’elles peuvent l'être, étant toujours faites par un obfer- vateur furpris. On compte parmi eux les FTOILES TOMBANTES , ‘ ke FEU SAINT - ELME , les FEUX FoLLETs , les GLOBES DE‘ Feu. Je divife ces phénomènes en deux claffes; ceux qu’on obferve à la füurface de la terre ou près de fa furface, & ceux qu'on ne voir que dans les lieux les plus-élevés de l’armofphère ; certainement ils ne fauroient avoir la même origine, & peut-être pourroit-on découvrir celle qui leur appar- tient en faifant atrenrion aux lieux où on les obferve. Il eft évident que fi l'on fuivoit les changemens que l'air fubit quand ces phénomènes pa- soiflent , on pourroit remarquer ce qui fe joint à lui ou ce qui s’en fépare. pour les produire, ce qui pourroit faire connoître de nouveaux ns € Ve SUR L’'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 249 de l'atmofphère avec d’antres corps, & par conféquent fournir de nouveaux moyens pour le pénétrer. Les phénomènes ignés obfervés à La furface de la terre ou à une petite hauteur, ont des caraétères particuliers; ils laiflent appercevoir quelquefois des traces de combuftion ou d’odeur qui laïflent foupconner la préfence de quelques particules réfineufes ou fpiritueufes, comme l’efpric recteur des plantes, la réline de leur pollen, les parties graiffeufes des animaux, un air inflammable chargé d'air fixe, une Aamme bleuître ; leur pefanteur fpécifique prefqu’égale à celle des couches inférieures de l'armofphère femblent donner du poids à ces foupçons. Mais ces feux fuivent-ils tou- jours la direction des vents ? en ont-iis une qui leur foit propre ? Quel eft le moteur qui les lance & qui leur communique la force de projection qu'ils ont quelquefois ? 11 me paroï:roit aflez vraifemblable que les feux qui lèchent {a terre & les eaux font produits par l'air inflammable qui s'échappe des corps pourriffans , mais leur inflammation dépendroit-elle de l'état a@tuel de l'atmofphère? Il eft d’abord évident qu’ils s’obfervent fur-tout dans les pays chauds, & dans nos climats pendant l'été lorfqu’il y a eu de la fécherefle ; mais cet état de l’air influe-t-il fur les exhalaifons inflammables , ou fur l'infamivation ? D'ailleurs ,on ignore completrement la caufe de l'inflam- mation ; feroir-ce les éclairs de l'été ? feroir-ce quelqu'érincelle électrique qui n’äuroit pas été cbfervée? feroir-ce l’action feule de l’air pur de l’atmof phère qui enflammeroit cet air inflammable particulier, commeilenflamme l'air inflammabletiré du phofphore par le moyen de fa digeftion avec l’alkali fixe> Les découvertes de M. de Volta fur l'air inflammable des marais rendent ces réflexions probables ; mais on n’a pas étudié l'air inflammable des marais lorfqu'on y @bferve ces phénomènes ignés, A l'égard des globes obfervés dans les parties élevées de l’atmofphère ; je crois que nos connoiflances font encore moins avancées que pour les phénomènes précédens; mais il eft important de remarquer que quelques uns de ces globes embrafés s’obfervenc dans le même moment dans des lieux très-éloignés Îes uns des autres , tel eft celui du r1 feptembre 1784, qu'on vit dans le même tems à Genève, dans le Piémont & la Lom- bardie ; qu'ils offrent une figure fphérique aflez bien terminée, une lumière peu brillante , enfin , qu'ils éclatenc & fe diflipent en plufieurs éclats. + : La hauteur confidérable de ces phénomènes prouve l'impofibilité de secourir au nitre, au foufre, aux matières inflammables, pour les expli- quer ; mais quand cela feroit poflible, je doute qu'ils puflent y brûler à caufe de la rareté de l'air, & je ne vois guère que l’éectricité qui puifle y éclarer ; mais comment le fluide électrique qui s’érend & ondule dans l'air raréfié comme un ruban qui fe déploie , offriroit-il à nos yeux pendant tout le tems de fon inflammarlon la forme d’un globe ifolé? Quel Tome XXX, Part 1, 1787. AVRIL, Ji s5o OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, phénomène éle@trique dans l'air raréfié pourroit autorifer cette idée > Quand on tire l'étincelle d’une batterie éledrique, la feule étincelle décharge la batterie, & cette étincelle ne dure que le moment où l’on commence de l’appercevoir. Chaque coup de tonnerre eft une explofion qui diffipe dans un inftant toute la matière électrique; mais ici la matière électrique offriroit une combuftion lente , confervant la forme globuleufe, produifant fouvent une explofon qui ne fe fait entendre qu’à la fin de la combuftion : mais d’où viendroit cette explofion ? l'électricité eft muette dans l’air raréfié. L'air inflammable répandu dans l’air commun , n’explique pas mieux ce phénomène ; quand. on auroit prouvé la probabilité de l’exiftence de cet air inflammable dans les hautes régions de l’armofphère, malgré fa grande pefanteur lorfqu'il eft tiré des végétaux & des animaux; mais comment enflammeroit-on cet air dans un air très-raréfié? comment y formeroit-il des globes ? comment n’offriroiç-il pas l'image d’une grande flamme ? Il faudroit étudier avec foin les rapports de ces phénomènes avec les autres phénomènes atmofphériques , rechercher l’état du ciel avant & après leur apparition , déterminer les tems, les circonflances & les lieux où ils font les plus communs, favoir pourquoi ils font rares, & pourquoi ils arrivent, . . . Que d'obfervations à faire ! que d'obfervateurs à occuper! V. Des Phénomènes aqueux: Les phénomènes météorologiques appellés aqueux font en plus grand nombre que les autres; on les peut obferver à chaque inftant, & ils méritent la plus grande attention, parce qu'ils fe paflent plus près de nous , qu'ils fe reproduifent fouvent & long-têms, & qu'ils nous offrent une fuite d'événemens qui peuvent nous intérefler toujours ; tels font les Brouillards , les Nuages , la Rofée, la Pluie, la Neige, le Givre & da Gréle. Avant de m'occuper de ces méréores en particulier , je veux m’arrèrer un moment à confidérer l’évaporation de l’eau relativement à l'atmof- hère ; c’eft prefque le phénomène genéral qui offre la clef des autres, L'Effai fur l'Hygrométrie, par M. de Sauflure, a plus inftruit fur l’évaporation que toutes les recherches précedentes faites fur certe matière importante. Il diftingue toujours l'eau élevée en vapeur élaftique & difle- minée fous cette forme aérienne dans l’air, de l’eau qui s'élève fous la forme de vapeurs véficulaires ; il montre que les vapeurs véficulaires fe changent en vapeur élaftique, & la vapeur élaftique en vapeur véficulaire ; il fait voir le jeu de toutes ces vapeurs en différentes circonftances dans fes favantes & belles expériences , & il met fous les fens plufieurs phénomènes météorologiques ignorés jufqu’à préfent. Les vapeurs fous cette forme véficulaire ne font pas l’eau pure, comme | | 021 SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 21 M. de Sauflure l’érablir fort bien ; mais {ont-elles feulement la dilatation des gouttes d’eau par l’action du feu qui en fait des frhères creufes ? ou bien, eft-ce l'effet de l’aétion du fluide électrique fur ces gouttes ? ou bien encore ces véficules font-elles produites par l’ation combinée de ces deux agens? La folurion de ces queltions apprendroit la caufe de la chûre des vapeurs; on verroic s'échapper le principe élevant, former peut-être d’autres combinaifons en s'échappant, & donner des preuves fenfibles de fon départ ou de fon déplacement. Eft-ce le feu qui agit feul pour former les vapeurs? Certainement on le voit produire cet effet dané lébullicion ; mais n’eft ce point l'abondance du feu qui produit cet effet? On a au moins alors des vapeurs élaftiques ou des vapeurs véficu- laires fuivant la chaleur de l'air armofphérique dans lequel entrent ces vapeurs, comme M. de Saullure l’a bien démontré; ma's on-voit certe vapeur élaftique & ces vapeurs véficulaires fe former dans l'atmofphère & pafler de l'érat de l’une dans l'état des autres pendant les froïds les plus vifs des hivers les plus rigoureux , comme pendant les chaleurs les plus fortes de l'été ; d’ailleurs, les fluides femblent avoir befoin d’un certairs degré de chaleur pour fe vaporifer , de forte qu'ils doivent perdre leurs qualités vaporeufes quand ils perdent le degré de chaleur néceflaire pour les vaporifer ; cependant dans les tems & dans les lieux les plus froids, les vapeurs aqueufes s'élèvent &rerombentcomme dans lestems & dansles lieux les plus chauds. N'arriveroic-il pas que l'air froid qui fe précipite des parties fupérieures de l’atmofphère enlève cette chaleur aux vapeurs élévées > Mais comme la précipitation de cet air froid devroit être conftante , la réfolution des vapeurs en eau devroit être perpééfelle , fi elle éroit unique- ment produite par ce refroidiflement ; d'ailleurs, la pluie & les brouillards en tombant réchaufferoient toujours l'air, puifqu'il s'échapperoit beaucoup de feu hors des véficules qui feroient détruftes, & il arrive pour l’ordi- naire dans nos climats que la pluie refroidit l'air, Ett-ce le fluide éle@rique qui produit cec effet? M. de Sauflure a bien montré que l'élévation des vapeurs étoit ac-ompagnée d'électricité, que les vapeurs véficulaires en offroient des fignes très-marqués, que la vapeur élaftique en contenoit pareillement , que le fluide éleétrique s'échappoit des vapeurs lorfqu'elles fe réfolvoient en eau; mais fi l'on ne peut douter de la préfence de l'électricité dans les vapeurs, peut-on auf juftement afligner le rôle qu'elle y joue? d’abord il eft certain que le degré d'ébul- lition eft néceflaire à l’eau pour rendre électriques les vapeurs qui s'en élèvent, & cette chaleur n’a guère lieu que près des volcans ; quelle eft Ja caufe qui être aux vapeurs l'électricité qu’elles peuvent avoir ? je ne vois dans Patmofphère que Pair & l'eau ; maïs l'air n’eft pas conduéteur d’eleétriciré, & l’eau qui y nage doit en avoir pour y nager. Si cetre éleétricité lui ef DEEE être dans cet état, les nuages offrent le Tome XXX, Part, 1, AVRIL, 1787 T2 252 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, même phénomène ; comme ils font formés de vapeurs véficulaires, ils doivent être chargés d'électricité ; il eft vrai que les nuages peuvent varier entr'eux relativement à la quantité d'électricité qu’ils contiennent; mais comme ils offrent toujours des vapeurs véficulaires, les différences doivent être très-petires ; d’ailleurs, il n’y a jamais plus d'électricité dans les nuages & dans Pair que lorfque la pluie eft fur Le point de tomber, comme l'éleétromètre le fait connoître. Je vais plus loin, & je me demande fi la chaleur de Pair diflout les vapeurs dans l'air , elles feront d’autant plus vaporifées & d'autant mieux difloutes, que la faifon fera plus chaude, cependant le ciel eft au moins aufli ferein en hiver qu'en été, quoique l'air foit plus humide dans l’hiver que dans l'été. Si la chaleur étoit la feule caufe de la diffolution de Feau dans l'air, comment arrive-t-il que l'eau fous la forme de vapeurs véficulaires brave l'action de quinze degrés & davantage de froid au-deflous de zéro du thermomètre de Réaumur, tandis qu'une chaleur de dix degrés au-deflus de zéro les fait réfoudre en eau ; d’ailleurs , les vapeurs véficulaires fe forment dans les régions élevées de l’atmofphère où l'air eft très-froid en été, comme dans celles qui touchent la terre où l'air eft plus chauds outre cela, les vapeurs élaftiques peuvent fe réfoudre en eau fans paflet par l’état de vapeurs véficulaires, ce qui prouveroit que le différent degré de chaleur néceffaire pour produire ces deux différentes vapeurs, n'influe as fur leur réfolution en eau , puifqu'elle s'opère fans nuance, & qu'on l'obferve dans les régions froides comme dans les régions élevées. fi Comment le feu s’unit-il à l’eau ? comment change-t-il la forme de l'eau? comment s’en fépare-t-il? quelle eft cette nouvelle théorie d'afinités? où eft la preuve de la décompolition ? L'air froid des parties fupérieures de l’atmofphère en fe verfant dansles parties moins élevées, doit les rafraichir au point de limiter le lieu des fcènes météorologiques en limitant fa faculté de recevoir des vapeurs ; peut-être limite-r-il de même la rareté de l'armofphère, & lui donne-t-il des bornes bien terminées. On peut, je crois, imaginer telles combinaifons d'air froid , où tout fe pafleroit comme dans un air tempéré; ainfi, par exemple, fi l'air pouvoit devenir plus froid fans devenir plus denfe, il dépoferoit , je crois, les vapeurs qu'il contiendroit; & réciproquement, l'air devenu plus denfe fans devenir plus froid, tiendra fes vapeurs encore mieux difloutes , fi l’air devient plus denfe en raifon du froid qu’il éprouve, & relativement à fa faculté de tenir les vapeurs difloutes , dans ce cas les vapeurs qu'il contient ne tomberont pas, I feroit peut-être bien important de fuivre l'état des vapeurs dans les Fe SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 253 différens degrés de leur diflolution ; mais elles ne doivent pas fe préfenter alors fous la même forme , & cette différerice pourroit inftruire fur les caufes de leur formation : on pourroit aüfi peut-être les oblerver lorfqu'elles fe forment & lorfqu'elles fe détruifent, La fuite au mois prochain. NOUVELLES RECHERCHES Sur la nature du Spath vitreux , nommé improprement Spark fulible , pour fervir de fuite à celles qui font infèrees dans le Journal de Phyfique , tome X , page 106, & pour fervir de réponfe au «Mémotre de M. SCHÉELE , imprime dans le même Journal, rome XXII, page 264 , & qui fe trouve dans la Colleéion de fes Méinores qui vient de paroïtre en François ; Par M. MoNNET. Tour le monde conñoît maintenant la différence qu'il y a entre cette fubftance minérale, & certe autre que nous nommons fpath pefant, On fait également que le célèbre M. Maroraf, en établiflanc ces dif- férences par des expériences bien faites, dans des Mémoires qu’il lue à l’Académie des Sciences de Berlin en 1766 & 1768 , dont M. l'Abbé Rozier donna des extraits dans fon Journal, rome deuxième de lin- troduétion , page 247, on fait, dis-je, que M. Maroraf fit voir que la fubftance minérale qui nous occupe, a cela de particulier qu’elle réfente une lumière phofphorique étant chauffée fortement fur des charbons ardens , que cette lumière une fois difparue , ne revient plus, ce qui confrinoit le principe avancé par M. Cronftedt , que cette lueur dépendoit d'une portion de phlogiftique qui coloroit cette fubftance ; ce qui le prouve eft que cette couleur difparoît comme la lueur phof- photique. M. Margraf fit voir en même-tems que l'acide vitriolique, mêlé avec cette fubitance, en enlevoit par la diftillation une terre fub- tile; que d'ailleurs cette fubftance ne contient aucun acide, en quoi elle diffère fort du fpath pefant, qui contient véritablement de l'acide vitriolique, comme le même laborieux & exa& Margraf l’avoit encore démontré; & comme je le démontrai moi-même dans deux Mémoires inférés dans le Journal de Phyfique, tome fixième, pag. 214, & tome treizième , Supplément, page 408 , fans avoir eu connoiffance du travail 254 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, de M. Margraf. On fait que M. Schéele Chimifte Suédois, lue un Mé- moire à l’Académie Royale des Sciences de Stockolm en 1771, & qui fuc traduit & imprimé dans le Journal de Phyfique, ( tome deuxième de l'introduction , page 473) où ce Chimifte, fans faire mention du travail de M. Margrat fur le fpath vitreux, qu’il ne connoifloit pas vraifemblablement, prétend donnér des prèuves irrécufables de l'eviftence d’un acide particulier dans cette fubftance , qu’il nomme acide fparhique, lequel acide il prétend y être uni à la terre calcaire, 8 cela fans em- loyer d’autres moyens que ceux qu'avoit employés M. Margraf, favoir la dittillation de cette fubftance avec l'acide vitriolique. Les chimiftes favent également qu'en 1773, il parut à Paris, fous le nom de M. Boulanger, le détail de plufeurs expériences fur la même fubftance, où lon prétend démontrer que l'acide prétendu fpathique a'eft que l'acide marin déguifé. Ces expériences d’ailleurs infiniment mieux faites pour l'objer eflentiel, favoir s’il y a un acide ou non dans le fpath, préfentent des faits plus vrais & qui approchent plus de la vérité. Ces expériences ont encore le mérite de fe fuivre méthodiquement & d'être préfentées clairement ; au lieu que celles de M. Schéele fonc embrouillées , peu détaillées, & faires avec la prévention qu'il exifte un acide dans tous les corps figurés & criflallifés comme les fels. C'eft d’après cette préven- tion que ce chimifte croit véritablement avoir découvert un acide nouveau dans le {path vitreux, & que cer acide prétendu uni à l'eau, forme le quartz, & régénère le fpath vitreux avec la terre calcaire de la chaux. fl y a plus, on peut dire, fans craindre de blefler la vérité, que beaucoup d’autres affestions font avancées par M. Schéele avec auili ea de fondement. L'illuftre & l'infatigable M. Prieftley , qui avoit lu le détail des expériences de M. Schéele für le prétendu fparb fufble, imagina d’en faire à fa manière fur cette même fubftance, c’eft-ä-dire, qu'il chercha à réduire en air ce prétendu acide fpathique. Ce qui le frappa finguliè- rement dans fes expériences, fur de voir qu’aullirôr que cer air éroit en contact avec de l’eau où avec un air humide, il devenoic vifble & formoit un nuage blanc, qui fe dépoloit & formoit une croure, comme dans l'opération de la difüllarion. Le détail de ces expériences fe trouve à la tête du fecond volume des œuvres de cer habile Anglois. Le hafard m'ayant porté quelque-tems après à examiner cette même fübitance', je me trouvai rout de fuite en contradiction avec M. Schéele. Les expériences que je fis deflus furent imprimées dans le Journal de Phyfique, tome dixième, page 106. Malheureufement je n’avois pas connoiffance alors des expériences de M. Margraf, car je m'en ferois appuyé, mais j'avois lu celles de M. Prieftley & les citai comme très-conformes aux miennes, c’elt-à dire, que l'acide vitriolique s’unit à une portion de terre fubtile du fpath, qu’il l'enlève dans la diflillation, & acquiert par-là les qualités SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. o$s qui le caractèrifent acide fpathique, & qu'il n'y a point d’ailleurs d'acide particulier dans cette fubitance. Cependant la réputation de M. Schéele, bien établie en France, fit prévaloir fes expériences parmi un certain nombre de chimiftes, qui trouvent bien plus commode d'adopter des opinions qui favorifent leurs théories particulières, que d'examiner à fond la chofe, & qui croient avoir fait fuffifamment quand ils ont répété quelques-unes des expériences ui écabliffent leurs opinions, On eft bien plus porté, comme Je l'ai die dans mon Mémoire, à croire ce qui eft extraordinaire & ce qui agrandit le domaine de nos connoiffances, que ce qui ramène à un but commun & fait avoir des réfulrats ordinaires. Dans le fait qui nous occupe, on a pourtant, fans croire à la théorie de M. Schéele, des faits affez extraordinaires & aflez finguliers, comme la volatilifation de l'acide le plus fixe & le plus pefant, & cela au moyen de fa combinaifon avec une terre qui eft très-fixe elle-même. C’eft ce qui eft évidemment prouvé tant par les expériences de Margraf, celles de M. Prieftley , que par les miennes & ce qui auroit pu l'être pour M. Schéele lui-même, fi, comme nous l'avons dit, il avoit travaillé & tour confidéré {ans prévention. Feu M. Bergman Le maître de M, Schéele, ne fit pas difficulté de re- garder comme démontrée l’exiftence de cet acide fpathique prétendu; il en parle dans fes diflertations , comme d'une chofe fur la@uelle ilny a point le moindre doute à avoir. En conféquence, combien d’aflertions bafardées ou faufles, ne préfente-t-il pas d'après cette première erreur ! Ce qui doit fervir à fe mettre en garde contre les nouvelles vues & le réfulrat des nouvelles expériences, Cependant je dois dire qu'auflitôt que mon Mémoire parut en Suède, on fut fort étonné que fur des faits qu’on croyoit folidement établis, on püt dire tant de chofes contraires; c’eft ce que j’appris dans le tems par une lettre de M. Bergman. Le doute s'établit à cet égard peu-à-peu dans quelques têtes chimiques ; & pendant ce tems Jà M. Achard de Berlin , le digne fuccefleur à hien des égards de l’illuftre Margraf, retira au moyen de l'acide vitriolique, aflez de cette terre fubtile du fpath vitreux pour être en état de voir l'effet qu'elle produiroit dans la fufon avec d’autres terres. Le Mémoire qu'il fit à ce fujet fut imprimé dans le Journal de Phyfique, tome treizième, page 37. Dans ce Mémoire M. Achard fait voir que la terre du fpath vitreux , enlevée par l’acide vitriolique, ou autres acides, eft fort fufñible , & forme une force de matière vitriforme très-blanche , qui reffemble à de la porcelaine. On verra que nous avons fait la même obfervation , & que rien n’eit plus vrai; ce qui peut fervir à établir d'avance le caractère de cette terre fingulière. On conçoit bien qu'une opinion de l'importance de celle de M. Schéele & qui conduit à des réfultats fi grands , ne s’abandonne pas s 2$6 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, aifément, au contraire l'Auteur f roidic pour ainfi dire contre les dif- ficulrés qu'on lui oppofe; & plus on tend à lui ravir fon domaine, plus il fait d'effort pour le maintenir folidement. On ne doit donc pas s'é- tonner que M. Schéele ait fait un Mémoire pour prouver que les idées & les expériences de M. Bouilanger & ies miennes ne valoient rien, ou ne détruifoient en aucune manière fa théorie. Ce Mémoire fut pré- fenté à l’Académie de Stockolm en 1780, & imprimé dans le Journal de Phyfique, rome XXII, page 264. J'écois encore occupé de ce fpath lorfque je vis ce Mémoire, & la première idée qui me vint, fut d’y répondre, & de faire voir que tour ce que M. Schéele y dic eft erronné dans tous fes points. Mais craignant enfuite de m'être fait illufion , & n'attachant d’ailleurs aucune importance au nouveau Mémoire que je venois de faire, je le jettai au feu, D'ailleurs je difois, fi j’ai la vérité de mon côté, elle eft fufifamment montrée dans le Mémoire qui eft inféré dans le Journal de Phyfique, rome X. J’oubliai abfolumenc cer objet jufqu'à la fin de l'année pañlée 178$, que la collection des Mémoires de M. Schéele pus bliée à Dijon par les foins de M. de Moryeau , dans laquelle le même Mémoire fe trouve inféré, réveilla l'attention de quelques perfonnes fur certe fameufe queftion , exifle-t il vraiment un acide dans le [path vitreux, ou nefl-ce que l'acide qu'on y met qui prend le caraëtère d'un acide plfticulier ? Alors, je propofai par forme d’amufement à l'une des perfonnes auxquelles je fuis attaché d'amitié, de faire avec lui & dans fon laboratoire des expériences qui pourroient le guérir de fon doute B-deflus; ce qu'ayant accepté avec grand plaifir, nous nous mîmes aufitôt en befogne. Voilà le fujer du Mémoire que je préfente aujourd'hui aux chimides, Mais avant d'entrer dans le dérail des expériences que nous avons faites, il nous femble néceflaire d'examiner quelques points du Mémoire de M. Schéele, afin de ne pas contelter continuellement Le réfultat de fes expériences. Il faut d’abord obferver que M. Schéele n’a fait qu'une feule expérience nouvelle dans ce nouveau Mémoire, pour le mener à détruire ma prétendue erreur, El diftiile 3 onces d'huile de vitriol fur une once de fpath vitreux, procédé ordinaire, & d’un aatre côté il fature la même quantité de cet acide avec de l’alkali de la po- talle (1) & dit, pour prouver que j'ai eu tort de foatenir que c’eft l'acide > { (1) C’eft ainli que je juge qu’il faut rendre {’expreflion employée parlesChimiftes fuédois pour défigner l’alkali de la potaffe. La partie ne doit pas être nommée comme le tout dont elle eft tirée. On fait qu’on éntend en France par-là le fel qu'on obtient des leffives de cendres de bois neuf , qu’on calcine pour le blanchir; & que ce fel contient encore beaucoup de cendres, de tartre vitriolé & du fel fébrifuge de Silvius, qu'au un pareil fel employé au lieu d’alkali pur, ne feroit rien moins que propre à remplir les vu es qu’on auroit de démontrer l’efpèce d’acide qu’on combineroit avec | vitriolique + LR Er Le ra A Lé 4 SUR. L'HIST. NATUREILE ET LES ARTS. 257 vitriolique lui-même qui s'élève dans cette diflillation avec La terre du Jpatk ; qu'il a employé précifément la méme quantité de ce fel pour cette faturation , ce qui n’auroit pas dû être, sil s’écoit élevé une portion de l’acide dans la diftillation. Voilà fa grande preuve & lafeule qu'il emploie pour prouver inconteftablement fon principe, On s’atren- droit au moins qu'après cette opération M. Schéele feroir évaporer les eaux faturées en particulier pour en obtenir le tartre vitriolé, afin d'acquérir un nouveau degré de lumière par la comparaifon qu’il auroit pu faire des deux quantités de ce fel; point du tout, au lieu de cela M. Schéele s’amufe à faire de petites expériences, qui ne fignifient rien pour l'objer eflentiel. Je demande à tout chimifte un peu difficile ou exa&, qui voudra établir un principe nouveau, s'il pourra fe contenter aufli facilement dans fes preuves ? C’eft pourtant-là cette expérience regardée comme décifive par certains Chimiftes Allemands, comme je le vois dans un Journal Allemand , dont l’Auteur eft M. Crell. Maïs nous pouvons même affurer dès maintenant que les conféquences de cette ex- périence font faufles dans tous leurs points; car je puis aflurer qu'il eft impoflible de féparer tellement la terre du fpath en faturant l'acide qui lui eft uni, qu'il n'en refte une quantité aflez remarquable unie au fel neutre que l’on forme, & que c'eft précifément cette portion de terre qui ef caufe que le tartre vitriolé & le fel de glauber ne peuvent pa- roître fous leur forme ordinaire, comme nous l'avons fair remarquer È dans notre premier Mémoire, & comme nous le ferons voir encore dans y celui-ci. Ce feroit une preuve déjà que la terre du fpath n’eft point une terre calcaire, comme le croit encore M. Schéele; car cette terre comme on fait, ne refte pas unie aux fels neutres ; on fait qu'elle eft féparée complettement des acides par les alkalis fixes, Mais nous ne nous en tiendrons pas-là , comme on va le voir. Cependant M. Schéele prétend démontrer à la fuite de fon expérience que la terre qu'il a féparée eft véritablement une verre calcaire ou ce qu'il appelle chaux ; car en ayant fait diffoudre une petite partie dans l'acide marin, il y a verfé de l'acide vitriolique, qui y a occafonné un précipité que M. Schéele regarde décidément comme une félénite, fans autre preuve ; & enfin qu'ayant fait évaporer une autre portion de la diflolution de la terre du fpath dans l'acide marin, il en a obtenu un fel déliquefcent, & tel que le fournic lui. On fait de plus que l'alkali retiré de la potaffe bien pur eft égal à un autre retiré d’une autre matière végétale. Pourquoi donc les défigner comme s’il ne l’étoit pas> On pourroit de même faire voir le peu de fondement de beaucoup d’autres expreflions ridicules & barbares qu’on affe@te aujourd’hui, d’après les Suédois , d'introduire dans la Chimie en France; tel eft le mot chaux employé auffi par le Traduéteur , au lieu de terre calcaire; car on doit favoir que la chaux n’eft point la terre calcaire proprement dite. Je crois encore que l’expreffion acide marin vaut bien celle d’acide muria- tique, &c. &c. Tome XXX, Part, I, 1787. AVRIL, KKk 258 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, toujours la véritable terre calcaire combinée avec cet acide. I] ajoute eu'une autre partie de la terre féparée du réfidu de la cornue par l’alkali fixe, s’eft réduite en chaux par la calcination. Voilà encore deux chofes, qui prouveroient beaucoup contre moi fi elles éroient vraies; mais je puis encore aflurer d'avance , que la terre obtenue du réfidu de la cornue, bien loin d'être alkaline, n’eft pas même difloute facilement par les acides, & qu'elle ne forme pas par conféquent une félénite avec l'acide vitriolique. Je dirai encore que s'il étoit vrai que le réfidu de la cornue füt véritablement une félénite, comme cela doit être d’après le principe de M. Schéele , il ne feroit pas aufli facile qu'il le fait entendre, de le difloudre & de le décompoler au moyen de l’alkali fxe. On ne peut que s'étonner que M. Schéele ne foit pas arrêté par cette difficulté, qui n'eft pas petite. Je pourrois faire bien d’autres obfervarions fur cette partie du Mémoire de M. Schéele ; mais je me hâte de venir à un autre point non moins eflentiel de ce Mémoire, & auquel je prie le lecteur de faire la même attention; c’eft où M. Schéele foutient, & cela pour prouver contre moi que l'acide qui monte dans le ballon, n'eft point l'acide vitriolique qu'on a mis dans la cornue, mais un acide particulier ; c’eft où M. Schéele foutient, dis-je, que cet acide combiné avec un alkali fixe ne donne point de foufre quand on le traite à la manière de Stahl, avec du charbon dans un creufer; c’eft ce qu'on va voir pourtant être très-vrai, & j'ai peine à croire que M. Schéele ait fait certe expé- rience. J'ai encore dit dans mon Mémoire cité, que de l’alkali fixe bien pur, mêlé avec du /path fufible & pouflé au feu dans un creufet , n'avoir communiqué rien à l’alkali, qu’une portion de terre, qui s’y étroit combinée ; que cependant s'il y avoit eu un acide dans le fpath, il auroit dû pañler dans l’alkali. M. Schéele prend ici le change, & prétend que je n'ai fait cette expérience, que pour prouver que le fparh ne contient point de terre calcaire. Aflurément je n'avois pas cettein- tention, car j'avois prouvé fufffamment auparavant , quil n'y avoit pas de terre calcaire dans cette fubftance; & je puis ajouter encore que cette manière de chercher à découvrir la terre calcaire dans un corps, eft fort gauche, & n'eft pas celle d’un bon Chimifte, À certe occafion M, Schéele me reproche de n'avoir pas employé dans cette expérience le double d’alkali, Si ce Chimifte avoit compris mon intention, il auroit vu qu'en ne mettant avec le fpath que partie égale d’alkali, j’en avois plus qu’il ne falloit pour en enlever l'acide qui pouvoit y être contenu, & qu’en mettant une trop grande quantité de cette fubitance faline , je rifquois de ne pas tirer tout le parti poflible de cette-expérience, car j'aurois eu de la peine à démêler d’entre une trop grande quantité d'alkali furabondant , le fel qui auroit été formé de la combinaifon de Pacide prétendu du fpath. J’avois encore à éviter une erreur en employant une moindre quantité d’alkali, C’eft celle qui peut réfulter de la terre qui SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. so fe fépare du fel alkali en ces occalions plus où moins abondammenr, felon que cette fubftance faline elt plus où moins pure, erreur que n’a pas vraifemblablement évitée M, Schéele, puifqu’il prérend avoir découvert e cette manière de la terre calcaire dans le fpath. J'ai d'autant plus lieu de le croire, que je fais que l’aikali fixe retiré de la potafle, qui eft toujours pouflée jufqu’à la vitriäcation pour la blanchir, retient toujours une quantité remarquable de terre calcaire, comme je l'ai prouvé en plufieurs occañons , & comme plulieurs Mémoires des Chimiftes Suédois le prouvent aufli, M. Schéele, qui, comme favant Chimifte, ne devoit pas l'ignorer non plus, a-t-il pu ne pas fe méfier de ces apparences trompeufes ? C'eft ce qui m'étonne encore. Venons maintenant à nos nouvelles expériences, 1°. Nous avons pris deux onces d’un fpath Auor verd de Sainte-Marie- aux-Mines; nous l'avons purgé de tout ce qui lui étoir étranger; nous J'avons pulvérifé & introduit dans une cornue de verre bien nette ; nous y avons verfé quatre onces d’acide vitriolique médiocrement con- centré; cette cornue ayant été placée fur un bain de fable, on y a adapté un ballon proportionné avec environ quatre onces d’eau diflillée; précaution qu'il faut encore avoir pour éviter de tomber dans lerreur à caufe de quelques parties calcaires que peuvent contenir nos eaux crues, On a chauffé le bain de fable. L’effervefcence, les vapeurs blan- ches, qui ont tapiflé les parois du ballon, & formé une croute fur l'eau, en un mot, tout a été de même qu’à l'ordinaire. On a maintenu le feu au degré où l’on püt endurer la main fur la voure de la cornue, pendant fept heures à-peu-près. Après quoi on a déluté les vaifleaux. On a obtenu le réfidu de la corrue en entier en la brifant. Il éroit moulé & dur, mais il étoit très-acide encore, ilpefoit quatre onces moins un gros & demi, par conféquent il s’éroit élevé dans la diftillation deux onces un gros & demi de matière, [l nous parut très-important de comparer ainfi le poids du réfidu avec ce qui s’éroir élevé. Précaurion que M. Schéele n’a pas prife ni dans fon premier Mémoire ni dans fon fecond , ce qui pourtant lui éroir fort néceflaire, comme le lui a fait fentir Auteur qui s'eft caché fous le nom de Boullanger. Etant donc afluré que de fix onces de matière que nous avons mifes dans notre cornue , il ne s’y en trouve plus que quatre onces moins un gros & demi; nous demanderons, fi les deux onces & un gros & demi qui s'en font élevées, font l'acide du fpath prétendu dégagé de fa bafe par l'acide vitriolique ; en ce cas nous demanderons comment peut-il fe faire que la partie foit égale au tour, & même plus forre puifqu'il y a un gros & demi de plus que la quantité du fpath employé. Nous prions M. Schéele de réfoudre cette difficulté. Car non-feulement ce Chimifte prétend que dans cette opération il ne s'élève dans le ballon ue l'acide du fpath, chaflé par l'acide virriolique , mais même qu'il Tome XXX , Part, I, 1787. AVRIL. Kk 2 260 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, ne s'élève avec lui aucunement de la terre du fpath. C'eft ce que je vis dans une note contenue dans une lettre de M. Crell, Journalifle Allemand, inférée dans le Journal de Phyfique du mois de Mars de cette année 1786. Cependant comme il eft trop vifble qu'il y a tou- jours dans le ballon une croute terreufe, qui lavée, fe trouve être vé- ritablement une terre, M. Schéele vous répondra que cette terre eft un produit nouveau, dû à l'union de fon acide fpathique avec l'eau ; que cette terre n’eft autre qu'un véritable quartz ou terre filicieufe. C’eft ainfi que M. Schéele raifonne dans fon deuxième Mémoire, lorfqu’il répond à M. Boullanger, & comme il lavoit déjà avancé dans fon premier Mémoire. Voilà affurément la découverte la plus importante qu'on püt faire en Chimie, que de faire voir la compofition de la pierre fonda- mentale, & la plus /olide de notre globe par un moyen aufli facile ? Qu’eft-ce donc qu'un acide qui avec de l’eau fait du quartz ? Il me femble que M: Schéele y devoit regarder de plus près; la chofe en valoit bien la peine. Mais malheureufement ce n’eft, qu'une fimple allégation, & on ne trouve dans fes Mémoires aucune expérience qui l’appuie. En attendant que nous montrions le faux de cette prétention, con- tinuons d'examiner notre réfidu. Nous ferons obferver d’abord que Îe fond de la cornue, là où le réfidu s'étoit moulé, étroit tellement rongé ou corrodé, qu'il fe brifa très-facilement entre mes doigts. Je dis ce que j'ai vu, & quand je n'ai pas vu la première fois, comme je le dis dans mon premier Mémoire, le même effet, c'eft parce qu'il étoir vé- ritable que ma cornue ou mon ballon ne me l'avoient pas préfenté; & c’eft à tort que M. Schéele m'en fait un reproche; il y étoit d’autant plus porté à la vérité que ce Chimifte regarde comme un caractère propre & diftin@if de cet acide prétendu du fpath, cette propriété d'attaquer le verre; mais ce qui nous paroïc ici contredire un peu cette opinion , eft que le verre n'a été attaqué juftement qu'en un lieu où l'on peut foupçonner plutôt l'acide vitriolique de l'avoir produit que le prétendu acide fpathique. Car n’eft-il pas évident qu'à mefure que le premier a dégagé le fecond, celui-ci, repréfenté comme très-volatil, n'a pas eu le tems d'exercer fon ation fur le fond de la cornue ? Quoi qu'il en foic , fi nous fommes aufli fondé & plus à rapporter cet effer à l’acide vitriolique lui-même, combiné avec de la terre du fpath , comme en effet nous le fommes, il ne reftera pas même cette foible reffource pour appuyer l'opinion de M. Schéele. Je peux encore ajouter que fi la pre- mière fois que j'ai fait cette opération , je n'ai pas eu le verre de mon ballon ni celui de ma cornue attaqués dans la voüte ou dans le col, cela venoit peut-être de ce que l’acide qui eft monté dans la diftillation n'étoie pas aflez faturé de cette terre du fpath, qui eft la caufe, felon moi, de cette propriété fingulière que nous remarquerons dans d'autres occafons, NE na ET ne, SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 26r II faut encore dire pourquoi nous avons employé dans notre expérience plus d'acide à proportion que M. Schéele n'en emploie, & que je n’en ai employé moi-même felon que je le dis dans mon premier Mémoire ; c'eft afin de dégager entièrement le prétendu acide du fparh, & on conçoit que quatre onces d'huile de vitriol fur deux onces de fpath , doivent opérer néceffairement ce dégagement. Cependant comment peut-il fe faire, dans Pidée de M. Schéele, que la même quantité d’huile de vitriol verfée fur ce même réfiäu, ait précifément produit le même effec, c'eft-à-dire, qu'il ait dégagé autant d'acide prétendu fpathique, ayant les mêmes propriétés , que les premières quatre onces: car voilà juftement ce que nous avons vu. 2°. Nous ne nous contentâmes pas de cette répétition d'expérience dans le nouvel examen, nous rédiftillämes de nouveau quatre onces d'huile de vitriol fur notre réfidu après l'avoir bien lavé & féché, & nous obtinmes pareillement un acide fpathique, & tout auffi fortement chargé de croute que le premier, & avant abfoiument les mêmes propriétés. Il y a plus, l'Auteur de la brochure publiée fous le nom de Boullanger, fait pafler fucceflivement fur fon réfidu de quatre onces de fpath, jufqu’à Vingt-quatre onces d'huile de vitriol, & à chaque diftillation, il obtient à-peu-près le même acide, expériences qui auroient bien dû fervir à le défabufer fur la prétendue exiftence d’ün acide marin dans cette fubftance, car il avoit par-là encore plus lieu de fairé l'obfervation que nous venons de faire. C'eft bien à quoi aufli M. Schéele, qui prétend répondre à ce Mémoire, auroit dû faire attention , avant de fe croire triomphant. Voici pourtant notre but encore en faifant cette expérience, c'étoit de dépouiller tellement le réïdu de tout acide, que nous n’eufions à faire qu'à la terre du fpath feule ; & puifquelle nous a fourni un acide prétenda fpathique en tout femblable au premier, il falloit bien en conclure qu'il ne venoit pas d’un acide caché dans cette terre, mais bien de l'acide vitriolique lui-même combiné avec cette même térre, Mais la preuve devient encore bien plus completre ; lorfqu’ayant pefé ce nouveau réfidu , nous le trouvâmes diminué encore de deux onces; il falloit néceflairement en conclure qu’il s’en étoit élevé deux onces, tant de l’acide que de la terre. Dans mon premier Mémoire auquel M. Schéele prétend répondre, je n’avois tout fimplemenc faic que verfer fur mon premier réfidu, très-acide , de l'eau, & a la faveur de la cha- leur, j'en avois obrenu une nouvelle quantité d’acide prétendu fpathique, auffi fortement chargé de terre que le premier, & voilà encore à quoi M. Schéele ne fait pas la moindre attention, 3°. Nous venons maintenant aux liqueurs acides montées dans la diftillation , ou fi l'on veut au prétendu acide du fpath. Nous filrrimes ces deux liqueurs féparément, & nous obtinmes de l’une & de l’autre une aflez grande quantité de terre, du moins en les jugeant -par leur 262 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, volume ; elles furent bien lavées fur leurs filtres avec de l’eau diftillée, & après avoir été defléchées , elles fe trouvèrent abfolument infipides au goût; elles ne rougirent nullement le firop de violette, délayé dans de l’eau diftillée. Ces deux portions de terre fe trouvèrent blanches comme de la neige; mais je dois avouer que la première fuc plus confidérable que la feconde, quoiqu’elle ne pesäc qu'un demi gros ; l’autre ne pefa que 18 grains ; ce qui me portoit à croire que cetre terre fubtile eft à di£- tinguer de la totalité du fparh, & qu'il feroit poflible de l'enlever en+ tièrement de cette fubftance, ou de l'en épuifer à force d’y pafler de l'acide vitriolique. Mais ce n’eft-là qu'une conjecture , qui à la vérité fe trouve fortement appuyée par ce que rapporte M. Boullanger, car il fait remarquer pofitivement que les croutes, & ce qu'on appelle la pouf fière qui vient s'attacher à la voüre de la cornue & aux parois du ballon, diminuèrent à mefure qu'il diftilla de nouvelle huile de vitriol fur le réfidu du fpath. Nous reviendrons fur cette terre, & peut-être trouvera- t-on que les expériences que nous avons faites deflus, fortifienc encore beaucoup cette conjecture. 4°. Les deux liqueurs que nous venions de féparer de ces croutes terreufes, nous paroiflant abfolument femblables, nous jugeîmes à propos de les confondre enfemble, afin de faire deflus des expériences plus en grand pour acquérir des connoiffances plus pofirives ; c’eft ce que les Chimittes devroient fe croire ôbligés de faire pour rendre plus fenfibles leurs démonftrations, au lieu de petites expériences qu’on fait à la hate dans des verres & que l'on prend. pour des preuves complettes. Dans votre manière de voir, me dira-t-on, qu'eft-elle donc cette liqueur acide, puifque vous prérendez qu'elle n'eft pas cet acide du fpath felon M. Schéele. Je réponds qu'elle n’ett autre que l'acide vitrio- lique lui-même, uni à une portion de la terre du fpath, qui le déguife & lui a donné-lieu de s'élever dans la diftillation, à une chaleur fi foible, que vu la fixité & la pefanteur de cet acide, il feroit impoñlible d’en élever un atôme, fans fon union avec cette terre. La terre qui nage deflus, que nous avons féparée, paroît lui être furabondante , & lorfque cet acide eft venu s'unir à l'eau diftillée dans le ballon , affoibli par-là, elle s’en eft féparée à proportion; de-là la formation de la croute fur la liqueur. Ceia eft conforme à ce que nous avons dir dans notre premier Mémoire, que cette terre ne peut étre tenue en diffolution qu'aurant qu'elle ef? unie à un grand excès d'acide. Ainfi felon ce principe notre liqueur contient une petite portion de cette terre dans un véritable état de difflolution, & elle doit s’en féparer à proportion du plus ou moins . d’affinité de fon acide avec les corps qu’on lui préfentera ; & s'il arrive que certe terre ait de fon côté de l’affinité pour ces mêmes corps, ou pour ceux qui fe formeront par l'union de l'acide avec ces corps, on ne doit pas s'étonner fi cette terre ou toute cette terre, ne s’en fépare pas } SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS, 263 totalement. Voilà précifément ce qui va nous arriver , & ce qui eft arrivé à cous ceux qui ont combiné cec acide avec des alkalis. M. Schéele pourtant, bien loin de s’éclairer par cette fingularité, en conclut au con- traire que c’eft-là un caractère de fon acide fpathique; & lorfqu’il voit que certe liqueur fe trouble, fe blanchit après y avoir verfé de l'alkali fixe en liqueur , & qu'il s’en dépofe une terre, il n’a aucun doute, il ne prend pas garde à ce précipité, qu'il étoit pourtant bien eflentiel qu'il connût. 5°. Quoi qu'il en foit, on a fait trois parts de cette liqueur, on en a laiflé une de côté, & les deux autres ont été mifes chacune en particulier dans une cucurbite de verre, Sur l’une on a verfé de l’aikali fixe en liqueur claire & nette; dans une autre, de la diffolution de criftaux de foude , aufli bien filtrée; les liqueurs fe font troublées , & peu-à-peu il s'eft fait dans l’une & dans l’autre un léger précipité. Quand ces liqueurs ont été au vrai point de faturation , on les a verfées chacune en par- ticulier fur un filtre, & on a bien lavé les précipités reftés fur ces filtres avec de l’eau dittillée. Pendant ce tems-là nous avons fait évaporer ces liqueurs au bain de fable dans deux capfules de verre, après en avoir retenu, pour l’ufage qu'on va voir, une bonne partie de l’une & de l'autre ; mais ces liqueurs n’ont point donné de criftaux parfaits & re- { connoiflables pour ce qu'ils devoient être, c’eft-à-dire, du fel de glauber & du tartre vitriolé. La liqueur du tartre vitriolé reffembloit à une gelée dans laquelle il y auroit des criftaux confus ; dans l’autre, nous reconnoiflions bien des criftaux, mais ils étoient petits, confus, opaques, & craquoient fous la dent comme la crème de tartre. Nous venons d’ex- liquer pourquoi; nous ne nous y arrêterons pas davantage , pour pañfer à une démonftration qui ne laifle aucun doute que ce ne foit l'acide vi- triolique déguifé dans ces fels par cette portion de terre, que nous venons de dire qui refte unie à ces fels, malgré les fels alkälis, qui n’en ont féparé qu'une partie. 6°. Nousavons pris ces fels bien defféchés; après les avoir foigneu- fement remaflés, nous trouvâmes que celui qui provenoit de l’alkali fixe, pefoir cinq gros & demi. Nous le mêlâmes avec deux à trois pin- cées de poudre descharbon & trois gros d'alkali fixe. Nous fondimes ce mélange dans un creufet couvert , devant la tuyère d'un foufflet; ce qui fut fait en quatre ou cinq minutes; nous verfâmes cette matière en fufon fur une plaque, & nous la reconnûmes auflitôt pour un vrai foie de foufre, & ne nous en tenant pas-là, nous la fimes diffoudre dans de l'eau, nous la filtrâmes par le papier gris, & nous versimes deflus un acide qui la blanchit , en lui faifant répandre l’odeur qu'on lui connoît, & en fit précipiter du foufre que nous reconnûmes pour tel évidemment quand il fut fec , en le mettant fur des charbons ardens, 264 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, 7°. Mais ne nous en tenant pas à cette épreuve, dans la crainte qu’on ne crût que nous avions été induit en erreur par quelques parties de tartre vitriolé, qu'on pouvoit fuppofer avoir été dans l’alkali fixe que nous avions employé , nous primés l'autre fel, provenant de la combi- païfon des criftaux de foude avec acide fpathique prétendu qui pefoit une once juite : nous le traitèmes pareillement; mais dans la même crainte, nous n'y mîmes pas d'alkali, obfervant feulement de le tenir le moins de tems poflible au feu, afin de ne pas donner au foufre qui feroit formé , le tems de fe confommer, effer qui eft retardé, comme on fait, d'après ce qu’en a dit le grand Stahl, par une furabondance d’alkali, Nous eûmes pareillement , mais plus abondamment , du véritable foufre. Je ne crois pas qu'on puifle dire raifonnablement que cette expérience eftillufoire , Les criftaux de foude étoient purs, & quand même ils ne l’auroient pas été, on fair que le kali qui fournit ce fel, eft toujours exempt de tartre vitriolé : fuppofons même qu'il y en ait, il n'eft pas offible d'imaginer que ces parties étrangères aient pu convertir tout l'acide de ce fel en foufre , ou fi l'on veut qu'elles aient pu former une fi grande quantité de foufre. Il eft bon de faire remarquer que dans ces deux expériences , nous eümes encore une preuve complete , de ce que j'ai avancé ci-devant, que malgré la précipitation de la terre du fpath de l'acide par l’alkali fixe , il en refte d'unie au nouveau fel une affez grande uantité ; car je fis remarquer à mes compagnons de laboratoire , qu'il reftoit fur les filtres où nous paflions les foies de foufre, une trop grande quantité de terre pour qu'on püt l’attribuer à la décompofition du charbon feulement ; & je leur fs remarquer dans le fond du creufet de la feconde expérience > où nous n'avions pas pouilé le feu auffi fort qu'à l'autre,, une croûte jaunâtre, dure , qui étoit vifiblement de la terre du fpath, qui n'étoit pas entrée en fufion totalement, La fuire au mois prochain, LETTRE € SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS, 265 L'EMTRE DE M. LE CHEVALIER D’ANGOS; % Correfpondant de l’Académie Royale des Sciences de Paris, Le A EM DE "LUA MÉTHERIE, Doëeur en Médecine, Rédaëteur du Journal de Phyfique. Malte , le 15 janvier 1787, NAS ont Dans un moment où l’on s'occupe beaucoup de Méréorolopie , il feræ peur-êrre utile d'indiquer quelques-uns des réfultats que me fourniflenc les obfervations que je fais fur cet objet, à l'Obfervatoire de Malte. Je ne parlerai ici, Monfieur,, que des variations du baromètre , me propofant de faire connoître , dans un Mémoire particulier , l’état habituel de notre atmofphère, fes changemens , & fur-tout divers phénomènes qui s'y montrent, Si lon peut efpérer detirer quelque parti des obfervations météorolo- giques, lorfqu'on en a recueilli un nombre un peu confidérable, c’eft, fans doute, en cherchant à déméler par les faits, fi, pour le lieu où l’on obferve , il exifte quelque loi, ou apparence de loi, dans les variations de l’atmofphère , ou du moins dans celles des inftrumens que nous fuppolons devoir les repréfenter ; en examinant s’il eft des événemens quireviennent plus fouvenr que d'aurres, fi ces événemens reparoiflent à des époques fixes, ou variables fiivanrune loi quelconque ; enfin, s’il exifte en général quelqu'uniformité dans les faits & dans les tems où ils fe montrent. Ce re fera qu’en difcutant ainfi les obfervations faites en différens lieux que l'on pourra s'affurer un jour, fi les variations que l’on aura reconnues paroiflent tenir à une caufe générale, ou bien fi elles dépendroïent feulemenr ou de la poñtion géographique des lieux ou de quelques circonftances lo- cales (1). a es #6 (x) H feroit très-important d’avoir une füite d’obfervations de ce genre faites dans la zone torride & le plus près poffible de l'équateur ; outre l'avantage de comparer des Tome XXX, Part. I, 1787. AVRIL. LI 266 OBSERVATIONS-SUR LA PHYSIQUE, Dès la fin du mois d'août 1784, je crus reconnoître que dans l'intervalle de midi à trois ou quatre heures du foir, le baromètre baifloit beaucoup plus fouvent qu'il ne remontoit ; dès ce moment je tins compte de cetre variation, & je trouvai à la fin de l'année que fur quatre-vinoet-douze jours d’obfervations le baromètre avoit baïflé foixante-quinze fois dans cet intervalle, & qu'il n'éroic remonté que quatre fois. Ce réfultat qui me donnoit une probabilité de quinze contre un pour ce mouvement, m'éron- na. Mais je crus qu'avant de le faire connoître, il falloit le voir détruit ou confirmé par une plus grande fuite d'obfervations; jé les continuai donc pendant les deux années entières 1785 & 1786, & fi les nouvelles obfervations ont beaucoup affoibli ce réfultat, il n’en fubfifte pas moins encore avec force, comme vous le verrez par le Tableau fuivant. Mais avant d’y pafler je dois vous parler d’un autre fait que la difcuflion de ces mêmes obfervations m'a encore appris. | J'ai dit que le baromètre baifle beaucoup plus fouvent qu'il ne remonte dans l'intervalle de midi à trois ou quatre heures du foir ; mais ce mouvement eft bientôt fuivi d’un mouvement en fens contraire ; car le baromètre remonte depuis cette dernière époque jufqu'à huit ou neuf heures du foir beaucoup plus fouvent qu'il ne continue de baifler. Voilà deux fairs établis, Monfieur , nous allons voir maintenant le degré de probabilité qui exifte en leur faveur. La première colonne du Tableau fuivant indique le nombre d’obfer- vations complettes faites dans chaque mois; la feconde colonne ayant pour titre baiffé & remonté, indique le nombre de fois que le baromètre a baiflé depuis midi jufqu’à quatre heures, & qu'il eft enfuite remonté jufqu'à huit ou neuf heures du foir; la troifième colonne indique le nombre de fois qu'ayant baiflé dans le premier intervalle il a encore baiflé dans le fecond ; la quatrième indique le nombre de fois qu’il a été ftationnaire ou tellement irrégulier dans les deux intervalles, qu'on ne peut rapporter fon mouvement à aucune des autres colonnes ;enfin, la cinquième colonne indique le nombre de fois qu'il eft remonté depuis midi jufqu’à trois ou quatre heures du foir. points extrêmes , peut-être que l’on reconnoîtroit la variation barométrique diurne que la profonde analyfe de M. de la Place lui a faittrouver. Mem. de l'Acad, 1775 1776 D SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 267 Baifé | Baifé |Stationn. 1784. & & ou Remonté. remonté, | continué.| irrégulier. Août ? 3 4 o o Sept. 21 14 3 3 1 O&. 18 12 $s o Nov. 19 14 2 3 o Déc. 27 | 10 8 s 4 Sommes. AA 92 | 53 22 12 s Baifé | Baïfé |Stationn. Baifjé | Baifé |Stationn. 1785. & g ou |Remonté.| 1786, & & ou Remonté. remonté. |continué, |irrégulier. remonté. |continué, |irrégulier. Jan. 27 12 3 4 8 |Janv. AA 14 8 3 s Fév. 28 10 7 6 ||Fév. 28 14 6 2 6 À Mars 27 11 9 2 s |Mars3t 16 7 3 s Avril 29 9 9 $ 6 ||Avril 29 16 6 o 7 Mai 30 13 11 2 4 Mai 29 18 6 o $ Juin 29 17 s 3 4 |Juin 29 21 s o 3 Juil. 3x 20 8 © 3 |Juil. 29 21 4 o 2 Août 30 20 6 2 z ||Août 30 13 3 o ‘4 Sept. 30 25 $ o o |Sept. 29 24 3 2 2 O&. 19 | 24 4 o 1 |O. 28 23 3 o 2 Nov. 28 15 6 1 6 Nov. 18 13 1 o 4 Déc. 31 16 6 o 9 ||DécW3x 20 6 ©] s Sommes. RE GET Sommes. FAN 349 | 192 79 24 54 351 | 233 58 10 5° Tome XXX, Part. I, 1787. AVRIL, L12 268 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, Pour comparer, maintenant, la probabilité de la variation de hauteur en moins avec celle de la variation ex plus , depuis midi jufqu’à quatre heures, il eft évident qu'il faut additionner la feconde & la troilièmé coloene , & comparer leur fomme avec la colonne cinquième, Ainfi pout 178$ on aura 192 79 — 271 contre $4,ou une probabilité de $ contre 1. L'année 1786 donne un rapport de 6 à 1;la moyenne entré les deux eft donc $ ?, La colonne feconde comparée avec la troifième donne une probabilité de 3 à x que le baromètre ayant baiflé de midi à trois heures, il remontera de trois heures à neuf heures plutôt que de continuer de baiffer. Enfin, la première colonne comparée avec la fomme de la feconde & de la trcifième, fair voir que fur 700 jours d’obfervation , il y en a eu s62 où le baromètre a baiflé de midi à trois heures , & la colonne cinquièmé nous donne 104 pour le nombre de fois qu'il eft remonté. De plus, je ne fais, Monfieur, sil n’exifteroit pas une femblable variation entre minuit & quatre heures du matin, Les obfervations du baromètre que je joins aux obfervations aftronomiques pour l'effet des réfractions , fembleroient l'indiquer ; mais elles ne font point aflez nom- breufes, & il eft clair que pour avoir fur ce point un réfultat qui mérirât quelque confiance , il faudroit une longue fuite. d’obfervarions faites à prefque toutes les heures de la nuit; c’elt ce qu’un feul obfervateur ne peut entreprendre (1). Ce Tableau fait voir encore quels font les tems où les variations dort j'ai parlé font les plus fréquentes, & il explique par-là, du moins en partie, la différence du réfulrat de 1784 à celui de 1785 & 1786. Au furplus, fi ces variations font moins marquées dans les premiers mois de- l'année; on peut l’attribuer, je penfe, à la violente agitation de d'atmofphère qui a alors lieu, c'eft-à-dire, à des vents impétueux & prefque continuels. On n’a nul befoin ici de lappareil qui fe trouve dans les cabinets de phyfique pour démontrer l'influence du vent fur le baro- mètre ; on le voit fouvent faire des ofcillations continues pendant des journées entières , & aujourd’hui 15 janvier, ces. ofcillations s'élevoienc jufqu'à une + ligne. Le Journal de Phyfique (juillet 178$ ) rapporte que M. W'anfiwinder a trouvé que le baromètre efl fujet à une petite variation périodique diurne ; n'ayant point lu le Mémoire de ce célèbre Phyficien, j'ignore & le fens de fa variation & l'heure où elle arrive ; on pourra voir maintenant fi elle a quelque rapport. avec celle que j'ai obfervée. oo (1) L’Obfervatoire royal de Paris, où il y a nuit & jour un obfervateur debout ; nous fournira par la fuite de grands éclairciflemens fur cet objet , ainfi que fur tous les points de l’Afronomie & de la Météorologie. + SUR L'HIST, NATURELLE ET LES ARTS. 269 Quant à la caufe de cette dernière, je ne prétends pas l’afligner ici ; je me contenterai d'examiner fommairement avec lequel des autres phéno- mènes météorologiques elle paroït avoir le plus d'analogie. M. Wanfwinden (même Journal , page 22) a trouvé que les vents ont une influence marquée fur [a variation ; je ne doute nullement, Monfieur , que l'opinion de ce favant ne foir bien fondée ; mais il eft également certain qu'ils n’affeétent point celle que j'obferve ici, puifque certe variation a lieu , quelle que [oit leur dire&ion ; elle a lieu également par des tems calmes, & quelquefois même par les vents Les plus violens. ; Voudroit-on attribuer cette variation à l'humidité de l'armofphère 2 j'obferve que cette humidité eft toujours très-forte ici, qu’elle a rarement de grandes variations , & qu'il paroît affez bien établi que cette caufe doit peu influer fur la preflion de l’air ; du moins nous avons de grandes autorités pour cette opinion , MM. de Sauflure, Wilcke, &c. Parlerai-je de l'attraction du foleil ? Vous favez, Monfieur ; qu'il eft bien démontré que la mafle de cet aftre qui produic en partie les marées de l'Océan , ne peut agir fur l’atmofphère d’une manière qui foit fenfible à nos inftrumens , & en outre il faudroit encore qu'il exiftât une feconde variation femblable, mais beaucoup plus forte, & qui dépendroit de l'a@ion de la lune, Nous avons éliminé comme caufes, l'attraction folaire , l'humidité de l'armofphère & les vents, il ne refte plus que la chaleur à examiner; & s'il eft naturel de penfer que des événemens qui fe font préfentés enfemble un grand nombre de fois peuvent dépendre l’un de l’autre; s’il eft naturel de chercher à des effets conftans une caufe conftante, il paroîtra d’abord que l'action de la chaleur peut très-bien nous rendre compte du phénc=+ mène obfervé ; en effec, les deux événemens (abaïflement du baromètre , afcesfion du thermomètre ) font fimultanés & conftans ; mais eft-ce-la une explication ? Non , Monfieur, c'eft un fimple rapprochement de faits, & rien de plus, à mon avis. Et en efer, que d'objections ne peut-on pas élever contre cette idée?. . . Ma variation dépendant alors d’une caufe générale , devroit-elle même être ä-peu-près générale, on devroit la retrouver par-tout (1). Et fans doute elle eût éte apperçue depuis long- (*) Il feroit poffible cependant que cette variation ne fût fenfible que dans les pays où les autres changemens de hauteur du baromètre re font pas très-grands. Dans la Méditerranée la poñition de la lune relativement à la ligne des fyzigies & à celle des quadratures n’influe pas d’une manière fenfible fur les marées ; cette influence doit cependant exiler , puifque ces marées font réglées comme celles de l'Océan, ( Voyez mes obferv. dans le quatrième vol. de l’Affronom. de M. de la Lande ) mais elle eft marquée par des caufes étrangères. Ici le baromètre eft prefque toujours en mouve— ment, mais ce mouvement eft peu confidérable, 275 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, tems. .. . Il femble que le baromètre devroit baïffer d'autant plus que 1€ thermomètre s'élève. . . .& fi ma variation ( Joupçonnée à la vérité } entre minuit & quatre heures du matin fe trouvoit un jour bien établie, où en feroit alors cette hypothèfe ? Mais je n’infifterai pas pour le moment fur ces objections, ni fur plufieurs autres que l’on peut élever; je me propofe de les difcuter ailleurs, d'y ajouter de nouvelles combinaifons de mes obfervations, de déduire la quantité moyenne de ma variation, quoique cette quantité foit peu importante en elle-même ; enfin, j'y joindrai quelques obfervations fur l’éle@ricité, & de grands détails fur les variations de l’hygromètre à cheveu , inftrument précieux par fa compa- rebilité, fa fenfbilité, & fi digne du célèbre Phyficien auquel nous le devons. Au furplus, quelques moyens que l’on emploie, la nature de ce fluide qui nous entoure & dans lequel nous faifons fi facilement des hypothèfes, demeurera toujours impénétrable à nos recherches ; chacun des faits que nous obfervons eft le réfulrat de lation combinée de différentes caufes qu’il faudroit pouvoir évaluer féparément; ces faits d’ailleurs font relatifs à plufieurs échelles qui font arbitraires & dans leurs principes & dans leur conftruction. Ainfi vouloir déterminer, par leur moyen, les caufes des différentes modifications de l’atmofphère & les relations de ces caufes, c’eft prétendre expliquer le mécanifme d’un rouage dont le nombre de pieces, leur difpofition , leur nature, ainfi que celle du moteur qui l'anime, font inconnus; c'eft précendre l'expliquer, dis-je, par le mouve- ment de quelques aiguilles placées à volonté fur le cadran, Je terminerai cette Lerrre, Monfieur, en rappelant un paflage du cinquieme volume des Mélanges de Philofophie de M. d'Alembert. Cet homme célebre voulant faire fentir le vuide de la plupart des explications que l’on fournie journellement en Phyfique, fuppofe les faits contraires à ce qu'ils font, & il en donne enfuite des explications très-fimples, & qui paroiflent on peut pas plus naturelles. Un des exemples qu'il choifit et celui-ci: L'hiver eff La faifon où la grêle doit principalement comber. Rien ne fercit plus vraifemblable que fa foiution ; mais il obferve que le fait eft faux, & il eft reconnu pour tel: cependant le fait eft vrai ici, il n'y grêle qu'en hiver, J'ai l'honneur d’être, &c, D NPA TG SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 271 EN SE ME ECS re PLAN D'une Carte Phyfique , Minéralogique , Civile & Eccleftaflique ” de la Franche-Comté & de Jes Frontières , qui comprennent une grande partie des Montagnes de la Bourgogne & de la Champagne , les V ôges jufqu'a Sainte-Marie-aux Mines , le Sundgam , la Principauté de Porentrui , la partie de la Suiffe depuis Soleure jufqu'& la perte du Rhône , en pallant par les lacs dé Bienne, de Neuf- Châtel & de Genève. On y a ajouté quelque chofe du Canton de Fribours & du pays du Valais, avec le cours de l’Arve depuis .Chamouni jufqu'a fon embouchure : Ouvrage dédié à MM. de l’Académie de Befançon (1); Par le P. CHrysocoGuE DE Gy.:. Capucin, Membre de la même Académie & de celle de Heffe-Caffet, DESCRIPTION DE LA CARTE. Ce TTE carte eft projettée fur le plan d’un quarré d’environ fix pieds de Roi, dont Befançon occupe le centre. Elle eft divilée & graduée en degrés & en minutes de longitude & de latitude, & en toifes pour les diftances à la méridienne de Paris & à fa perpendiculaire. Les longitudes y font numérotées depuis Paris, &, en y ajoutant 20 = degrés, on a celles qui répondent à l'Ile de Fer: au nord, le parellèle le plus fep- tentrional, qui eft à 48 d. 10/, porte 3 d. 15’ 40” de longitude ; favoir, depuis 2 d. 3° 20" jufqu’à $ d. 19’ : au fud , où les degrés font plus lonos , le parellèle le plus méridional, qui eft à 46 d. 5”, ne porte que 3 d. 10’ de longitude ; favoir , depuis 2 d. 7/ jufqu'à $ d. 17. Les latitudes font ainfi numérotées, de chaque côté de la carte, & s'étendent comme on vient de le dire, depuis 46 d. $' jufqu'à 48 d. 10’, ce qui fait 2 d. $/ en latitude pour la carte. On a marqué la méridienne de Befançon & fon parallèle, chacun ; par une ligne double divifée & numérotée, Les autres méridiennes & (1) Lu à la Séance publique de l’Académie de Befançon, le 24 août 1786. 32 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE; les autres parallèle ne font tracés que de 15 en 15 minutes, par des fimples lignes. + On a divifé de mille en mille toifes, & on a numéroté de dix milles en dix milles, fur les bords de la carte, les parallèles à la méri- dienne de Paris & à fa perpendiculaire, Les quatre de ces parallèles les plus proches des bords font tracées en points dans route leur longueur; celles de Befançon, en lignes pleines; & les autres ne font traçées que dans les extrémités marquées en points. j Les grandes montagnes font exprimées auffi fortement que la gran- deur du plan Pa permis, & fufifamment pour y diftinguer les grandes chaînes. & leurs vallées en lnele que tranfver{ales. Les autres font exprimées plus foiblement, p ür conferver de la clarté dans la carre, Les rivières font tracées exaétement dans toute l'étendue qu’elles parcourent fur la carte: on en diftingue facilement les fources & ‘les embouchures, qui fe trouvent aufli dans cer efpace. On a porté le détail jufqu'aux plus petics ruifleaux. Une ligne plus forte que les autres indique la féparation des eaux de la Saone d'avec celles de la Loire, de la Seine, de la Mofelle & du Rhin. Cette ligne continuée au nord-eft le long de Ja plus haute chaîne des Vôges, fépare les eaux du Rhin, de celles de la Mofelle. On trouve fur les rivières routes ufines principales, les ponts & les lacs, Les bois ne font marqués que dans la Franche-Comté : on y a dif tingué les régions & les limites de quelques efpèces, comme du chêne, du fapin, & du buis. Les grands vignobles y font aufñi exprimés, Les caradtères minéralogiques font placés très-exaétement dans les endroits où fe trouvent les matières qu'ils indiquent: & on a mis furun côté de la carte, une table pour leur explication. Les états & les pro- vinces fonc féparées par des points enluminés en différentes couleurs ; les Bailliages de la Franche-Comté, & la terre de Saint-Claude font auf divilés & marqués par des points enluminés de la même couleur qui fair l’enceinte de la province: les enclaves y font enluminées de la couleur des provinces étrangères : & les prévôtés ne fonc marquées que par des points fans enluminures, Les grandes routes royales, les demi- routes, & les routes fomaines y font tracées & diftinguées par des lignes différentes les unes des autres, Où eft defcendu dans un très-grand détail peur les poftions, fur-tout près des frontières de la Franche-Comté, près des limites de fes Bail- liages & fur les grandes routes : on y a marqué jufqu'aux hameaux & aux granges avec leur nom. Excepté les endroits où les, Paroifles font prefque entièrement compofées de granges féparées , dont les noms auroient caufé une trop grande confufon fur la carte ; alors on s’eft contenté de mettre les oranges & les noms des principaux cantons. Les Diocèfes font aufli féparés par des points & enluminés par des couleurs SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 27; couleurs différentes de celles des provinces: les décanats du Diocèfe de Befançon font féparés de même les uns des autres & enluminés de la même couleur que les limires du Diocèfe : on a eu égard à l'échange fait depuis peu entre Monfeigneur l'Archeyèque de Befançon & Son Alreflele Prince de Porrentrui , Evêque de Bâle, pour les Paroifles cédées de part & d’autre : on a fait aufi attention aux changenens que Monfeigneur l'Archevèque de Befançon a faits pour les limites de quelques décanats. Cette carte fera en fix feuilles du grand aigle que l'on pourra réunir & coller pour en faire une feule pièce. On a ajouté une demi-feuille pour avoir la fuire des Vôges jufqu'aux montagnes dites les Donnons. Une huitième feuille fera deftinée à .exprimer les hauteurs de toutes les montagnes comprifes dans le plan de la carre, & que j'ai prifes avec Le baromètre , & calculées avec grand foin. Deffein du Difcours qui doit accompagner la Carte: Ce que j'ai dit jufqu’à préfent, n’eft que,géographique; &, fi je men tenois-là, la carte n’auroit pas de bien grands avantages fur celles qui l'ont précédée. Mais, en travaillant pour ma patrie, j'ai cru, MM, devoir entrer dans vos vues & fuivre vos projets. Depuis long-tems vous vous occupez utilement de l'hiftoire naturelle de la Franche-Comté. Plufieurs difcours remplis de recherches curieufes & de raifonnemens profonds ont mérité la couronne qui leur étoit deftinée, Ce font comme autant de beaux morceaux prêts à être mis en place dans le fuperbe édifice que vous vous propofez d'élever à l'honneur de la province : mais - ces beaux morceaux font encore ifolés & féparés : ils laiffent même de grands vuides entr'eux. Il faudroit un plan général pour les placer & pour les réunir, par une fuite de chacune des matières qui en font les objets, & qui, bien difcutées, répandroient quelques lumières fur la théorie de la terre. Vous avez, MM., parmi vous, autant de perfonnes dont les talens auroïent pu conduire cet ouvrage à fa perfection ; mais il auroit fallu plufieurs voyages longs & fatiguans; & des affaires plus intéreflantes en ont retardé l’exécution jufqu'à préfenr, Plus libre des affaires du monde, par mon état, je me fuis hafardé de jeter les pre- miers fondemens de cet édifice patriotique, dans l’efpérance que des mains plus habiles l'éleveroient & l'orneroient. Le premier voyage que je fis à ce fujet, & dans lequel je parcourus, en gros, prefque toute la province, ne fervit, pour ainfi dire, qu'à m'apprendre qu'il falloir un bien plus grand détail, & par conféquent, plufieurs autres voyages : voici le cinquième , & je fouhaite en être quitte pour deux autres. Pour m’encourager dans des courfes aufi pénibles, vous m'avez fait l'honneur d'agréer la dédicace de l'ouvrage, & de m'aflocier à vos Tome XXX, Par. 1, 1787. AVRIL Mm » 273 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, travaux en m'accordant une place dans votre illuftre & favante Académie, J'ai tâché de répondre à vos vœux, & je continuerai d'y donner tous mes foins, je vais vous en aflurer par les faits, en mettant en précis fous vos yeux, les richeffes naturelles de la province en Phyfique & en minéralogie, que j'ai déjà remarquées dans mes voyages. Malgré les bornes étroites que je me fuis prefcrices dans ce pro/pe&us , il faudra cependant plufieurs difcours pour donner une idée fufhfante de l'ouvrage, Nous commencerons par les montagnes, & nous donnerons enfuite une def- cription des grandes plaines. Des Montagnes. Celle qui paroît nous intérefler le plus & qui fait le fujec de ce pre- mier difcours, c’eft le Jura. Je prends ici ce nom dans fa plus grande étendue, & j'y renferme tout ce corps de montagnes compris entre la Suifle & le bas de la Franche-Comté, & qui s’étend depuis Bâle jufqu’à la perte du Rhône, au pied de la montagne dite le Grard-Credo où je termine ma carte. L Deux fortes de Montagnes ‘bien remarquables dans le Jura. On doit diftinguer deux fortes de montagnes dans le Jura; l'une & l'autre calcaires, mais entièrement différentes entr'elles pour leur origine & pour leur compofition. La première forre comprend fes grandes chaînes qui féparent les vallées, & dont la plus haute borde la Suifle ; & les autres s’abaiflent à proportion quelles approchent des plaines de la Saône & du Khin, Le fond de ces grandes chaînes eft une pierre que l’on peut regarder comme de première formation, & à laquelle on donne le nom de roche. Elle eft d’un grain fin & comme d’une feule pate durcie & fendue par la retraire: on en a trouvé cependant des blocs énormes prefque fans la moindre fciflure. Ordinairement elle eft comme par bancs dirigés au nord , ou au nord-eft; quelquefois prefque perpendiculaires à l’horifon , fouventun peu plus inclinés, mais rarement plus de 45 degrés. On n’y trouve point de coquillages ni d’autres corps étrangers. [l eft difficile de la travailler régulièrement, parce qu’elle faure en éclat. Par-tout où j'ai trouvé des creufages profonds, j’ai vu que cette roche faifoit le fond des grandes chaînes du Jura, Il eft rare que fur les revers de cette première forte de montagnes, on ne trouve pas des replats prefque horizontaux fur une longueur confi- dérable, & toujours prefque de niveau avec des replats ou avec des fommités de chaînes voifines & plus baffes, Les fommets de ces grandes chaînes font en têres ifolées & féparées par des échancrures plus eu moins profondes. On voit dans chacune de ces rêres, fur-rout de la plus haute chaîne , un effet violent des eaux qui ont travaillé à les abattre, qui y ont creufé des abimes affreux ; qui ont lavé , arrondi, . SUR L'HIST. NATURELLE ETLES ARTS. 2375 fillonné les roches prefque horizontalement, qui ont laiflé dans ces soches les plus hautes une forme qui tend à fe réunir à d'autres qui évoient plus élevées, & qui marque qu'elles étoient elles-mêmes plus élevées qu'elles ne font à préfenr. Dans les endroits où ces montagnes font coupées dans leur largeur, on voit de chaque côté des arcs naiflans qui tendent à fe réunir bien plus haut que le fommet actuel de la montagne, ce qui preuve encore que ces fommets ont été beaucoup plus élevés qu'ils ne font, Gn peut voir des arcs pareils de chaque côté de la citadelle de Befançon & en beaucoup d'autres endroits, Ces roches ainfi dégradées, même les plus hautes, font fouvent recouvertes d’une autre forte de pierre formée de gravier réuni & durci, pareil à celui des rivières : nouvelle preuve que rout notre Jura a été fous ies eaux. Les coquillages que l'on trouve fur les revers & même fur les fommités de ces montagnes en font ure confirmation ; mais, comme je l’ai déjà remarqué, on ne voit point de coquillages dans les roches qui font le fond de ces montagnes, & que l'on peut regarder comme de première formation. Direëlion de cette première forte de Montagnes du Jura. La direction générale des grandes chaînes du Jura, eft à-peu-près de fud-oueft au nord-eft , parallèlement à deux grandes plaines dont une le fépare des Alpes, & l’autre des montagnes de la Bourgogne, de la Champagne & des Vôges : bien éloignée des angles faillans & rentrans, cette direction eft au contraire prefqu'en ligne droite, excepté quelques endroits où ces montagnes forment des regonflemens ou des refferre- mens. Les Alpes & les Vôges font aufli ä-peu-près dirigées dans le même fens. Seconde forte de Montagnes dans le Jura. Les eaux qui ont abaïflé les grandes chaînes du Jura, en ont en- traîné & dépofé une partie des débris dans les vallées. Elles y ont formé d’abord des plaines horizontales plus ou moins larges, où l’on trouve quelquefois à des profondeurs confidérables , des couches alternatives de fable, de gravier, & de pierres plus ou moins arrondies, des terres glaifes, des marnes, des tourbes, des pétrifications, des pyrites, & en quelques endroits des monticules entiers de fable avec de gros blocs de pierre calcaire ifolés & arrondis. Toutes ces matières font entre les grandes chaînes & appuyées contr'elles, quelquefois fur leur replats ; mais elles ne tiennent aucunement au gros de la montagne. Quand il ny a point de ruifleau dans ces plaines ou que celui qui s’y trouve n'a qu'une pente fort douce, ces plaines font reftées dans leur premier état de nivellement; mais fi le ruifleau eft rapide, il s’eft Tome XXX , Part, 1, 1787. AVRIL, M m 2 276 OBSERVATIONS SUR LA PHFSIQUE creufé un lit plus ou moins profond, quelquefois au milieu de la plaine, d’autres fois fur un des côtés & cela alternativement. Dans tous ces cas ce ruifleau forme une montagne depuis fon bord, où l’on diftingue affez fouvent les différentes couches dont elle eft compofée, & l’on retrouve de chaque côté du ruiffeau, contre les grandes chaînes, les points du nivellement de la première formation de la plaine ; c’eft en füuivant le cours de ces ruiffeaux que lon trouve des angles faillans & rentrans dans cette feconde forte de montagnes, & non pas dans les grandes chaînes, comme nous l'avons déjà remarqué. Dans quelques- unes de ces vallées, on remarque comme des degrés de la diminution des eaux, à mefure que ces grandes eaux creufoient leur digue, Hauteur du Jura refpe&ivement aux Alpes, aux Vôges & aux Montagnes de la Bourgogne, Le Jura qui eft entre les Alpes & les Vôges, tient auffi un milieu entre les hauteurs de ces montagnes. Les plus hautes fommités du Jura, qui font le reculet qui domine fur Thoiry, le Mont-Colombier au-deflus de Gex , la Dole près des Roufles, le Mont-Tendre entre Eau-Bonne & le lac de Joux, le Suchai près de Jouigne , la Chafferale au-deffus du lac de Bienne; ces fommités, dis-je, font plus baffes d’environ 40 à SO toifes que les premières chaînes des Alpes; & à-peu-près plus élevées de la même quantité que les plus hautes montagnes des Vôges. La chaîne la plus bafle du Jura que l'on appelle le Zaumons eft un peu plus élevée que les montagnes de Bourgogne : les roches de Mont-Faucon dominent un peu Rockhe-Aigue la plus élevée des environs de Dijon. Le Jura qui s’abaifle ainfi dans fa largeur , fe conferve de niveau dans fa longueur, quelquefois fur 20 à 30 lieues; il ne perd ce nivellement que vers fes extrémités où fes montagnes s’abaiflent avec le cours des eaux, pour mourir enfin dans les plaines. l'out cet afflemblage n'a-t-il pas quelque chofe de frappant ? Cette direction prefque parellèle de trois grands corps de montagnes; cette pente prefque infenfbie, depuis les Alpes jufqu'à l'Océan & qui s’adoucit encore à proportion qu'elle s’en approche; ce parallélifme que le Jura conferve dans un autre fens : tout cela, dis-je, ne nous montre-t-il pas quelque chofe de grand dans l’hiftoire naturelle pour la théorie de la terre ? Et ne nous annonce-til pas une caufe bien plus régulière & beaucoup au-deflus des courans de la mer & des rivières de la cerre © Dégradation extérieure & intérieure du Jura. Nous avons déjà dit que les hautes chaînes du Jura avoient été abattues par un agent violent. Sa dégradation extérieure actuelle eft aufi éton- nante, Îl ny a point d'hyver qui n'augmente les talus formés au pied SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 27} des montagnes particulières , par leurs débris continuels. IL s’y fair quel. quefois des éboulemens de 80 à 100 toiles de jarge : J'en ai vu trois de cette forte dans la feule vallée de la Valferine : au printemps dernier, il s'en fit un pareil dans les roches du Mont-D'or avec un bruit épouvantable. Quant à l'intérieur , le Jura eft tout percé de gouffres remplis d’eau, ou d'abîmes qui en ont reçu autrefois, ou d'entonnoirs qui reçoivent encore celles des pluies ou des fontes de neige; il y a des fuites de ces entonnoirs , fur un quart-d’heure de long & même fur une demi-heure, & quelquefois davantage. J’en ai vu trois rangs parallèles fur cette lon- gueur dans une combe de la principauté de Porrentrui. Toutes ces eaux circulant dans l’intérieur de la montagne, ont entraîné, entraînent en- core les matières les plus détachées, minent les piliers qui foutiennent la voûte générale ; de-là tant de cavernes & de grottes, tant d’enfon- cemens qui fe font tous les jours , tant de lacs & de rivières fouterrains qui fourniffent des fources abondantes & des torrens (1). C’eft pourquoi ee © — 2Ùû (1) La caufe phyfique de cette quantité prodigieufe de torrens qui fe trouvent dans le Jura, paroît aflez intéreflante, pour avoir place dans ce difcours. Je prends le Frais-puits, près de Veloul , pour exemple, quoiqu'il ne foit pas dans le Jura, mais parce qu’il eft plus connu. C’eft dans fon local, & dans celui de fes environs que nous pourrons en découvrir la caufe. « Le Frais-puits eft à une lieue fud-fud-eft de Vefout , fur le territoire de Quincey. C’eft un creux d’environ foixante pieds de diamètre dans le haut ; il diminue, à-peu- près fous la forme d’un entonnoir, excepté du côté de left , qui eft prefque perpen- diculaire ; ce côté eft élevé de cinquante à cinquante-cinq pieds au-deffus du fond du puits & oppofé au côté par où l’eau s'écoule. Celui-ci eft moins élevé & plus évafé que lé précédent. Le côté perpendiculaire préfente un rocher dans le bas où l’on voit quelques fciflures : dans le refle du contour c’eft de la terre & du gravier prefque ju qu’à la hauteur où s’écoulent les eaux. Le hauteft un gazon avec quelques brouffailles, Il y a prefque toujours un peu d’eau dans ce puits : elle croît & dimintte à proportion des pluies & de la fécherefle. Quelquefois il eft rempli & il demeure quelque tems, en cet état , fans donner de l’eau ; mais s’il arrive alors de grandes pluies, l’eau bouillonne, comme de gros tonneaux agités fur fa furface ; elle déborde pendant quelques jours & inonde la prairie de Vefoul qui eft cependant très-fpacieufe ; elle y monte quelquefois jufqu’à trois ou quatre pieds. Les eaux de ce puits fe font creufé un lit fur la longueur de cinquante à foixante pas, & fur la hauteur de douze à quinze pieds & même de vingt-cinq à trente en approchant de la prairie de Quincey , il s’y fait des enfoncemens; la fond de champ Damoïis pourroit bien en être un ancien. Cette fond eft entre Vefoul & ce puits, un peu plus proche de ce dernier & dans le paffage de fes eaux. C’eff un creux rond , au milieu des prés, fur un diamètre de dix à douze pieds; elle donne continuellement affez d’eau pour un moulin , & fes environs font mouvans. Tout le fol eften monticules à deux & trois lieues eft quart nord-eft du Frais-puits, du côté de Moroy-lArchevèque , Sère-les- Noroy , Borey & les environs. Ces monticules forment des bafins dont les fonds font plus hauts que ce puits , les uns de quarante , les autres de cinquante toifes, & qui n’ont point de communication entr’eux pour les eaux, Ces eaux renfermées fe (one 278 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, fi le Jura exiftoit depuis des millions & des millions d'années, il y a long-tems qu’il ne feroic plus montagne, ou du moins fes vallées les plus étroites feroient déjà comblées des débris des hautes montagnes. Excavations confidérables dans le Jura Un fait admirable & que je regarde comme très-important pour la théorie de la terre; ce fonc plufieurs montagnes particulières du Jura, coupées profondément dans leur longueur ou dans leur largeur : tels font fait des ifues dans la terre où elles fe précipitent toutes, L’Ognon, au bas du moulin d’Aillerans , efl auffi élevé d'environ dix-huit toiles au-dellus de la furface du Frais-puits : une partie des eaux de cette rivière entre en cet endroit fous des roches, dans une caverne dite Ze Creux des Fées. Voilà, à-peu-près, les circonflances locales les plus remarquables refpe&ives à ce torrent, & qui peuvent fervir à expliquer fes effets. Pour cela , je croirois d’abord que toutes les eaux des baffins dont nous venons de parler , fe réuniroient fous terre , dans un lac, qui formeroit une rivière , ou feulement dans une rivière fouterraine qui pafferoit fous le Frais-puits & qui formeroit la fond de champ Damois; tant que le canal qui formeroit le lit de cette rivière , ne feroit pas rempli, les eaux n’entreroient pas dans Le Frais-puits : quand ce canal feroit rempli fufifämment , les eaux monteroient alors dans le puits à proportion de leur abondance : elles pourroient même monter jufqu’au bord fans ‘qu'il jetât , pourvu que la fond de champ Damois , & d’autres iflues que nous ne connoiflons peut-être pas, les débitaffent fuffifamment ; mais quand , dans ces circonftances , les eaux viendroïent encore à augmenter, & que toutes ces iflues ne pourroient plus les débiter , elles pafferoient alors par les fciflures des roches avec d’autant plus de rapidité que ces fciffures font plus petites, elles entreroient aufli avec violence dans le Frais-puits, elles cauferoïent les bouillonne- mens que l’on y voit : elles s’écouleroient enfuite en grande quantité, & inonderoient la prairie de Vefoul. IL paroît cependant que tous les baffins des environs de Noroy auroient peine à fournir aflez d’eau pour inonder cette prairie , à la hauteur où ces eaux montent quelquefois , & d’autant plus que pendant le tems de inondation , il s’en écoule déjà beaucoup hors de la prairie : les eaux de l’Ognon pourroient donc bien y être pour quelque chofe, Je comparerois volontiers tous ces effets du Frais-puits , avec leur caufe, à une fontaine qui auroit un robinet à deux iflues , l’une en pente & l’autre perpendiculaire à la première, Celle qui feroit en pente débiteroit feule les eaux de la fontaine , tant qu’elles n’y feroient élevées qu’à une certaine hauteur , les eaux monteroient dans V'iffue perpendiculaire, à proportion qu’on les augmenteroit dans la fontaine , & fi on les augmentoit fufiämment , elles jailliroient alors par cette dernière, Dans cette comparailon les baffins & l'Ognon feroient la fontaine , la rivière qui paleroit fous le Frais-puits, feroit l’iffue en pente , & le Frais-puits lui-même feroit l’iffue per pendiculaire de la rivière. On trouve dans le local des autres torrens, & dans celui de leur: environs des circonflances à-peu-près pareilles à celles du Frais-puits, & qui peivent fervir à expliquer leur inondation de la même manière. On pourroit citer po1r exemple le puits de la Brème, près d'Ornans , le Creugenat, près du Porentrui , un puits fur le revers oriental du Jura, qui demine fur la Saara en Suifle, &c. &ce le lit du Doubs (1), fur-tout depuis Villers près de Morteau, jufqu’à Ponderoïide; ceux du Défoubre, äu Cufancin, de la Louë, de l'Ain, de la Hienne, & quantité d’autres endroits qui paroiflent avoir été des lacs dont les eaux ont enfin rompu leur digue, comme il arrive encore de rems en tems dans les montagnes des Alpes, près de Salenches fur la gauche en allant à Chamouni , où il fe forme des torrens fubits, violens & dangereux, mais de peu de durée, dits dans le pays, ÎVans Jauvages. La principauté de Porrentrui l'emporte encore en ce genre fur le refte du Jura, à ce qu'il me paroït. On pourra en juger fur les circonf- tances locales que je vais rapporter. Une partie de cette principauté eft divifée en quatre grandes vallées, d'environ quatre lieues de long, fur trois quarts-d’heure ou une heure de large , féparées par autant de chaînes de montagnes fort élevées, & larges en quelques endroits d’une lieue & demie. Les extrémités de chacune de ces vallées font plus élevées que le milieu, & on ne peut pas en fortir par ces extrémités, fans beaucoup monter. Mais ces vallées ont des communications entr’elles par une pente affez douce, à travers ces mafles énormes de montagnes qui les féparent; & qui font coupées au niveau du milieu des vallées, {ur 300, 400, 500 toifes de hauteur & dans toute leur largeur. On pourroit aflez juftement comparer ces vallées à des berceaux pofés les uns à côté des autres dont les extrémités, remplies en talus, feroient plus élevées que les côtés, & dont ces cotés feroient coupés jufqu'au fond , pour laifler un paflage de l'un à l’autre. Je connois fept à huit paflages femblables à travers ces hautes montagnes, dans un quarré d’environ quatre à cinq lieues; & dont quatre aboutiflent à la vallée de Mouthier-Grand-Val. Ces paflages font évafés dans le deflus, d'environ une demi-lieue par endroits; mais leurs parois, en talus , fe rejoignent dans le fond où coule un ruifleau. On a pratiqué des routes fur quelques-uns de ces SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 279 D E (1) Il eft affez furprenant que le Doubs après avoir creufé très-profondèment des mailes énormes de montagnes, pendant dix à douze lieues du fud-oueft au nord-eft, juiqu'à l’endroit où fe trouve Saint-Urfane, il fe foit arrêté, pour ainfi dire, tout-à- coup , pour retourner prefque fur lui-même, jufqu’à Ponderoide , à travers une autre fuite de montagnes , tandis qu’il n’y avoit plus qu’une lieue à couper, en füivant fa remière direétion pour tomber dans la vallée de Delémont, & enfuite dans le hin. Il paroït que ce fut un lac qui occafonna ce changement dans la direétion des eaux du Doubs : en effet , les montagnes des environs de Saint-Urfane , à quatre ou cinq cens pieds de hauteur, portent toutes les indices d’un grand lac de près d’une lieue de diamètre, En ce cas les eaux du Doubs auroient perdu leur force dans ce lac ; & comme ce lac fe trouvoit du côté de Ponderoïde , refpeëtivement à la féparation des deux mers , les eaux du Doubs auroient pris une autre dire&tion avec celles du jac, vers Ponderoide & la Méditerranée, 280 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, talus; mais les roches font quelquefois fi refferrées & fi efcarpées, qu’on a été obligé de conftruire un canal fur le ruifleau, pour y faire pafler la route. C’eft-là que l’on voit à fon aife, la nature de ces roches pri= mitives, leur direction, leur inclinaifon , & rous leurs autres accidens qui demanderoient chacun une differtation particulière trop longue pour le moment: & il faut les avoir vues pour fe faire une jufte idée des fen- timens de grandeur, de furprife, & d’admiration qu’elles infpirent, & que l’on ne peut pas exprimer par des paroles. Cependant les fources des ruiffeaux , ou fi l’on veut des rivières qui traverfent ces montagnes, font beaucoup plus baffes que les fommités des montagnes elles-mêmes, ces fources ne font donc pas la caufe de ces effets merveilleux. IL a fallu un agent plus puillant pour creufer ces abîmes. Matières étrangères répandues dans le Jura. Une des plus intéreflantes, c’eft le fer, je n’en ai point trouvé en roche dans le Jura: car je ne crois pas que l'on puiffe donner ce nom à celui qui eft en grains mêlés dans une terre durcie. C’eft aux environs de Pontarlier qu'il y en a le plus de cette forte. Près du village d'Oye, ileft dans un monticule peu élevé au-deflus du niveau du Doubs; mais près de Saint-Pierre , il eft prefque au milieu du revers de la montagne; & près des Longe-Villes, il eft encore plus élevé au-deflus de la plaine & toujours mêlé avec de la terre qui paroît avoir été tranfportée & dépofée par les eaux. J'ai bien de la peine à me perfuader qu’à ces bauteurs, ces grains viennent tous de matières ochreufes dépofées dans des fonds limoneux & qui fe foient réunies pour les former; je conjec- ture, au contraire, que ce font des mines de fer en mafle, qui ont été caflées , détachées, roulées, arrondies, & dépofées où elles fe trouvent à préfent, comme on voit à l'égard des grès formés par ce moyen, Ce qui me confirme dans cette conjeéture, c'’eft qu'il y a dans les mêmes cantons des mines de fer en grains qui ont évidemment cette origine. Entre Mont-Perreux & Chaudron, un peu au-deflus du bord d'un petit ruifleau, & fur le Mont-d'Or, dans un creux comme dans un fac entre des roches, on trouve de la mine de fer en grains fort petits mêlés dans de la terre avec des petits criftaux de roche, dont quelques- uns font arrondis & applatis comme des lentilles; d’autres font en cylindre, 8 beaucoup confervent encore leurs fix pans & leurs deux pyramides avec les faces, mais dont les angles font émouffés. La nature & la forme de ces criftaux montrent qu'ils ne font pas originaires du Jura, qu'ils viennent d’ailleurs, & que les grains de mine de fer les ont accompagnés dans leur tranfmigration : ce qui ne furprendra pas, fi on fait attention à un autre fait, dans le Jura même, en ce genre de matières étrangères & tranfportées , eacore beaucoup plus frappant que celui-ci, & qui cependant ne fouffre aucun doute, È n SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS, 28r . En effet , tout ce que je viens de dire n'eft prefque rien en comparaifon du fait que j'annonce. Le voici : toute la furface düNrevers oriental du Jura, qui domine fur la Suifle & fur le pays de Gex, entièrement calcaire pour le fond, eft cependant couverte de matières vitrifiables fur la longusur de cinquante lieues. Ces matières ne tiennent nullement au gros de ja montagne ,elles font, feulement, pofées fur fa furface. Il y en a des morceaux de toute grofleur , depuis celle d'un œut de pigeon & même plus petits, jufqu'à celle d’un volume de fix mille pieds cubes, & qui pèfent environ un muüllion cent quarante mille livres. Ces morceaux , même des plus gros & en grande quantité, font élevés jufqu'à trois cens cinquante, quatre cens toiles au-deflus du niveau des lacs de Genève & de Neufchâtel : ils font, ordinairement , plus arrondis à proportion qu'ils font plus petits, & les angles des plus gros font émouflés, On y voit toutes les fortes de pierres que l'on trouve dans les Alpes ; & M, de Sauffure, habile & célèbre Naturalifte, qui lesa examinées avec foin, affure qu'en prenant celles du Jura, on pourroit prefque les reporter , chacune, aux rochers d'où elles ant été tirées. Le pays natal de toutes ces matieres étrangeres font donc les Alpes , éloignées cependant de vinge à trente lieues du Jura , féparées de lui par la vallée de La Suiffe, plus bafle que ces gros blocs de quatre cens toiles, comme nous venons de dire. Qui eft-ce qui a amené ces blocs fi loin ? qui eft-ce qui les a élevés fi haut? De grandes eaux , dira -t-on : des eaux feules, dans l’érat actuel de [a Suifle, auroient pu les amener, fi l'on veut; mais quelque grandes qu'elles euflent été, elles n’auroient jamais pu les élever à cette hauteur. . . . Des eaux, die M. de Sauflure , fur des amas à demi - liquides de terre, de fable, & de fragmens de toutes fortes de rochers, qu'elles avoient d’abord formés dans leur fein ; mais ces amas à demi-liquides n'auroient pas pu fhurenir ces gros blocs dans rout leur trajet, fans qu'ils s'enfonçaflenr……. Des explofions , die M. du Luc ; mais des explofons ne les auroient pas arrondis, & ne les auroient pas placés avec une certaine régularité, Pour moi, je croirois, 1°, que le fond de la Suifle auroit été autrefois, & dès fon origine, au moins aufli élevé que les endroits du Jura où font pofées les plus hautes de ces pierres étrangères, moins cependant que la fommité de cette montagne; 2°. que, dans une grande cataftrophe , des eaux abondantes & agitées auroient commencé à délayer le fond de la Suifle, pendant qu’elles auroient abateu les hautes Alpes; 3°. que cer agent violent auroit entraîné de ces gros blocs, par - deflus le fol de la Suiffe encore aflez folide, contre le Jura qui les auroit arrêtés; ,4°. que le même agent, continuant à délayer & à entraîner le fond de la Suiffe , auroit aufli continué à amener des débris des Alpes contre le Jura, en les plaçant à différentes hauteurs, à proportion que la Suifle fe feroit abaiflée. Ce qui peur confirmer cette explication, c’eft que les bords Tome XXX, Part, I, 1787. AVRIL, Nn 282 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, du Rhôre aux ce de Lyon & fur la longueur de quarante lieues, & de plus, des montagnes entières dans le même pays , font formés de pierres dont on ne trouve les analogues que dans la Suifle, Ce fait. prefqu'incompréhenfble eft accompagné de beaucoup de circonftances qui méritent d’être détaillées dans un difcours plus long que celui-ci. Il y en a cependant une que je ne peux pas m'empêcher de rapporter ici, comme une fuite de ce que je viens de dire. Dans cette grande cataftrophe, à laquelle j’attribue le tranfport de ces matières alpines , il fe fit de grandes échancrures dans le Jura ; les plus profondes que j'aie vues, font celles de Jougne , de Sainte-Croix, du val de Moufthier- Travers, de Someboz au val Saint-Imier, une cinquième aux environs du village de Grange , trois lieues plus bas que Bienne, & une fixième , à quatre à cinq lieues plus bas que Soleure , à l'endroit dit Za Clufe. Cette dernière eft la plus profonde , & fe trouve de niveau avec les eaux de l’Aar. Beaucoup de ces matières étrangères au Jura, ont paflé par ces échancrures, &, fans doute , par bien d’autres , & fe font répandues dans plufieurs de ces vallées. J'en at vu une fuite bien marquée qui a paflé par Jougne, par Saint-Antoine, par Mont- Perreux, les Grangertes, les Granges-Friards, Oye, & qui eft allée jufqu’aux plaines de Pontarlier. Cette fuite eft en ligne droite vis-à-vis l’échancrure de Jougne & la direfion de la vallée qui eft au bas de ce village. On en trouve quelques morceaux à Métabiefs , mais je n'en ai point vu aux Longevilles, ni à Roche-Jean, Il y en a au-deflus de Sainte- Croix où d’autres ont pu pafler aufñi pour aller de même aux environs de Pontarlier. 1] y en a dans le val de Moufthier - Travers jufqu’au deffus du village de Butte ; elles ont même pañlé les roches de Saint- Sulpice du côté des Verrières de Suifle , où l’on a été obligé d’en faire fauter de gros blocs, avec de la poudre , pour dégager la grande route ; ily en a dans les vallées de Tavannes & de Delémont ; on en trouve bién plus loin, j'en ai vu près de Roulans, & je ne douterois pas que les pierres meulières de Moifley & des environs n’euffent la mème origine. J'abrèpe ce détail que j'ai fuivi exactement & que je donnerai ailleurs plus au long. Je laifle auf, pour le corps de l'Ouvrage, quantité d’autres matières répandues dans le Jura, les gypfes, les argiles , les marnes , les charbons de terre, les rourbes , les eaux chargées de matières étrangères , plufieurs endroits particuliers, comme la glacière près de l'Abbaye de la Grace- Dieu, la grotte d’Auxelle, Pierre-Pertuis, le Sault-du-Doubs, la Fontaine- ronde, &c. &c: (1) (1) Nouvelles Obfervations faites dans le Jura, depuis la le&ure du Mémoire ci-deffus. Depuis long-tems je foupçonnois que Jes eaux du Doubs avoient pailé, autrefois , LRO TT SRE Te - SUR L’HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 28 ob Des Vôges. Je réferve les Vôges pour un autre Difcours. Cependant je crois devoir conligner ici par avance , & en précis , quelques faits importans qui fe + par le lit de la Loue , & qu’elles l’avoient creufé jufqu’à la profondeur où il fe trouve àpréfent. La fource de la Loue , qui eft au bout d’un cul-de-[ac , fe trouve furmontée par un rocher perpendiculaire d'environ cinq cens pieds de hauteur ; j’avois peine à croire que fes eaux eullent pu abattre & entrainer toutes les matières qui la {ürmon- toient, Je voyois, de plus, en partant de cette fource comme centre , un demi-cercle de quatre à cinq lieues d2 rayon , dont les eaux tendoient à (e réunir au bas de Pon- tarlier pour couler naturellement du côté de la Loue , comme elles y couleroient encore , file paflage d® Doubs, entre Remonot & Morteau, étoit fermé. On voit aufli une petite combe qui fe dirige, depuis les environs de Pontarlier , vers la fource de la Loue ; & à côté de cette fource , il y a une échancrure dans la montagne par où les eaux paroiflent avoir defcendu. Toutes ces raifons me portoient à croire que les eaux du Doubs ne faÿfoient pas alors le gran 1 circuit par Saint-Urfane; mais qu’elles defcendoient direftement du côté de Ginger: Agpproisde feptembre dernier , je paîlai à Remonot , Vicariat de Morteau, environ cinq lieues plus bas que Pontarlier : je vis-là le Doubs entre des roches perpendicu- laires & bien conlervées, fur la hauteur d'environ cent pieds & {ur la longueur d’un quart de lieue. Ces roches font lavées , arrondies & fillonnées par les eaux ; & ce qui me furprit, c’eft que ces filions penchent du côté de Pontarlier, contre le cours a&uel dû Doubs. Ce fait fingulier me rappela mon ancienne idée fur le pafage de cette rivière par le lit de la’ Loue : pour m’en aflurer davantage , je remontai le Doubs ; je trouvai, par-tout , les roches fillonnées dans le même fens que celles de Remonot, & fur-toat dans l'endroit dit Zes Encre-Roches , où les fillons font encore très-bien marqués; en forte qu'à-préfent je n’ai prefque plus de doute fur le cours ancien du Doubs per le lit de la Loue. Dans le même tems je trouvai, dans des régioñs:purement de fapins, des chênes enfouis dans la terre : le premier endroit fut près d’une grange dite 2 Grand- Denis, au-deffus des montagnes de Gilley , mais fur la Paroïfle de Longe-Mzifon , Vicariat de Flangebouche, Jen trouvai enfuite aux environs du Bifot, au bout du village dit Sous-Reéarumont, entre ce villäge & les feignes ( eu marais) & même dans les feignes. Il y a de ces chènes qui font à fleur de terre, la charrue les découvre. Ceux qui fe trouvent dans des endroits un peu fecs , font très-bien confervés : d’autres approchent de la couleur & de la duretéide l’ébène, & on en fait de belles tabatières : d’autres , dans des-endroits plus humides, font réduitsen charbon de terre, & on s’en eft ervi, avec avantage ; dans des petites forges. D’autres enfin , font en charbon de terre feuilleré & décompofé, Ce ne font pas là les feuls endroits où l’on ait trouvé des chênes enfouis dans la terre , dans des régions de fapins, où il ne croît plus de chênes à préfent. On a expliqué ce fait par le tranfport de ces arbres : cela eft poffible ; nous ‘avons beaucoup d’autres matières pluspefantes évidemment tran{portées fort Join. Je croirois cependant que ces: chênes auroient pu croître dans les endroits où ils fe trouvent, mais dansun tems où ces régions de fapins n’étoient pas fi froides ; favoir, quand le fol des vallées voifines n’étoit pas fi profond, & quand Ja mer n’étoit pas fi éloignée des montagnes du Jura: car il y a bien de l'apparence qu'avant le déluge ,la mer yenoit otter contre ces montagnes, & que ce font les débris de ces mêmes _ Tome XXX, Part. I, 1787. AVRIL. Nn 2 284 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, trouvent dans ces montagnes : le premier, c’eft la décompofitios du granit par la filtration des eaux. J'ai onze échantillons pris dans un même rocher, qui donnent les nuances depuis la plus grande dureté du granit, jufqu’à l’état de terre. Le fecond fait, ce font de gros blocs de granit, roulés , arrondis , & pofés fur un plateau de grès & de poudingues ;à la fommité d'une montagne dite le Haut-du-Roc , qui domine fur Vagney & fur Sauflure. Cette montagne eft la plus élevée des environs à trois lieues de diftance ; féparée de celles d'où les granits ont pu venir par des vallées de cinq cens toifes de profondeur. Ces vallées étoient donc remplies avant le tranfport des granits. Le même fait fe trouve près de Termay en Franche-Comté, près de la vallée de Ferrex dans les Alpes, près de Laufanne en Suifle, & en beaucoup d’autres endroits. Ce dernier fait, & beaucoup d'autres dont j'en ai déjà touché quelquessuns, annoncent un agent au-defflus des forces de l’ordre ordinaire de la nature; mais, quand, & quel a été cet agent violent & univerfel? Ce ne fera qu'après avoir détaillé tous les faits dans le corps de l'Ouvrage, que l'on tâchera de répondre à cette queftion. EE OBSERVATION D'UN E: TR OM BE D E-M°ER, Faite à Nice de Provence en 1780: Adreflée à M. FausASs DE SAINT-FOND; Par M. MicHauD. Jason de Ja ville de Nice au port, par le nouveau chemin qui cotoie la mer au pied de l'efcarpemeut du château démoli, le 12 du mois d'Avril de l’année 1780, fur les 3 à 4 heures de l’après midi : ma roure étroit donc à-peu-près de l’ouefl à left; le tems orageux à l’eit poufloit les nuages au couchant tirant fur le nord, c’eft-à-dire, vers la terre, tandis qu'au fud le ciel étoit ferein. Dès que je commençai À découvrir le mole, j'y vis cinq à fix matelots occupés d'un objet qu'ils fe montroient réciproquement fur mer : je m'y fixai de même, & je vis un efpace rond de plufeurs toifes de diamètre, où l’eau bouillonnoit d’une façon analogue à celle qu'on peut s'imaginer, en fuppofant une immenfe chaudière dont l’eau feroit élevée en bouillons par lation montagnes & de plufieurs autres qui, comme attériffement , dans cette grande cataf- trophe , l’ont refferrée dans fon lit a@uel. Mais, comme cette dernière explication dépend de beauçoup d’autres faits ; j'en Jaifle le détail pour le corps de l'Ouvrage, SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS, 225$ d'un feu violent, cet efpace étoit environné d’une enceinte, ou atmof- phère de vapeurs blanchätres & diaphanes imitant la figure d'un ballon, quelquefois celle d’un récipient de la machine pneumatique, qui ne s’élevoic qu’autant qu'il talloit pour envelopper l'aire bouilionnante en confervant un état de tranquilité fans rotation, tandis que le tout avan- çoit en obéiffant au vent; c’éroit une production de la trombe dont je parlerai bientôt, ue expanfon de fa fubitance, dont la deftination étoit de recevoir les vapeurs de l'eau bouillonnante , de les afflembler, & diriger vers le tube afcendant, & d’ernpêcher la communication de l'air extérieur qui détruiroic le phénomène. " Ma route vers left éroic directement oppofée à celle du ballon , qui reftoit à ma droite : j'avoisen face Le lointain où l’orage avoit commencé, & où il paroiffoit durer dans toure fa force ; je ne voyois encore aucune trace de la trombe aboutiflante au ballon , à caufe que fa couleur ne tranchoit pas aflez fur le fond des nues, & de l’obfcurité de l'orage, ce qui me porteroit à croire qu'on peut fe trouver à une diftance moyenne d'une trombe fans la voir, & qu'on ne la foupçonneroit que par l'aire bouillonnanté , “par qui elle tient à la mer : aufli étoit-ce-fà que les marins avoient uniquement fixé la vue, Il eft fi naturel de xapporter un objet nouveau à quelque chofe que l'on a déjà vu, que je crus d'abord qu'il s’agifloit-là des débats d’une troupe de gros poiflons qui fe difputeroient quelques comeftibles otrans fur l'eau ; mais cette erreur ne dura qu'un inftant par la réflexion qu'ils n’auroient jamais excité l'enveloppe qui renfermoic cet efpace; je le fuivois des yeux fans pouvoir le comprendre, Je conrinuois cpl: mon chemin le long de la batterie du vieux môle jufqu'au corps-de-garde : je trouvai-là que cet objet s’étoit avancé au point, qu'il me reftoit prefque en face en regardant vers le midi; le ciel étant abfolument ferein de ce côté, j'y vis très-diftinctement le bout aminci d’une rrombe de mer qui plongeoit au milieu de cet efpace environnant l’aire bouillonnante: je le fuivis des yeux en montant, & j'obfervai que le pavillon de la trombe tenoir fixement à l'extrémité méridionale des nues qui rendant du levant au couchant, étoïent re- foulées vers les rerres de Nice; j'avois ce pavillon très-peu au fud de mon Zenith, & j'y vis avec la dernière évidence un fluide en vapeurs fort preflées, très-apparent, & très-a@tif, qui de la trombe pénétroir dans la nuée par des élancemens fucceflifs, fans jamais revenir de la nue "à la rrombe. Je fentis à l'inftant toute la conféquence de cette découverte, & j'avifai aux moyens de lui donner toute la publicité & la certitude qu'il me feroit poffible, en m'étayant du témoignage de quelques autres ob- fervateurs les moins fufpects que je pourrois trouver : j'avoit les matelots qui me l'avoient indiquée, J'avois les foldats de la garde, mais je 286 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, craignois de tirer peu de fruit de leur dépoftion à caufe du défaut d'i- donéité dans ceux qui l'auroient faite. Cependant je ne pouvois opter vu que par la célérité de fa courle 1e phénomène devoit m'échapper dans moins d'un quart-d'heure; enfin un coup de hafard heureux m'of= fri MM. Papacin, & Renaud , le prémier , Lieutenant du Capitaine du port, homme de bons fens, & d’une longue expérience fur mer, où il avoit vu fouvent des trombes lors de fes voyages, le fecond , étudiant dans l'Ecole Militaire, après avoir couronné fon cours de philofophie par le grade de Maître-ès-Arts, - Je les priai donc d’obferver attentivement, fans difcontinuer, & auff long-tems que la courfe de la trombe pourroit le leur permettre, ce qui fe pañleroit dans le pavillon, & fon union à la nuée, tandis que je f'occuperois du refte : voici la copie de ce qu'ils ont figné, & dont je retiens l'original chez moi. dé æ Nous fouflignés certifions qu'ayant obfervé avec toute l'attention » pofhible une trombe de mer, qui nous a été indiquée par M. Michaud, » Architecte , l'extrémité inférieure de laquelle plongeoit dans la »> mer, où étoit excité un bouillonnement très-fenfible , accompagné » d'une atmofphère de vapeurs blanchâtres comme de la fumée, & » l'extrémité fupérieure , foit pavillon de la trombe , tenoit à des nuées, » qui fe prolongeoient du fud au nord, ( qui étroit auf la direction du » COrps “4 la trombe, ) tandis que l’enfemble étoit pouflé par le vent » de left à l'ouelt, de facon que l'union de la trombe aux nuées pafla >» fur nos têtes à environ dix à douze degrés de notre zenith, & route » la trombe pafla devant nous dans la pofitiongournée vers le midi que >» nous avions dû prendre pour l’obferver commodément : nous déclarons » donc que nous avons vu très-diftinétement , & pendant tout le paflage » de la trombe, fans crainte ni foupçon d'llufion d'optique, un fluide » en vapeurs très-accéléré dans fa courfe, qui de la trombe étoit pouffé >» dans la nue par un mouvement fucceflif, & jamais rétrograde, le plus >» fouvent ondoyant, quelquefois fpiral; nous avons vu que ce fluide » s’écendoit tout du long, & dans l’intérieur des nuées, qui d'un gris >» blanchâtre paflèrent fucceflivement à la couleur d’ardoife, de fer, » jufqu'au bleu noir , à proportion du fluide qu'elles recevoient, & » qu'elles envoyoient jufqu'aux plus éloignées, lefquelles s'en déchar- > geoient alors par une pluie d'orage fur les collines du territoire de » Nice, de façon qu'il ne nous refte aucun lieu de douter que la trombe »ne foit un phénomène de la nature, dont elle fe fert pour élever en » peu de tems une grande quantité d’eau douce du baflin de la mer, & > la porter dans les nues; nous avions pour cette obfervation des facilités » qui fe trouvent rarement réunies, nous étions à terre, fur le môle du > port de Nice au bord de La mer, La trombe pafloit devant nous, fon SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 287 » fommet à une élevation fi médiocre, que nous voyions diftintement 2 tout ce qui fe pafloit dans fon pavillon ; fon extrémité inférieure étoit > aufli peu éloignée, & le tour tranchoit évidemment fur un ciel ferein » au fud, & fur la mer, dont la couleur étroit telle qu'il falloit pour » relever le Pouillonnement & l'atmofphère qui entouroit le bout de la » trombr. > Enfin M. Michaud nous ayant fait voir les figures à l'encre de » Ja chine qu'il en a dreffées, nous certifions qu'elles nous repréfenrenc >» au naturel le phénomène qu'il nous avoic priés d’obferver avec lui, & » le chemin que nous lui avons vu faire, en foi de quoi nous avons » figné le préfent à fa réquificion, Fait au port de Nice le 14 Avril 1780. » Signé à l'original, Michel Papacin, Charles Auguftin Renaud. Voilà donc la fubftance du fair, auquel je vais joindre mes obferya- tions particulières. Comme la trombe venant de left, s’étoit trouvée à Vabri des monts & collines qui couvrent du nord les plages de Vin- timille à Nice, la trombe, dis-je, dont la formation locale & primitive, aufi bien que la ceflation m'eft inconnue, a dû fe,maintenir telle, welle fe préfenta à nous ( Ag. 1, pl. IT. ) mais en paflant devant le port L Nice fitué au bout d'une plaine ou vallée, renfermée entre le Monr- Alban , & le rocher de l’ancien château de Nice démoli , elle fe trouva expofée à un courant d'air très-vif, qui venoit du nord par le débouché de cette, vallée, ( qui communique aux gorges de Saint-Pons, ) & qui devoic problablement fon exiftence à l’orage qui s'y déchargeoit alors : il rendoit à déchirer le corps de la trombe, il parvint même à d'entamer à l'endroit 4 de la jfg. 2. Nous voyons donc les bords déchirés à h2 comme de très-amples panaches, qui repouflés par le vent & même quelquefois renverfés fort en arrière, faifoient les plus grands efforts pour fe réjoindre au tronc par des élancemens continuels, quoiqu’infrudtueux; le bout d très-aminci dans cette partie, & diminué de toute lépaiffeur déchirée, renoit toutefois au refte, & continuoit à pomper l’eau, que pous voyions également monter dans la nue, tandis que le refé infériei r de la trombe, qui avoit confervé fes premières dimenfons ; volrigeoit au gré du vent en s’allongeant ; & fe raccourciffant fans jamais abon- donner le bouillonnement, qui fubfiftoit fur mer, & qui marchoit comme la nüe, de l’eft à l’oueft : lors donc qu'elle arriva en face du château , & enfuite de la ville de Nice, comme abri y recommençoïir, je vis que les bords déchirés a, b, c, fe réunirent au tronc, & dans un efpace de tems aflez fenfible , le tout prit la fgure d'un fphéroïde allongé ( fig. 3. ), qui s’érendit infenfiblement en longueur, jufqu'à ce que le nœud fe trouva oblitéré, & que la trombe fe rétablit comme à la figure r. Je ne dois pas oublier que nous n’entendions aucun bruit provenant 288 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, du phénomène , foit qu'iln'en Fit pas, ou ce qui eft très-probable, que celui que faifoit la mer. un peu agitée, en roulant le gravier de la plage, nous empêchât de l’entendre. Tant que dura le pañlage de la trombe devant nous, nulle goutte d'eau n’en tomba fur toute fon étendue ni fur la terre, nîen mer: il pleuvoit cependant à verte fur les collines de Saint-Pons, & de Sain:= André; mais un moment après qu'elle fut paflée , nous eûmes premiè- rement une efpèce de neive glacée, & réduite en grenaille parfaitement ronde comme de la dragée de moyenne grofleur, & cout de fuite une pluie orageufe. , Nous vimes prefqu'en même-tems la trombe fe détruire, ce qui fe fit de cette manière: dès que le bout intérieur s'approcha des terres d'Antibes qui barroient fon chemin, je vis que le ballon qui entouroit l'efpace bouillonnant, commença à fe reflerrer en diminuant de dia- mètre & de hauteur, tandis que le bout de 1a trombe s'amincifloic aufli, jufqu’à ce que le récipient ceffant d’être vifible {ur l’eau, toute la trrombe fe ditipa en fe retirant abforbée du bas en haut avec la vicefle d’un éclair : c’eft alors que je me retirai déjà fort mouillé dans une chambre que j'ai fur le môle, dans la croyance que tour étoit fini; cependane peu après la pluie ayant diminué, & moi étant dans une curiofité in- quiete qui me fit fortir de la chambre, je fus furpris de voir que la trombe avoit repris précifément fur la même direction du point de fa çoufè , mais au-delà des terres d'Antibes, qui féparent notre plage de celle de Cannes; fon bout inférieur plongeoit donc dans le golphe Jean ; & fa fituation nous paroifloit verticale, comme on la voic à la fig. 4 à la lettre a, où jai fupprimé le pied par lequet elle tenoit au bouillonnement, & à la mer, parce qu'alors ils étoient tous cachés pour nous, & couverts par la colline d'Antibes ; nous voyions de plus le commencement # d'une autre trombe , dont la projection étoie oblique, nous ne l’avions pas vu auparavant, quoique des fpectateurs placés plus loin , m'aient afluré depuis qu'ils l’avoient déjà vu lorfque la trombe pañloit devant Nice. Comme j'avois les deux termes du chemin du phénomène en decà & en de-là de la colline d'Antibes, j'en indiquai immédiatement la trace à des particuliers de cette ville qui demeuroient à Nice, en les priant de s'informer s'il y exiftoit un veflige quelcorique dé fon paflage fur les lieux; il me réfulta de leurs recherches que l'on avoit eu une pluie d'orage à Antibes le jour & à l'heure indiqués, mais que l'on n’y avoit rien reflenti, ni reconnu dans la fuire qu'on püc attribuer au paffage de la trombe, 5 Voilà le réfultat de mes obfervations , en conféquence defquelles je fis voir à mes amis dans le tems un Mémoire par lequel je râchois d'établir que La crombe de mer étoic un magnifique phénomène élec- trique , SUR L'HIST. NATURELLE ET LES .ARTS. 289 trique, dont la nature fe fervoit pour porter en peu de téms un grand volume d'eau douce dans les nuées; que ce moyen .n'étoit nullement malfaifant par lui-même, & que s1l lavoit été quelquefois, c'étoit moins par {a propre nature que par la rencontre d'obftacles fur fa courfe à-peu-près aufli puiflans que l'intenfité de la trombe elle-même. Je finis par un billet que je reçus fur cela de M. le Comte de Rivarola aujour- d'hui Gouverneur du château de Villefranche., dont il étoit alors Commandant, d'autant qu'il fournit encore un témoignage refpectable du paflage de cette trombe. æ Je fus hier à Nice, mais je ne pus vous rencontrer pour vous dire » que je fuis très-fatisfait des réflexions que vous m'avez communiquées » fur La trombe ; c'eft ce que je ferai la première fois que nous nous » verrons. Je puis aflurer que cette trombe éroit en tout femblable À la » defcriprion que vous en donnez, ( 9. 1.) Mais la pluie m’ayant forcé » de me retirer dans une maïfon, je n’êus pas le tems d’obferver les » changemens que vous annoncez dans les autres figures De » Je fuis, &c. DE RIVAROLA », Notez, s’il vous plaïe, que le plan que je donne du chemin de la trombe ; n'eft qu'un à-peu-près démonftratif qui fuir ; on croira bien que je n’étois pas dans la poflibilité de Jui donner une précifion géométrique, Nice, ce 4 Décembre 1786, mms | — TRADUCTION D'UNE LETTRE Ecrire à M. le Baron DE DiÉrricH , par M. DE TREBRA, au fujet du nouveau procédé de l Amalgame de M. DE BORN; Lue à L'Académie des Sciences au mois de Murs 1787. JE vous envoie, Monfieur , les renfeignemens que vous me demandiez fur l’'amalgamation qui met aujourd'hui tant de Mineurs & de Fondeurs en mouvement. J'ai paflé trois mois dans le village de Syxleno, verrerie fituée à deux lieues de Schemnitz, & feulement à cent pas du lieu où fonc les bâtimens de l’amalgamation. Lifez dans le Livre de M. Born que je vous envoie, comment il procède à l’amalgamation, ce qu'il dit de la théorie & de l’exécurion de ce travail, & l’efpèce de profeflion de foi que je lui ai faite à ce fujec lorfque je quittai l'établiffement. D'après mes propres expériences & les travaux en grand que j'ai fuivis Tome XXX, Part. I, AVRIL. 1787. Oo 290 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, pendant fi long-tems, je pus maintenant vous certifier qu'on peut, pat l'intermede du mercure, extraire très-avantageufement l'argent de toutes les fubftances, même des mines de plomb, lorfqu’elles contiennent deux onces d'argent & plus, & lorfqu'on n’a pas d'intérêt à ménager le plomb. * Que le traitement de l’amalgamation, principalement des cuivres noirs, ou même des mattes de cuivre , réuflit très-bien, pourvu qu'ils ren- ferment au moins une once & demie d'argent, & qu'ils ne contiennent pes plus de foixante livres de cuivre pur. Je me fuis afluré que par le moyen de l’amalgamation nos cuivres peuvent égaler le cuivre le plus fin du Japon. La bafe de tout le travail , celle dont le fuccès dépend , eft de réduire les matieres en poudre impalpable avant & après le grillage, lorfque Fhumidité du fel ou l'humidité quelconque a peletonné la matière durant le grillage ; de griller avec précaution dans des fourneaux bien faits. Quant au premier point qui confifte à réduire en poudre les morceaux - de mine, on fe fert jufqu'à préfent d’abord du boccard à fec, añn de les concaffer groffièrement , & enfuire d’un moulin qui reflemble parfaitemene à un moulin à bled, afin de les réduire (toujours à fec ) en poudre la plus fine. Après le grillage on pañle à main d'homme le mêlange dans un crible à claire-voie, on met enfuite le menu qui a paflé & qui contient encore de petites pelotes , dans de longs cribles de crin à voie ferrée, précifément comme ceux des moulins à bled, à cette différence près qu'ils font plus longs & plus larges. Ces cribles garnis de trémies femblables à celles des moulins à bled ; font au nombre de fix à la file. On les attache à une roue à eau dans des caiffes particulières, & dans cette opération les petites pelotes fe féparene de la pouflière la plus menue qui fait la partie majeure & très-confidérable du mêlange. C’eft cette pouflière que l’on met dans la chaudière d’amal- gamation. Les grandes & petires pelotes qui ont été criblées & mifes de côté, font portées au moulin pour y être réduites en poudre impalpable , & être enfuite verfées dans la chaudière. Les deux opérations du crible & da moulin font encore les moins perfeétionnées , quoiqu'on y ait fait pendant mon féjour à l’établiffement des corrections, telles que chaque crible préparoit à l’'amalgamation trois quintaux en deux heures. Cepen- dant on s eft afluré par un effai fait avec douze quintaux de mine réduite en petits morceaux de la groffeur d'un œuf de pigeon, qu'on pouvoit par une manipulation adroite en foumettant au boccard le minérai mouillé , épargner la mouture & la cribration avant de le foumettre au grillage. Il s’agit feulement, en employant le boccard humide, de boccarder avec un fol profond d'environ deux pieds & demi, afin d’obtenir les matières bien menues ; de ne point faire écouler les eaux du boccard que tout ne foit entièrement boccardé, & ne fe foit dépofé. vhén dé use SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS, 292 Pour obtenir ce dernier point M. Herrel, habile maître Boccardeur en Hongrie, a imaginé lorfque les eaux du boccard ont paffé à travers tous ces compartimens à fédiment , caifles à dépofer , &c. de raflembler en une feule marre ces eaux lorfqu'elles font devenues paflablemenc claires par le dépôt d’une partie des matières qu’elles tenoient fufpendues ; de les élever enfuite au moyen d'une très-petite roue à auge dans un canal qui les ramène dans l’auge au boccard; & de les faire ainf toujours circuler jufqu'à ce qu'on ait fait pafler au bocard la totalité de la matière qu'on fe propofoit d'y foumettre, Alors on laiffe repofer ces eaux jufqu'à ce que toute la matière qu’elles tiennent fufpendue foit entièrement dépofée & que les eaux foient parfai- tement clariñiées. Le dépôt complet s’effeétue en un ou deux jours après lefquels on fait écouler les eaux ; on retire le fédiment, on le sèche, & on le foumet au grillage. Il eft impoñlible de réitérer l’opération du boccard après le grillage , parce que les pelotes font trop lévères pour refter au fond & pour que les pilons du boccard puiffent les faïfir; il faue donc les moudre & les cribler. Néanmoins, jefpère en féchant auparavant la matière avec beaucoup de foin, & fur-rour en traitant le cuivre, par- venir à ce qu'il ne fe forme que très-peu ou point de pelotes pendant le grillage. Le fourneau décrit dans l'Ouvrage de M, Born, & dont il a donné le plan , eft fupérieurement conftruit , & remplit très-bien l’objec du grillage auquel il eft deftiné. Il contient un peu plus de trois quintaux qu'on peut griller en quatre heures. Tout dépend de donner d'abord peu de feu , de ne l’augmenter que doucement & par degrés, & fur-tout de l'arrêter dès qu'on commence à fentir l'odeur de l'acide marin. Alors il faut fur le champ retirer ce qui eft grillé. Je défirerois qu'on fit encore au grillage les changemens fuivans : de ne laifler dans le fourneau que la place néceflaire au grillage du moment, & de fupprimer celle fur laquelle on place le monceau qu'on y dépofe pour le fécher afin de le préparer au orillage fuivant, On le laifle-là fans le remuer & le retourner, & c'eft alors que fe forme la plus grande partie des pelotes. Je fuppri- merois donc abfolument cette place, & j’érablirois au lieu d’elle un bain fec à l'endroit où eft pratiquée actuellement la cheminée fur le fourneau, Je placerois cette cheminée au-defius de ce bain fec, alors je ferois fécher avec beaucoup de foin dans ce bain les /chlich ou minérais à une chaleur toujours modérée; j'aurois grand foin de les remuer conftamment , & enfuite je les defcendrois dans le fourneau à griller. Je penfe que de cette manière j’empêcherois le pelortonnement durant le grillage, & que j'éviterois la moüture & la cribration fubféquentes, J'atteindrois certaine- ment mon but pour le cuivre, car les métaux parfaits , or & l'argent font infiniment plus aifés à extraire des minérais qui ont déjà paflé à la fonte, que de ceux qui n’y ont pas été foumis. Il faut que le cuivre noir & matte de cuivre foient lefivés après le orillage avant de les amalgamer, Tome XXX, Part. I 17987. AVRIL. Oo 2 e92 OBSERFATIONS SUR LA PHYSIQUE, Cette leffive doit être répétée’ jufqu’à ce qu'elle ne donne que peu ou point de vitriol , c’eft-à-dire, trois ou quatre fois. C’eft en elle que réfide le principal avantage de l’amalgamation des cuivres; car elle empêche qu'il fe perde du mercure, & facilite fingulhièrement l'extraction de l'argent. Dans l'expérience que j'ai faite, un tiers du cuivre pafla dans la lefive, j'amalgamai cette partie même, & j'en obtins tout le cuivre au moyen du mercure. Il éroit aufi fin que celui du Japon, Cette opération fe fren moins de trois heures avec très-peu de perte de mercure, laquelle montoit à peine à une demi-once par quintal de minérai. En général , fi lon opère bien, la perte de mercure ef fi petite qu’on ne pourroit pas même l'évaluer à cette quantité. Je füis sûr qu'on perfectionnera beaucoup ce travail dans la fuite. Une chofe que je dois encore vous recommander , c’eft de ne pas commencer vos expériences trop en petit, & nommément de ne pas employer moins de trente livres de mercure, & quinze ou vingt livres de minérai. En général, l'exploitation des mines , & fur-rout la partie des lavages, font portées au plus haut degré de perfection en Hongrie, & offrent plufieurs objets d’inftruction. Les procédés de la fonte m'ont paru moins parfaits. Dans la fonte des minérais fecs qui ne tiennent pas de plomb, ils ajoutent, felon moi, comme fondant une quantité de chaux rrop peu confidérable, & pour fondre la mine de plomb ils la grillent également dans des fourneaux, fans laifler le plus petit trou , afin d’évirer le plus léger accès de l'air, & rôtiflent ainfi le minérai pendant huit heures, Extrait d'une feconde Lettre de M. DE TREBRA, à M. le Baron DE DiETRICH, /ur le méme objet , en date du $ Février 1787, Les exvériences que je m'occupe journellement à faire par le procédé de M. de Born, réufliffent au-delà de mon efpérance. J'amalgame à froid avec ur avantage extraordinaire l'argent ainfi que le cuivre. Jene me fers pas pour cela de vaiffeaux de cuivre, mais de bois ou de verre. J'ai calculé qu'en établiffant ici ce procédé, le traitement d'un quintal de matière ne me coûtera pas douze gros pour tous frais, (c'eft-à-dire, 36 fols de France. } J’aiamalgamé des minérais d’Andreafberg qui ténoient trente marcs d'argent au quintal, & j'ai tout obrenu en quinze heures de tems dès la première opération. En Hongrie on n’a point eflayéde minérais de cette richefle; ceux qui ant été foumisà cette méthode ne tenoient que quatre onces, & cependant on n’en a jamais retiré par une feule & même opération tout l’argent qu'ils contenoient. Déclaration laiffée par M. DE TREBRA, à M. DE BORN, au moment de fon départ, ; Je doutois encore que l'extraction dés métaux parfaits pût fe faire par un procédé plus avantageux que celui de la fonte. Pour acquérir fur ce dénammtt b.… e SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 293 point une entière certitude, je fs le voyage de Hongrie : je reftai environ trois mois dans les verreries des environgde Schemnitz : je gardai toujours l'impartialité d’un homme qui doutoit, & je cherchai même à tronver les réfulrats contraires à ceux qui m’éroient annoncés , de manière que je ne négligeai aucun détail de l'opération. Je vis que l'amalgame avoir déjà für les procédés de la fonte de grands avantages qui cependant n’éroient pas encore portés au point où ils pouvoient l'être , il reftoit plufieurs lors d'argent dans les réfidus fur lefquels il falloit réitérer l'opération. Le grillage du minérai étoic très-long , fa mouture & fa cribration foumif2s à beaucoup de difficultés, & l'argent qu'on obtenoit n’étoit pas encore fufffamment riche en or. Tout le monde s’occupoit fous la direction du Confeiller des mines de Ruprecht à obvier à ces inconvéniens. Les 1fig heures qu'on employoit aux grillages furent réduites à quatre, & les rélidus ne tinrent plus qu'un gros trois deniers ou même {eulement deux “deniers d'argent où un feizième d’once, On parvenoit même encore à appauvrir ces rélidus en les lavant & les laiflant dépofer de nouveau. Les cribles furent perfe“tionnés, & l'on trouva dans l'argent l'or qui devoir s'y rencontrer. Ea boccardant des mines mouillées on fit une tentative qui répondit à tout ce qu'on s'en étoic promis: le minérai y fuc réduit au es haut degré de finefle fans mouture & fans cribration. * J'achevai de me convaincre de l’excellence de cetre méthode en pro= cédant fur du cuivre noir que j'avois apporté du Hartz. Quoiqu'il fûc pauvre en argent, je l’en retirai facilement fans aucune perte de mercure, & fi parfaitement que d'après des effais réitérés & faits avec le plus grand foin , les réfidus ne renoient pas au-delà d’un denier d'argent au quintal ou un trente-deuxième d’once. Aucun procédé n'a jufqu'à préfene appauvri le cuivre à ce point & à moins de frais. Le cuivre atteignit en même-tems le plus haut degré de perfection, & un tiers de ce cuivre devint fufceptible de s’amalgamer par lui-même en très-peu de tems avec peu de frais, & fur porté au plus haut degré de fineffe. * [ne me refta plus de doute fur l’avantage de ce procédé, & je penfe qu'aucune perfonne attachée au fervice des mines ne peut, fans fe faire les plus grands reproches, omettre de remplacer le procédé de la fonte par celui de l'amalgame. Aufi-tôc après mon retour au Hartz mon premier foin fera de propofer à Sa Majefté Britannique la méthode avantageufe d'amalgamer les cuivres, 294 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE; OBSERVATIONS Sur la culture & les ufages économiques du Genët d’Efpagne ; Par M. BROUSSONET: Préfentées le 8 Décembre 1785. Ur: communication prompte & facile eft peut-être plus néceffaire en Agriculture que dans aucune autre fcience : c'eft cependant celle où les procédés les plus utiles font le plus long-tems à fe répandre & même à être connus. Quelle que foir la caufe de cette lenteur, elle ne peut être détruite que peu-à-peu ; il faut en quelque forte accoutumer les Cultivateurs aux innovations avantageufes, en ne leur propofant d’abord que des méthodes aufñli aifées que profitables. C’eft dans ces vues que j'ai cru devoir préfenter quelques obfervations fur la culture du ci d’'Efpagne, & le parti qu’on en peut tirer dans les plus mauvais cerreins, Cette plante n’eft pas encore connue fous un point de vue utile dans la Généralité de Paris, Le genêt d'Efpagne (1) croît naturellement dans les Provinces mé- ridionales du Royaume, mais il s’accommode aufli très-bien du climat de Paris. Il eft déjà très-mulciplié dans les Jardins Anglais où fes grandes fleurs jaunes Le font très-bien figurer dans les maflifs d’arbrifleaux & les bofquets, Les terres les plus mauvaifes lui conviennent; j'ai eu occafion de lobferver & de fuivre fes ufages économiques fur les montagnes fériles qui forment la plus grande partie du Bas-Languedoc, où il croît en abondance, C’eft fur-tout par les habitans des villages (2) des en- virons de Lodève que j'ai vu cultiver le genèc, fi l'on peut appeler culture le peu de foin qu’ils prennent de cette plante. On sème le genêt dans les lieux les plus arides, fur les coteaux Les plus en pente, formés par un fol pierreux & où prefque aucune autre plante ne peut végéter. Celle-ci forme, au bout de quelques années , un arbriffeau vigoureux dont les racines, en s’infinuant dans les in- terftices des pierres, deviennent autant de liens qui raffermiflent le fol : QG) Spartium junceum , Linn. (2) Les villages ou hameaux de la Valette , du Puech , du Bofc, de Gélles, de Lauzières , d'Olmet, de Sallelle, &c. font ceux où l’on cultive fur-tout le genêt. ; k mi: SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 29y elles retiennent la petite portion de terre végétale qui fe trouve fur ces côteaux , & que les pluies continuelles de l’automne entraïneroient fans cela. Lorfque le terrein qu'on deftine à former une generiére, eft d’une qua- lité moins mauvaife que d'ordinaire, on y sème en même-tems des graines de chardon à foulon, dont le produit fuffñit pour indemnifer le Culriva- teur des frais médiocres qu'a exigés la préparation du fol, On sème le genêt en Janvier, après avoir donné un léger labour à la terre, La quantité de femence varie pour une étendue donnée de ter- rein; on doit plutôt en employer plus que moins, parce qu'il s’en trouve beaucoup de mauvaife, & quil périt d’ailleurs un certain nombre de plantes après qu’elles ont pouffé. Le genêt ne fe multiplie guère que par graines ; celui qui a été tranfplanté reprend difficilement, même dans les jardins où on le cultive avec foin. D'ailleurs il donne très-abon- damment des graines, & elles font vendues à très-bas prix. On laiffe un certain intervalle entre chacun de ces arbriffeaux ; ils reftent ainfi trois ans fans aucune efpèce de culture, ce n’eft qu’au bout de ce tems qu’ils font devenus aflez forts, & qu'ils fourniflent des ra- meaux aflez longs pour pouvoir être coupés. On tire ordinairement parti de cet arbrifleau de deux.manières diffé rentes : fes rameaux fourniflent des fils dont on fait du linge, ou bien ils fervent en hiver de nourriture aux moutons & aux chèvres. Pour obtenir la filafle, on préfère les plantes les plus jeunes aux vieilles. La coupe du genêc fe fait, dans ce cas, ordinairement après la moiflon , dans le courant du mois d’Août. On coupe à la main les rameaux qu'on raflemble en petites bottes qui font d'abord mifes à fécher au foleil : on les bat enfuite avec un morceau de bois, on les lave dans une rivière ou dans une marre, & on les laifle tremper dans l’eau pen- dant quatre heures ou à-peu-près. Les bottes ainfi préparées font placées dans un endfoit voifn de l’eau & dont on a foin d'enlever un peu de terre, formant ainfi une efpèce de creux où le genêc eft placé : on le recouvre enfuite de fougère ou de paille, & il demeure ainfi à rouir pendant huit ou neuf jours ; il {uit feulement , dans cet intervalle, de répandre de l'eau une fois par jour fur le tas fans le découvrir. Au bout de ce rems, on lave les bottes à grande eau ; la partie verte de la plante, ou l'épiderme, fe détache , & la portion fibreufe refte à nud; on bat alors, avec un battoir & fur une pierre , chaque botte pour en détacher toute la filafle, qu’on a en même-tems foin de ramener vers une des extrêmités des rameaux. Après cette opération, on délie les javelles, & on les étend fur des rochers ou fur un terrein fec pour les faire fécher. Cetre manière de faire rouir le genêt, ne pourroit-elle pas être adoptée avec avantage pour le chanvre? On éviteroit par ce moyen 298 ‘OBSERVATIONS SUR LA PHFSIQUE, plufeurs inconyéniens qu'entraine le rouiflage fait à la manière ordi- naire, Les baguettes ne doivent être teillées que lorfqu'elles font parfaitement sèches. On pafle énfuite la teille au peigne, & on mer à part les qualités différentes qui font toures filées au rouet, Tout ce travail eft réfervé pour da faifon morte. | Le fil ferc à faire du, linge propre aux différens ufages du ménage; Le plus groflier eft employé pour la grofle toile, on en fait des draps pour envelopper les légumes, les grains ou les fumiers qu'on veut tranf- porter quelque part. On réferve les fils les plus fins pour faire des draps de lit, des fervietres & des chemifes. Les Payfans des environs de Lodève n’ufent pas d’autre linge que de celui-ci ;ils ne connoiflent ni la culture . du chanvre, ni celle -du lin, Le rerrein, dans ces cantons eft erop fec & trop fféule pour pouvoir y .culriver,.ces, plantes, Les toiles fabriquées avec Le fil de genèc {ont d'un bon.ufer; eiles font aufli fouples que celles qu'on fait avec le chanvre: elles feroient peut-être auf belles que celles qui fe font avec le Lin, fi la flature' en étoit plus foignée. Elles deviennent plus blanches, à mefure qu'elles ont été plus fouvent à la leflive. La toile de genêt eft rarement à vendre, chaque famille n’en fabrique que pour fon ufage. Le prix du fl le plus fin de genêt elt ordinairement de 24 fois la livre. | Les chenevottes, lorfque la teille en a été féparée, font liées en pe: tires bottes & vendues pour fervir à'allumer le feu. On les met le plus fouvent quatre par quatre dans un paquet. On en fait auf des allumettes, mais qui ne valent pas celles du chanvre, quoique ces dernières donnent un feu moins vif que celles du genêr. Nous nous fommes fait un deyoir d'entrer dans tous ces détails, en apparence minutieux , perfuadés que rien n’eft indifférent en économie rurale, & qu'il faut fur un objet utile avoir le courage de tout dire, Nous.ajouterons donc, pour ne rien omettre, qu'on a préféré fouvenc à la paille la plus sèche, les chenevorres de genêt pour enfler très-promp- temenr des machines aéroftatiques. On lie dans les Mémoires de lTaftitur de Bologne (1 ), que les habitans du Mont Cafciana, aux environs de Pife en Iralie, font rouir le genêt G) Comment. Inflicur. Bonon. vol. IV , pag. 340. par M. J. C. Trombelli , & vol. VI, pag. 118. Ce Mémoire 2 été traduit dans le Journal Economique , année 1758, mois de novembre ; mais c’eft à tort qu’on a cru que c’étoit le genér commu ou genée à balai, ( Spartium fcoparium ; Linn. ) dont il étoit queftion. M. l’Abbé Cérati, Préfident de l’Univerfité de Pife a fair parten 1763 à l’Académie des Sciences de cette manière de retirer des fils du genêt, pratiquée aux environs de Pie ; maisil ne dit point quelle ef cette efpèce de genêt. On 2 donné quelquefois le nom de genét au Spart d'Efpagne, ( Sripa tenaciffima , Linn.) & même on a défigné fous ls nom de genér d'Efpague, la gaude , ( Refèda Lureola, Linn. ) ; pour SUR, L’'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 257 pour en retirer des fils. La manière d'obtenir la partie flamenteufe décrire dans cet Ouvrage, diffère de celle dont on vient de donner le détail, On fair rouir le genêt dans une eau thermale ; l'opération eft finie alors au bout de trois ou quatre jours, parce que la chaleur accélère la fé- paration de la partie filamenteule de la plante, Les petites fibres qu’on a féparées des étoupes fervent à rembourrer les harnois & Îles meubles, en place de laine ou de crin dont elles ont en partie l'élafticiré, Le fecond & le principal objet qu'on a en vue dans la culture du genêt, c'eft de le faire fervir à la nourriture des mourons & des chèvres pendant l'hiver. Ces animaux, depuis le mois de Novembre jufqu'au mois d'Avril, n’ont prefque pour tout fourrage, dans les montagnes du Bas-Languedoc, que des feuilles d'arbres confervées à cer effer. Les rameaux du genêt deviennent donc pour ces troupeaux une réflource d’autant plus précieufe, que c’eft la feule nourriture fraîche qu'on puiffe leur procurer dans Ja mauvaife faifon. [ls rongent toutes les branches jufqu à la’ fouche, & ils préfèrent en tous tems cette plante à toutes les autres, Lorfque le tems eft beau, on mène les troupeaux paître le genèt fur place ; dans les mauvais tems, les Bergers vont en couper les rameaux qu'ils apportent aux bergeries. | de Les moutons qu'on nourrit de genêt font quelquefois fujets à une maladie dont le principal caraétère eft une inflammation dans les voies urinaires : elle provient de la trop grande quantité qu'ils ont mangée de cette plante; & il eft aifé de les en garantir , en mélant cette nourriture avec une autre. Cette maladie attaque particulièrement les moutons , lorfqu'ils ont avalé les fruits du genèt : auffi eft-elis plus com- mune, lotfque la plante eft chargée de filiques. La qualité malfaifante dés femences de cet arbrifleau fe reconnoît à une odeur en quelque forte vireufe, qui s'exhale de ces graines lorfqu’elles font en tas. Mais ces inconvéniens font ,. comme on l'a vu, faciles à prévenir, & ils ne doivent pas faire rejetter une plante auf utile que celle-ci pour la nourriture des troupeaux ; on remédie d’ailleurs très-aifément aux in- convéniens qu’elle entraîne quelquefois avec elie, le traitement de cette maladie fe bornant à des boiflons rafräîchiffantes & au changement de nourriture, | ; ; 2 - On ne conduit pas les troupeaux dans les generières la première ni la feconde année qu’on y a feméle genét ; on ne leur laiffe brourer cet arbriffeau qu'au bout de trois ans. On coupe avec une ferpe les tronçons ui ont été rongés, & au bout de fix ans on eft obligé de couper en- tièrement la fouche pour qu’elle poufle de nouveau. Par ce moyen, le genêt duré très-long-rems , & fournit toutes les années des rameaux ailez longs. Tome XXX, Part, I, 1787. AVRIL. PPp 298 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, Un fol fablonneux, comme je l’ai déjà obfervé, convient très-bien à cet arbrifleau, & fous ce point de vue la culture doit en être regardée comme très-avantageufe , puifqu’elle fournit un moyen de tirer parti des terreins les plus ingrats, & où aucune autre plante utile ne fauroit profpérer. On pourroit encore multiplier le genêt dans des enclos particuliers, & en former des efpèces de remifes pour nourrir pendant l'hiver les cerfs, les chevreuils & même les lapins: on mettroit ainf à profit un terrein qui ne pourroit être employé à aucun autre ufage. La culture d’ailleurs, comme on a pu le voir, en eft très-peu difpendieufe & n’exige prefque aucun foin, La culture du genêt étoit autrefois confinée à quelques villages des environs de Lodève, elle eft actuellement répandue dans prefque routes les montagnes du Bas-Languedoc. Il eft peut-être inutile de rappeler ici que le genëc dont il eft fait mention dans ce Mémoire, diffère beaucoup de celui qui fe trouve en abondance dans les Provinces du Nord & aux environs de Paris: celui-ci fert quelquefois , ainfi que l’autre , à la nourriture des beftiaux ; mais on J'emploie à d'autres ufages que le genêt d'Efpagne. Ces deux efpèces de genêt donnent des fleurs que les abeilles recher- chent beaucoup parce qu'elles contiennent de la fubftance miellée en affez grande abondance. La multiplication du genêc d'Efpagne peut en- core, fous ce point de vue, devenir avantageufe, & c’eft un motif de plus pour engager plufeurs Cultivateurs à augmenter le nombre de leurs ruches, SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS, 299 DRE D:E"S C'R TI P'TIT ON Et ufage d'un Thermomètre pour mefurer les degrés de chaleur Supérieure , depuis La chaleur rouge jufqu'à la plus forte que des vaiffeaux de terre puiffent fupporter ; Par Josian WespcewooD, Membre de la Société Royale de Londres , & Fayancier de la REINE. Extrait d'un Mémoire communiqué à la Société Royale, le 9 Mai 1782 ,& publié dans le foixante-douzième volume des Tranfaétions Philofophiques : Traduit de lAnglois, f, PEORRRES une mefure pour les degrés de chaleur fupérieurs, telle que le font les thermomèrres communs pour les inférieurs, a fait de tout tems l’objet des recherches & des defirs tant du philofophe que de l'artifte, La beauté & la valeur de la plupart des produétions de l’art, qui doivent leur exiftence à l’action du feu, fe trouvent effentiellement af- fectées par des manquemens, ou par des excès de chaleur prefqu'imper< ceptibles ; & lartifte perd fouvent l’occafon de tirer avantage de fes propres expériences, faute de pouvoir conftater le degré précis de chaleur, malgré qu'elle lui aic paflé fous les yeux ; encore moins peut-il mettre à profit les expériences des autres ; ceux-ci n'ayant pas les moyens de lui communiquer les idées même imparfaites qu'ils ont eux-mêmes de la chaleur employée dans leurs opérations. Les diftinétions ordinaires de chaleur rouge, rouge-claire, & blanche ou d'éncandefcence , ne fuffifent nullement pour la fin propofée, comme nous le ferons voir par la fuite; elles font de beaucoup trop étendues & indéterminées ; la clarté ou qualité lumineufe du feu croiffant en raifon de fes forces, & paflant par des nuances fi nombreufes, que l'œil ne fauroit les diftinguer ni la parole les exprimer. La force du feu dans fes divers degrés , tant fapérieurs qu'inférieurs, ne pourra fe conftater, que par lés effets qu'il produit fur quelque corps connu; telle eft par exemple, dans les chermomètrres ordinaires la dilatation du-mercure, ou de l’efprit-de-vin, laquelle fert à melurer les dégrés de chaleur que ces fluides peuvent fupporter. Le thermomérre qu'on offre aétusllement au public, dépend d’un effec dû feu tout op- pofé, mais également conftant, uniforme & mefurable, favoir d'une Tome XXX, Part. I, 1787. AVRIL. Pp2 500 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, diminution, qu’il occafñonne dans le volume des terres & des pierres argileufes, Cette diminution commence à avoir lieu dans une chaleur rouge in- férieure, & croit régulièrement felon que la chaleur augmente, jufqu’à ce que l'argile parvienne à la vitrification, & par conféquent jufqu'au degré le plus fort, que les fourneaux , ou vaifleaux de térre puiflent fupporter. J'ai trouvé, que de bonnes argiles , de l’efpèce la moins fujerre à fe vitrifier, ont perdu dans mes feux les plus vifs une partie confidérablement plus grande que le quart de leur volume, La contraëion donc ou diminution de cette efpèce de matière fournie uve aufli jufte mefure pour les degrés de chaleur fupérieurs, que la di- latation du mercure ou de l'efpric-de-vin le fait pour les inférieurs , & avec cet avantage, qu'au lieu, que la dilatation cefle avec la chaleur qui l’a produite, à caufe que les thermomètres communs ne confeivent, en refroïdiffant, aucune trace de la chaleur par laquelle ils ont paffé, le rétréciffement au contraire dont dépend ce thermomètre, eft un effet permanent ; la mafle devenue froide fe trouvant diminuée de volume, à proportion de la chaleur qu'elle a fubie ; de forte .que le degré de chaleur, dans une opération particulière quelconque , n'eft pas 42 dé- terminé par une feule obfervation paflagère faite dans le feu même, mais fa mefure fe conferve, & on peut y recourir en tout tems. Ce thermomètre eft fimple , aifé à comprendre & d’un ufage com- mode ; il confifte dans deux parties feulement, favoir, de petits mor- ceaux d’argile appelés pièces à thermomètre , & une jauge à melurer leur sontraëtion ou diminution. La jauge, felon fa defcription publiée originairement dans les Tran- factions Philofophiques, confiftoit dans deux règles de cuivre, plates, & longues de 24 pouces, divifées en pouces & dixièmes, ou en 240 parties égales, avec les côtés exactement droits & unis; ces règles éroiene attachées dans leur largeur à une plaque de cuivre, à 13 diflance Pune de l'autre d’un demi-pouce à un bout, & de trois dixièmes de pouce à l'autre, de manière que l’efpace intermédiaire formoit un long canal convergent , dont le plus grand bout laïfleroit précifément entrer, jufqu'à zéro ou le commencement des divifions , une des pièces d’argile large d'un demi-pouce, Suppofons cette pièce diminuée dans le feu de deux cinquièmes de fon volume, c’eft-à-dire, fes dimenfions réduites de $ dixièmes d’un pouce aux 3 dixièmes ; fe trouvant appliquée au canal & pouflée ou gliffée doucement dedans, elle pafferoit jufqu’à l’extrémité étroite, ou à la 240 divifion ; fi elle n'étoit diminuée que de la moitié autant , elle ne par- viendroit que jufqu’à la divifion du milieu, ou à la 120, & à tout autre degré de dimioution; fi on fait pafler la pièce jufqu'à ce qu’elle s’arrête contre les cotés convergens, la divifion à laquelle cela arrive fera la me- SUR L’'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 3ox fure de fa diminution, & par conféquent du degré de chaleur qu'elle a fubi ;: par exemple , fi une des pièces fe met dans un creufet avec du cuivre, & qu’on la retire auflicôt que le cuivre fond , elle glifera libre- ment jufqu'au 27 degréde la jauge ; eflayée de même avec de l’or, elle diminuera un peu plus ; & parviendra au 32 ; tandis qu'une pièce expofée à la chaleur qu'il faut pour mettre la fonte en fufon, fe trouve aflez diminuéecpour pouvoir pafler jufqu'au 1303 nous difons donc, que le cuivre fe fond au 27, l'or au 32, & la fonte au 130 degré de ce thermomètre.:On peut donc regarder ces pièces comme le mercure, & Les côtés convergens de la jauge comme Le tube & l'échelle du thermo- mètre ordinaires Comme une jauge de la grandeur ci-deflus pourroit être incommode dans la pratique, je viens de la réduire à un quart de fa longueur, en la partageant en deux parties égales placées l’une à côté de l’autre, & en rendant les degrés vingtièmes au lieu de dixièmes de pouce, les in= tervalles aux extrémités reflant les mêmes que dans la grande jauge , ce-changement d'échelle n’en caufe point dans la mefure des degrés de chaleur, car lune & l'autre échelle divife les deux dixièmes d'un pouce dans le même nombre de parties égales, favoit 240, Toutes les petites mafles ou pièces à thermomètre font faites de {a même argile, qu'on a eu foin de bien mêler & de pafler fucceflivement par des tamis de plus en plus fins, & donc le dernier eft de linon en foie fi délié , que la diflance entre fes fils ne fait pas la 150,000 partie d'un pouce quarré. Dans la manière de faire toutes ces pièces on fuit exactement le même procédé; des expériences récentes ont prouvé la néceflité de cette précaution ; fi on veut éviter des erreurs, comme nous le dirons plus bas; la méthode eft de faire pafler, en la preflanc , Pargile encore molle par des ouvertures faites au fond d’un vaifleau de fer cylindrique, ce qui lui donne la forme de bätons longs, que l'on découpe après en pièces de la longueur convenable : quand ces pièces font entièrement sèches, on les ajufte l’une après l’autre de façon , qu'elles puiffent pafler dans leur largeur au O de la jauge; ceci demande beaucoup de foins , V’ajuftement devant fe trouver au moins aflez exaët pour ne point varier de la 120 partie d'un dixième de pouce, ce qui répord à un degré de Véchelle ; fi par linadvertence de l’ouvrier, quelque pièce entre un ou deux degrés plus lon, ce degré eft marqué fur fon fond, & doit fe déduire toutes les fois qu’on fe fert de cette pièce pour mefurer la chaleur. Ù Les pièces 'ainfi ajuftées au o de la jauge font cuites dans un four à une chaleur-rouge, afin de leur donner la confiftance ou durèté nécef- faire pour l'emballage & le tran{port, & de les préparer pour être mifes par la fuite immédiatement dans un feu quelconque fans rifque de crever, 302 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE; La chaleur employée dans ce travail eft communément de fix degrés où environ, c'elt-a-dire, que les pièces en font aflez diminuées pour pafler jufqu'au 6 degré de la jauge, un peu plus ou moins; ces circonftances font aflez indifférentes à l'égard de l’ufage qu'on doit fatre de ces pièces pour mefurer un degré quelconque de chaleur au-deffus de celui qu’elles ont fubi; car les pièces qui ont fouffert une chaleur inférieure fervent pour mefurer une fupérieure toutaufli bien que celles qui n’ont jamais été expolées au feu. ‘ Pour mefurer les degrés de chaleur au-deffous de ceux par lefquels ces pièces ont paflé dans la cuiffon , il faut que l’artifte foit muni de quelques-unes non-cuites, & qu'en les expofant au feu, il prenne les précautions néceflaires pour qu'une chaleur trop fubite ne les faile pas crever; dans ce cas-là il peut lui furvenir quelquefois un phénomène peu attendu, favoir une augmentation de volume; car toutes les pièces gonflent un peu aux approches de la chaleur rouge, mais en gagnant ce terme par toute leur fubitance; elles reviennent dans leur premier volume, & c’elt de ce point que commence la diminution dont nous parlons, Comme ce thermomètre femblable en cela à tous les autres n'exprime que la chaleur qu'il éprouve, l'artifte doit avoir grand foin d’expoler les pièces à une alion du feu égale à celle a fupporte le corps, dont il veut melurer la chaleur par leur moyen. Dans des fours, des fourneaux ordinaires & à reverbère, fousune moufile, & par-rout où la chaleur eft à-peu-près conftanre & uniforme, les moyens de le faire font trop faciles, pour qu'il ioit néceflaire d'en faire mention ici; mais il faudra certaines précautions de plus en faifant des expériences dans un feu 74 où la chaleur eft néceflairement plus changeante & plus variable, & différente dans les différentes parties du chauffage, La pièce à thermomètre peut en général fe mettre dans je creufer avec les fubftances, qui font l'objet de l’opération , comme avec routes forces de métaux, poudres, &c. Lorfque la fubftance eft d'une efpèce fujerce à fe vitrifier & à s'attacher à la pièce, on peut la garantir ( la pièce) en y mettant d'avance une enveloppe faite de terre à creufer ; la petiteffe des pièces eft celle qu'on puife le faire fans inconvénient , au moins dans les creufets qui ne font pas rout-à-faic petits; & pour ceux-ci, on n’a qu'à mettre l'enveloppe tout à côté du creufer, auquel elle formera ainf une efpèce d’addition de volume ; mais fi nous devions juger de la chaleur d’yn grand creufet par une pièce à thermomètre placée ainfi en dehors, nous nous tromperions ; car la pièce dans fa petite enveloppe recevra la chaleur, plutôt que la fubftance renfermée dans le plus grand vaifféau , au lieu que dans les pertes, enveloppe & le creufet fe trouvant à-peu-près des mêmes dimenfons, on n’a guère à craindre de l'erreur de ce côté-la, SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 303 Ces pièces à thermomètre ont des propr'étés fingulières , qu'on ne fe feroic pas attendu de trouver réunies dans une feule & même fubftance , & qui les rend très-propres aux ufages auxquels nous Les employons. 1°. Cuires à un feu modéré feulement , malgré que , femblables en cela à d'autres argiles , elles foient d'un tiffu poreux & s’imbibent d’eau, cependant dans le tems même qu’elles s’en trouvent faturées, leur volume continue à être le même que dans un état de féchereffe. 2°. Expofées à un feu vif, elles fe changent dans une contexture demi-vitreufe ou de porcelaine ; cependant leur contraction en confé- quence des augmentations de chaleur ultérieures, fe fait aufli régulièrement qu'auparavant, jufqu’au degré de feu le plus fort que j'aie pu produire. 3°. Elles fupportent les changemens fubits d’une grande chaleur & d’un grand froid ; on peut les laiffer tomber rout-d’un-coup dans un feu vif, & lorfqu’elles ont reçu leur chaleur , les plonger aufli fubitemenc dans l’eau froide, fans leur faire le moindre tort, 4°. Saturées d’eau dans leur état de porofité, pourvu qu’elles aient été brülées à quelque degré au deflus de l'état d’argile crue , elles peuvent étre jetées tout-d'un-coup dans un feu porté jufqu’au blanc , fans qu’elles crèvent ou en reçoivent le moindre domiage. 5°. Le refroidiflement fubir, qui caufe des altérations & dans le volume & dans le tiflu de la plupart des corps, ne paroît du tout affecter ceux-ci, au moins dans aucune des qualités requifes pour ce thermomètre. On voit aflez, d'après ce que nous avons dit, l’ufage & la jufteffe de ce thermomèere pour mefurer , aprés Popération, le degré de chaleur que la matière a fubie. Les-propriétés mentionnées ci-deflus fourniffent les moyens de le mefurer avec beaucoup de facilité & d'expédition dans l'opération auffi : de forte que nous pouvons favoir quand la chaleur a monté à un degré quelconque dont on feroit convenu. Au tems que l’on veut de l'opération , on peut retirer du feu la pièce à thermomètre & la plonger de fuite dans l’eau froide, & par-là dans quelques fecondes elle fe trouve propre à être mefurée par la jauge, Au même inftant on peut intro- duire à la place de la première pièce une feconde qu’on 6tera & mefurera à fon tour, & ainfi alternativement jufqu'à ce qu’on obtienne le degré de chaleur defiré ; ou comme la pièce froide fera deux ou trois minutes à fe laifler entièrement pénétrer de chaleur, il fera à confeiller en certaines rencontres de faire mertre au commencement dans le feu deux ou plu- fieurs pièces enfemble, felon que l’on prévoit en avoir befoin ; on peut les retirer fucceflivement, & par-là mefurer la chaleur à de plus courts intervalles. I fera inutile que je m'arrête plus long-tems fur les précau- tions & fur les procédés que l'idée feule de thermomètre doit fuggérer, & dans lefquels on ne penfe pas qu’il puiffe furvenir aucune difhculté, qu'un artifte quelconque ne fera pas à même de lever fur le champ. Le nombre & l'étendue des degrés font arbitraires dans ce thermo- 304 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE; mètre comme dans les autres: c'étoit inévitable; mais ceux que J'ai choilis me paroiflent allez commodes ; & la maniere dont ils font divifés, fixe le point eflentiel ; favoir , la correfpondance parfaite de tous Ces rhermoz mètres l’un avec l’autre , le même degré en-tous marquant précifémenr la même chaleur, Quoiqu'il foit très-néceffaire que des thermomètres qui doivent fervir d’étalons, c'elt-à-dire , qui font deftinés à un ufage général, parlent ainfi un même langage univerfel , cependant tout homme qui a des expériences à faire ou des manufactures à conduire, & qui delire feulement régler la chaleur employée dans fes propres opérations, peut faire préparer à moins de frais pour fon ufage particulier un thermomètre dans ce genre ; il comprendra bientôt fon langage & s’en fervira comme d’un guide pour lui-même, quoiqu'il ne puifle pas l’expliquer aux autres, au moins fans une comparaifon actuelle fondée fur des expériences. Mais le plus grand avantage qu’on puitie retirer des thermomèrres partiels, eft que chaque période ou intervalle de chaleur qu'on a befoin de mefurer dans des arts particuliers ou dans des manufactures , peut fe foudivifer jufqu'à un degré de petirefle quelconque, & la longueur de l'échelle en tout ou en partie s'approprier à cet intervalle feulement ; ainfi la plus grande chaleur à laquelle on émaille n’excédant ‘pas fept degrés, une jauge peut , en rendant fes côtés moins cônvergens, s’ajufter de maniere que ces fept degrés occupent une partie: quelconque de l'échelle. De mème on peut préparer pour des Manufaéturiers en farence ou en porcelaine, pour des Verriers , pour des Fondeurs en routes fortes de métaux, & pour diverfes efpeces de recherches expérimentales, une jauge propre à mefürer fur une large échelle quelques-uns de leurs termes de chaleur particuliers d’une étendue plus ou moins grande, de forte qu'on puifle regarder le thermomètre, qui fert d’écalon , comme la carre générale d’un royaume , & ces partiels comme autant de plans détaillés des cantons particuliers levés [ur une plus grande échelle, Afin de donner quelqu’idée du langage de ce thermomètre, & de pofer quelques points fixes pour la comparaifon de fes degrés, les obfervations fuivantes ont été choilies d'entre un grand nombre d’autres ? dont j'ai rendu compre dans le tome des Tranfaétions Philofophiques cité au commencement de cetre Defcription. M. Alchorne , premier Eflayeur. à la Tour, a eu la complaifance d’y faire avec moi les expériences fur les métaux purs pour décerminer la chaleur à laquelle le cuivre, l'argent & l'or fe fondent refpectivement. 1 Des expériences ultérieures , que je viens de finir & de communiquer à la Société Royale, me mettent actuellement à portée de conftater la valeur de ces degrés d’une manière plus fatisfaifante, & de les exprimer dans un langage que l'habitude nous a rendu depuis long-tems familier ; c'eft-à-dire, que je puis fixer Le rapport de'ce thermomètre à celui ide Fabrenheic, Re 7 a + SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS) 530$ Fabrenbeit, & ajouter une colonne, laquelle marque les divifions de fon échelle, qui répondent aux degrés refpectifs de la mienne. Wedg. Fahr, La chaleür rouge pleinement vifble au jour .. o |. 1077 La chaleur à laquelle mes émaux colorés fe cuifent 6'| 1357 Le cuivre jaune fe fond à ..:..,....,,..0 21 3807: Le cuivre fuédois fe fond à ......,,...,.., 27 | 4587 L'argent pur fe fond 3........,..,,..: 28° | 4717 L'or pur fe fond 3.........,e. esse 32, 5237 La chäleur des barres dé fer chauffées è Plus petite 90 | 12797 au point de pouvoir s'incorporer $ Plus grande o$ | 13427. La chaleur la plus grandeque nous avons pu produire dans une forge de Maréchal ferrant. . . ..... É 125 | 17327, La fonte entre en fufion à..4,,..,...,4. 130 | 17977: La plus grande chaleur que j'ai produite dans un È fourneau à vent de huit pouces quarrés. . . 160 | 21877 Ainfi nous trouvons , que quoique la chaleur à laquelle le cuivre fe fond , foit au degré qu'on appelle chaleur blanche où d'incandefcence , elle n’eft que de 27 degrés de ce thermomètre; celle à laquelle les barres de fer s’incorporent, ou 90 degrés , s’appelle aufli chaleur blanche ; de même que 130, à laquelle la fonte entre en fufion, & ainfi de fuite jufqu'à 160 , renfermant en tout une étendue de plus de 16000 degrés, de Fahrenheit; ce qui prouve clairement combien cette dénomination, de chaleur blanche eft vague & indéterminée, & par conféquent peu propre à nous donner des idées claires de ce que nous avons été accoutumés à regarder comme une des trois divifions de chaleur dans des corps ignés. Il ne fera pas hors de propos de faire attention aufi à l’étendue du zeflort de cethermomètre , & de le comparer à celui des thermomètres de mercure, & à d’autres intervalles des degré; de chaleur inférieurs. qui nous font lesimieux connus, L’étendue mefurable à ce.thermomètre., en ne comptant que jufqu'à fon 160° degré, (le plus haut. que j'ai produit dans un fourneau à. vent ordinaire d'environ huit pouces) eft 19 fois plus grande que depuis la congélation de l'eau jufqu': Pignirion entière; Tome XXX , Part. TI, 1787. AVRIL, Q3q 3c6 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, 34 fois plus grande que depuis le point de la congélation du mercure jufqu'à celui où il boût; ce qui forme les limites les plus éloignées des thermomètres à mercure; 109 fois plus grande que depuis l’eau qui gèle jufqu’à l’eau bouillante ; & plus de 300 fois plus grande que depuis l'eau qui gèle jufqu'à la chaleur animale. » Dans le tome des 'Tranfaétions mentionné ci-deffus, j'ai rendu compte de la chaleur différente des fonderies de cuivre & de fer; je l’avois dérerminée , en paflant les pièces à thermomètre dans leurs enve- loppes ‘au travers des fourneaux avec les métaux; j'ai parlé aufli de la chaleur dont on fe fert dans les verreries & dans les différentes faïance- ries ; je l’avois déterminée de même, en foumertant à l’ation du feu les piècesavecle verre ou la. faïance dansleurs fours:ou fourneaux refpectifs, Mais ce thermomètre fournit les moyens d’en faire davantage, & d'aller plus loin: dans la dérermination de ces mefures , que je n’aurois pu d'abord me le promettre ; il nous mettra en état de conflater la chaleur à laquelle onc été cuites quelques-unés des porcelaines & la vaïffelle de rerre quelconque des nations éloignées & des fiècles différens ; car il paroîe, 1°. que ces corps, par une fuite néceffaire de leur compofñtion, dont la terre argileufe fait partie éffentielle, peuvent. avoir eur volume diminué par l'aélion du feu ; 2°. que la diminution qu’ils doivent avoir néceffairement éprouvée à fa première" cuiffon ne fe change pas ; lorfqu’on les pafle par les mêmes degrés de chaleur qu'ils avoient d’abord fubis; mais, 3°. qu’aufli-tôt que la chaleur commence à pal]èr ces bornes, une diminution ultérieure com- mence à avoir lieu. Si l’on a foin donc après avoir mefuré dans la jauge quelque fragment ou morceau de cette faïance caflée , de l’expofer avec ünepièce à thermomètre d'un feu réglé, & de l’examiner de tems en tems jufqu’au moment précis qu'il commence à diminuer, on peut s’affurer lui avoir donné le degré de chaleur entier auquel il avoit été d'abord cuit, & ce degré fe trouvera, en mefurant la pièce à thermomètre. Par le moyen de ce thermomètre on peut aufli découvrir ou conftater avec plus de jufteffe quelques propriétés intéreflantes des corps naturels, & peut-être même déterminer Le genre des corps douteux. On trouve, par exemple, que le jafpe femblable en cela aux argiles & aux pierres olaires, diminué ; au lieu que le granit augmente de volume dans le feu , tandis que les pierres quartzeufes & à full n'y éprouvent ni augmentation ni diminution. Ces expériences ont été faites dans des feux de 70 à 80 degrés de ce thermomètre; un nombre fuffifant de faits pareils comparés les uns avec les autres, & en même-rems avec les propriétés des corps foit naturels , foit artificiels, dont nous voudrions connoître la compo- fition , peut mener à diverfes découvertes; j’en ai déjà eu les apparences les plus flatreufes. ! En répétant & en accompagnant de ces pièces à thermomètre des expériences quelconques déjà faites , comme celles de M. Port & de di : > SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 307 M.Achard , dont on n’avoit pas pu déterminer le‘degré de chaleur dans le tems qu'on les failoit, on peut a@uellement leur: conftater leur degré de chaleur refpe@if, & les rendre par-là beaucoup plus inrelligibles ê&c plus utiles au letteur & à l’artifte. Plufieurs autres ufages & applications d'une mefuré pour ces degrés de chaleur fupérieurs fe préfenteront fans doute ;’je ne parlerai que de celui moyennant lequel nous pouvons déterminer les forces relatives des différentes efpèces de chaïbons ou d’autre chauffage. Si l’on brûlé de chacune féparément des quantités égales dans le même fourneau avec le même courant d'air & avec toutes les autres circon{tances aufli exactement femblables qu'il eft poflible, & fi l’on met une pièce à rhermomètre .Ghaque fois au milieu du feu , il eft clair que ; comme les pièces expriment toujours la chaleur qu’elles ont éprouvée, elles défigneront au jufte les forces réelles des feux refpe@ifs, & par conféquenc les forces re/arives: des chauffages. + Je me flatce avoirsainfi ouvert un champ à une nouvelle efpèce de recherches par le moyen du thermomètre ; & que nous aurons déformiais des idées plus claires de la différence des degrés du feu vif & de fes effets correfpondans fur les corps naturels & artificiels, ces degrés fe trouvant actuellement aflujettis à une mefure exacte, &'en état d’être comparés, noneulement les uns avec les autres, mais encore avec les inférieurs, lefquels font du reflort immédiat des thérmomètres ordinaires. Après avoir ainf fans réferve fait part au public de cette découverte , je voudrois être exempt du foin & de l'embarras de faire préparer des thermomètres à vendre; j'ai bien d’autres engagemens à remplir, & d’ailleurs dans l’état où je fuis on fe difpenfe volontiers d’un furcroît de foïns pareils. Mais comme des étrangers aufli bien que des amis parmi mes compatriotes me preflent de fournir des thermomètres complers & dont on puifle fe fervir fur le champ, je me fens d’autant plus porté à céder à leurs inflancés , au moins pour quelque tems, que je crains que dans toures autres mains que les miennes, mon travail ne devienne inutile, & que le thermomètre même ne fe trouve décrédité avant que fon utilité générale foit fufifamment reconnue: ce qui pourra arriver tant par un défaut de juftefle dans l'exécution , prefqu'inévitable dans les commen- cemens , que parce qu'on n'auroit pas toutes les machines & tous les inftrumens dont j'ai été obligé de me pourvoir ; car la façon de faire & d’ajufter les pièces demande mille petits foins & attentions, pour lefquels la théorie feule ne fuffit pas , il y fauc encore l'habitude de manier l'argile, L’uniformité de la diminution de ces pièces par le feu , dépend en partie de circonftances, lefquelles toutes minutieufes qu’elles paroiffent , il a une longue fuite d'expériences pour conftater ; je me réferve à parler «Tome XXX, Pare. I, 1787. AVRIL. Qq2 308 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, de ces circonftances plus en décail après que les expériences auront été entièrement achevées. Ce font ces mêmes raifons qui m'ont décidé à faire faire également fous mes yeux les thermomètres partiels, & pour cet effet j'ai préparé une quantité de terre fuffante pour faire plufieurs milliers de pièces ; car dans les thermomètres partiels aufli bien que dans les généraux , il eft effentiel que les pièces fe reflemblent, ou autrement gw’elles diminuent également dans des feux épaux. Poff-feript. D'après les expériences dont il eft parlé dans la dernière page , je fais actuellement les pièces à thermomètre d'une compoftion argileufe , qui a des avantages fur celle dont je m'étois fervi auparavant & en differe, fur-tout à l'égard de deux des propriétés rapportées ci- deffus. 1°. Elle ne reçoit point dans la cuiflon cette augmentation de volume, (voy. pag. 302) qu’éprouvoit l’autre , avant que la diminution , bafe du thermomètre, ne commencçit ; & en fecond lieu , quelque grand que foit le degré de chaleur auquel elle fe trouve expofée, elle ne prend jamais la moindre apparence d'une contexture demi - vitreufe ou de porcelaine , (Woy. pag. 303 ) mais après avoir paflé par les feux les plus vifs , que j'ai pu produire, elle conferve toujours fon état fpongieux ou de porofité. ë Les pièces étant fujettes dans leur état 207 cuit à s'imbiber de nouveau de humidité de l’air, & à avoir par-là le volume fenfiblement augmenté, on a foin de les faire fécher à la chaleur de l’eau bouillante, & de les ajufter /ur le champ dans la jauge : car aprés l'ajuftement, l'inconvénient ci-deflus ne fait plus rien. En ajuftanc les pièces, ( pag. 301 ) on a trouvé qu'il falloit leur con- ferver entières les furfaces unies & ferrées qu’elles prennent en recevant la première facon, c'eft-à-dire , lorfqu’elles font encore molles; c’eft pourquoi au lieu de diminuer, en les rognant ou en les frottant, celles qui peuvent être un peu trop grandes actuellement , je marque fur la bafe de derrière (dont le bord angulaire eft découpé à biais) le nombre de degrés qui lui manque pour aller à © ; de forte que , dans toutes les expériences faites avec des pièces numérotées , fi le numéro fe rrouve fur Le bout de derrière , il faut l'ajouter , s'il eft fur Le bout de devant , il faut Ze fouflraire du degré auquel pafle la pièce après l'expérience. CORP PE, D'E X LEUR L'EINIGES SUR LE CHARBON: Par M. DE LA MÉTHERTE. Jar fait voir dans les Mémoires précédens inférés dans ce Journal, les phénomènes que préfente la combuftion du charbon dans l'air pur, j'ai enfuire voulu n'aflurer des effets que produifoit le charbon éteint dans le mercure, & introduit dans différens airs. M. l'Abbé Fontana a obfervé le premier que le charbon abforboir en fe refroidiffant une grande quantité d'air, Cet excellent Phyficien a donné un apperçu de fes expériences dans fes Opufcules phyfiques & chimiques , ( Edition Françoife, pag. 77 & fuivantes.) Je les ai répétées & un peu variées ; nos réfulrats quoique fe rapprochaut beaucoup , pré- fentent cependant quelques différences. J'ai mis un Charbon incandefcent fur un fupport en briques placé au milieu d’une jarre d’eau. Le charbon a été recouvert d'une grande cloche, il a brülé pendant quelques inftans , & s’eft enfuire éteint. L'eau a d’a- bord paru defcendre par la raréfaëtion qu'a produite la chaleur, elle s'eft bientôt après élevée confidérablement. L'air reftant lavé dans l’eau de chaux l’a précipitée & a diminué de volume, ce qui indique qu'il y avoit beaucoup d'air fixe ou acide. Le réfidu éprouvé à l'air nitreux fait voir qu'il contient beaucoup d'air impur ou phlogiftiqué. Sa bonté dépend du volume de la cloche relativement au charbon employé. L'expérience faite fur le mercure préfente les mêmes réfultats. On auroit donc pu croire que le charbon incandefcent a confumé une partie de l'air pur de la cloche, & que le refte contenoit principalement l'air impur qui n’avoit pu fervir à la combuftion du charbon, Mais les expériences fuivantes feront voir que ce neft pas l'unique caufe de Pabforption. , I. J'ai plongé dans le bain de mercure un charbon incandefcent d’un pouce cubique qui s’eft éteint aufli-tôt. Il étoic encore aflez chaud pour que j'eus de la peine à le toucher quoique dans le mezcure; lorfque je l'ai faic pafler fous une cloche contenant douze pouces cubiques d'air pur. Il Pabforbe avec beaucoup de rapidité; par des calculs rapprochés d’après un grand nombre d'expériences , je crois pouvoir eftimer la quantité abforbée à 8 à 10 fois le volume du charbon. La cloche tranfportée enfuite dans la cuvette à eau, avec une foucoupe qui contient aflez de mercure pour qu'il ne puifle y avoir aucun accès 310 OBSERFATIONS SUR LA PHYSIQUE, de l'air extérieur; la cloche étant enfuite foulevée, le mercure tombe dans la foucoupe, & le charbon fe trouve dans l'eau. Je le fais pafler aufli-tôt fous une autre cloche pleine d’eau. L'air fe dégage en quantité, néanmoins on n'en n’obrienc environ que le quart de ce qui a été ab- forbé, & cette quantité dépend beaucoup de la nature du charbon, ainfi que du tems qu’on laiffe Le charbon avant de introduire dans l’eau : car Jorfqu'on tarde plufieurs heures avant de faire pailer le charbon dans l'eau, il donne moins d'air que lorfqu’on attend moins de tems. Cet air introduit dans le tube de leudiomètre, & bien agité n’eft point diminué, Il ne précipite point l'eau de chaux. Comme il fe pourroit que l'air fixe füt abforbé par l'eau à mefure qu'il fe dégage, j'ai employé l’eau de chaux au lieu d'eau ordinaire, & j'ai porté le charbon dans une cuvette d'eau de chaux , & l'ai fait pafler avec les mêmes précautions que dans l’expérience précédente fous une cloche pleine d’eau de chaux. L'air qui s'eft dégagé ne l’a point précipité, J'ai répété ces expériences un grand nombre de fois, parce que M. l'Abbé Fontara croit avoir obfervé que cet air contient de l'air fixe ou acide. Mais il fera fans doute arrivé à cet favanr obfervateur ce que j'ai auf vu quelquefois ; lorfqu’on emploie un charbon un peu gros bien incandefcent, & qu’on ne le laifle pas quelques inftans dans le mercure, il s'allume dans la cloche, & pour Jors ily a de l'air pur changé en air acide, & ce qu'il y a encore de particulier, c'eft qu'il brüle peu. J'ai eflayé avec l'air nitreux, l'air pur ainfi abforbé , & enfuite dégagé du charbon. Une mefüre de cet air dégagé du charbon qui n'avoir été chauffé qu'un quart-d’heure, & trois de bon air nitreux mont donné dans un grand nombre d'expériences 2,60 : 2,80 : 2,50. Plus il a féjourné dans le charbon , plus il eft vicié, Les réfultats font bien différens lorfque le charbon a été tenu long-rems à l’état d'incandefcence. Jai mis du charbon dans un creufet luté & re- couvert d'un autre creufet. Je l’ai tenu plufieurs heures à l’état d'incan- defcence. J’ai éteint enfuite ces charbons dans le mercure, fans qu'ils euffent ceflé d’être incandefcens ; puis introduits dans une cloche d'air pur, ils l'ont abforbé ; portés enfuice dans la cuvette à eau, l'air qui s'eft dégagé était beaucoup moins vicié que dans les premières expériences : car une mefure de cet air & trois de bon air nitreux ont donné dans différens eflais 0,50 : 0,60 : 0,80, &c, . Je craignois que le charbon fimplement chauffé jufqu'a être bien rouge ou chauffé un quart-d'heure, retint une portion d’air impur. Mais je m'af furai du contraire par les expériences fuivantes, Je chauffai un quart-d'heure un gros charbon que je partageai en deux. J'éteignis les deux morceaux dans le mercure. Je portai l’un dans l'eau fans lui laiffer. de communication avec l'air, il ne s'en dégagea Ë SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 311 point d'air. L'autre morceau introduit dans une cloche d'air pur l'ab: forba ; puis porté dans l’eau il laïfla dégager un air très-vicié : car une mefure de cet air & 3 d'air nitreux donnèrent 2,70. Cette expérience répétée très-fouvent, m'a toujours donné à-peu-près les mêmes réfulrats, Le charbon par une incandefcence long-tems foutenue perd donc une grande partieed’un principe quelconque qui vicie l'air pur. I, Un charbon d'un pouce cubique chauffé un quart-d’heure, & _ éteint dans le mercure, puis introduit dans une cloche d'air commun, en abforbe environ 4 à $ fois fon volume ;|mis dans l’eau de chaux ou dans l’eau commune avec les mêmes précautions que ci-deflus, il fe dégage environ un cinquième de l'air abforbé qui ne précipite point l’eau de chaux, & neft point diminué dans l'eau. Une mefure de cet air & une de bon air nitfeux, m'ont donné dans différentes expériences 1,60 : 1,64: 1,65 : 1,72: 1,84, &c. TT. J'ai éreint un charbon dans le mercure & l’ai introduit dans une cloche qui contenoit de l'air impur ou phlogiftiqué par l'air nitreux. Une mefure de cet air & une de bon air nitreux m'avoient donné 1,97. Le charbon a abforbé environ deux fois fon volume d’air, Introduic fous Peau , il s’eft dégagé un fixième ou un feptième de cer air. Une mefure d'air nitreux, & une de cet air m'ont donné 1,99 : 2,00. IV°. Un charbon d’un pouce cubique, chauffé un quart-d’heure, & éteint dans 2 mercure, a été introduit fous une cloche ‘contenant 12 pouces cubiques d'air nitreux. L’abforption a été très-prompte, & il y a eu environ 9 pouces cubiques abforbés ; le charbon mis enfuite dans l'eau a laiffé dégager environ un fixième de cet air. J'ai effayé une mefure de cec air avec une d’air commun, il n'y a pas eu d’abforption fenfible : ce qui indique que l'air nitreux avoit été dénaturé. g J'ai effayé une autre mefure de cet air avec une d'air nitreux, ily a eu une abforption de 20 à 30 degrés dans différentes expériences & même quelquefois plus. Ve. Un charbon chauffé un quart-d’heure, éteint dans le mercure & introduit fous une cloche pleine d’air fixe ou air acide, l’abforbe avec avidité dans les premiers momens. L’abforption peut aller à environ 12 fois fon volume. Jai enfuite porté ce charbon avec les précautions décrites ci deflus dans un vafe d’eau de chaux, & l'ai fait pañler fous une cloche égale- ment remplie d’eau de chaux. Il s'eft dégagé de l'air acide qui a précipité Veau de chaux ; mais il y en a eu une partie qui n’a pas été abforbée. Une melure de cet air & une d’air nitreux ont donné dans différens effais 1,75 : 1,78 : 1,80 : 1,88. VIe, Un charbon chauffé un quart-d'heure, éteint dans le mercure, & introduit dans une cloche pleine d’air inflammable, en abforbe prefque 312 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, le double de fon volume, Plongé enfuite dans l'eau avec 1es précautions ordinaires, il fe dégage environ le quart de l'air abforbé. Deux mefures de cet air & une d’air pur ont détonné foiblement, le réfidu a été 0,80 : 0,88: tandis que deux mefures du même air inflammable avant d’avoir été fur le charbon, & une du même air pur avoient donné O,26, VII, Le charbon ordinaire, tel qu'il fert aux ufages économiques ; mis dans l’eau fous une cloche, laiffe dégager beaucoup d'air, J'ai éprouvé cer air avec l'air nitreux un très-grand nombre de fois, & je lai trouvé conftlamment à-peu-près aufli bon que l'air atmofphérique. VIII, Un charbon incandefcent plongé dans l’eau fous une cloche, laifle dégager dans les premiers momens une petite quantité d’air inflam- mable, puis n’en donnelplus. Cet air inflammable déroné avec l'air pur, laiffe un réfidu très-confidérable , ce qui annonce qu'il eft erès-impur. Il elt vrai qu'on ne peut compter fur cette expérience, parce qu’on eft obligé de plonger promptement le charbon dans l'eau. Ain on peut entrainer une portion d’air atmofphérique, Il peut encore fe dégager par la chaleur une portion de l'air contenu dans l’eau, IX°. Le charbon ordinaire ou celui qui a abforbé les différens airs; plongé dans le mercure , ne laifle point échapper d'air. Je dois obferver que ces expériences ne donnent jamais des réfultats rigoureux en les répétant. Onen trouvera facilement la raifon , dans les différentes efpèces de charbon, dans la durée du tems qu'ils ont été chauffés; enfin, parce qu’il n’eft pas poflible de mefurer exactement le volume d'un charbon incandefcent. : Toutes ces expériences nous préfentent les faits les plus intéreffans. IL paroït que dans l'incandefcence du charbon une partie de fes principes eft volatilifée, ce qui forme un vuidedans fon tiflu; par conféquent lorfqu'on plonge ce charbon dans un fluide, le uide s’infinue aufi-tôt dans ces vuides & les remplit, comme l'eau remplit les vuides d’une éponge, C’eft aflez curieux de voir un charbon éteint dans le mercure & qu’on y laifle long-tems. Tous fes vaiffeaux font fi pleins de mercure qu’on lediroitinjeété. Les airs s’introduifenc auûi dans ce charbon ainfi éceint ; mais leur abforption eft accompagnée de circonftances auxquelles on ne fauroit faire trop d'attention, [1 paroît que le vuide qui exifte dans le charbon ne peut abforber qu’une aflez petite quantité de certains airs, tandis qu'il abforbe plufieurs fois fon volume de certains autres ; mais ils font pour lors dénaturés : ce qui indique combinaifon. L'air pur (1) & l'air nitreux font (1) C’eft cette altération de l’air pur abforbé par le charbon qui eft caufe qu’un charbon mal éteint dans le mercure & introduit dans une cloche d’air pur, brûle mal, & finit bientôt par s’éteindre, comme nous l’avons vu dans la premiere expérience. C’ef encore par la même raifon que du charbon embrafé, & qu’on a renfermé fousune eloche pour l’éteindre, fe rallume enfuite difficilement. très+ SUR L'HIST. :- NATURELLE. ET-LES -ARTS,, 313 très-viciés. L’air fixe ou acide & l'air inflammable je font aufli ; mais un peu moins. Enfin , l’air impur ou phlogiltiqué ne Left pas, & dans cetre opération tous les autres airs font ramenés à celui-ci ; d’où nous pouvons conclure , 1°, Que l'air pur, l'air nitreux, l'air inflammable, Pair acide, paffent plus ou moins à l'état d'air impur ou phlogiftiqué par l'abforprion du charbon éteint dans le mercure à l’état d'incandefcence, &'que par conféquent tous ces airs ont pour bafe un feul & même principe différem- ment modifié. 2°. Que ce même charbon , quelque part qu’on le fuppofe , s'il n’eft pas incandefcent , ne change point l'air pur en air fixe. Il exifte donc dans le charbon un principe quelconque, qui, 1°. dans Le charbon à Pétat d'incandefcence change lair pur en air acide ow air fixe; 2°. dans le charbon éteint dans le mercure change cet air pur. en air .impur ou phlogifliqué, ainft que tous les autres airs, Lorfque le charbon a été tenu long-tems à l’état d’incandefcence, une partie de ce principe elt volatilifée. La partie qui demeure eft très-adhérente à la terre & autres principes du charbon , & pour lors vicie beaucoup moins Les airs qui font abforbés. Ainfi le charbon par une incandefcence fourenue long-tems, perd autre chofe que de l’eau. Ce principe eft ce que Stah} appeloit phlogifton. he Le charbon, fuivant moi, contient beaucoup-d’air inflammable quinne jouit plus de fon état aériforme, Cet air inflammable dans cet état fe combine avec l’airepur, & le change en airjimpur ou phlagiftiqué, Mais ce même air inflammable, fous cette forme, n'eft que K matière ‘de la chaleur, le feu combiné ou cauflicor ; unisà.d’autres principes qui lui ôtent une partie de fon énergie. L'acte de la combuftion le dégage de tous ces principes. étrangers :, il reprend fa première énergie, fa cauflicité, devient brûlant , & pafle à l'état de, caufticon. Pour lors il fe combine avec l'air pur , & le*change en air acide où air fixe, gr Éje 2 10 Di do 2 0 Da DE M BESSON; A M DE LA ME,THER LE. Moxsrrur, Ge ie (TPE Hire he tin de Il faut que M. Reynier mette bien de l'importance à fes découvertes, puifqu'il croit devoir fe munir d’un certificat de la Sociéré de Laufanne, qu'il conftare même la date de fon envoi à votre Journal du mois dernier, Tome XXX, Part, I, 1787. AVRIL, Rr ) 314 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, pour prouver l'antériorité de fes idées fur la nature de la formation de la terre verte, dans lefquelles je me trouve parfaitement conforme à celles qu'il a propofées dans une notice remife à la Société Phyfique de Laufanne, le 16 Décembre 1785. Sans vouloir difputer à M. Reynier Jes. nombreufes, découvertes fur la tèrre verte qui fixe l'attention des Minéralogifles , je lui repréfenterai que j’ai cru pouvoir parler de cette terre verre d’après mes propres idées & obfervations , fans exciter fa réclamation , ainfi que j'en avois fait mention dans un Difcours für l'Hiftoire-narurelle de la Suifle, fervant d'introduction aux Tableaux topographiques, pittorefques & phyfiques de la Suifle, r-fol. imprimé en 1777, enfuite 21-4°. 1780 (1). J'y parle de la terre verte à l’article Criftal dé roche du mont Saint-Gothard, M. Réynier voudra bien être perfuadé que je ne pouvois prévoir qu'il donneroit en 178$ une notice à la Société de Laufanne, & que je ne mers pas de prétention aux décou- vertes , püifque je n'avois pas mis mon nom à ce Difcours. Il eûr été plus inftruétif que cet obfervareur eût répondu à quelques problèmes que je propofois aux favans Naturaliftes dans mon Mémoire du mois d'août dernier. fur la nature du diflolvant de la terre verte, du quartz & du feld-fpath: ces objets étoieñit plus dignes d'occuper fa fagacité qu’une réclamatioh d’antériorité. : : = | Qui +44 s “ 2 : ass (6 Ds r. E L Re es ee _NOUVELLES LITTÉRAIRES. E XPÉRIENCES Jur les Végétaux , fpécialement-fur la propriété qu'ils pofsèdent à un haut degré, foit d'améliorer l'air quand ils font au foleil , foie de le corrompre la nuit ou Llorfqu'ils font à l'ombre, auxquelles ‘on a joint une méthode nouvelle de juger du degré" de Jalubrité de latmofphère ; par JEAN INGEN-Housz, Conféiller Aulique, & Médecin ducorps de Leurs Majeflés Impériales , Membre de Ta Socicté Royale de Eondres, &c. &c. traduites de l'Anglois par l'Auteur : nouvelle édition ;;revue & corrigée. À Paris, chez Théophile Barrois le jeuñe , Libraire, quai des Auguftins , N°. 18 ; 1787, 1 vol. in=8°. be ‘ a Les favans ont porté leur jugement fur cet Ouvrage, qu'ils ont claflé dans le petie:nombre de ceux ‘qui font faits pour avancer‘nos connoif- PARTS SMS PSM T PI NRNTITe: Ds Par Te ME tit MENU (1) Ce Difcours a aufli été traduit & imprimé à Leipfick en 1782 , imprimé à Bêrne en 1786 , fous le titre de Manuel pour Les S'avans & Curieux qui voyagene en Suifle. Cette contrefaction s’eftfaite, à mon grand regret, fans ma participation , € parce que jy, aurois donné volontiers des corre&tions & des augmentations néceffaires, « ces éditions n'ayant pas ‘été faites fous mes yeux, & la compofition du Difcours fort précipitée, 111 l SUR LHIST. NATURELLE ET LES ARTS, ‘31$ fances. Nous dirons donc feulement que [on célèbre Auteur a enrichi cette nouvelle édition d’un grand nombre de nouvelles expériences, par lefquelles il a cherché à corfirmer les premières, & à répondre aux différentes objections qui lui ont été faices. Il promet de publier un fecond volume du préfent Ourage, ainfi que de nouvelles Expériences & Objervations fur divers objets de Phyfique. Efjai d'un Art de Fufion à l’aide de l'air du feu ou air viral ; par M. EHRMANN, Licencié en Droit, Démonflrateur de Phyfique expérimentale à Strasbourg, Membre de l'Académie Royale des Sciences & Belles-Lertres de Gottembourg,& de la Société des Curieux de la Nature à Berlin , avec une Planche gravée en taille. douce, traduit. de l'Allemand, par M. DE FONTALLARD , & revu par L' Auteur, fuivi des Mémoires de Mu:LAVOIsIER,, de l Académie Royale des Sciences, fur le même Jujer.rA Strafbourg , chez Jean- George Treuttel, Libraire, 1787 ; & a Paris; chez Cucher, rue & hôtel Serpente, 1 vol. 27-8°. Prix, 4 liv. 10 fols broché; $ liv. 10 fols relié, Cet Ouvrage a été préfenté à l'Académie Royale des Sciences de Paris, & voici le jugement qu'en ont porté MM, fes Commiflaires : « Nous » croyons que l'Académie ne peut que favoir beaucoup de gré à M. de » Fontallard d'avoir traduit un Ouvrage aufli important, & qui contienc » une fuite d'expériences aufli nombreufes, qu’il fera très-utile de le publier, » & qu'il mérite d’être imprimé fous le Privilège de l'Académie ». Mémoire pour fervir à l'Hifloire de quelques Tnfeëtes connus fous le nom de thermes ou fourmis blanches ; par MH. SMEATHMAN, Ouvrage rédigé en François par M. CyriLLe RicAuD, Doéeur en Médecine de l'Univerfiré de Montpellier, & accompagné de Figures en taille- douce. À Paris, chez Née dela Rochelle, Libraire, rue du Hurepoix, près du pont Saint-Michel, N°, 13, Les fourmis blanches font célèbres dans les pays chauds par les grands ravages quelles fout, & leur hiftoire eft très-bien faite dans le {avant Mémoire que noùs annonçons. Analyfe des Eaux thermales de Vinay » avec des Obfervations fur Les Infeëtes microfcopiquesqui y font contenus, ainft que de leurs Moules ; par M.FoNTANA, Maître en Pharmacie, Membre de l'Acadèmie Royale des Sciences de Tiürin, de Sienne, de Georgofli de Flo- rence, & Sous-Secrétaire perpétuel de la Société d'Apriculture, Vurin, chez Jean-Michel Briole, Imprimeur-Libraire de l'Académie Royale des Sciences. Les eaux de Vinay font des eaux thermales hépatiques, fuivant la favante Analyfe qu'en donne M, Fontana. Tome XXX , Part. 1, 1787. AVRIL, Rr 2 :316 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQE, Phyfique du Monde, dédiée au Roë, par M. le Baron DE MARIVETZ & par M. GoussiER; tome cinquième, féconde partie. À Paris, de’ l'Imprimerie de Quillau, Imprimeur deS. A. S, Monfeigneur le Prince de Conti, rue du Fouare, 1786, 1 vol. i-4°. Ce volume eft une fuite de ce qui a été traité dans le cinquième, le feu & la chaleur. Ces favans Auteurs avoient expofé dans la première partie les opinions des différens Phyficiens qui n’exiftent plus, fur cetre matiere dificile.. j Dans cette feconde partie ils difcutent les fentimens des Auteurs exiftans , fur la même matiere. « Je les prie, difent-ils, de ne confidérer > les obfervations que je vais me permettre de leur préfenter, que comme » des doutes que je les invite à difliper en m'éclairant fur les parties de > leur théorie que j'aurois mal faifies : j’efpere qu'ils ne me fauront pas » mauvais gré de mécarter de leurs opinions lorfque je ne les croirai pas >» parfaitement juftes ». On ne peut mettre plus d'ordre, plus de clarté & plus d'honnêteté dans une difcufion aufli délicate. « Je ne crains point, difent-ils, d’avoir déplu » aux favans dont je viens d’analyfer & de réfuter les opinions, J’ofe me > rendre au moins le témoignage que je n’ai rien dit qui püe les offenfer », Quoique MM, Marivetz & Gouflier n'expofent pas encore dans ce volume leur doétrine, cependant ils la laiffenc aflez entrevoir, « C'eft de » la confidération de la nature & des effets d’un Auide univerfel qui remplit ‘» tout l’efpace, qui pénetre tous les corps, qui feul eft le principe de >» toutes leurs aétions, de toutes lés modifications des corps organilés, » végétaux & animaux, que nous efpérons déduire d’une maniere auf > claire qu'elle fera évidente, les explications de tous les phénomenes ». Obfervations fur quelques objets d'utilité publique, pour fervir de Profpectus à la feconde partie de la Phyfique du Monde, ou à la Carte hydrographique de la France, & au Traité général de la Navigation intérieure de ce Royaume : Ouvrage dédié au Ror. Agamus bonum patrem familiæ. Faciamus meliora qux accepimus. Major ifta hæreditas à me ad pofteros tranfeat. Seneca. Irmitons le bon pére de famille : ajoutons à ce que nous avons reçu. Que le domaïne de nos Jucceffeurs foit augmente en paf]ant par nos mains. Sénèque. À Paris, chez Vifle, Libraire , rue de la Harpe, près la rue Serpente, 1786, 1 vol. zr-8°. Pour vivifier un grand Empire, faciliter la communication de fes différentes Provinces, on a fenti de tout tems que le tranfport par terre écoir trop difpendieux , & qu’il falloit y fuppléer autant qu’il étoit poffible par des rivières & des canaux navigables : c’eit ce que les favans Auteurs de SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 317 la Phyfique du Monde propofent pour la France. Il faut voir dans Ouvrage méme tous les détails dans lefquels.ils font obligés d'entrer. Mémoires Philofophiques, Hifloriques, Phyfiques, concernant la découverte de l'Amérique , [es anciens habitans , leurs mœurs, leurs ufages , leur connexion avec les nouveaux habitans , leur Relioion ancienne & moderne, les produits des trois règnes de la Nature, 6 en particulier des Mines, leur exploitation , leur immenfe produit, zenore jufqu'ici ; par Don ULLOA, Lieutenant Général des Armées Navales d'Efpagne, Commandant au Pérou , de l'Académie Royale de Madrid, de Stockolm, de Berlin, de la Societé Royale de Londres, &c. avec des obfervations & additions fur routes les matières dont il eft parlé dans l'Ouvrage ; traduits par M. ***, A Paris, chez Buiflon, Libraire, hôtel de Mefgrigny, rue des Poitevins , N°, 13 : 2 vol. 47-8°. Prix, 8 Liv. brochés, 10 liv. reliés & 9 liv. brochés, francs de port par la pofte, Ces Mémoires de don Ulloa fur l'Amérique , où il avoit réfidé lorg- tems, font très-eltimés. C’eft donc un fervice que le Traducteur nous a rendu en les metrant en françois. Il les a de plus enrichis de notes, Nouvelles découvertes fur les Lunettes acromatiques. Un particulier nous écrit de Soiflons qu’il a fu tirer un grand avantage de’ ces lunettes. Il avoit des lunettes acromatiques d'un , de deux, de trois & de quatre pieds, À la lunette de quatre pieds, il a fubftitué le tuyau des oculaires d'une lunette detrois pieds, & il a trouvé que la même lunette de quatre pieds rapprochoit du double de ce qu'elle rapprochoit aupara- vant , elle étoic auf claire & le champ apparent aufli grand. Une lunette dont l’oculaire étoit de deux pieds, adaptée à la lunette de trois pieds de longueur , rapprochoit un peu plus que celle de quatre pieds à laquelle il n'avoit fait aucun changement ; mais une lunette de deux pieds à laquelle il avoit adapté le tuyau de l'oculaire d’un pied, a produit un effet plus furprenant, elle rapprochoit plus que les lunettes de trois & mêmede quatre pieds, elle rapprochoit autant qu'un télefcope de feize pouces ; elle eft très- claire & d'un beau champ. Il eft bon de remarquer que la lunette de deux pieds a quatre oculaires ainfi que celle de trois pieds. La lunette de quatre pieds a cinq oculaires. Nous laflons aux gens de l’art à décider fi la découverte de notre amateur eft aufli réelle qu’il nous le marque. Extrait de la Séance publique de la Société Royale & Patriotique de Valence en Dauphiné , tenue le 26 Janvier 1787, pour l'adjudication d'un Prix extraordinaire de Phyfique qui avoit èté Propojë par un Citoyen anonyme , fur cette queflion : 1°”. l'électricité artificielle depuis fa découverte jufqu'’à préfent, a-t-elle contribué réellement aux progrès de la Phyfque ? 318 OBSERATIONS SUR LA PHYSIQUE, 2°, Confidérée comme remède, a-t-elle été dans fon adminiftration plus avantageufe que nuilible au genre humain ? Dans le, premier cas on demande : quels font les avantages qui en font réfultés pour la fcience Phylique ? Dans le fecond on demande: 1°, dans quelles maladies elle a paru réuflir le mieux © 2°, Quelle eft la meilleure manière de l’adminiftrer ? 3°. Peut-elle être aidée du fecours d’autres remèdes ? 4°. Si elle Le peut, quels font ces remèdes ? Dans le cas où elle auroit été nuifñble, on demande, fi les mauvais effets qui en font réfultés font dus à la contrariété de la nature de ce remède ou à fon adminiftration mal conduite ? M. de Tardivon ,ancien Abbé Général de Saint Ruf, Préfident, a ouvert la féance par un difcours fur le zèle & l’émulation de la Société, animés & couronnés par Sa Majefté dans fes Lettres-Patentes du mois de Décembre dernier, qui confirment & autorifent fon établifflement. Dom Pernety, Secrétaire perpétuel , a lu enfuite l'analyfe françoife d’une differtation latine ayant pour devife zumquam aliud natura, aliud Japientia, à laquelle le prix extraordinaire de 300 livres fur Pélectricité a été accordé. Les Auteurs de cette diflertation , font MM. 4. Pas Van Trooffwyk, Membre de la Société Hollandoife, de celle de Ro- rerdam, & d'Utrech, & T.R.F. Krayenhoff, A. L. M. PzAclof. Med. oétor, tous deux rélidens à Amfterdam, Do d A cette leQure a fuccédé celle de l’analyfe d'un Mémoire François admis au concours ayant pour dévife ze quid nimis , auquel l'acceffit a été décerné, & dont le billet a été gardé pour s’en fervir dans le cas où l’Auteur jugeroit à propos de fe faire connoître. Ce Mémoire qui, au mérite du ftyle & de la méthode réunit celui de rapporter un très-grand nombre d'importantes obfervations des Phy- ficiens fur cette marière, auroit pu balancer les fuffrages pour obtenir le prix, fi l’ouvrage latin, après avoir expofé à peu près les mêmes faits & préfenté de plus quelques expériences nouvelles & intéreffantes, n'avoit encore l'avantage d’avoir rempli toutes les conditions du Programme. Les deux Mémoires ci-deflus mentionnés, prouvent les avantages que l'életricité a produits pour les progrès des- connoiffances relatives à la Pbyfique & à l'art de guérir, Celui qui eft en latin, fait connoître de plus les cas où employée comme remède, elle a été nuifible, foit par elle-même, foit par fon adminiftration. La Société Patriotique croit devoir déclarer une fois pout toutes qu’elle he fe rend pas garante des opinions des Auteurs dont elle couronne les ouvrages , Én devoir eft d'examiner ceux préfentés au concours pour difcerner lefquels ont le mieux traité les queftions propofées, c'eft-à- SUR L’HIST, NATURELLE ET LES ARTS. 319 dire, avec plus de merhode, & dont les raifons font appuyées de preuves plus folides, &c. mais non de décider elle-même ces queftions. Après certe lecture M. de Sallier, Ecuyer, Membre aflocié de la Sociéré, a lu un Mémoire fur la nature de l'air fourni par les chütes d’eau dans les irombes des mines & des forges du Comté de Foix. 1 ÿ traite particulièrement de la nature de l’air en générai, de la manière dont il eft engagé en les globules d’eau, & de celle dont il s’en dégage dans les différentes circonftances. A certe lecture a fuccédé celle d'un Mémoire de M. **, Membre ordinaire, fur le nivellement des fources qui font en grand nombre dans les environs de Valence; il y eft montré que celle dite du Treuil eft la feule dont on puiffe conduire les eaux dans la ville pour fatisfaire À tous les befoins de {es Habitans, lefquelles y ayant été jadis conduites par un acqueduc de conftruétion des anciens Romains duquel on voit les ruines, donneroit l'efpoir de jouir encore à Valence de cet avantage, fi le projet préfenté par l'Auteur du Mémoire pouvoit avoir lieu. M. le Baron de Naïllac, Membre ordinaire, a terminé la féance par la leèture d’un eflai fur les. premières poëftes connues des nations Eu- ropéennes , qui paroiflent toutes avoir été compofées pour être chantées en l’honneur & gloire, foir de la divinité qui faifoit l'objet de leur culte, ou des héros dont 1ls vouloient conferver les belles actions dans leur Mémoire, | ELASBARE DEs ARTICLES CONTENUS DANS CE CAHIER. LEA Jur quelques Infeéles de Barbarie ; par M. l'Abbé PorrET , page 241 Suite du fecond Mémoire de M. SENEBIER fur les moyens de per- feélionner la Météorologie, 24$ Nouvelles Recherches fur la nature du Spath vitreux, nommé improprement Spath fufible, pour fervir de fuite à celles qui font inférées dans le Journal de Phyfique , tome X , page 106 , & pour Jervir de réponfe au Mémoire de M. SCHÉELE , imprimé dans le méme Journal, tome XXII, page 264, & qui fe trouve dans la Colle&ion de fes Mémoires qui vient de paroïtre en François ; par M. MonNET, Rier 2 Leitre de M. le Chevalier D'ANGos , Correfpondant de l’Académie Royale des Sciences de Paris, à M. DE LA MÉTHERIE, Docteur en Médecine, Rédaëeur du Journal de Phyfique, 120$ 320 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, € Plan d'une Carte Phyfique, Minéralogique , Civile & Eccléfaflique de la Franche-Comté & de fes frontières , qui comprennent une grande partie des Montagnes de la Bourgogne & d2 la Champagne , les V'ôges ju/qu à Sainte-Marie-aux-Mines , le Sundgam, la Principauté de Porentrui , la partie de la Suifle depuis Soleure jufqu'à la perte du Rhône, en paffant par les lacs de Bienne, de NeufChätel 6 de Genève, On y a ajouté quelque chofe du Canton de Fribourg & du pays du Walais, avec le cours de l Arve depuis Chamount jufqu'à Jon embouchure : Ouvrage dédié à MM. de l'Académie de Befançon, par le P, CHRYSOLOGUE, de Gy , Capucin, Membre de la méme Academie & de celle de Heffe-Cajel, 271 *Obfervation d’une Trombe de mer , faite à Nice de Provence en 1780: adreflée à M. FAUSAS DE SAINT-FOND ; par M. MicHAUD, 284 Traduion d'une Lettre écrite à M. le Baron DE DIETRICH, par M. pE TREBRA, au fujet du nouveau procédé de L'Amalgame de M. DE Born; lue à l’Académie des Sciences au mois de Mars 1787 , 289 -Obfervations fur la culture & les ufages économiques du Genét d Efpagne ; par M. BROUSSONET : prefentées le 8 Décembre 178$, à la Société d'Agriculiure de Paris, 294 Defcription & ufage d'un Thermomètre pour mefiurer les degrés de chaleur fupérieure, depuis la chaleur rouge jufqu'à la plus forte que des vaileaux de terre puiffent fupporter ; par JosrAH Wepewoop, Membre de la Société Royale de Londres, & Faïancier de la Reine, extrait d'un Mémoire communiqué à la Société Royale, le o Mai 1782, & publié dans le foixante- douzième volume des Tranfaëlions Philofophiques : traduit de l'Anglois, 299 Suire d'Expériences fur le Charbon ; par M, 0E LA MÉTHERIE , 309 Lettre de M. Besson, à M. D5 LA MÉTHERIE, 313 Nouvelles Litéraires , ; 314 2 AYPP R\OYPB\ AN TI ON, Ja lu , par ordre de Monfeigneur le. Garde des Sceaux, un Ouvrage quia pour titre: Obfervarions fur la Phyfique, fur l'Hifloire Naturelle & fur Les Arts, éc. par MM.Rozier, Moncez Le jeune & pe 14 Meruaerre, 6e. La Colle&ion de faits importans qu’il offre périodiquement à.fes Lecteurs ; mérite l’attention des Sa- vans ; en conféquence , j'eflime qu’on peut en permettre l’impreflion. À Paris, ce 2r Avril 1787. ; à VALMONT DE BOMARE, DE SNS SS = D S S x I Fe FOTO | JOURNAL DE PHYSIQUE. | d M MU on le A a — EXTRAIT D'UN MÉMOIRE SUR LA STRUCTURE DES CRISTAUX DE SCHORL, Lu à l'Académie des Sciences, le 30 Mars 1787; Par M. PAbbé H 4 ü y. ‘AUTEUR, guidé par la feule ftructure des criftaux, avoit déjà » 3! P NE US , ] reconnu que parmi les fubftances rangées jufqu'ici dans le genre des fchorls, il y en avoit plufeurs qui appartenoient à des geures différens (1). fe propole, dans ce Mémoire, de déterminer la figure des molécules propoles : | D intégrantes dont font compofés les criftaux que l'on doit regarder comme véritables fchorls, & les loix de ftructure auxquelles eft foumife leur e g formation; mais il avoue que ce genre eft peut-être de rous celui qui préfente le plus de difficultés. Une des principales confifte en ce que plufieurs des criftaux dans lefquels l'obfervation indique une ftruéture 2 D , : commune , s'offrent fous des formes qu’il femble d’abord impoflible de ramener à la même origine, ces criftaux ayant des faces qui, quoique lables & également inclinées, font placées fur les uns en fens con- em gal > P traire de la poftion qu’elles occupent fur les autres. Au refte, ces ifparates aui, au premier coup-d'œil, femblent ne laifler aucune prife à ilpa JU, phenu 2 P À P l a théorie, fervent enfuire à la confirmer, lorfqu'elle eft parvenue à les rapprocher, & à trouver le point commun dans lequel elles fe confondenr. M. l'Abbé Haüy fe borne dans ce Mémoire à traiter des fchorls qui ont la propriété de s’électrifer par la chaleur, & de ceux qui font en prifmes exaëdres , dont les uns oncileurs deux fommers à trois faces, & les autres un fommet à deux faces, & le fommer oppofé à quatre faces. D'après la diffection des criflaux , faite en fuivant les joints naturels des lames, l’Auteur a trouvé que la forme primitive des fchorls étoic ————— _ = G) Voyez les Mém. de l'Acad. 1784, & les Mém. de Phyfque, 1786, janvier, page 63° à Tome XXX, Part, I, 1787. MAI. ST . 322 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE; celle d’un rhomboïde obrus, ( PL. I, #2. 1 ) dont le grand angle BAN, déterminé rigoureufement par le calcul , eft de 113° 34/ 40", & le petit angle A BD, de 66° 25” 20”. Il eft rare de rencontrer certe forme parmi les fchorls. Le plus fouvent les deux fommets du 1homboïde font féparés par une efpèce de prifme intermédiaire, & de plus, on voit des faces acci- dentelles, à la place de certains angles folides & de certaines arètes du criftal. Ce rhomboïde eft fufceptible d’être fous-divifé, comme celui du grenat, par des fetions faites fur les petites diagonales AD, DC,DG, & fur celles qui leur correfpondent dans la partie inférieure, II fuit de-là que les molécules des fchorls font auffi des tetraëdres , mais moins réguliers ue ceux du grenat , puifque ces derniers ont routes leurs faces ifocèles , égales & femblables , au lieu que ceux du fchorl n'ont que deux triangles ifocèles, égaux & femblables , dont chacun eft la moitié d'une des faces du rhomboïde ; les deux autres triangles font fcalènes, quoique toujours égaux & femblables, & leurs côtés font formés par la petite diagonale d'une des faces, l’arêre oppofée & l'axe du criftal. ; La plupart des modifications de forme qui réfulrent des loix de décroiffe- ment que fubiflenr, dans les criflaux fecondaires , les lames appliquées fur le noyau , ont une analogie fenfible avec les principales variétés du fpath calcaire, On connoît dans le genre de ce fpath trois rhomboïdes différens ; l’un. eft celui du fpath d'Iflande qui donne la forme primitive: le fecond eft un rhomboïde beaucoup plus obtus & que plufieurs Natu- raliftes ont nommé /path lenticulaire ; M. l'Abbé Haïüy a prouvé que ce rhomboïde étoit uniquement compofé de molécules femblables au fpath d'Iflande, & que fa forme applatie venoir de ce que les lames appliquées fur le noyau décroifloient , vers leurs deux bords fupérieurs , par des fouftraétions d’une rangée de molécules ( Voyez l’Ouvr. cité, page 77 ). Le troifième rhomboïde a fon fommet formé par trois angles aigus. C'eft le même que préfente le grès de Fontainebleau , dont la criftallifation eft commandée par la matière calcaire qui fe trouve mêlan- gée dans ce grès avec la matière quartzeufe. Le même Académicien a fait voir, (4bë. p. 108) que ce troifième rhomboïde étoit aufli un aflemblage de petits rhomboïdes de forme primitive, & que les décroiflemens fe faifoient ici fur les deux angles latéraux des lames de fuperpofñtion , & toujours par une fimple rangée de molécules. Enfin, il réfulte de la théorie de l’Auteur , que les faces ver- ticales qu'on obferve fur certains criftaux calcaires , & en particulier fur celui qui eft à douze faces pentagonales, ( ibid. p. 86) font produites par des fouftractions de deux rangées de molécules fur l'angle inférieur des lames de fuperpofition. D’après ces principes, on concevra aifément les modifications de forme que nous offrent les criftaux de fchorl, SUR LHIST, NATURELLE ET LES ARTS. 323 - PREMIÈRE VARIÉTÉ. Schorl à neuf pans, avec des fommets à trois faces (fig.2). Cette forme eft celle que prennent ordinairement les tourmalines de Ceylan , d'Efpagne, de Madagafcar (1), &c. Les faces BELXR des fommets, & les trois pans LC GUX du prifme, adjacens à ces faces, font des pentagones ; Les fix autres pans du prime font des rhombes allongés. Concevons que ces fix pans foient prolongés jufqu’à ce qu'ils fe ren- contrent, & qu'en même-tems les pentagones des fommets s'étendent au-delà de leur bafe L'X , jufqu'à ce qu'ils entrecoupent les pans dont on vient de parler. Nous aurons un dodecaëdre à faces rhomboïdales , qui pourra être conçu comme formé par une application fucceflive de lames rhomboïdales empilées fur les deux fommets de la forme primitive repréfentée ( f23. 1 ), ou feulement fur l’un de ces fommets. Suppofons maintenant que les lames de fuperpofition décroiffent fur les trois angles qui correfpondent aux angles A,G,C (2), par des fouftractions de deux rangées de molécules. En appliquant ici le’ raifonnement que l’Auteur a fait par rapport au fpath calcaire à douze faces pentagonales, (Efai, &c. pag. 84 & 88) on en conclura que les faces produites par ce décroiffement doivent avoir une fituation parfaitement verticale, comme. celle des pentagones LCGUX (fg.2), & l’on aura ainfi la ftructure de la variété dont il s'agir ici. Si les décroiflemens fe faifoienc à la fois fur les trois angles inférieurs des deux fommets , c’eft-à-dire, fur les angles A, C,G,(fg. 1) & en même tems fur les angles intermédiaires du fommer oppofé, il en réful- teroit un dodecaëdre à faces pentagonales, analogue à celui du fpath calcaire; mais cette modification de forme n’a pas encore été obfervée parmi les tourmalines. eu (x) Pour éprouver en général la propriété éle@trique des tourmalines , M. PAbbé Haüy , après les avoir fait chauffer , préfente un de leurs fommets à l’une des extré- mités d’une petite aiguille de cuivre , (emblable à une aiguille de bouffole , & (ü£ pendue librement fur un pivot de même métal, non ifolé. Chaque fommet de la tourmaline agit alors par attrattion fur l'aiguille ; mais pour conftater l’état poñtif d’un des côtés de la tourmaline, & l’état négatif de l’autre, l’Auteur préfente fucceffivement chaque extrémité de cette pierre à un fil de foie délié , de quelques lignes , attaché au bout d’un bâton de cire d’Efpapne éle@rifé par frottement. En vertu de cette dernière opération l'extrémité du fil de foie a acquis une éle&ricité négative , d’où il füit qu’elle doit être confflamment repouflée par l'extrémité négative de la pierre , &attirée par l’extrémité pofitive , comme l'expérience le fait voir. Ce petit appareil eft également fimple & facile à trouver ainfi qu’à tran{porter. (2) On fupofe ici que le point D eft l'extrémité fupérieure de l'axe du criftal, Tome XXX, Part, I. 1787. MAI. Se 324 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, | SECONDE VARIÈTÉ. Schorl à neuf pans, dont un des fommets efl exaëdre. Imaginons que dans Le criftal de la variété précédente, trois des angles folides du fommet inférieur, pris alternativement, favoir, les angles G,O, I, (fig. 2) fe trouvent remplacés par des facettes triangulaires, telles que CZU, dont les côtés CZ, UZ, foient parallèles aux lignes que l’on meneroit par les points H,D, d’une part, & H, M, de l'autre, on aura la nouvelle modification de forme que nous venons d'indiquer. Alors les pentagones LCGUX deviendront des reétangles LCUX , & les exagones DCGHIN fe changeronten d'autres exagones HZCDNS, qui auront leurs côtés oppolés parallèles entr'eux. Les faces CZ U réfultent d’une loi de décroiffement par une fimple rangée de molécules fur les angles latéraux B,N,F,(fg. 1) des lames de fuperpoñtion. Ce décroiffement donne 90° 35’ 38/ pour la valeur de l'angle CZU, & 40° 12° 11" pour chacun des angles Z CUXZUC,, conformément à l'obfervation, Cette loi eft la même qui détermine la forme du fpath calcaire rhomboïdal à fommets aigus, ( EfJai, &c. p.108) en forte que fi les facettes CZ U fe prolongeoient jufqu'au point de fe rencontrer, & qu’il s’en formât de femblables fur les angles du fommet fupérieur , on auroit un rhomboïde aigu, qui feroit à la forme primirive du fchorl , ce qu’eft le rhomboïde aigu du fpath calcaire relativement au fpath d’Iflande. L'inclinaifon de la facette CZU fur le rectangle CUXL , eft fenfible- ment égale à celle de larère ZH, fur l’exagone fitué derrière cette arrète & interpofé entre les deux exagones DCZHSN, UZHFPM. Cette égalité a fourni à l’Auteur des données pour calculer rigoureufemenct les angles plans ou folides des fchorls. Le calcul donne pour la valeur de chacune des inclinaifons citées, 136° 54! 40", ce qui s’accorde avec l’obfervation. TROISIÈME VARIÉTÉ. Schorl à deux fommets exaëdres trés-obtus (fig: 3). Ce fchorl fe trouve en gros criftaux dans plufieurs granits. Les faces des fommets qui font ordinairement aflez nettes, préfentent trois exa- gones fcurng, cfoiab, dbcurk, qui fe réuniflent par leur angle fupérieur, & entre lefquels font interpofés trois rhombes fo gh, rurl, bae d. Pour que ces différentes faces aient les figures qui viennent d’être indiquées , il faut que le prifme foit exaëdre, & dans ce cas fa furface eft compofée de fix exagones irréguliers, rels que 4grxp d; mais ordi- nairement ce prifme eft chargé de ftries, & fubit des arrondiflemens qui SUR L'HIST, NATURELLE ET LES ARTS. 325 pêrmettent à peine d’en diftinguer les pans. 11 y a même de ces prifmes qui tendent à la forme enneaëdre du prifme de la variété précédente; Auteur les fuppofe exaëdres, pour plus grande fimplicité. Les rhombes fo kg, turl, &c. ontla mème inclinaifon que ceux du noyau, dont ils font les réfidus. Les exagones fcurng, interpolés entre ces rhombes remplacent les arètes du noyau , & font produits par des décroiffemens d'une feule rangée de molécules de part & d’autre de ces arètes, en forte que fi les fix exagones fe prolongeoient jufqu'à s’entrécouper, on auroit un nouveau rhomboïde, qui feroit à la forme primitive, ce qu’eft le fpath calcaire rhomboïdal très-obtus par rappoït au fpath d’Iflande, ( EfJai, &c. pag. 77 ). Remarquons que chaque exa- gone fcurng eft incliné fur l'arrère adjacente 7 x , de 104° 57 17. Nous aurons bientôt befoin de cette inclinaifon. L'Auteur a obfervé que quelques-uns des criftaux de cette variété avoient aufli, quoique moins fenfiblement , la propriété électrique des tourmalines. On fait que la topaze du Bréfil partage cette propriété avec les fchorls. M. l'Abbé Haüy l'a découverte dans une fubftance qui eft de la claffe des matières métalliques. Cette fubftance eft la calamine criftal- lifée, quelle que foir fa forme , & en particulier celle du Brifgaw , en petites lames convergentes, que l’on avoit prife pour une zéolite | mais que M. Pelletier a reconnue pour être une vraie calamine , comme on en jugera par l’analyfe que ce favant Chimifte a donnée de la zéolite de Feroé, & en même-tems de la calamine du Brifgaw. Voyez les Mém, de Phyfq. année 1782, décembre, pag. 420. QUATRIÈME VARIÉTÉ. Schorl dodecaëdre à plans trapezoïdaux ( fig. 4). Parmi les douze faces de ce criftal, dix font des trapezoïdes , & deux feulement font des rhombes allongés , favoir , les deux pans /ezx, & smgg;, du prifme interpofé entre les deux fommets. Avant dexpofer la ftruéture de ce criftal, dont la forme paroît très-fingulière, lorfqu'on l’examine attentivement & qu'on la compare à celle des autres variétés, il eft néceflaire de dire un mot de l’inclinaifon refpective de quelques-unes de fes arêtes & de fes faces. L'arère zu a la même inclinaïfon que l'une quelconque des arètes BE, BR, (fg.2) qui appartiennent à la forme primitive, c’eft-à-dire, qu'elle fait avec Varère correfpondante ur du prifme un angle de 104° $7/ 17”, De plus, la face Zmol (fig. 4) a exaétement la même inclinaifon , c’eft- à-dire , que fa petite diagonale £o fait aufli un angle de 104° 57’ 17” avec l’arère oz. Or, cette inclinaifon eft égale à celle des faces cu rngf, dbcurk,&c. (fig. 3) qui remplacent les arètes du noyau; mais le trape- zoïde im ol (fig. 4 } ef fitué derrière l’arèce zu, & par conféquent remplace 326 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, une des faces du noyau, & non pas une de fes arètes. Il réfulre de-là une efpèce de renverfement dans les faces correfpondantes des criftaux repré fentés par lesfigures 3:& 4, & l’on ne voit pas d’abord comment accorder ces criftaux, foi entr'eux, foit avec la théorie. Pour réloudre pleinement cette difficulté, M, PAbbé Haüy démontre ue c’eft une propriété commune à tous les rhomboïdes, de donner à l'aide d’un décroiffement de quatre rangées de molécules fur l'angle fu- ‘périeur d'une de leurs lames, c’eft-à-dire, fur celui qui eft adjacent au #ommer , une nouvelle face qui a précifément la même inclinaifon que June quelconque des arètes du rhomboïde. Nous allons eflayer de faire concevoir ce réfultat. Soitadep ( fig. 5), un quadrilatère femblable à celui que l’on obtiendroit en faifant pañler un plan coupant par les points F, D, À, (fig. 1) de la forme primitive. Dans ce quadrilatère, a d, pe, fonc lès petites diagonales de ‘deux faces oppofées du rhomboïde, & ap, de, fonc les arères interceptées entre ces diagonales. Concevons le quadrilatère Qous-divifé, comme fur la figure, par des lignes parallèles à fes côtés en une multitude de petits quadrilatères partiels, dont chacun appar- tiendra à l’un des petits rhomboïdes qui compofent le rhomboïde total. Or le point a étant l'un des fommets de:ce rhomboïde, -&:a d une de fes petites diagonales , fappofons que les lames qui s'appliquent fur la * “face à laquellé appartient cette diagonale décroiflent, dé manière que «chacune foit dépaflée par la lame inférieure, d'une quantité éçale à deux diagonales de petits rhomboïdes. Dans cette hypothèfe, l'efpace X f d p repréfentera la coupe de la première lame de fuperpofition,r2ps celle de la feconde, &c. les lignes af, Kn, &c. dont chacune équi- vaut à deux petites diagonales, repréfentant les différences entre deux lames confécutives. Dans le même cas, la ligne a g deviendra la dia- gonale de la nouvelle face produite par le décroiffement : or l'Auteur prouve par la géométrie, que l’inclinaifon de a g fur l'axe ae elt précifément la même que celle de l’arète a p. Mais chaque diagonale ‘équivaut à deux rangées de molécules, ( Effai, &c. p. 68 ); d'où il fuie que les doubles diagonales af, £n, mefurent des décroiflemens par quatre rangées de molécules: Donc c’eft une conféquence: néceflaire de la théorie | que la face à laquelle appartient la diagonale a 4, foic fufceprible d'être remplacée, en vertu d'une loi: de décroiffemens très- régulière ;: par une nouvelle face dont l'inclinaifon fera parfaitement égale à celle de la face qui remplaceroit l’arète ap, ce qui concilie les deux formes des fig. 3 & 4, & fait évanouir la contradiétion apparente qui réfulte de leur comparaifon. is (Quanc-aux fdces smiu, leui (fig. 4) le même Académicien prouve qu'elles: font aufli produites par des décroiflemens de quatre ran= gées, fur les bords des lames , de part & d'autre de l'arèce 4, Ce SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 327 décroïffement donne 10$° 1° 12", pour l’inclinaifon de ces faces fur les pans correfpondans lez x, sg q m du prifme. Les bornes de cet extrait ne nous permettent pas d’expofer la ftruc- ture d’une autre forme très-fingulière qui eft une variéré de la précé- denre, & dont un des fommets eft à deux faces & l’autre à quatre. Mais nous ne devons pas omettre un nouveau réfultat intéreffant auquel M. l'Abbé Haüy a été conduit par fa théorie. Reprenons pour un inftant le criftal repréfenté ( fg. 4: ) il fuit de ce qui a été dit fur la ftruéture de ce criftal, quefi la loi de décroiflement qui produit la face 2m 071, & celle qui lui eft oppofée fur la partie in- férieure, agifloic en même-tems fur les quatre autres faces du noyau rhomboïdal, on auroit un nouveau rhomboïde à fommets très-obtus, Ce dernier rhomboïde feroic parfaitement femblable, quant à la forme à celui qui réfute d’une loi de décroiffement, par une fimple rangée de molécules fur les arêtes DB, D N, D F (fig. 1) du noyau. Mais il auroit une flruéture bien différente. M. l'Abbé Haüy a cherché sil ne pourroit point exifter aufli un fecond rhomboïde à fommets aigus qui offrit la mêrne reffemblance de forme , & la même diverfité de flruéture, à l’égard de celui donc nous avons parlé plus haut, & dont les faces auroient la: même incli- naïfon que les facettes triangulaires CZ V (f£g.2). Or le rhomboï le dont il s’agit eft pofible en vertu d’une loi de décroiffement par $ rangées de molécules vers l'angle fupérieur des faces du noyau, & en allant de bas en haur. Quoique la quantité de ce décroiffement n'excède que d’une unité celle des décroiflemens par quatre rangées, la loi dont elle dépend eft beaucoup moins fimple , parce que le nombre 4 eft en pro- portion avec 1 & 2, qui expriment les loix les plus ordinaires de dé- croiflement , en forte que les circonftances qui peuvent déterminer la formation du rhomboïde aigu , par des fouftraétions de cinq rangées , paroiflent devoir fe rencontrer très-rarement. Auf ne connoît-on jufqu'ici aucun exemple de cette ftructure: æ On voit, dit M. l'Abbé Haïüy, par ce qui précède, que les agens de la criftallifarion peuvent produire, avec les mêmes molécules com- binées entr’elles d’après différentes loix, des formes abfolument identi- ues. Ainfi la criftallifation refferrée d’une part dans les limites d'un petit nombre de loix fimples & régulières, reçoit d’une autre part une nouvelle extenfion , par la fécondité de ces mêmes loix », KES 328 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, SUITE DU SECOND MÉMOIRE DE M SENEBIER, SUR LES MOYENS DE PERFECTIONNER LA MÉTÉOROLOGIE, 1°. L:s BrourLLARDS méritent une grande attention. [ls offrent les moyens de pénétrer les fecrets de l’évaporation ; ils doivent fur-tout être étudiés relativement à leur manière de fe former & de difparoître. M. de Sauflure a bien prouvé que les brouillards étoient formés par l'eau réduite fous Ja forme de vapeur véfculaire, foit qu'elle fe füt changée ainfi en s'élevant de la furface de la terre, foit qu’elle eût pañlé dans l'atmofphère de l’état de vapeurélaftique à celui de vapeur véficulaire. On obferve des brouillard en été , quoique la chaleur paroifle alors fuffifante pour favorifer l’action ‘de l'air pour fe charger de l’eau évaporée; mais l'air raréfié auroit-il alors moins de force pour foutenir les vapeurs. errantes dans fes pores ? M. de Sauflure a démontré que la raréfaétion de Pair n’étoit pas la caufe de la chûte des vapeurs. La force diflolvante de l'air l'enporteroit-elle fur la force évaporante? Ces deux forces que la chaleur rend plus énergiques , concourent-clles à rendre les brouillards plus rates ? Certainement on comprend comment cela peut arriver en été; mais je ne vois pas que cette explication puifle avoir lieu en hiver, où l’air eft tou- jours chargé de vapeurs , où il eft à la vérité fort denfe , mais où il n’eft pas toujours obfcurci par les brouillards ; je ne comprends pas comment on explique par les mêmes moyens les phénomènes météorologiques qui ont lieu également l'hiver & l'été, quoique les caufes qu’on afligne à l'évaporation de l'eau & à fa diflolurion , foient alors.fi différentes. L'eau n’eft pas également répandue dans l'air de l’armofphère à diffé- rentes hauteurs , comment donc l'équilibre ne s'établit - il pas à cet épard ? Souvent l'air eit fec en bas, randis qu’on voir des nuages plus haut ui donneront le degré de l'humidité extrème, & récipraquément lorfque les brouillards couvrent la plaine. Il y à peut-être diverfes couches où l'on obferve ces variétés, & où elles fe répèrent fouvenc: il en réfulce au moins que l'air eft mauvais conducteur d'humidité, & qu’elle ne s’y glifle que lorfque les principes élévateurs de l’eau la forcent à s’y élever. Il n’y a peut-être aucun terme à l'accumulation des vapeurs véficulaires que leur contat, de forte qu'il n’y a d’autres bornes à l’épaiffeur des brouillards que celle-là. Quant à l'élévation des brouillards, il femble qu'elle doit être déterminée par le degré de pefanteur fpécifique que les gouttes d'eau peuvent atteindre fous la forme de vapeurs véficulaires rela- tivement PCT er. PT QT RS Ch, | { SUR L'HIST: NATURELLE ET LES ARTS. 329 tivement au degré de raréfaction des couches d’air où elles peuvent s'élever ; il peut y en avoir dans des régions très-élevées , lorfque l'air y perd la faculté qu’il avoit de conferver l'eau fous fa forme de vapeur élaitique ; mais je crois que ces brouillards y durent peu, & qu'ils s'y réfolvent bien- toc en pluie, ou qu'ils y reprennent la forme de vapeur. élaftique. Les brouillards durables font fur-tout dans la partie baffle de l’atmofphère, & ils y font en particulier produits par l'évaporation de l’eau contenue dans la cerre, ou de l’eau qui la couvre ; au les brouillards propreinent dits s’élèvent peu, ils doivent même diminuer en denfité à mefure qu'ils gagnent en hauteur; c'elt au moins ce qu'obfervent ceux qui voyagent dans les montagnes : cependant il doit y avoir des brouillards fur les montagnes les plus élevées , puifqu 6n y trouve une neige en poullière très-fine, C’eften hiver , mais fur-touc en automne & au printems qu’on obferve dans nos climats les plus forts brouillards. Les brumes continuelles des pays feptentrionaux offrent un phénomène bien fingulier ; quelléévaporation elles fuppofenc! quelle évaporation au milieu des glaces ! Comment l'eau eft-elle rendue expanfble au point de fotter au milieu de l'air? car quoique l'air foic plus denfe dans ces climats, l’eau elle-même, fes vapeurs doivent y ètre aufli plus denfes. On obferve ces brumes dans la Laponie & le Spitzberg lorfque le foleil eft le plus long-tems fur l’horifon ; il y a de même des brouillards continuels fur la Côte de Coromandel pendant la faifon humide, Que de conrrariétés dans ces cas particuliers ! Comment arrive-t-il que le foleil qui difipe les brouillards dans nos climats, les produife dans les pays feptentrionaux & méridionaux. C’eft un fait conftant que les brouillards nous garantiffent du froid dans nos pays; comment produifent-ils cet effer ? [ls ne laiflent pas échapper du feu ; car fi cela arrivoit , ils fe réfoudroient en pluie : feroit-ce parce qu'ils fonc un obftacle à une plus grande évaporation ? s Je ne comprends pas comment on a cru que la différence de Ia . chaleur entre fa terre & l’air étoic la caufe des brouillards ; eft-ce parce que la rerre étant alors plus échauffée que l'air, elle avoit plus de force pour vaporifer de l'eau que l'air pour recevoir ces vapeurs? Mais, 1°. la différence n'eft jamais bien fenfble dans le milieu de chaque faifon ; 2°. dans les pays feprentrionaux où la terre eft gelée dans l'épaifleur de plufeurs pieds, il eft clair que l'air eft plus propre à fe réchauffer par l'impreffion du foleil que la terre; 3°. on obferve autant de brouillards dans les mers feptentrionales qui font gelées que dans celles qui ne le font pas; 4°. l'air eft un mauvais condudteur de, chaleur : il perd difficilement fa chaleur ; il s’échauffe lentement, & l'air qui couche la furface de la terre doit fe prêter néceflairement aux modifications de chaleur que la rerre éprouve ; il eft vrai que l’on peut croire à l'influence des couches fupérieures de l'air furles inférieures ; mais quand on penfe qu'une calotte Tome XXX , Part. I, 1787: MAL. Tt 33o OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE; d'air au moins bsaucoup plus froide que la glace nous enveloppe fans cefle à la hauteur d'une lieue perpendiculaire, on pourra juger combien peu les différentes couches de l’atmofphère tendent à l’équilibre. Quand on obferve les brouillards au travers d’un rayon de foleil dans une chambre obfcure , ils paroiflent formés par des gouttes fphériques fufpendues dans l'air, & ils paroiflent fe toucher ; il femble donc que ces gouttes doivent être rendues plus léoères que l'air, puifqu’elles y font fourenues comme les ballons aéroftatiques , mais en même-tems elles y font fans être difloutes ; ne poutroit-on pas en conclure que fi l'air eft le milieu où fe fait l'évaporation , Pair n’en eft pas la caufe ? Mais c’eft un phénomène bien fingulier que le brouillard s'attache aux corps froids comme aux corps chauds ; il mouille les animaux qui le traverfent comme la pierre qui eft fur le chemin ; cependant les animaux ont bien plus de chaleur que l'air, & ils en ont bien plus que la pierre qu'ils foulent aux pieds; d’un autre côté, il n’y a point de brouillards dans les appartemens qui font chauds, H me femble bien qu’il feroit important de déterminer l’influence des changemens du chaud au froid pour produire les brouillards ; car certainement ils en ont une : il faudroit donc dérer- miner les limites des variations de la chaleur pour produire les brouillards dans les différens degrés de chaleur, combiner dans ces expériences l'action de la denfité de l'air, de fon élafticité, de fa pefanteur , de fon humidité, c'eft au moins un fait aflez remarquable dans nos climats , que les baromètres montent lorfqu'il y a de grands brouillards. On ne réuflira jamais à fe faire une jufte idée des phénomènes aqueux , que lorfqu'on fe dévouera à leur étude ; il faudroit épier les momens où ils commencent à fe former pour en découvrir les caufes avec les obftacles; on remarqueroit sûrement que les caufes dépendantes du fol qui contribuént à leur formation dans les couches bafles de l’atmofphère , font toutes différentes de celles qui les produifent dans les parties élevées de l'air. Les pays de montagnes font les feuls qui foient bien propres à ces expe- riences; or peut dans un efpace de tems aflez petit voir les brouillards dans toutes leurs circonftances , depuis leur origine jufqu’à leur‘fin; on peut les fuivre dans leur dégradation en denfité, en opacité, & acquérir la connoiflance de tous les événemens de leur hiftoire, qui eft sûrement très-intérefflante. L'étude de a difparition des brouillards peut être aufli inftruéive que celle de leur formation ; fi les caufes foupçonnées propres à les former font efficaces , les caufes oppofées réufiront à les détruire ; on pourra découvrir les unes par le moyen des autres, fur-rour fi l’on combine leurs différens rapports avec les différentes circonftances météorologiques. Les vents diffipent les brouillards ; eft-ce par une opération mécanique en précipitant l’eau qu'ils contiennent par la compreflion qu'ils occa- fionnent , ou bien en favorifant fa diflolution par le tranfport d'un nouvel pr SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 331 air & par le déplacement de celui que le brouillard obfcurcifloit ? On croic que le voifinage des corps froids accélère la chüte des brouillards ; cependant ils couvrent fouvent la glace & la neige fans difparoître, Quelle eft la nature des brouillards? L’eau qu'ils fourniflent elt-elle à toujours la même ? reffemble-t-elle à celle de la rofée ? eft-elle identique dans rous [es cas? Je fais fürement que les brouillards précipitent pour l'ordinaire l’eausde chaux avec plus d'abondance que l'air commun fans brouillards ; qu'ils ont quelquefois une forte odeur produire fans doute par les émanations de quelques corps que l’eau y a portés ; on remarque que les brouillards des mers glaciales ne rouillent pas le fer, tandis qu’ils le détruifent bientôt à la Côte de Coromandel , ce qui prouveroit que les uns ne contiennent point d’air fixe, tandis que les autres en font chargés. Les brouillards font encore fort électriques , mais le font-ils égalemenc dans toutes les circonftances ? Il corviendroit d’analyfer chimiquement l’eau des brouillards dans tous les cas, peut-être obtiendroit-on des réfultats utiles. Il faudroit fur-touc fuivre l'influence du brouillard fur la végétation ; afin de découvrir s'ils nuifenc au progrès des plantes, s'ils leur commu- niquent des maladies dangereufes différentes de celles qui dépendent de l'humidité , s'ils agiflent tous de la même manière, & comment ils parviennent à être nuilibles. - La Météorologie feroit fürement de grands progrès, fi l'on connoifloie bien la théorie des brouillards, prefque tous fes phénomènes font dépendans de l’afcenfon de l’eau dans l'air, de la manière dont elle y eft répandue & de fa précipitation; on pourroït fans doute s’aider utilement dans cette recherche des expériences faites avec la pompe pneumatique dans de vaftes récipiens évacués de l'air qu'ils conrenoïent, où l’on introduiroit des airs plus ou moins raréfiés, plus ou moins faturés, plus où moins purs, plus ou moins échauffés, en employant divers moyens pour favorifer ou retarder la précipitation de l’eau qui y feroit contenue. Je veux dire ici un mot du brouillard fec obfervé pour la première fois par M.de Sauflure , qu’il a découvert habiruel en été dans l’air, lorfque le ciel eft ferein quelque rems après la pluie, qui eft un prognoftic du beau tems, & que la pluie femble difiper; j'en ai donné la defcription en parlant de celui de 1783, on la trouve dans les Mémoires de la Société Météorologique de Manheim pour 1783 , & dans le Journal de Phyfique pour 1784. Le brouillard fec qu'on obferve communément eft fans doute moins épais que celui de 1783 , mais il n’eft pas moins préfent; on fait qu’il ne fufpend , ni ne modifie aucun des phénomènes météorologiques qui font journaliers ; mais il paroît qu'il eft chargé d’une grande quantité d'électricité, & que la préfence abondante de l'eau , foit répandue dans l'air, foit combante en pluie, fait difparoître ce brouillard. Seroit-ce par une diflolurion qui demande une certaine quantité d’eau? feroit-ce par Tome XXX, Part, I 1787: MAI. Tes / 332 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE; une précipitation mécanique déterminée par une combinaifon ? feroit-ce en s'appropriant l'électricité de l’eau qui pañle de l’état de vapeur véfi- culaire à celui de pluie? Quoi qu'il en foit , on ignore fa caufe & fes effets ; on fait feulement que cette vapeur eft beaucoup plus abondante en été qu’en hiver, qu'il y a pourtant des tems où l’on ne l'apperçoit pas; mais il feroit curieux de découvrir l’ufage de cette vapeur , la caufe pour laquelle elle réfléchit les rayons bleus, Voilà peut-être un nouvel élément important de la Météorologie. 2°, Les NUAGES. Je n’aurois pas dû féparer les nuages des brouillards , mais comme ils offrent une apparence différente, & que l’ufage les a peut-être trop diftingués, je m'y conformerai, Les nuages ne font pour l'ordinaire que des brouillards vus de loin ; conime les voyageurs dans les montagnes ont eu fouvent l’occalion de le remarquer. Cependant fi l'on pouvoit mettre une différence entre les brouillards & les nuages, je croirois que les nuages doivent être formés de gouttes plus dilatées que celles des brouillards , puifque les gouttes ui forment les nuages fe foutiennent à une plus grande hauteur que celles qui forment nos brouillards; je crois de même qu’on peut appliquer aux nuages tout ce que j'ai dit des brouillards, aufli je me contenterai de joindre quelques obfervations particulières. Les nuages fe forment quelquefois tout-à-coup par le paffage brufque de la vapeur élaftique à l'état de vapeur véficulaire; mais fouvent on les voit paroître dans des places ifolées du ciel, ce qui annonce qu'il s’elt fait feulement dans ces places un très-grand changement dans l'état de l'atmofphère ; mais cela ne doit pas étonner après ce que j'ai dit fur l’état des différentes couches de l’atmofphère , de fes différens courans d’air : il eft cependant remarquable que ce changement forme une efpèce d’ile où l’on obferve un nuage au milieu de l'azur du ciel ; ceci rend toujours plus importante la folution du problême que j'ai propofé fur le peu d’équilibre quil y a entre les parties de l'air relativement à fon humidité, à fa chaleur, à fa denfité ; l’ufage des ballons aéroftatiques rendroit les moyens de réfoudre ce problème faciles & sûrs; mais il faudroit pouvoir manœuvrer ces ballons avec aifance & en difpofer à fa volonté ; avec ces connoiffances on jugeroit. peut-être auf l'influence du foleil pour former les nuages; celle des différens terreins, des différentes plantes, des bois, &c. On verroit fi tous les nuages fe forment de la même manière à toutes les hauteurs, s'ils éprouvent des changemens en s’élevant ou en s’abaiflant , s’ils s’attirent entr'eux, s’ils font attirés par les montagnes , ou feulement arrêtés par elles; comment deux nuages fe foudent & parviennent à en faire un feul. IL faudroit rechercher encore fi tous les nuages fe forment de la même manière dans les différens tems de l’année; s'ils fe reflemblent tous par leur qualité ; fi a La SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 333 Les nuages qui différent par la couleur & par la nature des furfaces qui réfléchiffent la lumière , different à d’autres égards ; fi la couleur blanche & noire annonce dans les nuages leur propriété actuelle de fe réfoudre en pluie; s’ils contiennent tous la mème quantité d’électricité ; fi leur électricité eft toujours politive , & fi elle ne varie que par les rapports des nuages entr'eux ou avec la terre; enfin, fi les nuages qui recèlent le tonnerre font les mêmes que ceux qui ne le recèlent pas. Ce n'eft pas tout: on ne fait rien fur la denfité des nuages, leurs bornes, leurs différences : on ignore pourquoi ils ontune figure plutôt qu'une autre, pourquoi ils en changent ; fi le mouvement de Pair influe plus für ces changemens de formes, que fon poids, fa denfité , fa chaleur, &c, On ne voit pas pourquoi les nuages n'ont pas toujours des figures arrondies quoi- qu'ils foient pouflés de toutes parts également ; l’érat de l’eau dans le nuage contribueroit-il à modifier fes formes ? Il faudroit de cette manière fuivre les nuages depuis leur naïflance jufqu'à leur difparition , foit lorfqu’ils fe précipitent en pluie ou qu'ils fe changent en vapeurs élaftiques ; peut-être découvriroit-on alors pourquoi leur formation & leur difpari- tion eft quelquefois fubite, tandis qu'elle eft d’autres fois très-lence ; pourquoi ils fe déchirent, fe morcèlent, & paroiflent comme de petits nuages ifolés. La mafle feule des nuages ne contribueroitelle pas à leur deftruction par fa preflion mécanique fur les parties inférieures? Ne les feroit-elle pas couler en pluie quand il n’y auroït pas d'autres caufes? Les nuages font au moins très-près de nous quand la pluie dure long-tems, & il paroït que les. nuages s’accumulent fouvent à une certaine hauteur, puifqu'il pleut quelquefois long-tems & abondamment ; les nuages légers ne font jamais pluvieux, Quant à la hauteur à laquelle les nuages s'élèvent, on fait feulement que les pics les plus élevés font couverts de neige , ce qui prouve qu'il y avoit des nuées au-deflus. Bouguer croit en avoir vu qui étoient à cinq cens toiles fur le Chimboraco; mais quelle feroit la limite de leur élévation ? Les loix fournies par la théorie des corps nageans dans les fluides, pourroient déterminer cette hauteur, fi l’on pouvoit connoître le degré d'expanfbilité que les moyens de la nature peuvent communiquer à l’eau, & les aïles qu'ils peuvent lui donner, Je crois que la rareté de l’air ne devient pas fi grande qu'on peut l'imaginer , puifqu'on voit depuis les hautes montagnes des nuages fort élevés pouflés avec violence par les vents, cependant il ne paroît guère poflible qu'un air fort rare puiffe former un vent très-violent. 3°. LA Rosfs eft un phénomène bien important : il montre tout le jeu des vapeurs dans l'atmofphère; car elle eft afcendante & defcendante ; on y voit l'air qui fuce l'eau fur la furface du globe & l'air qui la lui rend, 334 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE; La rofée diftere peu du brouillard ; ou plutôt c'eft un brouillard qui échappe À la vue par fa ténuité; on ne fent la rofée que lorfqu’elle eft tombée. On ne la voit pas dans l'air : elle ne trouble pas fa tranfparence; pourquoi donc eft-elle affez abondante pour bien mouiller & aflez vapo- rifée pour n'être pas vue? Pourquoi étant fi invifible ne s’élève-t-elle pas » Pourquoi l'air la laifle-c-il échapper ? On fent combien il feroit important de favoir comment [a rofée s'élève & comment elle defcend. L’électricité qu’elle emporte en s'élevant, contribue-t-elle à fon élévation ? Comment l'électricité s’en échappe-t-elle au milieu de tant d’autres gouttes électrifées pour la laiffer tomber ? On à k tr Le À peut faire les mêmes queltions {ur la chaleurs L'élévation & la chûte de la rofée dépendent-elles de la différence qu'il y a entre l’état de l'air & celui de ia verre quant à leur chaleur ? Quels rapports y a-til entre la rofée & la chaleur, le poids , l'humidité , la denfiré & l’élafticité de l'air ? Pourquoi dans Les ems fecs , chauds & couverts, n'obferve-t-on pas de rofée, quoique l'air femble alors aufli propre à d'autres égards pour laifler tomber l’eau , que lorfque le ciel eft ferein, Voici un phénomène très-remarquable , on n'obferve que très-peu de rofée dans les villes ; cela vient-il de ce que les maifons couvrent la plus grande partie du terrein ? maïs cela ne pourroit influer que fur la rofée afcendante. Elt-ce l'électricité de la rofée qui eft la caufe pour laquelle quelques corps , comme le verre, le plomb , Le fer brut , atrirent la rofée, tandis que l'or, l'argent, le fer poli, la repouflent ? Ce phénomène eft-il auffi conftant que les expériences de quelques Phyficiens femblent l’annon- cer ? Si la rofée donne un fluide différent de la pluie, en quoi confifte cette différence ? quelle eft fa caufe ? °, LA PLUIE eft un météore qui mérite beaucoup d'attention, & dont il faudroit étudier foigneufement les rapports avec la denfité , la pefanteur, l’élafticiré, la chaleur , l'électricité & l'humidité de l’air. Que de caufes imaginées pour produire la pluie ! la raréfaction de l'air, fon réfroidiffement ; la perte de fa pefanteur, la diminution de l’éledriciré des vapeurs, chacune de ces caufes agit-elle feule avec aflez d'énergie our produire la pluie pendant quelque tems? Agiflent-elles toutes enfemble : Quelles font celles qui fe réuniflent-le plus communément ? Les paénomènes chimiques contribuent-ils à produire la pluie? La condenfation de l'air occafionnée par les vents ou par quelqu'autre caufe qui le compriment contre quelqu’obltacle, peut-elle caufer la pluie? Tout ce qui concourt à former les nuages fournit-il par une ation continuée des caufes. de pluie ? S'il y a beaucoup d'air pur détruic de.quelque manière que ce foit, cette deltruction eft-eile fenle une occafion de pluie, foie que cet air pur ait plus d'union avec l'eau que la moffete atmofphérique qu'il abandonne, foit qu'étanc plus denfe, il ait plus d'énergie pour conrenir l’eau qui erre au milieu de lui ? Er SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 335 La chaleur en augmentant précède la pluie pour l'ordinaire ; eft-elle produire par le feu dégagé des gouttes d eau vaporifées qui fe réfolvenc en eau? ou bien eft- ce la chaleur feule qui produit la pluie, parce qu'elle a dilaté l’air ? Si la chaleur venoit de l’eau évaporée qui fe réfout en eau, la fraîcheur qu’on éprouve quand il a plu pendant quelques heures ne feroit fürement pas au moins fon effer. Je répète ici les obfervations que j'ai faites fur l'électricité ; fes rapports avec la pluie font-ils bien établis? Comment les gouttes perdent-elles leur électricité en fe formant, puifque l’eau eft un excellent conducteur d'électricité; cependant fi l'électricité favorife l’évaporation , la perte de l'éleétricité doit produire la pluie; fi l'eau eft éleétrifée fous la forme de vapeurs , perdroit-elle fon électricité dans l'air fec où elle eft ifolée, & dans l’air humide où les vapeurs doivent être éle&riques ? Il faudroit réfoudre ces deux queftions. Comment les nuages ne fe réfolvent-ils pas en eau tour à la fois, files caufes de pluie que nous avons indiquées font les feules qui agiflent pour la produire ; car ces caufes doivent dans le même rems agir avec autant de force fur toutes les gouttes du nuage que fur quelques-unes, la réfiftance de l'air influeroit-elle pour divifer cette action ou la retarder , de manière que la pluie ne rombär que par gouttes? Pourquoi les gouttes tombent= elles ifolées ? Si quelques-unes fe réuniffent pour former celles que nous recevons, pourquoi ne font-elles pas plus grofles ? La pluie paroît un phénomène qui dépend beaucoup des lieux où on l'éprouve, Les pluies varient fuivant Les pays ; il faudroit donc déterminer les caufes locales de la pluie par des comparaifons fcrupuleufes entre les pluies de divers lieux. Ainfi, pourquoi ne pleut-il que très-rarement à la côte du Pérou & à trois cens lieues en mer , tandis qu’il tombe des rofées abondantes & des pluies prefque continuelles à Quitto & dans les régions fituées depuis le troifième degré de latitude méridionale jufqu’au trentième > À la Jamaïque il y a une pointe où il ne pleut pas quarante fois par an, tandis qu’à deux lieues de cet endroit il y pleut prefque tous les jours. Pour- quoi les côtes occidentales font-elles plus pluvieufes que les orientales ? Il feroit curieux d'établir des rapports entre la pluie & le baromètre ; s'il ne pleut pas toujours quand le baromètre eft bas , il pleut au moins pour l'ordinaire quand le baromètre a baiflé , quoiqu'il refte toujours à une grande hauteur, La quantité d'eau qui tombe eft-elle; proportionnelle avec les variations du baromètre ? Pourquoi ne l’eft-elle pas ? y auroit-il cependant un rapport différent que celui d'égalité? S'il n’y a point de rapport entre la chûte de la pluie & les variations du baromètre, que fe pafle-t-il pour fupprimer ce rapport ? La quantité d’eau qui tombe eft-elle proportionnelle à l'évaporation? Pourroit-ox établir par ce moyen la quantité d’eau abforbée & rendue par les plantes ? - 336 OBSERVATIONS SUR-LA PHYSIQUE, L'eau de pluie ne varie-t-elle pas fuivant les lieux où elle eft recueillie, l'élévation où elle tombe ? Quels rapports y a-t-il dans ces comparailons entre la quantité & la qualité ? s°. LA Ne1Ge eft de la pluie gelée, de forte qu'elle offre que quelques phénomènes particuliers à fa forme qui demandent un examen particulier. t Si la perte de la chaleur abfolue dans l’eau évaporée étoit la caufe de la pluie , il pleuvroit bien davantage en hiver qu'en été; & fi c'étoit la perte de la chaleur relative, il pleuvroit beaucoup moins: cependant il n'y a pas communément de grandes différences entre les quantités d’eau qui tombent dans nos climats pendant ces deux faifons. La neige montre peut-être la manière dont la pluie fe forme : ce font de petires goutres foudées par la congélation ; mais comment ne perdent-elles pas plutôt leur pefanteur fpécifique qui les foutient ? Les gouttes d'eau fluide changées en glace, comment reltent-elles fufpendues après avoir perdu la caufe de leur fufpenfion ? La vapeur véliculaire feroit-elle gelée fous la forme véfiçulaire ? La neige eft-elle toujours électrique ? Pourquoi cette-figure exagone' affe@ée par la neige ? Ne dépend-elle pas entièrement de la nature de l'eau & de fa manière de criltallifer ® Le nitre n'influe pas fur cette figure, parce qu’il eft démontré que la neige ne contient pas de nitre; maison fait que l'eau qui fe gèle forme des angles de foixante degrés & quelquefois de cent vingr. Si la neige n'offre que des grains fort minces quand il fait bien froid, & fi elle tombe en flocons très-gros quand le froid eft moins vif, cela viendroit-il de ce que l'air étant alors moins condenfé , favorife davantage l'union des vouttes ,.& s'échappe plus aifément de la place - qu'il occupe entrelles © , La neige qui tombe at-elle toujours le même degré de froid? La neige eit-elle plus froide que la grêle ? Ceci pourroit peut-être expliquer la différence de leur formation. 6°. Le GivrEe ne paroît offrir à l'obfervateur que la rofée gelée ; ce qui prouveroit la préfence de lévaporation de l’eau pendant la elée. Quelle eft la caufe des figures fingulières que prend la rofée fur les vîtres des croifées quand il fait froid ? Cela feroit-il produit par les inégalités du verre, ou par l'hétérogéneïté de fes parties, ou par la détermination d’une criftallifation pareille à celle de la neige © IL paroît au moins que le pivre contracte fur les plantes une forme arborefcente. 7°. LA GRÈLE eftun phénomène aufli inconnu qu'il eft peu rare, elle offre une eau gêlée , mais content fe produir cette glace £ Pourquoi grêle-t-il plutôt en été qu’en hyver? Comment fuppofer au milieu d’un fluide qui fe doit mettre aifément en équilibre des courans d'air dont le froid eft au-deflous K SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 337 au-deffous de ©, tandis qu'il y en a qui font à 20 degrés au-deflus, car la grêle vient défoler nos campagnes dans les jours les plus chauds &e füur-tout lorfque les nuages font les plus bas . La forte électricité occafionnée par l'orage feroit-elle la caufe de cette congélation ? Mais toutes les fois qu'il y a de l'éleétricité orageufe & de violens tonnerres , il n'y a pas de la grêle ; il grêle même pour Por. dinaire avant que le tonnerre gronde; d’ailleurs l'électricité artificielle fait monter le thermomètre bien loin de le faire defcendre, elle crée donc plutôt de la chaleur que du froid; l'éleûricité produiroit-elle ce froid en augmentant l’évaporation? mais elle n’agiroit que fur une eau déjà évaporée, & quelle évaporation peut-il fe faire dans un milieu faturé d’eau ? D'ailleurs fi l'électricité augmentoit l'évaporation, elle ne pro- duiroit pas de gros grains oêlés qui cefferoient d’être une eau éveporifée par elle. Les grains de grêle gélés à la furface & Auides au centre an- noncent une congélation rapide ; mais ils fappofent aufli que cette eau a éré déjà raflemblée en grofles gouttes, & il y a divers cas où la “grêle tombe sèche fans eau : la pluie commenceroit-elle alors à fe former dans les régions les plus élevées? Mais comment fe gêleroit-elle dans les régions les plus baffes qui font alors bien chaudes? Des vents. froids & verticaux produiroient-ils la grêle ? mais ils formeroient des mafles de gréleen gélant toure l'eau qu’ils furprendroient : d’ailleurs la grêle feroit plus fréquente, puifque ces vents doivent être communs en été. On a remarqué que la grêle étoit très-rare pendanc l'été la nuit & avant midi ; quelle feroit la caufe de cette rareté dans ces circonftances 2 8°. Je dois avertir que le GRÉSIL qui eft une efpèce de petite grèle peu dure tombe en hyver quand il y*a une forte éle@ricité.* 9°. Les [ROMBES font des phénomènes trop rares & trop difficiles à obferver pour pouvoir encore s’en faire une idée jufle & augurer Le chemin qui pourroit faire trouver leurs caufes : cependant comme la nature n’eft jamais plus près de dire fon mot que dans fes grandes opé- rations, il neft pas douteux que les trombes bien étendues ne fourniflent des éclaircifflemens utiles. 10°. Les Iris, CouRONNES, PARELIES, PARASELÈNES font des jeux de lumière au travers des gouttes d'eau répandues dans l'air. On n'a pas déterminé fi tots les diamètres poñibles dans les gouttes , fi tous leurs rapprochemens fonc indifférens pour produire ces effets, Sont-ce feulement les vapeurs véficulaires qui favorifent cette divifion du rayon de lumière ? Ne ‘faut-il pas qu'elles foient prêtes à fe changer en pluie? la divifion des rayons dans ces vapeurs véficulaires ne feroit- elle pas foupçonner que les véficules font pleines d’eau par la nature de la réfraction ? Je m'arrète, ces phénomènes font fi connus, ils font Les conféquences Tome XXX , Part. I, 1787. MAI, Vv 3,38 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE; fi naturelles de l'explication qu'on en donne, qu'il feroit peut-être im- poffible de perfectionner leur théories VI. Phénomenes aériens, Il n’y a guère qu'un phénomène aérien, je veux parler du vent, mais ce phénomène fi commun, cer effet fi puiflant eft encore un pro- blème dont on ignore la folution totale, & dont on fuppofe feulemenc celle de quelques cas particuliers. Les vents violens, ces ouragans éprouvés en particulier aux Antilles peuvent-être des-dégagemens d’air hors des entrailles de la terre, quand ces vents font d’une courte durée ; mais comment s'opère ce dégagement avec tant de fureur ? Quelle eft fon influence fur l’atmofphère ? Quelle eft l'influence de l'armofphère fur ce dégagement > Les vuides produits dans l'air , ou par la condenfation des vapeurs, ou par un froid fubit peuvent-ils caufer des vents violens ? Il me femble qu'ils ne peuvent donner naïffance tout au plus qu'à un feul coup de vent; de même la formation des vapeurs, leur réfolution en pluie produiront quelques grains ou coups de vents fubits & pafla- gers, tout rend bientôt à l'équilibre. ; Quant à la caufe des autres vents, il eft d’abord évident qu’elle doit agir avec la même force pendant quelque tems, car il y a des vents violens qui règnent quelquefois pendant plufieurs jours ; cette caufe n'eft pas toujours agifflante d’une manière uniforme, il y a des paufes entre les divers coups de vent; cette caufe eft encore bornée à un certain efpace, mais elle a une action réglée, elle foufle quelque tems dans la même direction ; il en réfulte cependant que comme la force de ces vents n’eft pas uniforme, leur caufe ne fauroit toujours avoir la même puiflance. Quand on a obfervé les vents avec attention, on a bientôt vu qu'il y avoit un vent général regnant fur la partie de la terre où le foleil agifloit avec le plus de force; & que ce vent füuivoit jufqu’à un certain point les circonftances de cet aftre relativement à nous ; maïs comme cette caufe n’eft pas unique, le vent qu'elleproduit ne fuit pas toujours cette feule impulfion. 11 feroit bien curieux de connoître ces exceptions , d'en apprécier la valeur, d’en découvrir la caufe : on auroit alors une théorie phyfique des vents , puifqu'on'fauroit tout ce qui peut les produire & les modifier. IL eft très-important de remarquer que les vents font uniformes en pleine mer fous la zone torride, mais qu’ils changent à 40 ou fo lieues des côtes; ces changemens font les effets des circonftances locales. Les vents de mer & de terre qu'on éprouve fur les côres des Ifles font pé- riodiques, ils foufflent conftamment de la mer vers la terre pendant le jour, & ceffent pendant la nuit pour fouffler de la terre vers la mer; ainfi l'on apperçoit ici l'effet de la différente chaleur des lieux fur lefquels SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 339 l’air repofe. Enfin les vents qui foufflent dans les terres ne parcourent guère un grand efpace de pays que lorfqu'ils font très-violens , & alors Jeur force n'eft pas égale par-rout. L'étude des vents réglés feroit capitale , parce que comme ils ne font pas les mêmes dans des lieux différens, & comme ils ont une caufe de variations qui influe fur l’action unique du foleil , ils pourronr faire voir re ; ie : l'influence des circonftances locales fur le venc général, qui y conferve toujours plus ou moins fon empire. Les vents de nos climats font réglés pour le tems & les direétions ne laïflent pas augurer leurs caufes; il faut toujours chercher leur moteur ; mais en étudiant l'atmofphère, on voit bientôt qu'il eften proie à plufieurs vents qui fe croifent en tous fens à différentes hauteurs; on ignore jufqu’où s'élèvent ceux qui fecouent for- tement la pouflière que nous foulons aux pieds, le mélange de l'air chaud avec Le froid peut bien être une caufe des vents, mais produira-t-il ces vents de nord-eft ou d’eft qui durent quelquefois plufeurs jours avec une violence extrême; d’ailleurs fi ce verfement d’un air froid dans l'air chaud produifoit cet effet, il ne produiroit que des vents froids & nous avons des vents de fud-oueft qui font très-chauds & qui durent auffi Jong-tems; outre cela les vents produits feroient verticaux, ce qui n'arrive pas, & il n’y auroit pas dans la même colonne d'air plufieurs vents avec des directions différentes. Les vapeurs jouent-elles un rôle dans la formation des vents? Il me femble que files vapeurs influent fur les vents, cetre influence doit être très-petire, puifque les vapeurs fe détruifent & fe forment peu-à-peu ; de forte que comme elles ne peuvent que condenfer ou raréfier l'air, en fe formant & en fe détruifanr, ces variations doivent être prefque in- fenfibles; mais quand le déplacement de l'air eft fait, quand l'air a pris fon équilibre, où-eft la caule du vent ? Et fi chaque goutte produit cet effet en fe formant, comment fera-t-il fenfble ? L’éleétricité ne me paroît pas une caufe pius efficace du vent, car quand elle en produiroit un fimblable à celui quon éprouve fur le conducteur , où feroit ia direction? D'ailleurs il faudroit que l'électricité s'échappât conftamment, & que les vapeurs fourniflent toujours cette éleétricité. Les nuages n’influent pas plus fur la produdion des vents que les vapeurs ; en équilibre avec le Auide où ils nagent, ils s’y foutiennent , ils y Aorcent en cédant aux impreflions du venc'qui les poufe. Je crois bien qu'un nuage qui s’abaifleroit avec violence occafionneroit un ou- ragan momentané par fa comprellion, mais fa durée feroit courte. On obferve que la fonte des neiges elt fuivie de gros vents, cette obfervation eft-elle sûre > Ne#feroir-ce pas plutôt les gros vents qui précédent la fonre des neiges? Les rempêtes qui agitent les mers des Tome XXX, Part. 1, 1787. MAL. Vv2 349 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, pôles, ne feroient-elles pas les caufes de nos vents, obfervés dans les zônes tempérées, & qui y fonc encore modifiés par les circonftances lo- cales? L'air condenfé des pôles n'agit-il pas fur l'air raréfié de l’équa- teur ? Et cette action n’eft-elle pas d'autant plus énergique, que la diftance à l'équateur augmente au moins jufqu'à une certaine latitude ? Il faudroit fuivre l'influence des montagnes pour changer la direction des vents, modifier leur force. La réflexion des vents pouflés contre les rochers fous différens angles, la condenfation qu'ils éprouvent alors, font des faits importans dans leur hiftoire. Les vents font-ils les mêmes dans le milieu des terres ? La qualité du fol, fa culture, fa couleur agiffent- elles fur les vents pour varier leurs effets ? Il eft évident que les mêmes vents n'ont pas par-tout & dans des rems différens les mêmes propriétés quant à la chaleur & à la force qu'ils déploient, ce qui prouve qu'ils n’ont pas les mêmes caufes, ou qu'ils n'éprouvent pas toujours les mêmes modifications, Les vents ne rafraïîchiffent air qu’en apportant un. air neuf qui lui enlève fa chaleur, ou qui le rafraîchir en occafionnant une évaporation plus forte. Cependant c’eft un fait que nos froids les plus vifs font toujours amenés par des vents de fud-eft, & que les vents de nord & d’eft nous apportent du froid de même que les vents verticaux ; mais les vents qui humectenr l'air ou qui le deffechent ne font pas les mêmes, leut chaleur feule eft-elle la caufe de cette différence ? ou vient-elle de la nature particulière de Pair tranfporté ? Il ne feroit pas moins utile de rechercher la caufe des vents oppofés qui règnent pendant le même tems foit fur la terre, foit dans l’atmofphère , de découvrir quels font ceux de ces vents qui influent le plas fur les variations de Fatmof- phère; font - ce par exemple les vents fupérieurs ou les inférieurs ? Il faut mettre dans cette clafle les tornados qui foufflent entre le qua- trième & le huitième degré de latitude nord , ils foufflenc de rous les points foir conftamment, foit par bouffées, & leur effet variable ne s’obferve que danssun efpace très-petit; plufieurs vaiffeaux qui naviguenc enfemble, & proche les uns des autres font fouvent pouflés par des vents très-différens dans le mème moment. Je voudrois encore qu’on cherchât la valeur des autres caufes con- courantes avec les principales dont j'ai parlé, pour produire les vents; telles feroient les vagues de la mer, le cours des fleuves, les fermentations terreltres qui produifent une efpèce d'air & qui gâtent celui de FPatmof- phère, la végétation qui peut augmenter ou diminuer la mafle de l'air. Mais ces caufes ne peuvent avoir une grande énergie parce qu’elles font lentes. Après ces recherches générales il faudroit fuivre l’hifloire des vents dans un pays, obferver les vents qui y font les plus fréquens , fcruter la caufe decette fréquence, de l’exclufñon de quelques autres vents, en- fin déterminer s’il ef pofible, ce que ces vents ont de commun ou de différent avec Les vents des autres pays. SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 341 I! faudroir, sil étoit polible, découvrir encore Les bornes de l'at- mofphère où les vents foufflenr , & celles de leur étendue horizon- tale, s'affurer s’il n’y a pas une fucceflion périodique entreux, fi le même vent n’a pas des momens marqués de force & de ralentiffement ; il faudroit les obferver à leur origine, à leur fin, Les fuivre dans leur progrès & dans les lieux qu'ils parcourent, Voilà quelques éléments d'une théorie encore à faire, SEL 2 HR PE EP DL PONT PE RME EE TIRE VE TN SUN EC PTE EMEEEET SE) — SUITE DES NOUVELLES RECHERCHES DE MM O N'N'ELT, Sur la nature ie Spath vitreux , nonimé improprement Spath fujible, &c. 8°. Lis parties des liqueurs faturées que nous avons dit avoir retenues, ont été divifées en deux parts égales. Dans l’une on a verfé de la diflolution mercurielle, & dans l'autre de la diffolution d'argent. Celle où nous avons mis de la diflolution mercurielle, ne s’eft que peu troublée d’a- bord. Elle n’eft pas devenue jaunâtre comme avec l'acide vitriolique pur, mais elle n’eft pas devenue blanche non plus comme s’il y avoit eu de l'acide marin. En continuant d'y mettre de cette diflolution goutte à goutte, nous parvinmes pourtant à obtenir un précipité aflez abondant. Il n'en fut pas tout à fait de même avec la diflolution d'argent; il faut convenir qu'elle produifit fur le champ un précipité fort abondant, & tel à-peu-prés que le produit la diflolution d'argent verfée fur un fel qui contient l'acide marin ; il étoit fort blanc, & en flocons pareille- ment; & les perfonnes qui travailloient avec moi, furent portées tout de fuite à croire en effer, comme l’avoit cru l'Auteur des expériences fous le nom de Boullanger, que cer effer éroir dû à l'acide marin, Mais je leur fis voir dans le moment la différence qu'il y avoir entre l’un & l'autre de ces effets: car Le précipité ici au lieu d'aller au fond du vafe, comme le fair toujours celui qui eft dû véritablemenr à l’acide marin, nageoit au contraire dans la liqueur, & puis il dévenoit peu-à-peu d’un blanc fale, jaunâtre. Jattribuai encore ces effets à la terre du fpath, qui quittoit le fel neutre pour s'atracher à ces fubftances métalliques; effets que j'avois déjà fait remarquer dans mon premier Mémoire, Ici je fis obferver que cette terre du fpath avoit plus d’affinité avec les {ubftances métalliques qu'avec les fels où il n’y a pas de matière métallique. Nous allons voir cet énoncé bien confirmé; & dans la fuite nous verrons auffi 32 : CooaRr ci SON SUR)LA-PHPSIQUE, ue cette terre jouit encre de quelqu'autre propriété des métaux , quoi qu'en dife M. Schéele, qui nie tout ce que j'ai dir là-deffus, 0°. Nous ramaflänes bien les précipités fur des filtres en particulier ; nous les y édulcorâmes avec de l’eau difillée, & lorfqu'ils furent fecs, nous miîmes celui qui étoit dû à la diffojution mercurielle, dans une phiole à médecine que nous plaçimes fur un bain de fable; il pefoic une demi-once. On chauffa le bain de fable, comme pour faire du fublimé mercuriel; après deux heures de tems, nous trouvâmes le mercure füblimé dans la voüte de la phiole, mais en petits'globules, liés dans une poudre noire, La bouteille ayant été caflée, je fis voir aux fpecta- teurs la vérité de ce que j’avois avancé dans mon premier Mémoire, que non-feulement lacide vitriolique déguifé dans le fel neytre par une portion de la terre du fpath , avoit précipité le mercure comme à l'ordi- naire, mais encore que cette terre s’étoit précipitée elle-même avec le mercure, ce qui avoit rendu le précipité blanchâtre, au lieu d’être jaune comme left coujours le turbit minéral, & l’avoic rendu plus volumineux: qu'il n’auroit été fans cela; je leur fis voir que cette terre étoic reftée pour la plus grande partie dans le fond de cette bouteille, tandis qu'une autre païtie étoit montée avec le mercure & s’étoit attachée à la voûte fous la forme de poudre, où fe trouvoit le mercure difperfé en petits globules. ç . Le précipité d’argent fut mis dans un petit creufet, & pouffé à la fonte devant la tuyère d'un fouffler : il pefoic trois gros. L’ayant enlevé sue trois où quatre minutes y nous trouvâmes l'argent fondu & difperfé en petits grains dans fa 42rre du fpach, qui étoit devenue jaunâtre, & étoit prère à entrer en fufion. Neus remarquâmes pourtant qu'il y en avoit déjà une partie qui éroit entrée en fsan & qui avoit fait pafler avec elle à travers le creufec beaucoup de petires parties d'argent. Nous remarquerons qu'une des fingularités de cette terre eft d'entrer éfi fuion très-facilement, lorfqu'elle eft unie à des rerres quartzeufes & argileufes, quoiqu’elle foic très-réfraétaire dans le fpath. Au furplus, quant à la démonftration principale, qui étoir de prouver que l'argent étroit ici ani à l’acide vitriolique, nous pouvons aflurer que ce petit creufet ne fut as plurôt pénétré par le feu, que nous fentimes rous très-diltinétement pas P P ji l'efpric volatil fulfureux, comme nous en avions déjà fenci quelque chofe de la phiole. 10°. Nous avons déjà confidéré le prétendu acide fpathique, comme de l'acide vitriolique qui tient une portion de la terre du fpath en diflolurion. Cet énoncé va encore être confirmé ici -par de nouvelles preuves. Mais comme M. Schéele prétend dans fon premier Mémoire avoir régénéré le fpath vitreux, en verfant de l’eau de chaux fur cet acide, nos Meflieurs furent curieux de voir ce qui en arriveroit en y verfant effedtivement de l'eau de chaux, On prit en conféquence une SUR L'HIST, NATURELLE ET LES ARTS. 343 petite partie de la part de l'acide réfervé, on y verla de l’eau de chaux, mais il n’y eut pas de précipité. Je dis pourtant à ces Meflieurs qu’il fe pouvoir que M. Schéele eût eu un précipité, que cette différence pouvoit venir de ce que fon acide étoit plus concentré, & qu'il étoit plus faturé de terre du fpath que le mien; qu'au furplus M. Schéele avançoit que ce précipité éroit un fpath, mais fans faire la moindre expérience pour én montrer la preuve; qu'il s'agifloir bien plus maintenant de montrer que je n’avois pas eu tort quand j’avois avancé que la terre du fpath éroir précipitée de fon difflolvant à-peu-près comme les fubftances mé- talliques par la matière colorante du bleu de prufle, & que ce précipité étoit bleu. M. Schéele foutient que je me fuis laiflé induire en erreur par une leflive de bleu de prufle, qui n'étoit pas entièrement faturée, Mais qu'importe pour un des réfultats de certe expérience , je veux dire la coloration de ce précipité en bleu, que cette leflive’ fût faturée ou non; il n'eft pas moins vrai que cette terre précipitée étoir colorée en bleu, & voilà juftement le phénomène que je remarquai alors; mais je puis aflurer que M. Schéele fe trompe, & que ma leflive étoit parfairement faturée. En cette occafon je vis plus, je vis que c’étoit-là un moyen de dépouiller l'acide de fa terre du fpath & de le ramener à l’état d'acide vitriolique ordinaire. Cette fois-ci encore j'employai une leflive de bleu de prufle parfaitement faturée, & quand bien même elle ne l'auroit pas été, ma liqueur étoit trop furcharsée d'acide pour ne pas neutralifer la partie fur-abondante de l’alkali, s’il y en avoit eu dans cette leflive: mon compagnon de travail , & d’autres perfonnes qui voulurent voir cette expérience fimple, virent que ce mélange ne fe troubloit pas d'a- bord, comme lorfqu’on verfe de la liqueur du bleu de prufle fur une diflolution de fer; mais qu'elle fe coloroit infenfiblement, & devenoit lentement bleue, mais d'un bleu plus clair que celui qu'on obtient du vitriol, quelque petite quantité qu'on en emploie. Le lendemain matin, c’eft-à-dire, 24 heures après avoir fait ce mélange, c:: trouva raflemblé au fond du vafe un précipité affez abondant pour juger que toute la terre du fpath avoit été précipitée , ce précipité étoic d'un bleu de ciel, Cepen- dant dans la crainte qu'il ny eût quelque erreur, les perfonnes dont je parle voulurent recommencer, & pour les mettre à portée de voir clai- rement cette démonftration, je fis une comparaifon d'un mélange d'eau pure & d'acide vitriolique, avec ma liqueur, dans lequel je verfai pa- reillement de la leffive de bleu de prufle. Il ne s’y forma aucun précipité, & ce mélange refta toujours abfolument clair. Si M. Schéele foutient que ce bleu provenoit d’une portion de fer & non de la terre du fpath, il faut qu'il convienne donc que cette partie ferrugineufe a été enlevée dans la diftillation par l'acide vitriolique, & fi ce Chimifte m'accordoit cela, je lui demanderois pourquoi il ne veut pas croire que la terre propre du fpath ne puiile être élevée égale- 344 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, ment; il-me femble au contraire, qu'il eft bien plus facile de concevote que cette terre puifle être emportée par l'acide vicriolique, ou par fon. rétendu acide du fpath, comme il voudre, que le fer, qui dans toate l'érendue de ja Chimie, n'a pas fourni un feul fait qui puifle autorifer cette idée. : Je fis voir encore qu’on obtient le même phénomène au moyen des lefives du réñdu de la cornue, mais dont on a beaucoup plus de pré- cipité, parce que ces leflives fonc plus chargées de terre du fpath. Je-ne nierai pourtant pas qu'il n'y ait une petite portion de fer dans ce fpath; aufli le précipité bleu obtenu des eaux du lavage de la cornue , ne m'a jamais paru un phénomène intéreflant comme celui obtenu de la liquéur pañlée dans le ballon. J'avertis pourtant que pour que ce préci- pité fe fafle bien , il faut que certe liqueur foit fortement acide & étendue dans de l'eau, | 11°, Venons maintenant à l'examen de la terre, tant de celle qui formoit les croutes dans le ballon , que de celle que nous avons féparée de l’acide au moyen de lalkali fixe & de celui de la foude. Nous avons vu que la première ne pefoit en tout que $4 grains, quoique fon volume fût très-grand. Nous avons vu que M. Schéele regarde cette terre comme un quartz qui s'eft formé dans le ballon, Quant à l’autre M. Schéele, plus embarraflé fans doute d’en expliquer la nature, n'en dit rien 3 cependant celle ci eft aufli bien caractérifée rerre, que la première, car bien lavée, elle ne conferve pas la moindre partie d'acide qui puiffe la lui faire regarder en effet comme un acide en totalité, comme je vois qu’il l’a fait malheureufement en d’autres circonftances. Ce qu'il y ade fingulier eft que ces terres, quoiqu’eflentiellement la même felon nous, ont des propriétés fort différentes, Celle qui eft féparée de La liqueur acide au moyen des alkalis, eft plus aifément redifloute dans les acides, Elle eft plus compaîte & plus pefante. On prit cette dernière rerre qui en tout ne pefoit qu’une demi-once , on l'expofa en fonte dans un creufer bien net & d’une grandeur propor- tionnée & couverr, Après trois minutes à-peu-près de coups de fouffler , ayant eu la curiolité de voir en quel état elle étoit, noûs la trouvames fluide comme de l’eau, nous la versâmes fur une plaque de tôle, & dans l'inftant nous vimes qu’elle fe figeoit en formant une forte d'émail fort blanc ; les parties que nous en avions laiflé couler hors du creufet, car ne nous attendant pas du tout à cette grande fluidité, nous avions penché le creufer pour voir en quel état elle étroit beaucoup plus qu'il ne falloir , les parties, dis-je, qui avoient coulé au-dehors, s’étoient figées fous la forme fphérique & reflembloient aflez à des perles, » Nous fîmes enfuite fubir la même opération à l’autre terre, mais nous trouvâmes qu'elle réfiftoic tellément à la fufion , que nous nous vimes contraints d'y ajouter quelques grains de fel alkali ; alors lle entra en fufon ; me SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS, 345 fufñon , & donna une forte de vérre comme l’autre, mais pas fi beau, ni fi parfaitement homogène. Nous trouvâmies par-R le moyen d'établir la différence eflentielle qu'il y a entre cetce terre & la terre quartzeufe ; car on fait que cette dernière, de quelque manière qu'on la traite avec les fels alkalis, fe fond toujours bien & forme un verre plus où moins tranfparent felon fon deoté de pureté ; fon verre eft toujours tenace, & ne reflemble jamais à un émail, Nous nous trouvons difpenfés par-là de faire voir la faufleté de l'opinion de M. Meyer, qui feion que je viens de le voir, dans une note, prétend que cette terre n’eft autre chofe que le quartz que l’acide a détaché de la cornue & emporté avec lui ; mais s’il eft bien démontré d’ailleurs comme nous fe croyons, que cet acide n'eft que l'acide vitriolique lui-même, la fuppofñtion de M. Meyer tombe encore d'elle-même, car il eft clair, que cet acide n'a pas la propriété de s'unir à cette terre & encore moins de l'emporter dans la diftillation , où il eft incapable de s'élever lui-même au foible degré de chaleur du bain de fable. Mais les fuppoñitions & les théories font ce qui coûte le moins aux Chimiftes, aufli en font-ils très-facilement , que l'expérience dément prefque toujours. D'un autre côté nous pouvons aflurer comme une vérité inconteftable, que la cerre quartzeufe ne con- tracté aucune forte d’union avec les acides, quoi qu'on en aït dit (1). Si maintenant on fait attention aux expériences de M. Achard que nous avons citées ci-devant, on acquerra un nouveau degré de lumière pour voir que la terre-du fpath élevée dans la diflillation , n’a point de rapport avec la terre du quartz, & qu'elle a des propriétés qui lui fonc particulières. Mais fi cout cela ne fufäfoit pas, voici une expérience qui eft propre à confirmer cette vérité. (1) J'ai été le premier à foutenir en France que Pott s’étoit trompé lorfqu’il avoit dit dans fa Litheogeognofie , page 174, que la terre du quartz précipitée du Zquor filicum , étoit foluble dans les acides ; paffage qui avoit {ervi de fondement à beaucoup d’autres pour foutenir la mème erreur , comme on peut le voir dans une Differtation fur la nature des Terres, qui obtint Paccefffs à la Société Royale des Sciences de Montpellier , en 1774, imprimée dans le Journal de Phyfique, tome IV , page 175, où j’ai eu occañon d’examiner de nouveau cette queftion. Depuis ce tems-là M, de Morveau a été celui qui a appuyé le plus l'opinion du célèbre Pott contre moi, parce qu'il préfentoit de nouvelles expériences , defquelles il réfultoit véritablement que quelques portions de terre précipitées du Ziquor filicum , S'étoient diffoutes dans des acides; c’eft ce qu’on voit dans les Elémens de Chimie de Dijon , & dans le Journal de Phyfique; mais dans une note inférée dans une Differtation de M. Bereman, tome IL , page 31 , il a la franchife d’ayouer qu'il s'étoit trompé , parce qu’il avoit pris pour des parties de quartz qui s’étoient difloutes dans Jes acides , des parties terreufes étrangères au quartz. Combien cet aveu ne rend-il pas ce chimifte eftimable ! Cet au moins la preuve qu'il cherche la vérité de bien bonne foi, & que l’amour de la vérité eft chez lui au-deffus de tout. Tome XXX, Pare, I, 1787. MAL Xx 346 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, 12°. Nous avons pris 24 grains de cette terre, que nous obrîinmes de nouveau par les moyens ordinaires. Après l'avoir bien féchée & rendu infipide par de l'eau diftillée, nous l'avons mife dans une petite cornue de verre, & nous avons verfé deflus 2 onces d'huile de vitriol. Cette cornue ayant été placée au bain de fable, on procéda comme avec le fpath cru, Îl pafla pareillement dans le ballon un acide, & qui avoit la même odeur. Mais je ne dois pas taire qu’il y eut ici quelques diffé. rences ; qu'il ne s’éleva pas de vapeurs blanches , & que la même fixité qu nous avions reconnue dans les eflais que nous avions faits précé- emment, fe montroit également en cette occafion. Je défefpérois même de faire réuflir expérience, lorfqu’après avoir maintenu le feu fort long- tems, je vis la voûte de la cornue fe tapifler de poudre blanche, & des gouttes acides fe fuccéder rapidement. Enfin nous fimes monter de cette manière à-peu-près nos 2 onces d'huile de vitriol, c’eft-à-dire , à un /degré de chaleur qui ne feroit pas capable d'en faire monter une goutte fans fon union avec cette terre. Ce qu'il y eut de fingulier & que mon principal compagnon de laboratoire admira comme moi, eft que ces 24 grains de terre de fpath, qui étoit blanche comme de la neige, vinrent noirs & formoient un volume confidérable au fond de la cornue. 13°. Cependant la fixité de cette terre, lorfqu'elle n'eft pas unie à un acide, & fa réfraëtérabiliré au feu nous ayant frappés, il nous vince en penfée de faire un eflai de comparaifon , en eflayantide fondre fans. addition le fpath cru. Nous fûmes fort étonnés de trouver, après deux -beures du plus grand feu que nous pûmes faire, que notre fpath n'avoit pas: même perdu fa tranfparence, tandis que le fupport & le fond du creufet éroient entrés en fufñon. Nous y ajoutâmes enfuite quelques parties d’al- Kali, mais tout ce que nous pümes obtenir fut de le faire raffembler ; & d'en faire une efpèce de frite. Elle éroit blanchätre, & avoit le cou, d'œil de l'émail que nous avoit donné la terre montée dans la diftilla- tion, ce qui établifloit une forte d'identité entre Pune & l’autre: Mais je voulois voir la caufe d’une fi grande différence par d’autres eflais, & voir fi la terre du fpath montée dans la diftillation, différoit effentielle- ment de la totalité du fpath cru. Malheureufement je ne pus me fatis- faire dans ce moment, ce fera peut-être l'objet d’un autre travail. 14°. Quoi qu'il en puifle être, l’expérience que je viens de rapporter, me donna lieu den faire une autre que je voulus faire tout de-füite parce qu’elle devoit venir à l'appui de ce que je viens de.faire voir , favoir que très - peu de terre du fpath fufit pour volatilifer beaucoup d'acide vitriolique, Cette expérience me paroifloit encore três-importante pour fortifier toutes les preuves que j'ai montrées contre l'opinion de M. Schéele. La voici, ce fut de mettre en diftillation avec le même acide vitriolique , le moins poflible de fpath cru. Nous en employimes 36 grains avec 3 onces d'huile de vitriol. Je puis aflurer que cout fe pafla SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 347 précilément de même dans cette autre expérience; excepté que cet acide fut moins faturé de terre, & qu'il ne fe répandit pas autant de vapeurs dans la cornue & dans le récipient, que lorfqu'on opère fur une où deux onces de cette fübftance, Ce qui vient encore de la même caule, favoir que l'acide ne prit pas aflez de terre tout-à-coup. Les croutes que j'en- levai à cette liqueur par le filtre bien lavées & féchées, ne peférenc que 3 grains, mais cette liqueur {e trouva avoir à-peu-près les mêmes propriétés que les autres acides diftillés fur du fpath; les alkalis en pré- cipitoient une terre, & l’alkali fixe faturé de la matière colorante du bleu de prufle, y occafonna aufli un précipité bleu, Mais un phénomène très-remarquable que nous eûmes, eft que le réfidu de la cornue étoit une belle criftallifation tranfparente, où l'on voyoit différentes aiguilles qui fe croifoient, Je dis à mon collèoue, que fi nous voulions , nous pourrions retirer de ce réfidu beaucoup encore de ce prétendu acide {pathique; que comme il étoit éminemment acide , un peu d’eau fufiroic pour cela, que telle éroit la véritable & entière diffolution du fparh, qui ne fe fait que par un grand excès d'acide; mais aufli qui fe décompofe au moyen À l’eau, à la manière de certains {els métalliques, comme j'en ai donné plufieurs exemples dans mon traité de la diffolurion des métaux, En effer, je n’y eus pas plutôt mis de l’eau, que tout l'édifice de certe belle criftallifation difparut, & qu’elle fe réduilie en une poudre très-blanche que nous ramaflämes & édulcorâmes fur le filtre. Cepen- dant comme j'avois noyé cette criftallifarion avec peu d’eau , &:que l'excès d'acide n’étoit pas trop affoibli, les- premières portions de la liqueur qui paffèrent par le filtre ayant été mifes à part dans un flacon, nous eûmes la fatisfaction le lendemain de voir une autre belle criital- lifation en aiguilles fines .& fort Jongues , qui nageoit dans cette liqueur. 15°. I ne nous refte maintenant qu’à traiter l’article qui concerne fa prétendue terre calcaire , que M. Schéele foutient faire la bafe de notre fpath. D'où il conclut que l'efpèce de fel qui réfulte de la combinaifon de l'acide vicriolique avec le fpath dans la cornue eft une vraie félénite. La première preuve que je puis donner de cette erreur, qui provient peut-être de ce que M. Schéele n’avoit pas aflez purgé fon fpath de ce qu'il pouvoit y avoir de véritable fpath calcaire, la première preuve, dis-je, que je puis donner de cette erreur ; eft que cette prétendue félénite eft décompofée fur-le-champ; en y verlant de l’eau chaude, comme je l'ai fait voir dans mon premier Mémoire. J'ai fair voir auffi qu'il faut que la quantité d'eau foit proportionnée à celle de la fur-abondance de l'acide; que plus il y aura dans le réfidu de la cornue de l’acide fur- abondant, plus il faudra employer de l'eau, pour en détacher la terre ou affciblir cet acide. Il eft étonnant que M.Schéele n'ait pas fait at- tention à cela, aufli bien que M. Boullanger, qui prétend auf, comme Tome XXX, Part. I, 1787. MAI. X x 2 3438 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, le. Chimifle Suédois, que ce rélidu contient de la félénite, il eut vu que la terre féparée de certe manière de l'acide vitriolique, fe rediflour dans ce même acide, & s’y tient difoute lorfqu'il y en a par excès. En cette occafion je montrai la mème chofe; & quoique nous puflions nous en tenir avec raifon à cette démonftration , pour ne rien laifler à défirer fur cet objet, nous primes de la terre féparée des eaux de Javages de la cornue par l'alkali fixe, bien lavée & bien féchée. Nous la mîmes dans un matras avec de l’acide nitreux. On remarqua que cette terre n’étoit pas même attaquée avec effervefcence par cet acide, comme l'eft toujours la terre calcaire. Il nous fallut expofer ce matras à la chaleur du bain de fable pour qu'elle fût attaquée fenfiblement , & au bout d’une heure, nous trouvâmes qu’il n’y en avoit pas plus de la moitié de dif- foute. Quoi qu'il en foit, mes compagnons de travail voulurent abfolu- ment porter cet examen jufqu’au bour. Ils décantèrent cette diffolurion & versèrent deflus de l'acide vitriolique, mais ils virent qu'il ne s’y for- moit aucun précipité. On en calcina une autre partie, & on vit qu’elle ne fe réduifoit pas non plus en chaux, comme le dit encore M. Schéele. Selon ma manière de voir, je devois d’autant moins m'attendre à avoir un précipité en verfant une nouvelle quantité d'acide fur notre diflolution de la terre du fpath, que je favois qu'un excès d'acide doit au contraire l'y maintenir davantage; qu’ainf, s'il eft vrai que M. Schéele ait eu véritablement en cette occafon un précipité de félénite, il ne peut l'imputer qu’à la terre étrangère qui s’y eft trouvée, foit qu'elle foic provenue d’une portion de fpath calcaire, comme nous l'avons dit, foit qu'elle foic provenue, comme nous l'avons dit auñi, de l'alkali fixe employé pour précipiter la terre du fpath de l'acide: il net impofible de répondre d'une autre manière à cette objection. Je fuis pourtant difpofé à croire, ainfi que je l'ai fait remarquer ci- devant, que de tous les acides, celui du vitriol eft celui auquel il paroît que cette terre a le plus de difpofition à s'unir; mais je crois auffi que cette forte d’affinité ne va pas jufqu’à l’exclufon des autres acides. Au furplus nous n'avions pas attendu jufque-là, à favoir fi le fpath vitreux contient une terre calcaire ou non; nous avions déjà eflayé à la découvrir dans le fpath cru lui-même. Nous avions effayé d'en difloudre dans l'acide marin & nitreux, & d’obtenir de ces efpèces de diflolutions des précipités de félénire, en y verfant de lacide vitriolique; mais nous avions déjà vu que nos eflais écoient infructueux (1)., L (1) Le fpath fluor traité avec les acides marin , phofphorique, arfenical , donnant le même acide que lorfqu’il eft traité avec Pacide vitriolique , fuivant M. Schéele ( dans ce Journal, année 3786 , août, pag. 146 ) il feroit bien à fouheiter que Le celebre Auteur du Mémoire précédent eût le tems d'examiner ce qui fe pafle dans ces opéra- tions ; parce que fion obtient réellement le même acide, dir fpathique, en traitant ce fpath avec l’acide marin, par exemple, comment l’acide fpathique feroit-il Pacide vitriolique ? C’eft l’objeétion qu'ont toujours faite les Chimilles : & certainement per- fonne ne peut mieux y répondre que M. Monnet. Nore de M. de la Merherie. 1 SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 349 SUITE DES. OBSERVATIONS Faites à Laon fur deux Bouffoles de variation & une Bouffole de déclinaifon ,.année 1786 ; Par le P.COTTE, Prétre de l'Oratoire, Correfpondant de l Académie Royale des Sciences, Membre de La Société Royale de Médecine , de l’Académie Royale des Belles- Lettres , Sciences & Arts de Bordeaux, de la Société Royale d’ Agriculture de Laon, de La Société Eleétorale Météorologique Palatine établie à Manheim. J'ar rendu compte l’année dernière dans ce Journal , (some XXIX ; page 189 ) des obfervations que j'ai faites en 1784 & 178$ fur deux boufloles, l’une de variation de M. Coulomb (1), l’autre de déclinaifon de M. Brander. J'ai donné la defcription de ces deux bouffoles dans l'endroit cité. J'obferverai feulement que la dernière aiguille a huit pouces de longueur, & non pas fept, comme il eft dit par erreur. J’y ai joint à la fin e 178$ une troilième aiguille de dix pouces de longueur , qui ne pèfe avec fa chape de cuivre que trente-quatre grains. Je l'ai fait faire à Paris par le fieur Fortin, Mon objet étoit de conftater encore davantage la variation diurne de l'aiguille en me fervant d'un inftrument différent de celui de M. Coulomb. Je devois employer en outre deux autres aiguilles toures femblables, l’une d’acier non aimantée faite aufli par le fieur Fortin, l'autre d’argent ; les circonftances ne m'ont pas permis jufqu'à préfent de fuivre ces deux dernières aiguilles ; je me borne donc à l'aiguille aimantée, que j'appelerai aiguille du fieur Fortin. Elle a été fuivie trois fois par jour aufli bien que celle du fieur Brander, par M. de Cambronne, qui apporte l'exactirude la plus fcrupuleufe à rout ce qu'il fair. Il a remarqué que l’aiguille du fieur Fortin avoit pluñeurs poles ; en conféquence, avant de la mettre en expérience, il l’a défaimantée & aimantée enfuite‘de nouveau avec un bon aimant artificiel en fer à cheval, de manière qu'elle eft très-vive. LE ER URSS 2 (1) Le 14 décembre 1785 , la foie qui fufpend mon aiguille étant caffée, j'en aï fubfitué une autre. L’aiguille , au lieu de fe fixer entre 7 & 8 d. comme avant cet accident , s’eft fixée à environ 12 d. (ie retranche de ces 12 d. $ d. 12! pour ramener l'équilibre au o que jai adopté; ainfi les 12 d, doivent être comptés pour # d. 48, de même que les 7 d. 30’ où elle étoit avant l’accident ne valoient que z d. 18°). La pierre fur laquelle eft placée l’aiguille n’a éprouvé aucun dérangement. J'ignore la caufe de cet écart extraordinaire qui ne nuit cependant en aucune façon à l’objet de mes obfervations ; il s’agit de conffater la variation périodique & diurne de l’aiguille aimantée qui a lieu, à ce qu’il paroit , quelle que foit fa déclinaifon. Heures. Matin. VI. VIL VIII. IX. X. XI X1E Soir, 1 De Plus grande de l'année , 9° 28' le 6 Novembre. OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, RÉSULTATS généraux des trois Aiguilles aimanrées, - 1°. Aiguilles de Variation de M. Covromsz. 7 D di des des moyennes. Obfervations, | Agitations. ee : $ 16 28 227 Ex S 26 278 p$ $ 14 41 256 43 s 28 47 210 42 $32 11 246 7 s SA 271 15 6 10 32 249 32 6 12 54 164 » À 614 9 15$ 7 PE Aiguille de variation du Sieur FORTIN. Mois *$L0170140A | sapuva8 snyx Ann.lo 30 Subiscmenc le :; Variations moyennes. AS VIL heur.|IT heures IX heures Du mois, *SU01/DIADA S21PU10T] matin, foir, foir. à la fuite d’un aurore borcale, f F3 EM Variations Cr W moyennes. Obfervations. Soir, CHU III. 6 11 37 153 IV. s 57 38 156 V. $ 43 51 A, VI. $ 42 14 199 VIL $ 32 18 EUR MIE |'S 22 28 27 Ex S 19 7 235 X. $ $ 20 163 Réfultat $ 39 57 2. de l’année, Moindre 3°. Aiguille de déclinaifon du Sieur BRAN DER variation 1° 12/ le 18 Juiller 3934 Déclinaifons moyennes. Ê dE VII heures| 11 heures | IX heures 5 S | matin. foir. foir. RON A NN ET IS 21 23 [21 2221 22 19|21 22 23|21I 22 20/21 2 23 22 23 © 23 10 23 © “bo | 23] 37 27| 33 43] 35 10 56 34] 49 55] 49 4] 48 26 34 31] 3215 2, 16038015 222 BONNE SN ALT TN 7) Ra T7 315 3° 31 © 31 © 31 © 31 18 25 31 24 14 24 6 27 20 24 6 24 0 24 6 28 28 28 o 28 o 28 o 36 38] 35 28] 25 40] 35 24 39 36] 36 o| 38 o| 36 o 21|21 30 S2/21 31 O|21432 21 36 |21 Aer 37 SUR L'HIST, NATURELLE.ET LES ARTS, - 3f1 En comparant la marche des deux aiguilles de variation qui font fi différentes, foit pour la longueur, foit pour le poids , foic pour la fufpen- fion, on voit qu’elles s'accordent à indiquer une augmentation de déclinaifon vers deux heures du foir. Je crois qu’on peut actuellement regarder ce phénomène comme conftant. À l'égard de l'aiguille de déclinaifon du fieur Brander , elle eft fi parefleufe , qu’elle eft quelquefois des mois entiers fans varier fenfible- ment, Elle a cependant obéi à l'influence de l'aurore boréale du 23 mars, tandis que les deux autres aiguilles n'en ont point été affectées. Ce faie confirme le fentiment de M. V’an-Swinden, qui penfe qu’en général les phénomènes magnétiques dépendent beaucoup de la nature des aiguilles. Nous fommes donc encore bien éloignés d'avoir une théorie È exacte fur cette matière, LETTRE DE M LE BARON DE DIETRICH; A M DE LA METHERIE, Nic, M. Chaptal m'a annoncé au mois de mars qu'il venoit de découvrir en Languedoc une fuperbe mine de manganèfe , en n''affurant qu’elle étoie fupérieure à celle de Piémont & d'Angleterre. Elle décolore parfaitement le verre, & forme fur la porcelaine un violet magnifique ; employée par tiers par M. Chaptal, èlle a rendu l’acide marin déphlogiftiqué fans le fecours du feu. Depuis cette annonce M. Chaptal m’a adreflé trois ou quatre échantillons de cette manganèfe que j'ai fait voir à l’Académie : ils fonc en prifmes hexaëdres tronqués , forme que cette manganèfe offre corftamment , même dans fes couches où ces prifmes font adoflés les us aux autres à-peu- près comme ceux des couches de bafalte, M. Chapral obferve que cetre efpèce de manganèfe n’eft alliée qu'avec un peu de fer. IL compte démontrer que l’air vital qu’elle contient eft le produit de la décompofition de l'eau dans les entrailles de la terre ; ce qui fournira ; dit-il, de nouvelles preuves à la théorie moderne fur les principes de Veau. Il ajoute que l'affinité de ce métal avec l'air vital eft fi forte, que fi l'on précipite la manganèfe de fa diflolurion dans l'acide vitriolique par un alkali, le précipité.s’empare en peu de rems de l’air vital ambiance & repañle à l’état de chaux noire, au point que fi l’opération fe fait dans 352 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, un flacon rempli d'air vital , il fuffit de l’agiter pendant quelques fecondes pour-abforber l'air du flacon. M. Chaptal a conftruit d'après cette pro- priété un eudiomètre aflez fimple, Il promet dans peu une defcription détaillée de cette mine. J'ai l'honneur d’être, &c. Paris, ce 17 avril 1787: LETTRE D.E M. L'ABBÉ P+#x*, Grand- Archidiacre, & Membre de plufieurs Académies , A-M DELLA! MÉTHERTE, Nhonssrur: Je ne ferois pas étonné que le Mémoire de M. Reynier fur le Marchantia polymorpha ; (inféré dans le dernier cahier de votre Journal ) trouvât des incrédules. Cependant lorfqu’il s’agit d'un fait, on ne fauroit être aflez lent pour afleoir fon jugement, Nos connoiffances fur l’organifation des plantes connues des Botaniftes fous la dénomination de cryptogames font fi bornées , & les opinions des obfervateurs de ces plantes font fi différentes entr’elles que l'on ne fauroit affez multiplier les obfervations & les expériences pour découvrir le myflère de la génération de ces individus que la nature femble avoir pris plaifir de cacher à nos yeux, & que le fecours du microfcope n’a pu encore nous dévoiler d’une manière certaine & à l'abri de toute con- teftation. Il eft certain que jufqu'à préfent nous ne connoiffons dans les ètres organifés qu'une feule & même manière de reproduction qui s'opère par le mélange des deux fexes. Si dans le règne végétal , fur-tout dans l’art de la greffe & des boutures, appliqué depuis peu avec fuccès à certains animaux qui par leur organifation extérieure paroiflent {e rapprocher de certaines plantes , femble avoir détruit le principe conftant & invariable que touc être vivant provient d’un germe, & que nul germe ne peut être fécondé fans le concours des deux fexes ; il faut bien fe garder de confidérer cette extenfion de vie comme une vraie génération , mais fimplement comme un moyen de plus que la nature a accordé à certaines plantes SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 353 plantes & à quelques animaux de prolonger leur exiftence en la divifane à l'infini. Mais parce qu'il y a des plantes & des animaux dont certaines parties dérachées peuvent donner lieu à de nouveaux individus, qui par leur accroiflement progreflif fonc fufceptibles de devenir femblables au tronc dont elles ont été féparées , s’enfuir-il que ces plantes & ces animaux fcient privés des organes fexuels dont la nature a pourvu tous les êtres vivans ? Ce feroit une erreur qui feroic bientôt contredite par tous les faits qui font du reflort des yeux , & qui par une induction fondée fur la raifon peuvent être appliqués , même aux objets dans lefquels ces organes ne nous font point parfaitement connus , mais que l’analogie feule fufñit pour nous en faire concevoir l’exiftence lors même qu'il feroit pofñible que les Naturalifles fe fuflent mépris fur les formes extérieures de certains. Tout le monde connoît la manière d'élever les champignons fur couches. A l'inftar de cette manière M. de Borch, fi je ne me trompe, nous a donné un moyen de multiplier les truffes, qui ne confifte qu'à répandre fur du terreau de l’eau dans laquelle on en a fait macérer. Dira-t-on pour cela que les champignons & les truffes foient privés des organes fexuels, parce que l'on n'eft pas encore parvenu à déterminer d'une manière fatisfaifante la nature & les formes de ces parties ? Ec parce que M. Reynier a multiplié le marchantia par le moyen de fes goders pendant l'abfence des chapiteaux qui, jufqu'a préfent ;'en ont été confidérés comme les organes du fexe male, s’enfuivra-t-il que l'hépa- tique foit privée de ces organes, ou que ceux-ci foient rout-à-fait inutiles à la fécondation des graines de cette plante ? C’eft ce que nous avons bien de la peine à croire, T1 faut diftinguer, comme nous l’avons dit ci-deffus, la multiplication des individus par les boutures ou les cayeux, de la régénération des efpèces par la fécondation des graines, Tout ce qu'a pu dire M. ce Necker dans fa Phyfologie des Corps organifés, n’a pas converti les Naturaliftes. On n’en eft pas moins perfuadé aujourd'hui que.le concours des deux fexes pour la génération des efpèces de plantes & d’animznx , eft une loi générale de Ja nature, & fon ouvrage fur les champignons, dont le fondement a été fans doute puifé dans les principes de Munckaufen, ne fera pas que les champignons ñe foïent de vraies plantes, quoiqu'il ait voulu les exclure du rèone véoétal, & former pouï eux un quatrième règne dans la nature. à M. Reynier, à la vérité, n’a pas adopté dans toute fon étendue le principe de M, de Necker fur l'inutilité du concours des deux fex2s dans la reproduction des efpèces en uénéral, mais il paroït qu'il l'a adoptée pour Île marchantia. Il nous femlile que fon expérience tend feulement à prouver que M. Linné & fes adhérens , ainfi qu'il les appelle, Tome XXX, Part. I, 1787. MAL. Yy 354 OBSERFATIONS SUR LA PHYSIQUE, fe font mépris dans l'attribütion qu'ils ont faite des organes de la géné- ration de l’hépatique à différentes de fes parties qui, felon lui , leur font tout-à-fait étrangères ; & il ne paroît pas plus perfuadé que les fleurs de cette plante puiflent être hermaphrodites qu'androgynes, ainfñi qu’on l’a toujours penfé, Il ne faut, nous le favons, qu’un feul fait bien-conftaté pour renverfer un fyftème; mais lorfqu’il s’agit de changer toutes les idées reçues, & que l’on n’a qu'un feul fait à oppofer au réfultat de plufieurs obfervations & à diverfes opinions déjà & depuis long-tems accrédirées, il femble que tout au plus l’on peut difpofer les efprits à douter , & que pour les con- vaincre il faudroit apporter un corps de preuves capables de l'emporter fur le fentinrent de ces favans célèbres, dont le nom infpire trop de confiance pour que l’on foit tenté de croire qu’ils fe font tous mépris. Dillenius, Michel, Vaillant, Linné, Haller, Scopoli, Weis, Weber, &c. fe {ont en général aflez accordés fur les parties de la fruification de l'hépatique. Ils ont prefque trous confidéré comme réceptacle du fexe mâle ces extenfions membraneufes que l'on y voit, portant un chapiteau attaché à un pédicule plus ou moins allongé , & recouvert en-deflous par une membrane ou bourrelet qui retient différentes bourfes capables de s’entr'ouvrir à l’époque de la fécondation, & remplies de perits poils chargés d’une pouflière très-fine; & comme réfervoir des femences les petits godets fefliles que l’on y remarque en-deflous ou à côté. M. Sahlberg a obfervé dans les leurs mâles le mouvement élaftique des anthères dans l'inflant de léjaculation de la pouflière féminale; M. Linné a décrit la forme du calice & de la corolle des deux efpèces de fleurs de cette plante: fi tous ces favans fe font mépris, M. Reynier aura enrichi la Botanique d’une obfervation qui réveillera sûrement le zèle des obfervateurs, & nous aurons la fatisfaétion peut-être un jour de favoir à quoi nous en tenir plus pofitivement fur l’organifation des plantes cryptogames. Le meilleur de tous les fyftèmes en Hiftoire-Naturelle feroit de n’en poine avoir ; il ne faudroit tout au plus qu’une méthode & des fairs: on peut confidérer comme tout-à-fait hypothérique l'explication que donne M. Reynier de la forme des godets & des chapiteaux de l’hépatiqu . Quant à celle qu'il donne des petits corps renfermés dans les godets qu_ juiqu'à prélent on avoit pris pour des femences, il paroît par fon exp ricice, fur-tout d’après les précautions qu'il aflure avoir prifes, que l'on pou roit les aflimiler aux cayeux des liliacées, & les confidérer « conme des » individus en raccourci qui-ont la faculté de pouffer des ra ‘ines des >» qu'ils font pofés fur terre ». Mais en inférer pour cela que le m:rch ntia nà point d'autre manière de fe reproduire, ou que cette reproduction elt indépendante du concours des deux fexes, c'eft ce qui ne nous paroit pas bien déterminé par les principes que ce favant a pofés dans fa définition de la graine, Nous ne connoifions pas encore toutes les SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 355 reflources de la mature: il nous eft permis de la tenter , mais il eft des fecrets qu’elle s’elt réfervés , & il en eft tels fur lefquels elle ne fe lailie pas aifément deviner. Il feroit à défirer que M. Reyrier prit la peine de répéter encore fes expériences. Ses premiers eflais femblent lui promettre de nouveaux fuccès , puifqu’au rapport de M. de Necker, M. Dinckler avoit devers Jui une obfervation prefque femblable à celle de M. Reynier, Ce favanc peut être afluré d'avance que le jour qu'il répandra fur la génération des plantes cryptogames fufra pour déterminer le grand problème de la reproduction de ces plantes myftérieufes, dont les organes fexuels font invihbles à nos yeux, ou ont une conformation extérieure capable d'en impofer. J'ai l'honneur d’être, &c. L] Pofi-Script, M. Reynier dit dans fa note (a) qu'ilferoit préférable “de laiflér aux plantes les noms des pays , au lieu de les défigurer par des dénominations étrangères. Cela pourroit & devroit fans doute avoir lieu s'il y avoit des plantes qui n’affe“taffent qu'une contrée, mais cela ne pourroit avoir lieu pour le marchantia polymorpha qui croît prefque par-tout. Les noms génériques ne doivent exprimer aucune idée, au lieu qu'il feroit à defirer que les noms'triviaux ou fpécifiques fuffenc toujours caraétériftiques ,. & ne puflent jamais être appliqués par leur expreffion à aucune autre efpèce du même genre. On ne peut blâmer M. Linné d’avoir appelé du nom de polymorpha l’efpèce de marchantia, en queftion , puifqu elle eft fujetre à prendre différentes formes , & que fes chapiteaux ou calottes varient dans leur figure & dans leurs proportions. C'eft ce qui avoic porté Micheli, Haller & plufeurs autres de regarder comme efpèces diftinctes fes différentes variétés, & c’eft à M. Linné que nous fommes redevables de nous ayoir appris que ces différences n’éceienc que des variations locales. : MÉMOIRE Sur la Crifialifation des Subftances métalliques & du Bifinuth en particulier ; Lu à l’Académie des Sciences de Paris; Par M. l'Abbé POUGET. Ur fuite d'expériences fur la’ criftallifation du régule de bifmuth, m'a conduit à la connoiffance de trois faits qui peut-être ne feront point indifférens aux Naturaliftes; 1°. les métaux n’ont pas befoin de vuide d’air ou d’efpace pour criftalli{er. Tome XXX, Pare, T, MAI, 1787. Yy 2 , 356 OBSERF ATIONS SUR LA PHYSIQUE, 2°+ Ces grouppes de demi-criftaux qui reffemblent à des ornemens à la grecque, & qui fe trouvent dans tous les cabinets fous le nom de régule de bifmurh, font tous mélangés d’une autre fubftance métalli- que > ainfi que je le prouverai dans le cours de ce Mémoire, 3°. Le mouvement, au lieu d'interrompre toute criftallifation comme on l’avoit cru jufqu'ici, fert au contraire à multiplier les formes, fans v'elles ceffent d’être nettes & bien prononcées, = M. Demefte, dans fes lettres au docteur Bernard, t, 2,p. 154, indique le procédé fuivant pour obtenir la criftallifation du bifmuth en xégule. « Ces belles criftallifations de bifmuth, dit-il, s’obriennent dans les fontes en grand de ce demi-métal, lorfqu'on jetre de lea froide fur le régule en. fufion, ce qui folidifiant & faifanc foulever fa furface , tandis que l'intérieur eft encore en fufon, donne un vuide au moyen duquel les molécules en fufion peuvent prendre la forme criftalline & régulière qui leur eft propre ». Telle ef lopivion de M, Romé de l’Ifle, comme il le déclare en: parlant de la criftallifation du régule d’antimoine / Criftallogr. tome 3, p. 46.) « Lorfquon favorife, dit-il, la criflallifation de ce même » régule en furvuidant le creufet pour y laifler un efpace fuffifant à » l’atrangement des criftaux, on obtient des fuites de cubes pofés en » retraite les uns fur les autres », &c, En fuppofant qu'il fe forme un vuide fous ka croute du bifmath par ce procédé, comment concevoir que les molécules de ce demi-métal puiflent, malgré la force de la gravité, & [eur affinité mutuelle, s’é- Jever dans le vuide dontil s’agit, pour y former des corps réguliers. Peu fatisfait de cette explication, & craignant d’ailleurs que l'injection: fubire de l'eau froide fur [Le demi-métal en fufion n’occañonriât quelque: accident, je réfolus de m'en tenir au procédé ordinaire, Ce procédé confifte, comme l'on fait, à percer la croute qui fe forme à la furface de la matière en fufon après fept à huit minutes de refroidiffement, & à faire écouler par cette ouverture tout ce qui fe trouve encore liquide dans l'intérieur du creufer, C’eft, dit-on, en in- troduifant de l'air fous la croute, & en donnant de l’efpace aux molé- cules qu'on parvient à leur faire prendre une forme régulière. Nous venons de voir ce qu'il faut penfer de cette manière d'expliquer dans ce cas l'opération de la nature ; ajoutons que quand une fois on a verfé tout ce qui étoir en fufon fous la croute, le contaé de l'air, loin de. faciliter la criftallifation , doit au contraire achever de condenfer les molécules qui s'étoient déjà refroidies fur les parois du creufer. Cependant l’obfervation prouve qu'il fe forme des criftaux fous la croute du métal. Mais comment y font-ils produits? Quels font les agens qui concourent à leur formation; & quelle en eft l’époque pré- cife? C'eft ce que je réfolus d'examiner, Je mis donc dans un creufat y 5 8 9 € SUR L'HIST NATURELLE ET LES ARTS. 357 environ une demi-livre de bifmuch en fufion, & j'exécutai ponétuelle- ment tour ce qui eft prefcrit dans le procédé que je viens de rapporter ; mais inutilement. Je recommencçai l'opération avec aufli peu de fuccès: enfin à la troifième tentative j’apperçus des aiguilles informes compofées d'octaëdres implantés : ce qui me fit foupconner un mêlange dans le bifmuth. Cependant je continuai mes expériences, & la douzième ten- tative me donna des rudimens de cubes qui devinrent de plus en plus faillans à mefure que je foumis le demi-métal à une nouvelle fufon ; mais ce ne fut qu'à la vingtième que j’obtins des cubes parfaits, des parallélipipèdes rectangles , des tremies , où demi-octaëdres creux de la plus grande régularité & le tout bien irifé. Le bifmuth me paroiflant alors avoir atteint un degré fufffant de pureté, je crus que c’étoit le moment d'interroger la nature pour râcher de lui dérober une partie de fon fecret. Je réfolus donc de remettre dans Le creufet la matière en fufion, & je fis ce raifonnement. Si les molé- cules de l'eau, par les loix feules de l'attraion & fans le fecours du vuide, peuvent bien nous donner des formes régulières, lorfque le froid parvient par degrés à les condenfer, comme cela arrive dans le cas de la congélation; pourquoi n’attendroit-on pas le même effer d'une fubitance métallique que Le feu tenoit aufli en fufon, & que le froid condenfe pareillement par degrés? D'après cette réflexion ayant retiré le creufec du feu, je pris une longue épingle pour fonder le fluide, quand il en feroic rems, & éprouver fi je ne fentirois pas les criftaux qui me pa- roifloient devoir fe former à mefure que la chaleur abandonneroit le demi-métal, L'événement juftifia ma conjecture : non-feulement je fentis des criftaux dans l’intérieur du fluide & fur-tout vers la furface, mais femportai avec mon épingle une belle tremie qui s'y étoit attachée: je fis plus, je cernai la croute entière, & dès qu'elle eut affez de confif tance , je l’enlevai avec fept à huit tremies de quatre à cinq lignes de diamètre, auxquelles , fi je puis m'exprimer ainfi , elle fervoit de gangue. Je verfai en même-tems tout ce qui étoit encore fluide, & je rrouvai tout l'intérieur du creufet hériffé de femblables criflaux toujours irifés : d'où je conclus que le vuide qu'on faifoit dans ce procédé ne fervoit qu'à ifoler & manifefter Les criftaux déjà formés , & non à les produire. Une nouvelle expérience m’ayant donné les mêmes réfuitats, je ne m'occupai plus qu'à chercher quelle pouvoit être la caufe d'une diffé- rence auf marquée entre les demi-criftaux qu’on a pris jufqu'ici pour le régule du bifmuth, & les criftaux entiers que je venois d'obtenir. L'obfervation que m'avoit fournie ma troifième expérience au fujet des odtaëdres (1) implantés, me fembla pouvoir me fervir de donnée pour (x) De nouveaux eflais m'ont appris que les oëétacdres implantés que les 353 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, la folution de ce problème, Je conjecturai que le bifinuth du commerce pourroit bien avoir été altéré par quelque mélange; & comme le plomb me parut celui des métaux. qui devoit être préféré pour cet alliage parce qu'il fe vend à bas prix, j'en mêlai une petite quantité dans la proportion d'un à cinq ou environ au bifmuth épuré qui venoit de me donner de fi beaux criftaux; & l'opération ayant été exécutée avec tout le foin poflible, j'obtins un grouppe de ces demi-criftaux, d’un afpect fort agréable, à la vérité, mais qui avoient une ligne de diamètre feu- lement, & n'éroient point irifés, parce que la préfence du plomb em- pêchoit probablement la réaétion du foie de foufre qui coloroit les autres criftaux. Quoique cette expérience füt une véritable démontftra- tion, j'en fis encore plufieurs, augmentant ou diminuant la quantité de plomb, & j'obfervai que le diamètre de ces demi-criflaux augmentoit ou diminuoit dans La même proportion, J'ai donc cru pouvoir conclure de routes ces obfervations, premiès rement que les métaux n'ont pas befoin de vuide, d'air ou d'efpace pour criftallifer. ( Un effai fait fur du plomb n'a confirmé cette vérité. ) En fecond lieu, que ces demi-criftaux connus fous le nom d'orne- mens à la grecque, ne font point le régule, du bifmuth. Il me refte à prouver que le mouvement loin d'interrompre toute criftallifation, aide au contraire une fubflance à multiplier fes formes. / Quand on verfe du bifimuth en fufion fur le carreau, il fe forme aflez fouvent à la furface de petits cubes en relief, pourvu qu'on l’abandonne au repos. Mais fi on imprime un léger mouvement à cette mafle moitié olide & moitié liquide, & qu’on le faffe durer jufqu’à ce que toutes les molécules foient condenfées, au lieu de cubes on a d’autres formes qui varient fuivant le mouvement donné. Le mouvement circulaire, par exemple, plus ou moins accéléré m'a donné trois fortes de lames bien prononcées : les unes étoient rhomboïdales, les autres exagonales, &e les troifièmes triangulaires. ( On fait que ces trois fortes de lames for- ment les élémens de l’oétaëdre’, puifqu’on les rencontre en difléquant un ‘ pal 3 q cube de fpath fluor.) Un autre mouvement m'a donné des parallélipi- pèdes rectangles, &c. d'où l’on peut conclure que les facettes furnumé- raires & accidentelles, & beaucoup de variétés de forme qu'on,remarque fouvent fur les criftaux , proviennent au moins en partie du mouvement qu'éprouvoit le fluide dans le moment de la criftallifation , en fuppofant cependant que ce mouvement n’avoit qu'un certain degré d’intenfité, & n’étoit pas aflez violent pour troubler l'opération de la nature, au lieu d'en modifier fimplement le réfultar, ag premières fufons du bifmuth m’avoient produits, provenoient de l’intime combinaifon du fufre avec ce demi-métal. SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 359 = Dee el ESSAI DE COMPARAISON Entre les mouvemens des Animaux & ceux des Plantes : & deféripcion d’une efpece de Sainfoin , dont les feuilles font dans un mouvement continuel ; Lu à l'Académie des Sciences de Paris ; » Par M. BROUSSONET. Le TUDE de laZootomie peut feule , en nous mettant à portée d'établir une comparaifon entre Les mêmes organes dans les différentes efpèces d'ani- maux, nous éclairer fur les fonctions auxquelles les parties analogues fonc deftinées dans l’homme. Les Anatomiftes fe font ue à la diffe&ion des animaux , dans un tems où n'ayant point encore perfedtionné celle de l'homme, la Phyfiologie ne pouvoit retirer aucun avantage de ces connoiflances ; dès que l'infpection des cadavres a été permile, & que celle des animaux a pu dès-lors devenir utile, on a paru en népliger l'étude. Les recherches anatomiques ont ére faites d'abord fur des êtres dont l'organifation fe rapprochoit le plus de celle de l'homme, tels que les quadrupèdes ; on n'a examiné que Jong-rems après quelques elpèces qui s'en éloignent un peu plus. On avoit cru que l'infpection des parties , dans les animaux dont la forme a plus de rapport avec celle de l'homme, facilireroit la découverte de l’ufage de ces mêmes parties ; mais cette comparaifon n'éft pas aufli avantageufe à l'objet que fe propofe le Phyfologilte, que celle qui naît du rapprochement des êtres les plus éloignés , & dans lefquels on a peine à reconnoître, au premier abord, les traces de l’analogie. Plus les objets different entr'eux, plus les réfultats qui naiflent de la comparaifon qu'on en fait, font lumineux, On ne fera pas fans doute furpris qu'on ait négligé de faire lé rapprochement des efpèces appartenantes à des règnes différens , puifqu'il n'avoir pas même été fait entre les animaux des divers ordres, dont les différences font bien moins effentielles. Les Phyfologiftes n'ont pas retiré des travaux de Grew, de Malpighi, de M. Duhamel, &c. tous les avantages qu'ils auroient peut-être pu en obrenir pour expliquer plufieurs phénomèneg de l’économie arimale. On seft contenté de fair çà & là un petit nombre de faits ifolés ; mais les fonctions les plus importantes, celles qui ont une analogie très-marquée avec ces mêmes fonétions dans les animaux, n’ont été bien connues , dans les plantegBique de nos jours. Les Naturaliftes du dernier fiècle favoient à peine qu'on püt retrouver dans 360 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, les végétaux des traces de la refpiration, de la génération & de la circulation. On a cru pouvoir rendre raifon de quelques-uns de ces phénomènes communs aux deux règnes, en les examinant dans des êtres . qui, par leur forme, paroiflent également appartenir au végétal & à l'animal ; mais, outre que ces êtres font très-peu connus par les Anato- miftes , ils appartiennent d’ailleurs exclufivement à un feul règne, & n'ont de commun avec le règne voifin, que la forme, prefque toujours accidentelle. La nature a varié les formes à l'infini , elles caraérifent les efpèces, c’eft ce qui paroît lui avoir coûté le moins ; leur différence ne confiftant que dans des parties plus ou moins alongées, plus ou moins groffes, placées plus ou moins près de telle ou telle autre partie , le nombre a pu en être beaucoup & facilement augmenté. Son économie ne s’eft manifeftée que dans les fonétions qu'elle a toujours établies fur les mêmes principes, ne leur aflignant aucune différence dans les efpèces, mais feulement dans les grandes claffes dont elles font en quelque forte l’appanage. ef Les diverfes parties des plantes jouiffent de la faculté de fe mouvoir ; mais les mouvemens qu'elles exécutert font d’une nature bien différente de ceux des animaux ; les plus fenfibles , ceux qui font produits le plus rapidement dans les plantes, font prefque toujours déterminés par quelque caufe irritante. L'irritabilité , qui n’eft que la fenfibilité manifeftée par le mouvement , eftune loi générale à laquelle la nature a foumis tous les êtres vivans, c'eft elle qui veïlle continuellement à leur confervation; plus puiflante dans les animaux que dans les plantes, elle peut être fouvent confondue dans celles-ci avec des phénomènes qui dépendent d'une caufe bien différente. L’organe qui eft foumis, dans le végétal , à Vaction de l’aiguillon , eft le feul qui fe meuve: jamais l'irriration de plufieurs parties ne. produit, comme dans Îes animaux , cette prompte combinaifon de fenfations , d'après laquelle on voir fe remuer certains organes, quoiqu'ils ne foient pas directement affectés, & qu'ils puffent d'ailleurs être paffits. Plus Porganifation eft parfaire dans les différentes parties des animaux, lus Les fignes d'irritabilité y font fenfibles. Les parties qui fe rapprochent le plus de celles des végétaux , & dont par conféquent l'organifation eft la plus imparfaite , fonc les moins irritables, La même loi fe retrouve fur Les plantes, mais avec des réfulrats oppofés ; les fignes d’irritabilité y font plus fenfibles à mefure que les parties fe rapprochent davantage de celles des animaux; ils font nuls dans celles qui en font les plus éloignées, Cette affertion ft fur-tout prouvée par ce qu’on obferve dans les organes deftinés , dans les végétaux , à perpétuer l'efpèce ; ces parties font, fuivanc toutes les apparences, les feules irritables , les feuilles ; l'écorce, les tiges & 16s racines ne donnant aucun figne d’irritabilité, à La faculté de fe reproduire , dans Les plantes comme dans les animaux, ns = eff re SUR L'HIST. NATURELLE ÊT LES ARTS. 36x eft une fon@ion propre à l'efpèce, & fans laquelle l'individu peut fubfifter ; mais la nature paroît y avoir attaché dans les plantes beaucoup plus d'importance que.dans la plupart des animaux. Tout, dans l'individu végétal, paroît concourir prefqu'uniquement à ce but; c'eft pour le remplir que la végétation a lieu , que les différentes parties fe développent; c’elt ici que’font prodiguées la variété, la richeffe des couleurs ,'que J'organifation eft perfeétionnée. Dès que le vœu de La nature eft rempli, que les femences ont acquis dans leur capfule le deoré de maturité qui leur eft néceflaire, les fucs nourriciers ceffent de couler dans les vaifleaux, l'individu fe defsèche & périt. Les plantes fe rapprochent des animaux par les organes de la génération, non-feulement parce qu'ils font en elles les feules parties irritables , mais encore parce qu'ils font les feuls quisles faffent jouir en quelque forte de la vertu de la locomotion. Je dB inutile de détailler ici les mouvemens fubits des étamines, des piftils, &c. de plufeurs plantes , dès qu'on les irrite; ces phénomènes font trop bien connus des Phyfciens. Les mouvemens vitaux, dans les plantes, font ceux qu'on peut obferver le plus communément: ils fonc lents, entièrement déterminés par des circonftances qui ne manquent jamais de fe répéter, & font répandus également fur toutes les parties. Dañs les animaux au contraire, prefque tous les mouvemens vitaux font très-fenfibles, tels font le battement du cœur, celui des artères, la dilatation du thorax, &c. comme ils fonc abfolument néceffaires à la confervation des individus, ils fe reproduifent toujours, dans ceux de la même efpèce, d’une manière femblable & dans la même direction ; ce qui a également lieu dans les plantes. Les plantes grimpantes, le houblon, par exemple $ fuir conftamment , en s'entortillant autour d'une perche , la direétion du midi au couchant. En inrerrompant.ces fortes de mouvemens dans les végétaux , ceux-ci périffent bientôt; fi-on détache, par exemple, une plante grimpante dort la direction étoit fur une branche de droite à gauche, & qu'on la place dans une direftion contraire, elle fe defsèche dans peu, fur-rout f elle r'à pas aflez de vigueur pour reprendre fa fituation naturelle. On donne de la même manière la mort à un animal, lorfqu'on arrête quelqu'un de fes mouvemens vitaux, La loi par laquelle les plantes font forcées à fe mouvoir de telle ou telle manière, eft très-puiffante ; lorfque deux plantes grimpantes, donr l'une eft plus foible que l’autre, viennent à fe rencontrer , deux chèvrs- feuilles , par.exemple , ils s’entrelacent mutuellement , comme pour augmenter en quelque forre leur force; l’un fe dirige à droite, l’autre à gauche, celui-ci eft roujours le plus foible, il eft forcé de prendre ure diretion contraire à celle qu'il auroit fuivie s’il fe füc trouvé hors de a portée de l'autre; mais f par quelqu'accident ces deux chèvre-feuilles - Tome XXX, Part. 1, 1787. MAL. Zz 362 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE; viennent enfuite à fe féparer, ils reprennent l'un & l’autre leur direction naturelle, c'eft-à-dire , de droite à gauche, Les mouvemens eflentiellement vitaux qui ont, dans Les plantes, le plus grand rapport avec ceux des animaux, font le cours de la sève , le paflage de l'air dans les trachées, les différentes pofitions que prennent les fleurs de quelques plantes à certaines heures du jour , &c. mais en obfervant la manière dont tous ces mouvemens s’exécutent dans les plantes, nous verrons qu'ils offrent un plus grand nombre de modifications que les mouvemens analogues qui ont lieu dans les animaux, La température de l’atmofphère, fon agitation, la lumière, &c. influent beaucoup fur les mouvemens des plantes en accélérant ou retardant le cours de leurs fluides ; & comme elles ne peuvent jamais changer de place, ces varia- tions produifent en elles des changemens plus fenfibles & plus unifogges que dans les animaux. A. La rareté des fluides dans les vaifleaux des plantes , occañonne quel- quefois des mouvemens particuliers ; ainfi dès que les femences de la balfamine , de l’alleluia, du fablier, &c. font parvenues à un certain degré de maturité, les fucs ceflent de s’y porter, les parties qui compofent les capfules fe defsèchent, & jouiflant alors de route leur élaficité , elles fe féparent fubitement & jettent à une certaine diftance les graines qu’elles renfermoient. Cetre action peut être confidérée comme vitale, puifqw’elle tend à la confervation de l’efpèce; mais elle eft modifiée, comme on voit, par une caufe externe, puifqu'elle eft accélérée ou retardée fuivanc le plus ou moins grand degré de fechereffe ou d'humidité de l’atmof- hère. L'abondance des fluides détermine auffi, dans es plantes comme dans les animaux , plufieurs mouvemens vitaux. L'action prompte des étamines de la pariétaire, l'inflexion des péduncules des leurs, des piflils, paroiffenc devoir être attribuées à une caufe femblable: ces fortes de mouvemiens qui s’obfervent fur-tout dans les organes deftinés à la reprodudtion de l’indi- vidu, n'ayant lieu que dans des circonftances qui les rendent abfolument néceffaires, paroiflent être en quelque forte l'effet d'une combinaifon particulière ; ils ne font cependant que mécaniques , puifqu'ils font rou- jours reproduits de la même manière & dans les mêmes circonftances. C'eft ainfi que la rofe de Jéricho , les fruits fecs de plufieurs efpèces de Mefembryanthemum ne s’épanouiflent que Jorfque leurs vaiffeaux fonc remplis d'eau, Le dégagement fubit des fluides produit une efpèce de mouvement ; c'eft à cette caufe qu’il faut rapporter un grand nombre de phénomènes qu'on obferve dans les feuilles de plufeurs plantes , & qui ne doivent pas être attribués à l'irritabilité. Les glandules qu'on voit au milieu de chaque feuille du dionæa , font à peine piquées par quelqu'infecte, que celle-ci fe replie fur elle-même & failit aufli-tôt l'animal : la piqûre paroîc SUR L’'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 363 déterminer un dégagement de fluide qui retenoit la feuille ouverte en rempliflant fes vaiffeaux. Cette explication eft d’autant plus probable, que dans Les premiers tems de la végétation de cette plante, lorfque les glandules ne font prefque pas développées, & que probablement les fucs ne coulent pas en abondance dans fes vaifleaux, les feuilles font repliées fur elles-mêmes de la même manière qu'elles le deviennent après qu’elles ont été piquées par un infe@e, lorfque la plante eft plus avancée. On obferve un phenomène analogue à celui-ci , fur les feuilles des deux efpèces de (1) roflolis. Le mécanifme eft ici très-facile à appercevoir ; les feuilles font d’abord repliées fur elles-mêmes, les fucs ne font point encore portés jufques dans les petits poils dont elles font recouvertes, mais après leur développement la préfence du fluide eft démontrée par une goutte qu’on voit à l’extrémité de chaque poil ; c'eft en abforlant ce fluide , que l’infecte dégorge les vaifleaux de la feuille qui fe replie fur elle-même & reprend fon premier état : la promptitudé de l'action eft preportionnée à la quantité de poils touchés par l'infecte, Ce mouvement pourroit être comparé en quelque forte à celui qui a lieu dans l'extrémité d’un animal , laquelle retenue dans un état de Aexion par une tumeur dans l'articulation , reprend tout-à-coup fon ancienne poli- tion au moment où l’on donne iffue à l'humeur qui faifoit obftacle. Quelques Botaniftes ont donné une explication très-ingénieufe du mou- vement des fenfitives; ils l’attribuent à des molécules qui s’amaffent dans les vaifleaux dela plante, & qui fe dégagent au moment de l'attouchement; mais la caufe eft ici moins facile à faiür. Les phénomènes qui dépendent de l'abondance des fluides , font fur-tout apparens dans les plantes qui croiflent dans les endroits humides; le Roflolis, le Dionxa, font de cet ordre; & l'on fait, d'après les expériences de M. Dufay & de M. Duhamel, que les fenfitives fonc fur-tour fenfbles, lorfque le foleil eft caché per des nuages, & que l'air eft humide & chaud, - L'influence des caufes externes modifie quelquefois les mouvemens vitaux dans les plantes , de manière qu’on feroit tenté de les artribuer à la volonté, comme ceux qui dépendent entièrement de certe faculté dans les animaux. Si l’on met une perche en rerre auprès d'une plante grimpante, elle la faifir toujours (2) pour s’y entortiller, dans quelque endroit qu'on la place. La même chofe a lieu pour les vrilles de la vigne qui s’attachent toujours à un bâton qu’on leur préfente, quelque part qu'il foit placé, pourvu qu’elles puiffent y atteindre; mais ces mouvemens font entièrement vitaux, la plante grimpante & les vrilles fe portent fuccefli- vement dans toutes les directions, & ne fauroient par conféquent manquer QG) M. Roth. (2) M. Muftel, Tome XXX, Part. I, 1787. MAI. Zz2 LA] 364 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, de rencontrer les corps qui fonc à leur portée. Ces mouvemens ont liex tant que les parties prennent de l’accroiflement ; dès qu'elles ceflent de. p'ufler, fi elles n'ont atteint aucun ‘corps pour sy fixer, elles fe recourbent fur elles-mêmes. Une racine poufle fur la paroi d’un foffé ; fi elle fuivoit la ligne horifontale , elle feroic bientôt à découvert & périroit ; mais elle fe recourbe avant d’avoir atteint le foflé, & comme fi elle étoit dirigée par une forte d'infliné , elle poufle en en-bas, pafle ai-deffous du foffé, remonte du côté oppolé, & parvenue à la même hauteur où elle éroit d’abord , elle continue de pouffer horifontalement, Ceci a également lieu lorfque la racine rencontre quelque corps folide, Si on met à découvert une racine & qu'on place tout auprès, en évirane pourtant le contaët, une éponge pleine d’eau, la racine fe rapproche de l'éponge, & fe dirige dans tous les points où on la placera fucceflive- ment: cette obfervation démontre, fur-tout , jufqu’à quel point les mou- vemens vitaux dans les plantes peuvent être. modifiés par des caufes externes, & combien ils different eflentiellementc de ceux que la volonté dé‘ermine dans les animaux. Les mouvemens produits par la préfence des fluides dans les vaiffeaux , font plus ou moins fenfibles dans les feuilles des différentes efpèces de plantes. Quelques-unes paroiflent ne jouir d'aucune forte de mouvement , d’autres ont des feuilles fufcepribles de fe mouvoir en différens fens ; leurs mouvemens font ordinairement modifiés par différentes caufes, mais aucune ne paroît jouir d'un mouvement aufli fenfible & auili continu qu'une efpèce de fainfoin. Cette plante fingulière a été décou- verte au Bengale, dans des lieux humides & argileux aux environs de Dacca, par Milady Monfon, que fon zèle pour l'Hiftoire-naturelle avoic déterminée à entreprendre un voyage dans les Indes ; zèle d'autant plus louable, que les perfonnes de fon fexe ont rarement la force & plus rarement encore le courage de la diriger vers un pareil objet. La more l'a furprife au milieu de fes courfes botaniques. Linné avoit cru devoir confacrer à fa mémoire un genre de plante fous le nom de Mon/onia. M. le Chevalier Banks ayant bien voulu me communiquer les manufcrits de Milady Monfon, j'en ai extrait les obfervations qui ont rapport aux mouvemens de cette plante , & tels qu'elle les avoit obfervés au Bengale; je les comparerai avec ceux que j'ai eu occafion d'examiner fur les individus qu'on cultive dans les ferres en Europe ; mais je crois nécellaire auparavant de donner la defcription de cette plante , parce que Lirre le fils eft le feul auteur qui en ait parlé dans fon Supplementum planta- rum ; mais il n’a pas vu les fleurs, & fa defcriprion eft dès-lors incom- plette. Je joins encore à ce Mémoire un deffin , parce que je ne connois aucune figure de cette plante ( Planche IT). Les Indiens la nomment Burum chandali, Linné a cru devoir la rapporter au genre d'Aedyfarum ( fainfoin ), & la défigner fous le SUR L'HIST, NATURELLE ET LES ARTS, 36 nom fpécifique ds gyrans ( tournant); je lui conferverai la dénomi- nation de fainfoin oicillant, ou de plante ofcillante, que M. Daubenton lui a donnée dans le cabinet du Roi. Ce nom exprime beaucoup mieux que celui de gyrans , les mouvemens de fes folioles. La racine elt ordinairement annuelle, quelquefois bifannuelle , &-dans nos {errés elle dure fouvenc plus de deux ans; “elle eft également bran- chue & fbreufe. Les branches partent d'une tige qui s'élève très-peu ; elles font communément au nombre de fix ou fepr; elles viennent à la hauteur de trois ou quatre pieds; elles font ligneufes, liffes, cylindri- ques, de la grofeur du petit doigt, fupportant des rameaux placés al- ternativement, déliés, plians & recouverts d’un épiderm lifle & vert : les feuilles font difpofées alternativement fur les branches & les rameaux, ‘ceux-ci font RER toujours compofés de trois folioles ; rarement & feulement vers le bas des tiges fimples , elles font foutenues {ur un PÉ= tiole d’un ou deux pouces de long’, légèrement velu & garni à la bafe de deux ftipules alongées , pointues & rouflatres. La foliole inrermé- diaire, plus longue que le pétiole, eft ordinairement de trois ou quatre pouces fur un de large; elle et lancéolée, obongue , unie fur les bords très-liffe, d’un vert pâle, glauque dans le milieu , & légèrement veinée, Les deux folioles latérales qu'on pourroit en quelque forte regarder comme des appendices de l'intermédiaire, font fupportées par des périoles courts, fixés fur le pétiole commun ; elles font lancéolées & étroires : on voic à leur bafe de petites ftipules relevées, fubulées, caduques & verres. Les fleurs forment des épis redreflés, alongés, qui partent des aif- felles, ou qui terminent les branches; elles font papilionacécs, petites, d'un jaune foncé; fituées deux à deux & embraflées par des bractées ovales, aiguës, caduques, & qui fe recouvrent en partie les unes les autres. Le calice eft à quatre dents, prefque labié, d’abord vert; mais à mefure qu'il approche de la maturité, il devient rougeätre & quadran- gulaire. La corolle eft compofée de cinq pétales, l'étendard (a) elt arrondi , échancré, convergent fur les côtés, les () aîles font plus courtes que la carène, celle-ci (c) eft prefque ovale, comprimée, de Ia longueur de l’étendard, & formée par deux pétales réunis, Les éta- mines (d) au nombre de dix, font féparées en deux corps: neuf fonc réunies entr'elles par leurs filamens ; la dixième eft ifolée; chacune fup- porte une anthère alongée & aflez grofle. Le germe eft linéaire, com- primé, furmonté d'un ftyle fimple, tubulé, tourné en en-haut, & terminé par un ftigmate obtus, . Le fruit eft un léoume (e) d'environ deux pouces, légèrement re- courbé, comprimé , formant un étranglement entre chaque femence ; celles-ci (f) font petites, réniformes , comprimées, très-lifles, grisâtres & marquées d'une tache. Le fainfoin ofcillanc eft en fleur au Bengale au mois de feptembre ; 366 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, les légumes ont déjà acquis route leur maturité en novembre , & ils laiflent pour lors échapper les graines qu'ils renferment, Il Aeuric ra= rement en Europe, & fa culture demande beaucoup de foin; il doit être renfermé dans une ferre chaude, & n’en fortir prefque jamais. La première fois qu'on la vu en Europe, c'eft en 1777, en Angle- ‘terre, dans le jardin de Lord Bute, à Luton-Park , il y Aeuric en mars. Aucune partie de cette plante ne donne des fignes d’irritabilité quand on la pique. Dans la journée, la foliole du milieu eft écendue horizon- talement, & eft immobile ; dans la nuit elle fe recourbe & vient s'appliquer fur les branches, Les folioles latérales font coujours en mou- vement , portées alternativement vers le haut & vers le bas ; toute l'action du mouvement eft dans le pétiole qui paroît fe contourner : ces folioles décrivent un arc de cercle. Aux Indes, deux minutes fuffifent pour faire exécuter aux folioles tout leur mouvement; je ne les ai ja- mais vues fe remuer aufli promptement que cela dans nos ferres. Le mouvement qui les porte en en-bas eft plus prompt que celui qui les fait aller en en-haut ; le premier eft même quelguefois exécuté par in- terruptions, où du moins il n'eft point égal, Le mouvement en en-haut eft au contraire toujours uniforme. Le plus fouvent chaque foliole fe meut dans un fens oppofé ; c’eft-3-dire, que l’une eft tournée en en-bas, quand l’autre regarde en en-baut : quelquefois une des folioles eit ftable, tandis que l'autre fe remue; ce mouvement eft fi naturel, que fi lon vient à l’interrompre , en_fixant une des folioles, il recommence dès que Fobftacle eft levé, Le mouvement n'a plus lieu, dès que les grandes folioles font agirées par le vent. Dans les animaux , la tranfpiration elt fur-tout accélérée par le cours du fans, par l'action des mufcles, &c. Dans les plantes, où la circulation des fluides eft très-lente, la perfpiration paroît être augmentée par des caufes externes, l'agitation de Pair en eft une des principales”, les feuilles qui font les organes deltinés à cette fonction, font ordinairement foutenues par des périoles minces & qui leur per- mettent de fe mouvoir en tous fens, fi cette ftruéture manque, les or- ganes des végétaux fonc conftruits différemment, la chaleur du foleil , Fhumidité ou une grande abondance de fluides dans des vaifleaux conf truits d’une manière particulière déterminent la perfpiration de plufieurs plantes. Le Dionæa, le Roflolis, &c. comme nous l'avons déjà remar- qué, croiflent dans des lieux humides, où les fluides abondent, plu- fieurs fenfitives viennent dans des éndroits où l'air eft très-peu agité; ou bien celles dont la perfpiration ne peut s’opérer de routes ces manières, ont un petit nombre de feuilles ordinairement fucculentes, & recou- vertes d’un épiderme très-mince. Quand le foleil eft très-chaud , les folioles du fainfoin ofcillant fonc aufli immobiles ; mais, lorfque le terms eft chaud & humide, ou qu'il pleut, elles fe meuvent très-bien, ÿ. SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 367 Ce mouvement paroît abfolument néceflaire à cette plante; car, dès qu’elle a pouflé les premières feuilles, il commence à avoir lieu, & il fe continue même pendant la nuit, mais il s’affoiblit avec le tems; dans nos ferres il a lieu, fur-cout dans la première année; à la feconde 1! eft très-peu fenfible ; dans fon pays natal, toutes les feuilles font en mou- vément, jamais je ne les ai vues fe remuer toutes dans nos ferres. Dans le moment que la plante eft le plus chargée de fleurs, que la fécondation des germes a lieu, les folioles font beaucoup plus agitées. Dans les plantes comme dans les animaux , le tems de la reproduétion des indi- vidus eft toujours celui où tous les organes font dans leur plus grande perfection. Dès que le téms de la générarion eft pailé , les folioles cef- fent de fe mouvoir; les fenfirives ne font prefque plus fenfibles après ce tems, les pétales de plufieurs plantes ne fe referment plus périodi- quement, Ce mouvement d’ofcillation eft tellement naturel à la plante ofcil- lante , qu’il a non-feulement lieu pendant deux ou trois jours {ur les folioles d’une branche qu'on a coupée, & qui a été mife dans l’eau, mais qu'il eft même continué pendant quelque-tems fur les feuilles des rameaux qu'on a féparés de la plante, & qu'on n’a point mis dans l’eau. Ne peut-on pas, dans ce dernier cas , le comparer en quelque forte aux battemens du cœur des animaux, après que cet organe a été arraché ? Les feuilles femblent tenir lieu de cœur dans les végétaux, elles aug mentent par leurs mouvemens le cours des fluides, comme ce vifcère par fes contraétions détermine la circulation du fang. Dès que les feuilles fe féparent d’une plante , les progrès de la végétation font arrêtés, & les végéraux reffémblent à ces animaux, dont le fommeil périodique eft caractérifé par une diminution dans les battemens du cœur. Les Indiens, qui font de tous les peuples ceux qui s’adonnert le plus à la connoifflance des plantes, n'ont point manqué de remarquer le mouvement fingulier des feuilles de celle-ci, & ce phénomène étoic trop extraordinaire pour qu’il me devint pas, chez une nation fuperiti- tieufe , l'objet d’un culte particulier, Ils cueillent à un certain jour de l'année, qu'ils nomment Zurichur, deux folioles latérales dans l'inftanc qu’elles font le plus rapprochées , ils les pilent enfemble avec la langue d'une efpèce de chouette, & l’amant plein de foi croit, avec cette pré- paration , fe rendre favorable l’objet de fon amour. Je ne crains point de rapporter ce trait d'après Milady Monfon , perfuadé que rien de ce qui a rapport à l’hiftoire d’une plante auffi curieufe que celle-ci ne devoit être omis, Ee mouvement, comme nous venons de le voir, eft un attribue moins effentiel aux végétaux qu'aux animaux; plufieurs plantes ont des parties qui en donnent à peine quelques fignes ; plufieurs en ont auffi qui font entièrement cataleptiques, ce qui s’obferve plus rarement dans { 368 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, les animaux , excepté dans ceux qui font rapprochés par leur forme du règne végéral; cette fingularité elt fur-tout remarquable dans une efpèce de dracocephalnm de Virginie, dont les péduncules des fleurs confer- vent toutes les pofitions qu’on leur donne. Certe plante me paroît devoir être mife en oppolition avec celle dont je viens de parler. Son hiftoire eft confignée dans les Mémoires de l'Académie , année 1712. N'O'TrE Envoyee par M. DE RoMé DE Lisre, 4 M. DE La MÉTHERIE , relativement & la figure primitive des Rubis , Saphirs & Topazes d'Orient, Monsieur, En feptembre 1784, j'ai recu de M, le Profefleur Werner, entre plufieurs modèles de criftaux, deux qui , fuivant fa note, appartiennent au subis. Voici ce que j’eus Phonneur de lui répondre à cet égard dans ma Lettre du 24 feprembre de la même année. « Vos rubis des Nos, 11 & 12 font fort intéreffans.' Ce dernier, qui eft >» un parallélipipède rhomboïdal tronqué par un petit plan triangulaire » équilatéral dans fes deux angles folides obtus & diagonalemene » oppofës, doit fe rapporter ( à la valeur des angles près ) à la figure 60 > de la Planche IV de ma Criftallographie. 1 » Votre modèle N°. 11 n’en differe que par fon prifme hexaëdre »intermédiaire € par la troncature plus profonde des fommets des » deux pyramides trièdres obtufes qui le terminent ; -ce qui change les > fix plans pentagones du rubis N°.-12 en triangles ifocèles, & rend plus » grands les deux trianoles équilatéraux produits par la troncature des > deux angles folides obtus des pyramides trièdres, Vous auriez (à la » valeur des angles près ) un polyèdre femblable à celui de votre N°. 11, » fi vous tronquiez à raz du prifme le fommet des deux pyramides » obtufes À plans rhombes de la figure 87 , Planche IV de ma » Criftallographie, : à » Il feroit crès-intéreffant de connoître la gravité fpécifique de vos » deux rubiss car, comme je le foupçonne, elle eft celle du rubis d'Orient. » Je regarderois alors la figure de votre N°. 12 comme la pramitive » de cette gemime, & dans ce cas celle à pyramides hexaëdres fort » allongées, (Cri. Planch, VI, fig. 39) feroic à ce parallélipipède >» rhomboïdal SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 36) » rhomboïdal ce que les pyramides fort allongées du /parh à dents de » cochon, (Crift. Planch. IV, fig. 28) font au criflal d'Iflande, > (ibid. fig, 1). v TT > IL féroir auffi très-intéreffant de mefurer les angles de votre rubis » N°, 12, pour cunnoître la valeur de fes Plans rhombes, J'efpère , » Monfieur , que vous voudrez bien me donner fur ces diférens points > les éclairciffemens que je delire » , &c. M. le Profeffeur Werner ne m'a point encore répondu für cet'article, mais j'ai lieu de préfumer, d’après fon modèle N°. 12, que c’elt avec raifon que j’avois cité, (page 221 de mon Effai de Criflallographie ) le paralléli pipède rhomboïdal comme la figure primitive du fphir d'Orient, d’après un grand & très-beau faphir dont la couleur tire un peu fur le violet & qui fait partie des joyaux de la Couronne, « Ce faphir, y difois-je, » eft un parallélipipède obliquangle, formé par quatre rhom- » boïdes & deux rhombes , comme le vitriol martial. I pèle 132 ca- > rats ; ». Îl eft vrai que ce beau faphir paroît avoir été poli fur fes faces naturelles , & c’eft ce qui m'a empêché d’avoir égard à fa forme dans la nouvelle édition de ma Criftallographie. Mais aujourd'hui que certe même forme fe préfente, à latroncature près des deux angles folides obtus, dans les rubis de M, Werner, je ne crois pas que l'on puifle fe refufer à confidérer le parallélipipède rbomboïdal de 82° & 98°, ou le rhombe du vitriol martial , comme la figure primitive des rubis, faphirs €: topazes d'Orient, dont la pyramide hexagonale fort allongée , (Crifal. Planch. VI, Hg. 39 ) n'eft alors qu'une modification fecondaire, Au commencement de l'année 178$ , M. Fawjas de Saint-Fond reçut d'Angleterre, fous le nom de /path adamaniin , une pierre lamelleufe comme le feld-fpath , mais beaucoup plus dure, fous la forme d’un prifme hexaëdre , frufte & roulé. Je la confiai dès-lors à M. Brion, pour avoir * fa pefanteur fpécifique, qui fe trouva être de 38,732; ce qui lui donnoit plaée à cet égard entre Îe rubis oaëdre & le faphir d'Orient dont les pefanteurs fpécifiques font 37,600 & 39,941. Dans le mème tems M. Faujas de Saint-Fond ayant fait fcier un morceau de fon prétendu Jpath adamantin, le Lapidaire fut fort furpris de trouver à cette pierre uné dureté équivalente à celle de la pierre Orientale. Au mois de janvier de-cetre année, vous inférâtes, Monfieur ; dans le - Journal de Phyfque, vos obfervations fur un nouvel échantillon de /path adamatin dont le prifme hexagone préfente à [es extrémités des tron- catures obliques , à-peu-près comme dans certains prifmes de l'émeraude, mais avec cette différence que dans l'émeraude ces troncatures fe montrent fur toutes les arères, ( Cr. Planch. IV, fig. 100) au lieu que dans la pierre dont il s’agit elles ne fe montrent que fur les arères alrernes de chaque extrémité du prifme, Dans le cahier, du Journal de Phyfique du mois de mars fuivant, on Tome XXX, Part, 1, 1787. MAl Aaa 370 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE ; lit des obfervations de M. l'Abbé Haüy fur cette même pierre qu'il regarde comme une gemme particulière ayant pour figure primitive un rhombe dont les angles font les mêmes que ceux du vitriol martial , ainfi que je l’avois dit du faphir d'Orient dans mon Eflai de Criflallo- graphie. ds Or, j'ai tout lieu de préfumer , 1°. d'après la forme des deux rubis de M. Werner cités plus haut , 2°. d’après le faphir rhomboïdal du Roi, 3°. d’après la pefanreur & même la dureté fpécifiques , que ce prétendu Jpath adamantin et du même genre que la pierre dire Orientale , & conféquemment que nos Japhirs du ruiffeau d'Expailly , ce qui doit nous permettre d’efpérer de le rencontrer dans nos granits où roches “granitoïdes de France. PRIE SRI SIN pan] LE TF'RCE DE M DE BOURNON: Lieutenant de MM. les Maréchaux de France au Départemenr de Grenoble, de la Société Royale Parriortique & Académique de Valence, à A M DE LA MÉTHERIE. Moxwsreur; Je viens de lire, dans votre intéreffant Journal de Phyfique du mois de Janvier dernier, le difcours préliminaire que vous y avez placé, & par lequel vous jetez un coup-d'œil fur l'état actuel des fciences en Europe, & le progrès que leur a procuré le cours de l’année 1786. Rien n’eft plus intéreffant que ce tableau, & il feroit fort à defirer que nous en euflions dë pareils de chaque année de ce fiècle , qui réduits enfuite en tableaux analytiques, préfenteroient à l'efpric bümain, d’un feul coup- d'œil, l'enfemble de nos connoiflances acquifes. Par lui il pourroit comparer chaque année avec les autres, &c voyant croître avec elles la mafle des découvertes , il appercevroit la marche que la nature leur a tracée, & recevroit d’elle alors un guide deftiné à diriger fes pas. Peut- être même s’appercevroit-il que chaque année il acquiert en fagäcité, fur celles qu'il laifle derriere lui; & qu’animé par certe vue il y gapueroit encore cette émulation active qui devance & annonce les fuccès, Mais en partageant avec le public la reconnoiflance qui vous eft fi ; e- SUR l'HIST. NATURELLE ET LES ARTS, 379r parfaitement acquife, me permettrez-vous, Monfieur , de vous faire quelques obfervarions fur différens endroirs de la partie de ce difcours inftrudif, qui a trait à la minéralogie, & de profiter de cette même . circonftance, pour vous faire part de quelques réflexions qui m'ont été infpirées par mes obfervations dans cette fcience. Et d’abord permettez moi, Monfieur, de réclamer en faveur de la province du Forez l'exiftence de l'éméraude , que vous ne citez que comme étant une nouvelle découverte faite en Bourgogne. La découverte de celle du Forez l'a cependant précédé, ainfi que fa publicité: puifque dès 1784 M. Burtin la cite, d'après moi dans la lifte des foufcripteurs, placée à la fin de fon Ory&ographie de Bruxelles; & qu'à cetre époque j'en avois déjà dépolé des échantillons dans l’intéreffant cabinec de M. de Romé de Lifle, à qui j'en ai envoyé depuis un aflez joli criftal, que j'ai cité p. XV de la préface de l'Ef/ai fur la litholopie des environs de Saint-Etienne , imprimé en 1785 ; afin que les naturaliftes puflent être à même de vérifier chez ce favant la vérité de cetre décou- verte, J'ajouterai encore que, quoique moins gros, les criftaux de l’é- méraude du Forez l'emportent encore fur ceux de Bourgogne par une plus belle eau, & une couleur verte plus agréable & mieux pronon- cée : celles de Bourgogne étanc pour la plüpart, opaques & d’un blanc fale. Dans le coup-d’œil général de l’obfervateur , que vous portez fur la partie montueufe de la France, il s'eft gliflé quelques légères erreurs pour la partie du Forez; & il n'eft pas étonnant, vu la grandeur du plan que vous aviez embraflé & fur lequel vous nous avez donné des obfervations qui préfentent le plus vif intérêt; il n'eft pas étonnant, dis-je, que vous ayez commis quelques erreurs locales fur des faits qui ne font pas aflez faillans pour s'être gravés d’une manière ineffaçable dans votre mémoire : mais elles pourroient préjudicier aux conféquences qu'on pourroit tirer d'après elles, fur Phiftoire naturelle de ces mêmes cantons. Vous dites, par exemple, p. 17, que la Loire abandonne au- deffus de Saint-Rambert la première chaîne granitique, dont vous parlez, pour entrer dans la plaine calcaire de Montbrifon®: & p. 18, que Porigine de‘cetté plaine eff au-deffus de Montbrifon. D'abord Montbrifon n’eft nullement fitué au pied de la naiffance de la plaine du Forez. La naïffance d'une plaine traverfée dans toute fa longueur par une rivière , tel que le fait la Loire, doit être, je penfe, attribuée à l'endroit où cette rivière entre dans cette plaine ,& ion extrémité dans l'endroit où cette rivière en fort. Dans ce cas, la plaine de Montbrifon prend donc fa naïflance très-peu au-deffus de Saint-Rambert, & fe ter- mine un peu au-delà de Balbigny; ce qui lui donne une étendue en longueur d'vironinor mille toiles, fur une largeur moyenne d'environ dix mille : & Montbrilon alors, au lieu d’être fitué au bas de fa naif- Tome XXX , Part. 1, 1787. MAL A'aa 2 5372 OBSERVATIONS SUR LA PHPFSIQUES "I fance, left à-peu-près au tiers de la longueur de cette plaine, & ab{o- lument au pied de la chaîne des montagnes granitiques qui la féparenit de l'Auvergne , & bordent à l’oueft certe même plaine, Il eft donc à l’une des extrémités d’un diamètre qui traverferoit la largeur de la plaine en cet endroits ÿ Cette plaine n’eft pas non plus calcaire. Comme vous Île remarquez très-bien, Monfieur, tout paroît devoir annoncer qu’elle étoit autrefois un lac, qui s'eft écoulé par la gorge qui fert de fortie à la Loire, & que je foupçonne avoir été fermée vers lé port de Pinay, où les monta- gnes fe rapprochent confidérablement & la gorge fe rellerre e xtrème- ment à il eft impoflible de fe refufer à cette idée quand on a examiné tout ce canton avec un peu d'attention. Conime cette plaine eft entourée partout de montagnes granitiques aflez élevées, ainfi qu'un plat left par fes bords, fon fol ne peut avoir été formé qu: par le détriment de ces montagnes , apporté dans le lac qui en occupoit la vafte écen:lue , par les diflérens torrens & ruifleaux qui fe précipirent de ces mêmes montagnes. Auf n’eft-ce en effet qu'un compofé de fable mêlé" d'argile, & du peu de terre calcaire qui a pu y être apportée de la terre végérale des montagnes mêmes, & a été auf produite fucceflivement par la végétation , qui compofe fon fol. Comme tout anonce que l’exiftence du lac, qui occupoit cette plainé, ne doit pas être placée dans une époque extrémement reculée ; la terre végétale dansMnombre d'endroits n'y forme qu'une couche très-légère, qui porte directement fur l’argile : lorfqu’en y creufant on rencontre plus de folidité, c’eft alors aflez ordi- nairement un grès ; mais devenu fort cendre & friable à raifon de fa fitua- tion au-deflous d'un terrein plat & fur lequel les eaux s'écoulent len- tement : c'eft du moins ce que j'ai vu dans nombre d’endroits, où le terrein avoit été ouvert. Cette plaine eft dors fort éloignée d'être cal- caire : il eft vrai qu’on y voit dans deux éndroits, tels qu’à la butte de Rufeu près de Curraize, & près de Sury le Comtal, de la pierre cal- caire; mais ces deux cantons font ifolés, occupent très-peu d’efpace, & la pierre calcaire n’y eft qu'un ruf, qui s'eft formé au-deflous de la terre végétale. Je crois pouvoir aflurer pofñtivement qu'il ny a point du tout de pierres calcaires coquillières dans cette plaine (1). (1) Cette nature de terrein qui, ainfi que je viens de le dire , eft par-tout argileux au-deffous de la terre végétale, dans la plaine de Montbrifon , fait que l’eau pluviale s'arrête dans tous les bas,& enfoncemens , & y féjourne jufqu’à ce que l’évaporation vienne la diminuer, ou la faire difparoïître tout-à-fait. Cette vérité eft triftement connue de tous les propriétaires de cette plaine , par l’impoffibilité qu’ils rencontrent à y élever, au-delà de quelques années , toute efpèce d’arbres dont les racines font pivotantes. J’y ai vu des trous creufés au printems, pour y faire des plantations, remplis enfuite par les eaux pluviales, conferver cette eau'de manfêre à en contenir encore à Ja fin de l'été, L'indufirie très - fouvent pernicieufe aux hommes quand PE . SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 37 Vous dites aufli, Monfieur, page 16, que le feu cf? auprès de Saint-Etienne en deux endroits des mines de charbon, l'un fur la elle n’eft point étayée par les connoïflances, & que le:mal auquel elle à donné naifflance touche trop diréétement leur intérêt, a mis à profit cette manière d’être locale, pour établir dans cette plaine des étangs; & l’on pourroit difficilement fe repréfenter jufqu’où cet abus a été porté : il y a peu de propriétaires qui n’en ait trois, quatre, & même beaucoup au-delà. . On peut preffentir, d’après ce que j’ai dit précédemment de ja pofition de cette plaine, la funefle füuite qui doit être une corféquence abfolue de ce genre de pro- priété. Peu de fituation en effet pouvoit être aufli défavantageule à cet érabliflement. Cette plaine, ainf que je ’ai dit plus haut , eft totalement entourée de montagnes aflez élevées ; la couche inférieure de l’atmofphère ne peut donc jamais y ctre renouvelée : l’entiée & Ja fortie de la Loire, qui la traverfe du midi au nord, en s’écartant très-peu de la chaîne des montagnes granitiques qui en bordent-la longueur à l’eft, ne peut lui préfenter aucune reflource à cetégard, y eñtrant par une forge très-étroite & tortueufe , & en fortant de même. La plus grande partie des étangs n’y étant nourris que par les eaux pluviales confervées fur une bafe argileufe , deviennent pendant l'été, par le defléchement de leurs bords, de véritables marais, dont les miafmes méphiriques, qui s’en exhalentalors habituellement, font encore augmentées par celles que fournit le rouiffage du chanvre , qui fe cultive en grande quantité dans cette plaine, & qu’on fait rouir dans ces mêmes étangs. Quelle maffe d'air méphitque ne doit donc pas fe dégager de toutes ces caufes , réunies à celles que la nature fournit elle-même en laïflant féjourner Les eaux que fourniflent les averfes d’été , dans les creux naturels que préfentent d'eux mêmes toutes efpèces de terreins, ce qui y produie néceffairement la décompoftion des corps organifés qui s’y rencontrent? Aufli les malheureux cultivateurs de cette plaire y font-iis alors la proie des fièvres inter- mittentes, qui fouvent deviennent putrides & malignes; & courbés fous le poids des travaux, partage de l’utile habitant des champs , mais que füit d'ordinaire une fanté robufle & un fommeil paifible , cette douce confolation lui eft refufées il ne rentre le plusfouvent chez lui exténué d'une fatigue que la foibleffe de fon corps épuifé ne peut fupporter , que pour y venir trembler dans fon lit l’accès d’une fièvre quarte. (M. Durand, Médecin à Montbrifon , que fon zèle aif & fon amour pour l'huma- nité rendent fur-tout reconimandable , obferve dans un Mémoire, à la main, donné à la Société Royale de Médecine , fur les maladies régnantes de la plaine du Forez, que l’état de ces pauvres gens eft fi malheureux, que fort fouvent ils fe refulent aux foins qu’on veut leur donner, n'eftimant pas aflez une yie paflée continuellement dans la langueur & les fouffrances , pour chercher à la prolonger. ) Lies vents régnans de plufieurs jours, qui en fatigaant fouvent les récoltes de leurs voifins les en dédommagent du moïns , par l'avantage de déplacer Pair & de le renouveller, ne peuvent même encore ici leur préfenter d’adouciflement ; ils en partagent l’inconvé- nient, mais leur aétion bienfaifante leur eff refufée : la couche inférieure de latmof= phère, cette couche infe&ée qu'ils refpirent, cède bien à leurs impulfions ; mais ne trouvant aucune iflue, elle va frapper les montagnes, & rejaillit fur elle-même : ils-ne peuvent avoir d’autre efpoir que de fe voir légèrement foulagés par un vent conflemment régnant , qui doit alors accumuler les caufes de maladie & de mort (ur la partie oppofée de la plaine, en dégageant un peu celle.qui la première lui eff expofée. Il réfulte néceffairement de-là que cette plaine fe dépeuple tous les jours, Craïinte & connue des colons qui lavoifinent, aucuns d’eux ne viennent s’y fixer : alimentée en conféquence par fes feuls habitans , qu’on ne peut fe diflimuler diminuer & 374 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, route de Saint-Rambert & l'autre dans la haute montagne du Chambon. Il n’exifte, dans ce moment, dans les environs de Saint-Etienne d’autres \? 1 =? Re 3 * tous les jours , elle fe dépeuple infenfiblement , & finira par être abfolument déferte, fi l'amour de l’humanité ne vient un jour étouffer celui delintérèt. Déjà le précurfeur de cetre affreufe dévaftation s’y fait remarquer par la divifion de cette plaine en grandes propriétés , fruit de l'abandon ‘des petits propriétaires , & en vafles fermes, cultivées par un nombre de perfonges fufffantes à peine pour la quatrième partie de cette étendue, & qui n’y fuffliroïent même pas fans le fecours deS étrangers. Dans le moment des travaux de la campagne, il £ fait une émigration d’auvergnats qui, fort heureufemet pour les propriétaires dé cette plaine, y arrivent en foule ; ce font eux qui récoltent le foin , qui moiflonnent , & qui en général , fous le nom de maraires, font prefque tous lestravaux de Ia campagne : qu'une circon(tance quelconque vienne arrèter-cette émigration , l’on verroit alors toutes les récoltes fécher fur pied. Com- bien à la fin de l’automne n’eft pas déchirant, pour l’ame fenfble, lafpet que préfentent ces malheureux habitans ! Leur vifage bième , leurs lèvres livides & décolorées, annonce leur état de fouffrance , qui efl encore mieux marqué par des obffruttiens, trifies reftes des maladies qu’ils ant éprouvées, & que dévoile un ventre énorme joint à la pâleur de leur vifage , & par leurs jambes fouventulcérées, für-tout dans certains cantons particuliers plus maltraités que les autres. Combien en parcourant cetie vañle plaine, qui pourroit être un grenier de richeffes abondantes & nourrir un peuple immen£e , n’efl-on pas douloureufement affligé d'y voir l’image de la dévaf= tation, des terres mal cultivées & point d’habitans ! 11 y a telles pofitions dans cette plaine, où jettant un coup-d'œil auiour de foi, fans le peu de verdure qui végète foiblement & annonce , du moins dans un tems de l’année , la préfence accidentelle des hommes, on { croiroit tranfporté dans un véritable défert. Mais quel feroit lobflacle à oppofer à cette cruelle dévaftation , qui n’eft déjà que trop fenfble & trop menaçanie pour l’avenir? En détrufre la caufe ; ce qui fe borne , je penfe, à deux moyens; 1°. affainir la plaine; 2°. rendre plus faciles [es communications avec les provinces ciréonvoifines. Quant au premier objet, on ne peut diflimuler que la plaine du Forez, par fa pofition, ne foit dans le cas de tous les cantons bas, & non ouverts, où l'air fe renouvelle difficilement ; & qu’elle ne préfentera jamais du côté de la falubrité tous les agrémens d’une plaine libre & bien ouverte; mais c’eft une raifon de plus pour diminuer du moins les caufes de cette infalubrité, qui, vu la grandeur de la plaine, deviendroit comme nulle, à raifon de ce qu’elle eft aujourd’hui, fi la cauf principale appertée par les étangs n’exiftoit plus. Il faudroit donc qu'on y renonçât à ce genre de propricté, dont l'intérêt, quel qu’il foit , eft bien loin de contrebalancer linconvénient ; & contre lequel l'humanité s'élève d’une manière fi puiflante, Je conçois qu'accoutumés à ce genre de fpéculations,, qui fait aujourd’hui, vu Ja mauvaile culture des fonds la plupart négligés, unesgrande partie de leurs revenus, les propriétaires s’éleveront contre cette renonciation , en objeétant d’autres moyens, que je ne crains pas d’aflurer-devoir être fans effet tant que cette première caufe exiftera. Qu'ils rentrent dans eux-mêmes un feul inftant, & faifant taire la voix forte & perfuafive de lintérét , qu'ils n’écoutent que le penchant de leurs cœurs , iln’en eft aucun, je füis sûr, qui ne préférant l'intérêt général au fien propre, & qui attendri, fur-tout, par l’idée & le fpeGacle de lPhumanité fouffrante, ne fit à l’inftant cette renonciation , qui, füt-elle même onéreufe à fes intérêts , trouveroit fon falaire dans l'intérieur même de fon ame. Mais il froit très-facile de leur prouver en outre , que Join d'y perdre du côté de l’intérêt, ils y gagneroient, L’air & la plaine devenus plus felubres , les habitans y jouiroient de plus d'énergie ; les colons voifins n’étant plus retenus , | | | | | | D ge D CN] SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 37s mines de charbons dans un état a@uel d'inflagration, que celle de la Ricamaïi, que j'ai citée page 24 & fuivantes de l'Effüz fur La lichologie ———— —————— par la craînte que leur infpiroir, avec de jufles raifons, fon infalubrité, viendroient s’y établir , les terres y feroient donc mieux cultivées , & cela avec d’autant plus d’aifance, qu’on pourroit alors fubdivifer les fermes trop grandes; lemplacement des étangs feroit rendu à l’agriculture ; & je fuis très-perfuadé que quelques années fufroient pour leur faire fentir la vérité de ce que j’avance à cet égard. Mais combien plus encore le cultivateur & le manouvrier n’y gagneroit-il pas ? I] jouiroit de lavantage, inappréciable pour lui, de refpirer un air plus falubre, & de jouir du moins de toutes les facultés qu'il a reçues de la nature : il verroit fes enfans croître autour de lui, & jouiffaut d’une fanté plus forte & plus aétive, pouvoir de bonne heure s’aflocier à fon travail , le lui diminuer , & adoucir par leurs foins & le fruit de leurs travaux récompenfés , leur vieilleffe qui alors fe prolongeroit. La plaine plus peuplée , les habitans verroient alors difparoître ce tribut annuel qu’ils font forcés à payer à des étrangers , & la répartition qui s’en feroit parmi eux augmenteroit alors d’autant leur aifance ; ils ne boiroient plus l’eau infeétée de leurs étangs, qui ne contribue pas peu à augmenter leurs maux, & ne profteroient de la vertu qu'a leur fol argileux de conferver les eaux pluviales, que pour avoir , chacun dans leur habitation, des citernes dont l’eau moins malfaifante ferviroit à leur boiffon, Mais après avoir jeté un coup-&’œil fur les moyens de délivrer les habitans de cette plaine de leur-fituation déplorable ; & d’en augmenter par-Jà la population , un objet, non moins eflentiel, {e préfente encore à l’efprit ; c'eft celui de les y retenir, en rendant leur fort aufi heureux que la pofñtion de leur fol ie permet: inutilement cultiveroient-ils une terre bonifiée par leurs foin$, & répondant à leurs travaux , ff le défaut de communication avec leurs voifins leur fermoit toute poffibilité d'exporter chez eux le fuperflu de leurs denrées. Cette plaine environnée par-tout de montagnes, qu’il faut franchir pour aller dans les provinces voifines, prélente déjà par-là une difficulté à yaincre : mais combien n’en préfente-t-elle pas en outre par l’état du peu de chemins qui y font ouverts , & qui étant établis fur un fol argileux , deviennent prefqu’impraticables dès que la faifon des pluies eftarrivée , ainfi que par uneïrivière, qui la traverfant dans toute fa longueur , dont elle fuit à-peu-pres un des côtés, a fouvent befoin d’être traver{ée, tant pour entrer que pour fortir de la plaine, ce qu’on ne peut toujours faire , foit à raifon des groffes eaux , foit à raifon des glaces, n’y ayant abfolument aucuns ponts de jetés fur elle : j'ajouterai même que les bacs, qui y font établis , font tous fort mauvais & même dangereux, & ne peuvent que faire fentir plus vivement encore l’inconyénient capital de ne point avoir un (eul pont fur une rivière aufli variable que left la Loire. Cette vañle & belle plaine une foisaffainie , & ayant des communications bien ouvertes & bien entretemues avec le - Lyonnois , l'Auvergne , le Languedoc, le Vivarais , &c. &c. changeroit 2bfclument de face , & ne le céderoïit à aucunes autres du côté de j’agrément & de l'intérêt, Montbrifon qui en eft la capitale , ainfi que de toute la province du Forez, & qui aujourd’hui fe trouve à l’extrémité d’une ligne, qu’il faut parcourir exprès & au-delà de laquelle on ne peut pénétrer , deviendroit le centre d’une nouvelle a@ivité , fur tout fi l’on dirigeoit par elle la grande route, projetée depuis [ong-tems , pour communiquer plus direftement du Languedoc avec une partie des provinces du royaume; & j'ofe dire que cet avantage, qui fortiroit cette ville de l’état d'inertie dans lequel elle eft plongée , eff bien dû à la capitale d’une province , dont les habitans font prefque à la tête de ceux qui fourniflent le plus par individus aux impoñitions du royaume , malgré l’état de misère & de fouffrance dont une partie 376. OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, : : des environs de Saint-Etienne ; en décrivant les phénomènes qu’elle - préfente aQuellement, ainfi que les effets qui font une fuite de l’action permanente & long-tems continuée du feu fur les pierres qui com- pofent fon fol. Il y a eu en effet autrefois une mine de charbon dans ce même état d'incandefcence, qui a laiffé des traces de fon exiftence depuis la bafe jufqu'au fommer d’un côteau, qui porte dans le pays le nom de Mont-Brunant, & eft fitué très-près de Saint-Etienne, fur l’ancienne route qui conduifoir à Sainc-Rambert, & à la gauche du nouveau chemin qui conduit à cette même ville; mais cette mine elt parfaitement éteinte aujourd'hui : il en eft de même d’une autre dont 41 exifte encore de pareilles traces d’une ancienne infagration, près du village de Terre- Noire, & que j'ai citée aufi dans cet Effai. Il n’exifte pas non plus de mine de charbon a@ueilement incandefcente dans la montagne du Chambon : la feule de ces mines qui, ainfi que je viens de le dire, foit encore en incandefcence dans les environs de Saint-Etienne, eft la KRicamari; mais comme elle eft fituée entre Saint-Etienne & le Cham- bon, cette polition, qui peut ne pas vous être préfente dans ce moment, vous aura, fans doute, induit en erreur, «. Vous ajoutez que l’on trouve dans les f&hifles qui accompagnent les mines de charbon de Saint-Etienne une grande quantité d'impreffions végétales , dont une partie efl des Indes orientales , fuivant M. Ber- nard de Jâffieu, & que j'at trouvé beaucoup de pechflein dans ces carrières, Îl eff très-vrai qu'une grande partie des empreintes que l'on trouve dans ces fchiltes & grès, qui ne tiennent point aux granits à la deftruction defquels ils doivent leur origine, & ont au contraire entreux & lui une ligne de démarcation bien marquée, appartiennent en plus grande partie à des plantes dont les analogues ne fe retrouvent plus dans notre climat, & font au contraire dans ce moment indigènes, ef la proie : par-là cette ville, très-bien habitée & dans une fituation trèsagréable, acquerroit cette énergie & cette émulation aétive que fait naître la communication , quelque nature de commerce pourroit s’y établir & la rendroit , à la fuite,des tems, lemule & peut-être même la rivale de celles qui lenvironnent, Cet objet me paroît bien digne de fixer les yeux de l’Adminifiration, elle qui porte aujourd’hui une attention fi a@tive {ur tout ce qui peut intéreffer le bien du commerce & de l’humes nité , dans les différentes provinces du royaume , étendra fans doute un jour à main bienfaifante fur un canton qui pourroit être alors confidéré , à jufte titre, comme le. grenier d’une partie de la France. Cette digreffion , quelqu’abrégée que j'aie cherché à la rendre, vous paroîtra peut-être bien longue & étrangère à l’Hifloire-Naturelle , qui fait le fond de ma Lettre ; mais outre qué ÿ y ai étéentraîné comme malgré moi , par les divers fentimens que cette étendue de deux cens millions de toifes quarrées malheureufes ont fouvent fait naître dans mon ame, rien nefl, {lon moi, moins étranger à l’étüde de la nature que les confidérations {hr les objets qui peuvent intérefler | humanité, foit L ON SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 377 foit aux Indes orientales , foit aux Indes occidentales : mais je crois ÿ Monfieur , qu'il eft impoflible d'admettre le fentiment du favant illuftre que vous citez à ce fujet : obfervation que j'ai déjà cru devoir faire, en en rapportant les raifons, dans l’Effüi fur La lithologie des environs de Saint-Etienne, p. 74, note 8. Quant au pechflein je n'en ai jamais rencontré dans les carrières de Saint-Etienne : je me ferai, fans doute, mal expliqué à cet égard, & vous aurai donné lieu par-là de commettre une erreur, qu'il eft im- portant de relever, parce que non-feulement cette fubftance n’exifte pas dans les mines de charbon de Saint-Etienne; mais je penfe au contraire qu'elle ne peut fe rencontrer accompagnant les mines de charbon , même celles dont l'origine eft ligneufe, que par un de ces événemens accidentels, qui doit être fort rare & dont je ne connois pas d'exemple. Vous pourrez voir, page 43 & fuivantes de l’Effai fur la lithologie des environs de Saint-Etienne, que mon intention a été de faire connoître que cette fubftance fe rencontroit dans deux roches faillantes & ifolées de pétrofilex , fituées au pied & à l’origine des montagnes granitiques, placées au nord de Saint-Etienne, & encore ai-je ajouté, note 22, page 86, que ce pechftein n'éroit pas parfait & renoit encore beaucoup du pétrofilex ; étant moins fragile que ne l’eft d'ordinaire le pechftein, & donnant encore par cette raifon des étincelles étant frappé, fans pré- caution, avec le briquet. J'ai obfervé en Forez, depuis cette époque, une autre roche de pétrofilex fituée au Ménard, & placée de même au pied des montagnes granitiques : ce pétrofilex eft mêlé d’une immenfe quantité de véritable pechftein , bien caractérifé & offrant de fort beaux morceaux , dont les couleurs font très-variées, Paffant enfuite, p.21 & fuivantes, aux couches de charbon de pierre ; fur lefquelles vous faites des obfervations très-intéreflantes & très-lumi- neufes, vous dites, Monfieur, p. 23, qu'il ne peut y avoir de doute Pour quiconque a vu les mines de charbon, qu'elles n'aient été dépo- Jées en méme-tems que les montagnes où elles [e trouvent, & vous ajoutez enfuite que les charbons n'ont pu étre formées de foréts en- fouies.…. Il m'eft infiniment agréable de voir votre manière de penfer venir à l'appui de ce que j'ai cru devoir avancer dans l'EfJai déjà cité ci-deflus, fur La lithologie des environs de Saint-Etienne. De toutes les vérités que l'obfervation de la nature nous a dévoilées , celle en effet qui indique que les fubftances qui ont pu par la fuite donner naif- fance aux mines de charbon, font contemporaines, dans l'endroit où elles fe trouvent , avec les couches de tranfport qui les recouvrent, eft, je crois, une de celle qui foit le mieux démontrée. Ilen eft de même quant à leur nature: ces mines font par couches régulières, elles ne font donc pas dues à des forêts enfouies, äinfi qu'on l’a cru long-tems ; elles feroient alors néceffairement par amas plus ou moins confidérables Tome XXX, Part, I, 1787, MAL, Bbb l 378 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, & irréguliers : elles ne font , lorfque leur origine appartient aux vépé- taux , que la fuite du tranfpore de ces mêmes végétaux fur le plan plus ou moins incliné d'un côteau déjà formé par dépôts dans le {ein des eaux, & recouverts enfuite par d’autres dépôts, fruit du détriment des montagnes voifines , & qui par leurs différens états de décompofirion ont donné naiflance, foic à des grès , foit à des fchiftes, & très-fouvent à l'un & à l'autre fucceflivement : elles ne font même pas toujours dues à des végétaux : mais fouvent à des animaux marins non-coquilliers, du genre des zocphites, accumulés & permanens fur ces mêmes côreaux fouterrains ; c’eft du moins un fait que m'ont paru démontrer évi- demment les mines de Saint-Etienne, à l’obfervateur qui les vifite, & que je defire avoir établi aufli clairement dans l'ouvrage cité ci-deflus, qu'il left dans mon efprit. Si cet enfemble au lieu d’être formé par des animaux marins fans coquilles, du genre des zoophites, l’avoit au con- traire été par des animaux coquilliers, dont le corps füt très-volumineux à raifon de la coquille & qui euffent été accumuülés en grande abon- dance; au lieu de donner naiflance à une mine de charbon, il auroic produit une mafle de pierre calcaire bitumineufe femblable à celle de Ragure en Sicile, avec laquelle les habitans du lieu fe chauffent, fe fervant enfuite de fes cendres en guife de chaux. On trouve quelquefois des mines de charbon à une très-grande hauteur , ainfi que vous le dites très-bien, Monfieur, & mème enclavées dans le granit; mais ces mines ont pour l'ordinaire bien peu d’étendue, néceflirent un refte de mon- tagne au-deflus d’elles , & ne doivent être confidérées alors que comme de légers dépôts de matières végétales apportées des parties fupérieures par quelques averfes, & dépofées enfuite dans quelque enfoncement ou fur quelque plateau propre à les recevoir, & recouvertes poftérieure- ment par d'autres averfes; ou, fi ce dépôt s’eft fait dans le fein des eaux qui convroient encore la terre à cette élévation, par les dépôts apportés de la partie fupérieure de la montagne : il y a quelques mines de ce genre, fituées à de très-grandes hauteurs dans les montagnes de Dauphiné , telles, par exemple, que celles des Chalanches & des Rouffes, J'ajouterai maintenant ici, Monfieur, à l’obfervation très-fondée que vous-faites, p. 18, des piertes calcaires qui reparoiffent de nouveau près de Roanne à V’ougy, après que l'on a traverfé la chaîne intermédiaire de montagnes granitiques, que ces pierres calcaires font'vraiment co- quillières, & préfentent, ainfi que celles de Monr-Renard, qui eft auprès, une grande quantité de géodes tapiflées par des criftaux de fpath calcaire muriatique, Ces géodes n'ont fourni une obfervation qui me paroît préfenter quelque intérêt : c’eft que, fur-tout à Mont-Renard, la couche intermédiaire entre le fpath calcaire & la roche eft formée par une couche plus ou moins épaifle , de manganèfe noire pulvérulente & quelquefois mamelonnée, Cette couche enveloppe abfolument la ; SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS, 379 géode , de forte qu'il paroïtroit que la pierre calcaire de cette roche , tenue en diflolution dans le fuide aqueux qui remplifloit précédemment la géode, s’y eft d’abord féparé de cette manganèle , qui alors s’eft pré- cipitée fur les parois de la géode ; & qu’enfuite l'évaporation ayant pro. duit la criftallifation de la pierre calcaire tenue en diffolution, les crif- taux de fpath calcaire fe font placés directement fur cette même man- ganèle , qui d’après cela doit les envelopper exactement, & former en effec la première enveloppe de la géode. Mais d'où peut provenir cette manganèfe , qui eft ici un véritable dépôt? Il n'y a dans ces roches d’autres fubitances que la pierre calcaire qui, ainfi que je viens de le dire, difloute dans le fluide qui remplifloit la géode, s'en eft enfuite féparée en fe criftallifant. Cette fubftance devoit donc ètre renfermée dans la pierre calcaire même; ce qui nous invite à jetter un cou» -d’œil fur fa nature, Cette pierre eft coquillière, & conferve des traces très- abondantes de cette claffle du règne animal; & lors-mêème que ces traces ne font pas fenfibles à la vue fimple, ellès le deviennent par le fecours de la loupe : fa couleur eft d'un jaune ocreux, à raifon de la grande quantité de fer à l'état de chaux qu’elle contient , & qui s’y dévoile très-aifément , & cuite au fimple feu de nos foyers, elle devient d’un rouge brun & fortement attirable au barreau aimanté, L’exiftence du fer y eft donc bien prouvée. Mais pourquoi ne trouve-t-on point, ou du moins infiniment peu de traces de ce même métal dans les roches com- pofées de cette pierre? Et pourquoi dans les géodes qu’on y rencontre, & dont les cavités ont été bien fenfiblement remplies autrefois par un fluide tenant la fubftance calcaire même de ces roches en diflolution , eft-ce conftamment de la manganèfe qui, féparée la première avant la criftallifation, en forme l'enveloppe & non de la mine de fer? La pre- mière réponfe qui fe préfentera à l’efprit du naturalifte obfervateur , qui, en défiance fur l’analyfe dont l’art , bien éloigné encore de cette ose plicité de moyens néceffaires pour parvenir aux fubftances fimples en- trant dans la compofition des corps, nous donne fouvent pour élémens de ces mêmes corps des fubftances qui n’y étoient nullement, & font le réfultat de fes opérations & de nouvelles modifications, n’admet que celles qui s'accordent avec les faits que lui préfente la nature : cette première réponfe ,'dis.je , ne fera-t-elle pas? Que cerre fubftance n'eft, fans doute, qu'une modification particulière du fer; modification qu'elle conferve même à l’état de régule : & à cet égard n’èn connoiflons-nous pas déjà plufeurs , tels que la gueufe, le fer forgé, le fer aigre, le fer doux, &c. &c. Enfuite lorfqu'il verra que dans les roches calcaires de Coufon, près de Lyon, dont la pierre calcaire coquillière fe préfente fous le même afpect , on retrouve quelquefois cette manganèfe placée également autour de quelques géodes calcaires criftallifées , & diffémi- née dans les fciflures étroites de la roche , où elle fe montre alors fous Tome XXX, Part, I, 1787. MAL Bbb 2 380 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, l'afpe de dendrites ; qu'on l'obferve de même, mais en infiniment moindre quantité , dans quelques pierres coquillières du Maconnois , de la Franche-Comté & de la Lorraine, colorées aufli en un jaune ocreux plus ou moins foncé ; ne fera-t-il pas dans le cas d’en canclure que certe modification du fer peut être due à l'acide de la pierre calcaire ; & que c'eft, fans doute, par la même raifon qu'on la rencontre en fi grande abondance dans les mines de fer fpathique ? M. Bergman, qui le premier a fait de cette fubftance un nouveau demi-métal, a fenti lui-même la poflibilité qu’elle ne fût en effec qu'une modification particulière du fer ; ce qui a arrêté fa décifion à cet égard , ainfi qu’on peut le voir dans le fecond volume de /es Opufcules phyfiques & chimiques , traduëtion françoife de M. de Morveau , pag. 265$ & fuiv. La fyderite ne jouifloit- elle pas de l'honneur de former un nouveau demi-métal , lorfque M. Meyer de Sterin le premier, & enfuite MM. de Morveau & Sage ont enfin reconnu que ce n’étoit qu'une modification du fer par l'acide phofphorique ? L'homme avide de connoiflances , & fouvent plus jaloux d'en augmenter la mafle, que de les perfectionner, jaloux fur-tout de nouvelles découvertes fur lefquelles il puifle appofer le fceau de la propriété, ne fe prefle-t-il pas bien fouvent de décorer du nom de nouvelles, des fubftances qui pourroient bien n'être que des modifications particulières des anciennes ! Et parmi cette foule de nouveaux demi-méraux qui font venus tout-à-coup groflir du double la lifte de ceux déjàconnus, plufeurs ne font-ils pas dans le cas d'être regardés comme enfans de cette précipitation. Il er eft, je penfe, dans les métaux comme dans les pierres, où la même fubftance , mais modifiée différemment , donne ce différens réfultats , fe tenant tous cependant par un air de famille ; telles font , par exemple, les différentes modifications du quartz , qui produifene le quartz gras, le jafpe , lacalcédoine, la fardoine, l'opale ; la cornaline, fe petro-filex , le pechftein & le filex. = Comme c’eft fur-tout la mine de fer fpathique qui a donné lieu à M. Berpman , ainfi qu'à M. de la Peiroufe, d’obferver la manganèfe, dont ces deux favans ont fait un demi-métal particulier, je vais jeter un coup-d'œil fur cette fubftance. : Je regarde avec MM. de Romé de Lifle & Sage la mine de fer fpathique comme étant due à une efpèce de cémentation du fpath calcaire primitif ou d’Iflande, occafonnée par la décompofrion des pyrites, qui fe rencontrent toujours abondamment dans les mines de fer fpathique , ou du moins laiflent des traces bien fenfibles de leur ancienne exiftence. Cette origine eft fenfiblement annoncée, 1°. parla forme de Ja mine de fer fpathique, qui , lorfqu'elle eft criftallifée , ce qui fe montre très-fouvent, par exemple, dans les mines de fer d'Allevard & de Vizilles en Dauphiné , eft abfolument le rhombe du fpath calcaire pri- mitif, l'identité des angles étant parfaite; 2°, par les parties de fpath calcaire 1 | | Se: SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS, 381 que les- différentes efpèces de mine de fer fpathique confervent toujours en plus ou moins grande quantité, & qui dans quelques-1ines l’emportent même fur les parties martiales. Plufieurs Auteurs ayant dit que lès mines de fer fpathique ne renfermoient point de fpath calcaire, & d'autres ayant afluré le contraire, j'ai eflayé, moi-même , avec l’acide nitreux plus d'une cinquantaine de morceaux de ces mines; en les pulvérifant groflière- ment & les laiflant en digeftion, à froid:, dans cet acide, plufieurs ont fait effervefcence dans l'inftant même ; une plus grande quantité quelques momens après : & beaucoup m'ont forcé d'attendre un demi- quart: d'heure ,un quart-d'heure, & même une demi-heure avant d'appercevoir _ aucune effervefcence ; mais elle devient enfuite très-fenfible, par les bulles plus ou moins multipliées qui s'élèvent dans l'acide, qui au bout de plu- fieurs jours fe colore en un brun rougeätre très-foncé. J'ai effayé des mines de fer fpathique d'Allevard , de Vizilles , de Baigori, de Sainte- Marie, de Styrie & de Carinthie, toutes m'ont fait voir cette même manière de fe comporter Les mines de fer fpathique de Vizilles pré- fentent même à cer égard une graduation très-intéreffante. On rencontre fouvent dans ces mines des mafles d'une texture abfolument pareille à celle de la mine de fer fpathique, mais d'un blanc mat parfaitement analogue à celui du fpath calcaire, & offrant des cavités dans lefquelles cette même fubftance eft criftallifée en rhombes ifolés fouvent affez con- fidérables , qui font ceux du fpath d'Iflande , & dont l’afped préfente le blanc perlé du fpath qui porte le nom de fpath perlé : ces morceaux, que nous verrons plus bas être de véritables mines de fer, fe diflolvent en entier, mais cependant: très-lentement , & l'acide nitreux refte par- fairement diaphane , fe colorant feulement en un jaune orangé très-foncé, ce qui eft un double rappoîït avec le fpath perlé, Vient enfuite une autre variété qui a une couleur moins blanche, fait une effervefcence aflez confidérable dès l’inftanc qu’elle eft mile dans l’acide, maisne s’y diflout pas en entier; & de variété en variété, jai vu cette ation diminuer progreflivement d'intenfité, jufqu'à en trouver, ainfi que je l'ai dit plus haut , qui demandoïent une demi-heure de digeftion avant de dévoiler fes parties calcaires, par des bulles qui s'échappent à plus ou moins de difance dans l’acide; mais aufli ai-je vu cet effet continuer quelquefois beaucoup au-delà de vingt-quatre heures. Les mines de fer fpathique fe décompofent lorfqu’elles font expofées à l'air pendant un certain tems, & même dans le fein de la terre, elles bruniffent plus ou moins ; à proportion du degré de leur décompofition , deviennent plus légères, & l’on‘n’y remarque plus le tiflu lamelieux du fpath calcaire, qu'elles préfentoient auparavant. Entre le premier degré de décompofition , qui eft celui où la mine de fer {pathique fe colore & devient:même fouvent chatoyante , & le dernier , où elle eft devenue par- faitement brune & friable, il y a une infinité de nuances intermédiaires, -382 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE; qui annoncent que cette décompofition fe fait graduellement, Parmi mes fuites de mine de fer fpathique, j'en ai une très-intéreflente de ces différens degrés de dé DEAR ; & qui prouve d'une manière incon- teftable qu'elles .dérivent toutes précédemment de la mine de fer fpa= thique d'un bleu grisâtre & compaéte. Nous venons de voir que les mines de fer fpathique compactes renferment encore plus ou moins de parties calcaires : les premiers degrés de décompofition de ces mines font dans le même cas; mais enfuite ces parties calcaires diminuent en proportion de l’intenfité de leur décompofition , de manière que lorfque cette mine eft devenue d'un brun foncé , légère & friable , elle n'en montre plus aucune trace; c’eft ce que M. de La Peiroufe, dans fon excellent Traité des Mines de Fer du Comté de Foix , pag: 341, avoit déjà parfaitement bien obfervé. Mais la conféquence naturelle qu’on eft dans le cas d'en tirer, n’eft-elle pas, que lé fpath calcaire confervé dans la mine de fer fpathique , fe décompofe en même-tems qu'elle , & fuivant les mêmes proportions. Il perd donc fon acide : or, c’eft lui, je penfe, qui dans le commencement de cette déeompofition entraînant avec lui des parties martiales , s’unit à elles, & s’arrêtant à la furface des morceaux delicette mine, ou dans leurs différentes cavités; y produit ces mafles noires, fpongieufes & pulvérulentes que M. de Romé de Lifle avoit nommées , dans fa Defcription méthodique d'une Colleëtion de Minéraux, pag. 142, fleurs de fer ; dénomination qui rendoit, ce me femble, aflez bien leur nature , & à laquelle je fuis très-perfuadé qu’on reviendra un jour : c'eft aufi cet acide qui entraînant fur fes aîles dans fon opération des parties martiales , avec lefquelles il fe combine, forme ces jolies dendrites que l’on remarque quelquefois fur ces mêmes morceaux de mine de fer fpa- thique, par une opération abfolument femblable à celle que Part opère fur la partie extérieure d’un morceau de mine d’argent vitreufe ; expofée au feu fur le bord de la mouffle d’un fourneau d’effai , le phlogiftique en s’évaporant entraîne fur fes aïîles des parties infenfibles: d'argent , & les dépofant les unes fur les autres à la fortie du morceau , forme de beaux filets capillaires d'argent natif; c’eft encore de la même manière que fe forme cette belle ramification , fi connue & fi célèbre autrefois fous le nom d'arbre de Diane. Par une décompofition plus avancée de la mine de fer fpathique , cette fubflance perdant de nouveau cet acide, fe décom- pole & ne laiffe plus que fa bafe , qui étant une véritable chaux de fer ne fe fait plus remarquer dans ces morceaux ; fans cela comment cette prétendue manganèfe, qui a paru dans les premiers degrés de la mine de fer fpathique , pourroit-elle difparoître lorfque la décompofition devient plus complette ? ( M. de la Peiroufe, Traité fur les Mines de Fer & les Forges du Comté de Foix, pag. 342 & 343.) Je conçois très-bien qu’elle peut dans ce cas perdre fon minéralifateur , foit pour en prendre un autre, foit pour refter à l’état de chaux ; mais dans ces deux cas, fi L SUR L'HIST, NATURELLE ET LES ARTS. 383 c'étoit une fubftance parfaitement différente du fer , on devroit du moins y retrouver ou une nouvelle modification, où du moins la terre métallique qui lui fervoit de bale (1). J'ai parlé plus haut d'une fubftance qui fe préfente fouvent dans Les mines de fer de Vizilles, en mafle d’un afpect lamelleux femblable à celui de la mine de fer fpathique, & d’un blanc mat, & fe montre dans les cavités de ces morceaux en criftaux quelquefois très-diaphanes, offrant le coup-d'œil du fpath perlé (2): & ai dit que quoiqu’elle fe diflolvat en entier dans l'acide nitreux, fans en troubler en rien la tranfparence , & fans laïfler aucun réfidu indiffoluble , c'écoit une véri- (1) M. de Sauflure, dans fon intéreflant Voyage dans les Alpes, vol, 2 , pags-147 & fuiv. cite une obfervation qu’il a faite fur la pierre calcaire de Baffavai , près du hameau de Brer à Chamouni , avec laquelle on fait dans ce canton l’efpèce de chaux qui eft connue fous le nom de chaux maigre; d’après ce que MM. Bergman & de Morveau avoient dit que la pierre calcaire de Léna , paroifle d'Upland en Suéde, devoit cette propriété à la manganèfe qu’elle contenoit. Cette pierre calcaire de Baffavai eft d'un gris obfcur veiné de noir & de fpath calcaire blanc. Ses effais lui ont appris que ce font ces veines feules qui doivent contenir de la manganèfe : & il ajoute en note qu’en examinant avec un nouveau foin des échantillons de cette pierre, il en a trouvé dont le fond gris étoit parfemé de petites raches noires , & que ce fond tacheté avoit de même la propriété de colorer le nitre en verd. Ne pourroit-on pas, d’après le même principe, penfer que ces taches font de même dues à un dégagement lent & gradué de l’acide de la pierre calcaire , dans quelques-unes de fes parties , & par fuite une combinaïfon de quelques parties martiales avec cet acide ? ce que la cheleur de Ia calcination, bien éloignée de cette aëtion lente & graduée de la nature, que nous ne pouvons imiter avec nos foibles moyens , ne peut opérer dans le refte de la pierre. (2) La füubftance connue & défignée fous le nom de fpath perlé , me paroit n’être qu'un fpath calcaire primitif plus ou moins pénetré par Le fer, ou une des premières opérations de la nature pour faire pañler le fpath calcaire à l’état de mine de fer fpathique., M. Sage eft le premier qui en ait déterminé parfaitement la nature dans fa favente Analyfe chimique des trois Règnes, pag. 43, vol. 2. J'ajoutérai à ce qu’en dit cet Auteur célèbre, que fa criftallifation eft abfolument la même que celle du fpath calcaire d'Iflande : ce qui avoit déjà été apperçu par M. de Rome de Life, qui ajoute même à raifon de cela qu’il eft à penfer gw’il ne diffère du Jpath calcaire criflal d’Iflande que par des circonffances accidentelles » (Criflallog. vol. 1, pag. 618.) Mais elle a une tendance à devenir indéterminée, par le contournement que prennent fouvent fes angles , ce qui peut quelquefois tromper fur leur mefure. Sa pefanteur fpécifique differe en outre très-peu, d'après M. Briflon, de celle du fpath calcaire , & cette différence ef fans doute occafionnée par la chaux de fer qui y eft renfermée. Expofé à l’a&tion du feu, il n’y a aucune variété qui ne fe colore en un brun foncé , & ne devienne alors attirable au barreau aimanté : il y a même des variétés , telle qu’une qui exifte dans les mines de plomb de Sainr-Julien-Mol:n- Molerte en Forez , qui font très-riches en fer. Mis dans l’acide nitreux, le fpath perlé y fait une effervefcence plus ou moins prompte , & s’y diflout en entier en plus ou moins de tems, en donnant à l'acide nitreux une couleur jaune foncée : c'eft du moins ce que m'a montré du fpath perlé de Dauphiné, de Baigori, de Sainte-Marie , de Saxe , de Bohême, &ç. &c. &c, * 384 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, table mine de fer. Elle préfente un phénomène intéreffant par la facilité qu’on a à la faire pañler à un état parfaitement identique, pour lafpect extérieur, avec la mine de fer fpathique, dont elle differe toujours cependant par la quantité bien plus confidérable de parties calcaires qu'elle renferme. Qu’on en place un morceau dans un feu de foyer fimple , mais a@if, il prend d’abord une couleur brune légère, & devient légèrement attirable au barreau aimanté ; il devient enfuite d’un brun foncé , & fortement attirable au barreau aimanté; & par une chaleur plus long-tems continuée il perd petit-à-petit cette couleur, pour en prendre une grisâtre abfolument analogue à celle de la mine de fer fpathique, & perd en outre la propriété qu’il avoit prife d’être attirableau barreau aimanté, Dans ce dernier état il fe diflout dans l'acide. nitreux avec une effervefcence beaucoup plus forte qu'avant qu’il eût fubi l'action du feu, & y laifle un réfidu, non diffoluble, aflez confidérable. Ne pourroit-on pas dire de même ici que cette couleur brune, qui eft regardée comme appartenant à la manganèe y a été en effet occafionnée par la modification du fer due à l'acide du fpath calcaire, qui évaporé en partie par l'aétion du feu & s'étant uni avec des parties martiales lui a donné naïiflance , mais que décompofée enfuite elle-même par une nou- velle ation du feu , elle n’a plus laiflé que fa bafe de chaux martiale. Je vais joindre aufli ici, Monfieur, quelques réflexions fur le /pat# adamantin ; fur lequel vous êtes le premier qui nous ayez donné des détails qui puflent nous le faire connoître. Je ne puis m'empêcher de le regarder comme appartenant au genre de l'éméraude, -& fa criftalli- fation eft une forte induction qui met dans le cas de le préfumer : je dis fimplement une ézduétion, parce que le prifme hexaèdre droit pou- vant dériver de plufeurs formes primitives différentes , il ne peut feul décider, lorfque l’on ne connoît pas d’autres formes , ou qu’on ne con- noît pas aflez la fubflance pour favoir fi, comme par exemple dans Péméraude, c’eft la feule qu'elle prend, les autres n'en étant que des dérivations. Ne pourroit-on pas penfer qu’il en eft de ce fpath adamantin à l'éméraude, comme de l'hyacinthe du Hartzà l’hyacinthe ; du grès criftallifé de la forêt de Fontainebleau , au fpath calcaire muriatique; du quartz en crêtes de coq de Pañi au quartz, &c. &c. ? Er que de même que l’hyacinthe blanche du Hartz diffère de l’hyacinthe par du fpath calcaire qui s'y rencontre, non comme combiné, mais feulement comme interpofé; le grès criftallifé de Fontainebleau, du fpath calcaire muriatique, par des grains de fable quartzeux interpofés dans les criftaux de fpath, & enfin le quartz en crêres de coq ou en rofes de Pafi, du quartz, par de la marne, où la fubftance calcaire domine de beaucoup, interpolée dans les criftaux lenticulaires, & par conféquent indéterminés du quartz (x) : (1) La terre calcaire marneufe me paroït faire plus qu’incrufter le quartz en crêtes » le L l SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 385 le fpath adamantin pourroit bien n'être qu’une émeraude , dans laquelle il fe trouve de même du fpath pefant interpofé, J'ai parmi les éméraudes du Forez des criftaux qui me paroïflent bien fenfiblement contenir de la même manière du feld-fparh; & comme dans les pierres que je viens de nommer, la fubftance interpolée me paroît avoir été en divifion dans un Auide qui tenoic en diflolurion celle qui pouvant feule alors criftal- lifer , a dérerminé la forme du compofé; de même aulli ici la fubftance propre à former l’émeraude ayant été la feule en diflolution auroit dé- terminé la figure du fpath adamantin. Sa dureté , ainfi que fa pefanteur fpécifique femblent venir à l'appui de cette manière de le confidérer. Plus dur en effet que le fpath pefant, mais moins que l’émeraude , il a de même une pefanteur fpécifique intermédiaire entre celle du fpath pefant qui eft de 44,40 & celle de l'émeraude qui eft de 27,55 , puifque la fienne eft de 38,73. On auroit dû nous dire parmi quelles fubftances il fe rencontre, & quelles font celles qui lui fervent de gangue : je ne ferois pas étonné que ce füt en effet le fpath pefant. Comme vous fen- tez, Monfieur, ceci n’eft qu'un apperçu que je foumets à l'œil éclairé de l’obfervateur , en l’engageant feulement à le diriger fur ce point de vue : M. Pelletier & vous, êtes plus que perfonne dans le cas de décider fur cette fubftance, que je ne puis autrement obferver ne l'ayant pas encore en ma puiflance (1). de coq de Paflÿ ; d’abord il ef beaucoup moins dur que le quartz pur, il ne donne pas, étant frappé avec le briquet, des étincelles aufli vives & aufli nombreules que lui; il y a même tels morceaux où ces étincelles font affez rares : en fecond lieu, après en avoir mis de petits fragmens dans l’acide nitreux & ne les en avoir retirés qu'après que toute efpèce d’effervefcence quelconque fût abfolument paflée , & même depuis quelque tems, je les ai pilés & remis enfuite dans l’acide ; la terre calcaire marneufe qui s’y eff dévoilée de nouveau , par une effervefcence qui a troublé l’acide, annonçe qu’il y a dans ce quartz plus qu’une incruftation de cette terre. (x) Je vous ai beaucoup d'obligations des renfeignemens que vous me donnez fur l'état a@tuel de votre pays... Je puis. vous affurer que lorfque j’y paffai, il y a plufeurs années , il fortoit une vapeur bitumineufe & brûlante du pied d’un rocher fur la route de Saint-Rambert à Saint-Etienne , ce qui y annonçoit combuftion. . , Quant à Ja Ricamari, il fe peut qu’on m’ait trompé fur les noms....La pierre à chaux trouvée dans la plaine de Montbrifon m’avoit fait croire que c’étoit une plaine calcaire contenant beaucoup d’argile, . . . J'ai dit fimplement que M. d’Arceau avoit trouvé de l’émeraude en Bourgogne...,En difant que la Loire quitte les montagnes au-deflus de Saint-Rambert, c’eft bien dire que c’eft-là l'origine de la plaine de Montbrifon.... Le fpath adamantin paroït fe trouver dans les granits; car Ja plupart des morceaux qui font à Paris font encore adhérens au granit. On trouve même dans quelques-uns de ces fpaths des parties micacées, La plupart font noi- râtres , attirables à l'aimant , & laïflent pafler la commotion éieétrique, comme l’a remarqué M. l'Abbé Haüy, Il y a cependant de ces fpaths purs qui ne font point poirs, & ceux-ci ne font ni attirables ni ne laïffent pafler la commotien. Leur gouleur eft d’un gris argentin. J’avois d’abord penfé comme vous, Monfeur , que Tome XXX , Part. IT, 1787. MAL, TO 386 OBSERFATIONS SUR LA PHYSIQUE, Je terminerai ces obfervations , Monfieur, par un fait ayant trait à la Criftallographie & qui fera peut-être lu avec quelque intérêt par les naturaliftes qui fe livrent à cette fcience nouvelle, qui par les lumières & les reflources qu’elle porte dans l'étude de la minéralogie, doit aflurer à jamais à fon illuftre inventeur notre reconnoiflance. Parmi les différentes fubftances que nous défignons fous le nom général de fchorl, & qui toutes me paroiffent être des variétés parti- culières , dues à différentes modifications d’une même fubftance, que je nommerai fubftance fchorlique, par lincermède de diverfes autres fubftan- ces qui viennent fe joindre à elle (1), il en eft une qui s’écarte fur-tout cette fubftance n’étoit qu’une variété de l’'émeraude. . .. Cependant comme d’autres caraëtères paroïfloient l’en éloigner, jai mieux aimé en faire un genre à part, jufqu’à ce que de nouveaux morceaux puiflent ajouter à nos connoïflances. ...Sa dureté n’eft pas confidérable ; cat on peut la rayer avec la pointe d’un canif.... Pour éclaircir votre foupçon fi ce fpath contient de la terre pefante , j'en ai pulvé- rifé & l’ai mêlé avec la pouflière du charbon. Chauffé dans un creufet recouvert, il n’a donné ni foufre ni odeur fulfureufe , comme on l’a ayec le fpath. J'y ai verfé de l’acide marin & filtré, l'acide vitriolique n’y a occafñonné aucun précipité... Vous pourrez retrouver peut-être ce {path dans vos granits.. .. Extrait de La reponfe de M. de la Métherie a M. de Bournon. (x) C’eft ce mélange de différentes füubftances avec une füubflance particulière , à laquelle je donne le nom de fubflance fchorlique , qui forme, felon moi, les diverfes variétés que nous obfervons parmi des pierres dont nous connoiflons encore trop peu la véritable nature, & que nous défignons en conféquence fous la dénomination générale de fchorl. Tel eft le fchorl noir prifmatique des granits, les tourmalines & péridots ; le fchorl violet lenticulaire du Dauphiné & des Pyrénées ; le fchorl oâaëdre xhomboïdal des volcans ; quelques autres variétés particulières encore aux volcans , & peut-être même la fubftance connue fous le nom d’hyacinthe volcanique , ou d’hyacinthe de la Somma ; le fchorl oétaëdre rectangulaire d'Efpagne & de Vaujany en Dauphiné ; le fchorl vert prifmatique ; le fchorl blanc décaëedre ; le fchorl blanc en fegmens prifmatiques rhomboïdaux , particulier encore en Europe, à la montagne du Mont-de-Lan en Dauphiné ; un fchorl capillaire jaune doré qui fe trouve dans cette même montagne , ainfi que dans celle de Roche - pourrie , & fe montre fouvent dans l’intérieur des criflaux de roche , dans lefquels il fait un fort joli effet ; un autre refflemblant par fa finefle & par fa couleur à des cheveux châtains , qui fe trouve dans Ja montagne d'Huez en Dauphiné, & fe montre fouvent , de même que le précédent, dans des criftaux de roche; le fchorl fibreux blanc & vert de Corfe, connu quelque tems fous le nom de fchorl Rozieri ; la horn-blende noïre & verte, cetté dernière beaucoup plus tendre que la première; le fhorl argileux maclé des fables de Rohan en Bretapne; & enfin les différentes variétés de fchorls argileux qu’on rencontre dans les roches granitiques fecondaires. Toutes ces différentes variétés font trop diftinétes les unes des autres, tant par leur forme que par leur nature, pour appartenir à une fimple & même fubflance : tout annonce ici la combinaifon de fübffances étrangères réunies à elles ; & les différentes variétés de forme ne pouvant être rapportées fous des rapports parfaitement exa@s à la même, indiquent que cette füubflance étrangère n’eft pas feulement interpolée, mais en outre combinée dans plufeurs ; ce qui néceffairement de-lors doit en faire varier la forme. Peut - être un jour pourrai-je entrer dans plus de détails à l'égard de cette fubfance fingulière . SUR L'HIST. N'ATUREILE ET LES ARTS. 387 des autres, qui tiennent toutes plus où moins à la forme rhomboïdale, c'eft le fchorl octaëdre rectangulaire, Ce fchorl étoit encore parfairement inconnu, lorfqu'en 1783 M. de Romé de Lifle cita d'après moi, Crif?. L. 2, p. 406, un feul criftal de cette forme que je poffédois alors & Le venoit des montagnes de Dauphiné. Depuis cette époque le fieur Launoi, marchand naturalifte, en ayant rapporté d’Efpagne plufieurs fort jolis morceaux, dans lefquels les criftaux de ce fchorl étoient grouppés fur des criftaux de roche; & une petite poche découverte à Vaujany près d'Ailemond dans les montagnes de l'Oifan en Dauphiné en ayant fourni quelques autres morceaux , il eft devenu moins rare, mais cependant fans être encore fort commun. La couleur de ces crif- taux eft la même que celle de la tourmaline, c'eft-à-dire, un jaune brun plus ou moins foncé, qui donne à ce fchorl un afpeét noir & ne paroît que Lorfqu’on l'expofe entre l'œil & la umière, Celui que j’avois rencontré précédemment, & qui a joui pendant quelque tems de l’a- vantage d’être unique, eft d’an bleu indico , fa forme eft un oétaëdre rectangulaire fort alongé; mais trop petit & engagé en partie dans fa gangue. Il ne me fut pas pofñible alors d’en mefurer les angles : ce qu'ayant cependant pu faire par la fuite fur quelques aflez beaux criftaux de celui de Vaujany, j'ai trouvé 40 degrés pour la mefure de l'angle folide du fommet pris fur le milieu des faces oppofées, & conféquemment 53° 42 pour celui pris fur les arètes, & 140° pour celui formé par la rencontre des deux bafes. Au commencement de l’année dernière, M. Schreiber minéralogifte très-inftruit, & directeur des mines de Monfieur en Dauphiné, me manda que parmi les morceaux renfermant du’ fchorl oétaëdre, qu’on exploitoit à Vaujany , on venoit de lui en apporter ua dont les octaëdres étoient fort différens de ceux que cette fubftance nous avoit montrés jufqu’alors, étant beaucoup plus furbaiflés. Comme l'oc« taëdre eft un des folides fimples ‘de la nature, & par conféquent une des formes primitives de la Criftallographie, il paroïfloit en devoir ré- fulter néceflairement deux formes primitives pour cette fubftance, ce qui ne pouvoit être, & ce que les règles invariables de la Criftallographie rejettoient, L'un de ces octaëdres ne pouvoit donc être qu'une modifi- cation de l'autre : ce que j’effayai de déterminer fans avoir vu le criftal dont il étoit queftion. J'imaginai en conféquence que l’octaëdre fecon- daire pouvoit être la fuite de lames progreflivement décroiffanres, pofées en recouvrement les unes fur les autres , fur les faces de l’octaëdre primi- tif, qui feroit alors l’octaëdre alongé ainfi que le repréfente la f29. 6, PL, L; & intéreflante , qui fixe depuis long-tems mon attention , & dont je pofsède des fuites nombreufes ; maïs il en eft d’elle comme de prefque toutes les fubftances du règne minéral. Plus on les étudie & plus on apperçoit fon infufiifance , & le peu de données que nous ayons encore pour marcher à elles d’un pas afluré, Tome XXX, Part, I, 1787, MAIL. Ccc2 388 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, fur une des pyramides À GFIH, formant la moitié fupérieure de cet octaëdre, Suppofons qu'il s'accumule en effet des lames progreflives décroiflantes {ur les faces de ce même otaëdre dont À G FI H repré- fente la pyramide fupérieure, il en réfulteroit néceffairement un nouvel oétaëdre dont A BC D E (fg. 7 )feroit la pyramide fupérieure : les faces de ce nouvel octaëdre remplaceroient les arètes de l'octaëdre primitif , & la bafe feroit formée par un quarré, dans lequel feroit infcrit celui qui fervoit de bafe à ce même octaëdre primitif. L'angle folide du fom- met pris fur les faces de ce nouvel octaëdre, feroit donc'égal à celui pris fur les arètes de l'octaëdre primitif, & feroit donc de ÿ3° 42/: & conféquemment celui formé par la rencontre des bafes, qui en eft le fupplément , feroit de 126° 18’. Quant à celui pris fur les arètes, pour le trouver , foic tirée (f£g. 8 ) par le milieu des deux côtés oppofés de la bafe la ligne HF, & foit aufli abaiflée la hauteur AO. L'angle HA F étant , ainfi que je viens de le dire, de 53° 42’, celui OAF, qui en eft la moitié, fera de 26° $ÿ1/. Soit en outre fuppofé le côté du quarré qui fert de bafe à l’octaëdre égal à 12, O F fera égal à 6. Le triangle AOF étant reétangle me donnera $. O AF— 26° 51/:OF—6::R: AF qui fera par conféquent égal à 13,3. Le triangle AF C me_ donnera en outre AF+HFC— 19,3: AF—FC:7,3:: T. moitié de la fomme des deux angles FAC & FCA:T. de leur demi- différence ; ajoutant donc cette demi - différence qui eft de 20° 43" à leur demi- fomme qui eft de 45°, j'aurai 65° 43" pour la valeur du plus grand F C A de ces deux angles. Le triangle A FC étant rectangle, j'aurai S, FC À — 65° 43/: AF—13,3:: R.: AC, ce qui me donnera par conféquent pour la valeur d'AC, arète du nouvel octaëdre , 14,6. Soit maintenant tirée la diagonale DB ; le triangle D'CB étant redangle me donnera DB: —DC:+BC:—2DC:—288 & DB— J/288: — 17 & par conféquent OB= 8,5. Enfin, létriangle À O B étant reangle me donnera AB— 14,6: R.::OB=8,5:$S. AOB, ce qui me donnera 35° 36’ pour la valeur de cet angle, qui éft la moitié de celui D AB pris fur les arètes du nouvel oftaëdre; cet angle fera par conféquent de 71° 12! Si ma manière de confidérer ce nouvel oétaëdre du fchorl de Vaujany écoit jufte, il en devoit donç néceflairement réfulter que cet octaëdre éroit fecondaire, & devoit avoir 53° 42" pour l’angle folide du fommec pris fur les faces, 71° 12’ pour celui pris fur les arètes & 126° 18° pour celui pris far la réunion des deux bafes : ce qui s’eft trouvé de la plus grande exacti- tude, lorfque je Pai vérifié par moi-même par la fuite , M. Schreiber ayant eu l'honnêteté de m'envoyer le morceau qui renfermoit ce nouvel octaëdre, Cependant l’exadte vérité, qui doit toujours conduire par la main Pobfervateur de la nature, n'oblige de rapporter ici un fait que préfentent habituellement ces criftaux tant primitifs que fecondaires, & qui fembleroic ; | | | | F SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. . 389 détruire l'explication que je viens de donner. Toutes les faces triangulaires de ces octaëdres font {triées par des ftries parallèles à la bafe, & la cor- refpondance bien marquée qui exifte entr'elles dans routes les faces adjacentes de ces mêines octaëdres , annonce d'une manière bien fenfible qu'ils font formés par des lames quarrées progreflivement décroiflantes , pofées en recouvrement les unes fur les autres (f22.9 ). Or, l’octaëdre fecondaire ayant confervé ces mêmes ftries tranfverfales, feroit donc formé de même par lafuperpolition de lames quarrées; tandis que s'il s’étoic formé fuivant f4fmanière avec laquelle je viens de le fuppofer, les ftries devroient être au contraire perpendiculaires à la bafe. Mais de quelque manière que l’on confidère la formation de cet oétaëdre fecondire, foit d’après ma fuppofition précédente, foie produite par des lames quarrées progreflivement décroiflantes, le furbaiflement qu'il préfente ne vient que de ce que, avec une hauteur égale à celle qu'avoit l'odtaëdre primi- tif, la bafe devient plus grande, & dans la même proportion toutes les lames quarrées fuperpofées fur elle & formant les deux pyramides. Or, l'accroiffement que peuvent prendre ces lames doit être fixé par les loix de la cr'ftallifation , qui font encore bien loin de nous être toutes connues; car fans cela cet oétaëdre varieroit à l'infini, ce que je n’ai nullement apperçu: parmi la grande quantité de ces criftaux qui m’ont pailé par les mains, ces deux octaëdres font les feules différences que jy ai remarquées. D'après le calcul rapporté précédemment & l’exactitude parfaite dont fon réfultat a été fuivi dans la- mefure des angles de ce nouvel octaëdre , feroit-ce trop hafarder que de dire que fans doute cette loi de la nature impofée à la criftallifarion de cet octaëdre fecondaire 4 a déterminé l’aggrandiflement de ces lames quarrées, à ce qu'il feroit d’après la fuppoltion de laquelle je fuis parti, parce qu'en effet cet accroifflement pourroit aufli fe faire de cette manière? Ce n’eit pas la feule fois que je me fuis trouvé dans le cas de décider à quelle fubitance lichologique pouvoit appartenit un criftal bien pro- noncé & fimple , fans l'avoir vu , & quoiqu'il eût l'air de préfenter au premier afpeét une contradiction avec les principes folides & invariables de la criftallographie; mais j'ai cru devoir citer cet exemple fait pour infpirer de la confiance aux Naturaliftes qui fe livrent à cette fcience, & des garantir de l’impreflion défavorable que peuvent faire fur eux les forties journalières de nombre de favans, dont les décifions refpectables d’ailleurs, me paroiffent bien promptes à l'égard d’une fcience qui ne fait que de naître, & qui demande une étude particulière pour être bien connue, Je ne crains pas d'avancer qu’elle fera mife un jour à la tête des découvertes qui ont le plus illuftré ce fiècle, : J'ai l'honneur d'être, &c. Poff-feripe, Cette Lettre, dont l'envoi a été retardé par quelques 390 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, courfes d'Hifloire-Naturelle, étoit écrite depuis quelque tems lorfque le Journal de Phyfique du mois de mars m'eft parvenu. J'y ai lu l'extrait d’un Mémoire fait par M. l'Abbé Haïüy, & lu à l'Académie des Sciences de Paris, fur Le fpath adamantin fur lequel j'ai établi , dans le cours de cette Lettre, quelques foupçons en forme de queftions, que je ne puis réfoudre moi-même ne poflédant point encore cette nouvelle fubftance. Je vois toutefois dans ce Mémoire de nouvelles raifons qui me portent toujours à penfer, que le fpath adamantin pourroit Die n'être qu'une variété particulière de l’émeraude , d’après la manière foüs laquelle je l’ai envifagé dans ma Lettre. Les troncatures triangulaires qui fe rencontrent aux angles folides de ce criftal, fe rencontrent de même dans l'émeraude , & ce qui eft plus remarquable encore fous le même rapport, pour la mefure des angles avec le prifme. : Par le clivage dont s’eft fervi M. l'Abbé Haüy pour parvenir au noyau de ce criftal , il en réfulce qu'il a trouvé que c’étoit exactement le rhom- boïde du vitriol martial: ce feroit donc là la forme la plus fimple que peut prendre le fpath adamantin, ou fon criftal primitif. Je ne puis m’empècher d'obferver , Monfieur , en rendant la plus grande juftice aux connoiffances étendues de M, l'Abbé Haüy, & partageant avec tous les Naturaliftes la reconnoiffance qu'ils lui doivent pour le travail difficultueux qu'il a entrepris, afin de jeter quelque jour fur une des opérations les plus intéreflantes de la nature; je ne puis m'empêcher d'obferver, dis-je , que je crains que cette méthode, quoique très-ingénieufe , de juger par le clivage de la forme primitive d’une fubftance, ne foit dans le cas de jetter très-fouvent dans l'erreur. Par exemple , ici d’après l'identité de forme on feroit dans le cas d’en conclure l'identité de fubftances; c’eft, je crois, pouvoir avancer d’après l’obfervation , faite fur une immenfité de criftaux , qu'une des premières loix de la criftallifation eft la différence conftante des angles pour les fubftances lithologiques différentes, & leur identité parfaite dans celles qui font de la même nature ; & cela dans tous les criftaux fimples dont les angles peuvent varier, autres par con- féquent que le cube , l’octaëdre inverfe du cube, c'eft-à-dire, l’octaëdre aluminiforme ou régulier , & le tétraëdre régulier : encore ne favons-nous pas fi la nature n’a pas mis dans ces formes fimples des nuances, trop fines pour être faifies par nos yeux, encore trop peu exercés, & qu'il eft peut-être réfervé à nos neveux d’obferver. Or, il eft queftion ici de la figure primitive . dont les angles font Les plus variables , tel que le rhomboïde, Je ne nierai point qu'il ne foit poflible que la forme primitive du fpath adamantin puifle être un rhomboïde, comme celle du fpath calcaire prifmatique hexaëdre l’eft en effet, & comme peur très-bien l'être l'émeraude , dont nous ne connoiflons pas encore le criftal primitif. Mais cette fubftance, n'étant certainement pas un vitriol martial, ne peut avoir pour figure primitive un rhomboïde , qui foit exactement celui du vitriol martial. Si PATES NS SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS, 391 cela étoir, plus de règles dans la Criftallosraphie, les criftaux ne feroient que le fruit de la rencontre fortuite de molécules criftallines, qui s’aflem- bleroient fous un afpect plutôt que fous un autre. Or, combien feroit facile à démontrer & à détruire la faufleté de cette objection, qui ne pourroit être faire que par quelqu'un qui auroit bien peu fuivi cette opération, par laquelle la nature en refufant au règne minéral toute efpèce de fenfibilité, femble du moins lui avoir fait partager avec les deux autres règnes la propriété d’être figuré. RECHERCHE SUR LA PIERRE DE GANGUE ROUGE, APPELÉE FELD -SPATH ;, DE KAPNIK EN TRANSYLVANIE : Par M. DE RUPPREICT , Confeiller Impérial des Mines, Inflituteur de Chimie & de Minéralogie à Schemnitz en baffe-Hongrie, adref]ées à M. DE Born, Confeiller Aulique ; Traduites par M. DE FONTALLARD. Vo LANT acquérir une connoiflance exacte du feld-fpath rougeûtre, qui s’exploite à Kapnik , & dont on n’a pas jufqu'aujourd'hui déterminé Ja nature , j'en ai entrepris la décompoftion chimique , & j'ai trouvé que les parties conftituantes principales de cette fubftance confiftoient en terre filiceufe, en terre de manganèfe phlogiftiquée, en fer, & en une très-petite portion de terre alumineufe , les pyrites qui y font difléminées, ainfi que les pointes de mine d'argent blanche, ne s’y rencontrant qu'acci- dentellement , & n’étant point des parties homogènes de cette gangue, Cette pierre devient brune-noire au feu du grillage ; le verre de borax la diflout promptement au chalumeau , & avec une violente effervefcence, & fuivant la proportion refpective , donne au verre tantôt une couleur cramoifie , & tantôt une couleur violette ; les fédimens même du verre deviennent violets par l'addition de cette efpece de roche. Ce feld-fpath digéré avec l'acide marin, décanté enfuite , & l'opération répétée jufqu'à ce que le réfidu foit décoloré, cette leflive donne une diflolution , dont les parties ferrugineufes étant précipitées avec l'alkali déphlogiftiqué, puis féparées , les parties de la terre de manganèfe peuvent être précipirées en blanc , ou même en blanc-rougeâtre du reftant de la diffolurion. Si donc on expofe au feu , ou même à l'action plus lente de l'air libre, ce préci- pité compofé de terre de manganèfe phlogiftiquée, pour le priver du phlogiftique qui colore en blanc la terre de manganèle, cette terre LE “ 392 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE; reparoît encore avec une couleur brune, & foit qu'elle foit blanche ou brune, elle communique aux verres une couleur cramoifie, ou violette plus ou moins faturée , fuivant la quantité qu'on leur en ajoute, La meilleure méthode pour féparer la portion hétérogène de terre alumineufe , par Ja digeftion avec l’acide vitriolique, c’eft ce faire rougir le réfidu , après en avoir Ôté tout l'acide fuperfu , afin d'expulfer l'acide de la combinaifon du fer & dès parties terreufes de la manganèfe, & de ne confervet dans la * diflolution du réfidu leffivé que la terre alumineufe , qui fe précipite aufi ] avec les alkalis cauftiques. Ces expériences m'ayant réuffi, je ferois d’avis de mettre cette efpèce de roche, ou dans la claffe des quartz fecs avec de la manganèle & pénétrés de terre ferrugineufe, ou même dans celle des jafpes fins. La pierre de gangue de Nagyag, de couleur blanche- rougeâtre, me paroït être de la même nature; mais je m'abitiens de prononcer fur cet objet, jufqu'à ce que je l'aie examinée plus particu= 1ièrement. . A Schemnitz, le 20 Août 1782. luttes CR REA EE GE O7 EP EEE ON MÉMOIRE DU MÈME AUTEUR; Sur la Pierre de Gangue rougeûtre de Kaprik , & fur d'autres Jujets de Mineéralogie, Ja la fatisfaction de vous envoyer de la terre de manganèfe féparée de la pierre de gangue blanche-rougeâtre de Kapnik , en attendant que j'en aie fait une autre plus blanche, car elle a toujours un œil rougeâtre, Cependant la moindre chaleur change fur le champ fa couleur : elle colore les verres qu'on lui ajoute, ainfi que fes propres diflolutions, à proportion des différens degrés de faturation qui opèrent les divers changemens des couleurs. Le mélange de compofé métallique remar- quable de Nagyag , fuivant les expériences que j'ai faites jufqu’à préfent; mais que le manque de mine ne me permet pas de répéter, confifte en grande partie en or, argent, fer, plomb, bifmuth ; cuivre & fort peu d'antimoine; ce demi-métal n'ayant donné que quatre grains de beurre d’antimoine fur un gros, fans même avoir manifefté le moindre indice de foufre ou d’arfenic qui auroit dû fe découvrir par la voie sèche ou par la yoie humide, Il y a très-peu de tems que M. Boefnger, Directeur du Tribunal des Mines de la province de Liptau, qui aflifta à l’ouverture d’un travail ; m'envoya SUR L'HIST. NATURELLE ETLES ARTS. 393 m’envoya différentes efpèces de pierres; mais celles qui me font le plus de plaifir font, le granit tiré des monts Krapacs les plus élevés , quelques efpèces de porphyres , une carniole formée dans la chaux & le quartz, & une autre pierre aflez femblable à la lave, mêlée de veines rouges de jafpe. A Schemnitz , le 2 décembre 1782. —— EME TRE DE ME P ROUES T,, AN CDLE LA MÉTHERIE": 3 Sur LE BoRAx, &c, Monsieur, Les Indes occidentales ont auffi leur borax. La découverte en eft faite ; cC’eft à M. Antoine Carrère, Médecin établi au Porof, qu'on la doit. M. le Profeffeur Ortega m'a fait l'honneur de me communiquer la Lettre que ce Docteur lui écrit. Elle eft datée du 16 juin 1786. Comme elle eft en efpagnol , voici Le pañfage qui nous apprend cette nouvelle. « Jai aufli découvert plufieurs mines de tincan ou borax , matière fi » importante dans la fonte & l’effai des mines. Les mines de Viquintipa, > celles qu'on trouve dans les environs d'Efcapa nous offrent ce fel en ? abondance. Je me fuis rendu fur ces lieux pour m'en aflurer & le » reconnoître par moi-même, Les gens du pays le font fervir dans la » fonte des mines de cuivre affez nombreufes dans ces parages. Ils » l'emploient tel qu'il fort de la terre, & l'appellent vulgairement = quemafon » (1). : Dans la même Lettre, M. Carrère nous confirme les immenfités de falpêtre qu'on trouve fur les côtes de la mer du fud , dans l'audience de Lima. Là, dit-il, on découvre un terrein de plus de fix lieues d’étendue , que Les eaux du ciel n’arrofent jamais, & qui produit ce fel en fi grande abondance , que tous les vaiffeaux qui fréquentent ces mers pourroient le recueillir annuellement, fans craindre d’en voir jamais tarir la fource. Il ajoute que ce falpêtre eft en général mêlé de fel marin. Le zèle de M. Carrère nous fait efpérer des détails plus circonftanciés fur ce borax & les divers ufages auxquels les Indiens ont imaginé de l'appliquer dans ED ET PS (1) De quemar brûler , matière propre à brüler. Tome XXX, Part, I, 1787. MAI, D dd 324 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, les rems antérieurs fur-tout. Les fels natifs, fupérieurs en activité aux autres fubftances minérales, ont aufli manifefté plutôt les fervices que les hommes pouvoient en attendre ; de-là l'emploi quelconque que les peuples les plus fauvages en ont toujours fait dans les diverfes contrées de la terre. Il feroit donc aufli curieux qu'utile à l'Hiftoire-Naturelle , que lattention de M. Carrère fe portat fur cette variété fans nombre de matières falines défignées fi fréquemment dans les écrivains efpagnols de l'Amérique méridionale, | Dans un voyage que nous venons de faire pour reconnoître les mines de plomb de l’'Andaloufie, M, Angulo, aujourd'hui Direéteur-général des mines, & moi, par les ordres de S. E. Dom Pedro de Levena, Miniltre de la Guerre & des Finances, nous avons trouvé la mine de plomb verte minéralifée par l'acide arfenical ; celle enfin qui juftifie cetre opinion courante parmi les Minéralogiftes du commencement de ce fiècle, que les mines de plomb vertes étoient arfenicales, Voilà fans doute le genre qui aura fixé l’aflentiment général fur ces mines. La mine de plomb verte phofphorique fe préfente autant qu’il m’en fouvient, toujours en prifmes hexaëdres, fragiles, d'un verd affez conftant. Elle fond, criftallife & refufe d’exhaler fon acide au chalumeau. Notre mine arfenicale au contraire, ne s’offre qu'en petites males grenues, grappées , moins fragiles, jamais d'un volume aufñli confidérable, toujours fur & dans le quartz ou le feld-fpath, ayant fouvenr un noyau de galène rongée & qui paroît évidemment avoir fourni la bafe de cette combi- naifon naturelle. Pour la couleur, elle defcend par nuances du verd-pré foncé au jaune de la cire dont elle a même la demi-tranfparence & toujours le reflet graiffeux. Aucune combinaifon arfenicale dans ces mines de laquelle on puifle déduire l'intervention de cet acide minéralifateur , & quoique les chaux de cuivre & de fer fe trouvent çà & là parmi les plombs verds, nous n’en avons point trouvé qui partageaffent cet acide avec le plomb. Au chalumeau , le plomb vert arfenical rouoit avant de fondre , & ne perd pastoute fa couleur par le refroidiffement; il coule & plus tard & plus difficilement que la mine phofphorique , il refte ainfi fondu fans s’altérer & ne criftallife point. Pour le décompofer il faut le chauffer à blanc, La chaux de plomb & l'acide arfenical ne tardent pas à reprendre le principe inflammable , tandis que l'air pur de cet acide manifefte fa liberté par l’effervefcence qui accompagne cette double réduction. Nous avons auffi trouvé le vitriol de plomb tantôt en criftaux plantés dans le centre des galènes cariées, tantôt encroûré fur leur furface : Pinfpection d’un certain nombre de morceaux donne bien à connoître que ce vitriol eft fecondaire, & formé du débris des galènes, La tranfition de ces dernières à étar de mine terreufe méphitifée, eft auffi décidée qu’elle eft fréquente dans les mines de l’Andaloufie, SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS, 39s Si nous n’ayons pas trouvé ce vitriol aufli abondant que le plomb arfenical , le travail des mines le produit au-delà de ce qu’on voudroits La mine courante eft une galène à plans ondulés qu’on calcine & fond au réverbère, L'efpèce de fcorie qui vient à encroûter l'aire des fourneaux & qu'on eft obligé de détacher aflez fouvent, eft un pur vitriol de plomb, Ces torrens de fumée blanche que la calcination élève & que le froid précipite en farine dans les cheminées , en eft encore. Celle qui part des fourneaux caftillans, ( fourneaux à manche dans leur origine ) eft pareille- ment ce vitriol: formés des mêmes principes, les vitriols de plomb naturel & artificiel les annoncent par les mêmes phénomènes, Du moment qu'on les rougit au chalumeau, ils paroiffent imbibés d’une lumière légèrement verte qui ne revient plus. Pour les boutons qu'on a fondus une fois , ils reftent blancs & ne criftallifent pas. Si on les rougie à blanc fur le charbon, Pacide vitriolique s'élève en gaz fulfureux , l'air pur s'échappe en bouillonnant & le plomb eft en liberté. En revenant fur les mines vertes, voilà deux genres aufli marqués que faciles à diftinguer, & puifqu'elles ont un même métal pour bale commune, on peut dire que leurs minéralifateurs font entr'eux comme les différences extérieures de ces mines. Voilà des rapports. . . , Cependant que nous apprennent-ils de la nature de ces minéralifateurs ?. . . Rien. . . tant il eft vrai qu'en Chimie on ne devinera pas plus Les principes par les formes , qu’en morale on ne parviendra à expliquer le cœur humain par l'étude des phyfionomies, Les eflais que nous fommes chargés de faire fur ces efpèces & fur d’autres, nous mettront à même de vous adrefler des détails fur les proportions de leurs élémens ; pareillement fur une fcorie légère, noire & fufble qui furnage toujours le plomb des fourneaux cafillans, & qui nous a bien l'air d'être ce qu’on appelle farurnite. On trouve fréquemment une mine de plomb antimoniale que fa fingulière propriété de décrépiter, de s'alkoolifer même en vapeurs imperceptibles a fait rejeter des fonderies, Les mines de plomb antimoniales tiennent fouvent de l'argent : c’eft ce que nous n'avons pas encore décidé pour celle-ci. Comme je ne me fuis pas encore propofé de vous donner un apperçu fur les corps nouveaux que la minéralogie de l'Efpagne peut offrir à l'Hiftoire-Naturelle, je ne vous dirai rien de plus dans ce moment, Voici un acide de plus dans le règne végétal : nous promenant un jour, M. Angulo & moi, dans un champ de pois'chiches, ( Ccer aridinum, Linn. Garban/o en efpagnol ) alors parvenus à ce degré de maturité où on peut les manger verds, nous trouvâmes la tige, les feuilles & les gouffes humectées d’une rofée véficulaire attachée aux poils de la plante : une acidité forte qui ne le cède pas à ce qu'on appelle dans les pharmacies efprit de vitriol, nous furprit dans cette rofée ; pour l'odeur elle tire affez fur l'acide des fourmis : cette rofée conftante pendant la faifon de fa maturité eft plus abondante avant & après le lever du foleil: fon Tome XXX, Par I, 1787. MAL Ddd 2 396 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, acidité eft aflez active pour corroder rapidement le cuir des foulierss c'eft ce que nous aflurèrent les gens du canton (Linarès en Andaloufie}. La plante lavée & pilée ne donne ni faveur ni trace d'acide; il paroît de-là qu'elle expulfe par la tranfpiration une humeur capable de s'unir à l'air déphlogiftiqué ce principe commun à tous les acides. Nous avons été forcés de remettre à une autre faifon le foin d’en fixer les caractères. Informez-vous néanmoins, Monfeur, fi les pois chiches qu'on cultive, je crois, dans les environs de Touloufe préfentent ces particularités. DE L'ACTION DES EAUX DE LA MER SUR L'ARGENT. Si le lit fur lequel repofent les eaux de l’océan devient un jour terre habitable, fi la preflion de l'air doit fuccéder à celle des mers, comme tous les phénomènes géologiques femblent le promettre, les hommes qui fouleront alors ce continent nouveau parviendront fans doute à retrouver ces immenfes tréfors que la voracité des mers ne cefle d’engloutir depuis que le nouveau monde eft fréquenté de l’ancien. L'événement du naufrage que le vaiffeau le Saint-Pierre-d’Alcantara a fait fur les côres de Portugal vient de nous mettre à portée de prédire la métamorphofe fous laquelle l'argent fe montrera dans les tems à venir. L’acide marin, ce premier élément de la falure des mers, dérogeant à l'attraction qui le fixe à fa bafe aura changé ce métal en mine d'argent cornée. Le court efpace de rems écoulé depuis le moment du naufrage à celui où on a pu retirer les efpèces monnoyées a fufh pour en attaquer la furface à un quart de ligne de pro- fondeur. Ces pièces font forties de la mer recouvertes d'une couche noire ui s’en fépare en écailles que j’ai reconnues pour de l'argent corné. La bienveillance du Monarque n’a point voulu que cette perte de poids tombat fur fes fujers ,en conféquence il a été ordonné que ces efpèces ne fortiroient point du royaume : comme ces écailles d'argent corné ont dû tomber au premier frottement des pièces, il fera aifé d’en prévenir la perte dans des circonftances pareilles. Les Hôtels des monnoîies avertis que l’argent corné peut être rétabli fans perte, réclameroient fans doute ces débris pour les reltituer à l'état d'argent pur par les procédés que la plupart des ouvrages de Chimie indiquent. L'or n'avoit fouffert aucune altération. Je fuis, &c. Madrid , ce 4 avril 1787 A2 IN SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 397 LHENE"TEÈRGE DE M. LE LTÉÈWVR'E* Ingénieur des Mines de. France, A M DE LA MÉTHERLE, Sur LA CHRYSOLITE DES VOLCANS. NES renen La chryfolite des volcans citée par MM. Sage & Faujas comme fe rencontrant en aflez grande quantité dans les bafaltes, émbarraffe beaucoup les Naturaliftes pour établir {a véritable origine. Quelques-uns la regardent comme étant de la nature de la pierre gemme connue fous le nom de chryfolite, & que l’on avoit long-rems confondue avec les ropazes mêlées de verd, jufqu’à ce que M. de Romé de Lifle, à quiles Naturaliftes doivent à jufte vitre de la reconnoiflance, nous air appris à la diftinguer par fa criftallifation & fa gravité fpécifique. D'autres, au contraire , confidérant la manière dont elle eft difpofée dans les laves, c’eft-à-dire , compofée d’un affemblage de grains fablonneux plus ou moins fins, rahoteux, irréguliers, quelquefois en efpèce de croûte ou de petites écailles graveleufes , mais le plus fouvent en fragmens anguleux qui s'engrènent les uns dans les autres, croient que cette fubftance eft d’une nature particulière , ils font d’autant mieux fondés à penfer ainfi, que l’on n'a pas jufqu’à préfent rencontré certe efpèce de pierre dans les roches intattes qui accompagnent les montagnes volcaniques. ; Dans le voyage des Pyrénées que je viens de faire avec M. de Laumont, Infpecteur Général des mines de France , nous avons rencontré une efpèce de pierre ollaire d’un jaune tirant un peu fur le verd , entre-mêlée de parties calcaires , & d'une fubftance en grains d'un verd d'émeraude, tranfparente , mais plus dure que le refte de la roche; de forte que lorfqu’elle vient à fe décompofer à l'air, la fubftance verte eft en relief à la furface & difpofée en noyaux. Cette difpoñtion m'a fait croire que l’origine des chryfolites des volcans pourroit être attribuée à cette roche qui lorfqu’elle eft chauffée à un feu de forge pendant une demi-heure , acquiert une dureté corfidé- rable au point de couper très-facilement le verre ; elle conferve fa couleur & ne fe fond pas; celle au contraire qui contient plus de parties calcaires, éprouve une altération plus marquée. Comme cette roche accompagne les pierres de corne , fi un feu vient à s'établir par un moyen quelconque dans un terrein formé de ces deux \ 398 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, genres de pierres ; la roche de corne fe fond , enveloppe cette efpèce de ierre ollaire, & voilà les chryfolites des volcans dans la lave. Le célèbre M. de Sauflure, dans fon premier volume du Voyage des Alpes , dit bien que la pierre ollaire acquiert au feu une très-grande dureté, & qu'il lui paroît que ce font les roches de corne qui ont fourni la plupart des laves noires, compactes & bien fondues que les volcans nous préfentent. Dans l’analyfe que M. de Laumont & moi avons commencée des différentes fubftances que nous avons rapportées des Pyrénées, nous nous propofons de faire les expériences néceflaires pour conftater fi ma conjedure eft vraie ou faufle. Si quelques Naturaliftes defirent connoître certe pierre, ils pourront la voir dans la fuite de diverfes productions des Pyrénées que nous avons dépofées au Cabinet de l'Ecole Royale des Mines, Je fuis, &c. + 2 NOUVELLES LITTÉRAIRES. M. HERSCHEL, à qui l’Aftronomie doit déjà tant, vient de faire la découverte de trois volcans dans la lune. Le premier , qui brüle actuellement, jette des vapeurs & des laves en grande abondance; les deux autres femblent, ou être nouvellement éreints ou prêts à faire éruption; il décrit le premier comme un point lumineux d’une couleur rougeâtre, & comme reflemblant beaucoup à un charbon ardent qu'on voit dans un endroit obfcur, quand il a été rouge affez long-tems pour fe couvrir d’une légère couche de cendre , femblable à une efflo- refcence. Ce volcan eft fitué près du bord feptentrional de la lune, & dans une partie de fon difque qui, à l’époque de l'obfervation , n’étoit pas éclairée; il a eftimé fon diamètre de trois milles ou ä-peu-près, paroiffant plus grand que le troifième fatellice de jupiter de plus du double, Sa lumière étoic aflez confidérable pour éclairer les montagnes ou les éminences des environs. Les deux autres volcans fe trouvent plus dans l'intérieur du difque , & reffemblent à certaines nébuleufes,. M. Herfchel fit pour la première fois ces obfervations le 19 du mois d'avril, & les confirma le 20, où le premier ou le principal volcan lui parut brüler avec plus de vivacité que la nuit précédente, & quoique dans [a dernière lunaïfon il eût examiné la lune avec la plus grande attention , il n’a rien remarqué de femblable. Le télefcope qu'il a employé dans ces obfervations n’avoit que dix pieds de foyer. Dominique Caflini avoit déjà apperçu un efpace lumineux fur le difque SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 399 de la lune. Dom Ulloa vit une lumière affez brillante auprès d’un de fes bords pour lui faire croire que la lune avoit une échancrure, L’obfer- vation du célèbre Aftronome dont nous annonçons la découverte, explique celles de Caflini & de Dom Ulloa, MÉMOIRE fur les avantages que la Province de Languedoc peut retirer de Jes Grains, confidérés fous leurs différens rapports avec l'Agriculture le Commerce, la Meünerie & La Boulangerie ; par M. PARMENTIER , avec le Mémoire Jur la nouvelle manière de conftruire les Moulins à farine, pour conduire cet Art & celui de la Meünerie à leur perfe&tion, couronné par l'Académie Royale des Sciences dans fa féance de novembre 178$ ; par M. DRANSY, Ingé- aieur du Roi, avec figures gravées d'apres fes deffius. On y a joint un Manuel fur la manière de traiter les Grains & d'en faire du Pain. À Paris, de l’Imprimerie des Etats de Languedoc , fous la direction de P.F. Didot jeune, quai des. Auguftins , 1787, 1 vol. ë7-4°. Prix, 10liv. 4 f. broché. Les titres de ces Mémoires en indiquent aflez l'utilité, T4 BULLE Des ARTICLES CONTENUS DANS CE CAHIER. Ex TRAIT d’un Mémoire fur la flruéture des Criflaux de Schorl , lu à l'Académie des Sciences, le 30 mars 1787; par M. l'Abbé Haüy , page 321 Suite du fecond Mémoire de M. SENESIER , fur les moyens de per- feëtionner la Météorologie , 328 Suite des nouvelles Recherches de M. MoNNET,, /zr la nature du Spath vitreux , nommé improprement Spath fufible, &c. 341 Suite des Obfervations faites à Laon fur deux Bouffoles de variation, & une Bouffole de déclinaifon, année 1786; par le P. CoTTE, Prétre de l'Oratoire | Correfpondant de l’Académie Royale des Sciences, Membre de la Société Royale de Médecine , de | Académie Royale des Belles-Lettres , Sciences & Arts de Bordeaux , de la Société Royale d’Agriculture de Laon, de la Socièté Eleétorale Météorologique Palatine établie à Manheim , 349 Lettre de M. le Baron DE DIETRICH, à M, DE LA MÉTHERIE, /ur la Manganèfe, 351 à ss F LA 400 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, &« Leitre de M. l Abbé P**, Grand Archidiacre, & Membre de plufieurss Académies, à M. DE LA MÉTHERIE, fur La Marchant, 352 Mémoire fur la Criftallifation des fubflances métalliques & du Bifmuth en particulier ; par M. l Abbé Poucet , 355 Effai de comparaifon entre les mouvemens des Animaux & ceux des Plantes : & Déferiprion d'une efpèce de Sainfoïn, dont les feuilles font dans un mouvement continuel : lu le 31 août 178$ à l'Aca- démie des Sciences de Paris ; par M. BROUSSONET , 359 Note envoyée par M. DE ROM DE Lisce, à M. DE LA MÉTHERE, relativement à la figure primitive des Rubis, Saphirs & Topazes d'Orient, 368 Lettre de M. DE BoURNoN , Lieutenant de MM. les Maréchaux de France au Département de Grenoble, de la Société Royale Parriotique- & Académique de Valence, à M. DE LA MÉTHERIE , fur différens objets de Minéralogie, 370 Recherches fur la Pièrre de Gangue rouge, appelée Feld-fpath, de Kapnik en Tranfilvanie ; par M. DE RUPPREICT , Confeiller Impérial des, Mines, Inflituteur de Chimie & de Minéralogie à Schemnitz en bafje Hongrie, adref[ées à M. DE BoRN, Confeiller Aulique, traduites par M. DE FONTALLARD , 391 Mémoire du même Auteur, fur la Pierre de Gangue rougeârre dè Kapnik,& fur d'autres fujets de Minéralogie , traduit par M, DE FONTALLARD , 392 Lettre de M. PRoUST, à M. DE LA MËTHERIE, fur le Borax, &c. 393 Lettre de M. Le LiÈVRE , Ingénieur des Mines de France, à M, DE LA MÉTHERIE , fur la Chryfolite des Volcans, 397 Nouvelles Lirteraires , 398 AP PÉR 0 "BAT T'ON Jai lu , par ordre de Monfeigneur le Garde des Sceaux, un Ouvrage qui a pour titre: Obfervarions fur la Phyfique, fur l'Hifloire Naturelle & fur Les Arts, Ëc. par MM. Rozier, MoNcez Lejeune & pe zA Meruerie , &c. La Colle&ion de faits importans qu’il offre périodiquement à fes Le£teurs, mérite l'attention des Sas re ; en conféquence , j’eflime qu’on peut en permettre l’impreffion. A Paris, ce 18 ai 1787 VALMONT DE BOMARE, fig,2 , Æig.9: + Zig.8, IA Rd gertrnterinen co : , '+ Hé: T4 Es! HE PuZTS déaintll t Gé mne hé mme 7 7 TE TU À bi E LÉRE SR VE HAT) PE LIT ST LS ri pt: LE J 87. 41] BARRE MER [E À a Se OBS ER VIA TI O NS Sur la difpofition des Pierres de parement des Maçonneries baignées par des maffes d'eaux quelconques , & plus particulièrement de celles qui font expofées a la mer ; Par M. C. D. L. Lieutenant-Colonel du Corps Royal du Génie. Ls maçonneries dont il s’agit font tellement importantes & par Jeurs objets & par leurs dépenfes, qu'on ne. fauroit apporter trop de foins, de vigilance & d'économie dans Jeur conftruétion, comme dans leur entretien. On n'entend point par économie , cet efprit qui , fans ; autre confidération , fait qu'on préfere les moyens peu coûteux ; mais la fage & prévoyante a leree de ceux dont une difcufion éclairée par la théorie & par l'expérience aura déterminé le choix, & qu'une attention foutenue dirigera vers le but , qui eft la plus grande folidité. De fréquentes occafions de faire réparer des maçonneries de l'efpèce énoncée , ont donné lieu d’obferver & de fuivre les progrès des dégrada- tions qu’elles éprouvent à la mer , d'en rechercher les caufes, & de propofer des moyens de les prévenir , du moins en partie. Les attaques des maflés d’eau contre les maçonneries , commencent par les joints du parement , comme la partie foible & la première en butte aux attaques. Lorfque l'eau n'agit que par le conta& & la prefion , fon attaque eft lente & fourde & même fans danger , fi les joints font d’un bon ciment, fans vuide, fentes , ni gerçures, & fur-tout encore ñ l'air n’ajoute pas fon æ ation alternative à celle de l’eau , c'eft-à-dire, fi elle couvre habituelle- ment la maçonnerie. L'attaque eft plus dangereufe, quand ces deux élémens en partagent les efforts, quand , tour-à-tour, ils preflent , s’attachent, qu'ils defsèchent, rongent, divifent, pénètrent & diflipent les mortiers, & que l'eau s’intro- duifant dans l’intérieur de la maçonnerie, fert de véhicule à des matières qui en prennent la place & deviennent l'inftrument de fa deftruétion. Une troifième efpèce d'attaque eft celle de l’eau courante , laquelle , au moyen Tome XXX, Part. I, 1787. JUIN. Eee 402 : OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, du Aux & du reflux , a lieu fur les côtes de l'Océan, comme fur les rivières, & dans laquelle la vicefle pouflant la mafle, {e joint à la prefion pour rompre les joints, détremper & enlever les mortiers , ébranler & emporter da corps de la maçonnerie, ce qu’elle eft parvenue à en détacher. Une quatrième efpèce, eft celle que produit une agitation violente dans les eaux, & dans laquelle la vague fuccédant à l’aétion fourde & lente de l'air & de l'eau, vient frapper comme un bélier, le corps de la maçonnerie. L'effec le plus important comme le plus redoutable, de ces différentes attaques, parce que la dettruction en eft la fuite, fi on n'y apporte un prompt remède, c'eft la rupture des joints ,. mais fur-rout des joints horifontaux, C'eft par leurs ouvertures que l’eau pénètre dans l'intérieur de la maconnerie, amollit , détrempe les mortiers , les divife & les difipe , & leur fubftitue des matières, foit vafe, foit fable, qui fe logent entre le corps du moëlon & la queue de la pierre de parement, s'y accumulent ,. s’y entaflent par la prefion de l'air & de l'eau, y exercent la. force du coin & chaflent la pierre en dehors. Cette force qui chafle la pierre eft aidée par la fphéricité des matières vafeufes & fabloneufes que l'eau a: dépofees fur la bafe où elle fe meut, de même qu'un levier appliqué à mouvoir un fardeau eft aidé dans fon effort par les rouleaux fur lefquels il porte. Les pierres de parement une fois déplacées , leur chûte fuit de près. Le refte du corps de la maçonnerie nud & défiguré par une infinité de joints & de petites faces, donnant prifé aux attaques par tous les bouts, eit bientôt environné, fapé & détruit. Voilà la marche que fuivenc les attaques & les dégradations qui en font les effets. Elle eft tellement réglée & uniforme , que rien n'eft plus commun que des affifes de pierres dérangées dans toute leur longueur &c plus ou moins féparées du corps de la maçonnerie, fuivant la groffeur des échantillons & la longueur des queues; en’forte qu'il ya des boutiffes qui tiennent encore fortement dans le corps de la maçonnerie, tandis que les pannereffes font les jouets des attaques. Or , une telle uniformité de dégradations fe manifeftant fur une ligne horifontale, dont l’étendue de l'eau qui baigne la maçonnerie détermine la longueur , annonce des effets contemporains & des caufes correfpondantes uniformes comme eux & exerçant leur action dans le même plan. Le premier deoré de ces dégradations eft la deftruction des joints horifontaux , À la fuite de laquelle marche celle du corps de la maçonnerie, conformément aux obférvations détaillées ci-deffus. S'il étoit poffible qu'on formât quelque doute fur le degré de force des matières qui fe logent entre le corps des moëllons & la queue de la pierre de parement, capable de l'en déracher, il ne faudroit pour le diffiper , que jeter les yeux fur ce qui fe pale dans les pays de montagnes, dont il fe détache journellement des mafles de rocher par des procédés de a nature, à-peu-près pareils à celui dont il s’agit ici. L SUR L’HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 403 IL fuit de ces obfervations, que lon préviendra une partie des dégradations, premièrement, fi l'on parvient à diminuer les voies par lelquelles.elles s’opèrent , c’eft-à-dire, le nombre de joints horifontaux de chaque étage ou aflife de pierres de parement. Secondement, fi, dans la néceflité d'en laïffer fubfifter une partie | comme une porte expofée à être forcée à chaque inftant & à donner entrée à l’ennemi, on trouve toure- fois un moyen de prévenir & empêcher le déplacement des pierres de parement, Or , on remplira le premier de ces objets, qui eft la diminution du nombre des joints horifontaux (1), en abandonnant l’ufage des aflifes conduitesde niveau repréfenté par À, B, ( Planch. Fe) & en lui fubftituant celui des aflifes réglées fur des plans verticaux que repréfente #,b, dont la figure n’eft autre que A B tournée en fens vertical. Il eft évident que certe nouvelle difpofition des pierres de parement ; préfente la moitié moins d’objets de deftruétion , ou , ce qui eft égal, la moitié moins de joints aux efforts contemporains dirigés contr’eux dans chacun des plans qui comprennent les joints, & que par conféquent la maçonnerie fera expofée & fujette à la moitié moins de dégradations , commeil paroît par les lignes L,S, /f, & même plus fi l'on confidère que fuivanc la pratique ordinaire des aflifes conduites de niveau , il fe trouve tel joint horifontal qui, par fa réfiftance, auroit garanti des attaques & du déplacement, les pierres qui le formoient , fi la deftruction des joints collatéraux de la même ligne, n’avoit livré ces pierres à des attaques environnantes & à des dépôts de matières qui l’ont determiné. Il feroit inutile d’oppofer à cette do&rine que la vague lancée contre un revérement , attaquant fans diftinction de plans horifontaux & verticaux, tous les joints qu'elle couvre, la difpofition & la diftribution de ceux-ci font indifférens quant aux effets ou dégradations qui en doivent réfulter : premièrement, parce que les joints, dans les maçonneries dont il s’agit pe font fufceptibles que de deux difpoftions, l'une dans des plans hori- fontaux, l’autre dans des plans verticaux; fecondement , parce que l'expé- rience & l’obfervation invitent & conduifent à ne confidérer dans la (x) Il faut obferver néanmoins que ce n’eft qu’en confidérant ces joints dans chaque étage, qu'il y en aura moitié moins dans la difpofition propofée que dans la difpofition ordinaire , & qu'il y aura aufli le double d’étages de ces joints, par où il eft évident, que dans les deux difpoñrions il y a une même fomme ou une même quantité de joints; ainfi ce qu'il y a à gagner à adopter la difpofirion propofée , c’eft qu’en doublant les étages des joints horifontaux , chacun de ces joints {e trouvant alors ifolé & compris entre deux pierres de parement , dont les joints horifontaux font au-deffus & au-deffous de ce joint, il n’a point à craindre d’attaque environnante , & ne peut être attaqué que de front, ce qui ne peut que beaucoup contribuer à la folidité du parement , ainfi qu’on l’a expliqué en détail , & empêcher que toute une affife fe trouve attaquée & déplacée à la fois, Tome XXX, Part. I, 1787. JUIN. Eee 2 404 OBSERVATIONS SUR LA PHPSIQUE; mafle de la vague , qui frappe le revêtement , que Les lames horifontales qui comprennent les joints horifontaux , qui font ceux par la voie defquels la deftruction de la maçonnerie s'opère principalement & effentiellement. Quant aux joints montans , fi l'eau détrempe & diffipe leurs mortiers ;, fi elle y porte des matières qui les remplacent, leur cumulation & leur taflemenc leur font exercer fans doute également les fonétions du coin , mais fon effort fe dirigeant (f£g. M) perpendiculairement fuivant x & xy contre les plans r,f,4, u, du joint , il eft détruit par leur réfiftance fortifiée par une des pierres collatérales 4 y, ; & fi une des pierres, telles que K , venoic à être pouflée en-dehors vers &, ce ne pourroit être qu'à l'occafion de quelqu’inégaliré, telle que #, &, /, qui fe rencontreroit dans la furface d’un des joints, contre laquelle la matière accumulée , exerçant une force particulière , telle que p, o;, il réfulteroir de fa décempofirion une petite force, telle quez, 0, qui poufferoit en effet la pierre K vers 6: > mais pour que pareille chofe arrive , ik faut un accident , tel que l'inégalité ou la caflure qu'on fuppofe dans cette pierre. Il faut convenir enfin que lation habituelle de l’eau s'exerce dans des plans horifontaux , & que, lorfque dans ces plans fe rencontrent des joints. de même efpèce, elle les attaque en même tems dans toute leur longueur, ne fût-ce que par la plus léoère agitation à fa furface & fans qu'elle: ait befoin de les couvrir entièrement , au lieu qu'elle ne peut atraquer les joints montans dans toute leur hauteur qu’en les couvrant : c'eft pour- quoi les dégradations occafionnées par les attaques de l'eau fe manifeftene communément, pour ne pas dire toujours, dans-des plans horifontaux. Quant au fecond objer , qui eft d'obvier au déplacement des pierres de: parement, on y parviendra en changeant la manière adtuelle de cramponer les pierres, qui eft telle qu’on la voit en C, P ,(f£g: E) & en lui fubftituanc celle que repréfente cp. Sans doute le crampon CP, liant enfemble deux pierres , rend leur déplacement plus difficile en apparence, en ce qu’elles femblent oppofer une réfiftance double à la force qui tend à opérer ce déplacement ; mais fi on fait attention à la direction de cette force, on verra évidemment que cette précaution n'altère point fon aétion & ne remédie àrien, parce que fi d’un côté les deux pierres uniflent leurs mafles, de l’autre les matières ramaflées entre les corps du moëllon & leurs queues, uniffent aufli Jeurs efforts pour les pouffer en-dehors comme s’ils n'agifloient que fur une feule & même pierre, & que ces efforts réunis en un feul, contre le centre de gravité du fyftème des deux pierres les pouffant fuivant cp, & non dans la direction de CP , c'eft aufli dans celle de cp, que doit être placé le crampon deftiné à les vaincre, étant évident que la réfiftance & l'effort fe dirigent & agiflent fuivant une même droite, telle que cp, à laquelle la force appliquée fuivant une direction perpendiculaire, telle que CP, e@ parfaitement indifférente, SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 4o$ EL eft vrai que par la difpoñtion propofée , on renonce à l'avantage de lier deux pierres enfemble ; mais cet avantage, comme on vient de voir, n'eft qu'apparent, puifque Les forces particulières dont chacune eft capable de mouvoir & poufler en-dehors la pierre à laquelle elle eft appliquée, s’uniflent fans perte ni diminution de leurs efforts pour pouffer toutes les pierres à la fois, fans que les crampons puiffent s’y oppofer à caufe du vice dé leur pofñirion qui eft dans une direction crès-indifférente à celle de ces forces & par cela même abfurde, La pratique ufitée n'offre pas un avantage plus réel du côté de l'économie, puifqu’en adoptant celle qu'on propole, on peut fixer un bout du erampon dans quelque gros bloc du corps des moëllons , andis que l’autre feroit appliqué à une boutifle , & que cette bouriffe, par des crochets à crémaillère, taillés dans la pierre , pourroic retenir fes collatérales, qui à leur tour, pourroient fe lier à leurs voifines , en forte que les feules boutifles étant cramponées comme on voit ( fig. Ff) , leur réfiftance tend véritablement à détruire la force qui les pouffe & chafle en-dehors. On ne doit pas diffimuler que le fer que baigne l’eau de la mer, fe gonfle, fait l’office du coin dans la pierre où il eft fcellé, & la fair éclater. C'eft une obfervation qui a été faire d'une manière fuivie fur la maçonne- ie du front de La mer à Saint-Martin-de-Ré, dont les aflifes en très- belle pierre de taille, ont été cramponées de deux une, fuivant l’inftruc- tion de M. de Vauban, On a obfervé encore qu’à la fuite de ce gonfle * ment, le fer fe décompofe en feuillets & périr. On peut ajouter à cette obfervation que ce n’eft pas le fel tout feul qui détruit le fer, puifqu'on a remarqué d’un autre côté que les anganeaux qu'on voit encore fcellés dans le mur d'enceinte d’Aigues-mortes fur le côté que baignoit l’eau de baflin de fon ancien port , font auili fains & aufli bien confervés que s'ils venoient d’y être placés tour récemment, quoiqu'il foit certain qu'ils l'ont été en même tems que ce mur a été conftruit, c’eft-à-dire , du règne . de Saint Louis, tandis que les crampons & la maçonnerie de Saint-Martin= de-Ré ne datent que de 1684 & annéss fuivantes. Il eft donc probable que l’afphalte que contient l'eau de mer & qui lui donne cette amer- tume fi rebutante & fi différente de celle que le fimple fel marin donne à l'eau commune dans laquelle il eft difous , fe combine avec l'eau & le fel pour détruire le fer, Quelle qu’en foit la caufe , le fait eft certain. Ii left également que les.crampons placés à la ‘queue des boutifles, ainfi qu'on le propofe, feront plus éloignés des atteintes de l’eau, qu'en les plaçant comme on fait vers le milieu des pierres du parement , & c’eft un autre avantage de la difpofition propofée. Quant à celle qu'on propofe pour les aflifes, comme elle n’a pour objet que de défendre plus efficacement la maçonnerie des attaques de l'eau , il eft évident que lorfque dans le cours d’une conftruétion ou d'une: 406 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE; réparation, elle fe trouvera élevée au-deflus de fes atteintes, on pourra fans difhculté reprendre l’ufage des aflifes de niveau. Il faut obferver que quoique fuivant la difpofition propofée, l'inégalité de hauteur des pierres d'un même étage paroifle indifférente, cependant comme le trop d’inégalité rapprocheroit & multiplieroit fenfiblemenr les différens étages des joints horifontaux, il y auroic l'inconvénient qu'un même mouvement d’agitation de l'eau en attaqueroit plufeurs à la fois; comme il paroït par la ligne ponétuée r,4,de la fig. x , ce qui rendroit nuls les avantages de cette difpofition. Il fuit de cette remarque , que les pierres du plus gros échantillon feront toujours à préférer , comme augmentant la diftance d’un étage de joints à l’autre. Au refte, cette difpofition ne contrarie ni la pofe des pierres fur leur dit de carrière, ni l'aflujertiflement aux différens talus, puifqu’au contraire les chandeliers qu'on emploie pour fervir de guide aux maçons pour cet objet particulier ; peuvent les guider auûi relativement aux lignes des joints verticaux , s'ils ne préferent de fe fervir du cordeau, EXTRAIT D'UNE LETTRE DIEUMO CRE LT, A M DE LA METHERIE Mowsreun, ,.. . . Je fuis en général de fa même opinion que vous propofez fur la théorie du phlogifton. . . . M. Ilfeman a examiré la molybdène d’Alten- berg: fes expériences correfpondent fouvent avec celles de Schéele; fouvent elles en different. Il ne trouva pas la molybdène aufli volatile que Schéele Va décrit: calcinée fous la mouffle pendant plufeurs heures, & même à différentes reprifes , 100 grains n'en perdirent que 38 : une autre forte ne perdit qu’. La molybdène pure, maïs crue, mêlée avec du nitre, ne décona que foiblement ; lefivée & féchée après , ‘elle n’avoit perdu qu’. La molybdène mêlée avec deux parties d’alkali fixe végétal & fondue, donna une mafle noire, laquelle diffoute dans l'eau & mêlée avec l’acide marin, donna l'odeur hépatique, & il s'en précipita un peu de foufre, L'alkali diffous dans l’eau & bouilli avec la molybdène , ne donna pas l'odeur hépatique avec l’acide marin , & le précipité blanc fe rediffolvoic en entier par l'addition d’un nouvel acide, L’arfenic blanc ne donna pas SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 407 avec la molybdène un arfenic rouge. On a fait bouillir la molybdène cai- cinée avec 16 onces d'eau, jufqu'à ce qu'il n'en reftàt plus que 2 onces: l'eau avoit acquis une couleur jaune , & changea la ceinture de tournefol en bleu, elle précipita le fucre de faturne , le baryte marin, le foie de foufre & l’eau de chaux. Si on ajoute à une once de la même eau 10 grains de l'écain pur (er f£L) & quatre gouttes d’acide marin, on trouve après un quart-d'heure la plus belle couleur de bleu foncé , qui mêlée avec de Peau deviene plus claire , mais coujours bleue , pendant plufieurs jours, & dépofe enfin un fédiment bleu. La même chofe arrive prefqu’avec tous les méraux : il en a employé quelques-uns en petites lames très-minces, par exemple, l'argent , le plomb, l'étain , d’autres pulvérifés ou en Hmaïille; il s’eft toujours fervi de la folution de la molybdène, de Pacide marin, des métaux dans les mêmes proportions; & il les a rangés felon la beauté de la couleur bleue qu’ilsont donnée : cobalt, argent, plomb, cuivre , mercure, fer, manganèfe , nickel, régule d’arfenic, antimoine , bifmuth , zinc ; mais la platine & l'or ne donnent pas de bleu. Pour qu’il paroifle dans les autres, il faut un efpace de tems d’une demi-heure jufqu’à fix. La molybdène diffloute dans l'acide marin ,& diftillée à un feu modéré, donna un fublimé bleu ; avec le fel ammoniac , des fleurs jaunes ; ce qui prouve qu'il y avoit du fer dans la molybdène. Deux gros de molybdène furent mêlés avec 75 grains de chaux vive, 7$ grains de fluor, r$ grains poudre de charbon, 2 gros de fel marin, & fondus pendant une heure: à la forge, fans obrenir de métal. Quatre grains de molybdèrie calcinée & un demi-gros de borax calciné, donnèrent un verre verdâtre. M. Ilfemann: tire de ces expériences la conclufion, que la molybdène d’Alrenberg n’eft pas aufli volatile que celle de Schéele, & qu'elle ne contient point de foufre, ou du moins fort peu; au contraire, que c’eft une terre particulière, ou un acide, qui s'empare fortement du phlogiftique des métaux, & que la molybdène contient encore un peu d’acide vitriolique , de l'air , peu de phlogiftique & de fers. Je fuis, &c. ER SE CPS ETS PET OS ET PRES DISSERTATION SUR LES COULEURS ACCIDENTELLES. L. J’ar fait un certain nombre d'expériences fur les ombres colorées; les réfultats chtenus m'ont appris que ces couleurs font dues à des rayons précédemment décompofés, Mais il exifle différentes circonftances dans lefqueiles les couleurs prifimatiques fe développent fucceflivemene 408 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, fur la furface d’un corps, fans que ce corps paroifle avoir changé d'état, ni qu'il ait pu recevoir des environs un furcroît de rayons lu= mineux propres à en altérer la teinte ou à lui en procurer une autre. LI. Je choifis, comme un exemple frappant, l'obfervation dont M. de Mairan a fait mention dans fon analyle de l'intéreflant Mémoire de M. de Buffon fur les couleurs accidentelles. « Si l’on regarde, dit-il, » fixement & long-tems une tache, par exemple, un petit carré de » papier rouge placé fur du papier blanc, on verra naître autour du » carré rouge une efpèce de couronne d'un verd foible ; & fi en cef- » fant de regarder ce petit carré, on dirige l'œil fur le papier blanc ; >» on y appercevra très-diftinctement un carré d'un verd tendre, tirant » un-peu fur le bleu, de la même grandeur que le carré rouge. Certe » apparence, ce carré verd idéal fubfifte plus où moins long-tems ; » fuivant que l'impreflion {ur l'organe fatigué a été plus ou moins vive: » le carré dont il s'agit s’évanouit feulement après que l’œil s’eft porté » fucceflivement fur plufieurs autres objets ,-dont les images & les nou- » velles impreflions , moins fortes que les précédentes, ont délaflé les » fibres de la rétine, & les ont rétablies dans leur état ordinaire ». II. I! paroît naturel de préfumer avec M. de Mairan qu'une tenfion des yeux vrop fixe & trop long-tems prolongée fur un même objet peut fatiguer beaucoup les fibres trop ébranlées de la rétine, & par-là faire varier les effets des impreflions produites par les rayons prifmatiques, & par conféquent procurer des aperceptions inattendues ; mais cela ne nous apprénd pas comment il fe forme conftamment & exactement dans ces circonftances , une couronne de verd foible autour du q'arré de papier rouge placé fur du papier blanc , ni comment l'œil pointé vers le papier b'anc , apperçoit diftinétement fur ce papier un quarré d'un verd tendre tiant ur peu fur le bleu, de la même grandeur que le quarré rouge. On peut mème dire que ces aperceprions régulières & conftantes ne fe concilient pas avec la fuppoñition de l'ébranlement des fibres de læ rétine, L IV. D'autres obfervations , qui me paroiffenc s'appliquer très-naturel- lement ici & très-propres à y répandre du jour , fervent à établir qu’il eft très-rare de trouver des fubftances, dont les couleurs propres & particulières foient dues à des rayons homogènes , ou à des rayons combinés dans la proportion affectée au fpectre folaire. IL y a, dans certaines circonftances, plufieurs des fept efpèces de rayons primitifs qui font réfléchis à l’exclufion des autres. Dans les eas où il y en a de toutes les efpèces qui font réfléchis, ils ne le font qu’irrégulièrement & non dans la proportion naturelle au faifceau incident, : V. On a foumis à l’épreuve des fragmens de feuilles & de pétales de fleurs , ainfi que des petites plaques de couleurs détrempées daris de l'eau gommée , ( de l'outre-mer, des cendres bleues , de la rerre verte’, de la gomme SUR L'HIST. NATURELLIY ET LES ARTS, 409 gomme goutte, du carmin, du cinabre)). Ces-différens objets onc été placés fuccellivement fur une planche d’ébène dans un endroir fufifam- rnent éclairé, mais non par la lumière directe:du foleil ; c'étoit près d’une : fenêtre à l'efpect du nord. Lorfqu'on regardoit avec un prifme les pétales & les feuilles dont il s’agit, elles ne-paroifloient jamais avoir confervé régulièrement la livrée: deftinée àdes faire diftinguer. VI. Avec l'appareil précédent;-om a obtenu:les réfuleats qui fuivent + 1°. on a reconnu ;dansle fpeétre du: carmin ;ærois bandgs, rouge | verte, violette ; 2°, dans celui du cinabre, deux bandes, rougé & verre; 3°. dans: celui d’une fleur d'un rouge foncé , deux'bandes jaulft rouge :& verte , 4°. dans celui d’une rofe, quatre bandes ; rouge, jaune, verte & bleue. VIT, D'après ces confidérations ; n’eft-on point eh droitcde demander. s'iln’y a pas un rapport fenñble entre’ les’ variations qu'effüye; dans l'expérience de M. de Bofton ; la couleur primitive ldu quarré -de- papier! d'abord rouge dans toute fon étendue d'une part&cde fse&-e obrenwr _avec le prifme fur la plaque de carmin de l’autre part? En effet en comparant les réfulrats de, cette importante :obfervation avec: ceux de! l'épreuve faire avec le :prifme.; onlvoir que; dans lesnpremiers momens: où l'obfervateur vient à fxer le quarré de päpier)fuppolé colôrél avec dur carmio , la rétine eft affectée principalement par:troistimpreflions diffé: rentes & diftinétes couc-àla-foif de la part des troisifaifceaux des fayons rouges , verds & bleus. La: même chofe a lieu avec là plaque de éarmin - obfervée à l'œil nud ; par conféquent ileft vifible qu’il y a fur lacrérine trois images colorées qui fe débordent très-peu 8c:qui femblentidès-{ors coincider fur le:même efpace. Celle produite par lesirägons rouges:efh la feule fenfible , parce que les rayons rouges font difsofés à branler! plus» vivemeri les fibres de la/rétine que ne le-fonc'iles verds-& tes-bleus, ‘Si l’image rouge vient enluite à être boidée en-dedans par vuncadre verd ; c’eft fans doute parce que l'ébranlemént, produit ei cette ‘partie! par les rouges, s'eft amortiau bout d’un certain tems ,'randis qué celui, produit par l’imprefion des: rayons verds , fubffta avec aflez d'énergie: pour ébranleriles. fibres & faire diflinguer le :cadre-verdi: Mais: lorfque: l'œil a été dirigé fubitement fur le papier blanc, la rétine ne.cefle: pas: d’être plus où moins ébranlée;elle ne l'éft plus, àda'wérité} par les rayons rouges , dont les imprefions fe font tout a-fait amorties de tous côtés, tandis que celles des rayons verds fubfiftenc encore, Enfin, celles-ci s’afloibliffent à leur tour jufqu'à un certain point;1& c’eft la raifon pour laquelle la teinte verte , qui atremplacé le rouge fur Le papier, tire un peu fut Le bleu. {3 io) JbUE D VIII, Comme l’image du quarré verd tirant fur! lecbleu conferve fur la rétine la même étendue qu'y occupoir l'image du quarré rouge .anté- fieurement , on paroît fondé à conclure que; dans cette expérience de M, dé Buflon, l'imprefion destrois faifceaux-de rayons prifinatiques Tome XXX, Part. I, 1787. JUIN. Fff 4io OBSERY ATIONS SUR LA PHYSIQUE, peut fubfifter fur la rétine pendant un certain tems, quoique cette im- preflion n’y foit pas renouvellée par des émiffions fucceflives & continues. L’imprefion fimultanée dont il s’agit va toujours en s’affoibliffant, celle des rayons rouges plus promptement que celle des verds qui fubfiftent , même après l'extinétion des rouges ; pareillement les impreflions des faifceaux verds s’effacent plus promptement que celles des bleus ou violers qui fe maintiennent en dernier lieu, IX. Peut-êrre pourrait-on tirer direétement & uniquement de ce qui a été expofé plus haut une autre conclufon qui fe préfente aflez natu- rellement : la voici. En général, les degrés de l’affoibliffement fuccefifs des vibrations peuvent , après l’éclipfe ou fouftraétion des rayons lumi- neux, occafonner la diftinétion des couleurs; cette diftinétion! con- fifte probablement dans l’idée que: nous en formons , puifqu'elle fe laïfle feulement démêler, & appercevoir apres qu’on a détourné les yeux de deffus le petit quarré de papier coloré en rouge. Ces vibrations, doivent aller en perdant continuellement de leur énergie. Dans toute leur force primitive, elles impriment la fenfarion du rouge ; quand elles font affoiblies jufqu’à un certain point , elles procurent la fenfation du verd ; enfin, lorfqu'elles font plus affaiblies encore ; elles donnent la fenfation du bleu , ou feulement:du violet. : X+: Le développement fucceffif & rapide de ces trois couleurs, dans les circonftances précédentes | m'a fair juger avec quelle exactitude les vibrations de l'organe peuvent rendre diftinétes les nuances des couleurs, tandis que cet organe n'eft pas à beaucoup près aufñi fufceptible de; con ferverdes vibrations qui lui ont été communiquées au-delà du moment cù lelles avoient été-excirées, XI. Cetté dernière réflexion concourt à établir que c'eft dans de pareilles vibrations que confifte le mécanifme auquel nous devons la fenfation de la lumière & la diftintion des couleurs : elle nous laifle entrevoir em même-tems que ces vibrations doivent & peuvent être modifiées de bien des façons différentes, pour que les couleurs & leurs divetfes nuances & combinaïfons multipliées à l'infini, foient nettement reconnues, : . XIE Ilne m’a pas été poflible de parvenir à me procurer l'obfervation de M. de Buffon, rappelée au commencement de ce Mémoire, quoique j'aie employé le même procédé. Le phénomène que j'ai obrenu eft bien différent. En me conformant au procédé de l'Aureur que je viens de citer, j'ai regardé fixement pendant un certain temsun pétit quarré de papier coloré avec du carmin ; il étroit placé fur du papier blanc. Après. avoir détourné mes yeux fatigués du rouge; & les avoir fixés fur le papier blanc, je me fuis apperçu que l’imagerecue en premier lieu fur Ja rétine s'éroit convertie en une apparence circulaire, lumineufe , & de même diamètre , mais d’un blanc brillant & bien diftingué de celui du papier : les Èè SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 4x alentours du cercle avoient alors contracté une légère teinte rougeâtre : ‘ils n'effuyèrent enfuite d'autre changement que celui d’une dégradation graduelle d’intenfité. Comment peut fe faire une permutation de teinte entre celle qui fembleroit devoir être affectée à l’image du cercle peine en rouge , & celle d'une portion ambiante de papier blanc , fur laquelle elle. eft projetée ? XIII. Au refte, cette permutation de teinte a lieu généralement & -conftamment dans toutes les combinaifons analogues rant entre les images des cercles colorés placés fur du papier blanc & ce papier, qu'entre celle des cercles de papier blanc, placés fur des plans de quelque couleur qu'ils foient , & ces plans où les images viennent à être projetées. Il n'y apas même d'exception à cer égard , quand le cercle eft noir ; car alors l'image-eft comme lumineufe & non colorée: le cercie noir réfléchit vers la rétine des rayons de lumière non décompofée , & la portion la plus prochaine du papier blanc ambiant acquiert une teinte obfcure & noi- râtre. Lorfqu'un cercle de papier blanc eft placé fur un plan noir , alors c’elt le difqüe de papier qui elt, pour ainfi dire, enfumé, & la couleur noire du plan s’éclaircir en même-rems à un certain point. Certe permutation ou altération réciproque de teinte, fur-tout vers les limites des images fur le papier du cercle & de la couronne de ce plan la plus prochaine, ne feroit-elle pas due à cé qu'il fe dirige, tant des bords du cercle que des parties du plan qui y font contigues ou en font très- rapprochées, des rayons répercutés par les inégalités de leurs furfaces, qui croifent ceux qui font régulièrement réfléchis, & vont refpeétivemenc altérer, fur la rétine , les teintes particulières que ceux-ci y procurent aux images du cercle & de fes alentours? Cela paroît avoir lieu fur-tout à l'égard de la combinaifon du cercle de papier noir & du plan de papier blanc: la teinte refplendifflante, que l’image du papier noir obtient, ne fauroit être attribuée qu'à des rayons non décompofés, tels que le papier blanc peut feul ici en réfléchir ; c'eft donc parce que l'image oculaire de la couronne de papier blanc, limitrophe , en reçoit quelques-uns de ceux réfléchis ou répercutés fur le papier noir, que la teinte de cette autre portion de l'apparence eft altérée fur le plan, & devient un peu obfcure, XV. Après avoir recueilli les obfervarions précédentes qui font con- formes à celles de M. de Buffon, j'ai jugé à propos, pour en confirmer les réfultats , de pafler à d’autres épreuves un peu plus compliquées que celles dont j'ai rendu compte plus haut. XVI. La couronne B, tracée fur duppapier , a été colorée en rouge : (Planche IF) le cercle À a été laiffé en blanc, ainfi que le contour extérieur CC de la couronne. Ayant fixé les yeux , pendänt un tems convenable, fur le centre commun , les ayant enfuite dirigés dehors & à une certaine diftance fur un autre endroit du papier , je me fuis procuré par-là une Tome XXX , Part, I, 1787, JUIN. FÉf2 i 4x2 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, apparence où ladiftriburion des couleurs eft dans l’ordre oppofé, avec cette différence que la teinte rouge eft devenue bien plus foible (1), c’eft-à-dire, que le cercle a qui occupe le milieu , & la couronne c font feulement rougedtres , tandis que la couronne b eft d'un blanc tirant tanc foit peu fur le jaune. at 1] ) J Cet effet eft conforme aux réfultats de mes premières expériences ; & a lieu de la même maniète, quant à Pinverfion des teintes, quelle que foit la couleur donnée à la couronne , ‘& aufli quand elle eft noïre. XVII, Certe dernière apparence difparoït tout-à-coup fi, au lieu d’avoir détourné les yeux fur du papier blanc en fecond lieu , on les dirige fur du ‘papier noir, où fur des objers qui font enluminés par quelques-unes: des couleurs prifmatiques. Ce qui annonce ‘qûe, dansla feconde polition des yeux, la fenfation de l’image ou des couronnes ; modifiée comme‘ elle l'eft dans ce moment, ne peut ; après que les imprefions de la part des rayons réfléchis par le cercle & la couronne ont ceflé de fe pérpétuer fur la rétine, ne peut , dis-je, fubffter quérpar l'intervention des rayons non décompofés, réfléchis de deffis la nouvelle portion démafquie du papier fur lequel l'apparence fe ‘trouve alors rOJetee, | ‘ A AEENTI L XVIIL: Mais comment ces rayons peuvent-ils produire unie apparence fi différente de la précédente & de celle qu'ils font difpofés naturellement à procurer ? C'eft probablement parce que les vibrations, communiquées aux fibres de la rétine, ont encore confervé quelqu'énergie , & continuent à être ébranlées. Sans cela, l'ébranlement qu'elles tiendroient nniquement des impreflions des rayons non décompofés , ne pourroient procurer à l'image aucune des nuances prifmatiques: toutes les portions conferveroient la blancheur du papier fur lequel elle eft tracée (2). 1 EEE (x) C'eft fans doute à caufe des rayons non décompofés, renvoyés par le plan für Ja portion de la rétine qui prédemment n’en ayoit reçu que des rouges. Nore de l'Aureur. - ; (2) Dans le phénomène dû à la lumière introduite par Ja fenêtre , N°. V & VP, l'image blanche ef due aux rayons de différentes teintes dont elle elt formée. A cet égard la correfpondance peut être complette & exaéte entre les’rayons non décom- polés & les paquets de fibres. La réunion des fibres de différens ordres par paquets diftribués & entrelacés für la rétine , facilite la tranfiniffion de l’ébranlement des uns aux autres ; ils s’en laiflent affeéter, & contraétent fimplement les vibrations qui leur font propres relativement à leur longueur ou autres difpoftions ; ces difpoñitions fufilent pour les diflinguer les uns des autres, & borner leur influence à procurer telle ou telle couleur à l’exclufon des autres , fi ce n’eft dans le cas où les fibres de différentes efpèces feroïent réunies & combinées en aflez grand nombre : & dans ce cas , elles pourroient produire uue teinte blanche, ou d’autres tantôt plus tantôt moins éloignées où rapprochées des couleurs prifmatiques, & dont les combinaïfons feront très-variées. Nous en ayons des indices bien marqués dans une infnité de fubflances: c’eft un SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 413 XIX. Il refte à favoir maintenant fi la combinaifon des vibrations précédemment excirées fur les fibres de la rétine par les rayons réfléchis du cercle À & de la couronne C, avec celles aGuellement produites par des rayons non décompofés ; eft capable de procurer la feconde apparence a,b,c. Dans les circonftances donc il s'agir ici, l'ébranlement des fibres de la rétine correfpondantes à la couronne, feroit dû aux impreflions déjà afloiblies ou même non fubfftantes des rayons rouges _réféchisipar la couronne de cetre couleur, & à celle dés rayons non décompofés qui jouiflent de route leur aétiviré : les uns & les autres font dans un rapport d'égalité quant au nombre. Je laifle à juger fi cette combinaifon d'ime preffions ‘antérieures & actuelles peut être admife ,1& feroit propre. à expliquer comment la teinte des rayons non décompofés peut influer ici de façon à changer, dans l'apparence, la reine rouge de la couronne en une teinte de blanc un peu jaunâtre. : . Quant aux vibrations efluyées par la rétine & correfpondantes an cercle B & à fes environs À & CC , elles ne paroïflent dériver que des feules impreflions directes des rayons non décompofés , foit lorfque l'œil eft dirigé fur le cercle À , foic lorfqu'il left fur un sure endroit du papier blanc. L XX. Après avoir reconnu que c’étoit principalement-des parties élevées de l'atmofphère que partoient les rayons non décompofés propres à alcérer les teintes prifmatiques qui provenoient des rayons décompofés par les vapeurs, je pris avec fuccès le parti de boucher le’ haut de la « des caraëtères qui nous les font diftinguer. Pour démélér ces combinaifons, il fufit de confidérer au microfcope des parcelles de ces fubftances pulvériféés. Qu’on Jét place für un fond noîr , on n’obtiendra que très-rarement des images d’une (eulé couleur prifmatique ; mais prefque toujours une image compofée de plufeurs bandes diverfement colorées. à Dëslors , on apperçoït aifément que les vibrations de Ja rétine peuvent décider de la diftin&ion des couleurs. On ne peut, ce femble , fuppofr que ces fibres foïent également difpof£es à- contrater indifféremment toutes fürtestde vibrations ‘de manière que les: mêmes fibres puifent faire difcerner les différentes couleurs prilmas tiques Il feroit bien difficile d'imaginer uné confiruétion ‘uniforme de fibres telles qu’elles fuffent également propres à fe prêter , iuivant exigence des cas, à être différemment modifiées dans les viorations qui réfulrent du choc des rayons lumineux diverfement colorés, H eff plus fimple de [uppofer qu'il fe trouve für la rétine auvant d’efpèces de fibres qu'il y a de couleurs & peut-être de nuances; & que ces fibres, reffreintes par leurs longueurs inépales , ne laiflent développer qu’une feule des couleurs où nuances dont il s’agit. Le fil de l’analogie conduit natuellement à cette conféquence. En effe:, dans l'oreille , les fibres membraneufes de la cloifen qui fépare en deux le limaçon vont en augmentant de longueur depuis le centre jufqu’à Pextrémité : ces fibres font fufcepribles par-là de contraéterdes vibrations graduelle- ment accélérées , & deviennent propres foit à faire reflentir , foit à faire reconnoitre tous les divers tons au-delà d’une oétave , par le moyen des divers témouffemeris que que l'organe éprouve. Noze de L'Auseurs 414 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, fenêtre , & de laifler vers le bas d’aeceflibles à la lumière feulement deux rangées , chacune de deux carreaux. Les chofes étant ainfi difpofées file carton éloigné par degrés de la fenêtre, ainfi que le corps opaque dont l'ombre s’y trouvoit projetée , étoit accompagné de la bougie placée, foit en avant du corps opaque, foit au-delà, à mefure que l'intervalle croifloit, j'éprouvois que la teinte bleue de l'ombre , procurée par la bougie fe renforçoit, & qu'à la diftance d'environ vingt-un pieds, qui éroit la plus grande à laquelle l'efpace me permettoit de porter l'appa- reil, Le fpectre fourni par le petit quarré de papier qui coincidoit avec l'ombre, tronqué alors vers la bande rouge, étoit néanmoins aufli brillant que dans la plus grande proximité de la fenêtre, Il en étoit de même à l'égard de celui que donnoit alors la teinte procurée par la bougie placée derrière la feuille de papier annexée au carton, Au refte, ces réfultats font conformes à ceux obtenus par M, l'Abbé Mongez , ( Journ.de Phyf. tom. XIT, pag.132.) Ce Phylicien rapporte qu’à fix pieds de la fenêtre, les ombres étoient moins bleues qu'à douze pieds, & même qu'à vingt; dans un endroit un peu obfcur, la couleur étoit plus vive. :, XXI. Le ciel étant découvert, &'la bougie ayant été fupprimée ,je pläçai entre l’appareil & la fenêtre dont l'ouverture avoit été réduite de la forte, un corps opaque & cylindrique : ce corps ne pouvoit manquer d’intercepter au carton une partie des rayons propres à procurer la teinte bleue : l'ombre marquoit l'endroit où il n’en parvenoit plus direétement ; elle auroic été noire fi l'air du dedans n’avoit pas répercuté les rayons venus du dehors : elle évoit illuîninée plus foiblement en apparence &c non différemment au fond. Les rayons dirigés des parties bafles de l'atmofphère vers l’intérieur de l'appartement, alors introduits par la fenêtre, & répercutés par Pair du dedans, devoient, du moins la plupart, être bleus dans le fens fpécifié au N°. XI, c'eft-à-dire, combinés de manière à procurer une teinte bleue, Auffi l'endroit, où l'ombre du corps cylindrique étoit projetée , avoir-il une teinte; grife, ou plutot, un bleu foible, & rendu tel vraifemblablement par le concours de quelques rayons non décompofés qui , introduits du dehors , éroient réfléchis tant par les murs enduits de plâtre & bien blanchis que par les volets brifés de la fenêtre vers le carton. En effet , je remarquai qu'en rétréciflant de plus en plus l'ouverture de la fenêtre , la teinte grife dans l'ombre fe renforçoit dans la même proportion, devenoit d'un bleu très-décidé & rout-à-faic vif. Ce qui étoir dû évidemment à la fuppreffion de ces rayons introduits par la fenêtre & non décompofés, XXII. Les chofes furent remifes dans le premier état par rapport à l'ouverture de la fenêtre, l'intervention d’une bougie allumée entre cette fenêtre & le carton fuppléa fort avantageufement à fon rétréciffement , à la fuppreflion des rayons non décompofés , & procura à l'ombre une SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 41$ teinte d’un bleu très-vif, mais d'une manière bien différente & qui paroîc confifler uniquement dans la modification de l'impreflion faire {ur le rétine par les rayons renvoyés de la part de l'ombre, & qui font toujours les mêmes, en vertu de celle bien plus énergique produite par l'excès des rayons émanés de la bougie ; ces rayons y font renvoyés des alentours de l'ombre. XXIIT. Enfin ;on étendit entre la fenêtre & la bougie , une affez grande feuille de papier; cette feuille ne laifloit parvenir directement aucun rayon de lumière de la fenêtre au carton; la teinte de l’ombre en devint plus vive encore. Le nombre des rayons non décompofés, intro- duits par la fenêtre & interceptés pour l'ombre, étoit plus confidérable & prefque total. Au même tems, les environs de l'ombre acquirent ; fur le carton , une teinte rougeâtre bien marquée; elle avoit paru blanche auparavant. C’eft probablement , 1°. parce que la feuille de papier inter- ceproit , aux environs de l'ombre ainfi qu’à l'ombre même, la totalité ou la plus grande partie des rayons non décompofés , dirigés de la fenêtre vers le carton foit directement, foit par la réflexion occafionnée de la part des volets intérieurs ; 2°. parce que la feuille de papier réfléchifloit, vers le carton, les rayons qui lui venoient de la bougie: ceux-ci accumulés fur cet endroit du carton privé de la préfence des rayons non décompofés, font dans le cas d'y procurer une teinte aflortie à leur combinaifon qui eft une teinte tirant fur le rouge. Le fpectre fourni, à l’aide du prifme, par le petit quarré de papier difpofé dans leur direction , n’avoit que trois bandes complettement colorées ; favoir$ une rouge, une jaune , une verte : la bande bleue & la bande violette ÿ manquoient. Leur combi- naifon éroit donc plus fimple que quand la feuille de papier fe trouvoit fupprimée; car, dans ce cas, la bande violette exiftoit, tandis que la bande rouge n'étoit pas complette, mais tronquée ; ( voyez Les Nos. XII & XVII. ) XXIV. L'expérience du N°. XXIT, & celle de M. Mongez, indiquée au N°, XX, font analogues. Comme, dans mon expérience énoncée au N°. IV, le changement de teinte étoit occafonné au carton par la bougie placée derrière lappareil ; & comme ce carton, d'abord jugé blanc, devine enfuice bleu , à caufe de l’éclat lumineux que contracte la bande de papier annexé: de même la lampe de M. Mongez, placée en avant du corps opaque, du côté de la fenêtre, a occafionné la différence de teinte entre la partie bleue du carton, & le reftant du même carton jugé blanc, En effet, la lampe étant éteinte, l'ombre produire alors par les raÿons venus de la fenêtre perdoir fa bellé couleur bleue, & n’étoit plus w’obfcure ou grife , c’eft-à-dire , très-imparfaitement bleuâtre. XX V. L'éclat lumineux répandu fur les environs de l'ombre a dû produire le même effet que produit l'éclat analogue de la bande de papier annexée à mon carton, je veux dire, la manifeftation de la couleur * 416 OBSERF'ATIONS SUR LA PHYSIQUE» bleue fur l'ombre : les circonftances font les mêmes ; donciles mêmes caufes doivent intervenir ici. L’excès des vapeurs fournies par la bougie & réfléchies fur les environs de l'ombre concourt à amortir l'impreflion non aflez efficace des rayons bleus qui étoient réfléchis conjointement avec ceux-ci; cee excès a difpofé la rétine à être affectée par de femblables rayons bleus réfléchis de la partie du carton où l'ombre fe rencontre , & i n’en réfléchit aucun de ceux qui émanent de la lampe. Voici d’autres exemples du changement que peut produire, par rapport aux teintes apparentes de l'ombre, le plus ou le moins d'éclat de fes environs. Dans un cabinet dont la couleur uniforme de tout l'ameuble- ment, (tapilleries, portières, rideaux, &c.) eft le cramoili , on laifla pénétrer la lumière uniquemeoc par une des files de carreaux d’une fenêtre devant laquelle le rideau étoic tiré; un carton étroit placé vis-à-vis,l L'ombre d’un corps opaque placé en avant, s'y projetoit ; cette otnbre. éroit d'un rouge brun: rout autour, la teinte étoic d’un rouge clair & aflez vif. Lorfqu'on vine à placer, entre la fenêtre & le corps opaque, une. bougie allumée, la teinte de Pombre devint bien plus vive ; randis que le reftant du carton confervoit fimplement une teinte de rouge très-foible. & paroifloir, pour ainf dire, blanc, 24] a 0) * XXVI Enfin ,la bougie fut rapportée entre,la fenêtre & le corps opaque : cette bougie ne produifit plus alors une différence fi marquée qu'elle l’avoit fait en premier lieu entre les deux teintes donc nous venons de parler; celle de l'ombre fut cependant plus vive, Les deux différentes quantités de rayons reçus fumla partie du carton où l'ombre étoir tracée, & fur l'autre portion ambiante, éroient alors proportionnellemenr, moins inégales ; par conféquenc leurs imprefions refpectives fur la rétine: devoient être moins diffemblables en intenfté, 4 XX VIL Je pourrois comparer mes obfervations avec celles faices par. M. Scherffer fur Les couleurs accidentelles, (Journ. de Phyfq. mars 1785 , pdg, 175 & 273), mais ce parallèle nous conduiroit trop loin : pour abréger, je m'en tiendrai aux réflexions fuivanres, Suivant l’habile: Phyfcien que je viens de citer, la différence des teintes dedl'objet & de! l'image ou apparence, et due à ce que l’ordre & l’arrangement des parties, du fond de l'œil, fur lefquelles les rayons de lumière fe portent, font fufceptibles d'être tellement changés que des rayons quelconques, par exemple, les rouges, ne font pas affez forts pour communiquer à ces parties le mouvement de vibration néceflaire, jufqu'à ce qu'un peu de repos les ait reftituées dans leur premier état, (avril 178$, pag. 277 } Voici la bafe fur laquelle s’appuye M. Scherfer. Peut-être, dit cet Auteur, le Créateur a-t-il conftruir l’organe entier de la vue, de, manière que chaque efpèce de rayons ne puiffe agir que fur telles des parties dont l'œil eft compofé , & qui lui foient particulièrement appropriées, Mais je préfuppofe, continue le même favant, que route l’action de la Pa à ra confilte SUR L'HIST. NATUREILE ET LES ARTS. 417 confifte dans l’attrstion & la répulfon ; & s'il en eft ainfi , pourfuit-il , il pourroit arriver qu’une impreffion continue des rayons, par exemple , des rouges, ne fût pas aflez forte pour communiquer à ces parties le mouvement néceflaire. Tout ceci, comme on voit, n’eft qu'une pure fuppoftion ; pour moi, je vais directement & fimplement à l'explication du phénomène, fans la préceflion d'aucune autre caufe, ou fuppofition d’altération quelconque de forces dans les parties du fond de l'œil ou des fibres de la rétine : j'attribue la différence des réfulats dans l’image ou apparence à la décom- pofrion que les rayons, partis de l’objet, efluyent à leur entrée dans l'œil, en conféquence de la diverfité des différences de leurs réfringences refpec- tives; ce qui décide de l’intenfité des vibrations des diverfes parties de la rétine où ils abordent ; mais non refpe@ivement l’intenfité de leurs vibra- tions dans la décompoftion des gerbes lumineufes. Cette idée que j'ai adoptée, paroît plus dire&e & plus naturelle que celle expofée par M. Scherffer. Je la trouve plus conforme à la théorie admife pour tous les autres phénomènes de l'Optique. Au refte, ce procès efl maintenant porté au tribunal des favans ; c'eft à eux feuls qu'il appartient de prononcer. EXTRAIT D'UN MÉMOIRE SUR LA DÉCOMPOSITION DES PYRITES DANS LES MINES : Eu à l’Académie Royale des Sciences, en Juin 1786, Par M HAsSsENFRATZ, Sous-Infpeëleur des Mines de Frances Pres UADÉ d’après l'opinion générale que la chaleur fouterraine n'éprouve aucune variation, J'ai été étonné en vilitant plufieurs mines pendant les voyages que j'ai faits en Allemagne, en Hongrie, en Tran- fylvanie, par ordre du Gouvernement, de reflentir plus de chaleur dans certains endroits d’une même galerie que dans d’autres ; frappé de la fingularité de ce phénomène, je me propofai de vérifier à l'aide du thermomètre fi cetre différence de température étoit réelle, Je remarquai en effet que la température de quelques galeries alloie quelquefois jufqu'à dix-huit degrés quoique la température fût moindre , que lethermomètre ne montât qu'à 10 degrés dans les galeries voifines , & qu'il parût y avoir des courans d'air bien établis. C’étoit fouvent au milieu de la galerie que la température s’élevoit à 18 degrés, tandis qu'aux deux extrèmités elle fe trouvoic entre 10 & 12 degrés : aucune mine ne me parut préfenter plus de différence dans fa température que Tome XXX , Part. I, 1787. JUIN, Gyg 418 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE" celles de Schemniez & de Kremnitz. J'ai obfervé que le thermomètre de Réaumur s'élevoit jufqu'à 25° dans le Hulf-Schacht à Kremnitz, & à 28° dans le Mathea-Schacht, tandis que la chaleur des galeries voifines ne pafloit pas le 12° degré du thermomètre de Réaumur, On peut dans la Spitales-Haupt-Gang à Schemnitz, pafler par tous les degrés inter- médiaires de la température extérieure, 10, 29, 10, &c. Comme les variations de température me parurent mieux marquées dans ces deux mines que dans celles que j'avois vifirées, je réfolus auflicôc de chercher quelle pouvoit être la caufe de ce phénomène. Je remarquai que les parois des galeries étoient tapiflées d'effloref- cences vitrioliques ; on y voyoit du vitriol de fer, & une efpèce de fel blanc vitriolique foyeux connu fous le nom de vitriol de zinc ou de fel Aalotricum ; j'obfervai en outre que les efflorefcences vitrioliques étoient plus abondantes dans les lieux où la température étoit plus élevée que dans ceux où elle étoir moindre. Je détachai des vitriols de plufeurs endroits, & je trouvai au bout de huit jours les places regarnies de nouveaux fels. L’efflorefcence vitriolique reparoifloit avec d'autant plus de promptitude que la température du lieu éoit plus élevée; d'où je conclus que la chaleur que l’on éprouvoit dans les endroits où il y avoit des vitriols en efflorefcence , étoit produite par l'efflorefcence de ces vitriols. Mais d'où venoit cette efflorefcence ? Pouvoit-on croire que des eaux chargées de fel, & fuintant len- tement à travers les terres, laifloient dépofer cette matière en effloref- cence fur les parois des galeries; fi la chofe eut été ainfi, on auroit dû éprouver du froid, & non de la chaleur dans les lieux voifins de celui où paroifloit l’efflorefcence; d’ailleurs, il n’y auroit point eu de raifon pour qu'un fel fe trouvât toujours à une place déterminée ; & j'avois remarqué cependant qu'il revenoit conftamment du vitriol de mars , où j'avois retiré du vitriol de mars, & du fel Ga/orricum , où j'avois retiré du vitriol de zinc. Cette régénération du même fel dans une même place, me porta à examiner la nature de la matière qui lui fervoit de bafe, & je vis avec plaifir que le vitriol de fer fe trouvoic toujours fur des pyrites de fer, & le fel Aalosricum fur une efpèce de blende. Cette obfervation me démontra que l'efflorefcence étoic le réfultat de la décompofition des pyrites. Jai remarqué depuis ce tems que les parois des galeries où l’on reflentoic une chaleur au-deflus de 10 à 12° du thermomètre de Réaumur, étoient tapiflées d’efflorefcences vicrioliques , qui fe trouvoient toujours fur des pyrires capables de pro- duire par leur décompofition le fel qu’on rencontroit en efflorefcences Il entroic dans mon plan d’obfervation de m'aflurer de la bonté de Pair que l’on refpire dans les mines. J'avois déjà conclu d’après une fuite d'expériences, que lorfqu'il y avoic un courant d’air bien établi, l'air SUR L'HIST, NATURELLE ET LES ARTS. 419 des galeries étoit aufli pur que l'air extérieur, Pour le prouver je ne citerai qu’une feule des expériences multipliées que j'ai faites. Le $ octobre 1783, ie baromètre étoit dans la ville d’Idria en Carniole , au-déflus de l'ouverture de la mine à 27 pouces 3 lignes, le thermomètre à 14°, & l'air atmofphérique à 95 degrés de bonté; dans le fond de la mine un quart-d’heure après le baromètre étoit à 27 pouces 11 lignes, le thermomètre à 14°, & l'air atmofphérique à 9$ degrés de bonté. D'où il fuit, 1°. que la mine avoit (en opérant par la méthode des logarithmes ) 117 toifes Oo pied 3 pouces de profondeur, ( ce qui s'écartoit très-peu de fa mefure géométrique qui déterminoit la profondeur de la mine à 120 toiles; ) 2°, que l'air atmofphérique contenoit dans la mine, comme au-deflus, fur 100 pouces 34,1$ pouces cubes d'air vital, & 65,85 de mofetre. ; Je me fais fervi de l’eudiomètre de Fontana pour déterminer les quantités d’air pur contenu dans l'air atmofphérique, parce que ce moyen plus expéditif que celui du foie de foufre quoique moins juite, me paroifloit plus commode, ne pouvant refter que peu de rems dans les endroits où je faifois ces expériences. J'appelle avec M. Ingen-Houfz degrés de bonté de l'air atmofphé- rique , le nombre de parties abforbées d’un mêlange de 100 parties d'air, & de 300 de gaz nitreux. Ainfi l'air ci-deflus à 95 degrés in- dique 95 parties abforbées d'un mêlange fait fuivant les proportions que nous venons d'indiquer. Donc d’après les expériences de M. Lavoifier qui détermine qu'il faut 64,95 pouces de gaz nitreux pour s’unit avec 35,95 pouces d'air viral, nous avons cette formule , 100 : 35,95 : : G$ : 3415; nombre de pouces cubes d'air vital con- tenu dans 100 pouces cubes d’air atmofphérique. En faifant à Schem- nitz, par le même moyen, & avec le même gaz nitreux l'analyfe de plufieurs airs pris la même matinée dans plufeurs endroirs de la même mine également aérés, j'ai eu des réfultats bien différens. Je n’en citerai que trois. L'air extérieur à 17° au-deflus de O étoit à 94 degrés de bonté; celui du Maximiliani-Schacht qui étoit à 12° au-deffas de Oo, avoit 93 degrés de bonté; celui d’une portion de la Spitales-Haupt-Gang qui donnoit 29° au thermomètre, éroit à 81,5 de bonté, c’eft-à-dire que fur 100 pouces cubes, le premier contenoit 33:79, le fecond 33,433 & le troifième 29,12 pouces cubes d'air vital. Il fuir de ceci la confirmation des réfultats que l'on avoit déjà obfervés dans les laboratoires, que l'air eft altéré par la décompofition des pyrites, &-que cette décompofition produit une chaleur plus ou moins grande, en raifon de fon accélération. Il feroit peut-être poflible de faire une application de la chaleur produite par la décompofition des pyrites à celle des eaux thermales; on auroit d’autant plus de raifon pour Le faire que l’on trouve deux fources d’eau chaude, entre Krem- — Tome XXX, Pare I, 1787. JUIN. Geyg2 420 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE; nitz, & Schemnitz. J'avois obfervé dans plufeurs cabinets d’hiftoire naturelle que l’on trouvoit des pyrites qui fe décompofoient au contact de l'air atmofphérique, tandis que d’autres n'éprouvoient aucune alté- ration. J'avois obfervé en outre que le contaë d’une pyrite en décom- poñition , dérerminoit celles qui ne paroifloient pas êcre décompofables à fe décompofer aufli, que l’on rencontroit ces fingularités non-feule- ment dans des pyrites qui avoient différentes bafes, mais encore dans celles qui avoient les mêmes efpèces de compofans. Je fis la même obfervation dans les mines, & je réfolus de chercher la caufe de ce phénomène, Les pyrites martiales peuvent être divifées en deux clafles, pyrites pures, c'eft-à-dire, ne contenant que du fer & du foufre, & pyrites compofées, contenant en outre de la terre calcaire, de la terre argil- leufe, &c. : C’eft la première claffe de pyrires que jai foumife à mes recherches. Il eft inutile de rapporter ici les expériences que j'ai faites pour m'af- furer que Les pyrites très-pures fe décompofoient aufli bien que les compofées, & que les pyrites compofées pouvoient refter intactes comme les pures. ! Ne trouvant dans les pyrites aucune matière particulière à qui lon pôt attribuer leur décompofition, je réfolus de chercher fi les propor- tions de foufre & de fer n’y avoient pas quelqu'influence. J'étois d'au- tant plus porté à faire cet examen, que l'acide vitriolique décompofe les pyrites en féparant une partie du foufre qui les compofe. J'expofai au feu plufieurs efpèces de pyrites qui commençoient à fe décompofer , après les avoir réduites en poudre très-fine ; je les chauffai jufqu'à ce qu’elles euffent augmenté de poids à l’aide d'une nouvelle calcination , & que conféquemment je fuffe certain qu'il ne s’éroit rien évaporé. Le fer qui me reftoit après cette opération avoit déjà fubi un commence- ment de calcination , & étoit à l'état d’échiops ou d’ocre. Les propor- tions & la nature de la chaux dépendoient de l'état de décompoñtion de la pyrite. - J'ai foumis à mes expériences quelques échantillons de pyrites en décompolition, que M. Lavoifier a eu la bonté de me donner de fon cabinet, J'ai obfervé que lorfque je prenois le centre dela pyrite où la décompofition étoir à peine fenfible, & où il n’y avoit pour ainf dire qu'une difpofition à lefflorefcence, il me reftoit conftamment fur, 100 parties 60,$ d’éthiops; que lorfque je prenois un mélange de parties en décompofition , & de parties non-décompofées, ce réfidu pefoit entre 61 & 69 parties : que lorfque la décompofition étoit plus avan- cée, la chaux de fer varioit entre 69 & 5$5o , réfultar du vitrio! de mars. 1 fuit de ceci que fi le fer étoit dans la pyrite prête à fe décompofer SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 41 à l'état d’éthiops, qu’elle contenoit 39,5 de foufre fur 100, & 31 lorfque la décompofition étoit voifine de l’efflorefcence. Quel que foit Pérar du fer dans la pyrite, ou dans le vitriol de mars, on peut tou- jours le fuppofer à l’état métallique pour en déduire fes rapports avec le foufre en raifon des différens états de la pyrite. Si l’expérience fai- foit connoiître qu’il eut fubi un commencement de calcination , tout fe réduiroit à ajouter au fer la quantité d’air vital déterminée par l'ex- périence. Aïinfi comme d’après les réfultars de M. Lavoifer 100 liv. d'éthiops contiennent 25 liv. d'air vital, il fuir que les proportions de fer font dans les pyrites depuis l’inftant où elles commencent à fe dé- compofer jufqu'à celui de Pefilorefcence , entre 44,85 & $S1,15 , & celle du foufre, entre $4,25 & 48,25. Bergman indique 39 parties d’acide vitriolique, Venzel 33 , & Kirwan 20 fur 100 parties de vitriol de mars. En admettant la quan- tité de Venzel qui contient encore beaucoup d’eau, puifqu’il ne s’eft fervi dans fes expériences que d’un acide vitriolique concentré, & fuppofant avec M. Bertholet qu'il faille 65,1 parties de foufre pour faire 100 parties d'acide vitriolique , il s’enfuivroic que 109 liv. de vitriol de mars contiendroient 20,35 de foufre, & comme 100 liv. de vitriol de mars contiennent 5o liv. d’ocre rouge, ou 25 liv. de fer à l’état métallique , il s'enfuit que 100 liv. de fer dans le vitriol de mars con- tiennent 81,$ de foufre; & abftraction de l’air vital & de l’eau, 100 parties de foufre & de fer dans le vitriol de mars, contenoient 55,1 de fer, & 44,9 de foufre, Nous avons vu précédemment que la proportion de foufre & de fer dans les pyrites déja effleuries, étoir entre le commencement de l’eflorefcence & la formation du vitriol de mars. Donc les proportions de fer font entre $ 1,75 & $5,1, & celles du foufre entre 48,85 & 44,9. Donc encore les proportions de fer relativement à celles du foufre, vont en augmentant depuis le commen- cement de la décompoñtion de la pyrite jufqu’à fon état de vitriol de mars, depuis 44,83 , jufqu’à $5,1. L'inftant des deux paflages ÿ,13, & les proportions du foufre, au contraire, vont en diminuant depuis 55:17, jufqu'à 44,9, 48,87 érant le commencement de l'efflorefcence. Toutes les pyrites qui ne fe décompofent pas , contenoient beaucoup plus de foufre, & m'ont laifé après le grillage un poids d’éthiops mar- tial variant entre $7 & 53. Donc d'aprés la fuppoñition que l'éthiops contient 2$ liv. d'air vital par quintal, les quantités de fer feroient de 42,23 à 39,27; & dans la fuppofñtion que le fer eft à Pétat métallique, il s’enfuivroit que les pyrites qui ne fe décompofent pas contiennent depuis 57,77 , jufqu’à 60,73 de foufre par quintal. IL fuit de ce que je viens de dire, 1°. que les pyrites martiales qui paroiflent ne pas fe décompofer, contiennent beaucoup plus de foufre que celles que l’air altère; 422 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE; 2°. Que les proportions de foufre & de fer font dans les pyrites qui commencent à fe décompofer :: 54,15 : 45,75 ; °. Qu’à mefure que ia décompofition de la pyrite continue, la pro- portion de foufre diminue, & que lorfqu'elles font arrivées à l'érat de vitriol de mars, les rapports de foutre & de fer font comme 44,9 : ÿ5,1; 4°. Que la décompofition des pyrites altère la bonté de l'air des mines, & augmente la chaleur des galeries ; $°. Qu'il fe pourroit que la décompofition des pyrites fût une des caufes de la chaleur de quelques eaux thermales ; 6°. Enfin que l'air des mines eft aufli pur que l'air extérieur, lorfque les galeries ne contiennent poinc de pyrites en efflorefcence, & que Pair y circule librement. O:B'S E RV A TI ON:S SUR LES EFFETS DE LA PIQURE DE L'ARAIGNÉE - CRABE DES ANTILLES; Par M. ARTHAUD, Doëteur en Médecine, au Cap - François , Affocié du Cercle des Philadelphes. DESCRIPTION DE L'INSECTE. L'A RAIGNÉE-CRABE atrois parties, un corcet ou thorax, l'abdomen & les pattes. Le corcet eft formé d’une feule pièce d’une fubftance écailleufe de couleur noire, il préfente fupérieurement un ovale convexe alongé & relevé, antérieurement échancré à la partie poftérieure, & fillonné par fix côtes qui paroiflent marquer les attaches des mufcles qui font mou- voir les pattes, & les crochets. On voit dans le centre de la partie fu- périeure au point de réunion des angles qui forment les côtes un enfon- cement qui forme dans l’intérieur une tubérofité qui ferc d'attache aux tendons des mufcles, qui font recouverts & protégés par le corcet. Sur la côte qui termine le bord antérieur du thorax, on voit une protubérance ornée par huit points jaunes lucides, qui font les yeux de l'animal. Au-deflous du bord arrondi qui termine le contour du corcet, on trouve antérieurement deux cavités, & latéralement cinq autres cavités toutes féparées par une cloifon écailleufe. La partie inférieure du corcet préfente un ovale applati bien moins étendu que le fupérieur. La partie intérieure du thorax eft fillonnée {u- périeurement par douze excavations, féparées par douze côtes blanches 4 ' SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 423 arrondies qui fe réuniflent à la tubérofité produite par l'excavation que nous avons obfervée à la partie fupérieure. On obferve à la partie anté- rieure & fupérieure du corcet fous la protubérance où l'orbite eft placé, une excavation qui renferme les organes de la vue, C'eft dans l’échancrure poftérieure fur le bord du corcet, entre un angle formé par les deux dernières pattes, que l'abdomen eft adapté. Cette partie eft membraneufe , elle forme un fac mobile, arrondi, membra- neux, étranglé antérieurement, préfentant fur les côtés quatre raches ovales d’une couleur blonde extérieurement, blanche intérieurement & féparées par des bandes noires. On trouve à la partie poftérieure & infé- rieure , deux petites pattes fileufes fubulées recourbées de bas en haut , & ayant chacune cinq tuyaux & cinq articulations, c’eft entre ces deux pattes que l'anus eft placé, avec les organes de la génération. Dans les deux trous antérieurs du corcet, il y a deux crochets com- ofés chacun d’un tuyau écailleux arrondi fupérieurement, applati, & tranchant fur les côtés, articulé par un ligament membraneux attaché d’une part fur le bord du trou antérieur du corcet, & de l’autre fur le bord de l'ouverture poftérieure & fupérieure du tuyau. A la partie antérieure de ce tuyau, on voit un trou taillé en bec de plume de bas en haut, & dans lequel eft articulé un crochet robufte recourbé, noir, corné, arrondi, & tranchant très-pointu , & qui paroît fe cacher en fe recourbant dans une raînure qui eft fur l'angle tranchant du tuyau , dont les bords font voilés par des foies de couleur roufle. Le tuyau & le crochet font mus par des mufcles forts d’une fubftance blanche, qui font enfermés dans le tuyau, & vont s’inférer dans le fillon le plus profond de la partie antérieure du corcet. Les pattes font au nombre de dix, cinq de chaque côté ; elles font compofées de fept tuyaux articulés en goutières par des ligamens mem- braneux; les deux premières pattes font les plus courtes, elles font ter- minées par un crochet, noir, corné, très-aigu & qui fort de la partie antérieure du tuyau fur laquelle il eft mu par des mufcles particuliers qui y font enfermés. Les fecondes pattes font très-longues , elles ont à la partie inférieure & antérieure du troifième tuyau deux éperons cornés, aigus , adhérens au tuyau, & inclinés antérieurement. Chaque patte eft rerminée par un tuyau arrondi, mamellonné, qui renferme deux crochets noirs, aigus, cornés, & qui font mobiles & recouverts par deux petites houppes pen- nées qui s’épanouiflent & s'écartent lorfque les crochets fe développenr. Tout le corps de l’araignée-crabe eft velu & recouvert de poils foyeux, noirs ou d’un blond roux, plus noirs fous le corcer, fous l’abdomen, & les pattes qu'à la partie fupérieure de ces parties; la partie fupérieure du corcet eft récouverte par un duvet court , cotonneux d’un noir roux, Dans un angle formé par la réunion du tuyau des crochets antérieurs, 424 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, & des deux premières pattes, on trouve à la partie antérieure, & in- férieure du corcet une perite élévation rouffe cochleïforme qui la termine par un petit bord tranchant arrondi & excavé. Au-deflous de cette partie à la partie antérieure & inférieure de fa partie inférieure du corcet, on trouve une pièce écailleufe mobile tubulée , qui fe recourbe & s'incline vers le bord de l'élévation dont nous venons de parler, & qui eft ter- minée par un petit mamelon véficulaire en forme de trompe; ces deux pièces forment la bouche de l’infecte. L'on obferve en écartant la pièce inférieure & mobile un canal qui conduit aux vifcères intérieurs. La fplarchnologie de cet infecte n'elt pas facile à faire, elle eft ce- pendant néceffaire. pour completter la defcriprion de cet animal, qui eft encore moins intéreflant par fa grofleur que par fa configuration, par les moyens de défenfes dont la nature l'a pourvu , & fur-tout par la qualité veneneufe qu’elle lui a départie. IL faudroit un bon microfcope pour examiner l'organifation intérieure de l'araignée-crabe ; il faudroit rechercher en quoi confifte la qualité veneneufe qu’elle poflède ; fi elle doit être attribuée à une piqüre mécanique ou à quelque liqueur, & dans ce cas il faudroit reconnoître le réfervoir de cette liqueur, & le mécanifme de fon effufñon (r). Les notions du P. Labat & du P. du Tertre font fuperficielles & infuffifantes pour nous faire connoître la ftruêture, les qualités, les mœurs, les habitudes de l'araignée - crabe , fes moyens de réproduétion, &c. & nos naturaliftes qui ont copié ces hiftoriens ne pouvoient rien ajouter à leurs obfervations. Nous tâcherons de "completter notre defcription , même de rectifier le peu que nous avons dit; mais pour y parvenir, nous interrogerons la nature, & nous multiplierons aflez nos obfervations fi les circonftances nous favorifent, pour avoir des réfulrats fidèles & conftans, L’araignée-crabe habite les lieux humides , on la trouve dans les amas de roches ou de bois, elle a des moyens vigoureux pour aflujertit les infectes dont elle fe nourrit, & pour s'en rendre maître ; nous lui avons vu fucer des ravets, & nous avons obfervé qu’en aflujettiffant cer infecte avec les crochets de fes pattes, elle le fixoit principalement & le dirigeoit vers fa bouche avec les deux gros crochets antérieurs qui lui fervent de pinces. Nous avons enfermé deux araignées-crabes dans un bocal de criftal, elles ont répandu fur les parois de ce bocal une efpèce de tiffu com- pofé de plufieurs fils blancs foyeux, elles n'ont pas tardé à fe pour- füivre & à fe battre; la plus forte a terraflé l’autre , elle l’a tuée & elle (1) Voyez Encyclopédie, art, Araïgnee, s'en SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 425 s’en eft nourrie pendant plufieurs jours (1). Mais bientôt l'infection s’eft mife dans le bocal par la corruption de l’araignée morte ; l’autre a paru languir, & elle eft morte quelques jours après, Quoique laraignée-crabe air des moyens de défenfe vigoureux , elle eft attaquée victorieufement par une efpèce de taon qui la tue en lui plongeant fon aïguillon dans l'abdomen; je n'ai pas vu ce combat, & Je n'en parle que par la voie d'autrui. Nous avons aulli entendu dire que l’araignée-crabe étoir: très-vene- neufe, on croit qu'elle eft aufli venimeufe que la vipère (2), qu’elle lance fon verin fort loin. On dit qu'en la touchant on éprouve des déman- geaifons urticaires ; on m'a rapporté qu'on avoit vu mourir des bœufs, des chevaux qui avoient été piqués par cet infecte : il n'y a perfonne qui n’ait de la frayeur en voyant une araignée-crabe, fon volume pro= digieux, fon agikité, fes armures la rendent redoutable. Mais n'ayant jamais eu occalion de voir des effets de fa piqûre, j'ai cru qu'il conve- noit de chercher à les connoître par quelques expériences, & de m'af- füurer par certe voie à quel degré l'opinion publique eft fondée. Le $ Août, j'ai mis fous un cylindre de verre un petit poulet bien portant avec une araignée-crabe, l'araignée-crabe a fui vers la partie fupé- rieure du cylindre, le poulet regardoir cet infééte avec inquiétude, Vou- lant la mettre aux prifes, j'ai fait tomber l’araignée, mais le poulet a été victorieux ; & quelques coups de bec l’ont débarraffé d’un ennemi qu'il paroifloit redouter; le poulet a crevé le thorax & l'abdomen de l'araignée , il a sûrement mangé de la fubftance de cer infecte; mais il n'en a pas été incommodé. Cette expérience tend à prouver que le venin de l’araignée-crabe ne fe communique que par voie de digeftion”; mais je ne préfente ce jugement que comme une conféquence probable, & non comme une vérité démontrée: car il n'eft pas poflible d’en établir fur une feule expérience. Le 7 Août, à 2 heures $ÿ minutes, après avoir effayé inutilement d’agacer une araignée-crabe pour la porter à mordre le même pouler, voyant que celui-ci cherchoit à la tuer, & à s’en défendre, j'ai placé cette araignée fous l’aîle gauche du poulet, j'ai relevé les crochets avec une grande épingle, & dès qu'ils ont été appliqués fur Paileron, l'arai- gnée les a enfoncés avec force; nous avons vu une humeur d’un blanc laiteux d’une confiftance gélatineufe fur les bords de la piqûre, il eft forti aufli un peu de fang; en moins de deux minutes, le poulet n’a pu fe tenir fur fes pattes, il a fermé fes yeux, fon col ne pouvoit plus fe foutenir, & tous fes mufcles paroifloient dans l’atonie, la refpiration (1) Ibid. 1 (2) Voyez Encyclopédie, let. C, Tome XXX, Part, I, 1787. JUIN, Hhh 426 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, éroit lente & égale, mais elle eft devenue plus difficile, ke poulet étendu comme mort fur une table ouvroit le bec à chaque infpiration, il a été dans cec état pendant plufieurs heures, la force mufculaire a paru enfuite fe rétablir un peu fur le foir, mais l’animal étoit encore foible , languiflant , le lieu de la piqûre étoit gonflé & échymofé. Le foir le poulet avoit la tête relevée, il s’appuyoit fur fes pattes , fa refpiration étoit encore gênée. Le lendemain matin ce poulet a marché, mais il étoit trifte & foible, il a mangé du mahï & du mil, & il a bu; l'aile de la bleflure étoit pendante, les plaies étoient gonflées & échymofées ; il a été dans cet état languiffant pendant toute la journée, il a été mangé dans la nuit par des chats, je ne fais s'il étoit mort. Le 9, à trois heures du foir, j'ai fait piquer fous l'aile un poulet du même âge que le premier, j'ai été obligé d’enfoncer les crochets de l'araignée qui n'a jamais voulu les appliquer elle-même, le poulec eft tombé dans une efpèce de langueur & d'atonie qui n’a pas éré au même degré que dans la première obfervation ; il a confervé cet état de foi- blefle & de triftefle le 10 & le 11 jufqu'à midi qu'il eft mort, les piqûres étoient zonflées & échymofées. Nous avons éprouvé quelques démangeaifons urticaires dans les mains plufieurs fois de fuire après avoir manié des araignées-crabes. Ces expériences fufffent pour nous faire préfumer que la piqûre de laraignée eft venimeufe; mais où réfide ce venin ? Quelle eff fa nature ? Quelles fonc les efpèces d'animaux qui peuvent en reflentir les effets ê quelles font les parties fur lefquelles il agit ? Quels font Les moyens que lon pourroit employer pour arrêter & détruire les effets de ce venin ? On voit que pour fatisfaire à toutes ces queftions intéreflantes , fe pro- curer des réfultats fatisfaifans , & obtenir des connoiffances polfitives fur cet objet, il faut multiplier les expériences, & les varier à l'infini. C'eft en examinant chaque- objet d’hiftoire naturelle en particulier que l’on voit que l'étude de la mature elt encore immenfe, il n’y a peut-être pas un feul fujet dont l’hiftoire ne puifle être perfectionnée par des expériences nouvelles, & par de nouvelles obfervations ; cela eft bien fait, fans doute , pour nous infpirer de la méfiance fur nos connoiflances, & pour nous empêcher de nous énorgueillir de ce que nous croyons favoir; nous devons craindre fur-tout de déduire avec préfomption des conféquences précipitées fur nos premiers apperçus, cela peut fatisfaire l’arrogance de la parefle ; mais le philofophe doit être plus réfervé, parce qu'il fait que l'erreur eft encore plus funefte que l'ignorance. D 4e PO foetus do SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 427 D TONNES DE SIC'R I PT TI ON DE LA BÊTE A MILLE PIEDS DE SAINT-DOMINGUEF; Par Le méme. L'invsecre que nous allons décrire, avoit huit pouces de longueur; le corps étoit compofé de vingt-une écailles fupérieures d’un rouge brun, & de vingt-deux écailles inférieures d’une couleur plus claire. La têre eft formée par une écaille ronde convexe fupérieurement , qui préfente trois facettes triangulaires marquées par deux lignes qui s'écartent de derrière en devant ; elle eft rerminée à la partie antérieure par deux cornes coniques compofées chacune de quinze anneaux arti- culés par des fegmens membraneux, Le dernier de ces anneaux un peu plus alfongé que les précédens, eft terminé par une petite houppe foyeufe noire qui paroît être l'organe du taét de lanimal , à la bafe de ces cornes, à la partie latérale antérieure de la tête, on voit quatre petites élévations noires, rondes , brillantes, qui forment les yeux. Au-deffous des cornes à la partie antérieure de la rêre, il y a un bord arrondi , replié , tranchant, d’une fubftance cornée, qui fait la partie antérieure de la bouche de l’infecte , ou la mâchoire fixe de l'animal. Au-deffous il y a deux pièces arrondies cochlées, écailleufes, terminées par une dentelure noire , elles font articulées aux parties latérales de la tête ; elles fe rapprochent ou s'éloignent à la volonté de l'animal, Ces deux parties font recouvertes par trois pièces mobiles, d’un blanc jaune, arti- culées à la partie poftérieure inférieure de la tête, d’une forme cochlée, terminées par un bord tranchant & formant la partie de la bouche, ôu les mâchoires mobiles de l’infeéte, ; La bouche eft cernée par deux petites pattes articulées à fa partie poftérieure inférieure de la tête, derrière les mâchoires mobiles, Ces deux pattes forment chacune un rayon, en fe rapprochant à la partie antérieure près de la bafe des cornes ; elles font compolfées chacune de cinq parties convexes , & elles fe terminent par deux petits crochets. Ces deux pattes préfentent & fixent fur la bouche les alimens, Au-deffous de la première écaille qui eft large, convexe en-deflus , & très-étroite LE on trouve à {a partie antérieure une efpèce de lozange écailleufe d'un brun rouge convexe, terminée antérieurement par un rebord dentelé noir, qui fépare deux crochets arrondis compolés de deux parties, articulés en genou, & qui fe terminent par une pointe aigue Tome XXX , Part. 1, 1787. JUIN. Hhh 2 428 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, recourbée noire ; ces deux crochets robuftes qui fe croifent par leurs pointes, fonc très-mobiles & fervent à aflujettir fortement l'animal. La feconde écaille eft moins large en-deflus qu'en-deflous ; on voit fur la partie fupérieure de chaque écaille deux lignes faillantes qui les féparent en trois facettes, les parties latérales font terminées par un bord relevé arrondi; on voit fur les écailles inférieures deux lignes imprimées qui les féparent en trois parties. Toutes ces écailles font jointes par des interftices membraneux qui leur donnent la facilité d’être mues. en tous fens. La dernière écaille a une forme particulière ; c’eft une efpèce de tuyau carré fupérieurement , dont les deux angles poftérieurs font rronqués & reçoivent deux pattes poftérieures parallèles. Chacune de ces pattes eft compolfée de cinq tuyaux articulés. Le premier éft le plus gros, & le plus long a un bord dentelé & épineux intérieurement. Le plus petit fe termine par un crochet noir très-aigu , la partie inférieure du dernier tuyau préfente deux pattes latérales qui fe terminent en s’écartant par deux pointes. Elles font furmontées par une partie d'un roux plus clair qui eft faillante, c'eft au-deflous de cette partie que l’on trouve les or= ganes de la génération, & celles qui fervent aux excrétions de l'animal, Les parties latérales du corps font formées par un intervalle mem- braneux; à la partie latérale des écailles inférieures, on trouve une dépreflion convexe qui reçoit une patte , on en compte vingt de chaque côté, chaque patte eft compofée de fix tuyaux applatis latéralement. On remarque une petite pointe cornée en forme d’éperon, à l'extré- mité inférieure du premier tuyau, on en trouve deux au bord inférieur du cinquième, & le fixième eft terminé par un crochet noir corné recourbé inférieurement. Les mufcles font très-nombreux dans cet infe“te, qui paroït doué d’une très-grande mobilité, il fe cramponne fur fa proie, & il la quitte difficilement, il l'attaque avec hardiefle, & il la mord avec opi- niâtreté. J'ai excité une bête à mille pieds à mordre fous l'aîle deux jeunes pigeons’, elle eft plus vive & plus irrirable que laraignée-crabe, mais la plaie qu’elle produir & fes piqüres, ne font pas auf venimeufes que celles de cet infecte. Les pigeons ont paru triftes & languiflans ; l'aîle qui avoit été bleffée eft reftée pendante ; mais quoiqu'ils foient morts quelques jours après, comme on ne peut pas répondre que ce {oic de l’effer abfolu du venin, on avoue qu’il faudroit d’autres expé- riences pour pouvoir apprécier fon activité. Cependant on peut répondre qu'il n'a pas autant d'énergie que celui de l’araignée-crabe , & qu'il ne porte pas une atteinte aufli prompte à la fenfbilité & au principe moteur. Au Cap, ce 31 oétobre 1786. SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 429 EXPÉRIENCES Propres a faire connoître que le Plätre produit par diverfes * efpèces de Gypfe retient plus ou moins d'eau après avoir été gaché & féché : t Extrait d'un Mémoire lu à l'Académie, par M, SAGE. La félénire eft la pierre à plâtre la plus pure, ce vitriol terreux criftallifé n'eft point avec excés de terre calcaire comme les pierres gypfeufes qui en contiennent fouvent un quart (1), ce que j'ai reconnu en analyfant différens bancs de gypfe de Montmartre & ceux des environs. La félénite & la pierre à plâtre contiennent une égale quantité d’eau de criftallifation qu’on peut extraire en diftillant ces vitriols terreux ; le réfidu de cette opération eft ordinairement à l'état de plâtre, Deux onces de félénite blanche tranfparente ont produit par la diftilla- ton trois gros vingt-quatre grains d’eau limpide inodore & infipide, Le plâtre qui reltoit dans la cornue avoit confervé la forme des criftaux de félénite, lefquels étoient feuilletés, blancs, opaques, friables, & ne pefoient plus qu'une once quatre gros quarante-huit grains; j’ai pulvérifé ce plâtre & l'ai gaché avec de l’eau en une pâte molle qui a pris corps au bout de deux ou trois minutes ; la mafle que j'en avois formée pefoit deux onces deux gros ; dans cet état le plâtre avoit donc abforbé environ un quart d’eau , qui s'eft exhalée pour la plus grande partie pendant la deffication , puifque le plâtras ne pefoit qu'une once cinq gros; ce qui fait connoître que le plâtras produit par la félénite ne retient qu'un uarante-huitième d’eau , tandis que la félénite contenoit un cinquième ’eau, - Cette même félénite ayant été cuite entre des charbons ardens , n’a point acquis la propriété de faire effervefcence avec les acides ; elle ne développe point d'odeur lorfqu’on la gache, la mafle qui en réfulte ne s'échauffe point après avoir pris corps, comme cela a lieu lorfque le plâtre a été fait avec la pierre gypfeufe qui contient un excès de terre calcaire. Les grignards ou lits de félénite en prifmes irréguliers qu’on trouve en G) Pour s’aflurer de la quantité de terre calcaire que contient le gypfe , il faut le pulvérifer, & jeter deffus de l’acide nitreux qui diflout avec effervefcence la terre calcaire ; on lave le gyp{e qui refle, & on le fait fécher pour apprécier combien il a perdu de fon poids: 430 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, couches continues dans les bancs de eypfe, répandent fouvent , quand on des frappe, une odeur fétide à-peu-près femblable à celle de la pierre-porc de Suède qui doit fon odeur à du bitume, Ces grignards ont une teinte d'un gris jaunâtre : foumis à la diftillation ils produifent de l'eau qui a une odeur fétide & birumineufe. Le plâtre qui refte, fait effervefcence avec l'acide nitreux ; après avoir été gaché il prend moins de corps que la félénire pure, Du gypfe granuleux & friable qui renfermoit un filex grisâtre rubané ; a produit par la diftillation un cinquième de fon poids d’eau qui avoit une odeur fétide & birumineufe. e Le plâtre qui reftoit dans la cornue ayant été gaché avec de l’eau , n'a point pris corps; ce même gypfe après avoir été cuit à travers les charbons a fair effervefcence avec l'acide nitreux qui en a dégagé du gaz héparique; ce même acide a féparé de ce plâtre une terre argileufe brunâtre colorée par du feu. La colline de Montmartre, du côté de Clignancourt, offre le oypfe en très-grands prifmes difpofés comme les chauflées bafaltiques. Ce sypfe eff avec excès de terre calcaire; foumis à la diftillation il produit environ un cinquième d’eau infpide & inodore, Le plètre qui reftoit dans la cornue, après avoir été gaché avec de l’eau, na point pris corps, Ce gypfe ayant été cuit à feu nud , la portion de terre calcaire qu'il contient en excès pale à l'état de chaux vive ; l'eau diftillée avec laquelle j'ai lavé ce plâtre a diffous une partie de certe chaux, Le plâtre produir par la pierre gypfeule qui contient un excès de terre calcaire, prend plus facilement corps que celui produit par la félénite ; lorfqu’on le gache il s'en exhale une odeur de gaz hépatique (1) quelques minutes après que le plâtre fe prend & s'échauffe ; certe propriété eft due à la chaux qu'il contient, puifque le plâtre obtenu par la cuiflon de la félénice ne produic point de chaleur. Le plâtras produit par la pierre gypfeufe de Clignancourt retient près d'un fixième d'eau lorfqu'’on a haté la deflication par le moyen du feu. Mais fi ce plâtras s’eft defféché fpontanément à l'air, il retient alors un cinquième d'eau qu'on peut en extraire par la difbillation ; ce plâtras fe trouve donc contenir alors autant d'eau que la pierre gypleufe. Ces expériences font conoître qu’il n°v a que la félénite ou pierre gypfeufe criftallifée qui produife du plâtre après avoir été diltillée, & que le plâtras qui en réfulte ne retient qu'un quarante-huitième d'eau. (1) Lors de la calcination de la pierre gypfeufe avec excès de terre calcaire , une portion de lacide vitriolique du gypfe fe fature de phlogiftique & forme du foufre, qui fe combine avec la terre calcaire & forme le foie de foufre qui fe trouve dans le plâtre. à SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS, 43t La pierre ogypfeufe avec excès de terre calcaire après avoir été privée d’eau par la diftillation , ne produit point de plâtre fufceptible de prendre corps après avoir été gaché ; mais fi ce même gyple a été cuit à feu nud , la terre calcaire pafle à l’état de chaux vive , de forte que le plâtras ui réfulre de pareil plâtre doit être regardé comme un mortier gypfeux; s'il prend plutôt corps que le plâtre pur , c’eft que la chaux abforbe avec chaleur une portion d’eau furabondante à la criftallifation confufe du plätras. Je crois que les enduits faits avec la félénite réduite en plâtre, doivent être moins altérables que ceux qui ont été faits avec lé sypfe qui contient un excès de terre calcaire, & qu’elle abforbe les acides nitreux & marins qui fe forment dans l’atmofphère ; d'où ilwéfuite des fels déliquefcens, lefquels érant interpofés dans les plâtras, affoibliffent leur force de cohé- fion , & concourent à la dégradation des murailles, MÉMOIRE SUR L'ÉLECTRICITÉ DU CHOCOLAT ET QUELQUES OBJETS RELATIFS ; Par M. LiPHARDT, à Konigfberg (1). J'Er O1S convaincu en partie de la jufteffe de l’obfervation de M. Pabf, (S. Annal. Chim. p.8, J. 1784, p. 119) que le chocolat nouvellement préparé donne des fignes d'électricité , de manière que je ne doutois poinc, de ces expériences, quand même toute autre preuve plus évidente me manquoit. : Etant une fois occupé à préparer du chocolat, je voulus m'aflurer de ces expériences ; après avoir formé les tablettes, & pofé l’une fur l’autre, jen approchai un faifceau de fil de foie, & quoiqu'à une diftance de deux pouces, je les vis s'approcher des tablettes de chocolat avec beaucoup de vitefle & s'y attacher. Cette expérience me fit d'autant plus de plaifir que j'étois prévenu contre ; mais je ne pus parvenir à exciter une étincelle : ce qui pourtant ne me faifoit pas encore douter de la vérité des efters que M. Pabf vient d'annoncer. Peut-être le tems ne m’étoir pas favorable : on fair combien l’atmofphère influe fur l’éle&ricité. M. Pabft appelle cette électricité, éleéfricité fans frottement , ce qui me frappa tout de fuite; pourtant en lifant plus loin, & trouvant que de talc fondu & refroidi donne les mêmes fymptômes électriques, je com- Es D — ——————— ——————Û"2@© a (1) Extrait des Annales Chimiques de M, Crell. 432 OBSERFATIONS SUR LA PHYSIQUE, mençai à donner plus dé poids à cette idée. Cependant je ne pouvois pas me perfuader qu'une électricité puifle exifter fans frottement. ” Je pris environ quatre onces de chocolat chaud & liquide, les pofai fur uné tôle, & approchai les fils de foie, fans avoir remarqué la moindre attraction. Je mis la mafle dans la forme, la frappant bien fort contreune planche, comme on eft accoutumé à faire pour étendre le chocolat. Je le fortis encore chaud de la forme, & les fils de foie étoient attirés en les approchant. Dans ce cas le heurtement du chocolat contre la planche peut être appelé à jufte titre un frottement; c’eft à-peu-près de même manière qu'on. éleétrife l’électrophore, & en fuppofant que le chocolat n’eût pas ‘été frappé & eût également attirédes fils de foie , le frottement en pilant le cacao dans le mortier et aflez confidérable, Les Naturaliftes font d'accord que l'électricité a quelque reffemblance avec les effets de l’aimant. On ne communique pas feulement au fer la vertu magnétique en le frottant avec un aimant , mais aufli en faifanc. tomber le fer pendant quelque tems fous une même direction contre un corps dur. Apparemment les fecoufles font ici lieu de frottement. Eft-ce qu’une pareille fecoufle fimple, mais conftante ne pourroit pas mettre le fluide éleétrique en mouvement ? + Avant d’avoir fait des expériences fur cet objet, je voulois laiffer à un autre le foin de répondre à cette queltion ; mais aétuellement je crois le pouvoir moi-même. On fait que la cire d'Efpagne , la gomme copale, le foufre,, le verre 8 autres objets, étant frottés attirent des corps légers, Lorfque je ne regardois donc le frottement pour rien autre qu'une fecoufle produite dans les corps, j'éprouvai la même manière de rendre électriques lefdits corps. Je laiffai tomber de la cire d'Efpagne d’une hauteur de huit pouces fur une table, & après avoir réitéré cela dix à vingt fois, j'obfervai avec plaifir que les fils de foie en étoient attirés, Un morceau de copal étant traité de la même façon ne montroit d’abord aucune marque d'éledricité; mais au lieu de faire tomber ce morceau par fa largeur, je commençai à heurter feulement un bout contre la table, & l’effer étoic celui de la cire d'Efpagne. Avec le foufre je produifis les mêmes apparences qu'avec les corps précédens, Cependant je ne crois pas abfolument néceflaire de laïfler tomber ces corps dans la direction de leur longueur, fi ce n’eft que-pour : la fragilité du corps, comme par exemple, pour le foufre, On m'objectera , fi l'éledtriciré ne peut pas être produite fans frotte. ment, à quoi doit-elle donc fon exiftence dans le talc ? Je réponds que la Phyfique apprend qu'aucune chaleur n’exifte fans frottement. Le talc fupporte donc pendant fa fufion un frottement par les Parties de feu qui pénètrent ce corps & occalionnent fa fulion ; même Le refroidiffement ou & la "=" «5 SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 433 Ja féparation des parties de feu ne peut pas être conçu fans frottement. Je crois avoir remarqué de l'électricité au foufre fondu , & même dans le moment où il tend à fe refroidir , en formant fur la furface une étoile ou figure criftallifée régulièrement, Cela feul feroit une preuve que fon refroidiflement ne fe fait pas fans frottement. Enfin, j'obferverai combien il eft néceflaire de ne pas abandonner tout de fuite une première expérience manquée, & de la regarder comme faufle. Le copal, le foufre & la cire d'Efpagne répondirent parfaitement à mes attentes ; mais le verre paroifloit s'écarter de cette théorie, dont il ne doit pourtant pas faire une exception, Je le traitai comme les autres fubftances , & je parvins à produire des apparences électriques. Je pris un bouchon de verre portant une boule d’un demi-pouce de diamètre folide, Je pouvois agir plus hardiment avec lui qu'avec les autres corps, & enfin en le heurtant bien fort contre la table, les corps légers que je lui approchai furent attirés. Les petites expériences que chacun eft à même de répéter, confirment très-bien la vérité que certains corps peuvent devenir électriques fans frottement, & que la fecoufle produic fur eux le même effet que le frottement, PRÉCIS DE QUELQUES EXPÉRIENCES ÉLECTRIQUES, Faites par M. CHarLes, Profeffeur de Phyfique ; Par M. DE LA MÉTHERTIE, M. CHARLES ayant établi de grandes machines éle@riques & des batteries de cent pieds de furface, a fait un grand nombre de belles expé- riences auxquelles j'ai aMifté avec plufeurs favans diftingués , tels que MM. de Morveau, Sage, le Duc de Chaulnes, &c. Je vais en donner un précis, en obfervant que ce favant Profeffeur doit les répéter dans un tems plus favorable ; car l'humidité a régné pendant tout le rems que . celles-ci ont été faites, & l'hygromètre de M. de Sauflure a marqué toujours de 80 à 86. I. Le fer. Un fil de fer N°. 16, de fept pieds de longueur , a été fondu, & on eût pu en fondre une longueur plus confidérable; mais cette expérience préfente quelques phénomènes intéreffans. Lorfque l’étincelle n’a qu'une certaine force, le fil fond & tombe en globules. Tome XXX, Part. I, 1787. JUIN. ; ii 434 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, Si l'étincelle a plus de force, le fil de fer eft réduit en fcories noirâtres & attirables à l'aimant. On apperçoit en même-tems beaucoup de fumée. Enfin, lorfque les batteries font bien chargées , & que le fil de fer n'eft pas bien lors, il fe volatilife en flocons jaunâtres , très-légers, nullement attirables à l’aimant, enfin, en véritable ocre. La couleur que laifle appercevoir le fer dans toutes ces expériences eft en général d'un blanc plus cu moins rougeârte. IL. L'argent, Un fil d'argent N°. 10, d'un pied de longueur ; eft fondu , & tombe en petits globules ; lorfque les batteries ne font que : édiocrement chargées. Mais par une étincelle plus forte, l'argent eft calciné & volatilifé en fumée blasche, La couleur de l’étincelle eft d'un blanc bleuâtre, La détovation eft très-bruyante. : TIT. L'or. Un 1 d'or de la même groffeur & de quatre pouces de longueur eft fondu , & tombe en globules lorfque la charge n'elt pas forte. : Si les batteries font très-charoées, l’or eft calciné & fe diflipe en fumée d'un jaune purpurin ; & fi an enveloppe Le fl d'un papier , il eft celoré en pourpre. La déronation eft extrèmement forte. La couleur de la Aamme eft d’un jaune orangé. IV. La platine. Une petite lame de platine très-mince, de dix lignes de longueur & de deux tiers de ligne de largeur , que fournit M. de Morveau , foumife à une forte décharge, a été difipée en fumée, & la détonarion fut très-vive. Ure autre petite lame de platine donnée par M. Sage, produifit Le même effet. : La couleur de l’étincelle eft d’un blanc bleuñtre. V. Cuivre. Un fil de cuivre eft également réduit en fumée, La détonation eft aflez vive, & la couleur de l’étincelle eft d’un blanc verdâtre. VE. L'érain, Une petite lame d’étain de huit pouces de longueur & de trois-quarts de ligne de largeur, eft également réduit en fumée blanche, La détonation elt moins vive. La couleur de l’étinceile eft blanche, VII. Le rc. Il détone à-peu-près comme l’étain. D se Re EC rune & l Expériences faites dans l'air inflammable. On a fait le vuide avec une excellente machine. L'éprouvette ne marquoir que 2 lignes, ce qui annonçoit qu'il ne reftoit dans le récipient Z que — Le récipient contenoir 42 pouces cubiques environ. Ainfi la 168 portion d'air armofphérique contenue dans le récipient n'étoit que ? de ER TT TU ONE NET Te ut VO SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. dis pouce, par conféquent - de pouce d'air pur, Ce récipient étoit percé à fa partie fupérieure , & par le moyen de cuirs gras on y introduifoit une verge de laiton terminée par une fphère’, laquelle éroir percée. On intro- duific dans ce trou l'extrémité d'un 61 métallique, qu’on failic par le moyen d'une cheville métallique évalement à tête ronde, L'autre extrémité du fil eft également faifie dans une boule métallique qui eft pofée fur la platine. Le récipient éroit porté fur une platine qu'on pouvoit dévifler. On ajouta pour lors à cette platine une veflie pleine d'air inflammable très- pur retiré du fer par l'acide vitriolique, & en ouvrant les robinets, cet air s’introduifoit dans Le récipient, qui cependant étoit coujours appliqué à la platine de manière que l'air extérieur ne pouvoit y entrer. Un fil de fer N°: 16, long de éinq pouces, avoir été attaché à la tige, Les batteries bien chargées & les communications établies , on tira l'étincelle, le fl fur fondu & le récipient plein de fumée. Le robinet ouvert, l'air rentra dans le récipient avec fiflement; ce qui annonçoic abforption. 2 Pour mefurer cette abforption on a vie à la platine un ajuftage portant un petit tube de verre de deux lignes de diamètre & plongeant dans le mercure, Pour Îors en ouvrant le robinet le mercure remonta de deux pouces & demi dans le tube. Cette expérience préfente un phénomène affez fingulier. Lorfque te fil de fer a éré réduit en fumée par l’explofon , fi on ne rouche pas au réci- pient, & qu'on le laifle dans un parfait repos, on voit bientôt la fumée - fe difiper en partie, la platine fe couvre d’une poudre noirâtre ; mais en même-tems une partie de cette poullière s'attache au tube & fur-tout à la boule, comme des petites aigrettes. On les:voir bientôt s’alonger, { Planch. IT, fig. 2). Enfin, elles acquièrent deux à ‘trois pouces de longueur. Elles divergent d’abord , puis peu-à-peu retombent à-peu-près comme Îles branchés ‘des faules pleureurs. Enfin, après un certain rems elles fe dérachent en partié & fe précipitent fur là platine. Dès qu'on ouvre les robinets , elles tombent toutes. Le récipient enlevé , on voit la platine route couverte de cetre poudre noirâtre. Je l'ai ramaflée avec foin, & l'ai examinée, J'ai trouvé qu’elle éroit attirable, qu'elle ne fe diffolvoit pas plus dans l'acide nitreux que l'échiops, d'où j'ai conclu que c’eft un véritable éthiops, Cerre expérience répétée un grand nombre de fois a toujours préfenté les mêmes réfultats. ’ Expériences faites dans Pair fixe. Le récipient étant rempli d'air fixe avec les mêmes précautions, le fl de fer y a été également calciné. Le récipient a été rempli de fumée. Une artie s'elt précipitée fur la platine, l’autre s’eft aufli attachée à la boule ! Tome XXX, Pare I, 17987. JUIN. lii 2 436 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, du conducteur , mais les filets n’éroient ni aufli longs, ni aufli abondans que dans l'air inflammable. 00 Le récipient Ôté , j'ai ramaflé la pouflière noire qui étoit fur la platine, que j'ai trouvé également être de L'échiops. Expériences faites dans Pair nitreux. Le fil de fer a été également calciné dans cet air, & réduit en échiops. Expériences faites dans le vide. Le vuide a été fait au point que l’éprouvette éroit defcendu à 2 lignes; ce qui indiquoit qu’il ne reftoit dans le récipient que + d'air. Un fil d’or d'un pouce avoit été attaché à la tige avec les précautions décrites ci-deffus. Les batteries très-chargées , on a tiré l’étincelle : le &l a été calciné. Pour s'affurer fi c'étoit une vraie calcination , on a enveloppé le fil d'un morceau de papier blanc , & on a couvert la platine également de papier. Ces deux papiers ont été teints en pourpre par l’explofion ; mais on voit encore quelques portions d’or dans celui qui enveloppoit Le fL L'or avoit donc été calciné en partie. Telles font les principales expériences que M. Charles a faites fur les fubftances métalliques. Il a enfuite foumis différens animaux à l’étincelle fulminante de fes batteries bien chargées, L'étincelle tirée au front d’un lapin, l’a tué. Un cochon-d'inde a auffi éré tué de même. Mais un chat y a réfifté. A l’inftant qu'il reçoit fs coup foudroyant , il tombe, fes membres font en convulfon : la refpiration eft fréquente ; mais il revient après quelques minutes. La manière d'accélérer fon rétabliflement , eft de lui donner quelques étincelles plus foibles. A la troifième ou quatrième, il miaule ordinairement, & en, continuant ainfi, il fe lève bientôt, ï | À SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 437 rt MÉMOIRE SUR L'HYGROMÉTRIE (1); Par M. J. A.pr Luc, Leeur de la Reine de la Grande-Bresagne, des Sociétés Royales de Londres & de Dublin, de l'Académie de Sienne, & Corre/pondant des Académies des Sciences de Paris, de Montpellier & de Rotterdasmn. | MEx viciMitudes de defféchement & d'humectation des fubftances 2y- grofcopiques , produifant chez elles des changemens plus ou moins grands de poids & de volume, on a fongé dès long-tems à en tirer quelque moyen de mefurer l’Aumidiré. Je ne parlerai ici que des chan- gemens de volume, ceux de poids n'étant pas fufceptibles de meéfure dans tous les cas, . L'Aygrométre. doit être fair d’une fubftance, de telle nature, & tellement difpofée, qu'elle nous fournifle des rapports comparables , conftans, .& vrais, entre les quantités d'humidité qu'elle renferme en divers tems. Er traitant de cer objet, je nommerai état hyprofcopique , le rapport de l’état actuel, avec l’un ou l’autre des deux extrêmes , de. Jécherefle ou d'Aumi&iré. D'après certe définition de l’Aygromètre, il indique point immé- diatement des quantités abfolues d'eau hygrofcopiquement combinée , mais feulement des degrés d'humidité ; les premières dépendant de plus, de la capacité des fubftances. Si donc on veur juger, par l'ob- fervation de l’Aygrométre, de la quantité d’eau hygrofcopiquement combinée dans une certaine fubftance, il faut avoir premièrement appris, par des expériences directes, quelle quantité elle en contient à fon maximum. Ceci s'applique au feu, comme à toute autre fubftance hygrofcopique ; c’eft-à-dire, que pour connoïtre la quantité d’eau en vapeurs dans le lieu où l'Aygromérre eft obfervé , il faut connoître la quantité qu'en contiennent les vapeurs à leurs divers maximums fui- vant les différentes sempératures ; & alors , le hermomèétre étant joint à l'hygrométre , on aura les données néceflaires pour connoître la quantité actuelle d’eau en vapeur dans le lieu, Tel fera donc le langage de l’hygromètre , s'il a les condirions re- quifes, dont fa première que j'ai indiquée, eft la comparabiliré. Cette condition exige eflenciellement, ou deux points fixes , qui fervent de bafe à l’échelle; ou un point fixe, appliqué à une fubftance dont toutes les portions individuelles foient également affeQées par l’Aumidité, C’eft (1) Extrait des Idées fur la Météorologie , de M4 de Luc. 433 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, ainfñi que MM. de Réaumur & de Lifle avoienr effayé de conftruire un thermomètre: le premier, par la congélation pour point fixe, & la mefure des dilatations d’un certain e/pri de vin, à partir de ce point ( car c’eit-là le rhermometre de M. de Réaumur, dont tant de Phyfi- ciens parlent, en oubliant ce qu'il étoir (1) ); & le dérnier, par la chaleur de l'eau bouillante pour point fixe , & la mefure des conden- farions du mereure à partir de ce point. | Les difficultés que j'envifageai d’abord à trouver un point fixe de Jéchereffe , me décerminèrent à fuivre cette dernière méthode; & je l'em- ployai pour mon premier Aygromètre, préfenté à la Société Royale de Londres en 1773. Mais je découvris bientôt après que l'ivoire ( qui étoit fa fubltance Aygrofcopique ) n'avoit point toujours la même dilatabilité ; & je” mouvai enfuite le même défauc aux plumes que je propolois déjà alors d'y fubflituer, &c à routes les autres fubitances que j'eilayai. Je me fixai à la Paleine par d'autres confidérations; & quant à la comparabilité, Ÿy parvins aflez bien par un feul point fixe, en em ployant une méthode qui a quelque avantage général, mais dont je ne ferai pas mention ici. Ce fut [à mon fecond hygromètre, que je pré- fentai à l’Académie Royale des Sciences de Paris en 1781. Mais bientôt “après je trouvai un fecond poinc fixe ; ce qui m'a fait changer cotale- ment, pour la troifième fois, la conftruétion de l'Aypromerre. * Cet inftrument peut poffëder ainfi un avantage, que le shermometre n'aura probablement jamais; celui d’avoir, pour points fixes des extrêmes abfolus : car il y'a un extréme d'humidité, faVoir le point où les fubf- tances hygrofcopiques font /aturéis d'eau ÿ& un extréme de féchere]fe, favoir le point où elles font privées dé touté eau Ayero/topiquement combinée avec elles. Je vais traiter de l’un & de l’autre, ape D’après les principes d’Aysrologie que j'ai pofés dans le chapitre pré- cédent , il étoit naturel de conclure, que l'Aurnidité extrême fe trou- veroit, Là o% la quantité d’eùu feroit télle, que toutes les fubffances: 2 ; | 5 (x): Quoique. je n’aie pas lieu de penfer , que beaucoup, de! Phyficiens aient lu avec une attention foutenue mon /on2 Ouvragefur les modifications de l'armofphère, je ne puis m'empêcher d’être Ctonné , qu’il y en ait tant encore , qui nomment £her- momècre de de Réaumur, un thermomètre fait de mercure, & divifé en 89 parties entre les températures de la glave fondante & de l'eau bouillante à un point donné du baromètre. Lorfque j’eus:fixé cette échelle , par des motifs, très-déterminés , & conftat 1l:$ marches cotrefpondantes de ce thermomètre & de celui de M: de Réaurmur, marches très-différentes , feu M, de la Condamine , à qui je communiquai mon Ouvrage en manuferi, fut d’avis, que je changealle le nombre 80; m'affurant qu'il feroit un piège , vu l'inattention f'commune parmi éeux même qui proféflent Ja Phyfque. Je ne connoïflois pas encore aufi bien que luïcette ‘inattention , & je donnaï plus de poids à deux.confidérations; luneque.j’exprimai, l’autre une modeñie déplacée. J'y airegret, maintenant que j'ai vu par l’expérience, combien la prédidtion de M. de la Condamine étoit fondée, en TS LAPE EN EE CPP TR ne Ode TE De OS ET UE ges EN . SUR L'HIST. NATURELLE ETLES ARTS. 439 hygrofcopiques , y compris le feu, en feroient certainement faturées. Mais lorfque je vins à chercher quel pourroit être le fymprôme au- quel on reconnoîtroit füremenc cet état des fubftances Aygro/copiques, fe ne pus fatisfaire mon efprit, qu'en arrivant à la mouillure , c'eltà- dire, à une quantité d'eau furabondante , d’où je tirai cette conféquence; que le moyen le plus fimple de fixer fürement le point de l’Aumidité extréme fur l’Aygromèetre, étoit de le plonger dans l’eau. M. de Sauflure, dans un ouvrage fur l'hygromérrie, rempli de faits intéreflans & de remarques que perfonne n'avoit encore publiées, donne la defcription d’un ygrométre qui a dû fe concilier l'attention des vrais Phyfciens. L'échelle de cer inftrument eft déterminée par les exerémes d'humidité & de féchereffe : mais M. de Sauflure, craignant de plonger fon Aygrométre dans l'eau , à caufe de fa conftruétion, a rejetré ce moyen, comme n'étant pas convenable; & il lui a fubltitué l'humidité produite fous une cloche de verre, renverfée fur de l’eau, & dont les parois reftent conftamment mouillées. Il penfe que l’Aumidiré produite fous cette cloche eft fxe, & qu'elle eft l'Aumidité extrême, ; J'avois lieu de douter qu'on pût trouver fürement l'humidité extrême par aucun autre moyen que par l’eau concrète. L’Aurmidité d'an milieu, même environné d’eau dans un petit efpace, n’eft jamais que l’effec des vapeurs agueufès fur les fubftances Aygrofcopiques ; & cet effet eft variable à nombre d'égards. M. de Sauñlure le croit fixe à route température 3 & je favois par nombre de phénomènes, qu’il varioit extrémement fuivant les températures, J'avois même lieu de croire, qu'il ne pouvoit être f£xe dans une température en apparence conftante, vu la complication des caufes qui agiffent dans les vafes clos. C’éroit-là un des défauts que je foupçonnois dans l’Aygromèrre de M. de Sauf- fure ; mais comme je-ne voulois pas en faire l'examen à la léoère, je craignois de m'y engager; & l’expérience a prouvé que ce n’étoit pas fans raifon, J'ai donc répété plufieurs fois le procédé de M. de Sauffüre pour fixer le point de l’humidité extréme fous une cloche mouillée : à chaque fois j'ai continué l'expérience plufeurs jours, avec le plus grand foin & j'ai trouvé ce que je prévoyoiss favoir, 1°. qu'il y a de très-orandes variations dans l'humidité fous cette cloche, produites par les variations de la chaleur, quelque foin qu'on prenne de mouiller fréquemment les parois de la cloche; 2°. que l'humidité n'y revient pas aux mêmes points par les mêmes sempératures , fans que le plus fouvent on apper- çoive les caufes de ces changemens. On feroit étonné d’un tel écart entre les expériences de M, de Sauf fure & les miennes, fi je ne difois dès ici, que la nature de fon 4y- gromètre l’a empêché d’appercevoir ces différences, & que C’eft par un des miens, placé fous la même cloche, que je les ai conflatées, La 430 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE; caufe de la différences de nos Aygrométres tenant à une autre point d’hygrometrie, je ne puis en parler ici, & je renvoie même les détails de ces expériences, jufqu'au lieu où je traiterai cet autre point; me bornant pour le prélent à l’expofition des caufes qui produifent les va- riations de l’Awmidité fous la cloche, Ayant lu ceci à la page 21 de l'ouvrage de M. de Sauflure : « On » ne doit point craindre que la chaleur plus ou moins grande, foit de » l’eau, foit des vapeurs, foit de l'air ambiant, produife un changement >» fenfible [ur le terme de l'humidité extrême »; je fus étonné de le voir contredit à la page 36, où M. de Sauflure dit ceci : « J’aurois » deliré de répéter ces mêmes expériences ( pyrométriques ) fur le cheveu » parfaitement faturé d'humidité; mais... premièrement, er réchauf- » fant le vafe, il eft très-difficile, pour ne pas dire émpoffible, de le >» renir conftamment faturé de vapeurs. .... » Or qu'eit-ce que ré- chauffer le va/e, fi ce n’eft donner une plus grande ‘chaleur, foit à Peau, foit aux vapeurs, foit à Pair ambiant ? ce que M. de Saüfluré avoit dit qu'on ne devoit pas craindre. Je retournai donc à la page 21, pour tâcher d'en comprendre le fens, & j'y trouvai ce qui avoit donné lieu à ce contrafte. M, de Sauflure y dic ceci : « Des cheveux bien fains » & lellivés à propos, ne font nullement contraétés par les vapeurs » de l’eau, même Pouillante ; elles ne produifent pas fur eux plus d’effec » que celles de la froide ». À quoi il revient à la page 22 fous un autre point de vue. « Quant aux vapeurs ( dit-il), eiles ne pénètrent, » ou du moins elles, n'a/longent pas plus le cheveu lorfquelles font » chaudes que lorfqu'elles font froides; & c’eft-là une propriété » du cheveu bien remarquable ; & qui le rend bien précieux pour » l'Hygrométrie », , On voie que le point que M. de Sauflure vouloir établir par cette dernière affertion, étoit , que les vapeurs chaudes navoient pas plus de pouvoir que les vapeurs froides, pour allonger le cheveu , foit pour faire marcher cer hygromètre vers l'humidité. Ce qui au refte, s'il étoit fondé, n'appartiendroit pas plus aux cheveux, qu'à toute autre fubftance kygrof- copique , ou bien excluroir les cheveux de l'hygromére. Mais ce qu'il y a d'effentiel à remarquer ici , c’eft qu’il faudroit prouver précifément le contraire ; favoir, que les vapeurs chaudes ne font pas marcher l’hygro- mètre vers la /écheref]e : or, fûrement on ne peut le prouver; car elles produifent cet effet de plus en plus, à mefure qu’elles font plus chaudes. Cependant M. de Säuffure vouloit aufi prévenir contre cette crainte, par l’autre affertion ; favoir : æ Que les cheveux bien fains & leflivés à » propos, ne font nullement conrraëés par les vapeurs de l’eau, » même bouillante ; qu’elles ne produifent par fur eux plus d'effet que » celle de la froide ». C'elt ici que l'écart de l’affertion avec le fait, me conduifir à découvrir l'idée de M..de Saufure, & la nature de D ont 4 EL —7— SUR L'HIST. NATURELLE ETLES ARTS. 44r dont il vouloit parler. Il avoit probablement fubftitué de l'eau bouillante à l'eau froide, dans le baflin fur lequel fa cloche étoitsrenverfée ; & l'hygromètre avoit été enveloppé du brouillard produit par cette eau. Alors fans doute il ne devoit pas aller vers la /ëchereffe , & bien loin de- B, c’éoit le feul moyen de produire fürement l'humidité extréme fous la cloche; car les corps fur lefquels fe dépofe ce brouillard , en font mouillés , tout comme s’ils étoient plongés dans l’eau. Ce fait donc n’a aucun rapport avec le cas dont je parle , où il doit toujours être entendu, que le æilieu où fe trouve l’Aygromérre , elt à la même température que l'eau qui s'évapore. Ce qui, à moins d’un arrangement particulier de circonftances, fera le cas de la méthode de M. de Sauflure, où il demande fimplement, de placer l'hygrométre fous une cloche renverfèe fur de l'eau, & dont on mouille fréquemment les parois , ajoutant , que l'Aumidité (era la même fous cette cloche à toute température. J'ai trouvé le contraire , comme je viens de le dire ; mais fans rapporter encore mes propres expériences, je vais lever l'équivoque de celle à laquelle M. de Sauflure fait probablement allufon. On ne doit pas nommer vapeur de l'eau bouillante (à moins que de s'expliquer } le produit de cette vapeur décompofée, foit le Brouxllard qui s’en forme quand elle arrive dans un milieu moins chaud qu'elle. Il n'eft pas béfoin de l’Aygromètre , pour juger de l'Aumidité d'un milieu, devenu opaque par la décompolition des vapeurs ; car l'humidité extréme y règne toujours, comme dans le fein même de l’eau, & à toute sempérature. Ce n'eft donc que pour un milieu sran/parent, que Vhygromètre eft néceflaire; car c’elt lui feul alors qui peur nous inftruire de l’érat hygrofcopique de ce milieu ; Veau ne s’y trouvant que par affinité avec le feu, & ainfi fous la forme de vapeur tranfparente. Or, quand le milieu eft à la même emperature que l'eau qui s’évapore, les vapeurs produites font d'autant plus loin de leur maximum , que la température eft plus chaude : & l'hygromètre nous avertit de cet effet, parce que fa fubitance étant réduite à l'état shermofcopique & hygrofcopique des vapeurs , ne leur enlève plus ni feu ni eau, & qu’elle nous montre ainfis par fon propre état , celui des vapeurs dans le milieu. C’eft ce que m'ont confirmé les expériences que j'ai faites fous la cloche de M. de Sauflure; mais qui étoit déjà prouvé par les obfervations 4ygro/f- copiques faites à peu d'élévation au-deflus des grandes furfaces d’eau, la mer & les lacs, à différentes rempératures ; car l’étendue de l'eau qui s’évapore , fupplée en plus grande partie aux parois mouillées d’une cloche ; & fi l’Aumidité étoit néceffairement extréme, quand les vapeurs formées font retenues dans un #ilieu , elle devroit toujours l'être à peu de diftance de la furface de ces grandes eaux : ce qui efl bien loin de f'obfervation journalière de ceux qui y navigent. Pour prouver direétement , que les vapeurs qui s'élèvent dans un milieu Tome XXX , Part, I, 1787. JUIN. KKkk 442 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, de même température qu’elles, produifent d’autant moins d'humidité , que l'eau & le milieu font à une température plus chaude , je rappor- terai ici une obfervation importante de M. War. Il a trouvé, dans {a longue pratique fur la machine à vapeur , qu'on re pouvoit y employer le bois dans aucune des parties où les vapeurs de l'eau bouillante fe confervent, cata par exemple, pour le pifton ; car il s’y defsèche telle : ment, qu'il fe crevafle comme il le feroit auprès du feu. C’eft d’après ce fait que j'ai dir d'entrée , que l'opinion de M. de Sauflure, fur l’Aumidité produite par l’évaporation à fon maximum dans un vafe clos , différoit extrémement du fait ; car les vapeurs de l’eau bouillante , qui font dans ce cas, approchent déjà beaucoup de la /échereffe extrême , & je ne doute pas qu’elle ne fe trouve prefqu'entièrement dans les vapeurs du digefleur de Papin. Je conclus donc, comme je l'avois fait en 1773 dans mon premier Ouvrage fur l'Hygrométrie , que c’ef? dans l'eau qu'on trouve sûrement l'Aumidité extrême, & j'ajoute maintenant, qu'elle s’y trouve à route cempérature. On la trouve aufli dans le brouillard ; mais c’eft feulement parce qu'il couvre d’eau la fubltance de l'hygromètre. On l’obferveroit probablement quelquefois fous la cloche de M. de Sauffure , quand la température feroit près de la congélation : du moins je l'ai vu très-près d'arriver aux environs de cette température ; mais fouvent auñi elle en différoit fenfiblement. Il n’eft donc rien d’aufli sûr, comme de plus fimple , que de plonger l'hygromètre dans l’eau, pour fixer fon point d’Aumidité extrême. D'après les mêmes principes d’Hygrologie pofés dans le Chapitre précédent, la féchereffe extréme doit fe trouver, là ot Le feu eff en telle quantité qu'il peut enlever aux autres fubflances , toute eau hygrofco- piquement combinée avec elles. Et fi ,'en quelqu'abondance que foit le feu, les fubftances hygrofcopiques retiennent néanmoins leur portion d'eau, on peut au moins regarder l’ércandefcence , comme un point extrême d'abondance de feu, auquel la féchereffe eft fenfiblement extrême. Telle fut donc l’idée que je me formai d’abord d’un point fixe de Jéchereffe ; mais je le regardai long-tems comme purement idéal, parce qu'on ne peut expofer l'hygromètre à un tel degré de chaleur. J'imaginai enfuite de produire la /écheref]e extréme par le vuide, & j'avois mème fongé à des moyens d'y produire des degrés d'Aumidité déterminés ; mais quand je vins à l'exécution, j y trouvai des difficultés prefqu'infur- montables, Ce fut alors que je fongeai aux moyens de produire un bygromètre comparable par un feul point fixe. Mais enfin il me vint à l'efprit une idée, qui réalifa le premier & le plus sûr de ces moyens: en voici les fondemens. Quand une fubftance Aygrofcopique, fufceptible du plus haut degré d'incandefcence, y eft arrivée , elle eft réellement à un point fixe de SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS: 443 féchereffe, qui peut être confidéré fenfiblement comme exrréme, Si cette fubftance eft de telle nature, qu'après avoir ainfi perdu toute fon humidité , elle foit très-lente à la reprendre par l'entremife feule des vapeurs ; elle pourra perdre une grande partie de cette chaleur , de manière , par exemple, à pouvoir être placée fous une cloche de verre, fans avoir repris fenfiblement de l’Aumidité, fur-tout fi elle eft en grandes mafles. Enfin, fi la capacité hygrofcopique de cette fubitance eft telle, que toute l’eau en vapeurs, même à leur maximum , contenue dans un efpace d’air égal à fon volume , ne lui rende pas non plus une Aumidité fenfible , en la renfermant, dans cette proportion avec l'air, fous une cloche de verte où l’on placera l'hygromètre, celui-ci devra arriver peu-à-peu au degré de /echeref]e de la fubftance : degré qui , d'après les fuppoñtions précédentes , ne devra pas s'éloigner fenfiblement de la féchereffe extrême. Or, la chaux a rempli toutes ces conditions. C’eft donc au moyen de la chaux, calcinée de nouveau en grandes mafles , que j'ai fixé dès-lors un fecond point fur mes hygromètres. Je dis qu’elle a rempli les conditions ci-deflus, parce que je lui ai vu amener mes hygromètres à un même point , quoiqu'enfermée à divers degrés de chaleur ,en différens rapports avec l'efpace qu'elle n'occupoit pas, & en des états aflez différens du milieu quant à l'Aumi- dité ; & l’extrème lenteur avec laquelle elle produit fon effet final : ce qui n'arrive qu’en trois femaines , quand elle n’occupe que la moitié de l’efpace, eft encore un témoignage en fa faveur. J'ai fait auf depuis peu, un eflai qui abrégera beaucoup les expé- riences hygrofcopiques qui me reftent à faire, Ayant enfermé de Aygro- mètres dans un vafe dont la chaux occupoit environ les trois-quarts , fermé par un couvercle cimenté avec le ciment des Vitriers, j'ai forti deux fois ces hygromètres du vafe ; & après leur avoir laiflé reprendre Pétat de l'air, je les ai enfermés de nouveau dans le même vafe fans y rien changer ; & ils font arrivés au même point. J'ai donc commencé un nouvel appareil, qui fera un grand vafe de fer-blanc, vitré dans une place convenable , correfpondante à des cages de canevas de fil-d’archal , où feront placés les kygrométres ou des kygrofcopes. Le refte de la capacité du vafe fera rempli de éhaux , & le couvercle , bien cimenté, ne fera percé qu'au-deffus des cages, pour qu’en changeant les inftrumens , l'efpace renfermé n’ait que bien peu de communication, & une com- munication bien courte, avec le milieu extérieur. J’efpère d’avoir par-là un appareil aflez durable de fécherefle extrême. J’y tiendrai néanmoins un hygromètre en fentinelle, pour m'avertir de ce qui s’y paflera. I! réfulte enfin des mêmes principes d’Hygrologie, que lorfqu’un efpace eft fenfiblement privé d'humidité, les différences de la chaleur ne peuvent plus y produire d'effets hygrofcopiques; car le feu ne peut enlever ou rendre de l’eau aux autres fubftances, (ce qui conftitue les effets hygrof= Tome XXX, Part, I, 1787. JUIN, _ Kkk2 444 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, copiques produits par les différences de la chaleur ) quand il n’y a point d'eau à diftribuer. C'’eft donc-là encore un des fymprômes auxquels je jugeai d'abord que mon appareil à chaux produifoit fenfiblement la fécherefle extrème; je veux dire que, tandis que durant la plus grande partie de l’opération , l'augmentation de la chaleur faifoit marcher lhygro- mètre vers la fécherefle, il arriva au contraire à fa fin, que ce fut la dimi- nution de la chaleur qui produifit la même apparence, à un petit degré , pat le raccourciflement de la fubftance hygrofcopique. M. de Sauflure a éprouvé la même chofe en employant le fel de tartre ; ce qui certifie, que s'il n'eft pas arrivé abfolument à la fécherefle extrême, il en étoit du moins près, & ce degré de fécherefle a tiré auñi fon origine de l'incandefcence, Ces deux points fixes , l'humidité extrême & la féchereffe extrême, deviennent donc une bafe sûre pour la conftruétion de l'échelle de l'hygromètre ; le refle, foic la divifion de l’intervalle de ces deux points, & la fixation de celui d’où l'on comptera les degrés, eft arbitraire en foi, N'ayant eu qu’un feul point fixe dans mes deux premiers hygromètres , favoir, celui de l'humidité extrême , il étoit naturel que j'y plaçafle le zéro ; & enfuite, par habitude, j'avois continué à l’y placer, quoiqu’avec deux points fixes. Mais libre encore de changer mon échelle, puifque ce troifième hygromètre n’eft connu que de peu de perfonnes, & n’a fervi encore qu'à mes propres obfervations; j'ai fuivi la méthode de M. de Sauflure, qui m'a paru plus naturelle ; favoir , de placer le zéro à la fécherefle extrême, puifqu’elle eft l'abfence de toute humidité. Obligé par-là de refaire mes échelles, & fur-tout de changer mon babitude d’envifager les degrés d'humidité, j'ai adopté en même-tems le nombre 100 qu'a choïfi M. de Sauflure. La feconde des conditions qu’exige l'hygromètre , eft la conftance des mêmes indications pour les mêmes degrés d'humidité, C’eft un trop long chapitre que celui-là dans les recherches relatives à l'Hygrométrie pra- tique, pour l'entamier ici; je dirai donc feulement, qu'après de longs eflais fur un grand nombre de fubftances, je me fuis fixé à la baleine , qui pofsède plufieurs propriétés très-précieufes pour cet inftrument. J'emploie la fuperficie des fanons, qui eft une forte de croûte très- compade, & je la prends dans la largeur des fibres. C'eft d’abord à caufe de fa conftance que je l’ai choifie, C’eft la feule des fubftances que j'avois éprouvées , qui, après avoir été mife à l'humidité extrême , y fût revenue conftamment au même point. J’avois encore à la fin de l’année dernière des hygromètres de cette fubitance faits depuis cinq ans ,que j'ai démontés pour changer leur conftruétion ; mais avant cela je les remis à l'humidité extrême , & ils y revinrent au premier point fixe. J’avois aufli le premier de mes hygromètres où je fixai le point de la fécherefle extrême par la chaux il y a environ trois ans ; & lorfque je repris ces expériences , il y eft SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 44$ revenu au même point. J’ai fait aufi fubir plufieurs fois certe même épreuve à mes nouveaux hygromètres , dont j'ai beaucoup augmenté la fenGbilité; & chaque fois ils font revenus fenfiblement au même point. Ainf cette fubftance pofsède la conftance , à un degré que je n'avois pas lieu d'attendre d’après routes celles que j'avois effayées avant que de forger à elle. Cette propriété m'auroit fait préférer la baleine, même au travers de quelques inconvéniens ; & cependant elle pofsède encore d’autres avan- tages. Je n'avois pas d'abord rendu mes hygromètres bien fenfibles, parce que j'avois Jaiffé la baleine trop large & trop épaifle, Lorfque je fongeai - au point de féchereffe extrême , je tentai de la rendre plus mince, & j'y réuffis à un certain degré, par des moyens qui me firent efpérer d'aller plus loin quand j’aurois acquis l'habitude de les employer ; mais ce fut alors que je fufpendis mes travaux d'Hygrométrie- pratique. En les reprenant à l’occafñon de l’hygromètre de M. de Sauflure , j’ai poufté l’aminciflement de mes bandelettes de baleine plus loin que je ne l’avois jamais efpéré ; & le point où je me fuis fixé, n'eft pas même le plus grand que je pufle atteindre par ma méthode, Cependant j'ai de ces bandelettes d'environ un pied de long & une ligne de large, qui ne pèfent qu'environ un demi-grain. Je me fuis fixé à ce point, parce que ces bandeletres font fuffifamment fenfbles : fi elles l’étoient davantage , cela deviendroit nuifble à l’exactitude des obfervations; car à ce point-là même , il faut obferver aflez promptement, quandble tems eft humide, pour que le voifinage de l’obfervateur ne les faffe pas marcher vers la fécherefle, par l'augmentation de la chaleur. Mais telle eft la finefle des fibres & la ténacité de cette fubftance, que s'il éroit befoin d'hygromètres plus fenfbles , on pourroit la rendre encore & plus mince & plus étroite. Je le fais par expérience; car j'en ai fait une bandeletre d'environ un pied, qui ne pefoit qu'un quart de grain, & fupportoit néanmoins l’action d’un reffort équivalent à un poids d’un tiers d’once. Je préfere Les reflorts aux poids pour tenir ces bandelettes tendues, non-feulement parce que les premiers font plus commodes dans le tranfport, mais fur-tout parce qu’ils tiennent la bandelette conftamment rendue, ce qui eft très-eflentiel. Je ne connois aucune fubftance végétale ni animale qui, étant mife à l'humidité extrême fous l’action d’un poids ou d’un reflort , n’y aequière un allongement abfolu ; allongement qu’elle conferve enfuite dans toutes fes variations , fi la même tenfion fubffte, mais qu’elle perd peu-à-peu fi cette tenfion cefle: & alors l'hygromètre ne fe retrouve plus aux mêmes points de fon échelle, par les mêmes degrés d'humidité, Il fauc donc lui faire fubir de nouveau l'humidité extrême fous le même degré de tenfion , avant qu'il puifle être obfervé ; ce qui eft au moins incommode,. Les reflorts ont encore un avantage fur les poids, & la baleine fur 446 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE; nombre d’autres fubftances , quand l’hygromètre eft obfervé au vent, Le vent agite les poids, & rend l'indication de l’inftrument fort incertaine, à caufe du relichement & de la plus grande tenfion qui en réfultent alternativement dans la fubftance hygrofcopique; ce qui fait ofciller l'index. Il ofcille aufli pat les fimples vibrations que le vent produit dans la fubftance , fi la différence de longueur de celle-ci, dans fes différens états durant une ofcillation, ont un rapport fenfble avec les changemens de longueur par lefquels elle mefure l'humidité; ce qui a lieu , par exemple dans les cheveux. Mais à l'égard de la baleine , ces différe nce n'ont aucune influence fenfible fur l'index ; car fa variation hygrofco- pique eft de plus d’un huitième de fa longueur à la fécherefle extrême. Ainfi , quoique le vent fafle vibrer quelquefois très-fortement la bande- lette, l’index ne fe meut point fenfiblement. Cette grande expanfbilité de la baleine m'a fait naître l’idée d'en mefurer les expanfons avec un fimple vernier. Il n’eft pas même befoin pour cela d'employer des bandelettes aufli longues qu’on peut les avoir ; ce qui va jufqu’à un pied : huit pouces fufhfent ; car ils fourniffent une variation d'environ ün pouce. Alors on a un inftrument fort fimple, & très-commode pour le tranfport. Un tube de verre, qui renferme un reflort en hélice fait d'un mince fil de clavecin, en eft la bafe : la bandelette eft fixée en bas à un ajuftement , & le haut porte le vernier. J'ai confervé néanmoins les montures à cadran pour l'ufage ordinaire , à caufe de l’avantage de pouvoir les obferver de loin & d’un coup-d'œil, Le reflorc qui tient la bandelette tendue, eft alors dans un tambour , comme un reflort de montre; mais il doit être beaucoup plus foible. Les miens font cinq à fix tours; c'eft vers le troifième qu'ils agiffent fur la bandelette ; & dans toute l'étendue du mouvement néceffaire , ils font fenfiblement en équilibre avec un poids de demi-once. La grande expanfbilité de la baleine, jointe à fa ténacité, m’a fourni l'idée d’une autre conftruction , fort commode pour l'ufage commun des obfervations du tems. Cet hygromètre eft en forme de montre, & fa conftruétion fort fimple ( Planche IT, fig. 3). Son cadran , qui n'eft qu'un limbe, eft pofé fur une cage de même grandeur, dont les platines font à jour à la manière des balanciérs desmontres , c’eft-à-dire, avec une croifée cen- trale. Les piliers de cette cage font en grand nombre ; & à l'exception d'un. feul, ils portent des rouleaux d’environ un quart de pouce de longueur. Ce pilier fans rouleau eft tout auprès d’un des autres : il fert d'abord à y fixer l’une des extrémités d’une bandelette de baleine , d'environ un quart de poucede largeur , & de l'épaiffeur d’un papier fort. Cette extrémité ef garnie d’une petite plaque de laiton, coufue à la baleine avec ce fil de cuivre blanchi fort mince qu'on nomme canetille, & c'eft au moyen de cete plaque, ue la bandelette eft âxée au pilier : l'autre extrémité eft aufli garnie d'une plaque femblable, à laquelle eft attachée une foie. La bandelette faie le SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 447 tour de la cage en s'appuyant fur les rouleaux; & la foie, paflant fur le dernier des rouleaux , près du pilier où elle eft fixée, vient s’enveloppér au centre fur une poulie ; puis elle va fe joindre à l'une des extrémités d'un reffort demi-circulaire, placé dans l'intérieur de la cage, & dont l'autre extrémité eft aufli fixée au pilier fans rouleau. Enfin , l'axe de la poulie porte un index, Il y a fans doute bien du frottement dans cet hygromètre, à caufe de tous fes rouleaux ; cependant il a autant de fenfi. bilité qu’il en eft befoin pour les obfervations journalières. Lorfau'il eft pendu , il reflemble à une grofle montre; mis dans fa boîte, il n’em- barraffe pas plus à la poche qu'une boîte à tabac. Je demande pardon au Lecteur Phyfcien de cette petite digreflion, qui n’intérefle pas l'hygro- métrie fondamentale , à laquelle je reviens. J'ai dit enfin que l'hygromètre, comme toute autre mefure phyfique ; doit eflentiellement pofléder une troifième qualité, favoir , que fa marche foit proportionnelle à celle de la caufe qui agit fur lui. Mais ce fera-là un des caractères dorit on s’aflurera le plus difficilement. Je vais entrer dans quelques détails fur cet objer. Les différentes marches des thermomètres faits de différens liquides; me conduilirent néceflairement à penfer , que les effets immédiatement fenfbles dans Les inftrumens de cette efpèce , n'étoient pas néceflairement proportionnels aux différentes intenfités de leur caufe principale : & même au premier abord , dès qu'ils différoient fenfiblement entr'eux, ils devenoient tous fufpe@s, Il falloit donc chercher, à priori ou à Poflerior: ; fi quelqu'un de ces effets éroit certainement compliqué ; pour tâcher d'arriver pat ce moyen, à la détermination de celle de ces marches qui étoit la plus proportionnelle aux différences d’intenfité de la caufe. Or, ayant obfervé dans cette recherche, que le thermomètre fait d'eau, après s'être condenfé de moins en moins , comparativement à tous les autres, par les mêmes diminutions de chaleur, fe dilatoit.enfin , tandis que tous les autres continuoient à fe condenfer ; j'en conclus , que deux caufes contraires, dépendantes également de la diminution de la chaleur, agifloient fur celle du volume de l’eau; que ces deux caufes n’avoient pas la même marche dans leur rapport avec la diminution de la chaleur ; & que l’une d’elles, qui tendoit à augmenter le volume de l'eau , d’abord furpaflée par l’autre, la furpañloit à fon tour. Par-là d’abord je rejetai le thermomètre d’eau ; & par des conféquences tirées de ce premier mouif, je donnai la préférence au thermomètre de mercure , parce que, compa- rativement à lui, tous les autres liquides avoient des condenfations décroiflantes par les mêmes fuites de diminutions de la chaleur. Infruit donc par ces phénomènes obfervés dans les différens thermo- mètres , dès que j’eus fini mon premier hygromèrre, qui étoit d'ivoire, j'entrepris d'en faire avec d’autres fubftances, pour examiner leurs marches comparatives , & juger d'abord, s’il en étoit des effets de l'humidité fur 443 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, les fubitances hygrofcopiques , comme de ceux de la chaleur fur les fubitances thermofcopiques , & fi par conféquent il faudroit faire fur l'hygromètre les mêmes recherches que j’avois faites fur le thermomètre. J'imaginai pour cela des montures d'épreuve , propres à rendre facile le long travail dans lequel j'allois m'engager ; & je fis d’abord un grand nombre d'expériences, pour déterminer les marches comparatives générales de diverfes fubftances, Le premier réfultat important de ces expériences préliminaires, fut de divifer en deux clafles très-diftinétes les fubftances que j'avois éprouvées : l'une fuc compofée des fubftances qui, mifes à l'humidité extrème, & s'y allongeant d'abord, continuoient à s'allonger jufqu’à ce qu'elles y euffent pris un état fixe : l'autre, des fubftances qui s’allongeoient d'abord en étant plongées dans l'eau , puis s’accourcifloient, ou même qui s'ac- courcifloient & continuoient à s'accourcir, fi je les y plongeoïis dans un tems humide ; quoiqu’en tems fec elles s’accourciflent aufli par l’augmen- tation de la fécherefle, & s'allongeaflent par fa diminution. Il étoic donc évident, que dans les fubitances de cette dernière claffe, deux effets contraires érofent produits par les variations de l'humidité; & qu'à certain point de la marche, l'effet qui auparavant avoit été furpaflé par l'autre, le’ furpafloit à fon tour. Je remarquai de plus, que les marches comparatives de ces fubitances entr’elles éroient tellement différentes, qu’on n’auroit pas cru qu'elles fuflent les effets d’une mème caufe ; au lieu qu'il n'y avoit pas de grands écarts dans les marches de l’autre clafle, Je rejetai donc toute la clafle dont les marches étoient fi évidemment irrégulières , & me fixai à l’autre pour la recherche d’un hygromètre. Le long travail que cette découverte m’annonçoic , fut une des caufes. qui me firent fufpendre les recherches d'Hygrométrie-pratique , pour publier plutôt ce qui concernoit l'Hygrologie; & c’eft en particulier dans ce travail que je me fuis engagé de nouveau fans m'en appercevoir, Je n’entrerai pas ici dans les détails qui le concernent ; mais je dois y faire mention des fignes extérieurs qui caractérifent, d’une manière tranchée , les deux clafles de fubftances que je viens de définir quant à leurs pro- priétés hygrofcopiques, La clafle à laquelle je me fuis fixé, eft route compofée de fubftances végétales ou animales, dont les bandeletres font coupées en travers des fibres : elle renferme les bois , les rofeaux , l'ivoire , d'autres os, les plumes, la baleine. On feroit furpris que j'aie pu me procurer de longues bandelettes de quelques-unes de ces fubftances prifes dans ce fens, fi je ne difois, qu'après avoir aminci les tuyaux naturels de quelques-unes, ou réduit d’autres en tuyaux très-minces , je les coupe en hélice & les redreffe dans l’eau ; après quoi je les amincis encore par la même méthode que j’emploie pour la baleine, dont on peut avoir immediatement des bandelettes droites , ainfi que des bois, L'autre claffe de fubftances, celle que j’ai rejetée, eft compofée Re es dd fout ts SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 449 des mêmes fubitances ci-deflus, mais dont les bandelettes font prifes dans le fens de la longueur des fibres , puis d’autres fubftances qui ne peuvenc être employées que dans ce fens ; celles que le chanvre, la pire, la foie , les cheveux, les crins, les faifceaux membraneux dont on fait les cordes de boyau. Toutes ces fubftances, dis-je, fans exception , par cela feul que les fbres y font en long, ont la marche irrégulière dont j'ai parlé ci-deflus , qui réfuire de ce que l'humidité les gonfle, en même tems qu'elle allonge leurs fibres, & de ce que le premier de ces effets a une marche croiffante comparativement à l’autre. Ce phénomène général des fubftances animales & végétales prifes dans le fens de la longueur de leurs fibres , indique très-clairement leur ôrganifation. Elles font à réfeau, & leurs mailles font exceflivement - petites; ce qui donne à l'introduction de humidité, le pouvoir d’accourcir leurs faifceaux , en élargiffant ces mailles. On y voir encore une des caufes, de la marche progreflive de cer accourciflement; c’eft que lorfque les fibres qui forment les mailles approchent le plus d'être parallèles, c’eft- à-dire, en tems fec, les mêmes quantités d’eau qui entrent dans ces mailles accourciffent moins le faifceau, que lorfque les fibres font déjà fenfblement écartées. À quoi s'ajoute d’abord , un effet contraire fur la caufe d’allongement des faifceaux, favoir , qu'un même allongement des fibres influe plus fur l'allongement de leurs faifceaux, quand elles font le plus parallèles, (c’eft-à-dire, toujours en tems fec), que lorfqu'elles font plus en zigzag par l'élargiffement des mailles, Enfin , une circonf- tance contribue encore à cette marche différente des deux effets con- traires ; favoir, la tenfion des faifceaux , qui favorife l’allongement des fibres, & rélifte au contraire à l'élargiffement des mailles ; mais qui influe plus fur les faifceaux quand l'humidité eft foible, que quand elle eft forte. Cette organifation explique encore un phénomène, qui fans elle feroit fort embarraffant ; favoir, la grande dilatabilité de la baleine prife en travers , dont autrement il faudroit fuppofer que les fibres s'écartent dans toute leur longueur d’un huitième de leur diamètre, n'ayant que l'eau pour caufe de réunion : ce qui ne fauroir fe concevoir , vu l'effort que fes bandelétres peuvent fupporter à l'humidité extrême. Il faut aufli que les fibres de cette fubftance foienc exceflivement fines, & fes mailles bien petites, pour que des bandelertes auffi minces & étroites que celles dont j'ai parlé, puiflent fupporrer Paction de mes reflorts. La baleine nous montre encore d’une autre manière, l’organifation des fubitances animales & leur marche hygrofcopique. Prife dans le fens de la longueur de fes fibres , elle fournit d’excellens refforts , qui ne fe rendent point, à moins qu’on ne les altère par une trop grande courbure ou trop de chaleur, Les petites adhérences qui forment fes mailles font Tome XXX, Part. 1,1787. JUIN. Lil Ed 4fo OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, donc très-fermes, & fes fibres très-elaftiques ; ce qui fait que celles-ci tendent toujours à redevenir parallèles, quand l'humidité fort de fes mailles ; par où elle revient aux mêmes points, par les mêmes degrés d'humidité. Lorfque j'eus fait cette dernière réflexion, je fus étonné de n'avoir pas trouvé de la conflance dans les bandelettes de plume prifes en hélice, & ainfi en travers des Sbres, puifque cette fubftance a tanr d’élafticité dans le fens de fa longueur. Songeant à cela, il me vint à l'efprit, que les altérations que j’avois obfervées dans mes hygromètres de plumes, pouvoient provenir d’une ondulation qui reftoit dans leurs bandelettes à la première immerfion dans l'eau ; ondulation qui s’effaçoit peu-à-peu. Et en effet, les altérations dont je parle, étoient un allonge- ment abfolu des bandelettes : elles fe trouvoient toujours plus longues, quand je les remettois dans l’eau, J'avois donc intention d’eflayer de les amincer pour que les ondulations s’effaçaflent plus aifément. J'y ai com- plettement réuffi depuis que j'ai repris mon travail d'Hygrométrie- pratique : & alors j'ai trouvé que la plume, comme la baleine revient toujours à Ja même longueur dans l’eau ; ce qui me fait efpérer qu'il en réfultera un fort bon hygromèrre, du moins à l'égard de la conftance. Inftruic par mes premières expériences fur ces différentes marches des fubftances végérales & animales, je reconnus celle de l'hygromètre de M. de Sauflure à la fimple le‘ture de fon Ouvrage, c’eft-à-dire, que j'y vis la caufe de ces rétrogradations qu'il avoir apperçues dans les cheveux, & pourquoi elles avoient diminué, quand il avoit diminué le poids qui renoit Les cheveux rendus. Cependant il ne les a pas entièrement détruites par-là ; & quand ce fymptôme auroit totalement difparu , l'influence de fa caufe feroit feulement diminuée, fans être détruite. C’eft ce que j'ai trouvé, lorfque j'ai fait l'examen de l’inftrument même; & je vais maintenant donner fa marche comparative avec un des miens, en quelques expériences , pour l'intelligence defquelles il-faut fe rappeler, que fur les de inftrumens , la fécherefle extrème eft également ©, & l'humidité extrème 100: à La première expérience que je vais rapporter ; eft extraite de mon Journal du 14 au 16 d'ottobré pañlé, durant lequel rems les deux bygromètres reflèrent fous la cloche humide avec un thermomètre. La cloche fut mouillée prefque tous les quarts-d'heures durant les obfer- vations, qui furent très-nombreufes ; mais je ne rapporterai que celles où il y eut des changemens fenfibles dans la chaleur, — SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS, 4fr Hygrom. de Mon hygr. Therm, M. de Sauf. D de Fah. TS) Sa marche Sa marc. ce. Lt n'en. 7) vers l'hum. MN Le r4. Les hygrom.placés dans l'appart, non en-£ CIO ,. core hum, 4 10 h, 15! mis l’eau, & mouillé la cloch. 100 ee + +1ÿ4 2OME RE TOT Oh eie se BD ee sole eee 63; — 20 ces. he 73 ILossssesss PO O er ue à STD ER cer + 63- + OI .....4, + 40 215 L...... 96Z LS. OC) MERE 64 18 «3. + 47 COS SEE 97.3 see 00 Oiertene 60: 25. Avant que de mouiller NON... Le) 6.45! m ..... DT seu … 960 ess $6 Mouillé alors VO Te UNS o HO SE te OO TION ee D niste lee à 96.0 ce.n.se $6: - Oo — 40 RO TONNES EU oO MU a « 68 16. Avant que de mouiller net PAS MR 4-6 6.30 m...,.: 980 ..... = 1000 .. $55 Mouillé alors — O7 cu... (e) O4S soso AO Re doi /n le ve 96.6 ........ $6 he OI .. ..» — 2 3 L1.30 ie 4e eee. TANT ete lei tete snOd 3e ces aie + 69: és alors de deffous ! s Rare fear on rai on die ao 130... 845$ corssvs ee 68,3 Pb 61: Voici une autre fuite d’expériences comparatives fous la cloche humide , extraite de mon Journal du 7 au 14 janvier dernier, durant lequel cems encore les inftrumens demeurèrent fous la cloche, qui fut ordinairement dans une chambre fans feu, mais que je tranfportois quel- quefois dans la chambre voifine où j’avois du feu, Durant toutes ces obfer- vations , excepté au commencement , la cloche fut tenue mouillée avec le plus grand foin. Tome XXX, Part. I, 1787. JUIN, Lil 2 4s2 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, Hygrom. de Mon hygr. -Therme M. de Sauf]. D MB de Fah. ans / Sa marche Samarc.Ec, VX. 7. Avant que de mettre FE Se D l’eau non. rh. 481 ..... 84.7 sonore O18 soon SE Mis de l’eau dans le : bañlin feulement fans Ô UNIS Oeroriete + 5S mouiller Ja cloche, 21h 300 20e 935$ vous 073 ces... 533 + 48 o +137 6.30 con 983 soon. BIO ..,2... 49: — 03 ce... — 1.0 | (I1000 «Toro 98 ........ SOID taste +. 48 H O3 .....e + 0.6 | se Mouilélespae 983 sense. 80:6 ..:...... 45t | ane H 10 ...: . + 6,3 ( mouiller, ê D trs LE PCENCIEEE SONT 0 MO 0e 52 — O9... + 2.3 k DD MTS PENO BA Me acsters see SD ON reste 52 — Os. + + 1.0 0.38 eee est GRO Dean à ca se DO users SO. | te se + 40 D4s renéesee QOT'issiie ee. g4D see: 46 | — OTlssssse + 33 MDO tete era ne OO ON die ele cale QT elles a els die +. Avant que de mouiller OO... o 7.30 M ..... 96 cons orre 973 reverse 47 ee due — #9. 0 CNP se 96.2 °° se 9733 some STE Time 102 oo 4 « — 12.0 | 10.35: so 05e ele so 974 reossese 0 5:3 iseie- ... 68 — 12 .....: + 12.7 0 560 Leon 9ÿ2 cree PROD IC MOT RS ER $ $ SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 453 Hygrom. de Mon hyg. Therm: M. de Sauf. DAME de Fahs SV) Sa marche Samarc.bc. ve vers l'hum. EN 1 o'e. 10. 8.200: nee 90 Os ed es 0 en e 00b2/ punoie closed 47 Sans mouiller, Mouillé, &c, 10.40 ...... OM esters [e) QI UD ORetete ciclete el DO: 2 ere ee te °C) + 08 ...... — 9.2 I ne On COLE) FORME) OT MATE + O2 Mesa so — 7.0 DUT SSL eau: Ole pie Ve steel DO Dale r » eee) LOU OO... — 4.0 230 sssssose 97O crooorsee TO voue e 69 OS ant 953 00.45 0.9: 97.5 > op ep oïee © 81.3 ss... 63: ; A0) 7) .... + 16.1 LTOO ee pe pee on QG ee cms n ee OT covers e 4$e LL Les obfervations que je viens de rapporter ne font guère que la dixième partie de la fuite dont je les ai extraites : je les ai choifies pour marquer les marches correfpondantes des deux hygromètres par les changemens les plus confidérables de température. Toutes les autres obfervations offrent plus ou moins les mêmes difparités , tant de ces marches , que de leur rapport avec la rempérature. On voit aufli par cet extrait , comment M. de Sauflure a pu fe méprendre fur le degré d'humidité que produit cet appareil & fon rapport avec la température ; puifque la plus grande étendue de fes variations a été de 3,3 : tandis que celle du mien a été de 20,2 ; & que de plus , la marche des petites variations de fon hygro- mètre a été prefque toujours en fens contraire des grandes variations du mien; ce qui a dû aider à le tromper. Voulant favoir à quel point de l’hygromètre de M.de Sauflure correfpon- doit l'humidité extrême réelle, je l’ai expofé plufieurs fois aux brouillards, avec le mien qu'ils amenent toujours exaétement à 100. Voici une de ces expériences , où j'employai deux bygromètres de M. de Sauflure, Je mien, & un autre que j’empruntai de M. George Adams. L'obferva- tion eft du 15 janvier dernier. Auf - rôr que ces deux hygromètres furent fufpendus hors de ma fenêtre , à 8 h. 20 du matin, ils dépafsèrent 454 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, l'un & l’autre l'humidité extrême d'environ un 1°, (au commencement de mes expériences, celui qui m'appartient la dépafloit de plus de 2°): puis ils rétrogradèrent ; & voici la fuite des obfervations, Mon hygr. de à M.Adams. Le mien. Therm. M. de Sauf. Samar. Ne Sam AN Sam. = n'a. 2) Eve 22 et Led 8.25 -... 980 .,.... 99.0 .... 983 +. 34 — 10 ..... —0.6 ... +3 0.32 +... 97O vrsses DB orre 996 +. 337 —O$ +... —0.2 ... + O4 D.47 su DOS +... 982 .... 100.0 ... 33: —02 «...e —0.3 ... (o) 922 eue 963 ve... 979 +++ 100.0 ... 34 — 0.2 ..... — 02 ... O 10.22 sue QOAH secs 977 ses 100.0 ve 3% — OH ..….. Oo ... O Midi : 4 960 65e: 977 Lace: 1000 2 .03$ IL paroït donc , que le point de l'humidité extrême réelle fur l’'hygro- mètre de M. de Sauflure , n'eft pas celui du plus grand allongement du cheveu, comme le point de la glace fondante fur le thermomètre d’eau, n'eft pas celui de la plus grande condenfation de ce liquide. Je n'ai pas pu déterminer ce premier point, foit à caufe que les deux hygromètres ci-deflus l'indiquèrent différemment , foit parce que dans le cours de mes expériences {ur celui qui m'appartient , il s’eft approché de moins en moins de fon point 100 en l’expofant au brouillard : la dernière fois que je l'y ai expofé, il n'y a que peu de jours, il n’eft allé d'abord qu'à environ 94°, & s’elt fixé à 90° , le mien étant à 100. Par la caufe même de cette rétrogradasn de l’hygromètre de M. de Sauflure aux approches de l'humidité extrême, fes variations font en général très-petites dans les tems humides; mais elles s’aggrandiffenc à mefure que l'humidité diminue, ce qui produit la grande érendue de fon échelle totale. Dans mes premières expériences , je lui ai vu dépafler fon point © d'environ 3°, tandis que le mien n'écoit qu'à 0. Depuis lors il ne l’atteint plus, quoique le mien y arrive, & que Ja fécherefle extrême foit indiquée par les effets des différences de chaleur. Il femble donc que ce cheveu ait perdu de fon expanfbilité dans le cours de mes expériences ; car je ne lui apperçois aucune autre caufe de dérangement. D'après la marche du thermomètre d’eau , comparativement à d’autres fymptômes de chaleur, j'avois foupçonné que les changemens de volume SUR L'HIST, NATURELLE ET LES ARTS. à4$s de ce liquide étoïent les fommes de deux changemens en fens contraire, produits également par les variations de la chaleur, mais qui ne fuivoient pas une même loi. J'avois , dis-je, foupçonné cette combinaifon, par la marche finale feule de ce thermomètre, quoique l’eau , à caufe de fa fluidité, fe conforme trop promptement aux diverfes caufes qui agiffene fur elle, pour qu'on y puifle appercevoir leurs effets diftinéts. Mais il n’en eft pas de même des folides, à caufe du frotrement qu'éprouvent Jeurs particules entrelles, qui les fait obéir par fauts aux caufes qui les déplacent : c'eft pour cela qu’on apperçoit dans l'hygromètre de M. de Sauflure, les actions diftinétes des deux caufes que jai indiquées, & dont je vais décrire plus particulièrement la marche. Outre la rétregradation dont j'ai parlé ci-deflus, qui appartient à la marche finale de cer hygromètre, & qui fe manifelte aux approches de l'humidité extrême, comme celle de l'eau fe manifefle aux approches de fa congélation , on obferve une autre rétrogradation, qui affecte rous fes mouvemens, quand ils font rapides, & qui procède de ce que l’allonge- ment des fibres eft de beaucoup plus prompt que l'élargiflement des mailles, quand l’humidité augmente, & que de même, le raccourciffe- ment des fibres eft plus prompt que le refferrement des mailles , quand lPhumidité diminue : ce qui , lorfque les changemens de l'humidité font fubits, donne à cet hygromètre une marche tremblottante, C'eft aux changemens de longueur des fibres du cheveu , qu’eft due Papparence de tiès-grande fenfbilité qu'a cet hygromètre ; mais il pafle ainfi le point où il doit fe fixer, & il n’y revient que lentement. Quand je tranfporte cet hygromètre avec le mien dans un lieu où l'humidité eft fort différente de celle d’où je les tire , il le dévance d’abord beaucoup; mais il va trop loin, & il rétrograde, Toute fa marche eft alors par élans & reculs, à-peu-près comme on avance en montant une colline de fable dont la pente eft fort rapide ; & toujours il y a un grand recul final, de forte que lorfqu'il vient à fe fxer, le mien eft auffi arrivé à fon point. Je vais donner up.exemple de ces marches correfpondantes, dans une obfervation où j'employai les deux hygromètres de M. de Sauffure dont j'ai parlé ci-devant. Ces deux hygromètres étoient d’abord fous ïa cloche humide avec le mien, & je les y avois obfervés long-rems. Puis, pour l'expérience dont il s’agit, après une dernière obfervation fous la cloche, je l'enlevai promptement , j'ôtai du baflin le fupport auquel tous les inftrumens étoient fufpendus, & je le plaçai en cet état dans un autre endroit de la chambre , où je fis les obfervations fuivantes, : à | 456 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE; Mon hygr. de a M. Adams. ” Le mien. Therm: | M.de Sauf. Samar. PNR Sam AN Sam. AN EDR 2 De Lee d Ad Dans l'appareil. 11.40 m -. 96.3 ROMEO EEE 980. : via 136 Hors de lappar. Fe d23 ane mn lie ose 57 207 A UE ON LÉO O0 Dana 773 se... 38 40 “TH Sol. 030 AO ne AOPIO. ist ee EJONEUCI.E 743 vor... 38 25 devais Ode set T0 F6 sens DOS .....-890 0.0 733 csv. 38 OH OI. + Of cs... — 07 Midi OO OT ER So ere 77 QU eee 28 H 0.3 ve HO Lido. — 07 19: » 2 +190: Wie RIOOQ er sat 72 bei el3Ee 2 O2 se. O .... — 03 SP Per NOR TN EMI IRe 0 Na ee AIDE ee 30 On voit encore dans cet exemple, la marche de l’hygromètre de M. de Sauflure, c’eft-à-dire, fon peu de variation finale à ce degré | d'humidité, comparativement au mien. Et quant à la fenfbilité, pour laquelle principalement j'ai rapporté certe obfervation , on voit que, | quoique le premier mouvement des deux hygromètres de M. de | Sauflure fût très- prompt , ils n’arrivèrent pas plutôt que le mien à l'équilibre avec l'humidité du lieu, Quoique j'ignore encore la marche de mon hygromètre comparative- ment à des changemens réels de l'humidité , je ne faurois douter qu’elle ne leur foit plus proportionnelle que celle de l’hygromètre de M. de Sauffure. Les rétrogradations fenfibles qui affectent toute la marche de cet inftrument, vont en décroiffant à mefure que l’humidité diminue; aînf leur caufe ne modifie pas toujours de la même manière , celle qui affecte la longueur des fibres du cheveu: par où , tandis que certaines 4 quantités abfolues de changement dans l'humidité, font très-peu d'effet 4 total fur cet hbygromètre quand l'humidité eft grande , opèrent même en fens contraire quand elle eft très-grande ; ces mêmes quantités abfolues opèrent de plus en plus, à mefure que l’humidité-diminue. On ne peut donc pas conclure, des changemens obfervés fur cet hygromètre, à des changemens proportionnels dans l'humidité; & fi on le fait, on fe trompe fur la marche des phénomènes & fur leurs caufes ; ce dont je vais donner un exemple dans une des loix que M, de Sauflure a déterminées d'après fes expériences, 2 Ja his Bag) md à tie: Voulant SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS, 457 Voulant connoître quel éteit fur l’hygromètre l’effer de la raréfaction de lait, il renferma à plufieurs fois un de fes hygromètres fus le réci- pient d'une pompe pneumatique, où il introduilit des vapeurs tandis qu'il étoit encore rempli d'air, obfervant alors l’état de l'hygromètre ; puis il pompoit des quantités déterminées de cer air, & oblervoit les changentens qui s’opéroient fur l’hygromètre, Dans celle de ces expé- riences fur laquelle il compte le plus, parce que Le thermomètre reita conftamment au même degré dans la chambre, il pompa Pair par huitièmes de fa quantité au commencement de l'expérience ; Phygro- mètre feftrouvant alors à 97,37 , & les quantités de degrés qu'il par- courut vers la fécherefle, par chacune de ces fouftractions fuccellives des mêmes quantités d'air, furent ainli: 4,75 ; 4,98 ; 5,70 ; 6,65 ; 737% 9,50; 11,16, 17.69. Ne foupçonnant pas fon hygromètre d’être la caufe de cet accroiffement des nombres qui exprimoient les defléchemens fucceflifs, M. de Sauflure ne douta point, que ceux-ci n’allaffent en croiffanc dans les mêénes rapports; & cherchant la caufe de ce phénomène, il crut la trouver dans fa Théorie générale des Affinités hygrométriques , pag. 138 ; théorie - dans laquelle il regarde l'air comme un diflolvant de l’eau. Voici donc comment il explique ce phénomène apparent. æ D'après les loix générales de l'attraction, dit-il, l’air doit attirer les >» particules des vapeurs avec moins de force lorfqu'il eft rare, lorfque fes >» molécules font en petit nombre, que quand il eft denfe. Par conféquent » lecheveu, auquel la raréfaction de l'air n’ôte rien de fa force attractive, > doit avoir une force d’attraétion relativement plus grande dansun air » rare que dans un air denfe; & par cela même il doit alors abforber une » plus grande quantité de vapeurs , & indiquer une humidité plus grande » qu'il ne feroit, toutes chofes d’ailleurs égales , dans un air plus denfe, » Ainf , lorfque l'air en fortant du récipient a entraîné avec lui une » moitié des vapeurs, la moitié reftante, plus fortement attirée par le # cheveu que par l’air qui refte , affecte ce cheveu plus qu'elle n'auroit > fait fi l'air eût confervé toure fa denfité; & ainfi l’hygromètre indique » par-là plus de vapeurs qu’il n’en refte réellement dans le récipient. Lors >» donc qu'on épuife un récipient par gradation, les premières opérations » defsèchent le cheveu dans une raifon moins grande que celle de la >» raréfa@ion de l'air. Mais les opérations fubféquentes produifent des » effets continuellement plus grands, parce qu’elles entraînent des parties > aliquotes continuellement plus grandes des vapeurs actives qui font » réflées dans le récipient ». Je n'ai pas cru néceflaire d'expofer formellement dans cet Ouvrage, les raifons pour lefquelles je n’admets pas l’hypothèfe de la diflolution de l'eau par l'air; me contentant de lui oppofer un autre fyflème fur Févaporation. Mais comme le defléchement produit par la raréfaétion Tome XXX , Par, I, 1787. JUIN. Mmm 458 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, de l'air dans un récipient , phénomène décrit avec beaucoup de détails par M. Wicke dans les Nouv. Mém. de l'Académie de Suède de 1781» & confirmé par ces expériences de M. de Sauflure, eft un de ceux qui contredifent cette hyporhèfe ; ce fera d’abord fous ce point.de vue , que jexaminerai l'expérience rapportée ci-deflus. M. de Sauflure , il eft vrai ; a reconnu l’exiftence des vapeurs, comme produit immédiat de l'évapo- ration ; mais il fuppofe enfuite, que ces vapeurs font diflouces par l'air, c'elt-à-dire, que l'air s’en empare comme le feroic toute {ubftance hygrofcopique , par où il n'a pas changé eflentiellement lhypothèfe commune. , Nous devons donc confidérer l’eau ; qui a été introduite dans le récipient plein d'air, comme poffédée par affinité, tant par la fubftance de l'hygromètre, que par les particules de l'air ; de forte qu’extraire ure partie de l'air, fera réellement enlever une partie des fubftances hyprof- copiques renfermées dans le lieu, laquelle partie fera chargée de fa portion d'eau. Quelle feroit donc la caufe de la diminution de l’humi- dité dans ce lieu, puifque le degré d'humidité ne confifte point , dans la quantité abfolue d’eau, mais dans celle qu'en pofsèdent les fubftances bygrofcopiques, comparativement à la quantité qui les farure? Si donc on ne s’écarte pas du vrai fens du moc humidité, on recon- noîtra en général, que des chaggemens dans la quantité d’une ou de plufieurs fubftances hygrofcopiques dans un même lieu, ne peuvent y fire varier l’humidité ; tant que celles qui entrenc ou fortent, ont une même quantité proportionnelle d’eau que le refte. Et fi l'air étoic une de ces fubftances , comme on l'a fuppofé quelque quantité qu'on en fou- tirât du récipient de l'expérience, le refte y conferveroit fa portion d'eau, tout comme la fubitance de l'hygromètre , par où l'humidité refteroic abfolument au même degré fous le récipient. Puis donc que cela n’eit pas, & qu’au contraire l'humidité y diminue beaucoup à mefure qu’on pompe l'air, il faut néceflairement que l'évaporation foit due à quelque autre caufe qu'à la diflolutiun , foit de l'eau, foit des vapeurs, par Yair, L'évaporation dans le vuide , a toujours été la pierre d’achoppement de l’hypothèfe que j’examine , où l’on n'a trouvé d'autre reflource pour ce cas, que celle de fuppofer que l'évaporation qui fe fait dans le vuide, n’eft pas de même efpèce que celle qui a lieu dans l'air. Je ne m’arréterai pas ici aux diverfes manières dont on a eflayé d'expliquer cette différence ; parce qu'il me femble qu'une hypothèfe inutile tombe d’elle-même, Celle-ci eft inutile, par la feule fubftitution du feu à l'air, pour diflolvant de l’eau. Et fi l'on confidère feulement, que dans le vuide comme dans l'air, le liquide qui s'évapore , fe refroidir, qu'il fe refroidie même plus rapidement dans le vuide que dans l'air , parce que l'évapo- ration y eft plus prompte; je crois qu'on ne balancera pas à aligner au à 4 | } SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 4s9 eu feul la caufe de toute évaporation ; fans aucune intervention , médiate ou immédiate, de l'air, C'eft par-là aufli que s'explique le phénomène rapporté par M. de Sauffure, que je viens de montrer inexplicable par l’hyporhèfe qu'il a adoptée. Dans cette hypothèfe, je le répèce , pomper une partie de l'air qui a diflous les vapeurs , c’eft enlever une partie des fubftances hygrof- copiques , avec leur portion d’eau, & laifler ainfi cout le refte au même degré d'humidité, Au lieu que dans mon fyftême, enlever, avec l'air, une portion des vapeurs, fluide expanfible diflin& de l'air, c'eft bien auf enlever une fubftance hygrofcopique , favoir , le feu, avec fa portion d’eau ; ce qui d’abord laiffe l'humidité au même degré; mais bientôt, de nouveau feu, dépouillé d’eau, revient dans lPefpace au travers de fes parois, & comme, dans Le cas fuppofé, la fubftance de l’hygromètre & les vapeurs demeurées dans le récipient, y font les feules fources d’eau, ce nouveau feu leur en enlève, & l’humidité diminue. Je viens maintenant au phénomène particulier que préfente l’expé- rience de M. de Sauflure ; favoir , que les nombres des degrés de fon hygromètre qui marquoient les quantités fucceflives de defléchemenc, alloient en croiflant , quoique les fouftrations fucceflives d'air fuffent égales entr'elles. L'explication qu'il a donnée de ce phénomène, fi elle étroit folide, contrediroic le fait, foir le defféchement réel, & feroit ainfi un argument en faveur de l'hypothèle qu'il vouloir réfuter. Cette explication elt , que l'air devenu plus rare, a moins de pouvoir d’attraction pour les vapeurs ; & l'hypothèfe qu'il vouloir réfurergeft , que la raré- faction de l'air occafionne la précipitation de l’eau. "Jai donc réfuté cette hypothèfe, en lui oppofant l’argument contraire , qui me paroîc être vrai. Les loix générales de l'attraction , foit celles de la gravité, auxquelles M. de Sauflure a recours ,ne font pas applicables au cas préfent ; ce font les loix feules des affinités qui l’intéreffenr, Or, il eft certain , foit par la théorie même des affinités , foit par l'expérience dans toute diflolution , qu’un plus grand écartement des particules d’une menftrue, loin de produire la précipitation, ou l’abandon plus aifé, de la fubftance qu'il a difloute , lui donne au contraire le pouvoir de la retenir plus fortement. Si donc l’air étoit Le diffolvant , foi immédia- tement de l’eau, foic de vapeurs d’abord formées, loin qu'on produisîc une précipitation de cette eau en le raréfiant, on la lui feroit retenir avec plus de force. M. de Sauflure a fort bien montré lui-même, contre fa propre hypothèfe, que le brouillard qu’on voir quelquefois dans les récipiens où l’on pompe l'air, donné pour preuve que l'humidité augmente par la raréfaction de l'air, provenoit d’une toute autre caufe. IL eft dommage qu'il aît tenu encore à la diflolution de l’eau par l'air, fous la forme de la diffolution des vapeurs; car, fans ce préjugé, il p'auroit pu que faire de grands pas dans la carrière où il étoit entré, Tome XXX, Part. I, 17987. JUIN, Mmm 2 460 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, Ce ne peut donc pas être la caufe imaginée par M. de Sauflure , qui a produit ces accroiflemens des nombres des degrés de fon hygromètre ; correfpondans aux defléchemens fucceflifs dans fon récipient. Si fon hypothèfe principale étoit fondée , il n’y auroit point eu de defléche- ment ; fi l’hypothèfe fecondaire l’éroit, il y auroit eu au contraire augmentation de l'humidité. Je ne faurois donc voir dans la fuice croiflante des nombres qui expriment les defléchemens fucceffifs, qu'une nouveile preuve de la marche que j'ai aflignée à fon hygromètre : tellement que s'il y eût employé le mien, il auroit probablement obfervé des defléchemens égaux , ou fenfblement tels. Si certe conjecture eft vraie ( ce dont le Lecteur pourra juger ) il en réfulte, que la marche du thermomètre de M. de Sauflure introduit néceflairement . de grandes erreurs dans les réfultats immédiats des expériences hygrométriques; & qu'ainfi les formules qu’il en a conclues, & les Tables qu'il a dreflées, fonc affe@ées de ces erreurs. Cependant fon travail à cet égard ne laifle pas d’avoir de l'importance ; car, quoique fes réfultats ne foient pas encore des règles, ils tracent du moins une marche à fuivre, pour arriver à des découvertes importantes. Il y a long-tems que j'avois en vue de pareilles expériences, pour analyfer la marche de l’hygromètre , tant par la raréfaction de l'air , que par la cha- leur, & j'en avois même l'appareil tout prêt, exécuté par M. Nairne, Mais j'y trouvai d'abord de grandes difficultés ; & l'hygromètre lui- même a toujours exigé tout le rems que j’ai pu confacrer à l’hygromé- trie-pratique, fams que je fois arrivé au point que je delire; de forte que je fuis loin encore d'entreprendre rien de pareil. Il ne me refte plus qu'un mot à dire fur l'Hygrométrie en général;ril regarde la marche comparative des hygromètres femblablement conftraits. Nous n'aurons probablement jamais dans cet inftrument , l'avantage que nous trouvons à cet égard dans le thermomètre, parce que les fubftances hygrofcopiques font moins homogènes dans leurs efpèces , que ne le font les liquides dont le thermomètre eft fair, dès qu'ils manifeftent les mêmes propriétés, Cependant cette homogénéité feroit néceflaire, pour que les hygromètres femblablement conftruits, marchaflent de concert dans toute l’érendue de leurs échelles. L'hygromètre de M. de Sauflure a un avantage à cet égard, en ce que la caufe qui modifie les changemens de longueur des fibres du cheveu , furmonteenfin ces changemens. Alors donc elle fe manifefte, & l’on peuc connoître fon degré d'inrenfité dans chaque cheveu. Ainfi M. de Sauflure, en rejettant tous les cheveux dontla rétrogradation excède une certaine petire quantité, prépare l'accord de fes propres hygromètres ; ce qui, fi le cheveu étoit propre d’ailleurs à l'Hygrométrie, feroit une circonftance très-avantageufe. J'ai fait l'épreuve de fon influence , en obfervant les deux hygromètres dont j'ai parlé ci-deflus, mis enfemble dans une Éiskis 2 SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 461 bouteille avec de la chaux. L'opération fut très-lente, & ils fe fuivirent fort bien; car dans certe partie de leur échelle , où leur marche eft fore aggrandie , je compte pour peu de chofe des différences. d’un à deux egrés. Je n'ai rien ençore de bien déterminé fur ce point , à l'égard de mes propres hygromètres. Les premiers n'avoient qu’un feul point fixe ; ainfi Je n’avois pas lieu d’être fort délicat fur leur marche comparative ; & depuis que j'ai changé leur conftruétion, je n'ai jamais pu les obferver convenablement à cer égard. La nécefliré m'a conduit peu-à-peu à faire moi-même mes inftrumens : je perdois trop de tems & de peine, à employer des ouvriers dans tous les changements fucceflifs que l'expérience me dictoit. Mais cela même m’a pris beaucoup de tems: de forte qu'avec nombre d'hygromètres commencés, je n’en avois pas eu encore deux , abfo- lument femblables, jufques dans ce mois-ci, où j'en ai poflédé deux durane quelques jours : ils s’'accordoient fort bien ; mais un accident m’a privé de l'un des deux. C'eft donc-là une des recherches dont je fuis occupé, & fur laquelle il me refte encore beaucoup de travail à faire (1). MÉMOIRE Sur une produdion artificielle de l’Alkali volatil ; Par JEAN-MicHez HAUSsMANN, à Colmar. à SE: différentes expériences que j'ai faires dans la vue de conftater l'exiftence du phlogiftique, & que je me propofe de publier incef- famment, entr'autres idées, m'ont fuggéré celle de foumettre différentes diflolutions métalliques à l’action de l'air déphlogiftiqué, & des gaz inflammable & nitreux. Mon attention a été principalement fixée fur le (1) M. Hurter, célèbre Artifte établi à Londres , à qui nous devons une nouvelle pompe pneumatique d’une grande perf-étion , un baromètre très-ingénieux , décrit dans ce Journal ( feptembre 1786 ), &c. vient d’apporter à Paris un hygromètre conftruit d’après les principes de M. de Luc, &:il l’a fait voir à tous les Phyficiens , à l'Aca- démie des Sciences, &c. L'’inftrument ( fig. 3, Planch. II), confifle en une platine de cuivre circulaire , qui en fait la bafe A. Son cadran B eff fupporté par fix piliers €, portant des rouleaux fur lefquels pale la petite bandelette de baleine D’, qui eft fixée à un pilier fans rouleau au point O. E eft un petit cordonet de foie attaché à l’autre extrémité de la baleine , lequel cordonnet va s’envelopper au centre {ur une poulie , & s’attacher au reffort f: L'index ou aiguille ÿ tourne avec la poulie, & marque fur le cadran la marche de l’hygromègre, Cet jnftrument eft d’une grande fenfbilité, Nore de M, de La Métheries 462 OBSERVATIONS: SUR LA PHYSIQUE, fer; j'ai cru qu'à caufe des phénomènes finguliers, que préfente ce métal dans la plupart des circonftances où 1l eft employé, il feroit plus propre que tout autre à me fournir des réfultats fatisfaifans, J'ofe croire que je n'ai pas été entièrement trompé dans mon attente; mais je dois avouer aufli, que fi dans le cours de mes expériences, je fus conduit à la découverte d'une production artificielle de l’alkali volatil, c’eft principalement au hafard que j'en fuis redevable. Je favois à la vérité par les travaux intéreflans d’autres chimifles, que l’alkali volatil décompofé par l’action immédiate du feu, produifoit du gaz inflam- mable & du gaz phlooiftiqué (1) ; mais je n'ofois pas me flatter d'ob- - venir l’alkali volatil par la voie de la compofition, & cela d'autant moins que plulieurs chimiftes ont refufé jufqu’à préfenc de croire à la production artificielle de cette fubftance alkaline, qu'ils fuppofent préexifter dans les corps qui la fourniflenc, foit par la voie de la fer- mentation, foit par l'aétion du feu; prétendant que dans tous les cas où on l'obtient, ce neft qu'en la dégageant d'un corps où elle exiftoit toute formée , mais combinée avec d’autres fubftances, Pour prévenir toute objection contre une formation réelle & a@uelle de l’alkali volatil, j'ai non-feulement fait moi-même le vitriol de mars dont je me fuis fervi, avec un acide vitriolique bien pur; mais j'ai encore pris la précaution de m’aflurer que le fel ferugineux que je formois, ne pouvoit contenir la moindre chofe d’ammoniacal, en le précipitant avec de la liqueur d’alkali fixe cauftique que jy metrois en excès, & qui n’en dégageoit pas un foupcon d'alkali volaril. J'ai employé la diflolution de vitriol de mars à froid & dans deux états différens , c’eft-à-dire, dans l’état où elle fe trouvoit encore pourvue de phlogiftique, & dans celui d'une grande déphlogiftication, Pour obtenir cette dernière diflolution, j'ai d'abord fait diffoudre le fer dans l'acide nitreux, & après l'avoir précipité & édulcoré, je l'ai dif- fous de nouveau dans l'acide vitriolique. En mettant ces difflolutions ferrugineufes dans ces deux états différens en contact avec de l'air inflammable dans l’appareil pneumato-chimique à mercure, il ne fe fit pas la moindre abforption de cet air, quoique j'agitafle continuellement les matras qui contenoient ces diffolutions, afin de renouveller fouvent & augmenter leurs furfaces. Je ne réuffifois pas mieux en expofant les précipités de ces deux diflolutions avec leur véhicule au contaét de cette mème efpèce d'air. °(x) Je favois auffi-par les recherches de M. Berthollet inférées dans le Journal de Phyfique ,‘année 1786 ,:que ‘cet alkali étoit décompofé par la difillation du nitre ammoniacal, par l’érincelle-éle@trique , par la réduëtion des métaux opérée au moyen de cet alkali, &que de toutes ces décompofitions, M. Berthollet concluoit que les principes de cette fubftance étoient le gaz inflammable & le gaz phlopiftiqué. SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 463 La diflolution de fer déphlogiftiquée faite au moyen de Pacide ni- creux, ainfi que la chaux de fer précipitée de: cet acide par un alkali gauftique & rediffoute dans un autre acide quelconque, mifes en con- tact avec de l'air déphlogiftiqué, n’ont donné après une aflez longue agitation, aucune marque d'abforprion du fluide élaftique, I! n'en eft pas de même d'une diflolution acéteufe dans laquelle le fer fe trouve encore pourvu de fon phlogiftique. ( J'ai préféré de me fervir pour cette expérience d'une diflolution de fer par le vinaigre, parce que la diffolution du vitriol de mars abforbe trop lentement l’air déphlogiftiqué, & dépofe le fer fous la forme d’ochre à mefure qu'il s'unit à cet air. ) Par une agitation long-tems continuée , certe diflos lution abforbe ? de l'air déphlogiftiqué, mis en contaét avec elle; & de verd fâle qu'elle étoit d'abord, elle devient de plus en plus jaunâtre, ‘ & finit par prendre la couleur d'un jaune rougeâtre très-foncé. Dans cette opération la folution abandonne fucceflivement fon phlogiflique à une partie de l'air déphlogiftiqué, qui par-là devient incapable d’en- tretenir la flamme d’une bougie allumée, & forme le reftant des 7 d’air qui ont été abforbés. Le même phénomène a lieu, mais plus lentement, fi l’on expofe la même diflolution à l'air atmofphérique dans un vafe fort ouvert. Après ces expériences {ur les diflolutions de fer, j'ai eflayé les pré- cipités qu'on obtient de ces mêmes diffolurions : & j'ai été parfaitement convaincu , que le précipité déphlogiftiqué ne produit pas la moindre abforption, tandis que le précipité dans l'état d'éthiops abforbe les ? de l'air déphlooiftiqué. La partie reftante de l'air fe trouve tellement phlogiftiquée qu'elle ne fauroit plus entretenir aucunement, ni la vie des animaux , ni la combuflion. Le réfidu martial qui provient de l'éthiops après avoir perdu tout fon phlogiltique, eft réduit en ochre. Ce dégagement du phlogiftique n'a fait naître l’idée d'examiner s’il n'y auroit pas auf production d'air fixe : j'ai expofé en conféquence à l’ation de l'air déphlogiftiqué léthiops ( ou le précipité de fer phlogiftiqué } noyé dans une liqueur alkaline cauftique, qui ne faifoit aucune effervefcence avec l'acide vitriolique affoibli : dans ce cas, Pair fixe auroit dü fe combiner avec la liqueur alkaline; mais en verfanc après l’opération du même acide vitriolique dans le mélange, je n'ai jamais pu découvrir aucun indice d'air fixe (1). Cela proviendroit-il de l’abforprion trop prompte de l'air déphlogiftiqué ( abforption qui eft encore accéiérée par l’agiration, } & de la grande pureté de cer airê (1) Comme l'acide nitreux n’eft que lair déphlogiftiqué modifié d’une manière toute particulière par le phlogiftique , il feroit intéreflant de faire cette expérience en grand, & d’examiner enfuite le mélange, pour voir s’il n’y a pas eu produétion d'acide nitreux. ( More de l Aureur. ) 464 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, Ce qui me porte à le conjeurer, c'eft qu’en expofant un pañtil mé- lange de précipité de fer phlogittiqué, & de liqueur alkaline cauftique .à l'air atmofphérique, l'air fixe ne manque jamais de fe manifelter pag l'addition d’un peu d'acide vitriolique (1). Il eft vrai que la même chofe a lieu, fi l'on expofe à l'air atmolphérique la liqueur alkaline toute feule. Mais comme il y a toujours un grand nombre de corps qui tranf- mettent fans cefle leur phlogiftique à l'air atmofphérique, il n'y arien ici qui doive nous furprendre. Pour faire fur cet objet des recherches fuivies & exactes, il faudroit pouvoir leur donner plus de täms que ne me laiffent mes occupations, Les partifans de la théorie ingénieufe & frappante par fa fimplicité que nous devons à M. Lavoifier, ne manqueront pas d’expliquer les ex- périences précédentes par la fimple combinaifon du principe oxigyne avec léchiops ou le précipité phlogiftiqué, qui fuivant eux, n’eft qu'une chaux imparfaite, fufceptible de prendre une plus grande dofe d'oxi- gyne. Mais je paîle à l’objet principal de ce Mémoire, à la production artificielle de l’alkali volatil, qui ne me paroît pas fufceprible d’être expliquée d’après cette nouvelle chéorie, Voici la manière dont je forme cet alkali. » Dans un appareil pneumato-chimique à mercure, je fais paffer à travers une certaine quantité de précipité de fer phlogiftiqué, de l'air nitreux bien pur & privé de tout acide; cet air elt aflez promptement abforbé, & change peu-à-peu la couleur du précipité, quand on a foin de remuer continuellement le matras qui contient le tout, afin de faci- liter l’abforption. On réitère le même procédé plufieurs fois de fuite, jufqu’à ce que le précipité fe trouve entièrement déphlogiftiqué. A la fin de l'opération il ne refte plus qu’un petit réfidu d’air phlogiftiqué. Il eft indifférent dans cette expérience de fe fervir du précipité de fer phlo-. giftiqué, nageant encore dans fon véhicule falin aqueux, ou de ce même précipité édulcoré au moyen de l’eau bouillante & noyé dans de l’eau pure, ou enfin de ce précipité mêlé avec la liqueur d’alkali fixe cauftique. On ne manquera jamais par toutes ces différentes ma- nières de produire de l’alkali volatil, qui ne s’annoncera non-feulement par l'odeur qui lui eft particulière, mais encore par les fumées qui fe formeront à la furface de la liqueur, lorfqu’on en approchera une paille mouillée avec de l'acide nitreux. Obfervons que fi c’eft à travers le précipité de fer déphlogiftiqué édulcoré & noyé dans fon véhicule aqueux ou mêlé avec une liqueur d’alkali fixe cauftique , que l’on fait paffer l'air nitreux , en fuivant le (1) Suivant plufeurs Phyficiens & Chimifes , l'air atmofphérique eff compofé d’um cinquième d'air déphlogifliqué & de quatre parties d'air phlogiftiqué, qui ne doivent contenir qu'une très-petite quantité d’air fixe, ( More de l’Auteur.) même PERTE SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 465 même procédé que ci-deflus, il n’y aura pas la moindre abforption. On n'obriendra pareillement pas d'alkali volatil, fi le précipité provient d’une diflolution nitreufe de fer. L’alkali volatil que j'ai obtenu de la manière que je viens de décrire, me paroît réfulrer d'une forte d’affinité réciproque , fans laquelle on ne lobtiendroic pas. L'éthiops martial ou le précipité de fer phlosiftiqué s'empare de l'air déphlogiftiqué, qui entre comme partie conftituante dans l’aig nitreux (1). En méme-tems le phlogiltique de l’échiops s’unie à l'air Sphlogiftiqué de l’air nitreux, & forme l’alkali volatil. Il fuir par conféquent de la génération de cet alkali, & de la déphlogifti- cation de l’éthiops martial, qui par certe opération eft réduit en ochre, tout de même que s'il avoit été expofé fimplement à l’aétion de l'air déphlopiftiqué; il s'enfuit, dis-je, que l'air nitreux n’eft que le réfultae de la combinaifon d'une certaine quantité d'air déphlogiftiqué & d'air phiogitiqué, & que l'aikali volatil eft produit par la combinaifon in- time du phlogiftique avec l’air phlogiftiqué (2). Le réfultat de cette com- binaifon fe préfenteroit fous la forme de fluide élaftique, fi au moment où elle fe forme il n'étoit abforbé par le véhicule aqueux. On fait par les belles expériences de M. Kirvan fur le gaz hépatique, traduites par madame Picarder, & inférées dans le Journal de Phyfique du mois de Février 1787, que cet illuftre chimifle étoit fur la voie de la découverte de la produ&tion artificielle de l’alkali volatil. Il dit ( Seëion 3 ) qu'ayant mêlé du gaz hépatique & du gaz nitreux fur du mercure, le réfidu qui lui reftoit après l’abforption avoit une odeur affez forte de gaz alkalin. J'ignore s'il a pourfuivi cer objet depuis ; toutefois l’expérience de M. Kirvan tend à confirmer l'exactitude des miennes, ainfi que mon opinion fur la formation de l'alkali volatil. Après avoir parlé des précipités, il me refte à rendre compte de la manière dont fe comportent les diffolutions de fer avec l’air nitreux. Une diffolution de fer déphlogiftiqué mife en contact avec de l'air nitreux pur & exempt de toute acidité, & fecoué avec force pendant un tems confidérable, n'a produit aucune abforption fenfible, & par conféquent aucune décompofition, aucune combinaifon nouvelle. Une diflolution au contraire d'une partie de vitriol de mars pourvu de tout fon phlogifhque, & de quatre parties d’eau, abforbe très- promptement l'air nitreux, même plus promptement que ne le feroit un précipité de fer phlogiftiqué noyé dans un véhicule quelconque. La dif- folution de verd d'eau devient tout-à-coup d'un verd foncé, enfuite — (x) Ainf que M. Cayendish & plufieurs autres Chimiftes & Phyficiens l'ont déjà avancé, & que je le prouverai encore à la fin de ce Mémoire. ( Noze de ? Aureur. ) (2) Ne pourroït-on pas également préfumer que l’alkali volatil n’eft que le réfultat de la modification du phlogiftique par l’air déphlogiftiqué, ( More de l’Aureur, } Tome XXX, Part, I, 1787, JUIN, Nnn # <66 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, jaune de plus en plus & finit par être d'un rouge foncé; rouge qui eff toujours la couleur ordinaire des diffolutions ferrugmeufes fortement dé- phlogiftiquées. Le peu de réfidu qui refte après l'abforprion complette de l'air nitreux, n’eft plus autre chofe que de l'air phlogiftiqué. L’alkali volatil qui fe produit par cette abforprion refte uni à la diflolution mar- tiale dans un état ammoniacal , foie qu'il fe combine avec uné portion de l'acide vitriolique pour former un fel neutre capable de tenir un peu de terre ferrugineule en diflolution , foit qu'il s’unit au peu d'acide ri- treux que l'air nitreux ( que j’introduis directement, & en le formant dans le matras qui contient la diflolution de vitriol de mars) entraîne toujours avec lui, & qu’ainfi il produit du nitre ammoniacal, également propre à fe charger d’une portion de terre ferrugineufe. Quoi qu'il en foit de l'état où fe trouve l’alkali volatil, il ne manque jamais de fe rendre très-fortement fenfible par l'odeur qu’exhale la diflolution , & par les nuées qu'il forme avec les-vapeurs de l’acide nitreux, après que l'on a précipité la terre ferrugineufe, & faturé à l’excès l’acide de la diflolution martiale avec de l’alkali fixe cauftique. Cette produdtion d'alkali volatil par la diffolurion de vitriol de mars, s'opère de la même manière qu'avec le précipité de fer -phlogifiqué; c'eft-à-dire, que le pblogiftique du fer s’unit à l'air phlogifliqué de l'air nitreux pour former l'alkali volatil, & que l’air déphlogiftiqué de ce même air nitreux eft abforbé par la terre ferrugineufe de la diflolution. Telle eft du moins ma manière d'envifager la décompofition totale de l'air nitreux par ce rocédé, & la formation de l’alkali volatil. ’ Quoique Paction immédiate du feu décompofe l'alkali volatil, & le réduit en air phlogiftiqué & en air inflammable, on ne doit pas en inférer que celui-ci entre réellement comme tel dans la compoñtion de cet alkali. Selon beaucoup de chimiftes, l'air inflammable n'eft autre chofe que le phlogiftique uni à la matière de la chaleur, & à l’eau qui lui fert de bafe, & qui d’après ces mêmes chimiftes n’eft autre chofe dans fon état fuppofé de parfaite pureté que le principe oxigyne de M. Lavoifer, + Entr'autres fubftances métalliques que j'ai foumifes en diflolutions & en précipités, aux mêmes opérations que je viens de détailler, j'ai aufi- effayé la diflolution de vitriol de cuivre, qui n'a abforbé que Facide que cet air a entraîué, Ayant eflayé encore le précipité d'une diflolu- tion de cuivre; précipité que j'ai obtenu au moyen de l’alkali fxe cauf- tique, j'ai trouvé que ce précipité abforboit tout Pair nicreux à l’ex- ception d’un très-petit rélidu, que je n’ai pas examiné. N'ayant pas répété ces expériencés, je me propofe de revenir fur cet objet par la füite, & dès que j'en aurai le loifir. Pour prouver cependant que l'air déphlogiftiqué entre effectivement h 2 SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 467 comme partie conflituante dans Ja compofition de l'air nitreux, j'ai réitéré plufieurs fois l’expérience qui fuir. Parmi les fubftances métalliques combinées avec le foufre, ce font l’orpiment & l'anrtimoine qui fe diflolvent le mieux & le plus facilemenr par la voie humide dans fa liqueur d’alkali fixe cauftique. L’antimoine préfente cependant l'inconvénient de fe précipiter par le refroidifflemenc beaucoup plus abondamment que l’orpiment en prenant la forme de kermès minéral ; c’elt pourquoi je n'en ai pas fait ufage, & me fuis fimplement borné à expoler à l'aétion de l'air nitreux la diflolution alkaline de l’orpiment ou de Parfenic rouge qui n’a principalement ab- forbé que Pair phlogiftiqué de l'air nitreux. En examinant le rélidu aérien lorfqu'il ne fe failoic plus d'abforption remarquable, j'ai trouvé qu’il valoit beaucoup mieux que l'air atmofphérique, & que l’on y pouvoir à plufeurs reprifes enflammer une baguette de bois dont on venoit de brûler le bout” Le réfidu alkalin chargé de l'orpiment ou d'arfenic rouge n'a pas donné des fignes bien fenfibles de la production d’un alkali volatil. Peut-être cet alkali eft-il entré dans la compolition d'un hépar volatil, & que dans cer état je ne pouvois le reconnoître facilement. J'aurois defiré que mes occupations m'euffent permis de prêter toute mon attention à ces fortes d’expériences; j’aurois defiré encore d'y pouvoir faire des obférvations avec le thermomètre pour tâcher de dé- terminer le rôle qu'y joue la matière de la chaleur comme principe élaftique des corps. Ces expériences d’ailleurs paroiffent tendre à en faire naître d’autres encore plus intéreflantes, EXPÉRIENCES Faites par MM. DELARBRE & QUINQUET, dans les vues de reconnoïrre fi différentes révivifications & Jublimations de Fer opérées par des moyens chimiques , acquièrent conflamment des propriétés magnétiques polaires. Dix ma defcription des fers fpéculaires de Volvic, du Puy de Dôme, du Mont-d'Or ( anciens volcans éteints de l'Auvergne ) j'ai eu l'honneur de préfenter à l'Académie le rapprochement de quelques produits chimiques comparables aux produits des volcans, foit par rap- port à la fublimation du fer opérée par le feu dans les deux cas, foie par rapport aux propriétés magnétiques que j'ai aufli reconnu leur être communes, Tome XXX, Pare, 1, 1787. JUIN, Nan 2 468 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, Jai tâché d’expliquer d'après des données phyfiques cette efpèce de création des facultés magnétiques; mais ne voulant point établir une théorie d'après des apperçus, je me fuis promis ou réfervé de répéter des expériences & d’en faire de nouvelles. J'ai defiré pouvoir aflocier à mon travail M. Pelletier , des occupations particulières n’ont point permis à ce chimifte de enir la promefle qui m'avoit faire de répéter devant moi les opérations au moyen defquelles il a obtenu différentes fublimations de fer fpéculaire criftallifé , notamment celles que j'ai eu l'occafion de citer dans un fupplément au même Mémoire cité ci-deflus. Empreffé de pouvoir à l'appui de nouvelles preuves confirmer la découverte qui m’eft particulière, ( quant à l’obfervation des propriétés magnétiques polaires des fublimations de fer criftallifé produit des vol- cans ou de l'art, ) j'ai profité de l'offre de M. Quinquet qui m'a mis à portée dans fon laboratoire de répéter, de varier à difcrétion une fuite d'expériences dont nous préfentons enfemble le réfultat à l’Académie, Première Expérience. Deux livres de fel marin décrépité, Quatre livres de vitriol de mars calciné, mélées & traitées dans une cuine au feu de galère à diftiller les acides minéraux, ont produit de l'acide marin très-coloré par le fer qui s’eft en partie fublimé fur la fin de la diftillation. Le feu de galère n'a pas été fufifant pour achever la révivification & la fublimation du fer; il ne s'en eft élevé que très-peu à la voûte près l'ouverture du col de la cuine ; le contact de l'acide marin en a converti une partie en fel marin martial. Le fond de la cuine étoit fèlé, il en avoir exudé quelque peu du mélange en fufon, cette portion étoit figée en forme de goutte de fuif de couleur d'hématite, Nous préfumons que la cuine n’a caflé qu'au moment de fon refroidiflemenc, la grande chaleur auroit fans cela fublimé le peu de matière qui a tranfludé, il s'en feroit en outre échappé davantage. Le réfidu fondu en une feule mafle eft noirâtre; le barreau aimanté décèle le fer en partie révivifié, mais étendu dans la mafle totale de la matière qui a dans fa fracture récente l’afpe@ des laves pefantes noires, compactes, &c. Une croûte faline de trois à quatre lignes d’épaifleur, recouvroit la fuperficie de l'efpèce de culot qui a pris la forme de la cuine; certe même furface s’eft bourfoufflée vers le centre, & cet efpace eft devenu un petit foyer particulier où s’eft opéré une fublimation partielle de fer, qui a vernillé ou enduit en grande partie l'efpèce de toit ou de dôme que j'ai dir s'être formé. Ce produit accidentel du feu réprefente le fér fpéculaire , appliqué vraifemblablement par l’eau à la furface de certaines gangues lifles; les SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 469 minéralogiftes ont furpris cette difpofition ou minéralifation fortuite dans plufieurs minières. Notre imitation du fer fpéculaire produit du feu , eft légèrement attirable ou plutôt fait varier fenfiblemenc l'aiguille d’une bouflole, Seconde Expérience. - t Après avoir concaflé la mafle fondue dans laquelle nous n’avions pas jugé la révivification, & la fublimation du fer achevée faute d’un coup de feu fufhfant, ( nous en avons confervé un morceau pour préfenter ce paflage à l'Académie) nous avons placé le refte dans un creufec choifi exprès d’un tiers plus grand qu'il ne paroifloit devoir l'être pour contenir jufte la matière, nous avons lutté en place de couvercle un rêt à rôtir renverfé fur le creufer, pour que fa forme concave devine propre à réverbérer la chaleur, recueillir la fublimarion, & favorifer fon appoñtion fur un éclat de criftal de roche fixé d'avance dans l’in- térieur du têt à rôtir au moyen de quelques fupports en terre; nous avions eu aufli la précaution de pratiquer au même têt fervant de cou- vercle un trou d'environ une ligne de diamètre pour qu’il devint une iflue entièrement libre à ce qu’il pouvoit refter d'acide marin à s’exhaler: L'appareil ainfi difpofé nous l’avons foumis au feu de charbon de terre bien entretenu dans un fourneau de fufion pendant l’efpace de fix heures. Nous l'avons laiflé refroidir lentement, nous n'avons délutté que le lendemain. Le criftal de roché éroit rombé brifé en éclats à la furface d’un culot ou mafle ferrugineufe, dont nous remettons à donner d’autres détails ci-après , pour continuer de décrire les accidens arrivés au criftal de roche. La plupart des furfaces de fes éclats font comme faupoudrées de petits criftaux de fer, l’un des fragmens ainfi revêtus nous a paru ma- nifefter décidément fes facultés d'attraction & de répulfon étant préfenté à l’aiguille d’une bouflole, Les bords du creufer, toure fa furface inté- rieure à l'exception d'une zône moyenne de fa haureur ( que la violence du feu accidentellement plus forte & porté dans cet endroit, paroîe avoir dépouillé des fablimations antérieurement dépofées, ) font revêrus de criftallifations qui font plus épaifles & plus grouppées à mefure qu'on obferve en defcendant vers la furface du culot, dont toute la fuperficie un peu concave ne préfente elle-même qu'une continuité de petits criftaux brillans & irifés. Nous les avons examinés au microfcope, ils font la plupart figurés en lames hexagones fi menues, qu'il eft dificile de reconnoître qu’elles font des feomens d’octaëdre aluminiforme. Mais l’objet principal de mes recherches étant de m'aflurer de la conftante propriété magnétique polaire de différentes fublimations de fer; pour la commodité de l'épreuve de ces dérnières au barreau ai- manté, j'ai caflé le creufer par le fond, le culoc ef refté nud ä-peu-près 470 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, à moitié, Nous avons vu que des portions du criftal de roche qui s'é- toient éclatées les premières , font defcendues plus ou moins avant, & quelques-unes jufqu'au fond du creufer, ce qui prouve l’efpèce de fufion pateufe qu'a éprouvée la matière, Cette mafle ferrugineufe paroït être en totalité, partie criflallifée , partie fcorifiée, elle a généralement l'afpe& métallique. Je n’ai pas voulu la cafler pour en voir l'intérieur , dans la crainte d'affoiblir où même de décruire fon caractère le plus remarquable qui eft d'être un aimant artificiel fait par l'intermède du feu. Ses poles ont leur direction fur une ligne qui traverfe le morceau de bas en haut ; - la bafe eft Le pole nord, la furface fupérieure le pole fud.. Les fragmens du creufet revêtus de fublimations, ont conlervé dans le même fens la même difpoftion de puiflance magnétique. L'épaifleur du fond du creufer refté adhérent à la bafe de notre culot magnétique ne paroît point ifoler ni même diminuer fa fphère d'aétivité, elle eft aufi éner- gique que celle du pole fud. Troifième Expérience. Nous avons mis dans un creufet trois onces du mêëlange indiqué de vitriol de mars & de fel marin, après l'avoir recouvert d'un rêt à rôtir percé d'un trou, puis lutté commeil eft dit dans l'expérience deuxième. Nous lavons foumis au feu de forge bien entretenu pendant trois heu- res, nos vues écoient d'opérer le plus promptement poilible le déga- gemenc de l'acide marin, la révivification & la fublimation du fer. Nous avons encore obtenu un réfultat fatisfaifant , nous n'avions laiffé refroidir le creufet que jufqu'au point où il écoit devenu polfible de le manier, impatiens que nous étions de le délutter. Une fcorie ferrugineufe rougeâtre revêtue de fublimations de fer criftallifé, s’étoit auffi moulée dans le fond du creufet comme dans l'expérience deuxième. Nous l’avons détachée d’une pièce préfentée au barreau aimanté. Elle a manifefté fur le champ très-diftinétement fes propriétés d'attraction & de répulfon. Une heure après la même fcorie préfentée de nouveau au même barreau, n’avoit plus de fphère d'activité magnétique fi éten- due ; un quart-d’heure après cette fphère s’eft encore trouvée dimiguée ; enfin à mefure que la fcorie s’eft de plus en plus refroidie, elle nous a paru perdre progteffivement ; à tel point que lorfqu’elle a été tout- ä-faic froide ou à la température de l’armofphère environnante, elle n'étoir prefque plus fenfible à l'épreuve du barreau aimanté, il nous a fallu recourir à l'aiguille beaucoup plus mobile d’une bouflole; par ce moyen nous avons retrouvé fes effets magnétiques devenus très-foibles. Ne fommes-nous point conduits par certe férie de faits & d’obfer= vations, à confidérer l’activité & la continuité du feu comme caufe accidentelle, fi elle n'eft créatrice ( ainf qu'il eft dit dans mon pre- EE. SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 474 mier Mémoire ) des facultés magnétiques propres à différentes fubli- mations de fer? Nous propofons quelques autres réflexions à l'appui de cette même hypothèfe. Une action bien connue du feu dans l’état d'ignition eft de déter- miner à travers les corps les plus denfes la pénétration de la matière de la chaleur; cette même chaleur peur être portée à un très-grand degré d'intenfité par les différens moyens de l’excirer & de l’alimentér. L'on fait que les proportions requifes entre l'ouverture du cendrier & celle de la cheminée , favorifent dans un fourneau bien entretenu de matières combuftibles, le paflage rapide &fucceflif d’un courant d'air qui fe précipite à travers le brafier rouge blanc, auquel il fert lui-même d'a- liment; il fe fait donc une grande confommation d'air, mais elle eft toujours réparée par fa nouvelle affluence entre le fourneau & le creufer, C'eft certe efpèce de dépenfe ou d'emploi de certaines couches d'air atmofphérique qui nous a fuggéré l'explication fuivante des propriétés magnétiques de plufieurs fublimarions de fer. Nous eftimons que lPexiflence des puiflances magnétiques étant ad- mife dans l’érendue de l’atmofphère, leur mouvement & leur effet peuvent dans certains cas fe compofer des vibrations & ofcillarions . violentes de l'air, milieu à travers lequel les forces magnétiques fem- > q te] q blent rechercher l'équilibre, fe propager continuellement fous forme de fluide d’un pole à l’autre du globe. Nous ne difcutons poirt pour le moment , fi l’agent magnétique ef combiné, juxta-pofé ou ifolé dans Parmofphère; enfin s'il eft un être particulier, ou bien l'effet d'une des modifications du feu élémentaire vrai prothée, Nous nous reftreignons à notre expofirion de faits, Nous difons en nous réfumant , que le creufet dans lequel s’eft opéré la révivification & la fublimation du fer, a été pénétré, léché pendant Pefpace de fix heures par un torrent de fluide igné rouge blanc. Nous penfons que l'agent ou fluide magnétique exiftant dans la même atmof- hère, a été forcé de fuivre comme à la trace le torrent d'air em- Bale dans fon cours, qu’enfin le fer foumis en expérience comme am milieu de la collifion violente de différens Huides aériformes incandef- cens, s’eft modifié en raifoa de fes affinités avec la matière de la chaleur & avec le fluide magnétique, de manière qu'il en eft réfulté différenres fublimations de fer criftailifé, douées des propriétés d'attraction & de répulfon magnétique ; en un mot, des aimans artificiels , ouvrage des feux allumés par la nature ou par Part. Certe analogie fynthétique eft érablie dans le Mémoire déjà cité ; nos expériences fubféquentes nous paroiflent l'érayer. Nous n'avons pu nous défendre d'hafarder des conjeëtures fur un fujer qui nous infpiroit Le defir d'approfondir les phénomèmes à mefure qu'ils fe préfentoient, 472 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, EX TRAIT D'UNE L'EMMRE DE CMS GARDE AN TER, De la Société de Gottingue , ANS: D'EGL A EMEA EN RÈNIE \ Londres, ce 25 Mai 1787. M ovsicur ë M. Herfchel vient de faire une nouvelle découverte de la plus grande conféquence, dont j'ai eu le bonheur d’être témoin. Il avoit obfervé le mois paflé un ou deux jours après la nouvelle lune , dans la partie ob{cure de la lune, trois points lumineux. Deux de ces points étoient aflez près J'un de l’autre, & ne montroient qu'une lumière pâle & foible, Le troi- fième, qui avoit trois milles d'Angleterre ( à peu-près une lieue ) de dia- mètre, montroit une lumière beaucoup plus forte, dont la couleur paroifloit rougeñtre ; M. Herfchel ne croyoit pouvoir la comparer mieux qu'à la lumière d’un charbon ardent couvert en partie de cendres. Il conçut dès-lors le foupçon que ces trois points pourroient bien n'être que des volcans ; l'éruption des deux autres venoit de finir ou alloit commen- cer ; le troifñième étoit actuellement en éruption. Voilà à-peu-près les idées que M. Herfchel fe formoit fur la nature de ces trois points lumi- neux. Îl communiqua fon obfervation à la Société Royale. Les favans de Londres attendoient avec impatience le changement de lune prochain qui devoit confirmer l’obfervation de M. Herfchel , parce que, comme il n’étoit pas probable que l’éruption dureroit beaucoup plus qu'un mois, on devoir s'attendre à des changemens très-confidérables fi c'étoit réelle- ment des volcans, comme il le fuppofoir. Vendredi pañlé , le 18, premier jour de la lune, quelques favans d'ici fe rendirent chez M. Herfchel à la campagne; mais le ciel étoit trop couvert pour leur permettre d’obferver, Samedi 19 ,je m'y rendis avec deux de mes amis. Le ciel écoir très-clair & fans le moindre nuage. Après avoir examiné pendant près de deux heures la partie éclairée de la lune par les inftrumens furprenans de M. Herfchel, (dont il eft prefqw'impoffible de fe former une idée fans les avoir vus ) nous tournâmes vers les neuf heures du foir le télefcope fur la partie obfcure de cet aftre, où l'hypothèfe de ce grand Aftronome fe trouva entièrement con- firmée. Les deux points dont la lumière avoit paru pâle le mois paflé avoient difparu entièrement, & la lumière de l’autre s’étoit changée, de rougeâtre & forte qu’elle avoit été, en une lumière pâle & foible, à-peu- près bus D da SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS, 473 près.telle que celle des deux autres le moispaflé : fon diamètre ou crater qui, comme je l’ai dit, n’avoit été d'abord que d'une lieue, avoit augmenté du double, & fe trouvoic être de fix milles d'Angleterre ,ou de deux lieues. Le mois prochain il fera fans doute entièrement difparu. La décou- verte des volcans dans la lune nous prouve que la lune eft compofée d'une matière qui a la plus grande reflemblance à celle dont eft compofée notre tèrre, & elle nous prouve de plus l’exiftence d’une atmofphère autour de la lune, dont plufeurs favans ont douté & doutent encore. L’Aftronomie doit donc au zèle de M. Herfchel un nouveau faic très-intéreflant (x). 1° Je” füis !-&ec. -- (r)°M. le Chevalier Englefield. écrit de Londres à M. Mechain, que les volcans de laTéHe ont étélégalenient vus chez M. Herfchel par MM. le Comte de Bruhl, Caténdish, Aubert; &c. & il en fixe à-peu-près la pofition comme däns la fg. 4, Planche IT. ( Note de M. de la Mécherie. ) 3 a —— a —— — x NOUVELLES.LITTÉRAÎRES. TLosss fr la Météorologie ; par J. A. De Luc ,-Leéteur della Reine; des Sociétés Royales de Londres & de Dublin, de l Académie des Sciences de Sienne, & Corréfpondant des Académies des Sciences de Paris , de Montpellier & de Rotterdam Tome premier , Partie I & IT. A Londres, de l’Imprimerie de T. Spilfburg Snowhill , fe vend chez P. Elmfy, Libraire, au Strand, à Londres; & chez la veuve Duchefne , Libraire, rue Saint-Jacques , à Paris : 1786, 2 vol. är-8°. M..de Luc qui a enrichi la Phyfque de plufieurs bons Ouvrages, s’éroit déjà fort occupé dela Météorologie dans fes Variations de lAtmofphere. L'Ouvrage que nous annonçonsÿ eftencore plus particulièrement confacré. Dans ces deux premiers volumes il traite des vapeurs, de leur formation, des corps hygrofcopiques , de l'Hygrométrie , ( voyez fon beau Mémoire dans ce cahier ) & enfin du fluide électrique. On y reconnoît par-tout le favant Phyfcien & l’excellenc obfervateur. Voyage au Cap de Bonne-Efperance, & autour du Monde avec le . Capitaine CooK, & principalement dans le pays des Hortentots & des Caffres ; par ANDRÉ SPARMANN , Doëteur en Médecine , de l Acadé- mie des Sciences, & Direéleur du Cabinet Royal d'Hifloire- Naturelle de Stockholm : traduit par M. LE TOURNEUR. À Paris, chez Buiflon, Libraire , hôtel de Mefgrigny , rue des Poirevins: 3 vol. ir-8°. avec Cartes, Figures & Planches en taille-douce ; imprimé par M. Didot jeune fur beau caractère de cicéro neuf, & papier quarré fin d'Au- vergne. Prix, 15 liv. broch. 18 liv. relié, & 16 Liv. 10 fols broché franc Tome XXX, Part, I, JUIN, 1787. 0 00 © —— —— 47à OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, de port par la pofte. Er 2 vol. ë1-4°. même papier , Planches ir-4°, imprimés fur beau caraétère de Saint Augutin neuf, Prix, 24 liv. broché, 28 liv. relié, & 26 liv. broché franc de port par la pofte. On en a fair deux éditions pour la commodité des perfonnes qui ont acquis les Voyages du Capitaine Cook. Le zèle infatigable du céièbre Linné a donné le plus grand mouvement aux différentes branches de l'Hiffoire-Narurelle, fur-tour à la Botanique, Ses Elèves nombreux fe font répandus dans routes.les parties du globe ,& envoyoient à leur Maître tous les objets nouveaux qu’ilstrouvoient, Celui-ci publioir tout, & faifoic tour connoître par des phrafes claires & précifes. C’eft à certe mérhode que nous devons la connoiflance d’un fi grand nombre d'objets que l’on retrouve dans les Ouvrages de cer grand homme, D'autres favans ont voulu fuivre une marche différente, & ne publiér qu'avec luxe les objets nouveaux! qu'ils-ont ‘rapportés de leurs voyages Qu'eft-il arrivé ? c’eft que n'ayant pas le rems de rédiger leurs matériaux, ou manquant de moyens pour faire graver , &c. les Ouvrages ne paroiflent pas. C’eft ce qui prive le Public de la connoiffance des herbiers des P. Plu- mier,des Comme:cons ; dés, &c. d'une multitude d'infeétes qui‘ font dans les cabiners, & que les Aureurs ne veulent faire connoître que par des gravures. Les moyens manquent & les iñfetes demeurent ignorés, & ces mêmes Naturaliftes conviennent que dans Linné, dans Fabricius ils reconnoiflent parfaitement les infeétes par de fimples defcriptions. .”: 2 Ils devroient imiter le Doéteur Sparman. Celui ci avoir envoyé des doubles de tout ce qu’il avoit trouvé à Linné qui en a fair ufage dans fes Ouvrages. Sparman a enfuite publié en détail fon voyage. On y trouve une multitude de faits inréreffans fur l’Hiftoire- Narurelle des Caffres , des Hotrentors, fur-rout fut celle du lion, du rhinocéros à deux cornes, de l’hippopotame, du bulle, &c. En un mot, il faic connoître une partie de l'Afrique qui l’éroit très-peu, La traduétion eft de M, le Tourneur : c'eft dire qu'elle inréreffera aurant par le ftyle que l'Ouvrage même intérefléra par les faits nouveaux qu'il renferme. Abrègé des Tranfaëions Philofophiques de la Société Royale de Londres ,ranpé par ordre des matières : Ouvrage traduit de | Anpolois £ PA £ 6 rédigé par M. GrBëLiN, Doéteur en Médecine, Membre dé la Sucieié médicale de Londres, &c. avec des Planches en taille-douce : première partie, Hifloire-Naturelle, 2 vol. in-8°. A Paris, chez Buiffon, Libraire, hôtel de Mefgrigny , rue des Poirevins, N°, 13. Prix de chaque volume broché, $ liv. relié 6 liv. & franc de port par la pote, $ liv. 10 fols. Le grand nombre d'Ouvrages qui paroïffent journellement forcene néceflairement à faire des abrégés, parce qu’on ne fauroir rout lire, Ces abrégés font fur-tout néceflaires pour les grands corps d'Ouvrages, tels que ie SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 475 Les collections des Mémoires des différentes Sociétés littéraires. Le (avance Auteur de celui-ci l’a fait par ordre de matières. Le premier vo'ume, par exemple, contient tout ce qu'il y a dans les Tranfactions Philolophiques ur les tremblemens de terre, les curiofités naturelles & les événemens extraordinaires; le fecond , ce qu'il y a fur les fofliles, les pétrifications & les animaux, On cite les Mémoires , en forte que ceux qui voudroient des détails plus circonftanciés peuvent recourir à la fource. Mais l'extrait rapporte ce qu'il y a de plus intéreffant. Le nombre de Planches dont cette première livraifon eft chargée , les foins qu'il a fallu apporter en compulfant les immenfes originaux anglois , font les feules caules du retard que cette livraifon a éprouvé; la feconde & les fuivantes paroïtront avec plus de régularité, On ne paye qu'en recevant chaque livraifon, & rien à lavance. Les perfonnes qui veulent acquérir cet Ouvrage font prices de fe faire infcrire à l'adrefle ci-deflus ; l'on s’infcritaufli chez tous MM. les Libraires de France & de l'étranger. Amphibiorum virtutis medicæ defenfo , &c. c’efl-à-dire : Défenfe de La vertu médicale des Amphibies ; par M. JEAN HERMANN, Pro- ” feffeur public ordinaire de Médecine, Chanoine de Saint- Thomas, 6c, À Strafbourg , chez Heïtz, 1787, 27°4°, de 42 pages. Voici le préliminaire d’un Traité intéreffant. Il n’offre encore que des généralités fur les propriétés des amphibies, La fuite expofera les genres & les efpèces en particulier : c’eft-là fur-rout qu'on devra une foule de recherches & d’obfervations neuves à M, le Profeffeur Hermann, l’un des premiers Naturaliftes de l'Europe. Carte qui repréfente l'afpeël figuré & l'annonce de l'Eclipfe du Soleil du 15 Juin 1787 au foir , calculée par M. RoTroU pour le Méridien de P Obfervatoire Royal de Paris, felon L:s Tables de la Lune d'EULER publiées par M. JEAURAT dans le volume de fa Connoilance des Temps, pour l'année 1786 , page 202. À Paris, chez Beauvais , rue Saint-Jean-de-Beauvais, vis-à-vis Le Collège de Lizieux. … L'éclipfe de foleil du 1$ juin a été annoncée par M. Jeaurat dans la Connoiffance des Tems , & par M. de la Lande dans les Ephémérides. Il ne peut qu'être avantageux de joindre à ces deux annonces celle de M. Rotrou, defcendant du Poëte de ce nom. ses Tome XXX, Part, I, 17987. JUIN. Oo0 2 476 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, 6a RD PR TABLE Des ARTICLES CONTENUS DANS CE CAHIER: Oxssrrarrons Jur la difpofition des Pierres de parement des Magonneries baignées par des maffes d'eau quelconques, & plus Particulièrement de celles qui font expofées à la mer ; par M. C.D.L. Lieutenant-Colonel du Corps Royal du Génie, page 401 Extrait d'une Lertre de M. CRELL , à M. DE LA MÉTHERIE, 406 D'ffertation fur les Couleurs accidentelles , 407, Extrait d'un Mémoire fur la décompofition des Pyrites dans les Mines : lu à l'Académie Royale des Sciences , en Juin 1786, par M. HassEN- FRATZ, Sous-In/pecteur des Mines de France, 417 Objérvations Jur les effets de là piqüre de L’'Araïgnée=-crabe des Aruilles ; par M. AKTHAUD, Doëteur en : Médecine | au Cap- * Franpois, Affocié du Cercle des Philadelphes , 422 Defcription de la Béte à mille pieds de Saint-Domingue ; par le méme , 427 Expériences propres à faire connofrre que le Plätre produit par diverfes efpèces de Gypje retient plus ou moins d’eau aprés! avoir été gaché &: féché : extrait d'un Mémoire lu à l'Académie, par M, SAGE, 429 Mémoire fur l'éle&riciré du Chocolat & quelques objets relatifs ; par M. LiPHARDT, à Konigfberg , 431 Précis de quelques Expériences électriques , faites par M. CHARLES, Profefleur de Phyfique ; par M. DE La MÉTHERIE, 433 Mémoire für l'Hygrométrie ; par, J. Aibe Luc, Lecteur de la Reine de la Grande-Bretagne | des Sociérés Royales de Londres & de Dublin , de: # Académie de Sienne , & Correfpondant des Acadé- mnies des Sciences de Paris, de Montpellier & de Rotterdam , 437. Mémoire Jür une produttion artificielle de lAlkali volatit ; par JEAN- MICHEL HAUSsMANN, à Colmar, 467 Expériences faites par MM. DELARBRE & QUINQUET, dans les vues de reconnoître ft différentes révivifications € Jublimations de Fer opérées par des moyens chimiques , acquièrent conflamment des Propriétés magnétiques polaires, ; 467 Extrait d'une Lertre de M, GiRTANNER , de la Société de Gortingue , à M. pe LA MÉTHERIE, 472 Nouvelles Lirtéraires, #73 TABLE GÉNÉRALE : DRE SAR TE NCIAESS CONTENUS DANS CE VOLUME. HISTOIRE-NATURELLE, D ISCOURS préliminaire ; par M. De LA MÉTHERIE, page 3 Lettre de M. Pasumor, Ingenieur du Ror, &c, à M. DE LA MÉTHERIE , fur les endroits où l'on peut faire colleétion de Criflaux de Sélénite , 84 Mémoire dans lequel on fe propofe de faire voir que les Véficules Jéminales ne fervent point de réfervoir à la femence , &c. par M. CHAPTAL, 10E Mémoire abrégé fur plufieurs taches nouvelles noires & rondes de Jupiter, obfervées par M. le Grand-Bailli DE SCHROELER , 117 Extrait des Ouvrages de M. l'Abbé CAVANILLES, contenant neuf genres nouveaux de la famille des Malyacées, & un dixième de celle des Solanées, 147 Extrait d'une Lettre de M, CRELL, fur différens objets d'Hifloire- Naturelle, 156 Mémoire pour fervir à l'hifloire de la Marchant variable ; par M. REYNIER, 171 Objervations fur La durée de la vie de certains Infe&tes ; par M. RisouD , 185 Exrrait des Obfervations de M, 1 Abbé Haüy, fur le Spath adamantin , 193 Lertre de M. le Marquis De VicaY , fur un Poifflon eleérique, 195 Se s METRE a Te Notices concernant le Bœuf-marin, autrement Bête à huit écailles , ou Oétovalve ( os-fcabrion) ; par M, le Chevalier LEFEBURE DES Hayes, è . 209 Mémoire fur quelques Infeëles de Barbarie ; par M. l'Abbé Poirer , 241 Plan d'une Carte Phyfique, Minéralogique , Civile & Eccléfaflique de la Franche-Comté & de fes frontières , &c. par le P. CHRYSOLOGUE, de Gy, / 27E Obférvations fur la culture & Les ufages économiques du Genér d'Efpagne ; par M. B&OUSSONET ;, 294 47% TABLE GÉNÉRALE DES ARTICLES. Lertre de M. BESSON, fur la Terre verte des Criflaux de roche, 313 Extrait d’un Mémoire fur la flruëure des Criflaux de Schorl 3 par M. l'Abbé Haüy, 321 Lettre de M. P Abbé P**, fur la Marchanty 352 Effai de comparaifon entre les mouvemens des Animaux & ceux des Plantes : & Defcription d'une efpèce de Sainfoin, dont les feuilles Jont dans un mouvement continuel ; par M. BROUSSONET, 359 Note de M. DE ROM DE LisLe, relativement à La figure primitive des Rubis, Saphirs & Topazes d'Orient , 368 Lertre de M. DE BourNON , fur différens objets de Minéralogie, 370 Lettre de M, PROUST , fur le Borax , &c. 393 Obfervations fur les effers de la piqûre de l'Araignée -crabe des Antilles ; par M. ARTHAUD, Doéteur en Médecine, &c. 422 Defcription de la Béte à mille pieds de Saint-Domingue ; par le méme ; 427 PHYSIQUE. Lsrrre à M. DE LA MÉTHERIE, /ur le Briquet phyfique , pages 6 Suite de quelques expériences relatives à la cohéfion des Liquides 3 par le P. BÉSILE, 12$ Second Mémoire fur les moyens de perfectionner la Météorologie ; par M. SENEBIER, 177 Suite , 245$ Sucte , 328 EfJai de l'application de la force centrifuge à 1 Lacan on de l’eau ; par M. PAJOT DES CHARMES, 192 Lertre de M. le Chevalier D ’ANGOS , Jur une variation du Baromètre; 26 $ Obfervation d’une Trombe de mer , faite à Nice de Provence en 1780: adreffée à M. FausAs DE SAINT-FONDb ; par M. MicHAUD , 284 Suite des Obfervations faites à Laon fur deux Bouffoles de variation, & une Bouffole de déclinaifon, année 1786; par le P. CoTTE, 2 Differtation far les Couleurs accidentelles , 407 Mémoire fur l'eleétricité du Chocolat, & quelques objets relatifs ; par M. LiPHARDT , 431 © Précis de quelques Expériences éleëtriques , faites par M. CHARLES; par M. DE LA MÉTHERIE, 433 Mémoire fur l'Hygrométre ; par M. J. A.De Luc, 437 Leutre de M. GIRTANNER , fur des Volcans obfervés dans la Lune par M, HERSCHEL, 472 | | | Î TABLE GÉNÉRALE DES ARTICLES. 479 CEYHTMT'E) Mérrre de M. DE Morveau à M. DE LA MÉTHERIE, fur une Table fynoptique des parties conflituantes de quelques fubflancès principales , fuivant toutes les hypotheles , page. 45 Extrait d'un Traité fur l'Amalgamation des Métaux nobles par M. le Chevalier DE BORN , Confeiller de Cour , au département des Mines & des Monnoies 1.& R. à Vienne en Autriche, 47 Sur Le Sel effentiel de la Noix de galle ou acide gellique concret , traduit du Suédois ,de M. SCHÉ£LE , par Madame PiGARDET , SE Du Charbon des Métaux ; par M. PRIESTLEY, 8I Doutes [ur quelques inconvéniens attribués par M. LAVOISIER à l'emploi du Phlogiflique , &e. par M. SEN&BIER , 7.93 Memoire fur l'Acide du Berberis ; par M. HoFFMAN, Apothicaire à Léer, 131 Expériences fur le Gaz hépatique, par M. KiRWAN : traduites par Madame PiCARDET, , 133 Suite, 197 Expériences & Obfervations fur les Fermens & la Fermentation, &c. par M. Thomas HENRY, &c. 161 Lesre de MM. Aver, D. P. M. & HAssENFRATZ, à M. DE LA METHERIE , fur la Chimie des Pneumarifles, 215$ Réponfe de M. DE LA MÉTHERIE, à la Lettre précédente, 218 Nouvelles Recherches fur la nature du Spath vitreux , &c. par M. MonNET, 253 Suite , E 3 341 Traduë&ion d'une Lettre écrite à M. le Baron DE DIETRICH, par M. »E ITKk:BRA, au fujet du nouveau procédé de l'Amalgame de : M. pe, Bon, 289 Suite d Expériences fur le Charbon ; par M. DE LA MÉTHERIE, 309 Leure de M. le Baron DE DiEtkiCH , fur la Manganèéfe , 3SI Mémoire fur la Criflallifation des fubflances métalliques & du Bifmutk en particulier ; par M. l'Abbé Poucer, Li à Recherches [ur la Pierre de Gangue rouge, appelée Feld-[path, de Kapnik en ‘Tranfilvanie ; par M. DE RUPPREICT, traduites par M. DE FONTALLARD , 391 Memoire du méme Auteur, fir la Pierre de Gangue rougeâtre de Kapnik,& fur d'autres fujets de Minéralogie, traduit par M. DE FONTALLARD, 392 Lettre de M. Le Lièvre , fur la Chryfolite des Volcans, 397 Extrait d'une Lettre de M. CRELL, à M. DE LA MÉTHERIE , 406 480 TABLE GÉNÉRALE DES ARTICLES. Extrai d'ur Mémoire Jur la décompofition des Pyrites dans les Mines 3 par M. HASSENFRATZ , ; 417 Expériences propres à faire connoître que le Plâtre produit par diverfes efpèces de Gypfe retient plus ou moins d'eau après avoir été gaché & Jéché; par M. SAcs, 429 Mémoire fur une produétion artificielle de l’Alkali, volatil ; par JEAN Micmez HAUSSMANN, tee 461 Expériences faires par MM. DELARBRE & QUINQUET , dans les vues de reconnoître ft differentes révivifications & fublimations. de Fer opérées par des moyens chimiques, acquièrent conflamment des propriètés magnétiques polaires , 467 A ARTS. Mamorre Jur la Fonderie & ‘les Forges Royales établies ‘au Creufot, près Mont Cenis en Bourgogne , pour fondre la mine de fer & affiner la fonte avec du charbon de terre, par Le moyen des machines à feu, & fur la Marufa&ture des” Criflaux dela Reine transférée au même lieu ; par M. DE LA MÉTHERIE, 60 Mémoire fur les moyens de maçonner dans l'eau à très-grande profondeur; par M. DE LevRITZ, Chevalier de Saint-Louis, 88 Lettre de M. Le BLOND , à M. DE LA MÉTHERIE, fur le Chalumeau 92 Lettre de M. DE JONVILLE, fur un Inflrument propre à mefurer T'incliñnaïfon des couches de la terre , - 100 Défcription & ufage d'un Thermomètre pour mefurer les degrés de :: chaleur fupérieure , depuis la chaleur rouge jufqu'à la plus forte que puiffent éprouver des vaiffeaux de terre ; par M. Wepewoon , ù 2 Obfervations fur La difpofition des Pierres de parement a Magçonneries,baïonées par des males d'eau quelconques , & plus > particulièrement de celles qui font expolées à la mer; par M.C. D.L . Lieutenant-Colonel du Corps Royal du Genie, 401! Nouvelles Litréraires ; pages 67 — 158 — 226 — 314 — 398 — 473 PARPIPUR FONB EEE TION: Ja lu , par ordre de Monfeigneur le Garde des Sceaux, un Ouvrage qui a pour titre: Obfervarions fur la Phyfique, fur L'Hifloire Naturelle & fur les Ares, &e. par MM.Rozier, MoNcez le jeune & De 4 MeraeriE , &v. La Colle&ion de ans ; enconféquence ; j’eflime qu’on peut en Juin 1787. KkÈ 7122 MB ee | 11777 à 14 KA A LA 2 ns À iect- | (TL. NN NS N \ \ \ N \ NN NT NN RRRSSEESEEREEERE \ Tuin 176 VA RUN, LPC . * CM # et RÉ 1 |" r Ù É4 * LE + L RER | 5 21 Se àe $ = + F al 4 “ 0 1 F è # à L # u ww . S “ L à û à , ” : LE ja ie 0 Copa SO à nine 4 À HORTEN LONDON Juin 2787 LU Pour If LEE à Lis 0 LS TNT. TRS, PTS) Rs SE Der, RETZ PRES, TRE EL RES