es = Fe = TE Er ES ER SR aan RE, ESS We “ DLL UN [A mél rl & PR 1 L VU p À LOS | u NY EU EUR Pt L Li DE, a] La a non 4170? 4 * \ A | ALT: ! L j 11 1 } FAË "Us ie A, Mes 1 M 4 0 à A4 LE 2 L) é ” 1 IONS “0 BS E RY SUR L'HISTOIRE NATURELLE : EE SUR:ÉÈES MRTS, AVEC DES PLANCHES EN PATELE-D'OUCE: DÉDIÉES À M°. LE COMTE D’'ARTOIS: Par M. l'Abbé RoZIER, de plufieurs Académies 5 per M. J. 4. Moncrz le jeune, Chanoine Regulier de Sainte Geneviève , des Académies Royales des Sciences de Rouen , de Dijon, de Lÿon, &c. & par M. DE 14 MÉérTHERIy Is Doëeur en Médecine , de l’Académie des Sciences, Arts & Belles-Lettres de Dion , de l’Académie des Sciences de Mayence , de la Sociéré des Curieuse de la Nature de Berlin , de la Saçiéré des Sciences Phyfiques de Laufanne , &c. TR POMEE, XX XVI AY PARTS, AU BUREAU du Journal de Phyfique , rue & hôtel Serpente, Er fe trouve À LONDRES, chez Josepx DE Borre, Libraire , Gerard-Streer, N°.7, cho. REP PET SR EEE TES MrDIOC TX CC #AFECP RIVIÈÈGE DO RO * LRO SE s re mue a % _ + 14 se FR PTT eat Aul AREA em uv fl Q r TR AU ‘ani RE SRE ON ja « It) Pan L A = | Se NN È <> | FFT à LE OBSERVATIONS MÉMOIRES LA PHYSIQUE, SUR L'HISTOIRE NATURELLE, ET SUR LES AKF5S ET MÉTIERS. DISCOURS PRÉLIMINAIRE: Par M. DE La MÉTHERIE. L ES heureux momens font enfin arrivés où la philofophie triomphe de fes ennemis. Ils avouent eux-mêmes que les lumières qu’elle a répandues principalement depuis quelques années, ont produic les grands événemens qui diftingueront la fin de ce fiècle. L'homme flétri par les fers de la fervitude languifloit fous le poids de fes chaînes. Des defpotes audacieux fembloient fe jouer de l'humanité. Les barbares regardoient les autres hommes comme les inftrumens de leurs plaïfirs. Ils leur difoient d’un ton dédaigneux : « Nous voulons » élever des palais, avoir de nombreux efclaves , entretenir un grand Tome XXXV1, Part. I, 1790, JANVIER. À 2 \ …, HN UT | L à à +. 4 …'* M a 4 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, » nombre de courtifans & de courtifanes(i):,. . . Eh bien! vous pafferez » Jes jours & les nuits au travail, & vous nous en donnerez le produir. » Le plus modique néceffaire doit vous fufire. Vous jouirez de notre » grandeur », :.. Dans un autre moment une palion orageule s’élevoit au fond du cœur du defpote , &-l’engageoit à faire la guerre à fes voifins : un héraut d'armes en avertifloit les citoyens , & proclamoit un manifefte du tyran, dont le fens étoit « Il me plaît de faire égorger des milliers » d'hommes: je veux voir couler des flots de fang humain. . .. Allez, » vils inflrumens de mes plaifirs , vous précipiter au milieu des bataillons » ennemis.Mourez pour contenter ma vanité & (atisfairemes caprices. . . . » Je vous l'ordonne ». Et on voyoit aufli-tôt la mort voler de toutes parts, & les ftupides humains fe trouver encore honorés de verfer leur fang pour complaire à leur opprefleur, . . . LA PHicosopnie dit aujourd'hui aux Rois & à leurs concitoyers : « Vous êtes tous enfans de la même nature. Chériflez-vous comme des » frères : employez tous vos moyens à vous rendre heureux mutuellement. » Votre multiplication prodigieufe favorifée par Pétat focial vous a obligés » à vous emparer de la terre fur les autres anintaux qui y avoient autant » de droits que vous, & à vous réunir en grands peuples. Ce droit de » propriété fondé d’abord fur la force, devenu enfuire néceflaire pour » votre {ubliftance, doit être entre vous une loi de convention que vous » devez refpectér. » Mais une fi grande quañtité d'individus réunis n'a pa exifter fans » loix, c’elt-à-dire ; fans des conventions que vous vous êtes promis > d’obferver pour votre bien commun, Il a fallu des chefs où un pouvoir D» exécutif pour maintenir l’'obfervation de ces loix. Dans les commence- » menson a élu celui ou ceux qui en paroifloient les plus dignes. Ces » chefs, ces résifleurs, rex à regere, n’étoient point à vie, La nation qui > s’aflembloit tous les ans , comme toute nation qui aime fon bonheur » & fa liberté doit le faire, les changeoit ou les continuoit, Dans » quelques fociérés la place fur enfuite donnée pour la vie, & enfin devint » héréditaire. Cela ne changea rien à l'inftitution primitive. La nation » doit toujours s’aflembler tous les ans pour prononcer fur ce qui » l'intérefle. Le chef à vie ou héréditaire, ne doit jamais oublier que fes » concitoyens ne lui confent que la puiflance exécutive, en fe réfervanc » la puiflance légiflative qui eft inaliénable ; qu'ils lui ont remis les » rènes du gouvernement pour faire obferver les loix, qu'il ne peut » nullement enfreindre fans fe rendre coupable du crime de lèfe-nation , » que les contributions données par les citoyens, & verfées dans le trélor EEE (x) On affüre que les courtifanes de Louis XV ont coûté à la France près d'un milliard, Mais on ignore ce que coûtent les courtifans. ‘ | | | w (N 5 SUR , L'HIST. NATURELLE EM LES ARTS. Le » public, font uniquement pour la chofe publique ; & qu'en diftraire la » moindre parceile pour tout autre emploi , comme pour accorder des » graces à des favoris, feroit un véritable VOL ; que la guerre eft un acte » de violence qui n'eft permis enrre les fociétés, que comine entre les » particèliers, pour repoufler la force par la force, & que rous les homi- » |cides commis daus uñe guerre injufte font de véritables aflafinats ».. . Ces vérités répétées mille & mille fois par les amis de l'humanité ont enfin produit les effets précieux qu'ils en attendoient, Tous les peuples connoiflent aujourd’hui leurs droits, & fauront .les faire valoir dans les circonfiances favorables. Une partie de l'Amérique a conquis la liberté. La philofophie y répa- rera les outrages dé la fuperftition & du fanatifme, Peut-être parviendra- t-elle à y faire oublier lés crimes horribles dont fe fouil'èrent les enthou- fiaftes & féroces européens des quinzième & fzizième fiècles, La France dont les efprits avoient été préparés par une multitude d'excellens écrits, a rompu les chaînes avec lefquelles le defporifme miniftériel l'avoir enlacée. L'hiftoire du genre-humain entier ne préfente point une aufli grande révolution faite avec autant de fagefle & autant de modération. C’eft que roure la nation (quelques corporations exceprées ) copuoiflant fes droits, a dit:. Nous voulons étre libres, que tous les zutérées particuliers difparoïffent, & ils ont difparu. Les mêmes lumières fe propagent chez les autres peuples. Bientôt ils diront comme les françois : Nous voulons étre libres. Déjà l’Inquifition, ce fléau deftructeur de l'efprit humain , eft prefqu'anéantie en Éfpagne, en Italie, &c. La Pologne fait des efforts pour fÆ relever de l'état de foibleffe où elle eft vis-à-vis les autres puiffances. Mais fes magnats doivent avoir aflez de -connoiflances pour fentir que celles-ci. ont fait de grands progrès, tandis qu'eux fonr encore:comme celles là éroient au quatorzième fiècle, Qu'ils affranchiflent donc leurs concitoyens du joug féodal. La Pologne n'aura de véritable puiflance que quand ce régime fera détruit, & que fon fol fera cultivé par des mains libres. Ses villes commencent à demander dés repréfentans à la diète, qui doit devenir la véritable afflemblée nationale, La Turquie ou faccombera fous les armes de fes puiffans ennemis, ow il faudra que le defpotifme du divan rende Ja liberté à ces grecs jamais aflez célébrés , à ces intrépides épirotes à ces macédoniens vainqueurs du monde... .Car il eft impollible qu'un fultan qui ne veut pas füuivre la marche de fon fiècle, réfifte plus long-tems. : © je Peut-être la PHILOSOPHIE pénétrera-t-elle jufqu’aux régions les plus éloignées de cette partie d'Europe aujourd’hui le centre des connoiffances. Nous ne ferons que de nous acquitter envers ces beaux pays , l'Inde, l'Afyrie, l'Egypte. . . . d'où nous font venues les premières inftructions ; car qui pourroit retenir fes larmes en fe rappelant l’état Aoriffant de ces \ 6 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, fuperbes régions, en le comparant à celui où l’a réduit le defpo- tifme ? Quis talia fando . Temperet à lacrimis ? Déjà il y a des Sociétés favantes établies par les anglois au Bengale. Les hollandois en ont à Batavia, les françois à Saint-Domingue. Les anglo-amériçcains en ont à Philadelphie. . . . Livrons-nous donc à la douce efpérance de voir bientôt tous les hommes par le progèrs de la philofophie fe regarder comme frères. Dans ces tems fortunés ils ne chercheront plus à troubler leur bonheur. Tous leurs efforts feront employés à s'entr'aider mutuellement. Les connoif- fances qu’ils acquerront de la nature fortifieront de plus en plus cet efprit de bienfaifance. Chacun s'empreflera d'apporter à la mafle générale quelque chofe qui puifle lui être utile; & enfin peut-être nos neveux reverront-ils les beaux fiècles qui durent leur naïflance à la Philofophie, & que la favante antiquité a nommé le sÈCLE D'ASTRÉE , c’eft-à-dire, cet âge où les humains guidés par la raifon ne connoifloient d’autres loix que celles de la juftice, Que les brillans fuccès que vient d'obtenir la PHILOSOPHIE foient un nouvel encouragement ; ne nous laflons point de pourfuivre les méchans ; de rendre juftice à la vertu, & d'éclairer les hommes. Soyons bien perfuadés que nos travaux ne feront point inutiles. De nouveaux motifs bien preflans viennent fe réunir à ces confidérations. Tout annonce une grande révolution dans les opinions religieufes. Les anciennes idées font ébranlées chez la plupart des peuples du monde, Un des rayons de cette vive lumière qui éclaire aujourd'hui l'univers a pénétré jufques dans le plus fecret du fanétuaire. Les yeux fe font ouverts , & les efprits ont été tous éconnés de ne trouver que folie dans ce qui a été fi long-tems l’objet de la vénération de Leurs ancêtres. Ils s'agitent, fe tourmentent pour trouver la vérité, ou ce qu'on croit la vérité , encore bien plus néceflaire dans cette partie que dans toute autre, pour le bonheur & la tranquillité du cœur humain. On a encore de la peine à abandonner la totalité des anciens fyftêmes. Mais chacun les modifie à fon gré. Tout le monde examine, raifonne fur ces objéts fi intéreflans, & chacun en tire une conféquence différente. C’ef ce qui a donné naiflance à cette foule de fectes particulières qu'on voit s'élever par-tout , principalement dans le nord de l’Europe & de l'Amérique où il y a plus de liberté à cet égard. Swedenborg d’abord favant diftingué , fe laiffant enfuite emporter vers ces objets myftiques, a fait un corps de doérine qui compte déjà un grand nombre de feétareurs: & déjà chacun le commente fuivant fa manière de voir: Dans d’autres pays d’autres chefs ont aufli des difciples - SUR L’HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 7 lus ou moins nombreux. Enfin , la Germanie renferme dans fon fein une fecte confidérable qui n’eft encore connue que fous le nom d’Il/uminés. On compte même déjà, dit-on, quelques princes au nombre des fectateurs de ces nouvelles doétrines. Tous ces dogmes fe propagent en filence, ainfi que l'ont toujours faic les nouvelles opinions. On y affocie d'autres idées accefloires. On cherche à remonter aux myftères des anciens fages de Memphis , lefquels ne pa- roiflent avoir été que les emblêmes des opérations de la nature. La pierre philofophale ou l’art de la tranfmutation des métaux & la médecine perfectionnée, fervent de bafe à plufieurs de ces fectes. Leurs auteurs ont l’art d’allier ainfi les objets qui affectent le plus les hommes, & de mettre en jeu tout ce qui eft le plus cher à leur cœur. Ils uniflenc de longs jours, des richeffes inépuifables , avec les idées exaltées de la religion. On ne peut s'empêcher de gémir en voyant un fi grand nombre de bons efprits, & même d'efprits inftruits, féduits par ces doctrines dont les auteurs où ont été dupes eux-mêmes, ou au moins le font de leurs ima- ginations. Mais n’en doutons pas: leur erreur vient du défaut d’inftruction. S’ils connoifloient mieux la manière d'agir de la nature , ils découvriroient bientôt le faux & l’abfurde de tous ces fyftêmes , & ils verroient rentrer dans l’ordre néceflaire des chofes une multitude de faits fur lefquels on s'étaye, & ques leur préfente comme en étant abfolument éloignés. Un phyficien adroit en impofe journellement à l’ignorant ; & il préfente même à l'homme inftruit beaucoup de faits que celui-ci ne pourra expliquer. En cenclura-t-on qu'il apère par des agens hors des voies de la nature ? non fans doute. Si un phyficien peut offrir des faits qui aroiflent inexplicables , on doit être sûr que les autres faits analogues ne du même genre. Nous fommes bien éloignés de connoître tous les moyens de la nature, c’eft-à-dire, toutes les loix du mouvement des corps. Auffi le vrai favant ne craint pas d'avouer les bornes de fon enten- dement. Il lui en coûte peu de dire : Je ne fais pas. Etil eft obligé de le prononcer à chaque inftant. Celui au contraire qui eft peu inftruit dit toujours: Je crois favoir ; j'entrevois la poffibilité de ce qu'on m’avance. Ét il eft toujours prêt à recevoir toutes les impreflions qu'on veut donner à fon efprit léper & inappliqué. Jamais il n’y eut plus de ces demi-favans. La fociéré eft remplie de perfonnes qui ont une certaine étendue de connoiffances, Leur efprit inquiet defire la vérité; mais foit parefle, foit inapplication , foit légereté , ils ne fauroient réunir la collection néceffaire des faits qui con- duifent au vrai. Ils fe laiffleront donc entraîner à routes les idées exagérées qu'on leur préfentera; & on ne pourra les en préferver qu’en leur donnant des connoiffances plus étendues de la véritable manière d'agir de la nature, 8 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, On fenrtour le'danger auquel expole une fituation auffi générale des efprirs. Effectivement qu'a lieu d'un favant fage & paiñible comme SwWédenborv ; on fuppofe un honime doué d'une imagination ardente, délirant d’être chef de fecte , & animé de l’enthoufiafme néceffaire pour y parvenir, il n'eft pas douteux qu'il n’eût pu opérer une de ces grandes révolutions qui onr changé les deftinées du gerre-humain. Il pourra. naître cer homme: il trouvera tout préparé ; & je fuîs perfuadé que nous fommes très-près de cer inftant. * * ANRT jh ta N'eflice pas au phyficien à cherchér à prévenir de fi grands maux, en faifanc voir à ces enchoufiaftes la fource dé leurs erreurs, & à prévenir le public contre leurs fédu&ions. : s Toutes nos connoiflances, {eur dirons-nous, font fondées {ur quatre bafes, 1°. le fentiment, 2°. la mémoire, 3°. l’analogie , 4°. le témoignage des hommes, Il ny a que le premier ordre qui emporte cerriuide , lequel nous exprimérons par maximum, repréfenté par ce figne Y. Lorfque nous fentons, nous ne pouvons pas ne pas fentir. Il eft très-certain que je fens ce papier , cette plume, les traits qu'elle trace. Toutes les vérités qui fe trouvent dans certe claflz ont donc toute la Certitude poffible, Toutes les vérités mathématiques fonc de cet ordre, puifqu'elles ne font que le rapport des êtres étendus. Les rapports qu'ont entr'eux les différens êttes fenfibles ont la même certitude que ceux des êtrés éréndus. Les axiomes de la morale & fes principales loix font uniquement fondés für le fentiment. Aufli avons- nous fair voir ailleurs qu'on peur {es foumertre au calcul , & en faire une ftience’aufli cérraine que celle des nombres (1). Enfa, on peut calculer les différentes qualités des êtres, les réduire (x) Soit, par exemple , la grandeur d’ame. Je dis qu’on en peut calculer les effets. Elle fera égale le’ plaifir rappelé par la mémoire dont il faut ôter la douleur préfente , qu’on a à fouffrir pour obtenir çe plaifir. Ainf la grandeur d'ame fera proportionelle au degré d'énergie de lamémoire qui rappellera avec plus ou moins de force le plaifir futur pour détruire l’impreffion de la peine préfente, Lorfque la mémoire fera trop foible, ce fera la pufllanimité ou défaut de grandeur d’ame. Soit le plaïfir P qu'on efpére x S X nr X d( c’et-à-dire, l’intenfité des fentimens xS, multiplié par le nombre x, multiplié par la durée 4 ) égale 100. Que le degré de la mémoire foit au maximum, par conféquent ne fafle rien perdre au fentiment : que la douleur pour obtenir ce plaifir foit égale 10; on aura dans cette hypothefe pour expreflion de la prandeur d’ame.-ou magnanimité M=100-— 10 —90 ; mais fi la mémoire au lieu d’être maximum, n’étoit que la moitié moins forte, le plaifir à efpérer ne féroit plus que $o ; donc Ôtant 10 pour la douleur, M feroit = $o — 10—40. Enfin , fi la force de la mémoire étoit vinge fois moindre, le plaifix P ne feroit plus aue — 5. Ainfi M feroit== ÿ = 10==— $ , c'eit-à-dire, que la puñillañimité iérun = Se en SUR L'HIST, NATURELLE EM LES ARTS, 9 . se sf; F1 + HAE A en féries , & avoir par cette méthode une expréffion de tous les différens êtres poflibles (1). Cette partie de la Philofophie a par conféquent la même certitude que 12 autres branches des Mathématiques, & en eft une dépendance ; car les Mathématiques font la fcience des grandeurs. Or les êtres & leurs qualités font des grandeurs très-fufceptibles d'être calculées, +. Le fecond ordre de nos connoiffances renferme celles qui font rap- pelées par la mémoire. Elles fonc très-nombreufes, Le fentiment ne me fait connoître que ce que je fens dans le moment , tandis que la mémoire me retrace tout ce quiselt paflé, & me fait lire dans l'avenir par le moyen de l'analogie. La mémoire me trompe fouvent; par conféquent elle exclut toute certitude , & fe tient dans les probabilités. On pourra exprimer par la férie des nombres naturels ces différens degrés de proba- bilité de la mémoire (2). (1) Prenons pour exemplé l'être fenfible ou intelligent. Cet être peuti éprouver un plus ou moins grand nombre de {entinens!, ou fenfations. Nous ne connoiflons que-les (nfations qué nos organes peuÿent nous sranfmettre ; mais nous ignorons toutes celles qu'une autre organifation pourroït procurer. Exprimons-les par le mombre maximum. Mais chacun de ces fentimens eft fufceptible de différens degrés d'intenfité que nous pouvons exprimer par la férie des nombres naturels 1. 2.3. 4... 449. Un fon, une faveur, &c. peuvent être plus oumoinsintenfes, &c. Tous ces fentimens, foir qu’on les éprouve direétement, foit qu'ils foient rappeles par la mémoire , peuvent être combinés ; & leurs combinaifuns denneront la fomme de tous les êtres fenfihles. Car il peut y en avoir éprouvant}un de ces Œntimens à un feul ou à plufeurs degrés, d’antresen.éprouvant deux, trois quatre, &c. &c. à un feul ou plufieurs degrés. Enfin, un feul les éprouvera tous & à tous les degrés, Ce fera le grand ètre , l’être uprème. La fomme de ces combinaifons donnera celle des êtres fenfbles S qui peuvent être, Exprimons-les, toutes ces combinaifons, par la férie des nombres naturels, nous aurons pour expreflions de tous les êtres (enfibles la férie fuivante, 15.25. 3S.... 8. Ce dernier terme maximum S f-ra le grand être, YS, celui qui aura tous les fentimetts poffibles, & à tous les degrés. Son intelligence embraffera tout : fa volonté voudra toujours le bien. Î On pent faire les mêmes calculs pour les êtres étendus, Voyez es Principes de la Philofophie Naturelle, 6e. Ë (z) On exprimera les fentimens rappelés par Jamémoiïre par une formule. Pour confruire cette formule il faut ôter de celles qui expriment les fentimens agréables P, ou défagréables D qu'on éprouve immédiatement, &-qui font, comme nous lavors dit dans la note précédente, —xSxnxd4, la différence qu'y apporte la mémoire. Cette différence fera en raifon inverfe de) Ja force-de la mémoire. Plus la mémoire aura de force, moindre fera cette différence, & réciproquement, ce Li Soit cette force de la mémoire — F. Pour avoir la valeur de ce terme, nous & 7 : . . I L fayons que fila mémoire eft au maximum, nous aurons — F— -F = O, Pay Tome XXXVI, Par, I, 1790. JANVIER, B E A * %o OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, : L'analogie forme le troifième ordre de nos connoïffances de lequel eft fort étendu, L'analogie m'apprend qu'il exiflé d’autres êtres hors de moi, & mé donne toutés les notions que je puis avoir fur ceux quiexitenc où qui peuvent exifler. Elle me fait conclure de ce qui ef, ou aéré, à cequi fera. Un corps grave, par exemple, gagnant toujours le centre de La terre, je conclus que la chofe a conftamment eu lieu & fera encore. L'analogie la mieux fondée a fouvent des exceptions. Ainf l’analogie n'emporte point de certitude, & fe tient dans les probabilités. D'ailleurs elle eft fondée fur la mémoïre qui n’eft elle-même que probable. Ainfi le lus haut depré de probabilité de l’analogie fera maximrir moins deux. ke leurs différens nombres en décroiffant indiqueront tous les degrés de probabilité de l'analogie. Le témoignage des hommes 'eft le quatrième ordre de nos con- noiffances ; mais il n’eft fondé que fur la mémoire & l'analogie. Ainfi il fe tient- dans les probabilités, dont le plus haut degré fera maximum moins trois. D'ailleurs l'expérience n’apprend que ce témoignage eft on ne peut plus fautif : d'où je dois conclure que je dois m'en défier, Je ne puis, par exemple, avoir une probabilité fondée que des faits principaux de l'hifloire, puifque je ne puis même favoir les faits qui fe paflent à peu de diftance de moi, & prefque fous mes yeux. Ceft ce qu’on obferve tous les jours. On peut conftruire des Tables de nos connoiflances d'après ces principes. Sentiment. |. Mémoire. | Analogie. | Témoignage Li Y — 1 — 2 ÿ — 3 ÿ— 2 Dans) D — 4 reg B— 4) 5 3—4 Si S 8 — 6 ——————.————————…—…—…———…—…—…—…"—…" …—… —…"…—…— …—…—"—— —— . … —….— — —————————.— conféquent le plaifr ou la douleur feroit auffi intenfe que fi on l’éprouvoit réellement ; I . &P=(xSxnxd)— ge feroit = x Sxnxd. e. . # NS . Si au contraire la mémoire n’avoit qu’un degré deforce, — Fferoit== 1F, & u ï . . .. le fentiment rappelé P feroit — — (xSx rx d).Si la mémoire avoit moitié de = fon intenfité, le fentiment rappelé ne feroit que moitié de celui qu’on éprouveroït réellement, P feroit —:(xSxzxd). \ SUR L'HIST. NATURELLE ÊT LES ARTS, 11 On achevera les féries pour les trois dernières colonnes. Le terme maximum eft indéterminé. Dans la pratique on pourra le fixer & le repréfenter par un nombre quelconque ; comme ont fait les géomètres dans leurs T'ables des finus, des tangentes, &c Voici quelques applications. SENTIMENT. décris imaintenane fe sise JA ele dote ass de ihiels La couleur de l'encre eft différente de celle du papier ÿ MÉMOIRE. Pare PAMmhléetanonalet suis MON ER R n Jai fair relle chofe il y a vingt ans ...,,.....,.,,4 — ANALOGIE. Que cette plume peut tracer des traits :..,:...4:.,..% — 2 Que tel homme eft conftruit comme moi .......... S— x TÉMOIGNAGE DES HOMMES. Londres erifte OR NN AT as M reahocities à Céfar a CRE Tape ele Lo repe ste are lente — 4 Les prodiges attribués à Appollonius de Thianes ont été exécutés de la manière dont l’hiftoire nous les a tranfmis . .O Analopie que ces prodiges n'étoient que des fubrilités . ..&ÿ — 2 On voir que nous n’avons de certitude que fur les objets qui nous font aflurés par le fentimenr. Nous ne pouvons donc rien affirmer de certain qui ne foit fondé fur cette bafe. Toutes nos autres connoiffances fe tiennent feulement dans des probabilités. Ces probabilités ont différens degrés , & peuvent être foumifes au calcul, Nous pouvons denc demander aux illuminés fur laquelle de ces bafes repofent les faits qui fervent de fondement à leurs dogmes. Ils ne peuvent être appuyés que fur les analogies. Or, toutes les analogies leur font contraires; & on peur même dire que fuivant les analogies, leurs prétendus prodiges ne font que des impofiures , ainf que ceux d'Appol- lonius de Thianes. Le fait fuivant rapporté par un de nos anciens philo- fophes, leur en fournira une. preuve bien fenfble , & pourra fervir à leur deffiller les yeux, en indiquant la manière dont ils ont pu être trompés, Les bergers ou pâtres dans quelques-unes de nos provinces mènent une vie très-folicaire. [ls conduifent feuls leurs troupeaux, par conlëquent toujours livrés à eux-mêmes ils fe repaiflent l'imagination de mille chi- mères. Dans ces tems les idées étoient tournées du côté de la magie; & ous ces pâtres vouloient qu'on les regardät comme forciers. Ils faifoient Tome XX XV1, Part, I, 1790. JANVIER, B'2 “x " 12. OBSERFATIONS SUR LA PHYSIQUE, croire que-certains jours ils fe rendoient à un fanhedrin de génies infer- Faux. Un jeune pâtre (ami du philofophe ) dont l'imagination ardente defroic vivemienr d’être initié à ces mylières, s’adreila à un de fes anciens camarades, quislui accordla fa demande; mais voulut le préparer par des méditations, des jeûnes, &c. Le jour arrivé, nos deux pâtres fe rendent furtivement dans une chambre obfcure , dans laquelle le philo- fophe étoit caché. L'ancien pâtre fit une longue exhortation au néophire, Enfin, pour dersière préparation il:lui ft prendre quelques narcotiques puilfans ,-& lui dit d'attendre dans le recueillemenr, & qu'il: alloic être wanfporté par les génies au fanhedrin, . . . Le jeune-hbomme s'endort ; fon imagination exalrée lui fait voir tout ce qu'il delire. Réveillé enfin par fon camarade, il lui raconte tout ce qu'il a vu, ou cru voir... Telle eft l’hiftoire en d’autres termes de rous ces vilionnaires , de ces prophètes, de ces thaumaturges.. . . Le jeûpe, Pabftinence, les médirations font toujours les préparations néceffaires, parce qu’ils exairent l'imagi- nation, Un breuvage particulier , ou quelque chofe d’analogue ; achève le reftesie le j Où voit donc que dans l’ordre commun des loix de la nature il eft cottre toute analogie d'admettre d'autres agens que les caufes naturelles qui nous font connues. Tous ces génies, ces fylphes , font des enfans d’une imagination exalrée, qui fe diipent comme un léger nuage devant le Aimbeau de la froide raifon:; & c’elt ainfi que la faine phyfique doit prévenir toutes cés erreurs. Nous ne nous écartons donc pas de notre objet en éntrant dans ces détails. Mais, objecte-t-on , La vérité toute nue ne peut fatisfaire fur ces objets l’efpric de la multitude ; elle defire toujours quelque chofe qui foit au- deffus des règles connues de la nature, I1 lui faut des idées myftérieufes. Enfin, elle veut que fes fens foient, frappés par un appareil extérieur, une pompe, des cérémonies. . . . C’eft pourquoi, ajoutent ces novateurs, nous fommes obligés d'envelopper notre doctrine d’emblèmes, & de l'accompagner de cérémonies. Je leur répondrai qu’en fuppofant que cela fût vrai , ils devroient donc imiter les anciens fages de l'Evypte, de la Caldée, &c. dont routes les cérémonies avoient un but d'utilité. La circoncifon étoit fouvent né- ceflaire dans ces pays chauds. L'immeirfion des nouveaux-nés a encore lieu dans plufeurs contrées ; & elle eft néceflaire pour nettoyer la peau de l’enfanr. Les myflères des fêtes d’Eleufis paroiflent avoir été des emblêmes des différentes opérations de la nature... .Si donc les illuminés vouloient avoir des cérémonies , des fèces, ils devroient fuivre ces modèles. On pourroit , par exemple ;' établir quatre grandes fêtes dans l'année, au renouvellement de chaque faifon. 1°. La première feroit à l'entrée du printems ; le 21 mars, qui devroit SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 13 _ être le commencement de l’année , comme je l'ai dic ailleurs, Ce frroic la fêre du labourage, 2 I1°. La feconde fête feroit le premier du quatrième mois au foiftice d'été, Ce feroir la fêre de la moiflon. C’eft le tems où dans nos contrées on commence à couper les foins , & les bleds précoces. II. La troifième fête feroit à l'équinoxe-d’automne , le premier du feptième mois. C’eft le tems desvendanges; & c’en feroit la fête. ÎV®, La quatrième fêce feroic au folftice d'hiver, le premier du dixième mois. Ce feroic la fête des arts. L’hiver eft la faifon où les travaux de la campagne font interrompus. Le premier art pour l'homme focial et celui du tifferand. Cette fête confiftera donc à faire de la toile. Le chef de la nation dans la capitale, & le principal magiftrat dans chaque province, feroient les premiers à mettre la main à l'œuvre le jour de’ ces fêtes folemnelles. Ainf on verroic les Rois labourer comme aux items d'Ulyffe, faire de fa toile, &c, ce qui vaudroit bien courir un cerf, ou pafler une revue; & ils n'en feroient pas moins propres enfuite à remplir ce qu’exige d'eux l’art de gouverner. Ces grandes fêtes fe célébreroient avec pompe & folemnité. Un difcours fimple d'une belle morale ranimeroit fa pratique de la vertu ; & on finiroit par fe donner des témoignages mutuels d'amitié & de bienfaifance, On fe réjouiroit, on mangeroit enfemble. Dans l'intervalle de ces quatre grandes fêres on en intercalleroit d’autres qui feroient moins folemnelles, & qui pourroient être analogues à des cantons particuliers ; telles feroienr, 1°. la fête de la récolte des olives dans les pays chauds, &c. 2°. celle de la récolce des foies, des lins, &c... Il y auroit aufli la fête des lettres, qui répondroit à nos féances acadéiniques.. . . Ce feroic par ces moyens ou d’autres analogues , mais toujours corref- pondans aux opérations de la nature, que ceux qui croient devoir propofer des réformes dans leurs opinions religieufss , pourroient être utiles aux hommes, au lieu de fe repaïître de toutes les vifons de Swedenborg, & des illuminés.. . . Mais encore un coup, je ne crains pas de le répéter, fi la fcience des faits de la nature, la Phyfique, ne le propage pas avec rapidité pour éclairer les efprits , cout nous annonce quelques - unes de ces grandes fecoufles qui ont caufé tant de calamirés pendant des fiècles entiers ; au lieu que fi l’inftruction devient générale ,la révolution fe fera paifiblemest & tranquillement, comme vient de s'opérer la révolution politique de la France, On dira peut-être qu'il faut empêcher la révolution. Je crois que c’eft impollible, parce que perfonne ne tient plus aux anciennes idées, pas même ceux qui les prêchent, . . . IL faut donc lopérer cette révoluriom par les moyens les plus doux ; & ce fera fans doute par la voie des / ! ë mi =. ee 14 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE! Jumières., : : Ceci nous fait voir de plus en plus la nécellité d’une bonne éducation : nous allons retracer en peu de mots ce que fous en-avons dit ailleurs, L'éducation doit toujours fe propoier le bonheur. Elle doit donc apprendre à l'enfant ce qui peut le rendre heureux dans lé moment préfent & le refte de fa vie. Or, l’honime dépend pendant tout Le cours de fon exiltence de deux principaux moteurs, Les premiers purement phyfiques font les corps qui fourniflenc fans cefle à fes befoins, & ont une action continuelle fur lui. Les feconäs qui font phyfiques & moraux, font {es femblables avec-qui il aura des relations continuelles. L'éducation doit donc [ui donner les notions les plus étendues fur ces objets. L'hiftoire des hommes lui apprendra à connoître fes femblables , & l’hiftoire- naturelle & fa phyfique lui apprendront à connoître les corps. L'éducation commencera par les notions qui font à la portée des enfans. Ils ont des fens exceliens , la mémoire la plus heureufe ; mais le jugement n’eft pas encore forimé, Qu'on ne leur apprenne donc point ce qui exige trop de railonnemens , tel que l'étude de la grammaire & celle des langues, qui d’ailleurs font des connoiffances d’une utilité fecon- daire, & qui lui coûteront peu dans un âge plus avancé. Il faut leur faire voir beaucoup; & qu'eft-ce qui eft plus à leur portée & leur eft plus néceflaire que les produétions de la nature? Leur première étude doit donc être l’Hisrorre-NATURELLE. Elle ne fera point un travail pour eux: ce fera un plaifir de voir des objets toujours nouveaux, Ce plaifir s'augmentera facilement, fi les inftitureurs ont l’art de favoir piquer leur curiofté par la manière donc ils leur préfenteront les objets. Un infeéte , une plante, une pierre, un morceau de mine l’amuferont comme il s’'amufoit autrefois à fa poupée. Il en faifira toutes les formes, en faura tous les caradères. On lui en dira quelques propriétés ; & fa mémoire facile n’en laiffera rien échapper. De la forme extérieure il paffera à la flruêure interne, Ce feront les premières notions d’anato- mie. On pourra auffi lui donner quelques notions des obfervations microf- copiques.. . . Que tous ces objers foient fans cefle fous fes yeux. Il fe familiarifera cellement à les voir qu'il ne s'y trompera plus. On lui apprendra enfuice l'emploi qu'en font les artiftes. L'hiftoire des arts n’exige aufli Le plus fouvent que des yeux. {ls font encore du refforc de l'enfant ; & fans doute c’eft l'étude la plus utile après celle de la nature. Il verra l’ufage que l’homme fait des différens objets qu'il connoft. Cela les gravera de plus en plus dans fa mémoire, & lui en fera apperce- volr de nouvelles qualités. ; La Phyfque expérimentale & la Chimie, les hautes théories exceprées, fe mêleront à ces études, & ne feront pas hors de fa portée. Des expé- riencés linftrüiront, & l’amuferont fans le fatiguer. L'étude fera un délaffement pour lui, & il contractera ainfi l’heureufe habitude de s'occuper, SUR L’'HIST. NATURELLE ET LES ARTS: EF Le foir fes regards fe porteront naturellement vers les cieux, Il n’eit pas d'enfant qui ne veuille compter les étoiles. On proficera de cerre curiofité pour lui donner des notions d’Aftronomie ; & au moyen de petits globes de carton & de cartes il connoîtra bientôt les planettes, leurs mouvemens , les corftellations & les principales étoiles. 1i fera bon de lui apprendre l’ufage des lunettes & des télefcopes. -Une autre partie non moins effentielle à l’inftrudtion de l'enfant eft {a connoïflance des hommes. Il ne l’acquerra que par l‘hiftoire , & ce fera encore une nouvelle fource de plaifir pour lui. Les hiftoires intéreflantes , telles que celles des Grecs & des Romains , amufent tous les enfans, On leur fera donc aufli lire l’hiftoire ; mais ils voudront connoître les pays où fe paflent les événemens. Ils fuivront la marche des armées fur les cartes , & ils apprendront de cette manière la Géographie. Une obfervation effentielle fera de ne les point trop furcharger par un grand nombre d’occuparions. Lorfque le jugement commencera à acquérir de La folidité , comme à douze à treize ans, on fleur donnera les premières leçons de Mathéma- tiques. Les objets dans ces fciences fpéculatives font fans cefle fous les yeux. La certitude, l'évidence, la conviion les accompagnent toujours. Ils accoutumeront ces jeunes efprits au vraï, & leur donneront un tact afluré pour le reconnoître. L'Optique, les Mécaniques, & les autres branches des Mathématiques mixtes , préfenteront des applications faciles de ces principes. Le jeune-homme arrivera ainfi à l’âge de quinze à feize ans avec un fonds inépuifable de faits & de connoiffances utiles. Il ne les poflédera pas toutes dans leurs perfections ; mais il faura ce qui lui fera utile pour le refte de fa vie; & fi le goût fe décide pour quelque fcience, il y fera des progrès rapides. A cet âge on le livrera à la morale, & il en étudiera tous les grands principes. Son cœur a route Ja fenfibilité d’une belle ame qui n’a pas encore été altérée par les leçons perverfes de la fociéré, On aura le foin de cultiver cette précieufe qualité, la fource de toures les vercus lorfqu’elle eft bien dirigée, comme celle de tous les vices lorfqu'el'e l’eft mal, Il apprendra ce qu’il doit aux autres & ce qu’on lui doit, quels font les droits de l'homme dans l’état de nature, dans l’état de fociété , ce que fe doivent les fociérés entr'elles, &c. &c. Que dis-je? il le fait déjà. [l’a qu’à con- folcer fon cœur honnête qui ne fauroit encore le tromper, L'hiftoire d’ailleurs les lui a appris, Pour lors il pénétrera dans le fanétuaire de la nature. La connoiflance qu'il a de fes productions & de tous Jes êtres, l’élevera à la hauteur de la philofphie des chofes qui ne peut être acquife que par celui qui a toutes ces notions préliminaires, Ce jeune-homme parvenu à l’âge de vingt ans, fera inftruit, fera 16 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, honrère, fera heureux, Ses plus belles années n'auront pas été pañlées dans la trifteffe à l'étude de chofes qui ne lui font d'aucune où prefqu’aucune utilité, & qu'il oublie auffi-tôr, Îl pourra travailler eficacement au bonheur de fes femblables dans le pofte que lui confiera la fociété (1). L’habirude de l'occupation qu'il s’eft rendue néceffaire , le préfervera de ces paflions orageufes , bien plus Peffet du défœuvrement que du tempérament & du mouvement du cœur, comme on voudroit le faire croire. Des Etudes en Médecine & en Chirurgie. La profeflion du médecin & du chirurgien eft de la plus grande importance , puifqu'ils décident journellement de Ja vie & de la mort de toutes les claffes de la fociété. Cependant on peut dire que leurs études font on ne peut plus'négligées. Pourvu que les jeunes gens aient le rems d'étude, on ne s’informe point de leur favoir Les examens ne fon prefque que de pure formalité en France; & toutes les Univerfités ont droit de conférer le bonnet.de doéteur. Voici le plan que j'ai propofé: L°. Il ne faut laifler le droît de recevoir docteur en Médecine qu’à trois ou quatre Univerfités dans le royaume; par exemple, à celles de Mont- pellier , de Paris , de Strafbourg, d'Angers, &c. IT°. Pour lors on choiliroit des profeffeurs du plus grand mérite qui feroient bien payés. : TIP°. Les jeunes gens feroient obligés de fuivre trois ans ces profeffeurs ; favoir , 1°. celui d'Anaromie & de Phyfologie, 2°. celui de Chimie , de Pharmacie & de Matière médicale, 3°. les deux dernières années ceux d'Hygienne , Pathologie & des maladies; 4°. tout le tems la Botanique & les différentes branches d’'Hiftoire-Naturelle. IV°. Les trois ans d'étude finis , ils feroient examinés, & s'ils étoient trouvés capables, recus bacheliers ou licenciés. V®°, Pour lors ils feroient obligés de füivre deux ans Phôpital & les médecins & chirurgiens dudit hôpital à leurs vifites. VI°. Is feroïenc obligés pendant ces deux ans d’afifter à l’ouverture des cadavres que les médecins & chirurgiens trouveroient à propos de faire faire. à VII°. Ils fuivroient aufli les accouchemens, VIH. Enfin, les médecins & chirurgiens des hôpitaux leur donreroient des leçons de pratique, L'hôpital attaché à chaque faculté feroit au moins de cinq cens lits toujours pleins, moitié hommes & moitié femmes. On pourroit prendre sà Paris pour cet hôpital le bâtiment de l’abbaye Saint-Viétor, & établir (x) Je ne m'étendrai pas fur les études des différentes profeffons : je me borneraï veiies de la Médecine & de la Chirurgie, les M ô à : . d : * SUR L'HIST, NATURELLE ET LES ARTS. 17 les écoles de Médecine au Jardin public des plantes, Il y a déjà une partie des profefleurs néceffaires. ; . Cer hôpital feroit doté fufifamment pour que les malades y fuflent parfaitement bien tenus, chacun dans un lit, les falles vaftes , bien aérées, bien propres, &c, &c. Il y auroit une falle pour les accouchemens. On feroit toutes les opérations de Chirurgie. .. Plufeurs médecins & chirurgiens feroient avec tout le foin pofñfible leurs viftes, & donneroient des explications lorfqu’il feroit néceflaire. Au pied du lit de chaque malade il y auroit un état du commencement & du progrès de la maladie, avec tout le traitement. Ainfi les jeunes gens dans la journée pourroient fuivre les progrès de la maladie. Les jeunes gens ayant fuivi pendant deux ans l'hôpital avec exa@itude, foutiendront un nouvel examen fur La pratique, & recevront pour lors le bonnet de do@eur. Qu'on compare ce plan d'éducation fi fimple, fi facile, fi agréable pour l'enfant & le jeune-homme avec celui que l'on pratique : ne diroit- on pas qu'on s’eft fait une loi de renoncer À toute notion faine dans la marche que l’on fuit? On emploie la jeuneffe entière à l’étude d’une langue morte , & à celle de mots vides de fens. C'étoit bon pour les rems où l’homme d'Europe prefqu'encore barbare croyoit que toutes les fciences étoient dans les anciens auteurs. Acjourd’hui on ne doute plus que nous ne foyons beaucoup plus inftruits que ceux de ces auteurs qui nous font parvenus. D'ailleurs on a des traductions de leurs meilleurs ouvrages ; mais il arrive de ce plan qu’à l’âge de vingt ans , non-feule- ment on ne fait rien.le plus fouvent, ce qui feroit un moindre mal , mais on a un dégoût indicible pour l'étude , le travail & route occupation. Le jugement n'écant nullement formé, laifle ce malheureux jeune-homme en proie aux pañlions. C’eft le moment où elles fe font fentir avec le plus d’empire. Cec efprit qui a befoin d’occupations & n’en a aucune d’utile , fuit les premières impreffions d'un monde corrompu. Son jeune cœur qui éroit fait pour être généreux , perd fouvent honneur, probité, & s'éloigne pour toujours du-bonheur. Il eft rare qu'il revienne fincérement à la vertu. Elle exige des privations , des combats qui font au-deflus des forces de cette ame pufllanime qui n’a rien qui puifle la ramener à la voie dont elle s’eft égarée. La plupart des principes qu’on lui a inculqués font f faux & fi contraires à lanarure, qu'il en a bientôr {entile foible; mais il n’a pas affez de connoiffances pour lui en fubftituer d'autres, N'étant point accou- tumé à la méditation , il ne peut s'en former de nouveaux. L'argent & les femmes font les deux grands mobiles auxquels la plupart des hommes facri- fient vout , à la fayeur de quelques formalités que dansls monde on appelle robité, mais qui dans la réalité ne font que des voies détourfiées pour éviter le glaive de la juftice. Je dis la plupart des hommes; car je ne veux Tome XXXV1, Part, I, 1790. JANVIER. EL ee VE 2 1 x t pe À 33 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, pas faire l'injuftice à mon fiècle de penfer que la vertu y foic méconnue. Jamais elle ne fut plus éclairée, ni elle n’a fait autant de bien, "Que les parens , que les fociérés qui voudront travailler efficacement au bonheur de leurs defcendans , fe hârent donc de réformer cette “éduca- tion admife dans route l'Europe, Elle eft le fruit de l'ignorance. Mon- ragne , Charron, RoufJeau, ont fait voir tous ces défauts. Ce dernier a mème propefé un nouveau plan qui, quoique bon à beaucoup d’égards, féroic impraticable en grand , puifque l'éducation d’un feul enfant exige- roit-la vie de plufieurs perfonnes. On n’ofe toucher à l'ancienne méthode, quoique tout le monde convienne qu'elle eft défetugufe , comme le prouvent toutes les: éducations particulières qu'on cherche à élever de toutes parts. £ Cependant il eft bien facile de mettre tous les lieux d'éducation publique à même de fuivre la route que nous avons tracée, & c'eft fans doure ce que fera l’'Affemblée Nationale en France. Un grand nombre de profefleurs pofsèdent les connoiflances qu'ils auroient à apprendre à leurs élèves : les autres s’inftruiroient; & dans peu de tems ce cours d'étude auroit la même folidité que l'ancien. De toutes les réformes qu'il y auroic à faire dans nos fociérés, où tout eft à réformer, de l’aveu de tout le monde, sucune n'eft plus urgente que celle de l'éducation , parce que celle-ci amenera bientôt les autres. Les lieux d'éducation doivent être à la campagne dans des efpaces valles, où les exercices violens de la gymnaftique fortifieront ces jeunes corps. L'e jeune-homme apprendra par ce moyen à tirer tout le parti poflible de chacun de fes fens. Sa fanré s’affermira, & les maladies re viendront pas l’aflaillir un jour. Pour cela il faut l’élever au grand air : qu'il reçoive fans cefle les impreflions bienfaifantes de la lumière du foleil qui vivife tout, Les animaux comme les plantes s'étiolent à l'ombre, s'il eft permis de fe fervir de cette expreflion. C'eft une des caufes les plus puiffanres de la foiblefle des habitans des villes, principalement des femmes & des enfans qui fortent moins. Les lieux où la jeuneffe fera élevée ne fauroient donc être trop fpacieux & trop aérés. Que fa nourri- ture foit bonne, fans apprêèts, fans épices, & ne confifte qu'en végétaux & en lairage. Elle eft noie plus faine, & la fenlibilité de fon ame ne fera pas émouflée en voyant égorger pour mettre fur fa table des êtres vivans & fenfibles comme lui. Ces lieux réuniront des jardins de Botanique , des cabinets d’inftru- mens de Phyfique & d’Hiftoire-Naturelle. On n’aura que les chofes les plus néceffaires, & ce ne fera pas très-difpendieux. Ces jeunes gens pourront avoir quelques petites portions de jardin à cultiver, pour exercer Leurs corps & prendre les premières notions d’Agriculeure ; done les infti- tuteurs leur développeront les principes dans leurs promenades à la campagne, en leur faifanc obferver la manière dont on cudtfve Les champs. … : SUR L'HIST. NATURELFE ET LES ARTS. 19. . Le corps fe fortifiant, l'ame prendra la même vigueur, comma dit Montagne, elle acquerra de la force, de l'énergie , & fera capable de tout ce qu'on exigera d'elle. #4 L'éducation du peuple , quoique ne pouvant pas être la même, devroit cependant être {oignée. Il faudroic lui apprendre les chofes qui font fur- tout les plus utiles à fes travaux, telles que la connoiffance des terres & des pierres, la taille des arbres, les moyens d'améliorer fa culture, &c. &c. On lui expliqueroit l’ufage du baromètre , du thermomètre, & il devroit toujours y en avoir dans les lieux où il s'aflemble. Enfin, quelques notions fur les principaux phénomènes de la nature, fur le mouvement des aftres, &c, &c. &c. le préferveroient du penchant qu'il a à croire routes les abfurdités aveclefquelles on furprend fi fouvent fa crédulité, & on l'éloigne de la vérité. « La Vérité eft le premier pas, quoi qu'on en dife, pour arriver à la >» vertu & au bonheur. Ce ne fera que lorfqu'elle réonera fur la terre, que » les hommes pourront efpérer de jouir de tous les avantages que ». comporte l’ordre préfent des chofes. Il ne faut pas qu’elle foir connue », feulement de quelques génies privilegiés. Elle elt la Jumière de Pefpric » qui dirige toutes les actions; comme celle du foleil , elle doit éclairer » l’univers, Sauroit-elle être crop répandue? Il n'y a-que les p:rfonnes » intéreflées à perpétuer les erreurs, qui puiffent s’y oppofer ». AsTRONOMIE, L’hifioire des aftres nous a donné l’idée la plus vraie que nous puiflions avoir de la NATURE, c’efl-à-dire, de la colle&tion des êtres exiflans. Auffi l'Aftronomie a-t-elle roujours fair la bafe de la Cofmogonie de tousles peuples, Si nos notions à cer égard font infiniment fapérieures à celles qu’on a jamaiseu, nous Îes devons aux travaux des célèbres aftronomes qui ont fleuri für-rout depuis un ou deux fièélesss L'invention des lunettes & des télefcopes leur a permis de voir dans les cieux ce que la vue fimple ne pouvoir ÿ appercevoir. Nous avons vuainf s'étendre l'univers en grand & les mondes fe multiplier, tandis que”le | microfcope nous découvroit dans une goutte de liqueur de petits mondes: peuplés d’une multitude d'êtres vivans. Par-là nous touchons, pour ainfi dire, aux deux extrémités de la nature’ relativement à nous; & nous fommes obligés de convenir que nous ne fonimes qu'un point parmi cette quantité immenfe d'êtres, : . .Oh! combien ces idées élèvens: l'ame penfante ; & la dégagent de ces anciens préjugés , fur la grande préémis nence de l'homme parmi les êtres exiftans !. .. M. Herfchel à qui l'Aftonomie moderne doit de fi grandes décou- vertes, vient encore de l’enrichir cette année, Son grand rélefcope de quarante pieds de foyer & de quatre pieds d'ouverture ; elt achevé, & lui a fait découvrir au mois de feptembre un fixième fatellite autour de: faturne, Le tems de fa révolution eft de 32 heures f3/9", fa diftance à faturne eftde 35" . Tome XXXVT, Part, I, 1790, JANVIER. Ga 20 OBSERVATIONS:SUR LA PHYSIQUE, Au mois d'octobre M. Herfchel découvrit un feptième fatellite autour de la même planette, Le tems de la révolution de celui-ci eft de 22 heur. 40’ 4", & fa diftance moyenne de faturne eft de 27". fi Tant de 6 belles découvertes de M. Herfche! nous.en préfagent bien d’autres, fur-cour quand on connoît les talens :& la perfévétance d'un auf célèbre aftronome. EEE Mademoifelle Herichel marchant fur les traces de fon frère aux travaux duquel elle courère, a découvert une nouvelle comète ; dont on a calculé l'orbite. C'eft Ja foixante-quinzième calculée. M.de la Lande a déterminé les pofitions de trois mille étoiles boréales, chofe qui manquoit à l'Aftronomie, : M. PAbbé de Beauchamp réfidant depuis quelques années dais les belles contrées qui paroiïffent avoir donné naiffance à l’Aftronomie ,,pour- fuit avec un zèle infatisable fes chfervations à Bagdad. II a déjà déter- miné la poñtion de cinq À fix mille des étoiles auftrales qui font vifibles fur cet horifon. Tandis que les obfervareurs pourfuivent leurs travaux avec tant de. courage des oéomètres n'avar: ci s moins la théorie. M, de la Place a dérerminé iles wpertutibationse de jupiter 86 dé vénus: M. de Lambre a conftruit pour ces deux plañËres des nouvelles ‘Tables bien fupérieures à celles qu'on avoir juiqu'à préfenr, Le même aftronome a aufli conftruit de nouvelles Tables de la planète herfchel, qui donnent avec la plus grande exactitude fa polition en rout tems. ZooLogrs. L'hiftoire de l’homme au phyfique cemme au moral eft fans doute ce qui nous intérefle le plus. Auf le. premier précepte des anciens fages nos maîtres, étoit celui-ci: NOscEe TE 1PSU M. Effectivement routes nos connoiflances n'étant fondées que fur le fentiment & l'analogie, c'efl-à-dire, fur ce que nous fentons & fur les conféquences que nous en déduifons, il eft clair que plus nos contfoiffances fur nous-mêmes feront, exactes, plus nous ferons à mème d'apprécier les êtres qui font hors de nous. M. de Pommelles a prouvé qu'en France comme dans le refte de l'Europe , il naît plus de mâles que de filles. L'excédent et d’un feizième dans les campagnes, & d’un dix-neuvième dans les villes ; mais l'auteur a fair une obfervation aflez curieufe, c’eft que cette proportion n’eft point la même dans routes nos provinces. Celles qui font fituées depuis le 51° jufqu’au 47° degré de latitude ne nous donnent qu’un dix-neuvième de plus de garçons que de filles: tandis que celles fituées depuis le 47° jufqu’au 43° nous fourniflent un quatorzième. Il feroit curieux de favoir fi cette proportion fe foutient dans les autres pays du nord & du midi de l'Europe. M. Mafcagni a publié fon grand ouvrage fur les vaiffeaux lympha- SUR L’'HIST. NATURE LLE ET. LES \ ARTS. IT tiques. Il a démontré , ce qu'on conjecturoit depuis long-tems, l'exiftence de ces vaifleaux dans toutes les parties du corps. M. Arthaud nous a donné la defcriprion de rêces de Caraïbes trouvées à Saint-Domingue. [i a faic voir la faulleré de toutes les traditions répan- dues fur la caufe de l'applatiflement du coronal chez ces peuples. La nature n’a pas conformé cous les hommes de la même manière; ceux-ci font grands, ceux-là perics; les uns ont telle couleur, les autres elle autré.. . . Elle a donc bien pu également füuivre la même marche dans la conformation de lewrs têtes , fans que nous puiflions regarder comme des produits de l'art tes différences que nous obfervons à cet égard chez les différens peuples. : M. Pirel a traité un point délicat d’Anatomie , je veux dire l'Andro- gynie, On connoît toutes les fables qu’on à débirées furles bermaphro- dites , c'eft-à dire , fur les individus qui réaniflent les deux fexes, Nous: ne connoïflons d'animaux vraiment hermaphrodités que parnii les infeétes, füur-tout dans la clafle des vers ; maïs dans les grandes efpèces nulle obfer- vation bien conftatée prouve qu'il y'en ait eu. La chofe n'eft cependant pas impoñfible phyfiquement ; mais.tous les exemples qu'on cite, & j'en ai vu plufeurs , ne font que des perfonnes du fexe féminin ; chez qui la partie qui correfpond à la verge en 4pproche plus:ou moins four le volume, mais en différe eflentiellement ; parce: qu'elle n’eft poire per- forée ; & les autres organes encore plus eflentiels du fexe mâle (zefles ) manquent évalemerir, M. Pinel continue fon travail fur le mécanifme des luxations: Il réunie la connoiffance de l’anaromifte avec celle de la mécanique ; & par une application ‘favanfe du calcul, il porte la dénronftration mathématique dans des objers où depuis Borelli on'avoïe négligé d’en faire l'application. Cuft de cette manièréique routes les ‘parties de nos connoiflances fe pérfectionneront.. - La régénération de parties d'aniniaux emportées eft un de ces phéno- mènes qui étonne toujours le philofophé: Il ne voit jamais fans admiration laiparte d'une écrevifle fe régénérer. M. Brouflonet vient.de faire voir que qreljues parties des poiflons , relles que les nâgenires, fe régénérent épalement, 2152 521: 05 109 CS 10p 97.224,52 enoliaerT,.N M. le Vaillant nous a donné une defcriptior plus détaillée que:celle que: nous avions, dela’ oiraffé, Il: nous! a aufli confirmé que tes:femmes: des : Hortentots étoient conftraïres comme les perfonnes de lear-fexe ,-8c que ce prétendu tabliér dont la nature avoit vorlérleur pudeur, fuivant l'ima- gination de quelques voyageurs, n’étoit qu’un de leurs vêtemens. On m'a afluré que cette année une mule en Provence à été fécondée , & a mis bas un petit. ‘| . 535 EE atsido Mdes Fontaines a publié la defcription dé fept efpèces nouvelles des > = € oifeaux qu’il a apportés: de fon voyage de Barbarie, ? 7: 22 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, M4 Sparmann a livré le quatrième fafcicule de la colle@tion des oifeaux . du chevalier Carlfcron, c’ell-à-dire, depuis le N°2. 76 jufqu'au 100°. On. connoît la manière de travailler de cet illuftre naturalifte, M. Iffert a fair graver le mufophage violet, dont nous avions déjà parlé, & que M, Geoffroi fils avoir apporté de.fon voyage de Guinée, : MM. l'Abbe, Dicquermare, & Badier, ( que la. mort. a enlevé. aux fciences):ont fait connoître quelques animaux marins. La mort de M. Badier va nous priver pendant quelque tems de fa belle coll eétion des, cruftacés. Mademoifelle le Maflon donnera la fuite des travaux de Dicquemarre. M. de la Cépède nous a donné une bhiftoire des ferpens dont nous avons rendu compte. ExromoLoGie. Mais la partie de la Zoologie qui fait le. plus de progrès dans! ce moment, eft l’hiftoire ds infectes. Nos richeflés dans certe partie s'accroiffent chaque jour d'une manière furprenante, Le nombre des infectes connus que Fabricius n’avoit porté qu’à cinq mille cinq cens , fe monte aujourd’hui à près de vingt mille, Les cabinets de Paris, tels que ceux de MM. d'Orcy , Olivier; d’Antic, &c. font de la * plus grande richefle, u M4 Olivier wa nous faire-jouir.de toutes ces connoiflances dans fon bel Ouvrage dont nous avons déjà annoncé plufeurs livraifons de planches, L'amateur diftingué , M. d'Orcy, qui travaille avec lui, ne néglige rien pour en hâter l'exécution. Il y a déjà cenr cinquante planches gravées & enluminées, & avant le mois de juillet les nombreux deflins qu’ils ont feront tous gravés. Ils excèdenr de près des deux tiers le nombre de ceux décrits jufqu’ici ; & on-annonce aux auteurs, chaque jour, de nouveaux. envois. Le feul genre des coleoptères formera près de deux cens planches. Les difcours de cet Ouvrage paroîtront avant. la fin du, mois. Ils one été retardés par un voyage que l’auteur a fait à Londres, afin de décrire &, defaire peindre les infeites qui See té Il en a fait une ample moiflon dans lé Mufeum Britannique, dans les riches & précieufes col-. lections de M. Banks , de M. Smith , poffeffeur de celle de Linné, de feu M. Hunter, de M:Lée, de M. Lathan , de M. Marsham de M. Martyn, de M. Francillon, &c. &c. ce qui a forcé l'auteur de faire dans cette ville: un féjour plus long qé'il:n’avoit cru,/Cet Ouvrage doublera ou triplera nos connoiffances entomologiques. Jl:nous fera reconnoître un grand: nombre d’efpèces de Linné quelés entomologiftés n'avoient pu détermi- ner; & un plus grand nombre, encore qui, étoient enfevelis dans les, cabinets. M.Martyn a formé à Londres une école de jeunes gens pour defliner & peindre les objets d'Hiftoire-Naturelle. On peut juger.de leur fuccès par les coquilles que nôus:a déjà donrié M; Martyrs Sans doute, il s'attachera encore plus à l'exactitude du deflin qu'au brillant du-colorise \ À SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 23 Boranique. Cette belle partie fait les délices d'un trop grand nombre de favans & d'amateurs pour qu’elle ne foit pas enrichie chaque année de quelques découvertes. ‘ M. de Juilieu a donné fes familles dans lefquelles il claffe les plantes füivant la méthode naturelle, Cette méthode, la feule philofophique , n'eft peut-être pas fans quelques embarras pour les commençans qui auront de la prine à s’aflurer de la nature de la femence, de fon pé- rifperme, de l'infertion des étamines , du nombre des cotiledons , &c. Chaque genre de ces familles naturelles n’a pas toujours le même nombre d’étamines. ,ou la corolle de la même ftructure, &c. &c. mais ces difhi- cultés tiennent à la patäre elle-même. Dans la production des êtres elle a bien fuiviune certaine loi de continuité qu’on ÿ remarque facilement: mais elle ne s’eft pas aftreinte à cette loi de manière qu'elle ne s'en écarre très-fouvenr, Que peut donc faire l'obfervateur philofaphe dans la clafli- fication des êtres , fi ce n’eft de réunir ceux qui ont le plus grand nombre de rappotts ! Il avouera qu’il n'y a point de méthode artificielle qui fuive l'ordre naturel, & qu'il n’en eft aucune qui ne préfente des éxceprions très-confidérables, Celle de M, de-Jüffiéu en offre comme les autres. Mais, dit-on , la méthode naturelle‘eft impoflible à fuivre pour l'étude des plantes. Le philofcphe répondra au botanifte : « Adoptez telle >» méchode que vous voudrez dans vos études ; mais que vos rélultats ne » me préfentent que la méthode naturelle ». C’eft pourquoi dans un appercu de la clafMification générale des êtres, jat mis à la première place du règne végétal, les tremelles, les biflus, &c. comme très-près des polypes qu’on doitilailler, fuivanc les apparences, au dérnier rang du règne animal: tandis que j'ai reporté les agarics à la dernière place des êtres organilés, comme paroiflant plus voilins du règne minéral. M. Medicus a entrepris de traîrer de nouveau la grande queftion de la génération fpontanée des plantes. Ses obférvations ne paroïffent pas bien concluantes. On ne doit pas moins en louer fes efforts. Car en bone Philofophie on doit chércher à tour expliquer par les loix de la nature! Il faut donc bien reconnoïtre que la premtièse production des êrres organifés a éré le réfultat d'rn mouvement quelconque imprimé à une portion de matière. Qu’on l'appelle avec moi CRISTALLISATION , ou de tour autre nom, peu importe. Mais fi ce mouvement, de quelque nature qu'il {oic, a pu produire des êtres organifés dans l'origine des chofes , pourquoi ne le pourroit-il pas encore ? [l'ne faur donc pas dire que [4° génération Pontanée eff impolfiole. Maïs d'un autre côté on ne doit pas avanter qu'élle ait lieu dans telle ou telle circonflance fans en avoir de preuves bien prononcées , & non équivoques ; car on re fauroir diféonvenir que ‘la génération aétuelle des êtres ne Ye fafle ordinairement par les loix “connues du concours des {exes, a F \ 24 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, M, Badier nous a fit connoître une nouvelle efpèce de kina. La cochenille-fylveftre que M. Thieri avoit fait connoître à Saint- Dominoue, s'y cultive, & peut-être parviendra-t-on à l’employer comme cellerdu Mexique. M, Smich nous a donné quelques plantes nouvelles, Il a auffi fait une nouvelle édition-des planches de Rudbeck. M. l'Héritier nous a donné fon Serbtum Anglicum, & fes planches des cornouillers, M. Cayanilles continue fa belle entreprife. Il nous donnera bientôe de nouvelles Differtations.. st M. Dorthes nous a fait connoître.une efpèce de .vefce qu'on avoit confondue avec le Lathirus amphicarpos de Linné. Certe plante offre le fingulier phénomène de frudifier en terre. L Le goût des grands voyages fe foutient toujours, & ils nous procu- reront un fonds inépuifable de richeffes. M. de la Peyroufe eft attendu inceflamment , & nos favans amis qui l'accompagnent nous apportent kes chofes les plus curieufes. s') 1a Les nations angloife & efpagnole viennent aufli de faire partir des vaiffeaux pour de nouvelles découvertes. è Je vois toujours avec un nouveau plaifir ces efforts que. font des hommes actifs & intelligens pour augmenter nos connoiffinces. Mais d'un autre côté un fentiment de trifteffe étouffe bientôt cette première impreflion. Une expérience trop conftante m’apprend que les Européens n'abordent jamais chez un peuple que pour :y porter leurs vices, leurs maladies (ils ent répandu le mal fyphillitique fur tout le globe), que pour y exercer toutes fortes de cruautés s'ils font Les plus forts, & finiflent enfin par s'emparer du pays; ou tout au moins, fous prétexte de commerce, ils y bâtiffent des forts, sèment la divifion parmi les habitans, & par- viennent bientôt à s’en rendre maîtres. Ce n'eft pas tout : le plus fouvent ils les exterminenr, Il eft très-vraifemblable que les anglois détruiront les habitans de Botani-Bey. Or, je demande fi la connoiffance de quelques plantes, de quelques animaux peuvent racheter tant de crimes? . . ., Qu'on abandonne donc ces excurfions lointaines, ou qu’on y porte un rouf autre efprit. MiNÉRALOGIE. Les travaux de cette année nous ont appris plu- fieurs faits inréreffans dans cette partie. M. de Sauflure fils a donné l’analyfe d’une fubftance qu’il a appelée Jappare , dans laquelle il a trouvé les deux tiers d’argile , 0,13 de magnélie, 0,12 de terre filiceufe, 0,02 deterre calcaire ,0,01 de fer. M. Sage a regardé ce fappare comme une efpèce de beril feuilleté , qui contient une portion de fer. . Nous avons eu encore l'analyfe d’une autre fubftance analogue , qu'on avoit regardée comme une efpèce de fchorl. M. Werner l’a ne pelée j 7 Î SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. | 2$ pelé prechnite , du nom du colonel Prehn , qui la apportée du Cap de Bonne - Efpérance, M, Klaproth a trouvé terre filiceufe 0,43, terre alumineufe 0,30, terre calcaire 0,18 , fer 0,0$. M. Prouft a analyfé des petits criftaux qu'on trouve auprès de Valence , & qu'on appelle grenats de Valence. Il croic qu'ils font une combinaifon d'acide phofphorique & d’argile. M. Struve a donné une defcription de l’adulaire que le P. Pini avoit trouvé le premier au Saint-Gothard , & qui depuis a été retrouvé par M. de Bournon dans le Forez, & par M. Dodum dans les mon- tagnes du Languedoc, &c. M. Morell a analyfé cette fubftance & en a obtenu terre argilleufe 0,19, terre filiceufe 0,62 , magnélie o,0$, félénite 0,10, eau 0,01. M. de Bournon regarde l'adulaire comme une efpèce de feld-fpath. C'eit aufli l'avis des plus célèbres Minéralogiftes. Il y a long -rems que M. Romé-de-Lifle l’a rangé dans cette clafle, d’après fa criftal- lifation particulière. M. de Bournon met aufi l’hydrophane au nombre des feld-fparhs, ainfi que le fpath adamantin. M. Bzyen nous a donné l’analyfe dela pierre de Mefnil-Montant, qu'on a cru être un pechflein, & il a fait voir qu’elle différoit réel- lement des pechfteins de Hongrie. M. Hoepfner penfe que le diamant n’eft point un véritable corps combuftible. Il a combiné l'acide fpathique avec une terre vitrifiable, & il a obtenu une fubftance qui, expofée au feu, préfente des phé- nomènes analogues à ceux du diamant: & cependant , dic-il , certe fubftance n'eft pis combuftible , elle eft feulement phofphorefcente , & ne difparoît que parce qu’elle eft volatilifée. Les phénomènes que préfente le diamant, fonr les mêmes. Il devient phofphorefcent à un grand feu; il fe volatilifé; mais il ne brüle pas. On a donc tort, fuivant lui, de le mettre au nombre des corps combuftibles. M. Barbarous a décrit les volcans d’Ollioules en Provence. Ainf il paroîtroit que tous ces pays ont été en proie aux feux fourerreins, la Provence, le Vivarais, l'Auvergne, le Forez, &c. M. Werner prétend cependant que toutes ces fubftances que nous avons regardées comme des produits volcaniques , n’en font point, M: Macquart nous a donné l’analyfe du plomb rouge, qu’il regarde comme un véritable minium naturel, c'eft-à-dire , une chaux de plomb contenant beaucoup d'air pur, & de-Pair fixe ou air acide. M. Pelletier a prouvé que le molybdène d’Altemberg contenoit rou- jours du foufre. M. Struve a fait connoître une efpèce nouvelle de plombagine , noirâtre & feuillerée ; ce qui l'a engagé à lui donner le nom de plom- Tome XXXV1, Part. I, 1790. JANVIER. D 26 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, bagine noire, M, de Razoumouwski a eru y reconnoître un nouveau demi-métal. M. Hoepfner a décrit une nouvelle variété de granit, dans lequel fe trouve la.terre pefante, On fait combien a de latitude le nom de granit. On ertend par ce nom, une pierre du genre des com- pofées formées des différens élémens , quartz, mica, fchorl , feld-fpath. Mais M. Hoepfner a trouvé une efpèce dans laquelle étoic le fpath pefanr. On trouve aufli des granits remplis de grenats,, peut-être en trou- vera-t-on mélangés avec toures les efpèces de pierres. précieufes , ainfi qu'avec Le trapp, le horblende ,. le jafpe, &c. ce qui feroit sautant de nouvelles variétés. On rencontre aufli des granits qui contiennent même des füubftances calcaires. Ce font ordinairement des granits de feconde formation. Ces granits, par conféquent, pourroient contenir peut-être du plâtre. Les granits diflèrent des poudingues , en ce que ces derniers font un affemhlage de parties roulées, liées par un ciment quelconque. Ils diffèrent des porphires & ferpentins, parce que ceux-ci font une pâte jafpeufe, ou autre, non ctiftallifée, dans laquelle font enve- loppés des criftaux de feld-fpath. , Tous les élémens du granit, au contraire, paroiffent criftallifés, & ont criftallifé diftinétement ou confufément. C’eft cette criftallifation qui paroîc le caradère eflentiel du granir. Toute autre pierre com- pofée du genre des vitrifiables fera ou poudingue , ou porphire, ou ferpentin, ou jafpe, &c. Les poudingues diffèrent des brèches , en ce que celles-ci font prefque toutes calcaires , au lieu que les élémens des poudingues font vitrifiables. Cependant on fent que quelques poudingues peuvent contenir des parties calcaires, tandis que des brèches contiendront des parties vitrifiables. Enfin fi ces concrétions ont eu lieu dans des terreins volcaniques, ils pourront renfermer des débris de volcans. M. Beflon a décrit quelques particularités remarquables dans des granits. M. Klaproth a analyfé le glimmer verd, efpèce de mica qui , fuivant Cronfted, fe trouve dans les provinces de Suède, & le pech- blende qui, fuivant le même Cronfted, eft une mine d'argent miné- ralifée par le zinc uni au foufre, & il en a retiré un nouveau demi- métal qu'il a appelé uranite. Jufti avoit déjà dit avoir retiré du mica jaune une nouvelle fubftance métallique non malléable,. qui par conféquent devoit être rangée au nombre des demi-métaux ; mais je ne fais poinc li ces expériences de Jufi ont été fuivies. SUR L'HIST, NATURELLE ET LES ARTS. 27 L'uranite de M. Klaproth eft =il le même métal de M. Jufti? Eft- ce un nouveau demi-métal ? Ne feroit-ce qu'un alliage de différens métaux, ainfi que plufeurs Chimiftes foupçonnent qu'eft le nickel ? Sans doute M. Klaproth nous éclaircira fur tous ces objets. - Il paroît que le nom d’uranite que M. Klaproth a donné à certe, nouvelle fubftance , vient de celui d’uranus , que M. Béde a donné à la nouvelle planette découverte par M. Herfchel. M. Herfchel l'a, appelée georgium fidus. Les Aftronomes francois lont'appelée Her/chel. Quoique rien ne paroifle plus jufte que de lui conferver le nom de celui qu'il Pa le premier apperçue, cependant l'expérience prouve que ces dénominations ne fe foutiennent pas. C’eft pourquoi je lui avois donné le nom de platine en 1786, dans le difcours préliminaire de ce Journal, Le pere Hell, à Vienne, a approuvé cette dénomination. M. Bode a préféré de l'appeler uranus. Ce fera au tems à prononcer. Quelque intéreflantes qua foient routes les découvertes dont nous venons de parler, peut-être ne le font-elles point encore autant que les deux terres nouvelles que le même M. Klaproth, digne rival des Maroraf, & des Schéele, a découvertes , l’une dans le fpath adamantin.& l’autre dans le jargon de Ceylan. Suivant ce céièbre chimifle ces deux terres ont des qualités abfolument différentes de celles des cinq terres connues, la terre calcaire, la magnéfie, la terre pelante, la verre arg = leufe & la terre quartzeufe. . Bergman avoit déjà patlé dans l’analyfe des pierres précieufes, d'une fixième efpèce de terre , qu'il appelle zoble, nobilis, parce qu’il la croyoit appartenir particulièrement aux pierres précieufes. Mais fans doute il ne fut pas fatisfait de fes premières expériences ; car il n'en a pas parlé dars fes derniers ouvrages. Ces, deux terres de M. Klaproth font-elles réellement différentes de, celles que nous connoiflons? Ou font-elles des modifications de celles-ci? Etenfin ces dernières ne ont-elles que des modifications les unes des autres? M. de Bournon à fait une obfervation précieufe qui pourra jetter beau coup de lumières fur cette matière obfcure. [1 a trouvé des pranits en décompofirion ; & dans ces granits il y a vu des morceaux de quartz bien caractérifés ; & qui en les touchant paroïfloient abfolument changés en aroile. IL eft vrai qu’il fe pourroit que Le quartz, dans fon état naturel : cohtint plus ou moins de parties .argileufes : que le quartz. étant ramol/i par un agent quelconque, que nous ne connoïffons pas encore, mais qui paroît être le plus fouvent l'acide fulfureux en vapeurs (comme novs l'obfervons dans les pays volcaniques), cette terre argileufe reprit toutes fes propriétés, & enveloppât les vraies parties quartzeufes, C’eit ainf que les difficulrés fe multiplient toujours pour voiler la marche de la pature. Elles ne doivent pas nous décourager , Mais nous faire redoubler d'efforts. Tome XXXFVT, Part, I, 1790. JANVIER, De 23. OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, M. le Chevalier de Feruffac & M. de Reynier ont donné chacun un Mémoire pour prouver que les eaux de la mer ne fe font point retirées de deflus les côtes de Hollande depuis les plus anciens monumens qu'’ait confervés l'hiftoire. E M. Srruve & M, Wild ont fait des recherches fort intéreffantes fur l’origine des fontaines falées, ; La chaleur intérieure dela terre eft bien démontrée. Les obfervations faites dans les caves de l'Obfervatoire de Paris ont prouvé qu'à cette profondeur elle ne varie prefque pas. M. de Caffini a donné une fuite d’obfervations très-précieufes à cet égard; il y a eu quelques variations prefqu'infenfibles. : : CrisraicoGrAPHI£. M. l’Herminat a donné une analyfe de la conftrudtion des criflaux à faces concaves qui fe retrouvent fur. le verre, & qu'avoit obfervés M. Pajot de Charmes. Il a fait voir que jamais la nature ne faifoit de criftallifation régulière à faces curvilignes, & que par conféquent ces petits prifmes à faces concaves ne pouvoient être un criftal régulier. En examinant ces prifmes avec attention, il a vu qu'ils étoient la réunion de plufeurs prifmes hexaëdres, qui par conféquent Jaifloient fur leurs côtés un angle de 129° , lequel angle, à caufe de la petitefle du criftal & d'une partie vitreufe qui les recouvroit, avoit une apparence curvilione. M. Chaptal a eru voir que la lumière inAuoit fur la criftallifation ‘des fels. Dens des vafes placés à l’obfcurité, & qui ne recevoient la lumière que d’un côté, les fels ont criftallifé feulement de ce côté-là. M. Dizé penfe le contraire , & a rapporté plufieurs expériences qui lui paroiflent preuver que la lumière n’a aucune influence dans ces phéno- mènes. La criftallifation s’eft opérée à l'ombre comme à la lumière. J'ai rapporté l'année dernière la criftallifation des criftaux de fpath boracique que j'avois vus chez M. Forfter. M. Laffius vient d’en dorner une defcription dans les Actes des Curieux de la Nature. de Berlin, laquelle eft parfaitement conforme à ceux que j'avois vus. Ce font des cubes parfaits, ou tronqués fur les angles, & qui ont quatorze facettes , fix cubiques, & huit hexagones ou triangulaires, PHysiQue. Le philofophe, qui fair apprécier les difficultés qu'é- prouve l'obfervateur pour conftarer un feu! fait, ceffe d’être furpris de la lenteur avec laquelle lefprir humain marche à la découverte de la vérité. Cette année nous en offr: quelques exemples. Plufeurs Phyfciens avoient rapporté un grand nombre d’obferva- tions pour prouver qu'il fe formoir de la glace au fond des rivières. MM. Desmarets, Beflon , Pot, Brauns, &c. confirmoïient ces faits par d’autres qu'ils ont vus. M. Godard foutient encore le fentiment contraire, & prétend que cette glace a été formée à la partie fupérieure de l’eau, & qu'étanc SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 29 enfuite emportée vers le fond du fleuve par le mouvement des eaux, elle s'attache aux corps qu'elle y rencontre. L'obfervation de M. Arnaud de Saint-Maurice qui , dans les grands froids de l'hiver dernier, ayant plongé un thermomètre dans la Seine, l’a toujours vu au-deflus de Zéro , fembleroit-dépofer en faveur de cette opinion. Mais ne pourroit-on pas répondre que même dans cette hypothèle , il faut toujours fuppofer un dezré de froid fufffant, pour que cette glace puiffe s'attacher par la congélation aux corps qui font au fond du fleuve. Or, fi le froid eft aflez grand, pourquoi la partie d’eau qui etoure ces mêmes corps & qui eft prefque ftagnante , ne pourroit- elle pas fe congeler elle-même ? Un autre fair non moins difficile à vérifier , eft l’action de l'élec- tricité fur la végétation. La théorie paroiffoic dire que le fluide élec- trique devoir accélérer la: végétation , puifqu’elle accélère la vitefle des fluides dans les tuyaux capillaires. En conféquence , plufñeurs Phy- ficiens,, tels que MM. Nollet, Mainbrai, Jallabert, Menon, Chardini, Boze , Achard , la Cepede, Carmoy, d'Ormoy , Bertholon, ont tenté de prouver cette vérité par l’expérience , ils ont cru effeétivement ap- percevoir que les plantes électrilées végétoient avec plus de force. M. Carmoy penfe que l'électricité négative eft encore plus favorable que l'électricité poftive. Mes M. Ingen-Houfz , fans nier la théorie ,'a penfé que dans Pétat naturel l'électricité de l’armofphère ne pouvoit rien opérer fur la végétation, puifque les plantes communiquant au réfervoir commun ou à la terre, ne pouvoient être regardées comme ifolées , mais il a été plus loin : il a éle@rifé des plantes ifolées, & il n’a obfervé nulle différence dans leur végétation comparée à d’autres plantes non électrifées. M. Rouland &-plufieurs autres Phyficiens ont eu les mêmes réfulrats. M. Bertholon , quoique chargé dans ce momenc du Diétionnaire de Phyfique , dans la nouvelle Encyclopédie, a pris le rems de répéter fes expériences , & il perfifte, dans fa première opinion, que l’élec- tricité hate la végétation. M. de Rozieres, de l'Académie de Valence, a fait un grand nombre d'expériences qui confirment la même théorie. Nous les ferons connoître, inceflamment.. MP Cette belle partie de la phyfique , léfectricité , quoique traitée depuis un fiècle par les plus habiles Phyficiens, eft encere bien éloignée de fa perfection. Elle acquiert tous les jours. Mais les phénomènes .en fonc fi multipliés & fi variés , que la caufe de plufieurs nous échappe encore. Cependant cette année nous offre plufieurs découvertes pré- cieufes. M. Coulomb en a afligné deux nouvelles loix. La première eft que le fluide éle&rique ne [e répand. dans aucun corps par une affinité 39 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, : chimique , ou, par une attraétion éleétive, mais qu’il fe partage entre diffèrens corps mis en contaët uniquement par fon aélion ré- pulfive. La feconde efl que dans les corps conduéteurs, le fluide parvenu à l'état de flabiliré ef? repandu fur la furface du corps, & ne pénètre pas dans l'intérieur. M. Coulomb a été conduit à la découverte de ces deux loix, par des expériences fort délicates. Tous les corps ne font cependant pas également conducteurs du fluide électrique, On fait que fon mouvement eft extrêmement prompt dans les conducteurs métalliques , tandis que d’autres corps le propagent très- lentement, Ce qui paroîtroit contrarier la première loi de M. Coulomb, puifqu’un corps ne paroïît pouvoir être meilleur con- duéteur , que parce qu'il a une plus grande affinité avec ce fluide, & que ce fluide a une attraction élective plus grande pour le corps qui eft meilleur conduéteur que pour celui qui l'eft moins. Quant à la feconde loi , les phyficiens la connoifloient déjà ; car ils faifoient rous leurs conducteurs creux, & ne cherchoïenr qu’à en multi- plier les furfaces, fachant bien que ce n’éroir point en raifon de la male, mais feulement du volume ou de la furface que s’accumuloir l’éle&ricité fur les conducteurs. Mais les expériences de M. Coulomb l’ont démontré d'une manière plus rigoureufe, M, Van-Marum nous a donné la defcription de nouveaux frottoirs pour de grandes machines. M. Cavallo a conftruic un colleéteur , efpèce de condenfareur de [a plus grande fenfibilité. ; ; M. P'Abbé Chappe a conftruit de très-ingénieux électromètres. Mais la plus belle expérience qu'on ait faite dans cette partie eft celle de MM. Paets- Van- Trookvick & Deiman, qui er faifant pañler l'érincelle électrique à travers l'eau en ont obtenu de l'air inflammable & de l'air pur ; ces deux phyficiens célèbres en ont conclu que l'étincelle électrique décompofoit l’eau en ces deux efpèces d’air, l'air inflammable & l'air pur. MM. de Sauflüure ont obfervé fur le Col du Géant une variation diurne dans l’éledtricité de l’armofphère, Elle augmentoit graduellement depuis quatre heures du matin, où elle éroic prefque vulle, jufqu'à midi. ou deux heurés, qu'elle étoit à fon maximum. M. l'Abbé Rozier a décrit des arcs-en-ciel lunaires. M. de Reynier nous a donné des obfervations fur certains mouvemens des nuages. M. Ingen-Houfz nous a donné de belles expériences fur les métaux comme conducteurs de la chaleur. L'argent eft le meilleur conduéteur de tous, &le plomb e plus mauvais, L SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 31 Ces expériences confirment de plus en plus que la matière de la chaleur eft un Auide particulier qui a fes affinités comme tous les autres fluides. Cette matière difficile de la chaleur a été traitée cette année par différens auteurs. M. Carradori nous a donné un Ouvrage intitulé: Theoria del Calore , où on trouvera des vues fort philofophiques. M. Vacca Berlinghieri, qui avoit déjà publié un Ouvrage fur certe matière, nous a encore donné cette année deux Mémoires. Il penfe avec moi que dans la combuftion la matière du feu qui fe dégage ne vient point pour la plus grande partie de l’air vital ou de l'air pur, mais qu'elle eft fournie par le corps combuftible. Je regarde cette vérité comme à- eu-près démontrée, Tout ce qu'on dit de centraite n'eft fondé que fur des hypothèfes , & n’eft appuyé d'aucune preuve. M. Vacca ne penfe pas que l'élafticiré de l'air foit due à la matière de la chaleur ; mais même en le fuppofant , eft-ce que l’air inflammable ne fera pas tenu à l’érat élaftique par la même caufe? Par conféquent il doir donc contenir égale- ment de la matière de la chaleur. Donc on a tort de foutenir que cette chaleur vient toute de l'air pur. Mais je vais plus loin : la grande légereté de l'air inflammable ne prouv-t-elle pas qu'il doit contenir plus de la matière de :la chaleur que l'air pur, Aufli M. Crawford dans fes nouvelles expériences avoit rrouvé que l'air inflammable contenoit cinq fois plus de matière de la chaleur que l'air pur. M. Vacca penfe que le feu eft combiné dans les corps combuftibles avec un autre principe , qu'il appelle phlogiftique. Ce compolé du phlo- giftique & de la matière de la chaleur forme le principe inflammable qui n'eft dégagé de ces corps par l'acte de la combuftion que par le concours de l'air pur, lequel eft changé par certe combinaifon en air fixe. C’eft auffi le fentiment de M. Senebier & de plufeurs autres célèbres Phyfciens. M. Picter nous annonce un T raité {ur la-matière du feu. Les talens de ce célèbre phyfcien font un sûr garant qu'il enrichira cette matière, Le Père Cotte a donné la füire de fes -obfervations {ur la bouflole, Voici les réfulrars de ce célèbre obfervateur. [l-fuffir, dit-il , de jerter les yeux fur les Tables pour voir que la variation de l'aiguille fuir une période conftante , pendant laquelle elle tend à s'éloigner du nord vers loue depuis huit heures du matin jufqu’à neuf heures du foir. Une nouvelle période de variation a lieu pendant la nuit jufqu’à huit heures du matin. C’eflle moment où l'aiguille fe rapproche le plus du nord. Elle éprouve encore une variation annuelle:, qui va en augmentant depuis novembre jufqu'en mars,.& diminue enfuite graduellement jufqu’en feprembre. Un grand nombre de nos Lecteurs fera peut-être bien aifé de trouver ici la déclinaifon de l'aiguille aimantée celle que la donnent à Paris les » - 32 OBSERVATIONS SUR LA PHPSIQUE, obfervations les plus anciennes, La Table fuivante eft de M, le Monnier Pattrononie. ** a 1$41....7d.au N,E. felon le cadran de Bellarmatus. 1609..7à6 d. AD AS l / ne Fe 18 ans, “y “s ? au que « Une preuve, dit M. le Monnier, que la déclinaifon n’eft pas uni- > forme, c’eft que, 1°. l'aiguille a paru ftationaire depuis 1541 jufqu’en » 1600. » 2°. Qu'en 1666, felon le livre de la mefure de la terrede M. Picard, >» elle ne faifoit alors pas un tiers de degré tout au plus vers le nord-ouett, » & qu'ainfi elle accéléroit pour lors fon mouvement de variation vers » l’oueft. ; »5 3°, Qu'en dix-huit ans, depuis 1666 jufqu'en 1684. elle ne faifoit » environ 14 minutes par année, à raifon de 7 degrés deux tiers pendant » le tiers d’un fiècle. Ce qui eft aflez conforme à ce qui s’obfervoit déja » en 1666. » 4°. Que depuis 1666 jufqu’en 1702, en trente-deux ans, elle a varié » affez pour qu’on en puiffe conclure 8 d, 6’ pour le tiers d’un fiècle , à » roifon de 15/ 30" par an vers le nord-ouelt. » On ne trouve plus que 12/ par an vers le nord-oueft , fi l’on prend la durée entière de 1666 jufqu'en 1769 , la variation ayant augmenté de 20 d. pendant ce long intervalle de rems ». Depuis 1769 le mouvement de Paiguille s'eft encore ralenti finguliè- rement ; car fa déclinaifon n'a été cette année que de 21 d. 30° Ainfil fe pourroitbien qu’elle approchät de fon maximum au nord-oueft. Peut- être rétrogradera-t-elle àu nord, pour repañler à l’eft. C’eft cé que fauront pos neveux en continuant les inèmes obfervations. Curmrr. Les belles analyfes des fubftances minérales dont nous avons parlé à l’article Minéralogie, font des travaux que la fcience doir à la Chimie. Elles prouvent de plus en plus que la minéralogie ne fauroir faire des progrès fans la Chimie. Lorfque le chimifte a déterminé la nature des fubftances, le minéralogifle en faififlant les caractères exté- rieurs, la forme de cri‘tallifation , la pefanteur, la dureté, la cou- leur, &c. &c. pourra enfuite les reconnoître, Mais il a abfolument befoin du travail du chimifte pour les fubftances nouvelles. Autrement jamais il n'en {aura la nature. M. Hermftedr eft parvenu à bien démontrer l’exiftence de l'acide de l'érain : ce qui confirme de plus en plus les premiers apperçus de l'im- mortel SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 33 mortel Schéele, que cous les métaux fone des acides faturés du principe inflammable. M. Pelletier a combiné le phofphore avec la plupart des fubftances métalliques. Margraff n’avoit combiné que l’arfenic & le cuivre avec le phofphore. Meyer avoit fait voir que la fidérite n’étoir que te fer combiné avec le même phofphore, Mais M. Pelletier ayant repris ce travail, a trouvé un procédé par lequel il de qe à combiner tous les métaux & demi-méraux avec le phofphore. C'eft en les mêlant avec le verre phof- phorique & la pouffière de charbon , & les foumettant à un grand coup e feu, Cette combiraifon eft fur-tout précieufe relativement à la platine, parce quelle fournit uñ moyen de l'avoir parfaitement pure, & de la pouvoir travailler, Le mème chimifte a auffi obfervé des phénomènes nouveaux en com- binant le phofphore avec le foufre. M. Waiilis a fondu la platine à un fourneau de réverbère, M, Ingen-Houfz a auffi beaucoup travaillé fur ce métal. M. Hielm a obtenu le régule de molybdène par le moyen de l'air pur retiré de la manganèfe. MM. Weftrumb & KirWan ont obfervé que la manganèfe calcinée {ur laquelle on verfoit de l'acide fulfureux donnoit de la lumière ; ce qu'ils n'avoient pu obtenir par l'acide vitriolique. Mais M. Richter eft parvenu à produire Le mème phénomène avec ce dernier acide. M. Gadolin nous a donné de beaux Mémoires fur l’art de blanchir le fer par l’étain, & fur l’aitiologie de ce procédé. M. Sage nous a donné plufieurs belles analyfes, telles que celle des mines d'argent rouge du Pérou & de Sainte-Marie-aux-Mines, celle de la galène aurifere, celle d’une mine de plomb terreufe combinée avec les acides arfenical & phofphorique, celle du bois foffile, &c. Ce célèbre chimifte a aufi fair conncître les défauts des fourneaux de coupelle des effayeurs des monnoies, & y en a fübititué un plus approprié. La grande queftion de la diffolution de lor a été reprife avec chaleur. On a reconnu que plufieurs acides différens de l'eau régale pouvoient l’atta- quer. Brandt avoit avancé que l'acide nitreux dans un état de concen- tation diflolvoit l'or, M. Sage foutint le même fentiment & fut com- battu ; mais il paroîc avoué aujourd’hui que lor eft réellement diflous par l'acide nitreux concentré. D’un autre côté on paroîr aufli convenir que dans l'opération ordinaire du départ, lorfque Pacide n’eft qu'à 30 ou 32° de l’aréomètre, l'or n’eft pas fenfiblement attaqué. L’acide vitriolique paroît auffi dans certaines circonfances attaquer Jor ; favoir, lorfqu'on le furcharge d’air pur. J'ai fair voir que dans un mélange d’acide vitriolique & de manganèfe, l'or étoit diffous. M. Lowitz a donné un procédé pour obtenir un vinaigre dulcifié © Tome XX XVI, Part. I, 1790. JANVIER, 34. OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE très- agréable. 11 fait congéler du vinaigre & enfuite le diftille. IL paffe avec le vinaigre un éther ou naphte très-fuave, n . M. Woulfe nons a donné une continuation de fes belles expériences fur la nature du iprincipe colorant du bleu de Pruife. < M. Sage.a aui travaillé fur cette matière, & prétend que le bleu de Pruffe contient un acide qu'il. a appelé: an acide animal. M. Koupe a ryivifiédes chaux de mercure dans l’écher. C’eft la même aitiologie que pour Ja tévishcation des chaux d’or par le même procédé. M. de Fourcroy, en. mêlant l'air ammoniacal sÿec l'acide marin déphlogiftiqué aériforme, a produit une détonation. Nous avons déjà fait remarquer l'action de cet acide, fur, les corps: combutibles. M. Macors a obfervé une détonation très-fingulière, Son expérience mérite d’être répétée. M. Milner en faifant pafler dans un tube de fer incandefcent de l’air ammoniacal à travers de la manganèle, a obtenu de l'air nitreux. M. Prieftley dans la combuñtion de l'air pur & de l'air inflammable ayant toujours retiré de l’açide nitreux & une portion d'acide marin, M. Keir en a conclu avec moi que l'air inflammable étoir un des prin- cipes de lacide nitreux. Ce célèbre chimifte avoit été conduit à cette conféquence par l'analogie que tous les corps combuftibles brûlés avec l'air pur donnoient des acides. D'où il concluoit que l’air inflammable brûlé avec l'air pur devoit être. dans le même cas. J'ai penfé que l'air phlogiftiqué qui refte toujours en quantité après la détonation de l'air pur & de l'air inflammable dans les vaifleaux de verre, étoit un produit de la décompofition d’une partie de l'acide nitreux formé, & qui fe décompofe par la combuftion, J'ai été porté à certe conclufion, parce qu’on n’a pas Ja même quantité d’air phlogiftiqué, lorfque la détonation fe fait dans des tubes de cuivre; l’acide à mefure qu'il fe forme fe combine avec le métal, & échappe par ce moyen à fa deltruction. ; L’analyfe des fubftances animales & végétales eft encore bien plus dificile que celle des fubftances minérales. Les principes de ces dernières font à-peu-près fixes, & on peut compter jufqu’à un certain point fur les réfultats, Mais les parties conftituantes des matières organifées fonc des compofés Ü délicats , fouvent fi fugaces, qu'on a de la peine à les faifir. Un coup de feu les décompofe, La fermentation en change la nature. Les divers menftrues qu'emploie l’art les altère. Il faut donc une fagaciré toute particulière pour cette efpèce d’analyfe, & y employer des procédés particuliers, C’eft ainh que M. Prouft en faifant évaporer différentes huiles effen- telles de plantes labiées, telles que celles de lavande, de romarin, de fauge, de marjolaine, en a obtenu du camphre ; l'analogie dit qu'on en retirera de la plupart des labiées, SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 35 On a découvert depuis long-tems dans les grandes familles durègne végétal des rapports pus ou moins prochains. Leurs principes ont la même analogie fans qu'on ait cependant pu en faire une analyfe exacte, Ainli on n’auroit pas foupçonné du camphre dans les Jabiées. Un fecond genre très-nomibreux pofsède la vertu de jetter les animaux dans des convullons léthargiques , telles font la mandragore, la beila- dona, le ffromonium, &c. & fur-tout le pavor. Elles paroiflent dénc contenir un principe commun. Une troifième clafle, les ombelles, ont une huile effentielle qui leur paroît particulière, & qui n’eft que modifiée chez les diverfes efpèces. Les cruciferes font une quatrième claffe qui fe diftingue par cette faveur âcre, dont le principe fe change en alkali volatil ou ammoniacal par une légère fermentation ou l’action du feu. Mais cet alkali n’eft point encore formé dans les plantes, puifqu’on ne peut le retirer par aucun des pro- cédés connus, Si du fuc de cochléaria contenoit de cer alkali à nud, ou combiné, on le rendroit fenfible en y mêlant de la chaux vive; c'eft ce qui n’a pas lieu , comme je l'ai fait voir par un grand nombre d'expé- riences. On a dit que ces plantes contenoient beaucoup d’air phlogiftiqué, qu'on regarde étant combiné avec l'air inflammable, comme les feuls principes de cet aikali. Mais les matières animales par la fermentation ou par l'action du feu donnent le même alkali; & elles n’ont point certe faveur âcre. Toutes les plantes contiennent plus ou moïns d'air phlo- giltiqué, & elles ne donnent pas toutes de l’alkali volatil. Il y a donc un principe différent dans les cruciferes, & on ne fauroit aflurer de bonne foi que toutes leurs qualités réfident dans une portion d’air phlogiftiqué & d’air infammable. Toutes les autres grandes familles du règne végétal préfentent des phénomènes analogues, Les fubftances animales ont aufli quelques principes communs, Ainfi . on retrouve chez quelques-unes une hüile bien exaltée. Elle eft très- abondante chez la civetre à mufc, le caftor , la fouine, &c. &cc. &c. Peut- être même exifte-t-elle chez la plupart des animaux , où la fagacité de Schéele l’a reconnue. Mais elle eft en plus grande quantité chez les uns que chez les autres. L'acide phofphorique eft auffi très- abondant chez les animaux. M. Struve & M. Macquart ont prouvé qu'il exiftoit dans le fuc gaftrique. M. Veftrumb a trouvé le même acide phofphorique dans les calculs ou pierres de la velie. On ne fauroit guère douter que cet acide phofphorique fi abondant dans toute l’économie animale ne foit auffi dans les liqueurs. L’urine en contient beaucoup : & c’eft où on l’a découvert en premier lieu; & comme Tome XXXV1, Part. I, 1790. JANVIER. E a 56 CBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, Vurine fe fépare promptement du fang, il paroît que le même acide doit être dans le fang, & par conféquent dans toutes les liqueurs qui en dériverts mais d'où vient cet acide? Margraf l'avoir foupçonné dans les végéraux, fur-tout dans les cru- cifères, M. Van-Bochame l’a démontré dans la fubftance glutineufe ‘végétale. M, Veltrumb l’a retrouvé dans le charbon, & il va même jufqu'à croire que tous les acides végétaux font composés de cet acide & d'air fire, Quelque refpectable que foit l’autoriré de M. Veftrumb,, il ne paroît guère probable que l'acide phofphorique foit un des principes conftituans des acides végétaux ; car nous favons que l'acide phofphorique n’a encore pu être décompolé par aucun des procédés connus dans nos laboratoires : & cependant nous décompofens tous les acides vécéraux avec la plus grande facilité. I eft vrai qu'ils laiffent prefque tous une partie char- bonneule dans laquelle on pourroit dire que fe trouve l'acide phoïpho- rique. On a bien prouvé que le charbon ordinaire donne de l'acide phofphorique , mais c’eft à raifon de la portion de matière glurineufe qu'il contient, puifque c’eft certe matière glutineufe, qui, comme je l'ai fait voir, eft la bafe du fyftème végétal, de fes marties folides ; mais les charbons retirés des acides végétaux rrès-purs, des huiles très-pures , contiennent-ils de l'acide phofphorique ? C’eft ce que je n’ai jamais apperçu; & ce qu'il faudroit que M. Veftrumb prouvàt: d’ailleurs on retire de ces acides une fi petite quantité de charbon qu'en admettant même que l'acide phofphorique füt dans ce charbon , il n’y feroit qu'en une quantité infiniment petite. Les belles expériences que M. Tingry nous annonce expliqueront peut- être ces faits. L’acide phofphorique retiré des acides végéraux par le moyen de l'acide nitreux fera un produit nouveau. 1! m’éroit impoffible, dit M, Tingry, de ne me point appercevoir que je formois l'acide phofphorique. M. Lavoilier regarde les huiles comme compofées de charbon, & d'air inflammable produit de la décompofition de l’eau, S'il fe joint une portion plus ou moins confidérable d’air pur à ces deux principes, on aura les corps mugueux, & les acides végétaux. Cer air inflammable & ce charbon font , fuivant ce célèbre chimifte, des fubftances fimples. Je ne répérerai pas ce que j'ai dit ailleurs, que toutes ces idées ne peuvent encore être regardées que comme des hypothèfes, & fonc rejetées par le plus grand nombre des chimiftes. M. Lavoifier avoue lui-même avec tous les phyficiens, que la lumière fe combine dans latte de Ja végétation, Il faut donc qu'elle fe retrouve quelque part. Or, je penfe qu'elle et dans l'air inflammable des plantes que je regarde comme un produit nouveau formé d’une portion d'air pur combiné avec la lumière, & peut-être la matière de la chaleur. SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 37 Je perfiterai donc à regarder les huiles végétales & animales comme des acides faturés par l'air inflammable, & le charbon comme un produit de la décompofition de ces huiles K de ces acides, Maïs ces acides ne font pas des feuls compofés d'air. Ils contiennent encore de l'eau & de la lumière où matière du feu, & peut-êcre une portion de terre, Au moins le charbon ordinaire contient-il toujeurs de cette dernière. M. Veftrumb qui nous avoir déjà annoncé la grande analogie qu'il y avoit entre tous les acides végétaux , puifque l'acide tartareux & l'acide faccharin peuvent -fe convertir en vinaigre, vient de prouver qu’en diftillant les aciles végétaux riches en phlogiflique , tels que ceux du citron , du fucre, &c. on en obtenoit une portion de vinaigre. Cependant les divers acides végétaux prélentent des differences appa- rentes. Ainfi M. Hielm a retiré de la cerife un acide qui combiné avec les alkalis a donné des criftallifations particulières, M. Hermiftede a aufü fait voir que l'acide de benjoin préfentoit des phénomènes particuliers. Mais cela ne prouve point qu'ils foient d’une nature différente de celle des autres acides végétaux. Les fels fulfureux donnent des fels différens des fels vitrioliques , quoique l’acide fulfureux & l'acide vitriolique foient le même acide combiné avec plus ou moins de principe inflammable, plus où moins d’air pur, Tous les acides végétaux peuvent denc être le même, & préfenter des phénomènes particuliers fuivant qu'il fera plus ou moins faturé de principe inflammable , qu'il contiendra plus ou moins d'air pur, qu’il fera combiné avec un principe huileux, muci- lagineux, &c. &c. Er comme ces combinaifons doivent varier dans chaque plante, dans chaque partie d’une plante, on doit donc y retrouver une nouvelle modification de l’acide végétal primitif. Mais en le dépouil- Jant cet acide de toutes ces parties étrangères on doit leramener & on le ramène effectivement au même état de pureté, & on lobrient ou comme - acide tartareux , ou comme acide faccharin, ou comme acide acéteux. Je penfe que ce même acide paflant enfüuite dans la fubitance gluti- neufe, dans les plantes cruciferes , & dans les animaux, s’y combine avec une nouvelle portion de principe inflammable fourni par une nouvelle union de Ja lumière ou de la matière de la chaïeur , par l’aétion des forces vitales, & s’y change dans ce principe que j'ai appelé principe [alin animal. Ce derrier principe acquérant encore plus de la même matière inflammable, foit par la diffillation, foit par la fermentation putride, pafle à l’état d’alkali volatil où ammoniacal, & tout l'acide végétal a difparu. Il y a même une petite portier de cet alkali formée dans l’économie animale. Il eft cependant quelques animaux dont l'organifation les rapproche un eu du végétal, & qui à la diflillation ne donnent que de l'acide , & peu ou point d'alkali volatil. Ce font les infectes qui ont des trachées, expirent commeles plantes de l'air pur &gon de l’air phlogiftiqué, &c. ce qui indique 83 OBSERPATIONS SUR LA PHYSIQUE, que leurs forces virales ne peuvent point, comme chez les autres animaux, vicier l'air pur, & transformer l'acide végétal en alkali volaril. Ces faits prouvent de plus en plus que c’eft le principe de l'inlamma- biliré formé par une combinaifsn de la lumière & de la matière du feu avec une portion d'air pur, qui altère l'acide végétal pour lui faire fubir les différentes modifications qui l'amènent jufqu'à l'état d’alkali ammo- niacal. Les expériences de M. Tingry vont mème étendre encore bien plus loin les analogies ; puifqu'il produit l'acide phofphorique en traitant les matières végérales avec l'acide nitreux. Ces expériences confirment ce que jai dit: que lacide phofphorique qui fe trouve dans les plantes efl un produit nouveau, que par conféquent ni cet acide ni le phofphore ne peuvent étre repgardés comme des êtres fimples. Mais fi l'acide phofphorique eft produit de cette manière, ne pouvons- nous pas en conclure , comme je l'ai die , que les autres acides qui font dans les plantes, tels que le marin, le nitreux, le vitriolique, & les acides métalliques , ont la même origine : & ainfi fe confirmeroient mes premiers appezçus, que toutes ces fubitances font des produits nouveaux , & fe forment journellemenr. Ces notions nous ramènent à la théorie des célèbres Becher, Stahl, &c. &c. que tous les acides peuvent fe convertir les uns,dans Îes autres, Les partifans de la nouvelle théorie ont été obligés de reconroître une partie de ces vérités. Nous avons vu dans l'extrait que j'ai donné du nouvel Ouvrage de M, Lavoifier , qu’au lieu de cinquante-cinq fubftances fimples, & même plus qu’on étoit obligé d'admettre dans ces nouveaux principes, lui n’en reconnoît plus que trente-trois ; & même en preffant {es raïfonnemens on verra qu'il n'en admet pas plus que nous, & qu'il fe rapproche beaucoup de ce que j'ai expofé dans mes Ouvrages ; car les trente-trois fubftances qu’il regarde encore comme fimples, font les dix-fevt fubitances métalliques, fix bafes acidifiables, favoir , le foufre, le phofphore, le charbon , le principe de l'acide marin, du boracique & du Auorique ; cinq terres, trois efpèces d’air, l'air pur, Pair inflammable, l'air phlogiftiqué ; enfin, la lumière & la chaleur. Or, il avoue que l'acide marin fe forme tous les jours : donc il n’eft pas fimple. Difons-en autant du foufre , du phofphore , du charbon , des principes des acides fluorique & boracique. Nous avons vu que les expériences de M. Tingry confirment que l'acide phofphorique étoit formé chaque jour par les forces de la végétation & de l’animalifation ; ainñ aucune de ces fubftances dites bafes acidifrables , ne peut être regardée comme fimple. L’analogie nous porte à conclure qu’il en eft de même des fubftances métalliques , qui fuivant la même analogie, peuvent toutes pafer à l'état d'acides, d / SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 39 Les cinq efpèces de terres connues, & les deux efpèces nouvelles donc parle M. Klaproth , ne peuvent êrre regardées comme des fubftances fimpls, foi qu'on les confidère avec M. Lavoifier comme des acides, foit qu'on les regarde avec moi comme rapprochant davantage des alkalis, Les nouvelles expériences de M. [ngen-Houfz inférées dans ce Journal, par lefquelles il a converri l'air inflammable, l'air phlogiftiqué & l'air pur les uns dans les autres par le moyen de la végétation , prouvent de plus en plus que ces trois efpèces d'air ne font que des modifications les uns des autres, Ainf je puis donc perfifter à croire qu'il n’y a qu'une feule efpèce d'air élémentaire, La lumière & la chaleur ne paroiffent également que des modifications de la même fubftance. Il ne refte donc qu'à prénoncer fur la décompofition de l'eau , & fur la préfence d’un principe inflammable dans les corps combuftibles, Je crois cette feconde partie aufñi bien prouvée. qu'aucune vérité phyfique. Tous les faits confirment que la matière de la chaleur qui fe dégage dans l’acte de la combuftion ne vient pas uniquement de l'air pur, mais que la plus grande partie eft fournie par le corps combuftible. Quant à la compofition de l’eau avancée par M, Cavendish, & à fa décompofition fourenue par M. Watt dès 1783, fuivant M. de Luc, aucune des expériences précédentes ne me paroîc capable d'établir de pareils faits; mais je conviens que la dernière expérience de MM. Paers Van-Trooswick & PDeiman eft {éduifante, parce que je.ne vois point d'intermédiaire que l’étincelle électrique... . Cependant avant de pro- noncer, il faut répéter cette expérience, & la répéter fouvent pour en faifir toutes les circonftances. Mais quand même l’eau fe décompoferoit dans certains cas, faudroit-il en conclure que cette décompofition a lieu aufli fouvent qu’on l'avance. Je ne le crois pas. Il me femble qu’on pourroit feulement dire qu'elle fe décompofe dans des circonftances analogues. ch Quart à la nouvelle Nomenclature, elle a été combattue dans plu- fieurs Mémoires par M. Sage, par M. Opoix , par M. Gadolin, & par plufieurs favans qui en ont fait voir l'infoffifance. Auffi eft-elle rejerrée par la majeure partie des favans. Des ARTS. Sous l’empire de la liberté l'amour de la patrie va renaître. Chaque citoyen dira: je travaille pour la chofe publique, je travaille pour moi. Le fruit de mes peines & de mes fueurs ne pañlera plus entre les mains de vils courtifans & de fâches. déprédateurs gui abforboient la fubliftance commune, Nous devons donc’ efpérer de voir les arts frivoles abandonnés, & tous les efforts fe porter vers les arts utiles. Au moins efl-ce ce que nous obfervons dans tous les Souverne- mens où l’homme eft citoyen. La Hollande, lAngleterre , Venife, Genève, ne doivent leur bonheur & leur fplendeur qu'aux arts «tiles qui ao OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, y fout cultivés, Dans les états defpotiques au contraire le gouvernement n'encourage que les arts qui peuvent fournir au luxe du tyran & de fa cour diflolue (1). M. Prevolt Dacier nous a donné une légère defcriprion dés grands travaux en fer qu'on fair à Coalbrookdale, C'eft-là qu’on doit admirer la force & l'induftrie d'un peuple libre, & non dans l'art futile de tirer un fil d’or ou d'argent, ou dans celui de bien dorer ou argenter un meuble de cuivre. Il y a long-cems qu’on a dit que celui qui travaille le fer & l’airain fera le maître de celui qui ouvrage l'or & largent ; ainfi que celui qui faic des toiles de fils de chanvre l'emportera toujours fur celui qui fait des tiflus de foie: & fans doute les fonderies de Coalbrookdale font plus uriles à l’'Anglecerre que les mines du Potofi ne Le font à leurs poffeffeurs, Nous avons fait connoître la belle conftruction des cônes de Cher- bourg. M. Pajot de Charmes a donné une nouvelle manière de graver les planches & les cylindres à gauffrer les éroffes. M. de Romé de l'Ifle dans fa Métrologie, a fait connoître les poids & les mefures des anciens , ainfi que leurs monnoies. Ce favant fi recom- mandable à ranr de titres, nous a donné les types des mefures des anciens pris dans la nature même : les uns étoient tirés de la longueur du pendule ; les autres de la mefure d’un grand cercle de la terre. Eft-ce que nous ne pourrons pas nous élever à la même baureur ? L'eau-de-vie eft d’un ufage fi immenfe aujourd'hui chez tous les peuples de la terre, qu'il n’elt pas furprenant que l'induftrie angloife ait cherché à perfectionner les procédés pour la retirer. Voici à-peu-près celui qu'ils emploient le plus communément. Sous dss hangards immenfes on place plufieurs grandes cuves, quelque- fois au nombre de vingt, d'environ douze pieds de hauteur & autant de. diamètre : on y fait fermenter à la manière ordinaire des grains 3 c’eft ordinairement de l'orge & du froment. Ces cuves font un peu exhauffées au-deffus du foi. Elles peuvent toutes fe vuider par des ouvertures inférieures, & la liqueur va fe rendre dans une feule cuve immenfe toute en terre , & qui eft placée au milieu de l'hangard. Celie-ci n’eft point couverte; mais des planches la traverfent d’un bord à l’autre, afin que les ouvriers puiflent aller & venir librement. Il y a ordinairement trois alembics dans chaque brülerie. Ces alambics font en lames de cuivre très-fortes ; ils ont de douze à quarorze pieds de diamètre, & jufqu'à dix-fept de hauteur. (1) IL n’y a guère qu’on entendoit une marchande de modes en allant arrêter Vajuftem ent de quelques chiffons, tenir le langage des miniftres: Je vais faire mon travail, SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 4x x Le fond eft un peu arrondi, & a une pente légère vers un côté où eft placé un robinet, afin de pouvoir le vuider entièrement quand on le veur. Ces alambics font cylindriques, & fe retréciflent à la partie fupérieure pour y placer le chapiteau ou tête de maure. Ce chapiteau eft terminé par un ferpentin immenfe qui à au moius un pied de diamètre, & qui va plonger dans une autre cuve très-confi- dérable , & dont on entretient l’eau auffi froide qu'il ef potlible. À la partie fupérieure & latérale de lPalambic eft une ouverture pour laifler pañler une barre de fer à laquelle eft atrachée une grofle chaîne de fer qui va jufqu’au fond de l’alambic , & dont une partie repole fur ce fond. Une portion de la partie fupérieure de l’alambic eft environnée d’un maflif de plâtre ou d'argile pour y conferver la chaleur. : L’alambic eft chauffé avec du charbon de terre ; mais la fuinée eft portée par des cheminées circulaires tout à lentour , en forte qu’elle y dépofe prefque route fa chaleur. à Une petite pompe à feu fait rout le fervice de l'atelier, monte les facs d'orge & de bled, ainfi que l’eau dans les cuves de grains, dans celles qui fervent de réfrigérent , &c. &c. Elle puife dans la grande cuve la liqueur fermentée pour la porter dans les alambics, &c. Elle élève & abaifle la barre de fer à laquelle eft artachée la chaîne de fer ; par ce mouvement le fond de la liqueur eft agité fans ceffe, crainte qu'il ne s’y fafle un dépôt, lequel pourroit brûler & donner une odeur empireumatique à la liqueur fpiricueufe. Lorfque Ja liqueur eft en pleine ébullition , il n’y a plus rien à craindre. On ferme l'ouverture de la chaîne. Lorfque la diftil!ation eft achevée, on laiffe refroidir ; en forte qu’or- dinairement des trois alambics il n’y en a que deux qui font en activité. Le refroidiflement étant fuMfant, on ouvre le robinet du bas de l'alambic, & toute la matière qui eft encore liquide coule dans des auges our nourrir des cochons. Chaque brülerie en a une très-grande quantité, Ces animaux font logés dans différentes cafes les unes à la fuite des autres. Ils font ordi- nairement dix à douze dans chaque cafe, & ils y font ferrés qu'ils ne fauroïient tous s’y coucher. On leur donne aufñi le réfidu des cuves où fe fait la fermentation, Lorfque toute la matière eft fortie de l’alambic , la pompe prend de l'eau dans le réfrigérent , qu'elle y verfe, & en remuant la chaîne je lave parfaitement. Cette mème eau lancée enfuite avec force va laver les auges & les cales des cochons, # Pour laver les ferpentins, on dit que quelquefois un homme peut y Tome XXXVI, Pars I, 1790, JANVIER, F 42 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, paffer ; mais le plus fouvent on fait bouillir dans l’alambic de l’eau dort la vapeitr va nettoyer le ferpentin. ‘ Un mème appareil en grand a lieu pour faire les bières angloifes. On fait qu’il y en a de deux efpèces principalement, l’ale & le potrer. L'ale ne differe guère des bières de France qu’en ce qu'elle a plus de fpiritueux. Le potter a encore plus de générofité ; mais il eft un peu acide, parce qu’on laifle aller la fermentation jufqu’à l'acidité. On dit que ces bières doivent leur grande générofité à ce qu’on y retient Ja plus grande quantité poffible d'air fixe, en tenant les cuves fermées, ainfi.que les tonneaux où on les renferme. Nous favons que la même chofe a lieu pour le vin; & c’eft un grand préjugé dans la plupart de nos vignobles de France de laiffer fermenter le vin dans des cuves découvertes. Les vins peu généreux , qui entrent difficilement en fermen- tation demeurent ainfi quinze jours , trois femaines, &c perdent Ja plus grande partie de leur air fixe. Aufli n'obtient-on que des liqueurs fans energie. On ne fe contente pas de les abandonner fi long-cems dans la cuve : on laiffe encore les tonneaux débouchés pendant long-rems. En fuivant une méthode contraire les vins acquerroient beaucoup. Une expérience conftante auroit dû depuis long-tems éclairer les vignerons. Les vins blancs qu’on ne laifle point ainfi cuver font toujours plus fpiritueux que les vins rouges. Ces vérités font connues même des rartares, qui dans la préparation du kcumifs ne laiflent pas perdre cet air fixe, comme nous l'apprend M. Griève. Mais relativement au potter, 6n croit qu’on y ajoute quelque chofe. Chaque fabricant a fa recette particulière. Quelques-uns, m'a-t-0n dit, y mettent de l’opium (on pourroit même dire tous les fabricans), foit pour remplacer le houblon , foit pour le rendre plus facilement enivrant. On m'a affluré qu'un négociant à {Londres avoit beaucoup gagné en ajoutant aux bières ordinaires un peu d’acide vitriolique pour les acidu- ler & les faire paffer pour du porter. Auprès de Londres, pour faire le fel ammoniac, on fe fert des os. Un grand nombre &e femmes & d’enfans les ramaflent dans route la ville» On les fait brûler dans des vaifleaux, & on en retire de l'alkali volatil» qu'on combine avec l'acide vitriolique. On mêle enfuite ce vitriol ammc- niaçal avec le fel marin dans des vafes appropriés, qu'on expofe au feu. Ii y a double décompolfition. L’acide marin s'upit avec l'alkali ammo- niacal & forme le fel ammoniac , tandis que le natron fe combine avec l'acide virriolique pour former le virriol de narron. Les hollandois ont des procédés particuliers pour la préparation de quelques fubflances qui font dans le commerce , & quoiqu’on foupçonne en général leur procédé, ils ont quelques tours de main qu'on a de la peine à failir, Pendant long-tems eux feuls: favoient purifier le borax. ÿ i LL SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 43 MM. PAïguillier à Paris onc aufi un procédé particulier À cet égard. M. Tylchen a recherché qui eft-ce qui peut s’oppofer à la criflalli- fation de ce fel. Il a cru que c'étoit une matière grafle dont on pou voit fe débarrafler par la calcination. Il a aufli employé avec fuccès la poudre de charbon que M. Lowitz avoit confeillée pour d'autres fels. M. Courret avoit penfé qu'on pourroit employer au même ufage de la terre aroileufe , comme on fait à Montpellier de la terre de Mervielle pour obtenir de beaux criftaux de crème de tartre, M: Tucker, qui a travaillé à Amfterdam aux préparations de préci- pité rouge, a donné la mérliode fuivante de Le faire ea grand. ; On met dans un matras latté vingt-cinq livres de mercure , vingt de nitre & trente-fix d’acide nitreux très-fort, préparé avec le vitriol martial. On couvre le matras avec un chapiteau, & on y adapte un récipient, On place le matras dans un fourneau profond qu'on chauffe avec de la tourbe On augmente peu-à-peu le feu : il pafle d’abord quelques gouttes de liqueur. Le vaiflear fe remplit de vapeurs rouges. On foutient ce feu vingt à vingt-cinq heures. Enfuite on augmente le feu jufqu’à ce qu'on voit fe fublimer du mercure d'abord fous une couleur grife qui devient jaune, orangée, & enfin d'un beau rouge. Dès qu'on eit là on lève le récipient avec précaution, on bouche le fourneau, & on laifle refroidir. Les hollandois préparent auffi le fublimé corrofif, le mercure doux, le minium très en grand, & peuvent le vendre à meilleur marché que les autres fabricans. Sans doute bientôt l’induftrie des autres nations atteindra à la perféction de leurs procédés. - M. Vogier fachant que les anglois & Les füuiles tiroient beaucoup de femences de trefle rouge pour la teinture, a fait des expériences à cec égard , & il a vu qu'elles donnoient une couleur jaune, M, Dizé a répété ces expériences avec beaucoup de foin. J'ai vu ces jaunes qui font bien moins beaux que ceux que fournit le gaude. La racine de mercuriale fauvage donne aufli une belle couleur bleue, fagace à la vérité, mais que l'art pour:a parvenir à fixer. L'ufage de la cire eft devenu un befoin pour les gens riches qui ne veulent plus fe fervir de chandelles ni de lampes ; & ce luxe s'érend à toutes les claffes un peu aifées de la fociété, Ceci a fait rechercher des matières qui puflent remplacer la cire devenue trop chère. On eft par- venu à pouvoir y fuppléer jufqu’à un certain point avec du blanc de baleine préparé. Une partie des fpectacles de Paris eft éclairée aujourd’hui avec cette efpèce de bougie. AGRICULTURE. La diferre que nous éprouvons aïnfi que quelques uns de nos voifns, doit faire fentir de plus en plus l'utilité de ce premier des arts. Comment en effec avec une population aufli rnombreufe & avec cetre foule d'animaux domeftiques que nous nourriflons de grains, n'avoir pas toujours des provifons de ce plus néceffaire"de nos comeltibles ? IL eft Tome XXXVT, Par. 1, 1799. JANVIER. ENS 44 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, bien prouvé que deux mauvaifes récoltes confécutives dans toute l’Europe en feroient périr de faim une multitude d'habirans; & cependant nulle nation ne prend des précautions à cet égard. On élève des citadelles & des palais, ou conftruit des vaifleaux de guerre, on a de nombreufes armées, & on craint de faire Ja dépenfe de greniers d'abondance. Que les exemples terribles de famine qu’on éprouve de tems en tems à la Chine, aux Indes, &c. nous donnent de Ja prévoyance, & nous em- pêchent de regarder ces craintes comme chimériqués, Les chinois ont cru ne pouvoir mieux encourager l’agriculture qu'en faifant Jabourer le chef de la nation une fois dans l’année. Cette confidération étoit bien digne de leur haute fagefle. Mais chez la plupart des autres peuples de la terre, les Rois n'ont voulu être que guerriers, & ont dédaigné toute autre occupation que celle des armes & de la chafle qui y a un rapport plus ou moins éloigné. Il faut efpérer que la révolution préfente nous ramenera aux idées faines , & que les nations aimeront mieux voir un hoyau & une navetre dans les mains de leurs chefs , que de lés voir toujours armés encore plus contr'elles que contre leurs voifins. Jamais les peuples ne font fi heureux qu'en tems de paix, & les victoires les plus brillantes coûtent trop cher aux vainqueurs eux-mêmes. Quel beau jour pour le Prince de l'Europe qui fera afez ami de la vraie glo re pour aller labourer le premier un champ! Combien fon nom fera-t:il au-deflus de ceux de ces dévaftateurs de la terre! Lequel voudra mériter cet honneur? j M. Varenne de Fenille a recherché quelle avoit pu être la caufe de la mortalité du poiflon cet hiver dans plufieurs étangs, tandis qu'ils avoient rélifté dans d’autres. Il a obfervé que les premiers contenoient beaucoup de plantes; qu'il avoit dû s’en dégager une grande quantité d’air fixe, d’air inflammable, & il penfe que c’eft à certe caufe que doit être attribuée cette mortalité prodigieufe, M. Amoureux nous a appris que le Terragonia pouvoir devenir une plante potagère & fe manger comme kes épinards, M, Achard a expofé tous les défauts des loix foreftières. I] a fait voir que fi on veut conferver nos forêts, il falloir fuivre un tout autre régime. Un cbjet auñli effenriel eft digne de toute l’artention publique : & j'ai fait fentir combien il étoit impolicique aux différens peuples de la rerre de m'avoir prefque plus de forêts que dans le nord de l'Europe & de l'Amérique. M. Defarnod a perfectionné les cheminées économiques de Franklin , ce qui diminuera toujours la confommation du bois. M. Mutis, botanifte fuédois, établi auprès de Santa-Fé, a découvert une plante (qu'on croit du genre des cafliné), laquelle préparée avec des foins particuliers, a la même faveur & les mêmes propriétés que le thé. Cette découverte eft d'autant plus précieufe que le thé n’eft encore connu SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 45 aujourd'hui qu’à la Chine. Cependant l'Europe & l'Amérique en font une confommation immenfe & vraiment effrayante. Si le gouvernement chinois favoit comme les nôtres profiter de cet avantage, il auroit bientôt abforbé tout notre numéraire. Quelles réflexions pour le philofophe de voir ces befoins factices que nous nous fommes donnés. On court au bout de l'univers à travers mille dangers chercher cette feuille qu’un peuple qui rit de notre folie nous vend bien cher. Il y a vingt ans qu'à peine en prenoit-on en France; & bientôt l’ufage en fera aufi commun qu'en Angleterre & en Hollande, c'eft-à-dire, qu'il y fera porté à l'excès. Il en eft de même du café, du chocolar, du fucre.. . . Qu'on examine bien fur quoi roule ce commerce européen, qui depuis un fiècle a fait commettre tant de cruautés envers les africains , a fait verfer rant de fang dans toutes les parties du monde, que, comme dit Franklin ,on ne peut pas manger un morceau de fucre qu'on ne le voie dégoûter de fang humain, & on fe convaincra qu'il n'a d’autre objet que de nous procurer dss jouiffances auf futiles que celles d’une tafle de thé (1). Nous avons en France des foies , des lins de la plas grande beauté ; nos éroffes de foie de Lyon font infiniment plus belles que Les toiles de l’Inde. Eh bien ! nous ne portons plus que des toiles de coton , parce que le coron ne vient qu'au-delà des mers. Les anglois préferent les bapriftes qu'ils tirent de France, & nous nous ne voulons que des mouffelines de l'Înde , qui nous font prefque toutes fournies- par les angloiïs. Pourquoi ne portons-nous pas nos baptiftes ? Nos vins font les délices de toute la terre. Ils étoient la boiffen de nos pères aux repas du matin & du {oir, &c. Aujourd’hui il nous faut du thé, du chocolat, du café, & bientôt peut-être ne voudrons-nous plus que de la bière angloife ou hollandoife.. . . Tel eft l’homme d'Europe :-{on inquiète aétiviré le porte à defirer tout ce qu'il n’a pas. Les gens riches ne jouiflent que dans l’exclufif, Souvent les laboureurs manquent de pain ; mais eux ils ont du thé, du café. . . La France, par exemple, n’a-t-elle pas comme la Chine tout ce qui peut rendre la vie agréable, & ne peut-elle pas comme celle-ci ne rien aller chercher au-dehors ? Mais puifque nous fommesencore bien éloignés de ce poirrde fageffe, nous devrions donc faire pour le thé ce qu'on a fait pour le café (2), le multiplier (z} Un célèbre philofophe à demandé fi la découverte de l'Amérique avoit éré urile au genre-humain. — Sans doute le grand commerce dont elle à été la caufe à augmenté nos connoiffances ; mais qui peurra réparer ious les crimes qui y ont été commis , & qui s’y commettent. (2) On fitque M. Defclieux porta les deux premiers pieds de café du Jardin public des plantes de Paris, en Amérique. L'eau manqua dans la traverfée, Le botanift prenoit für (a ration pour arrofer fes cafriers. Ii n’en put conferver qu’un, qu’il planta à la Martinique. C’eft de ce pied ;que viennent tous les caffriers de PAmérique. 4 48 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, dans nos pafleffions. On en avoit planté il y a quelques années plufeurs pieds en Corfe. Maïs je crois que leur culture y a été négligée. On pourroit tout au moins le cultiver en abondance dans nos îles, à Bourbon, à Saint-Domingue , la Martinique, &c, dans les parties trop sèches & trop arides pour les autres cultures. On vient de recevoir au Jardin public des planres à Paris les deux efpèces de thé de la Chine. Onrèchera fans doute de les multiplier. C’eft M, Jofeph Martin qui les a rapportées. Il avoir été envoyé pat M. de Caïtries aux [fles de France pour y prendre des pieds de toutes les plantes rares que M. Céré y cultive dans le Jardin public de la nation françoife , & les tranfporter, foit dans nos îles des Antilles, foit à ‘Cayenne. {1 y a porté le geroflier , le mufcadier, l'arbre de pain, &c, &c, IL a reporté des Iles de France les plantes de ces régions d'Amérique; & enñn à fon retour en Europe il nous a apporté trois ou quatre cens efpèces des plus rares ; entr'autres les deux efpèces de thé, le cachou, Parbre à pain, &c. Ce font de pareilles expéditions que les nations”devroient s’envier , & les feules que la Philofophie avoue, puifque fans faire du mal à perfonne, elles multiplient nos jouiffances. Le coton peut être aufli cultivé dans nos provinces méridionales , & fui-tour dans les parties bafles de l’île de Corfe; peut-être même la -canne à fucre pourroit-elle y croître. M. Prouft a fait voir que l'Efpagne pourroit fournir du camphre à toute l’Europe. © MÉMOIRE DE M DE LA BILLARDIÉRE,D.M. SUR L'ARBRE QUI DONNE LA GOMME ADRAGANT. Extrait des Repifires de l'Académie Royale des Sciences, du 16 Décembre 1789. De avons examiné par ordre de l’Académie , MM. Baumé , Thouin & moi,.un mémoire intitulé : « Defcriprion d'une nouvelle efpece » d’aflragale, qui produit au Liban la gomme adragant : Obfervations » fur la hauteur de cette montagne, fur la ftruéture & für l'état actuel » de fes habitans , par M. de la Billardiere, docteur en médecine. M. de la Billardière s’embarqua à Marfeille vers la fin de l’année 1786, dans le deffein de fe rendre dans l’Afie mineure, pour y obferver les productions de la nature, & particulièrément celles du règne végétal. SUR L'HIST, NATURELLE, ET LES ARTS. 47 Son projer éroit d’autant plus intéreflant , que ces contrées n’ont encore été vilitées que par un petit nombre de naruralifles, & qu’elles pro- duifent une grande quantité d'arbres & de plantes utiles, dont la plupart s'acclimateroient_ facilement en France , fi l'on pouvoit fe les procurer. Les troubles excités par la guerre des Turcs, les ravages que la pefte exerçoit à Ancioche & dans la plupart des lieux par où M, de la Billar- dière devoit pafler, le forcèrent d'abandonner le deflein qu'il avoit formé, & de tourner fes pas du côté de la Syrie. Il arriva au mont Liban dans le mois d’août ; c’eft la faifon où l'on y récolte la gomme adragant : l'arbufle d'où découle cette fubftance , efl une efpèce d'affragale épineufe, qui s'élève à la hauteur‘de deux à trois pieds. Les Arabes l'appellent £é : l’auteur en donne une defcription très-détaillée ; puis il expofe dans un tableau abrégé, les caraëtères particuliers qui le diflinguent ; tels font, par exemple , la difpofition des branches , écar- tées du tronc, & formant avec fa partie inférieure , un angle prefque droit, l’écorce nue , jaunâtre , parfemée de petites dépreflions à fa fur- face , les folioles glabres , glauques, ovales , aigues , les fleurs d'un jaune pâle, Jeffiles ; foucenues chacune par une écaille , difpofées en forme de cytindre autour des tiges ; le légume lanugineux , renflé, ap- plati en deflus , & terminé par une pointe recourbée inférieure- ment. (PL 1.) (x). Cette plante diffère de celle que T'ournefort avoit obfervée en Candie, & dont il.a fait figurer, dans Le voyage au levant, une portion de tronc , d’où l’on voit fortir la gomme adragant fous la forme de fila- mens. M. de la Billardière les compare enfemble, & il indique leurs caractères diftinétifs. Le tronc de l’afragale de Candie eft noirâtre, celui de l'a/fragale du Liban eft jaune ; les folioles de la première font cotoneufes , celles de la feconde font glabres ; les Aeurs de l’une font rouges, celles de l’autre font d’un jaune pâle. L’a/fragale du Liban diffère pareillement de celle de Marfeille ; a//ragalus tragacuntha , Lin. qui ne produit point de gomme, comme quelques botaniftes l’on avancé; la première a des fleurs jaunes & feffiles, tandis qu’elles fonc blanches & difpofées en petites grappes dans la feconde efpèce. Profper- Alpin a décrir & fait graver une efpèce particulière d'afragale Lommi- fere, qui diffère de celle du Liban par fes fleurs peu nombreufes 5 écartées les unes des autres, &. portées fur des pédoncules inclinés ÿ par fes calices glabres, 8 beaucoup plus petits que les fleurs. Il réfulte de ces obfervations qu'il exifte plufieurs efpèces d'affragales, d’où découle la gomme adragant; & que celle du Liban « été jufqu’à ce jour inconnue aux botaniftes. (1) On y voit toutes les parties de la fruification ; & la gomme s'extrayafe de différens endroits du tronc de l'arbre. 48 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, Après certe difcufMion, l'auteur explique la caufe phyfique qui preduic l'écoulement de la gomme adragant : e’eft pendant les fortes chaleurs de l'été & dans le commencement de l'automne que fe fait cet écoulement. Les Arabes appellent femmekréle la gomme ädragant, On en diftingue de deux fortes : l’une eft blanche & demi - tranfparente , l’autre offre une couleur r uffâtre. Selon Lournefort , la chaleur du foleil produit un raccourciffement dans les fibres de la plante qui facilite la fortie du fuc gommeux :« Le >» fuc nourricier, dit cet auteur , Woy. du Lev. tom. 1, p: $$, fait crever la plupart des vaïfleaux où 1} eft renfermé, Il femble même que la contraction des fibres de cette plante , contribue à l'expreffion de la gomme adragant... Ces fibres , déliées comme de la filafle , » découvertes & foulées par les pieds dés bergers & des chevaux, fe » raccourciffent par la chaleur , & facilitent la fortie du füc extravafé ». Ce n’eft point pendant la grande chaleur du jour, comme l'obferve !. de la Billardière , que lue la gomme adragant : c’eft pendant la nuit & un peu après le lever du foleil. Lorfque les fortes chaleurs fe font fentir, la dilatation de l'air qui eft plus grande près de la terre, que celle de la colonne qui s'appuie fur les eaux de la mer, détermine affez régulièrement fur les $ à 9 heures du matin, un vent de la mer à la terre. Du fommet du Liban on voit prefque tous les jours quelques nuages dans le lointain du côré dela mer. Pouflés par un vent léger, ils arrivent fur les montagnes un peu avant le coucher du foleil. Ils s'élèvent prefque toujours des gorges inférieures, en parcourent les finuo- fités, & parviennent à la hauteur où croît l’affragale gommifére. Cet arbufte expofé, pendant toute la journée, à l’ardeur brûlante du fo- leil, abforbe rapidement l'humidité des nuages , le fuc gommeux de l'adragant, qui, comme on fait par expérience, a la propriété d'ac- quérir dans l’eau un volume beaucoup plus confidérable que celui qu'il avoit auparavant, humecté par les nuages & par la rofée de la nuit, fe gonfle, devient plus fluide, fe faic jour à travers les pores de écorce, & fort ou en globules ou fous la forme de vermiifeaux repliés fur eux- mêmes. L'obfervation fuivante confirme encore l’explication qu’on vient de donner. Lorfque les nuages font parvenus à la hauteur des plants les plus inférieurs de l’aftragale gommifère , ils n'y féjournent pas long-tems, arce que la chaleur qui eft encore très-vive daus ces lieux, Les dilate con- fidérablement , & les oblige de s'élever. Les plants inférieurs font donc les moins humectés ; aufi ne produifent-ils qu’une petite quantité de gomme, M. de la Billardière ne penfe pas que les nuages foient abfolu- ment nécelaires pour la faire fortir , une rofée abondante peur y fi uppléers $ L ci Des SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 49 Des voyageurs qui ont réfidé long -tems à Candie, ont afluré à M. de la Billardière qu'ils y avoient obfervé le phénomène dont il vient d’être mention ; & en paflant au commencement d’otobre à peu de diftance de certe ifle, il apperçut de grand matin des nuages fur le fommet des plus hautes montagnes; ils difparurent après le lever du foleil. IL eft donc très-vraifemblable que c’eft l'humidité des nuages & les rofées de la nuit qui font couler la gomme adragant en Candie comme au Liban. Les bergers du Liban le favent par expérience ; car ilsne vontla récolter que dans les tems où la montagne a été couverte, pendant la nuit, de nuages très-épais. La gommeadragant eft employée en médecine commeincraflante : elle eft nutritive : on s’en fert en pharmacie pour donner de la confiftance à plufieurs médicamens ; on en fait des crêmes , des gelées, &c. dif- foute dans l’eau & mêlée avec de la farine, elle en augmente la force agglutinative. Les teinturiers en foie & les gaziers s'en fervent pour donner du luftre & de la confiftance à leurs ouvrages ; enfin, on l'em- ploie dans cértaines préparations pour enluminer. Elle feroit fans doute d'unufage plus univerfel fi fon prix ne lui faifoit préférer d’autres fubftances analogues. [1 feroit donc utile de cultiver en France l’arbufte qui la produit. Il réufiroic vraifemblablement fur les montagnes de nos provinces méri- dionales , dont la température approche de celle des lieux où il croîr au Liban, Il vient dans les cerreinscalcaires, à une hauteur d'environ 940 toiles & au-deflus : il eft recouvert de neige pendant une partie de l’année. Son expoñition eft au fud-oueft. La chaleur de nos provinces méridionales étant un peu moins vive qu'au Liban, il faudroit le cultiverun peu au-deffous de 940 toifes fur la pente des montagnes calcaires , d'où les neiges difparoif- fent vers la fin d'avril. F Dans la feconde partie de fon Mémoire, M. de la Billardière donne des obfervations fur la hauteur du Liban , furla ftructure & fur l’état actuel des habitans de cette montagne. Le 12 avril 1787, il porta un baromètre au couvent des carmes, appellé dair mafèrkis. Le mercure defcendic 23 pouces 11 lignes : le thermomètre de Réaumur marquoit 10 de- gtés (le thermomètre a été obfervé à l'ombre). Un autre baromètre, obfervé dans le même tems fur le bord de la mer, étoit à 28 pouces, & Le thermomètre dans le même lieu indiquoit 21 degrés. D'après les corrections de M. de Luc, il s'enfuit que le couvent de zaferkis eft fitué à la hauteur de 772 toifes =: les neiges recouvroient encore la partie fupérieure du Liban dans une élévation de plus de 400 toiles : il fallut donc attendre quelques mois pour mefurer le refte de la hau- teur. M. de la Billardière fit un voyage fur les bords du défert de Syrie. À fon retour , le feul baromètre qui lui reftoit, fut brifé. Heureufement il avoit un graphomètre dont il fe fervit pour achever fon opération. Ne Tome XX XVI, Part. I, 1760, JANVIER, so OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, pouvant appercevoir du couvent de maferkis le fommer du Liban ,-il mefura d’abord la hauteur d’une montagne appelée Carnabiad , qui do- mine le couvent, ayant pris une bafe de 114 toifes ; il trouva 231 toifes d’élévation perpendiculaiae, & 548 toiles du fommer de Carnabiad juf- qu'à celui du Liban, s'étant fervi d’une bafe de 272 toifes. Si donc on réunit les produits des trois opérations indiquées , on aura 1491 toi- fes = d'élévation perpendiculaire au-deflus du niveau de la mer. Le fommer du Liban n’eft pas recouvert de neiges pendant toute l'année ; maisil en refte toujours au-deffons du côté du nord & du nord- eft dans des enfoncemens où elle eft à l'abri du foleil ; pendant une partie du our, Les montagnes du Liban fe prolongent du nord-eft au fud-oueft ; elles font entrecoupées de ravinsprofonds que les eaux ont creufés. Plufieurs des montagnes de moyenne élévatien paroiffent dans le lointain comme autant d’arcs-boutans qui s’appuient fur les flancs de la montagre fupérieure ; elles ont réfifté à l’impétuofité des correns qui fe précipitent des fommets plus élevés. Le Liban eftcompofé prefque par-tout de couches calcaires parallèles & un peu inclinées vers l'oueft. Tout près de CofJeya , l'on trouve , dans une vafte étendue de terrein , au-deflous de brèches calcaires , des lits de cailloux roulés , qui font vraifemblablement l'ouvrage de la mer. Les eaux qu'entretiennent les neiges éternelles du surmmel mezxereb » mirent la montagne en divers endroits : elles y forment des voûtes qui s’écroulent dans la fuite des tems. À l'oueft du fommet le plus élevé du Liban, dans lendroit où le Cäadicha prend fa fource, les eaux ont creufé un canal fouterrein qui fe prolonge à plus de 500 toifes du côté du glacier. M, de la Billardière a parcourü ce long canal, une lumière à la main , lorfque les eaux étoient baffes. 11 s’élargit beaucoup en plufeurs endroits , & l’on voit çà & là des ftalactires fufpendues au fommet de la voûte. Un jour viendra que certe voûte minée par les eaux, s'écroulera , & alors le Cadicha prendra vrai- femblablement un autre cours. * On obferve encore à plus de 1000 toifes d’élévation perpendiculaire au-deffus du niveau de la mer, une caverne dont l'ouverture n’a guère qu'un pied & demi de longueur fur un pied de large. Elle fe trouve à la furface de la terre, dans un lieu lépèrement incliné. Le voyageur” rifqueroit de s’y précipiter s’il n’étoit averti. On voit fouvent un grand ! nombre de corneilles voltiger autour de fon ouverture : quelques-unes s'élèvent à une hauteur confidérable , fe précipitent perpendiculairemenc & difparoïflenr. Certe excavation a fans doute été formée par les eaux qui s’y filtrent continuellement pendant cinq à fix mois de l’année, On wouve cu fchifte bitumineux aw pied de la montaone Dyebel Marlias ! SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 5x du côté du fud , & dans un autre lieu appelé Del Rarel, Il y a dans ce dernier endroit une terre argileufe coloré: en rouge dans laquelle on trouve auffi du fuccin lorfqu’elle a été lavée par les pluies. On rencontre “encore fur la plus haute montagne à droite da chemin de Balbec ja même forte de terre à plus de mille toifes d’élévarion , où elle forme une couche de plufeurs centaines de pieds d’épaifleur. Le Liban proprement dit eft habité par des maronites ; ilsy font réunis en villages fous la domination du prince Jofeph. Après la fonte des neiges quelques tribus d’arabes bédouins viennent s'établir auprès de Lhader. Is y vivent du produit de leurs troupeaux, & y récolrent la gomme adra- gant, qu'ils vendent aux grecs des villages voifins de Damas, Ceux - ci l'emploient dans le travail de leurs étoffes. Les maronites cultivent le maïs, le fcoment, l'orge , le millet, le forgo, le pois chiche, la vigne & le coron. Ils élèvent beaucoup de vers-à-foie, Si ces infeétes viennent à éclore avant le développement des feuilles des mûriers blancs, ils les nourriflent avec celles de la petite mauve (Malva rotundifolia, L.). Les maronites ont auili des abeilles, Quelques-uns les renferment dans des ruches auprès de leurs demeures , d’autres vont les dépofer dans les lieux les plus fecrers & les plus efcarpés des forêts voifines. Les abeilles au milieu des arbres réfineux, préparent un miel délicieufement par- fumé. La récolte du froment ne fe fait fur les montagnes que vers la fin d'août , environ deux mois plus tard que dans les plaines. On le sème en feprembre, & il pafle l'hiver fous la neige. On n'eft point dans l’ufige d'engraifler les terres, Elles produifent environ dix fois la mefure du froment qu'on y a femé, Dans les montagnes on eft afluré d’une récolte paran ; tandis qu’elle manque quelquefois dans les plaines. Il n’y a pas long-tems que celle de Balbec , faure de pluie, fut ftérile pendant trois années confécutives. On femoit rous les ans. Le bled ne germa que la troifième année, & la moiflon fut des plus abondantes. - Le maïs réuflit bien fur la montagne: on l’arrofe en pratiquant des rigoles qui conduifent les eaux dans les champs cultivés. Il produire fouvent quarante fois autant qu’on a femé. Une mefure de maïs récolrée für là montagne pèfe environ 5 de plus que la même mefure de” celui qu'on a récolte dans la plaine. On sème le millet ( Panicum Miliadum ) au commencement de juin. Il fert à nourrir la volaille. On en mêle aufli la farine avec celle de froment pour faire du pain. La vigne eft culrivée à plus de fepr cens roifes au-deffus de la furface de la mer. Elle n’elt point foutenue fur des échalas. Auffi la chaleur de la terre accélere-t-elle la maturiré du, fruir. Dans les jardins où elle eft appuyée on récolte le raifin un mois plus tard que dans les environs. Les habitans du Liban font évaporer le fuc exprimé du railin jufqu'à ce qu'il Tome XXXV1, Part, 1, 1790. JANVIER. s2 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, ait acquis une certaine confiftance. Il en réfulce un firop très-agréable qu'ils appellent ps. Ils le clarifient en y jettant un peu de terre argileufe. Les cèdres font à l’oueft du glacier, environ quatre cens toiles au- deflous: on en compte encore près de quatre-vingts, dont fept font beaucoup plus grands & plus anciens que les autres. Ceux-ci ont quatre- vinyts ou quatre-vingt-dix pieds de hauteur. Le tronc du plus gros a neuf pieds de diamètre; les autres en ont à-peu-près huit. Le 12 avril 1787, M. de la Billardière fur oblicé de traverfer un efpace de plus de cinq cens toifes recouvert de neige pour arriver aux cèdres. II a recueilli environ trois cens cônes qu'il a rapportés en France, Leurs graines ont bien réufli. M. le Monnier , premier médecin du Roi, en a femé une grande partie dans fon jardin où elles ont levé abon- damment. M. de la Billardière aflure qu’il a encore obfervé des cèdres à Elhadet & dans plufieurs autres lieux. IL obferve aufli qu’il n’y a point de goîtreux au Liban , quoique le goût pour l’eau froide foit porté à un tel point que les habitans de cette montagne mangent beaucoup de neige, & qu'ils s’en fervent comme d’un remède affuré pour la guérifon de plufeurs maladies. Pendant l'été la plupart des bergers dorment en plein air, ce qui leur occafionne fouvent une ophthalmie füivie d’une opacité plus ou moins grande de la cornée tranfparente. Les peuples du Liban orc des mœurs douces. L'intérêt eft le principal mobile de leurs actions. Diffimulés & timides comme un peuple efclave, il eft très-rare qu'ils employent la force pour fe procurer ce qu'ils defirent. La gomme adragant que M. de la Billardière a rapportée de fes voyages eft en gros morceaux, la plupart ont une couleur jaune où ambrée , quelques morceaux font paflablement blancs & tranfparens , l'enfemble a le coup-d’œil de la belle gomme de cerifiers & de la gomme arabique commune, & ne reflemble point à la gomme adragant du commerce. Un des cara@tères de la gomme adragant eft de n'avoir qu’une demi tranfparence; elle eft blanche dans la belle , & roufle dans celle inférieure, mais toujours un peu opaque dans l’une comme dans l'autre. On trouve dans les balles de gomme adragant du commerce quelques gros morceaux formés comme celle qu'a rapportée M. de la Billardière , on met certe gomme à part, elle eft inférieure en prix. La belle gomme adragant eft blanche, opaque, en petits morceaux contournés comme des vermifleaux, & fe réduifant en gelée étant difloute dans l'eau ; celle de M, de la Billardière employée dans une proportion double fur la même quantité d’eau, ne forme qu'un mucilage & point de gelée, cette gomme eft par conféquent inférieure à la gomme adragant, Tel eft le précis du Mémoire dont l’Académie nous a chargés de lui rendre compte. IL renferme plufeurs obfervations nouvelles & inté- refantes; c'eft pourquoi nous penfous qu'il mérite l'approbation de SUR L’HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 53 l'Académie, & d'être imprimé parmi ceux des favans étrangers. Fait au Louvre le 16 décembre 1789. Signé, BAUMÉ , THOUIN, DESFONTAINES. Je certifie le préfent extrait conforme à l'otiginal & au jugement de, l'Académie. A Paris le 17 décembre 1789. Signé, le Marquis DE CONDorCeT , Secrétaire perpétuel. Explication de la Planche. ASTRAGALUS GUMMIFERA, Frutefiens , petiolis apice fpinofis , foliolis ovatis-lanceolatis, glabris ; floribus Jeffilibus in cilindrum difpofitis , comä foliaceë. Fig. 1. La plante avec quelques morceaux de gomme. 2. Une feuille détachée. - ; À 3. Une fleur avec fon écaille. 4. Une fleur développée où l'on voit les étamines & le piftil, 5. Légume peu avancé. x Le même ouvert avec une femence à côté 7. 6. Le calice ouvert. 7. L'étendard avec la dixième étamine, ‘8. Une des aîles. 9: Les neuf étamines avec le piftil & 1a carène: 10, Portion du tronc chargé de gomme, Pr LES TEEARTE DE: M8 \H'ENCH TE À M DE LA MÉTHERIE, SUR LE GLIMMER ET ,1E PECHBLENDE, Nm Le mica (glimmer) verd qui fe trouve dans fa pierre ollaire de Handal , & que Cronftedt a rangé parmi les micas, n°eft probablemene qu'un miça, ordinaire qui ne fe diflingue que par fa couleur, Ce ‘mica comme tous les autres, differe eflentisllement du mica verd desfixèns découvert depuis à Jahaan Georgenftadt & à Eybenftok en Saxe, Cet s \ ÿ4 OBSERKATIONS SUR LA PHYSIQUE, dans ce dernier que M. Klaproch a découvert ce nouveau métal, auquel il a donné le nom d’U/ranite. PA, M. Werner dans fa traduction allemande de la Minéralogie de Cronftedt } qu'il a donnée en 1781, page 217, en a fait une-efpèce particulière , parce qu'il y foupconnoit des principes différens de ceux du mica ordinaire, Pour éclaircir fes doutes il en envoya un échantillon à Bergman , qui en parle dans le fecond rome de fes Opufcules de Chimie, page 43 , édition latiné; & ayant cru y avoir trouvé du cuivre minéralifé par l'acide marin mêlé à de l'argile, il l'a rangé parmi les mines de cuivre dans, fa Sciagraphie du règne minéral. M. Mongez en a donné la traduction dans fon Manuel du Minéralogifie , au $: 191, en ajoutant ce qu'on eh connoifloit älors en :France, Depuis ce tèms ce minéral toujours rare encores'elbrrényé cependanc plus fréquemment en Saxe ; & M. Hoffman , dans un Effai d'Oryétographie de l'Eleétorat de Saxe, inféré par pièces dans le Journal du Mineur de M. Pikler ( qui paroîc depuis deux: ans à Feybérg en Saxe tous les mois), en a donné une defcription détaillée dans le cahier de feprembre 1788, Après avoir donné l’hiftoire de ce minéral, il dit que M. Werner L'avoic nommé chalcolide (pierre contenant du cuivre), qu'il ne fe trouvoit qu’en Saxe, à Johann Georgenftadt dans lasmine George Wachefort, & à Fybenftok dans la mine annenbaum, & dans celle nommée la Mine rouge. Au premier endroit il fe rencontre fur un fchifte micicé à lames fines avec beaucoup d'ocre martial brun. Il eft d’un beau verd d'herbe , qui cepen- dant diffsre beaucoup dans fon intenfité, & approche quelquefois de celui ‘de l'émeraude , quelquefois de celui. de ferin. I! s’y trouve le plus fouvent criftallifé en petites & rrès-petires & rrè5-minces tables quarrées à bords en bifeaux. Au fegond- endroit {a couleur verte paffe quelquefois au bleu argentin, & il s’y trouŸe principalement fuperfciel {ur un mélange de quartz & de mine de fer rouve folide & fibreufe. Celui du dernier endroit eft d’un verd de ferin clair. Il s'y trouve peu fuperficiel fur du granit compofé de quartz d'un gris enfumé , peu de mica gris jaunârre & beaucoup de fefd-fpath couleur de chair-en :parrie rout-à fait diflous. Dans un canevas du nouveau fyftême de M. Werner que ce même M. Hoffman a fait inférèr dahs Je cahier d'avril dernier du Journal du Mineur , l’auteur a placé la chalcolide parmi les argiles entre la chloride & la hornblende , ce qui fait fuppofer qu'il n’a pas jugé les indications de cuivre aflez dérerminées ou affez confidérables, pour la ranger parmi les mines de, cuivre. Probablement la découverte de M. Klaproth lui fera affigner une autre place dans le fyféme dont M. Werner s’occupe férieufement. À RL Na RAR UE :Lajpechblende que, le même auteur a rangée dans le canevas ren? tionné à,la faite des mines de fer, après l'émeril, pendant que tous Jes autres minéralogiftes le placent ou parmi les mines d'argent, où parmi SUR L’'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. $s les mines de zinc, aura vraifemblabiement le même fort fi la découverte de M, Klaproth fe confirme. ) M. Werner a donné le nom de Schéele ( Schcelium ) au méte! qu’on retire de la tungftene ou volfram. Un de mes amis à Francfort fur le Mein, en faifant l’analyfe de la mine du plomb jaune de Villach en Carinthie, dans l'efpérance d’y wouvèr l'acide phofphorique , y a au contraire découvert, l'acide tunpftique. > Je fuis, &c. Serafbourg, 6 Janvier 1750. DES CRT PTT ON De la Plombagine charbonneufe ou hexaëdre , découverte nouvellement en Suiffe ; Par M STRUVE. Gén que je nomme un nouveau foflile découvert par M. le Comte de Razoumowsky (1) qui, enfuire de routes les expériences que j'ai faires & dont je ferai mention, paroît fe rapprocher de la plomba- gine. J2 lui donne en attendant l’épithete de charbonneufe, parce qu'elle refflemble extrêmement au charbon de pierre fchifteux , ou d’hexaedre, parce que fes fragmens ont cette forme. Des recherches ultérieures fur ce fingulier fofile décideront s’il forme un genre à part, ou fi on doit le confidérer comme une plombagine. Il eft très-commun dans une roche qui forme un paflage entre les granirs & les brêches, qu'on n’a trouvée jufqu'à préfenc qu’en mafles roulées dans le pays de Vaud, Caraëtères extérieurs. La couleur de ce foflile eft d’un gris de fer plus ou moins foncé; qui s'approche quelquefois du noir parfait. ; Il paroïîc que fa couleur eft plus foncée, lorfqu'il a été expofé aux (1) M.le C. de R. a fait avant moi des expériences. intéreffantes pour découvrir la nature de ce foffile, qu’il vient de me communiquer , & qui fe trouveront dans le dixième volume des 4éa Helverica. Suivant ces expériences, ce foffile” Contient un demi-métal -particuliet. Je’me ferai un devoir de répéter ces expériènces & d’ayouer mon erreur fi j'en ai commile. :56 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, injures. de l'air. On y remarque quelquefois un léger chatoyement dont la principale teinte eft jaune. On:trouve cette plombagine en mafles de différentes grandeurs ren- fermées dans une pierre qui tient le milieu entre les granits & les brèches. Intérieurement elle aun éclat confidérable , favoir,un éclat méralli- que; mais les injures du temps diminuent à la longue fon éclat, & le changent de métzilique en ordinaire (1). Sa fradure confidérée dans les grands fragmens eft fchifteufe. Dans les petits fragmens , ou confidérée en détail, elle eft imparfaitement con- choïde & pafle du conchoïde au lanielleux. ‘ Elle fe cafle en morceaux anouleux qui affectent pour l'ordinaire une figure parallélipipède ou imparfaite dont les angles & les arrèces font tranchans. Elle eft compofée de pieces paralélipipèdes on cubiques qu'on peut aifément féparer. Elle eft parfaitement opaque. Elle falit les doigts lorfqu’elle a été un peu pilée fi elle eft dure, & fans cela fielle eft tendre : fa raclure & fa poudre ont une couleur de charbon, & préfente, comme le charbon , des particules brillantes lorf- qu'elle n’eft pas broyée & extrémement fine. Humedée , elle ne répand point d’odeur terreufe. Elle eft ordinairement mi-dure & fe laiffle racler au couteau en s’égrenant & fans laifler de trace luifante. Quelquefois elle eft tendre & friable , mais il paroît que c’eft celle qui a fubi déjà quelque altération. Elle eft aflez caflante ou aflez fragile. Elle eft maïgre au toucher. Elle eft un peu froide. Elle eft légère & a environ le poids du charbon de pierre gras. Caraétères chimiques. Les acides aidés même de la chaleur ne la diflolvent point, foit avant, foit après fa calcination, & le fucre n’augmente point l’action des acides fur cetre pierre, Les alkalis n’ont aucune action fur elle par voie humide. Expofée au chalumeau à un feu brufque , elle décrépite; expofée à une chaleur graduée , elle ne s’enflamme point ni ne colore point la flamme, mais elle devient d’un gris jaunâtre & diminue de volume fans qu'on apperçoive. ni flamme bleue où verte, ni odeur fulfureufe, ER EP SCT . (1) Ces expreflions ne paroîtront point impropres aux perfonnes qui connoitront Ta méthode de M. Werner, More de M. de la Mérherie, À ï Quoique SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. $7 Quoïque j'aie fait agir pendant très-long-tems le chalumeau fur elle, je n'ai pu la volatilifer en entier, Le borax la divife fans la difloudre. Ayant expofé pendant une heure dans un creufet À un feu aflez vif foixante grains de morceaux choifis, je vis une flamme bleue ondoyante qui dura pendant long-tems fans pouvoir obferver d’odeur. La couleur gris de fer difparut & fut remplacée par une couleur d’un gris clair jaunâtre. Les morceaux avoient un œil lamelleux, peu de cohérence & pefèrent auarante-cinq grains. Î[l y a donc eu quinze grains de volatilifés. Mélée avec huit parties de falpêtre & jetée fucceflivement dans un creufet incandefcent , elle détone avec force. En verfant de l'eau fur le pitre fixé obtenu, il refta après que la diflolution fut faire , une terre d’un jaane grifâtre qui fe comporta comme notre pierre calcinée. Si on la mêle avec la moitié de fon poids d’alkali fixe & qu'on faffe rougir le mélange dansun creufet, on obferve la même flamme qu'on remarque pendant fa calcination. La pierre ne paroît point altérée, & je n'ai pu découvrir aucun changement dans-l'2 kali employé. Cette flamme pourroit faire foupçonner la préfence du foufre ou au moirs de l'acide vitriolique ; mais les liqueuts alkalines obtenues en verfant de l’eau fur le produit des deux dernières expériences , ne donnèrent. aucun figne de foie de foufré ou d'acide vitriolique Jorf- que je les mêlai avec de l'acide nitreux affoibli & lorfque j’ÿ ajoutai différentes diffofutions métalliques & de la diffolution de rerre pefante. Ces expériences fufhfent pour montrer que notre pierre n’eft ni un bitume, ni une pierre de corne criftallifée, ni une manganéfe, ni une blen- de, nienfin une molybdène, comme quelques perfonnes l’ont-foupçonné. Elles prouvent qu'elle eft très-voifine de la plombagine, fi ce n’en eft pas une; car elle eft comme Ja plombagine, inattaquable aux acides, elle détonne comme elle avec le nitre, chauffée brufquement au chalu- meau , elle décrépite comme elle & y devient plus légère. Elle laifle un réfidu d’un gris jaunâtre qui, il eft vrai, eft plus confidérable que dans la plombagine ordinaire , ce qui vient peut-être de ce qu’elle eft unie à un peu de terre filiceufe qui occalonne fa plus grande dureté, ‘Le borax enfin, comme elle, ne la diflout.point. S Quelques phénomènes qu’elle. préfente pourroient faire foupçonner qu'elle elt du genre de la molybdène,; mais la molybdène eft arraquable par les acides, L'acide vitriolique donne avec elle:une diflolution verte & bleue lorfqu'elle eft froide; calcinée , elle répand une odeur fulfureufe ; calcinée, elle donne avec ün acide & un métal un préci- pité bleu ;.elle ne détonne pas vivement avec le falpèrre ; aurhalumeau, elle. donne;une, fumée, & une-rérré blanche à :la flamnie “extérieure ui devient d'un beau bleu frappée par le cône‘ïntétieur. Les vapéars Tome XXXVI, Part, I, 1790. JANVIER, H 58 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE! qui fe dégagent colorent la partie jaune de la flamme en vert ; elle co- lore les flux ; phénomènes que ne préfente pas notre foffile, & de plus leur pefanteur diffère, Je crois donc être fufifamment fondé à la regarder comme un fofile très-voifin de la plombagine. Quoique je fois porté à la regarder comme une vraie plombagine , je fufpens mon jugement, ne trouvant pas les expériences que j'ai faites fuffifantes pour lever tous les doutes à cet égard. Si le temps me le permet , je ferai des recherches fuivies fur cette fubftance (1). Ce foffile fingulier ne paroît pas appartenir à la Suifle feule. J'ai dans ce moment devant les yeux une fubftance parfaitement femblable, fi on en excepte la couleur qui tient le milieu entre le gris de fer & le rouge modéré ; elle vient du pays de Gotha de la Friedrichs-grube, proche {d'Ilmneau. On le regarde comme un eifenrahm uni à du charbon de pierre. J’invite ceux qui en auront des échantillons affez confidérables pour pouvoir les foumettre à des expériences, d’exa- miner s’il fe comporte en tout comme la plombagine. La plombagine eft , à ce qu'il me paroît, plus commune qu'on ne le penfe , les différens eilenrahms , le wat des anglois, quelques fubftances crues manganèfe, pourroient bien n’être que des efpèces particulières de plombagine, RÉPONSE Aux Obfervations de M. HAssENFRATZ , relatives à un Mémoire de M. WAccA BERLINGHIERI. M. HASSENFRATZ a donné un Mémoire dans le troifième volume des Annales de Chimie, dans lequel il prétend, « que J'ai >» cherché à prouver, d'après les données & Les calculs de M. Crawford, >» que ft la vapeur aqueufe eftprife dans le [ang à l'état liquide, pourvu » que fon volume foit la quarante-feptième partie de l'air rendu dans > chaque expiration , la quantité de! chaleur nécefJaire pour faire paffer » cette-eau à l'état de vapeur étoit tout ce que l'air atmofphérique » auroit pu dégager en formantiavec le ‘carbone du Jang le gaz acide >» carbonique que lon rend en méme-tems. D'où il paroït fuivre, (x) ai -reçu quelques échantillons de cette fübflance , trop petits pour en faire | Panalyfe : on m’en promet de plus confidérables; alors je pourrai m’en occuper. 3 Nore de M. de la Métheries 6 16 Us3d au br 1 0) 3 LCA ES BF | ; SUR L’HIST, NATURELLE ET LES ARTS. 59 ajoute-t-il, » que dans cette fuppofition le fang n'acquéroit pas de :» chaleur par la refpiration. Or , comme il n’eft perfonne qui ne foit » perfuadé que cette vapeur aqueufe forme plus du dixième de l'air » expiré, la refpiration devroit produire un effet contraire à celui de 5 M.Crawford ». Cependant voici ce que j'ai dit(1). Une quarante- feptième partie de vapeur aqueufe qui fe trouveroit dans l'air de la refpiration abforberoit toute la chaleur abfolüe ou calorique de cet air. J'ai énoncé cela de la manière du monde la plus générale, fans avoir égard aux fources d’où cette vapeur peut tirer fon origine. En effet, cela eft abfolument indifférent, & je vais le démontrer. M. Haffenfratz me fait l'honneur de m'indiquer les caufes de la forma- tion de la vapeur aqueufe dans le paflage fuivant: « Cette vapeur aqueufe » rendue dans chaque infpiration efl formée, 1°. de l’eau déjà en vapeur » & difloute dans l'air atmofphérique ; 2°. de l'eau formée dans les » poumons par l'union d’une portion de l’hydrogène du fang avec une » portion du gaz oxigène de l'air infpiré. Or, ajoute-t-il , comme dans » la formation de l’eau par l'union de l’hydrogène & du gaz oxigène il » y a toujours une grande quantité de chaleur dégagée, cette vapeur » contribue à augmenter la chaleur interne au lieu de la diminuer, comme le conclut M. Berlinghieri ». Quant à l’eau déjà en vapeur qui fe trouve dans air atmofphérique, il eft clair qu’elle jouit déjà de la capacité de la vapeur aqueufe. Lorfqu’on a fait l'expérience pour déterminer la chaleur abfolue 4 l'air atmofphé- rique, cette vapeur aqueufe exiftoit déjà & abforboit une quantité confi- dérable de chaleur abfolue, Cependant toute la chaleur abfolue que montroit ce mêlange d'air armofphérique & d’eau en vapeur étroit attribué à l'air atmofphérique feul. S'il faut rerrancher dans ce calcul la chaleur abfolue de la vapeur aqueufe pour avoir celle de Pair armofphé- rique , cette dernière fe réduit à fort peu de chofe. Suppofons, par exemple, que dans l'air commun qu’on prend pour faire l’expérience , il y ait d’eau réduite en vapeur. La chaleur abfolue de l’eau réduite en vapeur eft à la chaleur abfolue de l’eau liquide comme 900: 1. La capacité de l'air atmofphérique fe trouve à celle de l’eau liquide comme 19: 1. Pour avoir la chaleur abfolue de l’air il faut retran- cher la chaleur abfolue de fa vapeur. Pour faire cela il faut divifer 900 par 47; puifque fi la cotalité éroit de la vapeur aqueufe, la chaleur abfolue feroit 900 fois plus grande que celle de l’eau, & il s’agit ici de déter- miner la chaleur de -- de cette totalité. La divilon faire, on trouve que (x) Yaï exprimé cette 47° partie par les fignes =, M. Haffenfratz croit que cela régarde le volume. Cependant il eff bien clair qu’il regarde la maffe, Je fais cette obfervation , parce que fi j’avois confondu réellement la mafle avec le volume, je paroitrois ignorer les définitions de la mécanique. Tome XXXV1, Part. I, 1790. JANVIER, H 2 éo OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, cetre 47° partie eft 19 à-peu-près. Donc fi la chaleur abfolue de la vapeur eft — 19, la chaleur abfolue de l'air atmofphérique eft — 0; & comme e’eft l'air atmofphérique & non pas la vapeur qui fe décompofe , le fang ne peut pas acquérir un atôme de chaleur abfolue. Si l'on fuppofe que la vapeur aqueufe foit en moindre quantité, par exemple, =; on féra oblfgé de faire une fouftraétion dans la même proportion qui dimi- nuera toujours la chaleur abfolue réelle de Pair dans la même propor- tion, que fi elle avoit été ajoutée après la décompofition de l'air. De forte qu'il eft abfolument indifférent que cette vapeur exifte avant ou après que l'air a été refpiré. Si elle exiftoit avant, il falloit fouftraire fa chaleur abfolue ; f elle aéré ajoutée il fauc de même fouftraire de la chaleur abfolue de l'air atmofphérique , la quantité de chaleur abfolue néceffaire pour remplir la capacité de la vapeur. Quant à l’eau qui peut provenir de la combinaifon de l’hydrogène & du gaz oxigène , voici ce que je réponds : en fuppofant vraie la formation de l'eau par l'union de l'air viral & de l'hydrogène, il eft sûr que la chaleur qui en réfulte n’eft que celle que l'air vital contenoit (1). Mais la vapeur aqueufe qui en réfulte eft en telle quantité que fa chaleur abfolue doit furpafler de beaucoup la totalité de la chaleur abfolue de Pair vital dont la vapeur aqueufe a abforbé, non-feulement route la chaleur que L'air a pu dégager, mais pour remplir fa capacité a dû en abforber encore davantage. Bref, j'introduis dans le poumon de l'air atmofphé- rique; j'en tire de la vapeur aqueufe. Je ne fais pas d’où vient certe vapeur, mais je calcule la chaleur abfolue de cette vapeur aqueufe & celle que l'air avoit avant d’entrer dans le poumon. Je trouve celle-ci moindre que l’autre, Je conclus (avec toute la raifon, ce me femble ) que la chaleur abfolue de l'air ne fufffant pas même À remplir la capacité de la vapeur, ne peut pas donner au fang une quantité quelconque de chaleur. Je déduis de cela que l'air ne peut pas donner la chaleur animale, & que par conféquent la théorie de M. Crawford eft faufle. Je vois que le fang ne peut pas non plus fournir cette chaleur , fi l’on en croit la méthode de M. Crawford. Comme il n’y a que l’air ou le fang qui puiffent fournir la chaleur animale, & que cette méthode n’en découvre pas aflez ni dans l’un ni dans l'autre de ces deux fluides, je dis, ————————_—— (r) Je crois qu’on ne m'objeétera pas qu’outre la chaleur de Vair vital il faut calculer auffi celle de l’hydrogène. L’hydrogène, en fuppofant qu'il exifit, vien- droit du fang. Ainf la chaleur abfolue de l’hydrogène feroit prife en totalité dans le fang , qui parconféquent perdroit toute la chaleur abfolue que hydrogène acquerroit. D’apres cela, ileft clair que Ja chaleur abfolue de l’hydrogène ne doit pas être calculée comme contribuant à tenir l’eau en vapeur , puifque fi la chaleur abfolue de l'hydrogène ne retombe pas dans le fang , celui-ci doit fe refroidir en proportion de la chaleur abfolue qu’il a perdue, SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS, 61 que puifque la chaleur exifte, la méthode n'eft pas capable de la découvrir: & j'appelle cette méthode erronée. Voilà mon raïifonnement dans la fuppoftion que l’eau vienne des deux fources que M. Haffenfratz n'a indiquées. Je pourrois m'arrêter fur l'hypothèfe de union de l'hydrogène & du gaz oxigène dans les pou- mons , & {ur l’autre hypothèfe de la converfion de ces deux gaz en eau , hÿpothèfe qui fe fonde fur des expériences niées par le plus grand nombre de ceux qui les ont répétées, & qui feroit encore une hypothèfe quand même ces expériences feroient vérifiées, Mais il me fuffit d’avoir prouvé que toutes ces fuppolfitions étant vraies, la vapeur aqueufe venant de ces caufes, feroit toujours la même difficulté infurmontable à la théorie de M. Crawford; & l'effet feroit roujours le même que fi la vapeur avoit été prife à l'état liquide dans le fang : puifque dans le dernier cas ce feroit la chaleur abfolue qui pafferoic de l'air dans la vapeur après avoir Été dépofée dans le fang , & dans le premier elle pafferoit directement de l'air dans la vapeur , mais elle n’augmenteroit pas. Si M. Haffenfratz fe füt donné la peine de lire avec attention mon Mémoire & d’y réfléchir avec jufteffe , comme je me fuis donné la peine d'examiner avec foin & avec impartialité toutes les expériences qui femblent mener à la conclufion de M. Crawford , il n’auroit pas regardé comme une fuppofition un calcul des plus fimples & des plus fondés, & qu'on ne peut appeler hypothèfe , à moins qu'on ne révoque en doure l'exiftence de l’eau dans l’air de la refpiration (1), Quant à la théorie de M. Lavoifier, je crois avoir démontré dans le même Mémoire qu'elle ne diffère de celle de M. Crawford que par la nomenclature & par quelques erreurs fur les capacités (2). Je fuis encore du même avis, & je le ferai jufqu'à ce que M. Haffenfratz ou quelque autre de ces Meflieurs qui compofent les Annales de Chimie, & qui connoiffent parfairement bien les idées de M. Lavoifer , me faflent voir que je me fuis trompé. (r) M. Haffenfratz aura vu que dans un autre Mémoire j’ai fait voir après un calcul plus exaë& , qu'une quantité de vapeur aqueufe qui pèfe feu'ement = d’un pouce d’air vital, eft capable d’abforber la chaleur abfolue qui fe dégage de l'air atmofphérique à chaque refpiration. ‘(2) On a reconnu après moi ces erreurs mêmes dans les Annales de Chimie. Voyez le Mémoire de M. Seguin dans ces Annales, vol, 3°, pag, 154 & 183 dans une note, 62 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, ne op nirementonmmmmnmimennemnenmeemmmemmmeert") LE DIT UIRUE DE M. LE COMTE JEAN-BAPTISTE CARBURI, A MM. D’ARCET ET LAVOISIER. A Paris, le 16 Septembre 1789. Mossreur i On connoît par-tout le droit qu'ont vos lumières de fixer les opinions , & un ami d'Italie que je delire vivement de fatisfaire , me charge d'y avoir recours pour établir la fienne, Vous favez qu’on a parlé d’une abondante minière de nitre découverte il y a cinq à fx ans dars le royaume de Naples en Pouille au Pulo di Moflecta. On defire favoir, 1°. s'il exifte quelque part du nitre minéral ; c’eft-à-dire, du nitre dans le fein de la terre, loin du concours de l'air armofphérique & des fubitances végétales & animales, & en véritable minière de nitre, comme font celles de fel marin & de métaux. 2°. Si l'on doit croire que le nitre du fafdit Pulo di Mofetta foit du nitre minéral, & appartenant à une véritable minière de nitre. Je vous prie inftamment, Monfieur , de me donner une nouvelle marque de votre bonté & de votre complaifance en me mandant votre avis fur ces queftions, & d’agréer roujours les fentimens de la refpectueufe confidération avec lefquels j'ai honneur d'être, &c. + LETTRE DE M. LE COMTE VFALIANO CARBURI, A M D'ARCE T. A Padoue, le 19 Septembre 1789. M oxsrur, ....A mon arrivée à Padoue j'ai été très-furpris au fujet d’une difpute littéraire que j'ai trouvée fort répandue, & qui certainement ne le . | w | | É SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 6; feroit point , ou du moins dureroit peu de tems en France, où les per- fonnes inftruites dans la Chimie & dans la Minéralogie font en plus grand nombre qu’en Italie. Cette charmante contrée eft bien refpectable à beaucoup d’égards ; mais l’on me dit, & je commence à m'en apper- cevoir, qu’on y cultive peu les fciences que j’ai nommées. J'ai été queftionné fur cette difpute, & je n’ai pu refufer de dire ce que jen penfois, ou plutôt ce que tout le monde en penfoit d'après les recueils des Mémoires fur la formation & la fabrication du falpêtre, ubliés par votre Académie des Sciences. Voici le fujet de la queftion. Dans une province d'Italie on a remarqué il y a quelque cems à la furface de la terre une nitrière naturelle, qui fuivant toutes les apparences eft d'un médiocre rapport. Ceux qui ont fait cette remarque ont fuppofé avoir découvert une vraie mine de nitre, l'ont annoncée comme telle, & par conféquent commeune découverte extraor- dinaire , que n'attendoient pas les chimiftes, auxquels jufqu'à préfent ne font connues que les nitrières fuperficielles de Ja Touraine & d’autres parties de la France , aufli bien que de l'Efpagne, de l’Afe, de l'Amé- rique , &c. Je vous prie donc, Monfieur , de me faire favoir fi vous ètes perfuadé d’une pareilledécouverte , qui bouleverfe rous les faits que l’on a, & route la théorie fur la formation du falpêtre , comme il s’enfuivroit de l'annonce & des idées de l’auteur qui prérend que pour la formation du fufdit fel il n'eft point néceflaire du concours d'aucune matière ni animale ni végétale. Si vous voulez vous donner cette peine, vous augmenterez, Monfieur, la reconnoiflance que je vous devrai toujours, ainfi que la très-crande eftime , & le refpeét avec lefquels j'ai l’honneur d'être, &c. RÉPONSE D'EMM'D'ARRC'ET;: A M JEAN-BAPTISTE COMTE CARBURI. 1/1 ARR eee Je ne doute pas de l’exiftence des nitrières naturelles, telles qu’on en a trouvées depuis quelques années dans le royaume de Naples, antérieurement dans plufeurs provinces d’Efpagne , aux environs même de Madrid, & comme on le raconte , aux Indes orientales, & vers le haut Gange. Par- tour ce fel s’y trouve efMorefcent à la furface des rochers & plus encore 64 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, fur la terre des champs. C'eft fur-tout dans les années rrès-sèches, m'écrit M. Prouft, qu'on en fait une récolte plus abondante ; & voilà pourquoi nous en trouvons fi peu de la forte en France, & bien moins encore en Allemagne, & dans les climats plus froids & plus humides. Quant aux nitrières en mafle dans le ein de la terre, telles qu'on y trouve le fel gemme, je ne crois pas qu'il y en ait de connues: je regarde comme d'montré, que l'acide nitreux, l’un des deux élémens du falpêtre, ne peut fe former , & ne fe forme en effer, qu'à l'air libre & au contact de l’atmofphère; & pour l’alkali, qui lui fert de bafe, il n’y a jamais que les végéraux qui le produifent. Si l'alkali végétal pouvoit fe former dans le fein de la terre, nous y trouverions le tartre vitriolé, le fel fébrifuge de Sylvius, comme on y trouve le fel de Glauber , dont la bafe eft le natrum. Mais obfervez aufi, je vous prie, que le fel marin eft le feul que Ja nature nous préfente en mafles & en véritables mines. Tous les autres fels, tels que l’alun, le fel de Glauber, les fels ammoniacaux, le fel d'Epfom, &c. ne fe trouvent jamais qu'épars ; efflorefcens à la furface de la terre, des rochers, ou dans leurs cavités, lorfqu'il y a un. libre accès à l'air , ou confondus avec d'autres fubftances, ou difflous dans les eaux minérales, ou enfin en maffes concrètes & criftallifées, comme on trouve le natrum dans plufieurs lacs de l'Inde, de la Perfe & de l'Egypte , après les fortes évaporations des grands foleils d'été; mais, je le répète, jamais en couches, ni en filons. On ne connoît donc pas, que je fache, de mine franche de fel de Glauber , ni de fel ammoniac, ni d’alun , nide fel d'Epfom, & les feules qu'on connoifle jufqu’ici, font celles de fel gemme , de félénite, ou plâtre. Quant à l’alun , au fel ammoniac, & quelques autres, qu'on trouve fouvent aux environs des volcans , c’eft rout une autre chofe ; leur origine n'a rien de commun avec ce qu'on peut appeler une mine. Ce que je viens de dire de ces fels, je le dis, à plus forte raifon, du falpètre, quon ne trouve jamais, pas même dans les eaux des fources, fi ce n’eft quelques veftiges , que charrient les eaux qui coulent dans les cerreins formés nou- vellement par des dépôts ; relle eft en général l’eau des puits de Paris. On y trouve fouvent quelque peu de vrai nitre, Une preuve encore que l'acide nitreux ne fe forme pas dans les entrailles de la terre, c’eft que pouvant y rencontrer l'alkali minéral, on auroit du nitre quadrangulaire, ce qui n'exilte pas. Je regarde donc comme prouvé par le fait, par le raifonnement , & par les indications les plus claires, que l’exiftence des nitrières dans Le fens qu’on le prétend, n'a jufqu'ici été reconnue nulle part. Foi l'honneur d'être, &c. Paris , le 13 Oobre 178% RÉPONSE nu SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 6$ sièst 7000 qe RÉ Pr'ONSNE DEMO E MANU AORIEMSTRMENRS AU MÊME COMTE JEAN - BAPTISTE CARBURI. Paris, 9 O&obre 1789. Mhowsreur, Le nitre ou falpêtre eft un fel qui fe forme journellement fous nos yeux, mais avec le contact de Pair: on n’en a jufqu'ici découvert aucun veftige dans les endroits où l'air ne circule pas librement. Il n'exifte donc pas, & il ne peut exifter de mine de falpètre dans l’intérieur de la terre, Une reffemblance , ou méme une conformité de nom , a donné lieu à bien des erreurs. Pline a donné le nom de nitrum ou de natrum, à un fel alkali qui de fon tems fe tiroit d'Egypte, comme il s’en tire au- jourd'hui ; c'eft à ce fel qui eft vraiment foffile & minéral que doit fe rapporter tout ce que les anciens ont écrit fur le nitrum ou natrum, A l'égard de celui que nous défignons fous le nom de falpètre, il leur étoit abfolument inconnu. Vous me faites l’honneur de me demander, Monfeur ,ce que je fais de la prétendue mine de falpêtre découverte dans la Pouille dans le royaume de Naples, Je n'ai aucun détail particulier à cet égard ; mais ce dont je fuis bien convaincu , c’eft que là comme par-tout, Le falpêtre fe trouve toujours à la furface des terres & des rochers, ou du moins à une très-petite profondeur , & dans des lieux où l’air pénètre aifémenr. J'ai l'honneur d'être, &c. A ms Be SR NOUVELLES LITTÉRAIRES. SOCIÉTÉ ROYALE D'AGRICULTURE DE PARIS. L: Société Royale d'Agriculture de Paris a tenu fa féance publique le lundi 28 décembre, M. Brouffoner, Secrétaire perpétuel , a lu l’expofé des travaux de la Société pendant l’année , l’éloge de M. Fougeroux de Blavaux, & celdi de M. le Marquis de Turgor. M. le Duc de Charo& . Tome XXXVTI, Pare, I, 1790. JANVIER, I h 66 OBSÉRV ATIONS SUR LA PHYSIQUE, a lu un Mémoire fur les moyens d'améliorer le fort des journaliers, M. l'Abbé Lefebvre, Agent général, a fait lecture d’un Mémoire fur l'établiffement d’une ferme expérimentale, M. Cretté de Paluel à pré- fenté le rableau de fes culrures. M. Cader de Vaux a lu des obfervations fur la manière de reconnoître les diverfes qualités des terres, & M. le Marquis de Gouffier un Mémoire fur la poffibilité d’introduire la culture du coton dans les provinces méridionales du Royaume, Les bornes de la féance n’ont pas permis de faire lecture d’un Mémoire fur les femailles par M. Parmentier, & d’un autre de M. Boncerf fur le rouiflage du chanvre. M, le Préfident du Comité d'Agriculture & du Commerce de L'AssEMBLÉE NATIONALE a diftribué lui-même les Prix aux différentes perfonnes qui les ont obtenus, dans l’ordre fuivant: Prix diflribués & propofés par la Société Royale d Agriculture, dans Ja Séance publique tenue le 28 Décembre 1789. Prix diflribués. I. La Société avoit propofé dans fa Séance publique du 19 juin 1787, pour fujet d’un Prix à décerner en 1788, la queftion fuivante: Quelles Jont les Plantes qu'on peut cultiver avec le plus d'avantage dans les terres qu'on ne laiffe jamais en jachères , & quel ef? l'ordre Juivant lequel elles doivent étre cultivées ? Parmi les Mémoires envoyés au concours en 1788, elle en avoit diftin- gué deux dont elle avoit fait une mention honorable ; & elle avoit pro- pofé de nouveau, pour 1789 , le même füjet , en ajoutant à la fomme de 300 liv. une médaille d’or. Plufieurs Mémoires nouveaux, & des Supplé- mens à ceux qui avoient été remis en 1788 , ont été envoyés au concours; & la Compagnie a adjugé le prix à un Mémoire dont elle avoit fait une mention honorable en 1788, coté N°. 6, ayant pour épigraphe: Artem experientia fecit exemplo monflrante viam , & auquel l’Aureur a ajouté un Supplément , dans lequel il a traité avec fuccès la feconde partie de la queftion prefqu'omife dans fon premier Mémoire. Le billec cacheté , joint à ces deux écrits, renfermoit le nom de M. Menuret de Chambaud, Docteur en Médecine de l’'Univerfité de Montpellier , réfidant à Paris, & une prière de fa part, au cas qu'il remportär le prix , d’en ajouter la valeur aux fonds deftinés à la conftruction des nouveaux Hôpitaux , ou d’en difpofer pour tel objet de bienfaifance que la Société jugeroit à propos. Quoique le Mémoire N°. 7 , ayant pour épigraphe : Reëeque mutatis requiefcunt fætibus arva ; & le Supplément qui y a été joint cette année, ne rempliffent pas entièrement l'objet vropofé , la Société a arrêté qu'il SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 67 en feroit fair de nouveau une mention honorable , & que l’Auteur feroic invité à fe faire connoître, pour mettre la Compagnie à postée de publier ce travail. La Société a également arrêté qu’il feroit fait une mention honorable du Mémoire envoyé cette année au concours, ayant pour devife: Terra generans herbam opportunitarem illis à quibus colitur accipit benediélionem à Deo, & que l Auteur feroit invité, dans les mêmes vues, à fe faire connoître. TTC La queftion fuivante formoit le fujet d’un prix de la valeur de 300 liv. dû à la générofité de M.le Duc de Charoft : Quels font les meilleurs moyens de garantir les habitations de la campagne des accidens auxquels elles font Le plus Jouvent expofees ; d’en rendre le fejour plus sûr, plus Jaër, plus commode, & la conflruë&ion plus économique ? Ce prix devoit être adjugé dans cette Séance. Parmi les divers Mémoires envoyés au concours, la Société a diftingué celui N°. 4 , ayant pour devife : Théorie efl belle, mais pratique la furpaffe : Palyf]y. Et elle a accordé le Prix à fon Auteur, M. Cointeraux, Architecte, réfidanc À Paris. La Société a arrêté qu’il feroic fait une mention honorable, 1°. du Mémoire N°. 1, ayant pour devife: Novifli-ne locum potiorem rure beato , dont l’Auteur eft M. Lendormy-Laucour, Docteur en Médecine, Correfpondant de la Société à Mondidier ; 2°. du Mémoire N°. 2, ayant pour épigraphe: S2 non ingentem foribus domus alta fuperbis mane Jalutantum totis vomit ædibus undam : at fecura quies ; & nefcia fallere vita. 1 18 La Société avoit annoncé qu’elle adjugeroit cette année un prix à la perfonne qui lui auroit fait connoître, Quelles font les étoffes qui peuvent être en ufage dans les différentes Provinces de France ou des pays étrangers, & fur-tout dans les pays de montagnes , & dont les bergers & les voyageurs fe fervent pour fe garantir des pluies longues & abondantes. Les différens écrits envoyés au concours, & les échantillons que les Auteurs ont préfentés , ne réuniffant pas les qualités mentionnées dans le Programme, la Société n’a pas pu donner ce prix; mais ayant diftin- guti parmi les diverfes étoffes qui lui ont été adreffées, une éroffe de laine feutrée, qui réunit la folidité au bon marché, fachant d’ailleurs que des étoffes de ce genre font employés avec avantage dans quelques parties de la Tartarie , elle a adjugé une médaille d’or à P'Auteur, M. V’éra, connu déjà par plufieurs découvertes dans les arts, & fur-tout par l’emploi d’une corde fans fin , propre à élever l'eau. Tome XXXVI, Part. I, 1790, JANVIER, L2 € OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, , I V. La Société avoit annoncé qu’elle diftribueroit, dans cette Afemblée ; des médailles d’or aux perfonnes qui fe feroient diftinguées par l’emploi de quelque procédé nouveau ou peu connu ; ou qui auroient concouru d’une manière efficace , aux progrès de l’Aoriculture , & au bien - être des Culrivareurs, Ces prix ont été décernés, favoir: À M. Wülmorin, Marchand Grenetier à Paris, & Correfpondanr de la Société, pour avoir préfenté différentes obfervations très-intéreflantes , avoir fait un grand nombre d'expériences uriles , mis la Société à portée de diflribuer des femences précieufes , délivré gratuitement aux Cultiva- teurs peu aifés des environs de fa capitale, des graines pour enfemencer leurs poffefions dévaftées par la grêle, & avoir dans cette circonftance malheureufe, fair le facrifice de fes droits de commiflion pour une quantité très-confidérable de graines que l'Adminiftration l'avoit chargé de faire venir de l'étranger. A M. l'Abbé Rozier, Correfpondant de la Société à Lyon, Auteur de plufieurs Ouvrages d'économie rurale , où l'expérience précède toujours la théorie, & qui offrent l'application la plus heureufe des fciences à VAgriculture , vour avoir formé à Lycn une Ecole-pratique, la première de ce genre, où les Jardiniers trouvent des leçons & des exemples fur les diverfes parties de leur art, & en particulier fur la culture des arbres fruitiers. A M. Etienne Caillaux, Maître Boulanger à Arpajon , qui dans Phiver défaftreux de 1788 à 89 , malgré le prix exceflif des farines, & quoique père de huit enfans, a cuit pendant fix femaines confécutives cinq facs de farine par jour , & a fourni aux befoins de la ville d'Arpajon & des environe, dans un moment où fes confrères avoient .prefque ceffé leur travail. Ce citoyen généreux a fait dans cette occafion le facrifice de la fomme de 1500 liv. quoique prévenu par les Masiftrats, qu'ils ne pouvoient ni lui promettre , ni lui donner aucun efpoir de rembourfe- ment, ce qui ne l’a pas empêché d'ajouter à cet acte de bienfaifance, celui de donner à crédit du pain à vous les malheureux qui fe font adreflés à lui. À M. l'Abbé Raynal, Auteur de l’Hifloire Philofophique des deux Indes, qui a cédé à J’adminiflration provinciale de la Haure-Guyenne , un contrat de 24000 liv. dont les intérêts doivent être annuellement employés à donner des encouragemens aux Cultivateurs de la Province qui fe feront leplus diftinaués par des travaux ou des procédés relatifs à amélioration de PAgriculture. La Société, sûre de n’être contredire par perfonne, décerne ce prix au doyen des Philofophes françois, au nom de tous les amis de l’Agriculture & de l'humanité. SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. C9 A M. Micolas Fourey , Laboureur à Viony , Membre des Comices- Agricoles de Joigny, pour avoir introduit aux environs de Joigny , l'ufage de parquer les jachères, malgré l'opinion générale des Culriva- téurs de ce canton , que le parc étoit inutile aux terres, & nuifible aux bêtes à laine; malgré les contrariétés de route efpèce qu’on lui a fait éprouver , foit en difperfant fon troupeau, foit en rompant fon parc pendant la nuit, & lui fufcirant un procès pour l'empêcher de continuer ; pour avoir le premier, dans fa Paroifle, cultivé des prairies artificielles , & s'être toujours porté avec empreflement à faire tous les effais dont il a été chargé pas les Comices-Apricoles de Joigny. A M. Delevileufe, Curé de Roderen-en Alface, pour avoir , avec un modique revenu , fans aucun fecours étranger, fait difparoître la mendi- cité dans fa Paroifle, rendu la jeunefle laborieufe , affuré la fubfiftance aux infirmes, & des fecours aux malades ; pour avoir enfin dans peu d'années transformé une foule de fainéans & de miférables, en citoyens utiles & vertueux. Le Diftri& de Colmar , après avoir examiné le plan de ce citoyen refpectable, & avoir reconnu le fuccès complet de l’effai qu'il en a fait dans fa Paroifle, 1a adopté , & a arrêté de demander à Ja Province un réglement calqué fur fes principes. A M. Jofeph Martin , Jardinier , pour avoir tranfporté d'Europe, & dépofé dans le Jardin Colonial de l'Ifle-de France, une colle&ion d'arbres fruitiers & de plantes économiques , ainfi qu'une grande quantité de graines utijes ; avoir-tran{porté de l'Ifle-de-France, dans nos Colonies des Antilles , les arbres à épices & l'arbre à pain ; avoir rapporté de ces différens pays une colleétion de plantes , d'arbres vivans & de graines, la plus confidérable qui ait encore été apportée en France; & enfin être parvenu, au moyen d’une grande activité, par des foins aflidus & des procédés nouveaux , à enrichir le Jardin de la nation (1) & les deux (1) Il y a long-tems qu’au lieu de dire Jardin du Roi, Bibliothèque du Roi, Armees du Roi, Vaiffeaux du Rot, Provinces du Roë , &c. je dis, Faifleaux de la Nation, Armées dela Nation , poffeffion de la Nation, Jardin public ow de la Nation, Bibliothèque publique , Pofle publique , au lieu de Pofe Royale. On d:vroit auffi dire Socieré nationale d'Agriculture, & non Societé Royale, &e, &c. Il eft abfolument néceflaire d’adopter ces dénominations , parce que dans cette matière rien n’eft iadifférent. Les Anglois qui ont contribué avec tant d'éclat aux progrès de la raifon , difent Muyée Brirannique , & non pas Mufée du Roi; mais ils difent les Waiffeaux du Roi, &c. ce dont je leur ai fait des reproches. L Je ne dis non plusjamais Zes Sujets du Roi , maïs les Concitoyens du Roi. Tes Romains appeloient Sujers , fubdiri, kes peuples qu'ils avoient vaincus. Eft ce qu'un peuple qui a choifi un Chef peut fe regarder comme fon füjet> Nul homme n’eft fujet d’un autre homme, La force peut le rendre efclave; mais dès qu'il n’eft plus efclave , il n’eft fujet qu’à la Loi, dont le Roi eft le fujet comme les autres con- citoyens ; parce que tous ont confenti à la Loi, foit direétement , foit indire&temen: 7 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, mondes , de vésétaux précieux, dont la multiplication peut contribuer à la richeiie de FEtar, & au bonheur de l'humanité, A Madame Charlotte Lambert, _époufe de M. Philippe Denifet, Laboureur à Intreville, près d'Etampes, qui a offert à une nombreufe famille confacrée à l'Agriculture, l'exemple non interrompu des vertus, du travail & des talens agricoles. A M. Gouge, ancien Volontaire dans la Marine, réfidant à Monta- terre, près Creil, pour avoir cultivé à la charrue pendant plufieurs années, dans des terreins fabloneux & abandonnés, une grande quantité de pommes de terre , dont il a extrait la fécule par des procédés employés en grand ; avoir diftribué gratuitement de ces racines aux Cultivateurs peu aifés, & avoir par cette générofité & par fon exemple propagé dans fon canton l'ufage de cette plante. La Socifté a accordé en mêne-tems à M. Gouge , une charrus d’une ftruéture particulière & propre à la culture de la pomme de terre. A M, F’éluard, Curé de Lefcherolies , près de la Ferté-Gaucher, qui a fondé dans fa Paroïfle un prix confiftant en une couronne de laurier, une médaille d'argent & la fomme de cent livres, pour être diftribué annuellement au Charretier-Laboureur , qui fe fera le plus diflingué par fes mœurs & fon travail. Ce prix a été adjugé cette année pour la première fois, La Société en décernant une médaille à M. Véluard, a voulu lui donner un témoignage public du prix qu'elle attache au zèle qu'il a montré pour les progrès de l'Agriculture, & préfenter aux Laboureurs un nouvel exemple de toute l'influence que peuvent avoir de refpectables Pafteurs . fur les mœurs & les connoiffances agricoles, V. La Société a accordé une médaille d'argent à M. Cole, Maître Bou- langer au Gros-Caillou , pour avoir fait fur la panification diverfes expé- riences indiquées par la Société, & avoir prouvé qu’on pouvoit encore cirer parti des pommes de terre gelées. VAE La Compagnie a adjugé en forme de prix fix béliers & fix brebis de race efoagnole ; favoir , deux béliers & deux brebis à M, Gallor, Membre par leurs repréfentans où fondés de pouvoir. Car &s Loix ne fonr que des promeffès mutuelles que fe font les Citoyens; & comme chacun eft obligé de tenir f& promeffe , elt fujec à fa promeffe , dès-lors il et fujer à La Loi. Mais nul n’eft fujet au Magiftrat qui fait exécuter la Loi. On doit feulement cbéir à ces Magifirats lorfqu'ils parlent au nom de la Loi. Or, le Roi n’eft que le premier Magiftrat. Que l’homme déformais fente donc toute fa dignité ; & qu’il ne {e regarde jamais comme le fujet d’un autre homme comme lui, SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 71 de l'Affemblée Nationaie, Correfpondant de la Société à la Chataigneraye en Poitou, qui a communiqué un grand nombre d'obfervations inté- reffantes {ur l'Agriculture, & concouru d’une manière efficace à-améliorer l'art agricole dans la Province qu'il habite; deux béliers & deux brebis à M. Crerté, Correfpondatit de la Société , Laboureur , Maître de Pofte à Saint-Denis, & Secréraire du Roi, réfident au Bourget , qui, dansune ex- ploitation confidérable, donne les exemples d'une très-bonne culture , & à qui la Compagnie eft redevable de plufieurs obfervations importantes ; deux béliers & deux brebis à M. Blancard, Membre de l'Aflemblée Nationale , Cultivareur à Lauriol en Dauphiné, qui le premier dans fa Province, a employé avec fuccès diverfes méthodes de cultiver les müriers & de foigner les bêtes à laine, & a enrichi l’économie rurale d'un nouveau procédé dans l’éducation des vers-à-foie. Prix propofés. Les Comices-Agricoles de Montfort-l'Amaury, témoins du tort confidérable que fait aux luzernes la plante parafite connue fous le nom de Cufeute, avoient prié la Compagnie de vouloir bien propofer un prix relatif à cet objet; la Société avoit en corféquence annoncé, dans fa féance puplique de 1787, qu'elle décerneroit , en 1788, un prix de la valeur de 300 livres à l'auteur du meilleur Mémoire fur la queftion fuivante : Quels font les moyens les plus efficaces de detruire La Cufeute ou Teigne qui fe trouve comunément dans les Luzernieres ? Les Mémoires envoyés au concours n’ayant point entièrement fatisfaic la Société, elle a propofé de nouveau la même queftion pour l’an- née 1790. Le prix confiftera dans la fomme de 300 livres, & une médaille d'or; les Mémoires ne feront reçus que jufqu'au premier avril 1790. II La Société avoit propolé, pour l’année 1788, un prix de la valeur de 600 livres, en faveur du meilleur Mémoire qui lui auroit été adreflé fur le fujet fuivant: Perfeétionner les différens procédés em- ployés pour faire éclore artificiellement & élever des poulets , €& indi- quer les meilleures pratiques à fuivre dans un établifflement de ce genre fait en grand. Aucun des Mémoires recus ne lui ayant paru avoit rempli fufifamment les conditions du Programme, elle a propofé de nouveau le même fujer. Le prix de la valeur de 600 livres fera difiribué dans la Séance publique de 1790; les ouvrages ne feronc reçus que jufqu’au premier avril de la même année : il fera libre aux coucurrens de fe faire connoître, afin que les Commiflaires nommés par la Compagnie puiflent fe concerter avec eux pour répéter les ex- périences, 2 72 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, LE A La Société avoit annoncé en 1787 qu’elle adjugeroit dans la féance de 1738, une médaille d’or à l’Auteur de louvrage le plus à la portée des Habitans de la Campagne, & le plus propre à leur donner des connoiflances en morale & en économie rurale & domeftique. Aucune des pièces envoyées au concours n'ayant rempli le but de la Société, elle a annoncé de nouveau le même {ujet pour l’année 1790. Les perfonnes qui s'occuperont de cer objet ne font pas renues de donver des connoïflances nouvelles, mais feulement un expofé clair, méthodique, & très-abrégé des meilleurs priocipes; un livre, en un mot, qui puille être mis entre les mains des Habitans des Campa- gnes des deux fexes & de tout âge. Les ouvrages deftinés à concou- tir pour ce prix ne feront reçus que jufqu'au premier avril 17904 I V. La Société a propofé, dans fa féance publique de 1787, pour fujet d'un prix, de déterminer, par des expériences fuivies & com= parées, quelles font Les meilleures méthodes qu'on doit fuivre pour obtenir Les parties fibreufes des végétaux , & pour en reconnoître Les qualités. La Compagnie defire que les concurrens faffent l'application de la méthode qu'ils auront adoptée, à différentes plantes cultivées un peu en grand ; qu'ils préparent les parties fibreufes de ces plantes, de manière qu'elles foient propres à la filature: enfin , que les avan- tages des plaotes qui auront été foumifes à toutes ces expériences, foient appréciés comparativement à un pareil travail, fait fur le chanvre ou le lin. Le prix fera de la valeur de 600 livres, auxquelles on ajoutera une médaille d'or ; les Mémoires feront reçus jufqu’au pre- mier mars 1700. V. La Société a propolé , dans la même Séance de 1787, un prix de 600 livres, qui fera adjugé dans la Séance publique de 1790, à l'Auteur du meilleur Mémoire fur la queftion fuivante: Quels [one les moyens les plus sûrs potr obtenir de nouvelles variétés de végétaux utiles dans l'Economie rurale & domeflique, & quels font Les pro- cédés à fuivre pour acclimater dans un pays les différentes variétés de végétaux ? La Société delire que les concurrens s'occupent non- feulement de l'indication des procédés qu'on pourroit fuivre pour fe procurer de nouvelles variétés ,W les acclimater dans un pays, mais encore de lhiftoire des méthode: qu'on a employées jufqu'ici pour parvenir à ce but. Les Ouvrages detinés au concours ne feront reçus que jufqu'au premier Mars 1790. pe + SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 7; VI. . La queftion fuivante, propofée en 1787, forme Le fujet d'un autre prix de 609 livres , qui ne fera diftribué que dans la Séance publique de 1790 : Quels font les Végétaux: croif[ant naturellement dans le Royaume, ou dont la culture ÿ feroit facile , qui peuvent fournir une matière colorante en bleu, & quels Jont les moyens de déter- Tiner avec précifion, la quantité de cette fubflance dans les diverfes Plantes qui la contiennent ? Le travail du Paflel étant très-bien connu, la Société delire que les concurrens: ne s'occupent point de cet objet, à moins qu'ils n’aient à indiquer des procédés nouveaux & plus avan- tageux que ceux qui font neceRe mis en pratique. Les Auteurs défigneront les plantes donc ils pärleront, fous le nom Botanique de Linné, &ils fone priés dé joindre à leurs Mémoires des échantillons ou des ‘certificats authentiques de leurs expériences. Les Mémoires ne feront, reçus que jufqu'au premier mars 1790. 5 de AE PAR ERS « La Société a prôpolé en 1788, potr fuiét de trois prix dont les fonds ont éré faits par le Corps Municipal! lès queftions fuivanres: «Quelles font les caufes dir dépériffement des Forérs ÿ &' quels font ‘les moyens d'y remédier ? Ce’prix fera de la valeur de 60% livres, ‘ Le fecond prix de la valéur de 300 livres, fera accordé à la per- fonne qui aura préfenté le meilleur Mémoire fr la maniere La plus ‘économique & la plus profitable de faire le charbon te bois. Le fujet du rroifième prix, de même valeur que le: précédent, eft relatiF à la queltion fuivantés. Quels font les’ meilléurs moyens d'é- conomifer le bois de chauffage, fans diminuer } dans l'intérieur bdes maifons , la mafle de chaleur dont l'habitude & l'ufage ont fait une nécefficé? Les pièces Gefinées au concours, pour chacun de ces trois prix, ne feront admifes que jufqu’au premier mars 1790. La Société _décernera les prix dans fa féance publique de la mème année, À ; ÿ 59 \ > DiUD% 24) 20 391 8 D', 29! » ? 10 /L æst actu; ta LIT ND *<2 : DS UM D SSD) # AM PAbbé Raynal ayant remis à la Société fa fommée e 1200 liv. pour Faire les fonds d’un prix relatif à l'Abriculrure, la Compagnie pro- pofe pour fujet de ce prix la queftion fuivante : Une Agriculrure flo- riffante influe-t-elle plus fur la profpériré des manufaËnires", que l'ac- croiffement des manufaëtures ‘fur la profpérité" de l'Apricalturé? Les pièces envoyées au concours ne fkrdnK reçues que jufqu'au premier avril ann feQs na ere décerné dans infance pebliqué de iméme sn nées OS: I se Tome X XX WI; Part: iso 31 © Z 2H6D 9 51° L:1790- JANFIL Ro, j »'b Mess ai “4 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, ; L'X La queftion fuivante forme le fujec d'un prix de la valeur de Goo liv. qui: fera adjugé en 1791. Eflil plus avantageux. de laifèr quelque terms Le fumier fur la térre avant de l'enfouir, que de l’enterrer auffi- 16 apres: l'avoir répandu; de quelle manière la nature du fol, des engrais ; G l'expofition influènt fur ces procédés ; & quels font les Principes généraux qui peuvent fervir de régle dans ce cas ? La Société n’atrend la folucion de cette queftion que des Culrivareurs qui auront faic fur cec objet un grand nombre d'expériences. Les écrits deftinés au concours, ne feront reçus que jufqu’au premier avril 1791. l, 3 Hs” X. La Société propofe de nouveau , pour fujet d’un prix, de fuire con- notre quelles font.les étoffes qui peuverit étre en ufage dans les diffe- rentes Provinces de Frañce ou des pays étrangers, & fur-tout dans les pays de montagnes, & dont les bergers & les voyageürs fe fervent pour Je garantir des pluies longues & abondantes. La Compagnie defire que ceux qui travailleront fur: cet’ objet , décrivent tout ce qui.concerne. le choix & la préparation: des matières premières ,.des procédés de fabrication des étoffes qu'ils propoferont,, & de leurs apprêts, qu'ils ajoutent à tous ces détails, l'évaluation du.prix auquel lés fabricans pourront établir ces érofles ; enfin , qu'ils joignent à Jeurs Mémoires des échantillons aflez confidérables pour que la Sociéré puille s’affurer par ee-même dé leur qualité & des avantages qu'on doit s'en promettre. : RP REC E Ruu Het ' Ce-prix fera dela valeur de 600 live Les Mémoires ne feront reçus que jufqu'au premier, avril 1791. NL: res | XI Ï1 fera décerné dans Jd féance publique de 1791; une médaille d'or au fils de Laboureur qui, wayant pas encore atteint [a vingt-cinguième année, & ne fachant pas Lire} aura appris à lire couramment dans l'efpace d’une année, & aura réctéldè mémoire devant les Notables du lieu qu'il habire, la Déclaration, des, Droits de l'Homme , &,les divers articles de, la Conflitution des Municipalisés ; décrètés par l'Affemblée _ Nationale. PAP : RAT NS ht Les certifitars doivent être fignés du Curé ou des Notables du lieu; ils ne ferour reçus que jufqu'au premier avril 1791. niet nique pp oi sup2suos: Xnbren exvp2n: avr! 255 sorte Rob sunildne enn$èMaltoash Amie € “is sind PAU 11 fera accordé dans Ja féance ublique de 1702 , un prix Confftant En une Médaille d’or dela valedt de 300 livies à /a perfonne qui aur tuliivé - SUR L’HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 7$ en France le plus grand nombre de pieds de cotonniers , non au-deffous de mille, & aura adreffé à la Société des cehantillons du co:on provenwæ de cette plantation. Ce prix eft dû à la générofité de M. Je Duc de Charoft ; les certificats & les échantillons envoyés au concours, ne feront reçus que jufqu'au premier avril 1792. La Société diftribuera, dans fa {éance publique de 1700, plufieurs médailles d'or aux perfonnes qui auront contribué d’une manière évi dente aux progrès de l'Agriculture & au bonheur des Laboureuys. Elle engage fpécialement les Culrivateurs du Royaume, à lui faire connoître les Citoyens qui auront rempli à cet égard les vues de la Société; elle diftinguera fur-tout ceux qui auront fait des plantarions d’erbres. Les Auteurs des Mémoires deftinés au concours , ne mettront point leurs noms à leurs ouvrages , maïs feulement une fentence où devife ; ils attacheront à leurs Mémoires un billet cacheté, contenant cette même devife, leur nom, leur qualité & leur demeure. Ce billet ne fera ouvert, par la Société , qu'au cas que la pièce ait remporté le prix. Les Mémoires feront adreffés fous le couvert de M. le premier Miniftre des Finances, à M. BROUSSONET, Sécrétaire perpétuel de la Société , rue des Blancs-Manteaux , N°. 20; & s'ils Lui font remis entre les mains, il en donnera un récépiflé où feront marqués la fentence de l'ouvrage & le numéro indiquant l’ordre de la réception. k Extrait dur Programme Latin de l Académie Eleétorale des Sciences de Manheim. L'Académie Electorale propofa pour fujet du prix ordinaire de so ducats, premièrement pour l’année 1787, enfuite derechef pour l’année 1789, la queftion füuivante : Comme 1l ef connu que l'électricité ef? du nombre des irritans, on demande ft elle efl un moye» propre à rappeler à la vie les noyés, les fuffoqués, ou autrement tombés en afphixie ; ft elle merite d’être préférée aux autres moyens de ce genre employés jufqu'ici ; quelle efl en ce cas la manière la plus sûre & la plus facile de Je Jervir de ce moyen. L'Académie attend là-deflus des expérences fufhfantes & décilives, qu'on fera fur des hommes ou fur d'autres animaux. N'ayant reçu ni la première ni la feconde fois aucune réponfe farisfaifante , cette Compagnie , eu égard à la grande utilité de ete queftion, a réfolu de la réitérer encore pour l'année 1701, en doublantile prix ci-deffus indiqué, qui fera par confésquent de 190 ducats. Les Mémoires doivent être écrits en Aatin, en allemand ou en françois, & envoyés avant le premier juiller de ladite année 1793. Quant aux queftions hiftoriques , l’Académie laiffe à chacun Ja liberté de choifir dans l'hifloire , dans la géographie ou dans la généalogie du moyen âge Tome XXXVW1, Parc. I, 1790. JANVIER. K 2 16 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE fur-tout des Provinces fituées fur le Rhin, quelque fujer illuftre & remar- quable , de le travailler & de l'éclaircir par les ouvrages des écrivains, par les anciennes Tables, ou par d’autres documens dignes de foi. Elle promet aux Auteurs une récompenfe jufte & proportionnée à l’ouvrage envoyé. Les conditions du tems & des langues font les mêmes que ci-deffus. Programme des Prix propofés par la Société Royale des Sciences & des Arts du Cap-Frangçois, à fon AfJemblée du 17 Août 1789. La Sociéré demande des Obfervations : 1°. Sur la quantité de Pluie qui rombe durant l’année dans un Quaïtier. 2°. Sur la hauteur des, Marées. 3°, Sur la conftitution &; la température des faifons, 4°. Des Obfervations météorologiques & topographiques, conte- nant des détails fur les Eaux, les Vents, leurs qualités & leurs effets fur la: fanté des Hommes, s°. Sur la qualité des Eaux & des Pâturages dans les différentes faifons. 6°. Sur les maladies des Blancs & des Nègres fur. les montagnes ; dans les plaines, & les différentes manufactures. 7°. Sur les maladies des Nouveaux venus. S°. Sur les maladies des Beftiaux , les caufes qui peuvent les pro- duire, les moyens de les prévenit & d'y remédier. 9°. Des Échantillons de Minéralogie, d'Hiftoire naturelle, avec Findicationi des Eieux. Prix à décerner en 1790: 1°. L'Éloge de Chriftophe Colomb. 2°. Celui de MM. Turc de Caftelveyre & Doulliol, fondateurs des maifons de Providence de cette Ville. 3°. Ne pourroit-on pas perfectionner dans la Colonie la méthode du labourage , & employer les inftrumens agraires , pour diminuer le travail dés Nèvres ? Dans quels lieux ces inftrumens pourroient-ils être adoptés ? Quels font ceux qui pourroient convenir ? Et quelle feroit la manière de s'en fervir ? °. Déterminer quels font les moyens d'améliorer les Terres dans” les Colonies ? Quels font les engrais qui conviennent a telle terre, ou à télle plantation? vrurt s°. Quel eft le point de macération qui Convient à l’Indigo, pour obtenir de cetre plante la plus grande quantité; & la meilleure qua- lité de fécule? LE SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 77 Dépend-il de l’Habitant de faire de lIndigo bleu ou cuivré, & quelles font les caufes qui en peuvent faire varier les qualités ? * Lorfque la fermentation eft trop avancée , le battage peut-il, fans intermède, la ramener à fon point convenable, fans nuire à la quan- tité ou à la qualité de l’Indigo? La prefle nuit-elle à la qualité de l'Indigo ? & donne-t-elle un avantage au Fabricant ou au Teinturier ? Prix à décerner en 1791. 1°. Le fol de Saint-Domingue peut-il fournir les remèdes nécef- faires pour guérir les maladies du pays ? 2°. Combien y a-t-il d’efpèces de Gale? La Gale animée d'Afrique & d'Amérique eft-elle la même que celle qui a été obfervée en Eu- rope ? Quels fonc les fignes diftin@ifs de chaque efpèce- de Gale, & quel eft le traitement qui leur convient? Prix à décerner en 1792. 1°. Donner des Obfervations fur les diverfes peuplades de l’Afrique, la forme de leur Gouvernement, fur leurs mœurs, leurs ufeges, le climat qu'elles habitent, leur manière de vivre, lenrs maladies, le rêpime qui leur convient le mieux lorfque leurs individus fonc tranf- pÜrtés dans les Colonies , & l'efpèce de travail auquel on a remar- qué qu'ils étoient les plus propres. Die Âffigner les caufes éloignées 8& immédiates, la nature & le trai- tement de la Fiévrè ardente malione des Indes occidentales. La Société exige que les Auteurs des Mémoires envoyés au cor- cours, affionent la dénomiriation Ja plus convenable à certe maladie, ou établiflent la différence qui exifte entre le mal de Siam, la Fièvre jaune, la Fièvre ardente maligne, & la Fiévre maligne eflen- tielle. La Société demande qu'en développant les caufes qui lui donnent naiflance, & défignant la claffe d'Hommes la plus expofée à la con- tracter, les Aureurs indiquent les précautions à prendre pour s’en garantir. Enfin, elle impofe aux Concurrens l'obligation de déterminer , fi, d’après la connoiflance du caraétère de cette maladie, elle peut être contapieufe. : 3°. Quelle eft la manière d’agir des Mouches canrharides ? Quels font leurs effets fur les humeurs, fur les organes, & particulièrement fur les nerfs? Quelles font les maladies , les efpèces de Fièvres fur- tout dans lefquelles leur application peut être utile? Quels font les fymptômes qui l’indiquent © Queis font les fignes favorables ou perni- cieux que les véficatoires peuvent fournir? N'y a-ril pas des Fièvres 78 OBSERPATIONS SUR LA PHYSIQUE, dans lefquelles les véficaroires penvent être utiles, & d'autres dans lefauelles ils font dangereux ? 1 Ces différentes queftions font très -importantes dans la pratique de la médecine, dans un temps principalement où lapplication des véficatoires eft devenue une efpèce de mode, qui force fouvent le Médecin à les appliquer, dans un temps énfin où l'on eft affuré que l'on abufe fouvent de ce remède par une application inconfidé- rée, inutile ou dangereufe. Tous les Prix feront une Médaille d’or de la même forme que les jerons de la Société. Tout le monde aura la liberté de concourir , excepté les Membres réfidans de la Société ; les Auteurs auront foin de ne point fe faire connoître; ils infcriront leur nom dans un billet cacheré, & ils adref- feront leurs Ouvrages à M. Arthaud , fecrétaire de la Société, Prix propofës par l'Académie de Chälons- ur-Marne. L'Académie propofe trois nouveaux fujets de prix, dont le premier, conçu en ces termes : Quels moyens pourroit-on employer pour prévenir & punir les banqueroutes , eft pour l’année prochaine. La récompenfe du vainqueur fera une fomme de 600 livres. Le fecond prix, fur Les meilleurs moyens d'établir en Champagne des manufaë&ures de toile dans les lieux où il n'y en a point, & de Les perfeilionner dans ceux où il y en a déjà , fera donné en l’année 1791. Une fomme de 600 liv. eft deftinée à celur qui aura le mieux traité ce fujer. Le troifième prix, touchant es moyens de rendre utiles à l’Erar les enfans trouvés, fera aufli décerné en 1791, Il y aura pour ce prix une médaille d'or de la valeur de 300 livres. M. Brémont rappela que l’Académie avoit déjà annoncé, pour l’année prochaine, un autre fujec de prix, fur les moyens de mertre en culture la plus avantageuje les terreins incultes , fecs & arides de la Cham- pagne, en y employant quelque efpèce que ce foit de végétaux , arbres , arbriffeaux , ou arbufles qui puifent étre analogues au fol des différentes contrées de certe Province. Ce prix fera une médaille d’or de la même valeur que la précédente. Les Mémoires, écrits en françois ou en latin, feront envoyés, francs de port, avant le premier mai de chaque année , à M. Sabbathier , Secrétaire perpétuel de l'Académie, à Chälons-fur-Marne, > SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 79 RO S PR IC TOUS Journal d'Agriculture, à Pufage des Cultivateurs ; par M. REYNIER , Correpondant de la Société Royale d'Agriculture , & Membre de plufieurs Académies Nationales & étrangéres. L'agriculture , Jong-temps dédaignée par le régime de la féodalité, reprend l'importance qu’elle doit avoir dans un pays tel que la France : les préjugés qui décourageoient les Laboureurs s’affoibliffenc ; es Loix qui multiplioient les entraves &ifparoiflent | & bientôt la France deviendra l'émule de l'Angleterre par fon Agriculture & fes Manufactures. Un Journal d’Agricuiture, non point adreflé aux Savans, mais fait pour ceux qui veulent apprendre, eft un moyen d'inftrution pour toutes les claffes. Les Anglois l'ont fenti, & M. Arthur Young a répondu à leurs defirs. La Société Royale . d'Agriculture , devenue l'organe de la Nation Agricole auprès du gouvernement, depuis que lAflemblée Nationale l’a chargée de lui communiquer fes oblervations fur cette partie de l’Adminiftration, devoit être la premiere inftruite des projets de ce Journal. Cette Compagnie a permis au Rédacteur de faire ufage de la Lettre fuivante, comme un gage de lLinrérét quelle veut bien. prendre à fon entreprife. æ J'ai communiqué à la Société Royale d'Agriculture la lettre que vous n'avez fait l'honneur de m'écrire relativement au Journal » d'Agriculture dont vous devez être le Rédadteur. La Compagnie » ne peut voir qu'avec beaucoup de fatisfaétion, un travail deftiné à » répandre les connoiflances agricoles, & rédigé par un de fes » Correfpondans , dont elle a éré plus d’une fois à portée de con- » noître le zele & les lumieres. Elle regarde fur-tour comme très- » RAGE aux progrès de l’Arc le deffein où vous êtes de confi- >», gner dans un Ouvrage périodique les pratiques employées avec > HA dans, l’Etranger, Les Cultivareurs François vous auront à » cet égard , Monfieur , une obligation d'autant plus grande, qu'ils » ont eu jufqu'à préfent moins de fecours en ce genre. >» Signé, BROUSSONET, Secrétaire perpétuel >. ; Ce Journal contiendra La tradudlion de rour'ce qai paroîtra d’intéreffant dans les Langues étrangères , dans les Colleétions Açadémiques, Jouraaux, & autres Ouvrages qui jufqu'à préfent ont été perdus pour la France, ou ny ont percé qu'avec lenteur. Tous les Mémoires,, Notices, Oblfervations qui feroné commur:- qués :au Rédadteur ; il Les publieraitels qu'ils lui feront envoyés, où avec des Changemens, à la volonté des, perfounes qui avec l’habitude d'obferver, n’ont pas celle d'écrire, L'extrait des Mémoires lus à la Société Royale d'Agricukure , à la volonté des Auteurs. L Mer *," 1% À mn £o OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, €. Les Loix & les Jugemens qui auront été rendus fur des faits qui concernent l'Agriculture & l'Economie rurale, Le Rédacteur fe propoie de donner plutôt des fairs que des raifon-" nemens, d'éviter, autant qu'il eft pofhble, les théories fyftématiques, qui nuifent prefque toujours dans des Mémoires particuliers. En général , moins de mots que de faits, moins de phrafes que d'idées, font des loix qu'il veut invariablement fuivre. Il paroîtra deux fois par mois une feuille de ce Journal, de 16 pages #1-8°. Au mois de janvier feulement il en paroîtra trois, dont June contiendra un réfumé des découvertes faites dars l’année. Le nombre des planches dépendra de la nature des fujets , & le Rédacteur ne prend aucun engagement à eet égard. Le prix de la Poafeription eft 8 livres par an pour Paris, & 9 livres franc de port jufqu'aux frontieres. Les premieres livraifons paroîtront, dès que le nombre des foufcriprions pourra couvrir les frais. Les Lettres de foufcription, Annonces, Livres où Mémoires devront être adreflés, francs de port, au Bureau de ce Journal, chez M. LAGRANGE, Libraire, rue Saint-Honoré, visà-vis le Palais Royal & le Lycée. On peut foufcrire également chez les principaux Librairés de l'Europe, Lai Bal DEs ARTICLES CONTENUS DANS CE CAHIER. Disco U RS préliminaire; par M. DE LA MÉTHERIE, page 3 Mémoire de M, DE LA BILLARDIÈRE, D. M. fur l'Arbre qui donne la Gomme adragant, extrait des Repifires de l’Académie Royale des Sciences, du 16 Décembre 1788 ,' - 46 Lertre de M. Hecur, à M. DE LA MÉTHERIE, fur le Glimmer & le Pechblende , Defcription de la Plombagine charbonneufe où hexaëdre, decouverte nouvellement en Suiffe ; par M. STRUVE ,> "1 ACO TS Réponfe aux Obfervarions de M: HAsseNFRATZ , relatives à un Mémoire de M: VaccA BsRIINGHIERE, ; Ë è $ Lettre de M. le Comte JEAN-BAPTISTE CarBuR1, à MM. D'ARCET & LAVOISIER, 62 Lettre de M. le Comte VALIANO CARBURI ,à M. D'ARCET, ibid. Réponfe de M. d'ARCÈT , à M. JEAN-BAPTISTE Corne CareuRt, 63 Réponfe de M. LAVOIsiER , au méme Comte JEAN - BAPTISTE CARBURI, Wn6$ Nouvelles Livréraires, i ibid, EP | TQe0. ui Lie ARAPIOPE CR 0 Sel 1 ut Mc Lies ns Zanbier 1 ÿ 2, | JOURNAL DE PHYSIQUE. | 3 FÉVRIER 1790. (4 DR a —— AÉSS——rE D re LETTRE A M DE LA MÉTHERIE, Au fujet du Traité fur l'origine & la formation des Champignons , infèré dans le Journal de Phyfique du mois d'Avril :789 , compofé par M. Mepicus, Confeiller de Régence, Direéteur du Jardin Botanique de Manheim, &c. & extrait par M. REYNIER ; Par M. le Baron pe BEAUvois, Affocié du Cercle des Philadelphes établi au Cap-François, & Correfpondant de P Académie Royale des Sciences de Paris. Nénreun (2), Je ne chercherai point ici à faire l'éloge du Journal auquel vous préfidez aujourd'hui. Sa réputation eft trop bien & depuis trop long-tems établie. L'île de Saint-Domingue , quoique très-éloignée de la capitale de la mère patrie, jouit également de l'avantage d'y puifer des connoïflances & d'apprendre les découvertes qdi fe font journellement : avantage qu’elle partage avec toute l’Europg& les ‘autres parties du monde, Après avoir été pendang’ deux ans, que j'ai paflés à la côte d'Afrique, & uniquement parmi des nêgres, privé de la fatisfaction d’être au cours des travaux & des découvertes des favans, je fuis enfin arrivé dans cette colonie où j'ai lu & relu tous les ouvrages qu’il m'a été poflible de me {1) Je dois vous prévenir , Monfeur, que ma fanté étant délabrée par les diverfes fecouffes que j'ai éprouvées à la côte d'Afrique, j'emplaie ici tous mes momers à la recherche des plantes & des infe&es, afin de ne Das rendre infruueux mon f‘jcur dans cette colonie ; ce qui fait que je n’ai.pas cherché dans cette Lettre à purifier & corriger mon flyle. Je ne me füuis occupé que du fond de la queftion , fans chercher à rendre mes phrafes bien correétes, Tome XXI, Part I, 1790, FEVRIER. L Dee « M 4-5. à Lé sd” L'Aré #71 PUR “4 PILOTE 82 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, rocurer. Comme je m'occupe eflentiellement & principaiement de l'Hiftoire-Narutelle, Pobjet de mes voyages, vous fentez que le Journal de Phyfque eft un des premiers que j'ai cherché à confulter. N'ayant, pour ainfi dire; rien fait imprimer jufqu’à préfent, je ne fuis connu que de quelques naturaliftes françois & de l'Académie des Sciences de Paris, à qui j'ai foumis tous mes travaux, & qui les a-jugés dignes de fon approbation, La partie de l'Hiftoire-Naturelle que j’avois le plus étudiée avant mon départ de France elt celle des moufles, des algues & des champignons. Je ne me fuis pas uniquement attaché à reconnoître les différens genres & leurs efuèces , &, portant plus loin mes obfervarions, J'ai cherché, autant qu'il eft poffible d’y parvenir par une étude fuivie 8e une conflance fans bornes , à pénétrer les fecrets de la nature, ou plutôt à faifir ce qui avoit échappé aux naturaliftes. J'ai defiré en conféquence de connoître la manière d'être, de végérer & de fe reproduire de ces êtres dont la nature & la régénération étoient problématiques. Mes travaux ayant été favorablement accueillis par l’Académie des Sciences , je crois pouvoir me flatter , fi je ne fuis pas parvenu à réfoudre complettement ces: problèmes , que mes recherches ne font pas entièrement vaines & infruc- tueufes. Jugez d’après cela, Monfieur, combien j'ai dû être étonné en lifant le Traité de M. Meprcus & fon fyflème des criflallifarions végétales, Je vous avoue naturellement que d’après tout ce qu'avoit écrit LINNÉ, d'après l’adoption générale de fon fyfème par prefque tous les naturaliftes diftingués , d'après le dernier Ouvrage de M. Gouan , où ce fyftème eft de nouveau développé avec la fagacité & les connoiffances peu communes dont ce favant a donné tant de preuves; je vous avoue, dis-je, que M. Necker & quelques partifans de la même opinion, éraient les feuls au monde qui puffent nier le principe avancé par le SEUL ET ViAI PLINE pu XVII stÈCLE ( LINNÉ): Omne vivum ex ovo , & cetautre: Ex mihilo nihil ; mais je m’apperçois du contraire , c'eft pourquoi je m'emprefle de répondre par la voie de votre Journal à M. MEpicus (1). Je ne vous entretiendrai pas, Monfieur , de mes divers Mémoires fur les plantes cryptogames (2) : ils fonc dépofés à l’Académie , où je les —— — (1) Je connoiflois avant de quitter la France Ouvrage de M. Nrcxer de Manheim, fur les champignons. Ce naturalifle ne m’ayant pas paru avoir démontré plus heureufersent l’origine des champignons , leur formation & leur reprodu&ion, que celles des moufles dans fa Phyfiologie des corps organifes , je nvétois réfervé à combattre fon opinion dans mon Ouvrage ; maïs ce fyftême faifant chaque jour des profélires , comme tout ce qui a l'air du merveilleux , & ne fachant pas l’époque de mon retour en France, je n’ai pas cru devoir garder plus Iong-tems le filence far une erreur qui pourroit de nouveau fe perpétuer. (2) Jene me fers de ce mot cryptogame, qui fignife mariage cache, que pour me faire entendre plus généralement , car d’après mes obfervations ,je ne connois LS TPS PTE Le inchié TN 23 * L 4 - SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 83 life jufqu'à ce que , rendu dans ma patrie, je puiffe mettre la dernière main à un ouvrage que mes voyages m'ont empêché d’achever , & dont le manufcrit a été confié lors de mon départ à M. DE Jussreu mon ami. D'ailleurs M. LE CHEVALIER DE LA MARCK qui avoit été nommé par PAcadémie avec MM. ADANSON & DE JUSSIEU pour examiner tout mon travail, en a fait, m’a-t-on dit, imprimer un dans la nouvelle Encyclo- pédie au mot CHampr@Non. M. Meprcus peut le confulter, & il verra que d'après des obfervations très-fouvent répétées & très-mulripliées , je penfe & j’ofe avancer que LES CHAMPIGNONS SONT ABSOLUMINT DES PLANTES, ORGANISÉES TOUTES COMME TOUTES LES AULRES, AYANT DES FIBRES, DES VAISSEAUX , DES RACINES, UNE FLEU- RAISON , DES ATTRIBUTS MALFS ET FEMELLES, DES SEMENCES , SANS LE-CONCOURS DESQUELLES ELLES NE PEUVENT ESSENTIEL- LEMENT SE RÉGÉNÉRER ; ENFIN , UN PREMIER DÉVELOPPEMENT, UN ACCROISSEMENT ET UN DÉPÉRISSEMENT QUI NE S'EFFECTUE ORDINAIREMENT DANS TOUS LES CORPS ORGANISÉS QU'APRÈS AVOIR LAISSÉ EN MOURANT DES ÊTRES SEMBLABLES A EUX ET QUI ÉPROUVERONT LES MÈMES RÉVOLUTIONS (1). Si je n’étois pas fi éloigné de Paris, j’aurois l'honneur de vous adreffer un Mémoire fur l'irritabilité que j'ai obfervée dans les mêmes PLANTES; obfervations bien concluantes, qui viennent à l'appui de ce que je viens d'avancer , & qui donnent plus de probabilité à mon opinion (2). Ceci pofé, je me contenterai donc, Monfieur , de rappeler les prin- cipaux paflages du Traité de M. Meprcus, pour faire voir que fon fyftême n’eft pas toujours érayé de bafes certaines & folides. Je fupplie M. Mepicus & M. Reynier fon traduct:ur, de croire que je n’ai pas l'intention de les choquer & de les critiquer. Je vais foutenir mon aucune plante sryprogame, Ainfi en füivant l'ordre naturel , la cryptozamie deg inné devient compofée de fix familles; les fougeres, les /ycopodes , les moufles , les algues proprement dites, les Jichens &les champignons, & fi l’on vouloir les faire entrer dans le fyftème aruificiei du même auteur, les familles feroient répzndues dans différentes clafles, tels, par exemple, queles clavaria hypoxilon & digitara dans la monoecie , le /ycoperdon bovifa dans la polyendrie pclgyne, Ec. (1) Je n’aipas la ridicule prétention de trop généralifer le principe. Je (is qu'il exifte des plantes fur la nature defquelles on n’a point de doutes , & qui cependant fe multiplient également de graïînes & de boutures : il peut fe faire que queïqnes cham- pignons aient cette propriété ; mais jefoutiens que ce moyen qui n’eft pour l’ordi- naire que l’effet de l’induftrie de l'homme coujours preflé de jouir, n°eft pas celui que la nature emploie effentiellement , & que cette mère commune fe connoït pour [a régénération de tous les corps organifés que Île rapprochement des attributs fexuels. (2) J'ai lu plafieurs Mémoïres à l’Academie (ur cetre matière ; le premier a “ré préfenté en 1780, lors du concours ouvert par la mort de M. Duharrel du Monceau, & d’autres en 1784 , lorfqu’il s’eft agi de nommer à la place de Botanique vacante par la mortde M. Guettard. Tome XXXVT, Part. T, 1790. FEVRIER. Ty SA à Lai ; Li - » LU 1 JA UR EURE FE ee “4 s % € =: ‘ 4 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, ©pinion en combattant la leur, mais avec les armes de l’honrèreré & de la déférence due à leurs talens & à leurs connoiffances, Peut-être Pailleurs fuisje moi-même dans lerreur : la queftion n’en deviendra Que plus intéreffante ; car c’eft prefque toujours du choc des opinions que que naît la vérité. Ce fera donc aux, favans éclairés & inftruits à nous ju ver. Je ne hafärde cette Lertre que foutenu par la fanction & Pappro- bation que l'Académie a donnée à mes obfervations. M. Mspicus remonte jufquà THéopHRrASTE. Il réclame l'opinion des anciens pour étayer la fienne ; mais il ne fait pas attention que, comme il le dit lui-même, « JUNG ef le premier qui en 1625, foutint » cette opinion ; QUE TOUTE PLANTE BOIT NAITRE D’UNE » GRAINE (1), dans un tems où à peine on favoit ce que cef? qu'une 2 graine ». En effet dans les tems éloignés où vivoient THÉOPHRASTE, DroscoriDE , PLINE, MATHIOLE , CÆsALpiN , &c. les fciences étoient à peine à leur berceau, & ces favans s'attachoient plutôt à donner des noms aux plantes & à les clafler, foit d'après les lieux où elles croiflent , foit d’après leurs vertus médicinales, qu'à rechercher la caufe & les effets de leur naiffance, de leur accroiflement, de leur régénération & de leur dépérifiement, I] me femble donc que le fentiment de DBocconE, de MENTzEL, de TOURNEFORT , de VAILLANT, de Micxeszr,de GLepirscH , de HALLER, de LINNÉ & d'une infinité d’autres très-recommandables, gu#avosent ce que c'eftqu'une graine, & qui ont joint aux connoiflances acquifes par eux-mêmes celles qui leur ont été tranfmifes par leurs prédécefleurs , eft de tout point préférable. L'obfervation faite par Orro-MuLter chez Madame la Comteffe de Schulin eft bien éloignée d’être favorable au fyftème de M. MEprcus. Si l'allée que cette Dame a fait exhauffer avec du fable pendant l'été de 1766 , n’a produit au printems 1767 ni plantes ni champipnons , la raifon en eft fimple: c’eft qu'il eft très-peu de plantes, excepté celles des bord$ de la mer;, qui croiflent & vivent dans le fable, Encore n’eft-ce qu'au bout d’un certain tems qu'on y en trouve ; lorfque le vent a apporté de la pouflière & de la terre, qui, répandues à la furface & mélées avec le fable, lui ont donné un principe de végétation qu'il n’avoit pas aupa- ravant, Ce ne pouvoir donc pas être au bout d’environ fix ou huit mois qu'on avoit lieu d'efpérer de rencontrer des plantes dans cette allée nou- vellement exhauflée, & achevée probablement en hiver, tems où les graines déjà tombées en automne , tranfportées par le vent & implantées dans les lieux où le hafard les a fixées , ne pouvaient plus être déplacées. On n’a pas trouvé non plus de champignons dans cette allée; non pas, comme paroît le croire M. MEpicus, parce qu'il n’y avoit pas de plantes, mais parce que les champignons fe rencontrent encore plus (x) Voyez Journal de Phyfique, avril 1789, page 242. SURVHIST. NATURELLE, ET LES ARTS. $8$ rarément ( pour ne pas dire jamais ) dans des lieux fi fecs, fi arides & fi peu ombragés. M. Reynier a fenti toute la force de cette objection qu'il a prévue. Auf ne peut-il s'empêcher de convenir lui-même que le fait n'eft rien moins que décilif. Quant à la découverte des animalcules tant prônée & fi fortement fourenue par MUNCKAUSEN & CHarLrs Ro0Z , je crois l'avoir combartue d’une manière aflez fatisfaifante dans mon Mémoire imprimé dans la nouvelle Encyclopédie, pour être difpenfé de m'y arrêter ici. M. Meprcus defireroit « que les recherches que l’on fait atuellement » fur les parties de la fructification des champignons fuffent interrom- >» pues jufqu'au moment où l'on auroit décidé s'il en peut exifter (1) ». Il me femble , 1°. que pour décider fi ces parties peuvent exifter, il faut en faire la recherche & s’aflurer fi elles exiftent ou non ; 2°. que depuis très- long-tems parmi les dix-neuf vingtièmes des naturaliftes cette queftion n'en ett plus une. L'on étroit & l’on eft encore plus que perfuadé que ces parties exiftent. Il ne falloic & il ne faut encore que les déterminer précifément dans tous les genres pour atteindre à la conviction : ce qui eft fait en grande partie; car le grand nombre d’obfervations raflemblées depuis MICHELI, ne permet plus de dourer que les champignons ont des graines & une pouflière fécondante. I] faut donc au contraire engager les naturaliftes à s'occuper de la recherche de ces attributs dans ceux où ils ne font pas précifément dérerminés, tels que quelques clathrus, quelques clavaria & les mucor de LINNÉ, plutôt que d'y renoncer d’après une opinion que tout femble démentir; fauf aux naturaliftes qui adoptent cette dernière opinion, à travailler à la confolider par des obfervations exactes, bien fuivies, bien interprétées, & par des expériences certaines. C’eft le feul moyen de connoître le vrai. Me voici arrivé, Monfieur , à un paflage du Traité de M. Mrprcus que je me vois contraint, pour être plus intellioible , & pour faire voir combien il prouve peu en faveur de l'opinion de l'auteur , de réfuter phrafe par phrafe (2). « On trouve ordinairement, dit ce naturalifte , les champignons fur » les troncs d'arbres morts ». À Je pofe en fait qu'il n’y a pas la moitié des champignons qui foit dans ce cas. Les genres des agaricus & des pizza, Lin. fonr, fans contredit, ceux qui renferment le plus d'efpèces. Le premier n'en fournir pas dix, dont cinq au moins fe rencontrent fur des arbres encore très-verds, & le fecond en offre tout au plus quatre ou cinq. Aucune efpèce des /ycoper- (1) Journal de Phyfique , avril 1789 , page 243. (2) Jhid, page 244. 86 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, don bien connue & bien déterminée ne vient fur les arbres ; le semelle noffoc croît fur la verre, & le srem. hermifpherica dans la mer. La moitié des boletus fort de terre ÿ ainfi que les phallus, les kelvela & plu- fieurs clavuria. Le bel & intéreflant Ouvrage de M. Buliiard peut fervir de preuve dans ce que avance. = M. JAcQUIN , ajoute M. Meprous, a obfervé que le clathrus » denudatus croît plus volontiers dans les places altérées par le feu ». J'ai faic la même obfervation en Europe, en Afrique, & à Saint- Domingue où cette plante eft ésalement commune ; mais je fuis bien éloigné de conclure de ce fair que les champignons r'ont pes de graines, & j'obferve: 1°. Que le clathrus denudatus ne vient point dans les places aliérées par Le feu, mais uniquement fur des fouches d'arbres brûlées & expolées depuis long-tems aux injares du tems. 2°. Que cerre obfervation ne peut être interprétée en faveur de l'opinion de M. Menicus. La feule raïifon de ce fait étant que certe plante eft petite, grêle, qu'elle ne vient bien que dans une cavité ou un creux propre à recevoir & à contenir une humidité perpétuelle, ce qu'elle rencontre fur une fouche brülée. Si elle fe rencontre fur un arbre ron brûlé, c’eft roujours dans une fente ou entre le bois & l’écorce. Elle ne croît aufli que fur le bois très-pourri, prefque décompolé & fufceptible de conferver plus long-tems l'humidité, 3°. Que fi le champignon étoit le produit du végétal fur lequel il fe trouve, il ne fe rencontreroit pas indiftinétement fur toutes efpèces d'arbres, & encore moins fur un cadavre brûlé qui n'eft plus lui-même , mais au contraire entièrement dénaturé & incapable de rien produire , pas mème la putréfaétion. Cependant cette plante fe trouve aufli commu- nément en Afrique & à Saint-Domingue qu’en Europe, quoique les arbres de ces trois parties du monde ne foient pas les mêmes. Cette obfervation fuft, à ce qu'il me paroît, pour répondre à M. Medicus, qui defireroit favoir fi chaque végétal produit fonehampignon particulier. s 4°. Enfin , qu’en admettant l’opinion de MM. Necker & MEpicus que les végétaux en décompofition donnent naiflance aux champignons, le fait même feroit contradiétoire, attendu qu’un morceau de bois ou une plante brûlée ne peut rien produire, puifqu'une fois réduirs à cet état, les corps ne fe décompofent plus, & reftent éternellement, fois entiers dans l'état de charbon, foir divifésen pouffière inattaquable & nullement fafceptible de changer de nature.i Cette ebfervation me fournit l’occafion de préfenter une preuve que les champignons ne font pas des plantes parafites , ainfi que le croient plufieurs naturaliftes. En effet, il eft certain que les champignons qui fortent directement de terre ne font nourris aux dépens d’aucun corps SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. £9 vivant, Ce fait, répondront peut-être MM. Necker & MEpicus, ne dérruit pss leur fyflême fur la formation des champignons, puifqu'ils peuvent fortir directement de la terre & ètre le produit de la décompo- fiion des végétaux qui fe convertiflent en furnier. Cette objection pour- roic être jufte en admettant le principe adopté par les naturalifles; mais ce principe n'étant qu'imaginaire, ainfi que je l'ai déjà fait voir & que ” J'efpère le démontrer par la fuite, elle devient ici de nulle valeur, Quant aux champignons qui croiffent fur les bois morts, ils ne peuvent pes être regardés non plus comme parafites, puifqu’ils ne vivent pas aux dépens d’un corps vivant. Refte donc le plus petit nombre: ceux que Fon rencontre fur des arbres verds; mais ces champignons ne vivent pes plus aux dépens des arbres que ceux obfervés il y a long-tems fur les linges des bleflés (1), ne vivent aux dépens des malades. Je ne pente pas que M. Menricus prétende que ces champignons font le produit du pus qui fort d’une bleflure ; car alors fes criflallifutions vegétales devien- droient auffi dans certains cas des criflallifations animales. Je penfe donc qu'il eft plus naturel de croire que les champignons qui croiffent fur les arbres encore verds, ne font pas plus parafites que certaines moufles & certains jungermannia dont les arbres font aflez ordinairement couverts, fur-tout du côté expofé au nord , ainfi que l'a judicieufement obfervé le célèbre DirLENIUS. On voit en outre parmi ces mêmes moufles & ces mêmes jungermannia de petits champignons qui ne font nullement adhérens aux arbres, & qui ne peuvent être le produit des moufles qui à cette époque (au printems & en automne), font très- vertes , en pleine vigueur & chargées de fleurs & de fruits. Ainfi, non- feulement les champignons ne font pas des plantes parafites, mais même ils ne peuvent pas être le produit des végéraux , qui, du moment qu'ils tournent à la putréfaction ne font plus rien , & ne peuvent conféquem- ment donner naïflance à des corps parfaitement , régulièrement, conf- tamment & uniformément organifés , d'après ce principe bien vrai: Ex nihilo nihil. (1) Divers auteurs (M. Tournefort lui-même, autant qu’il peut m'en fouvenir, dans un Mémoite qu’il a lu à l’Acacémie) ont obfervé une efpèce particulière de champignons qui fe trouvoit fouvent fur l’appareil des blefés lorfqu’on le levoit. Je n'ai pas la prétention de deviner ni d’expliquer comment ces végétaux fe rencontrent dans de telles circonftances; mais voici ce que je foupçonne , & qui me paroit plus naturel. La graine des champignoes ef aflez fine & aflez légère pour être long-tems fufpendue dans l'air; le hafard 2 fixé ces graines fur le linge des plaies , elles y ont germé à la faveur de humidité ; je dirai même de la corruption du pus. Voilà, felon moi, l’eflet très fimple d’un fait qui paraît fi extraordinaire à certaines gens. À moins qu’on ne veuille que J’onguent de la mere, le cérat , une diffolurion de quinquina ou autres ingrédiens dont on £& {ert pour panfer les plaies, ne produifent des champignons, 88 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, « ÆDER , continue M. Mepicus, a fait la même obfervation fur le » phallus efeulentus (la morille ), & GLEDITSCH raconte qu'on a été obligé dans la Marche de Brandebourg de défendre de brûler l'herbe pour faire venir des morilles,. + , . S'il exiftoit une graine , le feu la feroir périr ; mais il eft plas raturel de croire que les morilles font nées des végétaux décompolés ». Je n'ai jamais fu nier un fait avancé comme tel. Je crois donc avec M. MEprcus qu'en Allemagne comme ailleurs, les amateurs de morilles, cherchant tous les moyens de fatisfaire leur goûc & s'embarraffant fore peu de favoir fi ces champignons ont des graines, ou s'ils font le produit du hafard, adoptent les préjugés du peuple, lorfque fur-tout ils, ne nuifent point à leurs defirs, Je crois donc qu’en Brandebourg on brûloir des herbes pour avoir des murilles : je crois aufi qu'une bonne police a empêché ce prétendu moyen d’en avoir davantage ; mais ce que je ne croirai jamais , c’eft que depuis ce tes il en pouffe moins , & qu'à ce procédé feul éroit dû la naïffance des champignons (1), parce que: 1°. Comme l’obferve très-judicieufement Æber, le feu brüleroit la graine , fi toutefois elle fe trouvoit à la fuperficie de la terre. 2°. Qu'en fuppofant que les champignons foient produits par les végétaux décompofés, ce que je fuis crès-éloigné d'admettre, les morilles ne peuvent l'être par des végétaux brülés dont les cendres ne font nulle- ment décompo/fables , naturellement parlant. 3°. Que les morilles ont des femences très-faciles à reconnoître, & que file feu n’a pas fait périr ces graines, c'’eft qu'elles étoient trop profondes en terre, & que les cendres des plantes brülées peuvent, érant _mèlées avec la terre par les pluies douces & chaudes du printems, donner à cette même terre une force & une puiflance végétative qu’elle n’auroit peut-être pas eu, & qui néceflairement facilite le développement des graines, Aufli remarque-t-on que plus le printems eft pluvieux, plus les morilles & autres champignons font en abondance. Au refte, je n’ai jamais vu employer ce moyen en France, où certai- nement on ne manque pas de morilles. Il peut être bon & avantageux pour l'abondance; mais non pas néceflaire, ni caufe premiere pour faire croître les champignons. î « J'obferverai, ajoute M. Meprcus, une chofe remarquable, c’eft » que le fumier produit, quand il eft frais , l'agaricus fimetarius, & 0 EL OU td % (1) I eff certain que les cendres des végétaux brûlés contribuent à engrailler le terrein , & doivent fervir au développement d’une plus grande quantité de graines; mais il elt également certain que ce moyen favorable pour fe procurer une plus grande quantité de morilles n’eft pas la caufe première de leur exiflence , mais feule- ment du développement de Ja graine produite par des morilles de l’année précé- gente, “> produit SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 9 » produic enfuite lorfqu'il a perdu, par le repos, une partie de fa force, » l'efpèce de champignon que l’on fert fur les tables » , &c. - L'explication de cette prérendue fingulariténe me paroîc pas difficile à donner. L’agaricus fémetarius eft un champignon très-mou , mince, contenant beaucoup d'eau , & n’ayant prefque point de fubftance charnue. Il croît ordinairement o/isaire ; ii n’a befoin pour fe dévelop- per que d'une légère fermentation accompagnée d'une humidité chaude, telle que l’eft celle du fumier nouveau. L'agaricus campeflris au con- traire ( c’eft celui que M. Mepicus déligne par le champignon que l’on fert fur les rables ) eft très-compacte & très-charnu. Sa graine eft plus long-tems à germer : elle exige pour fon développement une fermen- tation plus confidérable & un principe nutritif bien formé & plus asiflant que la première humidité du fumier nouveau. Lorfqu’elle rencontre ces qualités néceflaires à fa germination , elle fe développe en plufieurs fila- mens différemmententrelacés & en tous fens ( c'eft ce que les jardiniers appellent blanc de champignons). Ces fibres font les vraies racines du végéral, & {ur lefquelles on apperçoir de perits points ronds qui grofliffene peu-à-peu, jufqu’à ce que parvenus à la furface de la couche, ils paroiflent en forme de boutons & deviennent des champignons parfaits , ainfi & de la même manière, relativement à leur confticurion & à leur organifation qu'un bouton de fleur s’épanouit au moment de la fécondation des femences. L'expérience & les obfervations préfenrent des preuves incon- teftables de ce fait. Si l’on met une glace bien nettoyée ou ‘un morceau de papier noir fous un champignon encore fermé & prêt à fe développer, quelques inftans après le développement parfait, la glace ou le papier font couverts d’une pouffière très-fine dont les grains font de diverfes formes. Ils fe diftinguent facilement à la loupe & même à l’œil nud. Cette poufière n'eft pas la graine, mais le furplus du pollen qui occupe le bord des lames. CARE J'ai nombre de fois répété cette obfervation fur l’agaricus campeftris dans un marais, près de Paris, où cle jardinier foignoit plus de vinge couches à champignons, & dans les bois {ur l’agaricus mufcarius & autres. Elle eft confignée dans un demes Mémoires lus à l'Académie, & auquel j'ai joint des figures & des échantillons en nature de tous les érats du développement de la graine de l’agaricus campeftris (x). Cette obfervarion me paroît fimple , naturelle , & propre à expliquer par la théorie des graines , ce que M. MED1 CUS préfente comme inexplicable. £ (1) Ce feroit fans doute ici Je lieu de défigner.la place qu’oceupe dans les cham- pignons la graine de ces plantes; mais ma Lettre n’eft déjà quetrop longue, & j: me vois forcé de renvoyer M.Me#prcus & les perfonnes curieufes de connoitre de plus amples détails à mon Mémoire irféré dans la nouvelle Encyclopédie , par M, le Chevalier de Ja Marck. - ie Tome XXXPT1, Part. I, 1790. FEVRIER. M so OBSERWATIONS: SUR, L'4 PHYSIQUE}, Quant à l'efpèce.de champignon qui croît fur les couches de rimdans les ferres-chaudes, ce n'eft, pas, comme le foupçonne, M, MEnrcus;! le principe ce certains champignons du genre des .agarieus de LiNNÉE il et lui-même un champignon diftinét, parfait &, complet, décrir, à ce que je préfume, par le même LiNNÉ fous le nom de mucor: fépticus. Certe planre que je. n'avois vue avant de quitcer.l'Europe que dans les fexres-chaudes, m'avoit paru très - fingulière 8; mérirér l'attention des naturaliftes obfervateurs. Je l’ai long-tems fuivie ;dans tous fès érats au Jardin du Roi &, dans les ferres:de M..DE SAINT-GERMaAIN à Paris, fans pouvoir obtenir rien de bien fatisfaifanr. Auf n’en ai-je parlé, dans mes Mémoires que comme n’ayant que des doutes. J'ai eu le bonheur de les réalifer en certitude. IL y sa-environ quinze jours qu'étant àichercher des plantes & des infectes dans les environs du Cap; le hafard me fit jetcer Les yeux fur un panieum (le chien-dent de Saint-Domingue) ; & employé comme tel dans la colonie, Je fus très-furpris:;.& j'avois. peine àlen croire mes yeux , lorfque fur.ce gramen très-verd.&-bien pottants je reconnus, cette plante que j’avois tant.étudiée :en:France, Alors-je la cherchai.dans des environs, & j'eus là fatisfaction de lavoir, comme en Europe dans tous fes états ; d’abord dans J’étar de fluidité, c’eft-ä-dire, femblable. à une matière jaune & glaireufe ; & dans fon état de perfec- tion, c’eft-à-dire , sèche , compofée -d’üne. pouflière brune: femblable à celle des-/ycoperdons., & renfermée. dans une pellicule un:>peu.farineufe en. deflus & grisâtre; d'où je conclus que cette plate eft un champignon parfait & diftinét qui ne vient en Europe que dans/des ferres-chaudes & fous des chaflis, parce qu'elle a befoin pour germer d'une température chaude &! humide conferme:à celle de Saint-Domingue :donr: certe plante elt indigène, & d'où les graines ont été tranfportées azec d’autres plantes envoyées par les: naturäliftes des climats chauds. Quoique cette obfervation me paroïfle fans repliquesuje -doisien rapporter ici.une.autre pouvine Jaifler-aucun doure fur la inature de. ce champignon! ; &e pour. tendre:mpn:lopinion-encore plus probable. Dans ane, matière auf délicate &caufli-peu connue, je ne puis raflembler!trop de faits pour fixer opinion: dés saturalifles fur J'origne &la nature des champignons, qui,.commeivôus savez. pu déjà le juger, n'ont rien de merveilleux ,. & ne s’écarrent pas effenuellement :des luix de da nature pour. la régénération-&c da multiplication perpétuelle de rousles corps orgabiféégrnt smrou maslèig 200 10aM M sup 43 , S 28h SOS Tout le monde fait que chaque climat a fes produëtions particulières &qui lui font propres. Celles de l'Amérique ne font point naturelles à l'Europe ; & les produétiäns!de l'Eurôpe ne fe rencontrent pas en” Amé- rique, à moins qu'elles n’y aient été tranfplantées, & ainfi des autres parties du monde. Il eft même .des genres dont toutes.les efpèces ne croiffent que dans le même climat ; mais il en eft auffi dont certaines IN TU ; x A # x GR NUX ne tie N AAXA LA OQUX 4 À M 95 : SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 9v efpèces fe plaifent dans lés climats chauds , & d’autres dans des climats tempérés & même froids. Le genre des mucor de Linné eft dans ce cas. Le mucor Jépricus dont je viens de parler, a fon femblable & fon analoprie en Europe. Comme cette plante n’a point été décrire par Linné , & que Micar ir feul eft celui qui me paroîe en avoir parlé, on ne fera peut-être pas fàché de la connoître. Cette efpèce, tourefois c'en eft une particu- ide , ne diffère de la précédente que par la couleur. Le #ucor fépticus de Saint-Domingue éft d’abord jaune & glüant, puis roux & brun; celui d'Europe eft blanc, puis grisâtre &, brun. Le premier s'étend & fe d'lbere ; l'autre eft ovale, porté éntre déu£ brins d'herbe, & reflemble à de la moufle ou bave de limacon: Je l'ai trouvé nombre de fois dans mes berborifations aux environs de Paris & de Lille en Flandres, où j'accor.. agnois M. Leftibondois, mon maître en Hiftoire-Narurelle, hhnn trés-inftruit, & dont la modeftie feule fait l'éloge; s'il s'elt pas parent me tranfinettre fes connoiffances peu communes , il a du moins réf en m'infpirant le zèle & l’aniour néceflaires à tous ceux qui fe deftinenc à pourluivre Ja même catrière, dont tous hommes devroient au moins avoir upe teinture , & qui devroit entrer eflentiellement dans l'éducation de la jeurefle. ; j Cette plante eft très-bien figurée dans MiCHELr fous le nom de mucilago. Comme je n'ai pas cet auteur fous les yeux, je ne puis” vous défigner les pages ni Ja figure, mais il elt impollible en cherchant de né pas-la rencontrer (1) & la diflingüer. ë Une autre obfervation de M. MEDICUS für les champinons de chêne (ce doit être le bolefus igniarius, Lin. ou le bolerus hepaticus , Schzf. (2)), non-feulement n’eft pas plus concluante en fa faveur, mais même vient à l'appui de mon opinion. L'interprétation des faits fait toute la différence qui fe trouve entre Jui & moi , C'eft aux naruraliftes inftruits À nous juger. Si ma Lectre n'éroit pas déjà auffi longue, j'enrrerois dans des dérails que j'ofe croire fatisfaifans : jeme conrenrerai donc d’ébferver que l'excroiflance remarquée par. M. MEDrICUS fur uné glace &,autres corps voilis de l'endroit où ont été placés des champignons, n’et & ne peut être que Je premier développement des graines qui s’en font échappées & qui onc (x) Comme cette plante au premier abord reflemble à unesefpêce de bave dépoffe par les limaçons, je dois prévenir ici qu’il ne faut pas,la confondre avec une vraie bave que l’on rencontre fouvent fur les herbes : on les difinpuera facilement en ce que la plante a plus de corps , & rénferme une fübftance gluasre qui {& convertit &n pouflière. La bave des limaçons au contraire n’a point de Hlidiié, & nef compofée que de petites véficules remplies, d’air. ‘ (2) Je vous prie, Monfeur, de fuppléer à ce: qu’il peut manquer aux diver!es citations faites dans cette Lettre : n’ayant pas fous les yeux ces Ouvrages , je ne puis citer que d’après ma mémoire qui peut n'être pas éxafte, pour les détails feulement ; car quant'au fond j'en fuis sûr, & je l’avance hardiment. 1 Tome XX XVI, Pare. 1, 17990. FEVRIER. M 2 92 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, € ommencé à germer à la faveur de l'humidité contenue dans les individus qui les ont produites. Sans aller chercher une glace, la même obfervation fe peut faire également fur des agaricus, des boleuis, des kydmus , des h elvela , des peziza , des tremellu , & généralement fur tous les chame pignons en les {ufpendant au-defius d'un papier dont Îa couleur tranche avec celle des individus foumis à l'expérience. Dès le lendemain on verra diftin@tement à la loupe & même à l'œil nud (je fuppofe que les cham- pignons foient parvenus à leur état de maturité), les graines qui font forties de la plupart avec une explofon fenfible. Il eft plus, fi Pobferva- teur a la patience & l'attention d'examiner pendant quelque tems le jeu de ces plantes, il fera lui-même témoin de leurs mouvemens d'irrita- bilité qu’elles éprouvent à chaque éjaculation des graines. C’eft fur-tout fur la plupart des peziza ( j'en excepte le pexiza lentifera qui doit faire un oenre à part ), fur les Aelvela , fur le phallus efculentus (la morille), fur le sremella nofloc, &c. que ces mouvemens font fenfibles 8: frappans ; ai fait cette oblervation nombre de fois: j'en ai rendu témoins plufeurs botaniftes de Paris. J’ai porté à l'Académie des Sciences plufeurs indi- vidus du peziza cochleata , Lin. J’y ai fait voir la furtie des graines en irrritant lésèrement ces plantes, foit par le fouffle , foit avec le doigt , & j'ai fait remarquer que ce champignon fe crifpoit & fe ramafloit fur lui- même; enfin, j'ai foumis au microfcope une parcelle de ces mêmes plantes, on y a reconnu leur ftruture , leur organifation , la manière dont les graines font rangées , & la caufe naturelle des mouvemens & de la crifpation qu’éprouvent ces champignons lorfqu'ils les lancent. Tous ces faits bien conftatés & répétés dans l'Académie , me paroiffent décififs. J'ajouterai encore que fi on fufpend les champignons fans qu’ils touchent aux papiers fur lefquels les graines tombent, elles s'y deffécheront & ne germeront point; fi au contraire les champignons pofent directement fur les papiers, & qu’on n'y établiffe pas un courant d'air, l'humidité qu’ils contiennent s’échappera, les graines germeront & formeront ces bourrelets & cette expanfon qu'a obfervé M. Mepicus dans fes expériences. Il eft plus que tems, Monfieur, de finir cette Lettre déjà trop longue & qui n'intérefle peut-être que le plus petit nombre de vos Leëteurs. Je dis donc , & je crois avoir finon prouvé , du moins rendu très-probable, que l'opinion de MM.Necxer & Mepicus n'eft fondée que fur des apperçus infufifans , & fur des ebfervations dont les réfulrats font mal interprétés : que mon opinion , celle de prefque tous les naturalifes, eft en tout point plus naturelle & plus jufte ; que tout nous porte à croire que les cham- pignons font réellement des plantes qui fe régénèrent effentiellement par le moyen général & commun à tous les corps organifés , c'eft-à-dire, par le fecours des graines, préalablement fécondées par des organes mâles: & que ce que M. Menrcus appelle des criflallifaions végétales n'elt autre chofe que le développement de la graine qui fe fait par l'extenfon & SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS, 93 l'entrelacement de plufieurs fibres fur lefquelles naïffent des champignons pareils à ceux dont ces graines font (orties. Quant à l’idée de croire que les individus du règne animal produifent également des champignons , vous fentez qu'elie eft inadmiflible. On trouve des champignons fur le corps de quelques infectes morts & décom- pofés , parce que leur corps a fervi de fumier à la faveur duquel la graine s'eft développée s1tel, par exemple, que fur la larve d’un fcarabée, appelé mouche végérante , que le Comte DE BUFFON avoit pris pour la larve d’une cigale, comme s’il eût dû ignorer que les larves de cigale, ainf que celles de tous les infectes hemiptères , ne diffèrent de l'infeéte parfait que par la privation des aîles, & n'ont pas la plus petite reflemblance avec les larves des coleoptères, Ne feroit-on pas tenté de croire que ce Jublime écrivain ne s’eft jamais attaché aux détails, fans lefquels cependant il eft bien difficile de raifenner fur l’enfemble. Certes, le célèbre LINNÉ, à qui il n’a pas fu rendre juftice, fe feroit bien gardé d'une telle erreur (1), La plante qui croît fur cette prétendue larve de cigale fe rencontre quelquefois {ur d’autres larves & même fur des infectes parfairs. Cette larve eft ce qu'on appelie ici & en Afrique r7avka ou vers palmifle (2)+ Je n’ai pas encore pu déterminer au juite fon efpèce; mais j'ai lieu de croire que c’eft ou le /carabeus aloeus ou un cerambix de LiNNÉ. Je me propofe d'en donner des détails plus circonftanciés & de plus amples renfeignemens en publiant la relation de mes voyages. Je rerminerai cette Lettre, Monfeur , en vous faifant part d’un fait & d’une obfervation que les naturaliltes & les botaniftes ne feront pas fichés de connoître. On a cru jufqu’à préfent que le champignon qui croît fur le raoka ou vers païmifle eft un clavaria, & l’on elt dans l'erreur. Cette plante eft très-certainement un olerus. J'en ai vu plufieurs individus dans le cabinet de M. Artaud, Médecin du Roi & Secrétaire perpétuel du Cercle des Philadelphes. Lorfque ce champignon eft parvenu à fon entier développement, l'extrémité fe renfle en forme de maflue , & la circon- férence fe charge de trous ou pores pareils À ceux de tous les ho/erus, Ne pourroit-on pas l’appeler boletus larvarum è Je fuis, &c. Du Cap-François Ifle Saint-Domingue , le 2 Juiller 1789. (1) J'ignore f le Comte de Buffon a publié & fait imprimer fon ‘opinion fur les prétendues mouches vegétantes ; mais je J'ai lu dans une Lettre qu’il a écrite à M. Pozony , Doëteur en Médecine au Cap-François, en le remerciant de l’envoi qu’il lui avoit fait de ces larves chargées de champignons. (2) Les nègres de la côte & ceux de Saint-Domingue font grand cas de ces larves. Ïls vont exprès, ceux de la côte, les chercher dans les bois, & s’en font un régal J'en ai même vu qui les avaloient en vie & fans les faire griller. 94 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, L'PENDERUE “ DE MAR.EVNLE “Re À Mac: DE sl Aie BRAMEUR DE I SUR LA NATURE DU FEU. Mspceme Comme le nombre des phyficiens pneumatiftes diminue rous les jours en France, ilme fera permis d'employer les mots feu, phlooif- tique, & principe inflammable; mots que la nouvelle doctrine vou- loit profcrire, comme trop clairs & trop faciles à prononcer. Car, dans toutes les fciences , des néologifmes barbares impriment un certain refpe&t à la multitude, & contribuent au fuccès des doétrines qui les émploient. M. Leopold Vacca Berlinghieri vient de donner, dans votre Journal , des principes nouveaux fur la nature du feu : quelques rapprochemens heureux, joints à des idées plus hafardées, : m'enga- gent à difcuter cette matière. Ce phyficien prouve très-clairement & par des faits ; ainfi que vous l'avez déjà écabli, que le feu de la combuftion ne vient pas de l'air, mais bien des corps qui fe décompofent : mais, en même temps, il difingue le feu ou principe de la chaleur, du phlogiftique & du principe inflammable, fans déterminer comment ces trois êtres peuvenc être différens. Il m'a toujours paru, que plus on fimplifie les êtres & les opé- rations de la rature, & plus on fe rapproche de la vérité. Le feu eft un principe des corps, puifque l'air le développe dans toutes les dé- compoftions donc il eft l'agent : il forme, par fa combinaifon avec d’autres principes, la nature de chaque fubftance. C'eft donc de Pexate proportion de fes principes, que dépend'la nature de chaque être, & cetté proportion forme fon eflence; de forte que le plus léger changement altère fa manière d’être & modifie’ fa närure, Sous ce principe, l'air pur combiné avec le feu des fübitances qui fe dé- compofent, perd fa nature d'air vital, & le réfidu des corps n'a pas les mêmes propriétés qu'ils avoienc primitivement. 4 D'après un tel principe, on ne peut admettre aucune matière par- ticulière de la chaleur ; parce que cette matière, qui doit néceffaire- is SUROMPHIST. NATURELLE ET LES ARTS) 6 ment être lesfen ou un de fes côompofés , né pourroit entrer dans un corps ;: où le quitter, fans changer fes principes. Car chaque corps ayant une quantiré de feu proportionnelle à {a nature ; la plus légère algmentation ou diminution altéreroit néceffairement fes propriétés. Cependant un corps échauffé pollede les mêmes propriétés chimiques, que lorfqu'ii eft froids Ain là chaleur n’eft pas une matière, & cetre eapacité de cheieur, qu'on a calculée, ef. une hypothèfe fans fonde- ment. f Le-feu eft doué d'aneélaficiré effentielle à fa nature, à laquelle ir obéit , dès que fes liens ou fes combinaifons ne le retiennent pas, & qui eft réveillée par la préfence du feu en mouvement. Ainfi un corps dont le feu eft dilaté par l'inflammation, l'échauffement, des frottemens, Ke, mis en contact avec un corps, dont le feu eft en équilibre, & agit fur lui: le feu, que ce fecond corps contient | fe dilare, écarte les molécules conftituantes , & le feu principe des deux cotps parvient à une dilatation moyenne; de forte que le premier perd unpeu de fa-chaleur, & que le’fecond en acquiert. Une chofe digne d'attention , c’eft que la chaleur ne franchit pas les efpaces: elle fe propage graduellement d'un lieu dans un autre , & cela à mefure qu'elle paffe les intermédiaires, C'eft que la dilatation de chaque molécule de feu awgmente celle des molécules qu'elle avoifine, & que ‘c'eft-par uhe-prostéflion aufi infenfible, que la chaleur fé’ pro- page: des faits viennent à l'appui de cette vérité. L'air , autant échauflé que! poffible, fe dilére fans changer de nature; & revient à fa pre- mière manière d’être, lorfqu'il fe refroidir. S’il'abforboit une matière de la chaleur ; en s'échauffanr , cètre chaleur augmenteroit la quan- tité de feu’, qui conftitue fa nature de fluide, & fes propriétés feroient altérées. On peur s'en affurer en chauffant de l'air dans des corps décompofabiess il fe charge du feu‘ qui ‘s’en échappe’ & devient air fixe ;‘phlooiftique , où inflammable, fuivañit és circonftances, & ces corps perdeñt leur nature, L'eau cha: fée danseun ‘corps non décom- pofable, dars la machine dé Papin, n’éprouve aucun changement : fes vapeurs fe côndenfent en'fe réfroidiffanr, & redeviennent liquides. Chauffée dans des corps décompofables, comme dans des canons de fer rougis, elle devient un fluide inflammable, alors fa nature eft changée, par fa combinaifon. avec üne nouvelle quantité de feu. Il me paroît que cette-application: de là décompofition apparente de l’eau, adoptée-déjà--par M: Klaproth-; eft-bien naturelle. L'eau en vapeurs, c'eft-à-dire dont le feu principe a été dilaté pat la chaleur, pañlant dans ‘un tube de fer chauffé au rouge, fe charge des molé- Cules de feu que jleur exceflive dilatation rend moins adhérentes aux autres PRESS de ce métal. Combinée avec cette nouvelle portion, de feu, elle eft un fluide femblable à. l'air inflammable , que 39 96 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, le froid ne peut pas ramener. à l'état liquide, parce que c'eft une nouvelle combinaifon, qui diffère de celle de l'eau, par la proportion des principes. Ce fluide inflammable perd, par la combuftion , l’excès de feu qui mafquoit l’eau, & cet élément reparoît fous fa forme li- quide, Ce développement de la décompoftion apparente de l’eau, que - j'ai propofé dès l'an 1786, en détruifant le preftige , explique l'exac- titude des réfultats, que les phyficiens pneumatiltes ont obrenus, & qu'ils avancent comme une preuve de la vérité de leur fyflême: car puifque l’eau revient à fa première nature, elle conferve le même poids, & l'air pur devenant air acide, ou phlogiftiqué, fuivane les circonftances, abforbe le feu qui fe dégage de l’eau aériforme, & les principes contenus dans les vafes , quoique diverfement combinés, confervent le même poids. Ainf , en accordant même aux phyficiens preumatiftes, la vérité de leur expérience, on peut la faire entrer dans la malle des faits qui établiffent la doctrine du feu , & l’on eft dif- penfé de conftruire un édifice neuf, en faveur d’une feule circonitance & d’un fait très-partiel (1). Tous les corps n’ont pas la même dilatation, par conféquent, le feu n'y eft pas au même point de condenfation : on peut m’oppofer certe objection, Mais comme la dilatation, effet de ia chaleur , eft purement relative à un état antérieur, & qu'il ne. peut -exifter de chaleur abfolue dans aucune circonftance, ellé tombe néceflairemenr. Un folide, un liquide &c.un fluide contiennent du feu principe, mais diverfement combiné, foit pour la quantité, foit pour l'état habiruel de dilatation. Mais à partir de ce point, ces trois fübftances , placées dans un lieu plus chaud, ou plus Foid , augmentent ou dimi= nuent de volume & indiquent le même degré au thermomètre ; quoi- que, par la diverfitéde leur nature, l'une fe. dilate en quantité plus ou moius confidérable, que les autres, ou parcourc une échelle plus ou moins étendue. L'eau, depuis le point de fa congélation, jufqu'à celui de vapeurs, parcourt une férie immenfe de degrés de dilatation, tandis qu'un métal en parcourt un très-perit nombre; cependant ces deux fubftances offrent des degrés de chaleur égaux , lorfqu'elles fone lacées dans les mêmes circonftances. Il fuit de ce principe fur la chaleur , principe qui me paroît ap- plicable à vous les faits partiels, que la quantité de feu, contenue (x) Les expériences de M. Van Trooftwyk ajoutent une nouvelle preuve en faveur de mon opinion fur la prétendue décompoftion de, l’eau ; cat le fluide électrique fe combinant avec les principes de quelques molécules d’eau , les dilate & les Change en air inflammable ; mais dès que l'étincelle a lieu, elle enflamme cette nouvelle combinaifon & rétablit l’état primitif de l’eau. Cette explication bien fimple difpenfera les auteurs de ces expériences ingénieufes de changer de fyflèmes. ä ans SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 97 dans les corps, ne change pas, fans aitérer leur nature, & que la chaleur eftune circonftance, c’eft-à-dire , une augmentation ou dimi- nution de volume des corps, produite par l’état de dilatation ou de condenfätion du feu qu'ils contiennent. La fenfation que l’homme & les autres êtres fenfibles éprouvent, à l'approche d'un corps échauffé, eft une fuite de la dilatation du feu, qui tend à fe mettre en équi- libre, & cetre fenfation ne peut être donnée comnte une preuve en faveur de l’exiftence d'un nouveau fluide. Lorfque la dilatation du feu, contenue dans un corps, augmente au point de diminuer infiniment fon adhérence aux autres principes, l'air, dont l’affinité avec le feu eft conftante , fe dégage, & ce corps fe décompofe: quelques molécules de cet air fe xenc dans les réfidus & augmentent leurs poids. C'eft le développement e plus clair des phénomènes de la combuftion, que les pneumatiftes regardent comme inexpliquables, dans la théorie des partifans du feu. D'autres affinités que celles de l'air, peuvent également décom- pofer les corps: il fuit feulement, qu’une fubftance ait une plus grande affinité avec le feu, qu'une autre, pour le décompofer , foit dans fon état naturel, foic lorfque l’adhérence de fes principes eft affiblie par la chaleur. Un acide diflout un métal, parce qu'il a plus d’afhnité avec le feu conftituant de ce métal , que les autres prin- cipes du métal n'en avoient : il le fépare, & les molécules d’acides qui s’en font chargées, contenant une nouvelle portion de feu, changent de nature. Plufeurs deviennent aëriformes, c’eft-à-dire, une combi- naifon de l’acide avec une nouvelle portion de feu, comme l’eau aëriforme eft une comtinaifon de l'eau avec une nouvelle portion de feu. Lorfqu'on enlève aux acides cer excès de feu, les anciennes praportions fe rétabliflent , & ils reprennent leur première nature. Ainfi la combuftion , les diflolutions , & même la refpiration des êtres vivans ont un feul & même principe, lafhinité différente des corps avec le feu. Mais on n’a pas encore déterminé comment cette affinité exifte , quels en font les principes , pourquoi certaines combinaifons de la matière la poflédent plus que d’autres. Ceux qui pourront jetter quelques lumières fur ces faits, rendront un fervice eflentiel aux favans. Car même en reconnoiflant cette forme, en la voyant confirmée par une obfervation conftante, on efl forcé d’avouer que le mor affinité eft vide de fens, qu’il préfente des idées vagues, & qu'il eft employé pour exprimer un fait qu'on ne conçoit pas. Dans toutes les fciences, on a long-temps répondu aux queftionneurs trop preffans , cela efl, parce que cela doit étre , avant d’être en état de leur expliquer les caufes, Je finirai ,comme tous ceux qui propofent des théories nouvelles, Tome XXXVT, Pare. I, 17990. FEVRIER. N 28 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, par dire, que celle-ci explique mieux les faits que les anciennes hypo- thèles |, & que tous les, faits viennent sy claffer d'eux-mêmes. Chacun tient naturellement aux idées qu'il a conçues, On me per- mettra de rappeler l'épigraphe que j'ai prife en propofanr mes idées fur le feu, pour la première fois, du choc des opinions jailli La vérité: routes les fois qu’on attaque des théories reçues, on les éclaircit, lorfqu'on ne les renverfe pas. Je fuis, &c. À Paris, le 28 Décembre 1789. ? UMNÉ NO TRUE SUR LA DENSITÉ DE L'AIR A DIFFÉRENTES HAUTEURS; Par M. DE SAUSSURE le fils. IL eft conftant d’après les expériences d'un très-grand nombre de pbyfciens, que l'air fe condenfe à très-peu-près dans le rapport des poids qui le compriment, & que par conféquent la denfité de l’atmol- phère doit décroître en progreflion géomerrique, tandis que les hauteurs croiflenr en progreflion arithmétique, L'on ne peur juger par Pexpérience fi la denfité de l’armofphère fuit effectivement ce rapport, qu'après avoir exactement déterminé l’in- fluence qu'ont fur elle la chaleur & l'humidité qui parciflent être indépendamment du changement de préflion, les principales caufes de fes variations. Bouguer partit de la loi que doivent fuivre les condenfations de l'air, pour calculer les hauteurs des montagnes par le baromètre , en prenant la différence des logarithmes correfpondans aux élévations du mer- cure dans les deux flations dont on veut connoître les haureurs refpec- tives. Il paroît que ce phyficien n’avoit aucune notion de linfluence de la chaleur & de l'humidité fur la denfité de l'air, ou que s'il en avoit fur l’effet de-la chaleur, il le jugeoit beaucoup moïndre qu'il ne l'elt réellement. , Lorfqu'il voulut, appliquer fa formule aux expériences qu'il avoit faites lui-même à différentes hauteurs dans les Cordillières , il trouva qu'elle ne donnoit des réfulrats éxats qu'à certaines hauteurs & dans certaines limites, & il foupçonna dès lors qu’il y avoit dans le reffort de l'air d'autres variations que celles que la chaleur & les change- ment du poids de ce fluide y pouvoient introduire. SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 59 Bouguer chercha à confirmer cette fuppolition par l'expérience; & il crut y parvenir en faifant ofciller à différentes hauteurs u5 pendule à peu-près femblable à celui dont Newton s’éroic fervi pour trouver les rapports des réfiftances de différens milieux. Bouguer jugeoit par les pertes de mouvement que faifoit le pendule dans un temps donné, de la réfiftance de Pair & par conféquent de fa denfité, & il voyoit s’il y avoit un rapport conftant entre les denfités trouvées par le pendule & les pefanteurs indiquées par le baromètre, Ses réfulrats furent cue depuis le fommet du Pitchincha; montagne de la Cordillière où le mercure fe foutenoit dans le baromètre à 16 pouces , jufqu'à une hauteur où il fe (outenoit à 21 pouces, il y avoit un rapport conftant entre les denfités de l'air & les poids qui le comprimoient; mais que depuis cette limite , la denfité relative de l'air diminuoir de plus en plus, jufqu'à une hauteur de 200 toifes au- deflus de la furface de la mer, que dès lors elle cefloit de décroitre, & alloit enfuite en augmentant jufqu'à la mer; il crut pouvoir en conclure que toutes les molécules d’air ne jouifloient pas d'une mème élaficité, & que les plus élaftiques gagnoient le haut de l'armofphère tandis que celles qui léroient moins, refloient en bas, ( Voyez Mémoires de l'Académie de 1753, page 515.) Ces expériences n’avoient point été répétées depuis Bouguer, elles demandoient cependant à l'être, puifqu’elles pouvoient rendre à per- fe@ionner la méthode de la rmefure des montagnes par le baromètre, de même que le calcul des réfractions. Peu de jours avant le départ de mon père pour le Col du Géant, M. l'abbé Gruber, célèbre phyficien de Prague, lui écrivit pour l'enga ger à répérer les expériences que Bouguer avoit fairas à ce fujet; il en fencit l'importance, & fic conftruire fur le champ un pendule fphérique d'érain, creux en-dedans, de ÿ pouces de diamètre & du poids d'environ 2 livres. Ce pe:idule étoit fufpenda à un fil d'arvent long de fix pieds & terminé par un anneau d’acier qui ofcilloit fur le tran- chant d’un crochet de cuivre. ‘Lenômbre d'expériences que faifoit mon père dans ce voyage & auxquelles il pouvoit à peine fuffire, l’engagea à me charger du foin particulier de celles-ci. ‘ Le peu de détails dans lefquels entre Bouguer fur la fufpenfion de fon pendule, la manière de s’en fervir & de l’obferver, nous 4 fait faire un grand nombre de tentatives inutiles, & feroit peut-être une raifon pour douter de l'éxactirude de fes réfulcars. Newron s'éroir fervi d'une fphère pour fon pendule, Bouguer lui fubftitua un cylindre, changement dont on ne conGoit pas lunilité, vu qué ce cylindre‘offrant à l'air une différente furface foivant fa polition “Tome XXXVI, Part, I, 1790. FEVRIER. N 2 co OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, dans la courbe qu'il décrivoit, devoit ainfi troubler l'exactitude des réfulrats. < ‘ Après avoir fait quelques expériences avec le pendule, je m’apperçus qu'il y avoir très-peu de régularité dans les ofcillations, & que l'erreur provenoit de la grande difficulté qu’éprouvoit le pendule à s’émouvoir parallèlement à la direétion que je lui donnois; il décrivoit toujours des ellipfes plus ou moins excentriques , & perdoit en les parcourant une quantité de mouvement dont il étoic impoflible de tenir compte. Nous avons modifié ces expériences, de plufieurs manières en chan- geant la fufpenfion du pendule , «en fubftituant des fils de foie aux hls de métal, & nous n'avons pas eu plus de fuccès. Lorfqu'à de prandes hauteurs je fus forcé d’obferver le pendule, fous une tente, je trouvei dans les ofcillations de beaucoup plus grandes irrégularités qui provenoient fans doute de ce que le mât de la tente auquel le pendule étoit fufpendu, participoit à fon mouve- ment, qui devenant alors compolé, troubloit totalement la régularité des ofcillations, Nous conclümes de-là qu'il n'étoit poñlible de faire ces expériences avec exactitude que dans des maifons où l'on étoit à même de fixer le pendule à un mur ou à une poutre très- folide. À notre retour nous nous occupâmes des moyens de perfectionner Ja fufpenfion du pendule, & nous trouvâmes que celle qui eft connue fous le nom de fufpenfion à reflort, donnoit les réfulrats les plus fa- tisfaifans, J'obferverai que la longueur qu’on donne au reffort , doir être en raifon de fa flexibilité. Si le reflort elt trop long, les ofcillations font tremblartes ; sil ne l'eft pas aflez, il oppofe trop de réfiftance au mouvement du pendule, La lame d'acier que nous avons employée à cet effet a 4 pouces de lengueur , 4 lignes de largeur &-eft fixée à une verge infléxible d'acier, à l'extrémité de laquelle eft le pendule. La diftance comprife entre la partie inférieure de la pince qui ferre de reflort & le pôle fupérieur du pendule, efl de fix pieds. If faut avoir foin que cette pince n'embrafle pas obliquement le reflort & que le pendule foit vertical. Pour juger de la réfftance de l'air, je compte de même que Bouguer combien le pendule doit faire d’ofcillations pour réduire l'étendue de fes demi-excurfons de 100 lignes|.à,.80. Ces obfervations exigent la plus grande attention. Il eft très-difficile de faifir le moment où les ofcillations ont précifément la longueur requife pour qu'on puiffle commencer à les compter, & celui où il faut s'arrêter; il eft difficile encore, d’éviter toute erreur de parallaxe, le moindre courant d'air, le moindre mouvement dans le lieu où fe font les obfervations , influent fur leurs réfultats, elles exigent affez de temps, ce n'eft qu'en les répétant plufieurs fois qu'on peut s’aflurer de n'avoir pas commis d'erreur ; enfin on ne peut point faire ces ex- pétiences à de grandes hauteurs, ( parce que le mât ou le pieu au- ,SURIL'HIST. NATURELLE ET LES ARTS, 101 quel l’on fufpend le pendule, participe à fon mouvement, & dans les maifons mêmes , il eft fouvenc difficile de trouver un lieu qui leur foit propre. Il eft un autre moyen de faire ces expériences, qui confifte à pefer à differentes haureurs un ballon dé verre exaétemenc fermé ; fes ivaria- tions obfervées dans les poids du ballon correfpondent aux différences des poids des volumes d'air que le ballon déplace. Les inconvéniens attachés aux expériences du pendule, me firent fentir la nécefité d'employer cette derniere méthode qui eft beaucoup plus directe, plus exacte & plus prompte que la première. M. l’abbé Gruber dont j'ai déjà parlé, a inventé ane balance remar- quable par fon extrême fenfbilité; on en voir la defcription dans les mémoires de la fociété littéraire de Bohème de 1788. M. Gerftner a rendu par de petits changemens cette balance propre à éprouver la derfité de Pair. Ces deux favans font auellement occupés à faire à ce fujet des experiences. M. de Fouchy ( Mémoires de l'Académie 1780 , page 73) a ima- giné un appareil très-ingénieux au moyen duquel on trouve le poids du ballon fans râtonnement. Mais comme il n’a jamais été exécuté, que fa conftruétion paroît difficile & que le temps nous manquoir, nous avons employé une balance ordinaire. Le ballon dont je me fuis fervi eft fermé hermétiquement, il fe fufpend. à la balance au moyen d'un crochet de verre qui fait corps avec, lui, il a la forme d'un ellipfoïde applati dont le grand diamètre a 153 lignes; & le petit 147,86 lignes. Sa folidité , y compris celle du crochet & du cône tronqué auquel tient ce crochet, eft de 10$3,95 pouces cubes , il pèfe à 27 pouces du baromètre, à 11,5 du thermo- mètre & à 7ÿ de l’hygromètre, 18723 grains. Le volume d'air qu'il déplace alors pèle 461,79 grains. Je fuppoferai la denfité de l'air égale à l'unité à- 28 pouces Au baromètre, 11,5 du thermomètre &c 75 de l'hygromèrre, & puifque le volume d'air que déplace dans ce cas le ballon pèfe 477,45 grains, & que la denfité de l'air eft propor- tionnelle à fon, poids, jen conclurai qu'à 27 pouces elle doit être exprimée .par la fraéion 096719. La balance dont je me fuis fervi trébuche fenfblement, À ! grain, ou à un milliéme de la denfité de l’air à 27 pouces lorfqu'elle eit chargée du poids du ballon. . Ce qui jette le plus d'incertitude dans les expériences de Bouguer, c’eft d’avoir négligé d’eftimer l'effec de la chaleur & de l'humidité fur. la denfité de l'air. J'ai, cherché à reconnoître leur inAuence, & je fuis parvenu! à la déterminer. non avec toute la précifion dont certe correction peut-devenir fufceptible par des inftrumens. plus fenfibles &- un plus grand nombre d’obfervations , mais affez exaétement cepen- to2 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, dant pour n'occafñonner afcune erreur dans les réfulrars que ces expé- riences pouvoient donner. L'influence de la chaleur fur la denfité de l'air doit être modifiée, 19, en raïon de la quantité dé cette rrème chaleur ; 2°. «en raifon de la denfiré de la tranche d'air fur laquelle elle agir. Il y a donc deux corrections à faire, l’une relative à la hauteur du thermomètre, l'autre à celle du baromètre, Je fuppoferaî ici ces deux corrections indépendantes l’une de l'autre ; elles ne le (ont peut-être pas, cela eft même vraifemblable. Mais leur influence réciproque ne peut pas pro- daire d'erreur fenftble dans ces expériences, vu que le ballon a toujours été pefé à des dégrés de chaleur prefque femblebles :& peu diftans du degré commun auquel je les ai routes réduires pour eflimer leffee de la chaleur relativement à fa quantité. J'ai fait des obfervations de s en $ dégrés du thermomètre aux mêmes hauteurs du baromètre & aux mêmes degrés de l’hygromèrre, les différences des poids du ballon comparées à celles des degrés du thermomètre m'ont fait connoître J'effec inoyen de la chaleur fur la denfité de l'air de ÿ en $ degrés du thermomètre, A 27 pouces une différence de $’degrés de chaleur comprife entre o & le 25° degré du thermomètre de Réaumur, correlpond à une différence de 43,5 grains fur le poids du ballon , ou à la 0,094199° partie de la denfité qui équivaut ici au poids de 99,28 pouces cubes. € De o À $ des. $ deg. correfpondent à 8,3 grains ou à la 0,017974 PA Re LA EEE PE la TOURS (2 miSne able ronn d'ale Pme De Ton » circonftance qui hâte fa deftruétion & qui la réduit en pouflière, c’elt » Jorfqu’elle a été mouillée par l'eau de la mer ; alors elle refle toujours » humide, & fe recouvre d'une efflorefcence faline ; il s’y forme une » croûte de plufieurs lignes d’épaiffeur, mêlée de fel marin & de nitre à » bafe calcaire & alkaline. La pierre s’égrène d’elle-même fous cette » incruftation , & fe réduit en pouflière. La croûte faline fe détache & » tombe, & il s’en forme une nouvelle fucceflivemenr, jufqu'à ce que » toute la pierre foit détruire. Une feule goutte d’eau de mer fufft pour > placer dans la pierre ce germe de deftruéion; elle y forme une rache » qui s'étend peuy-à-peu, & qui faic participer route la mafle à ce genre » de carie, qui ne fe borne pas à cette feule pierre lorfqu'elle eft employée > dansun mur, mais (e communique, avec le tems, aux pierres voifines , » & s'annonce toujours par l’eMorefcence. Les pierres les plus facilement » attaquées font celles qui contiennent le plus de terre magnéfienne ; » elles réliftent davantage lorfqu’elles ont un grain plus fin & plus ferré, » Cette rarie contagieufe atraque toutes les pierres de Malthe expofées » à Jean de la mer ». FR J'ajouterai à cette obfervation que les nitrières de Ja Pouille font , ou près de lamer , où du moins n’en font pas aflez éloignées pour qu’on ne puiffe raifonnablemest fuppofer que le rérrein dans lequel elles fe trouvent n'ait pas été baigné de fes eaux dans des tems plus reculés. Quoi qu'il en foic de cetre remarque, je fuis bien éloigné de vouloir expliquer l’origine du nitre, & de l’attribuer au fel marin. J'abandonne tous les raifc nnemens qui portent l'empreinte de la théorie, perfuadé que nos connoiflances font trop limitées, & que notre vue eft beaucoup trop courte pour former aucun fyftême. Ayant été obligé de reprendre le même chemin par lequel j’étois venu à la nitrière, je ne parlerai que de Molferra & de Barlerta, ainfi que de leurs environs, que j'ai vus avec aftention. La première contient 13,000 hommes, dont plus de la moitié ell compofée de pêcheurs & de mariniers, On y compte 24 prefloirs, nommés srapecti ; il en fort annuellement 10,000 fomi d'huile, Le foma pèle 180 roioli, ou 375 livres. Læ valeur de chaque rotoli eft de 25 ducats, ou de 10 livres. Son rerriroire rend outre cela pour 25,000 ducats d'amandes. Le chemin d'ici à Bifceglia , quoique mauvais, paile par de belles campagnes abondantes en toutes fortes de fruits. C’eft après avoir SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS 7 paflé Trani , que le chemin commence à devenir praticable, & qu’on jouit de la vue d'une vafte plaine couverte d'oliviers & d’amandiers en Beurs , de moiflons & de vignes. Un grand nombre de petites cabanes conitruites en pierre calcaire, donnent à cette plaine un air très-pittorefque. Ces maifonnetres reflemblent à d'anciens tombeaux tartares ; elles fonc bâties en dôme , & fervent de logement à ceux qui gardent les fruits, & font pour cela nommées /pechia dans le pays. En pañlanc par Trani, ville agréable & bien fituée , nous traversâmes un pont três-long , bâti à grands frais fur un enfontement marécageux, pour aller à Barletta. M, le baron E/perti nous reçut avec beaucoup d'affabilité , & eut la complai- fance de nous faire voir cette ville. Elle eft aufli bien payée que Naples, tout en grands quartiers de pierre calcaire. C’eft une des villes les plus remarquables de la province. Ses maifons font belles, bien fituées ; fon territoire elt vafte, & le commerce floriflant. Sa population {e monte à 18,000 ames ; il y a treize couvens , un confervatoire ou maifon d’orphe- lins, & une manufacture de nitre. L'exportation qui s'y fait en huile, en bled, en vin & en oranges, attire dans ion port plus de 1 jo vaifleaux étrangers. Barlerta polsède 34,400 mogpie (1) de terres cultivées, qui donnent dans les années fertiles 90,000 comoli de ftigie (2), ÿo,000 d'orge, 25,000 d’avoine, 18,000 de feves. Le produit des oliviers fe inonte à 180 /orri (3), & celui du vinà 25,000. On y recueille 2,300 tomoli d'amandes, Le nombre des bœufs & des buffles y eftconfidérable, & celui des brebis eft de plus de 35,000. On fait que c'eft près de cette ville que fe trouvent les grandes falines. On m'a dit qu’elles occupoient 406 hommes, mais que l’air en devient infect dans les grandes chaleurs. Nous quirtames Barletra pour retourner à Naples par le même chemin que nous avions parcouru , ravis d’avoir vu les nitrières : fingularités auf intéreflantes pour l'Hiftoire-Naturelle qu'utiles à l'Europe. (1) Le moggio équivaut à-peu près à l’arpent de Paris, qui contieat 200 toiles carrées, (elan M, de la Lande, (2) Le somolo ou tumulo vaut, felon le même académicien , environ quatre boiïfleaux de Paris. (3) Le foma pèfe, comme je lai déjà dit plus haut, 180 rozoli ,! qui péfent chacun 33 onces & demie; — 375 livres de Paris pour chaque Joma. NoTEe DE M. DE 14 MÉTHERIE. Il eft bien prouvé par tous les faits que le nitre (e produit journellement dans des terres imprégnées de matières animales &, végétales en décompolitien , dans les raies, &c. mais que le concours de l'air atmofphérique eft nécefluire à ceite produ&ion. Il eft encore prouvé que le nitre fe trouve en très-grande quantité dans plufieurs contrées. Les eaux pluviales lavant les terres doivent emporter le nitre ainfi que les autres (els dans les fleuves & dans les mers; cependant dans l’analy{e des eaux des £ d N 118 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, pérs DATENT DÉS CRT ALTON: D'UN INSTRUMENT AU MOYEN DUQUEL ON PEUT RÉTABLIR LA, RESPIRATION ; “ Par M. RouLaAND, Profeffeur & Démonflrateur de Phyfique expérimentale en l'Univerfité de Paris (x). O N doit l'invention de ce précieux inftrument à M. Gorcy, médecin de l'hôpital militaire de Neut-Brifack, & phyficien de la même ville, qui l'a fait connoître dans un mémoire fur les différens moyens de rappeler à la vie les afphyxiques ; inféré dans le Journal de Médecine , cahier de juin, année 1789. Jaloux d'avoir en ma pollellion un inftru- ment fi utile, & d’en faire connoître le mécanifme dans mes cours de phyfique , je lai fair exécuter , non pas tel préciléent qu'il a été propofé , mis avec quelques changemens peu importans que j'ai jugé à propos d'y faire pour en diminuer le prix & en faciliter l’ufage; &e depuis. j'ai procuré à plufieurs perfonnes ce même inftrument, qui offre un moyen für & facile d'introduire de l’afr pur dans les poumons & d'en recirer celui qui y eft méphiuifé. L’abolition de la relpiration ou le défaut du renouvellement d'air contenu dans les poumons, étant la vérirable caufe de la mort des ——————————_———_—…——…—…——_"_“————_—_—————— puits & des fleuves à peine y trouve-t-on des vefliges de nitre, & jamais dans les eaux de la mer. : 1 faut donc en conclure que ce fel fe décompofe par l'agitation des eaux. Il fe décompofe également dans économie animale où on ne le retrouve jamais, quoi- qu'il foit contenu dans plufieurs végétaux dont fe nourriffent les animaux. Peut-être contribue-t-il à y former l’acide phofphorique. Telles font les règles générales. Mais des eaux lavant des terres très-riches en nitre , & venant {e dépofer dans des lacs très-voifins où elles s’évaporeroient promptement, feroit-il impoflible que le nitre n’eût pas le tems de fe décompofer , & criflallisät en grandes maffes comme Île fel gemme? Celui-ci eft aufli certainement un produit nouveau qui fe forme journel- lement, foit dans les plantes marines, foit dans les animaux marins, & qui va fe dépofer & criftallifer dans des circonftances favorables. La feule différence que préfentent ces deux fels, c’eft que le nitre fe décompoler très-facilement, au lieu que le fel inarin eft décompofé plus difficilement. Woyez dens le cahier précédent les Lettres de MM. Carburi, d’Arcet & Lavoifier. (x) M. Rouland s’offre de fournir cet infirument à ceux de nos Leéteurs qui le lui demanderont. Il demeure à l’hôtel de Mouy , rue Dauphine, N°, rio. « ; à : SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 119 afphyxiés ou fuffoqués, c’eft faire ceffer fur le champ certe caufe, que d'introduire de l’air refpirable dans les poumons, Sice moyen a eu du fuccès , malgré tous les inconyéniens attachés jufqu'à préfent à fon ufage , combien n’en doit-on pas efpérer, fi l'on ef parvenu à détruire tous ces inconvéniens, & à perfectionner l'empioi de ce moyen ? On fait que l'air, tel qu'il fort des poumons, eft beaucoup moins pur & moins propre à la refpiration que quand il y eft entré: il a perdu fon air vital, fon gaz déphlogiftiqué , le feul qui foit capable d'entretenir la vie des animaux ; il ne refte prefque plus qu'un gaz mépbitique, qui bien loin de pouvoir fervir à la refpiration , l'éteindroit au Contraire s'il éroit relpiré de niuveau. C’eit pourtant cet air im- pur & déléière qu'on introduit daas le poumon, lorfqu'une perfonne fouffle avec fa bouche dans celle d’un afphyxié : on efl donc bien éloi- né par cette manœuvre , de remplir le but qu'on fe propoie. L'ufage du foufflet ordinaire, quoique préférable , n'eft cependant pas lui-même fans défaut. L'air qu'il fournit eft à la vérité , auñi pur que celui de larmofphère qui l'entoure ; mais en fe fervanc de ce moyen on n'eft point afluré d'introduire de l'air dans les poumons, car fi les poumons font déjà remplis d'un air méphitique, comme on n'en peut douter ,on conçoit facilement que, pour en introduire du nouveau, il eA indifpenfable d'en extraire celui qui s’y trouve & qui empêcheroit probablement l'accès à l'air qu'on fe propofe de lui fubftituer. Il faut donc commencer par pomper le gaz contenu dans les poumons & y porter au même moment un air pur & propre à la refpiration. Or, on peut produire facilement ces deux effets au inoyen de Pinflrument propolé par M. Gorcy. Cer infrument, tel que je l'ai fait conftruire , eft compofé de deux corps de foufflets joints enfemble fans communication de l’un dans l'autre, quoiqu’ils aient un feuillet commun, Le feuillet extérieur de chaque foufiler eft percé d'un trou auquel eft adapté une foupape. La païtie ir férieure & cylindrique par où l'air doit fortir eft maltiquée dars une boîte de cuivre qui renferme deux autres foupapes adaptées aux con- duits qui communiquent dans l'intérieur des foufflets. Le couvercle de . cette boîte, qui eft vüllé deflus avec un anneau de cuir entre deux, a prefque la forme d'an entonnoir ; fa uge, qui eft creufe ; a poûr prolon- gement un tuyau flexible fait d'un morceau de tafleras gomimé qui recouvre un fil de métal rourné en fpirale. À ce tuyau en eft joint un autre d'ivoire dont l'extrémité eft arrondie en canule , & de grofisur à pouvoir être introduite dans les narines, On peut fubftituer à cette canule un tuyau un peu applatti, fi on aime mieux l’introduire dans la bouche que dans les narinés. Chaque foupape eft une gorge de cuivre fermée à un bout par une bande de raffetas gommé , plus large que n'eft l'ouverture d2 la gorge , 120 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, fur laquelle elle eft rendue & fixée au moyen d'une foie torte tournée à l'entour de la gorge; en forte que, fi l’on louffle par le côté de la gorge oppofé au tafferas, l'air foulève celui-ci & s'échappe. Si au contraire on fouffle de l’autre côré, l'air applique le tafferas fur l'ouverture de la gorge & la ferme exatement, fans pouvoir pafler au travers. Ces foupapes font engagées dans d'autres pièces de cuivre jointes exactement aux foufflets, & celles qui occupent les mêmes places dans les deux foufflers font difpolées en fens contraire , de forte que quand on déploie ces fouflets, deux foupapes, l’une adaptée für le feuillet extérieur de Pun des foufflers, & l'autre placé à l'extrémité inférieure du fecond fouffler, s'ouvrent du dehors en dedans & permettent à l'air de s'introduire dans les deux foufflets , lequel air , lorfqu'on les affaife, s'en échappe par les deux autres foupapes qui ouvrent du dedans en dehors. L'extrémité inférieure des deux foufflets, quoique percée par deux canaux différens au-deffus des foupapes , eft néanmoins terminée par un même tuyau , parce que l'air qui doit fortir & rentrer par ce tuyau ne le fait qu’alternativement, quoique les mouvemens des foufflets foient fimulranés. Manière de fe fervir de cet Infrumenr. Après avoir introduit Ja canule du tuyau flexible dans une narine, & tenant le double foufflet par les deux manches, on fait fermer exactement la bouche & l’autre narine, alors on déploie feulement les foufflers, & voici ce qui arrive: un de ces foufflets reçoit l'air extérieur par la fou- pape que porte fon feuiller, & point du tout par celle qui eft à fon extrémité inférieure. L'autre fouffler, au contraire, fe remplit par la fou- pape adaptée à fon extrémité inférieure, ou dans le fond du tuyau flexible, la foupape jointe à fon feuillec reftant fermée. Mais comme le tuyau commuoique avec l'air du poumon, c’eft donc Pair qui fe trouvoit dans cet organe qui a paflé dans le fecond fouffler. On affaifle les deux foufflets, & alors celui qui eft rempli d’air extérieur le porte dans les poumons, & l'autre fe vuide de l'air qu'il a pompé dans cet organe; on continue la même manœuvre , & on oblige, par ce moyen, la poitrine de l’afphyxié d'exécuter le mouvement de la refpiration. I faut bien prendre garde de précipiter” le mouvement des foufflers, Ce doit être une perfonne inftruite du mécanifme de la refpiration qui les faffe mouvoir. On fent bien que plus on imitera parfaitement la refpiration naturelle, plus ce moyen doit avoir d'efficacité. Le feuiller qui fépare les deux foufflets , a aufli un petit manche, afin de pouvoir fixer un des foufflets , larfqu’on voudra n'en faire agir qu’un. Dans le cas où l’on voudra employer le gaz déphlogiftiqué au lieu de Pair commun, on aura une veflié remplie de cet air vital & fermée par un robinet ; on l’adaptera dans cet écat à l’un des foufilets, en cEngeane ans Pure EEE RE SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. ‘121 dans l’écrou du robinet une vis que j’ai ménagée au-deflous de Ja foupape afpirante du même fouffler. On ouvrira enfuite le robinet, & le foufflec pompera alors l'air contenu dans la veflie , pour l'injecter dans les poumons. C'eft ainfi qu'au moyen d’un inftrument peu compliqué & commode à manier, on parviendra facilement à extraire des poumons l'air méphi- tique qui caufe la fuffocarion , & à le remplacer par un air nouveau, foic pompé dans l’atmofphère , foit extrait des fubftances qui fourniflent l’air le plus pur, ou l'air vital par excellence , que l'on eft fondé à regarder comme un puiflant fecours dans les afphyxies. EXT K AIT ,D'UNE LETTRE Adreffée par M. GEANTY , Avocat au Confeil Supérieur & Membre de la Société Royale des Sciences & des Arts £ du Cap-François, AN M RSORU ET ASNTD; De la même Société, Profeffeur & Démonflrateur de Phyfique expérimentale en l'Univerfité de Paris , &c. Mhowsreur, Dans le commencement de 1788, je pallai quelques jours à tra- vailler fur les airs acide vitriolique & alkali, & je fis une découverte qui m'occupa bien agréablement. Je fis pañler du gaz acide vitriolique au travers du lait, qui, comme vous penfez bien, fe tourna de fuite en fromage ; il me vint l’idée que la grande rendance de cet air à s'unir à l'air alkalin le feroic fortir de mon lait caillé pour fuivre une deftination qui lui étoit plus naturelle, & probablement, dis - je à moi-même , les principes ou les parties du lait féparées par cet inter- mède fe rapprocheront, & mon caillé redeviendra du lait, Je n'ofois pas trop lefpérer : il n’y a, je crois, que les génies privilégiés, qui fondent d’un coup-d’œil auffi rapide qu'’afluré quelques-unes des profon- deurs de la nature, qui ne doutent jamais du fuccès d'une expérience dans l'application qu’ils font des principes, Enfin je portai de l'air alkalin dans mon fromage, qui difparut auffi promptement que je l'avois vu fe former. Je revis du lait, & ce lait étoit plus homegène, plus liquide qu'avant l'expérience; parce que trait depuis ÿ à 6 Heures peut- Tome XXXW1, Pari. I, 1790. FEFRIER, Q 122, OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, être, fans être aigri, il commençoit à féparer ou laifler monter la crème ; après l’expérience, il étoit en fubflance comme fortant de la vache. Mais ce lait avoit une odeur infupportable d’alkali volatil. Je penfai que certe odeur étroit caufée par une furabondance d'air alkalin, & que fi je n'avois porté au travers du fromage que la dofe d’air alkalin néceflaire pour faturer Pair acide vitriolique, jè n’aurois pas eu d'odeur étrangère au lait. Je répétai l'expérience avec précaution ; j'introduifis de l'air alkalin dans une mefure du même lait caillé comme ci-deffus, mais peu-à-peu , graduellement, & jufqu’à ce que je crus remarquer le retour de mon lait. En procédant de cette manière j'eus du lait parfaitement revenu & fans goût ni odeur défagréable, J'ai répété plufieurs fois depuis l’expérience , qui ne s'eft jamais démentie. A préfent je ne doute & ne m'étonne plus de l'efficacité des cataplafmes aikalins, que j'ai vu employer quelquefois pour diffiper des douleurs ou des efpèces d'inflammations aux feins des femmes nourrices. Ces fubftances , en fAluidifiant le lair qui fe porte trop abondamment dans les vaifleaux , facilitent fa fortie dans les cas d’engorgemens ; & s’il eft vrai que quelques humeurs ou un trop long féjour dans les feins y fait grumeler le lair, qui dans cet étar doit obftruer les vaiffeaux & donner lieu aux funeftes accidens qu'éprou- vent quelquefois les nourrices ou nouvelles mères, les cataplafmes alkalins peuvent rétablir la circulation en rendant au lait fa forme naturelle, Comme aufñli je crois que les cataplafmes de mie de pain, de lair, &c. peuvent confidérablement augmenter le mal quand ces fubftances paflent à un certain degré de fermentation, auquel leur nature & la chaleur Îes portent bientôt ; & il faudroit au moins avoir l'attention de les renouveller très-fouvent. Il me femble que ces cataplafmes n’agiflent en ce cas que comme humeétans, & ne peuvent que diminuer la tenfion des fibres. Dans peu je vous adreflerai un petit mémoire fur les moulins à feu ; propres à adapter à nos fucreries. Je vous prierai de le faire inférer dans le Journal de Phyfque. Jai l'honneur d’être, &c. 3 SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 123 RÉSULTAT D'EXPÉRIENCES Sur le Camphre de Murcie ; par M. PRouSsT. À Ségovie, chez Antonio Spinoza. FX PDI RAT TUE Das les premiers froids de l’auromne dernier, j’eus occafion d’obferver un vafe d’huile effentielle de lavande , dans lequel il s’étoit formé diflérentes criftallifations ramifées, Le froid feul & le repos avoient produir ces configurations qui reflembloient aflez à celles qu'offrent plufieurs fubftances , fur-tout le camphre, lorfqu'elles ont été difloutes dans l'efprit-de-vin, & qu'on a affoibli la diflolution par un peu d’eau ; mais pas au point d’avoir un précipité. Ces ramifications étoient compo- fées de ramezux divergens formés par des oétaëdres implantés les uns fur les autres. Il faut que le uide ait été dans un parfait repos ; mais les criftallifations accélérées, telles que celles qu'un froid plus rigoureux peut produire dans l'efpace d’une nuit, au lieu d'oétsëdres ne préfentent que des lames hexagones entrelacées les unes dans les autres, Je crus d’abord que c’étoit quelques atômes de camphre qu’on avoit déjà obfervés dans les huiles effentielles de nos plantes d'Europe, lefquels étoient confondus avec quelques concrétions falines produites par la rancidité de ces huiles, Mais ayant examiné d’autres vafes pleins de la même huile de lavande, j’apperçus des dépôts blancs comme la neige fux les parties des vales qu'avoir touché l'huile évaporée. Ce qui ne me permic plus de douter que le diffolvanc s'étant diffipé , le camphre avoit criftallifé, Tels font les faits qui m'ont démontré l’exiftence du camphre dans nos huiles de lavande de Murcie. En conféquence il me parut de la plus grande importance d'examiner fi le climat où croifient les plantes influe plus qu’on n'a penfé fur la quantité de camphre dont s'imprègnent les plantes d'Europe; & fi ces recherches méritoient l'attention du commerce. Je foupçonnai que la lavande ne feroit pas la feule plante qui pofléderoit cet avantage , & je réfolus d'étendre mes recherches fur les autres huiles effentielles des plantes de notre pays, telles que le romarin , la marjolaine & la fauge, L’expérience a confirmé mes foupcons. 1 ER & La fimple évaporation à l'air libre fufifant pour féparer le camphre de ces huiles, me fourniffoit un moyen facile d'évaluer la quantité refpective Tom: XXXV1, Part. I, 1790. FEVRIER. Q 2 ns 124 OBSERVATIONS SUR 1A PHYSIQUE, de ces fubflances. Je commençai dans le mois de décembre mes expériences, : La température de Patmofphère fut pendant ce tems aflez conftamment depuis 6 degrés au-deflous du chermomètre de Réaumur jufqu'à 10 au-defflus. Je mis ces huiles dans différens plats de porcelaine peu profonds , mais d'un diamètre aflez confidérable. Je les plaçai dans un lieu peu fréquenté à l'abri de tout mouvement & de la pouflière, Pour évaluer les quantités de ces huiles & de fes produits, je me fuis toujours fervi du poids f&if d'arobe (1), avec l'attention de ne pas employer moins d’une livre poids de marc dans chaque vafe. A mefure que l'huile s’'évaporoit, & qu'elle dépofoit le campbre, j'avois foin de le ramaffer avec une écumoire, & je le mettois dans un entonnoir garni d'une gaze d'Italie, afin que le camphre égouttat avec la moindre perte poflibie. Par le moyen de ce procédé jobtins de chacune de mes huiles effentielles la quantité fuivante de camphre. Huile de Romarin. Camphre. RÉArADes ass aise de lobe ie D te M TMNENEe LUN PA AODORS- Huile de Marjolaine, 9 arrobes 21 livres 2 onces.............. 1 arrobe = Huile de Sauge. 7 arrobes 13 livres 4 onces....,......... 1 arrobe 55 Huile de Lavande. 4 arrobes............sesesssrese 1 arrobe == 128 La très-prande volatilité du camphre qui à la température de la glace perd toujours quelque chofe , peut fournir des objections contre les réfultats de cetre Table. Il faut convenir que les huiles effentielles avec kefquelles le camphre fe trouve uni ne peuvent s'évaporer fans emporter une portion de ce camphre. Aufli n'ai-je point donné ces calculs comme exprimant la quantité abfolue de camphre qui eft contenu dans ces huiles, III. Je vais rapporter maintenant les phénomènes qui fe préfentent pendant Y'évaporation de ces huiles. 2) L’arrobe pèfe vingt-cinq livres d’Efpagne. SA - à = 1 “qi : | ._ SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 125 L'huile de lavande qui mérite le plus d'attention, non-feulement parce qu'elle eft à meilleur marché, mais encore parce qu'elle contient une plus grande quantité de camphre, donne fes premiers produits au bout de vingt-quatre heures. [ls font compofés d'ure multitude de petites lames entrelacées & fituées obliquement au fond du vafe, & mis dans un enton- noir ils s’ézouttent avec beaucoup de facilité. L'huile fe conferve fluide jufqu'a la in, & dépofe du camphre jufqu'à ce qu'elle foit réduite à la quantité d’un gros, confervant fa Auidité jufqu’à la fn. Si la rempérature eft plus chaude, par exemple, à 15 degrés, l'huile donne fon produit en douze heures. Ceci nous conduit à une conféquence de la plus grande importance. Les fucs huileux des plantes font plus ou moins abondans d'une année à l'autre; & cette abondance dépend en général d'une chaleur forte , fur- tout dans une année de féchereffe. Le camphre contenu dans ces plantes fuit les mêmes variations... Il s'enfuir que les années où la faifon a été le plus favorable à fa formation, la portion excédente que l'huile a pu tenir en diflolurion à une rempérature de 10 à 15 degrés, s’élèvera au chapiteau ou fe féparera par le refroidiffement qu’on eft obligé d’em- ployer lors de leur diftillarion. Cetre conféquence eft inconteftable ; & cerre féparation eft un fait dont les diftillateurs de Murcie doivent étre avertis. [1 n’y a rien de plus capable de confirmer ces vérités que les expériences fuivantes, Dans une quantité déterminée d'huile où j’avois mis un feizième de camphre, j'ai reconnu une partie des faits dont j'ai fait mention. Une chaleur douce fit diffoudre promptement ce camphre ; mais auffi-tôc que Ja température defcendit à 7 à 8 degrés au-deflus de zéro , température à laquelle l'huile de lavande n’abandonne aucune portion de fa quantité naturelle de camphre, il fe fit une criftallifation au fond du vafe, Je la ramaflai , & après l’avoir laiflé égoutter, non-feulement je trouvai le même poids, mais il y eut une augmentation d’un quarr, Cette expérience me démontre que l'huile s’eft naturellement chargée de tout le cemphre qu’elle peut diffoudre , & que l’excès qu’elie admec n'a pas pu être diflous fans précipiter une partie de celle qui appartient à la dofe primitive de l'huile, Nous devons conclure de ces faits que la faifon favorable qui complette cette faturation, comme, par exemple, celle de l’année où s'eft recueillie huile qui a fervi à nos expériences, produit , fuivant toutes les appa- rences, une quantité plus grande de camphre que ne peuvent indiquer les: expériences faites fur ces mêmes huiles tranfportées & analyfées à une chaleur de 12 à 15 degrés. Enfin , on peut déduire une nouvelle vériré relative à l'art, favoir , que l’huile de lavande peut diffoudre plus d’un quart de fon poids de camphre, comme Lemeri le père l’avoit reconns de l'huile de cérébenthine & des huiles grafles, 126 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, Pañons maintenant à l'huile de fauge. Le camphre s’y manifefte auf, mais plus tard , encore que les criftaux aient la même forme & le même arrangement, cette huile étant moins fluide que la précédente, le camphre s'égoutte avec plus de difculté ; & il eft néceflaire de l'exprimer. Elle donne fon produit avant d’être réduite au quart. Son réfidu eft épais & d’une confiftance femblable à celle du firop. L'huile de marjolaine fe comporte à-peu-près comme celle de fauge. Son camphre fe manifefte encore un peu plus tard; il eft en moindre quantité, & s’égoutte très-bien. Elle perd moins promptement fa fluidité, & paroît tenir le milieu entre les deux premières. L'huile de romarin, quoique la moins chargée de routes, dépofe cependant fon camphre plus tard, & continue à le dorner jufqu’à ce qu'elle foit réduite à la cinquième ou fixième partie. Le réfidu prend un peu de couleur, s’épaiffic: le camphre ne s'égoutte qu'avec difficulté, & il eft néceffaire de l'exprimer. J'ai enfuice pris ces quatre efpèces de camphre que jai bien fait égoutter, &. que j'ai débarraflés du refte de l'huile qui pouvoit y adhérer par le moyen du papier fans colle, & je les ai enfuite exprimés. Ayant pulvérifé ces males elles éroienr sèches au tract, brilloient comme la neige , en avoient la blancheur. Toutes ces efpèces fe reffembloienc par l'odeur; & lorfqu’on les avoit mélées, on ne pouvoit plus les diftinguer. Après avoir rapporté les phénomènes que nous a préfenté l’évaporation fpontanée, paflons à ceux que produit l'application du feu. T2Ve Un des principaux moyens que la Chimie emploie pour défunir les parties d’ux compofé eft fondé fur l'inégale dilatabilité de fes parties, Mais lorfque celui-ci elt infufäfant, on eft obligé de recourir à d’autres , c’eft-à-dire, que quand le premier ne réuflit pas, il faut avoir recours aux voies d’afnité, Les expériences précédentes nous ont appris que le camphre & les builes effentielles ne fe volatilifenc pas au mème degré de chaleur, On peut donc employer ce moyen pour les défunir. C'eft ce qu'on fera par le moyen de la diftillation. Mais comme l'intervalle entre l’afcenfion du camphre & celle des huiles effentielles eft affez court, la diftillation doit être conduite avec précaution. Pour avoir les produits féparés & ne pas les confondre, voici ce qui m'a paru le mieux réuflr. On prend un bain-marie plus large que profond, qu'on remplit d'huile de lavande jufqu’aux deux tiers de fa hauteur, on le place dans une cucurbire , avec l'attention que le bain-marie ne plonge pas dans l'eau, & que l’eau lors de l’ébullition n’en puifle pas coucher le fond. On couvre l'appareil avec fon chapiteau, on adapte le récipient, & on rafraichit SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS, 127 l’'alambic pendant la dif: {lation à la manière ordinaire. On a foin d’entre- tenir le feu à un tel degré qu'il ne produife qu'une chaleur modérée dans l’eau de la cucurbite & dans le bain-marie, En continuant d'entretenir l’eau de la cucurbite à ce degré un peu au-deffous de l’ébullicion, fans permettre qu'il s'élève jufques-là, on peut retirer environ un fixième de l’huile. Mais ii eft bon de ne pas pañler ce terme. Ayant obtenu cette quantité, on laifle refroidir l’alambic pendant l’efpace d’une nuit , ou plus, fi on le juge convenable, On ôte enfuite le chapiteau, & on découvre dans le bain-marie une mafle congelée &c pénétrée d'huile. On ramafle cette mafle, & on la met égoutter fur un linge ou fur un tamis de crin. On remer cette huile avec de la nouvelle dans le bain-marie, & l’on procède à une feconde diflillation de la même manière. On répète ce travail à proportion du camphre qu'on obtient. Ce camphre extrait de cette manière eft affez pur & aflez blanc pour qu'il n'ai pas befoin d'autre préparation qu'une efpèce de rafhinage & de purification pour achever de le débarraffer d’une petite portion d’huile qui y eft encore adhérente. Mais avant que de traiter de cette opération, je juge convenable d’expofer les oofervations que m'a fait découvrir la pratique dans le cours des différentes difillations que j'ai faites de cette huile. Si l'on vouloit retirer plus d’un tiers de l’huile qu'on foumet à la diftillation , le camphre dont la volatilité, comme nous l’avons dit aupa- ravant, ne diffère pas beaucoup de celle de l'huile, s’élève au chapiteau en nature s’il reçoit trop de chaleur du bain-marie : c'eft pourquoi on voit clairement la néceflité de ne pas excéder cette limite. : Si au contraire l’eau de la cucurbite commence à bouillir , le camphre & l’huile s'élèvent enfemble & forment un feul produit. Ce qui indique bien la néceflité de modérer le feu, La première diftillation conduite fuivant ces règles donne communé- ment la moitié, & fouvent plus du camphre contenu dans l'huile de lavande, Trois diftillations fufffent ordinairement pour extraire - tout celui qui eft contenu, Mais on conçoit facilement qu'il eft beaucoup pius économique de charger le bain-marie de toute la quantité qu'il en peue contenir. ; Ayant vu que par l’évaporation à l'air libre on retiroit de l'huile de lavande un quart de fon poids de camphre, nous devions efpérer en retirer au moins autant par la diftillation. Cependant je n'ai jamais pu en retirer qu'un cinquième , excepté une fois ou deux. Sans doute ce déficie ne peut provenir que de la grande volatilité du camphre : c’eft ce que j'ai tâché de conftater par l’expérience. Je mis en conféquence dans un vafe de porcelaine foixante-douze grains 18 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, de l'huile de lavande que j'avois diftillée, & je’ le recouvris avec une cloche de criftal, de manière à laiffer de l’accès à l'air extérieur. Au bout de quelques jours l'huile fe difipa, & laiffa un petit dépôt de camphre. L'ayant bien defféché fur du papier fin, il pefa quatre grains. Les huiles qui ont été diftillées avec moins d'attention ont donné#, À, & même + de camphre. Mais le déficit ne va jamais plus loin lorfque Je bain-marie ne s'eft pas élevé à l'ébullition. Certe perte inattendue caufée par la diftillation réduit le camphre 12e T5 qu'on retire de certe huile à ©, 2, #, au lieu de # ou du quart qu'on en retire à l'air libre. Nous devons auffi avertir que comme dans les opérations on ne peut jamais obtenir les mêmes réfultats rigoureux, comme on le voit même dans la Méralluzie en traitant les métaux pré- cieux , de même leurs produits varient depuis 12 jufqu’à 15 - Ainf 72 arrobes de cette huile peuvent donner depuis 12 jufqu'à 1$ arrobes de camphre, au lieu de 18 qu'on en obtiendroit en faifant évaporer à l'air libre. Si nous réfléchiflons maintenant fur ce que nous avons dit auparavant touchant les années où l'huile de lavande peut fe charger de tout le camphre qu'elle peut diffoudre, on conviendra fans peine qu'on peut prendre pour bafes de nos calculs les réfultats de l’évaporation fpontanée. Mais comme l’analogie ne peut nous autorifer à donner pour certain ce qui eft plus probable , nous abandonnons ces raifonnemens pour nous occuper uniquement de notre objet principal. D'après les faits expofés jufqu’ici, il et facile de concevoir qu’avecun bain-marie capable de contenir trois arrobes d'huile, on peut obrenir 14 à 15 livres de camphre en deux ou trois diftillations. Cette opération fecondaire fera aflez peu difpendieufe, mais elle ne doit fe faire qu'à un feu modéré. Elle feroit même affaz facile pour ceux qui diftillent en Murcie, Je crois, par exemple , que les baîns-marie de plomb & les cylindres qui ont un grand diamètre & peu de hauteur , placés de manière à tournir une chaleur égale feroient un moyen aulli éconsntique qu’expé- ditif. Dans ce cas on n’auroit pas befoin de cucurbite. En couvrant ces évaporations avec des chapiteaux & dirigeant le travail avec l'attention qu'on a coutume d'apporter dans la diftillation en grand , on ne voit pas pourquoi on n’auroit pas le même bénéfice en Efpagne qu'on a à la Chine & au Japon où ces travaux font abandonnés aux hommes les moins intruits. Je n'infifte pas davantage fur ces moyens de pratique, parce que l'expérience à cet égard eft au-deflus du raifonnement, & que l'écono- mie & l’intérêr qui doivent diriser tous les travaux dela campagne dans tous les pays indiqueront les procédés les plus fimples & les moins difpendieux. Peut-être me fera-t-on l'objetion que des hommes proffiers ne pourtoient pas conduire des opétations aufli délicates, Mais je répondrai que SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 129 que tous les hommes font capables de ces fortes de travaux, l'art de con- duire le feu & de diftiller. Ne font-ce pas nos nègres qui diftillent le taffia dans nos colonies? Les kalmoucks ne diftillent-ils pas le arak du lait des jumens? Et l'habitude les rend auf habiles que les phyficiens les plus exercés. V. Paffons maintenant à la manière de purifier le camphre. Le procédé que les hollandois emploïent pour lui donner Je degré de blancheur & la fermeté qu'a celui du commerce, eft infiniment plus fimple qu'on ne le croit communément. Lemeri Îe père, un des premiers qui ait fait des recherches à cet égard , a reconnu que le camphre impur expolé dans un matras au feu de fable fe fublimoic affez bien. Depuis MM. Valmont de Bomare & Jars qui ont examiné très en détail les travaux des hollandois, nous ofir donné beaucoup de ‘détails fur cette opération. Ils nous affurent contre l'opinion de Réaumur & de beaucoup d’autres , que les hollandois v'empioient aucun intérmède pour purifier le camphre. Plufieurs autres écrivains modernes difent au contraire qu'il faut quelques intermèdes, par exemple, les uns veulent = de chaux, les autres =, les autres les ? , &c. Je ne vois pas trop ce qui néceflire ces intermèdes. Tout l’art confifte à maintenir avec égalité un degré de feu modéré pour fondre le camphre & le féparer des corps étrangers qui alrèrent fa pureté ; car fi le feu étoic faffifant pour attaquer ces fubftances , les füliginofirés qui s'en élèveroïent ne manqueroient pas d’alrérer le brillant & la_pureté du camphre. Au moins c’eft ce que m'ont appris les expériences que j'ai faites fur le mien. Dès le commencement que j'ai purifié fans intermède le camphre extrait de l’huile de lavande, j'ai apperçu des phénomènes fur cette purification que je crois devoir rapporter avec quelqu'étendue. er “J'ai expofé à la chaleur d'un bain de fable 24 parties de ce camphre dans une fiole à fublimer, Il s’en fublimä environ 22 qui étoient un camphre blanc & f6lide. À la fn de l'opération le limbe inférieur de ce fublimé prit une petite couleur roufle , & le réfidu devint très-roux. 2 L'opération finie je caffai la fiole. Leréfidu péfoir =, & il y eut < de pérte. [l paroît donc que le camphre n’eft pas capable d’être altéré par la chaleur , parce qu'ii fe volarilife avant le degré qui feroit néceflaire pour le décompofer, Mais quelle eff la matière qui l’a coloré. Ce ne’peur ‘être qu'une fubftance érranoère afléz fine pour foufrir le degré de feu fufifane pour être altérée, Mais nous verrons que ce réfidu étoit prefaue tôût camphre, À Ar à : 3 a a L'huile’ éfféntielle étaht plus volatile que le camphre, puifqu'lle s'élève avant lui, il paroîtroit que léur mélange devroic jouir d’une volatilité moyenne ; mais c'eft cout le contraire. Les dérnièrés portions camphre unies à l'huile fouffrent un degré dé’ chaleut bien faféricor à Tome XXXVWI, Parc, I, 1790 FEVRIER. R * " 330 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, celui qui fublime l'un ou l’autre, réunis ou féparés. D'un autre côté l'affinité qu’elles peuvent avoir ne peut être caufe de leur fixité. Pour éclaircir ce fait, je mis une portion de ce rélidu-dans lefprit-de-vin : il fac entièrement diflous. J'y ajoutai de l’eau. Le camphre s'en fépara aufli- tôt ainf qu'une mafle poreufe , tenace, rouffe , & qui n’étoit autre chofe qu'une réfine blanche tirant fur le roux. C'eft cette matière qui retient le camphre & le colore lors de la fublimation. Nous pourrons facilement trouver l’origine de cetre réfine. Elle provient du nouvel état que prend l'huile effencielle dans le tems qu’elle fe trouve difféminée entre les parties du camphre, Cette huile fe convertit en réfine. par l’abforprion de la bafe de l'air pur; elle s'y changeroit toute fi elle y demeuroit fufifamment expofée. Le — de perte d'huile eflentielle que nous avons eu, eft cette portion transformée en réfine. Tout ceci nous indique clairement l’alrération que fubit la portion d'huile qui refte mêlangée avec le camphre, & nous fait voir la néceflité d'employer un intermède pour laffinage. Dans cet état de réfine l'huile 1 de la fixité & exige un plus grand degré de feu pour fe volatilifer. e camphre du Japon ne paroît pas accompagné d’huile effentielle , comme celui que l’on retire de la canelle de Ceylan. Au moins ne pouvons-nous pas le conclure des relations de Kempter & autres qui nous ont décrit la manière dont on le tire. Il paroîtroit au contraire , d'après ces relations, que le camphre s'élève en nature & pañle avec l’eau de ces difillations. Si cela eft ain, il ne peut contenir d’autres impuretés que celles qui.ont pu s'introduire dans un travail aufli peu foigné, ou par la négligence de ceux qui le confervent. Par conféquent on ne voit pas pourquoi les hollandoïs le mêleroient avec la chaux , puifqu'on peut bien le purifier fans elle, comme Pa obfervé Lemeri, & comme Pont dit MM. Valmont de Bomare & Jars. J’aurois bien voulu pouvoir confulrer quelqu'ouvrage plus moderne, tel que l'Hitloire de Sumatra, par M. Marfden , maïs je n’ai pu me le procurer. ; Quoique la chaux colore les huiles effentielles, j’effayai cependant de lemployer à la purification de mon nouveau camphre, J'en mêlai d'abord un fixième, & je variai enfuire la quantité fuivanc que le camphre étoit plus ou moins fale & plus ou moins gras. Je l’obrins parfaitement blanc & parfairement fec; mais il y eut + de perte. N'ayant pu trouver de ‘la craie, je mélangeai mon camphre avec un huitième ouun quart de cendre leflivée. Le fublimé fut aflez blanc , mais Jeus la même perre. t L'expérience répérée avec l'argile blanche, j'eus la même perte , mais fes effers furent aflez différens de ceux qu’on pouvoit attendre d’une matière auffi inerte, & qui a fi peu d’action fur les huiles effentielles, Elle donna au fublimé une couleur jaune due à une fumée huileufe dont l'odeur étoit fortement bitumineufe, & reflemblante à celle que SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 131 donne le füccin par la diftillation. J’examinerai dans une autre occafion la caufe de ce phénomène ; car l’argile dont je me fervis ne paroifloi contenir/aucune matière étrangère à laquelle on pt attribuer cette particularité, Ces expériences démontrent aflez clairement qu’il faut des intermèdes pour purifier ce camphre , & que ces intermèdes doivent être pris’dans les corps terreux , à l'exception de l'argile ; enfin , que l'action de ces inter- mèdes eft de divifer cetre petite portion réfineufe qui s’oppofe à la purifi- cation du camphre, & de la mettre à l'abri de l’action du feu. La chaux vive ou éteinte, la cendre lavée, la craie, font des inrermèdes peu coûteux. Il faut avoir la précaution de les deffécher exaétement ; car autrement lorfque le campbre entre en fufon, l'eau réduite en vapeurs caufe des foubrefauts qui fonc jaillir les impuretés & faliflenc le fublimé. Quant à la manipulation néceffaire à fuivre pour avoir le camphre aufli beau que les hollandois, il paroîc qu'il ne faut qu'une certaine précifion dans la manière de conduire l'opération. On obtient faci- fement un fublimé qui a peu de confiftance ; mais il ne feroit pas poffible d'amener notre camphre à l’état de celui de Hollande , & tel qu'on eft accourumé à l’avoir dans le commerce; il n’en eft pas moins bon , & fes qualités font les mêmes. C’eft ainfi que le fucre fous forme de caflonade ne diffère point du fucre en pain. J'eflayai de rechercher fi le procédé hollandois ne tenoit pas plutôt à la forme du vafe. Ce vafe, fuivant l’obfervation de M. Jars , eft une fiole de verre applattie, & dont le haut fe rapproche beaucoup du fond, Les vaifleaux dans lefquels on met le vin à boire dans différentes contrées d’Efpagne refflemblent aflez à ces fioles ; c’eft pourquoi voulant vérifier fi ce qu'avoit dit Jars étoir exact, je fis foufiler quelques-uns de ces vaiffeaux qui fe rapprochoient le plus de ces fioles. Le fuccès confirma parfaitement mes conjeétures ; & j'eus lieu d’obferver combien il y avoic de différence entre du camphre fublimé dans un vaifleau fphérique ou applatti. Dans le premier la partie inférieure du fublimé acquiert aflez facilement La tranfparence comme lorfque le camphre eft fondu par la chaleur d’un bain de fable; mais il n'en eft pas de même à la partie fupérieure qui eft trop éloignée du fond du matras: & s'il fe préfente quelque portion tranfparente , elle fe trouve mêlangée avec d’autres qui ne le font pas; ce qui empêche d'obtenir avec ces vafes un fublimé égal & uniforme. Dans les vafes applattis au contraire la chaleur qui donne de la tranfpa- rence au limbe inférieur du fublimé dans les autres vafes , eft ici aflez grande pour la communiquer à route la mafle, laquelle devient toute tranfparente. ii F faut abfolument employer plus de chaleur que ne paroîtroic devoir Tome XXXVT, Part. 1, 1790. FEVRIER. R 2 14 ses . « 132 OBSERVATIONS. SUR LA PHYSIQUE, l'exiger une matière aufli mobile ; & fi cetré thaleur diminue , le fublimé devient fpongieux comme fa neige, & fe trouve fans confiflance. 11 n’y a aucun rifque de faire bouills le camphre ; & je fuis perfuadé que le degré de chaleur le plus convenable à cetre opération eft celui le plus proche de l'ébullition. Il eft aflez furprenant que le camphre puiffe fupporter un pareil degré de chaleur fans fortir du vafe dontil occupe le quart, Mais de toutes les fubftances volatiles il n’en eft pas dont l'expan- fibilité foit fi limitée , ainf que l'a obfervé Boiïle, Son atmofphère qui ne diflout pas facilement les vapeurs , les comprime, $ Tel eft tout le myftère du procédé des hollandois dans cette purifica- tion. Il fe réduit à prendre des vafes applartis & à donner un degré de chaleur, tel que le fublimé conferve fa tranfparence dans toute fon étendue depuis le commencement jufqu'à la fin de Popération. Ceft pourquoi or graduée facilement Pintérieur de ces vafes par lé moyen du fublimé , comme l’a obfervé en Hollande M. Jars. En refroidiffant enfuite ce fublimé , il fe fendille en rout fens, & ces fentes en altèrent Ja trenfparence. Mais l'intérieur du fublimé eft life comme la partie qui touche le verre. Pour ne pas la décompofer , on cafe la fiole à fa partie inférieure ; & comme fa confiftance eft due uniquement à fon épailleur, il eft effentiel de proportionner la capacité du vaifleau à la quantité de camphre qu’on a à raffiner. Néanmoins il eit facile de donner au fublimé une épaifleur convenable, quoique le vaifleau füc plus grand qu’il ne faudioit ; car il n’y a qu’à plonger plus ou moins dans un baia de fable le vaifleau , la partie inférieure du fublimé éprouvant trop de chaleur fe réduira en vapeurs, & fe fublimant de nouveau, ira augmenter l'épaifleur de la partie fupérieure du fublimé. VASORUM LYMPHATICORUM Corporis Humani Bifloria & Icnographia , Auélore PaAuLo MascAGNI , in Regio Senarum Lyceo publico Anatomes Profeffore. Senis, ex Typographia Pazzini - Carni, à vol. #n-fol. ENT IR A r0T M. MAascAGNr après avoir donné f'hiftoire des principales découvertes fur les vaifleaux lymphatiques , examine les hyporhè es de ceux qui ont admis un fyfléme Jymphatique, artériel & vienux, SUR LHIST. NATURELLE ET LES ARTS. 133 Boheraavea, cru que les extrémités des artères - partent d’autrespetires artères deftinées à cor duire un Auide fubtil , & dans lefquelles le (ang ne peut p4s pépérer ; ; que ces petites artères communiquent à de perites - veines qui reportent au Cœur ce fluide {ubtil & le remettent en circula- tion. Vieufens à eu à- peu-près la même opinion que Boerhaave. Il a cru qu'il y a des canaux deftinés à faire circuler une humeur moins groflière que le fang ; que ces canaux naïflenr des artères ; qu'ils {e terminent dans les veines, & qu'ils forment les membranes du corps animal, Haller, quoiqu il n’admerte pas le {yflême de Boheraave dans toures fes parties , croit cependant qu'il y a des vaifleaux particuliers, _diaphanes : vifbles fans microfcope , qui prennent leur naïflance des artères, & dans lefquels le fang ne peut pas pénétrer dans l'état de fanté, Mais cout cela eft hypothétique , & voici des fairs qui le démontrent. M. Mafcagni a obfervé à l’aide du microfcope (dans les animaux, qui à caule de [a pellucidité de leurs vaifleaux peuvent être foumis à FE pareilles obfer- vations ) , que dans tous les vaifleaux , quelque petits qu'ils puiflent être, il y a toujours dans leur axe une colonne de globules rouges, qui eft environnée de l'humeur féreufe, Cette colonne de globules r rouges a un diamètre Plus ou moins confidérable , fuivant la ne des CU mais il n’y a pas un feul vaifleau qui parte des troncs, ou des ramifi- cations les plus fines des artères, qui ne finifle dans le fyflême veiveux ordinaire, & qui ne contienne uné colonne très-diflincte de globules rouges. De plus Mafcagni a injecte les ARCEA RE ec une liqueur dont les molécules paroifloient : au zic rofcope p plus grofles que les molécules du fang. Cette injection a paflé des artères dans les veines , traver{ant tous les “plus petites canaux. Le cerveau , le criftallin , humeur virrée, la coroïde, l’uvée, ne paroifloient après cela qu’un amas de’ vaifleaux , & la capacité Re petits vatfleaux injectés éroir plus grande que celle qu'il faut pour admettre ces giobules rouges, puifqu'ils avoient admis Les molécules de l'injettien plus g grofles que les globules , & linjeétion avoit éré pouflée avec une force très-médiocre. Le fang donc pañle direétement des artères dans les veines, & il n°e pas vrai qu'il exifte un fyfèr ne lymphatique artériel. Les arrères re terminent donc dans les veines, & il n’y a qu’une exception à certe règle dans le tiflu fpongieux du clitoris & de la verge. On fait qu'ici les ramifications artérielles finiflent dans des cellules, & y jetrent le fang. À chaque cellule répond une veine qui reçoit ce fluide. Mais on ne peut pas regarder la communication des artères avec les veines comme inter SOU, mème dans ce cas, puifque c’eft le cœur qui poufle le fang dans les artères, de-[à dans les clule & des cellules dans les veines, Malgré cela la plupart des phyfologiftes & des anaromiftes prérendent que les artères ne finiflent pas dans ces veines. [ls difenr qu’elles fe terminent en conduits excréteurs, en grandes & petites cavités, dans les 134 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, véficules des poumons, dans la fuperficie des corps; par conféquent ils les regardent comme des vaifleaux exhalans. On a fait fur-rout jouer un grand rôle aux conduits fécréreurs dans l'explication de la manière dont fe font les fécrétiens ; & pour démontrer ces conduits, on a allégué les injections. L'eau injeétée dans Les artères émulgentes paffe dans les uretères &: 5 accumule s'ils font liés; l'huile de térébenthine, injectée dans [a veine- porte, pafle dans les canaux biliaires. Qn injecte par les artères, les conduits falivaires & pancréatiques avec la même huile. M. Malfcagni convient de ce fair, & même il ajoute qu'il a répété ces injections avec Le plus grand fuccès. Mais il obferve que ce n’eit pas rout ce qui compofe l'injection qui pafle dans Les prétendus conduits excré reurs : c'eft feulement la partie la plus fubrile, celle qui peut traverfer les pores inorganiques , qui fe trouvent dans les parois des vaifleaux. M. M. a obfervé que ce n’eft pas feulement des extrémités des artères que forr l’hu- imeur féreufe que l’on avoit féparée du fang par les conduits excréteurs. Les paroïs extérieures de tous les vaifieaux font toujours humeétées par une elpèce de rofée, & fi on lie un vaiffeau , de quelqu'efpèce qu'il foir, de manière à empêcher la circulation , on voit du côté où le fluide refte ffagnant cette rofée fe convertir en grofles gouttes. GE a lieu dans les troncs plus confidérables comme dans les plus petites ramifications ; & fi l'on fait dans Les animaux déjà morts une injection convenable, on en voir pañèr la partie la plus fubtile au travers des parois des vaifleaux , & en faifant une figature, on a les mêmes phénomènes que s'il s’agifloit d'un animal vivant. Il n'y a donc point de raifon pour foutenir qu'il y a des conduits excréteurs. Ces conduits on ne les*voit pas; & l'humeur féreufe , ainfi que la partie la plus fubtile de l’injeétion , coulent au travers des parois des gros vaifleaux, où lon convient qu'il n'y a pas de conduits excré- teurs, comme au travers des parois des plus petits rameaux. M. M. a injecté les artères avec un gluten coloré par le cinnabre, & il a vu pafler la partie rouge de l'injection dans les veines & les remplir ainf que les artères. Mais la partie la plus atténuée du gluten eft paflée fans couleur par les pores des vaifleaux dans les cellules des glandes , dans les vaifleaux lymphatiques qui tirent l’origine de ces cellules , & dans les conduits excréteurs des glandes. En opérant de cette manière fur les artères renales , & coupant enfüuite le rein en plufieurs parties & en différens fens, on obferve à de, du microfcope que ce vifcère eft compofé d’une infinité de perites cellules qui communiquent avec des tuyaux cylindriques, dont un grand nombre fe réuniflanc enfemble, forme un tuyau plus confidérable qui va finir dans les papilles du bafliner. Ces tuyaux font environtiés d’une infinité de vaifleaux fanguins, Les cellules ont dans leur fuperficie interne des petites ’ : LS SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 135$ éminences qui font formées de vaifleaux , qui font par leur entortillement un réfeau fort épais. ] Û + D'après ces notions, M. M. explique la fécrétion de l'urine. Les vaiileaux fanguins , dit-il, fe répandent dans les‘reins , & leurs tuniques ont dans ces vifcères une très-grande fuperfcie. C’eft pour cela que l’humeur féreufe doit en fortir abondamment, & tomber dans les cel- lules. Les vaifleaux lymphatiques qui aboutiflent à ces cellules reforbent une portion de cette férofité (1), tandis que l’autre portion fe filtre au travers des tuyaux , acquiert par-là des propriétés nouvelles, & pafle dans le bañinet en forme d'urine. Cette explication tirée de la con formation &z de l'expérience, eft applicable à toutes les autres fécrétions , renverfe le fyftêème de Ruifch & de Malpighi. L'injection & les mêmes argumens qui ont fervi à prouver que les artères ne finiflent pas en conduits excréteurs , font employés pat M. Mafcagni pour démontrer qu'elles ne finiffent pas non plus en grandes & petites cavités, ni dans la fuperficie de la peau. Il fait voir incontetta- blement par ces moyens que les férofités qui fe trouvent dans Les grandes cavités & dans les petites forrent des pores inorganiques des vaifleaux fanguins , & quant à la tranfpiration , elle a la même naïflance. Il eft aifé d’après les principes de M. M. d'expliquer les hémorrhagies & les aurres phénemènes parholoviques qu'on attribuoit à [à terminaifon des artères en conduits excréteurs, en fubftituant à ces conduits {es pores inorganiques & quelquefois la rupture des vaifleaux. On a prétendu que les veines éroient des vaifleaux abforbans, fur quelques obfervations & principalement fur une de Kaw Boerhaave, Il mit ï l'eau chaude dans l'eftomac d'un chien-qu'il venoit de tuer, & ayant lié l’eftomac du côté du pilore, afin que ie Auide ne s’en allât pas par inceftins , il fic fur ces vifcères des preflions graduées. L'eau entra dans les veines, & continuant les preflions, le fans fut tour-à-fait chaflé de ces vaifleaux. Ils furent remplis, d’eau pure , qui fe déchargeoit par ce moyen dans le ventricule droit du cœur. : M. Mafcagni a répété plufeurs fois l'expérience de Kaw Boerhaave, mais il a vu que les artères & les veines fe remplifloient également ; & ayant introduit dans l'eftomac & dans les inteftins du cadavre d’un enfant quatre livres & demie d'eau teinte avec de l'encre, il en vit injectés après vingt heures de tems tous les vaifleaux fanguins du méfentère, & de plus il trouva dans la cavité du bas-venrre deux livres & demie de cette eau légèrement colorée , qui s’étoit filtrée au travers des parois des inteftins & des vaifleaux. Cette expérience de M. Mafcagni qui démontre (9 M. Mafcagni a vu deux fois le diabète produit par l’obfiru&tion des glandes auxquelles aboutiffent les vaifleaux lymphatiques qui partert des cellules des reins, C'eft une preuve inconteftable de la reforption en état de fanté, LL. * 136 OSSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE; évidemment que l'eau eft paflée dans les veines dans le cas de Boheraave par les pores inorganiques, de la même manière que par ces pores elle eft paffée dans les artères, & par les pores des inteltins dans la cavité du bas-ventre; & cette expérience eft d’autant plus concluante , qu'il eft prouvé par l'infpeétion oculaire, comme nous l’avons déjà dir, que routes les ramiñcations artérielles s’'abouchent à toutes les ramifications veineufes. : M. M. ayant répété toutes les injections qui ont été faites dans les eines par des moyens à-peu-près femblables , a toujours vu que l'in- jetion y paffoit par les pores inorganiques ou par quelque rupture (x). Quelques anatomiltes voyant que l'injection pañloit des vaifleaux fanguins dans les lymphatiques, ont cru que ces derniers faifoient la continuation des premiers. Maïs ce paflage de l’inje&ion peur fe faire de trois manières: 1°. par l’exfudation de la matière injeétée au travers des pores des vaifleaux fanpuins. Dans ce cas cette matière tombera dans le tiffa cellulaire, & les vaifleaux lymphatiques la pomperont par cette propriété d'abforber qui eff attachée à leur ftruéture. 2°, Par la rupture de quelqu’artère. Alors l'injection tombe dans les cellules , elle eft abfor- bée par Les vaiffeaux iÿmphatiques , & de plus elle eft toujours en butte à cette force qui poufle l'injection dans les artères. Quelquefois par ce moyen on rompt aufli les vaifleaux lymphatiques , & Finjeétion paile pr Ja rupture avec une très-grande facilité. 3°. Enfin, par les petics vaiffeaux Iymphatiques qui s'ouvrent dans a cavité des vaifleaux fanguins, & qui n'infuent pas für la circulation, mais font feulemene les fonctions des vaifleaux ‘abforbans. 6 #8Uf Au refte, il eft sûr que les vaiffeaux fanguins n'ont pas une communi- cation directe avec les vaiffeaux Iymphatiques , & cela réfulre de lPinf- pection oculaire, puifque M. Mafcagni a pu faire patoître par l'injection la communication de toures les artères avec toutes les veines, & il a pu’faire voir & faire defliner les cellules qui fervent , pour ainfi dire, de fépara- tion entre les porès inorganiques des vaifleaux fanguins &'les embou- chures des vaifleaux Iymphatiques. Ces derniers prennent naiffance en général du tiffu cellulaire. Dans les vifcèces ils partent aufli du ciffu cellulaire. (r) Il eft aifé de s’appercevoir de cette rupture, puifque dans ce cas on trouve inje&és des troncs affez confidérables , mais en/difléquant on apperçoit que les rami- -fications plus fübtiles dont ils dérivent ne font pas injeétées. Suppofons ,par exemple , qu’en injeétant un tronc je voye un autre tronc fe remplir; fi cela eft arrivé fans rupture , il faut que l’inje@ion foit paflée par toutes les ramifications du premier tronc dans toutes celles du fecond avant-de les remplir. C’eft- pour cela que fi je-vois les deux troncs injedtés & les ramification: qui font entre.ces deux troncs, noninje@ées, il faut que j’en conclue que l’injeion eft paflée par des voies non naturelles, & que par conféquent il y a eu une rupture, y LU SUR) L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 137 - M. Mafcagni:a vu dans plufienrs vifcères injection pafler des artères dans les veines; couler par les pores inorganiques dans les cellules , .& êtrepompée viliblement par les vaifleaux lymphatiques qui y répondent. Il eft inutile d’en dire davantage pour prouver que le {yfiéme lympha- tique eft tout-à-fait féparé du fyftème fanguin , & que la circulation de la lymphe eft indépendante de la force du cœur. Notre Aureur n’a pas découvert les vaiffeaux iymphatiques à la fuper- ficie du corps, mais il les fuppofe fur Pobfervation très-connue de Pabforption des matières par la peau. Les vaifleaux lymphatiques partent fous la Forme de tuyaux capilleires du tifla cellulaire, & ils pompenc les Auides qui fe préfentent à leurs orifices ; enfuire ils fe replient, s’entortilienr, & ils forment des mem braves. Le peritoine, la pleuvre , la membrane interne des:inteflins & des conduits excréteurs des glandes ne font que des amas de vaifleaux lyni- phatiques, Pour connoître cette vérité par rapport au péritoine, voici, comment il faut s’y prendre. Il faut choifr le cadavre d’un enfant more d'une maladie aiaue, & il faut injecter l'artère hépatique & la veine-porte avec du gluten coloré par le cinnabre. Le foie fe gonfle, & le fyftème fanguin paroît en entier. La partie glutineufe plus atrténuée & fans couleur fort par les porés comme à l'ordinaire , & remplit les vailleaux Iymphatiques, tant fuperfciels que profonds. Il faut laifler refroidir l'injection , & après il faut faire une incifion dans un vaïfleau lympha- tique des plus confidérables par laquelle on doic introduire du mercure, pendant qu'on rendra la uidité au gluren avec de l’eau chaude. Par cette opération le mercure pouflé convenablement ira avec aflez de viteile jufqu'à la glapde à laquelle aboutit le tronc où l’on a fait l'injection. Là , trouvant de la réfiftance, au lieu de pénétrer dans la glande, ils'introduira dans les vaifleaux Iymphatiques avec lefqueës communique le vaifleau ivjecté , & on facilitera le paflage de ce métal en le repouifant avec une fpatule de La glande vers les vaiffeaux lymphatiques. Les vaifleaux limphatiques les plus profonds feront renplis les premiers, On verra qu'ils forment un réleau & s'entortiilenc avec les vaifleaux fanguins. Après cela les vaiffeaux lymphatiques plus fubrils & plus fuperficiels fe montreront , & formeront un autre réfeau qui couvrira de manière toute la fuperficie du foie que l’on ne verra plus le premier rt{eau ni les vaifleaux fangains, Enfin, le foie paroïtra couvert d'une lame d'argent, fur laquelle s'élevent encore des plus petits vaifleaux , qui en s'amoncelant terminent dans cette partie le {yftème lymphatique, & de leurs oriëces fortent de petites gouttes de mercure , qu’ox: peut appercevoir à l’aide d’un bon microfcope, Si après l'avoir ainfi injetée on détache du foie cette lame du péritoine, on verra qu’elle eft entièrement compolée de vaifleaux lymphariques , & me Jes filamens qui joignent cette membrane à la membrane pofée au- Tome XXXVI, Perte. I, 1790, FEVRIER, S Lt 138 OBSERVFATIONS'SUR LA PHYSIQUE, deffous , fonr auffi des vaiffeaux-lymphatiques, Cette membrane pofée au- déflous eft compefce de vaitleaux lyinphatiquesentremêtés avec des vaifleaux . fangoins, & ce font aufli des vailieaux lymphatiques qui- forment les ligamens par lefquels cette membrane s'attache au foie. - IL eft donc bien conftaré: que la: nrembrane du péritoine- privée de: vailfeaux fanguins, eft compofée en entier de: veifleaux lymphatiques. Par dés moyens femblables M. Mafcagni a prouvé que:la pleuvre & la- membrane interne des: intéftins font faites de vaifleaux de cette efpèce,. & il déduit par analogie que lépiderme: &- les: poils. ont. la-même- ftructures. C'eft un problème à réfeudre sil y a ou non dés vaifféaux ympha-- tiques qui fe déchargent dans le canal chorachique ou dans lés veines* fans pafler auparavant par quelque glande, Blañus & Nuk difent en avoir injecté dans les animaux, qui netraver{oient aucune glande, M, Hey{on dit avoir fait la même chofe dans les cadavres humains, Mais M, Mafcagni ayant répété nombre: de fois certe éxpérience, n’a jamais vu aucun vaifleau lymphatique parvenir au canal thorachique ,.ou dans les veines: fans avoit paffé auparavant par quelque glande. Les vaifleaux lymphatiques s’avançant des parties d’où ils prennenc origine fe réuniflent en troncs plus confidérables , après fe redivifent, fe: réuaiffent encore , entrent dans les glandes , ils en fortent, ils formenc des plexus, qui quelquefois embraflent les glandes, & la lymphe circule par ces canaux entortillés avant d'entrer dans le canal thorachique. Les vaifeaux lymphatiges font compofés de deux tuniques. Dans l’externe on obferve des: cellules remplies d’une matière oléeufe. L'inrerne- fe replie par intervalles & forme les valvules Iymphatiques fi: connues. Ceque notre Auteur a obfervé-dée particulier fur ces valvcles , cet que: tous les vaifleaux lymphatiques des hommes & des animaux en fonc pourvus plusou moins, malgré l’aflertion de plufieurs Auteurs célèbres, qui ont foutenu lé contraire. , Les fibres charnues n’entrent:pas dans la compoltion des taniques de ces vaifleaux, On ne les apperçoit pas au microfcope, & les phénoriènes les expliquent fans les y: fuppoler. Hallér avoit cru. que ces: fibres: y exiftoient, parce que ces vaiileaux 2 ferrent vifiblemenc fur les fluides: qui les parcourent, & parce que le contact de l'huile de vitriol les faic contracter, Mais fi cette faculté de fe ferrer für les Auides dépendoit de- l'irritabilité, elle devtoit cefler quelques heures après la mort. Cependant: notre Auteur a injecté avec du mercure des vaifleaux lymphatiques , & il a confervé la-préparation dans l'efprit:de-vin pendant plus d'une année. Après ce tems ayant fait une incilion dans un de ces vaiffeaux:, il a vu: les parois fe contracter & expulfer le Auide qu'ellés contenoienr. - L'expérience de l'huile de vitriol ne prouve rien , puifqu'elle faic: raccourcir, même les-membranes defléchées ; d'autant plus que & l'on , SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 139 touche les vaiffeaux lymphatiques avec ‘du beurre d'en‘imioine, ils me changént point de figure. Seroit-il poflible que cela arriväc s'il y avoit séelleément des fibres charnues? M. Mafcagni attribue donc juftement la contraétion de ces vaifleaux à l'élafticité de leurs uniques. D’après cela il explique la circulation de la lÿmphe d’une mamère très-fatisfaifante. Les orifices des vaifleaux lymphatiques, dit-il, abforbenc l'humeur qui fe préfente à eur aétibn, parce qu'ils font dans leur ürigine destuyaux capiliaires. L/humeur entrée dans un vaifleau 1e gonfle & en écarte les parties pour un moment, mais après Ces parties reprennent leur première pofition par l’élafticiré, & le fluide eit obligé de monter. Les valvules empêchent qu'il ne redefcende : cette caufe combinée avec d’autres caufes cocpératrices , telles que le mouvement des vaifleaux fanguins, fair parvenir la lymphe par ces canaux jufqu'aux veines. Mais qu'eft-ce que cette Iymphe ? c’eft ce que nous ne favons pas æncore. Notre Auteur a pris 7 onces 13 fcrupules $ grains de fymphe extraite de Ja cavité abdominale d'un bœuf. Après trois heures il 5en eft féparé une partie fibreufe qui pefoit 11 grains, & qui étant defléchée s’eft réduite à 3 grains. Le refte étoit du ferum coagulable par l’efprit-de-vin, le feu & les acides, Cette expérience , quoiqu’elle ne nous donne pas de randes lumières, fert du moins à prouver contre le fentiment de + Hewfon, que la plus grandé partie de la lymphe eft compofée de ferum, : Les vaifleaux Iymphariques finiffent tous dans les veines fouclavières & jugulaires (1). Notre Auteur -le fixe d’après ‘un grard nombre de diflections & d'injeétions, & il déeruic par-là ce que Mekel nous avoic dit fur la communication des autres vaifleaux fanguins avec le fyftème lymphatique. L'origine des vaifleaux fymphatiques eft donc dans les grandes & petites cavités du corps animal, leur terminaifon ef'dans les veines fouclavières & jugulaires , leurs fonctions font de remettre en circulation ce qui féft à la nutrition. Mais avant que cetre humeur furabondante puifle y arriver, il faut qu'elle pafle par les glandes conglobées, Ces glandes fonc compofées , fuivant notre Auteur ; de vaifleaux cel- lulaires & de vaifleaux lymphatiques. On pourroit les confidérer comme des-pelotons de vaifleaux [ymphatiques, qui. aboutiflent à des cellules. Les vaifleaux fanguins s'introduilent cependanr en abondance dans ces glandes fans avoir pourtant aucune communicatiôn direéte où par emma (2) Cependant prefque tous fe réuniffent dans le canal thorachique , qui & décharge , comme l'on fait, dans la veine fouclavière/gauche. Tome XXXVI, Part. I, 1790. FEVRIER, S 2 ? 440 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, anaftomofe avec. le fyftème lymphatique. M. Mafcagni a prouvé tout ce que nous venons d'annoncer à fa manière .ordinaire, c’eft-à-dire , par l'injection. ÎL eft inutile de dire comment cette injeétion a été faite, puilque nous avons déjà indiqié comme il eft en ufage de a faire, Il faut feulement obferver qu'il eft bon dans ces circonftances d'employer de la cire ou du plâtre diflous dans l’eau en place du mercure, puifque ce métal rompt les vaifleaux, avec une grande facilité, & il n’a pas Tavanrage de fe figer, ce qui fair que l'injeétion de mercure n'eft pas bonne lorfqu'il s'agit, comme ici, de devoir couper par morceaux la partie injectée pour en obferver la ffruéture, parce que ce métal étant toujours coulant & mobile fort par les incifians qu'on doit faire nécellairement dans ces vaifleaux, & Les laiffe vuides. C’eft fans doute à ces circonftances, ou à la maladie des glandes qu'il a injectées, qu’on doit attribuer l'erreur. de Mekel , qui a éru que dans les glandes les vaifleaux fanguins commu niquoient avec les lymphatiques. L'ufage de ces glandes , fuivant.notre Auteur , eft de retarder le cours de la lymphe, & de produire ainfi le mélange intime de fes parties. 11 croit de plus que d’autres humeurs viennent fe rnêler à celle-ci dans ces organes, & que des pores des vaiffeaux fanguins qui y abondent , fort un. Jerum fubtil qui fert à la délayer. Cela eft confirmé par les grands chan- gemens que la lymphe éprouve en, paflant par les glandes conglobées. Après qu'elle les a traverfées ; elle acquiert une plus grande quantité de partie fibreufe, & change tout-à-fait de faveur. Ces vaifleaux lympha- tiques qui partent du foie contiennent une lymphe qui fent l'urine, &c. mais après que cette Iymphe a paflé par les glandes, elle prend une faveur innocente & uniforme, Cetre théorie, dit notre Auteur, n’eft pas infirmée de ce que les oifeaux ont fort peu de glandes & les poiflons n'en ont aucune; puifque dans.ces animaux les plexus, fréquens-arrétenc fuifamment la lymphe, & d’ailleurs leurs vaifleaux lymphatiques ayant un. petir nombre de valvules.: le mouvement de ce fluide en devient très-dificile & très-lenr. M. Mafcagni a trouvé des vaifleaux lymphatiques dans prefque toutes, les parties du corps. Il en a donné la defcription, & les a fait defliner dâns des Tables très-exactes. 11 faut diftinguer ces vaifleaux en deux efpèces, les fuperficiels, & Jes profonds. Nous allons en tracer le cours principal. En général ils acconr- pagnent les vaifleaux fanguins, te : Les vaiffeaux lymphatiques fuperficiels des: extrémités . inférieures (Planche #° ) partent des doiets , {e réduifent en, rroncs qui fe divifène fur le dos & fur la plante du pied, & fe gliffent le long de la partie antérieure , poftérieure ; intérieure &externe-de la jambe , recevant les branches-des parties par lefquelles ilsiconlenr. Plufieurs de ces troncs fe divifenr, fe joignent. &2fe réuhiflentrien : partie.ou-deflous ‘du , genou, 44 .«] LES \ l'AA 2 CRE , À SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. x4r D'autres paffant au-deflus du genou fe gliffent vers la partie antérieure de la cuifle, fe divifent, puis fe réuniflenc & fe rendent aux glandes de laine Ceux de ia partie fupérieure de la cuifle, des fefles , de la partie infé- rieure des lembes , de la partie antérieure & latérale du bas-ventre, & ceux de la verge & des bourfes vont aufli aux mêmes glandes. Enfin , ces glandes reçoivent tous les vaiffeaux lymphatiques fuperfciels & demi-profonds qui font au-deflous de la peau, & entre & fous la pannicule adipeufe de roures les parties qui font au-deflous du nombril : quelques branches s’étendent & fe mêlent avec celles qui vont fe rendre aux glandes de l’aïflelle, tandis que quelques rameaux des parties fupé- rieures au nombril viennent aufli fe rendre aux glandes inguinales. Les vaiffeaux fuperficiels de ces parties fonr placés par différens étages entre la peau & la gaine tendineufe qui couvre les mulcles fuperfciels des mêmes parties. : Les vaiffèaux lymphatiques intérieurs de la jambe füuivent le cours des vaiffeaux fanguins, & font quatre troncs principaux qu’on peut nommer petit Japhen, jambier poflérieur , jambier antérieur , & peronné , qui fuivent le cours des vaifleaux fanguins qui ont le même nom. … Ces vaiffeaux arrivés au jarret fe gliffent dans les plandes qui s'y trouvent. Ceux qui‘proviennenre de l’articulation s’y réuniflent : de-là ils fortent en deux , trois où quatre troncs, qui {e divilanr coulent avec les vaifleaux fanguins jufqu'à la partie fupérieure de la cuiffe, où ils rencontrent des: glandes ficuées plus profondément que celles où vont aboutir les vaifleaux fuperficiels. Quelques-unes de leurs b:anches fe mêlangent entrelles & avec ceux fitués aux environs des vaifleaux fanguins illiaques , qui ea fortane de la cavité du bas-ventre prennent le nom de cruraux, En fortant de ces glandes ils fe divifent en deux parties : une coule entre les vaiffeux fâhguins illiaques , &c pafle par différentes glandes où fe rendent ceux qui viennent de la partie fupérieure & poftérieurede la cuifle, & qui paflant par l'échancrure fciatique , ainfi que ceux qui viennent de la veflie des proftates des véficules féminales dans l’homme, & du vagin & de la matrice chez les femmes. Tous les vaiffeaux lymphatiques de ces parties communiquent en plufeurs endroits enfemble, forment des plexus, fe rendent vers les vertèbres des lombes, où ils traverfent différentes glandes, fuivent les troncs de l’aorte & de la veine cave, &'enfin vont avec d’autres vaifléaux fermer le canal thorachique. Chaque vifcère a des vaifleaux lymphatiques qui accompagnent les vaifleaux fanguins & en fuivent les gros troncs. Les uns font fuperficieis & fe diftribuent dans la partie extérieure du vifcère : les autres en pénètrent la fubftance & font intérieurs, Ainf tous les vifcères du bas- ventre, les teflicules , Ja matrice , les ovaires, les trompes, les reins , le’ 1242 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE; foie, la rate, le pancréas, les inteflins , l'eftomac, &c. &c+ ont un grand nombre de ces vaifleaux qui vont fe rendre aux glandes du mélearère, & de-là dans le canal thorachique. Tous ces vaiffeaux lymphariques placés au-deffous du nonibril , fuper- ficiels ou profonds ,-rous ceux des vifcères du bas-veutre , à l'exception -de quelques-uns du foie, concourent donc à la formation du canal thorachique. :Onfait que ce canal monte !# long de l'aorte, &:va fe jetter dans la fous-clavière. Dans tout ce trajet 11 reçoit un grand nombre de nouveaux vaifleaux lymphatiqu:s des parties où il pafle ; d'abord des petits rameaux qui proviennent du ligament du foie | & de ce vifcère lui-même, d'autres qui viennent de l'œfophage, Jl y a des vaifleaux lymphatiques entre chaque côte, qui fuivent les -vaifleaux fanguins & les nerfs. [ls viennent de la pleuvre , traverfent des glandes placées au-deffous de cette membrane , & de-là fe rendent dans d’autres glandes placées à côré du corps des vertèbres. Les vaifleaux lymphatiques du poumon font très- membraneux ; quelques-uns coulent fuperficiellement entre la membrane du poumon & le tiflu du vifcère , d'autres font profonds & fuivent Le cours des vaifleaux fanguins. De-là ils fe rendent aux premières glandes qui font à la divifion des branches les plus confidérables des vaifleaux fanguins & des bronches. De ces glandes ils paflent aux plus éloignées , formant des plexus, & fe glifflent au-deflus & aux côtés de la trachée- artère, de l’aorte, de Fœfophage & de l’azigos , où ils rencontrent d'autres glandes; & après les avoir traverfées , ils vont fe rendre par différens endroits au canal thorachique. Quelques-uns fe portent aux glandes du col. Les vaiffeaux lymphatiques du cœur fuivent le cours des vaifleaux fanguins. On les voit bien dans le cœur de ceux qui ne font pas gras. ‘On les injecte facilement vers la pointe, & on remplit aufli par la preflion Jes petirs filets déliés, Alors le mercure paroît en petits globules fur la furface du cœur, Ces vaiffeaux paflent au-deflus de l'artère pulmonaire, & à l’endroit où le péricarde fe replie au-deffus de l'avrte , fe divifent en trois ou quatre ‘branches qui rencontrent une ou plufieurs glandes placées RE de l'aorte, d’où elles fortent avec d'autres branches ; {e mêlent avec les vaifleaux lymphatiques du péricarde & du thymus , & vont avec eux, & ceux de la mammaire interne, au canal thorachique. Les vaiffeaux lympbatiques du diaphragmé font très-confidérables, Après avoir traverfé différentes glandes , ils vont fe perdre dans le canal thora- chique. Tous les vaifleaux lymphatiques de la partie antérieure de la poitrine & d’une partie de l'abdomen, ceux du col, & une partie de ceux du dos après ur cours plus ou moins long fe réuniflent & vont fe rendre aux glandes de J'aiflelle, # SUR L'HST, NATURELLE ET LEST ARTS ag Les vaifféaux des extrémités fupérieures peuvent fe divifer commeceux des extrémités inférieures en fuperficiels & profonds, Les fuperficiels font RL A Is partent des doigts, rampent fre bras & l'avant-bras : quelques-uns traverfent deux glandes au-deilus de l'articulation du bras, & rous fe rendént aux 2landes de l'aiflelle, D'autres fe réumiffenc'en un feul tronc, qui fuivanc le cours de la cépha= lique, fe divife en deux , trois ou quatre troncs’ qui fe rendent à une glande fftuée'entre-la clavicule & l’infertion du pectoral & du deltoïde , & de-là à d'autres glandes qui font aux environs de l'articulation de l'humerus.- Les vaiffeaux' préfonds fuivent le cours des vaiffeaux’fanguins de cette partie ,-fe rendent dans quelques glandes placées auprès de l'articulation de l'avant-bras; enfin, en gagnant les glandes de l'aiflelle fe réuniflene avec les autres vaifleaux Jymphatiques qui arrivent dans cette partie, êz de-là-fe'jetrenc dans la fous-clavière. ; Les vaifleaux lymphatiques de la tête font auf: ou fuperficiels où profonds Les fuperfciets peuvent fe foudivifer en ceux de la face, & ceux de la- partie poftérieure, Ces derniers après avoir rampé dans la partie che velue, fe réduifent ordinairement en cinq , fix ou fept troncs principaux ,- qui après avoir traver{é différentes glandes , viennent fe réunir en partie avec ceux de la face. Ceux-ci viennent des différens endroits de la face , dés oreilles, du nez, des yeux, de la bouche , de la partie fupérieure du col, &c. traverfenc les différentes glandes:qui font fituées dans ces parties , fuivent le-cours des vaiffeaux fanguins, & vontfe rendre dans: la- fous-clavière. Les vaiileaux profonds de la tête font ceux du cerveau, ceux qui fuivent: le cours de la maxillaire, & ceux du pharinx, du larirx & de la langue, - L’Auteur a injété quelques-uns de.ces vaifleaux du cerveau ; mais il n’a jamais pu les conduire aux glandes à caufe des extravafations. Ces vaiffeaux font larges: mais ils one les tuniques très-minces, Les ramif- cations font très-confidérables, Ces vaifleaux paroïflent fe rendre à deux glandes placées à côté & au-deflous de lacarotide interne ,-& en partie à- deux autres groffes glandes placées plus inférieurement au-deflôus de la jugulaire. Ceux du larinx , du pharinx & de lalangue , & ceux qui: _füivent la maxillaire interne fe rendent aux:mêmes glandes, & de-là paflant de glandes en glandes , de plexns en plexus, ils s'uniffent avec. les vaifleaux lymphariques fuperfciels , & fe rendent au même lieu. Notre Auteur a examiné les vaifleaux lymphatiques de la dure-muère : 11 a vu qu'ils fuivenc les vaiffeaux fanguins de cette membrane. Ils paffenc avec eux par le trou épineux, &: vont finir dars les glandes qui fonet fituées dans la divilion de la jugulaire interne. D'autres petits troncs fe trouvent entre les lames de la dure-mère, tout près da finus longieudinal, 144 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, Si après avoir injecté la dure-mère avec du gluten comme à l'ordinaire, on la détache , on voit fur la fuperficie qui regardoit Le crâne, de petits vaifleaux coupés que notre Auteur croit des vaifleaux lymphatiques, qui fortent par les petits trous des os du crâne, & qui en parcourent la fuperficie exrerne. La fuperficie du cerveau a auf fes vaifleaux lymphatiques, mais ils font fi minces qu'il n'eft pas poñible de Les injeter avez le mercure; il faut fe fervir du gluten , encore les perd-on de vue entre les lames de la dure-mère, tout près du finus longitudinal. On injecte aufli de petits vaifleaux dans l’aracnoïde avec le gluten, qui paroïflent lymphatiques. M. Mafcagni en a tenté l'injection avec le mercure; mais il ne lui a jamais été poflible de la poufler jufqu'aux glandes, les vaifleaux s'étant déchirés , à caufe de la ténuité de leurs parois. Nous renvoyons ceux qui voudront de plus urands détails à l'Ouvrage dont nous avons donné l'extrait, & qui met M. Mafcggni au rang des plus grands anatomiftes, LES TL RUE D'E MD; EL UC 3 A M DE LA MÉTHERIE, Sur la nature de l'Eau , du Phlogiflique, des Acides & des Airs. Windfor, le 19 Janvier 1790, NES ress ‘7. J'ai lu avec beaucoup d'intérêt, dans votre cahier du mois de novembre , l’expérience de MM, PAETSs VAN- TROOSTWYK & DEImMaN , où les érincelles éle&riques , traverfant l'eau , ont produit dans ce liquide une efpèce d'air, que ces mêmes éincelles enflam- moient , & qui par-là redevenoit eau ; phénomène fans doute très-digne d'attention , mais qui ne me paroît point autorifer la conféquence que ces Phyficiens en ont tirée, favoir : « qu'il ne peut prefque refter » aucun SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 145 aucun doute fur la nature de l'eau, & qu’on peut accorder, » qu'elle eft un compofé d'air déphlopifliqué & d'air inflammable », C’eft-ce qui me détermine, Monfieur, à vous adreffer cette Lettre, vous priant de l’inférer dans votre Journal. _ 2. Les expériences de M, CAVENDISH & du docteur PRIESTLEY , fur la combuftion de l'uir déphlogifliqué avec l'air inflammable, ‘interprétées d'abord par M. CAVENDI:H lui-même & par M. WATT , : comme conduifant à cette hypothèfe fur la zarure de l'eau, m'en avoient fortement perfuadé , ainfi qu'on a pu le voir dans mes des Jur la Météorolog'e , où je donne l'hiftoire de l'origine & des progrès de cette hyporhèfe; maïs les importantes expériences faites enfuite par le docteur PRïIESTLEY , m'ayant fait naître des doutes fur fa certix tude, tout, dès lors, les a fortifiés : je vois nombre de phénomènes généraux qui s’y refufent; & aucun des phénomènes particuliers qu'on allègue en fa faveur, ne me paroîc l'établir. Je viendrai, Ménfeur, à la première de ces propolitions, après vous avoir donné pour exemple, à J'égard de lawdernière, le fair même d'après lequel les phyficiens qui l'onc découvert, penfent ,' qu'il ne peur prefque refler aucun doute fur la zature de l'eau, conçue fuivant cette hypothèfe. 3- Le premier lien entre ce fuir & fa conféquence, eft la fuppo- fition , « que les éincelles électriques produifent fimultanément dans » l'eau , deux fortes d'airs, l'air inflammable & l'air déphlogifliqué ». Et le (eul fondement de cette hypothèfe , eft , «-qu'un mélange de ces » deux airs senflamme & produit de l'eau ». Quoique cette preuve par analogie ne foir pas complette, elle n’auroit rien d’étrange , fi eile n'éroit deflinée qu'à rendre vraifembiable une théorie, laiflée d’ail- leurs au jugement du tems. Mais comme il s’agit d'autorifer un chan- gement entier dans le langage de la phyfique , par l'introduction d’une aouvelle Nomenclature qui confacreroit cette Ayporhèfe & toutes fes conféquences ; les fondemens fur lefquels on l’appuie, exigent l'examen le plus rigoureux , non-feulenient des chimiftes , mais de tous les phy- ficiens. La Nomenclature a@tuelle, malgré des noms défe&tueux dins leurs étymologies, n'a rien qui nuife à la clarté de la fcience: les fobftances défignées par ces Noms font connues ; & chacun penfe fur leur nature ce qui lui paroît le plus vraifemblable, fans fonger même aux idées de ceux qui les ent ainfi nommées, Aucune nouvelle No:ren- clature ne fauroit donc étre qu'un nouvel embarras dans le langage, déjà aflez difisile , de la Chimie; à moins qu'elle ne portât un carac- tère certain de permanence: & aucun phyficien attentif ne (auroit accorder ce cara@ère à une Nomenclature fondée fur de nouvelles hypothèfes, quelque vraifemblables qu'elles foienc ; auffi les auteurs de la rouvelle Nomenclature chimique n'invitent-ils les phyfciens à l'admettre, qu'en la croyant appuyée fur de fimiples fairs. C'eft done Tome XXXVT, Part, I, 1790, FEVRIER. 146 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, fous ce point de vue qu'il faut l'examiner, avant que de l’admettre. 4. Je commencerai par la propofition ci-deflus : « que lorfqu'ure » mafle de fluide aériforme S'enflamme , & produit de l’eau, elle » doit zéceflairement être um mélange d'air déphlogifliqué & d'air » ‘inflammable ; PUISQU'UN mélange de ces deux airs s’enflamne » & produit de l’eau », Mais pour pouvoir établir une affertion aufli poficive, il faudroit être autorilé à nier à priori, « qu'il puifle exifter >» ure forte d'air, fufceprible de s'enflammer /èul, & de produire » ainfi de l’eau » ; où démontrer, d'une manière non-fufceptible de méprife , « que la mafle de fluide aériforme produite dans Popération, » eft réellement un mélange des deux airs défignés », Or comme l'on n’a donné ni lune ni l’autre de ces preuves, cetre parrie du raifonnement fur la nature de Peau, n'eft jufqu'ici qu’une Aypo- thèfe. 5. Mais ce n’eft pas fous ce point de vue feulement, que je con- fidère la conclufon tirée de cette expérience : je veux bien admettre bypochétiquemerc la formation des deux airs ; & je ne trouve alors ; entre cette hyporhèfe & la conféquence fur la nature de l'eau ,. qu'une pétition de principe, favoir, & que les bafes refpcétives de ces azrs, » font deux fubftances , qui enfemble , compofent l’eau », Je dis que c'eft-là une péition de principe ; parce que les phyficiens qui n'admettert pas cette compofition de Peau, penfenr que l'air inflam- mable & Vaër déphlogifiiqué contiennent féparémenr l'eau elle- même , aflociée à quelque autre fubftance, diflèrenre dans chacun d'eux, & d’eù procèdent leurs caractères diftinctifs. Par où la queflion fur la. nature de l'eau , demeure, après cette expérience, au même point où elle étroit auparavant. 6. Cependant, c’eft principalement d'après cetre hypothèfe, qu'il s'eft fait un autre changement das les idées reçues, qui r’étoit point ure conféquence de ce premier, & qui ne me paroit pas avoir des fondemens plus folides. Les phyficiens admerroient généralement une fubftance inconnue par elle-même, mais dont l’exiftence leur paroifloit démontrée par les phénomènes; fubflance qu'ils nommoient le phlogif- rique. Les auteurs de la zouvelle Nomenclature rejettent aujourd'hui l'exiflence de certe /ubflance, n'hélitant point d'expliquer, par la feule hypothèje de la compofirion de l'eau, tous les phénomènes qu'on lui afligne. Je n’entreprendrai pas pour le préfent de montrer à combien d’autres Ayporhèfes il faut néanmoins avoir recours, pour remplacer les fonctions du phlogiftique , & je me contenterai.de les déterminer. Je regarde toujours comme très-probable , qu'il exifte une /ubflance, qui, avec l'eau & le feu, entre dans la compolition de tout ar inflammable, quels que foient lès corps dont il procède. Il ne peut fe faire de déplacement de cette /ubflance, fans qu'il n'en réfulte de D te ET UT SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. x47 rouvelles combinaïfons , foit dans les fubftances qui la perdent, foir dans Æelles qui la reçoivent. Je continue à nommer cette /4{flance le phlogiflique parce qu'une de fes fonctions diftinétives, eft de pro- duire l’énflammation ; foit l'éniflion foudaine d’une grande quantité de feu dans l'air: & elle produit cer effit, parce que lorfque la chaleur elt'arrivée à un certain degré ( que j'ai dérerminé dans mes idées Jor la Météorologie) , elle a la faculté de s'unir une autre fubftance qui entre dans la compofirion de l'air atmo/fphérique & de l'air déphlogif- ziqué , par où ces airs fe décompolent avec l'air inflammable. Quant aux divers phénomènes , qui, accompagnent l’nflammation , ou qui en font les fuites , ils varient, fuivanc deux circonflances géné- rales, dont la prémiere dépend de l’air inflamable , foit déji produire, foit préc à l'être : car. ce fluide peut différer beaucoup dans fes ingré- diens diftin@æs des trois fus-mentionnés, fuivant la narure dés fubftances qui le produifent ; & alors aufli il différe dans {à pefanteur {pécifique, & dans la rapidité de l'inflammation qu'il produit. L'autre circonfance générale qui fait varier les phénomènes de lrnflammation, dépend de la nature des airs que l’air inflammable décompofe en fe décom- pofant foi-même ; c’elt-à-dire , fuivant qu'il rencontre l’air armofphe- rique ou l'air déphlopiflique. Je-détermine einfi ce que je confidère comme érant les loix générales de la théorie du pAlogiflique; parce que le plus fouyent on ne s'élève contrelle, qu’en attaquant des idées abandonnées, & comme d’ailleurs l’admiflion d’une telle /ubffance feroit indifpenfable, fi l’eau n’étoir pas compofée à la manière nou- vellement imaginée , je ne nvarrêterai qu'à cette dernière Aypo- thèfe. 7. J'ai lu avec beaucoup d’attention , dans le troifième volume des Annales de Chimie, un Mémoïre de M. BERTHOLLET, dans lequel cer habile chimifle analyfe les expériences du dodteur PR:EsTLEY & de M; Kerr, fur la production de l'acide nitreux dans la com- buffion de l'air déphlogifiique & de l'air inflammable ; & l'impreffion générale que ma laiflée cette letture , eft la confirmation de mes idées fur ja nouvelle théorie phyffco-chimique. On croit n’argumenter dans cette théorie que d’après des furrs , & toujours je trouve une, ou plufeurs Aypothéfès entre le fait lui-même & la conféquence qu'on en tire. Pour fuivre pas à pas cette marche, il faudroic s’en- foncer dans le labyrinthe des faits & des hypothèfes de détait : mais heureufemeut il n’en eft pas. befoin ici; parce qu'il règne dans tout Je Mémoire de M. BERTHOLLET, ainfi que dans la théorie qu'il défend , une Ayporhèfe générale, fur laquelle toutes les autres fone fondées, & que par [à 4 fuffit d'examiner feule. Les partifans de la compofition de l'eau fentant que leur thécrie feroit folidement arta- uée, fi l'on pouvoit démontrer qu'un mélange d'air inflammable & Tome XX XVI, Pure. I, 1790. FEVRIER, T2 + d. 148 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, d'air déphlogifliqué abfolument purs, contient quelque autre fubflance que de l'eau & du feu, refufent d'admettre que l’acide nitreux puifle s’y trouver; & comme cependant il s'y manifefte toujours plus ou moins, ils laflignent à une petite portion d'air phlogifliqué mêlé aux deux autres, C'eft cette Aypothefe que je vais examiner. 8. L'idée que l'ac'de nitreux ne peut provenir que de l'air phiogif- tiqué ,; a un fait pour objet, & une Aypothéele pour bafe. Le fatt et une expérience de M. CAvENDiSsH, dans laquelle un mélange d'air. déphlogifliqué & d'air phlopifliqué étant traverfé Jong-tenis par les évincelles éleëtriques , a produit de l'acide nitreux. Jufques-là on ne voit point d’où cet acide procède; mais on croit pouvoir Y'afligner certainement à air phlogifliqué d'après l'Ayporhèfe , « que » l'un des deux ingrédiens de l'eau, celui qui, avec le feu feul, doit » conftituer air déphlogifliqué ; eft le principe acidifiant de tous les >» acides», D'où l'on conclut, dans le cas préfent, que l'ar pAlogifliqué eft la Pafe acidifiable. de l'acide nitreux, & que toute la fonction de l'air déphlopifliqué n'elt que d'acidifier cette bafe. Mais voyons fi cette 2yporhefe , l’un des principaux fondemens de la nouvelle doétrine & de la nouvelle Nomenclature, eft admiflible en Phyfque ; & remontons pour cet effet à ce que cette fcience peut nous fournir d'idées fondamentales à cet égard. 9. Aucun acide ne selt fait connoître jufqu'ici aux chimifles, d'une manière qu'on puiffle nommer fon état propre, c'eft-à-dire, fans combinaifor : ce qu'on nomme acides concrets, .ne font que dés combinarfons particulières d'acides , dont la propriété eft d’êre folu- bles dans l’eau. Nous ne fommes pas même autorifés, ar aucun fait direct, ni par aucune confidération phyfique, à fuppofer que jés acides purs aient aucun poids fenfble : ce qui n’empéche point qu'ils ne puiflént. produire de très-grands effets, puifque cuit le càs de la lumière & du feu. D’un autre côté, les formes régulières : dés Jèls , à la compoftion defquels les ‘ acides participent, indiquént que les particules de ceux-ci o5r des formes déterminées , & que leurs affinités s'exercent par des faces pareillement déterminées, C'eft le principe que M. l'abbé HAUY a fi habilement appliqué à la déter- mination des formes des particules primitives de différentes clafles de criflaux ;. &. des atrangemens qu'elles affectenr. Enfin, les acides ne- font jamais apperçus , que Jorfqu'ils exercent leurs afénités ; & d’après leur nature, telle que je viens de la définir, ils ne peuvent fes exercer que lorfque leurs particules font libres de fe mouyoit. Or nous ne les appercevons jamais en action, que dans des liguides où dés fluides expanfibles , où leurs particules peuvent prendre fes poltions déter- minées par leurs affinités, comme l'aiguille aimantée les prend quand: el'e-eft libre. Eos U sn #1 RENE, HE RAM ENS PA SUR L'HIST, NAURELLE ET LES ARTS. 149 10. D'après ces idées préliminaires, tirées de la Phyfique cénérale, fi un acide elt entré dans quelque combinaifon , & que {a frbftance ui le contient ne foit ni fufible, ni foluble dans quelque liquide, ï pe peut exercer aucune nouvelle ation, fans que cette combinaifon ne foit détruite, & qu’un liquide ne foie prêt à recevoir luciae libéré, à moins que celui-ci ne pafle dans un fluide expanfrble; cas dont je ne m'occupe pasici. Lors donc que les deux premiers de ces changemens font opérés, & qu'on a ainfi un liquide qui contient un acide, la feule conféquence immédiate qu’on puiffle en tirer, eft que les particules conftituantes de l'acide & du liquide . étoient con- tenues dans les fubftances employées, & fi un fluide aériforme étoit au nombre de ces fubftances, l'hypothèfe la plus probable für l’ori- gine du liquide, me paroît être , que e’eft de l’eau , qui procéde en tour ,ou en partie de l'air détruit. 11. On m'objectera peut-être, l'acide phofphorique produit par la combuftion du pho/fphore dans l'air dephlogifliqué : opération dont le produit, en quelques circonftances , eft une poudre; & l'on ne demandera ce qu’eft devenue l’eau qui devoit réfulter de [a décom- pofition de cet air ? Je répondrai, qu'elle eft dans cette poudre, fous forme /olide , comme elle fe trouve dans les criffaux des fels, & qu'aufli , l'eau contenue dans la poudre; fe joinc à l’eau qui la diflour, comme il arrive à l'eau de criflallifation des els: Quant. à lexplica- tion du procédé général , par lequel l'euu fe combine fous la forme d'un olide, elle ne préfente aucune dificulré, L'ear. comme tout liquide eft compolée des molécules d’un fo/ide , unies à une certaine quantité de feu, 11 fuffe donc, que ce feu , & lés molécules particulières mifes par lui à lérat liquide, entrent fimulranément dans de nouvelles com- binaifons, pour que ces molécules concourent à la formation d’un Jolide. C'eft aïnfi que l'ean fe trouve dans les fu/ides des trois règnes,. &en particulier dans les chaux metalliques. 4 Ta À * 12. D'après la théorie que. je viens d'efquiffer , qui à chacun de fes pas, s'appuie fur la phyfique générale, il ne fe préfente aucune difñ- culté, ni à l'égard des phénomènes de lation & inaëlion dès acides, ni fur la combinaifon de l'eau dans les fo/ides. & fon rérour à la liquidité : il wy a denc nul befoin des nouvelles Æypothéfes d2 bafes acidifiables & de deux principes, l’un acid'frant, l’autre aquefant ; kypothéfes fi étranges en ellesmèmes, qu'à moins de déux conditions, qui n’ont pas lieu ici, je veux dire quelque fa” analooue déjà admis ‘ én.phyfque , & l'impoflibilité reconnue d'expliquer, fans elles Les phénomènes ,. le phyficien ne fäuroit les admettre. TA 13. Je reviens à. l'expérience de M. CAvenDr$H d'après laquelle on regardoit comme un fait, «que l'air déphlogifliqué pouvoir feul. » fournir l'acide nitreux ; cet aër., difoit-on ;/n’écant'autre chofe , dans: ” ‘2% 15 gs l - 2 150 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE; > fa mafle pondérable , que la bafe acidifrable de cet acide ». On peut voir maintenant, que loin qu'il s’agifle-là d’un fai, ce n’eft qu'un entaffement d’Aypothèfes. Et comme tous les aroumens employés contre la poflibilité d’une production d’acide nitreux dans Jes expériences du docteur PRiESTLEY & de M. KEIR nont pour première bale, que la fuppoftion, « que l'air phlopifliqué feul peut donner lieu à > la production de cer acide », ces arpgumens n'ont jufqu'ici aucune force, 14. Mais les objections précédentes ne font pas les feules que jaie à faire contre ces bypathèles : jufqu'ici je n'ai parlé que de leur inutilité & de leur impr babilité, & il me refle à montrer leurs fâcheufes conféquences en Phylue, par l'ivattention qu'elles produi- fent fur les plus grands phénomènes. Cette confidération générale donnera lieu, Monfieur , à d’autres lettres, que j’aurai l’honneur de vous adrefler fucceflivement ; & je comniéncerai ici par en donner un exemple, tiré de cette même expérience de M. CAVENDISEH, fur laquelle d’autres phyficiens ont déjà remarqué , que les eésincelles éleériques me pouvoient qu'être une circonflance importante, dont cependant on ne s’occupoit pas. J'en vis autant à l'égard du phéno- mène découvert par les phyfciens hollandois, mentionnés ci-deflus ; & c'eft, fur cet objét, que je vais d'abord m'arrêrer. 15. Tant que.le fluide élerique exifte comme tel, fe répandant feulement fur des corps contious, il n'eft ni lumineux , ni chaud, ni odorant : & comme en même tems il na aucun poids fenhble, & qu'il ne produit nul effer chimique connu dans les fubftances qui le poflèdent, nous ignorerions fon exiflence en cet érar , malyré même les mouvemens des corps libres dont il eft ia caufe dans certaines circonflances, fans un autre état fous lequel il fe manifefle, & dont la doctrine de la zouvelle Nomenclature détourneroit l'attention, Ce fluide vient-il à fe porter rapidement vers quelque point d'un conduéteur, pour s’élancer de B,en un courant denfe, vers les corps qui en poffèdent moins que celui-là, il fe détache de ce courant, de la lumière du feu, & quelque autre fubflance qui fe manifefte par fon odeur; on ne fauroit douter d’après ce phénomène, que les rrois fubftances ainfi manifeftées ne fuffent les ingrédiens d'une portion du fluide qui s’eft décompofée, Quant à la caufe immédiate de cette déponpofter nous en avons un exemple évident dans une modifica- tion femblable des vapeurs de l'eau bouillante. Tant que ce fluide exifte auf comme el, il ne produit ‘aucune Aumidiré fenfible, & il n’a de chaleur qu'au degré de l'eau dont il fe détache. Mais vient-il à ètre condenfé.? une portion de fes particules fe décompofe , & il en réfulre une émillion d'eau & de feu. Lorfqu'em Phyfique, fans perdre de vue aucun des principes généraux, on pafle du connu à l'inconnu par de telles analogies, on peut efpérer de faire quelques pas vers la vérité $ TON Ne EST NUE Mr h 41 ” Re nd SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 51 mais l’on rifque au contraire, d'aller d’erreur en erreur , loifqu'on forme des hypothèfes fans conlidérer cout l’enfemble des phénomènes u’elles devroient embrafler. Et c’eft dès ici, le cas de la sAcorie fur laquelle fe fonde la nouvelle Nomenclature. Suivant fon bur déclaré, elle devroit, par les sos feuls des fubftances, nous inftruire des élémens dont elles font compofées: & Von n’y fair aucune mention du fluide éleérique ; quoique routes les fubflances terreflras en pofc- dent dans un état plus ou moins libre; comme elles poflèdenc da feu ; & qu'il foit évident , que le premier deces fluides fe compoje & fe décompofe en divers phénomènes. Une telle Asorie donc doit s'écroulér tôt ou tard, comme s'écroulent aujourd'hui celles qui ne s’occupoient prefque point des fluides expanfibles. Je vais donner un premier exemple des conféquences de cette omiflion, 16. Les partifans de l'opinion, que l'eau elt compofée des bafes de Pair déphlopifliqué & de l'air inflammable, ne s'occupent que fore peu de la manière dont ces deux fubftances hypothériques deviennent expanfibles : quoique lexpanfbilité foic en elle mème un fi grand puénomène; qu’en fe contentant d’hyporhèfes vagues à fon fujer, tant en théorie générale, que dans les cas particuliers, on rourne proba- blement le dos à l'une dés principales routes des découvertes en Phy- fique; tandis que l’obfcurité qui règne encore par-tout dans cette fcience, manifefte le plus grand befoin d’ÿ voir paroitre de nouvelles lumières. C’eft, par exemple , une Aypothéfe uèr-vague, & qui par-la peut être déceptrice, que celle qui, attribuant au feu l'expanfibiliié de toutes les fubftances fenfibles, n’en donne d’autre idée , que celle: d’une e tenfion de l'effer produit par la même caüfe, connue fous Je nom de dilatarior. Mais comme il s'agit ici d’un point très-important en Phyfque, je renvoie à le traiter dans une autre Lettre, que j'aurai l'honneur de vous adreffer, Monfieur, à l’occalion d’un Mémoire de M. SEGUIN, contenu auffi dans le rroifième volume des Annales de Chimie; & je me borneraï ici à quelques confidérations fur le même objer, tirées de la produdion des fluides aériformes. 17. Le feu éft fans doute la caufe de l'expanfion de toutes les fubftances fenfibles; mais nous ne connoïffons aucune de ces fubf- tances, qui, par l’addition feule du fes , pafle à l’état aériforme, telle qu’elle nous eft connue fous une forme conerète. Mettant à part l’eau , pour un moment, tous ler airs que nous produifons, foic par l’ap- plication dela chaleur à certaines fubflances, foit per des mélanges à la température de l'air, laifflent des réfidus; & ceux-ci difièrenc toujours de l'état originaire des fubflances employées. Le moyen erdinaire de déterminer quelle eft la partie de ces fubftances qui eft paflée dans l'air produir, eft l'analyfe comparative. d’elles-mèmes , & de leurs produits fenfbles, l'air & le réfdu. Mais quiconque à LCR Le À 152 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, étudié fcrupuleufement ces analyfes , ne peut que reconnoître leur imperfe“ion, & par cela feul, que les conclufons qu'on en tire, fe fondent toujours fur quelque 4ypohefe. Or entre celles de ces hypo- thèfes qui embraflent le plus de cas, celle-ci, du doéteur PRIESTLEY , me paroît la plus probable , « que, quelque fubftance qu'on employe » pour produire ur air, & quelqu'aër qu’on produife, l'eau elle-même » entre comme partie compolarte de cet air », Je vais même plus loin à cer égard; car il me paroït, d’apiès des phénomènes dont je parlerai dans ma prochaine Lettre, « que l'eau feule conftirue fen- >» fiblement la partie pondérable de tout air; que le feu eft bien la » caufe immédiate de l'expanfrhilité aëriforme de ce liquide; mais » que ce n'eft point à la manière dont il le d/atoic auparavant; & » que toujours quelque fubffance, qui n'a point de poids jufqu'ici » {enfible, contribue alors à leur union : fubftance qui, en même » tems, détermine le caractère diftinétif de tout air ». Il fuit de là, que pour qu'un air fe décompole , il faut que la fubftance fpécifique , intermédiaire de l’eau & du feu, lui foit enlevée; que pour qu'un air change de nature, fans qu'il cefle d’exifter un ar, il fufñir que cette fubflance intermédiaire change, ou que quelque autre s’y ajoute, ou enfin, fi elle étoie déjà un compofé, qu'elle perde quelqu'un de fes ingrediens; ce .qui ne peut Ss'opérer que par l’aion chimique d’autres fubftances ; enfin, que lorfqu'un air fe décompofe ertiere- ment, les divers ingrédiens dont il étoit formé, entrent-en tout, ou en partie, dans d'autres combinaifons. Je ne vois rien dans cette théorie, qui ne foit conforme aux principes de la Phylique générale, & j'en montrerai la probabilité dans une autre occafon. 18. Je viens maintenant à l’eau comme employée à la produion de quelque air. Le feu feul , communiqué à l’eau feule, en forme bien un f/uide expanftble ; mais il n'eft point aériforme; c'eft une vapeur, qui fe décompofe par compreffion, ou par réfroidiffemenr. Mais l’addirion feule de la Zumière à ces deux premières fubftances, faic neîre un fluide aériforme : le docteur PRIESTLEY l'a déjà montré; & j'en ai un exemple conftant fous mes yeux, dans un vafe de verre plein d’eau que j'emploie à mes expériences hygromètriques. La chaleur naturelle du lieu, quelle qu’elle foit, ne fait produire aucun air à cette eau: & cependant dès que les rayons du foleël la frappent , elle produit des Bulles d'air, qui ne ceffent point, tant que cerre caufe dure. Ily a toujours aflez de feu dans l'eau pour produire des vapeurs ; comme je lai déjà montré dans mes Recherches fur les Modifications de l'Armofphère, & le rappellérai dans ma Lertre fui- vante , Ce qui pourtant ne fufkc pas ici; puifque les vapeurs ne peuvent fe produire au fein de l'eau à la température naturelle de l'air, la prefion de l’atmofphère ne le permettant pas: mais la Jumiëre inter- vient-elle SUR L'HIST: NATURELLE ET LES ARTS. 153 vient-elle en füfifänte quantité ; elle fe éombine avec l'eau & le feu, & ‘au liéu d’une vapeur , il en réfulte un fluide aëériforme. 19. Cetre théorie , que je n’aurois point formée fur des phéno- mènes particuliers, tels que celui-ci, vient d'être fortifiée par un autre faic Iparticulier, celui que nous fournit l'expérience des phyliciens Hollandois nommés ci-deffus. L'eau eft encore, dans cette expérience, la’ feule fubftance pordérable qui puifle contribüer à fa formation d'un ar ; & par le feu leul, il ne pourroit en réfulter que la vapeur aqgueufe. Aufñi l'air produit ne s’eft-il formé que ‘par les éréncelles éleétriques , après: chacune defquelles on voyoit paroître nombre de petites bulles d'air. Voilà donc quelque nouvelle fubftance zzermédiaire, fans poids fenfible, qui, de ce. qui n'auroit pu. produire que la vapeur agteufe | a fait naître ure efpéce particulière d'azr. , , 20.: Je ‘prévois Jés Ayporhèles que les partifans de la nouvelle Nomenclature oppoferoient jufqu'ici, à ce que je nommerat théorie, par le nombre & la grandeur des phénomènes divers qu'elle embraffe. Je ne ferois pas embarrailé de répondre à ces hypothèles, en les fui< vantænême dans-rous-les cas particuliers: mais j'agrandirai leur objét; en changeant Ja fcène. S'il eft vrai qu'ure controverfe approche de fa décifion, par la mulriplication ‘des faits qui la concernent , c'eft lorfque ces faus font fans équivoque dans leurs conféquences: car autrement , reclamés d’ordinaire par lesihypothèfés rivales, & quelque- fois avec d'autant plus de mots, que ceux-ci renferment moins de fens, ces fais multiplient tellenient lès queftions incidentes , que les controverles devienneat fans fin. Alors les préjugés & l'imagination exercent librement leur empire, & la logique eft remplacée. par la mode. Quand les queftions de Phyfique fe trouvent ainfi entravées par mille dilcuflions de détail, le phyfcien retourne en arrière; & fans perdre de vue les ramifications des füirs particuliers,, : quel pour cet effet il dépouille des Æyporhèfes, il cherche quelque branche principale 3. qui ,puifle Le conduire avec quelque rsûreré dans le. leby- rinthe de ces. rameaux. Or ici: la recherché d'une Pranchemañerefle het pas difficile; & le senre de mes recherches ;: depuis que je m'occupe de Phyfique, me l'a fait connoître dès lona-tems : je dirai même, que route la nature appelle: les phylüciens. bors des. laboratoires!:de chimifles, ; pour (leur. préfenter. dans le. fièn:) L'ATMOSPHÈRE \1 Ke: gravds rapports, de l'a à l'eau , «& ceux du feu à: la dumiéræiuldss influences de ces rapports dans les météoref, 8e cellés: des :mérébres fur. tous les corps terreltres. : ; cb! à y 4 dot 2 CelsuñA'eom -. 21. Que peuvent être des hypgthèfes fur les caufes/derla:produ&ionw de quelques onces d’eau dans nos opérations, fi elles n’expliquertpas® celle de la pluie ? Que fontelles fur les é/émens des airs ,Jorlqu'outre ce phénpmène ovblié, elles n’expliquent , ni les modifications de le Tome AA XVI, Parr, 1, 1790. FEVRIER, V is4 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE; chaleur dans l'armofphére, ni le ronnerre, ni l'immehfe variété des influences de l'air aëmofphérique fur les fubftances terreftres ? Rien n€ fera donc plus propre à rendre les phyfciens circonfpeds, les uns dans Ja formation des éypothé/es, les autres dans leur admifion , que FPobfervation attentive de ces grands traits de la nature, à laquelle elle-même les entraînera enfin, Je m'arrêce ici, Monfeur, pour le préfent: il me fuffit d’avoir montré ; que les bafes de la zouvelle Nomenclature ne font que des hypothefes , qui, même dans les phénomènes particuliers defquels feuls on les a tirées , ont des défavantages effentiels | comparativement à des Aypothifes précédentes, dent les prétentions n’alloient cepen- dant pas jufqu'à changer le langage de la Phyfique: mais dans ma prochaine Lettre, je commencerai l'expofition de quelques phénomènes, d’après lefquels ces Ayputhéfes pourront être comparées avec plus de précifion , & par-là avec plus sûreté, Je fuis, &c. LETTRE D'Fo{M:: GR°E'L L!, A M DE LA MÉTHERIE; Sur l'inflammation de différens Corps combuflbles dans L’Air acide marin déphlogiflique ; Movsieur ll M, Weftrumb a enflammé dans l'air marin déphlogiftiqué feul (fans le moindre feu) & feulemenc en jettant dans cet air le cinabre, le Kkermès minéral, le foufre doré d’antimoine , les régules. d’antimoine, d’arfenic, de bifmuth, de nickel, de kobalt, d’étain ; de: plomb , de cuivre , de fer 3 avec l’alkali volatil , on voit, pour äinfi dire, une mer de feu. Le régule d'antimoine mêlé avec du charbon s'enflamme . à l'inftant dans cet:air ; & le charbon de hêtre s’y enflamme tout feul. Vous trouverez le détail de ces expériences dans le prochain cahier de mes Annales , & vous y verrez les réfultats que M. Weftrub en tire; & qui favorifent exirèmement la doctrine du phlogiftique qu’on combag fant. ? Je fuis, &c. mx SUR L'HIST, NATURELLE ET LES ARTS. x5$ ». L 4 Lt ? Fe ses rome pme ee NAT TEE O1 cn NOUVELLES LITTÉRAIRES. P, ÉILLONS d'Europe, &c. nouvelle livraïfon. Cette grande entreprife fe continue toujours avec le même zèle & le même fuccès. Cette livraifon comprend depuis la planche Ccxxxr jufques & compris la planche cCxLir. Entomologie : ou Hifloire-Naturelle des Infeëtes , avec leurs caraëtères . génériques & fpécifiques , leur deféription, leur [ynonymie & leur figure enluminée ; par M. OLivirR, Doëeur en Medecine, de l'Académie des Sciences, Belles-Leitres & Arts de Marfalle, Correfpondant de La Société d'Agriculture de Paris, Jn his tam parvis atque tam nullis quæ ratio ! quanta vis! quim inextricabilis perfectio! Plin, Hifi, Nar, Lib. II, cap. 2. :Coléoptères : tome premier. A Paris, de l'Imprimerie de Baudouin , Imprimeur de TAffemblée-Nationale, rue du*Foin-Saint-Jacques , N°. 31, grand in 4°. Nous avons annoncé ce grand Ouvrage; & les Lecteurs verront qu'il répond parfaitement à ce que nous en avons dir. Dans cette première livraifon de Difcours qui contient 176 pages, l'Aureur expofe d’abord les caractères généraux des coléoprères. Ce mot tire fon origine de deux autres qui font grecs : l’un xonco, qui fignifie étui, & l’autre, ævwpos, pteros , qui vient d'une aîle ; ‘parce que l’aîle proprement dite eft cachée fous deux étuis écailleux nommés elytres ; du mot grec eArpo. M. Olivier parle des différentes parties de ces infectes , de Le manière de vivre, de fe reproduire , &c. Ne pouvant le fuivre dans les détails, nous allens feulement faire connoître la méthode qu'il a fuivie dans Ja divifion méthodique. Linné s'éroir fur-tout attaché aux antennes, & il avoit fait trois divi- fions. La première des antennes en maffes, c’eft-à dire , terminées par un bouton plus ou moins gros; la feconde des antennes filiformes, c’eft-à-dire, d’une épaifleur égale dans route leur longueur; la troifième des antennes fétacées , c'eft-à-dire, qui diminuent infenfiblement d'épaifleur, depuis leur bafe jufqu’à leur extrémité, M. Fabricius, en fuivant la méthode de Linné, avoit fair fix, claffes ; la première des antennes en lames ; la feconde des antennes dont la mafle ef perfoliée ; la troifième de celles dont la maffe eft folide ; la quatrième des antennes grenues, ou moliniformes ; la cinquième des antennes fili- formes , & la fixième des antennes féracées. Tome XXXVT, Part, I, 1790, FEVRIER. V2 156 OBSERFPATIONS. SUR LA PHYSI QUE, M. Geoffroy a faif pour caractère principal les divifions des tarfes; & c’eft cette méthode que M. Olivier fuit. Il.divife les coléoprères en e fe&ions:1à première-comprend les coléoprères dont tous les earfés font compofés de cinq pièces ou articles ; dans la feconde les rarfes des quatre pattesfantérieures font de cinq pièces, l& de’qüatré, ceux des deux pattes poftérieures ; dans la troifième fe“ion tous les tarfes n'ont que quatre. ieds ; enfin, dans la quatrième.ils n'en ont qué trois. Le L'Auteur décrit enfuite cous les individus des planches qu'on. livrées, “Il paroi quatre nouvelles livraifons des planches de ce fuperbe Ouvrage, les“cinquième, fixième , feptième &, huitième, Mémoires fur la Météorologie ÿ pour fervir de fuite & de Supplément au _ Traité de Météorologie publié en 17743 par & P.CoTTE, Prétie _de l'Oratoire , Chanoëne de l'Eglife Cathédrale de Laon, Evrref- pondant de l Académie Royale des Sciences, Membre de la Société ‘Royale de Médecine de Paris, de L Académie Royale des Brlles- Lertres, Sciences & Aris de .Bordeaux, de la, Société Elrétorale Météorolozique. Palatine établie à Manhein, Secrétaire : perpétuel de la‘ Société Royale d'Agriculture de Laon. À Paris, de l'Impri- merie Royale; & fe vend chez Moutard, Libraire , rue des Mathurins, 2 vole ä-4°. ÿ La Météorologie eft. devenue depuis quelque tems l’objer des obfer- vations d'üngrand nombre de favans ; parmi lefquels on doit diflinguer 1: Pi Gorte.H avoit déjà dônné un Träité de Météorologie en 1774. Ces Mémoires *fonr faits pour fervir de fdire &'de fupplément à ce Traité. Car depuis” ce téms cétte fciènce a fait de grands progres. On a per- fsétionné les infhumens, on a multiplié les obfervations ; & on a même t.nté de donner des réfultats généraux , d’après le calcul d'un grand nombre d’obfervarions. . Toaldo à conftruir des Tables dans-lefquelles il a xaffémblé des fynes qui lui paroiffèpr devoit indiquer là température: qi doit fnivre;& comme lés hommés ‘défirent toujours nouvoir lire dans l'avenir ces Tables ont été accuéïllies. Mais il fiur_en. convenir, tous ces réfultats n’ont qu'un bien léger deoré de probabilité, Cependant il ne But pas négliger ces-efTais } 18 nous conduiront peut-être plus loin : que nous ne pénfone. SA x Le P. Cotre’ examine d’abord météorologiquement, la. chaleur & le froihi& leur infüence furila vévététion. 11 paîfe enfüire à l'influence que peur avoii la: lune far létmofphète. Pnhn, il träi@ de l'éledricité, de l'atmofphère. Tous ces objets font difcurés avec beaucoup de fagacités . Dans des Mémoires fuivatis il parle des‘méteüres aqueux , dés météores aériens & ide l'aurore boréale, 22 200 TT tr De-hil'paflé aux principaux inftrumeus Météorolôviques, qui font, | rP: lethermomètre, 2°. le baromètre, 3°. l'aigiille aiiantée, L'expérience: 3965re3nu7in8 F r AAANUNNE OPEL AD Li. Ÿ2z “isa nd 4 SUR L'HIST, NATURELLE ET LES ARTS: 157 a conduit ce célèbre oblervateur dans. tontes fes recherches. Il-préfente fes rélulrats dans des Tables;erès-érendues & très-bien faites. Son Ouvrage eft néceflaire à ceux qui s'occupent de cette efpèce de travail, Vues d'un Parrivte fir la Médecine en France, où l’on examine les moyens de fournir d'habiles Médecins au Royaume, de perfeéionner Ta Médecine, &. de faire l'Hifloire-Naturelle de la France ; par : M. Turerry, Ecuyer, Doéteur Régent de la Faculté de Médecine de Paris, Médecin confultant du Roi, & Membre de plufieurs cadémies. À Paris, chez Garnerÿ, Libraire, rue du Hurepoix, .1 vol, in-8°. æ Il faut joindre Ja Philofophie à la Médecine, & fa Médecine à la # Philofophie » (Hippocrate), dit M. Thierry, C’eft ce qu'il a fait lui- même. H indique des vues extrémement fages pour arriver au buc qu: fe propofe. Nulle part l’érude de la Médecine n’eft plus négligée qu'en France, On ne fauroit donc trop fe bâter de l'améliorer, Précis fur la Canne-& fur les moyens den extraire-le Sel effentiel, fiivi ‘de plufieurs Mémoires fur Le Sucre, fur le Vin de Canne, fur l'Indigo, Jur les Habitations & fur l'état a&uel de Saint-Domingue =’ Ouvrage dédié à. cette Colonie, & imprimé. à fes frais 3; par M. DuTRoNE DE LA COUTURE , Doéeuren Médecine & Affocié du Cercle des Philadelphes : Omve telic punétum qui mifcuie utile dulci.* Hor: À Paris, chez Düplain, rue & cour dû Cominerce; chez Buiflon, rue Haute-Feuille; Debure, rue Serpente; Lejay fils, rue de l’Echelle;s, Défenne ,au- Palais-Roÿal ,.1 vol..41:8°, : Le Guide des Voyageurs en Suiffe, précédé d'un Difcours fur l'étae politique du Pays, À Paris, chez Buiffon, Libraire , rue Haute Feuille, près celle des Cordeliers, 1 vol. 27-12. La Suiffe ef un pays unique en Europe. Son fol pittoréfque eft coupé: de lacs, dé rivières, de- montagnes les plus hautes-de cette partie du globe, & dont quelques-unes font couvertes de glaciers érernels Son étae politique & moral n'eft pas moins intéreffant, fur-cout dans un moment comme celui-ci, où tous les regards {e portent vers ces objers. Tous ces: intérêts divers attirent en Suifle un grand nombre de voyageurs. On nous a donné plulñeurs relations de ces Voyages, ce qui n'empêchera pas de lire celui-ci avec plailr. LU Tableau: de la population de toutes les Provinces de France , € de le proportion fous tous les rapports. des naïffances ,. des morts € des: -mariages depuis. dix ans, d'aprés les regifires de chaque Générañte. 158 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, accompagné de Notes & d'Obfervations. Mémoire fur les Milices leur création & leur viciffitude. Examen de la queflion fur la preftation du fervice miliraire en nature , ou fur Ja converfion en une impofition générale ; par M. le Chevalier ne POMMELES, Lieutenant Colonel du cinquième Régiment d'Erat-Major. À Paris Ce Tableau, & les Mémoires qui l'accompagnent, ne peuvent que beaucoup intéreffer dans les circonftances préfentes. Mémoires & Aëes de l Affemblée-Nationale , ou Recueil des Difcours , © Motions, Opinions, Projets & Rapports des Repréfentans de la Nation & des Minifires du Roi, lus dans les diverfes Séances , ou difiribués dans les Comités & les Bureaux , depuis le 4 Maï 1789 ; avec les Adreffes les plus remarquables des Villes & des Corps, ê les Décrets de l'Affemblée pendant les années 1789 & 1790 ;'par MDELANDWNE , Député de Forez. À Paris , chez Cucher, Libraire, rue & hôtel Serpente. * Cër Ouvräge qu’on propofe par foufcription fera des plus intéreffans. Mémoires Hifloriques , Politiques & Géographiques des Voyages du Comte DE FERRIÈRES SAUVE-BŒUF , fuërs en Turquie, en Perfe & en Arabie, depuis 1782 jufqu'en 1789 , avec es Objervations Jur la Religion , les Mœurs , le Caraë&ère & le Commerce de ces irois Nations , Juivies de détails très-exaës fur la Guerre des Turcs avec F} les deux Cours Impériales d'Autriche & de Ruffie, les difpofitions des trois Armées & les de de leurs Campagnes. À Paris, chez 1 Buiffon , Libraire, rue Haute-Feuille , hôtel Coerlofquer, N°. 20, $ 2 vol. ën-8°. Prix, 6 liv. pour Paris, & 7 Liv. par la Pofle francs de | port L'Auteur nous retrace à chaque page de fa relation les ravages du defpotifme , qui a réduic les plus belles contrées de l'univers à l’état le plus déplorable. Ces réflexions doivent nous rendre de plus en plus chère la révolution préfente & rallier tous les bons citoyens à la nouvelle conftitution. Biliothéque de l'Homme public, où Analyfe raïfonnée des princraux | Ouvrages François & étrangers, Jur la Politique en général, la ( Lépiflation , les Finances , la Police, l'Agriculture , & le Commerce en particulier & fur le Droit naturel & public ; par M. le Marquis pe ConborceT, Secrétaire perpétuel de l'Académie des Sciences , l'un des Quarante de l'Académie Françoife , de la Société Royale de Londres ; M, DE PAYSSONNEL , ancien Conful général de France REX xt 4 V k ss Ca We ÿ. Qt -SUR LEIST. NATURELLE ET LES ARTS. 159 à Smyrne, &e. M, LE CHAPALIER ; Député de l'Afemblée- Nativnale, & autres Gens de Lettres ,; avec cette épigraphe : Quelque foible influence qu'ait ma vois dans les affaires publiques, le feul droit d'y voter n'impofe la loi de m’en inftruire. ( J. 3. Rouffeau,, au Contrat focial. ) tome premier. À Paris , chez Buifon, Libraire , hôtel Coerlofquer, rue Haute-Feuille, N°, 20. 1760. Une nouvelle carrière s’ouvre aux François, & fans doure à plufieurs autres peuples. L'abus du pouvoir a forcé les uns & forcera les autres à reprendre une partie de la puiffance qu'ils avoient confiée, où qu'ils avoient laiflé ufurper, & ils fe voient dans l'heureufe néceflité de s'occuper eux-mêmes de ce qui peut faire leur bonheur, Cette fciente difficile & compliquée , fur-tout dans le fyftême préfenc de l'Europe, exige de vaftes connoiffances que tous les citoyens n'ont pas. C'eit donc rendre un grand fervice à la chofe publique que de faciliter 1és moyens d'acquérir ces connaiffances. Perfonne n'elt plus à même que les célèbres Auteurs de cet Ouvrage. À compter du premier février 1790 , il paroît chaque mois un volume de cer Ouvrage, formant 200 pages ë1-8°. Le prix de l’abonnement ef POUR LA PROVINCE , franc de port par la pofte, de 32 iv. par année, ou pour 12 volumes; de 17 liv. pour fix mois, & de 9 liv. pour trois mois. Et pour Paris , de 28 Liv. 10 fols pour l'année, 15 liv. pour fix mois , & 8 liv. pour trois mois, franc de port. L'argent & la lettre d'avis feront adreflés francs de port , à Paris, chez Buiffon, Libraire , rue Haute-Feuille, N°. 20. On foufcrit auffi chez rous MM. les Libraires & Directeurs des Poftes du Royaume & de l'étranger. Recherches fur la nature & Les caufes de la richeffe des Nations, traduites de l'Anglois , de M. Abams SMITH, fur la quatrième & dernière cdirion de1786, par M. RoucHER, & fuivies d'un volume de Notes, par M. le Marquis DE CONDORCET , de l'Académie Françoife , & Secrétaire perpétuel de celle des Sciences , $ volumes in-8°. imprimés en beaux caraëtères de DinoT. Les tomes [ & II font en vente chez Buiïflon , Libraire, rue Haute-Feuille, N°. 20, à Paris. Le prix de chaque volume eft de 4 liv. 10 fols pour Paris , & 5 liv. franc de port par la pofte. Les trois derniers volumes font fous prefle. Ces recherches fur fa nature & les caufes de la richeffe des Nations font un Ouvrage claffique que les perfonnes qui fe deftinent à s’occuper de la chofe publique ne fauroient trop méditer. Nousen avionsurre première traduétion , mais incorrecte. Celle-ci eft faire avec:beaucoup de foins. Les notes dont M. de Condorcet l’a enrichie la rendrontencore plus précieufe. Mi " 1e on: | #1 LE A4 d AÈE À LP Li TT #4 160 OBSERFATIONS SUR LA PHYSIQUE; Ec: T'ANB LE , DES ARTICLES CONTENUS DANS CE CAHIER Lane à M. DE LA MÉTHERIE, au fujet du Traité fur . Torigine 6 la formation des Champignons, inféré dans le Journal de Phyfique du mois d'Avril 1787, compofé par M. Mevicus, * Confeiller de; Règence , Directeur. du Jardin Botanique ‘de Manheim , &c. & extrait par M. Raynier ; par M. le Baron bE BEauvois, Affocié du Cercle des Philadelphes établi au Cap- François, & Correfpondant de l’Académie Royule des Sciences de Parises page 8r | Letire de M, REYNIER, à M. DE LA MÉTHERIE, fur la nature du Feu , 1% 2.5 , 94 ‘ É Mémoire fur la denfité de l'Air à différentes hauteurs ; par M: DE ed mit tite. SAUSSURE Le fils, : 08 Voyage à la Nitrière naturelle qui fe trouve à Molfetta, dans la Terre de Bari en Pouille, par M. ZimMERmAN, Profeffeur de Muthéma- tiques, de Phyfique & d'Hifloire-Narurelle à Brunfwick=: extrait ; | . 109 Déféription d'un inffrument au moyen duquel on peut rétablir l& refpiration ; par M. RouLAND , Profeffeur & Démonftrateur de | Phyfique expérimentale en l'Univerfité de Paris, 118 | Extrait d'une Lettre adrefJée par M. GEANTY , Avocat au Confeil' Supérieur & Membre de la Société Royale des Sciences & des Arts du Cap-François , à M. RoULAND , de la même Société, Profefleur … & Démonflrateur de Phyfique expérimentale en l'Univerfué de Paris , &c. 121 Réfultar d'Expériences fir le Camphre de Murcie ; par M. PROUST : ‘ Extrait, 123 Vaforum lymphaticorum Corporis Humani Hiftoria & Tcnographia, Auétore Pauzo Mascacnr, in Reoio Senarum Lycec publico * Anatomes Profefflore: exsrair, 132 Lertre de M. DE Luc, a M. DE LA MÉTHERTE, fur la nature de l'Eau , du Phlogiflique , des Acidès & des Airs, 144 Leure de M. CRELL, à M. DE LA MÉTHERIE, fur l'inflammation de diffirens Corps combuflibles dans l'Air acide marin déphlogifti- dé … àvù 154 Nouvelles Lirtéraires, 155 SE itfée. 101. À x } ë tit | JOURNAL DE PHYSIQUE. | [l Mars 1790. | A ee es DR ee ee à a À O BSER V A:T I O N°5 Relatives aux effets de la Gelee de l'hiver de 1788 à 1789 fur les Arbres & Arbufles exotiques de plewæ terre , adrefjees à M, DE La MÉTHERIE, par M, PASSINGE. MP reus. J'ai l'honneur de vous adrefler quelques obfervations faites dans le printems & l’été derniers concernant les effets de la gelée du rigoureux hiver de 1788 à 1789 , fur les arbres, arbriffeaux & arbultes que l’on appelle communément de pleine terre. Si vous trouvez cette note aflez intéreflante pour être communiquée au public , je vous prie de l’inférer dans votre Journal. ; Nous avons très-peu d'obfervations fur cet objet ; il feroit bien à defirer que dans différens pays, les pofleffeurs de ces colleétions en fiffent avec affiduité ; on acquerroit par ce moyen des notions fur la culture des arbres étrangers, dont on pourroit naturalifer quelques efpèces avec avantage, fur-tout dans un tems où les arbres fe décruifent de toures parts. Après avoir connu le plus grand degré de froid d'un climat, on auroit quelques certitudes fur le fuccès de certaines efpèces, & on renon- ceroit à la culture &e celles qui feront reconnues être trop fenfibles à la “gelée. Il ne feroïc pas moins à propos de tenir compte des circonftances qui accompagnent les défaftres qui font la fuite des hivers rigoureux ; on feroit mention du froid plus ou moins long, des brouillards, du verglas, de la haureur du baromèrre & du thermomètre, de lépaiffleur de la neige qui a couvert la terre, des vents qui ont régné, de l’âge des arbres & arbuftes, de l'influence de la gelée fur les feuilles qui font les parties les plus fenfibles après celles de la fractification, fur les jeunes branches, le tronc & les racines où fe marque le dernier cerme d'une deftruction complete, Tome XXXVI, Par, I, 1790. MARS, X 162 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE; I! feroit encore effentiel de parler de la fituation du local, s’il eft en plaine ou en montagne, de la proximité des rivières , des marais & des montagnes ; fi le rerrein. eft fabloneux, argileux ou mixre, Ces notions en général feroient bonnes à ajouter à la fcience méréorologique qui a déjà fait de grands progrès , mais qui laifle encore beaucoup à defirer. Nous avons de grandes efpérances fur cette partie de Ja Phyfique ; plufieurs favans obfervareurs , entr’autres le Père Cotre, s'en occupent depuis long-tems avec autant de fuccès-que de perfévérance. L'expolition de Roanne où je cultive quelques efpèces d'arbres & d’arbuftes , peut mériter qüelqu’attention relativement à fa diftance à-peu-près égale de Paris & de Marfeille, ce qui fait un point central dans le climat de la France. Cette ville firuée dans une plaine, fur le bord de deux rivières & voifine de quelques narais, eft cnrourée de montagnes au fud, à l’eft & à l'oueft, à deux lieues de fa pofition; elle eft entièrement ouverte au nord , & les vents du nord & du nord-oueit y exercent leur fureur fans nul obftacle. Ces montagnes ont dans leur plus grande élévation environ fept à huit cens toifes. Les vents d'eft & de nord-eft font très-froids ; celui du fud-eft, quoique plus rapproché du midi , occafionne fouvent de fortes gelées ; par la’raifon qu’en paffant fur les hautes cîmes des Alpes , il nous apporte un air très-refroidi. [1 eft à remarquer que les vents d’eft & de fud-eft règnent rarement dans ce climat ; ilsne font jamais violens, & ne donnent pas de pluie. On pourroit préfumer qu'en furmontant ces élévations., ils criblent à une certaine hauteur toute l'humidité dont ils font charoés. Le fol de la plaine eft en général léger & fabloneux , & n’eft compolé que de détrimens de granit, où fe montrent les élémens de cette roche primitive. La gelée a commencé le 15 novembre 1788, & a duré jufqu’au fcir du 12 janvier 1789. Dans cet intervalle de près de deux mois, nous n'avons eu que fix jours de répit, qui font le 20 & le 21 novembre, le 4, le 5, le 25 & le 26 décembre. Tous les autres jours ont été marqués par des igelées plus ou moins fortes. Le 4 décembre, il eft tombé quatre lignes d’eau , le ÿ , huit lignes; le 8 , neige; le 15, pluie cinq lignes, verglas le foir. Le 17 matin, verglas, neige Le foir, Le 22, neige ; le 26, neige prefque tour le jour; le 27, neige ar un vent impérueux. Le premier janvier, neige par un grain de vent de fud-fud-eft. Le 2, neige par le nord-ouelt. Le verglas a laiflé pendant très-long-tems un enduit fur les branches, & fon épaiifeur étoir de trois ou quatre lignes. Certe circonflance, indépen- damment du trouble qu’elle a pu porter dans l'organifation des arbres, a caufé un grand dommage aux branches en les fuchargeant d'un poids qui en a fair éclater plufeurs ; mais le mal n'a pas étéaufi confidérable dans * Hé s SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS, 165 notre province que dans d’autres, où l’on a mefuré une épaiffeur de ver- glas de douze à quinze lignes, dont la charge a porté la dégradarion au point de dépouiller les arbres de toutes leurs branches & de les réduire à l'état de fimples poteaux. Toute ia neige qui a tombé à ces différentes époques n’a jamais couvert la terre de plus de deux à trois pouces, parce que le foleil , l'évaporation , les vents & les faux dégels en ont infenfiblement diminué l'épaifleur. Les racines des arbres & arbuftes ont été par conféquent peu garanties. Du 1$ novembre au 30, le vent dominant a été le nord-nord-eft, enfuite le nord-oueft. Celui du mois de décembre a été le nord-oueft, puis le fud-eft. Du premier au 12 janvier le vent dominant a été le fud- fud-eft, mais le grand froid du $ janvier s’eft fait fentir par un vent variable du nord-oueft au nord. Les jours les plus froids obfervés fur des thermomètres au mercure de Réaumur faits avec aflez d’exactitude , expolés au nord, vers le matin entre fept heures & demie & fept heures trois quarts, ont marqué, 3788, Novembre 29..9..* Décembre 18..10.. 20 =:9h « 215 95h 241$" 28..13: DO Ta 30..14: 31.16. 4789 ; Janvier 1.. 6. de 12. Ne T7e 6..14. Tr SAC g..18% 10-187 0 CSS TOUTE 1313 éo Il eft bon d'obferver une différence de froid entre Paris & Roanne 1! aux mêmes époques. Le 31 décembre, le thermomètre a marqué à Paris Tome XXXPI, Pare L, 1790. MARS. X'2 La marque indique fous o, Celle + au - deflus de o, un Pis tie him © »| PRE SE ER E EEE le puni pie Sin Q (12 = 164 OBSERPATIONS SUR LA PHYSIQUE, 17. .4— & à Roanne 16. .$ —. Le ç janvier, 17. .7— à Roanne, & à Paris 11,3 —. La terre a.gelé à une très-grande profondeur, & on eftime que cette fuite de jours froids a formé des croûtes de feize à dix-huit pouces d’épaiffeur. La plus grande havteur du mercure dans le baromètre a été obfervée Le S janvier, à fepr heures & denie du matin, à 27 pouces 11 lignes, vent variable de nord-nord-oueft au nord ; & fon plus grand abaiflement le ÿ décembre, à 26 pouces 9 lignes, vent oueft. Arbres & Arbriffeaux qui ont été maltraités en partie par la gelée. Virex agnus caflus. L'agnus-caftus, Des pieds de fix ou fept ans ont perdu la moitié de leurs branches ; celles qui étoient traînantes ou couvertes de neige ont repouflé, ainfi que tout ce qui étoit couvert de neige ou de terre, Rhamnus alaternus. L’alaterne : âgés de trois & quatre ans, ils ont tous gelé jufqu'à la neige. Les pieds les plus vigoureux du même âge ont geté en totalité. Amorphu fru&icofa. Yndigo bâtard: ils ont perdu des branches de deux ans & quelques-unes de trois. Cercis filiquafirum. L'arbre de Judée à fleurs rouges : les jeunes pieds de deux ans ont perdu tout ce qui étoit hors dela neige, & tous ont repouflé du pied. Cratægus azarolus. L'azerolier d'Italie à fruit blanc : El n’en efl échappé qu’un feul pied fur fix ou fept greffés depuis trois & quatre ansfur l’aubepin. Pinus cedrus. Cèdre du Liban : les jeunes pieds de cinq ou fix ansont perdu toutes leurs feuilles & même quelques extrémités de branches , mais peu. Les feuilles d'un pied de huit ans, ont gelé dans la moitié de leur longueur; & tous ont défeuillé, Le pied de huit ans n’a efluyé aucun autre dommage. Quercus illex. Chène-verd. Prefque tous les individus de quatre ans ont perdu leurs branches & tiges jufqu'à terre. Quelques pieds plus âgés & plus vigoureux ont gelé en totalité, d’autres ont repouffé fur des branches de deux à trois ans. Quercus fuber. Le liège. Cette efpèce a été bien moins maltrairée que les chênes verds. Aucun pied n'a gelé en totalité : quelques-uns n’ont perdu que leurs feuilles, d'autres quelques branches d'un an & de deux ans. Tous ont repouflé du pied. Quercus coccifera. Le chène kermès: âgés de cinq ans, une petite partie a gelé en totalité; beaucoup de pieds ont gelé jufqu'à la neige : quelques- uns ont perdu quelques jeunes branches. Cupreflus expama. Cyprès mâle : fur deux plants âgés de. neuf ans, l'un a péri en totalité, l'autre n’a perdu que les jeunes branches de l’année, Phylliræa latifolia. Agés de neuf à dix ans, aucun n'a gelé à fond, 2 © SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 165 Quelques pieds ont eu très-peu de mal, d’autres ont perdu beaucoup de branches d'un, de deux & même de uois ans, & même tout jufqu'à la meige, Tous ont défeuillé, Phyllirea anguflifolia. De quatre ans: quelques-uns ont péri en totalité, d’autres jufqu'à la neige, & quelques picds.n’ont perdu que des branches d'une année. Spartium jurcœæum. Genêt d'Efpagne : beaucoup de pieds de cinq ans & de huit ans ont gelé à fond. Ceux qui ont échappé ont perdu beaucoup de branches, mais fe font bien rétablis. Juniperus oxicedrus. Le genevrier cade : âgé de douze ans. Aucun w’a gelé en totalité. Quelques pieds ont été bien maltraités & n’ont donné que des pouffes très-languifflantes & difperfées de loin en loin , ils auronc de la peine à fe remettre. Quelques individus auront bientôt réparé leurs perres. Fagus filvatica atro-punica. Hèrre pourpre: de fepe à huit ans, preffé fur le hêtre ordinaire, les bourgeons de la moitié des branches de l’année n’ont pas donné de feuilles; il fe peur que le mal vienne d'une gelée du 20 au 21 octobre, époque à laquelle le thermomètre de Réaumur defcendit à deux degrés fous le terme de la glace, Les gelées kârives, arrêtent la végétation & ne donnent pas aux jeunes branches le tegrs d'acquérir la confiftance qui leur eft néceflaire pour réfifler à la getée, Cer arbre nous laifle des incertitudes fur les effets des forres gelées. lex echinata. Houx hérifloné verd: ils ont tous défeuillé. Quelques branches d’une année & même de deux ont péri. : i Jajminum fruricans. Jafmin jaune à trois feuilles , ou jafmin d'Italie, Ils onc rous gelé jufqu’a la neige, mais tous ont repouflé du pied, Daphne laureola. Laureole : de trois, quatre K huit avs. Les pieds les plus âgés ont gelé en rotalité , les autres ont prefque cout perdu jufqu’à Ja neige. [l paroït que cet arbufte, quoiqu’originaire des hautes mon- tagnes , eft fenfible à la gelée. J’ai déjà eu occafion d'obferver plufieurs fois cette fenfibilité dans plufieurs plantes des pays couverts de neige pendanc tout l'hiver. Prunus lufiranica. Azarero , laurier-cerife de Portugal: des Eoutures de deux & trois ans ont entièrement gelé ; des plantes de fix ans ont perdu Jes branches d’une année, mème de deux, & ont confervé quelques feuilles qui ont. fubfifté toute l'année. Prunus lauro-cerafus. Laurier-cerife : grands & perits, ils ont prefque tous gelé jufqu’à rerre; peu ont péri en totalité, Ils font biea plus fenfibles que le prunus lufrrarica. : Rufeus racemofus. Laurier alexandrin : toutes les parties qui ont débordé la neige ont gelé ; tous ont repouflé du pied. Hibifeus Syriacus. Ceux qui étoient âgés de deux ans, ont oelé jufqu’à terre & repoulé, les individus plus âgés n'ont rien perdu. 166 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, Morus papirifera. Mûrier à papier de la Chine : un pied de quinze ans a perdu une partie de fes jeunes branches de l'année , mais je n'oferois en attribuer ja caufe à la rigueur de l’hiver, parce que des individus plus jeunes n'ont efluyé aucun dommage, Rharmnus paliurus. Le pahure ou porte-chapeau : quelques individas de dix à douze ans ont gelé jufqu'à la neige, d'autres à fond. Des pieds de deux ans n’ont perdu que ce qui étoic hors de terre, & ont repouflé du pied. Ê Pinus maritima. Le grand pin maritime, le pin de Bordeaux : tous les fémis d'un an & de deux ans en caïfles expoftes à l'air, ont été tota- lement détruits. Quelques individas de trois ans ont eu quelques feuilles gelées ; mais tous ceux au-deflus de cer âne n’ont effuyé aucune atteinte. Mejpilus piracantha. Le buiflon ardent : des fujets de huir à neuf ans ont perdu quelques jeunes branches; ceux de deux ans ont gelé en totalité, Vicis arborea. Perpetris des anglois : gelé jufqu'à la neige, ila repouflé du pied. Coronilla emerus. La coronille: a perdu environ le tiers de fes branches. Ficus carica. Le figuier : ils ont prefque tous gelé jufqu'à terre. Ceux _des côteaux un peu élevés ont eu beaucoup moins de mal. V'iis vinifera. La vigne: elle a beaucoup fouffert dans les bas-fonds & dans le plat pays. Les vignes du Beanjolois ont beaucoup plus foufferr. On eftime que les trois quarts des ceps ont péri fans reffource ; c’eft au point que les propriétaires fe voient dans la néceflité d’arracher les vignes pour les replanter. Celtis auftralis, Micocoulier d'Afrique : des plantes de deux ans ont elé entièrement jufqu’à terre, : Amygdalus perfica. Les pêchers: il femble qu'ils ont un peu fouffert dans les parties de la fruétification ; les bonnes efpèces ont moins donné de fruit cette année, Amygdalus communis. Les amandiers : ont encore moins eu de fleurs & de fruits que les pêchers, Arbres, Arbriffeaux € Arbufles qui ont péri en totalité. Rhamnus alaternus variegata. Alaterne panaché de blanc , âgé de fept ans. L Cneorum tricorcum. Olivier nain de rout âge. Cupreflus fempervivens. Ciprès femelle de fix ans & de quinze ans: les plus àzés ont confervé quelques branches vertes long-tems, & donné des fignes de végétation qui ont bienrôr été écris. Deux fujets de quinze ans plantés {ur un côreau élevé, n'ont perdu que quelques petites branches. Coronilla glauca. Ulex Europeus. Ajonc marin : la plus grande partie des pieds de fix, SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 761 buit à dix ans a péri en totaliré, De jeunes plants d'une année venus fpontanément fe fout très-bien confervés fous la neige, Punica granatum, Grenädier : ils ont gelé à fond , ainf que des pieds en pors expofés dans un endroie où il a gelé à huit degrés. = Jafminum officinale. Jafmin commun, Jafininum grandiflorum. Jafmin d’Efpagne: des pieds de dix ans greffés ont tous péri, quoiqu'à l'abri d'un mur au midi, Laurus nobilis. Laurier ordinaire: de dix à douze ans, quoiqu'expofes au pied d'une terrafle au levant. s Viburnum thimus. Laurier-thim de cinq à fixans. Hipericum frutefcens. Olœa Europæa. Olivier ordinaire : un jeune pied de fix ans à l'abri d'un mur expofé au couchant & ayant le pied couvert de litière. Un autre pied de dix ans en pot fermé dans un lieu où ila gelé à huit degrés. Pinus pinea, Le pin cultivé : des pieds de fept, de dix & de feize ans ; ces derniers ont repouflé dans quelques branches collatérales , des bourgeons fe font même fair jour dans la bifurcation des feuilles ; mais un mois après toutes ces nouvelles pouffes" fe font brufquement Aétries. Pinus maricièma minor. Le petit pin maritime. Je ne fais fi cette efpèce qui ef originaire de Toulon & très-commune dans fes environs , eft bien caractérifée ; quoi qu'il en foic, tous les plants de cette efpèce font morts en totalité, quoiqu'âgés de dix à douze ans. Un feul pied nr'avoit donné des efpérances, ayant vu des bourgeons fe développer de routes parts ; mais ils fe font brufquement fétris, & l'arbre a éprouvé le même fort que les autres, Pinus alepenfis de Miller. Pin d'Alep, de quatre ans. Piflacia trifolia. Agé de fept ans. Piflacia vera. De cinq ans. Piflacia terebinthus. Vérebinthe: de quatre ans, Piflacia lentifeus. Lentifque : de crois ans. Coriaria mirtifolia. Rofmarinus officinalis, Le romarin. Pjoraiea glandulofa. Ro/a mofchata. Rofe mufcade. Azalæa vifco/a. Ceratonia ftliqua. Caroubier: de cinq ans. Mélianthus major. Melianthe : pimprenelle d'Afrique, même en poc expofée à huit degrés de froid. Melia azedarac. Lilas des Indes: & en por, à huit degrés. Paffiflora cærulea. Grenadille : paliffée & expolée au pied d'un mur tourné au midi. C'flus Monfpelienfis, Ciflus laurifolius. 168, OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, Ciflus incanus. : w Ciflus albidus. $ Magnolia glauca. De fix ans. Soarrium lufiranicum. Re. officinale. Aliboufier: de fix ans. Cupreflus lufiranica. De fept ans. Coronilla argentea. Anthillis barba Jovis. Vitex negundo. Agnus-caftus de la Chine: de cinq ans, Cirifus hirfutus, Medicago arborea. Arbres, Arbriffeaux & Arbufles originatres des pays plus chauds que la France , qui ont paru n'avoir éprouvé aucune atteinte. Acer Monfpeffulanum. Erable de Montpellier : de quinze ans. Acer Creticurm. Érable de Crète : de quatre ans. Acer foliis laciniauis. De cinq ans. Acèr negundo. De fix ans. » ÆJeulus pavia. De quatre ans, Aralia fpino[à. Bignonia catalpa. De tout âge. Bignonia radicans. Ceanothus Americanus. De quatre ans. Celiis aufiralis. De dix & quinze ans. Chionanthus virginicus. Le fnandrap: de cinq ans Clematis- viricella flore cæruleo, Colutea arborefcens. De fepe à à huit ans. Colutea frutc/cens. De cinq à fix ans. Cornus florida. De trois ans. Cornus mas. De quinze ans. Cornus fanguinea. Cornus novæ Belgix. De fept ane, Cytifus taéurnum latifolium. De huit ans. Daphne mezereum flore rubro & albo, De tout âge, Diofpiros virginiana. De fept à huit ans, Elœagnus anguflifolius. Phnenne larifolius. De fix ans, Gieditfia triacanthos. De huir à dix ans, Gledirfa inermis. De dix ans, Hippoyhæa rhamnoïdes. Juglans alba. De huit à neuf ans, Juglans cincrea. De fept à huit ans, Lavandula fpica. La lavande. Liquidambar SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 16 Liquidambar flyraci-flua. De fix ans. Liriodendron tulipifera, Tulipier : de trois ans, de cinq & de neuf. Lonicera italica. Chevre-feuille d'Italie, Lonicera femper vivens. Periploca græca. Pinus flrobus. Pin du Lord Weymouth : de tout âge. Pinus larix rubra. De trois ans. Pinus balfamea. Baumier de Gileard, de trois ans & de cinge Prelea trifoliara. De fept à huit ans. Quercus rubra. De cinq ans. Quercus phellos. De cinq ans. Rhamnus ziziphus. Jujubier : de quinze à feize ans, Rus plabrum. Rhus vernix, De deux & fept ans. Rhus fiuccedaneum. Vernis du Japon: de trois & fix ans. Rhus copallinum. De fix à fept ans. Rhus radicans. Rhus cotinus. Le fufter. Robinia hifpida. De fept à huit ans. Robiria pfeudo-acacia. Rofa femper vivens. Staphilæa pinnata. Nez-coupé, Tamarix germanica. Tilia carolinienfis. De fix ans. Viburnum dentatum. Amygdalus nana, Amandier nain. J'aurois bien defiré pouvoir étendre ces obfervations fur un plus grand nombre d'arbres & d'arbuftes , & acquérir quelques certitudes fur la place qui leur convient; mais pour remplir cet objet , il faudroit une collection immenfe, des plantations de différens âges , & facrifier en quelque façon des efpèces rares & difficiles à établir. Il faudroit encore fuivre les effets de la gelée pendant plufieurs années dans un climat où la différence du froid d’un hiver à l'autre eft fi grande, afin de voir les réfultars des plus grands froids poffibles, va pis ro On peut en attendant ces obfervations fuivies & réitérées dans différens hivers & dans plufieurs climats, tirer quelques conféquences de l'effai faic à Roanne en 1789. 1°. Des individus de la même efpèce font, à circonftances égales, beaucoup plus robuftes que d’autres ; on en a la preuve dans le cupreffus expanfa, cyprès mâle, le quercus ilex, chene vert, &c. 2°. Les arbres & arbuftes en avançant en âge & acquérant plus de confiftance dans toutes leurs parties, font bien moins fenfibles au froid. Tome XXXVT, Part. I, 1790. MARS, y 170 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, On a vu que des fémis de deux ans du pin maritime ou pin de Bordeaux ont tous gelé , & ceux de quatre ans n'ont reçu aucune atteinte. 3°. Les arbres qui fout fenfibles , placés dans un lieu bas, humide & près des rivières , font bien plus expofés aux défaftres de la gelée, parce que le froid prend bien plus d'intenfité dans ces endroits humides ; j'en ai faic la comparaifon fur des efpèces femelles (cupreffus femper vivens), placées fur un côreau élevé d'environ cent toifes au-deflus de norre plaine, qui n'ont perdu que quelques petites branches ; tandis que ceux de la plaine, quoique du même âge, ont rous péri en totalité. 4°. Que les branches vigoureufes que l’on appelle gourmandes S fouffrent bien plus de dommage que les autres, parce que leur contexture érant chargéede plus de liqueur, la force expanlive de la gelée rompt leurs valvules avec plus de facilité, & dérange toute l’organifation. 5°. Quelques efpèces des hautes montagnes font fenfbles à la gelée, le daphne laureola en eft une preuve bien convaincante. Il eft certain qu'elles ne fe confervent dans ces régions qu’à raifon de la neige qui les protège en couvrant la terre pendant lono-tems. 6°. En connoiflant le degré de fenhbilité des fémis d'arbres & d’arbuftes , on peut avec des précautions les fouftraire à la gelée, & éviter des pertes confidérables, fur-tout pour des efpèces rares & précieufes. 7°. Lorfqu'on aura des plantations à faire, foit pour l'utilité, foir pour l'agrément, & qu'on aura différentes pofitions, il fera effentiel de mettre près des rivières & des marais les efpèces robuftes, & les plus fenfibles fur des côteaux élevés, & aux meilleures expoftions. C’eft encore un problème de favoir s'il eft pofiible de naturalifer des plantes des pays chauds dans des pays froids ; il ne pourra fe réfoudre que Jorfqu’on aura tenté pendant long-tems des expériences auxquelles la vie d’un feul homme n’eft pas fuifante pour avoir des réfultats. On pourroit acquérir des certitudes en s’attachant à des individus que l’on deftineroit à des expériences ; on établirois des générations que l'on fuivroit par les femences avec exactitude; mais il y a bien des efpèces, fur-tout de l'Amérique, qui ne donnant pas des fruits dans nos climats, ne fe prè- teroient pas à des eflais dans ce genre ; il conviendroit alors de les amener par gradation dans des pays moins chauds, Nous avons des provinces dont la chaleur a de l’analooie avec celle de ces pays , ce qui faciliteroic les expériences. Pis un. dd SUR L'HIST, NATURELLE ET LES ARTS. 171 2 MÉMOIRE Sur la produétion de l’ Acide du Nirre & de L Air nitreux ; Par M. MiLner, de la Société Royale de Londres , & Préfident du Collège de la Reine à Cambridge : Lu à la Société Royale le 2 Juiller 1789. LON fait depuis quelque tems, qu'il exifte des rapports entre l'acide du nitre & l’alkali volatil, qu'on a fouvent produit à l'aide de cer acide : mais je ne me rappelle pas d’avoir jamais appris que Palkali voiatil contribue à la formation de l'acide du nitre, ou de l'air nitreux. Ce fait, qui s’eft offert à moi avec évidence, dans quel- ques occafons, me femble affez nouveau & aflez frappant, pour mériter l'attention des chimiftes ; & voici le détail des expériences, qui me l'ont fair reconnoître. 2. Aufli-tôt que je fus informé qu'en faifant pafler de l’eau en vapeur dans un-tube de fer incandefcenc, il en fortoit de l'air inflam- mable , j'eus la curiofité d'éprouver fi d’autres fubftances, dans l'état d'air ou de vapeur, ne fubifloient point quelques changemens eflen- tiels, par le même procédé : je fongeai fur-tout à y foumettre l’acide du nitre, tanc à caufe de l’obfcurité dont la théorie de fa formation eft encore enveloppée, qu'à raifon du grand ufage qu'en fait la Chimie, Quoique j'aie noté, dans le tems, avec aflez d’exacitude, les quan- tités d’acide ou d’air employées & produites, je crois inutile de les donner ici. C'eft la nature des changemens obtenus , que je me propole principalement d'établir ; & ces changemens dépendent, non de la quantité des fluides, mais de leurs propriétés. On trouvera d’ailleurs , en répétant mes expériences, que les quantités relatives varient, felon la manière de procéder : ainfi, pour ne pasallonger ce Mémoire , je les paflerai abfolument fous filence. 3. Je commençai par faire bouillir une petite quantité d'acide con- centré du nitre , dans une petite cornue, exactement -lurtée à un canon de fufñl, qui plongeoit par l'autre bout, quelquefois dans l'eau, & d'autres fois dans le mercure. Le milieu du canon, placé dans un fourneau convenable, étoit entouré de charbons ardens, fur une lon- gueur de dix-huit pouces; la vapeur de l’acide bouillant pañloic dans Tome XXXVI, Part. I, 1790. MARS. Y 2 172 OBSERFATIONS SUR LA PHYSIQUE, le tube, ainfi rougi ; & le produic étoit recueilli à l'extrémité, à la manière ordinaire, Quand l’ébullition de l'acide étoit violente, il pafloit une grande quantité de vapeur nitreufe , rutilante & non-décompofée, avec un mélange d'air nitreux & d'air phlogiftiqué, Par une ébullition modérée, la vapeur nitreufe étoit moins abon- dante ; & le mêlange des airs contenoit une plus grande proportion d'air phlogiftiqué. 4. Dans la vue de favorifer une décompolition complette de la vapeur nitreufe, en augmentant la furface du fer, le canon fut rempli de petits copeaux de ce métal ; & le produit des expériences, répétées alors avec beaucoup d'attention, fur prefqu'en entier de l'air phlogiftiqué. Il faut obferver cependant, que quelque foin que l’on prenne , il y a toujours quelque mêlange d'air nitreux & fouvent d’air nitreux déphlogiftiqué : mais j’ai lieu de croire , que fi le tube de fer étoit aflez long pour qu’une portion confidérable de fon étendue fût incandefcente, tout l'acide, qu'on auroit l'attention de faire bouillir lentement, ne donneroit abfolument que de l'air phlogif tiqué. j 5. Ces expériences font entièrement analogues à celles du docteur Prieftley, dans lefquelles Pair nitreux mis en contaét avec du fer, s'eft converti d’abord en air nitreux déphlogiftiqué, & enfuite en air phlooiftiqué. Elles ne diffèrent’ qu’en ce que l’effer eft produit fur le champ par mon procédé, tandis que le fien exige ur tems confidé- rable ; & que par ma méthode, il eft-très diicile de conduire l'opé- ration de manière à produire sûrement cette fingulière forte d’air appelé air zitreux déphlogifliqué : fi l'ébullition de Pacide fe fair rapidement, le produit eft prefqu’en entier de la vapeur nitreufe, ou de l'air nitreux: fi au contraire elle fe fair très-lentemenc, & fi le tube eft bien chauffé fur une longueur fufifante , la décompolition eft prefque complette, & il ne pañle guère que de l'air phlogiftiqué : dans les deux cas, la marche de la converfion de l'acide en air phlogiftiqué, paroic être la même, IL fe convertit d'abord en air nitreux, celui-ci en air nitreux déphlogifiiqué, & ce dernier en air phlogiftiqué : c’eft au moins l’ordre naturel que cette converfion me paroît fuivre. Je ne nierai cependant pas que l’action rapide du tube de fer incandefcent ne puifle changer en air phlogiftiqué quelques particules de l'acide ou de fa vapeur, znffantañément; ou fi l'on veut, dans des efpaces de tems trop courts, pour que la progreflion du changement puifle être obfervée, Mais quoi qu'il en foit de ce fait particulier , il n’en réfulte rien contre la conféquence générale, qui eft que l'air nitreux eft plus près de l’état d’air phlogiftiqué, que l'acide même ou fa vapeur, & que l'air nitreux déphlogiftiqué eft encore plus voifin de cet étar, Il eft 3 SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS, 173 au refte fort difficile de déterminer avec certitude, les changemens que les particules de lacide fubiflent à leur paflage dans les diffé- rentes parties du tube. Ce qui vienc d'être dit conduit à penfer que la marche la plus ordinaire &-la plus probable eft qu'une particule d’acide, fous la forme de vapeur, produit d’abord de l'air nitreux, qu'enfuire les articules de celui-ci fe convertiflent cout de fuite en air nitreux déphlogiftiqué , par leur contact avec de nouvelles furfaces du fer rouge; & qu’enfin il en eft de même du changement de ce dernier air en air phlogiftiqué. Quand ces contacts fuccellifs avec de nouveaux points de la furface du fer, ne font ni aflez nombreux, ni aflez parfaits, il eft naturel d’en conclure qu'une portion d'air doit pafler, fans être décompofée, 6. Ces confidérations me portèrent à changer un peu le procédé. Au lieu de faire bouillir l'acide dans la cornue , j'y introduifis avec lui, des feuilles de cuivre ; & je fis pañler l'air nitreux à mefure qu'il fe formoit , dans le tube incandefcenr. Le fuccès répondit à mon attente; & la décompoftion fe fit avec plus de facilité. Mais auparavant j'avois examiné quel fcroit l'effet de la chaleur feule fur l'air nitreux , ayant appris qu'on avoit trouvé que l'acide du nitre fubifloit des alcérations très-importantes, quand on le faifoit pañler, en vapeur , dans des tubes de verre, ou de terre roupis. au feu. J’ignore quels effets ce deosé de chaleur produiroit fur de Pair nitreux, qui y feroit expofé pendant long-rems: mais j'acquis bientôc la certitude qu'on peut le faire paîler dans un tube de verre rouge, fans qu'il éprouve ancun changement effentiel. 7. Enfin, tout ce que j'avois vu m'autorifant à penfer que l'air déphlogiftiqué, retiré du nitre, pafleroit plus aifément encore à l’érar d'air phlogiftiqué , je réfolus de m'en aflurer. Pour cet effet, je pris une diflolution faturée de cuivre par l'acide nitreux , je l’étendis d’eau, & j'y mis des morceaux de fl-de-fer : la cornue qui contenoit cette diflolution fat lutée au canon de fufl; & l'air nitreux déphlogiftiqué fut ainfi expofé à l'action du fer incandefcent , tant du canon que des copeaux du même métal , dont il étoit intérieurement garni. Quand ce procédé eft conduit avec une attention convenable, tout l'air qui fort du bout oppofé du tube fe trouve être de l'air phlogiftiqué. 8. Dans ce cas, j'ai eu fréquemment occafion d’obferver que lorf- que l'air fort du canon parfairement phlogiftiqué, il eft accompagné d'une fumée. blanche, qui monte quelquefois dans la cloche, au travers de l’eau ou du. mercure , & dont l’odeur m'a bientôt faie reconnoître la préfence de l’alkali volatil. Cette obfervation n'a rappelé fur le champ celle du deéteur Prieftley, qui a obrénu jun réfultar femblable, en expofaut de l'ait nitreux fur des morceaux de fer. \ 17, OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, 9. La plupart de ces expériences furent faites dans l'été de 1786 : elles s'accordent en général avec celles du doéteur Prieftley ; fauf toutefois, comme il a été remarqué au $. $, que les mêmes effets qui demandent beaucoup de tems lorfque le fer eft employé à froid, font prodaits fubitement quand il eft à la chaleur rouge. Par cette raifon , & malgré le plaiGr que me caufèrent dans le tems ces foudaines tranfmutations , je ne jugeai pas le détail de ces expériences digne d'occuper la Société Royale: & fi je prends la liberté de l'en entretenir aujourd'hui, c'eft parce que les conjectures que je formai alors, ont été fofifâmment confirmées par des expériences fubféquentes. 10. Voici l’hiftoire dé ces conjeures : dès que j'eus vu de l’alkali volatil produit au moyen de l'acide nitreux & d’un métal, je conçus qu'il feroic poñlible de fuivre une marche inverfe, & de produire de l'acide ou de l'air nicreux, par la décompoftion de l’alkali volatil. Je ne connoiflois fur ce point aucune expérience, ni rien qui sy rapportat : mais puifque l'opération décrite avoit inconteftablement donné de l'alkali volaul, & qu’elle avoit calciné la furface intérieure du canon & les copeaux de fer, il étoit aflez naturel de préfumer qu'en faifant pañler de l’alkali volatil fur une chaux métallique forte- ment chauffée , on obtiendroit de l'acide du nitre, ou de l'air nitreux. Quelques amis, à qui je communiquai cette idée, la regardèrent comme une conjecture hafardée : je ne laiffai pas que d’en faire note, comme d'une chofe à foumettre à l'expérience; quoique je l'aie enfuite perdu de vue pendant près de deux ans. Ce fut dans le mois de mars 1788, quil me vint à lefprit d'employer pour cela , la chaux de manganèle, à raifon de fa grande infufibilité, & de l'abondance d'air déphlogiftiqué qu’elle fournie : je remplis de cette matière con- caflée, un canon de fuñl , auquel je luttai une petite cornue contenant de l'alkali volatil. ‘Aufirôt que la manganèfe fut chauffée au rouge, la flamme d'une chandelle fut mife fous la cornue ; & la vapeur de l'alkali bouillant, chaflée dans le canon. La préfence de la vapeur nitreufe & de Pair nitreux ne tarda pas à fe manifefter : & avec un eu de perfévérance’, jeparvins à recueillir des quantités confidérables d'air, lequel fe trouva éminemment nitreux. J'ai fouvent répété depuis lors cetre expérience ; & toujours avec un fuccèe, dont le degré dépend beaucoup de l'efpèce de manganèfe employée, de la chaleur du fourneau & de là patience de celui qui conduit l’opérarion : circon{- tances qui, à proportion qu’elles varient, font grandement varier les réfultats. Je cris inutile de rapporter tous les détails de mes ex- périences : mais il me paroît convenable de donner une idée géné- rale des principaux faits, & des moyens mis en ufäse, pouf éviter d'en tirer des conféquences erronées. 11. En général, j'ai employé des canons de fufils nets, & qui SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. à75 p’avoient fervi à aucune autre expérience : la manganèfe y étroit mile en poudre groflière ; parce que trop fine , elle auroit obftrué le tube & empêché le paflage des airs, Dans quelques expériences, j'ai appliqué la vapeur de l'alkali volatil à la manganèfe aufli-1ôt qu'elle a été chauffée : dans d'autres, ce n'a été qu'après l'avoir tenue long-rems à la chaleur du fer rouge ; & par-là, je me fuis afluié de la nature des airs qu’elle fournie Per fe. Dans lun & l'autre de ces cas, je n’ai jamais apperçu la moindre apparence d'acide du nitre, ou d'air nitreux, avant l’application de Paikali volatil. La manganèfe donne, per fe, différentes fortes d’airs, fur-tout de l'air fxe & de l'air déphlogittiqué, dès l'inflanc qu’elle éprouve une chaleur confidérable : mais quelque long-tems qu’elle y foit expofée, rien de nitreux ne fe manifefte; c'eft une circonftance que j'ai examinée avec beaucoup d’attention, L'effet eft tout différence bientôt après l’application de l'alkali volatil: la cloche deftinée à rece- voir les airs , prend alors fréquemment une teinte rougeâtre ; & certe couleur devient plus foncée ; par l’admiflion de l'air atmofphé- rique, L’alkali volatil cauftique doit être des plus forts. L'air nitreux obtenu left d'autant plus, que l'opération a été plus longue: c’eft du moins ce que j'ai trouvé en pluñeurs occafions, où l'expérience avoit duré long-tems. Il y a cependant ici une caufe de déception, contre laquelle il faut. être en garde, pour ne pas méconnoïtre l'air nitreux, lorfque dans le fait 1l s’en eft formé une quantité confidérable. Maloré les plus grandes précautions , il pafle fouvent beaucoup d’alkali volatil non-décompofé: fi c'eft au travers de l'eau qu'on le recoit, il eft abforbé en grande partie par le liquide ; mais il s’en méle toujours quelque chofe à l'air nitreux ; & dans la décompofition de celui-ci, par l'admiflion de l'air atmofphérique, les vapeurs nitreufes s’uniflenc fur le champ avec l’alkali volatil : les cloches fe trouvent alors pleines de la vapeur blanche du nitre ammoniacal , & l'abfence de la vapeur orangée pourroit faire conclure mal-à-propos, qu'il ne s’eft pas formé d'air nitreux. 12. Toutes ces remarques ont principalement en vue ceux qui voudront répéter les expériences. Le point effentiel à établir eft la for- marion de l'air nitreux durant le procédé , fait qui me paroit prouvé d’une manière inconteftable : car lorfque j'ai continué l'opération avec patience, & appliqué des dofes réitérées de fort alkali volatil à la même manganèle conftamment expofée à la chaleur dans le canon de fufl, j'ai fouvent recueilli de grandes quantités d’air, qui mélangé #i 176 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, avec celui de Patmofphère, ou avec l'air déphlogiftiqué, s'eft trouvé être éminemment nitreux. 13. Il n'eft pas aifé de dire fi, dans ce procédé, l'air nitreux déphlopifiqué , l'acide même du nitre ne fe forment pas quelquefois immédiatement par l’aétion de l'alkali fur la manganèfe. 11 fe mani- fefte des traces de cet air en quelques occalons, quoique je ne puifle rien aflurer de pofirif à ce fujer, Quant à l'acide, il eft très- certain qu’on en voit fouvent des vapeurs circuler dans les cloches : mais il fe peut qu'elles foient dues à la décompolition de Pair nitreux, par l'air déphlogiftiqué furabondant de la manganèfe. 14 J'ai fait la même opération avec la vapeur de l’eau bouillante : il n'y a pas eu la moindre apparence nitreufe ; mais l'air fixe & l'air déphlogiftiqué ont été beaucoup plus abondans que lorfque la manga- nèfe n’eft expofée qu'à la chaleur feule : après avoir retiré de grandes quantités de ces deux airs, fi l'on applique l'alkali volatil à la même manganèfe, qui les a produits , on voit bientôt paroïtre l’air ni- treux. | 15. Puifque la chaux de manganèfe fait fubir à Pacide marin un très-grand changement par une chaleur modérée , il paroifloit affez probable que l'effet feroit encore plus grand dans le tube incandef- cent. J’y ai fait pafler, en conféquence , au travers de la manganèle, la vapeur de cet acide bouillant ; mais l'expérience n'a point répondu à mon attente, & le produit a été un mélange d'air fixe & d’air inflammable. Il n’eft pas inutile au refte de remarquer, que même dans ce cas, après avoir employé long-tems l’acide marin , l'air nitreux a paru dès que l’alkali volatil a été appliqué à la même manganèfe. 16. Comme plufeurs autres fubftances donnent per fe de l'air déphlogiftiqué , foit pur, foic mêlé d’air fixe, l'analogie conduit à enfer qu’elles doivent pareillement fournir de l'air nitreux, au moyen de lalkali volatil 3 toutefois le plus sûr eft de ne fe livrer que le moins poflible aux conjetures, dans les matières de ce genre, & d'interroger toujours l'expérience. La manganèfe eft une fubflance fi fingulière, que fes effets ne prouvent rien à l'égard de toute autre chaux métallique ; ceux du mirium cependant leur fonr tellement fem- blables dans nombre d'opérations chimiques, que malgré l'inutilité abfolue de tous mes eflais avec cette fubftance, j’ai bien de la peine à croire qu'elle ne donnât pas de l'air ou de l'acide nitreux, fi l'alkali volatil étoit appliqué convenablement. A la vérité le minium fe fond durant l'opération, coule dans la’ partie froide du tube, l’obftrue & empêche le pañlage de l'air : mais dans quelques expériences, & avant que cet accident ait eu lieu, j'ai recueilli des quantités confidérables d'air, fans y avoir jamais trouvé le moindre figne de la préfence du nitre F+ SUR L'HISF: NATURELLE(TET CES ARTS. 177 nitre, Cela me paroît difücile à expliquer : il fe peut au refte qu'avec des appareils plus appropriés, & une plus grands perfévérance , on fe procure le réfultat en queltion, ou du moins la connoiflance des caufes qui le font manquer. : 17. J'ai beaucoup mieux réufli avec le vitriol vert calciné au blanc, placé pareïllement dans un canon de full; après ÿ avoir fait paîfer plufeurs dofes d’alkali volatil , j'ai obtenu quelques onces d'air forte- ment nitreux. Ce réfultat auroit été fans doute très- agréable pour les anciens chimiltes, qui n'auroient pas manqué de l'appeler une tranfmurarion : il me frappa d'abord comme une preuve que le même effet pouvoit avoir lieu, avec d'autres fubftances que la manganéfe. 13. Comme le vitriol vert calciné donne de l’air déphlogiftiqué per Je, à ane forte chaleur, je ne doutois pas que toure fubftance jouiffant de la même propriété, ne fournit de l'air nitreux par le pro- cédé que j'avois fuivi av:c fuccès. Mais c’étoic une grande erreur : car ayant fait pailer de l'alkali volatii fur de l’alun calciné , tandis qu'une forte chaleur en dégageoit de l'air déphlogiftiqué en abondance, je n'obtins d’autre produit qu’une étonnante quantité d'air inflammable mélangé d'air hépatique, & du foufre en nature: l’alun avoit acquis une. forre odeur hépatique , & contenoic des particules de foufre, parfaitement formé. La plüpart de ces expériences, pour ne pas dire toutes, ont été répétées en fublticuant des tubes de terre au canon de fufil; & les fuccès ont été les mêmes. 19. 11 ne me refte maintenant qu'à indiquer la théorie , qui me femble expliquer de là manière la plus probable , Les faits que je viens de rapporter. - Les parties compofantes de l'acide du nitre paroiffent étre les deux élémens de l'armofphére ; s'elt-à-dire Les airs phlogifliqué & déphlo- giliqué : & il y a peu de raifons d'en douter, fi l'on confidère les phénomènes qui accompagnent la compoltion & la décompofition de cet acide. ; 1° L'air nitreux & l'air déphlogifliqué produifent par leur union lacide du nitre ; & la chaleur feule change cet acide en un mêlange d'air phlogiftiqué & d'air déphlogiftiqué. 2% L'air nireux eft changé en air phlogiftiqué par les procédés que j'ai décrits; & l'effet de ces procédés paroïc étre d’enlever au premier de ces airs une certaine quantité-d'air déphlogiitiqué. 3°. Quoique la formarion naturelle du nitre &, de fon acide ne foit pas encore bien connue , on fait que la préfence de l'air atmof- phérique y eft nécefliire, 2. La .queftion eft décidée par l'expérience de M. Cavenrdish; Tome XXXVI, Par 1, 1790. MARS, Z. 178 OCBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, l'union des deux airs s'opère par l’étincelle électrique, & il y a proi duétion d’air nitreux. ° Une autre propofition à confidérer, c’eft que l'a/kali volaiil contient de l'air phlogifliqué. - 1°. Par la chaleur feule, ou par l’étincelle électrique, l'alkali ss eft changé en un mélange d'air phlogiftiqué & d'air inflam: mable. 2°. Le réfidu de l'air alkali volatil, après qu'il a fervi à révivifer la chaux de plomb , feft de l'air phlogiftiqué. En conféquence de ces faits, lorfque l’alkali volatil , dans l'état de vapeur où d'air, eft appliqué à la manganèfe ou au vitriol vert calciné, avec un grand degré de chaleur, & pendant que ces fubftances donnent de l'air déphlogittiqué , il n’eft pas difficile de concevoir que l'air phlogiftiqué, l'un des ingrédiens de cet alkali, doit s’unir à l'air déphlogiftiqué & former ou de l'acide nitreux , ou de l'air nitreux: fi c’elt de l'acide , il eft furle champ décompofé par la grande chaleur; tandis que l’air nitreux foutient cette chaleur fans fe décompofer. D'où vient que le produit eft de l'air nitreux, & non de l'acide ? ou pour quelle raifon cet air réfifte-t-il à la chaleur du fer rouge, que l'acide ne peut foutenir ? C'eft ce que je ne fuis pas en état d'expliquer : & il vaut mieux avouer fon ignorance, que d'avancer des conjectures hafardées. Tout ce qu'on peut regarder comme certain, ce me femble, c'eft que Pair nitreux contient moins d'air déphlogiftiqué que l'acide du nitre; puifqu'il faut y en ajouter, pour le faire pafler à l'état de cet acide, : Enfin, fi je ne me trompe, l'expérience faite avec l'alun calciné prouve qu'il ne fufñt pas, pour produire de l'air nitreux, d'appliquer uniquement de l'air alkali volatil à une fubftance qui fournit de l'air déphlogiftiqué. Peut-être faut-il la préfence de quelqu’autre fubftance , ui ait une plus forte attraction pour le phlogiftique : peut-être que te les expériences où les chaux de manganèfe ou de fer font em- ployées , le principe inflammable de l’alkali volatil fe combine avec elle; tandis que fon air phlogiftiqué s'unit à l'air déphlogiftiqué : dans cette fuppefition , il n'eft pas invraifemblable, que lorfqu’on fe fert d’alun , le principe inflammable de l'alkali n'ayant que peu ou point d'attraction pour l'argille, bafe de l'alun , s’unit à fon acide & forme du foufre, Si ce raifonnement eft fondé , il s'enfuit, que l'acide : vitriolique a plus d'attraction pour le principe inflammable que pour Fair phlogiftiqué, & que l'opération du vitriol vert & de la manga- nèfe doit s'expliquer par une double affinité : le principe inflammable de l’alkali s'unit à la chaux de fer, bafe du vitriol, ou à la manga- nèfe; & Pair phlogiftiqué à l'air déphlogiftiqué, produit par l'acide à l'aide de la grande chaleur. É .SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 179 Ceux qui jugent à propos de rejerter la doctrine du phlogiftique , pourront changer les expreflions : mais le fond du raifonnement demeure à-peu-près le même. ES TN EE PR EPL OEN TEDE SP ANALYSE CHIMIQUE DIOMATRIGIOPNMNDIENC ENT ML TANNr: Par. M. KLAPROTH: Memoire traduit de l'Allemand en François, par M, COURET, élève en Pharmacie. $. I. Pan les pierres précieufes qui nous viennent de Ceylan , il yen « une que les jouailliers nous vendent, qui eft rout-à-fait différente des autres pierres précieufes , & que l’on diftingue par les caractères fuivans. La couleur eft pâle, d’un verd jaunâtre & tirant fur le rouge , formant enfemble une efpèce de nuance de fumée grife. Extérieurement on y remarque des brillans gras, & un poli au toucher. La groffeur des mor- ceaux eft peu confidérable ; de forte que j'en avois depuis vingt jufqu’à trente qui ne pefoient enfemble qu'un gros. . Leur configuration paroît être des colonnes rectangles quarrées , & ayant des pointes applaties , lefquelles repréfentent des formes criftal- lines , mais il y en a cependant peu de morceaux. Cette efpèce de pierre précieufe fe diftingue des autres, fur-tout par fa pefanteur fpécifique , laquelle étant comparée à l’eau diftillée, je l’ai trouvée comme 4,61$ —1,009. Ainfi elle furpafle de beaucoup toutes les autres pierres précieufes. M. Rormné de l’Ifle l'a regardée comme une efpèce de pierre particulière, & lui a affigné le nom de jargon de Ceylan (1), & il a donné {a pefanteur d’après Briflon , comme 4,416. Il fauc convenir que j'ai trouvé fa pefanteur bien plus confidérable que M. Briffon , mais cela peut tenir à la manière que j ai de pefer, qui eft plus fimple, & plus exacte que celle (x) La criflallifation da jargon de Ceylan, dit M. Romé de l’Ifle , eft un prifme tétraedre terminé par deux pyramides tétraëdres obtufes à plans triangulaires ifofcèles, Nore de M. de la Metherie. Tome XXXV1, Part. I, 1790. MARS. Z 2 ‘fo OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE; de M. Briffon. Les autres minéralogiftes qui fonr mention de cette pierre L: placent tantôt parmi les /aphirs , tantôt parmi la topaze, tantôt parmi le rubis, tantôt parmi le diamant, & enfin parmi les hyacinthes. M. Verner eft aufli un de ceux qui fe font laiflés entraîner par la delcription des autres , pour placer cette dernière pierre; mais après avoir bien réfléchi, & examiné cette pierre, il trouva qu'elle mérivoic une place particulière parmi les pierres précieufes, & il la clafla aufli dans fon Sytlème minéralgique fous le nom de zitzorn (félex circonius), à la fuite du diamant, &c, 4 $ 2, L'afbect extérieur , & le rapport de cette pierre précieufe me donnèrent lieu à un doute bien fondé fur fes parties conftitutives , de forre que j'ent entrepris l'analÿfe chimique. M. Wicoleb , apothicaire, a déjà cherché à fatisfaire la curiofité des minéralogiftes par l'eralyfe qu'il nous en a donnée. D'après l'autorité d'un chimifte d’un rang auf diftingué que M. Wiegleb »il éroit bien permis de craindre d'avoir quelques reproches à fe faire, d’avoir feulement voulu douter un inftant de fa réalité de fes expériences ; mais cependant lorfqu'on fait par fes propres recherches, combien peu de chofe contribue à obtenir des réfulrats différens dans les analyfes chimiques, fur-tout dans celles des pierres aufli dures que celle qui va faire l'objet de notre analyfe, M. Wiegleb nous pardonnera volontiers d’avoir cherché à pafler en revue l'examen de certe fubftance minérale. À la vérité la férie des expériences qui vont être rapportées ci-après , vont nous mettre un peu en contradiction avec M. Wiegleb; mais comme je penfe qu'il eft aufli ami de la vérité que moi-même, je ne crains pas de bleffer fon amour-propre, en cherchant à rétablir des vérités qui pourroient demeurer méconnues. J'ai employé tous mes foins pour donner de la certitude à mes expériences. S. 3. Le jargon ne perd prefque rien de fon poids , étant expofé à un feu de fufon ; car après en avoir tenu trois cens grains pendant une heure & demie à un feu de fufion , je ne trouvai qu'un quart de grain de perte. Je réirérai cetre même expérience à trois fois diflérentes , en ayant foin chaque fois de tremper le jargon rougi dans l’eau. Les morceaux fe fendirent, les tranfparens perdirent leur afpect de couleur de fumée, & devinrent femblables à un morceau de quartz d'un blanc gris trouble > mais quelques morceaux qui étoient opaques, devinrent rouges, ain que quelques parties de ceux qui étoient tranfparens. Quant à la dureté naturelle elle ne changea nullement, à ce qu'il parut; je brifai cette pierre, enveloppée de plufieurs doubles de papier ; fur une enclume d'acier , n L SUR P'HIST. NATURELLE ET LES ‘ARTS. +81 enfuice je Ja porphorifai fur un porphire, laquelle de blanche qu'elle étoit d'abord, prit une couleur de chair pâle, $. 4e M. Wiegleb commença d'abord à traiter cette pierre par le moyen de l’alkali fixe végéral purifié; il ft un mêlange de parties évales, & le foumic à un feu dé fufion dans un creufer , enfüite il procéda à l’analy{e de cette matière, par le moyen des’acides, fans autre circonftarce. J'eus beaucoup lus d’obitacles à furmonter que M. Wiegleb. (4) Je mêlai d’abord deux cens grains de jargon , avec autant d’aikalt du tartre, & je procédai comme M. Wiegleb , à la différence feule, que je me fervis toujours du creufet, préparé avec de l’argent réduir de la lune cornée la plus pure. Je fis digérer la matière dans de l'acide marin rectifié, après avoir été préalablement mile en poudre. Je n'obfervai aucune réaction de la part de l'acide marin fur cette matière, & je rerirai à la fin toute la poudre de jargon, à un demi-crain de perte à-peu-près. (B) En conféquence je fs calciner de nouveau de cette poudre pendant cinq heures, avec douze cens grains d'alkah du rartre. La meffs fur erès= folide , & étroit entrée en fuñon étant d'abord disérée avec de l'eau , & enfuite avec de l'acide marin, la poudre refta dans fon état primitif, & après l'avoir bien édulcorée & féchée, il n’y ent que deux grains de perte. (€) Je la mélai encore avec douze cens grains d’alkali, & je procédai comme il eft dit ci-deffus; & il me refta cent quatre-vingt-dix-fept orains de poudre qui n'étoit nullement changée, 6. Fe Sur ces cent quatre-vingt-dix-fept grains de réfidu, je verfai cinq fois autant d'acide vitriolique rectifié, & une once d’eau difhllée, je mis ce mêlange dans une cornue, & je procédai à la diftillarion jufqu'à ficcité, enfuice je verfai de l'eau fur le réfidu. Le poids de ce réfidu ne varia prefque point , & après avoir été édulcoré & féché , il avoit l’afpect du fable en poudre, & pefoir cert quatre-vingt-feize grains. Après avcir filtré & faruré la liqueur qui pafla dans la diftillation avec de l’alkali fixe, je n’obtins qu'un grain de précipité cerreux (1). & 6. La difficulté que je rencontrois dans l'analyfe de cette fubftance ; commencoit déjà à refroidir mon zèle. (x) Une perte auff petite feroit douter que les expériences de M. Klaproth fuffent auf exa@es qu’il le prétend; car lorfqu’onstraite deux cens grains d’une matière quelconque avec les acides, il eft difficile qu’on n’ait pas plus de demi-grain de perte. Vote de M, Courer, 182 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, Pendant ces entrefaires M. Wiegleb mit fon analyfe au jour, & jene voyois pas fans étonnement avec quelle facilité il avoit opéré la décom- potion du jargon. Quelques-uns de mes amis, qui avoient aflifté à mes expériences , ne furent pas moins furpris que moi ; cependant ils m’exci- tèrent À reprendre la fuite de mes recherches, 6. 7° Voyant que je n'obtenois aucun fuccès favorable avec l’alkali du tartre, j'entrepris les mêmes expériences avec l’alkali de foude cauftique bien pur, que je préparois exprès, avec l'alkali minéral purifié, afin d'être certain que mon alkali ne contint point de terre étrangère , ce qui auroit pu m'induire en erreur dans mes réfultats. Je pris parties égales d'alkali minéral criftallifé & de chaux vive bien pure, fur-tout privée de terre argileufe, & pour être bien sûr de la pureré de ma chaux, je calcinai des coquilles d’huître, Après avoir leffivé Le mêlange de chaux & d'alkali, je ltrai la liqueur, que je fis évaporer jufqu'à ficciré dans des tafles de porcelaine; enfuire je la fis rediffoudre & filtrer, & je la is évaporer de nouveau jufqu'à ficcité. Cette leflive étant ainfi féchée , je la confervai dans des vaies de verre bien bouchés. On peut préparer un alkali cauftique de la même manière avec l’alkali du tartre. Un alkali cauftique bien pur , ne doit produire aucun précipité lorfqu'on le fature avec les acides. $. 8. (4) Deux cens grains de jargon porphirifé, & enfuite rougis à trois différentes repriles, en les plongeant chaque fois dans de l'eau , furent calcinés dans un creufet d’argent comme il a été dit plus haut, avec quatre fois autant d’aikali cauitique ; après avoir tenu la maffe pendant deux heures dans un état de fonte, je laiflai refroidir Le creufec, & il falluc y verfer de l’eau à plufieurs reprifes pour la ramollir. L'alkali parut avoir perdu toute fa caufticité; car la diflolution avoit un goût fimplement alkalin. Après avoir faruré cette diffolution avec de l’acide marin redifié, & enfuire digéré, je n’apperçus point de féparation de la terre argilleufe, & la partie reftée infoluble nageoït dans la liqueur fous la forme d’une poudre fabloneufe , laquelle refta fur le papier à filtre, & étant féchée & rougie , elle pefa cent foixante-douze grains. (B) Ces cent foixante douze grains traités de nouveau avec quatre fois leur poids d’aikali cauftique, de la même manière qu'il a été dit ci- deflüs, donnèrent une mafle poreufe, très-folide, laquelle érant traitée avec l'acide marin, laïffa fur le filtre cent quarante-huit grains de matière terreufe, j SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 183 (€) Après avoir traité ces cent quarante-huit graïns comme ci-deflus , il refta cent vingr-fept grains. (D) Les cent vingt-fept grains traités pour la quatrième fois, laifsèrene quatre-vinot-dix-fept grains de réfidu. (E) Ayant ufé tout mon alkali cauftique , j’en préparai de nouveau avec du fel de tartre, de la même manière que le précédent, & je traitai les quatre- vingt-dix-fept grains reftans avec fix fois leur poids d’aikali cauftique du tartre, comme il a été dit plus haut, à l'exception que je les laiffai plus long-tems en fufion, même jufqu’à ce que la mafle couloit comme de lhuile; étant refroidie, on eut beaucoup de péine à la délayer dans l’eau. Après avoir fait digérer cette efpèce de diffolution dans de l'acide marin bouillant , rien ne refta infoluble. re $ 9. Je mis routes les diffolutions enfemble, lefquelles remplifloient aux trois quarts un bocal contenant huit livres. Cette diffolution repréfentoit une liqueur tranfparente , mais un peu opale, dans laquelle furnageoient quelques flocons, lefquels fe précipirèrene fous un état fpongieux , après avoir remué la liqueur pendant quelques minutes, Comme ces focons ne pefoient que peu de chofe après avoir été féchés, on pourroit confidérer comme chofe remarquable de voir le jargon diflous en totalité. 1,7 $. .10. Je faturai enfuite cette diflolution avec de l’alkali du tartre ; la terre qui s'en fépara donna une couleur. laiteufe à la liqueur , & ce ne fur qu'après quelques heures de repos que la terre commenea à fe précipiter |: & après vingt-quatre heures je décantai la liqueur für un filtre de papier, le réfidu avoit la couleur de la colle d’amidon, & étant féché il avoicune couleur blanche tirant fur le pris verdâtre. La liqueur décantée, mêlée avec de l’eau qui avoit fervi à l’édulcora- tion, laifla précipiter encore un peu de terre, qui fut ajoutée à la précédente. Lu STTs (4) Je pris la moitié de ce précipité , qui étoit le jargon même, dans un état d’une très-grande divifion , & je le fis digérer avec une once d'acide marin rectifié & concentré ; j'obtins une diflolution trouble & jaune ; de laquelle fe précipita une certaine quantité de terre , après avoir été étendue avec beaucoup d'eau. Je décantai la liqueur furnageanre, &e°? je fis fécher le précipité fur un papier à filtré, lequel je fs encore digérer avec de l'acide marin, TAN ; 184 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, (B) Ici mon chjet principal eft de découvrir la préfence dela terre éalcaire ; en conféquence à la fin je précipitai la terre avec de l’alkali volaril cauflique, & laquelle je féparai aufMi-rôt par Le moyen d’un filtre, Dans la liqueur reftante je verfai de l'alkali volatil aéré; mais la liquaur n'éprouva aucun changement , preuve qu'elle ne contenoit point de terre calcaire, à (C) Le précipité éroit très- fpongieux , & avoit la tranfparence d’un mucilage ; mais Ja couleur jaune nefe manifefta point, preuve quil ne contenoit point de fer , quoiqu'à la fn il s'y en trouve une très-petite quantité. s GTS: © L'autre moitié du précipité fut digérée avec de l'acide vitriolique, & je diftillai jufqu'à ficcité. Je fis diflouure le réfidu dans de l’eau, laquelle diffolution avoit la couleur d’une diflolution d'amidon, & Ie refte je Le » . \ 5 " ” . ÿ +: . » Ï féparai par le moyen d'us papier à filtre ; mais, la diffolation vicriolique fe comporta à Pégard des moyens précipirans comine la diflolution faire ia ur F avec l'acide marin ci-deflus. t $. 13. (4) Les terres féparées dansles SS. 11 & 12 furent mifes enfembie & pesèrent 86 grains & demi, elle avoit l'afpeét d'une poudre fabloneule: x fine. Je les craitai comme à l'ordinaire avec quatre fois leur poids d’aikali du tarte, & je fis rougir le mêlange jufqu'à ce qu'il couloir. Je pris exprès de Palkali aéré, & je his attention pendant la fufion , fi l’action de l’aikali far la terre ne feroir pas accompagnée d’une écume, ce qui auroit défigné la terre vitrifiable. À la vérité ce phénomène éut dieu , maïs péndant peu de tems: cette matière érant refroidie ,-ne fe diflolvaic dans l'eau qu’avec beaucoup de difficultés. . c (B) Decerredifolurion il fe précipitaune terre fine, pefante &renace; d'une couleur grile, laquelle écant féchée & rougie, pefa 28 grains & demi, , $e 14 (4) Je divifai la liqueur alkaline en deux parties, ‘J'en fatyrai une avec de l'acide marin, & de laquelle faturation il en réfulte une terre blanche, gélatineufe , mais par unié addition ultérieure d'acide marin , il ne s’en précipisa plus rien, our di Le (B) L'autre partie, au contraire, je l'étendis avec beaucoup d'eau difillée, & je la furfaturai avec de l'acide marin, feï 1l n’y eut aucun précipité apparent , ‘la liqueur refta trapfparente., Cerre expériençe me démontra que cette terre n'éroit que de la terre vitrifiable, MOI Je fais toujours ufage de ce moyen d’analyfe,roures les fois que j'ai une terre Que je foupcone d'unè nature fificeufe, & par ce moyen jévire peut-être SGR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS: 185$ peut-être beaucoup d'erreurs dans lefquelles je pourrois être induit ; car Finfolubilité d'une terre dans les acides annonce d’abord au premier. afpeét une terre vitrifiable : lorqu’on a foin d'étendre la folution alkaline - qui contient la terre filiceufe , avec beaucoup d'eau diftillée , on n'obtient aucun précipité par La faturation avec les acides, parce que la terre vitrifable refte dans un état de diffolutiorr parfaite. Si on fait. évaporer: cette liqueur jufqu'à ficciré, & qu'on faffe difloudre enfuite la mafle dans l'eau, toute la terre filiceufe refte au fond fous la forme d’un grain fabloneux. ; | $. 15: (A) Les 28 grains & demi de terre ($.13,B ) que l’alkali n’avoit pu difloudre, furent foumis à une digettion bouillante avec de l’eau régale, Je fis fécher & rougir le réfidu ,'& il pefa enfuite 16 grains. Par conféquent l'eau régale en avoit diffous-12 grains & demi, La couleur de la diflolution étoit un peu verte. À : | + = _(B) Ces 16 grains reftés infolubles furent traités au feu avec fix parties d'alkali cauftique du tartre. Cette mafle étant difloute dans l’eau, & enfuite faturée avec de l’acide vitriolique , refta claire & tranfparente ; mais aufli-tôt que j'expofai cette liqueur au feu , elle fe cailleta comme de la gelée, laquelle étant parfaitement édulcorée & féchée, pefa 3 grains de terre filiceufe fous la forme de fable. e 1 Î $.. 16, Le réfidu de la folution alkaline cauftique ($. 25, B) fut foumis de même à la digeftion avec de l'eau régale, laquelle fut colorée en vert ; mais la terre voltigeoic fur la furface de la liqueur comme un mucilage. Je délayai le mêlange avec beaucoup d’eau diftillée, la liqueur refta endant plufieurs jours trouble , & la partie reftée infoluble étroit dans un état de divifon fi grand , qu'elle reftoit flottante dans le fluide. Lorfque je voulus filtrer la liqueur, il fallut la reverfer à plufieurs fois avanc qu'elle ne pafsät claire. SAR (A) Cette diflelurion fit mêlée avec l’autre faite avec l'eau régale (S. 15, A), & je les eflayai avec de l’alkali phlogiftiqué, & je trouvai que La liqueur fe troubloir. Etant expofée à la chaleur elle devint claire, ë&z dépofa un précipité d'un vert grisätre, lequel je ramaflai avec beau- coup de précaution. Lorfqu'il fur fec , il fe détacha facilement du papier, & pefa , après avoir, été légèrement. calciné, un demi-grain. Je le mis dans un petit verre, & jy ajoutai, un peu d'alkali volatil cauftique, lequel prit en peu de tems.une couleur bleue bien décidée. Je faturai cette diffolution avec deux gouttes d'acide marin, & je fis évaporer la Tome XXXVI, Pare. I, 3790. MARS, Aa 186 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, liqueur fur un verre de montre. Le fel ammoniac qui s’éroit defléché; étoit accompagné de raies bleuâtres. Ce fel diflous dans deux gouttes d'eau, & enfuite étendu fur du fer bien poli , ne donna aucun figne de cuivre. D'après cela je préfume que le jargon contient une fi petite quantité de nickel, qu'on ne peut l’apprécier , avec lequel la petite portion de fer que certe fubflance terreufe contient eft combinée, & dont la quantité dans chaque demi-grain de précipité peut être évaluée. à un quart de grain, pris dans l’état métallique. : à (B) La partie de la terre reftée en diffolution dans l’eau régale, fut précipitée avec de l'alkali fixe, & le précipité fe montra dans tous les eflais comme le précédent. 6. 18. La terre reftée infoluble pefoit encore $ grains étant rougie. Je Peflayois au chalumeau avec les fondans ordinaires , où elle fe comporta comme la rerre du jargon qui n'avoit fubi aucune préparation. Ainfi je regarde ces $ grains comme ayant échappé à la décompoftion, & dont leur analyfe n'avoit pas pu êtré continuée , à caufe de leur extrême petite quantité, $.! 19. Maintenant je paffai à l'examen des parties du jargon qui avoient refté folubles dans les acides. \ La diffolution vitriolique ($. 11) ne devoit contenir d’après les règles; autre chofe que de la terre magnéfienne ou alumineufe, ou bien un mélange des deux. Mais le goût n’indiquoit nullement ni la préfence de la magnéfe, ni celle de la terre de l’alun , car elle avoit le goût de l'acide vitriolique pur; cependant elle laïffoit un arrière-goût aftringent. Je tâchai de la faire criftallifer, en la faifant évaporer, & en y ajoutant une petite portion d'alkali fixe, afin d’obtenir des criftaux d’alun. Par une évaporation réitérée , il fe dépofa une croûte faline blanche, qui n'étoir nullement de l’alun , mais du tartre vitriolé. Il fe précipita aufli en même-tems une portion de: la terre qui avoic été diffoure, $. 20. Pour pouffer plus loin mes recherches ,' je’ fs diffoudre le précipité fälin dans l’eau, & afin de ramafler route la térre du jargon foluble, je fis diffoudre la partie de cefte rerre que j'avois précipitée de la diflolution dans l'acide marin (6. 13 ) par l’alkali Volatil cauftique!& par le fixe , de nouveau dans l'acide vitriolique , & je mêlai fes deux diflelutions enfemble, tii £ SUR: L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS.) 187 $. 21. Dans ce moment je vais fixer men attention {ur la quantité des fubftances métalliques que le jargon contient. Mais comme l'aikaii, cauftique ($. 11) ne m'a donné auçun ind'ce fur ce fujer, je vais mettre à fa place l’alkali phlogiftiqué.” : La: première portion que je verfai fur la folution vitriolique, y _eccafionna une couleur d'olive fale ; mais par une feconde immerlon le mélange devint d'un bleu foncé, & le précipité tomba affez rapidement au fond. Ce précipité étant ramaflé fur un filtre & féché , pefaun grain & demi , & dans lequel précipité le fer peur être évalué former Ja moitié ou trois quarts deigrain. Mais je crois que ce fer elt encore combiné avec d’autres fubftances métalliques que j'ai fair connoîtreplus haut ($:17, 24); & lefquelles je riens pour être du nickel: Je ferois même renré de croire que C'eft le nickel qui donne cerre couleur fale au bleu de Pruffe, 22. : . Le reffant de la folution vitrioliquerfuc farmré avec de l’alkali du tartre aéré, pendant laquelle faturation laterre fe fépara fous un afpe& laireux. Cette terre féparée par le moyen du filtre, fut foumife aux expériences fuivantes, quoiqu’elle ne für pas ‘entièrement sèche. (4) Elle fe diffout dans l'acide vitriolique légèrement chauffé , fans aucune effervefcence, quoiqu'elle eût été précipitée par un alkali aéré, preuve certaine que cette terre n’a aucune affinité avec l’air. fixe. L'acide vitriolique diflour prefqu'en totalité certe terre ,,du moins jufqu’au point de fa faturation. Aufli-tôt après le refroidiflement la liqueur fe caillebota en blanc. En y ajoutant une nouvelle portion d'acide vitriolique, Te précipité difparur, & la liqueur devins claire. Elle avoit le même goûc qu'il a été dic ci-deflus ($. 19), Je fis tout mon pofhible pour faire chiftallifer certe liqueur ; maïs cela me fut impoffible, attendu qu’elle fe caillebota roujours Mais après avoir rediffous la maffe avec de l’eau & un peu d'acide vitriolique, Ja liqueur devint tranfparente, & étant expofée à une évaporation fpontanée , je trouvai quelques jours après que la plus grande partie de cette diilolurion avoit formé des criflaux en grouppes pointus., & dont leurs rayons fe tournoienr. tous vers le centre : le coût éroît peu acide, mais haprant un peu à la lanoue. Dans l'été la criftalli- fation eftencore plus révulière. Si je verfois de l’eau fur ces criftaux., ils perdoient bientôt leur tranfparence , & devenoient troubles, vraifembla- ‘blement parce que l’eau leur enlevoit une portion-de. l'acide excédenr , lequel. excès d’acide paroît accélérer cette criftallifation. L'eau-mère “reftante fournit encore quelques criftaux irréguliers, & le refte donna une malle épaiffe, B) Le vinaigre difillé & concentré par la gelée , agit à la manière Tome XAXXV1I, Pare. EL, 17ç0. MARS, Aa 2 LA 188 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, de l’acide vitriolique fur la terre du jargon, & aufli fans effervefcence. Cette diflolution a le même goût que celle qui eft faite avec l’acide vitriolique, Elle ne criftallife point, mais elle donne par la deflication un réfidu pulvérulent qui refte intaét à l'air. $. 23. Je fis bouillir pendant un certain tems de Ja terre humide du jargon avec de la lefive cauftique du tartre. La terre fe précipita en flocons féparés les uns des autres , fans avoir fubi aucun changement de la part de l’alkali. Lorfqu’on traite de l’alun de la même manière, il y a une diffolution complette: les acides précipitent la terre de l’alun des pareilles diffolutions, comme cela arrive dans le liquor filicum ; mais fi on ajoute plus d'acide qu’il ne faut pour précipiter la terre de l’alun , elle fe rediffout , & fi on a employé de l'acide vitriolique, on obtient des criftaux d’alun ; mais fi la terre alumineufe eft mélangée avec d'autres terres , elle refte infoluble dans les leffives cauftiques. La caufe de la diffolution de la terre de l’alun dans la leffive cauftique, paroît avoir échappé à tous les chimiftes, ce qui doit les avoir fouvent induirs en erreur , lorfqu’ils ont voulu connoître les principes de différens fofiles. 6. 24e Cette terre n’a non plus aucun caractère de la magnéfie ; cependant pour ne laiffer aucune incertitude fur cet objer, je fis diffoudre ce qui me reftoit dans de l'acide vitriolique, & je faturai la folution avec de la terre calcaire aérée, & après le refroidiffemènt je filtrai la diffolution; mais je ne pus parvenir à y découvrir de la terre magnéfienne par aucun meyens $. 25. Cette terre expofée au chalumeau avec du fel microcofmique , ne s’y diflout point. Fondue dans une cuiller d'argent avec de l’alkali minéral , elle ne fouffre aucun changement. Dans le verre de borax au sontraire elle fe diflout, 6. 26. Mainterant quelle eft donc la nature de cette terre? Puis-je la confidérer comme une terre inconnue jufqu’aujourd’hui ? Je ne crois pas qu'aucune des cinq terres primitives fe préfentent fous tant de formes, à moins que quelque nouvelle analyfe ne nous lapprenne. En attendant je ferois d’avis qu'on donnât à celle-ci le nom de terre du jargon (terra circonia ). Je defire avoir réveillé le zèle de nos maîtres en Chimie pour entreprendre une nouvelle analyfe du jargon, afin de favoir fi je fuis bien écarté du chemin de la vérité, . SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 189 $. 27. Après avoir fait le facrifice de tout mon jargon, je me vois à la fin de. mon travail, il ne me refte plus qu'à faire, pour ainf dire, ure récapi- tulation des faits, ou plutôt un tableau des parties conftituantes qui entrent , d’après mon analyfe, dans le jargon. Deux cens grains de jargon foumis à l'analyfe ci-defflus mentionnée, m'ont donné, favoir : Terre vitrifiable F so.......$8 grains è 61 grains Matière du nickel, terre martiale $. 17, À. - $.21 1 grain Jargon refté non décompofé.. 6. 18........... Ainf la terre propre du jargon peut être évaluée en général à. ..sssessseossessesesesssosesee 133 vinvinys O0 Total.................%eseseses.. 200 grains Comme il eft refté ÿ grains de jargon qui n’ont fouffert aucune décompefition , je calculé qu'ils devroienc donner en proportion les mêmes principes que 19$ grains analyfés , par conféquenc je crois que 100 grains de jargon contiennent les principes fuivans, faveir : Terre filiceufe. . ...... 4... sacs." 31 Terre martiale contenant nickel ............... Terre nouvellement découverte. .........:..... 68 Re FROTA LES TR SR RS RS UT ie TOO Hirbie 6. 28. Qu'on me permette de tracer encore ici Les proportions que M. Wieolcb donne, Cent parties de jargon contiennent, d'après M. Wiegleb, Terre virrifiable 0... eee des sado nes eo 87 Terre magnéfienne .......,............... 3 | CAICANE se lan a ci elale ee lehatsletelele ce, à ete 2 = MIA ETIA IG et ete ie lele Ver leu ete sata ea etsllele ere feet 2 Co Dimvil nue | PértOr sta Mara eatelel ctalokelale terne eat eteletel aie le allais ÉPota LAN rer Na ra are ad ion ta tee) TOO IL eft toujours très-utile pour la Chimie de chercher à connoître les erreurs, n'importe de qui elles viennent. M. Wiegleb dir, qu'il a employé un mortier de verre pour pulvé- rifer fon jargon. Mais il ne nous dit pas, fi ce mortier étoit de verre 199 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE; vert ou blanc; s'il s'eft fervi de ce dernier, il eft certain que la. rerre calcaire & la manganèfe, que M. Wiegleb nous donne, comme des parties conflituantes du jargon , ne font autre chofe que des partics dérachées du verre pendant la porphirilarion. ® J'ai fair là-deffus les expériences fuivantes. (4) Après avoir fait rouoir dans l'eau 240 grains de jargon (quan- tité de M. Wiegleb) je les broyois dans un mortier de verre blanc venant de la verrerie de Zechlin. Après avoir fufifamment pulvérifé le jargon , je repéfai & je trouvai 40 grains d'augmentation: (B) Je foumis ce même verre à l'analyfe. Je favois d’abord qu'il contenoit de la terre calcaire & de la manganèfe, puifque dans.les verreries ils ajoutent certaines proportions de craie, où de gyple, & de mangarèle ; à la vérité cette dernière eft pour le blanchir. Mais pour en favoir les proportions je le foumis aux expériences fui- vantes. Je mêlai 100 grains de ce verre en poudre, avec 300 grains d'al- kali minéral, & je calcinai le mélange lépèrement dans un creufec d'argent, J’obrins une mafle d’un vert bleuârre, laquelle étant trempé dans l'eau lui communique cette même couleur dans fa diffolution, Après une digeftion . furfaturée dans l'acide marin, j'en obtins 80 grains de terre vitrifiable celcinée. La diflolution précipitée avec de l’al- kali minéral donne un précipité terreux qui pefoic 10 grains après lui avoir fait fubir une calcination, qui le brunic beaucoup. Cette terre difloure de nouveau dans l’acide marin, & enfuire décompofée par Pin- rermède de l'acide vitriolique, fournit par la précipitation de la félénire; & de la liqueur reftante l'alkali phlogiftiqué en précipita_ quelques flocons de bleu de Prufle. Ces expériences me prouvent clairement, que fi je m'érois fervi du pareil mortier pour porphirifer mon jargon , jy aurois introduit 40 grains de matière étrangère, & outre la petite quantité de terre filiseufe & de terre martiale qui fe trouve naturel- lement dans le jargon, jy avrcis trouvé encore 4 grains de terre calcaire, & un peu de marganèfe. Céfèrvations fur Le Mémoire précédent’, par M. COURET. Dans lexamen des terres & des pierres, l’extraction de la matière martiale eft la plus dificile, d'après l'aveu mème des plus grands chimiftes. L'ufage de FPa'kali phlooifiiqué eft accompagné non-feu- lement de beancoup d’inconvéniens ; . mais encore certe méthode ouvie pour ainft dire une roure infaillible pour donner au chimifte des réfulrats faux. L'ancienne méthode, de diftraire le fer des fubftan- ces minérales avec lefquelles il éroit combiné , avec le fl ammoniac par la fub'imazion , paroît à caufe de tous les détails auxquels cetre ‘hode entra devoir être abandonnée; cependant cette mérhcde SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 191 peut être employée avee fuccès dans plufieurs circonftences: le pgin” cipe aflringent des végétaux , comme la noix de galie, &e ferc à autre chofe qu'à découvrir la préfence du fer: mais pour en conncître les proportions, ce moyen n'offre rien d'intéreflant. Le procédé d’ex- ofer la fubitance qui contient le fer pendant long-tems à l'air libre, en l’arrofant fouvent avec de l'eau, ou par des ébullitions réitérées avec de l’acide nitreux pour Te déphlogifiquer ; ou pour le rendre infoluble , ne laiflent la plüpart du tems que le défagrément de voir fon efpoir trompé. La précipitation du fer par l'alkali volatil caufti- que, dans le cas où la chaux de fer feroit purement combinée avec de la terre calcaire, ou avec le fpath pefant , offre un moyen des plus sûrs & des plus propres. Mais lorfque le fer eft combiné avec de la terre alumineufe ou magnéfienne , ou avec les deux en même tems, je recommande de faire ufage, pour parvenir à la decompof- tion , de l'alkali fixe cauftique , fur- tout bien sûr (1). “ D ve nn (1) M. Brun , membre du Collège de Pharmacie de Paris, & décédé depuis en an, a fait un nombre infini de précipitations du fer par l’alkali cauflique pur, & on trouve encore dans fa pharmacie des æthiops attirables bar l’aimant , qu’il avoit pré parés felon cette méthode, Il en préparoït un, entr’autres, qui a la couleur du kermès minéral , & ure légèreté aflez marquée. Son procéde étoir fimple , il confifloit à faire diffoudre de la bonne limaille de fer dans du vinaigre , & enfüite il en précipitoit le fer par V’alkali cauflique. Il faifoit écher fon précipité entre plufieurs feuilles de papier au coin de fa cheminée ; & outre qu’il et très-divifé, il eff encore attirable pat l'aimant. Je ne doute point que des faffrans préparés de cette manière, fur-tout ceux faits par le moyen des acides végétaux , ne foienc préférables pour l’ufege médicinal aux autres faits par la voie ordinaire. Ce ne font pas-là les feules obfervarions que M. Brun faifoit plutôt pour fe délaffer de fes anciennes fatigues que pour afpirer à la gloire, Il avoit fait encore plulieurs obfervations fur différens mélenges de mercure doux & de fel ammoniac; il a remarqué que les plantes réputées pour-ne dorer point d'huile effentieile par la diflillaion , telles que la jonquille, la tubéreufe, &c. donroient des huiles effentielles à l’inftar des autres ; il ne s’agifloit feulement que de fe (ervir d’une eau fortement chargée du principe oforant de ces plantes, & en faifant cette diftillation en grand , & en rempliff nt parfaitement Ja cucurbite avec des fleurs, & d’une pareille eau on obtenoit de fuite des huiles effentielles (*). 11 m'avoit fait obferver plufieurs fois que la teinture de mers tartarifée, ne fe décompoloit nullement par l’immerfion d'aucun acies. Le fer, difoit-il, eft combiné avec l’elkali, & avec l'acide de la crême de tartre de la manière Ja plus intime. Je pañferai ici fous filence les obfervations médicales qu'il fit à Bagnères fur Peffet & la précipitation du tartre émétique. Je pourrai peut-êne faire paroître un jour fa manière de faire le kermès minéral, & plufeurs emplâtres; mais fi quelque chofe eft à regreter, c’eft qu’il n’écrivoit jamais rien concernant {es procédés particuliers : il travailloit fans myftere devant fes élèves , mais il ne gardoit aucune note particulière, (*) Ces expériences furent faices daus le laboratoire de M. Imbert, apcthicaire de M. le Due d'Orléans, au Palais Royal. 192 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE; La terre de l’alun nouvellement précipitée & édulcorée, étant digérée dans un matras, tandis qu’elle eft encore humide, avec de l'alkali cauflique , fur un feu doux, fe diflour à peu-près dans cette leive, comme la cire dans l’huile, & elle repréfente une diffolution claire , laquelle par une évaporation ménagée, forme des criflaux dont la figure paroît être un peu rhomboïdale. Si la terre de l’alun eft combinée avec du fer, ce dernier refte info-= luble , & fous la forme de flocons d'un rouge brunâtre , lefquels peuvenc en être féparés par le moyen d’un filtre lorfque la liqueur eft étendue avec de l’eau. En les édulcorant enfuite, les faifant fécher ,on peut réduire le fer fous fa forme métallique par la fufion , par ce moyen on peut juger au jufte de la quantité de fer que cette rerre contient. Lorfque ce méral fe trouve combiré enfemble avec la terre de l'alun & la terre magnéfenne, il refte de même infoluble dans l’alkali cauflique. Si on veut favoir quel ferait fon poids s'il étoir combiné: avec de l'air fixe, on n'a qu'à le faire difloudre dans un acide lorf- qu'il eft ramaffé fur le filtre & édulcoré, & on le précipite à la- manière ordinaire avec un alkali aéré, La combinaifon de l’aikali cauftique & de la terre alumineufe peut être brifée par un acide quelconque , à cela près qu’il faut obferver foigneufement le point véritable de la faturation. Mais pour marcher avec plus de sûreté dans la carrière de fon analyfe, on ajoutera après la faturation de l’alkali par l'acide , autant qu'il en faudra de ce dernier pour rediffoudre en totalité la terre alumineufe précipitée. Cet alun régénéré pourra être reprécipité à volonté par le premier alkali qui fe préfentera fous la main. Si cette terre de l'alun efl mêlée avec du fer & de la magnéfe en même rems, on la fera bouillir dans l’alkali cauftique qui difloudra d’abord la terre de lalun. Le réfidu qui refte fur le filtre, eft un compolé de fer & de magnéfie, & on peut procéder à leur décom- pofñtion en faifant digérer ce réfidu dans de l'acide vitriolique, & faire évaporer la mafle jifqu'à ficcité, & enfuite on met certe mafle faline dans un creufec, & on l’expofe à un feu de fufion pendant une beure & demie. Alors on pulvérife la mafle, & on la fait difloudre dans de l’eau. La chaux martiale reftera fur le Gltre; & la terre de la maonélie pourra ètre obrenue par la précipitation avec un alkali. \£ 3 SECONDE à 1 AU OR TE #2 SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 193 CREER SEE DEEP SEE CE EIRE EE AE TELE SCT PEER SEE SCIE TIRE OENE SEINE FCPI VER PETITE TECTIEPENENEEE) SECONDE LETTRE DE M DE LUC, A M DE LA MÉTHERIE, SURLACHALEUR,LALIQUÉFACTIONETLErAPORATION. Windfor , le 24 Février 1750. À 14 AE $ J'examinai dans ma Lettre précédente les propofitions diftinétives de la Nouvelle Théorie Phyfico-Chimique , en ne les confidérant encore que dans leurs rapports avec les phénomènes particuliers fur lefquels elles s'appuyent: je vais pafler maintenant à d’autres propofitions, relatives à des objets dont route théorie de ce genre doit traiter, & qui ont été adoptées par les Auteurs de celle dont je parle, fans qu'ils aient énoncé leurs motifs, L'évaporation d’abord, eft un phénomène fi général & fi conftant fur notre globe , il eft lié à tant d’autres phénomènes dans la Phyfique terreltre, que toute théorie phyfco-chimique doit en faire l’objet d'un examen approfondi. Cependant on ne trouve à cet égard dans la nouvelle théorie , que le fimple énoncé d’une diffolurion fuppofée de l’eau par l'air : hypothèle vague , fans fondement folide , inutile à l'explication du phénomène particulier pour lequel elle a été imaginée, & qui répand Ja plus grande obfcurité fur prefque toutes les branches de la phyfque terreftre. Le mot évaporation , heureufement confervé jufqu'ici, indique que nos prédécefleurs confidéroient déjà ce phénomène comme une union des particules du feu aux molécules de l’eau , d’où réfultoit une vapeur, Il eft vrai que les phyficiens n’avoient encore aucune théorie fixe de ce hénomene , lorfque M. LE Roy de Montpellier en publia une, dans laquelle il faifoit intervenir une action particulière de l'air, Cet habile phyfcien n’abandonna point cependant l'opinion ancienne ; car il rezarda toujours le premier produit de l’évaporation , comme étant une exhalai- fon ou vapeur ; mais il fuppofa que celle-ci étoic diffoute par l'air, &il accompagna cette hypothèle, d'expériences fi importantes & fi ingé- nievfes, fur l'influence de la chaleur dans la quantité d’eau que pouvoit contenir l'a, que la plupart des phyliciens l’admirent, par une appa- xence d’analogie entre ce phénomène & celui des diffolutions dans ies Tome XX XVI, Pare Î, 1700. MARS, Bb \ 194 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, liquides. Cependant encore, M. Le Roy n'étoit point fi fortement per-. fuadé du certe hyporhèfe, qu'on l’a été dès- lors fans nouvelles expé- riences ; car ce phylicien attentif avoit déjà renarqué, qu'aux approches de la rofée , les phénomènes de la précipitation de l'eau dans l'air ren fermoient de nouveaux myftères ; & ayant eu occafon, depuis Ja publi- cation de mes Recherch. fur les Modif. de l Atmofphére, de n’entre- tenir plufieurs fois avec lui fur cer objer, il convint que les phénomènes de l’évaporation & des vapeurs n'étoient point encore allez étudiés, pour qu'on pût en former une théorie folide. J’avois trop fenti l'impor- tance de cette recherche, pour l'abandonner ; aufli m'en fuis-je occupé conftamment: & comme il n’eft aucune branche de Phylique qu’on puifle fuivre avec quelqu’efpérance de fuccès, fi l'on ne confidère avec la même attention celles qui lui font liées, j’ai continué en même-tems mes recherches fur la chaleur & fur fa caufe. Ce fera donc de ces deux objets Que je traiterai ici, à l'occafion d'un Mémoire de M. SEGuIN , contenu dans le troifième volume des Annales de Chimie, dans lequel ce phyficien fuit les principes de la nouvelle dodrine, 2. M. SEGUIN débute ainfi, dans ce Mémoire : « Jufqu’à l’époque » où l’on a publié la Nouvelle Nomenclature , le mot chaleur avoit >» fouvent une double fignification : il fervoit indiftinétement à défigner » la fénfation qu’on éprouve , & le principe inconnu qui la produit », De tout rems néanmoins les phyficiens exacts difinguant la chaleur de fa caufe , ont donné à celle-ci un nom différent ; & la diftin&ion même qu’en fait ici M. SEGuIN eft de très-peu d'importance en Phyfique générale ; car l'objet obfcur de nos /enfations appartient à la Phyfiologie ; aufli n’en fait-il lui-même aucune autre mention. Ce qui concerne la Phyfique générale fur ce point, c'eft la chaleur confidérée dans les corps inanimés ; & ce qu'il auroit fallu montrer , dans un éloge de la Nouvelle Nomenclature, c'eft qu'elle ait avancé nos connoïffances fur cet important objet: examinons-la fous ce point de vue. 3. Perfuadé que les néologifmes fonc nuilibles lorfqu’ils ne font pas néceflaires, quoique, dans mes Idées fur la Météorologie, j'aie déterminé avec précifion la nature & les propriétés d’un fluide auquel j'afligne, & l'idée de chaleur & diverfes fonction en d’autres phénomènes, je ne l'ai défigré que par l'ancien mot de feu ; nom employé, ou entendu, par tous les phyfciens qui, bien que vaguement, ont admis une caufe maté- rielle de la chaleur. Dans la Nouvelle Nomenclature au contraire , fans rien ajouter à l’idée vague de fluide élaflique , liée de tous rems au mot feu , on a changé ce monofÿllabe, en un mot de quatre fyllabes ; & fans confidérer non plus l'avantage de défigner une fubflance fufceptible de nombreufes modifications, par un mot qui n'en exprime aucune, on a renfermé confufément dans Le néologifme propolé , l'idée d’une feule des modifications du feu. » -. SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 19ç 4: M, SFGUIN envifage le feu, comme Libre, & comme combiné avec d’autres fubftances ; & le premier objet qu’il confidère à l'égard du feu libre, eft l'efpèce de mefure que nous en fournit le ##ermomèrre ; 8& ainf le fens qu'on doit attacher au mot chaleur. Suivant donc à cet égard la doétrine de la Nouvelle Nomenclature, il entend par depré de chaleur , le degré de denfité du feu libre ; puis, paffant aux différentes capacités des fubftances pour contenir le fu en cer état , il ajoute à cette idée générale, comme caufe particulière du phénomène, la réfiftance des molécules des fubftances à être écartées par ce fluide. Pour expliquer le but de M, SEGUrN à ce dernier égard, je rapporterai d’abord ce qu'il dit (dans une zoce ) de l'opinion de M. LAVoIsIER fur le même phénomène. æ Ce célèbre phyficien (dit-il) avance, que les capacités font détermi- » nées par les e/paces qui exiltent entre les molécules des corps. Mais il » en réfulreroir , que les capacités fuivroient les mêmes rapports que les » dilatations ; ce qui eft contraire aux faits. [/ ef? bien vrai, ainf que je » tâcherai de le prouver , qu’à température égale , le feu interpofé elt » proportionnel aux efpaces ; mais on n’en peut pas conclure , que les » capacités foïient déterminées par les e/paces ». $+ Comparons maintenant l'opinion de M. SEGuIN , à celle qu'il rejerre dans ce paflage. « Les sempératures (dit-il) dépendent de Ja > compreffion du feu (foit directement de fa denfité) : mais comme » les artraétions font proportionnelles aux compreffions (c'eft-à-dire, d’après ce qui précède, comme la denfiré du feu eft déterminée, dans chaque cas, par la rélftances des molécules des corps à être plus écartées) ; » les rempératures feront les mêmes, quand les arrraéions feront » égales; parce que le feu fera également comprime de part & d'autre. » Ainfi les molécules homogènes de deux corps , qui ont la même sem- » pérature , ont entr'elles , féparément , le même degré d’astraétion ». Mais M. Lavoister enrendcit bien fans doute , que lorfque lune de deux fubitances prifes d'abord à même temperature , fe dilare plus que Pautre par une même augmentation de la chaleur, elle reçoit auf proportionnellement plus de feu ; puifqu'elle acquière plus d'efpace pour en contenir. Les deux hypothèfes renferment donc en commun , que Pévalité de empérature entre deux corps provient d’une égale denfité de feu libre dans leurs pores, & que la différence de leurs capa- cités , quand on les corifidère en même volume & à même température, procède de la différence d’e/pace laiflé au feu entre leurs molécules, quelle que foit la caufe qui air déterminé la grandeur de ces e/paces actuels. C'eit cette hypothèle que je vais maintenant comparer aux faits. 6. Il eft naturel de concevoir , que l’e/pace libre entre les molécules des fubitances et inverfement proportionnel à leur pefanteur fpécifique. Cependant, pour éviter toute difcuilion fur l'exactitude rigoureufe de ce rapport , dont jé partirai, je vais prendre un exemple, dans lequei l'écart Tome XXXVI, Part, I, 1790. MARS. Bb 2 196 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, de l’hypothèfe avec le faic eft fi grand, que cerre exadtitude ne fera d'aucune conféquence. Je fuppofe donc un même volume d'air & d’eau; à mème cempérature , & que la pefanteur fpécifique de cet air foit à celle de l'eau, comme 1 à 800; l'e/pace laiflé au feu dans cer air, fera donc à celui qu'il trouve dans l'eau , comme 800 à 1 ; &, fuivant l'hypothèle, le feu fera en même denfité dans ces différens e/paces. Lors donc que les deux fubftances viendront à perdre, avec une troifième, un même degré de chaleur, Vair lui cédant, comparativement à l’eau , une même partie aliquote d’une quantité de fe 800 fois aufli grande, devra lui commu- niquer 800 fois autant de chaleur , & même plus, puifque, fe contractant plus que l'eau , le rapport des e/paces reftans deviendra moindre. Or, ici l'exactitude de détermination des e/paces comparatifs , par la raifon inverfe des pefanteurs Jpécifiques , n'eft d'aucune conféquence , puifque l'air, au contraire, communiquera moins de chaleur que l'eau à la troifième fubftance. Il eft donc évident par ce feul phénomène, comme il l’eft par l’enfemble de tous ceux de cette clafle, que les capacités des fubftances pour contenir le feu libre, ne font point proportionnelles aux efpaces qui lui font laïflés entre leurs molécules; & qu’ainfi l'égalité de température entre diverfes fubftances, ne procède point d’une égale denfité du feu, mais de quelqu'autre modification de ce fluide qu'il eft important de découvrir. 7. Pour érudier avec pofibilité de fuccès les modifications particulières d’une fubftance , il faut d’abord avoir confidéré avec attention , celles des fubftances de fa clafle, pour en tirer des principes généraux , feuls capables de garantir d’erreur dans les cas particuliers. Aufli n’ai-je cru tenir un fil dans mes recherches fur les modifications du feu , qu'après avoir reconnu , dans une longue étude des fluides expanftbles , la folidité d’une théorie générale de M. Le SAGE fur ces fubftances ; théorie que jannonçai déjà dans mes Recherch. fur les Modific. de l’Atmofphère , & que j'ai expofée avec plus de confiance encore dans mes Jdées fur la Météorologie , parce que je ne l'ai trouvée en défaut nulle part. Il réfulte de certe théorie, toujours guidée par les faies , & fondée fur les loix de la Mécanique, que lorfqu'un fluide expanftble fe trouve dans les intervalles des molécules des autres fubftances , fa force expanfive devient moindre, à proportion que ces intervalles , confidérés un à un, font plus petits. J’ai expliqué , dans le dernier Ouvrage cité , les caufes mécaniques de cette tion , & je n’en rappellerai ici que la caufe prochaine. L'expar- fibilité de ces fubftances réfulte du mouvement de leurs particules, & la preflion qu’elles exercent provient du choc de ces particules, foir contre les molécules des autres corps, foit les unes contre les autres. Dans ces chocs , elles perdent plus où moins de leur vitefle, & quelque- fois tout mouvement ; mais elles le reprennent, par la même caufe qui le rend aux graves quand ils deviennent libres; & alors auffi , comme les £ - SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 167 graves , elles acquièrent de la vireffe par deorés, jefqu'à un certain maximum , déterminé par la théorie. Airfi les chocs des particules de ces fluides contre les autres corps & entr'elles, font d’eutaut plus efficaces, qu'elles onc déjà eu des exeurfions plus longues depuis leurs derniers chocs. 8. En donnant , dans mes Recherch. fur les Modif. de l'Aimofph: une première idée de cette théorie, je l’appliquei déjà à une modification de l'air, que les partifans de la diffolurion de l'eau par l'air en regardent comme l’inverfe : je veux dire une diffolution de l'air par l’eau. Je mets à part les phénomènes de l'air fixe & d’autres gaz , dans lefquels il paroîe régner quelqu'affrrité de ces fluides avec l’eau ; je ne parle que de l’u/r atmo/;'herique , qui fe trouve toujours logé dans leax ordinaire; & je ferai voir, en rappelant ici le fommaire d'un grand nombre d'expé- riences, que je déraillai alors, que les différentes manières dont cet air eft libéré, contredifent l'opinion dont je parle. Si l'on fuir le rude fur de l’eau ordinaire, il fe forme dans for fein une multitude de bulles d'air , qui groffiffent en s’élevarc & s’échappent. IE n’y a rien daos la théorie des diffoluzions qui explique , pourquoi un menflrue moins preflé, devroit laifler échapper une fubitance qu'il auroit diffoute : on y verrcit même la raifon d'un effet contraire, fi l’on fuppofoit quelque dilatation au menftrue par cette caufe. Quard l’eau a ceflé de produire de l'air par cette opération , fi on l’agire fortement, il s'en dégage de nouveau : ici les phénomènes des difJolutions préfentent le contraire ; car elles fonc aidées par l’agiration des menftrues, & leur théorie l'explique, par l'accé- lération des rencontres entre les molécules des deux efpèces. Lorfque ces deux moyens ont celé d’être efficaces, fi l'on cAauffe l'eau , il s'en dégage de nouvel air : or, ici l’hypothèle elt contredire dans fa bafe même ; car la prétendue difJolution mutuelle de l'eau & de l'air tiroie toute fa plaufbilité, de ce que l'air peut contenir plus d’eau quand la chaleur eft plus grande; ce qui, dans l'hypothèfe, devroit avoir lieu quant à la quantité d'air que peut contenir l'eau: cependant on vient de voir , que le fait eft diamétralement oppofé. Je vais maintenant expliquer ces phénomènes par la théorie générale de M. LE SAGE, & l'on y verra un nouvel exemple de ce que j'ai déjà fait cbferver plus d’une fois, qu@ les apperçus, convertis en Aypothéfes dont on fe contente, fonc un des plus grands obftacles à l'avancement de la Phyfique. 9. Les particules de l’air qui viennent frapper Ja furface de l’eau, pénètrent fouvent entre fes molécules, & dès qu'elles s’y trouvent engagées, elles ceflent de s’y mouvoir librement : alors leur mouvement progreflif dans le liquide, devient femblable à celui des graves qui aliflene fur un plan raboteux. La réfiftance qu'éprouvent les particules de Pair engagées dans l’eau , à écarter les molécules de ce liquide, vient princi- palement de Ja preffion de l'acmofphère fur lui: lors donc que certe UC S HA ; 198 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, preffios et fufpendue, les particules d'air qui fe trouvent le plus favora= blemienr firuées , commencent à {e mouvoir avec plus de liberté : alors elles agrandiffent par leurs chocs les efpaces qui les contiennent; d’autres À particules s'y jettent aufli-tôr: & il fe forme de premières petites fulles à l'inégalité de celles-ci les fait monter avec différens deorés de vicelle : elles fe rencontrent ainfi & fe réuniflent; & le nouvel efpace qu’elles occupent conjointement, devient plus grand que la fomme des deux 4 efpaces féparés , parce que chaque particule jouit de plus longues excur- æ fions, & frappe ainfi plus fortement les molécules de l'eau. Telle eft donc la caufe, très-déterminée, du premier phénomène, Des /ecouf/es ; qui divifenc enfuite cette eau, y produifent de grands efpaces vuides d'air, où s’élancent aufli-tôc les particules de ce fluide, qui fe trouvent encore engagées dans l’eau près des parois de ces efpaces ; & dès qu'elles ont repris un mouvement libre , elles réliftent à la réunion rotale da l'eau ; d'où il réfulte de nouvelles petites zulles qui ne fe feroient pas formées fans ces fecouffes. Enfin , un nouveau degré de chaleur appliqué | à l’eau dans cet état ; eft l'introduction d’un nouveau fluide expanfrble’, à qui, beaucoup plus fubtil que Pair, jouie toujours de quelque mouvement dans les interftices des molécules de l’eau ; & il en réfulte une aide aux particules de l'uzr, pour écarter ces molécules, & fe mouvoir librement, par où il fe forme de nouvelles #ulles, 10. C'eft de ces phénomènes, où Fon trace fi bien la marche des caufes , que je pafle à ceux du feu libre. Les particules de fluide, ai-je dit, comme celles dé tous les fluides de fa claffe , exercent d'autant plus d'action par leurs chocs, qu’elles fe meuvent dans un plus grand efpace , jufquà un certain maximum. Lors donc que l'étendue moyenne des excurfions des particules du feu, eft différente en deux fubflances, par la différence de leurs pores, non en fomme, mais confidérés féparément, il faut un moins grand nombre proportionnel de ces particules , dans celle des deux fubftances dont les pores font fes plus grands, pour y produire une même cempérature , que ’ dans l'autre, Ainfi, l'égalité de cempérature ne procède pas ( comme le fap- pofe l'hypochèle que j'ai examinée) d'une égale denfrré du feu; mais ne égale force expanfive de ce fluide, déterminée en partie par a grandeur moyenne des efpaces entre les molécules des fubitances, Ce méchanifine une fois poté, il n'y a plus de dificulté dans le phénomène fi caraétériftique , de la minime capacité de l'air, com- parativement à l’efpace laiffé au feu entre fes particules. Les particules du feu qui fe meuvent entre celles de l'ur , rencontrent fans doute quelquefois celles-ci; puifque c'eft à leurs chocs qu’eft dû le phéno- mèse de la dilatation de l’ar par la chaleur; mais ces rencontres des particules du feu, foit avec celles de. Pair, foit entr'elles, ne font 1 pas fréquentes ; & jouiflant ain de longues excurfions , leurs chocs < : d “ * "SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. ‘“r09 deviennent très- puiffans: par où , avec beaucoup moins de denfité, elles peuvent êtr8 en équitibre de force expanfive dvec le feu ren- fermé dans les corps concrets, en comprenant dans ces derniers les ligudes comme les olides. Lors donc , qu'on met en centsét un corps concret avec une mafle d'air du même volume; (i l'air eft plus chaud que ce corps , la température moyenne qui s’érablira entr'eux, fera è.-voiline de celle du corps ; parce que le feu qui, fortant de l'air , pafle dans une fubftance concrète , étant fans ceffe arrêté dans fes mouvemens , perd une grande partie de fa force expanfive : fi le corps concret eft le plus chaud , la température moyenne fera encore très-près de la fienne; parce que les particules de feu qui en forti- ront , acquérant beaucoup plus de virefls dans l’ar, produiront bientôt l'équilibre de force expanfive du feu entre les deux fublta ices. 11. Dès que le phénomène des différences de capacité des fubf- tances pour contenir le feu libre, fut conftaté, il me parut l’une des plus importantes découvertes en phyfique, non-feulement comme étant l'indice d’une modification très-remarquable de lun des plus grands agens dans les phénomènes terreltresÿ mais comme affermiflant la théorie de M. LE SAGE, fur les fluides de la même clafle; tbécrie d’après laquelle, long-tems avant qu’on eût rien découvert fur ce phé- nomène des capacités , je l'avois annoncé comme probable dans mes Recher. fur la Modific. de l Atmofphére : aufi l'expliquai-je auf&tôe, par cette théorie, à divers de mes amis à Paris & à Londres, & en particulier au docteur CRAWFORD, comme je l'ai fait enfuite dans mes Îdées fur la Météorologie ; & l'on a pu voir combien il répand de lumière fur des phénomènes, dont l’obfcurité précédente avoit donné naïiffance à nombre d'hypothèfes fans fondentent. 12. La Zliquefu&ion eft üne feconde opération du feu , dont j'ai traité dans ce dernier ouvrage; montrant que c’éroit indubitablemert, une combinaifon du feu avec les molécules de certains folides , fans néanmoins déterminer fur la caufe immédiate de cette union ; quoique, s’opéranc toujours à une même température dans chaque liquide , il femblât que cette circonftance dur aider à la découvrir. M. SEcuiN admer cette combinaifon; & d’après les Auteurs’ qu'il fuit, il lus afligne une caufe, qui d'abord paroît vraifemblable , & à laquelle j'avois aufi penfé, c’eft que lorfque le feu a écarté jufqu'à un certain point les molécules d’un folide, celles-ci ont moins de tendance à refler unies entrelles, qu'à s'unir à lui. Cependant je doute de certe caufe, confidérée du moins fous ce point de vue indéterminé: d’abord parce qu'elle me paroît contrédite par la dimioution évidente de volume qu'éprouvent en fe fondant non-feulement la glace en général, mais fes premières lames très- minces, libres des bulles d’air auxquelles on a cru pouvoir attribuer fa moindre pefanteur fpécifique comparative 00 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, ment à l’eau; & vu fur-tout le phénomène inverfe , qui exclut tout doure fur le premier; favoir, l’augmentation de volume de l'eau, purgée d'air & encore liquide, quand elle approche de fa congéla- rion, Une conféquence encore , que M. SEGUIN tire de ce phénomène, ÿ eft entièrement oppofée.« Nous pouvons (dit-il) conclure que dans >» la fuñon de la glace, les molécules de l'eau ont entrelles, à linftant » de leur formation , la même atrraélion que les molécules de la glace » à l'inflanc de la liquéfaëtion ». J’avois cependant démontré le con- traire dans mes idées fur la Météorologie. La glace , Vinftant d’avant fa liquéfaétion , eft encore un folide, dont on ne peut féparer les molé- cules qu'avec effort : l’eau à l'inftant où elle elt formée, eft un Zçuide, dont l’un des caractères diflin@ifs , elt que fes molécules ont li peu d'adhérence entr'elles, qu’elles obéilent fans réfiftlance à la caufe de la gravité, &fe mettent ainfi de niveau. Quand les molécules de la glace ont été divifées, elles ne montrent aucune tendance à fe eur à la plus petite diffance fenfible: quand l'eau eft formée, fes molé- cules rendenc à fe réunir à une diflance fenfble; autre caraëtère dif- tinctif des liquides, d'où réfulte en particulier, la forme fphérique qu'affectenc leurs petites maffes libres. Ainfi M. SEGurN tire de l'hy- pothèfe qu'il a admife, une conféquence qui, fi elle eft immédiate (comme elle paroît l’êrre }, réfute cette hyporhèfe, par fa contradiétion avec les faits. Je croirois donc plutôt, que la circonftance du phé- nomène de la Zquéfaition, dont il s’agit ici, procède de ce que le feu & les molécules du folide doivent s'unir par certaines faces, & que la rempérature déterminée eft celle, où ces molécules font aflez écartées pour rendre pofüble l’union des deux fubftances. La plüpart des folides fuftbles & Veau en particulier , manifeftent dans leur texture, une forte de çriflallifation, & aïnfi une tendance de leurs molécules à s'unir par certaines faces : il faut donc probablement, que certe union foit relichée, pour que ces mêmes faces foienc accellibles aux particules du feu. 13: M. SEGUIN pafle enfuîte au changement des liquides en vapeurs ; &, d'eprès [a nouvelle théorie , n’aflignanr ce phénomène qu'à un certain degré de chaleur, il l'attribue à un nouvel écartement des molécules de la fubftance, produit par le feu , & auquel ces molécules ont moins de tendance à relter unies entrelles, qu’à contracter une nouvelle union avec lui. Maïs ici l'hypothèfe, confidérée {eulement en elle-même, n'a aucune vraifemblance. On pourroit bien concevoir une première union des particules da feu avec les molécules des corps, par cette caufe ; mais qu'une feconde combinaifon de même efpère, doive procéder d'un certain nouvel écartemenr des mêmes molécules, c'elt ce qui &eft appuyé, ni par analogie, ni par aucune raïfon à hriort. Il fe fair {ens doute une autre combinaifon du feu avec les mêmes molécules ; don. : SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 26v dont il a produit un liquide ; mais cette combinaifon , très-différente de la première, s'exécute dès que le liquide elt formé; & même, à l'égard de l’eau , elle a déjà lieu dans la GLACE: c’eft, en un mor, l'évaporaiion dans tous fes degrés. Tel eft l'objet dont je vais traiter maintenant, en commençant par lexpofition de quelques faits, dont le premier mon- trera en même-tems que la formation des vapeurs ne dépend pas de la caufe énoncée. 14 D'après les expériences de M. WATT, la vapeur de l'eau bouillante , quand le baromètre eft à 28 pouces , occupe environ 1800 fois plus d’efpace que l’eau dont elle procède, Cette vapeur elt pure ; & fon caractère diftinétif eft d’être aflez denfe, pour fupporter /éule la preffion aûtvelle de l'atmofphère. Si, en confervant la même rempéra- ture à une mafle de cette vapeur ,on aggrandit l'e/pace qu’elle occupe, elle fe dilate, fans autres bornes que celles de cet agorandifflemenc * d’efpace ; mais fi l'on tente de lui faire occuper un moindre efpace , on en détruit une partie, fans augmenter la dexfité du refte, Dans cette dernière opération, l'eau qui formoit la vapeur détruite, pafle à l’évae liquide , & le feu qui lui étoit uni, devient libre. Cette libération du feu retarde la deftruction du refte des vapeurs ; maïs s’il peut s'échapper au travers du vafe, tellement que la même rempérature fublfte, ce retardement n'eft que paflager. 15. On voit ici un effet particulier de la sendance à diflance des molécules de l’eau entr'elles ; sendance évidente dans le phénomène de l'arrondiflement des petites mafles libres de l'eau , & dont j'ai indiqué d’autres effers dans mes Îdées fur la Météorologie ; en expliquant par elle d’autres phénomènes importans de ce liquide. Quand les particules des vapeurs font contraintes de fe rapprocher au-delà d’un certain minimum de diftance , les molécules d'eau qu'elles contiennent fe réuniflent, & abandonnent le feu. Or, le cas dont je parle, fournit une idée diftinéte de la diffance où s'y trouvent les molécules de l’eau, Au minimum de diflance des particules de ces vapeurs , elles occupent un efpace 1890 fois aufli grand que l’eau , donc elles procèdent ; & les diflances des molécules, en même mafle , étant comme les racines subiques des efpaces qu'elles occupent , la diffance des molécules d'eau dans ces vapeurs , elt à leur diffance dans l’eau, environ comme 12,5 à x: cependant, à une diflance un peu moindre, elles fe réuniflent entrelles, & abandonnent le fez : elles ne lui ont donc pas été unies dans l’eau par l'effer d’une fupériorité de serdunce vers lui. Telle eft la première conféquence que je voudrois tirer de ce phéromène , & l'on verra bientôt qu'il en a de plus importantes. 16. Toute évaporation s'opère à quelque /ur/ace libre des liquides. Cela eft évident dans lévaporation ordinaire ; & il en eft de même au fein de Peau bouillante, où, comme je vaïs le montrer, les vapeurs ne Tome XXXV1, Par. 1, 1790. MARS, Cc 202 OBSÉRVATIONS SUR LA PHYSIQUE, le forment que dans des bulles d'air. Tout liquide aufi qui s’évapore, devient moins chaud que les fubftances qui l’environnent. C’eft un des faits que j'ai employés , dans mes Recherches fur les Modifications de l'Atmofphère, non-feulement pour appuyer l'idée , que toute évapo- ration procède de l’union du feu aux molécules des liquides, mais pour ea conclure la manière dont cette union s'opère, Ce refroidif/ement a lieu dans l’eau bouillante , & il eft la caufe de la fixité de fa température. Je reviendrai à ce point, & au mécanifme par lequel l'évaporarion s'opère, après avoir prouvé, par une expérience déjà rapportée en détail dans l'Ouvrage cité, que les vapeurs ne fe forment dans le fein de l’eax bouillante , que parce qu'il s’en dégage des bulles d'air, & que cette formation la refroidir. Ayant réuffi , en chaflant l'air de l’efprit-de-vin, d'en faire des thermomètres qui fupportoient la chaleur de l'eau bouillante, j'en conclus , qu’en traitant l'ear: de la même manière, elle fercit capable de fupporter une plus grande chaleur. Je l'éprouvai d’abord dans des thermomètres d'eau ; & enfuire je répétai la même expérience dans un petit matras, qui contenoit un thermomètre, & dans le col duquel l’eau s’élevoit aflez , pour que prefque route fa mafle plongeât dans de l’huile , que j’échauffai par degrés. Je ne décrirai pas les divers procédés que j’employai pour purger d’air l'eau de ce matras; & je dirai feulement, que dès le commencement de l'expérience, la chaleur ne forma des vapeurs dans cette eau , qu'après y avoir dégagé des Bulles d'air ; que par decrés , ces bulles & les vapeurs ne parurent qu'à des degrés de chaleur fupérieurs de plus en plus à celui de l’eau bouillante en plein air; & qu'enfin cette eau du matras, éprouvant tou- jours la même preffion que l’eau extérieure, fupporta une chaleur de 22° de Fahr. plus grande que la fienne, fans qu'il sy formât aucune vapeur intérieure , parce qu'il ne s’en dégagea point d'air. Telle eft la preuve de ma première propolition, que les vapeurs ne peuvent fe former qu’à des furfaces libres des liquides ; voici celle du refroidiffemene qu’elles y produifent quand elles fe forment. Dans le cours de ces expé- riences, j'avois obfervé plufieurs fois , que lorfque par de premières expulfions de l'air, mon eau acquéroit une plus grande chaleur que l'eau bouillante , elle revenoit au degré de chaleur de celle-ci, dès qu'elle commençoit à bouillir, Or, le même phénomène eut lieu au point élévé de rempérature dont je viens de parler. Une petite bulle d'air s'étant enfin dégagée dans l'eau , il en réfulta une explofon de vapeurs , qui chafla une partie de l’eau hors du matras : le refte alors entra en ébullition à Vordinaire ; parce que les premières vapeurs ayant pénétré l'eau & s’y étant divifées, y avoient formé de nouvelles /o/urzons de continuité ; Ce qui arrive dans tout liquide qui hour : & en ce moment, le thermomètre redefcendit au point de l’eau bouillante. 17. Voici maintenant, d'après ces faits, la théorie du phénomène, I SUR) L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS, 203 faut de premières /olurions de continuité au {ein de l'eau, pour qu'il s’y forme des vapeurs. Dès qu'il y a quelqu’efpace libre dans l'eau , tel que des bulles d'air, il s'y fait quelqu'évaporation ; mais les vapeurs qui en réfultent, érant d'autant plus rares que la chaleur eft moins grande, n’ajoutent que peu à l’effort que fait l’air pour écarter l'eau, & elles s’échappent avec lui. A mefure que la chaleur augmente, les vapeurs deviennent plus denfes dans les bulles d'air, & celles-ci en font de plus en plus groffies, Si la chaleur va toujours en augmentant, il arrive enfinun point, où les vapeurs produites dans ces petits efpaces, fort aflez denfes pour furmonter /eules la preffion qui s'exerce fur l’eau : elles aggrandiflent alors lefpace, & elles le feroient indéfiniment , fans le “voifinage de la furface de l’eau , où elles viennent s’échapper. Dans des matras à long col, où j’avois aflez purgé l’eau de fon air, pour qu'il ne s’en dégageat point avant la chaleur de l'eau bouillante, & que je tenois aflez inclinés, pour que les vapeurs ne puflent pas s'échapper par le col, j'ai vu le dégagement d’une {eule bulle d'u, donner näiflance à des vapeurs , qui, en une feule mafle , chafloient du matras près de Ja moitié de fon eau. C'eft donc un certain degré de chaleur, qui détermine la formation de vapeurs aflez denfes pour furmonter /eules la preffion qui s'exerce fur l'eau : dès que ce degré a lieu, ces vapeurs fe forment & s’échappent; & il en réfulre un refrozdifJemenr fuccefif de l’eau , répiré par le nouveau feu qui s'y introduir. De-là procède un certain degré déterminé de rempérature , qui pourtant n'eft vraiment f£xe que dans les vapeurs qui s’échappent, comme l’a prouvé M. CAVENDISH. Quant à la rempérature de l'eau elle-même, elle eft ofcillante ; fouvent elle s'élève au-deflus du point le plus conftant : mais bientôt des bouffées de vapeurs S'échappent , & elle revient à ce point. Plus la chaleur appliquée à l’ezs eft grande, plus ces ofcillations font rapides; cependant Îa zempérature moyenne ne change pas : & tout l’effer de certe plus grande chaleur , eft de faire produire plus rapidement à l’eau des vapeurs d'une même température. 18. C'eft de ces phénomènes, & de la théorie générale des fluides expanfibles, que je vais pafler à la caufe du refroidiffement des liquides qui s'évaporent , & à celle de toute évaporation. Les particules du feu “érant très. fubriles, pénètrent & traverfent fans ceflé en tout fens tous les corps, en y éprouvant les modifcations que j’ai décrites ; de forre que la conftance d’une mêine température, dans un corps & dans l’air ambianr, procède de l’équilibre des paflages fimultanés des particules de feu du corps dans Pair & de l'air dans le corps. Cet équilibre a lieu , quard le corps éft un folide impénétrable aux liquides, ou un liquide entièrement enfermé dans un folide de certe efpèce ; parce que le feu y trouve une égale réfiflance en éntrant & en fortant: mais fi ’eft un Hquide qui aît une furfate bre ; les lentrées du feu n'y compeñferont pas fes forries ; Tome XXXVI, Pare, I, 1790. MARS. Cc2 204 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, parce que les particules qui viennent du dehors, trouvant les molécules de la furface appuyces les unes contre les autres, ne peuvent s’y intro- duire qu'en fe gliffant entr'elles : au lieu que les particules qui viennent du dedans rencontrant les molécules de la furface qui font libres du côté du d:hors, les entraînent par leur mouvement Les forties du feu font donc ainfi plus rapides que les enrrées ; par où le liquide fe refroidir , comparativement à l'air ambiant; & cer effer eft d’autant plus grand , que les molécules du liquide cèdent plus aifément à cette impullion des particules du feu, 19. Les molécules des liquides qui s'évaporent , font donc détachées d'abord de la mafle, par l’’mpulfion des particules du feu ; mais fi celles-ci les entraînent au-delà du minimum de diflance déterminé par la tempé- rature, elles reftent unies , & il en réfulte des particules de vapeur , foit un fluide expanfible, qui tire du feu cette faculté, dont les propriétés mécaniques font femblables à celles de tous les fluides de fa clafle, & qui, comme tous les mixtes, a des facultés diftinctes, dont ne jouiffent pas £es ingrédiens. Telle eft donc la caufe générale de l'évaporation , que je vais fuivre maintenant dans fes modifications principales , en me bornant à ce qui regarde l'eau. 20. Par la nature des fluides expanfibles, dont les particules tra- verfent fans cefle en tout fens les efpaces qu’elles occupent, les particules des vapeurs ne peuvent que pafler très-fréquemment à des diflances entrelles, où les molécules de l’eau fe réuniflent & abandonnent le feu 5 mais bientôt les particules du feu libre heurtent ces petites mafles d’eau , les divifent & en forment de nouvelles particules de vapeurs. Or, plus il y a de feu libre dans l'efpace, moins il s'écoule de tems avant que les particules des vapeurs détruites foient remplacées. C’eft ainf que les yapeurs peuvent devenir plus denfes , à mefure que leur zempérature eft plus élevée ; & il réfulte en même-tems de cette caufe , que la diffance de leurs particules , conclues du rapport de leur maffe à leur vo/ume eft, comme dans tous les fluides expanfibles, une diflance moyenne. J'ai déterminé ci-devant , que dans les vapeurs de l’eau bouillante, le baromètre étant à 28 pouces, la diftance des particules eft à celle des molécules dans l’eau , comme 12,$ à 1: je vais montrer maintenant la différence qu’éprouve cette diffance , quand la température eft moins élevée. 21. Par des expériences de MM. LAvoisrer & DE LA PLACE; #ombinées avec des expériences de même nature faites par M. WATT, l’évaporation d'une goutte d’eau , élevée au fommet d’un baromètre , fait defcendre fa colonne de demi-pouce, quand la empérature eft à environ $7° de Fahr. La vapeur , feule encore dans ce cas, foutient donc la preffion d’une celonne de mercure de demi-pouce ; & c’eft-là auffi Son maximum : cax fi on foulève la colonne en ajoutant du mercure en SUR L’HIST. NATURELLE ET LES ARTS, of dans le bas, la dépreflion barométrique refte la même, & l’on ne faic que détruire une partie de la vapeur , qui conferve le même devré de denfiré , jufqu'à fon entière deftruction. Dans une expérience de M. NatRNE, faite fous un récipient dont il avoit pompé l’aÿr, l'évapo- ration de l'eau, à 54° de Fur. ft monter de demi-pouce la colonne d’un manomètre ordinaire : ce qui indique à-peu-près le même maximum de denfité de la vapeur. M. NAtRNE avoit placé fous ce même récipienc un manomètre à poire de M. SMFATON , qui, vuide alors de mercure, s’étoit rempli des fluides qui prefloient fur l’autre manomérre. Lorfque l'air fut admis dans le récipient , la vapeur contenue dans le manomètre à poire , y fut auffi détruite par la rentrée du mercure, & il ne refta à fon fommet qu'une petite bulle d'air, d'après laquelle M. NairNe jugea que ce fluide particulier avoit été réduit à -—= de fa denfté primitive, 22. La vapeur de l’eau boutllante, dans l’expétience cirée ci-defus , avoit 1800 fois autant de volume que l’eau dont elle procédoit ; & alors elle foutenoit une preffion égale à celle d’une colonne de 28 pouces de mercure, Je fuppofe que la denfité d'une vapeur de même efpèce, eft proportionnelle à la preffion qu'elle fupporte : & alors, comme le volurre d’une même mafle de vapeur et en raifon inverfe de {a denfité, nous aurons, pour le volume , en même mafle , de la vapeur qui ne foutienc que demi-pouce de mercure, 1800 x $6 — 100860, dont la racine eubique étant 46,5, nous aurons finalement le rapport de 46,5 à 1, pour celui du minimum de diflance moyenne des molécules d'eau dans ces vapeurs , comparativement à leur di/fance dans l’eau. Quelque grand que foit cet éearcement des molécules de l’eau , dans la vapeur, dont la tem pérature n’eft que d'environ $7° de Fhar. elles fe réuniflent encore & fe Précipitent , quand on tente de les rapprocher davantage, par une plus grande preffion fur la vapeur ; & cet effet s’érend à une plus grande di/fance encore, à melure que La chaleur devient moindre. 23. Jufqu’ici l’aër n’a eu aucune part , ni à la formation des vapeurs ; ni à leur expanfion ; car il étoir exclu , foit par les vapeurs elles-mêmes, dans le cas de l’eau bouillante, foit par les opérations par lefquelles on avoit fait le vuzde, dans les autres cas. Je vais montrer maintenant, que tous les phénomènes font les mêmes, quand l'air eft préfenr. M. pe SAUSSURE, ayant placé un baromètre daus un vafe rempli d'air, & fait abforber, par des fels très-fecs, la vapeur contenue dans ce vale, y renferma un linge mouillé, & le fcella : en ce moment le baromètre ren- fermé étoit à.27 pouces , & la rempérature environ 64° de Fahr. L'éva- poration de l'eau dans ce vafe, à fon maximum , fit monter le baro- mètre à 27 pouces & demi. Ce produit de l’évaporation eft fenfiblement le même, qu’avoit obtenu M. NatRNE dans fon récipient vuide d’air : car fi, dans l'expérience de M, DE SAUSSURE , la sempérature étoit d'en 217 205 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, viron 10° de Fahr. plus élèvée que dans certe dernière, l’efferdes vapeurs fut d'abord d’£ plus grand ; ce qui eft la différence du pied angjlois au pied françois. De plus, par la méthode qu'employa M. DE SAUSSURE pour deilécher Pincérieur de fon vafe, il ne peut y détruire aufli com- plettement les vapeurs , que M. NaïRne expulfa l'air de fon récipient. D'ailleurs, il y a tant d'autres caufes d’inexaftitude dans les réfultars de ces expériences, qu'on ne fauroit en atrendre des réfultats plus rapprochés. 24. Cette expérience complettéra maintenance les bafes de ma théorie, lorfque j'aurai montré, pourquoi les phénomènes des vapeurs font les mêmes dans le vuide & dans l’air. La denfiré des vapeurs , dans tout efpace & à toute température , elt déterminée par un m2rimum de diflance moyenre entre leurs particules ; & certe condition fufhir feule pour leur confervation. Il eft donc indifférent à leur exiftence, ainfi qu'à toutes leurs modifications , qu’elles fe répandent dans le vuide, ou entre les particules de Pair ; pourvu qu'elles-ne foient pas contraintes à pañler ce minimum de diflance par une preffion trop grande. Or, les parois des efpaces où l'on fait le vuide, ne garantiflent pas mieux les vapeurs de la preffion de l'atmofphère, qu'elles n’en font garanties par l'air auquel elles viennent fe mêler; puifqu'il réfiftoit déjà feul à cette preffion. Si l'on condenfe l'air mêlé de vapeurs à leur maximum de quantité, ce qui revient à diminuer l'efpace qu'elles occupent, on en détruit une partie, comme il arriveroit dans levaide: où fon dilate l'air, ce qui agprandit l’efpace où la vapeur fe trouve , elle s'éloigne au contraire de fon raximunt : en voici la preuve. ; 25. Tous les phyficiens qui ont faie des expériences fur les changemens produits dans l'Aumidiré d'une mafle d'air, par des changemens de prefflior (en prénant la précaution indifpenfable de ne laifler dans lefpace aucune fource de nouvelle vapeur ) onttrouvé, que l’Aumidiré augmente dans l'air que l'on condenfe, & qu’elle diminue dans celui qu'on dilate. Or, dans l’air comme dans le vuide, & à toute sempeé- rature , l'humidité augmente, quand les vapeurs fe rapprochent de leur maximum , & elle diminue, quand elles s’en éloignent. En écartant donc ici les circonflances étrangères aux vapeurs, nous y voyons toujours la même loi , favoir, que lorfqu’on diminue l’efpace occupé par une mafle de vapeur , dont la température refte la même , elle S’approche ‘de fon maximum ; & que fi Pon aggrandit cet e/pace , elle s'en éloigne’, quel ue foit d’ailleurs fon niêlange avec d’autres fluides expanfibles., pourvu qu'elle n'ait aucune affinité avec eux : & comme la vapeur agreufe eft auffi sranfparente que l'air lui-même, elle :ne trouble pas plus fa tranfparence , que deux airs , qui n’ont aucune affénité l'un avec l’autre, ne troublent la sran/fparence l'un de l’autre. ŸS Je’crois avoir prouvé mainrenant/cerre partie de ma propofition , relative à la prétendue diffolution de leau- par Pair, que c'elt une { SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 207 hypothèfe vague, fans fondement folide, 6 inutile à l'explication des pénomenes qu'elle à fers en vue ; mais il me refle à montrer, qu'elle répand La plus grande objeurité fur prefque routes les branches de la Phyfique. C'ett, Monfieur , ce que j'entreprendrai dans mes Lettres fuivantes, en commençant par l'examen de quelques propolitions, relatives à notre atmo/phére , contenues dans les prerniers chapitres du Traité élémentaire de Chimie de M. Lavoisier. Je fuis, &c. à mm EE LT ARE D'E M HE CHT , A M DE LA MÉTHERIE; SUR LE£E, BASAILTE, Movsisur , =7.:..Ce n’eft qu'au bafalte & à une pierre que M. Werner en a détachée en lui donnant le nom de walhe ,que cet Auteur difpute l'origine volcanique. Cette walhe qui fe trouve toujours fous le bafalte, ne paroi différer du bafalte que par une moindre dureté, par du mica & du fpath calcaire qui s’y trouve, .par labfence de la criftallifation ou plutôt la forme prifmarique. Je ne_faurois vous bien exprimer le nom de cette Walhe en françois, fi ce n'eft par le nom de pouzolane ou de tuf; mais comme ces deux mots doivent défigner de vraies pro- duétions volcaniques, ils ne doivent pas être applicables à un corps ue l'or prouve être de nature alluvieufe, Je conferverai donc le nom allemand walhe. Or les principes fur lefquels M. Werner fonde fon opinion , font la conféquence de plufieurs obfervarions que lui-même & d’autres ont faites en! Saxe , en Bohème & en Ecoffe, que le bafalre & la walhe repofent fur des couches de différentes matières fans que Fon y remarque des féparations diftinétes, mais qu'au contraire elles paffent infenfiblement une à l’autre avec tout le caraétère des couches alluvieufes , qu’il exifte même beaucoup de bafalte fur des bancs de, charbon de terre, & qu'enfin on trouve en Saxe plufeurs flons con- fidérables de 20 à 30 toifes d'épaifleur, dans la roche primitive, qui font entièrement compofés de walhe, dans lefquels on a trouvé à 150 - 208 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, toifes de profondeur, des arbres entiers avec leurs racines, branches & même les feuilles. J'allois omettre un des principaux moyens de M. Werner ; c’eft le grain du bafalte qui diffère ab{olument de celui d’un corps fondu & porte toutes les marques d'un dépôt. Si les volcaniftes lui eb- jeent la forme prifmatique, il leur oppofe l'obfervation que l'on a découvert des montagnes de porphire, où ce minéral a pris la forme prifmatique comme le bafalte; j'y ajouterai la ftéatite criftallifée du pays de Bareuth, la pierre à corne criftallifée de J. Georgenftadt , car Les criftallifations de fpath calcaire, de fluor & de quartz, que M. Werner allèoue également, font trop homogènes dans leur compolition & s’approchent trop de l’état falin , pour qu’elles puiffent former une preuve dans une queftion qui regarde une pierre auffi compofée que le bafalte ; d’ailleurs M. Werner cite des paflages de fon adverfaire, même pour prouver qu'il fe trouve beaucoup de bafalte en forme fphé- rique & bien plus encore en tables qui fe féparent par les coups du marteau, comme les ardoifes naturelles crès-unies à leurs furfaces donc la couleur eft différente de celle de l'interieur. Il fe trouve dans le quatrième tome du Magafin pour l’Hiftoire Naturelle Helvérique, un Mémoire de M. Werner, ou fon élève M. Karften , dans lequel il expofe fon opinion fur la formation du bafalte dans l'eau , dans un ordre fyftématique ; dans‘le même tome il s'en trouve un autre qui foutient l'origine volcanique de ce miréral. Cet à Scheibenberg en Saxe que M. Werner a fait fa dernière obfervation; il y a vu'fous le bafalte une couche de walhe, à laquelle il pale fans que l’on puïffe définir les bornes de l’un ou de l'autre, fous la walhe paroît une couche d'argile qui à fa partie fupérieuré affe à lérar de walhe, pendant qu'inférieurement elle eft mêlée de fable , lequel plus bas, devient rout-à-fait quartzeux & finit par devenir gravier, qui repaile fur le gnéis. { ” La publication de certe obfervation, dans la gazette générale de littérature de Jena, a donné fieu À une conteftation de la part de M. Voiot fameux géognofe à Weimar, que le premier a combattu dans ja même gazette; celui-ci a depuis raffemblé fes mémoires & ceux de fon antayonifte dans le Journal du Mineur, en y ajoutant les éclairciflemens de différentes obfervations d’autres favans faites en Bohème & en Ecoffe. Ces derniers prouvent qu’en Ecofle le bafalre repole immédiatement fur des couches de charbon de rerre, dans Jefquelles on ne remarque pas les moindres velliges de Pefft d’une maile fondue par le feu, M, Werner conclut que rour bafalte a été formé dans l’éau par dépôt, que fa formation a été très-nouvelle, que tout bafalte a formé autrefois une couche immenfe trés-étendue fur SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 209 fur plufieurs montagnes primitives & alluvieufes, qui depuis a été détruite & donr ces monragnes bafalriques font les reftes, Voilà ce que je connois des obfervations,& de l'opinion de M. Werner. Vous opinerez peut-être comme moi, qu’elles ne portent pas à la conviction, mais en excitant l'attention des autres favans, elles pour- ront avec le remps fournir plus de cerrirude. Les Lertres inftruétives de M. William Hamilton fur La côte feprentrionale d’Antrim, & PHifloire Naturelle de fes bafaices, écrites en anglois, & le petir traité de M. de Velheim capitaine ( où inten- dant ) des mines du Hartz, fur la formation du bafalte, prouvenc prefqu'a l'évidence que le bafalre eft le réfulrat d'une criflallifation lente & tranquilie de la lave dans des fouterrains voifins du crater, mais lorfqne Pexpérience parle, les plus beaux raïfonnemens doivent difparoître. . | J'ai oublié dans ma, dernière, Lertre , de vous faire remarquer une faure de traduétion qui s'eft oliffée dans a Lettre de M. /Crell, au fujet de luranite {nom pris de la planète uranus) ,- où il _eft parlé de la couleur de ce nouveau demi-métal auf dem flreicn, ce terme veut djre: fur la trace que laifle un métal fur la pierre d’eflai contre laquelle on la frorté, & non dans fon intérieur, comme on Pa rendu, Je fuis, &c ; + : PARPÉ ECTS Sur la Canne & fur les moyens d'en extraire Le Sel effentiel , Juivi de plufieurs Mémoires fur, le Sucre , fur Le Vin de Canne, fur l'Indigo, fer les Habitations & fur. l’état aëluel de Saint-Domingue : Ouvrage dédié a cette Coloute,. & imprimé à fes frais ; par M. DUuTRÔNE LA COUTURE, Doteur en Medecine, Affocié de la Societé Royale des Sciences & Arts du Cap-François. À Paris , chez Duplain, rue &, cour du Commerce, chez Debure , rue Ser- -pente, &c. 1790, vol. in-8°. de 374 pages, avec figures. ne PREMIER, E X TRALTF,. ON doit être étonné que la canne à fucre, dont la culture fait la richefle & la profpérité de nos coloniea, & dont les produits feront toujours la bafe du commerce Le plus étendu entre l’ancien & le nouveau monde, ait été encore auf peu étudiée’ dans les phénomènes finguliers Tome XXXVI, Part, 1,1790, MARS. D d us ve 2 . # e sy 4 e 10 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, de fa végétation | & qu’on ait à peine chérché jufqu'à ce’ jour à faire un examen approfondi de l'art (1) très-important de la cultiver &: d'en extraire le fel effentiel. On devoit bién imaginer que la plupart des procédés füivis dans les colonies ne pouvoïent guère être que les fruits du bafard & de la routine, & que des vues faines d'hiffoire-narurelle & de chimie n’y avcient aucune ‘part. M. Durtrône paroît s’êrre pénétré de ces grandes vérités avant de partir pour nos colonies, & tandis que fa pluparc dés Européens né sy cranfportent que par des motifs de trafic où d’intérée , il a éré détermitié 4 ce voyage par la noble ambition d’obferver fous tous les rapports poñlibles la ‘végétation de là canne à fucre , la nature particulière de fon fuc, les’ divers principes quil contient, & l'ordre des procédés qu'on fuit pour en extraire le fucre & pour le faire criftallifer. Il a été encore plus loin durant {on féjour dans nos îles, puifqu'il y a établi une mérhode nouvelle dont les avanrages font atteflés par les expériences les plus décilives & le fuccès le plus marqué. Cet dans les Indes oriéntalés que J’hiftoire nous fair d'abord con- noître la canne. Les chinois dès la plus haute antiquité , ont fu l’art de la cultiver, &ils favoient en extraire lé fucre près de deux mille ans avant que cette produétion für connue en Europe. M. Dutrône jette un coup-d'œil rapide fur lés anciens peuples qui s'approprièrent rour à tour le com- merce de l'Inde; mais il remarque que l'hiftoire des anciens égyptiens, des phéniciens.&. des juifs ne fait aucune mention du fucre, Les médecins grecs font les premiers qui en aient parlé fous le nom de fel indien. C’étoit de l'Inde & de l'Arabie que le fucre venoit aux grecs & aux latins; mais la canne ne croifloit alors qu’aux îles de Archipel indien, dans les royaumes de Bengale, de Siam , &c. Le fucre qu’on en retiroit pañloic avec les épiceries & les marchandifes des contrées qui fe trouvent au-delà du Gange, défignées fous fe nom de Grandes-[ndes. La canne n’a pañlé en Arabie que dans le treizième fiècle, & il n’y a point de preuves qu’elle ait exiflé dans cette patrie de l'Afeiqui eft en decà du Gange jufqiw’à la Médirerranée. L’aureur rapproche le rémoignage de divers voyageurs pour faire connoître de quelle manière cet intéreflant végétal fut fucceilive- ment naturalifé en Arabie , en Egypte , au royaume de Maroc , en Syrie, eh Sicile, à l'île de Madère & à celle de Saint- Thomas, & enfin en 1506 à Hifpaniola aujourd'hui Saint-Domingue. Sloane rapporte que la eanne à fucre venoit très-bien dans cette île, & qu’on y avoir déjà érabli vingc- huit fucreries en 1518. Sa-culture-s’érendit bientôt après, dans certe ile, avec une rapidité prodigieufe. M. Dutrône remarque avec raifon que les caraëtères botaniques qu'on affigne à la canne à fucre ne fufffent poine pour la faire bien connoître ; _ (x) IL a paru feulement il y a quelques 4nnces un Effai fur l’art de cultiver la canne 2 fucre* cet Ouvrage contient des vues judicieufes fur la gulture de certe plante. SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. o11 qu'il convient de confidérer l’enfemble de routes fes parties, l'état & le rapport de chicune d'elles ; leur ftruéture intime , la marche des diverfes ériodes de leur développement faccelif ; qu'il faut en outre faifir routes lès modifications qu'elle éprouve en tant que plante, & fuivre celles que reçoit le corps muqueux, produit de fes fonétions , pour arriver au plus haut degré d'élaboration qu'il puiffe atteindre. La canne fleurit dans le nouveau monde, mais fes femences {ont ftériles, & elle fe reproduit de bouture. Elle aime la température de la zone torride, & fa conftiturion ni eft plus ou moins robufte fuivant la fituation & l’expofition du fol où elle croîr. Sa végétation eft plus ou moins rapide fuivant la faifon & la rem- pétature de chaque faifon ; elle met cinq à fix mois à parvenir à fon entier accroiflement, L'époque de fa floraïfon eften novembre & décembre, & elle Azurit quand la culture ne l'éloigne pas trop de l’état naturel. Le terme de fa Aorailon elt celui de fa vie; mais fa durée’ eft plus où moins longue fuivanc les circonftances, lorfqu'elle ne fleurir pas, & cette durée peut s'étendre jufqu'à douze & même vingt mois. Elle dépérit d’autanc plus pmomprement que fa conftitution eft plus foible , & c’elt à l'époque de fon dépériflement qu'il convient de la récolter. La tige de la canne à fucre comme celle de tous les rofeaux & des graminées , Et divifée à certaines diflances par des étranglemens qu'on nommenæzds , & qui forment à l'intérieur autant de cloifons. Les parties cylindriques intermédiaires ont reçu le nom d’entre-nœud; M. Dutrône nomme le nœud & l’entre-nœud pris enfemble du nom de rœud-canne ; c’eft dans le riffu médullaire de l’entre-nœud que fe forme & s’élabore le fucre ; mais l'enfémble de Ja plante préfente au premier afpeét une fouche avec des racines & une tige avec des’ feuilles'(f9 7). La fouthe (A) doic être diftinguée en deux parties. La première (a) eft formée de plufieurs nœuds particuliers dont le nombre eft conftamment de cinq, quelquefois de fix, & jamais plus de fepr. Leur étendue porte une ou deux lignes: leur furface prélente un rang de petits points, élémens des racinés. Où nomme ces nœuds radicaux | parce qu'ils femblept uniquement deftinés à donner des racinés!'Ils font divifés entreux par uñe feuille nommée feuille radicale, C'eft l’enfemble de ces nœuds qui forme la première partie de la fouche, que Faureur nomme fouche primitive , parce qu’elle paroîr fervir feulement: au preiiier déve- loppement dés nœ:1ds-cannes qui la fuivent ; mais comme elle ne pourroit futire à une nombreufe filiation de nœuds, la nature a doué le yœud proprement dit de plüfieurs rangs de poñnts, élémens des ragines qui fe développent an beloïn pour foimer avec les nœuds d'où.elles “partent, üñéfouche fecondaire (b). I arrive aïnfi que les! points dés nœuds qui fnivenr fa fouche primitive fe développent & formene des “racines jufqu’au monienr où les nœuds-cannes fonc affez nonibreux pour élever hors de rerre ceux qui les fuivenr & quivont former la rizeus Tome XXXV I, Part 1,1790. MARS, Dd 2 212 OBSERVATIONS SUR &A PHYSIQUE, Si lon examine la ftru@ture intime des diverfes parties de la canne,on voit qu’elles (1) font formées de vaifleaux féveux & de vaiffeaux propres. Les vaifleaux féveux font aflez gros (fig. 2) ; leur nombre s'élève à quinze cens & plus. Si on les coupe tranfverfalement, ils n’offrenc qu'une ouver= ture s'ils fonc fimples; s'ils font compofés, ils en offient deux ou trois, & même quatre aflez grandes pour être vues & .eftimées à la loupe. Les vailleaux propres dont la fonction eft de féparer dans les feuilles, dans l'écorce & dans l'intérieur de la canne, les fucs particuliers & propres à cette plante, ont une difpoftion fymmétrique, telle qu'ils préfentent fur-tout dans l’intérieur de l'entre-nœud des cavités hexagones (#2. 3) qui font rangées fur le même plan & ifolées comme celles des abeilles, de manière à former à diftances égales des rayons horifonralement placés les uns fur les aurres, I1 faut ainfi remarquer relativement à la ftructure intime de la canne, que l'écorce arrivée à l'extrémité fupérieure de l’entre- nœud fe divife en deux plans; l’un interne va former l'écorce du nœud fuivant ; l'autre externe recoit plufieurs vaifleaux féveux qui viennent de l'intérieur fe réunir à ceux de ce plan avec lefquels ils s'élèvent paralièle- ment foutenus par un tiflu réticulaire pour former la feuille, fur laquelle fe continue la peau & l’épiderme de l'écorce. M. Dutrône expofe avec fagacité le développement progrefif des diverfes parties de la canne & l’ordre des révolutions que fubit chaque nœud-canre depuis l’inftant de fa génération jufqu'à l'époque de {a maturité; on ne peut méconnoître l’analogie de chacun des nœuds-canries avec les différens fruits muqueux fucrés que nous poflédons, lorfqu'on examine combien ils ont befoin de l’action de l’air & de la lumière du {oleil, pour que le cotps muqueux qu'ils contiennent foit élaboré conve- nablement & amené à l’état de fucre. N’en eft-il pas de même de la vigne, & le fuc du raifin n’eft-il pas infiniment plus riche en matière ucrée en Efpagne & dans les provinces méridionales, où le ciel eft prefque roujours beau & l’action de la lumière forre & conftante, qu'aux environs de Paris où les pluies font fréquentes, & où le foleil fouvenr pendant plufieurs jours de fuite ne paroîc pas fur l’horifon? C’eit fans doute aux foins variés de la culture & aux influences du {ol & du climat que fonc dues ies variétés de la canne, que M. Dutrône a obfervées dans les diverfes parties de Saint-Domingue qu'il a parcourues, & même dans les divers quartiers de chaque partie. C’eft ce qui lui fait diftinguer la canne d’une conftitution forte, de celle qui eft d’une conftitution foible, & il fou- divife encore la première en trois autres variétés fecondaires. Les expériences de Boyle & de Duhamel paroiflent démontrer que la terre dans laquelle les principes des végétaux fe développent &s'accroiffenc (1) Sans doute elles ontaufli des trachées & des utricules, mais ces organes échappent à la loupe & au microfcope. SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 213 rentre nullement au nombredeleurs principes cotficurits, & que l'unique fondtion de leurs racines eft d'enlever de la verre jqu’elles pénètrent l'eau donvelle eft imprégnée (1), Or, en appliquant ces principes à la canne ; on ne peut nier que par fon organifation elle ne foit propre à confommer beaucoup d’eau dass fa végération, Sa-foucheeft pourvue d'une tès-grande quantité de racines ; le nombre de vaiffeaux féveux dont la tige eft formée sélève à plus de quinze cens, & ces vaifleaux fout d'un grand calibre. Auili cette plante préfère-t-elle les terres humides comme tous les rofeaux , & l'expérience de tous les jours apprend qu’elle végète avec d'autant plus de force & d'activité , qu'elle reçoit une plus grande abor- dance d’eau, foit de pluie, foit d’arrofage ; mais un des grands agens de la végétation de la canne font fes feuilles qui préfencent dans leur ftrudure des vaifleaux féveux dont les divifions & les ramifications ie mulriplienc à l'infini, & qui par leur étendue font très-propres à recevoir lation de l'air , de la lumière, du foleil , & les influences électriques de l'atmofphère. La sève que la feuille recoit de la tige, l'eau qu’elle ahforbe par fa furface inférieure , combinées aux principes que l'air & Ja lurrière tourniflent , forment pendant le développement du nœud-canne un fuc muqueux qui après avoir pris le caractère herbacé, defcend dans la partie inférieure de la feuille, pafle dans l'écorce & dans le {yflème médullaire de lentre-nœud où ce caractère fe fortifie encore. C'eft par des élabo- rations fucceflives que ce fuc muqueux devient muqueux doux ,muqueux fucré , & enfin fel eflentiel propre à être criftailifé. M. Dutrône fait dans fon cinquième chapitre une digrefMion fur le corps muqueux & fur les tranfmutations qu’il fubit par la force de la végétation ; les vues qu'il donne fur cer objet mériterotent finguiièrement d’être fuivies, & ne pourroient que répandre de nouvelles lumières fur l'analyfe végétale qui reftera toujours imparfaite lorfqu’on ne fera point marcher de front des confidérations fur les différentes périodes de la végétation & de Ja maturation des fruits. Le même auteur expofe auffi {on opinion fur la formation du fuc favonneux extredif. « La sève, dit-il, = portée dans les vaiileaux propres des feuilles & de l'écorce, préfente > dars la matière olutineufe une bafe aux principes que ces organes » tirent de l'air, de la lumière & de l'eau, principes auxquels cette » matière doit la couleur, l'odeur, la faveur & la diffolubilité, qualités » qui jufqu’à ce jour lui ont mérité le nom de fuc favonneux extractif, » parce qu'étant également foluble dans l'eau & dans l'efprit-de-vin , on (x) Duhamel ft germer dans des éponges imbibées d'eau des marrons , des amandes , des glands, & éleva dans l’eau pure les petits arbres provenus de ces femences: ces arbres dans les premières années firent d’auffi grands progrès que s’ils avoient été élevés en pleine terre, m4 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, » a cru que ce fuc étoit le produit de la combinaifon d’un fel & d’urre: 5 huile. Plufieurs faits démontrent que la bafe du fuc favonneux extraétif » elt une matière glutineufe. . . . La couleur de l'écorce de la canne » tient en partie au fuc favonneux exrractif qu'on enlève aifément par » l'action de l’eau ; elle tient encore dans une plus grande propertion à 5 ane matière rélineufe qui n’eft foluble que dans l'eforit de-vin. . . . La » diflolution du fuc favonneux par les alkalis , la couleur réfineufe que » porte la fubftance médullaire qui.a fubi leur action, méritent l’'atren- » tion la plus particulière par rapport à l'ufage des leflives dans l'art du 5» fucrier & du raflineur ». Après avoir confidéré les fucs de la canne en tant qu’ils font encore dans leurs vaiffeaux & que la canne eft dans fon état d'intégriré, il s’agit de les confidérer rels qu'ils exiftent lorfque leurs vaifleaux font rompus. Or, il faut obferver que le fuc féveux & le fuc muqueux devenu fel effentiel font abfolument privés de couleur; la partie du fuc favonneux extra@tif qui ett renfermé dans les vaifleaux propres de la fubftance médullaire du nœud-canne en paroît aufli privée, mais devenu libre il orte une couleur citrine. Lors donc de lexprelfion de la canne fucrée, c'elt-à-dire, de la canne dont le corps muqueux a obtenu fon dernier degré d'élaborasion , fes fucs chaflés par la preflion du moulin rompent #5 vaiffeaux qui les renferment & en emportent des débris auxquels ils font plus où moins intimément anis & confondus, Ces débris nommés fécules font de deux fortes ; l’une grofière provient de l'écorce & porte avec une portion de fuc favonneux une matière verte réfineule crès- abondante; l'autre eft d’une finefle extrême : elle vient de la fubftance médullaire, & {a proportion eft d'autanr plus confidérable que les vaiffeaux de cerce fubltance étoienr foibles ; elle porte auffi une portion de fuc favonseux qui quelquefois y eft intimement unie. Lorfque le fuc exprimé de la canne eft expofé à l'air en très-grande furface , les fécules fe féparent & fe précipitent au fond du vafe ; la partie fluide qui les furnage , porte une couleur cicrine très-foible due au fuc favonneux extractif qui a paflé dans l'expreflion. Cette partie fluide décanté: prend le nom de /üuc dépuré ou véfou. Mais ce moyen de difféquer le fuc exprimé, quoique le plus naturel;, eft impraticable dans es opérations en grand, & on eft obligé de reçourir à lation de Ia chaleur & des alkalis. Les alkalis furstout décompofent à l'inftant le fuc de la canne en féparanc les deux fortes de fécules fous la forme de rrès+ gros flocons qui le précipirenr. La féparation des fécules par la chaleur & les alkalis s'opère d'autant mieux que la partie colorante réfineufe qu'elles portenc eft plas-abondante ; 8, lorfque: la fécule de la feconde forte en eft privée ou qu’elle n'en porte qu'une rrès-petire portion ; alors elle pet être tenue plus divifée (r) par la chaleur &e même diffoute par (x: el aifé de voir que les alkalis en dépouillant les fécules de tout le luc favonneux :108 SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 215 DT n . = » les alkalis: Auf l'obfervarion apprend que les fucs exprimés apportent d'autant plus de difficulrés dans le travail ,que l'écume formée par la feconde . forte de fécule eft moins colorée , & qu'ils ont à un moirdie deuré l'odeur balfamique de la canne. . Les fucs muqueux & favonneux extra@ifs peuvent ne contenir que la quantité d'eau .qui eft précifément néceffaire pour les tenir dans un état de diflolurion , & alors elle prend le nom de véfou-firop ; l'eau peur être auffi furabondante er plus ou moins grande proportion | & former ce qu’on appelle proprement le véfou ou le fuc exprimé de la canne, qui peut offrir des variétés fuivant l’état particulier de cette plante, C'eft aff que l'eau varie dans le rapport de foixante à quatre-vingt-cinq livres par quintal de véfou. Afin de pouvoir mieux déterminer la proportion ref- pective d'eau, & de matière foluble dans les divers cas particuliers, M. Durrône a conftruit deux Fables qui expriment les mefures de différentes diflolutions de fucre bien pur dans de l’eau ordinaire, mefures dérerminées par tous les degrés de l'aréomètre , de forte que ces Tabies offrenc un moyen aufli sûr que facile de s'aflurer à l’inftant de la quantité de fucre que porte un fuc exprimé de bonne ou de mauvaife qualité, & de dér-rminer la fomme d'eau qu'il faut lui enlever pour l'amerer à l'état de firop. La différence que préfente la proportion d’eau furabondante eft quelquefcis fi confidérable , que dans la même habitation à trois mois d'intervalle, M. Dutrône a trouvé du véfou à quatorze & à cinq degrés de l’aréomètre : le premier contenoit fuivant fa Table vingt-cinq livres onze onces de fucre par quintal ; le fecond neuf livres trois onces. Le fuc muqueux dont la proportion varie en raifon inverfe de l’eau , offre aufli des variétés fuivanc qu'il eft plus ou moins élaboré & qu'il fe rapproche plus ou moins des conditions qui le conftiruent fel effentiel & criftallifable. Auf l’auteur diflinoue-t-il trois fortes de véfou, celui de bonne qualité, celui de qualité médiocre & celui de mauvaife qualité. Si tous les nœuds cannes de la canne fucrée foumife à l'expreffion éroient dans un état de parfaire maturité, c'eft-à-dire, que le corps muqueux qu'ils contiennent fût parvenu à fon deruier état de fel eflentiel , les cravaux de l’art du fucrier feroient bien plus fimples ; mais dans plufieurs nœuds-cannes le fuc muqueux peut être plus ou moins éloigné du dernier état d'élaboration & n'être parvenu de celui de corps muqueux doux ou de corps muqueux fucré; or, fi après avoir Ga “qu'elles portent , en les diffelvant même dans quelques circonftances , doivent être fous ce rapport, nuifibles par la prélence du fuc favonneux auquel ils font combinés à la criftallifation du fei eflentiel. Au refte , les diverfes proportions des fucs féveux , muqueux &.favonneux extractifs dans les cannes de diverfes conflitutions forment la difüçulié de proportionner la quantité d’alkali qui doit étre employée, L 216 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, déféqué par la chaleur & les alkalis le fuc exprimé des nœuds-cannes parvenus à leur accroiffement, on évapore ce fuc qui contient le corps muqueux dans l’état doux, il prend une couleur brune très-foncée & une confiflance de {yrop poifleux ; fion lui applique un devré de chaleur au-deflus de celui de quatre-vingt-quatre du thsrmomètre de Réaumur, le corps muqueux fe décompolfe, Le füc exprimé des nœuds-cannes pris durant le travail de la maturation, c’eft à dire , lorfque le corps muqueux eft dans l’érat fucré, fi on vient à le déféquer & à l'évaporer, il prend également une couleur très-foncée &'une confiflance de fyrop plus poiffeufe ; à peine peut-il fupporter quatre-vinot-fix degrés de chaleur fans fe décompofer, tandis que le corps muqueux parvenu à l’étar de fel: effentiel peut fupporter dans le fuc de canne de bonne qualité une chaleur de plus de cent degrés, [l eft donc aifé de concevoir combien la préfence du corps muqueux doux & fucré peur nuire à l'extraction du fucre en s'oppofant tant à la cuite qu'à la crittallifation. Le fuc favonneux extractif eft auf plus ou moins abondance füivant la conftitution de la canne & füivant l’expolition où elle fe trouve; & c'eft à lui que le véfou doit fe couleur qui varie depuis le citrin jufqu'au brun foncé luivanc l'a@ion qu'il éprouve de la chaleur & des alkalis durant Ja défécari :1. On doit concevoir fans peine , die M. Ducrône , que le füc fayonneux extradtif ayant pour bafe une matière folide, favoir la matière olutineufe tenue en diffolution par un principe colorant (1), fera d'autant plus nuifble à l'extraction du fel eflentiel, que ce fuc fe rrouvera en plus grande p'oportion dans le véfou. La feconde partie de l'Ouvrage de M. Dutrône commence par l'expoñition du travail deftiné à lexploitation de la canne fucrée dans nos colonies, c'efl-à dire, de la coupe & du tranfport des cannes dans les fucreries , de la forme des moulins deflinés à lexprefion de leur fuc, des divers agens mécaniques qui fervent à les mouvoir, de la forme & de {a difpolision des fourneaux qui fervent à la défécarion du vélou, des combultibles qu’on emploie, de la forme des chaudières qui font de fer fondu & difpoiées fur un foyer commun, &c. Mais comme tous ces objets font rendus fenfbles par des figures, & qu’ils ne font guère fufcepribles d'extrait, nous nous bornons à les indiquer. Il faut cependant remarquer que dans les premiers tems qu'on travailla chez les françois en Amérique le fuc exprimé de la canne fucrée pour en extraire le fel effentiel , on employa le plus communément quatre chaudières de cuivre & même plus, routes de grandears différentes & relatives, montées les unes auprès (1) On en doit conclure que les alkalis ont d'autant plus nuifibles que leur a&tion fur le (üc favonneux qu'ils féparent des fécules ef plus forte, & que dans la nécefité de Les employer pour opérer la défécation du fuc exprimé, on doit rechercher avec foin tous les moyens d'en ménager Paction, 1 dec SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 17 des autres dans La même direction, chacune fur un foyer particulier. La première de ces chaudières éroit la plus grande ; elle fervoic à appliquer au fuc exprimé le degré de chaleur néceflaire pour féparer les matières féculentes de la première forte nommées écume, C’éroic dans la feconda qu'on féparoir à la faveur des alkalis es matières féculentes de la feconde forte, nommées matière grafle, parce qu’elles ont quelquefois. une apparence grafle. La troifième fervoir à évaporer le véfou jufqu’à confiftance de fyrop. L'action des alkalis éroic encore appliquée au vélou dans cette chaudière (1) lorfqu'on la croyoit néceflaire. La quatrième fervoir à cuire le véfou amené à l'érar de fyrop. La marche qu'on avoit fuivie jufqu'alors étoir fimple ; mais en 172$ on établir à l'exemple des arglois routes les chaudières fur un feul foyer, & d’ailleurs parce que cette difpofition préfentoir une grande économie fur le chauffage qui eft un object important. On faifoit ufage du bois alors , & ce combuitible devenoit rare de plus en plus, au lieu que da: s la nouvelle difpofition on n'a befoi: d'employer que les débris des cannes exprimées qu'on appelle bagaffes ; ainfi en faveur de cet avantage on pafla fur les difficultés & les inconvéniens de la marche nouvelle. Cette confidération jointe à l'opinion qui s’eft établie fur l'ufage des alkalis , a porté, dit M. Duatrône, les plus grands obftacles à la connoiflance cu fuc exprimé & à la perfection des moyens d'en extraire le fel efentiel, On attribua la néceffité de l'emploi des alkalis à l’exiftence d’un acide à neutralifer dans le fuc exprimé de la canne. Cette idée même a pris tellemenc faveur, que le célèbre Bergman l’a adoptée, & quoique fuivanc des expériences très-mulripliées faices par M, Dutrône fur le fuc exprimé de la canne, cet auteur n'ait jamais vu aucun indice de cet acide, les rafineurs ne font pas moins regarder comme la plus grande difficulté de leur art de fixer la quantité précife d’alkali qu'il fauc employer pour la faturation de cet acide chimérique. Si Bergman eût eu des cannes à fucre , ajoute l’auteur, qu'il eût pu traiter chimiquement leur fuc exprimé, il eût bientôt reconnu que la chaux & les alkalis portoient leur action fur les fécules de ce fuc, qu'en le: féparant de la partie fluide fous la forme de flocons, ils les dépouilloient du fuc favonneux extra@if qu'elles portent ; d’où il eût conclu que le feul but qu’on doir fe propofer dans lufage de Ja chaux & des alkalis étoit d'opérer l'entière féparation des fécules. Les obfervations critiques que fait M. Dutrôse fur le travail de la défécation du fucre en ulage en Amérique, font conformes à la plus (1) Le produit de chaque chaudière dont la contenance alloit en diminuant pafloit en entier de la première dans la feconde, de Ja feconde dans la troifième , &c. Comme chaque chaudière avoit un foyer particulier , on pouvoit au befoin fufpendre Je feu fous chacune d’elles fans arrêter ni rallentir le travail dans aucune des autres. Tome XXXVI, Part. I, 1790. MARS, Ee 218 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, faine Chimie. Les chaudières de fer fondu qu’on emploie font d'abord très-fragiles , & leur frature caufe une perte de tems & de matériaux, puifqu'il faut démolir en partie le fournéau pour en enlever la chaudière caflée, La forme conique qu'on leur donne & la nature même du métal qui eft fufceptible de recevoir un très-grand degré de chaleur, fonc propres à altérer & à décompofer le fucre. Cette décompofition eft quelquefois fi confidérable qu'il fe forme dans la dernière chaudière qu’on nomme batterie , des croûtes charbonneufes qui en recouvrent tout Pintérieur & qu’on eft obligé de brüler plufeurs fois par jour en arrêtanc le travail ; la forme des glacis & la fituation des fourneaux contre les murs ont äufli des inconvéniens marqués relativement à La propreté & au fervice des nègres. Il eft impoflible d'ailleurs d'établir dans les chaudières de fer toutes établies fur un même fourneau une marche conftante, puifque la richefle cu la qualité du fuc exprimé la font varier à chaque inftant, & que l’activité du feu plus ou moins forte fur chaque chaudière, foic par rapport au fourneau, foit par rapport au chauffage , la dérange fans cefle. Mais pour mieux entendre les vices de ce travail, il faut fe rappeler que chacune des chaudières qui forment les équipages à fuc exprimé a reçu un nom propre. La première eft nommée la grande, parce qu'elle eft d'une plus grande capacité que les autres. La feconde eft nommée la propre, parce que dans cette chaudière le fuc doit être dépuré & amené au plus haut degré de propreté. La troifième eft nommée le flambeau , parce que dans celle-ci le rafñineur attend que le véfou préfente les fignes qui peuvent l’éclairer fur le degré & la proportion de leffive qu'il doit employer. La quatrième eft nommée /yrop , parce que le véfou doit y être amené à l'état de fyrop , ce qui n'arrive jamais, La cinquième & dernière chaudière eft nommée barrerie, parce que la dernière action du feu nommée cuite que recoit le véfou fyrop dans cette chau- dière , occafonne quelquefois un bourfouflement confidérable qu’on arrèæ en battant fortement la matière avec une écumoire. Cette dénomination bien entendue, il faut remarquer que la grande eft ordinairement chargée de quinze cens à deux mille livres de fuc exprimé ; comme elle eft très-éloignée du foyer proprement dit ou du lieu où la matière combuftible eft mife dans le fourneau , il arrive fouvent que le fuc qu’elle porte n'entre point en ébullition : alors c’eft inutilement qu'il reçoit l'aétion de la chaleur pendant une heure, & quelquefois plus. Le trouble qu'apporte l’eétion de le traverfer dans la propre redivife les fécules qui s'éroienr féparées & réunies en flocons, & rend Ja défécation plus difficile (1). À reine le véfou de ia propre eft-il (1) On ne met jamais dans le fuc exprimé qui fait la charge de la grande qu'une partie de la leflive qu’on croit néceflaire ; lerfqu'elle efl tranfvafée däns la propre ÿ . SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 219 dépouillé d'une partie de fes fécules , qu'il faut en pafler une portion dans le flambeau qui n'ayant pas été vuidé en entier reçoit avec Le véfou qu'il contient un véfou beaucoup moins leflivé & moins écumé ; mais quelques minutes après il faut paffer le véfou du flambeau dans le /yrop où il fe mêle à un véfou beaucoup plus écumé & plus évaporé ; enfin, lorfqu'il faut charger la batterie on y pafle une partie du véfou du /yrop qui n’eft jamais entièrement écimé, & dont le rapprochement ne porte pas au-delà de vingt degrés de l’aréomètre ; quelquefois il ne porte que douze degrés. Ce véfou fe mèle à celui de la barterie qui eft beaucoup plus rapproché ; alors la portion des fécules qu’il porte, fe trouve empêtrée & ne peut fe débarrafier. On laifle la batterie fe rapprocher jufqu'à confiftance de fyrop, puis on la charge de nouveau : de {orte que le véfou d’une batterie arrive vingt fois à l'état de fyrop qu'il dépafle fouvent ; vingt fois il en eft éloigné par l’accès de nouveau véfou. Celui du fyrop fubir cette alternative prefqu'aufli fouvent que celui de la batterie ; celui du flambeau prefqu'aufi fouvent que celui du /yrop ; la propre reçoit feule fa charge d’une feule fois. Mais en fuppofant la marche du travail bien établie, la lefive bien fixée , on feroit encore très-éloigné du but qu’on doit fe propofer ; car a leflive ne pouvant que féparer les fécules du fuc exprimé, il faut de plus les enlever , & l’écumoire feule ne fufñit pas, quelque foin qu'on apporte à faire écumer. D'ailleurs il refte encore dans le véfou fles matières terreufes qui s’y trouvent par accident. Cette marche eft d'autant plus vicieufe ,que l’action du feu fur la batterie eft plus forte , & que le véfou eft plus riche & de meilleure qualité, parce qu’alors fon rapprochement dans la batterie étant plus rapide, on a moins de tems dans les autres chaudières pour juger le point de leffive & enlever les fécules, car quel que foir l'état du véfou par rapport à la leflive & aux fécules, on ne peut différer de charger la batterie. La nécelité de veiller continuellement à l'emploi de la leffive, d'écumer fans cefle, de charger la batrerie & les autres chaudières fucceflivement , demande de la part du raffneur une attention conftante pendant tout le tems de la roulaifon (1) qui peut durer quinze jours & même plus ; elle exige de la part du nègre, un travail qu'il doir foutenir pendant vingt- quatre heures fans une minute de relâche. Or il eft impoñible d'exiger d'un rafineur une pareille tâche d’autant plus qu’il eft obligé de fur- on en ajoute une petite portion ; arrivé dans le flambeau , le véfou recoit encore une portion de lefive & etre portion devroit fufre ; mais les fignes qu’on attend des écumes & de la couleur du véfou forcent encore d’y recourir. (x) On donne le nom de rozlaifon à l’enfemble de tous les travaux qu'erigent tant {a récolte & l’expreffion de la canne (ucrée, que le travail de fon fuc exprimé, éravaux qui fe font tous en même tes. Tome XXXVI, Far. 1, 1790. MARS, Eee 250 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, veiller d’autres objets, Aufli arrive-t-il tous les jours quelques fautes de la part du raffineur & des nègres, indépendantes de celles qui font attachées à la marche du travail, & c’eft pendant la nuit que ces fautes font plus fréquentes. Il faut joindre encore à toutes les caufes d’inéxactitude des procédés celles qui proviennent d'un fuc de mauvaife qualité. Le fuc exprimé de Ja canne, ainf déféqué % évaporé par l’aétion des alkalis & de la chaleur , eft amené à un degré de rapprochement plus confidérable encore dans la batterie, qu'on nomme cuite. On diftinoue deux fortes de cuite, une pour le fel effentiel à terrer qui doit être mis à criftalliær en formes; l'autre pour Le fucrè brut qui doit être mis à criltalliler en bac ; la première eft nommée cuite en blanc, la feconde cuite en brut. On juge de la cuite par la confiftance folide plus ou moins ferrée que préfente l’aggrégation du fel eflentiel après le refroidiflemenr. Mais comme dans le fuc de mauvaife qualité, il fe trouve encorg du fuc muqueux dans l’état doux & fucré, qui ne peut point être amené à l’état de fel eflentiel, on applique aux véfou- lirops, un degré de chaleur d'autant plus fort qu’ils font plus mauvais, & ce degré s'élève quelquefois à 97” du thermomètre de Réaumur & même plus; il arrive fouvent de là que ces fucs muqueux doux & fucrés font décompofés, & que cette décompofition eft quelquefois pouflée fi loin que la matière s’enflamme. La matière cuite eft deftinée à former le fucre brut, fe prend très-promptement en une mafle folide qui renferme toutes les matières fales étrangères au fel eïlentiel, Cette mafle eft caflée avec des inftrumens de fer & portée encore chaude dans les barriques. La mélafle (c'eft-à-dire les aivers fucs de la canne qui ont fubi la cuite & qui ne font pas propres à criftallifer ) refte fluide & s'échappe par toutes les ouvertures que laiffent entr'elles les pieces peu ferrées des barriques. On convient généralement que pendant la traverfée des côlonies en France, la quantité de mélafle qui s’écoule des barriques remplies de fucre brut fait dix à trente pour cent de perte qui retombe entièrement fur le propriétaire, car le marchand n'achete jamais des fucres bruts dans les colonies qu'en raifon du déchet que ces fucres doivent éprouver & qu'il évalue toujours au plus haut. Ce déchet continue dans les magalins des ports de France & ne cefle que dans les raffineries où on vuide les barriques (1). {1) Saint-Domingue met annuellement cent vingt millions de fucre brut dans le commerce. Soit vingt pour cent de perte , ce qui eft un terme moyen, il n’en arrive en France que quatre-vingt-feize millions. La colonie & la métropole perdent donc annuellement vingt: quatre millions de fyrop , qui, fi le véfou étoit travaillé fuivant la nouvelle méthode de M. Dutrône, dont nous allons parler , donneroit à-peu-près douze ou quze millions de fucre marchand & plufieurs millions de rum ou dg taffa. = Pc LÉ kgs SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS, 9221 Quant au produit de la cuite en blanc, c'eft-à-dire quant au fucre qu'on veur faire criftallifer régulièrement & qu'on mec dans des formis, après que le fyrop eft écoulé, on recouvre Ja bafe de ces formes dure couche d'argile crempée dans de l’eau pour que *ite eau entraîrée lentement dans le pain du fucre en fafle couler la méiafle par Yautre bout; c'eft ce qu’on appelle le serrage. Mais les matières folides, féculentes & terreufes qui fe trouvent dans cette malle défendent le fyrop de Paction de l’eau; il refle avec elles & fatic le fel effenciel qui après le rerrage eft d'autant moins pur & moins blanc que la proportion de ces matières étoit plus abondante. On conçoit aifé- ment quen privant par ün travail bien entendu & bien oidonné, le fuc exprimé, de toute autre matière folide & étrangère à la criftal- lifation , le fel eflentiel qu'on en retireroit ne prélenteroir dans le terrage aucun obflacle à l’action de l’eau , qui après l'avoir dépouillé de tout fyrop le rendroit parfairement pur. C’eft donc à la plus grande pureté poflible que doivent rendre toutes les opérations qui conflituent l'arc du fucrier & du rafineur. Lés moyens que nous venons de rapporter font généralement en ufage dans nos colonies, & ce n'eft qu'après les avoit examinés fous tous les rapports poflibles, après avoir fait une étude approfondie de la canne & analyfé tout ce que renferme fon fuc exprimé, que M. Dutrône a vu quelles étoient les opérations qu'exigeoit le travail éclairé de ce fuc, & dans les choix de la méthode qu'il a établie, il a non- feulement confulté les principes de la Chimie la plus faine, mais encore l'expérience elle-même, pour fixer l'ordre & la marche des divers procédés. Il nomme défécation du fic exprimé l'enfemble des opérations, qui tendent à le dépouiller de routes les matières folides féculentes & rerreufes; ces matières étant enlevées, il refle le fuc muqueux fouvent dans différens degrés d'élaboration , le fuc favoneux extractif, & l’eau furabondante qui forment enfemble Le véfou ; il faut donc enlever encore cette eau furabondante par l'évaporation & faire fubir au véfou-fyrop l’action de la chaleur que l’on nomme cuite. FI y a donc trois opérations principales, fucceflives mais bien diftinétes , qui font la défécation du fuc exprimé, l'évaporation du véfou & la cuite du véfou-[{yrop ; mais comme l'extrait le plus abrégé qu'on puifle faire de ces objets demande pour étre entendu des détails fuivis, & comme la nouvelle méthode que M. Dutrône a introduire dans quelque habitation a des grands avantages, & peut influer d’une manière parti- culière fur la profpérité de nos colonies, nous croyons devoir la faire bien connoître & en faire la matière d’un fecond extrait , pour le cahier prochain de notre Journal, 222 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, eee een ne conne ne een. OBSERVATIONS Sur le nouveau [yfléme qui admet la matière électrique pour caufe de la congélation de l'Eau ; Par M.T AbbéE, G. ROBERT", de Licpe. S: Popinion des favans touchant la formation de la glace paroït encore laifler au phyfcien un plus vafte champ au ratfonnemenc qu’à l'expé- rience, il doic plutôt foufcrire à cette opinion reçue, que de s’expofer à devenir le partifan d’une doctrine abfolument hypothétique, dont la nouveauté furprend bien plus qu’elle r’infruic, L'école reçoit depuis lons-tems les opinions de Boerhaave & de Mufchenbrock, comme les plus plaufibles touchant la congélation : le premier admet pour caufe de la condenfation de Peau Pabfence de la matière ignée; le fecond regardant cette abfence comme infuff- fante, y a joint le concours de certaines particules qu’il défigne fous le nom de parties frigorifiques, Quoique l'opinion de ce dernier foit appuyée du raifonnement & de l'expérience, pour faire admettre cette matière frigorifique il eft cependant phyfiquement reconnu que la privation du fluide Igné et la première & principale caufe de la congélation & condenfation de la matière, & c'eft l'opinion qu'a fuivie l'abbé Noller & quantité d’habiles phyficiens. Mais la folurion d'un fyflême peu érabli laiflant encore au phylcien la liberté d'expliquer ce phénomène felon qu'il croit l’obferver , il a paru à différentes époques des opinions plus ou moins faines, plus ou moins ridicules fur cet objet. Entre les fyftêmes fur la formation de la glace, on a publié au commencement de 1789, un Mémoire admettant pour caufe principale la matière éleétrique : & malgré que ce fyflème ne foit propre qu'à propager le doute & la perplexité, cependant on a dû être furpris de le voir s’ac- créditer aujourd'hui, par des perfonnes fans doute, qui trouvent plus commode d'en pafler par le raifonnement, que par l’expérience, qui en phylfique eft la mère des norions juftes & la feule fource de la vérité. Selon ce nouveau fyflème la congélation dépend du fluide électrique qui fe combine à l’eau pour la durcir & Ja criftallifer; mais commence certe matière fubtile, que Îes pyhficiens s'accordent à défigner fous le nom de fluide igné, de feu élémentaire, &c. parce qu’ils lui recon- SUR L'HIST. NATURELIE ET LES ARTS. 322 noiffent toutes les propriérés d’un véritable feu; comment certe matière même qui accumulée en grande quantité fur les métaux les plus durs, eft capable de les rougir & de les mettre en füfion , peut-elle être le principe d’un paénomène où nous favons que le feu ne peut y féjourner , ne peut même y atteindre fans détruire la dureté donc on voudroir qu'il fût un des principes ? Pour motiver cetre opinion on expofe la quantité d'électricité qui règne dans l’armofphère au tems des grands froids : je l'avoue, dans les gelées féches l'expérience le démontre, mais s’enfuit-il de-là qu'elle foit partie intégrante de la gelée? tandis que l'expérience prouve de Ja manière la plus palpable que ce fluide igné eft incoercible, eft inal- liable & ne fouffre point d'aggrégation ( 1) même avec l’air, & que dans l’abfence de ce dernier fluide, il exifle avec plus d’aétion & de puiflance. Si Pélectricité manifefte plus fa préfence dans les fortes gelées, c’eft qu'alors l'air étant plus pur, plus rare, & moins furchar- gé de corps hétérogènes qui font autant d'obitacles pour ce fluide, agic conféquemment avec plus d’eflor , il parcourt l'atmofphère avec plus de liberté , il s’accumule alors auffi plus facilement , fa diflipation ayant moins lieu parce que l'air eft moins chargé de l'humidité qui eft un des plus grands conducteurs de ce fluide; c’eft cette humidité que Ja gelée fair ordinairement defcendre fur la terre fous la figure de petites étoiles ou falactires réunies & formant des Aocons de neige, qui font d’autant plus larges dans un tems calme qu’ils ont rencontré plus de matière congelée dans leur chuie; c'eft cette humidité auf qui dépofée dans les nuits d’été, s’appelle ro/ëe & dans l'hiver gelée blanche , parce que ces petits globules d'eau affectent une multitude innombrable de criftallifations qui réfléchiflenc autant de rayons à notre œil. Pour juger de toute la pureté de la théorie de Boerhaave, il feroic à fouhaiter que la Phyfique qui poffède la pompe pneumatique, pour Ôter à la matière une partie de l’air qui la pénètre, poflédâc auifi un appareil propre à deffaifir les corps des molécules de feu donc ils font empreints : alors quantité de phénomènes ne feroient plus un problème pour le phyficien ; alors avec cet appareil il ôteroit à Peau les particules de feu , qui feules peuvent la rendre liquide, & auffitôe fans le fecours de léleétricité, il obtiendroit une matière dure & (1) On reconnoït que l’éleAricité fuyart toute combinaion , cherche dans tous les cas pufibles à fe mettre en équilibre avec elle-même: car fi ayant fait le vuide avec la machine pneumatique fous un récipient au haut duquel éff a:raich£e une tige de métal, vous éle@rifez cette tige par communication, on apperçoit l'éle@ricité qui s’en échappe fous la forme d'une gerbe d’un feu brillant ; phéromène qui n’auroit pas lieu fi cette tige étoit éle&rifce dans le conta&@’un air plus denf. Nose de Auteurs 224 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, compacte, il en formeroit même des habitations bien plus folides qu'avec des pierres: nous difons plus folides, parce que ces monceaux de glace fe réuniroient dans leur contaét pour ne faire qu'un corps, & pour que cer édifice fût durable , il éloioneroit fur-rour de ce li- quide durci, tout phlogiftique, tour principe de chaleur, conféquem- ment toute électricité qui ne doit fon exiftence qu'au feu élémen- taire. Comme il eit-conftant que l'électricité ne parcourt & ne pénètre pas les corps vitrifiés, on peut démontrer par l'expérience que la con- gélation s'effectue indépendamment de l'électricité. Or, fi vous rempliflez d'eau un ballon de criftal fort épais, & bouché hermétiquement de ia même matière , & fi vous l’expofez , en le fecouant de tems-en-tems, à la température du deuxième & troifième degré du terme de la congélation au thermomètre de Réaumur , vous verrez certe eau fe geler quoiqu'elle foir ifolée & entourée d'une paroi peu propre à tranfmétire l'électricité à l'eau, Selon Mufchenbroek la feule privation de la matière ignée ne peur fufire pour faire pafler Peau de fon état de fluidité à celui de folidité, & felon fon principe qu'il a fa appuyer de l’expérience, il faut admettre une fubflance qui venant à fe combiner avec l’eau, la durcit & la fait criftallifer. Il donne à cetre fubftance le notre de frigorifique : dans la fuppoïtion qu'il fase admettre une fubitance quelconque pour caufe de la congélation , le fyftéme de Mufchenbroesk induie bien moins à recevoir la matière éle&rique, comme principe congélant , qu’une fubftance volatile & nitreufe qui felon beaucoup de phyficiens règne dans l’atmofphère en plus grande quantité dans les rems froids, que dans les rems chauds. Une preuve qu'une matière nitreufe & faline réfide dans l'atmof- phère à l'inffanc de Ja formation de la gelée , c'eft que les globules d'eau gelée affe@tenr des formes qui paroïffent conftantes & fimilaires , ui les font reflembler à des criftallifations, phénomène attribué aux fels criftallifans. Le fait fuivant qui fe renouvelle annuellement, paroît encore prouver en faveur de ce fyflème bien plus qu’en faveur de la mratière électrique, En 1788 , la terre ayant été couverte de neige dans lès environs de gette ville, il furvint un vent nord -ef qui balaÿya une partie de ces neiges dans les vallons & les lieux qui par leur local étoient à l'abri de ce vent; au retour du printems l'agriculteur vit avec furprife & fatisfction , ces vallons & plus fertiles & plus rians que le refle de fes campagnes qui avoient été moins furchargées, Curre vertu bienfaifante que l'on reconnoît depuis long-rems dans la neive, pe peut être attribuée qu'à des fels nitreux qu'elle recèle & que l'eau infnue avec elle dans le fein de la cerre au retour de la chaleur. LETTRE SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS, 225 pm men! BE TTRE DE M D'H***, Officier d'Alface, SUR UN PHÉNOMÈNE PHOSPHORIQUE : Lue à la Sociéré Royale d'Agriculture, par M. VALMONT DE BOMARE, le 28 Janvier 1790. NE nreu, Le mercredi 7 janvier, rentrant à onze heures du foir aux cazernes du régiment dans lequel je fers, je fus fort éconné en paffant devant les chambres occupées par les foldats de ma compagnie, d’appercevoir une très-grande clarté dans l’une d'elles. Cette clarté à une heure aufli prohibée par le réglement de police, me détermina à y entrer pour en connoître la caufe. Mais quelle fut ma furprife, d'apperceveir à la lueur de fepc ou huit points lumineux, tous les foldats dans leur lic, mais fur leur féant, occupés à jouer avec le motif de ma curiofité, & à diflerter fur la fingularité de l’événement. Voici le récit que j'obtins du plus intelligent d’entr'eux. [ls s’étoient occupés le foir à préparer des pommes de terre , pour leur foupe du lendemain. Ec dans le nombre de celles qu’ils avoient pelées, il s’en étoit trouvé une gârée & qui avoit déja fubi la première fermentation néceflaire à la germination , qu'ils avoient rejettée aprés l'avoir incifée , dans un panier d’ofier deitiné à recevoir les épluchures de leurs légumes. A neuf heures s'érañc tous couchés , la lumière avoit été éteinte. Mais à peine leurs yeux étoient-ils accoutumés à l’obfcurité, que l’un d’eux avoit apperçu quelque chofe de fi brillant dans le panier dont j'ai fai mention ci-deflus, que craignant que ce ne füt un charbon , il s’étoic relevé pour prévenir tout accidenr, Son illufion fut telle, même en en approchant, qu'il »”y porta d’abord qu’une main craintive ; mais enhardi par l'abfence de la douleur, il faifit Fobjet lumineux qu'il reconnut à la lueur qu'il répandoit, être la pomme de terre gâtée & rejettée. Quelques momens après, cette lumière étoit fi forte qu'il eflaya avec fuccès de chercher un livre & en diftingua parfaitement les caraétères. Bientôt chacun de fes camarades ayant convoité fon tréfor , il imaoina de le leur partager, & multiplia le phénomène en coupant la pomme de terre par tranches, car chacune d’elles devint très -lumineufe au Tome XXXVT, Pare I, 1790, MARS, FF 226 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE; bout de quelques fecondes, & ce fut quelque tems après cette diftribu= tion, que le hafard me fit pafler devant la chambre de mes foldats phyfciens. Le lendemain matin je me fuis fait apporter chez mot deux tranches de cette pomme de terre, pour les examiner avec atten- tion, & voici ce que j'ai obfervé. L'intérieur en étoit peu farineux, de couleur jaunâtre , & veiné de filets blancs affez larges, à peu-près comme dans certains marbres. La furface de chaque tranche étoit femée d'une multitude de petits points brillans comme des parcelles métalliques , mais prefque imper- cepribles à la fimple vue. Cette pomme de terre avoit une forte odeur d’éponge. Comme je n'avois point de loupe, je n'ai pas pu poufler mes obfervations plus loin. Mais jai confervé ces deux tranches pour les montrer aux curieux. Le lendemain 8, elles ont encore donné dans l’obfcurité, de la clarté à leurs furfaces, mais elle étoit moins vive que la veille, & elles n'avoient d'ailleurs éprouvé d'autre altération par la deffication & l'impreflion continue de Pair, que d'acquérir une couleur plus foncée d'un jaune brun & une moindre épaifleur. Le lendemain 9 , même phénomène, mais la clarté a été beaucoup moins vive ; le 10, la lumière étoit anéantie, la deflication prefque parfaite, mais l'odeur ni la couleur n’avoient changé. Si je ne m’abufe pas, ce fait eft très- fingulier, & mérite quelque attention de la part des phyficiens. J'ai l'honneur d'être, &c. A Strafbourg, ce 11 Janvier 1790. SUITE DES OBSERVATIONS Faites à Laon fur la Bouffole de Variations de M, CouLoms 4 année 1789 ; Par le P. COTTE, Prétre de l'Oratoire, Chanoine de l'Eglife de Laon, Correfpondant de P Académie Royale des Sciences de Paris & de Montpellier, Membre de la Société Royale de Médecine, de l’Académie de Bordeaux, de la Société Metéorologique de Manheim , Secrétaire perpétuel de la Société Royale d'Agriculture de Laon. Jar publié l’année dernière dans ce Journal ( vol. XXXV , page 35), les réfulrats des obfervarions faites en 1788, j'ai indiqué les volumes qui contiennent celles des années précédentes. Je m’applique chaque année à completer ce travail pénible & aflujettiffanc, & je fuis bien dédom- SUR L'HIST, NATURELLE ET LES ARTS. 227 magé de mes peines par les réfultats intéreffans qu'il préfente. Le Leéteur en jugera, s'il veut comparer ceux de la Table, avec les rélultats que j'ai publiés en 1784, 1785, 1786, 1787 & 1788. Je fais coujours ufage de la même bouflole décrite & gravée dans Je fecond volume de mes Mémoires fur la Météorologie , page 9S , planche 3. Je l'obferve prefque d'heure en heure depuis fix ixures du matin jufqu'à neuf heures du foir, TABLE des Vuriations moyennes diurnes de l'aiguille aimantée, obfervée à Laon, pendant l'année 1789. Heures. Variation moyenne. VI. |7.:46..39 VII, |7..40 .14 VIIT |7..29..27 IX. |7..39..30 RCA NE. .28 XI. |8..10.,.3 XII |8:,33..10 Soir, I. [8.441,18 II. |8..41..50 Nombre | Norrbre des des obfervat. |agitations.| 280 II 289 17 264 AI 260 29 225 29 244 26 255 29 23$ 8 225 7 Variation Heures. moyenne. —_—————— Soir. lt ITE, IV: PV o es 2 Diet eL 8..22..46 8,.:8..49 VINS ss VII |7,.59...3 VIIL |74,44..45 1x 8 50 PARAZ a as Réfult. de l’année. Nombre | Nombre des des obfervat. |agitations. 205$ 6 211 1F 191 20 188 20 211 19 274 39 272 28 3829 331 Bee 0627) Nm 4160 Plusgrande variation de l’année 11° 24/ le 27 mars avec aurore boréale, Moindre.. ss. ++... 4° 20 le 16 juillec. Il réfulte de cette Table, 1°. que l’aiguille aimantée a une tendance continuelle à s'éloigner du nord depuis huit heures du matin jufqu'à deux heures du foir, & à s'en rapprocher depuis cette dernière époque jufqu’au lendemain à huic heures du matin. 2°. Que la plus grande apitation de l'aiguille a lieu à huit heures du Tome XX XV1, Pare. I, 1790, MARS. FE 228 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE; matin. Ces réfultats font exactement conformes à ceux des années précédentes. Laon , le 12 Février 1790. Fautes @ corriger dans le Tome XXXW, page 38, ligne 3 aprés la Table, Ë Tome XXXVT, page 31, ligne 36, depuis 8 heures du matin jufqu’à 9 heures du foir , L/ez jufqu’a 3 neures du foir. ( EUX URL AM Des Obfervations météorologiques faites à Laon ,'par ordré du Roi, pendant le mois de Janvier 1790 ;! Par le P. CoTTE, Prêtre de lOratoire , Correfpondant des Académies Royales des Sciences de Paris & de Montpellier , Membre de plufieurs Académies. La température de cet hiver contrafte fingulièrement avec celle de l'hiver de l’année dernière, A peine le thermomètre eft-il defcendu au- deflous du terme de la congélation ; quoique les pluies n’aient été ni fréquentes ni abondantes , l'air a toujours été humide, à caufe de la fréquence des brouillards. La végétation n’a pas été interrompue, les ellebores étoient en fleur , les violettes en boutons , & les bourgeons des arbres fruitiers étoient très-gros. Les bleds fonc forts & trop avancés pour la faifon. Températures correfpondantes aux différens points lunaires. Le premier (P.N.) beau, froid. Le $ÿ (équen, defe. ) & quatrième Jour après la P.L.) nuages , affez froid. Le 6 ( périgée), couvert, froid , brouillard. Le 8 ( D. Q.) couvert, doux. Le 11 (quatrième jour avant la N. L. ) couvert, froid , brouillard. Le 12 (Zuxiff. auflr.) couvert, doux , pluie, vent. Le 15 (N. L.) couvert, doux. Le 19 (équin. afc.} & quatrième jour aprés La N. L. ) beau , froid , changement marqué. Le 20 (apogée) idem. Le 23 (P. Q.) couvert, doux, brouillard. Le 26 (lunifl, bor.) & quatrième jour avant la P. L.) couvert, froid. Le 30 (P. L.) nuages, froid , pluie, grêle, neige. Temperature de ce mois dans les années de la période lunaire correfpondantes à celle-ci. Quantité de pluie en 1714, 4 lignes + en 1733 , 11 lignes en 1752, 18 lignes ? en 1771. Plus grande chaleur, 11 d. Le 31 moindre, 8 d. de condenfation. Le 13 moyenne 1,1 d. température froide & humide, vents dominans , le DE PV PAST ER PE DT LE SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS, 29 nord. Plus grande élévation du baromitre , 28 pouces 1 ligne. Le 24, moindre, 27 pouces 2 lignes =. Le 10, moyenne, 27 pouces 7 lignes =, Quantité de pluie ; 1 pouce 26 lignes, Nombre des jours de pluie, 6 ; de neige, 8. En 1790, vents dominans , le fud & l’oueft; ce dernier fut violene le 27. Plus grande chaleur, $,5 d. Le 4 à 2 heur. du foir le vent oueft & le ciel couvert avec brouillard , moindre, 1,8 d. de condenfation, Le 20 à 7 heur, : du matin , le vent S. E. & le ciel ferein, différence TÉSICE moyenne, au matin; 1,9 d. à midi, 3,2 d. au foir & du jour , 2,6 d. Plus grande élévation du baromètre , 28 pouces 1,28 lign. Le 7 à 8 heur. du foir le vent oueft & le ciel couvert avec brouillard. Moindre, 27 pouces 0,12 lign. le 29 à 8 heur. du foir , le vent S.O. & le ciel en partie couvert. Différence , 13,16 lin. moyenne au matin 27 pouces 8,83 lign. à midi, 27 pouces &,62 lign. au Joër , 27 pouces 8.96 lign. du jour , 27 pouces 8,80 lign. Marche du baromètre. Le premier à 8 heur. du matin, 27 pouces 5,83 lign. du premier au 2, Monte de 6,59 lign. du 2 au 3, Baïf]é de 3,20 lign. du 3 au 7, M. de 4,06 lign, du 7 au 14, B.de 6,43 lign. du 14 au 17, M. de 4,35 lign. du 17 au 18, B.üe 2,97 lign. du 18 au 21, M. de 4,49 lign. du 21 au 25, B. de 4,41 lizn. du 25 au 26, M. de 2,11 lign. du 26 au 27, B. de 3,33 lign. du 27 au 28, M. de 3,31 lign. du 28 au 29, B. de 3,97 lign. du 29 au 31, M. de 4,28 lign. Le 31 , B. de 1,03 lign. Le 31 à 8 heur. du foir, 27 pouces 3,43 lignes. On voit que le mercure s'eft toujours foutenu au-deilus de {a hauteur moyenne, & qu'il a beaucoup varié fur-rout en montant les 1, 20 & 30, & en defcendant les 18 , 27 & 25. Il eft tombé de la pluie les 3,6,12,13,16,24,2$,27,28,29, 30 & 31. De la neige les 27, 29 & 30, & de la gréle le 27, La quantité d'eau a été de 15,5 lign. celle de l'évaporation de 6 lignes. L’aurore boréale a paru le 29 ; elle éroit tranquille , teinte d’une couleur rouge & fans jets lumineux: elle a été précédée & fuivie par un grand écart du nord de la part de l'aiguille aimantée, Le tonnerre s’eft fair entendre de loin les 27 & 28. Nous avons eu pendant ce mois des rhumes & quelque: maux de gorge. Laon , le 14 Février 1790: ee L'ETÉ D'E M. 4DRONN' ASD'EXr, Capiraine au Régiment de Champagne ; AM. DE LA MÉTHERIE, Sur la détonation d'un Air phofphorique avec l Air dephlo giflique & l'Air nitreux, Moxsreur, Travaillant avec M, Pelletier à répéter quelques expériences fur le phofphate calcaire que j’ai rapporté d'Efpagne , dans une expérience com- parative nous avions diftillé dans une petite cornue de verre & à l'appareil au mercure , de l'acide phoffhorique retiré du déliquium du phofohore. Nous avions retiré environ douce pouces d’air n'employant qu'une once d'acide. Pour procéder à l'examen de cer air nous en Fîmes pafler fous une petite cloche que nous portâmes fur la cuve à l'eau : cet air ne parut pas {enfiblement abforbé par l'eau. Nous y fîmes alors paffer un pouce d'air ordinaire ; ce mêlange fe fic fans préfenter de phénomène particulier. Nous primes alors un pouce de notre air phofphorique & nous y fîmes peffer un pouce de gaz évhlogiftiqué : le mélange fe fic tranquillement. Dans une autre expérience nous fimes pafler dans un pouce de cet air phofphorique un pouce de gaz nitreux nouvellement préparé; leur mélange produific un nuage épais, & lorfque nous retirâmes la cloche de deffus la cuve elle fut rout-à-coup remplie d'une vapeur blanche qui étoit plus pefante que l'air ordinaire, Nous continuâmes nos effais en prenant un pouce de notre air phofphorique , un pouce d’air déphlogiftiqué qui fe miélangèrent tranquillement ; mais ayant ajouté au mélange un pouce d’air nitreux , il y eut une déronation inftantanée des plus violentes. La cloche fuc brifée avec fracas : des éclars furent portés au loin ; M. Pelletier fue bleffé à l’œil gauche, & eut une contufon fous l'œil droit, Quant à moi je n'éprouvai aücun accident, Il paroît que l'air que fournit cet acide phofphorique eft un mélange d'air inflammable & de phofphore. Une bougie allumée plongée dans une petite cloche pleine de cer air l'enflamma. Nous croyons donc que dans notre expérience cet air phofphorique n’eft pas capable de s'enflam- mer feul avec l’air déphlogiftiqué , comme l'air phofphorique de M. Gen- gembre; mais lorfqu'on ajoute à ce mélange de lair nitreux, il fe produie + , SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 231 aufi-tôt un certain degré de chaleur capable de faire enflammer Je tout, en enflammant d'abord la portion de phofphore qui s'y trouve unie, Il arrive quelquefois que l'air inflammable phofphorique de M. Gen- gembre perd fa qualité de détonner avec l'air déphlopiftiqué , lorfqu'on Va renu long-tems fur l'eau. Il fe pourroit qu'en ajoutant à un tel mélange de l'air nitreux , on eût une détonation femblable à la nôtre. Ceft ce qui m'engage à vous faire part de notre expérience pour avertir -lJes chinnites qui pourroient tenter un pareil mélange qui a manqué à faire perdre à la Chimie un de fes habiles coopérateurs, Je fuis, &c. LE AIRE DIET MS DSEL LA UV LEMALL.E, AM.DELA MÉTHERIE, Sur un Procédé pour faire du Papier de toute couleur, Nés : Vous favez que les frabriques de papiers ont voulu imiter le bleu azuré que les Hollandois donnent à leurs papiers, & que les renta- tives que l’on a faites en France, n’ont jamais donné cette teinte légère & uniforme qu'on admire au papier de Hollande, Ayant eu occafion de vendre à plufieurs fabricans du bleu de Pruffe que je prépare dans ma fabrique, je voyois à regret que tous les moyens employés jufqu’à ce jour étoient infuffifans , & je ne négligeai rien pour tenir le bleu fufpendu dans la cuve & mifcible à la pâte du papier. La colle enlevoit toujours ce bleu en certains endroits, & le papier reftoit comme taché, le vitriol bleu, lindigo même ne faifoient pas une couleur plus folide , & je me fuis vu forcé de me retourner d'un autre côté. Enfin , après fix mois de travail , j'ai trouvé une liqueur dont la combinaïfon avec une autre forme précifément une teinte telle que l'exigent les papetiers pour le papier azuré. Je puis aufi faire une couleur verte qui donne au papier un coup-d’œil encore plus agréable; déjà on en ufe dans nos fabriques de Provence , & fi je puis faire adopter ma découverte dans tout le royaume, je publierai enfuite mes procédés. Alors les fabricans de papier pourroient fe pafler de bleu de Pruile - & de toutes les autres drogues qu’ils ont coutume d’employer. Je puis pareillement, fournir aux fabricans des liqueurs propres à 232 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, faire des papiers en toutes couleurs, ce qui feroic infiniment plus propre que les papiers peints à la broffe. Mes liqueurs ne fe vendent qu’à raifon de vingt fols la livre , poids de table ou vingt-cinq fols poids de marc. On économife près du tiers de la dépenfe, en employant mes liqueurs au lieu du bleu de Pruffe. Les fabricans de papier peuvent m'adreffer leurs demandes à Marfeille hors de la porte de Rome, & je vous ferai obligé, Monfieur , de faire inférer certe Lettre dans votre prochain Journal, Je fuis, &c, Mar/eille, ce 8 Février 1790. SR D 430 7 EC RE SO een LETTRE D'ELMA\:D/ON'AYDÈE FF, Capitaine au Régiment de Champagne, A M. DE LA MÉTHERIE, ! SUR L'AMBRE-GRIS DES CÔTES DE GUYENNE. Née roal Dans une reconnoiffance militaire que j'ai faite des côtes de {a Guyenne, je trouvai fur le rivaze de la mer du golphe de Gafcogne, entre l'embouchure de l'Adour & celle de la Gironde, une fubftance d’une odeur très-pénérrante, que je reconnus bientôt pour être de Vambris gris de la meilleure qualité. M’érant informé des habitans de Ja côte fi cette matière y étoit connue , j’appris qu’on la trouvoit affez ordinairement aprés les forts ouragans qui fonc très-fréquens dans ces parages ; qu'il y avoit une dixaine d'années que la mer en avoit rejetté un morceau d'environ 80 livres, Certe fubftance précieufe eft portée par les pécheurs de cetre partie des Landes à Bayonne & fur-tout à Bordeaux, où ils la vendenc de $ à 6 livres l’once. De ces deux villes, elle paffe dans le commerce comme venant des Indes & fe vend ainû de 20 à 24 livres la même once, Le morceau que j'ai ramaflé pefoit près de 3 onces; au moment où je l'ai prisil étoit mou, vifqueux & accompagné d'une odeur urineafe très-furte, qu'il a perdue au bout de quelque tems. Certe matière, devenue folide, a pris un fond gris foncé, parfemé de petites taches jaunes, Les habitans de la côte diftingueat deux efpèces d’ambre : le taché : à à SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 933 2 fond-gris , qui eft le plus eftimé, & le noir qu'ils appelent renarde. Ils prérendent que les renards font très-avides du premier; mais que- ne pouvant le digérer , ils le rendent bientôt, devenu noir & ayane perdu de fa qualité. Pour confirmer ce fait, ils m'ont afluré qu'ils trouvent prefque toujours cetre feconde efpèce d’ambre dans les bois adjacens au rivage & dans des lieux où la vague ne peut le faire aborder. Celui-ci fe vend beaucoup moins. Les oifeaux de mer fone auf très-friands de ambre gris, en forte qu'après les gros coups de tems, & avant le lever du foleil,les pécheurs , pour les prévenir, vont à la recherche de cette marière qui par fon odeur ambrée uri- neufe, quand elle eft fraîchement rejetée fur le rivage, fait reconnoître fa préfence de très- loin. Comme je ne connois, Monfeur , aucun naturalifte qui ait cité que Pambre gris fe trouve fur ces côtes, foit à caufe du peu de commu- nication des habitass des Landes, ou plutôt parce qu'un intérêt mercantile a cherché à le laifler ignorer, j'ai cru que ce fait pourroit mériter de trouver place dans votre intéreffant Journal , comme affurant à la France, ainfi qu'aux deux Indes, la poffeffion de cette précieufe matière, De plus ayant eu occafion d’habirer toutes nos côtes & pouvant affurer que cette fubfiance ne s’y trouve point, je crois que le golphe de Gafcogne ne doit cet avantage qu’à la mer qui le termine, décou- verte jufqu’aux bancs de terre neuve peuplée de Cacholongs & con- tinuellement agitée par des vents d'oueft qui, pouflant conftammenc à la cô:2, doivent amener de fort loin l’ambre qui furnape. Je puis donc croire que cette obfervation de lieu jointe à l'odeur animale que cette matière exhale , quand elle eft récemment apportée au rivage, peut venir à l'appui des favantes recherches que M. Schwediaur a publiées dans votre Journal de 1784, par lefquelles il a prouvé que l'ambre gris appartient à l'efpèce de céracée que je viens de nommer, J'aurai le plaifir de vous faire pafler inceflamment des échantillons de notre ambre françois, Je fuis, &c. Paris , le 15. Mars 1790. HER E= EE —— ee RE né es ae —— mé nn ns NOUVEDLES DIMTÉRATRES. A GENERAL Syftem of Chemifiry , &c. Syfléme général de Chimie théorique & pratique, méthodique, avec des vues particuliéres fer l'application aux Arts , traduit de l'Allemand de M. WirGres, par M. Hor:on, D. M. A Londres, chez Robinfon, 1 vol. in 8°. M. Wiegleb , chimifte diftingué, avoit donnéun fyflême général de Tome XXXVI, Pare. I, 1790. MARS, Gz [eg | 234 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE; Chimie, qu'il avoit fur-tout appliqué aux autres. M, Hopfon a voulu en enrichir fa patrie, & l’a traduit en anglois. Il y a ajouté une introduction & des notes favances, dans lefquelles il a expofé les nouvelles découvertes. Ceci lui a donné lieu de propofer une nouvelle nomenclature : car dès qu'on peut changer les noms convenus pour tout le monde, chacun a droit de dire : & 0 anche, fon pütor : voilà le mot dont je veux exprimer telle chofe, Il donne aux cinq terres les noms fuivans: chaux (terre calcaire), baryte ( terre pefante }, muriocecite (magnéfie), alumite (terre alumineufe}), filicite (terre filiceufe ). ; Les trois alkalis font le fpodium ( alkali végétal ), le natron, & ammonical ( ou alkali volatil). L'Auteur défigne les acides par la terminaifon du mot générique oxys qui, en grec, fignifie acide, & fe fert en général du mot grec, Vitrioloxys = .......... Acide vitriolique. Sufphuroxys........... fulfureux. Nitroxys. es... nitreux. Aponitroxys. ....s.s nitreux phlogiitiqué, Murioxys se. essor se marin. Epimurioxys. +... marin déphlogiftiqué. Boracoxys . ss... boracin. Fluoroxys «use. fluorique, Arfenicoxyse + ++ «ee 1 arfenical. Barylithioxys ......... barytique ou de terre pefante, Molybdœnoxys. ....1°.. molybdique. Phofphoroxys. . ........ phofphorique, Eledroxys « -..oos.sse fuccinique. Acetoxysze “esse acéteux. Epoxys. esse... acéteux géré. Tartaroxys . ... .. G poald tartared4, Pyro-tartaroxys +... pyro-tattareux. Oxalidoxys .. use. oxalique ou facharin, Cecidoxys asso se gallique ou de noix de valfese Cytroxys . . « .. sn e is ets . citronien, n Meloxys .:..........% des pommes où melummien: Benzoxys. . . . . . .. eos benzonique, Xyloxys ses... lignique. Gummoxys es... ce gommetux, SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 235 Camphoroxys. ....,.,... Acide camphorique. TO S OO aéré. CGAIAGORES 4 14 5 2e Je du laïc ou galaté,. Galamelioxys. ......... du fucre de Jair. Myrmecoxys, . ousens des fourmis ou formicin. Cyanoxys .. sos. e du bleu de Pruffe. SECATONyS et selelslelete este fébacé ou du fuif, Bombycoxys .......,... du ver-à-foie, ZAOÏITOXYS- 2.5 4 mrels1e die + du calcul de la vefie, L'auteur exprime les fels neutres aufli d’une manière particulière, & äl les difingue en trois clafles, 1°. les fels neutres parfaits; 2°. les fels neutres, qui ont'excès d’acide & qu'il appelle Ayperoxea ; 3°. les fels neutres qui ont excès de bafe & qu'il appelle Aypoxea. Sels neutres parfaits, L’Auteur Les termine ordinairement en crate du mot grec #p2%0ç, robur, Vitriols. Sulphurocrate. Nitre. Aponitre. Muriate. Epimuriate. Borax. Fluoriocrate, Arfenicrate. Barylithicrate. Et ainf des autres. Pour exprimer le tartre vitriolé, on dira vitriolum fpodatum , ou en françois viriol fpodé ou vitriol de fpode. Le fulphuroxys, combiné avec le fpode, formera le fe! fulphureux de Stahl, qui s’apellera /xlphorocrate de fhode , ou fpodé. L’arfenicrate de natron {era le fel arfenical de natron. Les fels neutres Ayperoxès ou avec excès d'acide, font terminés en oxum; ainf au lieu de dire tartre vitriolé, ou vitriol de tartre avec excès d'acide, l’Auteur prononce vitrioloxium, qu'on pourroit Tome XXXVI, Part. I, 1750, MARS, Gg 2 236 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, traduire en françois par visrioloxie : cette dénomination veut diré vitriol acide. Vitrioloxium® . . ... . .... Vitrioloxie. Nitroxiamite es lsleteste Nitroxie. Maroxiumhe@etete. celte Murioxie, Fluoroxium- 1... 1.0.0 Fluoroxie. Et ainfi des autres, L’Aureur pour défigner les fels neutres Aypoxés, ou avec excès dé bafes, place le mot oxys avant la bafe, ainfi il dit: Latin. On peut exprimer en François , Oxyfpodium. ......7 Vitriol de tartre avec excès d’alkali. Oxyfpodium. Oxynatrum ....sse Oxynatron. Oxyammoniacum ...,4.. Oxyammoniac. Oxycalcites +20 24. Oxycalcites, Oxybarites. ,........ Oxybarytes. Oxymurioccites « « 7e se Oxymurioccites: Oxyalumites ........ 5 Oxyalumites. Oxyfilicites.... “ess x Oxyfilicites. Oxyplatinum #.......: Oxyplatine. Oxyaurum. ss. Oxyor. Oxyargentum ...,....: Oxyargent. Ainf des autres métaux. Supplément au Diionnaire des Jardiniers, qui comprend tous les genres & les efpèces de Plantes non détaillées dans Le Didionnaire de MiLLER, avec leurs defcriptions puifées dans les: meilleurs Auteurs, ou prifes fur les Plantes mêmes , & l'indication de la manière de traiter un grand nombre de ces Plantes ; par M. DE CHaz£ELLEs, Chevalier, Confeiller du Roi en fes Confeils, Doyen des Préfidens à Mortier au Parlement de Meiz , Membre & ancien Direëteur de l'Académie des Sciences & Arts de la même Ville. A Metz , chez Marchal; à Paris, chez Guillot ; & à Nancy, chez Bon= thoux, 1780 ,in-4°. de 731 pages. Une defcription claire, exacte & précife des plantes omifes ou inconnues au célèbre jardinier bocanifle Anglois Miller, accompagnée d'utiles cbfervations puifées dans les meilleurs Auteurs modernes, caractérife d’une manière cranfcendante l'important travail de M. le Prélident de Chazelles ; ce favant a fenti la néceflité de donner aux plantes des noms françois ; ce moyen rend à coup sûr l'étude de la HA SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 23y- Botanique plus facile. Mais ce qui intérefle particulièrement le culri- vateur, c'eft de pouvoir reconnoitre la plante qu'il doit foigner, de favoir fi elle eft vivace ou annuelle, ligneufe ou herbicée, le temps de {a floraifon ; de quel pays elle tire fon origine , le degré de chaleur qui lui eft néceflaire, & le fol dans lequel elle fe plaît; ces notions fonc autant de préceptes pour l'homme intelligent , & fuffifent pour le mettre fur la voie du traitement qui convient à chaque plante. Ce Journal ayant fait mention de la traduction du Dictionnaire des Jardiniers de Miller , il eft de notre devoir de rendre compte de fa continuation. M. le Préfident de Chazelles décrit deux efpèces d’adonides, qui font remplies d'un fuc âcre, cauflique, au point qu'elles peuvent étre employées aux mêmes ufages que les mouches cantharides ; c'eft PAdonide du cap & l'Adonide à vélicatoire, La Conize anthelmintique a été cultivée avec fuccès , pendant plufieurs années dans un jardin botanique. On trouve ici une defcription exacte de cette plante ori- ginaire des Indes, dont la femence eft amère & employée comme un puiflant vermifuge. L'Endormie à fruits lifles où Darura Lævis , eft une plante annuelle, décrite depuis peu par les Botaniftes, eft originaire d Abif- finie, quoiqu'indigène des pays chauds , elle eft cependant fort dure , & réuflic en pleine terre fans beaucoup de foin; elle perfetionne fes femences dans l’année, pourvu qu’elle ait été femée fur une couche de chaleur modérée, au commencement du printemps ; lorfque les jeunes plantes font aflez fortes, on les enlèv. enfuite pour les placer dans une plate-bande de bonne terre à deux pieds des autres plantes; elle exhale ainfi que les autres Datura une odeur nauféabonde ; fon péricarpe liffe fans épine la diftiogue aifément des autres efpèces de ce genre délétère, Le Cynomoir écarlate, (Cyromorium coccineum ) cft une plante parafite, qui croît fur la racine de certains arbres dans la Jamaïque, en Mauritanie, dans l’île de Malthe & ‘ans la Sicile. On eflime qu'elle eft aftringenre. Ce premier Voleme fait infiniment honneur à M, le Préfident de Chazelles, par fes connoiffances fcientifiques; & nous eflimons que ce fupplément eft abfolument indilpenfable aux perfonnes qui poffèdent Pintéreffant Dictionnaire des Jardiniers de Miller ; l’on y trouve la manière exacte de cultiver les plantes les plus rares , fur lefquelles + 5 ; , 2 12 » + nous n’avions jufqu'à préfent aucune idée précife fur leur culture, ni méthode relative aux foïns importans qu’elles exigent. Bibliothèque de l'Homme public, ou Analy fe raifonnée Zes principaux Ouvrages François & étrangers , fur la Politique en général , la Lépiflation , les Finances, la Police, V Agriculrure € le Commerce en particulier ; & fur le Droit naturel & public ; par M, le Marquis ” e | 4 | À à NN : : 238 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE; DE CONDORCET , Secrétaire perpétuel de P Académie des Sciences, l'un des Quarante de l Académie Frangçoife, de la Société Royale de Londres ; M. DE PryYssONNEL, ancien Conful général de France à Smyrne , &c. M. LE CHAPELIER, Député à V Affemblée- Nationale, & autres Gens de Lettres , avec cette épigraphe : Quelque foible influence qu'ait ma voix dans Les affaires publiques ; le feul droit d'y voter m’impole la loi de m'en inftruire, (I. JT. Rouffeau : Conerar focial.) Torre 11. A Paris, chez Buiflon, Libraire, hôtel Coëtlofquec, N°. 20, rue Haute-Feuille ; 1790. Ce fecond volume n'eft pas moins intéreffant que le premier: il contient l'analyfe des EfJais moraux & politiques de M. Hume , & du Gouver- nement civil de Locke. Ce dernier né en 1632 fut témoin & du châtimert que le peuple anglois crut devoir faire fubir à Charles I, pour avoir violé les loix de fa patrie, & du droit de fouveraineté qu'exerça ce mème peuple anglois en 1688 , en fe faifant une conftitution , & changeant fon chet ou roi dont il éroit mécontent , & qui n'obfervoit aucune des loix que lui avoit impofées la nation. . . . Ces révolutions coûrèrentdes Fots de fang à l'Angleterre. Comment un de leurs orateurs , M, Burke, a-t-il pu de bonne foi reprocher à la France les maux légers qui accompagnent la révolution préfente. Ces malheurs fans doute font encore trop confi- dérables. Tous les bons citoyens y oppofent tous leurs efforts. Mais que M. Burke les compare avec ceux qui ont accompagné le fupplice de Charles I & l'expulfion de Jacques If, & qu'il foit jufte. . .. Bibliothèque Phyfico-économique , inflru&ive & amufante , année 1790, ou neuvième année, contenant des Mémoires | Obfervarions , Pra- tiques fur l'Economie rurale ; les nouvelles découvertes ; la defcription & La figure des nouvelles Machines, des Inffrumens qu'on peut employer , d'après les expériences de leurs Auteurs ; des Recettes , Pratiques , Procédés, Médicamens nouveaux extern es ou internes , qui peuvent étre utiles aux Hommes & aux Animaux ; le moyen d'arréter les Incendies , de prévenir les ac&dens, d'y remédier ,.de Je garantir des fraudes ; de nouvelles vues fur plufieurs points d'Economie domeflique , & en genéral fur tous Les objets d'utilité & d'agrément dans la vie civile & privée, Gc!&c. On y a joint des Notes jugées néceffaires à plufieurs articles : 2 vol. in-12. avec des planches en taïlle-douce. Prix, $ liv. 4 fols broches , francs de port par la pofle. À Paris, chez Buiflon, Libraire, rue Haute-Feuille, “hôtel de Coëtlofquet, N°. 20 ; 1790. Cette Bibliorèque fera encore plus précieufe pour le Public au- jourd'bui que nos campagnes vont fe PP aux dépens des villes. La révolution préfente en fupprimant une foule de profeflions oifeufes, : inutiles, & le plus fouvent nuifbles au bien public, forcera d'aller aux ÿ n } - j _ . 5 - l 2) . ‘SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 239 champs chercher dans l’Agriculture des reflources qu’on y trouve toujours. Cer Ouvrage préfentera au cultivateur des chofes qui Finftsuirone & J'amuferont. Il forme aétuellement 14 vol. avec 43 grandes planches ; chaque année fe vend feule ou féparément au prix de 2 div. 12 fols le vol. broché franc de port par la pofte. En voici le détail : année 1782, 1 vol. 1783, 1 vol, 1784,1 vol. 1785, 1 vol. 1786, 2 vol. 1787, 2 vol. 1785, 1789 2 vol. 1790, 2 vol. Journal d'Agriculture à l'ufage des Campagnes , premier & fecond cahier. Ce Journal dont nous avons annoncé le Pro/pe&us ; paroît remplir fon objet. Abrèpé des Tranfa&ions Philofophiques de la Société Royale de Londres | Ouvrage traduit de l'Anglois , & rédigépar M.GisELIX,, - Do&eur en Médecine, Membre de la Société Royale de Londres ,Ëc.&c. avec des Planches en taille-douce , troifème livraifon , formant deux volumes, qui comprennent le volume des Mélanges , Obfervarions & Voyages, & Le fecond volume des Antiquités & Beaux-Arts, avec Les Inventions & Machines, Prix, 4 Lv. 10 fols L vol. broché & $ Lv. franc de port par la pofie. À Paris, chez Buiflon, Libraire, rue Haute-Feuille , hôtel de Coërlofquet, N°. 20; 1750. Le Public connoïît déjà les premiers volumes de cet Abrég£ des Tranfétions Philofophiques. Ces deux nouveaux volumesne l'intéreff-rone pas moins. Le premier contient des extraits de différens voyages inftru@ifs, à la Chine, au Japon, en Egypte, &c. Dans K fecond fe trouvent des recherches favantes fur l'antiquité, les beaux-arts, & différentes machines, M. de Grand-Miifon y a joint des notes inftructives. Errata : Cahier de janvier, page 46, dans Le titre du Meémoirz de M. & Le Billardiëre, arbre, &c. lifez une nouvelle efpèce &’arbuñe qui donne de le gomme adragant, EF AHÈISE DEs ARTICLES CONTENUS DANS CE CAHIER: Oszararioxs relatives aux effets dé la Gelée de l'hive 1788 à 1789 , fur les Arbres & Arbufles exotiques de p!e adreffées à M. DE LA MÉTHERIE , per M. PASsiNGE, Mémorre fur la produ&ion de F Acide du Nitre & de l'Air nirreux ; par M, Mirnes , de la Société Royale de Londres , & Fréfident # “ e- 4 240 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, &c: du Collège de la Reine à Cambridge : lu à la Société Royale le 2 Juilles 1789, 171 Analyfè chimique du Jargon de Ceylan ; par M. KLAPROTH : Mémoire traduit de l'Allemand en François, par M. CoURET , élève en Pharmacie, 179 Seconde Lettre de M. pe Luc,à M. DE LA MÉTHERIE , fur la Chaleur, la Liquéfaétion & l'Evaporation , Ari To Lertre de M. HecaT , à M. DE LA MÉTHERIE, fur le Bafalte, 207 Précis fur la Canne & fur les moyens d'en extraire le Sel effentier, fuivi de plufieurs Mémoires fur le Sucre, [ur le Win de Canne, Jur L'Indigo , fur les Habitations & Jur l'état aëtuel de Saint-Domingue : Ouvrage dédié à cette Colonie , 6 imprime à fes frais ; par M. Du- TRÔNE LA CouTURE , Docteur en Médecine, Affocié de la Société des Sciences & Arts du Cap-François : premier extrait , 209 Obférvations fur le nouveau fyfléme qui admet la matière éledrique pour caufe de la congélation de l'Eau ; par M. l'Abbé E, G. RoBsrT, de Licpe , 222 Lettre de M. D'H***, fur un Phénomène phofphorique, lue à la Société Royale d'Agriculture, par M. VALMONT DE BOMARE, le 28 Janvier 1700, 22$ Suite des Obfèrvations faites à Laon fur la Bouffole de variation de M. CouLoms , année 1789; par le P. CoTTE, Prétre de l'Oratorre, Chanoine de l'Eglife de Laon, Correfpondant des Aacdémies des Sciences de Paris & de Montpellier, Membre de la Societé Royale de Médecine , de l Académie de Bordeaux , de la Société Metéorologique de Manheim , Secrétaire perpétuel de la Société Royale d'Agriculture de Laon, 220 Extrait des Obfervations météorologiques faites à Laon, par ordre du Roi, pendant le mois de Janvier 1700 ; par le Père COTTE, Prêtre de L'Oratoire, Correfpondant des Académies Royales des Sciences de Paris & de Montpellier, Membre de plufieurs Académies , 228 Lettre de M, DoNADEr, Capitaine au Régiment de Champagne, à M, ve LA MÉTHERIE , fur la détonation d'un Air phofphorique avec L Air déphlogifliqué & l'Air nitreux, 230 Lertre de M. ve LA VIEViLLE, à M. DE LA MÉTRHERIF, fur un Procédé pour faire du Papier de toute couleur, 231 Letrre de M. DonADr1, Capitaine au Régiment de Champagne, à M, ve LA MÉTHERIE, fur l'Ambre-gris des côtes de Guyenne , 232 Nouvelles Livéraires, 253 PP En # “ ——— — —— = — |, | JOURNAL DE PHYSIQUE. À AVRIL 1790, EI] LAS EXPÉRIENCES SUR LA PHLOGISTICAWION DE L'ACIDE DU NITRE : Par le Doëeur PRIESTLEY: Lues à la Socièté Royale de Londres le 26 Mars 1789 (1). | PART la coloration de l'acide du nitre a des rapports avec la doétrine du phlogiftique , à laquelle je me propofe de donner toute mon attention , jai repris en dernier lieu, mes expériences fur ce fujer , & je demande la permiflion d'en mettre le réfultat fous les yeux de la fociéré. On a vu, au commencement du quatrième volume de mes expé- riences , que de l'acide fans couleur, expofé à la chaleur dans de lonas tubes de verre fcellés hermétiquement, étoit devenu fumant ou orangé, & exhaloit une vapeur de la même couleur. J'attribuai dans le tems, cer effet à l’action de la chuleur , qui étoit fuppofée dégager le phlo- giflique de l'acide. Dans la fuite je trouvai que la propriété de colorer l'acide du nitre, renu plufieurs jours dans des flacons bouchés à l’émeri, étoit due, non à la chaleur, mais à la Zumiére feule ; & que celle-ci agifloit d’abord fur la vapeur, qui communiquoit enfuite fa couleur par degrés au liquide qu'elle couvroit. ( Voyez Le cinquième volume de mes Expériences. ) J'en tirai la conje@ure que comme les tubes de verre , dans lefquels j'avois précédemment expofé l'acide à l’action de la chaleur, n’avoient été tenus auprès du feu qu'à la lumière du jour, ou à celle de la chandelle, il fe pouvoit que ce füt cette lumière, qui avoit-alors contribué, du moins en partie, à produire l'effet. Pour m’aflurer fi, dans ce cas, la lumière avoit eu quelque influence, j'ai mis de l'acide du nitre fans couleur dans de longs tubes de verre, pareils à ceux dont je m'étois fervi auparavant, & de même fcellés (1) Pilof. Tranfaë. 1789. Part. IL. Tome XX XVI, Part. 1, 1790. AVRIL, H h 242 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, kermétiquement : mais-au lieu de les expofer à la chaleur , à l'air libre s ce qui n'auroit pas permis d'exclure la lumière, je les ai placés dans des canons de fufils, fermés à vis par des bouchons de métal, en forte que la lumière ne pouvoit pas y avoir le moindre accès: après quoi j'ai placé les canons affez près du feu, par un de leurs bouts, pour faire bouillir la liqueur dans les tubes, comme il étoit aifé d'en juger par le bruit. L'effet a été qu'en peu de tems l’acide eft devenu auf fortement coloré, qu'il l'ait jamais été, lorfque l'expofition à la chaleut s’étoit faite fans employer les canons de fufils. C’éroie donc évidemment l’action de la chaleur feule, & non celle de la lumiëre, qui avoit coloré, & comme on dit ordinairement, phlogif- tiqué l'acide. Dans le cours de mes premières expériences , il ne me vint aucun foupçon que l'air du tube eût quelque influence fur le réfultat: & dans celles où j'employai des flacons avec une chaleur modérée, je trouvai que l'acide fe coloroit dans le vuide le plus parfait que je pufle produire, à l’aide de la machine pneumatique. Cependant mon ami M. KiRWAN ayant toujours foupçonné que Pair étoit ici un agent principal, j'ai particulièrement tourné mon attentian vers cette circonftance; fuppofant que fi quelqu'une des parties de l’air commun étoit abforbée , ce devoit être l’air pAlogifliqué, & que c’étoit de lui que l’acide recevoit du phlogiftique. Le réfuirat, néanmoins, n'a pas été aufhi favorable à cette conjeîture , que ie m'y étois attendu. Le principal effec s’eft trouvé ètre un dégagement d'air déphlogiftiqué; en forte que l'acide paroît pafler à l'état que nous nommons phlogifliqué, en perdant cet ingrédient de fa compoñirion. J'ai mis une petite quantité d'acide fans couleur, dans un long tube de verre, qui auroit contenu, outre l'acide, 1.23 once mefure d'air commun, fi la vapeur de l’acide n’en eût déplacé environ la vingtième partie de cette quantité. Ayant fcellé le tube, je l’ai renfermé dans un canon de fufil, commeil a été dir ; & je l'ai tenu plufeurs heures, à la chaleur de l’ébullition : après l'avoir alors ouvert fous l'eau, 11 en eft forti 2,03 once mefure d’un air fort turbide & blanc , qui éprouvé avec deux fois certe quantité d'air nitreux, n’a donné que 1,02 : tandis qu’en quantité égale avec le même er titreux, l'air commun donnoit 1 07, Voici comment jai calculé combien il y avoit eu d'air phlogiftiqué abforbé dans cerre expérience. Puifqu'une mefure d’air commun & une égale quantité d'air nitreux ent été réduires à 1,07 mef, il eft clair q: il a difparu 0,93 mef. Or, comme cerre difoaru.ion eff l'effer de l'union de l'air nitreux avec rout l'air déphlogiftiqué conrenu dans Ja mafle; & comme ils s'umiflent dans la proportion d'une mefure du dernier de ces airs, pour deux melures du premier , 1l s'enfuit que Le tiers de 0,93 mef. foit 0,31 mef, eft la quantité ! SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 243 d'air déphlogiftiqué contenue dans une mefure de l’aic commun fur lequel l'expérience a été faire , les 0,69 mef. reftant, étant de l’air phlo- giltiqué. L’air commun renfermé dans le tube auroic pu être 1,23 once mel. mais après Ja déduction de +, il nerefte que 1,17 once mef, Or, je dis fi une mefure de cet air contient 0,69 mef. d'air phlogiftiqué, 1,17 mef. en contiendra 0,8073. Cette dernière quantité eft donc cçelle de l’air phlogiftiqué qui a été expofé à l’action de l'acide du nitre dans le tube. Pour trouver enfuite combien il y avoit de ce même air dans le tube, après l'expérience, voici comment j'ai raifonné fur le rélultar , dont j'a parlé plus haut, Puifque deux mefures d'air nitreux & une du réfdu de l'expérience , ont été réduites à 1,02 mef. il eft évident que 1,98 mef. eft ce qui a difparu; que par conféquent un tiers de cette quantité, foit 0,66 mef. éroit de l'air déphlogittiqué , & que par conféquent le com- plément d'une mefure, foit 0,34 exprime la proportion d’air phlogiftiqué contenu dans une mefure du rélidu, Or, fi une mefure de ce réfidu con- tient 0,34 mef. d’air phlogiftiqué , 2,03 mef. en contiendront 0,6902 mef, quantité inférieure à celle de 0,8073 , qui exiftoit avant l'expérience. Il faut donc qu’une portion de l'air phlogiftiqué ait été , ou abforbée, ou décompofée : & fon phlogiftique aura été reçu par l'acide, en même tems que celui-ci perdoit fon air déphlosiftiqué. Dans une autre opération du même genre, le tube de verre contenoit 0,92 once mef, d'air commun ; & l'air qui en fortit après l'expérience étoit une once mef. qui avec deux pareilles mefures d’air nitreux donna 1,6 : ce qu'ayant calculé de la même manière que ci-deflus, je trouve 0,6072 once mef, d'air phlogiftiqué avant l'expérience, & 0,54, après l'expérience. Les calculs fuppofent que l'air dégagé de l’acide étoit parfaitement pur, tellement que tout l'air phlogiftiqué, qu’en trouve après l'opération, peut être regardé comme ayant appartenu à l'air commun renfermé dans le tube ; mais j'ai reconnu que l'air provenant de l'acide n’eft point par- fairement pur ; en forte qu'il faut attribuer à cette circonftance une bonne partie de l’impureté du réfidu. Dans la vue d’exclure tout air du contact de l'acide, j'ai fait bouillir celui-ci dans le tube; & quand la vapeur en a eu chaffé entièrement l'air, j'ai fcellé hermétiquement, comme on le pratique en faifant un marteau d'eau. Ayant enfuite expofé le rube à la chaleur, j'ai trouvé que l'acide fe coloroit aufli fortement que lorfqu'il y avoit de l'air: la préfence de ce Auide n'eft donc point néceflaire pour la production de l’effer. Quand j'ouvrois enfuite le tube fous l’eau , 11 en fortoit de l'air déphlogiftiqué, extrêmement blanc, comme dans les autres expériences; mais qui, à l'épreuve , ne fe réduifoit qu’à 0,66. Ii paroît , fi l’on fait attention à ce défaut de pureté, que quand l'air eft produit en abondance durant le Tome XXXVT, Part, I, 17990. AVRIL. Hb 2 244 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE; 5". procédé, il peuc y aveir eu abforption d'air plogiftiqué, quoique le calcul indique une plus grande quantité de ce dernier air après l'expérience , qu'il n’y en avoit auparavant : c’eft le cas de celle que je vais rapporter. En me fervant d’un tube de verre, qui contenoit 1,13 once mef. d'air commun outre l'acide du nitre, j’ai expofé celui-ci à la chaleur, jufqu'à ce qu'il foit devenu d’une’couleur foncée orangée ; & quand le tube a été ouvert fous l’eau ;ilen eft forti 2,83 once mef. d’un air extrémement turbide , qui donnoit 0,66 avec deux fois fa quantité d'air nitreux , tandis que ce dernier, en quantité égale avec l'air commun, dohnoit 1,07. Le calcul, tel que je l'ai établi ci-deffus , indique 0,7477 once mef. d'air phloziftiqué avant , & 0,8792 once mef. après l'expérience ; maïs comme l'air déphlogiftiqué, fe montant à 1,7 once mef. étoit de 0,66 à l'épreuve, il conrenoit 0,374 once mef. d’air pnlogiftiqué. Or, fi l'on déduit cerre dernière quantité de 0,8792, il ne refte que O,fo$2 once mef. ce qui efl beaucoup au-deflous de 0,7477 once mef. Que l'acide du nitre puifle fe colorer, fans rien abforber de l'air phlogiftiqué , c’eft ce qui paroïît évidemment , puifque l'effet a lieu non- feulement dans le vuide, comme il a été dit, mais encore lorfque l’acide a été en contact avec toute autre forte d’airs , aufli complettement exempts d'air phlogiftiqué qu'il m'ait été poflible de les avoir, Je dois dire au refte que vu la manière en laquelle il faut néceffairement conduire ces expé- riences, je n'ai jamais pu exclure en entier l'air phlogiftiqué faifant partie , foit de l'air commun , foit de ce qui rendoit impur l’air dont je me fervois : je commence par remplir le tube d'acide; j'en plonge l'orifice dans un vaifleau plein de la même liqueur, & j'y introduis Pair que je veux admettre; après quoi couvrant du doigt l’ouverture du tube, je le renverfe, & j'y applique le bout fermé d’un autre tube de mêmé diamètre, que je foude au chalumeau aufñi preftement qu'il m'eft poñible. Ce procédé eft néceflairement imparfait; mais je n'en connois point de meilleur , dès qu’il faut laiffer de l'acide dans le tube. Après tout cepen- dant la quantité d’air phlogiftiqué qui s’introduit de cette manière, avec Vair atmofphérique, doit être peu confidérable, proportionnellement à celle de l'air dont le tube eft rempli ; & quoi que l’on fafle , l'impureté de celui-ci donnera toujours lieu à des Gbjections. Après avoir obfervé , à différentes fois , que l'acide du nitre fe coloroie lorfqu'il étoit expofé à la chaleur , en contaét avec toute efpèce d'air quelconque, jy ai expofé en même tems & avec les mêmes circonftances , ftois quantités égales du même acide fans couleur, dans trois tubes à-peu- près égaux, dont un contenoit de l'air déphlegiftiqué, un autre de l'air phlogiftiqué , & le troïfième de l'air inflammable. Mon but étoit derendre plus faifffable la différence de couleur , s’il y en avoit une. Mais quoique jy aie apporté toute l'attention qui étoit en mon pouvoir, je n’y ai apperçu aucune différense , fauf celle qui provenoit d'un peu plus de. + SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 245 proximité du feu; & après avoir fait changer de place aux tubes, la couleur s’eft à la fin trouvée la même dans tous. Comme j'ai examiné, dans ces trois cas, l'état des airs, avant & après Pexpérience , felon Ja méthode dont j'ai parlé ci-deflus,, je vais en donner les détails. Air déphlogifiqué. Le tube en contenoit avant l’expérience 1,46 once- mef. donnant à l'épreuve 0,67; & après l’expérience 1,76 once mef. épreuve 0,77. Cette différence vient en partie du mêlange de Pair cogimun, dont il n'a pas été poflible de fe garantir en fcellant le tube, & en partie de ce que l'air dégagé de l'acide n’étoit pas pur. Air phlogifliqué. Le tube en contenoit 1,3.once mef. avant, & 1,957 once mef. après l'expérience, épreuve 1,38. Air inflammable. Le tube en contenoit avant l'expérience 1,52 once* mef. & 1,9 once mef. après l'expérience, épreuve , 1,3 Tous ces airs ont: été éprouvés avec deux fois leur quantité d’air nitreux. Si l’on foumet ces réfulrats au même examen que celui de la première: expérience, on trouvera que dans tous ces procédés , il y a eu moins d’aist phiosiftiqué ou d'air inflammable après, qu'avant l'opération, D’après: une telle uniformité , je ne puis m'empêcher de conclure qu'une portion de cet air eft par-là décompofée & purifiée; & qu’en même-tems que l'air déphlogiftiqué eft dégagé de l'acide par la chaleur, il fe fait une abforption ,. qui ef probablement celle du phlogiftique de l'air phlogiftiqué: c’eft une preuve que cet air n’eft pas une fubflance fimple; mais que c’eft: un compofé, dont le phlosiftique eft partie conftituante ; car l'acide: du nitre acquiert la même couleur & les mêmes propriétés par l'addition de toute autre fubftance, que lon fuppole contenir du phlogiftique, Puifque cet acide peut être rendu fumant ou phlogiftique ; par le feul dégagement de l'air déphlogiftiqué, il eft évident qu'il contient deux principes , doués d’une grande affinité l’un pour l'autre; & que pour manifefter l’un d’eux il fufic de l’abfence de l’autre. Il ef naturel auffi de fuppofer que la caufe de l'expulfion du principe , qu'on peut appeler déphlogifliquant, foit en même-tems celle de l’abforption : du principe phlogiftiquant ; tellement que la purification de l'air, en contact avec l'acide , feroit une conféquence néceflaire du dégagement de Pair pur contenu dans l’acide ; le tout tendant à cet égard à fe mettre dans une forte d'équilibre, Il n’y a donc rien de difficile à concevoir que le phlogiftique puiffe être tiré de l'air contigu , en même-tems que l'air déphlogiftiqué fe dégage, dans un état ëmpur , c’eft-à-dire, mêlé d'air phlogifliqué ; car puifque l'acide contient toujours du phlogiftique , tout air, quien fait partie & qui en eft dégagé, il fe peut qu'il contienne néceffai- rement ce principe, ou de l'air déphlogiftiqué. Mais il fe peut qu’à mefure que l’air le moins impur fe dégage, celui qui l'eft moins foit abforbé par l'acide, jufqu'à ce que le tout devienne de même qualité. Peut-être au: 246 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, furplus , qu'une des conféquences à tirer du dégagement de l'air déphlo- giftiqué impur , & de l’ablorption fimultanée de l'air phlogiftiqué , c’eft que le premier eft formé , non d'un fimple mêlange des deux airs, mais de union intime de l'air déphlogiftiqué avec le phlogiftique ; quoique leur féparation puifle s’opérer , par l'air nitreux , ou par d’autres procédés, exactement de la mème manière que l'air déphlogiftiqué eft féparé d'un fimple mêlange avec l’air phlogiftiqué. Ces expériences montrent évidemment que la chaleur rouge n’eft point néceffaire pour la converfion de l’acide nitreux en air pur, quoique ce foit le moyen le plus prompt & le plus sûr pour l’effeduer , comme je lai fait voir précédemment. Je ne faurois m'empêcher de regarder les faits que je viens d’expofer , comme favorables à la doctrine du phlogiftique , & défavorables à celle de la décompofition de l’eau : car puifque la vapeur rouge de l’acide du nitre contient indubitablement le principe , auquel on a donné le nom de phlogiflique , ou le principal élément de l’air inflammable, & que cet air éft, felon les adverfaires du phlogiftique, une des parties confti- tuantes de l’eau , il faut qu'ils fuppofent, que dans l'acide dont je parle, l'eau eft décompofée par une chaleur beaucoup plus modérée que dans la plupart des autres cas. C’eft en général une chaleur rouge qu’ils ant jugée néceffaire pour cet effer. Il eft bien sûr que la converfon de l'eau en vapeur par l’ébullition, ou par quelque degré de chaleur qu’on puifle donner à ce liquide, fous la plus forte preflion , ne tend en aucune manière à le décompofer, Or, fi la fimple ébullition de l’eau , dans l’acide du nitre, peut opérer cette décompolition , je ne vois pas pourquoi il n'en feroit pas de même quand on la fait bouillir feule. Je penfe de plus, que. quelle que foit la compofition de l'air phlo- giftiqué , il fera plus difficile d'expliquer la purification de l'air commun renfermé avec l'acide, par l’hypotbhèfe qui rejette le phlogiftique, que ar celle qui l'admer. Puifque dans les expériences que j'ai rapportées, l’acide du nitre fe celore par la chaleur fans lumière , & que la réfraion ou la réflexion de la lumière eft toujours accompagnée de chaleur, c’eft peut-être à celle-ci qu’eft due , dans tous les cas la coloration de l’acide , quoique la manière dont elle agit nous foit encore inconnue. Dans ces nouvelles expériences, comme dens les anciennes, c’eft [a vapeur qui reçoit d'abord Ja couleur, & qui la communique enfuite au liquide, quand il eft fufifamment refroidi pour la recevoir. Un phénomène frappant, dans ces expériences, c'eft la fortie abon- danre d’un air curbide & blanc , hors d’un tube tranfparent, qui n’eft plus chaud. Il vaudroit la peine d'examinet ce qui forme cette zurbidiré, Le même phénomène fe préfente , comme j'ai eu plus d’une fois occafion de le remarquer , dans la preduction rapide de toutes fortes d’airs, Le fluide SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 247 eft parfaitement tranfparent dans le tube par lequel il pale , jufqu'à çe qu'il vienne en contact avec l’eau, dans laquelle on le reçoit. PosT-ScrIPTUM. Comme on a objecté à mes expériences, que dans la décompofition dé l'air déphlogiftiqué par l'air inflammable, il n'a pas été pofible d'empêcher qu'il n’y ait de l'air phlogiftiqué, je demande la permiflion de joindre ici quelques obfervations à ce fujer, afin de ne pas multiplier fans néceflité les Mémoirees que j'aurai à préfenter fur le pÆlogiflique. Je trouve que le procédé que j'ai fuivi, ne tend en aucune manière à décompofer l'air phlogiftiqué. Rien d’ailleurs de ce que nous connoiflons de cet air ne rend probable que la chaleur feule , avec le contact des airs déphlogiftiqué ou inflammable, puifle produire cet effet: & dire qu'une fubftance que l'on imagine fe décompofer , eft préfente dans un procédé , c’eft ne rien dire du tout, à moins qu'on ne montre qu'il y a dans le procédé, quelqu'agent capable de la décompofer. Si la chaleur feule, qui eft tout ce qui agir dans le mien, pouvoit décompofer l'air phlogiftiqué , & le changer en air nitreux; le paflage de l'air commun (compofe d'air phlogiftiqué & d’air déphlogiftiqué ) dans un tube incandefcent produiroit cet effet; & l'on fait bien que cela n'arrive pas. Ce que j'ai avancé dans mon Mémoire eft une conféquence tirée de Ja comparaifon faite entre la décompofition de l'air déphlogiftiqué par Pair mitreux d’un côté, & par l’air inflammable de laurre, Que l'air nitreux , mêlé avec de l'air déphlogiftiqué, n'ait nulle tendance à produire de l'air pblogiftiqué , c'eft ce qui eft évident , par la difparurion prefque torale des deux airs, quand ils font très-purs & en proportions conve= nables ; & l’on fait affez que l'air nitreux n’a aucun effet fur l'air phlo- giftiqué. Si donc la déflaoration dés airs déphlogiftique & inHammable avoir de la rendance à décompofer quelque porrion de l'air phlogiftiqué, mêlé avec eux, le refidu fcroir moindre après la combuftion des airs inflimmable & déphlogiftiqué impur , qu'après le mêlange de celui-ci avec l'air nitreux: comme Ceft l'air phlogifhqué qui rend impur l'air déphlogiftiqué , il difparoîrroir en plus grande quantité dans le premie: de ces procédés que dans le fecond. Mais par un grand nombre de tentatives faites avec foin, je n'ai jamais pu réduire un air déphlogiftiqué quelconque par Pair inflammable, plus loin que par l’air nitreux : quand les proportions font bien érablies , la diminution dans les deux cas, eft auffi près d'être la même qu'il eft poffible, J: dois obferver cependant qu'il fiur plus d'air nitreux que d’air inflam- mable (retiré du fer par la vapeur de l’eau ) pour produire l'effet; &e cela dans la proportion d’environ 10 à 9. L'air nitreux ne contient 248 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, donc pas autant de phlogiftique fous le même volume, que laix inflammable , comme je l'avois déjà reconnu ci-devant. es On remarquéra, dans ce Mémoire, que mes diminutions de l'ait commun par l'air nitreux, font notablement moindres qu'auparavant ; c’eft l’effec d’une légère agitation donnée aux airs à l’inftanc du mélange; ce qui diminue généralement la réduction de Æ de mefure; mais j'ai trouvé que deux de ces mélanges, l'un qui a été agité, & l’autre qui ne Pa pas été, approchent de l'égalité de volume , après un certain tems. Une autre circonftance,, qui ne me paroît pas peu extraordinaire, c’eft que cette agitation empéche la plus grande diminution de l'air déphlo- giftiqué avec l'air nitreux : je l’ai trouvé 2,$ fans l'agitation, & 6 avec l'agitation, : La moindre diminution d’un mêlange d’air nitreux & d'air commun eft probablement due à la préfence de Pair pblogiftiqué, qui gène lerappro- chement de l'air nitreux & de l’air déphlogiftiqué ; car j'ai trouvé que la même chofe a lieu , en mêlant la même proportion d'air inflammable avec l'air déphlogiftiqué : & quand ce dernier eft agité feul avec l'air nitreux , il fe peut que l’eau empêche leur union , comme l'air phlogiftiqué le fait dans le premier cas. On né peut donc attribuer l’origine de l'acide nitreux que je trouve en décompofant les airs déphlogiftiqué & inflammable, qu'à l'union de ces deux airs : donc ils ne forment pas de l’eau feulement , comme le fuppofent les adverfaires du phlogiftique. A RÉ / ANALNSE CHIMIQUE , De l’Uranit , fubflance métallique nouvellement découverte par M. le Profeffeur KLAPROTH. 6. I. Pin mr le nombre des fubftances minérales dont nous ne connoiflions point encore les principes conftituans, & auxquelles par eette raifon on n’a encore pu donner un nom déterminé , ni par confé- quent afligner une place dans le fyfème minéralogique , fe trouve la fubitance appelée peck-blende de la mine de George Wagsfort à Johan Georgenftadr. Induits en erreur par cette dénomination que les mineurs ordinaires donnent à ce foflile, les favans le plaçoient ordinairement entre les mines de zinc, jufqu’à ce que M. l’infpecteur Werner à Freyberg frappé de fa pefanteur, de fa dureté, & du grain de fa caflure , crut que cene pouvoit être une blénde, & le tranfporta parmi les mines de fer,, x le nomma mine de fer en poix., ferrum ochraceum piceum. {Lignoroit cependant x SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. * 249 “cependant fi c'étoit fa vraie place, & bientôt après il annonça qu'il y fouconnoic pour parties conftituances , la fubitance métallique ou acide particulier contenu dans le wolfram & dans la tungftène , unie au fer. Deux écudians en Minéralogie, fuivant une annonce inférée dans le Journal des Mineurs (an.2,n.6, page 612),ont prétendu il y a peu de tems avoir établi cette opinion par des expériences, & d'après cela ce foflile ne feroit qu’une efpèce de wolfram aujourd’hui aflez connu. Mais on va voir que les expériences que je vais rapporter contredifenc leur aflertion. _S. Il. Ce minéral auquel je laifle, afin d'être court, l’ancien nom°de pech-blende, jufqu’à ce que la néceflité d’une nouvelle dénomination fera démontrée à la fin de ce Mémoire , fe trouve en mafle, ou en tOgnons s ou ftratifié avec d'autres pierres ou terres, dans les mines dont nous avons parlé. La première variété en mafle eft d’une couleur nirâtre, tirant fur un gris d'acier foncé, ayant peu de brillant; fa cafure eft inégale & concave dans les plus petites parties. Elle eft parfaicemenc opaque , aflez dure, & donne par la trituration une poudre noire. Sa pefanteur fpécifique moyenne eft de 7,500, Elle eft rarement parfai- tement pure; mais on obferve ordinairement qu'elle eft mêlée de particul-s de galène d’une couleur grisâtre ayant l’afpect métallique mat, dans de petites cavités ou dans des veines & des lignes très-fines. La feconde variété fe trouve ordinairement dans des couches qui alternent avec la gangue micaceo-fchifteufe qui eft entrée en décompo- fition, ou avec une mine de fer brune en hématite, & ordinairement accompagnée d’une terre jaunâtre ou brunâtre dans laquelle fe trouve auffi une fubftance verte criftallifée en lames quarrées, que l’on ‘avoit prie pour un glimmer verd, ou mica verd. Elle fe diftingue de la première par une couleur noire plus prononcée, entremêlée par ci par là de rouge, par un éclat plus vif approchant de celui du charbon de terre, par une dureté moindre, & enfin, parce que réduite en poudre , la couleur noire tire un peu fur le verd. J'obfervai encore que quelques endroits des morceaux avant leut fraéture avoient une furface plate & en perits rognons. d $. III. Traitée au feu du chalumeau la pech-blende ne fouffre aucun changement, & fe montre entièrement infufble, Mélée avec l’alkali minéral ou avec celui du tartre , on en obtient un globule gris peu tranfparent & fponoieux. Avec le fel microcofmique elle fe fond, & on a un globule verd tranfparent. Quelquefois il s'y rencontre des petits globules de plomb fondus en culots ; mais on doit les regarder comme étrangers à la pech-blende. $. IV, Un lot & demi de pech-blende réduit en poudre & chauff: au rouge dans une petite retorte perdit femt grains; il pafla une petite Tome XXXVI, Part. I, 1790, AVRIL, li 250 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, uantité d’acide fulfureux , & dans Le col de la retorte il fe trouva un peu e foufre fublimé, Une quantité femblable de pech-blende calcinée dans un têt à rôtir fous la moufle jufqu’à l'entière évaporation du foufre, fouffrit une perte de vingt grains ; mais l'ayant tenue rouge encore une heure, le poids fe trouva augmenté de huit grains, $. V. Quant à ce qui regarde la manière dont la pech-blende fecomporte avec les acides, elle ne fe diffout que très-incomplerrement dans l'acide vitriolique, L’acide nitreux la décompofe complettement. Un lot de pech- blende de l'efpèce folide diffous dans l'acide nitreux laifle pour réfidu cinq grains & demi de foufre, & dix grains & demi d’uneterrefilicée ferrugineule. Une demi-once de l’efpèce qui reffemble au charbon de terre, donna pour réfidu neuf grains de foufre & dix-fept grains de la gangue ferrugi- neufe, La diflolution nitreufe étoit d’une couleur jaune de vin étendue. $. VI. L’acide marin ne décompofe qu'imparfaitement la pech- blende; mais combiné avec l'acide nitreux, il la diflout comme eau régale, auffi bien que l’acide nitreux\pur. Une demi-once de pech-blende de la première efpèce fut entièrement difloute, & le réfidu fut cinq grains de foufre & huit grains de terre filicée. La folution qui étoir d'une couleur jaune de vin étendue , tirant un peu fur le verd, dépufa par € refroidiflement quelques petirs criftaux blancs en aiguiiles de plomb cornes. qui ont donné par la réduction un culot de plonib de trois quarts de grain: dans la folution décantée & expofée quelque tems au froid, fe formèrent. de grands criftaux tranfparens d’une couleur jaurie verdâtre étendue, dont la figure extérieure n’étoit pas facile à déterminer. $ VIE Pour connoître plus particulièrement la nature de la fubftance métallique contenue. dans la pech-blende, j'ai fait plufieurs expériences avec fa lolurion dans l'acide nireux & dans l’eeu régale, Premièrement j'ai renré de faire la réduétion de certe fubflance par la voie humide; mais. ni des barreaux de fer, ni de zinc n’en précipitérent rien ni à froid, ni. à chaud. Le toie de foufre volaril précipira la partie difloure dans les acides, en une couleur jaune brunätre: & pendant cetre expérience la furface du mêlange fur conftamment couverte d’une pellicule avant un afpect orisârre métallique. La reinrure de noix de galle n’occalionna aucun précirité; mais fi l'acide prédominant qui empêche la précipration eft afoibh par un alkali, il fe fait un précipité d’une couleur brune comme le chocolar, $. VITE. Un des phénomènes principaux qui diflingue cerre fubftance métallique, eft la couleur rouge brunârre fous laquelle Palkali phlogiftiqué le précipite de la folurion dans les acides, Il ef vrai que le même alkali pécipi'e auf lesd'floluriens de cuivre, fous la mème couleur brune; maisil y a une différence en ce que Je cuivre robe fous forme de focors c mme de la laine, au lieu que cette fubftance (e difperfe en fe précipitant d’abord dans tour le liquide, Ce précipité reffemble plus à celui de la chaux de. x SUR ’ L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS, 2ÿi molybdène diffous’ dans l’acide marin & précipité par l’alkali phlogifti- qué ; mais la couleur du précipité de molybdène eft un peu moins foncée, Ces deux fubitances font par elles-mêmes faciles à diftinauer. Si la pech-blende eft mêlée accidentellement avec le fer, il fe fait premièrement un précipité fale noirâtre, & enfuire quand celui- ci eft féparé , l’on obtient le précipité rouge brunâtre. Un autre caractère de la pech-blende eft [a couleur jaune fous laquelle les alkalis la précipirent des acides. Les gradations de ces couleurs ne font pas toujours les mêmes : elles diffèrenc foit à raifon de la pureté du minerai, foit à raifon de celle de Palkali précipirant. L'alkali volatil la précipite ordinairement en une couleur jaune plus ou moins {ale. Les deux alkalis fixes à l’état cauftique la pré- cipitent completement, & le précipité eft d’un jaune de citron ou d'orange. Le précipité le plus pur s'obtient de la pech-blende femblable au charbon de terre diflous dans l’acide nirreux. Ce précipité lavé & feché pèfe ordinairement un fixième ou un feptième de plus que le minerai cru. $. IX. Si on emploie de l’alkali fixe aéré , la couleur du précipité eft ordinairement d'un jaune blanchâtre ; mais fi on en met plus qu'il n’en faut pour farurer l'acide, une partie confidérable du précipité eft rediflou’e par l'acide aérien. Cette diflolution alkaline aérée filtrée donnera ân nouveau précipité d’un jaune couleur de citron fi on y ajoute de l'acide nitreux. J’obtins une femblable diffolution dans l’alkali aéré en mettant certe I RC 252 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, métallique’retient ordinairement la même forme que les ,criftaux avoient auparavant. (c) L’acide phofphorique forme avec lui des flocons jaunâtres ipformes peu folubles dans l’eau, $. XI. J'ai encore effayé de difloudre la pech-blende dans l’alkali par la voie sèche. Je fis fondre un lot de pech-blende avec deux lots de fel de tartre, La mafle verfée hors du creufet avoit une couleur d’un gris noirâtre , étoit dure , compacte & foliée. Triturée 8 verfée dans l’eau, la poudre re perdit rien de fa couleur ni de fon poids; la liqueur filtrée fut fans couleur, & avoit un goûr alkalin léoèrement hépatique. En y ajoutant de l’acide nitreux il fe précipira environ quatre grains de terre filicée en flocons. Cette infolubilité de la pech-blende dans Palkali par la voie sèche, fait voir qu'il ne peut appartenir aux fubflances contenant l'acide tungffique ou du wolfran. $ XIT. Trairée au chalumeau, cette chaux métallique jaune fe conduit come la pech-blende crue , excepté qu’en la faifant rougir elle prit une couleur grife bleuâtre, & la couleur brune dés globules obtenus avec Falkali minéral & le borax , ainfi que la verte que donne l'acide phof- phorique, étoient plus pures & plus diaphanes qu'avec la mine crue. Peffayai enfuire de faire Ja rédu@ior de cetre chaux dans un creufer, Les réfultats furent conformes aux eflais faits au chalumeau. Le foffile cru, ainfi que fa chaux jaune, méêlés en différentes proportions avec du flux noir du borax & d’autres Aux vitifians & fondus dans des ereufets brafqués avec du charbon, ont toujours donné le même produit, favoir des fcories noires , vitreufes , fans le moindre veftige de régule. $. XIII Comme je voyois que je ne pouvois opérer la réduétion par ces moyens, j'eflayai de traiter cette fubftance métallique comme la. manganèle, purement avec des fubftances inflammables. Pour cela je: uiturai cent vingt grains de la chaux jaune métallique avec de l’huile. de lin jufqu'à la confiftance d’une pâte. Je &s brûler l'huile dans un aèc à rôtir. Î] refta une poudre noire pefant quatre-vingt-cinq grains que jé mis dans un creufet bien brafqué avec de la poudre de charben. Je luttai le couvercle, & j’expofai enfuite le creufet ainfi appareillé dans le feu d’un fourneau de porcelaine. En même-tems je mis un autre: creufet également appareillé dans le même feu avec la chaux phlogifti- quée de manganéfe. Après avoir retiré les deux creufets du fourneau , je trouvai que la-réduction de la manganèfe étoit faite completement dans le dernier ; mais dans le premier fous la poudre de charbon qui n’avoit fouffert aucun changement, je trouvai cette fubftance métallique fous forme d’une maffe pefarte légèrement cohérente qui fe laïffa brifer entre les doigts en une poudre noire qui cependant avoit quelque brillant. En mettant fur une partie de cette poudre de l’acide nitreux, la ditiolution fe fit avec aflez de force, pendant laquelle le mélange s’échauffa, & la fiole fut remplie de vapeurs rouges nitreufes, Çe phénomène me convainquit: SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 253 qüe quoique la fufion n’eût pas eu lieu, il s’étoic pourtant fait une réduétion de cette chaux métallique ; mais aufli que cette fubftance régu- line eft encore plus difficile à fondre que le régule de manganèfe qui eft néanmoins fi réfraétaire, $. XIV. Pour m'’aflurer fi certe chaux de la pech-blende déjà un peu à l’état métallique, fe montreroit un peu plus fufñble qu'auparavant, jai mis le refte dans un têc à eflai brafqué. Je le couvris avec du borax calciné, & je remplis le refte avec de la poudre de charbon, & après avoir lutté le, couvercle je l’expofäi au feu le plus forr du fourneau de porcelaine. Mon attente ne fe trouva pas tout-à-fait fruftrée ; car j'obtins le régule mérallique en une mafle cohérente confiftante en de très-petits globules métalliques agolutinés, La cohérence ne fur pas cependant forc compacte ; mais la mafle étoit poreufe & fpongjieufe : la couleur de cette: mafle métallique écoit extérieurement d’un gris foncé; & en la rayant elle: étoit d’un brun pâle. Le brillant métallique étoit foible à çaufe de la grande porofité de la mafle ; fa dureté médiocre, de manière qu'elle fe: laiffa facilement limer & ratifler avec le couteau. Ce métal rougi em pétite quantité au chalumeau ne fubit aucun changement. Mêlé avec du fel microcofmique, cela produifit fur le globule fondu une pellicule mate d'une couleur d'un blanc d'argent, mais qui en effer ne confiftoit qu'en très-petits globules cohérens. Le globule même fut teint en verd d'herbe, Par une fuñioa continuée cette pellicule métallique s’enfonça plus pro fondément dans le globule qui à la fin eut l’afpect d'une fcorie poreufe peu tranfparente, d’un verd grisärre. $. XV. Je me vis obligé d'abandonner les effais que je voulois faire: avec certe fubitance portée à l'état de régule, & fur-tout les combinai- fons que je me propofai d'en faire avec les autres métaux. J'ai laiffé ces expériences pour un autre tems & pour une autre occafion. J'effayai encore la couleur que ceite chaux métallique pouvoit donner aux compofitions de verre, ainfi que celle qu’elle doaneroit à la porcelaine. (a) Terre filicée préparée. . deux gros, Sel de tartre . ...... un gros, Chaux métallique jaune dix grains, donnent un verre tranfparent d'un brun claire (b) Terre filicée préparée. . deux gros. Alkali minéral. ..... un gros. Chaux métallique jaune. dix grains, donnent un verre opaque d'un gris noirâtre, (c) Terre filicée Borax calciné de chaque. deux gros, Chaux métallique jaune. vingt grains, donnent un verre tout-à-fait comme la topale enfuméss 254 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, (4) Terre filicée | Acide phofphorique vitreux des os, de chaque deux gros. Chaux métallique. ......,......,.. vingt grains. donnent un verre opaque d'une couleur d'un verd de pomme clair prefque comme la crifoprale. .-(e) Acide phofphorique vitrifié. .5....4.... deux gros. Chaux métallique jaune. . ..,... 4... dix grains. donnent un verre clair couleur d’émeraude. Les deux derniers verres attirent peu-à-peu l’humidité de l'air. La chaux métallique jaune foiblement rougie, mêlée avec Le flux néceffaire & brülée fur de la porcelaine dans un feu à émail, donne une couleur d'orange foncée. , $: XVI. Toutes ces expériences prouvent aflez que cette fubftance minérale n'appartient ni aux mines de zinc, ni à celles de fer, ni à celles qui contiennent l'acide tungftique ou le wolfram , & en général à aucune des fubftances minérales connues jufqu’à prefent; & que par conféquenc il faut la régarder comme une fubftance demi-métallique particulière. Il faudra lui ôter toutes les dénominations anciennes & qui font faufles , telles que celles de pech-blende , minera ferri picea, &c. On doit lui donner un nouveau nom fignificatif, Jufqu’à ce qu’on en trouve un plus propre, je lui donne celui d’uranit®, nom que je prends, à l'exemple dés anciens philofophes , de la planette nouvellement découverte par M, Herfchel, & appelée ici Uranus. s. XVIT. Indépendamment des deux variétés de cette mine fulfu- reufe, l'uranit fe trouve encore dans la même-mine de George Wagsfort à Johan Georgeftadr dans l’état d’une chaux métallique native ; & cet la terre jaunâcre dont j’ai fair mention au commencement qui accompagne la variété feconde de l’uranit fulfureux fous différens degrés de couleur , pureté & endurciflement. La terre jaune claire fe montre comme la plus pure, parce qu’elle fe précipite d'abord avec une couleur rouge brunâtre par l’alkali phlogiftiqué de fa folution dans l'acide nitreux. Les variétés d'une couleur plus foncée font au contraire plus ou moins ferrugineufes. $. XVIIL Je rapporte encore ici la fubftance appelée 2/2mmer verd que l’on trouve dans la même mine. Ce beau minéral fe rencontre ordi- nairement dans les fentes & fciflures de la gangue fchifteufe, ainfi que dans celle de l’uranit jaune calciforme, fous la forme des tables quarrées minces, qui paflent quel juefois à la figure cubique parfaite d’une couleur verd d'émeraude, verd ferein , verd pâle , jufqu'au blanc d'argent, Outre Fendroit mentionné il fe trouve aufli à Eibenftock für du quartz brun femblable au hornftein, mais néânmoins très-rarement. Que cette fubflance ne fût point un vrai glimmer, ou mica, cela SUR L’HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 25$ paroifloit évident d’après plufieurs faits, mais on ignoroit fa nature juiqu'à ce que Bergman l'analysär. IL croyoit y avoir trouvé du, cuivre minéralifé par l'acide marin, & de la terre aroileufe, Depuis cetems on la trouve dans les nouveaux fyftèmes placée parmi les mines de cuivre, fous le nom de calcholite ( argila calcholitas ) ; il reftoit cependant au chevalier Beroman quelques doutes fur fon analyfe, particulièrement parce qu’il n’avoit pu travailler que fur des quantités très-petites, $. XIX. Ce glimmer verd ou calcholire, d’après mes expériences , n’eft rien autre que de l'uranit criftallifé qui eft teint par un peu de chaux de cuivre, Je facrifiai plufieurs morceaux précieux , & je ramaflai avec beaucoup de peine de ces petites lames fur lefquelles je verfai de l’acide nitreux. Elles fe fonc difloures à froid fans mouvement & fans effer vefcence, La diflolution a été parfaite : j'ai verfé de cetre diflolution gourre à goutte dans une diflolution d'argent qui n’en a point été troublée, Bergman aflure, il eft vrai, avoir obtenu un précipité qu'il a cru être de la lune cornée qui s’étoit produite ; mais certainement cette: précipitation obrenue par Bergman a dû provenir d’une autre caufe, Dans une autre portion de la diflolution nitreufe de ces lames j'ai plongé le bout d’un reflort de montre bien poli , il s’eft couvert d'une: pellicule de cuivre luifanre. J'ai faruré avec de l'akali volatil cauftique tout ce qui m'éroir refté: de la difivlution. Li fe fit un précipité d’un gris bleuârre, & toute la liqueur fut teinte en bleu. J’y verfai encore plus du même alkali, de Eçon que tout le cuivre fe diflour complertement. Lorfque le précipiré fut réuni au fond , je décantai la diflolurion bleue , & je verlai fur le rélidu une nouvelle quanriré de mon alkali ;: qui ne prit plus de teinte bleue. Le précipité ainfi dépouillé de tout le cuivre fut diflous de nouveau dans l'acide nitreux. Je partageai cette diflolution en trois parties. Dans la première portion je mis un reffort de montre poli ; mais il ny eut alo:s ni précipité de cuivre ni autre chofe. Je verfai dans la feconde portion de Palkal phlogtitiqué, & j'obrins un précipité abon- dant ralarivenient à Ja quantité de marière employée. Ce précipité éroic d’un rouge brunâtre, Enfin , de l'alkali cauftique verfé dans la troifième portion en précipira a chaux jaune d’uranir. Le cuivre contenu dans les criltaux verds ne paroît point leur être une partie elentielle, Je m'en fuis convaincu, parce que J'ai trouvé dans un morceau de ce minéral venant également d'Eibenftock des criftaux d'une couleur jaune de cire au lieu d'êre verds, Certe nouvelle efpèce de méral devra être placée dans le fyflème de Minéralogie comnie un nouveau genre entre les demi-métaux d’une fufon difficile. On pourra la divifer dans les efpèces fuivanres, 1°. Uranites fulphuratus , uranir fulfureux , minéralifé par le foufre.. (a) D'un gns foncé mêlé en partie avec de la galène , compacte, 256 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, (5) Noir, d'une apparence de charbon de terre. 2°. «Uranites ochraceus Luteus, üranit ocreux. 3°. Uranit criftallifé en tables quarrées. (a) Teint par le cuivre, (b) Jaune, OBSERVATIONS PHYSIQUES SUR LE PHOSPHORISME DU TARTRE VITRIOLÉ ÿ Par M. JEAN-ANTOINE GIOBERT; Lues le 4 Janvier 1789. P ARMI les objets qui de tout tems ont Îe plus occupé les phyf- ciens & les chimiftes , on peut fans doute ranger les fubftances falines; mais à en juger par les nombreufes découvertes que l’ôn fait tous les jours dans ce ‘genre, il s’en faut bien que nos connoiflances s’y foienc auf étendues qu’on pourroit le croire, depuis tant de rems qu'on s’y applique. La nature des fels, leurs propriétés, les loix qu'ils faivene dans l'arrangement de leurs molécules, les phénomènes de leur diffolu- tion & de leur criftallifation, font autant de points {ur lefquels nous n'avons jufqu'à préfent que de bien foibles lumières. Malgré la fagacité & le génie de ces grands hommes, qui font toure leur occupation de la douce & agréable étude dé la Nature, ce n'eft le plus fouvenc que le tems & le hafard qui conduifent aux plus grandes découvertes. H y a nombre de phénomènes que des circonftances particulières dérobent à la vue de l'Obfervateur le plus habile, & en même tems lé plus attentif, quoiqu'il les air fans cefle fous les yeux. Le vitriol alkalin végétal qui’ fait le fujet de ce Mémoire, en offre un exemple frappant. Ce fel dont on fait depuis long-tems ufage en Médecine, & qui a fourni tout récemment à M. Garburi de Padoue une matière auffi nouvelle qu'intéreflante, vient de me manifefter une propriété ui me paroît mériter coute l’attencion des phyficiens, des chimiftes .& de l'Académie, C’eft La propriété phofphorique qui en accompagne l criftallifation. Engagé à préparer en gros de la magnéfie blanche, j'avois décom= ofé une affez grande quantité de fel de canal, par l'intermède de Patkali vépéral aéré. La liqueur ne laïffant plus précipiter, pas même per l'ébuilitiôn, la mojndre trace de magnéfie, je l'ai fait évaporer pour SUR L’HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 257 pour en criftallifer le vitriol alkalin végétal qui en réfulce. L'évapora- tion s'en étant faire à la première pellicule , des circonftances particu- lières m'ont obligé de la laifler dans le même réfervoir où ,je l’avois fait évaporer. Trois jours après l'ayant reprife, plutôt dans la vue de la rejetter que d’en criftallifer le vitriol alkalin végétal, j'ai crouvé qu'il s’y étoit formé quelques criftaux, & dans l'intention d'examiner l’aétion du fel fur le Cuivre du récipient, je l’ai décantée. Dans ce moment même un élève alarmé par la caflure fpontanée de quelque verre, ayanr ôté rout-à-coup la lumière du laboratoire , toute la furface intérieure du réfervoir a paru éclairée par de grofles écincelles brillantes d’une lumière pâle & bleuâtre, lefquelles difparoiflent d’abord pour reparoître bientôt au moindre frottement des criftaux. C’eft vers les :huit heures du foir que j'ai joui de ce curieux & nouveau fpectacie. Comme je m'occupois depuis quelques jours du phofphorifme des bois pourris ,& que je venois d'en quitter des morceaux , j'ai foupçonné que les criftaux de fel vitriolique alkalin végétal en avoient impofé à mes yeux (1), & que ce phofphorifme pouvoit fort bien être l'efféc de quelques traces que les morceaux de bois avoient laïiflées dans mes doigts ; mais l'expérience détruifit bientôt mes foupçons. Ayant laiflé tomber dans le récipient une petite poignée de ces criftaux , il s’y ef excité une lumière pâle & bleuâtre, d’une manière aufli marquée que dans un pyrophore le plus parfait. En promenant un corps folide {ur la furface des criftaux, j'ai vu fe détacher de chacune de leurs pointes des érincelles lumineufes non interrompues , dont l’enfemble marquoic aflez bien la marche du corps frottant. C’étoit un fpeétacle bien plus agréable & plus raviflant encore, que de voir toute la furface inté- rieure du récipient s'illuminer au moindre coup que j'en donnois du fond à terre, Semblable à ces éclairs qui dans les foirs d’été bien fereins, (1) D’après le Mémoire précédent on m’a reproché d’avoir adopté la: nouvelle Nomenclature. Celle dont je me fers ici, eft, je crois , une preuve du peu de fon- dement de ce reproche. Il y a long-tems que je penfe qu’il faudroit réformer une affez grande quantité de noms durs, barbares, & n’expliquant rien, introduits en Chimie au tems des Lulles & des Borrichius ; maîs j'ai toujours penfé auf qu’une pareille réforme doit être faite d'une maniere indépendante de toute hypothèfe ; ce que n’ont pas fait les chimiftes néologues. Leur Nomenclature ne peut donc être la mienne. Je me fers quelquefois de nom de mon invention; mais ce font des mots qui expriment la chofe ; & ce font fans doute ceux dont on doit f:ire ufage pour faciliter l'étude de la Chimie. Sur cela , je puis prononcer autant qu'un autre ; car puifque des favans m’accordent que j’ai fait quelques progrès dans cette fcience , que j'ai étudiée [ans maître, & d’après la leéture & l'expérience, je dois favoir plus qu’un autre ce qui m’a le plus arrêté, & ce qui m’en a rendu l'étude plus facile; fur cela, je ne faurois diffimuler, que la nouvelle Nomenclature, telle que notre célèbre confrère M. de Morvean la propofa en 1781, ne m’a pas peu aidé dans mes études. Tome XX XVI, Par. 1, 1790. AVRIL, Kk L 258 CBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, paroiïflent fe déracher du haut des Cieux pour difparoître à l'nftanr; cette lumière pâle & bleuâtre deux ou trois fois interrompue, & affec- tant une figure fphérique, fe répandoit er ondoyant , & fe déroboit à mes yeux pour reparoître auffitôc vive & brillante au moindre mouve- ment que je communiquois au récipient. Il ne pouvoit plus après tous ces effais, refter aucun doute que le phofphorifine remarqué ne fût propre à ce fel; j'ai cependant jugé à propos de m'en convaincre par des expériences qui m’ont appris en même tems les circonftances les plus favorables à ce phénomène, & eut-être la caufe qui le produit. Ayant filtré de nouveau la liqueur , je l'ai fait évaporer & enfuite criftallifer. Le foir fuivant, MM. le docteur Giulio & Pabbé Vaflalli s'étant rendus chez moi, nous avons examiné la manière dont fe com- porteroient des criftaux qui s’étoient formés dans cette nouvelle crif- tallifation; & le fuccès a été conftamment le même, ainfi que dans toutes les expériences que j'ai faites enfuite. Comme les obfervations que j'avois faires fur le phofphorifme des bois pourris , m'avoient appris que l'eau n'eft point capable d’en éteindre la lumière, nous avons cherché à reconnoître s’il en feroit de même du phofphorifme de ce fel. J’ai donc verfé de nouveau fur les criftaux falins la liqueur que j'avois décantée, & en frotrant les criflaux fous l’eau nous avons obfervé la même lumière pâle & bleuâtre, qui quoique moins vive & brillante, n’en étoir pas moins marquée. Jufqu’ici je n’avois reconnu que la propriété phofphorique de ce fel; mais j'ai cru devoir examiner le plus férieufement ce phénomène, pour tâcher de découvrir les circonftances qui paroiflent le favorifer , & les caufes qui le produifent. C’eft dans cette vue que j’ai entrepris quelques expériences. Comme c’étoit dans un vaiffeau de cuivre que ce fel s’étoir criftallifé la première fois que j'en avois remarqué le phofphorifme, j'ai jugé à propos de m'aflurer fi ce phénomène auroit également lieu dans des vaiffleaux d’une autre matière. J’en ai donc fait criftallifer dans des vaifleaux de laiton, de terre, de poterie, de fayance & d'étain, & il eft réfulté de ces expériences que la matière des vaifleaux n'a aucune part à la propriété phofphorique du vitriol alkalin végétal. Il n'en eft pas de même de la figure du vaifleau j'ai trouvé qu’en général le phofphorifme de ce fel eft d'autant plus marqué que la furface du vaifleau dans lequel il fe criftallife, eft plus grande, & qu'il préfente par conféquent une plus grande furface au contaét de l'air. Une autre circonftance qui m'a paru favorifer le plus le phofphorifme de ce fel ;. c’eft que la folution que l’on fait criftallifer foit évaporée le moins qu'il eft poffible, pour en obtenir toute la furface du récipient couverte de criflaux, & que la criftallifation fe fafle à froid; car lorfque j'ai SUR : L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 259 fait criftallifer ce {el par une lente évaporation à la manière de MM. Stahl & Rouelle, le phénomène n'a point eu lieu, de même que lorfque la. folution n’a pas été entièrement délivrée de magnéfie. Ce qui eft bien remarquable dans ce phénomène, c’eft que l'eau qui paroît affoiblir la lumière phofphorique de ce fel lorfqu'elle en couvre les criftaux, lui eft abfolument indifpenfable, puifqu’à peine a-t-on décanté la liqueur , que la propriété phofphorique ex eft le mieux décélée , & qu’elle eft abfolument anéantie lorfqu'on fait égoutter fur du papier à filtrer, les criftaux du vitriol alkalin végétal. La diffolution de ce fel n’eft aucunement phofphorique , Jors même qu'elle eft le plus concentrée. J'ai agité er tout fens certe diflolution plus ou moins farurée, plus ou moins chaude, & entièrement refroidie. J'en ai jetté dans l’obfcurité jufqu’au plafond du laboratoire, fans jamais obferver dans fa chûte la moindre trace de lumière. Après avoir fait ces expériences, il m’eft venu dans l'efprit de chercher la caufe qui produit ce phénomène, & me rappelant de la lumière que l’on obferve entre deux morceaux de quartz blanc demi- tranfparent , j'ai d'abord fongé que M. Sage n’avoit pas rous les torts de croire que Le quartz eft identique avec le vitriol alkalin végéral; mais après quelques réflexions, le peu d'analogie qu'il ÿ a entre le quartz & celle de ce fel, m'a fait abandonner cette opinion, & j'ai penfé que ce pourroit bien être une lumière élerique. D'après cette nouvelle opinion, j'ai, criflallifé de ce fel, & ayant décanté la liqueur au moyen de deux fils de foie attachés au récipient & au plafond du laboratoire j'ai ifolé le récipient. Un petit coup d’un corps métallique ifolé en rendoit dans l’inftane lumineufe la furface intérieure, tandis que la pointe de l’életromètre de M. de Sauflure tou-hoit au bord du récipient; mais je n'ai jamais obfervé aucun figne électrique , pas même lorfque la pointe de l’électromètre étant recourbée plonigeoit dans l'intérieur du récipient, & touchoit même aux criftaux de ce fel. J'ai auf ajouté à la façon de M. Volta, une: petite flamme au fommet de la pointe de l'életromètre, au moyen de laquelle cer inftrument devient infiniment plus fenfble, mais il ne m'a pas, été non plus pofliole d'obferver le moindre figne éleétrique. Enfin l’éléc- tromètre confervé dans le laboratoire pendant le cours de ces expé- riences , n’a jamais marqué de l'électricité atmofphérique. Pour ne rien oublier de ce qui pouvoit. m’afMüurer de la nature non électrique de cette flamme , j'ai, encore fait: l'expériénce, fuivantes Comme le récipient dans lequel j'avois fair criftallifer ce fe, ércoir de cuivre , au cas que cette lumière eût été, d'une nature életrique, on pouvoit le regarder comme une efpèce d’éleétrophete ; dont !les criftaux falins auroient tenu liéu de la imatière réäneufe. J'ai, donc Tome XXXVI, Par, l1,1790. AVRIL, Kk 2 260 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, pris une lame métallique ifolée, que j’appliquois à la furface des criftaux après les avoir frotrés; mais malgré tous les foins que jai pris à les frotter avec des matières les plus propres à cet effet, & même après avoir échauffé le récipient, Vexpérience a toujours été fans fuccès. Ces réfulrats me paroiffent donc démantrer que la lumière de ce fel n'eft pas d’une nature électrique : il ne faut pas non plus, je crois, confondre la propriété phofphorique de ce fel avec la lumière, que l'on obferve dans la caflure des gros morceaux de fucre, & des criftaux d’alun, dont le père Beccaria a donné la defcription dans une de fes lettres à M, Beccari, & dont il parle dans fon traité de Péle&tri- cité artifielle. Nous avons remarqué que la lumière phofphorique de ce fel eft également vifible fous Les ,; & que l’eau eft abfolumene néceffaire à la production de ce phénomène; c’eft ce que je n’ai pas obfervé dans les fubftances dont ce célèbre phyficien fait mention, quoique j'aie répété avec le plus grand foin fes expériences. Peut-être la lumière que l’on remarque dans l’alun & dans le fucre, v’eft-elle produite que par le frottement des parties, comme il arrive dans les corps durs, au lieu que dans le vitriol alkalin végéral elte eft fans doute l'effet d’une matière lumineufe fimplement inrerpofée entre fes molécules, ainfi qu'il eft aifé d'en juger par l’anéantiffement de fa propriété phofphorique , dans linftanc que les criftaux falins ore été égoutrés fur du papier: car pour lors les molécules falines étare plus rapprochées, & par conféquent plus difpofées au frottement, le phénomène feroit bien plus marqué où du moins égai; ce dont nous obfervons précifément le contraire. D'ailleurs Les expériences fuivantes font, je penfe, affez propres pour démontrer la différence de la phof- phoréité de ce fel d'avec la lumière obfervée par le père Beccaria , ainfi que pour nous apprendre la caufe qui produit le phénomène en queftion. \ J'ai fair une diflolution de ce fel dans l’eau, & je l’ai fait lentement évaporer jufqu’à la première pellicule : j'ai verfé la liqueur dans un récipient d’une furface très-étendue, & je l'ai fait criftallifer aux rayons folaires. La propriété phofphorique des criftaux falins qui en ont ré- fulré, s’eft fait voir dans un degré éminent. Une partie de cette même diflolurion a été criftallifée dans un réci- pient d’une égale étendue, mais qui n’a pas été expofé à l’action des rayons du foleil. Le phofphorifme des criftaux qui en ont réfulré, étoie tel que je l'avois obfervé Îa première fois; moindre cependant que celui des criftaux falins formés aux rayons du foleil, Pai encore varié ces expériences : j'ai faie bouillir fortement une diflolution de vicriol alkalin végétal, que J'ai fait enfuite criftallifer dans un récipient , qui ne préfentoit qu’une très-petite furface au cortaét x SUR L'HIST, NATURELLE ET LES ARTS. 267 de l'air & de la lumière. La propriété phofphorique étoit moindre ue dans les expériences précédentes. J'ai fait criftailifer de ce fel d’un autre côté, ayant eu foin de placer la folution dans lobfcurité en la retirant du feu. Le récipient préfentoir une grande furface & la propriété phofphorique n’a pas été entièrement anésntie, mais à peine a-t-elle étre marquée. Alors j'ai mis vue folurion de ce fel lentement évaporée , dans une cucurbire de cuivre, que j'ai exaétement fermée de ion bouchon, & que j'ai portée dans la chambre obfcure. Les criflaux falins qui en ont réfulté , n’etoient point phofphoriques, C’eft. d'après ces expériences qu'il me paroît avoir deviné latcaufe qui produit ce phénomène. Il réfulte de leur comparaifon que la propriété phofphorique de ce fel eft d’autant plus marquée que la diflolution dans laquelle il fe forme, fe trouve plus expofée à l’action de la lumière , & que lorfque la lumière n’y joue aucun rôle , l& propriété phofphorique eft entièrement anéantie. On peut, ce me femble, inférer de ces principes que la propriété phofphorique de ce fel ef abfolument due à la lumière qui fe fxe entre les molécules falines, Hors de fon rapprochement dans la criftallifation ; ce qui paroît auf prouvé par la propriété phofphorique , qui a lieu dans ce fel, fous l'eau, comme il arrive dans les bois pourris, & qui dans ce cas eft bien différente de la lumière que le Père Beccaria à obfervée dans la caflure du fucre & de Palun. Mes idées n’étant pas entièrement fixées fur ce phénomène que jai enfuire cherché en vain dans d'autres fels., tels que l’alun , le fel marin & les autres fels vitrioliques, le vitriol alkalin minéral (fel de Glauber }), le vitriol de maynéfe, je ne m'arrê- terai point ici fur ce que je pourrois dire de fon application à la différente criftallifation des fels, la différence qu’on rernarque dans leurs criflaux pouvant fort bien n'être que l'effet d’une plus où moins grande quantité de lumière fixée entre leurs molécules. J’abandonne entièrement ces recherches aux talens de M? Le Blanc, qui s'occupe avec tant de fuccès des phénomènes de la criflallifation ; quoique confidérant les caufes qui peuvent opérer extérieurement il air enut-à-fais oublié l'influence de la lumière. Je ne dirai rien non plus du doute qu'on pourroit avoir, Nue les faits rapportés ci-devant fur Faction de la lumière dans la combinaifon des corps & des affinités chimiques. J'ajourerai feulement que l’expérience ayant conflaté que la lumiëre fe combine dans les corps , elle doit néceflairement jouer le plus grand rôle dans les opérations de Ia Chimie; c’eft ce que les chimiltes me paroiffent avoir entièrement oublié jufqu’à préfent. Je dirai encore que puifque la lumière fe combine dans les corps, & qu’elle manifefte fa préfence par les fignes lumineux qui lui font propres , elle doir être 1 confidérée comme un être fimple , & que Les effets qu’on lui a atrribués. 262 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, ne lui appartiennent point, lorfqu'ils ne font pas accompagnés de Ja propriété lumineufe, C’eft ce que je crois avoir fufffamment démontré dans mon ouvrage fur l'Agriculture, & que j'aurai bientôt occafon d’éclaircir encore par d’autres expériences, qui font connues déjà en partie de plufieurs de nos confrères. ar. PRÉPARATION DU JAUNE DE NAPLES\, Par M. CourEeT, Elève en Pharmacre, On vend ordinairement cette belle couleur jaune fous le nom de Gialloliro de Naples, où l'on a trompé depuis long-rems les acheteurs, en leur difant que c’étoit une matière produite par le Véfuve. Celui qui a parlé le premier de fa compoftion artificielle eft M. Beckmann , qui a tiré fon procédé d’un Ouvrage de l'abbé Bapuifle Paffer:. Les fubftances fuivantes entrent dans fa compofrion, favoir, une livre d’antimoine, une livre & demie de plomb, alun & fel marin, de chaque une once, Quant à la préparation & au procédé, Pafferi n’en parle point. Vraifemblablement qu'il faut d'abord réduire l’anrtimoine & le plomb en chaux enfemble, enfuite on peut y ajouter les autres ingrédiens, & après cela faire fubir au mélange entier une autre calci- “ation , comme il va être expliqué ci-deflous. Le fecond auteur qui parle de certe couleur eft M. Fougeroux de Bondaroy , & dans le fond il s'accorde avec le précédent. Pour cet effec on prend douze onces de blanc de plomb, trois ances d'antimoine diaphorétique , alun & fel ammoniac , de chacun une once. IL faur mêler le tout à fec fur un porphire. Enfuite on mer cette poudre dans un creufet couvert , & on l’expofe d’abord à un feu doux , pendant - quelques heures , après cela on l’augmente pendant quelque tems, & à Ja fin on le laïfle encore pendant trois heures à un degré de chaleur qui entrerienne le creufer dans un érat rouge. Alors on trouve la mafle d'un beau jaune, Si on defire encore l’avoir d’un jaune tirant davantage fur la couleur de l'or, on y ajoutera un peu plus de chaux d’antimuine & de {el ammoniac. Ily a lieu de penfer, qu'au lieu de lantimoine diaphorétique , on pourroit fe fervir de la chaux grife d’antimoine. ST SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 363 OBSERVATIONS MÉTÉOROLOGIQUES FAITES SOUS LA ZONE TORRIDE; Par M. CaAssAN, Doë&eur en Médecine, Médecin des Hôpitaux Militaires des Colonies Françoifes, Affocié de l Académie Royale de Marine , de la Sociére Royale des Sciences & Arts de Saint-Domingue z Extrait d’un Mémoire approuvé par l Académie Royale des Suiences. Et obfervations météorologiques font regardées avec raifon comme une des parties les plus importantes de la Phyfique : elles font la bafe de nos connoiffances fur l’Agriculcure & fur la végétation , & elles feules peuvent nous éclairer fur la différente influence des différens climats fur les corps animés ; c’eft d'après une fuite de pareilles obfervations faites avec exactitude, que je fuis parvenu à déterminer les véritables effets des climats chauds fur l'économie animale, & à établir l’opinion qu'il faut fe former du caractère des maladies de la zone torride, Cette opinion , ainfi que les conféquences que j'en ai tirées pour l'exercice de la Médecine dans les pays chauds, eft parfaitement conforme à l'expérience, & je crois qu’elle peut répandre un grand jour fur la méthode générale de traitement qui * convient aux maladies de ces climats. Comme j'ai rendu compte de mon travail à ce fujet dans différens Mémoires, je ne préfenterai ici que le réfultat de mes obfervations météorologiques , & je renvoie à ces Mémoires pour l'application que j'en ai faite à la Médecine. Mes obfervations ont été faites à Sainte-Eucie fur le morne Fortuné qui eft élevé de cent quarante toifes perpendiculaires au-deflus du niveau de la mer. Le fommet de cette montagne ef, défriché & entièremenc occupé par les établiffemens militaires ; mais la plus grande partie du refte de fa furface eft encore en halliers ou haziers, comme on dit aux îles , & fa bafe eft entourée dans fa prefque totalité d’une vallée très- large, peu cultivée, & qui en fait comme le foffé ; cette vallée eft roure marécageufe ; mais la culture la rend très-produétive dans les endroits où elle eft travaillée avec foin & coupée par des canaux profonds, Le morne Fortuné eft ifolé, aucune montagne ne l'avoifine, fi on excepte le morne Plain qui n'eft, pour ainfi dire, qu'un pointen com- paraïfon du morne dont nous parlons. Le fommet des montagnes qui pourroient dominer le morne Fortuné eft éloigné au moins de trois lieues ; ainfi rien n'y empêche la libre circulation de l'air & l'accès de- toutes les influences atmofphériques. Le fol de toute la montagne ef aroileux; auffi, malgré fa pente extrêmement déclive , il conferve long- së; OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, tems l'humidité des pluies, & il expofe à tous les effets d’une humidité exceffive tous les corps animés & inanimés qui s'y trouvent. Les montagnes qui font face au morne Fortuné, & qui terminent la vallée qui l'entoure , s'élèvent en forme d'amphithéâtre par une pente très-douce, & elles repréfentent parfaitement la concavité des amphi- théâtres des anciens : elles offriroient peut-être le coup-d’æil le plus majeftueux qui fût dans l’univérs fi elles étoient cultivées ; mais elles font encore en entier dans le pur état de nature : elles n’offrenc à la vue que des forêts inacceflilles, & elles n'infpirent que l’idée d’un repaire de ferpens , de lézards & de grenouilles de bois. Tous les matins & toutes les fois que le tems elt couvert, on voit un brouillard blanc & épais fe former fur ces montagnes & fur-rout entre les gorges qu’elles laiffent entrelles, ce qui annonce la grande humidité qu’elles concentrent dans leur fein , & Pattraction bien puïflante qu'elles exercent fur les vapeurs répandues dans l'atmofphère; mais elles font trop éloignées du_morne Fortuné pour que cet effer puifle affoiblir l’exactitude des obfervations météorologiques que: j'y ai faites. Ces obfervations fe font érendues au thermomètre , au baromètre, à l’hygromètre , à l’érat du ciel, aux vents, à la quantité d'eau rombée & à celle qui s'eft évaporée. Élles ont com- mencé le 1$ feprembre, & elles ont été continuées fans interruption jufqu’au 1$ avril fuivant : une perfonne très-intelligente me fuppléoit en cas d’abfence, i a Du Thermomètre. L'heure moyenne de la plus grande chaleur à l'ombre pendant toute Pannée, n'ayant paru être une heure & demie après midi, & celle du plus grand froid cinq heures & demie du matin, j'ai fixé à ces deux heures celles de mes obfervations fur le thermomètre. L’inftrument dont je me fuis fervi étoic à efprit-de-vin , & je m'étois affuré de fa bonté, avant de partir de France, en le comparant avec ceux qui éroient réputés {es meilleurs. [l étoït placé au rez-de-chauflée dans une grande chambre conftruite en charpente & expofée directement à l’eft : elle n'avoit pas ouverture de cecôté-là , mais elle en avoit au nord , au midi & à l’ouef. Une perfonne couchoit dans certe chambre, & les fenêtres reftoienr ouvertes route Ja journée. La plus grande chaleur que le thermomètre a indiquée depuis le 15 feptembre jufqu'au 15 avril a été le 11 oétobre à une heure, L'efpcir-de-vin monta ce jour-là à 31 degrés. Le plus grand froid que cer inftrument ait marqué a été ie 21 février à cinq heures & demie du matin, L'efprit-de-vin defcendit jufqu’à 16 d. +. Certe obfervarion eft bien loir de celle de la glace qu’on a écrit avoir trouvé à Saint-Domingue {hiver paffé. Il eft à obferver qu'on doit regarder la température que m'a annoncé le thermomètre comme la véritable rempérature du morne For- tuné, parce qu'il n’efl entouré d’aucune montagne dout la réverbération puifle SUR LHIST. NATURELLE ET LES ARTS. 265 puifl modifier cette rempérature. Le degré moyen de chaleur fur cette montagne m'a paru être de 24°. Une des obfervations les plus intéreffantes que j'aie faites dans la Météorologie eft la différence qui fe trouve. entre la remipérature du fommer du morne Fortuné & celle de la ville de Caltries fituée au pied de ce morne. IL faut rappeler ce que nous avons dic de la poñirion de certe ville au bord de la mer & dans une petite plaine entourée de mon- tagnes qui interceptent l'accès du vent d'eft. J'ai obfervé plufeurs lois la différence donc je parle, &'je me fuis afluré qu'elle devoir être eftimée conflamment de 3° ?: je l'ai trouvée un jour de $° l'ayant obfervée à midi, par un tems très-chaud ; certe mème différence doir être eftimée de 2° = dans les autres plaines acceflibles au vent d’eft. Certe obferva- tion aftoiblit un peu les calculs d’Euler fur le décroillement de là chaleur de l’air à mefure qu'il s'éloigne de la furface de la terre, & ceux de M, de Sauflure qui a eftimé que cette chaleur décroifloit d'un degré de Réaumur par chaque centaine de toifes d'élévation. On voir que cette progreffion eft infiniment plus rapide dans.les pays chauds , & qu'avant d'étsblir à ce fujer des loix générales , on a befoin d'un bien grand nombre d’cbfer- vations, que nous n’avons pas, fur les différentes circonftances qui peuvent la faire varier dans les différens climats, Cette différence énorme de température entre les plaines & les montagnes des pays chauds doit être attribuée d'un côté à la réverbération renvoyée par la mer dans les plaines qui l'environnent , & de J'antre au vent d’eit qui elt plus frais, plus fore, & qui circule plus librement fur le fommer des montagnes. I eft fans doute bien elfentie] pour la Phyfique & pour la Médecine de déterminer d'une manière exacte la tempérarure d'un pays à l’autre, puifque c'elt réellement celle de l'air qu'on y refpire; mais il left aufli beaucoup de la déterminer à l’ardeur du foleil, c’eft-à-dire, de connoître la véritable chaleur exercée {ur les corps par les rayons folaires: en effer, les hommes vivent prefqu'aufli long-tems au foleil qu'à l'ombre, fur tout fous la zone torride où on ne conroît pas d'hiver, & où cet aftre v'efb prefque jamais obfcurci.. On fené par conféquent que fon influence fur Péconomie animale doit y être trè-puiflaute , &qu'elle doit méricer la plus grand$ attention de la part du médecin & du phyficien. Aufi je me fuis attaché avec foin à déterminer le degré de cette influence : ayant placé mon thermomètre au foleil à différentes heures du jour & autanc qu'il m'a été poflible à l'abri da vent & de laréverbération de route efpèce de corps, j'ai obfervé que la plus grande élévation à laquelle l’efprie-de-" vin monra au foleil depuis le 15 feptembre jufqu'au 15 ‘avril fue de 43° = Ce fut le 2r otobre à 2 heur, À. [l n’y avoit dans le moment aucune agitation fenfble dans l'air. J’at obfervé auñi que la chaleur des rayons folaires augmentoit graduellement fous la zone torride depuis le lever du feleil jufqu’à 8 beur, 2; qu’elle demeurojt alors dans-un état Tome XXXVI, Part, 1,1790. AVRII, LI Le 366 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, de ftagnation , & même qu'elle diminuoitunipeu jufques vers les 10 heures; qu'alors elle recommençoit d'augmenter jufqu'à midi pourdiminuer encore un peu jufques vers les 2 heur. où elle reprenoït de l'intenfité jufques vers les 3 heur. qui eft à-peu-près l’inftant le plus chaud de la journée au foleil. Cette marche m'a paru extrêmement fubordonnée à celle du vent qui fe lève ordinairement à 8 heur. =, mollit un peu vers les 10 heures, reprend de l'énergie à midi, & commence à la perdre vers les 2 heures. J'ai vu très-fouvent monter jufqu’à 64° l'efprit-de-vin dans un ther-- momètre adoflé contre une maifon qui le mettoic à Pabri du vent d'eft , & qui l'expofoit en plein aux rayons du foleil du côté du fud-oueit; mais. cette chaleur ne doit pas tre confidérée comme celle qui'agir conftam- ment fur les corps dans les pays chauds , puifque fon influence r’étoic'que : leffec de la réverbération , au lieu d’être celui de la-véritable action des rayons folaires. Le degré moyen de cette action pendant toute l’année m'a paru être fur le morne Fortuné de 39° & dans les plaines de 41°, c'elt-à-dire’, que les nègres, par exemple ; reçoivent fur leur corps pen- dant toute l'année depuis 6. heur. jufqu'à midi, & depuis 2 heur. jufqu’à - 6, les inflüences d’une chaleur capable de faire monter le fluide du thermomètre à -41° 12 On juge combien une telle caufe’doit rendre leur conftitution phyfique différente de celle des européens , & combien ilimporte d'apprécier fes effets pour les progrès de la phylique des corps animés. Auf ces effets font-ils caraStérifés par leur lenteur , leur fym- pathie & par la laxiré de leurs fibres, On a cru long-tems, & cetre opinion a encore beaucoup de partifans, que’cette : chaleur exceflive éroit la’ caufe de ila couleur des nèores | parce que le propre du feu eft de noircir la plupart des corps qui-font'expolés à fon action ; mais ce fentiment eft faux, puifque les chinois & les indiens orientaux & occidentaux qui font fous les mêmes latitudes que les africains ne font pas noirs comme eux (1), Il eft eflentiel d’obferver avant de finir cer —————_——_—_—_——_—————"û0 (1) Une obfervation que mont fourni à ce fujet les'ouvertures de cadavres ne fera pas déplacée ici, Les capfules attrabilaïres eu les glandes renales m'ont paru beau- coup plus volumineufes chez les nègres que chez les blancs, & l'humeur noire qu’elles renferment m’a paru beaucoup plus abondante chez eux que chez ces derniers. Cette ob'ervation m’a fait pénfer que c’étoit peut-être la furabcndarce de cette humeur qui fe répandant dans toute l’habitude du corps, teignoit en noir la peuu dés nègres comme une furabondance de bile teint ‘en: jaune la peau: destbläncs fans communiquer d’ailleurs cette couleur ni au fang ,!ni aux diflérens orpanes. Ce quifemble-donner detla folidité à certe opinion, c’eft que la peau de sous les nègres eñ extrémement féride , qu’elle a ‘une odeur particulière incornue chez les blencs, & que cetie odeur né peut lui étre ccmmuniquée que par le dépôt continuel qui fe fit d’bne humeur. délétère fur la peau , telle que l’attrabile. ‘Au refle , ce phénonènetcor fidéré {ous ce point de vue-n’a rien d’étonnant, puifqu'onu a confeñvé lobfervation (de: plufieurs femmes deyenues jaunes & même parfaiement, noires pendans le tems de leur SUR L'HIST. NATURELLE ET LES, ARTS, 267 article ; qu’on féroit dans une grande erreur, fi on jugeoit que la chaleur du morne Fortunéielt deux fois & demie plus grande que celle de Paris, parceque la chaleur moyenne du thermomètre y eft de 24°, & qu'elle n’eft quede 10 à Paris. Pour avoir la mefare exacte de cette proportion de chaleur, il faudroit connoître le point auquel toute chaleur cefle ; mais en fuppofant ce point à 87° au-deflous de la glace, ce qui eft le plus grand froid qu’en ait éprouvé en Sibérie , il s’enfuir que la hauteur moyenne du thermomètre eft à Paris de 97:& fur le morne Fortuné de 111°, c'eft-à-dire, que la température de ce dernier endroit eft à celle de Paris comme 114 eft à 97, & non pas comme 24 eft à 10 ; cette diftincion eft crès-importante pour l’exacticude des comparaifons de température dès différens pays. Du Barometre. . Le baromètre doit être regardé comme un inftrument. à-peu-près inutile dans les colonies, puifque fes variations y fonc fi peu confidé- rables qu'elles méritent à peine quelqu'atrention. Les changemens de terms les plus marqués font à peine fenfibles fur cet inftrumenc, & il n’elt pas rare de voir le mercure monter dans des tems de pluie & defcendre dans des rems qui paroiflent fecs ; ce qui eft dû à ce que dans le premier cas l’atmofphère fe décharge de l'humidité dont elle eft continuellement imprégnée dans Les pays chauds, & qu’elle prend alors un peu d'élafticité , tandis que dans le fecond elle eft imbibée de toute celle qui eft naturelle à la zone torride. Cette humidité n'eft pas apparente dans les tems fereins , parce qu’elle eft fi bien diffoure dans le fluide aérien qu'elle n'intercepte pas les rayons du foleil , mais elle n’exifle pas moins. Nous avons eu foin dans notre Traité de l'influence des climats chauds fur les corps animés, de tirer de cette flagnation du baromètre, les lumières qu’elle fournit fur les effets de ces climats fur l'économie animale: elle annonce que le reflort de;l'air eft toujours à- peu-près le même fous la zone torride, & que les animaux n'y font pas foumis à ces pañlages fucceflifs qu'on éprouve en Europe d’un air fec & vif à un air lourd & parefleux. Cette confidérarion elt crès-importante , fur-tout pour les poitrinaires./Le terme moyen de l'élévation du baromètre fur le morne Fortuné elt 27 pouces 7 lignes £. groffefle, On en trouve des exemples dans Bordeu. Sans doute dans ces dernières [a diffribution naturelle de l’attrabile étoit dérangée comme il eft vraifemblable qu’elle eff habituellement chez les nègres. C’efl ainfi qu’une rétention d’urine-occafonne fouvent des fueurs & des dépôts fur la peau qui ont une odeur d'urine, Voyez Bordeu fur les cachexies. L’examen de cette idée fait par un bon phyfologifle expliqueroit sûrement la couleur des nègres d’une manière plus fatisfaifante que tous les fyfiémes qu’on a imaginés jufqu'ici à ce fujet. à Tome XXXVI, Part. 1, 1790. AVRIL. _'Lle 268 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, Le baromètre préfente encore un phénomène bien fingulier fous la zone torride que nous avons déjà annoncé dans l'article Monragnes de Sainte- Lucie, & qui mérite bien l'attention des favans , c'eft qu'il s'en faut de beaucoup qu'il fuive à différentes hauteurs la même loi qu’en Europe, puifqu'il ne defcend que d’une ligne par chaque vingt-quatre toifes d’élé- vation ; tandis qu'il defcend en Europe avec une rapidité prefque double. - J'ai penfé que certe différence étoit due à ce que l'air des bas-fonds dans les îles, étant extrèmement humide & chargé de vapeurs, pofsède très- peu d’élafticité, & qu'à mefure qu’on s’élève, ce fluide devenant par & vif, doit conferver fur le mercure une action proportionnellemenc plus grande qu’en Europe, où l'air des plaines eft à-peu-près aufli pur & aufli élaftique que celui des collines; ainfi l’abaiffement fucceflif du mercure , à mefure qu’on s'élève fur les montagnes d'Europe , eft exactement pro- portionné à la diminution fucceflive de la pefanreur de l'air, tandis que dans les pays chauds cette proportion eft retardée par Paugmentation fucceflive de l’élafticité de ce Auide à mefure qu'on s'élève. | J'ai obfervé avec foin dans les îles certe fameufe variation du baro- mètre qui eft indépendante de fa conftitution apparente de l'atmofphère, & qui a été célébrée par MM. Godin & de Chanvalon. Cette variation qui n’eft pas fenfble fous les zones rempérées eft très-marquée fous la zone torride, maïs elle y eft très-irrégulière , & fouvent on Pobferve avec peine , quoique MM. Godin & de Chanvalon aient eftimé qu'élle étoic d'une ligne ; je ne l'ai jamais vu excéder ? de ligne, & ce n'a été mème que dans le tems des équinoxes & par un rems ferein. J'ai remarqué , ainfi que M. de Chanvalon, que ce mouvement périodique d’afcenfion & d’abaiflement du baromètre fe faifoit deux fois dans les vingt-quatre heures; mais l'heure de ce mouvement ne m’a pas paru aufli réglée qu’il le rapporte ; elle m’a paru varier tous les jours & fuivre à-peu-près l’état des marées. La durée de Fabaiffement du mercure m'a paru aufli plus Jongue que celle de fon afcenfion : enfin , ayant fait obferver avec foin par une perfonne intelligente l'heure & la grandeur des marées fur la côte occidentale de Sainte-Lucie, j'ai trouvé que le mouvement du mercure dans le baromètre correfpondoit parfaitement à celui de Focéan. Ce phénomène qu'on a beaucoup célébré n’a rien d'étonnant, & il eft parfaitement conforme aux loix connues de la Phyfque. Il eft occafionné par un mouvement qui fe pafle dans l'air en même-tems que dans l'océan , & qui eft produit par les marées aériennes dont nous avons déjà beaucoup parlé dans notre Mémoire fur les ouragans ; M. d’Alembert a dit que ces marées devoient être regardées comme tenant le premier rang parmi les. eaufes des méréores : il fembloit prévoir alors application que nous en avons faite pour expliquer deux des météorés les plus curieux des pays chauds, favoir , les ouragans & le mouvement du baromètre donc nous SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 6) parlons. Nous renvoyons au Mémoire que nous venons de citer, le Ledteur qui fera curieux de favoir pourquoi les marées aériennes font infiniment plus forres fous la zone torride que fous les zones tempérées, & pourquoi elles fuffifenc pour y exciter dans l’atmofphère une raréfaction qu’on ne fauroit eftimer. Cette rarétaction exceflive & la condenfation qui la fuic doivent être regardées comme la caufe du mouvement périodique d’afcen- fion & d'abaïflement qu'on y obferve dans le mercure du baromètre. Ce mouvement n'eft pas fenfibie en Europe, parce que les marées aériennes y font beaucoup moins fortes qu'entre les tropiques , mais il doit y exifter mathématiquement. Ce phénomène ne doit pas paroître plus extraordinaire que les marées de l'océan , & on doit le confidérer comme occafionné par ia même caufe qui agit {ur le Auide aérien en même-tems & de la même manière que fur les eaux de l'océan. M. Canton a inféré dans les Tranfaëtions Philofophiques un Mémoire dans lequel il rapporte qu’il a obfervé un mouvement femblable pério- dique dans l'aiguille aimantée. Si certe obfervation étoit conitatée , elle annonceroit un rapport intime entre les loix du fluide magnétique & celles du Auïde aérien, car on ne pourroit , fans doute, attribuer qu'à la même caule , deux effets aufli analogues, & elle pourroit étendre nos lumières fur la marche & les loix auxquelles efl foumis ce Auide, De l'Hygromètre. - J'ai commencé mes obfervations {ur l’hygromètre le 16 feptembre, Je me fuis fervi d'abord d’un hygromètre compofé fuivant La méthode de M. de Sauffure , & que j'ai fait faire fous mes yeux par un ouvrier très- intelligent, n'ayant pu m’en procurer de Genève, Le cheveu qui a fervi à cet inftrument avoit été parfaitement dépouillé de fon on@uofité par une lellive faite avec l’alkali minéral, & il étoit très-acceflible à tous les effers de l'humidité. Il étoic fixé à une des extrémités d'une aiguille qui éroit placée fur un pivot, de manière que tous fes mouvemens étoiene rrès-faciles , & qu’elle marquoit far un cadran par fon autre extrémité, les variations qu'elle éprouvoic par l'allongement ou le raccourciffement du cheveu. Le pivot fur lequel l'aiguille rournoit étoit placé de manière que l'extrémité de l’aiguille à laquelle le cheveu étoit attaché n'avoit de pefanteur, plus que lextrémité qui touchoit le cadran, que précifément ce qu'il en falloit pour tomber lorfque le cheveu s’allongeoir, L'aiguille avoit quatre pouces quatre lignes de longueur , & le cheveu fepe pouces cinq lignes. La graduation du compas avoit été fixée par lignes & par quart de ligne ; & je mis à zéro l'hygromètre le 16 feptembre à huic heures du matin par un beau tems. Après avoir obfervé pendant deux mois trois fois par jour la marche de cet inftrument, je n'ai pu y remarquer aucune variation un peu 270 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, importante , quoique le tems pendant cet efpace ait changé plufieurs fois de la manière la plus marquée. Ce phénomène inattendu n'ayant fait craindre L'infidélité de cet inftrument , je me déterminai à me fervir d’un autre hygromètre , & je donnai la préférence à celui qui eft recommandé par M. Gould dans les Tranfaëtions Philofophiques. Je mis le 20 novembre une once & quarante-deux grains d'huile de vitriol très-concentrée dans une fiole dont l'ouverture étoir très-évafée , & je plaçai la fiole fur un des plateaux d’une balance très-juite; je mis dans J’autre plateau fon poids exact. Les obfervations que je fs avec cet inftrument confirmèrent celles que j'avois faites avec l’hygromètre de M, de Sauflure: je vis l'huile de vitriol acquérir du poids avec une rapidité à-peu-près égale dans les cems Jes plus fereins & dans les rems les plus pluvieux, & une fois qu'elle fut faturée de l'humidité de l'air, je ne la vis jamais ni perdre ni acquérir de fon poids, de manière qu'elle marquât les chansemens qui paroifloient fe faire dans la conftitution atmofphérique. Auffi dans le rélultat que je vais préfenter, mois par mois, de mes obfervations météorologiques , je ne parlerai pas de celles que j'ai faites fur l'Hygrométrie, parce qu’elles ne m'ont jamais donné aucune variation fenfible. Ces deux phénomènes offerts par le baromètre & l'hygromètre dans les pays chauds , font connoître évidemment la manière d’agie des climats chauds fur les corps animés, & ils font bien analogues à l'opinion qu'une longue expérience nous à fait prendre fur le caractère des maladies de la zone torride dont neus avons déjà rendu compte, Ils font analogues aufi à nos obfervations {ur l'électricité, defquelles rélulte que l'humidité exceflive des pays chauds y empêche conftamment le jeu des machines éleétriques, & qu'elle sy oppofera toujours aux effets qu'on pourra retirer ailleurs de la concentration du fluide électrique. / Du Vent. Nous avons dit dans la defcription topographique du morre Fortuné, .que ce morne n'étoit dominé par aucune montagne voiline; par con- féquent rien n’y retarde la vitefle de l’air, rien n’y'change la direction de ce fluide, & aucune gorge ne peut y envoyer des courans: ainfi le venr doit y être confidéré comme jouiffant de la plus grande liberté & tel que la nature l’excite. Pour juger avec exa@itude de l'aire de vent qui fouffloit , j'ai fait placer une girouette très-meile au-deflus d'un cadran Aür lequel éroient marqués les feize vents principaux par des lignes qui sépondoient aux différens points de l'horifon d’où partent ces vents. J'ai eu aufli le foin d'examiner toujours la dirvétion des nuages & de la comparer à l’aire de vent.qui étoit indiquée par la girouerte. Al réfulte de ces obfervatians que la plus grande variation da vent dans ‘SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 27r fes pays chauds eft en général de l'eft-fud-eft, à l’eft nord-eft ; qu'il ne s'arrête jamais lonz-tems au nord-eft & au fud-eft; qu'il va très- rarement jufqu'au nord & au fud; & qu'il ne pañle à l’oueft que dans une violente crife de la nature , & il eft regardé alors comme très-mal fain. Il fe lève ordinairement rous les matins vers les buit heures & demie , comme une brie douce & légère ; il augmente prefque toujours : vers midi, & il cefle avec le coucher du foleil.. Ce font-là les loix: générales que la nature parcît s'être fixées aux Antilles pour la pro-- ‘duction du vent ; mais il ne faut’ pas croire qu'elles foient auili invariables : qu'on Le dit communément. D'abord la force du vent n'a-rien de réglé, & elle varie d'un moment à l’autre ainfi qu’en Europe, fans qu'or puiile donner aucune raifon de cette inconftance, Le vent ne fe lève pas toujours non plus à huit heures & demie, & il n’augmente pas toujours à mefure que le foleil s'élève fur l'horifon. Quelquefois même il ne fe fait nuile- ment-reflentir ; ainfi cout ce qu'on peut dire au fujet des vents de la zone: torride, c'eft qu'ils y font beaucoup plus réglés, foit pour la force , foic pour la direétion , que fous les zones tempérées ; mais qu'ils y éprouvent, ainfi que dans ces dernières , & fans doute par les mêmes caufes , des variations fréquentes auxquelles on ne peut afligner aucune loi, Ces variations font feulement moins fenfibles qu'en Europe , parce qu’elles y font toujours fubordonnées à la loi générale que la natures’y eft fixée. mais elles n’y font pas moins réelles, Nous avons parlé dans un Mémoire particulier des ouragans & de l'influence dés marées aériennes fur la formation des vents, nous y avons expliqué aufli pourquoi les vents font très-variables pendant la faifon de l'hivernage, pourquoi les tempêres arrivent roujours dans cette faifon, & pourquoi le vent y fait fouvent des tourbillons. Nous ne répéterons pas ici ce que nous en avons dit alors; nous obferverons feulement qu'on doit regarder le vent comme une des caufes les plus puiflantes de l'humidité des Antilles, parce qu'il y entraîne une grande partie des- vapeurs répanduës dans larmofphère des mers qu'il parcourt avant d'arriver dans ces îles: On né fauroit trop admirer cette fagefle de la: nature, qui ayant rendu exceflivement chauds les climats firués entre les tropiques ,a créé en même-tems deux agens propres à diminuer cette chaleur, & à la rendre très-fupportable à leurs habitans. Ces agens fonr le-vent & l’humidité. - La fuite au mois prochuim ie #75 OBSERPATIONS SUR LA PHYSIQUE, ANALYSE DU CUIVRE, Avec lequel les Anciens fabriquoient leurs Médailles , les Inflrumens tranchans (1); Par M. Di, de la Société Royale de Bifcaye, & Elève de M. D'ÂARCET , au Collège de France. M. L'ABBÉ MONGEZ ayant defiré connoître quels éroient les moyens que les anciens employoient pour durcir leur cuivre, & le rendre propre à couper, me pria d'analyfer le bout d'un poignard de cuivre ancien. La quantité qu'il put me donner ne p:foit que vingt-cinq grains ; la couleur de ce métal étoit d'un blanc jaunâtre, fa caflure préfentoie celle d’un métal aigre, & le grain annonçoit que cer inftrument av#ie été fondu & jetté au moule, Je fis diffloudre certe petite quantité dans l'acide nitreux, la diflolution fut prompte , il refla une petite quantité de poudre blanche que l'acide nitreux ne pur difloudre, Certe matière blanche fut lavée, & féchée , je la eraitai avec le flux noir au chalumeau, j'obtins un très-petic globule d’un métal blanc très-malléable, qui me parut être de l'érain, Cet apperçu m’engagea de pourfuivre mon analyfe fur une plus grande mafle de cuivre. M. l'abbé Mongez me dopaa huit efpèces de médailles grecques, romaines & gauloifes ; elles étoient recouvertes d'une couche affez épaifle de verd-de-oris, excepté les . médailles gauloifes; leurs formes étoient différentes en grofieur, Médailles Romaïines. N°. 1. C’étoit une médaille ancienne, de cuivre rouge: je l'ai brifée avec peine; elle a préfenté les caractères d'un cuivre affez malléable, Son poids étoit de 150 grains. N°. 2. Eroit une médaille d'u cuivre moins rouge que le N°. 1; fa couleur d’un rouge très-pâle. Elle a fauté avec écler fous le cifeau: fa caflure préfentoit celle d'un métal très-aiore. Elle peloir 150 grains, N°. 3. Médaille de cuivre qui avoir les mêmes caractères que le N°. 2, excepté qu'elle avoic un peu plus de malléabilité. Elle pefoie 1 $O grains. ee (x) Article de M. Dizé , extrait d’un Mémoire que M. l'abbé Mongez a lu für ce fuief à la féance publique de l’Académie Royale des Infcriptions, L N° SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 273 N°. 4. Médaille d’un cuivre plus aigre que les N°, précédens. Elle pefoit 300 grains. N°. 5. Etoit prefque malléable, Elle pefoit 209 grains. Médailles Grecques, N°. 6. C’étoient des médailles grecques d'un cuivre aigre & frage. Elles pefoient 300 grains. Médailles Gauloifes. Neo. 7. Cette médaille étoit d’un cuivre très-aigre. Elle pefoie SO grains. 1 No. 8. Médaille d'un cuivre plus aïgre & plus fragile encore ; la caflure de ce métal n’avoit à l'afpeët rien de commun avec la couleur des autres pièces de monnoie:; elle imiroit au contraire la caflure de l'acier , mais un peu plus fombre. Elle pefoir so grains. Je Gs diffoudre féparément dans Pacide nitreux les huic efrèces de médailles. Les difiolutions faires je les fis bouillir, [l y avoit dans chaque vale une quantité de poudre blanche , qui varioir en plus ouen moins fuivaot lefpèce de médaille. .: . Je décantai les diflolutions, & les réfidus furent lavés à grande eau & enfuire fechés dans des vales de verre. Voici Les poids du réfidu de chaque N°. pefé à la balance d’effai. N°. re a laiffé un réfidu du poids de... I grain À RAR M MARS rs slots a Da tie 02 = TE OS SO NO EE SAT : NFstie Rens aile elite). n26 DNA CPE APR CPU PS EE ONCE TETE CSS FES SEA Me Sa Se ONE Cl EPA Ed À # IN EP EE Unes translate à le lan: AO) . NOR PPS EME EAN SE A OICRE, D Lo ESS Een OU 2 Ces réfidus traités avec du flux noir, ont produit un métal blanc melléable que l'acide marin a très-bien diflous, & la diffolurion a pré- cipité en pourpre celle d'or, preuve certaine que ce métal étoir de l'érain. mare t : “€ rade € L'or précipité en pourpre par la diffolution de ce métal , prouve que les réfidus da chaque diflolution font de l’érain ; mais fi} comnte or le prérend , l'acide nitreux en fe décompofant calcine l'étain , & que dans cette calcination , le méral en perdant fon état métallique augmente de -poids en raifon de fa combinaifon’ avec la bafe de l'air vital produit per la décompoñrion de Tacide même , alors le poids de chaque réfidu ne Tome XX XVI, Part. 1,1790, AVRIL. M m 274 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, sepréfentoit pis la quantité réelle d’étain, que les anciens faifoien entrer dans leur cuivre pour la fabrication de leurs armes & de leurs médailles. Pour en apprécier le poids , je fis calciner par acide nicreux - 150 grains d’étain. pur ;.on fit bouillir quelques minutes pour s’aflurer que tout l’érain fut calciné. Le lendemain , cette mafle fut délayée dans- l'eau , & jettée fur un filtre, on la lava bien à l’eau froide ; enfuite elle fut parfaitement féchée , elle pefa à la balance d’effai 209 grains. L'érain avoit donc augmerté de $9 grains; cette augaentation de poids rapportée aux 109 grains, eft de 39 grains :. D'après ce réfultat , il m’a été facile de déterminer la quantité réelle- d'étain métallique , que chaque pièce de monnoie pouyoit contenir. En voici le Tableau. Rapport de la quantité. d'étair £ Æ laiffé étain Produit parune Pe/fant. calciné par maf]e d'érain allié au quintal l'acide nitreux. réel. PAR N°. 1.150 grains grain À. I grain = ..... : Na TON ame UE LD ee ile en TON M Ni eo Re Tps ER NTO Me enet ee mel INF ACC OO ES 20 LR DO ETS, 2 Lo IN este 2OO Me à eDMEleue enclos Miele tele cl eR Ne le leneteietelate NPD, 300 Le 0 Sul To NIEE Neret An de Ni7ies Soie For hogst En 9 N°. 8... 50... .A7venres T2oeee Dose gr Cela prouvé, il étoit efflentiel de voir fi d’après le rélultat de mon calcul, je pouvois par la “ynthèfe faire-un cuivre qui eût les mêmes qualités que celui des anciens. J'avois eu le foin de gardër un échantillon de chaque médaille pour me fervir de comparaifon. Je Gs huit alliages. de cuivre & d'étain, dans l’ordre des dofes d’étain ci- deflus ; j’eus le foin de diminuer le poids du cuivre en ratfon de la. quantité d’étain qui étoit dans la mafle du cuivre avant fa diflolution ar l'acide nitreux, ; J'ai eu dans ces différens alliages un cuivre plus ou moins aigre, & parfaitement femblable en couleur 8 malléabilité à l'échantillon que javois gardé, & que je me propofois d’imiter. Mes dofes éroient fi juftes, que Palliage N°. 8, qui repréfente la médaille gauloife la plus aigre de toures, eft fi reflemblant avec celui que j'ai imité, qu’on pourroit s’y. méprendre, J'ai précipité avec l’alkali fixe les différentes diffolutions de cuivre par- l'acide nitreux, les précipités lavés & féchés furent réduirs avec le Aux. aoir, & on obtint chaque fois un culot de cuivre rouge malléable. SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS, 275 M. Geoffcoy fils , a prétendu que les anciens, « pour durcir leur cuivre lui doanoient la trempe, & que cette trempe confftoic à lui allier le fer; qu'il avoit trouvé qu'un fixième de fer lui donnoit la dureté & >» même le grain qu'a celui des anciens ; que fon cuivre allié à ce métal # dans ces proportions, avoit fervi à faire un inftrument tranchant », Il eft vrai que le fer allié au cuivre, le rend dur & caïfant à une certaine dofe d'alliaye; maïs’ à proportions égales il ne le décolore pas autant qué l’étain. J'ai fait des alliages de cuivre & de fer depuis une fixième partie de fer jufqu’à + partie; aucun de ces alliages n’a pu fe comparer aux médailles anciennes ; d'où il réfulre que M. Geoffroy s’éroit trompé dans fon opinion; car l’acide nitreux découvre le fer dans le ë vd -cuivre lorfqu'il n’y eft même allié qu'à + partie. Une preuve plus forte contre l’opinion de M. Geoffroy, c'eft que le fer allié au cuivre eft fenfible au barrean aimanté depuis une fixième partie jufqu'à =; qu’à certe dofe le cuivre eftmalléable, & n'a rien perdu de fa couleur. Le fer n’eft plus fenfble au barreau aimanté quand il n'eft allié au cuivre qu'à la dofe de — partie. M. Monnet étoit porté à croire que le cuivre des anciens devoit fa dureté à la quantité d'arfenic qui y refloir allie, & dont ils ne favoient pas le priver. Je fuis très perfuadé, que fi M. Monnet l’avoit analyfé, il auroit changé d'opinion. J'ai fait des alliages de cuivre avec le répule d’arfenic : 1°. à deux parties de cuivre avec une-de régule d’arfenic , le cuivre devient d'un blanc argentin & aigre à fe mettre en poudre; 2°. à un quart de régule d'arfenic, il eft moins blanc; 3°. à un huitième, il acquiert prefque la couleur du cuivre des anciens ; 4°. à un feizième il garde fa couleur naturelle; $°. à + & — il eft aflez malléable, [’arfenic eft féparé de tous ces alliages par l'acide nitreux , qui diflout le cuivre & laiffe l'arfenic. Si comme M. Monnet le penfe, les anciens avoient ignoré la manière de le féparer , on le retrouveroit dans les médailles en les traitant par l'acide nitreux; comme je l’ai déjà dit, cet acide n’attaquanc pas le régule d'arfenic, fe trouveroic mêlé avec la chaux d'étain. Mes alliages de cuivre & de réoule d'arfenic traités avec Le foufre ont fait de l'orpiment ; les différentes chaux d’érain retirées des médailles grecques, romaines & gauloifes, traitées de même, n’en ont pas donné. Cette dernière expérience ne fauroic être pofitive à l’évard d’une mafle de chaux d’écain qui contiendroit des petites quantités de régule d’arfenic , comme, par exemple, = de grain ; alors pour s’affurer de [a préfence de ce demi-métal on en jette une partie fur les charbons ardens , & fon odeur particulière l'annonce aufli-tôr. Je fuis bien éloigné de croire, que les anciens euflent un procédé par- ticulier pour priver leur cuivre de l'arfenic que la nature lui allie; mais je crois que le hafard Les fervoit dans leurs travaux métallurgiques. Nous n'ignorons pas que les travaux que l’on fait fubir au cuivre pour l’amener Tome XXXVI, Part, I, 1790. AVRIL M m 2 276 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, à fon état de perfeéticn , fufifent pour le débatraffer du foufre & Parfenic qui Paccompagnent prefque toujours. © Je crois d’après les réfultats de mes eflais , avoir clairement démontré que la trempe du cuivre dont on croyoit les anciens en pofleflion , eft : chimérique , & qu’elle ne doit fa dureté qu’à l’alliage de lérain ; cet alliage forme le bronze, & aflurément les anciens en connoiffoient l'avantage pour la réufite de leurs belles ftatues , & fa réfiftance contre J'adion de l'air. Ce qui me paroïît fingulier chez les grecs & les romains, c’eft certe varié’é dans le titre de leurs médailles; les ures contiennent beaucoup d’étain , d’autres très-peu ; les gaulois étoient plus conftans dans leurs dofes ; car on trouve toujours dans leurs monnoies à-peu-près la même quantité d'étain. La proportion de ce métal qu’ils allioient au cuivre , nous repréfente exactement celle qui forme nos cloches. Je ne marrêterai pas fur ces confidérations, M. l'Abbé Mongez les a trop bien analyfées dans un Mémoire fur ce fujer qu’il a lu à l'Académie Royale des Infcriprions. TRIO ÉYSILE ME GENE EP FARIE DE M DE LUC, SUR IES VAPEURS, LES FLUIDES AFRIFORMES ET L'AIR ATMOSPHÉRIQUE. Monsieur, 1. En terminant ma dernière Lettre, j'eus l'honneur de vous dire que je commencerois dans celle-ci à expliquer comment l'hypothèfe de Ja diflolution de l'E AU par l'AIR, adoptée par les Aureurs de la nouvelle Nomenclature , me paroît répandre la plus grande obicurité fur les phénomènes les plus importans de la Phyfique terreltre. Je n£ me propofe pas d'indiquer tous les faits qui m'ont conduic à cette opinion : cela me meneroit trop loin ; mais je puis en renfermer d'abord un grand nombre dans une remarque générale qui fe développera dans la fuite. El arrive fouvent , foit dans des phénomènes fpontarés, foit dans des expérience auxquelles un ou plufieurs airs participent , qu’on voit paroître de l’eaz iuatrendue. Peut-être importeroit-il de découvrir d'où procède cette eau > parce que la nature de quelqu’une des fubftance employées, y compris les airs , & la nature même de l’eau, peuvent y être liées; mais on fe dit, que: \ » SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 27 cette eau étoit en diffolution dans l'air employé, & l'on cefle les recherches. Si, par exemple, la quantité de l'égx produire par la com- buftion de lazr déphlogifliqué avec l'air inflammable n’avoit excédé de beaucoup tout ce qu'on pouvoit expliquer vaguement par certe hypo- thèfe, les phyficiens feroient encore partagés fur lun des plus grands phénomènes découverts par notre génération ; car j'ai vu le moment où des chimiftes diffi : sués penfoient , que l'eau manifeftée dans cerre expé- rience, n'étoir que la précipitation de celle que les airs teuoient en diffolution. Or, il eft trè-commun encoïe, de trouver dans les ouvrages _des phyficiens , la même explication vague de phénomènes , où la mani- feflation de l’eau par des décompofitions d'airs ou d’autres fubftances, n'eft probablement pas moins réelle, quoique moins évidente. L’éta- bliffement de cetre dernière propofition eft ici mon but principal , toute- fois je n’y viendrai que dans ma prochaine Lettre; parce que je dois auparavant envifager fous un autre point de vue, les conféquences de l'hypothèfe de la dffolution de l'E AU par PArR. 2. Il n’y a qu'une voix pour placer M. LAVOIsrER au premier rang entre les chimiftes ; ainfi mes éloges feroient fuperfus : mais la Chimie n'eft pas la Phyfique; & M. LAVOIstER a fait précéder fon dernier Traité de Chimie, de quelques élémens de Phvfqu: qui ne me paroiflent poinc folides. Ces élémens font ceux de,la nouvelle Nomenclature, où l’on admet d'ebord , comme principe fondamental, que les principaux airs font formés de l'union du feu avec une fubftance unique, & que Pair nommé asmo/phérique, et un fimple mélange de deux de ces airs. Cependant on n’a va jufqu'ici aucune. fubftance concrète (foit folide, foit liquide) qui , telle que nous la connoiflons, pafle en entier à l’érac aériforme par l'addition fmple du feu : de forte que cette hypothéfe , confidérée comme principe général , eft abfolument gratuite ; & de-là vient, que toutes fes applications dans la nouvelle Nomenclature , ne fonc appuyées que fur d'autres Ayporhéfès. C'eft ce que jai déjà fair remarquer dans la première de ces Lettres; & je commencerai ici à mentrer les conféquences particulières qui réfulrent de cette hypothèfe générale , en tant que liée à celle de la diffolution de l'eau par Pair. 3. L'évaporation qui fe fait par Le fimpie remperature de l’atmofphère, eft sûrement un des plus grands phénomènes de la Phyfique terreitre , car il eft univerfel & conftant: par où il ne peut qu’avoir de très-grandes conféquences, foir dans la conflirution, foit dans les principales modif- cations de l'armofphère. Ainfi rour ouvrage de Phylque élémentaire , deftiné à fervir d'introduétion à la Chimie générale, devroit traiter effen- tiellement de cette opération de la nature fur notre globe. Cependant M. Lavoisrer pofe tous fes principes, & procède À la formation de notre atmofphére, fans dire un mot d’un phéromène fi important : on croiroit même qu’il l’avoit oublié, tandis qu'il créoit notre atmofphère; ‘ X j \ 278 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE; que ce fût dans un moment de réminifcence qu’enfin il s’exprima aol: « Je terminerai cet article, en évdiguant une propriété qu'a l’air de >» l'atmofphére , & qu'ont en général tous les fluides élafliques ou gaz que » nous connoiflons, celle de dffoudre l'EAU ». M. LAVOISIER ne croyoit pas qu'on pt douter un momeat de cette hypothèfe ur l'évaporu- z'on, quoique j'eufle montré à diverfes fois combien peu elle écoir fondée; ainfi l'on a formé notre atmofphére , c'efl-à-dire, le plus grand labora- toire de la nature fur notre globe , fans examiner aucun des principes fuggérés par l'imagination : je vais montrer les traces de cette marche. 4 Dans l'hypothéèfe de la d'ffolurion de l'E AU par l'ArR, le produit de l'évaporation à la température de Parmofphère ne fe préfente point fous l'idée d’un fluide expanftble indépendant de l'air: par où d’abord M. Lavorsier ne reconnoît d'autre fluide agueux de certe efpèce, que celui qui fe détache de l’eau bouillante ; 8& comme enfüite il trouve dans ce fluide les cond tions qu'il juge fufifantes pour former un air, favoir, une fübflance particulière pour Bafe, & du feu pour produire l'expanfion de cette /ubflance ; il placela vapeur de l'eau bouillante au ranz des fluides aériformes. « Au-deflus de 80 degrés (dit-il, page), » les molécules de Peau obéiflent à la répulfior occañonnée par la » chaleur ; l'eau prend l'état de VAPEUR, où Gaz , & elle fe transforme » en fluide AFRIFORME ». Cette confufon de cermes eft bien éronnante dans un Traité de Phyfique élémentaire : & quelle confufon auf n’en réfulte-t-il pas dans lés idées ! La vapeur de l'eau bouillante eft fans doute un fluide expanfible ; mais elle appartient à un genre de ces fluides , que la preffion détruire , & dont quelques-uns ( cette vapeur en particulier ) fonc aufli détruits par le refraëd/fflemenr. Mais les gaz , ou fluides aériformes , réliftent à Pure & à l'autre de ces caufes ; & par cetre raifon, avant que ces dénominations euflent été imaginées , quelques phyfciens les nommoient fluides élafliques permanens. C'eit donc-là une diftinétion fondamentale , admi£: par tous les phyfciens comme un réfulrat inconteftable de l'expérience; &on ne fauroit l'oublier en traitant des fluides expanfibles, lans tomber dans de grandes erreurs. 5. C’eit de-là d'abord que découle une autre propolition, qui fuit immédiatement Ja précédente dans l’ouvrage de M LAvo1stER. « On peut >» en dire autant ( continue-t-il) de tous Les corps de La nature : is font, » ou folides, ou liquides , où dens l'état élaMique.aériforme , fuivant le # rapport qui exifte entre la force .artraétive de leurs molécules, & la » force répulfive de la chaleur x Mais au contraire, il n’elt aucur corps à nous connu,qui foir dans ce cas-là, Je reviendrai (S. 12 ) à cetre afertion. « S’il n'exiftoic que ces deux forces {die enfuite M. LaAvorsrrr), > les coïps ne feroienc Zigrides qu'à un certain degré indivifible du » chermomètre, & ils pafleroient brufquement, de l’état de folies à = cui de fluides aériformes, Aigÿ l’eau , par exemple, à l'inftant où _ SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 279 > elle cefle d'être glace, commenceroir à bouillir, & fe transformeroit: >» en un fluide aériforme. . . . s'il n’en ef pas ainfi, c’eft qu’une troifième: >» force , la preffion de l'atmofphére , met obftacle à cet écartement ». Je viens de faire voir, que la vapeur de l’eau bouillante n'eft pas un fluide aériforme ; mais il y a ici une nouvelle erreur, fuite de lhypothèfe adoptée par M. LavoisteR fur lévaporation. Il ne reconnoit ainf d’autre union du fez à l'eau, en plein air, fous une forme expanfive, que dans fe cas où le fluide produit eff aflez denfe pour fupporter feul la preffion de l'atmofphére : tandis qu'il eft évident, par tous les phé- nomènes que j'ai ratlemblés dans ma précédente Lettre, que ce fluide fe forme en plein air à toute température , & fe mêle à l’asr fans être détruir par fa preflion. Je vais montrer ia même chofe, à l’égard d’autres fluides de méme genre. 6. Pour fonder cette théorie, de la production de fluides acriformes par la fimple union d’une nouvelle quantité de feu à un /iquide , quand Ja preffion de l'atmofphère ne s'y oppofe pas; M. LAVoIstER cite les fludes expanfibles qui fe forment dans le vuëde , à la température naturelle de l'air, par lérher, l’alkool , l’eau & le mercure : &il donne encore à tous ces produits de Ja fimple évaporation , le nom de fluides aëriformes, quoiqu'aucun ne réfifte, ni à ure preffion trop forte, ni au refroidiffemenr. Mais ces mêmes liquides s'évaporent , fous la preffien de l'armo/phère , comme dans le vuide : & il n’y a d'autre différence entre les deux cas , que dans le rems qu'emploie une même mafle à s’évaporer; différence dont la caufe eft évidente dans ma théorie. Dans le vuide, tien: ne s'oppofe aux actions du ft , poùr dérachier d’abord’, puis entraîner au loin , les molécules de la furface des liquides : par où l'évaporation eft très-prompte, Dans Pair, le feu éprouve la réfiftance de ce fluide à l'une & l’autre des mêmes opérations: par où l'évaporation eft plus lente ; mais cette différence n’influe que fur le zems : à tout autre égard l'opération eft la même; & les vapeurs d’une même efpèce fuivent dans: Pair, les mêmes loix que dans le vride, Ces Loix font générales & parti- culières : des premières réfulte la différence générique entre ces vapeurs: & les fluides aériformes ; & des dernières , les différences fpécifiques des vapeurs. D'après Les loix générales, les vapeurs dont il s'agir, font . détruites par une trop grande preffion, & par le refroidif[ement ; mais quoique le feu n'y foit ain que foiblement lié aux molécules des Ziquides, tant que cetre union fublifte, il eft privé de la faculté de pénétrer les corps ( & ainfi de produire la chaleur), par où il exerce fur eux , con- jointement avec les molécules du liquide, la même action mécanique ue les fluides aériformes. D’après les loix particulières , cette action , à laquelle feule je m'arrêterai, eft modifiée dans les diflérenres efpèces de vapeurs , par J’efpèce de rapport qu’ont entr'eux les deux ingrédiens des: particules, L'énergie des chocs érant en raifon compofée de la affe &c: Li 28e OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, de la vire/]e des corps qui frappent, chaque efpèce de vapeur a fon action mécanique propre, réfulrante du degré de viefJe que conferve le feu dans fes particules, & de la maffe de Ja fubftance à laquelle il s’y trouve Jié. Ainfi d'abord, à même mafJe des particules, plus leur vzeffe eft grande dans une efpèce de vapeur, plus, en même mafle totale, cette vapeur exerce de force expanlive, D'après une autre lo! particulière, les différentes elpèces de vapeurs provenantes de l'évaporarion des /zquides, peuvent deverir plus ou moins den/es à même rempérature, & avoir aulli différens maximum ; car la borne de la denfité dans une vapeur provient de la sendance des molécules qui la compofent à fe réunir entrelles quaud elles font à une certaine diflame. Ainfi, plus la diffance à laquelle cette cendance peut être efficace, eft grande dans une efpèce de fubftance, moins Les particules de fes vapeurs peuvent fe rapprocher fans {e détruire mutuellement: par où, à même rempérature , elles.ont moins de denfiré à leur sraximum: Telles font, dis-je, les loix caraétériftiques des vapeurs ; & routes ces loix s’exerseut, dans l'ar comme dans le vuide, à l'égard de tour produit de la Ginple évaporation. 7. Ce qui a fair iliufon à M. Lavorsrer fur ces phénomènes, c'eft ‘la diminution régulière du degré de chaleur auquel bouïllent les liquides, à mefure que la preffion qui s'exerce (ur eux devigit moindre ; mais j'avois montré dans mes Recherches fur les Mod'iffsunions de l'Armof- phère, & plus particulièrement dans mes Idées fur la Météorologie, que maleré cette marclie de l’ébullision , dont j'ai même déterminé la foi, ce n'eft-1à qu'un phénomène accfientel, ati n'entre pour rien dans la théorie fondamentale des vapeurs. Si l'on pouvoit chaffer tout l’ar contenu dans les Z'guides , & empêcher fa rentrée, iis ne bouilliroïene jamais, ni dans le vuide, ni dans l'air, & ainifi ils ne s'évaporeroient que par leur furface 1%e. Sans doute qu'alors ils’ s’evaporeroient plus lente- ment; mais Jeurs vapeurs n'en fuivroïent pas moins les lois de leur efpèce, & en particulier elles pourroïent acquérir, par les mêmes zempératures , Ja même denfiré que celles des mêmes liquides, qui n'étant pas puroés d'air, entrerojient ên ébullition, Car le deoré de chaleur auquel un Jiquide boit, neft autre chofe que celui où fes vapeurs érenc capables de fuppoiter feules la preffion qui s'exerce fur lui;fe forment dans fon {in dès qu'il y a quelque folurion de continuité: & pnifque c’efl à un certain deoré de chaleur qu'eft dû celui de la denfrié de ces vapeurs , elles Vacquièrent à la furface du liquide comte dans (on fein. 8. Une expérience rrès-importaure de M, WATT va sppuyer cette théorie. Il fr monter de l’eau dans un baromèrre danr le fommer éroit une boule creufe, & il l'y puroea de tout fon air. fl introduifir epfire le haut de ce baromètre dans un vafe contenant de l'aiu file, qu'il £chauffa par degré, norant les marches correfhondacres , dis ausmen tations de chaleur de cette eau , & des abaïf/smens de la colsnre de CS L'CIcUre UR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. +1 mercure dans le baromètre. Quand la chaleur par laquelle fe formoient Ivasapeurs au haut de l’inftrumenc fuc arrivée à celle de l’euu bouillante au lieu & au moment de l'obfervation , le mercure fe trouva déprimé au niveau de celui de la cuvette. Alors donc les vapeurs formées dans la boule au haut du tube, étoient de même denfiré que celles qu'auroie produit l’eau qu'elle contenoit, fi elle eût bouilli, & cependanr elle ne bouilloit point. À mefure que l’eau falée s'échauffa davantage, la denfité des vapeurs augmenta dans la boule, & Îe mercure s'abaifla de plus en plus au-deflous du niveau de celui de la cuverte, jufqu'à ce qu'enfin il {ortit entièrement du tube prolongé au deflous de ce niveau. Cependant encore l'eau ne bouillit point, quoique la chaleur fût alors fupérieure de plalieurs deprés à celle de l'eau bouillante. M. WATT calcula cerre fui.e de réfultats, en tenant compte de l'addition croiflante de preffion {ur la colonne de mercure, par la colonne d'eau qui le fuivoit dans le tube 3 & la loi correfpondante des augmentations de la chaleur & des abai- mens du mercure dans le haromerre , fic aufli femblable à celle que fuit la chaleur de l’eau bouillante pat différences pre/fions , qu'on pouvoie lattendre d’une opération fujette à plufieurs caufes d'inexactitude, C’eft donc-là une confirmation bien intéreifante des expériences vénérales par lefquelles j'avois établi , que l'ébullition elt un phénomène accidentel, provenant de l'air renfermé dans les Ziguides ; & que, pat une même température , les vapeurs qui fe detachent de l’eaz , font toujours les mêmes, foit que ce liquide bouille où ne bouille pas, & dans l'air comme dans le vuide d'air. 9. Tous les liquides s'évaporent donc en plein air; & leurs produi:s (les vapeurs ) y fuivent fenfiblement les mêmes loix que s'il n'exifloe point d'air ; mais aucun liquide connu ne pourroit feul former une armof= phére aufli denfe que la nôtre : du moins , tant que fes vapeurs ne chan- geroient pas d’état ; car dès qu’elles feroienc arrivées à un cerrain degré d’abondance, leurs couches inférieures, preffées par les couches fupé- rieures, arriveroient à un maximum de denfité, qu’elles ne pafleroiene jamais par une même zempérature ; & ce maximum feroit le même que dans nos expériences , foit dans le vuide, foie dans l'air : tout ce qui excéderoit ce degré fixe de denfité, feroit détruit par la preffion des couches fupérieures, Gr, au contraire, tout fluide aëériforme pourrie compofer feul une atmo/phére fans bornes ; car nous ne connoiffons aucun degré de preffion qui puifle détruire un fluide de ce genre. 10, C’efl cependant d’après ces inadvertances , que M, Lavorsree arrive au Chapitre 11 ,intitulé: Wues générales fur la formation & La confluution de l'Atmofphére, où il débute ainfi: « Les confidérations » que je viens de préfenrer, fur la formation des fluides élafliques aéri- » formes, Où gaz, jettent un grand jour fur la manière dont fe font » formées, dans l'origine des chofes, les atmofphéres des planètes, & Tome XX XVI, Pare. 1, 170. AVRIL, Nn 282 OBSERVATIONS. SUR LA PHYSIQUE, » notamment celle de la terre. On conçoit que cette azmo/phére doit » êtré d’abord compofée de toutes les fubitances fufcepribles de fe » vaporifer, où plutôt de refter dans l’état aériforme , au degré de >» température dans lequel nous vivons , & à une preffion égale au poids > d'une colonne de mercure de 28 pouces de hauteur ». Mais nous aVons vui, que les vrais fluides aériformes fubfiftent par tout degré connu de preffion & à toute température ; & qu’à l'égard des vapeurs, nous n’en connoifflons aucune, qui puifle fupporter la preffion totale de l’atmofphère, par la zempérature dans laquelle nous vivons. Ce font donc-là des idées d’après lefquelles il n'étoir guère pofible de porter enfuite les fpéculations dans les chofes moins connues, fans tomber d'erreur en erreur ; & l’on en va voir les effets. | 11. « Pour mieux fixer nos idées ( continue M, LAvoistER ) relati- # vement à cette matière fur laquelle on n’a pas affez réfléchi, confi- >* dérons un moment ce qui arriveroit aux différentes fubftances de notre > globe, fi la remipérature en étoit brufquement changée. . . . Si la terre » fe trouvoit tout-à-coup placée dans des régions sres-froides. ... > l'air... .ou du moins une partie des fubftances AÉRIFORMES qui le = compofent, cefferoient d’exifter dans l’état de VAPEURS élafliques , æ’ faute d’un degré de chaleur fuifanr : elles reviendroient donc dans » l'état de Ziquidité, & il en réfulteroit de rouveaux LIQUIDES dont >»'nous n'avons aticune idée ». Voilà toujours la même confufion de langage, d'où réfulte encore la plus grande confufion dans les idées phyfiques. Rien d'abord n'autorife à croire , qu'aucun fluide AÉRIFORME fût détruit par ce refroidiflement : il n’y a nulle raifon de penfer qu'aucun fluide de ce genre, privé feulement de feu, fe convertit en um LIQUIDE. Quant aux VAPEURS proprement dites, quoique très-proba- blement il en exifte de bien des fortes dans notre atmofphère, comme j'aurai occafion de le montrer, nous ne connaiflons que la > 4AP£UR aqueufe , dont la décompofition produisit un liquide. 12. La même confufion d'idées affecte d’autres principes dans le paflage füuivant. « Ces deux fuppofitions extrêmes ( les cas fuppofés où notre globe pafleroit dans des régions plus chaudes & plus froides que celle qu'il occupe ) » font voir clairement. .. .que folidité. liquidité, » élaflicité , font trois érats différens de /a méme matière , treis modifi- # cations particulières par lefquelles pre/que toutes Les fubflances peuvent » fuccefliverent pafler, & qui dépendent uniquement du degré de la » chaleur ». C’eft-là une des affertions qui répandroit le plus d'obfcurité & même d’erreurs, dans toutes les recherches qui nous reftent à faire en Phyfque : & d’abord, je ne connois aucune fubftance de notre globe. excepté la glace & les laves , qui pañle de l’étar folide à l'état liquide, par la feule addition du feu : car celles mêmes qui, en apparence, fone fufibles feules ;, ne font point après le refroidiffement , telles qu'elles. “ À \ W " ‘SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 58; étoient avant la fufron ; ce qui prouve en général (indépendamment de tout ce qui eft déjà connu) , que la fufion de ces fubitances ne s'opère point par la feule addition du feu ; mais qu’elle procède de diveifes combinaifons chimiques, après lefquelles feulement on a des Jolides, qui, tels que les aves , qui aufli ont été fondues, font fufibles par la feuie addition du feu. Il n'y a point non plus de fubftance, connue du moins, qui, de l’étar liquide, pale à l'état AÉRIFORME , par la feule addition da feu ; & le paflage de coute fubftance à cer état, eft même une des opéra- tions de la nature qui renferme Le plus de myftèrec pour nous. Arf, loin que les paflages de la folidité à la liquidité, & de celle-ci à l'état aéri- forme, foient des opérations aufli fimples & aulli bien connues que M. Lavoisrer les repréfente ici , il faudra probablement bien du tems, avant que les phyficiens aient rempli routes les lacunes qui fe rrouvenr à cet épard dans nos connoiffances ; & l'on ne les remplira qu'accidentel- lement, tant qu'on croira connoître cé qu'on ne connoî: pas. 13. M. LAVoIstER commence fon Chapitre 1 par l'expofir'on des motifs qui ont engagé les Auteurs de la zouvelle Nomenclature à charger les noms des fubilances atmofphériques. «& Jufqu'ici (dit-il) j'ai été = forcé de me fervir de périphrafes pour défigner la nature des différentes » fubftances qui compofent notre armo/phère....Les détails dans >» lefquels je vais entrer exigent que je nrenne une marche plus rapide, » & qu'après avoir donné des idées fimples des différentes fubitances » qui entrent dans la compofrion de l'air de l'atmofphere, je les >» exprime également par des mots fimples. La température de la planère » que nous habirons fe trouvant très-voifine du déoré où l'eas pafle de >» l’état de liquide à celui de folide & réciproquement, & ce phénomène » s'opérant fréquemment fous nos yeux, il n’eft pas étonnant que dans » toutes les langues , au moins dans les climats où l’on éprouve quelque >» forte d'hiver, on ait donné un nom à l'eau devenre folie par »> labfence du feu. Maïs il n’a pas dû en être de même de l’eau réduire æ à l'état de VAPEUR par une plus grande addition de feu, Ceux qui » n’ont pas fait une étude particulière de ces objets, ignorent encore, » qu'à un degré ur peu fupérieur à celui de l'eau bouillante, l'eau fe » trarisforme en un fluide élaflique AÉRIFORME ». Certe dernière phrafe pourroit induire er erreur, La vapeur de l'eau bouillante n'eft pas un fluide AÉRIFORME ; c'eft ce que nous avons vu: nrais comme M. Lavoisier parle d'un phénomène qu'il fuppole avoir lieu à un degré de chaleur ur peu fupérieur à celui de l’eau bouillante, ceux qui n’ont pas fait une étude particulière de ces objets pourroient croire , que le fluide dont i! fait mention, eft d'fférenc de la vapeur de cetre eau. Mais ce n’eft-là qu'une expreffion inexacte, & M. Lav 151ER n'entend parler que de cette vapeur, & du degré même de chaleur de l'eau bouillamte , qui eft un terme fixe par une preffion donnée, « C3 Tome XXXWT, Part. 1, 17990. AVRIL. Nan 2 284 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, 2 phénomèëne (ajoute-t-il) ayant échappé à la multitude , aucune langue » n'a défigné l’eau dans cet érat par un nom particulier. . . . Nous » n'avons pas jugé qu'il nous füc permis de changer les roms reçus & » confacrés dans la fociété par un antique ufage, Nous avons donc » attaché aux mots eau & glace leur fignification vulgaire. . . . Mais » nous ne nous fommes pas cru obligés au même refpect pour des >» dénominations très-modernes. . . . Nous avons penfé que nous étions » en droic de les rejetter & de leur en fubflituer d’autres mons propres & » induire en erreur. . . . Nous appelons donc G 42 agueux , l'eau com- » binée avec le feu & dans l’état de fluide élaflique AÉRIFORME n. Ce paflage eft vraiment étonnant. De tout tems, toutes les langues ont euune expreflion correfpondante à celle de > APEUR aqueufe , qui ef trés-correéte : tandis que celle de GAZ aqueux, entendant par GAZ un fluide aériforme,. & défignant néanmoins le prcduit immédiar de V'évaporation (par quelque température que ce foi), eft une expreffion res erronée. 14. M. LAVOIsiER pafle enfuite aux fondemens des nouveaux roms donnés aux deux airs connus fous ceux de déphlopifliqué & de phlo- gifliqué, noms qui n’induifent perfonne en erreur, puifqu'ils ont ceflé de renfermer des idées hypothétiques. Il y auroit eu peut-être quelque avantage à leur fubftituer des noms plus courts, pourvu qu'on ne les tirât pas de mots fignificatifs. On auroit pu, par exemple, les nommet air À & air B ; noms qui n’auroient point changé avec les hypothèfes. Mais fubftituer à des noms admis , dont on a déjà oublié le fens hypothétique, des noms fondés fur d’autres hypothèfes, qu'on eut être obligé d'oublier auffi, c’eft rendre un mauvais fervice à la byfique, en y introduifant la même confufñon de langage dont on fe plaint dans l'Hifloire Naturelle, J'ai commencé d’ailleurs à montrer dans ma première Lettre, que les hypothèfes fur lefquelles la zouvelle Nomenclature eft fondée , font peu vraifemblables , & je continuerai à le faire voir, en examinant d’abord ici, les motifs donnés par M. Lavoisier , de changer les noms des deux airs mentionnés ci-deflus, & en général de tous les azrs. 15.æ Par une fuite (dit-il) de la même caufe (l'ignorance), on # n'a point donné de nom à la plupart des fluides aériformes dans » l'état liquide ou concret; on ignoroit que ces fluides fuflent le ré- » fultat de la combinaifon d’une ba/e avec le feu ; & comme on ne » les avoit jamais vas dans l’état de liquide ou de /olide , leur exif- » tence fous cette forme étoit inconnue même des phyficiens ». Mais d'abord , quelques -phyfciens avoient déjà penfé, & même publié, que très-probablement le feu entroit dans la compofition de rout air. Et quant au refte du paflage , aucun phyfcien fans doute , n’avoit penfé , ni ne fauroit affirmer avec fondement qu'aucun f/uide aériforme foit la SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS, 5; combinaifon du feu avec une bafe, en entendant par ce dernier mot, une fubftance unique qui, telle qu’elle eft dans un aïr, puitle pafler à l’état Zquide où folide, par l’abfence feule d'une certaine quantité de feu; & le fuppofer fans aucun fondement, c’eft arrêter le cours des recherches les plus importantes à la Phyfique, 16. C'eft encore une hypothèfe qui peut égarer en Phyfique, dans la Météorologie en particulier , que celle d’un mélange de deux airs , comme conftituant ce que nous nommons air armofphérique. Je renvoie l’examen des conféquences de cette hypothèfe, pour ne l'en- vifager ici qu’en elle-même. « On a vu (dit M. Lavorsrer ) que » l'air de l'armofphére et principalement comipofé de deux fluides >» aériformes où gaz ; l’un refpirable , fufceprible d’entretenir la vie » des animaux, dans lequel les métaux fe calcinent & les corps com > bufibles peuvent brüler; l’autre qui a des propriétés abfolument » oppofées ». Examinons cependant les phénomènes fur lefquels M. Lavorsr£r fonde certe opinion ; & d’abord pour favoir fi elle leur eft néceflairement liée. PREMIER PHÉNOMÈNE , l'air déphlogifliqué peut s'employer feul, & prelque en entier, à certaines opérations auxquelles l'air atmofphérique n'efl propre qu’en partie. Mais c'eft-là le cas de divers ingrédiens, extraits de certaines fubftances ; qui pro< duifent aufi, étant feuls, des effets que ces fubftances ne produifent que par eux. IL. PHÉNOMÈNE , Le réfidu de l'air atmofphérique après ces opérations, foit l'air phlogifliqué , n'y eft plus propre. Mais c’eft aufli le cas des réfidus de toutes les fubftances , dont on a féparé quelques ingrédiens, par lefquels elles produifoient certains effets. III. PHÉNOMÈNE , /£ l’on méle à ce réfidu d'air atmofphérique , une portion convenable d'air déphlogifliqué, leur mélange produit, dans les mêmes opérations, les mémes effets , à-peu-près qu'une même maffe d'air atmofphérique. Mais pourquoi l'air déphlogifliqué, qui produit ces effers étant feu}, ne les produiroit-il pas, quand il eft mêlé avec un autre ar qui n'y participe en rien ? Ce n’eft donc là que le premier phénomène fous une autre forme ; & rien de tout cela ne contredit l’idée, que l'air atmofphérique eft un fluide 4omopgéne. J'avois déjà fait ces remarques , avec plus de détails, dans mes Idées fur la météorologie, & M. LAVOISIER n'y répond point; je vais donc en ajouter de nouvelles , qui fixeront peut-être enfin fon atrention. 17. L’Air atmofphérigne étant employé 3 quelques-unes des opé- rations ci-deflus, n'éprouve que peu de diminution; & à la place de ce qui en d’autres cas fe détruit, on trouve de l’air fixe, mêlé au séfidu ordinaire. L”’ Air fixe , comme on en convient généralement, eft de l'air déphlogifliqué, auquel fe font joints quelques ingrédiens provenans d’autres fubftances. Ces ingrédiens , par leur affinité avec d’autres contenus dans les particules de l’air armofphérique, s'emparent - 256 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE: de ceux-ci, & avec eux forment l'air fixe. Voilà donc un f/u’de aériforme, reconnu pour être homogène , dont néanmoins les particules contiennent jes ingrédiens de deux airs diftinéts, favoir celles de l'air déphlogifliqué, & celles qui compofent l’efpèce d'air inflammable provenant des fubftances qui, de différentes manières, changent l'air déphlogifliqué en air fixe. Pourquoi donc devroit-on abandonner l'idée, fi naturelle à tant d’égards, d'après laquelle air armofrhé- rique eft aufli un fluide Aomopéne ? préfente-t-eile plus de dificultés, que celle de la compofition de l'air fixe ? Je vais foruifier ces con- fidérations négatives par des preuves politives. 13. Dans la vingt & unième fection du onzième volume des Expériences fur les Végétaux publiées par M. INGEN - Housz , ouvrage rempli d’une multitude de faits bien remarquables, tant fur Ja formation que fur les métamorphofes de différens airs , on trouve les expériences fuivantes, que M. INGEN-Housz lui-même oppofe à l'hypothèfe de deux airs diftins, comme compofant l'air atmofphé- rique. « J'ai foumis ( dit-il d'abord ) à l'influence nocturne des végé- >» taux, des mofètes, ou airs extrêmement méphirifés, par la famme, » par les plantes dans lobfcurité, par le contaët du foie -de-foutre >» Jiquide, & par le contact d’un mêlange de fimaille de fer & de » fleur-de-foufre : les plantes très - vivantes les ont changés tous, > jufqu'au dernier atôme, en air fixe dans un endroit obfcur ». Il en donne un exemple particulier, dans la Section 44, par une expé- rience faite fur l'air aemofphérique même. « Je remplis ( dit-il) une » cloche, de pommes encore vertes & très-dures; je mis l'appareil » dans ma chambre, le bord de la cloche étanr baigné de mercuie. » En examinant après cinq jours l’air qui remplifloir les inrerftices ” de ces pommes, je le trouvai changé pour les + en air fixe ; le > refte étoit des plus phlogiftiqué. Les pommes n’avoient rien fouffert ; » elles éroient aufli dures qu’auparavart ». Voici maintenant, comment M. INGEN-Housz raïfonne d'après ces expériences, M, LAVoIsrER admet, que la Pafe ( foir ici la partie fenfiblement pordérable ) de l'air fixe, eft la même que celle de l’air déphlogiflique. Mais l'air phlogiffiqué & l'air atmofphérique font fufceptibles de fe changer prefqu'en entier en air fixe: donc tous ces airs ont une même Pa/e, M. IxGen-Housz m'a communiqué plufieurs autres expériences, qui Ièvenc tout doute fur cette conclufñon , & qui fortifien: auf une autre idée , exprimée dans le même ouvrage; c’eft que la ha/e commune des airs (entendant toujours leur partie fenfiblement pondérable ) elt d'eau elle-même. 39. Cette dernière opinion, qui eft aufli la mienne, me paroîc mériter un examen approfondi de la part des phyficiens ; & mon principal objet dans ces Lettres eft de montrer, en écartant des vw °°. SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS, 287 idées vagues, & par l'enfemble d'un grand nombre de faits, que ce qu'il y a de plus important à faire aujourd'hui en Phyfique , eft d’écendre la découverte déjà commencée , des fubftances qui, avec l'eau & le feu, conftituent, ou peuvent conftituer, les différentes efpèces de fluides aériformes. C'eit déjà quelque chofe dans cette recherche, que l'idée du pAlogiflique, comme faifant un ingrédient caractériftique. de tout ar inflammable; & loin de rompre ce fil, il vaudroit mieux s'occuper’, comme vous , M, le docteur PRiTSTLEY , M. KirwAN & d’autres phyficiens diftingués, à pourfuivre, dans fes diverfes métamorphofes, cette fubftance dont l’exifience eft fi probable, C’eft quelque chofe encore, que l’apparition certaine de l'acide nitreux dans les modifications de quelques airs: & au lieu de confiner cet acide dans un certain air; par des hypothèfes dont on ne tardera pas à voir le peu de fondement , il vaudroit mieux laifler un jeu libre aux diverfes hypothèfes à cer égard , & fe conferver en état de les exa- miner d'une manière défintéreflée. Ce ne font pas là. les feuls commen- cemens de fils que nous offre la nature dans ce labyrinthe ; & j'efpère de montrer, qu'ils font déjà aflez évidens & aflez nombreux, pour qu’il vaille la peine de s’en occuper. 3 20. Les phénomènes que je viens de rapporter d'après M. InGEx- Housz , étoient inconnus aux Auteurs de la zouvelle Nomenclature ; lorfque penfant avoir pouflé aflez loin leurs obfervations , ils ont cru pouvoir donner leur théorie pour le langage de la nature elle-même : mais comme les preuves d'incertitude à cet égard , tirées des remarques mêmes de ces Auteurs, font celles qui doivent les frapper le plus, jy reviens maintenant, M. LAvoIsiER, voulant rendre raifon de ce que l’uir atmo/phérique ne diminue pas autant par la calcinarion du mercure, que dans d’autres opérations chimiques du même genre, attribue cette différence ( page 39) à l’adhérence des deux fluides conflituans de l'air atmofphérique. Examinons cette idée , d’après celle que M. Lavoisrer fe fair lui-même de lexpanfibilité des fubftances de cette clafle , favoir, qu’elles font compofées de particules difcrètes qui fe repouffent mutuellement, D’après cette idée de l’expanfibiliré , qui, pour le cas préfent, revient au même que la mienne, deux efpèces différentes de ces particules, renfermées dans un même efpace, feront fans doute fimplement mélées, comme le feroient du fable & de la Zimaille de fer. Mais auf, comme l'aëmunt fépareroic toute la: limaille de fer d'avec le fable ; de mème (& bien plus aifément à l'égard des fluides diférets ), le mercure dans ce cas, devroit s'em- parer de tout l'air déphlogifliqué , {uppofé mêlé à l'air phlogiffiqué dans l’atmofphère, Mais, dit M. LAvoIsrER , il y a adhérence entre ces deux airs. Ils font donc réunis entreux, & ce ne peut être que particule à particule des deux efpèces, Et alors, quelle différence ÿ a ? 288 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE; a-t-il de cet état, à celui que M. LAVoistER contredir ? ne refte-t-if pas vrai, que l'air armofphérique eft compoté de particules mixtess mais homogènes , fufceptibles de décompofition, mais non décompo- fées’ dans l’atmofphère ? 21. M. LAVOIsIER nous donne un autre exemple, aufi frappant que celui-là, de l'incertitude des principes fur lefquels eft fondée la nouvelle Nomenclature ; exemple par lequel je finirai pour le préfenr. « Les propriétés chimiques de cet air (ie réfidu de l'air de lat- mofphère après les opérations fufdites) » n'étant pas encore (dit-il) » trés-bien connues, nous nous fommes contentés de tirer le nom de » fa bafe, de la propriété qu'a ce gaz de priver de la vie les animaux » qui le refpirenr (1).....Nous en avons cherché lona-tems un + meilleur... .INous avions été testés de le nommer gaz alkaligëne; » parce qu'il eft prouvé , par des expériences de M. BERTHOLLET. . . # que ce gaz entre dans la compolition de l'alkali volatil...,: » Mais d’un côté, nous n'avons point encore la preuve, qu'il foie » un des principes conftirurifs des autres alkalis : & il eft d’ailleurs = prouvé, qu'il entre également dans la compolition de l'acide nitreux 3 » on auroit donc été out auffi fondé à le nommer principe nitri- x gêne n. Ici donc M. LAVoisrEr {e fondant fur l’incercicude qu'il exprime lui-même à l'égard des propriétés ehimiques de l'air phlogifli- qué, rejette la dénomination de principe nitrigène ; & néanmoins on trouve la bafe de cet air placée décidément dans le sableaa de la nouvelle Nomenclature , {ous le nom de radical nitrique. 22. Dans un fujet auffi obfcur que l’eft encore celui de l'origine de l'acide nitreux ,fur-tout en le liant avec les phénomènes, non moins obfcurs, de la formation des aïrs , il doit être permis de faire des hypothèfes , pourvu qu'on les laiffe au jugement du tems: j'expoferai donc ici la mienne. Ce n’eft pas une idée nouvelle, que celle d’un feul acide , fufceptible de fe modifier différemment, & je l’adoprerai ici, Je croirois donc , qu’il exifte une fubftance, abfolument impalpable , à laquelle font dus tous les phénomènes d'acidité, & d’autres fubftances abfolument impal- pables auffi, qui, s’uniffant à certe première , forment les ditférens acides : fabflances ain impalpables elles-mêmes, & qui ne fe manifeftent , que dorfqu’elles fe trouvent liées aux molécules de quelque Ziquide. J'aurai occafion dans la fuite de parler plus pofitivement de ces fubftances irspalpables, Par-à s'explique d’abord , le phénomène qui a fait naître 41) « Nous Pavons nommé, dit ici M. Lavorster , de Ja privatif des Grecs & » de ur, vie ». Mais c’efñ plus probablement de Lories , vital, vivifiant ; cat dans le premier cas le nom feroit applicable à soute fubflance inanimée ; puifqu’il figniñeroit privé de vie Pidée FA PAUL ER va MA ER : A] MATE É à 7h ‘ + d SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS: 289 Y'idéé d’un acide unique, foit le nombre de cas où les acides parôiflene fe changer les uns dans les autres. Par-là s'explique l'eaz de criflallifation des ëls : ce font les molécules de lea, obligées de fe combiner eWes- mêmes avec les autres fubftances auxquelles les particules des acides qui ler font liées rendent à fe réunir. Par-là auffi nous appercevons,, quoique de fott loin , des fubftances intermédiaires, par lefquelles l’ean'& le few peuvent compofer les différens fluides aériformes. Par-Rà en particule on contoit , comment l'acide rireux peat fe trouver, dans Pair atmophérique, ainfi que dans les deuxautres airs qui paroiffenticontenir entr'eux tous les ingrédiens de celui-là. Par-là enfin on ceut entrevoir la caufe de l'acidité particulière de l'air fixe : puifque l’aër déphlogiliqué étant fuppofé contenir , ou l'acide fondamental, ou cet acide déjà modi- fié par quelque fubftance, un changement dans cette modification peut faire paroître un nouvel acide. 23. Il y a lieu, dis-je, à plufieurs hypothèfes dans l'obfeurité qui règne encore fur La formation de tous les azrs ; mais celle qui me paroîr la moins probable, d'après même le paflage ci-deflus de M. LAVOISIER , eft celle, que l'air phlopifliqué foitie radical nitrique, c'eft-à-dire, que fa bafe foitune fubflance, qui nait befoin que d'être acidifiée | pour devenir l'acide nireux. Cependant cette hypothèfe fe trouve: intimement Jiéesà plufieurs autres, qui font données enfuite comme des fairsi Gar c'elt de-là d’abord, qu'on tire l'idée, que da-production del'ecide miitreuxrs dans toute opération chimique fur des azrs; fuppofe néceflairement jla préfence, quoique non fenfible de: l'air: plogifliqués Creft de cette nôuvelle kyporhèfe qu'on part pour affirmer, que l'aiunflammable & Pair déphlogifliqué ; fuppofés l'un & l’autre rrès-purs ,| ne: peuvent pro- duire que de l’eau par leur décompofition mutuelle. C'eft ‘un: des fondemiens de Phypothèfe , que la bafe de l'air déphlogifliqué, fuppotée “un des ingrédiens de learn ,-eft le-principe æc/difrunr \destous les acides. Enfin, c’eft de lenfemble: de. ces hypothètes:ique, l'on; conclut a ‘coMmpofition: de-lrau. svuo e8h breodt $ Kb svists Iüprs2 24 Nous: voici, Monfieur,, révénus ,:par: l'analy fete düelques branches de la théorie de Ja rouvelle: Nomenclature , autrone de cette théorie , dont j’avois montré dans ma première Lertre ; qu’elle en'a par fes racines dans Les faits. 1] me refte à cet évard un autre epgagement à remplir, celui d'examiner cette hypothèle de la campofnon-de Peau, dans fes rapports avec la Méréorologiès mais je lerenvoie à ma Lettre fuivanre, & je terminerai celle-ci par un paflage du rapport fait à l'Acadé- mile des Sciences fur cette théorié?\IBes Aureurs de ce rapport venoient de donner des louanges bien méritées 4u génie & aux efforts d’où réfulroit de travail dont ils avoient rendu compte ; mais ils font cette remarque: Quelle théorie réunit jamais les favans par un concert de plus belles » expériences, par une malle de faits plus brillans, que la doërine 4: Tome XXXVI, Part. I, 1790. AVRIL. © a : | + PT: hi PS ui DNS 1 ; 290 OBSERVATIONS SUR LA|PHYSIQUE, » phlogiflique ? Cet’ objet (ajoutent-ils) mérite donc la plus grande » attention ; il demande également le concours du tems , des expé= » riences, & des réflexions calmes & tranquilles des phyficiens & des: » chimifles, pour être bien difcuté, bien apprécié, bien jugé. Ce juge » ment n'eft pas l'affaire d'un jour , parce qu’on ne renverle pas en un » jour les idées reçues dans une fcience , qui marche déjà à pas fi » rapides , qui a déjà fait tant de progrès, qui s'e/? liée à la Phyfique » par des nœuds fi férrés, & qui, telle qu’elle eft , s'exprime depuis » un demi-fiècle, avec une merveilleufe clarté ». Je penfe exa&terent comme les Membres diftingués de l'Académie dont je viens d'emprunter le langage, Il auroitété naturel fans doute, que les Auteurs de la rouvelle Nomenclature , perfuadés comme ils l’étoient de fes avantages & de la £lidité de fes fondemens, la propofaffent aux phyfciens & aux chimiftes, en la foumettant à leur examen. S'ils avorent fuivi cette marche calme € tranquille, je ne faurois douter que l’opinion générale n’eût été conforme à celle des Auteurs du rapport, c’eft-à-dire, de fufpendre l'admifion de cette Nomenclature , & qu'il ne fe fût bientôt élevé des objections, qui auroient fait naître de toutes parts de nouvelles recherches. Nos Auteurs n’ont pas fuivi cette marche; ils ont employé dès l’abord leur Nomenclature dans leurs ouvrages ; & bientôt, à leur exemple, le’ doéteur BLACK a propolé une autre Nomenclature chimique, plus naturelle -que celle-là , comme ne renfermant pas des hypothèfes phyfiques : un de mes amis a inventé aufli de nouveaux caraéleres chimiques en conféquence de ces Nomenclatures ; & Von ne fauroit prévoir jufqu'où pourra s'étendre ce branle donné à l’imagination. Cependant la plus grande bigarrure pourroit s'introduire ainfi dans lé langage de la Phyfique & de la Chimie; & quiconque ne voudroit pas fe foumettre à répéter, par des /£gnes , des hyporhèfes qui ne lui paroïtroient pas fondées, n'apprenant pas ces nouveaux langages , fe trouveroit privé des lumières réelles qui en! feroient enveloppées. C'eft ce qui arrive déjà à l'égard des ouvrages publiés par les Auteurs de la nouvelle Nowenclatire ; & je defire qu'ils puiflent fe déterminer à en’ fufpendre l'ufage , jufqu’à ce que Les idées qu'ils y ont attachées aient: fubi un examen plus général. Je fuis, &c. Windfor ; le 31 Mars 1700. Le] SUITE DU PRÉCIS Sur la Canne & [ur les moyens d'en extraire le Sel effenriel , Jüivi de plufeurs Mémotrés fur le Sucré”, fur le Vin de Canne, fur l'Indigo , fur les Habitations & Jur. l'érur aduel de Saint-Domingue : Ouvrage dédié à cetre Colonie, & imprimé à fes frais ; par M. DUTRÔNE LA CouTURE, Dodeur en Médecine, Affocié de la Société Royale des Sciences & Arts du Cap-François ( Planche 1V). SECOND EXTRAIT. Dax: la férie des nouveaux moyens que M, Durrône propofe, il s'agit d’abord de la défécation qui eft la première & la plus imoor- tante opération qu'exige le travail du {uc exprimé ; elle a pour but de le débarraffer entièrement des matières féculentes & de les enlever : elle s'étend encore fur les matières rerreufes qui fe trouvent dans ce fuc par accident. Les moyens qu'on emploie pour décompofer le fuc exprimé & en féparer les fécules, font la chaleur & les alkalis. Ceux qu'on doit employer pour les enlever ainfi que les matières terreufes, fonc l’écumoire, le filtre & le repos, | La chaleur dans fa première ation qui s'étend jufqu’à l’ébullition agit particulièrement fur les premières fécules qu'elle fépare aifémene & qu'elle élève à la furfacé du fluide d'où on les enlève avec l’écumoire. Quant à celles de la feconde forte , elles exirent pour être féparées ün degré de chaleur qui érablife uue! forte ébullition. 11 arrive fouvenc fur-tour dans la primeur lorfque le fuc exprimé eft de bonne qualité, que le chaleur feule peut fufhre pour opérer la féparation complète des fecondes fécules, & quoique les flocons qu'elles forment ne foience pas toujous aflez volumineux pour être enlevés à l'écumoire , il fur qu'elles foient bien féparées, parce qu'elles n'échappent pas alors aux files & au repos. On eft difpenfé dans ces circonftances de fe fervir de chaux & d'alkalis, avantage dont on ne peut jouir dans l’ancienne méthode où l'en eft obligé de les employer non-feulement pour féparer les fécules, mais encore pour les réunir fous la forme d’une écume moufleufe que l’écumoire puiile retenir & enlever avec facilité. Lorfque les fécules réliftent à la chaleur , il convient d'employer Tome XXXVI, Pare. I, 1790. AVRIL, Oo 2 UE SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. ogx j Ne 1 PEN k 5 lie A AL HU de Ÿ NEO 292 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, concomitamment l’action des alkalis. On doit dans toutes ces circonf- rances donner la préférence à la chaux parce qu'en féparant les fécules, elle ne leur enlève qu'une petite portion du fuc favonneux & lorfque fon action ne fuffit pas, ce qui arrive rarément on doit la feconder par celle de la potafle ou de la foude. Comme la chaux & les alkalis ne fervent dans la nouvelle méthode qu'à aider l’aétion de la chaleur pour la féparation des fécules , on neft jamais obligé de les employer en une aufli grande proportion que dans l’ancienne, où. il faur qu’ils fervent encore à leur donner une confiftance mouffeufe-qui les retienne fur l'écumoire. Quelque attention qu'on apporte à enlever ces fécules , il efl impoñfible d'en opérer l'enlevement complet par lécumoire feule , & d’ailleurs ce moyen eftinfufffant pour enlever les matières cerreufes. qui fe trouvenr accidentellement dans le fuc exprimé, matières qui proviennent foir des faletés de la canne, foit du venc qui les dépofe fur le moulin ou dans les conduits qui portent Le fuc dans les baflins, foir enfin de la chaux qu’on emploie, & qui porte toujours une quantité de terre calcaire plus ou moins grande & de fable. M. Durrône ;croit donc qu'il eft indifpenfable de filtrer &rde laïfler dépofer le vefou avant que de le cuire, & il a imaginé pour cet effet d'adapter au laboratoire des fourneaux poriant chaudières de cuivre , deux bafMins qui rempliffent très-bien cet objet. … Afin qu'on puifle bien faifir l’enfemble des opérations qu’exige le travail du fuc exprimé dans la nouvelle méthode ,, nous allons expofer quelle doit être dans l’intérieur de la fucrerie la difpolition des moyens qui doivent être employés, Or toutes. les opérations qu’exige le travait du fuc exprimé peuvent être faires fur le même fourneau ou fur deux fourneaux féparés , comme le fourneau fur lequel on peur les faire toures fucceflivement doit être préféré dans le plus grand nombre des habi- cations, parce qu’en rempliflant avec un fuccès égal le bur qu'on fe propofe, il offre une économie de huit à dix nègres & de beaucoup de. chauffage; nous le prendrons pour exemple & nous fuivrons la marche du travail qu'il exige, fans faire l'application de cette marche aux deux fourneaux féparés que M. Dutrône propofe pour les habi- tations très-grandes & qui ont befoin des moyens les plus puiflans, La partie du fourneau qui dans fa nouvelle mérhode répond à l'intérieur de la fucrerie. doit être nommée laboratoire ; elle préfente: dans les fourneaux compofés, trois ou. quatre chaudières placées fur la même ligne (fe. 1). Ce laboratoire doit être placé dans la fucre- tie de manière que fes deux côtés & l'extrémité formée par la. chaudiere à cuire foient ifolés dans toute leur étendue, afin que le fervice foic aifé & qu'on puifle exécuter avec la plus grande économie de nègres, de tems & de moyens tout ce qu'il convient de faire pour la plus: grande perfection du travail. si si: D 07 0 LORS TUE té gt du * SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. s93 | À Le laboratoire que préfente l'intérieur de la füucrerie que nous : 100 prenons pour exemple (fg. 1), offte quatre chaudières de cuivre dort 5 la contenance doit être de quatre à cinq milliers. La première ( a ) celle È qui reçoit le fuc exprin.é, et nommée première chaudière à déféquer ;: > Ja deuxième (2) elt nommée feconde chaudière à déféquer ; la troifième (c) chaudière à évaporer, & Va quatrième ( d) chaudière à cuire, Ces chaudières font très-rapprochées & ne laïflent entrelles qu'un bord de deux ou trois pouces d'épaiffeur. La maçonnerie qui les tient fcellées forme les paroïs du laboratoire dont la moindre épaiffeur eft fupérieurement de quinze à dix-huit pouces. La furface de cerre si maçonnerie concourt aufli à former le laboratoire ; elle offre un plan incliné de fepc à huit pouces du bord extérieur à celui des chaudières: & préfente entre chacuve d'elles des petits baflins (e, e), où fonc reçues les écumes enlevées à l'écumoire & portées par des gouttières x, (f,f) dans la première à déféquer. Entre cette chaudière & le mur eft un bafin (g), qui recoit les premières fécules d’où elles s'écoulenc en dehors par un tuyau qui les porte dans une chaudière (A) placée pour les recevoir. Ces baflins & gouttières font faits en plomb laminé & foudés à une garniture de cuivre qui recouvre toute la furface des parois du laboratoire. Cette garniture eft foudée au pourtour des chau- dières qui fonc aufli foudées entrelles; dans cet érar le laboratoire a: L | l'avantage précieux d’une extrême propreté. On peut remarquer au centre des bafins(e, e) qui fe trouvent entre la chaudière à cire & celle à évaporer ,. l’ouverture d’un canal (;): Ë qui defcend dans l'épaifleur des parois & qui fe continue horizontale- inent fous le carelage jufqu'au fond d'un chaudron de cuivre (Æ) placé au pied des baffins à decanter. On remarque encore à la furface du: Jaboratoire fur chaque côté de la chaudière à cuire ,. Pouverture (/,1) d'un canal (#) qui vient des bafins à décanter, monte dans l'épaifleur de la paroi & s'ouvre près du bord de la chaudière. Un rafraïchifloir ( » ) placé à la fuice de la chaudière à cuire fait auffi partie du laboratoire. Deux baflins (Æ,E fig. 3 & 4 ), placés à peu de diftance du laboratoire dont ils font les acceiloires fervent à filtrer & 3 laifler dépofer le vefou évaporé à un degré déterminé. Ces baflins nommés baflins à filtrer ou à décanter doivent être aflez grands pour contenir tout le fuc exprimé (amené à l’état de vefou, portant 24 à 26 degrés à l'aréomètre), que. peut fournir le moulin en vingt-quatre heures , ils doivent être faits en maçonnerie , doublés en plomb & entièreme:.c’ recouverts de plufieurs caifles dont le fond foit fernié d’une claie d'ofier. Sur ce fond on établir pour filtrer d’abord une laine, puis: une toile & un tamis de laiton, Deux canaux en plomb établiflene’ communication entre ces bafins & le laboratoite ; l’un (2) porte le: ere 204 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, vefou.évaporé dans Je chaudron (4) placé au pied de chaque baffin, d’où un nègre le prend & le verfe fur le filtre; l'autre (m), dont louverture au fond du bafin (Æ) eft fermée par une foupape (0) rapporte le vefou filtré & décanté à la chaudière à cuire. Le fond des biflins à décanter doit être élevé d'un demi-pouce au-defus du niveau de l'ouverture (Z ) que préfente le canal (m ) près du bord de Ta chaudière à cuire. L'intérieur d’une fucrerie doit préfenter deux laboratoires ( 1), & chaque laboratoire doit être proportionné aux deux baffins à décanter. Les bafins à fuc exprimé ( F, F) font communs où propres à chaque Jaboratoire, M. Ducrône croit devoir les placer en dehors de la fucrerie tant pour la propreté que pour tenir le fuc exprimé plus fraîchement : äls doivent être couverts par un appentis bien fermé ou être voutés, Ces baflins doublés en plomb font aflez grands pour contenir chacun trois milliers au moins. On doit les remplir à une mefure fixe & dérérminée roujours égale pour chaque charge, afin qu'on puifle fe rendre un compte exact, tant de la quantité de fucre exprimé qui arrive à Ja fucrerie que de la quantité de chaux qu'on emploie par quintal de ce” fuc pour en féparer les fécules. Comme il convient de bien connoître le degré de richeffe du fuc qu’on travaille, il faut avoir un aréomètre pour le pefer de tems-en-rems. Tels font les préparatifs de la nouvelle méthode dont l’ordre du travail va maintenant être expofé. F Une première opération importante pour mettre de la précifion dans le travail eft de s’aflurer à l'inftant de la proportion de chaux vive néceflaire pour opérer la féparation des fécules. Pour cet effet on doit fe férvir d’une balance hydroftatique inventée par un Anglois & dont l'ufage a éré introduit depuis deux ou trois ans à S. Domingue. Cerre balance qui eft très-ingénieufe fert à faire connoître la quantité de fécules qui exiftent dans le fuc exprimé & le rapport de la chaux néceflaire pour les féparer. La chaux ainfi pefée eft mife dans la charge dont la première à défequer eft remplie. Pour que fun aétion fe porre en même tems fur toutes les parties du fuc, on a grand foin de lérendre en agitant la charge avec une cuiller pendant une minute ou deux; puis on la tranfvafe en entier dans la chaudière à cuire. Après avoir. rempli toutes les chaudières d’une charge airf leflivée, on commence à chauffer. Les chaudières reçoivent un degré de chaleur relatif à la proximité pu! RER RER) Le dut DEEE CE PE RAR RE (1) On doit avoir deux fourneaux dans toutes les fucreries ({2g. 2), fin de n'être p2s obligé d’arréçerile travail lorfqu’il arrive quelqu’accident à celui dont on fe fert, eue précaution eft d’autant plus néceffaire que les cannes ne pouvant fe garder Lans saliérer , on perdroit toutes celles qui feroient coupées. A L af à ”. * +4 AE ji .e AM ré nil. tait tt ST, NATURELLE ET LES ARTS. 295 du foyer proprement dit ; le fuc de la chaudière à cuire el le premier dont les fécules fe féparent; l'ation de la chaleur fe porte fuccef- fivement fur les chaudières fuivantes. Les premières fécules font enlevées à l'écumoire dans chacune des chaudières à mefure qu’elles fe raffemblenc à la furface du fluide ; elles font verfées dans des bayes ( /eau de bois) & portées à leur deftination. Celle de la première à déféquer font verlées dans le bain (z ) qui eft entr'elle & le mur; d'où elles s’écoulenc en dehors dans la chaudière établie pour les recevoir. Les fécules de la feconde forte font verfées dans les petits baflins ( e) que préfente la furface du laboratoire ; elles. font entraïnées dans les gouttières par le fuc qu'on enlève avec elles & portées dans la première à déféquer, où elles font enlevées de nouveau avec celles de cette chaudière. On écume toujours à mefure que l'évaporation fe fair, & on ajoute à chaque charge, s’il eft à propos, foit de la chaux en fubftance, foit une leflive de chaux ou d’alkali. - Lorfque le vefou de la chaudière à cuire porte 22 à 24 degrés à Paréomètre , on fulpend le feu & on enlève avec une cuiller ce vefou qu'on verfe dans le petit baflin (e) qui répond au baffin à décanter qu'on veut remplir. Sitôt après avoir vuidé la chardière à cuire (d) on la remplit avec la charge entière de la chaudière à évaporer (c}, on continue à chauffer & on pafle fucceflivement la charge de la Jeconde à défequer (b) dans lachaudière à évaporer (co); celle de læ première à déféquer (a) dans la fecende (3), & la première (a) elt remplie à l'inftant d’une nouvelle charge de fuc exprimé. À mefure que le véfou évaporé au degré déterminé , arrive dans le chaudron (X) placé au pied du baffin à décanter ,un nègre le prend & le verfe fur Les filtres ; il tombe dans le baflin après s'être dépouillé des matières folides qu'il portoit. On continue d'écumer & d'évaporer en paflant fucceflivement la charge entière d'une chaudière dans l’autre, & le véfou de /a chaudiere à cuire dans le baffin à décanter jufqu'à ce qu'il foit rempli. On doit difpofer la marche du travail de telle manière que le premier baffin à décanter fe trouve plein vers les fix à huit heures du foir : alors le véfou évaporé , toujours au même degré , eft porté de la même manière dans le fecond parle canal qui luirépond, & on continue ce travail pendant la nuit, Vers les cinq à fix heures du matin on éteint le feu, on vuide la chaudière à cuire ; puis après l'avoir bien lavée , s’il en eft befoin , on lève la foupape du premier baffin ; le véfou filtré s’écouie par le tuyau qui en part & arrive parfaitement pur dans la chaudiere à cuire, ayanc dépofé pendant huit à dix heures de repos , les matières féculenres & terreufes qui par leur extrême fineffe ont pu échapper aux filtres. La chaudiere à cuire chargée par ce moyen d’une quantité de véfou con- venable pour faire une cuite, on ferme la foupape & on s’aflure fi la défécation elt bien faite. Pour cet effect on prend du véfou dans uns ÿ S PMENTER dt: ; As 7 LR ONE: # \t he “ PTS TES OUR 296 OBSERPATIONS SUR LA PHYSIQUE, cuiller d'argent ; on le tourne fous différens afpeës, afin de voir s'il ne porte rien qu'on puifle appercevoir à l'œil ou à la loupe; on mêle à ce vélou qui paroît très-clair & tranfparent, quelques goutres d’eau de chaux filtrée, & on l’examine de nouveau. Si après une ou deux minutes, on mapperçoit aucun corps folide nager dans la liqueur , & que le véfou foit de bonne qualité, où peut être afluré que la défécation eft com- pletre: alors on fait chauffer pour achever l'évaporation & opérer la cuire. Si la véfou eft de qualité médiocre ou mauvaife , il faut encore employer comme pierre de touche une diffolution d’alkali cauftique bien filtrée & mêlée avec l’eau de chaux. Si ces réaétifs manifeflent la préfence de quelques flocons de matière féculente , alors on paffe dans le véfou une leMive foit de chaux, foit d’alkali, dont on règle la proportion fur la uantité de flocons qui dans ce cas font toujours peu abondans. Bientôt ils fout féparés par le concours de la leflive & de la chaleur qui les élève à la furface où ils peuvent être faifis par lécumoire & enlevés avec facilité. ; d | Lorfque la chaux filtrée & Palkali ne féparent point de fécules ; fi la couleur du véfou eft d'un brun uè:-foncé, on peut préfumer que fon intenfité eff due, en partie , à l'excès de leflive qui tient le fuc favonneux extreif en diflolution | & quelquefois auffi une portion des fecondes fécules : dans ce cas l'acide fulfurique (1) très-érendu d’eau & l'acide oxalique peuvent fervir de pierre de touche ; car fi c’eft la chaux qui eft en excès, Pun & autre la précipitenr en formant avec elle un fel infolable. Si c'eft Ja poraffe où la foude , Pure & l'autre font égalemenc neutraltfées par l'acide oxalique dont l'action fe porte auffi fur la parte colsrante du [uc favonneux. Alors la bafe de ce füuc fe précipite fous Ja Forme de flocons blancs, ainfi que la portion des fecondes fécules que les alkalis ont pu diffloudre. Pour remédier à l'excès de leffive on pet employer J'acide fulfurique très-érendu d’eau ou une diffolution foir de crème de tartre , foir de {el dofeille, foir de fel de citron, foit enfin d'acide oxaliques mais pour employer fans inconvénient & avec fuccès ces divers acides, il faut être très-éclairé fur leurs propriétés & avoir la anain bien exercée à ménager feur ation. Heureufement on peut fe difpenfer dans la nouvelle méthode de M. Dutrône d’avoir jamais befoin de leur ufase , pour peu qu’en veuille fe procurer de bonne chaux & la pefer avec foin. © Tandis qu'on cuir la charge dela chaïdiere à cuire & fucceffivement sout:le produit du premicr £affin à décanter ,on continue d'écumer & d'évaporer dans les trois chaudières précédentes , & on porte le vefou de Ja chadiere à évaporer à mefure qW'il y arrive au point d’évaporation déterminé; on le pafle de cetre chaudière dans le fecond buffin à ————— F ] (7) Acide: vitriohiques Aécanter , SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 291 décanter, toujours à la faveur du petit baflin (a) & du canal (2) qui lui répondent. On continue de remplir ce fecond baffin de certe manière (en faifanc paffer le véfou par les fileres) jufqu'au moment où tout le produit -du premier fe trouve cuit ; cé qui doit arriver fur les fix à huit heures du foir, À ce moment on pafñle la charge dé la chaudiere à évaporer dans la chaudiere à cuire, qui alors fert à évaporer. ‘S'il eft à propos on fave le premier baflin à décanter & on le remplit de nouveau comme la première fois avec le véfou évaporé dans la chaudiere à cuire à mefure qu'il arrive au point décerminé, Le fecond bafin eft abandonné au repos pendant la nuit, & le matin à cinq heures .on procède à la cuite du vélou de ce baffin ainfi qu'ona fait la veille pour celui du premier. Une fois ce travail établi on Le continus en fuivant toujours l’alrernative. On voit que dans ce travail , chaque charge du fuc exprimé pafle fans être confondue d'une chaudière dans l’autre où elle reçoit fucceflivement le degré de chaleur qui convient à la marche de la défécarion & de l'évaporation. On voit qu'on peut régler la leffive fur chaque charge, & fuivre les fignes que préfentent les écumes, lés bulles du véfou en ébullition ; &c. fignes für lefquels il ne faut pas toutefois avoir un trop fort deuré de confiance. On voit encore que dans la filtration & la décantation opérées ainfi que l’Auteur les expole, routes les marières folides qui ont échappé à l'écumoire fone enlevées avec le plus grand fuccès & fans augmentation de manœuvre; car la marche de tour ce travail ne demande pas on plus grand nombre de nègres qu'on n'en emploie ordinairement dans le fervice qu'exige la marche du travail dans es chaudières de fer. La défécarion & l'évaporation commencent prefqu'en méême-rems & marchent enfemble jufqu'au buffer à décanrer où la déféçation s'achève entièremenr. Les chaudières de cuivre dont le fond ne porte qu'une légère convesiré recoivent la ciréleur, de matière que cer agent en pénétrant le fuc exprimé dans toure {on étendue, faifir Hs fécules &c les enlève à la futfaces Cette a@tion fur ellesine doit être ni trop lente ri trop rapide; on eft le maître avez les chaudières de cuivre de la gtaduer à volonté, Use fois qu'on connoît iadiviré plus ou moins grande de fon fourneau; on règle la charge de la premiere à déféquer en augmentant ou en diminuanc la quantité de fon {uc exprimé ; de manière qu’elle fe trouve toujours dans cette premiére, quand il eft à propos de la tranfvafer au point qu'on défire, par rapport à la défécarion: L'évaporation ne peut jamais nuire dans les chaudières fuivantes, à la féparation & à l'enlèvement des fécules par l’écumoire, en donnant au véfou une denfité qui les tiendroit embarraffées, La charge de la prer à déféquer pouvant être de deux À trois milliers de fue, &r cette charge paflant en entier d'une chaudière dans l’autre , il arrive que la proporui d’eau que porte le véfou elt roujours affez grande pour laiffer aux fécules r L Tome XX XVI, Pan. 1, 1750. AFRIL, Ph + Te à sf End: à 258 COBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, la liberté de fe féparer & de fe préfenter à l’écumoire ; car quelque rapide que foit l’évaporation , on peut à volonté en régler la marche jufqu'au degré pour la filtration & la (1) décantation. On s’aflurera de ce degré su moyen d’un aréomètre formé d’une boule de cuivre de deux ou trois pouces de diamètre, portant un tube de fix à huit pouces. On charge cet aréomètre avec du plomb en grains, de manière qu'au degré vinot- quatre de l’aréomètre de Baumé, la boule plongée dans le fluide fe trouve couverte jufqu’à la naiffance du tube. A près avoir fait connoître ce point au nègre commandeur , on le charge de veiller à ce travail : on peur le lui abandonner pendant la nuit, d'autant plus volontiers que la cuite ayant lieu pendant le jour, les nègres n’ont plus qu’à pefer la chaux pour chaque charge du fuc exprimé qui arrive dans la chaudiere à déféquer, puis à écumer & à verfer le véfou für les filtres. La marche des chaudières de fer dans l’ancienne méthode bien loin: d’avoir aucun de ces avantages, a tous les vices oppofés. Ces vices font d'autant plus marqués que le fuc exprimé elt plus riche & de meilleure qualité, & que l'action de la chaleur a plus de force & d'activité fur le batterie | parce qu’alors il faut la charger fans cefle quel que foit Pérat du véfou, & dans ce cas toutes les opérations fe confondent dans cette chaudière où la défécation, l’évaporation & la cuire font fans cefle le cercle jufqu’au moment où elle eft fufifamment chargée, pour qu'on: puifle pourfuivre la cuite. L'article dans lequel M. Dutrône traite de la cuire fait voir avec quelle attention il cherche à mettre de la précifion dans fes procédés. Il paroît en effer que les rafäneurs d'Amérique & d'Europe n’ont jamais eu une idée jufte de la cuite , c’elt-à-dire, de lation de la chaleur fur l’eau de: diffolution du fucre. És s’en tiennent pour en fixer Le terme à des fignes qui n’annoncent qu'une routine indéterminée & fans règle. À l’inftant où le véfou arrive à l’érac de fyrop, ils y plohgent une écumoire , ils la relèvent , & après l'avoir expofée à l’air en la tournant plufieurs fois fur elle-même , ils la fixent de champ, & fi le fyrop qui s’y efl attaché découle en formant des gouttes féparées qui tombent lentement, ils défignenc cet état par cette exprefion, faire la goutte. Si le {yrop au con- traire tombe en faifant la nape , ils défignent cet état par cette expreffion, faire la toile. Ce font-ià les premiers degrés de la cuire. Les degrés plus avancés font pris des fignes que donne la matière foumife à l'épreuve du doigr, c'eft-à-dire , en prenant quelques gouttes de véfou entre le pouce & l'index, & en jugeant de fa cofiftance par la manière dont il file lorfqu'on écarte les doigrs ; c'eft ce qu’on nomme faire Le fil. C’eft. a ——_—_ ————— (1) La Table que M. Dütrône a conftruite en faifant diffoudre du fucre dans de L'eav à différentes proportions , Table dont nous avons parlé dans le premier extrait , pourrait fervir icie. SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 299 dans le fouvenir de ces dénominations & de quelques autres de cerre efpèce , dit M. Dutrône, que confifte principalement la fcience du rafñneur. Il propofe un moyen bien plus conflant & bien moins équi- voque pour déterminer d'une manière précife la quantité d'eau de diflolutiôn qu'il faur faire évaporer, & il part d’un terme fixe, favoir, . qu'à une température de 22 degrés au thermomètre de Réaumar, il faue trois parties d’eau fur cinq de fucre pour former du fyrop au vrai point de faturation. Cela pofé, l'opération de La cuite étant l’action de la chaleur fur l’eau de diflolution du fucre, certe a@ion appliquée au fyrop doit néceilaire- ment commencer & finir à un degré du thermomètre toujours fixe. La vérité de cette propofition, dir M. Dutrône, a été démontrée par des expériences mulcipliées faires fur des diffolutions de quintaux fiéifs & réels du fucre rafiné parfaitement pur , auxquelles avoit été appliquée l'action de la chaleur à divers degrés. Après avoir reconnu que le preinier terme commençoit à 83 degrés du thermomètre de Réaumur, que le dernier finioit à 110, M. Dutrône a établi d’après l'expérience entre les deux termes; une échelle qui à chaque degré annonce par la fomme du fucre pañlé à l'état folide après la cuite, ja proportion d'eau que la chaleur a enlevée dans certe opération. Quoiqu'il fe trouve dans l’eau de diflolution que porte le vélou-fyrop, des matières folubles qui ne {ont pas fel effenriel , l'eau néanmoins eft unie à ce fel dans une proportion relative & déterminée. Le thermomètre doit donc être employé pour en fixer la cuite dont le produit folide eft toujours relatif à la proportion d’eau que la chaleur a enlevée à chaque degré de cer inftrumert, A° la vérité la fomme de ce produit fera d’aurant plus éloignée de la quantité annoncée d'après l’échelle , que ces matières feront en plus grande abondance, Au refte, l’ufage du thermomètre dans la cuite ne doit point exclure l’épreuve du doiot qui eft très-commode, fert au contraire à l'éclairer & à en rendre la pratique moins équivoque. À près avoir parlé de la cuire, il s’agit de pafler aux nouveaux moyens de faire criflallifér , purger, &c. le fel effentiel de la canne fucrée. Or, le fücre étant un {el effentiel qui criftallife par le refroidiflement, l'expé- rience démontre que les molécules des fels de certe forte demandent pour prendre la forme criftalline, à fe mouvoir librement dans le fluide qui les tient ifolées, afin qu’elles puiffentexercer les unes fur les autres leur affinité réciproque. Ces molécules prennent dans leur réunion une forme d’aurant plus belle & plus réoulière que la proportion d’eau qu’on leur laille eft plus confidérable. Lorfqu'en laifle au fucre qu'on fait criftallifer une grande proportion d’eau, il forme de très-gros criftaux bien réguliers. Dans cet état il porte le nom de fucre candi, & c'elt l'état le plus parfait qu'on puifle décrire, Les moyens qu'il convient d'employer pour extraire Le fel effentiel de Ja canne doivent donc être fondés fur ce principe de Tom XXXVI, Part. 1,179. AVRIL, Pp2 :00 OBSERFATIONS SUR LA PHYSIQUE, Chimie erifallifer à grande eau , établi pour tous les fels qui criftallifene par refroidiflement. C’eft d'après ce principe qu'il convient d’érablir la cuite du véfou-fyrop & des fyrops, & qu'on doit donner aux vafes deftinés à la criftallifation , la forme & la contenance la plus favorable pour remplir cet objet ; ainfi que ce qu'on appelle la purgarion de ce fel. Les purgeries dans la nouvelle méthode (E , F ) fervent à mettre le fel effentiel à criftallifer & à purger. Ces bâtimens doivent être larges & conftruits fur la même ligne, afin qu'on ait moins d’étendue à parcourir pour le fervice, & qu'on puifle voir d’un coup-d'œil tout ce qui S'y affe. Ils préfentent intérieurement plufieurs files de criftallifoirs (H, T} établis fur des gouttières (K} qui fe terminent à des bafins(L,M,N,0O). Les criftallifoirs doivent avoir tous la même forme & la même conte- nance. Une certaine quantité (H) eft déterminée à recevoir le véfou- fyrop cuit dans la fucrerie, & les gouttières fur lefquelles ils font établis ont leur baflin particulier. D’autres criltallifoirs (1) font deftinés à recevoir les premiers {yrops de véfou cuits ; leurs gouttières doivent avoir un baflih particulier. Les feconds , troifièmes & quatrièmes fyrops cuits’ doivent avoir auffi leurs criftallifoirs (1) & leurs baflins , afin que les produits en fucre & les fyrops ne fe confondent point & qu'on puifle les traiter féparément. | L'expérience a démontré que la fomme des matières qui réunifloit le lus grand nombre des circonfances favorables pour la criftallifation du fel eflentiel de la canne fucrée étoit de quinze à feize pieds cubes. C'eft d'après cela qu'on s’eft déterminé à donner aux criffallifoirs (H, [) cinq pieds de long fur trois de large. Leur fond eft formé de deux plans inclinés (dd, fig. 6) de fix pouces, dont la réunion forme une gourtière qui répond à la ligne de la plus grande dimenfion. Il y a dans cette gouttière douze ou quinze trous d'un pouce de diamètre pour l'écoulement des fyrops. La profondeur de chacun de ces criftallifoirs et de neuf pouces fur les côtés; elle va en augmentant vers la gouttière où elle a quinze pouces. Le criflallifoir-caifJe dontil s’agit doit être fait avec des planches d’un pouce d'épaiffeur & doublé en plomb laminé très-mince. Il convient avant que de doubler la caifle de percer les trous de la goutrière & de brûler intérieurement avec une boule de fer rouge Le pourtour de ces trous, de manière qu'il préfente une légère concavité au milieu de laquelle fe trouve le trou. Par cette difpofition il ne refte pas une goutte de {yrop dans la caifle après la purgation, Les trous fonc garnis avec des viroles de cuivre éramé ou de fer-blanc. Les gouttières (K,/2g. 6) fur lefquelles font établies les caifles font faites en maçonnerie & inclinées vers le baflin qui reçoit les fyrops. Elles doivent être enduires en ciment & doublées en plomb laminé. Les baflins à fyrop (EL ,M,N ) fitués à Pextrémité des gouttières font creulés à plufieurs pieds de profondeur le plus près poffible de la raffinerie ; ils font faits en maçonnerie & doublés SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS 36 en plomb. Leur contenance doit étre à-peu-près de la moitié de le fomme des caifles dont ils reçoivent les fyrops. On fxe la cuite du véfou-fyrop au thermomètre ; le degré qui convient pour obtenir dans la plus grande proportion le fel effenriel criftallifé en caifles fous la forme la plus belle & la plus régulière , eft de 87 & demià 88 degrés. Lorfqu’on s’eft afluré du degré de cuite convenable on éteint le feu en introduifant dans le foyer deux ou trois paquets de têres de cannes ou de bagafles vertes ; alors fans courir aucun rifque de brûler le fucre on vuide le produit de Ja chaudière à cuire dans le rafraîchifloir (x} qui faic partie du laboratoire. De-[à on le porte tout de fuite dans une caifle dont on a eu foin de boucher les erous avec des chevilles de bois (fig.6,c,c) garnies de paille de maïs. Les caifles font fonction de fecond rafraîchifloir ; on les remplit de deux cuites qu'on mêle bien enfemble au moment où on les réunit. La matière ainf dépofée dans la caifle fe refroidir lentement, & après vingt-quatre heures, la criftalli- {ation étant établie à la furface , aux parois & au fond du criftallifoir, xl convient d'imprimer alors à toute la mafle fluide encore un léger mou- vement avec un mouveron, en ayant foin d'élever vers la furface le fel effentiel qui eft déjà dépofé au fond. Après cette opération, la criftalli- {ation fe fait fimultanémenc dans toute l'étendue de la caifle quelquefois en cinq ou fix heures. Après quatre ou cinq jours la mafle totale érant refroidie, il convient de tirer les chevilles; alors la purgation fe: fait crès-promptement, & après fix ou huit jours elle eft abfolumenc complerte, Si on veut serrer le fel effentiel provenant du véfou-fyrop urilé de la manière qu'on vient de l’expofer, on fe fert pour le mettre à criftallifer ou des caifles que nous venons de décrire ou des formes ; mais tous ces détails, ainfi que ceux qui regardent la cuite des premiers, feconds, &c. veluu-fyrops, à laquelle eft deftiné le laboratoire (G , f£g. 5) qui tient à la purgerie, doivent être fuivis dans 'Ouvrage de l'Auteur même, ainfi que le paralièle qu’il fait de l'ancienne & de la nouvelle méthode. Au refte, les avantages qu'offre la nouvelle méthode comparée à Fancienne dans fes moyens, dans l’ordre de fa marche, dans la purifi- cation du véfou , dans la cuire du véfou-fyrop, dans la criftallifation du fel eflentiel qu’on obtient, dans la qualité, la quantité & la pureté de ce fel; ces avantages , dis-je, font non-feulement expofés avec clarté par PAuteur & rapprochés des principes de Ja faine Chimie, mais encore ils font rendus fenfibles par une expérience de plufieurs années , notamment for l'habitation de MM. de la Debare & Caradeux, près du Cap à Sainr- Dominoue. M. Dutrône a inféré dans fon Ouvrage le Tableau fait par M. de la Debare lui-même fur le relevé des livres de fon habitation, qui montre combien font grands les bénéfices qu'il-doit à la nouvelle: méthode. Auñli les Commilaires de l'Académie nommés pour faire: 302 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, l'examen de l'Ouvrage de M. Durrône en ont-ils rendu un témoignage très-favorable. « Nous penfons, difenr-ils en fniflant leur rapport , que le » moyen le plus sûr de répandre cette mérhode & d’en rendre les > avantages plus fenfbles, eft de la faire pratiquer dans les colonies par » les foins & fous les yeux de l’Auteur ». On ne peut s'empêcher de faire ici une remarque que fuggère Ouvrage de M: Dutrône : c'eft qu'il feroir infiniment à defirer que, fuivant les grandes vues de Rouelie, nos chimiftes au lieu de s'engager dans des efforts de Nomenclature & des expériences en petit qui reffemblent à des tours de gobelers, s’appliquaflent chacun à quelqu'un des arts qui ont la Chimie pour fondement , qu’ils fuffent dans de grands atteliers, méditer fur des procédés confacrés fouvent à la routine, pour les perfe&ionner, & qu'ils fortiffen des triftes bornes où leur ftérile métier de favant les confne. END ROM IT Des Obfervations Météorologiques faites à Laon, par ordre du Roi, pendant le mois de Février 1790 ; Pur le P. CorTE, Prétre de l’Oraroire, Chanvine de l'Eglife de Laon, Membre de plufieurs Académies. Îc eft rare que l’on jouiffle en hiver d’une température aufi douce ue celle qui a caraérifé ce mois; aufli la vévération eft aufli avancée qu’elle l’étoir Pann:e dernière au mois d'avril; j'ai vu le 16 des feigles en tuyaux, le 20 des chauves-fouris, % le 22 des abricotiers en fleur, Quoiqu'il foit tombé fort peu d’eau, Fair a toujours été affez humide à caufe des bouiilards. Températures correfpondantes aux différens points lunaires. Le premier (périgée ) nuages, doux. Le 2 (équin. dec.) idem. Le 3 (qua- trième jour aprés La P, L.) couvert, doux, pluie. Le 6( D. Q. ) couvert, doux , brouillard. Le 8 (lunif£. aufl.) couvert, doux, Le 10 (quatrieme jour avant la N.L.) nuages, froid, pluie, brovillards, Le 14 (N. L.) nuages, doux. Le 15 (équin, afc.) idem. Le 16 (apogée) idem. Le 18 Cquatrieme jour après la N.T,) couvert, froid, brouillards. Le 22 (P. Q.) beau, doux. Le 23 (/unifl. boreéal,) couvert, doux, pluie. Le 2$ (quatrieme jour avant la P. L.) nuages, doux, pluie. Température de ce mois dans les années de la période lunaire sorrefpondantes à celle-ci. Quantité de pluie, En 1714,9 ; lignes, SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 303 en 1733, 9 lign. en 1752, 23 lign. en 17971. Fent dominant ef. Plus grande chaleur, 12,5 d. Le 25, moindre 10,5 d. de condenfation. Le 13, moyenne , 1,8 d. Plus prande élévation du barometre, 28 pouces 2 lign. Le 18, moindre , 27 pouces $ À lign. Le25, 27, moyenne , 27 pouces 11 lign. Nombre des jours de pluie, 4, de neige , 9 , d'aurore boréale, 2, température froide & humide, En 1790, vents dominans , le S.O. & leS, Plus grande chaleur, 8,0: Le 22 à 2 heur. du foir, le vent fud & le ciel en partie ferein , moindre , 0,5 d. de cordenfation. Le 11 à 7 heur. du matin, le vent fud & le ciel ferein ; différence, 8,5 d. moyenne au matin, 3,$ d. À midi, $,2 d, au Joir , 4,2 d. du jour 4,3. Plus grande élévation du baromètre , 28 pouces 2,96 lign. Le $ à 7 beur. du matin le vent N. O. & le ciel couvert. Moindre , 27 pouces 484 lign. Le premier à 7 heur. du matin, le vent N. O. & le ciel en nartie couvert. Différence, 10,12 lign. moyenne au matin,27 pouc. 10,71 lign. à midi, 27 pouc. 10,72 lign. au foir, 27 pouc. 10,99 lign. du jour, 27 pouc. 10,81 lign. Marche du baromètre. Le premier à 7 heures du maun, 27 pouces 4,84 lign. Du premier au $ , monté de 10,12 lign. du ÿ au 10, baiffé de 7,14 lign. du 10 au 13, M. de 5,08 lign. du 13 au 14, B. de 4,03 lign. du 14 au 15, M. de 2,06 lion. du r$ au 16, B. de 3,02 lign. du 16 au 18, M. de $,53 lign. du 18 au 23, B. de Ss41 lign. du 23 au 25, M. de 2,85 lign. du 2$ au 26, B. de 2,77 lign. du 26 au 27, M. de 3,01 lign. du 27 au 28 , B. de 1,46 lign. Le 28 à 8 heur. du foir, 27 pouces 9,86 lignes. Le mercure a toujours été très-élevé & a peu varié; fes plus grandes variations ont eu lieu en montant les 1, 10,1$,17% 27, & en defcendant les 9, 14 & 26. Il eft tombé de la pluie en petite quantité les 3,9, 10, 11, 12,17, 23,25, 27 & 28, & de laneigele x. La quantité d'eau n'a été que de: 6,6 lignes , & celle de l’évaporation de 4 lignes, Je n’ai pas obfervé d’aurore boréale, Nous n'avons point eu de maladies régnantes.. Laon, le 3 Mars 1790; 3e4 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, ARE ECRE VAMIES PEN DRE IE EEE RE ITA EN RETENIR PB PEER PE UE E RIT RLANTT Des Obfervations Meteorologiques faires a Laon , par ordre du Roi, pendant le mois de Mars 1790 ; Par Le P. CoTTr, Prétre de l'Oratoire , Chanoine de l'Eplife de Laon, Membre de plufieurs Académies. ÏL eft rare que l'on jouiffe en mars d’une température aufli douce & aufli sèche que celle que nous venons d’éprouver , aufli les productions de la terre font-elles plus hâtives de trois femaines que dans l’année moyenne ( la même chofe a eu lieu en 1779, les phafes lunaires tombant à-peu-prèsaux mêmes époques que cetteannée). Le premier on cueilloitla violette & les primevers des jardins ; le 9 on entendoit le coucou; le 10 la vigne pleuroit,les pêchers fleurifloient; les fraiiers le 1$, les grofeillers à grappes ; le 23 cn entendoir la caille; le 25 les pru’iers & l’épine noire fleurifloient , j'ai vu les premières hirondelles; le 27 on trouvoit des épis de feigle , la vigne étoit en bourre, les atenniers fe charoeoïeñt de feuilles, les noirters fleuriffloierc, on fervoir les afperges ; le 28 les aulnes, la charmille & les tilleuls fe chargeoienr de feuilles, on entendoir les grenouilles; le 30 on voyoit du railin fur fes treilles bien expofées: les bleds fonc de la plus grande beauté. Températures correfpondantes aux différens points lunaïres. Le premier (P.L. & équin. defe.)tcouvert, froid. Le 2 (périgée ) nuages, doux, pluie. Le $ (quatrième jour après la P,L.) couvert, doux, brouillards. Le 7 (D. Q. & luniff. auff.) beau, froid. Le 11 ( quatriéme jour avant la N.L.) beau , doux. Le 15 (N. L. & équin. af&.) nuages, froid , pluie, grêle, changement marqué. Le 16. (apogée) & le 19 (quatrième jour après la N. L.) beau, froid, Le 22 (lurif?. bor.) beau, doux, changement marqué, Le 23 ( P.Q.) nuages, doux , pluie. Le 26 (quatrième jour avant la P.L.) couvert, doux, pluie, tonnerre. Le 29 (équin. dec.) beau, chaud, Le 30 (P. L. & périgée ), nuages, chaud, pluie. ù Température de ce mois dans les années de la période lunaire correfpondantes à celle-cr. Quantité de pluie en 1714, 11 lion.=,en 1733, 19; lign.en 1752, 16 5 lign.en 1771, Vent dominant, le nord, Plus grande chaleur, 13 d. le13. Moindre, 4 < d. de condenfation le 27. Moyenne, 2,6 à, Température, froide & humide. Plus grande éléva- to du baromètre , 28 pouces ©, d, le 20. Mosndre, 27 pour. 3 lien. le 5 22 ? p. ARC » SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS: 305 6. Moyenne , 27 pouc. 8,0 lign. Nombre des jours de pluie, 10 , de reige ; 7, de tonnerre , 2, d'aurore boréale , 2, Quantité de pluie, un pouce 11,9 lign. En 1700. Vent dorminant, le nord. Plus grande chaleur 12,4 d. le 30 à 2 heur. du foir, le vent nord, & le ciel en partie ferein. Moëndre, 0,9 d. le 17à 5 = du matun , le vent nord-eft & le ciel ferein. Différence, 11,5 d. Moyenne au matin 4,0 d. à midi 7,7 d. au Joir,$,9 d. du jour, $,7 d. Plus grande élévation du baromètre , 28 pouces 1,0 ligne le 17 à s heur. + du matin, le vent N. E. & le ciel ferein. Moëndre , 27 pouces 5338 ligo. le 31 à 2 heur. du foir, le vent & le ciel ferein, D'ffcrence, 7,69 lignes. Moyenne au matin, 27 pouces 9,69 lign. à midi, 27 pouc. 9,61 lign. au /oir, 27 pouc. 9,75 lign. du Jour , 27 pouc. 9,65 lignes. Marche du baromérre. Le premier à 6 heur. du matin, 27 pouces 9,63 lignes. Du premier au 3, monté de 1,73 lign. du 3 au, baiflé de 2,87 lignes. du 4 au 6 , M. de 3,50 lign. du 6 au 7, B. de 0,59 lign. du 7 au 8 , M. de 0,61 lign. du 8 au 10, B. de 4,63 lign. du 10 au 12, M. de 5,16 lign. du 12 au 15, B. de 1,01 ligo. du 1$ au 17, M. de 1,55 lign. du 17 au 19, B. de 2,53 lign. du 19 au 20, M. de 0,60 lign. du 20 au 23, B. de 4,92 lign. du 23 au 25, M. de 2,30 lign. du 25 au 28. B. de 2,95 lign. du 28 au 20, M. de 1,14 lign. du 29 au 31, B. de 1,55 lign. Le 31 à 8 heur. du foir 27 pouc. $,9 lign. Le mercure a toujours été fingulièrement éleyé (comme en 1779). Il a peu varié, fi ce n’eft en montant , le 11, & en defcendant, les 10 & 22. IL eft combé de la pluie en petite quantité, les2,3,4, 10,12, 14, 15,23, 26 & 30, & de la préle les 10 & 15; la quantité d’eau n’a été que de f,9 iignes. Le tonnerre set fait entendre les 26 & 27. L'arrore boréale n'a point aru, ; Nous avons eu des fièvres putrides & fcarlatines , des rougeoles, - Réfultat de trois mois d'hiver. Vent dominant , oueft. Plus grande chaleur, 12,4 d. Moindre, 1,8 d. de condenfation. Moyenne , au matin, 3,1 d. à sidi, $,4 d. foir & du.jour, 4,2. Plus grande élévation du baromètre, 28 pouc. 2,96 lign. Moëindre , 27 pouc. 0,13 lign. Moyenne, au matin, 27 pouc. 0,74 lign. à midi, 27 pouc. 9,52, au for, 27 pouc. 890 lign. du jour, 27 pouc. 9,72 lign. Quantité de pluie, 2 pouc. 3,9 lign. Température douce , sèche. Nombre des jours beaux , 30, couverts , 41, de nuages, 19, de vent, 8, depluie, 33 ,de neige, 4, de gréle, 3, de tonnerre , 4, de brouillards , 27 , d’aurore boréale x : maladies , rhume , maux de goroe , fièvre putride & fcarlatine, rougeole. Produëions de la terre, très-avancées, Laon , 6 Avril 1790. Tome XXXVT, Pare, I, 1790, AVRIL, Q q 306 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, RECHERCHES PHYSIQUES SUR LE MAGNÉTISME ANIMAL; Par M, Le Chevalier ne Sauvrac, Officier au Corps Royal du Génie. Fecitque cadendo Undique ne caderet. Mani. INTRODUCTION (1) LE Magnétifme a produit une fi grande effervefcence dans les efprits que, malgré le jugement rendu par un corps auf célèbre par fon impartialité que par fes lumières, elle n’eft pas encore afloupie ; le jour eft arrivé enfin de fubftituer des vérités démontrées à cet amas contra- diétoire de faits qui alimentent la curiofité depuis fi long-tems. Les efprits occupés encore de la folution de ce problème ne peuvent recevoir avec indifférence l’ouvrage que je leur offre, puifqu’il eft le réfuitat du travail le plus fuivi fur cette intéreffante matière; je me fuis attaché, dans la recherche de fes différentes parties , à la marche de leur auteur , & je l'ai forcé jufques dans fes retranchemens les plus inacceflibles : parti du: même principe , & fans ceffe éclairé du ambeau de l'expérience & du raifonnement , je fuis parvenu comme lui de découverte en découverte à des objets neufs, & dignes de toute l'attention du Phyficien. Scrupuleux fur la manière de procéder, plus fcrupuleux encore fur le: réfultat des expériences fouvent extraordinaires, j’ai eu recours pour rendre: raifon du merveilleux qu’elles offrent à des explications que je donne. pour de fimples conjedures , deftinées à être confirmées ou détruites : elles feront propres dans tous les cas à exciter dans les efprits ce choc fans. lequel on connoît rarement les fciences de la nature, fur-tout celle qui fait l’objet de ce Mémoire; fi ce font des erreurs, mes vues feront au (x) Ce Mémoire qui nous a été recommandé par un favant diftingué , M. ’AbLE Boflut ,, faifant connoirre les procédés employés dans la confiruétion du bacquer ,, dans la manière de magnétifer , &e. nous avons cru que fous ce rapport il pouvoit: trouver: place dans le Journal de Phyfique , fans qu’on puifle croire que nous: entendions rien préjuger (ur le fond de la queftion, More dés Rédaéteurs.. MC 2 4 SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 307 moins un fujet de nouvelles recherches, & mes efforts infruétueux inviteront à des efforts plus utiles, L'objet important du Magnétifme animal , les ouvrages fans nombre qu'il a fait naître, n’ont pu jufqu’à préfent fixer les opinions, & lon demande encore , s'il doit être rangé au nombre des vérités, ou reléoué parmi les fables. L’enthoufafme, le myftère & l’igrorance d'ur côté, l'intérêt, la prévention & la mauvaife foi de l’autre, ont partagé le public en trois clafles ; l’une croit fans voir, l’autre voic fans croire, & la troifième ne veut ni voir ni croire, J’ai déjà foulevé dans une brochure anonyme une partie du voile qui déroboit la vérité: il eft tems de l’écarter en entier, & de fixer d’une manière irrévocable la deftinée du Magnétifme animal. Les régions orientales fourniflent des pierres d’une dureté exceflive, qui ont comnie la terre leurs poles , leurs méridiens & leurs équateurs ; femblable en apparence à ces aimants, le corps humain paroît jouir comme eux d'une vertu magnétique plus ou moins fenfible , & de deux poles bien diftir&@s: en effet # l’on fe place dans la direction du méridien magnétiqné, face-à-face d’une perfonne dont ie genre nerveux foit d’une fenfbilité extrême, & qu'on l’aimante s'il eft permis de parler ainfi, par des procédés analogues à ceux que l’on emploie pour les barreaux d’acier , c'eft-à-dire en touchant léoèrement & lentement fon corps dans toute fa longueur avec les deux mains, & en obfervant ün long circuit dans chaque retour, ou bien en faifant la friction depuis la cêce jufqu'aux pieds avec la main droite & remontant des pieds à la rêce avec la main gauche, on lui fera éprouver fans aucune préparation préliminaire des effets fenfibles ( 1 ). Cette vérité confirmée par des expériences très - multipliées faires avec l’attention la plus fcrupuieufe, m'a convaincu que l’infenfibilité de la bouflole à mon approche ne provenoit que de fon défaut de conftru&ion ; perfuadé que le frorrement fur le pivot, étoit feul capable d'anéantir l'effet de ma préfence, fur l'aiguille , jai pris des fils de foie naturels, pour éviter même leur torfion , & après les avoir tendus & réunis avec une eau gommée, j'ai fufpendu à leurs extrémités à la manière de M. Coulomb, une aiguille aimantée qui fe mouvoit Lb:ement & à Pabri des courans de Pair, dans le vuide de la machine pneumatique, Dans cer état de fenfibilité extrême, l'aiguille n’a jamais manqué de prendre du mouvement , lorfque je me fuis tenu quelque tems auprès d'elle; fa direction même varioit füivant mes poltions (x) Je conviens que cette manière de procéder n’eft pas abfolument néceffaire pour produire des effets fur les perfonnes trècimpreffonables , maïs je puis affurer d’après les expériences les plus réitérées, qu’elle augmente beaucoup ces fortes d'effets. Tome XX XVI, Part. I, 1790.-AV RIT. Qq 2 - 0 308 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, latérales; effet qu’on ne peut expliquer ni par le mouvement ni par: la température de l'air, puifqu'il n’a lieu qu'après avoir demeuré im mobile un tems aflez confidérabie auprès de la boëte qui le ren-. ferme , & que d’ailleurs l'extrême raréfaétion de l'air le rend peu fufceptible des influences de la chaleur animale. Il paroît donc démontré qu’il exifte dans le corps humain un fluide qui a la plus grande analogie avec le fluide magnétique, puifqu’il aflee comme lui la bouffole ( r ). Ce fluide dont la nature a fait une: répartition inégale fur tous les êtres, peut être tranfmis d’un individu à fon femblable, de même que la vertu d’une lame d’acier peut être augmentée ou diminuée par celle dont un autre barreau eft imprégné ;. quoiqu'il foir dénué dans fon état naturel, de tout effet fenfñble fur les perfonnes d'une complexion ordinaire, il manifefte cependant beau- coup d’adtivité fur les perfonnes dont les nerfs fonc dans un érat d'érétifme furraturel (2). Mais renforcé par l’art, il a fur tout être fouffrant , une a@ion plus ou moins marquée, dont les effets falutaires ou nuifibles dépendent de l'état phylique de chaque individu & de la zature de leurs maladies. Le plus puiffant de tous les moyens mécaniques qu’on peut mettre en ufage pour ajouter, à l'intenfité de ce fluide, eft le Magnétifme minéral ; mais on doit le confidérer comme un fimple objet de curiofité qui répété fréquemment , peut altérer à la longue les tempéramens les plus robuftes. La manière qui m’a paru réunir plus d’avantages , eff de porter fur foi deux plaques d'acier fondu d’Anglererre très-homo- gène & forgé à froid, ayant une figure femblable à celle du courbillon. magnétique qui eft furbaiflée & elliptique. Ces lames pefant chacune diner: (x) Il eft affez probable que les animaux doivent le principe de l’aimant & les émanations dont il eft le foyer, aux particules ferrugineufes que contiennent leurs humeurs, & qui font prefque toutes attirables, quoiqu’elles foient fous forme de fafran. de mars. (2) Voici comment on peut concevoir des effets d’une variété: aufi étonnantes. L'expérience femble prouver que le fliide magnétique s’identifie avec le fluide. nerveux dans les corps des animaux ; car il produit des crampes , il crifpe les nerfs & il les attire comme le fer. Ce fluide fe tranfmet donc aux corps principalement par les filières organiques du fyflême nerveux, Si ces filieres font trop larges comme dans le fer doux , elles laiflent pafler comme lui Le uide, & n’en retiennent qu’une partie infenfible. Si lesinterftices font moins confidérables comme dans l’acier non trempé, ce qui eft le cas ordinaire, elles en confervent une quantité beaucoup plus forte; fi enfinils font extrémement ferrés comme dans l’acier qui a fubi une bonne trempe , elles en gardent une trop grande quantité : l’analogie de ce fluide avec le fluide éleArique fait que les individus qui font dans ce dernier cas font de véritables. éle&rofcopes indiquant les différens degrés d’élefricité atmofphérique d’une manière. plus marquée que tous les inflrumens inanimés; car ils font très- fenfibles à la plus Fégère augmentation qui furvient dans ce Auide déjà furabondant , & donc ils font fans. sefle les victimes. Her ss SUR L’'HIST, NATURELLE ET LES ARTS, 309 une livre, & douées d'une force capable d'enlever le double de leur poids, ont l'avantage de rendre le fluide magnétique animal très-éner- gique (1), & de fervir d'excellente conducteur au fluide minéral , puifque les poles des deux baguettes érant connus, on peut par leur moyen diriger le courant à volonté, ce qui offre une expérience des plus curieufes qui ait encore été faire en Phyfique. Si l'on applique le pole fud d’une des lames fur le haut de la tête d'une perlonne au foyer des nerfs, & le même pole de l'autre lame au bas du coronal, après un tems plus ou moins confidérable fuivane le plus ou moins de fenfibilité, cette perfonne éprouvera des vertiges qui croîtront au point de dégénérer en un mal de tête des plus violens. Si l’on tourne alors une des deux lames feulement, de manière qu’elle préfente le pole nord, tandis que l’autre préfente toujours le pole fud, alors le mal fe diffipera infenfiblément & metira à-peu-près à difpa- roître le même tems qu'il a employé à venir ; de manière qu’un homme armé de ces baguettes peut , pour ainfi dire , difpofer à fon gré de la maladie ou de la fanté, fuivant qu'il fera ufage des okes de même ou de différente dénomination. Telle eft jufqu'à préfent la première route fuivie par Mefmer. Partis du même principe & éclairés du même genre d’expérience ( 2), nous (1), MM Sreiglehner & Ingen-Houfz ont fait des expériences par lefquelles ils prétendent prouver, que l’application d’aimant für le corps humain ne Jui commu- nique aucune vertu capable de le décéler au-dehors. Pour moi j’en a1 fait de très- nombreufes für le même objet, & j’ai toujours obtenu des réfultats contraires ; en portant fur moi les lames magnétifées dont je parle , j’ai fouvent caufé des crifes bien cara@érifées à des perfonnes délicates par la fimple dire&ion continuée pendant deux ou trois heures de mon coude vers le creux de leur eflommac , fans que l’ima- gination y eût la moindre part, puifque j’opérois à leur infu : comme je ne me fuis: livré à des épreuves de ce genre, qu'après avoir porté ces barreaux. pendant près d’un mois, j'ignore fi j’aurois obtenu ces effets le premier jour. Il eft poffible que leffet des aimans ne fe manifefte au dehors , que lorfque les corps fe font, pour ainf dire, faturés de ce fluide : ce fentiment aflez probable paroît confirmé par Pexpérience fuivante. Une perfonne d’une fanté à toute épreuve , armée de barreaux abfolument fem- blables à ceux que j’avois moi-même , étoir incapable d’exercer la moindre a&ion fur une autre perfonne très-impreflionable à qui nous avions bandé les yeux , tandis qu'accoutumé depuis long tems aux mêmes applications, je lui faifois éprouver les eïets les plus fenfibles , fans qu’il exiftät la moindre caufe qui pût mettre en jeu fon imagination : cette preuve eft d’un cara@ère f éclatant, qu’elle (ufr feule pour forcer l'opinion , & à celle-là il s’en joint d’autres, en fi grand nombre, que l’effet de Paimant [ur l’économie animale me paroît une vérité phyfique des mieux établies, On peut en woir fur-tout un exemple frappant dans le Mémoire fur les aimans: artificiels de M. l'Abbé le Noble, que l’Auteur a fans doute oublié dans fon-extrait de la correfpondance , où il en parle comme d’une ohofe problématique. (>) Les longs travaux de Mefmer fur les aimans artificiels, ne Jaiflent point de doute à cet égard. ro OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, l'avons füuivis pas-à-pas dans fa marche jufqu’à ce point, où fe dérobane tout-à-coup aux repards, il s’eft jetté dans une route nouvelle, qu'il a eu l'art de rendre méconnoiflable aux yeux mêmes des perfonnes qui l'avoient parcourue , en adoptant une marche extraordinaire. Précédés du Aambeau qui nous a fervi jufqu'à préfent, nous ne Pavons point perdu de vue, & remettant fur la voye les perfonnes qui ont pris _le change, nous allons fuivre fa marche dans cette nouvelle Carrière comme nous l'avons fuivie dans l’autre, Nous avons prouvé que le fluide mis en action dans le premier cas, éroit le Magnétifme minéral ou animal; nous allons faire voir que c’eft l'électricité continue dans le fecond ; & après avoir parcouru, comme Mefmer, ces deux branches chacune en particulier ;| nous arri- verons à l'arbre où elles femblent fe réunir & contre lequel il s’eft brifé avec roures fes forces. Pour bien connoître la narure du nouvel agent mefmérien, confidé- rons-le d’abord dans fa plus grande adtivité , c’eft-à-dire dans les bacquers dont voici la conftruétion. On place dans une efpèce de cuve dont la figure & les dimenfons font indifférenres, des bouteilles dont l'arrasgement me paroît pour le moins aufñli indifférent (1). On eft dans Pufage de les difpofer de manière que les unes foient adoffées contre les parois latérales, & les autres en rayons convergens de la circonférence au centre: pour donner plus d’aéivité au bacquet , on entafle Les uns fur les aütres dans la même difpofition d’autres lits de bouteilles remplies d'eau qu'on bouche exactement & qu’on magné- gife (2). Examinons quel doit être le réfulrat d’une femblable opération : en magnérifanc les bouteilles on les foumet à un frortement long & uniforme: par ce frottement l’intenfité de Parmofphère éle@rique qui environne les matières vitrifiées , étant augmentée , l’eau qui remplit (1) Mefmer prétend qu'il eft de la derniere conféquence d’obferver dans la difpoñition des bouteilles Pordre qu'il prefcrit , & il s’appuie de l’exemple des aimans artificiels dans lefquels il eft néceflaire d’avoir égard à la différence des poles ; analogie qu’il fonde fans doute fur la théorie de la bouteille de Leyde qui ayant la furface extérieure négative & la furface intérieure pofitive , offre les phénomenes de VPattraion & de la répulfion, & femble par conféquent jouir des deux poles difin&ts. (2) On peut encore faire ufage des petits bacquets confiftant feulement en une fimple bouteille de verre ordinaire armée de tige de fer recourbée , qui en traverfant un bouchon de Hège, tranfmet le fluide qu’elle puife dans l’intérieur de la bouteille; le foyer de ces bacquets eft compofé d’un aimant naturel ou artificiel, ou fimplement de limaille de fer aimanté, combiné de toutes les manières poffibles avec le verre pilé & les fubflances bitumineufes : ces bacquets ont fur les autres l'avantage de bouvoir être réunis en nombre, & être dirigés à volonté vers toutes les parties du COFDSe NT PTT CNE ET NES SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 311 & recouvre les bouteilles , devient un réfervoir de fluide électrique qui fe cranfmet aux corps au moyen des conduéteurs de fer, ce qui revient abfolumenc à Padminiftration de l’éledricité par bains, L’expé- rience & Je raifonnement font ici dans une partaite harmonie. En effet le condenfareur de M. de Volta, ayant la propriété de rendre léleétricité fenfible dans un grand nombre de corps dans lefquels il eft impoñlible de la découvrir par les moyens ordinaires, j'ai mis fon difque en contat avec une des branches de fer coudées & mobiles du bacquet, & l'ayant retiré du contatt, & féparé du plan au moyen de fon manche, je l'ai approché du nouvel éleétromètre de M. Cavalle qui a manifefté fur le champ une électricité fenfible. Les bacquets qui ne contiennent que des bouteilles magnétifées font donc des machines électriques très-foibles, qui jouiffent de l’avan- tage de donner une électricité continue , fans exiger le moindre foin ; & ceux dans lefquels l'intervalle des bouteilles eft rempli de limaille d'acier fonc des machines électro-magnétiques qui donnent un fluide mixte compofé du magnétique & de l’éleétrique: en faifant faire aux fpectateurs une chaîne médiate ou immédiate , c’eft-à-dire en les liant les uns aux autres par des matières condudtrices, ou en les mettant en contat, on établit dans tous les corps une circulation du fluide qui s’élabore dans ce paflage & forme un nouveau compofé réfultant de fa combinaifon avec la chaleur animale. Le degré de perfe“tion dent les bacquers font fufceptibles, comme toures les découvertes nouvelles , a éprouvé jufqu'à préfene des grands obflacles, ou parce qu'on a méconnu leur nature, ou parce qu'on a craint de fe mettre trop à découverr. Ce n’eft qu'à de femblables caufes, qu’on peut attribuer la négligence qu'on a eu de les ifoler, de même que les malades, en les taifant porter fur des maflifs de criftal, & en les entourant d'un tapis de foie. Il eft à préfumer que cette découverte jufqu’à préfenc myftérieufe étant enfin mife au grand jour, & ayant pris {a véritable place parmi les connoiflances humaines, on ne néolivera plus fes ifolemens dont on obtient de bons effers, On a fait dans plufeurs, une innovation favorable en élevant au centre du bacquet une barre de fer verticale terminée à fon extrémité fupérieure par un globe de même métal; par cette difpofition on augmente le réfervoir électrique & on évite la perte qui fe feroit faite dans les atmofphères négatives & les dangers qu’on auroit courus dans les tems d'orage en la terminant en pointe, Puifque l'électricité eft un des agens du Magnétifme, tous les moyens qu'on pourra employer pour la concentrer dans les corps, feront des procédés magnétiques; nous pourrons par conféquent produire des effers de certe nature en faifant fubir de longs frotremens à toutes les parties de nos corps, en les expofant aux rayons du folsil où de 1 312 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE; la lune quand ils font au méridien fupérieur, en les foumettant ait choc d’un vent fec, principalement d'un vent de nord , en les couvrant entièrement de fubflances idio-éleétriques , telles que les poils & les foies, où enfin en les ifolant, les hériflant de pointes de fer, & les plaçant dans une chambre où l'air foit échauffé par un grand feu & vivement agité par un concert inftrumental. On peut fi on le préfère, remplir des boëtes des matières dont on compole les électrophores, les charger d'électricité & les porter fur l’eftomac , en les recouvrant de foie dans toutes Les parties qui ne font pas en contatt avec la peau; on obtient encore des effets fem blables en fe chargeant de route efpèce de fachets éle&triques , magné- tiques ou électro-magnétiques , compolés principalement de verre pilé chargé d'éledricité & de limaille d'acier aimantée; mais ces compoñ- tions qu'on peut varier à l'infini font abfolument délaifées à caufe de leur volume & de leur incommodité. Quelque méthode qu'on adopte, fi l’on veut fe fervir de baguettes fimplement comme conduétrices du fluide, dont on eft imprégné, il faut employer des matières déférentes ou anélectriques parmi lefquelles les méraux tiennent le premier rang. Si au contraire on veut en employer qui agiflent par leur vertu propre il faut avoir recours aux matières jdio-électriques, à la tête defquelles on range toutes les pierres précieufes telles que le diamant, le faphir, Pefcarboucle , l’opale & l’améthifte ; le frottement communique à ces fubftancesune vertu qui avant même la connoiflance de l'électricité a été vantée dans le diamant pour la cure de quelques maladies; mais les phylciens ne trouvant pas cette qualité inbérente à ce corps, & ignorant qu'il fallüc la développer par le frotte- ment, crurent qu'il éroit queftion de l’aimant, à caufe du mot adamas qui les défigne tous deux. Ces fubftances étant exceflivement chères, on pourra les remplacer par des criftaux, des glaces, des verres, & enfin par toute efpèce de fubftance vitrifiée. Quelque choix que l’on fafle parmi tous ces procédés mécaniques, foit qu'on emploie le magnétifme animal feul, ou renforcé par le magnétifme minéral, foit qu'on donne la préférence à l'électricité feule, ou combinée avec la chaleur animale, on ne doit pas s'attendre à produire des effets fenfbles fur les perfonnes d’une forte complexion en état de fanté ; maïs tous ces moyens jouiflent d’une activité quelquefois furpre- nante à l'égard des perfonnes dont la fenfibilité oroanique eft dans une mobilité extrême. Ïl eft même des cas où ils rétabliflent l’ordre dans leurs fonétions animales. Tous les êtres produits par la nature formantune chaîne continue & fans interruption , il ne peut exifter une ligne de démarquation parfaite entre le règne animal & le végétal; par conféquent tout ce que nous avons dit fur le premier peut auffi s'appliquer au fecond , de manière que le E magnétifme : SUR L'HIST. NATURELLE. ET LES ARTS, 313 aagnétifime s'étend fans exception fur, le règne. organique qui les comprend tous deux, nous obferverons feulement que les arbres magnétifés, ont un grand avantage fur les bacquets ordinaires; car es fœulies de tous les végétaux expolés à la lumière, ayant la propriété de purifier l'air de l'armelphère, en abforbantiles az, rélidus de la combultion &,. de la refpirarion, qui l'altècent fans, cefle, leur voifinage feul peut produire d’excellens effets ; maisiil Fagr éviter avec foin ceux qui croitfenc à l'ombre, parce que leurs feuilles privées du contact de Ja lumière ne donnent que du gaz méphitique. ù Nous voici arrivés au point où femblent fe réunir les deux branches que nous venons de parcourir ; car l’analogie dss effets que produilenc dans le corps humain le Auide magnétique & életrique paroît annoncer qu'ils dérivent d'une même caufe qui fe modifie diverfement, fuivant les diverfes eirconftances, & qu'on peut appeler le magnérifme univerfel. C'eft fur la nature de ce fluide qu'on a halardé des hypothèles de toutes les efpèces, qui ne portant qu« {ur des fondemens ruineux, ont eu cependant la prétention de renverfer coutes les branches de Phvfque établies fur les bafes les plus folides. Aulli n'ont-elles éré accueillies que par des petfoanes qui contondant toutes les nuances du vraifemblable, fe laiffenr facilement éblouir par le merveilleux. Comme mon projet a été d'offrir feulement un tableau d'expériences 8 de rapports fuivis, fans me permettre d’autres fuppolrions que celles que jai cru abfolument néceflaires à l'intelligence des faits, je ne n’occupérai point de certe queftion étrangère au fond de la caule, Quelle que foi donc la nature de ce fluide, quel rôle joue-t-il dans l’art des cures humaines ? [nAue-t-il d’une manière fenfible fur la fanté des hommes, & peut-on affigner les limites de certe influence ? J'avoue que dans les cas très-rares où il n’eft pas infuffifant (1), fes effers font prefque toujours fi lents, que la guérifon peut être attribuée avec raifon à la nature elle-mêine ; fi l'on veut donc fe procure: dans ce genre des fuccès complets, comme j'en ai fouvent obrenu , il faut faire marcher de front le magnétifme minéral & le magnétifme animal, c’eft-à-dire, qu'il faut couvrir le corps de plaques aimantées , le placer dans cec état au bacquer & aider fans ceffe à la circulation du duide par les moyens directifs qui fonr d'une grande con- féquesce, puifqu'on empêche par ce moyen la trop grande affluence du fluide dans certaines, parties en le diftribuant uniformément dans tour le corps : indépendamment des fuccès nouveaux que ces moyens réunis (x): Les expériences onc para reffreindre fes effets curatifs dans quelques. cas particuliers aux maux de têtes ordinaires , aux douleurs légères & récentes ; il paroît encore avoir une efpèce d’afcendant (ur les Auxions & les fièvres lorfqu'on agit {ur les cotps par des manipulations analogues à celles qu’on emploie pour aimanter les lames d’acier, Tome XXXVI, Par, I,1790. AVRIL. Rr 314 OBSERFATIONS SUR LA PHYSIQUE, m'ontiproeurés ; j'ai prefque toujours obtenu d’üne manière plus rapide & plus complerte ceux qui éteient déjà connus dans le magnérifme- minéral & l'électricité , en ayant foin dans beaucoup de cas de difpofer. les plaques des deux côtés des parties fouffrantes dans des plans qui leur étoient perpendiculaires , de manière que le courant magnétique les: travessàr, Il et affez probable qué l'évacuation de l'humeur qui fe fait par ce procédé, provient de ce qué le fluide luttant contre l'aggrégarion. des parties, l'affoiblit aa poinc que fon attraétion pour les parties de fer u’elles contiennent étant fupérieure à la force avec laquelle elles. adhèrent enfemble, elles font obligées de céder à cette puiflance qui les. entraîne loin de la partie fouffrante (1). D A cette propriété évacuante , le magnétifme minéral joint-il une- faculté dépurative ? Son efficacité dans les maladies qui-ont leur fource- dans un principe hümoral , s’érend-elle für celles qui proviennent d’un vice dans le fang ? L'expérience nr'a garanti fes fuccès dans cette efpèce comme dans l’autre , & la théorie me paroît bien d'accord avec l’expé- tience. En effet, il facilite routes les fécrétions, & par. conféquent il- fépare du fang les matières hétérogènes qui cireulent avec lui & qui l'altèrent dans fon couts. Voici comment on peut concevoir cetre action. Les parois latérales des veines & des artères font hériflées de tuyaux qui portent au-dehors par des ramifications fans nombre les liqueurs qui fe féparent du fang , quand elles font pouflées par le mouvement du cœur. L'abondance de cette féparation eft donc proportionnée au mouvement: du cœur & des artères ; mais le fluide magnétique en paflant dans le corps. humain y introduitune nouvelle quantité de iuc nerveux (2), par confé- Lo À (i) Onre doit point s’effrayer fi les effets paroillent d’äbord entièrement contraires: à ceux qu’onsattend ; car pour me borner À un exemple, cela arrive toujours-dans les maladies où la révulfon et indifpenfable. En effet, il faut rappeler 2lors à leur fource naturelle les humeurs qui ont franchi leurs limites, & en les fixantaä leur foyer, leur procurer l'élaboration néceffaire à leur fortie , ce qui loin de celmer-la douleur dans- le premier moment , l’augmente quelquefois d’une manière furprenante ; elle eft quelquefois même fi vive, qu’il eft à propos de la diminuer, ce qui fe fait en mettant la perfonne en conta@t avec des matières anéleétriques , renèues négatives par le frottement, comme font tous les métaux qu’on a foin de renouveller quand ils font- devenus poftifs par-une efpèce de faturation; on peut le faire encore plus fimplement ea foutirant le fluide, & le dirigeantau moyen de conduéteurs vers le ré(rvoir terreftre: où atmofphérique. (2) L'identité des fluides magnétiques & nerveux peut aider à réfoudre uve des- plus grandes objedions qu’on ait faite contre le mapnétifme : ona vu quelquefois des: perfonnes foumi(es à cet agent ne plus éprouver d'effers du moment qu’on leur donfoït: vne forte diflrz@ion, d’où l’on a conclu que:tous les: effets devoient être attribués à: Fimagination. Je crois qu'il eff plus naturel de penfer que le fluide magnétique animal n'érant autre chofe que le fluide nerveux , fi l’on fixe-d’une manière particulière fur: certains-objets l'attention du malade , il fera poñfible de {ufpendre l'effet du magné= SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS: 315. duent il augmente l’adtion du cœur , la tenfion des fibres des vaiffeaux , da force des artères, & donne plus d'énergie à toutes les caufes des fécrétions. Le fluide magnétique ne produit pas la dépuration du fang par la feule féparation des liqueurs qu’il entraîne, il y contribue encore par la formation de ces mêmes liqueurs. En effer, dans l'augmentation qu'il produit dans le mouvement & la chaleur du fang, il difpofé le fel de cette humeur à s’alkalifer & à devenir par-là plus volatil, tandis que la matière huileufe s’atténue & acquiert de l’âcreté en fe colorant (1). _ Réfumons-nous: à tout l’enfemble du Mémoire fe rallient plufeurs faits étayés de fortes preuves, dont il réfulte qu’il éxifte réellement un fluide magnérique animal ; mais fon action nulle fur le plus grand nombre des animaux , eft fi foible fur les autres, & produit fi rarement des effers Curatifs , qu'il ne peut offrir à la Médecine qu'un fecours rrès-fecondaire. Il exifté de même une éle@ricité animale donc les effets paroiflent' fe confondre avec ceux du magnétifme animal , & dont on ne doit pas atrendre plus de fuccèe. Cependant comme ils font des modifications l'un du magnétifme minéral , l’autre de Pélectriciré médicale , leur découverte aura au moins produit un bien réel en toarnant les vues des médecins fur ces deux grands agens de la nature : nous lui aurons füur-tout l'oblis gation d’avoir rappelé le fouvenir antique & prefqu'éreint dumagnétifme minéral , & d'avoir enrichi fa doétrine par lufage ‘utile’ des directions, népligées jufqu’à nous, & qui le rendent une des grandes reflources.de la Médecine. © — © — ————— — —— — ————— tifme, parce que le fluide nerveux fe porte alorsen-fi grande abondance à la tête, qu’il n’en relte plus aflez dans la partie affe@ée du vice local pour produire encore le paroxifme qui avoit lieu auparavant, (x} Au réfultat de la théorie fe joignent plufieurs faits d’obfervation, qui femblent ne l:iffer aucun doute à cet égard ; j’ai vu le magnétifme produire l’éruption du vice qui occafionnoit fes maladies les plus graves: j'ai vu ces/maladies s’évanouir par Pappzrition des fÿmptômes fcrophuleux, galeux du dertreëx ; qu’on avoit refoulés dans le fang en forçant leur difparition par des répercuflifs., NO: °F + "Cr KE : Sur la Vie & les Ouvrages de M.ve ROMÉ DE L'IS£E (1). Les chimiftes étoient au commencemrent-derce fiècle exclufivement en poifeffion de l'étude de ‘la Minéralogie , & ils étoient perluadés que lanalyfe pouvoit feule conduire à la connoiffance des objets. qu'elle embrafle. 5 (æ) Nous ne fommes pas dans l'ufage d’inférer des éloges dans ce Journal; ris Tome XXXVT, Par 1, 1790. AVRIL. Rre 33% 1 3x6 OBSERMATIONS SUR LA PHYSIQUE; Linné parut: il révendiqua cette fcience comme appartenant À l'Hiftoire-Naturelle, & il entreprit de la faire envifager fous un nouveau point de vue.’ il À | Cet-homme fupérieur fentit que fi les chimiftes dénaturoient les corps. inorganiques pour en connoître les principes, les naturaliltes devoienc: n'employer:que des caractères extérieurs pour les rapprocher de leurs con- génères ,!& parmi ces caradères il indiqua la forme criflalline coinme ua des plus importans à! confidérer (1): Maisila mafle des.fairs obfervés avant Linné n’écoit pas aflez confidé- rable- pour que,ce naturalifte püt porter dans les dérails de la Minéralogie autant de perfe“tion que dans la Botanique. Satisfait, pour ainfi dire, d’avoir fixé par une fimple conception de fon grand génie , les bafes de la première :de ces fciences ,. il laifla à-fes fuccefieurs Le foin de l’élever- jufqu'au point où il feroit poflible de la porter. Auñi depuis 1736 , que parut la première édition du Syflema Naturæ, jufqu’en 1768 que parut la dernière}. il perfectionna. peu la partie minéralogique ;, il y. laiffa fubfiter des défauts effentiels , défauts qui lui éroient connus en partie, & qu'il invitoit même à: Corriger: Pendant que Linné jectoit les fondémens de fa réputation, Cartheufer, Jufti, Lehmann & autres ,.entreprirent de donner des Syflêmes minérae- logiques uniquement fondés fur les caractères extérieurs; mais aucun n'eut l’idée d'étendre & de perfectionner les obfèrvations du naturalifte fuédois fur les fubftances du règne minéral fufcepribles de criftailifer... — H-éroic réfervé à la France de produire un homme de génie, qui. E sr He SEA ils fifffant la fublime idée du naturalifte fuédois, fe l'approprieroit en la développant: Cet homme de génie eft M. de Romé de l'Ifle, né à Gray en 1736, & que la mort vient d’enlever: aux fçiences & à fes amis, le7: mars dernier. x Les premières années de M. de Romé de l'Ifle ne furent point confa- crées à l'étude de l’Hiftoire-Narurelle. A'peine âvoit-il fini fes Humanités: dans l’univerfité de Paris, qu’il partit pour l'Inde en qualité-de fecrétaire - d’un détachement d'ingénieurs & d'artilleurs qui y fut envoyé en 1757. EEE SR SEE PE RE EEE Er Te TRE ET CETTE TETE TEE comme la mémoire de M.de Romé de l’Ifle ne peut prétendre à aycun difcours académiques, nous avons cru devoir à fon génie & à fon amitié pour nous, de faire connoître à: fes concitoyens. & aux étrangers l’homme qui a honoré la France, & ui n’eft pas autant connu qu'il le mérite par l’effét d’une cabale qui a toujours cherché à déprécier fes talens. En général dans ce pays-ci, dès qu'on n’eft pas académicien, les académies vousiprennent vos idées fans jamais vous citer , tandis que d’un-autre côté elles déprécient vos travaux sautant qu’elles peuvent. Mais ce Journal, tant-qu'il fera entre nos mains, fe fera toujours un devoir dé rendre juflice à tous les favans. ; (x) Agricola en avoit déjà parlé; parmi les caraëtères des minéraux ,1l cite leue figure triangulaire , tétragone , pentagone , hexagone , polygone , en pointes , &c. Laf x SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS, T7 Tout le monde fait combien la guerre que nous avions alors avec les _anglois nous fur funefte dans cette partie du monde: M. de l'Ifle après: divers événemens, victime comme beaucoup d’autres françois de la: trabifon de Lally , fut faic prifonnier à la prife de Pondichery: conduire par les vainqueurs à Tranquebard, à Saint-Fhomé & à la Chine , il fur enfin ramené par eux en Europe en 1764 , après cinq ans de captivité, M. de Roiné de l'Ifle avoit vingt-neuf ans lorfqu'’il revinc en France, Son féjour dans: les climats où la nature érale le plus de variétés dans fes roduétions , lui avoit fait naître le delir le plus vif d'étudier l’Hittoire- Nele Il fut affez heureux pour être adreflé à Paris à M. Sage, aftuellement profeffeur de Minézalogie à l’Ecole des Mines, & qui, ‘ quoique plus jeune que M. de l’ffle , avoit déjà commencé avec fuccès fa carrière chimique. Ils fentirent l’un pour l’autre les germes d'une amicié fondée fur les mêmes goûts pour l'étude, & les relations les plus intimes: né tardèrent pas à s'établir entr'eux: M. Sage aflocia M. de l’Ifle àtous- fes travaux ftientifiques, le fecodrut de fa bourfe, lui-fournit les occafions- de faire des connoiflances utiles À fa fortune, enfin lui rendit tous les: fervices que l’amitié commande ; & qu'elle feule fait apprécier. Les cours de Chimie qui s’étoient faits jufqu'alors-à Paris avoient été’ dirigés principalement du côté de la Médecine & de la: Pharmacie. M. Sage, à l'inftar des fuédois & des allemands, fut décerminé à diriger les fiens du côté de la Minéralogie. 11 acquit & fit acquérir au petit nombre d’amis qui fréquentoient fes leçons, des connoïflances toutes nouvelles pour la France; il fe créa une collection lihologique & minéralogique dont l'extenfion s’'admire dans le cabinet de l'Ecole Royale des Mines, & ce fur en étudiant les morceaux qui la compofoient, que M. de lIfle fentir naître les premières idées qui déterminèrenc fon goûc pour la: Criftallographie. Mais ce n'elt cependant pas dans la Minéralogie qu'il débuta:aux yeux du public. Tremblay, Réaumur, Juffieu &, autres, avoient fait connoître les polypes d'eau douce & leur fingulière manière d’être ; mais.ils n’avoiene pas expliqué les phénomènes qu'ils préfentoient, M. de fe fur conduit, par la réflexion, à croire qu’on pouvoit envifager chaque polype comme: une ruche , où comme un fac qui fervoit de repaire à une infinité de pecits animaux ifolés, mais concourant:au même, bur. Cette idée ingénieufe n'étoic point appuyée fur des recherches qui lui fuffenc propres, aaffi ne. la regardoit-il que-comme une fimple opinion ,-qui pouvoit être détruite- par l'obfervation. L’ouvrage qui contient fes réflexions. fur cetiobjer et intitulé Lestre de M. de Romé de l'Ifle à M. Bertrand fur, Les) Polypes d'eau douce , & fut imprimé en 766. El eft devenu fort rare, Le cabinet le plus confidérable quiexiftâc à certe époque à Paris, éroit-celui de M, Davila;. Cet amateur voulant s’en: défaire, choilit M, de: 318$ OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, l'Ifle pour faire la defcription des morceaux qu'il contenoir. Ce dernier aidé de M. Sage, au lieu d’un fimple catalogue , fit un ouvrage raifon- né en trois gros volumes in-8°, qui Jui mérita les éloges des natura- lifles & qu’il eft encore utile de confulter. M, de PIfle fit connoiffance chez M. Davila avec M. d'Ennery, ce zélé collecteur de médailles, & protecteur de tous ceux qui annonçoient des difpofitions pour les fciences ou pour les arts. Quoique leurs études fuffent dirigées vers un but différent, ils fe convinrenr. M. d'Ennery offrit un logement chez lui à M. de l'Ifle & enfuire la table de l'amitié. . Nous avons dit que Linné penfoit que la Minéralogie pouvoit être claffée par le moyen de caraëtères tirés de la criftallifation. Cette idée avoit fingulièrement frappé M. de FIfle, & depuis quelque rems il la méditoit , lorfque la colleétion de M. Davila lui fut ouverte. Les nom- breufes obfervations qu'il fit par le moyen de certe colleétion préfen- tèrent à fon imagination une vafte carrière. Il fentir que l'idée de Linné pouvoit être développée avec fuccès, & il entreprit de le faire; en conféquence toutes les criftallifations qui lui rombèrent fous la main, furent exactement étudiées, décrites, imitées en argile ; il parcourut tous les cabinets, & ce.fut plus pour augmenter la fomme de fes connoiffances, que pour fuppléer à fon peu de fortune, qu'il fe chargea de drefler rous les catalogues intéreflans qui lui furent pros >ofés. * à M: de lle érabli chez M. d'Ennery, & plus tranquille fur fes premiers befoins, continua fes recherches criftallographiques pendant les années 1769 & 1770; enfin d'année fuivante, il fe crut en état de donner au public le réfultat de fes recherches fous le ritre modefte d'Effai de Criflallographie, ou Deftription des figures géométriques propres à: différens corps du regne minéral, connus vulgairement fous Le nom de criflaux. Ce travail tout incomplet qu'il eft, quand on le compare à ce que M. de l'Âfle a fait depuis, éroit de beaucoup fupérieur à ce qu'avoie fait Linné; ce dernier avoit appris à connoître environ quarante efpèces de criftaux, M. de l'ffle en décrivit cent dix, nombre qui fut enfuite porté à plus de quatre cens, Cet eflai commenca la célébrité de M, de l'Ifle. Une grande partie des Minéralagiftes de l'Europe fe fr un devoir de correfpondre avec l'homme qui annonçoic de fi grandes vues. Le naturalifte Suédois, qui n'éroit jaloux que des réputations ufurpées par l'intrigue, fue fatisfaic de l’ouvrace du minéralogifte François, qu’il lui mandoit dans une lettre datée d'Upfal le 19 mai 1773: Inter opera hoc feculo ellaborata mineralogica certé criflallograe phia tua primaria efl, Teflaturacerrimum wum ingenium, obfervas _ SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 319 tionum numerum immenfim , leéfionem flupendumn , 6 tamen, guod. rarum efl, animum in me mitiflimum. Le nombre des minéralogiftes s'eugmentoit en France fous les aufpices de M. Sage & de M. de lle ; il fe forma plufeurs coliections confidérables à Paris. Les élèves du dernier fe faifoienc un devoir de chercher de tous côtés des criftaux pour en faire hommage à leur maître. Son cabinet devint ainfi le rendez-vous , fi on peut fe fervir de ce rerme, de tous les minéraux criflallifés qui fe découvroient dans le monde ; toutes les perfonnes qui ont eu l’avantage de le vifiter, favent avec quelle bienveillance le propriétaire fe prétoit à développer, pieces en main, tous les avantages de fa manière de confidérer la minéralogies il fuffoit de laïffer entrevoir du goût pour l'étude, & l'on mouvoir en lui le plus grand zèle & la plus grande complaifance dans la démonftration de’toutes les vérités qu’il avoit découvertes. Il n’eft point de naturaliftes, étrangers ou nationaux, qui ne foienr fortis du cabinet de M. de l’'Ifle, enchantés & de fes protondes conneiffances & de l’urbanité de fon caractère. M. de l'Ifle fut agrégé en 177$ aux académies de Stockolm & de Mayence , & en 1780 à celle de Berlin. Ces célèbres fociérés: mexigent point qu'on fellicite l'honneur d'être compté parmi leurs mernbres, & vont chercher le mérite par-tout où elles le connoifenr.. Elles juzèrent M. de l'Ile fur fes ouvrages, & s'empreflèrent de fe- Faflocier, ; Il n’en eft malheureufement pas de même en France, où, comme- tout. le monde fait, l'intrigue conduit plus fûrement que les ralens: aux titres lictéraires. M. de l'Ifle ne favoit point fe vanter ; ni déprifer fes concurrens. Solliciré par des amis, il fe mit fur les rangs pour FAcadémie des Sciences , préfenta fon Efai de Criftallographie & luc fon excellent Mémoire fur les aliérations qui furviennent à diff rentes mines métalliques & particulièrement à La pyrite martiale (à je Les idées grandes & neuves qui font contenues dans ces deux ouvrages , ne furent pas fenties, & le plus grand génie de la Fraice fut jugé indigne de fieger au Louvre (2). (1) Il a été depuis inféré dans ce. Journal ;,en o&obre 1780. \ (2) Nousaimons à croire que fous l'empire de la liberté ces abus feront réprimés, MM. le: Académiciens ne doivent point oublier qu’ils font falariés: d’une manière très-difpendieufe pour Ja Nation, Les penfons de l'Académie, des Sciences font . portées-dans.les dépenfes publiques à Ja fomme de 117,780 liv. Mais c’eft encore 1a: moindre portion de leurstrairemens.. Ils ont fü s'approprier toures les places rom breufes réfervées aux favans; telles que celles du Jardin du Roi , de l'Obfervatoire, dû Collège - Royal, de la Monnoie, de l'Ecole des Mines, &c. &c. Ke. Refufer une place d'académicien: à celui qui la mérite pour la donner à un intriguant , ou À: ua vilidulateur qui fait une cour baffle à 1el.ou tel açadémicien, qui propage telle on Fa » É 320 OBSERFATIONS SUR LA. PHYSIQUE, M. de l'Ifle qui n’avoit fait cette démarche que malgré lui, fue peu’ fenfible à ce refus, il préfumoit aflez du mérite de fes travaux, pour. favoir juger qu'il n'influeroic pas fur fa gloire. En effet toute la honte en eft recombée fur l'Académie £ für celui de fes membres, qui pour favorifer un protégé, appeloit M. de l'Ifle un fuifeur de catalogues. Ce titre peut en effet être donné à M, de l’Ifle, car il en a fait huir , dans le couts de fa vie : favoir, celui de Davila en 1767; le pre- mier de Forftèr en 1769; celui de Boucher en 1770 ; le deuxième de Forfter en 1772; celui de Beoft en 1774; celui de Goufizr & Pigache en 1776; le troilième de Ferfter en 1777; le quatrième de Forfler en 1782. Mais il faut être bien peu initruit pour ne {voir pas diftinguer le travail de l’homme favant qui veut étendre fes con- noiflances , de celui du manœuvre qui ne cherche qu'à gagner de Pergent. Les catalogues de de l'[fle pafféront toujours pour des ouvrages intéreflans par les obfervations qui y font confignées. 1 M. de l'Ifle publia en 1778 conjointement avec M. Demefte une explication de la théorie chimique que M, Sage profefloit alors’ (41), & en 1779 un Mémoire contre le fyflême du feu central. Ce Mémoire qui eut une feconde édition en 1781, remplir fi bien fon objet, que M. de Buffon même ne put s'empêcher de le louer. Tant de travaux n’ermpêchoïent pas M. de l'fle d'accumuler des -obfervations pour une feconde édition de fa criftallographie, Ses nom- Dreux élèves, répandus dans toute l’Europe, ramafloiant des matériaux, dont fon excellente méthode de travailler lui facilicoit l'emploi, & il étoit aidé par ceux qui habitoienc Pa:is dans les détails de fes re- cherches, Cette fconde édition, ou plutôt ce nouvel ouvrage, car il n'a avec le premier aucun rapport de forme, parut en 1783, en quatre volumes 27-80. & il furpafla les efpérances qu'on en avoit conçues. 1 DECITRE RIRE DE M HOT NES PEUR SNS TEA TE LOME HUIT - telle do&rine,.. C’eft donc une véritable injuftice, C’eft priver des récompenfes ue la Narion açcurde aux-taleps, celui qui y a droit. CXit enfin un véritable vol. Ceux qui ont fermé l'entrée de l’Académie à M. de Romé de l'Ifle Font fruflré de Ja penfon qu’il méritoit , & de la récompenfe que la Nation accordoit à fes talens. Dans des-affociations libres de favans, telles que la Société Royale de Londres, en refufant de s’aflocier un favant qui d’ailleurs a le mérite nécellaire , on ne fait peut-être point d'injuñice, puifque Paflociation étant purement volontaire, on peut 5e pas recevoir celui dont les qualités morales ne conviennent point à Ja majorité des membres , comme cela fe pratique dans tous les clubs ; mais il n’en ef pas de même des corps auxquels la nation attache des falaires. Au refle, M, de l’Ifle a été comme Helvétüius, J. J. Rouffeau , Diderot , l’abbé Raynal , &c. dont on deœande avec le même étonnement: « Pourquoi ils n’étoiens pas des Académies de France» ; qu’on demande de tels autres, powrquoi ils ep fonr. {r) Sous le titre de Letrre du Doeur Demefle au Doëteur Bernard. Nous: SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 3er mous laïffons à des mains plus exercées, à fon élève le plus chéri, M. de Bournon, le foin de faire connoître la multitude de décou- vertes , de grandes idées qui font contenues dans la Crflallographie, d'apprécier le rang qu’elle doit tenir parmi és produétions du fiecle ; nous lui laïffons de même le foin de rendre compte du mérite de la differtation qu'il publia l’année fuivante fous le titre des- caraiteres extérieurs des minéraux & qui eft le complément & le dernier de fes ouvrages minéralogiques. À M. de llfle n'avoir jamais follicité ni place ni penfons, & il n’er avoit par conféquent jamais obteiues. Ses amis agirent pour Jui auprès des difpenfoteurs des gracés & lui firent donner-en 178$ une penfon de fix cens livres fur le rrélor public , dit alors le tréfor Royal, & en 1789 une aurre de quatre cens livres fur la caïferre du Roi, Ces fecours lui vinrent d’autant plus à propos qu'il eut Je malheur de perdre fon ami M. d'Ennery en 1786, & avec lui tous les avantages qu'il retiroit de fon amitié. ë M. de l'Ile chargé de lexécurion téftzmentaire de M: d'Ennery, fe vit forcé d'abandonner fes travaux ordinaires pour fe livrer aux foixs * que fon ami lui avoir impofés, Dépofitaire dune des plus riches collec- tions de médaillés qui eutient encore été fôrmées, & édireur du cata- Jogue qui en avoir été fair, il étoir impoñible que fon éfprit obfer- vateur acquit pas de nouvelles conuoiifances, La pefée de quelques grands médaillons d’or antiques, comparée avec celle des médailles ordinaires & fur-tour au poid des monnoies frappées fous la républi- que Romaine, lui fr appercevoir qu'il pouvoir ‘parvenir à connéîrre exactement le rapport de ia livre pondérale des Romaiss, à notre poids de marc ; tentative dans laquelle on avoit toujours échoué depuis ‘près de trois fiecles, & qu: M. de l'Ffle eûr le bonheur de porter au plus hout degré d'evactirude & d'évidence, Cerre première découverte lui en fit efpérer d'autres. L'évaluation des monnoies des différens peuples de la Grèce afiatique & européenne, avoit paru jufqu'à préfent impoflible à déterminer, à caufe de l’extrême diverfité de leurs poids. On n'avoir pas encore conçu que cetre diverfiré enoic uniquement aux ufages & aux loix des peuples qui avoienc fabriqué ces médaille. Un grand nombre de combinaïfohs & de rapprochemens heureux firent voir à M.de Plfle, que les monnoies des peuples, des vilies & des Rois Grécs, venoient toutes fe-ranger dans quarorze claffes abfolument diftinées les unes dus autres; il en forma autant de tables fébarées dans lefquelles ls drachme, fes divifions & fes multiples, jufqu'au ralenr, fe trouvent réduits enspoids.& en valeurs numériques françoifes. » ÿ Après avoiridéterminé ces différens objets avec l’exaditude la plus ferupuleufe, M. de Plfle éntreprie de publier ne siouvelléimérotogie Tome XX XVI, Part. I ,1790. APRIL, Ci 322 OBSERVATIONS SUR LA PHFSIQUE, . toute compofée de tableaux, qui en rendroient l'ufage infiniment facile. Cet ouvrage fut publié en 1789 & adreflé à l'Affemblé Nationale js la guider dans la réforme des poids & mefures de France 4). 1 y indique le rapport des poids anciens avec nos poids modernes; il y raflemble toutes les mefures linéaires de fuperficie & de capacité, les compare avec celles de Paris & donne les proportions de chacune d'elles avec toutes les autres ; depuis le daéyle jufqu'à la circonfé- rence entière du globe. Une étude approfondie du fyftème métrique des anciens re pouvoic que produire fur M, de Plfle l'admiration qu'il infpire à tous ceux qui ont cherché à en découvrir les bafes. Les travaux énormes qui ont néceffairement dû précéder les premiers effais de ce fyfême, feronc feuls une preuve inconteftable de la haute antiquité des fciences & de la perfection où elles étoient parvenues à l’époque où toutes nos. bifloires commencenr. Cette grande vérité que l'on s'obftine à mécon- noître encore , par un attachement aveucle à des routines chronologi- ques , fe développera à mefure que l'origine des fcisnces fera recher- chée avec cette impartialité d'opinion qu'avoit M. de lle, & qui conduit aux vérirables découvertes. On s'eft étendu fur cet ouvrage parce qu’il eft encore peu connu: & qu'il prouve que M. de l’Ifle pouvoit réuffir dans plus d’un genre. - Depuis long-temps les yeux de M. de l'Ifle fatigués par une auf longue fuite Tobfenettons s’étoient conlidérablement affoiblis, Les recherches & les immenfes. calculs , que nécefliroir fon, travail mérro- logique, joints à l’activité qu'il apporta à fa rédaction, achevèrent de lui en faire perdre l’ufage. .Il ne jouifloit plus de la vue des objets de fon cabinet de Minéralogie, & cependant fon zèle pour en démontrer les détails ne s'étoit pas ralenti; il avoit une mémoire locale qui fup- pléoic à fes yeux ; heureufement que les événemens de la révolution occupant toutes, fes facultés morales , l'empêchoient de voir toute l'horreur de fa poftion phyfque; il ne lui. refloit de plaifirs que ceux qu'il puifoit dans la converfation de fes amis & dans. la leture qu'ils lui faifoient des opératicns de l'Affemblée Nationale & des événemens qui les accompagnoient. M. de l’Ifle jouifloit d’avance du bonheur qui fera appanage de la génération future , & fe plaifoit à calculer les grands. avantages phyfiques, moraux & politiques, que la France, & peut- être le monde entier , va retirer de la déclaration des droits de l'homme & de la confliurien. Son zèle étoit ardent, fon patriotifme étoit pur. Les amis qui lui donnèrent les dernières preuves de leur attache- ment,. fe rappelleront long-temps la chaleur avec laquelle, la veille (1) Ha été fait à l'Affemblée un rapport für cet objet, On y a faitufage des idées: de M. de l'Ile fans le citer. ë SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS, 323 de fa mort, il prit le parti de l'humanité dans la caufe des nègres, caufe alors foumile à la décilion de l’Affemblée Nationale. La vie fédentaire & appliquée de M, de Romé de l'Ifle devoic d'autant plus nuire à fa fanté que fon tempérament le portoic à l'hy- dropife ; fes jambes étoient depuis long-temps engorgées, & il éprouvoic aflez fréquemment des indifpolitions inquiétantes, On le croyoit rétabli d'une de cas indifpofitions, lorfqu’une rechüûte le força de fe mettre au lit le 4 mars dernier, le 7... le plus grand génie de la France n'exifloit plus. Peu de connoïffances étoient étrangères à M. de lifle; il avoit porté l’activité de fon génie fur prefque toutes les fciences ; fa morale étoit douce & toute puifée dans la nature (r). L'étude l’avoit fouftraic aux préjugés: aufli fa mort fut-elle aufli calme que fa vie. Le cabinet de M, de l'Ifle eft en vente en ce momenr, Il eft le fruit de plus de 20 années de recherches, & fans contredit le plus complec -qui exifle en minéralogie fyftématique. Son ouvrage fur la Criflailo- graphie (2) devenant, comme on n’en peut pas douter, le livre claflique -des minéralogiftes futurs, l'on fent combien la colleétion qui renferme les pieces probanres des découvertes qui y font confgnées, doit être intéreffante à conferver en France, Nous devons craindre cependant que ce précieux cabiner foir vendu à J'étranger, car les circonftances. où nous nous trouvons ne font point favorables à des acquifitions de ce genre. Éa perte* d’un moyen d'inftruétion auf difficile à réparer doit être regardé comme un malheur public. Il feroit digne du patrio- tifme des amateurs de la minéralogie en particulier & des naturaliftes françois en général, de fe réunir pour en dépofer la valeur jufqu'à qu'il fe préfente dans certe ville un acquéreur en état d’en faire jouir le public, comme il en jouifloit du vivant de M. de lIfle (3). D © ——— a —————— (1) Ilen a développé très au long Les principes dans les notes manufcrites qu’il a mifes für un exemplaire de POuvrage métaphyfique intitulé: Syfléme de La Nature, & qui fit beaucoup de’bruit dins le tems. Cer Ouvrage, fa critique, & un exemplaire du Diétiornaire de Valmonr de Bomare également chargés de notes, ont été légués. par M. de l’Ifle à la Bibliothèque du Roi. (2) Cet Ouvrage fe trouvera toujours aux. mêmes adreffes, & chez Madame d’Etauches , rue Copezau. Comme M. de f’Ifle avoit foin de noter toutes les nouvelles ‘obf@rvations qu'il faifoit ou qui lui étoient communiquées , il en ef réfulté. des augmentations confdérables, & en état d’être imprimées. Nous annongons avec plaifir au Public qu'il n’en fera pas privé. (3) Si cette idée pouvoit être adoptée, nous nous chargerions avec empreflement de recevoir les foumiflions, & nous concourrions de tous 1105 moyens au fuccès d’une 2ffaire que nous regardons comme fort ayantageufe aux fciences à Paris. INore de: M. de la Mérherie. La Minéralogie vient de faire encore ure perte-bien fenfble dans la perfonne . de M,Ferber, Confeiller des Mines de Prufle.: Une attaque d’apoplexie l’a enlevé: aux, fciences , à fes amis &. à {es proches La nuit du 12 au 13 de ce mois, à Bernes. 324 CBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, &. | “ TABLE : | Des ARTICLES CONTENUS DANS CE CAH:ERr. E XPÉRIENCES fur la Phlopiflicarion de l'Acide du Nirre; par le Docteur PRIESTLEY : lues à la Société Royale de Londres le 26 Murs 1789, page 241 Analyje chänique de PUranit, fubflance métallique nouvellement découverte pur le Doëteur KLAPROTH, 248 } "Obfervarions phyfiques [ur le Phofphorifme du Tartre vitriole ; pur M. JEAN -ANTOINE GIOBERT ; /ues le 4 Janvier 1789, 256 À Préparation du Jaïne de Naples; par M. Courer, Eléve ex Pharmacie , 262 Obférvations méréorlogiques fuites fous la zone torride ; per M. CassaN, Do&eur en Médecine, Médecin des Hôpiraux Mili- raires des Colonies Françoifes | Affocié de Académie Royale de Marine, de la Societé Royale des Sciences & Arts de Saint-Domingue : 263 Analyfedu Cuivre, avec lequel les Anciens fabriquoient leurs Médailles, les [nftrumens tranchans , par M. Dizé, de la Société Royale de Bifcaye, & Elève de M. D'ARCET , au Collège de France, 272 Troifième Lerrre de M. pe Luc, à M. DE LA MÊTHERTE , fur les V'apeurs, les Fluides aériformes & l'Air atmofphérique, ‘276 Suite du Précis fur la Canne & fur les moyens d'en extraire le Sel effentiel, Juivi de plufieurs Mémoires fur le Sucre, fur le Vin de Canne ; fur l'Indigo , fur les Habisutions, & [ur l'état aëtuel de Saint-Domingue: Ouvrage dédié à la colonie & imprime à fes frais ; par M. DuTRÔxE DE LA COUTURE, Duéfeur en Médecine, Affocié de la Société Royale des Sciences & Arts du Cap-Françuis ; extrait d’un Mémoire approuvé par l’Académie Royale des Sciences , 2097 Extrait des Obfervations météorologiques faites à Lao, par ordre du Roi, pendant le mois de Février 17903 par le P.Co TE, Prétre de l'Oratoire , Chanoine de l'Eglife de Laon, Membre de plufieurs Académies , A 302 Exirait des Obférvations météorelogiques faires à Laon , par ordre du * Roi, pendant le mois de Mars 1790; par le P. CoTTE, Prétre de l'Oratoire, Chanoine de l'Eglife de Laon, Membre de plufteurs Académies. - 304 Recherches phyfiques fur le Mapnétifine animal ; par M. le Chevalier DE Sauviac, Officier au Corps Royal du Génie, 18 06: Nocics fur la Vie 6 les Onvrages de M. ve Romé pe L'Is£e , 32ÿ Re —— 1") 1 JOURNAL DE PHYSIQUE. | äl] M AI 1790. IE A —— —— ===; Ÿ A N A E'VYS'E D'une Pierre calaminaire ou Mine de Zinc terreufe em maffés tranfparentes d'un blanc verdätre , de Gazimam en Daourie : Extrait d'un Mémoire lu à l'Académie , par M. SAGE. Le zinc ne s'eft trouvé jufqu’à préfent dans le fein de la terre , que dans trois états : fous forme de blende, À l'état de vitrio!, fous forme de chaux. Le zinc combiné naturellement avec le quart de fon poids de foufre , forme la blende , qui eft au zinc ce que la pyrite martiale eft au fer. Les blendes doivent à ce métal leurs diverfes couleurs. Le vitriol de zinc naturel réfulre de la décompofition fpontanée de fa blende. La chaux de zinc connue fous les noms de calamine ou pierre calami- naïre , eft produite par la décompofition du vitriol de zinc, La blende ou mine de zinc fulfureufe fe rencontre dans le fein de Ja terre prefqu'en aufli grande quantité que la pyrite martiale avec laquelle elle fe trouve fouvent mêlée ; de la décompofition fpontanée de ces deux fubftances, rélulte un vitriol mixte , qui fe décompofe à fon tour, foit en dépofant les chaux métalliques qu'il contient , foit par l'intermède des fubftances calcaires ; dans ce dernier cas les pierres calaminaires qui en réfultent font plus ou moins martiales, & affectent les formes des corps calcaires qui ont concouru à la décompofition du vitriol de zinc martial : auf trouve-t-on de la calamine dont les criftaux font femblables à ceux du fpath calcaire ; d'autres pierres calaminaires offrent des madrépores , des eñtroques , des coquilles, &c, Lorfque la calamine s’eft formée par l’efpèce de cémentation que je viens de décrire , elle eft prefque toujours colorée & opaque; tandis que Tome XXXVTI, Part. I, 1790. MAI. 44 326 OBSERVATIONS.SUR LA PHYSIQUE... Jotfque la pierre calaminaire s'elt formée par la décompofition fpontanée du vitriol de zine pur, fes criflaux font blancs, tranfparens, &' ne contieñhent point de fer, a À : J'ai reçu eme du Hartz un morceau de pierre calaminaire formée par la réunion de plufieurs criftaux blancs tranfparens en prifmes bexaëdres applatis, tronqués net à leurs extrémités. : Ces crifaux de calamine ont huit ligres de longueur fur quatre de diamètre , ils diffèrent par la forme de ceux nommés par les allemans zinc fpath. Ceux-ci offrent des lames. carrées dont les bords font en bifeaux. ’ | On trouve plus fouvent la pierre calaminaire pure fous forme de flalagmites blanches mämmelonnées & quelquefois en maffes cellulaires. On'la rencontre aulli à l'état de gurh où mailes poreufes très-légères; du. plus beau blanc. A Lorfque la chaux de zinc eft intimement combinée avec du quartz, elle a l'apparence -de la zéolite blanche; commeelle, fes criftaux font triés, divergens , & forment des gelées avec les acides. On a trouvé à Fribourg en Brifoaw de la pierre calaminaire qui offre ces caractères. Ainfi que dans la zéolire le quartz s’y trouve dans la proportion de cinquante livres par quintal. Cette calamine de Fribourg contient en outre, comme l'a fait connoître M. Pellerier , trente-fix livres de chaux deizinc & douze livres d'eau par quintal ; la zéolite contient le double d'eau. Quoique les minéralogiftes n’aient pas fait mention des calamines ou mines de zinc terreufes de Frahce, cependant elles s’y trouvent en grande quantité ; il y a lieu de préfumer qu'on ne les a pas connues, ou qu'on a négligé de les chercher. L j Les mines de cuivre & de plomb de Saint-Sauveur dans les Cévennes, diocèfe d'Alais, offrent des pierres çalaminaires en ftalagmites blanches, vertes & brunâtres. à eT uni M.le duc d'Harçourt m'a remisil y a deux ans un morceau de pierre calaminaire étiqueté inéral inconnu. Cette mine de zinc terreufe en mafles lus eu moins-cellulaires, d'un blanc verdâtre , recouvre & accompagne un filen de galène, exploitée à Pierreville daps la prefqu'île du Cotentin. L'avalyfe de cette pierre calaminaire m'a fait connoître qu’elle étoit aufñ :pure &aufli,bonne.que.celles du;comté de Sommerfet & du duché de : Limbourg qu'on, vend dans; le commerce, Auf ai-je confeilléde mettre : part-certe mine, de zinc terreufe qui eft abondante dans les mines de plomb de, Pierreville: CC 2 er La pierre calaminaire de Sibérie qui eft l'objet de ce Mémoire, fe trouve en. mafles. irrégulières tranfparentes d’un blanc verdâtre. Cette chaux de zinc folide a l'apparence & la caflure du verre. Cette calamine ayant été diflillée dans ane, cornue à laquelle j'ai adapté l'appareil SURWL'HIST. NATURELLE ET LES, ARTS» 327 Bydrargyro-pneumatique, a produit de l'eau & de l'acide inéphitique, La chaux de zinc qui reftoit dans la cornue étoit d’un gris rougeñtre n& opaque ; elle pefoit près de moitié moins que la -calamine qui avoit été foumife à Ja difillation. p Cette pierre calaminaire de Sibérie e& foluble en entier dans les acides vitriolique , nitreux & marin; ce dernier la diffour à froid avec effer- vefcence , fa diflolution eft d’un jaune foncé. . L’acide nitreux & l’acide vitriolique diffolvent À l’aide de la chaleur , la pierre calaminaire de Sibérie, Quoique ces diflolutions foient fans couleurs , on peut cependant en {éparer le fer qu'elles contiennent & le précipiter en bleu de Prufle. + On peut encore féparer le fer dé la pierre calaminaire de Sibérie en la diftillanc avec fix parties de fel ammoniac. Ce qui refte dans la cornue eft du zinc combiné avec l'acide marin. Ce fel eft déliquefcent & cauftique, ; Pour s’aflurer fi une pierre contient de la chaux de zinc, il faut la pulvérifer & la mêler avec une égale quantité de poudre de charbon, & l'expofer enfüuite à un feu violent dans un creufet ; le zinc fe réduit & brûle en. produifant une flamme bleue & verte accompagnée de chaux de zinc qui s’exhale en ocons lanugineux blancs. Si certe opération fe fait dans une cornue, on obtienr le zinc fous forme métallique; le célèbre Margraff a indiqué ce procédé , pour opérer la réduction des mines de ce demi-métal. Le zinc du commerce vient en partie d'Allemagne, en partie de l'Inde, où il et connu fous le nom de toutenague. On fait qu’à Goflard dans le Hartz, on retire le zinc par la même opération qui produit la réduétion des mines de plomb fulfureufes qui font mêlées de biende, On exploite en France des mines femblables, mais on laifle le zinc fe brüler & fe convertir en cadmie. Quant à la manière donc les indiens retirent le zinc de fes mines, elle nous, eft inconnue, & mériteroit cependant d'être recherchée. Quoique l’emploi du zinc foit peu confidérable dans les arts, cependant il peut le devenir, {on innocuité étant reconnue; ce demi-méral:étant d’ailleurs fufceptible d'acquérir de la duétilité quand on rapproche fes parties par le moyen du. laminoir., ce que j'ai fait connoître il y a quelques années. Leszinc entre, comme on le fait, dans l’alliage métallique connu fous les noms de {laiton ; de cuivre jaune, de fimilor ; alliage qui fe fair encore pour Ja plus grande partie, chez l'étranger. Il eft à croire qu'on s’occupera quelque jour de nxettre en œuvre les produdtions métalliques de-la France , ce qui, .éviteroit annuellement l'importation de plus de dix millions , pour le cuivre & le plomb, métaux. qu'on pourroit extraire en Tome XXXVI, Part. I, 1790. MAL, Dr 328 OBSERFATIONS SUR LA PHYSIQUE, ; affez grande quantité des Pyrénées pour équivaloir à l'emploi du commerce, $ La plus grande partie des mines de fer de Corfe font congénères de { celles de Suède: je ne doute pas que leur exploitation ne produife un - à auffi bon fer. Il yaen France de riches mines de ce métal qui ne font 1 pas exploitées, & dont le produit pourroit équivaloir à l'importation de N fept millions qui font employés annuellement pour fe procurer le fer defliné aux arts. La mine de fer argileufe jaune fournit aux hollandois un objet de commerce aflez confidérable. Ils acherent tout ce que le Berri produit de certe terre bolaire jaune, fur le pied de quinze francs les huit quintaux, ils torréfient cetre argile martiale , qui prend une belle couleur rouge, Après l’avoir pulvérifée ils fa vendent enfuite en France vingt-cinq & trente livres le quintal fous les noms de rouge de Prufle & de rouge d'Angleterre, fuivant l'intenfité de fa couleur ; ce rouge s’incorpore faci- kement avec l'huile, & fert entr'autres à colorer Les carreaux d’apparte- mens. Le vermillon offré un rouge plus beau, mais beaucoup plus cher; parce qu'il n’eft que du cinabre pulvérifé, qui fe prépare encore par les hollandois qui achetent chaque année de l'Empereur trois mille quintaux de mercure, dont ils convertiffent la plus grande partie en cinabre & en chaux de mercure , connu fous le nom de précipité rouge. Ils préparenc encore en grand le fublimé corroff. Le mercure qu’on emploie en France fe tire de Hollande, d'Efpagne & du Palatinat; cependant la France renferme des mines de ce demi- métal : celle de Ménilot en Normandie mériteroit d’être reprife avec art. Le cinabre s’y trouve entremêlé de pyrites martiales. Cette mine de mercure a commencé à être exploitée il y a environ foixante ans, & a été abandonnée peu de tems après avoir été découverte. Ce n’eft pas parce qu’elle étoit ftérile, mais par la méfintelligence qui furvint entre les mineurs allemands & les françois qu’on employa à cette exploi- tation. Les hollandois réduifent auffi le plomb en cérufe, & préparent une partie du minium qui eft dans le commerce; tous ces procédés fonc connus & décrits. Pourquoi la France eff-elle encore tributaire des hollandois peur ces préparations ? L'étain qu'on emploie en France fe tire de l'Angleterre & de l’Inde. Je préfume qu’il exifte des mines de ce métal dans la bafle-Breragne ; le wolfram fe trouvant en grande quantité à Kaëtanos. €e demi-métal accompagnant ordinairement les mines d’érain , je penfe que cet indice | devroit fuffire pour faire faire des recherches. La France tire chaque il année de l'étranger, pour environ un million d’étain. Il exifle des mines de cobalt & de bifmuth en France. On a trouvé SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 329 . € dernier demi-métal dans les mines de plomb & de cuivre de Sainc- Sauveur dans les Cévennes. | Il y a dans les environs de Mâcon, à Romanèche, une mine de man ganèle aufli belle que celle de Zelerfeldt ; on en trouve aulli en Lan- guedoc : il faut efpérer qu'on les fubftituera dans le commerce à celles qu'on tire d'Allemagne & du Piémont. : La France renferme aufli des mines d'argent & d’or qu’on peut exploiter avec avantage. J'ai fait connoître il ÿ a vingt ans la valeur de celles d'Allemonten Dauphiné, & j'ai déterminé à en fuivre l'exploitation ; l'argent natif & la mine d’argenc fulfureufe s’y trouvent entremélés de mine de cobalr & de nickel fous forme de chaux noire, lilas & verdâtre ; cette dernière a fait donner par les minéralogiftes le nom de mine d'argent merde-d'oie à l'argent natif qui fe trouve dans cette chaux de nickel. La mine d'argent d'Allemont eft exploitée aujourd'hui avec beaucoup d'intelligence & d'avantage , pour le compte de Monfeur , par M. Schreiber , célèbre métallurgifte faxon , qui a découvert à la Gardette , près Allemont , une mine d'or où l’on trouve ce métal fur du quartz blanc. Quoique le charbon de terre foit abondant dans différentes provinces de France, quoique ce bitume foit comparable par l’intenfité de chaleur qu'il produit, au meilleur charbon d'Angleterre, cependant on tire chaque année pour cinq à fix millions de charbon de ce royaume, Ce n’eft pas la diferte de ce bitume en France qui fait qu'on en tire autant de l'Angleterre , mais les frais de tranfport le rendant plus cher, on donne la préférence au charbon anglois qui eft à meilleur marché. Si l'on réfume les fommes importées par la France pour fe procurer du cuivre, du plomb , du fer, de l’étain, du mercure, du zinc, du bifmuth , du cobalt & du charbon de terre, on voit qu'elles montent annuellement à plus de vingt-cinq millions. La France fans ceffer d’être agricole, devroit donc s'occuper de faire fuivre avec art l’exploi- tation de fes mines, puifque par ce moyen elle cefferoit, pour cette partie, d’être tributaire des autres nations. Li & , 339 OBSERVATIONS SÛR LA PHYSIQUE, SAUTUSE r DES OBSERVATIONS MÉTÉOROLOGIQUES FAITES SOUS LA ZONE TORRIDE;:. Par M, CassAN, Doëteur en Médecine, 6c. EE —— De lPétat Pr Ciel. LE ciel des Antilles doit être regardé comme le plus beau ciel de l'univers: on ne fauroit mieux le comparer qu'à celui des provinces méridionales de la France dans Les plus beaux jours d'été. On die ordi- nairement en Europe qu’un beau jour eft une fête que le ciel donne à la terre; dans les Antilles certe fête et continuelle : quoiqu'il y tombe beaucoup de pluie, & qu'on y trouve PE continuellement quelques petits nuages, il ne fe pafle pas un feul jour dans l’année où on ne jouiffe du foleil pendant plufñeurs heures, parce que lhorifon n'y elt prefque jamais couvert en entier, les nuages font toujours ifolés, ils n’occupent qu'un point dans le ciel, & toujours du côté de l’ef : aufli le voyageur accoutumé à faire des obfervations fur l’état du ciel, peut-il prefque toujours éviter la pluie, parce que conuoiffant la vitefle du vent & fa direction , qui eft à-peu-près conftante dans les îles, il peut toujours juger à-peu-près de l'endroit où tombera le nuage. Il y a des perfonnes qui déterminent cet endroit à quinze ou vingt toifes près, & qui fe trompent raremente Les nuages font ordinairement peu élevés fous la zône torride ; ils rafent quelquefois la furface de la mer & celle de la terre, c’eft ce qui eft caufe de la grande humidité des pays chauds, parce que ces nuages apportés fans cefle par le vent d’elt, y font retenus facilement par les arbres à haute futaye & par les montagnes. Auffi les hauteurs des îles font-elles toujours humides, & font-elles affectées par cette raifon à la culture du caffé qui demande beaucoup d'humidité, Les nuages fous la zône torride, font au plus épais & plus concentrés qu'en Europe, & ils ont l'air d’une mafle fufpendue dans l'air: c'eft ce qui fait qu'on voit rarement dans les îles ces petites pluies qui tombent fréquemment en Europe, la pluie n'y tombant que par gros grains, comme fi on la verfoit du ciel à pleins vafes. Aufli peut-on SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS, 33t y recueillir dans quelques minutes une quantité d’eau qu’on recueille- roit. à peine en Europe , dans des journées entières très-pluvieufes, De la quantité d'eau qui tombe dans les Antilles. IL eft très-eflentiel pour la Phyfique de connoître la quantité de pluie qui tombe dans ur pays : cette connoiffance eft d'autant plus importante pour la Phyfique moderne, qu'elle ne réconnoit que dans les influences attmofphériques les fources de la végétation, & qu’elle pe regarde la terre que comme la matrice ou le foutien des plantes. Auf je me fuis appliqué avec foin à dérerminer la quantité d'eau qui tombe dans les pays chauds. J'ai meluré avec exactitude la plus légère pluie qu'il a faite, & j'ai poufié le fcrupule à ce fujet jufqu'à poùvoir avancer que je n’en ai pas perdu une coute. Cependant on verra que mes rélulrats. font bien difflérens de ceux qu'on dit avoir obtenus dans d’autres îles de PArchipel Américain; on évalue à cent vingt ou à cent vingt-cinq pouces d'eau. la quantité de pluie qui tombe annuellement à S. Domingue & à la Grenade; je ne puis pas nier cette évaluation parce que je n'ai pas fait mes eflais dans ces colonies; mais je puis-au moins avancer que je n'ai pas eu la moitié de ce rélulcat à Sainte - Lucie, quoique cette île; à raifon de fes montagnes :& ide la grande quantité de fes bois , foit réputée la plus humide des Antilles, que lannée où j'y ai fait mes obfervations météorolo- giques ait été regardée comme très-pluvieufe & que je les y aye faites fur une montagne très - élevée. En général on a répandu beaucoup de merveilleux fur tous les objets de Phyfique & d'Hiftoire Naturelle des pays éloignés, & il eft du devoir de tout homme qui aime la vérité de détruire, autant qu'il lui eft poffible, tous ces rapports exagérés, qui ne fervent qu’à retarder le progrès des lumières. Les régions fituées fous [a zône torride fonc fans doute très-humides ; mais cette humidité - doit être attribuée moins à la quantité de pluie qui tombe qu'à celle des vapeurs qui s'élèvent continuellement des mers dont elles fon entourées , ou qui y font apportées par le vent d’eft. Aufi comme nous Vavons déjà obfervé, voit-on le baromètre monter daus les tems pluvieux, parce qu'alors l’atmofphère prend vraiment de l’élaficiré en fe déchargeant de l'humidité dont elle étoit faturée. Pour mefurer la quantité d’eau qui tomboit , j'ai placé fur un endroit : élevé & parfaitement ifoléun eudiomètre de fer blanc, qui avoit dix- neuf pouces de longueur, neuf pouces"& : de hauteur & un-pouce de largeur. Je me fuis fervi pour cette opération d’un vafe très-haut afin que le vent ne für jamais dans le cas d’en chaffer l'eau qui y : tomboir. On me dira , fans doute, que la pluie tombant toujours aux îles d'une manière inclinée à caufe du vent, le côté du baquec qui répondoit au vent répoufloit une grande quantité de pluie qui auroit 332 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE; été reçue daus le vafe fi elle fut rombée verticalement, & que par conféquent mes obfervations font inexaétes. [1 eft aifé de répondre à certe ohfervation, parce qu'il eft éxilear que fi un côté du baquet empêchoit une grande quantité de pluie d’y tomber, le côté oppofé étant à la même Hauteur détruifoit parfairement cet effer en refluant gu-delà de la pluie qui devroit y être reçuenaturellement , la même quantité qui éroir repouflée par l'autre, Le baquet étoit percé d’un trou auquel aboutifioir un tuyau qui conduifoir l'eau dans une petite cuvette à mefure qu’elle tomboir, Cetre cuvette n'avoit dans fa partie fupérieure qu'un trou fufffant pour recevoir le ruyäu, de manière que. j'érois bien für, lorfque je ne pouvois pas mefurer l'eau immédiatement après qu’elle étoic rombés, qu'elle n’étoic pas diminuée par l'évaporation, Le por avec lequel je mefurois l’eau étoit cylindrique, & il faifoict monter ce fluide dans Je baquet à déux lignes & À de ligne. J'en avois un autre plus petit qui étoir exactement le tiers du premier; la quantité d'eau qui tombe fur le morne Fortuné de Sainte Lucie, doit être évaluée annuellemenc d'après mes obfervations, à une ligne & £ de ligne par jour. De l'Evaporation qui fe fait dans les pays chauds. Pour eflimer exaéement le degré de ! humidité qui eft répandue dans J'atmofphère des pays chauds, il étoit eflentiel de mefurer la quantité de vapeurs qui s'élèvent de la mer, des lacs & des rivières. Je me fûis occupé avec afliduité de ce travail qui m'a paru d'autant plus effentiel, qu'on ne fauroit affeoir dur une bafe folide la fcience de V'agriculture , fans connoître la force d’évaporatiou exercée fur la rerre, foit par le foleil & le vent, foit par la puiflance diflolvante de l’air, Il réfulte de mes expériences, que la quantité de vapeurs qui s'élèvent fur le morne Fortuné de Saïnte- Lucie d'une mafle d’eau équivaut à une ligne # de ligne d’eau par jour, c'eft-à-dire qu'une mafle d'eau eft diminuée pendant route l'année, unsjour portant l'autre, d’une ligre * de Îigne par jour : on juge de la grande humidité que doit répandre dans Patmofphère une telle quantité d'eau réduite en vapeur. Cette quantité eft moindre que celle de la pluie qui tombe , parce que certe dernière eft due ef grande partie aûx nuages qui font entraînés continuellement par le vent d'eft & qui fonc rerenus par les montagnes des îles. On fera peut - être étonné que dans des régions auffi chaudes que celles qui font firuées fous la zône rorride & où il foufle un vent prefque continuel , l'évapora- tion ne foit pas tout-à-fait double de celle qui a lieu à Paris; mais l'étonnement ceflera fi on fait attention que l'humidité répandue dans Varmofphère , foie par les vapeurs de la mer, foir par celles qui sexhalent des végétaux & qui opt immenfes à raifon de l'excelive : yégération Le #— = Me ot TPE SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 333 végétation , affoiblit confidérablement la force diflolvante de l'air qui eft un des, agens eflentiels de l'évaporation , & que cer élément -fe trouvant fans ceflé pour ainfi dire faturé ; l’évaporation doit être très- affoiblie par cette caufe : je m'en fuis afluré en mettant à évaporer de l'eau à l'abri du foléil & du vent, & réduifant ainfi la force d’éva- poration à Ja puiflance diflolvante de Pair, Cette opération remplifloit parfaitement lé but d’un élafto-mètré, aufi je l'ai faire avec le plus grand foin, & je rendrai compte plus bas des réfultats différens que j'ai obtenus à ce fujer. : . L’almidromètre dont je me fuis fervi écoit du même, métal & avoit les mêmes dimenfions que l’udromèrre ; il étoit -placé.à côté de ce dernier, & je mefurois la quantité d’eau qui s'étoit évaporée deux fois par jour, à midi & au coucher du 4oleil, quoique MM, de Sauflure & Lambert euffent démontré que la quantité de l’évaporation étoit toujours proportionnée à l'erendue de la furface du liquide qui eft en contatt avec l’armofphère, Cependant, comme Mufchembroeck , Vallerius & Richmann prétendent que cette quantité varie fuivanc que les vafes dans lefquels on fait évaporer l’eau, font-plus ou moins profonds, & fuivant la qualité & la quantité qu’on met à évaporer de ce fluide, jai eu le foin d'employer dans toutes mes expériences , le même vafe, la même quantité d’eau & toujours de l'eau de pluie : j'ai fait mes obfervations au foleil, à l'ombre & au vent, ainfi- qu’à l'ombre & à l'abri du vent. Les influences de la rofée méritant une grande confidérarion dans Thiftoire de la végération , j'ai voulu m'aflurer aufh de l’augmen- tation ou de la diminution qu'éprouvoit une mafle d’eau depuis le coucher du foleil jufqu'au lendemain à fon lever, & j'ai trouvé que l'eau étoit quelquefois augmentée pendant la nuit d'un +, d’un : ou d’un + de ligne , que quelquefois fur-tout. lorfqu'il avoit fait du vent, elle étoit diminuée de la même quantité, & qu’enfin une nuit portant. l'autre , certe variation dans la quantité de l’eau expofée à l'air libre, devoit être regardée comme nulle. Jai obfervé en même tems que fa diminution dans une chambre où la rofée n’avoit pas d’accès étoit d'un + de ligne, pendant toute l’année, nne nüit portant l’autre ; ainfi on doit eftimer la quantité de rofée qui tombe dans les pays chauds, à la valeur d’un + de ligne d’eau par nuit. La pluie qui Æomboit n'étoit pas un obitacle à l'exactitude de mes obfervations {ur l'évaporation , parce qu’au moyen de l’udromèrre connoiffant la quan- tité d'eau qui éroit tombée, je favois en même tems d'une manière exacte celle qui s’étoit évaporée de l’almidromètre, Je vais préfenter mois par mois, lé réfultat de mes obfervations météorologiques depuis le 1$ feptembre jufqu'au 1$ avril. J'ai ajouté à ces obfervations un tableau fuccinét des maladies qui ont régné Tome XXXV 1, Part. I, 1790, MAL, V v . 334 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, dans le même rems. J'aurois beaucoup défiré pouvoir les continuer pendanr une année entière & les avoir commencées un mois plutôt, afin de rendre compte d’un ouragan terrible qui dans le mois d'août a dévafté la Martinique & Sainte-Lucie ; mais des circonftances & des ordres inattendus m'ont privé de certe double fatisfaction. Je me dédommagerai à mon retour en Amérique, & je ferai en forre de pouvoir offrir bientôt à l'Académie un travail complet & fuivi fur les météores des pays chauds. IL eft effentiel d’obferver pour ceux qui pourroient ignorer , que l’hyvernage commence aux Antilles le 75 juillec & yfinitle 15 octobre, & que les mois les plus pluvieux de l’année font ordinairement les mois de feptembre , d'oétobre & de no- vembre. Réfultat de mes Obfervations depuis le 1$ Septembre jufqu'au 15 Oüobre. La plus grande élévation du thermomètre depuis le 15 feptembre jufqu'au 1$ oétobre', a été de 31°. Le r1 octobre, à une heure après midi, le tems étoir très-beau & le vent ne s’étoit prefque pas faic reflentir depuis deux jours : à peine en faifoit-il aflez pour pouvoir remarquer qu'il foufloit du côté du fud-eft. Le 26 feptembre, l’efprit- de-vin monta jufqu'à 30° ?, & il s’y foutint jufqu’à quatre heures de l'après-midi, par un tems qui, quoique couvert, excitoit fur les corps animés une fenfation très-forte d’une chaleur étouffante; lé vent étoic prefque infenfible & il venoit du fud-eft. Le plus grand abaiffement |de l’efprit:de-vin a été le 27 feptembre, à huit heures du foir, de 20° © par un tems très-couverr & très- pluvieux & par des raffales très-fortes du venc d’eft. Dans le courant de mes obfervations faites habituellement à cinq heures & ? du matin, je l'ai vu defcendre trois fois dans cette époque à 21°; favoir, le 20, le 29 feptembre & le 14 octobre. La plus grande élévation du baromètre a été vingt-fept pouces huit lignes +, le même jour que le thermomètre monta à 31°, & fon plus grand abaïffement a été vingt-fept pouces cinq lignes +, le 26 feptembre , jour où l’efprit-de-vin monta à 30° +; le tems étoit lourd & étouffant, & il fut fuivi d’une grande quantité de pluie. Il y a eu pendant cette époque treize jours de pluie, les 1$, 16, 17, 18,22,24, 25, 26, 27 feptembre, & les 2, 4, 6, 7, 8 oc- tobre. Il et tombé fept pouces deux lignes d'eau, dont trois pouces dans un feul jour, le 27 feprembre ; on a entendu le tonnere le r$ & le 24 feprembre & le 2 o@obre , & les éciairs fe font fuccédés ces jours-là avec beaucoup de rapidité; un nègre fur tué d'un éclar de ronnerre le 15, le vent n’a pas varié depuis left jufqu'au fud-eft, L'évaporation au foleil & au vent, a été de trois pouces & buir : SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 335 lignes: au vent & à l'ombre elle a,été d'un pouce & une ligne, & de dix lignes à l'ombre & à l'abri du vent. On voit par-là quelle eft l'influence du venc & de la force diflolvante de l'air fur l’évapo- Fa , & en même tems quelle eft celle qu'il faut rapporter à l’adion w foleil. Le rapprochement de l'évaporation à l'ombre & au vent, doit être attribué à ce que le vent ne foufle pas continuellement ,, & que la force diflolvante de l'air eft conftante. Les maladies qui ont régné depuis le 15 feptembre jufqu’au 15 octobre , ont été les fevres bilieufes intermittentes pour lefquelles l’émétique, les purgatifs & le kinkina ont été des remèdes-fouverains : le foleil fe leva le 15 feprembre à cinq heures 56 minutes, & fe coucha à fix heures 4 minutes; la nouvelle lune fur le 19 feptembre, On fait dans le inomenat la récolte du café, elle eft très-abondante; mais cette denrée eft de peu d'im- portance pour Sainte-Lucie. Obfervations depuis le 15 O&obre jufqu'au 1$ Novembre. La plus grande élévation du thermomètre a été 28° +, le 29 octo- bre, à une heure & + après-midi, le tems étant calme, & fon plus grand abaiffement 20° =, le 22 oétobre, à cinq heures & : du Mma!In, La plus grande élévation du baromètre a été vingt-fept pouces huit lignes & +, le 22 octobre le vent étoit à l'eft-nord-eft , & il étoie trés- violent. Le plus grand abaiflement du mercure a été vinot-{ept pouces fix lignes =, le 25 octobre. 3 Le vent a été pendant vingt-deux jours à l’eft & pendant huit à l'ett-nord-eft, il a été pendant dix-huit jours très-violenc au poine d’ébranier les maifons les plus folides ; ce tems a donré ‘beaucoup de fluxions catharrales & quelques points de côté , la faignée a éré peu néceflaire, & les boïflons délayantes & légèrement fudorifiques ont ordinairement fufñ. Les maladies humorales ont été aufli très- communes , & les évacuans de toute efpèce onc été employés avec fuccès. | Il y a eu pendant cette époque quinze jours de pluie, les 18; 19, 21, 24, 2$, 26, 27 & 30 oétobre, &les 1, 6, 12-& 14 feprembre. Il eft tombé huit pouces onze lignes d’eau, l'évaporation a été de cinq pouces &+, dont la moitié a dû être attribuée au grand vent qu'il à fait prefque pendant tout le mois, L'évaporation à l'ombre & à l'abri du vent, a été de quinze lignes. Le 15 octobre le folcil fe leva à fix heüres fépt minutes & fe coucha à cinq heures cinquante- deus minutes ; la nouvelle lune fut le 18 janvier &'le 39 no- vembre. < Tome XXXVI, Part, 1,1790. MAL Vr2. 336 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE; Obfervations depuis le 1$ Novembre jufqu'au x$ÿ Décembre. La plus grande élévation du thermomètre a été de 26°, le 3 décembre , & fon plus grand abaïflement de 19°, le 28 novembre, La plus grande élévation du baromètre a été de 27 pouc. 6 lign. +, & fon plus grand abaïflement 27 p. 6H. le premier décembre. Ce mois a été pluvieux à l'excès , quoiqu'il ait fait prefque conftamment un vent de nord-eft qui a occalionné beaucoup de courbatures, de torticollis & de douleurs rhumatifmales ; toutes ces affe“tions ont été traitées avec fuccès par les évacuans. Il y a eu pendant cette époque feize jours de pluie , les 19, 20, 2r, 22, 23,24, 27,28, 29 & 30 novembre, & les premier, $, 8, 9, a1 & 14 décembre. Il eft rombé 10 pouc. d’eau. É’évaporation n’a été que de 3 pouc. 1 ligne, dont + a dû être attribué au vent & le £ à la force- abforbante de l'air. Le foleil fe levoit Le 1$ novembre à 6 heur. 19 mink & fe couchoit à $ heur. 41 min. La nouvelle lune étoit le F6 novembre. Obfervarions depuis le 1$ Décembre jufqu’au x$ Janvier. La plus grande élévation du thermomètre a été 25°, le 14 janvier , & fon plus grand abaiflement a été 17° +, le 11 janvier, à $ heur. & <. Le baromètre s’eft fourenu conftamment entre 27 pouc. 8 lign. & 8 lign. & ! : le rems a été conftamment très-beau , quoique le vent ait été très-variable depuis le fud-fud-eft jufqu’au nord-eft ; les maladies qui ont regné ont été encore les Auxions. Il eft äremarquer que ce genre je maladies eft très-cômmun fur le morne Fortuné , parce que le centre de toutes Les affaires étant à la ville, tous les habitans du morne font dans. le cas de fubir tous les jours le paflage fubit d’un air chaud & pefant à un air frais & adif qui devient d’autant plus dangereux , qu'on arrive ordi- mairement fur la montagne tout en fueur. Les maux de gorge ont été très-communs ce mois-ci. parmi les foldats & les officiers , & plufieurs ent exigé des faignées & des véficatoires : quelques-uns ont cédé comme par enchantement à l’émétique. Une tranfpiration abondante en a guéri un grand nombre, Trois feulement ont été d’un mauvais caractère, & ont exigé l’ufage des acides minéraux , de la ferpentaire de Virginie, du kinkina & des véficatoires en plufeurs.endroits. L’un d’eux s’eft terminé heureufement par une HA qui a fuppuré abondamment. I y a eu dans ce mois onze jours de pluie pendant lefquels la férénité du ciel a été à peine obfcurcie, favoir, les 55, 20, 24, 27, 28,9 & 317 décembre, & les 6,7, 6 & 10 janvier. La quantité d’eau qui eft tombée a été 2 pouc. & +; l’évaporation au foleil a été de 4 pouc. =, à l'ombre. & au vent d’un pouce & 4 lign, & d’un pouce à l'ombre & à l'abri du went. Le folail fe leva Je 15 décembre à 6 heur, 32 min, & fe coucha à SÛR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 337 heur. 37. La nouvelle lune fut le 16 décembre. La récolte du coton a commencé dans ce mois & eft médiocre : la baïlle de certe denrée plonge dans la misère la colonie de Sainte-Lucie. Offervations depuis le 1$ Janvier jufqu'au 15 Février. La plus grande élévation du thermomètre a été de 26° +, le 9 Février, & fon plus grand abaiflement a été de 16° À, le 30 janvier , à heur. & :. Le baromètre s’eft foutenu entre 27 pouc. 7 lign. & 27 pouc, 8 lign. &? Le venc a été pendant huit jours au nord, & on a beaucoup craint les maladies inflammatoires ; maïs il ne s'en eft déclaré auçune de vraie. Une feule faignée a abattu tous les fymptômes d'irriration qui fe décla- roient. Il y a eu dix jours de pluie qui ont donné 3 pouc. & 7 lign. d’eau, favoir , les 16,17, 18,19 & 20 janvier, & les 2, 3,:4,5 & 14 février. L'évaporation a été de 4 pouc. au foleil, d'un au vent & à l'ombre, & d’un à l'ombre & à l’abri du vent. Le foleil fe leva le 15 janvier à Gheur. 21 min, & fe coucha à ÿ heur. 40 min. La nouvelle lune fut le 26 janvier. Obfervations depuis le 1$ Février jufqu'au 1$ Murs. La plus grande élévation du thermomètre a été 26° ?, le 11 mars, une heure & = après midi, & fon plus grand abaiflement a été de 16° :, le 21 février, à $ heur. & ? du matin. Le baromètre s’eft fourenu entre les mêmes points que le mois dernier; il eft monté feulement deux fois à 8 lignes 2. Le vent a été pendant ce mois extrêmement variable : il n’a prefque pas tenu à left. Il a étépendanc quatorze jours dans la partie du nord, & pendant douze dans celle de l'oueft. Dans le premier cas les rhumes, les points de côté & les enchifrenemens ac- compagnés d'une fièvre aigue, ont été très-communs. La faignée a éré avan- tageufe , & il a fallu même la répéter dans quelques fujets ; les boiflons légèrement diaphorétiques ont été auf très-uriles ; mais les émériques & les purgarifs ont été très-dangereux dans les commencemens, Lorfquele vent a paflé à l’oueft, routes ces maladies ont pris un mauvais caractère ; elles font devenues rémittentes, & la faignée aéré très-nuifible. Le kinkina pris en fubftance a fair des merveilles le feptième jour de la maladie. La faignée a été füuivie dans quatre nie d'un iétère général après avoir occafionné une foibleffe & un affaiffement qui avoient donné des allarmes, & qu'on re put difiper qu'avec des dofes très-fortes de kinkina acidulé & d’efprit de mindères : ces iétères furent précédés d’un pouls très - petit & inrermittent à toutes les quatre pulfations; ils devinrent des maladies chroniques , & ils dérerminèrent la maladie aigue. Les apéritifs les plus renommés furent fans effets, mais ils fe diffipèreng à La longue au moyen des toniques, 3: OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, |- ñ - L En général le vent d’oueft eft regardé dans les îles comme d’un très mauvais augure. Lorfqu'il elt .conitant pendant plufieurs jours , il eft toujours fuivi de maladies graves, & on Le regarde comme le figne d’un grand dérangement dans la nature & comme annonçant des tempêtes violentes ; en effet le $ mars, il y a eu un coup de vent furieux, & un crû de marée qui a fair périr quelques bätimens dans les anfes de Sainre- Lucie, quoiqu'ils euffent eu la précaution de jetter leurs ancres les plus fortes & leurs cordages les plus folides. Une frégate nationale courut les plus grands dangers dans la rade de la Soufrière, & elle ne dut fa confervation qu'à l’habiieré de celui qui la commandoit. J'ai cbfervé pendant la durée de ce vent qu’il pafloit à l'efl pendant les nuits, mais de manière à être prefqu’infenfble, & qu'il revenoit à l'oueft pour y refter pendant tout le tems que le foieil étoit fur l'horifon, Cette obfervation eft fort crdinaire, & elle eft bien peu analogue à la théorie des vents; mais elle eft très-certaine. Il y a eu pendant ce mois huit jours de pluie, les 1$,22,23,25$, 26, 28 février, & les $ & 8 mars. La quantité de pluie qui eft tombée a été de 3 pouc. dont 2 pouc. le $ mars. L’évaporation a été de 4 pouc, À au foleil, fur lefquels un pouc. & 4 lign. ont du être attribués au vent, & un pouc. à la force attractive de l'air. Le foleil fe leva le 15 février, à 6 heur, 11 min, & fe coucha à $ heur, 49 min. La nouvelle lune fut le 24, Obfervations depuis le 1x5 Mars jufqu'au 1$ Avril, La plus grande élévation du thermomètre a été 27°, le 28 mars, à une heure & demie, & fon plus grand abaiflement a été 18° +, le 17 mars, à ÿ heur. + du matin, Le mercure s’eft foutenu dans Le baromètre entre 27 pouc. 7 lign. + 8€ 27 pouc. 8 lign. +. Le vent n’a pas varié depuis l’eft jufqu’à l’eft-nord-eft, La fécherefle a été cruelle jufqu'au 10 avril, & elle a été très-nuifible à la récolte du fucre, Les maladies quiont régné n’ont pas eu le caraétère des maladies vraiment inflammatoires , maïs elles ont été très-aigves & très-vives , & elles ont exigé plufieurs fois la faignée, Il y a eu pendant ce mais douze jours de pluie, mais il n’eft tombé qu'un pouce & demi d’eau , parce que cette pluien’a été formée que par quelques léers nuages qui mobfeurcifloient nullement lhorifon & qui fe crevoient fur les montagnes. Les plaines en ont à peine profité. Ces jours de pluie ont été les 17, 23, 24, 26, 30 & 31 mars, & les 4,7; 910,12 & 14 avril. J'ai fini mon journal le 15 avril, mais le 16 ayanc éré très-pluvieux , je fus curieux de melurer la quantité d’eau qui éroie rombée, & elle fe trouva de deux pouces & deni. L’évaporation a été ç pouc. & demi, fur lefquels un pouce & trois lignes ont dû être A éttribués au vent, & un pouce une ligne à la force attractive de l'air, née 2 " Re ee TE RS D ee % _ SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 339 Le foleil fe leva, le 15 mars, à 6 heur. & fe coucha à 6 heur. Le 15 avril, il fe leva à ÿ heur. 57 minutes & fe coacha à 6 heur. 3 min, La nouvelle lune fut le 26 mars.! RATE ET NE © ————— —@—— ————— — — "——"—————_————————————— 2 — NOTES SUR L'HISTOIRE DU BORAX. O N ne doute plus maintenant que le forax ne foit une production naturelle : mais fon hiftoire eft encore fi imparfaite, qu'il ne fauroir être inutile de faire connoître ce que l’on fait acjourd’hui de plus poñitif fur les lieux de lfnde d’où ee fel nous eft apporté, & la manière dont on l’y recueille. Ces informations, publiées par la Société Royale de Londres, fe trouvent dans fes Tranfaëtions, pour l’année 1757, & viennent de deux Auteurs différens. L'un eft le père Jofeph da Rovato, préfet des MiMionnaires Capueins du Tibet; & fa Lettre eft datée de Patna le 10 feptembre 1786. IL rapporte que le feul moyen qu'il ait eu de prendre des informations fur l’origine du Lorax , a été d'écrire au Bahadar-fhah, frère du Roi de Népal cu( Napaul(1)}), dont les états confinent avec le Tiber. Ce prince lui envoya à Patna, un de fes gens ; natif de la contrée d'où lon tire le borax ; & voici la fubftance de ce que le préfet a recueilli, dans fes entretiens avec cet hontme. Dans le territoire de Marmé, à 28 journées de chemin au nord du Népal, & à2$ à l'oueft de Laffa, capitale du Tiber, font deux villages , fitués dans une vallée ftérile, donc les habitans ne vivent que de la cueillette du Zorax. Il y a dans cette vallée un étang & plufeurs fondrières moins confidérables , où fe raflemblent les eaux de pluie ; lorfqu’ellesy ont féjourné quelque tems , les habitans y entrent, & s'ils fentent fous la vafe un [ol ferme & dur, ils retirent une couche de borax , qui eft plus ou moins épaifle, felon que les eaux ont été plus ou moins profondes. La qualité de ces eaux eft fi ” (1) Napaul eft le nom que porte ce royaume , dans les cartes du Major Renel!, les plus exa@tes que l’on ait de ces contrées imparfaitement connues. L’ufage ayant prévalu d’ortographier-à la manière des Anglois les noms propres indiens, peu familiers, on s’y ef conformé dans cette tradu@ion, par la raifon, que comme il s’agit. fur-tour de noms de lieux, c’eft en confültant les géographes anglois , qu’on peut én connoître Ja vraie pofition. Il faut obferver cependant que le P. da Rovaro ayant donné fa relation. en italien , 1l peut avoir quelquefois changé les noms, con- formément à l’ortographe de cette langue. + ! 340 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, mauvaife, que prifes, même en petite quantité, elles caufent une enflure dans les entrailles, toujours fuivie d'une mort prochaine. La terre qui produir le borax ef blanchâtre; & il y a dans la même vallée; à quatre milles environ des étangs, une mine de fel qui fournit abon- damment à la confomiuation. des habirans de toutes ces montagnes. A dix journées de chemin plus au nord , fe trouve une autre vallée nommée Tapré, & plus loin celle de Cioga, qui fourniffent aufli du borax. Ce fel porte le nom de Soapa, dans la langue Népaloife & dans celle des /rdous, Si on ne le préparoit pas, il tomberoït aifément en déliquefcence ; & pour prévenir cet inconvénienr, les habitans du pays le mêlent fouvent avec de la terre & du beurre. Voilà à quoi fe bornent les informations reçues du père da Rovato. Celles que donne M. 77, Blane , font à certains égards plus circonf- tanciées, & fe trouvent dans la Lettre fuivante qu'il a adreffée au docteur Gilbert Blane, membre de la Société royale, : « Le voyage que j'ai fait, en janvier dernier, dans les montagnes » du nord, à la fuite du #ifr, m'a procuré l’occafion de fatistaire » en partie ma curiolité fur l’origine du borax, dont vous avez un » fi grand defir d’être inftruir. Le pays que ce prince alloit vifirer fe » nomme Berowlé : c'eft une petite principauté , fituée à environ æ deux cens milles au nord-eft de Lucknou , dans la partie de la » première chaîne de montagnes, qui rermine les plaines de l’Irdouf- # tan. La ville eft le principal marché de la contrée, pour l'échange # des denrées des montagnes ; contre celles du plat pays. Comme æ le Raja, qui elt fouverain dans les montagnes , et vaflal & tributaire » du Vifir, pour les terres qu’il poffède dans la plaine, il prit occafion æ# du voifinage de celui-ci, pour venir lui rendre hommage en perfonne, » J'eus ainfi toutes les facilités que je pouvois defirer , pour queftion- » ner les perfonnes de fa fuite, pendant le féjour qu'il a fait à la cour ; © & je m'adreflai fur-rout à fon Dewan ou Mminiffre , qui avoit # parmi fes gens quelques habitans du lieu où Fon recueille le p borax, » Cette fubftance faline appelée dans le langage du pays Swagah, » eft apportée dans l'Indouflan , des montagnes du Tibet : on l'y > recueille dans le royaume de Jumlate, le plus grand & le plus » puiflant de cette contrée, & qui eft fitué à environ trente journées » de chemin au nord de Bétowlé. » On m'a décrit le lieu qui produit.le Borax, comme une petite vallée , entourée de montagnes couvertes de neige, & dans laquelle eft un jac d'environ fix milles de tour: l’eau en eft conftlamment fi chayde, qu'il n’eft pas poffible d’y tenir long-tems la main : fes bords font abfolument nus, fans la moindre apparence de végéta- tion; & la matière faline y eft fi abondante, qu'après les pluies cA 2 4€6 % 8 +4 8 + u M u M u » SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 3ar les neiges, la terre en eft couverte en flocons blancs, comme celle de l’Indouflan l'eft de natron. Quand la failon des neiges commence, or pratique fur les bords du lac, de petits réfervoirs, en élevanc la terre tout autour, à la hauteur d’envifon fix. pouces, Lorfque ces réfervoirs font pleins de neige, on y jette de l’eau chaude du lac: on l’y laifle, avec celle ‘de là neige, jufqu'à ce qu’elle foir en partie abforbée & en partie évaporée : & l'on trouve enfüite dans le fond, un oâteau de. fora% crud , qui a quelquefois un demi-pouce d’épaifleur. L’hiver eft le’ feul'tems propre à cette opération, tant parce que la neige eft indifpenfablement néceffaire , que parce que la matière faline fe mentre plus abondamment fur la cerre dans cette faifon. Une fois qu'un réfervoir a fervi , if ne produit plus rien , jufqu'à ce qu'il y ait eu trois ou quatre alterna- tives de neige & de dégel; après quoi l’efflorefcence faline paroîc *» de nouveau, & l'on peut répéter l'opération. :-: » Dans cer état le orax eft cranfporté fur des chèvres, de montagne > en montagne , paflant par plufieurs mains, avant que d'arriver dans » la plaine : ce qui augmente beaucoup la dificulté de connoître >» l’hiftoire exacte de fon origine. Quand on l’apporte des montagnes, > il a déjà été débarraflé des matières terreufes & groflières , par l'ébul- » lition & la criftallifation: il fe vend ici environ quinze roupies le » panier; & plu‘ñeurs naturels du pays m'ont afluré, que tout le » borax des Indes vient du lieu que j'ai décrir. » Je n'ai: pu obtenir aucun renfeignement fur la nature des eaux > du lac, & des minéraux d’alentour. Tout ce qu’on a pu me dire, » c'eft que ces eaux font très-chaudes , troubles & on‘tueufes ; qu’elles >» bouillonnert en plufeurs endroits, & que leur ædeur eft des plus » défagréables : quant au fol, on ne men a dit autre chofe, que » ce que j'ai rapporté; je fais cependant qu’en général, le pays abonde n'en fer, en cuivre & en foufre. » Je crains bien que ces dérails ne foient fort peu fatisfaifans pour » un naturalifte. Mais comment faire, quand on ne peut recevoir » fes informations que de montagnards errans & fauvages ? Car le » pays eft inacceffible , même aux habitans de l'Indouflan : & fi » quelques-uns d'eux ont jamais fait ce voyage , ce n’eft qu'un >» très-petit nombre de malheureux fayuirs, conduits dans les mon- 55 tagnes par le defir d'y faire pénitence, ou d'y viliter quelque temple. » L'hiver y eft ,‘dit-on, fi rigoureux que tout elt gelé, & que les » hommes n'y réfiftent qu'en fe tenant enveloppés de fourrures & de > grofles étoffes : tandis que d’un autre côté, les étés y font infup- » portables, par la chaleur réfléchie des Aancs des montagnes, qui font » par-tout très-efcarpées , & fort rapprochées les unes des autres. » J'ai éyité d'accompagner de mes réflexions & de mes conjectures, * Tome XX XVI, Part. 1, 1790. MAI, X x ÿ 8 & 4 5 U &# #,ù 342 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE; » cette relation , que je vous donne telle que je l'ai reçue. Mainte= » nant que vous êtes en pofleflion de tout ce que j'ai pu recueillir, » c'eft à vous d’en faire l'ufage que vous jugerez à propos. »# J'ajouterai en finiflant , & pour appuyer ce-qui m'a été dit s >» qu'il eft für que le Porax vient des montagnes du Tiber, J'en at » vu arriver au marché des quantités confidérables ; & j'en ai moi- » même acheté des montagnards T'artares qui l'avoient apporté. Il » eft de nième très-certain ,que jamais je n'ai ouï dire que ce pays-ci » en ait produit, ni qu'il y en foit venu d'une autre contrée, que » du Tibe. Enfin, je crois qu'il n'eft pas poffible de douter, que » fi ce fel fe faifoit artificiellement fur la côte de Coromandel , comme le prétendent quelques auteurs , la manière de le faire n’eûe » pas excité à des recherches, qui n'auroient pu manquer de la rendre » publique, depuis nombre d'années ». Si les deux relations, qu’on vient de lire, laiflent eñcore beaucoup à defirer, & donnent peu d’'efpérances, que de lon-otems, la produc- tion du borax dans le Tibet, foit mieux connue ; elles doivent au moins faire difparoître de l'hifloire de ce fel, les vagues conjeétures qui l'obfeurciflent, & attirer l'attention des obfervateurs, fur les lieux plus à notre portée , où l’on a reconnu. des combinaifons de l'acide qui en eft le principe. ET E S S AT Sur la Culture du Noyer & la Fabrication de l’ Huile de Nobe = Par M. ROLAND DE LA PLATIrÈRE, Infpe“leur Général des Manufaëtures & du Commerce. Je Pai déjà obfervé, de tous les pays ceux de vignobles font les: plus pauvres: & de toutes les provinces de France les nôtres (1) fone les plus miférables, En général, dans les pays de vignobles , il y a: peu de pâturages, peu de fourrages, peu de beftiaux, peu de terres propres à produire autre chofe que de la vigne, qui vient par-tour,. où le climat ne s’y oppofe pas, par cenféquent peu de grain d'aucune: efpèce, peu de fourrage artificiel à fubftituer au fourrage naturel. Pour l'homme qui a beaucoup de peine & qui eft pauvre; pour le: cultivateur de nos contrées, & le vigneron, eflentiellement la foupe: mm (3) Le Lyonnois, le Beaujolois , &c.. k, LS nn SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 345 “ft l'aliment qui lui convient ie mieux, le feul qui foit à fa portée, le’ feul à peu-près, dont il faffe ufage. La. viande, le beure, l’huile d'olives, celle de graines même, tout cela lui eft interdit par fes facultés. Refte l'huile de noix, dont les pays de vignobles produifenc en plus ou moins prande quantité. 1 La nécefité d'ufer de cette huile, le befoin d'y avoir recours indique afléz combien le noyer y eft précieux , & devroit bien y infpirer l'idée de le propager, d'en foigner mieux la culture, & de veiller de plus près à fa confervation. On pourroit d’ailleurs étendre beaucoup l'ufage de fon prodait, & le rendre en même tems beaucoup plus agréable. ; Il ne faut pas confidérer le noyer relativement à fon bois. Je fais qu'on en fait de bekux meubles, des parquets, des lambris agréables, qu'il prend une belle couleur, qu'il durcit même à un certain point, par un long féjour dans une eau ftagnante, ‘dans des marres, dans de Veau de fumier fur-tour. On l’emploie encore en cercles de différens vafes & uftenfiles,. & même, faute d'autre, à divers inftrumens agraires ; ainfi les menuiliers & les charronsen font un grand ufage : je ne le confidère pas moins comme une forte de bois blanc, fujer à ètre piqué des vers, & de peu de réfiflance. J'avouerai encore que Le noyer, de tous les arbres fruitiers, eft celui qui, par fes racines & fon ombre, porte le plus de dommage à toures les autreS efpèces de récoltes; mais, ce n'eft que dans les bons fonds qu'il eft nuifible , qu'il ne dédommage pas du préjudice qu'il occafñonne. Heureufement cet arbre vient par-tout ; & nous n'avons que trop de mauvais terreins , où fon produit excède les torts qu’on en peut craindre. : | Voyez en quelle quantité, & avec quel avantage on le cultive dans toutes les baffes Alpes, le long des Jura, & autour des Voges , depuis le Rhin jufqu'au Var, depuis lAlface & le pays Meflin jufque dans la baute Provence, & aux approches du comté de Nice. Une grande partie de la Suifle, les environs de Genève, la Savoie & le Dauphiné, confidérent comme majeure la récolte des noix, & comme une Calamité publique lorfqu'elle vient à manquer. Dans plufeurs de ces cantons, l’art a tellement fecondé ce genre d'induftrie agraire, qu'on y a rendu l'huile de noix auf agréable au goûr, & peur-être plus faine qu'aucune des huiles répandues dans le commerce , & dont on ufe en comeftible. Quant à moi, je l'ai trouvée meilleure que l'huile d'olives que nous fournifent les épiciers ; & j'ai trouvé les habitans du lieu, la préférer | lorfqu'elle étoit bien faite, à l'huile d'Aix, celle qu'on eflime la meilleure d’ertre les huiles d'olives. Cependant, la manière de la rendre telle eft plus fimple encore, que celle qui ef employée pour en avoir de moins Tome XXXVT, Part. I, 1790, MAI, Xz 2 344 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE; bonne; mais onten obtient moins par cette voie; & par-tout où Îa pauvreté règne, il faut bannir la meilleure qualité des chofes d'ufage, de toutes celles fur-rout qui font de première nécefité. r Pour procéder avec ordre dans les idées fur lefguelles je m'arrêce un moment, je commencerai par l'arbre; je parlerai enfuire de fon fuit; &, pour mettre les objets le: plus à portée de nous , je prendrai mes exemples dans la province qui nous avoifine la plus, celle du Dauphiné. Je dois mes inftrudtions, en partie à mes propres obfer- vations, en plufieurs voyages que j'ai faits dans certe province; en plus grande partie encore , à mon confrère, (M. Goy fils) qui fur mes demandes en a pris diverfes de M, Vurfa, habile agriculteur, & de M. Viilars, favanc botarifte, Du Noyer. Les noyers en Dauphiné font d'un très-grand produit. La manière d’y former ‘les pépinières confifte, 1°. à défoncer le terrein (il faut qu'il ait au moinsun pied de profondeur), & à le bien ameublir: 2°, à y tracer des raies, à deux pieds de diftance les unes des autres, & de quatre à cinq pouces de largeur & de profondeur; 3°. à femer, dans ces raies, à la diftance d’un pied, des noix de bonne qualité, pleines & bien müres, Si on les place dans la raie de fix pouces en fix pouces, ce qui arrive fouvent, c'eft dans l’idée qu'il pourra en manquer, mais toujours avec l'intention d’arracher tous les plants qui fe rapprocheroient de plus d'un pied. Le femis fe fair à la fin d'oc- tobre, ou au commencement de novembre , avec des noix de l’année, On les couvre fur‘le champ à la houe. Les noix shumectent bientôt: elles s’entrouvrent, elles fermentent pendant l'hiver, & leurs jets fe montrent en avril: dès qu'ils ont quatre à cinq pouces hors de terre, on leur donne un léger labour , on les fercle fouvent 3 &l’on renouvelle le labour tous les deux mois. j E A la troifième ou quatrième année, lorfque les jets ont trois pouces de circonférence fur l'écorce miefurés à quatre pieds de hauteur , on les greffe. Les greffes fe placent à La fible , c'eft-à-dire en Autre ou en filer , fur des jets ou branches de la groffeur du doigr, à trois, quatre ou cinq pouces du tronc. On en place ainfi deux, trois ou quatre fur chaque arbre. Ces greffes doivent être prifes des jets de l’année, de la même grofleur de celle des branches à greffer , lefquelles doivent être auffi des jets de l'année, & fur des arbres greffés. Le rems de greffer les noyers eft celui où la Éêve eft dans fa plus grande action , où les arbres, non greffés, font ce qu’on appelle e pleine fève: alors , ils ont des feuilles. Les noyers greffés pouffenc beaucoup plus tard; c'eft principalement pour en aflurer la récolte, SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 34s contre les gelées du printems , qu'on leur fait fubir certe opération. On y trouve en outre l'avantage de fe procurer la qualité de noix qui plait, qu'on defire, Il en_eft de deux efpèces particulières, aux- quelles on donne une préférence marquée & qui femblenr abonder à S. Quentin & à Noyaray, cantons du pays où il y a le plus de noyers, & où les fermes augmentent en raïfon de leur quantité & de leur produit. : Quinze jours après l'opération de la-greffe, il faut ébourgeonner l'arbre, & répéter ainfi cet ébourgeonnement de'quinzaine en quin- zaine "pour forcer la fève de fe porter fur les greffes. Ceux des arbres, qui l’année même qu'ils ont été oreffés , c’eft-à-dire, au tems prochain des avents, ont acquis aflez de force pour être tranfportés, font alors extraits de la pépinière, & aufitôt tranfportés fur les lieux qu'on Jeur a deftinés, Li, on obfervera deux chofes, qui doivent l'être à-peu-près pour toutes les fortes d’arbrés , mais fingulièrement pour les noyers : la première eft de choifir .les plus gros pieds pour les plus mauvais rerreins: il leur faut d’autant plus de force pour réffter à un chan- gement en mal d'autant plus grand ; il.faut fur-tout cette plus grande force dans les terres dures, compactes, argileufes; au contraire, les jeunes plants, les plus minces , prennent & viennent bien dans les terres meubles & légères: la feconde eft de couper le moins poffible de racines aux fujets qu’on tranfplante, & de les bien étendre dans le creux , fait le plus profond & le plus grand, de les bien garnir de terre, la plus douce, la plus légères le plus approchant de celle de la ‘pépinière , du terreau, pour le mieux. Voici comme onen ufe en Dauphiné: fur les côteaux & dans Îes montagnes , l'on ouvre des fofles de huit pieds en quarré & de trente pouces de profondeur : on enfouit encore le fond, & on le garnit de liafles de même bois, à la hauteur de quatre à cinq pouces ; on recouvre ces brouflailles de huit à dix pouces de bonne terre; & c’eft fur celle-ci qu'on affeoit & chauffe fon jeune arbre. Dans la plaine, on fait les creux de dix-huit ‘pouces feulement de profondeur; on en rompt encore le terreir au-deflous, à trois pouces , & même jufqu'à fix pouces, s’il eft pierreux, graveleux ; on en ufe de même , fi le fol eft en pente, } L'on greffe des noyers de cent ans; on y procède en couronnant Varbre à un, deux jufqu’à trois, pieds de diftance du tronc, fur huit * ou dix branches. Ce couronnement fe fait en bifeau , un mois avant Varrivée de la fève & du côté du nord, pour éviter que le foleil dorne beaucoup fur la coupe ou la tranche; il poufle alors des jets tout autour de ces tranches. Bientôt ils ont atteint la grofieur du doigt: alers on en choifit, fur chaque branche, trois ou quatre, des LS N 346 OBSERVATIONS SUR'LA PHYSIQUE, mieux conditionnés, & on Les greffe, comme il fe pratique à l'égard des jeunes fujets. On abat les autres branches & lon ébourgeonne de quinzaine en quinzaine, toutes Les poules, tous Les jets étrangers À ceux qui font greffés. Lorfque les jets des greffes ont dix-huit, vingt ou vingt-quatre pouces de longueur, on les renforce d'un tuteur, pout les garantir de l'effer des grands vents, qui fans ce fecours , les briferoient , les éclate- rojent aifémenr. Les noyers greffés durenr moins que les autres; & cela eft général pour routes les efpèces d'arbres; la nature a pour tou:e chofe, une quantité de force dérerminé; & comme en méca- nique ce qu’on en gagne, outre la mefure commune, on le perd en tenmse pu La récolte des noyers non greffés eft fort cafuelle, à caufe des fréquentes gelées de la fin d'avril, dans jes climats où l’on cultive cet arbre en grand. Mais les noyers greffés qui font en retard de fève, de trois femaines" fur les précédens, n’ont jamais rien à craindre de ces fortes d’accidens : c'eft la raifon qui dérermine , comme je l'ai obfervé précédemment , à leur faire fubir cette opération. IL faut convenir néanmoins que l'huile des noyérs greffés a un peu moins de déliçateffe , moins de faveur que celle des noyers quine font pas greffés; quelle qu'en foit la caufe, c'eft un fait; & un fait de cette natuæ, contraire à tant de faits du même genre, feroit curieux à obferver, & digne des recherches d'un phyfcien agronome: il me femble qu'il pourroit donner lieu à des idées neuves & des découvertes inté- reilantes. . k Quand je dis que ce fuit eft contraire à tant de fairs du même genre, ce neft pas que je veuille faire entendre que les noix des noyers non greffés, foient de meilleur goût que celles des noyers greffés. Je n’ignore pas non plus que le cidre comme le poiré, fait de pomme & de poires qu’on appelle en Normandie , fruics au couteau, pour le diflinguer des fruits acerbes ou amers, dont on extrait le jus pour la boiffon ordinaire du pays, ne vaut p4s , à beaucoup près, celui qui efk fait deces derniers fruits. On faic aufi que les oliviers’ non greffés, dont les olives, comparées aux autres, font æoujours fort petites #donnent cependant , toutes chofes égales d’ailleurs , une huile plus fine, que ne left celle des olives greffées, Mais, d’où vient les fruits des arbres greffés font-ils toujours d'un meilleur goût que ceux des arbres qui ne le fone pas; & que le jus, la liqueur qu'on exprime de ces premiers fruits, eft généralement moins bonne que celle qui eft extraire des autres À Des Noix & de l'Huile de ce fruit: Au bout de fx ou fépt ans de plantation des noyers , on commence SUR L'HIST., NATURELLE ET LES ARTS. 347 À recueillir quelques noix; mais ce n’éft qu’à l’âge de cinquante ou foixante ans qu'ils font en plein rapport. On voit qu'il faut avoir en vue la poftérité, pour s'occuper de cet objet ; aulli , pour le dire en paflant, reconnoiflons l’infouciance ou l'égoïfme des propriétaires, par le déboifement, en tout genre, de leurs fonds. La maturité des noix s'annonce par l'ouverture de leur enveloppe: le moindre mouvement alors les fair tomber; & le rems d'en taire la récolte eft celui où elles fe trouvent en plus grand nombre en cet état; on follicite & prefle le détachement des autres, de celles qui fe trouvent le plus en retard, avec des perches ou de longues gaules, fermes, minces & élafliques. Le rems de cette récolre elt dérerminée par la poñtion des noyers, plus ou #moïns avancés dans la montagne, la température plus ou moins chaude de la région, du fite ou de l’année, mais toujours du 12 ou 1$ feptembre au 6 ou 8 d'oétobre, On ne peut rien déterminer de relatif aux quantités, paifque toutes les intempéries inuent fur cette denrées comme fur les autres ; mais il n'eft pas rare de voir des noyers qui portent dix mefures de noix de la contenance de cent pintes chacune ; ilWeft moins encore d’en trouver qui. n’en portent point; quoiqu'ils aient aufli quelquefois, comme les précédens, une étendue immenfe de ramage. Incontinent après que les noix ont été ramallées & dégagées de leur enveloppe, il faut le mettre à fécher , autrement elles prennent une teinte noire, elles tendent à une fermentation très-prochaine , 8e fe moififlent auflitôt. Pour prévenir çet effet, on les étend dans des greniers bien airés, fur une épaifleur de quelques pouces , où on les ‘remue à fond chaque jour faifant autant qu'il eft pofible , revenir en-deflus celles qui étoient en-deffous. Pour hâter cette deffication ou du moins n’en pas arrêter l’effec, il faut, en tems de brouillard, tenir fermées les fenêrres du grenier. Si les noix n'étoient pas fèches, ou qu’ell:s fuffent altérées par l'humidité, lorfqu'on les exprime pour en tirer l'huile, elles en ren- droient moins, & elle feroit d’une moins bonne qualité. Le rems néceffitre pour cette deffication, ne peut être déterminé que par Fétat de l'atmofphère , fa permanence plus ou moins grande, & les foins au’on prend pour s’oppofer à fes effets, ou les feconder. Mais, communément , aprés deux mois, deux mois & demi, trois mois au plus, on peur les pate au prefloir pour en extraire l'huile, ou les renfermer dans des Barriques pour les conferver. Prefque par-tout on eft dans l'ufage de faire caffler, monder & prefler de fuie toures les noix qu'on veut réduire en huile, par la raïon que l'huile eft plus aifée à conferver que les noix, dont les rats fur-rout fone tuès-friands ; mais, ce calcul, qu'un peu de foin rend 343 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, nul, eft très-mauvais d'ailleurs, quant à la qualité de l'huile, qui s'altère plutôt que celle des noix, lorfque celles-ci font renfermées très-fèches, entièrement privées d'air, & mifes à l'abri de toute humi- dité. Les économes, gourmands de cette denrée, ne font de lhuile à la fois , que pour leur confommation de quelques mois, On trouvera, dans la fuite de ces obfervations, quelques détails fur les motifs de cette détermination. ; Lorfque les noix font mondées, c’eft-à-dire, que les noyaux font féparés de la coquille & du zefte, le mieux eft de les étendre fur des chariers de grofle toile, & de les mettre à fécher quelque tems encore; après quoi de choïfir & mettre à part tous ceux de ces noyaux qui font noirs, verreux, tarés de quelque manière & pour quelque caufe que ce foit: la bonne huile en feroit alrérée ; &, dans chaque ménage, on a tant befoin d'huile, elle eft toujours néceffaire à deux ufages où il importe peu qu'elle ait un goût & même une odeur un peu plus ou moins agréables, : EM Mais, quelques foins qu'on prenne pour fe procurer de la bonne huile de noix, fi on la fabrique dans un moulin commun ou public, on n’aura jamais qu'une huile qui participera de tous les vices de celle qui aura été fabriquée précédemment, puifque vos noyaux &c votre huile mème, pafflanc fous la mêrie meule, dans les mêmes baflines, dans les mêmes drapeaux, chauffes, ou facs de crin , dans Ja même auge & fous le mème couvercle de la prefle, enfin dans la même cuve qui la reçoit, ils frotreront, impregneront , laveront tous les: inftrumens & uftenfiles de’ ce moulin. & * En quelques cantons, fuivant"fans doute la grandeur des battoirs, & cellé des auges des preffes, on divifë en trois.le’ quintal de noyaux; généralement en Dauphiné , on en fait quatre pefées , que lon broie, chauffe & prefle chacune féparément. Chaque pelée, de 25 livres, eft d'abord mife fur le battoir, lequel confifle en uge meule de pierre pofée horifontalement , fur laquelle, roule circulairement une fem- biable meule de champ. d Brifés, réduits en une forte de poudre groflière un, peu pâteufe, ces noyaux font jettés dans une bafline de cuivre, placée fur un fournéau ; on les y agite inceffamment avec une fpatule de bois; &, en peu de minntes, ils y acquierent une chaleur fufifante pour fe trouver difpofés à rendre , fous la prefle, route l'huile qu'ils recélent. Mais, autant cette chaleur, par fon intenfité, concourt à une plus grande extraction d'huile, autant elle en développe Pacide & lui donne de l’acrimonie, c’eft le cas & le point de la balance entre la quantité & la qualité. ë En täifonnant un peu, fi l'intérêt pouvoit raifonner, on verroit le moyen d'obtenir l'un & l'autre, Par exemple, fi, après avoir brifé les SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 349 les noyaux, on les prefloit à froid, on auroit la meilleure huile pofible, comme nous l’expliquerons ci-après. On en obtiendroit moins qu'en Les preffant à chaud , mais, ce qu’on n’en retireroit pas dans cette première preflée, refteroït dans le marc, le gâreau , le tourteau, Le pain de noix; lequel, remis fous la meule, chauffé & reprefé, rendroit définitivement route Phuile qu'il contient ;:& cette huile feroit d’une feconde qualité , qu'il ne faudroic pas mêler avec la première, Ne fait-on pas toujours également deux preflées de la même matière : on la fait chauffer chaque fois: on ne la feroic chauffer que la dernière. Légèrement chauffés , les noyaux peuvent rendre à la première preflée, appelée pefée du poids de vingt-cinq livres, de onze à ‘ douze livres d'huile ; & à la feconde , de deux à crois. livres ; d’où lon voit que c'eft un peu plus de moitié : ce qui, au refte, dépend bien plus de la qualité des noyaux, que. de la manière de fabriquer l'huile ; car, l'art eft aflez généralement poufé, ou La pratique portée au point d'en extraire le plus poflible, dut-on brifer, chauffer & prefler une feconde fois le gâteau, ce qui arrive quelquefois : cepene. dant, comme on en nourrit la volaille, qu'on en donne au gros bétail, qu'on en engraifle même les cochons, il n’y aurcit rien de, perdu. IDans le commerce , où l'on ne regarde de près qu'au gain à faire, on mêle l'huile de deux preflées, tandis que les particuliers, qui ne travaillent que pour leur confommation , les. tiennent féparées. La première fe mange crue , en falade ou autrement : la feconde s’empleie pour les frirures & à brüler. Quant au peuple, il fait la foupe, fa cuiline, comme il s'éclaire, de ce qu'il peut fe procurer: rout ef bon pour qui ne peut mieux, Les perfonnes délicates en ufent, comme je l'ai dit précédemment ; elles font de l'huile vierge qui, bien. fabriquée, eft excellente. Cette huile eff: plus pâle que celle des noyaux qu’en a fait chauffe, & elle eft prefque inodore; car, la chaleur. qui, en raifon de fon intenfité, développe l'acide de l'huile, & lui donne une odeur fenfibl & de l’acrimonie, augmente en même tems fa limpidité & la jaunir un peu. [l en eft à, cet égard, quoiqu'en un degré différeit , comme de lhuile d’olive, dont la plus eftimée , celle qui a le plus Le goû: du fruit, eft la plus verdâtre, la moins limpide, celle aufli. qui fe congèle le plutôr. A En 1787, au retour d'un quatrième voyage de Suifle, la mémoire encore fraîche de la bonne huile. de noix que j'y avois mangée., huile préférée des: gens du pays à là meilleure huile d'olive , ‘je cherchai a en faire.un effai dans mon manoir, dans la paroifle de T'hézé, en Lyonnois, l'un des cantons du vignoble. qui tient le plus à {a Tome XXXVT, Part. I, 1700. MAI, Y y LA 350 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE; montagne ; & où les noyers, échappés à de fortes gelées & des coups de vents terribles, qui en ont fait périr un grand nombre depuis quelques. années, font encore d’une reffource majeure; mais, je n'y trouvai qu'un moulin public, dans lequel mon entreprife eûr été fans fuccès, Je me déterminai bientôt à faire faire une petire prefle à vis de fer pour fabriquer moi-même de l’huile de noix à froid, du moins pour mon ufage. En attendant fon exécution | je communiquai mon deffein à M. Lanoix ( notre confrère ), qui voulut bien fe prêter à l'eflai que je nrétois propofé de faire; il a été fait dans fon labora- toire, fous fa direction & en ma préfence , en mars dernier (1789). La marche & le réfulrat de cette expérience indiquent ce qu'il convient de faire en pareil cas, & ce qu'on en peur efpérer : je vais en rendre compte. Jefis venir de la campagne vingt livres de noyaux, très-fecs, comme on peut s'imaginer ; ils furent partagés en deux portions : dix livres furent pilées dans un mortier de marbre, & réduites en pâte : cette pâte, enveloppée d’une toile propre, & mife fous la preffe de la pharmacie, rend rois livres & treize onces d'huile vierge, très-limpide & fort douce, On fent que, fous une plus forte prefle, ou auroit retiré un peu plus d'huile, car le gâteau étoir encore onc- tueux , plus qu'il ne left communément en fortant de deflous les prefles ordinaires. Si on l’eut brifé alors , chauffé & remis fous ‘la p'efle , il eut aufli vraifemblablement donré une feconde huile en quantité un peu plus grande qu’il ‘n’eft ordinaire en pareil cas; mais nous n'en tentèmes pas l'expérience, Les dix autres livres de noyaux furent également pilées & réduites en pâte , laquelle nous laiflämes huit jours en cet état , dans le mortier même où les noyaux avoient éré ainfi réduits, Mon intention étoit de voir s’il s'y établiroir une fermentation & ce qui en pourroit réfulter, foit pour la quantité, foit pour la qualité de l'huile, Je ne fais sil faut l'attribuer à la faifon, qui éroit encore froide, ou à la trop petite mafle de la pâte, ou enfin à l’oléagineux de la matière , entièrement privée d'humidité, & qui, par fa nature, jointe à cer état, eft très-peu fufceptible de fermentation , il ne sy en établit point : il n’y eut ni chaleur, ni changement d’odeur, ni altération apparente quelconque. Ces dix livres de noyaux broyés & preflés, comme les précédens, ne donnèrent cependant que #rois livres neuf onces d'huile, qui étoit aufli douce & également limpide que la première. Ayant procédé fur des quantités égales & de la même manière, cette diminution de quatre onces d'huile me femble ne provenir que de l’évaporarion qu'aura fubie ‘la matière broyée, dans les huit jours qu'elle eft reflée en cet état avant de la preflér. D'où il rélulre, fi la conjedture eft fondée , que la macération de la pâte eft nuifble. NL SUR L'HIST... NATURELLE ET LES ARTS. 3çx% Je confeille donc, en. attendant, de nouvelles expériences , qui fourniflent d'autres réfulrats, 1°. de ne foumettre au broyement les neyaux de noix, fur-touc quand on fe propole d’en tirer de l'huile vierge , que lofqu’ils font parfaitement fecs ; 2°. de les prefler immé- iarement après les avoir broyés. j Avant d'entrer dans quelques détails fur la conftructiôn des moulins à L'huile de noix de nos cantons, je vais dire deux mots fur les moyens qu'on y. emploie pour conferver cette huile. On croit trop générale- ment qu'il n'eft pas pollible de la conferver plus d'un an [ans qu'elle n'éprouve , plus ou moins, cette forte d’altération à laquelle on a donné Je nom de rance, d’où il réfulre en effet une odeur & un goût fort, une acrimonie fenfible. Cependant, on éloïone cet étar, on l’affoiblit même beaucoup, en, décantant fon huile, avec beaucoup de précaution, & un repos abfolu, cinq ou fix femaines après la fabrication , & une feconde fois encore, un an après cette fabrication , £n la dépofanc dans des urnes de terre cuire, bien verniflées, de forms ventrue, & d'ouverture étroite, & en là mettant, le mieux pollible, à l'abri des influences de l'air. Je propofe cette matière & cette forme de préférence aux auges de pierres de taille, à celles de pierres d'ardoife, aux caflettes de bois revêtues de fer blanc, & autres vafes, dont on fe fert en divers endroits, 1°. parce que la terre cuite & bien verniflée eft imperméable à l'huile, & qu’elle s'y conferve fort bien ; 2°. par la plus grande facilité de la déplacer, de la tranfporter, de la décanter; 3°. en£n pour celle de bien clore ces vafes ; car il eft eflestiel de Îa garantir du contact de l'air. Au midi de la France & de l'Italie, où l’on fait beaucoup d'huile d'olive, au nord dé la France, dans les Pays-Bas & ailleurs, où l'on fait beaucoup plus encore d'auile de graines, il faut d’autres moyens, & l’on en a d’autres auf, que ceux que je propofe: j'en parlerai ailleurs. Cependant, en Provence même, l'on n’y fauroit mieux conferver la meilleure huile d'olive que de La manière que je Findique , comme j'en parlerai également ailleurs, & avec plus de détails. De la Preffe. Quant à la forme de nos moulins à huile, ou feulement de la prefle qui en fait partie, &, dont je ne veux non plus donner ici qu'une idée, ayant.de même à traiter autre part & en grand, de cette matière, voici ce qu'il en eft généralement; car, il s’en voit de diverfes fortes ; mais j'eftime celle-ci la meilleure. Cette prefle eft effentiellement compofée de deux arbres ou de deux fortes pièces de bois, l'une formant la table, l’autre Ja pièce d’écrou; ces pièces de bois font placées! horifontalement , au-deflus l’une. de J'autre à Ja Tome XXXVI, Part, I, 1790 MAL Yy 2 > 352 OBSERVATIONS SCR LA PHYSIQUE, diftance de quatre à cinq pieds dans œuvre, & fixées inébranlables ment par d'autres pièces de bois verticales, des jumelles, ou d’une autre manière, telles qu’elles confervent leur fituation parallèle, quelle que foit la réadtion de l'effort de l'une fur l’autre. ‘La table, pofée au niveau du fol, eft formée d’une ou plus fouvent deux boëtes, auges, ou piles, en terme de foulerie: ces auges font entaillées quarrément, fur environ dix-huir pouces d'ouverture, & creufées d'une profondeur à-peu-près égale, Quelquefois la forme du vuide eft celle d’un parallélipipède reétangle ; plus fouvent c’elt celle d'un trapézoïde régulier, dont les côtés de la bafe ne font guère que moitié en longueur de ceux du haut. Chacune des quatre faces latérales fonr garnies intérieurement & du haut.en bas, de deux petites bandes de fer: le fond eft taillé à plufieurs risoles qui aboutiffent à une ouverture pratiquée pour la fortie de l'huile: il en règne une fur-tout, tout autour ; vers l’extré- mité de cetre bafe, fur laquelle on pofe deux morceaux de bois fec & dur, de trois pouces d’épaifleur , & qui garniflent le fond de cette auge , à la rainure près, qui en fait le tour: ces morceaux de bois font percés de treize trous, de la grofleur du doigt, également diftribués & difpofés en quinconce. Sur ces morceaux de bois, l’on pofe une plaque de fer de même largeur que celle des bois réunis, également percée de treize trous, difpofés comme les précédens ; & fur certe plaque, l’on place la toile à recevoir les noyaux broyés & cheuffés, La toile, fuivant l’exprefion des ouvriers , eft un tiffu groffier & fort épais de crin écharpi ou cardé & tordu; elle eft compofée de deux bandes de la largeur de l’une des faces de la boëre, & d’une longueur beaucoup plus éréndue : on les place en croix fur leur milieu; on vuide deflus la preffée, que l'on recouvre du bout des toiles, par-deflus lefquelle on pofe un billot quardranoulaire, d'environ ua pied d’épaifleur, Sur ce billot, on place une forte planche, garnie en fer , & cieufée circulairement, précifement au milieu où doit def- cendre Ja queue de la vis, & y former fon point d'appui. Cette vis eft placée dans l’arbre d’écrou, qui efl diretement au- deffus, & dont nous ayons parlé précédemment. On la fait tourner au moyen de leviers & à force de bras d'hommes: telle eft la manière dont s'exécute la prefion dans la plupart des moulins, Dans quel- ques-uns, la table un peu inclinée en avant , comme les prefloirs à vin, eft plate, fans auge, & feulement avec une profonde courfière tout autour, fur laquelle lès plans de toute la table s’inclinent, & qui aboutit à la rigole par où doit s’épancher la liqueur. Quand on a une chüte d'eau, on s’en fert, non-feulement pour imprimer le mouvement à la meule de champ qui broye les noyaux 5: mais SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 3ÿ3 auffi , dans quelques moulins, & généralement en Picardie, en Artois & même en Flandres, quoique, plus généralement encore, cette opération sy fafle, comme en Hollande, au moyen du venr, on l'emploie aufli , dis-je , à foulever des pilons verticaux, qui font l'office de maillers , & enfoncent des coins qui ferrent la preflée, peu-à-peu, & définitivement avec une tès- grande force, & en fonte fortir toute l'huile. Suivanr les lieux , l’on donne $, 6, 7 & jufqu’à 8 f. par preffée d’huile de noix; & le propriétaire du moulin $accommode fore bien du tourteau en payement , lorfqu'on veut le lui donner; mais le métayer intelligeuc en tire un beaucoup meilleur parti en le confommanc dans fa bafle-cour. On ne fauroic dire combien l'on varie fur la forme & toutes Îles pratiques que je viens de décrire: parmi celles que j'ai obfervées, je me fuis le plus arrêté à celles auxquelles j’ai cru devoir donner la préférence; & mes obfervarions, ne ferviffent-elles à d’autres qu’à leur infpirer l'idée & leur faciliter les moyens d’en faire de meilleures, je les tiendrois encore pour utiles. MÉMOIRE Sur ia Mine d'Or de la Gardette en Oifans. Par M. SCHREIBER. ON peut compter l'or parmi une foule d'objets intéreffans que Îa France renferme dans fon fein ; l’on fait qu’il y a beaucoup de ruifleaux & de rivières qui découlant des Pyrénées , traverfant les généralités de Pau & d’Auch, donnent des pailloles d’or, | M. le Baron de Dietrich dans fa Defcription des gires de minerai &e des forges des Pyrénées, cite quatorze endroits où les orpailleurs cueillent ce métal. Le Rhône, la Cèze, le Gardon dans les Cévennes, & le Doux dans la Franche-Comté, charrient pareillement du fable aurifère, Quoique la cueillerce de ces pailloles fe fafle fous les yeux de tout le monde aux bords de ces rivières dans le rerrein apporté par les courans d’eau, & que les anciens minéralogiftes citent nombre de mines d’or dans les Pyrénées & dans le Dauphiné, il a cependant toujours été un problème de favoir s’il y a des filons d’or dans les vaftes montagnes de ce royaume, On n’a purfaire fond fur ce qui en a été dir dans les anciens minéralo- giftes; ces ouvrages n'étant qu'un recueil de mémoires dont la plupart 354 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, vieux & remplis de fables & d'incorrections, dcent toute confiance à ces relations. À Quelques perfonnes ont entièrement nié l’exiftence de ces filons, en s'appuyant je ne fais de quelles obfervations. D’autres ont foutenu que Je-climat des Alpes étoit trop froid pour qu'il pür y avoir de l'or, fans confidérer que tous les climats font propres à la nature pour ces fortes de produétions ; elles n’ont pas fait attention qu'il y a des mines d'or dans Les pays froids, els font la Sibérie, la Suède & la Norwège, comme dans ceux dont le climar eft plus chaud, tels font la Hongrie, la Tranflvanie, le Mexique & le Pérou. S'il y a eu des perfonnes qui ont cru que la France ne peut point renfermer de filons d'or à caufe de fa pofition naturelle, les payfans montagaards fuperflitieux & crédules aimant le merveilleux, croyent qu'il y en a par-tout. Selon eux toutes les montagnes inacceffibles , tous les rochers efcarpés en font chargés; ils s’imaginent que fous toutes les cafcades & glaciers, même fous des lacs, dans toutes les cavernes & grottes, il y a des mines d’or; ils font différens contes à ce fuiet plus ridicules les uns que les autres : tantôt ce font les genevois , tantôt les favoyards , tantôt d'autres étrangers qui viennent extraire l'or dans Les Alpes dauphinoifes , l'emportent nuitamment en fuivant les cimes des montagnes ou des chemins écartés & inconnus à tout autre qu’à eux, & lorfqu'ils fe voyent ” découverts ou pourfuivis par les habitens , ils fe rendent invilbles par la magie. G Les payfans fondent ces fables fur ce qu'ils prétendent avoir vu eux- mêmes, ou avoir entendu raconter par leurs pères & grands-pères, Ils regardent conime incrédule & ignorant celui qui veut les difluader. & entreprendre de leur démongrer l’abfurdité & le ridicule de ces gontes, Les habitans des montagnes font fi perfuadés de la réalité de ces fables, qu'ils ramaflenc fouvent des pierres brillantes & des pyrites:, & lorfqu'on Les a effayées, & qu'en leur dit qu’elles n’ont point rendu de l'or, ils s’en vont mécontens, & croyent fermement qu'on a intérêt de leur cacher la vérité, ou qu’on les trompe par ignorance, Dans ce conflit de contradictions les naturaliftes fufpendoient leur jugements L'exploitation de la Gardette ouverte en 1781 , par ordre de Monfieur, a décidé cette quellion, & prouvé la préfence d'un filon d'or en Dauphiné, Cet objet érant trop intéreffant pour l’hiftoire - naturelle de certe province , je vais en tracer le plus fuccindement poffible le tableau hiftorique , en m'artachant feulement à la conftitution neturelle de ja montagne de la Garderte & des filons qu'elle renferme , lailant de côté SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 3ss tout ce qui a trait à l’adminiftration de cette exploitation qui ne pourroit que peu intérefler les naruraliftes. L'opinion commune dans lOifans éroit depuis long-tems qu'il y avoic un filon aurifère dans la montagne au-deflus du bourg d'Oifans , près d’un hameau de la paroifle du Villard-Aymont, appelé la Garderte, diftanc d'Allemont de deux lieues & demie, & de trois quarts de lieue dudit bourg au midi. Cetre montagne fituée dans la conceflion de Monfieur , s'élève très- rapidement jufqu’à une hauteur confidérable du nord-eft au fud-oueft, Elle eft coupée à pic du côté de la plaine du bourg d’Oifans d’environ cent toifes de hauteur , & eft compofée de différentes efpèces de rochers pofés les unes fur les autres, Sa bafe confifte en granir, donc le feld- fparh eft rougeâtre & le quartz en partie verdätre à caufe de la ftéarice qui s'y trouve ; on n’y voit que peu de mica & peu de fchorl, Vient enfuite le granit feuilleré, ou gneifs des faxons, compofé de quartz & de mica, & de ftéatire d'un wris noirâtre, & dont les bancs en général font dirigés du fud-eft-fud au nord-oueft-nord, & ont une inclinaifon orientale d’environ trente-trois degrés. Ce gneifs renferme fouvent des pyrites martiales, mais elles font rarement décompofées , de forte qu'on n’y trouve pas beaucoup d'ochre martiale. Un fchifte calcaire & aroileux conftitue la partie fupérieure de la montagne de la Garderre, A l'endroit où il pofe fur le granit feuilleté, il renferme du pétro-filex , & j'y ai aufli trouvé des empreintes de cornes d’ammons; il eft d’un gris bleu foncé: fes couches font très-irrégulières dans leur direéion; il en eft de même dans leur inclinaifon: confidérées en général , elles penchent du côté du nord fous un angle plus ou moins ouvert, & cela ne pourroit pas Être autrement, les rochers primitifs fur lefquels ces couches fe fonc pofées, & , pour ainfi dire, moulées, ont la pente du même côté, & fe perdent dans le fond du vallon où eft fitué le bourg d'Oifans. : Il exifte fur certe montage dans le granit feuilleté ou gneifs, à environ deux cens quatre-vingts toifes perpendiculairement au-deflus de la plaine du bourg d’Oifans un filon de quartz qui dans différens endroits eft vifñble au jour ; il renferme quelquefois des pyrites martiales & cui- vreufes, de la inine de cuivre grife , de la mine de plomb fulfureufe , de la mine de fer fpathique & lenriculaire décompofées & paflées à l’érar de mine hépatique , de l'ochre martiale, & rarement du fpath calcaire ; l'on y a aufli rencontré quelques échantillons de mine de cuivre noire reflemblans à de la poix. Il a fa direction d’eft-fud-eft à l’oueft-nord- oueft dans l'heure 7 à ‘le la bouflole de mineur & fon inclinaifon au midi fous un angle de quatre-vingts degrés, Son épaifleur eft depuis quelques pouces jufqu’à deux pieds. On prétend qu’en 1733 on y fonça au compte du Roi un puits de treize toifes , & qu'on n'y découvrit rien; ce puits s'étant écroulé fous 356 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, - les pieds des mineurs, cet événement fit totalement abandonner cette entreprile. Depuis cette époque les gens du pays y ont fait différentes fouilles pour extraire des criflaux, { | En 1770, environ & après la découverte de la mine d’argent d’Alle- mont, un habitant de la paroifle de Villard-Aymont , nommé Laurent Garden , encouragé par la tradition que le filon de la Gardetre conrenoit de l'or, hafarda quelques journées de travail, il fr jouer quelques mines fur le Glon, & découvrit dans la gangue un peu de pyrite cuivreufe, & un échantillon avec dr natif, qu'il garda pendant quelques rems très-foigneufe- ment , il le montra à M. Binelli, pour-lors directeur de la mine d'Allemont à qui les circonftances ne permettoient pas d'entreprendre des travaux fur le filon, & de vérifier fi l’aflertion de ce payfan éroit fendée ou non. En 1979, j'entendis parler de la miue d'or , & j'eus occafion de voir le morceau de Laurent Garden, je vifitai plufieurs fois très-exa@ement ce fon par-touc où il fe montroit au jour, & dans les endroits où Garden l'avoic fondé , je confrontai la gangue avec l’échantillon , & j’y trouvai beaucoup de reflemblance. J’achetai ce morceau d’or, & le remis à feu M. de Cromot, furintendant des finances de Monfieur , avec des échan- tillons de gançgue.pour fervir de pieces de comparaifon. A la fimnple infpection de ces objers M. de Cromoc fut perfuadé, comme je l’érois moi - même, qu’ils venoient du même filon, & après ayoir conféré enfemble , M. de CHR prit les ordres de Moufieur , & m'autorifa à y entreprendre des recherches, Ce fur le 18 juin 178$, que je commençai la première fouille à l'endroit où Laurent Garden avoit extrait fon échantillon, : Le rocher y étant coupé à pic d'environ une toife & demie de hauteur, j'y fs faire une exca/ation du haut en bas ; je découvris fur le filon de la pyrite cuivreufe qui à l'effai donnoic un indice d'or, & bientôt après il fe montra dans lerocher au toit du filon une fiflure remplie de terre ferru- gineufe d’un demi-pouce d’épaiffeur ; elle éroit parallèle dans la direction du filon, & avoit une inclinaifon oppofée; vis-à-vis cette fiflure le flon éroic de fix à neuf pouces déplacé vers fon chever, on trouva aurour de ce déplacement dans une longueur de deux toifes , des morceaux de gangue parfemés richement d’or natif, 6 # L'or s’y trouva en fiiets entrelacés, en grumeaux & en feuilles minces, IL éroir accompagné & entremêlé d’ochre martiale provenant vraifem- blablement de ladite compoñrion des pyrires aurifères, de galène & de pyrites cuivreufes. La galène décompofée dans différens morceaux avoit donné vaiflance à du maficot natif , quelquefois criftallifé en aiguille , à de la cérufe native, & à de la mine de plomb blanche & jaune; certe dernière étoic criftallifée en fegmens de cube ou en parallélipipèdes rectangles, SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 357 rectangles. J'ai auli apperçu parmi l'or du fchorl noir fibreux en faifceaux divergens, ainfi que du verd & bleu de montagne. Si l'on avoit attaqué le filon une toife plus bas, on auroit découvert le premier jour du travail les traces de l'or, car il s’en trouvoit tout près de la fuperficie du rocher ; il y avoit même des morceaux où les racines d'herbe qui couvroient le filon s’étoient introduits dans les interftices de la ganvue & étoient entrelacées dans l'or. D'après ces belles apparences ne devoit-on pas concevoir la plus flatteufe efpérance de cette entreprife. Plein de cet efpoir fondé fur des réalités, & fur des faits qu'on avoit fous les yeux, on prit toutes les précautions poffibles pour pouvoir pourfuivre dans les règles de l'art & avec économie le flon où il étoit entremélé d'or. À peine eut-on foncé un puits de quelques pieds que l'or difparüt , on ne fe rebuta point; à une roife plus bas on apperçut de nouveau une paillette d’or; à fept toifes au-deflous de l'embouchure de ce puits on ee rencontra encore une fois de beaux morceaux avec les mêmes circonftances “que la première ; de même qu’à neuf toifes ; c'eft dansce dernier endroit que la plus grande quantité d'échantillons de mine d’or s'eft trouvée, & enfin à douze toifes on a pour la cinquième fois rencontré de l'or , mais æeù très-perite quantité. Tous ces endroits ont été fcrupuleufement exami- nés de droite & de gauche avec des excavations confidérables , mais on n'a point eu la fatisfaétion de voir la mine s'étendre ; on a fait dans ces ouvrages la défagréable expérience que l’er ne fe trouve point fuivi , mais feulement par échantillon épars dans ce filon. pa Dapuis le dernier point où l’on a trouvé de l'or, on a encore pourfuivi le filon-avec deux puits jufqu’à la profondeur de trente-deux toifes fans y avoir rencontré autre chofe que de petits rognons de pyrite cuivreufe donnant à peine un indice d’or dans l’effai, | En fonçant ces puits, on a découvert dans le filon des ouvertures d plufieurs toifes d’étendue, garnies tout autour de criftaux de roche ; dans une de ces ouvertures, les criftaux étoient accompagnés de fpath pefant en feuilles crès-minces indérerminés & engagés les uns dans Les autres. L'intérieur de ces groupes de {path étoic couleur de rofe. Jedois encore obferver qu'on a découvert dans ces puits un petit flon £e joignant au principal fur lequel on a trouvé de la blende jaune & brune pbofphorique au cure-denr. 14 Il feroic inutile d'entrer dans un plus grand détail fur les ouvrages qu'on a entrepris au filon de la Gardette , il fuffit de dire qu'en n'a rien négligé pour obtenir un fuccès heureux dans cette exploitation. On ne s'eft pas contenté d’avoir pourfuivi le filon jufqu'à la profondeur de quarante-quatre toifes, on l'a aufli {ondé horifontalement dans les côrés avec plufeurs galleries très-longues. Dans une, on a trouvé prefque comme ifolés à différens endroits des échantillons de gangug avec 0r Tome XX XVI, Part, I, 1790, MAI, z " 358 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, natif, de même que dans un nouveau puits qu’on a foncé de treize toiles au fol de la même gallerie dans un des points où le filon avoit donné des: indices d’or. Au jour on a par-tout attaqué ce gîte de minérai : dans une fouille on a apperçu tout près du gazon une païllette, & dans une autre recherche à environ trente toiles à l’oueft deda première attaque, on a découvert de beaux morceaux de mine d’or prefqu'à la furface du rocher. Cette découverte h’a cependant pas eu plus de fuite que celles dans les autres ouvrages. IL réfulte de ces obfervations que le filon de la Gardetre contient dans peu d'endroits de l'or, & que dans l’intérieur de la montagne il n’en renferme prefque point. Cette propriété lui elt commune pour les miné= raux riches avec la plupart des flons des Alpes dauphinoifes, On a en outre entrepris des travaux fur un autre filon éloigné de celui dont on s’efl occupé jufqu’à préfent d'environ cinquante toifes au nord. Ce nouveau filon eft i-peu-près parallèle à l’ancien , foic dans fa direction, foit dans fon inclinaifon , il eft pareillement compolé de quartz de fix à dix- buit pouces de puiffance. Il offre aflez rarement des pyrites cuivreufes & de la galène, dans l’analyfe defquelles j'ai apperçu une trace d'or , cependant il n’a rien offert-qui indiquât qu’on dût le pourfuivre, Tel a été le fuccès. des ouvrages faits fur la montagne de la Gardette depuis le 18 juin 1787,. jufqu’au 31 décembre 1787. 1ls confiftent dans une excavation de trois. gens vingt-trois toifes & demie, Les dépenfes que ces travaux ont eccalionnées ont de beaucoup excédé la recette faire des matières extraites:. cependant ladminiftration de Monfieur na point ralenti fon zèle ;. parfaitement inftruite de la conflitution naturelle du filon dès le com- mencement de fon exploitation , elle s’eft attendue à- un pareil réfultar. Elle n’a point regardé cette mine du côté de l'intérêt, elle l’a confidérée comme un objet digne de l'attention d’un grand Prince, & intéreflante pour l’hiftoire-naturelle; en conféquence elle m’a autorifé jufqu’à préfene d'y occuper un certain nombre d'ouvriers, afin de fe procurer une- parfaite connoiffance de la montagne & du filon de la Gardette. C’eft un fervice réel qu'elle a rendu à l'hiftoire- naturelle de Ia province de- Dauphiné, . à Elle a droit de prétendre à la jufle reconnoiffance de tous les natura- liftes & amateurs pour avoir non-feulement fait dépoler plufieurs beaux morceaux de mine d’or au cabinet public de 14 ville de Grenoble ; mais auffi pour avoir fait enrichir toutes les collections du royaume, en m'autorifant ; à l'imitation de ce qui fe pratique chez l'Empereur , chez- l'Electeur de Saxe , & dans tous les pays où il ya des mines en exploi- tation , de céder aux arnateurs les échantillons inflruétifs pour leur valeur intrinsèque ou felon leur beauté, pour en verfer le produit dans. la caifle de la mine. SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 359 Pour donner toure l'authenticité poflible à l’exiftence de la mine d’or de la Gardette, Monfieur a fait frapper des médailles d'un lingot d'or extrait du minérai de cette mine, dont il a offert les prémices au Roi, en lui préfentant une de ce$ médailles en 1786. "al * Avant de quitter la montagne de la Garderte, qu’il me foit permis de rapporter encore ung-obfervation qui peut-être n’eft pas dénuée de æoutintérêc-pour les naëuraliftes ; je l'ai faice dans une gallerie à environ cinquante-trois toifes à l’ouelt du principal puits, laquélle a été pouffée fur la ligne de réunion de la pierre calcaire & du granit feuilleté ou gneifs pour fonder le filon dans cet endroit. Ce filon a fix pouces d’épaiffeur, & conffle en quartz entre-mêlé d’ochre martiale , de pyrite cuivreufe & galène, Cetre dernière eft fouvent recouverte de chaux de plomb grife, & de petits criftaux de mine de plomb jaune donnant dans l’analylfe un indice d’or. Ce filon finit à la réunion de la pierre calcaire au gneifs. Cette réunion fe fait ici dans la direction d’une heure +de la bouflole de mineur, & fous une inclinaifon occidentale de 26 degrés. ! Mais ce qu’il y a de remarquable, c'eft que le gneifs ne participe en rien de la pierre calcaire, quoiqu'il n’en foit féparé que par une couche d’un pouce d'épaifleur de terre argileufe & calcaire, randis que le rocher calcaire renferme beaucoup de fragmiens de granit & de gneifs, dans le voifinage de cette réunion. Cette obfervation prouve inconteftablement que le granit & le gneifs avoient déjà acquis une dureté capable de réfifter aux infiltrations des “parties calcaires , & qu'ils exiftoient à-peu-près tels qu'ils fonc aujourd’hui lorfque la pierre calcaire commença à fe former; autrement elle n’auroic pu faifir & envelopper des morceaux détachés de ces rochers auxquels on donne avec raïfon l'épichète de primitif ou de première formation. Le fiion de la Gardette devoit pareillement exifter avant la montagne calcaire, car s’il s'étoit formé après, je ne vois pas la raifon pour laquelle 1 sy feroit arrêté tout. court, & pourquoi il ne fe feroit pas prolongé dans cette efpèce de rocher. Le pneifs ou le granir Feuilleté étant ici proche de la roche calcaire , & en étant même recouvert fans que les acides y décèlent la ngoindre particule calcaire ; d'où vient donc que celui des Chalanches qui eft fi éicigné en comparaifon de celui de la Gardette, des montagnes calcaires, faic li fouvent des efervefcences avec les acides , principalement autour des filons ? puifque l'infiltration des pamies calcaires n’a pas eu lieu à la Gardette, il en auroit dû être de même aux Chalanches dans Le tems que les eaux chargées de ces fubftances couvroient toutes les montagnes, La caufe en feroit-elle dans le tiffu lâche du gneifs des Chalanches ? & ce tiflu otiginairement lâche, auroit-il contribaé à la formation des filons d'argent, & autres mines qui s’y trouvent? ou faut-il admettre l'inverle ? Enfin , je ne dois pas omertre de remarquer que la plupart des pyrires Tome XX XVI, Part. 1, 1790 MAT. Zz'2 560 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE martiales & cuivreufes des montagnes de l'Oifans que j’ai effayées, m'ont donné un indice d’or plus ou moins confidérable , ainfi que plufieurs morceaux de kupfernic Ki & de pyrites cuivreufes extraits dans les filons. . des Chalanches. La galène ou mine de plomb fulfureufe que j’ai détachée d’une perite veine au Pontrant, fur la montagne des Pesites-Rouffes, n’a pareillement rendu un peu d'or dans lanalyfes & un filon que j'ai fait exploiter en 178$ au compte de Monfieur, près du Molard , hameau d'Allemont, m'a auffi donné de la galène contenant par quintal deux onces d'argent & douze grains d'or. C’eft encore ce filon qui m'a fourni une criftallifation inconnue jufqu'alors dans la mine de plomb blanche, & qui eft l’octaëdre rhomboïdal alongé. ' D'après les faits qu'on vient d’alléguer , ne feroit-il pas permis de croire que la montagne de la Garderte n’eft pas la feule qui recèle dans fon fein des filons d'or ? I] eft probable qu'on en découvrira dans. d’autres montagnes du haut-Dauphiné avec le tems , des recherches, & beaucoup de hafard. EC'TMRTE DE M REYNIER, A NM DE LA ME DIBERIVE, En réponfe à la Lettre de M. le Baron DE BEAUvoIs, fur les Champignons. Mise Un Memoire écrit fous un autre hémifphère devoit effrayer tous les partifans de la criftallifation végétale & animale ; car il étoit naturel de penfer qu'on n’enverroit pas de fi loin des objections réfurées depuis. lono-tems. Le Mémoire de M. le Baron de Beauvois contient deux o n ’ A 14 » . ; 2 preuves de la faufleré de notre hypothèfe : la première , c'eft que l'Acadé- mie a favorablement accueilli fes découvertes ; mais l’Académie a favorablement accueilli le Mémoire, de M. de Tournefort fur la végé- ration des pierres. La feconde preuve eft au moins aufli concluante. Nous fommes dans l'erreur, dit-il, parce que la plupart des naturaliftes > P q PlUp adoptent le principe de Linné : Orne vivum ex ovo. Lorfque tous les favans difputoient fur la poflibilité d’une dent d'or, un feul découvric qu’elle étoit dorée ; donc ce feul , fuivant M. de Beauvois, devoit avoir « SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS, 361 tort, Lorfque toute l'Europe avoit horreur du vuide , Galilée /eu/ découvrit la pefanteur de l’armofphère: il éroit dans l'erreur, fuivant M. de Beau- vois, puifqu’il n’avoit aucun partifan, & fut contraint de faire amende honorable. , M. de Beauvois nous renvoie aux Mémoires qu’il a lus à l’Académie; il nous renvoie aufli à l'Encyclopédie par ordre de matières, Les premiers font dans un dépôt que les étrangers ne voyent jamais. Le fecond Ouvrage n'étant pas dans le même cas, je puis le confulter. J'ouvre l'Encyclopédie, arr. CHAMPIGNON, & j'y vois le doute dans tout ce qui elt de M. le Chevalier de la Mark : « Toutes les plantes de » cette famille font dénuées de feuilles, de la plupart des organes qu'on » obferve dans les autres, & n’ont point de fleurs diftinétes , mais à la » place, on obferve communément des pouflières , foic difperfées à » l’extérieur, foit renfermées dans leur fubftance, & qui paroiffens .» analogues aux pouflières fécondantes des autres végétaux. Oz prend » pour leur Jemence des corpufcules particuliers, vifibles dans plufieurs » de ces plantes, firués dans des cavités ou dans certaines de leurs parties, » & que lon croit propres à les reproduire ». L’Auteur de cet article y conferve un efpric de doute, & fon incertitude n’a fait qu'augmenter depuis ce inoment, : . À la fuite de cet article on trouve en extrait les opinions de M. de Beau- vois ; il me permettra d'avouer qu'après lavoir lu avec attention & à plufieurs reprifes, il n’a pu me convaincre. æ Les graines des champignons laminés font entre les deux pellicules » qui compofent les feuillets, & les pouflières mâles forment une frange » à leur extrémité». Mais M. de Beauvois n’explique point comment ces graines fortent d'un feuillet qui ne peut pas s'ouvrir : il ne dir pas davantage comment] a diflingué que c’étoient des graines, s’il a reconnu le germe dans leur intérieur, & s’il a vu le champignon éclore de ces graines. Il faut des preuves décifives pour donner un caractère de vérité à des découvertes qui jufqu'à ce moment ne peuvent être préfentées que comme des opinions , puifqu’elles dépendent de la manière de voir, & ne font fondées fur aucune expérience, « Les organes fexuels des champignons ramifiés ne font pas aufti > fenfibles, mais z/ y a lieu de croire qu'ils font les mêmes ». M. de Beauvois peut-il exiger que des fairs incertains pour lui-même, fe changent en certitudes aux yeux des autres ? æ Quant aux champignons poreux , j'ai diftinétement reconnu les >» deux attributs ; mais je ne fuis pas encore parvenu à reconnoître leur » vrai fiège; je foupçonne que la partie mâle eft placée fur le bord de > leurs peres ou tuyaux, & que les graines font contenues dans la » pellicule qui forme la féparation des pores entr'eux ». [l n’eft pas facile de concevoir comment on peut s’aflurer de l’exiftence d'un orzane dont 7 362 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, on ne connoît pas le fiège ; de telles affertions doivent frapper dans un iècle où l’on exige des preuves mathématiques dans toutes les fciences. I eft inutile de poufler plus loin l'examen de ce fyftéme für les parties fexuelles des champignons pour prouver qu'il eft plutôt l’énoncé des opinions de l’Aureur, que le rélulrat de faits certains, On peut en général faire le même-reproche à tous les fyflêmes fondés fur des obfer- vations microfcopiques : c'eft avec cet inftrument que Lewenhoek difinguoit une forme hamaine aux arimalcules fpermatiques. Suivons encore çe que l’Aureur dit du Blurc des champignons, dont M. Medicus avoit expliqué la formation d’une manière affez précife. « C'eft effe@ivement de ce blanc de champignon , dit M. le Baron de » Beauvois ; que proviennentles champignons, j’ai très-fcrupuleufement » obfervé les champignons des couches, & j'ai vu que ce blanc, qui > n’eit autre chofe que la germination & Le premier développement des æ graines renfermées dans les lames fe convertit en des filets dans » Jéfquels font contenus les champignons en petir. En efféc, ce blanc » une fois converti en un filet, on voit de toutes parts s'élever de # jeunes champignons à qui ils fervent comme de nourrice, ainli que æ les lobes feminales dans les haricots ». + IL paroît que M. de Beauvois regarde le #lanc de champignon comme un aggrégat de graines, & que chaque blanc n'a pas fa graine parti- eulière; donc ces graines fe réuniflent pour former une mafle d'où fortent les champignons ; mais cette explication eft abfolument la même que celle de M. Medicus, excepté que ce dernier n’a pas cru qu’on puifle nommer graine une poullière qui doit fe réunir pour former un tour. Or, M, de Beauvois dit pofitivement que chacune de ces graines , dont il parle, ne produic pas un champignon; mais que ces graines fe réuniflant forment le Plane, & que les champignons naiflènc de cette mafle informe. D'ailleurs, M, de Peauvois n’explique point comment une nouvelle gouche , formée dans un lieu où il n’en exiftoit pas auparavant , produit d’abord du blane, & enfuite des champignons ; circonftance que M. Medicus a remarquée, & que tous les naruraliftes peuvent vérifier. 11 n’explique pas non plus pourquoi la clavaire des infectes que j'ai obfervée fortoit de la cryfalide (voy. Journ. de Phyf. Septembre 3788 ); pourquoi les bois des galleries des mines de Sainte - Marie étoient couverts de lichers radiciformes & de champignons ( voy. Journ. de Phyf. Ibid. ), & nombre d’autres obfervations qu’il pafle fous filence. Je les ai publiées fucceflivement , & je penfe qu'on doit répondre aux faits & aux obfervations qui les appuyent , avant de les nier. J'ai trouvé le fait fuivant dans les 1ranfaions Philofophiques , à la Sn d’un Mémoire fur une aurore boréale; comme rien ne l'annonce dans le titre, j'ai craint qu'il ne reflit dans l'oubli, & j'en donne ici la SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 363 traduction. M. Cramer , qui eft l’auteur du Mémoire, eft un phyficien connu, & l'on peut ajourer quelque foi aux faits qu’il dit avoir vus, æ J'ai vu un autre phénomène d’une nature différente. Un de mes amis » a fait déterrer des tuyaux de fontaine de bois de frêne qui étoient en » terre depuis environ douze ans. On les laifla dans une cour non » pavée où ils achevèrent de pourrir ; maïs il fortit à la même place » une petite forêt de frênes qui fonc actuellement dans un état oriffanc » & hauts de trois ou quatre pieds. [Il eft remarquable que plus de » cinquante jeunes frènes ont pouflé dans l'endroit où les tuyaux » ayoient été, & qu’il n'en a pas crû un feul dan: le refte de la cour. Il » n'y avoit aucun arbre de cette efpèce à une très-grande diftance , & la cour étoit dans l’intérieur de dla ville ( Genève) (x) ». Je fuis, &c. % La a ——— OUR RRIE ME. LE TE RE D'EUMN.DE Æ LC, À M DE LA MÉTHERIE; SR RNE ANS PT 0: LE A Ménadfos à le 25 Avril tros. 1; \, PRES C'eft une circonftance très-faorable pour moi, que de traiter fous vos: aufpices un füujet fur lequel je defire, je follicire même l'attention des phyficiens. Quelque myftère fe trouve caché fous le phénomène fi commun de la PLUIE ; & s'il eft auf profond qu'il meparoîc l'être, il n'y a pas trop du concours de tous ceux qui aiment la Phyfique, pour parvenir à le pénétrer, 1. Lorfque j'écrivis mes Recherches fur les Modif. de l Armofphére je n’avois aucun doute fur l’idée commune , que la PLUIE étoit l'ënverfe immédiate de l'ÉVAPORATION : je croyois même avoir contribué à déterminer cette idée vague, en établiffant, que le produit de J'évapa- ration eft un fluide expanftble particulier compofé d'eau & de feu ; que ce fluide eft d’une moindre pefanteur fpécifique que l'air, par où il s’y (1) Tranfa. Philofoph. année 1730, N°, 413 , pag. 280. 364 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, élève & s’y difperfe 3 & que le refroidifflemenr, en décompofant cette vapeur aqueufe, produit la précipitation de l’eau dont elle eft formée, J'avois en même-tems conclu de ces principes, une théorie du phéno- AE À ENT 7 k mène fi obfcur des variarions du baromèétre, fondée fur l’idée fort Ÿ fimple, que l'abondance même du fluide fpécifiquement plus léger L que l'air, d'où la pluie éroit fuppofée provenir, devoit rendre plus | légères les colonnes d'air qui le contenoient, & faire ainfi baiffer le | baromètre. Cette théorie, dis-je, me paroifloit la conféquence immédiate du principe, qui dès-lorss’eft fortifié de plus en plus, que l’évaporation | produit un fuide expanfible plus léger que l'air ; & je ne pouvois dourer alors; d’après la quantité d'eau qu'on voit quelcuefois tomber d’une feule couche d'air, qu'en même-temsles vapeurs aqueufes ne fuflent en très-orande abondance dans les autres couches. D'ailleurs, l'évaporation continuelle qui fe fait à la bafe de latmofphèré, fembloic démontrer encore, que Ja quantité abfolue de ces vapeurs pouvoit devenir très- grande dans l'air. 2. Perfonne donc r’auroit eu plus de raifon que moi, de refter attaché à l'opinion commune fur la PLUIE; mais en finiflant l’impreflion de ce premier Ouvrage, j'y confignai déjà le germe de mon changement d'idée ; à cet égud: c'efl l'obfervation que je fs au Glacier de Buet, d'un degré de Jécherefe de l'air abfclument inconnu à la plaine par la même rem pérature ; obfervation dont les conféquences , que j'expliquerai, m'ont finalement conduit à penfer « que la pluie ne procède point d’une > humidité , qui exiffât dans l’armofphère avant la formation des » nuages pluvieux». C’eft-là une propofition affez importante en Métécrologie, & même dans la Phyfique générale , pour mériter l'atten- tion des phyliciens ; ainf j'efpère de l'obtenir. 3. Il n'éroit pas poflible de conclure rien de certain fur l’zumidite de l'air, tant que nous n'avions point d'HYGROMÈTRE; mais nous en avons un aujourd'hui, & je vais d’abo:d en indiquer les principes, done enfüiteje partirai. Ieft démontré, dans la théorie de ce nouvelin{trumenc, que l’air peut être entièrement dépouillé du produis immédiat de Y'évapo- ration, & que de-là réfulte la ecereffe abfolue dans ce fluide. Il èft démontré auf, que ce produit de l'évaporation a un maximuin, variable avec la température, mais conftant par une même zemperature, L'HYGRO- MÈTRE eft fxe par ces deux états de l'air ; aucun procédé de defféchemene ni d'Aumeélarion ne lai fait païler ces ermes , qui forment ain les deux extrémités d’une échelle abfolue, dont les points intermédiaires indiquent divers degrés d'humidité de l’air, rapportés, ou au point de fa ceffation totale, ou à celui de fon maximum. Tel eft l’inftrument que rous avons acquis depuis peu en Phyfque , & par lequel, joint authermométre, l'air ne peut ni acquérir, ni perdre de l'Aumidiré, (ans que nous n’en foyons AYÉLTIS 4 : “ f t \ IX it : : SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 356 4. L'HYGROMÈTRE encore a fixé nos idées fur les caufes par lefquelles l'eau Jémplement évaporée dans l'air, peut en être précipitée. Ces caules four les mêmes qui , dans un air où Ja quantité d'eau évaporée ne change pas , produifenc toujours augmentation de l'Aumidié , avant-coureur péceflaire de la précipication de l'eau : & l’expérience n'en indique que deux ; la compreffion de l'air ou fon refroidiflemenr. Quelques phyficiens, ii eft vrai, avoient cru, que l’Aumidité croifloit dans le cas contraire à la première de ces caufes ; & ils fe fondoient fur certaines expériences , où la raréfa&ion de l'air dans un récipient, y produit un brouillard. Mis MM. Wrike & NaïRNE, & particulièrement M. DE SAUSSURE , ont démontré, que lorfqu'on a foin. d'exclure de l'appareil toute fource de nouvelle évaporation , la raréfattion de l'air y augmente au contraire fa Jécherefle. Le phénomène fur lequel on fondoit cette hypothèfe , provient donc uniquement, de quelqu'eau laiffée dans Pappareil; & alors le Drouillard eft produit par le concours de deux caufes , maintenant très- bien connues ; l'accélération de l’évaporation dans l'air raréfié ; & le refroidiffement momentané de l’efpace qui contient cet air. L'eau qu s’évapore alors, confervant fenfiblement la même chaleur qu’elle avoit auparavant, répand dans le récipient des vapeurs plus denfes que le maximum relatif à la terrpérature momentanément diminuée de cer efpace, par où il s’en précipite fubitement une partie fous la forme de brouillard. La théorie eft donc d’accord avec l'expérience fous ce premier point de vue; mais je vais montrer de plus, que la fuppoñtion d’une précipiation d'eau, par la raréfaëtion de l'air, eft contraire à toute théorie de l’évaporatton. ’ 5: Je commencerai par examiner ce qui devroit réfulter à cet égard de Y'hypothèfe de a difjolution de l'eau par l'air. Dans cette hypothèfe, les particules de l’eau feroient réunies par affaire aux particules de l'air. Or, ni la théorie desafänirés , ni aucun fait qui les concerne, n’autorifent à croire, que deux (ubltances ainfi réunies, acquièrent de la cendance à fe féparer l'une de l’autre, quand'on écarte les molécules mixtes; au contraire, on y trouve une caufe de plus forte union , par une moindre tendance entrelles des particules homogènes, L’Aumidité ne peut donc pas augmenter par cette caufe, puifque dans l'hyporhèfe, l'augmentation de Vumidité feroit un figne que l’eau tendroit plus efficacement à fe‘féparer des particules de l’air. Dans ma théorie, où un fade aqueux mêlé à Vaër y produit l'humidité, Join qu'elle y puifle abgmertet pat la rare fadion du mélange, elle doit y diminuer , comme elley diminue en eÆet ; car il refte moins d’eau dans le récipient après qu’une partie des vapeurs en a été pompée , & bientôt la même rerpérature y elt récablie ; le fe pompé avec les deux autres fluides, étant remplacé par celui qui pénètre au travers du récipient, j” 6. Ainfi la raréfa&ion de l'air, qüand la quantité d'eau évaporée n'y Tome XXXV1, Part. 1, 1790. MAI, aa :” ï 366 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, change pas, y produit de la Jéchereffe , au lieü d’accroiflemen: d’Aumidiré : & quant à l’opération contraire, favoir, la cordenfarion de l'air, qui réellement augmente fon Aumidiré on ne fauroit la’ fuppofer dans l'atmofphère. Il ne refte donc qu'une feule caufe, dout on puiffe attendre la précipitation de l'eau qui fe trouve évaporée dans l'air Libre, favoir, le réfroidiflemenr ; & de tout tems, ceux qui ont voulu expliquer la pluie par certe caule , ont eu recours à quelque couche d'air en mouvement, plus ou moins chaude que celles qu’elle rencontroit. Telle étroit donc l'idée commune fur la pluie , que j'avois auffi adoptée ; mais dès que, par d’autres motifs que j'expoferai, j'eus conçu des doutes fur la fource même de l’eau qui tombe alors de l’asr , je ne tardai pas à découvrir que cette explication étoit chimérique, comme je vais le montrer. 7. Lorfque, dans une male d'air, l'eau évaporée eft à fon maximum par une certaine zempérature ; fi la chaleur augmente, Ce MAXI s'éloigne, & l’aër peut contenir plus d’eau : elle diminue, il y a furabon- dance d'eau, & l'excédent fe précipite : ce fonr-là-des fairs certains. Je fhppofe donc , que les deux couches d'air de différente température qui viennent à fe rencontrer, contiennent l’une & l’autre de l'eau évaporée au maximum de leur rempéraure refpetive: la couche la plus chaude perdra de fa chaleur, & aura ainfi de l’eau furabondante ; mais la couche qui étoit d’abord moins chaude, acquerra cette chaleur, & fera ainfi en état de recevoir l'eau furabondanre de l’autre: par où toute l'eau contenue dans les deux couches féparées , reflera dans leur mélange. - 8. C'eft ainf que fut renverfée en un moment dans mon efprit , une idée que j'y avois long-tems entretenue. Je vis, il eft vrai, en même-tems, qu’on pouvoit donner une autre forme à l'hypothèfe ; maiselle ne m'arrêta plus. Certe nouvelle hyporhèfe feroit, que la quantité d'eau évaporée que peut contenir l'air, fuivie une loi croiffante relativement à l’augmen- tation de la chaleur; par où, lorfque deux mafles d'u d’inégale température , contenant l'une & l’autre de l’eau évaporée au maximum , viendroient à fe mêler, il y auroit de l’eau fursbondante à la tempéra- ture moyenne du mêlange, Lorfque je formai certe hyporhèfe, je n’avois . en vue aucun fait qui l’autorisèt, & je n'en connois point encore: le docteur HUTTON d’Edimbourg publia enfuire cette même hyporhèfe, Ja croyant appuyée fur des faits , que j’examinai dans mes {dces fur la Métécrologie. Mais au tems où cette hypothefe me vint à l'efprit, j'étois déjà ea érat d'appercevoir , qu’on pourroit l’admettre , fans expliquer la pluie, par une précipitation de l'Aumidité de l'air; car pour que cerre caufe pr produire une précipitarion fenfible d'eau ,il faudroit que les couches d'air de différente cempérature, qui viennent à fe mêler dans tes régions fupérieures de l'armofphère , continfient de l’eau évaporée à fop. maximum : or, elles font .conflamment fort séc/es tant qu'elles L ! SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 367 “demeurent rran/parentes. C'eft-là le premier fait météorologique queje dois maintenant établir. 4 9. Ce fut le 25 feprembre 1770, que je fus frappé pour la première fois de La grande féchereffe des couches fupérieures de l'atmofphère. La pluie nous avoir retenus quelques jours mon frère & moi au pied de la montagne du Glacier de Buer, & toutes les montagnes & vallées voifines étoient encore imbibées d’eau , lorfque nous nous dérerminämes à tenter d’arriver fur ce Glacier. L'évaporation devoit donc être fort grande fur tour le (ol de ces montagnes, à quoi s’ajoutoit de très-près, celle de la neige fondante fur cout le Glacier. Cependant nous y éprouvâmes un degré de /échereffe abfolument inconnu à la plaine par la même température : ce dont j'indiquai Les {ymptômes au $. 929 de mes Recherch. fur les Modif. de l’Armofph. Cette obfervation , foit par elle-même , foit en me rappelant d’autres faits qui ne m’avoient pas frappé dans le rems, concentra mon attention fur l’'Hygrométrie ; & deux ans'après nous retournâmes , mon frère & moi , au Buer, avec mon premier kygroméetre. Nous obfervimes alors, que l’Aumidité alloit en diminuant, à mefure que nous nouë “élevions fur la montagne : & lorfque nous fümes arrivés à fon fommer, où la neige qui couvroit le Glacier fondoit comme la première fois, nous y retrouvâmes cette fécherefle, qui nous avoit tant frappés, & qu’alors nous pouvions comparer sûüremenc avec l’érat de l'air de [a plaine. 410. Tout fut frappant dans ce voyage à l'égard des obfèrvations hygrologiques. Nous commençâmes d’abord à y obferver deux phéno- mènes bien étranges; d'après les notions communes : Le premier, que vers le haut de la montagne , l'humidité d’un même lieu, diminua durant là nuit; le fecond , qu'une forte pluie n'y augmenta pas fenfiblement l'Aumidiré obfervée dans une fufpenfion de cette chüte d'eau: ce qui donnoit à la /échereffe obfervée d'abord dans ces régions, un caractère bien remarquable. Avant ces obfervations, je n'avois pas été frappé de ce que, maluré l'évaporarion qui fe fait continuellement à la bafe de l'atmofphère, fon produit ne s’accumuloit pas dans l'air inférieur ; je me l'expliquois par l’afcenfion des vapeurs dans les régions où fe forme la pluie : mais trouvant alors, qu’au contraire , les vapeurs difparoifloienc de plus en plus, à mefure qu'on s'élevoit vers ces mêmes régions , je fas frappé d'un grand étonnement, 11. Cependant ces premières remarques auroient pu être ftériles , fans une autre circonftance, qui furvinc aufli dans ce fecond voyage, & qui bouleverfa pour long-tems routes mes idées fur la Météorologie. Dans le tems même où nous obfervions fur le é/acier de Buet la grande féchereffè dont je viens de parler, il commeuca à fe former -des nuages dans la même couche où nous nous trouvions : ils rouloient d’abord aurour des montagnes; mais ils fe formèrencenfaite dans coute la couche, jufqu'à une ande diffance vers la plaine , & ils groflirent avec une telle rapidité, Tome XXXVI, Part, I, x790. MAI, Aaa 2 4 à 368 OBSERVATIONS SUR'LA PHYSIQUE, que nous jugeâmes prudent d'abandonnericette cîme, où pourtant l’Aygto- mètre continuoit d'aller vers la /échereffe. Bientôt après natre départ du Glacier;il fat en effet enveloppé de zuages ; & avant que nous euflions gagné notre pîte, il comba une pluie abondante, de cette même couche, qui ; peu auparavant, étoit fi séche : & cette pluie dura même toute la nuie & une partie du lendemain. : | ‘ | # 12. Peu de tems après ces obfervations, je quittai le voifinage des “hautes montagnes : mais les idées des phénomènes hygrologiques que j'y ‘avois obfervés , reftèrentimprimées dans mon efprit; & dirigé par elles, tous les phénomènes de la pluie, obfervés même des plaines, contri= - buèrent à me perfuader, que ce phénomène fi commun precédoit de caufes qui nous étoient abfolument inconnues, D'ailleurs, je n’ai pas été privé d'obfervarions du genre de celles que j'aurois pu regreter; car M. De SAUSSURE , fi juftemenr célèbre par le-nombre de faits impor- tans dont il a enrichi l'Hiftoire-Naturelle & la Phyfique, nous a feurni dès-lors fur le fujet que je traite, des obfervations nombreufes & très- foignées que je vais extraire de fes Ouvrages connus. 13. Au mois de juillet 1781, M.DE SAUSSURE fitune courfe de trois femaines dans les hautes A/pes , & il a donné au $. 346 de fes Effais fur l'Hygrométrie, le réfultat fuivant., de cent vingt-trois obfervations de l’Ay grométre faites à diverfes hauteurs, « Je crois pouvoir conclure (dit-il } » qu'en général la quantité abfolue des vapeurs difloutes dans l'air , eft æ moins grande dans les /ieux élevés ». En feptembre 1785,il fit un voyage fur le Mont-Blanc : & voici ce qu’il dit de fes oblervations fur Férat de l'air de cette montagne, quant à l’Aumidité ($. 1125 de fes Voyages dans les Alpes). « Si lon compare entr'elles les obfervations >. faites dans ce voyage avec l’Aygrométre, on y verra par-tout, la confir- æ mation de ce que j'ai dit dans mes EfJais für lHygrométrie ; que l’on » trouve moins d’eau diffloute dans l'air, à mefure qu’on s'élève plus » kaut dans latmofphère ». Au mois d'août 1787, M. DE SAUSSURE parvint au fomniet du Mont-Blanc, la plus haute des montagnes de notre hémifphère, où la marche du phénomène dont je parle fur très- frappante: voici le réfultat de lobfervation comparative avec Genéve, tel qu'il l'a donné dans fa Relation de ce voyage. « Il fuit de-là (dit-il) » que fur le Mont-Blanc, l'air contenoit fix fois moins d'humidité qu’à >» Genéve »; Enfin, en juillet 1788, M. DE SAUSSURE paifa quinze jours au Col du-Géant, montagne plus élevée que celle où j’avois fair les: premières obfervations de cette efpèce; & celles qu'ily fic, confirmèrent toutes les précédentes. « Quant à la quantité abfolue del’Aumidité (dit-il dans fa Relation) » elle a été beaucoup moins grande fur le Co!, qu'à ». Chamouni & à Genève ». I] ne fauroit donc y avoir aucun doute fur ce phénomène général des régions fupérieures de l’armofphère, 14 M, DE SAUSSURE a confirmé encore, & mieux déterminé, quelques . SUR L’HIST. NATURELLE ET LES ARTS, 369 . autres circchftances relatives à ce phénomène, & en particulier celle de l'augmentation de la échereffe en un même lieu des hautes montagnes 3. durant la nuit, Sa première obfervation de certe efpèce fut en feptembre 1985 , fur la pente du Monr-Blanc, à douze cens Loifes d'élévation au-deffus des plaines voifines , où il expofa fon Aygromérre en plein ait par un tems calme & ferein : voici fes obfervatious ; fuivant la Table au $. 122 dé fes Voyages dans les Alpes. Hygr. é Hygr. e 3 Ce, J LS 13° 24. som. [..800 140 She orme : .63.7 ’ f7 29 *.€0.0 1 1080: 5-72.7 6 10 . .85.4 3 1$ … + + 80.0 € 9 FAT O . IE Aïinf le 13 /éptembre vers ie coucher du foleil l’Aygrométre marcha de 5,4 vers l’Aurmidité , dans l'éfpace d'environ une heure : puis il rétro- grada de 21,7 vers la échereffe durant la nuit, & marcha enfuite de 16,3 vers l’Aumidiré durant le jour faivant. Une autre obfervation de même efpèce , mais plus générale, fut faite trois ans après par M. DE SAUSSURE au Col-du-Géanr , fommité élevée d’environ dix-fepr cens to//es au- deffus des plaines: voici comment il la rapporte dans fa Relation. « La plus grande féchereffe qui ait réoné (dit-il) pendant nos quatorze jours d’obfervations, a réoné pendant la au ; favoir, celle du 7 au 8 juiller : l'Aygroméetre étoit à minuit à 66,3, & à 4 heur. du matin, mon fils Le trouva à 52,5. Or, ce n'étoit pas la chaleur qui produifoie cette /échereffe ; car à minuit le zkerm. étoit à + 0,1, & à 4 heur. à— 0,4 Dans la fuite de la même matinée l’hygrométre marcha à l'Aumidité jufqu'à 10 heur. quoiqu'il fit affez beau tems. Cerre zuie fi sèche für le Col-du-Géant, étoit rrès-humide à Chamount : & de mème , la première nuit que nous pafsâmes für ces haüteurs , celle du 3 äu 4 juillec, fut exrrémement sèche : à 10 heur. du foir l’Aygromerre marquoit 61 : & le matin à $ eur. il étoit à 56; tandis qu’à Chamouni il'étoit tout près de l'humidité extrême ». 15. En rapportant la première de ces obfervations, M. DE SAUSsuRE expliqua le phénomène qu’elle indique, comme je lavois fait d'abord en 1773, dans mion premier Mémoire fur l’'Hygrométrie, en fuppofanc Pabaïflement des vapeurs fupérieures par leur condenfation:: mais c'étoit-là une autre erreur, dont je fuis revenu en costinuant mes recherches fur l’'Hygrologie. Le mot condenfüution n'élt'applicable à Ja vapeur aqueufe , que dans le même. fens auquel on l’applique à l'arr. Certe vapeur eft un fluide expanfible, fufceptble de dilatation & de condenfation à la manière de l'air, & qui, étant mélé à ce dernier, fe YO YOU OU HUE EU E y ÿ Ê] h #75 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, diiate & fe condenfe avec lui. Il eft vrai que la vapeur aqueufe paroît - fuivre à cet égard, dans les changemens de sempérature, une loi plus rapide que l’air : mais loin qu'une augmentation de denfiré procédant de certe caufe, pûc la faire defcendre dans l'air: la plus denfe des vapeurs aqueufes fous la preflion de l’atmofphère, celle de l’eau bouil- lante , a encore une pe/unteur fpécifique moindre que celle de lazr qui Penvironne, dans le rapport de 4 à 9. Il n’eft donc pas pofible qu'en aucun cas la vapeur aqueufe s'abaiflé dans l'azr, pat le refroidiffemenr commun des deux fluides, Ainfi, lorfqu’en tems ferein , on voit du haut des montagnes, une brame fe former fur les plaines après le coucher du folcil, ce changement dans la tranfparence de l'air inférieur, n’eft pas produit par les vapeurs qui s’abaiffent des couches fupérieures ; mais par celles que contenoienc les couches inférieures, qui tendent alors à fe décompofèr. Ce n’eft donc jamais que par la décompofition d'une partie des vapeurs, que l’eau , une fois élevée dans l’atmofphère par lévapo- ration, peut en redefcendre; 8 aucun particule de cette eau ne peut être ainfi précipétée, fans que l’Aumidité ne foit arrivée À fon maximum dans la partie de l’a/r d'où elle fe fépare. Or, le phénomène à expliquer, étoit au - contraire, pourquoi la /échereffe , déjà très-grande fer les hautes montagnes durantle jour, y augmentoit encore durant la nuiten tems calme & ferein. Ainfi cette explication étoit erronée , & voici la caufe du phénomène. 16. L'Aumidité décroît rapidement de bas en haut dans l’atmofphère > tel eft le premier fait, dont celui qui nous occupe maintenant n'eft qu'une conféquence. Par une fuite de certe loi générale,, les couches qui, dans Le jour, font au-deffus du lieu de l’obfervation , font plus séches que celle de ce lieu. Lorfqu’après le coucher du foleil, la chaleur diminue dars les couches inférieures, & qu’ainf elles fe condenfent, les couches (upérieures s'abaiflent avec elies. En figne de cet effet, le’ baromètre baïfle alors fur les montagnes, parce que des couches qui, auparavant, prefloient fur lui, paffent alors au-deflous de lui. C'eft ce que j’avois trouvé autrefois par l'expérience, & que M. DE SAUSSURE a vérifié. Alors donc il s’abaifle fur le lieu de l’obfervation à la montagne, des couches fucceflivement plus séches ; Sr c’elt ce que l’Aygrometre indique. Lorfqu'au contraire, le jour fuivant, les couches inférieures fe dilatent par l'augmentation de la chaleur ; ce qui fait haufler le Laromètre à la montagne, par le nouvel air qui pafle au-deflus de lui ; cet air, moins /ec que celui.qui fe trouvoit à cecre hauteur durant la nuit, fait marcher l’Aygromètre vers l’humidiré. 1 17, Ainf ce phénomène d’Aumidiré relatif aux vicifficudes du jour & de la nuit, qui fembloit d’abord fort embarraffant, s'explique d'une manière très- claire ; & c’eft le phénomène oppofé dans les couches infé- rieures de l'air, auquel on ne trouvoic poine de diBiculté , qui en préfenre aujourd’hui de très-grandes. L'Aumédicé | comme je viens de le faire voir, SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 37t ne peut, d’après les loix feules de l'Hygrologie, aagmenter dans l'air inférieur, que par fon propre refroidiflement ; & la quantité d’effer de certe caufe elt déterminée par l'expérience. Mais l’Aumidiré de Pair dé la plaine en cms ferein, augmente beaucoup plus rapidement au coucher da foleil, & diminue beaucoup plus rapidement à fon lever , qu'on ne devroit l’attendre d'après la loi trouvée par l'expérience dans un air où a quantité d’eau ne change pas. J'ai indiqué ce phénomène dans mes Jdées fir la Météorologie, & M.DE SAUSSURE l'avoit déjà exprimé, fous la dernière de ces faces, aù $. 341 de fes Effais fur l'Hygrométrie, où il dit: « L’Aygromérre fait communément, par le beau rems, entre le » matin & l'après-midi, plus de chemin vers a /échereffe , qu'il ne devroit > en faire par la chaleur Jeule ». Or, il en eft de même, réciproquement, quand la chaleur dimirue le foir en rems calme & férein. Ce phéno- mène, obfervé vaguement, avoit conduit quelques phyfciens à penfer , que cette augmentation rapide de l’humidité dans les foirées des beaux jours, éroit due à la durée d’une même quantité d’évaporation dans un air qui fe refroëdifoit à mais cetre quantité elt certainement plus grande le jour que la nuit ; & quand elle féroit toujours la même, ce ne fereit jamais qu'une même quantité d’eau répandue dans Pair : & fi aucune autre caufe n'intervenoit dans le phénomène, c’eft-à-dire, fi le jour ne différoit de la nuit, que par la diflérence de la chaleur, l'humidité devroit fuivre la loi relative à cette caufe: or, elle ne La fuit pas, & c’eft-là une nouvelle partie du grand problème que je vais maintenant réfumer. 18. L'eau qui eft à la bafe de l’atrmofphère, s’évapore la nuit comme le jour, en tour tems, & la partie évaporée, s'élève fans cefle dans l’atmofphère : cependane lAurrrdité n'y augmente point par cette caufe; des mois entiers de rems calme s’écoulent, & loin que l’Aumidité de l'air augmente, elle va en diminuant ; le fol enfin defléché, ne donne prefque plus de vapeurs, & les ro/êes mêmes ceflent par-tout ailleurs qu'au bord des eaux. On n'eft point furpris de ce phénomène, tant qu'on imagine que l'eau évaporée fe reflemble dans la région où les nuages paroîtront enfin : mais il faut abandonner cette idée ; car nous favons aujourd’hui, qu’en tour tems ferein , c'eft-à-dire, avant qu’il fe forme des nuages, & même entre ces zuages , avant qu'ils occupent toute une couche, ces régions font au moins aufli sèches, que l’eft la partie inférieure de l’atmofphère, dans fa plus grande /&cheref]e à même température. W eft donc impofñlble, que les zuages fe forment de l'Aumidiré de Pair, & il faut en chercher une autre caufe. ; 19. L’Aygromérre fixe encore nos idées fur l'humidiré des couches inférieures ; objet fur lequel on n’avoit eu jufqu’ici que des idées très- vagues , quoiqu'il für à la portée de rous les obfervareurs. M. Lr Roy, le premier des phyficiens qui ait cherché à réduire l’'Hygrologie à des loix fixes,-fentant le befoin de pouvoir déterminer en tout tems le degré : ä ÿ d : 2 é 1.140 372 OBSERVATIONS SUR L'A PHYSIQUE, actuel d’Aumidité de l'air, l'avoit tenté d’une manière très-ingénieufe. I] prenoit un vafe de verre, qu'il remplifoit d'eau moins chaude que l'air 3 & quand cette différence de chaleur étoit aflez grande pour éccafionner ude précipitation d'humidité fur les parois du vale, il regardoit le point où fe cenoic le thermomètre dans l’eau intéieure, comme étant celui auquel Peas commenceroit à fe précipiter fpontanément dans l'air ambiant. Plus la différence de cette cempérature à celle de Pair étroit grande, moins celui-ci devoir contenir d'humidité; & cette conféquence, tirée par M. LE Roy, eft très-certaine ; mais il penfoit auffi , que le poinr commun de comparaifon dans ces ‘obfervations étoit l'Aurridiré extréme ; au lieu que je fais, par nombre d’obfervations, que le verre moins chaud que Pair, s'y terñit par la décompofition des vapeurs aqueufes, à une différence de température, beaucoup moindre que celle qu'il faudroir produire dans aix Iôi-même , pour que l'eau s'y précrpität foontanément, M, DE SAUSSURE a fait la même obfervation , & l'a déjà oppolée à la méthode de M. LE Roy, au 6.333 de fes Effuis fur T'Hygrométrie. : -20. Ainfi cette machine hygrofcopique de M, LE Roy, quoique très-ingénieufe, éroit loin de nous donner des idées juftes de l'Aumidité & l’Aygrométre feul pouvoit nous les fournir. Le premier que jemployai, confrma mes doutes fur nombre de fymprômes, d'après lefquels on jugeoir auparavant que l’Aumidisé de l'air étoit à fon maximum. Mais çet inftrament évoit peu fenfble, parce que fon tube d'ivoire ne‘commu- niquoit à l'air que par l'extérieur; & ce défaut fut une des caufes pour lefquelles je fubftituai d'abord à des rubes d'ivoire , des bandelettes de la mêune fubftance. J’ai employé enfuire des bañdeletres de plume, de corne, d'écaille, d'os, de divers Bois & de baleine. La dernière de ces fubitances, que je préfère aux autres , a-efliyé des objections, dont je me fuis occupé avec autant de foin & de travail , que fi elles ni’euflent paru folides & convenablement préfentées ; & de nombreufes expériences, dont je reudrai compte à la fuire de ces Lettres, prouveronr,, j'efpère, leur peu de foñderment , au phyfcien mème qui les a élevées, D'ailleurs, ces objetions ne concernent que la baleine, & les obfervations que je vais rapporter , font le réfulrat côminun d’Aygromètres de toutes les fubftances que jai nommées ci-deflus. 21. Depuis que j'obferve ces Ayaromètres en plein air, je ne les y ai vus qu'une feule fais à l’Aumidié extréme, de jour & dans l'air tranfpa- rent : le ciel érait couvert, mais on voyoir très-bien les objets éloignés : Pair étoit calme, & le thermomètre fe tenoit à 30° de Fahr. & quoique l’Aumidité extréme régnât dans cer aÿr , au rapport des Aygromètres , les corps qu'il environnoit r’étoient point mouillés. C'eft, dis-je, le feul cas de certe efpèce que j'ai obfervé; en tout autre remis les mêmes 4ygro- fnètres , expofés hors de ma fenêtre à la campagne, de jour & fans, breuillard, Dee SUR\L'HIST. NATURELLE ŒT LES ARTS, 373 brouillard , néfonrijamais arrivés à l'humidité extrémie. Le point le plus ordinairement indiqué par ceux fur lefquels, d’après l'expérience, je compte le plus ; poinc vers lequelils. fe tiennent quelquefois des mois de fuite au prinrems & en autome, eft vers le milieu de leur éch2lle, avec des variations alternatives d’environ.un dixième de cette échelle, decà & delà de ce point, moyen. En hiver , le point autour duquel fe font ces variations , eft plus rapproché de l'Aumidité extréme.:.em été il en eft plus loin. En tout tems, la pluie fait aller ces Aygromeures vers l'Aumidité.; mais beaucoup moins qu’en ne l'imaginéroit. Ceferoit alors cependant, qu'on aurait le-plus de raifon de fuppofer que l'Aumidité extrême règne dans toute la mafle de l'air, fur-cout auprès du fol ; car celui-ci eft tout couvert d’eau, & l'air, eft fans.cefle traverfé par les gouttes de la pluie., qui s'évaporent en tombant Cependant l'humidité -extréme n'elt pas produire dans l'air par,ces caules accumulées, à moins. que fa tempéra- turene foit près de la congélation ; car l’Aygromerre., fufpendu dans cet ait & garanti feulement, des, gouttes dela pluie, ne vient: pas à,çe poine, & s'en tient fouvent fort éloigné. C'eft ce que, M, DE SAUSSURE a auli obfervé ($. 324 de fes Effuis fur lHyprométrie ), quoique fon, kygro- metre foit flarionnaire aux approches de l'humidité extréme , ce dont, je me fuis convaincu par des expériences que.je rapporterai. Ce fonç-là des fairs bien différens de ce qu'on a penfé jufqu'ici à l'égard'de lAurnidité de l'ainz 8 ils montrent, de plus en plus; que la pluce ne provient pas d'une humidité qui exifät davs l'air avant la formation des auages pluvieux, : 4 :i . »:; 34 22. Jufqu'ici cependant je. n'ai fait entrer dans mon examen de l'opinion commune fur la pluie , que ce qui réfulre de la connoiffance.des caufes qui font précipiter l’eau fimplement ,évaporce.; &, çe que dit l'expérience fur. la diftance où l’Aumidité généralg de l'acmofphère tft toujours du point où cette précipitation auroit. lieu. Quelque grande qu'on pût fuppoler la quantité abfolue de certe eau, &, quelque caufe qu'on affignât à fa précipitation , toujouts-faudroit-il, que fon maximum für dépañlé, pour qu'il commencät même à {e former des nuages : or, nous ne trouvons jamais ce maximum dans l'air, excepté dans les 24ages eux-mêmes, & ils fe forment tandis que ce maximum. eft fort loin d’exifter ; ce qui fufhroit pour montrer l'erreur de. l’idée commune. Mais fi deplus, la quantité abfolue de l'eau fimplémentéyaporée ne peut jamais être que très-petite dans aucune icouche ide. l'atmofphère s,ces mêmes confidérations deviendront plus frappantes, :puifqu'un excédent qui aug certain rapport avec un maximum ; efk'une quantité d'autant plus petite, que le maximum lui-même eft plus petit, Or, M, DE SAUSSURE a inconteltablement démontré, contre mon opinion ancienne fur la caufs des variations du -baromôtre , que la-quantité de. l’eau fimplemenr fraporée eftroüjours fort perite dans l'air. Je vais rapporter cette expérienge Tome XXXVI, Part. I, 1790. MAL, à B Bb %74 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE; & fon but, d'après le 6. 285 des Effüis fur l'Hygrométrie de cet ingénieux phylicien, © 23. « M. DE Luc a donné dans le premier volume de fon ouvrage >» fur les Modifications de L'Atmofphere , une hifoire & une critique > très-intéreflantes dés opinions des phyficiens fur la caufe des varzations æ du baromètre : & dans le fecond volume il propofe un nouveau fyfténre » pour expliquer ces variations. Ce fyfème , appuyé fur la réfutation de tous fes compétiteurs & {ur une foule de raïfons très - fpécieufes , +5 m'avoir féduit comme fi j'en avois été l’auteur. : :.M. DE Luc » fuppofe que l'air pur eft plus pefant que l’air mélé de vapeurs » aqueufes. . . . Cette fuppofition explique très-bien, pourquoi la baiffe æ du baromètre eft un indice de pluie. . . . Cependant cela ne fuffiloit æ pas; il falloit encore, que la quantité de ce fluide élaftique dont l'air >» peut fe charger, füt /uffifante pour expliquer Les varzations du » baromètre», ...C'étoit-là fans doute une condition indifpenfable; mais comment aurois-je pu foupconner que cetre condition n'exiftoic pas, n'ayant encore aucun doute , que la pluie ne provint de l'abondance de ces mêmes vapeurs ! Cependant M. DE SAUSSURE , ayant fait des expériences directes fur Ja quantité d'eau évaporée que pouvoit contenir l'air, trouva d'abord , que le barom. étant à 27 pouc. & la sempérature à r4ou 15 du therm. à mércure divifé en 80 parties (environ 64 de Farh. ) l'évaporarion à fon maximum , dans un air préalablement réduie à la Jécherele extrême, n'augmentoir que de 10 grains le poids d'un pied cube d'air. Cherchant enfuite les changemens que cette quantiré éprouvoit pat la diminution de la chaleur , il trouva, qu'elle éoir réduire à 7,2 gr. quand le même rherm. éroit à 4 $ 3 & à 5,9 gr. quand il étoir 30 (32 de Fahr. ) Or, la température des régions où fe forme la pluies, eft rarement au-deflus de la moyenne entre ces deux dernières, 24. Suppofons donc mainrénant ; que l'Aumidiré foir devenue exsréme dans les couches où fe formeront des zwages ; quoique cette fappofition foir contraire aux faits : fuppofons encore, que le refroidiffement d’une couche par une autre, l’uné & l’autre à l'humidité extrême, puifle produire une précipitation d'eau , ce qui n’eft encore qu’une hypothèfe : toujours l’umidité devra demeurer extréme par la nouvelle cempérature, & l'excédent feul'fe précipitera. Or , l'excédent d'une quantité fi petite, Æetoit fi petit lui-même , qu'il s’évaporeroit en entier dans l'air inférieur ; car nous avons vu qu'il eft le plus fouvent fort éloigné de l’Aumidité axrréme. Enfin, dans cette hypothèfe de précipitation de l’eau par refroi- "diffement, on part d'idées qu'on s’eft formé dans la plaine, où, par exemple, les vents du /d'font fouvenc chauds : & l’on imaginequ'il en eft demême dans Les régions fupérieures ; mais ils y fuivent la loi générale de la température de ces couches ; & de plus nous avons obfervé, M. pe Saussynx &-moi, que les variations dela chaleir font fort petites y ÈS SUR L'HIST. NATURELLECET LES ARTS. 375 dans ces régions , en comparaifon de ce qu'on éprouve à la plaine. C'ett à quoije reviendra} daus une des Lettres fuivantes ; & il en réfulrera une nouvelle ee Due la pluie ne fauroit provenir delà précipitatioæ d'une Aumidité qui exiftäc dans l'air, , 25. Les faits que j'ai expofés jufqu'ici, n’avoient pu diriger l'opinion des phyfciens fur la pluie ; puifqu’ils leur étoient abfolument inconuus : je leur ai facrifié fans balancer, ma théorie fur les variations. du baromètre , mes idées fur la rofée , & celles que j'avois, avec tous Les phyfciens ; fur l'origine de la pluie. L’eau qui s'évapore continuellement à la bafe de l’atmofphère, compenfe fans doute ceile qui y retombe ; & il étoit naturel de penfer , que ces afcenfions & chütes de l'eau étoient une efpèce de d/tillarion. Mais les faits font venus contredire certe idée: il faut néceflairement que le produit immédiat de l'évaporatiaz change de nature dans l'atmofphère, puifqu’il y échappe à l’£ygrométre , & que fon retour à l'état de vapeur aguetfe, pour produire les auages & la pluie, procède de quelque caufe ignorée, Nous voilà donc rejettés em pleine mer pour tout ce qui tient à La Météorelogie : car dès que la pluie n’eft pas l’inverfe immédiate de l'évaporarion ; il faut qu'iliexifte dans lPatmofphère nombre de caufes inconnues ; qui peuvent être liées avec tous les autres météores. : 26. De routes les hypothèfes que j'ai fermées, depuis que ces faits ont bouleverfé mes idées fur les phénomènes atmofphériques, celle qui me paroît la plus probable, eft en général, que les sapeurs aqueufes {ont transformées en air dans l'atmofphère, & que la plui: procède d'une méramorphofe oppolée. Dès mes: premiers doutes. fur l'origine de le pluie je fixai mon attention avec Lle:plus grand intérêc {ur les modif cations des fluides aériformes, & l'idée que je viens d'éoncer prit paiflance , à l'inflanc où M. Cavenoisx & le docteur PRIESTLEY découvrirent de l'eau {ous la forme d’uër.: Dans ce moment encore!, admis l'opinion du premier de ces phyfciens & de M. WATT, que l'eau fe tormoit de l'union des bafes; de: l'air déphiogifliqué Side l'air inflammable : mais depuis que les expériences du doéteur PRIESTLEY meurent fait naître des doutes fur cette opinion, tous les phénomenes météorologiques m'ont conduit à l’abandonner : cé: dont je vdis dire les gaifons. 27. Je remarquerai d’abord, que c’eft un pas effentiel vers la décou- verte des cauies que nous fentons maintenant nous être cachées en Méréorologie, que d’avoir établi certainement ;que le produit immédiat de l'évaperation eft un fluide expanfrblediftinét; car tant qu’on auroit confidéré l'euu-évaporée: comme, étant réunie aux -particules mêmes de Fair, aucuneidée m'auroit pu s'offrir à lefprit;:pour expliquer camment fe faifoir, dans leur première union , un changement tel que l'air ne püt lus partager cette eau avec les autres fubftances hygrofcopiques , {ans Tome XXXVT, Part, I, 1700 MAL, Bbb 2 376 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE ; néanmoins iqu'onepperçärun changement dans fa nature ; même aprés une dorigne faite de beaux jours ‘où il'auroit dû fe charger de toute l’eau sévaporée. Au lieu que, par l'etiftence de la s'apeur aqueufe; & la [uppo- fition de fon changement en air atmo/phérique , la manière de ce chan- gement , qui a tant d’analogues de fon genre , eft la feule chofe à découvrir, : 2 5, 28 La différence de la vapeur. aqueufe à un fluide aériforme, æéfulteidece que lean ny a'qu'uñe union très-foible avec Le feu; c'elt de-là que procèdent. ces deux caractères diftintifs , qu'elle eft détruire, -par une trop grande’ preffion ; & par trop de srefroidiffement : mais Faddition de quelqu'autre fubflance, peut:faire cefler ces caraétères, & donner naiffahce à un’ fluide aériforme. Tel eft donc l'objet qui fe pré- fente naturellement à nos recherches, & dont la découverte pourroït dévoiler bien d'autres myftères météorologiques. Mais pour avancer. dans cette carrière très-difficile fans doute, 1l ne faut pas s’affervie à des hypothèles exclufives, qui ;fi elles fonc erronées, peuvent nous-éloigner peur toujours äu.bon chemin: Or, je ne puis que placer dans ce nombre, les deux hypothèfes, très-peu probables en elles-mêmes; de deux airs ‘diftinéts!, comme:compofant l'air armofphérique | & de deux fubftances diftinétes , comme compofant l'eau : car fuivant la première ; il faudroic que la vapeur aqueufe fe changeñt en deux fortes d'air ; ce qui dévien- ‘droit improbable: & d'après la dernière ;; ces deux dirs devroient être L'air inflammable &:Vairidéphlogifliqué ; ce\ qui feroit un paradoxe en Météorologie, 1... :!l: normes Lane 13 : s: 29./Je ne crois pas qu’il foicbefoin-d’en dire. davantage ; pour déter- miner les vrais phyfciens l'examen destrois hypothèfes que: je viens de rappeler, tant.en les comparant avec les faits fur lefquels elles fe fondenc "& avec les idées que je leur ai oppofées, qu'en penfant aux befoïns de la Météorologie ils ne rejetteront fans: doure décidément aucune hypo- sthèfe qui confefvera éncore à: teurs yeux quelque plaubbilité; mais ils ne permettront pas non plus, que des hypothèles non démontrées , viennent fermer la route à de nouvelles découvertes: fur-tout ils n'acquief- ceront pas, à:ce que le langage deila Phyfique foitichangé, par l'intro- dudion de roms étymologiques pour des fubftances connues feulement par leurs caractères extérieurs ; tandis que, par l’obfcurité qui règne encore dans la Méréorologie , les zrgrédiens de toutesices fubftances fonc encore incertains. Il faut quitter: quelquefois: mos laberaroires-pneuma- tiques ; pour nous élever dans celui de la nature : Car rant.que la CHimie ‘ne marcheraipas à cet égard deconcert: avec la MÉTÉOROLOGTE , il n°y auraaucune certitude dans.fes shéories générales. F'oferai donc, Monfeur.. “ous vos aufpicés, préfenrer aux phyfciens y quelques premiers fils que je crois appercevoir dansyle labyrinthe de la Météorologie ; & je terminerai certe Lettre, par un premier indice de certe efpèce. ‘à H Pa | * : { SUR L'HIST. N'ATURELLE"ET LES ARTS. 377 : *30. Lorfque j'ai die, dans le cours deces Lertres, que les fZuides aériformes paroifloient avoir en commun, l'eau pour partie fenfiblement pondérable , & le feu pour caufe immédiate de leur expanfibiliré, je n'avois en vue que ceux de ces fluides, qui fe manifeflenc dans les diverfes opérations de notre Chimie, & qui y fubiflent des modifications d'après lelquelles nous péuvons difcerner :quelqués-uris de leurs ingré- diens. Mais je vois bien des raifons de penfer , que l'atmofphère renferme d'autres fluides de certe efpèce; qui , réfiflare à coutes les opérations par lefquelles l'air armofpheriqueeft diminué:, demeurent, à: norre in{u, mélés au re/du de celui-ci, confidéré cependant conme-un {ent fluide, J'indiquerai bientôe les raifons que j'ai de cette opinion; mais fuppofons d’abord qu'il exifte en effec plufieurs fluides aériformes inconnus, donc les quantités foient variables; & imaginons que, par leur moindre peisn- teur fpécifique , ils tendent à,s'élever dans les régions fupérieures. Nous pourrons concevoir alors, que par leur mélange avec l’a comrmun, en certaines proportions, & à un certain degré de dilatation & de feches reffe, ils peuvent produire la décompofition de cet air. Je ne fatiguerai pas l'attention des chimiftes, en rapportant ici les opérations ana- Jogues, qui fe multiplient à mefure qu'on découvre & combine de nouveaux gaz. Quelques-uns de ceux que je fuppole, peuvenr être chariés par certains vents, & rencontrer les autres dans nos contrées : leur origine peut dépendre des différens {ols, où d’un même foi en différens tems : Jeurs-bafes, foit leurs parties fenfiblemient pordérables , - peuvent être, ou quelque fubftance différente de l’eau ,.ou l'eau dans des aflociations. particulières; & leurs fluides déférens, foit la fubitance expanfible qui fait participer les autres à fa propriété, peut aulli n’être pas le feu. Je me borne ici à ce coup-d’œil général fur les conféquences météorologiques qui réfulteroient de l'exiftence fuppofée, de pareils fluides, pour pafler aux phénomènes qui paroiffent l'indiquer. “:,32.ÆEr d'abordles variarions du baromètre n'ont conduit à cette mouvelle hypothèle : car, la baiffe de cet inftrument en figne de pluie, me paroît toujours provenir d’un changement dans la pefanteur fpécifique de l'air. C'eft-la lé réfulrat général , par soie d'exclufion (méthode trop peu fuivie, dont je dois Pufage à M. L£ SAGE ) de l’examen critique que j'ai fait autrefois de routes les autres explications de ce phénomène. Le fluide particulier auquel sappliquoit d’abord ma théorie, fvoir , ia vapeur agueufe , n'exifte jamais en aflez grande quantité: dans l'atmot- hère; ain il faut abandonnercetteidée particulière : mais l'idée générale fubfiite , & quelqu'autre fluide :peur y remplacer celui-là, C’eft-là une “première confidération qui me paroîc cle quelque poids, & je vais l’appuyér d'un autre phénomène, qui doie être lié, par quelque caufe commune, aux vartations di baromètre. ; 32. Malgré toutes les expériences. &, obfervations par lefquelles j'ai 378 OBSERMATIONS SUR LA PHYSIQUE, cherché à réalifer l'attente des grands phyficiens qui fongèrenr les premiers à la mefüre barométrique des hauteurs , cette méthode et fujerte encore à des anomalies très-fenfibles , qui ne procèdent plus de défauts, ni dans les inftrumens, ni dans le principe fondamental de la formule, ni dans l'équation pour les différences de la chaleur de l'air; mais de changemens dans la nature de l'air lui-même, fuppofée inalrérable dans la théorie de certe mefure. J'avois déjà établi, d'après mes expériences , la probabilité de cette caufe générale d'anomalies ; & partant alors de ma théorie {ur les variations du baromètre, j'avois montré, que les vapeurs aqueu/es pouvoient changer, tant la pefanteur fpecifique des colonnes , que la loi des deufivés relatives aux preffions , & même la dilarabilité des colonnes mixtes par leffec de la chaleur ; & j'indiquois, par ces raifons, ie befoin d'un hygromètre pour perfedionner certe me/ure. Mais encore ici, la quantité des vapeurs aqueufes w'eft point affez grande, pour qu’on puifle attribuer à fes variations les anomalies obfervées : ne viendroient-elles donc point; du mêlange à l'air commun , de quelqu'autre fluide aériforme ? Je reviendrai diredement, dans mes Lettres fuivantes, à la mefure des hauteurs par le baromètre, & j'y reprendrai cet objet; mais en attendant, je citerai, à l'appui de cette idée générale, une remarque de M, De SAUSSURE, dont les détails fe trouvent au $. 1123 de fes }’oyages dans les Alpes. N'y raffemkle nombre de faits, d’après lefquels il paroït que les variations du baromètre font moïns confidérables au haut des mon- ragnes, qu'elles ne devroient l’être dans le rapport de la hauteur de ce inftrument comparativement à la plaine; & il en conclut, avec raifon, que cette caufe peut influer fur la mefure barométrique des hauteurs. Cela ne fembleroit-il donc pas indiquer, que quelque nouveau f/uide fe trouve alors mêlé à l'air armofphérique , & que l'effer de ce fluide, pour changer la pefanteur fpécifique des colonnes , eft plus grand , dans leurs parties les plus denfes ? 33. On remarque encore, dans les opérations qui diminuent l'air atmofphérique, des différences dans la quantité du réfédu , en divers tems & en différens lieux. D’après l'inftrument improprement nommé eudio- mètre, ce réfidu de l'air armofphérique s'eft trouvé quelquefois plus grand , au haut des montagnes , que dans les plaines ; quoique l'air, fur les premières , foit toujours fi falubre. N'y a-t-il donc point, en certains rems , dans ces révions, quelque fluide aëériforme inconnu, qui réfille , comme l'air phlogifliqué , à fa decompofition par l'air nitreux ? 34. Enfin , il eft un autre phénomène remarquable, dont nous ne connoiffons point la caufe; ce font les différences de sranfjarence de J'air dans les parties inférieures de l’'atmofphère; différences dont l'Aygro- mètre ne rend non plus aucun compte. Il me paroît bien difhcile d'expliquer ces différences de tranfparence de l'air, diftinétes ainfi d’une décompofition des vapeurs agueufes ; fans admettre l'exiflence de quelque SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 379 fluide aériforme, qui n'a pas la même action réfringente que lair commun à l'égard de la lumiere, & qui ainf la difperfe. Or, ce fluide peut être le prélude de quelqu'opération qui ira influer dans les couches fupérieures de l'armofphère : & en effet, on obferve aflez fréquemment, que lorfque l'air inférieur , quoique toujours aufli /ec, regagne {a sranfpa- rence, le baromètre baifle en ligne de pluie, Voilà , Monfieur, quelques idées générales , qui peuvent commencer à faire appercevoir’, combien nous fommes encore éloignés de connoître toutes les caufes qui agiflent dans l'atmofphère ; mais je viendrai dans mes Lettres fuivantes à des phénomènes plus déterminés ,en commençant dans la prochaine, par des confidérations relatives au fluide éle&rique. Je fuis, &c. OBSERVATION Sur une Fièvre maligne, & [ur la réunion de deux Reins en un feul ; Par M. ARTHAUD, Doëeur en Médecine au Cap. Jran CHARPEINET, foldat du régiment du Cap, âgé de vingt- deux ans, d'un tempérament bilieux & fanguin , d'une conftitution aflez forte, étoit arrivé dans la colonie depuis deux mois. Il avoit eu une diarrhée diffentérique , peu de jours après fon arrivée, il étoit venu à l'hôpital le 3 mai 1789, 11 étoit forti guéri le premier juin. IL eft revenu à l'hôpital le 13 : il y avoit fix jours qu'il avoir la fièvre ; il avoit une douleur à l’épigaftre , il toufloit; le ventre étoit douloureux, les urines fortoient avec peine, les felles éroient fréquentes & bilieufes , Ja bouche mauvaïfe, la langue faburreufe, le teint pâle , le poule fréquent & petit ; il y avoit proftrarion de force, des douleurs aux extrémités inférieures, de l'infomnie , la foif étoit preffante, La fièvre revenoit tous les jours avec friflon ; la rémiflion s’annonçoit par une fueur abondante; l’accès du 13 à paru à dix heures, il y avoit beaucoup de chaleur à midi , le bas-ventre étoic douloureux , l’accable- ment confidérable, les douleurs des extrémités inférieures , vives, les urines rouges & fortant avec peine, la foif preffante, les felles bilieufes ; il y a eu moins de chaleur le {oir , mais la nuir a été mauvaife, & l’efpric troublé, le 14 l'accès s'eft établi à onze heures, pyrexie forte, à midi x 380 OBSERVATIONS SUR LA PHFSIQUE, délire, fueur abondante , afloupiffement, le ventre a vuidé quatre! fois de Ja bile., if éroit toujours douloureux; la nuit a été’ plus tran- quille. Le #5 le pouls étroit petit, inégal, l'accablement & la pâleur avoient auguenté , il y a eu un redoublement à quatre heures, il a éré fuivi de fueur froide, d’afloupiffement , du trouble de l’elprit, le ventre a vuidé de la bile. Le coma avoit augmenté le 16. La déolutition fe faifoit avec peine; les urines avoient une odeur forte , le ventre a vuidé beaucoup de bile : Le malade eft mort à deux heures, à Les veines du cerveau étoient engorgées par un fang noir ; les plexus choroïdes éroient flétris : il y avoit une petite infiltration dans le corps ealleux : un épanchement féreux dans les foffes occipitales. ; Le poumon avoit eu beaucoup d’adaérences filamenteufes ; il étoit engorgé par le fang ; les ventricules du cœur ne contenoient qu'un: petite quantité de fang noir. L’épiploon étoir émacié ; le foie étoit pâle; il y avoit vers la partie inférieure de fon grand lobe, une tache noire & molle, d’un pouce de diamètre; nous en avons trouvé une autre au lobe moyen. La véficule du fiel étoit remplie d’une bile qui verdiffoit la teinture de raves. La rate étoit engorgée, macérée & noire; les inteftins étoienc phlogofés. La veine-cave & la veine-porte étoient turgefcentes par un fang noir: l'intérieur de l’eftomac étoit tacheté de rouge & de brun, & paroifloit dans une difpofition fceptique& gangreneufe. Les uniques du duodenum fe déchiroient avec facilité, & cer intefhin contenoit une matière bilieufe putride ; les gros inteftins contenoient beaucoup de matières bilieufes, : Il y avoic peu d'urine dans la veffie, & comme la bile, elle avoit pris un Caractère alkalin, car elle verdifloir la teinture des raves : de l’urine d’une perfonne faine a donné à certe teinture une couleur rouge, ce qui indiquoit dans certe urine uñ caractère acide: 3 Les deux reins étoient réunis par une anaftomofe, & on auroir cru qu’il n’y avoit qu'un feul rein, fi les vaifleaux fanguins & les vaifleaux excréteurs n'avoient pas été diftincts, Ces deux reins réunis formoient un are, qui approchoit d’un fer à cheval, dont le centre portoit fur la colonne ‘vertébrale. Il n’y avoit qu'une artère émuluenté dé chaque côté : ‘elle pénétroit au-deflus‘de la veine intérieurement près de chaque extrémité , deux rameaux veineux afléz gros fe réunifloient en un feul tronc qui formoit la veine émulgente du côté gauche ; la veine fpermarique aboutifloit à ce tronc. A la partie moyenne fupérieure & interne du côté droit, deux branches veineufes fe réuniffoient en un tronc qui formoit une ne y px econde’ É SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 38r feconde émulgente moins groffe que la première, partoit de [a partie inférieure interne de la portion droite des reins, & après avoir pris un peu plus de volume, elle pénétroit dans la veine-cave , au-deffous de la première émulgente. Ces reins paroifloient formés par la réunion de plufenrs lobules qui préfentoient des inégalités, les deux fubftances n’étoient pas bien diftinctes : le baflinet du côté gauche, étoit plus érendu que Le droit; mais ils avoienc tous les deux plus d'évafion que dans l'état naturel , ainfi que l'extrémité des urerères qui formoit une æefpèce d'entonnoir membraneux ; les mammelons tubulés, où aboutiflent les canaux excréteurs de l'urine, étoient bien exprimés. IL paroît que le fajet de cette obfervation n’a éprouvé aucune incom- modité de la difpofition extraordinaire de fes reins; cependant on pourroit prélumer que la preflion qu'ils pouvoient exercer fur l’aorte & fur la veine-cave , a pu apporter quelque gêne dans le cours du fang , & qu’elle peut avoir eu quelqu'influence {ur les engorgemens qui fe font formés, Il réfulte de certe obfervation que la faignée & les laxatifs auroient pu ètre employés avec avantage dans les premiers jours de la maladie ; elle eft faite pour faire connoïtre la fagefle de la loi, qui veut que les foldats foient tranfportés dans les hôpitaux, dès les premières vingt-quatre heures: cette loi n’exifte pas pour les colonies, où il n’y a pas de réglement général pour les hôpitaux ; mais les chefs militaires qui nous donnent rous les jou:s des preuves de l'intérèc qu'ils prennent à la confervation des foldats, fentiront aifément l'importance de cette loi confervatrice , & ils ordonne- ropt fürement qu'elle foit fuivie, Les foldats de recrue devroient être vificés tous les jours; on doit regarder ces hommes comme dans un état prochain de maladie, plufieurs caufes les y difpofenc ; il y en a beaucoup qui peuvent déterminer le développement de ces difpolitions , & il eft bien effentiel de connoître la première invafion du mal pour pouvoir en fuivre les progrès, & établir dés le principe le traitement qui peut convenir. On trouve dans beaucoup d'auteurs des obfervations d’un feul rein, & des deux reins réunis en un feul, mais dont chaque portion avoit comme dans notre obfervation fes vaifleaux particuliers; M. Lieuraud , mais fur-tout M. Morgagni citent plufieurs de ces obfervations. On a vu un feul rein prendre un accroiflement affez confidérable pour donner une fauffe apparence de :offeffe. On a vu [a comprefion d’un feul rein fur l’aorte donner lieu à un anévryfme: ces faits méricenc d'être connus, & ils doivent infoirer de la prudence fur le jugement qu'on eft dans le cas de porter fur l’état de quelques perfonnes , & fur le diagnoftic de quelques maladies. . Nous avons à nous louer dans l'ouverture de ce cadavre du zèle de Tome XK XVI, Part, I, 1790, MAL Cce L 382 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE; M. Prat, médecin employé dans notre hôpital, & de M, Moly, élève chirurgien, qui a defliné la partie. j ‘ EDEN Explication de la Figure, AAA. Rein. B B. Bafiners, CC. Urerères. D D. Aorte inférieure, EF. Artères renales. FE. Arrères fpermatiques. GGG. Artères capfulaires. H H. Artères iliaques. T. Artère facrée antérieure. ‘ - KK. Veine-cave inférieure. LLL, Veines renales. M M. Veines capfulaires. OOOO. Veines fpermatiques. Alu Cap, ce 30 Juin 1789. Ce n e | ENTOMOLOGIE Ou Hifloire-Naturelle des Infeëles, avec leurs Caraëères génériques & fpécifiques , leur Defériprion , leur Synonymie , & leur Figure enluminée ; grand in-4°. avec des Figures enluminees (1); Par M. OLrvisr, Doëeur en Médecine, &c. EF KP R A TT A vanr de publief fon Ouvrage, l'Auteur a cru devoir parcourir non-feulement tous les Cabinets de Paris & la plupart de ceux des provinces ; mais encore ceux de Londres parmi lefquels fe trouve celui de Linné, & qui renferment la majeure partie des ‘afedtes décrits par M. Fabricius, Il a cru devoir parcourir celui de M, Banks , fi * (x) On foufcrit pour cet Ouvrage chez tous les principaux Libraires de l'Europe, & chez l’Auteur, rue des Maçons , N°. 11. Le prix eft fixé d’après le nombre de planches, Chaque planche enluminée , grand in-4°, y compris le texte, @ vend à div, & une livre en noir. SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 38; intéreffant par le grand nombre d'infectes des îles de la mer du Sud qu'il renferme , & que ce célèbre naturalifte a ramaflés dans fes voyages autour du globe avec le Capitaine Cook. Cet Ouvrage dont il a paru plufieurs livraifons, contient un difcours fur les coléoptères, & les genres Lucane, Léthrus, Scarabé, Trox & Hanneton. ï Le difcours fur les coléoptères préfente la définition“de ce mot & Jes caraëtères qui diftinguent certe clafle d'infectes : il traite enfuite de la génération, des métamorphofes & mues, de la nourriture & des habitudes , des ufages économiques & des propriétés médicinales des différentes parties du corps des coléoprères , enfin de leur divilion méthodique. A l'exemple de Linné, l’Auteur divife les infectes, d'après la forme, la confiftance & le nombre des aïles. Cette manière de divifer les inféctes a l'avantage fur celle de M. Fabricius, fondée fur les parties de la bouche, d’être beaucoup plus sûre, bien, plus facile, & de ne rien laïffer d’arbitraire ; en effet on peut ranger au premier coup-d’œil, un infecte à la place qu'il doit naturellement occuper, fut-il même mutilé; facilité que n'offre pas celle de M. Fabricius dont les ordres ou clafles ne préfentent pas goujours des caractères diftinéts ni faciles à appercevoir. Mais fi l’Auteur a adopté la divifion des infectes d'après le nombre, Ja forme & la confiftance des ailes, il a tiré les caractères des genres de la forme des antennes, du nombre de leurs pièces, & de la forme & du nombre des différentes parties de la bouche, Perfuadé qu'on ne fauroit trop multiplier les fubdivifion pour faciliter l'étude de Hiftoire Naturelle, l'Auteur a divifé les coléoprères en quatre fectiors d’après le nombre des pièces des tarfes; divifion fimple , très-naturelle & très- facile à fuivre, puifque ces parties vifibles même dans les plus petites efpèces , ne varient jamais non-feulement par leur nombre, mais même par leur forme. 4 On fair que tous les infe@tes aîlés paffent par quatre formes différentes , celle d'œuf , celle de larve, celle de nymphe, & enfin celle d'infeéte parfait. L'Auteur fuit les coléoprères fous ces quatre formes diffé- rénres. Tous les coléopteres font ou mâles ou femelles ; aucun n’eft pourvu des deux fexes & aucun n'en eft privé. Iis ne peuvent fe reproduire qu'en s'accouplant, & rous ne s’accouplent qu’une fenle fois; ce qui fuffir pour féconder un nembre confidérable d'œufs dont la femelle fe délivre immédiatement après Paccouplement. Après cette opération, le*mäle meurt, & la femelle ne furvit que pour faire fa ponte, après quoi elle périt elle-même, Tome XXXVT, Part. I, 1790. MAL, Ceca 384 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, L’Auteur préfente rapidement les précautions des mères dans feur ponte , l'attention qu’elles ont de placer les œufs fur. des lieux conve- nables, à portée de la nourriture qui convient aux larves , les moyens que quelques infectes emploient pour s'attirer ; il décric les inftramens dont ils font pourvus foit pour faciliter leur accouplement , foit pour placer convenablement leurs œufs; il donne enfin un précis anate- mique des parties fexuelles des coléoprères. Il pañfe enfuite à la confi- dération de ces infectes dans l’état de larve & de nymphe. Les coléoprères prennent tout leur accroiflement fous leur première forme; c'eft alors que ces infectes {font les plus voraces & qu'ils nous fonc le plus de tort: devenus infeétes parfaits, la plupart ne prennent que très-peu d'alimens; quelques-uns même n'en prennent point, L'accroiflement des larves eft d'autant plus prompt que leur nourri- ture eft plus abondante, & que la chaleur: de latmofphère eft plus grande. Leur bouche eft munie d'inftrumens analogues à leur manière de vivre. Les nymphes des coléoptères ne prennent aucune forte de nouniture , & ne font aucun mouvement. « L’hiftoire des infetes eft beaucoup plus intéreffante lorfqu'on » étudie ces petits animaux à chaque époque de leur vie; lorfqu'on les » fuit, depuis le moment qu'ils fortent de l'œuf jufqu’à celui de leur æ accouplement & de leur ponte. Les torts qu'ils font aux plantes., » aux bois, aux fubftances animales, font bien plus confidérables » dans leur état de larve que dans celui d’infe&e parfait. Dans leur » jeune âge, les infectes ont befoin d'une nourriture abondante pour » que leur corps fe développe, & prenne tout fon accroiflement : dans æ leur dernier âge , les infectes re croiflent plus : le plus grand nombre » ne prend plus d’alimens, & ‘ne femble plus occupé que du foin de » fe reproduire & de perpétuer fon efpèce ». é On connoît les ravages que les bruches & les charanfons font aux différentes graines; les torts que les anthrènes, les plines & les dermeftes. font aux fubftancees animales & végétales, & fur-tout aux colledions; les dégâts que les capricones, fes leprures , les lucanes , les bupreftes, les taupins font au bois vivant , ceux que font à nos boiferies, aux charpentes les vrilletes, les lys, les fcolites : maïs après avoir parlé des torts que nous font les coléoprères , l'Auteur croit qu’on pourroit tirer plus d'utilité de ces infectes. « On a peut-être trop névligé de faire des expériences fur les infedtes æ relativement, à leur utilité dans la médecine & dans les arts : leur >» petitefle fans doute les a trop fair méprifer. Il n'eft pas douteux » cependant qu'il n'y en ait un grand nombre dont les vertus foiene » égales à celles de la cantharide, & plufieurs autres, moins âcres, » moins cauftiques , pourroient dans divers cas être pris intérieurement » avec beaucoup plus d'avantage que la cantharide Le méleë profca- SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 38$ rabé, dont on a tant vanté depuis peu l'efficacité dans la rage, étoit » employé du tems de Mathiolé, dans certe terrible maladie, peut- » être avec aufli peu de fuccès que dans ces derniers tems. Cependanr les æ vertus du profcarabé égalent au moins celles des cantharides; on > prétend même que cet infeéte pris intérieurement , eft plus àcre & plus > jritanc que la cantharide ». “ Le profcarabé pourroit peut-être , felon l'Auteur, fournir une couleur - à la peinture ou à la teinture; on pourroir aufli extraire de la plupart des coléoptères un fel utile dans la médecine, dans les arts & fur-tout dans la teinture, ù La cantharide des anciens n’étoit pas Le même infecte que celle des _ modernes, Les chinois emploient le mylabre de la chicorée , m#ylabris cichorii, très- commun dans tout l'Orient, & il paroît par le paflage füuivanc de Diofcoride que la canthartde des Grecs éroit la même que celle qui eft employée aujourd’hui par les Chinois. Les cantharides les plus efficaces , dit Diofcoride , font celles de plufieurs couleurs , qui ont des bandes jaunes tranfverfes, avec le corps alongé, gros & gras; celles d’une feule couleur font fans forces. On trouve à chaque genre d’infectes les étymologies & l'origine des mots employés par les différens Auteurs. Ce travail eft très - intéreffanc & a dü exiger beaucoup de recherches: L'auteur préfente enfuite les rapports & les différences génériques qui fe trouvent entre les enres Jes plus voifins : il donne enfuite l'anatomie détaillée des parties de la bouche, & leur figure : il décrit les antennes & toutes les parties du corps: il paffe enfuite à la defcription, à l'hifloire & aux habitudes, manières de vivre de La larve & de l'infeéte parfait. L'hiftorique des lucanes elt terminé par la recherche de ce qu’étoir le coffus des Romains, D’aprèsle paflage de Pline où il eft dir que le coffus étoit un gros ver qui vivoit dans les chênes en Jtalie, l’Auteur penfe que ce ver n’étoic autre chofe que la larve du lucane cerf-volant ou celle du capricorne héros, l’une, & l’autre très-communes dans les vieux chênes de toute Tralie. H rejette l'opinion de M. Geoffroy qui a cru que le coflus éroit la larve du charanfon palmifte , fondé fur ce que le palmier ne croifloic point en Jralie, & que certe larve ne-vit point dans le bois du chêne. Ii rejette aufli Fopinion de Linné qui a cru trouver le coffus des Romains dans la larve du bombix, coffus qui vit dans les faules & dans Tes ormes , connu fous le nom de chenille du foule. Outre que certe chenille ne vit point dans le bois de chêne, elle répand une odeur fi forte & fi défagréable qu'il eft difficile de croire qu'elle ait jamais pu être employée comme aliment. Les caractères génériques viennent enfuire fur deux colonnes, l’une en françois, & l’autre en latin: ils font tirés des antennes & des différentes parties de la bouche, Dans la defcription des efpèces, om 386 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, trouve le nom du genre & de l’efpèce en françois & en latin, totts les fynonymes , une courte defcription latine & enfüire une defcription francoife plus déraillée, Tous les infeétes donc il elt fait mention dans le vexte font fiuurés & enluminés, Indépendamment de quelques fysonymes faux quis'éroient gliflés dans les différens Auteurs & que M. Olivier a corrigés, on lui a Yobligation de plufieurs efpèces nouvelles, telles que le lucane lama, le lucane fururale , le lucane fémoral , fans parler de quelques efpèces qui n’éroienc point décrites dans les Auteurs fyftémariques. Le léthuÿ ne comprend qu’une feule efpèce qui vit dans les déferts aides de la Tactarie méridionale & dans une grande partie de la Hongrie, Ce mot donné à ce genre par M. Scopoli avoit été employé par les anciens, = D'après l'examen des parties de la bouche, l’Auteur trouve que le genre {carabé devroit en former trois qui feroient très-diftinéts entr'eux: le premier comprendroit les fcarabés qui ont des mandibules, & qui n'ont point de lèvres fupérieures ; le fecond renfermeroit les fcarabés qui ont des mandibules & une lèvre fupérieure; dans le troifième feroient placés ceux qui n’ont ni mandibules ni lèvres fupérieures, Ces infectes différent entr'eux non-feulement par la forme de la bouche, mais encore par leur manière de vivre. On trouve dans le genre fcarabé plus de foixante efpèces entière- ment nouvelles, & l'indication d'un grand nombre d'erreurs qui s’étoient gliffées dans les ouvrages de quelques entomrelogiftes. L'Auteur nous apprend entr'autres que le fcarabæus [aber de Linné & de Fabricius, eft la femelle du /carab, Hercules; que le fcarab. Marianus eft la femelle du fcar. Tityus; que le fcar. Validus de Fabricius eft la femelle du fcar. Aloëus; que le Eurytus Fab. eft la femelle de l’Æno- barbus; le Aries Fab. eft la femelle du Satyruss que le fcar. lephus Fab. ef le même infeéte que le fear. Farcris; que le Prinus Germanus de Linné eft le même infeéte que le fcar. Afper de Fabricius ; que le fcar. Lar. Fab. ef le même que le fcar. Ammon; que le fear. Camelus Fab. elt le même que le {car, Vitulus ; enfin que le fcar. Flaviges Fab, eft le même que le fcar. Gallipy. Le genre trox comprend deux efpèces entièrement nouvelles ; l’une de Cayenne & l'autre du Sénégal. Le mot Trox eft grec & a été employé par Héfode ; il fignifie rouge. On peut voir dans l’article la manière de vivre de ces infe@es, Le genre hanreron eft un de ceux qui doivent le plus fixer lat, gention de la plupart des lecteurs. Les infectes qui le compofent font trop connus par les dégâts qu'ils ne ceflent de commertre depuis leur naiflance jufqu'à leur mort, pour que l’Auteur nait pas mis la plus grande exactitude & préfenté les obfervations les plus intéreffantes ; te dt D Ed en ces SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 387 dans leurs defcriptions. Après avoir dit que M. Fabricius les a féparés des fcarabés avec lefquels les avoient confondus les autres entomolo- giftes , il montre les différences qui les diftinguenc & doivent les faire adoprer comme genre particulier. Nous ne pouvons que renvoyer à l'ouvrage même , pour faire connoître l'hiftoire générale & particulière des hannerons ; on y trouvera leur manière de vivre, leur accouplement ; leur ponte, leurs métamorphofes, & tout ce qui peut conflituer les mœurs de ces infectes. L’Aureur n'a pas oublié de préfenter différens moyens pour tâcher de détruire d'aufi voraces deftructeurs, & a rec- tifié quelques erreurs adoptées aflez généralement, Cer article feul ne peut que donner l’idée la plus avantageufe de l'ouvrage, & infpirer au public le defir & l'attente d'en voir la continuation. Ce genre comprend cent fepe efpèces, dont vingt-une entièrement nouvelles. On y trouve que le fcarabæus Maurus de Linné & de Fabricius , eft le même infecte aue le mélolontha Cardui de Fabricius; que le fcara- bæus Globacor, Fab. appartient au genre hanneton. Non-feulement M. Olivier corrige les doubles emplois & toures les fauifes fpnonymies des Auteurs qui Font précédé ; mais il préfente la fynonymie la plus complette qui ait encore paru fur l'entomologie. NOUVELLES LITTÉRAIRES. S ITUATION politique de la France , & [es rapports aë&uels avec toutes les Puiffances de l'Europe: Ouvrage dont l'objet ef? de démontrer par les faits hifloriques & les principes de la faine politique tous les maux qu'a caufés à la France l'alliance Aurrichienne, & toutes les fautes que le Miniflére François a commifes depuis l'époque des Traités de Verfailles de 1756 , 1757 & 1758 jufqu'à nos jours : adreffé au Roi & à Ÿ Affemblée Nationale, par M DE PEYSSONEL , ancien Conful oénéral de France à Smyrne , Affocié des Académies , de Lyon, Dijon, de Marfeille | Membre honoraire de celle dus Antiquités de Caffel, & Correfpondent de l'Académie Royale des Tafériprions & Belles-Lettres: feconde édition, augmentée d'ur chapitre fur Malte, d’un autre fur Genève, & deplufieurs autres additions. À Neufchirel ; & fe rrouve à Paris, chez Buiflon ; rue Haute-feuille , hôtel Coërlofquer , N°. 20 , 2 vol. #r-8°. Il eft sûr que c'eft de cette époque que datent tous les maux fous lefquels a failli fuccomber un des plus beaux empires de univers; mais eft-ce un des effets du traité qui a rompu toutes nos anciennes alliances? 383 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, Ef-ce la fuire du caraëtère de ce Louis XV, ditle Bien-aimé, tant fa flarterie eft aveugle, mais que l'hiftoire appelle le fardanapale des rois de France... .c'eft ce que nous n’ofons décider, Mais une obfervation que nous préfenterons à Louis XVI &e à nos concitoyens libres aujourd'hui par leurs généreux eflorts, eft que ce traité fut fait par un prêtre, & que l'Avgleterre depuis qu’elle eft libre, n’a plus fouffert que les prêtres fuflenc diftraits de leurs occupations utiles par les affaires du miniftère, quoique les prêtres foient mariés chez eux. Traité des Caraétères extérieurs des Foffiles , traduit de l Allemand, de M. A. G. WerNER, Infpeëteur des Mines & Profcfleur de Miné- ralogie à l'Académie des Mines de Freyberg, de la Société économique de Leipfick , de celle des Amis de la Nature de Berlin , & de celle de l'Art de l'exploitation des Mines ; par le Traduë&teur des Mémoires de Chimie de SCHÉELE. À Dijon, de l'Imprimerie de L. N.Frantin, Imprimeur du Roi; & fe vend chez Mailly, Libraire, place Saint- Fiacre : & fe trouve à Paris, chez Onfroy, Libraire, rue Saint-Vi&or, N°. z1. M. Werner eft fans contredit un des premiers minéralogiftes de V'Allemagne, qui en compte cependant un fi grand nombre d’excellens, C'eft donc un nouveau fervice que vient de nous rendre Madame Picarder, en enrichiffant notre langue de cet Ouvrage: L'amour des fciences natu- relles l'a engagée à apprendre le fuédois , l'allemand , &cç. pour nous traduire les Ouvrages les plus eftimés. Les notes favantes dont elle a enrichi le texte, prouvent fes connoiflances étendues dans cette partie, Elle a embraffé la nouvelle théorie, différente de celle de l’auteur; ce qui eft fans doute très-permis. Mais qu'elle veuille bien que je lui fafle une petite obfervation fur les changemens de nom, Page 213, elle a changé le nom de glimmer verd en celui de muriate de cuivre alumineux. Or, il eft prouvé par les nouvelles expériences de M. Klaproth , que Bergman s’écoit trompé dans l’analyfe du glimmer , qui n’eft point du cuivre miné- ralifé par l'acide marin, mais qu'il contient un nouveau demi-métal ; ainfi ce nouveau nom ne peut lui convenir. . . . Qu'on refpecte donc ros chers noms, puifque nous n'avons que ce moyen pour nous entendre, fr nous ne voulons pas tomber comme aux plaines de Sennaar dans ja confufon des langues; & lerfqu'on voudra donner un nouveau-nom à une fubftance , que ce ne foit jamais un nom fondé fur une hypothèfe , parce que l’hypothèfe dérruite , Le nom devient auñi-tôt fautif, & induie en erreur, F Effais de Phyfique; par Marc-Auqusre PiCTET, Profeffèur de Philofophie ; SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS: 389 Philofophie, & Membre de la Société pour l'avancement des Arts à Genève, Nata elt ars ab experimento. Quinil. Tome premier. À Genève, chez Barde, Mangét & Compagnie, Imprimeurs-Libraires, 1 vol. ë1-8°, \ Ce premier volume du favant profefleur de Genève eft tout entier fur la nature du feu, On fait que c'eft aujourd'hui un des points les plus difficiles de route la haute Phyfique. M. Pictet l’a traité en phyficien éclairé toujours par le flambeau de l'expérience. Filature , Commerce , & Prix des Laines en Angleterre, où Correfpon- | dance fur ces matières entre MM. BANKS , Préfident de la. Société Royale de Londres, ARTHUR YOUNG & plufieurs grands Proprié- taires de l'Angleterre ; traduit de l'Anglois , par M. C. PA Paris, chez Cucher, Libraire, rue & hôtel Serpente, 1 vol. &r-8°. Du grain pour fe nourrir , de la laine pour fe vêtir , du fer pour faire des inftrumens afin de fillonner la terre qui produit ce grain , ou pour fe défendre des animaux féroces, & fur-tout de l’homme fouvent le plus féroce de tous (1)... .telles font les chofes néceffaires à l'homme en fociété , & qui lui procurent toutes les jouiffances réelles. L’anglois les pofsède routes ces chofes er grande quantité : & cependant fon inquiette activité l'emporte fans cefle, ainfi que les autres Européens, dans toutes les parties de l'univers, qu'il enfanglante & de fon propre fang & de celui de fes femblables, pour aller chercher des jouiflances fadices ; qui bien loin de fatisfaire fes goûts, ne font-que les irriter. . . Le cultivateur angloïs eft dans une guerre continuelle avec le manu- faturier : celui-ci s’oppofe fans cefle à la fortie des laines du premier, qui par conféquent eft obligé de les donner à un prix modique. . . . Tel eft l’objet de ces Lettres très-attachantes pour tous ceux qui s'occupent des grands intérêts politiques des nations, Manuel des Goutteux & des Rhumatifles , ou l'Art de fe guérir foi- même de la Goutte, du Rhumarifme, & de leur complication, avec la maniere de s’èn préferver , de s'en guérir, & d’en éviter la récidive , Juivant la méthode de feu M. GACHET , Maître en Chirurgie, Auteur de PElixir anti-goutteux ; par M, GACHET, Dodteur er (x) Un lion, un tygre n'égorge que ce qui lui eft néceffaire pour aflouvir {a faim. Mais un (eul defpote, un feul conquérant , dévore des nations entières. Voyez cet ambitieux qui pour fatisfaire fon avidité démefurée va faire périr dans la guerre préfente du nord plus-de quinze cent mille hommes, & ruiner la moitié des deux plus belles parties du globe. Tome XXXVI, Part. 1,1790. MAL Ddd - 390 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, Médecine, Membre de l Académie des Arcades de Rome , du Mujée de Paris , &c. troifième édition, revue, corrigée & augmentée. Prix; broché, 2 liv. 10 fols, port franc, 3 liv. _ ï Una falus podagris ex hoc fperare falutem. Abjurant déformais votre incrédulité, Goutteux , d’un bon remède efpérez la fanté. A Paris, chez M. Gacher, porte Saint-Denis, rue Beauregard, N°. so; le Boucher, Libraire, au coin des rues du Marché-Pallu & de la Calandre, vis-à-vis celle de Saint-Criftophe en la Cité, à la Prudence, 1 vol, 7-12. - Trois éditions de cet Ouvrage en aflez peu de tems, prouvent qu'il a été agtéable au Public. Géographie des Grecs analyfée, ou les Syflémes d'ERATOSTHÈNES ; de STRA8SON € de PIOLEMÉE comparés entreux & avec nos | connoiflunces modernes : Ouvrage couronné par l’Académie Royale des Inferiptions & Belles-Lertres ; par M. GosseLiN , Député de la Flandres, du Hainaut & du Cambrefis au Confeil Royal du Commerce. : Videndum eft, non modo quid quifquis loquatur, fed etiam quid quifque fentiat, atque etiam qua de caufa quifque fentiat. Cicero de Officiis, Lib. 1, $. 4x. ï A Paris, de l’Imprimerie de Didot l'aîné, 1 vol. petit 27-fol. & fe è trouve à Paris, chez Debure, Libraire, rue Serpente, hôtel Ferrand, Le jugement de la célèbre-Société qui a couronné cet Ouvrage, prouve affez tout le cas qu’on en doit faire. L’Auteur compare les travaux des géographes anciens les plus célèbres. Il fair voir que leurs connoiffances fur certaines parties éroient très-érendues. « Si on les compare, dit-il, » avec les travaux des géographes françois du fiècle dernier , on verra que » ceux-ci étoient bien loin d’avoir fur la longueur de la Médirerranée & > für la diftance du Gange des notions qui approchaffent de la juftefle de » celles que nous venons dedécouvrir dans la carte d'Eratofthènes. Nicolas » Samifon en 1652 & Guillaume Samfon en 1668 comptoient encore » du cap Sacré à Iffus 6o degrés, ce qui donnoit à la Méditerranée une » érendue de près d’un tiers de plus qu’elle n’a réellement; au lieu » qu'Eratofthènes ne s’étoit trompé que d'environ un degré. Ils » plaçoient aufli l'embouchure du Gange à 125 degrés du cap Sacré, & >» 2» | ll È __— «8 jun PES c’éroit 25 degrés de trop à lorient , tandis que dans la carte d'Era- tofthènes l’erreur n’eft que de quatorze lieues. a Nous difons que ces connoiffances n'ont pu appartenir ni à Eratofthènes ni à fon fiècle. . . . Il faut croire quelles ont appartenu 1 » à un fiècle très-éloigné, ce qui nous perfuade que dans des rems très- | , à SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 391 » reculés la Géographie de l’ancien.continent a été aufli avancée que » celle que nous poflédons maintenant ». Ainf tout nous ramène à une époque où le genre-humain a eu les connoiffances les plus approfondies de la nature. Nous l'avons déjà dit en parlant de la Mérrologie de M. de Romé de l'Ifle (juin 1789 ). Nous nous empreflons d'annoncer que les Repréfentans de la nation françoife viennent de decréter le projet de réforme qu'il démandoit dans les poids & mefures, & qu’il a été dit qu’on propoferoit à la nation angloife de fe réunir à nous à cet égard. : Recherches Jur la-nature & les caufes de la Richefle des Nations , traduites de lAnglois de M. SmiTH, fur la quatrième édition ; par M. RoucHer , & fuivies d'un volume de Notes, par M. DE CoN- DORCET , de l’Académie Françoife , & Secrétaire perpétuel de l'Académie des Sciences : tome 1 & II. À Paris, chez Buiflon, Libraire, rue Haute-Feuille , hôtel Coëtlofquer, N°. 20. Le Traité des caufes de la Richeffe des Nations eft un de ce: Ouvrages qui honorent le plus l’efprit humain. Il a encore bien plus de prix dans ces beaux momens où les hommes éclairés par la Philofophie fortent de la léthargie où les avoit plongé le defpotifme, & reconnoiffent qu’ils ne doivent plus exifter feulement pour chercher à ‘farisfaire les caprices de quelques cyrans. Les nations vont déformais travailler à fe procurer toutes les jouiffances qui dépendent de l’état préfent des chofes. La politique éclairée verra que la vraie félicité d’un peuple n'eft pas dans l'éclat de quelques viétoires ou de quelques conquêtes. . . . Cette nouvelle tra- duction elt faire avec beaucoup de foin , & fera enrichie par des notes de M. de Condorcet. Nouvelles ou Annales de L'Art de guérir : Recueil raifonné de tout ce qu'il importe d'apprendre pour étre au courant des connoiffances & à l'abri des erreurs relatives à la Médecine, à la Chirurgie & à la Pharmacie ; par le Do&eur Rerz, l’un des Médecins ordinaires du Ro, Médecin des Hôpitaux de la Marine pendant la dernière guerre. Non ullam aut vim aut infidias hominum judiciis facimus , aut paramus. Verum eos ad res ipfas , & rerum fœdera ita adducimus , ut ipfi videant quid habeant, quid arguant, quid addant, atque in _ commune conferant, Baco, Tome fixième, 1 vol. in-16. À Paris, au bureau des Annales de l'Art de guérir , rue Saint-Honoré, près celle des Frondeurs, n°, 238, Nous avons déjà fait connoître les premiers volumes de ces Annales, Jeur favant Auteur s’y montre toujours partifan zélé de la bonne do&trine dans l’art de guérir , & pourfuit avec chaleur le charlatanifme. Tome XX XVI, Pare. I, 1790. MAL. *!, Ddd'z 392 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, Elémens de Chimie ; par M. 3. A: CHAPTAL, Chevalier de l'Ordre du Roi, Profeffeur de Chimie à Montpellier, Infpeéteur honoraire des Mines du Royaume, & Membre de plufieurs Acadëmies de Sciences, de Médecine, d'Agriculture , d'Infcriptions & Belles-Lettres. A Montpellier , de l'Imprimerie de Jean-François Picot, feul Imprimeur du Roi & de la Ville, place de l'Intendance , 3 vol. 47-89. Le favant profeffeur de Montpellier fentant combien il eft utile à des élèves d’avoir les cahiers de leur maître, a pris le parti de des faire imprimer : & fans doure il leur a rendu un grand fervice. Ce font les Elémens que nous annonçons, [l y traite de route la Chimie. Ses vues fe dirigent fouvent vers les arts ; & c’eft ure nouvelle obligation qu'on lui a, Les fciences doivent éclairer les arts, les diriger, & amener à la perfection leurs procédés qui fouvent ne font que routiniers. Notre célèbre Aureur a plus fait encore: il a élevé lui-même des manufactures qui font très-oriffantes, Son Ouvrage ne peut donc qu'intéreffer à toutes . fortes d’égards. Eflimarion de la Température de différens degrés de Latitude ; par RicHarD KinWAN, Ecuyer, de la Société Royale de Londres, & Membre des Académies de Stockolm, Upfal, Dijon, Dublin, Phr- ladelphie, &c. Ouvrage traduit de l'Anglois , par M. ADET fils, Doëteur-Régent de la Faculté de Médecine de Paris. À Paris, chez Cucher, Libraire , rue & hôtel Serpente , 1 vol. ë-8°. ” Le nom de M. Kirwan eft trop connu dans les fciences pour qu'on ne foit pas sûr que tout ce qui fort de fa plume a droit d'intérefler les phyficiens. Leur attente ne fera point trompée dans la le@ure de cet Ouvrage ; le favant traducteur , M. Adet, l’a enrichi de notes. Annales de Chimie, ou Recueil de Mémoires concernant la Chimie & les Arts qui en dépendent ; par MM. DE MORVEAU, LAVOIsIER , MoNGE , BERTHOLET, DE FourCrOY, le Baron DE DIETRICH, HASsENFRATZ & ADET. Tome quatrième. À Paris, chez,Cuchet , - Libraire ,rue & hôtel Serpente; & à Londres ; chez Jofeph de Boffe, Libraire , Gerard-Street ; N°. 7 fohe. Ces Annales principalement deftinées à répandre la nouvelle doctrine en Chimie, font toujours très-inréreffantes , & ce nouveau volume wintéreffera pas moins que les précédens. Des Loix pénales ; par M. DE PASTORET , Maftre-des-Requétes, de T Académie des Inferiptions & Belles-Lerres , &c. &c. À Paris, chez Buiflon , Libraire, hôtel Coërlofquer, rue Haute-Feuille, 2 vol. in-8°. Re F Ce favant magiftrat a fait une étude particulière de cette partie de [a légifl ation, IL rapporte les loix pénales des différens peuples, qui montrent ue ee Mt. 0 «- SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS, 393 én pénéral bien moins de philofophie que de barbarie; & par:tout il rappelle aux grands principes de l'humanité, Cet Ouvrage fair autant d'honneur à fon cœur qu'à fon efpri. Il n'eft pas impolble d’apoliquer ici la précifion mathématique comme je l'ai fait voir dans mes principes de la Philofophie naturelle. , : L'homme n'étant point réuni: en fociété ; & n’ayanr que fa force individuelle, doir repouffer la violence par la violence, & tuera celui qui en veut à fa vie, s’il ne peut fe défendre autrement. L'homme quoiqu’en fociété jouira encore du même droic, s’il eft attaqué dans un lieu où il ne peut appeler la force publique. . Mäis la force publique ayant faifi le coupable, peur-elle lui donner la mort? De grands philofophes difent oui: de grands philofophes difent non. Voici les principes : L Nul homme n’a droit fur la vie d'un autre homme, par conféquent la fociété qui n’elt qu'une collection d'hommes ne l’a pas davantage. Nul homme n'a droit fur fa propre vie: ainfi il ne peut céder à la fociété ce droit qu'il n’a pas. On ne peut donc partir de-là pour accorder Le droit de vie & de mort à la fociété.. Cependant on doit repouffer l’affaflin par la force, & s’il ne refte pas d’autre moyen , on doit le tuer: ce ne peut être que fous ce rapport que la fociété auroit le droir de vie & de mort; mais la force publique a un autre moyen , favoir , une force fupérieure : elle ne peut donc faire périr l'afluffin fans injuflice. Cela eft démontré. BL e Mais, objecte-c-on, quelle puaition infliger au coupable? Il faue définir ce que c’eft qu'une punition. Une peine corporelle n’eft point pour réparer le mal fait, comme on la dit, ce font les amendes; mais elle eft pour empêcher qu’on en faffe de nouveau. Si donc la fociéié n’avoit d’autres moyens d'empêcher les crimes que les peines de mort, elle auroit droit d’en punir les coupables: & c’elt dans ce feul-fens que les fociétés. peuvent avoir droit de vie & de mort, comme elles ont le droic de guerre; mais l’hiftoire de tous les peuples nous fait voir que les peines de mort & même les plus barbares ne retiennent point le criminel, & qu'il y a autant de crimes ou même plus fous ce régime que lorfqu’il n’y a point de peines de mort. . . . Une fociéré bien policée doit donc fe faïfir du coupable & le condamner feulement aux travaux publics, comme ‘on le fait à Berne, &c. &c. pour plus ou moins de tems à raifon du crime. Abrégé des Tranfaëtions Philofophiques de la Société Royale de Londres : Ouvrage traduit de lAnglois, & redige par M. Gt8ELIN, Doëteuren Médecine, Membre de la Société Royale deLondres , &c, &c. quatrième livraifon , formant deux volumes in-8°. de ÿoO pages cha- cun , avec des Planches en taille-douce , contenant la Botanique » la 304 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE: Phyfque végétale, l'Agriculture , /e Jardinage & l'Economie rurale, * A Paris, chez Buiflon , Libraire, rue Haute-Feuille, hôtel Coëtlofquer, N°. 20, Le prix de chaque volume eft de 4 liv. 10 fols broché, & 5 liv, franc de port par la pofte. Cette belle entreprife fe continue avec le même zèle &ila même adivité, comme le prouvera la lecture de ces deux nouveaux volumes. Leur * favant rédacteur, M. Gibelin , y a répandu le plus grand intérêt. Bibliothèque de l'Homme public , où Analyfe raifonnée des principaux Ouvrages François & étrangers fur la Politique en général, &c. par MM. (1) DE CoNDORCET , DE PEYSSONEL & LE CHAPELIER, Tome troifième. À Paris, chez Buiflon, Libraire , rue Haute-Feuille, * N°20. . Ë Ce volume contient un extrait des Ouvrages de Guicciardin , de Bernard Girard, & de la Richefle des Nations de M, Smith. On donne aufli un état de la population de la France qu'on fait monter à 2$f00009 en y comprenant Ja Corfe, mais fans compter nos autres îles. Dans ce aombre le clergé féculier & régulier eft eftimé à 80000 , la noblefle à 110000 , Les proreftans à 3000000 , les juifs à 30000. Ces calculs ne font pas parfaitement exacts ; car le clergé, par exemple, va au-delà de 8ccoo. L’Alfemblée = Nationale a eftimé le nombre des religieux à 15000, celui des religieufes à 18000. Il y a en France plus de 40009 curés, plus de 20000 vicaires, prêtres habitués, &cc. & enfuite une foule d'eccléfafliques fans fonétions utiies, tels que chanoïnes, abbés de cour, &c:... Le favant Price porte la population de la Franceà plus de 30000090. Cependant tous nos calculs les plus exacts ne la portent pas fi haur, . . Obférvation fur les Araignées. - M. D'IsJONVAL connu par de bons Ouvrages de Chimie & de Phylique , a fuivi le travail des araignées avec un foin extrême, il a admiré leur précifion, leur délicateife , leur régularité , la manière donc elles enveloppent de fils gluans les infeétes qu’elles veulent retenir; mais il a fur-tout obfervé qu’elles font rès-fenbbles à l'éledricité, & peuvent fervir de baromètres. Si le rems doit être très-mauvais, elles ne travaillene point du cour , & reftent tapies dans un coin, Si le tems doit être variable, elles travaillent fur un moindre diamètre, fur-tout quant à l’étendue de leurs maîtres-brins ou points d'attache ; mais fi le rems eft fixé au bear, elles commencent avec une activité extraordinaire, & vont porter les maîtres- brins de nouvelles toiles à des diftances confidérables. Les a —————— (x) Un patriote ne doit plus prendre le nom de Marquis , n’ÿ ayant plus de Marquifar, puifque les Marquifars tenoient au régime féodal que la Nation a _déjruit par les Decrets de fes Fondés de pouvoir. ‘SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 39; araignées diftinguent très-bien la pluie qui doit être fuivie de beau tems, & une huzidité qui n'eft pas encore fenfblé au baromètre, mais qui prépare un mauvais tems bien décidé, Ii eft perfuadé que les araignées font utiles dans les écuries pour garantir les chevaux des mouches, Mifs Herfchel a découvert le 17 avril une petite comète dans Ja conftellation d’Andromède. C'eft la quatrième qu’elle a découverte. Programme de l'Académie des Sciences, Belles -Lettres & Arts de Lyon 1789. Diflribution & prorogations de Prix. L'Académie avoit quatre prix à diftribuer, cetre annéë, en y comprenant celui de 1788, donc elle avoit différé l'adjudicarion, pour qu'il fût procédé , de nouveau , à l'examen des nombreufes expériences propofées dans quinze Mémoires, admis au concours fur le fujet fuivant : Déterminer la manière la plus fimple, la plus prompte & la plus exuûe de reconnoftre la prèfence de l'alun & [a quantité, lorfqw’il eff diffolurion dans le vin, & jir-tout dans un vin très-coloré. . MM, les Commiffaires , afin de mieux apprécier les réfultats des diverfes expériences , indiquées par les Auteurs, ont cru devoir répéter ces effais fur des vins de différens âges , de différentes qualités , & alunés à différentes époques. Ce long travail les a forcés de demander plufeurs délais, avant de procéder à leur rapport, ## * Sur ce rapport, l’Académie a jugé que, quoiqu'aucun concurrent n’eût parfairement rempli routes Les vues énoncées dans fes programmes, & qu'elle ne für pas dans le cas de décerner le prix propofé double, confidérant néarmoins que, fur l’expofé même de fes Commifaires, quelques-unes des queftions préfentoient des difficultés prefqu’infolubles, elle s'eft dérerminée à le partager entre trois Mémoires, dignes d'éloges à plufieurs égards , quoique dans des proportions différentes. Elle a:adjugé la médaille’ d’or de 300 liv. au Mémoiré (coté au concours , N°. 9 ) ayant pour devife : Er prits apricis nift pendat folibus alas, Sæpius , &' multo jaëet tentamina nifu , Aerios nunquam fuperabit garula nimbos, Le billet cacheté s’eft trouvé contenir la même devife & le nom de M. Rocer , Docteur en Médecine. L'Académie a vu, avec fatisfaction , que c’étoit le même Auteur qu'elle avoit, ci-devant, couronné dans le premier ‘oncours, où il s'agifloit d'examiner /a diffolurion de l'alun dans le vin, confidérée relativement à la confervation du vin & à celle de la fanté. Vu l'importance des deux fujets , leurs rapports, & la manière dont ils ont été traités par M. RoGEr , l’Académie a penfé qu'il feroit utile & agréable au Public, que fes deux Mémoires fuflent fondus en un feul corps d'ouvrage, & a fait inviter l’Auteur à le publier ainfi par l'impreflion, g6 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, La feconde médaille, de même valeur, a été partagée entre les Auteurs: de deux Mémoires dont l’Académie delire également la publication. L'un (coté N°, 10) portant pour épigraphe , ce vers de Wrrgile :. , Felix qui potuit rerum cognofcere caufas , | ni eft de M. BÉrauD, de l'Oratoire, Profeffeur de Mathématiques au Collège de Marfeille. ÿ L'autre (fous le N°. 5 ) écrit en latin, a pour devife ces mots : Srgillum ver frmplex. RU L'Auteur a gardé l'anonyme, & a voulu que la fomme de fo écus, qui lui appartenoit, fût employée de la manière qui parofroit le plus convenable à l’Académie. Pour le prix , relatif aux Arts, fondé par M. CHRISTIN , l’AcA- DÉMIE avoit demandé, d'indiquer le moyen de rendre le cuir imper-. méable à l'eau, fans altérer [a force ni fa foupleffe, & [ans en augmenter fenfiblement le prix. . Elle n’a reçu que trois Mémoires, & fes Commiflaires n’ont eu à examiner que des détails étrangers à la queftion, des échantillons. vicieux , fans indication de procédé , ou des procédés connus & infufh- fans. Cependant, cet objet étant d’une” véritable utilité , l’'AcA- DÉMIE s’eft décidée à continuer Le fujet, à propofer le prix double , pour l'année 1792 , & à joindre aux queftions énoncées , quelques développemens qui fe tmuveront ci-après, avec l'annonce du prix. Elle avait renvoyé à ‘cette année la diftribution d'un autre prix double, ci-devant réfervé, für les moyens de fixer les teintures ;, tirées des LICHENS & fpécialement de l'ORSEILLE. Elle avoit arrêté , én même temps, que fi elle ne recevait rien de farisfaifane fur ce fujer, elle y renonceroir , pour en propofer un autre dans la partie des Arts 3 il fera annoncé, ci-après, avec ceux de l’an- née 1791. Enfin , l'ACADÉMIE avoit ouvert un quatrième concours, fur la grande queftion de Za découverte de l Amérique , propofée par M. l'Abbé RaïNAL, pour un prix de 1200 liv. Elle a reçu douze Mémoires, dont plufieurs, admis dans les précédens concours, ont reparu avec des changenens, & dont quelques-uns méritent, fans doute, des éloges; mais c’eft avec regret qu’elle eft forcée d'annoncer qu'aucun n'a répondu à l'idée qu’elle a dû fe former d’un ouvrage, qui fût digne en même temps ; du fujet & de celui qui l'a propofé. Elle a enfin définitivement renoncé à ce fujer, & a prié M. l'Abbé RayNaAL de retirer fes fonds 3 il s'y eft refufé, en approuvant néanmoins la décifion de l'Académie & lui a demandé , avec inflance, de propofer , pour le même prix, un nouveau fujet lrtéraire & politique ; elle eût bien defiré qu'il eûc été du choix du fondateur: empreflée de répondre à la nouvelle preuve de confiance qu'elle en reçoit, elle a füivi fes intentions , mais elle a T4 SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS, 393 cru devoit s'arrêter à un fujet un. peu vague, afin d’éviter toutes les importantes queltions, dont l'examen & la décifion font foumis, en cet inftant, au tribunal fuprème de la Nation. Le fujet fera annoncé avec ceux de 1791. Sujets propofés pour l'année 1790. … L’ACADÉMIE a propofé , pour le prix de Mathématiques, de la fondation de M. CHRISTIN , le problème fuivant : Le fyfléme de l'applatiffement de La terre vers les pôles, eft-il fondé Jur des idées purement hypothétiques , ou peut-il étre démontré géométriquement ? {On demande une théorie qui embraffe toutes les preuves & toutes les dificulrés, & qui puifle Bret l'opinion fur cette matière. . Conditions. Toutes perfonnes pourront concourir pour ce Prix, excepté les Académiciens titulaires & les vétérans , les aflociés y feront admis. Les Mémoires feront écrits en François ou en Latin. Les Auteurs ze Je feront connoître ni direétement, ni indireëtement ; ils mettront une devife à la tête de l'ouvrage , & y joindront un billet cacheté, qui contiendra la même devife, leur nom & le lieu de leur réfidence. Les billets des Mémoires couronnés feront feuls ouverts ; ceux des Ac- ceflis feront réfervés : tous les autres briülés en préfence de l'Aca- démie, ‘ : A4 Les Paquets feront adreflés, francs de port, à Lyon, à M. DE LA TOURETTE , Secrétaire perpétuel pour La claffe des Sciences, rue Boifluc ; l Ou à M. pE Bory , ancien Commandant de Pierre-fcize, Secré- taire perpétuel pour La claffe.des Belles-Lartres & Bibliorhécaire, rue Saënte-Hélene ; Ou chez A1MÉ DE LA Rocxe, Imprimeur-Libraire de l’Aca- démie , maifon des Halles de laxGrenette. Le Prix confifte en une Médaille d'or, de la valeur de 300 livres, & fera délivré en 1790, dans une féance publique de l’Académie, après la fête de S. Louis. Les Mémoires ne feront admis au concours, que jufqu'au premier avril de la même année , le terme étant de rigueur, Là Pour les prix d'Hifloire naturelle, fondés par M. Adamoli, l'aca- démie ayant obfervé qe, jufqu’à ce jour, elle n’avoit confidéré ; dans le choix des fujets qu'elle avoit propofés, que l'application qu’on en peut faire dans les arts, & que néanmoins , fuivant l'intention du fondateur , elle devoit aufli chercher à concourir direétement aux pro- grès des diveifes branches qu’embrafle cette fcience, elle a dans cerre vue, demandé ce qui fuit ; Tome XXXVI, Part, I, 1790, MAI Eee 358 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, Raffembler des notions acquifes Jur la famille naturelle des plantes ; difinguées par Ray & par Linné, fous Me nom de Srellatæ. En déterminer rigoureufenenr les genres qui fewrouvenr er Europe, en examinant ft ceux qui ont éte établis par les Boranifles moderkes s Jont naturels ou artificiels, \ \ Décrire avec préciféon toutes les efpèces Européennes, dans des termes Tecniques, adoptés pur les modernes, Juivant la méthode de Linne. Décrire plus particulièrement les efpèces qui n'auroient pas été reconnues ou fuffifamment déterminées. Diflinguer exaélement les variétés .effentielles , notamment dans le genre du caïllelait (gallium ), : Enfin, joindre aux deferivtions , les [ynonymes des meilleurs auteurs L »J É4 2 CARE É » . Lindication des figures qu'ils ont publiées; 6 s'il ef? poffible, com- muniquer en échantillons, défféchés , les #efpèces ou variétés , fur . . 2 . L2 defquelles porteroient des obfervations nouvelles. L'Academie n’ignore pas que plufieurs Botaniftes célèbres ont, de nos jours, répandu beaucoup de lumières fur cette famille de plantes ; mais il eft vraifemblable que, quoique reftreinre à un petit nombre de genres & d’efpèces, elle préfente encore des découvertes à faire. Quoi qu'il en foit, rapprocher dans un même ouvrage les lumières éparles , pourles comparer , ce fera les rendre encore plus utiles. Le premier prix cofififte en une médailles d'or de 300 livres, le fecond en deux médailles d'argent, frappées au même coin. Ils feront diftribués en 1791, après la fère de S. Pierre. L'admiffion des Mémoires au concours, eft fixée au premier avril de la même année; les autres conditions comme ci-deflus. Nouveaux Jujets propofés pour l’année 1701. - L'Académie propofe pour le prix de PAyfique fondé par M. Chriftin, Ja queftion fuivante : * Quelles font Les caufes de lafcenfion de la fève dans les arbres, au printems , & celles de fon renouvellement dans les mois d'aoûe ° ou de juillet, fuivant le climat ? Nota. Les deux époques indiquées paroiffent effe&ivement détermi= nées par la nature, puifque les greffes ne réuffiffent pas en d'autres temps ; quelques exceptions , s’il en efl, ne détruient pas certe loi générale. Le prix eft une médaille d'or, de la valeur de 300 div, Il fe dif tribuera, en 1791, après la fêre de Saint Louis. Les Mémoires ne feront admis à concourir , que jufqu'au premier avril de la même anrée, terme de rigueur. Les autres conditions fivant l’ufage. Après avoir renoncé au fujet de prix, fur lu manière de fixer Les couleurs , tirées des Lichens 6 particulièrement de l'Orfèille, Y Aca- SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS, 309 démie, pour le prix extraordinaire & double , relatif aux arts, qu'elle a réfeivé, propofe à réfoudre les queftions ci-après : 1°. Les manufaäures de laïnage réuniroient-elles , plus qu'aucune autre, les avantages detavoriler l'agriculture, la fübfflance des hommes & le commerce ? : 2°. Réuniroient-elles, plus qu'aucune autre, les avantages de fournit du travail pour tous les âges, tous les fexes, rous les genres de faculté & d'intelligence; & d'être plus indépendantes de toutes les variations qui réfulrenr de diverfes circonftances ? 3%. Quels feroient les moyens les plus promprs, & les plus fa- ciles pour les multiplier en France, en varier les objers & les perfec- tionner ? 4°. De pareilles Mannfactures pourroient-elles fpécialemént occuper; d’une manière utile, les ouvriers en foie de Lyon, dans les remps de ceflation de leurs travaux ordinaires ; & quels feroient les moyens les plus fimples d'adapier à ce nouveau genre de travail, leurs métiers & dépendances ? À Le prix eft doublé, confiftant en deux médailles d’or de 300 liv. chacune, Il fera adjugé , à la même époque, & fous les mêmes condi- tions que le précédent. L'Académie propofe , pour le fujet du prix dont M. l'Abbé Raynal a fair les fonds, la queftion qui fuir : Quelles vérités & quels fentimens importe-t-il le plus d'inculquer aux hommes , pour leur bonheur ? 1 Le prix eft de 1205 liv. Il fera adjugé , en 1791, avec les précé dens , & aux mêmes conditions. Les Mémoires ne feront reçus au concours, que jufqu’au premier avril de la même année, ce serie étane de rigueur. ' Prix prorogé à l'année 1792. L’Académie n'ayant pas eu lieu d’être fatisfaire des Mémoires qu’elle a reçus fur le fujet concernant les arts, pour le prix fondé par M. Chriflin, le propofe de nouveau & dans les mêmes termes : Trouver le moyen de rendre le cuir imperméable à L'eau, fans altérer fa force n1 fa foupleffe, & fans en augmenter fenfiblemene le prix. Elle avoir demandé aux Auteurs , & demande encore, d'indiquer, d'une manière générale, les difiérentes préparations des peaux & des cuirs , pour établir les effers qui en réfulrent , & le mérite de ces méthodes ; de décrire enfuire le procédé qui tend à la folution du problème, annonçant qu'une théorie fimple & Jumineufe paroîtroie intéreffarte, mais qu'elle préfère des expériences bien faites & variées füivant les circonftances, & defire que les Mémoires foient accompagnés de quelques échantillons d’efleis, provenanrs de ces expériences. L'Académie croit devoir ajouter encore quelques développemers à L Le SUITE ; SN - 400 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, &c: ces demandes ; 1°, elle inffte fur l’inutilité des détails concernant les préparations des peaux & le tannage des cuirs, à moins qu’on ne _ propofe de nouveaux procédés ; 2°. elle-entend qu’on ne puiffe employer toute huile ou graifle , férides , défagréables au ta & à l'odorar , ou qui affoibliroienc les cuirs, lors même qu'eiles les rendroient imper- méables à l'eau; 3°. qu'on évite l'emploi des graifles ou huiles, durcies par la cire ou des chaux métalliques , fi elles ne font à l’épreuve de la chaleur naturelle ou artificielle, à laquelle font expolés les fouliers, les bottes, &c. 4°. qu'on évite aufli routes diffolutions falines qui, criftallifées dans les pores du cuir, pourroient s'en féparer par déli- quefcence » ainfi que les vernis fuperficiels , fujets à s'écailler ou à étre détruits par l’effec alternatif & combiné du foleil & de la pluie. Le prix double eft de deux médailles d’or de la valeur, chacune de 300 liv. Il fera difribué en 1792 , & les Mémoires admis au concours, jufqu’au premier avril de la même année , feulement , & fous les autres conditions ordinaires. Sign’, DE LA TOURRETTE , Secrétaire perpétuel. A Lyon, le 15 Décembre 1789. T'A BLUE Des ARTICLES CONTENUS DANS CE CAHIER, r A NALYSE d'une Pierre calaminaire ou Mine de Zinc terreufe er maffes tranfparentes d'un blanc verdâtre , de Gazimam en Daourie : . extrait d’un Mémoire lu à l'Académie , par M: SAGE, page 325 Suite des Obfervations météorologiques faites fous La Zone torride ; par M, Cassan, Doëeur en Médecine, Gc. 330 Notes fur l'hifloire du Borax , 339 Effüi für la culture du Noyer & la Fabrication de l'Huile de Noix ; par M. ROLAND DE LA PLATIÈRE , Infpeëteur Général des Manu- faëures & du Commerce , 342 Mémoire fur la Mine d'Or de la Gardette > par M. SCREIBERG , 353 Lertre de M, Re&vnier, à M. DE LA MÉTHERIE, en réponfe à la Lettre de M. le Baron DE BrAUVoIs, fur les Champignons, 360 Quätrième Lettre de M, De Luc,à M. DE LA MÉTHERIE , fur la Plure , 263 Obfervarion fur une fièvre maligne, & firr la réunion de deux Reins en ur feul ; par M. ARTHAUD , Doëfeur en Médecine au Cup, 379 Entomologie, ou Hifloire-Naturelle des Infeëles, avec leurs Caraétères, génériques & fpécifiques , leur Defcription, leur Synonymie , & leur Figure enluminée ; par M. OLIVIER, Doéleur en Médecine, 382 Nouvelles Ligréraires , 387 | RESES +06 ls Green ee à ra à RO re EE . s m7. % « DFE 9 Me ave à [TP L : nd: . AA GE? LACS $ LAS T LV OLEENATLEC Lt A DIN ee mme mes LS 204 mes — a meme 2 VS) sÉÈ —— = — — = —— n'es PRET N HIT JE Me a MÉMOIRE. Sur un Feld-fpath argentin nacre, mieux cou fous de nom d'Œil de Poiffon , trouvé: dans la Montagne ‘Noire | en Langiiedoc ; pates ec ï 7e Par M. Dopun N Ingénieur de la Province de Languedoc. GC:Esr avec de juftes raifons, qu'on. a avancé que Ja pierre connue ifous le nom ,d’œil de poiflon. éroit un feld-fpath : ‘la découverre que je viens de faire dé cette fubltance dans la montagne noire; en prouvant la vérité de cette conjeture , nous montre encore ce qu'un naturalifte -a le droit d’elpèrec de fes recherches dans,un pays auñi riche que.la :France,en productions fufliles, dont la fécondité minéralogique du fol n'attend pour fe faire connoître ,,& nous être utile que l'œil de l'ob- fervareur atrentif. Nous n'avons auçune notion fur la nature de cette pierre. Bergman dans fa Sciagraphie, & M. Chaptal après lui, dans fes Elémens de Chimie , fonc les feuls Auteurs qui nous nomment fa patrie, l'Ifle de Java. Tous fe font,contentés de la confidérer comme.ua feld fparh. Notre Pline françois, qui s'eft étendu davantage fur fes caractères extérieurs, ne nous inftruit guère plus. C’eft ce défaur de renfeigne- -mens fur la nature des roches qui lui ont donné le jour, & celle des fubftances qui l'accompagnent, qui m'engagent à préfenter aux paturaliftes obferväreurs l'Oryétographie fuccinéte des lieux qui, avoifinenc dans cette partie de montagne, ceux où j’ai trouvé ce joli feld- fpaïh : je décrirai enfuite fes caractères extérieurs & je donnerai l’analyfe des fes parties inrégrantes. Je. mettrai ainfi.mes lecteurs à portée de pra- noncer tant fur fa .vraie nature que fur les grands événemens qui ont pu lamener dans un fite autant éloigné de celui de fa naifflance , que la gangue qui le contient lui eft étrangère. Tome XXXPI, Part. I, 1790. JUIN, FfE 424 CE tr ts LISE Te. 402 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, Dafcription lithologique des lieux qui dans la Montagne Noire avoifinent le Feld-fpath, Œil de Poiffon. st: La montagne noire eft une de ces chaînes primitives à nervures faillantes dont le fommert granitique en Languedoc paroît partir du village de la Pomarède, & traverfer dans cette province les diocèfes de Lavaur, de Caftres, de Sainc- Pons , & de-là pénétrer dans le Rouergue, où prenant alors le nom des Cévennes , elle conftitue dans l'étendue de fes rameaux , les nrontagnes du Gévaudan , du Vivarais, &c. fe joint enfuite aux Alpes Dauphinoifes, & delà aux Alpes Suifles. Sa direction eft ainfi à-peu-près de l'eft à l’oueft, La hauteur de cette montagne , au-deflus de la mer, eft tout ax plus de 300 toifes à fon origine, & de 400 toifes au fommet des éminences qui commandent le vafte baffin de Lampi, lieu à jamais célèbre par le choix heureux qu'en fit Riguet, où ce grand homme a moins montré les reflources de Part que l'étendue de fon génie en le faifanc devenir l'aliment de fon immortel canal de la communication des deux mers. Les fubftances conftiruantes qui compofent la roche granitique de cette cime, font le quartz gris, le feld-fparh blanc, & le mica noirâtre : elles y forment à la furface d’immenfes blocs arondis répandus çà & là fur la terre où l'on éft tenté de croire qu'ils ont été amenés par les eaux; leur extrême dureré, & la folidité de leurs parties intégrantes pourroient les faire regarder comme d'une nature différente du fol fur lequel ils repofent depuis des fiècles de fiècles fans paroître fort altérés, Le fchorl noir qui eft très-rare dans ces granitins eft au contraire fort commun au commencement de la montagne près le village de la Pomarède. Les roches qui ont ici près de cent toifes de moins d’élévation n’y font point répandues fur la fatface, elles ne font point ifolées; ce font des mafles qui tiennent au noyau : mais certe pattie de montagne préfente des faits bien remarquables, Les écartemens très fréquens de 3 à 4 pieds de largeur, qu'a produit le violent foubrefaut de la nature lors de l'époque du redreflement des couches granireufes qui devinrent d'autant plus verticales qu'elles fe trouvèrent plus près du foyer, font remplis de tous les élémens des granits qui s’y étant criftallifés ont formé de füuperbes agrégats très-durs à grandes parties de quartz diaphane gris , de feld-fparh blanc de lair, en gros criflaux plus on moins réguliers qui ont fouvent 7, 8 & 9 pouces de hauteur, de beau mica prefque toujours blanc ou couleur de rouille, & de fchoris noirs en gros canons ou à rayons dvergens, La pleine roche qui a été ainff fendillée eft au contraire un granitin à crès-perites parties nullement criftallifées , ou très-confufément , prefque toujours dans un état de friabilité fenfble, & fingulièrement taché per un oxide de fer, couleur d’ocre jaune, qui fe fait aufli appercevoir SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 403 dans les fciflures. Je me fuis fouvent demandé fi l'on devoit regarder ces produits comme:paraftes, où comme des fédimens chariés des -éminences fupérieures & dépofés dans fes écartemens, L'examen approfondi de ces fubftances criftallifées , les douces médi- tarions que ces lieux m'ont caufées, me font croire à Fune & l'autre de ces conjeétures. J'ai trouvé nombre de ces fciflures de 8 à 9 pieds de largeur qui n’étoient remplies que d'un mêlange confus de matières argileufes & vitreufes fans confiftance, dans le fcin defquelles des débris fchifteux granicoïdes , d'argile ou blanche ou verdâtre, unis au o-flex , étoient confondus, & le tout a bien le caractère d’un dépôer: mais le plus fouvent ces produits font diftinétement parafites , ils fonc alors formés dans le fein de la roche, & lorfqu'ils ont peu de largeur, ils y forment des efpèces de veines. Il n’eft pas alors très- dificile de les diftinguer de ceux qui font l'effec des apports. Les parties qui les confituent font ou criftallifées, ou ont une tendance marquée à la criltallifation qui ne s'opère jamais bien que dans un milieu tranquille: ajoutons que ces produits contiennent toujours en grand les élémens graniteux qui compofent la roche , ils font alors dans la nature pour le naturalifte ce qu'eft une loupe pour l’obfervareur; ils lui en défignent d'une manière palpable les principes que fon œil ne eut découvrir, Les fouilles nombreufes que j'ai fait faire dans cette partie de montagne me démontrent chaque jour que je m'étois trompé lorfque j'ai dit que ce fommer étoit une roche granitique à grandes parties (1). J'étois alors d’autant plus fondé en apparence à le croire, que mes excavations tomboient fur des produits fecondaires faits dans ces écar- temens fréquens, & que les joncs épineux , les genêts, les bruyères , mafquent toujours la roche folide. Je me récra@e avec cette fran- chife qu'on doit montrer dans les fciences qui menenc à la recherche de la vérité. ; Le pied de ces éminences granitiques repréfente aflez bien l'image du chaos. On remarque d'un côté la main meurtrière du grand agent de notre globe empreinte fur tous les débris graniteux, & quelques as plus loin la même main qui les révenere. Üne gradation marquée de la diffolution des fubftances granitiques entraîne l'obfefvateur comme malgré lui à de profondes réflexions. Il ne voit pas fans étonnement cet élément capricieux , tour-à-tour calme & fougueux, recréer ce qu'il vient de détruire, & détruire ce qu'il vient de créer; là ce font de beaux feld-fparhs blancs à l'érar de Kaolin, ici des quartz, des petro-filex, des granits à l’état terreux qui portent à la fois & la mort & la vie (1) Journal de Phyfique , tome XXIX , page 256 Tome XXXVI, Par, I, 1790. JUIN. FEfz 404 OBSERVATIONS SUR.LA PHYSIQUE, LE .* P sen hs 2 ‘4 4 - — Ur . EJ À dans leur fein par. la régénérajion fpontanée du quartz qui s'y opère 3 L 41 2741 118 TS , : 1 , ms 41 7: en hréme-tems. Ces roches me paroilent d'autant plus décompolées ei (l 21 215709 es : 193 ):, ta ! Greutt hell . sn) qu'elles s’éloignent du fommer. Ces ‘compofés fecondaires chariés lono-tems par lés eaux auroienr- ils perdu une partie de cetre matière grafle & onctueufe ‘qui me paroîr propre aux fubftances granitiques , qui. peut-être eff le lien commun de leurs parties intégrantes, pour ne pouvoir plus fe confolider parfaitement ou n’auroient-ils pas eu le tems de s’y folidifer par un aflez long féjour dans l’élément aqueux; ou mieux péut-tre Encore , conftamment pénétrés par l'humidité, lé” pouvoir de cet agent joint à l’action dés acides qu'il y développe, s’en bâteroient-ils pas la déftruction ? "Près dé cerre ligne de démarcation commencent les fubifances cal- cairés , elles forment dans la montagne noire une zône diftincte &:; très-fenfible du côté du couchant, On y obferve des montagnes entières: formées des détritus de toute nature de coquillages qui, quoiqu'affez. fouvent confondus ,Y ‘forment cependant des bancs féparés.. Les oolites. en font le fond. J'ai donné plufièurs defcriptions partielles de cette, montagne dans le, Journal d'Hiftoire Naturelle de M. l'abbé Bertho- Jon, & dans le Journal de Languedoc. Ces roches calcaires préfenrenc des faits nombreux d'obfervations qu’un géologue ne laiffera pas échapper. Ïl verra les detritus coquillers s’arténuer, & perdre d'autant plutôe leurs caractères diftindifs, que l’on s'approche du fommet de la chaîne, au point qu'il eft alors bientôt impoffible de reconnoïtre dans la texture de la pierre à chaux le moindre veftige d’animaux coquillers, tant la pète en eft fine & homogène, Plus haut font les marbres; il y en: a de routés couleurs, à cette hauteur ils fonc purs. Si l’on monte davantage on. les trouve mêlés avec la fléatire, la verre verte, & le mica en petites pailletres d’un blanc rouffâtre qui y entrent comme prin- cipes étrangers. Ce font ordinairement des fpaths calcair:s confufément criftallifés dans lefquels on trouve excore moins des traces de fédimens coquillers; maison y découvre toujours beaucoup de petites: pyrites. cubiques de couleur jaune dans lefquelles le principe martial fe développe le premier. / k C’eft à la hauteur de cette dernière zône,. qui devance de très- pew la région des marbres mélés de fléatire & de roche de corne , que fe wouvent auf des mafles d’un grès très-orenu dont les parties. fonc liées par un fuc lpidifique calcaire, & dont le feld-fpath œil. de poiflon fait partie fous routes les nuances de décompofition poñibles ;:on y rencontre aufi beaucoup de feld-fpaths blanc de lait également détériorés:. plus on moins altérés; il eft aifé de les diftinguer de l'œil de poiflon par l'éclat que celui-ci conferve conftamment fur fes faces; les autres . . LE 0 > . A parties conftiruanres de ce grès, difons mieux, de cette pierre à gros grains , font des fragmens de quartz, de criftaux de roche, de jafpe, ? VE _ ” d { - SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 40$ des débris des différens fchorls argileux tantôt très-durs, rantôt très tendrés, des rognons d'argile ocreufe , enfin des offemens d'avimaux inconnus , des dents agatifées des mâchoires entières, & beaucoup de gloffopètres ; tous ces corps ont vifblement fouftert un long roulis, prefque rous y font arondis, les angles des quartz & des fragmens des criftsux de roche font même effacés ; le feld fpath œil de poiflon, y ‘ft fouvent à la groffeur d'un pouce , & fouvent on le trouve ifolé au’ pied de ces vaftes bancs gréfeux : le tems ne paroît ainf l'avoir dégagé des liens qui le retenoïent, que pour avoit plus d’action fur lui. Je crois devoir faire rémarquer que dans cet agrégar, dont le feïd- ‘path œil de poiflon fait environ le neuvième de la mafle, il n’y eft pés entré une feule pierre calcaire pour partie conflituante, , quoique le gluten qui les lie foit évidemment un fuc calcaire, Ses caraëtères extérieurs. Certains échantillons de cefeld-fpath, vus à la loupe, m'ont paru mêlés d'un peu de fchorl noir, d'un peu de mica d’un noir changeanr, quelquefois couleur de rouille, & le plus fouvent avec des petits criftaux" de quartz gris diaphanes; voilà donc, à n’en point douter, tous les caractères d'un vrai granit dont cependant, malgré mes recherches, je n'ai pas encore pu trouver l’analogue en pleine roche. Lorfque ce feld-{path œil de poiffon n'eft point trop altéré par l'air; il brille du plus bel éclat argentin fur les orandes faces du prifme ; vu à la loupe, il paroît non pas chatoyant, mais piqué de perirs pdints rouges, violers & bleus ; il joue la nacre quoiqu'il n’en ait pas l’érendue des reflets. Tenu entre deux doigts, fi on expofe un des côtés du prifme au grand jour, ou au folal , il paroît demi-tranfparent, & opaque , fi on tourne fes lames argevtines vers la luniière. Leur farface eft fouvent traverfée par nombre de petites lignes :rès-fines qui fe coupenr à angles droits: l'ongle raye & entame aifément cette pierre, & cependant elle érincelle avec le briquet lorfqu'elle n'eft pas trop altérée ; J'ai trouvé, ainfi que le dit le Pline françois, que fa pefan- teur fpécifique étoit à peu de chofe près moyenne proportionelle entre’ notre feid-{path blanc, & le rouge on couleur de chair. 7 Quelque perire que foit la divifon des parties de ce feld-fpath œil” de poiflon ; il laïfle toujours appercevoir le caradtère de fa criftalli- fation. C'eft toujours un parallélipipède re&tangulaire compolé de lames dont les pius grandes faces font deux rectangles évaux & parallèles entr'eux. Ces mêmes lames font coupées à leur extrémité par quatre bifeaux refpectivement parallèles côtés à côtés, ceux des extrémités faifane alternativement avec les faces, des angles rantôt de 96°, & rantôr* de 84°, & dont les furfaces au lieu d’être reétangulaires, comme nos feld-fpaths blancs, font ici rhomboïdales ayant deux angles aigus de: pu . l. N d « Li “466 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, 75°, & deux obtus de 105°. Ce qui donne pour ces deux extrémités deux parallélogrames obliquangles : plus deux autres bifeaux fur chaque côté des faces rectangulaires formant aulli deux parallélogrames obli- guangles dont les angles font alternativement comme ceux des extré- mités , de 75° & de 105°. Ainfi cecre criftallifation de feld-fpath œil de poiflon , ef un prifme quadrangulaire coupé obliquement fur fes côtés conume fur fes extrémités, dont les plans font refpeétivement parallèles, n'ayant en outre que deux faces reétangulairés au lieu de quatre comme dans le feld-fpath blanc de lait. Les dimenfons de l'échantillon qui a fervi à établir le caraétère de certe jolie fubftance, & dont je donne ici la figure (PL, I, fig. 1) fonc, longueur deux lignes & demie, épaiTeur une ligne, largeur une ligne & demie, Le mica argentin eft la feule matière qu’on pourroit confondre avec ce brillant feld - {path ; jai été pris à certe reflemblance ; il y avoit déjà même quelque tems que cette roche m’étoir connue fans que j’eufle alors aucun foupçon fur la nature de cette pierre. Un agrégae: groffier de plufieurs parties quartzeufes, un grès à bâtir qui a pour gluten un ciment calcaire, n'a rien de piquant d'abord pour un litho-. logue qui a fous les yeux de fuperbes granits. Mais les nombreufes pétrifcarions offeufes dont ces lieux font remplis my ramenant fouvenr, je fus bientôt frappé de l'éclat de cette pierre ; la non-élafticité de fes lames, la divifion toujours rhomboïdale ou quadranoulaire que fes plus petites parties ne cefloient de me préfenter, leur fécherefle extrème, leur grande friabilité entre les doigts ne me permirent plus de le regarder comme un mica; l’analyfe chimique de fes parties confti- tuantes devoit achever de m’en convaincre ainfi qu'en va le voir. Son Analyfe chimique, Le peu de dureté de cette fubftance m’avoit d’abord fait croire que fa digeftion dans les acides feroir très-facile; je me trompois. Quel- qu'infiniment tenues que foient fes parcelles, dont l'extrême divifon naturelle ne peut fe comparer à aucune fubflance connue, l’eau régale compofée de déux parties d’acide nirreux fur une d'acide marin, n’a guère pu en difloudre que la dixième partie en quatre mois de rems qu'a duré cette digeflion à froid. [1 m'a paru même que les parties altérées étoient les feules qui euffenr fubi l’aétion de ce diffolvanr, nombre de petites parcelles étaient aufli brillante qu'auparavant , randis que Les parties d’un feld-fpath blanc dant je faifois marcher l'analyfe de front avec celle du Éeld-fparh œil de poiffon, étoient prefqu'en- tièrement diffoures , la liqueur étoit devenue entièrement blanchâtre, le fédiment n'étoir plus que de la filice. Peu facisfair du réfulrat de çette longue digeftion , je choilis le “SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 407 feld fpath argentin le plus pur, je l'écrafai dans un vaifleau de criftal, & nvérant apperçu que les lames ne décrépitoient point à la flamme du chalumeau, & leur état de fécherefle m’ayant fait juger qu’elles ne renfermoiënt que très-peu ou point d'eau de criftalhfation , il me parut inutile de procéder à Ja diftillation, Je mis cette poudre dans un matras, j'y ver fai la quantité convenable d'eau régale dans les mêmes propor- tons que ci-devant, & je la fs bouillir doucement fur un bain de fable jufqu'à ce que la liqueur dépapée entièrement de fon gaz eûr erdu fa couleur orangée ; je filerai enfuite & ayant mis le réfidu à fécher , je le lavai, & je le pefai, dès qu'il fut fec, je ne trouvai à mon grand étonnement qu'un fixième de perte dans le volume, les pétires parcelles de ce feld-fpath œil de poiffon n'avoient rien perdu de leur éclat; on les auroir pris pour du mica argentin infiniment difféminé : alors je les porphirilai pour féparer les parties qui auroient pu s'aglutiner, & les mêlant avec quatre fois leur poids d'alkali mi- néral, je mis le roue dans un creufet que j'expofai enfuite à un feu de fufion modéré , j'ai ceilé le feu au bout de deux heures & j'ai trouvé au fond du vaifleau un verre verd très-foncé ; je le leMivai long-temps, & dès que l’eau me parut infipide , je fis fécher , & l'ayant pulvérifé j'en pris cent grains que je fis digérer dans fix fois fon poids d’eau régale, & lorfque je vis qu'il ne s’échäppoir plus aucun gaz acide, je fltrai la diflolution. Dés que le réfidu fut lavé & qu'il fur fec, je le fs rougirs & l'ayant pefé je trouvai qu’il écoit en équilibre avec«46 grains: c'étoir de la filice. J'ai fait enfuite bouillir {a diffolution , ainfi que l'indique Kirwan, dont jai fuivi la méthode dans tout le cours de cette analyfe, afin d'enlever à la liqueur l’excès d'acide; je la fis ainfi évaporer jufqu’au quart de fon volume. Je pris alors en particulier cent grains de cetre diflolution , & jy verfai peu-à-peu du prufliare de potafle jufqu’à ce qu'il ne fe fit jus de précipité; j'ai connu par le rapport comparé du poids de ces deux fubitances, que fur cent grains de feld-foath œil de poiffon , il y avoit 16 parties & demie de fer. J'ai été Gi frappé de cette quantité qui Îe précipitoit en petits grains dans le commen- cement, que je répétai cette expérience plufieurs fois avec les mêmes réfulrats. Le reftant de la diflolurion qui avoit une couleur d'opale fut précipité par l':lkali minéral aéré; je l'ai fair bouillir comme le recommande Kirwan,& ayant décanté trois jours après , je féchai le précipité qui reflembloit à une gelée très-blanche, & je le lavai enfuite dans l’eau diftillée, jufqu'à ce qu’il n'eut plus aucune faveur: dès qu'il a été fec, je l'ai fait difloudre dans l’acide nitreux ; l'ayanc enfuite fait évaporer jufqu’à ficcité, je l’ai calciné au blanc pendant une heure, & enfin je l'ai traité avec fix fois fon poids d'acide acéteux ( de vinaigre diftillé) , il n’y a point eu d’effervefcence , conféquenament 408 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, TE point de magnéfie; c'étoit un: alumine crès-blanche qui féchée a pefé 36 grains un tiers. ; 2 pets Ni le prufliate de potaffe, ni Pacide fulfurique ne a'ont fait dé- couvrir la baryte, il n'y a pas eu de précipité même quatre jours après. L’acide facharin ne m'a pas fair foupeonner le moindre atôme de chaux. Maïs le muriate barorique m'y a fair reconnoître par un préci= pité fenfible la préfence de l'acide fulfurique qui y entre comme rincipe conftituanr, ‘ Ainfi le feld-fpath œil de poiflon contient au quintal , 46 - parties de filice, 36 + d'alumine, 16 + d'oxide de fer. TÉL Îlyaeu 71 : de perte. : 100 ‘ Je ne crois pas que l'analyfe de cette fubftance ait encore été faired Nous en avons même fort peu d'exactes & femblables fur le feld- fpath blanc le plus commun : un coup d’œil rapide fur les différens réfultats que nous one donné des chimiftes célèbres, en nous faifant fair les rapprochemens des parties inrégtantes du feld-fpath commun avec le feid-fpath œil de poiffon , nous offrira les différences fenfibles qu'ont eues nos grands maîtres dans les effais qu'ils en ont faits. Bergman regarde ie feld-fparh blanc comme un compofé de terre vitrifiable d’alan & de magnéfie, Kirwan dit qu'il contient 67 parties de filice , 14 d’alumine , 11 de baryte, & 8 de magnéfie, SAR Nous veyons déjà que le premier n’y a point trouvé la batyre, & que. ni l'an ni l'autre n’y ont trouvé le fer. Wiegleb a vu dans le feld-fpath ordinaire 2 parties de térre vitrià fiable fur une d'aroille mêlée avec un peu de fer , & l'acide fpathique, fans y trouver la baryte. ‘ ; : ‘ Heyer a trouvé: que le feld-fpath blanc renfermoit 74 parties de filice; 30 d'alumine , & une très-petire partie de fer ( Annales de Chimie, de Lavoifrer, voliime 2, page 307 ). ; J'ai reconnu que nos feld-fpaths blanc de lait qui dansla montagne noire font parties intégrantes de nos granits fe rapprochoïent fingu- lièrement de cette dernière analyfe de M, Heyers ils contiennent feule- ment plus de fer : la quantité va fouvent jufqu'à 7, 8, & 10 parties au quintal ; mais ils s’éloignenc éronammene des rapports & des rélulrats trouvés par Bergman & Kirvan, Ain cette fubftance granitique, fi fréquence * SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS, 409 fréquente dans nos roches en France, différeroit de très-peu de celles des montagnes de Hartz en Allemagne. Il feroit à délirer que d’habiles inains s'occupaflent de l'analy{e de cette même fubftance qui feroit tirée des mêmes liëux. J'ofe croire que cette grande différence dans les rélulrats ne vient que des parties intégrantes qui doivent varier comme la nature des roches des pays différens, M. de Diétrick a donné, dans le fecond volume des Annales de, Chimie, de Lavoiler , l'extrait du facond volume des annales de Crell, dans lequel on trouve l'analyfe d’un feld-fpath chatoyant de la forêt d'Har:zbürg qui a pour gangue une ferpenrine. M. Heyer à qui on eft redevable de ce travail a découvert dans cette fubitance $2 parties de filice, 23 & demie d’alumine & 17 & demie d’oxide de fer, plus 7 parties de carbonate de chaux, & 6 de carbonate de magnéfie, que e favant rédacteur de cet extrait dit provenir d'un refte de ferpentine dans laquelle il a trouvé aufi ces deux dernières fubftances qu'il croit étrangères au feld-fpath chatoyanr. Voila d'après l'examen que nous venons de faire des parties intégrantes des diférens feld-fpaths, celui qui fe rapproche Le plus de notre feld-fpath œil de poiffon, Il ne nous refte plus qu'à voir comment il fe comporte à la flamme du cha- Jumeau animée par le jeu des poumons. Jai expolé à l'extrémité de la pointe acérée d’une recoupe de verre, une petite lame du feld-fpath œil de poiffon ; je l’ai dirigée de manière, qu'étant comme implantée par un bout dans le verre qui lui a fervi de fupport, l'autre bout füe très-faillanc, & la chofe eft facile ; le plus petit foufile met la pointe en fulion & la fubftance eft foudée; impatient de connoître fi la fufion étoit auf dificile que je le penfois, j'ai porté la flamme fur le tranchant des lames; il n'y eut point de décrépitation, fa fufion fut complerte en deux tenues , j'obtins un verre tranfparent couleur d’eau pénétré de très-peu ou point de bulles ; mais jobfervai à la première renue à l’aide d’une forte lentille, quelqu:s petits points noirs & brillans que je reconnus pour être des petits boutons de fer , & des petites bulles vitreufes qu'une chaleur plus inrenfe oxida bientôt, convertir d’abord en une couleur verd foncé, enfuite plus pâle, & qui difparurent entièrement au quatrième coup de feu, -J'ai répété cette expérience , j'ai pris une autre lame également pure, je l'ai expofée comme ci-defus fur la recoupe de verre, mais au lieu d'en préfenter le côté à la flamme , ainfi que je l’avois faic, je lui ai offert fes faces; ce fragment seit calotté à la troifième tenue: dans cer état il m'a éré très - dificile d'en opérer la fufon ; la lame étoir toujours brillante, les bords feuls f fondoient : encore étoit-ce très-lentement ; j'ai vu, pendant préfque tout le tems de cette expé- sience , avec le fecours d'une forte lentille, nombre de petits bourons brillans qu'un plus long feu faifoit difparoître comme ci-defus, & Tome XXXVI, Part. Ji2 1790: JUIN, Ggg 410 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE; qui laifloient tous leur trace fur la furface du fupport fous la figure d'un nuage verdâtre, La propriété qu'à ce feld-fpath œil de poiflon de conferver fon éclat, après nême avoir éprouvé le plus grand feu, lui eft commure avec le feld-fparth de Labrador qui comme lui fe couvre de bulles vitreufes noiratres qui font également ‘dues au fer qui s'y décèle, La fufñon de cette dernière fubftance eft aufli la même, quoi qu’en dite M. Sage dans fon Analyfe Chimique & Concordance des trois Répres , tome 2 , page 83, où il reproche à rotre Pline françois de s'être laiflé induire en erreur en rapportant, d'après l'autorité d'autrui, que la pierre de Labrador fe convertifloit en un verre blanc par la füfion; j'ai répété cerre expérience : & J'ai vu que ce grand homme ne méritoit point un reproche injufle autant que déplacé, qui ne feroir tout au plus tombé s'il éroic vrai , que fur la borne foi du peintre de la na- ture ; les hommes vraiment grands ne croient jamais qu’on puifle les tromper. a On ee | MÉMOIRE Sur plufieurs Phénomènes de la Nature expliqués d'une manière nouvelle ; Par M. l'Abbé Li8Es, Profeffeur en Philofophie au Collège Royer de Touloufe. Pre chimiftes ont fenti toute l’infuente des découvertes modernes: fur l'explication des météores. Mais plus occupés de hâter les progrès de la chimie que d’en faire l'application à la phyfique, ils onc hafardé: de fimples conje@ures & laiflé aux phyficiens le foin de certe applica- tion. Aucun phyficien connu n’a cependant encore eflzyé de convertit ces conjeétures en preuves appuyées par des faits ou des expériences. On voir même, de nos jours, grand nombre de phyficiens attachés à de vieilles erreurs répandre avec confiance une doétrine que leurs Auteurs rougiroient d'avouer , s'ils étoient témoins des progrès de la chimie. Ce mémoire a pour but d'appliquer les principes lumineux que la chimie moderne nous fournit aux phénomènes de la nature, & parti- culièrement à ceux que l’atmofphère nous préfente pendant l'orage. 1°. La compofition & Ia décompoñrion de l’eau ne font plus ur problème. Les belles expériences de MM. Cavendish & Lavoifier ont fixé la plupart des chimiftes fur cet article; & fi quelques-uns ont NP NU TRY. MT, N ; — _ HE 2 Krs 1EN ee ” | SUR L'HIST. NATURELLE FT LES ARTS. ait etté des nuagns fur cetre imporrante vérié , les expériences dé MM, Van Trofiryg & Deimar, publiées (1Ÿ en novembre 1759, fonc bien propres à les difiper (2): On pret donc. érablir comme un pria- £ipe incontsfta le que l'eau eft compolée de gaz oxygène, où air vyal, & de gaz hydrogène ; ou: air inflammable; que-d’un mélange de æ deux gaz dans le rapport de fix à un, il rélulte de l’eau , toutes Les fois qu'on enfamme le mêlange par l'étincelle «électrique , & que par conféquent nous pouvons re; garder le gaz oxvgère , le gaz hydrogène & l’écincelle éiv rique comme trois ARR qui ODA à la forma- tion de l’eau. 2°, La chaleur folairè réunie à la chaleur centrale peut dans certaines circonilances ceérer la décompolition de l'eau, & la quantité d'eau décompolée doir toujours augmenter en raifon “diree ? de l'inrenfité de ia chaleur folaire, Aucun chimifte ne re garde cerre affercion ceinine problémarique, Le célèbre Prieftley prétend même (3) que la chaleur céntrale peut dans certains cas produire feule cer eff:r, 3°. L'été eft le plus fouvent la faifon des orages. [is font toujours précédés par une chaleur exceflive : d'où il ne que les jours qui nous les amenent doivent êrre marqués par une production contidérable de gaz oxygène & de gaz hydrogène auxquels la décompolition de Veau donne naïffance. Tour le monie fait que le gaz oxygène forme le quart de Parmofsbè-e > qui left leul propre à la refpiration , & que par conféquent J'ata nofphère perdroit, bientot toure’fa falubrité ; G la nature ne lui avoit ménagé les ae de réparer fes pertes. FA décompolition de l'eau eft pe e- être pendant les chaleurs de l'été le plus fécond de ces moyens. .L'armofphère trouve dans cette cécompolrion de auoi fe dédommager abondamnient des facrifices qu’elle fait en faveur des sañiruaux: %, On dira peut-être que la pefanteur fpécifique du gaz oxycè ait os pêcher de fee dan D ne Je Rage que e le gaz g peur : pas re ün sy le à or élévetion ee par les vents impé- : EUEUX qui accompagnent la-rempère. D'ailleurs les oifeaux-habirenr de préiérente les régions fupérieures de l'as mofphère. L'air qu'on! refpire ss) (1): Journal de Phyfi fique. (2) Quand meme ja d‘compofition de l’eau ne Œroït pzs démontrée, elle s’ad:pte fi bien aux phéromènes de [a nature, que les phyficiens devroieni le idmiettre con me vie bute liyporhete, (3) Tome 4, page s9 de [es Esgériencs 6: Obfervarions far différentes Lranches ge Phy5 Fque, Tome XXXVI, Pare I, 1790. SICINS ME Ggg2 gr2 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, dance les pleines n'eft pas plus pur que celui qu’on trouve au fommér des plus bautes montagnes, Ces faits prouvent l'exiftence du gaz oxygène dans les hautes régions de l’atmofjhère; il paroît n.ême qu'en temps d'orage elles doivent en contenir une plus grande quantité que les couches inférieures. En efler les orages font précédés par une produc- tion confidérable de gaz oxygène qui ne peut être décompofe par l'ai commun : il doit donc fe trouver en vature dans l'armofphère ; & “puilque les couches inférieures en contiennene toujours la même quan tiré , il doit exifter dans les réoions fupérieures. 6°, Mais que devient le gaz hydrogène provenant de la décompo- fiion de l'eau ? s’envole-t-il dans l'atmofphère pour y occuper une place marquée par fa pefanreur fpécifique , comme l’a foupçonné M. Lavoilier ? ou bien, au moment même de fa naiflance, eft-1} décom- pofé par l'air commun , au point de re laifler dans l'atmofphère aucune trace de fon exiftence, comme le conjettüre M. de la Merherie : les expériences fuivantes que j'ai fouvent répétées avec la même exadi- tude, & avec le même fuccès, pourront peut-être nous éclairer {ur cet article, Première expérience Dans un flacon d'environ feize pouces pleirm d’eau, j'ai fat pafler d'abord huit pouces d'air armofphérique , & enfuite huit pouces de gaz hydrogène qu fe dégageoir d’un mélange de limaille de fer & d'acide fulfurique ou vitriolique affoibhi, Le flacon bouche avec fon bouchon ufe à l'émeril a toujours été tenu renverfé dans l'eau. Le premier jour de l'opération , Peau eft montée fenfibiemenc dans le flacon; le fecond jour, l'abforption a été moins fenfble;, le troifième jour, elle a été nulle. Au bout d’un mois j'ai ouvert le facon, j'en ai approché une bougie allumée , il y a eu explofion avec flamme. Deuxième expérience, Dans le même flacon plein d'eau, j'ai faic pafler d'abord douze pouces d'air atmofphérique, & enfuire quarre pouces de gaz hydrogère. Le facon a été bouché & renu renverfé dans l'eau , comme dans l'expérience précédente. L’abforption a éré peu: fenfible. Au bout de quinze jours j'ai ouvert le Aacon; jen ai approché une bougie allumée; il y a eu explofion avec flamme. Troifiéme expérience. Dans un bocal de fept pouces de haureur fur un pouce de aianiècre plein d'eau, j'ai fait pafler fix pouces d’air atmolphérique & enfuire un pouce de gaz hydrogène. J'ai laiflé le bocal renverfé {ur l'eau. L’ablorprion a été intenfible; & au bour de quinze jours , une bougie allamée préfentée à l’orifice du bocal a produit une légere explofon avec flamme. 7°. Ces expériences depofenr contre la décompoftion du gaz hydro- gène par l'air atmoiphérique, dans le momenr que le 2ez hydrogène fe dégage, L'aicenfion de l’eau dans le Macon ne prouve rien en faveux nr de LA . SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 413 de cette décompolition : cette abforption eft due à la grande affinité de l’eau avec le gaz hydrogène, Cela eft tellement vrai que lablorp- tion eft nulle , lorfque le flacon qui renferme le mélange de gaz oxyoène & de caz bydrocène repole fur le mercure, 6°. M. de la Mérherie ce célèbre chimifte à qui la nouvelle théorie doit beaucoup par les obftacles mêmes quil a oppolés à fon établifie- ment, M. de la Métherie paroît croire (1) que Pair commun décom- poie le gaz hydrogène dans le moment qu'il fe dégage des différentes fubftances qui le renferment 3 mais il re rapporte aucune expérience qui prouve directement en faveur de certe opinion. [l s'appuie feule- ment du témoignage de M. Prieftiey. Mais ce dernier ( 2) n’attribue à l'air commun la propriété de décompoler le gaz hydrogène que lorfque les deux gaz fonc dans un état de combinaïfon, & en cela il eft d'accord avec tous les chinuftes, Ici nous fuppotons ces gaz dans un -Étar de mélange. 9°. [I paroït donc certain que lair commun ne décompofe pas le gaz hydrogène au moment de fa raillance, & par conféquent, puif qu'on ne peur jamais reconnoître fa préfence dans les régions inférieures de l’armofphère, il faut conclure qu'il elt fubitement emporté par fa Jlégèreré dans les régions fupérieures, 10°. Parmi les molécules d’eau expofées aux ardeurs du foleil , les unes foumifes à une chaleur exceflive, fe décompofent fubitement en gaz oxyoène & en gaz hyfrogène. Les autres s’envolenr dans j’atmof- phère fous forme de vapeurs faure de calorique fufhlant pour opérer une décompolition parfaite, Pendant les rigueurs de l’hiver , ces vapeurs trouvent dans les régions fupérieures de l'atmofphèe un degré de température inférieur à celui dont elles jouiffenr, Elles perdent de leur calorique, fe condenfent & tombent fous forme de pluie. Pendant les ardeurs de l'été , la température des hautes régions de larmofphère, probablement fupérieure à celle des vapeurs qui s'élèvent de la furface du globe, leur mévage un fupplément de calorique, & facilite leur paflage de l'état de vapeur à celui de fubftances gazeufes : d’où il peut rélulter, pendant la faifon des orages, une production de gaz oxygène & de gaz hydrogène dans les hautes régions de l’atmof- phère. o Lu ®s “ . . 11°. #-rfonne n'ignore que l’étincelle éle&rique joue pendant J’orage un _grand rôle dans latmofphère. Auffi je me difpenfe de citer aucun dés fairs qui etabliffenr cetre vériré. 12°, Les biures régions de l'armofphère qui font roujours le théâtre ————— (1) Tome > , page 160 de fo; exceilent Traité fur différens Aîrs. 2) Tome 2, p2g. 151, 152, 153 de fes Expériences & Oblervarions fi différentes branches de Phyfique, “rie ; fi ar4 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, de la foudre nous ofient donc, pendant l'orage la réunion du gas oryoène , 5 oaz hydrogène & de l'érincelle e éleëtri que, ces trois élémens dont le concours nous annoyfce COUjOUE la formation de l'eau. Qui RUE Teur retufer le privilège de douner näiflauce à la plute qui toinbe dans un temps où l'éclair brille, où leronnerte fe fair éenrendre? quelle autre caufe pourroir-on afficner aux pluies d'orage ? notre armof- phère ne Courienr pripcipaiement que de laircou te l'eau ehivapeur à d'où il rélulte, que c'eft l’une ou l'autre de ces fubftances qui produite Ja pl uie d'orage, k Toures Les fois que dans un phénomène plufeurs caufes"fe com- pliquenr pour produire ua efEx, on ne peur découvrir à laquelle de ces caufes appartient l'effet qu'en les ifblanc pour ainf dire, & en les it cérrogeant chacune féparemsent. I} fauc d’ après ce principe , examiner sil eft probut ile me Les vapeurs qui nagent dans l'atmofphère fe réuniffene en mafles fenhbles, pour produire la pluie, au momenr même que l'orage fe forme. Ove ceux qui foutiennent cette opirion nous expliquent, s'il eit potible, pourquoi les pluies d'orage font fubites & inftanranées , pourquoi la pluie ne tombe que Jorfque l'orage elt formé , pourquoi la pluie fuit précifement avec l'orage , pourquoi eufin la pluie d’ orage eit fi favorable à la végétari ion, Tous ces fairs atreflent influence de l'écincelle éleétrique für la formation de certe efpèce de pire :- c'elt donc au concours réciproque du gaz oxyoène, du gaz hydrogène & de l'érincelle électrique que nous devons les pluies à urage. La pluis d° orage 1e commencé que D ces trois élémens de l'eau fe trouvene réunis dans latmofphère, L'ublence d'un feu de ces élémens nous prélage toujours je terme de la pluie, 13° Après avoir prouvé que les pluies d'orage font dues à [a combinailon du. gaz oxygène & du gaz hydrogène jar l'étincelle électrique, je pafle à d'autres phénomènes , que l'agnofphère nous réfente, Plufieurs phyfciens ont foupconné depuis long-temps une efpèce d'idenrié encrele fluide éie@rique & la matière de la foudre ; il étoie réfervé au docteur Franklin d'en donner la démonftration. Ce phyfcien -éleve un appareil électrique jufques dans 1e régions des nuages; il arrache ie Auide électrique à l'armofphère , de fabltiene à nos machines, & obtientla plupare dés ere que nous prod dufions à l'aide © moyens arciGciels. Dès-lors les phylciens s'empreffent d'érendre ie domaine de l'électricité en y rapportant le plus grand nombre des phénomènes, Les nuées blanches , les étoiles ba UtsS , les feux foliecs font atrribuäs à Lélshicire. On met au rang des phénomènes #ledtriques les ouraganis, les crombes, les rourhillons , les tremblemens de rerre, les feux fous _ rerrains, les aurores boréales , en un mor, prefque toutes “ae opérations gachées de La pature, SUR L'HIST, NATURELLE ET LES ARTS. 41ÿ Les découvertes modernes nous ant éclairés fur plufieurs de ces erreurs où un excès d'enthaufiafme avoit plongé les phyliciens. 1°. La découverre du gaz phofphorique rous a fait connoître la véritable caufe des feux tollers. Les fubitances animales & végétales en putréfaétion contiennent toutes du phofphore. Le phofphore fe vola- tilife par la chaleur, s'envole dans l’armofphère, senflamime par fon contaét avec l’air armofphérique, & donne-ainfi naiflance à ces Hammes légères que nous offient pendant les nuits d'été‘les couches inférieures de j’atmofphère. 2°. C'eit un fait généralement reconnu que les volcans font prin- cipalement fitués au voifinage de la mer, Les eaux de la mer commu niquent avec des cavités fourerraines qui renferment des pyrites. Le fer décompolfe l’eau (1), s’unic à l'oxycèie, Le gaz hydrogène fe dégage, bientôt il fe réunit en grandes mailes ; fon élafticité augmente, il faic effort pour brifer la prifon qui le reffèrre, & la liberté qu'il acquiert produit ces redoutables phénomènes dont les volcans nous offrent le fpectacle, 3°. Le bruit du tonnerre n’efl aux yeux du phyfcien nourri des connoiflances modernes, qu'une déronation de gaz hydrogène & de gaz oxypène produite par le rérabliflement d'équilibre de la matière électrique. La rapidité du mouvement de ce fluide qui s'échappe d'un corps qui en eft furchargé, pour pafler dans un autre qui en manque, ne fauroit fule produire cer effer. Comment concevoir que la viteffe d'un fluide extrèmement délié, quelque incroyable qu'on la fuppofe, puifle exciter ces fortes explofions. En vain prétend-on les imiter à l'aide de nos machines. L'œil attentif du phyficien impartial ne confondra jamais le bruit épouvantable du tonnerre avec quelques pétillemens, quelques légères explolions que produit la décharge d’une boureille, Quoi qu'on en dife, le tonnerre ne peut être parfaitement imité dans nos laboraroires qu'en faifant pafler l’étincelle éleétrique à travers un mélange de gaz oxygène & de gaz hydrogène. 14°. Je rerminerai ce mémoire par une explication nouvelle des aurores boréales. 1°. M. Cavendish a démontré que fi l’on excite l’érincelle élec- trique dans un mélange de gaz azotique & de gaz oxygène, il en réfulte de l'acide nitrique, de l'acide nitreux ou du gaz nitreux fuivant le rapport qui règne entre le gaz oxygène & le gaz azotique qui com- pofent ce mélange. (1) La décompoñton de l’eau par le fer , & fon changement en gaz hydrogène, n’2 jamais lieu qu’à l’aide d’une température aflez élevée, & elle eft d'autant plus ranide que la chaleur eft plus forte. Voila pourquoi les volcans font en grand nombre vers la ligne , randis qu’il n’en exifle pas dans Îes régions polaires, 6 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, 2” L'immortel Schéele a obfervé que l'acide nitrique expofé au foleil prend plus de couleur & de volariliré. Voici, à ce fujer, le réfultat de mes obfervations. J'ai placé un récipient fur une foucoupe contenant de lacide nitrique que jai expofte au foleil le mois de février dernier : un quart-d'heure après, l’acide a été coloré, & ke récipient -rempli de vapeurs très-rouges & crès-volatiles qui fe fonc foutenues pendant long-temps dans le récipiene, 3°. Tour le monde fait que dans les flacons qui contiennent de l'acide nitreux, on apperçoit toujours au-deflus de l’acide une vapeur erès-rouge & très-volatile qui ne fe condenfe jamais. 4°. Le gaz nitreux en contaët avec l'air atmofphérique exhale des vapeurs très-rutilantes qui s’envolent dans l’atmofphère. Ces belles expériences jetrent un grand jour fur la formation des aurores boréales. Les pôles font le féjour exclufif de ce brillant météore. Dans les régions polaires la chaleur folaire eft très-petite, la décom- pofition de l'eau infenfible, la produ@ion du gaz hydrogène prefque nulle. Les hautes régions de l’armofphère polaire ne contiennent donc pas de gaz hydrogène, eiles ne peuvent offrir à l’étincelle éle&trique qu'un mélange de gaz azotique & de gaz oxyvène, Le rétabliflement d'équilibre du Auide électrique combine & fixe ces fubftances aériformes. L’acide nitrique , l’acide nitreux ou le gaz nitreux font produits fuivant le rapport qui regne entre le gaz oxygène & le gaz azotique. Ure grande quantité de vapeurs rouges & volatiles s'élève fubitement au- deffus de l'atmofphère pour y former le météore connu fous le nom d’aurore boréale, La plupart des phyficiens attribuent les aurores boréales à 1a matière électrique qui fe rend , difent-ils, de tous côtés vers les pôles, lorfque des circonftances favorables à fon expanfibilité lui permettent de s'élever jafqu'aux couches füpérieures de l'armofphère. Ce fyflême , outre qu’il eft fondé fur des expériences illufoires , fe refufe à expliquer Les circonf- tances attachées à ce météore. L'opinion que j'ai expolée fur la caufe des aurores boréales me paroît réunir à l'avantage d’avoir pour bafe des principes inconteftables, celui d'expliquer avec facilité les circonftances qui accompagnent ce phénomène. Il eit aifé de concevoir pourquoi les aurores boréales ne paroiffent qu'au pôle. Les hautes régions de l'ar- mofphère polaire ont le privilège exclulif dé n'offrir au rétabliffemene d'équilibre du fluide éle@rique qu'un mélange de gaz azotique & de gaz oxygène, Dans les zônes torride & rempérées , l'étincelle éleétrique trouve roujours au haut de l’atmofphère un mélange de gaz oxygène & de gaz hydrogène provenant de la décompolition de l'eau, Auñi ces régions fonr-elles toujours le théâtre de la foudre qui n'éclate jamais dans les regions polaires, Auñli les orages font-ils plus communs & plus violens dans la zône torride que dans les zones rempérées, s AN SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 417 On m'accufera. peut-être d’avoir pour les découvertes modernes cer excès d’euthoufiafme que j'ai reproché aux phyficiens éledtriciens. Mais fi l'on fait atcention que mes opinions ne Contrarient pas les loix de la nature, & quelles portent d’ailleurs un caractère marqué de vrai= femblance; je me Satte qu'on les recevra au moins comme les con- jeures les plus plaufbles qu’on ait encore imaginées pour expliquer les phénomènes de Ja nature les plus remarquables, 4 - EE RÉPONSE DE M SEGUIN, A la Lettre de M. De Luc inférée dans le Journal de Phylique du mois de Mars 1700, De ; Quelques-unes de vos réflexions fur le Mémoire que j'ai publié dans le troifième volume des Annales Chimiques, me perfuadent que j'ai mis trop de laconifme dans mes énoncés. C'eft sûürement-là la raifon pour laquelle vous croyez appercevoir quelques contradictions dans mes rai= fonnemens, Je dois d'abord obferver que ce premier Mémoire n’eft que extrait d’un Ouvrage confidérable que je me propofe de publier incef- famment. Il auroit fallu pour bien expliquer la nature , les propriétés & les effets du calorique, entrer dans des détails que ne comporte pas un extrair. Si vous daignez le permettre, j'aurai l'honneur de vous préfenter fucceflivement quelques réflexions fur la différence de nos opinions; & comme je fuis bien perfuadé que le but de vos recherches et de déchirer le voile qui obfcurci: la vérité ; les raifonnemens les plus plaufibles nous feront mutuellement choilir les explications qui nous paroîtront les plus convenables, Je me bornerai dans ce moment à préfenter quelques éclairciffemens fur pluñeurs de mes énoncés que je n'ai sûrement pas préfentés avec allez de clarté, puifque vous ne les avez pas toujours envifagés [ous leur véritable point de vue, Te Vous laïffez d’abord entrevoir que mon but a été de faire l'éloge de la nouvelle nomenclature. C'eft le fens que renferme la phrafe fuivante Tome XXXV1, Part, I, 1790. JUIN, Hhh A LÉ. 418 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, relative à l'obfervation que j'ai faite; qu'avant la nouvelle nomenclature} le mot chaleur avoit fouvent une double fégnification ; qu’il fervoie indiflinétement alors à défigner La fenfation qu'on éprouve & Le principe änconnu qui la produit ; & que c’efl pour Jéparer La caufe d'avec leffer qu'on a donné le nom de calorique à ce principe inconnu , tandis qu’on & réfervé le mot chaleur pour exprimer la fenfation qu’il produit fur nos organes en vertu de la proprieté dont il jouit de fe mettre en équilibre. « De routrems néanmoins, dites-vous, les phyfciens exacts diftinguane » la chaleur de fa caufe , ont donné à celle-ci un nom différent ; & la » diftinion même, qu'en fait ici M. Seguin eft de très-peu d'importance » en phyfque générale ; car l’objet obfcur de nos /efations appartient > à la Phyfologie; aufli n'en fait-il lui-même aucune autre mention, Ce > qui concerne la phyfique générale fur ce point, c’eft la chaleur. confi- æ dérée dans les corps inanimés, & ce qu'il auroit fallu montrer dans » un éloge de la nouvelle nomenclature, c’efl qu'elle ait avancé nos » connoffances fur cet important objet ». La confiance qu'on doit à vos opinions & dont vous jouiffez à fi jufte titre, ne doit-elle pas porter à croire, d’après ce reproche, que les cent pages que renferme mon Mémoire font principalement confacrées à la défenfe de la nouvelle nomenclature ? tandis que je n’en parle qu'une feule fois dans une note conçué en ces termes. « Je dois obferver que je me fervirai dans cet ouvrage de la nouvelle æ nomenclature 3 il eff poffible qu’elle ne foit pas parfaite dans toutes » Jes parties, maïs on ne peut exiger cette perfection dans lérat aëtuel » de nos connoiffances. Une nomenclature ne peut étre complete & » très-exaéle que quand on a formé l'enfemble de tous les fais qui >» conflicuent la fcience, parce qu'alors feulement on peut choifer les » expreffions qui réuniffent les phénomènes analogues les plus généraux. » Il n’en eff pas moins certain que la nouvelle nomenclature telle qu'elle » efl, rend les defériptions plus précifes, 6 préfente des tdées plus nettes » des phénomènes chimiques. Ces fèuls avantages fuffifent pour la faire préférer à l'ancienne ». J'adopte donc la nouvelle nomenclature, parce que je la trouve très- favorable à l'étude de la fcience ; mais je n’ai point eu la penfée de faire fon éloge , ainfi que vous Le faires foupçonner, & je fuis d’autant plus éloigné d’entreprendre ce travail que je crois très-fermement qu'il feroit inutile, parce que les perfonnes qui étudient fans partialité , examinent attentivement, & jugent par elles-mêmes. 2°. « M. Seguin, dites-vous enfuite, envifage le feu (calorique) comme » libre & comme combiné avec d’autres fubitances; & le premier objec » qu'il confidère à l'égard du feu libre ( calorique libre ) eft l'efpèce de re > SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 419 » mefure que nous en fournit le chermomerre, & ainfi le fens qu’on daic atracher au mot chaleur. Suivant donc à cet égard la doétrine de la nouvelle nomenclature , il entend par degré de chaleur , le degré de denfiié du feu libre (calorique libre ) ». Nota. Je dois oblerver que je ne me fers jamais de l'expreffion calorique libre, mais que j'emploie celle de calorique interpufé pour défigner celui qui n’eft point combiné, c’elt-à-dire, qui n’a point perdu fes propriérés diftinétives. IL m'eft impoflible de reconnoître dans cette définition les idées que j'ai préfentées dans mon Mémoire. Je le répète, c'eft sûrement mon Jaconifme ou le défaut de clarté de mes expreflions qui vous a empêché de bien faifir mes propofitions. 1°. J'ai corfidéré le calorique dans trois états, & j’ai employé des épithères pour les diftinguer ; ainfi je me fuis fervi des expreflions culo- que libre, calorique interpofé & calorique combiné. 2°. J'ai dic enfuire qu'on pouvoic confidérer dans tout liquide, dans tout fluide & peut-être aufli dans beaucoup de fo/ides deux portions de calorique bien diftin&es, l’une qui eft réellement combinée avec les molécules ,; & qui conféquemment a perdu toutes fes propriétés diftinc- tives, l’autre au contraire qui n'eft qu'interpofée entrelles. 3°. J’ai ajouté que le calorique interpofé influe feul fur la température, & que le calorique combiné ne produit aucun effec fur le hermomerre tant qu'il éft dans cet état de combinaifon. 4°. J’ai encore obfervé que le calorique eft une fubftance compreffible qui s’incerpofe entre les molécu'es des corps , & les écarte dans quelques circonftances & fuivant certaines Zoëx ; que cette fubftance tend toujours à l'érat d'équilibre, & obéit comme tous les autres corps aux loix de l'attraélion chimique. $°. J'ai fait enfuite remarquer que la compreffibilité du calorique a des bornes, que certe propriété prouve que fes molécules ne fe touchent pas en tous fens , & qu’il exifte entr’elles des intervalles, que fa propriété d'écarter les molécules des corps dépend de fon pouvoir élaflique, & qu’enfin fon affinité pour les autres corps eft infiniment variée, 6°. J'ai ajouté que la sempérature d'un corps eft la mefure des dila- rations des liquides dont on fe fert pour conftruire les shermomètres , lorfqu’après avoir obéi aux loix qui le maîtrifenc, il s'eft enfin mis en équilibre. 7e. J'ai encore obfervé que la rempérature n'indiquoit pas la /ex/ariore que nous devions éprouver; qu'un morceau de marbre, par exempie , à la rempérature de dix degrés, nous paroît plus froid qu'un morceau de bois qui et à la même rempérature ; & que conféquemmenc la tempéra- Lure neft pas une mefure exacte de la chaleur ( nom gqée je donne à [a Tme XXXVI, Par. I,1790, JUIN, Hhh 2 CRUE 420 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE: Jenfation que produit le calorique lorfqu'il agit fur nos organes en vertu de la propriété dont il jouit de fe merrre en équilibre ). Je n'ai donc point entendu , comme vous le [uppofez, par degré de chaleur, le degré de denfité du calorique libre ; 12. parce que Je n’ai jamais diftingué dans les corps que du calorique interpofe & du calorique: combiné ; 2°. parce que le calorique interpofé du mercure &-du bois eft au même degré de compreffion lorfque ces fubftances font à la même température , & qu’elles nous procurent cependant des fes/arions bien différentes. Je n’ai point d’ailleurs fuivi dans ces définitions ia doëfrine de la nouvelle nomenclature , ainfi que vous l’annoncez; car je ne fsche pas que l’on ait encore cherché à expliquer les effets du calorique par fa compreffion & fes affinités. Les célèbres phyliciens qui ont préfenté la nouvelle doëtrine auroient fans doute cherché d’où dépendoient ces phénomènes ; mais occupés d’une foule de recherches importantes, is n’avoient point encore entrepris, ce travail. J'obferverois encore , fi je ne craignois qu'on me taxät d’éplucher les expreflions, qu'il n’exifte point de doctrine de la nouvelle nomenclature, mais bien une zorenclature propre à faciliter l'étude de la zouvelle dodrine. 3. Vous ajoutez enfuite que mon opinion fur les différences qui exiftent entie les capacités eft femblable à celle qu’avoir préfenté autrefois M. Lavoilier (que les capacités fort proportionnelles aux dilararions } & qu'il a depuis rejettée d’après plufieurs converfarions que nous avons eu enfemble. Je vais prouver que ces deux opinions diffèrenceffentiellement. Etabliflons d'abord la véritable acceprion du mot capacité. La capacité d’un corps eff, fuivant moi, une mefure qui indique læ quantité de calorique qu'il faut lui communiquer comparativement à: celle qu’il faue communiquer à un autre corps égal en poids pour élever leur température du même nombre de degrés. Ain, s'il faut pour élever la température d'une livre de fer depuis le deuxième degré du thermo- mètre jufqu'au vingtième, lui communiquer une quantité de calorique double de celle qu'il faut communiquer à une livre d'antimoine pour élever de même fa zempérature depuis le deuxième degré jufqu’au vingtième, je dis que la capacité du fer eft à celle de l'antimoine, dans tout l'efpace compris entre le deuxième & le vingtième degré du ther- momérre, comme 2 eft à r, c’eft-à-dire, que dans cette échelle de dix- huit degrés il faudra communiquer à un poids quelconque de fer deux fois plus de calorique qu'à un égal poids d’antimoine pour augmenter leur température d’un degré; mais comme la capacité refpeétive des sorps ne varié que d'une manière prefqu'infenfible à tous Les degrés de SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 421 tompris entre les termes de la congellation & de l'ébullition de l’eau (pourvu cependant qu'ils n'éprouvent ni liguéfa&ion ni congellation , ni vaporifarion pendant ce tems ), il s’enfuit que dans les rapports établis pour cer efpace on peut négliger d'énoncer la sempérature des corps, parce que la détermination de ces rapports ne varie que d'une manière toferfible dans cette courte échelle de quatre-vingts degrés. Ainfi routes les fois que je dis que la capacité d'un corps eft à celle d’un autre, comme tel nombre eit à tel autre nombre, je fous-entends toujours que c'eft à égalité de poids & à des deprés compris entre les termes de la congellation & dedébullirion de l'eau. Suppofons maintenant deux corps hétérogènes (PL. I, f9. 2) A &B, égaux en poids & ayant la même cempérature, Suppofons encore que la dilatation de ces corps élevés à une rempérature fupérieure, maïs égale, foic repréfentée par les cercles extérieurs, & que leurs zzo/écules {oieot de même repréfentées par ces figures tant pour leur nombre que pour leur groffeur. Il eft bien certain que pendant la diluration, le corps À aura abforbé plus de calorique que le corps B; 1°. parce que fa dilatation ef plus grande, 2°. parce que fes molécules font moinsnombreufes; 3°, enfin, parce qu’elles font plus petites ; & c'eft la mefure de ces quantités com- paratives de calorique qu'il faut communiquer à des corps hétérogènes pour élever leur rempérature du même nombre de degrés que je nomme capacité. Ainf fi l'on ne jugeoit que d’après cet exemple, on pourroic croire que les capacités font proportionnelles aux d’latarions. Mais il eft très-pollible que dans une autre circonftance la dilaration foit plus grande & que l'augmentation de calorique interpofé fois cependant moins confidérable, C’eft ce que l’on peut voir dans la f22. 3, qui repréfente de même deux poids égaux de corps hétérogènes à la même température, & dans laquelle on.diftingue aufli les dlarations, le nombre & la grofleur des mo/écules. Il eft certain que dans cet exemple la quantité de calorique qu'il aura fallu communiquer au corps B fera moins grande que celle qu'il aura fallu communiquer au corps A , quoique la dilaration de ce dernier foit moins vrande. Ce qui prouve que les capacités ne font-pas proportionnelles aux dilatations , ainfi que l'avoit annoncé M. Lavoifier , mais qu’elles dépendent & de la dilatation & du nombre des molécules, & de leur groffeur & de leur augmentation de volume, M. Lavoilier convient maintenant de cette vérité, La fuite au mois prochain: 422 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE; PDT PERE IE DIPER TEL EENEE TT INT PESTE TENTATIN TONNES ARIANE 7 CASA ATSESEETRREP SEEN MÉMOIRES Sur l'Irritabilité , confidérée comme principe de vie dans ia Nature organifee ; Par M. GiRTANNER , Doëteur en Médecine, Membre de plufieurs Sociétés, Livréraires. PREMIER MÉMOIRE. 1 A découverte de la contraction de la fibre mufculaire à l'application d'un ftimulus, ou de ce que l'immortel Haller a nommé l'érrirabilire animale, doit être rangée parmi Jes plus importantes qui aient été faites dans la Philofophie naturelle. Il paroït furprenant que dans quarante ans qui fe font écoulés depuis que cette découverte a été faite, l’on ne fe {oit pas appliqué à l’examiner plus particulièrement. C’eft peut-être parce que cette découverte n’a pas été reçue favorablement du public dans le tems qu'elle fut faite, & qu'il a fallu près de trente ans pour l'établir, & pour la défendre contre les médecins qui l'attaquoient & qui la con- teftoient vivement. Defirant de connoître plus particulièrement cette propriété fingulière de la fibre mufculaire, & peu fatisfait de ce que j'ai trouvé dans différens auteurs qui en ont traité, j'ai entrepris un grand travail fur ce fujet. J’ai commencé par faire de nombreufes expériences avec différens poifons, dont j'ai examiné les effets fur la fibre mufculaire, J'ai cru qu'il étoit néceflaire de répéter & mulriplier ces expériences, parce que je fuis convaincu , que ce n’eft qu'éclairé par le flambeau de l'expérience qu'on peut pénétrer dans le fan@tuaire de la nature , fans rifquer de s’'égarer. Je deis beaucou» aux ouvrages de M, l'abbé Fontana, & c’ett fouvent en fuivant les traces de ce grand philofophe , quelquefois en m'écartant de lui, & en évitant les erreurs dars lefquelles il eft tombé, que je crois avoir trouvé la vérité. Je ne parlerai pas ici des nouvelles vues fur la Phyfologie du corps humain & fur fes maladies , qui font des conféquences immédiates du réfulrat de mes expériences : je n'entrerai pas non plus dans le détail de ces expériences, parce qu'elles fe trouveront toutes décrites dans un ouvrage que je ferai imprimer en Allemagne pendant le cours de l’année prochaine, Je ne donnerai ici que des propofitions ifolées & dénuées de preuves, qui pourront fervir de profpeäus à l'ouvrage que je prépare, & qui fixeront peut-être l'accention de quelques philofophes, 2 SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 422 Toute la nature organifée eft compolée de parties folides & de parties Auides. Les parties folides des animaux & des plantes fonc compolées de trois fortes de fibres primitives : de la f£bre rerreufe, la fibre fenfible & la fibre irritable, ; La fibre terreufe forme les os des animaux & Le bois des plantes, Elle eft inorganifée , infenfible, inirritable, n’eft pas fujette à d’autres loix qu'a celles de la matière inorganifée, & n’a point de vie, qu’autant qu'elle eft combinée avec la fibre irritable, La fibre fenfible ou nerveufe eft celle qui confitue les nerfs dans les animaux. Les plantes font privées de cetre efpèce de fibre: du moins n’a-t-on pas encore découvert la fibre fenfible dans le rèone végétal. La fibre fenfible eft entièrement inirritable, & incapable de fe contracter, Tout ce qui agit fur la fibre irritable n'agic point {ur elle. Il n’y a que la fibre irritable elle-même qui foit capable d'agir fur la fibre nerveule. Chaque contraction mufculaire produit un changement dans la fibre perveufe contigue; ce changement eft continué dans l'animal vivanc jufqu'à l'origine du nerf, dans le cerveau ou la moëlle épinière , & eft appelé /enfation. Ainfi chaque ftimulus qui agit fur La fibre irritable vivante, y produit immédiatement contraction , & médiatement fenfation ; c’eft- a-dire , qu'un ftimulus quelconque n’eft capable d'agir fur le nerf que par l'intermède de la fibre mufculaire. Lorfque la fibre mufculaire a perdu fon irritabilité & eft devenue ou paralytique ou ganereneufe, il n’y aura point de fenfation , quoique le nerf contigu foit très-fain. Lorfque, au contraire , par quelqu'accident, le nerf eft devenu infenfble, ou a été détruit, la fbre mufculaire continuera de fe contracter à l’application des ftimulus, mais il n’y aura plus de fenfation, parce que Îe rapport entre Ja fibre mufculaire & l'origine du nerf, qui n’avoit lieu que par le nerf, eft détruir. Senfation & mouvement font, par conféquent, deux propriétés de la matière organifée effentiellement différentes. L'une, la fenfation, n'eft qu'une propriété fecondaire, qui dépend de la fibre irritable & ne fauroic exifter fans elle. L'autre, au contraire, l’irritabilité, eft une propriété primitive, effentielle à la fibre irritable vivante, & abfolument indépendante des nerfs. Je n’ignore pas que cette propofition eft contraire à l'opinion généralement reçue, qui fait dépendre l’irritabi- lité de linfluence des nerfs. J'avois adopté moi-même autrefois cette opinion, avant que des expériences multipliées m’euflent convaincu qu'elle eft erronée. Non-feulement la fibre irritable agit fur la fibre fenfñble & produit fenfation , mais la fibre fenfible réagit fur la fibre irritable, & produit contraction. C’eft-là la caufe des mouvements volontaires , des convul- fions, & de ce qu'on appelle les maladies nerveufes, L'action des nerfs fur la fibre mufculaire ne diffère en rien de celle d'un autre flimulus, Certe action eft fujette aux mêmes loix auxquelles eft fujette l’action des 424 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, autres fimulus : je défignerai en conféquence l’aétion des nerfs fur fes mufcles par le nom du /Æmulus nerveux. La fibre irritable , improprement appelée fibre mufculaire, eft uni- verfellement répandue par toute la nature organifée, C'eft d'elle que dépendent le mouvement organique, la fenfation, la vie enfin de la nature organifée. C’eft fur elle qu'agiflent fans cefle les corps qui Penvironnent , en la ftimulant & la forçant à fe contracter. C'elt de cette fibre que je vais parler, & ce font les loix que fuit l’irricabilité, dont-elle eft douée, que je me propofe d'examiner. Mais avant que d'entrer dans certe difcuflion il fera néceflaire de prouver que la fibre irritable eft univerfellement répandue dans la nature organifée, Son exiflence eft connue & généralement admife dans les animaux à fang chaud , & dans quelques animaux à fang froid , tels que les grenouilles , les lézards, les tortues , les ferpens, Les anguilles , les poiflons. Les infectes, les vers & les plantes ne font pas moins doués d'irritabilité. La trompe des papillons eft très-irritable & fe contracte par Le ftimulus, même après qu'elle a été coupée en morceaux & féparée de l'animal, L'irricabilité des huîtres, des medufes, des polypes eftconnue. Le nautilus monte du fond de la mer à la furface en contractant & dilatant alternativement fes fibres irritables. La chryfalide fufpendue du papillon de l'ortie eft très- irritable, fur-tout dans les premiers jours de fa formation, La peau dont la chenille écoit couverte & qu'elle vient de quitter, agit comme ftimulus fur la chryfalide nouvellement formée, & l’on voit celle-ci fe con- tracter & fe dilater alternativement jufqu’à ce que cette peau defféchée viennne à comber. Swammerdam {1) a vu & deflinéles fbres mufculaires & a obfervé les contraétions & dilatarions alternatives dans le pou , & même dans le fœtus du pou inclus dans la lente. Leeuwenhoek (2) a vu la contraction des mufcles de la puce & du dermefles lardarius (3), L'abbé Fontana a vu les mouvemens du cœur du rotifer, L'on connoît aufi les mouvemens & l'irritabilité des animaux microfcopiques , & les contractions & dilatations alternatives de leurs mufcles, (1) Swammerdam, Bibl. Nat. page 65. (2) Lceuwenhoek , Epift. Phyfol. 37. pag. 364. (3) Idit: Cum iflam carnem per misrofcoplum contuerer, admirabundus adverti plerafque illius flbrillas , ubz non nimis confertæ jacebant , quodam contraétionis & exrenfionis motu agitari* quin aliquas in arcum , alias etiam im duos arcus movendo fofnicari. Quæ vero maximam partem fub aliis occuleban- sur frhrillis, qua confpeëlui parebanr, jam dextrorfum greuabantur, jar féniftrorfim. Brevi, fi quis , hos motus confiderans, neftirer carnem tam exigui & vilis animalculi oculis fuis obieëtum effe , facile juraret ingentem viventium vermiculorum coho"tem ante confpe6lum fuum obfervari. Neque quifquam hæe fais inrelliger, nifi cam mirabhili (paétaculo ivfèmer fruatur, Leeuwenhoek, ÆEpifl. Phyfiol, 129 \ L'exiftence CREER SN PE Le k | 4, SUR EAST. NAÏURELLE ET LES ARTS, 425 exiftenc® de la fibre irricable dans le règne végéral eft prouvée par bola fe contractent lorfqu’elles fonc touchées, s, ou percées# Les feuilles de pluleurs efpèces de mimofà , elles de la z#imo/a pudica , fe contratent par Le toucher, é, le verre ardent , l’ammoniaque, le mufc, l'opium, & par e ftimulus, On obferve les mêmes phénomènes dans l'oroctea ëlis , l'oxalis fenfitiva , la dionæa mufeipula , hedyfarum gyrans, Pdans plufieurs autres plantes. Les parties SE fonc très- Mrritables , ce qui a été prouvé par MM. Medicus & des Fontaines. Les étamines de la Lerberis vulgaris, de l'heliorropium , de la calandula , du ciflus appenninus, du lilium fuperbum , des caëtus , de lat forskolhea cenaciffema , & de plufeurs autres, fe contraétent à l'application dû flimulus. On obferve le même phénomène dans les ftigmates &les phils. M. L'exiflence de la fibre irritable dans toute la nature organifée étant prouvée, il fe préfente une autre quefton bien digne de l'attention du philofophe. Cette fibre irritable eft-elle la même, & elt-elle fujette aux mêmes loix dans toute. la nature ; où eft-elle diverfement modifiée dans les différens animaux &/dans les plantes? Des effets femblables en apparence font-ils produits par des caufes différentes ? On fent l'importance de ce problème , mais on doit fentir en même- tems combien il eft difficile de le réfoudre. En déduifant des règles générales de quelques phénomènes particuliers, nous courons le rifque de nous égarer dans le labyrinthe de l’analogie , où tant de philofophes raifonneurs fe font perdus , parce qu'ils onc ofé y entrer fans être guidés par l'expérience. Ce n'eft point en devinant la nature qu'on apprend à la connoître. Il faut la confulter , il faut varier & multiplier les expé- riences , & ne pas trop fe hâter de tirer des conclufons. Cette route , quoique longue & pénible, eft néanmoins la feule qui foit sûre, C’eft - celle que j'ai fuivie, & , après des expériences & des obfervations répétées, je regarde comme démontré : que la fibre irritable ef? la même, & ft Jujette aux mêmes loix dans route la nature organifèe. Cette vérité trouvée m'a préfenté une ample moiflon , que la faulx du philofophe n'avoit pas encore touchée. Il y a trois efpèces de fibres irritables : la f£bre droite, qui fe trouve dans les mufcles des animaux , dans les feuilles , les étamines, & À une pool (1) Foyez (ur ce füujet les obfervations de MM. Bonnet , Medicus, Brouffonnet, des Fontaines, & de M. Hope, dans fa Differtation : Quædam de plantarum motibus & vita compleélens. Edinburgii , 1787 , 8 Tome XXXVTI, Part. I, 1790. JUIN, lii ee terme Ve RE SA Let | AD. Qu : 16. AMC LAMPE AA Le ) 426 OBSERVATIONS SUR LA QU plufieurs autres parties des plantes ; la {bre fpirale, qu'ôn trouve! les artères , les veines, les vaiifeaux lymphatiques, les inteftins, & , en général, dans tous les vaifleaux & mufcles cylindtiques ou coniques des animaux & des plantes ; la fbre circulaire qu'on appelle les fphinéters. F4 gd La fibre droite fe contracte en longueur , elléfe raccourcit pendant fa contraction , & fes deux bouts fe rapprochent l'iwr de Ê contraction de la fibre droite fe fait à l'inftant même que qu'une de fes parties eft rouchée par un ftimulus, j La fibre fpirale en fe contractant diminue le diamètre des vaiflé qu’elle forme, La contraction ne fe fait pas dans le même inftanc di toute la longueur dé la fibre comme dans la fibre droire ; ce n’eft que fucceflivement que cette contraction eft communiquée à fes diffrentes parties. La contraction commence à l'endroit où le flimulus eft appli- é, & fe communique fucceflivement aux autres parties de la fibre :jufqu’à fa fin, en füivant la direction du mouvement ordinaire de la fibre, & finiffant au bout de la fibre. Par cette contraction, qu'on appelle auf mouvement périftaltique, les fluides contenus dans les vaifléaux fonc pouflés en avant & la circulation fe fair. Cette circulation a lieu dans les végétaux aufli bien que dans les animaux, & fe faic dans les uns & les autres par le mouvement périftaltique, qui eft l'effet de l'irritabilité donc leurs fibres font douées. On a cru autrefois que la sève dans les plantes montoit & circuloit par la feule attraction capillaire ; mais comment eft-ce qu’on expliqueroit par-là la célérité merveilleufe de la circulation de la sève dans la vigne, décrite par M. Hales? Et comment pourroit-on fuppofer des tubes capillaires depuis la racine jufqu'à la cime dans des arbres hauts de cent ou cent vingt pieds? jamais la feule attra@tion capillaire ne feroit capable de foutenir une colonne de fluide d’une hauteur aufli grande. Pour fe faire une idée du mouvement périftalique ou de la contraétion de la fibre fpirale, lon n’a qu’à ouvrir des animaux vivans , & obferver le mouvement de leurs inteftins, ou à obferver au microfcope folaire la digeftion du pou , en faifane l'expérience de la manière qu’elle a été décrire par M. Swammerdam. La fibre circulaire en fe contraétant ferme l’ouverture des vaifleaux à la fin defquels elle fe trouve généralement placée, | La fibre irritable , féparée de l'animal ou de la plante, conferve fon irritabilité pendant quelque tems, & continue de fe contracter à Fapplication des ftimulus. Elle conferve mème cette propriété lorfqu’elle eft coupée en morceaux, ce qu'on peut obferver en coupant la trompe: des papillons ou les éramines des plantes. Tous ces morceaux continuent à fe contracter; ce qui prouve,que la plus petite partie de la fibre: iritable a fon irritabilité particulière , indéperdante du refte. Les fluides des animaux & des plantes font doués d’irritabilité ainf » û 9” ÿ 1E7:" Par? SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 427 que les folides. Leursirritabilité confifte dans la coagulabilité, & certe coäeulabilité -des fes eft fujerte aux mêmes loix que l'irritabilité de la fibre. C'eft uneéfdécouverte nouvelle qui eft la bafe de plufeurs vérités lumineutes, Jeudesré d'icritabilité des folides & des fluides change continuelle- ment, & eft différent felon l'âge & le répime du même anima! ou de la même plante, & felon le fexe , l’organifation , & la grandeur des diffé- rens individus. Elle s’accumule d’ailleurs par l'abftraction des ftimulus habituels, & s'épuife par l'application trop fouvent répétée des flimulus, où par l’application d'un flimulus trop fort. On peut diftinguer trois différens états de la fibre irricable,ou trois différens degrés d’irritabilité, dont elle eft fufceptible, 1°. L’érar de fanté, qui eft particulier à chaque individu, & que J'appellerai le son de la fibre , pour me fervir d'une expreflion de Stahl. 2°, L'état d’accumulation, produit par l'abftraétion des ftimulus habituels. « 3°. L'état d’épuifement , produit par l'action trop forte des ftimulus, L'état de fanté, ou le sonde la fibre, confifte dans une certaine quantité du principe irritable néceflaire à fa confervation. Pour maintenir cet état, il faut que l’action des ftimulus foit affez forte pour priver la fibre du furplus du principe irritable que lui fourniffent continuellement les poumons & la circulation des fluides (1). Il faut pour cela un certain équilibre entre les ftimulus agiflans & lirrirabilité de la fibre ,-en forte que la fomme de tous les ftimulus qui agiflent fur elle foi toujours à-peu- près égale, aflez grande pour priver la fibre de tout l'excédent de fon irritabilité, & pas trop grande pour ne pas lui ôter plus que cet excédenr. C'eft dans cet équilibre entre les ftimulus agiffans & l'irritabilité, fournie pi les poumons & la circulation, que confifte la fanté , ou le eon de la re. Lorfque la fomme des ftimulus agiffans fur la fibre n'eft pas affez grande pour la priver de tout fon excès d’irritabilité ; le principe irritable eft accumulé dans la fibre, & elle fe trouve dans cet état que j'appelle état d'accumulation ; le principe irritable s’accumule dans la Bbre, fon irritabilité ef augmentée , & les ftimulus produifent des contraétions beaucoup plus fortes que celles qu’ils produifenc lorfque la fibre avoit fon ton. C'elt ainfi qu'en mettant quelqu’obitacle aux mouvemens de lAcdyfarum girans, pendant quelque tems, ce mouvement devient beaucoup plus fort après que Vobitacle eft éloigné. Lorfque la fomme des flimulus agiffans fur la fibre eft trop grande, la . (x) Je prouverai dans un autre Mémoire que l’oxignène eff le principe de Pirritabilité ; que ce principe eft abforbé par le fang dans la refpiration , & ditiribué enfuite au fyftème entier par la circulation, Tome XXXVI, Parc. I, 1760, JUIN, Jia - : 4 ÿ »” Lite 428 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, W fibre eft privée, non-feulement de fon excès d'irrit d'une partie du principe irritable néceflaire au to mieux dire , la fibre perd plus d'irritabilité qu’el par conféquent, fe trouver bientôt dans un étar épuifement fera , ou semporel, où irréparable, Dans l’état d'épuifement temporel la fibre a perdu fon ten & pè défaut d’irritabilité, Un flimulus appliqué alors re la fera pas contr A moins que le ffimulus ne foit très-fort, il ne produira aucun effet; maïs après quelque tems le principe irritable s’accumulera de nouveau dans la fibre, elle fe contractera alors. Ce n’eft que peu-à-peu que la fibre recouvre fon irritabilité. Cette vérité eft, j'ofe le dire, aufli neuve que lumineufe. Elle explique un grand nombre de phénomènes inexplicables jufqu’à préfent. Obfervons, par exemple, le mouvement du cœur:le cœur fe contracte par Le ftimulus du fang & chaffe le fang par les artères ; puis fe dilare de nouveau, & le fang y entre; mais le-cœur ne fe côhtracte pas d'abord, quoique le fimulus du fang agifle fur lui. Son irritabilité ayant été épuifée par la contraétion précédente, il faut la moitié d'une feconde ou les trois quarts avant que lirrirabilité du cœur {e foir accumulée au point que lé nouveau ftimulus puifle agir fur lui. Il eft impoñlible d'expliquer le mouvement du cœur d'aucune autre manière. Haller a expliqué très-bien ce mouvement par l'irritabilité du cœur, mais jamais il n’a fu répondre à la fameufe objection de fes adverfaires, qui difoienr : fi le fang agit fur le cœur comme ftimulus, & que fa contraction foit la fuite de cetre ation, d’où vient que le cœur ne fe contracte pas auffi tôr après que le fang y eft entré, & qu'il s'écoule toujours quelque tems avant que cette contraction fe faffe? Pourquoi leffet ne fuit-il pas irimédiatement la caufe ? Haller ne favoit pas répondre à cette objection, ainfi qu’à plufeurs autres aufli fondées, parce que les loix de l'irricabilité ne lui étoient point connues. L'écoulement périodique des femmes s’explique par le même principe. Le flimulus des ovaires agiffant con- tinuellement dans les femmes depuis l’âge de puberté, comme je le prouverai ailleurs, ne produit cependant des effets que de vinat-huit jours en vingt-huit jours, parce qu'il faut ce terms à la matrice, dans l’état de fanté, pour accumuler fon irritabilité au point que ce flimulus puiffe agir: l’écoulement cefle après que lirritabiliré de cet organe à été épuifée , & reparoît avec fon irritabilité. Tous les mouvemens pério- diques des animaux & des plantes, FR leurs maladies périodiques, s'expliquent par le même principe, c’eft à-dire, qu'un flimulus quelconque , quoique toujours préfent & continuant d'agir fur la fibre, ne produie point d’effer fenfible avant que l’irritabilité de la bre épuifée fe foir accumulée de nouveau. Les mouvemens périodiques des corps organifés confiftent dans un épuifement & une accumulation alternative de l'irrita- bilité de la fibre. Un épuifement temporel de l’irritabilité de l4edy/arum ilité, mais encore Ja fibre , ou, pour reçoit, elle doir, épuifemen cet SUR L'HIST, NATURELLE ET LES ARTS. 429 girans eft produit par la chaleur du foleil & par l’éleétricité, d’après les otfervations . Brouflonner. L’électricité épuife auf l'irritabiliré de la mimo/a pudiéa pendant quelque tems, comme l’a obfervé M. l'abbé Berçholon. M uifemen total ou irréparable de la fibre confifte dans la perte de sat fon irritabilité , dans ce qu’on appelle la gangrène. La fibre change “de couleur, devient livide ou noire , devient fujetre aux loix de la matière inorganifée, commence à fe décompofer & à entrer en putréfaction. Un ftimulus très-fort peut par fon action réduire en très-peu de tems la fibre dans cet état. Tel eft, par exemple, l'état de laffibre des animaux tués par des poifons très-forts, par la morfure du ferpent à fonnettes, des animaux tués par un couteau trempe dans le fuc de napel , ou par des flèches empoifonnées. L'irricabilité de plufieurs infectes & de la plupart des plantes eft irréparablement épuifée par le ftimulus de la propagation de lefpèce, en force qu'elles meurent dans l'inftant même après que l'aûe de la génération eft fini. M. Prieflley a obfervé qu’en expofant les plantes aux ftimulus de l'air dans lequel des fubftances animales étoient pourries , il arrivoit de deux chofes l’une , ou les plantes éroient aflez vigoureufes pour fupporter le ftimulus, & alors leur accroiffement étoit prodigieufement augmenté , ou le ftimulus écoit trop fort, & alors les planres mouroient ; leur irritabilité éroit épuifée dans l'inftant même, & leurs feuilles devenoient noires & cangreneufes. La fibre irritable , depuis le premier moment de fon exiftence jufqu’à celui de fa diflolution, étant conftamment entourée de corps qui agiflent fur elle, en la ftimulant, & fur lefquels elle réagit par fa contraëion , il s'enfuit, que pendant toute la vie la fibre irritable eft dans une ation continuelle , que la vie confifte dans l'action , & qu’elle n’eft pas un état pañlif, comme plufieurs auteurs l'ont avancé. D'ailleurs , les objets exté- rieurs n’ayant aucune action immédiate fur les nerfs, & n’agiflant {ur eux, & ne produifant les différentes fenfations que par l’intermède de la fibre irritable, il eft clair , que les idées que nous avons des objets extérieurs ne font point conformes à ces objets, mais qu’elles font changées & modifiées par la fibre irritable, par laquelle eiles nous font tranfmifes, C’eft pourquoi les objets nous paroïffent bien différens felon les différens étars de ta fibre. : Les fibres irritables qui font combinées enfemble dans chaque individu, foit animal, foit plante, font un fyftême de fibres, dont les parties intégrantes agiflent continuellement fur le tout, pendant que le tout réagir fur les parties , en forte qu'un ftimulus quelconque qui agit fur une fibre du fyftème, la privera d’une partie de fon irritabilité , mais cette perte fera bientôt réparée par le fyftème, & chaque fibre fournira en proportion une partie de {on irritabilité, pour fuppléer à la perte d'une fibre quelconque, C’eft ainfi qu'un ftimulus très-foible, mais continuant \ (144 < ; RE [re EN | ue | ‘ « “4 pi + s TA 439 OBSERFATIONS SUR LA. PHYSIQ UE, d'agir fur une partie du fyflême, tels que les poifons lents, l'abus des liqueurs fpiritueufes , un ulcère caché, Kc. épuife après fyftème entier & caufe la mort. Par la même raifon à fort appliqué à une partie du fyfême , tel que l’eau du Jaurier-cerife lopium , le venin du ferpent à fonnettes, épuifera"en un inftant l'irritast bilité du fyftème entier, tuera l'animal & laiffera fes fibres fans irritabi= lité. Je me fuis convaincu, par des expériences répétées, que l'opium , lalcohol , l’'ammoniaque, la folution de l’acérare de plomb, l'écher fulfurique , tuoient les animaux en épuifant lirritabilité du fyflème entier , & que les mufcles des animaux morts par lPapplication de ces fimulus avoientiperdu leur irritabilité. L'effet éroir le même en appli- quant ces différens ftimulus aux mufcles, à l’eftomac , ou en les injectant dans lesweines des animaux, J’ai fait aufli des expériences très-curieufes avec les mêmes fubftances fur les végétaux. Les fibres irritables d'un fyflème n'ont pas toutes le même degré d’irritabilité, Elles ont différens degrés de capacité pour le principe irricable, La capacité des fibres eft en raifon de leur diftance du cœur. Les fibres également éloignées du cœur, ont la même capacité. Tour flimulus qui affecte une de ces fibres affecte les autres en même tems, & de la même manière. Delà la fympathie des différentes parties éloi- gnées , & ces phénomènes furprenans qu'on a expliqués jufqu’à préfene par le confentement des nerfs, quoique nous voyons les mêmes phé- nomènes dans le règne végétal, qui eft privé de nerfs. On obferve les phénomènes de la fympathie dans toute la nature organifée, Quel- que partie d'un polype qu'on touche, le polype entier fe contraétera & fes bras fe contraéteront par fympathie. Qu'on touche le ver de terre avec la pointe d’une épingle, fans Le blefler, & l'on verra tout le ver fe contracter, ce qui eft une preuve.certaine que ces différentes parties font affectées par fympathie. Lorfque l’on fair une imprefion un peu forte fur l’averrhoa carambola, non- feulement cetre feuille, mais toutes les autres voilines, & quelquefois même quelques-unes des feuilles éloignées, fe contractent par {ympathie. Lorfque la fibre irritable a perdu fon ton, & qu'elle péche, ou ar un excès du principe irritable où par un défaut de ce pjincipe, elle eft malade , & le f{tême, dont elle fait partie , fouffre & devient malade, par fympathie, Toutes les madies des animaux & des végétaux peuvent être rangées fous deux claffles, favoir : 1°. les maladies d’accu- mulation , caufées par l’accumulation du principe irritable, par l’action diminuée des ftimulus habituels, 20. Les maladies d'épuifement , caufées par le défaut du principe irritable par l’action augmentée des flimu- lus habituels, ou par l'addition de nouveaux flimulus. Dans ces deux claffés peuvent Être rangées toutes les maladies quelconques. Quelque paradoxe que doive néceflairement paroître cette propofition à tous ts SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS: 431 ceux qui n'ont pas médiré ce fujer, elle eft cependant très-vraie, & j'en donnerai les preuves les plus décifives dans l’ouvrage que je vais publier. Les remèdesguériffent les maladies, en agiffant {ur la fibre irritable, & en épui on irritabilité dans les maladies d’accumulation , ou, en diminuant l’action des flimulus habituels , & par conféquent, l’épui- fement total dans les maladies d'épuifement, L’effer des poifons s’ex- plique de même. Les poifons , les remèdes, & en général tous les corps environnans ; n’agiflant que fur la fibre irritable , il s'enfuit qu'ils agiflent fur le fyflême exactement de la même manière, &, que toute fubftance capable de produire le plus grand effet poilible furla fbre, c’eft-3-dire, d’épuifer route fon irritabilité, & l'irritabiliré du fyftème dont elle fait partie , dans un inftanc , comme par exemple l’eau du lautier-cerife, ou l’oxide blanc d’arfenic , eft aufii capable de produire tous les degrés d’aétion inférieurs ou en aoiflant fur une fibre moins irritable, ou, en agiflant fur la même fibre, mais en moindre quantité. L’eau du laurier- cerife , l'opium , l'oxide blanc d’arfenic, lammoniaque , font par conféquent, des remèdes & des poifons univerfels, capables de guérir toutes les maladies quelconques, & capables aufi de les caufer toutes fans exception ; ce qui fe trouve confirmé par de nomw “breufes expériences que j'ai faites fur différens animaux. Je penfe que certe vérité eft de la plus grande importance. M. l'abbé Fontana, qui a fait plus de fix cens expériences pour prouver que l'ammoniaque n'eft point un remède contre la morfure de la vipère , fe feroir épargné le tems & la peine de faire autant d'expériences, s’il avoit.connu cetre vérité: Si au lieu de faire mordre tant d’animaux par les vipères, & d’appliquer P’ammoniaque fur la bleflure, il eût fait une feule expé- rience de comparaifon , & qu'il eüt appliqué Pammoniaque fur une bleflure faite avec une lancetre non venimée, il auroit trouvé, que ammoniaque , appliquée de cette manière, produit une maladie exacte- ment analogue à celle que produit le venin de la vipère, que par conféquent , bien loin de gnérir la maladie caufée par la vipère, Pammoniaque doit l’augmenter , en épuifant l'irritabilité de la fibre en moins de tems que le venin de la vipère feul ne. pourroit l’épuifer, M. Fontana a fait plus de fix mille expériences , fur le venin de la . vipère; il a-fait mordre plus de quatre mille animaux , il a employé plus de trois mille vipères, & il conclut après ce nombre vraiment énorme d’obfervations & d'expériences, que Îe venin de la vipère tue les animaux & les rend malades en aoiffant fur, le fang. Mais pourquoi M. Fontana a-r-il néoligé de faire l'expérience cire : Vexperimentum crucis de Milord Bacon ? On fait que les grenouilles & plufieurs autres animaux à fang froid vivenc Iong-tems fans cœur 432 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, & entièrement privés de fang. Or, fi le poifon de la vipère tue les animaux en agitlant fur le fang , il ne tuera pas des grenouilles privées de fang. Mais lexpérience contredit ce raifonnement. Le poifon de la vipère tué les grenouilles privées de fang en aufli peu de tems qu'il tue celles qui n'ont pas été faignées. Ce n'eft donc pBint en agiflanc fur le fang que le venin de la vipère tue Les animaux ; & c'eft ainfi qu’une feule expérience décifive détruit fouvent ce que fix mille autres paroïfloienc prouver ! D'après mes expériences les poifons agiffent fur le fang, comme fur la fibre mufculaire, en le privant du principe de l'irritabilité, ou de l’oxigène, Après avoir fair cette obfervation fur les expériences de M. l’abbé Fontana , je crois lui devoir la juftice d'ajouter, que j'ai trouvé fes expériences très-exactes, & que de toutes celles que j'ai répétées le réfultat étroit exaétement conforme à la defcription de M. Fontana ; ce n’eft que dans les conféquences qu'il me femble qu'il s'eft trompé. L'effet que produit fur la fibre irritable un ftimulus quelconque eft en raifon compolée du degré de l'irricabilité de la fibre & de la force du ftimulus. Le même ftimulus produira des contractions plus fortes fur une fibre plus irritable que fur une qui left moins ; &, l'irrita- bilité de la fibre étant la même, elle fe contraétera plus par un ftimulus plus force, que par un ftimulus moins fort. L’eftet que produit fur la fibre irritable un ftimulus quelconque eft en raifon inverfe de la répétition de fon application. Toutes chofes fuppofées égales, leffée d’un ftimulus fur la fibre diminue à chaque fois que fon application eft répétée, jufqu'à ce qu’enfin fon effet foic nul ou —0, C’eft ce qui explique les phénomènes de l'habitude &c plufieurs autres phénomènes jufqu'à préfent inexpliquables dans l’éco- nomie animale & végétale. La mimofa pudica, par exemple, expofée à un vent un peu fort fe contracte, mais cefle de fe contracter par le ftimulus du vent, après qu’elle y a été habituée. L'effet que produit fur la fibre irritable un ftimulus quelconque eft en raifon compofée du degré d'irritabilité de la fibre, du degré de force du ftimulus & du degré de l'habitude de la fibre. Soit la force ou l’intenfité du Rimulus — 4, le degré d'irritabilité de la fibre — D, le degré de l’habitude de la fibre =c, leffet produit fur la fibre, ou x fèra =. Mais tous les ftimulus agiflant de la même manière , ce qui diminue l’irritabilité de la fibre pour un certain ftimulus, la diminuera de la même manière pour la force ftimulante en général, ainfi l'habitude de la fibre eft déjà comprife fous fon degré d’irritabilité, ou c eft déjà compris fous 2. Par conféquent x fera — ab, - L'effec que produit fur la fibre irritable un flimulus quelconque , ou He A : SUR L'HIST..NATUREILE ET LES ARTS. 433 où x érant toujours égal à ab, il s'enfuir, que lorfqu'on connoît la valeur de a & de’b, on connoît aufli la valeur de x. Mais en admetrant une unité fixe & confante , ii fera facile dans cous les cas d'exprimer par des nombres le degré d'irritabilité de Ja fibre & le degré de force du ftimulus, ou la valeur de a & de D, par conféquent il fera facile de trouver la valeur de x. Or, tout l’art de la médecine ne * confifte que dans l'art de chercher la valeur de x, c'eft-i-dire, de trouver le ftimulus néceflaire pour rendre le ton à la fibre. Ainfi, mes principes fuppofés vrais, la médecine , laquelle jufqu'à préfent n'elt qu'un art de pure conjecture, fera réduite avec le rems à la certitude du calcul, & après qu'on aura des tables qui exprimeront les valeurs de a & de b & les fignes certains pour les connoître, ce calcul fera fi fimple & G facile, qu'il fera une partie de l'éducation de rous les indi= vidus. De plus, la fibre irritable étant la même dans route la nature orga- nifée , les maladies & les remèdes propres à les guérir feront par confé- quent les mêmes pour tous les êtres organifés ; il n’y aura donc plus de diftinction entre la Médecine , l’art Vétérinaire & l'Agriculture, mais ces fciences feront confondues & ne feront qu'une, fous le nom de Phyfiologie univerfelle, L'art de la Pharmacie & l’art d'écrire les ordonnances deviendront des arts inutiles; une bouteille remplie d’alcohol, ou de la folurion d’opium, fera fubftituée à la quantité énorme de drogues que contiennent les aporhicaireries. Le commerce des drogues. . . . Je m’arrête. En continuant mes prédictions je m'expo- ferai au ridicule; car, comme l’a dic Helvérius : « Toute idée trop » étrangère à notre manière de voir & de fentir nous femble toujours » ridicule. Nous n’eflimons jamais que les idées analogues aux nôtres, » parce que nous fommes dans la néceflité de n'eftimer que nous dans æ les autres ». Les fimulus que j'appelle kabituels , parce qu'ils agiffent toujours, plus ou moins, fur la fibre irritable, font , la chaleur, la lumière, la nourriture , l'air, la circulation du fang , le ftimulus de la génération, & le ftimulus nerveux. Auffi long-tems que l'action de ces ftimulus eft en proportion au degré d'irritabilité du fyftême , & que la fomme de leur action eft à-peu-près égale à la fomme du principe irritable, ablorbé par les poumons & diftribué par la circulation , le fyflême entier fe portera bien, & les fibres qui le conftituent auront leur ton, Lorfqu'un de ces ftimulus, ou plufieurs, aoiffent plus fortement qu'à l'ordinaire , ou que la fibre devienc plus irritable pendant que leur degré d’aîtion eft le même , l’épuifement du fyftêème & une des maladies qui en fonr la fuite, fera la conféquence. L'abftraétion d'un ou de plufieurs de ces itimulus produira une accumulation d'irritabilité dans le fyftême, & une des maladies qui en font la fuite. Je parlerai de tous ces ftimulus en parti- culier, pour mieux expliquer ce que je viens de dire, Tome XXXV'I, Part, 1, 1790. JUIN, KEK | RER RE ARLON “ : = + Ye dE 434 OBSERFT A TIONS SUR LA PHYSIQUE, De la chaleur, Le calorique de l’atmofphère & des autres corps qui nous entourent agit fur la fibreirricable en la ftimulant. Je me fuis con- vaincu de l'action flimulante du calorique par des expériences diredtes. J'ai expofe de petits animaux, tels que des chats , des chiens , des lapins, dans des vaifleaux ouverts, à la chaleur de l’eau bouillante , qui entouroit le vaiffeau dans lequel étoit placé l'animal, en forte que l'eau ne pouvoic pas le toucher. Les animaux morts de chaleur dans ces expériences & difféqués avoient perdu toute leur irritabilité, Leur cœur & leurs mufcles ne fe contractoient que foiblemenr , même à l’application des fimulus les plus forts, tel que électricité. Il eft prouvé , par les belles expériences de M. Hope, que le calorique agit comme fimulus fur les plantes, & l'on obferve que les plantes expofées au foleil deviennent plus grandes, & produifent plurôt des fleurs & des fruits que celles qui font moins expofées à la chaleur. Les arbres , en général, font plus touffus du côté du fud que du côté du nord, Par conféquent il eft prouvé que le calo- rique eft un ftimulus pour la fibre irritable. Les maladies des climats chauds font toutes des maladies d'épuifement , caufées par l'aüion trop forte du fimulus de la chaleur ; de-là l'ufage qu'on fait de la glace dans les pays chauds pour rendre le con à la fibre en abforbant le calorique & prévenant fon aétion ftimulante. L’irritabilité de l’Aedy/farum gyrans ÆlE épuifée par l’ardeur,du foleil du niidi, d'après les obfervarions de M. Brouffonnet. Et, par les expériences de: M. des Fontaïînes & de M. Medicus, il eft prouvé, que l'irrirabilité des plantes .eft grande le matin, diminue pendant la chaleur du jour , &'eft prefque nulle le oir. Du froid, Le froid étant un moindre degré de chaleur, fes effets fur la fibre irritabie font en proportion de l'habitude , ou de a quantité qu'il ‘faut à la fibre pour conferver fon ton. Les animaux & les plantes des climats chauds, auxquels il faut le fimulus d'une grande quantité de calorique , pour conferver le ron de leurs fibres moins irritables, font affectés par la moindre abftraction de ce fimulus habituel. L'irritabilité de leurs fibres eft accumulée par cette abftraétion & le retour de la chaleur épuife alors la fibre. Plus l’intenfité du froid eft grande, plus lirritabilité eft saccumulée. Après que la fbre a éré expofée pendant quelque rems à un grand degré de froid , fon irritabilité eft augmentée au point que le moindre degré de chaleur produit des effets très-violens. De-là la chaleur qu'on fent en fortant d’un bain froid ; de-là ces maladies qu’on prend en venant de l'air froid dans une chambre chaude, & que les médecins attribuent à une tranfpiration fupprimée , hypothèle entièrement fauffe. ‘Le moindre mouvement fatigue fur la cime des hautes montagnes comme je l'ai obfervé plufieurs fois, mais fur-tout en 1785 fur la cime du Buer, & comme l’a obfervé auffi M. de Sauffure fur la cime du Mont-Blanc. La raifon en eft que la fibre eft rendue f irritable par le froid de ces montagnes, que le moindre mouvement des mufcles , ou ce qui eft la SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 495 même chofe, la moindre action du ftimulus nerveux, Pépuife. Ce n’eft qu’en appliquant une chaleur graduelle qu'on recouvre les membres gelés, & il faut roujours commencer par les frotter avec de la neige, fans cela la fibre et épuifée & devient gangreneufe. Pendant l'hiver par l'abitraétion des fimulus de la chaleur & en partie de la lumière, les p'antes & plufieurs animaux (1) s’engourdiflent, la circulation des humeurs & la nutrition ne fe font que d’une manière languiflante, la vie même femble füfpendue, Par l'action diminuée de ces ftmulus, l’irritabilité eft accumulée & fe manifefte au retour du printems. Le moindre degré de chaleur alors produit des effets très-violens fur les fibres éminemment irritables. Les animaux qui s'étoient cachés fous la rerre fortent de leurs retraites, les plantes produifent des feuilles & des Aeurs , l’homme même fent le fimulus de La chaleur dans les zéphirs da puntems fur fa fibre devenue plus irritable par le froid de l'hiver, La végétation eft beaucoup plus vigoureufe au printems que pendant tout le refte de l’année, Elle . diminue pendant l'été à mefure que par l’adiôn de la chaleur & de la lumière l'irritabilité accumulée pendant l'hiver eft diminuée dans les plantes, & enfin épuifée en auromne. M. Hales a obfervé que la rapidité avec laquelle circule la sève dans la vigne au printems eft cinq fois plus grande que la rapidité avec laquelle circule le fang dans les artères du cheval. Certe rapidité eft beaucoup moindre en été & prefque nulle en automne. Elle n’eft point l'effet de la chaleur feule, {ans cela elle augmenteroit à mefure que la chaleur augmente, &c l’effec feroic pro- ortionré à. la caufe : elle elt l'effer de Pirritabilité accumulée par l'abitraction dé la chaleur pendant l'hiver. Les effets de l'hiver font beaucoup plus grands dans les-climats froids. parce que l'accumulation de l'irritabilité eft en proportion de l'abftraétion du flimulus du calo- rique. En Laponie l'orge mâûrit en foixante jours, pendant qu'il lui faut cent vingt ou cent trente jours pour mürir en France. On peut fe convaincre de la vérité de ce que je viens de dire, en expofant des plantes alternativement au froid & à la chaleur, & on fera furpris de voir combien par-là leur accroiflement & la force de leur végétation et augmenté. Mais dans ces expériences il faut faire attention de ne changer la tempé- rature que par degrés, parce que l’irritabilité s’accumulant dans la fibre par l’abftraction de la chaleur, une petite quantité dé calorique fuffit alors pour Pépuifer irréparablement , ou pour la tuer. C’eft ainfi que le retour du froid & les gelées au commencement du printems font fi nuifibles aux plantes, & que l’année eft en général plus fertile ,lorfque l'hiver a été plus froid. M. Fontana a obfervé que pendant l’hiver les vipères , dont il fe (x) Voyez mes Obfervations fur la Marmotte, dans le Journal de Phyfique, mars 1786. Tome XX XVI, Pare. I, 1790. JUIN. Kkk 2 « a Ru ‘ 436 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, fervoir pour fes expériences , étoient engourdies, quoique le thermomètre de Réaumur étoit à + 12°. I voulur les rendre plus vigoureufes en les échauffanc, & les expofa à une chaleur de -+ 20° feulemenr. Au bout de deux minutes elles étoient mortes, quoique pendant l'été elles fupportent la plus forte chaleur : mais alors elles font beaucoup moins irritables. M. Spallarzani a obfervé que les falarnandres fe cachent dans la terre & s’engourdiflent au mois d'oétobre, avant que le thermomètre à l'ombre foit aufli bas que + 10°, & qu'elles reparoiflent au mois de févrieniquoiqu'il gèle alors toutes les nuits, & que pendant le jour le thermomètre con- tinue d’être plufieurs degrés au-deflous de + 10°. D'où vient, demande cet excellent obfervateur, que ces animaux s'éveillent au printems, pendant un froid beaucoup plus grand, & s’engourdifient à un degré de froid beaucoup moindre en automne? Je réloudrai ce problème de M. Spallanzani, en obfervant, qu’en automne il faut un {timulus très- grand pour mettre en action la bre de ces animaux , qui a été épuifée par la chaleur de l'été. Mais au prinrems le moindre flimulus, la moindre quantité de calorique fuit pour mettre en action la fibre, dont l'irrita- bilité a été accumulée pendant Fhiver, par Pabitraétion des fimulus habituels. La lumière eft un autre ftimulus habituel. Pour m'aflurer de l’action ftimulante de la lumière fur les plantes par des expériences directes , j'ai enveloppé quelques feuilles d’une plante d’un*corps opaque, de manière que l'air y avoit un libre accès, mais que la lumière n’y pouvoit pas pénétrer. J’ai trouvé que ces feuilles éroient devenues beaucoup plus irritables que les autres, leur irritabilité s’étant accumulée, Par l'abftraétion du ftimulus de la lumière Pirritabilité des corps organifés saccumule , & une maladie en eft la fuite qu’on a nommée ériolement. Les animaux privés de la lumière & vivans dans des lieux obfcurs perdent leur couleur & deviennent blancs, ce qu'on obferve dans les animaux arctiques pendant les longues nuits dans les pays près du pôle ; c’eft ce que j'ai obfervé dans les animaux qui habitent les Alpes, & qui font cachés dans des fouterrains pendant la plus grande partie de l'année. Les plantes étiolées ont perdu leur couleur verte, font blanchätres & foibles. . Quelques plantes vénéneufes perdent leurs qualités nuifibles & deviennent agréables au goût par la feule abftraction du ftimulus de la lumière. Les animaux blancs & les plantes étiolées font très-irritables, & l’on obferve que ces animaux & ces plantes ne font pas capables de fupporter un grand degré de lumière, L'action de la lumière fur les plantes a été très- bien obfervée par MM. Ingen-Houfz & Senebier, & la manière donc les couleurs font produites a été expliquée par M. de la Métherie. L’on faie que les animaux apprivoifés, & fur-rouc les animaux domeftiques, changent leur couleur par la culture; mais ce qui peut-être a échappé aux natutaliftes , c’eft que ce changement eft conflamment des couleurs . Es À 7 SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 437 - foncées en des couleurs plus claires ou moins foncées. J'ai fouvenr - Obfervé , que ce changement fe faifoir plutôt dans des lieux obfcurs que dans des lieux éclairés. Des fouris qu'on tenoit dans une cage dans une chambfe obfcure ont produit des fouris blanches. Le troifène ftimulus habituel c’eft la nourriture, I n’en faut qu'une quantité très-petite pour fuppléer aux pertes journalières , la plus grande partie eft employée à priver l’eftomac, & par conféquent le fyftème entier de l'irritabilité fuperfue qui s’étoit accüumulée, C’eft ce qui eft prouvé par ce qu’on obferve dans les corps organifés. Tous les animaux font beaucoup plus irritables avant qu'après leurs repas. La faim, dont l'appétit n’eft qu'un moindre degré, eft caufée par l'irritabilité accumulée du fyftème, Le fuc gaftrique agit fur les fibres de l'eflomac devenues plus irritables, & produit par-là la fenfation de la faim. M, Spallanzani a obfervé que les oifeaux de proie ne rejertoient pas les corps indigeltes , tels que des boules de verre ou des tubes de métal, qu’ils avoient avalés avec leur nourriture, avanc que leur eftomac für vuide. Ces corps indi- geftes ne poñvoient pas être rejettés pendant que le flimulus de la nourri- ture agifloit fur leftomac; mais après que par l’abftraction de ce fmulus .Pirritabilité de Peflomac s'accumnloic , les corps indigeftes flimuloienc fortement les fibres de l’eflomac, les faifoient contracter , & furent rejetrés par cette contraction. On peut fe pafler prefqu’entiérement de nourriture , en appliquant de tems en rems à l'eftomac un autre flimulus quelconque , tel que le thé, le café, l'alcohol, Popium , le chinchina, & en épuifant par ce moyen l'irricabilité accumulée de cer orvane. Par VPabitraction entière du ftimulus de la nourriture l'irrirabilité du fyflème eft prodigieufement augmentée. On a plufieurs exemples de perfonnes qui n'ayant pas mangé pendant quelques jours ont été enivrées & font mortes de deux ou trois cuillerées de bouillon qu’elles avoient avalées avidement. Les plantes tranfportées fubitement d’un fol pauvre dans un fol très-riche & très-oras, ne produifent ni fruits, ni femences & meurent en peu de tems, d’une maladie particulière , caufée par l'excès de nourriture, La circulation des humeurs eft le plus puiffant des flimulus habituels, Le fang qui s’oxigène pendant fon paffage par les poumons eft privé de cer oxygène par la circulation , l’oxygène ayant une plus grande attraction pour la fibre irritable que pour le carbone qui eft contenu dans le fang. Dans cette opération le calorique combiné avec loxygène devient libre; delà la chaleur animale & végérale { 1). Le fang agic continuellement fur la fibre irricable, & la fibre réagit fur le {ang ; - (r) Il ef prouvé, par les expériences de M. Hunter, que les plantes oni une faculté de produire de la chaleur, analogue à celle des animaux. 433 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, & certe ation & réaction eft d'autant plus forre que la circulation elt plus rapide, & que Pair, qui vient en contact avec le [ang dans les poumons , contient plus de gaz oxygène. Lorlque quelque ftimulus local continue d’agir fur une partie du {yflême , la circulattonadevient plus rapide, & une fièvre en eft la conféquence. Le ftimulus eft-il foible ? ce fera une fièvre lente, qui épuifera peu-à-peu l'irritabilité du fyftème, & le malade mourra par confomprion. Le ftimulus eft-il plus fort, ou la fibre fur laquelle il agit plusirritable ? ce fera une fièvre ardente , qui épuifera l'irritabilité du {yflême dans un tems moins long. Enfin le ftimulus eft-il violent, ou la fibre pèche-t-elle par un excès d’icritabilité ? ce fera une fièvre putride qui tuera le malade , foit animal, foit plante , & épuifera fon irritabilité dans un rems très-court. Mais de quelque nature que foic la fièvre, la fibre irritée par le ftimulus agira fur le fang plus qu'à l'ordinaire, la réaction du fang fera auomentée en proportion , la circulation deviendra plus rapide , le fang ab{orbera plus d'oxygène & en furchargera le fyftème entier. Par-là l'irritabilité fera augmentée , la chaleur animale augmentera, &, l'effet de l’action du ftimulus devenant plus grand à mefure que lirritabilité s’accumule, l'épuifement total de l’irrirabilité, ou la mort du malade , fera la conféquence. 11 y a deux méthodes pour empêcher les effets funeftes d’un ftimulus local, qui continue d'agir fur une partie du fyftème, La première confifte, à empêcher le fang de fe furcharger d'oxygène; ce qui fe fair, ou en diminuant la proportion de gaz oxygène dans l'air que le malade refpire , ou en diminuant la quantité du fang par les faignées. La feconde mérhode de guérifon confifte à appliquer des ftimulus capables d’épuifer l'irritabilité du fyflême à mefure qu’elle s’accumule, tels que le vin, l'opium, le chinchina, la chaleur, les véficatoires, &c. La faignée agit en diminuant la quantité du fang; & par conféquent l’action, ce qui diminue néceflairement la réaction & rend le ton à la fibre. J'obferverai en paflant , que le confeil qu'ont donné quelques phyfi= ciens de faire refpirer du gaz oxygène aux malades efl le plus pernicieux qu'on puifle donner. Aufli les malades # trouvent très-mal après avoir refpiré ce gaz falutaire, comme j'ai fouvenc eu occafon de lobferver. Le /limulus nerveux ef le feul qui eft particulier aux animaux, C'eft ce ftimulus qui eft la caufe des mouvemens volontaires, des convulfions & des paflions. Les paflions ne différent entrelles qu'en ftimulant plus où moins la fibre irritable. La colère & la joie, font des degrés de ftimulus nerveux très-forts; le contentement & l’efpérance, font des degrés moins forts ; la crainte, la triftefle, la peur, le défefpoir, ne fonr point des degrés de ftimulus nerveux réels, ce ne font que Vabftradion des ftimulus de l’efpérance, du confentement , du bien- être. La colère & la joie agiflent comme des ftimulus très - forts & “4 + C SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 439 épuifent l'irritabilité de la fibre, de la mème manière que tout autre fümulus quelconque. Le conrentement & l'efpérance font les deurés du ftimulus nerveux néceflaire pour entrerenir le ton de la fibre. La triftefle & la peur, font des degrés du ftimulus nerveux trop foibles, S'ils continuent d'agir, l'irritabilité de la fibre s’accumule. On fait que les perfonnes craintives & enftes font plutôr affectées par le ftimulus des maladiescontagieules , que celles qui ne craignent rien & ufent de la précaution d'appliquer une plus grande quantité de ftimulus à leurs fibres qu'à l'ordinaire, en, buvant du vin, prenant du vinaigre, de l’opium , du chinchina. D'après les obfervations de M. Fontana, les animaux timides & craintifs mouroient en beaucoup moins de rems après la morfure de la vipère, que les animaux courageux ou irrités, La joie produite par une bonne nouvelle annoncée à une perfonne wife, & par conféquent tiès-irritable, a fouvent caufe la mort, qu’elle n’auroit pas pu produire fans cette prédifpofirion de la fibre, L'on connoît l'Hiftoire de la dame Romaine, qui pleuroit la mort de fon fils, & qui tomba morte de joie, dans l'inftant même qu’elle le vic entrer dans la chambre, Par l'abftraétion de plufeurs des flimulus habituels pendant quelque tems l'irritabiliré de la fibre eft accumulée au point que le ftimulus le plus foible produit des effecs très-violens, quelquefois même la mort dans un inftent. Cette maladie eft appelée le fcorbut ; maladie fur la nature de laquelle les médecins ont forgé tant d’hyporkèles faufles & ridicules. 11 eft de la plus grande importance pour le genre humain , de connoître fa vraie nature , des milliers d'hommes mourant de fcorbut dans les armées, les flottes , les villes afliéoées parce qu’on n'a pas trouvé de remède certain pour guérir cetre maladie, faute de connoître fa vraie nature. Dans la dernière guerre la florte Angloife a fouffert beaucoup par les ravages du fcorbut, & l'année dernière un grand nombre de foldats font morts de fcorbut dans l’armée impériale en Wallachie , par l'abitration du ftimulus de la nourriture ( l'émpereur ayant ordonné de difiribuer aux foldats une efpè:e de gâteau fait d'un mêlange de farine & d’eau, au lieu de viande ), du flimulus de l'oxygène, dans l'air corrompu des marais de la Walla- chie, du ftimulus nerveux enfin, le plus puiflant de tous ; la plüpart des foldats étant engagés par force & ne faifant la guerre qu’à contre- cœur. L’abftraction de rous ces ftimulus accumuloit l'irrirabilité de la fibre au point de caufer le fcorbut & la mortalité effrayante qu'on a obfervée dans cette armée, Les mêmes caufes produifent les mèmes effers fur les animaux. L'on a vu des animaux domeltiques affe@tés da fcorbut par le froid & la faim, c’eft-à-dire , par labftration des #timulus de la chaleur & de la nourriture. Les brebis que M. Cook avoit à bord de fon vaiffeau pendant fon » Ë _ = 449 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, voyage autour du monde dans les années 1772, 1773 & 1774% mouroient de fcorbur ; leurs dents romboienr, leurs gencives ÉtOIeNL pourries , enfin elles avoient tous les fympcômes du fcorbur invétéré (1), L’abftraction des ftimulus habituels dans les plantes produit les mêmes fymprômes & la même maladie. La maladie du feigle appelée erpot, elt exatement analogue au fcorbur des anirmaux; l'ergor elt le fcorbut des plantes (2). [l eft l’effer de l'irritabilité accumulée dans les fibres des plantes. Les caufes qui produifenc l’ecgoc du feisl: font les mêmes que celles qui produifeat le fcorbut. D'après les obfervations de MM. Saillant & Teflier, ces caufes font un fol humide & ftérile & un été froid , c’eft-à-dire, que les caufes .de l'ergot font l'abftraction des ftimulus de la nourriture & de la chaleur. : Je pourrois m’étendre fur ce fujer très-intéreffant fi je ne craignois pas de rendre ce mémoire trop long. Je n’ai voulu donner que des apperçus & une efquifle générale de mon fyflême, fans entrer dans les dérails, Dans des mémoires fuivans je parlerai de l'oxygène confidéré comme principe de l'irritabilité; de la compoñition & dé- compofition de l’eau dans les animaux & les plantes ; des différentes efpèces de gaz, contenus dans les cavités intérieures des corps organifés, & de la circulation de ces gaz, dont jufqu'à préfent on n'a pas même foupçonné l'exiftence, quoique, comme je le prouverai alors, les vaifleaux lymphatiques des animaux & les trachées des plantes font prefqu'uniquement deftinés à la circulation de ces fluides élaitiques. EE BE LUE DE M L'A Bb E VAPEUR VAMEUUS Prêtre, Profeffeur de Philofophie à Falaife, AM DLE) L'A'SMYÉ ET HTE"RKDIE SUR UNE AURORE BORÉALE, RER ATT Sur la fin du moins de feptembre dernier, j'ai obfervé une des plus belles aurores qu'on puifle voir, Cette obfervation me fit naître (1) Capt. Cook, Voyages, vol. 1, pag. 71, London, 1784. (2) Voyez une Differtation de M. Adair , publiée à Edimbourg l'année paflée, où ce (üjet eff traité d’une manière fort ingénieules quelques VE RE GE NE qe de me RCE TE : s s ; Pos : À ; - é \ ? SUR L'HIST: NATURELLE ET LES ARTS. 441 quelques réflekions fur la caufe de cé brillant phénomène. J'eus deflein de dans le temps de vous les communiquer ; mais le delir de les con- firmer par de nouvelles obfervations m'engagea à différer. Depuis certe époque, quoique le même phénomène ait paru, dit-on, plufeurs fois, je n'ai point eu occafion de l’examiner. Comme il pourroit s'écouler encore beaucoup de temps avant qu'elle fe préfentät, je prends la lHberré de vous les adrefler avec une defcription de l'aurore boréale qui les a ocafoanées: je vous prie , fi elles vous paroiflent mériter . Quelque atrention, de les inférer dans votre excellent Journal. Le 26 feptembre dernier fut un jour très-chaud pour la faifon, & depuis près de quinze jours le temps étoit au beau. Sur les huit heures & demie du foir, le hafard me conduifit à une croifée placée au nora-eft; je vis vers le nord des nuages légers & confus dont les bords fur-tout brifloient d'une lumière pâle. Je foupçonnai que ce - pouvoit être le commencement d’une aurore boréa'e : & je fortis pour eblerver le ciel plus à mon aife. Il étoit extrêmement ferein : pas le moindre nuage, excepté ceux que je viens de décrire, qui formoienc un feoment confidérable au nord, La lune étoit à fon huitième jour. Elle approchoit du méridien, & fon éclat dur beaucoup diminuer la beauté du fpe‘acle qui ne tarda pas à fe déployer à nos yeux. Pendant environ un quart-d’heure, ces nuages changèrent plufeurs fois de forme & de couleur. Les bords diminuoient de vivacité & Je fond obfeur s'éclairoit d’une lumière blanchâtre ; de forte que la couleur du fegment entier devenoit à peu-près uniforme, L'inftant d’après reparoifoient des groupes de nuages femblables aux précédens qui comme eux s'allumoient , pour ainfi dire, & s’étejpgnoienc par nuances prefque imperceptibles, Tour-à-coup paroiffent cinq belles colonnes lumineufes, divergentes entr'elles, La plus occidentale alloit du nord au midi; la direétion des autres fe rapprochoir de left. Une fixième colonne parut en même temps au nord-eft. Sa dire@ion étoit du nord au médi. Je ne puis déterminer leur écartement , ni leur potion refpective. Les étoiles , qui feules pourroienc fervir de point de com- paraifon, étoient prefque toutes effacées par léclar de la lune. Toures ces colonnes, excepté la plus occidentale, ne tardèrent pas à diminuer d'éclat, & enfin à difparoître entièrement : pour celle-ci elle auygmenta prodioieufemeur, & prit une couleur de feu bien propre à confirmer les frayeurs du vulgaire, qui né voit dans ces phénomènes qu'un préfage de guerre & dé malheurs, Les nuages dent j'ai parlé & qui formoient un fegment vers le nord avoient difparu lors de l’appari- tion des colonnes radieufes. Une de ces colonnes füubfiftoit encore, Jorfque des nuages fembiables aux précédens furent le prélude d’une fcene nouvelle, Des jets de lumière partirent de leur fein dans tous les fens. Un limbe brillant fe forma, une portion parut s'en détacher Tome XXXVT, Part: 1, 1790. JUIN, LU 443 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, avec effort & s'élança avec impétuofité vers le midi. Son éclar s’accru® beaucoup dans le mouvement ; elle produifit une lumière vive & paflapère comme celle de l'éclair, mais un peu plus foible & difparur. Aufhirôc tout le nuage fembla s'agiter. De tous fes poins jaillifloient de fem- blables flots de lumière & ils fe prefloient avec une telle rapidité qu’on ne favoit de quel côté porter les regards ; les nuages ne tardèrent pas à être confumés de cette manière, & bientôt 1l ne refta dans le ciel aucune trace de ce qui venoit de s’y pafler. Je crus que le phénomène étoit fini : cependant je reftai quelques temps encore à obferver Le ciel pour mieux m'en aflurer ; deux nouvelles reprifes s’annoncèrent comme les précédentes & leur furent aflez femblables : en conféquence je me difpenferai de les décrire; mais je ne puis omettre la cinquième & dernière. Derrière quelques maifons qui bornoient ma vue vers le nord, & au-delà defquelles il ne m’avoit pas été poffible de me placer ; j'apperçus des efpèces de. créneaux blancs en aflez grand nombre , dont les bafes étoient appuyées fur un nuage de même couleur : la diftance qui fe trouvoit entre leurs fommets étoit remplie par des taches noires prove- nantes uniquement, ce me femble, de ce que ces endroits n'étoient pas éclairés comme les voifins. Ces créneaux éroient difpofés dans un certain ordre, & leur enfemble préfentoit un fegment elliptique dont le petit axe dirigé de l'orient à l'occident avoit bien quarante degrés. Tout cet appareil s’avança vers le midi avec un mouvement majeftueux fans que j'y remarquafle de variation confidérable pendant quelque: temps. Mais lorfqu'il fut arrivé à peu-près à l’éroile polaire , des flots de lumière jaillirent de la partie antérieure & s’élancèrent vers le midi; de pareils éclairs partirent des côtés qui regardoient l'eft & Voueft, & fe dirigèrent vers ces points du ciel. Toute cette mafle brillante continuoit toujours de s’avancer vers le midi; & fon ampli- tude augmentoit prodigieufement, Un efpace elliprique d'abord aflez petit fe nétoya pour ainfi dire au milieu de ce nuage, je me trouvai bientôt à peu-près au foyer. Une bande brillante qui lançoit fans interruption des éclairs auffi vifs qu'ils pouvoient l'être fans offenfer la vue, le circonfcrivoit de tous côtés. Chaque vibration fembloit la reculer avec effort dans tous les fens, & agrandir l’efpace net dont jai parlé fans lui faire perdre fa première figure. L'œil humain n’a jamais vu de fpectacle plus raviffant. J’étois dans une efpèce d’extafe ; tous ceux qui m'accompagnoient partageoient mon admiration , & cette expreffion bien des fois répétée avec enchoufiafme } que cela eff beau ! que cela efl beau! fut pendant long-temps la feule que nous pûmes proférer. Je ne puis dire précifément combien de temps dura cette {cène magnifique ; je crois cependant qu’elle dura bien dix à douze minutes ENT ER Ve SUR) L'HIST,. NATURELLE ET LES ARTS. 443 dans fa plus grande beauté. Après quoi les éclairs diminuèrenr de vivacité, la partie méridionale de la bande brillante parut fe confumer & [e difliper par degrés, Quelques trairs de lumière s’élançoient encore du nord, mais plus rarement & plus foiblement jufqu'à ce que le nuage fut entièrement évanoui, Cherchons maintenant une explication à ce phénomène admirable. Les obiervations & les expériences d'un très- grand nombre de phyliciens ne permettent pas de douter que l'aurore boréale ne foit un effer de l'électricité. Mais comment l'électricité agit-elle dans certe circenftance ? quelles loix préfident à fes mouvemens ? d’où viennent les différentes formes fous lefquelles elle fe montre? queftions iaté- reflantes donc la folution complerre eft peut-être encore bien éloignée ! Je ne connois que M. l'Abbé Bertholon qui ait trairé certe matière avec lérendue qu'elle mérite, dans fon électriciré des méréores, La méthode de ce célèbre phyficien me paroïc mériter les plus grands éloges. Son explication renferme un très-grand nombre d'idées heureufes, de principes clairs, vrais & d’une application facile. Ses expériences imitatives font très-ingénieufes & rempliflent à merveille leur bur, Mais il eft un point fur lequel je ne puis penfer comme M. Bercholon ; c'eft {ur la direction du fluide électrique qu'il pré-end fe porter du midi au nord, & non du nord au midi comme teut le monde croit le voir, IL fonde fon opinion fur ce que les colonnes radieufes qu'il a obfervées dans différentes aurores boréales, lui ont toujours paru inclinées vers le nord, & qu'il n’eft pas naturel de penfer que l’électri- cité s'élève de bas en haut. Mais, 1°. Eft-il bien certain que ces colonnes foient vraiment inclinées au nord? la vue dont M, Bertholon rejette le témoignage au fujec de Jeur-origine & de leur direction ; eft-elle plus capable de faifir au jufte leur vraie fituation relativement à la (urface de la terre d’ailleurs en les fuppofant horifontales ou même inclinées au midi d’une certaine quantité, ne doivent-elles pas paroître inclinées dans un fens oppofé par un effec de La parallaxe qui augmente toujours en avançant vers le nord? 2°. Si c’eft du midi que partent ces colonnes lumineufes, ces éclairs fréquens , pourquoi font-ils toujours annoncés vers le nord par des nuages légers dans lefquels on remarque une efpèce de trouble & d’agitation, & qui diminuent ou difparoiffent tout à fait lorfque le phénomène arrive à fa plus grande magnificence , comme fi ce fuperbé fpectacle fe compofoit de leur fubftance ? 3°. Il ne me femble pas que les yeux foient des témoins aufli incom- pérens que le prétend M. Bertholon pour failir au moins quelquefois la diredion des diverfes apparences de ce phénomène, Si quelques graits de lumière paroiflent fi fubirement qu'il foit impoñfible de bien Tome XXXVI, Par I, 1790, JUIN, Lila 2 444 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, diflinguer de quel côté ils commencent à fe faire appercevoir, je puis dire avoir obfervé un très-grand nombre de vibrations & d'on- dulations qui n'ont femblé très-diftinétement s’avancer vers Je midi, J'en ai vu pareillemenr s’élancer vers l'orient & l'occident; ainfi que je lai déjà dir , mais beaucoup moins que vers le midi. 4. Enfin quand la direction que j'attribue à ces ondularions feroic un effet purement optique, peut-on dire fa même chofe du fegmenc elliptique que j'ai vu dans la dernière reprife de Paurore boréale ci-deffus décrite, {e porter du nord au midi avec aflez de lenteur, & fe con- fumer enfuite en éclairs vifs & fréquens ? fi ce nuage portoit la matière du phénomène comme on n’en peut douter , peut-il refler quelques difficultés {ur la vraie direction du fluide éle@rique dans ces circont- tances. Quoi qu'il enfoit , je fuis fâché que le clair de June m'’ait empêché d’obferver les étoiles rombantes qui paroiflent ordinairement dans les aurores boréales. Comme elles font des dépendances du même phéno- mène ; leur direétion doit être la même que celle de Péieétricité, Mais il n’eft pas aufli facile qu’on pourroit le croire d’abord de faifir dans quel fens fe fait leur mouvenrent. Car ff elles font éloignées du zénit ,elles auront une parallaxe différente dans tous les inftants de leur chüte, & l'effet de cette parallaxe fera de nous perfuader qu’elles s’avancent vers le nord; quoiqu’elles defcendent: perpendiculairemeric ou même obliquement vers le midi, [1 n'y a donc que celle qu’on verra près du zénit dont l'obfervarion puifle être de quelque autorité, Mais pourquoi le fluide électrique s'élanceroit-il ainñ du nord au midi? d'où peut vénir la diverfité des apparences fous lefquelles il fe roduit ? C'eft un fait conftaté par un très grand nombre d'obfervations & d'expériences que le fluide électrique a d'autant plus deiforce | toutes chofes égales d’ailleurs, que la chaleur eft moïns grande. Il eft plus abondant en hiver qu'en été, dans les pays feprentrionaux que méri- dionaux. I{femble que la matière de la chaleur le fupplée pour ainf dire à la furface des corps fur lefquels il tend à fe mettre en équilibre , & que plus elle s’y trouve en grande quantité, plus il ÿ eft rare, D'après ce principe la vicificude du jour & de la nuit doit produire dans notre atmofphère une efpèce de Aux &: reflux d'électricité (x). Le torrent de EEE (1) Le célèbre M. de Sauflure à obfervé ce Aux & reflux. « Les momens de fa » plus grande force font, dit-il, le matin quelques heures après le lever du {leil ; » & le foir quelques heures après fon coucher : tandis que ceux de fa plus grande » foibleffe précèdent le lever & le coucher de cet aftre ». Ceci me paroît s'expliquer . facilement dans mon cpinion. Le foleil à fon lever trouvant le Auide £e@rique à-peu-près uniformément répandu : % pe Tes À . SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS, 445 Feux que le foleil répand tant qu'il eft fur l'horifon, doit refouler le fluide électrique vers les pôles où la température n'éprouve pas de variation confidérable dans: un ff court intervalle : &.après le couchèr _de cer aftre lorfque la chaleur fe difipe, le fluide életrique doit reprendre fon équilibre & par conféquent s’élancer vers le midi. Les aurores boréales ne devront pas pour cela paroître toures fes nuits. Un grand nombre de circonflances doivent empêcher le fluide éledrique de fe manifefter en revenant vers le midi. Je fuppofe en effer, ce qui doit arriver fort fouvent à caufe du froid qui fuir le coucher du foleil , qu’à une certaine diflance de la terre l'air foit aflez chargé de vapeurs pour qu'elles. puiflent fervir de conduéteurs à l’é- leétricité, elle fe propagera du nord au-midi, comme elle fait le long d'un conducteur métallique non interrompu dans les expériences ordinaires fans qu'il y ait rien de fenfible pour la vue, Mais fi le fluide électrique tendant vers les contrées méridionales eft arrêté dans fes MÔUVEMENS par des couches d'air féc que lPon fait être idio-éleërique , il s’accumulera dans l’endroit où il éprouvera cec obflacle, y circulera de mille manières différentes & produira ces groupes de nuages dont les formes varient à chaque inflant, mais, dont lenfemble préfente aflez conflamment une efpèce de fegmert, Si dans les environs il fe trouve quelques-uns de ces nuages légers difpofés en fillons , dirigés du nord au fud, où même déclinans vers l'eft à peu-près comme les colonnes qui s'obfervent dans les aurores boréales ; ainfi qu’il arrive aflez ordinairement, apres le coucher du foleil (1) ,ils ferviront de conducteurs à l’éleétricité, & deviendrone © ——— —— "—————— ——————— ———— —_—_——_—_—_—_—_—————— —" — du nord au midi, le chaîfle vers le nord par la chaleur qu’il produit dans les pays méridionaux. Ainf des torrens de cette matière traverfent notre atmofphère quelques heures après le lever du foleil : il n’eft donc pas furprenant que l’éledricité fe trouve pour lors à fon maximum. Mais après quelque tenis la chaleur de l’air n’augmentant plus auf rapidement, Pele&tricité ne fe porte plu$eu norden fi grande abondance ; il n’en refle plus à notre atmofphère qu’une quantité réciproquement proportionnelle à fa chaleur: & celle-ci prenant toujours de l’accroiffement tant que le {oleil conferve certaine élévation , le minimum de léle&ricité doit fe trouver quelques keures ayant le coucher de cet aftre, Après fon coucher la fraîcheur de Ja nuit occafionne un reflux vers le midi. C’eit fur-tout au bout de quelques heures qu’il doit être le plus confdérable parce que la matière ignée a eu le tems de fe diffiper & que fon abfence rendant plus fenfble le défaut d'équilibre de Péle@ricité , augmente la tendance de cette dernière vers le midi ; des torrens de cette matière doivent donc ure feconde fois traverfer notre atmofphère, mais dans une direétion opnoffe à la précédente. À mefure que l'équilibre fe rétablira entre le nord & Je midi , ceite circulation doit diminuer ; & par conféquent elle fe trouvera à fa plus grande foibleffe 1orque l’aurore approchera. (1) L’éleéricité qui tend pour lors à refluer vers le midi, ne féroit-elle point la caue de la formation & de La direétion de ces nuages? & ne pourroit-on point dire 446 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, lumineux comme une chaîne métallique le devient dans Pobfcurité lorfqu'elle tranfmer une force décharge électrique, on verra dans ces circonftances des colonnes radieufes auxquelles les vapeurs des régions inférieures pourront donner une couleur de feu , comme elles la donnent quelquefois au foleil même, à fon lever & à fon coucher. Ces colonnes pourroient peut-être encore être produites par des courans de matière électrique au haut de l’atmofphère où l'air eft crop rare pour lui oppofer aucun obftacle, S'il ne fe trouve point de nuage propre à tranfmettre la matière éle&rique du nord au midi, le froid de la nuit pourra augmenter affez fa tendance vers cette partie, pour la mettre dans le cas de furmonter la réfiftance qu'un air très - raréfié lui oppofe à une grande élévation. Ce ne font plus des colonnes qu’elle produira, mais des ondulations, des flots de lumière dont la vivacité fera propor- tionnée à l'obftacle qu'elles auront vaincu, & par conféquent en raifon inverfe de la rareté de l'air dans les endroits où on les verra paroître. Les premiers nuages confumés d’autres fe formeront & produiront les effets, jufqu’à ce que l’équilibre foit rétabli ; à moins que la fraîcheur de la nuit & les fecoufles électriques des premières reprifes ne con- denfent fes vapeurs & ne préparent des conducteurs à l'électricité qui doit encore fe porter vers le midi. IL n’eft pas plus difficile d'expliquer pourquoi le fegment qui fait le fond de ce phénomène décline ordinairement vers loueft d'une certaine quantité, Car le foleil chaffant la matière électrique des pays qu'il échauffe adtuellement, elle doit affluer vers le nord principale- ment fous le méridien où eft cer. aftre & même fous des méridiens plus occidentaux encore, Il n’eft donc pas furprenant qu'elle fe manifefte principalement de ce côré, D2là elle tend naturellement vers les endroits où la chaleur du foleii a ceflé de fe faire fentir. La direétion des colonnes lumineufés ne doit donc pas être exactement du nord au midi, maiselle doit fe rapprocher de l’eft, ainfi qu'il arrive ordi- pairement (1) qu’elle agit für les vapeurs de l’atmofphère, pour fe préparer des condu@teurs comme elle fait fur les corps légers, par exemple, {ur de petits morceaux de papier lorfqu’on les préfente fous un conduéteur éle@rilé, Dans ce dernier cas tout le monde fait que les petits morceaux de papier s’uniflent les uns aux autres , forment une efpèce de chaîne qui d’une parc touche le condu&teur , y puife le Auide éle&rique , qu'elle tranfmet par l’autre extrémité au corps voifin non éleëtrifé. (x) Le flux & reflux de matière éleétrique que j’admets, &en vertu duquel elle fe porte continuellement du midi au nord ou du nord au midi , ne feroit-il pour rien, s’il a lieu, dans la dire&ion conftante de l’aiguiile aimantée vers le nord, dans fa déclinaifon , dans fes variations fréquentes > Tout le monde fait l’effet que produit fur elle une agrore boréale ; auffi bien que différens autres phénomènes éle&riques, SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS, 417 On fent qu’un très-orand nombre de circonftances peuvent modifier Je mouvemenr que j'attribue à l’éleétricité , & par conféquent changer jufqu’à un certain point la pofition du fegment, & la ditéétion des colonnes. J1 ne refte plus à expliquer que les aurores boréales tranquilles qui confiftent dans une lumière à peu-près uniforme , placée vers le nord & formant une efpèce de feemenr. Ne pourroit-on point dire qu’elle ont également pour caufe, le reflux de la matière éleétrique vers le midi qui traverfe une maffe d’air chargée de vapeurs jufqu’à un certain point ; mais trop peu pour former un conduéteur continu dans toutes les folutions de continuité, c'eft-à-dire prefque à chaque point du ciel où fe répéteroient conftamment de petites explofions, dont l'effet feroit de nous faire voir un fegment lumineux placé vers le nord. L'électricité ne doit plus être fenfible en approchant du zénit parce que fes rayons qui partent à peu-près du nord comme d’un centre divergent vers le midi, & que par conféquent à mefure qu'elle s’avance elle s'étend dans un plus grand efpace & diminue d'intenfité propor- tiorellement, : Telles font , Monfieur , les conje@ures que je foumets en tremblant au jugement des phyficiens, fur un des phénomènes les plus intéref- fans & les plus difficiles de phyfique. Je n'y tiens qu’autant qu’elles me paroiflent naturelles , conformes aux principes admis univer- fellement & autorifées par l'obfervation, & je fuis prêt à les aban- donner pour toute autre opinion plus fatisfaifante. Je fuis, &c. EAP GRET/R -E DE M J.B VAN MONS, Apothicaire à Bruxelles, Membre de plufieurs Sociétés Savantes , reréAe MADIE-L A -MÉFHERIE; SUR L'ACIDE AZOTIQUE. Monsieur, Je viens de lire dans le dernier cahier de votre excellent recueil , qui m'eft parvenu dans ce moment ,un Mémoire de M. Milner fur la décompofition de l'acide de l'azote au moyen des fubftances métalliques , 445 OBSERVA TIONS SUR LA PHYSIQUE, & fur fa produétion par la décompofition de l’ammoniaque mile en contaét avec des fubftances qui fourniflent de loxigène. | à! Cette lecture m'a caufé un intérêt d'autant plus vif, que la dernière obfervarion de M, Milner confrme un fair que j’ai découvert depuis déjà quelque tems , fur la génération de l'acide nirreux par l'ammoniaque , & que j'ai communiqué il y a près de deux mois à M. Lavoifier. J'ignore jufqu'ici l'ufage que l’auteur de Ja nouvelle doctrine veut faire de mon obfervation , & (5 je vous prie d’en. inférer le dérail dans votre Journal prochain, ce n’elt dans d’autre vue que celle de confirmer l'ingénieufe découverte du favant préfident de Cambridge, Après que j'avois eflayé plulieurs fois , mais fans fuccès, de décompofer Fammoniaque & de convertir en acide nitreux fon azote en le préfentant à des fubftances qui font propres à donner de l’oxigène, il me vient dans l'idée de tenter cet eflai avec les oxides des métaux dont l’adhérence à Foxigène ef affez foible pour être vaincue par le feu. L'oxide de mercure per Je éroit dans ces cas ; mais comme dans ce moment il ne m'en reftoit ue très-peu dont j'avois befoin pour d’autres expériences, je lui ai fubflitué l’oxide de plomb vitrifié. J'ai verfé fur une grande quantité de ce dernier une très-petite quantité d'ammoniaque cauftique, & j'ai pofé ce mêlange dans un bain de fable que j'encrerenois conftamment entre les quarante & quarante-cinq degrés de Réaumur. Au bout de quelques jours l'odeur de l’ammoniaque avoit en grande partie difparu, quoique le vaiffeau für exactement fermé ; je crus alors la converfion opérée, & - en effet , j'ai obrenu.un peu plus de Gx grains de nitrate d'ammoniaque. C'eft donc l'oxide de plomb que l'hydrogène de l'ammoniaque a décompofé, & de fon oxigène avec celui-ci il a dû réfulrer de l’eau, L'azore de l’alkali s'eft uni à une autre portion de l’oxigène de l’oxide , & l'acide azotique en a été le produir. Enfin, celui-ci s'eft emparé d'une partie de l'ammoniaque non décompofée, & a formé avec elle le nitrate. L'ovide reftant de cette opération n’éroït pas devenu noir, comme cela devoit être apparent , il n'avoit acquis que ce rouge plas vif qui diftineue le minium de la licharge. Comme j'ai eu linadvertance de lailfer échapper le produit gazeux de mon expérience, j'ignore de quoi'il était conftitué. La petire portion de l’'ammoniaque relative à celle de F'oxide m’a paru ici néceffaire À la Formation de l'acide : fans cela l'oxigène rencontrane la quantité d'hydrogène requife pour fe farurer, il n'yauroit eu de produit que de l'eau. C'elt ce que MM. Paers-van-Trooftwyk & Deiman ont fi ingénieufement remarqué. # “Voici, Monfieur,ce que j'ai obfervé, & il paroîe par-là que ce grand degré de chaleur que M. Milner a cru devoir appliquer pour opérer cetre décompofition & nouvelle compoñrion , n'eft pas néceflaire. Qu'il me foit permis à préfenc de faire quelques obfervations fur le Mémoire w J 2 SUR L'HIST, NATURELLE ET LES ARTS. 449 Mémoire de M. Milner, & fur-tout fur quelques-nns des effets qu'il a obfervés , & dont il ne paroît pas,avoir reconnu la caufe. Il règne en premier lieu une certaine obfturité & un grand équivoque dans ce Mémoire par l'expreflion trop peu dérerminée d’air nitreux diphlogifliqué , expreflion par laquelle on eft embarraflé de favoir ce que l’auteur a voulu fignifier. Dans le fyftême & felon le langage ancien de la Chimie, l'air nüreux déphlogifliqué devroit être la vapeur de l'acide du nitre, auquel les découvertes modernes ont reconnu une faturation d'oxigène, Cette fignification n’eft pas celle cependant que l'auteur y a voulu attacher, puifqwil dic que cet air déphlogiflique elt plus près de l’état de gaz azote que ne l’eft le gaz nitreux. Il eft plus probable, par ce qui füuic après, $. 7 & ailleurs, que par cette dénomination il ait voulu entendre du g3z oxigène qu'il doit fuppofer alors être porté à l’érat de gaz azote par l'addition du pAlopiflique ; mais en ce cas encore il n’eft pas d'accord avec la théorie qu'il déduit de fes expériences. La nouvelle nomenclature évite tous ces mal-entendus, & on voit par-là combien eft précieux & important, dans l'état actuel de la fcience, le travail de ceux qui ont réformé le langage de la Chimie. Une autre négligence qu’on remarque dans l'écrit de M. Milner, & qui doit exciter nos reorets, eft celle d’avoir porté peu d'attention à ce qui fe pañloit pendant Yes opérations ; nulle part il fait mention des produits aériformes qu'il a obtenus if ne dit rien de ce qu’eft devenu l'hydrogène de l’ammoniaque, s'il eft refté ou s’il a formé de l’eau. Dans l'expérience, où le gaz nitreux dégagé par le feu de la diffolution nitreufe de cuivre étendue d’eau, a donné naiffance à l'ammoniaque, M. Milner ne paroît pas avoir remarqué que c'eft l'eau qui , en fe décompofanc à fon paflage par le feu ardent , avoir fourni l'hydrogène & concouru par-là à la production de cer alkali,' Lorfque M. Milner a fait pafler l'acide muriatique à travers de l’oxide de manganèfe, il dir que le gaz qu'il a recueilli écoit du gaz carbonique ou hydrogène; fi M. Mfner a bien examiné ce produit , ileft difficile de déterminer ce qui s'eft paffé dans cette opération. * Pourquoi M. Milner accepre-t-il feulenient comme probabilité que l'acide du nitre foit formé par l'a@tion immédiate de l'ammoniaque {ur la manganèfe? Et comment peut-il encore croire que Le gaz oxisène décompofe le gaz nitreux , au lieu que ce dernier décompofe le premier © Ce fne-là de ces faits établis fur lefquels perfonne n’élève plus de doure. Dans l'eflai, où M, Milner a cru pouvoir produire aufli du gaz nitreux en employant l'oxide de plomb en place de celui de manganèfe, le fuccès n’a point répondu à fon attente ; cependant cette expérience m'a réulf, comme on a vu, à un degré de feu beaucoup inférieur. Enfin, dans Ja belle expérience avec le fulfate d’alumine, la prodigieufe Tome XXXV'1, Pare, L, 1790. JUIN, Mmrmu “450 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, quantité de gaz hydrogène obtenue femble indiquer, malgré l'opinion de M. Milner, que l'acide nitreux par une exception aux loix de l'attraction , ou par le jeu d'une double affinité, ait été produit. L’acide fulfurique du fulfate d'alumine a été évidemment décompolé ; fon oxigène a dû former du gaz ou de l'acide nirreux avec l'azote de l’ammo- niaque , une partie de fon foufre eft reftée libre avec l’alumine , & l’autre ‘partie a été difloure dans le fecond principe de l'ammoniaque ; & a conftitué le gaz hydrogène fulfuré. Peur-être que l'odeur de ce gaz a dérobé la préfence du gaz nicreux à la recherche de Paureur. Aufli-rôr, Monfieur, que les momens de loifr, que je dois maintenant à la défenfe de ma malheureufe patrie contre fes nouveaux oppreffeurs , me le permettront, je vous communiquerai un Mémoire fur une détonation que j'ai obtenue, en féparant, par évaporation , l’acide nitrique de celui du phofphore. Je fuis, &c. ÿ Bruxelles | ce 20 Avril 1700. CINQUIÈME LETTRE DE M 2 'DLE,"L'UNCS À COM OD'E PEAU UM FH E ROUES SUR LE FLUIDE ÉLECTRIQUE. Windfor , le 25 Mai 1790. Mixsiion: Je crois avoir montré dans ma Lettre précédente , que peur faire quelque progrès dans la connoiflance dés phénomènes fi obfcurs de la Météorologie, il faut y découvrir de nouveaux agens, tant par des recherches plus approfondies fur les fubftances atmofphériques connues, que par l'admiflion de nouvelles fubftances , par-rout où les phénomènes en indiquent le befoin d’une manière déterminée. Le fluide éle&rique, dont je me propofe de trairer aujourd'hui , eft au nombre de ces fubftances dont l'étude n'a pas été affez approfondie ; & il nous indique, par certains changemens qu'il éprouve, l'exiftence d’un fluide particulier , qui, outre les fonétions qu’il exerce dans ces phénomènes, peur en avoir de très-importantes dans les modifications d’autres fluides atmofphé- siques. Jufqu'ici, en s’occupant du fluide éledrique , on n'a étudié que fes phénomènes les plus faillans , {ans travailler à analyfer Les modif- & SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS.. 451, ! EU, 210 j SPRL É. | cations qu'il fubit en lui-même , pour tâcher d'en déduire ce qu'il eft, Par-là l’imagination a eu le champ libre pour afligner à ce fluide {on rôle dans la nature ; & toujours fidèle à fes écarts, après avoir étende jufqu'aux cieux l'influence de cet agent, elle lui affigne maintenant à peine quelque rôle fur la terre. Le nom même de ce fluide ne, fe trouve pas dans le rableau de la nouvelle nomenclature. Mon but, dans cette Lettre , eft de montrer, que ce vuide feul dans nos connoiffances en Phyfque, jette le plus grand doute fur route détermination des zrgrédiens qui compofent les fubftances atmofphériques. Je ferai une autre remarque préliminaire. Les mathématiciens ont rendu fans doute, & rendent encore des fervices très-eflentiels à la Phyfique ; mais c’eft.lorfqu’en même-tems ils s'appliquent à Pétude des phénomènes : car fans cela , formant des hypothèfes hafardées, la beauté même de leurs calculs devient dangereufe. Ainf le grand EULER , en s’efforçant de ramener à certaines v/hracions des corps & d’un milieu , les phénomènes de la lumière , tendoit à nous faire oublier l’une des Jubflances à laquelle probablement font dûs les plus grands phéno- mènes phyfques fur notre globe : & M. ÆpiNus, par fa théorie mathé- matique de quelques phénomènes é/e&riques , fermoit la route à la connoiffance, sûrement très-importante, du fluide qui les opère. Je commencerai, Monfeur , m2s remarques fur le fluide éle&rique , par l'examen de cetre dernière théorie, dont je tirérai l'expofé de l'ouvrage de M. l'Abbé Haüv. k 1. Les smouvemens éleriques ayant frappé M. ÆprNus: comme mathématicien, il chercha quelque Lo dont leurs’phénomènes immédia- tement fenfibles puifent découler, en déterminant ceux-ci de la manière fuivante, Premter Cas. Deux corps libres ? érant dans un certain état éleétrique ( qu'il nomme etat naturel) font en repos en préfence l’un de l'autre. — SEcoND Cas. Deux corps étant /émbla- blement tirés de cet état, s’'élopnent Vun de l’autre. — TROISIÈME Cas. Deux corps tirés de cet état en fens contraires, fe rapprochent lun de l’autre, M. Æprnus étoit trop ingénieux & trop bon mathé- maticien , pour ne pas réfoudre Le problème qu'il s'écoir propofé, & il le fit en effec par la fuppoñition des Lo’x fuivanres. PREMIÈRE Lor. Les particules du fluide éleétrique fe repouffent mutuellement. — SecoNDE Lor. Les particules de ce fluide & celles des autres fubftances S'arrenr mutuellement. — TROISIÈME Lor. Les particules dé toures les autres , fubflances fe repouffent mutuellement. Ces Lorx , dis-je, réfolvent très- bien le problème, Mais les caslénoncés font-il$ fournis par la nature ? Ïls fuppofent, que le repos éledrique des deux corps ( & même tout rep6s relatif des particules de tous les corps ) réfulte d'une quantité fxe de fluide éleëtrique ; car la troifième LOT, indiquant une FORCE toujours la même, & les mouvemens des corps devant réfulrer de Pasgrentarion Tome XX XVI, Part, T, 1790. JUIN, Mmm 3 _4$2 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, où de la diminution du fluide éle&rique , il faut que fa quantité, qui fait équilibre à une FORCE conflante, {oit elle-même une quantité fixe. C’eft aufli ce que fuppofe M. ÆriNus, & il nomme quantité naturelle du fluide éledrique, celle d'où réfult le repos des corps. Or, la foudre , en contredifart cet expofé du phénomène, renverfe la théorie qui le repré- fente ; car lorfque ces torrens de nouveau fluide électrique fe répandent vers la terre, tous les corps libres devroient s'ecarter mutuellement ; ce qui pourtant n'arrive pas, dès que la diftribution du fZuide s'eft faire également entre l'air & les corps qu'il environne. Cette fuppofition d’une quantité naturelle de fluide éleitrique, qui eft la bafe de toute la théorie de M. Æpixus, n'eft donc qu'une fiction; le repos élerique a lieu par une quantité quelconque du fluide éle&rique , pourvu qu’elle foic diftri- buée proportionnellement entre l'air & les corps qu'il environne, C’eit à quoi je reviendrai, après avoir examiné un autre point phylico- mathématique lié à la même théorie. 2. M. ÆpPrNUSs regrettoit, qu'on r’eût pas encore pu déterminer La /oë que fuir le fluide éleétrique dans fes actions fuivant les dffances ; & ce regret a engagé un autre mathématicien diflingué, ainf que grand mécanicien, M. CouLoms, à s'occuper de cette recherche : fon appa- reil , très-habilement conftruit, eft connu ; & le réfuliat de l'expérience aéré, qu'une balle mobile, s’éloignant horifontalement (par un mouve- ment circulaire) d’une balle z#mobile femblablement éie@rilée , faifoic des excurfons inverfement proportionnelles aux quarrés des di/fances > celles-ci étant comptées, de la balle ämobile, au point d'où com- mençoient les excurfions de la balle mobile. De ce fait, dont je ne doute point, M, Coyroms a conclu: « que l'aéion du fluide éleërique eft >» inverfement proportionnelle aux guarrés des diflances ». C'eft cette conféquence que je vais examiner. 3. Je viens de montrer, par le phénomène feul de a foudre, que le repos électrique de deux corps ne fauroit provenir d'une certaine quan- tité fixe de matière éleétrique ; mais qu'il dépend de légale diftribution d'une quantité quelconque de certe fubftance, entre les corps & l'air ambiant. C’eft-là un point que je traiterai plus amplement ci-après; mais dont je puis conclure dès à préfent, que les zouvemens éleériques n’one lieu, que quand les quantités proportionnelles du fluide font différenres entre l'air & les corps vifibles. Ainf, dans l'expérience dont il s’agit, des diflances des points de départ de la balle mobile à la belle ëmmobile, ne. fauroient fournir. la folution du probléme. Les différences de ces diflances font. bien la première caufe des différences d'excurfon de la baile mobile ; maïs elles ne font pas les vraies données dont oh auroit befoin : car, à caufe de la différente diftribucion de la maviére ele&rique entre l'air & les bulles, il s'établit une aëior réciproque, du premier fur des dernières & d'elles fur lui. Par couféquent, pour réfoudre le SUR L'HIST. NATURELLE ÊT LES ARTS. 453 problème , il faudroir déterminer d’abord , un certain point dans l'a, auquel fe rapporteroit la fomme des aëions réciproques de l'air à des corps , fuivant diverfes directions ; & ce feroit à ce point, & non à la balle #mmobile , que les diflances de la balle mobile devioient être rapportées, 4. Cependant l'expérience de M. Cour om, telle qu'il l’a confidérée, a fourni une /oi fixe; & c’elt en même-rems la oz qu'on fembloit devoir attendre , s'agiflanc de l’aé/ion d’une caule, confidérée comme centrale. * Sur quoi l'on peut faire cetre queftion : puifque les d'ffances d:s balles, comptées des points de départ de la balle mobile, font la première caufe de la différence des excurfions de cette dernière, ne fe pourroit-il pas, que les effets qui fe produilent dans l'air, plaçaflent à des diflances proportionnelles à celles-là , les points auxquels les diverfes actions réciproques doivent être rapportées ; & qu'ainfi les premières de ces diflances fuflent des données exaétes , pour décerminer les aéions de la matière éleétrique à différentes diflances ? Mais je doute de l’exiftence de ce rapport ; parce que les balles & l'air ne fonc pas d'une méme nature, à l'égard des sendances de la matière éleétrique. J'ai fait voir , dans mes Tdées fur la Météorologie , que toute la différence des fubftances con- duërices aux {ubftances non-conduétrices, conlftoit en ce que la matière éleëtrique tendoit de fort loin vers les premières, fans pourtant leur être fortement aflervie lorfqu'elle arrivoit auprès d'elles ; au lieu que fa tendance vérs les dernières ne commençoit que de fort près, quoiqu'arrivée au contact, elle leur adhérât crès-forrement. Ces deux loix doivent donc s'exercer dans le phénomène des mouvemens élec- triques des corps viftbles , à caufe de la faculté non-conduétrice de l'air; & il n'eft pas probable que leurs effets combinés puiflent être repré- fentés par la loi fimple des caufes centrales , appliquée feulemenr aux _diflances des corps vifibles, 5: D'après ces confidérations, je fuis porté à croire, que la Zi _ obfeivée par M. CouLome, dépend de la nature de fon appareil , & voici ce qui le rend vraifemblable, Fai montré, en traitant de } E/eéro- métrie , que rien n'eft plus compliqué que les mouvemens d'une balle éleétrifie, dès qu’on tente de les mefurer : car il faut toujours y employer une échelle, & toujours auffi il en réfalte quelque modification dans ces mouvemens, C’elt par cette raïon que, pour obrenir des éleétromètres comparables, j'ai été obligé de dérerminer entr’autres, la fubftance, la forme, l'écendue & la diftance de l'échelle que j'emploie. J'ai produir ainfi un éleétromètre comparable , que j’ai décrit dans mes Zdées fur La Météorologie, & que l’on conftcuit à préfent à Londres, & voici une de fes propriétés : la balle de cet inflrument eft un pendule, par où les degrés d'éle&rifarion qui produifent fes excurfions: diverfes , devroienc êcre proportionnelles au fénus- verfe des angles qu'elle parcourt; & 454 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, cependant, à caufe de La conftruétion- de l'inftrument, & en particulier de fon échelle , ces degrés font proportionnels aux argles eux-mêmes : ce que je vais montrer, 6. Je mets en communication deux de ces éleétrométres , femblables entour, excepté par leurs balles , qui font de poids différens. Les échelles * de ces inftrumens font, dans leur forme, une même portion d’un même cercle, divifée en $o parties, du point où pend la halle mobile non-électrifée, J'éeérife en commun tes deux éleé/romètres , jufqu'à ce que la balle la plus pefante indique $ fur fon échelle; & alors la balle la plus légère indique So: puis je laifle l'éleérifarion fe difliper d’elle- même. Si les chûtes des deux balles éroient proportionnelles, dans cha- cune , aux diminutions de leur é/eérifation commune, leurs marches correfpondantes devroient être proportionnelles aux /£us-verfes des angles qu’elles parcourent dans les mêmes tems; & au liau de cela, ce font les angles eux-mêmes qui font proportionnels : par exemple, quand la balle la plus pefante , en rétrogradant de $ à ©, pafle par les points 4,3,2,1, la Dalle la plus lécère pañle, ä-peu-près, par les points 40, 30, 20, 10. ( Je dois avertir ici, que, ni cette expérience, ni aucune de celles dont je parlerai dans Ja fuite, ne peuvent fe faire que lorfque l'air eft très-/ec & peu chaud.) Maintenant , fi ces éleéromètres s’éroient trouvés accidentellement conftruits tels qu'ils font, on auroit bien pu imaginer , que l'expérience dont jé parle fournifloit une oz directe , relativement aux aéions de la matière éle&rique far la balle mobile , fuivant (es différentes quantités ou füivant les diflances chan- geantes de cette halle à la balle immobile : mais je ne fuis arrivé à cette propriété de mon éleétromérre , que par tâtonnenrent , & après avoir apperçu, que je m'en approchois ou m'en éloignois, fuivant certains changemens dans fa conftruétion, dont une partie ne regardoit que l'échelle feule. Ce font-là des confidérations que j'offre aux phylco- mathématiciens, & fur-cour à M. Coucomg, au jugement de qui je fuis forr difpofé de m'en rapporter, après qu'il aura confidéré attentive- ment ce que je vais ajouter fur Le phénomène général des mouvemens ceétriques , fur-tout d’après cette confidération , que pour être sûr d'avoir trouvé la Loi des aëtions de la matière électrique füivant les diflances , il fauc qu'elle s'applique également aux deux cas, où les 2alles ont ou plus, ou moins de matière éleétrique que dans l’état de repos, puifque les mouvemens font les mêmes dans ces deux cas oppofés. 7. Si l’aéion de la matière éleétrique fur les corps vifibles , confidérés feuts , avoit pu expliquer les ouvemens de ces corps , ils n’auroient pas tant embarraflé les phyfciens. L'aë qui environne es corps, eft évi= demment la feule caufe immédiare de la partie la piu 5 embarraflante de ces phénomènes ; favoir , celle de l’écartement de deux corps libres, foir négatifs ; foit paférifs, C'eft ce que milord STaNHoPs (ci-devant milord à - SUR L'HIST. NATURELLE.ET LES ARTS. 455 MäAHOX ) a démontré direétement par l'expérience fuivanre. Cet habile électricien {ufpendit une paire de balles au fommer métallique du récipient d'une pompe pneumatique, & après avoir életrifé, il ponipa l'air. La divergence, qui d'aberd avoit eu lieu dans les balles, diminua alors par degrés, puis fe rétablit lorfqu'il laifla rentrer l'air, I] faut que l'appareil foic bien /£c pour cette expérience ; car s’il y a quelque fource de vapeur dons le récipienc, elle sy répand aufli-rôc, & l'éle&rifarion des balles céfle. (J'ai montré, dans mes Idées fur la Météorologie , d'après une expérience faire avec M. WALsx & par d’autres confidérations, que le vuide d'air n'eft conduéteur , que lorlque l'efpace abandonné par l'air, vient à être occupé par quelque vapeur conduélrice. ) L'air donc, comme fubftance qui fe charge ou fe décharge de matière éleëlrique , participe aux mouvemens electriques des corps vifibles : & ce principe une fois admis, au lieu des trois /oëx de M. ÆpiNus, dont la dernière ne peut être qu'une tion, la Loi fuivante fuffc feule : « La matière éleétrique > vend vers routes les /ubflances , d'autant plus fortement, qu’elles en 2 pofsédent moins ». .. 8. Avant que de procéder à l'application de certe loi, je dois démontrer deux propoñtions , donc la première , relative à la faculté de l'air ci-deflus énoncé , eft: « Que les mouvemens électriques ont lieu , >» réciproquement, entre l'ar & les corps vifibles ». Je fixe des féls métalliques longs & déliés au frottoir & au conducteur d'une machine éleétrique en les foutenant horifonralement & à queique diftance l’un. de l’autre, par des fils de foie. Auffi-tôr que je mets la mackine en jeu, ces deux f2/s métalliques, électrifés en fens contraires, éprouvent l’un & l’autre un recul, & en même tems on fént un vert procédant de leur extrémité. Ce venc eft un mouvement de Vair 3 il choflle forc loin une Balle fufpendue à un long fil : & fi on le détourne par une lame de verre, la balle retombe aufi-tôt , & vient s'appliquer à cette lame. C’eft donc-là un exemple de ce qui arrive à tout corps libre éleérifé, lorfque l'air P q \ participe plus à l'érae du corps, par un côté de celui-ci, que par le côté oppolé : le corps, dis-je, & l'air qui participe le plus à fon tar, s'écartent mutuellement , en fe portane l'un & l'autre vers l'air qui ÿ participe le moins: ce qui découle de la oz fufdite. Je montrerai bientôt pourquoi l'air participe plus à l'élec?rifusion de ces féls méralliques ; à leur pointe, que dans tout le refte de leur érendue. 9- La feconde propofition que j'ai à démontrer, eft celle-ci : « Lorf= »-qu'un corps, a plus de matière éle&rique que les corps voifins , & que » cer excès tend à fe porter vers le Zieu qui efl le plus privé de cette »> fubftance; fi le corps réfifte moins à fe mouvoir lui-même, qu'à aban- » donner la matière éle&rique qu’il pofsède, 11 la fuit dans fon mouve- >» ment Mers ce lieu ». Je prends une groffe balle métallige fort lévère, que je fufpends à uu fil de foie ; je charge cette balle , & je lui préfence, = 456 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, à une diflance convenable, un corps qui a moins de mariere éledrique qu'elle : aufli-côc elle fe meut vers ce corps, jufqu'à un certain point d'où il en part une évincelle, puis elle rétroprade, Tandis que la balle peut s'approcher du corps, fans s'élever au-delà d’une certaine quantité, elle réliite moins à fe mouvoir, qu’à abandonner fon excés de matière électrique ; mais lorfque pour parcourir un nouvel efpace dans la direction qui l'approcheroit du corps, il faudroit qu'elle s’élevär [davantage , elle réfifle plus à ce mouvement qu'àllâcher fon excés de matière électrique, qui alors l'abandonne & fe meut feule vers le corps. 10. Voici maintenant, d’après ces propoftions & la oz indiquée, Vexplicarion des mouvemens éleétriques ; confidérés dans deux corps, voifins l'un de l’autre & fufpendus dans l'air. PREMIER Cas. Quand ces corps & l'air ont une même quantité proportionnelle de muriére éleétrique , chacun d'eux fuivant fa capacité , quelle que foit la quanité abfolue de cette matière, tout elt en repos , parce que la loi ci-deflus n'a pas lieu de s'exercer. — SeconD Cas. Siles deux corps ont chacun, ou plus où moins de matière électrique que l'air , la mafle de celui qui les fépare , en reçoit de l'un &‘de l’autre , ou en cède à l’un & à Pautre, tandis que l'air, que je nommerai extérieur relativement à chacun d'eux féparément, n’eft modifié que par un feul, Aïnfi lérar éleétrique de l'air extérieur diffère plus de l'érar éleëtrique des deux corps, que n’en diffère: celui de l'air intérieur, par où ils fe meuvent vers l'air extérieur, & s’éloignent ainf l'un de l’autre. — TrorsiÈME Cas, Lorfque les deux corps feront tirés en fens contraires de l’érar éle&rique de V'air , le corps négatif enlève à l'air intérieur la matière électrique que le corps pofttif Jui tranfmer, par où l'érat de cet air demeure fenfiblement aufli différent de celui de chacun des deux corps, qu'il Pétoit au premier inftant ; mais chacun des corps modifie , fuivant {on état & fans compenfation, l'air qui lui eft exrerieur. L'un & l’autre des deux corps difière donc davan- rage de l'air intérieur que de l'uir extérieur , par où , ainfi que par leur propre différence d'état , ils fe portent l’un vers l'autre, Cette double caufe de mouvement fe manifelte, en ce que le rapprochement des deux corps dans ce cas, fe faic de plus loin & plus vite, que l'écarremenr dans le cas précédent, 11. elle eft donc Îa caufe des mouvemens éleétriques , & pour y découvrir la loë que la maricre éleëtrique fuit dans fes aéZions feivanc les diflances , il faudroir, comme je l'ai dit ci-devant , fuivre fes modifi- cations dans l’entrelacement d’effers que je viens d'expliquer, ce qui me paroîe impoflible. Il fembleroit peut-être d'abord, que cer entrelacement eft un manque de fimplicité dans la théorie; mais il n’efl peut-être aucun des effets foumis À notre infpe“tion, qui ne foit le réfultae final de nombre de caufes impercepribles ; & il y a loin de celles que je viens d'établir d'après les faits, & qui explique les vrais phénomènes a ee | es | | SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 457 des Loix fuppofées par M. Æpinus, celle d’une serdance des particules de toutes les fubftances à fe repoufler mutuellement : Loi qui contredit immédiatement l’evfemble des faits, qu'on ne juftifie qu'en ajoutant fi&ion à ftion, & qui ne fert qu'à la folution d’un problème marñé- 7lalique. 12. M. Æprnus avoit encore eflayé d'appliquer fa théorie à l'acew- mulation de fluide éleétrique qui fe fair à l'une des fuifaces d’une lame non-conduétrice , lorfque la furface oppofée perd vne |partie du fZiid qu'elle poffédoit auparavant, Pour cet effet il reprend les deux premières de fes Loix, & y ajoute cette rroifième: « Que le fluide éleitrique fe » meut srés-lencement dans les fubitances 2@n-conduérices ». Pour que les effets réunis de ces /oëx puiffenr produire les phénomènes dont il s'agit , il faut que chacune d’elles y contribue d’une manière inrelligible : examinons donc leurs effets féparés, PREMIÈRE Lor. Les particules du fluide électrique fe repouf[ent mutuellement. Cetre Loi, füt-élle admife, ne feuroit expliquer comment une mafle de fluide s'accumule far un côté de la lame ; il faut donc premièrement, que nous ly vojions accumaulée. — SEconDEe Lor. Les particules du fluide éleétrique & celles des autres fubflances s’attirent mutuellement, J'admets une tendance réciproque du fluide éleétrique & des ‘autres fibffances ; mais comme cette rerdance elt égale aux deux côtés de la larme , il ne fauroit en réfulter une rupture d'équilibre. — TrorsiÈme Lor. Le fuide électrique Je meur trés-lentement dans les fubflances non-conductrices, Voici la Loë qui, avec la première, doit expliquer le phénomène. Le fluide plus dénfe , qui arrive à l’un des côtés de la lame, érant fuppofé la traverfer lentement, peut avoir le tems de chauffer | par fa préfence, une partie du fZuide de la furface oppofée. Mais, 1°. dans certe fuppo- fition, le fluide plus denfè n'aura pourtant que la denfiré de celui du conduéteur qui l’amêne ; rien, dans certe théorie , n’indique comment cette denfité pourroit augmenter : au lieu que dans le fait, fa denfité peut venir au point de furpañler vingt fois la denfité de celui qui arrive du conduëeur. 2°. Dans cette hypothèfe, le fluide plus denfe chafleroir d'autant plus efficacement celui de la face oppolfée, que la lame auroit plus d'épaiffeur , parce qu’il y féjourneroit plus long tems, & formeroit une couche plus épaifle: & au contraire, plus la lame eft mince, plus la perte d'un côté, & l'accumulation de l’autre, deviennent grandes, 3°. Enfin, la Loi elle-même eft une erreur de fait : les fubflances non-conduétrices ne font point du tout perméables au fluide électrique ; &il ne paroïît pas même que ce fluide traverfe les fubftances corduc- trices : il fe fixe fur les premières & ne s'y propage pas; il circule feulement fur les dernières. è : 13. Dans cer examen de la théorie de M, Æprnus, je l'ai bien moins eu en vue elle-même, que fes conféquences en Phyfique. Ce grand Toÿe XXXVT, Part. 1, 1790. JUIN. Nan 458 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, mathématicies , en confidérant un certain fluide, non défini , dont chaque corps {enfble poflédoie une porrion naturelle tiroit le rideau fur ceux de ces phénomènes qui conduifent à penfer, 1°. que ce fluide, exiflant comme tel , eft déjà fufceptible de modification dans fa nature même; 2°. qu'il fe compole & fe décompofe; 3°. qu’ainfi fa quantité ablolue dans l'atmofphère & dans le fol peut être fufceptible de grandes variations ; 4°. enfin, que probablement, il influe plus dans les phéno- mènes terreltres, par fa formation &-fa deffruétion, que durant fon exiftence rel qu'il nous eft connu. C’eft fous ce point de vue que je me fuis propofé de traiter du f/ride éleétrique ; mais auparavant je vais étabiir une théorie de la charge des lames non-conduétrices , bien plus fatisfai- fante à tous égards que celle de M. Æpinus, de laquelle je partirai. 14 C’eft à M. Vorra qu'eft dû le premier trait de vraie lumière, qui eft venu éclairer le phénomène, avant lui fi obfcur , des modifications oppoiées dont les deux furfaces d'une ame non-conduërice font fufcep- tibles ; & il Pa fair en réduifant ces modifications à la feule /o; fuivante, qui embrafle toutes les zrfluences électriques. « Lorfque le fluide élec- » crique S'accumule {ur un corps, il augmente la tenfion ({oit la force » expañfive) du même fluide far les corps voifins, aux dépens de la » fienne ». Pour l'application de cette oi au phénomène du sableau magique, il fuit de fe rappeler, que le fluide éleétrique, étant arrivé à l’une des fürfaces d’une lame 07-conduétrice, fe fixe au point même où le conduéteur l’apporte, & ne fe propage prefque point au-delà. Le fluide qui arrive à l’une des faces d’une lame zo-conduétrice , s'y fixe donc; & d'après la doi ci-deflus, il augmente, aux dépens de fa propretenfion, celle du fluide de la face oppofée , par où celui-ci s'écoule en partie dans le fol, s’il trouve un conduéleur qui l'y tranfmerte; & le premier augmente en quantité, parce qu'il réGfte moins au fluide qui continue à arriver du premier conduélenr. Cet effet réciproque s'opère pendant quelque tems, mais en progreflion décroiflante; & fon z7ax/mum a lieu lorfque, maloté la perte de tenfion du fluide fur la première face, fa quantité accrue le met en état de réüfter au fluide du conducteur ; & qu'en même-tems, maloré l’augmentarion de sw/fion du fluide à la face oppofée, la diminution de fa quantité lui ôte le pouvoir de furmonter le fluide du fol. 15. Quand Les Zo/x conclues des phénomènes, les repréfentent fi clairement & fi précifément, elles font très-propres à faire naître des idées de caufes, du moins immédiates. Aulfi, dès que j'eus bien faif cetre /oz de M. Vo: Ta, {oic par fes explications verbales, foit par les phéno- mènes dans lefquels il m'en montra l'application, & qu’ayant repris les expériences éleGriques en vue de certe théorie, je l'y trouvai confirmée par = tour ; le rapport entre les modifications du fluide éleitrique & celles de la vapeur aqueufe me frappa ; & une autre Loi que je décou- 2 UR'L'HISTA NATURELLE («ET LESYARTS: {459 vris-dans le cours de ces expériences, fixa à cet égard mes idées: la voici. « Les mouvemens éle&triques ne {üivent point le rapport des dezrés >» de forceexpan/ive du fluide qui les occafionne , mais fes degrés de de- » Jiré feulement », Je vais d'abord établir cette loi par l'expérience, 16, Je prends quatre balles métalliques très-légères , réunies par paires à des anneaux métalliques , au moyen de baguettes conduétrices , que je fixe aux halles, mais que je rends mobiles dans les anneaux ; & je fufpends chacune de ces paires de balles à un bras 4/olant affez élevé, Je fixe horifuntalement, fur un fupporc non-conduéeur , un mince barreau métallique , d'environ huit pouces de long’, foatenu dans cette pofñtion au niveau des Dalles. Enfin, je fixe auñi à un bras z/o/ant, un difque métallique de cinq à fix pouces de diamètre : l'extrémité de ce bras , qui eft à la même hauteur que les balles, elt fixée au centre du difque, qui eft ainfi dans une pofition verticale. Je place alors les deux paires de balles auprès du barreau!, de manière qu’il touche, par chacune de fes extrémirés , un des azreaux des premières, & que quand celles-ci viendront à fe mouvoir, leur divergence fe fafle latéralement. Cet appa- reil étant ainfi difpofé 3 je le charge foiblement, par où les alles divergent également à fes deux extrémités. Je charge enfuite le difgue , mais plus fortement, & je le place vis-à-vis d’une des paires de balles, pour l'avancer enfuite par degrés dans la direction du barreau, À mefure qu'il s’approche, la divergence des balles antérieures diminue , enfuire devient nulle pour un moment, puis recommence, tandis que la diveroence des balles poflérieures continue d’augmenter, 11 n’eft pas befoin de prouver, que, durant toute l'expérience, l'augmentation de force expanfive du fluide dans l'appareil des balles , à mefure que le dfque s’en approche, eft toujours égale dans toutes les parties de l'appareil, les balles com- prifes; cela ne peut pas être autrement, Ce ne font donc pas des diffé- rences de force expanfive du fluide dans cet appareil, qui produifenc les m#ouvemens oppofés de fes balles ; & ces mouvemens ne peuvent pas non plus provenir de changemens différens dans la force expanfive du fluide de l'air ; car celui qui environne chacune des paires de balles ,elt à même diftance qu’elles du 4/que. Mais la denfité du fluide change dans les diverfes parties de l'appareil : elle diminue de plus en plus dans les balles antérieures, & elle augmente dans les balles poflérieures , où fe retire le fluide qui fort des premières, Or, à melure que la denfité du - fluide diminue dans les balles antérieures , elle s’y rapproche davantage de celle du fluide qui appartient à l'air, par où leur divergence dimi- nue d’abord faccellivement: elle devient nulle , quand ces denferés font égales, & elle recommence , en figne d’éleéfrifation négative, quand le fZuide de ces balles devient moins denfe que celui de Pair, Quant aux balles poflérieures , leur divergence augmente de plus en plus, parce que la denfité deleur fluide va en augmentant , fans qu'elle Tome XXXVI, Part, I,1790. JUIN. Nnn2 L 2 à be, 4 Lé «Te à 46 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE; augmente dans le f/uide de l'air. Ces différences de denfiré dans les diverfes parties de l'appareil, & leurs effets fur la divergence des balles, fe reconnoiflent , lorfqu’à différentes périodes de l'expérience, on retire le barreau & le difque ; car quoiqu’alors , par la retraite du di/que , la force expanfive change d'autant plus dans les balles antérieures, que l'expérience eft plus avancée , leur divergence ne change pas , parce qu’à caufe de la retraite du barreau , la denfité ne peut y changer. Les détails des petites anomalies apparentes qui fe manifeftent dans cette expérience, me meneroienc trop loin; & ilme {ufñra de dire, qu'elles découlent de la même loi, modifiée par les circonftances. 17. C'eft de l'enfemble des phénomènes de cerre claffe, dont j'ai rapporté un grand nombre dans mes Îdées ur la Météorologie, que j'ai conclu l’analogie fuivante, du fluide électrique avec la vapeur aqueufe. 1°. Le fluide eledrique , dans l'état même où il exifte fur les corps, eft, comme la vapeur aqueufe, compofé de deux fubftances diftinétes , donc l'une, que j'ai nommée matière éleétrique, n’eft point expanfble par elle- même, & l'autre, que j'ai nommée fluide déférent életrique, pofsède cette propriété, & produit l'expanfibiliré du mixte. 2°, Dans ce mixte, comme dans la vapeur aqueufe, l'union des ingrédiens immédiats eft foible , & cède à diverfes circonftances. 3°. Dans l'un, comme dans l’autre de ces deux mixtes, il peut exifter de grandes différences dans les quantités proportionnelles des deux ingrédiens, foit réunis, foit prêts à l’étre fuivant les circonftances. Je vais donner un exemple de ces modifications , dans une charge opérée par la vapeur aqueufe , analogue à celle du f/uide ele&trique fur le rableau magique. 18. Je fuppofe une lame de verre, à la rempérature des corps envi ronnans, & tapiflée d’eau des deux côtés, & un courant de vapeur aqueufe , plus chaude que cette lame, qui arrive contre une de fes faces , que je nommerai À. À mefure que la vapeur vient au contact de cette lame, il s’en décompofe une partie contrelle, à caufe de fa moindre chaleur ; l'eau de cette partie décompofée fe fixe fur la face À ; & fon feu, traverfant la lame , pafle en partie à la face oppofée B. Le nouveau feu arrivé à cette dernière face, accélère l’évaporation de l'eau qui la tapifle , & la diflipation qui fe fait ainfi de ce feu, eft réparée par une nouvelle portion de celui qui étoir refté d’abord à La face À : celle-ci, après cette feconde perte de feu, décompofe une nouvelle quantité de vapeur, dont l’eau s’y dépofe , & dont le feu, fe partageanc encore entre les deux faces, produit une nouvelle évaporation de l'eau fur Ja face B. Ces changemens oppofés, quant à [a quantité d’eau fur les deux faces, vont en augmentant , jufqu'a ce que , malgré l’évaporarion ui fe fait à la face B, la empérature de la face A foit devenue égale à celle des vapeurs : alors donc elle n’en décompofe plus, & la charge eft à fon maximum. DAT enr 11 4 £ r. + ee 29 “ à * ” / _ SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 461 19. L'évaporation encore, & fes diverfes modifications dans l'atmo£ : phère, nous fourniffent une nouvelle & très-importante analooie, entre les phénomènes de la vapeur aqueufe & ceux du fluide éle&rique, en ce que les influences électriques paroïffent s’opérer par la diffufion du fluide déférent éleëtrique dans l'atmofphère, comme les phéncmènes de lévaporation s'y opèrent par la diffufñon du feu. Seulement, il y a des différences /pécifiques entre les deux genres de phénomènes, procédane | en grande partie, des caractères diftincts que je vais afligner aux fluides déférens des deux vapeurs. 1°. Le fluide déferent éledrique traverfe inflantanément tous les corps ; le feu ne les traverfe que lentement. 2°. Le feu ne paroît pas avoir de rendance vers l’eau à une diflance fenfble ; le flurde déférent éleétrique, tend de loin vers la matière éledtrique , & Ss'accumule autour d'elle à proportion de fa quantité, 3°. Le fluide déférent éleütrique, non plus que le feu, ne perd point entièrement dans fa vapeur, la tendance à fe mettre en équilibre dans fon efpèce; mais encore ici, il furpafle de beaucoup le feu, dans la promptitude avec laquelle il obéir à cette serdarce. Par la feconde de ces propriétés diftinétives du fluide défèrent éleérique , il s'en forme une atmofphére autour des amas de matière éle&rique , & par la dernière, la matière éleétrique des fubftances voilines participe à ces asmofphéres : de forte que, la” force expanfive de celle-ci augmente, aux dépens de celle de la maïle qui occafionne l'accumulation de fluide déférens ; par où, l'amas de mariére éleétrique wa pas une force expanfive propor- tionnelle à fa denjiré, & la différence inverfe fe trouve dans la matière éleflrique voiline. Je vais montrer, par un exemple, ces propriétés du fluide déférent éle&rique , d’où rélultera la preuve de fon exiftence dans latmofphère, comme diltinét , mais aflervi à la mariére électrique. 20. Je prends ‘un premier #//que métallique , que je nommerai À, porté verticalement par un bras //o/ant qui fe fixe à fon centre , & derrière lequel, à quelque diftance, eft appliqué un éleéfromèétre, dont la Balle mobile fe meut!, en s’éloignant d'une balle immobile & du difque. J'ajoute du fluide éleétrique à ce difque , & fa balle mobile s'élève, Ce que j'ai à prouver , eft, que dans ce difque ilolé , la force expanfive du fluide ett inférieure à ce qu’elle devroit être, vu fa denfrté, parce que la matière éleétrique de l'air voifin s'empare d’une partie du fluide déférenr qui fe porte vers la nouvelle marière éle&rique du difque. Je prends un fecond dijque femblable , que je nommerai B , & le laiffant d’abord dans Pétae électrique de l'air, je l'amène en face & à demi-pouce de diftance du difque À : la balle du premier s'élève, & celle de ce dernier s’abaifle. Je dois dire ici , que les halles des éleéfromètres érant à fix pouces de diftance de leurs difques , ne participent que peu, immédiatement aux influences qu'ils éprouvent, par où , lorfque la marière éleérique de ces difques reçoit un accroiffement de force expanfive, il en palle dans les halles, 462 CBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, & réciproquement. Il faut obferver encore, qu’un corps métallique a plus de capacité pour la matière éleétrique, que n’en a un pareil volume d'air : ce qui explique le phénomène que je viens d’indiquer, & qui par-là fervira de preuve à ma propoftion, Lorfque le di/que B eft placé en face du difque À , celui-ci perd plus de fluide déférent avec lui qu'il n’en perdoit avec l’aër déplacé, par où fa matière élelrique perd de fa force expanfive, & fa balle s’abaifle; mais en même-tems, la force expanfive du fluide augmente en B, par l’acquifition qu'il fait de ce fluide déférent perdu par A, & fa balle s'élève, Voilà, dis-je, une preuve de l’effes que produiloit l’air fur le difque À fépäré; cet effer augmente, quand un corps qui a plus de capacité que l'air pour la matière éleëtrique, vient prendre fa place; & voici une autre preuve de la même propoñtion , dans la ceffation de l'effec de l'air à l'un des côtés du ifque. Je fépare les difques , & je les charge également au rappore de leurs éleétromètres , puis je les ramène à la mème diftance qu'aupa- ravant. Chacune des balles s'éève par cette approche; tandis que les difques étoient féparés , chacun d’eux perdoit avec l'air une partie de fon fluide déférent par chacune de fes faces dont l'une devient enfuite voifine de l’autre difque ; mais lorfqu'ils font rapprochés, certe face de chacun d’eux ne peur plus éprouver aucune perte, puifqu’elles pofsèdene l'une & l’autre une même quantité du fluide. Aïnfi la quantité dont:les balles s'élèvent alors, indique celles dont elles fe tenoient abaiflées, par la perte que ces faces refpectives faifoienc de leur fluide déférent avec lPazr. x 21. Le phénomène des porntes fournit une nouvelle preuve , & une preuve plus diftinéte , de ces modifications du fluide déférent éledrique, M. Vo L Tr A a ramené ce phénomène , d’une manière claire & précife, à fa loi générale des influences éle&riques ; & c'ett de-là aufli que je partirai, « Une pointe communiquant au fol, eft (dit M. Vozra) » un corduëleur fi petit, qu'il ne diminue point fenfblement la » tenfion du fluide éleérique dans l'air, quand celui-ci en reçoic » d'un corps chargé. Cer air donc peut partager fon fluide avec » la pointe, qui le perd aufli-tôe avec le /o/ , par où s'établit, entre » la pointe & le corps chargé, une ofcillation rapide des particules de >» l'air, à la manière des bartans du carillon éleétrique : ce qui décharge >» promptement le corps. Et inverfement, f le corps eft répalif », Je vais tracer, dans des phénomènes de cette efpèce , la marche de la caufe à laquelle j’atrribue la oi découverte par M. Vorra. 22. Je reprends les difques À & B, après avoir fixé fur la bafe du dernier, par derrière , une baguette de verre, portant au haut une mafle de cire molle, fur laquelle je pourrai fixer, lorfqu'il en fera befoin, une pointe portant un fil conduéteur , qui repofera alors fur la bafe conduétrice du difque. Je charge d’abord le difque A; SUR L’HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 463 puis je Jui préfente le difque B , à = pouce de diftance. Auffi tôt Ja balle de celui-ci s'élève, & l'autre s’abbaiile : je viens d'expliquer ces effets. Je fixe alors la pointe derrière le difque B, à : pouce de diftance : bientôt la balle de ce difque s'abbaifle, puis fe relève ; & celle du difque À s'abbaifle beaucoup. La matière éleétrique de B, qui recevoit déjà du fluide déferent du difque À, fe communiquoit à l’aër autour d'elle, mais elle ne s'y propageoit que lentement. Dès que la pornte arrive dans la partie de l’air où cet effet eft un peu fenfible, elle reçoit de lui ce fluide excédent, qui pañle dans le fol, & la perte de ce difque B va en augmentant, comme je l'ai expliqué ci-deflus. Ce difque ayant ainfi perdu de fa matière éleétrique, celle de l'air voifin lui enlève du fluide déférent 3 & il s'en fait à un vuide, où le fluide déférent du difque A fe porte en plus grande abondance ; par où fa matière éleërique a moins de force expanfive : les mouvemens des balles indiquent ces modifications. Les chofes étant dans cet état , je place une autre pointe en communication avec le fol, à + pouce de diftance du difque À, par derrière : elle n’y produit aucun effet fenfible ; parce que la grande diminution de force expanfive de la matière éleétrique fur ce difque, l'empêche de fe communiquer fenfiblement à l'air à cette diftance. Alors je retire le difque B avec fa pointe; & par-là les alles des deux difques s'élèvent fubitement; puis elles recombent avec moins de vitefle, & s’arrêtenc au point où elles étoient avant la fépararion des difques. C’eft ici le phénomène le plus caraétériftique de fa caufe , c’eft pourquoi je nvy arrêterai un moment. . 23. Dire que les phénomènes font produits par des loix , c'et dire qu'ils font produits par eux-mêmes ; car les loix ne font que les phénomêénes eux-mêmes, exprimés fous une forme générale. Auf prend-on bien plus de conhance aux idées de caufes, foir parce qu’on en voit naître les phénomenes indiqués, foit parce qu’elles donnent Pefpérance, qu'il en réfultera quelque lumière fur des phénomènes plus obfeurs ; c’eft ce dont le cas préfent me fournira un exemple. Lorfqu’une partie de la marrére élefrique du difgue B s’eft écoulée dans le fol, il s'érablit, entre l’aër & les deux difques, une circulation rapide du fluide déférent, dont voici la marche. Le fluide déférent de l'air autour du d/que A, fe porte à ce difque ; à caufe de fon excès de matière électrique: cette atmo/phère de fluide déférent, fe trouvant moins preflée du côté du difque B, devenu négatif, s'étend de ce côré-là & diminue en denfité : la matière életrique de B a alors un excès de fluide déférent, comparativement à celle de l'air voifin, à qui elle en tranfmet uné partie , & celle-ci la partage avec la matiére éleétrique de l'air près d'A, qui peut ainfi en céder de nouveau au difque À , par où les mêmes effets fuccelhfs recommencent, fans » ASIA": 1 4 4 464 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, aucun déplacement fenfible de la matière éleérique, dont le manque - d'équilibre produir la circulation du fluide déférent, Quand les difques viennent enfüire à être féparés par la retraire du difque B avec fa pointe , cette circulation cefle inflartanément : le dique A retient alors le fluide déférent qui appartient à fa quantité accrue de marière éleétrique, par où fa alle s'élève fubitement : le difque B au contraire, perd avec V'arr, & ne répare plus fon excédent de fluide déférenc : -& à l'inftane la balle qui lui rend de la matière éleétrique , s'élève comme plus négative, Maïs ces effers foudains ne durent pas; parce que, d'un côté, le fluide éleétrique furabondant du difque A, ayant plus de Jorce expanfive, fe communique à l'air, & par la poinre voiline au fol; & de l'autre, parce que le fluide électrique furabondant de l’air comperativement à B, ne trouvant plus autant de réfiflance dans celui de ce difque, y pafle, tant que la poirre peur lui en rendre par le fol. Enfin , ces effets oppofés des deux poiites ceffent fenfible- ment, lorfque le di/que À a aflez perdu, & le difque B aflez gagné de fluide éleétrique pour que l'ar wait pas plus de pouvoir pour les ramener à fon étet, qu'il n'en avoit lorfqu'ils fe modifioienr l’un l’autre _ par leur proximité. Ainfi les balles dans leur chûte , moins rapide que leur cfcenfion, s'arrêtent au point dont elles étoient parties à Vinflant de la rerraite du difque B. 24. Ces nouvelles modifications de la maviere électrique par fon fluide déférent , ont donc encore une analogie générique avec celles de l'eau par le feu; & il en réfulte ainfi la connoiflance très - probable d'un nouveau fluide atmofphérique, qui eft au fluide éleétrique ce que le feu eft à la vapeur aqueufe. Or, comme l'eau & le feu, par leurs diverfes combinailons entr'eux & avec d’autres fubftances , éprouvent très-probablement dans l'atmofphère, des combinaifons plus reculées de notre obfervation immédiare, que celle qui produit la vapeur aqueufe , il eft très-probable qu'il en elt de même à l'égard du fluide électrique : de forte que, lofque ces deux fluides fe manifeltent, l'un à l’Aÿgrométre, l'autre à l’élelromérre, leur principale fonétion en cet état, eft de difféminer dans l’atmofphère leurs irgrédiens ref- pedifs, qui par là font prêts à y fubir d’autres modifications fuivant les circonftances, 25. Et ici encore, la vapeur agreufe vient répandre quelque jour fur les fonctions du fluide éleëlrique. Nous n'avons jufqu'ici, il eft vrai, aucun moyen de connoître les changemens de la quantité ab/olue du fluide ele&rique dans Patmofphère ; car nos éleétrofcopes ne nous indiquent que des quantités comparatives de ce fluide , foit entre 1 différentes couches d’air, foit entre l'air & le fol. Mais PAygromètre nous montre aujourd'hui des changemens très-inattendus de la quantité abfolue de la vapeur agueufe dans l'armofphère ; & il eft d’autane plus | SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 46s . plus naturel d'en fuppofer de femblables dans celle du fluide éleërique , qu’il règne entreux une nouvelle analogie très-remarquable dont une conformité générique de modifications dans l’atmolphère doit naturellement ètre la fuite. Lorfque le fluide eleétrique , e trouvant en plus grande quantité fur un conducteur que fur les corps voifins, fe porte tout-à-coup vers un point du premier, pour en partir en torrent , il produit trois nouveaux phénomènes , favoir , de la clarté, de la chaleur, & une odeur particulière. Et lors aufli que la vapeur aqueufe éprouve une compreflion violente & fubice, comme dans fa produétion foudaine par la combuftion de l’air inflammable avec l'air déphlogifliqué , il s'en fépare de l'eau , du feu & de la lumière. Quand donc le fluide éleétrique ne faifoit que circuler autour du conducteur, il contenoit de la {miére qui n’éclairoët pas , du fèu qui n'échauffoit pas, & une fubftance odoriférante qui n'étoit pas odoranre. Ces trois fubitances font donc combinées entr’elles, & peut-être avec d’autres ingrédiens, dans les particules du fluide éleëlrique. Or fi ces combinai- fons , manifeftées dans nos petites expériences , fe forment & fe détruifenc dans l’atmofphère, comme des phénomènes atmofphériques , que je rapporterai dans une de mes Lettres fuivantes, ne permettent pas d'en douter, quelle peut être notre connoiflance actuelle fur la compofirior d’aucun des fluides particuliers qui forment la mafle denotre atmof- phère ? : 26. Je n'ai fait encore que des conjeétures très-vagues fur la cow- pofition du fluide éleärique toutefois vu l’obfcurité de cet objet, je les énoncerai. Le fluide déférent éleëtrique n'elt pas le feu; car quoiqu'il foit Libre lorfque (pour fuivre la mariére éleétrique , ou pour fe mettre en équilibre dans fon efpèce autant que cette première serdance peut le lui permettre) il fe tranfporte d’un lieu à un autre; il ne produit point de chaleur. I] ne paroït pas nos plus, que le feu entre dans la compolfition de la matière életrique ; parce que, fi cela étoir,.& vu la ténuité de cette maire, elle feroit probablement expanfible, Je préfume donc , que la marière éleétrique contient une fubflance, qui, avec la lumière , produit le feu ; & que la Zumiére qui fe manitefte dans la décompofirion du fluide éle&rique , appartient à fon fluide déférent. Comme je ne traiterai de la compofirion du feu que dans ma Lettre fuivante, je me bornerai ici à donrer les raifons de mon opinion fur la nature du fluide déférent eéleétrique. 27. J'ai expofé, dans mes Idées fur la Météor. les motifs que jai de penfer, que la Zumiere, ou fimple, ou déjà combinée , eft la caufe prochaine de l'expanfrbilire de toutes les fubftances atmofphé- tiques : c’eft de cette idée générale, jointe au phénomène pho/pho- rique du fluide éleétrique , que découle l’idée que je viens d’énoncer, Le fluide déférent éleétrique doit être même un des compo/es les plus Tome XX XVI, Part. I, 1790. JUIN, Ooo 4 466* OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, ‘fimples de la lumiére ; car il en conferve fenfblemeut la ténuité, . ainfi que fa propriété de fe mouvoir rapidement en ligne droite : & Pasciion de quelque fubftance très-lubrile peut produire fes différences d'avec fon fluide déférenr, Dans ce compofë la: lumiére n’affecte plus Porgane de la vue, & fes rendances ont changé. La lumiere tend fortement, mais à divers deorés, vers routes les fubitances : ainfi ce n'eft pas de manque de pores directs dans les corps opaques , qui l'emipèche de les traverler ; ce font fes rerdances diverfes vers les parois hétérogènes de ces pores ; différences d’où réfulte qu’elle ne peut y fuivre fa route. L’addition d'une fubftance très-fubtile peut changer ces propriétés. 1°, Le #xte ne frappera plus l’orgañe de la vue. 20, N'ayant plus de rerdance vers les particules des corps, il les traverfera tous , comme la /umière traverfe les corps diaphanes. 3°. Par fa forte tendance vers la matière electrique , il reftera dans l'atmofphère , & deviendra notre fluide déférent éleétrique. 28. Les expériences bien intéreflantes de M. DE SAUSSURE fur | Péledricié atmofphérique nous ont appris à cer egard un fait très- | remarquable, qu'il a détaillé au chap. 28 de fes Voyages dans les | Alpes, & dont voici l'énoncé général à En été , lorfqu'aucune » caufe particulière n'intervient, l'électricité de l'air va en croïflant, ». depuis le lever du Jo/eil, où elle eft prefque imperceptible, jufques » vers les trois ou quatre heures après midi, où elle acquiert fa plus >» grande force ». Ainf les rayons folaires augmentent l'éleétricité de l'air ; & d’après ce que j'ai expofé des modifications du fluide éleétrique par fon fluide deférent , il fuit, pour expliquer le phénomène, que la quantité de ce dernier augmente alors dans l'air, par une nouvelle formation du mixte que je viens de définir: ou encore, comme ce mixte lui-même appartient à la clafle des vapeurs, dont la force expanfive augmente par une plus grande abondance de leur f/uide déférent immédiat, il fe peut que, dans ces variations diurnes de l'éleétricité de l'air, la lumière ne fafle qu'augmenter la force expanfive ] du fluide déférent éle&rique exiftant , fans augmenter fa quantité; ce qui, en ce cas, n’auroit lieu , que dans certaines circonftances particulières. 29. Je viens, Monfieur, d'indiquer un des objets qui me paroiffene les plus importans dans la Phyfique terreftre ; favoir les combinaifons , foit paffagères, foit plus durables, de la Zumiére avec d’autres fubf- tances. Les combinaïfons paflagères font celles qui forment des vapeurs; c’eft-à-dire, des fZuides expanfibles , que trop de denfrté décompole, & qui exercent plus où moins de force expanfive fuivant l'abondance proportionnelle de leur fluide déférent immédiat, ou fuivant la force expanfive de celui-ci: les combinaifons plus durables fonc celles , qui ne peuvent être détruites que par l'intervention d’autres fubitances , mal Mantes L4 SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. ‘467 avec lefquelles lun des ingrédiens du compofé ait une affinité plus forte qu'avec ceux auxquels il eft alors réuni, Par ces diverfes com- binaifons , & far-tout par la dernière de leurs deux clafles , la lumière entre , médiatement ou immédiatement , dans la compofition de nombre de folides, comme dans celle de tous les Z'quides & les fluides expanfibles , compris les fluides aériformes ; & probablement auf, elle produit bien d'autres fluides atmofphériques dont nous n'avons encore aucune idée. 30. Deux confidérations générales doivent fixer l'attention des phy- ficiens fur cet objet. La première eft, que fans qu'il foit befoin de connoiflances en Phylique, on ne peut s’enpêcher d'être frappé de l'importance de la {mère fur notre globe. La feconde , qui demande des connoïffances approfondies dans cette fcience, eft le fentiment qu'on y éprouve des plus grands vuides, dans les idées de caufes & dans les liens des phénomères. Ces vuides ne proviendroient-ils point en très-grande partie de ce que l'on fe contente de confidérer vaguement l'importance de la /umière, fans tenter de découvrir ce qu'elle peut opérer dans les grands phénomènes de la vature ? C'eft-là mon opinion; & je la développerai plus particulièrement dans ma Lettre fuivante, en y confidérant les rapports de la Zumiére avec le fluide le plus immédiatement actif fur notre globe, favoir le feu. Je fuis, &c. Fautes à corriger , Lettre première , cahier de Février. Page 149, ligne avant-dernière, déphlogiftiqué, Li/ez phlogiftiqué. Page 150, ligne 18, j'en vis, Lifez j'en dis. Additions, &c. Lettre feconde , cahier de Mars. Page 195, $. 6 , au commencement, après la phrafe : « Il eft naturel » de concevoir, que l’e/pace libre entre les molécules des fubftances eft inverfement proportionnel à leur pe/ateur fpécifique », ajoutez : « ce qui a lieu rigoureufement lorfque cet e/pace libre dans l'une des fubftances , eft égai, à même volume , à l’epace plein dans l'autre, & » réciproquement ». Page 199 , fin du $. 113 ajoutez : « il faut confidérer , à l'égard » du thermomètre employé à déterminer les températures ; qu'au » moment où l’on obferve celles de deux fubftances , dont on veut » comparer enfuite les capacités , le thermomètre y eft fixe : ainfi les » capacités tefpectives des fubftances & de l'inftrumenc lui-même » ont déjà produit leur effer ,; la même zempérature règne donc >» dans le thermomètre & dans la fubftance, c’elt-à-dire , que la force expanfive du feu y eft égale. Et puifque les dilatarions de la fubftance » (toujours la même) du skermomètre , font fuppofées nous indiquer Tome XXXVI, Part, I, 1790. JUIN. Ooo 2 y ÿ ÿ N2 M ls en D dé Net TT + dise” * Vi , > * &, CA 463 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, » immédiatement les différences .de force expanfive du feu qu'il » contient; elles nous indiquent ainfi, les différences de force expan- » five de ce fluide dans les autres fubflances. Quant au mélange >» des deux fubftances foumifes à l'expérience , pour procéder réguliè- » rement à la détermination de fa rempérature, il faut avoir égard à la capacité du thermomètre ; à moins que, par fa peritefle relative, » on ne puifle le compter pour rien, alors donc encore il indiquera » le degré de force expanfive du feu dans le mélange ». P. S. Londres, le 28 Mai. En arrivant ici, jy ai trouvé un exemplaire, que le docteur PRIESTLEY a eu la bonté de m'y envoyer, de la nouvelle édition de fes Ouvrages de Chimie que je vous annorçai , Monfieur , au bas de ma Lettre précédente : certe édition eft de 3 volumes in-8°. Je n'ai prefque eu de rems que pour parcourir la sable des chapitres, qui avec une table des matières, annonce un vrai tréfor , à tous ceux qui s'occupent de Phyfique, fous quelque forme que ce foit; en ce que toutes les expériences de ce chimifte, à bon droit célèbre, y fonc rangées dans l’ordre le plus propre à y faire troyver les faits dont on peut avoir befoin. La feule partie de cet Ouvrage que j'aie pu lire encore, eft la dernière, qui a pour titre, Ob/érvation relative à la Théorie. L’Aureur y difcure, d’après l’enfemble de tous les faits, la rouvelle Théorie Chimique : il y répond entr’autres aux objections qui lui ont été faites par les Auteurs de cette théorie, & en particulier par M. BEr- THOLLET , fur les expériences d’après lefquelles il refufe, foit d'aban- donner l’exiftence du phlogiflique , foit d'admettre la décompofirior de l’eau ; & il appuie même fes opinions à cet égard fur de nouvelles expériences. J'ai trouvé de plus dans cette partie un paflage bien remarquable : le docteur PRIESTLEY , d’après l'enfemble des faits chimiques relatifs aux fluides aériformes , y avance la même propofition que M. INGEN- Housz a conclue de fes expériences [ur la végétation , & que j'ai exprimée dans ma Lettre précédente d’après les faits météorologiques ; favoir (dans les rermes du doéteur PRIESTLEY ): « que l'eau, ou » plutôt la vapeur agueufe, eft la bafe de toute efpèce d'air; foit » celle à laguelle ils doivent leur efpèce d’expanfibiliré. Tellement » qu'on peut dire de tout air , que c’eft la vapeur agueufe, avec » quelque autre /ubflance, dont l'union intime à cette vapeur, l'empêche » de fe décompofer dans la température de l’atmofphère ». Le docteur PRIESTLEY incline aufli dans cet ouvrage vers une propofition que j'ai exprimée au 6.22 de ma troifième LETTRE (cahier d'avril) , « que probablement il n’y a qu'un feul acid: fonda= 8 TRES F ae DUO NN ee er SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 469 » mental, diverfement modifié par d’autres fubftar ces , & qu'il fe » peut, que cet acide fimple loit celui que nous nommons acide D AILTEUX De ENT RATE Des Obfervations Météorologiques faites à Laon, par ordre du Roi, pendant le mois d'Avril 1790 ; Par le P. CoTTeE, Prétre de l'Oratoire , Secrétaire perpétuel de la Société d'Agriculture de Laon, Membre de plufieurs Académies. 1 température de ce mois a été très-sèche & très-froide du premier au 8. Plufieurs cantons de vignes ont été gelés, ainfi que quelques feigles ; les abricotiers & les pêchers, les autres arbres fruitiers , excepté les pommiers, ont fouffert. Le refte du mois a continué d'être aflez froid & pluvieux, & dont les mars avoient grand befoin, La végétation s’eft ralentie au point qu’elle n’étoit guère plus avancée à la fin du mois que dans l'année moyenne. Le 8 les cerifiers & le 10 les pommiers & les lilas Aeurifloient. Le 20 on entendoit le rofignol, & les pois étoient en fleurs ; le 22 on voyoit des hannetons en grande quantité, & les bibions ou mouches de Saint-Marc le 26. Température correfpondante aux differens points lunaires. Le ( quatrième jour après la P. L ) beau, froid. Le 4 (/unifl. aufir. ) idem. Le 6 (P. Q.) beau, do1x, changement marque. Le 10 ( qua- trième jour avant la N. L.) nuages, doux, pluie , grêle, tonnerre. Le 11 (équin. afc.) nuages , doux , pluie. Le 12 (apogée) idem. Brouillard, grêle, tounerre. Le 14 (N.L.) nuages, froid, pluie, changement marque. Le 18 (quatrieme jour après la N, L. & luniff. bor. ) nuages, froid. Le 22 (P.Q.) couvert, froid , pluie. Le 25 (équin. defc.) & quatrieme jour avant la P, N. ) nuages, doux. Le 27 (périgée) couvert, froid , pluie. Le 29 (P. L.) nuages, doux. Température de ce mois dans les années de la période lunaire correfpondante à celle-ci. Quantité de pluie en 1714 $ = lignes, en 1733 4: lignes, en 1752 7 lignes; en 1771 Vent dominante, le nord. Plus grande chaleur. 16 d. Le 22 moindre 2 = d. de condenfarion. Le 16 moyenne 6.9 d. température froide , très-sèche, Plus grande élevation du barometre 28 pouc. 2 lien. Le 27 moindre, 27 pouc. 6 = lign. Le 30 moyenne, 27 pouces 10 lign. Nombre des Jours de pluie or neige ÿ , d'aurore boréale 7. Quantité de pluie 4,7 lign. 470 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, En 1750, vent dominant , le nord: celui de fud fut violent le 13, L'équinoxe n'a été ni précédée ni fuivie de grands vents, Plus grande chaleur 11,5 d.le 10 à 2 heur, au for, le vent N.E. & le ciel en partie couvert, Moindre 0,0 d. les 2 & 3 à $ heur. le marin, les vents EË.& N.E.& le ciel ferein. D'férence 11,5 d. Moyenne äu matin 3,8 d., à midi,7,7 d. au foir & du jour 5,7 d. Plus grande élévation du barometre 27 pouc. 9,75 lign.le 21 à 2 heur. au foir , le vent fud-eft & le ciel ferein. Moindre 26 pouc. 10,6 lign. le 10 à $ heur. = au matin, le vent nord & le ciel couvert. Différence 11,15. lign. Moyenne au matin 27 pouc. $,18 lign. à midi 27 ppuc. 5,08 lign. au foir 27 pouc. $,32 lign. du jour 27 pouc. $,19 lignes. Marche du barometre. Le premier à $ heur. = matin , 27 pouc. 6,57 lign. Du premier au 3 ,monté de 2,06 lign. du 3 au 4, baifJé de 1,35 lign. du 4 au $, M. de o,89 lign. du $ au 11, B. de 9,57 lign. du 11 au 14, M. de 8,28 lign. du 14 au 16, B. de 3,88 lign. du 16 au 21, M. de 6,75. lign. du 21 au 24, B. de 6,92 ligo. du 24 au 28 , M. de 4,78 lign. du 28 au 30, B. de 4,04 lign. le 30, M. 1,16 lign. le 30 à 8 heur. du Joir 27 pouc. 4,75 lign. Le mercure a plus varié, & s’eft foutenu beaucoup plus bas que les mois précédens ; fes plus grandes variations ont eu lieu en montant les 13, 14, 19 & 30, & en defcendantles 6,9, 15, 22 & 29. IL cf tombé de.la pluie les 8,9,10,11,12,13, 14» 15: 16, 22 3 24, 27, 28 & 30, & de la gréle les 10, 12,13, 22 & 30. La quantité d’eau a été de 41,3 lig. Il en eft tombé 22 lignes dans la journée & La nuit du 12. L'évaporation a été de 15 lignes. Le ronnerre s’elt fait entendre de près les 10 & 12. Je n'ai point obfervé d’aurore boréale. Il y a eu beaucoup de rhumes pendant ce mois, Laon, le 4 Mai 1790. SERRE IN PRIE POELE ET A PE I EL VILLE PEER SERRE PERRET EEE D CERN A OPEN = MÉMOIRE Sur un nouveau Four pour cuire le Plärre par le Charbon de terre , imprimé par ordre du Bureau de la Ville de Paris. ERX DR MALTIT Dis l'année 1783 la diferte du bois à brüler dans la ville de Rouen, engagea MM. du Parlement de cette ville , à fubvenir à cet égard aux befoirs du peuple. Un bon citoyen , M. Scanegatty, propofa { f PS L'. ov ONE ad at RE SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 471 pour épargner le bois de cuire le plâtre avec du charbon de terre, Depuis long-tems je ne cefle d'inviter mes concitoyens d’imiter en cela, ainfi qu’en tant d'autres chofes, l’indufirie ‘des Anglois qui regardent avec raifon Jeurs mines de charbons comme une de leurs plus grandes richefles. Heureux s'ils fe contentoient de ces richefles territoriales, & que l'ambition ne les poufsât pas vers leur ruine , comme elle a entrainé tous les peuples qu'ils fe propofent pour modèles , les Tyriens, les Carthagirois, &c. &c. d’ailleurs leur ame belle & fenfble ne feroit pas affligée par les maux que les guerres continwelles qu'ils font pour foutenir leur*commerce & leurs vues ambi- tieufes , caufent à tous les peuples de l'univers. Je vais faire conroître le fourneau en queftion dont on trouvera la figure , pl. IT; ce fourneau pourroit aufli fervir à cuire la pierre à chaux. Différens eflais ont prouvé que le plâtre cuifoit mieux dans ce four que par les procédés ordinaires, Ce four eft une tour circulaire terminée en dôme, ouverte à fa partie fupérieure ; fa capacité eft de 325 pieds cubes, parce qu’en arrangeant le plâtre il faut y ménager des vuides pour le paflage & la circulation de la flamme; A, eft la porte du foyer; B, eft une ventoufe vue de face. Cette ventoufe a un pied quarré dans cette partie & facilite un grand courant d'air , parce que fa bafe eft beaucoup plus large, & plus allongée; C , eft une plaque de fer qui recouvre le deflus du four, garnie de fa cheminée; D, D, D, D, font des foupireux ou regiftres , percés dans les flancs du dôme & que l'on ouvre ou que l'on ferme, fuivant que l'on veut porter l'activité du feu dans telle ou telle partie du fourneau ; ainfi qu'on le fait dans les grandes meules où l’on fabrique le charbon de bois. Enfin dans le bas du fourneau eft une autre voûte furbaiflée deflinée à fupporter la charge du plâtre. Cette dernière voñte ne s'élève au-deflus du fond du fourneau que l'intervalle néceflaire pour laifler circuler la famme, & elle eft percée d'un grand nombre d'ouvertures, deftinées à donner paflage à la flamme & à la diftribuer dans toute la mafle à cuire. Le foyer eft placé au dehors de la tour, il eft féparé du conduit par une grille, fur laquelle on met le charbon de terre. Le feu eft entretenu & animé par un Courant d'air frais qui arrive de loin par le moyen de la ventoufe qui eft un grand manche bâti en briques. La flamme du foyer fe diftribue fous la voûre inférieure. On charge le four par une porte latérale qui s'élève jufqu’à la naiflance de la voüte fupérieure, & qu'on ferme enfuite par une maçonnerie en brique. L’art de cuire le plâtre paroîe confifter à dépouiller ce fel vitriolique terreux d'une partie de {on eau de criftallifarion. Ce fel ainf dépouillé attire de nouveau l’eau avec beaucoup d'activité, & aufhi-tôe il criftallife à me 472 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE; d'une manière confufe , & c’eft par l’effer de cette criftallifation prompte qu'il acquiert la folidité néceflaire. Tout l’art de la cuiflon du plâtre confifte donc à enlever cette humidité , ou eau de criftallifation. = Maison fait par les expériences de Stahl, que tous les fels vitrioliques font décompofes par le phlogiftique qui a plus d'afbnité avec l’acide vitriolique, & que cet acide par cette union eft chargé en acide fulfureux ou en foutre, Lorfqu’on chaufle trop ce plâtre, la même décompcfition a lieu, Il fe forme du foufre , & la terre calcaire qui a quitté fon acide eft changée en chaux. Cette décompofition a iprefque torjours lieu en petite partie; aufli toutes les fois que l'on gache du plâtre, fent-on l'odeur de l'hépar; mais fi elle étoit trop confidérable, le plâtre décompofé en trop grande partie ne pourroic plus produire l'effec qu'on en attend. C’eft ce qu'on appelle le plâtre trop cuit. L'expérience a fourni à M. Scanégarty un caractère fimple & facile à faifir, pour arriver à ce terme. C'eft de continuer le feu tant que le Auide expanfible qui fort par les regiftres de la voûte tient une quantité fenfible d'eau en diflolution , c’eft-à-dire tant qu'il eft capable de mouiller les corps froids qu’on expofe fur fon pañlage. Dès que ce fluide eft affez fec, pour ne plus abandonner d’eau contre la furface des corps froids qu'il touche , l'opération eft finie. M. Scanégatty fait fermer toutes les ouvertures du four & laiffe refroidir lentement le tout pendant quinze heures, NOUVELLES LITTÉRAIRES. LE Guide des jeunes Gens de l'un & de l'autre fèxe à leur entrée dans le Monde , pour forme le Cœur , le Jugement , le Goût & la Sarté ; par le Doëteur RETZ , l'un des Médecins ordinaires du Roi, Méde- cin des Hôpitaux de la Marine pendant la derniere Guerre, 2 vol. in-16. Paris, au bureau des Annales de l’art de guérir , rue Saint- Honoré, près celle des Frondeurs , N°. 238. Cet Ouvrage qui eft par forme de Diétionnaire, nous a paru bien remplir fon but. Calendrier du Fermier , ou Inffruflion, mois par mois , fur toutes les opérations de l'Agriculture qui doivent fe faire dans une Ferme : Ouvrage traduit de Ll'Anglois, avec des Notes infiruétives du Traduéëteur fur les objets particuliers à la culture Angloife ; par M. le Marquis DE G. Membre de P Affemblée Provinciale de l'Ile de France & de la Société Royale d'Agriculture. À Paris, Re : ibraire rs EL], um ee tan cg SUR L'HIST. NATURELLE ET L&S ARTS. 473 Libraire, au Palais-Royal, Cucher, Libraire, rue & hôtel Serpente , & Née de la Rochelle, Libraire, rue du Hurepoix. æ Nous eftimons, difenc les Commiflaires de [a Société d’Aori- >» culture, que cette traduction, fruit du zèle éclairé de M. de Guerchy (il n'y a plus de Marquis en France, ni ducs, ni comtes, ni barons, il n'y a que des citoyens françois) » pour l’économie rurale, mérite » l'accueil & l'approbation de la Société Royale d'Agriculture & de » paroître fous fon privilège ». Mélanges d'Agriculture fur les Märiers & l'Education des Vers-à- Joie, où l'on a joint à la théorie fur ces Arbres utiles des Expé- riences affurées fur la meilleure manière de faire Les Pépinieres des Mhriers & de les culriver quand üls font tran/plantés , en recherchane les caufès de leur maladie aëtuelle en Languedoc & en Provence, on a trouvé le moyen d'y remédier & de réuffir avec plus de facilité à l'éducation des Fers-a-foie , avec figures : premiere édition : Mifcuie utile dulci. Tome 1. À Paris, chez Royez, Imprimeur-Libraire, quai des Auguftins. Mélanges d'Agriculture fur les Figuiers & les Oliviers, fuivis d'Ob- Jervations & d'Expériences [ur la meilleure maniere de les culriver, Jar les caufes de leur dépériffement & fur les moyens d'y remédier ; avec figures, nouvelle édition , augmentée : Mifcuit utile dulci. Tome Il. À Paris, chez Royer, quai des Augultins. Ces deux Ouvrages font du plus grand intérêt pour l'Agriculture, & fur-tout pour nos provinces du midi. Bibliothèque de l'Homme public, ou Analyfe raifonnée des Principaux Ouvrages François & Etrangers fur La Politique en général, la Légiflation, les Finances , la Police, l'Agriculture , & le Commerce en particulier , & fur le Droit Naturel & Public ; par M. be CoN- DORCET , Secretaire perpétuel de P Académie des Sciences , l'un des Quarante de l'Académie Françoife , de la Société Royale de Londres, M. DE PEYSSONEL , ancien Conful Général de Smirne , &c. é M. LE CHAPELIER, Député à l'Affemblée Nationale, & autres Gens de Lettres, avec cette épigraphe 3 « Quelque foible influence » qu'ait ma voix dans les affaires publiques , le feul droit d'y voter > m'impofe la loi de m'eninftruire », J. J, Rouffeau, Contrat focial. Tome IV, de 264 pages , in-8°. A Paris, chez Buiflon , Libraire, rue Haute-Feuille, hôtel Coëtlofquer , N°, 20, 1700. Ce volume contient une fuite des extraits du Traité des Richeffes des Nations , de M. Smith, de la République de Platon, de l’'Utopie de Thomas Morus, chancelier d'Angleterre, du Traité de la Politique de Tome XXXV1, Part. I, 1790, JUIN. Ppp \ \ 474 (OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, France, par M, Humarquis de C. enfin, quelques-idées du chancelier de: Bacon. Tous ces Ouvrages font trop connus pour qu'il foit befoin d’en parler. Je m'arrêterai feulement à une belle idée de Thomas Morus, IL fuppofe que les Uropiens font des cultivateurs | comme il faut le fuppofer toutes les fois qu'on veut parler d’un peuple vertueux & heureux. « Ce > peuple acriculteur , dit-il, eft vouverné par un Roi; mais ce Roi eft > toujours confeillé par un corps de magiftrats choifis par le peuple à la » pluralité des voix ». Cette idée avoir été repropofée par l'abbé de Saint-Pierre; & Rouffeau répond : Le Fon abbé ne voyoit pas qu'il changeoit la forme du gouver- . nement. Efféétivement le gouvernement deviendroit ariftocratique fi le Roi étroit obligé de fuivre les avis d’un confeil nommé par la nation ; & sil ny étoit pas obligé, & qu'il ne voulüt pas dépendre du confeil national , il auroit un confeil privé qui féroit tout le travail. Cependant il re faut pas abandonner certe idée fi utile pour l’huma- pité. ILeft sûr que la plupart des Rois fi peu faits pour cette place émi- rente, foit par leur peu de talens, foir par leur déteftable éducation, font dans leur conf@il purement pañlifs ; que c’eft par conféquent leur confeil & leurs miniftres qui règlent tour. El eft donc du plus grand intérêt pour le bonheur de leurs conèiroyens (je ne fais pourquoi on continue de dire fujets) que les Rois n’aient pour miniftres & pour confeillers que des gëns avoués par la nation, & donc les talens & fur-tout la probité, certe qualité fi rare parmi les miniftres, foient bien connus. D'un autre côté, ce choix des miniftres & des membres du confeil n’eft pas ordinai- rement fait par le monarque , mais par les courtifans & les courtifanes , qui chacun cherche à placer fon protégé pour en recevoir des graces. Ne pourroit-on pas fans changer le gouvernement , rendre ce choix meilleur ? Tele le problème que je propofe aux légiflateurs & aux politiques. Voici des idées que je foumets à l’aflemblée nationale de France. 1°. Le légiflateur ne pourroit-il pas décider que chaque miniftre ou confeiller d’érat ferois pris dans la partie qui doit lui être confiée; car s’il y a eu quelque chôfe de ridicule, ça été de voir un lieutenant de police de Paris, oui ne connoifloir que les barques de la Seine, devenir miniftre y de la marine, & cela pour le récompenfer de tout autre fervice qu’il avoic rendu an monarque. 2°. Lorfquil y auroir une place vacante dans le minifière & dans le confeil , le Roi propoferoit un fujer à la nation , c’eft-à-dire, à fes repré- fentans, l’affemblée nationale, & s'il y étroit rejetté à la pluralité fans difcuffion , le Roi en propoferoit un autre. Cela obligeroit les Rois à confuler l'opinion publique. 3°. Un miniftre ainfi propofé par le Roi, & agréé par l’aflemblée nationale, pourroit toujours être renvoyé par le Roi, dès qu'il cefferoit de lui être agréable. PRO SES : ÿ Mare" SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS 479$ IL me paroît que par ce moyen on n'ôteroit rien à l'autorité royale, on ne changeroit point la natul gouvernement, & en aflureroit le choix des miniftres & des confeillers d'état, à-peu-près autant qu’il eft poflible ; & je le répète, rien n'eft plus intéreflant dans un gouvernement, fur-tout le monarchique héréditaire. Mémoires d'Agriculture , d'Economie Rurale & Domeflique , publiés par la Société-Royale d’ Agriculture , année 1788 , trimcflre d'üé & trimeffre d'automne, 2 vol, in-8°. Ces deux volumes renferment des Mémoires très-intéreffans fur les divers objers d'économie rurale, que nous regrettons ne pouvoir faire connoître. M. Brouflonner , fecrétaire de la Société, a rendu compte dans un difcours très-bien écrit des travaux qu'elle a entrepris. Sans doute dans le nouvel ordre de chofes on cherchera à la rendre encore plus utile. Differtation fur les Amufemens des François depuis le commencement de la Monarchie jujqu'à nos jours ; par M. Buc’Hoz., in-fol, Differtation fur le Lézard d'Amboine , par le méme , in-fol. Differtarion fur l'Hifloire-Naturelle de la Taupe , id. in-fol, Differtarion fur le Lin de Sibérie, infiniment préférable au Li commun, tant par fa culture qui ef trés-facile, que parce qu'il efl vivace, id. in-fol, Difertation en forme de Supplément fur une Plante nouvelle que nous : savons appelée en 178$ la Calonne, id. in-fol. . ms ; ; Diffeïtarion-fur la Latourette , genre nouveau découvert au Pérou, & ainfi nomme par M. DomsEy, en l'honneur de M.DE LA TOURRETTE fon ami, id, in-fol. Differtation fur l'Ellébore , fes differentes efpèces, fes propriétés médi- cinales ; fur les pillules toniques du Doëteur BACHER, & l’'Oxymel du Chirurgien Mayzz , dont l'Ellébore ef! la bafe, id. in-fol, Differtation en forme de Catalogue des Plantes vivaces , id. in-fol. Differtation fur les Animaux à Mamelles ou Quadrupèdes, & fur leurs Jept grandes divifions , id. in-fol. . Differtation fur le Cochon , fur la manière de l'élever : &c. id. in-fol. Differtation fur les ufages que la Médecine tire de l'Homme même pour la guérifon de fes femblables , id. in-fol. Tome XX XVI, Part. 1, 1790, JUIN, Ppp2 416 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, Differtarion fur un petit Nain néen Lorraine , @ fur Les Quadrupèdes qui fe trouvent dans cette Provincer,id. in-fol. - Differtation fur PHifloire-Naturelle dés environs de Pont-à-Mouffon en Lorraine, id. in-fol. Differtarion fur l'origine des Fontaines & des Kivières, id. in:fol. C4 ; Toutes ces Differtations fe trouvent chez l’Auteur, M. Buch'oz, rue de la Harpe, No. 109. On connoît rout fon zèle pour le progrès des fciences naturelles. RE EE Frarklin eft mort dans le courant du mois d'avril, d’un abcès à Ja poitrine. Ce grand homme a confervé fa préfence d’efprit ordinaire prefque jufqu’à fes derniérs momens. . . . Perfonnes publiques & privées de tout rang & de toutes qualités ont afliflé à fes funérailles ; & il n’y a peut-être jamais eu un fi grand concours en Amérique. Quel fpectacle intéreffant que celui de tout un peuple qui pleure un de fes bienfaiteurs ! Le congrès & plufeurs corporations ont porté fon deuil un mois, L’affem- blée nationale de France & un grand nombre de philantropes ont porté ce même deuil pendent trois jours, C'eft peut-être la première fois qu'on a vu les nations porter le deuil pour un ami de l’humanité ; tandis qu’a la honte de la raifon on les voir le porter des mois entiers pour leurs oppre(- feurs. Tous les peuples de l'Europe font fi pliés fous le joug , qu'ils fe fone un honneur & un devoir de porter plufieurs mois le deuil d’un de leurs tyrans ou de fes proches ; tandis que leuis morts devroient être & fonc effectivement des fujets de féliciré publique. C’eft ce qu'on a vu à la mort de Louis XIV ; de Louis XV , de Jofeph If, &c. &c. Il faut efpérer que Ja Philofophie réformera encore cet abus. TA BUEXE DEs ARTICLES CONTENUS DANS CE CAHIER. M OIRE fur un Feld-fpath argentin nacré, mieux connu fous le nom d'Œrl de Poiffon, trouvé dans la Montagne Noire en Longuedoc ; par M. DoDUN, Ingénieur de la Province de Lan- guedoc , page 4OT Mémoire fur plufieurs Phénomènes de la Nature, expliqués d'une maniere nouvelle ; par M. l'Abbé Lises , Profeffeur en Philofophie au Collège Royal de Touloufe , 410 Révonfe de M. SEGuIN , à La Lettre de M. DE Luc, énférée dans le Journal de Phyfique du mois de Mars 1790, 417 SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 477 Mémoires fur l’Irritabilité, confidérée comme principe de vie dans la Nature organifée ; par M. Gi1RTANNER , Doëleur en Médecine, Membre de plufieurs Sociétés Littéraires , premier Mémoire, 422 Lettre de M. l'Abbé HervIEU, Prétre, Profeffleur de Philofophie à Falaife ,; à M. DE LA MÉTHERIE , fur une Aurore boréule, 440 Lerrre de M, J.B. Van Mons, Apothicaire à Bruxelles, Membre de plufieurs Sociétés Savantes, à M. DE LA MÉTHERIE, fur L'Acide azotique, 447 Cinquième Lectre de M. De Luc,à M. DE LA MÉTHERIE, fur le Fluide éle&rique , 450 Extrait des Obfèrvations Metéorologiques faites à Laon, par ordre du Roi, pendant le mois d’Avr.l 1790 ; par le P. Cotre, Prétre de l'Oratoire, Secrétaire perpétuel de La Societé Royale d'Agricul- ture de Laon, Membre de plufieurs Académies , 69 Mémoire fur un nouveau Four pour cuire Le Plüätre par le Charbon de terre, imprimé par ordre du Bureau de la Ville de Paris ,extrait, 470 Nouvelles Lirtéraires , 472 De, TABLE GÉNÉRALE D'ESSAI TE C-ENESS CONTENUS. DANS CE VOLUME. ———_— ———_— —————— HISTOIRE-NATURELLE. Disco URS préliminaire ; par M. DE LA MÉTHERIE, page 3 Mémoire de M. DE LA BiLLARDIÈRE, fur l'Arbre qui donne a Gomme adragant, - 46 Defcription de la Plombagine charbonneufe ou hexaëdre ; par M. STRUVE, s5 Lettre fur la formation des Champisnons ; par M. le Baron LE BEauvors, 81 Oëjérvations relatives aux effets de la Gelée de l'hiver de.1789 , fur les Arbres & Arbufles exotiques de pleine terre ; par M. PASSINGE, 161 Ps 478 TABLE GÉNÉRALE DES ARTICLES. Lertre de M. HecaT , fur le Bafalte, 207 Lettre de M. DonaDrt, fur l'Ambre-gris des côtes de Guyenne, 232 . Notes fur l'hifloire d'u Borax , F 339 Effai Jur la culture du Noyer & la Fabrication de l'Huile de Noix ; par M. ROLAND DE LA PLATIÈRE, 342 Mémoire fur La Mine d'Or de la Gardette ; par M. SCREIBERG , 353 Lettre de M: REYNIER, fur la formation des Champignons, 360 En:omologie, ou Hifloire-Naturelle des Infeétes, avec leurs Curaë&eres , génériques & Jpécifiques , leur Defcription, leur Synonymie , & leur Figure enluminée ; par M. OLivIER, 7382 PHYSIQUE. R sr0xsr aux Obfervations de M. HAssENFRATZ , relatives à un Mémoire de M. VaccA BERLINGHIERI, page 58 Lettre de M. le Comte JEAN-BapTisTE CaARgURt, fur les Nitrières, ‘ | 62 Lettre de M, le Comte VArrANO CARBURI, fur le même objer, ibid. Réponfe de M. D'ARCET , id. 63 Réponfe de M. DE LAVOISIER , id. 6$ Lettre de M, REYNIER , fur la nature du Feu, 94 Mémoire fur la denfité de l'Air à différentes hauteurs ; par M. DE SAUSSURE Le fils, ‘ 98 Voyage à la Nitriére de Molfetta, dans la Pouille, par M. Zimuer- MAN, 109 Déjféription d'un inflrument pour rétablir la Refpiration’; par M. RouLAND, 12I Vaforum lymphaticorum Corporis Humani Hiftoria, Auétore PAU LO MASCAGNI, 132 Obfervations, fur ie [yfléme qui admet la matière éledrique pour caufe de la congélation ; par M. l'Abbé E. G. ROBERT, 222 Lettre de M. D'H***, fur un Phénomène phofphorique, 225 Suite des Obfèrvations faites à Laon fur la Bouffole ; par le Pére COTTE, 226 Extrait des Obfirvations météorologiques faites à Laon ; par le Père CoTTE, 228 Obfervations phyfiques fur le Phofphorifme du Tartre vitriolé ; par M. GIOBERT , ( 256 à” RENE nee ie: ve U _ . TABLE GÉNÉRALE DES ARTICLES, . 479 Offervations météorologiques fuites fous la zone torride ; par M. CAssAN, 263 Suite , ” 339 Extrait des Obfervations méréorologiques faites à Laon, Février 1790; par le P. CoTTE, 302 Idèm , pendant le mois de Mars, 304 Recherches phyfiques fur le Magnétifme animal ; par M. le Chevalier DE SAUVIAC , 306 Notice fur la Vie & les Ouvrages de M. dE ROM DE L'ISLE , 315$ Oëéfervation fur urLe fièvre maligne , & fur La réunion de deux Ruins ; par M. ARTHAUD , STOMS Mémoire fur un Feld-fpath argentin nacré , &c. par M. DobpuN, 401 Mémoire fur plufieurs Phéromènes de la Nature expliqués d’une maniere nouvelle ; par M l'Abbé Lizes, 410 Mémoire fur l'irricabilité, confidérée comme principe de vie, dans la Nature organifée , par M. GiRTANNER , 422 Lertre de M. l'Abbé HEëRVIEU , [ur une Aurore boréale , 440 Extrait des Obfèrvations météorologiques faites à Laon pendant le mois d'Avril ; par le P. COTTE, ‘ _469 Mémoire fur un nouveau Four pour cuire le Plâtre par le Charbon “ de terre , 479 CHI M PE. lee de M. HECHT , fur le Glimmer & le Pechblende , page $3 Réfulrat d'Expériences fur le Camphre de Murcie ; par M. PROUST, 123 Lettre de M. GEANTY , à M. RourAND, AE: Letre de M. DE Luc, fur la nature de l'Eau , du Phlogiflique ; des Acides & des Airs, 144 Lettre de M. CRELL, fur l'inflammation de différens Corps com- buflibles dans l'Air acide marin déphlogifliqué, 154 Mémoire fur la produëion de l Acide du Nitre & de l'Air nitreux ; par M. Mixer, 171 tAnalyfè chimique du Jargon de Ceylan; par M. KLAPROTH, 179 Seconde Lettre de M.DE Luc, fur la Chaleur, la Liquéfaëion & l’Evaporation , 192 40 TABLE GÉNÉRALE DES ARTICLES. Précis fur la Canne & fur les moyens d'en extraire le Sel effen- sel, Ge. par M. DUTRÔNE LA COUTURE, 209 Wuzte UE 261 Lettre de M. DonaADet, fur la détonation d'un Air phofphorique “avec l'Air déphlogifliqué &. l'Air nitreux, 230 Lettre de M. DE LA VIEIVLLE, fur un Procédé pour faire du Papier de toute couleur, 231 Expériences fur la Phlogiflication de l'Acide du Nitre ; par Le Doiteur PRIESTLEY , 241 Analy/{e chimique de l'Uranit ; par M. KLAPROTH, 2:8 Préparation du Jaune de Naples ; par M. CoURRET, 262 Analyfe du Cuivre avec lequel les Anciens fubriquoient leurs Médailles & leurs Tnffrumens tranchans ; par M. Dix, ‘272 Troifième Lettre de M. DE Luc, fur les Vapeurs, les Fluides aériformes & l'Air atmofphérique , 276 Analyfe d'une Pierre caluminaire ; par M. SAGE, SRE Quatrième Lertre de M. DE Luc, fur la Plue, 363 Réponfe de M. StGuin à la Lettre de M. be Luc, énférée dans le Journal de Phyfique du mois de Mars 1750, 417 Lettre de M. VAN Mons, fur Acide azorique , 447 Cinquième Lettre de M. DE Luc, fur le Fluide éle&trique , 450 Nouvelles Livtéraires , pages 6$ — 155 — 233 — 357 — 472 Mtdbu ul dun. 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