RE x ne RS ET SES RS RE Tu ne En. nd un, sr Un. LA D je bu . 2h .. . Le : de | 10 AE A: . l CT : 11 ] à | 4 A ! No l L | { Cet LA [| 1 Cu LL PA " \ \ { 16.0 ï S LOUE x { 7 ; 1 ' N ; ï « Or | | ar 4 Ls LEUR , WT In Eu { , ; 4 DATES , mn 4 ; n ,! La NAN |: 4 DL, ARE À | APE OBSERVATIONS SUR L A: PEFYS I] U E;, SUR L'HISTOIRE pts ne EU SUNRQUES ARTS, AVEC DES PLANCHES EN TAILLE-DOUCE; Par Le l'Abbé RozIER , de plufieurs Académies ; par M. J. 4. Mowcrz le jeune, Chanoine Répulier de Sainte Geneviève , des Académies des Sciences de Rouen , de Dion, ” de Lyon, &c. & par JEAN-CLAUDE DELAMÉTHERIE, RE EE SEE FU IL LE T :1793. PR EP EP ETES EDEN ESS à | TOMEMKXLIIL: A RARIS; AU BUREAU du Journal de Phyf que., rue & hôtel Von Er fe Go e À LONDRES, chez Joserx DE BOFFE, pese Gerard-Street , N°.7, foh6, M DCC XCIIL OBSERVATIONS. MÉMOIRES . LA PHYSIQUE, SUR L'HISTOIRE NATURELLE, ET SUR LES ARTS ÉT MÉTIERS, EXTRAIT D'UNE DISSERTATION SUR LE SYSTÈME ET DURÉE DE LA TERRE; Lue par M. HUTTON à La Société Royale d'Edimbourg l'an 1785 : Traduite del Anglois , par \B8ERTI, Médecin, penfionnaire de S. M. C, Jüivie par des Obfervations du Traduëleur fur le méme fujer. L'osser de cette Differtation eft celui de déterminer le tems que [a terre exifte comme monde , peuplé d'animaux & de plantes, raifonner fur les changemens que la terre a foufferts, & tirer de l'examen de ce qui s’eft paffé des conjectures fur ce que nous pouvons prévoir de relatif à la fin du fyftème des chofes préfentes. 3 Tome XLIIT, Part. 11, 1793. JUILLET. A 2 UE 4 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUÉ, Comme ce n’eft pas dans les monumens que Les hommes ont laiffés à la poflérité , mais feulement dans l'étude de la nature que nous pouvons chercher les traces de ce qui a déjà exifté, on le propoie d'exaiminer les apparences de la terre pour connoître les opérations de la nature dans les tems paflés, Les principes de la Phyfique peuvent nous mener à dift nguer l’ordre , & Le {yftème de l'économie de ce globe, & à former une. opinion raifonnable fur le cours de la nature & {ur les événemens fuccefhfs, Fred A La partie folide de la terre paroît en général compofée de productions de la mer, & d’autres matériaux femblabies à ceux que nous trouvons fur les bords de la mer. De-là nous pouvons conclure , 1°. Que la terre habitée n’eft ni fimple , ni telle qu’elle étoit dans fon origine : elle eft une compofñition formée de cautes fecondes. 2°. Qu'avant que cetté terre eût exifté, un autre monde l’avoit pré- cédée, compofé de terre, & de mer dans laquelle avoient lieu les cowans, les flux & reflux, & les opérations qui fe font à préfent dans le fond de Ja mer. 3°. Que dans le tems que la terre a@uelle fe préparoit dans le fond de l'Océan, la terre ancienne produifoit des plantes, pourrifloit des animaux, & la mer en contenoit aufli de femblabies à ceux qui l'habitenc à préfent. k Ë - Ainfi nous pouvons conclure que la plus grande partie ou bien toute la terre a été produite par des opérations qui tiennent à la nature du globe. Deux chofes cependant ont éré néceflaires pour donner à la terre un état permanent-capable de réfifter à l’action des eaux : 1°. la confoli- dation (1, des mafles formées par la réunion des fubftances détachées & incohérentes ; 20, l'élévation de ces mafles du fond de la mer , où elles étoient formées à des hauteurs confidéiables au-deflus du niveau de la. mer. I! faut remarquer ici deux changemens différens qui peuvent fervir à fe donner quelque lumière réciproquement, car la même fubftance a fouffert les deux changemens. De l'examen de cet objet nous pouvons dédu re la nature de ces événemens, & la connoiflance de l'un nous mène à l'intelligence de l’autre, On peut regarder cet objet divifé narurellemet en deux parties , qu'on doit confidérer féparément : 1°. par quelle opération des couches de fubltances incohérentes ont formé des mafles folides ; 2°. par quelle D (x) Le mot folidité eft pris en deux fens, dont l’un indique l’état d’un corps oppofé- à celui de Ja fluidité, & l'autre à celui de vacuité ou de porofité. On diflingue le premier fens qi ef celui du changement d’un fluide à l’état de folidité, avec le mat concrétion, & on donne celui de confolidation à une malle qui pafle de l’état de: porofité ou vacuié à celui d’un plus grand rapprochement de fes partiesa SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. $ r force de la nature les couches confolidées au fond de la mer ont été transformées en terre habitable, La confolidarion des couches peut s'entendre de deux manières: 1°. par le moyen de la diflolurion des corps dans l'eau, & par leur concrétion après avoir été féparés des diflolvans ; 2°. par la fufion des corps par la chaleur & par la congélation arrivée après à ces fubftances. Pour ce qui appartient à l'opération de l’eau, nous devons prendre en confidération, prem:èrement , jufqu’à quel point la force de ce diflolvant peut agir fur la fituation naturelle des couches pour produire cet efter, & il paroit qu'on ne peut pas fuppofer que l’eau fans le fecours d'autre agent puille produire la folidité des couches dans certe fituation. On doit réfléchir en fecond lieu en fuppolant l'eau capable de confolider Les couches dans certe fituation, qu'il faudroit déterminer par l'examen des apparences naturelles jufqu'à quel point elle pourroit avoir pioduic cet effet, & raifonnant, appuyé toujours fur ce principe, l'eau ne pourroit avoir confolidé que les couches formées par les fubftances qu'elle peut difoudre ; mais on voit Les couches confolidées formées de plufeurs fubftances différentes, & de là il faut conclure qu'elles n'ont pas été confolidées par la diflolution aqueufe. L'autre moyen probable, c'eft-à-dire, la chaleur & la fufion, paroît parfaitement capable de produire cet effet; car toutes les fubitances peuvent être ramollies ou portées à la fufion comme paroiffent être les couches qu’on trouve actuellement formées de plufieurs fubftances. Ce qui paroîtra encore plus probable fi l'on fépare en deux claffes les fubftances confolidées , c’eft-à-dire , en corps fulfureux & filiceux , afin de prouver que ces couches ne peuvent pas avoir été confolidées par use folution aqueufe, mais que leur confolidation a été produite par le moyen du feu & de la fufion. On doit également obferver le fel gemme afin de faire voir que ce corps a éré en état de fufon. Cet exemple eft confirmé par celui de l’alkali foffile, par les fubftances qu'on trouve dans les pierres ferrugineufes, par les cavités criftallifées, & par les minéraux. Tous exemples analogues qui contiennent en eux-mêmes la démonftration qui prouve, que diverfes fubftances minérales ont été confolidées & criftallilées immédiatement de l’érat de fufon. Ayant ainfi prouvé la fufion des fubftances avec lefquelles les couches fe font confolidées; & ces corps folides s'étant introduits dans leurs interftices , nous examinerons les couches confolidées par le moyen de la fimple fufñon. On peut en tirer des exemples des couches plus générales du globe, c'eft à-dire, d2 couches filiceufes & calcaires, & on pourra démontrer également que la confolidation a été produite par la fufñon, On peut donc en général conclure que la chaleur & la fufion, & non pas la folurion aqueufe ont précédé la confolidation des fubftances € OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, détachées & réunies dans le fond de la mer. On doit à préfent ob- ferver ces couches confolidées afin de découvrir d’autres marques par lefquelles on puifle confirmer ou rejetter certe doctrine. On doit pren- dre en confidération les changemens de couches de leur érat de con- tinuité, interrompues par des veines & des fentes, qui prouvent évi- demment que ces couches ont été confolidées par le moyen de la fufñion, & non pas par celui d’une folution aqueufe; parce que, non: feulement on voit les couches coupées par des veines & des fentes apparemment inconfiftantes avec une fimple, diflolurion précédente, mais on voit aufli que l'apparence des veines & des fentes eft en proportion du degré plus où moins grand de confolidarion des couches. Pour ce qui regarde Le fecond point, c'eft-à-dire, par quelle force les couches font devenues terre, & fe font élevées au-dellus du ni- veau de la mer, on fuppofe que la même chaleur par laquelle les fubftances différentes minérales ont été fondues, peut avoir produit : une expanfion capable d'élever la terre du fond de la mer à la place qu'elle occupe à préfent au-deflus de fon niveau. Poure prouver certe affertion, nous devons étudier la nature, & examiner jufqu’à quel point nous rencontrons des couches régulières formées par l'accumu- lation fucceflive des dépôts dans le fond de la mer, comme elles doivent être néceflairement felon leur production origiraire ou bien changées, mêlées , confondues , comme-on doit s'attendre de les encontrer , après avoir fouffert l'action de la chaleur fouterraine & la violence de l’expanfon; mais comme on trouve aétuellement les couches brifées en tous fens, pliées, tortueufes, ce qui s'accorde très-bien avec cette hypothèfe, & pas avec une autre, npus pouvons conclure que la furface de la mer confolidée par la chaleur fouter- raine a été élevée au-deflus du niveau de la mer, & mife en état de réfifter aux violens efforts de l'océan. Cette théorie eft confirmée par l'examen des veines minérales qu’on trouve dans les grandes fentes, qui contiennent des fubftances torale- ment étrangères, & qui fe font un chemin à travers les couches ; fubf. tances dérivées évidemment du règne minéral, c'eft-a-dire du lieu où réfide le pouvoir actif du feu & de l'expanfon: Ayant confidéré cet effet comme une opération du règne minéral, nous devons chercher l'évidence de cette force, ou pouvoir dans les apparences de la narure. Nous trouvons des éruptions de matières en ignition qui fortent de volcans répandus {ur le globe, & nous pour- rons voir que les effets produits par cette force font analogues à ceux que nous venons d'examiner. On peut regarder les volcans comme un moven par lequel la nature rejette un excès de fa force, non pas comme une chofe accidentelle, mais comme très-utile à la confer- vation du genre humain, & comme un ingrédient naturel de la confti- ’ t SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS, 7 tution du globe: On confirme cette doctrine ayant par tout, entre les marques des anciens volcans, une grande quantité de lave fouter- raine qui n’a jamais été en éruption, les rocs bafaltiques, les trappes de Suède, le toadftone, ragftone, whinftone d'Angleterte & d'Irlande, dont on a des exemples particuliers; on a donné auf la defcription de trois laves différentes qui n'avoient fouflert aucune éruption, En examinant la nature de cette lave fouterraine, on peut diftin- _guet facilement les différences qui exiftent entrelles, les rocs bafal- tiques, & les laves communes des volcans. - Enfin on fait l’application de cette théorie relative aux couches minérales à toutes les parties du globe, parce qu’on trouve une ref: femblance parfaite entre la terre folide de tout le monde, quoique dans des endroits on trouve des produétions particulières qui n’appar- tiennent pas à notre objet. Ainf cette théorie explique comment des matériaux incohérens & détachés ramaflés au fond de la mer forment des corps durs & fo- lides, & comment le fond de la mer change de place relativement au centre du globe, & devient terre habitable au-deflus du niveau de la mer. Il paroït qu'il n'y a rien de vilonnairé dans cette théorie, étant déduite des événemens naturels, de ce qui eft déjà arrivé, des chofes laïflées dans la conftitution particulière de corps capables de tracer la manière dont elles fe font formées, & des chofes fur lefquelles on peut faire des recherches exactes, & former les raifonnemens foutenus de routes les lumières que Les fciences peuvent fournir; car, c’eft feulement en employant fa fcience de cette manière, que la philo- fophie éclaire les hommes. Avec la connoiflance de la fayefle, & des deffeins qu'on trouve dans la nature, le fyféme qu'on vient de pro- pofer, appuyé fur des principes certains, attirera l'attention des hommes inftruits. re Raifonnant toujours far les principes indiqués, nous pouvons con- clure que fi la terre que nous habirons a été formée dans le cours du tems par les matériaux d’une terre plus ancienne , nous devons trouver dans lexamen de cette terre des données qui nous mènent à raifonner fur la nature du monde qui a exifté pendant que cette terre fe formoit; & de cette manière nous pourrons comprendre de quelle nature étoit la terre qui a précédé celle-ci, & quelle reflem- blance elle a eue avec les plantes & les animaux que nous voyons dans notre fol. Ce point eft parfaitement démontré par l’abondance des productions végétales analogues, & de pareilles efpèces des corps marins qu'on trouve dans les couches de la terre que nous habitons. Ayant déterminé le fyftême par lequel la terre a été formée dans - le fond de l’océan, & élevée au-deflus de la furface de la mer, il #8 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, nous refte à rechercher Le tems que la nature emploie dans cet ouvrage. Pour en juger, il faut diriger notre attention vers la deftruétion de Ja terre qui a précedé celle-ci. Nous pouvons fonder notre calcul fur le dépériffement actuel de la terre qui fe fair continuellement fous nos yeux; nous pouvons l'évaluer par la dégradation graduelle de notre fol, par les torrens produits par les pluies, par le frottement des ri- vages, & par l'agitation des eaux, Si nous pouvions mefurer le progrès du fol vers la diffolution opérée par-le frottement, & fa fubmerfion dans l’océan, nous pourrions dé- couvrir Ja durée actuelle d'une terre qui a foutenu des plantes, des ” animaux & a fourni les fubitances néceffaires à la reconftruction du fol; & nous aurions la mefüre d'un efpace de tems égal à celui quia été néceflaire pour la production de la terre préfenre. Au contraire , fi nous ne pouvons pas fixer une période pour la durée ou deftruc- tion de la terre préfente par des obfervations des chofes naturelles, qui, quoiqu’incommenfurables, n’admettent pas de doutes, nous pour- rons conclure, 1°. qu'il a été néceflaire d’un efpace de tems indéfint pour produire ce fl; 2°. qu'il a été néceflaire d’un tems égal pour conttruire la terre précédente d’où la nature a tiré les matériaux du fol que nous voyons; 3° qu’à préfent, dans le fond de l'océan, fe prépare la bafe du fol qui paroïîtra dans un efpace de tems indéfini. Comme les hommes n'ont pas des moyens pour mefurer le dépérifle- ment du fol, il s’en fuit que nous ne pouvons pas apprécier la durée de ce que nous voyons, ni calculer à quelle époque il a commencé. Ainf les obfervations ne peuvent pas afligner, ‘ni Le principe, ni le fin du monde, : On confirme cette théorie par un argument moral tiré de la caufe finale; car, comparant cette théorie avec les autres qui admettent un défordre dans les chofes naturelles, celui-ci a l’avantage de {e fonder fur la fageffe & l’ordre parfait de la nature même, qui, felon cette théorie, prépare & conferve le fol propre à la végétation, & détruit cetre terre pour cimenter les bafes des continens à venir. Ainfi, en fuppofant la nature fage & bienfaifante, on a un argument qui con- firme certe théorie; ou bien, fuppofant cette théorie jufte, on a une. preuve de la fagefle & de la bienfaifance de la nature. Ce qui pré- fente un objet intéreffant pour Phomme qui penfe, un fujet qui nous faifant raifonner fur le fyftême de la nature, doit nous occuper agréa- blement, & nous inftruire. OBSERVATIONS DU TlRADUCTEUR. M. Hutton attribue la formation de la terre que nous habitons à l'accumulation des fubftances au fond de la mer, à leur mélange Es uit SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 9 duit par la fufion, & à leur élévation opérée par la chaleur, Les fubf= rances indiflolubles dans l’eau qu'il trouve dans les couches de la terre, lui ont fait croire qu'elles devoient-leur origine à une fufion produite ‘par le feu. Comme cette théorie eft fondée fur ‘des prin- cipes , dont l'évidence ne me paroît pas bien démontrée, j'oferois pro- pofer quelques réflexions que m'a fait faire la ledture de cer extrait en le traduifant. | L'eau, non-feulement eft le diffolvant d’un très-grand nombre des .fubitances, mais étant dans une agitation continuelle par la force des Courans, par le flux & reflux, par l’action des vents {ur fa mer, elle devient capable de tenir en fufpenfion une grande quantité de fubf- tances qu’elle ne peut pas difloudre , & qu'elle dépofe également comme celles qu'elle tient en diflolution. É Cela eft fi vrai que la matière filiceufe fufpendue dans l’eau fe dépofe lentement & pénètre & pérrifie des corps dont la chaleur de la fulñon auroient entièrement détruit la texture; tels fonc les bois agatifés, ; Il faut aufi remarquer que l'eau de la mer n’eft pas une eau pure comme l'eau diftillée, & que l’eau unie à plufeurs fubftances qu'elle peut diffoudre devient le diflolvanc d’un nombre prodigieux des fubf tances qu’elle ne pourroit pas difloudre toute feule. Une quantité immenfe de corps organiques qui fe déforganifent dans la mer, tout ce qui appartenoit à la terre autrefois habitée par les hommes & engloutie dans les eaux, a donné un nombre immenfe de fubitances diffcrentes qui dépofées au fond de la mer, ayant agi par les afhinités éleétives, doivent avoir formé des combinaifons par- ticuliéres, Mais les fubftances contenues dans l’eau ont agi probable- ment de plufeurs manières différentes, felon les diverfes quantités, & l'état où fe trouvoient les réactifs; delà vient que celles qui fe fonc combinées lentement ont formé des criftallifations plus ou moins par- faites, & celles qui fe fonc combinées plus rapidement n’ont pas une forme régulière. Il eft cependant certain que dans ces opérations il s’en dégage fouvent des fluides élaftiques qui brifanc tous les obftacles doivent fe frayer un chemin à travers les couches, les brifer, les fendre, & changer leur difpofition. Les matières en diflolution peuvent en fe confolidant avoir formé les veines que nous remarquons fi fouvent, Les fubflances métalliques dans lefquelles l’action du feu parcit moins douteufe femblent confirmer la théorie de M. Hutton. Mais pourquoi ne pourroit-il pas arriver que plufieurs corps, que nous croyons fim- ples, païce que nous ne pouvons pas les décompofer, fe forment réellement dans la mer par des combinaifons inconnues, d'autant plus que nous n'avons -aucun exemple qui prouve que l'ation du feu la plus grande ait jamais produit une fubftance métallique ? Au contraire Tone XLIIT, Part, IT, 1793. JUILLET. 10 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, il y a des fubitances qui nous paroiffent fimples & qui femblent évi-. demment fe former par la nature. La terre calcaire paroît l'ouvrage de l’organifation animale; on foupçonne le fer produit de la même. manière; ainfi, quoique nous ne connoiflions pas les fubftances qui com pofent les métaux, l'analogie paroît nous aflurer qu'ils ne font pas des fubftances fimples. Cela n'empêche pas que des volcans fouterrains n’ayent produit des altérations confidérables dans quelque place, ce qu'on diftingue faci- lement, en comparant leurs effets avec ceux des volcans terreftres ; mais ces altérations font fi marquées, que les exemples mêmes ap« portés par M. Hütton font voir les caraétères particuliers qu’ont acquis les terres différentes, après avoir fouttert l’action d’üne chaleur fi vio- lente. Les laves, les bafalres, le whinftone, le toadftone , les trapps font bien loin de former des couches générales dans le globe, mais elles marquent les places où les volcans ont exifté, ou bien où les matières des volcans ont été tranfportées. ; Pourquoi le feu fondant n'auroit-il pas produit le même effet. fur toutes les couches calcaires, comme il l’a produit dans quelques parties 2 Pourquoi en creufant profondément la terre, ou après des couches qui indiquent le féjour de la mer, on en trouve encore des plus pro- fondes, avec les indices d’une végétation précédente, qui prouve qu'elle avoit été un fol comme celui que nous habitons avant d’avoir été englouti ? Pourquoi enfin ne trouve-t-on pas toujours les marques de la volcanifation ? Comment les terres argilleufest& les fchiftes dans lefquels nous voyons fi fouvent les empreintes des poiflons & des végé- taux n'ont-elles pas perdu leurs caractères, & ne font-elles pas devenues comme la terre cuite? Pourquoi n’ont-elles pas perdu ieur duétilité, & pourquoi ne font-elles pas feu avec le briquet? Enfin, pourquoi les couches calcaires n’ont-elles pas perdu les belles formes & les couleurs des coquilles ? D'ailleurs, les couches formées par dépofition fur les fonds inégaux ‘de la mer peuvent avoir été dérangées par des mouvemens irréguliers des eaux, par les cremblemens de terre, par le rapprochement des matières terreflres, qui doit avoir formé des cavités confidérables où le poids des nouvelles couches aura fait précipiter les premières, Si la chaleur avoit produit cet effer, elle auroit agi prefqu'également par- tout; mais fi nous voyons dans quelques endroits des grandes inéga- lités, nous trouvons aufli dans plufeurs parties les couches réoulièrement horizontales ou inclinées felon Le plan fur lequel elles ont été dépofées, En général la matière en ignition jettée dans l’eau par lexplo- fion des volcans prend une forme prifmarique, ce qu’on obferve dans les bafalres. Er certainement nous ne trouvons pas en creufant la terre mne couche de cette forme qui foit répandue fur tout le globe, / SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 1 IL eft certain que le calorique doit avoir quelqu'influence dans les opérations de la nature qui fe fonc au fond de la mer; car il doit s'en dégager des grandes quantités de tous les corps qui paflenc de l'état Auide à celui de la folidité ? Mais il ne s'enfuit pas que cet agent ait produit une fufion univerfelle de toutes Les fubftances qui fe trouvent au fond de la mer. IL refte à préfent une difficulté bien grande à réfoudre, c’eft dire, fi l’aétion expanfve de la chaleur n’a pas produit l'élévation du fol au-deflus du niveau de la mer, comment pourroñs-nous expliquer ce fingulier phénomène ? Dans la théorie de M. Hutton il faut fuppofer une force expanlive répandue par-tout fous les terres couvertes par les eaux de la mer, qui,poufle les couches & les élève au-deflus du ni- veau de la mer, Mais fi cette aétion de la chaleur eft femblable à celle de volcans, pourquoi ne voyons-nous jamais fe renfler & s'élever les montagnes volcaniques ou celles fous lefquelles les volcans fe pré- parent, ce qui devroit être encore plus fenfible, eu égard à la moindre réfiftance qu'offre le poids de l'air comparé à celui de l’eau, & de l'air enfemble ? Mais ne pourroit-on pas attribuer l'élévation des terres au-deflus du niveau de la mer à l'attraction de l’eau à l'eau, qui pourroit faire que l'eau foit beaucoup plus bafle vers les côtes qu'à de grandes diftances. Si cela n’étoic pas ainfi, comment pourroit-on expliquer l'apparition & la difparition périodique de certaines ifles; ce qui arrive fans qu'on ait remarqué aucun changement confidéra- ble fur le niveau? Il pourroit fe faire que cette difparition ne füt qu'un effet d’une plus grande convexité dans la furface des eaux produite par une quantité majeure de Auide réuni par une force centrale d’at- traction, La mer eft, peut-être, aufli haute à certaine diftance que les montagnes les plus élevées, & elle en forme dans fon fein des tout aufi grandes pour le nouveau monde qu’elle prépare. La con- vexité confdérable d’une goutte d'eau femble expliquer ce phénomène; car fi l'eau, dans un vale de verre, eft plus haute vers les parois, & préfente une furface concave, cela-ne tient qu'à une attraction particulière, puifqu'il arrive précifément le contraire dans un vafe de métal bien poli. 4 On n'a pas fait peut-être des obfervations bien exactes avec le ba. xomètre à différentes latitudes dans la mer; mais, quand même on ne remarqueroit pas une différence fenfible dans cet inftrument , ne pourroit-elle pas tenit à l’évaporation moins grande à une diftance confidérable de la terre, qui fait que loin du rivage l’air atmofphé- rique doit pefer davantage; car l'efpace qui eft occupé par les exha- Jaifons, qui font moins pefantes que l'air atmofphérique, doit faire pefer moins le même volume d'air, Ces exhalaifons étant beaucoup plus abon- dantes fur les montagnes, femblent contribuer beaucoup aux différences Tome XLIII, Part. Il, 1793. JUILLET, B2 12 OBSERVATIONS SUR LA PHFSIQUE, qu'on obferve dans le baromètre; ce qui n'empêche pas que la méthode de mefurer par ce moyen ne foit pas jufte ; car les mêmes caufes produifant par-tout les mêmes effets, les réfultats doivent être les mêmes. Si la diminution du poids de l’air atmofphérique eût été, comme on l’avoit cru, ceux qui font montés à des hauteurs fi grandes dans les aéroftats, auroient certainement péri comme les animaux dans le vuide pneumatique, dans lequel nous voyons fucceffivement les terribles effets de la diminution de la compreflion de Pair fur les poumons; effet qu’on craignoit beaucoup, & qui n’a jamais eu lieu, Ce qui prouve encore davantage la probabilité de cette attraction font les terres plus bafles que le niveau de la mer, qu'au lieu d'être envahies par l'océan, il paroît qu’elles viennent d'être abandonnées par la retraite des eaux dont la hauteur menace toujours l'inondation, Il me femble que fi la mer changeoit de place inftantanément, nous y trouverions des montagnes aufli hautes que celles que nous voyons dans nos continens. Le fyftème oppofé à la fufon univerfelle de M. Hutton n’eft pas con- traire à la fagefle & bienfaifance de la nature; par d’autres moyens elle pourvoit également à la confervation des êtres; la nature à mes yeux ne préfente qu'un grand laboratoire où rout fe défait & tour fe recompofe; mais les principes dont elle fe fert, & les moyens étant toujours les mêmes, les produits doivent être analogues à ceux qui ont exifté. Ainf je ne fuis pas convaincu qu’un feu fouterrain fondant élève la furface du globe pour le faire fortir des eaux, cela feroit tout au plus poffible feulement dans quelque place particulière, Enfin, fi les montagnes n’étoient pas formées par la dépofition de l’eau, comment pourroit-on expliquer la formation d'une haute montagne qu'on trouve à Edimbourg , dont la partie inférieure eft formée d’une efpèce de jafpe, qui fert de bafe à une mafle de whinftone, fans qu'on puifle diftinguer nulle part les traces d’un contact ? Il paroïc que cette efpèce de lave portée par les eaux à une diftance confidérable de fa fource fe foit dépofée fur cette montagne. x SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 13 LEE T.RE DE M DE SAUSSURÉE & fl, A J.C. DELAMÉTHERIE,; SUR LE SAPPARE DUR. NA aux: Lorfque je vous envoyai en 1789 la defcription & l’analyfe du fappare (cyanite de Werner) (1), je ne connoïflois de cette fubftance que la variété confufément criftallifée qui n’a jamais une dureté aflez grande pour faire feu avec l'acier, quel que foit le fens dans lequel on la frappe. L'on a trouvé depuis, fur le Saint-Gothard (2), du fappare parfaitement pur criftallifé en prifmes tranfparens, & étincelant avec T’acier lorfque le briquet agit dans une direction perpendiculaire au plan des lames dont ces prifmes font formés. M. Sage, qui dans fon Analyfe chimique parle de cette pierre fous le nom de bérill lamelleux criftallifé en prifmes tétraëdres, dit qu'elle fe trouve en Efpagne , dans le Lyonnois & à Baltimore en Amérique. 8 Les nuances infenfibles par lefquelles le fappare tendre paffe pour fe confondre avec le fappare dur, les caraétères foit chimiques, foit extérieurs qui font communs à ces deux pierres, femblent indiquer qu’elles font de même nature, & qu'elles ne diffèrent que par l’arrangement des lames qui ‘es compofent. Le fappare doit paroître tendre lorfque l’arrangement de fes lames eft irrégulier , parce que ces dernières fe laiflent brifer par les RDS SE D, CL (1) On devroit fuivre en Lythologie les principes que le célèbre Linné a donnés für les dénominations des plantes, de ne jamais dériver les noms des couleurs. La dénomination de cyanite que M. Werner a tirée du mot grec Kvaws, cyaneus , bleu de ciel , eft impropre, 1°. parce que tous les fappares ne font pas bleus; 2°. parce que toutes les pierres bleues ne font pas des fappares. On pourroit faire la même remarque {ur plufieurs dénominations nouvelles données parle même minéralogifte, Comme le nom de fappare ne peut préfenter aucune équivoque , je le conferverai à la pierre que je vais décrire. (2) M. Wifard, marchand de minéraux à Berne, a trouvé de fuper$es morceaux de fappare dur fur le Saint-Gothard, à fept lieues au-deffus de Giornico , du côté du … Meynihal. ‘ 14 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, corps les moins durs lorfqu'elles préfentent en tous fens des afpérités ou : des côtésatranchans. L'analy@ du fappare dur n’a pas encore été faite, & comme j'avois des doutes, foit fur la pureté du fappare cendre que j’avois décompolé, foic fur l'exactitude du procédé confeillé par Bergmann pour féparer l'argile de la calce, de la magnéfie, j’ai cru devoir reprendre ce travail, & vous en envoyer les réfultats. M. Scruve a fait paroître ( Mugazin fur die Naturkunde Helvetiens, om. IV) les réfultats d’une analy{e du fappare ; j'ignore fi c’eft du fappare tendre ou du fappare dur que ce chimilte a voulu décompofer : j'ignore quels fonc les procédés qu'il a employés; mais je fuis convaincu d’après les analÿfes répétées que j'ai faites de cette pierte, ou que ce n’elt pas du fappare que ce chimifte a analyfé , ou qu'il s’'eft gliflé quelque grande erreur dans fes opérations. Caraëères extérieurs du Sappare dur. Il eft ordinairement bleu, on en trouve du tranfparent fans couleur, du blanc opaque, du gris, & du jaune couleur de rouille. On voit des morceaux de fappare dont le milieu eft tranfparent & fans couleur, tandis que Les bords ont une teinte bleuâtre, d'autres fois les bords fonc fans couleur , tandis que le milieu du criftal eft traverfé dans le fens de fa longueur par une raie d’un beau bleu de ciel qui en fe dégradant infen- fiblement de chaque côté fe confond enfin avec Le fond blanc & tranfparene de la pierre. Le fappare criftallifé en prifmes plus ou moins comprimés coupés par des raies ou des fections tranfverfales, les prifmes qui paroiflent eux- mêmes formés de lames prifmatiques très-minces fuperpofées les unes aux autres, n’ont pas un nombre déterminé de côtés; on remarque prefque toujours dans chaque criftal de fappare deux grandes faces liffes, oppofées, & d’autres faces plus petites & légèrement ftriées. La termi- naifon de ces prifmes eft très-fouvent indéterminée. La forme régulière 2 laquelle les criftaux de fappare paroiflent tendre eft un prifme hexagone tronqué net. Ils fe rompent en lames prifmatiques coupées quarrément à leurs extrémités. d La caflure d’un criftal de fappare faite par un plan perpendiculaire à la direction longitudinale de fes lames a un grain mat, elle eft ftriée, Si cette caflure eft faite parallèlement à la direction dont nous venons de parler , elle eft lamelleufe , lifle & brillante. Le fappare dur fe laifle entamer ttès-facilement par l'acier fur les deux faces Lifles & oppofées de ces prifimes, quand cet acieragit dans la direction dé la longueur du criftal ou parallèlement à ces ftries: mais lorfque l'acier eft pouffé fur ces mêmes faces dans une direction perpendiculaire à celles-ci, le fappare ne fe laifle pas entamer, Les petites faces firiées / SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 5 téfiftent à l'acier dans toutes les directions. Cette pierre raye le criftal de roche, mais elle n'enrame pas l'émeraude. Le fappate dur eft brillant fur Les deux grandes faces liffes & oppofées de fes prifmes, 3 Il eft pefant : j'ai trouvé fa pefanteur fpécifique égale à 3,618. Il eft élamrique par le frottement. Cette électricité eft négative {ur toutes les faces du criftel. IL n'a point d'action fur l'aiguille aimantée, On trouve aflez communément le fappare {ur du gneifs ou fur du quartz micacé, Le tale & lé mica font fouvent interpotés entre 18 lames & croublent fa criftallifation. Il eft quelquefois allié à la grenatire, Aion du feu & des acides fur Le Sappare dur. Un criftal de fappare bleu , tranfparent, pefant 85 grains, expofé pendant deux heures à un feu de fufon , n’a fübi d'autre altération que de devenir parfaitement blanc & opaque; il n'a pas perdu fenfiblemenc de fo \ poids. Un filet de fappare dur de l’épaifleur du cheveu, expofé à la flamme du chalumeau, n’a éprouvé aucune apparence de fufion ; il a pris un œil mat, & a paru avoir un peu augmenté de volume par la féparation des lamelles qui le compofent. Cette pierre réduite en poudre & projettée fur un feu rouge , donne une foible lumière d’un blanc bleuâtre. Le fappare pulvérifé mêlé avec quatre fois fon poids d’alkali minéral effleuri produit lorfqu'il eft expofé à un feu de fufion une maffe bulleufe, opaque, d'un gris verdâtre , à demi-vitrifiée, Ce verre imparfait mis en. digeftion fur de l'acide nitreux forme une gelée qui Étant évaporée à ficcité, digérée fur du nouvel acide, laiffeun réfidu infoluble, égal environ au quart du poids du fappare employé. Cette diflolution a une couleur plus ou moins orangée en raifon du fer que le fappare contient. Le fulfate de foude n'y produit aucun précipité : le fappare ne contient donc pas de terre pefante. Le nitrate d'argent & le muriate de barote n’ont pas troublé cette diflolution. + L’alkaii volatil n’a point altéré fa couleur. Le pruflite de foude y a formé un précipité bleu très-abondant. L’acide du fucre l'a légèrement troublée. Séparation des Terres qui entrent dans la compofition du Sappare dur ; du Saint-Gothard. J'ai ait l’analyfe de cette pierre en fuivant en partie les procédés de Bergmann modifiés par le célèbre Weftrumb ; j'aurois fait grace des - 16. OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, détails fi je n’eufle cru qu'ils peuvent fervir à déterminer Le degré dé confiance qu'on doit donner aux réfultats de l’analyfe. Séparation de la Terre filiceufe. $. 1. Cent grains de fappare d’un blanc bleuâtre réduit en poudre très-fubtile , & mêlé avec deux fois fon poids d'alkali minéral effleuri , ont été expofés, pendant trois heures dans un creufet d'argent à une chaleur rouge. Il en eft réfulté une mafle grenue blanche, & légère ; certe mafle a été mife en digeftion fur de l'eau diftillée. Le réfidu infoluble dans l'éau traité avec l'acide nitreux à la chaleur de lébullition, a formé une gelée qui a été évaporée à ficcité, & mife en digeftion fur du nouvel acide. Cette diffolution a été filtrée. $. 2. Le rélidu infoluble par l'acide nitreux paroifloit être du fappare non décompofé mêlé de terre filiceufe pure; il pefoit 68,75 grains. Après avoir été trituré avec le double de fon poids d’alkali minéral eleuri & après avoir été expofé pendant deux heures à une chaleur rouge, il a été en partie diffous, 1°. par l’eau diftillée, 2°. par l'acide nitreux avec lequel il a formé une gelée. Cette gelée a laiflé par l’évaporation à ficcité un réfidu qui après avoir été mis en digeftion fur de l'acide nitreux, a pefé 12,25 grains. $. 3. Ces 12,25 grains traités avec l’alkali minéral , l’eau diftillée & l'acide nitreux , ont laiflé un réfidu infoluble pefant deux grains. $. 4. Ce dernier réfidu traité de la même manière s’eft entièrement diflous en partie dans l’eau , & en partie dans l'acide nitreux. : $. $. Les diflolutions alkalines réunies (des $$. 1,2,3,4,$);ont été évaporées à ficcité, & redifloutes dans une fufffante quantité d'eau | & d’acide, Elles ont été féparées par la filtration du réfidu qui avoit rous les caractères de la terre filiceufe pure; il pefoit après avoir été defféché à un feu de fufion 29,2 grains, La liqueur filtrée a été mêlée avec les diflolutions nitreufes des $$.1,2,3,4, 5. Séparation du Fer. $, 6. Après avoir dépouillé par l'évaporation [a diffolution des terres (S. 5 ) de l’excès d’acide qu'elle contenoit, j'en ai précipité le fer par 43 grains de pruflite de foude criftallifé préparé fuivant le procédé de : M. Weftrumb. Le mélange a été évaporé prefqu’à ficcité, rediflous enfuite dans une fufifante quantité d’eau acidulée, & enfin filtré. Le pruflite de fer recueilli, décompofé à ur feu de fufion , a laiflé un réfidu qui pefoit 12,45 grains. Mais le prufite de foude quæj'avais employé contenoit $,$ de chaux de fer; il refte donc 6,65 grains-pour la quantité de chaux ferrugineufe contenue dans la pierre que je décom- pofois Séparatio SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 13 Séparation de T'Arpile, 4 $. 7. Toutes les terres que contenoit la diflolution nitreufe (6.6) ont été précipitées par l'alkali minéral aéré; elles ont été féparées par le filtre, & mêélées pendant qu'elles étoient encore humides avec de l’alkali minéral cauftique en liqueur. Le inêlange a été expofé à la chaleur de lébullition, & lorfque Le réfidü a paru infoluble dans une quantité ultérieure de leflive alkaline , la diflolution a été filtrée. Les terres reftées fur le filtre ont pefé ÿ,$ grains après avoir été rougies, $. 8. La diflolution alkalino-argilleufe a été faturée avec de l'acide nitreux jufqu'à ce que ce dernier eût diflous l’argile qu'il avoit préci- itée. Cette argile précipitée de nouveau par l'alkali volatil aéré & defléchée à une chaleur rouge a pelé 120 grains. Cette augmentation de poids étoit due à l’union que l'argile avoit contraétée avec la foude, Pour féparer ces deux fubftances, les 120 grains ont été mis en digeftion avec fept fois leur poids de vinaigre diftillé, la diflolution filtrée a été précipitée par l’alkali volatil fluor ; l'argile difloute par Le vinaigre réunie à celle que cet acide n’avoit pas attaquée, a pelé 54,6 grains après avoir été expofée à un feu de fufñon. ÿ Séparation de la Terre calcaire. $. 9. Les ÿ,5 grains du$.7 ontété mis en digeftion à froid fur du vinaigre diftillé qui les a diffous entièrement, à la réferve d’un demi-grain qui étoit de l'argile réunie à une petite quantité de chaux ferrugineufe, L'acide du fucre verfé dans cette diffolution y a fait un précipité dont le poids calculé fuivant le rapport trouvé par M. Kirwan; a indiqué qu'il contenoit 2,2$ grains de terre calcaire, Séparation de la Magnefte. $. 10. La diflolution acéteufe dépouillée de la terre calcaire a été éprouvée par l’alkali volatil parfaitement cauftique qui n'y a fait aucun récipité, Mais elle a été troublée par l’alkali volatil aéré; le mélange - a été bouilli & enfuice filtré. La terre reftée fur le filtre a pefé deux . grains après avoir été rougie. 1 D Ces 2 grains ont formé avec l'acide vitriolique des criftaux de fef d'Epfom bien déterminés Tome XLIII, Part. II, 1793. JUILLET, C 38 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, Réfultat de L'Analyfe de 100 grains de Sappare dur. Argile......... restes ae inte ss Si CES 21: sue elaislalte Aoisirialale DORE 29,2 Calceis sais atsledia re eisale te) ele 022219 Magnéfie..... SOU LP) ENS EH PR CLO LT co, 2 Chaux de fer: ER Sn et ENTRER 6,65 ? 95,10 Eau & perte... .e#Treresseutes 49 100 J'ai fait en fuivant les mêmes procédés l’analyfe du fappare tendre auffi pur qu’il peut l'être. Les réfultats ont été à très-peu-près femblables à ceux que m'a donnés la décompofition du fappare dur. Cent grains de fappare tendre du Saint-Gothard ont produit, Argile .......e. sels etes teteleis.e US AS Silice ... ce ... LEE] ee L1 . L] L1 30,62 Magnéfie . S…...... « ne 2,3 Calce .... ess... . ... 2,02 Ghaux delfcren ae nie A COINS 9544 Eau & perte . eos eo : LRU 100 Je fuis, &c. 22200 En | OBSERVATIONS Sur les mouvemens de diverfes efpèces de Bancs de terre, expofeés à l'air ; Par M SAGE. D IRE qu'un terrein change de place & fe tranfporte avec les arbres & les bornes qui limitent les propriétés, paroîtra peut-être aux yeux de quelques hommes un paradoxe, mais j'ai vu, & je fuis depuis fix années ce mouvement, x SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS, 15 Daris Le deflein de charrier facilement des pierres, qu’on tire d'une carrière exploitée fous le plateau des vignes de Meudon, on a ouvert en 1787 un chemin dans le côteau au-deflus de la verrerie de Sèvres > près le pavillon nommé Montaluis, Ce côteau eft très-efcarpé. Vers Le haut fous lAumus ou terre végétale, fe trouve une efpèce de marne blanche qui précède & accompagne une pierre calcaire tendre qui s’exfolie & effleurit facilement à l'air. Les lits de cette pierre ont plus ou moins d’épaiffeur, & forment une carrière qui a environ trente pieds de hauteur. Cette carrière eft aflife fur une glaife grife à caches rouges. Le banc de cette argile a dix ou douze pieds, & recouvre un banc de craie-d’environ quarante pieds d'épaifleur. Celui-ci eft féparé par des pierres à full noirâtres en mafles irrégulières. Ces cailloux fe trouvent horifontalement par bandes de huit ou dix pouces d’épaifleur, & à fix pieds de diftance dans des bancs de craie. On rencontre aufli dans cette terre calcaire des belemnites, des ourfins & d’autres coquilles, Cette craie après avoir été divifée & lavée dans l’eau pour la féparer du fable, eft enfuite roulée en cylindre qu'on nomme blanc d’Efpagne dans le commerce, ; Les entrées des crayères affleurent le pavé du grand chemin , & fonc autant de gouffres où les chevaux fe précipitent (1). La manière de travailler dans ces fouterrains n'eft pas réglée. Les crayeurs font d’abord des galleries femblables à celles qu’on pratique dans les mines ; mais bientôt elles font élargies, excavées, de manière qu'il y a des crayères dont les voûtes font d'une hardieffe menaçante , aufli s’effondrent-elles quelquefois. Pour faire le chemin dont j'ai parlé, on a ouvert le banc de glaife tranfverfalement. Cette terre pénétrée par les pluies a augmenté de volume , s'eft tourmentée, foulevée & détachée, de forte qu'une partie de la colline, c’eft-à-dire, plus de deux cens toifes quarrées ont gliflé avec de gros arbres & nefe font arrêtées qu'après avoir parcouru un efpace de près de cinquante pieds, en couvrant le terrein cultivé. Tel a été l'effet produit par les pluies d'automne qui ont pénétré ce banc de glaife. Le particulier qui avoit ouvert cette tranchée, crut ouvoir arrêter le mouvement des terres par des murs épais de fept à huit pieds ; ceux-ci pendant l’hiver ont hauflé ; baiflé irrégulièrement , fe font ouverts & ont écroulé, Depuis 1787; chaque hiver cette portion de colline marche, elle recouvre aujourd'hui une partie du grand chemin ; mais à préfent ce n’eft (x) Ce bouleverfement d’un grand chemin ne manquera pas de fixer l'attention des Ponts & Chauflées & de la Convention, lorfqu’elle aura terminé fon grand œuvre. Tome XLIIT , Part: II, 1793. JUILLET, C 2 s — äo OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, plus la tranflation de la mafe totale du terrein , ce font des éboulemens partiels. : J'ignore le genre d'attention que la Convention donnera à l'exploi- tation des mines & carrières : j'ai fourni aux autres légiflatures les moyens d'en tirer le plus-grand parti ; mais je n'ai trouvé que des hommes enivrés de la place qu'ils occupoient, & infoucians du bien public. Cependant la République Françoife étoit tributaire annuellement d'environ quarante millions pour les matières métalliques & minérales qu’elle tiroit de l'étranger, que les renferme dans fon fein. La guerre que la France foutient aujourd'hui contre prefque toute l'Europe , la prive de cette reflource onéreufe, mais néceflaire. Ce feroit donc l'inffant de chercher à tirer le plus grand parti des mines de France, & de révivifier le Corps des Mines , au lieu de Le laifler dans l'oubli, TRENTE-UNIÈME LETTRE DE M DE:LUC, A JC DELAMÉTHERIE, Sur les FLUIDES EXPANSIBLES. Windfor , le 18 Mars 179%. Masse: ) Je viens à la partie du fyftême de M. LE SAGE qui importe le plus à la Phyfique terreffre, comme concernant les fluides expanfibles. La dénomination d'élafliques, donnée jufqu'ici à ces fluides , n'eft qu’une imagé obfcure, tirée de quelques phénomènes particuliers qui ne donnent point une idée précife de leur claffe. L'air, confiné fous un pifton , réfifte fans doute à être comprimé, comme le feroit un reflorz en hélice: mais d'où procède cette réfiftance , dans des fluides qui néanmoins font compreffibles, & qui réfiftent fi peu à être divifés ? Comment leur expan- fibiliré peut-elle être 2//imirée ? Pourquoi leurs diverfes efpèces, d’entre celles du moins qui n'ont point d'action chimiaue les unes fur les autresy femélent-elles immédiatement, comme fe mélent , mais feulement par Vagiration | diverfes efpèces de poudres ? de Quand on envifage les fluides expanfibles d’après ces caractères SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. ox diftinétifs , on ne peut s'empêcher de reconnoître, comme le fit d'abord M. LE SAGE, en étudiant ce qu’en avoient penfé les phyficiens, que ces fluides font compolés de particules d'ferètes , rendantes à fe répandre dans tous les efpaces qui leur font acceltbles. Examinant enfuite les diverfes idées qu’on s'étoit faites de la manière dont s'opère la diffémination de ces particules, il crut devoir exclure l’idée d’une répulfion entr’elles , comme étant aufli inintelligible , que fon inverfe l'attra&tion. D'ailleurs, ayant étudié les phénomènes des fluides groliers de cette clafle , il lui parut, que leur preffion contre les obftacles ne pouvoit procéder d'une aétion continuée des mêmes particules qui étoient venu d’abord s’y appuyer; qu'elle devoit être produite par les chocs réitérés des particules, à ‘là manière dont le fluide gravifique produit la pefanteur ; ou dont la grêle abat les moiflons. Mais les corps qui produifent des aétions méchaniques par des chocs, perdent lé mouvement qu'ils communiquent; & cependant les particules d'air rénfermées dans un vafe , ne ceflent jamais d'en prefJer les parois: ce qui exige que cés particules, après avoir frappé les obftacles qu'elles ren- contrent , reprennéñt leur mouvement, Telle fut donc l’hypothèfe que fit M. LE SAGE, pour examiner d'abord fi elle s’accorderoit avec les phénomènes généfaux de ces fluides ; & avanr qu'il eût appris , que D.BERNOUILLI avoit déjà confidéré la même hypothèfe dans la 10° fa. de fon Hydrodynamique , il étoit arrivé comme lui à démontrer, qu'elle repréfentoit très-bien ces phénomènes : accord qui donna lieu enfuite à une correfpondance entre ce grand homme & fon jeune émule. 2. Mais il falloit trouver une caufe de la reproduétion du mouvement, dans, des” particules qui le perdoient fans cefle; & ce fut au fluide gravifique que M. LE SAGE crut pouvoir affigner cette fonction; d'après une combinaifon de la 34° prop. du fecond livre des Principes de NEWTON, avec le fecond cor. de la prop. fuivante, d'où il déduifit d'abord: qu'un Aémifphere folide, placé entre deux courans antago- niftes, clair-femés, équidenfes, équiveloces, & perpendiculaires à fa bafe, feroit misen mouvement par la différence de fa bafe à fa convexité, jufqu'à acquérir graduellement une viîtefle plus grande que le demi-tiers de celle des courans. Maïs quand il vint à examiner ce qui réfüulteroir de cette même forme , en confidérant le corps comme frappé tout le tour par les corpuJeules, il en vit naître l'équilibre ; & long-tems il ne trouva qu'équilibre dans cette recherche , parce qu’il n’envifageoit encore dans les particules, que des furfaces planes ou convexes, des arêtes & des angles faillans. Enfin le premier décembre 1759 (jour qu'il nota comme une époque dans fes recherches ), ayant repaflé de nouveau dans fon efprie les démonftrations géométriques d'équilibre, qui, fous tant de formes, avoient détruit jufqu'’alors fes efpérances, il fut frappé de ce qu'il n’avoit point encore examiné, ce qui réfulteroit de furfaces concaves, de fillons, } 22 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, ou d’angles rentrans. Je vais exprimer dans fes propres termes, tirés d'une lettre qu'il écrivit le premier février 1763 à un mathématicien connu , l'impreflion qu'il reçut dans ce moment-la. 3. Il venoit d'expliquer, ce qu'il avoit confidéré long-tems comme une démonftration générale du repos dans lequel devroient perfifter des particules diférétes , frappées tour Le tour par des corpufcules ; après quoi il ajoutoit : « Enfin il y a trente-huit mois, que repaflant dans mon » efprit les nombreüfes & fortes raifons'que j'avois de croire, que tous » les principaux agens phyfiques étoient des fluides diférers ÿ & que » ces fluides étoient agiés en tout fens, l'un par uaé ancienne & » unique action de la CAUSE PREMIÈRE, les autres par l'action perpé- » tuelle de ce premier fluide ; & que voyant à combien peu de chofe » tenoit la fragilité apparente de ce grand fyftème, je fis un nouvel » effort; pour m'aflurer fans retour, fi cette fragilité éroit bien réelle. » c'eft-à-dire, fi le théorème que vous venez de voir étroit bien uni- » verfel. Ma perfévérance fur enfin récompenfée; car j'apperçus tout de » fuite deux fources d’ënégalités entre les impalfñons oppofées des » corpufcules ultramondains fur certains corps qui leur étoient imper- » méables....Je fentis donc avec tranfport, que je tenois le fil » d’Ariadne: un nouvel ‘ordre de chofes s’ouvrit tout-à-coup à mes » avides regards, & je vis naître tüumultueufement fous mes yeux, tous » les phénomènes généraux qui avoient échappé jufqu'alors à mes » recherches les plus opiniâtres ». Après l’énumération de ces phéno- mènes, M. LE SAGE terminoit fa lettre, en indiquant à fon correfpon- dant, que la folution du problème général étoit renfermée dans un mono/yllabe ; ce qu'il lui expliqua ainfi, dans une lettre du ÿ mars de la même année, « CREUX , eft le mot de l'énigme propofée dans ma » lettre du $ février: c’eft le mono/yliube par lequel je difois qu'on » pouvoit expliquer la légère différence extérieure qu'il fufifoit de » fuppofer dans la forme des particules des fluides diftrets, d'avec » celles qui conftituent les fluides continus & les folides , pour en voir » découler tous les phénomènes dont je venois de faire l'énumération ». Telle eft la bafe de cette nouvelle caufe méchaniquè , (ufceptible d'un grand nombre de combinaifons , dont je vais donner une idée fuccinéte. 4. Nous trouverons d’abord une caufe, par laquelle une particule, ayant un creux quelque part à fa furface, devra être pouflée par les corpufeules vers les lieux oppofés à ce creux ; c’eft que les f£les de corpufeules qui viendront , en toute direction, frapper chaque point de cet enfonçement, ne formeront pas des hémifphères complets, mais de moindres fegmens ; au lieu que chaque point de la furface oppofée , plane où convexe , fera frappé par tout un Aémifphére de ces rayons impulfifs. Mais un fecond effet, inféparable de celui-là, & qui lui eft sontraire, procède de quelque durée de l'action des corpufcules qui SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 23 frappent obliquement un creux , & qui, avant que d'en fortir, preflent de nouveau fa furface , en roulant ou gliflant fur elle pour remonter vers -fon bord, Si ces deux effets oppolés fuivoient les mêmes loix, il en naîtroit encôre l'équilibre ; mais M. LE SAGE apperçut bientôt, que par une certaine forme du creux, la caufe de moindre aétion des corpufeules à fa furface pouvoit être augmentée, comparativement à celle de plus rande ation ,‘au point que la particule fe müt rapidement vers le rhombe correfpondant au creux : où au contraire, que cette caufe de moindre action pouvoit être tellement diminuée comparativement à l’autre, que la particule fe mût dans le fens oppofé. Je vais d'abord expliquer le premier cas. s. Plus Le creux fera profond, jufqu’à une certaine limite, plus les fègmens des rayons impulfifs ({oir des f£les de corpufeules arrivans de toute part vers chaque point du creux), feront moindres que des - hémifphéres ; par où la particule fera d'autant moins preflée de ce côté-là: & cependant la forme de ces creux profonds peur être telle, que l'effet produit par la durée de l'impreflion des corpufeiles qui y rouleront ou glifleront avant que d’en fortir, n’y augmente pas d'une manière bien fenfible : par où déja le petit corps, éprouvant une moindre preffion totale dans cette partie de fa furface que dans la partie oppofée, fe mouvra vers le rhombe correfpondant au creux. Mais après que les corpufrules auront roulé ou gliflé dans cer enfoncement , en remontant vers fon bord, ils conferveront encore un certain deoré de véefle, fuivant une direction qui participera à celle de la particule elle-même dans fon mouvement ; & s'ils s'y rrouvoient arrêtés par un rebord con- venable , ils coopéreroient à ce mouvement. Voilà encore ce que M. LE * SAGE apperçut, & il vit bientôt, qu'en fuppofant autour du creux , un rebord plat, un peu plus large feulement que le diamètre des corpuf- cules , tous ceux qui auroient frappé obliquement les différens points du creux , viendroient frapper ce rebord par deffous , avec leur refte de vitefle, & prefleroient ainfi la particule dans le fens contraire de leur première impulfon. Ainfi des particules de cette forme, quoique frappées tout le tour’par les corpufeules ultramondains , fe mouvront dans une direction déterminée, & feulement par la moindre aë&ion totale des corpufcules fur une de leurs faces, occafionnée par un creux d’une certaine forme : or, ce même mouvement de la particule peut être beaucoup accéléré , par un creux d’une autre forme à la face oppofée, comme je vais l'expliquer. 6. Moins un creux fera profond, moins auffi le /£ement qui com- prendra les rayons impulfifs aboutiflans à chaque point de fa furface, différera d’un Aémi/phere ; par où la première ation des corpufcules pourra n'être que très-peu diminuée, Suppofons de plus, que ce creux foit circulaire & à fond plat, ayant un rebord très-étroit, dout la con- “ 22 Le n Y | à À : 24 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, cavité foit engendrée par la révolution d’un quart de cercle (à la manièré d'une foucoupe à très-petit rebord). La portion des rayons impulfifs qui fera retranchée par ce rebord, étant celle des rayons les plus obliques, ne produira qu'une diminution infenfible du premier effet des corpufeules ; mais tous ceux qui auront frappé obliquement le ford du creux , viendront en fortant, prefler Le rebord dans une direction qui participera de celle de leur première aétion : de forte que (au contraire du cas précédent) leur action totale fur certe face, fera plus grande que _s’ils avoient frappé une furface plane ou convexe. Je vais-copier ce que M. LE SAGE écrivit à ce fujer au même géomètre dont j'ai parlé ci-deflus, qui lui en avoit demandé le développement géométrique. 7. « Vous trouvez que je me fuis exprimé trop laconiquement fur » ce creux à fond plat (femblable à certaines foucoupes ), formé fur » Ja bafe a, d (fig. 6) du cylindre a,b,c, d,par un rebord ou > anneau, qui eft lui-même engendré par la révolution circulaire du » triligue a,f,g autour de l'axe z, Æ du cylindre; criligne compolé # d'un angle droit f, a, g, & d'une branche de courbe f , g, touchée & terminée par les jambès de cet angle. Je vais donc vous développer > un peu plus que je pe l’avois fait ce princems, les conféquences que je » déduis de cette ftructure. » Lemme. Quand un petit corps dur roule ou gliffe dans la concavité » d’un quart de cercle f, g, après avoir parcouru une portion de la » tangentee, f, la fomime des preflions qu’il exerce contre ce quart de cercle, réduire à la direction b, g, eft égale à l’impreflion qu'il exer- » ceroit fur la première de ces tangentes, quand il la frapperoit per- pendiculairemient, —( Je pourrois vous donner plus d’une démonftra- tion de ce lemme ; mais il eft plus court de vous renvoyer à la pag. 291, >» de l'Hydrodynamique. ) !5 Premier Corolluire. D'entre les corpufèules qui frappent le cercle dont e,f elt un diamètre, ou un profil ; & qui (après avoir exercé une impulfon plus ou moins Forte fur le folide » perpendiculairement au plan du cercle, c’eft-à-dire , parallèlement à l'axe z, Æ ) gliffenc ou: roulent enfuite en ligne droite fur ce plan avec leur refte de vîtefle , ceux qui sy meuvent dans une portion de quelque diamètre, venant À rencontrer directement le rebord, gliffent ou roulent dans fa con- cavité avec ce refte de vicefle, & font de nouveau fur le folide , une imprefion parallèle az,K; proportionnelle à tout ce relte. 5 Second Cor. Quant aux corpufeules qui fe meuvent fur ce cercle dans une portion de quelque chorde qui ne pafle pas par le centre À comme c’eft obliquement qu’ils rencontrent le rebord, ils gliflent ou roulent dans la concavité, avec tout leur refte de virefle, il eft vrai; mais la nouvelle impreflion qu'ils y exercent contre le /olide , paral- lèlement à l'axe , au lieu d'être proportionnelle à tout ce refte de » vitefle , 2 » n SUR L'HIST; NATURELLE ET LES ARTS. 25 > virefle, eft moindre que cela, felon le rapport de la cAorée au » diamètr , » Troifième Cor. La fomme de ces fecondes impulfions eft à la fomme >» des premières impulfions exercées fur le cercle même, dans un rapport » géométrique , aifé à déterminer-par deux intégrations fucceflives, » & qui eft toujours le même, quel que foit le rapport du diamètre de » ce cercle à la largeur du rebord ; d'où découle une fupériorité con- © fidérable, & füuivant un rapport con/ffant , de l'impulfon totale exercée >» felon z, €, fur l’impulfion totale exercée felon Æ, z. Au lieu que le » petite diminution qu'il faut faire à la première de ces impulfons » totales (tant à caufe que le cercle f, e eft un peu moindre que le » cercle b,c,qu'à caufe que les rayons corpufculaires qui frappent > chaque point du cercle f,e ne forment pas un hémifphère auf » complet, que ceux qui frappent chaque point du cercle b,c), eft » variable, & qu’elle eft d'autant moindre, qu'il y a un plus grand » rapport séométrique entre le diamètre f, e, & la largeur a, f de rebord. Par conféquent, la fupériorité de l’impulfon totale felon ;,k, fur l'impulfon totale felon # , ;, approchera autant qu’on voudra , de fuivre le rapport géométrique en queftion ». 8. Réuniffanc mainterant les deux caufes méchaniques ci-deflus développées, nous aurons des particules qui fe mouvront dans une certaine direction, tant parce que les corpufcules exerceront moins d'action fur une de leurs faces que fur toute-autre: face que M. LE SAGz nomme proue, que parce qu'ils en exerceront plus fur la face oppofée , foit la poupe : ce dont la fég. z ef un exemple, conforme à ce que j'ai expliqué ci-deflus, & qui repréfence ainfi la fection par l'axe d'un corps cylindrique. Cetre particule ne feroit point mife en mou- vement, fi chacune de fes extrèmités étoit plane, convexe, ou de toute autre forme de cette nature fans caviré d'aucune efpèce ; mais elle fe mouvra dans là direction à, b, tant à caufe de l’efpèce de creux de fa proue ($. 5), qu'à caufe de celui de fa poupe ($. 7) J'ai die que ce cas n'étoit qu'un exemple, à quoi j'ajouterai, que tout creux contribuera au mouvement d’une particule, & que les creux quelconques érant donnés , ainfi que leur pofition fur la particule, la Géométrie pourra déterminer quelle partie de l'action des corpufeules s'employera à fon mouvement. Enfin , ce méchanifme eft fi fertile en reffources pour J'accélération du mouvement dans ces petits folides, que M. LE Sac ef parvenu à en déterminer de tels, que les chocs quelconques des corpufèules y feroient tournés au profit du mouvement dans une même direétion. Ÿ : " 9. On pourroit imaginer d’abord, que les propofitions précédentes ne font au plus qu’une théoïie curieufe , propre feulement à inréreffer les éomètres , en Leur fourniffant une nouvelle claffe de problèmes mécha- Tome XLIL, Part. II, 1793. JUILLET. #1] CR 1 26 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, niques , & dont l’ufage en Phyfique fe borne à reculer d’un pas l'hypo: thèfe déjà publiée dès long-tems par D. BERNOUILLE , en aflignant une caufe auf hypothétique ,à cette agitarion de particules , par laquelle il expliqua très-bien (comme le fit aufli d'abord M. LE SAGE ), les phéno- mènes connus fous la défignation vague d'elafficité de quelques fluides. Mais je vous ai anroncé, Monfieur , un fyftême qui éclaire la Phyfique terreftre, où il a pris naiflance, & je vais tenir parole, Je vous prie donc de fixer votre attention fur la marche que je fuivrai , dans laquelle vous verrez naître des /ozx nouvelles, découlant immédiatement du mécha- nifme que j'ai efquiflé, & propres à nous aider dans l’analyfe de phéno- mènes, qui parloient autrefois fans être entendus, comme les /ozx dela ravité , dans les mains de M. DE LA PLACE, fubftiruant de plus en plus la réalité aux équations empyriques dans les phénomènes aftrono- miques. 10. Jufqu'ici je n’ai confidéré les particules des fluides diferets , que comme des o/ides de révolution, ou (ce qui revient au même pour l’effer) comme des prifmes à côtés fymmétriques, dont les ceux occu-, poient les centres des bafes, par où tout feroit fymmétrique dans leurs feétions paflant par l'axe: forme générale, par laquelle Le mouvement des particules feroït reétiligne. Mais fi , abandonnant cette fymmétrie, nous fuppofons des échancrures dans les rebords des creux , ou que les plans de ceux-ci ne foient pas perpendiculaires à quelque ligne pañlant . par le centre de figure, ou enfin qu’une telle ligne n’aboutifle ps à leur centre , nous en verrons naître diverfes fortes de sourroyemens, fuite de- changemens continuels dans la direétion. C’eft ain que, pour l'expli- cation de certains phénomènes dont je donnerai des exemples, M, LE SAGE a déterminé des particules , qui doivent ourner & avancet rapide ment fur un même axe ; & d'autres qui, tournent fur un axe plus ou moins diflérent de celui fur lequel elles avancent, & avec différens rapports de vîtefle dans ces deux mouvemens, décrivent des cercles, ou des hëélices , ou d’autres courbes. En un mot, il-n’eft aucune a&ion des fluides expanfibles , bien déterminée elle-même, qui ne puifie être expliquée par ce méchanifme , dont là généralité à cet égard, eft un premier grand caractère de réalité. 11. Voici une autre conféquence bien importante de ce méchanifme, qui s'étend à toutes les efpèces de mouvemens dont je viens de donner une idée, & que j’exprimerai dans les termes mêmes de M. LE SAGe, écrivant au même mathématicien dont j'ai déjà parlé. « Quand des æ corps pareils (après avoir été arrêtés par des chocs, ou de quelqu’autre » manière) viennent à être libres de fe mouvoir , ils n’acquièrent que >» par degré leur plus grande véefle poflible , c’eft-à-dire, la vfreffe œ qui augmente l'impulfion des corpufcules fur leur proue, & diminue # celle de leurs antagoniftes fur la poupe; au point de produire par-là SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 2 » une compeñfation entre ces Caules de changement dans Les impulfions » descorpufcules, & celle qui réfulte de la forme : ce qui produit un » maximum d'effet, ou une virefle terminale ». Vous comprendrez aifément, Monfieur, que cet effet réfulte, dans Le fyftême de M. LE SAGE ; de la mêtne caufe par laquelle il explique anfi le grand phéno- mène de l'accélération des graves dans leur cAñte ; l'un & l’autre étane produits par les chocs fuccelifs des corpufcules & l'accumulation de leurs ‘effets. Or, je vous montrerai, Monfieur, l’exiftence de cette augmentation fucceilive de mouvement dans les particules des fluides diferers qui recommencent de nouvelles carriéres, en ce qu’elle explique de grands phénomènes de ces fluides, par la mème caufe qui fait augmenter l'énergie des chocs exercés par les graves dans leurs chiites , à mefure que la carriere qu’ils ont parcourue avant que de rencontrer quelqu'obftacle , eft déjà plus grande: analogie bien frappante, vu quil S’agit de phénomènes d’ailleurs fi différens, & qui ne fauroit provenir que d’une même caufe méchanique différemment modifiée par d’autres circonftances. ë 22. Pour plus de fimplicité dans ces premières expofitions , j’y ai confidéré les particules des fluides expanfibles , comme imperméables aux corpufcules ; & c’eft aulh ce que je fuppofe à l'égard de quelques clafles de fluides fubrils, tel que celui qui produit les affnires & la cohéfion. Mais quant aux fluides qui {e font plus ou moins appercevoir eux-mêmes à nos fens, & entre lefquels, ainfi que d’eux avec d’autres fubftances, nous découvrons des affinités chimiques , il faut, fuivant ce que j'ai expofé dans ma Lettre précédente, que leurs particules {oiene poreufes : ce feront ainfi des cages ; ou d'autres fortes d’atômes poreux ; & il fuffra , pour -que ces petits corps foient mis en mouvement par les corpufcules , qu'ils aient dans quelque-partie de leur furface extérieure , - des creux continus, de la forme & dans Ja .difpofition néceflaires à l'efpèce de mouvement indiquée par l’analyfe de leurs phénomènes. Au refte nous verrons bientôt, qu’il n'eft befoin jufqu'ici d’affigner cette conftruction , qu'à un feul des fluides expanfibles connus. 13. Le plus fubril de ces fluides fecondaires dont les phénomènes - nousindiquent l’exiftence ; fans que noûs en ayons de connoiflance immé- diate, eft celui qui produit immédiatement la cohefton & les affinités dans les fubftances des globes , auxquels feuls j’affigne ces fluides , parce que je ne vois aucune raifon de les fuppofer dans j'e/pace. Je ne crois pas non plus que le fluide dont je parle pénètre bien avant dans les globes eux-mêmes : car, partant des phénomènes géologiques, qui feuls peuvent nous guider à cet égard , j'ai montré, que la plus grande mafle de notre globe ne doit être compofée que de pulwicules, mêlées au- jourd'hui du liquide qui s’y eft infiltré; & qu'il fufñt à l'explication de tous les phénomènes qui concernent les mafles liées par la cohéfion , Tome XLIII, Parts II, 1793. JUILLETs D 2 28 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, qu'il fe foit formé dans ces poudres, jufqu'à une certaine profondeu£ fous la crofite des couches minérales, des arètes concrètes , qui aient occafionné la rupture de cette croire, & fon affaiflement dans leurs intervalles après celui des fubftances molles ou défunies qui les rem- pliffoient d’abo:d. Ce que nous connoiflons fur notre globe de mafles formées par la cohefion fimple où les affinités ,ne va pas au-delà de l'épaifleur de nos couches minérales , qui, d'après leur nature & leurs autres cara@ères , ne peuvent s'étendre à une grande profondeur ; & c’eft feulement le défordre actuel de ces couches , qui exige de fuppofer qu'il s’eft fait de grandes concrétions fous elles : mais en même-terns , il y a des preuves directes, que ces concrétions ne pénétroient pas bien avant dans les fubftances molles ; car il paroît, d’après nombre de hénomènes , qu'après les ruptures qu’elles avoient occafionnées dans Fe couches , elles fe font affaiffées elles-mêmes. Quant aux affinités ( qui ont le même fluide pour agent immédiat), nous leur trouvons, par les phénomènes géologiques , les mêmes bornes en profondeur ; car il fuffe, pour embrafler tous les phénomènes de leur clafle , qu'elles aient regné dans notre globe jufqu’à une profondeur fuffifante , pour y avoir produit les fluides expanftbles qui venoient remplir Les cavernes fous les couches (foit les intervalles des concrétions ) durant la retraite des fubftances molles, % 14. Confidérant maintenant les affinités & l'expanfibilité elle-même dans ces fluides , qui ont produit de fi grands effets fur notre globe & qui embraflent encore aujourd'hui tout ce que nous connoiflons dans la Phyfique terreftre , je remarquerai d’abord, que les afänités devant avoir une caufe méchanique, c'eft-à-dire , un agent qui les opère, & cet agent étant le fluide dont je viens de parler, il faut que les particules des fluides auxquels j'arrive, quelque /ubriles qu'elles paroiflent à nos fens, foient néanmoins d'un grand volume comparativement aux particules du fluide qui agit fur elles. Cherchant enfuite, par l’analyfe des phéno- mènes, jufqu'à quel f/uide fenfible nous devons remonter, pour lui attribuer une expanfibilité propre, nous trouvons premièrement que les particules d'un fluide expanftble , le FEU , unies à des molécules no7 expanfibles , celles de l'EAU , forment un f/uide mixte qui jouit. de l'expanfibilité, favoir, la VAPEUR AQUEUSE. Les phénomènes du FEU lui-même nous conduifent enfuite à reconnoître, qu’il eft déjà un mixte, formé de LUMIÈRE , fubftance exceflivement expanfible, & d’une autre fubftance qui ne jouit pas par elle-même de cette propriété, Enfin, l'expérience nous apprend encore , que le FEU, ce fluide dont la LUMIÈRE fait partie, & qui, avec l'EAU , forme la VAPEUR AQUEUSE, s’uniflant à diverfes autres fubftances, les fait aufli-participer à l’expan- Jibilité que lui procure la LUMIÈRE : ce qui donne naïflance à toutes les VAPEURS connues & à tous les FLUIDES AÉRIFORMES, Il réfulte SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 25 - donc de l'analyfe des phénomènes généraux de cette clafle, que de toutes les fubftances connues , la LUMIÈRE paroît être la feule dont les parti- cules jouiflent par elles-mêmes de l'expanfibilité ; & que c'efl par fes affinités fucceflivemert modifiées, que font produits tous les autres fluides expanfibles connus , même le fluide magnétique, dont l'ingé- nieufe théorie de M. PRÉVOST nous a donné déjà quelques idées qui promettent de conduire plus loin. 15. Ce réfultat fommaire de l’obfervation quant aux fluides expan- Jibles connus, fimplifie beaucoup le méchanifme qui explique leurs phénomènes. N'ayant ainf à affigner une expanftbilité propre , qu'aux particules de la LUMIÈRE , je Êe fuppofe des prifmes, extrêmement poreux , excepté à leurs bafes qui font continues & de la forme Ja plus propre à produire un mouvement très-rapide en ligne droite, Les pores donc ne traverfent que les faces de ces particules , & ils font de diffé- rentes formes & directions en différentes faces. C’eft par-là en général, que les particules de la lumière font fufceptibles de s'unir à diverfes efpèces de particules non expanfibles par elles-mêmes , & en même-tems qu'elle doit s’y appliquer par différentes faces , fuivant les cas : ce qui roduit de nouvelles fubftances , qui jouiffent de nouvelles affinités par À changemens des pores dans les groupes. Tel eft le méchanifme général par lequel la LUMIÈRE entre dans tant de combinaifons, qui forment des Jolides , des fluides continus & des fluides difcrets ; & c’eft ainfi qu’elle eft la caufe immédiate de l’expanfibilité de ces derniers fluides. Mais la Jÿ mmétrie ne règne plus dans la forme de la plupart des nouvelles par< zicules expanfibles ; & outre ce changement, qui affecte la direction du mouvement de ces diverfes particules, & celui qui eft furvenu dans leurs pores, qui détermine leurs affinités , il fe fait encore des changemens lus où moins grands dans le rapport de la maffe à la vérefe , d'où naiflent des différences dans leurs aétions méchaniques ; tels font les principes & les effets généraux des combinaifons de la /umière avec d’autres fubftances; & c’elt ainfi qu'elle a exercé & qu’elle exerce encore des fonctions fi variées & fi importantes fur notre globe. 16. Je l'ai déjà dit, Monfieur, vous ne m'oppoferez, ni ces compli- cations de formes , ni ces fubordinations d'effets , ni l'immenfe vélocité & peciteffe qu'il faut attribuer aux corpufcules pour qu’ils puiffent être ainfi les agens primordiaux de toutes ces aëions méchaniques : car vous reconnoiflez vous-même, que tous les effets phyfiques doivent avoir des caufes de cette claffe ; & dès qu'une fois ce principe eft admis, nous n'avons pour bafes des fyftèmes de Phyfique , que les loix de la Mécha- nique, la Géométrie & les phénomènes. Quant aux idées générales que 1a nature elle-même fournit au génie pour l'enhardir aux tentatives dans cette carrière , voici ce que M. LE SAGE en difoit à un de fes correfpon- dans : « On n'aura aucune répugnance à admettre ces formes ,un peu 39 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, » déterminées , il eft vrai, mais cependant très- fimples, quand on » réfléchira à la grande compofition, & à la conftante détermination » que le CRÉATEUR a introduites dans les parties de toutes les plantes » & de tous les animaux , ainfi qu'à la forme régulière des criffaux , des » fels de la neige, &c. & par conféquent à la forme déterminée de » leurs élémens ». Quant à ce qui concerne les volumes , les mafles & les véteffes, il eft bien évident que nous ne pouvons y faifir que leurs rapports ; mais ces rapports font les objets d'une fcience sûre , la Géométrie, par où tout devient rigoureux dans les liaifons des caufes aux effets. “ 17. Je nai plus à indiquer qu'une branche particulière de ce fyftème méchanique de M. LE SAGE, & je le ferai encore dans fes propres termes, tirés d’une Lettre qu'il écrivoit à un de fes correfpondans en'juillet 1766. æ Si les particules d’un fluide diferet font fi petires, que les coups » qu'une particule reçoit fur une de fes faces durant un certain rem >» pufeule, diffèrent ordinairement de ceux qui frappent la face oppofée » d’une quantité qui produife dans la particule un certain mouvement >» (capable, par exemple, de lui faire parcourir un efpace un peu plus æ grand que la moyenne diftance des particules) avant qu'elle ait reçu » des coups propres à lui donner une direction différente , ce fluide » manifeftera toutes les propriétés des fluides élafliques. Or, tel je »> conçois être le fluide qui caufe les inflexions & réfractions de la :» lumière : mais non la lumière elle-même, ni le feu, moins encore > l'air, dont les particules font fi larges , comparativement aux cor- » pufcules ultramondains , que ceux qui arrivent fur une face font » prefque parfaitement compenfés en nombre par ceux qui arrivent en » même-tems fut la face oppofée, & qui font fi maffives , par rapport » aufli aux corpufcules , que la différence des nombres de chocs exercés » fur les faces oppolées , ne fufhroit pas pour leur faire parcourir l'inter- æ valle moyen de deux particules, durant le tempufcuie qui s'écoule » jufqu'’à ce que la différence des chocs opèré dans une direétion oppolée » à la précédente». On voit ici, avec l'idée d'un fluide parueulier. très-fubtil, foumis déjà aux corpufcules, un nouvel exemple de ia marche géométrique qu'a fuivie M. LE SAGE dans toutes fes dérerminations, 18. Il faut maintenant que j'explique d'où procède la différence d'action méchanique des corpufceules| {ur les fubftances fenfibles , ré- fultante de l’entremife des fluides fecondaires dont je viens de traiter; & je Le ferai d’abord par un exemple. -Si la gréle romboit verticalement . fur un champ de bled dont Les épis fe foutinilent fort droits , elle n'en abattroit que bien peu, parce qu'elle pafleroit en plus grande partie dans leurs intervalles: mais fi lon étendoit fur ces éprs un réleau de fils inflexibles, dont les mailies ne: donnaffent que difhcilement paffage aux grains de gréle, les épis éprouvant alors La plus grande-païtie-de {on SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 31 action , pourroient être entièrement abattus fi elle étoit fort abondante. Or, c'eft aufli, parce que les corpufcules traverfent trop aifément tous des corps percepribles , quelle que foit leur æaffe , qu'ils n’y produifenc par eux-mêmes que la gravité, foit une rendance très-foible de molécule à molécule, mais qui croît avec les maffes , parce que chacune de leurs molécules contribue à arrêter des corpufcules pour les autres, foit de la même maffe, foit des maffes diftantes. Mais quand les corpu/cules pouflent devant eux des particules auxquelles les molécules des autres fubftances font en général moins perméables qu’à eux-mêmes, & le font à divers degrés fuivant leur contexture, ils opèrent par cette entremife diverfes fortes d’unions très-fortes entre les molécules, fans que les maffes ,ÿ aient aucun effet fenfible, parce que ces particules fe trouvent logées entrelles, & agiflent immédiatement fur leurs petits groupes de proche en proche : & il en réfulte aufli diverfes rendances entre certaines mole= cules , jufqu’à des diflances plus ou moins obfervables, parce que ces particules {e trouvent dans les milieux qui environnent Les corps, 19. Ce méchanifme embraflant ainfi de très-grands phénomènes , M. LE SAGE s'eft occupé long-tems à en déterminer toutes les parties générales en vue de ces phénomènes ; mais je ne m’arrêterai qu’à celui de la cohéfion. M. LE SAGE a démontré d'abord à cet égard (comme je l'ai dit dans ma pénultième Lettre), que par une certaine contexture des atômes des fubitances non expanlibles, on peut concevoir le ‘globe terreftre comme conftitué de manière qu’il n'arrétera qu'une auffi petite partie qu'on voudra des corpufcules qui Jui arrivent ; & que cependant, cette feule petite partie arrêrée, en lui proportionnant la vélocité des corpufcules , fuffira pour produire les /oix diftinétives de la pravité, avec toute la précifion obfervable. Paflant enfuite aux déterminations de ce méchanifme , diétées par les divers phénomènes qu'il embrafle , il a faie voir, que d'après une confidération tirée de la pefanteur , il fufhroit que cette partie znterceptée par la terre, füt feulement moindre qu'un cent= . millième. du total; mais qu'une confidération tirée de l'énergie que doit avoir le fluide qui opère la cohéfion, exige que cette partie inrerceptée foit plufeurs millions de fois moindre encore, par exemple , la dx- billionième des corpu]zules qui s’étoient avancés vers la terre : & cette partie encore eft fufhfante pour produire la pefanreur , en lui confor- mant les autres dérerminations. M. LE SAGE décrit enfuite des parri- cules qui, à caufe de leur forme, fe meuvent par un dixième de Vadion des corpufeules qui les frappent fur une de leurs faces. ( Il eft des formes qui produifent de plus grands effets encore, mais je me borne à cette détermination, ) Voilà donc des particules qui pourront agir fur les molécules des -corps fenfibles & fur des particules plus volumineufes , avec une énergie qui fera à celle d’un fimple grave femblable, comme ur dixième de l'action des corpufcules , à un dixe 32 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, billionième de cette action , foit comme un billion à l'unité, & dont l'action diminuée feulement d’un dix- billionième dans la’ direétion contraire à la pefanteur , s’exercera fenfiblement de la même manière en toute direction , quoiqu’auprès de la terre: ce dont l’air nous fournit un exemple, puifque fa preflion fur les corps s'exerce fenfiblement , de bas en haut comme de haut en bas. 20. Mais comment des fluides qui agiffent de bas en haut par des chocs, & dont par conféquent les particules, quand elles ont cette direction , fembleroient devoir continuer à s’éloigner de la terre lorf- qu'elles ne rencontrent point d’obitacle , ne la quittent-elles pas entiè- rement ? J'ai expliqué ci-devant le méchanifme d'où découle ce grand phénomène ; c'eft celui par lequel les particules de la plupart des fluides diferets fecondaires acquièrent des mouvemens curvilignes ; Ce qui produit d’autres effets auxquels j'aurai occalion de venir. Si les particules de la lumière , lorfque, devenant libres, elles ne fe trouvent pas d'abord dirigées vers la terre, la quittent inftantanément, c'eft parce que leur mouvement eft reciligne : mais il n’en eft pas de même des particules dont les mouvemens font curviliones , comme je vais l'expliquer, en reprenant l’exemple de l'air dont les modifications font connues. Je ferai d’abord remarquer, que les particules des fluides expanfibles fe heurtent entr'elles, comme elles heurtent les autres obftacles qu’elles rencontrent; ce qui opère Le phénomène connu, de leur égale denfiré dans des efpaces diftinéts Cohblsene grands, quand ils communiquent entr'eux. Les particules de l'air libre, follicitées par la pe/anteur, acquièrent plus de rapidité lorfque , dans leur mouvement curyiligne , elles fe dirigent vers la terre; que lorfqu'elles s'en éloignent; par où celles qui defcendent , frappent plus fortement les autres qu’elles n’en font frappées. Ainf la denfité de l'air doit augmenter de haut en bas, à proportion de toutes les additions de mouvement en ce fens qui réfulte de l'accumulation de ces excès de chocs ; additions tranfmifes de particules en particules , & qui s’accroiflent ainf pour les inférieures, à proportion de celles qui leur font Jupérieures ; d'où réfulte la Zoz connue, que les denfités de l'air dans l'atmofphère, font propor- tionnelles aux prefions exercées par l’air lui-même. Quant à la pro- portion qui règne auffi entre la preffion exercée par l'air fur d’autres corps, & fa denfité, il réfulte de ce que le nombre des coups frappés par fes particules fur un même corps & dans un même tems, eft pro- portionnel au nombre de celles qui fe meuvent à la fois dans un efpace donné : & c’eft par-là enfin , que la preffion exercée dans un récipiene ouvert, demeure la même quand on le ferme ; car les particules d'air y reftent en même nombre, & en le fermant, on ne fait qu'empêcher l'échange qui auparavant s'opéroit fans cefle, entre des particules qui fortoient, & d’autres qui venoient les remplacer. 81 * SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 3j M aY. Dès qu’on a bien faifi ce fyftème de M. LE SAGE, on lui trouve pat-tout des liens dans les phénomènes ; en voici un autre exemple de très-grande importance, Il fe fait une continuelle diminution des forces vives dans les chocs des fübitances à effort imparfait : & l'augmen- tation de ces forces n’eft pas moins évidente en certains cas, tels que les embrafemens & les émiflions foudaines de fluides expanfibles. On pourroit croire d'abord , que ces diminutions & augmentations tendenc à fe compenfer ; mais cela ne fauroit être, parce qu’elles ont lieu dans des affemblages de fubfances , quin'ont, les unes fur les autres, aucune influence néceffaire , ni durant les opérations , ni dans la fucceflion des phénomènes. Cependant , quoique les cas de deftruétion des forces vives foient fi nombreux, qu'il devroit en être réfulté leur ceflation depuis le tems que notre globe exifte, le même ordre fe maintient; ce qui ne peut réfulter que de quelqu'agert qui renouvelle ces forczs. 22. Voilà donc ce qu'il faut néceflairement expliquer , avant qu’or puifle fe flatter de parvenir à un fyftême folide de PAyfique générale ; & on ne fauroit le faire par rien de ce qu'on a imaginé d’artraétions, de répulfions , d'affeétions ou propriétés effentielles quelconques de fla matière, y compris ce qu'on nomme les Zox de la gravité & des affinités : car quand on accumuleroïit ainfi Zoix fur /oix, comme PTOLOMÉE ajoutoit épicycle à épécycle , on ne feroit jamais que décrire , claffifrer , ou généralifer plus exactement les phénomènes eux- mêmes, fans donner la moindre idée, ni de leurs caufes ,ni même des vrais rapports qui règnent entr'eux: tandis que ces rapports, {1 embar- raflans dans toutes les manières /ymboliques d'interprêter la nature, naïlflent au contraire immédiatement du fyftême méchanique de M. LE SAGE. Les chocs des fubftances ëmparfaitement élafliques, les combi- paifons chimiques & les emprifounemens des fluides expanfibles , pro= duifent fans doute perpétuellement des diminutions dans les forces vives ; mais les corpufcules en mouvement qui arrivent fans cefle aux grands globes , y font renaître ces mouvemens éteints , en maintenant Læ gravité, & en renouvelant, en tout ou en partie, l'agiration des parti cules des fluides expanfibles , foit après des chocs, foit lorfqu'elles paflent de pores étroits à des pores plus larges ; foit enfin lorfqu'elles fe dégagent, en divers états, de combinaifons chëmiques : ce Qui embrafle tous les phénomènes phyfiques obfervés dans les globes ; & en particulier fur le nôtre. « Nous avons donc ( difoit déjà M. Le SAcæ dans fon Mémoire de 1758, dont j'ai fait mention dans ma Lettre précédente), » nous avons dans les corpufcules uliramondains un magafin >» d’agens propres à renouveler les forces vives ; magalin aflez vafte pour # en fournir jufqu’au terme que le CRÉATEUR a jugé à propos de mettre » àla durée de fon ouvrage ». 23. C’éft ainfi en particulier , Monfieur , que je leverois quelques diffs Tome XLIIT, Pare. II, 1793. JUILLET. E 34 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, cultés.que vous avez faites contre mon fyftême géolosique ; dans la Lettre qu#vons m'avez fait l'honneur de m'adrefler en décembre 17c2, & pat- ticulièrement dans la rose à la feconde page de cette Lettre ; mais je dois feulement vous indiquer cette réponfe, pour éviter d'introduire des difcuflions philofophiques dans le Journal de Phyfique. Je me bornerai donc à vous faire remarquer, que ces difcuflions porteroient en plus grande partie fur l'idée tenfermée dans les lignes 30 à 35 de la note fufdire, où vous fuppofez, que la force expanfeble de certaines fubflances qui fe trouvent en combinaifon chimique, n’y eft pas perdue, mais feulement ir nifu ; qu’elle leur eft propre , c'eft-à-dire , indépendante de toute autre caufe; & qu'elles en jouiflenr de nouveau quand elles font libres, parce qu'elle en eft zn/éparable. Mais examinez , Monfeur , ce que vous entendez par cette force ; fi elle peut être autre chofe que de nouveaux nouvemens, qui ont lieu quand la combinaifon cefle; & s'il peut. y avoir quelque différence eflentielle entre ce cas & celui du mouvement qui naît dans une pierre , lorfqw’elle {e détache du haut d’un mur? Or, puifque vous reconnoiflez vous-même, que la gravité doit avoir une caufe méchanique , comment pourriez-vous concevoir , que cependant l'expanfibilité ne doit pas avoir une telle caufe? Voilà ce que je vous prie d'examiner attentivement , {ur-tout après que je vous aurai montré.par l'expérience, comme je lé ferai bientôt , que lorfque le mouvement renair, dans. les particules des fluides expanfrbles, leur viteffe s'accroît par degrés , comme il arrive aux graves chaque fois qu'ils reprennent un mouvement de «hfre : loi en elle-même incompatible avec toute idée de propriété effentielle ; idée abfolue, & qui n’admet (philo- fophiquement du moins) aucune diftinétion d’ordre : & cette Loi encore établit entre les deux cas comparés , une très-grande analogie de caufès. Je me borne à ce point de vue général, qu'il vous. fera aifé d'étendre à tous les objets philofophiques fur lefquels nous pouvons encore différer, mais que. je. fuivrai bien volontiers avec vous dans une correfpondance particulière; & je reviens à la Phyfique , dout j'avois eu foin de m'écarter dans l’expoñtion de mon fyftème, 24 Les modifications des fluides exparfbles, font devenues depuis quelques années l’un des plus grands objets d'attention de la généralité des phyficiens , comme elles ont été depuis bien long-tems celui de mes recherches. Je"montrerai dans la fuite, d'après l'obfervation & mes expériences, que la Phyfique pneumatique a fes bafes dans la théorie des vapeurs ; mais ici je me bornerai à expliquer d'une manière précife ; comment le fyffême de M. LE SAGE m'a fervi de guide dans certe carrière. Vous vous rappellerez d'abord , Monfieur,, qu’au tems où l'expé- rience manifefta le phénomène qui fut nommé « différentes capacités des fubftances pour la chaleur » , quelques phyficiens en concluent que les augmentations & diminutions de chaleur oblervées dans certaines opé- \ SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. ‘35 rations chimiques , provenoient uniquement de changemeris de capacité des fubftances : hypothèfe qui fe concilia d'abord beaucoup d'attention , parce qu'on crut y voir un moyen de réfoudre le problème ;‘bien difücile, de la chaleur abfolue, Le fyftème de M. LE SAGE l'ävoit conduit dès lonig-tems à prévoir le phénomène fondamental; & voici ce que j’en avois dit, d’après fes idées, au $. 973 de mes Rech. fur les Modif. de l'Atmofph. « Je ne fais fi nous nous failons des idées juftes de ce >» que c'eft qu'egaliré ou différence de chaleur dans les corps de > différente zasure, dès que nous voulons pénétrer au-delà des indi- » cations du shermomerre, Il eft très-peu probable, que des corps » différens , que nous difons également chauds, parce qu'ils tiennent le » chermomètre à un méme depré, contiennent une même quantité de >» feu, fous le même volume ou dans des maf]es égales. . . . En général, >» je crois que l'égalité de chaleur dans des corps de différente rature, » n'eft autre chofe, qu’une égalé réfeflarice à fe départir du fez qu'ils » contiennent, & à en recevoir de nouveau ». ‘ : 25: L'expérience ayant montré dès-lors , l’exiitence d’un phénomène fi peu prélumable , fans Le fyftème qui l'annoncoit ainfi à priori & qui lexplique feul, c’eft une pretve bien forte de ce fyftéme, duquel il découloit, d'après la /oz que je viens de rappeler, & dont j'ai montré la caufe: œles particules des Auide$" expanfrbles (ai-je dit) exercent » d’autant moins d'aéion , tant fur les corps que les unes für les autres, » qu'elles fe rreuvens dans des efpaces où elles peuvent moins approcher » de leur vétéffe terminale x. C’eft par-là, comme le concevoir M. LE SAGE, qu'une même température, {oit une même réfffance à recevoir ou à perdre du feu libre dans des fübftances diverfes, ne doit corref- pondre à une même denfité du feu , qu’autant que fes particules peuvent parcourir dans les pores de ces fubftances une même carrière moyenne, avant que d'en frapper les parois : ce qu'il ne croyoit pas naturel de fuppofer dans toutes les fubftances. É | 26. C'eft uniquement le feu bre, qui produit la chaleur ( foit lexpanfon des corps ), car Îorfqu'il fe combine chimiquement , il ne jouit pas de cette faculté ; ce que M. LÉ SAGE confidéroit depuis long- tems dans fon fyftème, & qui maintenant eft aufli admis comme fu/r dans la Phyfque expérimentale. Maïs d'après l’hypothèfe, « que les » augmentations & diminutions de chaleur obfervées dans les cas où >» certaines fubftances effuyent des changemens chimiques, ne procèdent » que de changemens dans la capacité de ces fubftances », il falloit fuppofer que le feu étroit toujours Zbre & produifant la chaleur ; par exemple ; dans le paflage de l’eau à l'état de vapeur’, opération où la chaleur diminue fenfiblement dans un certain enfemble de fubftances , il falloit fuppofer , que tout le feu qui pañloit de l'eau dans fa vapeur y demeuroit libre } & que la diminution de chaleur obfervée dans leur Tome XLIIT, Part. II, 1793. JUILLET, EE y 86 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, enfemble provenoit uniquement , de l'augmentation. de capacité de Veau quand elle pafloit à l'état de vapeur :-& c'étoit encore d'après cette idée, qu'on croyoit pouvoir conclure, « qu'en déterminant exacte- æ mient le rapport des capacttés d’uné fubftance en deux états différens ; » de l’eau, par exemple, & de fa vapeur, ou de deux ingrédiens & de > leur compofè ch'mique , ainfi que la différence furvenue dans le degré » de chaleur de l'enfemble durant ce changement ; on pourroit confi- » dérer cette d'fférence comme un coefficient du rapport des capacités des > fubflances avant & après l'opération , & en conclure la chaleur torale » des corps à la rempérature où le changement auroic eu lieu ». 27. Long-tems avant la publication de mes Idées fur la Météorol. j'eus fur ces objets une correfpondance fuivie avec le docteur CrAwFoRD, qui publia le premier l’enfemble de ce fyftêfme; & je lui objectai d’abord fur le dernier point , que pour donner confiance à un tel moyen de déterminer la chaleur abfolue , fujet à plufieurs objections immédiates , il faudroit au moins avoir fait la même recherche par les changemens d'état, de nombre de fubftances & aflemblages de fübftances, & avoir toujours obtenu la même quantité de chaleur ; ce que je regardoïs d’abord comme fort douteux, d’après des raifons directes. Le docteur CRAWFoR D au contraire, croyoit pouvoir concilier les faits déjà connus ; par où il répondoir à cette clafle d’argumens, mais les belles expériences de MM. pe LA PLace & LAvVoIstER , faites dans leur appareil à glace, Les confirmèrent enfuite, en montrant d’une manière direête, que la conformité des réfultats , indifpenfable pour le foutien de P yLot , étoit contredite par les faits. 28. J'objectai enfuire à l'hypothèfe principale, qu'attribuer au change ment de capacité des fubftances qui changeoient d’ésar , les phénomènes de chaleur qui fe manifeftoient alors , fans expliquer em même-tems les autres circonftances eflentielles de ces phénomènes, c’étoit faire une hypothèfe gratuite, puifqu'on ignoroit ainfi ce qui pouvoit arriver aw feu dans ces opérations, Prenant enfuire un exemple, je repréfentai au docteur CRAWFORD , qu'attribuer au changement de capacité de l’ears qui fe sransforme en vapeur , la perte de chaleur qui fe fait alors , feroie faifler fans cAuSE l'un des plus grands phénomênes de Ia Phyfique terreftre, foit cette transformation elle-même ; car füivant l’hypothèfe , la chaleur ne diminueroit qu’aprés que la vapeur feroït produite ; par où on ne rendroit aucur compte de fa produélion : ce que ce phyficien fincère ne chercha point à fe diflimuler. Or, ce premier cas , dont la conféquence s'étend aifément à nombre d’autres, m'étoit préfent à l'efprit d’après mes. plus anciennes expériences dans lefquelles le fyftème de M. LE SAGE m'avoit dirigé: & C’eftainfi que dans mes Recz. fer des Modif. de l'Armofph, confidérant les fluides diférers comme gompolés de parsicules en mouvement, plaçant la vapeur aqueufe au e] { . SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 37 fang de ces fluides, & la regardant comme un comipolé d’eau & de feu, j'attribuai déjà la perte de chaleur obfervée quand elle fe forme, à cette combinaifon du feu avec l'eau : ce qui expliquoit en même tems, & la transformation de la fubflance, & la perte de chaleur qui l'accom- pagne. Je combattis donc ainfi dès l'origine , d’apiès un fyftème général, ces hypothèfes que des phénomènes immédiats fembloïient favorifer ; & l'expérience a montré enfuite, qu'elles étoient fans fondement : ce qui elt un très-grand témoignage en faveur du fyftème. … 29. Enfin, c’eft par ce fyftème de M, LE SAGE, que je me garantis dès l’origine d’une des erreurs-les plus nuifbles à lavancèement de la Phyfique; celle que l'évaporation foit l'effet d'une dffolurion de l'eau par l'air. Le fuccès de cetté hypothèfe fir dû en grande partie, à ce qu'on crut voir, dans le phénomène de l’abforption de l’air par l’eau, l'inverfe de celui-là : on penfa, dis-je, que l'air & l’eau fe diffolvoient mutuellement; ce qui, aujourd’hui encore, tient plufieurs phyfciens attachés à cette hypotkèe. Cependant les moyens par lefquels on extrait l'air engagé dans l’eau , montreroient feuls l’illufñon de cette analogie. Deux de ces moyens font, le vuide fait fur l’eau , & une forte agitation de celle-ci ; opérations dans lefquelles on ne fauroit trouver aucun rapport avec les procédés employés à produire la féparation des fubltances unies par affinité : & quant à un troifième moyen, celui d’une forte chaleur communiquée à l'eau, loin qu’on puifle y trouver une cauie de féparation de l'air d'avec l'eau , s'il y éroit diffous , c'eft au contraire un de ceux qu'on emploie pour produire ou accélérer les diffolutions. 20. L'abforption de l'air par l’eau n’eft donc point une opération chimique , c'eft une opération purement méchanique, & dont j'indiquai la caufe dès mon premier ouvrage , d’après le fyflême de M. LE SAGE. Les particules de l'air, comme celles de tous les autres fluides difcrets, * exerçant leur preion fur les corps par des chocs , celles qui frappent les furfaces libres des liquides (à l'exception du mercure), s'engagent fouvent entre leurs molécules ; & alors, preflées par celles qui s'intro- duifent dans les mêmes routes , elles fe propagent dans le liquide, jufqu’à ce qu’elles parviennent à en fortir , ou par quelqu’autre furface libre, comme dans les cas où le liquide fe trouve fufpendu dans quelque vafe par la preffion de l'air extérieur, ou par la même fixface, en y revenane après divers détours. Or, les paricules d'air engagées dans ces routes étroites & tortueufes, n’y ayant que très-peu , & fouvent point d’efpace pour être agitées , y perdent en très-grande partie la faculté d'écarter les molécules du liquide par leurs chocs, ou nuls, ou trop foibles faute d’efpace pour l'accélération du mouvement ; ce qui eft entièrement analogue aux modifications des chocs des graves, quand ils font plus ou moins arrêtés dans leurs cAgses, C’eft donc par-là d’abord , que le 338 .OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, vuide fait fur l'eau produit la libération d'une partie de l'air qui sy étoit introduit ; car dès que la preflion de l’atmofphère eft fupprimée, Tes particules de l'air renfermé qui confervent quelqu'apitarion, acquièrent la facilité d'élargir leurs cellules, d’en pénétrer Les parois & de fe réunir de proche en proche. Alors chaque particule, ayant plus d'efpace pour fe mouvoir , devient individuellement plus puiffante : elles élargitlent donc de plus en plus les efpaces qui renferment leurs petits groupes ; & en divifant l’eau, elles produifent la libération des particules voifines ; enfin, quand les bulles qui s'en forment ont atteint une certaine groffeur , les colonnes qui les contiennent, fonc foulevées par les colonnes alors plus pefantes, & les bulles arrivant ainfi à la furface, elles ‘y échappent. 31. Mais les particules d'air qui fe trouvent trop engagées entre les molécules de l'eau, ne font pas dégagées par le vuide feul; parce que celles-là ne peuvent pas être apitées : il faut donc, pour leur libération, que quelqu'autre caufe produife un premier déplacement des molécules de l'eau elle-même, C’eft ainfi d’abord , que la congélation de l'eau eft un moyen très-puiflant d'en dégager l'air, parce que dans ce changement d'état , les molécules de l'eaz rendent à fe grouper par certairies faces , fans renfermer l'air dans leurs groupes. C’eft ainfi encore que l'ebuilition (caufe bien contraire quant à la cempérature, qui a tant d'influence dans les diffolutions chimiques) produit cependant le même effet , à caufe des folutions de continuité, proauires conftamment dans la mafle de l’eau par la formation interne des vapeurs ; opération dans laquelle, la libération de l'air, &c la formation de ces vapeurs , font alternative- ment caufe & effer, comme je le montrerai dans la fuite. Enfin, c’eft ainfi que les brifemens de l'eau, pat une forte agitation (comme dans les trompes, ou /oufflers d'eau), donnent aux particules d'air le moyen de reprendre leur mouvement, de fe réunir entrelles & de s'échapper, Je ne parle pas ici de l'abforption & dégagement de l’uir fixe, ni d’autres gaz qui ont des affnirés avec l’eau, parce que cette caufe complique les effets de la précédente : cependant on y: retrouve tous les effets de celle-ci, comme dans les phénomènes de l'air commun : maïs ces détails, quoique fort intére{lans en eux-mêmes, feroient ici déplacés. 32. On voit donc que ces phénomènes de l'air dans l’eau, n'ont aucun rapport, ni de caufe, ni même d'apparence réelle , avec ceux de lévaporation ; & je les avois déjà expliqués d'après le même méchanifme, dans plufieurs endroits de mes Rech. fur les Modif. de l'Atmofph. &en articulier aux 66. 288, 413 & 999: ce qui n'avoit prémuni contre l'hypothèfe inverfe , de la diffolurion de l’eau par l'air , comme caufe de l’évaporation ; phénomène dont je mantrerai la vraie caufe & toute l’importante théorie, dans mes Lettres fuivantes, Je fuis, &c. SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 39 EX/A:M EUN D'un Sel cuivreux blanc , obtenu par La diflillation de la mine de Cuivre verte pulvérulente arénacée du Pérou ; Par M. SAGE. Csrre mine a été apportée du Pérou par M. Dombey. Le cuivre s'y trouve combiné avec l'acide marin déphlogiftiqué (1). Ce fel cuivreux eft infipide, & n'éprouve pas d’alrération à l'air. Sa couleur eft du plus beau verd: examiné à la loupe il a une demi-tranfparence ; on y remarque des parcelles d'azur de cuivre. A l’aide d’un barreau aimanté, j'en ai retiré un centième de fer infoluble dans les acides, Si on lave avec de l’eau diftillée la mine de cuivre verte arénacée du Pérou, l'eau fe trouve imprégnée d'acide marin, dont la préfence eft rendue fenfble , par la diflolution de nitre lunaire qu'il précipite en argent corné. La mine de cuivre verte pulvérulente arénacée du Pérou contient un quart de fon poids de quartz très- divifé qu'on fépare facilement en verfant deflus trois parties d'acide nitreux à dix degrés, qui diffout le cuivre fans effervefcence ; la couleur verte de cette diflolution eft due à l'acide marin. 3 : Cette mine contient environ moitié cuivre & un centième de fer; l'acide marin déphlogiftiqué & l’eau s'y trouvent dans la proportion de vingt-huit livres par quintal. On peut extraire une partie de cer acide aqueux , en adaptant à la cornue un petit récipient tubulé , qui commu- nique. à une cuve hydraroyropneumatique. Dans cette expérience il faut que vers la fin de la diftillarion , le feu foit aflez fort pour tenir la cornue rouge pendant un quart-d'heure. L'appareil refroidi & démonté, j'ai trouvé fur les parois du col de la cornue, un fel blanc cuivreux, (x) M. de la Rochefoucault a publié, il ya. quelques années, une analyfe de cette mine, & a indiqué le premier qu’elle produiloit de l’acide marin & de Pair déphlopifiqué, £ M. de la Rochefoucaulr, lhomme le plus modele , le plus affable , le plus obligeant & le plus vertueux, s’occupa d'Hifloire-Naturelle & de Chimie, Il fut arrêté à Gifürc er feprembre 1797, voyageant avec fa femme, fa mère & fon ami Dolomeu. La Rochefoucault foible de corps , mais fort de fa vertu , defcendit de fa voiture ; pOur Garler aux émiflaires des faétieux; ce fut en vain , ces homicides foudoyés l’affallirent & le maflacrèrent. 4 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE} dont une partie étoit fous forme de criftaux prifmatiques rétraèdres & groupés. Ce fel goûté eft nauféabonde ; expoé à l'air, il y prend une couleur verte, y tombe en deliguium ; il fe fublime pendant la diftillation un cent cinquantième de ce fel cuivreux blanc qui eft compofé d'acide marin concentré combiné avec le cuivre. La mine de cuivre verte pulvérulente arénacée du Pérou eft infipide & inaltérable à l'air. Mais le réfidu de fa diftillation eft noiratre, cauftique & foluble dans l’eau ; expofé à l'air il devient verd: l'ayant diftillé au bout d’une année, il a produit par quintal , douze livres d’eau, mêlée d’acide marin. Vers la fin de la diftillarion il s’eft fublimé du fe cuivreux blanc , & il a paflé un peu d’air déphlogiftiqué. Le réfidu de la diftillation eft noirâtre , cauftique & recèle encore de l'acide marin; expofé dans un creufet à.un feu propre à le faire rougir, le cuivre à l’aide de l'acide marin , fe volatilife, fe mêle avec le feu, & colore la flamme des charbons en bleu rouge verd & violet. Si on retire Le creufec _du feu, il s’en exhale une fumée blanche irritante, qui affecte le poumon : elle eft compofée d'acide marin & de cuivre ; ce {el fe condenfe für Les corps froids & eft femblable à celui qui fe fublime, vers la fin de la diftillation de cette mine verte cuivreufe arénacée du Pérou. Tout le cuivre s’exhaleroit ainfi à la faveur de l’acide marin. Lorfque cette mine eft devenue fluide au feu , fi on la coule fur une plaque de fer poli , elle s’y condenfe en une mafle brune opaque, compolée de quartz & de {el cuivreux, dont une partie s’échappe circulairement & forme une zone blanche fur la plaque de fer dont la fuperficie fe trouve pénétrée de cuivre rouge ; il fe fait une cementation à chaud , le fer eft attaqué par l'acide marin, & le cuivre fe réduit. La mine de cuivre verte pulvérulente du Pérou, produit plus ou moins de cuivre, fuivant la quantité de charbon que contient le Aux falin qu'on employe à fa réduétion. ÿ Si l'on fond cette mine avec trois parties de flux noir , on n'obtient qu'une fcorie vitreufe rougeûtre. Si on ajoute par once de flux noir, douze grains de charbon, on obrient quinze livres de répule de cuivre par quintal de mine; mais fi l’on a mêlé vingt-quatre grains de poudre de charbon , avec chaque once de flux noir, on obtient par quintal de mine de cuivre verte du Pérou, quarante-huit livres de cuivre pur. Ces expériences font connoître que la mine de cuivre verte pulvérus - lente arénacée du Pérou eft à l’état falin, qu'elle contient par quintal, GNT EL CENT Te 01070). A EAlINe Quartz Re ER RSR SE CRIE Er attiraDIC EN ES RE NES 1 Eau Gaacide marines teioleleresc- ee T7 h 91 dd SUR L'HIST: NATURELLE, ET LES ARTS. 4x Les neuf livres qui manquent pour completter le quintal , font de l'acide marin combiné avec le cuivre, comme le prouvent les expériences décrites ci-deflus. Si j’avance que c'eft l'acide marin déphlogiftiqué qui eft combiné avec de cuivre dans la mine verte pulvérulente arénacée du Pérou, c'eft que l'acide marin folidairemént combiné avec le cuivre , forme un fek déliquefcent. Torréfier & réduire les mines pour apprécier leur produit , telle a été pendant lono-tems la manière d'opérer. Mais les mines terreufes con- tiennent différentes matières volatiles qui s’exhalent pendant la torré- faction. C'eft par la diftillation qu’on s’aflure fi elles contlennent de Peau ; de l'acide marini, de l'air déphloviftiqué, du gaz inflammable, de l'acide méphitique, &c. mais outre ces matières volatiles il en eft de fixes étrangères à la fubftance métallique , lefquelles s'engagent dans les fcoriss ; il n'y a donc que l’analyfe & la réduction par la voie humide qui puiffent fournir le moyen de prononcer sûrement & avec précifon, fur-tout. lorfqu'il n’y a qu'une petite quantité de chaux de cuivre qui difparoîtroit en traitant ces mines avec des flux falins. Ayart.eu à eflayer une mine de cuivre blanc, gélatineufe ,grenue ; fcintillante, je crus devoir d'abord m'aflurer de la quantité de quartz qu’elle contenoir. J'en pulyérifai un quintal fiétif far lequel je verfai cent grains d’acide.nitreux à 32 degrés, qui a diflous [a chaux de cuivre avec célérité & effervefcence. Ayant laiflé repofer & éclaircir la difflolution , je trouvai au fond de la terre martiale jaune, & du quartz blanc. Cette chaux de fer pefoit trois grains , & le quartz foixante- uatorze grains. J'ai mis La diflolution cuivreufe dans huit onces d’eau diftillée , avec un'cylindre de phofphore pefant un gros ; quinze jours après , le cuivre fe trouva réduit, après avoir été dégagé du phofphore, il pefoit douze grains. Ebc En réuniffant . ces produits on voit que la mine de cuivre bleue globuleufe contient par quintal , EAN Xi Cuivre er man tan at 60 dINs ME Clauxdefes rs ne Este ao A À Quartz CCC EC CEE CCR 74 + 89 Les autres livres qui manquent pour completter le quintal.étoient de Peau & l’accrétion du cuivre à l’état de chaux. Eqetié - La mühe de cuivre verte du Pérou traitée de la même manière ne s’eft réduite que partiellement ; l’acide marin déphlogiftiqué combiné avec Facide nitreux,'feroit-il contraire à cette expérience ? Tome XLHL, Part, I, 1793. JUILLET, E 432 OBSÉRV ATIONS SUR LA PHYSIQUE, pu ax RECHERCHES Sur les Confütutions de l'année médicale en France ,ou Rapport des maladies regnantes dans cinquante-fix Vules de France, avec les températures ; Par M. CoTTE, Curé de Montmorenc:, Membre de La Société de Médecine de Paris & de plufieurs Académies. L>s médecins appellent année médicale, le rapprochement des différentes températures & des maladies qui ont doininé dans le cours d’une année. Ce rapprochement dont Hippocrate leur a donné l'exemple, & qui a été füuivi par rous les médecins obiervateurs, peut être d’une rrès= grande utilité, foit pour prévoir les maladies que doit occafonner telle température que l’on éprouve, foit pour appliquer les remèdes qui ont réufli dans de pareilles circonftances: l'effet des remèdes étant fouvent auffi dépendant de la température, que la nature même des maladies. Ce point de vue utile a éré apperçu par la Société de Médecine, & dès fon érabliffement en 1776, elle publia un Mémoire inftructif dans lequel elle engagea les médecins à joindre à la defcription des maladies, toutes des circonftances que la Météorologie pourroit le offrir. Chargé depuis 1776 jufqu'à prefent de la rédaction de toutes les obfervarions météorolog ques & nofologiques envoyées à la Société, j'ai publié à la rêre de l’hiftoire de chacue année , dans les Mémoires de la Societé de Médecine, des Tableaux qui cffrent pour chaque mois & poux l’année entière , d’un côté les détails méréorologiques relatifs aux diffé- rentes villes où l'on a obfervé, & de l’autre les maladies régnantes dans ces mêmes villes, aufli pour chaque mois & pour chaque année. Le recueil de la Séciéré contient onze années d'obfervations de ce genre { 1776 — 786). J'ai envoyé aufli à la Société en 1790 les ahnées 1787 & 1788, qui devoient paroître dans le neuvième volume de fes Mémoires ; mais les circonftances ayant fufpendu , peur-être pour long-tems, Fimpreflion de ce volume ainfi que celle des fuivans , pour Jefquels j’ai des matériaux tout prêts à fournir, ces mêmes circonftances ayant même entièrement interrompu la correfpondance méréorologique , j'ai cru qu'il étoit tems de préfenter les réfultats généraux des onze années d’obfervations., Peut- ètre ce rapprochement inréreflera-t-il les médecins , & leur infpirera-t-il Ve defir de continuer ce travail , dont on fentira d'autant, plus Pucilité , qu'il ‘’'étendra à un plus grand nombre d'années d'obfervationss Pour parvenir aux réfultats généraux qui fuivent , j'ai commencé par formex cinq clafles de température fous le nom de comfuurion, favoir, nd. A ” Lu ä SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 43 les conftitutions, 1°. froide & humide , 2°. froide & sèche , 3°. chaude & humide, 4°. chaude & sèche, 5°. variable. J'ai dreflé une première Tabie dans laquelle j’ai rangé les villes où l’on a éprouvé dans l’efpace de onze ans ces différentes températures. Dans une feconde Table, j'ai claflé vis-a-vis les noms des villes les maladies qui ont concouru avec chacune des cinq confticutions défignées , j'y ai joint le nombre d'années où la même conftitution a été obférvée dans l'efpace de onze années. Enfin, la troifième Table qui eft la feule que je donne ici , indique l'ordre dans lequel chaque maladie a plus ou moins dominé fous chaque efpèce de conftitution. On verra par-là l'influence de chaque conftitution fur les maladies, pour rendre celles-ci plus dominantes que celles-là. Er ra ctitentitete) “8 CONSTITUTIONS. | Froide & humide,| Froide & féche, lChaudeg humide, | Chaude & féche. V'ariable. 35 Villes, 12 Villes. 17 Villes. 37 Vaülles. 19 Villes. TERESEERDSERTENTEOS CECI ETIENNE | CERTES TEL CAEN rales, rales, tentes. tentes. tentes, Petite vérole. Fievres intermit-| Petite vérole. Affe&ions cathar-| Afe&ions cathat- | Affe&ions cathar-| Afeions cathat-|Fievres intèrmit-|Fievres intermit-|Fievres intermit- | tentes, rales. rales, Fievres intermit-[Rhumatifme, Fievres putrides.|Perite vérole. |Maux de gorge, tentes, | Fievres putrides.| Petite vérole. | Affe&tionscathar-| Maux de gorge. |Dyffenterie. rales. Maux de gorge. |Fluxions de poi-| Maux de gorge. |Dyffenterie. Petite vérole, trine. Eréfypèles, Maux de gorge. Eréfypèle, Eréfypèle. Fievres putrides, Rhumes. Fievres bilieufes.|Rhumes. Rhumes, Rougeole. Fievres bilieufes, Rhumatifme, Fluxions de poi-|Fievres malignes, trine, | Rhumatifme. Dyffenterie. Fievres bilieufes.|Diarrhée, Rougeole. Coqueluche, Rougeole, Eréfypèle. | Fluxions de poi- Coqueluche. Rhumatifme. trine. Péripneumonie. Fievres putrides. |Coqueluche. Fievres malignes. Fievres malignes.|Fluxions de poi- trine, Coqueluches Rhumatifme. Rhumes. Eruÿhons cuta-|Coliques, nées. | l'ievres rémitten- , tes, el LE SE — ere XLIIT, Part. Il, 1793. JUILLET, F2 44 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, IL réfulre de mes Tables, KA tro 061 1°. Que les conftitutions Les plus dominantes en France font celles que j'appelle froide & humide& chaude & sèche ; la conftitution froide & sèche eft celle qui domine le moins. 2°. Que la France peut être partagée en deux zones ; la feptentrionale où règne ordinairement la confticution froide & humide, & la méridio- nale, dont le caractère eft la conftitution chaude & sèche. On fent que des caufes locales occafionnent quelquefois des: exceptions à cette règle générale. tite 3°. Qu'il règne une plus grande diverfité de ‘maladies dans les conftitutions froides & variables, que dans les conftitutions sèches. 4°. Que les maladies les plus dominantes en France font Les affeétions catharrales, les fièvres intermittentes & la petite vérole. L’afeétion catharrale eft celle qui domine le plus dans les années froides, & les fièvres intermittentes tiennent le premier rang-dans les années chaudes. La petite-vérole domine auñi davantage dans les années humides que dans les années: sèches, On verra encore dans la Table'que les Auxions de poitrine font bien plus communes dans les années froides que-dans les années chaudes, & que la conftitution chaude & sèche, ainfi que la variable, font accompagnées de beaucoup de maux! de gorge & de dyflenteries, &c. ESS L'infpection de la Table apprendra quel eft l’ordre que füivent les maladies dans chaque conftitution. Je me borne à expofer les faits ; voilà ma tâche; je laifle aux médecins le foin d'en tirer les conféquences : puifle ce rapprochement que je leur offre, répandre quelques lumières fur l'art de ouérir ! Montmorenci, 27 Mars 1793. EUKUT'R ANT Des Obfervations météorologiques faires à Montmorenci , pendant le mois de Juin 1793 ; Par M. CoTTE, Prétre de l'Oratoire, Curé de Monimorenci:, Membre de plufieurs Académies. La féchereffe des deux mois précédens s’eft encore prolongée jufqu'au- 19 de ce mois , & l’air a prefque toujours été fi froid, qu’on ne pouvoit pas fe pafler de feu dans les appartemens. Toutes les produétions de Ia terre languifloient , tandis que cette température favorifoit la multipli- cation des chenilles & des vers qui failoient beaucoup de dégoût fur les SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 45 arbres fruitiers. Ce froid eft vraifemblablement: la fuite des neiges abondantes tombées fur les Alpes & les hautes montagnes de l’Europe depuis le 30 avril dernier, La fécherefle a occafionné une difette de foins; ils fonc très-bas & très-peu garnis du pied. Le $ , on fervoit les fraifes ; l’églantier & les feigles eurifloient; le 8, les fromens & les orges épioient; le 12, on fervoit les guignes, les avoines montroient leurs grappes. Le 16, les fromens fleurifloient ; le 21, la vigne entroit en fleur. Le25$, les tilleuls feurifloienc ; on n’entendoit plus le roffignol. Température de ce mois dans les années de la période lunaire cor- refpondante à celle-ci. Quantité de pluie en 1717, 18:lign. en 1736, 36:lign. en 1755 (à Denainvillers en Gatinois chez M. Duhamel) Vents dominans , fud & fud oueft. Plus grande chaleur, 29 d. le 20, Moindre , 92 d, les 24 & 25. Moyenne, 18,5 d. Plus grande élévation du baromètre, 27 pouc. 10 lign. les 17, 18 & 19. Moindre, 27 pouc. 2 lign. le 24. Moyenne , 27 pouc. 7,3 lign. Nombre des jours de pluie, 10. En 1774. (à Montmorenci). Vents dominans , oueft & fud-ouett. Plus grande chaleurs 24 2 d. le 17. Moindre , 7 d. le $. Moyenne, 14 : d. Plus grande élévation du baromètre , 28 pouc. 3,1 lign, le 8. Moindre, 27 pouc. 6 À lign. le 6. Moyenne, 27 pouc. 10,61ign. Tempé- rature, froide & humide, Nombre des jours de pluie, 13. Quanuité de pluie, 30 lign. d’évaporation, 58 lion. empératures correfpondantes. aux diffèrens points lunaires. Le premier ( D. Q. ) nuages, doux. Le 2 (équin. afcendant) couvert, doux. Le 4 (quatrième jour avant la N.L.) beau, chaud. Le 8 (N.L.) nuages, chaud, pluie. Le 9 (/Zuniflice boréal) beau, chaud. Le 12 (quatrième jour aprés N.L.) nuages, doux. Le 13 ( apogée } nuages, froid , pluie. Le 16 (P. Q.) idem. Le 17 ( équinoxe defcend.) couvert, froid, vent, pluie. Le 20 ( quatrième jour avant la P. L.) couvert, - froid , pluie. Le 23 (Zluniflice aufral ) couvert, froid. Le 24 (P.L.) couvert, froid, pluie. Le 2$ (périgée) couvert, doux, pluie, Le 28 (quatrième jour aprés la P.L, ) nuages, doux. Le 30 ( équinoxe afcendant & D. Q.) nuages, chaud. : En 1793 Vents dominans , nord-oueft & oueft ; ils furent violens les 47-18 16,20: Plus grande chaleur, 22,0 d. le 29 à 2 heur. foir, le vent S. O. for, & Le ciel en partie ferein. Morndre, 4,0 d. le premier à 4 theur. matin, le vent nord-oueft & le éiel en partie ferein. Différences 18,0 d, Moyenne au metin, 8,7 d. à midi, 15,1 d. au foir, 11,1 à. du jour, 11,6 d. à Rs Plus grande élévation du baromètre, 28 pouc. 1,61 lion. le 10 à 2 heur. foir , le vent fud-oueft & le ciel en partie ferein. Moindre, 27 pouc. 8,00 lign. le 19 à y beur. foir, Le vent fud-oueft & le ciel en partie couvert, Différence , 5,61 ligne Moyenne au matin 27 pouc. 11,41 lion, 46 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, À midi, 27 pouc. 11,13 lign. au foir & du jour , 27 pouc. 11,27 ligri: Marche du baromètre , le premier à 4 = heur. matin, 28 pouc. 1,58 lign. du premier au 2 baifJé de 3,95 lign. du 2 au 3 M/de 2,71 ligne du 3 au 7 B. de 1,85 lign. du 7 au 10 M. de 2,12 lign. du 10 au 11 B. de 2,77 lign. du 11 au 1j M. de 2,13 lign. du 1$ au 19 B. de 4:97 lign. du 19 au 21 M. de 4,06 lign. du 21 au 22 B. de 2,18 lign. du 22 au 23 M. de 2,79 lign. du 23 au 26 B. de 1,75 lign. Le 26 M. de o,11 lign, du 26 au 27 B. de 0,38 lign. du 27 au 28 M. de 2,40 lign. du 28 au 29 B. de 1,19 lign. du 29 au 30 M. de 0,95 lign. Le 30 B.deo,5o lign. Le 30 à 9 heur. foir 27 pouc. 11,62 lign. Le mercure s'eft toujours foutenu aflez haut, & il a peu varié, excepté en montant les 3, 8,20 & 23, & en defcendant, les 2,11, 17 & 19. Plus grande déclinaifon de l'aiguille aimantée, 23° 39! le 7 à 2 heur. foir, le vent oueft fort, & le ciel couvert. Moindre, 22° O les 4 & 5 out le jour, le vent fud-oueft, & Le ciel en partie ferein avec tonnerre. Difference, 1° 39/. Moyenne, à 8 heur. matin, 22° 4718" ; à midi, 22° 47! 24/!, à 2 heur. Joir, 22° 48' 48", du jour, 22° 47 50/. Les grandes variations de l'aiguille ont lieu ordinairement dans les jours où le vent fouffle avec violence. Il eft tombé de la pluie en aflez grande quantité pour être fenfible dans l'eudiomètre les 7, 12,15, 19,22, 24,25 & 26, & feulement des gouttes de pluie les 1,3,5, 8,13, 16, 17,20 & 28. La quantité d'eau a été de 16,4 lign. dont 7 lign. font tombées dans la journée du 7. L'évaporation a été de 38 lign. Le tonnerre s'eft fait entendre de prés le $. L'aurore boréale a paru le 9 à 10 heur. foir, elle étroit tranquille. La petite vérole a repris ce mois-ci; elle étoit bénigne. Nous n'avons point eu d’autres maladies. Réfultats des trois mois de printems. Vents dominans , le nord: Plus grande chaleur, 22,0 d.. Moindre , 0,8 d. de condenfarion. Moyenne au matin, 6,0 d. à midi, 12,4 d. au Joir, 8,1 d. du jour, 8,8 d. Plus grande élévation du baromètre, 28 pouc. 3,13 lign. Moindre, 27 pouc. 4,25 lign. Moyenne au matin, 27 pouc. 10,57 lion. à midi, 27 pouc. 10,51 lign. au for, 27 pouc. 10,70 lign. du jour, 2% pouc, 10,59 lign. Plus grande déclinaifon de l'aiguille aëmantée , 23° 39". Moindre , 22° O'. Moyenne à 8 heur. matin, 22° 4313", à midi, 22° 43! 14", à 2 heur. foir, 22° 43! 29", du jour, 22° 43! 22". Quantité de pluie, 3 pouc. 2,11 lign. d'évaporation , 7 pouc. 7 lign. Température , très-froide, très-sèche. Nombre des jours beaux, 27e Couverts, 25. De nuages, 39. De vent, 18. De pluie, 38. De gréle, 4. De tonnerre, 4 De brouillard, 3. D'aurore boréale , 1. Produétions de la terre. Le froid , la féchereffe & les infectes ont perdu Les fruits ; les abricotiers & les pêchers feuls ont peu fouffert ; Les vignes SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 47 fituées en plaine ont été gelées en partie; quelques feigles ont fouffere aufli de la gelée; les bleds font beaux ainfi que les orges; les avoines ont épié à raz de terre; la récolre des foins eft très-médiocre. Maladies, petite-vérole. Nombre des NAISSANCES , garçons , 7, filles, 6. - SÉPULTURES, ADULTES, hommes & garçons, 3, femmes & * filles, 4, ENFANS, garçons , 1, filles, 4 MARIAGES, 3, fur une population de dix-fept cens ames. Montmorenci, 3 Juiller 1793. NOUVELLES OBSERVATIONS Sur la flruélure & la conformation dessos de la tête de FEléphant ; Lues à la Société d'Hifloire-Naturelle par le C. PINEL , de la Société d'Hifloire- Naturelle. Ux des premiers objets qui doivent occuper le zoologifte , & j'ofe dire un des plus heureux acheminemens à une méthode naturelle de clafification des quadrupèdes, m’a toujours paru l'étude & l'examen réfléchi de la têre de ces animaux, en fe bornant d’abord à la charpente offeufe qui fert de bafe & de point d'appui aux autres parties molles: c’eft en effet dans les diverfes configurations , les proportions & les poftions refpectives des os de la face , que fe marquent les différences caractériftiques de certaines familles naturelles & des efpèces qu’elles renferment. La facilité de conferver ces parties folides fans aucune altération fenfible pendant des fiècles entiers, celle de pouvoir les comparer & Îles difpofer avec ordre pour re@ifier ou perfe“tionner route clafificarion fyftémarique , leur donnent un grand avantage fur les peaux bourrées des animaux qui n’offrent à J’obfervateur que la forme variée des pieds & des dents. Les defcriptions, auxquelles les os de la têre fervert de fondement deviennent d'autant plus précieufes que ces objets fonr fufcep- tibles de mefures exactes & précifes, & que les individus, foit grands, foit petits, qui {nt des variétés de la mêmé efpèce, préfentent dans l’état naturel des rapports conftins dans leurs dimenfions, indépendamment de leur volume. Cet avantage de pouvoir ainfi rendre fenfible l’efquifle ou, pour ainfi dire, les premiers traits de la phyfionomie propre aux divers genres & efpèces à établir entre les quadrupèdes , a fur-tout fixé mon attention dans les leçons d’Anaromie comparée que j'ai faites Fhiver dernier dans le lieu des féances de la Société d'Hiftoire-Naturelle pour fervir de fuite au cours de Zoologie fyftématique qu'a fait le citoyen Millin : c’eft en fuivant ce plan que je me fuis propofé un nouvel examen 43 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE; anatomique des os de la face de l'éléphant qui femble faire un genté féparé & comme unique, ‘ : : : A la première vue de la tête du fquelette d'un éléphant. on! cherche d'abord en vain fes rapports avec le type primitif que préfente la forme humaine ou avec celle des animaux qui offrent avec cetre dernicre.une reflemblance plus ou moins éloignée ; toutes les difpoñtions du front, du nez, des orbites, des os incilifs , des os maxillaires, & de ceux qui forment la partie fupérieure du crâne, femblent formées fur un plan.parti- culier. Un front large, applati & terminé en haut & latéralement par des courbes dont la concavité eft tournée en dehors , au milieu de la face une grande ouverture oblongue qui occupe prefque toute fa largeur, & qui confine fur les côrés & prefque dans la même ligne les parois antérieures des orbites, la forme cylindrique de chacun des os incififs, & Le grand efpace qu'ils occupent à la partie inférieure de la face comme pour cacher le corps de la mâchoire inférieure & l'ouverture de la bouche ; l'excavation ‘profonde que préfente la partie poftérieure, & fupérieure de la tête au lieu du vertex des autres animaux , qui eft ou convexe dans les animaux frugivores, ou terminé en arète dans les carni- vores, tout porte un caractère de fingularité qui femble appeler l'attention de l’anatomifte & exiger de lui un examen particulier, : Une détermination exacte des pofitions refpectives & de la conformation des os de la tête de l'éléphant importe, non-feulement aux progrès de la Zoologie, paifque c’eft toujours dans cette partie que fe marquent les différences caractériftiques des animaux, mais encore elle eft liée à l’hiftoire des os fofliles qu’on trouve dans différentes contrées ou plutôt à l'hiftoire entière des révolutions qu'a éprouvées le globe. M. Perrault:dans fes Mémoires pour fervir à l’hiftoire des animaux n’avoit pu qu'ébaucher cet objet, & il étroit réfervé à M. Daubenton de donner une nouvelle defcription de la tête d'éléphant ayec toute la juftefle & l'exactitude qui çaractérifent Les écrits de ce favant naturalifte, Mais le défavantage qu'il aeu d’avoir fous les yeux la tête d’un individu dont la plupart des futures étoient comme infenfbles , a rendu encore ce travail imparfait, & l'étendue ainfi que les limites de plufieurs os étoient reftées indéterminées, J'ai donc cru devoir ajouter un nouveau complément à fes obfervations,, & c’elt dans cette vue que j'ai profité d'une tête décharnée d’éléphant que M. Poiflonnier a bien voulu nous prêter pour nos cours publics de Zoologie , & où toutes les futures qui fervent à unir les divers os de la tête font bien marquées, Je vais donc, 1°. donner une idée exacte de la conformation de cette tête en prenant dans divers points fes trois dimenfions , & en fixant La circonfcription particulière de quelques os du crâne & de la face; 2°. déterminer par appreximation l’âge de l'individu, & me livrer à quelques confidérations de Phyfologie & de Mécanique ; 3°. d’après la conformation & la grandeur des os incilifs & ‘SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS, 49 & des os maxillaires fupérieuts, tirer quelques induions fur une efpèce ou variété antique d'éléphant dont il refte quelques os fofiles d'une grandeur démefurée. L La tête étant placée dans fa pofition naturelle, de manière à faire correfpondre les dents molaires fupérieures & inférieures & à difpofer la bafe de l’os maxillaire inférieur fur un plan horizontal , il eft facile de voir que la partie poftérieure & fupérieure de la tête préfente une grande excavation formée par l’écartement de deux éminences oblongues , & compofées de fubftance diploïque entre les deux lames ofleufes, l’une externe & l’autre interne ; cela pofé, pour donner une jufte idée de la tête de l'éléphant dans le fens de fa longueur , j'ai cru devoir en prendre féparément les trois dimenfions avec un inftument propre à s'adapter à [a forme irrégulière des os, c'eft-à-dire par un compas double (1) dont les branches antérieures font courbes. J'ai reconnu d’abord que les parties Les plus élevées de La tête étoient éloignées de chaque côté de deux pieds du plan fur lequel portoit l'os maxillaire inférieur. On comptoit aufli un pied neuf pouces quatre lignes depuis l’une des mêmes parties les plus élevées jufqu’au bord inférieur de l'os incifif du même côté, & un pied neuf pouces depuis le milieu de la courbure fupérieure du front jufqu’au bas des os incilifs en pañlant par le milieu de la tête, J'ai trouvé aufli que depuis le milieu de la même courbure jufqu'à la faillie angulaire & antérieure de l'os maxillaire inférieur , on comptoir deux pieds fix lignes, Quant à la face poftérieure de la tête le diamètre longitudinal du trou occipital étoit de deux pouces quatre lignes , le bord fupérieur du même trou étoit à dix pouces fix lignes de la concavité fupérieure & antérieure, & fon bord inférieur étoit éloigné en ligne droite de neuf pouces du bord inférieur des apophifes pterigoïdes de los fphenoïde, Enfin, depuis le milieu de la courbe conçave qui termine le front jufqu’au bord inférieur de l’apophife pterigoïde , J'ai trouvé un pied cinq pouces quatre lignes. Je n'ai mefuré que dans deux endroits l’épaiffeur de la tête de devant en arrière ; dans l’un, c’eft-à-dire, depuis la partie la plus faillante des os du nez ou leur angle jufqu'au fommet des apophifes condiloïdes de Los occipital, on trouve un pied quatre pouces fix lignes en ligne droite, & dans l’autre depuis le bord inférieur & antérieur des os incififs jufqu’à (1) Cet inftrument eft fouvent employé par les deffinateurs : il a non-feulement Vavantage de déterminer les dimenfions en lignes droites, mais encore à caufe de la mobilité du point de rotation qui peut établir un rapport donné entre la longueur des branches antérieures & des poftérieures, il peut fervir à réduire un plan au tiers, au quart, au fixième , &c. ou dans une proportion quelconque. Tome XLUI, Paru Il, 1793, JUILLET, - G ” so OBSERPATIONS SUR LA PHYSIQUE, la convexiré poftérieure d’une des branches montantes de l'os maxillaire inférieur, un pied fept pouces. La forme particulière & angulaire du vertex difpenfe de prendre ailleurs la mefure variable de l'épaitleur de la tête. NE Un destraits caractériftiques de la face de l'éléphant, eft de former une forte de quarré long ou parallélogramme irrégulier , avec des faillies & des enfoncemens fur fes bords latéraux. Sa plus grande largeur comptée à la partie fupérieure & près des futures de los temporal avec le parieto-frontal eft d'un pied quatre pouces fix ligries. La plus grande largeur dans la partie moyenne de la face, c'eft-à-dire, de Fapophife orbitaire d’un côté à l’autre, eft d’un pied onze lignes ; enfin, à la partie inférieure de la tête ,c’eft-à-dire, l'éloignement en ligne droite des parties externes & inférieures des os incififs, eft de huit pouces huit lignes. Pour donner en outre une jufte idée de la largeur de Îa tête en d'autres points, j'ai mefuré la diffance des parties inférieures ou les plus creufes de la foffe zigomatique d’un côté à l'autre , & je n'ai trouvé que fix pouces ; enfin , la largeur poftérieure de la tête ou l’éloignement des deux parties poltérieures des arcades zigomatiques eft d'un pied cinq pouces. Je n'ai pas befoin de faire remarquer que les deux largeurs , les moindres , fe trouvent l’une entre les deux concavités qui fervent aux attaches des mufcles temporaux, & l’autre entre les parties moyennes & externes des os incififs ou des prolongemens des os maxillaires fupérieurs qui leur fervent de foutien. Lorfgwon compare le volume de la tête avec la cavité du crâne, on neft pas peu furpris de leur difproportion en étendue , & de la petitefle du cerveau & du cervelet relativement à la groffeur de animal (1). Les rois dimentions de la cavité du crâne, c’eft-à-dire, fon diamètre tranfver- fai, fa hauteur verticale, & fa profondeur de derriere en devant mefurés avec Le double compas dont j'ai déjà fait voir l'avantage, font à-peu près Les mêmes & d’environ huit pouces chacun, On voit que ce réfulrat eft différent de celui que M. Daubenton a trouvé fur un éléphant de dix- fept ans, dont la longueur de la cavité du crâne étoit de dix pouces & d'mi, la largeur de dix pouces & la hauteur de quatre pouces trois Lignes. J'avoue que je ne conçois pas fur-tour comment ceite derniè e dimenfion offre une fi grande différence quand on la compare aux autres, tandis que cette différence eft comme nulle dans la têre que j’ai examinée, Quoi qu'il en foir, le cerveau de Péléphant eft loin d'être proportionné au volume énorme de cet animal, & c’eft à d’autres avantages de fon organifation , & fur-tout à celle de fa trompe , qu'il doit use certaine fupériorité d'intelligence fur Les autres animaux; la même difproportion ER ; a {x) On peut voir fur cet gbjet les remarques judicieufes de M. Daubenton. SUR L'HIST, NATURELLE ET LES ARTS. fr entre le volume total de la tête & la cavité du crâne fait connoître en outre la qualité fpongieufe des os qui la forment, & combien la lame externe & la lame interne de ces os font féparées par une fubftance diploïque rrès-abondante; on peut d’ailleurs s’en convaincre dans les endroits où la lame externe a été détruite, puifqu’on voit {es cellules fpacieufes & mulripliées qui règnent au-deflous d'elle & qui la féparere de la lame interne. C’eft ce qui donne lieu à la grande épaifleur de l'os du front & des bofles parieto frontales , épaifleur qui n'eft pas moindre de trois pouces; mais dans la finuofté profonde qui règne à la partie poftérieure & fupérieure de la tête, on n’obferve point de fubftance diploïque , & les deux lames fe trouvent contigues dans une érendue de trois pouces de longueur fur deux pouces de largeur. C’eft dans cette partie que vient s'attacher le ligament cervical ou fufpenfoire du col, ainfi que les mufcles qui, comme je le dirai ci-après , fervent au mou- vement de la tête & des défenfes. Dans l'examen que je vais faire de divers os de la tête confidérés féparément, je ne vais point m'arrêrer fur l'os fphenoïde, Les os temporaux, les os du palais & l'os occipital, puifqu'ils n’offrent point dans l'éléphant une différence bien remarquable quand on les compare avec ceux des autres mammifères, & qu'ils font feulement d’une grandeur proportionnée au volume de l'animal ; les os maxillaires fupérieurs n'offrent d'autre remarque particulière que celle qui tient au prolon- gement offeux qui fert comme de foutien aux deux osincififs par leur partie poftérieure. Je m'arrêterai donc fpécialement aux confidérations principales que préfentent les autres os d1 crâne & de la face, puifque c'eft à eux que tient fur-tout la conformation fingulière de la tête de l'éléphant. On chercheroit d’abord en vain les futures qui fervent à la diftinétion des deux pariétaux & du coronal comme dans l'homme (1), le finge ou a —————— —— ————— ——— —— (1) L’Anatomie comparée jette une nouvelle lumière fur la difin@ion des os du crâne de l'éléphant; ces os fe trouvent diftribués dans le finge à-peu-près comme dans l’homme; c’eft-à-dire , qu’on y remarque deux pariétaux, un coronal, un occipiral avec les circonfcriptions propres au crâne humain ; dans l’ordre des fèræ de Linnæus, comme le chien, le chat, on n’obferve qu’un feul pariétal , un occi- pital, &un frontal très-allongé. Dans l’ordre des pecora , comme le bélier, on obferve deux frontaux, un pariétal dont les bords forment une forte de lofange. Maïs ce qui fait voir que la nature a femé même des variétés relatives à la diffinétion des genres, c’eft que quoique le frontal foit compofé de denx pièces auffi dans le taureau, le pariétal a une forte de forme triangulaire, & que l’angle inférieur s’emboîte dans une ouverture angulaire de l’occipital. Au contraire dans Je lapin qui eft renfermé dans l’ordre des g/ires , on trouve la diflinétion des deux pariétaux, & on ne remarque qu'un os frontal. Il eft curieux de voir avec quelle Tome XLIIL, Part. II, 1793. JUILLET, G 2 s2 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, d’autres animaux; on voit au -coñtraire que toute la partie du crâne qui correfpond d’une manière éloignée à ces os elt occupée par un os feul qui s'articule avec les os du nez, les os incififs , les os maxillaires fupérieurs, les deux tenrporaux & l'os occipital. On ne peut point objeéter ici que la future lambdoïde foit déjà effacée, puifque les autres futures font fi apparentes &, que l’animal eft très-jeune, IL faut donc convenir que la calotte du crâne eft formée pat un feul os qu'on peut appeler parieto-frontul & qui forme la partie antérieure & fupérieure de la rête, la plus grande partie des patois internes des fofles temporales, & fur-tout les deux bofles oblongues & l’excavation triangulaire & profonde qu'on remarque à la partie poftérieure de latête. Cet os n'offre qu’une furface plane à fa partie antérieure, & il s’articule par fon bord antérieur & inférieur avec les os du nez. Il y a huir pouces quatre lignes depuis fa courbure fupérieure jufqu'à cette dernière future & neuf pouces huit lignes depuis le milieu de la même courbure jufqu'à fa future avec l'os occipiral ; le même os parieto-frontal offte deux prolongemens qui s'étendent à côté des os du nez & des prolongemens des ostincififs ,& viennent s’articuler avec les os maxillaires fupérieurs. M. Daubenton , toujours par le défaut des futures de la tête de Véléphant qu'il avoit à décrire, n’a pu diftinguer ni la forme ni les limites des os propres du nez, & c’eft feulement par conjeéture qu’il les rapporte au-deflus de l'ouverture où s'insère la trompe ; la rère qui eft ici préfente offre plus d'avantages pour l’exaéte détermination deces os qui occupent, comme dans tous les autres animaux , la partie fupérieure des narines. Ces deux os font ablolument fymmétriques, & la face anté- rieure de chacun, d'une forme triangulaire, à cela près que fon bord inférieur offre une certaine courbure ; la faillie angulaire qu'ils forment per leur réunion eft à trois pouces de diftance de leur furure avec le parieto-frontal, La longueur de chacun d’eux eft de quatre pouces trois lignes à leur face antérieure ; car ils ont une autre face qui forme une partie de la voûte des narines. C’eft fur-rout à la fällie angülaire dés os du nez que paroît cctrefpondre la Jame cartilagineufe qui fépare la trompe en deux conduits qui font parallèles dans route leur lonoueur. On connoît lésrecherches des anaromiftes modernes, de MM.Perrault, Daubenton, Blumembach, Vicq-d’Azit fur les os incififs (1) ou forte de profifñon la nature a varié les formes &les traits accelloires en confervant cependant toujours une certaine \conformité-dans le typeprimitif qu’elle paroir avoir adopté, - ' j :4 (1) Aucun os de la face n’a autant fixé l'attention des zootomiltes que ce: qu’on appeile les os intermexillaires ou incififs, Perrault, dans: fs Mémoires «pour Jervir à L'Hifloire des Animaux, défigne chacun d’eux parle nom de troiffème o$ de la gâchoire, Blumembach , dans une différtation curieufe für les variétés de l'efpèce SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 53 intérmaxillaîrés en: général , &'je me bornerai ici aux confidérations particulières que préfénte à cet égard la rêre .de l’éléphanr, On doit remarquer que les prolongemens poftérieurs des os maxillaires fupérieurs qui fervent d’appuis aux os incififs offrent une fubftance compacte qui finit par une arète & qui annonce une grande réfiftance ; les excavations dés o5 incififs qui fervent d’alvéoles aux défenfes de l'éléphant offrent une forme cylindrique de dix pouces de profondeur {ur deux pouces deux - lignes de diamètre. Chacun de ces os cfticomme emboîté dans une forte d'excavation que forment les os maxillaires fupérieurs par leurs prolon- gemens, & ils font rapprochés ent”eux dans route leur longueur par leurs bords intérnés ; j’avois d'abord cru#qu'à leur bafe ils étoient épais & compactes pour offrir ün point d'appui très-fort aux défenfes de l'éléphant ; mais il eft facile de s’aflurer qu'ils n’ont dans cette partie qu’une [âme très-mince. Je ferai ci-après des remarques fur d’autres caufes de folidité qui peuvent füppléer à cetre foibleffe , &, proportionnez le point d'appui des défenfes aux obftacles qu'eiles ont à vaincre. La difpofirion de l’arcade zigomatique de l'éléphant , qui eft prefqu'en ligne droite & de huit pouces de longueur , fert à confirmer ce que j'ai déjà dit des animaux frugivores en général (1), où cette arcade n'offre prefque point de courbure, & par conféquent un point d'appui plus foible 8: moins propre à réfifter à l'action des mufcles maflerers, que “dans les animaux cafnafliers. La profondeur de cette arcade de dehors Pen dedans’, c’elt-àsdire ; l’épaifleur dans cette partie du mufcle temporal Mn'éft'que dé quatre pouces! fix lignes , ce qui eft peu de chofe en com- ‘paraïfôn du volume ‘de l'animal, & ce qui rend ce mufcle feulement humäine a donné le deffin du-même os obfervé fur un babouin ( Sim. fphinx, L.)s _n& il remarque qu'il eñt été à defrer que dans les diffle&tions faites du orang-outang, on n'eût point omis d'indiquer Pétendue & les terminaïfons de cet os; car comme _il manque à l’homme ; ce feroit un Cara@tère de plus qui diftingueroït la race des “finges dé l’efpèce humaine. M. Vicq-d’Azir, outre un Mémoire infré parmi ceux £de l’Académie pour l'année 17791, où 4l a: donné à cet os le nom d'incifif ou de >labiel , fonde: fur ce dernier la divifion des dents des quadrupèdes en troïs ordres dans le tom. li du Syfléme des Animaux , de Encyclopédie , & il difingue ces dents en Jabiales , en angulaires & en mâchelières ou molairés. Cette diftin&ion eff | d'autant plus, exa@e que les dents incifives & les défenfes de la mâchoire antérieure font implanrées dans l'os labial, & que les anguiaires ou canines antérieures font 2iplactes dans los maxillaire proprement dit, près de la future qui le fépare du précédent On:peut porter encore plus loin lés ufages des os incififs en les appliquant à uhe diifom, ffémitique des animaux, & je ferai voir dans un autre lieu combien leur confidération/mèet dé la précifion dans la diflin@ion des quadrupèdes en ordres T& En pénres,; fuivant les variétés de forme que ces mêmes os préfentent aux yeux de l’oblérvatéur-hneur ME al tire à (1)! Moyezfarcetobjetuh Mémoire qui ef inféré dansle cahier, ,, de ce Journal, & dans les A&es de la Société d’'Hifloire-Naturelle, ÿ4 OBSERFATIONS SUR LA PHYSIQUE, fufceptible d'efforts médiocres , & d’une. force feulement adaptée à. Ia trituration des alimens. Je dois aufli faire remarquer la dilpoñtion de l'os de la pomette qui eft très-reculé vers la partie poftérieure de l’ar- cade zigomatique, en forte qu'il ne compole lui feul une partie de cette arcade que dans l’étendue de quatre pouces, & que le refte des quatre pouces fix lignes eft articulé & réuni en deflous avec l'apophife zisomatique de l'os temporal. Cet os donc mérite à peine le nom d'os de la pomerte, qu’il n’a reçu dans l’homme. & d'autres animaux , que parce qu'il forme la bafe antérieure de l’arcade zigomatique. La hauteur refpective de l'apophife coronoïde de la mâchoire inférieure & du condyle, annonce encore ce que j'ai déjà remarqué ailleurs au fujet des animaux frugivores ; an voit en effet que la prentière apophife a peu de faillie, & qu'elle eft moins élevée que la furface articulaire du condyle. Pour donner maintenant une idée des dimenfions de l'os maxillaire inférieur, j'ai mefuré la diftance ;entre les bords externes des deux condyles, & je lai trouvée d’un pied un pouce quatre lignes ; j'ai mefuré auf dans fa plus grande largeur la branche montante du même os maxillaire, c'eft-à-dire, depuis la partie antérieure de ’apophife coronoïde jufqu'à la partie poftérieure la plus faillante, & j'ai trouvé fept pouces deux lignes. La diftance entre les deux apophifes coronoïdes étoit de onze pouces. Mais je ne dois point omettre de parler ici d’un objet qui contribue auffi beaucoup à l’efpèce de difflormité que préfente la face de l'éléphant ; c’eft la cerminaifon du corps de la mâchoire inférieure en une forte de faillie angulaire très-mince , en forte qu’on a peine à deviner où eft l’ouverture de la bouche quand cette cavité eft fermée, & que cet animal femble incapable de faifir aucun aliment par fes lèvres, fonctions qu'il ne remplit qu'à l’aide de fa trompe, Depuis cette pointe angulaire jufqu’au centre de la face articulaire des condyles, j'ai trouvé un pied cinq pouces quatre lignes, dimenfions qu'il étoit néceflaire de prendre relativement à la mâchoire inférieure confidérée comme un levier du troifième genre. Le canal antérieur du même os maxillaire inférieur en avant des dents molaires eft dans fa plus grande largeur de deux pouces; enfin , je dois remarquer comme une preuve de la jeuneffe de l’animal, qu'on n’obferve qu'une dent molaire (1) bien développée à chaque branche de la mâchoire inférieure comme à chaque os maxillaire fupérieur. On obferve feulement des germes d’une arrière- dent molaire à chaque partie poftérieure des mêmes os. Ces germes balotent dans leurs alvéoles qui font à découvert, & on voit feulement des rangées ifolées qui par leur affemblage & la génération d’une AE 2 à MO RSR NS DA CE RS PS RTS RARE 1: (x) Chaque molaire offroit une forme ovale à fa couronne; fon plus long diamètre étoit de cinq pouces trois lignes, & fon diamètre tranfwerfal de deux pouces, SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 55 fubftance offeufe intermédiaire dévoient former une nouvelle dent dans chaque branche des os maxillaires. Ces germes, ou plutôt ces dents partielles, qui par leur réunion au moyen d’une fubitance ofleufe devoient former une arrière-dent molaire, étoientc fans doute encore réunies par des cartilages non offifiés à caufe de la jeunefle de Panimal, & la deftruétion de ces’ cartilages les a laiflées libres dans Le fquelerre. IFT On fent bien que pour donner la plus grande valeur à la defcription que je viens de donner de la têre d’un éléphant, il faudroit connoître le degré précis de développement que l'individu a pu prendre par le progrès de l’âge, par conféquent y joindre des notions hiftoriques fur cet Gbjet ; mais comme cette tête de fquelette d’éléphant paroît avoir pañlé par diverfes mains, & qu'on ne peur acquérir aucune connoiflance exacte fur la période de la vie, à laquelle l'individu a fuccombé, je fuis réduit à une évaluation approchée par comparaifon avec l'éléphant de dix-fepr ans dont M: Daubenton a décrit la ftructure offeufe de la tête. Or, cette tête avoit deux pieds deux pouces & demi de hauteur verticale, & les arrière-dents molaires étoient bien formées, au lieu que dans l'indi- vidu dont je traite ; la hauteur verticale de la tête n’eft que de deux pieds, & les os maxillaires fupérieurs & inférieurs n'offrent encore que des germes de l’arrière-dent molaire ; on ne peut donc que fuppofer que ce dernier individu étoit plus jeune de quelqu’année que celui dont parle M. Daubenton. La différence de l’âge paroît cependant être peu con- fidérable , puifque la différence des deux hauteurs verticales n’eft que de deux pouces & demi, & que les arrière-dents molaires étoient dans la tête que je décris fur le point d'occuper la place qui leur étoit deftinée, Il paroït donc qu’on s'écaute peu du vrai en fuppofant la différence de l’âge feulement de deux ou trois années , c’eft-à-dire, en portant à quatorze ou quinze ans l’âge de l'individu dont la tête vient d’être décrite, Mais on doit remarquer que tous les os ne paroiffent pas croître dans Ja même proportion, & que les os incififs femblent avoir à cet égard l'avantage d'un développement plus rapide par Le progrès de l’âge; en effet la profondeur des alvéoles des défenfes n’eft que de dix pouces dans la rête que je viens de décrire , au lieu qu’elle étoit de quatorze pouces dans l'éléphant décrir par M. Daubenton; il s'enfuit donc que cndant que la tête entière de ce dernier éléphant n’a augmenté que de deux pouces & demi pendant deux ou trois années , fur vingt-quatre pouces, c’eft-à-dire ; dans le rapport de 2 pouces? fur 24 ou de +, ou d'environ Æ , les os incififs ont augmenré de 4 pouces fur 10 ou de +; il efl.donc vrai que par les progrès de l’âge le développement des os incififs & des prolongemens & de la mâchoire fupérieure fe fait dans un plus grand rapport que celui des autres os: ce qui peut être attribué à $6 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, l'efpèce de végétation des défenfes de l'éléphant auxquelles ces os ferven, d’alvéoles ; peut-être auffi que l’ufage journalier que cet animäl-fait de mêmes défenfes contribue par des eftonts füeceflifs à l’accroiflement pluÿ rapide de ces os, Cette difproportion ouvie une vue phyfologique qui ne doit point être oubliée. Les mêmes osincififs peuvent encore donner lieu à une application des principes de la méchanique , relativement au point d'appui qu’ils offrent a la partie poftérieure des défenfes de l'éléphant. On voit en effect que la bafe de ces os porte fur une forte de voñte à trois piliers, l'un formé par l'arcade zigomatique, l'autre par le côté externe de l'ouverture des parines , & le troifième par le rebord inférieur de la même ouverture ; en outre chaque os maxillaire fupérieur fur le prolongement inférieur duquel chacun des os incififs eft comme emboîté par fa païtie poftérieure , eft folidement fixé par la même forte de voûte ; quelque minces, donc que paroiflent les parois des os incififs ainft que leur. bafe , elles offrent un foutien très-folide aux défenfes de l'éléphant , & ce foutien eft encore fortifié par de nombreux ligamens des mufcles & tout l'appareil des parties molles qui fervent à fixer la trompe de l'éléphant avec les os de la partie inférieure de La tête; il faut donc peu s'étonner des efforts prodigieux que peut faire cet animal avec fes défenfes par les progrès de l'âge. Je crois devoir encore joindre ici une autre confidération fur Îa puiflance qui fert aux grands mouvemens dela tète:de cer animal ; & ur-tout aux efforts énormes de fes défenfes. Tous les:auteurs ont obfervé, il eft vrai, l’efpèce d’excavation qu'on remarque à la partie fupérieure & poftérieure de l'éléphant par une forte de difcontinuité de la fubftance diploïque & par un contact immédiat des lames offeufes interne & externe; mais on a omis de parler de l’ufage auquel peut fervir cette ample finuofité. Or, il eft facile de l’appercevoir en confidérant la tête de l'éléphant comme une forte de levier dont le point d'appui par:les condyles du tou occipital porte fur la première vertèbre cervicale; la réfiftance eft placée vers les extrèmités des défenfes qui ne peuvent être mifes en mouvement que de concert avec la tête; la puiflance eft la mafle mufculaire qui s'étend le long de l'épine & du col, & qui vient s'attacher dans l'efpace ample & creux que préfente los parieto frontal entre fes deux boffes oblongues qui règnent fur les parties latérales; or, comme la puiffance eft ici très-près du point d'appui, & que l’obftacle à vaincre eft très-confidérable quand même il ne s'agiroit que de foutenir Pénorme poids des défenfes, on voit que la nature par une jufte compenfation a ménagé un grand efpace pour léger les mufcles & fervir à leurs attaches entre les deux élévations latérales que forme l'os parieto-frontal. Auffi lorfque l'animal eft adulte & qu'il veut prendre du fommeil , il a foin de fixer l’extrêmité de fes défenfes dans un trou, & de les faire foutenir pendan$ SUR L'HIST.. NATURELLE ET LES\ARTS. 7 pendant tout le tems :du relâchement dés mofeles, comime on l'a vu, pratiquer au dernier éléphant qui étoir à la Méhagerié de Veifailles. Je pourrois aufli appliquer les principes de la:méchanique au. mou- vement de los maxillaire inférieur! -confidéré comme un levier du . troifième genre & mis'en jeu parles mufcles mafleters & temporaux ; mais comme, ce mouvement ne fer qu'à la fimple trituration des alimens, & qu'il n’eft fufceptible que: d'un développement médiocre des _ forces relativement à la grandeur de l'animal; je m'abftiens d'en parler ci d’une manière fpéciale:, d'autant plus qu'il ne fe fert point de cet os pour s'emparer avec violence deë alimens, &qu'il porte ces derniers à la bouche à l'aide de fa trompe, ii | PET: Je ne chercherai point à développer ici combien eft impropre le nom de dents-canines qu'on donne en-hiftoire-naturelle aux défenfes ‘de l'éléphant , paifqu’elles font lôgées dans les os intermaxillaires, tandis quedans tous: les autres animaux les dents âppelées proprement canines de la. mâchoire: fupérieure ‘ne! font jamais placées ‘dans les os inter- maxillaires | mais feulement dans les os maxillaires en deçà de la fûrure qui Les unit avec ces derniers; d’ailleurs la propriété généralement obfer- vée dans les os intermaxillaires de fervir d’alvéoles aux dents incifives quand l'animal en eft pourvu , leur a faitidonner le nom d'os incififs ; c'eft donc s'écarter des vrais principes que d’en faire le fiège des dents -Canines! ? |: 3 4 Une queftion bien: plus intéreflante à réfoudre eft de favoir fi en connoiffanc les os incififs d’un éléphant & la longueur de fes défenfes ainfi que leur poids’ on ‘ne‘peut point parvenir à déterminer les détenfes d'un autre éléphant dont on connoît feulement les os incififs ou les défenfes, & par conféquent fi on ne pourroit pas par-là jetter quelque lumière fur.des -efpèces antiques qui ne font connues que par des -offemens fofliles placés à ‘une; profondeur plus ou moins grande dans les entrailles de la terre. Je vais rappeler dans cette vue quelques notions rde mathématiques: 111: 13 : ! n Les défenfes d’un éléphant s’éloïgnent un peu d’une forme conique régulière, foit parce que leur bafe n’eft point un cercle parfait, mais ‘une figure ovale ou elliptique, foit encore parce que l'axe de ce cône nefbpoint perpendiculaire à fa bafe, mais qu'il forme lui-même une ligne légèrement courbe ; cependant je m’écarterai ici peu du vrai en fuppofantiles objets dans un état d’abitraétion mathématique, c’eft-2- dire, des cônes réguliers dont on peut évaluer par une très-grande approximation, les hauteurs, les furfaces &'les folidirés ; d’ailieurs comme le développement des défenfes fe Fair d’une manière régulière & toujours dans le même fens, on peut regarder tous ces cônes comme Tome XLIIT, Part. 11, 1793. JUILLET. H \ :58 OBSERVATIONS ISUR IAA'PHYSIQUE, def folides femblables dont lés hauteuïs font par conféquent comme les rayons de leurs bafes, & dont les folidités font comme les cubes de leurs dimenfions homologues. Cela pafé, lorfqu'on aura obfervé læ circonfé- rence de la bafe d'une de ces défenfes ainfi que la longueur de fon axe ou bien fon poids total, on pourra par de fimples règles de proportion déterminer la longueur d'une, autre défenle d'éléphant , où même fon poids, lorfqu’on connoîtra la Circonférénce ou le diamètre de fa bafe. Or, d'après des évaluations prifes par M. Daubenton , l'éléphant qu'il 2 décrit avoit des défenfes d'environ trois pouces de diamètre à fa bafe & de trois pieds fix pouces.de Jongueur ; la pefanteur d’une de ces défenfes étoit de quatorze livres. Il feroit facile d’après ,cela de déterminer la longueur des défenfes de l'éléphant qui manquent dans la tête que j'ai décrite, connoiflant Le diamètre des os incififs qui eft.de deux pouces deux lignes. Mais fans m’arrèter à cette détermination qui feroit ici fans but, je vais pafler à la grande queflion des défenfes foffiles , & je vais n'arrêrer fur-tout à une des plus grandes qui puiffent fixer l'artenrion des naturaliftes, trouvée-à Rome parmi des matières volcaniques, &qui a été dépoféeattCabinét national du Jardin des Plantes à Paris. On auroit par une fimple proportion la longueur de cette défenfe en connoiflant exactement le diamètre de fa bale; mais comme nous ne poffédons : que des fragmens de cette énorme défenfz, & que ces fragmens ne commencent qu'après l’excavation de fa partie poftérieure à une diftance qu'onne pen déterminer , il s'enfuit que nous fommes encore bien au-deffous d’une évaluation exacte en prenant les dimenfions de ces fragmiens qui! dans: la partie-la plus grofle ont-à-peu-près neuf pouces de diamètre. Cela fait, pour déterminer la longueur de certe défenfe en partant des dimenfons obfervées par M. Daubenton dans la tête d'éléphant qu'il a décrire, on aura 51 so : 42: 9: x 126 pouces ou 10 pieds 8 pouces; or, comme l’excavation de la partie poftérieure de cette défenfe ne peut être moindre d'un pied & demi ou deux pieds , & qu'il y à en-outre une partie entre cette excavarion.& le refte.du fragment qui, eft-encore inconnue, on ne peut guère fuppofer cette défenfe d’une longueur moindre de 13 où 714 pieds. Si on veut avoir une idée de fon poids dans l'état où elle étoit avant {a pétrification & l’altération de fon ivoire , il faudra prendre le rapport des cubes des dimenfions homologues ; & par, conféquent multiplier par :27 le poids de la défenfe obfervée ci-deflus qui étoit de 14 livres ; ce qui fait 378 livres ou près de quatre quintäux :en réuniflant donc Le poids. des deux, défenfes;; c'étoir près de huit quintaux que l'éléphant avoit à foutenir. & à faire. mouvoir avec. {és os incififs, Mais on apprend dan} les ouvrages fur le calcul différentiel & intégral, que dans toute pyramide régulière & dans tout cône le centre de gravité eft au quart de La hauteur de fon axe. Si donc chaque défenfe éroit SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS, s9 de quarorze pieds . il s’enfüir que le centre de gravé feroit à rrois pieds * fix pouces de la bafe de l'osinciff, L'animal auroit donc eu à fuppotter habituellement un poids de huit quintaux à trois pieds fix pouces de la bafe des.os incififs ; de quellé force énorme auroit dû donc être douée la mafle mufculaire reçue dans l’excavation pariero-frontale , fur-touc fi on aoute à ce poids des obftacles formidables à vaincre par les efforts des défenfes. ORNE TES De graves auteurs ont avancé, il eft vrai, qu'il étoit poñlible que [es défenfes de l'éléphant priflent toujours de l'accroiflement jufqu'à un âge avancé, & que l'accroiffement des autres parties de l'éléphant étoir loin de leur être proportionné; mais je demande à route perfonne qui a bien réfléchi fur la ftructure & la poñition des os incififs de l'éléphant & la conformation de fa tête, sil eft polible de fuppofer un accroiflement des défenfes difproportionné à celui des autres parties fans imaginer une véritable monftruofité dans la tête de l'éléphant, ce qui s'éloigne de tous les procédés de Ja nature. Comment peut-il arriver que les os incififs de l'éléphant viennent à acquérir un diamètre triple de celui qu'ils ont dans un éléphant adulte, fans que toute les dimenfions de la tête & par conféquent celles de tout Le corps priflent un développement proportionnel ? Or, comme dans les folides femblables les folidités font comme les cubes de leurs dimenfions homologues , il faudroit fuppofer une mafle vingt-fept fois plus grande que celle d’un éléphant adulre. Tel donc auroit été au moins l'éléphant dont la défenfe fofile eft au Mufeum du Jardin des Plantes, Or, comment fuppofer qu'un pareil animal n'offre pas au moins une grande variété finon une efpèce différente de celle qui eft connue? Quelle immenfe confommarion ne devoit point faire un animal aufli énorme ? & comment une pareille efpèce auroit-elle pu fe maintenir fur la terre au moment où l’accroifle- mént de la population du genre humain a dû diminuer fes reflources, où faire rrouver des armes pour le combattre ? Cembien donc n’eft-il pas probable que la défenfe folile (1) dont je parle a appartenu à un individu dont la race n’a exifté que dans l'antiquité la plus reculée, & qui s’eft éteinte peut-être des milliers de fiècles avant la fondation de Rome? Explication des Figures. A 1". Tère du fquelette de l'éléphant vue en devant, a Un des os inciffs. b Un des os propres du nez. (r) On peut confulter fur l'ivoire foflile Thomas Bartholin, A&. Med, IV, Everard Voyage à la Chine, Marfoli (Gr le cours du Danube, les voyages de Targioni Tozzeti en Tofcane , le Di&tionnaire Ory&hologique , &c. Tome. XLIII, Part. II. 1793. JUILLET. Ha » 6o OBSERMATIONS SUR L'APHYSIQUE: c Partie antérieure du pariero-fronral, À d Partie d'un des os maxillaïres fupérieurs, f Os de la pommette lié en devanr avec l’apophife du même nom de la mâchoire fupérieure , & en arrière avec l'apophife de los temporal, ; Fig. 2°. Tête du fquelette de l'éléphant vue de côré. Fig. 3. Tête du fquelette de l'éléphant vue par derrière. a EÉxcavation profonde que préfente l’os parieto-frontal. b Forme que préfenre l'os occipital. c Forme un peu courbe que préfente chacune des branches montantes de los maxillaire inférieur. MÉMOIRE Sur les caufes de l'évolution des Boutons au Printems ; Par JEAN SENERBIER, Bibliolhécaire de la République de Genève, UAND on a vu les feuilles & les fleurs dans leur bouton ; quand ou s’eft afluré de l’état de mollefe fous lequel elles {e préfentent alors; quand on réfléchie que les feuilles & les Aeurs ont avant même d'être perceptibles à l'œil la forme , les vaifleaux, les découpures , les. rapports entre leurs différentes parties, qu’elles auront enfüire dans tous les momens de leur exiftence, on s'étonne comment ces fleurs, ces. feuilles qui ont long-tems vécu dans l’obfcurité, qui n'étoient prefqu'alots. qu'une gelée organifée , ont néanmoins aflez d'énergie pour vaincre Ja réliftance que les enveloppes du bouton doivent mertre à leur évolution, Cependant en obfervant avec attention ce phénomène, & en réfléchiffant fur tout ce qu'il offre aux regards ,on peut pénétrer l'opération de la nature & découvrir les moyens qu’elle emploie pour en venir à bout, On fait que les boutons à feuilles & à fruits font attachés par un pédicule à une partie gonflée de la branche qui femble:les pouffer en dehors. On voit pendant l’é é qui précède le développement du bouton deftiné à s'épanouir dans le printems fuivant ; une ou plufieurs feuilles ui doivent l'alimenter ; le bouton ne paroît même que lorfque les feuilles qui doivent lui fervir de nourrices font bien développées, Les fucs attirés par ces feuilles abreuvent les oermes placés près d'elles ; ils déterminent ajnfi {on apparition & l’accroiffement qu'il va prendre. On SUR L'HIST. NATURELLE,ET LES ARTS, 61 voit s'élever un point imperceptible qui groffit peu-à-peu ; une efpèce de bourrelet fe forme à la bafe de ce point , & ce point montre bientôt un bouton qui s'épanouira l'année fuivante. Ce bourrelet formé à la bafe du bouton fert à préparer le fuc nourricier qui doit alimenter fes foibles parties, & leur douner la force & les moyens de fortir de la prifon qui les renferme, avec une certaine taille, tout comme le bourrelet, qu'on voit autour des greffes prépare une sève particulière & appropriée aux befoins de la tige qu’elles doivent nourrir. Ces confidérations me portent à croire que files feuilles nourriflent les boutons pendant l'été, les bourrelets achèvent leur éducation pendant - lhiver; en préparant les fucs afpirés par les feuilles, ils élaborent fans doute encore pour les boutons un fuc particulier, loifque les feuilles font tombées, ou du moins ils en font alors le fupplémenr. Cette nourriture eft indifpenfable pour réparer les pertes occalionnées par l’évaporation continuelle, & pour fournir un aliment qui favorife Paccroiflement des boutons dans ce moment même, où l’on croiroit la végétation oifive, Il eft certain que fi l'on coupe un rameau près d'un bouton , on trouve fa moëlle sèche ; de même que fes alentours; mais fil'on coupe une tranche de ce rameau dans le voifinage du bouton, elle paroît fort humectée, & Ja feétion faite au bouton lui-même eft beaucoup plus mouillée, que celle que l’on feroit à une autre partie de la branche; au moins quand la fection faite au bouton a éré efluyée , elle s'humeéte alors de nouveau , ce qui ne s’obferve pas dans la fection des branches ou des rameaux, lorfqu'elle eft à une petite diftance des boutons. ë : La plupart de-ces boutons s’épanouiffent au printems, mais le tems de la feuillaifon & de la floraifon varie pour les plantes différentes fuivant Jeurs efpèces, & pour les mêmes plantes fuivant la température du lieu où elles font placées. : Mais comment ces feuilles fi tendres, fi molles percent-elles fans déchirement leurs enveloppes qui font fi nombreufes, fi robuftes & fi bien clofes? Comment s'échappent-elles malgré la ténacité de la colle “gommo-réfineufe qui le filtre au travers des écailles de quelques boutons z Comment furmontent-elles l’action féciproque des écailles pour fermer le bouton , quoique la clôture foit fi rigoureufe qu’elle a pu interdire pendant cinq mois d'hiver l'accès de l’eau dans des boutons de maronnier d'inde que j'y avois tenus plongés après avoir couvert leur fection avec la cire d'Efpagne 2? Il me femble qu'on n’a point encore découvert la caufe & le moyen de cer accouchement. : On a bien cru qu'une humeur qui fe filcroit alors étroit le diflolvant de cette colle; mais on ne conçoit guère comment cette humeur qui a nourri Le bouton pendant l’anné: précédente , fans occafionner aucune 62 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, diflolution , prend alors cette propriété : d’ailleurs cet obftacle vaine ‘ n’anéantiroit pas les autres. E SAS On obferve que Les poils qui recouvrent ces écailles , de même que le duvet qui envetoppe les petites feuilles & Les petites fleurs, fent com- preffibles, & favorifent la dilatation des écailles , fans nuire aux parties tendres des Reurs & des feuilles qui cherchent le jour; mais d'un autre côté, ces parties fonr fi molles qu’elles femblent incapables de toute efpèce de compreflion , d’ailleurs les feuilles & les pétales fortant de leur bouton ñe paroiflent point comprimés. : Ces folurions qui me femblent les feules qu'on ait données de ce phénomène font au moins incomplettes fi elles ne font pas infufifantes. I! faut donc chercher une autre théorie de l’évolution du bouton dans [e bouton lui-même, lui feul peut en fournir Les fondemens. J'ai fuivi dans ce but les boutons du poirier qui étoient le. plus à ma portée. | Quand on examine avec foin ces écailles , on remarque bientôt que chacune d'elles eft logée on plutôt enracinée fur une efpèce de faillie qu'on remarque en füuivant le bourrelet qui la.porte; on trouve ces faillies fur l'écorce de ce bourreler qui fert de bafe au bouton, & c’eft de certe partie de l'écorce que les écailles femblenr s’échapper. En obfervant ces bourrélets au commencement de l'hiver on voit ces faillies placées les unes fu: les autres dans un certain ordre; elles font alors fort rapprochées: j'obferverai ici que le plus fouvent j'ai trouvé ces écailles difpofées de manière que le milieu de la bafe de l’écaille la plus élevée éroit placé au-deffus de l'endroit où les deux écailles du rang inférieur fe rencontroient, & ainfi de fuite pour les autres en faifant le tour du bourrelet; l'éloignement qu'il y à entre ces rangs d'écailles s'accroît beaucoup au printems par l'accroiflement que le bourrelet prend aflez vite dans fa longueur, en forte que ces rangs d’écailles doivent changer à cet égard de fituation entr'eux ; mais {es écailles doivent encore s'écarter fur-tout de la petite Aeur‘ou de la petite feuille par l’accroiffement du bourrelet en groffeur ; ce double tiraillement produit un effet plus sûr & plus facile que s’il fe faifoit dans un feul fens. On s'apperçoit bientôt que ce double accroifflement du bourrelet eft la caufe de l'ouverture & de la chüûte des écailles, commeil avoit été la caufe qui les avoit repouilées extérieurement , lorfque le bouron a commencé de croître. Le bourrelet qui porte les écailles ne peut, changer dans fes dimenfions fans occafionner des changemens dans la place occupée par les écailles, qui forment l'étui de la feuille ou de la fleur; ces écailles tiraillées à feurs bafes par l'augmentation du diamètre des bourrelets doivent fe déchirer dans cette partie où fe fait la réfiftance; particulièrement quand le bourrelet qui fert de fupport au bouton prend tout-à-coup un grand accroiflement, alors les écailles qui ceflent de . SUR. L'HIST. NATURELLE ET-LES ARTS, 6; croître, & qui font fort maltraitées par ce tiraillement , refufent de fe prêter à cette extenfon, & elles {e déchirentc à leurs bafes ou dans l'endroit qui réfifte Le moins ; mais comme l’extenfion de Ia bafe des écailles ne fe fait que graduellement de même que l'augmentation du diamètre du bourreler, certe bafe s'étend elle-même tant qu’elle eft fufceptible de végérarion, & elle ne fe déchire que peu-à peu, quand elle a ceflé de végérer; le déchirement commence toujours par un des bords de l'écaille qui rélifte moins que le milieu; mais on trouve la partie déchirée noircie, parce qu'elle s'eft defléchée, tandis qu'elle tient encore au bourreler par une partie qui a été moins tirée, où qui a Été capable de s'étendre davantage; enfin, comme cette écaille eft toujours plus tirée, & comme elle perd toujours plus la faculté de s'étendre, elle tombe bientôt entièrement, J'ai vu dans un bouton bleflé par un ver, & où le ver s’étoit logé, que l'écaille ne s’'étoit dérachée dans cette partie du bouton, que parce que celle-ci avoit ceflé de croître, tandis que les écailles voifines pouflées en dehors par le bourreler, qui s’augmentoit en diamètre & en longueur, tirojent à elles ces parties des écailles qui ne pouvoient les füivre, parce qu'elles ne pouvoient s'étendre comme les autres. Les écailles Les plus extérieures tiennent plus long-tems au bourrelet, elles femblent faire davantage corps avec lui; elles paroïffent plus robultes, mais elles tombent enfin comme les autres. Les écailles des boutons à feuilles fubfiftent davantage & fe déchirent moins vite, parce qu'elles font moïns brufquées par l’accroiffement de leur bourrélet qui eft bien moindre que celui des boutons à fleurs, ou plutôt qui femblent fe développer plus lentement. J'ai expliqué peut-être de cette manière comment les écailles fe féparent & fe retireut de deflous celles qui les recouvrent : on a vu comment elles tombent ; mais on ne voit pas encore comment elles s'ouvrent pour laifler paffage à la feuille ou à la fleur. En y faifant attention on voit d’abord que les écailles qui commencent à fe détacher par leurs bafes n'offrent plus la même réfiftance, on apperçoit enfuite que le bourrelet en grofliflant écarte ces écailles les unes des autres, & que quoique le mouvement foit très-petit à leurs .bafes , il occafionne cependant un écartement confidérable à leur fommet , ce.qui facilite la dilatation du bouton gonflé par les fucs abondans qu'il reçoit ; À mefure que le bouron groflit , le bourrelet groflit avec lui, en forte que l'écartement des écailles qui devient toujours plus grand , { trouve toujours proportionnel à l'auomentation des fleurs & des feuilles dont il favorite toujours davantage la forrie pendant qu'elle eft déterminée par les fucs qui pénètrent toujours Ja plante avec plus ‘d'abondance : d’ailleurs les écailles en fe déchirant par leurs bafes oppolent une réfiftance moindre aux efforts de l’accroiflement du 64 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE; bourrelet pour les écarter & les déchirer, & à ceux de la fleur ou de fa feuille pour les repouiler, en forte que par ce mécanifme [a réhftance devient toujours moindre que leifort qui doit la vaincre, On peur expliquer ainfi l'aétion du bourrelet fur les_ écailles pour favorifer Le développement des feuilles & des Aeurs avant l'épanouifle- ment. Les écailles ne fe déchirent point alors, parce qu'elles peuvent prendre de l'accroiflement & s'étendre pendant qu'elles croiflent ; mais on voit bien qu’elles fe redreflent à leurs fommités, & ce redreffement ne peut être produit que par l’augmentarion du diamètre du bourrelet fur lequel elles font placées ; elles ne tombent point alors, 1°. parce qu’elles font moins tiraillées que pendant la feuillaifon & la foraifon, 2°. parce que les changemens font plus nuancés, & 3°. parce qu’elles ont alors un certain développement à prendre qui leur permer de céder aux impulfions qu’elles reçoivent. EXTRAIT. D'UNE LETTRE DR MLFIT A M SON PÈRE, Lue à l’Académie des Sciences. À bord du vaïffeau de M. Lancaftraux, à Amboine, île Moluque, 30 feptembre 1792. las eete Nous partimes du Cap de Bonne-Efpérance le 16 février 1792. Nous eûmes très-mauvais tems & très-grofle mer pendant que nous fûmes par le travers de l'embouchure du canal de Mofambique ; la Recherche perdit un moulin à vent dans les grandes roulées. Le 28 mars, nous pafsèmes très-près de l’île Saint-Pauk, qui n’eft point habitée : elle étoit toute en feu, & nous conjecturâmes qu’elle. étoit volcanifée. ; Le 14 avril foir, les vents foufflèrent avec violence ; la mer devint groffe, & nous éprouvâmes des bourrafques continuelles jufqu'au 18 {oir; pendant ce mauvais tems nous roulions bord fur bord & faifions beaucoup d’eau par la groffe mer, La nuit du 16 au 17, notre life de tribord fur emportée par un coup de mer & les chandeliers de fer qui Ja foutenoient. Nous arrivâmes enfin Le 22 avril dans la baye des Tempêtes, & le 24, nous mouillèmes dans un fuperbe port que nous découvrimes ; nous y reflâmes jufqu'au 24 mai fans y voir aucuns naturels, quoique : l'endroit rm Te £ 1: è SW 4 SUR L'HIST. NATURELLE ËT LES. ARTS, 6£ l'endroit paroifle avoir été habité ; les bois y font très-épais, &c prefque impénétrables. Dans les chaffes que l’on put faire, on tua le kanguroo de la petite efpèce , des perroquets, des cignes , des cormorans, des pélicans & autres oifeaux d'eau , qui étoient en aflez grande quantité {ur Les lacs voifins de ce port. Il paroît que peu de tems auparavant notre arrivée ici, ce pays éroit aflez peuplé ; car on voyoit dans différens endroits plufieurs cabanes encore en bon érat; à côté de chacuñe il y avoit des monceaux de coquillages brûlés. L'intérieur des arbres leur fervoit vraifemblable- ment d'âtre , car aux environs de chacune de ces cabanes, on voyoit peu de gros arbres dont l'intérieur ne fût brûlé. Dans une pêche que l'on fit fur une plage à quelque diftance du port, on découvrit en fe promenant un corps humain , ou plutôt un refte, dans lequel on reconnut aifémen€ le bafin d'une jeune fille & le crâne. Il y reftoir encore de la chair, qui paroifloit avoir été rongée ; Le tout étoit difpofé avec foin, fous une écorce d'arbre, par-deflus laquelle on avoit fait du feu. La viande paroifloit avoir été aoûtée après la cuiflon, & peut-être étoit ainfi difpofée pour la conferver : ce qui nous ft croire que les naturels de ce pays pouvoient être antropophages, Le 24, nous allâmes reconnoître un détroit découvert par nos embar- cations, nous y trouvâmes paffage pour les deux frégates; ce détroit a une de fes ouvertures dans la baye des Tempêtes, & l'autre deux minutes environ plus nord que la partie méridionale de la grande île Maria. II détache le cap Tafman de la terre de Van-diemen à la Nouvelle- Hollande. Ee 28 mai, nous fortimes du détroit , & fimes voile pour la Nouvelle-Calédonie ; notre traverfée fut très-heureufe, & nous en eûmes connoiffance le 16 juin; nous en côtoyâmes toure la partie du fud-oueft , fans trouver de mouillages ; les recifs qui la bordent rendent cette côte inacceflible. Ces mêmes recifs fe prolongent plus de foixante lieues au nord-oueft de la Nouvelle-Calédonie, & rendent la navigation très- dangereufe en ces parages; ces recifs font parfemés d'ilotes & de bancs de fable. Le 9 juillet, nous vimes la terre des Arfacides, que nous reconnûmes parfaitement ; enfuite nous côtoyâmes la partie fud-oueft de l’île de Bougainville , que nous rrouvâmes très-femée de hauts-fonds ; il y en eut un fur lequel nous pafsâmes qui n’avoit que trois brafles & demie, lorfque l’on fonda. ; Le 15 fut pour l'expédition un jour remarquable : le matin étant à environ deux lieues de l’île Bouca , reconnue par Bougainville en 1778, nous apperçûmes plufeurs pirogues qui dirigeoient leur courfe fur nous: de fuite nous mîmes en travers pour les artendre ; lorfqu'ils ne furent qu'à portée de pierriers de nous, ils s’'arrérèrent, & ne fe décidèrent à accolter que lorfque nous eûmes épuifé rous les fignes d'amitié que Tome XLI , Pari. II, 1793. JUILLET, \ 66. OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, notre imagination pouvoit nous fuggérer. Leurs pirogues font très-biers conftruites , ont l'avant & l'arrière très-relevés, & font très-légères = dans leur entier elles ont la forme d’un croiffant ; elles font peu larges : leurs bancs ne peuvent porter que deux hommes; Les plus petites que nous ayons vues étoient armées de fix: ces naturels ont la même couleur que les Mofambiques , & en ont les traits & l’accent. Après une infinité de préfens que nous leur faifions pafler fur des planches, ils fe décidèrent à accofter, mais fe tenant toujours à trois ou quatre brafles du bord. Sur les onze heures une grande pirogue vint {e joindre à celles avec lefquelles nous étions en correfpondance ; elle n’approcha que lorfque les autres leur eurent montré ce qu'ils avoient eu de nous ; dans toutes. les pirogues réonoit le même ordre :le chef fe tenoit toujours vers le milieu, & m’avoit point de pagayer comme les autres; on le diftinguoit aifément à une coquille blanche qu'il portoit au col, &.une efpèce de bracelet à la partie fupérieure du bras gauche. Dans la grande pirogue . on comptoit quarante hommes: les bancs portoient quatre hommes dont deux pagayoïient, & deux étoient armés d'arcs & de flêches ; le chef avoit les mêmes décorations que ceux des autres pirogues, mais avoit un pañache blanc dans Les cheveux ; il fe tenoit droit fur le banc, & derrière lui étoit un autre dignitaire portant fa maflue. Ils étoient tous très-gais, & danfoient avec une paflion immodérée, quoiqu’afis fur leurs bancs, au fon du violon de M. de Saint-Aignan , troifième lieutenant de le Recherche, On leur joua plufeurs contredanfes; mais Marlborough pes être plus de leur goût. Ils marquoient tous la plus grande joie , orfqu'on leur jertoit quelque chofe; lerfqu’il le ramafloie , un feul ( celui qui éoit le plus proche ) le mettoit dans la pirogue ; la pièce pañloit de: main en main, & refloit au chef. Cet ordre qui régnoit dans toutes les. pirogues me parut d'autant plus néceflaire, qu'ils devoiear infailliblement chavirer, fi un d’eux fût paffé d'un bord à l’autre. Les bouteilles, les chapeaux , & les étoffes & rubans rouges leur faifoient grand plaifr 5 l'eau-de-vie que l'on avoit mife dans plufieurs bouteilles, étoit fort de leur goût ; plufeurs en burent & rebouchèrent les bouteilles, les mettant avec les autres effets qu'ils avoient recus de nous : ils mettoient les chapeaux fur leurs têtes en pouflant de grands cris de joie; fe mettoient autour du col & du corps, les rubans & éroffes rouges , en faifant autant des mouchoirs. Une grande culotte leur fur jettée , ils. l'effayèrent & la mirent de côté. Les couteaux , cifeaux ; villes; clous, miroirs, & autres clinquailleries, ne les tentoient ni ne les étonnoient; ils nous firent voir qu’ils en feroient aifément ufage. Ils nous parurent de très-bonne-foi; ils nous donnèrent en échange des arcs & des flêches , après nous en avoir montré l’ufage , croyant fans doute nous rendre un fignalé fervice ; pour cet effet ils décochèrent une Alêche fur un Banc de poiflon qui étoit à quelque diftance ; ils nous donnèrent auffi un Eu EN RE nn A Ne LE FE D 2 D) 4 SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 67 coquillage , qui leur fervoit de bracelet , nous jettèrent aufli quelques noix d’arèques, & s'en retournèrent vers midi. À trois heures de l'après-midi, trois pirogues revinrent [e Iong de bord ; parmi elles nous reconnümes celle avec laquelle nous avions le plus échangé. Nous eûmes d'eux des arcs , des flêches, des maflues , & un oifeau de mer qu'ils avoient tué, la flêche étoit encore dans fon corps. À quatre heures ils nous quittèrent pour ne pas trop s'éloigner de terre ; ils paroifloient aufñli contens de nous, que nous l'étions de leur bonne-foi, Ces naturels étoient d’une forte ftature & d’une conftitution robufte ; ils avoient de cinq pieds quatre pouces à cinq pieds fix pouces: ils n’étoient prefque point barbus: leurs cheveux étoient courts & laineux; quelques- uns d’entr'eux s’étoient teinc les cheveux en rouge. Leur voix étoit forte & aigue, fans être rauque ; je remarquai qu'ils difoient ( mamoum ) en nous montrant des flèches , & (ouké) pour leurs maflues, Pour les faire accofter de nous , nous avons crié plufieurs fois (Bouca), comme avoit fait M. de Bougainville en 1778, lorfqu’il pafla par ici; ils répétèrent comme nous bouca, bouca, en nous montrant la terre. IL paroîr que déjà ils ont été vifités par d’autres bâtimens, car ils confidérèrent peu les nôtres. Ils ont l'air d'étre en très-bonne intelligence, & avoir beaucoup de déférence pour leur chef, car plufieurs fois ils pafsèrenc différens effets à la grande pirogue, à la demande du chef. Toutes leurs armes confiftent en arcs, fêches & maflues, Les arcs, de bois de cocotiers, ainfi que les maflues , font très-bien dimenfionnés; la poignée des derniers étoit ornée de fculpture d'un goût particulier. Les flêches de bambouc , avoient un embout de bois très-dur & très-pointu. Le 17 juillet, nous arrivèmes à la Nouvelle-Irlande , & nous mouillâmes dans le hâvre Earteret; nous y reftimes le tems néceflaire pour faire de l’eau & du bois. Les pluies continuelles & l'ingrati- tude de la pêche ne nous offrant aucune reflource, la chafle imprati- cable à caufe du mauvais tems, nous en fortimes enfin le 24, n’y ayant as vu le foleil quatre heures entières ; & nous y laifsämes une ancre que le tems & une marée défavantageufe nous forcèrent d’abandonner ; les coraux avoient coupé notre cable. Nous fuivimes la partie fud-oueft de la Nouvelle-Irlande, & recon- nûmes en paflant les îles d'York, Sandwich, Biron, Nouvelle-Hanovre, & les Portland, &c. Le 28, nous eumes connoiflance des îles de l’Amirauté ; nous en vifitâmes plufeurs : nous communiquâmes plufeurs fois avec les naturels : nous les trouvâmes très-pacifiques , quoi qu’en difent les navigateurs qui nous ont précédés ; la feule arme qu'ils avoient, étoit une fagaye, qui n’eft autre chofe qu’une petite branche d'arbre, au gros bout de laquelle eft ajuftée une de verre de volcan, ou pierre tranchante ; nous en Tome XLIIT, Part, 11, 1793. JUILLET, I 2 # 68 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, avons eu deux, Ce font abfolument les mêmes hommes qu'à Bouca ÿ ceux-ci ont l'extrémité de la verge cachée dans une elpèce de pucelage: ils nous donnèrent plufeurs de ces coquillages. Leurs pirogués ‘ont l'avant & l'arrière beaucoup moins relevés que celles de Bouca , & font à balanciers, Ces pirogues naviouent très-bien. Le 2 août, nous vîmes les îles des Anachorettes; les naturels nous parurent être les mêmes que ceux de l'Amirauté, Les 3,4 & 5. nous côtoyâmes les mille îles, dont nous comptâmes aifément trente- quatre, . Le 14, nous reconnûmes les îles des Traîtres, & le 18 , la Nouvelle- Guinée, que nous côtoyâmes jufqu'au détroit de Pitt, que nous pafsâmes le 23. Le 28, nous eûmes connoiffance de Ceram , & nous arrivâmes enfin le 6 feptembre en cét endroir. Le fort en face duquef nous fommes mouillés , fe nomme le château de la Nouvelle- Viétoire. Il eft aflez bien conftruit, peu fortifié, & très-muni de pièces de canon. La ville irrévulièrement conftruite, eft aflez propre. A notre arrivée ici, On Bt quelques difficultés de nous recevoir, craignant que nous ne vinfhons faire le fiège de la citadelle, & nous emparer de la colcnie & de fes épiceries; on tint confeil, & après nous avoir reçus, on donna feulement permiflion de defcendre à terre aux officiers ; le général qui favoit trop combien les équipages avoient befoin de promener, obtint enfin permiflion exclufive, Éosfqu'il fe fut fait connoître, comme ayant été recu Edler, une des premières dignités de Hollande à Batavia, il fut reçu avec rous les honneurs qui lui éroient dûs , & l’on eut pour lui tous Les égards qu'il mérite fi bien, Cette île eft très-riche en mufcade &'en gérofie, & appartient (pre/que) aux Hollan- dois ; ils font encore en guerre avec les premiers habitaus. Cette relâche nous fournit tous les rafraïchiffemens poilibles, & eft bien capable de nous préparer en partie au trajet que nous avons à faire avant. d'arriver à Batavia. Jufau’à ce jour, nous n'avons perdu perfonne de notre bord; Ha Recherche, plus malheureufe, perdit fon maître charpentier, un. matelot & un moufle , ce dernier tomba à la mer la nuit du lendemain de notre arrivée ici ; il ne favoit pas nager , & coula : le corps reparut déux jours après, Nous efpérons tous achever heureufement cette campagne, & chacun: au milieu de fa famille, jouira du bonheur d'y être. , AS $SÙR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. C9 R KB ON SE DE M. SAGE, ONE RID SC Sur les Vafes précieux renfermes dans le Cabinet du Garde- Meuble de la Couronne de France. Our, Milord , j'ai fait en 1784, par ordre de Louis XVI, la defcription de cette magnifique collection , je l'ai faite avec le plus grand foin. J'en ai follicité l’impreflion , difant qu'une: defcriprion imprimée eft un inventaire public qui met en sûreté les objets. Quoique Thierri fût ami de l’ordre & de la confervation, cependant il ne fit:pas imprimer cette defcription , il fe contenta d'en faire faire deux, copies fur velin, en remit une au roi, & garda l’autre. Vous trouverez , Milord, cette defcription prefqu'en totalité dans un volume 21-8°. imprimé en 1797, lequel a pour titre : Inventaire des Diamans de la Couronne; publie par Les Commiffaires de l'Affemblée-Narionale. Les favansiqui, ont concouru à ce travail ont vraifemblablement trouvé ma defcription exacte ; puif- qu'ils l'ont copiée, Je ne fais pourquoi ils ont préféré le nom de prime d'émeraude à celui d’Aeliotrope , que Pline a donné à l'efpèce de pierre verte demi-tranfparente qui paroît de la nature du.jafpe; je n'ai vu cette pierre que dans le cabinet du ;garde-meuble, où il y en avoit quatre ou cinq vales.de formes agréables. UE La defcription que j'ai faite, préfente par ordre de matières cinq cent trente-trois objets qui éroient renfermés dans ce beau cabinet : ils étoient fous glace, dans des armoires done les portes étoient en fer bronzé, portes que j’avois fait fubftituer à des treillages, à travers lefquels pañloit la povflière, qui gatoit les vafes, les émaux & les cifelures. Voici l'oräre que j'avois fuivi dans la defcription, Or. | 1 Emeraude. . SueM Argent. Topafe. Cuivre. Jade. Fer. 4 Grenats. Marbre. Criftal de roche (r): (x) lyavok] dans ce cabinet une quantité de criftaux de roche travaillés {ing 70 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, Améthiftes, Serpentin. Agathe. Lapis. L Sardoige. Pierre ollaire. Cornaline. Succin. Heliotrope. Ivoire, Jafpe. Nautilles. Porphire. Perles. Les experts qui ont concouru à faire l'inventaire des diamans (1) de a couronne , publié par ordre de l’Aflemblée-Nationale, n’ont pas fuivi de méthode, mais décrit les. ovjets en fuivant les tablettes des armoires ; lorfque j'y arrangeai ces objets précieux , je Les entremêlai de manière à offrir de la: variété. Dix où douze vafes murrhins renfermés dans cette collection , écoient les objets les plus remarquables. Grandeur , élégance dans les formes, beauté dans la fardoine, tout s’y trouvoit réuni. Ces vafes murrhins fonc femblables à ceux décrits par Pline, lefquels avoient été apportés à Rome par Pompée après qu'il eut défait les pirates d’Afie. La plupart des vafes précieux renfermés dans le cabinet du garde- meuble, avoient appartenu à Charles le Téméraire, dernier duc de Bourgogne, qui perdit la vie à Morat , le même auquel avoit appartenu le diamant connu aujourd’hui fous le nom de Sancy, eftimé un million dans l'inventaire de 1791. Louis XIV, auquel on avoit vraifemblablement vanté ces objets , les raffembla , en ajouta d'autres; fa volonté éroit que rien n’en fût diftrait ; mais la plupait de ces vafes étoient enrichis de diamans, dont l'extraction a concouru à enrichir plufieurs aventuriers. Lorfque je vérifiai avec M. Nitot en 1790, l'inventaire que j'avois fait de ce cabinet en 1784, * je trouvai que des mains habiles avoient encore dérobé des diamans , des perles &'de l'or, ce que nous indiquâmes dans le procès-verbal d'appréciation, Mais il étoit réfervé à l’année 1792 , fi féconde en chofes extraordinaires, de voir maflacrer Thierri, dont on redoutoit la vigilance , afin d'effectuer quelques jours après le vol du tréfor qui lui étoit confié. D goût. Plufeurs offroient les formes de gros oifeaux dont l’intérieur étoit creufé de manière que le criftal n’avoit pas plus d’une ligne & demie d’épaifleur. On doit regarder ces pieces comme le triomphe de la patience. Il y a de femblables oifeaux en criftal de roche dans le cabinet des Bénédiétins du fauxbourg Saint-Germain. (x) Fignore ce qui a pu déterminer ces experts à apprécier fi haut les diamans, & en général tous les objets. Le Pittou Régent n’a coûté que deux millions cinq cens mille livres : ce diamant a été évalué douze millions dans l'inventaire de 1797. LOU és L'on FT PA HET SN 4 ; ciai 7 ALATETTN ne Pr) l#à 4 spa VEN ASE 7 7 SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS, 9x Louis XIV raflembla aufli des médailles & des pierres gravées ; les ünes & les autres éroient dans des armoires des appartemens de Verfailles. Cette magnifique colleétion eft aujourd'hui dans la bibliothèque ci- devant royale. L'infouciance de Louis XV & de Louis XVI pour les arts, & le peu de goût des parvenus qui occupèrent auprès de ces princes la lace de miniftre des arts, ont concouru à leur déclin, Au lieu de créer Choifi, d'acheter & bärir Rambouillet, pourquoi n'avoir pas entretenu Verfailles, & n’avoir pas ajouté à l’immenfiré des chofes magnifiques raflemblées par Louis XIV, qui ft en même-tems fleurir les arts & le commerce, honora les lettres &-les fciences, créa les académies pour les perfectionner > Il eft à croire qu’en élevant à la fois Verfailles, Trianon, Marly, l'Hôtel des Invalides, &c. il étoit pénétré que les beautés de l’art réunies dans un pays font propres à y attirer les étrangers, qui trouvèrent en outre une urbanité ,une douceur dans les mœurs, qui n'étoient peut-être qu’en France. A DE, ———— Le NOUVELLES LITTÉRAIRES. Fos A Cochinchinenfis, &c. Flore de la Cockinchine, prefentane les Plantes qui viennent dans ce Royaume. Il y eff ajouté encore d'autres Plantes obfervées en divers endroits de l'Empire de la Chine, des Indes orientales & de l'Afrique , le tout arrangé felon le Sy fléme Jexuel de LiNNÉ ; par J. DE Lourerro. A Lifbonne, 1790 , ë-4°. 2 vol. M. de Loureiro a demeuré trente-fix ans comme miffionnaire dans {a Cochinchine & les pays voifins. Ses connoïflances dans les Mathématiques & dans la Médecine lui ayant acquis quelque confidération , il a cherché à l'augmenter en fe procurant la connoïflance des plantes qu’on trouvoit , dans ces contrées éloignées, & ce font ces recherches qui l’ont conduie à l'étude de la Botanique. Dans le manque abfolu où il étoit de livres de cette belle fcience, il s'adrefla aux européens que le commerce affembloit à Canton, & eut le bonheur d'y rencontrer un capitaine anglois qui avoit apporté pour fon propre ufage quelques livres de Botanique, & qui lui fit préfent des ouvrages de Linné fur les Genres des Planres & fur le Syfléme de la Nature. Muni de ces guides, il fe vit en peu de tems en état d'examiner des plantes tout-à-fait inconnues, & de leur afligner leur place dans le fyftême des végétaux; ce qui devint une nouvelle preuve de l’avantagé de la méthode linnéenne, Les découvertes de notre nouveau botanifte furent afflez eflentielles , pour que Bergius , dans fa Murière » 72 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, médicale, & Linné fils dans fon Supplément ; en aïent tiré parti: Pendant quelques années de féjour à Canton, M. de Loureiro apprit à connoître plufieurs plantes médicinales des chinois, qu'il a fait entier dansfa Fiore, aufli bien que quelques végétaux du Bengale, du Matabur, de Sumatra, de Campodia & de Mozambique ; mais il a diftingué par des marques particulières les plantes de chaque pays, & onlui fait gré de les avonr fait entrer dans fa Flore, puifque ce font routes les plantes qu’il a vues de fes yeux, & décrites avec la plus: grande exactitude , de forte que. fes remarques fourniflent des éclairciflemens eflentiels fur le fyftème des végétaux. Le nombre de nouveaux genres & de nouvelles etpèces eft confidérable. Il les a rangés dans des vingt-quatre clafles de Linné, fans adopter la réduétion des quatre avaat- dernières. Il foutient que la Gynandrie a des caractères ailez particuliers & aflez marqués pour former une claffe à part, & que ceux de la Monoecie & dela Dioecie ne font pas aufli peu sûrs que quelques autres botaniftes Le prétendent. Au refte, Pun ou l'autre arrangement peut devenir une chole très-indifiérente , pourvu que dans les defcriptions des plantes on fuive roujours la méthode de Linné, & qu'on marque bien leurs caractères diftinctifs. Lorfque Linné lui-même a placé les Ombilifêres dans la même clafle & dans le même ordre avec les Genrianes, on pourra bien aufli clafler les Orchides avec les 7éroniques ; ce n'en fera pas moins deux familles diftinétes que la convenance a placées fur la même ligne, mais qui ne pourront jamais être confondues enfemble. | : IL eft heureux que les defcriptions que nous donne M. de Lowreiro foient très-détaillées, puifque dans fa Préface il nous Ôôte tour efpoir d’avoir des figures ajoutées à fon ouvrage. Ayant été trop libéral à communiquer fes plantes sèches aux amateurs, il en a perdu beaucoup ; & pour celles qui lui reftent , il n’auroit pas facilement trouvé dans le pays des artiftes pour les rendre aufli bien qu'il l’auroir defiré. Ourre les defcriptions carattériftiques , M. de Loureiro donne encore des ren- feignemens fur leurs qualités médicinales & fur leurs ufages dans l’éco= nomie & dans.les arts ; au nom botanique, il ajoute le plus fouvent celui fous lequel la plante eft connue dans les divers pays où elle vient fpoutanément; & fi ces noms font exacts, comme nous avons tout lieu de le croire, c’eft un moyen de plus pour un botanifte voyageur de s’affurer de leur identité. Pour les plantes que M. de Loureiro n'a pas trouvées dans les ouvrages de Linné, qui lui ont fervi-de guide, il leur a donné de nouveaux noms; mais il eft probable que quelques-unes d'entrelles font déjà nommées différemment par d’autres botaniftes qui ont vifité ces parties des Indes orientales, & le travail qui refte encore, ce fera de confronter ces auteurs avec M. de Loureiro, pour féparer les plantes véritablement nouvelles, de celles qui nous font déjà connues fous d’autres dénominations, Nevroencephalotomia : SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 73 Nevroencéphalotomia : Anatomie des Nerfs du Cerveau. A Pavie, ‘1791. | M. le profefleur Malacarne, connu par plufieurs ouvrages favans, avoit déjà communiqué au Public fa correfpondance avec le célèbre Bonnet, fur l’anatomie du cerveau & des nerfs qui en dépendent ; mais plufeurs augmentations & éclairciflemens qu'il y a ajoutés depuis, rendent cette nouvelle édition plus complette, & font une preuve récente combien M. Malacarne étoit capable de réfoudre les doutes de fon itluftre ami. Une des queftions propofées par Bonnet portoit fur un objet bien délicat; des obfervations nombreufes lui avoient fait croire que la multiplicité des lames ou pellicules du cervelet humain contribuoïit à la perfection de cer organe. Paflant de remarque en remarque , il demande, fi l'exercice continu & vigoureux des facultés de l'ame , développées dans le cerveau , peut influer fur le développement des parties qui ont quelques relations avec cette faculté? M. Malacarne appuyé fur des raifons dont il rend compte , a cru pouvoir répondre par l'affirmative, Differtatio fiftens Partüs naturalis brevem expoñtionem. Differtation contenant une courte expofition de l'Accouchement naturel; par M.JEAN-Jacques RomER, Docteur ex Médecine : feconde édition. A Gottingue; & fe trouve à Strafbourg , chez Amand Koenig , Libraire, 1791, grand 27-8°. è La première édition de cette Monographie paruten 1786: elle offre une hiftoire très-bien faite de l’accouchement naturel: Il l’a fait précéder par crois obfervations de femmes enceintes, qu’il a fuivies exactement ju'qu'au moment, de leur délivrance. Ce font des faits choifis parmi quarante autres du même genre, que M. Romer a eu occafon d’obferver dans l’hôpital des femmes grofles à Gotringue. Cette diflertation eft terminée par un grand tableau, où font rapportées d’une manière comparative quatorze obfervations d'accou- chement naturel. Tout ce qu’il y a d’efflentiel fur cet objet, y eft noté far des articles particuliers avec le plus grand foin. Procédé pour teindre le Fil en rouge; par M. DELORME, Teinturier à Rennes , lequel a obtenu une récompenfe le 26 Juiller 1786, à condition que ce procédé feroit publié après fix ans expirés, Prenez un pot d'urine , faites-le tiédir en y fondant une once de crème de tartre,une demi-once de verd-de-gris pulvérifé à fec : le tout bien fondu enfemble, laiflez un peu refroidir & diffolvez-y douze onces d'alun de Rome , douze onces de fel marin, & ces fels étant diffous , ajoutez-y une demi-once de fel ammoniac , fix onces de fel de faturne & une demi« Tome XLIII, Part. II, 1793. JUILLET. K 74 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, once de criftaux de foude ; tirez au clair, quand Je dépôr eft fait : paffez dans cette liqueur le fil pendant fix heures ou feulement pendant une dtehee SE lon veut une nuance claire, Le fil étant bien fec, on le teint dans un bain d’une livre de garance ou une livre & demie. Pour donner une nuance plus foncée on danne un léger pied de galle en faifant bouillir la livre de fil dans une décoétion de deux onces de noix de galle; on sèche le fil avant de le pafler dans la compoñition. Seize pots de la compofition peuvent fervir pour vingt livres de fil. Recette del Eau qui a la propriète de faire périr les Infe&tes , les Chenilles, Pucerons, Punuifes , Fourmis , &c. de la compofuion & invention du Citoyen TATIN , Marchand Grainetier - Fleurifle , place du Quai de l'Ecole, à Paris. Savon noir, de la meilleure qualité ........... 11. Flenride Houére NN Ter Es ler NEA ET + Pl Champignons des bois, de couches ou autres. ..... 2 Eau coulante ou de pluie. .................. 6opintes Partagez l'eau en deux portions égales : verfez-en une partie, c’eft-à- dire, trente pintes, dans un tonneau, grand ou petit, qui ne fervira qu'à cet ufage; délayez-y le favon noir, & ajoutez-y les champi- gnons, après les avoir écrafés légèremenr. Faites bouillir dans une chaudiere la moitié ou le refte de l’eaus mettez tout le foufre dans un torchon ou toile claire, qu’on liera avec une ficelle, en forme de paquer, & attachez-y une pierre ou un poids de quatre livres, afin de le faire defcendre au fond. Si la chaudière eft trop petire, & qu'il faille partager les trente pintes d’eau , on partagera de même le foufre. Pendant vingt minutes, tems que doit durer l’ébullition, remuez avec un bâton, foit pour fouler le paquet de foufre & le faire tamifer, foit pour en faire prendre à l’eau toute la force & la couleur. Si l'on augmente la dofe des ingrédiens, les effets de cette Éau, ainfi préparée, n'en feront que plus fürs & plus marqués. On verfera l’eau fortant du feu dans le tonneau, où or la remuera un initant avec un bâton. Chaque jour on agitera ce mélange, jufqu'à ce qu'il acquière le plus baut degré de féridiré : l'expérience prouve que plus la compofition eft fétide & ancienne, plus fon ation eft prompte. Il faut avoir la précaution de bien boucher le tonneau chaque fois que l’on remuera l’eau. Quand on veut faire ufage de cette ean, il fuffit d’en verfer fur certaines plantes ou de les en arrofer, d’y plonger leurs branches ; \ mais la meilleure manière de s'en fervir eft de faire des injections avec SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS, 7s une feringue ordinaire, à laquelle on adapte une canule femblable à celle qu'on emploie tous les jours, avec la différence qu'elle doit avoir à fon extrémité une têre d’un pouce & demi de diamètre, percée, fur fa partie horizontale, de petits trous comme des trous d'épingles, pour les plantes délicates, & un peu plus grands pour les arbres. Ces canules fe trouvent. chez le citoyen Laplace, potier d'étain, rue Saint- Honoré, près la Barrière-des-Sergens. Nota. Comme il faut poufer la feringue avec force pour que l'eau jaillifle | & qu'il s'en perd toujours trop, il eft bon d'avoir plufeurs canules percées de trous de diamètres différens. Les chenilles, les fcarabées, les pucerons, punaifes de lits, d'oran- gers, ou la cloque, & autres infectes, périffent à la première injection. Les infectes qui vivent fous terre, ceux qui ont une écaille dure, les frelons, guêpes, fourmis, &c., demandent à être injeétés douce- ment & continuellement, jufqu'à ce que l'eau pénètre jufqu'au fond de leur demeure. Les fourmillières, fur-tout, exigent deux, quatre, fix à huit pintes d'eau, fuivant le volume & l'étendue de la fourmil- lière, à laquelle il ne faut pas même toucher pendant vingt-quatre heures. Si les fourmis abfentes fe raflemblent & reforment une autre foumillière , il faut les traiter de la même manière : c'eft ainfi qu'on parviendra à Les détruire; mais il ne faut pas trop les tourmenter avec un bâton; au contraire, il faut continuer Les injections, jufqu'à ce qu'il n’en paroifle plus à la furface de la terre, & qu’elles foient toutes détruites & mortes. On peut auffi ajouter, avec beaucoup de fuccès, deux onces de noix vomique, que l’on fera bouillir avec le foufre : l’eau en acquerra plus de force, fur-tout quand il s'agira de faire mourir des fourmis. Quand on aura employé toute l’eau, il faudra jetter le marc dans un trou en terre, pour que les volailles, ou autres animaux domefti- ques, ne foient pas dans le cas de le manger. Nota. On vend, à Paris, rue des Lombards , au marc-d'or, Îa fleur-de-foufre, huit fols la livre, & la noix vomique rapée, quarante fols. Prix de Phyfique, propofe par l Académie des Sciences , pour l'année 1794: L'Académie avoit propofé pour fujer d’un des prix qu'elle devoit d'ftribuer dans la féance pub'ique d’après Pâques 1791 : La meil- leure manière de curer les puits & de vider les foffes d'aifance. N'ayant reçt, dans le délai prefcrit aux concurrens , aucun mémoire ui Jui parut mériter le prix, elle a propofé le même fujet, avec un prix double, pour cette année 1793. Tome XLIII, Part. Il, 1793. JUILLET, K 2 56 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, L'Académie avoit eu en vue dans la propofition de ce prix, con- ” formément aux intentions du fondateur, de prévenir les accidens aux- quels font fi fouvent expofés les hommes employés à ces travaux, & eile avoit même invité les concurrens à joindre, leur mémoire, des obfervasions fur le traitement qui convient aux maladies qui les afflisent, L'Académie a vu avec peine que fon vœu n’avoit point encore été rempli cette année, & qu'il ne lui éroit même parvenu aucune nouvelle pièce depuis la remife du prix. Elle croit donc devoir pro- pofer, pour la troifième fois, le même fujet, en prévenant le public que, s’il ne lui parvient pas de pièce digne d’être couronnée, le prix fera retiré, Le prix fera de 2160 liv. Les favans & artiftes de toutes les nations font invités à travailler fur ce fujer, & même les aflociés étrangers de l’Académie. Elle s’eft fait une loi d’exclure les Académiciens regnicoles de prétendre au prix. Ceux qui compoleront font invités à écrire en françois ou en latin, mais fans aucune obligation. [ls pourront écrire En telle langue qu'ils voudront; l’Académie fera traduire leurs mémoires. On les prie que leurs écrits foient fort lifibles. Is.ne mettront pas leurs noms à leurs ouvrages, mais feulement une fentence ou devife : ils pourront, s'ils veulent, attacher à leur écrit un billet fépare & cacheté par eux, où feront, avec certe même fentence, leur nom, leurs qualités & leur adreffe; & ce biller ne fera ouvert par lacadémie, qu'en cas que la pièce ait remporté le prix. Ceux qui tavailleront pour le prix, adrefleront leurs ouvrages à Paris, au fecrétaire perpétuel de l'académie , ou les.lui feront remettre entre les mains. Dans ce fecond cas, le fecrétaire en donnera en même temps fon récépiflé, où feront marqués la fentence de l'ouvrage & fon numéro, felon l'ordre ou le temps dans lequel il aura été recu. Les ouvrages ne feront reçus que jufqu'au premier février 1794, exclufivement : ce terme eff de rigueur. L'Académie, à fon aflemblée publique d’après Pâques 1794, pro- clamera la pièce qui aura mérité ce prix. S'il y a un récépiflé du fecrétaire pour la pièce qui aura remporté le prix, le créforier de l'Académie délivrera Ja fomme du prix à celui qui lui rapportera le récépiflé. S'il n’y a pas de récépflé du fecréraire, le tréforier ne délivrera cette fomme qu’à l'auteur même qui fe fera fait connoître, ou au porteur d’une procuration de fa part. x a : a SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 77 Prix propofé par P Académie des Sciences , pour l'année 1795. Le citoyen Raynal a propofé à l’Académie des fciences d'accepter la fondation d'un prix annuel de 1200 livres. En laiflant toutefois à l'Académie le choix libre du fujet, il a témoigné le defir qu’elle choisit de préférence des queftions dont la folution pût contribuer à perfectionner la navigation pratique, + L'Académie avoit propofé pour fujet du prix de l’année 1792, la queftion fuivante : déterminer à la mer la latitude par une méthode Jüré, à la portée du commun des navigateurs, & qui ne fuppofe pas l'obJervation immédiate de la hauteur meéridienne d'un aflre. L'Académie n'ayant pas trouvé, pami les pièces qui lui ont été envoyées de folutions qui lui aient paru aflez exactes, ou remplir fufifamment l'objet quelle s’étoir propofé, elle a cru devoir remet- tre le même fujet avec un prix double; mais les pièces envoyées à ce nouveau concours n'ayant pas encore rempli l'objet du prix, l'Aca- démie penfe qu'elle doit renoncer à le repropofer. L'Académie propole pour fujet du prix de l’année 170$, la meilleure montre de poche propre à détérminer les longirudes de mer, en ob- fersant que les divifions indiquent les parties décimales du jour ; avoir, les dixièmes, millièmes & cent millièmes, ou que le jour foit* divife en dix ‘heures, l'heure en cent minutes, & la minute en cent fecondes. Le prix fera de cing mille livres, & il fera décerné à la féance d’après Pâques de la même année. Les montres feront remifes avant la Saint-Martin de l’année 1794, afin qu'on ait le temps de vérifier leur marche. Les artiftes françois pourront feuls concourir. Ils ne imettront pas léurs noms à leurs ouvrages, mais feulement une:fentence ou devife : ils pourront, s’ils veulent, atracher à leur écrit un billec féparé & cacheté par eux, où feront, avec cette même fentence , leur nom, leurs qualités & leur adrefle ; & ce billet ne fera ouvert par l'Académie, qu’en cas que la pièce ait remporté le prix. Ceux qui travailleront’ pour le prix, adrefleront leurs ouvrages à Paris, au fecréraire perpétuel de l’Académie, ou les lui feront remettre entie les mains: Dans ce fecond cas, le fecrétaire en donnera en même temps fon récépiflé, où feront marqués la fentence de l'ouvrage & fon mnéro, felon l’ordre ou le tems dans lequel il aura été reçu. Les ouvrages ne feront reçus que jufqu'au 10 novembre 1794, ex- clufivement : ce cerme efl de rigueur. L'Académie, à {on Affemblée publique d’après Pâques 179$, pro- clamera la pièce qui aura mérité le prix. S'il y a un.récépiflé du fecrétaire pour la pièce qui aura remporté 78 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE: le prix, le tréforier délivrera cette fomme à celui qui lui rapporters ce récépiflé. S'il n'y a pas de récépiflé du fecrétaire, le tréforier ne la délivrera qu'à l’auteur même, qui fe fera fait connoître, ou au porteur d'une procuration de fa part. Prix propofé par l'Académie des Sciences ; pour l'année 1795. Feu Rouillé de Meflay, confeiller au parlement de Paris, ayant conçu le noble deffein de contribuer au progrès des fciences, & à l’urilitéque le public en pouvoit retirer, a lévué à l’Académie des fciences un fonds pour deux prix deftinés à ceux qui, au jugement de “etre com- pagnie , auront le mieux réufi fur deux différentes fortes de fujets qu'il a indiqués dans fon teftament, & dont il a donné des exemples. L'Académie avoit propofé, pour le fujer du prix double de cette aunée, la queftion füivante : efJuyer d'expliquer les expériences quë ont été faites fur la réfiflance des fluides, en France, en Italie, er Suéde, ou ailleurs, foit en y appliquant les méthodes déjà connues, foit en combinant enfemble ces méthodes, & faifant fervir l'une de Supplément à l'autre ; foit enfin en établiffant une nouvelle théorie, qui repréfente , au moins fenfiblement, les principaux phénomènes de la réfiflance des fluides que les expériences ont conflatés. Elle a adjugé la moitié de ce prix à la pièce N°. I, ayant pour devife : Felix qui potuit rerum cognofcere caufas ; & pour titre, Mémoire fur la réfiflance des fluides, qui lui a paru principalemene recommandable par des obfervations, dont l’art nautique pourra re= tirer de l'utilité. L'auteur eft le citoyen Romme, correfpondant de l’Académie à Rochefort. Elle a reçu, long-temps après la clôture du concours, une pièce, qui, par cetre raïfon, n’a pu y être admife, mais qui lui paroît contenir des recherches dignes d'être communiquées au public; cette ièce a pour titre: additions au traité de la réfiflance des fluides, &c. L'Académie propofe pour fujet du prix de l'année 179$, les moyens de diminuer, Le plus qu'il efl poffible, la dérive d'un vaifleau de guerre dans les routes obliques, en combinant enfèmble, de la ma- nière la plus favorable à cet effet, la forme de la caréne, le trane d'eau, la pofition du maître couple & La flabilite. L'Académie connoît trop la difficulté de cé problème pour en demander & pour en efpérer La folution par la feule théorie; mais fans prefcrire , à cer égard , des bornes aux recherches des géoïmè- tres, elle invite les favans marins à traiter principalement la queftion par la voie des obfervations, puifées, foit dans leurs propres fands, foit dans Les journaux où les commandans de vaifleaux rendent compte … SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS, 79 à la fin d’une campagne, ou d’un voyage quelconque, de la con- duire que ces machines ont tenue à la mer. Le prix fera de quatre mille livres, favoir; de deux mille livres pour le prix courant, & de deux mille livres réfervées fur celui de la réfiftance des fluides, Le concours eft ouvert aux favans de toutes les nations, & même aux aflociés étrangers de l'Académie. Seulement elle s’eft faic la loi d’exclure les Académiciens regnicoles de prétendre au prix, Ceux qui compoferont font invités à écrire en françois ou er latin, mais fans aucune obligation : ils pourront écrire en telle langue qu'ils voudront, & l’Académie fera traduire leurs ouvrages. ù On les prie que leurs écrits foient fort lifibles, fur tout quand il y aura des calculs d’algèbre. ‘Ils ne mettront point leurs noms à leurs ouvrages, mais feulement une fentence ou devife. Ils pouront, s'ils veulent, attacher à leur écrit un billet féparé & cacheté par eux, où feront , avec cette même fentence, leur nom, leurs qualités & leur adrefle; & ce billet ne fera ouvert par l'Académie, qu’en cas que la pièce ait remporté le prix. Ceux qui travailleront pour le prix, adrefferont leurs ouvrages à Paris, au fecrétaire perpétuel de l'Académie, ou les lui feront remettre entre les mains. Dans ce fecond cas, le fecrétaire en donnera en même-temps à celui qui les lui aura remis, fon récépiflé, où feront marqués la fen- tence de l'ouvrage & fon numéro, felon l’ordre ou fe temps dans lequel il aura été reçu. Les onvrages ne feront reçus que jufqu'au premier feptembre 1794, exclufivemenr, L'Académie, à fon affemmblée publique d'après Pâques 179$, pro- clamera la pièce qui aura mérité le prix. S'il y a un récépiflé du fecrétaire pour la pièce qui aura remporté le: prix, le tréforier de l’Académie délivrera la fomme du prix à celui qui lui rapportera ce récépiflé. S'il ny a pas de récépiflé du fecrétaire, le tréforier ne délivrera le prix qu'à l’aueur même, ou au porteur d’une procuration de fa part. D ——— Note. J'ai reçu un M£moîre de Jean le Roy, de l’Académie des Sciences de Paris, qui contient des obfervations intéreffantes fur les effets du tonnerre produits fur des paratonnerres qui avoient été mal placés. L’artifle Beyér a eu occafon de voir un de ces paratonnerres dont l’extrémité avoit été fondue par un coup de foudre , parce que fa communication avec le réfervoir commun avoit été interrompue. Cet artifle inteligent place fes paratonnerres fuivant les règles les plus sûres de la théorie. On trouvera ce Mémoire dans Je cahier prochain, &s OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, 6 T'ASPB'IPE Des ARTICLES CONTENUS DANS CE CAHIER; Ex TRAIT d'une Differtation fur le Syfléme & durée dela Terre $ lue par M. HUTTON à la Société Royale d'Edimbourg l'an 1785 =: traduite de l'Anglois, par IBER TI, Médecin; penfionnatre de S. M. C. füivie par des Obfervations du Traduëteur fur le méme fujer ; page 3 Lettre de M. DE SAUssuRE Le fils, à M. DELAMÉTHERIE , /ur de Sappare dur , 13 Obfervations fur les mouvemens des diverfès efpèces de Bancs de terre, expofés à l'air ; par M. SAGE, 18 Trente-unième Lettre de M. DE Luc,;tà M. DELAMÉTHERIE , fur les Fluides expanfibles , 20 Examen d'un Sel cuivreux blanc, obténu par la diflillation de la mine de Cuivre verte pulvérulente arénacée du-Pérou ; par M. SAGE, 39 Recherchés fur les conflitutions de l'année médicale en France , ou rapport des Maladies régnantes dans cinquante-fix Villes de France, avec les températures ; par M. CoTTE, Curé de Montmorenci , Membre de la Société de Médecine de Paris 6 de! plufieurs Académies , ; 44 Extrait des Obfervations météorologiques faites à Montmorenct, pendant le mois de Juin 1793; par M. Corte, Prétre de L'Oratoire, Curé de Montmorenct, Mernbre de plufieurs Acadé- Res , 42 Nouvelles Obfervations fur La flruäure & la conformation des os de latéte de l'Eléphant ; lues à la Société d'Hifloire-Naturelle, par le C.Pinez, de la Société d'Hifloire-Narurelle, 47 Mémoire fur Les caufes de l'évolution des Boutons au Printems ; par JxAN SENEBIER, Bibliothécaire de la République de Genève, 60 Extrait d'une Lettre de M, FiTz, à M fon père, luc à l’Académie des Sciences , : 6. Réponfe de M. SAGE, au Lord Green fur les vafes précieux renfermés dans le Cabinet du Garde-Meuble de la Couronne de France, 69 Nouvelles Lirtéraires, 7x Jaullet 279 F5, = - RACE en ns [1 “4 " Û “+ À FA ER D Î JOURNAL DE PHYSIQUE. | a 2234 D — mme sus AOUT 1393 a Fe IE Nr = ———;: RÉFLEXIONS GÉNÉRALES Sur l'utilité de lAnatomie artificielle, & en particulier Jur la colleëion de Florence , & la néceffité d'en former de femblables en France ; Par R. DES GENETTES, D. M. Médecin de l'armée de la République en ltalie, Membre des Sociétés de Médecine de Paris & de Londres, des Académies de Rome, de Bologne , de Florence , de Sienne , de Cortone , de Rouen & de Montpellier. Un citoyen françois, de concert & avec l’agrément du miniftre de la République en Tofcane, vient de propofer au gouvernement de fe procurer une copie de la collection complette d’Anatomie artificielle du cabinet de Phyfique & d’Hiftoire-Naturelle de Florence, pour être dépofée au fein de la capitale , & deftinée à l'inftruétion publique. J'ai cru qu'une connoiflance très-exacte de cette immenfe & précieule collection ,‘& une longue étude de l’Anatomie, me permettroient peut- être de difcuter certe propofition avec quelqu'avantage pour le bien de mon pays & l'avancement de l'art auquel j'ai confacré ma vie. L'origine de l’Anatomie eft très-ancienne. Les Egyptiens & les Grecs qui occupent un rang fi diftingué dans l'hiftoire du monde & de l’efprit humain, l'ont cultivée avec fuccès. Les Romains , plus occupés du foin d’affervir l'univers que de l’éclairer , ne nous ont rien tranfmis de mémo- rable fur les fciences naturelles en général , ni même fur les arts, fi l’on en excepre portant l’agriculture qu’ils avoient portée au plus haut degré de perfection. On lit dans Paufanias que l’on montroit dans le fameux temple de Delphes en Phocide une ftatue d’airain qui repréfentoit un homme donc les chairs étoient confumées, en forte qu'il ne reftoit que les os ; & une ancienne tradition portoit que cette ftatue avoit été confacrée à Apollon par le médecin Hippocrate. Ce fait feul prouveroit, fi fes nombreux écrits ne le démontroient pas d’äilleurs aflez, le cas que ce grand homme Tome XLIIT, Part. II, 1793. AOUT. L 82 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, faifoit de l'Anatomie. C’eft auffi le plus ancien monument de la Sculpture appliqué à ce genre particulier d'imitation. Sans doute que ce fquelette devoir être copié d’une manière bien exacte ; car la févérité des détails pouvoit feule faire le mérite d'un ouvrage fi différent de ceux que le cifeau de Phydias ou de Praxirèles offroit dans les temples à l’adorarion des hommes. Hippocrate vivoit dans le tems de la guerre du Péloponète, & la Gièce à cette époque célèbre réunifloit tous les talens & tous les aits ; car telle eft conftlamment la marche de l'efprit humain qu'un même concours de circonftances le développe, l'élève à fa perfection, & produit à la fois dans tous les genres des hommes fupérieurs , comme on l'a vu aux fiècles de Virgile , de Raphael & de Corneille, Il ya dansle Mufée du Vatican, qui renferme tant de chef-d'œuvres, une ébauche en marbre blanc qui repréfente le cône tronqué que forme la charpente offeufe de la poitrine humaine. J'ignore à quelle époque & dans quels lieux a été trouvé ce morceau qui eft sûrement antique. Mais comme Rome eft une des villes de l'Europe où il y a le plus d'érudition, & celle fans contredit où il y a Le plus de motifs & de moyens pour fe livrer à cet eftimable genre d'étude, j'efpère que nous aurons quelques détails fatisfaifans fur ce morceau qui intérefle l'hiftoire de l’Anatomie, 1 L’arc dif deflin demande une grande connoiflance de l'Oftéologie, de la Myologie, & de la diftribution des veines fuperficielles. C’eft l'étude raifonnée des formes & la fcience approfondie des mouvemens & des variations qu'ils impriment, qui font la correction & la pureté du deflin proprement dit, La fculpture qui repréfente le plus fouvent les objets fous toutes leurs faces, a le plus grand befoin de l'Anatomie. Quelle connoiffance admirable & profonde du jeu des mufcles dans le groupe du Laocon du Belvédère, des lutteurs de la tribune de Florence , & de ce Milon du Puget qui orne encore les jardins de Verfailles. On a publié une foule d'ouvrages fur l’Anaromie appliquée à l’art du deflin. Dans toutes les académies modernes de peinture & de fculpture on a fenti l’indifpenfable néceflité d’avoir des profefleurs d Anatomie. Anrérieurement à ces inflitutions plufieurs grands artiftes ont écrit des traités particuliers d'Anatomie , d’autres ont été très-inftruits dans toutes les branches de cette fcience. Je me contenterai de citer Leonardo di Vinci; mais cet homme, l’un des plus extraordinaires de fon fiècle, & à qui la nature avoit tout prodigué , embrafla & parcourut le cercle entier des fciences & des arts. Parmi les flatues modernes purement anatomiques, on diftingue auf dans l’églife cathédrale de Milan un Saint-Barthelemi d'A grati, myologie eftimée ; & à Bologne deux écorchés d’Ercole Lelli, qui fouriennent le baldaquin de Ja chaire deftinée aux leçons d’Anatomie. L’écorché de Hoëdo», qui eft plus moderne, & qu’on voit dans toutes les écoles, a SUR L'HIST, NATURELLE ET LES ARTS. 83 une grande fupérioricé. Il peut exifter un grand nombre d’autres ouvrages dece genre; mais je ne veux parler que de ceux que je connois. Je ne dirai rien non plus des deflins ni des planches, parce que mon but et dé traiter feulement ici de l’Anatomie figurée en relief. Au milieu de ce fiècle il s’eft élevé en Îtalie un art nouveau, celui de tepréfenter en cire les diverfes parties du corps de l’homme & des animaux. Je n’ignore pas pourtant que Defnoues avoit déjà fait en France quelques morceaux de ce genre, qui font enfuite paflés en Angleterre ; mais la collection de Bologne par fon exactitude & fon: étendue a fait oublier ce qu'on avoit effayé auparavant, Ce fut dans cette villeque Jean-Antoine Galli, profeffeur en Chirurgie, commerica er 17ça à traiter en cire les parties de la génération des deux fexes , l’hiftoire de la groffeffe & de l'accouchement, Ercole Lelli, dont j'ai déjà eu occafon de parler, & la Manzolini ont enfuite modelé toute l'Anatomie. On y voit encore la ftatue d'un homme & celle d’une femme repréfentant Adam & Eve, qui font l'admiration de tous les étrangers. Plufieurs copies forties de Bologne font répandues en différentes villes d’Iralie ; il ya enrraurres à Ferrare & à Rome la partie qui concerne Îes accouche- mens. En 1789, le profeffleur Mondini continuoit à faire exécuter à l'Infbicuc de beaux morceaux d’Anatomie, En France, Gautier d'Agoty, auteur de planches d’Anatomie coloriéss, a auli exécuté plufieurs morceaux en cire. On voit de lui dans le beau cabinet de l'Ecole Vétérinaire d’Alfort une ftatue qui repréfentela couche la plus fuperficielle des mufcles, quelques dérails d'Angeiologie & les principaux vifcères en pofition. La citoyenne Biheron, qui vit dars un âge très-avancé, a fait voir à l’aris pendant plus de trente ans le cabiner qu'elle a formé, Il a eu autrefois beaucoup de réputation, & attiré long- rems chez ell: un grand concours de curieux. Morand en rendit en 1759 à l’Académie des Sciences ün compte tiès-avantageux, & il détérmina l’ehvoi de plufieurs morceaux en Rufñlie, La collection du citoyen Pinfon l'emporte infiniment fur les précédentes, & par fon étendue & par fa correction: il a fu réunir au choix des belles formes extérieures des détails plus exacts de la fcience. La plus grande partie de fes travaux font paflés dans la gallerie de la ci-devanc maifon d'Orléans. Enfin ,un anatomifte d'un grand mérite le citoyen Laumonier, qui a dépolé au cabinet national d'Hiftoire-Naturelle uné füire confidé- rable d'injections fupérieure à tout ce qui a paru dans ce venre, s’occupe auffi dépuis quelque tèms à modeler l'Anatomie en cire, & ila déjà exécuté quelques morceaux très-précieux. On annonça dernièrement à Paris qu'un artifte de Marfeille propofoit la vente d'une collection d'Anatomie artificielle qu’on voyoit au ci-devant collège de Clugny; je: ne la connois pas, & je reorette de ne pouvoir en parler. L’Angleterre pofsède peu d'ouvrages de ce yente ; cependant on voit Tome XLIIT, Part. 11, 1793. AOÛT, L 2 84 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, dans le beau Mufée que Guillaume Hunter a confacré aux fciences & aux lettres avec tant de munificence , une fuite de copies en cire de toutes les préparations & de toutes les coupes originales qui ont fervi à fon grand ouvrage fur la groffefle. IL y a auñi à Londres plufeurs morceaux femblables à ceux que Curtius montre depuis long-tems à Paris; mais ce genre qui retrace plutôt à l'imagination l’idée de la more que celle de la vie, déjà réprouvé par le goût délicat des arts, rentre dans limitation fimple des formes extérieures dont je n'ai point à m'occuper. ; La collection complette des cires anatomiques de Florence eft infini- ment fupérieure fous tous les rapports poilibles à toutes les autres colleétions répandues dans le refte de l’Europe, J'en ai déjà donné une légère idée en publiant en 1792, des obfervations fur l’enfeignement de la Médecine-pratique dans les hôpitaux de la Tofcane , à une époque où l’on parloit de créer des établiffemens que l'intérêt de lhumanité attend & follicite encore aujourd'hui, Avant d'entrer dans les détails étendus que je me propofe de donner fur cette collection dont Les nombreux voyages d'Italie publiés jufqu’ici n’ont point encore parlé, N eft bon d'établir l'utilité de j'Anatomie artificielle, quand elle eft portée au degré de perfection de celle du. Mufée de Florence. Lorfque l’on réfléchit feulement aux efforts réunis de tant d’artiftes & de favans qui fe font occupés en différentes parties de l'Europe à exécuter ou à diriger des ouvrages d'Anatomie artificielle, & que l’on penfe fur- tout que la plus parfaite de ces collections eft l’ouvrage de ce Fontana fi univerfellement célèbre par fes connoiflances & fes nombreufes découvertes dans prefqne toutes les branches des fciences , il en réfulte un préjugé bien favorable pour ce genre de travaux; mais ce n'eft pas la mamière dont je veux les faire valoir. D'après les diflérentes tentatives qui ont été faites, la cire a conftam- ment paru préférable à toutes Les autres fubftances. Sa tranfparence, la facilité qu'on a à la fondre & à la couler, à lui communiquer toutes les couleurs poffibles , à lui donner à volonté différens degrés de confiftance, lui ont affuré exclufivement cet avantage. Elle eft inattaquable aux infectes qui ne refpeétent rien, & détruifent prefque toutes les pro- ductions de la nature & des arts, Enduite d’un vernis fpiritueux tranfpa- Jent, On peut même la laver , en conferver par-là k propreté & la fraîcheur, & même lui donner cet afpeét gras & humide qui imite parfaitement l’état de la vie. Ainfi en parlant de l’Anatomie artificielle , je n'ai en vue que celle qui eft exécutée en cire colorée dans la fubftance, & tout ce que j'en dirai maintenant doit fe rapporter à la collection de Florence. Tous ceux qui fe font livrés à l’étude de l’Anatomie favent combien SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 85 ‘cette fcience eft difficile. Je pafle même ici fous filence, & les dégoûts & les dangers qu’elle entraîne, & les obftacles mulripliés qu'on y oppofe fouvenr. Elle eft fi compliquée, fi immenfe dans fes détails, qu'une feule de fes parties peut occuper la vie de plufieurs hommes très-laborieux. Haller, l’un des plus infatigables & des plus zélés anatomiftes de ce fiècle, a dit quelque part qu'il falloit au moins dix années de difleétions füuivies pour fe mettre en état de voir par foi-même ce qui avoit été découvert & décrit par les autres. Il réfulte de-là que quelque talent , quelqu'amour de l'étude qu’on puifle fuppofer, la carrière de la vie toute entière fuffit à peine pour embrafler toutes les branches de lAnatomie ; enfin, pour former un homme qui puifle enfeigner cette fcience avec fupériorité, & fe livrer en même-tems à des recherches qui en reculent les bornes. Cependant il eft nécefaire, il eft indifpenfable que quelques favans fe dévouent tout entiers à cette étude, puifqu'elle eft la bafe fondamentale de l'art de guérir, Tous les bons efprits font tellement d'accord aujourd’hui fur ce principe, qu'it feroit fuperflu de s’y arrêter plus long-tems, On convient aufli que l'étude de l'Anatomie n'elt point affez répandue , affez facile , aflez accefüble, fi je puis parler ainfi, qu’elle n’eft point enfeignée dans les écoles publiques d’une manière aflez complette. C’eft au moment où l’on va organifer l'inftruc- tion nationale , au moment où la France entière follicite à grands cris ces inftirutions régénératrices, qu'il faut faire fentir tous les avantages de la’colleétion qu’on propofe d'ajouter à nos nouvelles écoles. L’Anatomie ne s’apprend fans doute que par la diffeion mérhodique & répétée de l'homme & des animaux. C’eft cet art affez difficile qui donne encore la dextérité qui caraétérife un des talens les plus utiles de ceux qui fe livrent aux opérations chirurgicales. C’eft la pratique de la difletion qui apprend les réfiftances que préfentent les différentes parties , leurs degrés de connexion & d’adhérence, leur confiftance, &c. Aufñli tous ceux qui depuis quelques années ont écrir Le plus fagement fur les réformes à introduire dans l’enfeignement de l'art de guérir, en convenant de l’infufifance des démonftrations publiques, telles qu'elles fe font faites jufqu'à préfent, ont-ils infifté pour qu'on enfeignât à l'avenir dans les écoles l’Anatomie pratique, c’eft-à-dire, l’art des diffections. Je n’ai rien à ajouter à ce que l'amour du bien public & de l'avancement de notre art a dicté à ces eftimables écrivains. La Société Nationale de Médecine a également infifté fur cer objet dans le plan qu'elle a propofé en 1790 à l’Affemblée conftituante, & qu'on peut regarder comme le réfumé d’un grand nombre de plans particuliers. - Les livres , les planches, les fquelettes, les os féparés, des préparations d'Angeiologie , & rarement de Névrologie , quelques-unes des vifcères, font en général les moyens dont on s’eft fervi jufqu'ici pour apprendre l’Anatomie , ou pour conferver les connoiffances acquifes , lorfqu'on s'eft 86 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, trouvé dans des circonftancés à ne pouvoir la cultiver d’une manière pratique. ) | $ Les cires anatomiques fuppléent toujours avec un grand avantage, les livres , les planches, prefque routes les préparations qu'on a faites jufqu'à piéfent , le cadavre lui-même en beaucoup de circonftances, C’eft peut- être la feule manière dont on ait pu encore préfenter aux yeux d’une manière fidellz les nombreux ligamens qui uniflenc les diverfes articu- lations du corps des animaux, partie difficile & minutieufe, & qui eft cepentlant d’une grande importance dans la pratique dela Chirurgie. Les cires anatomiques repréfentent, également avec: une fcrupuleufe exactitude les iminenfes détails de l’'Angeiologie fuivie jufques dans fes dernières ramifications, & ceux de la Névrologie fuivie jufques dans fes filamens connus. La Myologie a éré également bien exécutée, & l’on a donné fur la Splanchnologie des détails de polition , de ftruéture & des coupes qui embräffent tout ce’que les anatomiftes, les plus modernes onf pu ajouter à cette fcience, Quand l’Anatomie artificielle exécutée en cire n’auroit fait que nous donner cet admirable enfemble de Névrologie, nous devrions en multiplier foigneufement les copies , &c les dépefer honorablement à la tête de toutes les collections confacrées à la culture & à l'avancement des fciences naturelles ; puifque rous Les anatomiftes favent aflez ce qu'il en coûte pour fuivre quelques détails ifolés de certe partie de notre organifation. Il n’y a, je le répète, que ce moyen de répandre la con- notffance de la Névrologie, La diflection ne la fera jamais connoître qu'à un très-petit nombre ; les livres , les planches , les préparations fonc infufantes pour les autres. Procurons-nous donc &.préfentons par-tout où nous pourrons ce vafte enfemble de la Névrologie, à la contemplation & aux méditations des philofophes & des médecins. Après avoir faifi la ftructure, le nombre, la diftribution , la marche & les connexions des nerfs, élevons-nous de cette connoiflance anatomique & matérielle jufqu’à l’érude de leurs fonctions. Quelle carrière inmenfe s'ouvre alors à nos recherches & à nos obfervations! car c'eft dans l'étude approfondie du fyftême nerveux qu'il faut aller puifer pour remonter à la fource de nos fenfations & à l’analyfe de nos facultés intellectuelles. Enfin, les nerfs font l'origine de la fenfibilité dont les modifications variées nous impriment tour-à-tour ces fenfa- tions de douleur & de plaifr qui compofent & fe partagent notre exiftence. ) 4 L'illuftre Defcartes étudia profondément l’Anatomie. fl s'appliqua für-tout à la connoiflance des nerfs, comme liés aux fonctions de la penfée & de lavie. [Lcrut qu'on pouvoit par-là faifir les rapports qui exiftent entre la conftitution phyfique des êtres $ leurs facultés inrel- lectuelles & morales , & d'après es grandes idées, il dic à fon fiècle, SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. €7 que s'il exiftoit unimoyen de perfeétonner notre efpèce, c'étoit dans là Médecine qu'il falloir le chercher. La colleétion des cires anatomiques de Florence dont nous allons nous occuper plus particulièrement , forme elle-méme pattie d'un cabinet de Phyfiaue & d'Hifloire-Narurelle, qui par fa vafte étendue, fa magnifi- cence , fes tichefles, fa difpofition , la claffification méthodique de tous les objets, eft peut-être dans ce moment le premier de l'Europe. On y voit éncore avec intérêt & reconnoiflance Les machines de la céièbre Académie del Cimento , qui donna aux fciencésphyfiques une impuifon fi'puiflante ; ce font les premiers fondemens de ce grand établifiement. Les Médicis encouragèrent d'ane manière fignalée les fciences. les lettres & les aris. Leur politique profonde dirigeoit avec foin l'activité des efprits fupérieurs vers ces occupations; elle y trouvoit une nouvelle fource de gloire & des moyens de fatisfaire en paix l'ambition de dominer. Si Florence a produit dans l'éfpace &’un fiècle une foule de grands hommés dans tous les genres , jamais villé ne fe montra plus digne de les avoir vu naître par l'efpèce de culre public qu’elle confacra au génie, & c'eft cette caufe fans doute qui a propagé le goût des fciences qui y fubfifte encore avec éclar. Le cabiner de Phyfique & d'Hifléire- Naturelle qui en perpétuéra l’émmde & ‘en accélérera les progrès, embrafle la Phÿfique, la Chimie, l'Anatomie &1l'Hiftoire- Naturelle dans toutes fes branches. C'eft fous les aufpices d’un prince que la poftériré équitable jugera fans pañlions ; que Fontana a élevé aux fciences ce grand monument dans le court efpace d'environ vingt armées, En m'interdifant les dérails étrangers à l’Anatomie, je ne puis pourtant pafler fous filence qu'on a exécuté au cabinet deux machines d’une grande perfection , dont l’une fert à faire toutes lés divifions poffibles du cercle & de la ligne droite & avec laquelle on peut par l'application d’un nonpius, divifer un pouce en mille parties évalés ; l’autre à-tracer avec un diamant fur le criftal toutes les divifions pofibles. On y voir encore des thermomètres & des baromètres nouveaux , & des balances tellement exactes, que les plus grandes chargées de cent livres font fenlbles à une fraction de orain. Sur l’obfervatoire deftiné à l'étude de l'Aftionomie, & garni d'inftrumens précieux propres à certe fcience , s'élève un cabinet de Météorologie où fept inflrumens différens, le thermomètre, le baromètre, l'hygromètre, l'inftrament pour l’eau Iüviale , celui pour l'évaporation de l’eau, l’inftrument qui indique les directions du vent, & celui qui en mefure la force & la viteñe, marquent & écrivent les changemens variés & momentanés de l’atmof- phère. La colleétion d’inftrumens & de machines a encore le mérite d’avoir été exécutée fur les lieux. [1 y a aufli un grand & beau laboratoire de Chimie toujours en activité. Quant à l'Hiftoire-Naturellé, toutes Les parties y font traitées avec e 88 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, beaucoup d'ordre & d'étendue. Les quadrupèdes y fontien grand nombre, L'Ornithologie , l'Ithiologie , l'Infectologie font très-complettes. La Minéralogie préfente une fuite immenfe des plus beaux échantillons que l'Europe entière , mais fur-tout l'Allemagne & la Suède y onc apportés en tribut. Le favant lichologiite Dolomieu y a dépofé une fuite confidérable de produétions volcaniques , & le P. Soldani celle des nombreux nautiles microfcopiques qu'il a découverts & décrits dans différentes efpèces de terre de la Tofcane, & particulièrement des environs de Sienne & de Volterra. Il y a encore un Jardin de Botanique affez étendu, & une bibliothèque riche & confidérable qui renferme un très- grand nombre de deflins coloriés des plus habiles maîtres, repré- fentant différens objets d'Hiftoire-Naturelle , entr'autres, des oifeaux, des plantes, &c. La collection des cires anatomiques eft compofée de vingt-quatre flatues grandes comme nature , & de plus de trois mille pièces ou boîtes de détails, Une partie des ftatues font étendues fur de riches couffins de fatin d’une forme très-élégante; d’autres font debout. Les premières font immobiles, & ont les voit à travers de grandes caifles à panneaux de criftal , qui fe lèvent facilement. Celles qui font debout font élevées fur des piédeftaux , & couvertes aufli de grandes caifles à panneaux de criftal qui s’ouvrent à volonté. Les ftatues qui font droites ou debout, tournent fur leurs piédeftaux & dans leurs caifles par Le moyen d'un petit levier ; en forte que chacunede ces ftatues en remplace quatre qui feroientimmobiles. Il y a une ftatue pour les ligamens, quatre pour les mufcles , huit pour les vaifleaux fanguins, quatre pour les vaifleaux lymphatiques , une pour les vaifleaux chilifères, cinq pour les nerfs, & une repréfentant une femme enceinte qui s'ouvre & fe décompofe de vifcères en vifcères. La ftatue deftinée à montrer les ligamens & Îes cartilages réunis aux os,ou à préfenter la charpente naturelle du cadavre, eft formée d'un fqueletre en cire pofé fur fon féanr, appuyé fur un coude & les extrémités inférieures dans un état de flexion. Certe pofition ef aufli celle de plufeurs autres ftatues. Les livamens qui fe préfentent les premiers & recouvrent les autres, font coupés de manière à laifler appercevoir ceux qui font plus profonds, Cette réunion de lexpofition des os des ligamens & des cartilages conftitue ce que Riolan appeloit l'Oftéologie nouvelle, VWinflow a adopté cette méthode dans fon T rairé des Os frais, Æ7ezdebeck a traité l’hiftoire des ligamens dans les plus grands détails. La Myologie repréfentée par quatre ftarues mobiles & plus de cent cinquante pièces de détails, eft traitée d'après la méthode expolée & füivie dans le grand ouvrage d’Albinus , c’eft-à-dire , que les mufcles du corps humain y font expofés couches par couches, d’abord sn ordre s SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 89 l'ordre analytique, ou celui de la diffection de l’extériear à l'intérieur , puis repris enfuite dans l’ordre fyachérique, ou celui de leur compoñition. Cette partie de l’Anatomie eft achevée. L'Oféolosie rentre toute entière ici dans les pièces de détails qui préfentent les différens mufcles fixés fur les os qu’ils font deftinés à mouvoir, Le burin de Van-Delaar a immor- talifé Les favantes defcriptions d’Albinus ; mais en rendant à cer excellent artifte Le tribut d'éloges qu'il mérite, je me permettrai d'oblerver, que ne facrifiant point affez aux formes de la belle nature, il a fait fes extrémités trop longues, & que voyant trop le cadavre & l'ouvrage de La diffe&ion, il Les a faites crop émaciées & trop mortes, & qu’enfin on connoît jufques dans fes planches, Le goût & le genre trop fervile de fon école. On n’a point à reprocher aux cires anatomiques de Florence d’avoir copié la nature altérée & défigurée par les maladies & la putréfaction. On y a tenu compte de tout, & ceux qui ont cru pouvoir les critiquer parce qu'elles n'avoient pas les teintes du cadavre, fe font trompés en cherchant la nature morte & corrompue, où l’on avoit voulu la peindre dans l’état de vie & de fanté, ; Des huit ftatues mobiles deftinées à repréfenter les vaiffeanx fanguins ou artériels & veineux, crois offrent ces vaifleaux ifolés dans le genre des injections connues jufqu'ici fous le nom d'Angeioloyie fireple, On a auffi confervé la couleur rouge pour les artères & bleue pour les veines d’après l’ufage reçu parmi les anatomiftes. Les trois autres ftatues repré- fentent les artères & Les veines avec les mufcles, & deux ces mêmes vaifleaux avec leurs vifcères. Il y a un grand nombre de pièces de détails, comme le cœur & toutes les coupes, qui en développent la ftruéture ; le fyftème fanguin artériel & veineux det la tête , de la poitrine, du bas- ventre, des extrémités fupérieures & inférieures , & de plufeurs organes en particulier. : Quatre ftatues font deftinées à repréfenter le. vafte enfemble des vaifleaux lymphatiques fuperficiels & profonds, & une les vaifleaux chilifères ou lactés. Elles ont été faites avec le plus grand {oin & la plus grande exactitude fur les préparations originales qui ont fervi à l'ouvrage de Mafcagni , & qui font dépofées dans le cabinet de Phyfique & d'Hiffoire-Naturelle de Florence. Je ne m'étendrai point davantage fur cet article que j'ai déjà traité dans mon Analyfe du Syflime abforbant ou lymphatique. Cependant puifque l'occalion s'en préfenre, je .ne puis m'empêcher de témoigner le regret que j'ai dans cet inftant dene pouvoir pas faire à cet opufcule qui a été aflez répandu, quelques corrections & additions dont je {ens qu'il a befoin. F'aurois profité des remarques de plufieurs favans critiques, & entr'autres deccelles que Kuhn nv'a adreflées , & que le Public retrouvera probablement dans les Com- mentaires de Leipfck dont il eft le rédaéteur. La Névrologie eft , comme je l'ai dit plus haut , le chef-d'œuvre de Tome XLIIL, Pare. II, 1793. AOUT.. M «Do OESERPATIONS SUR LA PHYSIQUE, l'Anatomie articielle. Cinq ftatues font ici confacrées à en développer Yenfemble merveilleux. Une repréfente les nerfs feuls, deux les nerfs avecles mufcles , & deux autres les nerfs avec les vifcères, Les pièces de détails montent à plus de trois cens. Depuis 1789, époque à laquelle j'ai vu Ja dernière fois le cabinet , en a infiniment ajouté à cette partie en repréfentant chaque nerf féparément, de manière à en pouvoir fuivre Forigine, toutes les difiributions &la terminaifon. ; Ïi ya encore une mès-belle ftatue moulée fur l'antique repréfentant une femme enceinte & couchée, qui fe décompofe de vifcères en vifcères, jufqu'à ce qu'on parvienne à la matrice : cet organe fe décompofe également, & préfente dans fon développement le placenta , l'amnios, le chorion, le fœtus, &c. La Splanchnologie eft repréfentée par près de fix cens pièces de détails. Les trois æavités principales font d'abord prifes en mafle, puis chaque organe en particulier , fous fes diverles faces, Æ& fous tous les développemens dont il eft fufceptible. Le cerveau feul r’eft pas repré- fenté par moins de cinquante morceaux ; mais aufli on y voit se qu'il y a de plus connu & de plus intéreflant fur cet organe, & fur-tout les coupes de Vicq-d’Azir. La poitrine, le bas-ventre & les nombreux organes qu’ils renferment, ceux dela génération, de la vue, de l’ouïe, &c, font traités dans les mêmes détails, \ On ne peut voir que dans cette collection les bandes fpirales des nerfs, leurs fils où cylindres primitifs, ke uide gélarineux donc ils font remplis, & les flamens tortueux qui leur fervent de gaîne ; les cylindres primitifs de la fibre mufculaire, & ceux de la fibre rendineufe : la ftrudture primitive du tiflu cellulaire ; les véficules de la graifle ; la frudture de l'épiderme , des ongles & des poils; la ftruéture des fubftances corticale & médullaire du cerveau, & de plufieurs autres parties du corps animal, découvertes mès-intéreffantes, & qui font toutes dues à Fontana. Pour completter les cires anatomiques , on y a joint tout ce qui concerne l’art des accouchemens, avec la firuation refpeétive des parties , & les opérations principales. J’aurois pu dire à l’article de la Splanchno- logie qu'on a repréfenté dans les plus grands détails les parties de la génération des deux fexes, & particulièrement les mamelles, la matrice dans fes différens états, & l'anatomie complette du fœtus depuis fes premfers rudimens jufqu'au fortir du fein maternel. Parmi les nouveaux travaux, on vient de finir lexpofition des différentes méthodes de tailler pour la pierre , & l'hiftoire complette des hernies deftinée à mettre fous les yeux la nature, le fiège de ces maladies , & les parties qui y font intéreflées, matière de la plus haute importance en Chirurgie, & qui eft encore trop fouvent couverte d'obfcurité. Pour donner à cette immenfe colle@tion dent je viens d’efquifler une SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 91 ébauche, tout le degré d'utilité dont elle eft fufcsprible, pour qu’on püût s'y inftruire fans démonftiareur & {ans maître, Fontana a imaginé une méthode qui explique tout. Il a fait deffiner toutes les cires anato- miques du cabinet, enluminées avec leurs couleurs naturelles. Les deflins font entourés de deux ovales concentriques dont les circonférences fonc à quarre lignes de diRance l'une de l’autre. L’intervalle qu'elles laiflene entrelles eft divifé en parties égales , & chaque partie eit marquée par un nombre dans la proôreflion naturelle, en commençant toujours par l'unité à la partie la plus haute, Les chiffres & les divilions des ovales fonc toujours en nombre égal À celui de chaque partie des organes qu'on veut indiquer. De chaque chiffre en commençant par Punité, part une ligne droite, formée de points rouges fur le papier blanc & de points noirs fur Le deflin. Le dernier point de la ligne indique précifément la partie du deflin qu'on veut faire connoître ou expliquer. Comme rien neypeut moins altérer les deflins que de fimples points continus , rour ce que contient le deflin eft bien indiqué, & il refte parfaitement net. Afin que les lignes ponétuées ne fe croifent pas, il fufit à'avercir que. les parties du deflin où elles fe rendent, faivenr le même ordre que les nombres, & fonc les plus proches d: Jeurs chiffes refpéctifs. Les explicarions écrites fur des feuilles à pait, fuivent de même l’ordre numérique , de manière qu'on peut pañler du deflin à l'explication , & de l'explication au deffin comparé à l'original dans le même inftanr. Cerre nouvelle méthode facilite & abrèce fingulicrement létude; elle fait faifir nettement & avec promptitude des objers rrès-compliqués. On peur s’en convaincre en jettaat les yeux fur la belle préparation des nerfs de la face, exécutée d’aprè: la favante defcriprion & la planche trop compliquée qu'en a donnée Meckel dans les Méinoires de l'Académie des Sciences de Berlin, année 1765. Le nombre des deilins coloriés du Mufée de Florence monte à plus de quinze cens, de forte qu'il furpafle pen:-être celui de toutes [es planches d’Anatomie publiées jufqu’à préfent. Les explications de ces deffins forment aufli plufieurs volumes rrès-confdérables. La compoñition des cires colorées conftitue un at particulier, Une graude pratique a pu feule apprendre à pêtrir la cire avec le cinnabre, le vermillon, {a lacque, les chaux métalliques faivant la confiftance, la tranfparence, ou l'opacité des objets qu’on veut repréfenter. J1 feroic difficile de décrire les procédés des différens travaux. Il faudroit prefque our, chaque organe en particulier détailler les ingrédiens & les dofes, Lorfqu'il faut beaucoup de flexibilité, comme pour les mufcles , on emploie, outre la cire qui doit être très-blanche, très-tranfparente & d'excellente qualité, la térébenthine & la graïfle de porc , purifiée, blanchie.& confolidée ; on yunit du vermillon& de la lacque fuperfne, à la dofe néceffaire pour. qu'en imitant la couleur naturelle du mufcle Tome XLIIL, Parr, IT, 1793. AOÛT, M 2 ÿ2 (OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, vivant , la compofition conferve la tranfparence qui eft naturelle à cet organe, Les dofes de graifle de porc & de rérébenthine doivent varier en éré & en hiver pour que les modeleurs puiflent manier les pâtes avec la même facilité dans ces deux faifons oppofées, quoiqu'il foit toujours néceffaire de travailler les cires près des poëles pendant l'hiver. C’eft un point effentiel pour toutes les pâtes que la cire foit fondue lentement & à petit feu, dans une chaudière qu'il ne faut pas chauffer à feu nud, mais dans un bain-marie. Il eft aulli néceflaire de ne pas mêler tout d’un coup les différentes fubftances pour les fondre enfemble. Il faut que chacune foit fondue à part dans différens vaiffeaux ; favoir ; la cire {eule, la térébenthine feule , la graiffe de porc feule, & que les couleurs & les chaux métalliques foient délayées peu-à-peu dans une certaine quantité de cire fondue, & jettées enfuite dans une grande chaudière , peu de tems avant qu'on coule la compoftion , ou dans les moules, ou dans des terrines verniffées pour s’en fervir au befoin. Un coup de feu un peu plus fort qu'il ne le faut, peut gâter tout, fur- tout quand il eft queftion de remplir les moules qui doivent rendre la peau extérieure dans fa couleur naturelle. TL arrive rarement qu'on ait deux jets d'égale teinte , fi on les fait dans le même moule, par la raifon que le repos & la continuation de la chaleur altèrent facilement les couleurs. Le meilleur eft d’avoir autant de moules qu’on a de jets à faire. Les moules mêmes ont befoin d’un certain degré de chaleur & d'humidité , fans quoi les pâtes s’attachent au plâtre, & on ne peut Les enlever fans les brifer, & fans gâter le moule, La plupart des organes que repréfentent les cires colorées ont été d’abord jertés dans des moules de plâtre formés fur les organes naturels; ils font enfuite retouchés près du cadavre, par un fculpteur habile, perpétuellement dirigé par un anatomifte ; car fans cette furveillance les fculpteurs 1es plus excellens ne copient jamais ta nature avec exactitude. Il eft bon d’avertir à cette occafion qu'on a répandu en différentes parties. de l'Europe des préparations anatomiques en cire faites à Florence , & qui n’ont rien de commun avec celle du Mufée. La plupart font faites par des artiftes extrêmement médiocres, & elles font remplies de fautes & d’incorrettions. à Tous les organes qu'on ne peut mouler immédiatement en plâtre, ont été modelés en argile ou en cire d’après le cadavre par des artiftes très-habiles dans ce genre de travaux. On a fait enfuite fur ces modèles des moules en plâtre. On en a fait fur-tout pour les ftatues, qu’on coule entières fous la couleur principale, & qu'on travaille enfuite en rapportant dans les endroits néceflaires les pâtes qui font colorées à plein & dans toute leur fubftance, Quand on veut avoir un moule de plâtre pour une ftatue anatomique, on commence par faire faire par un fculpteur un modèle de cire de grandeur naturelle, d’après l'homme vivant , nud & : SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 93 pofé dans l'attitude qué l'anatomifte a trouvée la plus convenable pour répréfenter Les organes ou les parties qui doivent être vues. Ce premier travail, exige environ fix mois. Quand il eft fini , il faut remodeler féparément, d’après des diffeétions multipliées , les organes qu’on veut repréfenter , & cout doit être conftamment furveillé & dirigé par l'anaromifte, ic Les artères , Les veines, les nerfs fe’ font avec des fils de fer revêtus de cire colorée. On fait les membranes en applatiflant peu-à-peu, avec des fpatules , fur des tables de marbre, lés cirés préparées, & on leur donne par ce moyen la cranfparénce dont elles ont befoin pour imiter la nature. Les irftrumens &'les différentes méthodes qu'on emploie dans ces ouvrages font tellement perfectionnés , qu’on eft parvenu à faire en un mois ce qu'au commencement on faifoit à peine dans une année, & on le fait aétuellement avec plus d'élégance , de précilion & de vérité. J'ai emprunté une partie de ces détails de fabrication d’une Lettre publiée par un étranger. Maintenant que je crois avoir fufifamment fait fentir l'importance & le mérite de certe collection d'Anatomie, & les fervices importans qu'elle peut rendre dans les écoles où l’on enfeigne l'art de guérir, il me refte à manifefter les vœux que je fais pour qu’on en forme de fembiables en France, re En prenant pour bafe le rapport & le projet de Décret fur l’organifation générale de l'inftruétion publique ; préfentés à l’Affemblée-Nationale légiflative au nom du comité d’inftruétion publique, par Condorcer, je crois qu'il feroit convenable de placer une femblable colle@ion d’Anas tomie dans les neuf Lycées qu'on a propofé de confacrer à l'enfeignement des parties les plus relevées des fciences & des arts. Lorfque le miniftre de l'intérieur confulta il y a peu de tems la Société Nationale de Médecine fur le mérite & les avantages de la collection d’'Anatomie artificielle de Florence, cette Compagnie à laquelle j'ai l’hon- peur d’appartenir, defira connoître mon opinion, Je rendis alors hommage à la perfection & à l'utilité de ces travaux, au génie , aux connoiffances profondes, aux foins infatigables de Fontana qui les a dirigés, qui les a créés, Je rendis aufli hommage au zèle éclairé de l'excellent citoyen qui a voulu en faire jouir notre patrie ; mais je dois dire que je crus alors queides intérêts politiques & l’encouragement dû à nos artiftes devoient déterminer le gouvernement à faire exécuter cette collection en France. Plufieurs confidérarions d'un grand poids m'ont déterminé à changer d'avis & à adopter le plan propofe , celui de faire copier fur les lieux la collection de Florence. Les raifons qui militent pour cette détermination, font la dificulré de former des artiftes, &° d’arriver promptement à la même perfection , la dépenfe qui feroit plus confidérable d’un dixième environ ; mais la plus puiflante-de toutes ces raïfons , c’eft qu’il faudroit 94 OBSERFATIONS SURLA PHXSIQUE, par-tout ailleurs un demi-fiècle de travaux continus pour exécuter une copie complette, qu’on peur faire ss »&, que l'on 2. léjà faite pour Vienne en fix années, | Mobhesie: edf Je ferai parvenigau comité d'inftruction publique de la Convention- Nacionale & au miniftre de l'intérieur un Mémoire détaillé , &.des apperçus fur la dépenfe que certe colleétion peut entrainer, & je diféugerai auf s'il ne feroic pas avantageux d'envoyer des artiftes fe former à ce genre detravaux. | pui ap Ouisbrétué 105 .: J'aurois defité-pouvoir traîter cette, matière importante avec route l'étendye doncelle eft fufceprible, & fur-tour d'une manière Ar imais lés honarables & pénibles fonction$.qui me font confiées, & qai m'occupent tout entier, ne me l'ont pas permis. Au refte en traçant rapidèmenc ces réflexions, je n'ai eu qu'un objet en vue , celui de faire connoître à mon pays ua nouveau moyen d'accélérer L'inftruction publique & les progrès d’un art utile à l'humanité. SE 54 L'ET TRE DAV ICT OT PNNALRE CENIONF A J,C. DELAMÉTHERIE; SUR LES PARATONNERRES,: Paris, ce 16 Juin 1793, l’ar fecond de Ja Republique, ! J'ai l'honmeur de vous envoyer quelques obfervations fur les effets du tonnerre qui mont paru mériter une place dans votre Journal. Elles m'ont été communiquées par le citoyen Beyer , artifte ingénieux , qui fait des inftrumens de Phyfque, & qui entend fort bien ce qui regards l'électricité. Je vous les aurois envoyées il y a déji très-long-tems, ainfi que quelques-unes que j'ai été à portée de faire moi-même , fi les grands événemens de notre révolution qui occupent & intéreffent fortement rous ceux qui aiment fincèrement leur patrie , ne m'en avoient empêché. En effèc quelqu'amour qu'on air pour les fciences .de quelque zèle que l’on foit animé pour travaïller à leurs progrès, il faut, feion moi; un courage particulier pour pouvoir penfer, dans la crife où nous nous trouvons, à autre chofe qu'à ce qui peut nous en tirer, & faîre rénaître l'union & la paix parmi nous. Aulli j'admire, Citoyen , celui que vous avez, & qui vous porte, malgré tout ce que votre attachement pour votre -pays vous fait éprouver dans ces momeus-ci, à entretenir toutes . SUR L'AIST. NATURELLE) ET LES ARTS. °9$ les correfpondances néceffaires pour votre excellent Journal & à travailler fans cefle à tout ce qui peut le rendre plus intéreflant & plus inftructif. Quoi qu'il en foit , voici les obfervations du citoyen Beyer ; vous aurez les miennes au premier jour. Mais avant de vous entretenir de celles de €et artifte, je dois vous prévenir que j'ai expofé de fuite & fans aucune réflexion les divers effets du tonnerre qu'elles renferment , afin qu'on puifle, par-1là, les fuivre & les faifir avec plus de facilité, me réfervant de faire enfuire les obfer- Vations qu'ils peuvent comporter relativement à Ja marche de la foudre & à d'autres phénomènes. ë Au mois d'août 8791, un orage s'étant formé dans le fud-oueft, comme cela arrive prefque roujours dans ce pays-ci, cet orage mêlé d'éclairs & de tonnerre, vint fondre fur la vallée de Montmorenci. Là éclatant au-deflus du village d'Ormeffon , le tonnerre tonfba fur une maifon peu élevée {n'ayant qu'un feul étage au-deflus du rez-de-chaudlée), qui appartient au citoyen Durand. Après l’explofion on vifita & où examina foigneufement toutes les parties de la maifon, & voici ce que l’on obferva : Le tuyau de la cheminée du fallon du rez-de chauffée, qui dominoit tout Le bâtiment, écoic fort endommagé ; il y avoit dans l'appartement du premier , au-defleus du comble, un trou évafé dans le plancher qui paroifloit comme l'effet d’une explofion , & le carreau de cet endroïic étoit fauté hors de fa place. Ce trou étoit précifément au-deflus du point, où répondoit le bout d’un des pitons , qui portoit la tringle des rideaux du fallon du rez-de-chauflée au-deflous. Dans ce même appartement, les clous d’un canapé, fort près du trou du plancher, portoient, pour la plupart , des marques du paflage de la matière fulminante ; la tête des uns étant emportée, & celle des autres fondue particulièrement dans leurs points de contaét avec les clous des fauteuils qui les touchoient. Il eft néceflaire de remarquer que les- bois de ce canapé étoient dorés , ainfi que les têtes de fes clous, & ceux des fauteuils. On obferva de plus qu'il y avoit des traces d’explofion entre le canapé & les fauteuils ; que les clous de ceux-ci avoient éprouvé les mêmes effets que ceux du canapé; qu’il y avoit de femblables marques d’explofion entre ces fauteuils, & des baguettes dorées, qui maintenoiene la tapiflerie; enfin, que des fils de fonnette, qui répondoient au haut de ces baguettes, avoient été fondus en plufeurs endroits. Pour achever ce qui regarde cette partie, il faut ajouter, que ces fils de fonnette abou- tifloient en dehors , à l’extérieur du mur principal de la maifon , au-deflus d’une vigne, qui le tapifloit en entier ; & que l’on trouva des grappes de cette vigne comme pulvérifées & les branches où elles pendoient , toutes rillées. Quant au fallon du rez-de-chauflée , on trouva dans la cheminée F3 ce fallon beaucoup de plâtras, tombés du haut du tuyau, qui, comme 96 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, nous l'avons dit, aveit été fort edommagé par la foudre. Mais on obferva dans, ce fallon quelque chofe de fingulier, c’eft un carreau café à la fenêtre, qui étoic précifément à l’oppolite de celle au hauc de laquelle étoit le trou au-deflus du piton de la tringle. Nous terminerons cet expofé des effers du tonnerre dans cette maifon, en ajoutant qu'une jeune dame qui étoit, à l'inffant où il tomba, dans un cabinet, donnant dans l'appartement du premier, n’en reçut aucune atteinte , apparemment par la route qu'il prit pour fortir. . - lé Or, je remarquerai à ce fujer qu’il arrive, & même affez fouvent,, comme je lai éprouvé dans plus d’une occafion , que bien qu'un édifice préfente une fuite d’effers qui montrent d'une manière évidente l’aétion de la foudre , il n’eft pas toujours facile de bien déterminer l'endroit par où elle eft entrée, celui par où elle ef fortie, & la route qu'elle a tenue dans font #lajer de l’un de'ces points à l'autre, :: STE On voit un exemple frappant de ce que je viens d'obferver dans la relation que nous a donnée M, de Sauflure, deseffers du tonnerre , dans la maifon du lord Fi/ney à Naples en 1773, & qui fe trouve dans le Journal de Phyfique du mois de juin de la même année, Rien de plus curieux que les effets de la foudre dans ce fameux coup de tonnerre ; cependant on voit dans plufeurs endroits de fa relation, que ce favane phyficien a été embarraflé pour tracer d'une manière précife, la route que la matière fulminante a fuivie, On voit qu'il héfite fur l'endroit par lequel la foudre eft entrée dans la maifon, & fur celui par où elle en eft fortie ; quoiqu'il indique un puits, qui fe trouvoit en bas, comme ayant pu fervir, au moyen d’une barre de fer , implantée dans le mur qui portoit fa poulie, & de la corde mouillée qui en defcendoit, à tranfmettre la matière fulminante à l'eau ou au réfervoir commun de la matière électrique. Exculez cette petite digreflion , mais elle étoit néceffaire pour faire voir, comme je vous lai dit, les difficultés qu'on rencontre lorfqu'on veut tracer d’une maniere précifs & non équivoqñe, la route de la foudre du haut en bas d’un édifice, Je reviens à celle qu'elle a fuivie dans la maifon au citoyen Durand. Comme on me trouva aucune marque au plafond ni aux fenêtres de J'appartement du premier, qui indiquäc le pailage de la foudre, il paroïc bien certain qu’elle n'y elt pas arrivée par ces endroits, & par. conféquent qu'elle y eft entrée d’un autre côté. Or , c’eft ce qu'il faut trouver. On remarquera d’abord, que tous Les effets obfervés dans l'appartement du premier , Le carreau du plancher forti de:fa place, le trou évalé au- deflous , répondant directement au-deflus du piron de la tringle des rideaux du fallon , Jes traces d'explofon.entre le canapé & les fauteuils, & entre les fauteuils & lés baguettes , enfin, entre celles-ci & les fils de -fonnette, montrent évidemment, qu’il.y a eu une communication éleétrique par le canapé, Les fauteuils, &c, entre Le piton des rideaux du SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 97 du rez-de-chauffée & les fils de fonnette de l'appartément du premier. Mais dans quel fens, ou dans quelle diretion, cette communication s'eft- elle faire, c'eft ce. que ces effets ne déterminent pas. La feule chofe qu'ils font voir clairement, c’eft que la matière fuliminante ‘n’a pu entrer dans cet appartement , que par les fils de fonnette, ou par le piton de la tringle, IL fe préfente donc ici deux routes, qu’il faut examiner ; l’une où la foudre en montant du réfervoir commun par la vigne, car fon paflage y éroit marqué, fe feroit jettée fur les fils de fonnette, & feroic entrée par-la dans l’appartement ; l'autre où en montant du fallon par l'efpagnolette, la tringle & le piton, elle feroit entrée en faifanc explofion dans cer appartement par ce côté. Mais la’ première route fuppofe que dans ce coup de tonnerre , la foudre auroit été afcendante. Or, c’eftce qui ne peut s’accorder avec la manière dont le tuyau de la cheminée, au-deffus de la maifon, a été frappé & endominagé, puifqu'elle montre que la matière fulminante eft venue d'en haut. Cette première route ne pouvant être admife, il s'enfuit évidemment que la feconde cit la feule qu'elle a fuivie, c’eft-à-dire, que cette matière eft montée du fallon du rez-de-chauflée par l’efpagnolette , la tringle, le piton dans l'appartement au-deflus. Cette route paroît d'autant plus certaine, qu'il y a eu une explofion dans le plancher de cet appartement au-deflus du piton ; & que cette explofion s’eft faite de bas en haut, ou en montant comme le prouvent , & Le trou évafé du côté de Pappairement, & le carreau déplacé, qui couvroit ce trou. Tout ce que je viens de dire établit donc pleinement que la matière fulminante cft montée du fallon dans l'appartement au-deflus , & que cette route eft véritablement celle qu'elle a fuivie. Maïs comment eft-elle entrée dans ce fallon? c’eft ce qui ne paroît pas difficile à montrer ; car La maifon n'étant pas bien haute, ainfi que je l’ai obfervé, il y a*route apparence que la foudre, ayant frappé le ruyau de la cheminée , fe-a defcendue par ce tuyau avec les plâtras qu’elle a précipités, & qu'elle aura trouvé quelque fubftance métallique fur fon paflage qui auta déterminé fa route vers lefpagnolette par laquelle elle fera montée. On voit ainfi dans ce que je viens de rapporter au fujet de la route qu'a fuivie la matière fulminante dans Ja maifon du citoyen Durand rout ce que demande lexplication de cette route dans un édifice frappé du tonnerre ; car on y voit comment Ja foudre étant tombée fur le tuyau de la cheminée, elle eft difcendue dans Le fallon du rez-de-chauflée , comment de ce fallon elle eft remontée par l'efpagnolette, la tringle & le piton, dans l’appartement du premier; enfin, comment par le moyen du canapé, des fauteuils, &c. elle eft fortie par les fils de fonnette , & eft defcendue par la vigne (dont les branches ont été grillées) dans Le réfervoir commun, où elle s’eft perdue ; mais il y a un effet fingulier , dont je n’aï pas rendu compte, c’eft celui du carreau caflé dans le fallon , à la fenêtre oppofée à celle où étoit Tome XLIIT, Part. II, 1793. AOUT. N 08 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, l'efpagnoletre , par laquelle j'ai dit, que Ja matière fulminante étoit montée dans l'appartement au-deflus. Il eft en effet extraordinaire que ce carreau ait été caflé, lorfque tout annonce que cette matière sell portée de l’autre côté. On pourroit dire qu'il l'a été par l'effet de la commotion qui eut lieu dans ce fallon , comme cela eft arrivé plus d’une fois, où par une partie de la foudre qui fe partagea, & alla forir de ce côté-là, partage qu'on a vu dans plus d’une occafion ; mais j'aime mieux avouer fans détour, que cet effet eft du genre de ceux dont j'ai dic qu'il étoit difficile de rendre raifon, Je me reprocherois d'être entré dans tous ces détails, pour donner avec précifion la route que la matièré fulminante a fuivie dans cetre maifon, fi je n’avois voulu faire voir que bien que dans plufieurs occa- fions, il foit difficile de marquer avec exactitude la route de la foudre, dans les édifices qui en font frappés, il y en a d'autres où en fuivant foigneufement fes effets, on eft en état de la tracer d’une manière qui paroît ne laifler aucune incertitude. D'ailleurs ces détails en montrant, par Les faits, comment la matière fulminante fuit toujours, & fans les quitter, les matières propres à la tranfmettre, fervent encore à confirmer l'utilité & les avantages des pararonnerres. Je pafle à la feconde obfer- vation du citoyen Beyer, qui eft d’autant plus intéreffante, qu'elle prouve combien il eft important de ne s’adrefler, pour placer des paratonnerres, qu'à des perfonnes bien inftruites de tout ce qui regarde leur théorie, fans quoi , loin de prévenir les effets de la foudre fur une maifon ou un édifice qui en eft armé, ils peuvent l’expofer à en éprouver de très- ficheux. : - SECONDE OBSERFATION. Nous eûmes le 17 d’août de l’année dernière, 1792, vers les onze heures & demie du foir, un orage très- remarquable , fur-tout par quelques coups de tonnerre dont il fut accompagné, En effet ces coups étoient d'autant plus extraordinaires , qu'ils fembloient comme érouffés, & que cependant ils faifoient retentir au loin toute l'atmofphère, J'en fus fi frappé, que j'en pris une note particulière, ne me rappelant pas d’en avoir jamais entendu de femblable, depuis le tems que j'obferve avec attention les orages , & toutes les circonftances qui les accompagnent. Dans cet orage le tonnerre tomba en plufeurs endroits ; fur un petit bateau avec un mât, qui étoit fur la rive droite de la Seine au bas du pont de Neuilly, à Wällers-la-Garenne (1) fur une maifon armée de deux paratonnerres, appartenante au citoyen Haller , ainfi que fur Péplife PE (Gi) Pillers-Li-Garenne eft un village, près de Neuilly-far-Seine, à une lieue o% aux environs de Parise SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 99 de ce village. Enfin, il tomba fur la tour principale de Saint-Denis. On apperçut quelque chofe de fingulier lorfqu'il éclata au-deflus de Villers- 1a-Garenne. On le vit prefqu'au même inftant pafler dans ce village fous la forme d’un globe de feu , forme qu’il ne prend pas toujours, & aller avec une extrême rapidité. Le citoyen Haller ayant defiré qu'un homme inftruit examinât foigneufement les effets du tonnerre dans fa maifon, l’artifte Beyer Le ft peu de jours après l'orage, & voici ce qu'il y remarqua : La foudre avoit frappé celui des paratonnerres de cette maifon, qui eft .du côté de l’oueft, La pointe en éroit fondue d’une longueur de fept à huit pouces. Bien qu’elle füt toute de fer légèrement dorée par le bout, à la racine de cette pointe ou à fa bafe ,-on trouva les angles du con- duéteur comme fondus. Une gouttière qui régnoit au bas du toît tout autour étoit pliée ou contournée dans l'endroit qui étoit près de celui où pafloic le conduéteur: on en verra la raifon dans un moment. Au- deflous, au premier étage , on voyoit dans le mur à côté de l'endroit où pafloit le tuyau de conduite de la goutrière , un trou de trois à quatre pouces de diamètre. Au-deffous le mur n'offroit rien de particulier , mais on-obférva dans l’intérieur vers ce premier étage de la maifon & dans une efpèce d'efcalier dérobé, que le tonnerre y avoit produic différens effets ; qu'une des barres de la rampe de cet efcalier avoit été enlevée, & caflée, & les autres plus ou moins ébranlées; enfin, que le bas de cet efcalier en bois, étoit forti hors de fa place. i _… Il faut ajauter à tout ce que nous venons de rapporter, qu'il y avoit dans une chambre, peu éloignée de cet efcalier , mais qui fe trouvoit fur un niveau plus élevé , une dame qui vit à l'inftant du coup de tonnerre, cette chambre tout en feu, & la liqueur fpiritueufe d’un flacon qui étoie fur l'appui de la cheminée , enflammée, On trouva après, que ce flacon étoit fauté en mille pièces. Il n’eft pas inutile d’obferver que cette dame, qui n'éprouva aucune commotion, bien qu’elle füt peu éloignée de la cheminée, étoit couchée dans un lit dont le bâtis , que l’on appelle le bois de lit, étoit tout en fer, & que le baldaquin étoit pareillement foutenu par des tringles de ce métal. Nous venons d’expofer les divers effets de la foudre dans certe maifon; il faut actuellement faire voir comment elle les produifit, en traçant la route qu’elle fuivit dans fon pañlage. Rien de plus conforme à la théorie des' paratonnerres que ce qui arriva d’abord. En effet l'orage venant du côté de l’oueft, lafoudre fe jecta für Ja pointe du paratonnerre qui fe trouvoit de ce côté-là ; cetre pointe étant la première dans la direction que fuivoit l'orage, & comme le prouve le bout de cette pointe qui fut fondu , comme nous l’avons dit; or, Les pointes , felon la théorie, devant préfenter à la matière fulminante un paflage qu’elle puiffe prendre de préférence ; & par-là l'empêcher de {e jetter fur Les autres parties de l'édifice , cetté pointe de l’oueft produifit Tome XLITI, Part. II, 1593: AOÛT, N 2 100 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQ UE ; tout l'effet qu'on étoit dans le cas d’en attendre , puifque de toutes les parties fupérieures de l'édifice, elle. fut la feule qui fût frappée. En defcendant le long de cette pointe la matière fulminante devoir pafler dans le conduéteur pour être tranfmife de-là en bas , mais y ayant une folution de continuité à la raciné de cette pointe entre elle & le conducteur, contre ce que la théorie prefcrit, il y eut dans cet endroit une fufion des angles du conduéteur dans Le faut & l’explofion que fit cette matière pour pafler de la pointe dans le conduéteur. Arrivée en bas du toit, en fuivant ce conducteur, la négligence ou l'impéritie de Partifte qui avoit placé le paratonnerre ayaat laifé dans cet endroit un intervalle de plus de fix pouces entre les deux parties du conduéteur , & la gouttière ne fe trouvant diftante de la partie fupérieure du con- duéteur , que d’un intervalle beaucoup moindre , la matière fulminante felon les loix de l'électricité fe jecta fur cette gonttière , la plia & la con- tourna par effet de l'explofion, qui fe fit dans fon paflage. Elle defcendic enfuire le long de la conduite métallique de cette gourtière. Parvenue à Ja hauteur du premier étage, la matière fulminante fe jetta à travers le mur où elle fit explofion , fur des barres de fer correfpondantes à cet endroit & communiquant dans l'intérieur de la maifon à-peu-près vers l’efcalier dérobé, où elle fit tous les effets, dont nous avons parlé. Mais il faut avouer que maloré toutes les recherches que fit l'artifte Beyer, & que j'ai faires auffi depuis avec lui, on ne put découvrir les traces de la route que la matière fulminante avoit fuivie pour arriver dans cet efcalier, non plus que celle de fon paflage dans la chambre où cette dame étoit couchée. Ainf il faut encore ranger ces effets au nombre de ceux dont j'ai parlé dans la première obfervation , où quoiqu’on voie bien évidemment l’action de la foudre & fon paflage, on ne peut pas cependant tracer d’une manière certaine la route qu'elle a fuivie. Nous en dirons autant fur la manière dont elle ef fortie de la maifon ; car foit que cette matière fût épuifée par tous les effets qu’elle avoit produits dans cette maifon, foit qu'elle eût trouvé quelque route parti- culière, ni l’artifte Beyer , ni moi ne pümes, quelques recherches que nous fimes, trouver par où elle s’étoit échappée. Quoi qu'il en foit , bien qu’aux yeux de perfonnes peu inftruites ces effets de la foudre fur une maifon armée de paratonnerre puffent donner des foupçons fur la sûreté de leurs effets pour Les préferver du tonnerre, il en réfulte bien certainement au contraire, qu'ils offrent une nouvelle preuve de la vérité de la théorie fur laquelle ces effets préfervatifs font fondés , puifque tous ceux que la foudre a produits ici font entièrement conformes à ce que cette théorie indique. Mais ce qu'il eft effentiel d’en conclure, c’eft qu'ils prouvent de la manière la plus évidente ce que nous avons dit {ur la réceflité de ne confier l’établiflement des paratonnerres fur Les édifices, qu’à des perfonnes bien verfées dans tout ce qui appartient À la théorie de cette partie importante de l'électricité. SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 101 EME A: LÉ Des Obfervations météorologiques faites à Montmorenci , pendant le mois de Juillet 1703 ; Par M. CoTTE, Prétre de l’Oratoire, Curé de Montmorenci , Membre de plufieurs Académies. Dscvr: long-tems on n'avoit éprouvé une chaleur aufli forte que. celle qui a eu lieu depuis le 7 jufqu’au 17 de ce mois. J'ai cru devoir configner les détails relatifs à cette température extraordinaire dans un Mémoire particulier qui fervira de fuite à celui-ci. La féchereffe des mois précédens a continué. Nous n’avons eu que quelques pluies d'orage dont la terre avoit grand befoin. Cette température a été très-favorable à la fleur du bled & à celle de la vigne. Les pluies d'orage qui ont fuivi les chaleurs ont fait groflir le verjus ; le morillon hâtif ou raifin de Mugde- Zeine tournoit à la fin du mois. Le premier, on fervoic les cerifes, il y en a eu très-peu. Le 6, on voyoit du verjus, les châtaigniers fleuriffoient. Le 19, on fervoit les abricots hârifs, & le 29, les tardits, Le 22, on fcioic les feigles , dans lefquels je n’ai prefque point vu d’ergots, & le 29, les orges & les avoines. Température de ce mois dans les années de la période lunaire cor- refpondante à celle-ci. Quantité de pluie en 1717, 2$ ; lign. en 1736, 11-lign. en 1755 (à Denainvillers en Gatinois chez M. Duhamel) Vent dominant, fud-oueft. Plus grande chaleur, 2$ ? d. le 13. Moindre , 10 d. les 3 & 31. Moyenne, 16,7 d. Plus grande élévation du baroïinètre, 27 pouc. 10 = lign. le 19. Moindre, 27 pouc. 3 lion. le remier. Moyenne , 27 pouc. 7,1 lign. Nombre des jours de pluie, 12, binire. chaude & humide, En 1774. (à Montmorenci). Vents dominans, oueft & fud-oueft, Plus grande chaleur, 25 = d. le.26. Moindre , 72 d. le 7. Moyenne, 15,0 d. Plus prande élévation du baromètre, 28 pouc. 3 lign. le 23, Moëndre, 27 pouc. 9 : lign. le 14. Moyenne , 28 pouc. 0,0 lign. Nombre des jours de pluie, 14. Quantité de pluie, 8 lign. d’évaporation , 79 Vign. Température ; froide & humide. : Températures correfpondantes aux différens points lunaires. Le 4 (quatrième jour avant la N. L.) beau , chaud, changement marqué. Le 6 (luniflice boréal) beau , très-chaud. Le 8 (N. L.) :dem, pluie, tonnerre. Le 11 (apogée } beau, très-chaud, Le 12 ( quatrième jour après la N. L.) idem. Le 14 (équinoxe defcend.) idem. Le 16 (P. Q.) idem, 102 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, Le 19 (quatrième jour avant la P. L.) couvert, pluie, doux. Le 21 Cliniflice auffral) beau , doux. Le 23 (P. L. & péripée) couvert, doux. Le 27 (quatrième jour après la P. L, & équin. afcendant) couvert, chaud, pluie. Le 25 (D. Q.) beau, froid, changemenr marqué. En 1793 Vent dominant , le nord-ouef ; il fut violenc le premier ; & le fud-oueft le 18. Plus grande chaleur , 27,3 d. le 16 à 1 £ heur. foir, le vent fud-oueft brûlant & le ciel en partie ferein. Moëindre, 7,0 d. le 3 à 4 heur. matin, le vent nord-oueft & le ciel fercin. Différence, 20,3 d. Moyenne au matin , 12,7 d. à midi, 20,2 d, au for, 15,2 d. du jour, 16,0 d. Plus grande élévation du baromètre, 28 pouc. 2,89 lign. le 6 à 4 heur. matin , le vent nord-oueft & le ciel ferein. Moindre, 27 pouc. 8,59.lion. le 28 à 2 heur. foir, le vent oueft & le ciel couvert. Différence , 6,30 lign. Moyenne au matin 27 pouc. 11,60 lign. à midi, 7 pouc. 11,44 lign. au /oir 27 pouc, 11,18 lign. du jour, 27 pouc. 12,52 lign. Marche du baromètre , le premier à 4 heur. matin, 27 pouc. 11,58 lign. Le premier baïffé de 0,50 lign. du premier au 4 M. de 3,18 lign. Le 4 B. de 0,42 lign. du 4 au 6 M. de 1,05 lign. du 6 au 8 B. de 4,03 lign. du 8 au y M. de 0,86 lign. du 9 au 11 B. de 1,72 lion. du 11 au 14 M. de 2,15 lign. du 14 au 17 B. de 2,2$ lign. Le 17 M. de 0,79 lign. du 17 au 18 B. de 2,19 tion. du 18 au 22 M. de $,22lign. du 22 au 23 B. de 2,26 lign. du 23 au 24 M. de o,77 lign. du 24 au 28 B. de 3,73 lign. du 28 au 31 M. de 3,46 lign. Le 31 à 10 heur. foir 28 pouc. 0,05 lign. Le mercure s'eft prefque toujours foutenu au-deflus de fa hauteur moyenre, & il a peu varié, excepté en zonrens les 18, 20 & 29, & en defcendant , les 18 & 27. Plus grande déclinaifon de l'aiguille aimantée , 22° 48/ le premier tout le jour, le vent nord-oueft , & le ciel en partie ferein. Moindre, 22° 3° le 16 à 2 heur. foir, le vent fud-oucft affez fort & très-chaud , & le ciel en partie ferein. D'fférence, o° 45’. Moyenne, à 8 heur. matin, 22° 29" 2 ,à midi, 22° 23'14//, à 2 heur. foir, 22° 23° 48", du jour, 22° 23" 21/. IL eft tombé de la pluie les 8, 17,18, 19 ,20, 24, 27,28 & 31, -& de la gréle le 17. La quantité d'eau a été de 25,3 lign. dont 20 lign. font tombées en trois jours. L'évaporarion a été du premier au 15 de 23 lign. & du 18 au 31 «le 28 lign. Total, 52 lign. L'aurore boréale ñ'a point paru. Le ronnerre s'eft fait entendre de Loir le 10, & de prés les 8, 9 ENT. Le 26, à 9 : heur. foir, j'ai obfervé un mctéore lumineux femblable à une fufée volante , qui n’a duré que quelques fecondes dans la partie fud du ciel qui étoit alors ferein & l'air frais, SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 103 La petite vérole regnoit encore, mais fans aucun danger. Nous n'avons point eu d’autres maladies, Montmorenci, 2 Août 1793. PC EE — , D'HAÉSOOR: LE SURLA STRUCTURE DES CRISTAUX; Par KR.J. HAüvy. | Notice par J.C. DELAMÉTHERTE. ( La Criftallographie étant devenue une des plus belles parties de Ja Minéralogie , je defrois depuis long-tems faire connoître à nos Lecteurs la théorie entière de M. Haüy fur cet objet, Il l’a réduite à des loix fufceptibles d'un calcul rigoureux , & il ef parvenu à les exprimer par des formules générales : ce qui élève cette partie de nos connoiflances au rang des fciences mathématiques. M. Haüy vient d’expofer fa théorie dans un Mémoire imprimé dans les Annales de Chimie. Mais il n'y a point joinr Les formules générales. M. Gillot, membre de la Société Philomatique, m'a communiqué toute cette partie du calcul & toutes ces formules qu’il a rédigées d’après les réfultats donnés par M, Haüy dans les Mémoires de l'Académie, dans fes ouvrages , & dans fes cours particuliers. On trouvera donc ici réuni tout ce beau travail, Je ferai connoître enfuire les nouvelles applications que l’auteur ou d’autres favans en feront aux différentes fubftances minérales, On trou- vera même dans ce cahier celle qu’a faite M. Gillot à la fubftance appelée hyacinthe cruciforme du Hartz, qui fe trouve à Andreafberg, & qu'il penfe bien, ainfi que moi, n'être point une hyacinthe. EE EE La HG de la ftruéture des criftaux ne peut être bien approfondie qu'avec le fecours du calcul analytique (1). Outre le mérite qu’a l'analvfe d’envelopper dans une feule formule les folutions d’une infinité de (5) Voyez les Mémoires de BAcadémie des Sciences , année 1790. 104 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, problèmes divers, elle peut feule imprimer à la théorie le caractère de fa certitude rigoureufe, en parvenant à des réfultats parfaitement d'accord avec ceux que donne l’obfervation. Malgré ces confidérations, j'ai cru devoir , en faveur de ceux qui ne feroient pas fuffifamment verfés dans la fcience du calcul , préférer encore ici la méthode du fimple raifonne- ment, mais accompagnée de figures géométriques qui manquoient à la première expofirion , & qui font fi utiles pour faire concevoir l'arrange- ment des petits folides qui concourent à former un même criftal. C'ef cet arrangement que j'appelle f/ruéfure, par oppofition au terme d'orga- nifation , qui exprime le méchanifme beaucoup pius compofé que préfente l'intérieur des animaux & des plantes. Si cette marche eft beaucoup moins direîe, moins expéditive & moins risoureufe, fi elle exige que l'attention fe fixe fur des détails que le calcul franchit, pour aller rapidement à fon buc , elle a du moins cet avantage , que l’efprit , par fon moyen , apperçoit mieux la liaifon des différentes parties de l’enfemble qu’il confidère , & fe rend plus aifément compte à lui-même des connoiflances auxquelles il eft parvenu (1). I. Divifion méchanique des Criflaux. On fait qu'une même fubftance minérale eft fufceptible de plufieurs formes diverfes toutes bien déterminées, & dont quelques-unes ne préfentent , au premier afpeét, aucun point commun qui paroifle indi- quer leur rapprochement, Si l’on compare, par exemple, Le fpath calcaire en prifme hexaèdre régulier avec le rsomboïde (2) du même fpath, dont le grand angle plan eft d'environ 101° ?, an fera tenté de croire d’abord que chacune de ces deux formes eft entièrement étrangère à l'égard de l’autre. Maïs ce point de réunion qui échappe, lorlqu’on fe borne à la confidération de la forme extérieure, devient fenfible dès (x) Je me propofe de réunir les avantages des deux méthodes dans un ouvrège particulier, où j’effayerai de préfenter la Minéralogie fous tous les points de vue qui peuvent concourir à en faire une véritable fcience. (x) J'appelle rhomboïde un parallélipipèce a e ( fer. 4 ) , terminé par fix rhombes égaux & femblables. Dans tout rhombcide , deux des angles fulides, tels que a, e, oppoés entr'eux, font formés par la réunion de trois angles plans égaux. Chacun des fix autres angles folides eft formé par un angle plan égal à chacun des trois précé- dens, & par deux autres angles de melure différente, mais égaux entr'eux. Les points 4,e;, font les fommets; la ligne ae eft l'axe. Dans l’un quelconque à 4 df des rhombes , qui compofent la füurface, l’angle à contigu au fommet , fe nomme angle Supérieur, Y'angle d angle inférieur ; les angles 4, f font les angles Laréraux. Les côtés ab, a f, font les hords fupérieurs , & les côtés & d , df, les bords infericurs ; b felt la diagonale horifontale, & a d la diagonale oblique. Le rhomboïde elt obtus ou aigu, fuivant que les angles des fommets font eux- mêmes obtus ou aigus, Le cube elt la limite des rhomboides, qu’on “SUR\ L'HIST: NATURELLE ET LES ARTS. 105 qu’on pénètre dans Le méchanifme intime de la ftructure. Qu'il me foie permis ici de reprendre les chofes dès l’origine , en rapportant la manière dont s’eft préfentée Pobfervation d’où je füis parti, & qui eft devenue comme la clef de toute la théorie. J'avois entre Les mains un prifme hexaèdre de fpath calcaire, {em- blable à celui que je viens de citer, & qui venoic de fe détacher d'un groupe dont il faifoit partie. La fracture préfentoit une furface très- life, fituée obliquement comme Le trapèze psus (fig. 1), & qui faifoic un angle de 135° tant avec le réfidu abes p h de la bafe, qu'avec le réfidu suef du pan £nef. Remarquant que le fegment cunéiforme Psutin, que cette fracture féparoit du criftal , avoit pour fommet une des arêtes fituées autour de la bafe , favoir, l’arête x, je voulus voir fi je pourrois détacher un fecond fegment, dans la partie à laquelle appartenoit l’arète voifine cæ, en employant à cet effet une lame de. couteau que je dirigeai fous le même degré d'obliquité que le trapèze psur, & dont j'aidois leffort par la percuflion. Cette tentative fut inutile; mais ayant eflayé la même opération vers l'arête füuivante bc, je mis à découvert un nouveau trapèze femblable au premier, La qua- trième arète ab réfifta comme la feconde à l'inftrument; mais la fui= vante ah fe prêta facilement à la divifion méchanique ,-& offrit un troifième trapèze d’un au u poli que les deux autres. Il eft prefque fuperfu d'ajouter que la arête 22 refta indivifible, ainfi que la quatrième & la feconde. + 1 Je paffai alors à la bafe inférieure de fg kr, & l'obfervation . me Ho que Les arêtes de cette bafe, qui admettoient des coupes fem- lables aux précédentes, n'étoient point les arêtesef, dr,gk, qui - xépondoient à celles que j'avois trouvées divifibles vers la partie fupé- rieure , mais les arêtes intermédiaires Ze, v y, gf.Le trapèze /qyv repréfente la fection faite en deflous de Farête kr. Cette fection eft évidemment parallèle à celle qui fe confond avec le trapèze p sut , & de même les quatre autres fections font parallèles deux à deux. Or, ces différentes fections étant dans Le fens des joints naturels des lames, je réuflis aifément à en obtenir d’autres parallèlement à chacune d'elles , fans qu'il fût poffible d’ailleurs de divifer le criftal dans aucune autre direction. En pourfuivant donc {a divifion méchanique déterminée d’après Le parallélifme dont nous venons de parler , je parvins à de nouvelles coupes, toujours plus voifines de l'axe du prifme , & lorfqu: ces coupes eurent fait évanouir Les réfidus des deux bafes , Le prifime fe trouva transformé en un folide OX (fig.2) terminé par douze pen- tagones parallèles deux à deux , dont ceux des extrémités, favoir, SAOIR , GIODE, BAODC, d'une part, & KNPQF, MNPXU,ZQPXY, de l’autre, étoient Les réfulrats de la divifion méchanique, & avoient leurs fommets communs O, P, fitués aux Tome XLUI, Part, Il, 1793. AOUT, 106 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, centres des bafes du prifme (fig. 1); les fix pentagones latéraux RSUXY, ZYRIG, &c. (fig. 2), étoienc les réfidus des pans du même prifme. 31 A mefure que je multipliois les feétions ; toujours parallèlement aux précédentes , les pentagones latéraux diminuoienc de hauteur, & à un certain terme, les points R,G, fe confondant avec les points Y, FAN les points S, R, avec les points U,Y, &c. ilne refta plus des penta- gones dont il s’agit , que les triangles YIZ, UXY, &c. (fig. 3) au- delà de ce terme, les fections venant à pafler fur la furtace de ces triangles, en diminuoient peu-à-peu l’étendue, jufqu'à ce qu’enfin ces mêmes triangles devinflent nuls, & alors le folide forti du prifme hexaèdre fe trouva être un rhomboïde ae ( fig. 4), entièrement /fem- blable à celui que l’on défione communément fous le nom de /pat# d'Iflande. Un réfüuitat fi peu attendu me fit naître à l’inftant l’idée de foumettre les autres criftaux calcaires à la même épreuve , & rous fe prétèrent à la divifion méchanique , de manière que quand toutes les faces extérieures avoient difparu , l’efpèce de noyau qui reftoic fous l'inftrument étoir encore un rhomboïde de la forme du premier. Il ne s’agifloit que de trouver le fens des coupes qui conduifoient au rhomboïde central. Pour extraire , par exemple, ce rhom , du fpath nommé come munément lenticulaire, & qui eft lui un rhomboïde beaucoup plus obtus ayant fon grand angle plan de 114° 18/56"; il falloic partir des deux fommets , en faifant pafler les fections par les petites diagonales des faces. Vouloit-on au contraire parvenir au noyau du fpath rhom- boïdal à fommets aigus (1)? il falloit diriger les plans coupans paral- lèlement aux arètes contigues aux fommets, & de manière que chacun d’eux fût également incliné fur Les faces qu'il entamoit, ‘ Ces réfultats font d'autant plus dignes d'attention ; qu'il fembletoit d’abord que la criftallifation, après avoir une fois adopté le ‘rhom- boïde , relativement à une efpèce déterminée de minéral , dût roujours le reproduire avec les mêmes angles Mais le paradoxe qui naît de éctte diverfité d’afpet s’éclaircit par le double emploi de la forme rhom- boïdale , qui fert ici à fe déguifer elle-même , & cache des caractères fixes & conftans fous des dehors variables, ; | Si l'on prend. un criftal d'une autre nature , tel qu'un cube de fpath fluor , le noyau aura une forme différente. Ce fera, dans le cas prélenr,, un octaèdre , auquel on parviendra, en abattant les huit angles folides nr ue (1) Nous ferons connoître plus particulièrement ce rhomboide, ainf que le précédent , dans la fuite de cet article, | SUR L'HIST: NATURELLE ET LES ARTS. 107 du cube (1). Le fpath pefanr produira, pour noyau, un prifme droie à bafes rhombes (2), le feld-fpath un parallélipipède obliquangle, mais non rhomboïdal (3), l'apatite ou le bétil un prifine droit hexaëdre, le fpath adarmantin un rhomboïde un peu aigu, la blende un dodécaèdre à plans rhombes, le fer de l’île d'Elbe un cube, &c. & chacune de ces formes fera conftante , relativement à l'efpèce entière , en forte que fes angles ne fubiront aucune variation qui foic appréciable, & que, f l'on eflaye de divifer Le criftal dans tout autre fens, on ne pourra plus faifir auçun joint : on n’obtiendra que des fragmens indéterminés ; on brifera, en un mot, plutôt que de divifer. Ces folides infcrits chacun dans tous Les criftaux d'une même efpèce, doivent être regardés comme les véritables formes primitives donc toutes [es autres formès dépendent. J'avoue que tous les minéraux ne font pas fufceptibles d'être divifés méchaniquement. Il y en a cependant un beaucoup plus grand nombre qui s’y prêtent que j: ne l'avois penfé d'abord , & quant aux criftaux qui fe font montrés rebelles jufqu'ici, aux efforts que j'ai faits pour y trouver des joints naturels , j'ai remarqué que leur furface ftriée dans un certain fens, où même le rapport de leurs différentes formes, parmi ceux qui appartiennent à une même füubftance, offroient fouvent des indices «de leur ftruéture, & qu’en raifonnant d’après l’analogie avec d'autres criftaux divifibles , on pouvoir déterminer cette ftruéture, au moins avec une grande vraifemblance. J'appelle formes fecondaires routes celles qui diffèrent de la forme primitive : nous verrons dans la fuite que le nombre de ces formes a une limite que la théorie peut déterminer , d'après les loix auxquelles et foumife La ftrudture des criftaux. Le folide de forme primitive que l’on obtient , à l’aide de l'opération que nous avons expolée, peut être fous- divifé parallèlement à fes différentes faces. Toute la matière enveloppante eft pareillement divifible par des fections parallèles aux faces de la forme primitive. Il fuit de-là que les parties détachées, à l’aide de toutes ces fections, font fimilaires 3 & ne diffèrent que par leur volume, qui va en diminuant, à mefure que l'on pouffe la divifion plus loin. Il en faut excepter celles qui avoi- finent les faces du folide fecondaire, Car ces faces n'étant point parallèles à celles de la forme primitive, les fragmens, qui ont une de leurs facettes prifes dans ces mêmes faces, ne peuvent reflembler entièrement à ceux que l'on détache vers le milieu du criftal. Par exemple, les fragmens du prifme hexaèdre ( f£g. 1) dont les facettes extérieures font a ————— —————————_—— (x) Effai d’une Théorie, &c. pag. $z. I (2) Jbid. pag. 121. dite \ à (3) Mémoires de l'Académie des Sciences, année 1784» pag. 237e Tome XLIIL, Part. Il, 1793. AOUT. O 2 108 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, partie des bafes ou des pans, n’ont point à cer égard la même figure que ceux qui font fitués plus près du centre, & dont toutes les facettes font parallèles aux coupes psut, lgyv,&c. Mais la théorie, ainfi que nous le dirons, fait difparoître l'embarras qui naît, au premier, abord , de cette diverfité, & réduit tout à l'unité de figure. Or, la divifion du criftal en petits folides fimilaires a un terme, paflé lequel on arriveroir à des particules fi petites, qu'on ne pourroit plus les divifer, fans les analyfer, c'eft-à-dire , fans détruire la nature de la fubftance. Je n'arrête à ce terme, & je donne à ces corpufcules que nous ifolerions, fi nos organes & nos inftrumens étoient affez délicats, le nom de molécules intégrantes. 11 eft très-probable que ces molécules font les mêmes qui étoient fufpendues dans Le fluide où s’eft opérée la criftallifation. Au refte , elles feront tout ce qu'on voudra. Toujours eft-il vrai de dire, qu’à l’aide de ces molécules, la théorie ramène à des loix fimples les différentes métamorphofes des criftaux, & parvient à des réfulrats qui repréfenrent exaétement ceux de la nature, ce qui eft Punique but auquel je me fois propofé d’atreindre, Lorfque le noyau eft un parallélipipède , c’eft-à-dire, un folide qui a fix faces parallèles deux à deux, comme le cube, le rhomboïde, &c, & que ce folide n’admet point d'autres divifions que celles qui fe font dans le fens de fes faces, il eft clair que les molécules qui réfultent de Ja fous-divifion , tant du noyau que de la matière enveloppante , font femblables à ce noyau. Dans les autres cas, la forme des molécules diffère de celle du noyau. Il y a aufli des criftaux qui rendent, à l’aide de la divifion méchanique des particules de diverfes figures , combinées entr’elles dans toute l'étendue de ces criftaux. J’expoferai dans la fuite mes conjectures fur la manière de réfoudre la difficulté que préfentent ces efpèces de ftruétures mixtes, & l'on verra d'ailleurs que cette difficulté ne touche point au fond de la théorie. IT. Loix de décroiffement. 1. Décroiffemens fur les bords. Ea forme primitive & celle des molécules intégrantes étant détermi- nées , d’après la difleétion des criftaux, il falloit chercher les loix fuivant lefquelles ces molécules étoient combinées, pour produire aurour de la forme primitive ces effjièces d’enveloppes terminées fi régulièrement, & d'où réfultoient des polyèdres fi différens entreux , quoiqu’originaires d'une même fubftance. Or, tel eft le méchanifme de la ftruture foumife à ces loix , que toutes les parties du criftal fecondaire fur-ajoutées au noyau , font formées de lames qui décroiffent régulièrement par des fouftrations d'une ou plufieurs rangées de molécules intégrantes, en SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 109 forte que la théorie détermine le nombre de ces rangées, & par une fuite néceflaire, la forme exacte du criftal fecondaire, Pour donner une idée de ces loix , je choifirai d’abord un exemple très-fimple & très-élémentaire. Concevons que EP (fg. 5) repréfente un. dodécaèdre dont-les faces foient des rhombes égaux & femblables, & que ce dodécaèdre foit une forme fecondaire qui ait un cube pour noyau ou;pour forme primitive. On jugera aifément de la poftion de ce cube par l'infpection de la f2g. 6, où l'on voit que les petites diagonales DC, CG, GF, FD de quatre faces du dodécaèdre réunies autour d'un même angle folide L, forment un quarré CD FG, Or, il yafx angles folides compofés de quatre plans, favoir, les angles L,O, E,N,R,P (fg.s),& par cenféquent fi l’on fait pafler des fe&ions par les petites diagonales des faces qui concourent à la formation de ces angles folides, on mettra fucceflivement à découvert fix quarrés, qui feront les faces du. cube primitif, & dont trois font repréfentés (Ag. 6), favoir, CDFG, ABCD , BCGH. j Ce cube feroit évidemment un afflemblage de molécules intégrantes cubiques, & il faudroir que chacune des pyramides, relle que LDCGF (fig. 6), qui repofent fur fes faces, fût elle-même compofée de cubes égaux entreux, & à ceux qu: formeroient le noyau, Pour mieux faire concevoir comment cela peur avoir lieu , je vais indiquer le moyen d'exécuter un dodécaèdre factice , en employant un certain nombre de petits cubes, dont l’affortiment foit une imitation de celui des molécules employées par la nature à la formation du dodécaèdre que nous! confidérons ici. Soit ABGF (fég. 7) un cube compofé de 729 petits cubes égaux entreux, auquel cas chaque face du cube total renfermera 8x quarrés, 9 fur chaque côté, lefquels feront les faces extérieures d’autant de cubes partiels repréfentatifs des molécules. Le cube dont il s’agit fera le noyau du dodécaëdre que nous nous propofons de conftruire, Sur l’une, des faces , telle que À BCD , de ce cube , appliquons une lame’ quarrée compofée de cubes égaux à ceux qui forment le noyau, mais qui ait, vers chaque bord, une rangée de cubes de moins que fi elle éroit de niveau avec les faces adjacentes BCGH, DCGF, &c. c’eft-à-dire, que cetre lame ne fera compofée que de 49 cubes, 7 fur chaque côté, en forte que fi fa bale inférieure eft onfg (fig. 8), cette bafe tombera exaétement fur le quarré marqué des mêmes lettres ( fg. 7). Au-deflus de cetteipremière lame , plaçons-en une feconde, com- pofée de 25 cubes, cinq fur-chaque côté, en forte que fi !mpu(fig. 9) reptéfente fa bafe inférieure , cette bafe fe trouve fituée précifément au-deffus du quarré défigné par les mêmes lettres ( fg 7 ). Appliquons de même une troifième lame fur la feconde , mais qui ne renferme que 9 cubes, trois fur chaque côté , de manière que vx y x 110 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, (fig: 10) étanc fa bafe inférieure, cette bafe réponde au quarré marqué des mêmes lettres (f2g. 7) ; enfinfur le quarré du milieu, dans la lame précédente ; pofonsle petit cube 7 (f£g. 11); qui repréfente la dernière lame, [A ) ‘ IL eft aifé de voir que, par cette opération, nous aurons formé au deflus de la face AB CD fig: 7 ) une pyramide quadrangulaire , dont cette même face fera la bale, & qui aura le cube 7 ( g. A1) pour fommet, Si nous faifons la même opération fur les cinq autres faces du cube (fig. 7 ), nous aurons en tout fix pyramides quadrangulaires, qui repoferont fur les fix faces du noyau qu'elles envelopperont de toutes parts. Mais comme les différentes afliles, ou les lames qui compofene ces pyramides, fe dépafle it mutuellement d’une certaine quantité, ainf x’on Le voit ( f£g. 12 ) où les parties élevées au-deflus des plans BCD; CG, repréfentent les deux pyramides qui repofent fur les faces ABCD, BCGH (fp:7),les faces des pyramides ne formeront pas des plans continus ; elles feront alternativement rentrantes & faillantes, &'imireront en quelque forte un efcalier à quatre faces. Imaginons maintenant que le noyau foir compofé d’un nombre incom- parablement plus grand de cubes prefqu'imperceptibles, & que les lames appliquées fur fes différences faces ; que j'appellerai déformais James de Juperpoftion , aillent de même en diminuant vers leurs quatre bords, par des fouftraétions d’une rangée de cubes égaux à ceux du noyau, le nombre de ces lames fe trouvera aufli fans comparaifon plus grand que dans l'hypothèfe précédente; en même-tems les cannelures qu'elles formeront, par les rentrées & faillies alternatives de leurs bords, feront à peine fenfbles, & l'on peut même fuppofer Les cubes compolans fi petits, que ces cannelures deviennent nulles pour ros fens, & que les faces des pyramides paroiflent parfaitement unies, Maintenant DCBE (Ag. 12) étant la pyramide qui repofe fur la face ABCD (fg.7), & CBOG (fig: 12) la pyramide appliquée fur la face voifine BCGH (#5. 7) , fi l'on confidère que cout eft uni- forme depuis E jufqu'en O(f7 12), dans la manière dont les bords des lames de fuperpoñtion fe dépaflert mutuellement, on concevra que la face CEB de la première pyramide doit fe trouver exaétement fur le même plan que la face COB de la pyramide adjacente , en forte que l'aflemblage de ces deux faces formera un rhombe EC OB. Or, nous ‘avions , pour les fix pyramides, vingt-quatre triangles femblables à CEB, qui, par conféquent, fe réduiront à douze rhombes, d'où réfultera un dodécaèdre femblable à celui qui eft repréfenté ( fg. $ & 6 ), & ainfi le problème eft rélulu. Le cube, avant d'arriver à la forme du dodécaèdre , pafle par une multitude de modifications intermédiaires, dont l’une eft repréfentée fig. 13. On y voit que les quarrés paeo, klqu,, mnes,&c, répondent SUR) L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 111 aux quarrés ABCD ; DCGF, GBHG ;&c:\ fe. 6) & forment les bafes fupérieures d'autant de pyramides incomplettes, parle défaut des lames qui devoient les terminer. Les rhombes EDLC, E COB, &c. (fig. 5 ) par une fuite: néceffaire fe réduifenc: à de fimples hexagones aeClkD ,eoBnmC, &c.(fig.13), & la fürface du criftal fecondaire eft compofée de douze de ces hexagones & de fix quarrés. Ce cas eft celui du borate maynéfo-calcaire ({path boracique ), abftra@tion faite de quelques facertes qui remplacent les angles folides , &: qui tiennent à une autre loi de décroiflement , dont nous parlerons dans la fuite. Si Le décroifflement des lames de! fuperpoñtion s’éroit fait fuivant unie loi plus rapide; par exemple , fi chaque lame avoit eu, fur fon contour, deux, trois , ou quatre rangées de cubes de moins que la lame inférieure, les pyramides produites autour du noyau ; par ce ‘décroiffement, étant plus furbaiflées , & leurs faces adjacentes ne pouvant plus être de niveau, la furface dufolide fecondaire auroit été compofée de 24 triangles ifocèles, rous inclinés les uns fur les aurtes, Jappelle décroifJersens fur les bords, ceux qui fe font parallèlement aux arêtes durnoyau , comme dans les exemples précédens , pour les diftingu2r d’une autre efpèce de décroiffement dont nous parlerons pius bas, & qui a lieu fuivant des directions toutes différentes. 39% ‘ 2. Divers exemples de décroiffemens [ur les bords, Sulfure de fer (ou pyrite martiale}, dodécaèdre | fe. 19. Pyrites ferrugineufes dodécaèdres. Daub: tabl! minér. édir. 1792 , p. 29. De Flfle, Criflal, t.2, p. 224, var. 16. Cara&. géom. Inclinaifon de l'un quelconque DPRFS des penta- gones fur le pentagone CPRGL qui a la même bafe PR , 126° $6': 3". Angles du pentagone CPRGL , Le 121° 3517"; Cou G=— 106° 35" 57” 30"; P'ou R — 102° 36’ 19”. Concevons de nouveau un noyau cubique, dont les différens bords foient dés dignes de départ d'autant de décroiffemens , qui aient lieu en même-tems de deux manières différentes, c’eft-à-dire, par des fouftractions de deux rarigées parallèlement aux bords AB, CD (fig. 7) & d’une feule rangée, parallèlement aux bords AD, BC. Suppofons de plus que chaque lame n'ayant que lépaiffeur d’un petit cube du côté de AB & de CD, ait au contraire une épaiffeur double du côté de A D & de BC. La fig. 14 repréfente cette difpoñtion, relativement aux décroiffe- mens qui partent des lignes DC, BC (fg.7). Dans cette hyporhèfe, il eft clair qu’à caufe du décroiflement plus rapide en partant de D C ou AB, que de BC ou AD, les faces produites en vertu du APFTNGE » s’inclineront davantage fur le plan A BCD , tandis que les faces pro- duites par le fecond , refteront, pour ain& dire , en arrière , en forte que la pyramide ne fera plus terminée par un cube unique E (fig. 12), qui, 112 OBSEÈRVATIO NS SUR‘TLA PHYSIQUE, à caufe de fon extrême petitefle , patoîr nlêtre qu’un point , mais par la rangée de cubes MNST(fg. 14), laquelle, en fuppofant aufli ces! cubes prefqu'infiniment petits, offrira l'apparence d'une fimple arëre. Par une fuite néceflaire , la pyramide aura pour faces deux trapèzes, tels que DMNC réfultant du :premier décroiflement , &'deux'triangles ifocèles , tels que: CN B squi feront l'effec du fecond décroiflement (1). Concevons de plus que, par rappôrt aux lames de fuperpolition qui s'élèvent fur la face BCGH (fx. 7); les décroiffemens fuivent les, mêmes loix , mais par des directions croifées, de manière que le plus rapide des deux ait lieu en allant de BC ou de GH vers Le fommet de la pyramide , & le plus lent en allant de CG ou de BH vers le même fommet, La pyramide qui réfultera de ces décroiffemens , fera placée en, fens oppolé de celle qui repofe {ur À BCD:;.& aura! la fituation indi- quée (fe. 17) où l'on voit, que l'arête KL qui termine :là|pyramide!,, au lieu d’être parallèle à C D, \comme l’arête- MN (fig n4 E3$);ett au contraire parallèle à BC: Enfin, onueoncevra. ce qu'il, y; auroic à; faire pour que la pyramide qui repofera fur D CG F\ ff. 7):0it tournée comme le reprélente la f2g.,16, l&c-ait fon jayête teuminale PR parallèle à CG (fig. 7). Je ne/dis riens des pyramides qui-repoferont fur les trois autres faces du cube, parce qu'il eft évident que chaçune de ces pyramides doit être tournée comme celle qui s'élève fur la face oppofée. Or, comme les décroiflemens qui donhént le triangle CN B (fig. 15} font continuité avee-ceux d'où réfulte le rrapèze CBK L (f2g. 17), ces deux figures feront fur un même plan, & fornieront un pentagone CNBKL (fig. 18 ). Par lamême raifon , le triangle D PC (f2..16) fera de niveau avec le trapèze DMNC ( fs. 15 ), &, en railonnant de la même manière des autres pyramides, 6n Conçevra que les fix pyra= mides ayant pour faces en total douze trapèzes & douze triangles , la furface du folide fecondaire fera compofée de douze pentagones , qui répondront aux douze rhombes de la f29..5 , avec cette différence qu'ils auront d’autres inclinaifons. Ce folide eft repréfenté feul (fig. 19 ),.& avec fon noyau cubique (7. 20 ), où l’on voit comment il faudroit s'y prendre pour extraire ce noyau, Par exemple, fi vous faites une feŒion qui paffe par les points D, C, G, F, vous déracherez la pyramide qui repofe fur la face D CG F,du noyau, laquelle fera mife à découvert par cette fection. On trouve parmi Les criftaux qui appartiennent foit au fulfure de fer (la pyrite martiale), foit à larféniate de cobalt (la mine de cobalt (x) Ici la face qui répond à ABCD (fg. 7) a 25 quarrés fur chaque côté, comme on le voit dans la 9. 14, & l’on pourra aufli imiter artificiellement la ftruêure de la pyramide dont il s’agit, en fe réglant fur l’ordre & le nombre des cubes-repréfentés par la même figure. arfenicale SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS, 113 arfenicale de Tunaberg ) , un dodécaidre dont les faces font des pen- tagones égaux & femblables , & dont le noyau eft un cube fitué comme nous venons de le dire. Mais il y a une infiuité de dodécaèdres pofibles, qui auroient tous pour faces des pentagones égaux & fembiables, & différeroient entr'eux par les inclinaifons refpectives de leurs faces. Parmi tous ces dodécaèdres , celui dont la ftructure fzroit foumife aux lo x qui viennent d'être expofées, donne 126° 56’ 8" pour la valeur de l'inclinaifon de deux quelconques DPRFS, CPRGL (fig. 19) de fes faces, {ur l’arête de jonétion PR , ainfi qu’on ie démontre aifémenc par le calcul (1). Or, quoiqu'on ne puiffe fe flatter d'atteindre à la précilion des fecondes , ni même à celle des minutes, en mefurant le même angle fur la pyrite dodécaèdre, cette mefure prife avec toute l'attention poflible, approche fi viliblemenc du réfulrat donné par le calcul, quon doit regarder ce réfulrat comme la véritable limite de l'approximation trouvée à l'aide de l’infttument, & conclure que la théorie eft parvenue à une précifion riyoureufe. Ce que je dis ici a lieu également pour tous les autres réfultats de la théorie, comparés à ceux Qu calcul, & il eft vifible que fi cette théorie étoit faufle, elle conduiroit à des écarts que l'inftrument ne manqueroit pas de rendre fenfibles, par les grandes différences qu’il donneroit entre les angles calculés & les angles mefurés. M. Verner & M. Romé de l'Ifle ont confondu le dodécaèdre de la pyritemvec Le dodécaëdre régulier de la Géométrie, dans lequel chaque pentagone a tous fes côtés égaux, & tous fes angles pareillement égaux (2). Si ces deux minéralogiftes célèbres euflent mis plus de géométrie dans leur manière de confidérer les criftaux, ils auroient \apperçu une diftinction très-marquée entre ces deux dodécaè res , puifque le fégulier ne donne que 116? 33/ ç4" pour l'inclinaifon refpective de fes pentagones , ce qui fait une différence d'environ 11°: avec la valeur indiquée plus haut. I! y a mieux , c’eft qu'aucune loi de décroiffement, n'eft fufceptible de ptoduire le dodécäèdre réoulier , quelque compofée qu'on l'imagine, ainfi que je l'ai démontre ailleurs (3), relativement à un noyau cubique, & que je puis le démontrer au- jourd'hui généralement pour un noyau d’une forme quelconque. On peut juger , d'après ces détails , combien l’ufage du calcul eft impor- tant, foit pour garantir la vérité de la théorie, foir pour tracer les bornes qui citconfcrivent la marche de Ja criftallifation. Nous avons donc dejà deux efpèces de dodécaèdres, l’un à faces (1) Foyez les Mémoires de l’Académie des Sciences, année 1785. (2) Traité des caraétèresdes Foffiles, pag. 184. J’oyez auffi la Criftal, de M, de Fllle, 2, P. 232 & 233. L (3) Mémoires de l'Académie des Sciences , année 178$ , p, 223. Tome XLIIT, Part, 11, 1793. AOÛT, P 1 114 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, rhombes , l’autre à faces pentagonales ; produits fur un noyau cubique, : en vertu de deux loix fimples & régulières de décroiflement, parallèle- ment aux arêtes du noyau. On peut confttuire , en faifant varier ces loix de diverfes autres manières, une multitude de nouveaux polyèdres qui auront le même noyau. Spath calcaire métaffatique (Fig. 21) (1). Spath calcaire à douze triangles. Daub. cabl, minér. édit. 1792, p. 15, N°. $. De l'ffle, Criflal. r.1, p. $30, var. 1. Cara&. géom. Inclinaifon du triangle o fd fur ofx, 104° 28/40", & fur ob d, 144° 20° 26": Angles du triangle o f 4 ; f—101° 32/13"; pal 54° 27/ 30" Lo 24° o 17". Propriétés géom. L'angle obtus of de chaque triangle, eft égal à celui du rhombe de la forme primitive. L'inclinaifon des faces of 4, ofx eft égale à celle des rhombes bafd, gaf x (fig. 4) du noyau (2). : La partie de l'axe du dodécaèdre , qui excède de chaque côté l’axe du noyau , eft égale à cet axe, ou ce qui revient au même, l'axe total du dodécaèdre eft triple de celui du noyau. Les douze triangles fcalènes, qui compofent la furface de cette variété, ont leurs petits côtés réunis deux à deux fur fix arêtes D d, df, fx, gx,gce, bc (fig. 21), fituées exactement comme celles qui font marquées des mêmes lettres (f2.4). Ce qui donne une idée de la pofition du noyau relativement au criftai fecondaire. On voit par-là que les lames de fuperpoñtion décroiffent parallèle- ment aux bords inférieurs bd, df,fx, &c. ou aux arêtes dont nous venons de parler. Le calcul théorique démontre que ce décroiflement a lieu par deux rangées de molécules intégrantes ; & comme les lames confervent conftamment leur figure rhomboïdale , la fomme de tous leurs angles extérieurs analogues à D, d,f,x,g,c, produit fix arêtes longitudinales, qui forment alternativement les grands & les moyens côtés 04, of (fig. 21), des triangles fcalènes. On conçoit que les lames, en même tems qu’elles décroiffent vers leurs bords inférieurs, doivent croître au contraire vers leurs bodrs fupérieurs analogues à ab, af,ag, &c.( fig. 4); de manière que les parties du criftal fituées vers ces mêmes bords foient toujours enveloppées , & que les angles aux SC NEA" RME NT IES (1) On appelle vulgairement cètte variété, den de cochon. Les anglois la nomment dent de chien. (2) Le mot méra/larique défigne la tranfpofition , ou la meta/fafe des angles du noyau fur le criftal fecondaire, "+ SUR L'HIST. NATURELLE ET'LES ARTS. m5 fommets des rhombes reftent contigus à l’axe, Mais ce n’eit ici qu'une variation auxiliaire , propre à feconder left du décroiflemen:, qui feul fufhic pour déterminer la forme du dodécaèdre, Spatk calcaire très-obtus (Fig. 22). Spath calcaire rhomboïdal très-obtus. Daub, rabl. minér, édit. 1792, Pu15:, N°. 2. De l'Ile, Criffal. z. 1,P: $04, var. 2 Carait. géom. Inclinaifon du rhombe za d'B/ fur le rhembe ai f' 4’, 134° 25/30". Angles du rhombe za db ; a où b'—114° 18’ $C"; x ou dl — 661414: Cette variété nommée vulgairement /parh calcaire lenticulaire, provient d’un décroiffement par une fimple rangée de part & d’autre des arètesab, ag, af (fig. 23) & ec,ed,ex, contigues aux fommets a, e du moyau. On aura une idée de fa ftructure en la rapprochant de celle du dodécaèdre à plans rhombes ( f9. $ & 12) originaire du cube (fig: 7), & en fuppofant que les lames au lieu de décroître à la fois fur tous les bords, ne décroiffent que fur ceux qui font contigus trois par trois à l'angle C & à fon oppolé, Dans ce cas les faces produites fe téduiront à fix, qui en fe prolonseant, par la loi de continuité, jufqu’à s’entrecouper , compoferont la furface d’un rhomboïde analogue à celui dont il s'agit ici, excepté qu'il aura d’autres angles, à caufe de la forme cubique de fes molécules intégrantes. Il eft aifé de concevoir , d’après ce qui vient d’être dir, que les dia- gonales menées de a en D' (fig. 22), deaen 2’, deaenf', &c. fur le rhomboïde fecondaire , fe confondent avec les bords, 44, ag, af, &c. (fig. 23) du noyau, qui fervenr de lignes de départ aux décroifle- mens; d’où il fuit que pour extraire ce noyau, il faut faire pafler fes plans coupans par les diasonales dont il s’agit, ainfi que nous l'avons remarqué ci-deflus. Topaze vulgaire (Fig. 25 ). Rubis & topaze du Bréfil. Duub, tabl. miner. édir. 17c2, p. 7, N.162, . Inclinaifon du trapézoïde sr#m fur le pan adjacent rcey, 136° ; du même pan fur kr yz, 124° 20'; du pancmpge fur mlig » 93°. La forme primitive de cette topaze eft celle d'un prifme droit quadrangulaire 4 y (fig. 24) dont les bafes font des rhombes, dans lefquels l'angle Æ ou r— 124° 26. La théorie fait voir, que relati- vement à Ja molécule intégrante, la hauteur r y eft au côté 7n à-peu- près dans le rapport de 3 à 2. * Le fommet pyramidal de la topaze réfulte d’un décroiffement par Tome XLITI, Part, Il.-1793. AOUT., P:25 x x16 OBSERV'ATIONS SUR LA PHYSIQUE deux rangées de petits prifmes fur les bords xr,rn,nh,hx de la bafe fupérieure de la forme primitive. Les pans cmge, imge (fig. 25) dune part, & bkzp,budp de l’autre, font dus à un décroïflement par trois rangées, de part & d'autre des arêtes nv, xq (fig. 24), lequel décroiflement refte fufpendu à un certain terme, & laifle fublifter quatre rectangles srye, kryx,lhci, uhcd (fig. 25), parallèles aux pans de la forme primitive, L'effet de ce décroitlement eft repréfenté (fig: 26), où le rhombe Azrx elt le même que fig. 24, & tous les petits bombes qui le foudivifent, ou qui luÿ font extérieurs , reprélentent les bafes d'autant de molécules. Les lignes xd, xz,ni, ne font dirigées d’après la loi de décroiflement-indiquée , & les lignes cd ,ci, J2?:3 €, répondent aux pans du prifme fur lefquels cette loi n’a aucune action, 3. Décroiffemens fur les angles. L'obfervation qui a donné naiflance à la théorie, en indiquant la pofition du noyau rhomboïdal engagé dans le prifme hexaèdre régulier du fpath calcaire, n’étoit pas propre à conduire immédiarement à la détermination des loix de décroiflemens qui produifent les criftaux fecondaires. Il a fallu pafler par des intermédiaires plus fimples que ne le font les réfultats de ces loix, à l'écard du prifme dont il s'agit. Nous ‘allons maintenant donner une idée de ces derniers réfultats qui tiennent à des loix de décroiffemens dont les lignes de départ ne font plus parallèles aux bords de la forme primitive, mais aux diagonales de fes faces. Pour aider à concevoir la méthode que j'ai fuivie dans la recherche de ces nouveaux décroiffemens , je remarquerai que les mêmes fubftances qui offrent le dodécaèdre à plans pentagones, originaires du cube (j£g. 19 & 20), & qui pourroient de même prendre la forme du dodécaèdre à plans rhombes (fg. 5 & 6), fe rencontrent aufñli fous celle de l’oétaèdre régulier. Or, il femble, au premier apperçu, de foit pofible de ramener la ftructure de cer octaèdre à un décroiflement fur les bords d'un cube ; car fi l'on fe borne à faire décroître les lames de fuper- pofñition, feulement fur les bords de deux faces oppofées de ce cube, par exemple, fur ceux de la bafe fupérieure À B CD (fig. 6 ) & de la bafe inférieure , on aura en général deux pyramides appliquées fur ces mêmes bafes ; & fi l’on fuppofe de plus que les faces de ces pyramides fe pro- longent jufqu'à fe rencontrer, ce qui ne fait autre chofe que continuer l'effet de la loi des décroiffemens dans l’efpace fitué entre les bafes du cube, on parviendra à un octaèdre , dont les angles varieront, fuivant que la loi déterminera un nombre plus où moins conlidérable de rangées “fouftraites. Mais la théoxie démontre qu'il n’y a aucune loi, quelque SUR L'HIST. NATURELLE ET\LES ARTS) 117 compliquée qu’on la fuppofe, qui foit fufceptible de donner des triangles équilatéraux pour les faces de cer octaèdre. L - D'une autre part fi l'on divife un octaèdre. régulier ; originaire du cube, on s’apperçoit que le noyau cubique eft fitué dans cer octaèdre, de manière que chacun de fes fix angles folides répond au centre: d'une des faces de l’oétaèdre , ce qui ne pourroit avoir lieu dans l'hyporhefe d’un décroiflement fur les bords. J'ai conclu de cette relation de pofition jointe à l'impoffbilité d'appliquer ici le calcul théorique, que la loi des décroiflemens arrivoit à fon but dans ces fortes de cas, par une marche différente de celle qui mène aux formes décrites précédemment, & les recherches relatives à cet objet ont développé un nouvel ordre de faits qui ajoute beaucoup à la féconaité de la crittallifation & en même tems à celle de ja théorie. C’eft fur quoi il eft néceflaire d'entrer dans un certain détail, Soit ABCD (fig: 27 ) la furface fupérieure ou inférieure d’une lame compofée de pétits cubes, dont:les bafes. font repréfentées parles quarrés qui foudivifent le quarré total. Si l'on confidère la fuite des cubes auxquels appartiennent les quarrés a, b,c,d,e,f,g,h,2,il eft évident que tous ces cubes feront fur la diagonale menée de À en C, & qu’ils formeront une même file (f#z. 28 ), laquelle ne différera de la file descubesa,n,g;r;s ,#,u,z,x (fig. 27), quiet dans le fens du bord A D} qu'en ce que; dans la premiçre ,les cubes ne fe touchent que! par une de leurs arêres, au lieu que, dansila feconde, ils fe touchent par. une de leurs faces. On obferve:a de même ;. dans toute l'étendue de a lame, des files de cubes parallèles à la diagonale , & dont l’une eft indiquée par la fuite desletrres 9, v,k,u,x,y,4, une autre par celle des lettres n, t,l,m,p,o,r,s,& aivfi des aurres. On peut donc concevoir que les james de fuperpolition , au lieu de fe dépafler mutuellement d’une ou plufieurs ringées de cubes, parallèle- ment à l’arête , fe dépaflent au contraire parallèlement à la diagonale; & l'on conftruira de même, autour d'un noyau cubique, des folides de diverfes figures, en plaçant fucceflivement au-deflus des différentes faces de ce noyau, des lames qui s’éleveront en forme de pyramides , & qui fubiront l’efpèce de décroiflement que nous venons d'indiquer. Les faces de ces folides ne feront pas fimplement fillonnées par des ftries, comme lorfque les lames décroiflent vers les arêtes. Elles feront hériflées d’une infinité de faillies formées par les pointes extérieures des cubes compo- fans, ce qui eft une fuite néceflaire de la figure continuement anguleufe qu’offent les bords des lames de fuperpofition. Mais toutes ces pointes étant fituées de niveau, on peut fuppofer d’ailleurs les cubes fi petits, que les faces du folide paroiflent former autant deplanslifles & continus. j Rendons tout ceci fenfible par un exemple. Soit propofé de conftruire autour du cube ABGF (fig. 29.), confidéré comme noyau , un folide 118 OBSERVATIONS SUR'LA PHFNIQUE, fecondaire dans lequel: les lames de: fuperpolition décroiflent de tous les côtés, par une fimple rangée de cubes, mais parallèlement aux diago- nales. Soit ABCD: (772. :30 ), la: bafe fupérieure du noyau, fous - ui- vifée en 81 petits quarrés qui repréfentenc les faces extérieures d’au- tant de molécules. Ce que nous dirons relativement à cette bafe pourra s'appliquer aux cinq autres faces du cube. Là fig. 31 repréfente la furface fupérieure de a première lame de fuperpoftion,. qui doit être placée au-deflus de ABCD ( fig. 30), de manière que Je point 4/ réponde'au point 4;le point ?' au point b, le point € au point. c, & le point d'au poinr 4. On voit d'abord, par cette difpofirion, que les quarrés Aa, Bb, Ce, Dd(fg: 30) reftent à vuide , ce‘qui nrèc en exécution la loi de-décroiffement indiquée. On voit de plus: que des rebords QV, ON, IL, GF{ÿfg. 31) dépaïilent d'une rangée les rebords AB, AD, CD, BC {fg. 29), ce qui eft néceflairé ; pour que le noyau foit enveldppé vers ces mêmes botds. Car: on concevra, aveciun ‘peu d'attention, que fi cela n'étoic pas, c'eft-à-dire fi les bords de la lame repréfentée (fe 31) ainfi que des fuivantes , .coïncidoient avec Les lignes SF, EZ ;, YX MU , auquel cas ils feroient de niveau avec AD, AB, CD, BC (fig. 30) , il fe for- meroit des angles rentrans vers les parties analogues du criftal. Ainfi, dans. les lames, appliquées fur: ABCD ( fg. 29). tous les bords qui répondroient à (CD), feroienc de! niveau avec: CDFG, donciils forme- roient le prolohgèment, &dansrles lames appliquées fur: DCGF tous les bords analopues à la même arête CD feroient de niveati avec ABCD, d'où-réfulreroirshéceffairement-un angle rentrant oppofé à l'angle fail- lant .que: forment ‘les deux faces ABCD & CDEG. Or, les angles rentrans paroiflent exclus par les loix qui dérermineut la formation des cifaux fimples. Le folide s'accroîtra auñc dans les parties auxquelles le 'décroiflement ne: s'écend tpass Mais comme ce: décroiflemenc fufic féul-pour déterminer la forme du ‘criftal fecondaire:, on peut faire abltraction de toutes les aurres variations qui n'incerviénnent que fub- fidiairement , excepré lorfqu’on veut, comme dans le cas préfenr, conf- truire artificiellement un folide répréfentatif d'un criftal, & fe rendre compte à foi-même de tous les dévails relatifs à la ftruture de ce criftal. | La furface fupérieure de la feconde-lame fera femblable à A'G'L'K’ (fige 32°), & il faudra placer cetre) lame-au-déflus de la précédente, de manière ‘que Les points a", 4"; ", d''xépondent aux points a/, b!, c', d'(fig. 31), ce qui laifle à vuide les quarrés qui ont leuts angles extérieurs fitués en Q, S, E, O; V,T, M, G, &c. & continue d’effstuer le décroiffemenc par une rangée. On voir encore ici que Le folide s'accroît fucceflivement vers les bords analogues à AB, BC, CD, AD (fig. 50), puifqu'entre A/ & L', par exemple, (f£2. 32) _ SUR L'HIST. N'ATURETLLE/ET LES ARTS. 119 il y. a treize quarrés, au lieu. qu'il n’y en la que onze entre QV,&, LL (fig. 31) Mais comme. l'effèr. du décroiflement'reflerre de plus en plus Ja furface des lames , dans le fens des diagonales, il n’eft plus befoin que d'ajouter.vers les-bordsinon décroïflans un feul cube défi- gné par A', G/, L'.ou K'(fg.32), au lieu des cinq qui terminent la: lame précédente ; le long. des-lignes QV, GF, LE, ON (fig 31). Les grandes faces, des limes| de-fuperpofition. qui, jufqu'alors étoient des oétogones, QVGFILNO (fg… 31), étant parvenues à la figure du! quarré A'G'L'K' (fig. 32) (1), décroronts pañlécce termes de tous les côtés à la fois, en forte que la lamé fuivante laura, pour fa grande face fupérieure, le quarré BIMS/ (fg. 33), moindre d'une rangée dans tous les fens que le quarré A’G'L'K'(f£9t 32): on dif- pofera ce quarré au-deflus du précédent, de marière que les points, c,f'; gl h'(fig 33) répondent au points c,f, g, h (fre. 32} Les fig. 24, 35, 36 & 37 repréfentent les quatre lames qui doivêht s'éléver fucceflivement au-deflus dela précédente , avec cette condi- tion que les lettres femblables fe correfpondent comme ci-déflus, La dernière lame fe réduira à un, fimple cube défigné par z' (fig. 38), & qui, doit repofer fur celui :qu'indique-la même lettre (fig. 37 ). Il fuit de tout ce qui vient d'être dit, que les lames de fuperpo- fition appliquées fur la bafe ABCD (f2. 29 6 30), produifent, par l’enfemble de leurs bords décroiffans , quatre faces qui, en partant des points À, B, C, D, s’inclinent des unes vérs les ‘autres en forme de fommet pyramidal, :,: ie PATES Remarguons maintenant que!les bords dont il-s'agit, ont, des lon- gueurs qui commencent par augmenter, COnme. On ‘peut en juger par Yinfpetion des fig. 31 & 32, puis vont en diminuant, ainfi qu’on en jugera d'après les figures fuivantes. IL réfulre de-là que les figures des faces" produires par ces mêmes bords augmentent d'abord elles-. mêmes, & diminuent enfuite en largeur, de forte qu'elles deviennent des quadrilatères. On voit { fg. 39.) un de ces quadrilarères, dans leqüel l'angle inférieur C fe confond avec Pangle C (fg. 29) du noyau, & la diagonale L Q repréfente le bord L'G de la lame A'G'L'K' (fie. 32), qui eft la plus étendue dans le fens de ce même bord. Et comme le nombre des lames de fuperpoñtion qui produifent le triangle LCQ (hg. 39.) eft moindre que celui des lames d'où réfulte le triangle ÉZQ , puifqu'il n'y a ici qu'une feule lame qui précède la lames AGLK (fg. 32), tandis qu'il y en a 6 qui la fuivent jufqu'au cube 7 (x) Dans le cas préfent , cette figure a lieu dès la feconde lame de füperpoñtion. Enprerant Un noyau Comy0ofE d’un plus grand nombre de molécules, il eft évident qu’on auroit une limite plus recule. 150 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, (fig. 38) inclüfivement, le triangle LZQ (f£9«39) compofé de la fomme ‘des bords de ces dernières’ lames®; ‘aura ‘beaucoup plus de hauteur que le triangle inférieur LCQ, ain que l'exprime la figure. La furface du”folide fecondaire fera donc formée de 24 quadrila- tères, difpofés trois à trois aurour de chaque angle folide du noyau. Mais en conféquence du décroiflement par une rangée, les trois qua- drilatères qui appartiennent à chaque angle folide ; tel que C (fg. 29), fe trouveront fur un même plan, & formeront un triangle équilatéral ZIN (fig. 90). Donc, les 24 quadrilatères produiront huit triangles équilatéraux, dont l'un eft repréfenté ( f£g. 41) de manière à faire juger, au fimple coup-d’æœil, de l'aflorriment des cubes qui concourent à le for- mer, & le folidé fecondaire fera un octaèdre régulier, On voit ( fg. 42) cit cétaèdre dans lequel le noyau cubique tft engagé, en fre que chacun de fes angles folides C; D, F, G, &c. répond au centre d'un dé triangles IZN,, IPN, PIS, SIZ, &c. de l'octaèdre. On conçoit que, pour extraire ce noyau, il faudroit divifer l'oétaèdre fur fes huit angles folides, par des feétions parallèles aux arêres oppofées. Parexemple, la fection faite fur l'angle Z doit être parallèle aux arètes IS, IN, TN, TS, d'où réfulréra un quarré qui fera fitué lui-même parallèlement à la bafe fupéri:ure ABCD du noyau, & qui fe confondra avec cette bale, lorfque lesfections auroncfait difparoître entièrement Les faces de l’'oétaèdre. Certe ftruéture ft celle du fulfure de plomb (la galène) octaèdre, & du muriate:de foude (le fel marin ) de la même forme (x). J'appelle décroiffemens fur les angles, ceux qui fe font parallèle+ ment aux diagonales, commet‘dans l'exemple qui vient d'être cité. Cette dénomination fournit un moyen de déligner nettement le réfulrat de chaque décroiflement ; en indiquant l'angle qui lui fert comme de point de départ. lise Us > Autres exemples de décroiffemens [ur les angles. Spath calcaire aigu (fig. 43). | Sparh calcaire rhomboïdal aigu, Daub, rabl, miner. édir. 1702, p. DES Use 3° \ | Lee ah calcaire muriatique. De l’Ifle, Criffal. 4:71, p. $20, var. 12. Carat. géom. Inclinaifon de pzry fur puoy, 78° 27 47”, & fur 2rzs 101° 32’ 13". Ançles du rhombe pz7y, pou r=—=75° 31/ 20"; z ou,y —104° 28’ 40". Inclinaifon, de [a diagonale oblique, menée de p en r fur l'arète pu, 71° 33' $4 Il. | Propriét. géom,. Les angles plans du rhombe font égaux aux incli- naifons refpectives des faces du noyau -&-réciproquement. Les angles du quadrilatère principal, ou de celui qui pafle par deux TE ee (1) Voyez l'Effai d'une Théorie , &c. p. 60 &füiv. diagonales SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTSA 12% diagonales obliques oppofées pr, ui, & par les arrêtes intermédiaires pu, ér, font les mêmes que fur le noyau. | Pour concevoir La ftruéture de ce rhomboïde, fuppofons que abdf (fig. 44) reprélente la face du noyau marquée des mêmes lertres fig. 4), fous-divifée en une multitude de rhombes partiels, qui foient les faces extérieures d’autant de molécules. Imaginons de plus que les lames de fuperpoñtion appliquées fur cette face décroiflent par une rangée vers les angles latéraux abd, afd, de manière que fur la première les deux rhombes AK, fmin fe trouvent à vuide, que fur la feconde ce foient les rombes traverfés par les diagonales co, uy, fur la troifième les rhombes traverfés par les diagonales 54,927, &c. auquel cas les bords décroiffans répondront fucceflivement à ces mêmes diagonales. Cette loi de décroiflement fera naître deux faces, qui en partant des angles à , f, s'élèveront en forme de toît au-deflus du rhombe abdf, & iront feréunir fur une arête commune fituée immédiatement au- deffus de la diagonale a d, & qui lui fera parallèle ; & comme il y a fix rhombes qui fubiflent de pareils décroiflemens fur la forme primitive , Les faces produites feront au nombre de douz2. Mais en vertu de la loi de décroiflement par une fimple rangée , les deux faces qui ont un même angle b, f, g, &c. (fig. 4) pour terme de départ, fe trouvent fur un même plan, ce qui réduit les douze faces à fix, & transforme le criftal -fecondaire en un thomboïde aigu p2 ( fig. 43). Ce rhomboïde, d'après Ce qui vient d'être dit, a fes arêrespz, py,pu, fituées refpectivement comme les diagonales obliques du noyau, ou celles qui feroient menées de a en d, de a en x, de a en c, &c: (fig. 4). Les bords des lames de fuperpofition fubiflent dans les parties aux- me le décroifflement ne s’éçend pas encore, des variations auxi- jaires, en vertu defquelles elles fe prolongent pour envelopper le noyau vers -Ces mêmes parties, comme dans l'oétaèdre régulier dont nous avons expofé plus haut la ftruéture. De plus, tandis que jes lames décroiflent, par exemple, fur les angles afd, afx (fig. 4), elles fubiffent aufli vers l’angle adjacent dfx des variations, qui inter- viennent fubfidiairement, pour fe prêter à l'effet du décroiffement prin- cipal. Ici ces variations font aufli des décroiflemens par une fimple rangée fur les angles inférieurs. Maïs dans le cas où le décroiflement principal auroit lieu par deux, trois rangées, ou un plus grand nom- bre, ces variations deviendroient des décroiffemens d'une nature par- ticulière, & qui ne fe feroient plus parallèlement aux diagonales. Au refte, nous pouvons appliquer ici ce que nous avons dit pré- cédemment au fujet des premières variations confidérées fur l’oétaèdre régulier, & obferrer que le décroiffement principal détermine feul la forme du criftal fecondaire, en forte que ce décroifflement étant bien concu, il ne s'agit plus que de fuppofer que fon effet fe prolonge, Tome XLIIL, Par. 11, 1793. AOÛT. + » 122 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, pour que les faces auxquelles il donne naiflance s'entrecoupent de manière à circon{crire entièrement l’efpace auquel elles correfpondent, M. Bournon a découvert de beaux criftaux de cette variéré à Cou- fon, près de Lyon. On la trouve aufli en petits criftaux: jaunâtres, fouvent grouppés confufément , dans les bancs calcaires des environs de Paris. C’eit fous certe même forme que fe préfente le grès criftal- lifé de Fontainebleau, qui n’eft autre chofe qu'un fpath calcaire mêlé accidentellement de particules quartzeufes. Les criftaux de ce grès fe prétent à la divifion méchanique , & ont leurs joints naturels fitués, ainfi que ceux des criftaux de fpath pur, fur des plans parallèles aux arètes p4, PY>PU 3 (fig. 43 ) & qui pafleroient à égale diftance de ces arêtes. . s ; Fer rhomboïdal (fig. 45 ): Mine de fer lenticulaire. Daub, tabl, miner, édit. 1792 ;, p. 30, N°. 3: Caract. géom. Inclinaifon de BCRP fur BCO A ou OCRS 146° 26! 33"; angles du rhombe BCRP,C ou P=— 117° 2’ 9"; Bou R=—62° 57 51" : Les lames qui compofent ce rhomboïde décroiffent par deux rangées far les angles plans hcr, ocr, bco, &c. (fig. 46), qui concourent à la formation de deux angles folides c, 7, d'un noyau cubique. Les faces produites , au lieu d’être de niveau trois à trois autour de ces angles, comme dans le cas d’unidécroiffement par une fimple-rangée, s'inclinent es unes fur les autres , & s'étendent au deflus des faces du noyau, de manière que leurs diagonales font parallèles aux diagonales horizontales de ces mêmes faces. isa On voit par-là que le cube fait ici la fon@tion d’un rhomboïde , qui auroit fes fommets en « &cen 2, auquel cas il n’y a qu'un feul axe qui paffe par les fommets dont il s’agit. Dans le dodécaèdre à plans ‘penta= gones au contraire (fig. 19), le cube fait la fonction d'un parallélipi- pède reétangl:, & alors on peut y confidérer trois axes différens ; dont chacun pañle par les milieux de deux faces oppolées. J'ai obfervé. que quand le cube avoit commencé à faire l’une ou l’autre fon@ion , relati- vement à une efpèce de minéral, il continuoit cette fonétion dans toutes les variérés de la même efpèce. , Les criftaux de fer rhomboïdal fe trouvent parmi ceux de la mine de fer de l’île d'Elbe, Mais il eft rare que la loi-de décroiflement atteigne fa limite, & que le rhomboïde ne foit pas modifié par des facettes arallèles aux faces du noyau. Si le décroiffement qui produit le rhomboïde avoit lieu à la fois fur les huit angles folides du cube, il en réfulteroit un polyèdre à 24 facettes, tout femblable au grenat trapezoïdal dont nous parlerons dans la fuite, mais avec une ftructure très-différente, Ce réfulrat eft réalifé par la nature “+ SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. r23 dans des criflaux qui fe trouvent ,au Mont -Caltown - Hill, près d'Edimvourg , & que l'on regarde comme des zéolithes. 4. Décroif/emens intermédiaires. Il y a certains criftaux dans lefquels les décroiffemens fur les angles me fe font point fuivant des lignes parallèles aux diagonales, mais parallèlement à des lignes fituées entre les diagonales & Les bords. C'eft ce qui arrive lorfque les fouftractions ont lieu par des rangées de molécules doubles, triples, &c. La fig. 47 offie un exemple des fouftractions dont il s’agit, & l’on y voir que les molécules qui compofent la ranvée repréfentée par cette figure, fonc afforties comme fi de deux il ne s'en formoit qu'une, en forte qu'il ne faut que concevoir le criftal compolé de parallélipipèdes, dont les bafes feroient égales aux petits rectangles abcd, edfg, hgil, &c. pour faire rentrer ce cas dans celui des décroiflemens ordinaires fur les angles. Je donne le nom de décroiflement intermédiaire à cette efpèce particulière de décroiffement , dont l'exemple fuivant fera encore mieux failir la marche. Fer fyntaëique ( Fig. 48). De l'Ile, Criflal. t. 3, p. 198 & 199 , var. 9 & 10. Caract. géom. Inclinaifon refpeétive des trapèzes bcgo, nqgo, adjacens fur les pyramides naiflantes, 13$5° 34/ 31/; des arêtes co, g4qs 129° 31 16". Angles du trapèze bcgo, b ou c== 103° 46? 35"; o ou g— "76° 11° 25". Cette variété de fer, qui fe préfente le plus ordinairement fous Ja forme de deux pyramides naïflantes oppofées par leurs bafes , fe trouve à Framont dans les Vofges. Il y a des grouppes dont la fürface, ainfi que celle de la mine d'Elbe, réfléchit les plus vives couleurs de l'iris. Les criftaux font fouvent fi minces qu'on les prendroir pour de fimples lames hexagonales. Mais en les obfervant de prés, on apperçoit les bifeaux qui font les faces des pyramides naïffantes. ” Ces criftäux que M. de l’ffle rangeoit parmi les modifications du dodécaèdre à plans triangulaires ifocèles, ont pour noyau un cube, faifant la fonction de rhomboïde, comme dans la mine d'Elbe. Les deux hexagones réguliers qui les terminent, font dus à un décroifflement pat une fimple rangée de molécules cubiques fur les angles cn (f2g. 46) du noyau. Pour concevoir maintenant l’effec de la loi intermédiaire combinée. avec la précédente, & d'où réfultent les trapèzes latéraux , fuppofons que cEpr ( fig. 49) repréfente le même quarré que f2g. 46, fous-divilé en petits quarrés qui foient les faces extérieures d'autant de molécules, Si l'on prend ces molécules par paires, en forte qu’elles forment des Tome XLIII, Part. II, 1793. AOUT, Q 2 1241 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, parallélipipèdes reétangles qui aient pour bafes les quarrés oblongs bngh, kgmG,&c. & fi l'on imägine que les fouftractions fe faflent ar deux rangées de ces molécules doubles, les bords des lames de fuperpoñcion feront alignés fucceflirement comme PG, TL, Rp, Sp,kz, 7x, &c & la fomme de tous ces bords produira deux faces, qui en partant des angles b,r, convergeront l’une vers l’autre, & iront fe réunir fur une aiêre commune fituée au-deflus de la diagonale cp, mais inclinée à cette diagonale. On aura donc douze faces ; pour le réfultat complet du décroiilemert,& le calcul démontre que Les fix faces fupérieures étant prolongées jufqu'au point de rencontrer les fix faces inférieures, formeront avec elles la furface d'un dodécaèdre, cempofé de deux pyrami.es droites, unies par leurs bafes. Ces pyramides font ici incomplettes par l'effet de la première loi, qui donne l'hexagone abcdru (fig. 43) & fon oppolé (1). | s. Décroiffemens mixtes. Dans d'autres criftaux, les décroiffemens, foit {ur les bords, foit fur les angles, varient fuivant des loix dont le rapport ne peut être exprimé que par la fraction 5 ou 2. Il peut arriver ; par exemple, que chaque lame dépaffe la fuivante de deux rangées, parallèlement aux aiètes , & u’elle ait en même tems une hauteur triple de celle d'une molécule ne. La fig. s4 repréfente une coupe géométrique verticale d’une des efpèces de pyramides qui réfulteroient de ce décroiflement , dont on concevra aifément l'effet, en confidérant que AB eft une ligne horizon- tale prife fur la bafe fupérieure du noyau, b a 7 la coupe de la première lame de fuperpofition , g fe n celle de la feconde, &c. J'appelle décroiffe- mens mixtes-céux qui préfentent cette nouvelle efpèce d'exception aux loix les plus fimples. Ces décroiflemens, ainfi que les intermédiaires , exiftsnt d’ailleurs rarement, & c’eft particulièrement dans certaines fubftances métalliques que je les ai reconnus. Ayant eflayé d'appliquer à des variétés de ces fubitances les loix ordinaires, je trouvois de fi-grandes erreurs dans la valeur de leurs angles, que je crus d’abord qu'elles échappoient à la théorie. Mais dès que l'idée de donner à cette théorie l'extenfion dont je viens de parler fe fut préfentée, je parvins à des réfultats fi précis, qu'il ne me refta aucun doute fur l’exiftence des loix dent ces réfultats dépendent. PR EE RE EU LAN SERA SNL 2 ONDES. LE LES: 21» L'ASIE sa 1 2 A (x) L: dénomination de fyntaéZique défigne la combinaifon des décroifflemens , dont lun fe fait par une feule rangée de molécules fimples, & l’âutre par deux rangées de molécules doubles, ” * (SUR L'HIST, NATURELLE ET. LES« ARTS. 125 - ERA / Réflexions fur les réfultats précédens.. C'eft aux loix de ftruéture qui viennent d’être expofées & à d’autres femblables , que tiennent routes les métamorphofes que fubiflent les criftaux. Tancôt les décroiffemens fe font à la fois fur tous les bords, comme dans le dodécaèdre à plans rhombes cité plus haut, ou fur tous les angles, comme dans l'oftaèdre originaire du cube, Tantôc ils n'ont _ lieu que furcerrains bords ou fur certains angles. Tantôt il-y a unifor- mité entreux, de manière que c’eft une feule loi par une, deux, trois rangées, &c. qui agit fur différens bords ou fur différens angles, ainfi qu'on l’oblerve encore dans les deux folides dont nous parlions tout-à- l'heure. Tantôt la loi varie d’un bord à l’autre, où d’un angle à l’autre, & c'eft ce qui arrive fur-tout lorfque le noyau n'a pas une forme fymétrique, lorfqu'il eft , par exemple , un parallélipipède dont les faces diffèrent far leurs inclinaifons refpe@ives, ou par la mefure de leurs angles, Dans certains cas, les décroiflemens fur les bords concourent avec les décroiffemens fur les angles, pour produire une même forme criftalline. Il arrive aufli quelquefois qu'un même bord ou un même angle fubit plufieurs loix de décroiflemens qui fe fuccèdent l’une à l'autre, Enfin , il y a des cas où le criftal fecondaire a des faces parallèles à celles de la forme primitive, & qui fe combinent avec les faces produites par les décroiflemens , pour modifier a figure de ce criftal. J'appelle formes /econdaires Jimples', celles qui font dues à une loi unique de décroiffement , dont l'effet mafque éntièrement le noyau, & formes fecondaires compofées , celles qui proviennent ‘de plufieurs loix fimultanées de décroiflement, où d'une feule loi qui n'a pas atteint fa limite, en forte qu'il refte des faces parallèles à celles du noyau, & qui concourent avec Les faces produites par le décroiflement, pour diverfifier l'afpe& du criftal, Nous ferons bientôt de nouvelles appli- cations de la théorie aux formes fecondaires compofées, dont le fer fyngaétique nous a déjà offert un exemple, Si au milieu de citte d'verfité de loix tantôt ifolées , tantôt réunies par des combinaifons plus ou moins compliquées, le nombre des rangées fouftraires étoit lui-même très-variable ; ff, par exemple , il y avoit des décroiflemens par douze, vingt, trente, quarante rangées ou davan- tage, comme cela ferait abfolument poñlible, la multitude des formes qui pourroient ex'fter dans chaque efpèce de minéral , feroit immenfe , & auroit de quoi effrayer l'imagiration. Mais la force qui opère les fouftraét ons paroît avoir une action très-limitée. Le- plus fouvent ces fouftraétions fe font par une ou deux rangées de molécules. Je n’en ai point trouvé qui allaflent au-delà de quatre rangées , fi ce n’eft dans une variété de fpath calcaire, faifant partie de la collection du C, Gillet: # 4 126 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, Laumont, & dont j'ai déterminé récemment la ftructure, qui dépend d’un décroiffement par fix rangées, en forte que s'il exifte des loix qui excèdent les décroiffemens par quatre rangées , il y a lieu de croire qu'elles ont lieu très-rarement dans la nature. Et cependant malgré ces limites étroites entre lefquelles les loix de la crütallifation fonc reflerrées , j'ai trouvé, en. me.bornant aux deux loix les plus fimples, c'eft-à-dire, à celles qui produifenr les fouftractions par une ou deux rangées , que le {path calcaire étoic fufceprible de deux mille quarante-quatre formes différentes , quantité qui l’emporte plus de cinquante fois fur Le nombre des formes connues (1); & fi l'on.admet dans la combinaifon les décroif- fements par trois & quatre rangées, le calcul donnera huit millions trois cent quatre vingi-huit mille fix cent quarre formes poffibles , relative- ment à la même fubftance. Ce nombre peut être encore augmenté dans un très-grand rapport en vertu des décroiflémens, foit mixtes, foit intermédiaires. , a F Les ftries ou canelures. que l’on remarque fur la furface d’une multitude de criftaux , offtenc une nouvelle preuve en!faveur de la théorie, en ce, qu'elles ont toujours des direétions parallèles aux rehords des lames de fuperpofition , qui fe dépailent mutuellement , à moins qu'elles ne pro- viennent de quelque défaut particulier de régularité. Ce n’eft pas que les inégalités qui rélulrent des décroiffemens , duffenc être fenfbles, fi la forme des criftaux avoit toujours le fini, donc-elle eft fufceprible. Car à caufe de l'exrrêéme petitefle des molécules, la furface paroîtroit d'un beau poli, & lesftries feroient nulles pour nos fens, Auffi y a-t-il des criftaux fécondaires où l'on ne les apperçoir en aucune manière, tandis qu'elles font très-vilbles fur d’autres criltaux de la même nature & de la même forme. C’eft que l’action des caufes qui produifent la criftallifation n'ayant pas joui pleinement , dans ce dernier cas, de toutes les conditions néceflaires pour la perfection de cette opération fi délicate de la nature, il y ateu des fauts & des interruptions dans leur marche , en forre que la loi de continuité n'ayant point été -exaétement obfervée, il elt refté fur la farface du:criftal des vuides fenfbles pour nos yeux. Au refte , on: voit que ces efpèceside petites déviations ont cet avantage, qu'elles indiquent le fens fuivant lequel font auffi alignées les ftries {ur les Formes-partaites où elles échappent à nos organes, & contribuent ainf à nous dévoiler le véritable méchanifme de la ftruéture. Les petits vuides que laiflent fur la furface des criftaux fecondaires même les plus parfaits les bords des lames de fuperpoicion:, par leurs 5 (r) Dans mon Effai , pag. 217 & fuiv. je n’avois porté le nombre de ces formes qu'à 1019;, parce que. je n'avois point fait entrer comme élément, dans le calculs, ne modification de la loi des: décroiflemens , 1dont: je ne connoïffois pas encore l’exiflence. . { ; .2 SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS 127 angles rentrans & faillans , fourniflenc auffi une folution farisfaifante de Ja difficulté dont j'ai parlé plus haut, & qui confifte en ce que les fragmens obtenus par la divifion, dont les facettes extérieures font partie des faces du criftal fecondaire , ne font point femblables à ceux que l’on retire de l’intérieur. Car cette diverfité , qui n'eft qu’apparente, vient de ce que les facetres dont il s’agit fonc compofées d’une multitude de peritr plans réellement inclinés entr'eux, mais qui, à caufe de leur pesitefle, .préfentent l’afpect d’un plan unique, en forte que fi la divifion pouvoit atteindre fa limite, tous ces fragmens fe réfoudroienten molécules femblables entr'elles & à celles qui font firuécs vers le centre. La fécondité des loix d'où dépendent les variations des formes criftallines ne fe borne pas à produire une multitude de formes très- différentes avec les mêmes molécules, Souvent aufli des molécules de diverfes figures s'arrangent de manière qu'il en réfulte des polyèdres femblables ; dans différentes efpèces de minéraux. Ainfi le dodécaèdre à plans rhombes que nous avons obtenu en contbinant des molécules cubiques , exifte dans le grenat avec une flruêture compofée de petits rétraèdres à faces triangulaires ifocèles, ainfi que nous le prouverons dans la fuite, & je lai retrouvé dans le fpath Auor, où il eft aufli un aflem- blage de tétraèdres, mais réguliers, c'eft-à-dire, dont les faces font des triangles équilatéraux, Il y a plus: cet qu'il eft poffible que des molécules fimilaires produifent une même forme criftalline , par des loix différentes de décroiffement (1). Enfin, le calcul m'a conduit à un autre réfultat qui m'a paru encore plus remarquable; c’eft qu’il peut exifter , en vertu d’une loi fimple de décroiflement , un criftal qui, à l’extérieur, reflembleroit totalement au noyau, c’eft à-dire, à un folide qui ne réfulte d'aucune loi de décroiflement (2). . Divers exemples de formes fecondaires compofées. Spath calcaire prifmatique (Fig. 1) . Spath calcaire en prifme hexaèdre. Dau. tabl minér. édit. 1792, p. 15: N°. 6. c EE | f De l'Ile, Criflal. t.1,p. S14, var. vo Les bafes de ce prifme {ont preduires en vertu d'un décroiflement par une fimple rangé: , fur les aPsies dés fommets baf, gaf,bag,dex, dec,cex (fig:4) de Le, forme primitive. Les fix pans réfulrent d'un décroiffement par deux rangées fur les angles bdf, fxg,beg, dfx, dbe, cg x, oppofér, aux précédens. Soit ab d f (fg. 5O ) la même face du noyau que f2g./4. Les bords décroiffans fitués vers l'angle au fommet a, {1) Mémoires de l'An, démie, année 1788, pags 17 & 26. . (2) Ibid, p.23. Na di 1 128 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, répondront fuccellivement aux lignes 22, AZ, &c. & ceux qui regardent l'angle inférieur 4, auront lès pofñtions indiquées par mn, op, &c: Or, en conféquence de ce que le premier décroiffement a lieu par une rangée, on prouve que la face qui en réfulte eft perpendiculaire à l'axe, & de inême Le calcul fait voir que Le fecond décroiflement-qui fe fait par deux rangées, produit des plans parallèles à l’axe, & ainfi Le folide fecondaire eft un prifme hexaëdre régulier. Pour développer davantage la ftruéture de ce prifme, remarquons que dans la production de l’une quelconquë abcenih (fig. 1} des deux bafes, on pourroit fe boruer à conlidérer l'effet d’un feul des trois décroif- lemens qui ont lieu autour de l’angle folide a { fig. 4), par exemple, de celui qui fe fait fur l'angle plan £a f, en fuppofant que les lames appli- quées fur les deux autres faces fag x, bag’, ne décroiflent que pour fe prêter au réfultat du décroiflement principal , qui a liéu relativement à l'angle af. Or,ici ces décroiflemens auxiliaires {one cout-à-fait femblables à celui dont ils font cenfés prolonger l’effer. : Il en fera tout autrement, fi lon applique la même obfervation aux décroiflemens qui s'opèrent, par deux rangées , fur les angles inférieurs bdf, dfx, fxg, &c. & qui donnent les fix pans du prifme. Par exemple, fi l'on confidère l’effec du décroiflément fur l'angle 4fx, il faudra aufi que les lames appliquées fur les faces af db, a fxg(fig. 4) fübiflent vers leurs angles latéraux afd, afx, adjacens à angle d fx, des variations qui fecondent l’effer du décroifflèment générateur, Mais ici ces variations font des décroiflemens intermédiaires , par des rangées de molécules doubles, : MREte Pour mieux concevoir ces variations, reprenons la face abdf (fig. 50). Les variations dont il s'agit fe feront parallèlement aux lignes cesrx, 2z,vy, &c. c'eft-à-dire, par une rangée de molécules doubles, & cela de manière qu'il y aura toujours deux lames de niveau par leurs bords, dans je féns de la hauteur. On voit par-là, pourquoi les Jamesique lon retire du nrifme par: les premières fections , fonc des trapèzes, tels que plus (fig. 1), fur lefquels l’affortiment,des petits rhombes compofans fera le même que fur Le trapèze usop (fig.50). On donnera de même la raifon des différentes figures par lefquelles paflent les lames que l’on détache fucceflivement avant d'arriver au noyau. Mais ce détail nous meneroir trop loin. Au refte, je 1'e répète, tout eff renfermé dans l’effec des décroiffemens principaux, c'eft-à-dire, pour-le cas préfent , de ceux quiont lieu für Les angles fuoérie.urs & inférieurs, ou parallèlement aux diagonales. horizontales & dès la première lame, de fuperpofition , la figure du criftal eft donnée d'après cette feule condition, que les faces initiales fe prolongent jufqu’à s'éntreccwper. 7 7 © Le prifme ef fafceprible de’ varier dans la lesñgueur de fon axe, comparée à fon épaifleur, ce qui dépend 2° - différentes époques auxquelles SUR L'HIST, NATURELLE ET LES ARTS. 129 auxquelles Les décroiflemens commencent ou font cenfés commencer. Par exemple, fi l'on conçoit que celui qui a lieu vers l'angle inférieur agifle d'abord {eul fur un certain nombre de lames, l'axe du criftal fera d’autanc plus long , que l’origine du décroiflement fur lés angles fupérieurs aura été plus rerardée. Cette différence d'époques devient- fenfible par linf- pection du dodécaèdre (f9.2) qui eft un des réfultats de Ja divifion méchanique du prifme. On y voit que les lames pentagonales des fommers, telles que AOIRS ; ne décroiflent encore que par leur bord RS, qui répond à l'angle inférieur bd f (f£g. 4), tandis que par leurs parties fupérieures elles continuent d'envelopper de criftal, fans fubir aucun décroiflement de ce côté, en forte que ce n’eft que fur des lames plus éloignées de l’axe, comme celle qui répond à psul, que les deux décroiflemens ont lieu à la fois. Le réfultat que nous venons d’expofer eft oénéral , c'elt-à-dire, que quels que foient les angles du rhomboïde primitif, Le folide fecondaire fera toujours un prifme hexatdre régulier. Fer amphitrigone. (La fg. $1 repréfente le criftal en projection horizontale, & la 9. s2 en perfpe&ive.) Mine de fer à 24 faces. Daub. tabl, minér. édit. 1792, 2:30; N°. 2. De l'Ile, Criflal. 1. 3, p. 193 & fuiv, var. $, 6,7. Caract. géom, Inclinaifons refpectives des triangles gen, gcd,&t. d'un même fommet 146° 26' 33"; des triangles latéraux 2gu, bg fur les pentagones adjacens , tels que ourmn, 154° 45! 39". Cette forme eft celle fous laquelie fe préfente le plus communément la mine de fer de l’île d'Elbe. Elle réfulte d'un décroiflement par deux rangées fur les angles c, 11 (fg. 46) aux fommets d'un noyau cubique, * Lequel produir les triangles ifocèles gen, ged,ncd (fig. $1 & $2), & d'un fecond décroiflement par trois rangées fur les angles latéraux chp,crp, crs, &c. auquel font dus les triangles mnr,rnk,ugb, b, &c. Ces deux décroiflemens s'arrêtent à un certain terme, en forte qu'il reite des faces parallèles à celles du noyau, favoir, les pentagones gutmn,hkdnkl, &c. (fig. 51). : Hu Le premier décroiflement eft le mème que celui qui produit le fer thomboïdal cité plus haut. Le fecond a cette propriété , que fi fon effet étoit complet ; il donneroït un dodécaèdre à triangles ifocèles , où de deux pyramides droites réunies par leurs bafes. Dans le cas pe delà , les de tout autre décroiffement, par deux, qüatre rangées & au- faces du dodécaèdre feroient des triangles fcalènes, : « Les triangles des fommets font fouvent fillonnés par des ftries parallèles aux bafes 22, dn, gd de ces triangles, & qui indiquent le fens du décroiflement, s Tome XLIII, Part. IT, 1793. AOUT. 139 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, Spath calcaire analogique (fig. $3 ) De l'fle, Criflal. r. 1 ,p. 543, pl. IV, fig. 36. Carat. géom. Inclinaiton de l'un quelconque ème des trapezoïdes des fommets fur le trapezoïde vertical correlpondant ecpg , 110° 33! 54". Angles plans de ce mème trapezoïde , £= 114° 18° 56/,e—= 75° 31/20"; m ou k—85° 4/ 52//. Angles plans du trapezoïdeeckog, e= 90°; 012925! 53"; g— 67° 47 44 3; h—74 46 23 5 du trapezoïde cegp,e=— 60°; p—98° 12 40'";coug—100° 53/37: Propr. géom. 1°. Dans chaque trapezoïde vertical , le triangle ce eft équilatéral. 2°. La hauteur ex de ce triangle eft double de la hau- teur px du triangle oppolé cpg. 3°. Dans le trapezoïde ekog & les autres femblablement fitués, l’angle 4eg eft droit. 4°. Si l’on mène la diagonale 2h, le triangle Aeg fera femblable à l'un quelconque ao f (fig. 4) de ceux que l’on obtiendreit en tirant, dans le rhombe primitif, : les deux diagonales Bf, ad. $°. Si dans le trapezoïde emih,ou tout autre fitué aux fommets , on mène Les diagonales e2, mA , la hauteur e Z du triangle inférieur me fera double de la hauteur 22 du triangle fupérieur #24. 6°. Le triangle m2A eft femblable à une moitié du bombe du fpath très-obtus, divifé par la diagonale hoïizontale, & le triangle meh eft femblable à une moitié du rhombe du fpath aigu, divifé de la même manière, Les nombreufes analogies qui lient cette variété avec différentes formes criflallines , foit que l’on confidère certains angles plans, comme l'angle heg de 00°, l'angle ceg de 60°, ou certains triangles que lon obtient, en menant les diagonales des trapezoïdes, m'ont engagé à lui donner le nom de /path analogique. Elle dérive de trois autres variétés citées pré= cédemment , favoir, du fpath très-obtus, par les trapezoïdes emik, fihe, &c. du fpath métaftatique, par les trapezoïdes emdc, ehog, ohtz,&c. & du fpath prifmatique, par les trapezoïdes bdck,cegp, &c. qui par conféquent font parallèles à l'axe, Il arrive fouvent que les trapezoïdes 2meh, fihkt, font fépatés par une arète intermédiaire d’avec les trapezoïdes verticaux cegp, gozr, &c. Dans ce cas, les trapezoïdes cdme, geho, &c. fe trouvent changés en pentagones. J'ai fuppofé ici le criftal ramené à la figure la plus fymé- trique, c’eft-à-dire, ayant fa furface uniquement compofée dé quadri- latères, comme cela arrive quelquefois. Cette variété fe trouve au Derbishyre, Sulfure de Fer icofaëdre ( Fig. 55). Pyrite ferrugineufe polyèdre à vingt faces triangulaires. Daub. tabl, minéral. édit. 1792, p. 30. De Plfle, Criffal, & 3j pe 233, var. 22. SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 1: Carat, géom. Inclinaifons refpectives des triangles ifosèles PLR, PSR, 126° 52 11". De l’un quelconque PNL des triangles équila- téraux fur chaque triangle ifocèle adjacent PLR ou LNK, 140° 46! 17 Angles du triangle ifocèle PLR, L= 48° 11/20"; P où R=—6$° 545207 < É Cette variété réfulte d’une combinaifon de la loi qui donne l'oétaèdre originaire du cube ( fig. 42), avec celle qui a lieu pour le dodécaëdre à plans pentagones (#9: 19 & 20). La première loi fait naître Les huit triangles équilatéraux qui répondent aux angles folides du noyau, & la feconde Les douze triangles ifocèles fitués deux à deux au-dellus des fix faces du même noyau. Si l’or avoit un dodécaëdre femblable à celui de la fg. 20, & qu'on voulüc le convertir géométriquement en un icofaëdre tel que celui donc il s’agit ici, il fufiroir de faire paffer des plans coupans , au nombre de huit, l’un par les trois angles P,N, L (fig. 19), l'autre par les angles P, M,S, un troifième par les angles L,R,U, &c.La comparaifon des fz5, 19 & $ÿ indiquera, par la corref- pondance des lettres, le rapport entre les deux polyèdres ; mais ce n'eft ici qu'une opération purement technique , à laquelle la nature ne {e prèteroit pas. J'obferverai de plus que le noyau de l’icofaèdre auquel on parviendroit feroit beaucoup plus petit que celui du dodécaëdre , puifque les angles folides de ce dernier noyau fe confondent avec les angles D,C,G,&c.(fg. 20) du dodécaèdre, au lieu que l’autre noyau auroit ts angles folides fitués au milieu des triangles équilatéraux MPS, N PL, URL, &c. (fig. 55). On a confondu aufli l’icofaèdre du fulfure de fer avec l’icofaèdre régulier de la géométrie, qui en diffère très-fenfiblement, puifque tous : fes triangles fonc équilatéraux. Il eft démontré, par la théorie, que l'exiftence de ce dernier icofaèdre n’eft pas plus poflible en minéralepie, que celle. du dodécaèdre , en forte que parmi les cinq polyèdres réguliers des géomètres, favoir, le cube ; le tétraèdre , l’oftaèdre , le dodécaèdre & l’icofaèdre, il n’y a que les trois premiers qui puiflent exifter, en vertu des loix de La criftallifation. Aufli n’eft-il pas rare de les rencontrer parmi Les criftaux de différentes efpèces de minéraux. L'icofaèdre du fulfure de fer eft beaucoup moins commun que le dodécaèdre, On le trouve aufli en criftaux folitaires. J'en ai un qui eft complet & a environ un demi-pouce d’épaifleur. Pétungé polynome (Fig. 56) (1). Spath étincelant ou feld-fpath, en prifme à dix pans, avec des fommets (1) J'ai adopté le nom de pétunzé, qui eft celui qu’on a donné à cette fubftance en Chine ,où elle efl employée pour la fabrication de la porcelaine. Le mot de Tome XLIIT, Part, 11, 1793. AOÛT, R 2 One 132 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, à deux faces & quatre facettes, Daub. tabl. minér. édit. 1792, p. 4s Vars 2. Carat. géom. Inclinaifons refpectives des pans étroits oz km , cfhg fur les pans adjacens de part & d'autre, 150°; des panscsFg, PomN fur ceux qui leur font contigus par les arêtes: F, PN, 12093 de l’eptagone pGcidezx fur l'ennéagone BzeésoPrs, 99° 41 8"; du trapèze dafc, tant fur le panzbafhilk, que fur l'epra- gone pGrcdez, 135°3 de la facette deab ou ABzp fur Le même eptagone, 124° IS 15". Je n'ai point encore ebfervé le pétunzé criftallifé naturellement fous fa forme primitive. Cette forme, telle que la donne la divifion mé- chanique des criftaux fecondaires , eft celle d'un prifme oblique à | que qe (fig. 58), dont deux, tels que GOAD, RBHN, font perpendiculaires fur les bafes ADNH, OGRB. Les deux autres, favoir, BOAH, RGDN, font, avec les premiers, des angles de 120°, à l'endroit des arètes OA, RN, & des angles de 60° vers les arêtes oppofées BH, G D. Ces mêmes pans font inclinés fur les bafes de 111° 29/ 43", à l'endroit des arètes GO, BR, & de 65° 30° 17" du côté oppolé. Cette forme eft en même tems celle des molécules. La théorie fait voir que les deux parallélogrammes GOA D, OGRB, ainfi que leurs parallèles, font égaux en étendue, & que le parallélogramme BOAH, ou fon oppofé RG DN eft double de chacun des précédens, ce qui peut fervir à expliquer le peu de netteté des coupes qui fe font dans le fens de BO AH, en comparaifon de celles que l'on obtient dans le fens des petits parallélogrammes, & qui font roujours très-nettes & très-brillantes. De plus, fi lon mène la diagonale OR, elle fe trouvera perpendiculaire fur O À & fu RN, ou ce qui revient au même, elle fera fituée horizontalement, en fuppofant que les arêtes OA, BH, &c. ayent une pofition verticale. Cette obfervation nous fera bientôt néceflaire. Le pétunzé polynome offre la variété la plus compliquée que j'aye obfervée parmi les criftaux de cette efpèce. Pour en concevoir.la ftruc- ture , fuppofons que Bpyr (fig. 57) repréfente une coupe du soyau AR (fig. 58), faite par un plan perpendiculaire aux parallélogrammes GOAD, BOAH, & fous-divifé en une multitude de petits paral- lélogrammes, qui foient les coupes analogues d'autant de molécules: Ici le côté y r (fég. 57) qui eft la commune fection du plan cou- pant avec GOAD (fz. 58), eft plus grand qu'il ne devoit l'être —————_—_——————— ———————_———_—_—— ah eft devenu fi vague par l’application qu’on en a faite à des fubftances de natures très-différentes, qu’il feroit à defirer qu’on le bannît de Ja nomenclature des minéraux, à ‘ SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 133 à l'égard du côré er (fig. 57), qui eft la commune feétion du Même plan avec BO AU (fig. 58); mais ces dimenfions font af- forties à celle du criftal fecondaire, & ne font ici aucune difficulté, parce qu’on peut fuppofer que la forme primitive s’eft alohgée dans un fens plutôt que dans l'aurre ; car cette forme, ainfi que je l'ai déjà remarqué, n'eft qu'une donnée commode pour l'explication de la ftrudture, & le criftal corfifte uniquement dans un afflemblage de molécules fimilaires, en forte que ce font les dimenfions de ces mo- lécules qui reftent invariables, Cela pofé, on jugera, en comparant les fig. 6 & 57, 1°. que le pan fabnklih (fig. $6) & fon oppolé qui répondent à mn, d g (fig. 57); font parallèles à deux des pans du noyau, favoir, GOAD, BRNH (fo. 58), & par conféquent ne réfultent d’au- cune loi de décroiffement; 2°. que le pan PomN & fon oppofé (fig. 56), qui répondent à ao, eg (fre, $7), font auf parallèles à deux des pans du noyau, favoir, BOAH, RGDN (fig. 58); 3°. que le pan ozkm & fon oppolé.(fig. 56), qui répondent à on, eg (fig. 57), réfultent d’un décroiflement par deux rangées parallèlement aux arêtes AO, NR (fg. 58); 4°. que le pan cfgk & fon oppofé (fg. 56), qui répondent à my, de (fig. 57), ré- fultent d'un décroiffement par quatre rangées, parallèlement aux arètes GD, BH (fg. 58); 5°. que Le pan cz: Fg & fon oppolé ( fc. «6) qui répondent à fy, ca (fig. 57), réfultent d'un décroiflement par deux rangées parallèlement aux mêmes arêtes GD, BH (fg. 55), lequel décroiflement a lieu de l’autre côté de: ces arêtes. On voir par ce qui précède, que des décroiflemens différens-par leur mefure font naître des pans fembiablement fitués, tls que onkm & cfoh (fig. 56), ce qui eft une fuite de la fivure particulière des molécules, Quant aux faces du fommer, l'epragone pG rcdez (fig. 56) ‘eft fitué parallèlement à la bafe BRGO (f2: 58). L’ennéagone Bs7P onbez (fig. 56) eft produit en vertu d’un décroiflement par une rangée {ur l'angle OBR (fig. 58), où parallèlement à la diagonale OR, lequel décraifflement n'atteint pas fa limite, & laifle fubffter l'eptagone voifin parallèle à la bafe BRGO. On conçoit, d’après ce qui à été dit.fur la pofition de la diagonale OR, pourquoi la “ligne ex (fig. 56), qui fépare les deux grandes faces du fommet, eft fituée horizontalement, en fuppofant que les pans ayent des poi- tions verticales. Les trapèzes dafc, ApGC réfultent d'un décroiffement par une rangée fur les arêtes GO, BR (fig. 58). La facette deba (fig. 56) eft due à un décroiflement par deux rangées parallèlement à lParête BO (fig. 58}. Quant à l’autre facette A Bzp, qui a la même poli- tion que la précédente, relativement à la partie oppofée du criftal, 134 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, elle réfulte d'une loi intermédiaire , par une rangée de molécules dou- bles fur l'angle OBR ( Ag. 58). Les rhombes Bclh,klsu ( frg. 59) repréfentent les coupes horizontales de, deux de ces molécules doubles prifes dans une même rangée, & dont le rapport avec le refte de l’aflortiment deviendra fenfble par le rapprochement des rhombes dont il s'agit, avec ceux qui font marqués des mêmes lettres (fig. 57) Les criflaux de cette, variété font fujets à un changement de dimen- fions, qui confifte en ce que les faces pGrcdex, fabnrklih, & leurs oppofées, qui font à angle droit les unes fur les autres, s'alon- gent dans le fens de leur largeur, de manière qu'elles préfentent l’afpect d'un prifme quadrilatère rectangle, dont les fonmmers feroient formés par les faces fituées vers les arêres PN, Fc, On trouve cette variété en criftaux opaques & d'une couleur blan- châtre, jaunâtre 8e quelquefois rougeatre, dans les pranires d'Auvergne &: de différens pays; il y en a de, grouppés & d'ifolés, mais ces derniers font rares. !; 1e ÈS SE CIE Nombre des formes primitives. ! . Dans Les exemples cités ci-deflus,rj'ai choif pour noyau le paral- lélipipède, à caufe de la fimplicité de fa forme. J'ai trouvé jufqu'ici que toutes les formes primitives fe réduifoient à fix, qui font, le parallélipipède en général, lequel comprend le cube, le rhomboïde & tous les folides terminés par lix faces, parallèles, deux à deux; le rétraë- dre régulier, l’oétaèdre à faces triangulaires, Le prifme hexagonal, Le do- caèdre à plans rombes , & le dodécaëdre à plans triangulaires ifocèles. Parmi ces formes, il y en a qui fe retrouvent comme noyau, avec les mêmes mefures d’angles, dans différentes efpèces de minéraux. On en fera moins furpris, fi l'on confidère que ces noyaux font compofés en dernier reflort de molécules élémentaires, & qu'il eft poflible qu'une même forme de noyau foit-produite dans une première efpèce, par tels -élémens, & dans une feconde efpèce, par tels autres élémens combinés d’une manière différente, comme nous voyons des molécules intégrantes, les unes cubiques, les autres rétraèdres, produire des formes fecondaires femblables, en vertu de diverfes loix de décroiffe- ment. Mais ce qui eft digne d’attention; c'eft que toutes les formes identiques qui fe font rencontrées jufqu'ici, comme noyaux, dans des efpèces différentes, font du nombre de celles qui ont un caractère particulier de perfection & de régularité, comme le cube, l’octaèdre régulier , le tétraèdre régulier, le dodécaèdre,à plans rhombes égaux & femblables. Ces formes fonc des efpèces de limites auxquelles la nature arrive par différentes routes, tandis que chacune des formes placées entre ces limites, fzmole être afl:étée à une efpèce unique, du moins à en juger d'après l'état aëtuel de nos connoiflances. SC SUR: L'HIST. NATURELLE" ET) LESYARTSS 135 j IV * Formes des moléculés inégrantes. La forme primitive eft celle fque l'on obtient par des fections faites fur routes les parties femblables du criftal fecondaire , & ces fections _ continuées parallèlement à elles-mêmes, conduifent à déterminer laforme des molécules intégranres, dont: le criftal ‘entier eft laflemblage. Ceci exige certaines .confidérations qui touchent au point le plus délicat de la ‘théorie, & que je vais expofér le plus clairement: que me je pérmertront les bornes :dans lefquelles je fuis obligé de me renfermer. Il n’y a point de criftal dont on ne puifle extraire pour noyau un patallélipipède, en fe bornant à fix feétions parallèles deux à deux. Dans une multitude de fubftances, ce parallélipipède eft le dernier terme de la divifion méchanique, &par conféquent le véritable noyau, Mais-il eft certains minéraux, où ce parallélipipède:eft divifible, ain que le refte du criftal, par des coupes ultérieures faites dans des-fens différéns de ces faces, &'ik en réfulte néceffairement un nouveau folide qui fera le. noyau, ‘fiitoures les parties du criftal fecondaire furajou- tées à ce noyau font femblablement fituées. Lorfque la divifion mé- chanique conduit à un parallélipipède divifible feulement par des coupes parallèles à fes fix faces, les molécules font des parallélipirèdes fem- blables au noyau: Mais dans les autres cas, leur forme diffère de celle du noyau. C’eft ce qu'il faur éclaircir par un exemple, Soit achsno (fig: 60) un cube ayant deux de fes angles folides a, s, fitués fur une même-ligne verticale. Cette ligne fera l’axe du cube, &' les points a, s,-en feronc les fommets, Suppofons que ce cube foit divifible par’ des CoUpes, dont chacune ; telle que ahn, pañle par l'un des fommets a, & pat deux diagonales obliques a, ar, contigues à ce fommer, Cette coupe dérachera l'angle folide à, & comme il y a fix angles folides fitués latéralement ; favoir 2, X, €, r, 0,n, les fix coupes produiront un rhomboïde aïou, dont les ommets fe confondront avec ceux du cube. La: fé. GT repréfente ce rhomboïde engagé dans le cube, de manière que fes fix angles folides latéraux, 2, d, f,.p, ge ; répondent au milieu des faces ach, crsh, hins, &c du cube. Or la géométrie fait voir que les angles aux fommets bag, dsf, psf, &c. du rhomboïde aiou font de 60°, d'où il fuit que les angles latéraux, a2f, agf, &c. font de 120 degrés. De plus, on prouve par la théorie, que le cube réfulte d'un dé- croiffemert qui à-lieu par une fimple rangée de petits rhomboïdes femblables au rhomboïde aigu, far les fix arêres obliques 44, ap, ae, sd, sf, sp. Ce décroïflement produit deux faces de part & d’autre de chacune de ceslarêtes, ce qui fait en tout douze faces. Mais comme les deux faces qui ont une même arête pour ligne de départ, fe 136 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, trouvent fur un même plan, par la nature du décroiffement, les 12 faces fe réduifent à fix, qui fonc des quarrés, en forte que le folide fecondaire eft un cube. Ce réfultat eft analogue à celui du fpath cal- caire très-obtus, qui a été expofé plus “haut. Imaginons maintenant que le cube ( fg. 60) admette, relativement à fes fommets a, s, deux nouvelles divifions, femblables aux fix pré- cédentes, c’eft-à-dire dont l’une pañle par des points 6, #, 0, & l'autre par les points 2,2, r. La première paflera aufli par les points b,g,e, & la feconde parles points d, f, p; (fig: 61 € 62) du rhomboïde, d'où il fuit que ces deux divifions détacheront chacune un tétraèdre réoulier age, où dsfp (fig. 62), en forte que le rhomboïde fe trouvera changé en un oétaèdre règulier ef (fig 63), qui fera le véritable noyau du cube, puifqu'il eft produit par des divilions faites femblablement, par repport aux huic angles folides de ce cube. Si l'on fuppole que ce même cube foit divifible dans toute fou étendue, par des coupes analogues aux précédentes, il-eft clair que chacun des petits rhomboïdes dont il eft l'aflemblage, fe trouvera pareillement fous-divifé en un oétaèdre ; plus deux tétraèdres réguliers, appliqués fur deux faces ‘oppofées de l'octaèdre. On pourra aufli en prenant l'oétaèdre pour noyau, conftruire autour & ce noyau unicube, par des fouftractions régulières de petits rhom- oïdes complets. Si, par exemple, on conçoir des décroiflemens par une fimple rangée de ces rhomboïdes, qui ayent le point 2 pour terme de départ, & fe faffent parallèlement aux bords inférieurs gf, eg, de, df, des quatre triangles qui fe réuniflent pour former l'angle folide &, il en réfultera quatre faces qui fe rrouveront de niveau, & comme l'oétaèdre a fix angles folides, des décroiflemens femblables autour des cinq autres angles produiront vingt faces, qui, prifes quatre à quatre, feront pareillement de niveau, ce qui fera en tout fix faces diftinétes, fituées comme celles du cube (fig. 60), en forte que le xéfulrat fera précifémenc le même que dans le cas du rhomboïde confidéré comme noyau, Ë De quelque manière que l'on s'y prenne, pour fous-divifer, foit le cube, foit le rhomboïde, foit l'octaèdre , on aura toujours des folides de deux formes, c’eft-à-dire des octaèdres & des rétraèdres, fans jamais pouvoir réduire à l'unité Le réfultat de la divifion. Or les molécules d'un criftal étant néceflairement fimilaires, il m’a paru probable que la ftru@ure éroit comme criblée d'une multitude de yacuoles occupés, foit par l'eau de criftallifation;.foit par quelqu’autre fubftance, en forte que s'il nous étoir donné de poufler la divifion jufqu’à fa limite, l'une des deux efpèces de folides dont il s'agit difparoîtroit, & tout le criftal fe trouyeroit uniquement compofé de molécules de l’autre forme, En Certc it? v à : ee: à ‘ / SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 137 Cette vue el ici d'autant plus admiflible ; que chaque cétaèdre érant enveloppé par huit tétraèdres, & chaque rétraèdre étant pareillement enveloppé par quatre oétaèdres, quelle que foit celle des deux formes que vous fupprimiez par la penfée, les folides qui refteront fe join- dront exadtèment par leurs bords, en forte qu'à cet égard il y aura continuité & uniformité dans route l'étendue de Ja mafle. On con- Cevra aifément comment chaque oétaèdre et envéloppé par huit té- traèdres , fi l’on fait attention qu'en divifant le cuse (fg: 60 ) feule- ment par les fix coupes qui donnent le) rhomboïde, on peut partir à volonté de deux quelconques a, 5; 0, hÿc, n;i,r, des 8 angles folides, pourvu que ces deux angles foient oppofés entr'eux. Or f l'on part des angles a, s, le rhomboïde aura la pofition indiquée fig. 62. Si au contraire on part des angles folides 0, A, ces angles deviendront les fommets d’un nouveau rhomboïde (fz. 64) compolé du même octaèdre que celui de la fig. 63, avec deux nouveaux té- traèdres appliqués fur Les faces bdf, egp{fig. 64), qui étoient libres fur le rhomboïde de la fig. 62. Les figures 65: &166 repréfentent ; l'une le cas où les deux tétraèdres repoferoient fur les faces de, fgp, de l'otièdre, l’autre celui où ils repoferoient fur les faces fs, dep. On voit par là que, quels que foient les deux angles folides du cube que l'on prenne pour.point de départ, on aura toujours Le même octaèdre, avec deux tétraèdres contigus par leurs fommets aux deux angles, folides dont il s'agic, & comme il y a huit de ces angles fo- lides, l’oétaèdre central fera circonfcrit par huit tétraèdres, qui repo- feronc fur ces faces. Le mème effet aura lieu, fi l’on contirue Ja divifion toujours parallèlement aux premières coupes. Donc chaque face d'oœaièdre , fi petit que l’on fuppofe cet oftaèdre, eft attenante . à une face de cétraèdre & réciproquement. Donc auñli chaque tétracdre eft enveloppé par quatre oétaèdrés. La ftruéture que je viens d’expofer eft celle du Auate calcaire (fpath fluor). En divifant un cube: de cette fubftance, on peut à volonté en extraire des rhomboïdes ayant leurs angles plañs de 20°, ou des octaèdres réouliers, ou des tétraèdres pareillement réguliers. IL exifte un petit nombre d’autres fubftances. telles que le criftal de roche (1), le carbonate de plomb (plomb fpathique), &c. qui étant divifées mé- chaniquement au-delà du terme où l’on aura lé rhomboïde, ou le parallélipipède, rendent auffi-des parties de plufieurs formes différen- tes, aflorties entrelles d'une manière même plus compliquée que: dans le fpath fluor. Ces ftruétures mixtés, jettent méceflairemenc.de :l'incer- titude fur la véritable figuré des molécules intégrantes qui appartien- 00 {r) Mémoires de |’Acad“mie des Sciences, année 1786, peg. 78.8& fuiv. Tome XLIIT, Part. 11, 1793. AOUT. S x 138 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, nent aux fubftances »dont il s’agit. Cependant j'ai obfervé que le tétraèdre étoit toujours l’un des folides qui concouroient à la forma- tion des petits rhomboïdes ou parallélipipèdes que l'on retiroit du criftal, pat une première divifion. D'une autre part, il ÿ a des fubf- tances qui, étant divifées dans tous les fens poñfibles, fe réfolvent uniquement en tétraëdres. De ce nombre font le grenat, la blende & la rourmaline. Nous citerons bientôt des exemples de ce réfulrac de la divifion méchanique. Enfin plufieurs minéraux fe divifent en prifmes droits triangulaires. Telle eft l’apatite dont la forme ‘primitive eft un prifme droit hexaë- dre régulier, divifble parallèlement à fes bafes & à fes pans, d’où ré- fultent néceflairement des prifmes droits à trois pans, comme on en jugera par la feule infpection de la fs 67, laquelle repréfente une des bafes du prifme hexaèdre, partagée en petits triangles équi- latéraux, qui font les bafes d'autant de molécules, & qui, étant pris deux à deux, forment des prifmes quadrilatères à bafes rhombes. En adoptant donc le tétraèdre, dans les cas douteux dont j'ai parlé d'abord, on réduiroit en général toutes les formes de molécules inté- grantes à trois formes remarquables par leur fimplicité, favoir, le pa- rallélipipède qui eft le plus fimple des folides dont les faces font pa- rallèles deux à deux, le prifme triangulaire qui eft le plus fimple des prifmes, & le tétraèdre qui eft la plus fimple des pyramides, Certe fimpliciré pourroit fournir une raifon de. préférence en faveur du té traèdre, dans Le fpath fluor & les autres fubftanæs dont j'ai parlé, Au réfte, je m'abftiendrai de prononcer fur ce füujet, où le défaut d’ob- fesvations directes & précifes ne laifle à la théorie que la voie des conjectures & des vraifemblances. Mais l’objet effentiel eft que les différentes formes auxquelles con- duifent les ftructures mixtes dont il s’agit, font tellement aflorties, que leur aflemblage équivaut à une fomme de petits parallélipipèdes ; comme nous ‘avons vu que cela avoit lieu par rapport au fpath fluor, & que les lames de fuperpofñition appliquées fur le noyau, décroiflenc par des fouftraétions d'une ou plufieurs rangées de ces parallélipipèdes, en forte que le fond de la théorie fubfifte indépendamment du choix que l’on pourroit faire de l’une ou l’autre des formes que l’on obtient par la divifion méchanique. $ I A laide de ce réfulrat, les décroiffemens que fubiffent les criftaux, quelles que foient leurs formes primitives, fe trouvent ramenés à ceux qui ont lieu dans les fubftances où cette forme, ainfi que celle des molécules, font des parallélipipèdes indivifibles, & la théorie a l'a- vantage de pouvoir généralifer fon objet, en enchaînant à un fait unique certe multitude de faits, qui par leur diverfité, fembloient être peu fufceptibles de concourir dans un point commun. Le SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 159 Tout ce qui précède s'éclaircira encore ,- par quelques exemples que je vais citer, de la manière dont ‘on peut faire rentrer dans la théorie du parallélipipède celles des formes qui s'écartent de ce’ folide. Criflaux dont les molécules font des rétraëdres à faces triangulaires î ifocèles. Grenat, 1°, Grenat primitif (fig. 56). | Grenat à douze faces. Daub. tabl, miner. édir. 1792, p. $. Grenat dodécaèdre à plans rhombes. De l'Ifle, Crÿfal, 2, p. 322, var. I. ; î Carat. géom. Inclinaifon refpective de deux quelconques des faces du dodécaëdre, 120°. Angles du rhombe CLGH, C ou G—109° 28' 16"; L'ou H — 78° 31 44". Quoique la caflure dés grenats de forme primitive foit en général vitreufe, on y apperçoit cependant des lames fituées parallèlement aux rhombes qui compofent leur furface. Concevons le dodécaèdre divifé dans le fens de ces lames, & pour plus grande fimplicité faifons pafler les coupes par le centre. L'une de ces coupes, favoir , celle qui fera parallèle aux deux rhombes DLFN, BHOR, concourra avec un hexagone qui pafleroit par les points E, C, G, P,I, A,en faifant Le tour du criftal. Une feconde coupe parallèle aux deux rhombes GLFP, BEAR, coïncidera avec un autre hexaoone indiqué par les points D, C, H, O, I, N. Si l'on continue la divifion paral- lèlement aux huit autres rhomibes, pris deux à deux, on trouvera que les plans coupans fe confondént avec quatre nouveaux hexagones ana- logues aux précédens. Or en réfumant tous ces hexagones, on voie que leurs côtés répondent les uns aux petites diagonales des rhombes du dodécaèdre, favoir, celles qui feroient menées de C en G, de A en, de C en B, &c. les autres à fes différentes arêtes EC, GP, PI, EA, &c. Le NÉRUERES NV PSE a Donc, 1°. les plans coupans, en paflant par les côtés & par les petites diagonales des douze rhombès, fous-diviféront toute là furface en 24 triangles ifocèles, qui feront les moitiés de ‘ces rhombes. 2°. Puifque les plans coupans pailent auffi par le centre du criftal , ils détacheront 24 pyramides à 3 faces, dont les bafes feront , fi l’on veut, les triangles extérieurs qui font partie de la furface du dodé- caèdre, & dont les fomméts fe réuniront 4à centre. k . Mais de plus, fi nous prenons , par exémple, tes fix rétraèdres qui ont pour faces extérieures les moitiés des trois thombes CEDL, CLGH, CEBH, ces fix técraèdres formeront ua rhomboïde repré- fenté fig. 69, & dans lequel les trois rhombes inférieurs DLGS, Tome XLIIT , Part. 11, 1793. AOUT, S 2 140 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, GHBS, DEBS réfulient des trois divifions qui paffent l'une par l'hexagone DLGORA, (fig: 68), la deuxième par l'hexagone GHBANF, la troifième pat l'hexagone BED FP ©. La figure 69 repréfente aufli les deux tétraèdres dont les bafes font partie du rhombe CLGH,. L'un eft défigné par les lettres L,.C, G, S, & l’aatre par les lettres H, C, G, S. En appliquant ce qui vient d'être dic aux neuf autres rhombes qui fe réuniflent trois à trois autour des points F, À, H (fig. 69), on'aura trois nouveaux rhomboïdes ; d’où il fuit que Les 24 tétraèdres, confidérés fix à fix, forment quatre rhomboïdes ,. en forte que le dodécaèdre peut étre conçu comme étant lui-mêmé corpofé immédiatement de ces quatre rhomboïdes, & en dernière analyfe, de, 24 tétraèdres. Obfervons que le dodécaèdre ayant huit angles folides formés chacun de trois plans, on auroit pu aufli le confidérer comme étant l’aflem- blage de quatre rhomboïdes, qui auroient pour fommets extérieurs les quatre angles G, B, D, À; d'où il réfulte que l'une quelconque des faces, telle que, CLGO,,eft commune à deux rhomboïdes, dont l'un auroic fon fommet en C & l’autre en G, & qui auroïént eux- mêmes une partie commune dans l'intérieur du criftal, Remarquons de plus qu'une ligne GS (fig: 69) menée de l'un quelconque G (fig. 69) des angles folides compofés de trois plars jnfqu'au cehtre du dodécaëdre, eft en même tems l'axe du rhomboïde qui auroit fon fommer en G, & l'une des arêtes de celui qui auroit fon fommet en C.(fg. 68 & 69). Donc les rhomboïdes compofans ont certe propriété que leur axe eft égal au côté du rhombe, On en conclura, avec un peu d'attention, que dans chaque tétraèdre, tel que CLGS (fig. 69) , toutes les fâces font des triangles ifocèles égaux & femblables, Si l'on continuoit la divifion du dodécaèdre, par des feions qui pafaflenc entre celles que nous avons fuppofées être dirigées vers le centre, -& leur fuffent parallèles, on obriendroit des rétraèdres toujours plus petits, & tellement arrangés, qu’en les prenant par grouppes de fix, is farmeroient des rhomboïdes d’un volume proportionné au leur. Les térraèdres qui feroienc le terme de la divifion, s'il nous étoit poffible d'y parvenir, doivent être regardés comme les véritables mo- lécules du grenat. Mais nous verrons que dans le paflage aux formes fecondaires , les James de fuperpofition qui enveloppent le noyau, décroiffent réellement par des rangées de petits rhomboïdes, dont chacun eit l’aflemblage de fix de ces tétraèdres. sl Le fulfure de zinc ou la blende a la même: ftructure que Le grenat. J'ai divifé, par des coupes très-nettes, des fragmens de cette fubf- tance de manière à obtenir fucceflivement Le dodécaèdre, le. rhom- boïde & le rérraèdre. 2°. Grenat trapezoïdal (fg..70 ). SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 41 x Grenat à 24 faces. Daub. tabl. miner. édit. 1792, p. $. Grenat à 24 facettes trapézoïdales. De lfle, Criffal. &. 2, p, 327- nee | - * Caract. géom. Inclinaifons refpedtives des trapézoïdes réunis trois À trois autour d’un même angle folide D, C, G, &c. 146° 25! 33; des trapézoïdes réunis quatre à quatre autour d'un même angle fo- lideu, x, r, &c 131°48' 36. Angles de lun quelconque » Du L des rrapezoïdes, L= 78° 27/ 46; D = r17° 2! 8/; m ou u—62° 15" 3/. La valeur de l'angle L eft la même que celle de l'angle aigu du noyau des fpaths calcaires. Cette variété réfulre d'une fuite de lames décroiffantes par leurs quatre bords, fur toutes les faces du dodécaèdre primitif. Confidérons d'abord , pour plus de fimplicité, l’effet de ce décroiflement, par rapport au rhombe CLGH (fg. 68). Nous venons de voir que ce rhombe éroit cenfé appartenir en commun aux deux rhomboïdes qui auroient pour fommets l’un, le poirt C, & l'autre, le point G. Concevons que les lames appliquées fur ce thombe décroiffent vers leurs quatre bords, par des fouftraétions d’une fimple rangée de petits rhomboïdes, de manière que relativement aux deux bords CL, CH, les chofes fe paflent comme fi le rhombe appartenoit au rhomboïe qui a fon fommer en C, & qu’à l’égard des deux autres bords GL, GH, l'effet foit le même que fi le rhombe appartenoit au rhomboïde dont le fommet eft en G. Cette difpofition eft ici très-admiflible, par une fuite de la ftruéture particulière du dodécaëdre, qui permec d'obtenir de petits rhomboïdes, dont les uns ont leurs faces paral- lèles aux faces de celui qui a fon fommet en C, & les autres de celui dont G eft le fommet (1). Les réfulrats des quatre désroiflemens étant ainfi parfaitement fem- blables entr'eux , les lames de fuperpofition appliquées fur le rhombe CLGH & fur chacun des autres rhombes du dodécaèdre formeront autant de pyramides droites quadrangulaires, qui auront pour bafes ces mêmes rhombes. On voit (fig. 71) les pyramides qui repofent fur les trois rhombes CLDE, CEBH, CGHB, (fig. 68), & qui ont pour fommets les points m, €, s (fig. 71); mais à caufe du décroiflement par une fimple rangée, les faces triangulaires adjacen- tes, telles FC, EsC, fur les deux pyramides qui appartiennent NN NT SRE ER SRE EEE EE (1) La théorie m’a conduit à un autre réfultat , qui confifte en ce que l’enfemble du noyau & des lames de fuperpoñtion, à mefure que celles-ci s'appliquent les unes fur les autres, eft toujours égal à une fomme de rhomboïdes, quoique cela ne paroïffe pas devoir être , au premier coup-d’œil , d’après la figure de ces James, qui repréfentent des pyramides naïflantes, Poyez les Mémoires de l’Académie , 1789, P+ 522. ' 142 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, aux rhombes CLDE, CEBH, font de niveau, & forment un qua- drilatère EmCs. Or nous avions douze pyramides, & par conféquent quarante-huit triangles. Divifant par deux, nous aurons donc vingt- quatre quadrilatères, qui compoferont la furface du criftal fecondaire. Mais parce que les bafes rhomboïdales des deux pyramides s’érendent davanrage, en allant de Len E, ou de H en E, qu’en allant de D en C, ou de B en C, les côtés mE, Es du quadrilatère feront plus longs que les côtés Cm, Cs. De plus on aura évidemment » E égale à Es, & Cm égale à Cs. Donc les quadrilatères feront des trape- zoïdes qui auront leurs côtés égaux deux à deux, Je ne connois aucune forme criftalline, où les ftries, lorfqu’elles exiftenr, indiquent d’une manière plus fenfible que dans celle-ci le méchanifme de la ftruéture. On y voit La férie des rhombes décroiffans, qui forment chacune des pyramides CLDEr#, CEBHs, &c, (fig. 1), & quelquefois les cannelures fonr fi profondes, qu'il en réfulre une efpèce d’elcalier, donc les degrés ont un poli & un brillant par- ticulier fur celles de leurs facettes qui font parallèles aux faces CEDI,, CRBE, &c. du noyau. Si les décroiflemens s’arrêrent tout à coup à un certain terme, en forte que les pyramides ne foient pas terminées , Les vingt-quatre trapezoïdes fe réduiront à des hexagones allongés, qui intercepteront douze rhombes parailèles aux faces du noyau. C’eft-la variété que j'ai nommée grenat intertmédiaire, Ù Dans le fulfure de zinc, l’oétaèdre réculier réfulte d’un décroiffe- ment par une rangée autour des huit angles folides compolés de rrois plans, favoir, C, B, O, G, F, D, A, [ (fig. 68). La même fubftance prend aufi la figure du tétraèdie régulier, à l'aide d'un dé- croiffement par une rangée fur quatre feulement des huic angles folides cités, tels que C, O, F, A. Ce tétraèdre eft remarquable par fa ftruc- ture qui offre un aflemblage d'autres rétraèdres à faces ifocèles, Criflaux dont les molécules font des prifmes triangulaires. Orientale, J'appelle ainfi lPefpèce de gemme, connue fous les noms de rubis, faphir, topaze d'Orient, fuivant qu’elle eft rouge, bleue ou jaune. Il eft fi rare de trouver des criftaux de cette gemme qui ne portent pas l’empreinte d’une formation précipitée, ou qui n’ayent pas été roulés, que nous n'avions jufqu'ici aucune defcription fidèle de fes différentes variétés, ni aucube indication précife de la nature des angles particuliers à chaque variété. Les criftaux qui m'ont fervi à établir les téfultats fuivans, étoient d’une forme fuffifamment caractérifée, 11 a — a LORS \ We ; SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS, 143 1. Orientale primitive. Elle criftallife en prifme hexaèdre résulier: divifible parallèlement à fes bafes, La théorie indique d’autres joints parallèles aux pans, d’où il fuit que la molécule eft un prifme triangulaire équilatéral. La hauteur de ce prifme, telle que la donne le. calcul théorique, eft un peu moindre que trois fois la hauteur du triangle de la bafe, 2. Orientale allongée ( Fig, 74). De TTfle. Criflal. rt. 2, p. 215. A. Caraët. géom. Inclinaifons refpectives des triangles TAS, IBS, 139° 54. Angles du triangle TAS, A— 22° 54, 1 ou S— 78° 48. Cette forme eft le produit d’un décroiffement par une fimple rangée de petits prifimes quadrangulaires, fur tous les bords des bafes du rioyau, Soit gd (fig. 67), la bafe fupérieure fous-divifée en petits triangles qui repréfencent les bafes analogues d'autant de molécules. Les bords des lames de fuperpoñtion répondront fuccellivement aux hexagones kilmnr,ekuxyv, &c. d'où il fuit évidemment que les fouftractions ont lieu, ainfi que nous l'avons dit, par des rangées de petits pa- rallélipipèdes ou prifmes quadrangulaires, compolés chacun- de deux prifmes triangulaires. 3. Orientale mineure. Caract. géom. Dodécaèdre formé de deux pyramides droites moins allongées que celles de la variété précédente. Les triangles qui répon- dent à IAS, IBS, font inclinés entt’eux de 122° 36. Dans chacun de ces triangles, l'angle du fommeteft de 31°, & chacun des angles de la bafe eft de 74° 30/. La loi d'où réfulte cette variété diffère d’avec celle qui donne la précédente, en ce qu'elle détermine un décroiffement mixte par trois rangées en largeur & deux rangées en hauteur. 4 Oriezrale ennéagone ( Fig. 73 ). Caraétère géométrique. Inclinaifon de chaque petit triangle, tel que cqi; fur la bafe voifine aciplhged, 122° 18 C’eft l’orientale allongée, dont les fommets font remplacés par deux faces parallèles aux bafes du noyau, avec addition de fix petits trian- gles ifocèles c gi, 1bf, vzm, &c. dont les trois fupérieurs alter- nent avec les inférieurs. Ces triangles réfultent d'un décroiflement par trois rangées de petits prifmes quadrangulaires fur trois angles de la bafe fupérieure du noyau ftels que », d, 9 (fig: 67), & fur les angles intermédiaires de la bafe inférieure. Ï1 eft aifé de concevoir, que dans le décroiffement qui a lieu, par exemple, für angle g, Les trois 144 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE; rangées qui reftent à vuide, entre cet angle & le bord correfpondant de la première lame de fuperpofition, font.1°. le petit rhombe gorp, qui forme feul la première rangée ; 2°, les deux rhambes ossi, pzdi; 3°. les trois hombes fitués fur une même ligne derrière les deux précédens, Les criftaux d'orientale fe trouvent particulièrement au royaume de Peou. Jl y a aufli en France des favhirs que l'on no nme füphirs du Puy. On les trouve en Vélai, à une lieue de ‘certe ville, fur les bords d'un ruifleau voifin du village d’Expailly, où ils font mêlés avec des orenats & des hyacinches, Ces faphirs ont tous les caraétères de la pierre appelée /aphir oriental. V. Différence entre la flruëture & laccroiffemenr. Dans tout ce que j'ai dit des décroiffemens auxquels font foumifes les lames de fuperpoñition, je n'ai eu en vue que de développer les loix de la ftruéture, & je fuis bien éloigné de croire que dans la for- mation d'un criftal dodécaèdre, ou de toute autre figure qui auroit, par exemple, un cube pour noyau, la criftallifation ait d’abord produit ce noyau, tel qu'on le retire du dodécaèdre, & l'ait fait enfuite pafler à la figur: de ce dodécaèdre, par l'application fucceflive de toutes les lames de fuperpofñition qui le recouvrent. Î} paroît prouvé, au contraire, que dès le premierinftant le criftal eit déjà un trèspetit dodécaèdre qui renferme un noyau cubique proportionné à fa petitefle, & gue dans les inftans fuivans le criftal s'accroît, fans changer de forme, par de nouvelles couches qui l’enveloppenc de toutes parts, de manière que le noyau s'accroît de fon côté, en confervant toujours le même rapport ayec le dodécaèdre entier. Rendons ceci fenfible par un exemple tiré d'une figure plane. Ce que nous dirons de cette figure peu aïfément s'appliquer à un folide, puifqu'on peut toujours concevoir une figure plane , comme une coupe pai£ dans un folide. Soit donc ERFN (fig. 74) un aflortiment de petits quarrés, dans lequel le quarré A BCD, compolé de quarante neuf quarrés partiels, repréfente la coupe du noyau, & les quarrés extrêmes R, S, G, À, [, BL, &c. celle de l'efpèce d'efcalier formé psr les lames de fuperpoñtion. On peut concevoir que l'añortimient ait commencé par le quarré ABCD; & que différentes files de petits quarrés fe foient enfuire appliquées fur chacun des côtés du quarré central, par exemple, fur le côté AB, d’abord les cinq quarrés compris entre [ & M, enfuite les trois quatrés renfermés entre L & O, puis le quarré E. Cet accroiffement répond à celui qui auroit lieu , fi le dodécaèdre commençoir par être un cube proportionné à fon volume, & qui s’accrüc enfuite par uri# addition de lames con- rinôment décroiflantes, j Mais, d'une autre part, on peut concevoir que l’afortiment a't été d'abord SUR L'EIST. NATURELLE:ET LES ARTS... 145 d'abord femblable à celui qui eft repréfenté fo. 76, dans lequel le quarré ab c d n'eft compolé que deneuf niolécules, &°ne porte für chacun de fes côtés qu'un feul quarré e, », f, ou r, & qu'enfuite, à l’aide d’une application de nouveaux quarrés, qui fe foient arrangés autour des premiers, l’affortiment foit devenu celui de la figure 75, où le quarié central a'h'c'd'eft forméyde vingt-cinq) petits quarrés , :8c porte fur chacun de fes côtés une file de trois quarrés, plus un quarré terminal e', »!, f” ou 7’; & qu'enfin par une applica ion ultérieure, l'affortiment dela fi. 75 fe foit changé. en celui de la figure 74. Ces différens ‘paffages donneront l'idée de la manière dont Les criftaux fecondaires peuvent augmenter de volume, en confervant leur forme, par où l'on voit que la ftruéture fe combine avec cette augmentation de volume, en forteique la loi fuivanc laquelle. toutes Les lames appli- quées fur le-noyau duictiftal parvenu} à fes, plus grandes dimenfions décroïflent fucceflivement:, en partant de cè-noyau,.exiftoir déjà dans le criftal naïfant. 5 6 51 La théorie’que je viens d'expofer, femblable en cela aux autres théories, paït d'un fait principal dont elle, fait dépendre tous les faits du même gênte, qui n'en font que comme.les corollaires, Ce, fait eft le décroïflement des lames fursajoutées à la forme primitive, & Ceft en raméhant ce ‘décroïflentent, à" des, loi; fimples, réoulières & fafcepribles d’un calcul rigoureux, que lalthéorie paivient à des réful- tats dont la vérité eft prouvée par la divifon, méchanique des criftaux & par l’obfervation ‘de leurs angles. Mais il refteroïit de nouvelles secherches à faire, pour remonter encore de quelques pas vers les Joix: primitives auxquelles le Créateur a foumis,la criftallifation , & qui ne font elles-mêmes autre chofe que Les effets immédiats de {à volonté füuprème: L’uné de ces recherches auroit pour objet d'expliquer com- ment ces petits polyèdres, qui font comme les,rudimens des criftaux d’un volume, fenfible, repréfentent tantôt la forme primitive, fans aucune modification, tantôt une forme! fecondaire: produite en vertu d’une loi de décroiflément;: & de déterminer les circonftances aux- quelles riennent-les décroiffemens fur les bords, .& celles qui amènent les décroiffemens fur les angles. Je me fuis déjà occupé de'la folu- tion de ce problème aufli délicat qn'il eft intéreffant. Mais je n'ai encoreà cet égard que des conjeétures qui , pour mériter de voir le jour, demandent à être vérifiées par un travail plus fuivi & plus - profondément médité. Le L | ; à. Nec Tome XLIIT, Part. II, 1793. AOUT, T 1486 OBSERPATIONS SUR LA PHYSIQUE, SuUxE UT: E Rédigée par M'G1LL0T, Mémbre de a’ Société Philomatique. I Du cube confidéré comme parallélipipède, Le cube peut être confidéré fous deux points de vue différens. Si l’on conçoit que fon axe pañle par les milieux de deux de fes faces oppofées entr'elles & prifes pourbafes, ilfair la fonction de parallélipipède reétangle; fi au contraire on regarde deux de fes angles folides oppofés comme les extrémités de fon axe, ilfaie Ka fonction de rhomboïde , & les modif- cations qu’il fubit alors font analogues à celles de ce dernier folide. Confidéré comme parallélipipède reétangle , le cube éprouve des variations de formes particulières , relatives à la pofition de fon axe, Soit ABGF (fg:77)'un noyau eubique dont l'axe foi fitué comme nous l'avons dit ci deflus :imaginons fur deux bords oppofés de chacune de fes faces des décroiflémens dont':les directions fe coupent à angle droit , & dont l’éfféc fe" prolonge fur la face voifine ; il.en réfultera en général des dodécaèdres rels que celui qui eft repréfenté (f£g. 78), dans lefquels les bafes 4p, mn, des pentagones feront fituées parallèlement à des lignes prifes à égales diftances entre les bords qui font les points de départ des décroiflemens. Suppofons que parles lignes p#, 4z, on fafle pafler un plan parallèle à PR; foit sx (fig. 79) cette coupe, Zkiz repréfentera celle du noyau. Soit Zor le triangle menfurateur 'en faifant /£ —2 4 ; # le nombre de ZON 14 3 rangées fouftraites , on trouve pour la valeur de la ligne pA 2,,4 2 2 Zz & pour celle de ep = ch (fig. 78), 17: & Ver be n 2 ‘ Suppofons maintenant que 7 — 1. On trouve p À —0 ; ce quiindique que dar le cas d'un décroifflement par ure fimple rangée, la bafé des pentagones étant nulle , les faces produites font des rhombes. Telle eft la ftructure du dodécaèdre qui a été développé à l’article des décroiflemens fur les bords. Si l'on fait 7—2, on trouve ph (fig. 79) — — a= + Ze an + a? —. ms —:]/ a°:;: & Dans le même cas { fig. 78) A1: D/:: 1” SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 14y V'r+iir::)/ 5: # Ce qui donne pour Janale DRE SEP se 38" 30"; d'oùiluit que D 4c— dir 8 ia % Por De plus fi l'on mène m@ parallèle à :Z, on a ma: Do:: a A8 a::]/ 20: r. Ce qui doane pour l'angle mD4—"77 23! re Si l'on ajoute cette dernière valeur à celle de /D 4 qui eft de 29° 13/9230" on aura pour l'angle-mDh= nr Chk= 106,35 57" 30"; d'où il tie que D'nt— cnt—102° 36/ 19/. _ Quant à l'inclinaifon de deux pentagones adjacens le.Jong de J'me: des arêtes, telles.que 4p,mn, &c. H ef-facile de l'avoir. En effet ( fig: 79) LF: fe:: ai tin 1::2: 1; ce qui donne pour l'angle Lef—63° 28/ 4"; d'où il fuir que l’inclinaifon totale ft de 126 568" Certe ftruture eft celle de la pyrite dodécaèdre qui fait l'objer di fecond exemple. des décroiflemens fur les bords. Il eft facile de voir d'après le calcul de fes angles, qu'elle, diffère du .dodécaèdre répulier. Mäis il y a:pluss aucune loi. de décroiflement n’eft fufcepuble de, de duire autour du cube ce dodécaëdre: car il RO na dE FE ” F A ES IGqir x z2an*—2a PEUR Hutonohrns 1 eût P4A— DA; ou DST He nn SEleune 2 tout au quarré, & réduifant nt—3n—— r; d'où lon tire n 2» Vi: 1/5; d'oùil fuit que 7 étant une quantité irrationnélle , il n'y a aucune loi de décroiflement fufceptible de produire le dodécaèdre! régulier commé-originaire du cube. OS" EY Si l'on fuppofe des décroiffemens égaux fur Les quatre bords des déux bafes du cube, & dont l’effer fe prolonge jufqu’à mafquer les faces latérales , on aura pour formes fecondaires des octaèdres ; mais aucun dé ces octaèdres ne fera régulier. Pour le prouver, foit cb fm (fig. 80 ) la moitié de l'un des octaèdres Mol Te a , dont il s’agit , nous aurons de == sac a; Las sf s A , F ñ fr 1 nous fuppofons que l'octaèdre foit régulier, nous aurons. a 4 — a V3; a ue a I ed—a} 2; donc on aura a |/ 2 = —; d’où l'on tire #——=.Donc ñ « A z n étant une quantité irrationnelle , if n'y a point de loix réoulières de décroïflement fufceptibles de produire l’oétâèdre régulier dans, le cas préfent. ID FO RRTOT 12 Si’ nous fuppofons: au contraire que les’ décroiflemens aient lieu vers les quatre angles des bafes , & que leur effer fe prolonge fur les faces latérales , il eft aifé de voir que le nombre des faces fecondaires fera éval à celui des angles folides, & que par conféquent on aura en général Tome XLIII, Part. IE, 1793. AOUT, 10 _ 148. OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, (fig. 81) des octaèdres. Si nous fuppofons en outre que DBFH fic une-coüpe prife fur les deux diagonales des bafes de la forme primitive, & que Dor fait le triangle :menfurateur', nous aurons en généralen faifant DF= 2a;Dm—a V2;& mg= = Or, dans loctaëdre À : U£ COTE ; régulier (fig. 81) ac répond à Dm (fig. 81). Donc ac=ab=— aV 2; bd—3ab—=32a V2, & cd—2a. Donc évalant cd à mey2 at. D'où l'on tire 2 — TZ, cet. à- dire , que ; l'oftaèdre régulier a lieu par ih déérôiflement d'une’ fimple rangée) de :molécules: autour des buir angles folides du cube. Telle.eft la ftruéture de l’octaèdre qui.a été développée à l'article des décroiflemens fur les angles, Si l'on nène maintenant les lignes Az, Ap, pn (fie. 78), ileft aifé de voir qu'elles féronc les côtés d'u triangle équilatéral fitué comme lés faces de, l'octaèdre que nous Venons de confidérer. De plus, en fippofant à la place de Chaque anglé folide, tels que c,4,g, &c. de atéilles facerres , le dodécaèdre fe trouvera changé en un, icofaèdre compôté de Puit triahgles"équilatéraux & douze triangles ifocèles: : ::: Pour avoirdesangles delunde ces derniers triangles, foit menée 4 + perpendiculaire fur mx, nous aurons ht DURE V/r° +1 5 RE : 5:11. Ce qui; donne pour l'angle : 47 = 24°, 5" 40"; d'où il fuit que l'angle n À m = 48% 11" 20", & que par conféquent Amu = hnm = 65° 54 20//. AE AE ANT RS ia Telle ef la ftructure,de l’icofaèdre du fulfure de ‘fer qui fait l'objes du quatrième exemple des formes fécondaires compofées , & qui eft repréfenté (fig. SS).. : Dept On voit d’après ce qui vient d'être dit que cet icofaëdre n’eft pas celui de la géométrie mais il y a plus, ce dernier folide ne peut exifter dans la nature, d’après des loix de décroiflement. Dans le cas préfent il fuffit de priver que m hn né 1peut être un triangle équilaréral. : A : En eflec, dans la fuppofition où ce triangle feroit équilatéral , On auroit nt; hti: 1: V3. Mais de plus ne: he::n—1:}/n°+ 1. En fubti- tuant dans la proportion précédente, on aura 7— 1 LV Mes E: V3. D'où l'ontire 7 == ?+ +5; donc x étant une quantité irrationnelle , le triangle m An ne peut être équilatéral en vertu d’une loi régulière de décroiflement : donc l’'icofaèdre régulier ne peut avoir lieu dans, le. cax préfent. y 51 3 8 Fo d—— V'0p° — 38. Maintenart ga 3 es ÿ nxXas 32e p° —g* à KXas— ai x 5g3 donc ai = #77 °° = | PRE ANT sS£ P menée ai (fig. 82) la mème ligne que f2g. 83 ; an (fig. 82) perpendi- culaire fur f4; cette dernière ligne fera le finus de l'angle af n; en prenant a f pour le rayon nous aurons en général pour un rhomboïde 4 2 5,2 ALES É 2 a quelconque an — 1” _s 5fn—= VE 5 d'où L'RLRE be Jon conclura que af: fn: Hp: + p?, les fignes fupérieurs du dernier terme appartenant. au cas où le rhomboïde eft obtus, & les inférieurs à celui où le rbomboïde eft aigu. at, étant perpendiculaire fur 24, fera le finus de Ja plus petite incli- 2 3 + . naïfon des faces du rhomboïde. Or, ai— EE ; donc . 4 P° pas 4 & 3 Ê CA _ p? . 2 —— } ————— an:1n::2 Le P'« an: ui V7 2: P A ? 8 Si le rhomboïde étoit aigu, le rapport entre le rayon & le cofinus feroit 2p°:p?— g. De Ie ai érant perpendiculaire fur fs, fera le finus de l'angle formé par l’arête af avec la diagonale oblique fs. Donc :f fera le cofinus de cet angle, à — ———— FL nat F 3p°g —E.. Done ai : if: J/ EE: PR Mer East CE ———“t (G) Foyez les Mémoires de l'Académie des Scçiençes, année 1788, p, 13 &fuiv, 159 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, V3p°g — g': g° —p?. Si le rhomboïde étoit aigu, le rapport feroit Vins AP ra On yoic d'après ces formules que pour avoir les angles & les incli- naifons d’un rhomboïde quelconque, il fuffe de connoître les rapports de fes diagonales. Cherchons le rapport de celles du rhomboïde du fpath calcaire, afin de faire quelques applications. 6 Dans le fpath calcaire prifmatique qui va nous fournir les données péceffaires , il eft bien évident d’abord que les pans font fitués comme du parallèlement à l'axe as. Maintenant fi on enlève un fegment , tel que ®æû par une coupe parallèle à ad, l'angle de8=4a98; doù il : fuir que le triangle Aug n'eft pas feulement rectangle, mais même ifocèle, Donc le triangle acy: eft aufli ifocèle, puifque rous fes côtés font parallèles à ceux de 89; donc cy =ay, oui Vgp—3g = V/: 82. D'où l'on tire 3p°=2g° & g:pi: VS VE Ce rapport une fois dérerminé, il eft aifé d’avoir Les principaux angles du rhomboïde. En effet, 1°. af: fn::g?#4pt; g—pt:: $:1.Ce qui donne pour l'angle fan—11° 32 13", & afn=—78° 27! 47'. 2°. Le rayon eft au cofinus de la plus petite inclinaifon : : 2 p2: g?— p°::4:13. Ce qui donne pour l'anglé axi=7$° 31/ 20", & pour l'inclivaifon de ab d f fur abgo — 104° 28! 40". 3°. Le fiaus de l'angle aigu Formé par la diagonale oblique avec l’une des arêtes adjacentes fur la coupe principale, eft au cofnus du même angle:: ]/3pt g— g%:g—p':: 3: 1;ce qui donne pour l'angle afi=71 33 54", & pour l'angle formé par af avec la diagonale ao —= 108° 26! 6". Paflons aux décroiffemens qui peuvent fe faire fur les différentes parties du rhomboïde, Il y a fix efpèces de décroiflemens poflibles qui donneront des formes fecondaires , fayoir, Un décroiffement fur les bords 44, af. Un fecond fur l'angle à. - Un troifième fur Les bords 44, df. 3 Un quatrième fur les angles b, f. Dans ces différens décroiflemens l2s lames de fuperpofition ne peuvent avoir que la hauteur d’une molécule; ff on fuppoñoit deux hauteurs ou davantage, en auroit des angles rentrans, ce qui paroït contraire aux loix de la criftallifation régulière, Mais il n’en eft pas de même des décroiflemens fur l’angle d'; ils peuvent fe faire, foic en allant de 4 vers a, auquel cas chaque lame n'aura que Pépaifleur d’une molécule, foir en hauteur, en forte-que l'épaifleur de chaque lame fera double, triple, quadruple, &cç, de celle SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. ISL d'uue molécule ; ce qui donne deux nouveaux décroiflemens à ajouter aux quatre précédens. IL n’eft peut-être pas inutile de remarquer qe ces divers décroifle- mens pris feuls à feuls, donneront toujours des rhomboïdes ou des dodécaèdres. Concevons maintenant des décroiflemens fur les bords 46 , af, il en réfultera en général des dodécaèdres , dont une des arètes a mn (fig. 83) coïnciders avec l’arète sd du rhomboïde primitif, & dont l’axe fera Le même que celui de ce rhomboïde. Soir az z Le triangle menfurateur , en appelant z le nombre de rangées fouftraites, on trouvera dm —- n +1 SRI nHr Fes FT = VIP ITS ee pee = E ..….. PARA EE Le SE ER" h 2 2 + p2 Vignsesen—= = D (Nora) +1. Voyons s'il ya un cas où le dodécaèdre auroit fes triangles adjacens deux à deux fur un même plan , auquel cas le sombre des faces du folide fecondaire étant réduit à la moitié, il {eroir un rhomboïde. Dans ce cas am étant l'arête du rhomboïde, il faudra que au foic le tiers de l'axe. 27—1I IT MERE | CT —V gp 38 =; V£p—3g";0ù D'où l'on tire 2—:1 ; ce a indique que le rhomboïde dont il s’agit a lieu en vertu d’un décroiflement par une fimple rangée. Telle eft La ftructure du fpath calcaire très-obtus ( fg. 22), qui a fervi de quatrième exemple à l’article des décroifflemens fur les bords. Pour en déterminer les principaux angles, foient g/, p! les demi- diagonales oblique & horizontale. A raifon du décroiflement par une 271—1] 3 3" On aura donc, fimple rangée, on auraum—2 Vies mais um = VE g'. Donc gigi: 2: 1; d'ailleurs sm—2ds = 2}/p°+g*. Donc 2p': V'P+p:: 2: 1. Donc g':p':: g: 2V/p? +, c'eft-à-dire, qu'en général la demi-diagonale horizontale du rhomboïde fecondaire eft à la demi-diagonale oblique du nouveau rhomboïde, comme la demi- diagonale horizontale du noyau eft à la moitié de l'arète du même EMA. Paie Dans le cas préfent à raifon de p—y2;g=— V/3 ,nous aurons, g:P'iV3:i V5 Donc, 1°. le rapport étant au cofinus de l'angle aigu du rhom- boïde:: g#+ pa: 92—p2:;: 17:17, on aura pour l’angle dont il s'agir 65° 41/4", & pour l'angle obtus 114° 18/ $6//. o ! ë . . . . 2°. Le rayon étant au cofinus de la plus petite inclinaifon des faces : : 4 152 OBSERVATIONS SUR LA. PHYSIQ HE 2pt:pt—plri: AOF RS ceUS inclinaifon fera de 45° 34" 22", & [a plus grande de 134° 25" 38". 3°. Le finus de l’angle aigu formé par la diagonale oblique avec l” ‘une dé arètes adjacentes ( la ji principale , étant au cofinus du mème anole:: 9/3 p' LE MP —pl:;:6:7, on aura pour cet angle 40° 36! 8", & 139° 23' 52" AE l'angle obtus formé par la diagonale avec l’arète oppofée. Concevons maintenant des lee fur l'angle a, dans ce cas nous aurons toujours des rhomboïdes dont ao étant % diagonale oblique, & os l’arète contigue à cette diagonale, la perpendiculaire or menée fur l'axe, fe confondra toujours avec dr. ee pofé , en appelant # le nombre duë diagonales fouftraites, on aura PAS la valeur de aa LOEREEREE) 27 ane 2 FA 2R—T k ET. (ee Or —3g)+t ee Si l'on fait —!, ce qui eft Le cas d’un décroiffement par une fimple rangée de molécules, on trouve ao =°|/ GEL y=, ce qui indique qu alors la diagonale oblique étant infinie, la face für laquelle elle tombe eft horizontale. T'ellé el: la loi de décroiffement qui. produit, les, hexagones fupérieur & inférieur dans le fpath calcaire prifmatique. Concevons que le noyau foit un cube, &faifonsp =} ,g—1,2—=1, ce qui eft Le cas d’un décroiffement par due TANgÉES ; NOUS aUTONS 40 = 2 V6. L’axe as=V/6; & g': P' shg V6. Ce qui eft le cas dy fer rhomboïdal,, dont la ftruéture a été développée à l’article des décroifle- mens fur les angles, & dont le criftal eft repréfenté f9. 45. Maintenant Le rayon eft au cofinus de l'angle aigu du rhomboïde : g2+p'ig—pli: II: . ce fus donne pour les angles plans de ce rhomboïde Re ST GS TNT: Le He eft au cofinus LÉ la plus petite inclinaifon des faces : : 2p2 : 2— pl: :: 16: $ ; ce qui donné pour certe inclinaifon 67° 6' ç4// pour la plus & grande 146° 26! 35”. Eufn, le nus. de langle aigu formé par la diagonale oblique avec l'une des arêtes adjacentes | fuel coupe principale eft au cofinus du même angle comme V3rg tr ASS ES PE :V/8 : $; ce qui, donne pour cette inclinaifon 29° À 29", & pour la plus grande 1603131. Pallons aux décroiffemens qui fe font fur les arêres bd, 4f(fig.82), il en réfultera en général des dodécaèdres à faces triangulaires fcalènes dont un des côtés fe confondra avec l’une des arêtes bd , df,&c. on trouvera en appelant toujours # le nombre des rangées fouftraites, ap SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. :;; I 1 LT STE OU LR PGNRE - RENE Fi 7H EPS y, 2n I roi Ve) dp=] (2) (9P'—38)+i 8 Fe à : RATE 3 T f n+2 aU—= pre = } Co? — 38°) +ige .. Soit r—2; dans ce cas on aura ap — ]// 9 p* — 3 92, réfultat géné. ral qui indique que quand les décroiffemens fe font par deux rangées, la artie dp qui excède l'axe du noyau eft toujours égale à cet axe. © Dans la:même hypothèfe , cherchons quel doir être le rapport entre les demi-diagonales du noyau pour que le grand angle des triangles du folide fecondaire foit égal à celui du rhomboïde primitif. - Soit p df(fig:85 ) l'une des faces du dodédaé dre qui réfulteroit d'ur décroiflement par deux rangées. Si l’on mène Zk perpendiculaire fur fk par le point e , milieu de fs, la ligne eÆ aufli perpendiculaire fur fx, il faudra que dk— an (fig. 82). Or,pg (fig. 84), étant égal à pf, fi Jon mène sy perpendiculaire fur le prolongement de pg, du milieu de sg, LU parallèle à sy; on aura Luek (fig. 85). Or,pgigni: Ps:sy;en fubftituantles valeurs algébriques, & en faifanr op — 38° —= a* pour plus de fimplicité , on trouve pour la valeur de sy = 2 COPA LEE PRES RE SANS LU + at gp? 3 : 7rxz sx. Doncprenant la moitié de cette dernière (=): FEES 3 n — "2 : expreflion & fubftituant à la place de 7 fa valeur = 2, nous aurons aa g° FAO APT 74° +38" F— Doncd4k— de k= = 2er SI ETS e 4 2 = Donc HET VERS Egalant les valeurs de dk & de an, remettant à la place de a: fa valeur 9 p? — 3 8° & réduifant g# — SRB, z tion réfolue en confidérant g comme l'inconnue, donne 2° = ip? , & 19 ; p*. Cette équa- g° = 3 p°. La première donne g:p::]/3: V/2. Ce qui indique que le rhomboïde du fpath calcaire eft celui qui fatisfait aux conditions du problème. … ÿ : La ftructure qui vient d’être calculée eft celle du fpath calcaire métaftarique donc il a été parlé à l'arcicle : des décroiflemens fur les bords. Pour avoir les inclinaifons refpectives des fices de ce folide, remar- quons que l’angle dKke mefure la moitié de celle du triangle 4p f ‘fur _celui qui lui eft adjacent le long de l’arêre pf. Mais on a de:ek :: Var —g: V3p —2g; de plus dans le fpath calcaire 3 p° = Tome XLIII, Part. II , 17993. AOUT.. ; V 154 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, 28° 3 4ap—g=g tp ,&3p—g—8g. Donc dansle cas parti- : LS culier dont il s’agit ici, de: e K::]//p?+-p*: Ve: : V5: 1/3. Ce qui donne pour l’inclinaifon cherchée 104 25° 40”. Quant à l'inclinaifon de deux triangles le long de l’arête.dp, on rrou- . æ : u — vera en général cf: cm ::]/25p°—7g:W 3p gt: V/29:V/3. Ce qui donne pour Pangle cmf—"72° 40/13", & par conféquent 144° 20 26" pour l'inclinaifon cherchée. Ë Imaginons maintenant des décroiffemens fur l'angle 4 ,.en allant de d vers a, c’eft-à-dire, en fuppofanc que chaque dame n’ait que l'épaifleur d'une molécule; dans.ce cas-toures les formes fecondaires feront des rhomboïdes. br Soic do k (fig. 86 }:le triangle menfurateur , 47 le prolongement de ag, on aura al=— WP +g'; ap=- — sn UT purs 1ù Soit cp la moitié de la diagonale oblique, px fera le tiersde l'axe; S PULL + donc pz= - = V3 rip ri + e à où 373 in+s A CRE TEE Si l'on faitr — 1, on trouve cp—?+]/(i)°(9p? —3g) + À 92. Ce qui indique qu'alors l'axe éft infini, & que par coriféquent la face produite eft verticale. Ce cas a lieu dans le fpath calcaire’ en prifme hexcèdre, où les faces des fommets font données ;par : un, nouveau décroifflement. : IL nous refte à parler des décroiflemens fur des angles 2 f( f£g.-82),il eft facile de voir que ces décroiflemens donneront des dodécaëdres dans lefquels l’arête qui répondra à la petite diagonale du noyau fera parallèle à cette diagonale. Soit bc (fig. 87) la moitié de la diagonale horizontale, ce une perpendiculaire fur la farface du rhombe auquel elle appartient; 5 mm 1 | ï 3 PR — gi le triangle menfurateur, onaurace = — Ai Mure) p>2 2101 P° Soit a dsg( fig. 88) la coupe principale du noyau, 10 l’arète parallèle à la diagonale oblique, nous aurons a Re V'op'—3g; io = 217 (ES (on 244 A 21H 1 én 9P 38 r-{ “ Soitz—=?, on aura at =]/ 9 p?— 3°, ce quiindique que Ja partie excédente de l’axeseft précifément égale à cet axe, Mais alors ona 7 = SUR L'HIST: NATURELLE ET LES ARTS. 1ÿ$ 2as3 d'où il fuit que ëz étant Les deux tiers de. l'axe ri, &rz letiers, le folide fécondaire fera un .rhomboïde dont 20 fera la diagonale.oblique, & 10 l'arêracomiguen.cette diagonale. : Telle eff, lay ftrudture du fpath calcaire rhomboïdal aigu qui fait le fujer du fecond, exemple, des décroiffemens fur les angles. À l'aide des formules générales on trouvera en appelant p/, p', les demi-diagonales du criftal fecondaire; g’: p':: 9: ]/apt— 2: V3: 1/5. Ce qui indique. que. la: demi-diagonale horizontale eft à l’oblique comme lai demi-diagonale, horifontale. du noyau, eft à. l’arête, de: ce noyau. Mais ce cas eft particulier au fpath calcaire | dans lequel .on a Var SR VE ge wi Maintenant le rtomboïde étant aigu, le finus total fra au cofinus de' l'angle aigu comme g'1-p#: pl g2::4: 1. Or, ce rapport eft pré- cifément le même que celui qui exifte dans le-rhomboïde primitif entre le finus total & le cofinus dè la plus petite inclinaifôn des faces ; donc dans le rhomboïde aigu les, valeurs, des angles plans font égales aux inclinaffons refpectives-des faces du rhomboïde primitif, c'eft-à-dire , de. 104 28° 40!;;75° 31:20". Remarquons.en paflant que le rapport 7 : p'::1/3:1]/ 5, eft pré- . Cifément le même que celui qui-exifte entre de, &ek (fig: 85). D'où il fuit que l'inclinaifon des triangles du fpath calcaire métaftatique, le long: derl'arêre pfi, eft égale au grand angle des faces du rhemboïde aigu, & à {a plus grande inclinaifon des faces du-rhomboïde primitif, En fecond dieu le finustotal eftiau cofinus-de la pluspetite inclinaifon des: faces du rhomboïde aigu:: 2 p# pl — 22: 5:23; d'où il fuir que réciproquement lesinclinaifons retpeétives: des faces du rhomboïdetaiau fonc égales aux angles plans du rhomboïde primitif,, c’eft-à-dire , de NOR MOTS "70727 477. Enfin, le finus de: l'inclinaifon de l’arête du rhomboïde aigu far la diagonale oblique qui rencontre: cette. arête au fommet du rhomboïde eft au cofinus :: ]/3p*— gt: p2—g::3:1; d'où il réfulte que le quadrilatère formé par deux diagonales obliques oppofées & par les déux arêtes intermédiaires, a précifément les mêmes angles dans le thomboïde aigu & dans le rhomboïde primitif, lefquels angles ont pour valeurs 71° 33 54”; 108° 26 6/!. Voyons sil eft poffble qu'un décroiflement fur les angles », f, produife un dodécaèdre dont tous les triangles foient ifocèles, Dans ce cas on aura/o—t0;27—17,& 23,15. Donc auf 7 =;ai, ou + C2 HI s , 4 NATE a hate ANEU" s ( E d'où l'on tire 7= À, c'eft-à-dire, que le (1 27 Tome XLIII, Part, II. 1793. AOÛT. V 2 ed | 156 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, dodécaèdre dent il s’agit a lieu en vertu d’un décroiflement par trois” rangées de molécules, fur les ‘angles latéraux. NE See ’eft par une loi de décroiffement analogue à célle dont il s’agit ici, & qui fe combine avec celle qui donne le fer thomboïdal, qu'eft pro- duite la variété de fer appelée fer amphitrigone, qui eft repréfenté fe. S1 &' 52. RE: Reprenons le fpath calcaire métaftatique ; nous avons vu que ce criftal étoit produit en vertu d'un décroiffement par deux rangées fur les bords latéraux du rhomboïde, Suppofons que ce décroiflement fe combine avec célui: qui donne le fpath calcaire’ prifmatique, tandis que les lames fubiront vers leurs bords fupérieurs des variations analogues à celles qui produifent le rhomboïde cbtus , il en réfultera un folide femblable au fpath calcaire analogique, & quieft repréfenté fig. 53. Soit rhzy (fig 89): l'un des quadrilatères verticaux ; on concevra fans peine que 77 = :g+ Soit cz (fig. 84) un plan dirigé comme la face dont il s'agit; on aura dh=æ:ad, Donc ch=;au = À Vo —5g; donc (fig. 89) 1hirl::Vop—3#: 2 V8. ::W 9:13; rapport qui indique que le triangle rkx et équilatéral, Dans le même cas Zy —2+1h; donc /r:1y:1 |/3:È::]/ 12: 7. Ce qui donne pour les angles du quadtilatère Ary x ,4 = Co; y — 98° 12/ A6 = 1009534370 Maintenant fi l'on fuppofe un plan tel que x dhe fitué comme l’une des faces du rhomboïde très-obrus, on auræ 4Û— 278, c'eft-à-dire, que le quadrilatère dent il s’agit a cela de commun avec le quadrilarère hry x; que fi on les divife en deux triangles par des diagonales, telles que di, rZ, les hauteurs de ces triangles feront entr'elles :: 2: 1. Dans le triangle fupérieur d7 on aura 4€: 7 4 ge V3: i V5; d’où il fuit que ZC étant double de7£, on aura d£: A: V3 : Vs; c'ef- à-dire, que Le triangle fupérieur dre étant femblable à la moitié d’une des faces du rhomboïde très-obtus , le triangle d he fera femblable à Ja moitié d'une des faces du rhomboïde aigu; d'où il fuit que dans le quadrilatère on à m— 114° 18/ 56; 75° 31° 20"; d—e— 85° 4 52”. On trouvera de même que l'angle ZAr eft droit, & que le triangle r hd eft femblable au quart acb (fig. 82) du noyau. Les décroiffemens qui ont lieu fur Les angles 3, f( fig. 82), éprouvent encore une autre modification qui donne lieu à des réfulrats non moins intéreflans que les précédens. Suppofons que les rebords des lames décroiflantes au lieu d’être allignés parallèlement à la diagonale oblique ad, sinclinent vers l'angle 4, ce qui ne peut avoir lieu qu’en vertu d'un SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 157 décroiflement intermédiaire , il en réfultera en général des dodécaèdres dans lefquels l’arêre gx (f£g. 90) fituée au-deflus de la diagonale oblique du rhomiboïde, fera plus où moins relevée au-deflus du point d. Menons dp parallèle à cette dernière arète; cette ligne fera fituée comme la diagoñalé oblique d'un rhomboïde réfultant d'un décroiffement fur l'angle 2(f% 82), dans lequel la diftance d’une lame à l'autre prife dans le fens de la diagonale da, feroit la même que dans le dodécaèdre dont il s’agit ici. Û L Soit y la demi-diagonale horizontale; & p la demi-diagonale oblique du noyat , dans lecas d’une rangée dé fouftraite, la diftance d’une lame à l'autre dans le fens de Za fera dT (fig. 91) — 4p. En général en nommant z le nombre de rangées fouftraites , [a diftance fera repréfentée par qanp. 3 , Cela pofé, on trouvera pour la valeur de 4x — — 2e : Ver—3g, &ex:eh::4n+i:2n+s. Cherchons maintenant s’il y a un cas où le dodécaèdre auroit tous fes triangles ifocèles.-Alors-e x fera égalèek,-ou 4n+1=2n+#+5$; d'où Von tirez —2, c’elt-à-dire que le dodécaëdre dont il s’agit a lieu en vertu d’un décroiffement par deux rangées. Telle eft laloi-de décroiflement qui donne naiffance aux. trapèzes difpofés fix à fix conune les taces d'un dodécaèdre, dans le fer fynractique dont le criftal eft repréfenté 29. 48. Soit IT ( fg- 92) une coupe prife dans le dodécaèdre , en forte que AIS foit une des faces de la pyramide fupérieure, 4RS le triangle équilatéral adjacent fur l'hexagone de la-bafe, nous aurons IR: RS:: Pr:ér:; Re Vop—3g: Vig::l/18:2, à caufe de n—=25£=1lL Ne Mais RS:RT::/2: V3; donc IR:TR :: V6:1; ce qui donne pour l'angle ITR=— 67° 47’ 15, & par conféquent 13$° 34 31" pour l'inclinaifon mutuelle des faces réunies fur une même bafe AS. Mairtenant la proportion IR: RS: : V/18: 2, donne pour la valeur de 1S—]/22. De plus, AS = RS, =2; donc TS = 1; donc IS : TS::V/22 : 1. Ce qui donne pour l'angle IST = 76° 11/ 25”. III. De l'O&aëdre régulier. Les formules qui viennent d'être expofées déjà fufcepribles de tant d'applications diverfes , relativement à la théorie du rhomboïde, reçoivent # ‘ 1 . \ x 0 une nouvelle extenfion du réfultat général qui ramène à cette théorie, 158 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, celle de pluñeurs autres formes primitives. De cenombre et l'octaèdre régulier, dont les mêmes formules vont nous. fervir à démontrer, la liaifon avec le. rhomboïde, malgré la, différence des formes de ces deux folides, PR FA HSDPA 2 13 TEE GTR Soir roujours aS (f£g. 82 ),un rhomboïde dont l’axe foit fitué verti- calement. Concevons des plans, tels 2 f#, qui paflent par les .deux triangles équilatéraux formés de; part & d'autre du.rhomboïde par la réunion des trois diagonales horizontales ; il eft aifé de voir qu'il en rélulrera deux fegmens tels que ab fg, de forme tétraèdre, plus un octaèdre qui fera le réfidu du rhomboïde. Or, fi on fuppofe que le rhomboïde ait:fes angles plans de 120°, 60° ,.on .concevra aifément que l'octaèdre auquel.il donneroit, naïflance par les, fections indiquées, feroit celui de là géométrie, Ainfi l'octaèdre régulier ne diffère du rhomboïde dont.on. vient Er GT par addition de deux tétraèdres fur deux quelconques de fes faces oppofées | Imaginons maintenant des lames de fuperpofition qui en-s’appliquant fur les différentes faces: de ce rhomboïde décroiflent par une rangée vers fes Bords fupérieurs. Nous aurons pour l’exprefion de l’arête du U .! N He : 35 4 { RE criftal fcondaire 2 PF ) (op 38)+ 18 » À pour celle de- IE diagonalë oblique = Vr+e. Or, icin =} ; LAS: 3447-31 P=3, 8 = 1, par la nature du trianglé équilatéral; donc fubftituant, 14 diagonale fera à l'arête:: 2: ]/2, c'eft-à-dire, que le criftal fecon- daire fera un cube, Ces ; An + Si Fon imagine d’un autre côté dés décroiffémiens par une rangée de petits rhomboïdes complets far les fix-angles latéraux de l’octaèdre ,.les rebords des lames décroiffantes fuivront la même direction que dans le cas précédent, en forte que leur effet fera le’ même ‘que celui des décroiffemens fur. les arêtes fapérienres, &:que le Solide fecondaire. fera encore un cube uniquement compofé de molécules rhomboïdales. IV. Du Dodécacdre DEAR Le dodécaêdre dont il s’agit ici confidéré comme forme primitive, rentre encore dans là théorie du rhomboïde , puüifqu’on peur le regarder, aiofi que l'a prouvé M. Haüy, à, l'article, du.grenat primitif, comme l'aflemblage de quatre rhomboïdes, Occupons-nous d'abord de la détermination de fes angles. Pour y parvenir nous ferons ufage d’une folution aufli fimple quingénieufe , imaginée par le citoyen Coquebert-Mombrai , officier du Génie, membre de la Société Philomatique de Paris, SUR L'HIST. NATURELLE ÉT LES ARTS, ‘159 Soit EP (fg. 93) le dodécaèdre dont il s’agit. Concevons que les points E, P; foient les extrémités de fon axe fitué verticalement. Les quatre shobee DNFL, LCOG,'BR HO, ARIN, dont les _incidences refpeétives font Li 90 degrés, feront AE dans-une-fituation verticale, Il fuit: delà, que les points, C, D, AB, feronc à une diftance de. l'axe. égale à à celle, des: PUR o Bndc, de chacune des grandes diagonales. des 1hombes CLGO, DLEN; enforte que fi l'on imagine que le: quarré ADCB, she par les petites diagonales des quatre shombes, qui fe UE à un même fommet, sabaiffe parallèlement à à lui-même, jufqu' aux, points.8 ,.9,.&ci {fera infcric dans le quarré LORN; d'où l'on conclura que la grande diagonale de l'une quelconque de faces du srpdéceèdre donc Fi s’agit; ASE à (fa pêtite diagonale” comme V2 2: 15/ce qui donne pour Jes angles plans 109° 257 16, 78° 31 je - 7 Confidérons maintenant le point € comme l'extfémité extérieure de l'axe de l’un des quatre rhombéïdes, donc Paffemblage forme le dodé- caèdre. Suppofons' que ur les arètes fupérieures de ce rhombôïde, il fe fafle undécroiflement par une fimple rangée de molécules, qui fe combine avec un ‘autre décroïflemeut aufli par une fimple rangée for les arêtes latérales; fi Pon imagine que la même chofe ait lieu par “rapport aux trois autres rhomboïdes : il én réfultera für chaque rhombe du dodécaèdre une pyramide quadrangulaire dont les faces feront fur un même plan, chacune avec la face adjacente dans la pyramide “voifine. Soit ed1gob (fig. 94) la même portion du dodécaëdre que f. 03, edlcm’,clgou deux pyramides voifines ; fi l’on mène la diagonale mu, le tri jangle cmu repréfentera la moitié En l’une des faces du ho borde qui iélulteroir ‘du premier décroiflement s ”ilétoit feul. Or, cm elt l’arète de ce rhomboïde, cx la moitié de fa diagonale, lefquélles lignes font entrelles::am: 2sm, où comme} (2) 0737) +18 Vr + ST mais ici pP—1,g—=2, n—1; donc, fubftituant — emrcxt: Wir: V/35& mx: cXi :1/8: V3: \Ce rapport une fois dérerminé, on trouvera que les trois lignes cx, 1x ,mx, font entrelles comme les quantités |/ 3, 7/12, 1/8. Ce qui “donne pour les angles du quadrilatère Zmcu, c—117° F3 RU — 8° 27140103 mu 82° 15 3". Telle eft la ftructure du grenat trapezoïdal ; qui aéré développée à l'article des criflaux dont les molécules ‘font des vétraëdres à faces criangulaires 1focèles. 160 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, V, Divers @xemples de Criflaux, dont les formes primitives font Or de P Gr a EP Ip der |A EL St er sh On comprend en général, fous la dénoimiriation de parallélipipède, tous.les folides à fix faces parallèles deux à deux. Lorfque le parallé- lipipède: eft un -rhomboïde, il fuit, pour en connoïtre routes Jes'di- menfions, d’avoir le rapport des deux diagonales; mais dans les autres cas, il faut toujours connoître trois de fes dimenfions pour en déduire les autres angles, & réfoudre les différens problèmes que peut préfen- ter la criftallifation *dans’ les’ formes fétondaires. Soit propofé: (1) pour premier! exemple ‘de déterminer la hauteür de là molécule de la topaze: La'théorie fair voir en général que cette molécule doit être un prifme droit, tétraëdre,à bafes rhombes. Mais l'obfervation feule n’en indique pas la baureur. | Soit (fig. 95) une variété de l’efpèce dont il s’agit, On,obferve que l'inclinaifon du pentagone defga, fur le pan da bc; parallèle à ‘la forme primitive eft égale à celle de l'octogone k:k/mnfg fur l’hexa- gone pqxnmo, qui eft parallèle à la bafe de la forme, primitive. Suppofons maintenant que abc (fig. 96) foit le triangle menfurateur, relativement.aux décroiflemens qui .ont lieu vers le bord a (fig. 95), en faifant bc égal à deuxfois la largeur de la bafe, le .décroifle- ment fe fera par deux rangées, De plus de f ( fig. 96) étant fuppoté le triangle menfurareur, relativement aux décroiflemens qui fe font {ur J'angle de Ja bafe, & qui produifent l’oétogone dont nous avons parlé, à raifon de ef>>ed, cette dernière ligne fera égale: à la diagonale entière, c'efl-à-dire que le décroiflement, aura, lieu par deux rangées fur l'angle aigu de la bafe, L Maintenant, d’après l'égalité d’angle, dont, nous. venons de parler, les triangles abc, def, feront femblables; donc on aura be: ab:: ed—ab:ef. C'eft-à dire, que la hauteur de la molécule eft une \ moyenne proportionnelle entre deux fois Ja laroeur de fa bafe, & {a diagonale entière de cette même bafe. A l’aide de cette donnée & de l'inclinaifon des pans du milieu, égale à 124° 26", il fera facile de cal- culer toutes des formes fecondaires. Propolons-nous pour fecond exemple de déterminer les! dirienfions de la molécule du peruntzé (2). D'abord, fi l’on füppofe que on (fig. 57) repréfente une coupe du petuntzé polynome, on concevra ailé- ment pourquoi, à raifon de cao=efy=—120°, feg=—egd=gdc = dca=150, on aura c / égal à la Jargeur du rhombe o A HB , double (1) Foyez Effai d'une Théorie fur la ftruêture des Crifaux, pag. 188 & füuiv (2) Poyexz les Mémoires de l’Académie, année 1784 )pag. 273 &üiv. de \ SUR L'HIST. NATURELLE ET'LES ARTS. 16 de:1k égal à la largeur du rhomb: GO AD. Dans le même cas, il cft aifé de voir que la largeur de ce dernier rhombe fera à la perpen- diculaire menée du point o fur RB :: J/ 3: 3. Refte donc à trouver la hauteur du parallélogramme GO A D. Dans la variété qui eft repré- fentée fig. 56, l'angle formé par zp Gcde, avec le trapèze dcfu, eft égal à l'angle formé par ce même trapèze, avec ba fklkn. Sup- pofons que les décreiflemens qui donnent le trapèze cos, fe faffent par des fouftraétions d’une fimple rangée, comme le prouve l’obfer- vation; d'après l'égalité des angles cités, on aura la hauteur du rhombe GOAD (fig. 58) égale à la hauteur du rhombe GOBR, c'eft- ä-dire qu'elle eft égale à 3. D'après les mefures prifes fur le criftal, l'angle Afa eft fenfible- ment égal à l'angle GOC, à l'aide de cette donnée, on trouvera; pour la valeur de l'angle, kfa—0oGD 11$° 0’ 8/, & ‘pour celle de OGR:OGD, c’eft-à-dire 57° 30 4". MÉMOIRE SUR LA STRUCTURE DE L'HYACINTHE CRUCIFORME; Par M. GILLOoT, Josevur C1 les fentimens.des minéralogiftes ont été partagés fur la nature de la fubftance, appelée hyacinthe cruciforme. Trompés par la forme extérieure, les uns la plaçoient parmi les zéolithes, les autres parmi les hyacinrhes, Mais fi d'un côté fa dureté, la mefure de fes angles devoient la faire diftinguer deszéolithes, de l’autre ce dernier caractère devoit la rapprocher des hyacinthes, puifque les inclinaifons “refpectives des faces analcgues de tes deux fubftances font peu diffé. rentes entr'elles; aufli ne doit-on pas s'étonner qu'on les ait confondues jufqu'ici. Ce qui avoit encore contribué à les faire ranger fous une même efpèce, c'eft que l'hyacinthe, proprement dite, fe trouve quelquefois abfolument blanche. Au défaut de l’analyfe, la ftruéture feffic feule pour fixer nos idées fur la nature de cette fubitance, qui forme, comme on le verra bientôt, une: efpèce bien diftinde dans le règne minéral, ainfi que l’avoit déjà préfumé M, Haüy. Les criftaux de certe fubftance ( fig. 97) fe divifent, 1°. parallèle- ment aux hexagones z mopqx, X“EONP, &c. qui font à angle droit les uns für les autres; 2°. parallèlement aux rhombes du fommet. Ces dernières divifions font moins nettes & difficiles à obtenir. Suppofons que les coupes qui fe font paralièlement aux rhômbes Tome XLUI, Part, Il, 1793. AOÛT, * - » * "4 ré OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, fe rencontrent, il eff aifé de voir qu'il en réfultera un oétaèdre pour forme primitive; divifé parallèlement à fes faces, il fe réfoudroit en fix octaèdres & huit rétraèdres; mais les Coupes parallèles aux hexagones du criftal (fig. 97) pafleront par les diagonales an, gr (fig. 98); parallèlement à l'axe pe, en forte que chaque octaèdre fe crouvera divifé en deux moiriés, tandis que les tétraèdres refteront intaéts, ce qui fournit un motif de. plus en faveur du rétraèdre, confidéré comme molécule intégrante. Si l'on fait le rapprochement de cette ftruéture avec celles de la zéolithe & de l’hyacinthe proprement dite, on verra que l'hyacinche cruciforme diffère.de ces deux fubftances. En effet, la forme primitive de la zéolithe eft un paralléiipipède rectangle, & les rhombes fnpe- rieurs font produits par un décroiflement fur les angles de la bafe; d'où il fuit que les coupes ne doivent point avoir lieu parallèlement à ces rhombes, comme dans. l’hyacinthe cruciforme; mais, dans le fens d'un plan dirigé perpendiculairemenc à l'axe du criftal. Dans hyacinthe proprement diteson a bien des lames parallèles aux rhom- bes du fommet; mais les autres coupes font des angles de 135 degrés avec les faces du prifme dont; elles interceptent les arêtes, ainfi que l'a trouvé M. Haüy. _Cetre- différence de ftruéture entre ces,deux fubflances, devoic faire . foupçonner que leurs angles n'étoient pas ablolument égaux : auf, en mefurant avec foin lestinchinaifons refpeëtives des faces analogues, trouve-t-on upe différence de 3° ) 33 24,8 | 22,2 24,8 | 22,0 2 22,8 24,5 | 22 { 34,6 | 30,2 4553 | 3522 45 ee 45 ; 53 ; 45 | 53 | (a) Le réfultat général de toutes mes obfervations , faites à Montmorenci depuis 25 ans, donne pour la plus grande chaleur du mois de juiller 24, { différence 2 a été d 6 degrés »7 degrés ) & pour la chaleur moyenne de ce mois 14,9 degrés, elle € 16.0 degrés ( différence 1,1 degré) à Paris, par un réfultat de 27 anss plus grande chaleur en juillet, 5,20 degrés, chaleur moyenne , 16,3 degrés. SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 227 Il réfulte de ces Tables, 1°. que la plus grande chaleur à l’ombre a eu lieu dans les deux thermomètres extérieurs le 16 à r 2 heur. loir, & la plus grande chaleur au foleil, le #4 à 5 heur. foir au thermomètre extérieur à mercure ; les nuages ont couvert le foleil pendant prefque toute l'après-midi du 16. J'ai remarqué plufieurs fois qu'un nuage qui pafloit devant le folei! faifoit baifler prefque fubiremenc le thermomètre de 2 & 3 d. 2°. La chaleur moyenne diurne au thermomètre N°, 1, a été de 22,2 d. à l'ombre, & celle du N°. 2 de 23,6 d.avec une différence de 1,4 d. Celle du N°. # au foleil a été de 30,2 d. & celle du N°. 2 de 35,2 d. avec une différence de $,0 d. 3°. A l'égard des thermomètres intérieurs , la plus grande chaleur s’eft rendue fenfble fur les quatre le 16, mais à des heures différentes, favoñ:, à 7 heur. foir fur les N°. 3 & 4 du cabinet, & à 1 + heur, foit fur les N°5. $ & 6 placés dans la chambre. 4°. La chaleur moyenne diurne des rhermomètres intérieurs à mercure a été de 22 d. dans mon cabinet, & de 22,3 d. dans ma chambre, Celle des thermomètres: intérieurs d’efprit-de-vin, a été de 22,2 dans mon cabinet, & de 22,8 d:dans ma chambre, 5°. On voit que la dilaration de l'efprit-de-vin eft toujours un peu plus grande que celle du mercure, & que plus la chaleur augmente, plus les dilatations fimultanées de ces deux fluides diffèrent entr’elles. En général le mercure fuit une marche plus uniforme dans fes dilatations & fes condenfations que l’efprit-de-vin. 6°, Le moment où les dilatations de ces deux fiuides diffèrent davantage , eft lorfque le foleil frappe fur les boules ou les cylindres qui les contiennent; la couleur rouge de l’efprit de-vin ablorbe & concentre les rayons du foleil que la blancheur du mercure réfléchit ; d’où réfulte néceflairement une différence dans les dilatations relatives à la différence des couleurs & indépendante de celle qui tient à la nature des deux fluides. C’eft à ces deux circonftances qu'il faut attribuer la différence de chaleur obfervée fur différens thermomèrres, ainfi qu'à la différence d’expofition , à la réverbération des rayons folaires occafionnées , foit par le pavé, foit par un mur, un bâtiment voifin ; à la chaleur concentrée entre les maifons élevées d'une ville , comparée avec celle que l’on mefure fur un inftrument placé devant une campagne découverte. À Paris on a obfervé le thermomèrre à l’Obfervaroire le 8 à 30 + d. au Collèse de France à 28 d. à l’obf-rvatoire de la Marine , rue des Mathurins, à 31+d. Tous ces thermomètres font à mercure. J'ignore quel degré ils fe font élevés le 16, jour de la plus grade chaleur Mortmorenci, À Laon le thermomètre de mercure eft monté le 8 Tome XLIIL, Part, 11, 1793. SEPTEMBRE. Ff2 De for pe “ NC 228 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, 25 d. & le 16 à 26 d. Cette villeeft élevée de 90 toifes au-deflus de la Seine à Paris, & de 100 toiles au-deflus dela mer, 2: ] La ceflation abfolue de. ma correfpondance: météorologique depuis deux ans, me privera du plaifr d'inftruire le Public de lintenfté de la : chaleur obfervée dans les diflérentes villes de la France & de l'Europe , 1 comme je l'ai fait toutes les fois que nous avons eu quelqu'époque remarquable dans l’hiftoire de la température de l'air. Je terminerai ce Mémoire, en rapprochant les dérailsrelatifs à la chaleur que nous venons d'éprouver, de ceux qui nous ont fait connoître la plus grande chaleur dont on fe fouvienne ; & qui a eu lieu en juillet 1753. On a imprimé quelque part que le."7 juillet 1753 le thermomètre s'étoit élevé À Paris à 32.& même à 33 d. à l'ombre. Le fait eft qu'il n'a monté à l'Oblfervatoire royal de Paris qu’à 30 + d. l’ancien thermomètre de Delahire placé à côté de celui de Réaumur, S'eft élevé à 84 de (Voyez Mém. de l'Acad, année 1753, page 589.) J'ai confulté auñli les obfervations faites dans le même tems à Denainvillers en Gatinois chez M. Duhamel.; le thermomètre s’eft élevé anfli le 7 juillet à 29 d. (ibid. année 1754, page 396) il paroît que la chaleur n’a été forte que pendant trois jours, favoir, le 6 à 25 d.ile 7.à 29 d.. & le 8 à 27 : d. Dès le 9, la plus grande chaleur du jour n'a été que de 18 © d, M. Duhamel remarque qu’il n’y a eu que deux jours de pluie dans tour le mois de juillet (les 15 & 16), à Paris on n'a mefuré dans le mois entier que 11 +lign. d'eau. , Pour comparer la chaleur de 1753 à celle de 17093, il faut entrer dans quelques détails relatifs au thermomètre d’efprit-de-vin dont on. faifoit ufage alors & aux principes de fa conftruction. On appeloit en 1753, comme on appelle encore aujourd'hui, ces thermomètres zhermomètres de Réaurmur ; mais deux circonftances auxquelles on ne faifoit point attention il y a quarante ans & même il y a vingt ans, & qui ont fixé celle de MM. de Luc, Van-Swinden & Gauffin depuis cetre époque , rendent la marche du thermomètre de 1753 différente de celle des thermomètres qu’on a conftruits d’après les véritables principes de M. de Réaumur, rétablis par M. de Luc; & dont on s'éroitécarté peu de tems après la publication-de la méthode denotre favant natura- lifte: 1°. on avoit mal faifi les deux points fondamentaux de l'échelle de M. de Réaumur 3 2°, on étoir perfuadé fauflement que les thermomètres de mercure & d’efprit-de-vin étoient comparables & qu'ils fe {uivoiene exactement dans leur marche. Je me contente d'indiquer ces deux caufes de différences entre les thermomètres dont on fe fervoit en 1753, & ceux dont on fe fert aujourd'hui. On peut confulter les ouvrages deé favans cités plus haut, & ce que j'en ai dit moi même, d'après de nombreufes obfervations que j'ai faites pour comparer les thermomètres de mercure & d’efprit-de-vin , dans mes deux volumes de Mémoires Jux SUR L'HIST. NATURELLE ‘ET LES ARTS.) 229 Ta Météorologie. (Woyez Recherches fur les Modifications de l Atmof= Phère; par M: de Luc. — Differtation fur la ‘comparaifon des T'herméméires ‘pa M.Väan-Swinden.-— DifJertation fur le Thermomètre de Réaumur ; par M, Gaufin.) 5 ns irotelt s1C'eftd’après letravail de M. Ze Luc fur le thermomètre-de Réaumur, que M. F'an-Swinden a fait graver un tableau comparatif des thermo- mères connus, tableau que j'ai fait imprimer en plufeurs feuilles à la fin du premier volume de mes Mémozres: fur la Météorologie. Or, felon ce rableau de comparaifon ; on voit que. 30 : d. du thermomètre d’efprit-de-vin dont ôn failoit ufage avant: M: de Luc, répondent à 28,5 du thermomètre à mercure, rectifié- par, M. de Lic.; ainf la chaleur de17;3 n’a éré: réellement, d’aprèsinos thermomètres a@uels delnrercüre, que de 28,5 d:&i:comme elle n’a pas duié auffi long-tems que! celle que nous venons d’éprouver , il s'enfuir.que lintenfiré de {a chaleur-moyenne en juillet:1753 a été moindre que celle de juillet 17933 k%14 Ce n’eft point par les élévations extrêmes du thermomètres qu’on peut jugér de l'intenfité de la chaleur de l'atmofphère dans un terms donné, mais par Ja chaleur moyenne qui réfulre des obfervarions faites pendant ‘ce tems; en Amérique il eft rare que le thermomètre monte aufli haut qu'en France; mais comme il fe foutient habituellement à 18, 20 & 22 d, la chaleur moyenne de l’année eft de près de 20 d. tandis qu’à Paris elie eft tout au plus de 10 d. A Montmorenci dans le mois de juillet , Le thermomètre s’eft élevé en 1775 à 27 ; d. la chaleur moyenne n’a été que de 15,7 d. En 1776, il s'eft élevé à 27‘ d. la chaleur moyenne a été de 16 d. En 1778, ine s'eft élevé qu'a 25,5 d. & la chaleur moyenne a été de 16,1 d. Il eft vrai que je me fervois alors d’un ther- mométre à l'efprit: de-vin, le même qui a mefuré pendant ce mois la chaleur de 27,4 d. ie &,& de 28,8 le 16. Ainfi la chaleur que nous venons d’éprouver , doit toujours être regardée Comme la plus grande que l’on ait éprouvée dans ce fiècle. ë 11 eft ‘rès-diicile de déterminer exactement le deoré de chaleur, fur- tou: loriqu'eile ef pouflée à un point aufli extrême. 1°. Les rhermo= mètres dé mercure & d'éprit-de vin dffèrent d'autanr plus entr'eux que la chaleur eft plus grande. Celui d'efprit-de-vin eft le moins propre à mefurer les deorés de grande chaleur, parce que ce fluide étant très- expanfble lorfque la chaleur eftrrès-forte, il fe vaporife en quelque forte : c’elt ce que j'ai éprouvé autrefois, en plongeant dans l'eau bouillante deux étalons de mercure & d’efprit-de-vin ; ce dernier s'emporta & monta à 110 d. en laiflanr du vuid: dans la colonne, tandis que le premier {e fixa «randuillement à 80 d. 2°. L’expofition influe auf beaucoup fur la marche de cer inftiument. En été. il eft difficile de le mettre à l'abri des reflets du foleil; s’il eft appuyé contre un mur, alors c’eft la chaleur 2350 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, de ce mur qu'il indique, & non pas celie de l’air ; il faut donc qu'il foié fufpendu dans l'air, fans coucher à d'autres corps que le moins poflible : œlle eft la pofition de mes thermomètres, 3°. J'ai déja fait obferver.que l'air, dans l'intérieur des villes, eft tellément gèné & concentré, qu'il acquiert toujours plus de chaleur en été & moins de froid en hiver, que l'air libre & dégagé des campagnes ; aufli la chaleur eft-elle toujours plus grande à Paris , & le froid y eft moins vif en hiver qu'il ne l’eft à Montmorenci; il en eft de même de Montmorenci comparé avec Laon fitué fur une montagne ifolée de route part , & recevant fans obftacle toutes les influences de l’air. La pofñrion de lOblervatoire de Paris reflemble aflez, à la vérité, à celle des campagnes; mais la mafle du bâtiment échauffé par le foleil, doit néceflairement communiquer fa chaleur à l'air qui l’environne. Le thermomètre eft placé à la circonfé- rence d'une efpèce de tambour qui tourne pour pouvoir obferver l'inftru- ment dans l'intérieur du cabinet; l'air concentré dans ce tambour & le tambour lui-même doivent contreéter un degré de chaleur plus grand que celui de l'air ambiant & le communiquer au thermomètre. Nous ne pouvons donc obtenir que des à-peu-près, & voilà à quoi nous en fommes réduits le plus fouvent dans prefque routes nos recherches phyfiques. F Montmorenct, 31 Juillet 1793. AFPINAA LEA SE De la Toile du Tifferand d'Automne, connue du peuple Jous le nom de Fil de la Vierge; Par le C. SAGE. EË ETTE toile ef due à une efpèce de rique , que Geoffroi défigne fous le nom de tiflérand d'automne, Accarus Jfufeus autumnalis” Lextor. Hift. abrég. des [nfectes, tom. 2, p. 626. ; Le tiflerand d'automne file une toile blanche, légère & opaque; on ne remarque point de fymétrie dans fon tiffu comme dans la toile des araignées, ce ne font que des fils parallèles. Le vent emporte fouvent les toiles de nos tiflérands d'automne, & confond fi bien leur fil qu'il en réfulte quelquefois de petits pelorons. Les expériences comparées que j'ai faites fur la foie & fur les toiles du tiflerand d'automne , font connoître que l'une & l’autre matière font de SUR L’'HIST. NATURELLE ET LES ARTS, 237 même nature, & qu’elles ne diffèrent que par la quantité d’huile qu’elles contiennent. it ; ; Avant de foumettre à l’analyfe les toiles du tiflerand d'automne, j'ai eu foin de les féparer de tous Les corps étrangers qui s’y trouvoient. Cette befogne , quoique longue & ennuyeufe, m'a paru préférable au lavage. J'ai diftillé au fourneau de réverbère dan: une:cornue de verre luttée, une once de toile de tiflerand d'automne; j'ai adapté & lutté à la cornue un récipient tubulé qui communiquoit à un appareil hydropneumatique. 11 a pañlé de l’eau mélée d’aikali volatil, de l'huile noire fétide & épaifle, du gaz alkalin & de l'air inflanimable ; j'ai laiflé refroidir les vaifleaux : je les ai déluttés feize heures après l'opération, & j'ai trouvé fur les prrois du récipient de rrès-beaux criftaux d’alkali volatil , il ne refta que quelques gouttes d’eau aikaline. L'huile & l’aikali volatil qui étoient dans le récipient avoient une odeur très-défagréable; j'expofai une lame d'argent à l'orifice du récipient, belle y noircir comme fi elle eùt été expofée à la vapeur du foie de foufre en décompolition, : Le réfidu de la difillation étoir un charbon poreux & tiès-léger. Produits de la diflillation d'une once de toile du Tifferand d'automne. Alkali volatil concret ...,.......... 3 gros 24 grains. Huile noire épañfle. . + . « à. ee eee ee 01e 48 (baron Ps lines Ve ie delete ee let 02 24 7 24 Les 48 grains qui manquent pour completter l’once , ent fourni le gaz alkalin & J'air inflammable. J'ai brûlé dans un teft, le charbon fpongieux, & je n'ai obtenu que 36 grains d'une cendre brunâtre en partie attirable par l’aimant. Cette terre fe nouve donc dans la proportion d’un feizième , dans le fil de nos tiflerands d'automne. Cette cendre brune ne fait point d’effervefcence fenfible avec l'acide nitreux, J'ai expofé la cendre de la toile du tiflerand d'automne à un feu violent, elle a produit un émail grisâtre. Les produits de la diftillation de la foie (1) font connoître la diffé- rence qu'il y a entre cette matière & la toile du tiflerand d’automne. (x) J'ai employé dans ces expériences 14 foie jaune , telle qu’élle fe trouve fur les coques. , 255 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, Produits de la diflillation d'une once de Soie. 28 Alkali volatil ...tesdt, anus ‘1 gros 32 grains. Huile rougeâtre . dessertes 34 Charbon tee dede OA ae RE NE 6 * — 7 Les 72 grains qui manquent pour completter lonce fe font diffipés en partie Cre forme de gaz alkalin & d'air inHämmable. L’aikali volatil qui a paflé dans la diféillation de la foie étoit plus aqueux que celui retiré des toiles du tifferand d'automne; l'alkali volatil de la foie éroit criftallifé fous de l’eau alkaline. L'huile retirée de la foie érôit colorée & en bien'plus grande quantité ue celle fournie par le tiflerand d'automne, *Le-charbon laïflé par la foie étroit d'un tiers moins pefants incinéréf dans un teft, il n’a laiflé que huit grains’ d’ une cendre orife & légère, par once dé foie. La cendre de La foie fe diflout avec eRivéenée ee l'acide nitreux, tandis que celle du tifférand d'automne ny éprouve ‘prefque point d’alrération. } J'ai mis de ja toile du tifferand d'automne dans de l’eau diftillée , elle ne s’en eft que peu pénétrée , & a refté conftamment nageanre ie deux eaux , randis que la foie eff aifément pénétrée par Peau & ne tarde pisafe précipiter au fond, ÿ Les acides minéraux ont de l’action fur la toile du tifferand d'automne, & l’altèrent de divérfes manières fuivant leur concentration. J'ai mis dans de l'acide vitriolique concentre de, la toile du tiflerand d'automne, elle s’eft précipirée fous cet acide, y eft devenue jaunâtre , tranfparente & gélatineufe, l'ayant lavée dans de l’eau diftiilée , elle ft devenue blanche opaque , 8 un peu élaftique. L'huile de vitriol (1) qui avoit été tenue en digeftion fur cette toile avoit pris une couleur jaunâtre. Cetre même huile de vitriol érendue d’une partie d’eau a diflousfavec effervefcence le. fil‘ du tiflerand d'automne. La diflolution étoit tranfpa- rente & avoit une couleur jaune:ambrée, La foie ayant été mife en digeftion avec de l'huile de vitriol a produit RER TRS CITE TT ER Mme MVC PE IT SITE TITI D OT Pre “2 EN EME Le (1) Les chimiftes néologues trouveront cette expreffion vieille & infignifiante ; mais je leur rappellerai, qu'Epicure difoit : veut-on être entendu, il faut employer les exprefMons les plus fimples , les plus communes , pour ne pas perdre le tems à s’inter. prêter foi-même; ce dont on ne peut fe difpenfer dans la nouvelle noménclature, le ï P | Û “ À À SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 2% le même effet que la toile du tifferand d'automne, elle s’eft entièrement diffoute avec effervefcence dans le même acide étendu d’une partie d'eau. L’acide nitreux agit fur la toile du tiflerand d’automne ainfi que fur la foie, J'ai mis dans de l’acide nitreux la toile du tiflerand d’automne , elle s'elt précipitée fous cet acide qui elt devenu laireux & opaque: ; feize heures après, j'ai crouvé au fond de l'acide nitreux , la toile du tifferand qui avoit perdu la plus grande partie de fa cohérence ; je l'ai lavée dans de l’eau diftillée , je l'ai fair (écher, enfuire je d'ai mufe fur des charbons ardens , elle a brûlé en répandant une odeur de corne. Afin dé reconnoître la nature de la marière qui s'éroit difloute dans l'acide nitreux (1), je lai étendu de vingt parties d’eau diftillée, 1l eft devena limpide ; j'ai verfé dans cette diflolution de Fhuile de tartre pat défaillance , il s’eft fait une vive effervefcence , le vafe s’eft trouvé rempli de moufle, la diflolution a pris une couleur jaune, il s’en eft précipité des flocons jaunâtres , lefquels après avoir été lavés & defléchés éroient infolubles dans l'acide nitreux & nageoient à fa furface. Ces flocons mis fr des charbens ardens brülent & répandent une odeur femblable à celle de la corne. 5 J'ai mis de la foie dans de l'acide nitreux , elle y eft devenue tranfpa- rente ; feize heures après on ne remarquoit plus dans l’acide nitreux qui avoit pris une couleur jaune, que des fibres capillaires tranfparentes. Les ayant retirées avec un tube de verre, elfes fe font réunies, & ne formoienc plus qu’une mañle olutineufe élaitique , lorfqu’elle étoit molle & fragile après avoir été defléchée. Si on la met fur des charbons ardens, elle répand une odeur de corne brûlée. * J'ai verfé de l’aikali fixe dans l'acide nitreux qui avoit fervi à réduire la foie à l’état glutineux , il s’eft:fair une vive effervefcence accompagnée de beaucoup de moufle , il s'eft précipité une efpèce de gelée de la nature de celle que la toile du tiflerand d'automne avoit produite par le même moyen, - Si l'on met fur la toile du tifleranä d'automne feize parties d’acide nitreux à 27 degrés, elle s’y diflout à chaud fans effervefcence , & fe décompofe fans que l'acide nitreux fe phlogiftiques lorfqu'il ne refte plus qu'environ un feizième de fluide dans la cornue, on laïffs refroidir l'appareil, & douze heures après on trouve dedans des criftaux d'acide faccharin. Si l’on emploie moitié moins d'acide nitreux , on obtient par l'évapo- ration un rélidu noir qui a l'odeur de caramel. La foie foumife à la même expérience préfente les mêmes réfuitats. (x) L’acide nitreux précipité que j’ai employé, pefoit une once trois gros , dans un flacon qui contenoit une once d’eau diftillée. Tome XLITI , Parc. IL , 1793. SEPTEMBRE, Gg 234 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, La toile du riflerand d'automne, de même que la foie fe diffélvent dans les leffives alkalines , (ans qu'il s’en dégage d'alkali volatil , ce qui auroit lieu sil entroit en nature dans ces productions animales , mais cet alkali volatil & forme pendant leur décompoftion à feu nud, & l'acide faccharin principe de la foie & de la toile du tifferand d'automne, fe modifie & reprend le caractère d'acide igné qui eft partie intégrante dés alkalis, PRET PETITE EE EN ETES TP OEUEL TA TOREOUNELE ER TEZAN NES SEL SRB FORME MÈRE IE ETES LT SERIE LIEU EIRE) EXT A AUTIE Des Obfervations météorologiques faites à Montmorencs s pendant le mois d'Août 1793 ; Par L. CoTxr, Curé de Montmorenci, Membre de plufieurs Acadèmies. Drrurs près de trente ans que j’obferve , je n’ai pasencore vu de fécherefle auf lonoue & aufli opiniatre que celle qui règne depuis cinq mois. Celle que nous avons éprouvée ce mois-ci , a encore été plus grande que la fécherefle des mois précédens;-on.en jugera par le compte que je rendrai de la quantité de pluie que jai mefurée. La chaleur, quoiqu'inférieure à celle du mois de juillet , a encore été aflez forte : elle étoit modérée par la fraîcheur des nuirs, Cette température chaude. & sèche a été obfervée pendant les: étés des années de: la période lunaire de dix-neuf ans correfpondantes à celle-ci , ainfi que je V’ai vérifié en confultant les obfervations météorologiques confignées dans les Mémoires de l Académie des Sciences & dans mes regiftres d’obfer- vations, Les arbres font tellement alrérés par cette féchetefle, & par un vent impétueux qui æ& fouflé: les 17 & 18, que les feuilles font fanées & tombent comme en automne. Ce grand vent a abattu aufli beaucoup de fruits. Les légumes font abfolument defléchés dans les poragers. Les pommes-de-terre qui fembleroient devoir moins fouffrir de cette tempé- rature , ne profitent point ; aufli font-elles ; ainfi que lesiautres légumes, d'un prix exorbitant ; il en eff de même de toutes-les denrées de première néceflité , de manière qu’on n’envifage l'hiver prochain qu'avec les plus vives inquiétudes, Le tems a été on ne peut pas plus favorable à la récolte du bled & des autres grains, elle a été abondante & le grain eft de la meilleure qualité. La vigne eft très belle, le verjus ‘ef aflez gros maloré la féchereffe ; il commençoit à tourner le 22. Le premier ; on fcioit les fromens & on fervoir les pêches. Le 6, on cueiloit les fimues, ily en-a très-peu , & Je 20, les melons qui font petits , mais très-fucrés, SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS, 23; Température de ce mois dans les années de la période lunaire de 39 ans corre/pondantes à celle-ci, Quantué de pluie en 1717, 14: lign. en 1736, 16 : lign. en 175$ (à Denainvillers en Gatinois chez M. Duhamel) Vent dominant, fud & fud-eft. Plus grande chaleur, 22 © d.les 18 & 19. Morndre, 9 d. le 4 Moyenne, x$,1 d. Plus grande élévation du baromètre, 27 pouc. 10 lign. le 10. Moindre , 27 pouc. 7 lign. le 3. Moyenne , 27 pouc. 7,2 lign, Température, aflez froide & humide. Nombre des jours de pluie, 6. En 1774. (à Monr- morenct ). Ÿ’ents dominans , les fud-oueft & nord-oueft, Plus grande chaleur, 24 : d. le 22. Moindre, 8 + d. le 11. Moyenne, 1$ © d. Plus grande élévation du baromètre ; 28 pouc. 2 lier les 2 & 12, Moindre, 27 pouc. $ lign. le 28. Moyenne , 28 pouc. oj00kign. Tem- pérature, chaude & sèche. Quanrité de pluie, 2 pouc, 7,3 lign. d'éva poration, $ pouc. 7 dign. Nombre des jours de pluie, 11. De ronnerre , 2. Températures correfpondantes aux diffèrens points lunaires. Le 2 (quatrième jour avant la N. L.) beau, chaud. Le 3 (Zuniffice boréal) nuages, chaud. Le € (N.L.) beau, chaud, Le 7 (apogée) idem. Le 10 (quatrième jour après la N. L. & equinoxe deféend.) nuages, chaud, vent. Le 14(P. Q.) beau , chaud. Le 17 (quarrième jour avant La P. L. & luniflice auffral ) nuages ; aflez froid , tempête , changement marque. Le 21 (P. L. & perigee) beau , chaud. Le 23 (équin. afcendant ) idem , vent. Le 2$ (quatrième jour après La P.L,) beau, chaud, Le 28 (D. Q.) nuages, doux. Le 30 (luniflice boréal) idem. En 1793 Vents dominans , les noïd , nord-oueft & ouelt ;ils furent violens les 10, 15,16, 17, 18 & 31: En général ce mois a été venteux. Plus prande chaleur, 24,0 d. le 13 à 2 heur. foir, le vent fud-ouelt & le ciel ferein. Le thermomètre d’efprit-de-vin eft monté le mème jour à la même heure à 24,0 d. &: les chermomètres intérieurs, foit de mercure, foit d'efprit-de-vin, à près de 24,0 d. Mais cette grande chaleur n’a pas duré. Morndre chaleur, 6,9 d. le 25 à $ heur. matin ,le vent nord & le ciel ferein. Différence, 17,1 d. Moyenne au matin, 10,8 d. à midi, 18,7 d. au for, 13,4 d. du jour, 14,3 d. Plus grande élévation du baromètre, 28 pouc. 2,50 lign. le 21 à 9 heur, foir , Le vent nord & le ciel ferein. Moëndre ; 27 pouc. 6,12 lign. le 17 à 2 heur. foir, le vent fud-oueft violent & le ciel couvert: Difference , 8,38 lign. Moyenne au matin, 27 pouc. 11,30 lign. à midi, 27 pouc. 11,17 lign. au fosr , 27 pouc. 11,31 lign. du jour, 27 pouc. 21,26 lign: Marche du baromètre , le premier à ÿ heur. matin, 28 pouc. 0,71 lign. Le premier monté de 0,34 lign. du premier au 3 baïfe de 4,65 lign. du 3 au 6 M. de 4,69 lign, du 6 au 7 B. de 2,97 lign. du 7 au 11 M. de 2,56 lign. du 11 au 13 B. de 2,44 lign, Tome XLIIT, Par. Il, 1793. SEPTEMBRE, Cg2 236 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, du 13 au 14 M. de 1,96 lign. du 14.au 15 B. de 4,94 lign. du 15 au 16 M. de 1,59 lign. du 16 au 17 B. de 3,70 lign. du 17 au 21 M. de 8,38 lign. du 21 au 24 B. de 2,53 lign. du 24 au 25 M. de 0,05 lien. du 2$ au 27 B. de 2,97 lign. du 27 au 28 M. de 2,45 lign. du 28 au 30 B.de 3,40 lign. du 30 au 31 M. de 1,42 lign. Le 31 B. deo,36lign. & M. enfüuite de 0,69 lign. Le 31 à 9 heur, foir 27 pouc. 10,75 lign. Le mercure s'eft toujours foutenu aflez haut, mais il a beaucoup varié pour un mois d'été, fur-tout en montant les 4, 5, 13,16, 18, 20 & 27; & en defcendant , les 2,3,7, 14,15, 17, 26,% 29. Plus grande déclinaijon de l'aiguille aimantée, 22° $7! le 18 à $ heur. matin & à midi, le vent oueft,violent, & le ciel en partie couvert. Moindre, 22° 12! le 22 à 8 heur. matin’, Le vent nord & le ciel frein, Différence . 45/. Moyenne, à 8 heur. matin, 22° 23" 31"; à midi, 22° 24! 6/!, à 2 heur, for ,22° 23 18/!, du jour, 22° 2338". Il eft tombé le 3 une ligge d’eau , & le 18 une demi-ligne; voilà toute la pluie tombée pendant ce mois. L’évaporation a été de 62 lign, Le ronnerre s’eft fait entendre de prés le 13, & de loir le 17. L'aurore boréale a paru le 26 à 8 heur. foir , elle étoit tranquille & elle a peu duré. Le lendemain l'aiguille aimanrée a éprouvé une variation à chaque époque du jour où je l'obferve, çe qui ne lui étoit point arrivé depuis du tems. Le règne de la petite-vérole a entièrement ceffé ; nous n'avons point gu d’autres maladies. Pendant les huit derniers jours de ce mois crois ptrfounes font mortes fubirement, deux d’apoplexie, & une autre d'une inflammation de bas-ventre. ï Montmorenci, 2 Septembre 1703. sn een A ES RS ARR een nr nn) DE LA DIVISION DU TEMS. C E travail important doit être dirigé par les connoiflances aftrono- miques. Toutes les nations (excepté les arabes & les mufulmans) ont établi sette divifion d’après les mouvemens apparens du foleil : mouvemens qui font d’un bien plus grand intérêt pour nous que ceux de la lune. Les aftronomes , dès la plus haute antiquité, ont divifé la marche du -foleil en quatre grandes époques, correfpondantes aux quatre faifons, 1°. Sa marche de l’équateur au folftice du eancer : c’eft le printems, 2°. Son retour de ce folftice à l’équateur : c’eft l’été. | 3°, Sa marche de l’équateur au folftice du capricorne : c’eft l'automne. g* Son retour de ce folftice à l'équateur : c'eft l'hiver, ( oser tin dit SUR L'HIST, NATURELLE ET LES ARTS, 237 Ils ont fous-divifé chacune de ces époques en trois. Ce qui fait douze fous-divifions , qu'on a appelées les douze fignes-du zodiaque. Chacun de ces fignes conftitue le mois aflronomique. L'année eft de 365 jours $ heur. 46’ 48". Je penfe qu'on ne peut mieux faire que d’appliquer à l’ufage civil les mois aftronomiques. Je commençerai donc l’année au premier degré du figne du bélier; & le premier mois correfpondroit à ce figne. : Le fecond mois commenceroit à l’inftant, où le foleil entre dans le figne du taureau, Il en feroit de même de tous les autres mois, % Chaque mois portera le nom du figne correfpondant du zodiaque, Je vais rapporter, d’après les aftronomes (1), l’inftant où le foleil entre dans chaque figne, & par conféquent celui où commencera chaque mois. Noms des Signes du Zodiaque ou Mois. Bélier 20 mars au 19 avril.........30 jours Taureau 19 avril au 20mai,.........31 joursQ 93 jours Gemeaux _20 mai au 21 juin..........32 jours Cancer 21 juin au 22 juillet ........31 jours Lion 22 juillet au 23 août ........32 jours$ 93 jours Vierge 23 août au 22 feptembre, .....30 jours Balance 22 feptembre au 23 octobre... .31 jours Scorpion 23 octobre au 22 novembre. ..430 jours$ 00 jours Sagittaire 22 novembre au 21 décembre. , 29 jours Capricorne 21 décembre au 19 jafvier, . ...29 jours Verfeau 19 janvier au 15 février. ......30 jours> 89 jours Poiflons 18 février au 20 mars... .....30 jours 365$ jours La faifon du printems efl de 93 jours, La faifon de l'été eft de 93 jours. 2 (1) Afronomie de Lalande, troifième édition, tom, I’, pag. 29, 238 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, On pourroit fans inconvénient faire chaque mois de ces faifons de 31 jours. On laïflera ceux des autres mois, comme les indique la marche du foleil, r Mais divifera-t-on chaque mois en parties égales à Ou laïflera-t-on fubfifter la divilion de fept jours ou femaine , admife aujourd’hui pat la plus grande partie des nations. : La femaine de fept jours paroît fondée fur les mouvemens de la lune , dont les phafes arrivent à-peu-près tous les fept jours. Mais puifque les autres divifions du tems font réglées d’après les | mouvemens du foleil , il paroîtroit qu’on devroit abandonner la divifion lunaire par fept jours, Nos mois font des mois folaires, & non des mois lunaires, : Je diviferai: donc chaque mois en quatre parties. Les mois de trente-un. jours auroient trois fous-divifions de huit jours, & une de fept. Les mois de trente jours auroient deux fous-divifions de huit jours , & deux de fept. Les mois de vinot-neuf jours auroient une fous-divifion de huit jours, & trois de fept. On conferveroir le nom de /émaine à la fous-divilion de fept jours, Et on donneroit le nom de Auimuaïne! à la fous-divifion de huit jours. Cette inégalité dans ces fous-divifions du mois ne cauferoit aucun embarras, parce qu’on continueroit de calculer comme aujourd'hui, par les jours du mois, & non par ceux des fous-divifions /émaine & huimaine. Les mois des: Romains étoient fous divifés en époques bien plus inégales, les calendes, les des , les nones. Quant aux jours de repos fixés au commencement de la femaine, cette. opération n'en ôte que quatre dans l’année ; & c'eit dans la faifon où les travaux de Ja campagne font.les plus preflans, D'ailleurs on peut facilement ajouter des jours de repos fi l’on veut, fans déranger cette divifion naturelle du mois, : On confervera aux jours les noms des aftres qu'ils portent. Le dimanche reprendra le nom du foleil qu'il portoït , & s’appellera Joldi, dies. Jolis. ÿ Le hüitième jour portera le nom de la nouvelle planette découverte par Herfchel , & s’appellera Uranidi. 1° jour. So/di, jour du foleil, Solis dies.” jour. Lundi, jour de la Lune, Lunæ dies. È jour. Mardi, jour de Mars, Martis dies. jour. Mercredi, jour de. Mercure, Mercurii dies. jour. Jeudi, jour de Jupiter, Jovis dies. . jour. Vendredi, jour de Vénus , Venèris diès. La nm RUE, FFE SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 239 7° jour. Samedi, jour de Saturne , Saturni dies. 8° jour, Uranidi, jour d'Uranus, Urani dies. Cette divifion du tems auroit l'avantage de comprendre tout notre fyftême planétaire, qu'il feroit facile par ce moyen d'apprendre à tous les citoyens,.en leur expliquant la divifion dé l’année, des mois & des jours. S À Quant au jour furnuméraire que donne tous les quatre ans l'année biflextile , il feroit appelé Le jour Jurnuméraire , & ne dérangeroit point la divifion naturelle du mois & de l’année. Tous les quatre fiècles on fupprimeroit trois de ces jours furnumé- raires, comme cela fe pratique aujourd’hui, Néanmoins fi par égard pour l'ufage on veut conferver la divifion feprenaire , & laifler fublifter la femaine, cela ne changera rien au refte du fyftême. $ Tous Les peuples ont admis des jours de fêtes, & des jours de repos, où les travaux font fufpendus. Je crois que cet ufage doit être confervé. Les citoyens s’aflemblent ces jours-là. Is fe rendent vifite, fe délaflenc de leurs fatigues, & fe livrent à des plaïfirs innocers. Ces jours font d’ailleurs des jours d’inftruétion , où les officiers muni- cipaux ou d’autres prépolés leur feront des difcours de morale, & leur expliqueront les faits de la nature (1). Ces difcours rouleront fpécialement fur les objets, que rappelle la fête du jour. Mais .dans un fiècle philofophique , où tous les cultes doivent être tolérés, fans qu'aucun foit dominant, nulle fête civile ne doit être fondée fur les cultes. Il faut donc que ces fêtes rappellent des objets qui intéreflent tous les hommes. Je diftinguerai trois efpèces de grandes fêtes: Les unes feront fondées fur les grandes opérations de la nature, relatives aux befoins des hommes. Les aurres le feront fur des chofes plus perfonnelles encore à l'homme. Il y aura une fère principale au commencement de chaque mois; Et des fêtes fecondaires au commencement de chaque Auzmaine ou femaine. I. Les quatre premières grandes fêtes feront au commencement des quatre failons. a. La première de ces fêces fera celle du labourage au premier jour de léquinoxe du printems , Ou premier jour du mois aries ou bélier, b. La feconde grande fête fera celle des récoltes au premier jour du (1) Dans mon plan d'éducation, je veux que tous les jours de fête le difcours de morale {oit fuivi d’un autre où on donneroit des explications des principaux phéno- mènes de phyfique , tels que le tonnerre, l’arc-en-ciel , l’ufge du thermomètre , du baromètre. ,..des conñoillances fur la nature des pierres, des terres relatives à Pagriculture, 240 OBSERVATIONS SÛR LA PHYSIQUE, folftice d'été, premier jour du folftice d'été, premier jour du mois du cancer. ° - c. La troifième grande fête fera celle de la vendange, au premier jour de l'équinoxe d'automne, premier jour du mois de la balance. d. La quatrième grande fête fera celle des arts , au premier jour du folftice d'hiver, premier jour du mois du capricorne. L'hiver l'homme ne pouvant point travailler à la campagne, s'occupe des arts. Chacun de ces mois aura troisautres fêtes particulières qui fe célébreront Les foldi (dimanches) , elles feront relatives à la fête principale. Voici celles que je propofe. Mais on peur y apporter des modifications, pourvu qu'elles ne s'écartent pas de l'inftication principale. Dans le mois du bélier dont, 1°. la fête principale eft le labourage ou l'agriculture, les fêres fecondaires feront, 2°. l'éducation des animaux domeftiques ; 3°. la fêre des laines ; e’eft à-peu-près Le tems où on cond les brebis; 4°. la fère des foies : c’eft Le rems où on commence l’éducarion des vers-à-foie. , Dans le mois du cancer dont, 1°, la fête.principale ef la récolte, les fêtes fecondaires feront , 2°, la récolte des foins; 3°, la récolte des bleds ou grains; 4°. la récolte des fruits. Dans le mois de la balance la fête principale eft, 1°. la vendange. Ce mois eft confacré par-tout aux plaifirs, Les fêtes doivent y répondre; 2°, la feconde fête fera celle des jeux, comme des courfes de chevaux : ce fera un fujet d’émulation pour en avoir d’excellens (1); 3°: la fête de gymnaftique; 4°. la fête des danfes. Dans le mois du capricorne dont, 1°. la fête principale eft celle des arts, les fêtes fecondaires feront, 2°. les arts utiles ; 3°. les arts agréables; 4°. les fciences fi néceflaires au bonheur de l’homme, pour l’éclairer dans les arts , & l'empêcher de fuccomber fous le poids des préjugés. IT. J'inflituerai quatre autres grandes fètes correfpondantes aux quatre principaux âges de l'homme. Ces fêtes fe célébreront le premier jour du fecond mois de chaque faifon, On à toujours fait correfpondre chez tous les peuples les différens âges aux faifons. , a. La fère de l'enfance correfpondante au printems, fera le premier jour du fecond mois du printems, le premier jour du mois du taureau. b. La fête de l’adoleitence, qui correfpond à l'été, fera le premier jour du fecond mois de l'été, ou premier jour du mois du lion. Ce jour on revétira publiquement de la tunique de l'adolefcence, l'enfant qui aura atteint l’âge de l’adolefcence fixé par la loi, qui pourra être quinze à feize ans pour les hommes , & quatorze pour les filles. (1) En Angleterre les courfès font un grand fujet d’émulation pour avoir de belles races de chevaux, a R SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 241 c. La fête de l’âge mür ou de la maturité, qu’on pourra fixer à trente ans pour les hommes, & vingt-cinq pour les femmes. Cet âge répond à l'automne. On donnera aufi une tunique particulière ce jour-là à . l'adolefcent qui aura atteint l’âge de la maturité, Certe fête fera célébrée le premier jour‘u fecond mois de l'automne , ou premier jour du mois du fcorpion. 9 d. La fête de la vieilleffe qui correfpond à l'hiver: Elle fera célébrée le premier jour du fecond mois d'hiver, ou premier jour du mois du verfeau. On donnera le jour de la fête la tunique de la vicillefle à l'homme qui aura atteint cet âge, qu’on pourra fixer à foixante ans. Il y aura également dans chacun de ces mois trois fêtes fecondaires qui £ rapporteront à la fête principale: Onfent qu’il y a une grande latitude - pour déterminer ces fêtes fecondaires.' Voici celles que je propofe : ! Dans le-moïs du taureau dontila fête principaleeft, r°. l'enfance ; 2°, la feconde fête fera l'allaitement de l'enfant ; 3°. fon éducation phyfique ; 4’. fon éducation morale, 2 Dans le mois du lion dont, 1°. la fête principale eft celle de l'adolefcence ; on aura , 2°, la fête de l'inftruétion : c’eft dans cet âge que l'homme doit fe former ; 3°, la fête de la profeflion : chaque citoyen doit exercer une profeffion ‘utile à la fociéré; 4°. la fête du mariage: l'homme capable d'exercer une profeflion doit fe marier. Dans le mois du fcorpion la fête principale eft celle de l’âge mûr , où Vhomme eft tout ce qu'il peut être ; 2°, la feconde fêre fera celle de l'amour de la patrie, qui doit être le premier objet de fes affections ; 3°. celle des fonctions publiques: c’eft dans cet âge que doivent être choifis principalement les fonétionnaires publics ; 4°. celle de l'amour de fa famille, À cet âge l’homme eft environné de fa femme & de fes enfans : c'eft le moment le plus beau de fa vie. Dans le mois du verfeau dont la fête principale eft celle de la vieillefle, Les fêtes fecandaires feront, 2°. celle du refpect, dû à la vieillefle ; 3°. la fête de la bienfaifance : tout homme doit être bienfaifant, mais principa- lement le vieillard trop fouvent attaché; 4°, la fête de la réfionation. L'homme accablé d’infirmité doit favoir fe réfigner aux loix de la nature. LIT: J'érablirai quatre autres grandes fêtes qui fe célébreront le premier du troifième mois de chaque faifon. J'ai cru devoir les confacrer aux quatre vertus principales qui fervent de fondement à la morale, & que pour cette raifon on a appelées cardinales , la temperance, la juftice, la force & la prudence. Chacun de ces mois aura enfuite trois fêtes fecondaires correfpondantes à la fête principale, On fent qu'ici il y a également une grande latitude. Voici celles que je propofe : Dans le mois des gémeaux , 1°. la fête principale fera la tempérance w’on doit recommander aux enfans; 2°. la fobriéré dans les alimens , Tome XLUII, Part. II, 1793. SEPTEMBRE, Hh 242 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, laquelle leur eff fi néceflaire ; 4°. modeftie dans les habits & le logement ; 4°. tempérance dans les pañlions. L Le mois de la vierge aura, 1°. pour fête principale la fête de la Juftice, qu'il faut recommander particulièrement à l’adolefcence, dont les paflions 7e font fi vives; 2°. juftice diftributive ; 3°. juftice commutative ; 4°. juftice envers foi-même. C’eit le meilleur contrepoids à l’amour-propre, Le mois du fagitraire aura, 1°. pour fête principale celle de la force qui convient à l'âge mûr; 2°. force phyfique; 3°, force intelleétuelle ; 4°. force morale. * Le mois. des poiflons aura, 1°. la fête de la prudence qui convient particulièrement à la vieillefe ; 2°. celle de la fagefle; 3°. celle de la fermeté à fouffrir : l'homme:doit foufhir avec courage; 4°. celle de la mort : l'homme ne doit pas craindre la mort, Si on adopte la divifion de chaque mois en quatre parties, les jours de fêres feronrinvariables comme on le voit dans le calendrier ci-joint: & c’eft fans doute la meilleure méthode, & la feule que philofophiquement on doive fuivre. ; Si au contraire on laifle fubfifter les femaines de fept jours, il faudra que: les quatre grandes fêtes répondant au commencement de chaque faifon, fe trouvent toujours les jours que la marche du foleil indiquera. Mais les autres fêtes feront renvoyées aux. /o/di (jouis du foleil ou dimanches.) les plus prochains, comme cela fe pratique aujourd'hui poux plufieurs fêtes. On voit que mon but dans l'inflitution de chaque fête eft de rappeler à l'homme, ou quelques-uns de fes befoins, ou quelques-uns de fes devoirs, ou fes affections Les plus douces, & de le conduire par ce fouvenir au bonheur. L'orateur qui prononcera le difcours de morale le jour de chacune de ces fères donnera desinftruétions analogues. Ainfi il apprendra les procédés les! plus avantageux pour labourer , récolter. . .:. les meilleures méthodes pour élever les enfans (1), fortifier le corps, éclairez l'efprit, diriger le cœur. ... Chaque nation pourra enfuite avoir des fêtes particulières relatives aux époques de fon biftoire, ou de fa conflitution. Chaque fecte religieufe aura également fes fêtes relatives à fon culte. Je vais joindre ici le Tableau des fêtes civiles de chaque mois, & le projet d'un Calendrier, gp 9 (x) Il périt environ un huitième des enfans dans la première année : ce qu’on éviteroit par une éducation plus foignées & SUR L'HIST. NATURELLE ET-LES: ARTS. 243 TABLEAU DES FÊTES CIVILES De rep md MOIS, MOIS, JBurs démois, uote’! I 2Æpi Er Fêre re AE : BÉLIER, 9: 2°: Fête de l'éducation des animaux domeftiques. 17 3° Fête du foin des laines. 25. 4 Fête du foin des foies SES 1 Elte se Ant TAUREAU, 9 4 Fêtedeé) l'allaitement. 17 3° Fête de l'éducation phyfque. 25 4° Fète de l'éducation morale, I Se de la tempérance: - GÉMEAUX. 9 2 Fêre de la ‘fobriéré. À 17 3° Fûte de la modeftie Ron lbillementés (op mente, I 25, 4 Fête de la | tempérance des pafhons., Fe 1 TT Fée cet, récolte. Cancer. 9 2° Fête de la récolte des foins. 17 3{-Fère, de la récolte: des grains. 25 4° Fête dei larrécolte des fruits. 1 1" Fète del FPadolefcence. Lio. o 2° Fête de Finftruäion. || 17 3° Kête de la’ profeflion. ; 2$ 4° Fête du mariage. 1 it Fête dela juftice. VIERGE 9 2° Fête de la juftice diftributive. ou GLANEUSE. 17 3° Fête ‘dé la juffice commutative, 2$ 4° Fête deila juftice envers foi-même, 1 1“Fête des vendanges. BALANCE. 9 2° Fête des courfes, F7 3° Fête des jeux de gymnaftique, 4 Fête des danfes, Tome XLIL, Par. IL, 1793. SEPTEMBRE. Hh 2 244 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, MOIS. Jours 2 dil moOISe 1 1“Fète de l’âge mür. SCORPION. 9 2° Fête de l'amour de la patrie. 7 3° Fête des fonctions publiques. 24 4 Fête de l'amour de fa famille. — 1 1Fète de la force. SAGITTAIRE. 9 2° Fête de la force phyfique. 16 3° Fétt dE Ja force intelleétüelle, 23 4 Fête de la! force morale, : 1 1° Fête des arts. CAPRICORNE. 9 2° Fête des arts néceffaires. Fête des arts agréables. 23. 4 Fête des fciences. x 1“Fêète de la vicilleffe. VERSEAU. 9 2° Fête du refpect dû à la viéilleffe, #7 3° Fête de la bienfaifance. 24 4 Fête de la réfignation, ‘1 1 Fête de la prudence: Porssous. ‘© 9 2° Fête’ de la fagelle. 17 3°.Fête de la fermeté à fouffir. 24 4 Fête de la mort. Premier Septembre 1793 DELAMÉTHERIS. SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 245 | LETTRE DE JA. DODUN, Ingénieur en chef dans le Département du Tarn, A J.C. DELAMÉTHERIE. JE m'emprefle de répondre à la note que vous venez d’inférer, d’après l'avis de’ M. Delaumont, dans lé cahier du mois de juin dernier de votre intéreflant journal. J'y fuis engagé par la vérité que tout-homme doit apporter dans l'étude des fciences, & fur-tout en hiftoire natu- relle où les faits feront toujours les feules données que nous pouvons nous procurer pour parvenir à foulever le voile qui couvre la nature de notre globe: de même qu'un fait bien médité peut avancer nos progrès à cet égard, de même un fait hazardé, & notairement faux, peut jetter dans l’erreur, & retarder nos pas vers cette connoiflance. On ne fauroit alors trop fe hâter de faire une rétractation publique. On le doit à foi- même, on le doit à la fcience que l’on cultive ; c'eft ma poñtion. J'ai dit dans le Journal de Phyfique du mois de feptembre 1791 avoir trouvé dans un puits que l’on avoit ouvert pour la recherche du charbon foflile, du fpath pefant criftallifé en cubes obliques. La très- grande péfanteur de cette fubftance, fon mélange avec a pyrite jaune ui y eft très-abondante, & qui toujours l’accompagne : la prélence de la galène cubique qui quelquefois s’y eft trouvée, l'efpèce de gurh blanc qui fouvent eft mêlé dans la gangue qui plongé dans les acides sy diffout fans effervefcence, la nature de cette gangue ou grèfeufe & chargée de pyrites, ou d’argile chifteufe; fa criftallifation fouvenc confufe, & quelquefois très-régulière , dont les délits des couches lamelleufes offrent à J’æœil nud des petites tables rhomboïdales ; fa blancheur qui la rend femblable au fpath pefant qui fert de matrice aux mines de plomb de Villefort , enfin fa nulle effervefcence avec Vacide nitreux, lorfqu’on y en laifle tomber une petite goutte fur fa furface, tant de confidérations m’avoienr porté à croire, à la première vue, que c’étoit un fpath pefant, & la nature de fa gangue, donc les parties intégrantes ne font point calcaires, appuyoient cette con- je“ture. Je n’avois alors ni le tems, ni les moyens de pañler à des épreuves ultérieures poux établir d'une manière pofitive la vérité de ce 436 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, fait; éloigné de mon laboratoire, je ne pus employer la voie de l’anas lyfe , la fule felon moi dont on puiffe efpérer des lumières fur la véritable nature des corps, par la connoiffance de leurs parties conf- tituantes, À portée de faire ‘Ces obfervations ; j'aurois vu, comme l'a fort bien remarqué votre favant ami, M. Delaumont, que cette fub£- tance eft un fpath ealcaire thomboïdal}; srès-foutent de la plus belle eau. Je viens de le comparer avec celui des mines de fer de Villefore avec lequel il a la plus force refflemblance extérieure’; mais comme lui il ne fait pas effervefcence avec les acides par leur feul contatt, il faut qu'il y foit plongé pour qu'il püifle’ s’y difloudfe ; alors l'acide carbonique qui y eft contenu s’en dégage avec véhémence : j'aurois vu qu'il double également les objets ,1& comme, lui il fe,convertit en chaux à :la Aamme;mais, j'ai,été trompé par Les apparences, & fur= tout par la nature de fa gangue, & des fubftances qui laccompagnent,. qui font communes au minérai de plomb. Voilà la caufe de, mon éfreur, Veuillez remercier, aunom de.la vérité, vorre excellent ami, de fes: fidèles obfervations. Elles m'apprendront à me mettre en garde contre mes yeux, elles, me confirment dans l'opinion où, j'étois depuis long-tems, que Les caraétères extérieurs font fouvent infuffifans pour pouvoir prononcer avec certitude. fur la nature d’une fubftance ; vous en avez la preuve dans:le fparh, calcaire cuboïde. 3 ù Dans des’ nombreux échantillons de; fpath , calcaire ‘confufément criftallifé que je potlède , je n’en ai poinc vu qui reflemblaflent, à celui-ci; fa pefanteur fpécifique que je ne puis éprouver dans :ce moment, mais qui me paroît plus confidérable que celle qui eft propre au fpath calcaire proprement dit, la difficulté qu'il a d’être attaqué par les acides lorfqu'on fe contente d'y en verfer quelques gouttes qui ne font que s'yétendre, fa haute blancheur, &.aflez fouvent fa cou- leur de rofe dans_le::fein de la roche, l'habitude de brunir à l’air libre comme les mines de fer blanches, nommées fpathiques, tout me porte à croire qu'il renferme des parties intégrantes qui ne font point communes au fpath calcaire connu. J'invite M. Delaumont à en faire lanaly£e. NOUVELLES LITTÉRAIRES. Mnrinr LanGE, Medicinz Dodoris corona Tranfylvania, rudimenta doctrinæ de Pefte: Elémens de doëtrine fur la Pefle ; par M. MARTIN LANGE, Doëleur en Médecine de Braffau en : SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 247 Tranf/ylvanie. À Offenbach; & fe trouve à Strafbourg , chez Amand Koenig, 1791, ën-8° M. Lange, médecin à Braflau , ville confidérable de Tranfylvanie , qui fe nomme aufli Cronftadr, emploie fes momens de loifir à l’étude & à la leéture des grands maîtres de fon art. La pefte , ce fléau qui ravage encore aujourd'hui la Turquie, & qui s’érend aufi jufqu'à la Tranfyl- vanie , lui a paru mériter une attention particulière. La première édition de ces Elémens parut en 1784. Cette dernière expofe la hiérarchie de cette cruelle maladie depuis le commencement de ce fiècle :-fuivanr fon expofé elle a régné cinq fois dans la province du docteur Lange; c’eft pourquoi ce médecin a parcouru tous les livres ss a pu fe procurer fur la pefte, & en a extrait tout ce qui lui a paru de remarquable, I] a divifé ce mal défaftreux en plufeurs efpèces diftinétes , & il a foigneufement recueilli tout ce qu'on peut dire de plus fatisfaifant fur les remèdes antipeftilentiels, On y lit plufieurs particularités qu’on ne voir point ailleurs, telle eft la defcription de la pefte, qui en 1718 fit périr dix-huit mille quatre-vingt- huit perfonnes à Cronftadt. , Sex Kup fertafelnmil Conchylien der Sel fandes, &c. Six Planches repréfentant des Coquilles rares des fables de la Mer , deffinées & gravées par BATSCH. À Jena, dans la Librairie de l’Univerfité, 1791, én-4°. Le texte en latin & en allemand ( ouvrage à continuer), Le prix pour les Soufcripreurs eft de 12 gr. en noir, & d’un rixd. en couleurs. Memoria fulla generatione del Pifci e dei, Granchi. Mémoire fur La génération des Poiflons & des Ecreviffes ; par M. PHILIPPE CavozinI , Membre de plufreurs Académies. À Naples , in-4°. avec figures, S The animal Kingdan : Le Règne animal ; par KEtR, À Londres, chez Murray , 1792, n-4°. broché, une demi-guinée. The Floriftis Directory , on the culture of Flowers: Le Direéoire du Fleurifle, fur la Culture des Fleurs ; par J. MADDOCK , orné de Planches. À Londres, chez White, 21-8°. broché, 10 shellings. Pomona Auftriaca : Arbres fruitiers d'Autriche. À Vienne , chez Græffer & Compagnie, 1792, grand in-6°. huit cahiers de 10 Planches chacun, avec les defcriptions. Prix, 2 rixd, 8 gr. par cahier. Domin. CrRIZLZI Entomologia Neapolitana : Entomologie de Naples ; par Cyril, WII Planches. À Naples, 1791, 2n-fol. 248 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, &c« Le C. Perny a découvert à l'Obfervatoire de Paris, le 24 feptembre , porn l'étoile e de Cafliopée, une comète. Elle étoit très-petite , & fa umière foible, Son rayon étoit aflez brillant, La nébulofité qui l’environne rare, & fans aucune apparence de queue. Il l’obferve avec foin pour en déduire l’orbite. On ne la voit qu'avec les lunettes. ELLE TA. Bibi DEs ARTICLES CONTENUS DANS CE CAHIER: R5r> ORT fur l'uniformité & le [yfléme général des Poids & Mefures, fair à la Convention-Nutionale , au nom du Comité d'Inftruétion publique ; par le Citoyen ARBOGAST , page 169 Rapport Jur l'Hifloire des Champignons de BULLIARD; par ETIENNE- PrERRE VENTENAT , Bibliothécaire de Sainte- Geneviève, Membre de la Société d'Hifloire-Naturelle, & du Direäoire du Lycée des Arts , 194 Expofition d'une nouvelle théorie de l'Aimant ; par le €, NIALLON, P'bliothécaire de Sainte-Geneviève , 208 Abrègé de Navigation hiflorique, théorique & pratique , où l'on trouve Les principes de la Manœuvre & ceux du Pilotage, les méthodes Les plus femples pour fe conduire fur Mer par longitudes & latitudes , avec des Tables horaires pour connoitre le tems vrai par la hauteur du Soleil & des Etoiles dans tous Les tems de l'annéé & à toutes les latitudes jufqu'à 61° ; par JÉRÔME LALANDE , de l’Académie des Sciences , de celles de Londres, de Berlin, de Pérerfboure, de Stockolm, Infpeëteur du Collège de France, & Direteur de l'Obfer- vatoïre de l'Ecole Militaire , publié en-vertu dun Décret de LV Affemblée-Nationale, 218 Mémoire fur la chaleur exceffive du mois de Juillet 1703; par L. CoTTE, Curé de Montrorenci, Membre de plufieurs Acadé- ILES » 222 “Analyfe de la Toile du Tifferand d'Automne, connue du Peuple fous le nom de Fil de la Vierge; par le C. SAGz, 230 Extrait des Obfervations météorologiques faites à Montmorenci, pendant le mois d'Aoïût 1703 ; par L. CoTTE , Curé de Monr- morenct, Mernbre de plufieurs Academies , 234 De la divifion du Tems, 236 Lertre de J. À. DoDuN, Ingénieur en chef dans le Département du Tarn , à J. C. DELAMÉTHERIE, ‘ 24$ Nouvelles Littéraires, 246 dé. CHE n 4 Enr Det POELE ce ee \u Fe . Dress er 5 ee ge ne en SA qe I JOURNAL DE PHYSIQUE. |} 2| *OCTOBRE) 179 4 D D metre pe SUR L'ÉLECTRICIVÉ ET LE MAGNÉTISME; \ Par le € CouLrowr. ER ER mme I. Dis des Mémoires précédens, imprimés fucceflivement dans les volumes de l'Acadéinie, depuis 1784, j'ai eu principalement en vue de feumertre au calcul Les différens phénomènes de l’électritité. Le Mémoire : : à 2 ASE CPE PME : A 5 ; jrs que je préfente aujourd'hui a pour objet de détérminer , par 1 expérience & par le calcul théorique, les loix du magnétifme. Ii eft néceffäire, pour les opérations qui vont fuivre, de rappeler quelques réfultats que j'ai déjà donnés , foit dans un Mémoire {ur les aiguilles aimantées, imprimé dans le neuvième volume des Suvans Etrangers ; foit dans un Mémoire imprimé dans notte volume de 1785. Dans le premier de ces Mémoires, j'ai prouvé, pag. 168, « que fi une aiguille aimantée eft fufpendue par fon centre de gravité, autour duquel elle puifle fe mouvoir librement dans tous les fens, & que l'on l'éloigne da méridien magnétique, elle y eft toujours ramenée par une force conftante, quel quefoit l’anple de direction que l'aiguille > forme avec le méridien magnétique ». Dans ce Mémoire, j'ai rapporté quelques expériences de différens auteurs, d’où j'avois déduit le réfultat qui précède; mais en 1785, volume de l’Académie, pag. 603 6 Juiv. je l'ai confirmé au moyen de ma balance de torfion, par une “expérience qui paroît décilive , voici en quoi elle confifte : l'on place dans la balance magnétique , telle qu'elle eft décrite dans ce Mémoïre, une aiguille aimantée fufpendue horifontalement par un fil de cuivre , de manière que lorfque l'aiguille fe trouve dans la'direction du méridien magnétique, l'angle de torfion du fil de fufpenfon foic nul : l'on tord enfuire le fil de fufpenfon , au moyen Towe XLIII, Par, I1, 1793. OCTOBRE. Ti BY 53 % y > : | 1% . de PER dd tes Me | 7° NS at È Ÿ el ” " 7-4 k à # A : NS +: # açgo D BSERFATIONS SUR LA PHYSIQUE, du micromètre décrit dans mes différens Mémoires précédens , l’on obferve pour différens angles de torfion , de combien l'aiguille s'éloigne de fon méridien, & l'on trouve que la force de torfion néceflaire pour tetenir une aiguille à une diftance quelconque de fon méridien, eft très-exactement proportionnelle au finus de l'angle que la direction de l'aiguille forme avec ce méridien ; d'où il rélulre évidemment que la réfultante des forces qui ramènent l'aiguille à fon méridien, eft une quaatité conftante parallèle au méridien , qui pafle toujours par le même point de l'aiguille. k J'ai prouvé encore, reuvième volume des Savans Etrangers , pag. 170, que les forces magnétiques du globe de la terre qui follicirent les us à points d'une aiguille aimantée , agiflent dans deux fens oppofés; que la partie de l'aiguille qui fe dirige dans nos climats à-peu- prés vers le nord, eft attirée vers le nord , randis que la partie auftrale de laiguille eft attirée vers le fud ; mais de quelque manière que l'aiguille ait été aimantée, foit même qi'après avoir été aimantée, l’on en Coupe une moitié ou une portion quelconque, la fomme des forces qui foilicite vers le nord l'aiguille ou la portion que l'on en détache, eft exactement égale à la fomme des forces qui follicite l'aiguille ou fa portion coupée vers Le fud du méridien magnétique. J'ai déduit ce réfultac de plufieurs expériences , dont la plus fimple eft qu’une aiguille pefée avant & après avoir été aimantée, a dans l'un & l’autre cas , très- exactement le même poids. M. Bououer, dass fon Voyage au Pérou, pag. 85 & Juiv. avoit prouvé avant moi, par des expériences décifives , cette égalité d'actions oppofées, C'eft encore un fait d'expérience, comme nous l'avons déjà dit dans les Mémoires cités, que les aiguilles aimantées ne font fufceptibles que d’un certain degré de magnétifme qu’elles ne peuvent outre-pañfer , quelque forts que foient les aimans dont on fe fert facceflivement pour les aimanter, Enfin, nous avons prouvé, Mémoires de 1786, que les actions attractives & répulfives des molécules magnétiques étoient en raifon directe de l'intenfité magnétique & de l'inverfe du quarré de leurs diftinces, Tous ces faits étant connus, voici les principaux objets que j'ai cherché à déterminer dans le Mémoire que je préfente. 1°. Le rapport des forces directrices qui ramènent au méridien magné- tique des aiguilles de différentes dimenfions, mais de même nature, lorfqu’elles font aimantées à faturation: 2°. L’intenfité magnétique de chaque point d'une aiguille. 3°. Dans quelles limites il faut renfermer les hypothèfes d'attraction & de répulfon des fluides aimantaires, pour que ces hypothèfes puiflent cadrer avec l'expérience. 4°. Les moyens pratiques les plus avantageux indiqués par l'expérience &.la théorie, _ÉtÉ SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. as1 pour aimanter les aiguilles à faturation & pour former des aimans - artificiels d'une grande force. II. Je me fuis fervi, fe. 2, dans la plus grande partie des expériences, d'une balance de torfion abfolument femblable à la balance électrique décrite dans les différens Mémoires que j'ai déjà donnés, volume de 1787, il n'y a que le fupport de l'aiguille , fig. z, dont la forme ef particulière, & telle que l'exige Le nouveau genre d’expériences auxquelles il eft deftiné. Dans Le deflin de ce fupport, f£9. 1 , ab ,'repréfehte la pince qui faific par fa partie fupérieure le fil de fufpenfion ag ; ce fil, ainfi que nous lavons dit dans les Mémoires fur l'électricité, eft pris à fon extrémité fupérieure par une autre pince qui fait partie du micromètre ( voyez dolume de À Académie , 178$, pag. S69: 1797, pag. 421), la pince ab , faifit par fon extrémité inférieure b, un étrier 12 3 4, formé avec une lame de cuivre très-lévère. Dans cet érrier l'on place un petit plan de carton PL, couvert, dans fa furface fupérieure , d’un enduit de cire d'Efpagne , fur lequel l'on donne l'empreinte du fil d'acier que l’on veut loumertre aux expériences, ce qui donne la facilité, dans les .effais facceffits , de placer toujours Le fil dans le même endroit : fous le milieu de cet étrier, l’on foude par fon extrémité fupérieure f, un fl de cuivre ef, dont l'extrémité inférieure e, eft également foudée à un plan de cuivre DCR, très-large & très-léver. Ce plan vertical DCR, eft fubmergé dans un vafe V À , rempli d’eau, de manière que la furface de l'eau foit au moins de cinq ou fix lignes, au-deffus du fommet e du lan. La réfiftance de l’eau contre le plan, eft deftinée à arrêter prompte- ment les ofcillations de l’aiouille sx ; mais il faut, comme nous venons de le dire, que le plan foit entièrement plongé dans l'eau, autrement dans les ofcillations de l'aiguille, la furface de l’eau, s’élevant inégale- ment & adhérant à la furface du plan, pourroit faire varier la direétion magnétique de Paiguille (1). La fig.? repréfente l'appareil que nous venons de décrire, placé dans ‘ Ja balance magnétique. L'on pofe certe balance de masière que fon côté ab foit dirigé fuivant Le méridien magnétique : la petire bande 45,0, 45, tracée fur le côté de la balance perpendiculairement au méridien magné- tique ,weft la rangente d'un cercie qui auroit fon centre dans le fil de (x) Dans le volume de l’Académie de 1785, jai donné la defcription d’une bouflole deftinée à obferver les variations diurnes ; dans ce Mémoire j’ai propofé de fouder un petit plan à l'aiguille. Les motifs expolés ici indiquent qu’il faut que ce petit plan (oit foudé à un fil de cuivre , qui foit dans la même verticale que le fil c< fufpenfon , qu’il faut en outre que le plan (oit entièrement fubmergé, Tome XLII, Part. II, 1793. OCTOBRE, Firz ; di, ÿ : æ N h Le 252 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, + fufperfion , en forte w’un plan vertical ; paflant par ce fl de fufpenfion . & le point o, niitieu SE tangente, reprélente le méridien maguétique ; la tangente ; 0,45 , eft divifée fuivant les degrés du cercle: pour opérer s l'on place d'abord horifontalement , dans l’éuier E , un fil de cuivre, &. le micromètre étant {ur lepoint o , l'ont fait en forte que la torfion étant nulle , le filde cuivre fe dirige dans le meridien magnétique. Nous avons donné dans nos Mémoires pur 1787, des méthodes qui rendent cette opération très,facile ; lorfque la balance eft ain difpofée, l'on fubftitue À à l'aiguille de cuivre une aiguille aimantée ; enfuite au moyen du micro- mètre de torfion , l’on éloigne cette aiguille de 20 à 30 degrés du méti- : dien., & l’on obferve la furce de rorfion néceflaire pour retenir l'aiguille à une parcille diftance : lorfqu'on veur comparér enfuite la force directrice de cette aiguille avec celle d’une. autre aiguille, l’on fubftitue cette, deuxième à la précédente, & l’on, a foin d’éloigner la deuxième du, méridien magnétique , précifément d'autant. de degrés que l’on en va éloigné la première ; il en réfulre que. les deux aiguilles, formant dans les deux expériences, le même angle avec le méridien magrérique , la force de torlion mefurera néceflairement Îles momentum de leurs forces dicectrices. Lorfque les angles de direction avec le méridien magnétique. ne font pas les mêmes ,dans.les deux expériences, il eft facile de les évaluer par lescalcul; d'après les principes de l’article premier. 1 fauc prévenir que, dans les expériences , pour donner de Ja précifion aux réfultars , il faut toujours proportionner la force de to fion des fils de fufpenfon à la force aimantaire des aiguilles, de manière qu'en éloignant les aiguilles à 30 devrés de leur méridien, la force de torfion des fils de fufpenfion qui la retiennent à cette diftance, foit toujours au moins de 25 à 30 deorés: c’eft d'après erte obfervation que je me. fais fervi quelquefois de fils de cuivre de clavecin , rels qu’on les trouve" fous différens numéros dans le commerce, & quelquefois de fils d'argent : dans les aiguilles d'un magnétifme très-foible, où le fil d'argent ne m'auroir donné que 2 ou 3 degrés de torfion , je fufpendois les aiguilles à un fil de füie très-fin, & comptant Le nombre d’ofcillations qu'elles faifoient dans un tems. donné , je calculois leur force directrice, au moyen.des formules du mouvement ofcillatoire que j'ai détaillé, Mémoire cité neuvième solume des Savans Etrangers. T'TUT. ÿ1 Le rapport des forces de torfion de deux fils de fufpenfion , inégaux en force, eft facile à dérerminer , foit par les formules &Mles expériences’ que nous avons données, volume de l’Académie de 1784, foir plus fim- plement en fufpendant fucceflivement dans une pofition horifonrale la même aiguille aimantée aux deux fils, au moyen du micromètre de torfion ; car fi l'on éloigne pour Les deux fufpenfions l’aiguille aimantée à : CESSE ‘ N * HO "Te * < - 4,1 co à * : | | "* ' . + SUR L'HIST NATOREULE ET LES: ARTS. 213 une même diftance de, fon. méridien, lesjangles le. torfion néceflaires pour tordre les deux fils, melurent néceflairemenrs le rapport de leur force dé rorfion;" puifqu'ils retiennent l'un & l'autre à ce do gré de torfoh, là mêmeas quille ainiantéé, à fa méme difance dé fon mésidi jen. Dans | des expénences qui vont oi jje mé fuis principale ment Le ervi, pour Les fafpenfions , d'un, fil de cuivre, numérqté 12, Je pius fin que l'on sa trouve Etre le commerce, & a un fil d’ar: gnt beaucoup plus Ga & dont V Ja forcé de térhion ; à même longueur, Te Que la trentième parsie de celle du fl de cuivre, maïs toutes. les expériences , de que lqu’efpèce de fufpenfion dont nous nous foyons fervi 3 Ont été rapportées par le calcul à celles qui aurdient! eu lisu avéc un même fil! de cuivre numeroté 12 dans le commerce, de 14. pouces de longueur : ce fil ,péte 0,838 grains, ‘le picd de longueur: l à NEA VS Et , it Ve: Comparaifon de momentun l'magnétiques de différentes Austtek ? aciers du même diamètre & de di ifferéntes longueurs. RNA EXPÉRIENCE. « se 214 à. Fil d'acier pefant 38 grains le pied, Le fif d’aciér dont on Sélt fervi dans cétte expérience , ainfi que dans toutes-celles qui vont fuivre:, eft dui fil, d'acier d'Angleterre, paflé à la filière, d’un diamètre, par conféquent, égal ss toute {a longuéur: L'on place l” aiguille aimantée a faturation , dans l'étrier de fufpenfon, le long d’une empreinte dirigée dans Le LR magnétique. L'on tord enfuite, dans tous les effais, le fil de fufpenfion, jufqu'a ce que la direction de P iehille faffe.un angle de 30 dégrés avec le riéridièfi magnétique , l'on obferve l'angle de torfion : coupant enfuite l'aiguille d'acier fuccelli- vement à différentes longueurs, & L'aimantant à chaque feis à faturation, Ton obferve pour chaque aiguille, l'angle de torhon qui les retient à O degrés de leur méridien. L'on s'eft fervi danscette expérience pour la fufpenfon , d'un fil d'argent très-fin &dont la force de torfion n'étoit que le trentième du- fil de cuivre numéroté 12 ; mais en divifant par 30 l’angle de torfion trouvé par l'expérience , lon a réduit les rélultats aux nombres de degrés qui auroïent été obfervés fi l’on s’étoir fervi du fl de cuivre numéroté 12:11 eft bon d’avertir encore , que cette réduction a, eu lieu dans toutes lesléxpériences qui vont fuivre, & l’on a eu: 1°" Effai. La longueur du fil d'acier amanté, étant de 12 pouces, il a fallu, pour le retenir à 30 degrés de fon mére , une force de torfion de A TL TT LIRS à dE 8 2° Efui. Avec un fl d'acier de 9 pouces de longueur. 8,50 osa OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, . 3° Efjai. Avec un fil d’icier de 6. fabcis® Sir 2630! 8 4° Effai. Avec un fil d'acier de 3 pouces ...... 2,30 5° Effai. Avec un fil d'acier de 2 pouces...,... 1,30 6° Effai. Avec un fil d'acier de r pouce ...... 0,35: 7 Effai. Avec un fil d'acier de + pouce ....,. |0,07 8e Efjai. Avec un fil d'acier de ? pouce ......' 0,02 à RALET DEuUxIÈME EXPÉRIENCE. te Fil d'acier, pefant 865 grains le pied de longueur , OU ayant d-peu-prés 2 dignes de diamètre. 1% Effai. La longueur du fil d'acier, aïmanté à faturation étant de 18 pouces , il a fallu, pour Le rerenir à 30 degrés de fon méridien, une force de’torfion dé ..%...,.......%,.288,Q0 18% 2° Effai. Pour une longueur de 12 pouces. .... 172,00 3° Effai. Pour une longueur de 9 pouces. .... 115,09 4° Effai. Pour une longueur de 6 pouces. «..... $9,09 s° Effai. Pour une longueur de 4{ pouces... .. 34,00 6° Effai. Pour une longueur de 3 pouces. ..:/ 13,09 7° Effai. Pour une longueur de 1fpouce..... 3:00 8° Eflai. Pour une longueur de 1 pouce ...,. 1,46 9° Effai. Pour une longueur de + pouce ..... 0,32 VI. Réfultar de ces deux Expériences. Dans la première expérience, on a trouvé qu'en élaignant l'aiguille d'acier, dont les 12 pouces de longueur pèlent 38 grains, à 30 degrét du méridien magnétique, la force de torfion , qui la ramenoit vers ce méridien , étoir mefurée par 11,50 degrés; que pour une longueur de ÿ pouces, cette force de torfion éroit mefurée par 8,50 degrés; ainf, dans ces deux effais, la diminution de la force directrice a été de 3 degrés ou d’un degré par pouce. En continuant cette opération, Pon trouve que de 9 pouces à 6 pouces la diminution de la force directrice a été de 3,2 pouces, encore très-approchant d'un degré par pouce ; de 6 pouces à 3 pouces, la diminution a encore été de 3 degrés; & de 3 pouces à 1 pouce elle a été de deux degrés, c'eft-ä-dire, toujours d’un degré par pouce de diminution , d’où il eft facile de conclure que jufqu’à ntm me tit à “auf Éd ES Qt SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. a$ç ce que l'aiguille pefant 38 grains, foit réduite à un pouce de longeur , l'on trouve un rapport conftant entre les quantités dont les aiguilles fonc diminuées & celles dont les forces directrices diminuent 3 mais en comparant les longueurs de la même aiguille au-deffous d'un pouce, il paroïcroit d'après cette première expérience, que les momencum depuis 3 pouce jufqu’à un quart de pouce, font à-peu-près comme le quarré des longueurs des aiguilles, : ., Dans la deuxième expérience, l’on trouve un réfultat analogue à celut de la première. Car, comparant dans cette expérience le premier eflai avec le deuxième, l'on trouve qu'une diminution de.6 pouces dans l'aiguille de 18 pouces de longueur, produit dans le #omentum de la force directrice , une diminution de 116 degrés , ou de 19 untiers de - degré par pouce. + En réduifant enfuite cecte même aiguille de 12 pouces à 6 pouces, Ton trouvera encore dans les momentum une diminution de 19 degrés par pouce : mais de: 6. pouces de longueur à 4 pouces & demi , le momentum de la force diréétrice ne diminue que de 16,6 degrés par pouce, Au- deflous de 4 pouces & demi jufqu’à un demi-pouce ; il paroîtroit que les momertum fuivent à-peu-près le quarré des longueurs des aiguilles ; en forte que l’on peut , fans grande erreur, füppofer dans cette deuxième expérience, que le zzomentum des aiguilles d'acier de 2 lignes.de diamètre , depuis o pouce jufqu'à $ pouces de longueur, font à-peu-près comme le quarré de leurs longueurs ; & que pour une plus grande longueur d’aiguille , les accroiflemens des momentum font à-peu- près proportionnels aux accroiffemens des longueurs. Je dis à-peu-près, car lorfque les aiguilles font aimantées à faturation, l’on trouve que les accroiflemens des momens font prefque toujours un peu plus grands que les accroiflemens des longueurs ; mais cette variation eft généralement trôp' peu confidérable pour être appréciée par des expériences du genre des deux qui précèdent. ; VIT. Du'imomentum de (lai force direétrice des aiguilles , relativement à leur diamètre, Nous venons de voir la marche que fuivent les momenrum des forces directrices de deux aiguilles de différentes longueurs , mais de même diamètre : nous allons actuellement chercher à déterminer les rapports des momentum de là force directrice de deux aiguilles aimantées. à fatu- ration, de différens diarnètres: mais je dois commencer par prévenir que dans lé courant desexpériences, j'ai: bientôt. reconnu qu’il étoit prefque impofble de fe procurer deux aiguilles d'acier de différens diamètres L qui euflent exactement le même degré de reflort , & qui fuffenc d'une A ‘ Rd Re ot tte A RER PSE 556 OBSERFATIONS SUR LA PHYSIQUE, nature homobëne ; aihfi, pour avoir les loix du magnétifme dans les aiguilles de diHéréhs diautètres ; j'ai été obligé de former" des faféeaux) d'aiguilles rrès-finés & tirées du’ nième fl. Ce qui a beaucoup Facilité certe opération ; c’eft qu'en tôrdant autour de fon axe un fil de fer de demi-ligne à-peu-près de diamètre, & tel. qu'on en trouve dans le! commierce , j'ai vu qe par certe torfion il prenoir de l'écrouiffement & du refloit , & qu'il étoit fufceprible, préfqué du même degré de magnétifme!, qu'ué fil d'acler’ dû même diamètre : d'après cette obfér- vation, j'ai choifi un Al de fer très-put, tel qu'il foit de la filière avant d'être recuir ; il avoit à-peu-prè 120 pieds de Térlenotts je l'ai coùpé en différentes parties, Que j'ai tordu autour de leur axe en les tenant pour les redrefler dans un état dé tenfion; j'en ai formé des faifceaux de différens diamètres & de différentes longueurs, que j'ai aimantés à fatu- ration. Plaçant enfuite ces faifceaux dans la balance magnétique, ileft réfulté d'un très-ptand nombre d'expériences, dont nous allons en, rapporter quelqué$-unes , que dans deux aiguilles de même narure, & dont les dimenlions fontihomoloones les moment des forcès directrices font entr'eux conime lé cube des dimenfions homologues! {Si par exemple, je prends une aiguille d’une ligne de diamètre & de 6 pouces de longueur, & une autre aiguille de 2 lignes de diamètie & 12 pouces de lonvueur, dont lés dimenfions homologues font, par conféquent, comme 1: 2, les momens magnétiques de ces deux aiguilles aimantées, l'üne & l’autre à faturation , feronc entr'eux comime 1 eft à 8°; rapport des cubes de leurs dimenfions homologues, 72 RIT | TE PERTE NV: PSI aol’ es lin envol à TROISIÈME EXPÉRIENCE ÿ L'on a tordu autour de leuraxe, 36 fils de fer d’un pied de longueur , pefant 48 grains chacun ; l'on a formé un faifceau de ces 36 aiguilles réunies & liées avec du fil ; l'on a aimianté ce faifceau à fataration. En le fufpendant enfuite horifontalement dans l’étrier de la balance magné- tique, l'on a trouvé qu'il falloit un angle de torfion de 342 degrés pour retenir ce faifceau 2 30 degrés: du méridien magnétique, EX: QUATRIÈME ExPÉRIENCE. L'on a formé un fecond faifceau'avec: 9 aiguilles de 6 pouces chacune de longueur, mais de même nature & du même diamètre que celles. qui ent fervi dans l'expérience précédente, l’on a trouvé-que pour retenir. ce faifceau à 30 deorés du méridien magnétique , il falloit une force de © terfon de 42 degrés, X« ei »” SUR L'HIST. NATURELLE.ET LES ARTS. 254 de = Réfultat des deux expériences précedentes, : Dans les deux expériences qui précèdent ; l'on s’eft fervi d'un fil de ©. “Fer, vel quil fort de la filière, le plus pur qu'on ait pu fe procurer ; toutes les aiguilles ont été coupées à la même pièce, l’on ef donc sûr qu'elles font de même nature & de même diamètre, mais les deux faifceaux avoient leurs côtés homologues proportionnels, dans le rapport de 2 31, les diamètres étant comme la racine quatrée du nombre des aiguilles : ainf es cubes des diamètres font entr’eux comme 8: r; mais nous venons de trouver que les momentum des forces directrices des-deux faifceaux, font comme 342: 42 :: 8,14: 100, rapport qui diffère très-peu de celui de°8 à r, ou de la mafle des deux corps : l'on a répété les deux expériences qui précèdent, avec des faifceaux dont les dimenfions homologues étoient comme 3 à 1, & comme 4 à 1; & l'on a roujours trouvé le même réfulrat, c'eft-à-dire , les forces directrices proportionnelles aux cubes des diamètres des deux faifceaux, NAT Remarque. Le réfaltat qui précède, qui nous a appris que les momens de la force directrice de deux aiguilles, dont les dimenfions font homologues, étoient comme le cube de: ces dimenfons, joint au premier réfulrat pour les aiguilles de mème diamèrre, mais dédifférentes longueurs, qui nous a fair connoître que ; pourvu que les aiguilles euffent 40 à so fois leur diamètre de longueur, les momens de la force directrice croifloient enfuite proportionnellement à l'augmentation des longueurs, peuvent donner tout de fuite le 7omentum magnétique de tous les fils d'acier, d’une même. nature & au même degré de trempe, d’un diamètre & d’une longueur quelconque, pourvu que l’on connoifle le momenrum - de la force directrice d'une feule de ces aiguilles, ainfi que l’accroiffement de fon momentum , relativement aux accroiffemens de fa longueur. . Je fuppofe, par exemple, que l’on veuille déterminer Le #omentum de la force directrice d'une aiguille de 48 pouces de longueur & de 6 lignes : - derdiamètre, mais de mème acier & au même deyré de trempe que celle de la. deuxième expérience, qui avoit 2 lignes de diamètre ; la queftion confifte à chercher dans la deuxième expérience , la longueur d'une aiguille de 2 lignes de diamètre, qui auroit des dimenfons homo- { logues avec celle de 48 pouces de lonpueut & de 6 lignes de diamètre ; ; Jon trouveroit que l'aiguille de 2 lignes de diamètre auroit 16 pouces de : longueur; mais nous trouvons dans la deuxième éxpérience , que le - Tome XLUI, Part, Il, 1793. OCTOBRE. Kk D APS : La te NÉE F : x pe dd Ü : w 0 ’ ; AT» “ < Ve 4 ee 258 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, momentum magnétique d'une aiguille de 2 lignes de diamètre & 15 pouces de longueur, auroit pour mefure 250 degrés, & puifque les dimenfons homologues des deux aiguilles que l’on veut comparer, font comme 3 eft à 1, leurs cubes font : : 27 à 1, en forte que le momentum de la force diredtrice de l'aiguille de 6 lignes de diamètre & de 48 pouces de longueur, feroit repréfentée par 250 x. 27 —= 6750 degrés. RAIN De L'adion des différens points d'une aiguille aimantée fuivant que ces points fonc plus ou moins éloignés de l'extrémité de l'aiguille. Les expériences qui précèdent & celles que nous avons données en 1785, dans les Mémoires de l’Académie, fufhfent pour prouver que dans les fils d'acier , dont le diamètre eft peu confidérable, relativement à la longueur , les fignes d’aétion du fluide magnétique font concentrés. vers les extrémités : l’expérience première & deuxième prouve même, comme nous le verrons tout à l'heure, que quelle que foit la longueur des fils d'acier, pourvu qu’ils aient au moins 40 à fo fois Ja longueur de leur diamètre, la courbe qui repréfente l’action magnétique de chaque point d'une aiguille, eft la même, quelle que foit la longueur du 51 d'acier, & qu’elle s'étend à-peu-près depuis l'extrémité des aiguilles, jufqu’à une diftance de ces extrémités, égale à 25 diamètres ; que de-là, jufqu’au milieu de l'aiguille, l'action eft très-petite, ou que les ordonnées de la courbe qui exprimeroient cette aélion, fe confondent prefqu'avec l'axe de l'aiguille. ï J'ai cherché à confirmer ce réfultat par des expériences direétes, en: déterminant la loi que fuit l'aétion magnétique des différens points d’une aiguille aimantée à faturation , depuis fon extrèmité jufqu’au milieu de l'aiguille : l’on peut appercevoir que pour le fuccès d’une pareille expérience , il a fallu difpofer les eflais de manière qu’en préfentant un fil d'acier à une aiguille rrès-courte, il n’y eût qu’une très-petite partie du fil dont l’ation für l'aiguille fût confidérable , afin de pouvoir en conclure la denfité magnétique du point du fil préfenté à l'aiguille, XITL Dans une boîte dont {a coupe eft repréfentée en ABCD, Fig. 3, N°. 1, j'ai fufpendu à la traverfe F une petite aiguille d'acier, de 2 lignes de longueur & d’un quart de ligne de diamètre : au-deffous de cette aiguille, j'ai attaché à l’angle droit, avec un peu de cire, un petie cylindre de cuivre rouge, de 2 lignes de diamètre & d’un pouce de longueur, le tout étoit fufpendu horifontalement par un fil de foie d'un pouce de longueur , tel qu'il fort du cocon; j'ai prouvé ailleurs ir A TN ï ' 2 j \ ÿ SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 258 que {a force de torfon d’un pareil fil écoit prefque nulle. L'aiguille & le cylindre de cuivre font reprélentés en plan au N°. 2, fég. 331,2 repré- fente le fl d'acier, & 3,4 le cylindre de cuivre; l'on pofe enfuite fixement dans la boîte, fig. 3, N°.1, à 3 ou 4 lignes de l'aiguille a, une règle verticale 4z ; le long de cette règle, l’on fait couler verticale- ment dans le méridien magnétique de l'aiguille a , un fl d’acier aimanté à faturation , d’une ou deux lignes dé.diamètre, en forte que le point à de lPaxe de ce fil n'en foir qu'à deux ou trois lignes de diftance. Lorfque l'on veut déterminer l’aétion magnétique du point 4, Fon fait d'abord ofciller l'aisuille 4 , avanc de lui préfeñter le fil d'acier 25 ; l'on compte le nombre d'ofcillations que fait cetre aiguille , en vertu de l'action feule du globe de la terre ; l'on place enfuite l'extrémité s du fil d'acier aimanté en à, à la hauteur de l'aiguille a ; l’on compte dans cette poftion le nombre d'ofcillations que l'aiguille à fait dans 60//; l'on … baiffe fuccelivemént l'extrémité s du fil d'acier, de fix lignes en fix lignes, & à chaque fois l’on compte Le nombre d’ofcillations que l'aiguille a fait en 60/. XIV De cette opération, il réfulre que fi l’aïguille a reftoit toujours dans un même état de magnétifme , le point & du fil d'acier fe trouvant feulement à crois lignes de diftance de cette aiguille, il n’y auroit dans le fil que Les points qui avoifinent b, dent l’action feroit confidérable fur l'aiguille a, puifque l’action des autres points décompofée fuivant une direction horifontale , diminue à denfité égale, en raifon du quarré des diftances & de l’obliquité de leur action : ainfi en faifant fucceflivement gliffer les différens points 4 de l'auille le long de la règle 4 2, il en réfulteroit que l'action des différens points b de l'aiguille, feroit à-peu-près propor- tionnelle au quarré du nombre des ofcillations faites par l'aiguille &, dans un tems conftant. X V. La fig. 3, N°.3, peut fervir à démontrer l'affertion qui précède. rs repréfente le fil d'acier dont l'axe en 2 eft placé à 3 ou 4 lignes du milieu de la petite aiguille a ; fi l’on prend au-deflus-& au-deflous du point, deux portions de fil bc & bc',très-petites, relativement à la longueur totale du fil, la denfité magnétique de certe portion cc/ peut être , fans erreur fenfible , repréfentée par une ligne droite 2k / ; en forte que ge fera la denfité du point c; kb, celle du point 8 ; & /c', celle du point c/: fi l'on tire actuellement par le point # , une ligne o£A , parallèle à l'axe du fil d'acier ns, le triangle gko étant égal au triangle ÆAZ, il en réfulee que l'action de la portion cc’ du fil d'acier #5 fur l'aiguille a, étant décompofée dans une direction horifontale, eft la même que fi la denfité Tome XLIII, Part. Il, 1703. OCTOBRE, Kk 2 no — ES Tibe) x x . È 74 - É . y \ à x .265 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, magnétique eût été uniforme depuis « jufqu’en c', & égale à ZX, qui repréfente la deufiré du milieu 2. Nous verrons cependant par les expériences qui vont fuivre, que les réfultats trouvés par le procédé que nous venons d'indiquer exigent une correction, parce que l'état magné- tique d’une aiguille a , dont les dimenlions font très-petites, & telles que celles de notre expérience, change à melure que Les points # qu'on lui préfente, font plus ou moins aimantés, X VI. ; CINQUIÈME EXPÉRIENCE. Fil d'acier de 2 lignes de diamètre & de 27 pouces de longueur. L'on a pris un fil d’excellent acier, de-2 lignes de diamètre & de 27 pouces de longueur, de la mème grofleur & de la même nature que celui de notre deuxième expérience; il a été aimanté® faturation par la méthode que nous prefcrirens à la fin de ce Mémoire. L'ayanr placé, ainf qu’il eft indiqué dans les deux articles qui précèdent & par la fe. 33° à 3 lignes de diftance de la petite aiguille a , qui a 2 Lignes de longueur & un quart de ligne de diamètre, on l’a fait couler verticalement de 6 lignes en 6 lignes, en oblervant à chaque fois le nombre d’ofcillations de l'aiguille a. 1° Effai, L'aiguille a, avant qu'on lui préfente le fil d'acier, fait à-peu-près une ofcillation en 60". 2° Effai. En plaçant l'extrémité s du fil d'acier , au niveau de l'aiguille a, cette aiguille fair en 60"....... 64 °“iaionn 3° Effai. L'extrémité s baiflée de 6 lignes, l'aiguille a fitien AO nel dep ele Den ENS 4° Effai. L’extrèmité s baiflée d’un pouce, l'aiguille a fair.en 60/.......4 444.0 cenese » 4% s° Effai. L'extrémité s baiflée de 2 pouces, l'aiguille a faibeTÉON are de entue L1e ele de tar e d'RTO 7 6 Effai. L'extrèmité s baiflée de 3 pouces, l'aiguille a faitoen, OO SN te AR ee ALT ANANNTe 7° /Effai. L'extrémité s baiflée de 4 pouces & demi, l'aiguille a faic : en 60// une ou deux ofciilations. Îl eneft de mêméjufqu'a ce qu’on ait baiflé l'extrémité s du fil d'acier , jufqu'à un peu plus de 22 pouces, c’eft-3-dire, jufqu'à 4 pouces & demi de l'autre extrèmité 7; pour lors l'aiguille a tourne fes poles en changeant de pofition bout pour bout , & elle donne vers cette feconde extrémité & dans les points correfpondans, à-peu-près le même nombre d'ofcillations qu'à l’autre extrémité, “ PR We Po SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 261 | DEA ; VIT SIXIÈME EXPÉRIENCE. Fil d'acier de 2 lignes de diamètre & de 10 pouces de longueur. En préfentant à l'aiguille a, à la même diftance que dans l'expérience qui précède , un fil d'acier de la: même nature &c du même diamètre , mais ayant feulement 10 pouces de longueur, l’on trouve que les trois premiers pouces de chaque extrêmiré du fi de ro pouces, donnent prefqu'exaétement la même aétion -que les trois derniers pouces des extrémités du fil de 27 pouces, détaillés dans l'expérience qui précède. XVI, SEPTIÈME ExPÉRIENCE. Fil de $ pouces de longueur & de 2 lignes &e diametre. Enfin , en fe fervant d’un fil d’acier de-ÿ pouces de longueur, mais du même diamètre que le précédent , l’on trouve encore aux extrémités de ces fils , & même jafqu'à cinq ou fix lignes de ces’extrémités , à tiès-peu près, les mêmes degrés d'action qu’à l'extrémité des aiguilles des deux expériences précédentes, D ” XF Xe Première Remarque: L'action qui fait ofciller l'aiguille, fe mefure ainfi que l’on fait par le quarré du nombre des ofcillations faires dans le même remis; d’après cette confidération ; j'ai conftruit, f£2. 4, en prenant le quarré du nombre des ofcillétions, la courbe acde, qui repréfente le lieu géomé- trique des denfités ou des actions magnétiques de tous les points de Ja moitié d’une aiguille de 27 pouces de longueur & de 2 lignes de diamètre ; dans certe fpure 0,13 + repréfente la moitié de la longueur de l'aiguille, -& les ordonnées reprélentent les denfités magnétiques : ces ordonnées décroiflent, comme l’on voit, rapidement , & font à-peu-près nulles vers le cinquième pouce ; depuis ce point la courbe des denfités fe confond avec l'axe jufqu'au vinut-deuxième pouce, & fur les cinq pouces de l'auite extrémité, elles fuivent à-peu-près la même loi, mais dans ün fens contraire ; en forte que fi la première extrémité a une denfité pofitive, ou dont l’action , fur un pole de la même nature, foit répulfve , celle de l'autre extrémité fur le même pole fera attractive ; dans la fg. 4, nous avons doublé, à l'extrèmité de l'aiguille en o ; le nombre qui repréfente \ Riu * z. ' ’) 262 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, le quarré des ofcillations ; il eft facile de voir, d’après laméchode de l'article 15 ,que la véritable valeur de cette denfité doit être encore plus grande, puifque dans ce point, par la poñtion de l'aiguille , le point b étant, fig. 3, N°. 1, l'extrémité de l'aiguille, il n’y a d'action que d’un des côtés de D, & non pas des deux côrés, comme dans tous. les autres effais ; d’ailleurs, la denfité va en diminuant depuis Le point #, lorfque & eft l'extrémité du fil ; au lieu que, pour pouvoir comparer Le réfultar du quarré des ofcillations dans.ce cas avec les autres eflais, il Ÿ faudroit, d’après les obfervations de Fat. 14, que la denfité fc uniforme, parce qu'il n'y a pas ici de compenfation d'un côté par l’autre, XX. Deuxième Remarqie. De la fixième expérience, nous tirerons cette conféqüence intéreflante , c'eft que la courbe, f£g. 4, qui repréfenre aux deux extrémités de notre fil d'acier la denfité ou l’action magnétique de chaque point de ce fil, eft exactement la même , quelle que foit la longueur des fils, pourvu qu'ils aient plus de 8 ou 9 pouces de longueur : de-là on ne peut encore conclure que lorfqu'on mefure , relativement au méridien magnétique, Le momentum de la force directrics de différentes aiguilles d’acier, de différentes longueurs, mais de la même nature & de la même grofleur , ces momentum doivent différer entr'eux d’une quantité proportionnelle aux décroiffemens des longueurs des aiguilles; car, puifque le momentum de la Force direétrice de chaque aiguille , fera égal à l'aire qui renréfente la fomme des denfités magnétiques , multipliée par la diftance du centre de gravité de cette aire au milieu du fil qui eft le point de fufpenfion , que d’ailleurs l'aire des denfités, ainfi que fes dimenfions , fonc les mêmes, quelles que foient les longueurs des aiguilles , il eft clair que le momentum de la force directrice du globe de la terre, pour chaque aiguille, fera repréfenté par cette aire, multipliee par la diftance de fon centre de gravité au milieu de l'aiguille; mais comme la diftance de ce centre de gravité à l’extrèmité de Paiguille eft conftante, quelle que foie la longeur des aiguilles, il en rélulte que le momentum des aiouilles fera mefuré par une quantité conftante , qui exprime l'aire des denfités multi- liée par la longueur de l'aiguille, moins, la quantité conflanre qui repréfente la diftance du centre de gravité de l'are des denftés, à l'extrémité de aiguille. Ce rélultat fe trouve exacteruent conforme À ce ue nous avons trouvé première & deuxième expérience , en cherchant le momentum magnétique de plufeurs aiguilles de même diamètre & de différentes longueurs ; car, nous avons vu, d'après ces deux expériences , que les momens de la force direétrice croiffent proportionnellement à l’accroiflement des longueurs des aiguilles ; ce qui doit néceflairement ‘ SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 263 avoir lieu, puifqu'en coupant une aiguille, & l’aimantant à faturation Ad ie LE ; S2 ha la courbe qui repréfente l'aire des denfités magnétiques, érant la même ee ù PL pour les aiguilles de différentes longueurs, le centre de gravité de cette aire fe rapproche du milieu de l'aiguille de la moitié de la partie de la longueur que l’on a coupée , & par conféquent la diminution du 5 q ER ERA LEA \ moïmentum eft proportionnelle à cette partie coupée. XXI. D'après la remarque qui précède, il eft facile, au moyen de la première & deuxième expérience , qui nous ont fervi à connoître la loi du momentum de la force directrice de différentes-aiguilles d’une même nature & de même grofleur, mais de longueurs différentes , de déter- miner la place du centre d'action, ou, ce qui revient au même , le centre de gravité de la courbe des denfités magnétiques de ces aiguilles. Prenons d’abord pour exemple l'aiguille éprouvée dans la première expérience, Cetre aiguille pèfe 38 grains Le pied de longueur; nous avons trouvé, art. 4, que lorfque cette aiguille avoit 12 pouces de longueur, il falloit, pour la retenir à 30 degrés de fon méridien magnétique, une force de torfion de 11,50 degrés , & lorfqu'elle avoit feulement 3 pouces de longueur, il falloït une force de 2,30 pour la retenir à la même diftances Mais, d'après les remarques qui précèdent , l'aire des denfités, fig. 4, eft la même pour toutes les longueurs d’aiguille de la même groffeur , ainfi de centre de gravité de cette aire eft dans les deux expériences à la même diftance des extrémités de l'aiguille, Soit À la furface de cette aire, foit x la diftance du centré de gravité de cette aire à l'extrémité de l'aiguille , en nommant Z la moirié de la longueur de l'aiguille, l’on aura pour fon xomertum magnétique la quantite 2 4 fin. 30°. (Z-x); & en prenant les deux quantités trouvées parla première expérience, pour le momentum des forces directrices des deux aiguilles de 12 pouces & de 3 pouces de longueur, nous aurons les deux équations fuivantes : 2A(6—x) fin. 30—= 11,50 Etuis piles aies me lee px 2 AUD SX) fin, 30/2350 Divifons l’une par l’autre, il en réfulcera : . . . . x = 0,36 pouces. En faifanc la même opération pour l'aiguille d'acier de la deuxième expérience, qui pèfe 865 graïns le pied de longueur, l’on tirera fa diftance ‘au centre de gravité de l'aire des denfirés à l’exrrémité de l'aiguille ou x! —1,51 pouces, Dans ces deux expériences, les diamètres des deux fils d'acier font entreux comme les racines des poids, ainfi elles font entrelles :: ]/865:ÿ/38:: 4,8: 1,0; mais nous trouvons la diflance du centre de gravité aux extrémités des aipuñlles :: 1,510 : 36::4,2: 10: ainfi il paroîtroit, d’après ces réfulrats , que les diftances du centre d’ation magnétique de deux aiguilles , à l'extrémité de ces aiguilles, font approchant entrelles , comime les diamètres de ces aiguilles, a: H t: s 5 . 4 4% * HAE 254 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, XXII 3 Quarritme Remarque. : TI fe préfente ici une difficulté qui paroît mériter quelqu'attention ; nous venons de voir que la courbe f:g. 4, N°. 7, qui repréfente la denfité magnétique, & qui elt placée au bout du fil d'acier, de.2 lignes de diamètre, a fon centre de gravité, à-peu-près à 1,5 pouces de fon extrê= mité. Nous avons vu , cinquième expérience, que la denfité magnétique de cette même aiguille ne s'étend d'une manière bien fenfble , que jufqu'à cinq pouces, à-peu-près, de l'extrémité de ce fil d'acier : or, comme 1,5 pouce eft le tiers de 4,5 pouces, il réfulteroit de cette compataifon que la courbe des denfités magnétiques auroit fon centre de gravité placé prefqu'à la même diftance de fon extrêmité , que fi la figure de cette courbe éroit à-peu-près uneligne droite: or, nous trouvons, d'après l'expérience cinquième fe. A, N°. 1, que cette courbe eft con- vexe du côté de l'axe. Quoique ces réfultats ne foient pas contradictoires, il faut oblerver que la cinquième expérience nous indique feulement le point où la denfité magnétique du fil d’acier eft peu confdérable ; car, elle n’eft égale à o qu'au milieu du fil d'acier. Cette expérience nous indique aufli les points de deux fils d'acier aimantés, de même grofleur où Ja denfité magnétique eft la même ; mais l'on ne peut pas tirer-la loi exacte des denfités magnétiques de tous les points du fil d'acier de certe cinquième expérience, car elle donne, pour les fortes denfités du pointé, fig. 3» des quantités trop grandes , relativement aux petites denfités des _ autres points de l'aiguille , en voici la raifon : Lorfque l'aiguille a, f£g. 3, n’a qu'une ou deux lignes de longueur, & moins d’une demi-ligne de diamètre , comme dans l'expérience cinquième, cette aiguille, fufpendue après avoir été aimantée , ofcillant librement, fans aucune action étranoère au globe de la terre, ne donne que dess fignes très-foibles de magnétifme ; mais fi l’on lui préfente à trois lignes de diftance, comme nous l’avons fait dans la cinquième expérience, le fil d'acier 25, fon état magnétique augmente à mefure que le point du fil d'acier eft plus chargé de magnétifme : en fotte que, d'un eflai à l'autre, aiguille & n'eft pas dans un état de magnétifme conflant ; mais cet état change à mefure que lation du point £ eft plus où moins grande : d'où il réfulte , que dans les eflais fucceflifs de cette cinquième expérience, l'action du point # fur l'aiguille a, n'eft pas proportionnelle à la denfité aimantaire du point ?, mais en raifon compolée de cette denfité & de l’état magnétique de l'aiguille à ; en forte que, fi l’état magnétique de cette aiguille croifloit proportionnellement à la denfité magnétique du point b, pour lors Paétion ou les ordonnées trouvées par notre courbe fe. 4, N°. 1, feroient commef®le quarré des denfirés du point SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 265$ point à: c'eft-i-dire, que fi cette fuppoñition pouvoit être admife , il faudroit que les ordonnées qui repréfenteroient les denfités, fuflenc feulement proportionnelles au nombre d'ofcillations trouvées par les effais de cetre cinquième expérience. - Une expérience qui prouve d’une manière convaincante la variation de l'état magnétique de la petite aiguille a , pendant les différens eflais, c'eft que fi l'on préfente un feul inftant l'extrémité fud , par exemple, de l’aiguille à à une ou deux lignes de diftance de l’extrémité fud du fil d'acier 5 , pour lors, par l’action du fil #5, le pole fud de l’aiouille a devient dans un inftanc le pole nord ; que de plus, par cette opération, cette petite aiguille fe trouve aimantée à faturation, ce qui fera facile. à prouver par Le nombre des ofcillations qu'elle fera librement, foit après avoir été prélentée à deux lignes de diftance du pole du fil d'acierns, foit après avoir touché le pole de ce fil d'acier ou même un aimant plus plus fort, puifque dans les deux cas, l'on trouvera qu'elle fair, dans un même tems, le même nombre d’ofcillations. HUITIÈME EXPÉRIENCE, Deflinée à donner des réfultats plus rapprochés que la cinquième Expérience. Inftruit par les obfervations de la remarque précédente, j'ai cherché à déterminer, par une nouvelle expérience, les denfités du fl 25, d’une manière plus rapprochée que par la cinquième expérience, dont nous venons de donner les détails & les inconvéniens, L'on fent que j'ai dû chercher à fubftituer à la petite aiguille a, dont l’état magnétique varioit d'un eflai à l’autre, une autre aiguille dont la rélftance magnétique fût plus grande, & en même-tems dont l’action magnétique fur les points 4 du fil d'acier, fig. 3, ne fut pas affez confidérable pour altérer , d’une manière fenfible, l'état de ce fil; car l’adtion étant réciproque entre l'aiguille a & le fil xs, l’altérarion magnétique eft également à craindre des deux côtés. Voici comment je fuis parvenu à un réfüultat rapproché, après plufieurs effais , pour déterminer les dimenfions les plus convenables. A la place de la petite aiguille a , fig. 3, qui, dans notre cinquième expérience , n'avoit que deux lignes de longueur, & moins d'une demi-ligne de diamètre, j'ai fufpendu une aiguille d’acier de 3 lignes de diamètre & de 6 lignes de longueur ; j'ai placé le point # du fil d'acier 25, à 8 lignes de diftance de l’extrémité de l'aiguille a, & j'ai fuivi d’ailleurs tous Les procédés de l'expérience cinquième: en calculant enfuite l’aétion des différens points 2 du fil d’acier #5 fur l'aiguille a, d’après le quarré des ofcillations , j'ai trouvé les denfités de ces différens points comme ils font cotés à la f7. 4, N°, 2; dans certe figure , la bafe 0,13 AE Tome XLIII, Part. Il, 1793. OCTOBRE, ’ 266 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, fente la moitié de l'axe de l'aiguille; les ordonnées repréfentent les denfités magnétiques des points correfpondans. La dernière ordonnée 04, a été déterminée en faifant faire à ba , relativement à bc, le même angle que bc fait avec cd; cette dernière ordonnée devroit proba- blement être un peu plus grande , mais fes autyes fe rapprochent de la vérité: Ÿ Il réfulte de cette expérience que la courbe des denfités, fig. 4, N°29 À partir de l'extrémité de l'aiguille , fe rapproche rapidement de l'axe, puifque dans notre expérience, l'ordonnée qui repréfente la denfiré du point placé à quatre pouces & demi de l'extrêémite du fil , eft.au moins dix-huit fois plus petite que celle de certe extrémité : l'on voit encore que, depuis ce point, la courbe continue à fe rapprocher de l'axe, qu'elle coupe au milieu de l'aiguille, pour former , dans un fens oppofé à l’autre extrémité de l'aiguille, une courbe ablolument femblable à la première; en calculant la diftance du centre de gravité de la courbe des denfirés , d’après les ordonnées de la fg. 4, N°. 2, on le trouve placé à 1,3 pouces de l'extrémité 0: nous l'avons trouvé par le calcul de la deuxième expérience , art. 21 , à 1,5 pouces de diftance de cetre extrè- mité, rapport auffi exact qu’on le peut efpérer , dan: des expériences de ce genre, qui fembleroit feulement indiquer que la denfité des points placés proche le milieu de laipuille,eft un peu plus grande que celle indiquée par notre figure ; ce qui doit venir, ainfi que nous l’avons prouvé, art. 22, de l'influence magnétique des points fortement aimantés du fil d'acier rs, fur l’état magnétique de l'aiguille a; car, quoique cer état ne foit pas fujet à des variations aufli fortes que celles de la petite aiguille de l'expérience cinquième , il y aura cependant , dans l’état de l'aiguille «&, un accroiflement de magnétifme d'autant plus fenfible , que l’attion du point b du fil d'acier 5, fig. 3, fera plus forte. XXI V. RÉCAPITULATION. Réuniffons en peu de mots les réfültats principaux fournis par 1es expériences qui précédent. 1°. La courbe des intenfités magnétiques peut , dans la pratique, fe calculer comme un triangle qui ne s'étend que depuis l’extrêmité des aiguilles jufqu'à une diftance de cette extrémité, égale à 25 fois le diamètre de l'aiguille : ainfi, dans les aiguilles qui ont une longueur plus grande que $O fois leur diamètre , les momenum croiflent comme l'accroiflement des longueurs des aiguilles. 2°, Lorfque les aiguilles ont moins de fo fois leur diamètre de longueur, les momens des forces directrices peuvent, dans la pratique , être évalués en raifon du quarré des lonoueurs des aiguilles. Ce rélultat trouvé, premiére SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 257 € deuxième expérience, eft confirmé par lacinguième, fixième & féptième, où l’on trouve que, quelle que foit la longueur des aiguilles, l’intenfité magnétique de leur extrémité eft fenfiblement la même ; ainfi, fi la figure de la courbe des intenfités eft repréfentée par un triangle dont la pointe eft au milieu de l'aiguille, & fi l’on nomme, fg. 4, N°.3,ns l'intenté magnétique des extrêmités des aiguilles 4 , & x la moitié de l'aiguille, l'on auta, pour le momentum de la force directrice de cette aiguille, 2 A xt $ Pen Fe 3 : ; C'eft-à-dire, que les momentum de la force directrice , font 3 comme Les quarrés des longueurs des aiguilles, lorfque ces aiguilles font moindres que $O fois leur diamèrre, & que le lieu géométrique des denfités magnétiques eft à-peu-près une ligne droite, . 3°. Lorfque l'on compare deux aiguilles de mème nature, dont les dimenfions font homologues, Les momentum de leur force directrice font comme le cube des dimenfions homologues, X X V. Effai fur la théorie du Magnétifme, avec quelques nouvelles expériences cendantes à éclaircir cette théorie, Les phyficiens ont attribué pendant long-tems les effets du magné- tifme à un tourbillon de matière fluide qui faifoit fa révolation autour des aimans, foit artificiels, foit naturels, en entrant par un pole, & en fortant par l'autre. Ce fluide agifloit, difoit-on, fur le fer & l'acier à caufe de la configuration de leurs parties, mais il n’exerçoit aucune action fur les autres corps. A mefure, dans ce fyfême , qu’il fe préfen- toit quelques phénomènes inexplicables par un feul tourbillon , l’on en imaginoit plufieurs, ou l’on combinoit plufieurs aimans entr’eux ; on leur donnoit , fuivant le befoin, des mouvemens particuliers. C’eft fur de pareilles hypothèfes que font fondés les trois Mémoires fur la caufe du magnétifme , qui furent couronnés par l'Académie en 1746. Je crois avoir prouvé, reuvième volume des Savans Etrangers, pag. 137 & 157, combien il étoit difficile de rendre raifon , au moyen des rourbillons , des différens phénomènes magnétiques ; il faut donc voir fi, par des fuppofitions fimples de forces attractives & répulfives , ces hénomènes s’expliqueront plus facilement. Pour éviter toute difcullion, j'avertis, comme je l’ai déjà fait dans mes différens Mémoires, que toute hypothèfe d’attration & de répulfon , fuivant une loi quelconque, ne doit être regardée que comme une formule qui exprime un réfultat d'expérience: ficette formule fe déduit de l’action des molécules élémen- taires d'un corps doué de certaines propriétés ; fi l’on peut tirer de cette Tome XLIII , Part. 11, 1793. OCTOBRE. Li 2 268 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, première action élémentaire tous les autres phénomènes; fi enfin les réfultats du calcul théorique fe trouvent exactement d'accord avec les mefures que fourniront les expériences, lon ne pourra peut-être efpérer d’aller plus loin, que lorfqu'en aura trouvé une loi plus générale qui enveloppe dans le même calcul des corps doués de différentes pro- priétés , qui, jufqw'ici, ne nous paroiffent avoir entr'elles aucune liailon. M. Gpinus paroît être un des premiers qui ait cherché à expliquer ,aw moyen du calcul , par l'attraétion & la répullion , les phénomènes magné« tiques. IL penfe que la caufe du magnétifme peut être attribuée à un feuf fluide qui agit fur fes propres parties par une force répulfive , & fur les parties de l’acier ou de l’aimant par une force attractive. Ce fluide une fois engagé dans les pores de l’aimant, ne fe déplace qu'avec difficulté. Ce fyftême a conduic M. Gpinus a cette conclufion, c'eft que pour expliquer différens phénomènes magnétiques, il faut fuppofer entre les parties folides de l'aimant une force répulfive. Depuis M. Œpinus, plufeurs phyficiens ont admis deux Auides magnétiques ; ils ont fuppofé que lorfqu'une lame d’acier étoit dans fon état naturel, ces deux fluides étoient réunis à faturation : que par l'opération du magnétifme , ils fe féparoient & étoient portés aux deux extrémités de la lame, D'après ces auteurs , les deux fluides exercent l'un fur l’autre une action attractive, mais ils exercent fur leurs propres parties une action répulfve ; il eft facile de fentir que ces deux fyftémes doivent donner, par la théorie, les mêmes séfultats. - : Il s’agit à préfent de voir fi les calculs fondés fur les hypothèfes qui précèdent, feront exactement d'accord avec les expériences ; recherches qu’il n’éroit pas poflible de tenter avant de connaître la loi d'attraction & de répulfion des molécules aimantaires des corps magnétifés ; loi que nous avons trouvée, Mémoires de l'Académie, pour 378$, pag. 606 & Juiv. en raifon compofée de la denfité ou de l’intenfité magnétique 8e inverfe du quarré des diftances. Il étuit également impoñlible de vérifier aucune hypothèfe , avant d'avoir employé des moyens qui donnaffent des mefures exactes dans les expériences ; ainfi que nous avons tâché de le faire dans celles qui précèdent. X XVI. Exemple pour déterminer, par le calcul, la difiribution du fluide magnétique dans une aiguille d'acier cylindrique, d'après les fyflêmes qui viennent d'être énoncés. Pour fimplifier les réfultats & mettre les calculs à portée d’un plus grand nombre de Leéteurs, nous allons appliquer une méthode d’approxi- SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 269 imation à un exemple très-fimple , mais qui fufira pour nous indiquer en même-tems Les réfultats principaux, donnés par les expériences qui précèdent, & la marche que l’on pourra fuivre dans des exemples plus compliqués. Suppofons, fig. 5 , que l'aiguille d'acier cylindrique ab, a de longueur fix fois fon diamètre, & eft divifée en fix parties égales; fuppofons certe aiguille aimantée à faturation , & cherchons quelle doit être la denfité magnétique de chaque partie pour qu'il y ait équilibre au point de l'axe de chaque divifion ; fuppofons de plus la denfité magné- tique uniforme dans chaque partie & différente feulement d’une partie à l’autre : d’après certe fuppolition, le point 3 étant placé au milieu de l'aiguille, les denfités magnétiques des points des deux côtés, à égales diftances du point 3, feront égales; maïs les unes feront politives & les autres négatives. Que la limite de la force coërcitive qui empêche le fluide magnétique de couler d’üne partie de l'aiguille dans l’autre , force que l'on peut comparer au frottement dans les machines, ou à la cobérence, foit repréfentée. par la quantité conftante À; pour avoir l'action de chaque partie fur un point de l'axe, il faut déterminer, par le calcul, dans la 2. 6, l’action du petit cylindre cdf2 , dont la denfité eft uniforme, fur le point de l'axe C, en fuppofant l’action de tous les points en raifon inverfe du quarré des diftances. Soit Le rayon du cylindre ag—r, la diftance chb—a, la diftance ca—b, la longueur du Cylindre ba—a—b, c, le rapport de la circonférence au rayon; l’action du cylindre cd fg, dont la denfité eft S ; agiflant fur le point de l'axe C, dans la direction de l'axe ac, fera exprimée par la formule c '[ (ab )+ (bb+rr)i—(aa+rr):1 Voici le type du calcul qui donne cette formule. L'action d'une zône circulaire, qui auroit, fig. 6, N°. 2, mn=— dr de largeur, & pm=—r pour rayon, éloignée du point c fur lequel elle agit à la diftance p mx, feroit repréfentée par la quantité cdrdrx sua a UE :a ; >. : —— , cette quantité intégrée de manière qu'elle s’évanouifle (rr+xx)i E quand 7=—0o donnera pour l’ation du cercle dont 7 eft le rayon, cd ( 1— RE. multipliast par 2x & intégrant de manière que la valeur fe complette quand x —a, & qu’elle s'évanouifle quand x =, l'on aura, fg. 6, N°.2, pour repréfenter l’action du petit cylindre efgd, fur le point c, évaluée däns la direction de laxe la formule CA[(a—b)+(bb+rr)==(aatrr)+] en appliquant à pré- fent cette formule à notre exemple, où chaque partie du cylindre eft égale à 27, & où il faut, f7. 5, qu'il y ait équilibre aux points de l'axe 1,2,3, entre les forces magnétiques & la réfftance qu'éprouve ce fluide 270 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE; à paffet d’un point à un autre du fil d'acier, l'on tirera les trois équations fuivantes : F { Fa) 4°] (9 A au point F.... 0,77 — O©,74 J'#H40,06 d + Ter É n (Q) (e)) À au point @æ. +, 0,13 d ——0,81 d' + 0,65 d' DES co» ( 6) Cr au point 3 .... 0,10 d' —=—0,22 4 re 1,52 d "HCTAaL en réduifant ces trois équations , l'on trouve, pour les denfités magné- tiques, les valeurs fuivantes: (x) A (2) A (3) A SSH d OC d' —=0,19 RENE XXVIL Si l'on fuppofe une autre aiguille dont la force coërcitive, qui dépend de la nature & du degré de trempe de l'aiguille, foit repréfentée par A’, dont Le rayon foit r', & dont la lonoueur foit égale à fix Bis fon diamètre , l'on auroit une aiguille dont toutes les dimenfions feroient homogènes, ou proportionnelles aux dimenfions de celle qui vient de fervir de type G) G) G) à notre calcul, & nommant 4, d, 4, les denfités correfpondantes aux trois divifions de la moitié de cette aiguille , l’on aura les trois valeurs, G@) A (à) A G3) A d = 2,41 No dé = 0,72 Tré = 0,19 Tr Ainfi dans les deux aiguilles, en comparant les denfités correfpondantes, l’on aura, G@) (1) (G) G) G) G) A A d'idiididiididi: —i—, r T c’eft-à-dire, que les denfités des portions correfpondantes des deux ! Le : REA ; , Ai: aiguilles, font entr'elles :: — : — en raifon directe des forces coërci- T r tives & inverfes des rayons, Si les deux aiguilles que l'on veut comparer avoient , relativement à leur diamètre , une longueur plus grande que la précédente ; mais fi elles éroient de dimenfons homologues, il eft facile de voir que l’on auroir, par la méthode qui précède , autant d'équations qu'il y auroit de divifion dans la moitié de l'aiguille, & comme dans chaque équation correfpon- dante les coëffciens des parties femblablement placées fonc les mêmes, il « Jen dit dé SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 271 en réfulre que les denfités des parties femblablement placées, feront dans tous les cas entr'elles nPrns ee, r X XVIII. Il eft à préfent facile de calculer d’après la théorie , Le rapport des momens magnétiques des aétions du bre de la terre, qui ramènent deux aiguilles aimantées à faturation de dimenfions homologues au méridien magnétique ; confidérons dans ces deux aiguilles deux parties homo- logues dont les rayons foient r & r',les mafles des parties homologues feront : : r°:73,les mafles du fluide magnétique de ces mêmes parties feront comme les denfités multipliées par le cube des rayons: mais le milieu de chaque aiguille étant dans nos expériences, le centre de rotation , autour duquel chaque partie follicitée par la force aimantaire de la terre eft rappelée à fon méridien magnétique, il en réfulte que chaque partie a, pour momentum autour de ce point , le produit de fa denfité du cube du rayon & de la diftance de ce point au centre de rotation. Mais comme les denfités dans deux parties correfpondantes de A deux aiguilles homologues font entr'elles : : —: ri que de plus, pour les parties femblablement placées dans les deux aiguilles homo- logues , les diftances au milieu des aiguilles font comme les rayons, il réfulte que le momentum magnétique qui rappelle deux aiguilles homo logues au méridien magnétique , font entr'eux en raifon directe , com- polée de la force coërcitive , & du cube du rayon : mais nous avons vu, art. 10 , qu’il réfultoit de l’expérience , que dans deux aiguilles de même narure , & de dimenfions homologues , Les momens de la force directrice étoient comme les cubes des rayons , ce qui fe trouve parfairement con forme à la théorie. Nous avons également trouvé, art. xxr, d’après l’expérience , que dans deux aiguilles d’acier de même nature , mais de différens diamètres, le centre de gravité de la courbe qui repréfentoit les denfités du fluide magnétique, étoit placé relativement aux extrémités de ces aiguilles, à des diftances proportionnelles à leur diamètre , les formules qui précèdenr donnent le même réfulrat. XXI X. La conformité que nous trouvons ici entre les expériences fondamentates: & le calcul, femble donner un grand poids, foit à l'opinion de M. Œpinus, foit au fyftème des deux Auides, telle que nous l'avons préfentée ; cepen- dant il faut avouer qu’il y a quelques phénomènes qui femblent fe refufer entièrement à ces hypothèfes; en voici un des principaux. 272 OBSERFATIONS SUR LA PHYSIQUE, Nous avons vu, art, premier , que lorfqu’une aiguille aîmantée étoir fufpendue librement , la fomme des forces boréales qui follicitoient certe aiguille dans le méridien magnétique , étoic exactement égale à la fomme des forces auftrales ; ce réluitat, fondé jur des expériences que l'on ne peut contredire, a lieu, non-feulement pour une aiguille que l'on vient d'aimanter ; mais fi après l'avoir aimantée l'on coupe cette aiguille en différentes parties; que l'on coupe, par exemple, l'extrémité de-la partie boréale , cette partie fufpendue fera follicitée par des forces boréales & auftrales exactement égales ; mais dans Les hyporhèfes précédentes ; cette partie feroir uniquement chargée de fluide boréal, & l’action des deux poles magnétiques du globe de la terre fe réuniroit pour la tranfporter ers le pole boréal ; ainf la théorie fe trouve ici en contradiction avec l'expérience. X X X. S Je crois que l'on pourroit concilier le réfulrat des expériences avec le calcul, en faifant quelques changemens aux hyporhefes ; en voici un qui paroît pouvoir expliquer tous les phénomènes magnétiques dont les eflais qui précèdent ont donné des mefures précifes. Il confifte à fuppofer dans Le fyRême de M. Œpinus ; que le fluide magnétique eft renfermé dans chaque molécule au partie intégrante de l'aimant ou de l'acier ; que le fluide peur être tranfporté d'une extrémité à l'autre de certe molécule, ce qui donne à chaque molécule deux poles ; mais que ce fluide ne peut pas pafler d’une molécule à une autre, Ainfi, par exemple, fi une aiguille aimantée étoit d’un très-petit diamètre , ou fi, fg. 7, chaque molécule pouvoit être regardée comme une petite aiguille dont l'extrémité nord feroit unie à l'extrémité fud de l'aiguille qui la précède, il n’y auroit que les deux extrémités z & s de cetre aiguille qui donneroient des fignes dé magnétifme ; parce que ce ne feroit qu'aux deux extrémités où un des poles des molécules ne feroit pas en contact avec le pole contraire d’une autre molécule, Si une pareille aiguille étroit coupée en deux parties après avoir été aimantée en a, par exemple , l'extrémité a dela partie 4, auroit la même force qu'avoit l'extrémité s de l'aiguille entière , & l'extrémité & de la partie sa, auroit également la même force qu'avoit l'extrémité x de l'aiguille entière avant d’être coupée. Ce fait fe trouve très-exactement confirmé par l'expérience; car, fi l’on coupe en deux parties une aiguille très-longue & très-fine après l'avoir airhantée , chaqueipartie éprouvée à la balance , fe trouve aïmantée à faruration 8 quoiqu'on l'aimante de nouveau, elle r'acquerra pas une plus grande force directrice. 11Chaque partie de notre aiguille, dans ce nouveau fyftème, de quelque nanière qu’elle foitaimantée ou coupée, fera dirigée dans le méridien magnétique SUR, L\HIST.A NATURELLE ET LES ARTS, 23; magnétique par des forces auftrales & boréales parfaitement égales ;: ce: qui, paroît être un des principaux phénomènes auquel il faut qae les bypothèfes fatisfaflent. L'hypothèfe que nous venons de faire, paxeît. très-analogue à cette expérience électrique très-connde./Lorfque l'on charge un carreau de verre garni de deux plans métalliques , quelque minces que foient les plans, fi on'les éloigne du cätreau, ils denuenr dés fignes d'élericité très-cohfidérable : les furfaces du verre, après que l'en a fait la décharge de l'électricité des garnitures , reffent elles-mêmes imprégnées des deux électricités contraires, & forment un très-bon éleétrophore ; ce phéno- mène a lieu , Quelque peu d’épaïffeut que l’on donne au plateau de verre ; ainfi, le fuide électrique, quoiqué de nature différente des deux côtés - du verre, ne pénètre qu'à üne Mistice infiniment petite de {a füurface; & ce carréau réflemible exatement une molécule aimantée de notre aiguille. Et fi , à préfent l’on plaçoit l'un'fer l’autfe une füite de’ carreaux ainfi électrifés, de manière que dañs la réunion des carreaux, le côté poñirif qui forme la furface du premier carreau fe trouve à plufieurs pouces de diftance de la furface négative ‘du dernier carreau , chaque fyrface des éxtrémités ,'aînfi que l'expérience le prouve , produira, à des diftances’ éflez confidérables , des effets aulli fenfñbles que nos aiguilles aîmantées ; quoique Le fluide de chaque furface des carreaux des extrémités ne pénètre ces carreaux qu'à une profondeur infiniment petite, & que Les fluides électriques de toutes Les furfaces en contact s'équilibrent mutuel- lement, puifqu'une des furfaces' étant poñtive, l'autre elt négative. Enfin , dans aucun fyftême d'attraction & de répulfion , l’on ne peut pas füppofer qu'un des deux Auides magnétiques puifle pafler d’une barre d'acier dans une autre} puifqué [es aiguilles aimantées font toujours follicitées par des forces boréales & auftrales , abfolument égales ; cépendant , fi l’on remplit un petit tuÿau ou une paille, de limaïlle d'acier, & qu’on l'aiante, l’ôh troüvera à ce cuyau une force directrice très-fenfible’, & que l'on'mefurera facilement à notre balance électrique: La limaille du tuyau fe trouve dans le cas de notre hypothèfe, puifqué le fluide magnétique ne peut pa pafler d'une molécule d'acier dans une aütre. #1" Voici encore uñe expérience à l'appui de notre opinion; le long d'une rèvle de bois, f22. 8 , je place en Contaét par leur extrémité une file de cinq ou fix parallélipipèdes de fer très- doux, formant enfemble une longueur de dix-huit à vingt pouces. J'applique le pole s d’ane barre aimantée à l'extrémité 4, & je fais olifler, comme je l’ai fait, fe. 3, la ligne 4B de mes parallélipipèdes à quatre ou cinq lignes de diftance d'une petite aiguille 4 aimantée. Comme le fluide magnétique ne peut pas pafler d'un patallélipipède à l’autre , chaque parallélipipède devroit réfenter deux poles. L'expérience apprend au contraire , que toute la Tome XLIIT , Pure. 11, 1793, OCTOBRE. Mm 274 OBSE RVATIONS SUR LA PHYSIQUE, ligne À B donne la même nature de ‘magnérifmie, que le pole s de Vaimant 52 en contact par ce pole avec l'extrémité 4, Gette expérience s'explique facilement dans notre hypothèfe, ! i FX la mel XXE Le * 41 Sous SHDASUD.., 221/mLIet sie AUD. UPÉUTE Il eft facile, d'après ce que nous venons de dire, de fe rendre compte 1 . Ü Fr . : . 10 de l’éçar magnétique d'une lame aimantée; que abcd,. fig. 9, N°13. repréfente cette lame, .que nous fuppofons formée d’une infinigé d'élémens longitudinaux : Ags .eft une, fibre élémentaire que l'en voit plus en grand , f28. 9; N°.2, dans laquelle 1,233 repréfente des perites aiguilles, ou des molécules élémentaires, Dans chaque molécule le fluide magné-., tique peut fe cranfporter. d’une extrémité à l'autre, mais ne, peut pas fortir de a molécule: ainfi, dans la première aiguille, f le uide aimantaire eft condenf£ à Pextrémité boréale de:la, quantité,a, dans :cetre mème aiguille il fera dilaté à l'extrémité auftrale au-delà de l’état. de neutrali- fation de la quantité a ; dans l'aiguille 2 il pourra être condenfé à l’extré- mité boréale d'une quantité a+ ; ainfi il fera dilaté à l’autre extrémité de l'aiguille de Ja même quantité a4-;b; dans l'aiguille 3 il fera condenfé à l'extrémité boréale ss à quantité 4 4 bc ; ainfi à l'autre extrémité de la même aiouille , il fera dilaté de la même quantité; il en fera de même, pour tous les autres élémens, de certe fibre. . De-là il réfulte qu'a l'extrémité de notre fibre, la force boréale fera a # î ; qu’à l'extrémité boréale du deuxième élément, la force boréale fera réduire à b, la force a étant détruite par la force négative a de l'extrèmité auftrale de l'élément 1; à l'extrémité boréale de l'élément 3 , la force boréale fera réduite äc , la partie (a+ b) étant détruite par la force négative. du ole auftral de l'élément 2. ae Le hate TR ILeft facile à préfent, en remplaçant notre fibre dans la 9. 9, N°,1, de voir qu'en prenant dans cette fibre, du côté boréal, par exemple, un point quelconque S', dont Ja force boréale , réduite , d’après l’obfer- vation qui précède ; foit repréfentée par d'. Si l’on tire par ce point d, une ligne of perpendiculaire à la longueur de la lame; dans l’état de fiabilité , l’action de route la partie ab fo fur le point d\, étant décom- pofée dans la direction Ad, doit faire équilibre à l'action de toute la partie reftante fo cd, plus à la force coërcitive qui empêche le fluidede couler dans chaque élément. : | : Ainfi, dans notre hypothèfe, le calcul. des actions magnétiques ou de l'intenfité de forces magnétiques de chaque point, doit nous donner p'écifément le même réfultat que celui du tranfport du fluide MaONÉ» tique , d'une extrémité d’une lame à l'autre. Calcul qui donne, comme nous l'avons vu, la plus grande conformité entre les expériences .& la théorie, lorfque Les aiguilles font aimantées à faturation. SUR L'HIST: NATURELLE ET LES ARTS) 2, aiguilles aimantées, écoit une lame d'acier ayant la fioure d’un parallélo- HuiITEËÈME: EXPÉRIENCE Dans une lamé d'acier, que l’on trouve dans le commerce fous le nom de tôle d'acier d'Angleterre, l'on a coupé trois aiguilles de la longueur de fix pouces. ; La première éroic un parallélograme rectangle de 9 < lignes de large, qui peloit 382 grains. : Lafeconde , évalement parallélogramatique rectangle; avoit 4 À lignes dé large, & peloit 191 grains, La croifième, taillée en Aêche , avoit à fon milieu 9 : lignes de large, & pefoit comme la deuxième, 191 grains. L'on a fufpendu fucceflivement ces trois aiguilles dans la balance magnétique après les avoir aimantées , & on a eu les réfultat uivans: Tome XLIIT, Part, II, 1793. OCTOBRE. Mm 2 276 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE; PREMIER Essar. Les trois Aiguilles trempées, rouge blanc. . . . . | [23 “ L’aiguille parallélogramatique , pefant 382 grains, a été retenue 430 degrés de fon méridien magnétique, par une force de torfon , mefurée par 5 IS UQR Dr anse sata sr ee CD L'aiguille parallélogramatique, pefant 191 grains, par. + 49 L'aiguille en flèche, pefant 191 grains , par. ss. 53 DEUXIÈME Essar, Les Aiguilles recuites à confiftance d'un reffort violer. L’aiguille parallélogramatique , pefant 382 grains, a été retenue à o degrés du méridien magnétique, par une force de torfion 3 8 BDEUUESP e RAM ANNONCE AP ARENA AT G FRA L’aiguille parallélogramatique, pefant 191 grains, par.. 65 L’aiguille en flèche, pefant 191 grains, par. ....... 68 TROISIÈME EssaAr, Les Aiguilles recuites , couleur d’eau. L’aiguille parallélogramatique, pefant 382 grains, a été retenue à 30 degrés du méridien magnétique, par une force de torfion : de uso see ne ns sos ecs co. pese dors ee eee 126 degrés L'aiguille parallélogramatique, pefant 191 grains, par. . 68 L’aiguille en flêche , pefant 191 grains, par.......% 3 QUATRIÉEME ESsAIr. Les Aiguilles recuites à un degré de chaleur , ronge obfcur. P’aiguille parallélogramatique, pefant 382 orains, a été rerenué à 30 degrés du méridien magnétique, par une force de torfion mefurée RE mA Les ce «5 ne 1347 8 L’aiguille parallélogramatique, pefant 191 grains , par. . 0 L'aiguille en fêche, pefant 191 grains, par. ....... 70 L SUR L'HIST, NATURELLE ET LES ARTS: 277 CINQUIÈME EssaAr. Les Aiguilles rougies à blanc & non trempées, En faifant rougir les aiguilles à blanc, & Îles laiffant refroidir lentez ment fans les tremper, l'on a trouvé que le degré du magnétifme qu'elles pouvoient prendre étoit à-peu-près le même que lorfque les aiguilles étoient trempées rouge-blanc , comme dans le premier effais X XX I V. | 4 4 Remarque fur cette expéri q périence. . Cette expérience nous apprend, 1°. que dans les lames , l'état de trempe trés-roide eft celui où elle fe charge le moins de magnétifme, ue dans cet état, le magnétifme eft A-peu-près le même que lorfque: l'aiguille eft recuite rouge-blanci: que depuis l’état de la plus forte trempe, le magnétifme des lames va toujours en augmentant dans tous les degrés de recuit ; jufqu’à ce que le recuit foit d’un rouge très-fombre, & que le magnétifme diminue enfuite à mefure que la lame eft recuite à un plus grand degré de chaleur, que parvenue au rouge-blanc & refroidie lentement, la lame étant enfüite aimantée, prendra à-peu-près le même degré de magnétifme qu'après La trempe la plus roide fans recuit. Cette expérience montre encore que dans des lames de même épaiffeur & de même poids, le momentum magnétique de celle taillée en Rêche, eff un peu plus grand que dans les aiguilles parallélogramatiques, Enfin , il eft encore facile de voir dans cette expérience que dans um parallélograme de la même épaifleur & longueur, mais d'une largeur double d'un autre, le momentum magnétique n’eft pas deux fois aufli grand. Ce réfultat étoit indiqué par la théorie, X X X V. Etat magnétique d'un faifceau compofé de plufieurs lames, :NEUVIÈME EXPÉRIENCE. Dans la même tôle d’acier qui a fervi aux expériences précédentes, l'on a taillé 16 aiguilles parallélogramatiques rectangles , de 6 pouces de longueur , & de 9 lignes & demie de large, pefant chacune 382 grains. Elles ont toutes été recuires à blanc fans les tremper pour être sûr de les avoir dans lé même état ; parce que , ainfi que nous venons de le voir, Je magnétifme varie fuivant le deuré de trempe & de recuir, & qu'il auroit été difficile de s’aflurer que l'état de reflort eût été le même dans toutes Les lames fi l’on avoit employé un plus foible degré de recuit, 278 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, chaque’aiguills a été aimantée à faturation en particulier, & on les a réunies enfüite en joignant enfemble les poles du même nom, l’on formoit, par ce moyen, des faifceaux d'un certain nombre d’aiguilles , que l’on lioit enfemble avec un fil de foie très-fin, mais aflez force poux les ferrer l’une contre l’autre. L'on plaçoit le faifceau dans la balance magnétique , en l’éloignant À chaque eflai de 30 degrés de fon méridien magnétique, l'on obfervoit la force de torfion néceflaire pour la retenir à cette diftance. 1° Effai. Une feule aiguille à 30 degrés de fon méridien magnétique, il a fallu pour la retenir à cette diftance, une force, de tortion s INEUrSE par, dates o base ae ele e A EC NN 22 Effai. Deux aiguilles réunies ses .sese 128 -) 3° Effai. Quatre aiguilles réunies CPP DS CRAN UE à 15) 4° Effui. Six aiguilles réunies. ............... 172 s° Effai. Huit aiguilles FÉES ne nine Lee eme © oi 182 6° Effai. Douze aiguilles réunies... .,.4,....... 20$. 7° Effai. Seize aiguilles réunies ....,4,4:4.4,..,4 229 XXX VE DixiÈME ExPÉRIENCE. Décompofition de l'Aiguille précédente. J'ai féparé les 16 aiguilles du feprième effai je les: ai placées fucceflivement dans la balance magnétique , en les éloignant à 30 degrés du méridien magnétique, & ennommant, première aiguille, celle d'une des furfaces du faifceau, & de. fuite jufqu'à la feizième qui forme l’autre furface , j'ai trouvé : 1°" Efjui Première aiguille eftretenue à 30 degrés de fon méridien, par une force de torfion de ........,..,..4.. 46% 2° Effei. Deuxième aiguille. ................ 39 3° Effai. Troilième aiguille. .............4+.. 14: 4 Effai: Quatrième aiguille ...+.4..ï.4irs.s 44à s° Effui. Cinquièmeaiguille......,...4...,.44:. 31 6° Effai. Sixième aiguille ......#7........... 32: 7° Effai. Septième aiguille ..,..,..........4 227 8° Efjai. Huitième aiguille ....,.,6......... 30: 9° Effai. Neuvième aiguille ......,1....,.... 30 40° Effui. Dixième aiguille. 4... 4.4... 26 ide l'expérience précédenté ; a SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 279 11° Effai. Onzièmetaiguille 1.4.8. 44e... 29 ? 12° Ella Douzième aisuitle "5... 2.24% 2H 34 .e . st ds . 13, Efar, Treizième aiguille. . ..,.*,,..4,....,, 26 14° Æffai. Quatorzième aiguille ...,%,,.,..,.,. 32 15° Effai. Quinzième aiguille .4,.4,, 4.4.4. 30 16° Effai. Seizièmé aiguille . "1... 48 L'on a de nouveau réuni toutes les aiguilles , fans rien changer à leur état magné ique , ni à l’ordre où elles étoient dans le feptième eflai de la He 5 plaçant le faifceau dans la balance magnétique , & l'éloignant à 30 degrés de fon méridien , il a fallu, pour le retenir à cette diftance,, une force de torfion de 229 deorés, exactement la même qu'avant la défunion des aiguilles, XXL L* \ . Réfulrat des deux dernières expériences. La huitième expérience prouve que la force magnétique de chaque faifceau croît dans un beaucoup moindre rapport que le nombre des lames , ou que l’épaifleur du faifceau. Une lame feule a, pour momentum de fa force directrice, 82 degrés de torfion , tandis que pour 16 aiguilles réunies , le mormentum magnétique moyen de chacune , a pour mefure 7 degrés ou 14,3 degrés, c'eft-à-dire , à-peu-près la fixième partie de 82 degrés , force directrice d’une feule lame ifolée & aimantée à fatu- ration. J'ai déjà tiré de ce réfultat une conclufon très-importante , dans le zeuvième volume des Savans Etrangers , relativement aux aiguilles de bouflole deftinées à indiquer le méridien, & portées fur des chapes & des pivots : c'eft que le momentum du frottement des pivots augmentant, comme je l'ai prouvé pour lors, dans un rapport plus grand que les preflions , randis que les momentum magnétiques croiffent dans un rapport beaucoup moins grand que les mafles ou que les preflians des pivots, les aiguilles peu épaifles & très-légères font à même longueur préférables à toutes les autres. L'on voit en effet par notre expérience, qu'en fuppofant même les momentum des frottemens proportionnels aux preffions , fi le frottement pouvoit produire fur une feule lame aimantée à faturation , usé erreur de 4 dans fa pofition relativement au méridien magnétique , d’après notre expérience, elle en produiroit une fix fois plus grande, ou à-peu-près de 24/, fi l'on s'étoit fervi d'un faifceau de {eize lames. ; Il eft inutile d'examiner ici les loix que fuit le momentum magné- tique des faifceaux de lames que nous avons foumis aux expérien- ces; il faudroit , pour avoir cette loi , étendre le travail que nous è »$So OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE; avons fait, expérience huitième, pour un cas particulier, à des lames de différentes longueurs & de différentes largeurs : mais il nous paroit facile de prévoir ces réfultats d’une manière {uMilamment exacte dans la pratique, d’äprès roûres les recherches que nous avons préfentées au commencement de ce Mémoire ; dans des cas analogues, pour des cylindres d’acier .de différentes grofleur & longueur. : En examinant à préfent le tableau donné par la neuvième expérience ; l'on voit que les deux lames des furfaces du faifceau décompolé, ont une plus grande force magnétique que les autres. La première érant mefurée par 46 degrés, & la feizième par 48 degrés, l'on voit églgans que le momentum moyen de toutes les autres lames eft à-peu-près égal & mefuré pat 30 degrés. Car quoique le momentum magnétique de la troifième lame n’ait été trouvé dans cette expérience que de 14 degrés & demi, cette diminution eft compenfée par le momentum des aiguilles qui avoifinent; la deuxième ayant-pour mefure de fa force directrice 39 degrés, & la quatrième 44.degrés ; en forte que le momentum moyen de 1 39 +145 +44 ft 3 47 “ ces trois aiguilles e == 31: en répétant cette expé- tience, & remplaçant la troifième Îame par une autre, je mai plus trouvé d'irrégularité, & cette troilième lame avoit une force directrice tmefurée par 22 degrés comme les autres. Mais une obfervation bien curieufe que préfente cette nenvième ëxpérience, c'eft que la fomme des momentum particuliers de toutes les lames nous donne une quantité plus que double de celle du faifceau compofé. Si en effet nous ajoutons enfemble les #omentum de toutes à 1 (ENS les lames dé la neuvième expérience, nous trouvons cette fomme égale à 516 degrés ; tandis qu’en réuniflant toutes les aiguilles, Le faifceau ainf gompofé ne nous domne que 229 degrés, Ce dernier réfultat pourroic s'expliquer, dans notre théorie, par l’état contraint du fluide magnétique , repouflé des extrèmités de chaque élément dans le faifceau compofé, par l’action de toures les James réunies, & fur-teut par celle des furfaces ; action qui n’a lieu d’une manière fenfble qu'aux extrêmités du faifceau. Lorfque le faifceau eft décom- po l’action des parties éloignées des extrémités, qui refte à-peu-près a même que dans les lames compofées , repoufle le Huide magnétique vers les extrémités ; d’où réfulte l'augmentation du #mencum que nous venons de treuver par l'expérience, XXXVIIL,. SUR L'HIST, NATURELLE ET LES ARTS. 281 HIEXVELE ONZIÈME EXPÉRIENCE. Décompofition d'un faifceau de quatre lames: J'ai réuni feulement quatre des aiguilles précédentes , FE les avoir aimantées à faturation ; le faifceau éloigné à 30 degrés de fon méridien, y étoit rappelé par une force mefurée par. ......... 1505 Ces aiguilles défunies étoient rappelées au méridien : La première, par une force de momentum , mefurée par , 70 PR OP ME RER teS nb et aid ee ele o Dlaiete te! t a+ Datibemehpave et MER 0e ee. ii ee 44 La quatrième ; par. SO EE cales eme este | 0Q X'XPADIUX, DouziÈèmME ExPÉRIENCE. Décompofuion d'un faifeau de huit lames. Huit aiguilles réunies ont été rappelées au méridien magnétique , dont elles étoient éloignées de 30 degrés , par une force ARR SET ER elle use shioiete tte SUR nes LTD EE" Les aiguilles avoient été féparées : La première étoit rappelée par une force mefurée par.” 48 LE recto u Cao 0. à ISA OR CNE EE rs La troifième noms ones 35 La quatrième. : «see sesoeosssoeceoes. 33 La cinquième . « . eme. essssessoococssre 34 028 it dre RO QE RS RASE RER SE PAR EUR La feptième. .,., cesse. eseseseseseee 35 Lahuirième - se 20 ses an eo re ee TT D SI . IL eft inutile de s'arrêter à ces deux expériences. Elles donnent des réfulrats analogues à ceux que nous avons développés dans les articles ui précèdent: nous allons pafler aux méthodes pour aimanter les lames à faturation, & pour former des aimans artificiels, X L, ora 10 150 De la:manière d’aimanter. Je vais pes les moyens qui m'ont le mieux réufi pour conftruire ; avec peu de dépenfes, des aimans artificiels d’une très-grande force ; il Tome XLIII, Part. I1,1793, OCTOBRE, Nn ”v82 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, fera facile de voir que j'ai été dirigé par les expériences & les obfervations qui précèdent. Lorfque l’on veut aimanter un fl ou une lame d'acier, l'on fent qu'il doit être avantageux , lorfqu'on fe {ert de deux barres pour ainianter, de faire concourir l’adtion des deux poles de ces barres. C’eft ce qui a fait imaginer la méthode de la deuble touche. La fg. 10 indique la manière dont elle a été d’abord pratiquée ; fur l’eiguille xs que l’on vouloit aimanter, l'on plaçoit verticaiement les deux barreaux SN, S'N' a 7 à 8 lignes de diftance l’un de l'autre, plus où moins, {uivant la force des aimans : les points S & S' repréfentent les poles fud,& N.& N' les poles nord. L'on promène , dans cette fituation, les deux barreaux d’une extrémité de l’aiguille #5 à Pautre, M. Œpinus a remarqué que dans cette mérhode le centre d'action des deux simans NS, N'$", érant néceflaitement placé à quelque diftance de leurs extrémités, au point y, par exemple, Paction fur les points de l'aiguille, compris entre les deux barres, fe fair très-obliquement, & ne donne pas par conféquent à cette aiguille tout le degré de magnétifme qu’elle pourroit recevoir. Ainf, au lieu de placer dans cette opération les deux barres verticalement, M. Œpinus confeille de les incliner fur l'aiguille , comme à la fig. 11, & de les promener dans certe fituation d’une extrémité de l'aiguille à l’autre, - J'ai trouvé effectivement, au moyen de la balance magnétique, que jai décrite au commencement de ce Mémoire, que la méthode de M. Œpinus .étoit préférable à la première ; mais j'ai en même-téms trouvé qu’elle ne donnoit pas tout-à fait aux aiguilles le degré de fatu- ration magnétique ; que le plus fouvent même , lorfque l'aiguille avoit beaucoup de longueur, il fe formoit dans les parties intermédiaires plu- fieurs poles, dont l’action, à la vérité, étoit peu confidérable, mais éroit fenfble. J'en attribue la caufe à l’action particulière de chaque aimant ;, qui tend à produire fur les points dépaflés par les deux aimans, un effet contraire à celui que l’on cherche. Dans notre fg. 117, le pole S, par exemple, placé fur l'aiguille, tend à donner en même-tems au point q qui eft placé fous:le pole:s, la même nature de mapñétifme, qu'au point p; c’eft-à-dire, que dans l’hypothèfe des deux fluides magnétiques, qui peuvent fe tranfporter vers les deux extrémités des aiguilles, fi Le point w eft entraîné vers Le point x, le point g qui l’avoifine fera entraîné vers le point s, après que ce point g aura été dépaflé par les deux aimans: dans notre hypothèfe, où le fluide magnétique ne peut fe mouvoir que dans les parties intégrantes, les molécules u & q, qui font voifines , tendent à s’aimanter en fens contraire ;. ce qui doit produire une * diminution de magnétifme vers les extrèmités des aiguilles, où le fluide magnétique doit être le plus condenfé, & ce qui peut, dans les aiguilles &rès-longues, ainfi que l'expérience le prouve, donner naiffance a plufieurs SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 283 poles. Cette obfervation , qui ne pouvoit être que le fruit des mefures exates données par nos expériences , m’a obligé à changer la mérhode d'aimanter de M. Gpinus; & voici, après pluleurs tentatives , le moyen qui , d'après la balance magnétique, a paru le plus avantageux. Je me fers, pour mon opération, de quatre aimans très-forts, conftruits d'après une méthode que je vais détailler tout-à-l’heure. Je pole, fg. 12, fur un plan horifontal, mes deux plus forts aimans NS, NS, en les plaçant en ligne droite, de manière qu’ils foient éloignés l’un de l’autre, d'une quantité de quelques lignes moindre que la longueur de l'aiguille 25, que je veux aimanter. Je prends enfüite les deux aimans N/S/, & les inclinant comme dans la méthode de M. Œpinus, je les pofe d'abord, en joignant prefque leurs poles fur le milieu m de l'aiguille; je tire enfuite chaque aimant , fans changer fon inclinaifon jufqu'à l’extrémité de l'aiguille, & je recommence cinq ou fix fois cette opération fur les différentes faces de l'aiguille. Il eft clair que dans cette opération, les poles de l’aiguille zs reftent fixes & invariables aux. extrémités de l'aiguille, au moyen des deux forts aimans NS , fur lefquels cette aiguille eft pofée : l'effet produit, par ces deux aimans , ne peut qu'être augmenté par l’action des deux aimans fupérieurs qui concourent à aimanter toutes les molécules de l'aiguille dans la même direction. Comme par l'opération qui précède, l'aiguille #5, placée entre les deux gros aimans, acquiert , par le concours des aétions des quatre aimans , une force polaire plus forse que celle qu’elle peut conferver, Jorfqu’on la fépare de ces aimans , il en réfulte qu'au moment de cette féparation, l'aiguille perd une partie de magnétifme qu’elle devoit à ces forces, & que fon magnétifme diminue jufqu'à ce que l’action magnétique de toute l'aiguille , fur chacun de fes points, foit en équilibre avec la force coërcitive. Ainfi, en féparant l'aiguille des aimans, elle fe trouve aimantée à faturation. J'ai trouvé encore qu’en aimantant par notre méthode , l’on étoit plus sûr de donner aux furfaces des lames deftinées à former des aiguilles , pour indiquer le méridien magnétique, un degré de magnétifme égal ; ce qui paroît mériter une grande attention dans La conftruction des bouffoles, fi l'aiguille eft fufpendue de champ. A TNT Conftru&ion des Aimans artificiels. J'ai pris, f£g. 13, une trentaine.de lames d'acier trempées & revenues à confiftance de reflort, de $ à 6 lignes de large, fur 2 ou 3 lignes d’épaifleur, & de 36 pouces de longueur ; les lames de fleuret, telles w’on les trouve dans le commerce, forment d’affez bons aimans, La tôle d'acier d'Angleterre, coupée par lames d’un pouce de large , Tome XLIII, Part. Il, 1793. OCTOBRE, Nn 2 «284 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, trempée & recuite à confiftance de reflort, dans les degrés indiqués; art. 33, eft préférable, Lorfque je n’emploie à chaque aimant que 15 ou 20 livres pefant d'acier , il fuffit de donner aux lames 30 à 36 pouces de longueur. J'aimante chaque lame en particulier, d’après la méthode prefcrite à l’article qui précède : je prends enfuite deux parallélipipèdes rectangles de fer très-doux & très-bien poli, de 6 pouces de longueur, de 20 a 24 lignes de large, & de 10 à r2 lignes d'épaifleur ; je forme, avec ces deux parallélipipèdes , reprélentés f9. 13, en N & S ; l’armure de mon aimant , en enveloppant une extrémité de chaque parallélipipède d'une couche de mes lames d'acier aimantées, de manière que l’extrèmité des parallélipipèdes dépafle l'extrémité des lames , de 20 à 24 lignes, & que l'autre extrémité des parallélipipèdes fe trouve enveloppée par l'extrémité des lames. Sur cette première couche de lames d'acier, de 3 à 4 lignes d'épaiffeur , j'en place une feconde qui a 3 pouces de moins de longueur que la première , en forte que la première dépafle cetre deuxième de 18 lignes, de chaque côté ; l’on fixe le tout aux extrêmités, au moyen de deux anneaux de cuivre qui ferrent les lames Pune contre l’autre & qui empêchent l’armure de s'échapper, La fig. 13 repréfente deux aimans artificiels , compofés d’après la méthode que nous venons de prefcrire; N &S, font les deux extrêmités des deux parallélipipèdes de fer; les deux autres extrémités, engagées entre les lames d'acier, font ponétuées dans cette même figure, Chaque aimant ainfi compofé , eft fixé folidement par des anneaux de cuivre qui font marqués fur les deux aimans en a, b, a, b',les contaéts placés en A&B, réuniflent les poles des armures, , L'expérience m’a appris qu'avec un appareil de cette forme, chaque aimant pefant 15 ou 20 livres, il falloit une force de 80 à 100 livres pour féparer les conta@s : qu’en plaçant les aiguilles ordinaires de bouflole fur les deux extrèmités de nos deux barres, compofées comme dans la fe. 12 , elles s’aimantoient à faturation , fans qu'il fût néceflaire de les frotter avec les aimans fupérieurs ; il eft inutile d’avertir , que lorfque Pon voudra fe procurer des aimans d’une plus grande force, il faudra, à mefure que l’on multipliera le nombre des lames d’acier , augmenter leur longueur , & les dimenfions des parallélipipèdes de fer, qui fervenc d’armure. Il feroir facile d'évaluer les différentes dimenfions que doivent avoir les aimans d'une marière fufffamment exaéte dans la pratique , d’après les loix du magnétifme & la polition du centre d’aétion des fiis d'acier de différentes longueurs & groffeurs, que nous avons expofées dans le courant de ce Mémoire, LT SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 285 RER MÉMOIRE SUR LES PIERRES FIGURÉES DE FLORENCE; " Par le C, DÉODAT pe DOLOMIEU. P. USTEURS naturaliftes ont voulu expliquer la formation des pierres figurées de Florence. Quelques-uns ont eu à ce fujet des idées ingénieufes, & cependant je ne les fuivrai pas dans leurs railonnemens , parce que je n'en connois aucun qui ait entrevu Les moyens par lefquels la nature parvient à la reprefentation de ces efpèces de tableaux , qui ont fait la réputation de ces pierres, & qui leur donnent une place diftinguée dans les cabinets d’Hiftoire-Naturelle. Elles n'ont fans doute été obfervées que fciées, plaquées & polies, telles qu’on les vend à Florence & qu'on les trouve dans les colleétions ; alors il eft difficile de deviner la petite circonitance à laquelle elles doivent leurs accidens ; car elle ne peut être appréciée qu’en fuivant le développement & les progrès de ce petit jeu de la nature, après avoir obfervé attentivement l’état primitif de la pierre fur laquelle il s'opère. La variété des couleurs des pierres figurées de Florence dépend d’un commencement de décompofition qui agit principalement fur le fer qui eft une de leurs parties conitituantes ; les arborifations, qu'elles repré- fentent quelquefois , font un effet aflez commun de l’infiltration ; mais ces apparences de clochers, de tours, de maifons, de villes ruinées, appartiennent à une petite circonftance de la pierre dans fon état primitif, dont je me propofe de faire connoître l’influence, Ces pierres fonc du genre des mixtes argillo-calcaires , comme celles nommées pierres marneufes , ou Lithomarga. La proportion des deux terres, qui les compofent, varie non-feulement dans les différens blocs, mais encore dans Les différentes portions du même bloc. Cependant la terre calcaire fait communément plus de la moitié de la mafle, & quelquefois plus des trois-quarts; & ces pierres font d'autant plus dures & plus pefantes, leur pâte a un grain d'autant plus fin, un tiflu plus ferré & une caflure plus concoïde, que la rerre calcaire y domine davantage, On reconnoît aifément celles ou l'argile augmente en quantité par leur légèreté & leur mollefle. (Je fais abftraétion de la portion de terre quartzeufe qui eft toujours unie à l'argile, parce qu'elle n’eft d'aucune çonfidération pour l’objet que j: traite.) " 286 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, La couleur de cette pierre dans fon état naturel eft un gris bleuâtre où gris verdâtre plus où moins foncé ; elle eft due au fer qui s’y trouve dans un état prefque métallique, & dont la quantité eft également fujette à varier depuis jufqu'a ==. Les pierres de ce genre font très-communes dans les collines de toute la Tofcane ; elles y font en bancs parallèles plus ou moins épais qui fonc ou horifontaux ou inclinés comme ceux de toutes les autres pierres calcaires; mais il «ft très-rare d'y rencontrer des veftiges de coquillages. On les nomme A/berèfe , parce que fouvent on y trouve des dentrites qui repréfentent des arbres. On emploie cette pierre pour faire de la chaux qui ne femble pas détériorée par la portion d'aroile qui s’y rencontre. Elle eft fufceptible d’un beau poli, ce qui pourroit la faire mettre au fang des marbres , dénomination fous laquelle on défigne toutes les pierres calcaires, même celles de couleur uniforme & fans éclat, pourvu qu'elles feient douées de la faculté de recevoir le luftre, dans les contrées moins riches que l’fcalie en pierres de couleurs brillantes. Ainfi que prefque toutes les pierres qui contiennent un mélange d'argile, la pierre Æ/beréfe a éprouvé en fe defléchant un retrait qui l'a fendillée dans tous les fens ; & ces fentes , d'autant plus nombreufes que l'argile eft plus abondante , ont été poftérieurement refoudées , en place, par une efpèce de tranfudation de la matière calcaire qui les a remplies de fpath calcaire, lequel étant traufparent paroît participer à la couleur du fond. La pierre eft ainfi traverfée par des lignes droites, capillaires, quelques-unes fi fines qu’à peine on peut Les diftinguer fans l’aide d’une loupe ; elles s’entrecroifent dans tous les fens, & le plus fouvent elles forment par leur rencontre des angles aigus. La mafle de cette pierre fe trouve donc formée par une infinité de petites pièces polyèdres irrégulières à furfaces planes , collées enfemble , mais féparées Les unes des autres par la petite couche de fpath calcaire qui les unir. C'eft à cette circonftance du retrait & à la matière qui remplit les fentes , qu'appartient l’expli- cation des repréfentations fingulières qui fe voient fur les pierres figurées que l’on nomme à Florence Murmo paefino. Toutes les pierres contenant du fer qui n'eft pas complettement oxigéné, font fujettes à éprouver une altération dans leurs couleurs , laquelle commence par les furfaces expofées à l'air, & pénètre plus ou moins dans leur intérieur à raifon du tems & des circonftances qui favorifent cet effet de la rouille. Quelquefois de très-groffes mailes de pierres prennent dans leur entier une couleur jaunâtre uniforme que l'on croiroit leur être naturelle, fi l’on ne trouvoit pas dans les blocs voifins & dans les bancs inférieurs des portions de la même pierre, où l'altération qui attaque La matière colorante n'a point pénétré, & où on SUR L’HIST. NATURELLE ET LES ARTS.0 28% teconnoît inconteftablement la teinte naturelle & primitive, grife ou bleuâtre , que donne le fer peu on point loxigéné (1). Les pierres dans lefquelles la terre argilleufe eft fimplement mélangée fe pénètrent fäcilement d’huinidité, elles’'la confervenc long'= terms. Cette humidité concourt avec l'air atmofphérique à Jà formation de plufieurs acides dont l'aétion fe porte 5rincipalement fur la partie calcaire qui fe diflout infenfiblentent & que l'eau des pluies énlève enfüite ; c’eft pourquoi, lorfqu'on fait l'analyfe des pierres de ce genre, on trouve toujours une quantité moins confidérable de terre calcaire dansiles parties voifines dés furfaces &‘expblées depuisslong-temsà l’air! qüe dane l'intérieur des blocs ; quelquefois même elle y difparote entièrement , & Ja pierre qui dans fon état primitif fait une vive effervefcence avec les. acides, cefle d’en produire, Elle devient auf plus Jécère, fon tiflu efk moins ferré & fon grain patoît moins fin, Ces pietres ainfi altérées, & perdant les liens de’leur aggrégation pat. la: fouftraction d'une de leurs parties compofantes, s'égrainent & fe détruifent facilemene,, lorfqu'elles font'exemptes de fer; mais là-préfénce’dé ce mécal ;furb-quel Patmof: phère agir auffi, donrie aux molécules reftantes dans la pierre de nouveaux liens fouvenc plus forts que les premiers ; car c’eft en pañlant à l'érac de rouille que Le fer peut exercer fur l'argile & fur la terre quartzeufe qui lui eft mêlée , toute la propriété aglutinative qui lui appaïtient pour lors; & augmentant en même-tems de volume, Îe fer occupe en partie les places que laiflent vacantes les portions calcaires qui'én ont éré fouftraites (2). Mais il eft fujet à s’y diftribuer/plus inésalement qu'il om (r) Ce phénomène eff très-commun dans les grès argilleux , & füur-tout dane les grès argilleux calcaires micacés , nommés Mancigno en Tofcane » & qui fe trouvent aflez fouvent dans les mêmes montagnes que l’Æ/Berèje. Tous les édifices de Florence font.confiruits & Les rues font payées avec des pierres de ce genre, qui portent des noms particuliers felon leurs couleurs. Le Mancigæno de couleur bleuâtre eftnommé Piesra ferena, celui qui eft prisâtre ou jaunâtre s'appelle Pjerra bigia. Dans les carrières voifines de Florence , j’ai füivi avec attention la marche & les progrès d’un genre d’altération qui change tellementiJeur teinte, qu’on pourroit les croire d'efpèce différente. Les bancs horifontaux qui fe trouvent naturellement à découvert par leur partie füpérieure deviennent entièrement gris, ou jaunâtres , quelquefois plufieurs bancs de füite participent à l’état de rouille qui les à privés de eur teinte naturelle, mais au-deffous on retrouve-toujours la couleur primitive dans les bancs qui ont été aflez profonds pour être foufiraits à cette aétion de l’air. Lorfque les bancs ne préfentent que leurs tranches aux influences de l’atmofphère , ce qui a lieu dans les efcarpemens, alors la même mafle, qui à l’ouverture de la carrière paroît grife par l’extrémité qui fe-montre la première, devient bleuâtre dans fon’ Sbrofondiifentent » & l’on voit le paflage fubit d'une teinte à l’autre fans aucun autré changement bien fenfble dans la confiftance de la pierre, * (2) Les Mancigno dont j'ai parlé dans la note précédente deviennent comreuné- ment plus durs quand ils ont paflé de la couleur bleuâtre à la teinte jaunâtre; leur 2SSFOBSERFATIONS SUR LA PHYSIQUE, ne l'étoic dans la:pierre intacte il s'acçumule dans quelques endroits, en en rempliflant exactement les'pores, pendant que d’autres places en font prelqu'entièrement dépouillées. Ce qui produit ces couleurs & ces nuances différentes dont font fouvent bariolées les pierres qui ont éprouvé ce genre d’altération. Différentes circonftances ( dépendantes, les unes des proportions des matières qui compofent les pierres , de l'état de chacune d'elles , Les autres de, leur pofition locale, & de l’afpect fous lequel elles font expoftes à l’aétion de l'atmolphère & à fes viciflitudes ) influent fur. le. déveleppement &les progrès de cette efpèce de tranfmutation. ’ Chaque petite portion de la,maffe de la pierre Æ/berefe , qui eft la bafe des pierres figurées , fe trouve ifolée par les lignes de fpath calcaire qui, comme. je l'ai annoncé , les féparent des parties voifines; chacune d’elles fe trouve donc avoir une exiftence particulière & indépendante des autres. Lorfque les caufes d’altération les attaquent , elles agiffent fur chacune d’elles féparément , parce que l'infiltration de l’eau & la péné- tration du fer eft interceptée par le fpath calçaire qui remplit chaque fente, & qui n'éft point-perméable, Le progrès de la décompofition n'eft' donc pas foumis à une marche parfaitement femblable dans tous. Un de ces petits polyèdres peñt avoir éprouvé une rouillure complette dans fa totalité, pendant que ceux qui l’avoifinent en font encore exempts, où qu’elle n’y a fait que de. moindres progrès. L'accumulation du fer, la difpofirion des taches n'étant pas foumifes à une règle uniforme , les couleurs ne, fe correfpondent.pas , les parties qui reftent blanchäâtres dans un morceau, fe tiouvent voifines des parties les vlus:obfcures des morceaux latéraux, Ainfi lorfque le fer fe fera complettement rouillé, du qu'il fe trouvera raffemblé en plus grande quantité à l’extrémité d’un de ces petits polyèdres à qui le hafärd, ou la coupe donneront une forme prifma- tique quadrangulaire & qui s'avancera fur le fond bleuâtre de la pierre repréfentant le ciel, on aura une apparence de tour quarrée, qui paroîtra plus ou moins en équilibre fur fes fondemens felon qu’elle s’élèvera plus > 52 LB or agigt nat nouvelle qualité leur fait äuflf donner le nom de Pierro: forte:tLe fer À l’état, de. rouille y enveloppe & enchaîne tellement la portion d'argile , qu’il la rend moins, fufceptible de s’imprégner d'humidité ; & la pierre réfifle alors d'autant mieux aux changemens de température & aux efféts de la geite. C’et pourquoi on emploie de préférence la Pierra bigia dans les ouvrages extérieurs &dans les pavés, en réfervant la Pierra ferena pour l'intérieur des bârimens. La même chofe arrive au genre des pierres volcaniques attribuées aux irruptions boueufes. Les Peperinoide Rome de: couleur grife font fujets às’altérer à l’air , à s'y fendiller, & à fe crever.par la gelée. Les tufs rouges qui n’en diffèrent prefque point par leur compoftion,. quoiqu'ils, foient plus tendres, plus légers & plus poreux, mais dans lefquels le fer eft;comples-» tement oxigéné , expofés aux intempéries, femblent y braver l'aétion du tems aufi bien que les pierres les plus dures ; tels font ceux qui fervent encore de fondement gu Capitole, perpendiculairement, SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 88 perpendiculairement: Les différentes nuances des couleurs brunes , grifes ou rougeûtres, reflembleront à plufieurs aflifes de pierres placées parallè- lement les unes fur les autres. Le poli & le luftre plus éclatant, dont font fufceptibles les petites places que l'accumulation du fer a rendu plus compactes, contribueront encore à donner plus de faillie aux figures. Un poilyèdre ; qui dans {a coupe saura une forme pyramidale fort aigue , repréfentera un clocher; les formes quarrées figureront des maifons plus ou moins entières, des carrieres , des efcarpemens , des pierres entaflées confufément, &c. &c. Les oppoñtions du clair & de l'obfcur dans chacunde ces morceaux ajouteront à l’illufion de la repréfenration , & produiront de jolis effets, Ces tableaux deviennent plus agréables encore quand il s'y joint quelques arborifations ou des figures de brouflailies, ce - Qui arrive quelquefois (1). J'ai dit que c’était par Les furfaces expofées à l'air que les pierres étoient attaquées par le genre d’alrération auquel j'atribue la mutation: de leur couleur ; ainfi dans les mafles encore adhérentes aux montagnes & engagées dans les bancs auxquels elles appartiennent , il n’y a qi’un de leurs côtés qui y foit fujet, & ce font elies qui donnent les tableaux qui repréfentent des ruines ou des villes ; la portion la plus altérée, commençant par une furface à-peu-près plane, donne au payfage un fol prefqu'horifontal d'où s'élèvent les figures qui doivent trancher fur la couleur du ciel; mais dans les mafles qui font depuis long-tems dépla- cées & ifolées, routes leurs furfaces participent à la décompofition, & les repréfentationsiintérieures empiétant les unes fur les autres deviennent confufes. Dans celles qui font arrondies, l'altération gagne de la circon- férence au centre, & tend à décrire des cercles concentriques ; mais les petites lignes qui traverfenc la pierre ont-ençcore ici leurs influences , & felon qu'elles font plus ou moins nombreules , elles modifient différem- ment les progrès de la rouillure, en y produifant des accidens qui ne diffèrent de ceux qui repréfentent des ruines, qu’en ce que les apparences de clochers & de rours ne repofent plus fur un fol à-peu-près horifonral, Lorfqu'il n'y a qu'une ou deux lignes qui traverfent la male elobuleufe, les veines qui font à-peu-près circulaires ou ondulées, font fubicement interrompües & fe trouvent coupées net par la rencontre des liones. Les EEE TE EE RP TETE EC CN TRES EI DTEDSRRET ce RE sRemee (1) Les dentrites fur un fond blanc jaunâtre avec des arborifations noires formant de jolis payfages, font auf très-communes dans les montagnes de la Tofcane; Ja bafe en eft également une pierre marneufe >-mais dans laquelle la partie calcaire eft tellement abandante qu'elle fouftrait largile aux impreflions de lhumidité ce Fatmofphère. Elles font encore d’autant moins fujettes au genre d’altération qui produit les apparences de ruines, que leur bafe ne renferme prefque point de fer. L'infiltration ferrugineufe qui y procure les arborifetions y pénètre le Iong des lignes de fpath calcaire, & place fes dépôts des deux côtés, . Q Tome XLUI, Part. II. 1793. OCTOBRE, 90 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, nuances des deux côtés oppolés de la fente ne fe correfpondent plus, parce que la décompofition n’y a pas été forcée de fuivre précifément la même marche, & la pierre paroît avoir été caflée & ne s'être refloudée qu'après un- petit déplacement des parties qui compofent fa malle, L'explicarion de cette apparence trompeufe d'une caflure poftérieure , fuivie d’une refloudute inexacte , a embarraflé des naturaliftes de ma connoiffance , ils avoient recours à des accidens très-difficiles à com- prend'e;-pendant que l'interprétation de ce jeu de la nature devient auñli fimple que naturelle dans la méthode que j'ai fuivie (x). Je ne prolongerai pas ce Mémoire en détaillant tous les accicens particuliers que peuvent produire la forme & la groffeur de la mafle , la nature de la pierre, la nuance de la couleur primitive qui varie quelque- fois, & la multiplicité des lignes. Il me paroît qu'il fuffit d'avoir donné le mot de certe efpèce d’énigme pour faciliter l'explication de toutes ces repréfentations. Ce que j’ai dit rend également raifon de ce que M. Bayen a obfervé lorfqu'il a appliqué à cette pierre le genre ingénieux d'analyfe qu'il a employé avec tant de fuccès fur plufieurs autres fubftances , &: qui eft d'autant plus recommandable qu’il eft l'unique qui fe rapproche de la marche lente & graduée de la nature quand elle travaille à décompoler les pierres ; il a trouvé que les pierres figurées de Florence étoient plus argilleufes & plus ferrugineufes dans les portions qui repréfentent des ruines, & que la partie calcaire éroit plus abondante dans le fond des tableaux (2). Ces pierres figurées que des minéralooiftes ont nommées à caufe de leurs répréfentations, Marmor pidlorium , regiones vel urbes defolatas repræf2ntans (3), /chiflus Florentinus , variegatus , regiones defolatas, € ædificiorum rudera affabre per fe ferrens (4), mais que la plupart des auteurs appellent fimplement Marmor Florentinum , lapis Floren- (1) Ces pierres arrondies font très-communes dans le lit de la rivière d'Arno ; fouvent la décompoftion a pénétré jufqu'au centre , le fer s’y eft accumulé aux dépens des parties voifines de la circonférence , & il y produit un noyau brun, ou noirâtre plus dur & plus pefant que le refe de la pierre. On y trouve d’autres pierres globulaires qui différent un peu de la rarure des pierres figurées, en ce qu’elles font plus quartzeufes & qu’elles font naturellement noirâtres ; le fer qui les teint leur eft fouvent enlevé dans toutes les parties voifines de la circonférence , & le noyau feul refte dur & coloré ; dans cet état on auroit peine à les diinguer des premières, fi on ne remarquoit pas qu’elles n’ont pas des lignes qui les traverfent, & que les progrès de la décompofition font à-peu-près uniformes dans tout le contour. (2) Foyez l'examen chimique de différentes pierres dans le Journal de Phyfique, tom, x1 & x11, par M. Bayen, où il donre l’aualyfe d’une petite tablette de la pierre figurée de Florence, (G) Välerius, Spec. 8 (4) Da Cofte, 183. PRES. .! SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS: 91 tinus, à caufe du pays d'où elles viennent , fe rencontrent plus particu- lièrement dans la montagne de Rimago , à deux milles de Florence , ce qui les fait nommer dans le pays, Rovine di Rimapo ; elles fe trouvent encore dans plufieurs autres côteaux voifins de cette ville ; elles com- mencent cependant à y devenir rares, lorfqu'on recherche des morceaux propres à faire de grandes plaques. Mais j'en ai trouvé dans d’autres parties de la To'cane, & principalement dans les montagnes de la province dire le Mareme. J'en ai découvert aufli de femblables dans les montagnes voifines de la Tolfa, au-deflus de Civira-Vechia ; celles-ci ont même l'avantage d’avoir des couleurs plus vives & plus brillantes, parce que la plupart des teintes font rouges ou rougeâtres (1). C'eft en voyant ces pierres dans leurs lieux natals, c’eft en les obfer- -vant dans un yrand nombre de circonftances variées, que j'ai pu acquérir des facilités pour réfoudre un petit problème lithologique qui a déjà occupé plufieurs naturalikes diftingués. OBSERVATIONS RAPIDES Sur le contenu amtimonial de la Mine d'Argent rouge ; Par WESTRUMB: Traduëion des Annales de CRELL, cahier 3, année 1792. En parcourant Le premier cahier des annales de chimie de M. Crell, année 1792, j'y ai lu avec plaifir un mémoire de M. Klaproth fur les parties conftituantes de la mine d'argent rouge, que ce chimifte a lu à l’Académie de Berlin. Mais ce qui m'a donné une plus grande fatisfaction , c'éroit d’y trouver conftarées plufieurs de mes obfervations que je n'ofois hafarder jufqu'alors, & par lefquelles je pouvois démon- trer, que la mine d’argent rouge, qui d'après l'aveu de prefque tous les minéralogiftes & métalluroiftes étoit répurée contenir de l’arfenic, ne contenoit pas un atôme de cette fubftance, mais bien du régule d'antimoine. (1) Souxent à la furface brute de ces blocs de pierres altérées & réduites prefqu'à leurs feules parties argilleules & quartzeufes, le fpath calcaire qui remplit ordinai- rement les petites fentes a été emporté & a été remplacé par de la chaux de fer qui s'y eft durcie. Le fond de la pierre devenu plus tendre & plus friable , fe dégrade facilement , & laïfle en relief ces petits filets de mine de fer limoneufe qui pénetrent de quelques lignes dans l’intérieur de la male. Oo 2 Tome XLIIL, Part. II, 1793. OCTOBRE. 292 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, J'avois déjà fait la même obfervation en 179053 lorfque, à l'invi- tation de M. de Treha, je m'occupai de l'analyfe de plufieurs miné- , raux du Hartz, dont on vouloir retirer l'argent par l'amalgamation. Le minérai fur lequel je travaillois alors , préfentoit un mélange de différentes fubftances, tel qu’on le retire des boccards de ces mines; il paroifloit cependant compofé en grande partie de mine d'argent rouge & de galène. . L’analyfe de ce minérai devint infiniment pénible pour moi, tant à caufe des portions de la roche calcaire qu'il contenoit, & qui auroient donné des réfultats très-inexaéts, mais principalement à caufe de l'arfenic, à la recherche duquel tous mes travaux aboutifloient. Après un travail long & pénible , je parvins à féparer en entier les parties calcaires, opération dans laquelle j'employois avec fuccès le vinaigre diftillé; mais de quelque manière que j'opérois, je n’y pus découvrir le moindre veftige d’arfenic; & outre l'argent, le plomb, le cuivre, Le fer & le foufre, j'en retirois du régule d'antimoine, Le réfulrat de mon travail, qui s’éloignoit fi fort de tout ce que les autres chimiftes avoient écrit jufqu’alors fur les parties conftituantes de la mine d'argent rouge , me déterminoit à répéter avec foin le même travail fur la mine d’argent rouge d’Andreafberg, & je choi- filois à cer effet les criftaux Les plus foncés, mais encore cette fois- ci, le rélultat de mon travail fervit à me convaincre, que cette mine ne contient pas la moindre portion d’arfenic. Je donnerai là-deflus des détails plus circonftanciés, dans un ouvrage que je vais publier inceflamment, fur l’analyfe des minéraux par la voie humide. Dans le mémoire de M. Klaproth dont je viens de parler, ce chi- milte compte parini les parties conftituanres de la mine d'argent rouge, l'acide vitriolique libre ; mais je n'adopte pas la même opinion, par des raifons que je vais indiquer, En employant pour l’analyfe des différentes mines dont le miné- salifateur eft le foufre, ou l'acide nitreux, ou l’eau régule, j'ai obtenu cfectivement de l’acide"vitriolique, combiné avec l'argent, le cuivre ou le plomb, en un mot, les vitriols de ces fubftances; maïs je crois que l'acide vitriolique n'exifte pas comme acide libre dans ce miné- rai, mais je fuppofe qu’il s'en développe pendant le travail, du foufre qui fert de minéralifateur. En expliquant ceci, d'après les théories de Stahl, de Bergmann ou de Schéele, le foufre fera déphlogiftiqué par acide nitreux ; ou, felon M. Lavoifier, l’oxigène de cet acide ferviroit à oxigéner le foufre. Ce qui donne à mon opinion une plus grande probabilité, c’eft que la quantité de l’acide vitriolique que l'on obtient dans l’analyfe d’une feule & même efpèce .de minérai, dépend d’un acide nitreux plus ou moins concentré, & du degré de chaleur que l’on aura employé. 25 : j SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS, 293. Qu'il me foit permis de donner ici aux jeunes chimiftés qui s'oc- cupenc de l’analyfe des minéraux, quelques confeils que je tire de mon ouvrage fur la manière d'analyfer Les minéraux par la voie humide, : On doit fe méfier avec raïfon, de ce que l'on trouve configné dans les ouvrages de minéralooiites, relativement aux proportions des parties conftituantes des différens minérais , quand même ces proportions offiiroient une certaine apparence de véracité appuyée par le calcul. On peut dire avec certitude, que jufqu'ici la plus grande partie des minéraux n'a pas été analyfée avec aflez d'exactitude, pour que l’on puiffe déterminer les proportions de leurs parties conftituantes avec une pré- cifion rigoureule. Beaucoup de ces analyfes ont été faites dans les cabinets & copiées d’après les données des anciens chimiftes, & fimple- ment préfentées d'après la méthode moderne, par ceux qui fe fonc approprié un tel travail; ces analyfes n’ont donc point d’autre mérite que celui de pañler par copie d'un livre à un autre. Si ce que je viens de dire n’étoit pas conforme à la vérité, comment feroit-il pofible, que plufieurs analyfes faites depuis peu, par M. Klaproth & quelques autres chimiftes dont l'exaétirude elt reconrue, puiflent préfenter des dilparates aufli manifeftes avec celles qui onc été publiées par plufieurs autres, quon peut deviner fans que j'aie befoin de les nommer. Je confeillé donc aux perfonnes qui s'occupent de l’analyfe des miné- raux de ne point fe fier aux parties conftituantes, que l’on donne ordinairement à tel ou tel autre minéral, quand même l’intérieur fe trouveroit parfaitement conforme aux échantillons analyfés par d’autres. Le moyen Le plus sûr de parvenir à la connoïflancé exacte d’une fubf tance dont on entreprend l'analyfe , c’eft de la confidérer comme abfolument neuve & inconnue, & d'opérer d'après cela en: confé- uence. L’exaétitude la plus fcrupuleufe, une grande propreté, & un foin réfiéchi font des qualités que l'on ne peut pas aflez recommander aux jeunes chimifles. Un travail trop précipité ou plufieurs analyfes entre- prifes à la fois & en même rems , nufient à l'exaétitude, & à la récifion qui [ont l'ame du chimifte qui s'occupe d'un pareil travail. IL eft vrai que l'on ne fera que peu de befogne, en fe conformanc aux préceptes que je viens de donner, mais on aura la fatisfaction de né voir jamais démentir les réfulrats qu’on aura obtenus en fuivant mon confeil, par les expériences que d’autres entreprendront après nous. Pour faire une analyfe avec cette exactitude & [a propreté que je demande, il ne faut jamais faire ufage des nftenfiles de métal; le cuivre, l'étain & le fer doivent être profcrits du laboratoire du chimifte analyfateur ; il ne faut également employer que des balances de corne ou d'ivoire, & des vaifleaux de verre ou de porcelaine. Beaucoup de # « 254 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, méfiance dans fes propres lumières, & affez de patience pour recom- mencer un travail dont les réfultats paroîtront incertains, peuvent feuls donner aux travaux de certe nature, toute l'exactitude dent ils fonc fufcepribles. (| ÉPHÉMÉRIDES De la Societé Meétéorologique Palatine , etablie a Manheim. PREMIER EXTRAIT, ANNÉE 1781. Par EL. CoTTrEe, Membre de la Société Météorologique Palatine & de La Socicté des Naturalifles de Paris. ; L'éc ROPE favante a accueilli avec reconnoifflance l’utile érablifle- ment propoié en 1730 par l'électeur Palatin, Charles - Theodore , & exécuté aufli-rôt en faveur de la Météorologie. Ce prince convaincu que les progrès de cette fcience dépendent de deux chofes, & de la réunion des obfervations faires dans un très-grand nombre de lieux différens, & de la comparabilité des inftrumens mis en ufage par les oblervateurs, a conçu Le.projet de pourvoir d'inftrumens conftruits à fes frais, les établifflemens publics, comme les académies & les maifons religieufes daus lefquelles il fe trouveroit quelqu'un qui voulût fe confacrer à ces fortes d’obfervations. Il confia le foin de cette diftribution à feu l'abbé Hemmer , fecrétaire de l’académie de Manheim, & directeur de fes cabinets de Phyfique & d’Hiftoire-Narurelle. Les inftrumens furene adreffés aux principales académies de l’Europe & aux perfonnes connues. par leur goût pour la Météorologie, & qui appartenoïient à quelques corps religieux ou à des érabliflemens publics. L'envoi de ces inftrumens éroit aécompagné d’un Profpeëtus deftiné à mettre de l’uniformité dans la manière d’obferver, & de grandes tables gravées qu'on n’avoit plus qu'à remplir. L'Allemagne, la Hollande, l'Angleterre, l'Italie, le Danuemark , la Norwege, &c. furent pourvus de ces inftrumens; on en fit aufi des envois en France , mais leur introduction dans le royaume a été bien contrariée par les fouilles févères que l’on faifoit alors aux barrières , de manière que la France n'a pas beaucoup profté de ce bel établiflement. De deux différens envois qui me furent faits : le premier ne me parvint pas , le fecond arriva, mais les inftrumens qui avoient été déballés par les commis des barrières & mal remballés , fe brisèrent , de SUR L’'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 29; manière que, malgré ma bonne volonté, je n'ai pu concourir aux vues utiles de l'électeur Palatin, L'envoi des inftrumens étoit compofé d’un baromètre , d’un thermo- mètre , d’un hygromètre & d'une bouflole de variation ou de déclinaifon. Ce dernier inftrument eft le feul qui me foit parvenu fain & fauf, & c’eft celui que j'obferve. Chaque année la Société publie un volume écrit en latin qui contient les obfervations fournies par la correfpon- dance ; & je crois rendre fervice aux amateurs de la Météorologie, en faifant connoître cet ouvrage qui eft peu répandu en france. L'hiftoire de la Société qui commence le volume que j'extrais, rénd compte fort en détail de cet établiffemenr. L'abbé Hemmer y rapporte le refcrit de l'électeur Palatin pour fonder dans l’Académie de Manheim déjà en activité, une correfpondance météorologique ; Le Pro/peëus relatif à la manière d'employer les inftrumens & de les obferver ; le difcours qu'il prononça à la DE féance publique de Académie qui fuivit cet établiffement ; la lifte des différens corps académiques & religieux auxquels PAcadémie adrefla des inftrumens avec Les réponfes que l'on en reçut. Plus de trente envois furent faits dans ce premier moment. On donne enfüite la defcription des inftrumens qui ont tous été conftruits fur le même modèle & comparés enfemble, Outre les quatre inftrumens dont j'ai parlé & qui compofent l’envoi fait aux Académies & à quelques maïfons religieufes, l'on y décrit d’autres inftrumens qui devoient être établis dans chaque lieu, favoir, un anémomètre , un udomètre ou vafe propre à mefurer les quantités de pluie , un atmomètre deftiné à mefurer l'évaperation, un éleétromètre atmofphérique. Toutes ces defcriptions deviennent plus intelligibles par des gravures tres bien faites qui tertninent le volume. Après ces préliminaires on rend compte dans le plus grand détail des obfervarions faires à l’aide de ces inftrumens dans les diféréns endroits où ils font parvenus, c’eft-à-dire, que l'on a imprimé les journaux entiers d'obfervations faites trois fois par jour; & dans un ÆAppendix qui rermine {e volume , on donne les réfultats menftruels & annuels de toutes les obfervarions. MM. Mayer & Koeniy, aftronomes de l'obfer- vatoire de Manheim, ont rédigé ces réfultats qui fonr faits avec beaucoup d'intelligence. Je Les ai inférés jufqu’à l’année 1756 inclufivement parmi ceux que jai publiés dans mes Recherches météorologiques contenues dans ce Journal , ainfi je n'en parlerai pas ici. Je me contenterai d'extraire les remarques que fourniflent les obfervations, & donner un précis de quelques Mémoires particuliers fur difiérens phénomènes méréorolo- giques. Les obfervations les plus détaillées :n conféquences & en réfultats , font celles de Manheim dont l'abbé Hermer eft l’auteur. Il cominence ‘ N 296 OBSERFATIONS SUR LA PHYSIQUE, par donner la defcription de la ville & de fes environs. Tout concourt à rendre la fituation de cette ville très agréable & très-falubre ; bâtie fur le bord de deux fleuves , le Rhin & le Necker, au milieu d’une vaite plaine que-bornent des montagnes qui oppofant une barrière à la violence des vents, & dans laquelle fout plantés beaucoup d'arbres & {ur-tout des noyérs qui contribuent à rendre l'air plus pur ,'on voit combien ce féjour doit être fain ; aufli les maladies épidémiques y font-etles très-rares. Læ Jatitude de Manheim eft de 49° 2755, & fa longitude à lorient de Paris de 62 750".1ù ; Cette defcription eft fuivie des Tables d’obfervations ; elles font faites trois fois par jour , à 7 heur. matin, à 2 heur. & à .o heur. foir fur le baromètre , trois thermomètres dont un expofé au foleil. au haut d’une tour, un autre placé à Pombre en dehors vis-à-vis la fenêtre de l'apparte= ment, un troilième appliqué fur la planche du baromètre, l'hygromèrre, l'aiguille aimantée & le vent. Toys les jours à 2 heur. on mefure la hauteur des eaux du Rhin. ‘À ces obfervations font joints l’état du ciel, les différens météores ,; comme pluie , neige, brouillard , aurore boréale , &c. les quantirés de pluie & d'évaporarion , les variations qui ont lieu dans l'électricité de l’atmofhphère. M. l'abbé Herrirer a obfervé que des nuées électriques éloignées de plus de deux mille-pas dans la ligne horifontale du conducteur, ne laïffoient pas de lui communiquer leur électricité, & que les tempêtes qui accompagnent les orages, font une fuite de l'éle&ricité de l'atmofphère , parce que l’explofon de lz nuée ne peut fe faire , fans rompre l’équilibre de l'air, d'où réfulre néceflai- rementun vent impétueux. L’obfervateut eff tenté d'attribuer à l'électricité la plupart des vents qui foufilent. Il n'oublie pas les différentes époques relatives à la végétation des plantes & des arbres , aux oifcaux de paflage,. aux infe@es deftruéteurs de nos moiflons & delnos fruits ; il y joine l'état des maladies dominantes, & celui des naïflances, mariages & décès pour chaque mois. À la fuite de toutes ces obfervations détaillées , on trouve des téfuftats qui indiquent chaque mois, pour le Baromètre la plus grande , la moindre & la moyenne hauteur au matin, à midi & au {oir, avec les vents, l’état du ciel, les points lunaires qui ont concour & la chaleur moyenne auñi au matin, à midi &au foir, dont la colonne de mercure-du baromètre a été affectée, enfin, fa hauteur moyenne correfpondante avec les diérens points lunaires. Voici les réfulrats que préfentent ces Tables: 1°. La plus grande élévation de l’année a concour avec la N. L. & le lendemain de {on apogée. 4 i 2°. Toutes les plus grandes élévations de chaque mois, excepté une, & toutes les moindres élévations, excepté quatre, fe font rencontrées avec un point lunaire, ou bien le jour qui le précédoit ou qui le fuivoit. (Sur quatorze points lunaires que l’on Compte par mois, il n’eft pas étonnant que & SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 997 que les variations extrêmes du baromètre concourentavec un de ces points ou avec un des jours qui lé précède ou qui le fuir.) 3°. Le ciel a préfque toujours été ferein à l'époque des plus grandes élévations , & il a toujours été couvert à celle des moindres élévations. 4°, Les vents dominans dans les grandes élévations, ont été le nord & Foueit, & ceux de l’eft & du fud dans les petites élévations. 5°. Le mercure varie plus dans les mois d'hiver que dans ceux d'été. 6°. Le baromètre eft en général moins élevé à midi qu'aux, autres heures de la jeurnée. | %. Le mercure tend à monter de la N.L. à la P. L: & il tend à defcendre de Ha P. L. à la N. L. Il eft auñli plus élevé vers l'apogée de la lune que vers fon périgée. Tous ces réfultats relatifs au baromètre s'accordent avec ceux que j'ai déduits dans mes différens ouvrages & Mémoires fur [a Météorolooie ; excepté les rélulrats relatifs aux points lunaires dans lefquels je n'ai pas encore trouvé beaucoup d’uniformité. Les rélulrats des obfervations du shermomérre font compris dans quatre Tables qui indiquent pour chaque mois, au matin, à midi & au foir , la plus grande, la moindre & la moyenne chaleur , avec Les vents, l’éar du ciel, les points lunaires, Les hauteurs du baromètre correfpondantes aux termes extrêmes de la chaleur & du froid ; la comparaifon des degrés de chaleur moyenne à l'ombre & au foleil. Il réfulte de ces Tables , 1°. Qu'en 1781 la plus grande chaleur de l’année a eu lieu en feptembre, ce qui eft extraordinaire. 2°. Que le plus grand froid de l'année a concouru avec ur changement de point lunaire. 3”. Que Le thermomètre, au contraire du baromètre, varie plus en été uen hiver. 4°. Que le baromètre monte plus dans les tems froids que pris enfemble, auroient {uff pour le faire diftinguer de tous les gaz mentionnés, mais en ne l’examinant que d’une feule manière , rien n’étoit plus facile que de le confondre avec l’un ou l’autre de ceux-ci, d'autant plus qu’on obtient ce gaz ordinairement dans des circonftances , où l’on peut s'attendre natu- rellement à obtenir ou du gaz nitreux ou du gaz azote. En effet les expériences de Priefley prouvent, que ce gaz a été confondu plufieurs fois de cette manière avec d’autres ; que quelquefois on a cru lui trouver les propriétés mentionnées , d’autres fois on a eu des doutes là-deffus ; enfin , jufqu'à préfent, on n'a pas donné aflez d'attention à ce gaz. Nous avons dit ailleurs (1), qu’en expofant du gaz nitreux à l’action des fulfures alkalins humeétés, nous avions obtenu un gaz azote. En comparant nos expériences à celles de Prieftley (2), nous avons trouvé, qu'il aflure avoir obtenu dans le même cas certe efpèce particulière de gaz dont nous parlons ; cette différence dans nos réfultats nous a frappés, nous: n'avons pas tardé à en chercher la caule : cette recherche non- feulement nous a fair découvrir la folution du problème que nous nous étions propofé , mais elle nous a engagés à nous occuper en général de l'examen de la nature & des propriétés de cette efpèce de gaz. C’eft le réfuitat de ces recherches comparées aux expériences de Prieftley, que nous allons préfenter aux amateurs des fciences phyfco-chimiques. Avant d'entrer dans aucune difcuffion théorique, nous allons donner les: expériences néceffaires pour déterminer les circonftances propres à obtenir le 927 en queftion. Nous examinerons enfuite les propriétés prin+ cipales de ce gaz, & nous déduirons de l'enfemble de ces faits quelques remarques propres à les lier à la théorie générale de la Chimie, & à aligner au gaz que nous traitons, la place qui lui convient parmi les fubftances gazeufes en général & parmi les combinaifons oxigénées d'azote en particulier. Nous nous fommes fervis pour le reconnoîrre principalement de ces deux propriétés , fur lefquelles nous entrerons dans un plus grand détail par la fuite, que la chandelle ÿ brûle avec une flamme vive & agrandie, ce qui le diftingue du gaz azote: & du gaz nitreux , &. (1) Journal de Phyfque, juin 1792. 2) Prissreey , Expér,. fur les Airs ( traduét, franc. ), T, pag. 283-285, IV P ; pag 3 $; 5 Page 124: SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 323 qu'il ne diminue pas en volume avec le gaz nitreux même, ce qui le diftingue du gaz oxigène & de l'air atmofphérique. Nous croyons encore devoir remarquer d'avance, que le nom , fous lequei Prieftley a cru devoir le défigner, celui de gaz nitreux dephlogiflique , qui devroit fe traduire en langage moderne par gag nitreux oxigéne, ne doit fon origine qu'à une explication fautive de la propriété, que pofsède ce gaz, d'entretenir la amme de la chandelle, phénomène qui failoit préfumer narureliemene qu’il contenoit plus d'oxigène que Le gaz nitreux ; mais nous verrons pat nos expériences qu'il en contient réellement moins; que fa faculté d'entre- tenir la Aimme tient à d’autres caufes; & qu'ainfi le nom de gaz nitreux déphlogifliqué ou oxigéné eft tout-à-fait contraire à fa nature, & ne peut qu'induire en erreur à fon égard. Nous avons cru nous conformer aux principes de la nouvelle nomenclature, en le défignant par le nom d'oxide gazeux d'azote, LÉ On peut divifer les différentes manières d'obtenir l’oxide gazeux d'azote en deux claffes; l’une contient Les cas, où le gaz nitreux tout formé fe change en cette efpèce de gaz dont il eft queftion; l'autre ceux , où l'on obrient directement ce gaz par des opérations analogues à celles qui fourniflent du gaz nitreux, mais dont on a modifié les circonftances d’une manière différente. Voici d’abord les expériences, dans lefquelles nous avons réufi à changer le gaz nitreux en oxide gageux d'azote. 1. Nous avons expolé plufieurs fois du gaz nitreux fur de l’eau à l’a tion de limaille de fer humeétée. En l’examinant au bout d’un Jour à peu près, nous avons trouvé que le gaz nitreux étoit changé en grande partie en oxide gazeux, mais qu'une portion confidérable de gaz nitreux s’y trouvoie encore mélée. Dans une autre expérience, nous n'examinâmes ce gaz qu'après deux ou trois jours; il étoic changé complertement en oxide gazeux, qui ne répandoir plus aucune odeur d'acide nitrique. Enfin, ayant laiffé réfider le gaz nitreux fur le fer pendant fix jours, nous ne trouvâmes pour reftant que du gaz azote. Dans le premier cas, la diminution n'étoit que de + du total; dans le fecond, elle étoit de plus que ? du total; dans le dernier, il en relta moins que Îl paroit donc qu'on peut obferver le changement de la manière la plus complerte & la plus exaét:, en examnant le réfidu lorfqu'il eft à-peu près un tiers du volume total, Quoique nous nous propofons de parler dans la fuite des propriétés de l'oxide gazeux, nous devons ici faire connoître d'avance celle dontil jouir d'être abforbé , quoique lentement, par l'eau. C'eft de cet: pro- riéré que dépend la çirconftance, qu'en coninvant l'expérience jr!qu’à Tome XLIIT, Pare. 11, 1793. NOVEMBRE, Sr a 34 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, la fin, on ne trouve pour réliclu que du gaz azote. Ce dernier gaz n’eft pas , comme on pourroit fe l’imaginer , le produit d'une décompolition ultérieure , laquelle fépareroit de l'oxide gazeux tout loxigène qui lui refte dans cet état; mais c’eft du gaz azote mêlé accidentellement au gaz nitreux qu'on emploie. L'oxide gazeux ne [e décompofe pas, mais il s'abferbe dans l’eau, quand il réfide long-tems fur celle-ci. C'eft ka raifon, qu'on ne le trouve plus en l’'examinant. Si l’on opère fur dumerçure, on obtient un réfultac différent. Cette remarque doit s'appliquer aux réfultats de toutes les expériences de ce genre. Les expériences de Prieftley (1) fur ce lujet font conformes aux nôtres, mais il n’a pas donné afez d'attention à la circonftance de l'eau. 2. Du gaz nitreux , expofé à l'action d'un füulfire de potaile ou de foude très-peu humeété, fe trouva devenu oxide gazeux, après avoir éprouvé une diminution de ? de fon volume. Maïs en continuant l’opé- ration jufqu’à ce qu’il n’en reftoit que ?, ce refte ne fut que du gaz azote. En comparant ce réfultat à celui de nos expériences fur Les fulfures , on voit que la raifon, pour laquelle nous n’obtinmes alors que du gaz azote, n’étoit autre que celle d’avoir fait continuer trop long-tems l'action des fulfures , & d’avoir fait l'opération fur l'eau. 3. Nous favions par les expériences intéreflantes de Pelletier (2), que le muriate d’étain a beaucoup d'affnité avec l’oxigène, qu'il s’y unie directemert, & qu'il l’enlève à plufeurs autres fubftances, pour fe changer en muriare oxigéné d’étair Nous avons donc éprouvé l'action du muriate d’étain fur le gaz nitreux, & nous avogs trouvé par plufieurs expériences, faites fur du mercure, qu’il eft changé en oxide gazeux, lorfque le volume en eft diminué à-peu-près de ? à 7. 4. Nous avons expofé le gaz nitreux à l’a@tion d’anmoniaque, dans lequel fe trouvoit un petit morceau de cuivre, pendant trois ou quatre jours. Le volume fe trouvant diminué à ?, +, = près, nous examinimes les rélidus, & nous leur trouvâmes les propriétés d'oxide gazeux d'azote, On fait que l’ammoniaque peut difloudre le cuivre, quoiqu’en petite quantité, & que certe folution attire l’oxigène de l’armofphère (3). Le changement du gaz nitreux que nous avons obfervé dans les circonftances indiquées, paroît tenir à la même caule. ; 5. Nous avons fait pafler du gaz nitreux, à mefure quil fe dégageoit d’une folution de cuivre par de l'acide nitrique affoibli, le long du foufre fondu & rougi dans un tuyau de verre fur des charbons. Le gaz étant recueilli fe trouya être de l’oxide gazeux, mêlé à un peu de gaz nitreux , mais de tems pe, plus pur durant Le procédé de l'opération. (x) Prrestiey , furles Aïrs, I, pag. 73 ; IV , pag. 136. (2) Ann. de Chimie, XII, pag. 225 & fuiv. (3) Fourcroy , Elém, de Chimie, IT, pag. 323 , 324. SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 325 6. En mêlant du gaz hydrogène phofphoré à du gaz nitreux , fon volume diminue dans le tems d’ane heure ou deux, & la chandelle brûle dans le réfidu comme dans l'oxide gazeux. 1] lag G Nous allons tendre compte des cas , dans lefquels on obtient directe- ment de l’oxide gazeux d’azote , ou plutôt dans lefquels le gaz nitreux ; à mefure qu'il fe produit & avant que de prendre la forme gazeufe , fe décompole & devient oxide gazeux. 1. La folution de fer dans un mélange d'acide fulfurique & d'acide nitrique tous les deux étendus d’eau , fournit d’abord du gaz hydrogène , enfuite de l’oxide gazeux, à la fin du gaz nitreux ordinaire, En employant un mêlange d'acide muriatique & fe coupant dans la manutention avec beaucoup de netteté , je la crois très-propre à la fabrique des machines deftinées à À la mefure du fers: ‘& même à tous les inftrumens de mathématique , à caufe de la nétteté des ivifons qu’on obtiendroit, ayant les pores très-ferrés. [1 feroit à fouhaiter que la Chimie veuille bien s'occuper de la compofition de cette matière ; elle eft affez chère pour la dédommager de fon travail. L'intervalle SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 345 L'intervalle d’une dent à l’autre eft divifé en $ parties, ou 6 divifons : on en prendra ÿ , ce qui donnera le demi-diamètre de la levée B. L’angle (ee) contient 60 degrés , que la levée doit parcourir pour Parc conftant ; cette ouverture eft fufhfante pour que la roue & la levée ne fe gênent jamais (1). C, eft l'axe du balancier; D eft une virole portant une dent pour opérer Le dégagement de l'ancre par le moyen de la fourchette (i), fg. 2, qui eft montée avec une vis fur le bras G de l'ancre. Cette virole porte une entaille au-deffous de la dent, pour empêcher l'ancre de dégager la roue pendant l'étendue des vibrations , au moyen de la pointe (1) qui trouve à rentrer dans l’entaille de la virole (d) quand la dent a ramené la fourchette en fon centre. La pointe (1) & la fourchette (ï) font attachées fur le bras de l'ancre, avec la vis O. Voyez fig. 2 , à gauche. _Fig. 1, D eft la virole vue de profil, E, eft la levée vue de profil & à plat, avec fon canen. F, eft une pièce de rapport , foit en acier trempé de tout fon dur, foie en diamant, fur quoi s'opère le frottement de la levée. L’ajuftement de cette pièce fe fait au moyen d’une entaille jufte dans la grande levée ; & au moyen d’une goupille placée dans la jonction des deux parties , la goupille étant moitié dans la pièce de rapport & moitié dans la grande levée, il eft impoflible que cette pièce remue. Fig. 2 ,(g 1.) L’ancre vu à plat & de profil avec tous fes accefloires ;. dont H eft l'axe fur lequel l’ancre eft monté à terreau. Gx, préfente l'ancre, la roue & la levée dans leur état de repos. Pour mettre l'échappement en mouvement, il faut faire décrire à {æ levée un arc d'environ 10 degrés de gauche à droite, la dent de la virole (d) qui eft engagée dans la fourchette (i), faifant reculer le bras (n) de l'ancre d’une quantité fuffifante pour que certe dent pafle, Le bras de l'ancre (m) s'engage alors dans la roue , & la quatrième dent qui fuit celle qui quitte (n) fe repofe fur le bras (m), Le fpiral ramenant la levée comme dans la fe. (g 2.) Pour que la levée s’opère, il faut que le bras (m) dégage la dent, pour qu'elle frappe la levée. Pour que ce dégagement s'opère , il faut que la levée prolongée par une ligne en {x) parcoure un efpace de quatre degrés pour arriver en (y 1); alors la levée eft fuffifamment engagée dans le rayon de la roue, pour que la levée commence à s’opérer. La dent faifant parcourir à la ligne le sayon ponctué jufqu'en (y 2), la levée aura parcouru 60 degrés, & la (1) Il feroit très-poffble de ne mettre qu'une palette au lieu d’un cylindre entiez pour la levée ; mais avec le cylindre les accidens font mieux garantis. Tome XLIII, Part. II, BRUMAIRE, Novembre, v. flyle. X% , n 346 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, deuxième dent des 4 compris dans l'ancre repofera fur le levier (n), ce qui fufpend la force motrice pendant que l'arc de fupplément s'effectue. Cette pofrion de la roue ; de la levée & de l'ancre eft vue dans la fig. (g3), & de fuite les vibrations fe fuccèdenr, On obfervera que dans l'exécution il ne doit jamais y avoir deux parties d’acier frottançes enfemible (x). + Moyen d'employer les Montres ordinaires avec le cadran décimal Jans changer le méchanime. La nouvelle divifion du jour en parties décimales opérant abfolument une révolution dans l'horlogerie, a néceflité que nous nous oceupions de la manière la plus fimple & la plus folide pour conftruire des machines à cet ulage. Non-feulement cette divifion eft plus commode pour les obfervations , mais ces changemens ne peuvent que concourir à la perfection des machines en général deftinée à la mefure du tems, en donnant une marche plus lente à une partie des mobiles, fur-tour à ceux qui éprouvent les plus durs frottemens, Or, comme on ne gagne jamais en vêtefle , que l’on ne perde en force, on gagnera donc beaucoup. Dans les horloges publiques la conduite des cadrans gagnera infini- ment. Cette partie fouffre beaucoup par la poftion gênante où on fe trouve prefque toujours dans lès bâtimens. La partie des fonneries gagnera plus de moitié, quant à l’ufé & par læ manière de faire entendre le fon des timbres ou des cloches. Mais un avantage bien plus intéreffant , c’eft de rapprocher des bons effets des remontoirs toutes les machines portatives, foit pour la marine, foit pour l’'ufage ordinaire dans la conftruction defquelles on eft obligé d’avoir un reffort pour moteur. La force élaftique des reflorts étant abfolument vicieufe, fur-rout quand on eft obligé d'en obtenir un certain nombre de tours ; ce qui les send fujets à fe corrompre & à fe plorer. Tels font les effets que nous obfervons journellement dans les machines à 24 heures : on fenrira tout l'avantage dans la difpofition des nombres fuivans pour les montres décimales. : (x) Je dois prévenir les artifles , que tels foins que j'aie pris pour que les planches foient auffi pures que lexécution de l'horlogerie Pexige, il y a encore quelques pièces dont la figure n’eft point déterminée comme je le defire: par exemple, la pointe (1) eft un peu trop ronde, L’entaille de la fourchette (i) n’eft point aflez quarrée , & les angles un peu trop arrondis, Les angles de Ia levée ne font point conformes à toutes les figures. à C’ef celle de la figure E qui eft la bonne; mais l’artifte fuppléera certainement à ces défauts, étant guidé par le befoin des effets & de fon intelligence, SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 349 Nombres pour conflruire une bonne montre à cadran décimal , divifant le jour en 10 heures, l'heure en 100 minutes, & La minute er 100 /fécondes, Roue de fufée............ 64, engrenant dans un pignon CR CO EL RP TPE RUE CE Roue du centre ......,.4., 100, engrenant dans un pignon ee 0 7e AN RERO Mo Petite roue moyenne. ...... 100, engrenant dans un pigron Ce ec Un À ro LUE Es ALL Le Roue de champ .......... 100, engrenant dans un pignon Css lunes danse ls ess à « se IC. Roue d'échappement ....... 20. - La minuterie aura une chauffée de 12, engrenant dans une roue des minuges de 30 ; elle fera montée fur un pignon de 12, &engrencra dans une roue de cadran de 48. Le produit de ces nombres eft 40,000 vibrations par heure, ce qui donne les + fecondes naturelles avec l’échappement ci-devant démontré. Dans le nombre 64 dela roue de fufée eft contenu quatre fois le pignon de 16. ° Ce pignon fait un tour par heure. La roue de fufée fera donc deux tours & demi en dix heures. Deux tours & demi de chaîne fur la fufée n'employeront qu'un tour & demi du reflort au plus, au lieu de cinq tours qu'on emploie ordinairement. Un reffort qui fera quatre tours au plus, fera fufifamment élaftique ; & le rour & demi dont on a befoin fera pris dans le milieu de la bande du reflort : moment où toutes les lames font ifolées, & n'éprouvent aucun frottement. La contrainte du reflort étant prefque toujours tendue au même degré, ne pourra avoir aucun des vices dont nous avons parlé ci-deflus (1). i L Un autre vice qui exifte dans toutes les montres à fufée, c’eft qu'il eft bien rare qu'une chaîne forte deSffilers en fe déployant fans accrocher les bords de ces filets; & comme cer effet fe fait inégalement, il détruit une partie de la propriété de la fufée, en rendant fon tirage inépal , fur-tout dans Les montres bafles, dans lefquelles il faudroit planter la fufée un peu mal droite pour obvier à cet inconvénient, ce qui n’eft point praticable fans produire d'autre vice, fur-cout dans les montres bafles, qui font les plus en ufage. (x) Je n’ai étebli les deux tours & demi de chaîne que fur les ro heures; mais on peut mettre 3 & méêine 4 tours de chaîne, parce qu’il eff néceffaire que la montre aille plus de ro heures : il'eft même très-utile qu’une montre marche un jour & demi fans être remontée, afin que, fi an l’oublie le foir ; elle marche encore le lendemain : c’eft un double avantage de cette conftruétion. Tome XLII, Part.11. BRUMAIRE, Novembre, v.flyle. Xx 2 848 OBSERPATIONS SUR LA PHYSIQUE, Le peu de tours que les montres décimales exigent de la fufée remédie parfaitement à cet inconvénient en facilitant le déployement de la chaîne, fans perdre de vue l'extrême folidité de la chaîne par fa groffeur; & quant au refte du rouage qui fe trouve chargé d'un nombre très-haut, on a la certitude des bons engrenages par les pignons très- nombrés, dont tous les artiftes connoiflent les avantages. Les frottemens peuvent être les mêmes en proportionnant l'échappe- ment &% la mafle du balancier; car la puiflance réglante d'un régulateur ne peut s’eftimer que relativement à la force motrice qu'il exige, & un balancier de douze grains peut avoir bien moins de puiflance réglante qu'un de dix grains relativement à la force motrice qui le met en mou- vement, Dans les petites montres on pourra diminuer Les nombres des pignons & des roues, en obfervant toujours les mêmes rapports: mais les montres auront certainement moins de juftefle , & détruiront davantage. Les nombres ci-deflus ferviront pour la conftruétion des montres neuves ; mais il n’eft pas moins uroent & néceflaire de procurer au Public la jouiflance & l'emploi des montres déjà faites fans le confituer en dépenfes. : Pour fe fervir des montres faites, il fufhra donc de changer la minuterie, Ù La chauffée fera de 8 engrenant dans une roue des minutes de 32; fur cette roue fera monté un pignon de 8 engrenant dans une roue de cadran de 48. La chauflée faifant 24 tours par jour, la roue des minutes fera 6 tours ar jaur; comme elle porte un pignon de 8, & que fes 6 tours donnant 6 fois 8, valent 48, la roue de cadran de 48 fera donc un tour du cadran par jour : ce cadran divifé en 10 heures, & chaque heure divifée en 10 parties , la même aiguille indiquera les heures & les minutes de dix en dix; & comme le cercle eft grand , il eft impoñlible que l’on ne puifle favoir l'heure à une minute près avec ces divifions. Voyez la 28.3, où eff la difpofition de ce ca n. Tout le changement de cette montre confiftera donc à faire un cadrän, plus une minuterie , encore il y a peu de montres dans lefquelles on ne trouve une partie de ces nombres dans la minuterie, Second moyen pour fe fervir des montres déjà faîtes fans rien changer au méchanifme, On fera feulement un cadran qui fera difpofé comme dans la fe. 4, c’eft-à-dire, que l’on reportera les heures êc les minutes fur les bords du cadran: on y placera les heures & les minutes dans l'ordre ordinaire, en fuivant la divifion de 12 heures & de 60 minutes. Au-deflous des 12 heures, on placera la moitié de la divifion déci- male; c'eft-ä-dire, $ heures, en plaçant le V à midi. Au-deflous de ces ee SUR L'HIST. NATURELLE ET LES. ARTS... 349 $ heures on divifera le cercle en fo parties, chaque heure répondant à 10 divifions donnera les minutes de 10 en 10 avec l'aiguille des heures : le cadran ainfi difpofé, les aiguilles ayant leur marche ordinaire, quand l'aiguille des heures marquera midi, elle marquera également V heures qui eft l'heure qui répond à midi, dans la divifion décimale, L'aiguille des heures faifant deux tours du cadran par jour, donnera 24 heures , puifque 2 fois 12=—24 ; la même aiguille faifant deux tours par jour fur la divifion décimale, donnera 10 heures, puifque 2 fois $ — 10. 1 * Les heures décimales étant divifées en 10 parties, l'aiguille des heures indiquera les minutes décimales de 10 en 10; l'aiguille. des minutes ordinaires de la montre indiquera les minutes de la divifion du viéux ftyle en 60. — Ces cadrans ont un double avantage , indépendamment de ce qu'ils donnent le moyen de jouir des montres déjà en ufage & fans frais, c’eft que préfentant toujours le rapport des deux divifions, ils accoutumeront le jugement à favoir à quelle pofition du jour répond telle heure du cadran décimal. Fig. 5. On voit une difpofition de cadran imaginé ‘par le citoyen Romme, préfident du comité d’inftruétion publique, pour avoir toujours un objet de comparaifon. Ce cadran préfente un: cercle cowpé en deux parties. La moitié eft divifée en 12/heures , l’autre moitié eft divifée en ç heures ; la partie divifée en 12:eft fubdivifée par quart ; la partie divifée en $ eft fubdivifée par 10: - En pratiquant une aiguille à deux bouts qui fafle le tour du cadran _ par jour , les deux bouts marqueront alternativement, l’un les heures & les minutes décimales, & l’autre les heures & les quarts de l'ancienne divifion. » nm n nn 72) OBSERVATION Sur la fulmination de l'Or criflallifé par l'interméde . du Mercure ; Par Sa1cx. ” Jar publié en 1773 dans mes Mémoires de Chimie des obfervations fur les criftallifations des- fubftances métalliques par linrermède du mercure; j'ai fait connoître que l’amalgame eft une véritable diflolution , 3jo OBSERVA TIONS SUR LA PHYSIQUE, que pendant cette opération. la plupart des métaux perdent une partie de leur phlogittique , que la partie réduite en chaux fe trouve à la furface de l'amalgame , tandis que Ja partie du métal qui n’a pas été réduite en chaux, criftallife à la faveur du mercure qu'elle retient. L'action du feu eft néceffaire pour concourir à cette opération, où le mercure fe trouve, pour ainfi dire, fixé. Plus on a employé de mercure, plus Le réfroidiffe- ment a été lent, plus la criftallifation de l'amalgame eit régulière. L'argent, par exemple, demandé quarante parties de mercure pour fa diflolution, & en retient huit pour criftallifer. Le refte du mercure fe fépare & ne retient point d'argent, L'or n'exige pas tant de mercure our {a diflolution , &en retient un quart de moins dans fa criitallifation, Es criftaux offrent des prifmes quadrangulaires de quatre à cing lignes de diamètre : l'extrêmité de ces criftaux eft quelquefois tronquée de; biais. Ayant pris ces quatre onces d'or d'amalgame dans le deffein d'en retirer l'or, je l'exprimai d’abord dans un linge fin double, la plus grande partie du mercure pafla à travers fes pores ; ayant ouvert le nouet je trouvai dedans une mafle d’amalgame où Les criftaux d’or prifmatiques étoient crès-diftincts. Je rompis dansmes doigts cet amalgame, je l'exprimai de nouveau, & retrouvai encore dans le nouer les criftaux d’or réunis confufément. Ayant mis dans un creufet de Heffe cet amalgame d’or folide qui pefoit une once rois: gros ,je le plaçai dans un fourneau où je le fis romptement rougir , m'éloignant un peu pour éviter Les vapeurs mer- curielles, il fe fit d'abord entendre un petit bruit femblable au fufer du nitre ; l'inftant d’après il y eut une forte: explolon accompagnée d'une vive lumière & d’une fumée grife qui étoit du mercure condenfé dans l'air, Ayant reconnu que Le creufet n'étoit pas caflé , je m'approchai du fourneau, d'où je retirai Le creufet , au fond duquel étoic la plus grande partie de l'or; il y en avoit aufli de très-divifé fur fes parois & à l'extérieur, Pour répéter cette expérience fans-perte;vil faut employer un creufet;; dont les bords foient élevés. J'avois reconnu en 1773 que: l’amalgame: d'argent /expofé au feu y décrépitoie, lorfque le mercure rompoit les criftaux pour fe vaporifer; mais dans ce cas, il n'y a ni explofon ni phofphorefcence. .& 4 SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 351 LL ELITE STE TES EP CR LP FAITS NOUVEAUX ET CURIEUX SUR LES ABEILLES: Extraits dur Ouvrageintitulé: Nouvelles Obfervations fur les Abeilles, adreffées à C. BONNET , par FRANÇoiïs HUBER. ‘Genève, 1792, vol. z1-8°, de 368 pages; Par L. Corte, de la Société des Naturalifles de Paris, de la Société Météorologique de Manheim , &c. L'aurevr de ces obfervations eft aveugle depuis fa première jeunefle , & cependant fes obfervations paroiffent mériter la plus grande confiance. Huber, né avec un goût décidé pour lHiftoire-Naturelle, a eu le bonheur d’être fecondé par un domeftique ( François Burnens, né dans le Pays de Vaud), dont il fit fon lecteur, qui a pour l'Hiftoire- Naturelle le même goût que fon maître, & qui de plus eft muni de bons yeux , de beaucoup de patience, d’un génie inventif, feit pour la conf- truction de ruches propres aux obfervations , foit pour imaginer les moyens les plus commodes pour prendre la nature fur le fait, en obligeant les abeïlles à fe prêter à tous les projets d’obfervarions que lui & fon maître avoient conçus. L'accueil fait aux réfultats de ces obfervations par Le célèbre Bonnes leur donne encore un degré de confiance qu'ils méritent d'ailleurs par 1: détail des précautions que les auteurs ont prifes pour s’aflurer des faits qu'ils avancent , & l’opiniâtreté, que l’on me pafle ce terme, avec laquelle ils ont vérifié les faits, en répétant plufieurs fois des expériences très-délicates & même dangereufes. Je fuppofe le Lecteur inftruit dé ce qui a été écrit jufqu'ici fur les abeilles, foit par Reéaumur auquel Huber fe plaît à rendre juftice , foit par Schrach, foit par les autres naturaliftes qui fe font occupés de ce peuple inréçeffant, Je me bornerai À rapporter fuccinétement les principaux faits découverts par Huber & par fon eftimable lecteur. Mon but eft de piquer la curiofité des amateurs des abeilles, & de les engager à recourir à l'ouvrage même & à répéter les expériences. Huer a imaginé une conftruétion de ruches qu'il appelle er livre ou en feutllers', qui eft telle que chaque cad:e qui n'a que huit lignes d'épaifleur ne contient qu'un rang de gâteaux; de cette manière on voit ce qui fe palle des deux côtés , au lieu que dans les ruches ordinairés, les gâteaux érant parallèles les uns aux autres, on ne peut pas pénétrer dans l'intérieur. Voici les principaux faits relatifs à l’hiftoire des abeilles que Huber a vérifiés plueurs fois à l’aide de ces ruches & par des moyens - ’ 352 OBSERVATIONS SUR £A PHYSIQUE, très -ingénieux 8& même périlleux dont il faut lire le dérail dans l'ouvrage. : 1°. La reine de la ruche ou la mère-abeille eft fécondée par le bourdon de la manière ordinaire. Mais c’eft dans le haut des airs, & non pas dans l'intérieur de la ruche que s'opère cette fécondation. 2°. Lorfque la chaleur du jour détermine Les faux-bourdons à fortir de {a ruche, la reine fort aufli pour Les aller trouver , & après trente minutes d’abfence , elle revient fécondée & portant à l'orifice de fa vulve une portion des parties mufculaires du faux beurdon qui a contribué à fa fécondation. ( Les mouches éphémères & les fourmis font fécondées de la même manière dans le haut des airs, mais on ignore fi c’eftaux dépens des parties du mâle.) 3°, La reine arrivée à la ruche, débarrafle fa vulve des parties du mâle , à l’aide des crochets de fes pattes de derrière, & elle ne tarde pas à pondre ; elle commence ordinairement quarante-{ix heures après l'époque de la fécondation , à moins qu'une température trop froide ne retarde la onte. 4°, Si elle eft fécondée dans les quinze ou vingt premiers jours de fa vie, elle pond d’abord des œufs d’ouvrières , & enfuite des œufs de faux« bourdons ; mais fi la fécondation eft retardée jufqu’au vingt-deuxième jour de fa vie, elle ne pond que des œufs de faux-bourdons. 5°. Pendant les onze premiers mois elle ne pond que des œufs d’abeilles-ouvrières , les œufs de faux-bourdons viennent enfuite, 6°. Une reine peut pondre trois mille œufs dans l’efpace de deux mois ; ce qui fait cinquante œufs par jour. 7°. La reine n’a plus befoin d'une nouvelle fécondation ; elle pond pendant deux ans, & tous fes œufs font féconds, 8°, La reine choifit elle-même les cellules qui conviennent aux différentes efpèces d'œufs qu'elle dépofe : car on fait qu’elle en pond de trois efpèces, ceux des reines donc les cellules font pyramidales & placées fur Les gâteaux en forme de ftalactires, ceux des ouvrières, & ceux des faux-bourdons, Il n'eft donc pas vrai, comme on le croyoit, que les ouvrières fe chargent de diftribuer ces œufs dans leurs alyéoles refpectives ; lorfqu'’elles en trouvent dans des alvéoles qui ne leur conviennent pas 4 elles les mangent plutôt que de les tranfporter, 9°. La reine-abeille qui, ayant été fécondée trop tard , ne pond que des œufs de faux-bourdons , les dépofe indiftinétement dans toutes fortes de cellules ; & dans cette circonftance, les ouvrières les y laiflent , au lieu de tuer en août & feptembre Les faux-bourdons qui en proviennent, elles les confervent pendant l'hiver. 10°. Lorfque les abeilles d'une ruche perdent leur reine & qu'elles n’ont que des œufs d’ouvrières, elles aggrandiflent plufieurs des cellules qui contiennent çes œufs, elles donnent aux vers qui en fortent une : nourriture SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS, 353 eGurriture plus abondante & d'une qualité différente de celle qu’elles adminiftrent aux autres vers. Cette différence de nourriture développe dans ces vers d'ouvrières des organes propres à la fécondation , & changés ef mouches, ce font des reines (ce fait avoit déjà été obfervé en 1771 par M.S chirach), 11° Quelquefois les abeilles-ouvrières qui ne font point deftinées à devenir reines, mais dont les alvéoles fe trouvent dans le voilinage des cellules royales, deviennent fécondes , parce qu’elles ont eu le bonheur de recueillir quelques fragmens de l'efpèce de pâtée particulière que l’on donne avec profufion aux vers de race royale; mais ces ouvrières fécondes ne pondent jamais que des œufs de faux-bourdons. 12°. Ce ne font pas les ouvrières qui tuent les reines furnuméraires, mais c'eft la première reine éclofe qui leur déclare la guerre, & qui tue celles qui font encore dans l’état de vers ou de nimphes : à l'égard de celles qui font changées en mouches, elle leur livre des combats fingu- iers ; la plus forte perce fon ennemie de fon aiguillon, & règne fans rivale, 13°. S'il fe préfente une reine étrangère à l'entrée de la ruche, leg ouvrières qui font de garde l’arrêtent, l'entourent, & l'empêchent de s’y introduire, mais elles ne La tuent pas ; elle meurt ou de faim ou pat défaut d’air & comme étouffée. 14°. Si cette reine étrangère fe préfente vingt-quatre heures après qu k ruche eft privée de fa reine (c’eft le tems qu'il faut pour l'oublier) , l'étrangère eft bien reçue, & on l’adopte pour gouverner la république. 15°. Lorfque [a ruche eft privée de fa reine Le ouvrières ne tuent pas Jes faux-bourdons. 16°. Les vers des abeilles ouvrières filent des coques enticres; ceux des reines ne filent que des coques incomplettes ouvertes dans le bout inférieur, & c'eft par ce défaut de la ee que la première reine éclofe les attaque & les perce de fon aiguillon. ; 17°. Des œufs dépofés dans des alvéoles trop petites pour l'efpèce de mouche qui doit en provenir, il fort des mouches plus petites que celles de leur efpèce; maïs fi les vers font dans des alvéoles trop grandes, les mouches qui en proviennent n’ont que les dimenfions ordinaires. 18°. Le premier efflaim qui fort d’une ruche eft toujours conduit par la vieille reine ; les autres qui fortent enfüuite ont des jeunes reines à leur tête & qui font forties d'œufs que la reine mère avoit eu foin de pondre avant de quitter la ruche. 19°. L'effaim eft déterminé à fortir par l'agitation qu'éprouve Îe reine, & cette agitation eft caufée par le mauvais traitement qu'elle reçoit de la part des ouvrières gardiennes des cellules royales. Une reine aufi tôe qu’elle eft éclofe , fe porte vers ces cellules pour tuer les nimphes ou les m ohes qu’elles contiennent ; les ouvrières s’y oppofent : l’attaquante Tome XLIIT, Pare, II, BRUMAIRE, Novembre, v. flyle. Yy Ÿ > 34" OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, k s’agite , & communique cette agitation à une partie des abeilles qui Le. précipitent vers la porte de la ruche & partent avec elle, Auffi tôt que cet effaim ef parti avec la reine, les ouvrières gardiennes donnent la liberté à une autre reine q''elles tenoient prilonnière dans fon alvéole , & l’écaitent avec foin des autres alvéoles royales; cette nouvelle reine fair encore une recrue, & part avec un nouvel eflaim. Ce manège fe répète dans la ruche, trois, quatre, & même cinq fois dans le printems: voilà ce qui occafñonne le départ des eflaims. La ruche trop afloiblie, il arrive que les autres reines ne font plus gardées, elles fortent de ‘leurs cellules ; & elles fe battent jufqu’à ce qu'il n'en refte plus qu'une pour. gouverner, 29°. Quand le tems eft favorable, une ruche jetre quatre eflaims en dix-huit jours. 21°. Les reines tenues prifonnières ont une efpèce de chant qu’elles font entendre ,& dont les modulations varient. Cette captivité dure quelquefois dix jours, pendan lefquels les géolières les nourriflent en leur préfentant du miel auprès de leur trompe qu'elles pailent par une petite ouverture pratiquée à la porte de leur prifon. “ 22°. La cempérature de la ruche au printems eft de 27 à 29 d. quand elle pañle ce terme, les abeilles s’agitent & fortent de la ruche où la chaleur va quelquefois jufqu'au 32° deoré. (J'ai remarqué pendant les grandes chaleurs du mois de juillet 1793 , qu’une partie des abeilles de ma ruche vicrée fe raflembloit le foir fur l'appui de la ruche en-dehors, & qu'elles ne rentroient qu'après le coucher du foleil. ) i 5 23°. Les abeilles ne font point engourdies pendant l'hiver , Cat lorfque le thermomèrre eft à l'air extérieur à plufieurs degrés au-deflous de zéro , il fe foutient encore à 2; & 25 d. dans la ruche fufffamment peuplée. Les abeilles fe ferrent alors les unes contre les autres & fe donnent dû mouvement pour conferver leur chaleur; elles ont donc befoin de manger pendant l'hiver. h 24°. Le retranchement d’une antenne fait à une reine, ne change rien 3 fes mœurs; mais fi on lui coupe les deux antennes, elle tombe alors dans une efpèce de délire, allant de côté & d'autre, fe heurtant contre tout ce qu'elle rencontre. Deux reines auxquelles on a coupé les deux antennes, ne fe battent plus. Il paroît que les antennes font les organes du ta, & peut-être même de l’odorar, Huber finit par préfenter des vues économiques fur lutilité des mouve'les ruches ex livres ou er feuillers : elles facilitent l’abord de la tuche en rendant les abeilles plus traïrables ; ces ruches font aufi très- éommodts pour foimer des effaims artificiels ; il en enfeigne la méthode, ainfi que celle de forcer les abeilles à travailler en cire, L'abbé della Rocca qui m'a procuré la lecture de l'ouvrage dont.je viens de rendre compte, & avec qui j'en ai caufé, applaudit à la plupart SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 35 de ces découvertes intéreffantes ; cependant il m'a fait part de fes réflexions fur quelques-uns de ces faits dont il n'eft pas convaincu; ib croit, par exemple, avoir un moyen plus fimple & plus facile de former des EU artificiels. Au refte, il fe propofe de communiquer fes ob fervations à Huber lui-mème; le Public De pourra que gagner à la Giullion qui va s'engager. te Montmorenci, 23 O&obre 1793. , RICE ; SUITE DE L'EXPLICATION DES PHÉNOMÈNES - GÉOLOGIQUES; Par NH 2 Der AMÉTHERIE. Fe crois avoir expliqué d'une manière fatisfaifante les phénomènes des criftallifations minéralés. F1 peut y avoir des faits particuliers qui préfentent encore des difficultés. Mais leur mafle générale ne me paroit pas HOBROIE avoir Fe caufes que celles que je leur rai alignées (1). < (x): Les Egvptiens avoient à-peu-près , il ya plufeurs milliers d'années, les mêmes ne fur Ja théorie de Ja terre. Leur doétrine qui. nous a été tranfmife par les philo- fophes grecs; & per Moy, étoit que ,. È “a La terre avoit été couverte d’eau d » Qu’une partie de ces eaux { précipita dans le grand apîme , ou des cavernes intérieures ; & uné'autre s’éleva dans l’atmofphère. Qu’enfin la partie qui refta fur à Ja. furface F8 la terre forma les mers: | - » Que por. lors les contineris (aridum ) parurent; 1:19 » Que les végétaux &_les animaux furent produits. » La fable de Vénus , déefféda la reproduétion ;. qui fortidu fein des eaux, prouve w la même chofe. # »., Qu'enfin ces,eaux penvent.fôrtir.du {ein, de l’abime; ou:des cavernes intérieures, =» ainfi que de |’ atmofphère, pour produire, des déluges, à + Hi G "Homère avoit la mème doûtrine lorfqu’il dit: ner L'Océan eft père (genefis) des dieux : 2 war TE Deov per. Iliad. Lib. XIV, , verfe 200, -Héfode-a également-dit-que-POeéan-étoir-Je-père-de toutes -chofes. sente Orphée dens fon hymne à POcéan dit : 2 « J'appelle POcéan, père incorrüptible, toujours exiftant, | Porigine (génefs) » des dieux immortels & des hommes ». Toute Pantiquiré enfeignôit que lés coquilles marinés qui fe trouvent dans les tertes3 ahnonçoientique Ja’ mer: ÿ’avoit autrefois féjonmé. C’eft une vérité qu "Oyke à gosfgnée däns ces vers que tout lémonde connoît : V'idi ego quod fuerat quondam folrdifima relius Tome XLIIL, Pari. 1, BRUMAIRE, Novembre, v. fie Yy 2 J 32" 356 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE) IL refte quelques secherches à faire {ur les moyens que la nature à employés pour opérer les diflolutions & criftallifations minérales. ’eft à la Chimie à éclaircir Les obfcurités qui demeurent encore ; paf exemple, Quelle eft la nature de l’acide quartzeux ? Comment les eaux ont-elles pu tenir en diflolution toutes les fubftances mirérales ? & par quels agens ces diflolutions ont-elles été opérées ? Comment ces fubftances qui ont aïnfi été tenues en diffolution par les eaux, n’y ont-elles plus folubles aujourd'hui, excepté peut-être le gyple....? La Chimie nous donnera la folution de ces difficultés & de quelques autres. On a dû remarquer que dans les explications des phénomèns géolo- giques j'ai évité toutes les hypothèfes qui font hors des voies ordinaires de la nature, & que je me fuis écarté le moins que j'ai pu des faits avoués aujourd’hui par tous les phyficiens. Néanmoins on m'a fait quelques objections auxquelles je vais tâcher de répondre. Elles roulent fur les deux objets que j'ai toujours annoncé être Îes principales difficultés dans la théorie de la terre. Le premier eft de favoir ce que font devenues les eaux qui ont dû, fuivant moi, couvrir tout le globe, Le fecond eft de favoir par quelle caufe les contrées feptentrionales font remplies d’une immenfe quantité de dépouilles de végéraux & d'animaux qui aujourd’hui ne peuvent fubfifter que dans des climats très-chauds, Je vais rapporter les objections qu’on m'a faites contre les explications que j'ai données de ces phénomènes, & y joindre quelques éclair- siflemens, De la diminution des Eaux. Qu’eft devenue cette immenfe quantité d’eau qui a convert le globe de plufeurs centaines de toifes au-deflus des plus hautes montagnes qui exiftent ? J'ai ditavec les anciens égyptiens qu’une partie a gagné l’atmofphère 4 Effe fresum. Vidi fa&as ex æquore terras Er procul à pelago conchæ jacuere marinæ entorse ectreurontespPtarteteereresee La do&rine que je foutiens étoit donc connue depuis un grand nombre de fèclé “par les Egyptiens & par toute l’antiqu'té favante. ., , Je me cherche qu’à réunir Jeues preuves , & en afigner Jes caufgs phyfiques, ES SUR L'HIST. NATURPLLE ET LES ARTS. 3ç7 & l’autre fe perdit dans l'ab£me, c’eft-à-dire, dans des cavernes intérieures du globe. - ; . La partie qui s’eft élevée dans l’atmofphère ne fauroit être confidérable ; puifqu’une colonne de l'atmofphére n’équivaut qu'à 28 pouces de mercure, ou 32 pieds d’eau. Ainfi en fuppofant , comme je le penfe, que le poids de l'air [ui-même foit prefque nul, il ne pourroit ÿ avoir tout au plus dans l’atmofphère qu'une mafle d’eau égale à une couche de 32 pieds d'épaifleur. à I faur donc que la plus grande partie de l'eau qui a couvert le globe £e foit enfouie dans LE cavernes intérieures, Voilà un fait qui paroït certain, & dont la plus grande partie des géologues reconnoîc la vérité, Nous ne différons que dans les explications que nous en donnons. Les uns fuppofent qu'une force intérieure quelconquea pu projeter une partie des montagnes & les exhaufler d’une quantité plus ou moins con- fidérable . . . . Dès-lors il ne feroit plus néceflaire de fuppofer que les eaux ont été élevées de trois mille toifes, ou davantage, au-deflus de leur niveau actuel, J'ai répondu que nous ne connoiffons point de caufes capables de produire un pareil effet. Quelques monticules peuvent bien être fou- levés par l’explofion des volcans; mais il n’y a nul rapport de ces monticules à la mafle générale des montagnes. Jajoute que dans cette hypothèfe les eaux auroient toujours dû s'abaiffer d’une quantité quelconque. Airfi la même difficulté fubffteroie toujours ; il faut également fuppofer des cavernes, quoique pas aufl confidérables que dans mon opinion, D'autres favans fuppofent que des culbutes particulières de terreins très-érendus auroient pu par des mouvemens de bafcule élever à de grandes hauteurs des mafles aflez confidérables pour former les grandes chaînes de montagnes. Mais j'ai fait voir que nous ne connoiflons aucune force dans la nature qui puiffe produire É a pareils effets. D'ailleurs on fuppofe roujours dans ces deux hypothèfes qu'une portian quelconque d'eau a été abforbée , & a difparu de deflus la furface de Ja terre. Ainfi dans toutes ces hyporhèfes on reconnoît des cavernes intérieures qu'on ne croit pas, il eft vrai, aulli vaftes que je füis obligé de les admettre. Les difficultés qu'on fait contre l’exiftence de ces cavernes, n’eft donc point particulière à mon opinion, On peut réduire ces difficultés à deux principales, 1°. Comment ont été produites ces cavernes ? 2°. En fuppofant même leur exiftence première, il paroîtroit qu’elles 358 OBSÈRVATIONS'SUR LA PHYSIQUE: auroient dir êtreremplies d’eau, puifque ,nous fitppofons le globe avoit été dans une diflolution aqueule , & avoir criftallilé dans l'eau! UE x r . à -Pour répondre à ces difficultés j'ai: dir que lors de la criffallifatior générale da globe, il eft demeuré dans plufieurs endroits de fon intériéur, des parties vuidès, des cavernes, Nous voyons effectivement que cela a lieu daus toutes les criftallifations en prande mafle.Ainfje penfe qu'it ne fayréir y'avoir nul-dôfite à cet évards > ln say yp oh! Mais j'ai ajouté que plufieurs de ces cavernes ne contenoient: point d'eau, & éroient feulément remplies de Auides‘aériformes. C’eit ce qu'on a d'abord de la peine à croire; car il paroît que d'eau etra-dûchailer cet fides plus légers qu’elie. | d Cependant il y a deux manières de concevoir que quoique la criftalli- fation générale dusglobe ait été opérée dans l’eau , id a puy avoir des cavernes repli flhiduéélaltiques: 2:07 °4'uponsogqui Es 231 La première, dont j'ai déjà parlé, eft la chaleur. centrale ; que j'ai fuppolé être aflez confidérable dans les parties voifines du centre de la terre pour réduire l’eau à l’état aériforme|:& cecte-hypothèfe n'eft poine contraire aux faits, comme je L’ai fait voir. : On peut encore concevoir d'une autre manière que ces cavernes inté- rieures aient'été remplies de Auides aéritormès. Quelques-unes de ces cavernes, dont: nous venons de parler, ferone fermées à leurs. parties fupérieures, & ne feront ouvertes qu'a leurs parties latérales. Suppolons-les remplies d’eau, x AS Dans lation réciproqué d'un fi grand nombre de fubftances , il doit fe faire des dévagemens de fluides aériformes; par exemple, que des acides puiffans viennent à rencontrer des pierres calcaires primitives , des, fpaths Auors. . ..leurs acides moins forts feront dégagés par les premières. Si des circonitances locales opèrent ces dégagemens dans des: efpaces fermés à leurs parties fupérieures, & ouverts latéralement, ces fluides s’'accumuleront dans certe partie fupérieure , & en chafleront: Peatr ! fi A x a ct " . 4 Ces fluides ainfi renfermés peuvent enfuiteidiminuer de volume par plufieurs caufes. -1°. La plupart des fluides élaftiques-font abforbés par l’eau dans un tems plus ou moins cenfidérable. Tels que Pair pur , l'air inHammable, l'aif'fxe, lairphlôsitiqué. & a plapitedes acides adléraraériforme, . 4 . tôns ées Auides énrouveñr|des diminutions plus'odimoins confidérables ; 1érfou'ils font renfermés fous l’eau. | CE | ; : L Aimeltre que ées fluides perdent de leurivolume , l’eau OCCHpera leur, 7 place, & par confêquent diminuera à fa furface. L 2°, Ces mêmes Auides élaftiques ainf renfermés feront comprimés pat tobtle poids de Peau fupérieure. Ils feront éforc contre les parois des SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 359 cavernes dans lefquelles ils font contenus, &'ils s'échapperont , SI s’y fait quelque fciflure. È 3°: Enfin, le froid fait éprouver aux Auidés aériformes uhe condenfation beaucoüp plus confidérable qu'aux autres corps. Or, la mafle du globe fe refroidiffant continuellement , des fluides fe condenferont donc d'une quantité plus ou moins confidérable, & occuperont par conféquent moins d'efpace. AU Maïs ce réfroidiffement du globe aura pu produire direétement des fentes & des cavernes. 3 Le globe a eu une chaleur ibtérieure ou centrale plus confidérable u'elle n'eft aujourd'hui. Tous les géologues en conviennent. : * IL s’eft refroidi d'une quantité quelconque que je ne chercherai pas à dérerminer., Es PSE Or, dans tout corps qui fe refroïdit, le refroidiflement fe fait d’abord fentir à {a furface , rañdis que lés parties intérieures pérdent peu de leur Chaleur primitive, les parties refroidies font condenfées par le froid ; Les païties non refroidiés Confervent leur même volume. D'où il s'enfuit que la partie extérieure qui fe retroidit la première fe fend & fe gerce. A ie La même chofe aura donceu lieu à Ja furface du globe. Il fe fera à fa croûte extérieure des fentes , des cavernes , plus ou moins érenduës, & proportionnelles au degré_de refroidiflement. Elles s’érendront à une profondèur plus ou moins grande, frs ag Les eaux exrérieures fe font introduites dans ces fentes, & contindetont de s’y introduire. Se Lo sabPirti in Elles entraînent avec ellés des parties pierreufes & terreufes qu'elles tiennent en diflolution , ou en fufpenfon. LMD Rd Elles dintinueront donc à la furface à proportion de l'aétivité de cette caufe. re Le) a Ces fentes , ces fciffures, ces cavernes ne paroïflent point à l'Extérieur, parce Que les eaux y ont dépofé & yÿ dépofent fans cefle de nouVelles parties terreufes. PAST SEE ER LS PORT RS Mais à l'intérieur il fublifle un grand nombre de ces fentes. On en CARE plufieurs dans le fein des montagnes 7, comme nous l'avons vu ailleurs. rs Magielas co Cius is ett TS à © La communication des tremblenrens de terre à des diffahces immenfes nous en indique de bien plus confidérables: pre 1e 92 90 Ces fenres , ces cavernes , produites à la croûte éxtérieure!du globe, Lors de fon refroidiflemmrent, feroient-elles fufhfantes pour admétrre ttes les eaux qui ont difparu de fa furface fans étre obligé de réCOurE 4 des cavernes intérieures produites lors de fa criftallifatio} générale? ” sa Ces fentes nouvelles pourron t'auffdans certaines cirçonftances donfrér iffue aux fluides élaftiques renfermés dans les cavernes dont nous avôris $ 360 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, parlé , favoir , lorfqu’elles s'étendront à la partie fupérieure de .ces: cavernes, On ne fauroit révoquer en doute l'exiftence de ces fentes produites par le refroidiflement du globe : il ne s’agit que d'en calculer l'étendue. La terre a 1432 lieues de rayon, & par conféquent 2864 lieues de diamètre, à Sa furface aura donc p» éprouver un grand refroidiflement , fans que fon centre ou Les parties adjacentes en aient éprouvé prefqu'aucun. On ne pourroit établir un calcu! approximatif à cet égard, qu’en fuppofanc un degré déterminé de certe chaleur centrale primitive; mais nous n'avons point de données à cet égard, L'action fimultanée de toutes ces caufes réunies eft fufifante pour faire voir comment les eaux ont pu s’abaiffer d'une aufli grande quantité à la furface du globe, en s’enfouiflant dans des cavernes intérieures ; car certainement les eaux de cette furface ont diminué. Or, elles ne peuvent être ni dans l’atmofphère ni avoir paflé dans d’autres glabes. Newton a bien fuppofé que du foleil & des commètes, il peut s'élever des vapeurs ui paffent dans d’autres globes. Mais cela ne paroît pas pouvoir être à l'égard de la terre & des autres planettes. De favans géologues voudroient encore croire que les eaux n’ont pointe diminué à la furface du globe, & que leur mafle eft toujours la même à-peu-près, Mais je penfe qu'on peut démontrer phylfiquement le contraire. L’étendue des mers eft à-peu-près égale à celle des continens. La profondeur des mers n'eft pas bien connue. Dans la plus grande partie elle n’a pas cent toifes. Dans plufieurs eñdroits elle eft plus confi- dérable. Enfin, on n'a pu trouver le fond dans quelques autres. Suppofons que leur profondeur meyenne foir de quatre cens toifes, & nous ne nous écçarterons pas beaucoup de la vérité. Si nous fuppofons le globe être fans inégalités, cette mafle d'eau répandue fur toute cette furface ne feroit donc que de deux cens toifes, Or , on fent qu’une pareille quantité feroit abfolument infufhfante pout avoirtenuen diflolution toutes les fubftances pierreufes, métalliques. . , .; qui font criftallifées, MR, Et quand même on fuppoferoit cette maffe d’eau être double , triple, quadruple qu'on ne la fuppofe ici , elle feroit encore infufffante ; car - une telle mafle fut-elle toute compofée des acides les plus concentrés, par exemple , de l'acide vitriolique, de l'acide ne .. elle ne pourroit diffoudre & tenir en diffolution tout le gypfe , fpath fluor. . . , & autres fubftances qui exiftent, Ii faut donc abfolument reconnoître qu'il y aeu à la furface de a terre une mafle d’eau immenfe qui, 1°. fervoit de véhicule aux différens diflolvans des fubftances minérales; 2°, tenoit en diflolution toutes ces : fubftances, SUR L’HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 36% füubftances , & que par conféquént la plus grande partie de ces eaux fe font enfouies dans le fein du globe. Cette vérité eft indépendante des autres opinions. Car que les mon- tagnes aient été formées par criftallifation dans la pofition à-peu-près où elles fe trouvent aujourd’hui , comme je le penfe ,ou qu’elles aient été foulevées par des explofons intérieures, ou des culbutes en bafcules. . . .1 le fait eft qu’elles font criftallifées, ainli que toute La portion de la croûte du globe où nous avons pénétré (& vraifemblablement tout Le globe lui- même. Mais n’allons pas au-delà du fait qui nous eft démontré). Ce qui fuppofe, 1°. diffolution ; 2°. qu'il y avoit un fluide fuffifant pour tenir toutes ces fubftances difloutes , & les laifler criftallifer. Or, d’après les notions chimiques que nous avons , le fluide néceflaire pour avoir tenu en fufpenfion tant de fubftances, étoit peut-être cent fois plus confidérable , que ne l’eft Ja mafle actuelle de nos mers. . . . H faut donc que le géologue tâche d'indiquer le lieu où elles ont pu fe rendre, ‘ Mais, m’objectera-t-on encore , toute la croûte du globe ne paroît qu'un monceau de ruines, lefquelles fuppofent un renverfement, une culbute quelconque de cette furface extérieure, Un autre fait, ajoute-t-on, prouve encore cette culbute, Ce fonc certaines montagnes dont les couches font inclinées différemment dans Les côtés oppofés , & font des efpèces d'ados. Je réponds premièrement que ces difficultés ne regardent point les montagnes granitiques & primitives. Secondement , que les ruines qu'on obferve dans les montagnes fecondaires font de deux efpèces ; Les unes ne font que de petits affaiflemens partiels. J'ai fait voir que ceux-ci font produits par l'infiltration des eaux qui entraînent les petits lits de terre qui fe trouvent conftamment entre les grands bancs, Et c'eft ce qu'on obferve dans tous les petits côteaux des plaines fecondaires , fur-tout le long ‘des vallées, parce que Les eaux qui fe rendent dans ces vallées minent fans cefle Les terreins où elles coulent. Les autres efpèces de ruines s’obfervent dans les grandes montagnes fecondaires, telles que le Jura, les Salèves .…. . . On y apperçoit effecti- vement des mafles confidérables qui paroiffènt avoir été culbutées. Cee effet eft toujours dû à la même caufe., à l’action des eaux courantes dans leur intérieur. Il fe trouve dans ces montagnes de gros courans d’eau , tels font ceux de la fontaine de Vauclufe, de la Loire... .Ces courans minent, creufent des cavernes... .& produifent laffaiflement de quelques montagnes. Nous en avons plufieurs exemples, Quant aux montagnes dont les couches préfentent des ados des deux côtés oppofés , ce qui n’eft pas bien commun, cet effet peut être roduit , 1°. par les renverfemens de montagnes dont nous venons de Tome XLIII, Part. II. BRUMAIRE, Novembre. v, flyle, Zz 362 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, parler; 2°. parce que ces couches auront été réellement produites de certe manière par criftallifation , comme j'ai fait voir que cela a eu lieu fur une petite couche à Montmartre. ER Je puis donc dans mon hypothèfe donner une explication auf fatifaifanre de ces ruines, qu’on peut le faire dans toute autre hypothèfe. Mais quelle que foit la caufe de ce phénomène, il faur toujours en revenir à ce que je viens de dire: 1°. à des diflolvans de toutes les fubitances minérales ; 2°. à un véhicule aflez confidérable, pour tenir en diflelution, & le diffolvant & les matières diffoutes, afin qu’elles puiffent criftallifer. Or, la quantité d’eau contenue aétuellement dans les mers feroit abfolument infuffifante. Des dépouilles d'animaux & végétaux des pays chauds qui fe trouvent enfouis dans les contrées feptentrionales. On trouve dans toutes les contrées feptentrionales de notre hémifphère, comme en Italie, en France, en Angleterre, en Allemagne, en Rufie, en Sibérie, & même dans l'Amérique feptentrionale, un grand nombre de débris de végétaux & d'animaux qui aujourd’hui ne peuvent fubfifter que dans les climats les plus chauds, Quelle eft la caufe de ce phénomène? , Pour l'expliquer, j'ai fuppofé deux faits ; 1°. Le premier eft que la longueur des jours a varié, & peut encore varier, Or, cetre hyhothèfe eft très-conforme à la marche de la nature qui ne fait rien de ftable. Nous connoiffons d'ailleurs des caufes phyfiques qui doivent produire cette inégalité des jours (1). Us Or, les jours étant plus courts, la force centrifuge augmente, la mafle des mers fe portera à l'équateur , & abandonnera les régions polaires. Les jours redevenant plus longs, la force centrifuge diminue, les eaux des mers abandonneront les tropiques pour fe porter aux poles. Dansces allées & venues, elles produiront différens phénomènes que nous avons expofés ailleurs, 2°. J'ai fnppofé que da diminution de l'obliquité de l’écliprique avoit iibrhteiielredériéss. 3 Et @R re QE (95.1 HR ES RO ATEN IR S AULO TR PB ei eut fs RDS RER (x) L’inégalité des rotations de la terre pourroit aller à deux ou trois fecondes de tems dans lefpace d’un an, fans qu'il füt poflible de s’en appercevoir par les obfervations. Ces rotations pourroient étre plus ou moins longues aâtuellement que dans les fiècles pailés...…. : 1°. Les forces de la lune & du foleil fur le fphéroïde applatti de la terre, * 2°. Le vent général qui règne fans ceffe d'orienten occident fur la furface de la terre ; qui fait vingt ou trente pieds, par feconde. + 3°. Le mouvement général de la rner d’occident en orient qui a été remarqué par divers obfervateurs. » Tout-cela peut affeéter dans la fuite des fiècles le mouvement de rotation de ja terre, & par conféquent changer un peu la durée des jours... , Lalande, Aftronomié, SUR L'HIST, NATURELLE ET LES ARTS. 363 été au point de produire le parallélifme des axes de la terre & du monde, & qu'alors il y avoit eu un printems perpétuel. Cette fuppoñtion eft appuyée par la tradition d'une partie de l'antiquité. Or, dans cette hypothèfe , la température auroit été aflez douce dans nos régions pour y faire fublfter les végéraux & les animaux qui ne peuvent vivre aujourd’hui qu'entre les tropiques. b ‘On‘m'a objedé que cette hypothèfe n’eft appuyée que fur une tradition . vague, & ne repofe fur aucun fait pofitif, qu’elle eît même contraire aux théories aflronomiques admifes a@uellement. ‘ La diminution de l’ebliquité de l’écliptique n’eft opérée , fuivant tous les géomètres aftronomes , que par l’action des planètes fur la partie de la terre relevée à l'équateur. Or, Delagrange a calculé cette action d’après les mafles connues des planètes, & il a trouvé que cette action ne pouvoit diminuer l'obliquité de l’éclipriqué que de $° 30’, en forte que l'axe de la terre {eroit toujours 4u moins incliné de 18° par rapport à l’axe du monde. Je réponds que ces théories font encore bien éloionées de la précifion mathématique’, puifque la mafle des planètes n’eft point connue; & effetivemenr Delaplace a donné en 1789 un rouveau travail fur cette matière, dans lequel il fuppofe la mafle des planètes moins confidérable que ne l'avoit fait Delagrange ; celui-ci avoit fuppofé la mafle de Vénus 1,31, celle de Ia terre érant 1, & Laplace ne fuppofe la mafle de Vénus que 0,95, & il en conclu que la diminution de l’obliquité de l’écliptique ue peut être environ que d'un degré 21". ‘ En admettant l'hypothèfe de Delagrange j'ai calculé s’il feroit poffible d'expliquer les phénomènes géologiques dont il eft ici queftion : &il m'a femblé qu'on le pourroit abfolument. Suppofons donc l’écliptique incliné feulement de 18°. La zone torride né s’étendroit par conféquent qu'à 18° de chaque côté de l'équateur, & n'auroit que 36° au lieu de 47° qu'elle a aujourd'hui. Les zones glaciales ne feroient éloignées des poles que de 18°, & n’auroient également que 36° au lieu de 47° qu’elles ont aujourd'hui. Les zones rempérées s’étendroient depuis le 18° jufqu'au 72° degré, & auroient par conféquent 54° d'étendue au lieu de 43° qu'elles ont. Par conféquent le foleil aux folftices feroit comme il eft aujourd’hui aux 25 janvier & 13 novembre, en hiver, & en été comme aux 11 mai & 2 aoûr. L É A Paris {es plus longs jours né feroïent que de 15 heures, & les plus courts de 9 heüres ;comme ils font aujourd'hui à la latitude de Rome. * Or, dans les plaines de la Lombardie il gèle rarement , & dans celles de la Campanie il ne oèle jamais. says ï Dans l’hypothèfé dont nous parlons, les froïds feroïènt encore bien moins vifs; car ce font les vents de nord venans de la zône glaciale qui rendent nos hivers ffpiquans. Maïs les rônes glaciales fétofent beaucoup Tome XLIII, Part, II, BRUMAIRE, Novembre',v.flyle Zz 2 364 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, moins étendues, & diminuées de plus d'un tiers, Dès-lors ces zônes glaciales feroienc beaucoup moins froides, & les vents de nord perdroient la plus grande partie de leur température froide, fur-tout lorfqu'ils feroient arrivés à notre latitude. | La température par la latitude de Paris, environ les fo degrés , feroit donc alors beaucoup moins froide que ne l’eft aujourd'hui celle d'Italie. . Or, on pourroit actuellement élever en pleine terre dans Les lieux, bien expofés de l'Italie la plupart des plantes de la zône torride, La plus grande partie des animaux qui aujourd’hui ne fubfiftent qu'entre Les tropiques, pourroit aufli fubfifter dans les plaines de la Campanie ; car on trouve dans des lieux peu éloignés du cap de Bonne-Efpérance , couverts de bois, très-montueux , & pas plus chauds que la Campanie , eut-être moins, l’éléphant, le rhinoceros, l’hippopotame , le lion , la panthère , le léopard... (Sparmann, Vaillanr.), On voit donc que même-en fuppofant avec Delagrange que l'obliquité de l'écliptique ne peut pas être moindre que 18°, les animaux & les plantes de la zône torride pourroient fubfifter 8& fe multiplier dans plufeurs contrées fituées par les so* degré de latitude. Dès-lors quelques individus auront pu dans les chaleurs de l'été s'écarter encore plus au nord ; & y feront péris. Les fleuves ou les flots de la mer auront aufli pu tranfporter au nord à quelques diftances peu ‘éloignées les débris de ces animaux ou de ces plantes : & effectivement tous Les fleuves de Sibérie coulent du midi au nord, Il ne fera donc plus, furprenant de trouver les débris de tous les animaux des pays chauds, en Italie, en France, en Fu RTE en Allemagne, en Rullie, en Sibérie. : Mais fi l’hypothèfe de Delaplace eft mieux fondée que celle de Dela- grange , elle réduira à un très-petit effet les caufes dont nous venons de - parler ; car fila plus grande diminution de l’obliquité de l'écliptique ne peut être que d’un degré 21’, l'équateur terreftre feroit toujours incliné au moins de 22° fur l'équateur célefte ; ce qui n’apporteroit qu'un très petit changement à l’état actuel des chofes. Mais nous pouvons conclure que les calculs de ces grands géomètres ne repofent pas encore fur des données affez certaines. Au refte, quoi qu’il en foit de ces théories ; les traditions anciennes confirment qu’autrefois la Tartarie a joui d'une, température très-douce & a éré très peuplée. Il eft curieux de voir la manière dont Ju/Zn s’exprime à cet égard, Il agite la queflion de favoir files Scythes font plus anciens que les Esyptiens : il accorde l’ancienneré aux Scythes. Voici fon paflage, Gr. I, cap. I. Caterum fi mundi, quæ nunc partes funt , aliquando unitas fuit s Jiveilluvies aquarum principio rerum terras obruptas tenuit ; five cons, qui & mundum genuit, cunéta poffedit, utriufque primordir Scythas origine praflare. Nam fe iguis prima poffeffio rerum fuit, qui paulatirs “ SUR L'HIST., NATURELLE; ET LES ARTS. 365 extinélus , fedemi terris dedit : nullam prius quam feptentrionalem partem; hiemis rigore ab igne fecretam: aded ut nunc quoque nulla magis rigeat frigoribus., Ægyptum verd & totum orientem tardiffime tempe- ratum : quippe qui etiam nunc vorrenti calore folis exæfluet. Quod fi omnes:quondam terræ fubmerfæ profundo.fuerunt 3 profedo eduif]i- man quanique partem decurrentibus aquis primüm deteétam , humillimo autem folo eamdem aquam diutiffime immoratam : & quanto prior quæ- ue pars terrarum : ficcata fit , tanto prius animalia generare cæpif]e: Porro Scythiam adeo editiorem omnibus rerris effe, utcunéa flumina ibi aata, in Mæotin, tum deinde in Ponticum& Ægyptium mare decurrant : Ægyptum autem quæ tot regum , tot feculorum cura impenfaque munita fit &-adverfum vim incurrentium aquarum tantis flruda -molibus , vot foffis confciffa , ut cum üis arceantur, illis recipiantur aquæ, zihilominus coli, nifr exclufo Nilo, non potuerit, non poffe videri hominum vetuflate ultimam , quæ, five ex apgerationibus regum, Sfive Nili trahentis limum , terrarum recentiffima videatur. His igitur argumentis fuperatis Æpyptiis, antiquiores femper Scythæ vifi. On voit que les deux fyftêmes de Cofmogonie les plus fuivis au- jourd'hui , celui du feu qui étoit foutenu par les Perfes ; les Phéniciens , les Stoïciens , & adopté poftérieurement par Defcartes, Leibnitz, Buffon. . . . qui penfoient que la terre avoit été en état d’incandefcence ; & celui de l’eau foutenu par les Egyptiens , embraflé par Thalès & adopté plus généralement dans ce moment ; ont partagé les favans., il y a bien des fiècles, Les raifons fur lefquelles fe fonde Juftin font de la plus grande jufteffe : «SZ zgnis prima poffeffio reram fuir... . .Si le feu a », dominé le premier, les régions feptentrionales ont dû fe refroidir les ». premières., & par conféquent être peuplées les premières; » Que fi l'eau au contraire a couvert le globe: Si omnes quondam » terræ fubmerfæ profundo fuerunt ; les hautes montagnes de Tartarie >, (ou Scythie ) ont dû être découvertes les premières, & par conféquent æ être peuplées également. des premières...» D'où il conclut que les Scythes doivent être plus ançiens que, les Egypriens, & les autres euples fitués dans des pays moins élevés, tels. que l'Egypte. L’hiftoire d'Iflande prouve Ia même ehofe. X Tous ces faits hiftoriques, réunis aux faits géologiques, ne permettent donc pas de douter que toutes nos régions feptentrionales n’aient joui autrefois d’une température fort douce. … ;{ ‘ - La dimioution de l'obliquité deYl’écliptique, n’eft pas la feuleicaufe qui ait pu produire cet effet. En la fuppofant auffi peu étendue que le penfe Delaplace , & que par conféquent elle, n'auroit pu opérer tout ce que je lui aï attribué, d’autres caufes dont on ne fauroit nier l’action y auront ég Jement concouru. ous avons vu que tous les géologues conviennent d’après Les phéno- 366 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, mènes que la chaleur centrale du globe a été jadis plus confidérablé qu'elle n’eftraétuellementss 4 0, & Si on fait coincider cette chaleur centrale plus grande avec l'époque où L'obliquité de l’écliptique éroic moindre qu'aujourd'hui, de quelque quantité que ce für, il y autateu alors dans toutes les’zônes tempérées une chaleur aflez forte, pour que Les végétaux & Les animaux de tout le globe y aient pu fubfifter. Ceux qui exigent des climats froids fe tiendront dans les hautes montagnes &'les autres dans les plaines, Nous pouvons encore apporter une troifième caufe. SONIA A Les haurés montagnes ne font fi froides que parce qu’elles font comme ifolées de la mañle du globe ; & élevées dans lés airs, Cela eft fi vrai que les grandes mafles de montagnes, à même hauteur, font moins froides que les pics ifolés.: . : ‘s L'eau à caufe de fa denfité laiflera également moins difliper de la chaleur centrale que l'air’armofphéri St 1% ques Wii Un pic ifolé & détaché de la mafle de globe pérdra donc moins de fa. chaleur, sil eft plus où moins enfoncé dans les aux, que s'il fe trouve toùc entier däns l’atmofphère. l ls 46) Par conféquent à l’époque où les continens ne faifoient .que fortit des eaux , Leurs hautes fommités devoient être beaucoup moins froïdes , toutes chofes égales d’ailleurs , qu'aujourd'hui qu'elles font élevées de plufieurs centaines’ de toifes au-deflus des eaux. ; 7 Toutes ces caufes indiquent commentla température du globe dans lés régions élevées, & dansles zônes tempérées ; a été dans des tems antérieurs beaucoup plus douce qu'elle n'eft aujourd'hui ; & comment Les añimaux & les végéraux qui ne fubfiftent aujourd'huf qu'entre les tropiques ont pu habiter nos zônes tempérées: car c’elt un fait qui paroîc conftant. Néanmoins fi on ne fuppofe point de variation dans la rotation diurne de la terre & dans la longueur des jours, ou‘au moins une très-petite , il ÿ a quelques phénomènes qui paroïflent difficiles à expliquer; car dès: lors 6n ne peut plus-admettre le tranfpôrt des eaux tantôt de l'équateur aux poles ,rantôt des poles à l’équateur: & cependant il eft quelques faits dont certe hyporhèfe rendroit l'explication plus facile. On trouve en Angleterre des débris d'éléphans ; de rhinoceros. . . . Les os qui font’ fi abondans fur les bords de l'Ohio dans l’'Amériqu feptentrionale paroiffent aufi appartenir à l'éléphant. . . . J'ai prouvé que des os aufli énormes n’auroient puiêtre tranfportés à de grandes diftancés ; fans qu'ils fuffent roulés & arrondis. Ceux trouvés! en Angleterre &' fur les bords de l'Ohio font entiers & nullement roulés, Ils n'ont dohc point été tranfportés ; où S'ils l’ônt été, cé n’a pu être qu'à de très-périres diftancés./"" © 19 7100 21 J 11 Dès-lors il faut que Les animanx auxquels ils ont appartenu aient véci Le . 1 i toto À LOU te DA LS (oc à __ SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS, 367 dans les liéux où on trouve aujourd’ hui Leurs dépouilles, ou dans des lieux qui en füflenc peu éloïghés. Mais des mers féparent aujourd’hui l'Amérique. & dogs des lieux où vivent l'éléphant, le rhinoceros. . . . Il n'y a que trois moyens d'expliquer ce fair: a. Ou les eaux ont à une époque quelconque € été abaiflées, de manière que l'Angleterre fût alors contioue à “la France, & l'Amérique ; à PAlie-... b, Ou Les petits bras demer qui féparent VAngleterre de la France, & l'Amérique de l’Afie , n'exiftoient pas. ..& Ouenfin, ces efpèces ont été produites primitivement en Angle- terre , en Amétique, ainfi que dans les autres lieux qu’elles habitent aujourd'hui. Si on n’admet pas le tranfport d'une partie des. eaux alternativement de l'équateur aux poles, & des poles à l'équateur, ; par des anomalies dans les mouvemens du globe , il faudra recourir à une. des deux autres hyporhèfes. Or, elles n'ont rien de Contraire à la railon. “ 1°. [Left très- “bolfible que le détroit du Pas-de-Calais, & celui du Nord qui fépare l'Afie de l'Amérique , lefquels n'ont que quelques lieues de largeur, ne fubfftaflent pas primitivement, & aient été formés poftérieu- rement pat une Caufe quelconque. 2°. Rien n'oblige de fuppofer qu’il n'y ait eu primitivement de produit que deux feuls individus de chaque efpèce d'animal ou de végétal, l’un mâle & l’autre ‘femelle, Ï1 eft au contraire polfible , & même très- DUREE NUE au , qu'il a été produit en différens lieux de la terre un grand nombre d'individus de la même efpèce. Quelques-uns font péris faute de moyens de fubfiftances ; & les autres fe feront multipliés plus ou moins fuivant les circonftances où ils fe font trouvés. Les circonftances changeant , & leur devenant contraires , leur cfpèce aura ceflé d'exifter dans tel ou al canton, ou peur-être même fur toure la furface de la terre. La température d’ Angleterre, par exemple, devenant trop froide pour l'éléphant, le rhinoceros, ils y feront péris, & leur efpèce y aura été détruite. Nous favons , à n’en pas douter, que la grande efpèce -à qui apparte- noienr ces dents monftrueufes trouvées dans la petite Tartarie, & ailleurs, ne fubffte plus. Sans doute plufieurs autres efpèces ont également difparu par des circonftances locales, En admettant ces explications tous les phénomènes éologiques s "expliquent par des faits connus fans être obligé de recourir à aucune de ces fuppofitions , que fe permettent trop fouvent les phyficiens & qui rendent la fcience fi hyporhétique, s ç 4 368 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, Le philofophe ne doit jamais fuppofer d’autres loix que celles qu'il geut établir par des faits. [l vaut mieux dire, je ne fais pas. Je ne prétends pas cependant rétraéter ce que j'ai dit : que plufieurs caufes particulières ont 'influé, & influent journellement , fur les mouve- mens de notre globe, & n'y produifent à la fuite des fiècles des changemens très-confidérables, 1°. La première de ces caufes eft Le tranfport de la mafle du foleil. Un grand nombre d'étoiles changent de poñition & ont des mouvemens - vers différentes parties du ciel. Halley en comparant la poftion des étoiles, telle qu'elle fe trouve rapportée dans l'Almagafte de Prolemée, reconnut que plufieurs ne fe trouvoient plus à la même place. Tous les aftronomes ont conftaté l’obfervation de Halley ; & il eft bien démontré qu'un grand nombre d'étoiles a un mouvement propre. L'analooie porte donc à conclure, que le foleil doit avoir un mouve- ment femblable, Aufli ce mouvement eft-il admis aujourd'hui par tous les aftronomes, - pa 2°. Des comètes paflant près de la terre , ou des autres planètes, auroient pu en déranger la marche. Dès-lors leur aétion mutuelle les unes fur les autres ne feroic plus la même: ce qui auroit produit des phénomèënes nouveaux fur la furface de notre globe. 3°. I ne feroit peut-être pas impoflible , qu’une comète paflant à une etite diftance de la terre , fa queue eût atteint notre atmofphère, & y eût verfé de l'eau, comme l’a cru Whifton; Ou que fa grande chaleur (telle que celle de 1680, dont Newton a calculé l’intenfité de la chaleur qu'il a eftimé devoir être deux mille fois plus grande que celle du fer incandefcent) , n’eût réduit en vapeurs une partie des eaux qui font à Ha furface de la terre, Mais, je Le répète, toutes ces hypothèfes ne doivent être admifes que comme des chofes pofibles ; Et le phyfcien fage ne doit point les employer dans l'explication des phénomènes géologiques. Je n'ai point parlé de l’action SA dû exercer fur le globe, & qu'exercent journellement les grands fluides de l'univers , celui de la lumière, celui de la chaleur, le fluide électrique, le fuide magné- tique. . . : Nous n'avons point de données à cet égard. Néanmoins il eft vraifemblable qu'ils ont une influence fur les phénomènes terreftres. Leur action fe bornât-elle à produire un rallentifflement quelconque dans le mouvement de la terre, & ceux des autres corps céleftes , en leur oppofant une réfiftance, qui, quelque petite qu’elle foit, ne peut être nulle, doit produire des effets très-fenfibles à la fuite des fiècles. Les plus grands géomètres reconnoiflent cette réfiftance. Newton a dit: æ Une telle réfiftance de ce fluide (éthéré) cauferoit à peine une # altération fenfible dans le mouvement des planètes en dix mille 2 ans», SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 326) # ans». Oprig. quæft. xx11. Tous les autres géomètres penfent de même , tels que Euler, d'Alembert, Boflut. . : .& reconnoiflent que la matière éthérée, le fluide lumineux. . . . qui rempliffent les efpaces qui font entre les corps céleftes en doivent rallentir les mouvemens. Enfin , le globe de la terre lui-même peut augmenter en groffeur ( & peut-être aufli celui des autres planètes), car il n'eft pas douteux que les grands fluides de l'univers ne fe combinenticontinuellement, & n’entrent comme parties conftituantes des animaux & des végétaux. Le fluide Jumineux, le Aüide de la chaleur, en font partie intégrante , & peut-être les fluides électriques & magnétiques. Newton (1) prétend même que des vapeurs peuvent s'élever des foleils, des étoiles, & des queues des comètes : que ces vapeurs peuvent tomber dans les armofphères des planètes, s’y condenfer, & par conféquent en augmenter la mafle. D'où il s'enfuit encore que d'un autre côté la mafle des foleils & des comètes doit diminuer. Cette idée de Newton ne paroît guère pouvoir être combattue relati- vement aux comètes ; car il n’eft pas poflible que celles qui ont des queues très-allongées ne perdent beaucoup dans leur trajet rapide à travers lefpace, fur-rout après leur périhélie, Quant aux foleils Les obfervations qu’on a faites fur le nôtre donnent un grand poids à la conjecture de ce grand géomètre. Flamfteed en 1673 trouva le diamètre du foleil de 31/ 40". Cañini en 1620 le fuppofoit de même de 31r/ 40”. Toutes les obfervations de ce tems lui donnent à-peu-près la même grandeur. Les aftronomes aujourd'hui ne trouvent le diamètre du foleil que de 31 30/. Et même Short ne l’a trouvé que de 31' 28"- IL s’enfuivroit que dans l’efpace d’un fiècle le diamètre de cet aftre fuppolé en 1680 être de 31° 40” ou de 1900”, & n'étant plus aujourd’hui que de 31/ 30" ou 1890", auroit diminué de 10" ou = ou d'un 190", Par conféquent en fuppofant , d'après les connoiflances de fa parallaxe les plus exactes qu'on ait, que {on diamètre foit 319,314 lieues, fa (x) Fapores ‘autem qui ex fole, & flellis fixis, & caudis cometarum oriuntur, incidere poffunt per gravitatem fuam in atmojphæram planerarum & ibi condenfuri, & converti in aquam & fpiritus humidos , & fubinde per Zentum calorem in fales & fulphura , & tinéluras , & Zimum, & lutum , & argilam, & arenam, & lapides , & coralla, & fubflantias alias terreftres aulatim migrare. Philofoph. Natural. Princip. tom. JII, part. fecund. propo£ Il , vol. IUT , pag. 670, edirion de le Sueur & Jacquier. Tome XLIII, Pert. 11, BRUMAIRE, Novembre, v. flyle. Aaa 370 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, diminution feroit la = = 1681 lieues : ce qui feroit une quantité prodigieufe en-un fiècle. : - Je fais bien que les aftronomes fuppofent que là grande lumière du foleil a pu caufer des erreurs dans les obfervations. Néanmoins tous les obfervateurs trouvent une diminution conftante dans la mafle du foleil depuis un fiècle. IL feroit furprenant que l’erreur fe trouvât toute en moins. Or, fi d’un côté les males des foleils & des comètes diminuent, * Et que d’un autre les mafles des planètes augmentent , dès-lors leurs actions réciproques , leurs attraétions mutuelles, doivent varier, & produire des anomalies idans leurs mouvemens. Ces quantités, quelque petites qu'elles paroïffent pour un nombre d'années proportionné à notre courte exiftence, s'accumulent dans la fuite des fiècles & produifent des effets confidérables , comme nous le voyons par la préceflion des équinoxes, la diminution de l’obliquité de Vécliprique. . ,. Le tems eff tout pour nous, & rien pour la nature... .Cette vérité ne doit jamais être oubliée par le philofophe qui confidère les grandes opérations de la nature. J'ajouterai en dernier lieu que, quoique. la fthéorie des aéions , ou attraétions qu’exercent entreux les difiérens corps céleftes, ait été pouflée à un grand deoré de perfection par les célèbres géomètres qui s'en font occupés dans ces derniers tems, fur-tout relativement à ce qui concerne ja terre, peut-être leur eft-il encore échappé comme à leurs prédécefleurs, quelques données qui indiqueroient des anomalies dans les mouvemens céleftes, lefquelles les aftronomes expriment fous le nom d’equations. Toutes ces données ne permettent pas de douter que les mouvemens de la terre n'aient éprouve de grandes anomalies dans la fuite des fiècles, & qu'elles n’en doivent éprouver de femblables à avenir. Or, ces aromalies, foit dans le mouvement annuel, foit dans le mouvement diurne du globe, ont inflüé fur les phénomènes qui fe font pañiés à fa furface, & dans fon intérieur ; & ils y infueront également par la fuite. Suivant Defaplace le mouvement annuel de la terre a varié depuis Hipparque, c'eft-à-dire , depuis 1050 ans. Il croit qu’alors l'année étoit plus longue de 10// = qu'aujourd'hui. Ce fera à nos reveüx , auxquels nous laifflerons des obfervations plus exactes que celles que nous ont tranfimifes les anciens , à déterminer les effets de toutes ces caufes, & à en calculer les équations, | En atrendant difons philofophiquement : que tout changeant dans la nature, les analogies ne permettent pas de douter qu'il y ait aufli des changemens dans le mouvement de notre terre, foit le diurne , foic SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 371 l'annuel. . . . lefquels par conféquent ont influé fur Les phénomènes géo = logiques, mais n'accordons à ces hypothèles, que ce que de fortes analogies nous indiquent, En réfumant fur tous ces objets, nous dirons, que les principes généraux que nos connoiffances actuelles nous permettent d'établir fur la théorie de la terre font ceux-ci : " 1°. Sa figure conforme aux Joix des forces centrales, prouve qu'elle a été dans un état de liquidité. (Cette vérigé eft admife par tous les géomètres aftronomes. }) Par conféquent elle devoit avoir une chaleur affez confidérable , au moine pour tenir l’eau dans un état liquide, & la mettre à même d’être le véhicule des agens qui ont diflous toutes les matières folides, Cetre chaleur a diminué. 2°. Toutes Les parties du globe que nous connoiflons, foit à fa furface, foit dans les lieux intérieurs où nous avons pénétré, fonc criftallifées , ou régulièrement ou confufément ; ce qui eft une nouvelle preuve de la difJolution & liquidité de la mafle totale. Par conféquent les eaux ont couvert les fommets les plus élevés des montagnes (on ne pourroit faire exception que pour quelques pics volcaniques), 3°. Les eaux ont dû furpafler même de beaucoup les plus hautes montagnes, parce qu'il falloic une immenfe quantité d’eau, foit pour fervir de véhicule aux différens diflolvans des fubftances minérales , foit pour tenir en diffolution toutes ces fubftancesavant qu’elles criftallifaffent. 4°. Les eaux qui ont difparu n’ont pu pañler en d’autres globes. Par conféquent une petite partie a dû s'élever dans l’atmofphère ; & Pautre , infiniment plus confidérable , s’enfouir dans les cavités du globe, de quelque manière que cela fe foit opéré. RE EXTRAIT Des Obfervations météorologiques faites à Montmorenci , pendant le mois d'O&obre 1793 (ère vulg.) 10 Ven- ” demiaire—10 Brumaire de l'an fecond (ère franc. ). Pur L. CoTTE, Membre de plufieurs Académies, D EPUIS fept mois, c’eft-à-dire, depuis le mois d’avril inclufivemene, la température sèche a dominé ; elle a été modifiée en octobre par les brouillards épais & fréquens & par de fortes rofées qui ont facilité les Tome X LILI, Pare, LU, BRUMAIRE, Novembre, v. flyle, Aaa 2 372 OBSÉRPATIONS SUR LA PHYSIQUE, travaux relatifs aux labours & aux femailles. La température a été douce, il y a eu même des jours très-chauds, & entrautres le 12 où le foleil fut fi piquant, qu'il détermina un eflaim d’abeilles à partir de fa ruche : j'en ai été témoin, Les hirondelles que je croyois parties À la fin du mois dernier ont reparu dans les premiers jours de ce mois, j'en ai vu le $ un grand nombre qui fe raffembloient, On a commencé ce même jour à gauler les châtaignes hâtives , la récolte en a été abondante , ainfi que celle des tardives. Les feuilles des arbres fatiguées par la fécherefle & la chaleur de l'été tomboient au commencement de ce mois, & les arbres écoient aufli dépouillés qu'ils le font ordinairement en novembre, On a continué la vendange commencée le 30 fepremnbre: le tems a été favorable; on eftime la récolte une demi-année dans les endroits qui n’ont pas été gelés : le vin aura de la qualité. Température de ce mois dans les années de la période lunaire de 19 ans corre/pondantes à celle-ci. Quantité de pluie en 1717, 10 lign. en 17:6 , 15 + lign. en 1755 (à Denainvillers en Gatinois chez Duhamel) Vents dominans, fud & fud-oueft. Plus grande chaleur, 17 d. le 7. Moindre , 4 d. de condenfation le 28. Moyenne, 8,8 d. Plus grande élévation du baromètre, 27 pouc. 11 +lign. les $ & 6. Moindre, 27 pouc.2 lion. le 15. Moyenne, 27 pouc. 7,5 lign. Nombre des jours de pluie, 11. Température, froide & sèche. En 1774. (à Montmorenci). Vents dominans , nord-eft & eft. Plus grande chaleur, 155d. le 7. Moindre, 175 d.le 29. Moyenne, 9,3 d. Plus grande élévation. du baromètre , 28 pouc. 4: lign. le 8. Moindre, 27 pouc. $ lign. le 30. Moyenne , 28 pouc. 1,1 lign. Quaniité de pluie, 4 lign. d’eévaporation , 30 lign. Nombre des jours de pluie, 4, Tempéraiure chaude & sèche. Ternpératures correfpondantes aux différens points lunaires. Le premier (quatrième jour avant la N. L. & apogée) couvert, doux, vent , pluie. Le 4 (eguinoxe defcend.) couvert, doux. Le ç$ (N. L.} dem. Leo (quatrième jour aprés la N. L.) beau, doux, brouillard, Le 11 (/uniflice auftral) beau, chaud. Le 12 (P.Q.) idem. Le 15 { quatrième jour avant la P. L.) beau, doux. Le 16 ( périgée ) idem. Le 17 ( équinoxe afcendant)) nuages, doux. Le 19 (P. L.) nuages froid, changement marqué. Le 23 (quatrième jour aprés la P. L, ) beau, vent froid. Le 24 ( luniflice boréal) beau, froid, brouillard. Le 26 (D. Q.) nuages, doux , vent. Le 28 (apogée. ) nuages, froid , pluie , brouillard. Le 30 (quatrième jour avant la N. L.) nuages, froid , vent, pluie. Le 31 (équinoxe defcendant) couvert , froid, pluie. : En 1703 Wenis dominans , nord-eft & nord-oueft ; le fud-oueft fu violent les 27 & 26. Plus grande chaleur, 16,8 d. le 11 à 2 heur. foir, le vent fud-eft & ke ciel en partie ferein, Moindre, 1,2 d. le 24 à 7 heur, matin Je yene SUR L'HIST. NATURELLE ET LESARTS. 373 nord-eft & le ciel en partie ferein, Différence, 15,6 d. Moyenne au matin , 6,8 d. à midi, 11,7 d. au Joir, 8,4d. du jour, 9,0 Plus srande élévation du baromètre, 28 pouc. 4,25 lien. le 15 à 9 beur. foir , Le vent nord & le ciel ferein. Moindre, 27 pouc. 2,70 lign. le 31à2 heur: foir, le vent oueft & le ciel couvert. Difference 13,55 lign. Moyenne au matin, 27 pouc. 11,51 lign. à midi, 27 pouc. 41,50 lign. au /oir, 27 pouc. 11,75 Jign. du Jour , 27 pouc. 11,59 Lign. Marche du baromètre , le premier à 6 : heur. matin, 27 pouc. 9,25 lign. du premier au 7 monte de 5,75 lign. du 7 au 11 baiffé de 4,96 lign, du°11 au 15 M. de 6,27 lign, du 15 au 18 B. de 2,93 lign. du 18 au 19 M. de 0,24 lign. du 19 au 27 B. de 7,76 lign. du 27 au 28 M. de $,20 lign. du 28 au 30 B. de 7,solign. Le 30 M. de 1,71 lign. du 30 au 31 B. de 2,42. Le 31 M. de 1,40 lign. Le 31 à 9 heur. foir 27 pouc. 4,10 lign. Le mercure a toujours été fort élevé, & il a peu varié, excepté en montant les DATA TS 28, 30 & 27: & en ras les 9, 16,24, 27, 20 & 31. | * Plus grande déclinaifon de l'aiguille aimantée , 22° 49! le 3 à midi & à 2 heur. foir & le 4 à 8 heur: matin , le vent nord-oueft & le ciel en partie ferein. Moindre , 22° 18° le 12 à 2 heur. foir & le 13 à 8 heur. matin, le vent fud & ‘le ciel couverr. Différence, 24/. + Moyenne à 8 heur, matin, ‘22° 27 127) à midi ,:22° 27 30/;,à2heur, foir , 22° 2641", du jour, 22° 27! 28". Il eft tombé de la pluie les 1, 2,113,.2$::27, 28,30 & 31. La quantité d'eaua été de 17 lign, donc 10 ligne font combées Îes.1 & 2, L'évaporation a été de 13 lign. Le tonnerre ne seft point fait enténdrés & l'absjère boréale n'a point aru. F Nousn'avohs en aütéhesiriatadies régnantes, pendant ce mois, Montmorenci, 6 Novembre 1793. AVIS AUX OUVRIERS: EN° FER, SUR LA FABRICATION DÉ L'ACIER, Publie Fan ordre du Corlité de Kalue pub Panoanr que nos. frères en Lens fang contre les. ennemis de la liberté, pendant que nous fommes en feconde ligne derrière eux , amis , il faut que notie épergietire de notre folroutes Les reflontces dont nous avons befoin, & que nous apprenions. à l'Eyropeque:la France trouve dans fon {ein tout ce qui eft néceflaire à fon courage, 374 OBSERVATIONS SUR L A PHYSIQUE, L'acier nous manque , l'acier qui doit fervir à fabriquer les armes doné chaque cicoyen doit fe fervir pour terminer enfin la lutte de la liberté contre l’efciavage. KART, Jufqu’à préfent, des relations amicales avec nos voifins, & -fur-rout Les entraves qui faifoient languir notre induftrie, nous ent fait négliger {a fabrication de l’acier. L’Angleterre & l'Allemagne en fournifloient à la plus grande partie de nos befoins ; mais les defpotes de l'Anglererre & de l'Allemagne ont rompu tout commerce avec nous. Eh bien! faifons notre acier. AA ; Nous allons vous préfenrer quelques notions qui doivent vous guider dans, une entreprife généreule pour ce moment, ütile à notre induftrie pour l'avenir. Objervations préliminaires. Le fer eft un corps combuftible ; il fe brûle, & par-là il perd Ces propriétés métalliques: Sill'on tient dé la limaille de fer dans un creufee expolé à une forte chaleur ; en renouvéllant fréquemment fa furface, ik prend une couleur briquetée ; il perd des apparences métalliques & ih devient plus pefant qu'il n'étoir, Une partie de l'air s’eft fixée avec lui & 8 produit ces changemens ; l'on a donné à cet air fixé, le nom d’oxigène, C'eft dans cet étar que le fer eft dans les mines, & les procédés. done on fe fert pour l’extraire, confiftent principalèment à en dégager l'air fixé, ou l'oxigène. 210°,n211 01 2 Hot re Le charbon a cette propriété ; en brûlant il & combine avec l'air, il S'unit aufli avec l’oxigène , qui était fixé dans Le fer , lorfqu'il fe trouve en contact avec lui à une haute chaleur. Ces effets de l'air & du charbon: font bien fenfibles ; lofqu’on tient de l’étain en fufon , il fé forme.bientôt à la furface une pellicule grife qui a perdu tout l'éclat du métal ; fi on enlève cette pellicule, il sen forme une feconde, & lon-peut changer-ainli tout l'étain en une fubftance d’une apparence terreufe , que des fondeurs infidèles appellent craffes & niettènt à part. Ils recuéillent avec foin,ces prétendues cyafJes, & dans leur particuliert, ils les expofent à la chaleur , en y mêlant un peu de poudre delcharbon , du fuif ou de la réfine, & bientôt Le métaléprouve {a réduétion & reprend fes qualités Le charbon n'a pas feulement la:propriété d'ôter au fer l'air qui s'étoie uni avec lui; mais lui-même peut fe fondre dans le fer à une grande chaleur, & pat) il-donnie des’ propriétés à la fonte & il change le fer en cn. AUS PEN Et, QD La fonte doic'être éénlidérée cômime! uni imétal dont la réduction n’eft pas complete $ & qui retient par conféquent une portion'de la bafe de l'air où oxigène à laquelle ik étoit ufi- dañs la mine ; & comme cette # SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 373$ réduction peut être pouflée plus ou moins loin , fuivant les circonftances, cette variation eft une prémière caufé des différences que l’on obfèrve dans les fontes obtenues de la même mine. Ainfi, la fonte blanche retient une, plus grande quantité d’oxioène, & Contient peu de charbon; la fonte orife, au contraire , contient plus de cette dernière fubftance, mais elle eft bsauconp plus dépouillée d'oxigène , &, pour l’obtenir dans le fecond étar, il faut employer une plus grande proportion de charbon dans le fourneau. Les propriétés que ces deux efpèces de fontes préfentent ne dépendent que de cette différence, La première eft plus caffante & lus fufble , mais il eft Facile à l'affinerie de la priver d'oxigène par l’action # charbon rouge qui fe combine avec ce principe. La feconde a retenu moins d'oxigène , mais elle contient beaucoup plus de charbon; elle eft plus douce & préférable pour. les ufages pour lefquels on exige cette qualité ; mais elle eft plus difiicile à convertir en fer, parce que pour cela il faut détruire la plus grande partie du Charbon, qui, dans cet état, réfifte confidérablement à la combuftion. Le fer forgé, parfaitement affiné , feroit celui qui d’une part , feroit complettement réduit, & qui, de l’autre, ne contiendroit aucune matière étrangère au métal, pas même du charbon; il n’en exifle pas de cette nature dans le commerce. Le meilleur fer de Suède cohferve toujours une portion d'oxigène qui a échappé aux opérations de la réduction & de l'afinage, & il eft toujours altéré par une dofe de charbon très- petite à la vérité, mais dont , peut-être, il eft impoñlible de le dépouiller exactement. A D'aurres circonftances influent encore fur les qualités du fer, fur-tout relativement à la fabrication de l'acier. Ce métal , félon les mines dont il provient, peut avoir le défaut d’être cafflant à froid ou d'être caflant à chaud, Nous ne nous arrêterons pas à la difcuflion des principes qui pro- duifent ces mauvaifes qualités (1), il fuffit de favoir que le fer, qui lesa, ne donne que du mauvais acier, de même que la fonte qui doit produire ce fer; il faut donc les éviter avec foin. L'on diftingue trois efpèces d'acier : l'acier naturel , l'acier de cémentation & l'acier fondu. De T'Acier naturel. L'on appelle acier naturel, celui qu’on obtient immédiatement de la fonte par une fimgle fufon : on lui donne aufli le nom d’acier d’Alle- (1) Le fer caffant à froïd , provient des mines qui contiennent un peu d’acide phofphorique , lequel fe combine dans l'état de phofphore avec le métal ; le fer caflant à chaud , qui eft beaucoup moins commæn que le précédent, contient de Parfenic ; mais il eft probable que d’autres métaux impatfaits peuvent produire le mème effet, 376 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE; magne, parce que Ceft principalement d'Allemagne qu'il nous ef apporté. à : Ce n'eft que par quelques circonftances qu’on décide la fonte à prendre la nature du fer ou celle de l’acier; mais ces circonftances font faciles à faifir d'après ce qu'on vient d’expofer. x La fonte grife eft la feule qui foit propre à donner de Pacier, & pour cela il faut que l’oxigène qu’elle contient encore {oit féparé , & que le charbon auquel elle doir fa couleur grife fe combine intimement avec le fers c’eft en cela que confifte la converfion dé la fonte en acier, De-là réfulte une première règle : fi l'on retire de {on fourneau une fonte blanche , il ne faut pas tenter d'en faire de l'acier, quoiqu’elle foit propre à donner un fer de très-bonne qualité; mais il faut alors commencer par conduire fon opération de manière à obtenir une fonte grife, & pour cela il faut augmenter les proportions du charbon dans la charge du fourneau. L'afpe@ de la fonte trompe fouvent fur fa nature : car, fi l’on réduit la fonte grife en plaques, & qu’on lui fafle fubir un refroidiflement prompt, elle prend l'apparence de la fonte blanche, Nous donnerons plus bas un moyen facile de reconnoître dans l’inftant la fonte qui eft charbonnée & qui, par-là, eft propre à donner de l’acier. Quand on a une fonte convenable , il faut pour la convertir en fer, qu'on Îa laifle dans l’affinage expofée beaucoup plus à l'action de l'air, que lorfqu'on veut obtenir de l'acier , & il faut qu'on évacue les fcories ui empécheroient Le contaét de l’air ; mais, pour la changer en acier; onvl’expofe beaucoup moins au contact de l'air , & on la laïffe recouverte de fcories. Par la première manipulation , on détruit le charbon qui étoit dans la fonte & qui fe brûle par le contaét de l'air ; la fonte prend ainfi la nature du fer; mais par la feconde , on conferve le charbon dont une partie fert à féparer l’oxigène qui étoit encore dans la fonte, & dont l’autre fe combine avec le fer & lui donne les qualités de l’acier. La difpoñition du foyer & la pofition de la tuyère, font deux objets qui méritent beaucoup d'attention. Pour obtenir du fer, le foyer doit être plus grand que pour l'acier; & l’on donñe à la tuyère une inclinaifon propre à diriger le vent vers la furface du fer; on remplit le foyer de charbon, on place la fonte par-deflus & à la hauteur de à partie fupérieure de la tuyère. On échauffe medérément & par degrés, pour que la fonte n'entre pas en fufion, & qu’elle fe maïntienne dans un état âteux, on la travaïlle avec le ringard ; on la ramène fréquemment au vent du foufilet ; & l’on évacue de tems en tems les fcories, Pour l'acier, on arrange autour du foyer une couche de petits charbons ou pouflier, qu’on humeéte & qu'on bat pour lui donner de l'adhérence. On y ajoute des fcories légères & de nature à devenir fluides; la tuyère eft ordinairement plus inclinée ; on prefle davantage La fufion , pour que la SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 377 la fonte, devenue coulante, s'enfonce immédiatement dans le bain , qui ‘eft toujours couvert des fcories qu'on ne fair écouler qu'a la fin de l'opération. | g On ne fuit pas par-tour les mêmes procédés ; mais avec un peu d'attention on voit qu’ils font tous fondés fur le même principe ; c'eft-à- dire, que pour l'acier on évite de biüler la partie charbonneufe de la fonte, & pour e fer, aû contraire; on dirige l'opération de manière à opérer cerre combuition : nous allons donner quelques exemples, En Styrie., où l’on faic un bon acier, on réduit la fonte en plaques minces qu'on fond à l'affinérie, comme on le dira ci-après. On fond auñli des loupes ordinaires qu'on a laiilé fe former au fond du fourneau, que l’on ne perce pas: elles ont commencé à y prendre le caraétère d'acier, parce qu’on les a tenues en macération dans le creufet, qui a . été brafqué avec de la charbonaille , & où elles ont été recouvertes de laitier, on affine avec les précautions qui déterminent la formation de Facier, foit les plaques , foit les maîles qui ont été divifées auparavant en plus petites maîles, Une circonftance qui contribue à la bonté de cet acier, c’eft qu'après l'avoir étiré, on jette les barreaux dans l’eau, on les cafle en morceaux, & l’on fépare avec foin ceux qui ont la nature de fer de ceux qui ont la nature d'acier. On fépare encoïe les parties qui forment dé l'acier tendre , & celles qui forment de l'acier dur: on en fait des paquets ou trouffes compofées de douze à quinze morceaux pofés les uns fur les autres, en obfervant que les deux pièces qui fervent de couverture à la troufle , foient d'acier mou. On forge les troufles dans un fourneau deftiné à cer nfage , & on les étire en barreaux de petit échantillon : par-là l'acier prend une qualité uniforme. C'eft en Carinthie que l’on fabrique le plus d'acier d'Allemagne, & c’eft celui qui a le plus de réputation. Les procédés qu'on y fuit méritent donc une attention particulière. Nous allons en donner un précis d'après les obfervations qu'Haflenfratz a faites fur Le lieu, 8 qu'il fous a communiquées. La fonte eft réduite en plaques minces ou feuillets , lorfqu’on la fait couler du haut fourneau, & pour cela on prépare un moule qui eft un trou hémifphéroïde fait fur le devant du fourneau ; on l’unit avec des fcories qui font réduites en pouflière très-fine & qu'on mouille pour les lier plus facilement, ; On perce l’œuvre avec un ringard pour faire couler dans le moule les fcories, dont la chaleur fert à en difliper l'humidité ; on Les retire & on grocède à la coulée de:la fonte, de manière qu’elle ne coule d’abord qu’à petit filet; on sggrandit le trou à mefure qu'elle fort, le laitier viene recouvrir la fonte ; on rebouche alors l'ouvrage , & l'on rend le vent au . fourneau. On jetez de l'eau fur le laitier qui recouvre la fonte, il fe fige Tome X LIL, Part. LIL BRUMAIRE, Novembre, v. fiyte. Bbb ns 578 OBSERPATIONS SUR LA PHFSIQUE, & on le retire, Quand la fonte cit à découvert, on jetre également de l'eau à fa fürface, qui fe folidife , on enlève avec des ringards le feuillec qui s’eft PAR “rio Lafperfion & la féparation des feuillets, pendant que la fluidité dela matière le! permet, Dans quelques atteliers on fait entrer en fufon la fonte dansun four- neau particulier, pour la réduire ainfi en feuillets; mais cette feconde - opération occafionne un emploi inutile de combuftibles & de tems. Ces feuillers font deftinés à être convertis en fer ou en acier. Si c'eft du fer que l’on veut avoir, on cemmence par les griller fur un âtre fur lequel on les arrange , en formant, avec des briques, une conduite par laquelle le venr du foufflet eit dirigé jufqu’à Pextrémité ; enfuite on les recouvre de charbon , & on fait agir fortement le foufflet. Les feuillets, par le rotiflage qui décruit le charbon de la fonte, com- mencent à prendre les qualités du fer: après cela on les porte au fourneau d'affinerie. La cafe de ce fourneau eft plus étendue que celle qui eft deftinée à l'acier; on y recouvre le-fer de charbon & de fcories, & l’on incline la tuyère de manière que l'air aille frapper les feuillets ; lorfque la fufion elt achevée, on donne iflue aux fcories, on ramène fréquemment la matière au vent, & enfin, la loupe étant formée, & fon affinage étant achevé, on la porte fous le maïtiner. 3 Eft-ce de l'acier que l'on a intention de faire? on emploie un fourneau d’affinerie plus étroit & plus profond, on le brafque avec de la char- bonaille qu'on humecte, & dont on rend la ceuche folide en la battant; enfuite on y difpofe les feuillets, & on les recouvre de fcories & de charbon ; on donne à la tuyère une difpofition prefqu'horifontale, pour que le vent ne frappe que fur le charbon & non fur la fonte, Lorque celle-ci commence à {e folidifer , on enlève le charbon & on fait couler les fcories, puis on fait pénétrer à coups de marteau dans la mafle encore molle, des battitures & des fragmens d’acier, ; Après cela on fait fondre cette loupe une feconde fois , en obfervant les mêmes précautions que la première, & lorfque l’on juge la matière affez afñnée, on fait couler les fcories , & on porte la mafle fous les martinets, pour la divifer en mafleaux qui doivent être forgés fépa- rément. On voit que toutes les opérations font dirigées de manière à détruire le charbon qui exiftoit dans la fonte , lorfqu'on veut la changer en fer ; mais lorfqu’on veut la convertir en acier , non-feulement on la préferve de l’action de l'air, maïs on brafque la cafe de manière que la matière fondue ait toujours du charbon en contact, & puifle s'imprépner de ce qui lui en manqueroit. Ici l’on fait deux fufions de la fonte ; dans la feconde l'acier s’afine, . & devient plus homogène : c’eft une méthode excellente , & peut-être la Le fcule par laquelle on puifle obtenir un très-bon acier. SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 370 Une autre partie du procédé mérite beaucoup d’atrention: c’eft ‘la séduction de la fonte en plaques ou feuillets. Si l’on veut obtenir du fer, ces plaques fe grillent plus facilement à caufe de leur peu d’épaifleur & de la grande furface qu’elles préfentent à l'air. Mais fi l’on veut faire de l'acier , elles fonc plutôt fondues, & ell:s fe noyent fous le laitier qui empêche que le charbon que cette fonte contient puifle être :confmé par lation de l'air; elles prennent au contraire ce qui peut leur en manquer, à la brafque de charbon que l’on a eu foin de préparer de manière à fe foutenir fans fe confumer pendant toute l'opération. Lorfque l'acier s’eft figé dans Le foyer, on l'en retire & on divife la mafle en plufeurs autres, plus ou moins confidérables , qu'on porte fous le martinet : là, on fépare les parties qui ne font pas réduites en acier, mais en fer, & qui occupent la furface des lopins; on étire chaque lopin en barres, que l'on réduit en barreaux d’un échantillon plus où moins gros, en féparant les parties plus tendres de celles qui font plus dures, Pour avoir un acier d’une qualité fupérieure , on réunit plufeurs barreaux de l’efpèce tendre & de l'efpèce dure,-en plaçant ceux qui font lus durs dans. le milieu ; on les forge avec foin & on les étire en Rue Nous avons fait voir que pour obrenir de l’acier de fonte, il falloit avoir une fonte charbonnée ; mais il y a un excès à éviter: la fonte noire ou trop charboïnée donne un acier beaucoup trop caflant , & même qui ne peut être d'aucun ufage ; cette efpèce d'acier fe fige plus difficilement que le bon acier; Aer l'ouvrier apperçoit ce fymptôme, il peut en prévenir le mauvais effet, en ÿ ajoutant une certaine quantité de vieille ferraille , qui dépouille Le métal trop aciéreux de fon excès de charbon, & qui, en S'incorporant avec lui , produit une mafle uniforme de bon acier. Ordinairement , lorfqu’on a une fonte de nature à donner un acier trop fec, on y mêle fur le fourneau d'affinage une quantité d’une autre fonte qui puifle modifier ces qualités. Quoique le fer & l'acier doivent être diftingués par des qualités bien tranchantes , il y a cependant un point de contaét où ils fe confondent: l'acier le plus rendre peut être regardé comme un fer très-dur, & en effet, les fers différent en dureté par le même principe qui confticue l'acier : tous retiennent une petite quantité de charbon qui échappe à Fopération de l’affinage. Ceux qui en contiennent ls moins, font, toutes chofes égales d'ailleurs, plus fouples, plus mols, plus diiles, plus fufceptibles de prendre, par l'action des martinets , la forme fibreufe ni conftirue ce qu’on appelle le nerf du fer, que celui qui contient plus de charbon & qui fe rapproche par-là des propriétés de l'acier : de-là vient que l'on obtient quelquefois de la même fonte, des efpèces de fer qui paroiflent très - différenres, quoique l'opération foit en Tome XLHII, Part. II, BRUMAIRE, Novembre, v. flyle, Bbb 2 x UND LAN ei Re TE] KR 380 OBSERIATIONS SUR LA PHYSIQUE, apparence la même; pour produire cet effet, il fufir de changer linclinaifon de la ruyère, ù De L'Acier de cémentation. LA L’acier de cémentation eft celui que l’on forme par le moyen d'un cément , dont on entoure les barreaux de fer dans une caifle difpofée au milieu d'un fourneau, où ils éprouvent un grand feu. Nous répéterons que la bonne qualité du fer eft une condition indif- penfable pour obtenir un bon acier : il importe de cboifir celui de Ja meilleure efpèce, & les anglois qui préparent prefqu'exclufivement acier de cémentation, retiennent pour cet objer tout le. fer de Roflagie , qui eft le meilleur qui fe fabrique en Suède , & ils le payenic beaucoup plus cher. ° Il re {ufht pas que le fer ne contieñne point de principe nuifible , il faut encore qu'il foit forgé avec foin & que fes parties foient bien réunies; car, s'il fe trouve quelques gerçures, quelques pailles dans l'intérieur des barres , elles deviennent beaucoup plus fenfibles, lorfque le fer a pris la nature de l'acier; on ne”vient pas à bout de les réunir parfaitement , parce que les parties de l'acier ont beaucoup moins la propriété de fe réunir & de fe tifler enfemble que celles du fer. Nous nous fommes convaincus nous-mêmes que des fers de France , de bonne qualité, tels que ceux du ci-devant Berry, ne faifoient que du mauvais acier, lorfqu'on les cémentoit dans l’état où ils fortent ordinairement des forges; mais les mêmes fers, ayant été forgés & corroyés avec foin, ont formé de l'acier aufi bon que celui qui a été ‘fair, en n'ême tems ayec un excellent fer de Suède. Dans une autre expérience, l'acier pré- paré avec du fer du ci-devant comté de Foix , qui avoit été bien forgé, a produit de l'acier d’une qualité égale à celui qu'on a obtenu dans la même, opération avec Le fer de Suède. ie Il réfulte de-là, 1°. que le meilleur fer de Suède doit moins la pro- priété qu'il a de former du bon acier, à une gualité, particulière du minerai, qu'au foin avec lequel:it eft forgé & foumis à l’action des niartinets ; 2°, que nous avons en France des fers qui peuvent nous procurer un bon acier, pourvu qu'on veille à ce qu’ils foienr bien forgéss mais la feule négligence dans gette opération peut fairé échouer une entreprife d’ailleurs bien conduite.! Ainfi le premier foin qu'on: doit prendre, lorfqu’on veut faire de: Facier,, :c'eft de fe procurer du bon fer , d'examiner, s’il eft bien forgé, &, dans le cas qu'il ne le foit pas d’une manière convenable, de le forger & corroyer de nouveau. L'on peut auff rétablir les fers rouillés par: la vétufté, en les forgeant pour les foumettre à la cémentarion. L'on a fuppofé lang-tems que le cément propre à donner de l'acier, devoit contenir des parties falines, inflammables, grafles, fulfureufes,&c, SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 381 Tefquelles devaient pénétrer le fer pour le changer ensacier; de là forie nés des prérentions & des fecrets, qui ont dérourné du véritable objet, l'atrention de ceux qui ont fait des entreprifes d'acier , & qui fe fonc livrés à des charlatans trompeurs ; il n'y a point de fecrets pour la compofition ducément : les anglois n'emploient que le chaibon de bois réduir en poudre, &, cffeivemenr , la feule condition effentielle, eft que le fer s'imprègne de la fubitance même du charbon d'une manière uniforme & jufqu’au centre. Quand on a préparé les bandes & barres de fer qu'on veut convertir en acier , on les coupe de la longueur de la caïfle ou creufet dans lequel doit fe faire la cémentration. * Où fair dans le fond de la caiffe un lir de pouflier de charbon , qu'on a paflé par un crible groflier & qu'on humeéte un peu : on met fur ce lic un rang de bandes de fer, que l'on plate de façon que chaque bande puifle être environnée de pouflier ; enfuite on recouvre totalement ce premier rang avec un lit de demi-pouce d'épaifleur de pouflier de charben: on continue ainfi fucceflivement jufqu'à ce que le creufec Qic plein : le dernier rang eft recouvert de poufer de charbon, par-deffus lequel on met un lir de fable, pour couvrir entièrement fa furface, & empêcher qu'il ne foit détruit par la combuftion. Le fable doitrêtre humsété; on le joine bien , on en forme un dos-d'âne qui s'élève au- ‘deffus des côtés de Ja caifle, de façon que dans fon milieu il ait plufieurs pouces d'épaiffeur, Éorfque la préparation de la caïfle eft finie, on difpofe le fourneeu * pour y faire le feu, que l’on augmente graduellement & qui doit être fourenu plus où moins Jong-tems, felon la anantité d'acier & par con- équent , fvivant la grandeur de la caïfle. A Newcaftle où l’on cémente dans deux caïfles, contenues dans un fourneau , de vingt-cinq à trente milliers d'acier, l'opération dure cinq jours & cinq nuits. Ordinaire- ment On ménage à une des extrêmités du fourneau, ainfi qu'à la caifle un troù, au moyen duquel on retire une barre, lorfqu'on juge que la "cémenrarion doit être affez avancée : l’ouvrier connoît à la couleur & aux bourfoufflures de la fürface , fi l'acier eft au point qu'il doit être. Lorfqu'on n’a pas une habitude affez-grande , on en fait Pépreuve, Si Ia cémentation n'a pas encore pénétré juiqu'au centre, l’on diftiigue faci< lement , par L'étar fhreux, la partie qui rerienr encore la nature du fer. Lorfale Pacier fo:r du fourneau de cémentation, fa furface eft remplie d'inévalirés 8 de bourfoufflures, d’où vient qu'on le nomme acier poule, acier borfoufflé : dans cer état, fa caflure préfente des facettes très- larges, & reflemble à celle d'un mauvais fer caflant. Pour le mettre dans le commerce, on'lui fair fubir ordinairement une autre opération ; on le forge à un martinet & on le réduit en bandes de fept à huit lignes de 382 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, largeur, enfuite on le laiffe refroidir à l'air, fans le tremper dans l'eau: il a pris un grain beaucoup plus ferré. Comme les extrémités des barres, converties en acier, ont ordinai- rement des pailles, & fonr un acier moins parfait, on les coupe pour les forger en paquets, & l'on fe ferc de cet acier pour en faire des inftramens aratoires. Ë Si le feu n’a pas été affez actif ou aflez long-tems continué, les barres de fer ne font pas cémentées jufqu'au centre, d'où il réfulte eñfuite de l'inégalité dans la dureté, fur-tout fi on ne les forge pas avec beaucoup de foin; lorfque le feu a eu trop d’intenfité, l'acier devient trop caffant & trop difficile à traiter, ce quisvient de ce qu'il a diflous une trop grande quantité de charbon ; toutefois l'on ne peut donner aucun précepte fur la conduite du feu, parce qu’elle doit varier felon La forme u'or a donnée au fourneau, felon fa grandeur, felon le nombre & -Pépaifleur des barres, felon la nature du combuftible. L La forme & la grandeur des fourneaux varient confidérablement dans les différens atteliers où l’on cémente l'acier; le but qu'on doit fe propofer eft de donner à fon fourneau une folidité qui le fafle réfifter à un grand nombre d'opérations , de faire circuler également la flamme & la chaleur tout autour de la caïfle, & de produire le plus de chaleur avec la plus petite dépenfe de combuftible. Une obfervation qu'il eft important de faire fur l'étendue qu’on donne aux fourneaux deftinés à la fabrication de l'acier, c'eft qu'il n’y a pas d'avantage relativement à la quantité du combuftible, ou que du moins il n'y en a que très-peu, à leur donner de grandes dimenfions, parce qu’à chaque opération on eft obligé de laiffer difiper coute la chaleur, & il en eft tout autrement dans les manufactures où la chaleur accu- mulée doit fervir à des opérations fucceflives ; car alors tout le com- buftible qui eft employé à ramener la chaleur au degré néceflaire , eft confumé en pure perte. = JL convient de ne pas fe livrer aveuglément à fon zèle ou à l’appas des fpéculations ; la prudence exige que l’on commence les opérations en petie, que l'on fe familiarife avec elles , avant de conftruire des four- neaux d'une certaine grandeur. Nous allons décriré un fourneau que Jars, qui avoit vifité en obfervateur inftruit les atteliers d'Angleterre, avoit fait conflruire. Il ne peur fervir qu'à la cémentation de trois ou quatre quintaux ; mais On n'aura qu'à augmenter fes dimenfions pour faire des opérations beaucoup plus confidérables. Nous joignons à cette defcription, celle du fourneau à deux caiffes, dont on fait ufage dans les atteliers de Newcaftle, & celle d’un fourneau dont le chauffage fe fait en bois. Les planches qui fuivent fonc deftinées à faire connoître les manipulations de Carinthie. SUR L'HIST, NATURELLE ET LES ARTS. 383; De l'Acier fondu. L'acier fondu eft produit par la fonte de l'acier naturel , & fur-tout de l'acier de cémentation ; l'état liquide que prend le métal dans certe opération, fait difparoître les cendrures & les pailles , & donne plus d'uniformité à toutes les parties de l'acier. Selon la defcription que Jars nous a donnée de la manière dont cette opération fe pratique à Sheffeld , on y emploie ordinairement toutes les rognures des ouvrages en acier ; on a des fourneaux en terre , femblables à ceux dont on fait ufage pour le laiton ; maïsils fonc beaucoup plus petits, & reçoivent l'air par un canal fouterrain ; à l'embouchure qui eft quarrée, & à la furface de la terre, il y a un trou contre un mur où . monte un tuyau de cheminée. Ces fourneaux n# contiennent qu'un grand creufer, de neuf à dix pouces de haut , fur fix à fept de diamètre. On met l'acier dans le creufec avec un flux, dont on fait un fecret ; & lon place le creufec fur une brique ronde, pofée fur la grille. On a du Charbon de terre réduit en coak qu’on met autour du creufec, & dont on remplit le fourneau; on y met le feu , & l’on ferme entièrement l'ouverture fupérieure du fourneau , avec une porte faite de briques, entourées d’un cercle -de fer, Le creulec eft cinq heures au fourneau, avant que l'acier foit par fai- tement fondu. On fait plufieurs opérations de fuite. On a des moules quarrés ou oétogones , faits en deux pièces de fer coulé; on les met l’un contre l’autre, & on verfe l'acier par l'une des extrémités; on étend cet acier au marteau comme on fait pour l’acier bourfouflé, mais on le chauffe moins & avec plus de précautions, parce qu'il rifqueroit de brifer. 6 Chalut, oMicier d'artillerie, a fait des expériences fur le flux qui convenoit pour faire l'acier fondu; il s’eft convaincu que toute efpèce de verte pouvoit fervir de flux, excepté celui où il entre du plomb ou de Parfenic. L'acier caflé en petits morceaux doit être recouvert par le verre: on couvre le creufet, & on le pouffe au plus grand feu dans le fourneau ordinaire des fondeurs. IL paroît qu’on a quelquefois pour but de donner une dureté extraor- dinaire à lacier fondu, & qu'on obtient cet effet en mêlant au flux dont on fe fert, des parties charbonneufes pour en faturer l’acier & porter fa dureté au plus haut degré. Il eft probable que c’eft par quelqu'opération analoou= que l'on fabrique des inftrumens , tels que des cylindres, des laminoires, dont la dureté eft très-gramde , & dont le grain eft parfaice- ment uniférme dans toute la mafle ; mais nous ne pouvons donner que des conjectures fur cet objet. L'une des grandes difficultés que l'on rencontre dans ce pays pour L 1 F n w = L4 à | A n. 3 \ e 384 COBSERFATIONS SUR LA PHYSIQUE, fondre l'acier, c'eft de fe procurer de bons creufets, L'art de la poterfe 4 vraiment important dans toytes fes parties, eft l'un de ceux qui folliciteng- le plus notre induftric. Des propriétés particulières aux différentes efpèces d Acier. L’acier fondu peut être regardé comme l'acier lé plus parfait pour tous les inftrumens qui exigent un beau poli & une dureté uniforme : il ef exempt des pailles , des cendrures & des filandres que l'on découvre en plus ou moins grande quantité dans les autres acierç; c'eft lui qu'il convient de choilir pour les outils qui ont befoin d'étre durs & bien polis, tels que les brunifloirs , Les alefoirs d’horlogerie , les lancettes ; les rafoirs & Les objets de bijouterie ; mais il a l'inconvénient de ne pouvoir fe fouder avec le fer, & d’être caflanc: il eft plus difficile à traiter au feu, & il a néceflairement un prix fort fupérieur à l'acier ordinaire, puifqu'ileit le réfultat de la fonte de ce même acier, Cette efpèce d'acier eft précieufe au luxe; mais il faut diriger notre attention vers celui qui fert à la hache, à la lime , aux fabres & aux platines de fufils. \ L’acier de cémentation approche quelquefois de la pureté du premier, lorfqu’on a employé un fer d'excellence qualité & qui fur-rout a été bien forgé; mais en général il offre quelques pailles & quelques flardrures; il n'eft pas fi homogène, &c il n'a pas une dureté aufli égale que Le premier, Cette elhèce d'acier peut être employée à la plus grande partie des ufages pour {a courellerie, pour la taillanderie, pour les laminoirs, les mar- teaux , les petits reflorcs , les limes, &c. cependant il fe foude au fer avec uelque difficulté. ) À Noa-feulement cet acier eft employé pour un grand nombre d'objets , mais on peut le faire entreren différentes proportions dans les éroffes dont on fütufage, lorfqu'on a befoin d'une matière qui foit mcins fujette à fe cafler, comme pour les grands reflorts , pour les faulx, les fabres, &c. On appelle éroffe , un alliage.de fer & d acier , donc l’on forge & l'on foude enfemble plufieurs lames, pour avoir une fubftance qui participe aux propriétés de celles qui ont fervi à la compofer : le fer femble prêter fa fouplefle à l'acier, & celui-ci communiquer fa dureté & fon élafticité au fer; il paroît que c’eft dans l’art de bien mêler aiñfi des lames de fer & d'acier & de les bien contourner enfemble, que conûüfte principalement la perfection des damas. L’acier naturel eft beaucoup moins égal que celui de cémentation; Jorfqu'il eft poli, il préfente ordinairement des farfaces ternies par des cendrures , des Abres , des filandres, Il eft facile d'y découvrit avec la pointe d’un burin des veines de fer, de forre qu'on peut Je regarder conime nine étoffe naçurelle, & de-là vient que Les rranchans qui en fone formés s#5 SUR L’HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 533$ formés font moins fujets à s’égrener, qu'il foutient mieux le recuit , qu'il a, comme on dit, plus de corps, & qu'il eft plus facile à travailler. En général , dit un fameux coutelier, Perret, pour faire des ouvrages fins & délicats , il faut faire ufage de l'acier anglois, qui eft de l’acier de cémentation, & même quelquefois de l'acier fondu: pour en faire de robufles , de forts, 2 convient de donner La préférence à l'allemand, qui eft de l'acier naturel, parce qu'il a plus de corps & de ténacité. Toutefois, c'eft l'acier cémenté qui nous paroïît mériter le plus d'attention, parce qu'il eft facile d’en faire par-tout de petits établifle- mens, avec des frais peu confidérables, & avec la promptitude qu'exigent les befoins, & parce qu'il fe prête facilement à tous les ufages. Conci- toyens , cranfportons dans nos forges ces orgueilleufes baluftrades , ces -grilles qui n’ont rien à préferver , & fi nous y trouvons Les qualités d’un bon fer, convertiflons-les en acier. De l'épreuve de P Acier. Les différentes propriétés qui doivent appartenir à chaque efpèce d’acier, en rendent difficiles les épreuves qu’on fait faire aux ouvriers, même habiles : acier fondu fera jugé très-mauvais par celui qui n’a pas l'habitude de le travailler, & l'acier de cémentation par celui qui tra- vaille ordinairement l'acier naturel ; le grain de la caflure eft un indice trompeur, parce que fa finefle varie par la trempe; cependant un bon acier doit toujours préfenter un grain égal. L’acier fondu doit prendre un beau poli & ne pas être trop caflant ; l'acier de cémentation doit faire des burins qui réfiftent à la percuflion, fans s’égrener & fans fe refouler : l'acier naturel doit fe fouder facilement au fer & faire de bons tranchans, Il y a des circonftances où il eft avantageux de pouvoir fe fervir d’une épreuve , qui fafle reconnoître fi des pièces ont été fabriquées avec du fer ou de l'acier, fans les altérer. : Ce moyen eft d'autant plus important que dans ces derniers tems, quelques fournifleurs infidèles ont livré & fait recevoir des fabres, dont Ja lame étoit de fer pur, auquel ils avoient donné une foible élafticité : ce qui a engagé le Comité de falut public à en publier la defcription que nous allons tranfcrire, & à obliger les agens chargés de la réception des armes blanches de toutes efpèces, de leur faire fubir cette épreuve. « Si l’on porte une goutte d'acide nitreux fur une lame de fer poli, & . » qu'après l’y avoir laiflée deux minutes, on y projette de l’eau , elle » emportera l'acide & tout ce qu'il tient en diflolution, de forte qu’il » ne reftera qu'une tache blanche ou de couleur de fer nouvellement » décapé. » Si on fait la même opération fur une lame d'acier poli, l'acide » entame également la partie ferrugineufe ; mais il n'agic pas fur la » matière Charbonneufe ; celle-ci fe dépofe donc pendant la diflolution ; Tome XLIII, Part, II, BRUMAIRE, Novembre,v.flyle, Ccc Ü 386 OBSERFATIONS SUR LA PHYSIQUE, » & forme une tache noire que la projection de l’eau n'enlève pas , & » qui refte même aflez long-tems , parce qu'il y a adhérence. » Pour le fuccès de l'opération , il faut employer un acide affoibli » ouétendu d’eau, parce que Le précipité charbonneux n’adhère qu'autant » que la diflolution fe fait lentement & fans une trop vive effervefcence. » À défaut d’acide nitreux pur ou reétifié, on peut fe fervir d’eau- » forte du commerce, toujours en l'affoibliflant à un certain degré. » IL faut avoir l'attention de porter la goutte d'acide avec du verre » ou autre matière, qui ne fe laifle pas attaquer, & ne porte rien qui 5 puifle changer le réfultar. » La plus petite goutte fuffc; elle doit plutôt être. érendue que » ramaflée, pour marquer fur une plus grande furface ; le bouchon d'un » très-petit flacon dans lequel on tient l'acide, fert très-bien à cet » ufage. >» On n'aura pas fait deux ou trois fois cette épreuve, comparativement fur du fer ou de l'acier, que l’on aura acquis le tact néceflaire pour > prononcer sûrement , d’après les différences ». IL y a long-tems que les artiftes fe font fervis d’un moyen femblable, pour diftinguer les lames de damas; ces lames, comme nous l'avons obfervé, font compofées de parties d'acier & de fer, intimement entre- lacées : elles préfentent par cetre épreuve, dit Perret, des vernes Jer= pentantes , les unes d'un gris blanchätre, Les autres d'un gris foncé, d’autres noirâtres, s’efl ce qu'on appelle fleurs de Damas. Nous avons fait remarquer que la fonte fuffifamment charbonnée prenoit l'apparence d’üne fonte blanche , lorfqu’on la couloit en plaques & qu'on lui faifoit éprouver un refroidiflement fubit : pour s’aflurer de fa nature, on n’a qu’à polir fa furface , & l’on en jugera par la couleur plus ou moins grife, plus ou moins noire de la tache que produira l'acide nitreux. VANDERMONDE, MONGE, BERTHOLLET. HISTOIRE DE L’'ASTRONOMIE EN 1793; Par JÉRÔME LALANDE. J'ar donné l’hiftoire de l'Aftronomie pour les quatre années précé- dentes dans le Journal des Savans 1790, page 482 , in-4°. 1797 , pages 219 & 662, & 1792, page 707. Ce Journal n'ayant plus lieu, ce fera Le Journal de Phyfique dont je profiterai pour continuer ces extraits, SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS, 387 Cette année 1793 a été remarquable par la découverte de quatre comètes. Le 10 janvier le citoyen Mechain en apperçut une à Barcelonne, où il étoit occupé des triangles de la méridienne. M. Piazzi l’obfervoit le même jour en Sicile, & M. Ritrenhouze à Philadelphie. Elle étoit dans le Dragon : on la voyoit à la vue fimple ; ce qui a fait que dans tous les pays où le ciel étoit très-ferein , les aftrenomes l’ont vue fans la chercher. Les élémens de cette comète ont été calculés féparément par les citoyens Saron , Méchain & Piazzi, qui font très-bien d'accord. Le 17 mai le C. Dangos, à Tarbes en Bigorre , en a vu une dans le Corbeau , mais quoiqu'il nous en ait donné avis, on n’a pu la trouver à Paris. Suppofé qu’il l’ait obfervée aflez pour en pouvoir déterminer les élémens , ce fera la quatre-vingt-deuxième comète dont l'orbite fera connue, en fuivant la Table qui eft dans le troifième volume de mon Aflronomie. Le 24 feptembre le citoyen Perny , directeur de l'Obfervatoire de la République, découvrit une petite comète dans Cafliopée. Le C. Mefier l'apprit le 26 par le Journal intitulé lAbréviateur , & il l’a füivie de fon côté avec le mème foin que toutes les autres comètes ; celle-ci a traverfé la conftellation de Cæphée, & on l’a vue jufqu'au 3 décembre dans le Dragon; le 22 octobre elle a paflé à 11° du pole du monde , & le 22 novembre à 2° = du pole de l'écliprique. Le C. Saron a calculé le premier Les élémens de fon orbite avec une grande promptitude, quoique dans ces fortes de recherches les premiers calculs foient les plus difcil:s, Le 27 feptembre le C. Meflier en découvrit une quatrième dans le Serpèntaire où il l’a obfervée jufqu'au 11 oétobre, Le C. Saron qui a calculé fes élémens, y a rencontré une difficulté que l’on trouve rarement, & qu'il n’auroit pu vaincre fans la fagacité & l'habitude fingulière qu'il a dans cette partie de l’Aftronomie. Cette comète paffant fort près du pole de l'écliprique, & ayant très-peu de mouvemens en longitude, la pofñtion de fon nœud & la direction de fon mouvement tenoient à très- peu de chofe, & le moindre changement dans la fuppoñtion de fa première diftance au foleil en faifoit un prodigieux dans fes élémens , mais en faifant varier la troifième diftance la dificulté a difparu. Ces élémens ont été publiés dans l’Abréviateur du 8 décembre, On y voit la pofition que la comète aura au mois de janvier, où l’on pourra Ja revoir. Nous avons eu cetre année une éclipfe de foleil, qui étoit d'autant plus remarquable, qu’elle devoit être centrale & annulaire en Allemagne, en Pologne & en Dannemarck. Je comptois l’obferver à Bourg-en-Brefle, où je venoïs de faire bâtir un obfervatoire dans une pofition très-agréable & très-avantageufe ,. puifqu'on découvre jufqu'au Mont-Blanc qui eft à foixante.fept milles de diftance à 24° du point d’orient en tirant vers midi ; mais le ciel fut couvert toute la journée. L'écliple fut obfervée à Tome XLIII, Part. II, BRUMAIRE, Novembre. w. flyle. Ccc 2 388 OBSERVATIONS. SUR LA PHYSIQUE, Paris & à Marfeille, par le C. Thulis; le calcul que j'ai fait de ces obfervations m'a donné un réfultat remarquable ; c’eft une différence des méridiens de 12’ 15" plus grande de 7 à 8” que par le calcul des triangles de la carte de France, & comme cette même différence fe trouvoit pour l'éclipfe du 24 juin 1778, on peut en conclure qu'il ne faut pas négliger les obfervations aftronomiques pour la Géographie, même dans un pays où la carte a été levée avec un détail & un foin que l’on ne trouve dans aucun autre pays du monde, D'ailleurs le caicul des triangles pour une diftance de plufieurs degrés exigeant une hypothèfe fur l’applatiflement de la terre dont la quantité n’eft pas encore parfaitement connue, il en réfulte une petite incertitude que Les obfervations feules peuvent lever. | Les digreflions de Mercure aphélie & perihélie au commencement d'août & au milieu de feprembre éroient importantes pour déterminer “encore mieux l’excentricité de l’orbite , elles ont été obfervées à Paris, à Marfeille par les citoyens Saint-Jacques & Thulis, directeurs de lobfervatoire de la Marine, & à Montauban par le C. Duc-la-Chapelle, qui s’eft fait un obfervatoire commode & intéreflant où il a déjà fait beaucoup d’obfervations utiles. J'en ai conclu que l'équation de lorbite employée dans mes nouvelles Tables de Mercure peut être augmentée d'environ 40 ou $0",ce qui ne fait après tout que 8 ou 10/ fur Ja: longitude obfervée ; ainfi cette planète qui a fi long-tems fatigué & intrigué les aftronomes, qu'il étoit fi difficile de foumettre au calcul à cauls de la rareté & de la difficulté des obfervations, eft aujourd'hui la mieux connue de toutes les planètes. P Le travail des 30000 étoiles que j'ai entrepris avec Michel Lefrançois= Lalande mon neveu, eft l’objet le plus important pour l’Aftronomie. L'année 1793 nous en a fourni environ 6000, en forte que nous fommes à préfent à près de 15000 en comptant les étoiles de dixième grandeur. On y trouvera près de 1600 étoiles qui ont fervi depuis trente ans pour les obfervations des comètes, & dont les poftions n’étoient pas aflez exactes, Nous avons fourni cette année même beaucoup de pofitions d'étoiles pour les deux dernières comètes obfervées par les citoyens Mefier & Perny. Environ 5000 obfervations d'étoiles ont été imprimées dans le volume de; Mémoires de l’Académie pour 1789 & dans celui de 1740 actuel- lement fous prefle; j'ai fait auffi imprimer dans la Connoiflance des Tems pour 1793 les déclinaifons de 1063 étoiles réduites à 1790, & les afcenfions droites de 139 étoiles boréales qui ferviront à déterminer toutes celles dont les obfervations font rapportées dans le volume des Mémoires de l’Académie pour 1790. M. Barry , aflronome de l'éleéteur Palatin, m'a auffi envoyé 600 déclinaifons d'étoiles dérerminées avec le crand mural de Manheim. SUR L'HIST. NATURELLE, ET LES ARTS. 389 5 M. Piazzi à Palerme & le C. Lachapelle à Montauban , s'occupent aufli des étoiles méridionales que nous voyorS plus difficilement à Paris, Le Décret de la Convention Nationale du 8 août 1793 qui a fupprimé toutes les Académies en France, n’a point interrompu nos obfervations ni à l'Obfervatoire National, ni à celui de l’Ecole-Militaire, où les inftrumens font reftés en place fous la garde du C. Lefrançois en qualité de directeur de cet obfervaroire. Le grand travail de la méridienne s’eft continué cette année ; le C. Delambre a fait tous les triangles qui lui manquoient jufqu'à Dunkerque, & il eft revenu à Perhiviers pour les continuer vers le midi ; mais la forêt d'Orléans & le peu de hauteur des clochers l’a retenu Tong-tems à Bois-Commun , qui eft à 45 milles au midi de Paris, & il .eft occupé à faire élever à Châtillon un fignal de 60 pieds de hauteur. Les embarras de la guerre ont retenu le C. Mechain fur la frontière d'Efpagne, où il eft arrivé au mois d'octobre après avoir terminé les triangles depuis Barcelone. £ A Paris le C. Lavoifier & le C. Borda ont préparé & mis en expérience quatre règles de douze pieds, en cuivre & en platine, deftinées à mefurer la bafe ; ils ont déterminé leurs dilatations à tous les degrés de chaleur, -& tout eft prêt pour exécuter ce travail au printems. Le nouveau pendule décimal en platine a été terminé & mis en expérience ; il a 27 pouces & un tiers ; il fait 70 ofcillations comme le pouls humain , en une minute de l’ancienne divifion; il en fait 100 dans la nouvelle minute, & il fervira à déterminer les rapports entre les longueurs des pendules à différentes latitudes. La bafe qu’on fe propofe de mefurer s'étend depuis Montgeron jufqu'à Melun fur une longueur de 11200 toifes, qui fervira de côté commun à deux grands triangles fur Brie & Montlhéry. En même-tems on a monté les atteliers qui vont fournir à tous les diftricts de la République des étalons exacts ou modèles de nouvelles mefures , foit de longueur , foit de capacité, & du nouveau poids appelé Grave, divifé en décimales, dont le Décret du premier août a ordonné V'ufage dans tous les départemens. Le C. Cafini a fait faire par le C. Michel une bouffole fufpendue à un fil , avec un cercle & une lunette qui forment un théodolite , pour avoir la déclinaifon abfolue de l’aiguille avec plus de précifion que n’en peuvent donner les fufpenfions à pivots; on ne pouvoir pas répondre jufqu'ici de 30 minutes, on pourra maintenant s’aflurer de 2ou 3 minutes, La déclinaifon a été trouvée de 22° 42’ pour le premier août 1793, en la réduifent au maximum qui a lieu de midi à 3 heures, comme on le peut voir dans le livre du C. Caffini fur les déclinaifons de l'aiguille aimantée , à Paris, chez Bluer, rue de Thionville. Les irftrumens d'Aftronomie qui étoient au Cabinet de Pafly ont été 350 OBSERFATIONS SUR LA PHYSIQUE, tranfportés à l'Obfervatoire,de la République ; on a monté dans la falle de la Méridienne le télefcope de 22 pieds commencé par Noël, per- fectionné par Carochez, notre plus habile opticien ; & cet inftrument comparable à ceux de 20 pieds de Herfchel pourra fervir aux quatre aftronomes qui habitent l'Obfervatoire , les citoyens Nouet, Perny, Ruelle, & Bouvard; celui- ci a été admis après la démiflion du C. Cafini quatrième du nom. Le Décret du 31 août, rendu fur le rapport du Repréfentant Lakanal , a confolidé l’établiflement de l’'Obfervaroire , en aflurant aux quatre aftronomes les mêmes appointemens de 142$ liv. & en leur donnant la liberté de choifir entr’eux chaque année un directeur temporaire , au lieu du directeur perpéruel qui étoit auparavant à la tête de l'Obfervatoire. . à Ce changement a retardé l'impreflion des Obfervations de 1792 que le C. Caflini avoit coutume de publier, Ce recueil intéreffant en eft refté. à 1791. Les Annales céleftes du dix-feptième fiècle, par le C, Pingré, sim priment actuellement ; on y trouvera un recueil précieux d'ebfervations qu'il eût été difficile de fe procurer ailleurs, & qui vont de 1600 à 1700 ; il y en a déjà 150 pages d’imprimées. J'ai publié cette année un Abrégé de Navigation avec 300 pages de Tables horaires pour trouver l'heure en mer par la hauteur du foleil & des étoiles ; objet qui m'a paru devoir être utile pour la pratique des longitudes. Nous avons recu les Mémoires de l’Académie de Berlin pour 1787, où il y a un grand travail du C. Duval-Leroy , de Breft, fur les inégalités de la planère Herfchel, des obfervations faites par M. Beilter à Mitaw en Courlande, & une Notice des nombreux travaux de cet habile aftronome. Les Ephémérides de M. Bode pour 1795, contiennent beaucoup d’obfervations faites par lui à Berlin, & beaucoup d’autres de fes: correfpondans à Paris, à Gotha, à Manheim , à Copenhague , & il a fait imprimer à Gotha un Supplément qui en contient beaucoup plus. Le cinquième volume des Mémoires de la Société Italienne contient des Mémoires de M. Cagnoli fur les latitudes & les réfractions à Paris, & fur la longitude de Vérone. Le fixième volume de cette même Société renferme des obfervations faites par M. Cagnoli à Vérone , & par M. Slop à Pife. On a achevé l'impreflion des Mémoires de l'Académie des Sciences pour 1789; ils contiennent un grand nombre de Mémoires d'Aftronomie & des Mémoires importans du C. Laplace fur leffec de l’applatilement de Jupiter pour les nœuds & les aphélies des farellites, fur l’action du foleil & de la lune, fur le fphéroïde terreftre qui réduit au quart l'étendue des variations de l'obliquité qui auroient lieu fi la terre étoit fphérique. SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 32 On trouvera cette théorie plus au long dans un grand & important ouvrage {ur l'Aftronomie-phyfique en 2 volumes in-4°. que le C, Laplace fe propofe de publier aufli-tôt que les circonftances le permettront. Dans les Mémoires de 1790 qui s’impriment actuellemenr, le C. Laplace a mis un Mémoire de 137 pages fur le Aux & reflux de la mer, où il compare les obfervarions faites à Breft avec la théorie de l'attraction; l'accord eft fi farisfaifanc qu'on pourra dire qu'il ne manque plus rien à cette théorie. Pendant toute l’année le C. Thevenard , commandant de Breft, m’a envoyé des obfervations fuivies de la marée faites avec foin par le C. Raillard , lieutenant de vaiffeau. Mon objet en follicitant ces obfer- vations étoit de perfectionner le Traité du flux & reflux de la mer que jai publié en 1781. k Le C. Laplace formoit le même vœu dans le Mémoire que j'ai cité; les embarras de la révolution & de la guerre n’ont point empêché ce travail pour les fciences , mais un favant qui étoit alors miriftre de la Marine (le C. Monge), donnoit les ordres, & un commandant , ex-miniftre & correfpondant de l’Académie, fe chargeoïit de les exécuter; en ne rencontre guère un concours de circenftances aufli favorables pour les fciences, MM. Tralles & Hafler m'ont envoyé la notice des triangles qu’ils ont formés dans la Suiffe & des bafes qu’ils ont mefurées, travail important fait avec autant d'intelligence que de foin, & dont je m'empreflerai de rendre compte dès qu'il fera terminé, = M. Zach à Gotha qui habite depuis le 10 août 1792 le grand obfer- vatoire que le prince vient d'élever, y a fait beaucoup d'obfervations, dont on trouvera une partie dans le Supplément des Ephémérides de Berlin qui a dû paroître cette année, mais que la guerre nous a empèchés de recevoir. M. Piazzi a aufli publié à Palerme un ouvrage important d’Aftronomie qui contient la defcription du cercle entier , fait par M. Ramfden, & beaucoup d’obfervations de M. Piazzi. M. Carouge s’eft chargé de convertir toutes les Tables qui font dans la troifième édition de mon .Af/ronomie en décimales du quart de cercle & en décimales de jours fuivant l’érabliffement propofé Le 9 mars par l'Académie, & adopté par le Décret de la Convention Nationale du ÿ oétobre fur le nouveau Calendrier de la République Françaife. Cet établiflement du Calendrier Français a été concerté avec les aftronomes de l’Académie. On peut dire qu'il eft naturel, fimple & commode. La première année de l’ère Françaife a commencé au 22 feptembre 1792. La croifième année fera fextile, c’eft-a-dire, de 366 jours, pour que l’équinoxe arrive toujours le premier jour de l'année, & on retranchera une fextile quand cela fera néceflaire pour ramener l'équinoxe au premier jour de l'année. Les noms des mois font fignificatifs. 392 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, Leur divifion par décades répond au calcul décimal adopré dans tous les autres calculs. Enfin, on peut dire que ce Calendrier Républicain eft digne d'être adopté par toutes les nations à mefure qu'elles fuivronc l'exemple de la France, ou qu’elles connoîtront aflez le prix de la Liberté pour ne pas crairidre d’en confacrer l'époque la plus mémorable dans l'Eusope. Le C. Megnie qui faifoit à Madrid des obfervations intéreflantes, a été obligé de quitter cette ville comme tous les Français, à caufe de la déclaration de guerre. M. Lerena , miniftre qui aimoit les fciences , l'y avoit attiré en 1786, & lui avoit fait bâtir un obfervatoire , mais il eft mort en 1791. L’obfervatoire du duc d’Albe’, & celui de M. Ximenez ne font pas finis ; le grand obfervatoire qu'on devoit faire dans le Mufée de Madrid n'aura peut-être jamais lieu, en forte que nous en fommes encore à former des vœux pour l’établiffement de l’Aftronomie dans la capitale de lP'Efpagne. L’Aftronomie a fait une perte dans l'abbé Fabarel, mort à Dijon à l'âge de quatre-vinot-fix ans. C’eft à lui que nous avions obligation de l'établiffement d’un obfetvatoire à Dijon 3 il avoit employé fon crédit, fa fortune & fon activité à procurer des réparations dans une grande tour nationale, & la conftruction de très-bons inftrumens ; il y avoit attaché fucceflivement les citoyens Roger, Renaud & Bertrand, celui-ci eft mort au Cap de Bonne-Efpérance en allant faire le tour du monde. Le courage de Fabarel étoit véritablement rare; & dans'une fcience qui a fi peu de profélytes, on doit regretter ceux qui ont autant de zèle pour fes progrès. On imprime depuis quelques mois ua ouvrage d’érudition où l'Aftro- nomie joue un grand rôle; c'eft celui du C. Dupuis, aétuellement Député à la Convention Nationale, ouvrage annoncé depuis long-tems, & dont le commencement a paru dans le quatrième volume de mon Affronomie en 1781. On y verra que l’Aftronomie a fourni les religions & les fables de l'antiquité, il eft intitulé : Origine des Cultes ; il aura 3 volumes #7-4°. dont il y a déjà 200 pages imprimées, La chaleur extraordinaire qu'il y a eu em 1793 a donné occafon au C. Cañini de faire un relevé des obfervations météorologiques faites à l'Obfervatoire depuis 1682 jufqu'à 1793. Il y en a un extrait dans l’Abréviateur du 16 feptembre ; on voit que le thermomètre qui a été cette année à 30,7 n'a été en 1772 & 1773 qu'à 28,6; en 1764, 28,2, & en 170$ feulement à 30° : fouvent il ne va pas à 24. ( Premier Décembre 1793.) FLY EXTRAITS SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 39; ECUT REA ET. SE DE: LEE TR ES DE PLUSIEURS CHIMISTES, ADRESSÉES A M. CRELL, Tirées des Annales Chimiques de CRELL, cahier IV, année 1792. . Lettre de M. ne Humsozps, à M. CRELL, fur fes nouvelles obfervations fur la végétation, fourerraine. J'ar eu occafon de faire plufieurs nouvelles obfervations fur la couleur des végétaux qui naïflent fous terre. Je connois maintenant deux efpèces de végétaux auxquels le féjour fourerrain paroît avoir été affigné exclufivemenr. Ce font deux efpèces de lichens, dont l'un que j'ai nommé lichen vertigellatus, atteint ordinairement une longueur de cinq à huit aunes, & l’autre que je viens de découvrir à Marien- “berg, dans une des galeries des mines, fe diftingue par des ramifica- tions’ d'un verd-clair. Je fuis actuellement convaincu, par mes propres expériences, que quelques plantes peuvent, fous certaines circonftances, poufler des feuilles vertes étant privées des rayons de lumière ; les plantes que j'avois choifies pour ces expériences étoient le cheiranthus éncanus & le cheiranthus cheiri. Jufqu’ici ces expériences ne contre- difenc pas ce que MM. Prieitley, Ingen-Houfz & Senebier ont écric fur la même matière. Je fuppofe que la couleur blanche dans les végétaux, ainfi que dans plufieurs autres fubftances ( par exemple, dans les fels, les terres , dans l'acide muriatique déphlogiftiqué ) prend fon origine d’une accumulation de l’oxigène, & que la matière de la lumière ne s'unit peint avec Le corps végétal ; mais qu'il ne fert qu'à exciter le développement de l’oxigène. Par cette raifon, les plantes cachériques (étiolées ) étant privées de lumière, n’exhalent point de l'air déphlogiftiqué; de-là l'effec d: la lumière fur l’argent corné , fur l'acide muriatique & nitreux oxigéné & autres. Mais Les rayons du foleil ne font peut-être pas la feule fubftance qui par fon affinité avec l’oxigène, empêche l'accumulation de ce dernier dans les végétaux. Les bafes du gaz inflammable & du gaz méphitique fervent également à Le développer, & peut-être ces fubftances agiflent-elles fous la terre (où malheureufement pour les mineurs, la mature les a accumilées en Tome XLIII, Part, IL, BRUMAIRE, Novembre, v. flyle. Ddd 394 OBSERFATIONS SUR LA PHYSIQUE, trop grande abondance), comme agit la lumière bienfaifaure à fa furface. Cetre explication s'éloigne fans doute entièrement de celle de M.Senebier & de plufeurs autres phyficiens ; auffi je ne la regarde que comme une hypothèle, par laquelle je cherche à expliquer les phénomènes vraiment curieux de la vévération fourerraine , qui mérite d’aurant plus l'attention des botaniftes , que la privation de la lumière , & une atmofphère aufli mélangée, fait foupçonner évalement une organifation différente de celle qui a lieu à la furtace de la terre. LneBT ER E DE M WATT kfh, ANR CPE LUE Pivsreurs de nos chimiftes anglois applaudiffent à la nouvelle théorie chimique de vos compatriotes , fur-tout depuis que M. Kirwan s’en eft déclaré Le partifan. Ce chimifte s'occupe dans ce moment à réfuter fon propre ouvrage en faveur du phlogiftique. MM. Prieftley & Keir, dont chacun équivaut À une armée de chimiftes ordinaires, reftent cependant attachés à l'ancienne doctrine. Le Dictionnaire de Chimie du dernier peut être regardé comme un chef-d'œuvre ; il-eft fâcheux que la publication fe fafle fi lentement, car d'après la marche qu’elle a prife, nous ne pouvons en efpérer la fin avant quatre ou cinq ans. M. Black à Edimbourg s'occupe dans ce moment d'une analyfe des eaux minérales de Geyfer en Iflande , qu'il deftine pour le prochain volume des Tranfactions.de la Sociéré d Edimbourg. Ce chimifte a trouvé dans ces eaux , comme Bergmann l'avoir déjà fuppofé ( voyez Bergmann de Produé, Vulcaniis), une quantité confidérable de terre filiceufe ; mais j'ignore jufqu’à préfent par quel moyen cette terre refte en diffolution dans ces eaux. L'ouvrage de M. Berthollec fur la Teinture , eft {ans contredit le meilleur que nous ayons fur ce fujet ; cependant il m'a paru bien plus important pour La théorie de cet art, que pour la pratique. ‘ à SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 39$ =, NOUVELLES LITTÉRAIRES. F5 OSITION d'une nouvelle Do&rine fur la Médecine des Chevaux, offrant les moyens de les prévenir avec certitude ; de guérir méme leur violence ou leur malignité, des Maladies qui avoient toujours paflé pour des fléaux quaft nécefJaires , infurmontables , parce que l'origine & le caraëère en éroient vorlés à tous les yeux > par PrERRE-Marre CRACHET, Médecin de l'Univifité de Mont- pellier : Mémoire compofe fur les notes d'obfervations de Rorerr CRACHET mon père, de fon vivant, Maréchal & ITaboureur à Mielles-les-Blequin, près Saint-Omer. Prix, 25 fols, in-8°. de 40 pages. À Paris, chez Croullebois , rue des Mathurins; Aabry, au Cabinet Bibliographique , rue de la Monnoie, N°, 5. 5 Le Bureau de Confultation ayant lu cer ouvrage, a décidé , « que » l'ouvrage du citoyen Crachet fera envoyé au miniftre de l'Intérieur n avec une lettre pour l'invirer à le foumettte à l'examen des artiftes » inftruits dans l’art Vétérinaire ». Les Elémens de Chimie de CHAPTAL viennent d'être traduits du françois en allemand ,avec des augmentations & des notes, par FRÉDERIC Wozr. Certe traduction eft enrichie d'une Préface, par SIGISsMOND- Frépéric HERMESTADT. À Konigfberg , tome II, z7-8°. Faunz Infeétorum Germaniæinitia, cura G. #7. F. PANzER , fafc. II, cum 48 iconibus color. À Nuremberg ; & fe trouve à Srrafbourg , chez Amand Koenig, Libraire, 1792. Ada Academiæ Eleétoralis Moountinæ, Scientiarum utilium quæ Erfurti eft ad annum 1792. À Erfut ; & Je trouve à Strafbourg, chez Amand Koenig , Libraire, 1792 , grand in-q. avec fLJuress Hifingera: Nouvelle Plante exotique , dont il eff fait mention dans la Bibiographie de la Suède, | Caraëäéres: effentiels botaniques, Fleur mâle. Calice técraphylle, corolle nulle, flament depuis quinze afqu'à vingt-cinq, Fleur femelle, Calice hexaphylle, corolle nulle, ftyle deux. : Le fommet de la ftygmate déprime, baie didyire. Tome XLII, Part.1L BRÜMARRE, Novembre, v:flyle. Ddd 2 36 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, Cette plante fleurit au Japon dans le mois d’oûr , fur les montagnes. les plus élevées. On lui donne encore pour pays natal les Indes occidentales. : Volifrændiger und Cafilicher untewicht indet Narurlehre, &c. ou Inflruétion complete & precife de Phyfique, en une fèrie de Lettres à un jeune-homme de qualité: tome premier , avec figures ; par MicHei Huge. A Leipfck, chez Gofcher; & fe trouve à Strafbours, chez Amand Koenig , Libraire, 1793, grand #7 5°. de 472 pages, fans la Préface & la Table des matières ; les Planches font gravées par Capieux , au nombre de fix, Allgemeine Hift. phyfol. Narurges chichte der Gewachfe: Hifloire zaturelle générale hiflorique & phyfiolog que des Plantes , dédiée aux Amateurs de la culture des Plantes ; par Cure. FR. DE W***, avec 36 Planches en taille-douce. À Gotha, chez Ettinger, 1701, 2n-6°. de 332 pages, fans la Préface & la Fable des matières. Cet Ouvrage fe trouve aufli dans la Librairie d’Amand Koenis, à Strafbourg , ati fi que les fuivans : Anaccount of the efficacy, of the Aqua mephitica alkalina , or folution of fixed aikaline fals faturaled wirh fixible air, in calcalous diforder:, and other complainét of theurinary palages;by #/11r.FALCONzR, the fourth edition: De lefficacité de la force diffolvante de l'Eau méphitique alkaline, & de celle de la folution de Sel fixe alkaln appliquée aux calculs urinaires ; par GUILLAUME FALCONER , Doëteur en Médecine à Bath, & Membre de la Société royale de Londres. À Londres, chez Cadell, 1792, grand 7-8”, Cette quatrième édition eft augmentée de nouvelles obfervations effentielles | qui n’ont pas paru dans les éditions précédentes. Le doéteur Falconer décrit l'utilité du carbonate de potafle dans la lithiafie, diflous dans l’eau jufqu’à parfaite faturation d’air fixe. Il rapporte les cures merveilleufes qu'il a opérées par ce moyen, ainfi que celles de Cowper , Bentley & Colborne. L'emploi de ce médicament entre les mains de ces. favans médecins praticiens anglois a eu des effers riès- falutaires , & mérite d’être mis en ufage en France, Viridarium Lufitanicum inque Arborum, Fruricum , & Herbarum differentiæ onomafti inferiæ quas agri Ulyfliponenfis ultra citraque Tagum ad trigefimum ufque lapidem ferr: Recueil des Plantes indigènes du Portugal, &c. nouvelle édition , publiée par ordre dé l'Académie royale des Sciences de Lifhonne, 1792, in 8°. La première édition de cet Herbier portugais parut à Lifbonne chez SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 397 Craefbeck en 1661 : la feconde date de l’année 1714 à la Haye; la troifième a été imprimée à Vérone en 1749. Ce recueil oflre la defcriprion des plantes indigènes & quelques étrangères qui croiflent aux environs de Lifbonne & dans le Portugal; Dom Georve Vandelli Griflei, qui étoit chimifte & botanifte portugais, en eft l'auteur; il s’eft fervi des dénominations de Tournefort & de Jean Rai. Quoique certe Flore laifle encore beaucoup à defirer, tant pour la méthode que pour l’exactitude, elle ne laifle pas d’avoir fon mérite, & fournit agréablement au botanifte exercé les moyens de connoître les végétaux de cette contrée. Cetre dernière édition contient ure nomenclature de Linné, qui ne fe trouve pas dans les précédentes. Annuaire du Républicain, ou Légende Phyfico-économique , avec l'explication des trois cens foixante-douze noms 2mpofés aux Mois & aux Jours : Ouvrage dont la leéture journalière peut donner aux jeunes Citoyens & rappeler aux hommes faits Bs connotfJances les plus néceffarres à la vie commune, & les plus applicables à l'économie domeflique & rurale , aux Arts & au bonheur de l'huma- nié, On y a joint le Rapport & l'Inftruëtion du Comité d’Inftruëäion publique, dans laquelle [e trouve la nouvelle Divifion décimale des Jours & des Heures ; par ELEUTEROPHILE MiLEin , Profeffeur de Zoologie à la Société d'Hifloire-Naturelle & au Lycée des Arts. A Paris, chez Marie-François Drouhin , rue Chriftine, N°. 2, l'an 2° de la République Françoile , 1 vol. 47-12. Le texte explique aflez quelle eft l'intention de l’Auteur, & le Lecteur verra qu'il l’a bien remplie, D ——— Les retards qu’éprouvent les livraifons de ce Journal font une fuite des circonftances impérieufes où fe trouve la chofe publique , qui ont forcé de mettre en requifition tous les Imprimeurs. Nos Lecteurs doivent être perfuadés que nous ne négligeons rien pour remplir nos engagemens. Malgré les facrifices que nous faifons maintenant pour cette entreprife , nous la continuerons , parce que nous la croyons utile pour le foutien : « des fciences, dans ce moment où la plupart des ouvrages de ce genre font interrompus, 53 398 OBSERV A TIONS SUR LA PHYSIQUE, &e | T' AB LE" 4 Des ARTICLES CONTENUS DANS CE CAHIER: Ms OIRE fur la nature de l'Oxide gazeux, d'Agote, nommé par PRIESTLEY , Gaz nitreux déphlogiflique ; par J. R: D:1MaN, Pazrs Van-TROosr Wik, P. NizuwLanD, N. Box1r & À. LAUWERENEURGH, page 321 Analyfe d'une nouvelle efpèce de Mine de Cie blanche , pho/phorce antimoniale, brillante, éparfe dans une Mine de Gsrre rerreufe , noërâtre , martiale, granuteufe arenacée , entremnélée de Sel cuivreux verdätre, des emvirons de Nevers ; par le C. SAGE, 333 Ephémérides de la Socivré Météorologique Palarine , établie à Manheim : Jezond extrait, antée 1722; par LB. CoTTrE, Membre de la Société Méreorolopique Palatine, & de la Socixté des Naturalifls de Paris, &tc. 336 chappement rouveau , applicable aux Machines portatives , deflinées à la mefure du tems ; inventé par ROBERT ROBIN, Horloger, au Louvre, & publié l'an deuxième de la République une & … zndivifble, 342 Objervation fur la fulmiration de Or criflallif: par l'intermède du Mireure ; par SAGE, 3 349 Fais nouveaux € curieux fur les Abeilles : extraits d'un Ouvrage incitulé : Nouvelles Obfervations fur les Abeilles, adreffées à C. BonNET , par FRAN Çois HUBER ; par L. GOTTE , de la Société des Noturalifles de Paris , de la Société Miétéorologique de Manheim , &c. 351 Suite de l'explication des Phénomènes géologiques ; par J.C. Drra- MÉTHERIE , 355 Extrait des Obfervations météorologiques faites & Montmorenct, pendant le mois d'Oéobre. 1793 (ère vula.) ro endémiaire — 10 Brumaire de l'an Jécond (ère ie ) par L. CoTTE, Mermbre de plufieurs Académies , 371 Tavis aux Ouvriers en Fer fur La fabrication de P Ac) ; publié par ordre du Comité de Salut'public, suh 373 Hifloire de L Aflrenomie en 1703; par JÉRÔME LATANDE, 386 Extraits de Lettres de plufieurs Chimifles , adreflées à Crert , Lettre de Humeozps, à CREEL ; fur Jes nouvelles obfervarions fur la VWégétation fouterraine, 393 Lettre de WATT fils, à CRSLEL, 39% Nouvelles Littéraires & , 356$ LA 1 | | \ \ ! _( ET \ \ \ p7\\\ \ \\ Povembre 1799. MY "Es Nouveau Journal de Phyfique, de Chimie & d'Hifloire Naturelle. Ox foufcrit chez le Citoyen Cucxer, Libraire, rue & maïfon Serpente, Propriétaire dudit Journal, & Poflefleur d'une Collection qui précede, fous le titre d'Ob/érvarions fur la Phyfique, P Hifloire Naturelle & les Arts, par feu P Abbé Rozier, formant atuellement 44. vol in-4°, avec des Planches. Le nouveau Journal de Phyfique, de Chimie & d'Hiftoire. Naturelle fera rédigé par le Citoyen Jean-Claude LAMÉTRIE. Il en paroîtra chaque mois un Cahier de dix feuilles , enrichi de deux Gravures, & les douze Cahiers formeront 2 vol, in-4°. par an, Le prix de la Soufcription eft de srente livres “pour Paris, & de srenre-fix livres pour les Dépar- temens, franc de port par la Pofte. IL faut affranchir les lettres & l'argent. JOURNAL DE AIT ERER j ro FrimaAiRre, Décembre (vieuxftyle), E Al = SC mt DE L'INFLUENCE DU CLIMAT SUR LA FORME ET LA NATURE DES VÉGÉTAUX: ÎÉ ass at Par L, REXNIER. O N entend ordinairement par climat le degré de Chaleur 6 ou de froid d’un pays ou d'un fite, Ainf on dic un climat froid ou chaud , & fouvent on fe contente d’une obfervation auffi fuperficielle. Mais UE les végétaux font foumis à l'influence de trous les élémens, ces élémens, auf que leurs compofés, agiflent fur eux, foit méchaniquement fur leur extérieur, foit chimiquemenr {ur leur bon Et comme tous ces effets fées modihent d’ une manière plus ou moins profonde la forme de chaque plante , il faut qu'un naturalifte phyficien connoifle chacun de ces effets, fes caules & les moyens de les prévoir. De cette manière, la pofition fur le globe ou létudes ; l'élévation au-deflus du niveau de la mer; la réflexion plus où moins forte de la lumière, ou fon abfence ; la quantité des pluies, leur durée & le mode de leur écoulements la pénécrabilité plus ou moins grande du fol; enfin, les effets de la culrure fur es végétaux, font des objets qu'il doit méditer, & fur lefquels il doit réunir des Halles de faits: De leur con noiflance parfaite naîtra celle des moyens de perteétionner les efpèces utiles : on pourra aufli déterminer les efpèces d’une manière invariable a & les diftinguer des variétés ; car, dès qu'on faura la latitude des varia- tions que peut fubir usetplante, tout caraétère qui réfliftera à ces chan- gemens GE le véritable caractère fpécifique de l'efpèce. J'ai déjà établi. cette néceffité dans un autre ouvrage: ( Izeroduétion aux Mémoires pour fervir à PHifloire phyfique & naturelle de la Su: fe , tomeF),.8# j'ai annoncé que je m occupe, depuis plufieurs années, d’un ouvragede cette hature ; ouvrage où les recherches fe multiplient à à chaque pas , & que ines occ upations commerciales retarderont fans doute lono-tems.: La muitiplicité des difcufions qui feroient néceflaires pour rendrë évident un plan général de l’énfluence des climats furdes étres organifés, jointe à quelques chaînons qui m “échappent encore, me force à donner Tome XLIII, Part, IT, FRIMAIRE, Décembre, v.flyle. Eee ‘ 409 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, fimplement une notice des principaux faits fur lefquels on peut fixer fes méditations: Ces vues générales pourront engager des phyficiens à diriger leurs expériences vers ce point de vue, & ce leroient dés pas que feroit une fcience à peine ébauchée, Forme des Plantes relativement au Climat qu’elles habitene. La lumière eff néceflaire aux végétaux, ils s’étiolent dès qu'elle leur manque; donc fon intenfité , {a durée , la chaleur qu’elle occafionne, & qu'il faut diftinguer de fes effets, ont une action plus ou moins forte, dont on peut appercevoir les réfultats, quoique moins prononcés que ceux d’une abfence totale de lumière. L'eau , foit imbibée dans la terre, ou répandue dans l'air, comme pluie, brouillard, vapeur, neige, &c. a aufhi une influence réelle fur les végétaux. Les plantes des lieux où l'eau’éeft rare ne font pas les mêmes que dans les lieux où elle afflue; plufieurs efpèces même ne fe déve- loppent que dans cer élément. Donc la plus ou moins grande quantité d’eau, fous ces différens états , a une influence quelconque fur les YÉgÉtaUX. ; : L'air, par lui-même, n’a que peu d'influence fur les plantes ; c’eft lutôt par fes combinaifons avec les autres élémens qu'il agit fur elles, er en accélérant leur tranfpiration lorfqu’il eft fec, ou en la retardant lorfqu'il eft faturé ow prêt à l'être, foir enfin parce que fa tranfparence dépend des vapeurs qu'il contient. Peut-être auffi que fa plus où moins grandepureté chimique agit d'une manière quelconque fur les végétaux, La terre enfin, plus où moins pénétrable aux influences des autres élémens, agit par ce-moyen fur les véxéraux. Chaque latitude, outre fes pofitions locales, a un degré de chaleur qui lui eft propre, & qui eft autant produit par la lonoseur des étés, que par l'angle d'incidence de la lumiere : donc il doit exifterune certaine analogie de conformité entre les végétaux qui y croiflent. Mais comme les fires particuliers diffèrent, hous ne pouvons envifager cette analogie que d’une manière trèss générale. Forme des Plantes fous les T ropiques. Un ciel brûlant & fans nuages expofe, pendant neuf mois, les végétaux À toute l’activité d’une lumière qui Les frappe prefque verticälement, De longues nuits, pendant lefquelles de fortes rofées defcendenr fur eux, tempèrent cet effet, & cependant c’eftunn tems où les plantes fe repofene & müriflent lentement leurs fruirs. Trois mois de pluies continuelles rendent à la vécétation toute {a vigueur , de nouvelles feuilles-paroiflent., des plantes fe couvrent de fleurs, & reprennent une souvelle exiftence. ‘C'eft en raccourci le tableau des pays fitués entre les tropiques. Les arbres , dans ces pays brülés, paroiflent avoir une furabondance de + SUR L'HIST. NATURELLE ET LES-ARTS, 4ox vies les cercles annuels dm bois y font moins tranchés , parce que la végétation m'eft pas fufpendue ; leur grain y eft ou très-fin & d’une dureré excellive , ou filaffeux , c’elt-a-dire, difficile à rompre en travers, quoiqu'il fe maille 8&c fe fépare facilement en fibres : ce caractère particulier des bois blancs des tropiques , tels que le Cacaoyer , le Fromager , le Carambolier , eft digne de l'attention des Naturaliftes ; je l'ai vérifié fur plufieurs arbres envoyés dernièrement au Jardin des Plantes, tels que le Cedrel , l'Héve, le Coroffol d'Afie , &c. Les racines des arbres y pivetent moins que celles des arbrés des zones tempérées ; la plupart fe divifent en cuifles, qui s'étendent fous terre à une certaine diftance , mais fans pénétrer. On obferve en général plus de racines rampantes que de pivotantes , quoique certains arbres, tels que le €ucaoyer , en aient de cette dernière efpèce. Les fruits des arbres croiffent fréquemment fur les troncs & Les groffes branches ; leur volume eff fouvent confidérabie ; la peau ou l'écorce qui les couvre eft épaifle, & tellement exaltée par l’action du foleil, que fon _goûten eft rebutant. Les fruits des Culebaffter, Carambolier, Cacaoyer, Papayer ; Jacquier , Tamboul , Cocotier , &c. naiflent fur le tronc ou fur les principales branches, & font d’un volume énorme. Les fruits du Mammé, del Avocat, des Grenadilles, du Goiavier, du Cachimantier , du Courbaril, &c. ont des peaux ou écorces épaifles de deux & trois lignes. L'écorce des fruits du Cacasyer, du Cachimantier, de V Ananas , de l’Acajou, &c. eft amère, quoique le pulpe foit d’un goût agréable. Les plantes aqueufes, nommées vulgairement Charnues , font origi- naires des pays ficués entre les tropiques , & leur nombre diminue à mefure qu'on s’en éloigne. Or, comme un phyficien n'admet rien comme effet du hafard, il doit reconnoître une influence quelconque du climat de ces pays, qu'il feroic intéreffant de découvrir. L'analogie nous conduit même à voir que beaucoup de plantes à feuilles épaifles ont des analogues à feuilles mifiees dans les zones tempérées. Les Euphorbes, les Geranes , les Cacalies , les Craffules , nous en offrent la preuve. Les plantes des pays chauds font généralement plus cotonneufes & plus garnies d’épines que celles des pays froids. Nous examinerons cette influence dans un article féparé. Enfis, les Palmiers , cette famille de plantes ligneufes font un produit, des pays fitués Entre Les tropiques , dont quelques efpèces feulement fe font étendues au-delà, & ces mêmes efpèces font celles qui fe rapprochent le plus de la nature des herbes. On ne peut point confidérer les palmiers comme des arbres, puifau’ils ne font pas formés de couches ligneufes annuelles confervées & formées par l'écorce, mais comme des plantes dont ils ont le mode de développement; ils diffèrent feulement de la tige du chou par la dureté de leur écoice ; car leur organifation, intérieure elt abfolument la même. Et comme les paliniers fe rapprochent de la nature Tosre XLIIT, Part. II, FRIMAIRE , Décembre, v.flyle. Eez 2 402 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, des herbes dans les efpèces qui s’éloignent Le plus des pays chauds, il faut en conclure que la production des palimiers dépend du climat qu’ils habitent, & que leurs caractères safloibliffenr à mefure qu'ils sen éloignent. Il ferait intéreffant de connoître quelles circonftances déter= minent leur exiftence dans ce pays-la, Forme des Plantes fous les zones glaciales. Dans les parties voifines des zones tempérées , les arbres font encore aflez nombreux ; mais à mefure qu'on s'en éloigne pour s'approcher des poles, ils deviennent plus rares, diminuent de taille, & ne font plus que des arbriffeaux, avant de ceffer tout-à-fait. Ces arbres ont une forme particulière; ils font prefque teus de la famille des conifères ; leur fruit eft petit, fans pulpe, & enveloppé d'une ou deux couvertures d’une confiftance ligneufe. Voilà donc un extrême oppofé à celui des tropiques. Là des fruits énormes portés fur la tige; ici des fruits infiniment petits, où le germe elt à peine enveloppé de pulpe, & qui terminent les dernières ramifications des branches, Quelques arbrifleaux & un pin font les feuls végétaux ligneux dont les fruits foient mangeables, 8& ces mêmes efpèces ayant peu de hauteur , font couvertes de neige pendant la faifon froide. Cette circonftance influe beaucoup fur la conformation des plantes. Un coup-d’œil fur les efpaces intermédiaires entre ces deux extrêmes, éclaircira encore ce que je viens d'avancer. À mefure qu'on s'éloigne des tropiques, dans les zones tempérées, on quitte les fruits pulpeux à écorce épaifle, pour en voir dont l'écorce n’eft qu'une pellicule: à l'Orange , fuccède la Péche, l'Abricot , la Prune, dont le volume eft moins confidérable. Ces derniers fruits ceflent de croître dans le nord de l'Europe , & les fruits en baies font les feuls qu'on voye dans la partie des zones tempérées qui approche des cercles polaires. Les herbes font petites dans Le Nord; elles font prefque toutes vivaces, & fe multiplient par les racines, plutôt que par les graines, que des froids bâtifs empêchent de müûrir, Elles forment par conféquent , la: plupart , des touffes épaifles & un gazon très-ferré. Il paroît même que ces plantes ne ceffent pas de végéter fous cette énorme couverture de neige qui les prélerve du froid : c'eft ce que nous verrons plus bas. Trfluence du Climar fur la nature du foù Le fol des régions polaires n'éft pas le mème que celui des pays fitués fous les tropiques. Dans les pays chauds , la chaleur & l'humidité concourent pendant toute l’année à décompofer les êtres organifés qui périflent ; les plantes fe putréfient ; leurs parties , entraînées par l’eau si pénètrent la terre, s'y mêlent, & forment le terreau ou la terre végétale. Dans les marais il {e forme du limon. Les régions polaires n'ont qu’un été très-court. Le peu de chaleur SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 403 qu'on y éprouve eft accompagné de fécherefles; aufli les plantes qui périflent ne fe putréfienr pas, elles sechent , & la couche de neïge qui les couvre ne fourniffant pas fans doute ; une humidité fufifänte ou pour quelqu’autre raifon qui m'eft inconnue , les change en tourbe ou terreau de bruyères, qui forme la feule terre végétale du Nord. En effet , on ne voit point de tourbières dans les pays chauds; elles commencent dans les pays tempérés, & leur nombre augmente à mefure qu'on s’avance vers les poles. Le terreau de bruyère eft de la même nature, parce qu'il fe forme au-deflus d’une couche de fable qui ablorbe l'humidité, & produit, par une caufe différente , un effet femblable. Le terreau des Alpes eft de la même nature que celui du Nord , par la même raifon. La même décompofition des parties inférieures des plantes qui s’obferve fous des poles , a lieu fur les Alpes; & les végétaux s'y confervent par une progreflion du même individu, tandis que fa partie inférieure eft à différens degrés de décompofition. Et même les plantes du Nord ayant des racines longues, la partie inférieure périt à mefure, & fe change . graduellement en tourbe , tandis que le haut du végétal fe ramifie, & conferve l'efpèce par une progreflion femblable. me É ; 47 : à Des Pouls & des Epines, confidérés relativement au Climar. Les poils & les épines, de l’aveu de tous les naturaliftes, font des parties accefloires des végétaux. Ce font des efpèces de fecondes végé- tations qui-fe développent furéles principales ; mais on ne s'accorde pas far la manière dont ces produétions fecondaires" y tienhenr. Les uns prétendent que les poils ont'un germe inhérent à la nature de la plante, & qui fe développe de la même manière que les fleurs , les boutons à feuilles & Les autres parties des végétaux. D'autres difenr que les poils ne font que des agrégations fecondaires qui fe forment dans le vécéral, & que leur naiflance dépend en entier de la fituation où l'individu fe trouve, Ainf la préfence ou l’abfence des poils ne peut nullement influer fur la diftinétion des efpèces , parce que leur abondance & même leur abfence totale ne naiflent que de circonftances particulières, Quelques confé- quences, tirées des obfervations les plus’ conftatées, développeront la queftion. | Les plantes des pays chauds ont, généralement parlant , des poils plus nombreux & plus cotonneux que celles des pays tempérés & froids. Deux variétés de la même plante ; dont l’une eft d'un pays ou d’un fite plus chaud, diffèrent par l'abondance des poils qui couvrent la feconde. Deux variétés, l’une d’une terre sèche , & l’autre d’une terre humide, diffèrent par l’abomdance des poils qui couvrent la première. \ P SR L : Les plantes qui criflent dans un lieu fec très-expofé au foleil, quoique lus petires que celles d’ün lieu humide ou ombragé, font couvertes de pese si ge; poifs ; tandis que le: dernières en ont peu ou point. à L 44 OBSERVATIONS SUR LA PAYSIQUE, Les plantes de marais fonc prefque toures glabres, | Une plante d’un terrein fec, tranfplantée dans un jardin, y perd fes poils en peu de rems. La même chofe s'obferve d'une manière encore plus conftante lorfqu’on sème la graine, Beaucoup de plantes perdent leurs épines par la culture. De tous'ces principes, on peut conclure quele nombre des poils qui couvrent ung plante dépend entièrement des circonftances où elle fe trouve, & qu'ils font abfolument des produits accidentels de la végétation. Aiof, la nature du climat: influe fur leur formation ; refte à.examiner comment elle peur agir. Unêtre organifé a une exiftence bornée. Le terme de fa vie eft celui cà fa charpente primitive, développée par les molécules qui fe logent dans les cavirés ou mailles de fon réfeau , ne peut plus en recevoir; alors fa caducité commence, & fes pas vers fon anéantiflement font plus rapides que fa croiflance. La vie des végétaux eft animée par la lumière ; c’eft celle, qui, par un méchanifme encore inconnu , détermine le mouve- ment de.la sève. Donc une plante qui végète fans lumière, & une plante qui véuère expofée à la: lumière la plus vive, doivent recevoir des imprefhons bien différences. Nous ne pouvons pas comparer d'une manière ab{olue les plantes des tropiques , parce que les vapeurs répandues dans l'air rerardent le mouvement du rayon, mais bien celles des hautes fommités, où l’air étant d'une fécherefie excefive, elles reçoivent toute Pintenfité de la lumière, effet bien différent de: la chaleur de l’atmof- phère ; car plus l'air eft fec & pur, & moinsil s'échauffe (x). F Les plantes étiolées font longues, foibles, d’une confifance aquieufe, jaunes ou d’un vert pâle ; leurs rameaux font peu nombreux ; les fleurs , lorfqu'il en paroît, font foibles , & avoitent prefque toutes ; fouvent elles périffent en bouton. Le tiflu intérieur de ces plantes eft lâche, comme fi la fécrétion , n’ayant pu fe faire fous l'eau , y fût reftée, & eût relâché Le tiffu primitif. Leur furface eft toujours rafe & fans aucuns poils, quoiqu’elles en portent dans leur état ordinaire. Les plantes des hautes fommités font bafles, ramiñées dès la racine, d’une nature sèche & dure ; leurs fleurs , & en général tout l'appareil de la génération d’un volume énorme , fouvent égal au refte de l'individu ; leurs graines font groffes & bien mûres, Leur furface eft couverte de poils (x) La tendance à la ghaleur où fucilire d'échauffement de l’air pur eft à celle ïde l’eau, comme 1 à 87, celle de l’air atmofphérique eft à celle de l’eau, comme Ve à «8, parce que l'air atmofphérique contient de l'eau, & que l’eau , séchauffant plus faciiement que l’air, l'air faturé d’eau ou de vapeurs, doit s’échaufier plus promptement que Vair pur. #,du Feu, par L, Reynier, Liv. IL, chap. »5, St ie SO RS LÉ ’ SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 4os plus nombreux fur les fommités que fur le refte de la plante, & plus abondans , à mefure que la plante eft d’un lieu plus éléve. : Une plante des Alpes , tranfportée dans la plaire, ou entraînée dans la vallée parles torrens , fe trouve dans une atmofphère moins pure , où l'aétion des rayons folaires eft ralentie parles vapeurs. Cette plante y acquiert un volume plus confdérable ; fes ramifications y font moins nombreufes , mais en même-tems elle ‘y perd une grande partie de fes poils; fouvent elle y devient prefque glabre. Donc c’eft à la plus ou moins grande activité de la lumière que les plantes doivent les poils qui les couvrent, & cela au moyen d'une accélération du principe de vie inhérent à la végétation, ù De toutes ces données, on peut conclure que l’activité du rayon folaire a une influence réelle fur Les végétaux; que cette activité eit modifiée par plufieurs caufes, telles que l’abondance des vapeurs, Or, comme l'air d'une montagne élevée et plus fec que celui d’une montagne baffle, & celui-ci que l'air de la plaine, l'abondance ou la rareté dés poils, dans ces fites-là, ne peut offrir de caractère de diftinétion. IL en eft de même, dans la plaine, entre une terre aride & le voifinage de l'eau, l'afmofphère fe rempliffant davantage d’émanations dans ce dernier fire On ne pourra tirér aucune induction de la différence des poils dans ces * deux pofinions. Un lieu couvert, enfin, comme un bois, une pente tournée au nord, &c. recevant moins de lumière qu'une terre nue , ON pourra tirer des conclufions certaines de ce que des plantes, crues dans Pune de ces poftions, auront plus où moins de poils que dans l'autre, En fuivant ainfi la comparaifon des fites variés qui exiftenr, on obtiendra une multitude dé rélulrats heureux, & que d’autres obfervations rendront plus certains encore, Il refte à expliquer comment la lumière peut dérerminer la formation des-poils. Œoute explication , au point d'imperfe“tion où fe trouve la phyfologie véoétale , fera néceflairement hypothétique. Celle que je vais propofer répondra peut-être aux objections. Le germe contenu dans la graine contient une ébauche de l'individu, toutes fes parties y font contentes , mais en raccourci; de forte que fa croiflance future n’eft qu’un développement gradué de toutes fes parties, & non une véritable formation, Cette première exiftence peut Être confi- dérée comme une charpente; elle fe développe & s’'érend pendant Ja jeunefle de l'individu ; fes mailles fe remmpliffent pendant fa vie, au moyen de la nutrition ; & lorfque tous Les vuides font remplis, l'individu tombe dans la caduciré, & tend vers fa diffolution. . Or, comme le mouvemenr viral des végétaux reçoit différens degrés de force de celle des rayons folaires, & que leur action n’eft pas la même dans tous les climats, il fuit que l’endurciflement de la charpente a lieu plus promptement dans une pofition que dans une autre, & l'individu y Le 406 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, reçoit différens degrés d’extenfion; mais comme l'abondance des molé: cules, portées par le travail de la vie dans toutes les parties du végétal, ne permet pas qu'elles fe logent toutes, Le fuperfu fe réunit, & forme des -poils , d'autant plus nombreux, que le développement de l'individu aura été plus accéléré, En effet, ces produétions accefloires font généralement plus nombreufes fur les parties fupérieures de la plante où fe trouvent les organes de la génération , que fur Les autres extrémités, & les plantes des Aipes, où la vie eft infiniment accélérée par la vivacité de la lumière, font plus couvertes de poils près des leurs que füur les feuilles. On obferve aufi que les variétés velues font plus petites que les variérés glabres , & que leur villofté eft en raifon inverfe de leur grandeur. J’en éxcepte les variétés qui croiflent dans les tourbières dont il fera queftion plus bas. Les épines nous offrent des faits femblables que les poils, mais moins nombreux, parce que le volume de ce genre de production étant plus confidérable , il rend leur exiftence plus inhérente à la conformation des plantes , quoiqu’elle ne lui {oit pas eflentielle. L'obfervation fuivante de M. Pallas, me paroît digne d’être confervée. « La chaîne de montagnes » qui confine au Ghilan ne préfente que des forêts où, vu la nature graile » & argilleufe du fol , les arbres jouiffent d’une telle abondance de fucs » nourriciers, qu'ils font pour la plupart pourvus d’épines très-incom- » modes, C’eft une fingularité qui mérire d’être obfervée, que, dans » l'Orient, la nrajeure partie des plantes velues & la plupart des arbuftes - » font épineur. Les néfliers, le calaffa, le grenadier , y font très- » incommodes par leurs épines. Il y a même d’autres efpèces d’arbres > qui n’ont point d’épines ordinairement, & qui en font garnis dans » cette contrée, comme , par exemple, le cormier fanguin. On voit > ramper fur la terre des trèfles très-cotonneux , quantité de lychnides, » ainfi que beaucoup de plantes du genre des renoncules , qui y font » vêtues d’une efpèce de pelifle ». Hifoire des Decouvertes des favans Voyageurs, tome 2, page 380. J'ajouterai à cette autorité l’obfervation que j'ai faite du rofier des Alpes, qui fe couvre d'épines lorfqu'il croît dans un lieu découvert & un peu élevé, & qui n'en a point dans les bois où on le trouve communément, | Enfin . M. Défay, de l’Académie d'Orléans , a fait perdre à un rofier fes épines ,en le cultivant dans un fable pur, & par conféquent en diminuant la quantité de fes fucs nourriciers. Des Plantes des Montagnes, Le paragraphe précédent contient déjà quelques obfervations fur les Jantes des montagnes ; mais il eft eflentiel de les réunir. Eemot de montagne eftinfiniment vague, & ne fuffir pas pour établir, d'une manière précife, l'effet de cette pofition fur les plantes. Les bafles montagnes SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 407 montagnes & la partie inférieure des montagnes élevées n’ont aucun rapport avec les hautes fommités: il faut en traiter féparément, Les bafles montagnes font ordinairement couvertes de bois où de pâturages, dont l'herbe , haute & fans confiftance , inftruiroit le natura- life que lanalogie n’auroit pas déjà éclairé. Leurs pentes diminuent beaucoup l'action de la lumière ; l'ombre y refte plus long-tems que dans la plaine, & les nuages, qui s'y accumulent prefque tous les jours, outre qu'ils interceptent les rayons , dépofent une rofée abondante, qui, lorfqw’elle s'évapore, trouble encore la tranfparence de l'air. Auñi les plantes y ont-elles une conformation femblable à celles de la piaine, des feuilles énormes , des tiges élancées & peu rameufes ; elles forment un intermédiaire entre l’ériolement & les plantes des hautes fommités. Ces plantes diminuent fouvent de volume , lorfqu’on les cultive dans la plaine, & la raifon en eft fimple. Les hautes fommités font prefque toujours au-deflus de la région des nuages, un air pur , dégagé de vapeurs, y laifle aux rayons folaires toute leur aivité. On peut voir, dans Les ouvrages des Ulloa , Sauflure , &c. des détails fur les phénomènes que caufe cette rareté de l’atmofphère. Les plantes qui font expofées à l’influence d’une lumière auñi aétive, ons baîles, rameufes , couvertes de poils, & la grandeur de leurs fleurs furpañle fréquemment celle du refte de la plante. Leur culture exige les plus grands foins, & le premier chañgement qu’elles éprouvent, c’eft une augmentation de volume & la perte de leurs poils, ou d’une partie feulement , parce que l'activité de la lumière étant moindre dans un milieu plus denfe , le développement de l'individu eft moins accéléré, Souvent des plantes qui n’avoient pas deux pouces de haut, m'ont donné des graines bien aoûtées, qui ont produit, dans mon jardin, des individus dont les feuilles avoient un pied. Un autre phénomène que préfentent ces plantes, c’eft leur délica- tefle pour le froid. Au premier coup-d’œil, il paroît furprenant que - les produétions d’un climat où les neiges réftenc neuf mois de l’année, redoutent les gelées, même celles d'automne; mais les neiges forment une enveloppe épaifle qui couvre les plantes, & empêche le froid de pénétrer jufqu’à elles. Des obfervations que j'ai faites, pendant l’hiver, fur les Alpes m'autorifent à croire que la végétation , quoique ralentie, fe continue fous la neige. Or, comme prefque toutes les pluies, même au cœur de l'été, tombent en neige, elle prend pied avant les aelées de l’automne, & la fonte, au printems, n’eft achevée qu’à une époque où les retours du froid ne font plus à craindre. Ainfi, il ef: de fait que les plantes des haures fommités ne font jamais expofées au froid, & qu'on a raifon de les cultiver dans l’orangerie. J'ai dit-plus haut que la végétation n’eft pas abfolument interrompue endant l'hiver. En effer, il pénètre toujours quelques rayons au tra« x, Tome XLIII, Pare. II, FRIMAIRE, Décembre, v, flyle, FÉE 48 OBSERFATIONS SUR LA PHYSIQUE, vers de la neige, & le terreau noir des Alpes les abforbe; la neige au printems, fond toujours à la partie en contact avec la terre, &c j'ai vu fouvent des plateaux entiers de neige, qui offroient une étendue uniforme, & qui étoient excavés au-deflous ; la terre y étroit émaillée de fleurs. On voit fouvent des plantes en graines au moment où la neige difparoît tout à-fait d’un endroit. Plus la montagne eft élevée, & plus la neige y refte long-tems, plus aufli les plantes qui en font originaires exigent de foins, lorf- qu'on les cultive. Sur les bafles montagnes, la neige couvre les plantes plus tard et les quitte plutôt, aufli peut-on cultiver leurs productions en pleine terre. Le terreau des Alpes eft encore une circonftance particulière de cette efpèce de pofition ; il eft noir, & compofé prefque uniquement de végétaux décompofés un peu plus que la tourbe, mais de la même manière ; la durée des neiges explique la formation de ce terreau; ainfi, je puis renvoyer à ce que j'en ai dit dans le paragraphe intitulé : Influence du climat fur la nature du fol. On imite ce terreau dans les jardins, ou plutôt on y fupplée par un mélange de terreau de bruyère & de terre végétale; les plantes des Alpes y réufliffent très-bien , même de graines. Il fuic de ces bafes fur la conformation des plantes Alpines, que des plantes qui diffèrent feulement de celles de la plaine par ces caractères, ne doivent être confidérées que comme des variétés; aufli le nombre des efpèces nominales décrites par les Boraniftes doit-il être beaucoup reftreint, & beaucoup de plantes Alpines, décrires comme efpèces, doivent être fubordonnées comme variétés à des efpèces com- munes. Des plantes de tourbiéres. Les plantes de tourbières ont aufli une manière d’être qui leur eft propre: les entrepreneurs de tourbières, en Hollande, connoiffent, à l'afpe@ des plantes, la nature des tourbières qui font au-deflous, fouvent même à quelques pieds de profondeur, & ne s’y trompent jamais. Les plantes des tourbières font fluettes; leurs tiges font foi bles & prefque point rameufes; leurs feuilles font minces, alongées, & la plupart du tems glabres; leurs eurs font petites, peu nombreufes, & ont un air d’appauvriflement; mais ce qui caractérife fur-tout les plantes des rourbières, c’eft une teinte bleuâtre que l'on apperçoit fur chaque individu, & plus facilement encore lorfqu'on regarde la tourbière d'une certaine diftance. Les arbres qui croiflent dans les rourbières font petits, rabougris & fouvent tortueux; j'ai fouvent reconnu des tourbières dans les bois SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 409 à l’abaiflemenr fubit des arbres; &, à l'infpection du terrein, j'ai trouvé la conformation de ce figne extérieur. La diminution de grandeur qu’on obferve dans les plantes des tour- bières n'eft pas la même que fur les montagnes; les circonftances qui l'accompagnent font très- différentes, & indiquent que leur caufe n'eft pas la même. Dans les tourbières, c’eft une efpèce d’étiolement ou d'appauvriflement de tout l'individu, indiqué par fon air frêle, & par la petitefle & la foiblefle des fleurs fur les fommités; au contraire, fur les montagnes, fa petitefle des plantes eft accompagnée d'une plus grande ramofté des riges, fortes pour leur peu de hauteur, enfin, d'un appareil très-confidérable de fleurs & d'organes fexuels. Il m'a toujours paru difficile de concevoir pourquoi les plantes des tourbières, qui croiflent dans une terre uniquement compofée de détritus de végétaux, portent tons les caractères des plantes appau- vries. L'efpèce de décompofition que fubiffent les végétaux pour fe changer en tourbe, les prive-t-elle des principes nutritifs qui exiftent dans les fumiers? Mais alors pourquoi la tourbe feroit-elle un bon engrais répandu fur les terres? feroit-ce que l'abondance des vapeurs & la fraîcheur qui s’y concentre, nuit à l’effet vivifiant de la lumière? Mais je n'ai pas remarqué de différence entre les tourbières de la plaine & celles des Alpes, relativement à leur influence fur les plantes. Il paroït donc que les caufes de l'influence des tourbières fur les végé- taux font encore inconnues, & cependant elles éclairciroient plus d’une obfeurité dans l’hiftoire des plantes. D'après ce que j'ai dit ci-deflus, on peut conclure qu'il ne fuffit pas d'une organifation plus délicate, d'un volume plus petit, & de l'abfence des poils, pour féparer comme efpèce une variété d’une plante commune crue dans [es teurbières. J'en ai donné quelques exemples dans mon Hiftoire des PISSENLITS, Mémoires pour Servir à l'HIfl. Phyf. & Nat. de la Suiffe, tom. I. Des plantes aquatiques. k On ne doit comprendre fous ce nom que les plantes qui fe déve- loppent fous l'eau, ou dont la fleur & quelques feuilles montent à la furface; Les plantes dont le pied feulement eft dans l'eau, & qui croiffent pareillement à l'air, lorfque l’autre élément s'évapore, doivent être défignées par le nom d'amphibies. Les plantes aquatiques font organifées d’une manière très-lâche ; leursvailleaux ont un tiflu cellulaire, & laiflent entr'eux de grands efpaces vides, pleins d’un fluide aqueux; on diroit qu’elles ne tendent qu'à s'étendre pour parvenir à la furface, & y abforber de l'air. Ces plantes n'ont ni poils ni épines; leurs feuilles fubmergées font capillaires, Tome XLIIL, Part. 11, FRIM AIRE, Décembre. v. flyle. FEE 2 go OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, divifées en lanières, comme fi on découpoit une feuille ordinaire, pour ne lui laifler que fes nervures; leurs feuilles émergées, au con- traire, font entières. Les fleurs qu’elles portent font ou terminales, lorfqu'elles viennent nager fur l’eau, ou-axillaires & prefque invifbles, lorfqu'elles reftenc dans cer élément, Culture des plantes aquatiques à l'air. Divers individus de plantes aquatiques que j’avois vus dans des terres accumulées fur le bord des foflés, & qui y avoient éprouvé des change- mens, m'ont fuggéré l'idée de faire des expériences fur cet objer. J'ai recueilli la graine de la renoncule aquatique ( Ranunculus aquatilis L.), que j'ai décrite fous Ja défignation de deuxième variété, dans mon Mémoire fur cette plante, ( Mém. pour fervir à l'Hift. Phyf. & Nat. de la Suiffe, T. I, p. 154) & en même-temps celle de quelques individus qui avoient déjà crû à l'air. J'ai femé féparément ces Lx graines dans une terre fablonneufe médiocrement sèche, Ces graines ont levé, & jen ai obtenu des individus hauts d’un à trois pouces, dont la tige étoit droite, mais un peu arquée vers fa bafe. Îls avoient quelques feuilles très-courtes, dont les lanières étoient divergentes, quoique la plante dont ils tiroient leur origine eût des feuilles à lanières parallèles, & des feuilles fupérieures réniformes, qui manquoient également à ces individus. Les fleurs étoient aufli grandes & aufi vigoureufes que celles des individus longs de quelques pieds, qui croiffent dans l’eau & m'ont donné des femences fécondes. Je fuis perfuadé qu'en continuant l'expérience pendant plufieurs années, on auroit donné à cette plante toutes les habitudes d'une plante qui végète à l'air. L'eau eft un fluide plus denfe que l'air; il oppofe donc une plus grande réfiftance à la lumière, & les plantes qui fe développent dans fon fein fe trouvent, fous plufieurs rapports, dans la même pofition que les plantes ériolées. Faire végéter ces plantes à l'air dans la plaine, c’eft les expofer à une a@ion de la lumière infiniment plus vive; & je trouve le même rapport entre les individus des plantes aquati- ques crûs dans l'eau & ceux crûs à l'air, qu'entre Îles plantes qui croiffent dans la plaine & celles des &autes fommités; en effet, ces individus, crûs à l'air, avoient, comme ces dernières, des tiges bafles, une confiftance plus forte, des fleurs plus grandes, proportionnellement à la tige, & mieux conformées. Ce nouveau fait confirme, d'une manière invincible, les différens effets de la lumière dans les différens climats. Depuis les expériences dont je viens de gendre compte, & dans un dernier voyage en Hollande, j'ai trouvé quelques individus de renoncule aquatique, dans les fables mouvans des Dunes , qui étoient SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 4x1 encore plus petits que ceux obtenus par la culture. J'ignore comment la graine y avoit été portée; mais ils confirment cette théorie, pui qu'ils croiffent dans un fite, où les caufes qui produifent la diminu- tion des tiges, & Les caractères qui l’accompagnent, étoient vivement prononcés, Effets du climat fur les couleurs £ les odeurs. Les couleurs font un effet immédiat de la lumière; une plante qui végère à l’ombre eft décolorée ; à la lumière, elle prend les teintes qui lui font propres. Bonnet à donné ces deux états aux différentes patties d'un même individu, & particulièrement à un cep de vigne, en le faifant pafler au travers de plufeurs tubes de fer blanc, diftans les uns des autres; les efpaces intermédiaires éroient verds, tandis que ceux qui étoient couverts avoient tous les caraétères de l’ériolement. Les expériences de Bonnet prouvent encore que ce n’eft point la chaleur produite par la lumière, mais l'action mécanique du rayon, qui colore les végétaux; car des plantes tenues à l'ombre, à diffé- rens degrés de chaleur, y font toutes reftées fans coloration. Les principes que j'ai développés fur le feu (Du feu & de quelques-uns de fes principaux effets), expliquent cette différence d'action, d'une manière bien fimple. Puifque Îles couleurs des végétaux font un effec aufä immédiat de la lumière, il fuit que fa plus ou moins grande intenfité doit produire des effets différens, & par conféquent que les couleurs des plantes expofées à une lumière très-vive ; doivent être mieux prononcées que Celles des plantes expofées à une lumière plus foible. En effet, les plantes des Alpes ont un verd plus fombre; les parties qui avoifinent celles de la génération, font fouvent colorées, principalement les calices , les bractées , les écailles des gramens ; beaucoup de variétés alpines font diftinguées par ce caractère. On peut citer le P/antain noirâtre, qui eft une variété du Plantain lancéolé = le Chryfanthemum atratum qui eft une variété du Chryfanthemum leucanthemum, &c. Les coroles offrent plus rarement des exemples de coloration ; à mefure qu’on s'élève fur les Alpes, le nombre des plantes à leurs blanches augmente ; celles à fleurs rouges ou bleues y deviennent rares dans la même proportion, Un femblable effer de la rarité dé l'air fur les fommités feroit intéreflant à expliquer, & répandroit quelques lumières fur certe partie. fi obfcure de la phyfo- logie des végétaux qui’ concernent leurs couleurs. En même temps que les plantes à leurs colorées, deviennent moins nombreufes fur les fommités, les couleurs de celles qui en’ont, de- viennent plus vives:.& d’autres efpèces à fleurs blanches dans la plaine, y prennent une teinte plus ou moins foncée. Ce font particulière- ment les ombellifères qui préfentent ce phénomène; plufeurs d’en- aa OZSSERMATIONS SUR LA PHYSIQUE, elles fe teigaent en rofe fur les fommités, & prennent une nuance plus foncée, à mefure que le lieu eft plus élevé, Les Cerfeuils, quelques Lafers , la Murelline, offrent le plus fréquemment ce phénomène ; dans une autre famille, les Anémones & les Renoncules ont fouvent une nuance de rofe fur les hautes-Alpes. Comment le même fite peut-il aviver les couleurs de certains végétaux , tandis qu'il détermine l'exiftence de ceux à fleurs blanches? c’eft ce dont on n'eft pas encore inftruit & cependant ces recherches mériteroient la plus férieufe attention des naturaliftes. Cette queftion de la coloration des ombellifères m'a paru un des phénomènes les plus curieux de la phyfologie végétale. Les couleurs des végétaux font encore foumifes à d’autres variations , dont je traiterai plus particulièrement dans une des prochaines livraifons: ce font les changemens de couleur des corolles. En général, plus une plante eft modifiée par la‘culture, & plus fes corolles portent de couleurs variées. Quelques plantes fauvages varient aufli, & ces individus d’une autre couleur croiffent fouvent au milieu d’autres de la couleur ordinaire. Ces changemens font-ils des déforganifations individuelles , ou plus inhérens à l’efpèce? C'eft ce qu'il faut examiner avec quelques détails. Le verd des plantes tient davantage au climat que la couleur de leurs corolles. On obferve , en général , que le verd des plantes alpines eft énéralement foncé ; celui des plantes de rourbières pâle, & tirant fur le bleu (1); celui des plantes des bois, d'un verd pâle, tirant fur le jaunâtre, &c. On ne doit pas confondre ces nuances avec l'effet des poils qui blanchit ou altère la coloration des plantes. Une obfervation enfin fur les verds, c’eft la couleur glauque , qui eft la plus ordinaire aux plantes des bords de la mer, & à celles des pays fablonneux fitués entre les tropiques, & particulièrement aux plantes grafles. Quelle peut être l'influence de ce genre de poñrions fur les plantes qui y croiflent ? Voilà encore un objet de recherches; car on ne doit point reconnoître d'effets fans caufes. Les odeurs & les faveurs dépendent du climat; j'ai cité, à l'article CRANsON de l'Encyclopédie méthodique, une expérience qui le prouve, Le cranfon officinal , qui , au Groënland , n’a point de faveur , tranfporté en Angleterre, a pris, dans l'efpace de quelques mois, le même goût que celui qui y croît naturellement; donc c’eft au degré de chaleur du pays que l’exalrarion du goût & des odeurs doit fon principe. J’ajouterai à ce fait que le Melilot bleu, qui a une odeur fi pénétrante dans les pays un peu chauds , odeur qu'on reconnoît dans le Schapziguer de Glarïis, cultivé en Hollande, n’en a aucune; j'ai vérifié ce fait pendant plufieurs années, A Paris, je trouve déjà certe odeur moins forte que fur les (1) Cette nuance bleuâtre feroit-elle due à la préfence du fer toujours abondant dans les tourbières ? +0 SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 413 individus crûs en Suifle, & par conféquent plus foible encoreque fur ceux récoltés en Jalie ; dont on fe fert pour la fabrication du Schapziguer. Les épiecries, les drogues les plus odorantes, & les aromates les plus exaltés font des pays les plus chauds : dans le même genre les efpèces les plus odorantes fonc des pays méridjonaux, & enfn les plantes des pays froids n'ont point d’odeur. Celles même qui y font porté:s d’un climat moins févère perdent en très-peu de tems celle qui leur eft propre. IL fufic d'indiquer ici que le climat influe d’une manière crès-immédiate fur Les odeurs & les faveurs ; que les plantes perdent ces principes, en proportion qu'elles croiflent dans des pays plus froids; qu'au contraire ces principes augmentent», à mefure que les plantes croiffent dans un - climar plus chaud ; que les plantes, dans un même pays, font d'autant plus odorantes , qu’elles croiffent dans un fite plus chaud, comme fur les rochers, les terres nues & arides , & qu’elles le font moins dans les Jieux humides & couverts ; enfin, que les plantes des Alpes ont rarement de l'odeur, quoique l'aétion de la lumière y foit très-vive. C'eft donc moins la vivacité de la lumière que fa conftance & lichaleur dont elle ef le principe , qui développent les faveurs & les odeurs dans le règne végétal ; au contraire, d’autres circonftances de l’économie végérale, qui doivent leur exiftence à la vivacité de la lumière plutôt qu'à fa‘chaleur, comme les poils, &c. Influence du changement des Climats fur les Végétaux. Puifque les végétaux dépendent d'une manière aufi immédiate du climat qu’ils habitent , la même efpèce reçoit différentes modifications des poftions variées où elle fe trouve; c’eft ce que les paragraphes qui précèdent ont prouvé. Il refte encore à pofer quelques principes fur les changemens qui doivent arriver aux plantes par un changement de climat, & ce changement doit 0 de deux manières. 1°. Par un changement du climat où elles fe trouvent. 2°. Par le tranfport d’un climat dans un autre , & ce qui en découle néceflairement par la culture. Changemens du Climat d'un pays, & leur influence fur les Végétaux, Les fciences naturelles étoient fi peu connues dans les fiècles qui nous ent précédés, on nous a tranfmis des généralités fi peu appuyées de faits, qu'il eft bien difficile de comparer , avec quelque certitude, l'état préfent & l'état pañlé des différens pays , même des plus connus. Malyré tour ce qui nous manque pour pofer des bafes certaines, il eft cependant quelques notions sûres fur lefquelles nous pouvons noûs appuyer, & quelques faits phyfiques que rien ne peut démentir. Des faits inconteftables prouvent qu'un pays a été plus chaud qu’il ne left actuellement, D’autres faits, également certains, prouvent le con- ar4 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, traire pour un pays différent ; ainfi, nous devons confidérer fous plufeur faces la queition, fi la température des différentes régions s’eft adoucie où refroidie; car on he peut douter qu'elle n'ait fubi des changemens. Les anciennes chroniques des pays du Nord parlent de forêts qui les couvroient ; à préfent, on y voit à peine un arbrifleau. Des troncs d'arbres, enfevelis dans’les vaftes tourbières de ces mêmes pays, atteftent la vérité des traditions. æ On voit dans les Sagas (Chroniques de l'Iflande & du Nord ), qu'il y avoit autrefois des forêts en Iflande; c’eft ce qu’atteftent les troncs d'arbres, & les racines que l’on tire de terre, dans les maré- cages, oùil ne fe trouve pas aujourd'hui le plus petir arbrifleau, & le Surur- brand en eft encore une autre preuve. Il eft conftant que ce futurbrand ft un bois qui s’eft durci fans être parvenu au degré de pétrification ». Lettres fur l'Iflande , par M, de Troil, page 24. Ces mêmes chroniques parlent de l'Agriculture de lIflande & du Groënland, & de la quantité de bled qu'on y récoltoit : or, non- feulement ces pays-là n’en produifent plus; mais des expériences qu'on a faites en dernier lieu, n’ont eu aucun fuccès. 14. pag. 30. Voilà des faits inconteftables, qui prouvent que le climat des pays du Nord étoit moins âpre qu'il ne l’eft actuellement. Dans un Mémoire imprimé depuis peu, j'ai démontré par des faits non moins concluans, que ce refroidiflément eft uniforme, & fe fait fentir non-feulement dans ces régions glaciales, mais auffi fur le refte de la terre , par l’abaiflement de la région boifée. J'ai cité quelques faits fur cet objet que j'ai obfervés fur les Alpes ; mais nous manquons de données pour calculer la marche d: ce refroidiffement , fans doute très-lenc, mais que je crois uniforme. Un des faits Les plus faiflans , c’eft un tronc d'arbre trouvé par un chafleur de chamois, cinquante toifes au-deflus des limites aétuelles de la région boifée , & dans un lieu où aucune force humaine n’auroit pu le tranfpor: ter. Il eft eflentiel , avant de prononcer , de lire ce que j'ai écrit fur cet objet. j Mais en même-tems que voilà des faits qui prouvent, qu’à une époque lus reculée , les latitudes feprentrionales jouifloienc d'un climat plus chaud qu'à préfent, d'autres faits non moins certains ; prouvent que d’autres pays ont été plus froids qu'ils le font. C’eft que la caufe générale étoit balancée par des caufes particulières. : Rollin (Tom. 3, pag. 525 de fon Hiftoire Romaine) rapporte que les neiges reftèrent une année à Rome pendant quarante jours de fuite, Juveral (Satyre 7) tourne en ridicule les bonnes femmes de fon tems, qui faifoient rompre la glace du Tibre, pour faire des ablutions auxquelles elles attribuoient de grandes vertus. ; { Ces deux paffages prouvent que Le climat de Rome étoit à-peu-près le mème que le climat aétuel de Paris ; car à peine apperçoit-on, actuelles ment , SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS, 41s ment, Le matin à Rome des glaçons aux fontaines tournées du côté du nord , & la neige n’y prend pas pied, Ovide parlé du climat de la mer Noire, comme on parleroit à préfent de celui de la mer Blanche: je veux qu'il ait exagéré; mais il n’a pu le faire au point de peindre, en traits fi noirs, la Crimée actuelle. Les relations des premiers établiffemens fur Les bords du fleuve Saint- Laurent, parlent de froids qu'on n’y reflent plus actuellement, Comme des changemens ont été graduels , ils fe font prefque paflés fous nos yeux, & nous ne pouvons révoquer en doute les premières relations. # Lés défrichemens qui ont eu lieu dans le nord de l’Europe, la deftruétion de ces immenfes forêts qui couvroient la Germanie , enfin augmentation de population qui en a été la fuite ; font les caufes de cet adouciflement du climat des pays méridionaux. Les vents du nord & du nord-eft ne leur parvenoient qu’au travers de ces forêts humides , au lieu qu'à préfenc ils paflent fur des efpaces nuds où la réverbération de là lumière échauffe l'air, où enfin une multitude de feux fans cefle allumés, changent la mafle entière de l’atmofphère. Les défrichemens, qui ont eu lieu dans l'Amérique feptentrionale, font pareillement la caufe de l’adoucifflement du climat. Ainfi ces faits qui paroiflent con= tradiétoires , s'expliquent fans fe nuire: rous les climats tendent à fe refroidir par une tendance uniforme & progreflive, & fi quelques-uns s’échauffent, c’eft par des caufes locales qui n'intervertiflent pas l’ordre général. ‘ On peut enfin réunir aux changemens de climat qui ont des caufes phyfques, ceux qui ont pour caufe principale les modifications que Uhomme y produit par fon travail. Un terrein boifé que l'on défriche, un canal où un cheinin qu’on trace au travers des terres, un marais defléché, des fouilles profondes, & mille autres ouvrages des hommes, changent la nature d'un fite, & par conféquent la forme des végétaux qui y croiflent. Par ce moyen, la réverbérarion devient pius ou moins forte , l’atmofphère eft plus où moins diaphane, & les végétaux portent plus ou moins l'empreinte du climat, dont celui qui fe forme fe rapproche le plus. Ainf un marais defléché préfente , pendant un nombre d'années, des plantes aquatiques ou amphibies, crues dans un fol plus fec: c’eft-i- dire, plus perices, plus fortes & plus rameufes , les plantes de bois fe couvrent de poils, & diminuent de volume l'année qui fuit la coupe des arbres, &c. On peut donc prévoir les changemens que fubiront les végétaux, d’après les données contenues dans cer article, & celles que de nouvelles découvertes fourniront. Une autre circonftance bien remarquable , c'eft la naiffançce de nou- velles efpèces dans les rerreins nouvellement remués , ainfi que dans les terres nouvelles. Lies plantes qui naiflent après un bouleverfement, ne Tome XLIL,Part,II, FRIMAIRE, Décembre ,v.flyle. Ggg 416 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, iont pas les mêmes qui exiftoient auparavant, Tous les naturaliltes ont des obfervations de ce genre, plus ou moins fingulières ; j'en ai déjà réuni plufieurs, D'où ces plantes tirent-elles leur origine, puifque leur analogue n'exifte qu’à une très-grande diftance ? Leur graine étoit- elle enfouie dans la terre à une très-grande profondeur ? Mais depuis quelle époque pouroit-elle y être ? Y a-t-elle été portée par les vents à Mais comment ces graines ont-elles pu traverfer de grands efpaces ? Les plantes tiennent-elles tellement au fite où elles croïflent , qu’une agré- gation de principes puifle les produire ? Mais cette agrégation n’eft pas démontrée. On ne peut trop inviter les naturaliftes à furveiller Les chan- gemens qui fe feront dans leur voifinage ; ils devroient former une lifte des plantes qui y croiffent auparavant, & conferver des individus qui atteftaflent les formes, puis , chaque année, les comparer aux plantes qui y croiflent , pour vérifier les chantemens de forme des anciennes efpèces, & les nouvelles efpèces qui s’y feroient formées, De femblables obfervations, un peu multipliées, ferviroient beaucoup à la fcience , puifqu’elles appuyeroient les obfervations déjà faites fur l'inflüence du climat , ou rectifieroient les erreurs qui y feroïent mélées. - Ajoutons encore à ces défrichemens les nouvelles îles qui fe forment, foit par les volcans , foit par le travail lent de la nature, infenfiblement elles fe couvrent de végétaux; la manière dont ils y naiflent doit exciter la curiofité des naturaliftes. Ecoutons ceux qui ont voyagé avec Cook. & Dans la baie de Poffeflion, nous avons vu deux rochers où la nature commence fon grand travail de la végétation; elle a déjà formé une léoère enveloppe de fol au fommet des rochers; mais fon ouvrage avance fi lentement, qu'il n'y a encore que deux plantes , un gramen & une efpèce de pimprenelle. » À la terre de Feu vers l’oueft , & à la terre des Etats, dans les cavités & les crevafles des piles énormes de rochers qui compofent ces terres , il fe conferve un peu d'humidité , & le frottement continuel des morceaux de rocs détachés, précipités le long des flancs de ces mañfles crofières , produit de petites particules d'une efpèce de fable. Là, dans une eau flagnante, croiflent peu-à-peu quelques plantes du genre des algues, dont les graines y ont été portées par les oifeaux ; ces plantes créent à la fin de chaque faifon des atômes de terreau ; qui s'accroît d’une année à l'autre ». Il me paroît difficile à concevoir que des oifeaux de mer, les feuls qui fréquentent ces terres, tranfportent des graines dont ils ne fe nouriffent pas, puifqu'ils vivent de poiflons. » Toutes les plantes de ces régions croiffent d’une manière qui leur eft particulière & propre à former du terreau fur les rochers ftériles. A mefure que ces plantes s'élèvent, elles fe répandent en tiges & en branches , qui fe tiennent aufli près l'une de l’autre que cela eft pofible ; Le SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS, 417 elles difperfent ainfi de nouvelles graines, & enfin elles couvrent un large canton. Les fibres, les racines , les tuyaux, les feuilles les plus inférieures, tombent peu-à-peu en putréfaction (1), produifent une cfpèce de tourbe ou de gazon, qui, infenfiblement, fe convertit en terreau. Le tiffu ferré de ces plantes empêche l'humidité , qui eft au-deflous, de s'évaporer , fournit ainfi à la nutrition de la partie fupérieure, & revêt à la longue tout l’efpace d’une verdure conftante ». Second Voyage de Cook. tom. II. On peut enfin- confulter la manière dont les laves fe couvrent infenfiblement de végétation. Voyez Brid, Voyage en Sicile, tom. I, Pag. 139, & les autres perfonnes qui ont écrit fur les volcans, Aucun d’eux n'a examiné la manière dont ces plantes naïflent , & leur analogie avec celles des terres environnantes: c’eft donc encore une matière neuve à examiner, Il s’eft formé nouvellement une île volcanique près de l’Iflande ; c’eft un moyen pour les naturaliftes du Nord de nous inftruire de la manière dont elle fe couvrira de végétation. Sans doute on ne foupçonnera pas le volcan d'avoir lancé, en même-tems que les laves, les graines des plantes qui y naïtront. Tranfport des Végétaux d'un Climat à un autre. Nous manquons de données fur cetre partie intéreffante de l'économie végétale, parce que les premiers voyageurs ont négligé de nous inftruire des premières variations des plantes d'Europe qu'ils ont portées aux Indes ; actuellement qu’elles y exiftent après une longue férie d'individus, nous ne les voyons que fous la forme que ce climat leur a imprimée. Et de plus, le peu que les voyageurs difent fur les plantes, ne nous Infpire pas de confiance; car, lorfqu'un voyageur dit que l’ofeille réuflic très- bien fur les bords de la Gambra, & qu’il y voit en même-tems des alifiers en abondance , on peut duuter de fon premier rapport. N'ayant qu'un petit nombre de faits certains, je vais Les réunir , fans les foumettre à aucun principe. Tranfport des Végétaux dans un Climat plus chaud. Labat, le plus ancien des voyageurs qui aient fu nous inftruire, donne les faits fuivans , qui font d'autant plus précieux, qu'il a été dans nos îles à une époque plus rapprochée du moment de l'intreduction de nos légumes d'Europe. æ Les choux-pommés viennent en perfection. Il fufit d'en avoir un feul , pour peupler en peu de tems tout un jardin, parce que , quand il eft coupé , fa tige poufle beaucoup de rejetons. On les arrache l'un (1) Voyez le paragraphe de Influence du Climar fur Le fol. Tome X LIT, Part. 11, FRIMAIRE, Décembre, v.flyle. Ggg 2 18 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, après l’autre en déchirant un peu de l'écorce de. Ja tige; on les met en terre, &, en quatre mois, ils produifenr un très-beau chou bien pommé. La tige de ceux-ci en produit d’autres, fans qu'il foir jamais befoin d’en femer ». Voyap. de Labat, tom. 1, pag. 388. ce La vigne que l'on a plantée aux îles, venant directement de Fraïice, a eu bien de la peine à fe naturalifer au pays, & même jufqu’à préfene les raifins ne müûriffent pas parfaitement. Ce n’eft ni le défaut de chaleur, ni de la nourriture, mais c'eft parce que le climat étant chaud & humide , les grains müriflent trop tôt, & les uns avant les autres ; de forte que, dans une même grappe, on trouve des grains mûrs, d'autres en verjus, & d’autres qui font prefqu'en fleurs. Le mufcat , qui eft venu de Madère, & des Canaries, eft exempt de ce défaut, & il mürit parfaitement bien ». Id, tom. IT, pag. 365. Ce fait eft d'autant plus précieux, que la vigne dis Canaries, qui avoit déjà paflé par un intermédiaire, a moins éprouvé certe influence du climat, que celle qui venoit direétement de France. æ& J'ai expérimenté qu'ayant femé des pois qui venoient de France, ils rapportoient très-peu ; Les feconds rapportoient davantage ; mais Les troifiè nes rapportoient d’une manière extraordinaire pour le nombre & la groffeur ». Id. tom. 1, pas. 306. « Un habitant de ma paroifle | nommé Sellier , fema du froment qui étoit venu de France : il vint très-bien en herbe ; mais la plupart des épis étoient vuides, & les autres avoient très-peu de grains; mais ceux-ci, nés dans le pays, étant femés , poufsèrent à merveille, & produifirent les plus beaux épis, & les mieux fournis qu’on puifle imaginer. Id. tom, pag. 307. DiLertre, qui a voyagé en Amérique après Labat , confirme ce qu'il dit; & de leurs deux rapports , il confte que les chicorées , laitues, creflon alenois, corne-de-cerf, épinards, carottes, panais , bette-raves, falfifis, chervis, afperges, moutarde , pois & fèves, y réufliffent , & portent de bonnes graines. Que Les raves & les oignons réufliflent bien de graines venues d'Europe ; mais que les graines récoltées en Amérique , ne donnent que des plantes mefquines. Que l’ofeille n’y monte jamais en graine. | L'auteur d'un voyage de la) Martinique, fait en 1751, dit aufli que les oignons & les poireaux font toujours orêles, & ne fleurifent pas; il ajoute auffi que les œillets ne montent jamais en fleurs, malgré les foins qu’on leur donne, & que les fraifiers & les pommiers donnent peu de fruits, & de mauvaife qualité. Tranfport des Végétaux dans un Climat plus froid, Un grand nombre de plantes , qui ornent actuellement nos jardins ; tirent leur origine de pays plus chauds que l'Europe , & même de ceux | RE Le =, - Fe SUR: L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 4x9 fitués entre les tropiques; mais comme ces plantes ont pañlé, avant d’être acclimatées , par des points intermédiaires ;; fo’t dans nos ferres, Toit en paflanc de proché en proche jufqu'à nous, on peut difficilement en confidérer les réluitats qu'il faut encoré diftinguer de ceux! d’üne longue culture. L’aftère de la Chine , ou reine-marguérite, les capu- cines, les bafilics, les ricins , les poivres, &c. font de ce nombre, & le changement le plus faillant que ces plantes ont éprouvé; confifte dans la diminution de leur durée ; car, elles font vivaces dans leur pays natal, & müriflent leurs graines dans ke cours d’une faifon en Europe. Elles ont en même-tems éprouvé une diminution de volume , proportionnée à eur changement de durée. Le ricin, qui forme aux Indes une” plante’ élevée de douze à quinze pieds, & même une efpèce d’arbüfte, s'élève ici à quatre ou cinq pieds au plus dans Le cours de l'été, & porte dés: graines. Les bafilics font devenus herbacés & très-petits ; ils font ligneux aux Indes. Des Naturaliftes qui verroient ces plantes aux Indes'& en Europe, failiroient certainement d'autres différences. IL me paroît intéreffant d'ajouter ici les citations füfvantés , für la culture des légumes d'Europe dans les pays froids , pour fervir de comparaifon aux mêmes expériences faites aux Indes. « Les anciennes Sagas nous apprennent que l'Agriculture n'’étoie point négligée en Iflande, puifqu’elles parlent du bled qu’on y recueillie, Quelques habitans ont eflayé , {de ‘nos jours ,:d’en faire venir, mais prefque fans fuccès. Thodal , gouverneur de l'île, fit femer, en 1712, de l’orge qui poufla vivement, & donna de l'efpérance pour la récolte; mais à peine put-on en ramafler quelques grains». Lestres fur l’Iflande, par de Troil, pag. 30. be « Le major Bthm me dit qu'il avoit eflayé de femer (au Kamtchatka quelques autres légumes, mais que fes expériences n’avoient pas réufi ; que les choux & Îles laitues ne pommoient point; que les pois & les haricots jettoient des tiges très-fortes; qu'ils eurifloient & produit foient des goufles, mais que ces goufles ne fe remplifloient pas. Il ajoutæ qu'ayant eflayé lui-même à Bolcheretok, la culture des différentes graines farinacées, il avoit eu , en général, des tiges élevées & forres qui donnoient des épis, mais qu’on wavoit jamais pu tirer dé Ta farine de ces épis ». Troifième Voyage de Cook, tom. IF, pag. 300. ce À l'égard des légumes , ils ne viennent pas tous également bien au Kamtchatka. Les’plus facculens , comme les choux , les pois; la falade, ne produifent que des feuilles & des tiges. Les choux & la laitue ne pomment jamais. Les pois croiflent & fleuriflent vers l'automne, fans rapporter des cofles. Les légumes , au contraire , qui démandent Beau- coup d'humidité, comme, par exemple, les navets, les radis ou raïforts & les berte-raves, y viennent bien, Defcrip, di Kamichàtka , par Kracheninnikow , pag. 322. 420 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, On ne peut trop recommander aux naturaliftes cette partie intéreffante de la phyfologie végétale ; car, dès que les variations des plantes, &c fur-tout les caules de ces variations feront connues , on fera certain de débarrafler la fcience d’une foule d’incertitudes fur la diftinétion des efpèces & des variétés , qui, dans ce moment, fe décident fur la parole du maître, n'ayant pas de règles fixes pour les juger. P.S. Lorfque j'ai fait cet article , qui fe trouve inféré dans le Journal d'Hiftoire- Naturelle, je me propolois de développer fucceffivement chacun des paragraphes précédens fous un difcours particulier qui auroit été inféré dans cette même collection, Le départ de deux des auteurs attachés à certe entreprife (Olivier & Bruguière) a forcément fufpendu les livraifons, parce qu’ils avoient promis de fournir leur portion de travail pendant leur voyage, & qu'ils n'ont pas tenu parole. Cette collection importante fera reprife dans quelques mois & fuivie fans relâche : elle paroitra toujours fous deux formats, & les dernières livraifons de la foufcription courante paroîtront avant cette époque. 6 nm EXTRAIT Des Obfervations météorologiques faites & Montmorenci, pendant le mois de Novembre 1793 (v.ftyle) 11 Bru- maire — 10 Frimaire (ère franc.). Par L. CoTTE, Membre de plufieurs Académies. No avons eu pendant ce mois des pluies abondantes qui ont fait grand bien à la terre altérée par une fécherefle de fept mois ; les bleds femés en ont profité, & ceux qu'on a femés après les pluies n'ont pas tardé à lever: l'air a été en général tempéré. Température de ce mois dans les années de la période lunaire de 19 ans corre/pondantes à celle-ci. Quantité de pluie en 1717, 15: lign. en 1736 , 6 ? lign. en 175$ (à Denainvillers en Gatinois chez Duhamel). Vents dominans, fud & fud-oueft, Plus grande chaleur, 11 d.le 4. Moindre, $ d. de condenfation le 2. Moyenne , 4,2 d. Plus grande élévation du baromètre, 27 pouc. 11 lign. le premier. Moindre,26 pouc. 6 lign. le 8. Moyenne, 27 pouc. 6,9 lign. Tempé- rature , froide & pluvieufe. Nombre des jours de pluie, 16. En 1774 (à Montmorenct ) Vents dominans, eft & nord-eft. Plus grande chaleur, L 15: d, le premier, Moindre , 6 ; d. de coudenfation le 27. Moyenne ; SUR L’'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 421 2,0 d. Plus grande élévation du baromètre , 28 pouc. 1: lion. le 14. Moindre , 27 pouc. 2 lign. le 6. Moyenne , 27 pouc. 8,6 lign. Tempé- rature, très-froide & humide: Quantité de pluie, 1 pouc. 11,6 lign. d’évaporation , 1 pouc. 1 lign. Nombre des jours de pluie, 10, de neige ; 9. Températures correfpondantes aux différens points lunaires. Le (N.L.) couvert; froid , vent , pluie. Le 7 ( quatrième jour après la N. L. & luniflice auffral ) nuages, froid , vent. Le 11 (P. Q.) couvert, doux, vent, pluie. Le 13 (quatrième ÿour avant la P.L. équinoxe defcerd. & périgée) couvert, doux, pluie. Le 17(P. L.) zdem. Le 20 ( luniflice boréal) couvert , doux. Le 21 (quatrième jour après la P.L.) nuages, doux, Le 25 (D. Q. & apogée) couvert , froid, brouillard. Le 28 ( équinoxe defcendant). couvert, froid. Le 29 (quatrième jour avant La N. L.) :dem. En 1793 Vents dominans , nord-eft & eft; le fud-oueft fut violent les 4 & 11. Plus grande chaleur , 10,3 d. le 19 à 2 heur. foir, le vent fud-eft & le ciel en partie ferein, Moëndre, 0,0 d. le premier à 7 : heur. matin & le 30 à 9 heur. foir, le vent nord-oueft & le ciel ferein Le premier, & le vent eft & le ciel couvert le 30. Différence, 10,3 d. Moyenne au malin, 3,6 d. à midi, 6,3 d. au foir, 4,5 d. du jour, 4,8 d. Plus grande élévation du baromètre, 28 pouc. 2,06 lign. le 29 à 2 heur, & à 9 heur. foir, le vent eft & le ciel couvert. Moindre, 27 pouc. 2,32 lign. le 10 à 7 ? heur. matin, le vent fud-oueft & le ciel couvert, Différence, 11,74 lign. Moyenne au matin, 27 pouc. 8,60 lign. à midi, 27 pouc. 8,64 lign. au foir, 27 pouc. 8,98 lign. du jour, 27 pouc. 8,74 lign. Marche du baromètre , le premier à 7 : heur. matin , 27 pouc. $,77 lign. du premier au 2 monté de $,20 lign. du 2 au 4 Paiffé de 4,28 lign. du 4 au 7 M. de 3,77 lign. du 7 au 10 B. de 8,14 lign. Le 10 M. de 0,80 lign. du 10 au 11 B. de 0,48 lign. du 11 au 12 M. de $,g1 lign. du 12 au 13 B. de 3,27 lign. du 13 au 14 M. de 1,48 lign. du 14 au 16 B.-de 1,71 lign. du 16 au 18 M. de 2,43 lign. Le 18 B. de 0,61 lign. du 18 au 21 M. de 4,28 lign. du 27 au 23 B.de 1,25 lign. du 23 au 29 M. de 4,56 lign. du 29 au 30 B, de 0,69 lign. Le 30 M. de 0,61. Le 30 à 9 heur. foir, 28 pouc. 1,93 lign. On voit que le mercure a beaucoup varié jufqu'au 20, depuis cette époque il a été élevé & prefque ftarionaire : pendant tout ce rems le ciel a été couvert, & le vent étoit fixé à l’eft ou au nord-eft. Les plus grandes variations ont eu lieu en montant les 1, 6, 11 & 20, &.en defcendant ; les 3,4, 8 & 9. Plus grande déclinaïfon de l'aiguille aimantée, 22° 39! les 3 & 4, le vent étant fud-oueft affez fort , & le ciel couvert. Moëndre, 22° 18’ les 24,25, 26 & 27, le vent étant nord-eft & le ciel couvert, 422 OBSERMATIONS SUR LA PHYSIQUE, Différeñce, 21°. Miyenre à 8 heur. matin, 22° 28'24/, à midi, 22° 28! 48/,à 2 heur. Jor:& du jour, 22° 28" 36". : Il eft tombé de la pluie les 3 , 4,5, 8,9, 10,11, 12,13, 143 16, 17 & 18. La quantité d’eau a été de 42,3 lign. c'eft-à-dire, qu'en - 23 jours il en eft tombé 2,3 lign. de plus que dans les crois mois d'août, feprembre & octobre, Du 11 au 14 il en eft tombé 18 lign. L’évaporatior a'été de 7 lign. Se L'aürore boréale n'a point paru. Nous n'avons point eu de rraladies régnantes. Montmorenci, $ Décembre 1793 (15 Frimaire). PE 2 ER ES De ne HUITIÈME LETTRE DE M DE LUC, À M DELALANDE; SUR LES RÉFRACTIONS ASTRONOMIQUES. ; Windfr , le premier Août 1793« 5 M ONSIEUR;, 1. L'un des objets qu'il importoit Le plus de déterminer dans la Phyfi- que expérimentale, vu fon influence, & une influence femblable dans nombre de phénomènes, étoit l'effet de la chaleur fur la denfité de l'air: miais ces phénomènes n'étoient pas également propres à en fournir une. détermination exacte, & j'ai montré d’abord à cet égard, que le plus für moyen de l'obrenit, fut-tout quand il s'agit de l'appliquer à l Air libre, étoit d’obferver les effets de la chaleur far la denfiré de l'Air, dans l’armofphère même, Alors deux clafles d'expériences fe font: offertes, la mefure des hauteurs par le baromètre, & la déter= mination des réfra&ions aftronomiques; & en les examinant, j'ai fait voir, que la première de ces clafles éroit plus füre que la dernière, & qu'il y auroit de l’avantage pour celle-ci, d'emprunter de l'autre la détermination qui en auroit été conclue avec le plus de certitude. 2. J'expofai déjà ces idées, en terminant mon premier ouvrage fur! la Météorologie, & jy ferois revenu depuis long-remps avec plus de détail, enfuire de nouvelles remarques für les Réfraélions , fi je n'avois dû répondre d'abord avec foin à un mémoire préfenté par M. TREMBLEM à SUR: L'HIST, NATURELLE ET LES ARTS. 42} à votre Académie en 1782, foit par l’eftime perfonnelle que j'ai pour lui, foit parce que j’avois été invité plufieurs fois, en vue de ce Mémoire, à donner un expofé fuccinét des principes de la rrefure baromérrique des hauteurs ; ce que j'ai fait dans ces Lettres, en y joignant les prin- cipales expériences qui ont confirmé ma formule depuis fa publication. Je me propofois donc de pafler immédiatement à l'application de cetre formule aux réfraëtions aflronomiques , & j'eus l'honneur, Monfizur, de vous l’annoncer en terminant ma dernière Lettre; mais un nouveau Mémoire de M. TremMBLey , publié en Mars dernier dans le Jourr. de Phyfique ; moblige auparavant à retourner quelques pas en atrière. 3. Je commencerai par ce pañlape de M, Trembley ( p. 182 du Journ.). «M. De Luc dis, que perfonne n'avoit penfé à donner un » coëfficient à la formule ;-le mot formule fignifiant ici la oi des » denfités de l'air correfpondantes aux preffions ». Je ne doure pas que M. TREMBLEY ne penfe que j'ai avancé cette abfurde propofition ; mais il fe difpenfoit ainfi de répondre à une des parties les plus effen- tielles de mes lettres, en ajoutant feulement, « ce paradoxe de M, De » Luc ne peut fe foutenir, & n'a pas befoin d’être réfuré », Il faut » doncque je rappelle en peu de mots, ce que j'ai de, & qu'il a intérprêté d'une manière fi étrange, . Ce fut par des expériences faites dans des tubes de verre, qu'on apperçut d’abord cette /o; des denfités de l'Air; mais dix ans avant que TownLey l’eûtainf découverte, PAsSCAL avoit conçu fans elie la grande idée de mefurer les hauteurs par le barométre ; & lorfque marchane fur fes traces je reconnus enfin cette méme /o2 dans l'atmofphère, elle ne m'avoit pas fervi de guide, puifque je ne cherchois qu’une Loi quel- conque, là où l’onne croyoit plus qu'il y en eût de fixe : ce fut MARIOTTS qui tenta Je premier de l'introduire dans la mefure des hauteurs par le baromètre ; & comme il falloit bien alors lui donner un coëfficient, il le tira de ces expériences mêmes: HALLEY fuivit de près, & chercha ce coëfficient par des expériences fur les pefanreurs fpécifiques de l'Air & du Mercure; & fuccellivement divers Phyfciens fe livrèrent à la même recherche: mais rul coëffcient n’avoit pu faire retrouver encore cette oi dans l’atmofphère. Voilà ce que j'ai expofé fort en détail; ainf, je n'ai dés ni pu dire, « que perfenne n’avoit penfé à donner un coëfficient à la formule ». J'ai développé en même temps les caufes de ce manque de fuccès. Le coëfficien: cherché, foit la hauteur d'une colonne d'air équipondérante avec une certaine colonne de Mercure, dépendoit, comme HALLEY le vie bientôt, du rapport des pe/anr. Jpécifig. du mercure 8& de l'ais fous une certaine preffion: Mais dans la recherche de ce rapport, on prenoït la hauteur du mercure dans le baromètre, comme l'expreflion immédiate dela preffion ce l'air; & Tome XLIIT, Part. Il, FRIMAIRE, Décembre, v, flyle. Hhh 424 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, quant aux diverfes denfirés de l'air dans l’atmofphère, on n'y voyoit que l'effet des différentes preffions exercées par les couches fupérieures: or, comme d’autres caufes infuoient, tant fur l'effer, que fur fa mefure, le coëfficient qui convenoit à la /o7 d'après certaines expériences , ne lui convenoit plus dans d'autres; de forte qu'on n'avoir fait encore que changer à diverfes fois & le coëfficiens & la loi elle-même, fans trouver une rèole fixe. ÿ-.« J’ai attribué à M. Decuc (dit encore M. TREMBLEY) tout ce > qui lui appartient: la correétion de la règle des Logarithmes tirésdes >» variations de la chaleur». Par la régle des Logarithmes, M. TREM- BLEY entend encore ici, la loi des denfirés de l'air correlpondantes aux preffions ; loi qui peut être repréfentée par ceiles des différences des log. des hauteurs du baromètre. Mais je n'ai fait aucune correélion à cette loi; je l'ai reconnue dans l’armofphère, lorfque je lai liée à certe condition indifpenfable, qu’elle doit avoir autant de coëfficiens, qu'il y a de différentes rempératures, tant de l'air, que du baromètre. Jufqu’alors (on le voit dans mon ouvrage ) la /o4 des loparithmes n’étoit entrée pour rien dans mes vues ; ce ne fut qu'après bien des recherches fur les caufes phyfiques, & des combinaifons de mes expériences, que je vis la poflibilité d'en faire ufage, non comme régle, mais pour abréger mes calculs; & ce qui d'abord me facilita cette application , fur qu'après avoir rendu le baromètre lui-même fufceptible d’une éguarion pour la chaleur, que je détermirai, j'en fis partie de l’obfervation de l'inftru- ment, Alors, dis-je, les diff. des logar. des hauteurs obfervées du barom. ne reftant plus affeétées que par les modifications de l'air lui-même , elles n'eurent plus qu'un même cuéfficient pour une même température ; & je pus conclure la loi des changemens de ce coëfficient d'après les obfer- vations que j'avois faites à diverfes cempératures dans les mêmes lieux. Mais la mefure même de la chaleur étoit encore indéterminée ; deux thermométres éroient également en ufage, l’un de mercure , l'autre d'efprit-de-vin ; leurs marches étoient très- différentes, & il falloit trouver laquelle des deux étoit la plus conforme à celle de la chaleur elle-même : les phyficiens favent tout le travail auquel cette recherche m'a conduit, & comment l'expérience vint enfin rémoigner vofitivement en faveur du mercure ; ils favenraufli tout ce que j'ai fait pour obtenir la certitude dans le poinr fixe füpérieur de ce 1hermorièrtre ; mais M, TREMBLEY ne le fait pas, car, parce que je laiffai d'abord à mon thermomètre la divifion arbitraire en 8o parties, il perfifte à le nommer thermomètre de de Réaumur, ” 6. Tel eft l'abrégé de ce que j'ai rappelé avec aflez de détails dans ces Lettres; mais on ne fera plus furpris de ce que M. Trembley n’y a vu qu'une correélion de la règle des logarithmes | par la manière ‘dont il parle de ces nouvelles expoñitions : « Ilme fait ( dit-il) un long détail SUR L'HIST: NATURELLE EF LES ARTS. 42; » de fon livre, qu'il m’accufe de n'avoir pas lu, & affirme que j'ignorois » tout-à-fait l’état de la queftion : toutes ces affertions ne font rien à, » l'affaire, ainfi je n'y répondrai pas ». 7- Pour raflembler fous un même point de vue quelques autres affertions de M. TREMBLEY auxquelles je ne dédaigne pas de répondre, je copierai ici les traits principaux d’une péroraifon par laquelle il rermine fon Mémoire. x M. De Luc (dit-il) a fait une uès-belle fuite d'expériences, » perfonne ne Le nie... . Mais pour ce qui regarde la shéorie phyfico- » mathématique dont il parle fans ceffe, :/ n'en exifle point encore de » telle fur cette matière. M. DE Luc, en fuppofant le coëfficiene » conflant, a coupé le nœud gordien ; cela pole, il ne refte plus à faire »» que quelques règles d'arithmétique. . . . Cette difcuffion peut être » mifeen peu de momens à la portée d'un écolier, AuMi je fuis Aonteux >» d’avoir occupé ft long-tems Le Public de cette matière. Il me fuffic > d'avoir prouvé que M. DE Luc , tout en me chargeant d’accufations, » a lailé fubfifler tous mes réfulrats ; qu'il a répondu conftamment à » ce que je n'ai pas dit, qu'il a tronqué mes pafJages, pour y srouver » des abfurdités. Voyez tout ce qu'il dit de ce coëfficient 1C000 , æ que j'ai fuppofé dès l'entrée déterminé en millièmes de toife de » France ». M. TREMBLEY a certainement dit ce que je viens de copier ‘& ce qui précède; je n'ai point sronqué ces paflages ; ceux que je fupprime mériteroient bien d’être relevés, mais ils ne font rien aux autres; on verra donc fi c’eft moi qui lui fais dire des ab/urdirés. 8. Il n'exifle point encore (prétend-il d'abord) de rhéorie phyfico- mathématique fur cette matiére ! Quel nom donnera-t-il donc à ce que je vais rappeler? Si la température de l'air étoit conftante , la loi de fes denfités correfpon lantes aux preffions donneroit toujours les auteurs des lieux par un même coëfficient ; mais j'ai trouvé qu'il falloit que fon coëfficient changeât avec la sempérature , & je fuppofe ici que la oz de ce changement a été déterminée par mes expériences. Telles font les douces phyfiques dont j'ai tiré ma formule, dans laquelle j’ai rendu conflant le coëfficient des différ. des logar. des hauteurs du barom. en y a outant une équation ; & c’eft ce que M. TREMBLEY nomme couper le -nœud gordien, vu (felon lui) que cela ne découle pas d'une shéorie phyfico-marhématique. Mais puifque les coëfficiens changent fuivait une certaine loi correfpondante aux sempératures , les produits d'un méme coëfficient changeront fuivant la même Loz : & fi, dans le nombre des coëfficiens qu’on peut être dans le cas d’emplover, il s'en trauve un qui réduife le calcul par les Zoparitkmes à déplacer feulement le figné des décimales de leurs différences , il convierdroit fans doute, pour la facilité du calcul , de tranfporter les changemens à fes produits, en le rendant conflant. Telle eft la shéorie bien fimple d’où eit née ma formule , qui confifte dans le coëffcient 10000 lié à une certaine Tome XLIII, Part. 11. FRIMAIRE, Décembre, v, flyle. Hhh 2 426 OBSERFATIONS SUR LA PHYSIQUE, température , avec une équation pour fes produirs : cette formule a fubfifté dès-lors avec fes principes phyfico-marhématiques | malgré les difcuflions qui fe font élevées {ur la précifion des données phyfiques 2 AT. TREMBLEY l'emploie lui-même ; & c’eft lui qui, pour prouver que je reponds à ce qu'il n'a pas dit, que je tronque fes pafJages pour lui faire dire des abfurdités, renvoie à ce que J'ai dit fur ce coëfficient 10000 !/ 9. C'eft donc en vue de cette formule qu'ont été faites les combi- naifons d'expériences fur lefquelles M. TREMBLLY, en employant fes bafes, a voulu nous donner des leçons au gén. Roy , au chev. ScHucK- BURGH & à moi; combinaifons dont il dit, que leur difcuffion peut étre mile en peu de momens à la portée d'u écolier. Sa méthode con- fifte à déterminer la sempérature correfpondante au coëfficient 10000 , par les oblervations où ce coëfficient approche de donner feul les hauteurs ; & la loi des changemens des produits , foit l'équation , par des obfervations dont la rempérature fe trouve éloignée de ce poire fixe 3 abandonnant ainfi, comme impropres à déterminer la formule, toutes les obfervations , en quelque nombre qu'elles foient , qui ne correfpondent pas à l’un ou l’autre de ces buts; ce qui en effec eft à la portée d'un écolier. 10. Tel a donc été l’objet de fon premier Mémoire , où il a appliqué cette méthode aux obfervations des deux phyfciens anglois: quant aux miennes, dont il dit maintenant que perfonne ne nie qu'elles ne foierc une trés-belle fuite d'expériences , il les critique fans en faire ufage. J'ai montré dans les Lettres précédentes, que cette méthode eft très-arbitraire, & qu’elle lui a mal réufli ; à quoi il répond: « M. DE Luc dit que cette méthode eft défeétueufe en elle-même , mais il le dit fans Le prouver : >» & en attendant qu'il fournifle cette preuve, il nous permettra de refter » dans notre opinion». Je n’en ai pas donné une preuve, mais deux, & je vais les rappeler en peu de mots. 11. La chaleur n'eft pas la feule caufe, qui, outre la preffion ,influe fu: la denfité de l'air ; il y en a d’autres, ou inconnues, ou indéterminées , & en voici une de ces dernières. D’après la caufe & les fuites de l'évaporation , j'avois conclu d’abord , comme cela s’eft vérifié par l'expérience, « que fous une même preffion , & par une même rempé- 2 rature, l'air pur devoit avoir plus de denfiré, ou de pefanteur Jpeci= » fique, qu'un mélange d'air & de vapeurs ». Cette caule auroitidonc exigé une équation ; mais pour Ja déterminer il auroit fallu avoir un. hygromètre, & ce ne fur qu'après toures les expériences dont je conclus mi formule, que je pus me livrer à {à recherche : de forte que cette caufe, quoique connue, refta alors, & fe trouve encore, au nombre de celles qui produifent des anomalies dans ces expériences. Suppofons -donc , que les obfervations particulières que M. TREMBLEY veut choifir SUR L'HIST, NATURELLE ET LES ARTS, 427 pour en tirer féparément les deux déterminations de la formule, fe trouvent être celles qui font le plus affectées d'anomulies , ce qu'on ne fauroit prévenir; ces dérerminations feront-elles exactes ? Telle eft la preuve que j'ai donnée de ce que la méthode elt defeëluerfe en elle- mémé ; quant à la preuve d'expérience, M. 'TREMB£EY n'en dic rien, mais la voici: il a appliqué fa méthode aux obfervations du chev, ScHuckBURGH & du gén. Roy pour en conclure de nouvelles dérer- minations de la formule, & j'ai fait voir qu’elles concilient moins bien ces obfervarions, que celles qu’il vouloit corriger. 12. Pour queces preuves frappent erfin M, TREMBLEY, j'en tirerai la confirmation de fon dernier Mémoire. Il y explique d’abord les fondemens d'une formule générale ; qui eft ma formule même, fondée fur ‘le coëfficient 10000 en tant que lié à une certaine température, avec une équarion pour les différences de cempérature comparativement à celle-là : il y fuppofe des déterminations conciues d’abord par fa méthode , pour calculer féparément toutes les obférvarions ; & fans doute celles que la méthode a d’abord écartées , comme celles qu’elle a admifes ; après quoi il ajoute: « L’afpe& feul des erreurs fuffira pour faire voir fi la formule » pèche, par la détermination du point où la correëtion efl nulle , ou par » la détermination du coëfficient (celui de l’équation ) ou par les deux » déterminations à la fois ». — Oui; mais, koc opus, hic labor ef? : je le fais, parce que c’eft précifément la méthode d'approximation , que jai fuivie avec aa ou trois cens obfervations que M. TREMBLEY n'a pas voulu coucher ; & s’il eût examiné attentivement mon. premier ouvrage; il y auroit vu , que je tirai d’abord de mes expériences , de premières déterminations par ce qu'il nomme fa méthode, peur procéder enfuite à leur f£xarion, d'après ce que me dicteroit fuccellivement l'a/peét des erreurs. 13. Je viens de rappeler, qu’en choififfant le coëfficient 10000 pour le rendre conflant, j'avois eu en vue de réduire le premier calcul des obfervations, à un fimple déplacement du figne des décimales dans les différ. des logar. des hauteurs obfervées du baromerre; il éroit donc bien naturel que je fongeafle=à obtenir la même fuczlité dans le calcul relatif à l'équation, Cetre feconde partie de la formule, confifte en une certaine partie aliquore du premier produit ; qui doit en être resrunchce , ou lui être ajoutée pour chaque degré du thermomètre, fuivant qu'ils font au- déffous ou au defliss du point correfpondant au coëfficient 19000; forme d'équation qui m'a coûté des recherches, auxquelles M. TREMBLEY , qui en profite, n'a pas donné plus «attention qu'au coéfficient lui-même. Si l'on place le o de l'échelle à ce point connu, on éparane: d’abord Vopération de prendre une différence en plus ou en moins, puifqu’on l'obferve immédiatement (On fait qu'il n’y a point encore de o abfolu dans l'échelle de la chaleur, & que fa place eft toujours un objet de 428 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, convention ), & fi l’on divife l’intervalle fondamental du shermomètre en un tel nombre de parties, que chacune repréfente -2== des premiers produits , en multipliant ceux-ci par le-nombre des degrés obfervés , on obtient la quantité cherchée , en avançant feulement de 3 places le figne des décimales. Ce fut par cette méthode que je pus répéter fans trop de peine le calcul de toutes mes obfervations, à chaque fois que l'afpeë des erreurs, par fes changemens dans le, progrès de l’approxi- mation, me conduifit à changer, ou le pointfixe, ou l’équation, ou l’un & l'autre. Mes obfervations ayant été faites {ur l'échelle en 80 parties , ilne s’agifloit pas de la changer fur le thermomètre lui-même, & cela n'eft jamais néceflaire: je traçois en grand cette échelle de 80 parties fur une feuille de papier, & plaçant auprès d'elle celle qui me donnoit l'équation —= , je traduifois d'un coup-d’œil mes obfervations en lan- gage de celle-ci. La dernière de ces échelles (car j'en changeai plufieurs fois), celle pour laquelle ma formule elt déterminée, a les conditions füivantes. « L'intervalle fordam. du therm.à mercure, déterminé par la » glace fondante à l’eau bouil, le barom. étant à 27. pouc. de Fr. eft » divifé en 186 parties, & le point o eft placé à la 39" de ces parties » au-deflus de la glace fondante ». Au moyen de ces conditions , en doublant Le nombre des degrés obfervés, qu’on peut avoir immédiatement fut le shermomérre s'il porte cette échelle, ou par l'échelle de rapports tracée féparément, l'équation elt —-. 14. Je crois que tout phyfico-mathématicien trouvefa cette méthode aufli rigoureufement exaéte, que claire dans fa marche , & commode dans la pratique; mais M. TREMBLEY , qui ne voit dans le shermométre qu'un certain nombre 80 , perfifte à dire , « qu'elle n’eft fonne que pour » ceux qui veulent opérer aveuglément ». — Je l'ai employée pour abréger les nombreux calculs qu’exigeoit la recherche de ma formule, & pour faciliter fon application ; mais il foutient encore , « qu’ ref? » pas tems de conftruire des sables & des éc/elles pour faciliter le » calcul». Je conçois bien qu’il n’a pas dû attacher de l'importance à la facilité que j'ai eue par-là de calculer nombre de fois toutes mes obfervarions , puifqu'il les a rejettées; mais quel sens auroit-i! voulu fixer, pour qu'il für permis de faciliter l'application d'une formule, publiée depuis trente ans , & que rien encore n'oblige à changer ? IL n’y fixeroit aucun tems fans doute, çar il n'aime poine. la facilité dans les calculs, elle l'offufque même ; je vais le prouver, en examinant la pius effentielle de fes affertions. 15. J'avois à calculer par ma‘formule les obfervarions du chev. ScHUCKBURGH &c du gén. Roy, pour montrer que nos rélultats ne difléroient fenfiblement qu’à caufe de la différence &'obferver la tempéra- ture de l'air au foleil ou à l'ombre quand il faifoit le foleil : ces calculs fairs déjà par M. TRsmBLEY ; formoient une colonne particulière dans nc les SUR L'HIST. NATURELLE ET LFS ‘ARTS. 429 fes Tables, où feulement, ayant employé les rempératures obfervées à l’ombre, tous les réfultats étoient erop petits d'une certaine partie … aliquote, que je déternrivai. J'employai donc alors fes calculs, mais en augmentant leurs réfultats de cerre quantité proportionnelle. Il fercit inutile de i’arrèter à toutes les méprifes dans iefquelles il eft tombé pour n'avoir pas aimé cet expédient trop facile ; mais en voici une que je nè puis me difpenfer de relever. « Que fait (dit-il) M. DE Luc ? IL » Laif]e fubfifler mes calculs rédigés en Tables, & par conféquent sous » l’effentiel de mon Mémoire ». C'eft ce qu’il répète dans Ja péroraifon ci-deflus , après avoir dit, que je le charge d’accufations, que je lui fais dire ce qu'il n'a pas dit , que je tronque fes paflages pour y trouver des abfurdités. Que tout l'effentiel de fon Mémoire, foit ce premier caleul des ‘obfervations des deux phyficiens anglois, c’eft ce que je trouve moi- même; mais que j'aie laiffé fubfifler fes réfulrats (excepté ceux de fa propre méthode pour en montrer le défaut ), c’eft ce qu'il n'auroit jamais imaginé , s'il n'eût été trop facile de me fuivre pour qu'il l'ait entrepris. 16. J'ai répondu ainfi à tout l’eflentiel du dernier Mémoire de M. TREMBLEY, où d'ailleurs il ne revient pas à fes premiers douces fur les données phyfiques de ma formule. Je puis donc pafler maintenant aux refraëions afironomiques , en commençant par établir les rapports & les différences qui règnent , entre cette clafle d’obfervations , & la mefure des hauteurs par le baromètre. Mefure des hauteurs par le Barom. que je nommerai B, Réfra&. aflronomiques que je nommerai R. 1°. Le befoin commuh de déterminer le degré de denfite aëtuelle de l'air, eft le lien général de ces deux clafles d’obfervations. 2°, Dans B, la connoiflance de la denfité aäuelle de l'air , eft une des conditions néceflaires pour dé- terminer la hauteur de la colonne d'air qui, au moment de l’obfer- vation, tient le mercure plus élevé dans le barom. inférieur que dans le fupérieur de la quantité obfervée. 2°. Dans R, il faut connoître [a denfité aëtuelle de l'air, pour dé- ternginer la quantité de la réfraélion a&uelle |, ou pour ramener une réfra&tion obfervée à ce qu'elle feroit par un certain ézat moyen, en con- fidérant Les réfraëions comme pro- portionnelles à la denfiré Zu milieu, 3°. IL éft commun aufi à ces deux, clafles d'expériences , que le devré de denfité de l'air local a pour une de fes caufes , la prefion 8 pour une ; la p qu'exercent fur lui les couches fupérieures , prefflon dont le Baromètre eft la mefure. ,. Dans B, la oz réconnue, que les denfités de l'air font propor- 4. Dans R, on part de la oi que les denfirés de l'uër font propor- 450 OBSERFATIONS SUR LA PHYSIQUE, tionnelles aux preffions ; fert à dé- terminer, la hauteur des colonnes d'air, d’après la connoiflance , fournie par le baromètre, des den- Là \ Li Jîtés aëluelles à leurs deux extré- mités. tionnelles aux preffions , pour con- fidérer les réfraétions (toutes chofes d’ailleurs égales) comme propor- tionnelles aux hauteurs du mercure dans le baromètre. s°. Outre les changemens qu’éprouve la denfire de l'air par ceux de la preffion, toute autre caufe qui affecte fa denfiré, influe également, & exige la même équation, dans les deux clafles de phénomènes ; & c'eft ainfi en He qu'il faut y confidérer les effets des variations de la chaleur. 6°. Si des caufes inconoues , ou dont on ne tient pascompte, influent fur la denfité de l'air, & produifent ainfi des anomalies en n'ayant égard qu'à la preffion & à la température , ces anoma- Lies font encore communes aux deux claffes de phénomènes, & elles exigent également, que l'équation pour la chaleur tienne un milieu entre les effets de ces caufes négligées, en s’adaptant à un état moyen de l'air quant à leur influence. 7°. Puis donc qu'à tous écards l’éguation pour la chaleur doit être la même dans les deux clafles d’obfervations, il convient de Ja tire de celle qui, par fa nature, peut la fournir avec le plus de certitude; & les confidérations fuivantes deviennent néceflaires pour fa détermination. &°, Dans B, les feuls inftrumens néceflaires pour découvrir l’effet de la chaleur {ur la denfité de l’atr , font le barometre & le thermo- mètre : & le moyen de déterminer cet effet, confifte fimplement, à comparer les differ, des logar. des hauteurs du baromètre’, obfervées dans Les mêmes lieux par différentes températures. 9°. Ici les caufes dont on netient pas compte ne peuvent contribuer à l'indérermination des réfulrats, comparés feulement aux caufes connues & melurées , qu'en tant qu'elles ivfiuent fur la denfrié de l'air, 8°. Dans R, outre les obferva- tions du barometre & du thermo- mètre , on a celle d’un inftrument à prendre les angles : & quant à la découverte des effecs de la chaleur fur la denfité de l'air , elle ne peut réluiter que de la comparaifon de dérermirations aflez difficiles de réfraitions, pour les mêmes angles, par différentes rempératures. 9°. Ici, outre les caufes d’ano- malies qui influent fur la denfité de Pair, il y en a probablement d'au- tres qui affectent fa faculté réfrin- gente, & qui par-là augmentent la dificulré de dérerminer l'effet dif- tin de la chaler fux la denfiié de l'ar, 17. 4 SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS, 431 -'x7. Ce fut par une première vue de ces rapports, que vous, Monfieur, & M, DE LA CONDAMINE jugeâtes, il y a 32 à 33 ans, que mon tra- vail fur la ef. des haut. pur le baromètre pourroit devenir utile aux réfraëlions aflronomiques ; ce qui n'engagea à donner une première efquifle de ces rapports dans mes rec, fur les mod. de l'atmofphère. Une plus grande étude des réfraéions m'ayant mis plus en état de les développer, je communiquai mes nouvelles remarques à la Société royale de Londres & à votre académie en 1779 & 1780; & j'aurois cédé il y a long-temps à votre invitation & à celle de plufieurs autres Aftronomes, en publiant ces remarques, fi javois eu plus tôt Le Loifir de répondre à. M. TRrMBLEY ; mais ce délai n’a pas éré inutile, puifqu'il en eft réfulté d'importantes confirmations de ma formule. 19. Je n'ai pas cru qu'il fût néceflaire de m’étendre davantage ci- deflus fur l'utilité de conformer le module de la chaleur aux clafles d'expériences dont on s'occupe, pour que fon expreflion s’y applique fans de longs calculs; ce qui s’exécute aifément par des échelles par- ticulières du kermomètre, & qui m'a été fort utile, tant pour la cor- reélion du baromètre, que pour l’éguation de ma formule. J'ai dit d’ailleurs au $. 13, qu’on peut fe difpenfer de changer l'échelle ordi- naire du thermomètre, en ayant feulement une echelle de rapports pour les calculs. Ce fera donc fous cette forme que j'envifagerai dés ici la formule pour la chaleur , en rappelant d’abord fon expreffion origi- pale d’après mes expériences. Dans la mef. des haut. par le barome- tre, & lorfque le coëfficient 10000 des diff. des log. des haut. du bar. doit donner les haut. des lieux en roifes de France, pour obtenir Féquation fi commode —=—, l'échelle deftinée au calcul doit avoir les conditions fuivantes. « L’interval!e fondamental d'un therm. à mer- % cure, dérerminé par la glace fondante & par l’eau bouillante, le » bar. étant à 27 p. de France, doit être divifé en 186 parties; & » le o, ou point fixe, doit être placé à la 39° au-deflus de ce pre- » mier 2erm.». L'équation immédiate eft alors — pour chaque depre; mais en doublant leur nombre dans les obfervations, elle devient —=—. 19. Cette échelle peut être employée dans toute claffe d'expériences où l'on rapporteroit la denfité de l'air au même point fixe de tempé- rature: mais fi l’on change ce point, l'équation change quoiqu'avec les mêmesdegrés; & {i l'on veut conferver lamême partie aliquote——, il faut, pour partir des mêmes données phyfiques, changer, fuivant une certaine règle, le nombre desdeprés dans l'intervalle fondamental duthermomèrre. J'avois donné dans mesreck. fur les mod. de l'atmofphère, laraifon phyfics- mathématique de ce changement , & fa régle; & deux mathématiciens Anglois bien connus, ayant entrepris de traduirema formule pour qu'elle donnât immédiatement les hauteurs en roifes angloifes , ce qui exigeoit d'abaiffer le point fixe d'une quantité déterminée par ladifférence des mefu- Tome XLIII, Pare. I1, FRIMAIRE, Décembre, v.flyle. ii 432 OBSERVATIONS. SUR LA PHYSIQUE, res, & l'équation, virent bien l’un & l’autre, qu'après ce premier change- + ? HU ment, l'équation pour les même degrés devoit être augmentée d'une certaine quantité aufli déterminée: ce qui revient à augmenter le nombre des degrés dans l'intervalle fondamental du thermomètre, en confer- vant la même équation pour ces parties plus petites du même intervalle. M. TREMBLEY traita tout cela d’empirifme : prétendant, que pour conférver. mes principes dans leur examen, il falloit d’abord obtenir des soifès françoifes par ma formule, puis les traduire en oies angloi- Jes. J'ai jufufié la théorie & certe application dans la quatrième. de mes lettres ; ce qui n'a conduit à y parlér d’un ca/eul du chev. Scauck- BURGH, dans lequel il a affocié cette théorie à d’autres confidérations, par une maiche qui m'a paru très-élégante. M. TREMBLEY ne fait plus d’objection à cet égard que fur ce dernier mot: il trouve afJez bizarre que je parle de calcul élégant, de théorie profonde, dans un cas où il ne s’agit que de l’erishmétique la plus fimple. Je ne trouve pas que l’ufage de la fëmple arithmesique exclue ni l'élégance ni la profondeur, mais je ne difputerai pas fur les mots; il fuffit que M. TremBLEey n'objecte plus fur la théorie, qui en effer eft très-claire : a'nf je la fuivrai maintenant, en référant à ma quatrième lettre, pour fon fondement, & pour la forme fous laquelle je l'employerai. | 20. En établiffant pour la première fois cette théorie dans mes rech, für les mod. de l'atmofphèére, je donnai déjà un exemple de fon appli- cation, en déterminant ($. 838 ) une échelle ou pour le r*ermomètre lui-méme, ou fimplement pour le calcul, propre aux réfraélions moyennes de l'abbé pr LA CAILLE: voici cette détermination. Le POINT FIXE De LA CAILLE étant fupprimé-10 du vrai tk. de Réaumur, l'in- zervalle fondamental fixé ci-deflus du therm. à mercure, doit être di- vifé en 192 parties, & le Oo de l'échelle doit être placé à la 23° de ces parties an-deflus du point de la glace fondante. Alors, d'après les mêmes données phyfiques qui fervent de bafe à ma formule, l'équation devient encore —— pour les degrés, en partant de ce point-fixe, & = pour les demi-degrés. Je vais étendre maintenant cette application à d'autres cas. * 21. Les réfraélions moyennes de MAYER ont pour serme fixe, la température mème de la glace fondante ; & ce point fixe eft de 39 degrés plus bas que le mien, fur mon échelle de 186 parties. Or, fuivant la règle répétée dans ma quatrième Lettre, l'éguation—pourles demi. degrés devient par-là, 5 Ë = ——— ; & pour revenir à 1000 =— 39 X 2 922 l'équation — , il fautaugmenter le nombre 156 des degrés , fuivant le rapport: de 922 à 1000, Ainfi cette échelle aura 202, degrés dans le même sncervalle for damental que la mienne , &-lon © Gemeurera à Ja glace fondante. ia PARENT SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 433 22. Pour fixer, dans le même but, une ééhelle propre aux RRefr. moyennes de BRADLEY, il faut avoir égard à plufeurs circonftances. 1°. L'incervalle fondamental de {on thermomètre (& ‘en général de tous ceux qui font conftruits à peu d’élévation au-deffus du niveau de la mer) eft plus grand que celui du mien. 2°. Son point fixe elt indiqué fur l'échelle de Fahrenheit, dont le o eft placé hors de l'ë- tervalle fondamental. 3°. Ce point fixe n’eft gas à la même cempé- rature que le mien. 4°. Enfin, ‘il n'eft pas comme celui de MAYER, à l’extrêmiré inférieure de l’ivrervalle fondamental, C’eft donc là un cas très-propre à fervir d’exemple.—1" confidération. L'éncerv. fond. de mon shermomètre a pour fa limite fupérieure, la chaleur de l'eau bouillante par la hauteur 27 p. de Fr. du baromètre : mais d'après une . détermination que j'ai rapportée dans ma lettre précédente, ce point doit être confidéré dans les sherm. anglois, comme étant pris par la hauteur 29,8 p. angl. du baromètre; & alors , fuivant ma formule pour les différences de la chal. de l'eau bouillante, l'intervalle fond. de ce cherm. elt âu mien, comme 180 à 178,3. Ainfi mon zrrervalle fond. érant divifé en 186 parties, celui de BRADLEY doit avoir 187,8 des mêmes parties. — 2°, Le point fixe de BRADLEY eft au $o° degré de fon échelle de Fahrenheït ; c'eft-à-dire, à 50—32—18 au-deflus du point de la glace fondante, entre lequel & celui de l’eau bouil- lante il ÿ a 180 degrés : mais nous avons maintenant divifé ce même értervalle en 187,8 parties; de forte que le point fixe de BRADLEY fe trouve à 18,78 au- deflus de la glace fondante , fur cette porvelle échelle : or, mon point fixe y eft placé à 39 degrés au- deffus de ce même point ; & par conféquent celui de BRADLEY y eft plus bas que le mien de 39 —18,78—20,22.— 3". D'après la règle du changement du point fixe, cet abaiflement de 20,22 change 7 L ‘ ; I léquation —— pour les demi-degrés, en GET ORN er APS A I 959,56 nombre 187,8 des degrés, dans le rapport de 959,56 à 1000; ce-qui le porte à 196.— 4°, Mais le poinr fixe 18,78 étoit rapporté au nombre 187,8, &il doit l'être à 196; par où enfin nous avons fenfiblement 20 au- deflus de la glace fond. pour le point fixe de BRADLEY dans cette divifion en 166 parties de fon zrterv. fondamental ; & l'équation pour les demi- 7 degrés fur fes réfra&ions moy. fera ——. Si l'on employoit mon zuterv. 3 & pour revenir à la première , il faut d’abord augmenter le 1907 fondamental , qui eff à celui de BRADLEY comme 178,3 à 180,îlne devroit être divifé qu’en 194 parties; mais le pointe fixe demeuroit à 20 au-deffus de la glace fond. 23. Un nouvel exemple, différent de ceux-là, montrera la fimplicité, & l’ufage général de cetre méthode. Dans ma formule pour la me/fure Tome X LI, Part. II. FRIMAIRE, Décembre, v.fiyle. ii 2 434 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, des hauteurs par le baromètre , nommant a les différ. des logar, des hauteurs du barom. prifes dans les Tables à 7 décimales ; & confdérées comme des entiers, b la tempér. moyenne rapportée à mon échelle , \ a X 2b & x les hauteurs des lieux, on a a+ = x, où x eft des 4000 1000" de roife de France ; ce qui réfulte du coëfficient 10000. Mais on peut avoir les valeurs d’x en telle autre me/ure qu'on voudra, en changeant l'échelle du thermomètre ; & en voici un exemple pour les toifes angloifes ou fathoms. Le rapport des roifes frang, aux toifes angloifes étant celui de 10000 à 9383, il faut trouver d'abord la sempé- rature où le coëfficient 10000 eft réduit à 9383 : c'eft — 30,85, ou — 61,7 demi-degrés de mon échelle ; foit à 8,15 au-deflus de la glace 10000 X 61,7 Jondante : car, 10000 — — 9383; & ce der- 1000 nier coëfficient étant réduit en mefure amgloife, redevient 10000. Si donc le point fixe eft placé à cette remperature — 30,85 de mon echelle, les valeurs d’x deviendront des 1020" de zoife angloife. Mais alors l'équation pour les demi - degrés de la même échelle deviens J ll £ 1000 — 61,7 938, te augmenter le nombre 186 des degrés dans l’interv. fondam. fuivant le rapport de 9383 à 10000; ce qui le porte à 198,3. Enfin, le nombre 8,15, qui marque fur la première l'élévation du point fixe au-deflus de la glace fondante , étant augmenté dans le même rapport, devient 8,68 fur la dernière. Cette réduction fe rapporte à mon £nterv. fondam. qui eft à celui du rhermom. anglois comme 178,3 à 180. Si donc on emploie ce dernier, il faut augmenter dans ce rapport le nombre des parties , qui devient alors 200 : mais le poire fixe , ou © de l'échelle, demeure à 8,68, ou fenfiblement 9 , au-deflus de la glace fondante. 24. J'ai déjà dic qu'il n'eft pas befoin que le z*ermomètre lui-même porte aucune de ces échelles ; qu'il fuffit d’avoir une é-helle de rapports tracée fur du papier; ce dont j'ai donné deux exemples différens dans la PLV ,$. 610 de mes Recherch. fur les Modif. de lArmof. Ainfi encore, au moyen d’une échelle de rapports de même efpèce que celles- fi, dent l'échelle fur laquelle on obferve occuperoit le milieu, ayant à fes côtés les deux échelles ci-deflus relatives à la me/ure des hauteurs par le barom. on auroit les hauteurs à volonté en coifes de France ou toifes angloifes , par la même formule, ea exprimant feulement la sempéraure d’après l'échelle convenable, 25. Voici donc maintenant cinq échelles , par lefquelles les mêmes données phyfiques déterminées dans l'échelle originale, conferveront l'équation —— pour les demi-deprés , dans les changemens du point fixe : & pour readre plus fenfble la marche de l’agrandiffement réel de cette ———— ; & pour revenir à l'équation —=, il faut SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 435 équation à mefure que le point fexe baïfle, marche indiquée par l’accroifle- ment des nombres de parties dans l'intervalle fondamental, j'ajouterai à la Table fuivante, une colonne , contenant les différens points fixes de ces échelles rapportés à celle de 186 parties. Nombre Pofuion dupoint Nombre de Pointsfixes de ; parties fixe, ou o des pertiesentre rapportés à dans lin- échelles, ez mom- /e o deséch. la premiére terv.fonda- bres de Leurs par- & 1e points deces échel- ment] du tiesau-deffus de déterminéde les, thermom. Za glace fondante. eau bouill. Dan 4 * EDR RL D'un Pour la mefure des hauteurs par Le barom. quand la formule doit donner des soifes de France ris is /VE86 39 147 Pour les réfra&ions moÿennes de l'abbé DE LA GATELE:. este 192 23 169 | — 16,72 de BRADLEY.. 194 20 174 — 19,82 Pour la mefure des hauteurs par le barom. quand la formule doit donner des zoifes an- lofes ets rer. de: 14198 9 189 — 30,86 # 2e les réfra&ions à moyennes de MAYER. 202 oO 202 — 39 J'ai dic de plus , que pour la troifième & la quatrième de ces échelles , fi l’on emploie l'interv. fondam. du thermom. anglois , les nombres des degrés ne doivent pas être 194 & 198 dans cer enervalle, mais 196 & 1 PA 00. 26. Je fs déjà obferver dans mes Recherch. fur Les Modif. de P Atmofph. que l'application de ces échelles, & en général de la formule pour les effets de la chaleur, avoit deux faces différentes ; l’une où l’on art d’un terme fixe, l’autre où l’on arrive à ce rerme : ce que je dois répéter ici à l'écard des réfraëtions. Soit a, la réfraëion moyenne à un certain angle ; b, la réfraéion aëuelle au mème angle ; it c , le nombre des demi-deprés fur l’échelle convenable , en += où en— comparativement au O, ou point'fixé de cette échelle. SOC AEN 29 SMLIO" EL" Dans l’application ordinaire de l'équation pour la chaleur aux réfraétions aflronomiques ; où il s’agit d’obtenis la réfraélion aëuelle ; d'après des 456. OBSERVATIONS SURLA RHASIQUE, réfraëtiois moyennes qu'on prend pour règle , c'eft & qu'on cherche, d'après a fourni par quelque Table & « qu'on a obfervé : en ce cas la 1000 4 formule ef, 1000 + € d'air étant en raifon inverfe de fes volumes, & la réfraion en füivant {a raifon direéte, faifant fon, volume à la température de la réfra&ion moyenne == 1000 ; &les nombresic -en étant des 1000", on a, b: æ:: 1000 : 1000 + c 3; d'où découle la formule ci-deffus. Mais fi l’on veut chercher quelle feroit la réfraéfion moyenne à ce mème point fixe, d'après-une -réfraéion actuelle déterminée à une température c, c'eft alors a qu'on cherche, d'après à & c obfervés, & l'on a cette analopie a: b :: 1000 + c : 1000 ; d'où réfulte cette autre formule, A LPS AENOREE Gites a;ou b+ ar 1000 1000 je fuppoferai dans ce qui me refte à dire, après avoir expofé quelques confidérations qui me portent à penfer, qu'en renouvellant les expériences fur les réfraëions, on pourra obtenir des réfraëions moyennes plus sûres qu'on ne les a eues jufqu'ici. 527, J'ai fait voir d’abord ; dans la comparaifon ci-deflus des expé- riences fur Les refraéfions à celles qui regardent la ef. des haut. par le baromètre, qu'il y a plus d'incertitude dans l'obfervation & plus de caufes d'anomalies dans les premières que dans les dernières; & c’eft fans doute par cette raifon , que les équations pour Ja chaleur conlues- par DE LA CAILLE, MAYER & BRADLEY de leurs expé- riences refpettives, différent entr’elles comme les nombres 810, 995, 1179 (2° letue). Or, les caufes d'anomalies exigeant la voie d'ap- proximation, dans la: recherche conjointe des ox & de leurs coëf- ciens d'après les phénomènes, la formule des réfraétions ne pouvoit tirer fon coëfficienc. d'obfervations faites à diverles rempératures , fans que l'équation pour la chaleur ne füt en même temps déterminée; par où l'incerticqde de l'éguation s'érend aux réfraéions moyennes elles- «mêmes... | ds. 18: HN SN ASE 28. Jetrouveune autre caufe d'incertitude dans les réfradions moyen- nes déterminées jufqu'ici, par la manière dont j'ai lieu de croire qu’on y a obfervé la sempérature de l'air ; fur quoi je ferai d'abord une re- marque. La détermination, des réfraélions moyennes feroit impoflible, fi l’on né comptoit fur cette théorie de NEWTON: « que fi la lumière .». pale. àirravers plufieurs milieux refringens qui foient par degrés plus D» denfes lesuns que,les autres, ,& féparés par des furfaces paralleles, » Ja fomme de toutes les rcfraélions fucceflives eft égale à la fimple ,æ réfraélion. que la Zumiére auroit foufferte en paflant immédiatement or à parcille obliquité, du vuide, dans un air de la denfiré de celui — D; car les denfités d'une même maffe — a. Ce fera cette formule que . SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 437 » qu'ils traverfent auprès de œil ». C’eft par-là, dis-je, feulement que Les ‘obfervatiôns méréprologiques néceflaires faites dans ce dernier air, jointes à des obfervarions aftronomiques, peuveñc nous ‘fournir des réfraétions moyennes , avec leurs équarrons pout les différens états de ce même air. Mais cette mafle particulière de l'air, donc il importe de connoître la empérarire, embrafle-t-elle tout l'efpace d'un obfer- vatoire, ati-dedans ou aûü-dehors > Non fansidoure, elle eft à l'entrée de la Zunerte. Or, je ‘ne connois aucune fuite d'obfervarions ; foit pour déterminer des réfractiôns, foît pour appliquer celles qui ont éré déter. Minées, où le shermoméerre tait éré-placé dans ce feul lieu dont la rem- pérature importe au phénomène. 29. Les obfervations faites pour conclure Les réfraéfions d’après les hauteurs apparentes du /o/eil, ont eu un défaut particulier dont j'ai déja faic mention à l'égard de la me/. des haut. par le barometre”; celui d’obferver là température à l'ombre. M. TREMBLEY abandonne cetre queftion dans fon dernier mémoire, écrit avant que j’eufle ré- pondu à fes objections : « M. DELUC ( dit-il) fe prépare à prouver la » bonté de fa méthode d'obferver au foleël : je lé laifleräi difcurer cout »à fon aile», Je l'ai donc fait dans ma $° lettre au Jonrn. des fav. dé novembre, & dans la 6° au Journ. de Phy[. d'avril, Sans doute que tous les hermometres ne font pas propres à ces obfervations au foleil'; mais j'avois eu foin d’avertir, que pour ce cas, & même pour tous ceux où il s’agit de déterminer latzempérarure, fouvent pañlagère, de l'air libre, il faut employer un thernr de mercure, à petite boule’, ifolée & tenue bien nette, fixée feulement à une petite pièce de fapin,, couverte de papier blanc fur lequel l'échelle eft tracée. Ce fera AGE un tel thermomètre que je fuppoferai. 30. Enfin M. RAMSDEN, qui‘eft d’accord avec moi fur toutes ces remarques, a comigé un autre défaut éflentiel dans les obfervations de nuit, où ce même air dont la empérauirc eft importante, étoit échauflé par la lanterne deftinée à éclairer le champ de la /unerre ; tandis que le rhcermomerre qui devoit indiquer la rempérature de cet air étoit placé autre part dans l’obfervatoire: il a, dis-je, tranfporté la Janterne a une diftance fufhfante pour détruire cet effet nuifible, & de-là il réfléchit fa /umiére feule dans le champ de la Zunerre, au moyen d’un miroir concave. Au lieu donc de cette lanterne près de l'embouchure de la lnette, il faudroit y fufpendret le shermomerre que fai décrit, en ÿ joignant un Aygromèétre par la raifon que je dirai bientor. 31. J'ai trouvé aflez d'amateurs de l'aftrenomie qui ont reconnu ces caufes d'incertitude dans les réfraétions moyennes déterminées jufqu'ici, pour efpérer que tôt ou tard on reprendra ce travail aveé les condi- tions néceflaires pour le rendre plus für; c'eft pourquoi je vais main- 438 OPBSFRFATIONS SUR LA PHYSTQ UE, tenant expofer quelques idées fur la marche qu’on pourroit fuivre dans un nouvel eufemble d'expériences, pour y difcerner les différentes loix & leurs évéfficiens. 32. Je commencerai par la oi des réfraëions comparativement aux angles, fur laquelle je ferai d'abord une remarque par analogie. Quoique la Zoë des denfités de l'air comparativement aux preffions , ait été origi- nairement trouvée comme par hazard, elle n’auroit pas tardé à être conclue de la théorie ; car elle découle de la tendance de l'air vers la terre, jointe a fon expanlibilité fans borne connue: cependant combien de temps & d'expériences n'a-t-il pas fallu, pour reconnoître cette loi dans l'atmofphère! or NEWTON, partant aufli de la théorie, avoit trouvé cette /oi, à l'égard des réfraéions : « qu'il devoic régner un » rapport conftant, entre le fzzus de l'angle d'incidence des rayons » de la lumière , & celui de l'angle de leur réfraétion ». N’eft-ce donc point aufli faute d'équations exactes, pour les caufes connues qui mêlent leurs effers à cette /o; & manque de connoître toutes les caufes qui influent fur le phénomène, qu’elle, n'y a pas été découverte telle que NEWTON l'avoic décerminée ? … 33. La recherche de cette /oi fondamentale exige de raffembler un £ertain nombre de réfraélions jaëuelles , déterminées à divers angles : mais comme il feroit prefque impoffible d'obtenir immédiatement chacun de ces enfembles à un angle précis, après en avoir approché autant qu'il feroic poffible, ou commode, il faudroit divifer ces expériences en grouppes, dans chacun defquels, partant de la Lor de NEWTON, on ramêneroit les refraëlions à un angle moyen. Cela fait, comme fapplément à ce qu’on ne peut efpèrer d'obrenir dans les expériences elles- mêmes, les réfulrats de ce premier calcul feroient confidérés comme ayant été obtenus à leurs nouveaux angles, demeurant diftin&s comme aupa- ravant, & accompagnés des mêmes cirçonftaiçes météorologiques ; & lon ne s'occuperait plus des amgles pour quelque temps. 342 Je fuppofe que dans la recherche des réfraélicns moyennes, d'après ces nouvelles expériences, on chüifiroit le terme :noyen fxé pour quel- qu'une des formules de réfraétions qui font en ufage ; afin de la vérifier directement, & en même-tems pour que la nouvelle formule, au cas qu’elle obtint Ja préférence , n'introduisic que plus d’exactitude , & non un changement de rapport dans les réductions des aftronomes qui em- ployoient celle-là. Ainfi d’abord , on rameneroit tous les réfultats obtenus par l'expérience, à la hauteur moyenne du baromètre fixée dans gette formule, Quant aux effets des différences de la chaleur , procédant des . différences qui en réfultenc dans la denfté de l'air, je crois ayoir montré, en général, qu'il convient d'adapter la formule conclue des expériences barométriques ; & de plus, qu'il fera très-commode d'employer au calcul, l'échelle SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. ‘439 léchelle convenable au point fixe choifi, qui donne la formule & + b " se —a($. 26). Cependant il pourroit arriver en fin d’analyfe, 1000 que cette équation fubît quelque changement ; car nous ignorons encore, fi le feu, caufe de la chaleur , n’affecte point aufli le milieu quant à fa faculté réfringente ; de forte que l’équation pour la chaleur tirée des expériences barométriques, dût changer , en paflant dans la formule des réfraëtions : mais on ne pourra le reconnoître qu'après la recherche des effets d’une caufe, déjà très- probable, de changement dans la faculré réfringente du milieu, & que voici: 35. Les grandes o/£illations des objets, quand les ayons qui em partent paflent auprès de certains corps (des toîes ou des rochers) fur lefquels l’aétion du foleil vient à occafonner une évaporation rapide, font une preuve de l'influence de la vapeur aqueufe fur la faculté refringente du milieu que ces rayons traverfent; mais voici une expé- rience plus direéte fur ce point. Le 27° avril 1774, le Gén. Roy & le cap. Prpps ( depuis lord MULGRAVE ) firent à Woo4ich l'expérience fuivante, à laquelle j'afliftai avec quelques autres phyficiens: Le foir de ce jour-là, ils placèrent auprès de la Tamife, le reflux étant alors à-peu-près aux deux tiers, un très-bon inftrument à prendre les angles, dont le pied étoit au niveau de la haute marée. En cet érat d’abaifle- -ment de la furface de l’eau, ils prirent les angles d’élévation de trois objets fitués à l’autre côté de la rivière, Pun à fon bord, les deux autres fucceflivement plus éloignés à peu-près fur une même ligne; & le lendemain matin, fans avoir déplacé l’inftrument, ils prirent les angles des mêmes objers , environ 1 h. a5/ après la haute marée: voici les obfervations. Lez77h.15s'foir. Le:8°4h.30! RH Différ. des Angl, TN an Ne MN ms Premier objer . .. 0°, 16', 30//..0°, 7, 45/..0°, 11, 15" Diese secs Opi it Os :-Os0 72: 301%305:2,30 Bones crhme 0153.30 09121, 19% 0 LS 5 4S 36. Cette expérience, tant par le grand effet qu'on y obferve de l'augmentation des vapeurs (par un plus grand voifinage de la fur- face de l'eau & leur accumulation durant la nuit), que par l'aug- mentation fenfble qui fe trouve dans cet effet pour Îles objets plus diflans, conduit d’abord à comprendre, pourquoi on n’a pu foumertre les réfraëtions pour de petites hauteurs fur l’Aorizon, à aucune règle fixe; & que les expériences fur ces réfraétions ne doivent entrer pour rien dans la determinatien d'une formule générale, quoique MAYER Tome XLIII, Part. II, FRIMAIRE, Décembre ,v. flyle. Kkk 440 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE; femble l'avoir eu en vue (lettre 1°, $. 18 ). Car Les vapeurs ne s’élevant pas également de toute la furface du fol, & ne pouvant ainfi {e trouver toujours à même denfité aux /mêmes hauteurs, les couches de difié- rent pouvoir refringenc ne confervent pas aflez de parallélifme entr'eiles, pour que les rayons, qui font un long trajet dans ces couches irré- gulières, n’y fubiflent pas des inflexions dont l’état de la dernière couche ne fauroit avertit: à quoi fe joignent des irrégularites femblables pro- cédantes des éffers de. la chaleur auprès du fol. 37. On ne-peut donc efpérer de foumettre les réfraëlions à une règle fixe, que loïfque les objets céleftes font aflez élevés {ur l'hori- zon , pour que dans le trajet de leurs rayons vers notre œil, ils traverlent des srilieux de plus en plus réfringens, confervant entr'eux le parallélifme fur lequel nous comptons, & qui a lieu à ne confi- dérer que l'effet des preffions. Plus les objets céleftes fonc élevés, plus on peut compter que cette condition néceflaire aura lieu aufli à l'égard des effets de la chaleur & des vapeurs. La chaleur diminue de bas en haut dans l’atmofphère ; ce qui tend à rendre les décroiflemens de denfité, moins rapides que ne l'exigeroient les diminutions de preffion : mais la quantité de la vapeur aqueufe va aufli en diminuant de bas en haut; & comme il en réfulte une diminution {ucceflive de faculté réfringente, cette caufe tend à diminuer l'effet du décroiflement de la chaleur. C'eft fur la régularité de ces effets à une certaine éléva- tion au-deflus du fol, &: un trajet plus court & moins oblique des . rayons dans les parties inférieures, que fe fonde la probabilité d’une fucceffion de milieux de plusen plus réfringens, qui confervent entr'eux le parallelifme néceflaire pour que la détermination du pouvoir réfrin- gent de la couche voifine de l'œil, puifle indiquer la réfraétion totale, d'après les réfultats d'expériences précédentes. 35, J'ai fappofé ci-deflus que les réfraë&ions décerminées par de nou- velles expériences, ont été amenées À un certain posnt fixe, par les equations relatives au baromètre & au rhermométre: mais jufque-là nous n'avions eu égard qu'aux différences de denfité de l'air; & nous venons de voir une caule qui change auñli fa faculté refringente. Il faudroit donc alors comparer les différences qui fe t'ouveroient fans doute entre les réfulrats, dans chaque groupe pour un même angle, avec celles des indications de l’Aygromerre; ce qui conduiroit proba- blement'à une nouvelle équation, rapportée à quelque point fixe de cet inftrument, qui s'ajouteroit alors comme condition à la bafe des réfraétions moyennes ; & il feroit aifé, par: une divilion convenable de l'échelle de l'Aygromètre, où par une échelle de rapports avec 1 celle de l'inftrument, d'amener cette équation à—=; quelle que fût 1600 même la /oi qu'on auroit trouvée immédiatement, puifqu'on peut la faire règner dans la grandeur des degrés de l'échelle de calcul, SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS, 441 39. Enfin, les réfultats des nouvelles expériences ayant été rappro- chés entr'eux par cette troifième équation, il feroit temps d'examiner, fi cellé qui concerne la chaleur ne feroit point fufceptible de plus d’exactitude; c’eft-à-dire, fi elle fe devroit point différer dans certe clafle d'expériences de fa détermination par la mef. des haur. par le baromètre : ce que j'ai laiffé en doute au 6. 34. En ce cas, pour changer l'équation comme on l’auroit trouvé convenable , il fufhroit de changer le nombre des degrés dans l'interv. fond. du thermomètre, pour l'échelle de calcul feulement,: où pour le zhermométré lui-même, afin de conférver l'équation —=—. 40. Toutes ces réductions étant terminées, le milieu entre les ré/ultars dans les grouppes d’obfervations rapportées à un même angle, don- neroit la réfraction moyenne à leurs angles refpectifs. Alors donc on examineroit, fi la /oz relative aux angles indiquée par ces zermes moyens, ne fe rapprocheroit pas aflez de celle que Newton avoir déterminée par la théorie, pour l’adopter elle-même; auquel cas il ne refteroic plus qu’à lui donner pour coëfficient , la quantité par laquelle, en calculant les réfraétions moyennes pour les angles des mêmes group- pes, les réfulrare tiendroient un milieu entre ceux que les calculs précédens auroient fournis d’après l'expérience. C’eft ce que j'ai fait à l’égard de la mef. des haut. par le baromètre, où, dès que je fus arrivé aflez près de la Zoë fournie par la théorie, pour comprendre qu’elle exiltoit, je l’adoptai elle-même, comme découlant d’une caufe géné- rale; après quoi je ne cherchai plus à produire l'équilibre entre les réfultats de l’expérience , que par un coëfficient & fes modifications pour les différens états de l'air : & dans cette recherche, fixant un coëfficient commode, & donnant aufli- des-expreflions commodes aux équations , jobtins cet équilibre entre les réfultats, en déterminant fimplement des échelles du thermomètte, indiquant par certains degrés, partant de certains points , les cempératures du baromètre & de l'air. Je rappelle cette dernière méthode, parce qu’il n'eft pas impoñible qu'on n'obtienne un coëffcient commode de’la loi des réfradions, en changeant à quelque égard le point fixe des refraétions moyennes, fans perdre l’éguarion —=—, qu'on peut avoir même pour ie baromé- tre au moyen d’une échelle de rapports. 41. Je nai plus qu’un objet fixe en vue; mais quoique je le regarde comme important en lui-même, je fuis réduit jufqu'ici à l'indiquer feulement, En faifant les réfraélions proportionnelles aux hauteurs du baromètre, on n'a égard qu'aux différences de denfité de l'air ; ce qui pourtant. n'eft immédiacemenr fondé, que lorfque, les différences de ces hauteurs procèdent des différences d’élévation des obfervatoires ; carnous ionorons sil en eft de même à l'égard des variations, du baromètre dans les mêmes lieux. J'ai rappelé dans ma lettre précé- * Tome XLIH, Part. 11, FRIMAIRE, Décembre, v. flyle. Kkk 2 42 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, dente, les raifons que j'ai de penfer , que lorfque le baromètre baifle en figne de pluie, ou qu'il hauffe en figne de beau temps , il fe fair, dans l'enfemble des fluides atmo/phériques, des changemens qui affectent le rapport de la force expanfive à la denfité: or, il peut en réfulter auf , & il eft même probable qu'il en réfulte des changemens dans la faculté réfringente de cet enfemble. Je me borne à cette indica- tion, parce que j'ai déjà expliqué aux 6$. 842 & fuiv. de mes reck. fur les mod. de l'atfn. le moyen de la vérifier, & d'en faire ufage fi elle eft fondée : je l'appliquois alors à la vapeur aqueufe, & j'en ai changé l'objet dans ma lettre précédente; mais fa conféquence desmeure la même quant aux réfraéfions. Tel eft l’enfemble des remarques que je m'érois propofé dès long- temps d'offrir à l’examen des aftronomes; je fouhaite qu'elles infpirent à quelqu'un d'entreux le deflein d'entreprendre de nouvelles expé- riences fur les refraélions : car l'utilité de ces expériences ne fe bor- neroit pas à l’aftronomie, elle s’étendroit fur toute la phyfique, qui étant le fommaire de l'expérience fur les objets de la nature, ne peut fe perfectionner , qu'à mefure qu'on portera l’exactitude dans leurs diverfes clafles , non minutieufement, mais d'après des vues de recherche fur leurs rapports éloignés. Je prends donc enfin congé de ce fujet, qui m'a occupé tant d'années, mais je demeure invariablement , & depuis bien des années auf, &c. [ L'ETENTERTE DE 4 BROUSSONET, A J.C. DELAMÉTHERIE, SUR Du PAPIER FAIT AVEC L'ÉCORCE DU MURIER BLANC. Montpellier, 13 Avril 1793, l'an z de la Répubiique. Vs US avez publié, mon cher confrère, dans votre Journal de Phyfique du mois de mars dernier, une note fur le mérier papyrifére ; vous y dites : « On favoit depuis long-tems que les Chinois faifoient du papier » avec le mürier papyrifère, mais en Europe on r'avoit jamais effayé » de füivre leur exemple, foit qu’on ne connût pas leur procédé, foit SUR L'HIST. NATURELLE ETF LES ARTS. 443 3 qu'on n'y eût point affez donné d'attention ». — Voici un article intprimé dans le trimeftre d'hiver 1787 des Mémoires de la Société d'Agriculture, qui détruit cette affertion. « M. le Breton a préfenté des échantillons de papier fabriqué à la manufacture de Courtaiin , avec » de l'écorce de mürier-papier dé la Chine, retirée des jeunes poules » de ces arbres, dans les jardins deçM. de Noailles, à Saint-Germain. > Les ouvriers qui ont fait cet effai, ont regardé les matériaux comme 2 très - propres à être employés avec beaucoup d’avanrage, & cette » expérience eft une nouvelle preuve de ‘utilité qu'on retireroit de la > culture faite en grand de cet arbre précieux ». C’eft dans cette vue que j'avois fait à la même époque une plantation aflez confidérable de cette efpèce de mürier dans les jardins de l'Ecole vétérinaire. J'ai regretté depuis que les circonftances ne m’euflent pas permis de fuivre ces eflais. J’ai encore des échantillons de ce papier fabriqué à Courtalin, Nous avions depuis long-tems en France l'individu mâle de ce mürier, & j'ai introduit dans nos jardins des individus femelles qui m’avoient éré donnés à Londres par le chevalier Banks, qui toujours occupé de ce qui peut être utile à fon pays, étoit alors fur le point de faire fervir l'écorce de cet arbre à la fabrication du papier employé pour les gravures, & pour lequel l'Angleterre eft encore tributaire des pays étrangers. u Addition aux procédés de FAUIAS & JOHANNOT. Depuis la note que nous avons publiée fur le procédé de Faujas & Johannot pour la fabrication du papier avec l'écorce de Mürier, Faujas a fait des expériences pour chercher à débarraffer cette écorce des parties groflières qui tachoient ce papier. Il a faic bouillir cette écorce avec de l’alkali fixe cauflique qui a diflous fa partie groflière , & l'écorce eft devenue d’un beau blanc qui rapprochoit de celui du coton. J'en ai vu chez lui plufeurs eflais. La fibre en étoit forte , aflez fine pour qu'on pût la filer. . . . Elle feroit de très-beau papier. Il continue ces expériences & nous en a promis la fuite. J,C, Delamétherie. Ÿs 444 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, ÉPHÉMÉRIDES De la Socicté Metéorologique Palatine , établie à Manheim. TROISIÈME EXTRAIT, ANNÉE 1783. 2 Par L. CoTTE, Membre de la Société Météorologique de Manheim , & de celle des Naturalifles de Paris, &c. \ L'avwir 1783 eft une des plus mémorables “n les faftes de ‘la Météorologie par les phénomènes défaftreux & extraérdinaires dont elle a été l'époque. Tels font, 1°. le tremblement de terre du s février, qui a renverfé une partie de la Sicile & de la Calabre, & qui sy eft répété plufieurs fois , ainfi que dans d'autres endroits. 2°. L'inondation prelque totale de l’île Formofe arrivée le 22 juillet 1782. 3°. La formation d'une nouvelle île près celle d'Iflande. 4°. L’incendie fponrané de la terre en Iflande précédé par un tremblement de terre arrivé en juin. 5°. Le brouillard: fec formé par des exhalaifons qui a coavert prefque toute l'Europe pendant une partie de, l'été. 6°. Les orages & les tonnerres fréquens qui ont fuccédé a ces brouillards. 7°. Les neiges abondantes qui font tombées en décembre. 8°. Enfin, le froid rigoureux qui a fuivi la chûte de cette neige. Le brouillard fec a été le phénomène le plus semarquable, parce qu'il a été plus univerfel. Plufeurs phyfciens en ont donné la defcriprion, & ont effayé d'en rechercher les caufes. Je donnerai le précis de leurs idées à ce fujec, après avoir fait connoîrre ce que le volume que j'extrais contient de plus intéreflant. Outre les ebfervations qui ont été faires dans [es villes qui en avoient envoyé les années précé- dentes, on trouve de plus dans ce volume celles de Dijon, de Pérerf- bourg, de Mofcow, de Stockolm & de Gortirgue. Les obfervations de Manheim font toujours faites avec le même foin par M. Pabbé Hemmer ; voici les réfultats les plus intéreflans que préfentent ces obfervations, Baromètre. 1°. Le mercure a beauconp moins varié en 1783 qu'en 1782; 2°. il a moins varié aufli la nuit que le jour; 3°. fa plus grande élévation en un jour a été de 7,8 lign. & fon plus grand abaiflement de 9,2 lign. l’un & l'autre ont eu lieu en mars; 4°, il seft moins élevé à midi que le matin & le foir ( ce réfulrac paroït conftanr, & peut être affigné comme une règle générale de ja marche du mercure); $°. les SUR L'BIST. NATURELLE ÆET L£S ARTS. 445 variations du baromètre comparées avec les phafes de la lune, ne pré- fentent rien de fixe ; 6°. le mercure a été plus élevé dans les périgées que dans les apogées : c'eft le contraire de ce qui a eu lieu en 1781 & 1782 ; 7. comme dans les années précédentes , le baromètre a monté plus baut dans les équinoxes lanaires que dans les luniltices, avec cette différence cependant qu’en 178 3 il s’eft foutenu plus bas dans les équinoxes afcendans que dans les defcendans, plus bas aufli dans les luniftices boréaux que dansles auftraux: cette marche eft oppoféeà celle qu'on avoit obfervées en 1782. ‘4 Thermomètre. 1°. De mémoire d'homme , on n'avoit jamais vu le thermomètre aufli bas qu'il fur obfervé le 31 décembre (i— 18,24.) 2°. la différence entre Les degrés de chaleur & de froid a furpañlé de 6 d. celle de l’année dernière; elle a eu lieu dans les mois d'hiver , ce qui eft extraordinaire. Les réfultats des obfervations de l’Aygrométre, ainfi que ceux de Ia pluie & de l'évaporation ; ne préfentenc rien de particulier, Aiguille armantée. 1°. La déclinaifon a été plus grande de 30' que celle de 1782, & de s4' que celle de 1781 ; 2°. elle a continué d’être tous les jours plus grande à midi que le matin & le-foir (cette loi du magnétifme paroîc conftante ) ; 3°. l'aiguille s’eft avancée cette année de 7! vers l'occident. Aurore boréale. Elle a paru 16 fois. Elle a influé 7 fois fur la variation de l'aiguille #imantée qui a été immobile les autres fois. Eletricité atmofphérique. 1°. On a obfervé 4$ fois des fignes d’élec- tricité, dont 28 fois par un tems pluvieux’ fans tonnerre, 7 fois feule- mént avec tonnerre, & 10 fois par des nuées muettes & fans pluie ; 2°. l'électricité a été 40 fois pofitive, & 44 fois régative; 3°. un dragon électrique lancé dans l'atmofphère a appris qu'elle eft électrique en tout tems & à tour: heure de jour & de nuit, & que l'électricité eft toujours ofitive, lorfque l’atmofphère ne contient point de nuages orageux. M. l'abbé Hemmer a continué de comparer: les décès avec les points Junaires; certe comparaifun lui a donné des réfulrats oppofés à ceux qu'ilavoit obfervés en 1782. Les Obfervarions de Manbeim font fuivies de celles du Mont Suinr- Andex , de Berlin, de Bude, de Duffeldorf, du Mont Saint-Gothard, de Coppenhague , de Wirifhourg , d'Erfort, de Munich, de Tegerne, de Peiffenberg, de Sagan , de Prague & de Genève. Toutes ces obfer- vations prouveut que le brouillard extraordinaire dont nous avons parlé a été obfervé dans toures'ces villes. M. Marer, auteur des obfervations de Dijon, donne un détail fuccin&t fur la pofñtion de cette ville, fur.Ja manière dont fes inftrumens font placés. La latirude de Dijon eft de 7° 19° 22/, & fa longitude de 20° 36 à l'eft du méridien de Paris. Vingt années d'obfervations ont appris à M. Marer que les termes extrêmes du 4 % 415 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, baromètre font dans cette ville 27 pouc. 10 lign. & 26 pouc. 8 lign. Sa hauteur moyenne eft donc 27 pouc. 3 lien, M, Saint-Jacques de Sylvabelle dit que la variation de l'aiguille aimauntée eft à peine {enfble à Marfeille après plufieurs années d'obfer- vations, Ce fait eft crès-extraordinaire: il feroit à fouhaiter qu'il für vérifié de nouveau avec la bouflole de M. ’an-Swinden ou celle de M. Coulomb. M. de Sylvabelle fixe à 19° 30° la déclinaifon en 1783. Entre les réfulrats que préfentent les Tables de M. Toaldo à Padoue, on remarque, 5°. que la plus grande variation du baromètreen 24 heur. eft de 6 lign. 2°. que le mercure eft aflez fouvent ftationaire : ainfi il l’a été pendant 48 heur. dans les premiers jours de juillet; 3°. qu'il eft plus fouvent ftarionaire la nuit que le jour , ce que M. Tou/do attribue à une température plus égale pendant la nuit ; 4°. qu'il monte plus dans les qua- dratures de la lune, que dans les fyzigies, & plus aufi dans l'apogée que dans le périgée; ç°. que le mois d'avril eft celui où l'hygromètre indique une plus grande fécherefle : c'eft aufli le réfulrat que j'ai trouvé après plufeurs années d'obfervations ; 6°. que les quantités de pluie font bien plus grandes dans les lieux fitués près des montagnes que dans les plaines. Je ne trouve rien qui doive être noré dans les obfervations de /a Rochelle, de Rome, de Marfeïlle, de Chiozza , de Stockolm , dont la latitude eft de 59° 20’ :0/, de Moféow, de Péterfbourg, de Midelbourg, Cortingue où M. Garterer obferve eft à 51° 31" 54/ de latitude & à 7° 34/ de longitude à l’eft de Paris ; fon élévation au-deflus de la mer eft de 70 toiles. L'auteur donne la defcription topographique de Gottingue ; il fait connoître aulli les inftrumens dont il fe ferc & leur pofition. On trouve à la fin du volume les réfultats pour chaque année des obfervations faites à Cambridoe en Amérique. Un fupplément à ce volume contient Les obfervations faites à Bonn, à Bruxelles, à Ratif- bonne , (des obfervations du baromètre faires dans cette ville , il réfulte qu'il a été plus élevé dans les fyzigies que dans les quadratures) à /æ Haye, à Spidberg en Norvège par 59° 30 de latitude & 6° 50! de longitude. Le lieu de l'obfervation elt élevé de 400 pieds au-deflus de la mer. M. Konig a dreflé les Tables qui préfentent les réfultats de toutes les obfervations {je les ai publiés dans ce Journal, ainfi que ceux de plus de quatre-vingts villes différentes). Il a ajouté à ces Tables celles qui préfentent pour chaque ville les réfultats comparés des trois premières années de la correfpondance de la Société. Je paffe aux Mémoires & aux differtations particulières contenus dans le volume que j'analyfe. J'ai parlé, en rendant compte du précédent volume, d’une diflertation de M. Srezglefener ,obfervateur à Ingolftaldt, fur Les Ofcillations du Mercure dans le Baromètre. On trouve dans le volume de 1783 une fuite d’obfervations faites fur le même objet à Erfort par M. Planer. I s'eft fervi du baromètre de la Société Palatine, dont SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 447 dont il a divifé la ligne par le calcul en cent parties, &ila dégagé la marche de l'inflrument de l’efter de la chaleur d’après les principes de M. de Luc. La hauteur moyenne du mercure dans l’obervatoire de M. Planer eft de 27 pouc. 6,11 lign. Il a commencé Le premier mars 1782 à chferver de quatre em quatre heur. favoir, à 2 heur. à 6 heur. 210 heur. matin, à 2 heur, à 6 heur. & à 10 heur. du foir. Les obfer- vations ont été faites pendant la nuit par deux chartreux. IL paroît par les anciennes obfervations , ‘que lorfque le mercure ef en train de monter, il fe tient plus bas à midi qu'aux autres heures du jour, & plus baut lorfqu'il eft en train de defcendre ; il éprouve donc deux mouvemens , favoir , un mouvement périodique & un mouvement ofcil- latoire. C’eft un principe en Phyfique que les effets naturels ont une marche lente & égale, & c’eft pour la faifir cette marche, que M. Planer a formé un plan d'obfervations qui lui ont donné lieu d'établir cette règle générale, que le mouvement périodique & progreflif du mercure ne fe faifoit pas d'une manière uniforme, mais qu’il étoit d’abord fort lent, qu’il devenoit enfuite de plus en plus accéléré vers le milieu de la période, pour fe rallentir enfuite ; ce qu'il attribue au confliét de caufes contraires qui agiffent fur fa marche. Il faut voir dans la differtation de M. Planer les précautions qu'il a prifes, foic pour diriger fes obfervations , foit pour les rédiger afin de parvenir à découvrir ce mouvement ofcillatoire du mercure, Il réfulre de fes Tables d’obfervations : 1°, Qu’entre 10 heur. & 2 heur, de la nuit & du jeur les élévations & les abaiflemens du mercure font les moins grands;le contraire a lieu entre 6 & 10 heur. du matin & du foir. 2°. Qu’entre 2 & 6 heur. de la nuit & du jour, il monte aufli fouvent qu'il defcend , de manière cependant qu'il monte plus fouvent à ces heures dans les mois d'hiver, & qu'il defcend plus fouvent dans les mois d'été. 3°. Que les ofcillations font moindres en été, plus grandes en hiver, & très-grandes aux équinoxes. 4°. Qu'’elles font moindres auffi Le jour que la nuit, & par conféquent que la pefanreur de l'air eft plus variable en hiver & pendant la nuit ( cette remarque eft contraire à celle de M. Toaldo que j'ai rapportée plus haut). BARON 1 ie 5°: Que plus le foleil eft élevé fur l'horifon , moins les ofcillations font grandes; qu’elles augmentent à mefure qu'il s approche de l’horifon occidental, & qu’elles font très- grandes lorfqu'il avoifine l'horifon oriental. 6°. Quelles font indépendantes jufqu’à un certain point des variations de la chaleur, car M. Planer croit que la chaleur y influe un peu, ainf que les mouvemens de la terre autour du foleil & de fon axe, & l’attrac- tion du foleil & de la lune. Ajoutez encore d’autres caufes peu connues Tome XLIIL, Part. II, FRIMAIRE, Décembre ,v.flyle. Lil 413 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, qui doivtnt produire des anomalies dans ce mouvement ofcillatoire dont il nous fuffit d’avoir prouvé l’exiftence. Parmi ces caufes on peut compter les différentes pobtions de la lune, l'écétricité, la direction des vents. C’eft à l’occafion de cette influence de la lune fur notre atmof- phère, que M. Toaldo avoue qu'il regarde la lune comme un foyer de matière électrique qu’elle réfléchit vers la terre, Nous verrons en rendant compte des volumes fuivans , fi cette théorie de M. P/aner fera confirmée ar les obfervations faires à Manheim fur le barométographe de M. Changeux. J'ai donné dans ce Journal (année 1784, feconde part. pag. 4$5$), les réfulrats des obfervations faites fur les neiges abondantes & le froid rigoureux de l'hiver de 1783 à 1784. M. Diécriche a parlé aufli dans le même volume (pag. 273 ) d'une température femblable éprouvée dans les Vofges. On rrouve dans le volume des Æphemérides que j'extrais, la fuite des plus grands degrés de froid obfervés dans la Frife & la Hollande recueillie par M. Van-Swinden. Il m'avoit communiqué aufi à ce fujet quelques détails que j'ai inférés dans le Mémoire cité plus haut (pag.462). Avant de parler du brouillard très-extraordinaiie qui a couvert une partie de l'Europe & peut-être même l'Europe toute entièr en 1783 pendant les mois de juin , juillet & août, & mêmefeptembre en plufieurs endroits, je dirai un mot d’un autre phénomène qui a précédé ce brouillard en Iflande : c’eft un incendie fpontané de la terre qui s’eft manifefté à la fuite des violens tremblemens de terre que l’on a éprouvés dans cette île le premier juin 1783 & les jours fuivans, fur-rout le 1T, époque de l'apparition de trois colonnes: de feu que l'on vit fortir de terre, Ces trois colonnes n’en formèrent plus qu'une qui étoit fi élevée qu’on la voyoit à 34 milles de diftance. Souvent on ne découvroit point de flamme , on appercevoit feulement une vapeur ou fumée fi épaifle , qu'à midi on ne pouvoir ni lire ni écrire : il tomboit de tems en tems des pluies fulfureufes très-abondantes, & il partoir de cetre colonne un bruit éclatant. Tantôt on éprouvoit un froid très-vif, tantôt on étoit expofé à une chaleur infupportable ; le foleil paroifloit alors comme un globe enflammé : Les rivières débordèrent d’abord , & parurent enfuire à fec ; Ja terre s’entr'ouvroit & paroifloir comme une mer de feu d’où fortoient des pierres & des matières combuftibles, Ces convulfons terribles de la terre durèrent nuit & jour depuis le 12 juin jufqu'au 12 août. Dix-fept villages furent brülés, quatre furent inordés, & plufieurs autres furent ravaoés par Les pierres & les autres matières que la terre vomifloit : trois randes rivières & huit autres plus petites ont été tellement defléchées, qu’elles n'ont plus reparw. Ces défaftres fe font propagés dans l'île jufqu’en novembre. L'éruption du feu avoit été précédée dans toute l'île par une vapeur épaifle remplie de pouflière qui donnoit une couleur rouge au foleil , & qui l'obfcureifloit tellement , que près des montagnes, on ne SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 4,9 voyoit pas clairen plein midi, & le froid étoic rrès-vif pendant la nuir, quoiqu'on fût dans la faifon la plus chaude de l’apnée, Cette vapeur éroit peftilentielle pour les animaux qui furent couverts de puftules; il en péric beaucoup : elle occafionna aufli des maladies parmi les hommes. Pendant ce bouleverfement qui avoit lieu en Iflande, on a vu paroître une nouvelle île toute en feu à #6 milles de l’Iflande ; elle brüloit encore au mois de février 1784. D'autres îles parurent en feu au nord de l’Iflande. De femblables incendies fpontanés ayoient été obfervés dans les vaftes défercs du Groenland peu de tems avant que’celui d’Iflande fe manifeftr. Ce terrible phénomène dont nous n’avions pas connoiffance à l’époque du brouillard fec qui couvrit {’Europe pendant l'été de 1783 , me paroît en être autant la caufe que le tremblement de terre de la Calabre auquel on f'a attribué: ou plutôt une même caufe, mais d'une très-grande énergie, a occafonné la terrible commotion du globe dont les feux fpontanés , le brouillard , les orages fréquens & violens ont été les fuites, Tous ces événemens s’enchaînent enfemble; la difficulté eft de découvrir le premier chaînon. Effayons maintenant de faire connoître les différentes explications qu'ont données de ce brouillard les phyficiens dont les differtations font confignées dans le volume des Ephémérides pour 1733. Cinq Mémoires fur cet objet ont été publiés dans ce Journal : je fuivrai l’ordre des dates où ils ont paru. Le premier eft de moi ( année 1783 , féconde part. pag. 201 ). Le fecond eft de M. Toaldo (année 1784, première part. pag. 3). Le troifième eft de M. de Lamanon. (ibid. pag. 8). Le quatrième eft de M. Marcorelle (ibid, pag. 18). Le cinquième eft de M. Senebier (ibid. pag. 404). Ce dernier Mémoire a été traduit en Tatin & inféré dans le volume des Ephémérides dont je rends compte (pag. 431). Les circonftances qui ont caractérifé ce brouillard font connues , puifqu'elles fonr décrites dans les Mémoires que je viens de citer, & il paroît par Les defcriprions inférées dans les autres ouvrages , qu'il s'eft montré par-tout de la même manière. Il me fufhira de donner * une idée des différentes explications que les phyficiens ont imaginées pour rendre raifon de ce brouillard. J'ai attribué ce brouillard, qui fut d’abord humide & enfuite fec , aux pluies abondantes tombées pendant l'hiver de 1783, & au trem- blement de terre de la Calabre. J'ajoute aujourd’hui que l'incendie “ fpontané de la terre en Iflande & dans le Groenland , y a peut-être encore plus contribué, puifqu'il a eu lieu en juin, époque de ce brouillard, & qu’en Danemark, plus près du foyer, le brouillard a commencé plutôt que dans le rette de l’Europe (le 24 mai), & qu'il a fini plus tard (le 26 feptembre). M. Tou/do l'attribue auf au tremblement de terre de la Calabre, ainf quee les orages & les tonnerres fréquens qui lui fuccédèrent; & poue Teme XLIIL, Part. II. FRIM AIRE , Décembre, v.flyle. LI 2 450 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, diffiper le merveilleux que l’on trouvoit dans ces brouillards, il rapporte, une fuite d'époques où l'on a vu le fojeil s’obfcurcir , & des phénomènes analogues. M. de Lamanon fait une defcription très-détaillée de ce brouillard qui a té plus élevé qu'on ne le penfe, puifqu’il a couvert le Mont Saint- Gotbard & les Alpes. Il parle des orages qui ont été très-fréquens & meurtriers, Car en Provence & en Dauphiné feulement près de foixante perfonnes ont été tuées ainfi que nombre d'animaux. M. de Lamanon regarde ce brouillard comme éleétrique; il l’attribue à une fécherefle de neufans qui avoit précédé, & qui a été fuivie en 1783 d’une très-grande humidité : à l'époque des chaleurs le folcil a pompé cette humidité de la terre chargée de toutes les exhalaifons qui sy étoient accumulées pendant les années de fécherefle, de-la les brouillards humides d’abord, fecs enfuite & les nuées défaftreufes qui ont été formées par les brouillards, & qui les ont enfin épuifés. M. de Marcorelle penfe que la caufe de ce brouillard doit être attribuée à l’irruption fubite de la chaleur qui a fuccédé aux mois de froid & de pluie, Le premier effet de la chaleur a été d’abforber la partie aqueufe ou les vapeurs ; il n’eft plus refté que les exhalaifons que l’aétion du foleil avoit fublimées pendant l’évaporation, & le brouillard seft formé de ccs corpufcules folides. M. Senebier rejette le fentiment de ceux qui attribuent ce brouillard , foit au tremblement de terre de la Calabre & à la cataftrophe d'Iflande, foit au paflage fubit d'une grande fécherefle à une grande humidité & à une forte chaleur: il y voit, ainfi que M. de Suuffure, beaucoup de reflemblance avec une vapeur que ce dernier phyficien avoit déjà décrire dans fon EfJai fur l'Hygrométrie ($. 355$ ), & qu'il a obfervée flottant dans l'air pendant que le ciel étoit ferein , cette vapeur étoit bleuâtre, & n'a jamais affecté l’hygromètre. Venons aux phyficiens dont les Mémoires font inférés dans les Ephémérides de la Société Palatine. M. l'abbé Hemmer remarque d’abord que pendant toute la durée de ce brouillard, l'éleétricité de l’atmafphère ne fut pas plus grande qu'à l'ordinaire, Cependant il eft tenté d'attribuer ce brouillard à cette caufe générale des météores, & à l'accumulation du fluide élaftique que fourniffent les volcans. M. Marer penfe auf que ce brouillard eft l'effet de l'électricité dont les pluies abondantes de l'hiver & du printems avoient faturé la terre : la grande chaleur qui eft furvenue, en a provoqué l’évaporation dans Pair, qui étant un très-mauvais conducteur de la matière életrique, n’a pu s'y difloudre en quelque forte, & elle s'y eft montrée fous la forme d'amas ou de brouillard, de la même manière que le favon paroît fous da forme de flocons dans une eau qui fle peut pas le diffoudre, M, Mures SUR L'HIST, NATURELLE ET LES ARTS, 451 joint à cette explication un examen chimique de la nature de ce brouillard ; il en réfulte qu'il ne différoit pas beaucoup de l'air qu'il obfcurcifloic : il contenoit un acide méphitique que l'air n’avoit point diflous. Cet acide a fans doute contribué à faner & deflécher les légumes, les feuilles & les fruits des arbres , ainfi qu’on l’a obfervé dans plufieurs endroits. Enfin , on trouve dans le volume que j’extrais un excellent Mémoire de mon ancien & refpectable ami, M. Van-Swinden, alors profefleur de Phyfque à Franequer en Frife, & actuellement profefleur de Phyfique, de Mathématiques & d’Anatomie à Amfterdam. Il donne une defcription détaillée de ce brouillard , foic d’après fes propres obfervations , fit d'après celles d’un obfervateur de Groningue & d’autres obfervateurs dont il a recueilli les remarques. Il cite deux phénomènes femblables obfervés l’un en 1652 & l’autre en 1721 à la fuite de violens tremble- mens de terre. M. J’an-Siwinden incline pour le fentiment de ceux qui attribuent ce brouillard au tremblement de terre de la Sicile & de la Calabre , & à l'incendie fpontané de la terre en Iflande, L’électricité a joué auñli fon rôle , & où ne le joue-t-elle pas ! N'eft-ce pas elle qui eft le principal agent des tremblemens de terre? Mon célèbre ami rapporte des obfervations faites à Neufchätel en Suifle par M. du Vafquier fur des toiles peintes expofées à ce brouillard , & qui prouvent qu'il conte- noit un acide qui attaquoit les couleurs : c'étoit, comme nous l'avons dit d'après M. Muret, un gaz méphitique répandu dans l'air qui n'y étoit pas diflous , & qui étant plus pefant que lui, occupoit la partie inférieure de l’atmofphère. On voit par tous ces détails dans lefquels je viens d’entrer fur l’année 1783, combien elle a été féconde en événemens qui font faits pour intérefler les amateurs de la Météorologie , & en général tous les phyfciens. Montmorenc:, 19 Oéfobre 1793. ÉPHÉMÉRIDES De la Société Météorologique Palatine , établie à Manheim, QUATRIÈME EXTRAIT, ANNÉE 1784. Par L, CoTTE, Membre de plufieurs Académies. Dixs la Préface de ce quatrième volume , M. l'abbé Hemmer donne le tableau des phénomènes remarquables qui ont caraétérifé cette année, & les principaux réfultats que les obfervations météorologiques ont 452 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, préfentés; tels font parmi ces phénomènes, un brouillard épais qui a réené pendant cout l'été dans le Palatinat (nous ne nous en fommes point ‘apperçus en France ): nous avons eu de commun avec bien d’autres pays un froid crès-rigoureux & très-long & des neiges abondantes : jamais l'électricité armofphérique n’a été plus forte que pendant la durée de ce grand froid. La fonte des neiges a occafionné des inondations confidé- rables qui ont ravagé des pays entiers , & ont caufé la mort à uneinfnité de beftiaux & même aux hommes. M. Hemmer rend compte enfuite des nouveaux établiffemens météoro- lociques faits par la Société. Elle a reçu des obfervations de Candbrige en Amérique faites par M. Samuel Williams , de M. Van-Swinden , alors fixé à Francker en Frife, & actuellement à Æm/lerdam ; de M, Engel à Mofcow, de M. Wilfe à Spidberg en Norwège par le 9° degré de latitude ; de M. André Ginge, pafteur de Gorhaub en Groenland, à 64° 9' 32" de latitude, & de M. Erafme Lievog qui demeure en Iflande, près Beffeftard , par les 64° 16° 17" de latitude. Je vais donner un apperçu , comme je l'ai fait dans les autres extraits, des réfultats les plus intéreflans que préfentent Les obfervations. Je commence par celles de Marheim, BARoMÈTRE. 1°. La plus grande élévation a eu lieu en novembre le lendemain de la P.L. & la moindre en janvier le jour de l'apogée ; 2°. la marche du baromètre a été moindre certe ‘année que les années précédentes ; 3°. la variation a été plus grande en hiver qu'en été, comme Cela arrive tous les ans : elle a été auffi plus grande le jour que la nuit, ainf qu'on l’avoit obfervé les années précédentes ; 49. le mercure a plus fouvent defcendu qu'il n’eft monté pendant le jour ; & il a plus fouvent monté qu'il n’eft defcendu pendant la nuit; $°. le mercure s’eft en général moins élevé à midi qu'aux autres heures de la journée : c’eft ce que l’on obferve par-tout; 6°. la marche du baromètre a été afcendante de la N. L. à la P. L. & defcendante du P. Q,. à la N. L, elle a été plus grande dans les apogées que dans les périgées , comme les années pré- gédentes ; enfin , elle a été aufli plus grande dans les luniftices boréaux que dans les auftraux, dans les équinoxes afcendans de la lune que dans les defcendars ; le même réfulrat a eu lieu en 1782 ,tandis qu’on a obfervé le contraire en°1783. En général l'influence des points lunaires fur la marche du baromètre ne préfente point encore de réfultats bien décififs, je ne voudrois cependant pas la nier abfolument, mais la marche du baromètre eft foumife à tant d’autres caufes , qu'il eft difficile de déméler l'influence particulière que peut avoir telle ou telle caufs. Thermomètre. 1°. Lasvariation de cet inftrument a été plus grande, comme l’année dernière, en hiver qu’en été, ce qui elt contraire à ce qu’on obferve ordinairement ; 2°, la chaleur moyenne de cette année a ésé de beaucoup inférieure à celle des années précédentes, j x e ‘ SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 453 Aiguille aimantée. 1°. Elle a moins varié certe année que les trois années précédentes; 2°. la plus grande déclinaifon du jour a continué d’avoir lieu à midi : cette obiervation eft conftante chaque année & dans tous les pays où l'on a obfervé; 3°. l'aiguille a été dire en janvier , février & mars, rétrograde en avril , directe en mai, ftationaire en juin , très-rétrograde en juillet, directe d’une manière plus marquée qu’à l'ordinaire en août & feprembre , rétrograde en octobre , & enfin directe en novembre & décembre. Son plus grand éloignement du nord a eu lieu en décembre. Cerre marche de l'aiguille s'accorde avec fa marche moyenne que nous avons déterminée, M. Caffzni & moi, excepté en mai, juillet ,août & feprembre;4°. la declinaifon de l'aiguille a été plus grande certe année que dans les trois précédentes : elle a toujours été en augmentant depuis 1781. Voici la déclinaifon moyenne de chacune de ces années à Manheim : Pics VE PERS Se ME ? 7 1702 its ee TOR 22 17820 ee sac EOee 29 2784 + 4. ota 2194 137 U Nous n'avons pas pour ces années en France d’obfervations aflez fuivies que nous puiflions comparer avec celles de Manheim. Je n'ai dans mes reoiftres que l’année 1784, époque des premières obfervations que j'ai faites à Laon avec la bouflole de variation du C. Colomb, Voici la marche de l'aiguille pour chaque mois: directe en janvier, rétrograde en février, directe en mars, rétrograde en avril & mai, directe en juin, rétrograde en juillet & fur tout en août, directe en feptembre, novembre & dé- cembre (je ne l'ai point obfervée en oétobre que j'ai paflé à la campagne). Aurore boréale. Elle n'a paru que quatre fois à Manheïm , le $ mars, les 8.& 15 feprembre & le 15 novembre. On en a obfervé une fuperbe à Laon, à Paris & à Genève le 25 juillet, elle m'a point été apperçue à Manheim, Cette dernière aurore boréale fut précédée & accompagnée d’une grande agitation de l'aiguille aimantée, ainfi que celles du 15 feptembre & du 1$ novembre, qui furent auf fenfbles à Laon. Je n’y ai point vu celle du $ mars ni celle du 8 feptembre. Celle-ci n’influa pas {ur l'aiguille aimantée à Manheim , non plus que celle du 15 feptembre : elle fuc un peu troublée dans fa variation pendant l'aurore boréale du 1$ novembre. { Eleëricité atmofphérique. 1°. Elle fut très-grande , far-tout en janvier, & prefque nulle depuis le commencement d'août jufqu’à la fin de l’année, Cette électricité extraordinaire du mois de janvier feroit-elle une fuite de la quantité de neige tombée pendant ce mois & du froid exceflif qui la confervoit dans fa nature de neige? Le défaut d'électricité en août & feptembre n’efk pas moins extraordinaire. 2°, L'électricité qui n’étoit 454 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE; . point accompagnée de pluie ou de neige étroit toujours pofitive; 3°. le conducteur a donné 41 fois des étincelles depuis le premier mars jufqu'à la fin de juiller. De ces 41 fois, le tonnerre s’eft fait entendre 9 fois, il a plu ou neigé fans tonnerre 30 fois, & 2 fois il a palé des nuages fans pluie & fans tonnerre ; 4°. le genre d’éledricité a fouvent varié, foit qu’il pafsàt des nuées muettes & fans pluie, foit qu'il en tombât ; elle a été 44 fois pofitive & 36 fois négative. : M. V’an-Swinden, avocat, a tranfporté cette année fon obfervatoire de la Haye à Delphes qui en eft peu éloigné. Son baromètre eft élevé de 16 pieds au-deflus du rez-de-chauflée, & de 29 pieds au-deflus de l'Océan. La latitude de Delphes eft de 52° & fa longitude de 7' 5// à left de Paris. M. Senebier , obfervateur de Genève, remarque que le baromètre n'eft jamais defcendu aufli bas dans cette ville que le 18 janvier (25 pouc. 9 lign. à Laon, 26 pouc. 7,0$ lign.), ce qu'il attribue à un vent de fud- ouelt qui fouffla ce jour-là, — Le 9 août les monts Jura , le Mole & les Vrytons furent couverts de neige, ce qu’on n’avoit pas encore vu.— Le 11 feptembre à 6 heur. so’ du foir, on vit à Genève un globe de feu refqu’auffi grand que la lune, dont il fortoit des traits de feu femblables à des étoiles tombantes. Ce globe a été vu à la même heure dans le pays de Vaud, à Milan, à Tuiin & dans toute la Lombardie. — Le 29 novembre à 10 heur. du foir , on reffentit une fecoufle de tremblement deterre à Genève , à Bale, à Berne, & dans Le pays de Vaud. — En décembre les eaux du Rhône ainfi que celles du lac de Genève furent très-baffes, plufieurs fontaines furent à fec, fans qu'on puiffe foupçouner la caufe de ce phénomène. Ce volume eft terminé comme les autres , par des réfultats de toutes les obfervations dont on vient de lire le détail, & par des Tables dans lefquelles on rapproche les réfultats annuels de quatre années d’obfer- vations publiées jufqu’à préfent. M. Koénig feul eft chargé de cette rédaction, la mort ayant enlevé aux fciencés fon confrère & fon colla- borateur, M. Mayer. Nous avons déjà parlé d’obfervations faites à Ingolftadt & à Erfort fur les ofcillations diurnes & noëturnes du mercure dans le baromètre, M. l'abbé Chiminello, neveu & adjoint du célèbre abbé Toz/do ,en a fait de pareilles à Pavie dont il rend compte dans ce volume. Il avoit précédemment obfervé le baromètre dans cette vue pendant les années 1778 , 1779 & 1780 à Pavie & à Maroftica : fon journal d'obfervations compreroit 420 jours, & 17,18 & 19 oblervations par jour; il a fuppléé aux obfervations de la nuit par voie d’interpolation qu'il rendoit encore plus sûre en faifant une obfervation qui fervoit à lier les obfervations fuppofées avec les obférvations réelles ; en un mor, M. Chiminello n'a rien négligé pour donner à fes réfultats toute la certitude SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 455 certitude dont ils étoient fufceptibles. Comme les loix de la nature font invariables , les réfultats de M. Chiminello diffèrent très-peu de ceux -que M. Planer avoit obtenus de {es obfervations faites à Erfort, & que j'ai rapportés dans l'Extrait du volume de 178 3 (voyez aufli mes Mémoires Jur la Météorologie , tom. I, pag. 616). Montmorenci, 20 Décembre 1793 — 30 Frimaire, an 2° de la Rép, Fr. LETTRE DFE B Cr SAC E, A J.C DELAMÉTHERIE. Ju: l'honneur de vous adrefler, mon cher ami, l'extrait d’une lettre que je vous prie d’inférer dans le Journal de Phyfique, elle eft relative au mémoire que j'y ai publié dans le mois d'octobre dernier, vieux flyle, fur fa décompofition des animaux. Cette-lettre eft du C. D. fi avantageufement connu par fes qualités perfonnelles & les obfer-. vations intéreflances qu’il a faites dans fes voyages, Le C. D. dit qu'il trouva à Rome en 1770 un artifte étranger fort célebre parmi les amateurs des catacombes, lequel avoit une fi grande pañlion pour elles, qu'il y alloit routes Les femaines , parce qu'il découvroit chaque fois des chofesintéreflantes & quelquefois précieu- fes, Il fe retrouvoit aifément dans cet effrayant labyrinthe, où il couroit cependant rifque d’être enfeveli fous quelques éboulemens fpontanés; les galeries larges & élevées de ces caracombes étant taillées dans une efpèce de tuf ou pouzzolane qui n’a que peu de cohérence. La plupart des voyageurs effrayés par le danger réel, & encore plus, par des contes abfurdes, ne vifitent que l'entrée de quelques galeries, dont tous les combeaux ont été ouverts & n'offrent rien d’intéreflant. Je recherchai ävec empreflement l'amateur des catacombes, il m'y conduifit avec plaifir: après avoir parcouru ces galeries pendant une heure , j'examinai l’arranuement de ces fépultures antiques, j'ouvris lufieurs tombeaux, qui font creufés à plufieurs érages dans les parties latérales des galeries. Ces tombeaux font fermés ou par des dalles de * marbre, fouvent de jaune ou de vert antique, ou par des pierres dures, telles que le ferpentin, le porphyre, mais ils fonc le plus ordinaire- ment fermés par des briques d’un pouce d’épaiffeur. En ouvrant ces tombeaux notre premier foin étoit de chercher dans la tête du fquelette, la pièce de monnoie deftinée à payer Le nauto- nier des enfers, & d'examiner autour du col & des poignets, sil Tome X LIL, Part. Il, FRIMAIRE, Décembre, v. flyle. Mmm 456 ORSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, y avoit des colliers ou des bracelets, qu'on trouve aflez fouvent dans les tombeaux des payens. Je trouvai des fquelettes qui fe réduifoient en pouflière au plus fo blz atrouchement; & d’autres au contraire dont les os avoient la plus grade dureté, & cédoient à peine aux coups multipliés des haches d'armes que nous portions pour fatisfaire notre curiolité & en même-tems pour nous FEAR fi nous rencontrions des Girbanti qui vont quelquefois attendre à curiofi foreflieri. Après un examen fuivi, je parvins à m'aflurer que tous les corps dont les tembeaux étoient reftés hermétiquement fermés, par le moyen du mortier avec lequel on avoit fcellé les dalles, fe réduifoient en pouñlière aflez groffière, & que ceux des fquelettes qui confervoient une grande dureté avoient été fermés avec moins de précautions, ou que les dalles s’étoient détachées de manière à laïfler pénétrer Pair extérieure, La petite quantité de pouflière produite par la décompofition des parties molles d’un cadavre me furprit, elle r’équivaut pas à l’épaif- feur d’une demi-ligne, fur la furface du rectangle infcrit autour du cadavre, La hauteur de chaque tombeau n’avoit en général que deux ou trois fois l’épaifleur ordinaire d'un homme, Je trouvai un de ces fquelettes dont la pouflière étoit tellement phofphorique , qu’elle produifoit une lumière fenfible dans la partie fupérieure du tombeau. Je gardai de cette pouflière pendant quelques mois, au bout defquels elle perdit fa propriété phofphorique. Le caveau des capucins de Rome ma offert une particularité dont je veux encore vous entretenir, mon cher ami. Il y a été apporté d'Egypte & de la Paleftine, une terre dans laquelle les cadavres qu'on y dépofe, fe deffechent en très-peu de tems. Ceft alors que les révé- rends peres capucins forment avec ces momies dans le caveau des grouppes ridicules, Certe terre a un goût fliptique, elle paroît contenir de l’alun & du natron. Si je füuis aflez heureux pour parcourir encore une fois Flralie, je porrerai la plus grande attention à ces objets intéreffans. En général on voyage trop jeune ou trop ignorant : j'étois atreint de ce double défavantage, quand j'ai parcouru l'Italie, ce n'eft que plufieurs années après mon voyage, qu'en me guériflant trop dun de ces deux torts & pas aflez de l’autre, je fongeai à beaucoup d'ob- : fervations que j'aurois dû faire, & à plufieurs expériences que j'au- rois dû tenter, 32e at SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 47 Pr mromars < ANALYSE Des Eaux de quelques Sources chaudes d'Iflande ; Par Josepx BLack. EXTRAIT. Sir Joserx BANRKSs fit un voyage en 1772 en Iflande, il en ap- porta des eaux des fources chaudes qui contenoïent de la terre filicée, Thomas Stanley , en 1789, apporta de ces mêmes eaux , fur - tout des deux principales appelées par les gens du pays Geyzer & Rikum, j'ai voulu favoir ce qu'elles contenoïent. Elles ont une foible odeur de gaz hépatique comme les eaux fal: fareufes, cependant je n'ai pu le rendre fenfble par aucune expé- rience, Pour rendre fenfibles les autres principes contenus dans ces eaux, j'ai faic les expériences fuivantes : 1°. De l’eau de chaux y a caufé un léger nuage, Mais aucun prés cipité, ce qui indique qu'elles ne contiennent point d'air fixe. 2°. Lalkali volatil aëré n'y a produit aucun effer. 3°. La couleur du papier teint en bleu par le fue de violette a êté eu changée en vert, D rade dou ne l'a pas troublée fenfiblernent, ni caufé de précipité, ce qui annonce Ua n'y a pas de tèrre calcaire, x $°. La diflolutien de fublimé corroff n'a pas produit plus d'effet, 6°. La diflolution du fel de Saturne a blanchi l'eau ; IMais une petire quantité de vinaigre diftillé a rétabli prefqu'entièrement fa tranfparence. EE " À °, La diflolution de terre pefante dans l'acide marin a caufé un précipité abondant que l'acide nitreux n’a pu redifloudre, ce qui indi- que la préfence de l'acide vitriolique dans ces eaux. Er 8°. La diflolution nitreufe d'argent a produit un précipité abondant que l'acide nitreux n'a pu redifloudre, ce qui annonce la préfence de ‘acide marin, Fe eaux contiennent donc, 1°. du gaz hépatique; 2°: de l'acide vitriolique; 3°. de l'acide marin; 4°. point de terre calcaire; 5°. de l'alkali fixe cauflique qui a verdi les fucs bleus. Tome X LIL, Pari. 11. FRIM ATRE, Décembre, v. flyle, Mmm 2 458 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, J'ai fait évaporer dix mille grains de chacune de ces eaux. Le réfidu defféché de l’eau de Rikum a pefé 8,2$ grains. Celui du Geyzer a pefé 10 grains. À la fin de l'évaporation, ces eaux répandoient une odeur fembla- ble à celle des leflives alkalines qui contiennent un alkali qui n’eft pas trop pur. Lerfque l'évaporation eft prefque achevée, le réfidu prend la forme d’une gelée tranfparente; elle fe divife en defféchant, & elle prend la forme d’une croûte blanche, laquelle attire l'humidité fi on la laifle quelque temps expofée à l'air. Ces phénomènes font les mêmesque ceux que préfente dans fon évaporation une diflolution de liqueur des cailloux, ou des terres fili- ceufes difloutes par l’alkali fixe ; ainfi il n’eft pas douteux que la terre filicée eft cenue en diflolution dans ces eaux par un alkali fixe, Les liqueurs dans lefquelles j’avois fait difloudre les fédimens dépo- foient lentement une petite portion terreufe. Cette rerte chauffée légè- rement noircifloit & diminuoit de volume, & pouflée au Feu du cha- lumeau avec de l'alkali, elle n'a pas fondu; ceci m'a prouvé qu'elle étoit,de la nature de la terre argileufe. Il me reftoit à examiner le rélidu de la liqueur, que je fävois con- tenir de l’alkali combiné avec la terre filiceufe; j'y ai ajouté de l’acide plus.qu'il n'en falloit pour facurer l’alkali; je n'ai point eu de pré- cipité, parce que la quantité d’eau étoit trop grande; mes expériences m'ont prouvé que lorfque la rerre filicée combinée avec un alkali, eft difloure dans mille fois ou plus de cinq cens fois fon poids d’eau , elle ne fe fépare pas de cette quantité d’eau, ou ne fe dépofe pas guoiqu’on en fépare, on en dégage l'alkali. J'ai pour-lors fait évaporer : j'ai obtenu une gelée molle & tranf- parente, dont j'ai enfin retiré la terre filiceufe. En récapitulant ces expériences, voici les quantités des fubftances que contiennent 10,000 grains d'eau de Rikum, Gaz hépatique, une petite quantité, Alkali minéral cauftique ........,....... *O,SI grains. Terre rargilleufe os." .r. ve hate 4 2 + 200$ Terre filiceufe ...,:..,,....., 443,73 Sel, marine... "10, 2401 20.86€ iéa;go 2 A9 LH QI ETTIPTS APRES Total 0 ton 0 6060 ae cle te esse s ose 8,47 SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 459 10,000! grains d’eau de Geyzer contiennent , Gaz hépatique, une petite quantité. Alkali minéral cauftique ...............+ O,9$ grains: Ferrèiarpillenfe 4... ss 2e » eceione ee ouece eee 0,48 Aérrt'hlicéei te Lnantinsanhs chuis 55;40 £ Seb HEAR A nn SR OR SNA ANNE A7 0, Shi Sel de Glauber (vitriol de natron)...,..... 1,46 oral nus Dre Bergman avoit cru que l'eau chaude feule pouvoit tenir en diflolu- tion la terre filicée; effectivement elle agit fortement fur le verre ; des cornues de verre dans lefquelles on fait bouillir long-temps de l’eau en font altérées à feur furface intérieure. Mais dans le verre la terre filicée eft combinée ayec l’alkali ; il paroît done que däns les eaux chaudes dont il ëff ici queftion Akai cauftique qu'elles coñtiennenc favorife la diflolution de la terre filiceufe dans l’eau. EXT R A;TT Des Obfervations météorologiques faites. à Montmorenci , pendant le mois de Décembre 1793(v.ftyle) 11. Fri maire — 11 Nivôfe (ère franc.) Par L. CoTTE , Membre de plufieurs. Académies. été fréquentés. Les bleds font beaux, Température de ce mois dans les années de la période lunaire de 19 ans correfpondantes à celle-ci. Quantité de pluie en 1717, 39: lign. en 1736.25 © lign. en 1755 (à Denainvillers en Gatinois chez Dühamel). Vents dominans, fud & fud-oveft. Plus grande chaleur, 8 d. les 27 & 28. Moindre , 2: d. de condenfation le 5, Moyenne, 3,2 d. Plus grande élévation du baromètre "27 |pouc.! 10 lion. les 6, 7 & 23. Modidre, 27 pouc: 1 = lign. le ptemier. Moyenne ; 27 pouc. 6 lign. Nombre dés jours de pluie, 19. Température , fouvent plu- vieufe. En 1774 (à Montmorencr ) Vent dominant nord:eft. Plus grande “chaleur, 10 a. le 12, Moindre ; 6 d. de comdenfätion le 31. Moyenne, CE mois a été doux & affez humide , quoique les pluies n'aient pas $ s, a afo OBSERVATIONS SUR LA PHFSIQUE, "3,6 d. Plus grande élévation du baromètre ; 28;pouc. 6 ligne Le 24. Moindre, 27 pouc.'2 À lign. le 3., Moyenne, 27.pouc. 11,9 lion. Nombre des jours de pluie, 6, de neige, 2. Quancé ‘de pluie, 7 + lien. d'évaporation , 8 lign. Température, douce , humide. Termpératures correfpondantes aux diffèrens points lunaires. Le 3 (N.L:) nuages, froid , changement marque. Le 4 ( luniflice auflral ) beau, froid. Le 7 ( quatrième jour aprés la N. L. ) couvert, froid , brouillard, Le 8 ( périgée ) idem. Le 10 (D.Q.) couvert, doux. Le 11 (cquinoxe afcend.) éouvert, doux, vent, pluie. Le 13 (quarrième jour avant la P. L.) idem. Le 17 (P. L.) idem. Le 18 ( luniflice boréal) idem. Le 21 (quatrième jour àprès la P.L, )couvert, froid, brouillard, Le 23 (apogée) couvert , doux. Le 25 (D: Q. & équinoxe defcendant) couvert, froid , brouillard. Le 28 (quatrième jour avant la N. L.) idem. LES. En 1793 Vents dominans , nord-eft & fud-oueft ; ce dernier fut violent les n$ÿ & 16. BAR 1 Plus grande chaleur, 10,6 d,les 11 & 13 à 2 heur, foir, le vent fud- oueft aflez fort & le: ciel couvert. Moindre, 3,9 d. de condenfation le 4 à 7 à heur, matin, Le vent nord-eft & le ciel ferein. Différence, 14,5 d. - Moyenne au matin, 2,3 d. à midi ,4,1 d. au foir, 2,7 d. du jour, o d. id Plus grande élévation du baromètre, 28 pouc. 2,30 lign. Le premier à 7