»* * c^ask ■.,. > i* . .Crt • h\ $ *t / „ ■; , * ' - ' ( T?. i i. ; i . i ' I i \ ' OBSERVATIONS SUR L’HISTOIRE NATURELLE, SUR LA PHYSIQUE E T SUR LA PEINTURE, AVEC DES PLANCHES IMPRIMÉES EN COULEUR-, Par. M. Gautier, de l’Académie des Sciences.& Belles. Lettres de Dijon , & Penfionnaire de § a MAJESTE’. TOME PREMIER, ANNÉE t 75 2', A PARIS, Ci‘ez DELAGUETTE, rae Saint JaccJues j a l’Olivier; y—— «— — — i— I IIIJMWIWU, I IBHMWI ■■■Il IIBB8B AVEC APPROBATION ET PRIVILEGE DU Rai. /jJey^av.-o. 3 . ■ on f fi./-? /: 31 00 § 5 <®RP^ P R É F A C E.- LE Spe&acle de la Nature eft un Livre inépuifable , ôc malgré tout ce qu’en ont dit les plus fameux Phyficiens , il nous offre encore tous les jours de nouvelles matières à obferver , ôc de nouvelles decouvertes à faire. Dans les Parties de l’Hiftoire Naturelle que l’on croyoit déjà connoître , quiont été traitées par divers Auteurs & qu’ils ont données comme des vérités inconteftables ; une feule expérience les a fouvent détruites. S ans vouloir entrer ici dans une foule de preuves que je pourrois en rapporter , ne me fuffirok-iî pas de m’autorifer de la démonflration que j’ai donnée depuis peu fur la Génération animale ? N’ai-je pas fait voir par des faits certains , ôc à la portée de tout le monde, que la Génération fe faifoitpar les Mâles de chaque efpéce , ôc que le Foetus humain eft tout formé dans la Semence ; non pas , comme le prétendoient Hattfocker & Lèewenoek , parmi une Légion de Vermicules, mais feul , bien con- figuré, d’une forme fluide , de couleur blanche, ôc facile à apperce- voir dans un verre d’eau fraîche , fans le fecours des lentilles ni des microfcopes, à la feule vue. Combien de rêveries ne nous avoit-on pas contées fur les œufs contenus les uns dans les autres , à l’infini , dans les prétendus! Ovaires de la Femelle ! effigies ridicules, que jamais homme n’a apperqu que par imagination. Cet exemple ne fuffit- il pas pour faire connoître que l’on peut toujours découvrir quel- que chofe de nouveau dans une Science infinie où les méthodes font inutiles. L'i mmenfrté des matières que l’on connoît déjà , ôc celles que l’on découvre tous les jours , étant un obftacle invincible- a l’Ordre ôc aux arrangemens clafliques , que les Auteurs fe propo- fent; toujours , ôc qu’ils n’emmenent jamais à leur perfe&ion. Bien loin de penfer comme eux3 je dis au contraire-, qu’après avoir tra~- iv P R E F A C E. vaillé plufîeurs années , & avoir donné dans quantité de Volumes de pièces détachées , (comme j’ai projetté de faire, )a vec une fuite immenfe de Planches colorées , je n’aurai fait, au bout de cetems, qu’effleurer la matière J ainfi qu’ont fait tous les autres, de telle façon, qu ils ayent préfenté leurs Ouvrages au Public. Je crois que ma fincérité , bien loin de déplaire aux Amateurs, leur fera feulement con- noître que je ne veux pas abufer le Public , ôc lui promettre ce que je ne pourrois tenir. Il n’y aura d’abord aucune colleéKon fuivle dans mon Livre , comme l’Hilîorien , le Peintre ôc le Graveur de cette entreprife , je donnerai les divers fujets ôc les plus intéreffans , félon le tems ôc les occafions. Mais cependant chaque matière détachée fera traitée avec le plus d’étendue qu’il fera poflible , je citerai toujours ce qu’ont dit les uns & les autres fur le Sujet dont il fera queftion ; en y ajou- tant mes Réflexions ôc mes Planches colorées. Jufqu'à préfent on s’étoit contenté d’exécuter les Sujets d’Hiftoire Naturelle en noir : mais n’eft-il pas ridicule de vouloir repréfenter en noir une Rofe , une Plante, une Coquille , un Papillon , un Quadru- pède ; enfin tout ce que la vue nous offre d’agréable dans la Nature ? C’elt à quoi la fimple Gravure cft bornée. Il n’appartient qu’à l’Art des Planches imprimées en couleur de remédier à ce défaut 3 & d’i- miter exadlement la Nature dans toute la variété des Couleurs écla-r tantes, dont elle orne la Terre & les Cieux. Je n’imiterai pas les Auteurs qui nous ont donné de grandes Pré- faces à la tête de leurs Ouvrages. Je vais dans Imitant, après ce peu de Réflexions , commencer mes Obfervations ; je prie feulement mes Leéteurs de n’avoir aucune complaifance ôc de n’être prévenu, ni en ma faveur, ni en celle de mes Antagoniftes ; mais de chercher à connoître & à demêler la vérité , que je m’efforcerai de leur préfen- ter fans celle devant les yeux, en joignant autant qu’il dépendra de moi l’utile ôc l’agréable. V PLAN DE L’EDITION In-40. Et Projet de Souscription Annuelle. ON foufcrit tous les ans, fix mois d’avance, pour le Cours que l’Auteur doit faire paroître ; ce qui diminue à chaque Soufcripteur le prix de l’Ouvrage d’un quart. Par exemple, fi on donne dix-huit livres pendant l’Imprefiion des deux Volumes de 17J3» Ceux de 17Ç2.. ayant dc^a dté d’tftrvbués , on recevra les premières Epreuves des Planches dans le rems des premières Dift ri- butions du cours de 17; 3. pour lequel on aura foufcrit , ôc on pourra alors foufcrire de nouveau pour l’année fuivante : au lieu que fi l’on attend les Diftributions de chaque Cours ; on payera lors de chaque Diftribution 24 1. pour les deux Volumes de l’année d’Obfervations, qui feront en vente. On fçait que l’Edition in-douze eft fe'parée , & que la Phyfique eft à part , l’Hiftoire Naturelle & la Peinture de même ; les Planches qui fuivent PHilloire Naturelle font détachées, mais on y voit leur explication : en un mot , tout ce qui eft dans la préfente Edition , fe trouve de cette façon dans les trois Parties in- 12. 6c chacun peut fe Contenter. On ne foufcrit pas pour l’in-douze, mais on donnera tous les mois une Partie détachée, ôc trois de ces Parties feront uw Volume , de forte qu’il y aura 4 Volumes in-douze pat an, deux pour l’Hiftoire Naturelle, un pour la Phyfique, &. un pour la Peinture. Les Perfonnes qui fuivent l’in-40. fi elles veulent avoir la Phyfique compl ette , elles n’auront qu a joindre à la préfente Edition , le premier ôc deuxième Volumes des Obfervations Phyfiquesj du refte, elles auront l’CEuvre complette dans les trois Parties réunies. Lon reçoit les Foufcriptiom chez V Auteur , rue de la Harpe , près la rue Poupée , à l'Imprimerie Royale des Tableaux j, chez qui on dijlribue auÿ les Planches, APPROBATION. J’Ai lu pnr l’ordre de Monfeigneur le Chancelier , un Livre qui a pour Titre : Oiferva- tions fuf l’Hifolre Naturelle , fur la Phjfique C-" fur la Peinture ; & il ma paru que la Publication de cet Ouvrage pourroit être, à plu (leur s égards, utile & agteable au Public. A Paris, le 4 Oftobre 1751. _ Philippe de Fretot. PRIVILEGE DU ROY.. J O U I S par la grâce de Dieu, Roi de France & de Navarre: A nos amés ScJ'éraxConfeü- JL_j lers, les Gens tenans nos Cours de Parlement, Maures des Requêtes ordinaires de notre 11 9 Grand Confcil , Prcvôt de Paris, Baillifs , Sénéchaux, \eun Ucutewius Civils, & autres nosjuln- ciers qu’il appartiendra : Salut. Notre bien amé le Sieur Gautier > Nous* fau expo fer qu'il delirerotc faire imprimer 6c donner au Public un Ouvrage qui a pour tirre : Obferv.rtf ns Jfir l Htflctre baturelle fur la Phyfique (f fur la. Peinture. avec des Planches colorées. S’il Nous plaifoir lui accorder nos Lettres de Privilèges pour ce néceJfaires ; Aces Causes voulant favorablement trairer Expoiant * Nous lui avons permis & permettons par ces Préfernes , de taire imprimer ledu Ouvrage en un eu plu leurs volumes & autant de ibis que bon lui fcmblera & de les faire vendre & débiter par tout notre Rosau- me , pendant le tems des lix années confecutives , a compter du iour de la date de Prelentes , Pailons défenles a tous Imprimeurs , Libraires , & autres perlonnes de quelque qualité 6c condition quelles foient, d’en introduire d’imprellion étrangère dans aucun lieu de notre obeillance: Comme aum d im- primer , Sc faire imprimer, vendre , faire vendre , débiter , ni contrefaire ledit Ouvrage , ni d en taire aucuns Extraits fous quelque prétexte que ce foie, d’augmentation , correction , changemens ou au- tres , fans la pcrmilTion exprelFe 6c par écrit dudit Expafant, ou de ceux qui auront droit de lui, a peine de i rf • • .i .. «. «,iiui i;»m d'amende contre chacun des centrevenans tant, OU à Celw ijui aura u[un uciui w. uv. wiw u,rv>Mi -- - - ... . tentes feront enregifîrées tout au long fur le Régi lire de la Communauté des Imprimeurs 6c Lioraues de Paris, 'dans trois mois de la date d’icelics; que l'imprefllon dudit Ouvrage lera faite dans notre Royaume Sc non ailleurs, en bon papier & beaux caraéteres , conformement a la feuille >‘npnmce attachée pour modèle fous le contre-fcel deldites Préfentes , que 1 Impétrant fe conloimera en tou. aux Réglemens de la Librairie , & notamment a celui du iq Avril 1715- Qu’avant de les expoler en vente, le Manulcrit & Imprimé qui aura fervi de copie à l’imprefllon dudit Ouvrage fera remis dans le même état où l'approbation y aura été donnée ès mains de notre très-cher 6c teal Chevalier, Chan- celier de France le Sieur De Lamoignon ; & qu’il en feraenfuite remit deux exemplaires de chacun dans notre Bibliothèque publique , un dans celle de notre Château du Louvre, un dans celle de notre très-cher 6c féal Chevalier Chancelier de France le Sieur DE Lamoignon , 6c un dans celle de notre très cher Sc féal Chevalier Garde desSceaux de France le Sieur de Mac h AU LT , Com- mandeur de nos Ordres •, le tout à peine de nullité des Prelentes: du contenu defquelles , vous man- dons 8c enjoignons de (Vue jouir ledit Exp.ofanr ou les ayans causes , pleinement & pailîblçment ■> Jans foufl'rir qu’il lui (oit fait aucun trouble ou empêchement : Voulons que la copie des T’iclent« , * I * . . ... n. m — V • • m. M tl I rrrs r? -1 t 1 I' » PA ta— 1 a... . .k ...... _ . . \ 1 .. L ri .1 1 1 /i 1 » Il MU nuis , de faire pour l’exécution d’icelles tous a-.-- miu.> — , -- — r-- miüion , 6r nonobftant Clameur de Haro, Charte Normande . Sc Lettres a ce contraires : Car tel elt notre plailir. Donn4 hVerfailles, le huitième jour du mois d Octobre, l’an de grâce 1751. oc de notre Régné le trente-lixie’me. Par le Roi en fon Confeil. S A I N S O N. R e-rijlré iur le Retillre XII. de U Chambre R ir/ale des Libraires Imprimeurs de Taris , N*. f6-, "pnl- 15.7. c en fermement an Réglement de 17s:. qui fait défenfes , art. 4.x toutes perlonnes , ile quelque qualité qu'elles foient , autre que les Libraires Çÿ Imprimeurs , de vendre , débiter ta paire afficher aucuns Livres peur les vendre en leurs noms , Joit qu’ils s'en difent les Auteurs ou nent ; à la charge de fournir à la fufdite Chambre neuf Exemplaires prefertts par lait, 108. du Aime’ Réglement. J Parisce 1 6 Oilobre 1751, Signé , L E G R. AS , Syndic , PREMIERE PARTIE. OBSERVATIONS SUR L’HISTOIRE NATURELLES OBSERVATION PREMIERE, ET DECOUVERTE Sur lu Génération contre les Opiparistes & les Veumicu listes. E toutes les queftions Ibient moins cl’accorJ. Je n’cn ferois anatomiques, il n’y pas furpris fi les Anatomiftes n’avoient en a peut être pas qui jamais fait que raifonner. Le raifonne ayent été tant agitées , ment feul ne mene pas loin, ou du moins que celles qui concer- ne fait qu’égarer dans les matières qui nent la Génération , demandent à être vérifiées par les fens. & il n’y en a point af- Mais dans ces derniers fiécles , où i'on (ùrément fur lefquelles les Phyficiens a pris du goût pour les expériences , Année 17J2. Ton». I. Part. I. fécondé Edition. A 8 Observations sur l quantité de Naturauftej en ont fart , 6c il n’y en a pas deux qui en ayent tiré les mêmes inductions. Ce feroit quel- que chofe de bien fingulier , s’il ne fal- loir pour faifir le vrai dans cette affaire , que fe fervir Amplement de fes yeux , & qu’il ne fût venu dans l’efprit de per- forine de le faire. C’eft pourtant une chofe que je fais plus que foupçonner. Je donnerai mes preuves, lorfque j’au- rai expofé préalablement les fentimens de ceux qui ont écrit avant moifur cet- te matière., Sentimens des Philofophes les plus connus } tant anciens que modernes , fur la génération animale. Selon Platon , les hommes ne font que des formes imaginables de lafacult créatri- ce ; 6c l’elfence de toute Génération confiile dans l’unité d’harmonie du nombre de trois ; le Ai jet qui engendre, celui dans lequel on engendre, & ce- lui qui eli engendré. Il ajoute pour, jet- te r plus de lumière fur ces fublimes no- tions, que la fuccelfton des individus elt une image fugitive de l'éternité immua- ble de l'harmonie triangulaire. C’eft fans, doute fa doûrine de l’harmonie triangulaire , qui a fait fuppoferà un de fes illullres Traducteurs-, que ce grand Homme avoit quelque idée confufe de la Trinité., Par rapport à la génération , s’il y a entenJu quelque chofe , ce n'elt vraifemblablement, non plus que con- fulément, , ou il aura été bien aile de nous en faire un myllere.. Les idées d 'Arifiote ( lib. de générât.) ne vont pas fe perdre de même dans/’é- ternité immuable. U fe rabat tout fimple- ment à la matière , & veut que le Foetus foit formé , développé & nourri par le fang menflruel de la mere , après la jpndion de ces menllrues avec la li- Hjstoire Naturelle ; queur lémiuaie du maie , laquelle agft comme caufe ou principe du mouve- ment génératif. Que le Foetus humain foit nourri de cette liqueur , ce n’eft pas une quellion : mais qu’il en foit for- mé originairement : c’ell line opinion qui n’elt venue à aucun autre depuis Ariftote. D’ailleurs toutes les Femelles d’animaux ont-elles une liqueur menf- truelle ? Hippocrate ayant obfervé habilement que les deux Sexes pour l’ordinaire con- courent à la Génération , en a inféré pour ne point faire de jaloux , que les liqueurs mâle & femelle étoient toutes deux prolifiques , 6c que chacune etoit compofée de doux différentes matières, l’une forte & aétrve , l’autre foible & moins aétive; que fes plus fortes mê- lées enfembie donnoient le Mâle , 6c les plus foibles la Femelle. Apparemment que la forte mêlée avec la foible for- moit l’hermaphrodite. Il n’a pas expli- qué ce cas. Defcartes ne donne la formation du Fœtus , ni à l’une ni à l’autre de ces deux Semences, mais à la fermentation de toutes deux réunies,. I abricio ab Aquapcdente efl peut-être le premier, qui ait fait des obfervations fur la fécondation & le développement des œufs de Poule., &. le réfultat de fes recherches a été , que les cordons glan- duleux qui vont au travers le blanc fe joindre au jaune de l’œuf, étant técon- des par l'Efprit féminat du Mâle , font lesinftrumens qui fervent a la féconda- tion du Fœtus. Aldrovande lur la génération , efl à peu près Ariflotélicien ( Voyez fon Ornithologie. ) Parifanus a plus approché du but : il dit que la Semence duCocq , ou du moins le point blanc qui eft au milieu delà cicatricule de l’œuf, elf la fubilan- sur la Physique et sur la Peinture; ce qui doit produire le poulet : c’étoit Jà toucher la vérité du bout du doigt. Qu’il eut dit que cette fubllnnce eft le poulet même c’étoit , je crois , l’at- teindre totit-à-f;.it. tuteurs Oviparifîes. En Phyfique, on aime les Syflcmes généraux ; & s’il y en avoit un qui le fût réellement., ce ferait en effet le bon. On voulut appliquer les découvertes faites fur les œufs , à la Génération des animaux vivipares; Sunon pour cet effet leur fuppofa des ovaires , & fut, pour ainfi dire , le Chef des Oviparijles. Graaj voulut s’approprier cette dé- couverte : mais fans entrer dans la dif- eufliondu fait , il s'enfuit au moins de cette conteüation , que Graaf fuppo- foit, comme Stenon , des ovaires aux vivipares. Harvey , de fa pure grâce , donne auffi des œufs à toutes les Femelles , ne diftinguant les animauxOvipares d’avec les Vivipares, que par la maniéré diffé- rente dont les Fœtus des uns & des au- tres prennent leur accroiflement. La Génération de ces œufs , félon Harvey , elt l’ouvrage de la matrice , qui ne con- çoit que par une cfpéce de contagion que la liqueur du Mâle lui communi- que ; & pour donner une idée précife de cette méehanique , il dit que la ma- H'ce conçoit le Fœtus , comme le cer- veau conçoit les idées. Sans doute , il ecrivoit pour des gens qui fçavoient déjà comment Te forment les idées. Verrheycn fu i vit la même doctrine , avec cette différence pourtant, qu’il jjX'geoit pour la formation du Fœtus , 1 J titrerai lion dé *3 Semence du male au fond de la matrice, & ne le contentoit pas de la contagion d’Harvey, Cette contagion enefietexpofoit à trop d’açr y porta ies plus rudes coups. Année 1773. loin. II. Part. I. 9 cidens la pudicité des Vierges. Guillaume Langli étoit auffi Oviparifle. On a de lui des oblervations dans le goût de celles d’H irvey. Jofephde Aramatarus a obfervé le pre- mier, que le Poulet ell tout formé dans l’œuf avant l’incubation. Malpigbi en ell auffi convaincu : il remarque que le point blanc „ qui félon Harvey devient le point animé , n’ell qu'une petite bule qui contient l’Em- brion & que fes ébauches paroi ffent de plus en plus , à mefure qu’elles fe dé- veloppent , au lieu qu’on ne trouve rien de femblabfe dans les œufs des pou- les qui n’ont pas reçu le coccj. Il y avoit grande apparence que c'étoi t le coq qui avoit introduit le poulet dansl’oeuf. Ce- pendant Malpighi n’a pas tiré cette conféquence de ces obfervations. Il croyoit que le Fœtus étoit préexiftaht dans l’œuf, & s’imaginoit l’y avoir vù avant que le Coq eût fait fon opération. Halijhiery a fait de nouvelles décou- vertes , mais dont il n’a pas profité. II prouve par fes obfervations que lesT ef- ticules des Femelles ne font pas des œufs qu’ils ne font que ies réfervoirs de la lymphe ou de la liqueur, qui doit cou- tribuerà la Génération ; & cependant il conclut que l’ouvrage de la Généra- tion fe fait dans les Teflicules des fe- melles ; il croit aux Ovaires fans en avoir jamais vu , & ne penfe pas , non plus qu’Harvey, qu’il fou néceffaire que la Semence mâle entre jufques dans la matrice pour féconder l’œuf. Auek allègue des expériences en fa- veur des Ovaires. M. Duverney étoit auffi oviparifle , & ç’a. été un fentiment très à la mode par- mi les Anatomiftes.Ce fut M. Mery qui Nous avons encore auj urd’hui beau- coup d’Ovipariffes , fur-tout dans le* Ecoles, * 8 1 *♦ Observations sua t J Auteurs Vermiculifles- Hartfocker & Leeivenoek ont été les Au- teurs de la fede des vermiculifles , c’efl- à-dire , de ceux qui ont vû ou cru voir dans la Semence des mâles , des Ani- maux femblables à des Vers. Andry , Vaüifmery , Bourguet & plu- fieurs Auteurs ont cru yen voir auffi. Dalempatiusy a vû des efpéces de Tê- tards , qui quittant leurs enveloppes , devenoient très-dillindement des figu- res humaines. Et ces vers ou têtards , les Vermicu- lifles fuppofoient qne e’étoient des pe- tits hommes , ou des Fœtus ébauches.* Quelques Vermiculifles qtiin ctoient pas bien revenus du Syflême des œufs , pour unir les deux fedes , prétendoient que fur un million d’Animaux qui na- gent dans la Semence, il n’y en a qu’un ou deux , & bien rarement trois, qui parviennent à être des Fœtus décidés, & que tous les autres périlTent, faute de pouvoir enfiler l'endroit de la pelli- cule , par où ils peuvent fe loger dans l’oeuf j cette ouverture fe renfermant par une foupape dès qu’il s’y enefl in- troduit un. Autres Systèmes plus reçus, T’ Auteur de la Venus phyfique exige ïa réunion des Semences prolifiques de l’Homme & de la Femme, & admet ce qu’on peut appeller les fuperfluités de ces liqueurs.. M. de Bujfon s’efl attaché en grande partie au Syflême d’Hippocrate: il don- ne également au Mâle & à la Femelle Histoire Naturelle, des liqueurs féminales , qui contien- nent chacune des molécules vivantes & or- ganiques de la réunion defquelles fe for- me un nouvel Animal. Nous combat- trons ce Syflême dans le Cours de 1 7 5 3 • Réflexions fommaires fur les divers fentimens des Auteurs que je viens de ater. Je demande d'abord aux Auteurs qui partagent la Génération entre leMa- le & la Femelle, fur quel fondement ils fuppofent que la Semence du mâle ait befoin pour être fecoudée de la coopé- ration d’un fuc étranger , d’une liqueur froide , telle que celle que rend la Fe- melle dans le coït , tandis qu’elle trou- ve dans fon propre réfervoir des matiè- res plus chaudes & plus fubtiles ? Je leur demande enfuite , pourquoi fi la coopération de la Femelle efl né- ceflaire pour la formation du Fœtus , y a-t'il des Animaux qui engendrent fans Femelles ? Faut-il donc adopter deux fortes de Générations P Et pourquoi multiplier fans néceflité les loix de la Nature , & en fuppofer deux , où une feule fuffit pour tous les cas ? Par rapport mxOviparifles , je trouve bien dur à digérer une conféquence de leur fyftème , qui efl la néceflité d’ad- mettre une progreffion décroilTante à l’infini, d’œufs contenus les uns dans les autres. Joignez que ces oeufs font des matic—- res foibles & fans vie dans les ovipares ,, & qu’ils n’ont jamais exiflé dans les vi- vipares. La preuve qu’on prétend tirer , en fa- * Ce font ces Expériences ici , & ces prétendues Découvertes que l’ou veut confondre avec te que j’ai donné au Public, & que j’explique dans la préfente Dilîertation : où il n’efi aucu- pementqueftion de Vers , ni $ Animalcules microfcopiquet , & encore moins de Molécules vivantes. sur, la Physique et veur de Pexiflence des œufs dans les animaux vivipares , de Fœtus trouvés dans le bas ventre ou dans les trompes , en admettant même les faits , ne me paroîtpas concluante, puifqu’ilefttrès- poflibleque la Semence du Mâle fe (oit introduite dans ces trompes en conté - quencedeleur dilatation , & qu’elle y lé]ourne , ou qu’elle tombe dans le bas ventre par le morceau frangé ou le pa- villon. Cen’efl donc pas dans ce cas que le Fœtus foit defeendu des Ovaires , cell plutôt qu’il a remonté dans les trompes. Car fi cela ctoit , pourquoi n’en au- roit-on jamais trouvé dans les Ovaires mêmes ? On trouvera une réfutation complet- te du Syfiêmedes Ovipariflesdans l'Ou- vrage de M. de BufTon. Les l'enniculiftes ne font pas mieux fondés , car outre que le fait de ces ani- malcules nageans dans la Semence, ne me paroit que foiblement conflaté , qui d’entre les Pfiyficiens Vermicuii(les,elt en état au moins d’jflurer , que ces ani- malcules exiftoient dans i’Animal mê- me, avantl’émiflion delà Semence hors du corps , & qu’ils ne s'y loin pas for- més depuis par la corruption qu’aura contradé ia Liqueur féminale , ainfi qu’il s’en trouve dans le vinaigre, qui n’exilloient pas dans le vin ; ou comme on en voit fourmiller dans une eau pu- tréfiée, qui n’exifloient pas avant la pu- trefaiVion ? Je voudvois, pour avérer leur exigence , que les corps fufl'ent tranfparens , & qu'on y pût voir la Se- mence dans fon réfervoir même. Sans cela, je ferai toujours en droit de d ou- ter , ou qu’il y ait des Vers dans la $e- mence , ou du moins, que ces Vers oient de petits hommes, car la vivacité oc le freuUement qUe les Vermiculiflos leur fuppofent , ne s’accordent gucres sur la Peinture, it avec la pelanteur tk a tranquillité ordi- naire à un Fœtus. Or , efl- il raifonnable d'imaginer que ces petits Embrions , à mefure qu’ils acquerroient une confor- mation plus finie, par l'achevementde leurorganifation , perdilTent de leur vi- gueur & de leur agilité ? D’ailleurs M. de Ballon ayant exa- miné de plus près ces animalcules pré- tendus , ne les a reconnus que comme des molécules vivait es , & ie ne les ai ap- perçus moi-même depuis , que commç des Bulles excitées par la fermentation du liquide féminal. Formation du Fœtus. Pour moi , voici tout Amplement quelleell ma decouverte fur la format i5 du Fœtus. LE nbrron efl procTïiitfous une forme fluide dans les Véficules fé- minales du Mâle , par le concours du Sang purifié parlesTellicules& par ce- lui des F.fprits qui fe viennent rendre dans ces mêmes Véficules , par une me. chanique femblable à celle qui a con- couru à l’accroiflement des Parties de l'Animal pere. Ainfi que dans ces fortes d’infeéles qui multiplient fans femelle^ tels que ies Polipes , les Puceron^ , &c. avec cette dillérence, qu’au lieuqueles petits des infeéles tirent leur nourriture & leur accro ffement de la Terre même, ou des Plantes qui leur fervent comme de placenta les Fœtus humains & ceux des autres Animaux, font dépotés dans la matrice d'une Femelle pour y pren- dre nourriture & y croître. Pour faire cette tranfmigratioi), il fort extrêmement débile & même fluide des Véficules féminales par le vérumonta- num , & il ell lance le long de l’ui;ethre dans la matrice de la Femel e. Voilà donc dans ce Phénomène une forte d’accouchement de la part du Male , il y a eu meme nutrition peu- Bij I5 Observations sur dant quelques inftans par la Liqueur qui fort de fes proftates , laquelle fert suffi au moment de l'émiffion du Fœtus., mol & débile comme il eft. à le confer- Ver dans fon intégrité par l’enveloppe qu’elle lui fournit en l'entourant. Arrivé dans la matrice , il y eft d’a- bord nourri de la Semence de la Femel- le, qui n’eft qu’une liqueur tenue, pré- parée de la lymphe par fes Véficules imparfaites , enfuite par le Sang menf- truel , pendant le relie du féjour quil fait dans la matrice , puis par le lait , après l’accouchement de la Mere. > Cette première nutrition qu’il reçoit de la Semence delà Femme , lui donne le tems d’attendre pour fe nourrir du Sang menflruel , que les vailfeaux ombi- licaux qui doivent le lui tranfmettre , ayenî jetté des racines dans la matrice. Ce feroit par conféquent un vice dans la Femme , capable d’empêcher la Gé- nération , fi la Femme n’étoit pas con- ditionnée comme il faut, pour fournir la nourriture au Foetus quelle reçoit. Il eft à remarquer en confirmation de cette découverte, qu’on trouve dans tous les Animaux mâles deux fortes de Semences , l’une claire & tranfparente , qui vraifemblablement n’eft point la JLiqoeur génératrice , &• une autre plus cuite & plus liée , dans laquelle on dis- tingue facilement le Foetus en y faifant attention.- Dans un jet de Matière fé- minale humaine ,on ne diftingue qu’un Foetus & quelquefois deux , mus dans les Quadruples, -qui font d’l,ne P,us grande fécori'dné , on en diftingue plu- fieurs qui nagent dans une Liqueur claire & gluante que les proftates tour- niftent. Que fi la Semence eft rompue , on n’y trouve point de germe du moins entier , mais feulement quelques portions imparfaites. tes Ovipares , tels que font les Oi= ’Histoire Naturelle, féaux & les Serpens femelles , qui n’ont pas de matrice convenable pourcon- ferver long-tems le Fœtus , ont en p a- ce des placenta pour la nourriture du Foetus que le Mâle leur fournit : ce font ces placenta qui forment ce qu on ap- pelle dans les Femelles de ces Animaux la grappe de raifin ; & une même ma- tière glaireufe qui enduit les œufs, en- veloppe aufli les Fœtus qui s y font at» tachés. Pour les PoifTons , ils n’ont beforn que de jetter les Foetus qu’ils contien- nent , dans I’i nftant que la Femelle jet- te fes œu fs, & attendu la grande quan- tité qu’elle en répand , il y en a tou- jours qui rencontrent les Fœtus & les reçorven r. Dans mes principes , je n’ai point de peine à expliquer la formation des mon- llres , foit par excès ou par défaut : elle s’elt faite dans les véficules feminales du Mâle , foit par la concrétion de deux Fœtus , qui fe font confondus enfem- ble ( ce qui étoitfort facile , la fubftan- ce de ces Fœtus étant alors fi molle & fi debile ) foit par la mutilation du Fœ- tus dans le même tems , chofe auffi fa- cile par la même raifon. Rien n’empêchera non pîtis que la Mere qui reçoit le Fœtus dans un état de molefTe , fufceptible de toutes les impre fiions extérieures, n’y puiflé aufiï imprimer quelque marque, tache ou défaut par le mouvement déréglé du fang , ou des efprits aninlaux > de quel- que caufe que ce déreglement provien- ne. La reftemblance qu’a fouvent l’en- fant foit avec le pere ou Ja mere , n’a rien qui contredife notre opinion , & n’eft pas du moins plus difficile à expli- quer dans nos principes , que dans tou- te autre hypotefe. La Génération des Mulets yient el- sür la Physique et Ie-même à l’appui de notre fentiment. Ces Animaux nés d'un Ane & d’une Cavale , tiennent du pere ce qu’ils ont de principal & d’effentiel dans la con- figuration , la Tête, les Oreilles , la Croupe j la Queue, Ils n’ont guéres de leur mere que la gro(Teur& le poil. Ce font proprement de gros Anes vêtus de poils de cheval , encore Ont-ils fous le ventre quelques uns des longs poils du pere. Si l’on demande pourquoi les mulets n’engendrent pas , je réponds; i°, Que cette queflion n’elî pas particulière à mon Syftême , Qu’on pourroit ci- ter des exemples de Mulets qui ont en- gendré , & qu’il y a journellement des Oifeaux nés d’efpeces mêlées j qui ne laide/it pas d’engendrer à leur tour. On en pourroit dire autant des Chiens. 30. Qu’ily a apparence que ce vice provient de la nourriture étrangère qu’a eu dans la matrice de la mere un Animal , qui dans fon origine étoît fait pour être un Ane. Cette différence de nourriture a bien pû mettre de la différence dans fa grofleur & fon poil. Pourquoi 11e pour- roit-il pas auffi altérer fa faculté généra- trice ? Ainfi les Générations des diverfes efpeces d’Animaux , & même les Phé- nomènes en cette Matière , s'expli- quent fort bien avec celui que nous propofons , qui meme a cet avanta- ge particulier fur tout autre prétendu , que les Obfer valions &les Expériences faites par tous les Naturalifles , qui ont adopté diverfes Hypovhéfes , s’accor- dent auffi parfaitement avec notre dé- couverte, que s'ils les eu/fem laites dans la vue de la confirmer. } d’apres i’exempled Hartfoeker , qui s avili ( nous dit l’Auteur de la Venus Phy uque ) a examiner au microfcope cette Liqueur f qui nejl pas d'ordinaire l'objet des sur la Peinture. • 13 yeux attentifs & tranquilles ; je rapporte- rai içi une obferv.ltion la plus concluan- te qui fe pùîtîe pour ma découverte , fai- te par un Phyficien plus moderne , de l’exaélrtude & de la fidélité duquel je puis répondre. J’en demande pardon aux Lecteurs délicats ; mais il ne m’éfl pas poffible de me priver par la même déircateffe d’une preuve qui tranche la quefiion dont il s’agit , de la maniéré la plus complette & la plus décifive ; que la curiofité de mon Phyficien fût repréhenfible ou non ; c’efi ce que je n’examine point. Voici le fait, dont je ne fuis pas l’Apologifte , mais l’Hifio-, tien. Il reçut delà Semence humaine dans de Peau dafre & froide , au fortir du canal de l’Urethre, dans laquelle il vit très-diilin&ement , même fans le fe- cours de verres , un Foetus blanc , de matière opaque & fluide , dont Ia’tcte étoit d’un tiers plus forte que le relie du corps ; il pendoit aux quatre extrémi- tés du Tronc quatre Filets, qui for- motent les Bras & les Jambes. Toute la différence de ce petit Foetus d’avec un Embryon , qui eût féjourné dans une Matrice , c’efi que la Tête étoit au moins d’un tiers plus forte que le Corps , & c’efi fans doute cette dïf- proportion qui aura empêché les au- tres Obfervateurs , qui ont fait la mê- me Expérience que mon Phyficien, d’y faire auffi la même découverte, [Is auront pris la tête du Fûecus pour un amas de Matière plus épaiffe & plus cuite que le refie de la Semence , & les Bras , les Jambes & le Corps pour des Parties dé la même Matière , prolon- gées en fil , à caufe de leur vifeolité. Mais les yeux feuls fiiffifent pour con- vaincre un Speélateur attentif, que ces maffes vifqueufes & blanchâtres font de yrais Fœtus , & les verres montrant Observations sur l’Histoire Naturelle; leurs Parties plus eu détail , ne iaiilent pas le moindre dôme. Le même Obferyateura fait une Ex- périence femblable fur des Quadrupè- des. Mais aucun de ces Animaux ne lui a laide voir un Foetus plus diflincT, qu’un Ane qui laîfla tomber fa Semence dans un Vafe d'eau. 11 y vit le petit Alton formé d’une Matière jaunâtre , cpaiffe & fluide ; il y dilcérnoit aifç- jrient une 1 été fort grofle , le Tron,c , les quatre Jambes & Ja Queue; le, tout nageant dans un liquide tranfparent & verdâtre. Mon Pltyflcien a fait une troifiéme Expérience., epie chacun peut , s’il le veut, répéter après lui.. 11 a. ouvert une Poule immédiatement après l’approche du Cocq. Il y a dillingue des lors le Poulet tout formé d’une Matière blan- che & fluide , ayant une grolle Tcte , N le relie du Corps très-petit à propor- tion , le tout attaché jfur le jaune de l’œuf, & entouré d'un. peu de Matière gluante & tranfpareme. Si de pareils faits , joints aux princi- pes que nous avons établis, ne convain- quent pas invinciblement , que le Perq feul dans tous le, Animaux fournit les Fœtus tout formés , & que les Matrices des Femelles ne font que des récepta- cles , où ces Fœtus font depofés pour y prendre leur nourriture & leur ac- croiffement , j’avoue que je n’ai pas d’argumens plus forts à prefenter. Mais je doute que les Adverfaires de mon Syfléme, en ayent d’auffi forts à y op- pofer. Au refle, loin que ce Syflême ait rien de neuf ou de révoltant , c’ell au contraire celui de tout le Genre hu- main , auquel il ne manquoit que des raifons développées Si des preuves ti- rées de l’Expérience. Les premiers Philofophes avant Pla- ton, prétendoient que la Semence de l'Homme nnfermoit fade toutes les Parties çonyenalles à former un Corps, Sc conli- deroient les Liqueurs que la Matrice fournit au Fœtus , comme les Aies de la Terre à l’egard d’un Arbre ou d’une Plante. De tous lestems& par toute la Ter- re,, les Peres ont été regardés coin me lp:s véritables, pro-créateurs de leurs Enfans c'ell à eux qu’on fait tous les honneurs de la Génération. Te langage même des Saintes Ecri- tures eft, conforme à cette Doétrine. Il y e 11 toujours dit que tel engendra tel autre , & jamais il n’efl pas dit des Fem- mes qu’elles ayent engendré. Elles en- gendreroient pourtant en elTet , li elles îournilToient leur part dans la Arbllance du Fœtus. Que figûs-je , fi ce n’efl pas Air Cette croyance univerfelle , qu’eft fondée la prééminence de notre Sexe Air l’autre ; en particulier, dans notre France, la difpofition de la Loi Salique fur la fucceflion de la Couronne. Si ce n’eft pas pour les mêmes raifons que les Anciens Uomains attribuoient aux Pe- res Air leurs Enfans , un pouvoir pres- que illimité , fous le titre de puiflance paternelle, pouvoir dont ne jouülent pas les Merès , qui ne pouvoienc exiger de ceux qu’elles avoienimis a i monde , q ie des refpeâs & des déférences ? EXPLICATION Je la Planche où eji repréfenté le Foetus humain. Cette Figure d’EnYbryon , qui n’a jamais féjourné dans la Matrice , a été defllnée d’après Nature , à travers un verre plein d’eau , dans lequel étoit tombé la Semence, ;fl sur la Physique et Figure I. L’Embryon vû fans le feconrs d’au- cune Loupe , & dans fa grandeur natu- relle. Figure IL Le même Foetus vû avec une Loupe. Cette Dijfertation a été donnée nu Public dans le Mercure de Septem- bre 1750. par AL Gautier , Auteur des préfentes Obfervations. OBSERVATION ii. Sur la Génération des Limaçons . J’A I travaillé long - tems & avec a beaucoup d’applicaiion , pour con- rioitre les Parties du Limaçon } mais ) avois beau difléquer dans les mois de Janvier , Février & commencement de Mars de l’année 1752. des Lima- çons de tout âge & de toute forme, & chercher les deux fexes dans leurs entrailles & tout autour de leur ligure -, je ne pouvois trouver ce que la Nature détruit l’hyver , & quelle ne rétablit qu'au printems : c’efi aufli ce qui m’a fau avancer dans ma première Edition , *jl’e Jî quelqu un était ajf\ heureux pour découvrir le* prétendues Verges du Limaçon que je ne pouvois trouver ni dans l’Animal , m en dehors , je lui fer 01 s obligé de m’en fai- re part. J J’avois fous les yeux le Livre de M. Quelle ; d'une main le Scapelle , & de l auue le Limaçon. Je venois de m’ap- S C e ft ce cjue j’avoUluppofé sur la Peinture. \ç percevoir que M . Plttcbê preno’t rnal- à-propos les Cornés du Limaçon pour des Yeux , & ne trouvant pas lés Par- ties des deux Sexes dans l'Animal qtta je difléquois , il falloit bien dire que tes Limaçons étoient tous Mâles . G qu’ils ne s’accouploient jamais. * D’autant mieux que l'Auteur du Speélacle de la Nature pour preuve de fou Opinion , de laquel- le j’étoîs en droit cle douter , cite eu marge ( page 242. Tome I. ) le Volu- me de l’Hilloire de l’Académie des Sciences, de l’année 1701. & qu’il n’y a rien du tout dans ce Volume concer- nant ces Animaux. J’avois bien d’antres Auteurs Latins , qui admettent ces Parties -, mais la Na- ture préfentedémentoit leur fentîment. Ce n’ell qu’aux Mémoires de l’Acadé- mie des Sciences a qui j’auroh ajouté foi , fi la Citation de M. Plucbe eut été plus exaâe ; car j’avoue naturellement que ne la trouvant pas dans le Volume indiqué , je la croyois hazardée. Ce n’efi que depuis ma première Diflerta- tion , & à la Métamorphofe des Lima- çons dans le tems de leur Accouple- ment , que je me fuis avifé de parcou- rir toute la Table des Mémoires de l'A- cadémie des Sciences ; & j’ai enfin trouvé dans l’Hiftoire de l’année 1708», page 4g. une Diiïertation complette fur la Génération de cet Animal. Il ei| dit même dans cette DilTertatiori -, Que Von ixamine par dehors un Limaçon gris, de Jardin , hors du tems de fon Accouple- ment . quoii le dijjéque avec toute l’atten- tion pojjible , on ne lui trouvera aucune par- tie qui ait l’apparence de devoir Jervir à la Génération. Je n’ai donc pas tort, quoique îe me fois trompé : M. Plucbe auroit mieux fait de citer ceci q.ue de donner à la pla» Observations sur l’Histoire Naturelle » ’ ce des Lunettes Rapproche , à un Animal qui ne les a jamais 'connues. De forte que tout cé que cet Auteur cite de Meilleurs de l’Académie ,' cfl exacte- ment fondé furie vrai, - & tout ce qu'il donne du lien eft contraire aux Obfer- vations que l’on. peut en faire. D’une autre part , toutceque t i-iîdit moi-mê- me fur l'Anatomie des Vifccres de' cet Animal elt trcs-exaét. L’état même des Parties du Limaçon pendant les Liions froides, elt conforme à mes Fxpoli- tions ; maïs j’ai eu tort de dire qu’il ne s’acconploft jamais. Pour dédommager le Public, je ir.é fuis propofç de donner ici le delTein exaét de ces Parties, q ne l’on rie trou- vera dans aucun Auteur ; je donnerai au lli celui que Meilleurs Barder & Malphighi ont donné , où il n’efl pas queflion des Parties des deux Sexes , que je croîs le plus étendu. Je citerai ce que ces Auteurs difèntda Limaçon , & l’Otfervatîèn de Méfüeursde l’Aca- démie des Sciences , à laquelle je pren- drai la liberté d’ajouter quelques nou- velles remarques, fans cependant con- tredire un feul mot de ce qui fe trouve dans la fçavanteDiflertaiion qu’ils nous ont dônnée. Èxtrait d'une Lettre de écri- te par Je an - Jacques Harder 3 Plùlofophe & Médecin de Bâle 3 à P Abbé Marfdius , fur les Oeufs &les Parties Générales des Li- ma fons i citée par M. Malphi- ghi , Médecin de Boulogne , de la Société Royale de Londres , » Il me relie bien des chofes à dire ® de la rcfpîration du Limaçôn , au or moyen de laquelle 'il prénd un ali- mentnitro-fltViemte,de l’ufage desPar- d lies intérieures du Cerveau, cTe plu- oc fleurs fortes de Nerfs qui en fortent » en abondance, &derextenfion des » Efprits Animaux par le feeours def- » quels il fait fes principales fonctions , « de fa lenteur à marcher , des Muf- » des, des Cornes, de la Coquille , » de la Bouche, A des autres Parties » qui lemblent être formées par -une » fubltance tendineufes,dont j’ai parlé » dans i’Examen anatomique ; enfin » des Partie* génitales de cet Infefte , >5 (ans ce qu’il y auroit à dire des con- » doits particuliers qui lui font propres, n Se qui portent en abondance la ma- « tiére néfceffaire pour la Génération , J. du Couvercle 8c de l’Enveloppe , >' quf garantit cet infeéîe du froid pen- »> dant l’hyver, 8c qui fert encore à la » fermentation & à I’accroilTement de » fa Coquille : ces conduits ai n fi que » je l’ai fouvent obfervé dans ces In- » feéles , communiquent d’une manie- » re vifiblc avec un Lobule de couleur » de cendre, qui e(l proche le Cœur. » A l’égard de la Génération de ce » vil Animal , j’aime mieux me taire » que d’en parler fans en être certain & » d’avancer quelque chofe de douteux. » Suammerdan lui- même n’en a pas *> beaucoup parlé dans fan Hilioire » des Infeéles , quoique zélé défenfeur » de l’un A de l’autre Sexe que l’on at- » tribue au Limaçon , en quoi je fuis » de fon opinion , après en avoir fait » plulieurs fois l’expérience, Car cha- » que Limaçon a , non -feule ment , un » corps celluleux , mais encore une * Verge d’une fuite vermiforme voi- » fine de la Matrice, » La raifon naturelle prouve qu’il a » dçs Oeufs, par dans le tems de l’ac- » couplëment , ( qui fe fait d’ordinaire » depuis le commencement du Pr’m-. » tems jufqu’au mois de Juin ) on trou- \c sur. la Physique et « ve une matière un peu vifqueufe , » fortement lancée dans le corps de » fa Verge , qui s’enfle d’abord , com- » me je m’en fuis fouvent apperçû. « J’ai divifé fort à propos c e Corps en » Laâé & en Coliforine ; mais je n’ai pû trouver encore diflinclement fes » Vaifleaux de ce Corps. Il eft proba- j) ble cependant que la Partie Coli- » forme e(l femblable au conduit des » autres Infeétes , 8c qu’il fupplée dans j> le Limaçon au défaut de la Verge & j> en tient la place. Puifqu’on obferve j) des Oeufs dans cet Animal , Gr que l'O- » vaire femble être fufpendu & attaché en » bas. Cet Ovaire ejl compose! de plufieurs „ petites Glandes que l’on découvre arec le „ Microscope. L’autre Partie que j'ap- „ pelle Enflée , e(l de cette même fub- „ fiance , dans laquelle les Fœtus des , Limaçons , & de tous les Animaux ,, à Coquille , fe ramafTent lorfqu’ils „ s’enferment pour la première fois. „ De- là vient, que , dans l’Examen „ que j’en ai fait autrefois , j’ai appelle ,, grafleév limoneufe une pareille Par- 3> tie , où (ont formés les Oeufs , & qui „ les fépare & les ferre. „ Ces petits Oeufs parodient d’a- » bord clairs 8c tranfparens , enfuite 3, ils prennent la couleur de jaune 3, d’œuf, s’ils reflent trop long-tems 3, cachés dans le Corps de l’Infede. D’autres ont remarqué avec moi J qu’ alors ces memes Oeufs avoient „ cru. Le nombre de ces Oeufs eft }, quelquefois confidérable. „ J’en ai trouvé cet Etc quatre de differentes formes , placés en difle- 3) rens endroits dans mon Jardin, que » j’ai obferve avec le Microfcope , & v je me fuis apperçu que ces petits ,3 Oeufs étoient environnés d’une »* Membrane pour leur tenir lieu de »» defenfe. Le Plexus des Vaifleaux Am*e *75 J. Tome I. Partie j sur la Peinture; xy ,, l’ymphatiques , part des Véficules ,, ladées , qui diflilent & font dégou- „ ter une matière blanche dans les Ani- maux qui ont leur Coquille ; mais ,, dans les Limaçons qui n’en ont 3J point , c’eft une Vcficule plus large', ,, gonflée & remplie d’une pareille hu- „ meur où le Plexus efl lupprimé. ,, Voyez l’explication de la Figure à la fin de cette Partie. Harder ne donne ici qu’une figure confufe du Limaçon : ce qu’il prend pour un Corps Cunei - forme eft le Cerveau ; les Entrelaftemens , Plis , ou Véficules Iodés, font, je crois les' Poumons ce qu’il croit être la Ver- ge n’eft que fa racine ; la Subftance limoneufe eft le Tefticule ; le petit Sac fpiral , c’eft la Rate ; & le Vafe celluleux , ou conduit des Oeufs, font les Véfiules féminales. Malphighi fe fert du fentiment de cet Auteur , pour appuyer le Syftême des Ovaires qu’il adopte. Il y a d’autres Figures du Lima- çon Terreftre Domi-porte , dans un petit Livre qu’a donné aufli Harder : ( imprimé à Bâle en 1570. ) intitulé , Examen Cochlex anatonucum , mai» el- les font aufli peu exaétes que celles-ci. Extrait de l’HiJloire de /’ Académie des Sciences 3année 1708. pag. 48. Que l’on exâmine par dehors un „ Limaçon gris de Jardins hors du terns de fon Accouplement , qu’on ,, le diflêque avec toute i’aitentieu „ pofiibie, on ne lui trouvera aucune j, partie qui ait l’apparence de devoir ,, fervir a la Génération. Cependant „ ainfi que nous l’avons dit dans I’Hif- „ toirede 1 66ÿ.( pag, 40.) cet Ani- c i8 Observations sur l’Histoire Naturelle. mal ert Hermaphrodite , & par con- ,, féquenr, il a par rapport à la Géné, ,, ration , un plus grand nombre d’Or- » ganes qu’une inimité d’autres Anr- ,, maux plus connus & plus étudiés. 3, Tout ce qui fe pafle en lui fur ce 3, fujet , doit être auffi d’une nature fort particulière. Nous allons rap- 3, porter ici les principales fingularités , „ tans entreprendre d’expliquer en au- }, cune façon par quelle Méchanique elles s’exécutent. Cette explication feroit inutile, fi elle étoit moins cir- conflanciée , qu’elle ne le fera dans „ le Mémoire de M. du Verney , que 3, la maladie de l'Auteur empêche de „ paroitre cette année. On ne pourra „ guéres y voir fans étonnement, corn- 3, bien un Limaçon coûte à la Nature. „ Cet Animal a au côté droit du Col ,, une petite fente prefque imperceptr- », ble , qui ne mene qu’à des petits ,, Conduits ou Cavités , & à des efpé- „ ces d’Inteflins fort tortueux , flotans », dans fon ventre. Au tems de l’Ac- ,, couplement , tout cela change de ,, forme, A l’Animal prefque entier cil; j, métamorphofé.Ces efpéces d’Intef- ,. tins, pouffes alors du fond du ven- », tre vers le Col, fe gonflent , fe re- 3, tournent, fe renverfent, fe difpo- „ fent enfin & s’arrangent entr’etix de », façon qu’ils fe préfentent à la fente du », Col , alors fort dilatée , fous la fi- ,, gu te d’une Partie féminine & maf- ,, culine ; chacune toute prête à faire ,, leur fonétion. Cela n’arrive pleine- 3, ment qu’après qu’un Limaçon en a „ rencontré un autre , & que par plu- j, fleurs mouvemens préliminaires plus ,, vifs, & pour ainfi dire plus paffion- „ nés qu’on i’imagineroit , d’une efpe- „.çe auffi froide , ils fe font mis l’un 3, & l’autre dans une mêmedifpofition, 33 ou fe font allures d’une parfaite in- ,, teüigence. Ils ont un autre moyen ,, fort fingulier de s’en allurer encore ,, mieux , & ils ne manquent jamais ,, de le mettre en pratique. ,, Avec la Partie mafeuline & fémïo-r ,, nine , il leur fort auffi par i’ouver- ,, ture du Col, un Aiguillon qui a la figure du fer d’une Lance à quatre aî- „ ies,& fe termine en une pointe ai- „ gue & allez dure. Comme les deux ,, Lim açons tournent l’un vers l’autre ,, la fente de leur Col, il arrive que ,, quand ils fe touchent par cet endroit, ,, l’Aiguillon qui fort de l’un pique ,, l'autre , & la Méchanique qui fait ,, agir ce petit. Dard , et\ telle , qu’il ,, abandonne en même tems la partie ,, à laquelle if ell attaché , de forte „ qu’il tombe par terre , ou que le Li- ,, maçon prqué le remporte. Ce Lima- „ çon fe retire auffi-tôt -, mais peu de ,, tems après il rejoint l’autre & le pi- „ que à fon tour, & après cette blelTure ,, mutuelle, jamais l’Accouplement ne ,, manque de s’accomplir , au lieu- ,, que tous les autres préludes peuvent „ n’avoir pas une fuite fi heureufe» . ,, L’Aiguillon lancé des deux côtés, ,, paroît defliné à avertir les deux Li- „ maçons qu’ils font également prêts ; „ car dans cette efpece Hermaphrodite ,, il n’y a pas comme dans la nôtre , un ,, Sexe principal, &plus adif . dont la „ difpofnion fuffife. „ Les Limaçons ont coutume de „ s’accoupler jufqu’à trois fois , éloi- ,, gnées l’une de l’autre environ de 1 5 ,, jours. A chaque Accouplement , on „ voit un nouvel Aiguillon , A la Na- ,, ture fait les frais de le reproduire » pour un ufage , en apparence, fi peu „ important; M. du Verney compare ,, cette régénération à celle du Bois des ,, Cerfs. Et en effet les proportions „ gardées, cet Aiguillon paroît être sur la Physique et d’une matière femblable. „ Apres l’Aiguillon lancé , vient l’in- j, (ertion réciproque de la partie Maf- ,, culine de chaque Limaçon, & com- ,, me ils ont l’un & l’autre les deux Or- „ ganes de la Génération rangées de ,, la même maniéré à l’ouverture du , , Col , il faut , afin que chaque Orga- ,, ne réponde à celui qui ne lui reffem- „ ble pas , que l’un des deux Limaçons ,, ait la tête en haut & l’autre en bas , „ ce qu’ils fçavent bien pratiquer. „ Leur Accouplement dure dix ou ,, douze heures , il leurcaufe. fur-tout, „ lorfqu’il commence , ou un engour- ,, diflement , ou un ttanfpott qui les „ empêche de donner aucun figue de „ fentimenr. Ils ne fe fi'parent plus , ,, quoique l'on falTe , & ils ont pour ,, cela une raifon allez forte , c’ell que „ le Gland de la Partie mafculme vient „ à 1e gonfler, de maniéré qu’il ne peut ,, plus reflortir par où il étoit entré. Il „ ell peut-être une heure à acquérir ,, cette extention peu-à-peu , & par ,, degrés , & jufqu’à ce qu'il l’ait entié- ,, ment acquife , il ne fort aucune Ma- „ tiere féminale. Elle n’eft pas même ,, encore formée , & ce n’elt qu’aprcs „ l’Accouplement commencé , que la j y Nature longe , pour ainfi dire, à y „ travailler, & qu’elle fait jouer toute ,, la Méchanique qui la doit fournir : j, cette Matière a encore une autre j, particularité bien remarquable, elle ,, n’eft point liquide , mais d’une con- ,, fillence de cire , & elle prend la ft- ,, gnre des Canaux par où. elle pafle. „ Elle ell poullée par un mouvement ,, femblable à celui des Inteüins qui „ chaflent hors d’eux ce qu’ils contien- nent. Pendant tout le tems de l’Ac- complément , excepté fa première „ heure, elle file lentement des deux „ cotés , en patlant de l’un des Lima- sua la Peinture; ip „ çons dans l’autre. Elle fort des Canaux plus longs „ que n’efl le VailTeau de la Partie fc- „ minine où elle eft reçue d’abord, 8c „ par cette raifon elle ell obligée de ,, s’y replier. De-là elle pade dans d’au- ,, très Vailteaux qui appartiennent au ,, Sexe féminin , 8c où elle caufe enfin „ la Fécondation , non pas cependant „ immédiatement après le premier Ac- ,, couplement, ou le fécond, mais (eu- ,, lement après le troifiéme. „ Au bout d’environ 18 jours , les „ Limaçons pondent par l’ouverture „ deleurCol , des Oeufs qu’ils cachent ,, en terre , avec beaucoup de foin 8c ,, d’induflrie ; mais encore une chofe ,, linguliere , c’ell que fi l’on ouvre un „ Limaçon peu de tems avant qu’il ,, ponde,on ne lui trouve point d’Oeufs, ,, mais feulement des petits Embrions qui nagent dans une liqueur fort clai- „ re , & y ont des mouvemens allez vifs. Ces Embrions deviennent Oeufs „ dans le chemin qu’ils ont à faire pour ,, fortir, c'ell-à-dire , qu’ils fe revêtent „ de Membranes qui leur font fournies ,, pat certaines liqueurs , & quifedur- ,, cillent enfuite. „ Tout ceci n’eflque l’HifloireNa- ,, tureile de la Génération des Lima- „ çons , c’ell ce qui fe fait , & non la ,, maniéré dont il fe fait , & fi on laif ; „ foit la maniéré à deviner aux plus ,, habiles Phyficiens, ce feroit affuré- ,, ment une enigme bien difficile. Elle „ ell même encore prefque impénétra- „ ble, quoiqu’on ait toutes les pièces ,, de cette Méchanique entre les mains, „ quoiqu’on la voye jouer fous fes yeux; „ & c’ell un des plus grands effets de ,, l’intelligence& delà fagacité humaine „ que d’en bien comprendre le jeu. L’on voit bien clairement par cette Differtation , que la vérité étoit devant C ij <20 Observations sur l les yeux des Obfervateurs , mais voilée de Préjugés. Suite de la DiJJ'eflion des Lima- çons , & des Animaux qui en- gendrent fans F emelle , félon mes Observations. Le Limaçon engendreroit & concc- vroit feul , s’il pouvoit recourber fa Verge , & l’introduire dans le Réfer- voir où il difpofe les Fœtus qu’il pro- duit , cela eft inconteftable. Le Tube externe dont il (e fert pour Iiumeéler & groftir le Vagin, de celui avec lequel il s’accouple , efl allez long, & les liqueurs que donne cet Animal d’un côté . pourroient être reçues de i’autre. Pat conféquent il porte en lui toutes les qualités propres à la Généra- tion, ainfi que les Mâles de toute au- tre cfpece. C’eft ici un argument que je puis oppofer à ceux qui prétendent que la ditlcrence de Sexe , par rapport aux humeurs & aux molécules qui les com- polent , eft néceiïaire à la Génération : on voit ici cependant que cette diffé- rence de Sexe eft inutile. LailTons à part les Parties qui ne font que les Inf- trumensde la Génération, c’ell-à-dire , la Verge & le Vagin. Ne confidérons que ce qui peut être la Source des Se- mences : elles dérivent du Sang fans contredit , dans l’Homme , dans les Quadrupèdes , & dans les autres Ani- maux où cette liqueur circule ; au con- traire dans les Limaçons , dans les Co- quillages ou Animaux Doiniportes , la li- queur Séminale ne peut venir que des autres Humeurs & dcsElprits qui confi tituent ces Infeéles. Toutes les efpéces vivantes produi- fent donc une Semence puifée dans les Suides qui animent leurs organes -, Se la Histoire Naturelle, réparation de ces Liqueurs 8c de ces Efprits ne peut être exécutée que par les Glandes & les Filières de l’un des deux Sexes , pour venir former dans un Ré- fervoir les Embrions : car de dire qu’un Sexe a befoin de l’autre pour former ces Embrions , ce feroit admettre une né- ceftîté fuperflue & compliquée , ainft qr.e je l’ai démontré ailleurs. Un Sexe ne fert que pour conferver ce que J’au- tre a produit. & c’eft ce qui caraéléri- fe leur différence -, que l’on nedife pas qu’il y ait des Oeufs contenus les uns dans les autres à l’infini . 8c que ces Oeufs foient des Effigies inanimées . auf- quelles la Semence donne la vie . c’eft polirivement s’amufer à une fpécula- tion fabuleufe ,8c abandonner la réa- lité. Rien n’étoît plus propre que la dif- feélion du Limaçon , pour abolir le Sys- tème ridicule des Qviparijles -, ils n’a- voîent pas befoin de mon expérience pour être convaincus que le Mâle feul engendroit dans toutes les efpéces. Si nous diftinguons le Mâle de la Fe- melle, plutôt par les Parties extérieu- res , que par les Filières & par les Glan- des qui préparent lesParticules qui com- pofent les Fœtus avant leur émerfion j il eft certain alors que les Limaçons font Males & Femelles tout à lafois ; parce que , non feulement ils forment leurs Petits dans les Parties propres à les compofer comme les Mâles de toute elpcce ; mais encore qu’its les gardent dans unRéfervoir , comme font les Fe- melles de chacune de ces Efpeces. Au contraire . fi on entend par Mâle l’Animal qui forme I’embrion , & par Femelle celui qui n’eft point propre à la Formation , & qui ne fert qu’à l’ac- croiffement : le Limaçon eft alors Mâ- le , puifqu’il pourroit engendrer fans Femelle , fila Verge , au lieu d’aboutir sur la Physique et sur la Peinture. 21 en dehors , aboutilîoit par Ion extremi- Elle pafje dans les V aijfeaux qui appartieh- tè antérieure dans le Sac qui fert de Va- nent au Sexe Féminin , où elle caufe la he- gin à cet Animal. Je ne crois pas avan- condation . non pas cependant immédiate- cer un Sophifme ou du moins , que ment après le premier Accouplement ou le je ne m'explique pas allez clairement fécond, mais après le troijiéme. Et à l’é- pour me faire entendre. J’ai donc eu gard des Oeufs, il cil dit dans le même railon de dire que les Limaçons font endroit : fi on ouvre un Limaçon peu de comme les Mâles de toute antre Efpé- tems avant qu’il ponde , on ne lui trouvera ce , & qu’ils engendrent fans Femelle, point d'Oeufs, mais feulement des petits Le beloin réciproque qu’ils ont les Embrions qui nagent dans une liqueur fort uns des autres , pour accomplir l’ou- claire , & y ont des mouvement fort vifs . vrage de la Génération , leurleroit inu- Ces Embrions deviennent Oeufs dans le che- tile , fi le Créateur 11’avoit voulu noos min qu’ils ont à faire pour fortir ; c'efl-à- faire entendre par cette aétion extérieu- dire, quils J è revêtent de Membranes qui re , qu’il pourroit nous faire concevoir leur font fournies par certaines Liqueurs j & enfanter (euls ; & que s’il a compofc fcr qui fe durcijjent enfuite. deuxSexes, c’efl plutôt pour nous prou- Si c’étoit moi qui donne cette remar- ver qu’outre le jeu ordinaire de la Na- que , on dirait que je me fuis peut-être ture, il y a encore des I.oixfurnaturel- trompé , que celt une illufion de la les qui étabülfentun ordre , que le ha- vue , & que jerne luis imaginé voir des zard ne (çauroit avoir produit. Cceli &■ Embrions , comme l’onfè ligure voir Terra enarrant gloriam Dei. des Statues dans les nuages. C’ell ce qui Que l’on vienne à préfent perfuader ne manqueroit pas d’arriver Mais c’ell quelqu’un qu’il y a des Oeufs contenus P Académie qui parle. Voilà donc des les uns dans les autres à l’infini dans tou- Embrions formés avant les Oeufs , & tes les Créatures & dans toutes les Plan- des Oeufs formés après les Embrions. tes ! Que les Speflateursd’ffarj'ei & de Dans Pexpofnion que nous venons de Ma/plugAi grouillent leurs Volumes tant voir du Dofteur Harder & du Philofo- qu ils voudront. Un Limaçon feul fer- phe Malphighi , il lemblc que ces Au- vira à détruire toutes ces Effigies ridi- leurs veulent nous donner à entendre, cules que jamais perfonne n’a apperçù qu’il y a des Ovaires & des Oeufs dans dans l’Oeut , puiique l’Animal dont il le Limaçon avant la fécondation, elf quellion , efl dépourvu des préten- La raifon naturelle ( dit Harder) prou- dus Ovaires, & par confcquent d'Oeufs, ve que le Limaçon a des Oeufs. Et pour avant & après le tems de la Génération , confirmer une opinion f\ bien établie , éx meme dans fon Accouplement; ce l'Ovaire { dit i\ enfuite) (fl compofé de pe~ n efl qu’au bout de quelques ÿours., apres tiret Glandes que l’on découvre avec le Mi- la Jonction , qu’ils commencent à fe crofcope. Celt ici où Malphighi , qui a former dans le Corps. Voyez ce que donne de (i belles chofes dansfes Obfer- îious venons de rapporter de l’Hilloire valions de Ovo incuuato , feroit voir avec de l’Académie des Sciences de l’année Harder ,. que la Cicatricale du centre de Ce n’ejl qiC après l’Accouplement l'Oeuf efl le point blanc animé , St c. commencé, que la A autre fonge , pour ainji Dans la ligure que je donne d’après n e . à travailler à la Semence , &■ qu’elle lui : il marquerait Pendroit où féjour- Jattjouei la Mèchanique qui la doit fournir, nent les Oeufs ayant l’Accouplement > Observations sur l’Histôirë Naturelle , c’eft-à-drre , les Ovaires: mais comme on voit , il n’y a rien ici de tout ce- la. Le Limaçon eft un Mâle fansTef- ticules, & une Femelle fans Ovaire. Il eft tems préfentement de donner les nouvelles remarques que je viens de promettre. La partie du Limaçon que l’on qua- lifie du nom de féminine, eft au contraire la partie Mâle de cet Infeéte ; elle eft pourvue comme celle de tous les au- tres mâles , d’un Tefticule , d’un Epi- dinre , d’une Véficule Séminale , & d’un Canal déférent. Cé qui nous paroît le Vagin , eft ce qui fait dans les Hom- mes le Canal de i’Urêtre , & au lieu que dans ceux-ci , quand J'Embrion fort, il efl arrofé par les ouvertures des Canaux de la Glande Proftate; au contraire , dans le Limaçon . le Canal de fa Verge, qui dans le tems de l’Accouplement s’infinue dans le Réfervoir , arrofe les Embrions qui fe font formés dans les Véficules féminalcs, & qui fe portent en même tems par les Canaux défé- rens , dans le Réfervoir où ils nagent . dans la Liqueur qui découle de cette Verge. Cette Liqueur fcrt encore à rem- plir les VailTeaux Spermatiques , pour opérer leur filtration. La Nature , pour aider à l’extenfion du Réfervoir , a fait la Verge Féminine des Limaçons ( c’eft ainfi que je l’appelle . ) garnie d’une Trompe au bout , ou d’une efpéce de Bourrelet qui aide à l’extenfion du Ré- fervoir. & en même tems lui fournit les humeurs en queflion. J’appelle cette Verge Féminine , par- ce qu'elle élivement elle n’eft foutenue d’aucun Tefticule , non plus que d’au- cune Glande femblable aux Proftates , que nous regardons comme la Baze du Membre Viril dans les autres Ani- maux , & encore moins de Véficules fé- minales. Elle ne relTembie qu’à un Cli- toris propre à l’extenfion d’une Semen- ce claire & froide , ainfi que celle qui , dans les Femmes, fort des Ovaires par les Trompes de Fallope. Voilà quelle eft ma conjeélure; pour l’appuyer , j'offre la Nature elle-même aux Phyficiens, &j’expofe ici ledefiein des Parties que j’ai dilïêquées moi-mc- me avec foin , dans le tems de l’Accou- plement de ces Infeâes rempans , que j’ai à la fin pris fur le fait. Voyez r explication de la Figure à la nn de cette Partie. OBSERVATION III. Sur le Cœur & les autres Vifcéres du Limaçon , & concernant fes qualités & fes vertus Médicina- les. JE n’ai parlé dans la Diftertatiou pré- cédentes que des Partjes de la Gé- nération du Limaçon : je puis ajou- ter ici pour l’entiere defcription de cet Inleéte , fexpofition de toutes les Par- ties en particulier. La Structure du Cœur du Limaçon. Ce Vifcéreeft bien diftinét dans l’A- nimal fur lequel nous differtons. Je l’ai vu palpiter long-tems , comme celui des Grenouilles, même après avoir fuppri- mé le Cerveau & la moitié du Corps. I.e Cœur du Limaçon a la figure d’un Cône racourci ; d’nnecouleur jaunâtre, entouré d’un Péricarde très-mince & tranfparent , rempli d’une eau très-clai- re & limpide , dans laquelle il effectue fes mouvemens de Diaftole & de Sifto- le avec beaucoup de force 6c de vi- sur la Physique et gueur. On y obferve deux Ventricules & deux Apendices à l'embouchure de deux larges VailTeaux qui fe plongent chacun dans l'une de ces Oreillettes. Il fembic cependant que dans la contrac- tion de fes fibres , il s’allonge & fe vui- de en total , & qu’il ne fe racourcit & ne fe remplit entièrement que dans fon mouvement de Diaflole. Ses mouvemens (ont tout-à-fait con- vulfifs , & ce Vifcére fe retire même quand vous le touchez -, & femble vou- loir éviter le choc du corps avec lequel on l’approche. La Liqueur qui tient lieu de Sang au Limaçon^ efl uès-cYaue ; 8c piuon n’c- trc qu’une Limphe très-épurée , elle palfe dans des vaiffieaux très-déliés , & fes Globules échappent au meilleur Mi- crofcope par leur extrême ftneffe. Le vaillent! qui fait l’office de Vei- ne , vient du Foye, & apres avoir dé- gorgé fa Liqueur dans l’un des Ventri- cules , cette Liqueur paflê dans l’autre , & efl en même tems repouffée dans des petits vaifleaux qui d’abord parodient n’en former qu’un feul , & la Liqueur efl de-là poultce dans un Rameau , qui «ntre dans un Lobe cendré fur lequel le Cœur repofe. Le Cœur efl attaché par fa pointe à un vaiffeau qui lient au Péricarde, & qui fert apparemment à fournir l'eau du Pé- ricarde : ayant coupé ce vaiflean , le Cœur palpitoit toujours à fon ordinai- re -, mais il celfa tous fes mouvemens , loi (que j eus coupé le vaiffeau fupcvieur quicomenoit les Liqueurs de la Circu- lation. Un Limaçon à qui j’avois ftipprimé ’e Coeur , fe mou voit encore , & ailon- geoit fes Cornes» . sur la Peinture. 23 Le Ventricule. Je me fuis apperçu que les Alimens nâgeoient enfemble avec les Liqueurs chi Ventricule jufques à l’infertion du Foye , & à l’endroit de l’adhérence dnFoyeavecle Ventricule, où les Ali— mens ceflbient d’être mêlé flottans : c’eft-là qu’ils commençoient à fe di- gérer. Ayant fait manger du pain à ceux que j’ai diflféqués , ils l’avoient extrê- mement bien trituré & mis en petits morceaux comme des grains de gros Sable , ce pain ctoit en petites parti- cules mêlées avec de l’eau , & l’Ani- mal qui avait trouvé ces mets de fon goiic , s’en ctoit extrêmement rempli ; de forte que fon Eflomach faifoit au- tant de volume que tout le refle du Corps. Mais dans les contours que fait l’inteftin entre les Lobes du Foye , cet Aliment etoit réduit en excrémens blancs, & de forme de graine de Me- lon j de la grolfeur d’un grain de Mil- * let , applatis & les tins à la fuite des au- - très ; ils régnoient jufques à l'ouverture du deflns de l’Aile droite , comme nous ayons déjà remarqué. Le Foye. • Efl un Vifccre fort étendu dans cet Animal ; il (e recourbe & fuit la Cir— - convolutiou des I me (lins; il les réchauf- fe & en procure la Digeflion. 11 y a quantité de vai/feaux qui fervent de Veines Jaélées qui portent la Liqueur des Inteflins dans ce Vifcére , où ces Liqueurs fe perfectionnent apparem- ment , & vont fe plonger dans le Cœur , par une Veine Lymphatique , ainficjue nous avons déjà dit : ce qui me fait croire que le Foye lui tient lieu de Pou- mon lorfqu’il s’enferme dans faCoquj!-' «4 Observations sur le , & qu’il paire de longues fuites de jours fans manger. D'ailleurs , j’ai ob- lervé que les Inteftins reçoivent des Vaifleaux de tout le Corps & de tou- tes les Vifceres. Ce qui me fait croire , que la Liqueur Lymphatique , ou le Suc Nourricier de l’Animal , ne retour- ne au Cœur qu’en repalfant une fécon- dé fois par l’Inteflin , & de là au Foye , & du Foye au Coeur. Si ma conjeélute ell véritafale comme je le crois , c’ell ici une nouvelle Circulation , qui paroît d'autant plus fondée , que le Cœur , après avoir poulie fes Liqueurs par un mouvement de Sillole , relie entière- ment vuide , 8c ne fe regonfle enfuite , & ne fe remplit de nouveau , qu’en re- cevant celles qui viennent du Foye. Le Lobe cendré. Ce Lobe tient étroitement au Foye , au Ventricule&au Cœur. Il reçoit éga- lement les Liqueurs du Ventricule & du Cœur , Sc il les porte par une autre forte de VailTeaux , qui parcourent tou- te la Membrane externe & fuffiront pour s’alfurerde la vérité de mon opinion. Voici les remarques générales que j’ai faites fur les fleurs , qui confirment les expériences particulières dont je viens de parler. J’ai feroé des graines des différentes efpéces de fleurs détail- lées ci-delTus , & j’ai réufli à élever des fleurs de couleurs mixtes & combinées. Par exemple , j’ai femc un millier de sur la Physique et graines d’Auricules de différentes cou- leurs , celles qui en font provenues , ont porté des fleurs de couleurs compofées 8c mêlées de celles que j'avois femées : il ne s’en efl pas cependant trouvé deux exaâement femblables entr’elles , elles ctoiem toutes plus ou moins mélangées de couleurs des fleurs qu’avoienc porté ies graines. Pour peu que l’onconnoif- fe le mélange des couleurs., il fera facile d’appercevoir cette combinaifon. Je me fuis apperçti que quand je fe- mois des graines des Auricules rouges , pourpres , violettes & blanches , celles qui provenoient de leurs graines n’é- toient jamais ni bleues ni vertes, ce qui efl conforme à la nature des couleurs , attendu que le bleu , qui efl une cou- leur primitive, ne peut être produit par le mélangé d’aucune de ces cou- leurs, & que le verdne fe peut produire que lorlqu’ii y a du bleu 8c du jaune : mais les fleurs qui provenoient de ce mélange étoient ou cramoifies , étant produites par la communication des étamines des fleurs violettes & couleur de feu, ou couleur de rofe , étant pro- duites par la communication des éta- mines de fleurs blanches, cramoifies 8c couleur de feu , ou couleur de paille , produites par celles des fleurs jaunes 8c blanches , &c. L Auteur de la Nature , dont la fa- gcfle infinie a tout prévît, a créé fort peu d’elpéces de fleurs de couleur b eue •. & \\ ef\ facile de remarquer que les memes clpéces de fleurs qui font de couleur bleue , ne (ont jamais en me- me tems jaunes, ce qui auroii produit par le mélange des couleurs , des fleurs tout-à-fait vertes , qui n’auroient point ct^ agtcahles à la vite , & feroient alors contoniues avec les feuilles de la plante meme qui les auroit produites. (I) On entend par rouge pur, b couleur de l’éc sur la Peinture. 29 Ceux qui cultivent les fleurs 8c qui s’imaginent d’élever des renoncules bleues , fout dans l’erreur , parce qu’il n’y a aucune couleur dans les renoncu- les dont le mélange puifle produire le bleu ; s’il yen avoit dans leurs planches de cette couleur , & qu’elles fe com- municalTent avec les jaunes , elles pro- duiroient des fleurs vertes fort défa- gréables ; 8c de plus ces fleurs bleues feroient des couleurs ternes 8c laies par leur mélange avec la plus grande partie des autres couleurs , & alors on ne re- ctteilleroit plus des fleurs de couleur rouge pur , jaune , orangé. Cesefpeces feroient abâtardies & gâtées par le feul mélange de la couleur bleue qui n’efl point analogue , ni avec le rouge , ni avec l’orange , ni avec le jaune. Les Jacintes font toutes ou bleues ou blanches ; quelques-unes ont un peu de couleur de rofe : il n’y a point à crain- dre que le mélange de ces trois couleurs en pufle produire de defagréables à la vue, il n’en peut provenir que des Ja- cintes bleues plus ou moins pâles , ou foncée , ou violettes-bleues , ou pana- chées en bleu 8c blanc. Jamais on n’é- levera des Jacintes jaunes , ces trois couleurs ne pouvant point produire par leur mélange le jaune. Il en efl de mê- me du pied d’allouette qui efl dans les mêmes couleurs que la Jacinte. Les Anémones font en général bleues, violettes , ou d’un rouge cramoifi ; il n’y\en a point de rouge pur(£),d’orangé ou de jaune j en un mot quand une ef- pécede fleur produit des couleurs jau- nes , elle n’en produit point de bleues , quand elie en produit de bleues, elle n’en produit point de jaunes : mais il faut obferver que danstoutesces efpé- ces , il s’en trouve des violettes- pour- pres & cramoifies , parce que ces cou- rlate ou du vermillon. Observations sur l’Histoire Naturelle , 3° leurs ne lont point primitives, & que leur mélange avec le bleu d’une part;& le jaune, l’orangé & le rouge de l’autre ne peuvent produire de verd parfait, ni des couleurs défagréables. Il fe trouve des Auricuies couleur d’olive., mais elles font produites parle mélange du violet & du jaune. Si malgré ce que j’ai ci-deflus expli- qué , on veut que les fleurs ne fe com- muniquent point leurs couleurs , que l’on me difedonc pourquoi dans les mê- mes efpéccs de fleurs qui font de cou- leur bleue , il n’y en a jamais de jaunes , & pourquoi les jaunes ne font jamais bleues ? Il fuit naturellement de ce que je viens de dire & de ce que j’ai éprouvé , que les fleurs de différente nature , comme la renoncule avec l’anemone , S fait varier , n qu il fe trouve plus ou moins fon- ce , plus le jaune ell pâle , plus les cou- leurs du panache approchent du rouge ou vrolet ; plus il ell doré , plus elles s’en Joignent. Lorfq(ie le fond* fa Tulipe eÜ blanc, i-, 0ll‘eur ^l! Pan-'1che ell rouge ou vio- e, plus ou moins claire ou foncée duitPna?ie &A.craraoifi» ce qui efl pro- d— ,lcurPs& sur la Peinture. 31 Plufieurs Auteurs fe font imaginés que les Tulipes panachoient de vieillefle ; je ne fuis pas tout-à-fait de ce fenti- menr. Une Tulipe panache, félon moi, en ce qu’elle détache & fépare des fucs qu’elle reçoit avec plus ou moins d’a- bondance , les petites particules qui forment la couleur du panache 8e celle du fond de la Tulipe , couleurs , qui de- meurent accrochées & confondues dans certaines terres. Les particules des fucs nourriciers, lorfque la Tulipe panache, coulent librement le long des fibres qui partent du pié du vafe de la Tulipe , 8c s’étendent le long des feuilles de la ftev\r : ces particules colorées ( que je fuppofe violettes) avant que la Tulipe panachât , étoient confondues 8c mê- lées avec le fond blanc de 1a fleur , 8c formoientune Tulipe d’un violet pâle , mais fe trouvant alors rapprochées les unes des autres , elles donnent en ces endroits une couleur plus vive & plus foncée , & forment l’agréable variété que nous voyons dans les Tulipes. Les endroits où la couleur violette du pa- nache ell d’un violet noir , font ceux où ces particules fe font le plus accu- mulées, & font comme engorgées dans les fibres des feuilles delà fleur. _ Souvent une Tulipe panachée de- vient pure , fans doute, parce que la couleur du panache vient à fe confon- dre de nouveau avec le fond de la fleur j la qualité de la terre ou la trop grande abondance de fève , peut produire cet effet. Application aux Oeillets. Les Oeillets panachent ordinaire- ment dès la première année, & lorf- qu une lois le panache fe mêle avec la couleur du fond , il ne s’en fépare point. 11 y a tout lieu de croire, que lorf- que les particules qui compofent le pa- nache de l’Oeillet , fe font confondues ,2 Observations sur l’Histoire Naturelle. dans la fève avec celles du' fond alors vers coquillages. Si les liqueurs liltrent les marcottes qu’ils produifent ne peu- vent plus leparer les couleurs pour for- merle panache. Voilà en général tout ce qu’on peut dire de plus vraifemblable fur ce qui forme le panache des fleurs. Je lailTe aux Amateurs , qui voudront faire les expériences dont j’ai parlé ci-deflus , la liberté de douter de tout ce que je viens de rapporter , jufqu’à ce qu’ils s’en foient convaincus par eux-mêmes , & je les prie jufques là , de vouloir bien fufpendre leur jugement. Je ferai ce- pendant toujours tvès-flatté que les plus ïntellîgens veuillent bien me faire l’hon- neur de me communiquer leurs fentir mens. Depuis quelques années on a clevé des Oeillets dont le fond eft jaune -, ils ne font pas d’un beau jaune ; mais fi on en continue la culture , il y a tout lieu d’efpérer que l’on aura dans la fuite des Oeillets dont le fond fera d’un jaune va- rié , dans les mêmes couleurs que les Tulipes dont le fond eft jaune, puif- que les Oeillets à fond blanc ont les mêmes panaches que les Tulipes de cette couleur. Voye\ la Planche de VHiJloire Naturelle des fleurs , marquée A. Figure I. a Le fond blanc de la Tulipe, h Son panache qui tient de cette couleur & du cramoifi. Figure II. c Le fond jaune de la Tulipe, d Son panache qui tient du rouge & du jaune. Réflexions fur lapréfente Ohfervaùon. Le panache des feuilles qui compo- fent les fleurs , elt à-peu-près comme les marques que l’on trouve fur les di- dans les pores des branches des plantes . & de-ià dans les fleurs , ilelt polfiblede comprendre comment les particules , qui compofent le rouge par exemple, & celles qui compofent le blanc , ne paffent pas dans les feuilles , Se ne lui- vent que la direction des fibres qui for- ment les fleurs. C’elt , je crois , ce que l’on peut définir par les glandes qui aboutiflent aux fibres : parce que dans les glandes des plantes, il fe faitune fç- cretion comme dans le corps des Ani- maux. Mais pour définir phyfiquement la formation du panache , il y a beau-, coup de réflexions à faire. Car nous ob- fervons que le même fibre dans la feuille d’une fleur, par exemple , efl rouge juf- qu’à un certain point , blanc enfuite jufques vers fon milieu, ou au de-là , & enfuite rouge comme dans le commen- cement. Il laudroit donc, qu’il y eut des glandes au principe du fibre, qui ayant laifle palier les particules rouges 8e blanches; un peu plus avant , des autres glandes qui ne lailTent pafïer que le blanc, Se enfuite des glandes pour ne lailîer pafler que les particules rouges : mais où prendre ces particules rouges , dans l’endroit où il n’y a paflé que du blanc , cela efl impoflible. Il faudroit donc convenir que les fibres des feuilles de Heurs fe communiquent les uns aux; autres , ce qui feroit encore le mémo inconvénient ! Non , je crois que les particules qui compofent les fleurs , font toutes les mêmes , comme rouges , & que les taches orangées , jaunes 8c blanches, par exemple, viennent du dépouillement des humeurs qui en tou-; rent chaque particule. Les particules entièrement dépouillées, font blanches. Se les plus ou moins , orangées ou jau- nes. OBSERVATION VII. sur la Physique et sur. la Peinture. j* OBSERVATION VII. Concernant les Sourds , & fur l'Oreille de la Tortue , par le R. P. Charles Plumier , de l'Ordre des PP, Minimes & Bonatijïe du Roi. C’Eft ici une Lettre pofthtime que je communique au Public. Elle m’a été remife par les RR. PP. Mi- nimes de la Place Royale, avec le de (lin en couleur de V oreille de la Tortue , fait par l’Auteur lui-même. Ce célèbre Provençal eil connu par des ouvrages qui lui ont mérité Tel- time de tous les Sçavans. Lettre du P. Plumier à M. Baulot. Vous fçavez M. que la Nature ne manque jamais au néceflaire. L’or- gane de l’ouïe cil l’inftrument dont les animaux le fervent pour perce- voir les fons & le bruit : nous de- vons donc nous perfuader qu’il n’y en a aucun qui ne foit pourvu de cet organe , puifqu’il n’cft pas même julques aux Coufins , quoique des animaux, les plus petits de la Nature, qui n’en foient favorifés pour leur b e loin. Je me fouviens d’avoir plu- fieurs fois expérimenté dans les Hles de 1 Amérique , pendant le cours de mes voyages , que les Coufins en- tendent à merveille. Lorfque nous prenions gîte, par exemple , quoi- qu’affez loin des endroits infedés de ces petits animaux , nos Boucanniers n oioient pas même parler de peur de les attirer par le bruit ; en effet ils ne manquoient point de nous venir Année ijbz , Tom. I, d’art. tourmenter pour peu que nous fif- fions quelque tapage. Lorfque nous étions dans les Grenadins , où tout en eft rempli , nous avions grand foin de mouiller à deux portées de Moufquet loin de la terre , exprès pour éviter leur importunité. Lorf- que le vent venoit à ceffer, & le bruit par conféquent à être plus diftind , ils ne manquoient pas de venir par millions nous défoler dans la Barque. Je ne crois pas que ces petits ani- maux puffent nous voir de fi loin , nuifique c’étoit fouvent dans la nuit la plus obfcure ; ce ne pouvoit être , lùrement, que par l’odorat ou par l’ouïe , qiüls étoient attirés vers nous ; en voici la raifon : notre Barque étoit munie de viande de Tortue en quantité pour notre fub- fiftance , & nos gens ne gardoient pas beaucoup de filence pendant la nuit, furtout après leur foupé ; d’où je conclus que l’ouïe , ou l’odorat les avertifloit de notre arrivée. Mais peut-on douter que ce ne fût l’ouïe plutôt que l’odorat , puifque cette fenfation ici eft bien moins étendue , & que le vent chafle aifément les particules qui l’occafionncnt. Ainfi il eft à préfumer que fi la Nature a pourvu de fi petits animaux des or- ganes néceflaircs pour leur entretien, il ne faut pas croire aifément qu’elle en ait privé les plus grands. _ Nous n’appercevons pas les par- ties extérieures de l’oreille dans la plupart des animaux aquatiques , comme les poifions & les Tortues , ils ne laiffent pas pourtant d’avoir toutes les pièces intérieures de cet organe ; Rondelet nous donne la raifon de la privation de ces parties extérieures , dans fon Traité des r. Seconde Edition . E 34 Observations sur l’Histoîre Naturelle PoifTons , Liv. III. Ch. 3. n Celan’a » pas été fait ( dit-il ) fans une très- » grande fagefle de la divine Provi- » dence ; car outre qu’ils n’ont pas » befoin d’une ouïe li fubtile , ces » grandes parties extérieures d’oreil- » les auroient pû diminuer leur f'aci- j> lité à nager : de plus, s’ils avoient 33 des ouvertures aux oreilles , l’eau 33 auroit pû les remplir & les incom- 33 moder ; c’eft pourquoi la Nature 33 leur a fait ces conduits fi petits , 33 qu’à peine les peut-on apperce- » voir. » Rondelet auroit dû même aflurer qu’il n’y a aucune ouverture aux endroits des oreilles de la plu- part de ces animaux', comme je l’ai obfervé, particuliérement dans la Tortue de Mer , dont vous fouhai- tez l’éclairciflement. Je vous dirai que de tous les Au- teurs , que je connoifïe avoir traité de, la Tortue, foit de Mer ou de Terre , je n’en ai encore vû que deux qui ayant parlé de l’organe de fon ouïe. Meilleurs de l’Académie Royale des Sciences en ont traité les premiers dans leurs Mémoires pour lérvir à l’Hiftoire Naturelle des Ani- maux en 1676 , lorfqu’ils font ladef- cription anatomique d’une grande Tortue des Indes , ( page 204 ) mais comme vous n’avez peut-être pas lû ces Mémoires , je crois que vous fe- rez bien aife de trouver ici ce qu’ils en difent. » A l’égard des oreilles , à nos pe- »> tites Tortues, de même qu’à la 33 grande , il n’y avoit aucune ou- ïe verture en dehors : l’os paroifloit 33 feulement enfoncé au droit des » Temples , & la peau qui couvroit 33 cette enfonçure , étoit plus mince » & plus délicate qu’ailleurs & pa- » roiffoit aufïi plus enfoncée en cet » endroit. Après avoir levé cette » peau , l’on découvroit un trou » rond de la grandeur & de la forme 3» de celui de l’orbite de l’œil : il 33 étoit fermé par une efpèce de pla- 33 tine cartilagineule , mobile, étant 33 attachée tout à l’entour au bord » d’un trou rond , par une mem- 33 brane fort déliée. Au côté du trou 33 vers le derrière de la tête il y avoit » un conduit cartilagineux. L’on y » a trouvé une grande cavité de » figure ovale fort longue , ayant 31 deux fois fa largeur. Cette cavité » étoit percée a côté pour donner 33 paffage à un petit ftilet fort menu 33 qui venoit obliquement fontenir la » platine par un bout & par Fau- » tre , après avoir paffé au travers 33 d’une fécondé cavité , qui étoit un 33 peu au - deflous & à côté de la « grande ; il bouchoit un trou, par 33 lequel la fécondé cavité s’ouvroit » dans une troifiéme qui étoit an- 33 fraéhieufe & qui recevoit le nerf » de l’ouïe. Le bout du ftilet qui 33 bouchoit l’ouverture de cette troi- » fiéme cavité, alloit en s’élargiiTant, 33 comme le bout d’une trompette , 33 & avoit une membrane délicate , » qui l’attachoit à la circonférence 33 du trou. 33 Le fécond Auteur que j’ai décou- vert avoir traité de l’Oreille de la Tortue , cfl un Italien appellé Jean Caldefi. Il a fait un Traité entier & très-curieux des Tortues de Mer, d’Eau douce & de Terre. Il l’intitule: Oblèrvations anatomiques fur les Tortues de Mer, d’Eau douce & de Terre. Obfcrvaçioni anatomiche di Giovano Cald ji A retino , in torno allt Tartareglie Maritime , d' Acque dolct & Terrefiri , Fiqen^e 16 S J , in- 40. Tout ce que cet Auteur rapporte sur la Physique et sun la Peinture. dans ce Traité , fur ces fortes d’A- nirnaux , eft fort exa£l , particuliére- ment ce qu’il dit touchant la conf- truélion de leur oreille ; & voici ce qu’il en rapporte pages i i & ti. Je l’ai traduit le mieux qu’il m’a été poftible. Dans aucune Tortue de Mer, d’Eau douce ou de Terre , on ne trouve jamais les ouvertures des or cilles , parce qu’elles font exacte- ment couvertes & fermées par la même peau qui couvre toute la tête. ( J’en ai pourtant defliné & même fait le fquelette en partie , d’une de Terre , que les Caraïbes de l’Kle S. Vincent m’avoient apportée des environs de la Riviere d’Ore- noque , & cette Tortue avoit le tym- pan de l’oreille fort bien découvert & prefqite aufii large que l’ongle du petit doigt. ) L’Auteur Italien conti- nue ainfi. Il eft bien vrai qu’en preffaut dans les Tortues , cette partie , où ordi- nairement eft fituée l’ouverture dans les autres Animaux , on lent bien qu’il y a une certaine cavité fous la peau , comme en effet il y en a une , qu’ontrouve enfuite iorfqu’on fépare la peau avec un couteau , ce qu’é- tant fait , on trouve dans l’os un trou large , mais fermé de nouveau & comme fcellé par un cartilage tranf- parent , prefque rond , ou femblable, dans les Tortues de Mer, au chapi- teau d un champignon foutenu de fon pédicule , à caufe qu’il eft tort convéxe. Or ce cartilage eft exac- tement attaché tout à l’entour de la circonférence du trou par une mem- brane fort déliée ; c’eft pourquoi il le hauffe & s’abaiffe , félon qu’on le preflh plus ou moins. Quand on a fépare ce cartilage de fon trou , on découvre qu’il eft encore attaché par la jambe , ou pédicule , à la pointe d’un ftilet offeux , mince & mobile. Ce ftilet fort d’un trou qui fe trouve prefque au milieu du fond de la cavité de l’ouïe , où l’on voit ordinairement une petite avance, ou relais offeux , qui femble ne lervir qu’à divifer le creux auriculaire en deux cellules. Ce petit ftilet offeux , après avoir traverfé ce creux , s’é- largit par fon extrémité comme le bout d’une trompette , & va fc ter- miner dans fa propre cavité , immé- diatement après le creux auriculaire : le bout de cette trompette bouche une autre ouverture , à l’entour de laquelle il eft attache par une mem- brane très- déliée : cette ouverture ainlî bouchée par le bout en trom- pette , répond dans un autre creux anfraftueux qui donne paffage au nerf auditif. C'eft pourquoi, je crois pouvoir donner avec raifon le nom de tympan & de marteau de l’ouïe , à ce ftilet offeux, fait en bout de trompette & à la membrane cartila- gineufe ci-deffus décrite. Mais à quoi bon ( dira t on ) ce creux auriculaire avec toutes les parties que la Nature y a mifes , s’il n’y a quelque trou pour y introduire l’air , afin de for- mer le fon ? J’eftime que le tout fe- roit fort inutile , fi la divine Provi- dence n’avoit formé un trou dans quelque autre endroit, pour donner entrée à l’air. On voit dans Je Palais des Tortues deux fentes de même que dans celui des hommes , fituées tout proche joignant les articulations des mâchoires ; chaque fente va aboutir à un trou , qui s’ouvre immédiate- ment dans la cavité de l’ouïe vis-à- vis le ftilet ci-deffus & où le pédicule du cartilage décrit eft attaché. Oa Eij 6 Observations sur l’Histoire Naturelle, peut inférer de-là qu’une partie de l’air qui entre dans la bouche pâlie par ces fentes dans ladite ouverture , & de cette ouverture dans le creux auriculaire , d’où il frappe immédia- tement la pointe du llilet , ik ainfi l’autre extrémité de ce même flilet, faite en forme de trompette , efl ébranlée en même tems que la mem- brane cartilagineufe , qui , par con- féquent , produit la fenfation de l’ouïe , mais ne pourroit on pas dire que l’air prenant & frappant exté- rieurement avec un peu plus de vio- lence la peau , qui couvre immédia- tement le trou de l’oreille , peut for- mer cette fenfation ? Cette dernière penfée de l’Auteur Italien elt la véritable. ( a ) Je crois pofitivement que ce conduit ou aqueduc , qui , du palais , va abou- tir dans la caiffe de l’oreille , ne fert point du tout à la fenfation auditive 5 mais feulement comme d’une con- tremine ou foupiral pour donner iiïne aux réfractions des humeurs qui peuvent furvenir dans cette par- tie , fans quoi elles y cauferoient fans doute de fâcheux accidens , & feroient capables de faire créver le tympan ou tambour. Peut-être que dans ce fujet, cette membrane ne ferme pas fi exactement l’extrémité du conduit ofieux, que l’air n’ypuiiîe trouver paffage. Je mefouviens d’a- voir vît un Turc à Marfeille, qui , fermant bien la bouche, & faifant une forte infpiration , jettoit la fu- mée du tabac , non feulement parles narines ; mais encore par les oreil- les. ( b) Il y a des Auteurs qui croyent que certains Sourds entendent allez dif- tinCtement, le fondes inflrumens par le moyen de ce conduit , lorlqu’ils ouvrent la bouche de toute leur for- ce ; mais ce font des cas extraor- dinaires, outre que M. Duverney dans fon Traité de l’organe de l’ouïe ( Part. 2. page 91. ) allure que les ébraniemens de Pair de la caille par le moyen de ce canal, ne fuffiient pas pour faire entendre à ces Sourds le fon des inltrumens , puifqu’ils font obligés d’en ferrer le manche avec les dents , autrement ils n’enten- droienr point du tout le fon , ou du moins , iis ne l’entendroient pas lï bien. Quittons pour lin moment la Let- tre du P. Plumier , puifqu’il s’agit des Sourds. j Façon de faire entendre les Sourds & de leur apprendre à parler. Il n’elt pas étonnant d’apprendre à parler aux Sourds , & de leur ap- prendre à lire & toutes fortes de Sciences , quand leur furdité ne pro- vient que de l’endurcilTemcnt du tym- pan ou de fon ofcillation , en trou- vant le moyen de communiquer les ébraniemens de l’air aux autres par- ties de l’organe auditif, on leur fait fentir de même tons les effets des fons. Le tympan ne fert qu’à garan- tir les parties internes , & à leur {a ) 11 n’cfl pas douteux que cette peau extérieure ne (oit comme celle d’un tambour fur lequel on frappe , & dont les friffonnemens fe .répètent (ur la peau du fond delà Laide. ( b ) Bien des Mariniers fe plaifent à fe parfumer de cette façon comique : plutîeurs gardent entièrement la fumée d’une pipe fans en perdre une bouchée & la lâchent enfuite fubirement par tous les permis de leurs corps, SUR. LA PHYSIQUE communiquer les vibrations de l’air , par conféquent fi l’air peut parvenir fur ces parties internes , il les ébran- le de meme, & agit (ur elles pour procurer la fenlation auditive à ceux qui en font privés, dans les voyes ordinaires. On peut fuppléer à l’office du tympan de deux façons ; la première en mettant entre les dents du Sourd un bâton creux, ( comme nous ve- nons de voir dans la citation de M. Duverney , ) ou le manche d’un violon Si en parlant tout contre cet inilrument ; alors les ébranlcmens de l’air enfermé , & la c ornmu mcaùon de cet air avec!’ air extérieur , occa- fionncnt , dans la têre & dans toutes les cavités , la fenlation des vibra- tions de l’air, que la dureté, ou la rno- le/Te extrême du tympan , ont inter- rompue : & alors l’air fecoue le marteau de l’ouïe & fait fentir aux Sourds les modulations de différen- tes efpèces‘, ce qui les affeâe avec beaucoup de plaifir. J’en ai vît à qui je faitois jouer du violon & mordre en meme tems le bouton , qui re- tient la palette où font attachées les cordes , ils fe remuoient en cadence & battoient la mefure à merveille. Avec un peu de patience , je ne dou- te pas qu’on ne puifle apprendre à articuler des fons à ces malades ; car ns ne font muets que parce qu’ils font lourds -, & li par hazard on trouve des muets qui entendent , alors , c elt paralyfie de la Langue,& non pas endurciffcmcnt du tympan. La fécondé façon d’apprendre à Parler aux Sourds, eff de leur rafer ->t & le deffus de la tête , & c appu-yer le menton fur les fu- tures que forment les os pariétaux avec OS occipital en parlant alors Et sur la Peinture. 37 au Sourd avec pondération , on lui fait fentir les frémiffemens de l’air , & il diftingue les mots. Je vais donner un exemple des muets qui ont parlé & qui ont ap- pris plufieurs Sciences. M. le Com- mandeur de Niofele à Marfeille , connu de tout le monde , & d’une ftmille illuftre , poffédoit les Ma- thématiques à fond , lifoit & écri- voit le Latin , le François & l’Ita- lien , & deffinoit fort bien la figure & le payfage ; mais il articuloit fort mal les paroles ; ou , pour mieux dire , n’en articuloit aucune. U éto'vt fourd de naiffance , 8c par conféquent incapable d’apprendre ni à parler , ni à lire , ni à écrire fans un fecours extraordinaire. Il faut entendre pour avoir ces qua- lités ; elles ne peuvent fe commu- niquer que par l’organe de l’ouïe. L’écriture efl l’image , & la note , des fons & des articulations des mots ; comment les diflinguer , ces mots , fi on ne les entend pas réfon- ner dans l’oreille ? Il femble que la vue pourroit fuppléer h ce défaut & que l’on pour, roit par les geftes faire connoître aux Sourds , qu’un certain arran- gement de caraftéres lignifie un cha- peau , une autre une maifon , &c. Mais la vue peut - elle nous faire fentir les pallions de l’ame , les ar- ticles d’un difeours , l’élégance d’une phrafe , l’orthographe d’un mot ? Avec la vue & les geftes peut-on parler d’un tems reculé , de traits d’hifloire & des fciences les plus abf- traites ? cela ne fe peut pas. Il faut donc quelque chofe de plus que la vue feule des geftes & des carac- tères , pour apprendre à lire à un Sourd & lui apprendre diverfes lan- Observation* sur l’Histoire Naturelle , gués, les tours de phrafes du latin , &c. C’eft-là ce qu’on a fait par le fecours de la fécondé méthode que je viens de donner. C’eft un Prêtre Provençal qui en eft l’inventeur , auquel les parens de M. Niofele , pendant fa jeunefle , avoient confié fon éducation : il lui parloit & lui faifoit entendre tout ce qu’il vouloit par les vibrations du menton ap- puyé fur la partie occipitale du crâ- ne. L’Auteur de la première méthode eft un Napolitain , qui avoit appris à parler l’Italien & le mauvais Pro- vençal à M. Vilamagc , autrefois Deflinateur des Galères à Marfeille , pour les Gardes - l’Etendart , chez lequel j’ai fouvent delfiné , il étoit Lourd de naiflance ; mais il parloit fort diftin&ement : il avoit appris de ce Napolitain , à parler par le fecours d’un infiniment fans cordes, qu’il lui mettoit entre les dents , & fur lequel il faifoit réfonner fa voix. M. Vilamage étoit véritablement fourd ; ce que j’ai expérimenté plu- fieurs fois : étant fort jeune j’allois defliner à la plume chez lui avec les Gardes-l’Etendart ; j’entrois fouvent dans fon cabinet pendant qu’il étoit occupé à écrire ou à defiiner , & je lui parlois en criant à pleine tête fans qu’il m’entendît en aucune fa- çon ; mais fitôt qu’il voyoit remuer les lèvres , il diftinguoit prefque tout ce qu’on lui vouloit dire. II y a actuellement à Paris un Por- tugais , nommé M. de Perrieres , qui connoît cette méthode à merveille. Il a été très-applaudi de l’Académie, & fait des chofcs furprenantes dans ce genre de talent. Une réflexion particulière fur ces remarques & fur celles que je vais citer , nous conduira à croire que le tympan eft la caufe immédiate de la furdité , & non pas celle de l’ouïe; car un Sourd n’entend aucun fon que par l’endurcifiemenc de cette cloifon auditive , ou Iorfqu’elle eft entièrement diftenduë ; parce qu’a- lors les parties organiques de l’o- reille ne reçoivent aucune vibration de l’air extérieur , pour frapper & ébranler les oftelers qui battent fur le nerf auditif; mais litôt que, par des vibrations forcées , vous mettez en jeu ces parties , la fenfation fe fait également. Un aveugle plongé entièrement dans les ténèbres , en fe cognant la tête , & les yeux , ftirtout avec force , fur quelque corps , apper- çoit dans l’inrtant les lumières les plus brillantes par l’ébranlement for- cé des nerfs optiques : ainfi fans le tympan , on peut communiquer les vibrations de l’air aux nerfs auditifs , en ébranlant les organes intérieurs qui les frappent immédiatement. On lit dans Willis , & dans les aétes de la Société Royale de Lon- dres , une expérience qu’on a faite fur deux chiens , auxquels ayant crè- ve le tympan , on s’apperçut qu’ils n’entendoient pas moins bien la voix de ceux qui les appelloient , qu’au- paravant ; mais peu de tems après , ils perdirent l’ouïe. Cette expérien- ce a fait croire à M. Bohnius ( Circu~ lus anatomico-phijîologicus , Biblioth. Univtrf. & Hifloriq. Tome II. pag. Août 1686. ) que le tympan, loin d’être le principal organe de louie , ne lui eft pas abfolument né- ceflaire , & qu’il fert feulement à préferver les parties intérieures de l’oreille , des injures de l’air exté- rieur. Pour produire les ondoyemens sur. la Physique et sur. la Peinture. de l’air aux parties internes , il faut que le tympan foit tendu , comme il l’eft naturellement , s’il fe relâche par quelque accident, il nuit à l’ouïe, ou l’empêche tout-à-fait. L’Auteur dont nous venons de parler , pour prouver ce raifonnement , cite l’e- xemple d’une femme, qui n’entendoit ce qu’on lui difoit , qu« lorfqu’on battoir Je tambour à fes oreilles ; il cite aufli celui d’un jeune homme qui avoit toujours l’oreille extrême- ment dure , fi ce n’eft lorfqu’il étoit en chariot , & que le bruit , que les roues faifoient lur le pavé , étour- diffoit les autres. Cet effet procédoit, félon M. Bohnius , de ce que ces perfonnes ayant le tympan relâché , ne pouvoient rien entendre , fi ce n e/l forfqu’un bruit extraordinaire le tendoit , & le mettoit par confé- uent en état de recevoir les moin- res modulations. Meckren Chirurgien d’ Amfterdam , parle, dans fes Obfervations Médi- co-Chirurgjques , d’une dureté d’o- reille périodique , qui revenoit tous les quatre jours. ( Journal des Sça- vans. Mai / (>#4 J Revenons préfentement à la dif- feétion de l’oreille de la Tortue du P. Plumier. Les Tortues entendent très-bien , v , Cet Obfervateur ) même lorf- qu elles ont la bouche fermée , & il faut bien garderie fi ence , lorfqu’on les attend fur les antes , pom* les tourner fur leur dos , quand , après etre lorties de ia Mer, elles vien- nent pondre leurs œufs dans le fa- ble : il faut au/fi nager ou ramer bien doucement , pour les attraper à la varre. I en ai vù prendre plufieurs en ces deux manières ; il eft très- certain qu alors elles ontlabouche bienclofe. J’ai cru que pour votre plus gran- de fatisfaélion , je pouvois accom- pagner mes remarques de la figure de cette partie que je delîinai aux Grenadins fur les fujets même : ( je veux dire , fur de belles & grandes Tortues de Mer. ) J’y ajoute l’expli- cation de chaque partie de l’oreille 1 & je crois que vous ferez bien-aife que je vous fafl'e obferver une pe- tite particularité. C’eft que dans la Tortue que MM. de l’Académie ont difféquée , le marteau eft d’une feule pièce , & dans celle de M. Caldtfi , il eft compofé de deux , articulées ou jointes bout-à-bout par une ma- nière de finchondrofe , fçavoir , le pédicule du tambour & ce petit ftilet ofleux dont la bafe couvre le trou ovalaire , pour les mêmes fondions que^ celles de l’étrieu dans l’oreille de l’homme. Je crois que cette diffé- rence ne vient que de ce que ces deux Tortues font de deux différentes ef- pèces, fçavoir l’une de & l’au- tre de Terre. Car j’ai obtervé en dif- féquant l’oreille d’un Crocodile à Saint - Domingue , & l’oreille des grands Lézards de la Martinique, que le marteau de l’oreille du Cro- codile eft d’une feule piece offeufe , & celui du grand Lézard , de deux pièces , l’une cartilagineufe & l’au- tre offeufe , jointes auffi par fin- chondrofe. Ils font pourtant tous deux Lézards, mais de différente efpèce. Si vous fouhaitez voir la ftruflure de l’ouïe de ces deux ani- maux , je l’ai difféquée & deflinée fuffifamment pour les faire bien en- tendre. Cependant, voici l’explica- tion des parties de celle de la Tor- tue de Mer , que je vous envoyç conjointement avec la figure. 0.B5ERVATIÔNJ SUR L’HiSTOIRE NATURELLE , Voye^ la Planche B de l’Hif- toire Naturelle des Quadrupèdes. Figure i. A la tête d’une Tortue vue du profil. B l’endroit fous lequel l’oreille eft fituée. CDE ce qui paroît dès qu’on a ôté la peau de l’endroit B. C Le deflùs ou la partie convexe du tympan. D D eft une matière blanche , molle & friable comme de la cire & du fuif. E E chair mufculeufe , attachée immédiatement à la peau ; car il y a du vuide entre cette même peau , & ce qui eft contenu dans DD, pour donner le jeu à la peau B de s’enfon- cer & de fe relever lorfqu’elle eft prcffée par l’air. FGH eft la partie CD vue par def- fous. H le tympan vît par fa partie con- cave , où l’on voit comment la par- tie membraneufe , ou plutôt ner- veufe , du marteau , eft attachée dans toute fa convéxité par l’expan- fton de plufieurs petits fibres. G petite production olfeufe , per- cée pour donner paffage au pédi- cule du tympan. I P K le tympan accompagné de fon pédicule & du ftilet , féparé de toute l’oreille & vu par fa partie concave. O P tout le marteau entier féparé du tympan. N. le ftilet féparé du pédicule du tympan. L le tympan nud vu par fa partie convéxe, M le tympan nud vû par fa partie concave ; il eft creux comme une petite cuillère , relevé tout à l’en- tour par un petit bord arrondi. Q le tympan vû par fa partie con- cave , accompagné de fon pédicule. RRSTV la partie intérieure de la caiffe vue en dedans du cerveau. S production , ou relais , qui fe- pare la caifle , comme en deux ca- vités ou compartimens. X l’endroit par où le ftilet R T perce la caifle pour fe joindre au pédicule du tympan. T tête du ftilet R. V le trou ovalaire que forme la tête T. OBSERVATION VIII. Sur la nature du Sang , fuivie de quelques réflexions concernant le fentiment de M. Senac , Confeiller d’Etat & Premier Médecin du Roi , & fur la flruclure du cœur de la Tortue. LA fluidité du fang comme celle de toutes les autres liqueurs, dé- pend du mélange de l’air & des par- ties du feu : c’eft pofitivement du plus ou du moins de feu , ou du plus ou moins d’air , que le fang s’épaif- üt & que l’eau fe condenfe. L’air lui-même n’eft fluide que par le feu qui le pénétre : fl la chaleur étoit totalement fupprimée de l’air le plus fubtil , il feroit auflx dur & aufli com- paCt que le métal le plus folide. L’air eft un fluide dont les parti- cules ne s’écartent avec facilité les unes des autres que parce qu’elles fonc SUR. LA PHYSIQUE ET SUR. LA PEINTURE. 41 font foulevées par celles du feu, qui, par leur extrême flneffe , pénétrent les intervalles de celles qui compo- fent l’air , & par leur aéliviré & leur élafticité , font rouler celles de l’air les unes fur les autres. Si le feu fe retiroit totalement de l’air , alors les particules qui le com- pofent , s’approcheroient , s’accu- mu/eroient entre-elles Si ne feroient plus qu’un corps impénétrable à tout autres corps qu'aux feules parties ignées. Depuis le Diamant , l’acier , la pierre à tufil , jufques à l’air le plus fubtil , la moleffe la flexibilité , la fluidité dans tous les corps , n’eftoc- cafionnée que par le feu. Si on pou- voir trouver un degré de feu alfez violent , on fondroit le diamant ,, puifque l’on fond des pierres, moins dures à la vérité que le diamant , mais qui le font cependant beaucoup plus que toutes les efpèces de mé- taux que l’on fond avec tant de fa- cilité, Cela étant , la caufe de la flui- dité eft le feu. Un corps ne devient quelquefois dur & fec devant le feu , au lieu de devenirfluide , que parce qu’il perd, par la trop grande chaleur, que le feu lui donne , la plupart des parties qui le compofent , & furtout celles, que l’on appelle humides : ces par- ties grofiiéres qui relient , font plus, rapprochées , leurs intervalles moins occupes , par conléquent le corps fe trouve plus dur , plus fec & plus froid. Voilà des réflexions Phyflques qui nous prouvent les deux effets con- traires du feu par rapport au fane. Le premier eft de lui caufer fa flui- dité , & le lecond , fa féchereffe , Année ijôi, Tom . /. Part, /. d’où je conclus que le feu ell l’agent de la bonne ou mauvaife qualité du fang, & par conléquent , la fource de la fanté , ou le principe de toute maladie : & comme il importe beau- coup à tous les hommes de connoî- tre un fluide fl néceffaire à l’entre- tien de cette machine , même à ceux qui méprifent le plus les obfervations l’hyfiques , voyons quelle eft la qua- lité des parties qui compofent un fluide li précieux. Peut être que de la ftruûure du cœur de la Tortue 8c de les fondions oppofées à celles de l’homme , nous pourrons juger des qualités que le fang acquiert de fon mouvement continuel & du mélange qu’il reçoit fans cefle de Pair par la refpiration. Le Plan de mes Obfervations, comme j’ai déjà dit plufieurs fois eft d’occuper les Amateurs par des re- cherches curieufes,&de les inftruire eflentiellement fur ce qui concerne la connoiflance de leurs organes pour la confervation de leur fanté ; qui fouvent eft confiée à des Praticiens" peu inftruits, ou formulijks , qui fe règlent fur une protocole univer- felle qui fert à toute forte de tem- pérament , & quelquefois à toute, forte de maladie. Sur la nature du Sang. Avant que de connoître lès fonc- tions du cœur , il faut connoître lat nature du fang. La maflè du fang eft compofée de plufieurs liqueurs différentes, & toutes ces liqueurs en particulier, font mêlées d’eau , d’air & de feu , & lont jointes à des particules grof- Céres , qui forment diverfes efpèces de fels. feççnde Edition, F 4* Observations sur Après la mort d’un fujet , ces li- queurs le féparent & forment plu- sieurs corps particuliers ; mais pen- dant la vie tout circule enfeinble , & toutes les humeurs du fang ne font qu’une feule maffe : dans les plus petits vaiffeaux fanguins où le por- te cette liqueur, il s’y trouve du rouge. Il faut donc convenir que puifque les particules rouges, qui font les plus groflicres , vont dans les conduits les plus imperceptibles du fang ; à plus forte raifon , les au- tres particules , qui font infiniment moins confidérables , doivent y par- venir également. Avec un bon Microfcope , on peut voir la circulation du fang dans les Animaux vivans , fur les parties les plus fines : on en fait l’expérien- ce à merveille dans les poumons & le méfentére des grenouilles. M. Verditr m’a fait obferver cette fingu- larité : on voit circuler le fang , & on en diflingue les particules rou- ges. Ces particules paffent dans les plus petits vaiffeaux , deux à deux , ou l’une après l’autre , & ainfi en augmentant, félon la capacité du conduit. Je me fuis apperçu qu’elles vont quelquefois plus lentement, qu’elles s’arrêtent & fe preffent fou- vent par leur impétuofité dans les conduits les plus étroits : mais les liqueurs , qui les accompagnent , ne fe diftinguent point du tout ; on s’ap- perçoit feulement que ouand on ex- pofe le microfcope & la grenouille dans un air froid , le mouvement fe ralentit , Si ces petites boules font alors plus proches les unes des au- tres : au contraire , dans un lieu ex- trêmement chaud , elles fe dilatent , l’Histoire Naturelle, s’écartent les unes des autres 8é. coulent avec plus de facilité. J’ai même obfervé que les vaiffeaux les plus petits , Sr qui ne laiffoient paffer qu’une particule après 1 autre, les laiffent paffer deux à deux dans leur plus grande dilatation , &c. Cette expérience confirme mon fentiment. La grenouille n a reçu l’augmentation & la diminution de fluidité dans le fang , que par la cha- leur & la froideur de l’air ; c’eft-à- dire , par le plus ou le moins de par- ticules ignées qui entrent dans la compofition de cette maffe fluide , fl néceffaire à la vie. N’eft-il pas aifé de conclure , de ce Phénomène, que, fl l’air augmente ou diminue la capacité des vaiffeaux fanguins, & en même-tems , la maffe du fang, félon que cet élément eft plus con- denfé ou plus raréfié , il faut conve- nir que le feu quia raréfié l’air, eft la caufe primitive de la raréfa&ion du fang , & en même-tems , que fon défaut efl la caufe de la condenfa-* tion de l’un & de l’autre. Dans la refpiration, l’air entre dans les poumons en abondance , 6c étant preffé enfuite par l’infpiration , il en fort avec impétuofité ; de fa- çon que les particules humides & groflïeres que l’air contient , reffor- tent. Ce que l’on voit particuliére- ment l’hy ver , dans les tems humides & froids , par la fumée qui fort de la bouche. A l’égard de la couleur du fang, elle eff très - bien définie par M. Sénaci félon le fyflême de Newton. C’eft à ce célébré Médecin à qui l’on doit la découverte du point blanc, du centre de la particule. Je ne con- viens pas cependant , qu’il y ait du sur la Physique et sur la Peinture. rouge dans la lumière même , puis- que je fuis Anti-Newtonien; mais, fuivant moi , cette couleur fe for- me par les rayons de lumière , qui paffent à travers les férofités, qui entourent le point blanc de la parti- cule. J’ai obfervé que ces particules feules nous paroiffoient orangées & même jaunes, 8c qu’elles ne font entièrement rouges que lorfqu’elles font a Semblées, 8c que les rayons que renvoyé le point blanc , qu’elles contiennent au centre , patte à tra- vers une plus grande quantité de particules tranfparentes pofées les unes fur les autres. M. Senac dit lui- même , que ces points blancs ne de- viennent rouges , que lorfque les parties du Sang font accumulées. Pour la fatisfaôion de mes lec- teurs , je vais donner quelques preu- ves de la formation du rouge par l’épaiffeur des férofités , qui entou- rent les particules du fang. Le fperme eft tiré du fang , le lait vient du fang, 8c le fang ne vient que du chyle. Le chyle eft blanc, le fperme l’eft aufli , mais d’une nuance plus tendre 8c plus cendrée , & le lait eft plus jaune que le chyle 8t le •fperme. Les particules que donne le chyle , font le point blanc dont parle M. Senac : ce chyle ne devient rouge que par les férofités qui entourent chacune de fes particules , comme nous venons de dite ; & il ne re- couvre enfuite fa blancheur qu’en fe dépouillant des férofités. Si le fang forme du lait , il garde un peu de couleur jaune , parce qu’il conferve encore quelqnes férofités ; car le lait eft un vrai chyle mêlé de quelque peu de férofités ; 8c s’il en eft chargé, 43 quelquefois plus qu’il ne faut , de ces férofités , c’eft à caufe que les glan- des du fujet font relâchées & qu’il eft vieux ou malade. C’eft aufli alors que les nourrices tuent les enfans qu’elles allaitent. Le lait d’une fem- me grotte eft plus jaune que celui d’une autre. Mais fi le fang , au con- traire , forme le fperme , il perd toutes ces férofités 8c s’en dépouille tout- à-fait, 8c ne devient prefque bleu cendré que par la preftïon des particules qui le compofent St leur entier dépouillement. Le fang , qui fort de la veine d’un malade , quand il eft repofé & que les férofités fe font détachées des particules, qu’elles emouroient un peu trop abondamment , celui qui refte coagulé , eft très-rouge , 8c il eft d’autant plus rouge, que les fé- rofités s’en font détachées, avec plus d’abondance. J’entends ici par les férofités ;;. toutes les humeurs du fang , qui font cependant de plufieurs efpèces , & très dillinftes , dans lefquelles je comprends l’eau, les fels 8c les huiles, 8c dont nous parlerons une autre fois ; il ne s’agit à préfent que de fa couleur rouge , du point blanc qui forme cette couleur, des humeurs en général qui entourent ce point blanc, de fa fluidité par le feu que l’air contient. Quoique les réfléxions que je viens de faire , foient a/Tez fortes pour prouver que le fang ne prend fa couleur que par l’afTemblage des humeurs , qui entourent les particu- les du chyle, & qu’il ne prend fa fluidité que par le feu 8c l’air qui le pénétrent , au moyen de la refpira- üon , il ne fera pas inutile de citer F ij 44 .Observations sur l ici quelques obfervations particu- lières de divers Auteurs. Lttwtnhotk a obfervé que plufieurs globules lymphatiques en s’unifiant ont forme une particule rouge de fang. Boctrhaavi a prouvé que les glo- bules entiers qui compol'ent le fang en partant par les vaiflëaux deftinés à des liqueurs plus fines , perdoient leur couleur. Il donne pour exemple un œil bien fain , dont la prunelle paroît bleue ou grife , & qui devient rouge dans les inflammations , ou dilatations des vaiflëaux , par l’en- gorgement des particules de fang qui ont paffées en entier dans les filières, ce qui efl occasionné par le relâchement qu’en a caufé la maladie. M. Smith ( dans Ion Traité des vertus médecinales de l’Eau ) pré- tend que l’eau eft la bafe & le fonde- ment des humeurs de notre corps : .il dit que dans douze onces de fang humain il y en a huit d’eau claire , & environ quatre onces de parties fa- lines , huileufes & tcrreflrcs : mais .il aflure que le fang dans fa fluidité contient beaucoup d’air & de matière Ethirce , puifque fi on le met dans la machine pneumatique au fortir de la veine, il occupe le double de fon efpace. D’où il conclud que le fang ne tient fa fluidité que des parties aqueufes & éthérees ( ou du feu ) dont il eft compofé , ce qui eft très- conforme à notre opinion. M. Dune au Doéleur en Médecine de la Faculté de Montpellier , pré- tend que le chyle porte en foi fon * Ce changement du blanc en rouge (s’il eft vrai ) prouve que les vailfeaux lymphati- ques communiquent avec ceux de la chilifîcation ; car la fermentation ne fe fait qu’entre deux liqueurs contraires & de diverfe etpcce : d’où l’on peut conclure que le féjour du chyle a donné le tems à cette réunion qui a produit le rouge par les caufes que nous avons déduite»* 'Histoire Naturelle , principe de changement en fang J par fa propre fermentation. Il affure avoir fait à ce lujet une expérience allez curieufe. Il dit qu’ayant fait deux ligatures à uns veine laftée dans un animal vivant, & ayant par ce moyen arrêté le chyle , il étoit devenu rouge en peu de tems. Ce que dit enfuite le même Auteur { dans l’hiftoire de l’animal ) eft dé- truit par une expérience que tout le inonde connoît ; c’eft que tel lang que ce foit, expofé à l’air pendant longtems, lorfqu’il eft fec & que les parties tranfparentes , qui failoient la couleur ,fe font rapprochées, & ra- cornies , devient noir , au lieu de conferver fa couleur. De tous les Auteurs qui ont traité cette matière , perfonne n’a mieux connu la théorie du fang que M. Senac. Ce Sçavant Naturalise nous a donné fur la flruélure du cœur humain un traité où il n’y a rien à defirer. Il feroit à fouhaiter qu’on nous eût expliqué avec autant de fcience les fondions des autres vif- cères qui agiflent pour l’entretien de notre vie. Mon point de vue ici eft de fuivre les traces de ces grands hommes, dans l’anatomie comparée des ani- maux. Je vais à prélent donner la ftruâure du cœur de la Tortue , par les difTeélions que j’en ai faites & celles que l’on m’a communiquées de divers Auteurs , & futtout du Pere Plumier Minime , dont nous venons de donner l’œuvre pofthume fur l’oreille de .cet animal. «ur la Physique et sur. la PeintOre. 4$ Sur le Cœur de la Tortue. M. Mery a fonde fon fyftême de la circulation du fang dans le Fœtus , fur la fabrique du cœur de la Tor- tue. M. Duvcrney , fon antagonifte dans 1 hiftoire de l'Académie , ( An- née 1699, page '.6 & 34; & Année 1701 , page 46. ) dit : On voit, dans le méchanifme du cœur de la Tortue, une merveillcufe conformité de l’ouvrage avec les dedans du Sou- verain Ouvrier. On lçait qu’il faut que l’air fe mêle avec le fang pour entretenir le mouvement & la flui- dité de cette liqueur, pour lui don- ner du reflorf, pour l’animer par une douce fermentation & contri- buer à la génénérationdes cfprits ani- maux , premiers moteurs de toute la machine. C’eft pour cela que 1 homme & la plupart des animaux refpirent l’air & s’en remplilfent les poumons , afin que le fang y prenne à chaque inrtant tout l’air dont il a beioin , & de-ià fe répande par tout le relie du corps. Cette circulation s exécuté par le moyen des deux ventricules du cœur. Dans l’un re- vient tout le fang qui dans fa circu- lation , s’eft dépouillé de fes parti- cules aérienrfes , & en va reprendre dans le poumon , où il eft pouffé par la contra&ion de ce ventricule, . le lang alnft rempli d’un nouvel air par ion palTagc au travers du poumon , tombe dans l’autre ven- tncule du cœur, d’où il cltdiüribué mut it kjijjs. Mais la Tortue , qui t fort peu , & qUi a jes mQ| tres-lents&affez rares, n’< befoin dun fang vif, fUrt< dant l’hyver , qu’elle eft obligée de palier fans nourriture: auffi falloit il que fon fang eût peu d’air qui l’ani- mât. Il eft vrai qu’il a trois ventricu- les , mais ils n’en font proprement qu’un, puifqu’ils s’ouvrent les uns dans les autres. Ainfi le fang chargé d’air dans le poumon , fe mêle dans le cœur , avec le fang qui s’en eft dépouillé , & il paroît , par la capa- cité des ventricules, qu’il n’y a en- viron que le tiers du fang de la Tortue qui aille prendre de l’air dans le poumon. D’ailleurs la Tortue étant enfer- mée entre deux écailles immobiles qui ne fçauroient s’élever ni s’abaif- fer comme la poitrine des autres animaux, on ne peut guères expli- quer la relpiration, qu’en difant avec M. Tauvry , qu'elle ne refpire que quand elle marche. Car alors elle poulie au dehors fa tête & fes pieds , & donne par-là à la poitrine la ca- pacité nécellaire pour recevoir de l’air : au lieu que quand elle eft en repos , la tête & fes pieds font reti- rés fous l’ecaille, & fa peau eft toute pliffee. Auffi n’a-t-elle pas befoin d un fang plus vif , St , par confé- quent , de refpirer , que lorfqu’elle marche : hors de-là , un fang privé de particules aeriennes lui fuffii pour l’état d’cngourdillement où elle eft. Quoiqu’il en foit , M. Duverney croit que dans ces fortes d’animaux , comme les Grenouilles, les Serpens, les Vjperes, les Salamandres , &c. le fang qui circule dans tout le corps, n eft pas feulement celui du poumon chargé d’air , mais aufli le fang qui s’en eft dépouillé : & c’eft pour cela, que le cœur de ces animaux n’a qu’un ventricule , ou que , s’il y en a plu- fieurs , ils communiquent enfetable , 4* Observations sua l’Histoire Naturelle, afin que ces deux fangs Te mêlent & en rendent toute la maffe moins ac- tive. Le cœur des poiffons n'a à la vérité , qu’un ventricule , & cepen- dant la maffe entière de leur fang prend de l’air ; mais c’eft l’effet d’un méchanifme fingulier. Le P. Plumier a fait la diffe&ion de la Tortue de Mer , ( que l’on ap- pelle Tortue franche) que les RR. PP. Minimes de la Place Royale ont eu la bonté de me communiquer, & dont je fais part au Public. Le cœur de cette Tortue ( dit le P. Plumier ) a la figure d’une groffe poire applatie : fa grandeur eft de cinq à fix pouces, plus ou moins, félon la groffeurdela Tortue; il n’a point de péricarde ; il a deux gran- des oreilles , l’une à droite & l’au- tre à gauche : elles font d’une fub- ftance membraneufe , mais fort é- paiffe : leur dehors eft tout ridé & le dedans tout caverneux comme une éponge. Chacune de ces oreilles communique relpeâivement avec chaque ventricule du cœur , mais d’une manière toute particulière ; car au lieu que dans l’homme le fang entre dans l’oreille avant que de pafler dans le ventricule ; dans la Tortue au contraire , il paffe dans le ventricule avant que d’en- trer dans l’oreille. De forte que le fang , dans ces animaux , entre im- médiatement de la veine cave dans le ventricule droit , & du ventricule droit , il paffe dans le ventricule gauche pardtffous une valvule voûtée en man'àrt d'un petit pont , & qui s’ouvre & fe ferme comme Us feuillets d'un livre. Le fang étant entré dans le ventricule gauche , il paffe en- fuite dans l’aorte , & de l’aorte ilfe diftribue par tout le corps par plu* fieurs vaiffeaux , de forte que les deux oreilles ne fervent proprement félon moi , qu’à recevoir la furabon - dance du fang ; c’eft-à-dire , tout ce que les deux ventricules ne peuvent contenir. Le cœur eft d’une fubftan- ce mufculeufe , rouge , & toute fpon- gieufe dans fort intérieur. Les deux ventricules font auffi tous caverneux en dedans. La veine cave & l’aorte font couvertes tout joignant le cœur par une groffe tunique épaiffe , qui leur fert comme d’un fourreau commun. Je remarquai que le cœur eft im- médiatement pofé far lt foye , & le foye fur les poumons : le foye eft fendu jufques au milieu de fa lon- gueur , ce qui forme deux lobes , l’un plus grand que V autre. Le grand eft au côté droit , & le petit au côté gauche. Les deux lobes du poumon font couverts d’une mem- brane affez forte &: afl'ez épaiffe. Ils font rougeâtres 5c fpongieux : la trachée-artère leur fournit à chacun une branche qui les traverfe inté- rieurement en toute leur longueur, & qui en diftribue plufieurs autres dans toute leur fuftance. Le cœur fournit aufli à chaque poumon deux grands vaiffeaux qui , paffant fur les branches de la trachée-artère , deux entrent dans leur fubftance & accompagnent partout ces branche*. Les deux autres , coulant en dehors fous la partie pofterieure , vont for- mer les grands rameaux qui courent par deflus tout le méfentére : mais un peu auparavant que de former les rameaux du méfentére ; ils font joints enfembie par un autre vaiffeau comme l’échelldn d’une échelle. La trachée-artère eft compofée d’environ quarante anneaux cartila» sur. la Physique et sur la Peinturi. 47 ineux, ovales 8c joints, fans s’em- oiter l’un & l’autre bout-à-bout , par une groffe membrane. La tra- chée - artère fe fourche en deux grottes branches ou rameaux plus menus ; mais compofés d’anneaux tous ondes 8c. divifés en plufieurs pièces. Gérard. Blaft ( Anatomt Anima- tium ) nous donne la diffeÛion d’u- ne Tortue de Terre , 8c dit que le Diaphragme de cet animal eft fitué différemment du nôtre 8c de celui des Quadrupèdes : le Diaphragme de la Tortue s’élève obliquement de la partie antérieure 8c inférieure de l’eftomach *, en tenant aux côtes fort étroitement, il va fe terminer fur la partie fupérieure du dos ; de forte que par fon mouvement il pref- fe les poumons dans toute leur éten- due ; au lieu que notre Diaphragme ne touche les poumons que par leur partie inférieure , 8c la pointe du cœur feulement. Il eft certain que s’il étoit autre- ment , il ne feroit d’aucun ufagc à un animal emboîté , 8c dont les cô- tes ne font pas flexibles les unes vers les autres. Ceci dément l’Auteur que cite M. Duverney. On voit bien que par cet arrangement , la Tortue peut refpirer en marchant aufli bien que dans un état de tranquillité. Le feui mouvement du Diaphrag- me peut former la refpiration par fon relâchement , & par l’élafticité des poumons. L’infpiration au con- traire peut fe faire par la tenfion de ce mufcle : à cela il n’y a rien d’ex- traordinaire. Nous pouvons donc rendre à cet Animal ce que les Ana- tomiftes lui ont fort injuftement fup- primé. D’ailleurs , fi on doute de l’ac- tion du Diaphragme de la Tortue, il n'y a qu’à examiner la dureté de fes fibres membraneufes , 8c la force de fes fibres charnues. Nous venons de voir que dans les Tortues de Mer le péricarde eft adhérent ; mais dans celles de Terre , le péricarde eft gros 8c épais : il eft même fort éloigné du cœur , furtout lorfqu’on l’étend en foufflant , & on y trou- ve une quantité d’eau claire allez confidérable. Dans les Tortues de Mer , comme dans celles de Terre, le cœur eft plus plat & plus uni que celui de l’hom- me. Gérard Blafe , que nous venons de citer , prétend qu’on n’y trouve qu’une feule cavité , qu’il confidére comme un feui ventricule ; & qu’à cette cavité eft attachée une petite oreillette fi remarquable , qu’étant étendue 8c dilatée par le foufle , elle eft trois fois plus grande que le cœur; 8c de couleur noirâtre, quoique celle du cœur foit rouge. Cet Auteur dit enfuite , qu’il fort du ventricule une artère partagée différemment en bas & en haut : mais de 1 oreillette , dit-il , part une veine qui fentble venir du foye. La grande artère qui vient du cceur , fe replie de chaque côté au- deffus du cœur autour de la trachée, 8c elle defeend ainfi par le dos en jettant de chaque côté des petits ra- maux. La trachée fe divife d’abord fous le Larinx , en deux troncs remar- quables , dont l’un fe porte vers le côté droit du cou , & l’autre vers le gauche : tous les deux entrent de leur côté dans la poitrine , 8c , ayant de s’approcher du poumon , forment chacun en particulier un cercle en s’entortillant d’une façon 4* Observations sur l’Histoire Naturelle , fingulière. La Nature a donné ce contour aux branches de la trachée- artère de la Tortue , afin que quand elle enfonce le cou dans les épau- le , le cercle s’agrandifle , & que la trachée artère ne foit point forcée , ni ne réfifte à cette aftion : par con- féquent , dans tel état que foit cet animal , il conferve toujours la li- berté de refpirer. Ce cercle fert auffi à foutenir l’aorte , qui s’entor- tille & fe roule autour du cercle comme autour d’une poulie. Les anneaux qui forment la tra- chée , font trcs-folides , même juf- ques dans les poumons , dans lef- quels ils ont des ouvertures confi- dérables , qui fe répandent aux lo- bes de ces vifcères , ce qui fait que le vent introduit dans la trachée ne pénétre pas d’abord tout le poumon en entier ; mais la première partie feulement. Par une fécondé refpira- tion l’air s’avance dans la fécondé & dans ia troifiéme partie , félon le befoin de l’animal. Moyennant ce méchanifme , le poumon fe gonfle & s’emplit , & les fondions de la raréfaftion du fang fe font fans peine. La Tortue de Terre a deux pou- mons fort grand , placés de chaque côté ; ils s’étendent depuis la gorge fur tout le dos , & au-delà de la moi- tié du corps , & vont aboutir vers les parties inférieures ; chacun fe divife encore en quatre ou cinq lo- bes qui reflemblent alfez à des vef- fies. Quant aux obfervations que j’ai faites moi-même fur le cœur & fur les poumons de la Tortue de Terre , & fur celle d’eau douce, ( que je crois être la même que celle de Mer) je me fuis apperçu que le P, Plumier avoit parfaitement bien décrit le Cœur de cet animal amphibie ; mais qu’il n’avoit pas remarqué que les oreillettes fe gonfloient en les fouf- flant, comme celles des Tortues de Terre, dont parle Blafe. J’ai auffi découvert que les veines laûées du méfentére vont aboutir dans les pou- mons & dans le foye où elles s’anaf- tomofent avec la veine & les artè- res , poumonnaires & hépatiques. J’ai aufiî remarqué dans celles de Terre , que Blafe n’a pas apperçu les veines du cœur ; il ne parle que de l’aorte, & de la veine Hépatique qui fe dégorge dans l’oreillette. Il dit que la Tortue de Terre n’a qu’un leul ventricule & une feule oreillet- te ; c’eft parler contre les faits. Ap- paremment que Blafe n’a pas apper- çu la valvule qui fépare les deux ventricules , par fon relâchement , peut-être ; ( ce qui peut arriver a- près la mort du fujet ) : c’eft par la même raifon que M. Duverney croyoit auffi que le fang fe commu- niquoit dans les ventricules : c’efi ce que je n’ai pas trouvé. J’ai ob- fervé au contraire que le cœur de la Tortue de Terre eft fait comme le cœur de celle de Mer , qu’il a une valvule qui fépare les venrricules. Ils font exattement féparés lorfque la valvule 1e baille , & le fang ne fe communique point du tout du ven- tricule droit ; mais il paffe fans re- tour du ventricule droit au ventri- cule gauche. Cette circulation de fang mêlé dans la Tortue , eft ridicule ; car fi le cœur de la Tortue n’avoit qu’un ventricule , dans le mouvement de Siftole , le fang feroit autant repouf- fé dans les veines que dans les ar- tères i Sc daos le mouvement de Piaftole f SUR LA PHYSIQUE ET SUR. LA PEINTURE. Diaftole, il feroit autant attiré de l’un de ces vaiffeaux que de l’autre. C’eft une faute que l’on ne peut paffer dans quelque endroit qu’on la trouve. La plupart des Auteurs fe con- tentent d’cxpofer les parties anima- les des Brutes , fans approfondir leur méchanîfme , & le foucient fort peu des comparaifons qu’on en peut faire avec le Méchanifme des hom- mes : ce qui les conduiroit cepen- dant à découvrir la véritable ftruc- ture & l’ufage de nos organes , & la nature des fluides & des folides qui nous compofent. Car fi Ton s’i- l® magine que THiftoire Naturelle foit une Ample recherche de curiofité , on eft dans l’erreur : elle eft bien moins un amufement , qu’une étude pour connoître ce qui peut avoir t rapport à nous-mêmes. Nous cherchons les caufes des ma- ijl ladies qui nous affligent , & par con- jfl féquent le remède que nous pou- ijf vons y apporter : cependant ; quoi- f que les hommes ayent déjà beau- coup travaillé fur cette matière , ils } n’ont peut-être pas fait la moitié du ;!i chemin qu’il convient de faire, pour la parfaite connoiffance du corps humain. • M. Duverney * a crû que la Tor- tue ne refpîroit qu’en marchant ; ie elle refpire pourtant dans l’état le fi plus tranquille , 8c même au fond de [p la Mer , & enfoncée dans la Terre, ri- Enfin ce célébré Anatomiftecroyoit que dans le cœur de la Tortue le cil lang veinai fe communiquait avec ■li 1* iang artériel ; tandis que l’un ne ut peut communiquer dans le cœur H ;/■ Ce n eft pas 1 Auteur de la Mydogie appris l’Anatomie. 49 avec l’autre , fans que le mouve- ment de la circulation fe détruife. Quant à la nature du Sang , il n’elt pas difficile de s’appercevoir que l’air feul eft la caufe de fa cha- leur & de fa fluidité. L’air refroidit les corps dépourvus d’aétion & de mouvement , d’où les particules da feu s’évaporent , parce que cet élé- ment reçoit avec facilité les parties ignées dont les corps fe dépouil- lent ; mais dans les corps animés , où il fe fait des impulfions conti- nuelles de cet élément , les parties grofliéres qui le compofent , s’écar- tent en dehors , & les plus fubtiles fon retenues , & , par conféquent , étant portées dans le fa ng , Té chauf- fent & le raréfient bien loin de le re- froidir. La Tortue de Terre a le fang plus épais que celui de l’homme -, mais il n’eft pas moins chaud & fluide. J’ai obfervé que l’été , lorfqu’elles ref- pirent fur Terre , leur fang eft atiflî fluide que celui des autres animaux ; & alors l’oreillette du cœur eft dila- tée & fait place au plus grand volu- me de fang que les vaiffeaux de ces animaux contiennent. C’eft alors qu’elles entrent en amour St qu’el- les fongent à produire & amaffer leurs œufs ; mais Thyver la Tortue refte dans l’inaftion , fe cache dans des trous , s’enferme dans la Terre : l’oreille du cœur fe refferre , la ca- pacité du fang diminue , il s’épaiftitr il contient moins de parties ignées , il circule avec plus de peine ; mais il circule toujours. Elle refpire dans la Terre, malgré l’opinion de M; Du- verney. Nous ne refpirerions pas , que j’ai donnée au Public, & fous lequel j’ai Année tybz , Tom, I.P art,. I, Seconde Edition, I <<$ Observations sur l’Histoire Naturelle, nous autres , fi on nous enterroit tout vivans ; parce que nos poumons font plus foibles , & qu’il nous faut beaucoup d’air & de feu , pour ré- parer les particules qui fe dilfipent continuellement de notre corps , & dont tous nos mouvemens ont be- foin : l’inaâion totale nous feroit mortelle : & quoique l’air & le feu pénétrent la Terre , ce que tout le monde fçait , ils ne la pénétrent pas allez pour nous : mais la Tortue alors en ménageant les provifions qu’elle a fait auparavant dans fon ventri- cule , & n’en retirant que quelques particules de tcms en tems dans les poumons , par la voye du méfenté- re , ( que nous avons obfervé abou- tir dans ces vifcéres ) elle les raréfie autant qu’il lui ell polîible , & , de- là , ces particules entrent dans le fang par les veines. Il n’eft pas diffi- cile de croire que les poumons de la Tortue , par leur force & leur élafticité , à travers la fente imper- ceptible de fes lèvres racornies , ne féparent l’air fubtil & les parties de feu , de la Terre même. Cela ell fi certain, qu’en ayant fçellé une dans du plâtre , que j’avois enduit de poix pardeffiis , elle mourut dans une heu- re de tems ; au lieu qu’elles palTent pluGeurs mois dans la terre fans mourir. Il ell arrivé de même à celle d’eau douce -, d’où je conclus que l’air ell abfolument néccflaire à la vie de tout animal , même aquatique , dont le fang ell le baume & la Source des efprits. L’air feul peut raréfier le fang & l’échauffer par les particules de feu qu’il contient en abondance. Les animaux qui , au contraire n’ont pas de fang, comme les Limaçons , vi- vent fans une continuelle relpira- tion. Les Tortues de Mer , ainfi que les poifions , fçavent au fond des eaux féparer les parties d’air & celles de feu , des parties d’eau qu’ils refpi- rent, pour entretenir la fluidité de leur lang , ainfi que nous faifons de l’air fubtil & des parties ignées d’a- vec l’air humide & grolfier de notre Atmofphère. La flruélure du cœur de la Tor- tue & celle de fes poumons font une preuve de la nécelfité que le fang a de l’air & du feu , pour en- tretenir fa fluidité & fa chaleur. De là nous pouvons inférer que le bon air & les alimens chauds font un grand remède aux maladies qui dé- rivent de la coagulation ou de l’é- paiflîfTement du fang. Nous allons expliquer les figures de cette Ob- fervation. Voye^ la Planche D de VHij- toire Naturelle des Quadrupè- des , où ejl V oreille de la Tortue . Figure a* Les figures marquées 2. repréfen- tent les diverfesfituations & les cou- pes du cœur de la Tortue. a b c y la partie pollérieure du cœur de la Tortue ; b c y les deux oreillettes ; tf,bcy la partie antérieure de ce vifcére ; e y la veine cave , l’aorte , & le tronc pulmonaire ; f y la pointe du cœur ; b c y les oreillettes ; g h i , la coupe du cœur ; h , le ventricule droit , i , le ven« tricule gauche. SUR. la Physique et sur la Peinture. 51 plus pointu , les autres plus émouffé, Figure 3. & quelques-unes en forme de bec k la trachée artère , l les bron- ches , m le cœur, n les oreillettes, o les gros vaiffeaux , p les branches d’artéres qui vont au méfentére , q le méfentére , r les veines lattées qui aboutiflcnt aux poumons, s les poumons , / la fubftance du poumon & la diftribution des branches. OBSERVATION IX. Sur les Tortues en général & leur utilité. AYant difTerté fur les parties in- ternes de la Tortue , il eft à propos d’obferver l’hi Boire générale de cet animal amphibie, qui outre les merveilles de fes organes, ell encore utile aux hommes par une infinité d’autres endroits. l es Auteurs François & Latins , ©nt allez fatisfait les Amateurs fur cette partie de l’Hiftoire Naturelle, & je ne puis mieux faire que de rapporter ici tout ce qu’ils nous ont déjà dit de pluselfentiel, & de met- tre dans une même Diflertation tou- tes leurs remarques. La Tcntue eft un animal connu depuis longtems : il y en a de trois cfpeces ; celles qui féjournent dans la Mer , celles qui ne rampent que fur Terre, & enfin celles qui bar- botent dans les Marais & qui fe pro- mènent au fond des Rivières. Celles * par M* Morand Fils, alors bachelier , actuellement Docteur Médecin de la même Faculté. , sur la Physique et trie autrefois . on les cherche avec foin & on délire de les voir : ce qui n’eft point (urprenant , ce Phénomène n’é- tant pas feulement intérefTant pour un Phyficien , mais encore étant de natu- re à piquer la curiofité , & même d’ex- citer l’attention des hommes les plus indifférais fur les merveilles qu’ils ont fouvent fous leurs yeux. Ce qui contribue auffi à augmenter le dclir qu’on a de les voir , c’eft l’idée qu on a attachée au mot Hermaphrodite. Le Vulgaire s’imagine que ceux qu’on appelle de ce nom , ont à la fois toutes les parties naturelles des deux Sexes ,ce qui eft une erreur •. il eft vrai qu’il arri- ve quelquefois qu’on trouve réunies dans une même per/onne quelques mar- ques extérieures des deux Sexes ; mais il eft abfttrde de croire qu’ils les ayent toutes enfemble , & encore plus qu’ils foient Hermaphrodites en puiftance , c’eff-à dire , qu’ils puiffent en même teins concevoir & engendrer 5 c’eft ce qu’on ne perfuadera point à des gens Bailonnables , & les Hilloires que nous en avons , doivent abloiument paffer pour très-fufpedes, mal entendues & fabuleufes. Ce que l’on appelle Hermaphrodite ne diffère ordinairement des autres fem- mes que par quelques parties qui man- quent ou qui font fuperflues , enforte de» deux parties naturelles qu’un ermaphrodite paroît avoir , il y en a toujours une qui eft inutile & imparfai- te, or iouvem elles font imparfaites Sc inutiles toutes les deux. Ce qui a fouvent donné lien à cette errcur dans les femmes , c’eft la lon- gueur & la groflèur contre nature du C lt0tls • ^ dans les hommes Tappa- fen,e «tuée au Périnée , laquelle repréfente une petite vulve mais qui n a aucun ufage. sur la Peinture. 6 1 Il y a eu quelquefois des gens qu’on a regardés . mais mal-à-propos , comme des Hermaphrodites ; ce font ceux qu’ Hippocrate appelle rouàx*è»v que l’intervalle du tems entre les paf- 3> fages de fa Lune 8c des Etoiles , ne » foit que d’environ trois heures avant ont leurs difiances fur cette bafe exac- tement connues » & ces lignes , ou ces rayons, cfti forment les côtés du trian- gle ire paflent dans de pareilles opéra- ?r — i—o siir Alors nous même air. , qu a travers un — on pouvoit dire que le moyen de nte- furer les difiances efi bien fimple. ie demande àM.de Lille s’il Mais peut nous afTurer que fa méthode foit ou apres, parce qu’un changement auflî fimple & qu'il foit vrai que l'on ob. » confidérable de la température de 33 l’air, rendroit la refradion d’autant 3> plus inconfiante que le tems entre » les paiïages feroit plus long, C’efi pofitiyement convenir de ce ferve avec la mêmeexaditude ,dans un triangle dont la bafe n’efi pas bien connue & dont les rayons qui forment les côtés ne les forment qu’à travers plufieurs fortes de corps diaphanes iné- sur la Physique et gaiement denfe , d’environ 90000 lieues d’étendue. M. de LifTe dit lui -même, apres nous avoir donné cette régie . « qu'il ne fuffit » pas d’imaginer des méthodes qui « foient vraies dans la théorie , il faut, >> dit-il , encore qu’elles foient prati- » quables. Ce célèbre Aftronome de- vroit fuivre lui -même ce précepte, mais dans l’rnflantil fait le contraire. Il veut que l’on obferve le paralaxe de la I .une en deux dilférens endroits delà Terre & dans le mêmeinilant, «defquels endroits il fuppofe que l’on connoit exaâemcnt les degrés de lon- gitude & de latitude , & qu'ils font à plufieurs centaines de Jieues fun de l’autre. Je fuppofe donc que l’un des Ob- fervateurs c(l fur la ligne équinoxiale. & l’autre au 45 degré de latitude Sep- tentrionale , & je les veux fur le même méridien, exaélement obfèrvé, comme .prétend aufb M. de Lille ; il arrivera -alors que les rayons de la Planette & de l’Etoile, obfervées en particulier , dans le même inflant & dans la même place , paroîtront cependant plutôt ou plutard qu’il ne faudroit dans les divers lieux ,fur i'horifon, fi i’obfervation fe fait au lever ou au coucher ; à caufe des téfraélrons différentes de l’air plus épais de notre climat, 8c par rapport à l’air puis lubtil & plus fluide de la ZoneTo- ) /de: cela efl incontefiable. De plus , fi la Planette & l’Etoile font obfervées au Méridien, 8c que les deux Obferrateurs attendent avec tou- tes les précautions imaginables le paf- fage de cette ligne ; l’un d’eux obfer- vera le poim de la Planette & celui de 1 Etoile dans unedéclinaifon plus gran- de que l’autre , par rapport à la diffé- rence du tems & à celle des diftances & ils fuppoferont l’Etoile plus prés, oû sur la Peinture. 7? plus loin , qu’il ne faudroit dans les lieux où fe feront leurs obfcrvations . & par conféquent çlles feront fauff'es 8c, inpratiquables. Quoique ces raifons foient fans ré- plique , j’ai quelque chofe de plus fort à oppofer à M. de Lifle , & à quoi Mef- fieurs les Affronontes ne penfoient pas, lorfqu’ils ont iù cette dilfertation dans la première édition que j’ai fait paraître. La plupart des Artronomes préten- dent avoir paré le coup de cette remar- que , en dilant que la diftance plus ou moins grande de l’Etoile fixe , qui fert à corriger les réfra&ions de la Planette. ne fait rien , puifqu’elle efl obfervée arnff quel a Planette dans le paflàge du Méridien , c’eft-à-dire , fur la même li- gne, & que la diffance du tems des ob- fcrvations n'étant pas confidérable ,1e changement de la température de l’air ne fçauroit buire à ces oblêrvations , d’autant mieux que l’air ne s’cpiiffit & ne fe dilate que par des degrés infenfi- bles. Ce qui ne fuffit cependant pas , comme nous allons voir. Je fuppofe !a Lune obfervée , de deux endroits quelconques , à fonpaf- fage du Méridien. & une minute après l’Etoile de correétion . obfervée fur la même ligne. N’eft-il pas vrai que ces deux affres ne fe trouveront jamais fur le même point d’obfervatïon,dans deux dilférens endroits , 8c dans le même tems ? cela efl incontefiable. N’eff-il pas vrai encore que notre Atmofphére eff fphérique, ce que tout fe monde fçait ? Je dis donc que les réfractions prifes fur deux points dilférens d’une furface fphérique , doivent avoir des angles différens ce qui eff démontré. Or donc comment Meffieurs les Aftro- nomes . jufqu’aujourd’hui. ont-ils put fe perfuaderque la réfradion du milieu d’une furface fphérique où, l’on fuppo- *i6 Observations sur l’Histoire Naturelle f îa r.une , foit la même que celle » Lune enafcenfion droite e ongjrq. d’ un endroit plus éloigné de ce milieu, » de. j> Les Obfervatioia» morernes- où i’on fuppofe les Etoiles qui fer- feront comme fes anciennes , i > aura vent de corredion aux differentes ré. toujours quelque chofe are ne '1. -aiIt /radions. auparavant fçavoit ce qui fait eloigner Il faut donc convenir que fi on ne ou approcher cette Pianette de la 1 er- trotive pas un moyen sûr d’obferver re&du Soleil, & ce qui caufe les bonds les Planettes en calculant auparavant dans fescroiffàns & fes dccours , oc en avec exadirnde la différente denfité un mot y ce qui occahonne les aphélies d’air de chaque climat , celle du tems & fes périheliès , Je le répété encoie . & des faifons : ce qui cependant ne fuf- c’eff ce que. 1 on ne peut démontrer fira pas , jufqu’à ce que les PhilofopKea avec la théorie cle M* Newton • 1 attra- foient certains de la véritable nature dion & la gravitation ne s accoident des corps , & principalement de celui pas avec les irrégularités de la Lune, de la lumière. St ce Syftême avoit lieu , dans cer- II femble au contraire que i’on veut taine pofition , la Lune feroit double- exdure la méthode Sinthetique , en ment attirée par la ferre & par le So- adoptant des Syftcmes que l’on croit 1er! ; dans d’autres pofilions , elle ferai* fondés fur des limples faits , toujours attirée d’un cote parla terre, tandis que incertains Çc mai fondés, & l’on veut le Soleil l'attirerait par le côté oppofé;, remonter aux caufcs au lieu de def- de forte qu’elle feroit fufpendue &- cendre de la pofition des eau fes à i’e- comme attachée par cette double at- xamen des effets, C’eff ce que nous tradion , c’eff ce que nous ne voyons allons voir préfentement dans les 0b- pas dans fes périhélies ; au contraire , if fçrvatious de M.le Monter. arrive fouvent que la Lune , dans une Si M. le Monter prétend former de même pofition a l’égard de la Terre 8c bcfnnps l abiés Affronomiques, en fui- du Soleil , eft tantôt pins , tantôt moins vont la Philofophie naturelle des prin-' éloignée de notre Globe, cipes Mathématiques de M. Newton, Je dis donc que li i’attradron ou la il efl bien éloigné du but ,• ainfi que gravitation exercent leur puiffance fur je vais le prouver. les corps planétaires par des forces Je n’avance ici rien de trop ; corn- proportionnées aux diffances & aux ment peut-on donner des Tables cer- tems, & que la matière foit inanimée, taines des lieux de la Lune & de fes i! faut alors que les révolutions foient diamètres apparens , pour faire con- invariables & confiantes ; car le Soleil , noitre chaque fois le rapport defesdif- la Terre & la Lune , ne pourraient pas tances à la Terre . fi l’on ne connoît pas plus graviter & attirer dans un tems que la vraye caufe qui l’a fait mouvoir.? M. dans un autre. Mais fi l’on fuppofe que le Monier a beau dire, que « les Ta- fa matière eff animée & qu’elle agit par « blés des Affronomes font lesélémens caprice , ce qui ell abfolumem ridicule, » effentiels pour vérifier la théorie , & les Newtoniens font pardonnables de » pour découvrir .à quelle caufe l’on croire que ces deux eau fes , occultes » doit principalement attribuer la dif- jufqu’à prélent à ceux même qui les ad- » férence qui fe trouve entre laTabIe& mettent, font les feules qui occafion- » l’obferYation du mouvement de la nem les variétés de la Lune, SUR LA. FhySIQUE Mais , dira M le Monier , les autres flanettes y entrent pour quelque cho- fe, & l’attradion des unes vers les autres dérange la Lune de l’ordre régulier qu’elle tracerait, fi elle n’étoit mife en mouvement que par la gravitation , & les attrapions réciproques du Soleil & de la 1 erre i Je crois que fi c’étoit-là la feule raifon que nous eulïions pour ex- pliquer les irrégularités de la Lune, nous ne ferions pas long- te ms à former une théorie certaine de fon mouve- ment j mais au contraire la preuve de cette impoffibilitc eft conflatée par le fentimentdes plus célébrés Académies» & par celui de M. le Monter lui- même. ïp. Témoin le programme qui parut dans le Journal de Trévoux ( Février I7/°0de l’Académie de Peterfbourg, dont voici le contenu , « Savoir , fr >’ toutes les inégalités qn’on obferve » dans le mouvement de la Lune, font » conformes à la théorie de Newton; » qu’elle eft la vraye théorie de ces ir- » régularités , en vertu de laquelle on » puilTe déterminer , pour quelque tems que ce fait , le lieu de la Lune. ?-?. M. le Monier, dans l’extrait de la Préface du Livre que j’ai cité , dans le Mercure de Juin dernier, g. 14. dit; *’ La Théorie de Aï. Newton donnera » fans doute bientôt des Tables plus » complettes ( du mouvement de la » Lune. ) Si les Aftronomes agiflem “ c°ncen dans le deftein d’achever * cette rheorie, qui a furpalfé jufqu’ici 5) les forces de \ Aualyfe ■»>. Je crois que ces témoignages fuffifem pour prouver l’impcifeéhon des prétendues découvertes de Nevron, & que M. Monier a tort de vouloir former des 1 unies fur ce principe , puifqu’il le re- connoit incertain. Pour donner cependant plus de poids aces fortes de conje&ure&con* et sur la Peinture. 77 tre les Tables de M. le Monier, je renvoyé le Lecteur aux Démonftrations Mathématiques de l’Impulfion , contre le Syftême de Newton , & contre l'Af- tronomie du Dodeur Gregori , que j’ai données dans la fécondé Partie du pre- mier volume de mes Oblervations in- 1 2. en 1750. II me fuffit de donner ici un Extrait de ma nouvelle découverte fur le mou- vement de la Lune, & de démontrer dans le Théorème fuivant, la façon dont elle peut fe mouvoir autour de la T erre avec plus de vraifemblance. THEOREME. La Lune peut fe mouvoir autour de la %- re,par la feule impulfion des parties ignées, qui fe compriment du Soleil à la Terre , du Soleil à la Lune , de la Terre à la Lune. Nous fça vons que la Terre eft envr- ron 4.9! fois plus grande que la Lune,& par conféquent que fon diamètre eft comme 11 à 3. ( Voyez là-delîus les Aftronomes. ) Voilà le point elïentiel fur lequel je fonde mon Théorème ; car je prouve par cette difproportion de grandeur , que la réimpulfion qui fe doit faire de la Terre à la Lune eft plus grande que celle de la Lune à la Terre ; 8t par con- féquent , que la Terre doit forcer la Lune à décliner de fon aphélie , & s’ap- procher de fonpenhelie, malgré l’impul- lion direfte du Soleil; & enfuite re- tourner par dégrés de fon perikelie à fon aphelie, félon que Pangle de réimpulfion eft plus ou moins grand ; c’ell ce qui fait paroitre à nos yeux qu’elle tourne autour de la Terre, comme elle tour- ne effedivement par des lignes fpira- les , qu’aucun Aflronome ne connoît 7<3 Observations sur i point encore, (à ce que je crois) & que je n’ai découvertes que par mon Syflême de l’Imptilfion. Je me flatte qu’ayant démontré ce Théorème, j 'au- rai fait un grand progrès dans l’étabiif- fement de mon Hypothèfe. Je vais ex- pliquer cette nouvelle figure , ( voyez fa Planche ci-jointe figure première. S le Soleil, T. la Terre, I . la Lune, ALA l’orbe des aphélies de la Lune , PLP. celui des périhélies de la Lune , TT l’orbe de la Terre; a , b , c , d , e , f, g y h > i > les différentes pofuions de fa Terre dans fon oxhc.k, l ym , n, o . p , q , r, s , les différentes poïitions de fa Lune dans la ligne fpirale qu’elle trace autour du Soleil, parla rélillance des rayons renvoyés de la Terre, ou de la réimpulfion des parties ignées de fa Terre à la Lune. Démonstration; Je fuppofe fa Terre en a & la Lune en h j je dis alors que fi la Terre, par fon mouvement de rotation & orbicu- faire trace la ligne courbe TT, com- me j’ai démontré ailleurs, & que par fa même caufe fa Lune faiïe de mê- me fur fon orbe d 'aphelie LAL, fi rien ne la détourne, en ce cas, fa proximi- té vers la Terre , & la grandeur de no- tre Globe , plus conlidérable que le lien , occafionnant une réimpullion des parties ignées , ou de la lumière vers la Lune, en tout endroit où ellefe trouve oppofée à la Terre , cette réimpulfion agiffant de près & en grande quantité forcera la Lune dans fon mouvement de rotation & orbiculaire , de fe dé- tourner de fon orbe , & de s’approcher de fon penhelie jimehue que les rayons réfléchis de la Terre la poufferont vers le Soleil. J’ai démontré dans mon i. Vol. in- 12 Histoire Naturelle , que la matière étoit palTive & inerte,' & par conféquent que tout Globe , de quelle grandeur immenfe qu’il foit, refie à l’endroit où il eft dans l'air , & ne fe remue aucunemerit,s’il n’eft com- primé par quelqu’autre corps. J’ai prouvé que les parties ignées font les petits Corps dont Dieu fe fert pour mouvoir tous les Globes & ce qui les environne. J’ai de plus démontré dans le deu- xième Corollaire du fécond Théorème de mon Livre , que les rayons du So- leil ne fçauroient pouffer les lourdes malles des Planectes, quà une certaine diffance , fx que la compreffion desau- tres particules , répandues fur la même ligne, & cnde-là de la compreffion, les retenoit & les arrêtoit dans leurs orbes. Je répète ici tomes ces définitions , pour ne pas perdre de vue ce que je veux établir. Cela pofé & démontré , la moindre force d’augmentation à celle qui retient une Planette dans fon orbe & l’empê- che de s’éloigner du Soleil , la détermi- nera à s’avancer vers cet Affre , & affoi- blira i’impulfion de fes rayons , c’ell ce que nous pourrons ici exactement prou- ver j car lorfquela Luneeftau pointé, & que la Terre fe trouve au point æ, alors l’angle de la réimpulfion , étant toujours égal à celui de l’incidence , les rayons du Soleil comprimant par la ligne S a la Terre . comme ils compri- ment par la ligne S A la Lune , il faudra néceflairement qu’une partie de la for- ce imprimée fur la Terre , réjaijliffe de fa folidité, & rencontre par l’AngleS a k la Lime 5 la furface de laTerre étant plus grande que celle de la Lune , & parconléquent renvoyanum très-grand nombie de rayons fur le Globe de cette Planette, il faut alors que la Lune, quoiqu’également pouflée parl’impul- sur la Physique et sur la Peinture. 79 {Ton dtreéle du Soleil , cède à la rcimpulfion de la Terre . qui lui cil contraire, c'cll ce que je démontre. Si la Lune fe trouve an point k , 8c qu’elle fuit mite par les rayons du So- leil , elle tracera la Ligne , k'c , fi rien ne l’arrête . mais fi elle efi arrêtée par la force a k , & de plus entraînée par la prefïion dé l’air, qui fuit les points de l’orbe que la Terre quitte, il faut qu’elle trace une autre ligne , & que cette autre ligne Toit la diagonale d’ttrt pàrallelogramc; dont la moitié efl akt: puifque Newton & tous les Pfiilolo- phes conviennent que des forces con- traires jointès aux deu^t côtés d’un pa- rallelograme , forcent \e corps qui fc feroit nui dans l’un des deux côtes à dé* cVire la diagonale de ces côtés, ce qui efi inconte/lable. Cela étant, il faut ncceflairemenr que la rcimpulfion de la 1 erre à la Lune oblige cette Planette à décrire ia ligne fpirale klm , &c. au- tour du Soleil , & lorfque la réimpul- fion de la Terre agira dans un angle plus aigu , 8c par conféquent plus im- pulfif, comme dans la luuation de la Terre en b, & de la Lune en d , l’angle de rcimpulfion en S II, fera plus élafti- q'ue, plus comprelïif que clans Sa k, 8c ainfi des autres pofitîons de la Lune , a l’egard de IaTerre , dans les Defcen- fions. Mais dans les Alcenfions de cette Planette , lorfqu’elle monte du point n aux points 0 ^ p ,q r , la démonllration e 3'ors tien plus facile , parce que la pi emonde la 1 erre , qui la poufié de- vant elle par l’air qu’elle comprime -,8c la rcimpulfion dé fes rayons ,!e joignant àrimpulfion naturelledu Soleil, la font avancer & monter par la ligne fpirale , r: la Terre fe trouvant enc Jorlqu’eiie efl en 0, en/ lotfqu’elle efi enp, eng> lorfqu’elle eft en a, & c- L elt ce que l’on n aura pas de peine à comprendre , 8c qui fe cTcmontre natu- rellement, lorfque l’on admet mon Syf- tême de l’impullion . & ce qt'ie l’on ne (qauroit démontrer autrement. Premier Corollaire. Je furs obligé de tirer ce Corollaire pour mettre toutes chofes en régie vis- à-vis ceux qui n’aiment pas la nouveau- té- ; on nie dira que la Lune dans fou périhélie eft plus éloignée de la Terre & plus proche du Soleil , & par confé- quent plus repouirée par cet Aftre , de forte qu’elle devroit s’approcher tout- à-fait de IaTerre. f Voye? Fig- i.) Pour démontrer qu’il efi impoflîbleque la Lune fe porte pftrs proche cfe la Terre dans fon péri- hélie , faites les triangles SLT.TaS 8ç T A S ; T fera la Terre , S le Soleil , L la Lune, dans la même difiance à' peu près du Soleil que la Terre , 8c b la Lune plus proche du Soleil 5c plus éloignée de la Terre , a, la fituation de cette Planette encore plus éloignée de la Terre. La ligne L S efi égale à la ligne T S , ainfi ces deux impulsions font égales ; mais fi j’ôte la force LTS, alors L S fera — — LTS ; fuppofez la force h L = L T qui efi la rcimpulfion de la Terre; donc la Lime, au lieu de s’é- loigner du Soleil à la difiance LS , ne s’éloignera plus que comme AS; 8c puifque l’angle AT S dans cettepofition’ efi plus aigu que l’angle LTS ; la réim-- pulfion doit être plus violente, &pouiïer davantage vers b que vers L. Et par la m'êmeraifon, fi la forceT b efi plus vio- lente qite LT, la Lune du point b‘ doit defeendre vers le Soleil par une force ba que je fuppefe =T b. C’efi tout ce qu’il falloit démontrer , pour prou- ver que les forces de rcimpulfion de- g0 Observations sur l’Histoire Naturelle , < duites des forces impullives , dirai- aucun mouvement pendant 1 Eclipfe,' ( ce qui peut s’obferver) Mats comme laTerre ne tarde pas à la découvri^aux rayons du Soleil, & qu’elie en petit re- cevoir des impulsons, Iorf|ü’eIle ne parte pas dans la même ligne, qui cou. pe le centre de la Terre & celui du So. leil.elle peut encore recevoir des mm. nuent d’autant plus ces forces impulfi- ves , qu’elles font plus direâes & moins obliques ; il fuit de ce corollaire que la Lune s’approche de la Terre , & s’é- loigne de fon périhélie . à médire que l’angle de réimpulfion eft moins fort & plus obtus. Je n’ai pas befoin de Re- montrer ceci ; un Ecolier de Geomér trie m’entendra. Deuxième Corollaire. Pendant que jeformois le précédent Corollaire, il s’en eft préfenté un fé- cond fur les Eclipfe» de la Lune , ou il n’y a plus de réimpulfion ; cela eft vrai. Sans doute on m’objeétera alors que la Lune eft poulfée toutd’un coup vers la Terre, par i'impulfion du Soleil dans ce Phénomène, & que la Terre relie alors fans mouvement. Je répondrai, i Que la Lune , étant plus petite que la Terre, elle ne dpit pas empêcher la Terre de recevoir la lumière dansquel- qu’endroit, par conféquent de conti- nuer fon mouvement , & les Eclipfes de Soleil ne peuvent que le rallentir, î«. Que la Lune cfl alors retenue par les parties de 1 air , qui font entr’elies & la Terre, outre les angles de réfle- xion qui fe forment encore de la partie de la Terre , qui fe trouve éclairée pendant l’Eclipfe ; ce qui eü plus que tuffifam pour balancer I’impulfion de la Lune vers ia Terre dans le moment de l’Eclipfe du Soleil; & comme ce Phé- nomène n’empêche pas la Lune de fui- vre fon mouvement en ligne courbe autour du Soleil, ou de continuer là ligne fpirale.elle découvre enfin la Ter- re qui agit alors & continue faréimpul- Jjon , comme auparavant. A l’égard des Eclipfes totales de Lune , il le peut que la Lune relie fans pulfions latérales de laTerre , qui peu» vent la déterminer à quelque mouve- ment pendant l’Eclipfe. Mais fon iner, tie la maintient toujours d^ns la même Gtuation où elle fe trouve éclipfée , fans qu’elle foit obligée de s’éloigner ou de s’approcher plus ou moins de la 1 erre, jufqu’à ce qu’elle foit découverte , & éclairée de nouveau par le Soleil. Ceci fuffira pour prouver à M. le Monier, que les Tables des Ajlronomtf ne font pas Les clémens efi'entiels pour véri- fier la théorie de la Lune dans le Syftème de Newton. ' 11 Les variétés de la Lune pourront fe démontrer par les impullions plus ou moins grandes . fuivant les lieux de çettePianeUC & les poGtrons de laTer- re, & félon qu’elle recevra les impul- sons des parties terreflres de notre Globe , plus impullives que celles des Mers, '* Cette nouvelle Théorie fondée fur une catifè univerfelle, connue & facile a démontrer , à la portée même de nos fens , telle que la lumière, mérite bien l’attention des amateurs de la vérité. Sans la lumière du Soleil , apperce- vrions-nous les Planettes & les Phafes de la Lune. Que les Phyfioiens me di- fent fi cette lumière efi autre chofe qu’un mouvement de particules , qui fe portent naturellement du Soleil à h Lune, de la Lune fur la Terre, & de la Terre à nos yçux ? C’efl ce que l’on ne me peut nier. On avouera dQ.ncque ces particules ont une puiifance motri- ce sur la Physique et cc indépendante , qui ne peut fe con- cevoir que comme émanée du Soleil , centre commun à tous les rayons qui en dépendent. Pourquoi donc ne pas ad- mettre cette caufè ii fimple & fi natu- relle pour faire mouvoir la Lune & U 1 erre , puifque la lumière fe porte fur des Globes confttuits de matière paffi- ve , inerte & incapable de mouvement ? Eu vérité, c’ell fermer les yeux à la lu- mière ! Moins de prévention pour des fyflêmes ridicules, ou il faut complica- tion de cailles , ou il faut animer la ma- tière, & lui donner des qualités incon- nues ! Plus de ftocérUé l Si mon hypothcfe e\l vra’demblablc , il n’en coûtera que quelques réflexions, qu’un peu de recherches , pour s’aflit- rer tout-à-fait de la réalité. Melîieurs les Allronomes, arrêtez vos Obferva- lions & vos Tables; étudiez un peu cette matière , fi vous la jugez digue de votre attention ; faites quelques re- cherches en conféquence , vous ferez toujours à tems de revenir fur vos pas , fi elles ne vous contentent pas mieux que celles de Newton. Et avant d’aller dans l’Hémifphcrc méridional, méfurer la diflance de la Terre à la Lune , con- venez de la véritable nature de la lumiè- re, de celle de l’Air & des réfractions que la lumière obferve dans les différens corps tranfparens , afin de déterminer , du moins avec plus de précilion , en combien de lignes on doit contidérer celle que le point vifucl adopte nial-à- propos pour une feule ligue direfte. Cequc je donne ici gratuitement aux Agro- nomes fera reçu, fi l’on trouve que j'ai raifon, & chacun en tera d’abord fon profit en particu- lier ; mais avant que l'on en faire des Joix géné- rales & que chacun convienne publiquement des oimcuhisprefque infurmontable que nous prclente la vraie Autonomie , & des moytns qu’il raudroit fume pour les vaincre , il Ce paticra plufîeurs ficelés. Année 17 $2, Tome I. II, Partie sur la Peinture. 81 observation iii. Contre ï Optique de Netvton } & Réponfe à une prétendue Réfuta- tion inférée dans le Journal Oeco - nomique du mois de Juin 1751- S Itôt que la paiïion fe mêle dans les difputcs philofophiqiies . adieu la raifon : on s’égare , ou prend les lignes parallèles pour des lignes inclinées entr elles, & les hypotiitfes pour des faits incontefla-, bles. V oilà fur quoi eft fondée la réfuta- tion que l'on veut faire de mes opinions; elle conlille en une infinité d’injures, & à vouloir forcer le Public de croire que je n’ai pas l 'ombre de la Géométrie : ou termine cette partie de la critique la plus véhémente , en promettant * d’e- » xaminer enfin au poids de la faine » raifon les idées de M. Gautier fur la y> formation des couleurs , 5c l’on fe » flatte de démontrer que s’il eft des » opinions bilans, inconféquentes & tené- » Ircufes , celles de M, Gautier méri- » tent de tenir un rang diitingué parmi » elles. L’Anonyme prétend démontrer j apres ce préambule , mon incompétence à tous égards pour juger du fyjlèmede New- ton , & il cite la difpute que j’ai eu à Londres il confond mes Démonflra- lions & fait comprendre qu’il perd de vue lui même cette prétendue Jaine rai- fon dont il fê pare, en confondant la dr- reélion de la différente réfrangibilité des prétendus rayons colorifiques , avec la réunion de ces rayons , qui félon Newton, doit produire le blanc : 5c veut après un tel équiproquo prouver , que mes Démonftrations font contradiâoires. Ce zélé défenfeur de la caufe com- mune , dit avec autant de fureté que li > fécondé Edition. L g2 'Observations sur l’Histoire Naturelle, pe tfonne n’eût lû mon Livre, a Que un peu Géomètre & aucunement Phy- » diroit M. Gantier lui-même d’un ficien, fut lâché par quelques DiTcrpIes x Gcométre qui après avoir entrepris de de Newton qui. 1 avoient inflruit de » prouver une certaine propofition en l’endroit où je faifois mes expériences, «vertu d’une certaine fuppofition, C’efllà où éloigné du bruit de Paris » apres avoir vanté fa Demonflration 8c à 1 abti de la multitude, je démontré * comme un Chef-d’œuvre de la Géo- quelquefois à mes. amis les découvertes „ métrie & de l’efprit géométrique , que j’ai niifes au jour contre le Philo- „ après avoir défié tout l’Univers géo- fophe Anglois , lorfque Phébus débar- a, métré de l’infirmer , viendroit enlui- rafle des nuages , qui le cachent fou- » te à prouver tout le contraire d’après » la même fuppofition ? Voilà cepen- a> dant précifément le cas où eJl l’Ad- » verfaire de Newton. Loin de m’éloigner du but & de con- clure autrement que je m’etois propo- fé, lorfque j’ai attaqué Newton , dans la première propofition de mon Livre, an contraire je prouve clairement l’im- poffibilité de la réunion des rayons au centre de l’image , & je tire de ma Dé- monflration des Corollaires incontefta- bles ; il y a donc de la malice ou de l’i- gnorance de dire que je me contredits ? Le Public quelquefois s’amufe com- me on faifoit anciennement desdifpu- tes des Philofophes , les vivacités de part & d’autres qu’elles ontoccafionnées l’ont fouvent réjoui Nous tomberions dans le même cas lî je voulois répon- dre à toutes les invectives du New- tonien. Sans le nommer, je pourrai ce- pendant rendre compte de ce qui s’efi pallé entre nous, je ferai voir enluite combien il fe trompe ; qu’il me criti- que fans m’entendre , & qu’il ne s’en- tend pas mieux que M. Thomas Daniel* ne s’entendoit lui-même. I. ObjeSlion faite publiquement au Nevotonien 3 à laquelle il n’a pû répondre. Un homme vif, rempli de faillies, vent dans ce climat , percent les prif. mes que j’oppofe à les rayons , qui , malgré la noirceur de l’endroit où je les reçois , peignent dans un inflant les murailles des couleurs les plus bel- les & les plus vives. Cet homme , ardent défenfeur du Ncwtonianifme , entre prefque ho $ d’haleine, argumente contre moi, m’a. poRrophe, 8c dit en pleine Compa- gnie » de quoi vous mêlez-vous ; vous »n ’êtes pas Géomètre? «Et s’il vous plaît je n’avois pas encore dit le mot. Un tel impromptu attira les regards 8c l’atten- tion de toute l’Allemblée ,on fe tourna vers moi. 8c on attendoit avec impa- tience ma réponfe. La plupart des Spc- élateurs furent furpris de voir ma tran- quillité , 8c la façon froide avec laquel- le je reçus cette vive attaque. Après quelques fourrs de ma part & de celle de mes amis, j’adrelîai la pa- role au zélé défenfeur de Newton. Je vais, lui dis-je, vous démontrer que je fuis Géomètre; je traçai fur le champ la Figure première de In fécondé Plan- che de cette Partie , ABCD, je tirai les lignes EF , FG , GH , G S, & HS. Je dis à ce Newtonien , je fuppofe que la figure ABCD , eft un cube de criRal , d'un pied d’épailTeur , ou un vaiffeau de verre, d’environ deux on trois pieds de profondeur & de largeur, rempli d’eau pure & vive. * Auteur Anglois que l’Anonyme copie dans fes cbjeâions. sur la Physique Je fuppofe de plus que la ligne E F , efl une petite colonne compofée de quelques rayons du Soleil partant par un trou de deux ou trois lignes de dia- mètre fait au volet d’une chambre noire. Je vous demande alors , M. lui dis- je , s’il ne faut pas que les rayons à tra- vers ce Cube tranlparent fe refraétent félon leur différente réfrangibilité au point F, & fi les couleurs font alors ré- parées par Ta première furfacc du Cube, je voudrois fçavoirii elles peuvent être réunies fur la fécondé furface au point G ou H & nous donner du blanc : ou fi au lieu de donner du blanc , (uppofé que l'on applique une feuille de papier à cette fécondé furface , elles pourront fe dillinguer, ainfi qu’il arrive lorfque l’on fe fe rt d’un prifme & que l’on pofe une image à la même dillance. Le Newtonien relia interdit à cette propofttion & ne fçavoit quel parti prendre, s’il falloit nier la réunion du blanc fur la fécondé furface ou l'ad- mettre. Il ne fçavoit s’il hafarderoit de dire , que les couleurs paroîtroient fans doute à caufe de leurs différentes re- frangibiliiés , ou qu’elles fe confon- droient par attradion : ( car c’efl la ref- fource des Newtoniens) mais l’attrac- tion, lorfqu’il s’agit de démontrer géo- métriquement quelque Phénomène , pfu ^Ue ^uPP°^e j &les Sedateurs du 1 nnofpphe Anglois n’ont jamais entre- pris de la prouver: il n’ofa donc fe fer- _vtr de cette ruppofition . parce qu’il efl rncontellable que b les rayons fe diver- gent différemment ( fuppofé qu’on ad- mette leur differente réfrangibilité J il faut alors admettre qu’ils relient diver- gé fur la fécondé furface du Cube , fi °!î lei. arrête dans cet endroit par l'ap- plication d’une feuille de papier blanc, parce qu’alois depuis le point de leur et sur la Peinture. divergence jufqu’à la fécondé furface , ils n’ont pas changé cle milieu. Comme mon Adverfaire fçavoit par- faitement que dans une telle expérien- ce à la place GH de la fécondé furface, on ne fçauroit trouver des couleurs , quand même le Cube auroit lix pieds de profondeur , il fe contenta de dire apres bien des réflexions , que la dif- férente émergence des rayons de l’air dans le verre & du verre dans l’air , les remmeitoit à leur point de réunion , & les redonnoit tels qu’ils étoient en- trés dans le Cube : mais c’ctoic alors battre la campagne. Nous connoitfons , lui dis-je , cette double émergence des rayons de l’air dans le verre & du verre dans l’air , qur arrive ici, & qui doit réunir effective- ment les rayons après la fécondé furfa- ce j à la même dillance du verre dans l’air que celle de leur divergence de l’air dans le verre ; mais vous convien- drez ^ M. lui dis-je , que quand je vous propofed’arrêterles rayonsau pointGH je ne vous dis pas de les réunir au point S. II ne fçut enfin que répondre à cette objeétion. Je paffe fous filcnce toutes les autres marques de victoire que j’eus lur lui dans cette occalion. M. Legoux deGuerland , Grand Baiffy de Dijon , qui ctoït préfent , & un Mi- lord de fa connoifiance , ne purent s’empêcher de rire. Le Newtonien fut alors tout- à-fait déconcerté , il fe tûtSc fortit enfin très piqué & toujours en» durci. II. Le Newtonien ri a pas compris ma Dèmonflration , & il la combat, fans l'entendre. Il n’eft pas difficile de prouver cette vérité, L’Anonyme prétend que je mC Lij O BS E R VA T 10 N S SUR l’HiSTOïRE NATURELLE furs contredît, c’eft-àdire, , que j’ai » enftûte la figure de cette Dernoiiftrâ- poféune certaine proportion , & démontré tion. (Voye^ figure 2. de la Jeconde Plan- cnfuite le contraire. Voici le fait , je prie le Leéteur d'y faire attention. Newton veut nous faire accroire que le prifme occafionne la féparation des rayons colwifiques , & différemment re- frangibles, & que la lentille à fin foyer donne le blanc par la réunion de ces mêmes rayons ; il falloit donc pour détruire cette hypothèfe , prouver que la réu- nion des rayons, ne produit point le blanc , & que s’il y a d u blanc au centre d’une image prifmatique, malgré la (é- paration des rayons , le Sylléme de Newton eft infoutenable : c’eftce que j’ai fait dans ma première objedion. Un Anglois qui ne me comprenoit pas. a voulu réfuter cette objection ; j’ai fait imprimer fa détenfe & ma Répli- qué à la lin de mon fécond Volume; l’Anonyme donne cette défenfe comme une nouveauté , & la fait paraître au- jourd’hui fous le titre de Réfutation , dans laqnelle.il confond la réunien avec la féparation des rayons prétendus colo- ri tiques. Voici ce que je dis, page ^ 3 & 54 de mon fécond Volume. » Si cela efl , sa le rayon rouge du rayon Simple fu- j> p é rieur doit croiferau centre de Fi- ai mage le rayon violet, le bleu & mê- 33 me le vert , de ceux qui font pro- aj duit par le rayon fimple inférieur , » ce qui devrait produire une confu- 33 fîon de çouleur dans cet endroit , au 33 lieu d’une réunion de couleurs , comme 33 le prétend M. Newton, car les lignes a> qui croifent ne fe réunifient qu’à leurs » foyers. Il ell donc impofilbledetrou- ^ ver ici le foyer réuni de tons les » rayons colorés , ou prétendus col.ori- 33 (tqnes, fur une mênie ligne perpendi- » culaife a FhorifoiijOU verticale, à tout a» point dé difianéc , (&c.- J explique ehe de ce Volume. ) j. ABC repréfente un prifme placé à 33 l’ouverture PQ d’une chambre noi- » MOMNC. 33 DB , m EF, font deux rayons du » Soleil que nous fuppofons , i’un à la >3 partie fupérieure de la colonne , qui 3> entre dans le prifme , & l’autre à la » partie inférieure. La réfiaéiion du » royon DB fe faiten GH, & In refrac- » tion du royon , EF, fe fart en I K. 3> R eft le point où les différentes cou- 33 leurs de ces deux rayons commen- 33 cent à feeroifer. 3> N’eft-il pas vrai que dans l’eTpace 3> IHR où il y a du blanc fur la muraille , » à tout point de diltance , il ne peut y 33 avoir de réunion de couleur ; ( ainfi 3. que le prétend M. Newton ) puifque >» les rayons diverges qui occupent cet » efpace , ne font pas continuellement » croifés , &c puifque les lignes croifees >3 ne font réunies qu’au leul point dit 30 croilément ? Je veux dire que le point 30 du eroifementne peut pas être conti- 30 nuel & par tout. D’ailleurs L’elpace 30 G K efl plus grand que l’efpace T V, 03 & par conféquent il ne peut pas y 33 avoir du blanc dans cet efpace HIR , 33 comme dans l’efpace BX , ou les 30 rayons font parallèle» & vécitabie- 33. ment réunis; au lieu que dans H 1 R ils 33 font croifés & defunis. Donc li dans 33 l’efpace HIR, il y a du blanc auffi par- 3> fait que dans l’elpace BX , & plus 30 parfait que dans l’elpace I V , ce qui 33 arrive ici en etlet , le Sylléme de M. 3» Newton eft infoutenable, comme je 33 l’ai li fouvent démontré dans mes Diilenattons.. Je demande préfentement à tout homme raifonnable fi cette Démonllra- tion indique L'impoJJibilité de la fiparation. sur' la Physique et sur’la Peinture: prétendue , & R au contraire elle ne dé- figne pas poluivement cpie je veux me fervir de cette réparation chimérique pour prouver qu'à l’endroit où elle ell admile,& on les rayons font continuel- lement croifés , il ne peut pas y avoir du blanc ; & par confcquent il m’eft alors permis de dire, que fi Newton pré- tend que le blanc n’eft produit , après la réfraétion des rayons , que par la réu- nion exade qu’occalionne la lentille , il fe contredit , & que fort fyflême ell faux. Mais que diroit-on d'un Geométre qui au lieu de failir le vrai de cette objec- tion , iroit me taxer de nier ce que j’admets & de prouver ce que je com- bats î Voilà pourtant ce que fait mon Antngonitte. Voyons ce qu'il dit. » M. Gautier a prétendu donner une » Vémonfiration int incible de l’impojfbilité » de la fêparation des différentes ejpéces de » rayons , dans la Juppofition mime que les 33 efpéces fujjent inégalement refrangibles « Gr dans le fens où il prétend que Axwton 30 l'a dit ( c’tjl à dire de maniéré que tous 33 les rayons femblabiement colorés fujjent 33 également refr.ngbles en: r' eux , O plus * ou moins que tous ceux a'une ejpecc âijfe- 33 rente. ) Ün voit ici un trait admirable 33 de la Géométrie Gautérienne ; comme 33 M. Gautier n’ àvoit pas fait la figure ** qui fait la baie de (on i abonnement » allez grande , i{ n’a vu que des lignes » encore toutes triées enjemble . fi elles 35 avoient eu prolongées plus loin . U aurait » aijhmnt vûfépartr toutes ces lignes dont » les directions Jont dijprcntes Je pardonnerais volontiers à l’Anony- me de ne pas me comprendre , il fuit en cela l’exemple de M. Thomas Daniel , mats ]e ne rçaurois lui palier lamauvar- fe humeur qu'il fait paroître dans fes Ecrits ou il veutnae tourner en ridicule. Il prétend que jette fuis pas Géomètre, & que je n’ai pas compris qu’en pro- longeant les lignes de ma figure , j’au- rois vû la fêparation des couleurs. Nous venons de voir qu’il n’etoit pas ques- tion de cette fêparation prétendue dans ma Démonfiration , que je l’acl- mettois au contraire, ce qu’il ell inu- tile de répéter. Mais c'ell à tort & fans égard à la vérité , que le Newtonien O economique veut que je perde de vue 1’eflèt que feroient ces lignes fi elles étoient prolongées dans ma Figure : il n’y a qu'à tourner le feuillet, on aurait vû que cet- te prolongation m’étoit comme, & que je m’en fevvois fort à propos pour faire enduite une nouvelle objection à Mef- ficurs les Newtoniens. Bien loin de croire cependant que ce foit un effet de fa mauvaife foi , je crois certainement que c’en ell un feulement de fa né- gligence. Pour réparer cette faute , il me fuffira de répéter ici l’explication de la figure qui fuit dans mon Livre celle qui fait le fujet de notre dilpute. ( V oye^ Figure 3 . de la fécondé Planche de cette Partie. ) 33 ABC le prifme , D le rayon fupé- » rieur , E le rayon inférieur. E M F » la divergence du rayon inférieur , 30 D ag . celle du rayon fupérieur. a ci le rayon rouge du rayon fupé- » rieur, b l’orange , c le jaune, d le' » vert . c le bleu clair, /l’indigo , g le » violet.. » F le rayon rouge du rayon infe— » rieur ; G Vorangé , H le jaune , I le » vert , K le bleu clair, L l’indigo , M n le violet. » Mg intervalle occupé par les fept » rayons homogènes & violets. /L , » intervalle occupé par les bleus indi- »gos; e K, intervalle occupe par les » bleus clairs; d l, intervalle occupé par » les verts; c H, intervalle occupé par » les jaunes ; G, intervalle occupé par. g ^ OBSERVATIONS SUR L HISTOIRE ^NATURELLE* « orangés ; a H, intervalle occupe par » les rayons homogènes & rouges. Le, KJ, le, H b. Ga t f- » paces qui doivent fe former neceffai- > renient entre les rayons prétendus » homogènes & parallèles, violets & » indigos , indigos & bleus, bleus eSc „ verts , verts & jaunes , ]aunes & oran- gés , orangés & rouges. _ % Ceci elT prouvé géométriquement , „ Se fi on dit que mes lignes font tirees „ à plaifir, que l’on en tire d’autres avec » plus d’exaélitude , où le Syftême de _ Mfwmn fort mieux démontré ? Le » Newton foit mieux démontré ? Le a, prétexte que prend Newton de vou- » loir que les rayons homogènes ne foient « pas homogènes à tous égards j & que les ' jj plus bas des uns de même nature ,s accoi - » dent avec les plus hauts de ceux d une na- » ture inférieure , ne fervira de rien. a N O ligne fur laquelle les rayons » rouges , prétendus homogènes , & les „ violets fe féparent entièrement des v autres , comme les plus & les moins » refrangibles j où les autres relient sj encore confondus en partie , & ou il « y a toujours cependant du blanc par- » fait. Cette fécondé Démonflration prou- ve non feulement, que je fçavois que les lignes inclinées & parallèles fe fépa- roient de celles qui les croifent & qui font au fh parallèles entre elles, à une certaine diftance ; mais encore que dans leurs intervalles, après un éloigne- ment fuffifant du prifme, elles devroient fe quitter tout - à-fait : ce qui n’arri- ve pas dans l'expérience. Cette De- monftration prouve de plus , que le Newtonien m’aceufe mal - à - propos d’avoir critiqué Newton fans l’enten- dre. Meilleurs les Newtoniens doivent choifir un meilleur Défenfeur s’ils veu- lent prévenir la chute de leurs opinions. V Auteur Anonyme fe contredit ainf que Newton. II ne me refie plus qu’à prouver que l'Anonyme ne s’entend pas mieux que Newton ne s’entendoit lui-meme. Laiflons à part la prévention que l’on a pour Newton , & malgré la parade que font les Newtoniens de leur uni. v er f alité , mettons ce Philofophe à la barre de la Jurifdiétion publique , & qu’il marche de pair avec moi ; préfen- tement il n’a aucun droit de prendre féance dans le Tribunal delà PhyBqne qu’après l’entier jugement de la . quef- tîon agitée entre les Seftateuts $c moi, L’honneur du nom François alors n’aura rien decompromis, il faut absolument me laifler la liberté entière de lutter avec cette prétendue lumière qui éclairé au* jourd'hui le genre humain , & ayec fes Difciples. L’Anonyme prétend que les propor- tions Mathématiques de Newton qui , du moins font prifes hypotiquement , font in- comeftables au jugement des Huygens . de Leibnitz &* de Bernoulli. II ne connoît donc pas la portée de fes termes , ja. mais hypothèfe n’a été inconteflable. Newton s’entend auffi peu que Ion zélé Défenfeur ; voici ce qu’il dit à l’occafion des rayons différemment re- frangibles qui devroient fe quitter apres leur réparation. » Chique rayon duSo- jj leil a ion dégré particulier de refra- » dion , & conféquemment quelques » rayons homogènes font plus refrangi. „ bies, d’autres le font moins, nuisit v façon cependant que le moins refrangible, 3, de chaque ejpece de rayons a un dégré de » refraéüon à peu près égal à celui du plus sur la Physique » refrangible de cette efpece de rayon qui. ejl » au-dejjous delui dans L'image; par exem- » pie les rayons i ioiets les moins rcfrangi- * blcs ont un degré de réfrangibilité égal » aux rayons indigos les plia refrangi- » lies. Quelle ridicule fuppofition ! dire que les rayons font tous de différente ré- frangibilité félon leurs efpecesdifféren- tes , ik que c’eil politivement cette dif- férence qui produit l'image colovce . & enfuite dire que cependant il y en a dans chaque ejpece dijj'éreme dont les moins re- frangibles tiennent des plus rtfrangibles qui leur Jont s’oifins. Ell-ce cette lumière qui éclairé le Genre humain qui parle amli? A-t-on jamais oui pareille contradic- tion ? Newton a donc la permilîîon de tout dire >(!vfon Defenfeur veut donc nous perfuader de tout croire : & je fe- rai borné au point de ne pouvoir pas feulement démontrer que les lignes qui fe croifent ne font pas continuel- lement réunies. OBSERVATION IV. Repartie de Al. Gautier à l Entrai du Syliane de t Univers , infèr dans le Journal des Spavans d. mois d’Oftobre 1751. 7 des étahliflemens les pins uti V; es ,a 'a République des Lettres elt fans doute celui des Journaux ; 1 connoiffance qu’ils répandent tout-; C0"P de toutes les produftions de l’e: Pnt humain , anime les efforts des Au te“?’ & réveille leur émulation. L; 2? fage & fülide (lui doit aflaïf. ce5, Jugemens périodiques , fai' éviter ou reparer les fautes attachées £ llunamié, & dont les plus grandsTa! et sur là Peinture: 87 lens ne peuvent fouvent fe garantir : mais fi-tôt que les légitimes Arillarques de la Littérature perdent de vue l’ob- jet qu’on a eu en leur confiant cette Juriidiétion , fi-tôt que la négligence, la partialité , la fatyre ou la louange les entraînent , ils décrient eux - mêmes leurs Ouvrages & en détruifent l’uti- lité. Les Auteurs du Journal des Sçavans ont Iqu le garantir mieux que d’autres de ces defauts ; le fçavoir , le difeerne- ment, l'équité les guident; mais ils ne font pas toujours à l’abri . fi on l’ofe dire , d un peu d’inattention & de né- gligence. Je ne puis empêcher de le penler en lifant l’Extrait qu’ils ont don- né dans Je Journal d’Oétobre iysi. de mon Livre du Sy firme de l'Univers oc de la Génération des Couleurs. Il paroit d abord qu’on parle de moi fans connoitre mes Ouvrages & fans avoir lu mon Livre, puifqu’on com- mence par dire que je me fuis fait connoitre par l’art d’imprimer les Ta- bleaux en trois couleurs, & qu’il efi à préfumer que cette Méthode m’a con- uit infeniiblement , à rechercher leur origine. Dans l’Avant-propos du 1. vol. in-12 ( 1' Edit. ) je traite de l’art d’im- prnnerles làbleaux,je démontre les divers genres que l’on a pratiqués dans eet Ait , & je prouve au contraire que a Méthode d’imprimer avec trois cou- leurs qu’on veut m’attribuer . ne m’ap- partient pas , qu’elle eft fautive & n’a jamais réuffi : c’ell celle que pratiquoit le fieur le Blond. Cette Méthode elt re- lative au Syffeme de Newton , & en- füiteà la reforme qui fut laite par M. Dufai & leH’ere Cafiel : mais ni le Syf- teme Newtonien , ni cette réforme n’ont fervi de rien au nouvel Art de l’impreffion des Tableaux, la feule ma- niéré dont je fuis l’inventeur a réuffi ; SB elle efl fondée fur quatre couleurs elTen- tielles au lieu de trois , parmi lesquelles j’admets le noir comme couleur primi- tive , de par confëquent le blanc que le papier nous donne naturellement : les autres couleurs ne font que les teintes fecondaires; que les Newtoniens pre- noient pour des couleurs primitives. Le Journalifle n’efl pas mieux fon- dé en ajoutant que la pratique des cou- leurs m’a conduit à la recherche de leur origine , & que comme cette matière tient au Syflême général de l'Univers , il a fallu embrajjer les différentes queffions des plus grands P hilofophes ; on ne lait pas des dé- couvertes au hafard dans les Sciences j fi je n’avois pas été auparavant certain du vrai nombre des couleurs, & de leur vraie nature , conformément à mes ex- périences PhyfiqueSjje ne ferois jamais parvenu à la connoilfance de l’Art d im- primer les Tableaux. Loin que la pratiqué conduife dans cette carrière à la théorie , c’eft celle-ci qui mene à l’autre -, l’imagination feule de J’Artifle travaille dans la diftribution des teintes fur les differentes Planches, dont l’aflamblage ne forme qu’un feul Tableau.Sila théorie xnanquoit au Gra- veur devenu Peintre fans pinceau & fans couleurs, Iorfqu’il trace le noir , le bleu, le rouge & le jaune, avec un mor- ceau d'acier , il ne peindroit qu’en aveugle , puifquefans que les yeux ap- perçoivent les couleurs, il faut que la feule raifon les enfante, non félon la Méthode du lieur le Blond , mais fui des régies sûres. Cet Artifle Newtonien, ainfi que les Difciples de Defcartes & ceux de Newton, excluoient le noir de la claffe des vraies couleurs j je prouve au contraire par mon art, qui fait la plus belle expérience de mon fyflême,que j’ai philofophé avant de peindre. L’inattention du Journalifle ne fa Naturelle, fait pas moins fentir lorfqu'il me repro. che d’être trop long fur le Chapitre du Vuide. Cette matière , qui efl la plus fubtile de toute la Philfophie. Cette matière, fur laquelle font fondées tou. tes les loix clu mouvement. Celle en- fin qui diflingue le nouveau fyftême de celui de Defcartes, auroit dû être félon M*** traitée en deux ou-trois pages au lieu de faire un Livre raifonné & fuivi , je n’aurois dû donner qu’un Ex- trait de la façon de ceux des Journaux. Mais ce n’efl pas ainfi que l’on doit pro- céder dans la recherche de la vérité. Il faudroit donc s’écrier avec le Journali- fle , nous abrégeons extrêmement toutes ces queffions , parce quelles ne contiennent rien de nouveau j £r qu'elles fervent commune, ment de prolégomènes aux Traites de Phy- ffque fcholaffique. Je ne fçais pourquoi l’on me prête la Méthode Scholaftique ; efl - ce parce que j’aidit que c’efl dans cet efpace im- menfe & fans bornes que Dieu a placé le Monde, qui efl fini & borné , & que cette étendue ou ce vuide qui efl uni- forme Se fimilaireen toutes fes parties, cil rempli par I’immenfité de Dieu? Mais quelle injuflice n’y auroit-il pas de taxer ce langage de jargon d’Ecole ? II faudroit donc renoncer à l’adoption de l'immenlité de Dieu dans les T. raités de Phyfique. Je conviens que mon fentiment fur \zVuide immenfe 11’efi pas nouveau, il efl; compofé de ceux de Newton & de Gaflencli, mais •je le donne pour tel , & it MA** y avoit fait attention , il efl trop jufte pour n’avoir pas faitconnoî- avec quelle exaâitude je rends juflice aux découvertes des autres. D’ailleurs la Méthode de Newton & de GafTendi fur l’explication du vuide , Méthode qui cft la même que celle que l’on veut blâmer , me jullifie du reproche que le la Observations sur l’Histoire ✓ «un la Physique et Journal! (le me fait de parler le jargon des Ecoles. Newton prétend ( page 6 des Défi- nitions ) que l'efpace abfolu par fa na- ture, & fans aucun rapport à tout ce qui ell externe , demeure toujours fi- milaire & immobile , Spatium abfolutum, inquit , naturâ fuâ alfque relations ad ex- ternumquod vis ,femper ma.net fimilare &* immobile . Gallendi admet de plus deux fortes de vuides , le ramassé & le dis- perse qu’il appelle coacervatum,dijfemi- natum. Le premier efl celui , dit-il , qui eft au-delà du monde. Je me fuis fervi des mêmes termes, je n’ai parlé du vuide immenfe que d'a- près mon Compatriote & le Plûlo- iophe Anglois , pourquoi donc at- taquer ma Méthode & la mettre dans la cathégorie odieufe des Ergottfiesf Il ell vrarque j’ai cite dans ma Difler- tation S. Auguflin, qui étant interrogé, pourquoi le Monde avoit etc crée en tel tems , & non auparavant , répond : Pourquoi a-t-il été fait en cet endroit où il ejl , c ejl à-dire dans ce point de l’ejpace im- menfe où nous le voyons, non pas dans un autrepoint de l’efpace immenfe où nous l'au- rions và de meme? Si l’on penfe , dit ce Saint Philofophe , qifil ejl des efp aces infi- nis de tems avant la Création du Monde , dans léfquels il ne femble pas aux Plantonir ciens que Dieu ait pû ccjfer de travailler , ils doivent aufjïpenfer qu’il ell des efpaces in- finis de lieux au-delà du Monde , dans IeJ- quels ft quelqu’un ofe dire que le Tout-PuiJ- Jant n a pu rien laiJJ'er de vuide, fera forcé de tomber dans les mêmes délires d’Epicure en admettant des mondes infinis , &c. Cette citation vaut bien celle de la foule de nos Philofophes modernes , elle peut figurer dans un Livre qui trai- te cette matière. Il faudrait donc pour être écouté fuivre l’exemple de plu- fieurs Phyfîciens , & en particulier ce- Annce 1 7 5 2 > Tome I. II. Partie sua la Peinture: lui de Newton, dépouiller les Anciens,' les charger enfuite de ridicule , & fe pa- rer adroitement de leurs plumes -, alors, dit-on , on éviterait les longues citations ; le fujet en ferait plus brillant, plus flat- teur, mais moins vrai faut-il ajouter. Je n'avance rien de trop lorfque je dis que Newton a pillé les Anciens en donnant PAttraélïon univerfelle des corps comme une découverte qui lui appartient, iljn’a été que l’écho de Dé - mocrite , le pere des Atomifies. Le Phi- lofophe Anglois en expliquant les cau- fes des eflets de I’Attraâron , n’a fair que changer les noms qu ’Ariflote leur avoit donnés : au lieu de dire,parexem- ple , que le fer eft attiré par l'aimant par une vertu fpécifique, Newton a dit que l’armant attirait le 1er par attraftion, Sec. L’un Sc l’autre ont penfé que c'étoient des qualités intrinfeques aux corps ; avec la différence cependant que lesPcripa- téticiens n’ofoient les dire manifeftes , ni à plus forte raifon en faire des Loix générales j en cela ils étoient plus fin- ceres que Newton qui a prétendu les démontrer mathématiquement , mais qui pourtant n’a pù démêler leur obfcurité, ni dévoiler leur nature. Ai-je donc eu tant de tort de rappel- 1er ce que les Anciens ont dit fur la ma- tière , fur le vuide , fur l’attradion des corps {fur la gravitation , Sec. c’efl ce que je ne fçaurois croire : ruais ce qui choque ici les Newtoniens , c’eft cet efprit de liberté philolophique , li rare aujourd’hui, qui met trop au grand jour la reflemblance du NewtonianiJ'me avec le Péripatétifme. Je n’ai pas craint de lever le rideau , je m'attends à la mau- vaife humeur desNewtoniens F rançoisj idolâtres de la Philofophie Angloife. Ces Difciples zélés auroient pû mieux fervir la gloire de leur Maître, il falloit prouver l’originalité des opinions An- feconde Edition. M f)0 Observations sur l’Hi gloifes, autrement que par une hauteur qui ne refïemble gueres moins au mé- pris , que les dogmes de Newton ref- femblent à ceux d’ArilloteJ Puifquç M*** a négligé de faire un extrait exnét de ma découverte, je juge à propos de kl donner telle qu’elle éft déjà publiée , fon expofition fera feule la meilleure critique de Newton & la meilleure réponfe à la prétendue réfu- tation. i °. Je n’adopte dans mon fyflême ni le plein ni les tourbillons de Defcartes : j’admets le vuide d’après GalTendy & Newton , & je détruits la néceffité de ces prétendus tourbillons par l’exiften- ce de ïimpul/ton]des rayons du Soleil. Je réfute l' attraction 8c la gravitation , les forces centripètes , 8c la propenfion quel- conque vers le centre, félon Newton, par des démonÜrations mathématiques, à quoi on ne peut répondre que par d’autres démonflrations. Je regarde ces termes admis dans l’école des Newtoniens, comme des ap- plications vagues à des effets dont ies caufes font inconnues 5 je les compare aux facultés occultes 8c fpcdfiques des An- ciens : ce que je prouve par les con- tradidions de Newton même , dans fa Philofophie naturelle de fes Principes Mathé- matiques. Pour réfuter des raifonnemens bien cimentés & bien folidés , étayés de dé- monflrations mathématiques 8c de fi- gures géométriques, il faut d’autres rai- fons fondées auffi, fur de pareilles dé- monflrations, il ne fuffit pas de lancer deux ou trois pointes d’efprit., comme fait M.*+* après avoir expofé très- fuccindement quelques fragntens tron- qués de plufieuis pages prifes de côté & d’autres. Il ne fuffit pas , je le répété, de prendre le ton décifif , il faut détrui- re ces démonÜrations , faire voir où stoiRE Naturelle y eft le défaut de ces pré tendues faujfes démonflrations , ainfi que j'en ai ufé en parlant de celles deNewion. on pour- roit alors parler de l’ échantillon & de la Pièce comme le Journaliile qui s’expri- me dans ces termes.’ , » On voit , dit-il , par les échantiU » loris j- de quelles fortes font les c!é- » monftratioris géométriques de M. * Gautier; nous renvoyons entièrement »pour toutes les autres a 1 ouvrage nie- » me ; elles roulent à peu -près _ fur le , même fu jet , & doivent être miles au * même rang , & c. 2°. Ce qui précédé cette définition hardie , n’efl pas feulement la plus pe- tite partie d’un coro'laire de l’une de mes moindres démonflrations; & dans tout ce rationnement vague , ce qu’il y a de plus frappant , ell une réponfe à l’une de mes objections. J’ai fuppofé, dans un endroit de mon Livre , une pierre fufpendue toute feule dans l’ef- pace . après la deflvuétion du refie de l’Univers. Je prétends, avec raifon, que dans cette hypothèfe la pierre ne pour- rort nullement graviter vers le centre. Voici la réponfe du défenleur de New- ton, qui fera faivie d’une prompte ré- pliqué. Le Journalifle commence par differ- ter fur la gravitation , fur V attraction , fur la force centripète 8c la força centrifuge . 8c « Ceux qui font au fait , ( dil-iî ) de ces * matières, fçavent très -bien l’ufage » que l’on fait de ces différens princi- = pes , de ces diverfes dénominations ,, » & des idées que Newton leur a atta- » chées en général : » ainfi il eü inutile d’en parler , puifqu’on le fçait déjà. II n’y a qu’à dire de même de tout ce que l’on ne peut défendre. » L’ Attraction eü fuppofée être la » caufe , la gravitation en réfulte , 8c a on la çoiüidere alors agïjante , fans SUR LA FHYSÎQUE * avoir egard à la force d’impulfion, ou » à la force centrifuge , telle que les » Phénomènes nous permettent de l’e- » xaminer, & que l’on fçait être va- » riablesfuivant les differens degrés de » latitude, a N’oublions point ceci , & nous verrons enfuite que la repartie de M. * ** ; ou du moins la défenfe des Newtoniens , ell encore bien fai- lle» & ue repouffe aucunement les ob- jections qu’on leur fait. \ Dans l’article où je prouve qu’il n’elt point de qualité réelle dans les «orps, je dis que la pefanteur ne peut .être une qualité propre & naturelle à quelque corps «ue ce foit , au moyen de laquelle il cherche prccifément fon lieu , parce qu'en quelque endroit que doit un corps, il a fou lieu , & n’en peut .occuper un plus grand , ni un plus pe- tit. Pour prouver cette vérité incon- tellable , je fuppofe une pierre en Pair, & que Dieu anéantidant toute la ma- ,chine du monde, il ne laijffe que cette pierre. Je dis que cette pierre ne fçauroit être mue , pour tendre au cen- tre qui n’exifte plus. Il n’y aura alors , fans doute, ni haut ni bas , tout lieu ne lui fera-t’il pas indifférent dans cet ef- pace ? M. *** avance cette Iiypothéfe telle que je viens de la rapporter, mais il en lupprime Iesconféquences, fans doute, pour des raifons fecrettes , mais qu’oiî devine aifément ; il dit de fon propre chet, (comme fi c’étoit moi qui parle à 1 occahon de cette pierre ) „ donc la » gravite ne la fait pas tendre plutôt vers ” un point que vers un dutre, donc la » gravite., n’ejlpas naturelle au corps. « Mais voici les corollaires de cette pro- pofition , & la fuite de la démonilra- tron, teiie qu’il falloir la rapporter avant de vouloir la combattre. L Univers lui-mêtne , quelque malTif et sur la Peinture.’ 9? qu’il foit , (je dis dans nia demonffra- tion ) u’eff-il pas fufpendtt dans un point de l'efpace immenfe , qui envi- ronne fa flirface ? Si quelques corps étoient pefans la mafle du monde ne la feroit-elle pas à plus forte raifon ? On dira peut-être que félon cette fup- pofition , cette pierre feroit portée vers le point où étoit auparavant le centre du monde ; mais ce point n’en feroit plus le centre , n’y ayant plus de lieu , ni de monde. D’ailleurs une pierre peut-elle avoir de foi même une propen- fion quelconque vers le centre ? Lui eft-il encore permis , ni à quelque corps que ce foit , de pénétrer iufqucs-là ? Ce centre, étant un point indivifible,’ ne peut être le lieu d’une chofe qui a quelque petite grandeur. Un corps n’é- tant pas pefant , il ne peut être porté de foi-même vers le centre de la terre , il y eff feulement pouffé par accident , en ce que l'impulfion le faifant tendre vers la terre par la ligne la plus courte , c’eff-à~dire la plus droite , nous com- prenons qu’une telle ligne étant conti- nuée paffe par le centre de la terre. Suppofons encore que Dieu detruife les trois quarts de la terre , & que la partie qui relie , fur laquelle doittom- ker la pierre , (oit mue tant (oit peu , du coté du midy , ou de quelqu’autre endroit , la pierre qui devoit tomber lur la terre par une ligne très-courte, lorfqu’elle étoit entier^ & demeuroit dans fonlieu, y tomberoit-elle préfen- tement par une ligne perpendiculaire ou par une ligne oblique, c’ell à-dire* vers la partie Je la terre, fur laquelle elle devoit tomber & vers le point dans ieqtiel étoit le centre , ou fur h partie de la terre qui relie & qui a changé de place P Cela n’étant pas vrai-fembla- ble , on doit inférer que»Ja péfanteuc prétendue ne peut être la raifon par la- f 2 f Observations sur l5 quelle un corps tend au centre de la terre. Suppofez enfin qu’il n’y ait aucu- ne communication entre la pierre & la terre; comme il arriveroit fi i’efpace qui environne la pierre étoit vuide, & qu’il n’y ait aucune impulfion de la pierre vers la terre , ni de reimpulfion de la terre vers la pierre : la pierre feroic- elle alors portée vers le corps de la ter- ? Non fans doute , n’y étant pas re pouflee , il feroit fort égal que la terre fut dans cet endroit ou dans un autre. Or l’air elt actuellement entre la pierre & la terre ; la gravité qu’on fup- pofe à la pierre peut-elle être excitée par l’air , pour la porter vers la terre ? L’air environnant la pierre de tous cô- tés ,8c étant une matière inerte co miné les autres corps , n’clt pas de foi plus propre à l’exciter par un côté plutôt que par un autre , il faut donc conclu- re qu’outre l’air, il y a une impulfion des particules ignées , qui détermine la pierre vers la terre ; que ni la pierre ni la terre , ne pouvant fe décider d’el- les-mcmes à aller mutuellement l’une vers l’autre, n’ont aucune pefanteurnt gravité ; & que par conlequect la gra- vitation mutuelle ell chimérique. Je fuis furpris que l’on mafq'ue les ob- jections Antinewtoniennes . puifque les Newtoniens font fi perfuadés de leur bon droit. J’appelle mafqtier les ob- jections, lovfqiie l’on en cache les con- clurions. J’ai conclu dans cette démonf- tration.que la gravitation mutuelle, (c’elt- à-dire , celle des corps vers la terre 8c de la terre vers les corps ) elt chiméri- que. M. *** veut au contraire faire en- tendre qu’il ne s’agit que des forces gravitantes en general : comme de celle des plus petites parties qui compofent un corps entr’elles, & qui fe touchent mutuellement. La gravitation ne wtonienne n'eftpoint Histoire Naï ürélle ce repos mutuel , nous venbns de voir que M.*** dit que, l’attraclionefl ftppofée être la caufe, la gravitation en réfulte & on- ia cbnftdere alors agijfante. II y a bien de la différence entre confidérer les parties en repos les unes contre les autres , otr prouver le mouvement qu’ont les corps qui gravitent pour s’approcher les uns des aunes. C’eft confondre le repos avec le mouvement , les Newtoniens fe défendront mal lorfqu’ils diront comme le Journaliffeque c’efi-là a-peu-presen quoi confiflent tous mes raifonnemens,- contre Iefquelsles Newtoniens répon- dent » que les parties qui compofent la » pierre, téndroïcm du centre mime de la >■> pierre -, puifque les autres parties de l'Uni - » vers font fuppofées anéanties. La pierre 35 ell conçue comme icn petit monde , di-’ >j fent-ils j donc le ruif ornement de l’Au- » teur nef pas farts réplique. Je vais démontrer prëfentement que les Newtoniens font auffi embarralfés qu’àvant la répbnfe de ieur zélé défen- fetir, ce petit monde prétendu que forme- roit la pierre , ne feroit qu’un monde' en repos 8c non un compofé des corps drfférens,gravitans fes mis vers les au- tres & s’approchans mutuellement , pour fe joindre d’un certain point vers un autre, & les parties de ce petit mon- de , ne graviteroienî pas plus d’elles-mê- mes vers le centre , fi elles étoient déta- chées du corps qu’elles compofent , que celles de tout l’Univers, ft elles n’étoient fcparées & pouflées les unes vers les au- tres par des corps agifîans , c’eft-à-dire; les parties ignées ; puifque je le répété encore j fi on écartoit une particule de cette pierre , qu’il n’y eut rien entre deux , 8c par conféquent qu’elle ne fut pas poufîée vers la pierre , comme les corps le font vers la terre .alors la gra- vitation n’auroit pas lieu . 8c les Newto- niens feroiem hors d’état de décider fi sur la Physique et sur la Peinture. 93 fa particule demeureroit féparée de la commune preftion renefroit l’Univers pierre , ou fi elle en approcheroit : & quel feroit l’agent qui occafionneroit cette accointance, fuppofé qu’elle arrivât? Que l’on réponde à cette queftion ; l’on y répliquera enfuite par de bonnes raiforts? La matière en vaut, fans doute, la peine ,& malgré que le Journalifle nrc reproche d'être trop long . il y a toute apparence que s’il efttoujours aufli court , il né m’atteindra pas feule- ment , bien loin de me vaincre. Tout homme peut fe tromper, ainfi pour- compaft & immobile , cette vérité eft entièrement démontrée par les Philofo- phes que je viens de citer & par les dé- monfirations que j’ai données dans mon livre. J’admets ce vuide dans les parties ignées pour prouver leur élaflrcité. Par la même raifon que les corps pleins font durs & fol ides , ceux qui font flexibles ék élatliques doivent contenir des ef- paces , qui , après avoir permis l’appro- che des parties , doivent en permettre quoi vouloir perfuader le Public , que la féparation : par çonféquent . la caufe mes Démonflrations n'ont pas donné la plus de rélafticité& de la flexibilité des corps légère atteinte au Syjlème du profond Géo- mètre, fans combattre dans les régies de la faine Philofophie p Peut-on vouloir détruire des raifons en leur oppofant feulement une prétendue infaillibilité , comme on faifoit du teins d’Arillote ? HT. Je fuppofe l’Univers limité & borné parle vuide immenfc, &c.c’ell ce qi|e j’ai déjà dit & qu'il ell par confé- en général doit être celle de l'élafticité des parties qui les compofent. Quant à la nature de la matière , je l’ai définie comme une étendue pajjive , apparente , Sc impénétrable , au lieu que le vuide n’a ni l’une ni l’autre de ces qua- lités: il n’efl pas paflif :ilne fçauroit être tranfporté ailleurs, ni entour ni en partie : îl eft infenfible, nous ne fçau- quent inutile de répéter. J’ai auffi parlé rions l’appercevoir : il eft pénétrable , du vuide. difpcrfé, qui remplit les inter- puifque la matière le péné-tre en tout valles des particules des corps , & qui facilite le mouvement, furlequel j’ai fui- vi le fentiment de Newton & de Gaf- fendi : mais comme les particules les plus petites de tous les corps que ie nomme particules ignées , font les plus diadiques, toujours agitées & toujours en mouvement par leur extrême ténui- té, yTnppofe qu’elles font vuides & que le milieu de ces particules n’eft occupé par aucune matière, pas même par celle qui les compoie . mais par l’elpace uni- verfel déjà admis. J’appelle cet efpace le vuide inter- jette. Voilà quelles font les trois fortes de vuides que je luppole dans inonfyf- teme- > Les corps ne Içauroient être mus d un lieu dans un autre , s’il n’y ayoit point de vuide , parce que leur fens. Ce font-là les feules diftindions claire que l’on puifie donner delà ma- tière, & du vuide -, car il n’eft pas poffi- Ble de vouloir expliquer fa pâte & fa compofition primitive , & encore moins d’en conftaier l’effence par les feules di- nienfions de la longueur , de la largeur , & de la profondeur ; comme a fait Def- cartes. Il faut alors nier l’exiflence du vuide , & croire que tout eft matériel , ou que 1 efpace & le corps font la même chofe : je fais voir au contraire que ces trois dinaenfions font purement mathé- matiques, Se non pliyjiqucs j qu'elles conf- tituenc bien moins l’ellence delà ma- tière que l’impénétrabilité-, car nous pou- vons fuppofér à un efpace telle diminu- tion que nous jugerons à propos ; notre imagination peut même fe repréfenter Observations sur l’Histoire Naturelle 9 4 . des villes au milieu de l’efpace qui fe trouve au de- là de l'Univers : mais nous nefçaurions comprendre la pénétration proprement dite d’un corps dans tin au- tre. Les corps r.e peuvent fe concevoir pénétrables que par leurs pores, îefquels rie font que le vuide ou le pur efpace , 8c nullement la .matière. Je définis enfuite le mouvement , c’eft- à-dire le tranfport d'un corps d’un lieu de l’efpace dans un autre lieu de ce même efpace -, c’ell ce que Newton ap- pelle mouvement abfolu. A l’égard du mouvement relatif, il eft fous-cntendu par la définition du premier. Cette dé- finition nous fait aufli connoître le repos, qui n’elt autre chofe que le féjour d’un corps dans le même lieu de l’efpace. Après la définition du mouve- ment & dit repos, je développe ainfi les caufes du mouvement. Si la matière, dis-je, eft pofée dans l’efpace , efle y occupe en quelqu’efidroit que ce foit,le lieu qui lui a été defiiné , elle ne fçau- roit fe tranfporter ailleurs à caufe de fa paflibilité & de fon inertie , qualités qui lui font propres de l’aveti de tous les Philofophes. Chaque corps , chaque particule , félon moi, doit relier natu- rellement en repos & dans fa place juî- qu’à ce qu’un Etre fuprSme mette la machine en jeu s mais comme tous les corps exiflans nous paroiiîent fe mou- voir enfemble ou féparément,& com- me les plus lourds , mêmes les globes qui forment les planettes & la terre, fem- Blent tourner au tour du Soleil ;îl faut alifolument qu’un agent paillant fatTe mouvoir ces mafies énormes : 8c de plus nous voyons tous les jours que cet agent univerfel , non feulement agite tous les corps en général ; mais que ces corps même font agites dans toutes leurs par- ties. Tels font le feu , l’air, l’eau , & tous les autres fluides. Les Phiiofophes curieux d’apprpfcm. dit les différens phénomènes de la na- ture , bazardent leurs opinions. New- ton prétend que toutes les malles tour- nent autour les unes des autres par les efforts de i’attraâion & de la gravité , de la force centripète 8c centrifuge, &c, & que les plus petites parties de tous ces corps en général fopt aufli mifes eu mouvement par toutes ces forces. El- les font fi naturelles, félon ce Philofo. phe , & Ji exaB.es , que malgré leur dif. /é rente puiiïance , elles ne fe nuifent pas , dit-il , les unes aux autres , &c. Je trouve au contraire que fi toutes ces forces étoient réelles, elle? ne fçauroietu exifter les unes avec les autres , je pen. fe , quelles fe détruiroient au lieu de le foutenir mutuellement. Dans le (y fié me du Philofophe An- glois , la matière cefleroit d’être fou$ l'Empire du Créateur : elle trouverait en elle-même fa vie , fon mouvement & fon exiflence. Bien loin de penfer comme lui , je dis , apres PEfprit Saint, In Deo vivïmus , movemur , & Jiimus, Un palPage de l’Ecriture à l’appui d’une hy- p o t hcfe philo fo p 1 1 iq u e ; quel blafphême dans ce fiécle lumineux où leSçavant n’a pas befoin de l’Auteur de la Natu- re pour la connoître ! Je regarde les parties du feu , comme celles qui font les plus déliées, les plus mobiles , & les plus élaftiques. Ces particules ignées , font , félon moi , l’a- gent puiflantêc univerfel du monde. La chaleur, la lumière , le mouvement ne feroient point fans elles , 8c le froid, les ténèbres & le repos reprendroient mal- heureufement leur place. Je trouve le point d’appui , de ce moteur puiiïant , à notre égard , dans le Soleil même , les Etoiles peuvent être aufli d’autres points d’appui , pour leurs orbes particuliers , qui n’ont prefque sur la Physique et sur la Pe intüre. nv 00* 4 s.1 * \ $1, t®1 &0 ,itp’ i * 1 ’ li a.f rTen Je commun avec îe nôtre. Je pré- tends encore que ces Etoiles ne fçau- roient déranger les impulfions conti- nuelles que le Soleil fait au moyen de la vibration de Ce s particules fur les planettes. Ces orbes planétaire^ font tous terraqués comme le nôtre, & c’elt par leur compolition de terre & d’eau' que l’impulfion folaire les fait tourner. L’on comprend,- fans peine , que de la différence de la ftirface de ces deux élémens doit naître une réfiflance iné- gale , & par conféquent un mouvement inégal , lequel alors devient néceffaire- ment orbiculaire. Le mouvement des fatellîttes des pla- nettes , comme celui de la Lune au- tour de la terre , paroît impoflible à dé- montrer par Pimpulfîon, mars ifne l’eff point du tout , la Lune baiffe Vers le So- leil Sc s’en éloigne, enfuitc ; de forte qu'cl!e paroît tantôt pins haute & tan- tô tplus baffe, lorfqu’elle eft pouffée plus ou moins par les réimpullîons de ces mêmes rayons de la Terre fur fon orbe : la Terre étant incomparablement plus grande que la Lune, il faut bien que celle-ci cede aux efforts de fes réimpul- lîons contraires à l’impulfion dire&e du Soleil ; & en retranchant les forces de reimpullion de la pulfion commune on trouve lesdiftances plus ou moins gran- des de la Lune au Soleil, & fes phafes avec la T erre. * L’explkation de tous ces Phénomè- nes porte fur des Dcmonfhations ac- compagnées des Figures géométriques, elles ne peuvent coder , ces Démonfira- tions qu’à d’autres plus claires & plus lunûneufes. On les attend du zcle éclai- 9? merveilleufe qualité de l’ Attraction ne feroit-elle l’apanage que de ialublbmce la plus imparfaite ï 4 » OBSERVATION X. Combien il importe , d'examiner les Expériences , far lefquelles on établit un Syfléme ; & de diflin - guer des C ai fes Phyjtques les Calculs Géométriques. T E goût efl ptefque toujours entra t- jLj né par les préjugés ; l’efprit de cal- cul a clialîé l’efprit de fyflême New- ton a die à la fin de fes Démonflratlons, quoi erat demonfrandum ; 8c cela fuffic , on croit que rien n’cfl plus certain. Par exemple on regarde comme une vérité démontrée que la Lune gravite vers la Terre & la Terre vers la Lune , l’une & l’autre vers le Soleil , que les parti- cules des corps ont des vertus attrafti- ves , 8c enfin qu’il y a par-tout des cen- tres & des propenfions quelconques qui cli— rrgent les corps vers ces centres. Les Auteurs tremblent aujourd’hui delutter contre les opinions reçues; ce- pendant ils commencent à fuivre d’au- tres hypothéfes , mais ils fe difent tou- jours Newtoniens. Il faut donc conve- nir que la Philofophie aura fon Empire & fes révolutions jufques à ce que l’ef- prit du parti en foit cout-à-fait banni. Pour donner quelque atteinte à cet efprit , il faut en attendant que les hom- mes s’accordent entr’eux fur la façon de procéder à la recherche de la vérité , 1 . *s Newtoniens .• & pourquoi ne que je prouve parles exemples les plus Vien roient-e,les nas I .VfnrirUmt a fenfibles & les plus à la portée de tout le monde , qu’il fuffit de divifer un Sy£- viendroient- elles pas ? L’efprit fetoit-il moins pûîffant que la matière , Üc la °bfemti0nS de Phyfique > j’explique le mouve- 5 )6 Observations sur l’Histoire Naturelle, terne & de le décompofer clans toutes ^Géométrie & l’efprit de Phyfique-êg fes parties , pour le connoitre à fond §c n’y pas y être trompé. L’Analyfe d’un Syftême découvre la poiition des caufcs , les circonftances qui caraclérifent les efi'ets , & conduit à découvrir, fi la caufe admife .& fes ef- fets , font analogues à la jufteffe des calculs. Pour juger enfuice fi un Syftême vaut mieux qu’un autre, il n’eft plus quef- tion que de mettre les différentes par- » l’un les principes font palpables,mais éloignés de l’ufagç commun, de for- x te qu’on a peine à fe familiariferavec » la Géométrie , manque d’habitude j » mais pour peu qu’on s’y tourne^on y » voit les principes en entier , &i!favt- » droit avoir tout-à-fait l’efprit faux » pour mal raifouner fur des principes » auffî groffiers qu’il eft prefqueim- » poffîhle de ne pas appercevoir quand on veut. Mais dans la Phyfique les 11V/1I Ul# lut. L L4 V- 4W l * ” T ties de chaque Syftême en parallèle. » principes font de l’ufage commun de T ~ r O- Toc xr/311 V ri P înilh Par exemple, il faut comparer les Cau- fes avec les Caufes , les Effets avec les Effets , & les Calculs avec les Calculs : alors on appercevra û la caufe admife dans un Syftême s’accorde mieux avec les effets qui en réfujtent , & fi les effets dont on veut prouver les cau- fes , font mieux démontrées par les cal- culs. Je crois que cette méthode, eft fa- cile & infaillible , c’eff auffi celle que je me propofe de fuivre dans mes Obfer- vations Phyfiques. Pour découvrir le Syftême de New- ton & pour en établir un autre , ou pour confirmer le Syftêroe du Ph.ilofophe Anglois & anéantir ceux qui lui font op- pofés,il faut féparer & diftinguer les principes Phyfiques de ce Syftême & ceux de Géométrie , mettre a part la Caufe, la Ejfets Se les Calculs : faire autre- ment , c’ell tout confondre ; c’eft ne ja- mais vouloir fortir du cahos & des ténè- bres,. Voiià cependant ce qu’ont fait les Géomètres, lorfqu’ils ont vonlu établir des hypothêfes phyfiques, & ce qu’ils font aujourd’hui quand ils veulent les défendre. » nosfens& devant les yeux de tout » le monde ; il n’eft queftion que d’a. j? voir bonne vue , mais fl faut l’avoir j> bonne; car ces fortes de principes » font fi déliés & en fi grand nombre 3) qu’il eft prefque impoffible qu’il n’en » échappe quelqu’un. Or l’omiffion » d’unfeiü de ces principes conduit à >» l’erreur ; c’eft. pourquoi je le répété , y il faut avoir la vue bien nette pour » les voir tous fans conlufion, Confultez à tête repofée les principes mathématiques de la Philofophic naturelle de Newton, & vous ferez parfaitement convaincu que l’on peut être profond Géomètre fans être Phyficieu : vous conviendrez auffi que pour entendre Newton, il faut féparer fes hypothêfes de fes démonllrations mathématiques, & fur-tout ne pas confondre les caufes avec les effets , & le calcul avec l’effet & la caufe. Voyez ce qu’en difent les Newtoniens dans le Journal des Sça.- vans, (Décembre iJS1 O yous cou- verez qu’ils n’expofent pas fi bien les queflions Phyfiques que les demonffra- rions mathématiques : ils n'y ajoutent Le célébré Pafchal a très-bien défini aucune preuve. Mon hypoihèfe eff nié 1 • lY*’ _ _ • /' . T — ^ n n f a Tnnvnnl /-rt nu la différence qui fe trouve entre les Géomètres & les Phyficiens. (Voyez pag. 319. T. I. ) «Il y a beaucoup de » différence (dit-il ) entre l’efprit de connoifïable dans ce Journal , ce qui m’oblige de la donner ici moi-même une fécondé fois à côté de celle de Newton. Voyons fi les expériences nommée rouge. Il eft aifé préfente- » ment de fallu le relie du Syftcme de » cc grand TbiloCoplre , & d’en faire :» l’application. Rapportons préfente- » ment quelques-uns des principes de ° M. Gautier, p2r lefqucls il prétend » renverfer ceux de Newton. L’Auteur de l’Extrait donne enfuite mon Syftême de façon que je n’ai ja- mais pu comprendre moi -même ce qu’il vouloit dire , au moyen de quoi je ne fuis pas furpris s'il dit enfuite : m Voilà un échantillon des principes » que M. Gautier établit -, nous Comme* » perfuadés qu’on nous exempte de les » difeuter : ce font pourtant ces axio- » mes qu’on oppofe aux vérités que » Newton a reconnues par 1’expô* » rience. Les caufss des couleurs félon mon Syflême , * Les rayons de lumière ne font, in- trinféquement, ni colorifiques , ni co- lorés, mais (impies , & les couleurs ne font produites que par leur oppofition avec l’ombre. Le noir eft la couleur gé- nérale de tous les corps non lumineux 5 n ^ exfraic le blanc e(t celle cle la lumière. L’op- me dans toute fon étendue , & peut pofition de l’ombre à la lumière donne également produire les couleurs , corn- ton jours , félon la force de l’ombre, le me une chambre plus noire qui reçoit rouge, l’orangé & le jaune, qui font moius de rayons, trois couleurs analogues: 8c I’oppofi- tion de la lumière à l'ombre donne feu- ' Detnonjhf (itioïî* lement le bleu clair ou forcé. Mais je mélange de ces couleurs, fait le vert & Si fa lumière du Soleil le tel rade Je violer. tout- à -la- fois par les deux faces ou prif- Que l’on fe donne la torture pour me, quand elle entre par la grande nier Pexiflence de l’ombre, que les Phi- ouverture d’une chambre noue, alors lofophes modernes la comparent au elle produit deux images ue»- pelles néant , cela n’avancera jamais la Philo- & très-vives, la première donne ur le fophie : on fe jettera au contraire dans mur au fond de la chambie noue, oc des ruifonnemens vagues , & il faudra à eft produite par les rayons qui pallent la fin convenir que l’ombre er-ifte , du par la face inférieure 8c réfringente ; moins pour produire les couleurs. Sans la fécondé donne fur ie plancher de la l’ombre de la chambre noire, je de- chambre,& efi produite ipar les rayons mande de quelle couleur feroit le Speo. ql|f palTent par la face niperieure. , tre de Newton.. La première efi donc plus devee Je vais prouver ici que non-feule- félon les loix de l’Optique , que la fe- ment l’ombre pure oppofée à la Iumie- conde , par conféquent les rayons, qui re produit les couleurs -, mais qu’elles fe pallent par la face inférieure & refrin- produifent encore par les oppolitions gente , font afeendans , & ceux qui de la lumière avec les corps ombrés traverfent la face fupérieure & refrin- mêlés de lumière. Par exemple , une gente font en defeeniion ,d ouje oon- ehambre noire comme celle de M. clus que l’afcenfion des rayons fur la Newton; extrêmement valle , auffi muraille, au fond de !a chambre , doit exadement Iutée , où le jour n’entre - caufer deux oppositions d’ombie avec roit que par une ouverture d’un quart de la lumière ; l’une à la partie inférieure ponce de diamètre , donne les mêmes des rayons , par 1 interpofition de i’om- couleurs 8c dans le même ordre que bre ; entre la muraille 8c cette partie celle où le jour enire par une fenêtre inférieure, puifque les rayons qui par- balle de trois pieds de large, fur quinze tent du prifme, fe portent alors oblique- pouces de haut , au-devant de laquelle ment fur la muraille ; l’autre oppofi- onpofe un grand prifme ; comme ceux tion fe fait par l’interpofition de la lu- dont Newton s’e/1 fervr : 8c cela parce miereà l’ombre dans la partie iuperien- que l’oppofition de l’ombre fe trouve rienre des rayons afeendans* , car an toujours dans la lumière, dans le même haut de l’image la lumière eü entre la ordre & dans la même force récipro- muraille & l’ombre , au lieu que dansée que. Quoique la chambre foit moins bas de l’image, comme nous venons ©bfeure , elle l’eft allez pour s’oppofer de dire, l’ombre ell entre la muraille à la lumière vive , qui palTe par le prif- & les rayons de lumière qui partent * Voyez la canfe phylîque de ces oppofitions , ci - devant dans la fécondé queiiicnd^ la réfutation du Newtonien (economique , Art.ll , Ôbfervation VU, sur la Physique et sur la Peinture. _ 99 du prifme par la face inférieure. Haut de l'image : cela cff fi vrai que le Ces deux oppofitions différentes doi- violet eft ttès-fenfible & tres-etendu vent faire, félon mon Syflcme, fur la dans cet endroit, lorfque les rayons partie inférieure de l’image , le rouge , font beaucoup réfractes & tics- oblique s l’orangé & le jaune, & fur" la partie fupé- à la muraille. Au contraire quand I ima- ge efl: moins oblique , il n’y a prcfque point de violet , parce que l’angle de rieure le bleu clair, &le bleu foncé, ce qui arrive efledivcnientdans le Spettre lumi- neux où les rayons (ont afeendans : mais fl les rayons font delcendans , comme dans !a fécondé Image qui fe porte furie plancher de la chambre noire, par la partie ftipérieure il arrive tout le con- point réflexion efl moins grand. Conclufions, Les feules oppofitions de l’Ombre & de la Lumière, & leur tranfparence, caufent les trois couleurs fecondaires de l’image 5 qui (ont le traire , le ronge efl en haut , & le bleu bleu , le jaune & le rouge : les couleurs «(T AM Ï-.'IC • An /hit lOad me rlifii/'ilp o i nterméAi n trp* OU clfVl'\ll‘lfllUG‘> OUI foilt efl en bas; ce qui n’efl pas difticile à comprendre. Le vert qui efl au milieu de l’image , n’eft produit que par Ja jonélion de ces différentes oppofitions ; cela ell Ci vrai que lorfque j’approche du prifme une muraille portative de carton ou de toile blanche , ou lorfque les rayons partent par un angle moins réfringent , le vert difparoît, de le blanc prend la place; parce qu’aiors les oppofitions qui pro- duifent le jaune & le bleu . ne peuvent plus le joindre ; c’eft-à-dire , que la lu- mière n’efl plus entre l’ombre qui pro- duit le jaune, & celle qui produit le bleu. Quant au violet qui fe trouve toujours fur l’expiration du bleu , cette couleur intermédiaires , ou dominantes qui font l'orangé &. l’indigo ,ôclcs deux couleurs tertionnaires , qui font le vert & le violet : fans avoir recours à des rayons colorés qui n’ont jamais exiflé. La laque ou le emmoiji ne fe trou- vent fur l’Image iumineufe de la cham- bre noire que par le fecours d’un fé- cond prifme , de façon que faifant ren- contrer le bleu de l’un avec le rouge de l'autre on forme cette couleur dans toute fa pureté ; laquelle efl alors pro- duite par une lumière entre deux om- bres , ou par une ombre entre deux lu- mières : ce qui arrive lorfque le bleu efl pofé (ur le rouge & le rouge fur le bleu. Je n’ai pas parlé du gris ; cependant lé gris efl une couleur réelle : comme n’eft produite que par un retour de la elle ne fe trouve pas dans l’image de la lumière modifiée. ’ r ’ '* 'T > z ” r~ J’appelle ici retour de lumière , la ré- flexion des rayons modifiés en bleu , qu occalionne la colomne Iumineufe qui fe porte fur l image :1e commence- ment de cette réflexion efl encore un peu lumineux , par fon retour il pro- chambre noire , M. Newton ignoroit fa naiffance. Cette couleur efl produite parle feul mélange du noir & du blanc, ou de l’ombre & de la lumière : c’eft une couleur fecondaire , mais ifolée , de dif- férente nature de celle dont nous ve- nons de parler ; elle ne produit aucun duit une double tranfparence , comme changement fi on la mêle avec les pre- celle du vert , ou cette lumière foible fe mieres,elle fert feulement à les falir. tI'^llv ^em5e(^eux ombres : mais comme Les Anciens Philofophes croyoient elle efl prête à s’éteindre , & qu’elle efl nial-à-proposque le mélange du noir & du, dommeeparVombre^ducôté de la mu- blanc produisit toutes les couleurs , ce qui raille , elle occafionnii Le violet fur le ell faux ; ce mélange ne produit que le * " N ij IOO Observations sur l’Histoire Naturelle telle maniéré que les cotés Au papier étaient parallèles au prifme ; que ces deux côtés (ale prifme étoient parallèles à l'horifon J aujfi bien que la ligne qui les croifoit \ b que la lumière qui venait de la fenêtre fur le papier faifoit fur le papier un angle égal à celui que la lumière réfléchie du papier vers l ail fai , foitavecce même papier. Au-delà du prif- me le mur de la chambre.ait-Aejfous de la fe- nêtre , était couvert d'un drap noir , b k drap étoit entièrement dans l’obfcurité, afin que de-la il ne réfléchit aucune lumière, qui en paffant parles bords du papier à l'œil put fi mêler avec la lumière du papier b en cbfcur - cïr le Phénomène. Ces chojcs ainfl difpofées. je trouvai que fl l'angle réfringent du prif- me efl tourné en haut . de forte que le papier paroifle élevé en haut par la refraBlon , la moitié bleue du papier fera élevée plus haut gris,comme je viens de le dire. Ils igno roient totalement la tranfparencede l’om- bre b delà lumière que j’ai découverte. Après avoir établi les Caufes ae part & d'autre dans un fyftême , il faut par- courir les Effets que l’on attribue à ces Caufes : les Effets fontdes Phénomènes certains & incontellables qui tombent fous les fens , & par conféquent fur les- quels on peut compter. Ainfi fi plufieurs effets s’accordent avec une Caufe , c’eft J une preuve que cetteCaufe doit être ad- mife & reçue : au contraire , fi d’un cer- tain nombre d'Eilets.il s’en trouve quel- qu’un que l’on ne pnifie expliquer pat une Caufe propofée, cette Caufe doit être rejettée des principes , & regardée comme haza’rdée , & non • recevable. Voyons donc les Effets que l’on attri- . . . . . , - bue à laCaufe queNewton nous donne par la refraBion que fa monte rouge. Mais pour la formation des couleurs. fl l’angle réfringent du prifme efl tourne en 1 pas , de forte que le papier paroifle tr anfportê Expériences per lefquelles Neirton plus bas par la refraBion. fa moitié bleue fi. veut établir la [eptuplicite des ra par-là entraînée un peu- plus bas que fa ray0ns moitié rouge. Ainfl dans les deux cas , la * lumière qui vient à l’œil de la moitié bleue a Première Expérience *; Ayant pris un travers le prifme . foujfre en pareille circonf morceau de papier noir . oblong b très-fort . tance une plus grande refraBion que la lu- terminé par des côtés parallèles , je le di - miere qui vient de la moitié rouge , b par vifai en deux parties égales par une ■ conféquent efl plus refrangïble. ligne droite . tirée perpendiculairement d’un Ce Phénomène eft celui que Nevr- côté à l'autie. Je peignis une de ces par- ton propofe a la tête defon livre, pour ties en rouge, b l’autre en bleu. Le papier expliquer Us différentes refrangibilités dis étoit fort noir , b les couleurs foncées b rayons de lumière qui différent en couleurs, epa fies . afin que le Phénomène fût plus fin- Newton conclut de cette expérience flble. Je regardai ce papier à travers un prif- que la lumière qui vient à l’œil de la moitié' me de verre folide , dont les deux faces , au bleue du papier à travers le prifme , foujfrt travers dej quelles la lumière paffoit dans en pareille cir confiance une plus grande re. l’œil . étoient planes b bien polies b fai- fraBion , que la lumière qui vient de la moi- foient un angle d'environ 6 o degrés , que f ap- né rouge , & par conféquent que le rougi pelle l’angle réfringent du prifme. Et tandis eft moins ref tangible que le bleu, quefavois les yeux fur ce papier . je le te- A la vue de ce prodige , où la diffé- nois avec le prifme devant une fenêtre , de rente réfrangibilité eft fi apparente ,iet ? Ic donne ici la propre traduction de Çefte, difciplc de Ncvtoni sur la Physique et N. wtonlens crient fur le champ viétoî- xe. Mais voici un autre Phénomène qui détruit ce bel édifice , fans quitter le prifme & fans fouir de la place avec (e meme carton & les memes couleurs, . Au lieu déplacer le carton moitié rouge & moitié bleu fur un drap noir, placez - le fur une feuille de papier blanc : fur le champ le rouge qui vous paroiffoit plus bas lorfque vous regar- diez cette couleur fur un drap noir , ( l’angle du prifme dans la même pofi! tion ) vous paroîtra au contraire fur le papier blanc , plus élevé que le bleu : & lî vous regardez avec l’angle réfringent tourné en bas , le rouge vous paroitta moins élevé que le bleu. Que faut-il donc conclure de ce Phénomène ? Si les couleurs croient différemment refrangibles , ne le fe- roienc-elles pas , dans toutes fortes de pointons, & de quelque fond quelles fuflent entourées; Pourquoi font-elles dans la même poiieion de l’œil & du prifme , plus élevées les unes qué les autres ; non à raifon de leur différence mais à raifon du fond fur lequel elles font pofées ? Je conclus donc , que fi les refrac- tions des différentes couleurs ne font pas fixes , & fi , au contraire , elles font tantôt plus & tantôt moins refrangiblès les unes que les autres , elles ne font en aucune façon de différente refraneibi- ine entt’elles. 6 ' Expériences expliquées par la caufe que j admets j & remarques r.é- cejjaires pour l intelligence de la premier e expérience de Newton. x befoin que des expériences de Newton pour combattre fon Syftè- me > & P°ut établir le mien. Nous ve- iwns de dire qu’il faut qu’une caufe . «r SUR LA PUNTURF. toi admife s’explique par tous les Phéno- niénes qu’on lui préfente , & au défaut de quoi elle doit être xejettée : ainii laififbns pour une autre fois les expé* riences que l’on trouve dans mon Livre , & que les Newtoniens n'ont jamais ofé donner telles qu’elles y font démontrées , ( ce qui peut facilement être vérifié , ) il fuffit de nous fervir de celles qu’on a déjà faites & que tout fe monde connoît. Voici donc comment j'explique le Phénomène de la premiè- re expérience de Newton. J’ai obfervé que les couleurs primor- diales ne fe rencontrent que par l’op- pofition des corps , ou des fuperficie s- : c cft-à-dire , que lorfqubvne fuperficie obfcure , de quelque couleur qu’elle fort, confine avec une autre plus clai- re, la couleur qui fe forme clans leur jondion efi purementbleue d’une part, ou rouge , orangé , & jaune de l’autre! J’entends qu’un corps confine avec un autre plus clair , lorfque Ion extré- mité touche une fuperficie ou un fond plus clair , & je dis qu’un corps efl pofé fur urrfond obfcur, lorfque les extrémi- tés de ce même corps confinent avec un fond d’une teinte plus obfcure; en voici un exemple. Je fuppofe une bande de carton Blanc , pofée horifontalement fur une vitre. Si l’on eft dans une chambre 8c qu’on regarde ce carton , la bande de carton fera le corps ombré pôle fur un fond clair , parce qu’il efl plus obfcur que la vitre, puifque le jour vient à travers dans la chambre où on fait l’ex- périence : alors il fe forme deux oppo- lirions de lumière à l’ombre du carton; une fupérieure Sc l’autre intérieure Mais au contraire, fije ine fers de cette même bande de carton, & que je la pofe horifontalement fur un papier gris ou brun , ou fur un djrapnyir , le car- 1 02 Observations £UR ltÎistoïre Naturelle ton confinera aiors avec un fond obf- cur, & l’ombre du drap noir fera deux cppôuaons avec le carton blanc, une fur fa partie fupérieure & l’autre fur fa partie inférieure. Si je regarde les confins du carton pofé fur la vitre, par la face réfringen- te inférieure* d'un prifine -, comme cet objet eft entouré d’un fond plus clair, & qu’alorsles rayons font en defcenfion fur la partie fupérieure , il fe formera dans cet endroit une couleur bleue, nuancée du clair àl’obfcur : par l’oppo- fition & la tranfparence de la lumière fur l’ombre du haut du carton: & l’om- bre inférieure du carton defccndaht fur la lumière de la vitre , formera par fon oppofition , le rouge , l’orangé & le Jaune. La preuve de cette vérité efl , que ces couleurs font renverfees, fi l’objet clair ou le carton blanc font po- fés fur un fond plus noir. Par contre-expérience , fi je regarde à travers la face réfringente & fupérieu- re du prifme, c’eft-à-dire , l’angle ré- fringent tourné en haut , & que les rayons foient en afcenfion , alors les couleurs font différentes, & totalement oppofées. On obférve avec étonne- ment, que l’extrémité fupérieure des corps obfcilrs fur le clair, efi bordiie de rouge, de jaune & d’orangé , au lieu de bleu, dont cette partie étoit peinte auparavant : & celle des objets clairs ,’ pofés fur des fonds obfcurs , devient bleue au lieu d’être rouge. Je conclus de-là que l’afcenfion ou la defcenfion jdes rayons, caufées par les deux différentes faces du prifme , occafionnent les couleurs & leurs ren- verfemens, & changent le rouge en bleu & le bleu en tougé ; fuivant que la lumière s’oppofe à l’ombre , ou que l’ombre s’oppofe à la lumière; Quoique dans cette obfervatîon les faces inférieures du prifme occafion- nent la defcenfion des objets, &parcon- féquent des rayons ; & les faces fupé- rieures , l’afcenfion, ce qui femble être oppofé à ce que nous avons dit ci. devant , en parlant de l’Image de la chambre noire , cependant tout efl en régie. Car il faut remarquer avant de croire qu’il y ait contradidion dans cet- tedémonfiration que cette différence entre les effets des images d’une cham- bre noire, & ceux que l’on reçoit fur la Rétine à travers un prifme , ne pro-: vient que du renverfement qu’occafion- ne l’œil aux rayons ; c’eft auffi ce que j’explique en détail dans les remarques de mon optique. Il doit s’enfuivre,des propofitionsque nous venons d’établir, que fi les lignes font perpendiculaires , & le prifme ho? rifontal , lorfque nous regardons à tra- vers les faces réfringentes , il n’y aura plus de formation de couleurs -, parce que les afeenfions ou defeenfions feront latérales & oppofées à la fituation des lignes. Mais fi le prifme & les lignes des confins font perpendiculaires , le Phénomène fera bien différent de ce que nous avons dit; le bleu fe trouvera fur les côtés des lignes perpendiculai- res , qui auront le clair à droite & I’obf- cur à gauche , fi l’on regarde par la face réfringente du prifme , qui eft du côté gauche: on verra le contraire , fi on re- garde par la face du prifme qui eft dû côté droit. Et pour prouver que la ré- frangibilité prétendue de toutes les cou- leurs eft égale dans les deux faces ré- fringentes du prifme, & que les cou- leurs font également refrangibles ; que l’on regarde dans l’un_£c dans l’autre î C’eft-à-dire l’aogle réfringent tourné en bas* ( " ‘ ' i sur la Physique et sur Ita Peinture. 105 cas, avec l’oeil droit ou avec le gauche; l’ombre du fond noir, qui defeend fur que l’on mette la lumière d’un côté ou les images rouge & bleue, ne détruit d’un autre ; le Phénomène fera toujours point la partie rouge, puifqtiel’oppofi- le même. Je ne crois pas que l’on fe foit lion de l’ombre à la lumière fait cette jamais apperçu jufqu’à préfent de ces couleur; mais celte oppofition falit la expcriences: je ne les ai trouvées que par partie bleure du haut dü carton :de forte la vertu du clair obfcur. Un Philofophe que le bleu paraît effacé & dégénéré en- ne peut définir les couleurs fans être vert noir & fuie. Dans ce cas il faut que' Peintre, non plus qu’un Peintre , fans être Philofophe , c’efl pourquoi il n’eft pas furprenatn que M. Newton fe foit trompé. Je m’apperçus encore dans ces ob- fervations , que les lignes obliques font le même effet que les lignes horifonta- les , quand les lignes obliques à l’boii- fon féparent deux furfaces, dont l’une ell obfcure & l’autre claire. Si la ligne I panchée ell appuyée fur une furface brune, & fondent un fond clair; c’ell- j à-dire, que l’angle qu’elle forme avec ! l’horifon le plus aigu , renferme une furface obfcure; alors les confins des II corps produifent le bleu , lï l’on regarde i par la face inférieure du prifme , & ait i contraire , le rouge & le jaune. Il faut $ enfin conclure de ces expériences , que ut les couleurs ne font point dans les ÿ rayons , mais qu’elles fout produites par i,! l’o p poli tion Je l’ombre & de la I14- fe« miere. r£fl Explication de l'Expérience ^ de Newton, [À cÿ Pour expliquer le Phénomène que (jjtf nous avons examiné, dont les New- if toniens font le plus de cas , & celui fur jj[i lequel ils ont fonde toute leut croyan- ce. ce >.il hiffit d’obferver , que lorfcjue Je ’ sl PaPler Moitié rouge & moitié bleu , ell cc P°*L lu" un ton J noir , & que les rayons 5 ,t: 10,11 en defeenfion par les faces iufé- % !lclues Prifme ■ & teçûs dans l’œil 1 Umli que nous l’avons dit) qu’alprs le haut du bleu fe confonde avec l’om- bre defeendante : au lieu que dans le' bas du carton , plus clair que le fond"' noir, les rayons étant auffi en defeen- fion j la lumiqre rouge qui tombe fur l’ombre, s’eilace & ne fe diflingue point; & U lumière bleue qui tombe fur l’om- bre , augmente fa couleur , &: devient plus diftméie. Voilà ce qui fait paroitre le rouge pfus élevé que fe bleu. Mais lorfqtie le carton efl pofé fur le blanc 3 il arrive le contraire, parce qu’a- lorsla lumière qui defeend fur le carton à la partie lupérieure , efface le rouge & le falit cette lumière au contrai- re éclaircit tout-à-fait le bleu. Mais fui* la partie inférieure , l’ombre rouge def- cendant fur la lumière , fe change en rouge plus clair , prefque orangé , & l’ombre bleue descendant fur la lumiè- re , devient bleu-fale & prefque verte , ce qui fait que le bleu du carton paroît plus bas que le rouge , peint à côté de cette couleur. Je prouve donc bien clairement par cette obfervation,la fauf- feconféquence deNewton.Que ieLec- ïeur prenne un prifme tel qu’il foit , un carton moitié bleu , moitié rouge : qu’il le pofe alternativement fur un morceau de drap noir, & fur une feuille de pa- pier blanc , devant une fenêtre , il ver- ra fi je dis vrai. Pour cette fois, nous n’irons pas plus loin. Dans une autre Observation nous combattrons une autre expérience , & de l’une à l’autre jufqu’à la fin de l’op- lique-j que nous voulons exactement Observations ^ ^«^rtencrS^Ôbrenaüon IV, agraire. Nous “bIfe'^"*e<^““I^ ce nJl cependant que l'extrait niotà même ordre pou. le SyBeme de 1 U» ^ ^ e j.en a.ots du auparavant vers, & nous prouverons en mena » - mon fécond volume , page 92. ïe ridicule des -Geometres , de vouloir ü iere défenfe du Newtonien 1 vif» calcul connoitre les caufes. ^ F • n idée de la force des «% ‘ uPUnAc A ie lu PlBft* « Ti“eeèpofe «luire tapé. ceffé Expérience efi repréfentée avec ces cou - . ,desA contre les refrcildions latérales. Ce neft vû*àvec le prifme , Jungle reft.n|en. taiïon, car elles dèrrurfent fan, tourné en tout. e Le canon pofe to » t riKnm »\ avait pas connu la double , feparatun fa rayons en traverfant les deux furfaces k prifme. Il prétend dans cet artic e de faire voir que je n'ai pas ofe combattre l'expérience prétendue deefive du Caueit Verre dont parle Defcartes, Expérience que lesNewtoniens veulent faire f«v« à prouver le Syftéme de Newton. Sup, nofé qu’on ait oublié d’en parler, je uis encore à tenis rta expliquer ^- ment l’effet pat les caufes toniens s’efforcent envam de de -Anonyme veut encore fle cet article pour infmuer que je t^.pas compris la différente yefrar^èihte k rayons différemment refrangibles ■. Enfin le Newtonien qui croyoït avoir tout dit dans l’extrait ( d Août), nous donne Je commencement dune féconde partie de la réfutation de M. Gautier, dans le Journal debeptem. bre» ^ ,? r, ofi" ,0, 0', .'•5 I* , 11» sua la Physique et sur la Peinture. Dans celui-ci il s'efforce d’expliquer tion de cette expérience., une expérience de mon Optique félon les loix de Newton. Il veut aulTi foutenir la né- teffîté de lien lutter la chambre notre & de la rendre tottt-d-Jait obfcure , de ne faire porter qu'un filet de lumière, & de recevoir ■5°. Je démontrerai que la differente réflexibilité devroit être telle que je la définis, fi leSyftême deNewton étoit vé- ritable -, mais Newton s’étant contre-. j _ _ dit fur cet article , il n’eft pas furpre- i' image à une certaine diflance. 11 prétend nant que le Newtonien faififfe un (eus que mes prijmes font remplis de défauts, que pendant que j’en failis un autre, ceux qui font pleins de liqueurs colo- 6°. Enfin je ferai voir que fi Newton fées ne peuvent fervir de rien à caufe des dif- s’efi apperçu que les confins de la Iumie- férentes drogues qui peuvent chargerl'cau de re faifoient les couleurs N qu’il dife feu- plus ou moins de particules groffieres , con- lement qu'il s'en efl apperçu , fans nous traires à la réfrangibilité. Enfin ce zélé donner aucune définition de ce Phéno- défenfeur du Philofophe Anglois ré- mène , y ai eu raifort de dite que New- pond en peu de mots à Vobje&ion que je ton n’a jamais connu les effets du prif- lui .fis dans ma chambre noire , queflion me en regardant les confins de la lu- qui a été répétée dans la première édi- tion de mes Obfêrvations. ( Voyep page 1 4.0 , in- 1 2. 1 . Vol. 1 . édit, de 1752.) i0. Je prouverai au Newtonien que l’expérience des Académiciens de Bo- logne n'ell pas contraire à mon Syflê- mejqti’elle n’ell qu’une répétition de la première & de la fécondé de l’optique de Newton , que nous avons déjà ré- futé. nnere & de l’ombre. 70. Je prouverai de phis que fi fes rayons etoient colorés , que ni la noir- ceurde la chambre ,ni la di flair ce de' l’image au prilme, ni la bonté, ni la forme du prifme , ne fçauroient les al- térer: & je ferai voir que les prifines colorés changent la differente réfrangi- bilité, non feulement relativement les uns aux autres , mais dans chaque ef- î.-°..Que mes refraflions latérales font péce particulière de teinte qu’on leur très-conformes aux loix de la Nature, donne. 8°. Je prouverai que l’expérience du point d’Hongrie efl mal conçue,mal expliquée & mal définie par le Newto- nien anonyme , & quelle ne fçauroit jamais fe démontrer par les caufes que Newton admet. ç«. Il me fuffit enfin de renvoyer le Le&eur à rObfervation III de ce Vo- lume, pour prouver que le iNewtonien ÿî qu’elles fe définillent parfaitement avec les principes mathématiques ; que les preuves contraires que l’Anonyme ob- jeâe, font abfurdes , & que l’expérien- ce des prifmes colorés les confirme. 3°. Je prouverai que la double ré- paration des rayons à travers le prifme n’eff aucunement expliquée par New- ton , & que s’il en donne la figure fans , i t i en parler , c’eft qu’il faut croire qu’il n’avoit pas répondu comme il devoit n ctoit pas en état de la définir félon alobjecffion que je lui fis de vive voix: fonSjflême. ( # cette objedion Sc la repartie qu'il a 4 • Que l’expérience de Defcartes donnée dans lejournalœconoinîque de av ec c Globc^ de verre ne m’a point Septembre 1751, feront jugées fur les échappa, que je rn’en fers fort à propos pièces déjà expofées de part & d’au- contre Newton, St que je fuis en état tre, fans qu’il foit nécefTaire d’y rie» d’ajouter ici ce qui manque à l’explica- ajouter. Année 1752, Tome I. II. Partie , fécondé Edition . Q Observations sur l’Histoire Naturelle , né comme une merveille , oc comme ja Baze de fes prétendues découvertes. icà Je crois que fi je réponds à propos à tous ces articles , qui , apparemment , fondes plus fortes raifons que Ton puif- fe objecler contre mon Sy freiné! & que l’on puiffe donner en faveur de celui de Newton , on ne dira plus que je fuis un pécheur bien endurci , que je n'ai pas lu ni compris Newton , que je fuis dijjicile a fub- juger Orque je n’entends ni la Géométrie, ni laDioptrique,ni l'Optique : il ne fera pas queflion ni dé char de triomphe , d'honteufe chute , de pitoyables objeélions , de témé- rité révoltante, de viéloires imaginaires , & on ne m’accufera plus à le Jubterfuge inattendu , de fuppofuions faujfes Or gratui- tes, & enfin le Newtonien fera dif- penfé de me fervir de commentaire, pour entendre les définitions de l’Optique de Newton. Vremière fhieflion. » Les Académiciens de l’Inflitut de 33 Bologne , dit le Newtonien , atta- » clierent à une grande diflance deux ^objets diverfement colorés, l’un rouge a» & l’autre bleu, & les regardoient l’un » & l’autre avec un Tclefcope à refrac- » tion, de plufieurs pieds de longueur, 33 ils remarquèrent qu’il falloir éloigner » l’orbiculaire du Télefcope.pour voir 33 le rouge auflt difrindement qu’ils 33 avoient vù le bleu. » Le Newtonien n’explique ni ne donne aucune raifon de ce Phénomène , fmon que cela veut dire , que le rouge efl moins refrangi- ble que le bleu. Comme nous connoiffons un peu la Dioptrique , malgré ce que difent nos adverfaires, nous ferons appercevoirau Newtonien économique , que Mcflûeurs de l’Académie Bolonoife n’ont prétendu obferver par cette expérience , que le même Phénomène, de réfrangibilité difi'éreme,que Newton ayoit déjà don- fi l’objet étoit un carton peint , ou une figure de relief, s’il pofoit fur un fond clair ou obfcur , ce que l’Anonyme a tort de ne pas expliquer : il mut donc fuppléer à ce défaut & lui donner le choix. , . En fuppofant que ce foif un carton peint , il fn frit de citer la première expé- rîence de Newton , que je combats dans mes Obfervations de Phyuque ct-dei- fus jc’eft alors le même Phénomène :& pour détruire l’application que l’on veut en faire au Syftèirre du Philofophe Ail- glois , il faut fu ivre ma critique , où il efl aifé de remarquer que l’ombre ou la lumière., defeendante ouafcendante,par la réfradion d’un verre quelconque, prifmatique ou lenticulaire , peut avoir obfcurci & détruit une couleur , pen- dant qu’elle a augmenté & fortifié 1 au- tre , félon la dillance du verre oculaire; car tout verre convexe réunit les rayons; Sc les diverge enfuite félon fa convexi- té : c’efl pourquoi lu réunion & la divers gence des rayons , occafionnée par la convexité d’un verre , forment des af- cenfions 8t des defeeniions inverfes dans l’une & dans l’autre diredion , & par conféquent difrérentes oppofuions de lumière & d’ombre , ce qui efl toujours conforme aux Ioix de la réfsadion que j’ai démontrées. Si l’objet , au contraire , étoit de Re- lief , les ombres que portent alors les figures de Relief , dans leurs contours & dans les plis , ou dans leurs cavités, font nécefrairemcnt des confufions mar- quées , lorfque l’ombre couvre les par- ties claires de la figure : alors fi la ligu. re eft bleue par l’oppofition contraire& héterogene à cette couleur ,c’efr-à-dire de l’ombre fur la lumière , le bleufe fa- sur la Physique et sur la Peinture. 107 fit en bien des endroits , & l’objet de- vient confus :ce qui peut arriver par exemple dans la defcenlion de l’ombre lur les parties éclairées. Au lieu que dans l’afcenfion, les parties éclairéespeuvent couvrir l’obfcur des cavités , & alors la couleur produite cil tout-à-fait analo- gue au bleu , & l’objet paroît dans cette pofition bien diftinft , pendant que celui qui eft rouge , & que l’on a pofé à côté relie par la même radon à la même dif- tance obfcurci , fale , Si confus. Il n’eft aucunement queflion dans ce Phéno- mène de diflérentc refrangibilité.quand on connoît les loix les plus fimples de la nature. Sans fortir de mon opinion . on peut donc conclure avec fureté , que le verre oculaire d’un Télefcope en forçant les rayons de fe converger ou de fe diver- ger peuvent faiir 8c rendre confus les objets de relief, qui renvoyent les rayons mêles d’ombres félon la différence des oppofitîons , ou étendre & augmenter la beauté de leurs couleurs par la con- formité de ces mêmes oppofitions d’om- bre & de lumière. Pour donnercharitablementun exem- ple de cette vérité , & une petite leçon à M. l’Anonyme , je vais expofer une obfervation allez Jimple : c’elt ce qu’il demande. Prenez un verre de Télefcope , ou , fi Vous voulez , une lentille , & l’expofez dans une chambre obfcure , où il n’en- tre du jour que parmi trou ou par quel- que fente, pofez li lentille devant cette ouverture à deux ou trois pieds de dif- tance. Alors avec une feuille de papier blanc vous recevrez les rayons que ce verre rairemble. Si vous approchez fa feuille de papier de la lentille, l'image ronde le trouve bordée tout à l’entour d une ligne rouge , qui diminue à me- lUre que les rayons fe dilatent & que l’i- mage s’agrandit , ce qur arrive en ap- prochant de la lentille ; parce que les rayons forment un cône de lumière, dont la pointe eft dirigée vers le foyer. L’ombre alors qui fe trouve entre le papier & la lumière occafionne ce rou- ge tout à l'entour de l’image , par l’op- pofition de l’ombre à la lumière, ( que j’ai expliquée.) Au contraire , fi vous écartez le papier de la lentille & du foyer, au lieu de rouge, l’image fe trouve bordée do bleu , parce qu’alors le cône étant renverfé , la baze appuyé fur le papier & la pointe eft tournée vers le foyer , ce qui fait oppofmon de iümtére devant V’ombre , & c’eft ce qui produit le bleu qui entoure l’image : & ce bleu s’agrandit à mefttre que l’ima- ge s’étend, ce que l’on conçoit arfément quand on connoît mon fyftême. Cette obfervation faite , & connoif- fant la critique de la première expé- rience de Newton, on n’aura pas de peine à comprendre , que fi on reçoit une image colorée fur un carton, à tra- vers un verre oculaire d’un Télefcopeà refraélions , quand les objets peints font fur un fond clair , la lumière qui entou- re cet objet ell couverte par l'ombre ; ou l’ombre par la lumière , félon l’afcen- fion ou la defeenfion des rayons, occa- fionnée par la plus ou moins grande dis- tance d un verre convexe : il arriveroit le contraire fi ons’avifoitde pofer l’ob- jet , duquel on reçoit les rayons, lur un drap noir. 11 ne me relie plus qu’un mot à dire fur la fécondé expériencede l’op- tique de Newton , de laquelle le New- tonien anonyme parle beaucoup. Cette expérience eft critiquée à fond dans mon livre. On ne fait dans le Journal (economique aucune mention des objeç- jeétions folides que je fais contre IePhi- lofophe Anglois. Il faut donc en rap- pelle! ici quelques fragmens. Observations sur l’Histoire Naturelle IL fhtejïiott. I 08 Le Carton nvi- parti de rouge & de bleu, entouré de fil noir, duquel on fait porter l’image à travers une lentille pat le fecours d’une chandelle , eft une ex- périence d’optique mal-faite, mal-com» prife & mal-expliquée.Les couleurs font d’abord inégales de teinte , c’eft-à-dire, trop claires d’un côté & trop obfcures de l’autre. Le rouge & le bleu , dit New- ton , étaient extrêmement foncés. Or nous fçavons que le bleu foncç ell prefque noir , Sc que le vrai rouge ell fort clair, d’où il fuit , que pour dillinguer Us fils qui entourent le bleu & le rouge, il faut regarder le bleu de plus près : mais met- tez du bleu clair & àl'uniffon du rouge: à côté l'un de l’autre, vous verrezalors le fil très-d'ftind, à tout point de diftan- ce fur l’une & l’autre couleur. Les fils fe confondront également fur l’une 8c l’autre de ces couleurs , à la diftance la plus précife & la plus égale : dire autre- ment , c’ell en impofer au Public; l’ex- périence efl facile à faire 8c détrompera ceux qui feront lailTés féduire par les prétendues preuves de Neivtonr Bien plus , peur allurer les amateurs dePbyfique,que eePhénoméne eft faux, obfervez que les lignes, fupérieures Sc inférieures , qui renferment ces deux couleurs, s’écartent Sc s’approchenten- femible , Sc que le carton eft toujours exadement parallèle. Le bon le ns feu- lement nous apprend , qué fi les cou- leurs étoient différemment réfrangibles lorfqu’ellcs diminuent, lebleu dimi- nueroit d’étendue , plutôt quele rouge, par la propriété qu’auroient ces rayons de fs réunir plutôt, Sc quand les cou- leurs s’étendent, le bleu s'étendrait plutôt par la même raifon,. Cela n’ctant pas , tout le Syftcme de Newton n’eft . qu’une pure fable, mal établie Sc mal foujt euue. Bé fraction latérale efi un terme incon* nu dans l’Optique ordinaire, & lespUis fameux Opticiens de l’Ecole de New- ton n’en ont jamais entendu parler. lî$ fe piquent pourtant de fçavoir les Ma- thématiques -, Sc les calculs intégrais différentiels. Les loix les plus fimples du mouve- ment nous enfeignent que les corps ronds , pouffes en ligne droite, s’ils font détournés de leur diredionpar le choc & la rencontre d’autres corps , fe détournent de leur mouvement , & ac- quièrent une diredion oblique , que l’on appelle de réflexion , lorfque c’eft dans un meme lieu , & de refraSlion lorfque les corps paiïent par des milieux de différente nature. J’appelle la rencontre des corps , la réfiltance des fluides, ou celle des corps durs , iraufparens ou non , & je défi- nis les particules de la lumière par ces corps rond. Dans la réflexion les corps confervent un mouvement uniforme , 8c fembiable à celui qui lui a d’abord été imprimé; mais dans la refradion , lorfqu’elle eft double & inverfe ,c’ell-à dire , lorfque les corps, qui conipofent la lumière , d’un milieu moins denfe fe plongent dans un milieu plus denfe, & qu’ils for- tem enfuite de ce milieu, en s'éloignant tou jours de leur première diredion ; ils- acquiérent alors , félon moi_ , un dou- ble mouvement , l’un dired , & l’autre inverfe. Le mouvementdired eft celui qu’ils confervent , a l’émergence des corps plus folides ou plus épais , 8c k mouvement inverfe ou latéral eft celui qu’ils ont acquis forcement dans i’inv mergence d’un corps plusfolide oupiuj dur,, qui a feryi à former la refradion,. I sur la Physique et ÏI faut convenir qn’alors ces' boules ou ces particules de lumière (auxquel- les tous les Philofophesfenlés donnent cette figure)- pre (Tant, à la (ortie de leur réfraction, en avant , les particules fio- mogencs,, qu’elles rencontrent par tou- dans l'air, de deux (ensdiirérens, pouf- fent une colonne félon le mouvement direft & primitif qui lui a été imprimé par le Soleil ; & ils pouûént auffi une fé- condé colonne latéralement, & fur le même plan , félon le mouvement forcé que ces particules entacquifcs à travers le verre , ou le aillai , parle brifemein des rayons. N’elt-il pas vrai qu’alots ces deux colonnes de \umiere forment nccef- fairement deux couleurs, ou dettxefpé- ees de modification; l’une forte & vive, de la couleur naturelle de la lumière par le mouvement primitif Si imprimé d abord par le corps lumineux, ce qui fait le blanc de l’image: & l’autre co- lonne foible , & fujette par conféquent a fe modifier plus ou moins, à s’alloiblir & à s’obfcurcir par l'ombre delacham- bre , qui la domine alors , laquelle fait fans peine le rouge , l’otangé & le jau- ne par le plus ou le moins d’étendue d’ombre , que cette toibie lumière dmt traverfer ? Ces refradions latérales font trcs-fa- ciles a concevoir ; elles ne font que fa fuite des kaix naturelles du mouvement imprimé à tou- les corps matériels. La lumière alors par le mouvement le plus ample , le plus intelligible & le morns compliqué , agit , fe modifie & change fa couleur félon la réfiûance des particules des corps diaphanes ^durs& fluides; particules, qui par leur inertie « leurs qualités primitives occafion- nent 1 ombre, le froid & le repos ; au heu que la machine la plus compofee 4e 1 univers. le 1er oit infiniment moins sur la Peinture. iop que le plus lïmple rayon de lumière , s’il étoit feptupie & s’ilportoit fept ef- péces de rayons hétérogènes , qui euf- fent fept mouvemens oppofês. Quelle ridicule hypothèfe ! Comment peut-on l'avoir adoptée un feul moment. Le Newtonien appelle ma décou- verte, un Subterfuge inattendu. Je lai fie le Public Juge de f ane ou de l’autre opinion. Toutes Iesfingulieres preuves que cet' Anonyme œconomique avance pour' détruire des raifons fi folides vont être ïèjettées en peu de mots . Il m’ohje&e en premier lieu , que fi l’on fait une fente fur un carton, & que l’on applique ce carton à la face pofté— rieure d’un prifme.» Il fe forme un Spe- « être coloré qui ne pourra être apper- * çu que dans la chambre oblcure , o» ( veut il donc que foit appetçu ce Spe-* Ctreî)il ajoute enfuite,»& l’on verra évi- » demment que les rayons foit du bas, » foit du haut de l’image colorée, forteni * de cette fente, ce qui' n’auroit point » lieu fuiyant l’hypotefe précaire pour » ne riéh dire de pis,qtie M. Gautier a » imaginé. » Il eft hirpris, notre Philo- fophe , que les rayons qui fortoient au- paravant de fout le prifme , ne fortent' alors qüe de la fente , & que l’image que produit cette feiite , foit colorée , comme le Spectre tout entier. Je vois' bien qu’il oublie dans ce moment, qu’ert fupprimant une partie de la lumière, il ne fupprime aucunement l’ombre qui l’entoure. Ainfi fa raifon n’efi pas de poids, elle porte à faux. Il m objeéteenfuiie , pour preuve de' deux ou trois réflexions de cette nature,, .que l’élp'ace qui- contient le bleu, ( ou1 loute autre couleur ) au-deiTusdu jaune: elT plus étendu à une certaine diftanc® (jue la largeur de la colonne , à laquel- le je donne- le nom de refraEbée&i dè rft? Observations sur l’Histoire Tstaur-elle refte , & que cette colonne devroit avoir naturellement moins d’étendue fi j’a— vois raifon. Ce Newtonien ne com- prend pas que pour peu que les furfa- ces du verre foient inégales , l’image de la colonne des rayons refraâês , doit à une certaine diftance , paroître un peu plus étendue, ce que Newton appelle, Vénalité du diamètre apparent du Soleil , voyez la troiiiéme Expérience de fon Optique. ) Il eft dit dans cette Expérience, que Ja largeur de l’image elt fix fois plus étendue que celle du trou. Il n’ell pas douteux que les rayons refra&és à tra- vers un p ri fine , ne doivent étendre l'i- mage qu’ils forment fur le mur , par plulieurs raifons ; 1 par ia même que nous venons d’obferver, dont Newton Sait mention ; parce que fi les refrac- tions .félon le fentimentdemon Anta- gonifte , ne fe font feulement que du mut en bas , ou de la partie fupérieure, au brifement des rayons . à la partiein- férieure. & que malgré cette loi, l’i- mage foit dilatée fur fes parties latéra- les , ce qui n’a rien de commun alors avec les prétendues refraflions > il faut admettre de , néceffité que l’image s'a- grandit latéralement faits égard à la re- flaétion fuppofée. Elle petit s’agrandir aulli dans tout fens , fans recourir à ce principe. Le principe de refraétion dif- férente , ou de dilatation de l’image, fé- lon les efpaces colorées des divers rayons , n’a rien de commun aux preu- ves que l’Anonyme veut alléguer con- tre mon hypothéfei ce qui eft inconte- ilable : puilque le bleu ouïe blanc ■> 8c l’un & l’autre pris enfepible , ne font pas plus étendus à telle dillance que ce îoit,que la largeur d’une image qui paf- le par un trou fait à une chambre ,noire. 2°. Le plus petit Géomètre Newto- nien doit s’appercevoir qu’une colonne de lumière coupée obliquement parla muraille à l’endroit du bleu , ou du blanc & du bleu pris enfemble , de l’i- mage , doit former un Spetfre compofé de ces couleurs , un peu oblongues. Ce font laies élentens des Seétions conir ques.Celaétantj mal-à-propos l’on pré- tend , que cette dilatation du bleu dans l’image . détruit mon opinion fur la for- mation des couleurs, par les refraElionf direéles & latérales , de la lumière refrac, tée à travers un prifme. Je ne puis mieux faire , pour expli- quer le Speâre de Newton, que d’en donner ici la figure avec fes couleurs, tel qu’il paroît dans la chambre noire ; bien des perfonnes feront curieufesde voir cet habitant des ténèbres , qui ne re- çoit Ja variété de fes brillantes couleurs que de lombre qui l’environne. (Voyez la Planche colorée pour Ja Phyfiquc , marquée A , ci-jointe. ) Cette figure colorée efl la même qui paroît A 18 pieds f de dijlance du prifme dans une chambre noire , lorfquelon pofe un prifme (le plus beau& le plus par- fait,) dont l'angle réfringent efl de 6 o ou de 62 degrés , à l’ouverture ronde d'un trou de 4 lignes de diamètre, ainfî que nous le preferit le Chevalier Ifaac Newton dans fa fécondé Propofition, Théorème II, troifiéme Expérience, page 1 8 de fon Optique -, expérience qui eft la feule qu’adopte M. S*** Auteur d’un Diftionnaire Phyfico- Mar thématique. Ce Newtonien rejette uni- verlellement toutes celles que l’on peut faire de quelque nature qu’elles foient, fi celle-ci ne marche à la tête ; il trou- vera donc ici de quoi fe fatisfaire. Newton nous dit que cette imageré- pondoit par fa largeur au diamètre du Soleil , c’eft-à-dire qu’elle étoit d’envi- on 2 pouces i y compris le pénombre. Ceci nous a donné des raifons pom sur la Physique et sur la Peinture. m prouver que fe blanc ou le bleu d’une image doit être plus étendu que le dia- mètre du trou, puifque 4 lignes nous donnent 2 pouces ^ .c'eft à direfixfois autant d’étendue que l’ouverture de la chambre noire. Mais afin qu’ri n'y ait aucune conteftation furies dimenfions de ce Spectre, j’ai pris les proportions doubles en tout feus de la figure que Newton en a tracée, en noir , dans la première Planche de la féconde Partie de Ton premier Livre d’Optique , ce qui eft caufe que celle-ci ell d’un tiers moins étendue qu’elle n’eft elleétive- ment dans la chambre noire à la diftan- ce propofée , & de la façon que nous avons dit qu’étoit conflruic le prifme ou le trou . qui donnoic les rayons de lumière. J’ai pfufieurs nouvelles remarqites à faire fur cette image ,. pour détruire le Syllême de Newton ; mais je 11e donne- rai que celles qui font le plus à la por- tée de tout le monde , & je prouverai mon fentiment fur les refraétions laté- rales , que l’Anonyme veut combattre, dans l’explication de cette figure, 1 Quelques perfonnes ont eu la funpliché de croire, que les couleurs de l’image de Newton étoient rangées comme des jettonsfur une table l’un fur Fautre. C’efl aulTi à la vérité ce qui de- vrait être ; mais c’eft ce qui n’eft pas. ElfeAi yement , s’il y avoit fept couleurs primitives dans la lumière , & que ces couleurs biffent feulement à moitié Cé- pnrees , il devrait fe trouver fur le bord del image des intervalles marqués com- me a. b. c.-d. (1, Newton ne nous don- ne aucune raifon- folidc du défaut de ces intervalles -, il dit au contraire que K* cités del’ image étoient terminé s alla dir- metemnt par deux côtés riBilignes 6* faraudes. La feule raifort que les New- toniens pourraient oppofgr à cette re- marque , raifon qui ne feroit cependant qu'une défaite de leur part , c’eft que dans chaque efpece de couleur il y a une ef- pece de rayons , qui tiennent de ceux qui font plus ou moins refrangibles , & ces rayons ont des refraftions du même degré des cou- leurs voifines à cette efpece de rayon coloré , On a déjà fait fentir le ridicule de cette fuppofition. 2 0 . Si les images des différentes cou- leurs font rangées l’une fur l’autre,com- me le rouge, l'orangé, le jaune & le vert, d’où vient que fur le bleu, l’indi- go & le violet , ne fuivent pas l'ordre de ces premières couleurs , & que le bleu occupe une efpace entièrement rond ou ovale ? 8c quoique placé au mi- lieu de l'image , il couvre également .le vert& l’indigo. Cela ne devrait pas être, fi les couleurs s’appliquoient l’une fur 1 autre : jamais le bleu ne devrait être appliqué fur l’indigo par fa partie fupérieure , & fur le vert, par fa partie inférieure. Ces réflexions font affez claires , il ne relie plus qu’à voir fi je dis vrai; ce . que tout le monde peuc connoître fa- cilement.depuis donc pré fente ment ex- pliquer mes refraétions latérales far la même image. ra. L’image du bleu clair 8c foncé joint au blanc. Iorfqu’il y en a , eft l’é- tendue de la véritable refraélion , de la colonne de lumière , pouflee par l’inci- dence primitive , qui fe fait des rayons à travers le trou du volet fur la pre- mière furfacedu prifme ; & les couleurs inférieures à cette image bleue , lorf- qu il n’y a point de blanc , font le vert,, le jaune , l’orangé & le ronge : elles ne font produites, ces couleurs- f que par le mouvement forcé de la colonne 8c par les preflions de lumière , qui fe font au basds cette colonne , ainfi que je l’ai prouvé. Si la colonne eft ronde , les Observations sur l’Histoire Naturelle* Uî couleurs fout circulairement pofées -, fi elle efl: quarrêe.elles font mifes en lignes parallèles ; & le vert difparoît lorfqu’il ie forrne tant foit peu de blanc entre le ^aune &Ie bleu , parce qu’alorsie bleu formé fur la pente de la colonne , n efl point interpofé au jaune, que produit l'ombre entre la colonne & à la mu- raille. 2*. Sur le haut du bleu , il le fait tin retour de lumière oufréflexion de la colonne , alors bleue , qui occatïonne l’indigo & le violet par les oppofitions nouvelles d’ombre , que trouve ce ^re- tour de lumière : fi on entend par 1 in- digo le violet qui reffemble prefque au bleu & que .nous appelions violet turc, ou bleu turc. Plufieurs perfomies enten- dent indifféremment par indigo, le bleu foncé , Si d’autre le bleu véritable- ment indigo. Troijtéme Ojteflion- La double réparation des rayons à travers le prifme, n’eft aucunement ex- pliquée par le Philofophe Anglois. M. 'Thomas Daniel,Si le Newtonien anonyme veulent abfolument faire entendre con- tre toute vérité, que Newton n’a rien oublié pour nous démontrer tout ce qui a raport à Ton optique des couleurs $ S< au lieu d’en donner des preuves , ils s’avifent l’un& l’autre de répondre par des monofillabes, & s’avnbarralïent fort peu d’éclaircir les faits d’une atraque fi vive , qui ne tend pas moins qu’à ren- verfer leurs hypotéfes & leurs dénaonf- {rations. Ma queflion fur cette double répara- tion demandoit une ïéponfe ferme Sc concluante. Il s'agit ici de juftifier Newton fur la négligence la plus préju- diciable à la Phyfique newtonienne. Voici pourtant la façon dont ils fe dé- pendent. Le Newtonien de Sunderland a ré« pondu. » M. Gautier efl bien temé- » raireou peu fincére lorfqu’il déclame » contre l’ignorance de M. Newton x> fur la double refraétion du prifme. » Le Newtonien François s’efl contenté de dire fur la même queflion : « .G’eû » avec raifon qu’on efl furpris que M, » Gautier ait ofé avancer une chofe, 5, dont la feule infpe&ion de quelques » figures de l’optique de Newton, » prouve le peu de fondement. Qu» » M. Gautier prenne la peine de jet- » ter les yeux fur la 2 1 & 22 figure: il » y verra cette féparation des rayons, » l'uivaiu leur différente réfrangibilité, » exprimée par la divifion de chaque » rayon incident dès fon entrée dans » le prifme ; nous invitons M. Gautier * -à Ü/e les explications, ou , pour me » fervîr de fes j^rmes , la démonftra. * tion ou la définition ae jees ligures ; » enfin s’il veut des preuves encore ea ® plus grand nombre, & à chaque pas, *> il peut parcourir les planches des » LeEliones opticce de Newton ; il peut » lire la définition de la differente ré- » frangibilité. Il verra pardà que dire * que Newton n’a pas connu cette di- » vergence des l’entrée du prifme, c’eft » dire , que Newton n’a pas entendu *> fa propre définition de la différente » frangibilité. II n’efl perfonne qu’une » pareille affertion ne perfuade que » c’efl plutôt M. Gautier lui-même qui » ne l’a pas entendue. Ce font là toutes les preuves que noua donnent les zélés défenfeurs du New- tonianifme ,de la parfaite connoiflance qu’avoit Newton de la double refrac- tion du prifme, & des démonflrations qu’il en a faites. On fçait ce que j’ai dit fur cette doifci ble réfraftion. ( V. p. 1 » voyés dans le milieu d’où ils font » partis.de tout autre milieu, fur la » fnrface duquel ils viennent à tomber : » & Les rayous font plus ou moins refléxi- » blés félon qu’ils font renvoyés avec plus ou moins de facilité. Ainfi Iorfque ia j> lumière palîè du verre dans l’air , 8c » qu’étant plus ou moins inclinée fur « la Surface commune du verre & de » l’air, elle commence enfin à être er- » tïérernent réfléchie par cette Surface. * Ces fortes de rayons , qui , à égales in- » cidences font réfléchis en plus grande quan. » tiré, ou qui , en augmentant i’inclr- » naifon , commencent plutôt à être = totalement réfléchis, font les plus ré- » flexibles. Les Centuries de Noflraàamus font plus ailées à expliquer. Netvton, dans la même définition, dit ; Les rayons font sur la Physique et sur la Peinture: 115 plus - ces avec le re/le , avoient foujfert la plus » grande réfraction. La même chofe ar- » rive dans la réflexion caufée par las ” bafe commune de deux prifines dans » du Soleil cfl co/npofce cfe rayons » I: 1 dixicnic Expérience, différens en reflexibi/ite, & les rayons II falloit donc deviner que Newton vouloit dire que les rayons n » qui font les plus refrangibles font » aufli plus réflexibles que les autres.» Lumen Solis confiât ex radiis , qui reflexi- bilitate inter fe différant ; idem quoque funt magis refrangtbdes , iidem quoque funt magis rejlexibiles . On Iqa i t que tout rayon différem- ment incident doit être différemment réllexible ; il feroit donc inutile à Newton de former une propolition (ont di- verfement réflexibles que parce qu’üs font diverfement iucidens , à cauie de= leur diflérente réfrangibilité ; & aban- donner l’idée que nous prtffente cette' propofuion ; il fetnble certainement que l'on veut prouver que les rayons di- verfement réfrangibles félon leur denfi- té , font diverfement réflexibles par la même caufe. J’ai donc raifon de faifir pour prouver la différente rélfexibilitéq le feus le plus littéral , tandis que l’ano s i i avoit entendue dans ce fens. 1 ont nyme faifit le plus abflrait , puifque li Je monde admet l’angle de réflexion r"-,-r 1 * • . ~r égal à celui d’incidence, 11 eft certain que l’Auteur vouloit prouver qu’à égale incidence les rayons différemment réfrangibles , font différemment réfté- xibles. le Philofophe Anglois laiffela liberté à fes Leéleurs de choifir celui qui lui fait le plus de piaille. Sixième OueJUon. Ce qui confirme encore plus mon opinion, c ell que Newton relie court dans fa propofition1& ne donne aucune expérience pour la co/iflater : il ren- voyé feulement à celles avec lefquelies n prétendoit prouver la differente ré- frangibilité. Nous pouvons rapporter Newton a connu les confins de la lu- mière & de l’ombre ; il ne pouvoit pas faire un pas dans ia Nature fans s’en ap- percevoir , cela n’eft pas extraordinaire. Tous les hommes oonnoiffent que ie Soleil ell plus brillant que les Etoiles ; mais' quoique ia caufe de ce Ehenome- ï'ij Observations sur l’Histoire Naturelle 116 ne fait fort fimple, ii fe trouve cepen- dant des efprits fi bornés , qu’ils ne peu- vent donner aucune ration foiide d’un effet fi commun & à la portée des Eco- liers les plus flupides. Notre Philofophe a bien remarqué les confins de l’ombre & de la lumière ; mais ii ne les a pas définis ; il voyoit cependant que l’ombre entouroit tou- jours la lumière dans tes endroits où ejie formoit des couleurs par le fecours du prifine , foiten regardant à travers , {bit en recevant les rayons dans une chambre noire fur une muraille : & il a dit , en parlant des confins de la lu- mière & de l'ombre : » Les Phcnome- nés des couleurs dans la lumière « rompue réfléchie, ne font pas pro- » duits par de nouvelles modifications * de la lumière différemment agitée, » félon que la lumière & l’ombre font » terminées différemment » Pour con- noitre les oppofitions de la lumière Si de l’ombre dans leurs confins, il futfi- foit de préfenter le doigt devant les images; s’il avoit voulu ouvrir les yeux, ou ne pas faire fêmbiant de les fermer, fi auroit apperçu continuellement de- vant lui la formation des couleurs , par lu feule rencontre de l’ombre & de la lumière, line falloir pas compliquer les images , comme a fait notre Auteur, ( voyez Ion Optique liv. i. part. 2. pre- mière expérience) il éloigne le Spe&re, il affaiblit les rayons , les épuife à tra- vers plufieurs prifmes , olïùîque la lu- mière ponrlui interpofer des corps om- brés , Si il ofe dire enluite que l’ombre interpolée aux rayons réfractés ne chan- ge pas les couleurs. Voilà , dit-il avec confiance, comme l’ omble n’ altéré jamais les couleurs de l’image , & que [es confins avec la lumière n’en [ont pas la cauje. I l 11e fal- loir pas prendre cette ridicule rouie pour appercevoir le contraire de ce qui fe préfente fans ceflfe aux yeux. A la même diflance il auroit vù fur le champ former des couleurs de toute ef- pece , il auroit pu mêler ces couleurs & les changer de nature comme il auroit voulu; par exemple, en por tant le doigt devant un SpcSlre de quelle nature qu il foit, grand ou petit , à toute dillance, pourvu que les couleurs ne forent pas éteinteSjl’ombre qu’or.calionne le doigt ou tout autre corps, forme fur le champ des couleurs fur les confins que vous étendez, en augmentant l’ombre fur li- mage, & en approchant duptifme les- corps qui porte cette pmbredi vous ap- prochez la couleur bleue , que formera l’ombre , du jaune , & que vous mêliez, enfemble ces deux couleurs, le jaune & le bleu difparoiflènt,ii ne vous refie plus que du vert. Si au contraire vous élevez votre ombre & que vous i ap- prochiez du bleu qui ell au haut de l’i- mage, alors le rouge de la partie fupé- rieiîre de l’ombre fe mêle avec le bleu , & il ne paroit plus que du violet. Or donc les confins de l’ombre font les couleurs , Si les couleurs changent par i’approche de ces confins; dire autre- ment, c’eil ne pas connoitre ces con- fins. Ileftdonc vrai que Newton ne les connoilloit guéres, lorfqu’il les a mal expliqué ; c’eit auffi ce que j’ai dit & ce que je répété au Newtonien. Septième Quefiïon. C’eft une ebimere de croire que la beauté des prifmes , leur forme , l’om- bre plus ou moins forte , la grandeur de la colonne, &c. puiffent altérer la na- ture des couleurs. Si elles font annexées aux rayons , elles font inaltérables , on pourroit les éteindre , les ternir , mais SUR LA PHVSIQUE ET amais les changer. La prouve en eft “'ûrt facile : deux mots fuffiront.- ui Je fuppofe, par exemple j que le prif- fc’ne foit imparfait , & qu’il ait pTuficurs i^Iêfauts . je foutiens qu’il n’aura jamais eitr-.eini d’altérer les rayons , à moins qu’il foit colore , c’eft-à-dire, d’un verre îAyert ou «l’un verre jaune. Je conviens «ri11 d faut que le verre n’ait aucune cou- jliÿieur , parce qu’alors les rayons tien- m^iroîem de la couleur du verre. Mats au* : jurement tout défaut n’en fait aucun , puiflant pour dénaturer les rayons oA in>ire aux expériences. Il ell ridicüie {jfoiéme d’avancer cette quettion. A Si je cl eman dois à un Newtonien fÿ Hticl défaut el\ le plus confidérabled’un ^ptifme pour nuire aux rayons j il feroi: ^jflbien embarrafle de me donner une rai- folide Jecettequellion, &de m’ex- ’^pliquer le dérangement que peut cauler défaut dans toute l’étendue d’une ^ tinage j comme celui qui proviendroit l’une fente, de plufieurs bulles ou d'u- ¥.?e Paille. Premièrement on ne fe fert '•■Huais de ces publies , & ceux dont je fnti> r. S f - I « ** i lj$0» ~ r -'v JV ^ ne luis lervi font les plus purs & les jet ? 115 Parfaits. Mais fuppofe qu’ils fulTent pil endus Par ttn bout , je ferois pafTer les [r- ,a)0IIS Par Ulle autre , & fi je voulois les ,0- a:re paffer par toute l’étenJucdu prif- e> *îc ^ fente feroit une ombre qui fer- ;/ uroit à produire des couleurs & à prou- ! ?cr tfue, Newton fe trompe. Ainli des unies bagare\ies q„e les Newtoniens appellent des défauts, crainte que ces nu mes defauts prétendus ne décou- , yrent ceux de leurs îyîlcnies. ■ Comme j’ai inventé des prifmescon- vexes.des prifmes mi-partis & de plu- fieurs efpeces; N que ces fortes de piïf- liies renverfent les rayons fans renverfer Je5, C0l!,eurs '• Newtoniens qualifient , Ce* Pnfraei * défectueux & de com- sur la Peinture. 117 pliques , je devine aifément la cauie de ces épithètes. Voilà pourtant les défauts en géné- ral que l’on attribue à mes prifmes , ceux de la première efpece n’ont ja- mais exiflé. Mes prifmes font les plus parfaits qu'il y ait dans leurs genres, & j’ai pçine à croire que Newton en ait eu de meilleurs. Les défauts de la fa- conde efpece que l’on attribue à nies prifmes convexes , font des défauts qui n’exillent que dans l'èfprh des New- toniens. A I égard des prifmes colorés dont 1 invention elt h nuifible à la prétendue dUlécente réfrangibilité des rayons dif- féremment coloriliques , il y a de bon- nes rai/om à oppofar à notre Newto- nien œconomique.i °. Les dtogues qui compofentlés couleurs fontexadement pefées , & on fçait par l’analyfe que l’on peut en faire , qu’il eil aifé de les char- ger plus ou moins & par conféquent de rendre la denfité d’une liqueur égale à celle de l’autre. Mais comme on ne vdudroit pas nous croire fur notre pa- role & que le fcrupule trouveroic fans celle fa place dans dep'areiis elTais.où Ion lé propofa toujours de lavovifer le lentimertt reçu- , il me fuffit de don- ner des remarques bien fortes contre la' fiivole exciife de l’Ànonyine. Cet hom- me veut tout nier & tout entendre ! La liqueur rouge , par exemple, mife dans un vailTeau prilnvat'rque , l’angle réfringent tourné en bas , & le prifme expolé en plein Soleil, à l’ouverture d’une chambre noire, félon- les princi- pc.étabü, de la nature de la lumière y cr de (es oppofitions avec les corps om- bres , ne donne que le rouge vif & êcar « lafeau bas de l’image à l’endroit où fa font les réfradions latérales que nous venons de difeuter : mais ce prifme don- « • tfc-B \r a TmNs sur l’Histoire Naturelle) 1 1 8 _ Os^ERV commencement de l’angle de refrac< ne les jaunes dores par défi ns ce oi g cn ,e • Ceft le rayon b|an7 dans ^endroit la moindre qnamité de r0i!((' verliabie de la refraâlon , c e ^ prodl,it , c’eft à-due , l'ead'd ou le priftne eft le puis mince , v h r d parues ombrées, angle , * où commencerott le blanc & 1 ^ moins couleur J lebleu.ftlepnfmen’eto. f^a ?ouge inférieur. Le roug^ fçan qu’un P „tlv„ cet roit des trois couleurs ordinaires jC^ à-dire, rouge , orangé & jaune, fi J^ miere n’étoit pas teinte & plus foity{; mais le blanc & le bleu ne peuvent^ que jaune , orangé , rouge & cranjoif^ félon l’épaifleur différente des parties rouges traverfées par la colonne bj^ cbe de lumière , & fuiyant le bleu que contraâe cette colonne à la partie fupé. rieure par fon oppofition avec f’ omjjtt iqau qu un pitutiv — --- , fon angle , & pat conféquept qu en cet endroit la liqueur ell moins epaïue çf Jes rayons plus vifs. L'orange le loin. e un peu plus haut dans l’endroit ou .e prifrne eft plus épais & par de Ibis le jau- ne c & enfin le fécond rouge eft fur 1 _o - rangé, & le cramoift fe forme par deftus le fécond ronge où il paroîirou (ans doute du bleu , fi le prilme ^. P chargé d’une liqueur rouge. Voila donc de l’orangé plus réfrangible que le jau- ne dans la même image, & du rouge plus réfrangible que l’orange ; il n y point de verd ni de bleu , parce que les onpofitions de la lumière fimple a 1 om- bre ne peuvent fe rencontrer : & com- me la lumière eft obfcurcie , u ne s y forme prefque pas de violet fur fon re- tour. Que deviennent prc.fentement toutes ces belles raifons de nos Newtoniens , les éloges pompeux qu’en font les Journaljûes, & que deviennent les er- reurs dont on nous taxe , apres une ex- périence fi convaincante , que tout Pa- ris a vû chez moi ; que le Newtonien a yû lui-même, & qu’il ne fçauroit révo- quer en doute ? Voilà pourtant l opi- nion du plus profond Géomètre détrui- te par une expérience inventée par le plus fimple Phyficien ! On trouve cependant dans cette ex- périence, que l’image de la véritable colonne réfraftét ne commence qu’au- deftus d.e celle des réfrattions latérales , puifque la couleur la plus claire de tout le/Spedre rubrifere, & qui déligne le Huitième (hiejiion. L’expérience du point d'Hongrie faite avec un prifrne dont la fit r face ej convexe, &- fur laquelle on appliquenQ crible percé de plufieurs trous qui f0l. ment plufieurs images toutes colore^ des fept couleurs, & qui fe réuijilfan latéralement, eft mal expo fée de la pan du Newtonien, mal expliquée & mal définie. L’Anonyme prétend que cette expi. rience eft faite pour les leinmes & pou; lesenfans; qu’elle frappe peu lesNe-r, tonier.s à caufe , dit- il , que les Géont tres-Philofophes jie s’amufent pgsd; ces bagatelles. Qù le calcul eft inutile , & ou la rai. fon & les yeux fufififent pour décider, le Newtonien n’y entre pour rien;j| lui faut de l’algèbre en quantité, potI définir le pins petit eftei de la Nature St pour cacher fa foiblefte. Il n’y a paa îpoyen d’appliquer ici des calculs ituj. grals & dtllérentiels ; il s’agit de chan- ger le violet , le bleu , le verd, le jaune, surla Physique et & l'orange , en rouge feulement , en E| J portant l’ombre devant les rayons ; & '21$ 5 de cliangcr toutes ces couleurs en bleu, JlWf en pofant au contraire les rayons de- ü#: vant l’ombre. à-fc » Nous ne nous amuferons certaine- paitf: » ment pas à expliquer cette experien- ti(t!t » ce , dit auiïi l’Anonyme , nous dirons jjij.i.! » feulement que le prifine étant con- oti'« « vexe , dans fa largeur , réunit les éS;i- « rayons rouges dans un foyer allongé, xïr * donc , fnivant les Loix de la Diop- flaeps * trique le bas doit être occupé par les rj5îi: u rayons rouges , fçavotr , les moins $,<1 ** rélrangibles , & ceux qui le font ie » plus , occupent la partie (upérieure, n & en ellet \e fuis sur que M. Gautier « ue difconvtendta pas que les chofes » ne fe paffent ainfi. Il fe trompe. Chaque trou forme Jjjl «ne image confondue , non avec celle qui. lui ell (upérieure ou inférieure , mais avec celle qui lui confine latérale- D(|jt ment, & par confequent le bas de l’i- fJ,î:; nyige efi occupé par les rayons violets, .{f0# j>ieus» verds, jaunes, orangés & rouges, ’ ,if “ieri loin de ne l’être que par les rou- ] lt* ges feulement : ce qui fe voit par l’ex- 0} perience , & c’elt ce que l'on peut voir Lijft ^ans fi”1 planche de Phyfique marquée A. Alors les Zigzags du point d’Hon- iecii( br’e 'e forment dans le le ns qu’on les v,olt.IeP refentés. Les couleurs bleues l’unifient fur la partie inférieure de es G' I ombre ; les rouges , les orangés & les eût ; ^an.nt’s b'f la partie fupérieure , & au nulreii de la lumière on voit le ver J, e, o» Ainfi le haut & le bas de l’image , qui l J forment ie point d’Hongrie , tont oe- ' , Pcs par toutes les efpéces des ditléren- ^ tes couleurs piéfentant le carton, ( conti- * ,,ue ''anonyme) qui retranche tous . w » les rayons rouges & la plus grande « ^ sur la Peinture. 119 » partie de ceux qui les avoifinent , x comme les orangés , les jaunes, eft-il » furprenaut que ces rayons intercep- ® tés ue fe trouvent plus clans l’image , » & qu’elle devienne bleue ? Au con- x traire lorfqu’on intercepte la partie » fuperieure , on coupe le chemin aux «bleus & à la plus grande partie des » verds & des jaunes, il ne relie que des » rayons orangés & rougesquipuiflent » palier fur l’image, & les points d’Hon- » grie deviennent rouges : quelle mer- » veille en tout cela ?Je n’y en voisfdit- »il fort à propos) afiurément aucune. Un Géomètre Newtonien , qui ne comprend pas qu’on ne fçauroit inter- cepter la moitié de chaque bande de cette image , qu’avec plulieurs bandes /■■parées ; & qu’un lêul carton avec le- quel on cache toute la partie G C H C. u’a rien de commun avec les couleurs de toute nature qui changent en rouge dans la partie A E F G. (V oyez la Figu- re première de cette expérience. Plan- che A de Phyfique. ) Pour réfuter entièrement la défenfe de l’Anonyme , & en fa perfonne fol r— daircment tous fes condilciple* , je vais expliquer la figure de cette expérience. Figurer, repréfentant le point d’Hon- grie, A D E F, eft la partie de l’image produite par la partie inférieure de la lurface réfringente du prifme , &CB G H ell celle qui ell produite parla par- tie fuperieure de cette lurface. Toutes ccs deux parties font peintes de fept couleurs fur chaque bande d’ombre qui compofe l’image en entier. Sr, par exemple , je cache avec l’ombre du carton la partie GHEC , on le pofam au foyer de ces rayons , c’ell-à-dire à enviion deux pieds du prifme , alors l’ombre des rayons étam interpofée de- vant les petites images colorées de tou- Observations sur l’Histoire Naturelle; tes couleurs qui font en afcenfion .de- viennent toutes rouges, comme dans la •figure deux,& ne forment plus que des lignes ombrées de diverfes fortes de rouge. Et fi, au contraire , le carton cache les images de la partie A D EF , &que les rayons qui font en defcenfion partent devant l’ombre de. ce carton, toutes les images de différentes con- teurs, contenues dans la partieGHBC. deviennent bleues comme dans la irot- fiéme figure , & du bleu le plus parfait , plus ou moins clair. O BSE R V AT I ON II. Sur la découverte de M. d’Auben- ton , contenant les Couleurs des Pierres précieufçs. JE viens de lire dans Te Mercure de Juin i 7^1 , que M- D. avoit trouvé par le fecours du prifme., & à la faveur de l’image lumineufe qu'il produit , le moyen de comparer les Pierres fines : pour dénommer avec précifion leurs teintes , & en marquer les idées jultes par écrit. Un Indien , par exemple , dit M. D. pomroit écrire en Europe qu’il a trouvé une Pierre précieufe de telle teinte , ou de telle couleur, répondant à tel degré de l’image, &c. Quant à la qualité , elle efl démontrée par la divi- Hon ordinaire que l'Auteur en fait en trois dalles ; « La première comprend » les Dsamaxs , fa fécondé , les Pierres » que l’on appelle Orientales , &c. » latroifiéme , celles que i’on appelle » Occidentales, au nombre delquef- » les le Or i liai de roche doit être adinis, M. U- prétend de plus que l’image lumineirte contient toutes les couleu imaginables ; il n’eft pas difficile de d ^ montrer que cette méthode ellimDatr faite , & même impratrquable par réflexions que je vais faite. „ i*. L’on ne démontre pas toutes fej couleurs des Pierres fines , dans la li11; pie image de la chambre noire. 2q. Les couleurs varient félon Iesa^. gles refringens du Prifme , ce que D. n’a pas aflez bien expliqué. 5°. Cette méthode paroît itnprati. .quable •, parce que l’obliquité ou la foj, bielle des réfractions diverge & coq, denfe plus ou moins les couleurs de l'j, mage ; & les rend plus ou moins viveS) | ou plus ou moins obfcures : c’eft ce qug je vais prouver en deux articles. Pour donner toutes les couleurs d( Pierres fines } il faut trois Prifmes, Le Prifme dont l’angle réfringent, n’ett que de 60 degrés félon lamé, thode ordinaire des expériences de M, Newton * , donne à la \ érité à la dif. tance de 1 5 pieds une très-belle image; mais fi Ponfefect d’une Prifme à côté de celui-ci dont l’angle réfringent, foit de.^o degrés, on verra une vivacité dans les couleurs de ce dernier, bien plus parfaite, quoique le .jaune difparoilTe, La preuve en eil facije , & je fuis furpris que M. D. . . qui >ie Ut fié rie.n cchap. per, n’ait pas pris garde à cette particu. larité de l’effet des Images colorées Jj la chambre noire , entre lefquels efierj ou diitingue plnfieurs efpcces de rouge, de verd <3c de violet. Cela étant démon, tré , 011 peut affiner que les Pierres d’Occident , dont les couleurs Lut moins vives , ne fe comparent qu'avec l’image produite par l’angle réfringent * Il faut apparammetit que M. d’Auber.ton ne fe foit fer vi que de ccim-ci , car il ne donne au- cune définition de l’angle du Prifme dont il fe fervoit. il 01*1 pïi «a sfr ifsitt iiure 006, ■ ite* aiitS1 (fri î- • ifr !ê>6Ï u# jjfC| aï.': fri i it* i^ l# S*; friJe iüiÿ (fr9 . M J# (tji-'1' •a R epJ j\o« kuet iJe-' fî HH (0 il? sur la Physique et de degrés ; au lieu que les Pierres Orientales plus vives &c plus éclatantes, reflemblent aux couleurs de l’image produite par un angle réfringent de 90 degrés. M. D. . . . veut remédier au défaut de la vivacité des teintes par une façon extraordinaire, il dit : « Mais lorfqu’on ” veut comparer des Pierres d’une ” teinte trcs-foible , on et\ obligé de ” ks éloignera une li grande diftance , * que l’efpace de la chambre pourroit >» n’y pas fuftire. Pour remédier à ce » petit inconvénient , on met à lapla- » ce du cri liai , un verre concave , » qui en rendant les rayons divergens , » alloiblit leurs couleurs , &c. 1 otites ces précautions font inutiles , les deux images font avec plus de préci- lion , ce que l'on voudrait faire par le fecotirs d un verre concave , duquel on ne fixe ni le foyer , ni la dillance ) & de plus les diverles teintes de ces images font plus multipliées, que lorfqu’on l’on fe fert feulement du Prifme ordinaire de M. Newton. Cependant malgré les ef- fets multipliés de ces deux Prifmes , on ne trouve pas encore toutes les cou- leurs des Pierres en général ; par exem- ple , le Saphir mâle d’Orient , ell cou- leur d’eau , & tire fur le blanc , & ne fe trouve pas dans les images du Pal- me. Le Rubis oriental ell d’un rouge vif , tranfparatu , & étant expofé au foleil , .1 rellemble a un charbon allumé ; c’ell pourquoi . eftaufli nommé Carbuncu- Uu , la couleur ne fe trouve qu’au Prif- me de 90 degrés. Le Rubis balais eft couleur de rofe vermeille, & donne un peu fi/r lecra- mo.h-vif. U n’eft pas li écarlate que le precedent , & on ne peut pas le compa- rer dans les couleursde l’image. Le Rubis fpinelle ell couleur de gre- Annèe ij'2, Tom, I, Part. II sur la Peinture. 121 nat , & quelquefois il tire fur la couleur hyacinte , couleurs que l’on ne trouve pas dans les images ordinaires ; ainli voilà trois efpéces de rouge dans le feuï Rubis , dont les couleurs ne font pas dans l’image du Prifme de Newton. La Togaff d’Orient ell claire & nette, elle tire fur le jaune-citron : cette cou- leur ne fe trouve pas non plus dans l’i- mage ordinaire , il s’en faut de beau- coup. La couleur de verd-d’herbe de 1\E-, meraude Orientale , ell plus pure & plus brillante de beaucoup que celle de l’E- meraude commune ou d’Occident; or» trouve cette couleur dans le verd que donne le Prifme dont l’angle réfringent eft de & qu'il el\ importible de trouver toutes leurs couleurs en général , qu'a- vec des Prifmes colorés. Il faut donc avoir recours à untroi- fiéme Prifme , je veux dire, au Prifme colore : il efl vrai qu’en colorant un vaifleau prifmatique avec une liqueur teinte de rouge , de bleu ou de prune , on trouve alors toutes les teintes imagi- nables des Pierres fines , mais cela ne lert pas de grand-cliofe ; c’eû ce que nous allons démontrer. Les couleurs des Prifmes ne font pas fixes. On peut prouvercette vérité de plu- fieurs façons , &même dans le Sy dénie de Newton ; voyez ce que nous dit cet Auteur. » Les couleurs primordiales » font compofées en particulier de dif- » ferentes etpéces de rayons , defquels » \es homogènes font parallèles cntr’ciixj » mais malgré ce parallelifme, il s’en » trouve qui différent plus ou moins de denfite , & quelques-uns de ces » rayons homogènes , tiennent de » leurs voifins hétérogènes. Ain h en s’écartant indifféremment du Pu fine ( comme M. D . îe pré tend ) on ne fqaît fi l’on rencontrera 1 une ou 1 autre de cesefpéces de rayons neutres , qui ne font ni homogènes à fa couleur dont il ell quefîion , ni hétéro- genes avec les couleurs voilïnes . def- quetles ils approchent le plus. Les Newtoniens avoueront que l’on ne frau- roit de finir la vraie diftance du Prifme pour fixer l’ordre des couleurs j il s’en- suit la Peinture. 125 fuit donc de-là l’incertitude des cum- paraifons que l’on pourroit faire avec les Pierres fines de diverfes teintes. Mais fans adopter ce Syftême , on peut par une infinité d’autres raifons , s’oppofer à cette nouvelle méthode de M. D....' la faifon, la hauteur du Soleil, les brouil- lards , ou la pureté de l’air , font des ob- lfacles à la fixation des couleurs du Prit me : au lieu que les Pierres font tou- jours de la même couleur : & fi l’on fe fert de vaifleaux prifmatiques pleins de liqueurs colorées , comme je viens de le dire, pour avoir les couleurs des Pier- res pvécieutes , c’eft encore pis , le dé- gré de ces teintes eff inimitable , & quoique l’on puifTe les rencontrer par hazard avec les trois Prifmes : on ne fçauroit en fixer avec prccilïon la véri- table couleur à caufe de toutes les varié- tés qu’il ell impoffible d’indiquer. OBSERVATION VIII. Par ùn Auteur Newtonien & Ano- nyme, traduite de l’Anglais , & imprimée dans le Journal des Spavans de Londres , du mois d' Août 1750. intitulé Laft ma- gazine, page 365. «HT R e s-bumble réponfe aux redou- » i tables objedi°ns deM. Gautier D fur la tneorie des couleurs deM. New- »ton Quidferet kic tanto dignumpromijfor hiatu ? “ ^ °.‘ci l’objedion avec laquelle M. » Gautier prétend renverfer le Syftême » des Couleurs de Newton: ” » comme le fuppofe Newton . » un nmple rayon de lumière eff aufft Qij 144-1 _ OB^rRVATlONs SUR »*. petit que la centième partie d’unche- » veu , il faut que piufieurs milliers de rayons entrent par un trou de trois " lignes de Diamètre , qui ell la gran- » deur du trou par où la lumière s’in-. » troduit dans la chambre noire : & fi » chaque rayon elt compofè de fept 3> autres rayons de différentes couleurs, 3) il s’enfuit de-là que les rayons fim- » pies qui tombent fur. le prifone, étant, « en fi grand nombre , & chaque fun- »' pie rayon étant divifé par la réfrac- » tion en fept autres rayons de diver- j> fes couleurs , tous divergeas les uns » des autres; la réfraétion doit alors » produire une confufion & non pas jj une féparation & un arrangement méthodique de couleurs. Il Te fert., jj pour prouver fon argument , d’une j> démonflration géométrique. ( Voye p 3> la flg. i. page * i 6. du dernier Jour- j> nal , ) c’en efl fûrement une bien jj fimple ; car ce ne font que des lignes ti- 35 rèes à plaifir ; fans avoir aucun égard à jj la vérité , ni aux loix de la nature & jj de la Dioptique. Cette figure n’éfl 3> tout au pfus qu’une explication con- 3> fufe de ce qu’il veut dire , & nuile- jj ment une démonltratïon. Sic’eft là la jj Géométrie des François , je ne m'étonne 3> plus Jî leurs Phflco-Giomct res font Jj tôt jj & ji aifément convaincus. » La propolition fuivante qui n’eft 5» pas moins claire qu’évidente , doit jj fuffire pour prouver à M. Gautier » qu’il fe trompe groffiérement. Proportion. s» Si un certain nombre de lignes pa- » ralléles entr’elles font entremêlées » avec un nombre infini d’autres li- » gnes toutes inclinées plus ou moins » defdites lignes parallèles ; je dis qu’a- a> près une continuation f ou prolongation l’HisTOIRt- NaTURfLLe , » JuJffante de toutes ces lignes parallèles Ç» j> obliques , les Lignes parallèles doivent être » entièrement fèparëes des lignes obliques 3> fans fe mêler avec elles. Démonflration. jj C’efl le propre & i’eiïence des fi, j> gnes paralfi les de conferver toujours jj la même difiance entr’elles , quand j> -même on les piolongeroit à l’infini; jj mais fi quelques autres lignes déclu jj nenttant foit peu des parallèles, plus » elles feront prolongées, plus leur dé. » clinaifon doit augmenter ; de forte » qu’en fuppolant une prolongation jj fuffifante , elles doivent entièrement jj quitter & fe féparer des lignes paraU 3) léles, quelque petite que foit d’abord 3> leur déclinaifon ; Et cette féparation 3> fefera plutôt ou plus tard , à proportion * que leur degré de déclinaifon fera plus ou » moins grand. jj Faifons àpréfent l’application da jj cette démonflration au fyilême des 35 couleurs : les diviflons homogènes ou de jj même, couleur de chaque fimplç jj rayon de lumière , fouffrent le même s> degré de refraélion , ou font égale. jj ment réf tangibles- , après la réfraétion ; >j ait fl elles doivent être parallèles les unes 33 aux autres : & toutes les diviflons hé- » térogènes , on les di verfes couleurs de »> fimples rayons, doivent décliner ou jj diverger les uns des autres après la »> réfraétion ., à proportion des diffé- » rens degrés de réfraétion qu’ils fouf. » frent ; & conféquemment , fuivant 35 la propolition qu’on vient de démon. 3> trer , les rayons homogènes doivent à uni jj certaine difiance du prifme être entière- » ment fép ares des hétérogènes , ou de di- j» verfes couleurs. Q. E. D. 3® Il n’importe donc fi dix millions » de fimples rayons , chacuns compo- sua la Physique et (es de Tept autres plus petits , de dif- férentes couleurs, partent par le trou tombent fut le prifme ; car quel- ques nombreux qu’ils foient , il faut, lelon les régies de la réfradîon , qu’ils fe féparent en fept clartés , ar- rangées diflindeinent & par ordre. Et il importe peu à M. Gautier de nier ou contredire le parallélifme des rayons homogènes après la réfrac- tion ,• car il arrivera la même chofe rt l’on accorde que les rayons homogè- nes font moins divergens entr’eux après la refradiou , que ne le font » les hétérogènes à l’égard des autres. ( V oyez la Flanche à la fin de cette fécondé Partie.) y> D E F. le prifme fur une des furfa- » ces réfringentes , d’où l’on fuppofe partir cinq rayons fimples. j, a. a. a. a, a , cinq divifionsdecou- leur violette, de cinq rayons fimples ,, après la réfraélion qui s’écartent du ,, prifme. 3, b. b. b. b. b, cinq diviftons indigo *> des cinq rayons fimples après.la ré- a fradion. ,, On obmet toutes les divifions des „ autres couleurs des cinq rayons fim- pies , pour éviter la confufiondes ii- »> gués. » C ,1e point de féparation des rayons -, indigo d’avec les violets. Ainfr fi l’on ” et une feuille de papier entrée ,3 point & le prifme .les deux couleurs „ paroitront mêlées fur ce papier, celt-a-dire, plus ou moins, à pro- ” Por.tlon de ia Proximité du prifme. ” Ma's a“; delà du point C, chaquç kZIZ fTd. & üm ra£lange- j- \Sunderland , Augufl. 2l , 1750,. sur la Peinture. OBSERVATION IX. Re'ponfe de Al. Gautier , imprimée dans le deuxième Volume du Mer- cure de Dècemh. 1 7 50.& envoyée à Londres, à l'Auteur du Jour tu , des SpavaiiSj Anglais. L’Auteur anonyme dit , pour com- battre ma démonfiration géomé- trique , contre la prétendue réunion des rayons au centre de l’image ., Que mes 5 .lignes font tirées à plaiflr, fans aucun égard » à la vérité ou aux loix de la Nature & de ,, la refralliony&c. ., Sans m’arrêter aux invedives qu’il met à la tête de fa Di lie - tation.en vers Latins héxametres,je vais lui faire connokre que les démonflra- tions fimples s’accordent fouveiit avec les loix de la Nature , & lui donner mon objedion contre Newton , fous une au- tre figure plus compofée , où je proiu verai que les Newtoniens n’ont pas même pris garde à la double réfraélion du prifme ; car les rayons qui fe réfrac- tent en partant- de l’air dans le verre , le finusdeleur incidence, félon Newton, „ efl au fi nus de leur réfraélion , comme jj 1 7 d 1 r . &fi c'ejl du verre dans l’air , „ le Jinus de leur incidence efl à celui de „ leur réfraélion , comme 1 1 à 17. &c. C Voye? page y y du fécond Volume in 12* de Plufjque, où je donne une partie de cette demonflration , qu'il efl inutile de répéter. ) Vropofition. Je dis : fi les rayons DE & Hi (flgure fécondé des Planches que je viens de ci~ ter j ) font réfradés en E & en I de l’air dans le Prifme , le rayon rouge izS Observations sur KF du rayon DE , fera porté en F ; & le rayon violet de ce rayon en C. Le rayon rouge IL, du rayon H I , fera porte en L, & le rayon violet en O. Ainli les rayons émergens violets & homogènes feront en P &enN, du point O & du point C ; & les rayons rouges homogènes & cmergens feront portes en G & M : ce qui rendra l’ima- ge du rouge plus grande que celle du v iolet. Cette différente émergence de rayons hétérogènes n’eft pas connue de Newton , car il ne parle que de la divergence qui fefait à la fortie du prit- me . & non de celle qui fe fait dans le prifine. Dèmonflration . 'Le finus de l’incidence h i , du rayon 'D E , feroit au finus de réfradion m n , durayon rouge EF . comme 17 à 11. Et le finus p o , de ce rayon rouge, alors incident par rapport à la deuxiè- me lurface, feroit au finus d’émergen- ce q r , comme x r à 17 • mais le lmns s t, du rayon violet £C , doit mefurer un plus grand angle , parce que ce rayon efi différemment incident : & étant aufli prétendu plus réfrangible , il doit s’écarter davantage du rayon rouge , fon contemporain , & du point C j ou eflfon incidence fur la deuxie- me furface , & fe réfrader par le finus d’émergence x 11. Cela étant . les rayons violets font plus approchés , quoique parallèles , que les rayons rouges paral- lèles aufli entr’eux j donc les images des rayons violets devraient être plus étroites que celle des rayons rouges du même fpedre ; c’eft ce qui n’arrive point. Cela étant , je reprends ici ce que j’ai dit dans la première DilTerta- tion démon fécond Volume, pave e> nt, Je li- re TROISIEME PARTIE OBSERVAT IONS SUR LA PEINTURE OBSERVATION I. Sur l Optique des P eintres , & fur le choix de la Lumière dans les Tableaux . LEs Livres Gaulois , que l’on ne lit plus , font d’une grande ref- fource à certains Modernes. Ceux des Gangues mortes & des Langues étran- gères, ne font pas moins miles que ceux-ci à une infinité de Plagiaires. J au roi s occafion de faire comme eux , & de donner 1 Optique des Pein- tres fous une autre forme & en mon nom ; mais je fuis ennemi de tout Plagiat. Leonard de Vinci a e'fé traduit en mauvais François , il y a cent ans, par T)e Chambrai , & les régies de Perfpec- tive de Padti P0{o , de la Compagnie de Jésus , font mifes aujourd’hui à Année ijbz , Tom. I . Part. neuf, & retournées par un Auteur moderne. Comme on a pris les devants fur Padri Po^o , il ne me refte plus qu’à parler de Leonard de Vinci. Celui - ci s’eft attaché effentiellement à la Perf- peûive de Pair -, l’autre parloit de cel- le des lignes ; & fi par hazard je trou- ve l’occafion de dire mon fentiment & d’y ajouter quelque chofe du mien , en expofant fes leçons d’Optique , js ne prétends pas que la forme emporte le fond , & je donne d’avance à cet Auteur tout ce qui lui appartient. Je crois cependant que Padri Po^o reft fi défiguré que nousferons obligé de II. Seconde Edition. R. 130 Observations sur le traduire en François , malgré ce que je viens de dire , & de faire regraver fes Planches , & de les donner dans notre Traité avec des augmentations. Sur la Perfpeclive Aérienne en, général , & furie choix de la Lumière. Les jours & les ombres forment le Tableau, les couleurs le décorent & l’embéliffent, & la figure & le con- tour le perfectionnent. Voilà trois Par- ties elTentielles à la Peinture: on peut les traiter féparément. Nous pouvons comprendre dans la Perfpefti ve de Pair , les effets de la Lu- mière & de l’Ombre. La Lumière s’é- teint par la route qu’elle a à faire, des objets à nos yeux , & la clarté de Pair falit les ombres * dans de grandes diffances. Tous les Peintres connoiftent cet axiome , & les feuls ignorans s’écar- tent de cette régie. Plus un objet eft éloigné , plus il efl effacé dans ces om- bres & dans fes jours. C’eft fur quoi eft fondée la Perfpeûive , que nous nommons Aerienne, Celle que nous entendons par PerfpeéHve Lincalc , ne conlifte qu’à définir la diminution des objets par leur diftance , & le chan- gement de leurs formes par cette mê- me diminution , de forte qu’une ligne parallèle nous paroît inclinée au plan , lorfqu’elle eft mife en Perfpeôive.Un cercle forme une ellipfe par le racour- ciffementde l’un de fes Diamètres, & c. Mais la Perfpcttive de Pair ne fçauroit s’entendre fans la connoiflance de la Lumière & de l'Ombre. C’eft pour- quoi nous ne ferons pas difficulté de parler du Clair-obfcur en parlant de la Perfpeélivc de l’Air. l Histoire Naturelle, Le choix du jour eft d’un grand avantage dans la Peinture. Les Ta- bleaux de nos grands Maîtres nous fourniflent de belles Leçons fur cet Objet effentiel à la perfeétion de l’Art. La Lumière tranchée par les Om- bres avec trop de dureté, fait un très- mauvais effet dans les Payfages. Pour éviter ce défaut il faut fuppofer dans ces compofitions une Lumière uni- verfelle , un jour de crépufcule , ou cacher le Soleil avec ces nuages ; ain- fi que les Peintres Flamans Payfagiftes ont prefque tous exactement obfèrvé dans leurs compofitions. Les Sujets que l’on éclaire par la Lumière qui vient en droiture du So- feil,font, ou des morceaux d’Architec- ture , ou des compofitions particuliè- res d’Hiftoire , aufquelles le nombre des Figures n’eft pas confiderable : alors le Sujet eft plus vif & plus Cil- lant , ainfi que les Tableaux du Rtm- brandy tel que celui de Tobie, dans le précieux Cabinet de M. le Marquis de Voyer , oiiles Têtes ont une Lumiè- re admirable , & où les Ombres dans leurs Teintes les plus noires oppofées à cette vive Lumière , ne fervent qu’à former le contrafte le plus fçavant, le plus vigoureux & le plus naturel. Le Tintoret a pratiqué quelquefois ce genre de Lumière , il a parfaitement réufîi dans les effets piquants des Ta- bleaux. Ce font- là des preuves certai- nes de la force des jours par 1 oppofi- tion des fortes ombres. Michel Ange de Cnravage étoit trop noir , il fe fervoit toujours du jour de lampe , où les Objets font trop éclai- rés de jaune , & les Ombres trop peu foulagées de reflet?. Ces fortes de Tableaux font fort piquants & d’une * En Peinture , falir les Ombres , reut dire les éclaircir. sur la Physique et force donnante : mais la Pcrfpeétive Aerienne n’y eft pas obfervée ; les Figures iont bornées dans un certain elpace , & peu diftantesles unes des autres; Les Payfages font les endroits oh 1 Art de la Perfpeéïive Aerienne doit etre le plus obfervé , c’eft pourquoi le jour univerfel y eft très-favorable. Le fameux Llaudt Lerrain , Tenicre , & le celcbref auvremans ne font pas forti de cette cfpéce de Lumière , & l’ont parfaitement entendue dans leurs Pay- figes , & s’ils ont laiffé échapper quel- quefois des traits de Soleil dans leur compofition , ces effets étoient portés a propos & adoucis par des oppofi- tions tendres. Mais il arrive malheitreufement à quelques Peintres , qui , fouvent def. iinent allez bien , que ! intelligence & la pratique leur manque dans la Per- fpedive de l’air, & dans l’übfervation exaéle de la Lumière égale du Tableau. Ces Artiftes ayant des compofitions *Va'rc.’ commc celles d’une Bataille, d un fujet de Chaffe, peignent leurs Fi- gures ou leurs Animaux dans les cham- bres; & les pofent enfuite dans la cam- pagne. Qu’arrive-t-il alors ? La cam- pagne eft éclairée par un jour univer- sel » comme nous venons de dire , ce jour étant le plus agréable & le plus flatteur , les Figures font éclairées par wn jour particulier. Peu de perfonnas entent cette faute , quoique groffiè- re , mais les bons yeux ne la laiffent pas échapper ; il fe peut que le Pein- tre la connoiffe auffi lui-même , & cju il fe flatte, fans doute , que Ton n y prendra pas garde: le brillant de fa igure femblç J’aflurer que les yeux fa°iitmUnS nC di^nSueront Pas ce dé- On peut conclure de ces préceptes sua la Peinture. 13 1 que le choix du jour eft le fondement du Tableau, & que fi un Peintre fe fert dans une même compofition, d’un jour univerfel de campagne pour une certaine partie , & du jour particulier de chambre pour une autre , ce Pein- tre eft dans l’erreur , & fes Tableaux font un très mauvais effet. Je ne parle pas de ceux qui om- brent les Figures d’un côté , pendant que celles qui les touchent , font om- brées de l’autre. Cette faute n’eft plus d’ufage , & on ne l’ignore nulle part : il n’eft queftion que du jour plus ou moins tranché avec l’ombre , félon qu’il eft dirigé d’un feul ou de plu- fieurs points. La Lumière du Soleil n’eft dirigée que d’un point furies objets, ainfi que celle d une lampe & celle d’une petite fenetre dans une chambre ; c’cft pour- quoi les réflexions font moins éten- dues & prefque uniformes, & le corps dans l’endroit oppofé à la Lumière , par conféquent , plus chargé d’ombre. Mais la Lumière univerfelie eft celle qui vient du même côté , & de pltt- lieurs points, comme dans une cam- pagne avant le lever du Soleil , ou apres fon coucher : la partie d’Orient ou d’Occident eft la plus éclairée, & celle du côté oppofé la plus ombrée ; mais de façon que la grande quantité de reflexions différentes -des rayons du jour , qui fe réfléchiffent en tous fens , félon leur incidence , entoure l’objet & l’éclaire avec douceur fur les parties ombrées , qui autrement fe- rotent plus obfcurcies. Ainfi donc , fi un Objet eft tranché d ombres fortes dans un Tableau , & 1 autre adouci par la quantité de re- flets, la compofition eft faufl'e & dé- feftueufe. Ceci bien expliqué , nous raifonne- , 3 2 Observations sur l rons avec plus de clarré , & nous fe- rons mieux entendus , dans les régies que nous démontrerons de la Perfpec- tive de l’air , fi néceflaires pour la gradation des Figures lur divers plans, & pour la reprélentation des Objets les plus éloignés du Tableau , que l’on appelle Lointains. L’Air eft un fluide tranfparent,mais cependant compote, de particules ma- térielles de forme fphérique , & il n’eft agité dans les Particules qui le com- poient que par les parties de Lumière ou de feu qui le pénétrent. Ces par- ties , que j’appelle Particules ignées dans ma Philofophie, gliffent aifément parmi les Particules de l’air & dans leurs intervalles , ce qui empêche cet Elément de fe fixer , & c’eft ce qui lui donne fa tranfparence & fa fluidi- té. Mais aufli ce font les parties folides de l’air qui arrêtent à leur tour les parties de feu , qui les modifient , & enfin qui brifent leur aftivité. Cette raifon , une fois comprile , il n’cfl pas difficile de concevoir , qu’il faut ab- folument que , fi la Lumière , compo- fée de ces parties ignées , nous eft ren- voyée d’une grande diftance à tra- vers l’air , elle doit s’affoiblir & être moins vive ; & par conféquent les Ob- jets éclairés feront moins blancs , fi nous choififlbns le blanc pour la cou- leur de la Lumière. Les ombres s’affbibliffent aufll, c’eft- à-dire , tout ce qui approche du noir, parce que Pair ébranlé par la Lumiè- re , traverféen tout fens des rayons, fait comme une toile de clair, plus ou moins épaifle , devant les Objets om- brés, de façon qu’un objet éloigné & de couleur noire paroit bleu , & par conféquent plus clair , par les tranf- parences de la Lumière fur l’ombre. Newton , pour expliquer la couleur Histoire Naturelle, bleue que donneroit cet Objet , iroit nous chercher les Particules , qui n’é- tant pas parvenues a leur grojjeur , ne peuvent réfléchir que les rayons bleus , &c. On ne peut pas faire un pas dans l’optique fans connoître les méprifes de ce Philofophe , & les Newtoniens peuvent être perfuades c[ne je ne tes épargnerai pas quand 1 occaùon fe préfentera de les battre. . Nous concevons que la Théorie de la Perfpeéfive de l’Air & le choix de Lumière qui doit l'accompagner, peu- vent faire un accord parfait dans un Tableau, & qu’il eft utile de ne pas ignorer cette belle partie de la Pein- ture. A la lumière du Soleil on peut faire de belles Campagnes & de belles Ma- rines ; les Payfages du l itien (ont fra- pés de ces coups extraordinaires de clair- obfcur qu’occafionne cette Lu-* mière , quand elle eft bien entendue. J’ai vû des clairs-de-Lune magnifiques: ces Tableaux ont un goût particulier; mais alors la Lumière , comme j ai déjà dit , étant moins réfléchie , la na- pe d’air eft moins claire , & les loin- tains font plus noirs & d’un bleu dur & obfcur. Je ne vais pas plus loin dans cette Difl'ertation. Je prie le Letteur-Pein- tre , de méditer fur ce que je lui ai ex- pofé , en peu de mots , de plus eflen- ticl fur la Perfpeâive de l’air , d’après les fentimens des plus tanieux Maîtres de l’Art, & en conféquence des réfle- xions que j’ai faites moi- même fur la Nature. Dans les Articles que je donnerai dans la fuite, j’entrerai plus particulié- rement dans les effets de cette Per- fpeêlive , peu connue jufqu’à préfent. sur la Physique et suft la Peinture. OBSERVATION III. Sur les Tableaux expofés dans le Salon du Louvre , au mois d' Août tybi. LEs plus grands Peintres de l’Anti- quité avoient coutume autrefois, d'expofer leurs Ouvages à la cenfure publique ; ces Expofitions fervent au- tant à inftruirc le Public que les Ar- tilles môme , par les Critiques lenfées qu’elles occaliounent. L’on voit tous les ans, avec plaifir, dans le Salon du Louvre , les mer- veilles de nos Appelles François. Je n’ai jamais manqué d’y aller fatisfaire ma curiofité , & j’y ai /'ouvert puifé des leçons extrêmement utiles. Cepen- dant , comme je fçai qu Homère dort quelquefois , j’ai pris la liberté de m’ap- percevoir de certaines négligences qui peuvent échapper aux plus grands Maîtres. Je vais rendre compte au Public de l’impre/Tion qu’ont fait fur moi les Ta- bleaux de cette année. Le premier qui m’a frappé , efî de M. Oudri ; il repréfente un Lapereau & une Perdrix grife , pendue par les pat- tes ;la Perdrix eft ti douillette & fi na- turelle , que j’en aurois volontiers arraché les plumes , pour voir fi la chair repondoit à la douceur du fur- tout. Le Lapereau elt moelleux , il reffent le poil à merveille , & le tout enfcmble fait un morceau dans fon genre , au- de/Tus de tout ce que l’on nous vante des Maîtres d’Italie. Ce n’cft point ici un cl prit de flatterie qui me fait parler , c’eit l’amour de la vé- rité. Je me fuis enfuite occupé à des *35 morceaux de Fleurs fous glace , ex- trêmement finis & d’un grand goût , de M. Portail. J’ai vû dans le même genre , un Loriau & un Geai , de M. Oudri ; tous ces morceaux font d’un beau coloris, & dignes des Pinceaux qui les ont produits. J’ai palTé enfuite aux grands Ta- bleaux , où l’Art fe déployé , & où les fautes font plusfenfibles. De tous ceux du Salon , celui qui méritoitle plus d’attention , cft , fans doute , le Portrait du Roi , que j’ai trouvé bien hiliorié & dans le goût de Vandtik auf- fi vigoureux de couleur , & même ,(i j’oie le dire , d’une Teinte aufli noble uc celle de Titien. Les contours font ers , l’attitude admirable : mais M. V an/os’cil un peu négligé fur les pro- portons , & il a fait la Tête d’un co- loris trop foible , cc qui ôte la reffem- blance : Si ce célébré Peintre avoit moins craint de la manquer , il auroit donné des touches plus hardies. Cette partie du Tableau alors répondroit au refle de la Compofition, & il auroit mieux réuffi. Ordinairement les grands Peintres d’Hifloire ne réuflïffent guè- rcs au Portrait , cette partie eft trop au-deffous de leur fçavoir ; en voici la raifon. Pour peindre l’Hiftolre , il faut fça- voir exaftement dcfliner ; il fautcon- noître toutes les Sciences qui ont rap- port à la Peinture , méprifer le tatil- lonnage , céder au feu de l’imagina- tion. Placer des lumières où l’accord du 1 ableau le demande ; ombrer les eudroits fàdlans de coups de force dominans, & ménager fi peu fon Pin- ceau dans cette verve pittorefquc , qu’il faut fouvent trancher une face par le coup d’ombre d’un cafque , par celui d’un chapeau , d’un turban, &c. meltte une main dans l’oblcur pour Observations sur l’Histoire Naturelle , faire valoir un bras , éclairer quel- quefois la poitrine ou l’épaule d'une Figure , tandis que tout le refte ne conferve que le ton moyen , ou quel- quefois les plus grandes ombres. On ne finiroit jamais , fi on vouloit ex- primer les accords que demandent les Tableaux d’Hiftoire , lorfqu’on veut faire du beau , & lutter avec les Anciens. Mais le Portrait eft le chemin le plus battu de l’Art de peindre : il a des loix preferites dont il n’cft pas per- mis de s’écarter ; point de chapeau , point de cafque, pointée turban , nud tête; parce que cette compofition don- ne un air jeune ; il faut toujours des mains bien blanches pour décorer la Figure. Certains demi - Connoifleurs , en parlant des Peintres qui avoient pris la licence de mettre tant (bit peu d’om- bre fur les mains d’un Portrait , pour faire valoir le clair de la tête , les ont blâmés. Ils ont prétendu que leurs Fi- gures avoient les mains barbouillées. Je penfe que M. de la Tour & M. Pc- Tonntau , ont raifon de faire leurs Por- traits fans mains : on fe tire alors d’af- faire, un bout de tête fuffit. Mais, dira-t-on , du tems de Van- deik , de Porbus , de Reimbran , & de tant d’autres fameux Peintres de Por- traits , ils prenoient ccs licences , ils mettoient de gros gants à leursFigures; ils ombroient hardiment les mains ; on couvroit les têtes , & on les laif- foit nues fi on vouloit ; & cependant les Portraits de ces Maîtres de l’Art , font encore aujourd’hui des Chef- d’œuvres , & font l’ornement des plus fameux Cabinets : cela eft vrai. Mais alors les Particuliers vouloient bien être peints mal-peignés ; à préfent les maudits Perruquiers n’ont inventé la frifure & la poudre , qije pour fa;_ re enrager les Peintres. Les cheveu* rangés & poudrés otent l’effet de la tc- te r elie paroît brune ,lorfqu’elle eft à peine au degré de Teinte qu'il fautjeet excellent ton doré que les Peintres Flamands ont répandu lur leurs chairs, ne s’y trouve plus. Il eft vrai qu’ils tî- roient un grand avantage des habits noirs ou bruns qui faifoient tout l’or_ nement d’un Portrait de ce tems-ij. ce qui aidoit au jeu du Tableau. pe$ étoffes de laine font avantageulesilIIl6 fraife négligée fait à merveille : Enfin tout ce que la nobleftc de la Peinture exige , fe trouve dans ces Ouvrage; Aujourd’hui ce n’eft plus cela , ü fau| du velours , de l’or , de P argent, des moeres , de la poudre , de la frifure; la fimple Nature en eft bannie : & |e| Peintres de Portraits fe tirent d’affai- re comme ils peuvent , lorqu’ils pe;. gnent en Grand. M. Natter eft , à la vérité , forti de ce genre , & a fait quatre Portraits, qui ont toute la Grâce & la NobleiTe poftible , mais, malgré cela , j’aimerois mieux le Portrait de la Reine qui pa. rut l’année derniere ; cet air naturel & majeflueux que M . de la Tour avoitfi bien faifi , cette parfaite reffemblance, font , à la vérité , bien eftimer un Pein- tre qui s’adonne à ce genre , & lui font mériter les louanges de tous les Con- noifleurs. Laiffons-là les Portraits , la carrière enferoit trop vafte : Paffons auxTa- bleaux d’Hifloire. Le Tableau du Sacre de S. Auguf. tin, que j’avois vu, il me femble, l’an, née pafîee , m’a paru avoir dû être traité pour le Coloris , comme celui du Portrait du Roi ; il eft cependant de la même main , mais moins empâ. té ; quoique la compofition en foit SUR LA libre & excellente _ drapées , Couples & tnoëlleufes , on y relient au - deffous la charpen- te. Mais à l’égard de la couleur en général , je la trouve trop grife ; les draperies qui décorent tous ces Evê- ques font prcfque de même Teinte, au lieu d’être alïorties par des effets plus frappans. Celles du devant du Ta Physique et sur la Peinture. 135 les étoffes bien thage. Ce Tableau , à ce que me dit un Abbé qui lorgnoit les Numéros , Sc qui lifoit enfuite dans fa petite Bro- chure , efl deftiné pour les Tapifleries des Gobelins. La Tapilferie ell autre chofe que le Tableau ; le Peintre qui travaille pour ce genre , ellaflujetti , & je fuis très-certain , que ce mor- ceau exécuté en Tapilferie , avec bleau , font les feules que l’on peut liberté & le grand Coloris que je con- lailfer en blanc ; elles doivent porter fur d’autres Teintes plus fales , ou fur des Couleurs moins rehaulfées que le blanc. Car , quoique le blanc de tou- tes ces draperies foit ménagé avec art, cependant la grande quantité rend le Tableau trop entaffé , & en affoiblit l’effet. L’excellence du Delîîn fe rencontre dans ce Tableau :1a beauté des carac- tères , & même la variété s’y trouve. J’aurois voulu qu’il y eût moins de tê- tes pofées de profil , furtout fur le de- vant, &que quelques-unes, cffentiel- lcmentles jeunes, fuffent moins tour, nées vers l’aétion pour trancher la Compofition. noisà M. Reflou , fera un morceau d’un grand effet. J’ai entendu dire par des Connoif- feurs qui étoient à côté de moi pen- dant que je confidérois ce T ableau , que les Bâtimens ne font pas du Su- jet , & qu’il n’y a rien qui reffemble à la Fondation d’une Ville , qu’il paroît au contraire, que ce font des Ouvriers qui bâtiffent une maifon particulière d’un goût commun. Ils prétendoient qu’il falloit donner du vafle , faire paroître des Grues en quantité à toute diflance ; des Palais à moitié finis , & en un mot , un fra- cas d’un plus grand détail du côté des Bâtimens ; quand même on auroit dû Cette legere Obfervation n’empê- retrancher le nombre des Speélateurs che pas le grand Beau qui régne dans qui ne font fouvent qu’embarraliér toutes les produélions de M. le Che- valier f'unlo ; ce grand Peintre fera toujours le modèle de ion Siècle. Je vis enfuite la grande Fuite en Egypte de M. Pierre , qui paroît plu- tôt un repos ou une préfentation , qu une Fuite •. d’ailleurs , le tout eft exécuté d’un Pinceau libre & fçavant, d’un feu de Lumière admirable. Ce Tableau fe (ou tient à merveille à côté les Ouvriers : mais je les regardai comme de mauvais Critiques. Je m’é- cartai pour réfléchir fur l’Anatomie des Figures nues des autres Tableaux : c’eft dans le nud où l’on connoît la fcience de V Artifle. Si on me permet de dire mon fen- timent , en qualité d’Anatomifle , fur les Figures nues en général des Ta- bleaux qui font expofés ce^te année de celui de M. / un Fouillent-ils les entrai!- les ? Injeélent-ilsles Vaiffeaux ? Coa- noiffent-ils les attaches , & le mouve- ment méchanique des Mufcles ? Ils voyent à-peu -près la fimple pofitios des Mufcles fur un Sujet , quelquefois maigre & décharné , court, mal conf. truit, tel que le Démonftrateur le peut attraper : ce Démonftrateur eft Chi- rurgien , il ne connoît pas les grâces de l’Antique , la noble proportionna belle forme ,1’attion des Mufcles, les sur la Physique et effets dans les pofuions , la fonplefle des Contours : il ne peut montrer ce qu’il ignore , en cela il fait fon office, ainfi que l’ont fait fes Prédécefleurs. On n’y fçauroit remédier , qu’en obli- geant les Académiciens de diflequer eux-mêmes pour connoître le Corps humain , & enfuite en élevant parmi eux des Démonftrateurs ou Profef- feurs d’Anatomie , comme il y en a de De/lins pour qu on puife les étendre & les effuyer fur la Planche , fans les confondre. Cette po- fition eft contre les régies de la Pein- ture , car s’il arrive que dans un Ta- bleau il y ait des Couleurs vives & brillantes , certainement le refte du Tableau doit s’accorder avec la viva- cité de ces Couleurs. On ne peut donc appliquer féparément au coin d’une Planche un ton different du ton géné- ral ;ce feroit pour lors une pièce rap- portée qui ne pourroit produire qu’un très-mauvais effet ; je m’étonne que des perfonnes qui fe piquent de goût dans la Peinture , ayent adopté cette faufle idée de le Blond. Pratique de chaques Couleurs. Ma première Planche ne porte que le Noir ; elle eft gravée pour tous les tons de cette couleur dans le Tableau; elle fert encore pour produire toutes les Teintes grifes , qui ne peuvent être ‘Histoire Naturelle, faites que par cette feule couleur avec le blanc du papier. Cette couleur fur la Planche peut nous rendre , avec le feccurs des trois autres couleurs, 8c par elle-même , les couleurs & les teintes fuivantes. La Planche feule. A , le Noir ; AH, le Gris. Voyez ma Palette. Avec la Planche jaune. AC, 1 Ocre de Rome, ou obfcure. Avec les Planches qui portent le Jau- ne & le Rouge. A C D , l’Ocre brûlée. A B C D , la terre d’Ombre , com- posée des quatre Couleurs > ou des quatre Planches. ABC, la terre verte de Vérone, compofée du Noir , du Bleu 8c du Jau. ne des trois premières Planches. AB, l’Indigo , compofé du Noir 5c du Bleu, que portent les deux premiè- res Planches , &c. Que l’on me prouve que le Blond rendoit ces teintes fans le fecours du noir , je dirai alors qu’il pouvoir fe pafler de ma quatrième couleur ; mais le Blond n’ayant jamais gravé aucun Sujet où il ait employé la Planche noire , il ne peut avoir fait aucun Ta- bleau parfait fous la Prefle , & il n’a remédié à ce défaut qu’en mignaturant. fes Efiampes , c’eft à-dire , en les fi- niflant au Pinceau. 11 eft aife de prou- ver ces vérités , non-feulement en in- diquant , comme j’ai fait dans ma pré- cédente Lettre , les Ouvrages qu’il a donnés en France , 8c la façon dont ilsétoient gravés , mais encore par les Extraits des pièces rapportées à la fin de ce Difcours. Je reviens à la prati- que de mes quatre Couleurs. Je pafle d’abord fous la Prefle cette première Planche , qui fait fur le pa- pier une efpèce de lavé à l’Encre de la Chine ; enfuite je pafle ma Planche bleue , qui , avec le fecours de la pré- sur la Physique et sur la Peinture. Ccdente, fait un camayeu noir & bleu, dans lequel on trouve le noir , le bleu, le blanc , le gris , le gris - bleu , & le bleu i'ale, & une grande quantité d’au- tres Teintes compofées de ces Cou- leurs. Je parte eniuite fous la même feuille ma Planche jaune , qui fait, avec les Teintes précédentes , le jau- ne , le verd clair , le verd brun , le verd céladon, le verd d'herbe, le verd d’olive , &c. Elle fait encore, avec le fecours des Teintes noires primitives, les terres brunes, les jaunes (aies, &c. Après je parte ma Planche rouge , la- quelle produit le rouge , &c avec les Teintes des trois autres, les poupres, les orangés , les gris de lin , les cou- leurs de rofe , les bruns rouges , les terres d’ombres, les terres de Colo- gne , & une infinité d’autres Teintes que les trois Couleurs n’ont jamais produit. Donc ce n’eft pas pour aller à la perfection par un chemin plus court que l'on doit employer U noir , comme on a voulu le dire ; mais on employé cette couleur par une nécefiité indif- penlable , & par conféquent ceux qui ont fait des Tableaux lans le fecours de cette couleur, n’ont pas eu la con- noidance de la nature des Couleurs , primitives pour fixer le vrai nombre des Planches , qui produifent fous la Greffe, (ans le fecours du Pinceau, tous les Objets naturels. Effet des quatre Couleurs primiti- ves du Sr Gautier dans les trois Clefs de la Peinture., Un célébré Académicien ¥ ayant vu nia Lettre à M. de Boze , nfa fait ob- ierver que mes Palettes , avec leurs i eintes intermédiaires , pourroient *47 fort bien fixer l’idée de foutes les Cou- leurs générales , ce qu’il croyoit pof- fible par l’application que je faifois de chaque couleur à des matières & à des drogues connues en tout pays , defquellesje pouvois donner par mes Palettes & leurs couleurs primitives & mixtes , & leurs degrés de claie— obfcur, toutes les teintes imaginables. Il eft certain que le Cinabre , par exemple , l’Indigo , les Ocres , les Noirs , &c. font aflez fixes dans leurs Teintes, & que dans ces Couleurs ou dans les autres , s’il y a quelque va- riation , c’eft un degré de Teinte in- termédiaire , que l’on peut anfli aifé- menr fixer par comparaiCon, & même dire un indigo de tel degré au-deffus du Noir , un Outre-mer d’un tel dé- gre au-deffus de l’Indigo , &c. on peut encore dire un Noir de la première Palette , un Noir de la fécondé Pa- lette , & ainfi des autres Couleurs ; car la dirtin&ion de ces Palettes eft comme celle des tons des deux tuyaux d’Orgue qui font à l’uniffon , mais dont le premier eft fourd comme ce- lui d’une Flûte bouchée , & l’autre clair &: argentin , comme celui d’un Tuyau de Montre, c’eft à -dire , que que l’on peut voir deux Bleus égale- ment purs & de même degré de Clair- obfcur , mais l’un fourd & l’autre vif & éclatant ; voilà quels font les effets de mes trois Palettes , c’eft pourquoi l’on voit dans mes Ouvrages un ac- cord qui ne choque pas la vue. Outre ce que je viens de demon- trer , je veux encore ajouter ici de fécondés preuves , que le Blond n’a jamais pratiqué mon Syftême des qua- tre Couleurs , & que je ne fuis pas fort Elève. * M. deRcaumar. 148 Observations sur l Preuves contre le Blond & fes Elèves en trois Couleurs. l°. Extrait du Journal de Trévoux, du mois d’Août 1737, pag 1441. » M. le Blond vient de conduire fon » premier effai au but ; c'ejl un Tableau » de la Sainte Vierge , qu'il n'a point » choiji j & qu'on Ta obligé de faire fer- » vir de première épreuve à fon Art. Nous « avens vît naître les trois Planches , »» nous les avons vues graîner , mettre à » l'Eau-forte , buriner . dre. nous avons » vît les premières épreuves & les perfec- » tiens fuccejfsves ; nous avons vû mettre la >• Couleur , d’abord le bleu fur la Plan- ts che , ejfuyer la Planche , la mettre fur le » papier mouillé fous Prejfc. Nous avons »> vît le papier fortir de dcjfous la Prejfs en » camaïeu , c ejl-à-dire, avec une emprein- te te , une Image toute Bleue de la Vierge. » Nous avons vît, & d'autres ont vît auf >» fi remettre ce même papier fous la fecon- » de Planche , couverte de latine & ef- » fiuyée à l’ordinaire , & eu finir Bleue en- » core en divers endroits , Jaune en d’au- » très , Bleue & Jaune , c’ejl-h-dirc , V crie » & diverfiment Verte en divers endroits : » Enfin , nous avons vît remettre ce papier » & plufieurs papiers fous la troifieme » Planche toute Rouge , & en fortir » avec toutes les nouvelles Couleurs , Au- « rare , Orangé , Cramoifi , Pourpre ,Vio- » /et , Agathe , Colombin , & c. Enfuite il eft dit plus bas , » M. le y> Blond dit qu'il n’entre d'autre noir que » celui qui réfulte du mélange des trois Cou- n leurs , après avoir dit , que ces trois »> Couleurs font toutes les Couleurs à l’infini. Il n’eft pas vraifemblable que le Blond , qui vouloit avoir le fuffrage du Public , les bienfaits du Roi & les fecours de fes Aflociés , cachât alors la quatrième Planche , puifque le pre- ’Histoire Naturelle , mier morceau ayant manqué , il fut abandonné de tout le monde , com- me je l’ai déjà dit , & de plus ce qui prouve qu’il ne penfoit pas autrement, c’eft la pièce fuivante, qui eft le Cer- tificat de l’Imprimeur de défunt fleur le Blond. 2°. » Je fiujfigné Jean MouJJle, Maître >» Imprimeur en Taille - douce , de la Ville » de Paris , certifie , comme Imprimeur de » feu M. le Blond , qu'ayant imprimé moi » fini toutes les Planches qu’il a fait gra- « ver à Paris depuis l'obtention de fin » Privilège jufqu’à fa mort , qui confifient , » fi avoir , au Portrait de M. U Cardinal » de Fleury } au Portrait de Vandefi , Ufi » quels fai wir graver par M. Tardieu ■ » & au Portrait du Roi , & à une pièce » dî Anatomie , que j'ai vît gravir par Mrs » Blanchy & Robert , lesquelles Plan- » ches n’étoient gravées qu’en trois « Couleurs. Et que dans celle de M. le » Cardinal il y avoit une quatrième Plan- » che qui portoit le collet , & quelques » autres traits de couleur blanche, é* » que dans le Portrait du Roi il y avoit une » quatrième Planche , qui portoit un fe- » cond Bleu pour finir le cordon Bien de » ce Portrait , & quelquet autres Teintes » bleues ; je puis de plus certifier que M. » le Blond ne s’eft jamais fervi de la »> Planche noire , & que fon Ar . n'étoit » fondé que fur les trois Couleurs , » bleu , jaune & rouge : Je puis encore » certifier . comme telle efl la vérité que » j’ai aujfi imprimé une Eftampe de U » Vierge , qu’il avoit gravée avant d’obte - » nir fin Privilège , laquelle n'étoit faite » qu’avec trois Couleurs & trois Cuivres » que M. Tournelle , mon Confrère , a auf- » fi imprimée s / ai de plus imprimé une » petite Eflampe de la Face de Notre Sti- » gneur , qu'il avoit apportée d’Angleterre , » qui n’étoit gravée qu'avec trois Cou- » leurs & trois Cuivres. Je certifie aujfi sur la Physique f » que j'ai imprimé chez. Ai. de Aiondorge, » après la mort de Ai. le Blond , la pièce » d’anatomie que j’ai citée ci-deffus , la- » quelle étoit toujours en trois Planches » & en trois Couleurs , comme du vi- » vaut de le Blond ; je certifie que j’avois » préparé de plus trois Cuivres extrêmement » grands pour graver uu autre Portrait du » Roi , lorfqne Ai. le Blond mourut ; le- » quel Portrait , Ai. Robert devait faire « en trois Couleurs , & n'a pas été fini t » en foi de quos j'ai /igné le Prcfetit , & fuis « pr. t a l'atlejler a qui il appartiendra. » Fait à Paris , le 30 Juillet 1749. Signe » h L'Original , Moufle , avec paraphe. Ayant provwé évidemment que le Blond n’a jamais connu ni pratiqué les quatre Couleurs primitives, & par conléqtient ne s’efî jamais fervi de la Planche noire ; de plus , ayant prou- vé que cette quatrième Couleur eft la Baze du nouvel Art , & que l’alTem- blage des quatre Couleurs primitives eft de mon Invention ; que je l’ai tou- jours mis en pratique , même dans le premier morceau d’Hiftoire que j’ai tait à Paris * , on peut aifément con- clure de là que je ne fuis pas Elève de le Blond , puifque fon Syftême eft to- talement oppofé au mien , & que le Blond ne pouvoit pas enfeigner, ni A nioi , ni à d’autres , ce qu’il ignoroit vu même. C’eftdonc avec raifonque je me dis Iliflauratcur ( pour ne pas dii e plus ) dans cet Art , qui feroit péri ians. moi , & que je dis que ceux qui pratiqueront mon Syftême, fe- ront mes Elèves , & non ceux de le Blond. Je ferois furpris pendant que les Etrangers me rendent juûice , qu’il le^trouvai quelque François qui voulût m oter la gloire de cette découverte. * C’eft une Tête de S, Pierre , faite i qnatre «ans ma précédente Lettre. * * Le Blond avoir fait alors le Porttair de M ’ sur la Peinture. r-4.9 Voici une Lettre qui certifie aufli la même chofe. Elle m’a été adreftee , après que le Blond eut fini fes Por- traits , par l’un de Meflieurs les Com- miffaires nommés par le Roi dans fon Privilège , ( de laquelle l’Original eft entre mes mains ) pour m’engager à tirer le Blond de l’embarras où il étoit, ne pouvant réuflir avec fes trois Cou- leurs. Lettre de M. de M*** écrite à M. Gautier , le 6 Décembre 1739- » Voila le tems de faire des propof tiens, » Monfieur , & je n'entends point parler » de vous ; il feroit à erdindre que vont » n’arrivaffiez trop tard. Ai. de Aianrepas » Ai. d’Argenfon , l'un Secrétaire d'Etat , » l'autre d la tète de toutes lis Preffes de » Paris , vinrent , il y a d-itx jours , a. une Ajftnblie chez. Ai. le Blond, pour être en état de faire un rapport fur l’Art d'imprimer en tro s Couleurs. On va prendre inceffamment des arrangement » pour fairequelque chofe de meilleur ” que les Effais qu’on a faits jufqu’ici ” * * ; & encore un coup voici le tems de » faire des proposions , & de montrer ce » que vous e:es en état de faire ; je » vous dirai même que je crois votre Pro- » jet capable d'être fuivi d'une certaine fa- it çon s mais fur tout cela il faut abfolument » que j'aye une converfatio t avec vous ; » évitez. ,fi vous m'en croyez. , de parler à » perforine avant que je vous aye vît. Je » vais à U Campagne jufqu'd Aiardi au nfoir : tomes Us autres matinées je ferai » chez, moi > fs vous n'y venez pas dans le » courant de la femaine , je pren irai votre » ftlence pour un défjlement , & voi.s nau- Planclies & à quatre Couleurs , dont j’ai parlé .le Cardinal de Fleury & de Vjjide’k. Observations sur. i/HïstoïrE Naturelle , » rcz. point , s'il vous pi ait , de reproche à » me faire , perforine n'a plus d envie de » vous prouver que je fuis , Motif eur , vo- is tre très-humble & très- obéi faut jerviteur. M * * *. OBSERVATION V. Sur la, Mufique des Couleurs , in- ventée par le Pere Ca s tel* LA Pierre Philofophale eft moins difficile que l’exécution de cette Mufique , le P. Cartel y a travaillé des teins immenfes fans en venir â bout ; l’idée en eft ingénieufe , cela ert vrai. Mais quand même elle feroit pratica- ble, elle ne ponrroit être d’aucune uti- lité, ni aux Muficiens, ni aux Peintres: & je vais obferver que cette invention de l’Analogie des Sons à celle des Couleurs , n’a aucun rapport : malgré le fentiment de M. Newton , qui, d’ac- cord avec le Pere Cartel , les compa- re aux Cordes de la Clej d'un Ton , une Tierce mineure , une Septième , & une Huitième au-deffns de cette Clef , &c. Voyez fon Traité d’Optique , troilié- me Propolition , Liv. I. Partie I T. Si le P. Cartel a puifé cette Théo- rie de Newton ; Newton , à fon tour , l’avoit puifée d’Aviftote:cet ancien Au- teur dit qu’il y avoitun rapport entre les Couleurs & les Sons. ( }c Chapitre du Livre des Sons & des Qualités fenfi- blts.) Il prétendoit que les rapports en- tre certaines Couleurs font comme de i à 3 , & comme de 3 à 4 , tout de même que certains Sons , & que ces rapports, dans cette proportion , for- ment les accords les plus agréables dans la Mufique & dans les Couleurs. Les Peintres St les Muficiens Grecs employoient autrefois & indifférem- ment le terme de Ton , c’eft-à-dire T0V0, dans lès différences marquées entre le Son grave & l’aigu, comme entre le clair St l’obfcur : ce qui a fajt prendre le change au Pere Cartel, ^ lieu de comparer le filence & leS0n au Clair Se à l’Obfcur , c’eft-à-dire,],’ Ton le plus grave , & celui dont ICs Vibrations font les plus lentes & |es plus proches du filence , aux Ombres les plus fortes 8t les plus proches du vrai Noir ; St les Tons les plus clairs à la Lumière la plus vive & la p[Uj proche du blanc parfait ; au contrai, re , le P. Cartel a voulu compter |es fon s aux Couleurs, n’appercevantpas que ces Couleurs de différentes efpé- ces ne font dégradées que par l’Ombre & la Lumière , & qu’elles n ont aucu. ne Teinte déterminée qui leur foit plus propre qu’un autre , fi ce n’eft d’être plus claires ou plus obfcures, félon qu’elles font plus mêlées d’Om. bres ou de Lumières. Les Peintres fçavent parfaitement que chaque Couleur paffe en particu- lier par tontes les Clartés de clair 8t d’obfcur, c’ë rt- à-dire , du Ton le plus grave au plus aigu un Rouge , par exemple , peut le rencontrer à PU- niffon avec un Bleu, un Verd, un Jau. ne , Stc. Il fuffit de comparer les Cou. leurs pour connoître cette vérité, & l’on trouvera ailément dans chacune en particulier , le dégré de clair ou d’obfcur qui s’accordera à PUniffon de Teinte, dé celle de différente efpe- ce qu’on veut lui accorder. Ainfi l’Analogie prétendue des Sons & du clair-obfcur , n’eft que le rap- port de la Lumière à l’Ombre, com* me de celle du bruit au filence. Ce qui peut parfaitement s’accorder , mais non pas celle de différentes couleurs sur la Physiques et sur la Peinture. qui n’ont aucun rapport déterminé entr’elles. C’eft fur ces fondemens 'incertains, que le Chancelier Bacon a cru entre- 15 t la vaine opinion que les Couleurs peuvent s’accorder entr’elles , com- me les différens Sons , fans faire men- .x. — ». c vu.»- tion du Clair- obfcur qui les domine , voirie rapport des Couleurs aux tons & qui les gradue , & qui fixe leurs dé- muficaux , n’appercevant pas la force grés de Teinte. Il eft ridicule de dire* du clair-obfcur qui domine indiffé- remment toutes les Couleurs , & qui feul peut en faire les accords dans les différentes Teintes par les oppofitions & les contrafies du Tableau. Avec toute forte de Couleurs pri- O - - - p que la Couleur rouge , par exemple * s’accorde avec telle autre couleur,1 fans parler de fon degré particulier ; il faut dire plutôt , que c’eft le degré ou la teinte , de telle couleur qui s’ac- corde avec le degré & la teinte de fe à part , on peut faire un Tableau , telle autre couleur par la proportion en y mêlant du Noir & du Blanc , de forte que l’on appelle ces Ta- bleaux d’une feule Couleur, Camayeux * • Je demande donc , fi un Camayeu Rouge A côté d’un autre Bleu, d’un Jaune & d’un Verd, dans lefquels on n aura fait entrer que du Noir & du Blanc , pour faire les différentes dégradations , ne repréfentera pas les memes Objets , & ne formera pas les mêmes oppofitions que le Bleu , le de leur Clair-obfcur. Le P. Kirkcr , Jéfuite , a donné auflt dans cette fuppafiûon , 8t il s’accor- de avec M. de la Chambre , pour dire que le Verd répond A l’Oftave , le Ronge à la Quinte , le Jaune à la Quarte, &c. Tous ces Auteurs fuij vent Ariftote , Auteur décrédité , & que tout le monde copie , on ne chan- ge que les noms , mais on laiffe fub- fifter le fond de fes imaginations. M. » I I ^ 1 * ~ iwioi tw 1VUU uv iv. j ivj , Jaune & le V crd ; & li les quatre Ta- Newton & le P. Cajlel , voulant cepen eaux , quoique de différentes Cou- dant renchérir fur le fentiment de leurs en parricuüer, ne feront pas en ce Philofophe , l’un a divifé les general a Uniifon dans les lointains , couleurs de l’Image de la Chambre dans leurs maffes d’Ombre , dans les noire , S; l’autre a compofé un ordre coups de Lumière , &c. Donc ces qua- Cromatique , & en pouffant l’Hypo- rc ou eurs peuvent s accorder en thèle plus loin, ce dernier a voulu tout point , quoique différentes, & leurs accords entr’elles ne provien- nent que du clair-obfcur. Si je change ces différens Camayeux, & que d un morceau de l’un , je faffe une drapene ; d’un morceau del’au- tre le Ciel , de celui-ci un arbre ; & de l’autre un corps de bâtiment’: je ferai un Tableau colore de diverfes Couleurs qui fera à l'Uniflon de cha- que Camayeu en particulier. Cette preuve futfit pour détruire faire un Clavecin de Couleur. Newton croit avoir démontré par les mefures prifes fur fon Image , l’or- dre Diatonique , & compaffé la cor- de du Spectre de la Chambre noire , comme les Compofiteurs en Mufique font du Monochorde : & il dit alors , » que la région du Rouge , répond i » 1 intervalle , qui fe trouve entre le » Re 8c l'Ut ; l 'Orangé , à celle qui le » trouve entre l'Ut & le Si ; le Jaune » entre celle qui fe trouve entre le C.ima) eu vl ut duc Tajicau d’une meme Couleur, frappé cependant d’Ombre & de Lumière. OJ5BRVATI0NS SU*. L’HlSTOIBE NATURELLE, *5* » Si & le La; le Verd à celle qu’il yr » a entre le La & le Sol ; le Bleu à » celle du Sol & du Fa ; Y Indigo à cel- » le du La & du Mi • & enfin le Vio- » Ut à celle du Ali St du Re ». Nous avons quelque idee du Monochorde mufical ; il y a à Marfeille un Orgue de notre façon, je me reffouviens que le Diapafon étoit compofé de deux Sons , fçavoir le Ton grave & le Ton aigu : ces deux Sons comprennent de l’un à l’autre fept intervalles , c’eft-à- dire , trois Tons majeurs , deux Mi- neurs , & deux Demi tons Majeurs. Il fuit de cette divifion plufieurs Accords ; les voici. L ' Hexacordt majeur , ou Texte ma- jeure , compofé de deux Sons , l’un grave , & l’autre aigu, comprend cinq intervalles j fçavoir, deux Tons ma- jeurs, deux mineurs, & un Demi-Ton majeur. L ' Hexacorde mineur , ou Texte mineu- re , contient l’intervalle de deux Tons majeurs & un mineur , & de deux De- mi-Tons majeurs. Le Diapente , ou quinte , contient l’intervalle de deux Tons majeurs , un mineur , & d’un Demi-Ton majeur. Le DiateJJeron , ou quarte, contient l’intervalle d’un Ton majeur , d’un Ton mineur,& d’un demi Ton majeur. Le Dlton , ou Tierce majeure , eft compofé de deux Tons , l’un grave & l’autre aigu, ce qui comprend deux in- tervalles , un Ton majeur , & un Ton mineur, j * Et enfin I e/emi - Diton , ou Tierce mineure , comprend deux autres in- tervalles ; fçavoir , un Demi-Ton ma- jeur , & un Ton mineur , &c. Pour trouver géométriquement les premiers Accords , je coupois ma cor- de en jix, parties égales , avec la moi- tié ; j’avoisfur le champ l’O&ave : car la corde en entier étoit le Son grave & la moitié de la corde faifoit le Son aigu , Sc donnoit pofitivement l'0c. tave ; & en prenant quatre parties de ma corde \ j’avois la Quinte ; parce que toute la corde étoit divine en flx & formoit l’étenduë de quatre à fix 5 ou comme z à 3 , c’eft à-dire , le Dià. pente. En prenant cinq parties de cette même corde, j’avois la Tierce mtneu. re qui étoit comme 5 à f. Pour trouver enfuite le DiateJferon je divifois ma corde en quatre , & en prenant trois parties de cette corde j’avois la Quarte. Et enfin, pour trouver les Tierces mineures , je di vifo s la co. de en cinq; quatre parties de laquelle me don! noient alors la tierce mineure : 8t fije ne prenois que 3 parties , de 5 qu; compofoient toute la corde, j’avois la Sexte majeure : & la Sexte mineu- re , je l’avois en divilant la cordeen 8 St prenant 5 parties. Et pour avoir le Ton majeur, je divifois ma corde en 9 parties , dc(. quelles j’en prenois S , ce qui me for. moit le Ton Majeur au-deflus. Enfin , je divifois la moitié de lj cordeen 2 o parties, & j’en prenois 1 1 , j’avois la Septième : De forts qu’en pofant les divifions l’une lu l’autre , je formois ces fept interval' les de La , Si , Ut , Re , Ali , Fa La. Ce qui fait l’Echelle de la Game; c’eft à-dire , les Tons auxquelles oa donne le nom à? Ami-la , de B-faj I, de C-fol-ut , &c. L’aflemblage de ces proportions formoit les intervalles du Diapafon pu de l’Oâave, fçavoir, de trois Tons majeurs, deux Tons mineurs, & deux femi-Tons majeurs. Outre cette Divifion , j’avois en- sur. la Physique et icbre les accords majeurs du La , la Tierce majeure , & la Sexte majeure, c’eft-à-dire , Ut dii^e , & Fa dié^e. Voyez la Figure qui repréfente tou- tes ces pivifions, appcllée Monocorde. J’ai été forcé , malgré moi , d’en- trer dans une efpéce de détail, pour offrir à la vue les proportions que les cordes muficales ont entr’ellcs pour former les Sons. Ces proportions fc gardent exam- inent dans les Tuyaux’ d’Orgues : mais fur les Inftrumensà corde, la tenfion plus ou moins grande, forme les Tons, quoique cependant cette tenfion plus ou moins grande , cft limitée à une certaine portée, aprèsl.iquelle les cor- des caffent: mais dans les intervalles dont parle M. Newton , il n’ert quef- tion que des proportions fixes des Sons, que l’oq veut comparer à celle des Couleurs fort nial-à-propos. En voici la raifon. i Je ne fçni fi M. Newton , & les autres Modernes qui ont voulu trou- ver l'Accord nnifical fur l’Image d’un Prifme , ont fait réflexion que la ré- gion qu ils prenoient pour l’étendue du bon n’étoit que l’excédent d’un J on à l’autre : par exemple , le Mo - nocordc que l’on voit à la fin de cette artie, dans la Planche 2, explique en deux mots la méprife de cette préten. «vie proportion ; les Tons de chaque viIlVn A°m ^ comPris dans l’inter- .on8,M;d:t1s,,ten,1.T,NcT cordes entières qui compofent les bons L Ut comprend HA , & le Re ’ &„non Pas J’W la Région AB , & toutePH de B^‘-Cette erreur détruit SmlS*rfe’e,lcI0^enfuite Que 1 on ne penfe pas que je me Année lybz , Tom. /. Part. sur la Peinture; % 5 $ méprends , & que je n’explique pas tien ces Auteurs , je m’en rapporte à leurs propres Ouvrages , qu’il eft aifé de voir. L’étendue des Sons fait leur dégré de gravité , par conféquent , fi l’Orangé qui répond au Si , ert moins étendu que le Jaune qui répond au La, & que le Vert qui répond au Sol , il ert inconteflab'e que les proportions de l’Imagedu Prifme n’ont aucun rap- port avec celles des Tons muficaux du Monocorde ; puifque l’étendue des notes diminue à mefure qu’elles lent plus aigues : je crois qu’il n’y a rien à répondre à ceci. i° . Ce q\û détruit encore ce pré- tendu ordre Diatonique des Couleurs de 1 Image , c’ert que les Couleurs les plus aiguës , c’efî-à-dire , les plus clai- res , font au centre de l’Image, conf-’ me le Jaune , l’Orangé & le Vert ; & les plus obfcures , comme le Rouge , le Bleu & le Violet , font au contraire aux extrémités : quelle raifon a pu faire imaginer à M. Newton cette comparaison ? il falloit qu’il ne fût ni Peintre , ni Muficien. Voyons préfentement le P. Cartel , qui veut toucher l’Orgue des Cou- leurs , comme on touche celui des Sons. Je dirai avec M. de Mairan , dans les Mémoires de l’Académie , de l’an- nce 1757. que l’ Analogie des efpéces colorées avec les fept intervalles des Tons de l’Oftave , a conduit quelques pertones à croire ( apparemment le Pere Cartel ) que les Couleurs fépa- rees fur leSpeélre par des intervalles conlonans , doivent mieux s’affortir que les autres ; c’eft-à dire , faire en- femble un effet plus agréable aux yeux;par exemple, la Couleur d’Or.& l’Indigo ont l’intervalle de Quinte. M. Newton paroît fe prêter à cette idée j III. Seconde Edition, y 154 Observations sur l’Histoire Naturelle > & il en eft quelque cliofe, fans cloute, continue M. Mairan ; mais outre qu’il y a bien des circonftances accidentel- les dans les fentimens de ces conve- nances , que les avis peuvent etre fort partagés en différens tems , & en divers lieux , en un mot , que 1 ha- bitude & la mode y exercent leurs droits , tandis que les affortimens To- niques fondamentaux , ou les Gonio- nantes parfaites , (ont de tous les tems & de tous les Pays. t m t Ce célébré Académicien demande enfuite aux perfonnes qui ont de bons yeux & l’oreille délicate , fi une Se- conde colorée entière ou de femi ton, le Vert & le Jaune , par exemple , le Rouge & l’Orangé , ou la Couleur d’Or , vus l’une près de l’autre pen- dant quelques minutes font fur eux une imprefiion aufïi confidérable que celle que feroit un Fa , & un Sol ; un Ut , & un Si , qui raifonneroient con- tinuellement enfemble pendant le mê- me tems ? Il avoue , avec raifon, qu'il n’y trouve nulle comparaifon ; nulle Analogie , & penfe que la moleffe , la flexibilité , & l’humidité des Fibres de la Rétine , ou de la Choroïde’, en op- pofition à la dureté & à la féchcreffe des Membranes , & des parties offeu- fes de l’Organe de l’Ouïe ont beau- coup de part à cette différence. M. Mairan , qui paroît ici combat- tre l’Analogie des Sons & des Cou- leurs, prétend enfuite queJc Vert, par la manière qu’il affefle l’Organe, tient un milieu entre le Blanc ou la Lumiè- re & le Noir ; mais on peur dire, ajou- te-t-il , que ce n’ell que par l’expé- rience du Prifme , que cette raifon a été mife dans fon jour , & qu’elle a ceffé d’être une fimple conje&tire; car on voit en effet le Vert commencer au milieu du Spedre, en venant du Vio- let , & paffer enfuite par les p0jntj moyens de réfrangibilité , & des for. ces de la Lumière colorée , autour du- quel il s’étend, &c. M. Mairan con- clut enfin , que les Lumières homogé. nés ou les Couleurs, n’ont point d’Oc. taves , ni dans le corps lumineux, nj dans le milieu , ni dans l’Organe, nj dans nos Senfations •, chaque Couleur étant toujours dépendante d'une réfran- gibilité , ou d'une fréquence déterminé t des Vibrations 6- les Octaves ne réfui . tent que des Vibrations quelconques des differentes viteffes en raifons double ou J'ous-ouble. Ainfi les Auteurs mêmes qui adop- tent la différente réfrangibilité des Couleurs , doutent de la convenance & du rapport des Sons muficaux avec les diverfes cfpéces de Couleurs, com- me de fait il n’y en a aucune. Le Pere Caflel dit cependant , » qu’ayant , au moyen des Corde » de Soye , de fils d’Archal & de Tai » gettes de bois , ajuffé des Machine » pour ouvrir les coffres des Cou » leurs , les compartimens , les Pein » tures , & en un mot , les Lanterne- » éclairées en Couleur ; de manière, » clit-il , cju’en touchant le Clavier de » mon Buffet , au même inffant que » vous entendez un Son , vous voyez » une Couleur relative à ce Son -, de » façon que plus les doigts courent & » fautent fur le Clavier , plus on voit » de Couleurs en accords , ou dans «une fuite d’Harmonie. Les Couleurs & les Lanternes co- lorées font au nombre de 144 com- partimens; c’eft, dit le Pere Cartel, douze Odaves , & chaque Odave eft compofée de iz Notes, Ur bleu , Ut dièze Céladon , Re Vert, Re diéze Oli- ve , Mi Jaune , Fa Aurore , Fa dièze Orangé , Sol Rouge , Sol dièze Cm- sur. la Physique et sur là Peintüre. moiji , La Violet , La dièze Agate , & enfin Si Violant. Ces Oftavcs répondent aux divers Jeux qui tiennent au Clavier , lequel n’a cependant que quatre O&aves, fans compter fon ravalement ; on fçait que la Pédale & le Flageolet du même Ton font à quatre Oétaves l’un de l’autre, ce qui fait 144 Tons fur les 48 Touches qui compofent le Cla- vier att-deffus du ravalement. Sur cet arrangement de note , & par le moyen du Clavier ordinaire, le P. Cartel allure qu’à mefure que l’on joue une Fugue, par exemple, & que les Sons fe font entendre , il s'enfuit ncecjfai- remtnt une Fugue en Couleurs , par la répétition des Couleurs en la mefure pref crite. La Mélodie des Sons, fi elle ert a f- femblee avec celles des Couleurs , ( ainfi que le P. Cartel vouloit faire en conrtruiiant lui-même fon Orgue, ) eft’aceroit certainement celle des Lan - ternes co/orrej, lot fqu’il s’agiroit de Fu- gue , ou de tout autre accord harmo- nieux. On peut dire que les Sons & les Couleurs ne font Analogues que par le Clair obfcur qui les modifie , mais non pas par leur elpéce différen- te : que le Rouge , par exemple , va du Noir au Blanc , ainfi que les autres Couleurs, comme les Sons vont abou- tir au filence , par toutes les clartés oniques du plus Grave au plus Aigu : mais les Couleurs de différentes na- tures font feulement entr’elles , com- me les différens lnftrumens qui don- nent plufieurs Tons femblables , 8c non pas comme les différens Tons ; qui ont rapport à plufieurs Couleurs ; car le Rouge d’un certain Ton , peut etre à 1 uniflon , d’un Vert , d’un cer- tain Ton , &c. Conçlufion , les Organes de la Vue *5 5 & celles de l’Ouie, comme vient d’ob- ferver M. de Mairan , font d’une fi- tuation différente -, les premières , ( comme la Rétine ) embrartent le fiu- jet tout à-la-fois , & c’elt ce qui oc- cafionne les comparaifons momenta- nées & non fuccejjîves , que nous fai- fons des oppofitions de Clair-obfcur , & des nuances des Couleurs; au lieu que l’Ouie n’ert que la Senfation d’u- ne lucceffion de Vibrations qui peu- vent fe paffer en différens tems , & dont les intervalles même font l’agré- ment , ce qui ne fçauroit r rr ver à un Payfage , ni à tous autres Tableaux que l’on nous ferolt voir par compar- timent fuccertivement & à travers une Lanterne : j’en dirai davantage une autre fois fi le P. Cartel veut défendre fa découverte. OBSERVATION VI. U Art de conferver les belles Peintures . LE defir de tranfmettre à la Porté- ritéles Tableaux des grands Maî- tr^s» q"e l’on voit dépérir par le tems, a été jufqu’à préfent le fujet des Re- cherches & des foins , s’il m’ert per- mis de me fervir de ces termes , des foucis , & des gémiffemens des Cu- rieux ; cette découverte vient d’être faite à la fatisfaÛion des Amateurs de la Peinture , mais comme on la garde dans le fecret avec un foin extrême , je me crois obligé de la manitéfter 8c de la donner au Public dans toute fon ctenduë. M. Picaut en fera fûrement bien-aife , s’il confidere , comme il le doit , que le bien Public ertpréférable au fien propre. Le Journal de Trévoux , du mois V ij 156 Observations sua l de Février 1751. pag. 451. en fait un éloge étend» , & appelle ce fecret un Art; qu’il me foit permis de repréfen- ter au Journalifte , qu’un Art eft bien différent d’un Secret , les Secrets le communiquent dans l’inftant , mais il faut plufieurs années pour polféder un Art ; pour être bon Chirurgien , par exemple , il faut de longues études & une pratique continue , & pour inventer un Topique il ne faut iouvent qu’un inftant , & faire des épreuves en conséquence de ce qu’on a penlé, ou lu , ou entendu ; c’eft précisément ce que je vais démontrer par le Se- cret dont il eft quellion. Le Tableau d’un excellent Maître fe fend, s'écroule, l’Epiderme eft prêt à fe détacher par la vétufté, ou par le peu de foin qu’on en a eu ; la toile ou le bois qui porte cette Peinture, tom- be en pouftière & en lambeaux, com- ment rémédier à cet inconvénient ? L’Amateur Souffre de ne pouvoir y apporter remède. Je vais y pourvoir. Ce que je vais dire fur le Secret dont il eft queftion , n’a peut-être rien de commun avec la méthode de M. Picaut. Je le tiens d’un Italien qui fai— foit profeffion de raccommoder les Tableaux décrépis. Ce P'irtuofo fit l’o- pération devant moi à Marfeille, il tranSporta un Tableau du Dominiquain de dix pieds de large , fur huit de hau- teur, * représentant Judith qui mon- tre la tête d’Holoferne au peuple Juif; les Figures de ce morceau font aufli grandes que nature. Comme ce Tableau avoit été très- maltraité , plié en quatre & fequeftré dans un grenier comme chofe de peu de valeur, un ami du Propriétaire lui en ayant fait connoître le prix, je fus * Ce Tableau appartenue à M- de S. Aman Histoire Naturelle ; appelle pour voir le parti qu’on p0lIr; roit tirer de ce Tableau; je produit l’Italien dont je viens de parler p0Ur le transporter fur Toile , & nie réfer, vai de peindre deux têtes qui étoient totalement emportées , & réparer cel. les qui avoient été endommagées ainfi que quelques morceaux dedra! peries. Cet Italien eut l’adrêffe de poferf0„ Tableau renverfé, quoique fort grand fur une grande Table unie , après l’a! voir bien nettoyée , & enfuite imbib* la Toile avec de l’eau bouillante ; 4, lorfque cette Toile fut Suffisamment ramollie , il retourna Son Tableau le remit fur cette grande Table ; én. forte qu’il étoit alors maître de l’étea. dre à force de bras , & de le clouer tout autour. Le Tableau étant ainfi cloué & bien tendu , il mit , deffus|a Peinture même , une couche de Col- , le- forte bien chaude , fur laquelle il pofa une Toile à demi-ufée de la mê- me grandeur du Tableau , qu’il colla fur la Peinture& la cloua tout autour, & fit enfuite expofer la Table au So. leil , afin que le tout Se léchât le plus promptement qu’il feroit poflible. L’Italien détacha enfuite le Ta- bleau enfermé alors entre deux Toi- les, & le cloua de nouveau renverfé, la vieille Toile par-deftus ; & après avoir fait un bord de cire tout à l’en, tour du Tableau, St avoir pofé I3 Table dans un niveau parfait , il ré. pandit fur cette vieille Toile de YEau fécondé , c’eft-à-dire , de l’Eau-forte mêlée avec de l’Eau commune , au point convenable pour ne pas brû- ler la Peinture , ce qu’il eft facile de connoître , quand , en pofant le doigt dans l’Eau-feconde elle ne le jaunit le la même Vide, V I sur la Physique et pas fur le champ. Il lailla travailler l’ Eau-fteondt jufqu’à ce que la Toile fût tout-à fait pourrie , ce qui paroît quand elle fe détache facilement, alors il retira l’Eau dans des Vafes de Ter- re , 8c avec une Spatule il enleva la filaffe qui avoit formé cette Toile & la croûte de Peinture relia feule col- lée à la renverfe fur la Toile demi- ulée, dont j’ai parlé. Il n’e/î pas difficile, après cette Opé- ration de deviner ce que faifoit le Vîrtuofo : il nettoyoit avec de l’Eau claire la croûte , 8c l’effuyoit avec une Eponge fine & fouple , la biffant fé- cher parfaitement ; enfuite le lende- main il y paffoit une Couche de col- le , dans laquelle il mettoir un peu d’Eau-de-vie pour la. rendre plus for- te, &reco!Ioitpar cette façon , avec une fjcillté admirable fon Tableau fur une Toile toute neuve , obfervant d’y paffer les mains par tout , après l’avoir appliquée , afin qu’il n’y eût aucun endroit où la Toile ne fût par- faitement prife à la Peinure. Il eut après la précaution avec des Plaques de Plomb , de Marbre ou autre ,dc charger le tout, en effiiyant avec un linge , de tems en tems , le dehors de cette Toile , afin qu’elle ne fe collât avec les Plaques. Après avoir lailî'é fécher le tout , il décloua la première Toile pour la dé- tacher du Tableau ; ce qu’il fit en le renversant de nouveau , 8c en humec- tant d Eau fécondé la Toile demi-ufée, qui le cachoit -, ce qui fut alors très- facile. Il ôta enfuite la colle qui reftoit fur la furface du Tableau , avec de 1 eau tiède ; & brfqu’il fut fe c, je peignis les tetes & les Draperies qui manquoient. * sur la Peinture. 157 L’Italien me dit , que quand ces Ta- bleaux font fur Bois , on fait à-peu- près la même Opération , & que h Tableau renverfé , on enlève facile- ment le Bois pourri, & qu’on enlève celui qui n’eft point pourri avec un rabot , le réduifant à une épaifleur facile à être corrompu par l’Eau fé- cond e : mais qu’à l’égard des Peintu- res à frefque , il croyoit qu’il étoit du tout impoffiblc de pouvoir les enle- ver. Ceux qui font au fait , fentiront affez la vérité de ce que j’avance. Le P. Berthier cite le Plafond d’un Pavillon , peint par M. Antoine Coy- pet , qui alloit périr par la démolition que l’on alloit faire du Bâtiment ; 8c il dit que notre Artiûe a fauve ce morceau en le tranlportant de de/Tus Plâtre fur Toile. La plupart des Pla- fonds de Verfailles font fur Toile & collés au lambris , 8c arrêtés par des vis en bois. Le Pere B . . . avance beaucoup , il n’a furementpas vû faire l’opération; je puis affurer que s’il avoit été peint lur Plâtre à Frefque *, il n’auroit jamais pû être mis fur Toile , parce que la Frelque ne peut abfolument être em- portée à caufe que la Couleur eft in- corporée avec l’enduit fur lequel on pofe les Couleurs, 8c en élevant les Couleurs , il faut enlever auffi la croû- te de compofition qui tient tout-à fait au mur , 8c qui eft à-peu-près de mê- me nature ; 8c quand même on enle- v croit cet enduit, la Peinture nepour- roit jamais être collée fur Toile , c’eft comme fi on vouloit coller un mor- ceau d’Ardoife ou de Plâtre fur une Toile. Ainfi il falîoit que le Pere B. expli- quât fi le morceau de Peinture fur I lâ- * On ces tories cïU!:'cluefr)'s peint for Plâtre les morceaux faits à Frcfîue for l’ V.Jluc , parce qi e remîmes lont toujours fur des murs, ou for des pièces de maçonneries. Observations sur l’Histoire Naturelle, M8 tre étoit en Huile , ( qu’il prétend avoir enlevé , ) ou s’il étoit fur Toi- le pofé fur Plâtre , ou à Frefque. Il arrive fouvent que l’on peint fur Plâ- tre à l’Huile , quand on ne fçait pas peindre à Frefque. Je fuppofe donc préfentement que ce morceau étoit peint en Huile fur Plâtre : alors il eflpoffible de l’écrou- ter par lambeaux ; fi la Couleur efl épaiffe & beaucoup empâtée , & que le Peintre ait eu foin de préparer le mur avec quantité de couchesde col- le-forte , en appliquant les croûtes les unes contre les autres , & les af- femblant avec patience & précifion fur une furfacc platte & unie de Bois ou de Pierre , on peut coller une Toi- le fur le dos de ces croûtes. Mais fi la Couleur efl légère , & que les mu- railles ou le plafond n’ayent pas ete enduits à la colle forte , ainfi que je viens de dire ; alors cette Peinture tient autant que la Frefque , & efl en- core plus difficile à enlever. On ne fçauroit révoquer en doute que M. Picauf n’ait enlevé à Verfail- les le Tableau de la Charité à' André del Sarto , qui tomboit en ruine par la vétuflé du Bois qui en faifoit le fond , & il va travailler à tranfporter le Tableau de Saint Michel de Ra- phaël fur une Toile neuve. Il efl vrai- femblable qu’il réuffira auffi-bien dans ce nouveau travail , comme il a réufli dans l’autre. * Dans le Journal de Trévoux de Février 17J2. ** Dans le Journal d’Avril fuivant. OBSERVATION VII. Répojife à la défenfe du R. P ère. Berthier , l’un des Auteurs du Journal de Trévoux . LÀ queflion agitée * entre le P. R, & moi , à l’occafion de la façon d’enlever les vieux Tableaux, & de les tranfporter fur des Toiles neuves, roule fur deux ou trois Articles. J’en ferois refié à ce que j’avois déjà dit de ce fccret , fi le P. B. s’étoit contente de fa première réponfe. Mais puifqu’il redouble fon zèle & qu’il continue de foutenir avec chaleur ** les intérêts de M. Picaut. Dans la crainte ( dit- il ) qu'il ne pajfe dans tin autre Pays , Con- trée , Peuple , ou Nation , & que cette découverte ne fe perde pour toujours en France ou en Europe , comme tant d’autres , que nous ignorons préfente- ment: il faiit que je rafïure de nouveau le P. B. afin qu’il n’ait plus lieu de crain- dre une perte de cette importance. Je n’aurois pas tant de peine à divi- fer cette DifTertation , que j’en ai eu pour démêler les queflions embrouil- lées de mes Adverfaires Newtoniens. Le P. B. s’explique bien plus claire- ment que ces Philofophes. Il efl vrai que la matière efl moins abflraite. i°. Entre le P. B. & moi , il s’agit de fçavoir fi l’on doit mettre au rang des Arts la façon d’enlever une Pein- ture de defl'us une Toile, une Planche, ou une Muraille , & s’il faudra élever ce fecret au rang des plus fameufes découvertes. 2°. Entre M. Picaut & le Firtuofo Italien , il efl queflion de fçavoir fi le fecret du premier efl moins dangereux 9c plus facile à pratiquer que celui que sur. la Physique et sua la Peinture. 159 j’ai donné dans mes Obfervations. Il faut répondre à ces deux Quef- tions & faire enforte qu’on nous en- tende. La méthode de fcparer les faits cft la plus fure pour les éclaircir. Première Qjieflion. U n Secret ou un An efl la même cliofe , ( dit le P. B. ) nous nous fervons de ces deux mots indifféremment , parce que l Operation de M, Picault participe du Secret & de l'Art , &c. Et depuis cin- quante ans nous n’avons rien annoncé qui mérite tant l’attention du Public que J'a Découverte. Voilà le fondement de la difpute entre le P. B. & moi. M. Picaut n’a de commun à ccci : il fçait parfaite- ment que fon Secret n'eft pas un Art ; c’eft ce qu’il ne mettra jamais en Quef- tion. Tous les hommes font fujets à 1 amour propre; mais ils rougiffent des qualités qu’on leur donne & qu’ils ne méritent pas. D’une autre part , chacun cherche à foutenir fes droits , ainfi l’on ne doit pas trouver étrange que je détende mes Confrères. Si les qualités que le P. B. donne à M. Picault avoient lieu, les Arts fe confondroient avec les Secrets , les Secrets avec les Métiers & les Métiers avec les Occupations les plus baffes. Les Ariiftes ne font pas des Ou- vners , ce font des Sçavans , qui met- tent en ni âge le Cizeau & la Lancette , le P j n l Céiu & le Burin , VEquierre & la Bouffole , & qui font un jeu agréable de la Rime & des Sons. Je qualifie ici les Artiftes du nom de Sçavans, parce qu’ils doivent letre en effet. Un Chirurgien doit Içavoir l’A- natomie & une partie de la Médecine; un Peintre doit être P hyficien & Ana- tomiffe ; il faut que celui-ci , non feu- lement connoiffe le Corps humain , mais encore qu’il raifonne fur la na- ture de la Lumière, fur celle de l’Om- bre & fur la formation des Couleurs : un Sculpteur & un Graveur peuvent- ils fe difpenfer de connoîtrc la Ma- chine animale , s’ils font obligés de faire des Figures ? Un Architeife ne doit-il pas fçavoir les Loix Mécha- niques ? Un Pilote ne doit-il pas être Aftronome & Géomètre ? Un Poète , fans contredit , cft Hiftoricn : un Mu- ficien eft Compofiteur. Ceux d’entre les Artiftes , que nous venons de citer , qui ignorent les Sciences qui ont rapport à leurs Ta- lens , ne font Artiftes que de nom. Par exemple , ceux qui peignent les enfei- gnes à Bierre font-ils Peintres ? Ceux qui rafent & qui fçavent feulement percer la Céphalique , la Médiane , ou la Bafxlique , iont-ils Chirurgiens ? Ceux qui font les Murs de boue & les Toits de paille dans la Champagne font-ils Architeftes ? Ceux qui font les Vaudevilles de Paris , font ils Poè- tes ? F.t enfin ceux qui font refonner les Orgues de la Lanterne magique, lont-ils Muficiens ? Je crois que mon Argument lera univerfellement reçu & qu’il eff fans répliqué. Je puis encore ajoûter pour preuve de ces Vérités, que les Artiftes ont produit , St peuvent encore produire tous les jours de grands Hommes. Py- thugore St Socrate étoient Sculpteurs ; Platon avoit été Poète ; Diogène Ban- quier ; Pyrron Peintre ; B ion Mufi- aen; Epicure Grammairien. De nos jours , M, Quenet & M. Morand ne font-ils pas Médecins ? M. Le Cat n’eft-il pas Phyficien ? M. De Voltaire n’eft-il pas Philofophe ? Je le répété encore , les vrais Artiftes font des Sçavans, parce que leurs opérations \G 9 Observations sür l’Histoire Naturelle, font toujours fondées fur quelque Science , &ils ne fontappellésdunom à’Arti/les , que parce qu’à leur fçavoir ils joignent l’Ouvrage des mains. De tout tems on trouvera parmi les Artiftes des Sujets qui fe diftin- guent , & qui paflent de leur profef- ïîon aux Sciences les plus relevées , ce que l’on rencontre très rarement dans les Gens de métier. M. Picaut , par exemple , peut exercer la façon de raccommoder les Tableaux, de les vernir , de les changer de Toile , fans avoir befoin d’être ni Philofophe , ni Médecin , ni Ajlronome , ni Géomètre ; & il n’y a pas d’apparence que le Se- cret d’enlever les Croûtes des Pein- tures le conduife un jour à profeflèr quelque Science, puifquc Je P. B. avoue qu’il n’eft ni Peintre ni Deïïina- teur , & fon fçavoir confiée feulement à la pratique de fon Secret. Il n’elt donc pas Artifte, fi pour l’être en effet il faut tenir à quelque Science. Mais ( dit le P. B. * ) M. Picaut ufe de grandes précautions ; il emploie beau - coup de tems pour le fucc'es de fon Opé- ration ; fa maniéré de procéder à des Principes & des Régies : il peut donc cire mis au rang des Artifles. Je réponds à cela : eft-ce qu’un Tailleur de pierre n’ufe pas de grandes précautions , crainte qu’une pierre de groffeur énor- me , qu’il a quelquefois en main , ne l’écrafe ? Eft-ce qu’il ne met pas beau- coup de tems à la tailler? N’a-t-il pas des Principes & une Méthode , & ne fe fort -il pas d’une Régie , d’une Equierre & d’un Compas ? Malgré tout ceci , eft-it Architecte ? II ne fe- ra jamais qu’un Tailleur de pierre , & M. Picaut ne fera aufii que le Confer- vateur des Tableaux des Grands Hom- mes , tel que ceux qui les nettoyent , qui les verniflent & quilesenquadrent. Au lieu de tout cela , M. Picaut les change de Toile. Quand même la pierre que taille cet Ouvrier , dont nous Venons de par. 1er , feroit de Porphyre ou d’Agathe ces matières précieufes ne pourroient pas l’élever au defius de fa condition ; ce n’eft pas la matière qui fait l’Oul vrier. M. Picaut fera de même ce qu’il eft , foit qn’il change de Planche , ou de Toile aux Tableaux de Michel-An. ge , ou de Raphaël , ou qu’il enlève ceux du Pont Notre-Dame , pour les pofer fur d’autres Toiles ou Planches; il ne rend pas les Tableaux plus pré- cieux qu’ils n’étoient auparavant ; j| les met feulement en état de durer plus longtems. Après avoir démontré que le P. B. n’eft pas fondé de foutenir que le Se- cret de M.Picaultcft un Art; quel- ques perfonnes diront : mais de quoi fe mêle M. Gautier : qu’eft-ce que cela lui fait , que M. Picaut foit élevé au rang des Artiftes, & que le P. B. dife que depuis cinquante ans le Journal de Trévoux n'a rien annoncé, qui mérite tant V attention du Public , que la Dé- couverte dont il efl queflion ? J’avoue que l’on pourroit me taxer d’être un efprit inquiet & même jaloux de la gloire des autres, fi je ne profitois pas de cette occafion , pour mettre an grand jour les raifons qui m’ont dé- terminé à relever le fentiment du P, Berthier , & celles qui m’obligent d’a- baiflér les éloges que l’on prodigue dans un tems fans raifon, & que l’on ménage avec fcrupule dans un autre, félon les circonftances & les intérêts particuliers. Je fçaiscfu’en 1737. (dans le Jour- nal de Trévoux du mois d’Aoûtpage *43 S» ) Ie P* Caftel fit l’éloge de l’Art d’imprimer les Tableaux félon la ma- nière V s\jk la Physique et sur la Peinture. 161 «îere de Le Blond : ( méthode intruc- tôt confommé , jufqu’à aider au Sieur fuculc & qui eft perie avec l’Inven- Le Blond, à le furpaffer , & à lui fucci - tem ) niais cet éloge etoit relatit à la der enfin , avec une forte de fupèrioritc Théorie du P. Cartel ; il étoit intereiîé pour la pratique même. à tendre juftice à un Artiftc dont les principes s’accordoient fi bien avec les fcntimens. Hcurtufimtnt ( dit le P. Cartel page 1440.) dans le tems que M. Le Blond travaillait en Angleterre à l Harmonie du Coloris, on travaillait ailleurs à l'Harmonie des Couleurs &C. ( page 1443.) Nous avions annon- ce dans nos Mémoires que ces trois Cou- leurs faifoient toutes les Couleurs à l'in- Jini , 6- qu'elles produifoient même le Noir pour leur réunion. M. Le Blond dit la meme choje dans fort Livre , ôte. Le P. Cartel a atiflî eu lu bontc d’an- noncer mes talens. (en 1746, dans le Journal de Février page 301 , Sic. ) Je lui fuis redevable de fonzèle ; mais /epourrois ajouter encore que (on Ex- N’eft-ce pas s’annoncer Inventeur d’un Art plutôt que de rendre jurtice à celui qui réuffit & qui le poflede ? Bien loin d’avoir facilité M. Le Blond à l’exécution de fon Art par la réduc- tion aux trois Couleurs , je ne les ai ja- mais pratiquées. J’ai allez fait connoî- tre dans les Mercures de 1749 , que mon Art n’étoit pas celui de M. Le Blond -, que j’étois fondé fur uneThéo- ric bien différente de celle du P. Car- tel ; & je n’ai jamais prétendu , comme lui , que les trois Couleurs faifoient tou- tes les Couleurs à l'infini, 6* qu'elles produifoient même le Noir par leur réu- nion. Aujourd’hui le P. B. dit que depuis cinquante ans on n'a rien annoncé qui H-lit vite t/Miiruvrc \ r 1 i v» quo..,c ans on n a rien annoncé qui ait vile toujours à a propre glo.re. mente tant l’attention du Public que Aous çavons bien fdit-i E,, i»a_. j-w !.. T c / -- J- - — • V 4 V II Bous favoris bien (dit-il dans cet Ex- trait page î4. ) que c'ejl au Principe de réformer la Pratique , & non à la Pra- tique d'anéantir U Principe , & M. Le Blond s y con forma , mais fans trop pouvoir y réuffir , fi ce n'efl par les mains du Sieur Gautier , qui lui facilitai' exe- cution de fon Art pc.r Jd rêduüion aux trois Couleurs. Le Sieur Le Blond étoit y,UU,XJr'Jur ldfin d‘f<* carrière : voyant . dWcul" quil allait avoir â s'affujet- nr -ce nouveau Principe, nous invitâ- mes le Sieur Gautier , qui joignait i beaucoup de jeune fit une grande facilité de G ente , une connoifance de la Pein- ture , de divers Arts même , er.tr' autres delà Mufique ; Art très-auxiliaire, & Jurtout une grande envie de fe fignoler par quelque chofe de grand G de beau. Rien ne l etoit plue qui k nouvd A Nous le lui propofâmes ; U tn fit ébloui ■ Nous le lut expliquâmes ; Uyfit bien_ Ànndr t -4- T r n , Arts » tout cda l K lj3z> Tom' L Par*> III. Seconde Edition. 1 Art de M. Picaut. Me voilà donc dé- pouillé par le P. Cartel, & réduit par le P. B. au-deffous du fecret d’enlever les vieux Tableaux ! ai • je tort de me plaindre ? Ne luis-je pas fondé de ré-- pondre à l’un de ces Auteurs & de ci- ter les vues de l’autre ? Que l’on me rende juftice. Les Auteurs accrédités , comme ceux du Journal de Trévoux , méri- tent ma réplique. Le Public fçait que je n’oublie rien pour ma défenfe , lorft que ceux qui m’arraquem directement ou îndireftement font dignes de fon attention,- Seconde Quefiion. Venons au fait. Si je ne faifois que difeuter avec le P. B. fur le Secret de M. Picaut, qu’il veut clever au rang des Arts , tout cela ne feroit qu'un yCi Observations sur l’Histoire Naturelle,' jeu de mots. Il faut préfentcment prou- ver. i“. Que le fecret du Virtuofo Ita- lien , que j’ai déjà donné au Public , vaut mieux que celui qu’exerce M. Picaut lorfqu’il s’agit de Peintures fur Bois ou fur Toile. i°. Que celui de M. Picaut m’eft au/ïï connu. Mais que je ne m’en fers que lorfqu’il s’agit d’en- lever une Peinture en Huile de deffus un Mur, ou de deftiis un Plat-fond. Si je ne l’ai pas encore détaillé, celui-ci, c’eft qu’il falloit parler de l’un avant de parler de l’autre. On fçait déjaque M. Picaut fépare les Peintures des vieilles Planches fans les détruire , qu’il les met avec foin à côté de fes Tableaux , pour prouver qu’il enlève l’Epiderme fans toucher au fond. J’ai dit au contraire, que l’Italien détruit le fond fans toucher à l’Epiderme : je demande donc préfen- tcment qui eft-ce qui eft plus précieux dans l’ouvrage d’un grand Maître, fi c’eft le Fond ou la Peinture ? Je crois qu’il fera d’abord décidé que la Toile ni la Planche ne font pas le Tableau, & que lorfqu’on fépare le Tableau de fon ancien Fond , c’eft plutôt pour confcrver la Peinture que la vieille Planche. Si c’eft pour réjouir la vue & pour donner un j'peciaclt un peu plus touchant , que l’on conferve le bois carié , écaillé & brifé , les ouvrages * des anciens Maîtres alors n’y ont au- cune part, & c’eft fans nécefïïté & fans raifon , que J’on rifque de les gâter , de les alonger , ou de les féparer , en détachant le pellicule, que les Cou- leurs du Tableau ont formées fur le fond. Il vaut bien mieux prendre au- paravant la précaution de coller & d’arrêter le Tableau fur quelque corps, pour le féparer de la Planche ou de la Toile , fans rifquer de l’étendre , ni de le déchirer. Car le Calque , dont le P. B . prétend que l’on fe fert pour exa; miner fi l’on n’a rien dérangé du Ta. bleau, prouve qu’il eft poftible que ce mal arrive j puifque l’on obferve s’il n’eft pas arrivé: Le Calque , après tout, file Tableau étoit gâte, ne fçail. roit remédier aux fautes , l’Opération faite. Ceci n’eft pas difficile a coin, prendre ; le Tableau détaché , réduit en pellicule très-fubtil,peut avoir fouf. fert quelque altération en le recollant fur une autre Toile, puifque nous fça. vons que le Parchemin , le Vélin , le« Papier, la Toile, & tous les autres Corps que l’on applique avec de lj colle fur des Planches, s’étendent fou. vent plus d’un côté que de l’autre, malgré le Calque que l’on fait pour conferver le rapport des jointures, quand il y a quelque chofe de Peint, ou de gravé dellus. On ne réuffit ja. mais à conferver les juftes propor- tions : c’eft ce qui arrive aux Globes fur lefquels on colle des Cartes, oïl il y a toujours quelque défaut. Le Pellicule d’un Tableau , quand il efl ramolli, ainfi qu’il faut qu’il le fort pour le rouler, comme fait M. Picaut, doît être dans ce cas, malgré ce qu’on nous dit de l’exaélitude des rapports du Calque : à travers lequel je défie que l’on puifl'e tout voir fur un Tableau ; quelque tranfparent que foit le Cal- que , & quelque clair que foit le Ta- bleau. La méthode de V Italien eft pîusfû- re , moins dangereufe , & plus propre à conferver l’extrême exactitude des contours des Figures qui compofent un Tableau , qui vaut la peine dette enlevé : puifque ce Firtuofe allure fi Peinture fur une Toile , avant de dé- truire celle qui fert de fond , & avant de pofer le Pellicule fur une autre Toile. On peut faire préfentement sur la Physique et sur la Peinture. 163 l’opération du Vinuoft fur le plus pré- porter fur un autre fond. Mais il cil cieux Tableau du Monde ,& dans les queftion de fçavoir le Secret de M. Siècles à venir on pourra la répéter fur le même Ouvrage fans effrayer les Amateurs , & fans leur faire ap- préhender le moindre dérangement dans le contour des Figures. Car , au bout du compte , un Epiderme qu’on détache , je le répété encore , fans doute en l’amoüffant , peut être dé- chiré, ou s’étendre à contre -tems. ■Ainfi, fans faire injuftice à M. Picaut , l’on peut foupçonner fa méthode d’être dangereufe, malgré tous les Procès -verbaux de l’Univers. De l’au- tre part , il cft impoflible d'attribuer le même inconvénient à celle de mon Italien. Si un Tableau eft fendu & écronté , comme l'on voir affezfou- Picaut , pour enlever une croûte de Peinture en Huile de deftus un Pla- fond , ou de deftus un Mur que l’on va démolir, comme celui de Choiji ; car le fecret de P Italien , comme nous venons de dire , n’eft préférable que dans les Morceaux peints fur Bois ou fur Toile. Comment pourroit-on en- lever la Muraille , fans toucher à la Peinture ? Toutes les Eaux-fortes de la Terre ne fçauroient miner un Mur vertical ouhorifontal de deux ou trois pieds d’épaiffeur , &c quand même il n’en auroit que trois ou quatre pou- ces. J’efpere que l’on n’ira pas me chi- caner , /i par hazard il y a quelque dro* 7 -- l ..U4.u*w » y «VI llltu UC U1U’ vent , comment raffemb/cr avec pré- gue de plus ou de moins , dans ma cilion les pièces, quelquefois en grand Méthode, que dans celle de M. Pi- nombre , tans fc fervir de cette mé- caut , je crois qu’un Secret eft le mé- thode ici ? Donc le Secret du Virtuofe me qu’un autre, quand les Opérations vaut mieux que celui de M. Picaut , font égales , & que le but que l’on fe lodqu il s’agit d’enlever les Peintures propole , eft également rempli de part de deflus Bois , ou de deflus Toile. & d’autre. Voici le Secret de M. Picaut , c’eft- p: • M celle de M. Picaut , en ce qui concer- ne les Tableaux fur Toile & fur Bois celle de M. Picaut vaut mieux que deffus un Mur. Il faut bien laver les Peintures en Huile fur Plâtre avec de l’Eau de-vie. celle de l'/ LIT „ • 1 c nime lur ™e avec • i- ..... j t- i ■ vieilles croûtes. Au hout An rpttm peintes cord fur la nature du Tableau* mXl Croi‘tes; Au bout de cette cft poffible de détacher & de ’trTJ p Perat,on ’ loiVe vous îl,gez partu- Tiens , vel vir genitrix ; nous avons 174 Observations sur l’Histoîre Naturelle , edopté ce nom en François , & nous en avons formé celui d ' Androgyne , pour défigner la double puiffance de l’Hermaphrodite parfait , à qui feul ce nom appartient étant Homme parfait, & capable de mettre des en- fans au monde par le fecours du féxe féminin. Dans les Dialogues de Platon , il y a une Fable des Androgynes. Ce Philo- fophe dit que certains hommes naqui- rent doubles avec les deux féxes ; que cette duplicité de tous les membres leur ayant procuré beaucoup de force & de vigueur , ils pouffèrent l’infolence jufqu’à déclarer la guerre taux Dieux ; que Jupiter pour répri- mer leur audace , partagea ces An- drogynes en deux , en forte pour- tant qu’il eft toujours refté à ces deux moitiés féparées une forte pafîîon de fe réunir , & que de-là vient l’amour réciproque des deux féxes. On peut conféquemment obfer- ver que beaucoup d’animaux font ainfi que les hommes , quelquefois pourvus de deux natures , & pour cette raifon nommés Hermaphro- dites. Dans les Quadrupèdes on trouve fouventdes Hermaphrodites. On trouve pareillement que les limaçons , les efeargots , les vers & plufieurs autres infettes le font tous par leur propre nature. Voici la defeription de cet Her- maphrodite actuellement vivant , qui m’a été rernife par M. le Che- valier Boyer , Dofteur Régent de la Faculté de Médecine , avec fa figu- re deflinée & peinte d’après nature dans l’Hle de Corfe , que M. le Mar- quis de Curfay , Commandant en Chef dans cette Ifle , lui a envoyée ; je crois que les Amateurs verront avec plaifir la defeription qui en a été faite fur le rapport des Chirur, giens du lieu. Defeription d'un Hermaphrodite vif té en conséquence des ordres de M. le Marquis de Curfa Maréchal des Camps & Armée] du Roi , & Commandant en Chef dans l'Ifle de Corfe , par nous Chirurgiens Aydes-Maj0r des Hôpitaux- Militaires été. blis dans ladite Ifle. Maria Nonzia eft l’Rer> maphrodite dont nous parlons, néj en 1695. au Village de Luri , pro vince du Cap Corfe : elle a été éle. vée en fille ; fes parens , foit qu’ils ignoraffent fon état , ou qu’ils von. luffent qu’elle feignît de l’ignorer ( ce qui nous paroît plus vraifembla. ble ) la marièrent en 1716. l’époux qu’on lui donna ne s’apperçut de rien , ou du moins il mourut fans mot dire en 1725. Elle fe remaria en 1733, avec un jeune homme fort fimple , qui s’imaginant que toutes les femmes étoient également con- formées , ne s’apperçut de l’état de la fienne , qu’après avoir eu en 1739 un commerce avec fa Servan- te , de laquelle naquit un enfant. Lt mari fe pourvut alors en Juftice, & ! après les vifites ordinaires en pareil cas , fon mariage fut déclaré nu!. Ce détail nous a paru néceffaire avant d’entrer dans les obfervations aufquelles notre examen a donne lieu , parce qu’il préviendra les queftions qu’on pourroit nous faire fur le tableau de l’Hermaphrodite que nous commençons. Maria Nonzia , eft d’une com- pléxion forte 8c robufte, fa taille sur. la Physique et ordinaire , fon vifage fec & barbu , lui rend la phyftonomie mâle : elle a les mammellcs comme les autres fem- mes , à la referve que la circonfé- rence des mammelons eft garnie de poil ; mais les autres parties que nous avons découvertes , la conftitucnt précifément dans ce genre Herma- phrodite tous lequel nous l’avons annoncée dans le Préliminaire de cette defeription , & en l’examinant, nous avons reconnu conformément à Ja planche ci-jointe que nous avons fait tracer , que Maria Non^ia eft revêtue de toutes les parties de la génération de l’homme ; mats nous avons obfervé que fa verge dont la racine eft environnée de poil, n’a que deux pouces de longueur. Le gland y eft à découvert, & arrêté par un filet qui retenant le membre viril , en interdit l’extenfion. Le Ca- nal de l’uretre y manque ; mais l’u- rine trouve fon paflage par le méat urinaire , ce que nous avons vérifié par le moyen de Valgali. Nous y avons découvert enfuite les deux cloifons des Scrotums fépa- rées & un peu applaties , les deux Tefticules étant d’une groffeur aflez ordinaire fc trouvent renfermés cha- cun dans leur cloifon avec leur Cor- don fpermatique tel que dans l’hom- me. En écartant & relevant un peu les Bourfes , nous avons vît une ouverture d’un pouce & trois li- gnes & demie de longueur à l’en- droit ordinaire où la Vulve eft pla- cée , laquelle ouverture reliant tou- jours béante , nous a permis d’obfer- ver par une imrodutfion prefque forcée du doigt, qu’elle va un peu du aiu en bas , & du bas en haut, ou nous avons touché deux petites brides en travers dans le Vagin à sur la Peinture. 175 peu de diftance l’une de l’autre, & il n’eft pas douteux que fi dans le tems on avoit augmenté l’ouverture par une petite incifion , Maria Non - [la auroit pù fouffrir l’introduélion. Elle a eu fes régies comme toutes les autres Femmes ; mais nous n’a- vons trouvé aucune marque de Cli- toris. La fmgularité de ces différentes parties nous ayant engagé à deman- der à cette Hermaphrodite , quelle étoit la nature des defirs dont elle avoit éprouvé la fenfation , elle nous a répondu que les Perfonnes du féxe ne l’avoient jamais affrétée J mais qu’à l’âge où elle étoit , elle fe trouvoit encore pour les Hommes les mêmes defirs qu’elle avoit dans fa première jeuneffe. Tel eft le Tableau fuccint de l’Her-s maphrodite de Corfe , fur laquelle nous ne ferons qu’une feule obfer- vation concernant la Génération , & nous ne balançons pas à croire que Maria Non^ia auroit été fécondé , fi on avoit fait à propos l’incifiori dont nous avons parlé plus haut ; mais on dira peut-être que cette Her- maphrodite ayant toutes les parties de l’Homme , eft incapable d’engen- drer , nous répondrons à cette ob- jection , que nous regardons la Ver- ge & les Tefticules comme neutres & fuperflues par leur inaction dans le cas particulier ; d’ailleurs l’expé- rience nous a fait voir que des Fem- mes revêtues des Parties de la géné- ration de l’Homme avoient enfanté. Voilà le détail que nous devions au Public , nous attendons des Au- teurs fameux qui honorent Paris & eclairent l’Europe , des obfervations dignes de leur réputation & de la fingularité de cet événement. Fait à, ri7<5 Observations sur l Baftia le premier Juin 17*0. Signé Julien, ancien Chirurgien Ayde- Major, & Soûlés, ancien Chirur- gien & Ayde-Major. L’Hermaphrodite fuivant a été vu Iongtems à Paris , & l’on croit qu’il eft actuellement à Londres. OBSERVATION II. Par M. Mertrud , Chirurgien ordinaire du Roi , Démonjlra- teur en Anatomie & Chirurgie au Jardin Royal , fur un Her- maphrodite , vu à Paris l'année derniere îyho. LE fujet cil vivant, il eft âgé de 1 6 ans, baptifé à Paris, à la Paroiffe Sainte Marguerite , Fauxbourg S. Antoine , & s’appelle Michel-Anne Drouart , fon pere & fa mcre l’ont élevé en fille , & lui ont donné l’é- ducation convenable pour des gens de leur forte, étant ouvriers en Bas au métier ; ils ont caché fa diffor- mité jufqu’à l’âge marqué ci-deflus. Cet Hermaphrodite cft d’une ftruCturc maigre & charnue , d’une allez vive compléxion ; fon vifage eft fec , un peu allongé , & d’un air commun ; elle n’a fur la poitrine aucune apparence de gorge naiffan- te ; fes hanches font équivoques , elles ne paroiflcnt point autant éle- vées qu’il convient au corps d’une fille de fon âge. Je penfe qu’a près fa parfaite pu- berté , clic pourra fe trouver plus conforme à l’état de fon féxc domi- nant : aflucllemcnt l’un ne domine pas plus que l'autre , comme on peut le voir par la repréfentation des parties gravées par M. Gautier. Le ventre & l’ombilic , n’ont lien 'Histoire Naturelle, de différent de celui d’une fille ou d’un garçon de fon âge. La verge recouverte de fon pré. puce , garnie d’un peu de poil à fa racine , reffemble à celle d’un gar. çon de 16 ans, ayant deux corps caverneux, qui font très-bien faits de même que le gland. Mais ce qu’il y a d’extraordinaj. re , c’eft que la verge n’eft pas per. forée. Le prépuce qui contribue à for. mer une bride fous la verge , & qu; vient d’un repli de la peau , qui tient lieu de grandes lèvres aux Femmes & de Scrotum aux Hommes , laiffe une ouverture qui approche de la vulve ou de l’orifice du vagin , que I’0|} appelle orifice de la matrice. Cette ouverture fe termine en bas par une bande qui reffemble affez à la fourchetteton y voit un petit bou- ton femblablc à celui qui fe trouve dans les jeunes Filles. Au-deffus de ce bouton & vis-à-vis le trouve l’ouverture du canal de l’Uréthre , qui paroît en le fondant, aufii court que celui d’une Fille , à la différence qu’il eft fitué un peu plus bas dans l’ouverture de la vulve. L’ouverture de la vulve eft beau- coup plus étroite que celles des Filles bien configurées, à peine peut-on y introduire le petit doigt , & on n’y voit point de caroncules myrtifor- mcs. . Elle n’a point eu les Règles qui ar- rivent , quelquefois plutôt, aux Filles de fon âge. On ne voit point de Tefticules, dans ce qui tient lieu de ferotum , ni dans les aines. Amhroife Parc dans fon Traité des Monftres , Chap. y IJ. pag. ioij, parlant des Hermaphrodites, rap. porte sur. la Physique et. sur la Peinture'. i »• • 177 porte l’Hiftoire de trois filles qui avoient été élevées & baptifées pour filles , & dont à l’âge de quatorze à quinze ans les parties de l’homme fe iont développées. Il pourroit bien arriver à celle-ci quelque développement , foit les ré- gies qui dénotent le fexe féminin , foit les teflicules qui marquent le fexe mafculin. Mais quand l'un ou l’autre cas ar- riveroit , cette Hermaphrodite n’aura jamais la véritable puilfance d’aucun fexe- ■ v . . , . On donnera dans la partie furvante d’autres remarques fur les infeétes que l’on croit Hermaphrodites , & pour- vus des deux parties de la généra- tion. TABLE Des Matières contenues en ce premier Volumè. OBJervation 1. Découverte fur la Génération » page 7 Obferv. II. III Cr IF. Sur les Lima- çons. - 1 <5 ,' Obferv. V. Sur les Fleurs & la caufe de leurs couleurs , 2 7 O bfervation Vil. Sur l’oreille de la Tortue, 25 Obferv. Vlll & IX. Sur la nature du Sang & les Tortues , 40 Obferv. X. Sur la Taupe , 54 Obferv. XI. Sur les Hermaphrodites , - Obferv. XII. Sur le ramolifîement des Os , g Obferv. 1. (au lieu de VIII.) Sur les tremblemens de Terre , 6 s Obferv. II. Sur la Théorie de la Lune, Obferv. III , IV, V & VI. Contre l’Optique de Newton , Obferv. VU. (au lieu de IL) Sur ld couleur des Pierres précieufes, 1 20 Obferv. VIII. Par un Anglois , contre le fiflême de M. Gautier, 123 Obferv. IX. Réponfe de M. Gautier. Obferv. I. Sur la Peinture & le choix de la lumière , tzp Obferv. II. Sur les Tableaux du Salon de l7<5 ï , 133 Obferv. III £r IV , Sur Part d’imprimer les Tableaux, 138 Obferv. V. Sur les couleurs du Pere Caftel j ^ Obferv. VI. Sur l’Art de M. Picart, 1 ç ^ Obferv. Vlll. Sur la maniéré de pein- dre fur verre . Supplément Obferv. I. Sur les Herma- phrodites en général , l , £ Obferv. II. Sur l’Hermaphrodite de Paris, I?6 F:n du premier Volume & de la troiftème Partie de 1752. * ♦ £l 1t;£ (.' o .r] or ... OU !l!'. a,< i,' , «> •• • 1 - ■a . V t u ■-üVJtyjü v.i ■ 'ino 'J' . ili • •il ■ A • .. i • • r ' \ * i îup:i;[0'l r -.^1 s-u'l . (:n\. ., ; u\ '£> ••' • y WW ■' ■ - .• ■ -** .v' ; .*• * *' • ** * 4‘.; OBSERVATIONS S U R L’HISTOIRE NATURELLE , SUR LA PHYSIQUE ET SUR LA PEINTURE . AVEC DES PLANCHES IMPRIMÉES EN COULEUR. Cet Ouvrage renferme les Secrets des Arts , les Nouvelles Découvertes y, les Difputes des Philofophes & des Artifles Modernes. ANNÉE 1752. TOME SECOND. IV. PARTIE. Cher D E L A G UE T TE, rue Saine Jacques, à l’Olivier. AVEC APPROBATION ET PRIVILEGE DU ROY. Les Planches en couleur fe diftribuenc féparement chex. M. Penfionnaire du Roy, me de la Harpe. V ' :■ : < i . OBSERVATIONS QUATRIÈME PARTIE. HISTOIRE NATURELLE- OBSERVATION XVII I. D efeription d'une Matrice double par M. E/sewmann, DoBeur en Médecine & P rofejjèur d' Anatomie & de Chirurgie de la Faculté de Strasbourg . 1 772, E R S la fin de Jan- vier de l’année derniere 17 jl, (dit M. Eilen- mann*) on avertit M. Jacobi, qui fait les Dif- fedions au Théâtre Ana- tomique de cette Ville , occupé pour * Nota. Cette Pièce a été donnée en Latin Sc en François ; nous y avons fûpprimé quantité dé Citations & quelques Phrafes que l’on trou- vera dans l’Auteur. Celles que je donne ici font exa&ement conformes au Texte & renferment tout ce qui a rapport à la découverte de cette. An. 17 p , Tom. lL lV, Partie. lors à fes préparations , que quelques Elèves en Médecine & en Chirurgie avoient découvert dans le Cadavre d’u- ne fille , morte à l’Hôpital Bourgeois,, une double entrée de Vagin. Sur ce rapport, M. Jacobi examine avec foin ces Parties , Sc trouve réellement deux Matrice. La Figure que j’en vais repréfètî*- ter, eft avec fes couleurs naturelles, copiée lur les Planches mêmes qu’a donné M. Eifèn mann ; mais les couleurs font prifss fut ua©; Matrice ordinaire. A 4 ObSER7aTi5ns SÛR L’HisfÔ’ïîiË NaTUREïTê'^ entrées Je Vagin, égales d’ouverture pas communes, mais adofîées le£ tfnéi & de diamètre , chacune defquelles avoit un Hymen. Après avoir enlevé les Vifcéres du bas - Ventre , il con- tinua Ton examen 8c apperçut deux Vagins d’une longueur 8c d’une capa- cité femblable, pofés l’un à côté de l’autre, l’un defquels étoit à droite & l'autre du côté gauche : leurs Paroys internes étoient unis , & avoient là forme ordinaire, avec les rides dan; la furface intérienre,coinme on a coutume de les trouver dans l- Vierges. Chacun de ces V.. gins ribonülïbitàune de ces en- trée;, comme îllî à un Orifice interne d’Uterus , d oue Struclure parfaire ; eni te que le Vagin dit côté droit em- bralloit 1 Orifice interne (itue de ce cô- té-là , 8c le Vagin liiué aucôtc gauche conduifoit à celui qui étoit à gauche. Chacun de ces Orifices étoit continu avec le Cou & le fond del’Uterus, qui fe trouvoient féparés de même que le Vagin, par une certaine Cloilon allez c pat lie. qui aboutilToit jufqu’au milieu du côté nipérieur du fond de PUterus, enfortc que fa cavité fe trouvoit par là divifée en portion droite & en portion gauche, qui n’avoient aucune commu- nication cnfemble ; ce qui fait qu’on pourrait regarder ceci . avec quelque raifun , comme deux Utérus féparés. l.e bord luperieur externe du fond, ctoit en partie divile au dehors en deux parties égales par une forte d enfonce- ment fuperficiel qui repréfentoit un Angle fort obtus: ce même enfonce- ment , qui fe prolongeoit le long dumr- lieti de la face antérieure des Utérus & des Vagins , les féparoit en deux par- ties parfaitement égales. Ces parties en quellion doivent rai- fonnablement cire regardées comme des Organes féparés . vû que leurs Cloifons, quoiqu’unies , i*e leur font aux autres , de la façon que cela fe re^ marque au Mediaflin dans la Poitrine, qui ert formé par la rencontre de la Plè- vre du côté droit avec celle du côté gauche , Sc an Scrotum , dont la Cloi- lon cfl formée de la même manière des deux Poches du Dartos. Au relie cha- que Utérus n’était accompagné que d’une feule Trompe . d’un Ovaire , d'un Ligament large & rond , &d’un feul Cordon de VailTeaux Spermati- ques. Cette découverte m’ayant été com- muniquée , fit que 'je me portai à l’exa- miner moi - même avec toute l’atten- tion poflible , 8c ce dans le tems que deux Lleves en Médecine étoient oc- cupés à la préparation des VailTeaux Spermatiques , j’eus la fatisfaélion de trouver le rapport exafl.C’efl pourquoi dans la crainte que ces Parties ne fouf- frillent quelque dommage , je donnai commilTïon au Sieur Jacobi de les fer- rer & d’en achever lui- même la prepa- ration. Cependant on prit la réfolution dans une Aflemblée de la Faculté, d’ex- pofer au Public la façon dont cette dé- couverte s’ell faite , avec les Figures qui y ont rapport , comme je l’ai déjà infinité dans l’Avis que j’en ai donné au l.céleur. Te fuis bien aife d’avertir que j’en- tends par Utérus doubles , ceux qui font divifesen deux cavités, foit qu’ils foient divifés à l’aide d’une Qoifon , foit qu’ils foient fourchus en guife de C ornes", quand bien même ils n’auroient pas deux Ori- fices externes , ni deux Vagins, ni en- fin deux trompes de chaque côté , deux Ovaires, deux Ligainens larges & ronds 8c deux Cordons de VailTeaux Sper- matiques. J’ai fait graver d’après Nature une nouvelle Figure de cet Utérus, comme sur la Physique et sur la Peinture. 'J 1( j, elle fe voit attueUemcnt dans la liqueur où je lu c.onfevve. Les Ovaires & TUterus étoient ex- lafr trêmemeut durs ; lorfque le fujet étoit iltsi' recent. Tout le relie , fi vous en ex- :ii £> cepte? les Caruncules, dont on ne voit fe -- plus de vertige , fe trouve, pour la plus grande partie , comme M. le Profefleur jfé Grand , de celte U ntverfitc , ( qui pour ,0# lors afiiftoit à mes Démonfirations , ) 'jilli l'a fait graver dans la féconde Figure [}3i J jointe à la fin de la fçavante Théfe.dans .jï laquelle il expolé fes conjectures fur la Superfétation. J On n’apperqoit qu’un Clitoris aux ■J Parties externes de notre Sujet. 11 cil fituc direôement avec fon Pré- III puce fous la CommilTyre fupérieure ’ 9 des grandes Lèvres, comme cela fe voit e';, ordinairement. L'LTrethrc, qui eft fituc fous le corps JS cTuClitorisau-delTus de l’union des deux ai ^a8*ns j a fo'1 Orilice entre les deux 'g Nymphes , fous le Gland du Clitoris , ’ u à quelque diflance au-dellus de la Cioi- 1 J fon qui fépare les entrées des Vagins. On a beaucoup difputé touchant la ^ réalité de l’Hymen , & fuppofé qu’il % exiflàt , quel feroit fon ufage ? fi tou- ■ jjj tes les Vierges en font pourvues ? Quel- 1 J le efi fa Figure , le lien de fa lituâtion ? éx ainfi du relie. Plufieurs Anatomilles Anciens 6c Modernes ont nié fon exif- a tcnec ; d’autre l’ont admife ou fimple- p ment , ou avec refiriclion. Ce que M. 'Vinftov dit, ( F.xpofit. • . Anat. T ratté du Bas-Ventre §. 6 5 1 & î 654 ) de l'Hymen & des Caruncules mirtiformes , convient avec ce mie j’en K ai obfervé jufqu’à préfent dans notre Théâtre Anatomique , & ce que je fuis en état de taire voir dans les liqueurs L où je les conferve. Car on voit ma- nifelleinent dans les Corps des Vierges nouvellement mortes, que l’Hymen ell 4 une vraie Membrane , aTez mince , tendue , faite par la rencontre de la Membrane interne du Vagin avec cel- le de la Face intérieure des grandes Lèvres, qui bordent l’extrémité infe- rieure ou externe du Vagin , plus ou moins large , plus ou moins égal & circulaire, quelquefois Ovale piaillant au Vagin une ouverture étroite dans les unes & plus amples dans les au- tres; rendant en général fon Orifi- ce plus étroit que le relie de fon Ca- nal. Cette Membrane foudre des clian- gemens confidérables . à raifon de di- vers accidens. Ce font les débris de cette Membrane qu’on appelle Caron- cules Mirtiformes. Je conferveles Par- ties naturelles d’un Enfant de deux ans, où on voit un Hymen rond avec une ouverture fort étroite au milieu. Il y a dans le Cabinet de notreThéatre Ana- tomique quelques Hymens pris de Su- jets de difïérens âges l’un defqueis eil d’une Vierge qui avoir pafie foixante ans , de Figure circulaire , dont la Mar- ge n’etoit pas conlidérable, laiflant en revanche une ouverture large dans fon milieu : j’entends par Marge cet efpace qui efl compris entre le plus grand 8c le petit cercle de la circonférence de l’Hymen. Il y en a auffi un d’uneVierge de 50 ans -, les autres lont de Vierges âgées d’environ vingt ans ou moins : ils font tous ronds avec une ouverture jpaflable au milieu ,• cependant avec cette dilie- rence que dans deux de ces Hymens, la portion inférieure de la Marge ell un peu plus large que la fupérieure. 11 y en a encore un d’une jeune fille de dix ans , femi-Iunaire & d’ouverture allez étroite. J’ai difTéqué en 1 740 les Parties na- turelles d’une Vierge qui avoit paffé Observations sur l’Histoire Naturelle * é trente ans, où je trouvai un Hymen circulaire, entier, fans fcilTure , ni iné- galité apparente dans Ta circonférence interne , mais dont l’ouverture étoit allez ample pour tranfiuettre le doigt du milieu. Pour ce qui efl des Caruncules Mir- tiformes , j'en puis faire voir de gran- deurs & de grodeurs différentes -, tant de celles quionteu commerce avec des Hommes fans avoir enfanté, que de cel- les qui ont enfanté: en voit dans les premiers l’Hymen rompu , fous la for- me de Lambeaux affez viffbles , longs ou larges , à peu près de figure de feuil- les de Mirthe, moins épailTes cependant que dans les dernières , chez qui la ba- fe eff a u ffi plus large : Ces Lambeaux font encore dans celles-ci plus éloignés les uns des autres , & au nombre de 5 , 4 , ou 5 , ce qui n’eff pas confiant. J’ai obfcrvé en différentes occafions , tant en Public qu’en particulier , que ccs Caruncules étoient appuyées fur des 13afes plus larges dans celles qui «voient enfanté plufieurs fois , bien que moins grandes & plus éloignées les unes des autres , que dans celles qui n’avoient eu qu’un commerce llérile. Ces Caruncules font fouvent conti- nués avec l’Hymen, & ne doivent point être confondues avec les véritables Ca- r u ncules Mi ri i formes . Ayant introduit des Sillets dans les deux Orifices des Vagins encore fer- més, on trouvoit qu ils ne fe rencon- traient nulle part ; mais qu’ils rettoient confidérablcment éloignés les uns des autres dans tous leurs trajets. Les Va- gins étant ouverts laiffoient appercc- voir les deux Orifices internes de gran- deur égale, féparés l’un de l’autre de l’epaiffeur de leur Cloifon , avec des ouvertures tranfverfales , connue cela arrive ordinairement. On conJuifoit ces Stilets , toujorir4 affez éloignés l’un de l’autre & fai>, fe toucher nulle part , de chaque côté de- la Cloifon qui féparoit entièrement Ces Matrices.depuis leursCoûs jufqu’à lc„rs Fonds , où elle étoit un peu plus épaifl^^ L’afpeét de la diffance des Orifices jn. ternes & la diffance des Stilets fatfoîent alTez voir que la Cloifon étoit fortépaiL fe ; ce qui étoit encore plus manifeflj, par l’ouverture faite de chaque cotéde la Cloifon & pouffée jiifques dans ta Cavités des Matrices. On voyoit alors clairement que cette Cloifon étoit faite , de même que nous avons dit de celle des Vagins , de IV nion des Paroys voifins des deux Ma. trices , chacune defquelles étoit preh que égale à l’epailîeur de celle d’une Vierge nubile , enforte qu’elle ctoit prefque d’une groffenr double de celle d’une Matrice ordinaire. J’ai obfervé à l’occafion d’une de mes Dcmonftrations d’Anatomie , faite le premier Février dcrnicraux Parties na- turelles d’une Femme qui avoit paffé 50 ans, une Membrane allez épaitfe-, qui bouchoit en forme de Valvule l’ex- trémité du Coù de la Matrice qui ré- pondoit à fou fond ; enforte qu’il étoit impoffible d’introduire un Stilet dans la cavité de ce fond- là , fans avoir au- paravant ouvert le Coù. Le corps de la Matrice étoit fort petit , égal tant en confillance qu’en grandeur, à une Ma- trice Vierge. L'extrémité de chaque angle du fond de ia Matrice s’ouvroit dansla T rompe, de Ton côté , par un Orifice fi ample, qu’on pouvoit le remarquer facilement & y introduire un Stiiet , .beaucoup plus gros qu’une foye de Porc. Les Trompes fe prêtaient beaucoup à l'air qu'on y foujfloit , & la Frange du milieu la plus longue de la large extrémité de la su*, la Physique et sur la Peinture. Trompe gauche, renferment un Oll'c- connu que les exemples des ttj kfi (fl* V * t ! ÿ. r, P le P i n us lui jf! ; ^ m & f#* ecrf V !et oblong L’un & l’autre Ovaire ctoit fort pe- tit, plat, mince & flétri. J’ai obfervé dans le droit des Globules de diverfes grandeurs, femllMes à de petits Oeufs , dont quelques-uns étoient remplis d'une ma- tière Limphaùque . plus ou moins tranfpa- rente; pour les autres , ils étoient endurcis. Dans l'Ovaire gauche . fai vu moins de ces Globules durs . £r un feul fort grand un peu dur , & aJJ'ej tranfparent . dont le dia- mètre excedoit une ligne. On pouvoir dif- tinguer dans chaque Ovaire des petites ci- catrices occqfionnees par la Jéparation des Oeufs. La furface interne du fond de la Ma- trice prefentoit des pores amples, ailés à appercevoir. Le Vagin étoitprefque fans rides , excepté quelques-unes de fuperlîcielles , pofées à l’extrémité an- térieure ou inférieure proche de l’Ori- fice externe , qui étoit bordé lui-même de trois Caroncules Mirtiformes peu conlidérables & Taillantes. On rencontroit dans ce même Va- gin une grande quantité de petites ta- ches tirant du cendré fur le jaune obf- cur , de grandeur diflerentes; quelques- unes étoient noirâtres. Parmi le grand nnmmvx Cnint.- I .î.i ir, A. .Je* H nombre de Sujets féminins qui ont été diflèqués dans notre Théâtre Anatomi- que , \ occafion de voir de ces fortes de taches de couleur quelconque a été fort rare. Qu’il me foit permis préïentement ( dit M. Eifenmann) de tirer pour con- clufion quelques conféquences & con- jeriures vraifemblables de ce que je viens de dire. 1 {sentiment de M. Eifenmann fur les préten- dus Ovaires & Sur la Superfétation. ï0. Je me perfuade qu’il eft affez 7 Matrices doubles ne font pas des plus rares , & qu’on peut exeufer en partie les An- ciens qui admettent des Sinus dans la Matrice humaine , en la comparant à la Matrice cornue de certains Animaux. 11 a pu arriver auffiqtje. nonobftant la grande difette des Sujets humains, & fur-tout de féminins , qui tomboient fous le Scalpel de ces anciens Anatomrf- tes , le hazard leur ait prefenté une ou deux Matrices cornues , ou à deux Si- nus , d’où ils auront peut-être pris oc- cafron d’affigner deux Sinus à toutes les Matrices humaines , ou de les croire femblables à celles des Chèvres, des brebis, des Chiennes, ou autres Ani- maux, & de répandre dans le Public différentes opinions erronées touchant la Matrice humaine. 2°. Si la Fille dont il s’agit ici eut vécu , & qu’ayant contrarié le Mariage, elle l’eût confommé, elieauroitpu con- cevoir & accoucher d’un côté , & ce- pendant demeurer Vierge de l’autre. 3°. Si elle avoit vu Ion Mari dans des tems diflèrens & aflez éloignés les uns des autres , elle auroit pu conce- voir & accoucher en divers tems , & par conféquent être en même temsgrof* fe & en couche. 4.®. Si elle avoit conçu dans le même jour des deux côtés , elle auroit accou- ché de deux Jumeaux. 11 eft bon de remarquer à cette occafion , qu’un en- fant étant mis au monde, il n’auroit pas fallu forcer le T ravail de l’autre , à moins que l’Orifice interne de l’autre Matrice n’eût été difpofé au fécond ac- couchement. Le contraire arrive lorf- que deux Jumeaux font logé dans une même Matrice. 5°. Une vraieSuperfétation auroit pu facilement avoir lieu dans la Fille en queilion , qui prefque dans tout autre Z Observations sur l’Histoire Naturelle? cas, nepourroit arriver à moins qu’il n’approchât beaucoup du nôtre , ou bien qui n’arriveroit que très-difficile- ment. La Superfétation eft , généralement parlant , une fécondé conception arri- vée pendant la grolTelfe de la Mere. ( Voy ez le Lexicon de Caflelli. ) On peut la diilinguer en vraie &c en /attire. J’entends par la vraie, celle où le Foetus efl contenu & croît dans une vé- ritable Matrice. Par la faillie j’entends celle où l’un des Foetus occupe une Ma- trice vraie & l’autre une faulTe. Cette forte de Matrice faufle peut naître , ou d’une dilatation d’une portion de la Trompe, tel qu’elt le cas du S r Vaiïal *, ou bien de quelques autres Corps ou receptables joints, de quelle façon que ce puille être , à la véritable Matrice èx qui en auroient l’apparence , cependant dans un examen plus attentif, avec une très-grande différence , telle qu’ell la Matrice faillie dont parle M. Dionis,èk peut-êtrecelle de Harteman. 11 peut arriver une Superfétation dans le cas d’une Matrice faillie , enforte que Y Oeuf devenu fécond, parvenant dans cette cavité,yfa(J'e fa rtfi dence &y prenne accroif- femeru , quaJ]ej long- tans après une nou- velle fécondation furvaiant , L'Oeuf s'ar- rête dans la véritable Matrice:** car il n’y a rien qui empêche qu’il ne fe falfe une nouvelle conception , puifqu’une Ma- trice relie vuide , & n’a pas l'on Orifice allez fermé pour, qu’il n’y piiiffiï rien venir par le dehors. Dans le cas ou un Oeuf fecondgfl tombé dans une Matrice , il n'y a rien dans la voie ordinaire , puifqttelle ejl libre , qui empêche l'entrée de l'efprit ftm.nal Cr fon abord juf- quà l'Oeuf foitque l'Oeuf mûr foit defanfc avant fa fécondation dans la Matrice , fa qu'il foit refié dans une Trompe vuide, fa enfin qu'il foit encore attaché à l'Ovaire pourvu qu’il foit porté dans la cavité de la Matrice fous les deux dernieres conditions : de même , que cette efpé. ce de conception foit ordinairement funefle à l’enfant & à la Mere; comme le prouve l'exemple du Foetus de Trom. pe produit par M. Vaflal ; foit qu’elle fc fa fie dans la Trompe; foit queje Foetus prenne fa nourriture & fonac. croidêmcnt dans que!qu’autrecavité,ou Matrice faulTe que ce foit. 11 fera ailé de voir par-là que le cjj d’une pareille Superfétation échéant ou que l’un ni l’autre Fœtus ne pourra être mis au Monde , ou que du moins le Fœtus niché dans la Matrice faulTe ne pourra jouir de la lumière. Je 11e nierois cependant abfolument pas, nonobilant la certitude desraifons que je viens de rapporter, qoclaNh. titre ne pré fente quelquefois dans le fait de la conception ou de la génération, de tels eliets & de tels phénomènes j comme on le voit arriver dans les cho. fes qui regardent la Struéhire & ladif. polîtion des Parties du Corps humain, qui , fi le cas n’en arrivoit ôc n’étoii au telle par des Hommes dignes de foi, n’auroient aucune apparence , luppofe qu’on ne procédât que par le rationne, ment. Par exemple, il pourroit arriver dans un cas extraordinaire qn’u/t Fœtus cunt fléja dans la Matrice , il fefit quelques femii. ttes ou quelques mots après une nouvelle en. ception.Si ainfi il y auroit en même tenu deux Fœtus dans la Matrice conçus en * L’ \utcur rapporcc en ces termes l’exemple que cite Vaflal. » Fafala pris pour une fécondé M.itrice une » portion Je la Trompe du côté tlrort où un m enfant s’étoit niellé. » ** Appnrament par la Trompe de l’autre côté fi l’une des deux cft occupée. différons Sua la Physique et sua la Peinture. 9 différons tems & allez éloignes 1 un de maines apres , ou davantage , ayant eu l’autre , pourvu cependant que les em- -rr' ’ ” * . ... Ïiêchemens , dont nous avons parle , oient ou trop (bibles ou abfens. Mais le cas arriverait rarement, & s’il arri- voit par hazard , il n'ef pas probable qu'un Enfant engendre ainfi après coup , pût rejler aJJel long-ttms dans la Matrice pour acqué- rir une grandeur fuffifantepour conferver fa place pendant l’accouchement du premier, & pour n’ètre pas poujje dehors peu de tems après. On pourrait donc admettre , fous cette condition , une vraie Superféta- tion , quoique très-rare & très extraor- dinaire , où les deux Fœtus ne parvien- draient pas a une grandeur fuffifante pour pouvoir enfuite être élevés, mais Tun des deux ferait exclus à terme, tandis que l'autre deviendrait avorton. Mais il en arriverait tout autrement clans cette Hipothcfe.fi la Matrice étoit cornue, ou a peu près, ou féparée par une Cloifon en deux cavités , fur-tout s’il y avoit deux Cous & deux Orifices diflinéts , & encore plutôt s’il s’y trou- voit deux Vagins féparés à l’aide d’une Cloifon , ou en partie, ou fuivant tou- te leur longueur & deux Orifices ex- ternes : car il n y a rien dans ces cir- conllances quis’oppofe à la Superféta- tion. Suppofé que notre Fille eût conçu par le \ agin du côté droit , & que lajémen- « . ou [on efprit , ou quelque autre cauft de la Conception que ce puijfe être , fou parve- nue par l Orifice interne dans la Matrice droite, & de la par la Trompe jifqu'à L'O- vaire, ou elle auroitpu rendre un Oeuf mûr. Jccond , lequel parvenu à la Matrice de ion coté, nauroit incommodé en aucune façon la Matrice gauche avec i „ S/°?0rilîce* quand « lestrois obftades dont nous avons par- C Cju^e^US aurc!Ient été prefens 1 » " j affaire par le Vagin gauche, il s’en foit enfuivi une conception avec les mê- mes circonflances que nous avons mar- quées pour le côté droit , l’Œuf aurait donc pu s’attacher , fe nourrir , & pren- dre accroilTemeiit de ce côté-là ; enfuite venir l’un & l’autre vivans à terme & ea état d’être élevés. Il efi bon de faire remarquer en der- nier lieu que le nombre de ceux qui ont nié & nient encore la Superfétation , n’eft pas petit ; mais je n’ai aucune en- vie de rapporter ni de réfuter leurs rai- fons : je ne rapporterai que celle de Ja- mes Perjons (Suppl. des Traufaét. Philo- foph. ) qui pente que la Superfétation eft tout-à-faxt impoffible, à raifon de la Frgure droite de la Trompe qui lui em- pêcherait d’embraller l’Ovaire. Cette difficulté fe trouve détruite par celafeul , que les Femmes groffes fentdm le même plaijir ùr les mêmes changemens dans l'able , que loifqu elles ne font pas enceintes , l érettion des Trompes & leur tendance vers les Ovaires doit neceJJ'airement arriver cheç elles. C’ell ce que confirme aulfi l’ou- verture des Cadavres, qui quelquefois a fait voir, dans des Corps de Femmes grofles , les Trompes relevées vers les Ovaires; & même quelquefois appli- quées. Je ne perdrai pas ma peine à citer des exemples , & à entafler un nombre d’Obfervationspour prouver la Superfétation : li y en a d’autres avant moi qui ont payé ce tribut aux Sça- v.ans 5 Ie tirerai le rideau fur cette ma- tière après avoir rapporté une feule Hif- toire qui ni a été communiquée par M. le Riche , Chirurgien Major de l’Hôpi- pital Militaire, telle qu’elle fuit. ,, Marie -Anne Bigaut, âgée de 37 ,, ans, femme du nommé Edition Vc- j, vier. Infirmier à l’Hôpital Royal de Mais que trois , quatre ou citm r ” n. ln‘irm,er a ‘Hôpital Royal de Année nr-1 T ’ T TY?~ ” Strafbourg, accoucha à terme d’ur Annee 1 7P , Tom. 1 1. 1 lé. Partie, b ^ 1<3 Observations sur lvHistoire Naturelle, >» j» JS JS JS J> »s garçon vivant, ic dernier du mois d’Avril 1748, à to heures du ma- tin : cette couche fut 11 prompte & fi heureufe, qu’une heure apres cette femme fe leva , fortit de la Maifon de la Sage-Femme où elle étoit ac- couchée , prit fon enfant avec elle & revint à l'Hôpital où elle demeuroit. Elle ne perdit qu’au moment de l’ac- couchement, ce qui l’étonna d’au- tant plusqu’aux deux premières cou- ches qui précédèrent celle-ci , fes Lochies furent abondantes. Un quart d'heure apres cet accouchement , elle fentit un mouvement réel dansla Matrice; elle en avertit la Sage-Fem- me, fe perfuadant qu'elle alloit enco- re mettre un enfant au mon. le; la Sa- ge-Femme fe contenta de lui dire qu’elle devoit fe tranquiliifer. Cepen- dant cette Femme continnoit à len- tir remuer de la même maniéré que la chofe arrive à une Femme quand elle ell enceinte. Ses Seins, quoique naturellement gros ne lui faifoient aucun mal & ne fe remplilTbient pas, en forte qu’au bout de quinze jours elle fut obligée de donner une Nour- rice à fon enfant. Ces ci rcoti fiances fe trouvant jointes à des dégoûts , à des envies de vomir & aux mêmes fymptômesde GrofiTefle qu’elle avoit eû pendant qu’elle étoit enceinte , commencèrent à l’inquiéter & à lui faire croire qu’elle l’étoit encore. El- le s’ouvrit à moi fur toutes cescho- fes : je trouvai fes craintes bien fon- dées , & je fis de mon mieux pour la confoler. Sa fanté fe dérangea, fes inquiétudes y eurent la plus grande part ; mais elle reprit le dellùs. En- fin, voyant que fon Ventre grofiifibit à vùë d’œil , elle fe fournit à l’exa- men & fut jugée enceinte de plu- lieurs mois. Elle accoucha en ell'et le ,,17 Septembre de la même année à ,, y heures du matin d’une fille vivante „ reconnue être bien à terme par ,, grandeur du corps N la proporti0ri ,, des membres. Elle perdit beaucoup „ à la fuite de cette Couche, & fej ,, Seins fe remplirent aflez pour nour. ,, rir amplement fonenfant. Il a vécu ,, un an & deux jours , au lieu que |e „ premier ne vécut que deux tnoisJc „ demi. J’ai vu ces deux enfans à leur ,, naiffance, le premier netoit pas Q „ fort que le fécond , qui par delîus ,, cela lut mal nourri , le pere n’ayant ,, pas été en état de fournir à cette dé. ,, penfe ; mais la fille que la Mere a ,, nourrie étoit en chair & même gralTe; „ elle mourut aux dents. Aiufi duder- „ nier Avril jufqu’au 1 6 de Septembre ,, il y a quatre mois & demi révolus „ en forte qu’on peut alîurer que cette ,, femme étoit à demi terme de fonfe- ,, coud enfant quand elle accoucha le ,, dernier Avril. Je 11e crois pas qu’il y ,, ait jamais eù de Superfétation mieux „ caraélérifée que celle-là. Depuis cet- ,, te couche , cette Femme a eu un en- „ faut , & elt actuellement prête d’ac- ,, coucher. „ Donné à Strafbourg, ce 20 Mars *752- Signé , 6rc. explication % De la Planche E d’ Anatomie Cr de la fh gure représentant la Matrice double. Cette Figure reprefente les parties externes de la génération, autant qu’on pouvoir les appercevoir apres en avoir ■sim ia Physique et sur la Peinture. ccarté les grandes Lèvres avec les Le Pubis. La Commilïure fupérieure des Lèvres. Le Prépuce cfu Clitoris. Le Gland du Clitoris. Les Nymphes. L’Orifice de l'Urethre. Les grandes Lèvres écartées. La Cominiflure inférieure des Lèvres. La Folle Naviculaire. Les deux Orifices du Vagin , le droit & le gauche , tous deux de diamètres égaux. Les deux Hymens, le droit & le gauche. Le Pertné. L’Anus. Les Vagins, tant du côté droit que du côté gauche , mais fermés. L’union des deux Vagins, qui forme la Cloifon. Portion de l’Urethre fermée. ) ( doigts. mcît 'uneft A. IlittB }, j« ff B. Pf C. tv D. A E.E. a# F. G. G. H. qiS* 4# K. L. L. lif rrii foü M. M. Ile! tiirS* N. enrô O. if* P. P. k# i# pIIjÏ* Q. c#f R. fi S. s. 0li‘ cfiî T. V. V. (fl J X. X. Y. Y. ri1 Z. Z. À a. a. / b. b. c. c* d. d. e. e. f. Ï0 de chaque côté. Les deux Veines Spermati- ques , une de chaque côté. Leurs origines n’ont rien que d’ordinaire. Le Corps Pampîniformc, ou Piramidal de chaque côté. L’union des deux Matrices. Echancrure qui fert à divul- guer extérieurement les fonds des Matrices. v! / OBSERVATION XIX. Sur une Decouverte 'particulière concernant la Génération des Grenouilles, & Cru h que de la précédente Observation. LE S Oviparifies nous ont toujours amufé de fuppofitions : la Spécu- lation feule a été la bafe de leur Syflê- me. Harvey IkMalpighi ont amplifié l’Hif- . , - — tQire Naturelle d’une infinité de Fables L éteins divife , au moyen de que l’expérience dément aujourd’hui ï laCloifon.en droit A-en om. le mal 11e feroit pas bien grand s’ils étoient feuls , mais plufieurs Phyficiens ont adopté leur Hipothèfe & en ont fait le fondement de toutes leurs Re- cherches. Nous avons déjà dit , quelque part ; qu’ Harvey vouloir, que la Matrice con- çût par une efpéce de contagion , & que Malpighi prétendoit que l’Embrion _ préexiftoit dans l’oeuf fémelle avant l’ap» Les Ligamens larges à droit & proche du Male. * T IScH- rr r • Les Remarclucs que fait M. Eifen- Lb dmir î. P V f°UnS * mann dans î’Obfervation précédente , T ps f 6 C i 3 Sfuc^e- confirment . félon cet Auteur , le fen- ranges es I rompes. tintent des Phyficiens que nous venons es rteres Spermatiques, une de citer, malgré les expériences que B ij laCloiforuen droit & en gau- che & fermé. Une portion du Redum. Les Ovaires , le droit & le gau- che. Les Trompes de Fallope, la droite & la gauche. Les Ligamens ronds de la Ma- trice , le droit & le eau- che. b 2 Observations sür l’Histoire Naturelle* j’ai données fur la Génération Animale, fondées fur des faits , où le Microfcope & les Loupes font inutiles, & où ilfuffit d’avoir des yeux pour être inflruit, Ce qui me fait dire ici, qu’il n’efl pas fur- prenant que ceux qui ont écrit avant mot, & qui n’ont pas fait ma décou- verte , ayent imaginé des Ftres & en- fanté des HipOthcfes abllraites & diffi- ciles à expliquer. Mais que l’on conti- nue de foutenîr , par des raifonnemens vagues , les chofes que les faits démen- tent, c’eft ce qui m’étonne. Avant de critiquer la Diffiertatïon de JM. Eifenmann, voyons ici quelle eft ma Découverte & les nouvelles Obfer- vations qui la confirment. On peut s’inftruire du détail de cet- te Découverte dans le Mercure de Sep- tembre i yyoJ & dans la première Par- tie du tJvol. de mes Obfervations. J’an- nonce dans mes DilTertations des faits très-fenfibles , trcs-intérellans & très- curieux fur le principe de la Généra- tion animale de toute efpéce. Je prouve que pour découvrir le Fœ- tus au moment de fh formation , il fuf- fxt de i’obferver dans les Mâles de toute efpéce , après le jet de leur femence : j’oblerve qu’il a fallu recevoir ce jet dans l’eau claire & froide , qu’alors on a le tems de voir , fans le fecours d’au- cune Loupeui d’aucun Microfcope, les Timbrions de tous les Vivipares. J’ai donné une Figure de ce Phéno- mène , dans la Planche A. d’Anato- mie. ( Voyeq la première Partie . An- née mil fept cent cinquante - deux : ) j’ai enfin fait appercevoir aux Phyficiens que mon Syflême n’eft pas celui d 'Hartfocker. 11 efl à propos de remarquer ici la différence qu’il y a entre la conjedure d’Hartfocker & ma Découverte tout le monde la f$ait. Sedateuj: des Ver- miculiftes dit , qu’il a apperçû par le fe. cours du Microfcope des Vermicules des petits Tétarts , qui fourmiiloient & qui frétilloient dans fa Semence , Com. me les Infeéles que l’on voit dans le Vf. naigre. Ce qui a pu arriver par la C0N ruption fubite du Sperme. Ces petjt. Vers deviennent , fans doute, ajontc. t-il , des Hommes parfaits. Quelques Oi’iparijles t que cette Dé. couverte étonnoit , afin de conciliet leur opinion avec celle des V érmiaM y voyant le peu de folidité qu'il y avoit dans leurs conjedures. fe font imaginés de fuppoferque parmi les Légions Vers qui fe trouvent dans la Semence l’un d’eux ou pluiieurs, félon Lefpéce' ( difoient- ils ) alfez heureux pour attra! per l’œuf qui tombe dans la Matrice s’y niche , s’y loge, y croit St devient Fœ! tus humain. Voilà bien des affaires: il fautadoo. ter d’une part la fuperfluhé contraire à la Nature ; de l’autre côté il faut croire à la Métamorphofe , A- s’imaginer qu’un Animalcule peut devenir un Homme; 11 faut encore fuppofer que l’état de For. mation ell plus parfait que celui d’Ac- croHfement : puifque le Ver frétille tan- dis que le Fœtus plus parfait à peine forme-t-il quelque mouvement. Chan- fons qui ont annifé iesHommesen at- tendant que quelqu’un les mît au fait'. Les (Kuvres de Dieu font permanan- tes. De tous tems les Hommes pou- voient voir d’où ils provenoient; mais leur vanité les a aveuglés prefque dans tous les fiécles. Les Philofophes attachés à la Matié. re ont voulu trouver la Nature dans la Nature même : les uns ont admis le concours des Molécules pour aider à la Création ; les autres ont voulu une éternité d’Ocufs , une infinité de Crcatu. tes les unes dans les autres , prêtes à fe ®îj fSiÇr ja* tïlJ4 \v^ 1$ jtV œspf joiiJ ecce^' de fc» Itfeî ■P* rem a ez^ nKj H ,W. "Z; :V lit? le* spj i:'- fes* (rfl à t >»• $ fi < sua la Physique et sur la Peinture. i3 développer au premier accident : ceux- ci ont rempli le Monde d’Etamines & de Vers . dont la difpofition & la place ne manquent jamais d’aider à la forme & aux organes. Enfin l’imagination hu- maine a marqué par tout fa foiblefle & fa fubordination. Je viens de chercher avec Art dans les Animaux Ovipares & Aquatiques . leurs fortes de Générations , que le hazard , félon quelques-uns, m’a fait trouver autrefois dans les Vivipares. Ayant pour principe que la Nature efl une, & qu’elle opère en tout de la même façon. Je me fuis imaginé d’élever des Grenouilles depuis leur enfance julqu’à l’age de puberté , tems auquel je les ai accouplées dans des llefervoirs grillés de fil de fer, en raie Campagne ; 6c j’ai fui vi avec foin leur façon de vivre & leurs occupations journalières ; ayant même la cruauté d’en didéquer quel- ques-unes de tems en tems , pendant leur croilfance , leur métamorphofe , leurs fécondations , & même jtifqu’à leur âge le plus décrépit. Je ne pouvois pas mieux choifir que eette forte d’Ovipare. Elle ell Amphi- bie , fa production; doit rellembler à celle des Poiflbns & à celle de tous les Animaux , qui depofent leurs œufs dans les eaux. Génération des Grenouilles. Les Grenouilles naident , faites com- me des petits 1 étards ; elles n’ont en venant au monde ni pattes ni nageoires; elles frétillent dans l’eau auffi-tGt qu’el- les ont quitte i’ccuf qui les nourrit pen- dant quelques jours. Elles multiplient prodigieufement 8c s’accouplent fans le quitter pendant des journées entières. Le Mâle embrade la Femelle par les pattes de devant & la ferre étroite- ment de forte qu’en les pêchant vous les trouvez fouvenc accouplées , & la peur du danger, ou toute autre raifon, ne les peut faire quitter que par force. Il faut obferver qu’elles n’ont aucu- ne partie extérieure : le Mâle n’a aucu- ne Verge, la Femelle n’a aucun Vagin : l’Anus feul fort, à l’un & à l’autre Sexe, à mettre dehors les excrémens , les Urines , les Embrions & les (Eu fs. Apres avoir bien examiné ces cir- conllances qui dénotoient quelque cho- fe de lineulier dans leur Génération , je me fuis déterminé à ouvrir toutes celles que je trouverais accouplées jufqu’à cé que je putfe découvrir de quelle façon elles produifoient.Cat fitôt qu’elles en- tendent quelque bruit, ou qu’elles ap- perçoivent quelqu’un, elles fe plongent dans l’eau , & il ne paraît rien de leurs opérations. J’en ouvris d’abord cinquante paires fans rien trouver qui pût me fatisfaire ; j’y allois d’abord trop rapidement , & l'avidité de in’inftruire me faifoit , fans compadion & fans précaution , plonger le Scalpel jtifqii’au fond du Ventre. Je m’avifai enfin de prendre des Cifeaux fins & délicats & de couper avec pa- tience , ( apres avoir attaché les pau- vres paiiens avec plufieurs grades épin- gles fur une Table, ) la Peau & les Mufcles de l’Abdomen, que je rélevois allez adroitement. La première Grenouille que j’ou- vris en cet état étoit la Femelle ; elle n’offrit fur le champ à ma- vtiè qu’un paquet énorme d’Oeufs contenus dans une glaire très-gluante, dont la furface formoit une efpece de Pellicule. Ces Oeufs étoient tous de la même grodeur & comme des têtes de grades épingles, de couleur jaune ,. ronds & tachés d’un point noir qui en étoit le nœud : ce point étoit l’endroit le plus tendre ds i4 Observations sur l l’œuf, & celui où l’Einbrion pou voit le plus lacilement s’attacher & prendre fa nourriture. Je fouillai fes entrailles , qui palpi- taient , mais il n’y avoit aucune appa- rence de vie étrangère à celle de l’A- nimal qui me fervoit de fujet. C’eff dans ces Oeufs prêts à fortir du corps qu’il falloir voir au Microfcope , des Em- buons , des Effigies , ou du moins des Vers vivans év frétillant , ou palpitans tout comme on les voit dans les fcmences. Mais , dira-t-on , ces Oeufs font en- core des Effigies & attendent la fécon- dation du Male à leur fortie du corps de la Femelle, comme font les Poifibns: il n’cft pas étonnant que ceux qui font encore dans les Ovaires ne foient pas fécondés. Il eff certain que cette raifon feroit de mile fans ma Découverte vis-à-vis laquelle il faut adoucir le ton. Après avoir diflcquc la Femelle , de laquelle je donnerai l’Anatomie, ou pour mieux dire la Zoogenc/ic , dans l’Obfervation fuivantc, je clouai avec des épingles le pauvre Mâle & lui ou- vris le bas ventre avec autant de précau- tion quej’avois fait celui de la Femelle. Il fe préfenta d’abord une Véficule tr.mfparente taillée à facetes comme un Diamant, remplie d’une eau claire, belle , vive& auffî pure que le crillal : cette Véficule étoit féparée par une fcc- tion externe & formait deux l.obes très- dillinéls, la Véficule repofoit 'fur l’Os pubis , à la même place où eff notre Vcffie urinaire. J’ai oublié de dire que la Femelle avoit une pareille Vcficule , mais celle du Mâle étoit féparée par un cordon plus épais ; elle étoit entourée de Branches d’Artéres qui s’épanouif- foient fur fa furface. Le cordon étoit comme le Placenta de plufieurs Em- brions vivans attachés par le coeur avec Histoire Naturelle, de petits filets à ce cordon , qui nai geoient dans l’eau claire , dont nous vç, nons de parler , & frétilloient avec dei fccouffesextraordinaires , battant Ieur$ queues, les uns contre les autres , fans pouvoir fe détacher du cordon qui |es contenoit. A cette vue je fus tranfportc de joyej j’appellai tous ceux qui m’environ- noient, les voifins , j’aurois volontiers appelle toute la terre , pour être témoin d’un Phénomène fi nouveau , fi incon- nu jufqu’aujourd’hni, fi extraordinaire & fi propre à convaincre tous ceux qui ont douté de la vérité de mes premiè- res expériences, n'étant pas à portée de les faire. Un Mâle contenir des Embrions vi- vans, dillinâs, dans fon corps, même avant l’émifiion d’aucune fémence • Embrions que l’on voit remuer 6c fré- tiller fans le fecours d’aucune Loupe ni d’aucun Microfcope ! Ceft ce que nous cherchions. Pithagoreauroit encore fa. crifié cent Bœufs aux Dieux s’il avoit fait cette Découverte, comme il a fait à celle du quarré de l’Hypoteneufe. La Grenouille Mâle montée & for- tement attachée fur la Femelle , attend les inllans que les Oeufs s’écoulent de la Femelle; il jette alors les Embrions tels que je les ai apperçùs , ils s’attachent aux Oeufs, & s’eu nourrilTent pendant quelques jours , jufqu’à ce qu’ils foient en état de fe nourrir d’alimens plus gref- fiers. Ces Embrions conlervent la mê- me Figure qu’ils avoient dans le Vcfi- cule du Pere , pendant l’efpace d’envi- ron un mois, teins auquel ils quittent cette Figure , comme font les Vers-à- foye dans le Cocon. Ils développent leurs pattes pollérieures qu’ils écartent enfin : ce font ces pattes qui , unies dans I’Embrion, forment la queue duTtS tard Embrion de la Grenouille. M 0 nt U atw nus M itfi b'w h* ictf * tf ! sur la Physique et sur la Peinture. 15 .Te donne ma Découverte au Public de la défoule des Oviparifles. Il s’agit # d’examiner des Matrices faujjes qttipeu- tV .4 flK1 3 aft ll£® feî À leu» joli 130 le» 11 sj bt P 11# $ comme neuve : que l’on me cite quel- ques Auteurs qui en ayent parlé avant moi ? Je me foumets à la révifion qu'en peuvent faire les Naturalifles l’Année prochaine au tems de l’accouplement des Grenouilles. Cette Découverte n’ell pas fujette, comme celle que pai faite de Ümpul- Jton , à être revendiquée en apparence, fur l’adoption des mots qui la oefignent & qui délîgnent en même tems d’autres Hypothèfes étrangères à mon fyflême. Critique du Sentiment de M. Eifenmann . fur la Superfétation. L’Auteur de l’Obfervation fur la Ma- lice double , dont nous avons exa- miné les curieufes Remarques , dans la précédente Obfervation , a parfaite- ment bien défini la Nature de l’Hymen, fes traces , Tes marques & fes caraftères. 31 a obfetvé judicieufement les cas des différentes conceptions où feroit expo- lé une Matrice de cette Nature, & ie me fuis fait honneur de les inférer dans mon livre. Mais nous ne fortunes pas d'accord fur la Conception, ni fur la Superfétation humaine. M. Eifenmann efl Oviparifle & adop- te les Oeufs & les Effigies humaines con- tenuesles unes dans les autres. Cet ar- ticle eft combattu par ce que ie viens de dire dans ma Découverte fur la Géné- ration des Vivipares & des Ovipares : il ell donc inutile de donner ici il répé- tition de tous les argumens que l’on vent naître d’une dilatation , d'une portion de la Trompe , tel quejlle cas du Sr VaJJal, ou bien de quelques autres Corps ou Récepta- cles joints , de quelle façon que ce pu fie être. Il efl quejiion alors d’un Oeuf devenu fécond, parvenu dans la cavité de la Trompe , & qui y afaitfarefidence. On veut conclu- re de- là la poffibilité delà Superfétation & on veut confirmer cette prétendue preuve de l’exemple d’un accouche- ment double de Marie - Anne Bigaud , qui accoucha à terme d'un garçon vivant , le dernier du mois d' Avril 1748, à dix heures du matin • Gr accoucha la mime an- née, d'une fille vivante , le 16 Septembre fuivant. II faut d’abord obferver, que la Ma- trice , ou l'Utérus efl le centre de toutes les produdions qui forment fon Col , fes Ligamens & fes Trompes; que la Membrane interne qui la tapiffe fe continue dans l’intérieur des Trompes & dans le Col que le Péritoine, dont les Ligamens larges font des Du- plicatrices , forme les Membranes ex- térieures des Trompes , du Col & de 1 Utérus même. Ainfi on doit confidé- limple une rer les Trompes comme continuation de l’Uterus. Les Trompes , par conféquent, étant la continuation de l’Uterus & formées par les mêmes produdions de Mem- brane . doivent être allujetties aux mê- mes dilatations & à la même exten— fion. vus fondés fur les faits les’ ntoïdairs & R * PObferva«on de les plus déraonfiratifs , avec Jefqùels ie lau ion d^ "" pr°UVf V- la <£ détmis fine rofA„. .. , r • .'e «ration des Trompes , par le fetour 8c réené fi Ionn-rem • 4 ” ien.t,II?\ent. ^lu a J’accroiflèment du Fœtus dans ces mê- n’en elî pas^d? 3 i une & l'autre fuppofition peut: pour moi, & peut^etre le dernier refloit eue admife. C’efl-à-dire, qu£ je i6 Observations sur l’Histoire Naturelle; puis suffi bien foutenir que i’Einbrion humain s’efl glifîé , lors de la Concep- tion , de l’Uterus dans les Trompes, dans le moment de leur dilatation , qui ne manque jamais de Je faire, pour fervir à l’émiffion de la Semence qui découle des Ovaires r tout comme Meilleurs Eifenmann, Vaffal & Riolan peuvent dire à leur tour , que le Fœtus en pajjanc de F O faire dans l’Lherus, a été arrêté dans la Trompe par quelque Obflacle. Ainfi le Fœtus trouvé dans les Trom- pes ne confirme pas le fentiment des Ovipariftes , & on n’en peut pas conclu- re que le Fœtus prcexille dans 1 Oeuf, & qu’au moyen de cette préexiflence, il puifTe arriver des Superfétations dans la Conception humaine. D'autres Réflexions pourroient en- core détourner l’idée de la Superféta- tion , par le moyen des Oeufs. Il fulfi- roit, par exemple, de conlidérer l’exem- ple cité dans l’Obfervation précédente, dans lequel on prétend qu’on a trouvé un Fœtus conçu dans le même Utérus , fur un autre, âgé d'environ quatre mois & demi , ce Fœtus auroit dû fe former par une vertu particulière , puifque le premier devoit alors occuper toute la capacité de l’Uterus. Ce Vifcére étant alors dans une forte extenlion , & par conféquent toute communication de la fcmence avec les Trompes étant in- terdite & abfolument coupée: quelque fentiment qu’on embrafle , les cailles de la Superfétation ne peuvent avoir lieu. C’ell certainement un manque d’at- tention de l’Obfervateur. Ces deux En- fins ctoicnt jumeaux ; la mort prompte & la foiblefle du premier le prouve. II n’étoit fûrement pas à terme , malgré l’opinion de M. Eifenmann ; au lieu que le fécond a vécu plus long-tems, étoit plus fort , & n’elt mort que de la Mala- die ordinaire des NourrifTons, Voye\ la Planche E des Quadrupèdes au Jujet des Grenouilles , & J on explication à la 4 fin de VObfervation fuivante. OBSERVATION XX. Sur l'Anatomie des Grenouilles. LA Grenouille efl un Animal Am- phibie extrêmement curieux. Tous les Naturaliftes fe font donné de gran- des peines pour découvrir fa Généra, tion & fes Métamorphofes : on vient dç voir que j’ai eu le bonheur de parvenir à cette Découverte. Le hazard m’a fa. vorifé fi l'on veut. Soit qu’on attribue cette curieufe Remarque à mon zèle pour les Obfervations fur l’Hilloire Na- turelle , ou à la multitude de mes re- cherches: de façon ou d’autre je ferai extrêmement flatté de l'avoir farte , ainfi que celle de la Génération des Vi- vipares. Je fuis content préfentement. La nouveauté des Obfervations qui fuccé- deront à des fondemens fi vrais & fi na* turels, plaira âmes L.eéteurs: Une vé- rité conduit ordinairement à une autre. Il faut efpérer que, (ans copier perfonne, nous remplirons les 14400 pages que nous avons promifes. Si j’avois etc entêté du Syllême des Oeufs , ou de celui des Molécules , je ferais toujours relié dans l’aveuglement comme les autres. Remarques de différais Auteurs fur U Grenouille. Ma Méthode efl de citer en abrégé les Remarques que l’on a faites avant moi , afin que le Leéleur fuit difpenle de faire les Recherches , que je prends moi-même la peine de faire pour lui, à» 3l>J oeo pl- ;té< F trc* aï es; sur la Physique et Tous les Auteurs devraient enagirain- fi ; on ne ferait pas trompé par de pré- tendues nouveautés que l’on fçavoit dé- jà du teins de Pline, & que l’on répété fucceffivement en plufieurs endroits. Les Naturalifles font des Hilloriens qui ne fabriquent rien ; ils ne font que raconter ce qu’ils découvrent dans les plis & les replis du valle Univers , & citer ce que les autres ont dit avant eux pour amufer & inftruire les Hommes raifonnables. Ils ajoutent à leurs Dé- couvertes &à leurs Remarques des Ré- flexions fenfées & Philofophiques , fur plulieurs points, quoiqu’ils entrepren- nent de traiter le même fujet. Par exem- ple , en parlant du Limaçon ou des Gre- nouilles , je puis raconter comme M. Pluche , tout ce que font ces Animaux, leurs demeures, leur façon de vivre, ce qu’en a dit celui ci, ce qu’en a dit celui-là, &onne me taxera pas pour, cela de Copille. Je puis encore ajouter des Découvertes comme a fait M. * * *. je ferai Auteur. A mes Découvertes je puis ajouter des raifonnemens Anato- miques & Pliyfiques , comme Hartfoe- kcr tkLeeuwejihoek , fur la Nature descho- fes que l'on connoît déjà , mais furlel- quelles chacun donne fon opinion fé- lon les idées qu’il en conçoit , je ne fê- tai. point Plagiaire , &c. & à tort & en- vam certains efprits voudraient détrui- re un Livre qui contiendrait des Par- ties fi elTeniieilesà l’Hilloire Naturelle. Sentiment de Leuwenhoek. Les Obfervations de cet Auteur fur raccroiflement & la figure du Fœtus de la Grenouille, méritent d’être expofées tout au long. J’ai Vu au Mrcrofcope tout ce qu’il a vù fur le Têtard ou Fer- mijjeau Iorfqu'il quitte p0euf , & je I>ai vu de plus de la même forme dans les entrailles du périmais cet Auteuravoue An.iee i7$2, Tom, II. IF. sur là Peinture. 17 de ne l’avoir pas vu dans l’Oeuf. I! elt certain pour lors qu’il n'a obfervé que des Oeufs, où l’Embrion n’étoit pas at- taché ; & des Embrions qui ne tenoient plus à l’Oeuf. Je ne retrancherai rien de ce qu'ils nous a dit , d’autant mieux qu’il donne une Découverte très- cu- rieufe fur la circulation du fang ; que j’adopte d’avance , quoique je fois fort Antagonille fur le point de la Généra- tion. M. Leuwenhoek continuant fes Obfer- vations furies In’.ûes, a crû que les Grenouilles fe formoient aufli d’un Oeuf .environné d’une matière gluante, qui lui fervoit de Coquille. Cet Oeuf lui parut d’abord moitié brun , moitié jau- nâtre , mais il brunit enfuite tout en- tier, excepté une partie qui elt, félon lui , le V entre de l’Animal. La Grenouil- le , dit-il , n’elt pas plutôt éclofe qu’elle nage dans l’eau & paraît à l’Oeil telle que dans la Figure 1. ( Voyez à la fin de cette Observation. ) En obfervant ce Foetus , l’Au- teur a découvert une chofe à quoi il ne s’attendoit pas , c’ell. la manière dont le lait la circulation du Sang, & l’union des Veines & des Artères. Il a remar- qué que ce mouvement n’étoit pas égal & continu , comme celui d’un Fleuve, mais que le Sang étoit pouüé à diverfes reprifes, des parties les plus pioches du Cœur vers les plus éloignées , comme celui d’une liqueur qui tombe goûte à goûte , & que ces pulfions étoient iî fréquentes , qu’on aurait de la peine à les compter une à une. Cola lui fit ju- ger que le Sang étoit poulTé autant de fois hors du Cœur, qu’il fcfaifoitde pulfion dans ces Parties. A quelques jours de-là ces fix Vailïeaux tranfpa- rens fe réunirent à la Peau, & quoi- qu’on pût encore remarquer un mou- vement de tenfion & de contraction à Part. G '•*ÂJ j 8 Observations sur l’Histoire Naturelle, chaque côté de la Tête , on ne pouvoit plus voirie Sang circuler. Les petites Grenouilles à S , ou 10 jours étoient le double plus grofles qu’au fortir de l’Oeuf , & on leur voyou ouvrir & re- fermer la gueule , & ouvrir un peu les yeux,au(ïi louvent que le Cœur battoit. L’Auteur fe confirma dans fapenfée, en obfervant la Queue de ces Reptiles, où il remarqua plus de 50 Vaiiieaux fort minces & fort étroits, où le Sang circuioit. Ces Vaiiieaux étoient tous recourbés en forme d’Arc > dont l un des bouts portoit le Sang du milieu de la Queue vers fes extrémités & le ra- menoit par l’autre bout vers le milieu. Si cela fe rencontre dans tous les Ani- maux, on feferoit fatigué jufqu'ici bien vainement à chercher le point d’union des Veines & des Artères, puifqu’un même Vailîeau , conGdéré à divers égards , feroit Veine & Artère tout cnfemble. Ce qui e(l cattfc qu’on n’avoit point encore découvert ce Myllére de la Na- ture , c’ell que la circulation du Sang ne fefait pas feulement dans les grands Vaiiieaux, maisaulli dans les plus pe- tits, parce qu’il faut que toutes les Par- ties du Corps en foient nourries. Ainfi les Vaiiieaux où l’Auteur a vu circuler le Sang des Grenouilles , font fi étroits, qu’il n’y peut palier à chaque fois qu’u- ne très-petite particule de Sang , qui ne peut être apperque qu’avec un ex- cellent Microlcopc. Or, une feule par- ticule de Sang ne pouvant point former de couleur , N les Animaux dans lelquels on cherche celte Circulation étant ou morts, ou tcllenieut épouvantés que leur Sang fe lige dans leurs Veines, ou perd au moins fon cours ordinaire , il n’eil pas furprenant qu’on ne l’eût pas découverte. î Je eroij que cet Auteur veut parler ici II y a encore ceci de remarquable dans ces Obfervations, c’ell qu’on a (iris garde qu’il y a des Vaiiieaux qui e divifent en deux comme ( Figure 1) A B aux points C Di de forte que A C E&BDF font deux Branches d’une Artère; aulfi bien qire AC G, &a C H: parce qu’elles portent le Sang aux extrémités du Corps. Au lieu que FI, & EH font deux Veines, pit. ce qu’elles le ramènent au Cœur. M. Leuwenhock a déjà trouvé même Circulation , & pour ainfi-dire , la même identité des Veines & des Ar. tores dans les nageoires de quelque PoifTons. 11 fit voir la plupart de ces Expériences à Meiïieurs de Gruvefanit Se Vallenjls , Echevins de Delft , dont le premier étoitMédecin,&àM.|fle» fias , Penfionnaire de la Ville d’Amflcr- dim , pour convaincre, parle téraoi. gnage de ces Perfonnes éclairées, une efpéce d’incrédules , qui ne peuvent s’imaginer que les Perfonnes qu’ils con- no i fient , foient capables de quelque choie. Remarques de M. Seba ► Ce fameux Naturalise a donné pi» fleurs Remarques fur la Grenouille: il prétend qu’il y en a de plufieui s fortes, que les unes habitent les Buifions & les Arbriflaux * d’autres les joncs & le» Marais , & d’autres les Rivières & les Lacs. Elles différent , félon lui , en grot feur& il leur donne des nuances de cou. leurs différentes ; il cite une Grenouille de Mer d’une groffeur monftrueufe; Voici la Delcripiion qu’il en donne lui. même. Les pieds de cette Grenouille , dit-il, cIc devant & de derrière étant étendus à préfent même qu’ils font féchés , Im- patient encore en longueur une demie des Crapaux, Sun la Physique et suit la Peinture. rp coudée ; ce qui n’ell point leur gran- fa peine à croire, malgré le fentiment deur naturelle, comme on le pigera d' Abraham Gronovieu: il fe peut que je fans peine. Son Corps , à l’exception me trompe, c’eltce que je ne puis pas de la Tête , eft cendré gris-brun, mar- aüurer. quêté de taches grandes & petites , qu’on prendroit pour des Verrues qui font au-deflous d’un grit-lavé , & par deffus d’un cendré jaune. Le Dos & l’interflice qu’il y a entre les Epaules , font relevés en bolles , & comme fé- Semiment de Malpighi. Ce Pliyficien obferve dans les Gre- nouilles que lorfque le Sang revient , # ---» - lentement au Cœur & avec peu de parcs par des lignes blanchâtres. Au* chaleur , on apperçoit viliblement des dellus des pieds de devant, on voit des gouttes d’Huile dans le Tronc delà deux côtés une efpéce de Bouclier , qui Veine-Porte (auquel font attachées des emble collé par dellus , & dont la Canelures huilcufes ou graiffenfes ) couleur eft d’un cendré clair , pi- le (quelles gouttes font entraînées avec coté de points noirs , & d’une figure le Sang dans la cavité du Foye. approchante de celle d’un petit Bateau. Ces Canelures graiireufes font ad- Sa Tete elt barrée de Rayes rouifitres mirables. Malpighi nous donne ici une qm le décorent de côté 6c d'autre. Ses preuve de leur utilité : le Créateur en Yeux font grands 6c brillans ; fes Oreil- a pourvu ces Animaux pour fuppléer les l°m rondes , courtes & peu ouver- au defaut de nourriture & pour l'en- tes*. Sa Langue eft large , adhérente tretien du Sang. Je nie fuis appercu a la partie de devant delà Mâchoire après les avoir cloués lur des Tables inférieure. 11 paraît entre les FefTes & & leur avoir fuppriiné les Inteflins , 1 Os du Coccix quatre éminences ou leur ayant mis un linge mouillé fur lé boutons ronds, oblongs , qui font vrai- Corps pour humeâer ces parties & cm- femblablement des excroiHances natu- pêcher l’évaporation des humides , relies. Ses pieds de devant fe fendent qu’elles ont vécu 24 heures dans cet en quatre doigts * compofes chacun état, malgré la perte continuelle de de quatre articulations , dont les der- leur Sang : mais que ces Canelures nieres font larges mûmes d’Ongles » grailTeufe? fe font trouvées plus pe- dTnf Te Cnt -P4S m,a î deS do,8tl tltes & P,us diminuées de fubliance. d’Enfant. Ses pieds de derrière font compotes d’un Pouce & de 4 Doigts termines de la même façon & de plus attaches enfcmble par une Membrane mitoyenne. Ces Canelures font les refervoirs de la lubfifiancede cei Animal pendant l’tly- ver, lorfqu’il ell caché au fond des eaux. La boue peut aulTi luifervir .de nourriture ; mais il elt certain qu’on peut en garder pendant long-tems, qui vivront dans des vafes plein d’eau fans aucune forte d’aliment. J’ai trouvé à la fin en les ouvrant que leurs Canelures * C eft ce qui me furprend , car dans celles ’ » » t.v r\ • ■> t. que nous connoiffons , il n’y à aucune ouver- ment. T D°'2tS & un Pouce aPPaïem* tomba fur le corps. C’efl ce que j ai de 10 UBSPlVAflÔNS sUr L’HlstÔIRE Na^URElIE* graifleufes étoient prefque confom- juées. Sentiment de Gérard Blafe. On trouve dans cet Auteur des mau- vail'es Pianclies qui ne fe rapportent au- cunement au naturel. La Defcription Anatomique qu’il donne de la Gre- nouille n’ell pas julte: Il prétend que les VailFeaux Spermatiques des Fe- melles, faits pour fournir la Gi ape des Oeufs, font les Trompes : il dit que les Tellicules font ronds , ils font au contraires oblongs de dans les vieux Mâles ils font faits pofnivement corn- nos Reins , de couleur de jaune-paille. II obfcrve que le Péritoine , qui cache toutes les Parties du Bas- Ven- tre , monte plus haut que dans l’Hom- me j & va jufqu’à la Région des par- ties de devant, qu’il renferme les Pou- vons , comme le Diaphragme dans ies PoilT'ons enferme les petits facs d’air qu’on y trouve ordinairement. Que le Péritoine fe termine au Péricarde, de fépare le Cœur & le Diaphragme des Poumons & du relie des Viicéres du J3as-Ventre; ce qui ell très-véritable. Cet Auteur prétend que les Gre- nouilles ne mangent que des Efcarbots, n’ayant trouvé rien autre chofe dans leurs lnteflins. J’y ai pourtant trouvé du limon de Marais, & du gravier dif- foût& trituré d’une extrême Hnelle. Je fupprime de cet Auteur toutes les fuppolitions qu'il fait fur la nature de l’Oeuf. Que les- Oviparijles les citent , s’ils veulent & on leur répondra. Je vais donner prcfentemcnt ce que j’ai obfervé moi-même fur le naturel. DiJJ’eflion que j’ai faite de la Grenouille. Le Cœur n’elt compofé que d’un feul Ventricule : il poulie de reçoit alter- nativement le Sang par le moyen y. • r 22 Observations sur l’Histoire Naturelle* Guaînerius prétend que pour guérir de i'Hétifie , il faut manger des Poules nourries avec de la farine d’Orge pétrie du Bouillon des Grenouilles. Thimotée donne un Remède fingu- lier ; il prétend que les Grenouilles fen- dues & appliquées foir & matin fur les Reins des Hydropiques., attirent les eaux qui fluent dans le Corps de ces Malades. C'efl un Remède qui mé- rite d'étre éprouvé & authorifé par l'ex- périence. Les Foycs des Grenouilles calcinés au Four , fur une feuille de chou en- tre deux Terrines , mis en poudre &: avalés dans Peau de Pivoine, guerif- fent les Maladies qui proviennent de l'a lie état ion des Nerfs , & des foiblefles du Cœur. On peut les prendre en tout tems , mais fur-tout aux Solcifles d’Eté. E X P L 1 C A T 1 ON De la Planche E. de l'IJijloire Naturelle des Quadrupèdes. F 1 G U R ES I. Le Fœtus de la Grenouille vu an Microfcope. L M N O P Marquent la Tête. H I RS Le Ventre. GHS La Queue. Au-delTus de la Tête , vers M N O on voit la Peau plus épailîe qu’ailleurs , ce qui lait conjcélurer que ce pourroit être une partie de la Peau dont la Gre- nouille le couvre en croilïant. T efl fa Gueule : V V deux tacites noires fort rondes : I K L & P Q R font fix par- ties tranfparentcs & dont trois pendent à chaque côté delà Tête. Figure II. Elle reprefente l’Anadomofe des Veines & des Artères dans le Fœtus de la Grenouille. On vient de l'expliqué dans la prefente Obfervation. Figure III. A Le Foie & fes trois Lobes. 1 B Les Tefticules. C Les Corps grailTeux. D Les Vélicules féminales. E Veffie commune aux deux Sexes ) remplie d’une eau très-claire & limpide. F Gros Vaifleaux Sanguins. G Les Reins. Figure IV. Elle repréfente une Grenouille Mâl«. A LeLarinx. B Petite ouverture du Larinx par où fort la voix. C Les Poumons. D Le Cœur. E La Véficule du Fiel. _ F Le Conduit Pancréatique. G -L’Eftomach. H Les Intellins Grelles. I Le Foie. K Le Péritoine. L Veffies Aqueufes. M Les Véficules féminales d’où for- tent les Embrions & où ils fe tiennent attachés. Figure V . A Le Cœur. B Les Poumons. C Les Veines. D Les Corps GrailTeux , la Véficule ' aqueufe. Figure VI. Elle reprefente une Femelle ouverte apres la ponte des Oeufs. A B C D E H sur. la Physique et sur la Peinture. 2j L'EflomacK renverfc. Si j’étois en Provence , où le Climat eft plus fec , je ne douterois nullement de la réulTite de mon projet ; mais à Paris il fera plus difficile de rétiflîr. Voici les Ellais que j’ai faits qui fer- viront de Plan à ceux qui voudront faire les mêmes tentatives. J’ai eu deux jeunes Mûriers dans des Cailles que j’ai mis à une Fenêtre expofée au Soleil du Levant dans la Maifon que j’occupe à Paris , & j’a't collé fur les Branches de ces Mûriers des morceaux de Papier fur lefquels ctoient attachés des Oeufs de Vers à foye. J’avois foin d’arrofer mes Mu- Coupe de l’Eûomadi qui tient aux Inteftins. l.es Inteftins. La VelTîc. La Touile des Oeufs & le Corps Graiileux. Les Vaifleaux Spermatiques, ou ceux qui fervent à l’accroilTe- ment de la glaire des Oeufs, OBSERVATION XXI. Sur la Multiplication Naturelle des Vers à foye , fcr projet d’en elever (y d’en tirer les Cocons fans aucun foin. MO N but eft l’utilité publique. Dans cette vûë , je n’épargne rien pour fervir la Patrie. 11 eft vrai que d’une autre part , le Public ne m’oublie point & qu’il me rend de fré- quentes vifites dans lefquelles il me bif- fe toujours des marques de fon eftime. Les Vers à foye font l’objet de cette Obfervation.Je lifois dans des Auteurs, anciens & nouveaux , l’Hiftoire de ces Infeéles , & j’obfervois avec douleur les foins & la peine que prennent les Hommes pour aider à la Nature, fur riers , mais je n’ai pris aucun foin des Oeufs ni des Vers qui s’y font produits. Voici le Journal des Obfervations que j’ai faites. Je commençai mon Operation vers le commencement de Juin , la Pluie qu’il lit pendant quelques jours n’en- dommogea aucunement les Oeufs, ils conferverent leur couleur allez long- tems , & les journées de beau Soleil qu’il fit enfuite leur furent extrêmement favorables. J’apperçus que les Oeufs le gonfloient au Soleil & devenoient prefque tonds , & qu’au contraire pen- dant la pluie ils diminuoient 8c fe ré- treeifioient de façon , qu’ils laiffoient tout dans nos climats. De forte que les une efpéce de Folle à leur Centre. f rVInT Iiroe la.* \ I ^ i. O _ fù. . T _ . • • Chambres , les Maifons & fouvent les Xi\\ages entiers font occupés par les V ers a foye, & en même temsles Hom- mes , les Femmes & les Enfans aban- donnent la Culture des Terres 8c toute autre occupation plus mile à la vie . pour fe livrer entièrement au fervice de ces Animaux: quifçaventà merveille fe pafler de nous dans des Provinces de la Chine & dans les Indes ; Pays auquel les Payfans foignent leurs Terres, pen- dant que les V ers parcourent les Mù- l'iecs 8c fabriquent leurs Cocons. J’avois pofé environ un millietr d’Oeufs fur les deux petits Mûriers ; mais avant qu’ils biffent éclos il en pé- rit environ cinq cens qui blanchirent & où l’Embrion perdit la vie ; ce que j attribuai au déiaut de Soleil qui a été allez rare cette année , 8c aux pluies allez fréquentes je puis encore ajou- ter à cela la mauvaife fituation de mes- Mûriers , que le Soleil n’échauffbit que trois ou quatre heures le matin , ce qui: faifoit que quand cet Aftre paroilToit dans Paris le foir & que les Nuages. 24 Observations sur l’Histoire Naturelle * l’avoient caché le matin , je perdois ne leur faifoient aucun mal , ils le gîi rentilToient eux - mêmes de la pluie comme je viens de dire, & toute la caufe de leur perte ne provenoit que de leur chute. Cette perte continua de façon, qye plus ils groffilïoient plus il en tomboitj en forte que vers le commencement d’Août, je me trouvai réduit à vingt Vers fort gros, bien nourris & fort ro- bulles. Mais de ces vingt j’eus le mal- heur d’en perdre encore quinze, &il ne m’en relia pour toute relfource que cinq , qui ont fait leur Cocon d’une foye extrêmement fine & belle. Je pris un de ces Cocons tout for- mé & je l’ouvris avec des Cizeauxj je trouvai le Ver encore dans le même état, mais moins gros qu’il n’étoit avant fa retraite. Le lendemain il referma fon Cocon, de forte que je ne pus l’ou- matrn . une journée entière de Soleil. Vers le Juillet mes petits Vers forment de leurs Oeufs avec beaucoup de vigueur & de force; ils étoient li éveillés & fi raifonnables que je fus furpris de leur adrelle & de leur induf- trie ; ils commencèrent à fuivre la Branche fur laquelle ils avoient reçu le jour: & de la Brandie ils gagnèrent la queue des feuilles fur lesquelles ils fe promenèrent avec avidité , le nour- ri fiant du velouté des feuilles , & ne touchant pas encore à lamaffe qui les compofe. _ Ce qu’il y avoit de fingulier, c’efl que le jour meme de leur naillance ils avoient la malice de fe mettre fous la feuille Jorfqu’il pleuvoit , & s’ils ap- pcrcevoient une feuille plus commode, ou s’ils n’étoient pas à leur aife, ils fe — , , . Iailïoient aller , au moyen d’un fil allez vrir que par une fécondé incrlion. long quilesfufpcndoitjufqu’à cequcle J'ai dilTéqué enfuite les auties, vent les eût pouiïés fur d’autres feuilles l’année prochaine je continueiai r où ils s’attaclioient & coupoient pour lors le fil qui les avoit fulpendus. Ils ne fortirent pas tous à la fois de leurs Oeufs , mais chacun félon l'en- droit où ils étoient placés : ceux qui étoient le mieux expofés furent ceux qui vinrent les premiers au monde. & mes Je les vis enfuite groflir & croître , changer de Peau & dormir à leur ordi- naire , comme nous ont raconté les Auteurs qui ont écrit de cet Animal ; mais je m'apperçus avec douleur qu’il en tomboit continuellement à terre , que je perdois ne pouvant les apper- cevoir; fans compter ceux qui tom- boient par la fenêtre. De forte qu’au bout de quinze jours j’en avois perdu plus de la moitié de ceux qui étoient éclos. Il lit des Tonnéres & des Eclairs ; il plut fou vent -, mais tous ces accidens prochain Obfervations. 11 fuit de ceci que l’on peut élever des Vers à foye dans notre Climat, & même aux environs de Paris , fans au- cun foin , en mettant les Mûriers en expofuion convenable; ce qui feroit bien avantageux à la France; & fi mon projet réullit, je ferai flatté de prouver que les Phyficicns font bons à quelque chofe dans un Etat. Pour prévenir les accidens qu’ont éprouvé mes Vers à foye, il feroit à propos de mettre au bas de 1 Arbre un ChalTis quarré , ou rond, foutenu par 4 piliers à la hauteur convenable. Ou de tendre une Toile fur deux ChalTis, que l’on joindroit au pied de l’Arbre, afin que les Vers à foye en tombant delfus pniflent regagner l'Arbre & de -la les feuilles. Je crois aulfi qu’un filet, qui envea lopperoit sur la. Physique e lopperoit le Mûrier, empêcherait les Oifeaux de détruire ces Animaux, fup- pofé qu’il s’en trouvât quelques-uns aulquels cet Infeéte pourroit fervir de nourriture. C’efi ce que je ne fçais pas encore. De lorte qu’avec la dcpenfe d’un filet , qui ferviroit plufieurs An- nées , & d’une Toile tendue au bas du Mûrier, on pourroit élever des Vers à foye enrafeCampagne fur des Mûriers, fans aucun foin , & recueillir des foyes plus belles & plus fines , par l’égalité de nourriture: quinefe fait ordinaire- ment que pat un mélange de différentes feuilles.On pourvoit encore mieux réuf- fir en Provence. Je prie ceux qui feront les préfentes expériences de me donner avis de leur fncccs, ou des obfiacles qu’ils rencon- treront dans leurs tentatives. OBSERVATION XXII. Concernante précieufe Plante duGin-Seng de rartarie, decouverte en Canada par le P . Jofeph- François La fit au de la Compagnie de Jefus , Miffionnaire des Iroquois du Saut-Saint-Louis. E T T E Découverte a été pré- V-a fentée en 1718 à S. A. R. Mon- eigneut le Duc d’Orléans Recent du Royaume de France : elle fut im- primée alors en forme de Mémoire , lequel fut diftnbué par l’Auteur à Mei- lleurs de l’Académie Royale des Scien- ces de Paris. Comme cette Plante a de grandes vertus & qu’elle peut être très-utile a des Malades aufquels les Remèdes ordinaires font fouvent fuperflus, fur- tout à ceux qui manquent de chaleur Année 175 2 jTom. II. IF. ' sur la Peinture. 2$ naturelle , on croit faire tin fécond préfent au Public en la donnant avec toutes fes couleurs & la Defcription qu’en fait le P. Lafitau , ce qui m’eft d’autant plus facile, que j’en ai deffiné & peint quelques-unes en Efpagne , où il s’en trouve dans des Serres parti- culières des Amateurs Botanifies. M. de Juffieu en a feiné au Jardin Royal des Graines fraîches & bien con- ditionnées qu’il avoit reçues du Pere Lafitau; mais elles n’ont pas réulTi ; quoique notre Climat approche plus de celui du Canada que celui d’Efpa- gne: ce qui méfait croire que cette Plante ell comme la Fougere , qui ne vient qu’en certains endroits. Sur le rapport des Auteurs qui l’ont découverte, on apprend quelle ne fe produit qu’à l’ombre fous des Arbres de Haute-futaye , dans les Forêts qui ne font pas embarraffées de broulïailles & où la terre n’ell pas defi'richée : c’efi: ce qu’il relie à expérimenter dans les Provinces de France ou aux environs de Paris , où il y a de ces fortes de Bois. Je ne fçais fi c’elt ainii qu’on la fait ve- nir en Efpagne. L Hiftoire de l’Académie des Scien- ces de 1 Année 1718 , contient une übfervation fur le Gin-feng fort abré- gée, extraite de ce préfent Mémoire, où l’on cite le P. Jartoux & le P. La- fitau. M. Bourdelin , Auteur de cette Obfer vallon , prétend que M. Sarrafm , Médecin du Roi a Quebec . connut cette Plante en Canada avant le P. La- fitau. & lui donna le nom d ’Aralia hu- milisfruQu majore , & qu’en 1 704 , elle fut envoyée par ce Botanifte à M. Fa- gon , parmi celles qui étoient deftinées pour le Jardin du Roi. Les Anglois. lelon M. Bourdelin, l’ont encore obfervée dans leur Colo- nie à Mariland au même Pays , & dit 'ortie, D Observations sur l'Histoire Naturelle, que c’efl fur leur rapport, que M. Rai l’a donnée dans le troifiéme volume de fon Hilloire générale des Plantes , p. 658, fous le nom de Plxntula Moirilxn • dica fAiis in fummo cauliculo ternis, quorum unum quodque qumquefariam dividitur , circâ margines ferratis. Le P. Régnault, dans Ton troiliéme volume des Entre- tiens Phyfiques , répète à peu près ce qu’on a dit dans le Mémoire de l’Acade- mie & ne donne non plus aucune Plan- che. La Fleur de cette Plante efl faite en forme d’Aigrette & fort jolie ; les Da- mes Efpagnoles , quand elles en ont , en mettent dans leurs cheveux pour orner leur Coëfliire. On la reconnoî- tra aifément à la Planche colorée que je donne ici. Sans attendre le tranfport de celles que l’on pourroit tirer du Canada, il leroit aifé d’en avoir d’Efpagne. fup- pofé qu’il ne s’en trouve aucune dans les Jardins de Botanique établis dans le Royaume. On pourroit faire porter la Plante & la terre , au lieu de la grai- ne : en avoir foin dans le tranfport St la planter dans les endroits qui lui font propres. Il ne fwffit pas de connoître les Plantes utiles & de les avoir dans des Serres ; il faut travailler à les cul- tiver & à les rendre communes pour l’ufage Public. Defcription du Gin-feng. La nécelïité a rendu les Sauviiges Médecins & Herborifles, dit le Pere Laiitau , ils recherchent les Plantes avec curiofité , & les éprouvent toutes; de forte que , fans le fecours d’une Phy- ftque bien raifonnée, ils ont trouvé par un long ufage , qui leur tient lieu de Science, bien des Remèdes nécellaires à leurs maux. Outre les Remèdes gé- néraux , chacun a les liens en particu- lier dont il efl fort jaloux. En effet rien n’ell plus capable de les accréditer par- mi eux que la qualité de bons Méde- cins. H faut avouer qu’ils ont des fé. crets admirables pour des MaladieSj dont notre Médecine ne guérit point. Ils les traitent à la vérité un peu rude, ment , & dofent leurs Purgatifs & leurs Vomitifs comme pour des Chevaux; mais ils excellent dans la guérifon de toutes fortes de Playes & de Eraflures, qu'ils traitent avec une patience extrê- me . & avec une délicatelle d’autant plus merveilleufe , que jamais ils n’y employent le fer. Us guériffent leurs Maladies en peu de tems ; par la pro- preté qu’ils entretiennent dans une Playe , elle paroît toujours fraîche & les Remèdes qu’ils y appliquent font fimples , naturels & de peu d’apprêts. Les François dans ce Pays -là con- viennent que les Sauvages l’emportent fur nous en cette matière. J’ai vu moi- même des Cures furprenantes. Les Mit fionnaires qui font toujours avec les Sauvages , qui ont toute leur confiance & qui parlentcommunément leurLan- gue,commc eux-mêmes , font prefque les feuls en état de tirer d’eux des fé- crcts dont le Public pourroit profiter. Cependant ils ne paroillent pas y avoir penfé jufqu’à préfent. Audi n’ont-ils pas été aulTi heureux en Découverte que nos Miffionnaires du Pérou &du B ré fil. Je m’imagine qu’ils ont été dé- tournes par la crainte de paroître ap- prouver par leurs recherches les Su- perffitions des Jongleurs ou Médecins, qui dans les commencemens de l’éta- blillement de la Colonie étoient les plus grands obflacles qu’ils trouvoient à la Prédication de l’Evangile. Les queflions que j’avois faites aux Sauvages fur le Gin-feng ne m’avance- lu*, la Physique et su* la Peinture. rent pas beaucoup. Je puis dire qu’elles ne me profitèrent qu’autant qu’elles me donnèrent lieu défaire d’autres Décou- vertes .que j’efpére perfectionner quand je ferai de retour de ma Million. J’ofe me flatter que je pourrai1 donner dans la fuite des connoiflances au (Public qui feront plaifit à ceux qui aiment la Botanique , & dont notre Méde- cine pourra tirer quelque fecours. Ayant pairé près de trois mois à chercher le Gin-feng inutilement, le hazard me le montra quand j’y penfois le moins, allez près d'une Maifonque je faifois bâtir. 11 étoit. alors dans fa ma- turité , la couleur vermeille du fruit arrêta ma vue. ]e ne le confidérai pas iong-tems fans foupçonner que ce pou- voir être la Plante que je cherchois. L’ayant arrachée avec emprelîement , je la portai plein de joye à une Sauva- gefle que j’avois employé pour la cher- cher de foti côté , elle la reconnut d’a- bord pour l’un de leurs Remèdes or- dinaires, dont elle me dit fur le champ l’ufage que les Sauvages en faifoient. Sur le rapport que je lui fis de l’eftime qu'on en faifoit à la Chine , elle fe guérit dès le lendemain d’une Fièvre intermittente qui la tourmentoit de- puis quelques mois. Elle n’y lit point d autre préparation que de boire l’eau froide où avoient trempés quelques- unes de ces Racines brilées entre deux Pierres. Elle fit depuis deux fois la memechofe & fe guérit chaque fois dès le meme ]our. Quelque préfomption que i’ culte que cette Plante étoit le Gin-feng , je n'ofois pourtant rien airurer n’en ayant que des idées confufes. Je pris donc i p?runfe faire une Deicriptionlexaâe de la Plante trouvée en Canada : je l’envoyai aQuebec à un Homme in- telligent, afin qu'il la confrontât avec la Planche gravée qui repréfente le Gin-feng de la Chine. On n’eut pas plutôt reçu ma Lettre qu’on partit pour Montréal , & qu’on fe rendit à notre Million qui n’en eft qu’à trois lieues. La perfonne habile 8c moi parcourûmes les Bois où je lui laifiaile plailir de la découvrir elle - même. Nos Recherches ne furent pas lon- gues. Quand nous eûmes ratnallé divers pieds, nous allâmes les confronter avec le Livre dans une Cabane. A la vue feule de la Planche, les Sau- vages reconnurent leur Plante de Ca- nada, & comme nous en avions en main les différentes efpcces , nous eû- mes le plaifir de voir une Defcription fi exade & une fi jufie proportion avec la Plante , qu’il n’y manquoit la moin- dre circonfiance dont nous n’euflions la preuve devant les Yeux. Ma furprife fut extrême quand enten- dant l’explication du moi Chinois qui fignilie reflïmblancede l'Homme, ou Cuif- Jes de l'Homme , je m’apperçus que le mot Iroquois Garent Oguen avoit la mê- me lignification. En ell'et, Garent- Oguen eft un mot compofé d'Orenta , qui lignifie les Cuifles 8c les Jambes , & d 'Oguen , qui veut dire deux cliofes féparées. Faifant alors une réflexion fur la bizarrerie de ce nom, qui n’a été donné que fur une reflemblance fort imparfaite qui ne fe trouve point dans plufieurs Plantes de cette cfpéce , & qui fe rencontre dans plufieurs autres d’ef- pêce fortjdiflerente . je ne pus m’em- pêcher de conclure que la même ligni- fication n’avoit pù etre appliquée au mot Chinois 8c au mot Iroquois, fans une communication d’idées , &: par conféquent de P.rfonnes. Par-la je fus confirmé dans l’Opinion que j’avois dé- jà , 8c qui eft fondée fur d’autres pré- jugés, que l’Amérique ne faifoit qu’uu 28 Observations sur l’Histoire Naturelle, meme Continent avec l’Alie , à qui elle s’unit par la Tartarie au Nord de la Cliine. Voici préfentement la Defcrip- tion de cette merveilleufe Racine A les Obfervations que j’ai faites. La grande quantité qui m’en a paflë par les mains donnera de la créance à mon récit. Le Navet qui fait le Corps de la Ra- cine eft peu dillérent de nos Navets ordinaires. Quand on l’a lavé il paroît blanchâtre en dehors A un peu rabo- teux. Quand on l'a coupé en travers on voit un Cercle formé par la pre- mière écorce, qui eft allez épaille , A un Corps ligneux fort blanc qui repré- fente un Soleil.par plufieurs lignes droi- tes tirées du Centre au Parenchimc , lequel en fait la circonférence. La Ra- cine en féchant jaunit un peu $ mais le dedans de la Racine , coupée en long ou en travers , conlerve toujours par- faitement fa blancheur. Le Colet de la Racine eft un tiiïü tortueux de Nœuds, où font imprimes obliquement & alternativement , tan- tôt d’un côté, tantôt de l’autre les vef- tiges de dillérentes Tiges, & qui mar- quent l'âge de cette Plante, qui ne produit qu’une Tige par an. J’ai trou- vé dans plufieurs le relie des I iges de deux ou trois Années précédentes au- deflous de celle de l’année : on voit en Automne fe former celle qui doit poulfer le Printems d’après. Fn comp- tant les Nœuds, j’ai vu des Racines qui marquoient près de cent ans. On voit fouvent fortir du Colet d’ef- pace en efpacq deux ou trois de ces Navets fimples, aufli-bien que quel- ques Fibres, ce qui peut être l’eflet d’une trop grande abondance de fève, qui trouvant une ilTuc par le Colet , forme une nouvelle Racine , ne pou- vant fe répandre & circuler toute en- tière dans la Tige. La Tige fort du Colet environ deu* ou trois pouces avant dans la Terre, La difficulté qu’elle trouve à la percer & à fe faire jour la gauchit un peu ; mais dès qu’elle en eft fortie , elle s’élève à la hauteur d’un pied. Elle eft ordinairement fort droite & alTez unie. Tandis qu’elle eft dans la Terre, la Terre la blanchit; mais dès qu’elle arrive au grand Air , elle fe colore d’un beau V ert glacé d’un Rouge Ama. rante qui fe confond & fe perd auffi- bien que ce Vert foncé , à méfure qu’elle approche du Nœud. Ce Nœud fe forme au Commet de la Tige, A il eft le Centre de trois ou quatre Branches. Ces Branches s’éten- dant horifontalement , A s’écartant également les unes des autres, forment avec leurs feuilles une efpéce de Pa- rafol renverfé A aflez arondi. La cou- leur d’Amarante A de Vert fe renou- velle au Nœud, A fe dégrade infen- fiblement en approchant des feuilles. Chaque Branche contient cinq feuil- les inégales , qui partent toutes d’un meme Centre, elles s’étendent en for- me d'une main ouverte. La feuille du milieu eft plus grande que Tes deux voifines , A celles-ci font plus grandes que les deux plus baffes. Les feuilles de la nouvelle Plante font oblongues , dentelées A d’une fineffe extrême ; elles le retréciflent & s’allongent vers la pointe. Le deflus de la feuille eft d'un Vert foncé , le re- vers en eft plus blanchâtre , plus uni A fort tranfparent. Les Fibres qui fe répandent fur toute la fuperlicie font plus (aillantes fur ce revers , A on y diftingue de petits poils blancs Adroits qui s’élèvent de diltance en diflance. Sun la Physique et sur. la Peinture. _ 29 II faut cependant beaucoup d’atten- delléchées, & cette poufBére farineu- lion pourles obferver, &011 ne les ap- fe s’évapore en peu de tems. perçoit bien qu’en les plaçant horifon- Le Piftile de la Fleur en s’il ni (Tant ndement entre l’Œil & la Lumière. au Calice devient un Fruit , & prend Les couleurs de la Tige &des Bran- ches s’éclairciflent à méfure que la Plante approche de fa maturité , le Vert fe change en un blanc terne, le Rouge n’dl plus ii foncé ,* & dans l’Au- tomne , les feuilles , en fichant , pren- nent ou la couleur ordinaire de feuilles mortes , ou une couleur vineufe pareil- le à celle des feuilles de la Vigne rcm- pante. Au Centre du Nœud où fe forment les Branches s'élève un Pédicule d’en- viron cinq a lix pouces , qui paraît être la continuation de la première Tige , & qui fondent un Bouquet de petites Fleurs. En fon tems de très- beaux Fruits leur fuccédent. Ils font entés par leur Baze fur autant de pe- tits lilets ou Pédicules particuliers de la longueur d’un pouce , & déliés à proportion, écartés à égale diftance les uns des autres en forme Sphérique, Ils compofent une Ombelle à peu près femblable par fa Figure à celle du Lierre , mais bien différente par la beauté de fon Fruit. Ces Pédicules font d’une couleur plus vineufe que le re/le. Quand le Bouquet commence à s’é- panouir , on voit fe développer une Fleur fort petite, mais bien ouverte 6c bren dillinfte. Elle a cinq feuilles blan- châtres eu forme d’étoile , comme le font communément les Fleurs des Plan- tes en Parafol ou en Ombelle. Elles font fomenuës par un Calice, au Cen- tre duquel on voit un Piftile recourbé e» deux petits Filamens , & envi- ronné de cinq Etamines couvertes d’u- ne farine grumuleufe , extrêmement blanche* Ces Eiamines font, bientôt la Figure d’un Arricot. Il fe voûte par fon fommet , où le Calice de la Fleur lui fait une Couronne à cinq rayons , au Centre de laquelle paraît la pointe du Piftile; à fes extrémités il s’arron- dit en Oeil Ion , & s’appiatit par fes cô- tés , où il fe diftingue par des lignes épailfes de bas en haut , en manière de côtes de Melon ; mais à méfure que ce Fruit le remplit ces lignes s'effacent & paroilfent peu fcnftbles. La Peau fe ra- tine , devient plus mince, plus déli- cate., & couvre une Pulpe ou Chair fpongieufe un peu jaunâtre, d’où fort un Suc vineux, & qui ell à peu près du goût de la Racine & des Feuilles-, Ce Fruit ell d’abord d’une couleur Vert-foncé , il blanchit en approchant de fa maturité , quand il eft mût , il eft d’un beau Rouge de Carmin , & il noircit en féchant à méfure que la Peau fe colle fur les Noyaux. Quand le Fruit efl parfait ; il renferme deux Noyaux féparés en deux Cellules , & pofes fur le même plan. Ces Noyaux ont auftï la Figure d'un Arricot ; ils font durs , diftingués en côtes de Melon comme le Fruit , l’Amande en eft blanche , 6c d’un goût un peu amer , ainli que le relie de la Plante. Outre ce Bouquet , on remarque fouvent un ou deux de ces Fruits por- tés fur des Pédicules féparés & attachés au Pcdicule commun , à deux pouces au-delïous de l’Ombelle. Quelquefois il en naît plufieurs qui partent du nœud d’où fortent les Branches. J’ai vû une de ces Plantes qui me parut plus ex- traordinaire, elle avoit un fécond Bou- quet bien formé , qu’elle portoit fur un fécond Pédicule commua, qui s’é- o Observations sur l’Histoire Naturelle: levoit à côté du premier. Il paroit donc vraifemblable que tous les Auteurs , qui nous ont donné des Figures differentes de cette Plante, ne nous les ont données que fur des Mémoires infidèles, trompés eux-mê- mes par d’autres qui l’avoient été avant eux. Tous les Auteurs qui parlent du Gin - feng s’accordent à lui donner de très -grandes vertus. Les Chinois & les Japonois rappor- tent diverles propriétés de ces Racines. Les principales font , qu’elles forti- fient , qu’elles engraiflènt , qu’elles font utiles pour les maux des Reins. Il n’eft prefque point de Médecines, & il n’ell point de Cordiaux où ils ne les faffëiu entrer après les avoir réduites en pou- dre. Elle augmente les Efprits vitaux , quoiqu’on n’en prenne que la douziè- me partie d’une once. Quand on aug- mente la dofe elle fert à rétablir les for- ces perdues & à fortifier les foibles & les débiles. Elle échauffe agréablement Sc doucement le Corps lorfqu’on la fait bouillir au Bain-marie : quand elle ell cuite elle éxale une odeur aromati- que: ceux qui font d’un tempéram- ment fort & robulle , & qui ont une grande chaleur naturelle , courrent rif- que de perdre la vie s’ils en mangent , parce qu’elle augmente trop leurs ef- prits & leur chaleur. Il n eu eli pas ainfi des Malades ou des Perfonnes af- faiblies par une longue maladie, elle fait fur eux des efpéces de miracles. Les ntourans même trouvent fouvenc du foulageiuent à en ufer : par là leurs forces s’augmentent, & ils le trouvent en état de prendre les Remèdes qui leur font ncccflaires pour le recouvre- ment de leur famé. Les Chinois ra- content mille autres merveilles de cette Racine auffi la vendent-ils très-cher & on en donne trois fois autant d’Argeilt qu’elle péfe. Les plus habiles Médecins de la Chù ne ont fait des volumes entiers fur ]ÇJ propriétés du Ginfeng. Ils le font en. trer dans prefque tous les Remèdes qu’ils vendent aux Grands Seigneurs car il ell d’un trop grand prix pour le* Peuple. Us prétendent que c’eft un Remcde fouverain pour des épuifemens caufés par des travaux exceiïifs du Corps & de l'Efprit , qu’il diffout |e$ Phlegmes , qu'il guérit la foibleiïedti Poumon & la Pléurefie , qu’il arrête les Vômtffemens , qu’il fortifie l’Eftomach & ouvre l’appetit ; qu’il dilfipe les Va. peurs , qu’il remédie à la refpiration foible& précipitée en fortifiant la Poi. trine ; qu’il augmente les Efprits vi- taux & produit de la Limphe dans le Sang; enfin qu’il ell bon pour les Vertiges & les Eblouiffemens , & qu’H prolonge la vie aux Vieillards. Sur les expériences de cette Racine, onne fçauroit trop vanter une Plante auffi ptécieufe & auffi fouveraine que l'eft celle-ci. Je demandai d’abord à nos Sauva- ges quel ulage ils en faifoient. On en ufe, me répondirent-ils, pour purger les Enfans au Berceau. Ils difent qu’el- le n’eit pas allez forte pour purger des Perfonnes plus âgées. C’eff-là fans dou- te ce qu’il l’a fait appeller par quel- ques-uns la Médecine des Enfans. Les Sauvages s’en fervent auffi pour réveil. 1er l’appetit , quoique le dégoût foit une Maladie peu ordinaire parmi eux. Un Huron & un Albcnnqui , tous deux habiles à leur manière, me dirent qu’ils l'employoient pour la Diflenterie , mais qu’ils la mêloient avec d’autres Plantes, c’étoit-là tout ce que je fçavois du Gin- feng lorfque je l’envoyai du Canada à sur ia Physique et sur la Peinture. 3 1 de ma Decouverte. A prcfcnt tout le Monde y connoît le Gin-feng, fur- tout à Montréal, où tout cet Etc les Sauvages le font venu vendre au Mar- ché , & l’ont même vendu alTez chè- rement. L’abondance qu’on en a eue a donné lieu à plufieurs expériences. Une perfonne de caraflére & de drftrndion ; mais réduite prefque tou- tes les Années à l’extrémité, par un Aflhme , réfolut de s’en fervir. Dès les premières prifes elle y reconnut un effet li prompt , qu’elle avouoit qu’on, Paris ; je m’etois cependant perfuadé que par fon ufage je m'etois guéri d’un relie de Rhumatifme dont j'etois très- fatigué & que je n’ai plus relfenti. Je m’en fuis (ervi depuis pour un flux de Sang commencé, que j’emportai d’u- ne feule prife. Je n’envoyai que très -peu de Gin-feng à Paris , feulement pour 1e faire voir. Je ne taillai pas d’en adref- fer une petite Boi te en Province à une Perfonne incommodée pour laquelle je m’intérelTois , elle étoit malade depuis dix-neuf mois. Le principe de fon mal étoit un dérangement d’Edomach qui avoit fi fort empiré , qu’il s’y étoit joint une Fièvre intermittente avec une in- lui otoit , ce lui fembloit , le mal com- me avec la main. Des Perfonnes âgées ayant fait ufa- r . „ „ , ge pour des Fluxions & des Rhumatif- fomme perpétuelle & un très-grand de- mes, gui les rendoient comme impoten- gout; Le Quinquina dont elle ufoK ne tes depuis quelques années , en ont été lui ôtoit la Fièvre que pour peu de jours , il lui caufoit même une grande ardeur dans IeGofier, & Péchaufloit conlîdérablement. Ceux qui m’écri- voient à fon fujet m’en parloient com- me d’une perfonne de qui il n’y avoit plus rien à efpérer. Des qu’elle eut reçu ces Racines elle en ufa durant fept jours de fuite. Dès les premiers jours elle recouvra l’appe- tit & le fommeil : mais fa Fièvre aug- menta fi confidérablement fur la fin , quelle en ferait morte, dit-elle, fi elle eut eu un troifiéme accès femblabie aux deux premiers qu’elle avoit eus. fc! le crut devoir interrompre l’ufage du Gin-feng. Son Médecin lui fit entendre que cette augmentation de Fièvre pou- voir venir plutôt de ce qu’elle avoit ufé de quelques-unes de ces Racines moifies , que de la Nature même du délivrées par une efpéce de prodige. Cette Racine ell véritablement amie de l’Eflomach , en remet les Levains ,, difTipe les Humeurs froides , pituiteufes & fcrophuleufes, fubtilife le Sang, lui ôte fa grofiiereté , & ell un fpécilîque pour y rendre fluide la Lymphe. Elle ouvre les conduits des Rheins , & pouf- fe au dehors les fables & les matières glaireuses. Elle excite fenfiblement 1 appétit , & fortifie véritablement. La Chaleur qu’elle excite eft douce , pro- portionnée à la Chaleur naturelle , & propre à faire une bonne Coélion , & par-là à remédiera prefque tous les maux qui font produits par le défaut de drgellion. C’cil en particulier un excellent Fé- brifuge : je connois trois ou quatre perfonnes qui ont été guéris de Fièvres Remède. Elle en reprit" & guTnVY ÿ iourf M ij?* • très ’ Peu de a un mois , écrit-dle ,y 1 .* M. Breymus du que quand on en» de Fièvre , & de tout* nmn i -P US 3 PrIS * a Pievre diminue de moment me relie que de la maigreur maI ’ " “ 5“ pendant quelques per- Je n’ai point fait mviw/ r j *onnes en Canada ont éprouvé un effet point lattmyflere en Canada contraire, & fait les mêmes plaintes 2 2 Observations sur l’Histoire Naturelle • que celle à qui je l’avois envoyé en France. Peut-être que ces différences viennent de la variété des Tempéra- mens , de la difpofitionoù l’on fe trou- ve, ou de la manière de le prendre. Sur quoi les épreuves qu'on en fera dans la fuite, achèveront de nous inf- truire. Pour moi j’ai de la peine à croi- re que fon ufage puiffe être nuifiblc, tant fa Chaleur me paroît douce. Il me Jemble pourtant qu’il ell meilleur pour les Fièvres chroniques 6c lentes , que pour les Fièvres aigues. Je ne voudrais pas non plus le donner dans l’acccs de la Fièvre. Les perfonnes mêmes d’un Tempérament trop vif doivent en ufer .avec précaution , mais on le cou- Jeille aux perfonnes âgées & ianguif- Jantes. La manière de prendre le Gin-feng,, félon M. Kempfer ell de le réduire en poudre. La dofe e(l d’une Dragme & demie, inftifée dans quelque liqueur. On peut s’en fervir de cette manière Jelon le Pere Jatftoux. On coupe la Jlacine par. tranches , il en confcille aux perfonnes malades la cinquième partie d’une once , & la dixiéme partie à ceux qui n’en prennent qup pour fe conferver dans leur embonpoint , en- core ne croit - il pas qu’on doive en .faire un ufage journalier. On met cette dofe dans un Vailleau de Terre bien bouché , fur un demi - feptier d’eau .qu’on laille bouillir jufqu’à ce qu’il foit réduit à une bonne talîe. On le prend aulP chaud qu’on peut , & on le mêle avec un peu dp fticre pour en corriger le goût , qui paroît d'abord défagréable. Ce goût canfille dans un feutiment de jus de RégÜlTe , mais qui a un peu plus d’amertume. Quand on y cil accoutumé il fait piaille , & on jfenten mème-tems une chaleur douce fans la Boucltc & dans l’Eilomach, qui déclare fa force & fa vertu. On petit re. mettre pareille quantité d'eau fUr |* même dofe, & il ell bon même la fe •coude fois. C’ell ainfi qu’on en ufep0tlr le Thé. Je croirois qu’il ferait meilleur infulédans le Vin blanc. On en pQllr> roit faire même une eau , comme IW de Genièvre., qui aurait pour le nvjin$ autant d’efficace , & qui aurait le m<;. me ufage. On peut le prendre à jeun, ou mien* encore après avoir mangé , car il aijç Ja digellton, & guérit même l’inü, gellion. Une pejfonne digne de |jj m’a allure en avoir été guetie fubiu, ment. Les Chinois ne fe Fervent que de Jj Racine du Gin-feng. Le Fruit n’eil bon à rien. Le P. Jartoux allure qUe des Feuilles , prifes en guife de Thé Font auffi bonnes ou meilleures quele’ Thé même. Quelques perfonnes ont fumé de ces Feuilles en Canada, ]e goût & l’odeur félon leur rapport en lont agréables, & leur fumée abbatles vapeurs. Le Gin-feng ne croît pas à. la Chine, mais enTartarie. On l’y trouve entre le jp & le 47 degrés de Latitude Borcale, le 10 & le iode Longitude, cncomp. tant depuis le Méridien de Pékin, fl croît fur le penchant des Montagnej dans d’épailles Forêts , fur le bord des Ravines , autour des Rochers , au pied des Arbres , 6c au milieu de toutes for- tes d’Herbes ,-mais on ne le trouve point dans les Plaines , 6c dans les Marécages , ni dans les lieux décou- verts. On n’en recueille pas dans toutes for. tes de Bois, je l’ai cherché inutilement dans les Forcis touffues 6c embarrallees de Rrouflailles. Ce n’ell proprement que dans les Bois de Haute-Futaye , où les Arbres droits 6c hauts font dégagés par suu la Physique et par le bas & parodient naturellement . allignés comme pour le plaifir de la Promenade , qu’on le trouve au milieu d’une variété admirable d’Herbes Mé- decinalesqui naiflent aux pieds des Ar- bres, entre les Racines & les Pierres, d’où il efi trcs-dilïicile de l’arracher. Le Gin-feng aime l’Ombre , auffi bien que les Plantes dont ces Bois font remplis. Quand les Terres font nou- vellement défrichées , il y en reparoit encore quelques Racines qu’on n’avoit pas arrachées en défrichant, mais il ne s’y en reproduit 'jamais d’autres. Je ne le crois pas pour cela ennemi de la chaleur , car cette Racine el\ chaude. D’ailleurs en Eté , il fait une chaleur encore plus forte & plus érouilànte dans ces Bois qu’en plein air. J’arme- rois mieux dire que ces Plantes , à qui l’Ombre efl fi favorable , étant trop agi- tées par l’adion immédiate du Soleil & d’un Air trop ouvert, y font renfer- mées dans la Terre comme dans un fein ftcrile, tandis que d’autres , à qui ce grand air & l'adion immédiate du Soleil font plus propices , fe dévelop- pent & croillent à plaifir ; ce qu’elles ne pourroient faire à l’abri des Forêts. J’ai vù moi - même cette expérience dans le cours d’une Année: ayant fait abat- tre durant l’Hyvcr un on deux Arpens de Bois ,1c Printems fuivant, au lieu de ces Herbes amères qui y étoient , il n’y vint qvie du Chiendent , du Tre- Jf du Curage & d’autres Herbes fem- blables qui ne croilfent qu’en nlein Champ. * Quand j’eus découvert le Gin feng , il me vint dans la penfée que ce pou- voit être une efpcce de Mandragore. J’eus le plailir de voir que je rn’étois rencontré fur cela avec le P. Martini , qm , dans 1 endroit que j’ai cité , & qui efl rapporte parle P. Kirker» parle en Annee 17 s 2, Ton. II. iv. i sur. la Peinture. $5 ces termes t « Je ne fçaurois mieux re- » préfenter cette Racine, qu’en difant » qu’elle efl prefque femblable à no- » tre Mandragore, hormis que celle- » là efl un peu plus petite , quoiquelle » foit de quelqu’une de fes efpéces : » je ne doute point du tout qu’elle » n’ait les mêmes qualités & une pa- » reille vertu , puifqu’elle lui relTem- » ble fi fort & qu’elles ont toutes deux » la même Figure. » Si le P. Martini a eu raifon de l’ap- peller une cfpéce de Mandragore à caufe de fa Figure , il a eu tort L <* sur la Physique et sur la Peinture. 3? acquittent à merveille. Opinions font efieélivement neuves Ceux qui expliquent ces Expérien- & que perlonne n’y peut rien reven- ces fans les pratiquer, font d’autres diquer. Philofophes, que tout le Monde con- Le fond de mon Syftème ne tient à noît & dont le nombre efl trop confi- celui de qui que ce foit. II elt diffé- dérable pour entreprendre de les nom- rent de ceux de Thalès . de Pitha^ore . mer ici : & enfin ceux qui ont établi les Caufes générales, avec lefquelles on ex- plique les Phénomènes & les Météores, font connus fous les noms d'Arijlote, de Defcartes, de GaJJendy , de Newton , de Lcibnitf , de Gautier ( fi l’on veut) & d’autres Philofophes que je nomme- rois s’ils n’avoient pas confer vé l’anoni- rne dans leurs Ecrits. Je ne cite point Mallebranche , Ro- haitlt , &c. ce ne font que des Difci- plesde Defcartes; mais je prends Ja liberté de me nommer avec ceux qui ont enfanté des Syficmes nouveaux , ou du moins reconnus pour tels. Cette note-ci ell nécelfaire pour tran- cher toute collocution inutile & mettre le Public au fait eu deux mots, & tout d’un coup. Elle ne choquera perfon- ne parce que chacun y a la place que la Nature lui adonnée ou qu’il a choifie lui-même par état. On ne manquera cependant pas de me taxer de vanité pour m'être placé parmi les Pores de la Pliilofophie Mo- derne. Mais où faut-il me mettre? Efi- ce avec Meilleurs Pagny & De/or? Ce- la n’eli pas jufie : je ne fais point de Cours d’Expcriences Phyliques. Faut- il que fois de la ClalTe de M Poli- mere & de M. FranWin? Je n’ai point de Cabinets publics ornés dTnllru- mens de Phyfique , les plus curieux & les plus intérelîans : je n’adopte pas non plusles Syliêmes des autres. Enfin bon ou mauvais Phyficien, il faut bien que je me place avec les Inventeurs de^ nouveaux Syftêmes , puilque mes * Dans le Mercure de Septembre 1751 , de Democrite , de Platon , d ’Epicure & de tous cèux que j’ai déjà nommés. II elT donc raifonnable de prendre léance où le droit naturel me pofe. Aujourd’hui il n'ell pas encore quef- tion de me combattre; il fufiit, félon quelques-uns , de me confondre avec la Foule, afin d’éclipfer toutes mes Dé- couvertes: ceft ce que je veux éviter & je ne trouve pas de remède plus pro- pre pour détourner cette injufiiee que de faire ici un Tableau abrégé de toute la Philofophie , & de prouver que les Parties ignées de mon Syllême ne font pas celles dont entendent parler les Difciples de Defcartes & de Newton, Quoique la plupart des Lefteurs fça- chem d’avance en quoi coafilte l’an- cienne Philofophie , ils ne feront pas fâchés de voir ici le Paralelle des Opi- nions les plus renommées des premiers Philofophes, avec celles des Moder- nes ; fur lefquelles on a bâti les fonde» mens de toute la Phyfique. Nous ex- pliquerons enfuite la Matière Eleétri- que , félon nos idées , dans l’Obferva- tion fui vante. Les Syliêmes de Philofophte ne font pas des Poèmes: les Philofophes n’ont pas befoin de dire comme les Poètes, Mufa mihi caufas niemora , quoiqu’en due un Auteur anonime *. Les Poètes racontent des Fables qui ne s’accorde- ront jamais avec la raifon ; mais les 1 hilofijphes cherchent la vérité & for- ment des conjefluies pour la connoî- tre & la développer. Ils travaillent à expliquer les merveilles de la Nature •âge 61, E ij ^6 Observations sur. l’Histoire Naturelle, & à corriger les Moeurs , & les Poètes „ sa chaleur le pénétre & fa clarté l’inonde- quelquefois cherchent à les corrom- » Effets d’une même aftion , ‘ pre. L’on ne doutera plus par l’expofi- tion de ce qui fuit, du projet qu’ont formé mes adverfaires de confondre mon Syflême, &on fera perfuade , piè- ces en main, des contradictions qui fe trouvent dans leurs propres fenti- mens. Mercure de France Septembre i 7 5 2 > page 6j- « Rien n'elt plus merveilleux ( dit PAuteur Anonîme que nous venons de citer) « que l'aélion du feu, Prin- » cipe Phyfique de tous les Phénoinè- » nés de la Nature. >» Elt-ce un Cartcfien qui parle ou un Newtonien? Quel efl le Syflême que fuit cet Auteur , de dire que l'aBinn du Feu ejî le Principe Phyfique de tous les Phé- nomènes delà Nature. Dcfcartes n’admet pour Principe aflif que les Tourbillons de la Matière en général. Newton ne connoit que V AttraBion, la Gravitation , la Force Centripète , la Force Centrifuge , & la Propenjion quel- conqi e. Je- croirois volontiers que c’efl un Seftateur de mon Syflême , puifque toute mon Hypothcfc n’elt fondée que iur V Aél ion du feu , fur les Impulfions du Soleil, & en un mot, fur les Parties ignées : non , je me trompe , c’ell un Newtonien qui fe fert de mes Décou- vertes. LTmpulfion rapide du Soleil qui entraîne les Globes errans , appartient préfentement au grand Newton. » Oui , mon cher B. . . ( dit l’Anonime ) il * » cft l’ame du Monde , ? Le SoleiL n L’un maintient les reilorts de la Machin, » ronde , » Et l’autre tend fans cefTe à leur deftruftion; » Sa plus belle production »> Eft cette lumière Éthérée, » Dont Newton le premier d’une main inf. » pirée, » Sépara les Couleurs par la réfraéHon ; » Il y voit aujourd’hui du haut de l’Empirée •> La caufe de l’attraélion. *>Les Rayon» convcrgens de ce brillant fluid, «Vers mille & mille points de ce vafte Uni- » vers , * Balancent tous les Corps fur leurs centres » divers >» D’un unique .Soleil Yimpulfwn rapide « Les difperferoit tous dans un immenfe vuide. » Dieu compafïa d’abord leurs grandeurs St » leurs rangs , » Il élance le Feu du centre à la furface , » Allume les Soleils : de lumineux Torrent a AuJJi-tôt remplirent l'efpace » Entraînent les Globes errans. » Tout fe meut , G félon les degrés différent « De ladiffance & delà maffe, » Tout s'approche , ou s’éloigne , ou conferve fa » place, » Par l’effort des Feux confpirans. Je crois qu’il n’en faut pas davan- tage pour faire voir qu’on veut attri- buer mes Decouvertes à Newton. Journal de Trévoux , Mai ,p. 970. On vient d’obferver que les Newto- toniens fe fervent du Sentiment des autres Philofophes , on verra dans l’inflant qu’ils fe dépouillent eux-mê- mes de leurs Dogmes. V I suit la Physique J u fqu’ au j ourd’hui , les Sedateurs de Newton ont regardé l’Attradion & la Gravitation comme Principe du mou- vement , préfentement ils difent , que « la Pefantcur, la Gravitation £r l'At- » trablion , font des termes dont on fe fert » non pour expliquer la caufe j mais pour » montrer ce qu'on obferve dans les Phéno- y mènes mêmes. » Les Newtoniens commencent donc n fe dépouiller de la caufe principale de leur Syllême, & fe contentent de donner le même nom aux Phénomè- nes , qu’ils appliquoient à la caufe , ce qui me paroît bien fingulier Et de- puis quand parle -t- ou ainli ? Eft-ce depuis que j’ai démontre qu’il étoit aulTt ridicule d’admettre l’Attradion comme Principe aéi if du Monde, que d’adopter les facultés occultes des Pé ripatèticiens. Ils veulent coniidérer les Phénomènes fans caufe: & pour ap- puyer leur changement d’une efpéce d’autorité Phyfique , ils difent à la fuite de ce que nous venons de voir : a II j» feroit donc abfurde de dire que parce qu'on » ne connoît pas le Pere de celui . ci ( que » nous appellerons , par exemple , Jean ) il » s'enfuit que Jean n'efi pas Pere de Pierre, » Grand P ere de Guillaume , &* Bifiyeul » de Nicolas. » Il auroit fallu donc ajoû- terici :Jean danfe mieux que Pierre , Pierre danfe mieux que Jean , pour prouver qUe le Syllême d’un tel Phi. lolophe vaut mieux en certain point que celui d’un autre. v De pareille, fimpiieiré. déshonorent la Phiiofophie : Il faudroit enfouir ces ridicules comparions dans l’abîme des ténèbres , au lieu de les rélever dans l’Extrait Hun grand Ouvrage qui et sue. la Peinture; *7 pouvait fournir vingt Extraits curieux & interrejjàns. Journal des Sçavans Décembre iy, i , page zJ4r. D’autres Newtoniens paroilTent en même teins fur l’horifon 8c font indi- gnés delà foibleffede ceux ci, ils ren- chérilTent fur l’Hypothèfe fans copier perfonne fans ceder la moindre partie de leurs droits , augmentent au con- traire l’étendue & la force de leur pro- pre Syllême. Non feulement ils veu- lent que l’Attradion conferve le Mon- de & tous fes mouvemens dans l’état que nous le voyons ; mais ils créent l’U- nivers avec cette force majeure. Un Newtonien Anonime Compo- fiieur d’un Syftême matériel * prétend non feulement reconnaître L'Attraélion ( ain- li que Newton) comme une propriété confiante de la Matière , qui conferve l'or- dre & f arrangement dans ce vafie Univers ; il cherche fi cette Attra&ion ne feroit pas la caufe productrice de la formation des Corps , comme elle l'efi de leur confer- vation. C’eft ici le comble de la contradic- tion dans une même F.cole; le pre- mier inet de l’alliage dans la Cornpo- fition Philofophtque de Newton. Le fécond , nie l’Attradion comme caufe effentielle , & le dernier la donne comme l’unique Agent de la Créa- tion. Ce qui caufe cette variété de Senti- ment dans la même Sede, celtia foh- blelTe de leur Dodrine. Voyons prefentement le Paraleîle des Svftèmes que je me fuis propofé de donner ici. Extrait de 1 Origine de cet Univers, expliqué par un Principe de la Matière à Berlin, Observations sur l’Histoire Naturelle, 3* PHILOSOPHIE DE THALÉS , Auteur de la Sefle Ionique. Thaïes le plus ancien des Philofo- phes connus , croyoit que le Monde avoit été difpofé de la manière que nous le voyons par une intelligence qui n’avoit point en de commence- ment & qui n’auroit jamais de fin : il eil le premier des Grecs qui ait enfei- gné que les Ames ctoient immortel- les. Il difoit que la chofc du Monde la plus grande ctoit le Lieu , parce qu’il renfermoit tous les Ellres. Il croyoit que l’eau étoit le premier Principe de toutes chofes ; que la T er- re n’ctoit qu’une Eau condenfée; l’Air une Eau raréfiée ; que toutes chofes fe changeoient perpétuellement les unes dans les autres; mais qu’en dernier lieu tout le refolvoit en Eau ; que l’U- nivers étoit animé & rempli d’Eflres invifibles qui voltigeoient fans celle de côté & d’autre. Que la Terre étoit au milieu du Monde; qu’elle fe mouvoif au tour de fon propre Centre , qui ctoit le même que celui de l’Univers, & que les Eaux de la Mer, (urquoi elle ctoit pofée , lui douuoient un certain branle . qui étoit la caufe de fon mou- vement. Les effets merveilleux de l’Aiman & de l’Ambre , & la Sympathie entre les chofes de même Nature , lui ont fait croire qu’il n’y avoit rien dans le Monde qui ne fût animé. 11 croyoit que la caufe de l’inondation du Nil venoit de ce que les Vents Ethcfiens , qui fouffloient du Septentrion au Mi- di , retardoient les Eaux du Fleuve qui coulent du Midi vers le Septentrion , & les contraignoit à fe déborder dant la Campagne. Thaïes a prédit le premier les Eclip. les du Soleil & de la Lune, & i[a ^ des Obfervations fur les mouvemens de ces deux Allres. Il croyoit qUe je Soleil étoit un Corps lumineux de luj. même , dont la malle étoit no fois pilis grotfe que celle de la Lune. Que lafp. ne étoit un Corps opaque, qui n’étoit capable de réfléchir la Lumière du S0. leil que par une feule moitié de fa fur. face, & fur cette fuppofition, il ren. doit raifon des différentes Phafes fous lefquelles la Lune paroît. C’eft lui qui a recherché le premier l’Origine des Vents, Ta Matière des Foudres , la caufe des Eclairs & ^ Tonnerre. Perfonne avant lui n’avoit connu la manière de mefurer les Hauteurs des | Tours & des Piramides par leur ombre Méridionale , lorfque le Soleil eü dans l'Equinoxe. PHILOSOPHIE DE P1THAGQU Auteur de la Sette Italique. Pithagore croyoit que le premier Principe de toutes chofes étoit l'unité,* que de-là venoient les nombres , des nombres les points , des points les lignes , des lignes les fuperlicies , des fuperficies les folides, & des folides les quatre Elemens, le Feu , l’Air, l’Eaa & la Terre , dont tout le Monde ctoit compofé ; 5c que ces Elemens fc chan- geoient perpétuellement les uns dans les autres ; mais que rien jamais nepé. riiToit clans l’Univers. & que tout ce qui arrivoit n’étoit que des changemens. Il difoit que la Terre étoit ronde & placée au milieu du Monde, qu’elle étoit habitée en tous fens , 5c par con. * C’efl peut-être de cette idée que Leibnit j a compofé fes Monades. : ;l (I t i î 0 e# à 5 S :tî' K ,o« i!f: À Su*, la Physique et su* la Peinture. 39 féquent qu'il y avoit des Antipodes , prit, étoit aufli compofée du concours ouïes hommes marchoient les pieds de ces Atomes, ** de même que le oppolcs aux nôtres. Que l’Air qui en- Soleil , la Lune & tous les autres Af- vironnoit la Terre étoit groflier & très. Que ces Atomes avoient un mou- prefque immobile , 8c que c’étoit pour vement tournoyant , qui étoit la caufe cela que tous les Animaux qui l’habi- de la Génération de tous les Ellres ; & toient étoient mortels & fujets à cor- commecemouvementtournoyantétoit ruption J qu’au contraire l’Air du haut toujours uniforme , c’étoit le fujet pour des Cieux étoit très-fubtil 8c dans une lequel Démocrite admettoit le Dellin, agitation perpétuelle ; ce qui faifoit 8c qu’il croyoit que toutes choies fe que tous les Animaux qui le remplif- faifoient par nécelTité. foient étoient immortels, 8c parcon- U croyoit que l’Ame étoit répandue féquent divins ; 8c qu’ainfi le Soleil , dans toutes les Parties du Corps , & la Lune 8c tous les autres Allres étoient que le fujet pour lequel nous avions des Dieux, parce qu'ils étoient placés du fentiment dans toutes ces Parties au milieu de cet Air lubtil 8< de cette c’étoit parce que chaque Atome de chaleur aélive quieft le principe de la l’Ame répondoit à chaque Atome, du Vie. Corps. PHILOSOPHIE DE DÉMOCRITE Auteur de la Sefte des Atomiftes. Dcmocritc croyoit que les premiers principes de toutes chofes , étoient les Atomes 8c le Vuide. Que rien ne fe faifoit de rien , 8c qu’aucune autre choie ne pouvoit ja- mais être réduite à rien. Que les Atomes n’étoient fujets ni à la corruption ni à aucun autre change- ment , à caufe que leur dureté invinci- cibieles mettoit à couvert de toutes fortes d’alterations. Il prétendoit que du concours de ces • d s’etoit formé une infinité de Mon les , * dont chacun périffoit au bout d un certain tems ; mais que de ces débris il s’en compofoit un autre. Que l’Ame de l’Homme , qu’il croyoit être la meme chofe que i’ef- * L’Auteur de .l’Origine de cet Univers , ex- pl.que par un Principe de la Matière, a tiré Ion idee de celle-ci. ! * Les Matérialiftes tirent leurs opinions Démocrite croyoit que les Allres fe mou voient dans des cfpaces entière- ment libres , 8< qu’il n’y avoit point par conféquent de Sphères folides , aul- quelles ils fuflent attachés ; qu’ils n’a- voient qu’un feul8climple mouvement vers l’Occident; qu’ils étoient tous em- portés par la rapidité d’un Tourbillon de Matière fluide , * * * dont la Terre étoit le Centre , 8c c{ue chaque Aflre fe mouvoit d'autant plus doucement qu il étoit plus proche de la Terre , à caufe que la violence du mouvement de 1^ circonférence s’alibiblilFoit peu à peu en tirant vers le Centre. Qu’ai nft ceux-là paroifloient fe mouvoir vers l'Orient , lefquels fe meuvent plus len- tement vers l’Occident; 8c que comme lesEtoiles fixes, fe meuvent plus rapide- ment que tous les autres Allres , elles achèvent leur circuit en î4 heures j le Soleil qui fe meut plus lentement ne l’acheve qu’en £4 heures 8c quel— de cette penfée. *** Defcartes a compofé les Tourbillons & fa Matière Etherée , de cet endroit de la Philo- fophie de Démocrite. 4© Observations sur l’Histoire Naturelle, ques minutes : Se la Lune qui fe meut plus lentement que tous les autres Af- tres , ne i’aclieve qu’en près de 25 heures ; de forte qu’elle ne le meut pas, difoit-il , de fou propre mouvement vers les Etoiles plus Orientales ; mais elle eft laiiïée par les Etoiles plus Oc- cidentales qui la viennent rejoindre trente jours après. PHILOSOPHIE DE PLATON, m Principes Phyfiqu.es des Platoniciens. Platon ( félon que rapporte Plutar- au 1. liv. des Opinions des Philol'o- phesch. 3.) admettoit trois Principes Dieu, la Matière Si l 'Idée: Dieu , coin- me l'intelligence univerfelle : la Ma- tière, comme le premier fuppôt de la Génération & de la Corruption ; l’Idée, comme une fubftance incorporelle & rélïdente dans l’entendement de Dieu. II reconnoilToit à la vérité que le Mon- de étoit l’Ouvrage d’un Dieu Créateur; mais il n’entendoit pas par le nom de Création une Création proprement di- te: car il fuppofoit que Dieu n’avoit fait que former & bâtir, pour ainfi di- re , le Monde d’une Matière préexis- tante, & qui étoit de toute Eternité : de forte que ce Dieu Créateur, n’eft félon lui , à l’égard du Monde qu’il a créé en débrouillant le cahos . & Cn donnant une forme à une Matière bru- te , que ce que font un Architeüe & des Maçons , qui en taillant & en ar- rangeant dans un certain ordre des pierres brutes . en forment une Mai- fbn. Platon enfeignoit aufli la Mctempfi- eofe qu’il avoit prife de Pithagore , & enfuite tournée à (a manière. PHILOSOPHIE D'ARISTOTE . Auteur de la Scfte des Péripateticiens. * Selon Ariflote , il y a trois Princi- pes des chofes naturelles ; la Privation la Matière Se la Forme. \ Il neconlidére pas la Privation con,. me un Principe de la compothion tlej Corps ; mais comme un Principe exter. ne de leur production , en tant que l, production elt un changement , par [e. quel la Matière pafle de l'état qu'elfe n’avoit pas à celui qu’elle acquiert ( comme , par exemple , des planches qui patient de l’eut de n’être point Table à celui d’être Table. Ariitote donne deux définitions différentes de la Matière, en voici une qui elt négative. La Matière première, dit -il. elt ce qui n’ell fubftance, ni étendue, ni qualité , nÇ aucune autre efpéce d’Eltre ; ainfi félon lui la Matière du Bois, parexem! pie, n’elt ni (on étendue, ni fa figure, ni fa couleur , ni fa folidité , ni lapé, fauteur, ni fa dureté, ni fa fcchereile, ni fon humidité , ni fon odeur , ni en. fin aucuns des autres accidens qui fe trouvent dans le Bois. L’autre définition elt affirmative, & ne contente pas plus que la première. Il dit que la Matière elt le lujet doni une chofe elt compofée. & en quoi elle fc refoud en dernier lieu. 11 relie toujours à fçavoir quel ell ce premier fujet dont les Ouvrages de la Nature font compofés. Le même Philofophe enfeigne que pour former un Corps naturel, il faut outre la Matière première un autre Principe qu'il appelle- la forme. Quel, ques-uns croyent qu’il n’entend rien autre chofe que la difpofition des Par. ties; d’autres foutiennent qu’il entend une entité fubjlaruielle , réellement dif. tinft sur la. Physique e' trnâe de la Maiiére , & que quand on broyé du Bled , par exemple , il (nr- vicnt une nouvelle forme fubflan- tielle , par laquelle le Bled devient Fa- rine , &c. Il admet de ces fortes de formes fubftantielles dans tous les autres Corps naturels ; ainfi , par exemple, dans un Cheval, outre les Os, la Chair, les Nerfs , le Cerveau , le Sang qui en cir- culant dans les Veines & dans les Ar- tères, nourrit toutes les Parties, & outre les Efprits Animaux qui font les Principes des mouvemens , il admet une forme fubftantielle qu’il dit être l’Ame du Cheval ; il foutient que cette prétendue forme rt’eft pas tirée delà Matière , mais de la puillancede la Matière: il veut que ce fait une entité réellement diftînéle de la Ma- tière, dont elle n’eft ni Partie, ni me- me Modification. Ariflote tient que tous les Corps Terreflres (ont compofés de quatre Eiemens, la Terre, l’Eau, l’Air & le Feu : que la Terre & l’Eau font péfar* tes , en ce qu’elles tendent à s’appro- cher du Centre du Monde; * & qu’au contraire l’Air & le Feu s’en éloignent le plus qu’ils peuvent , qu’ainfi ils font légers. Outre ces quatre Eiemens, il en a admis un cinquième dont les chofes Céleftes étoient compofées , & dont le mouvement étoit toujours circulaire. Il tient que la Matière eft divifible à l'infini : que l’Univers eft plein, & qu’il n’y a aucun vuide dans toute la Natu- re; ** que le Monde eft éternel ; que le Soleil a toujours tourné comme il a fait, fv qu’il tournera toujours de même * 7 * Ce fl de cet endroit que Newton tire la Gravitation des Corps , & h Propenfm tad- tajnjue. 1 Jnnée 17 j 2 ,Tom. II.IF. 1 süa la Peinture; 41 que les Générations des Hommes fe font toujours faites fans qu’il y ait eû jamais de commencement. S’il y avoit eû un premier Homme , dit-il , il fe- roit né fans Pere & fans More , ce qui répugne. Il fait le même rai fon - nement fur les Oifeaux : il ne fe peut faire, dit-il, qu’il y ait eûun premier (Euf qui ait donné le commencement aux Oifeaux., car un Oifeau vient d’un (Euf; mais cet (Euf vient d’un Oifeau, & ainfi toujours de même en remon- tant fans qu’il y ait jamais eû aucun commencement. Il rnifonne de mê- me de toutes les autres efpéces qui (ont dans l’Univers. * Il foutient que les Cïeùx font incor- ruptibles, & que quoique les chofes fubiunaires forent fu jettes à fe corrom- pre , leurs Parties neanmoins ne pé- riflènt pas; qu’elles ne font que chan- ger de place ; que des débris d’une chofe il s’en fait une autre ; & qu’ainfi la Maiïq du Monde demeuré toujours en fon entier, Ariflote tient que la Terre efl au Centre du Monde, & que le premier Elire fait mouvoir les Cieux au tour de la Terre par des Intelli- gences qui font occupées perpétuelle- ment à ces mouvemens. Il prétend que tout ce qui efl cou- vert aujourd’hui des Eaux de la Mer, a été autrefois Terre ferme, & que tout ce qu’il y a aujourd'hui de Terre ferme fera enluite couvert de ces mê- mes Eaux, l.a raifon qu'il en donne eft tirée de ce que les Fleuves & les Torrens entraînent continuellement des Sables & des Terres, ce qui fait que les Riyages s’avancent peu à peu ik que la Mer fe retire infenfiblement ; ** Defcartes tire fon Plein Sc fon Horreur du Vuide de cet endroit ici. * Les Materielles raifonnent aulfi mal. ?artie. F, Observations sur l’Histoire Naturelle; 42 fi bien que Je tems ne manquant jamais, ces viciiïitudes de Terre en Mer & de Mer en Terre, fe font enfin après des iiécles innombrables. Il ajoute qu’en plufieurs endroits qui font bien avant dans les Terres , & même fort élevés , la Mer en fe retirant y a laiflc de les Coquilles , & qu’en fouillant dans les Terres on trouve aulfi quelquefois des Ancres & des pièces de Navire. Ovide attribue 3u(ïi ce mê- me Sentiment à Pitbagore. Or , AriRote prétend que ces chan- gemens de Mer en Terre, de Terre en Mer , qui fc font infenfiblement & {tendant une longue fucceflîon de tems, ont en partie caufe que la mémoire des chofes paflees s’abolit. Il ajoute qu’il arrive outre cela d’autres acci- dens , qui font caufes que les Arts mê- mes fe perdent. Ces accidens font , ou des PeRes, ou des Guerres, ou des Stérilités , ou des Trcmblemens de Terre, ou des Incendies , ou enfin des Défolations, qui font telles qu’elles ex- terminent & font périr tous les Hom- mes d’une Contrée ; fi ce n’eft qu’il s’en échappe quelques-uns qui fe l'au- vent dans les Défcrts, où ils mènent une vie fauvage, & où ils donnent naillimce à d’autres Hommes, qui par la fuite des tems cultivent les Terres , & inventent ou retrouvent des Arts, & que les mêmes Opinions font reve- nues & ont été renouvelées une infi- nité de fois. C’eft aïnfi qu’il foutient que nonobilant ces viciiïitudes & ces révolutions , la Machine du Monde demeure toujours incorruptible. La Philofophie d’AriRote a régné depuis Alexandre le Grand , jufqu’à Louis X I V. Defcartes rcnouvella la Philofophie & lui donna une nouvelle forme : il ell aux Modernes ce que Thaïes ctoit aux Anciens. O11 a beau méprifer la citation Sentiment des Anciens; ce Sentiment a trop de liailbn avec celui des Mo. dernes pour I’enfévelir dans l’oubli., il faut au contraire qu’il marche à ij Tête pour confondre ceux qui en font les Plagiaires. PHILOSOPHIE DE DESCARTES . Defcartes foutient avec vérité , qUç Dieu cR l’Auteur de tout ce qui eft au Monde , & qu’étant la fource de tome vérité , il n’a point créé notre enten. dement de telle nature qu’il fe pui|fe tromper au jugement qu’il fait des chofes dont il a une perception fou claire & fort diRinéte. Qu’il y a des Corps étendus en Ion. gueur , largeur & profondeur , qui ont diverfes Figures & fe meuvent endi- verfes façons. Que ce n’eR pas la pefanteur ; ni U dureté , ni la epuieur , &c. qui conlli- tue la nature des Corps , mais i’ex- tenfion feule. Que la Raréfraélion, la Condenfa- tion , fe font par l’écartement ou pat l’approche des Parties qui compofent cliaquc Corps. Que dans la Raréfraélion, les in- tervalles des Parties écartées font oc- cupées par d’autres Corps ; & dans h Condenfation , l’approche des Par- tics les expulfe de ces intervalles. Que la grandeur ne ditTére de ce qui cR grand , que par notre penfée. Que l’efpace ou le lieu intérieur, n’ell différent auni , que par noire penfée. Que la fuperficie d'un Corps peut être prife pour fon lieu extérieur. Qu’il ne peut y avoir aucun vuide. Que tous les Atomes font diyifiblvi l'injïnu sur la Physique et Que l'ctenduë du Monde ell indé- finie. Qvie la T erre & les Cieux ne font faits que d’une même Matière , & qu’il ne peut y avoir plufieurs Mondes. Que toutes les variétés , qui font en la Matière , dépendent du mouvement des Parties. Que le mouvement en fa propre lignification ne fe rapporte qu’aux Corps qui touchent celui qu’on dit fe mouvoir. Que Dieu e(l la première caufe du mouvement , & qu’il en conferve tou- jours une égale quantité dans l’Uni- vers. Que les forces de chaque Corps conlillent en ce que chaque chofe per- fide autant qu’elle peut à demeurer au même état où cite fe trouve. Que la nature des Corps durs con- fide en l’union des Parties , & celle -des liquides en leur facilite à être déf- unies.* Que ce qui joint les Parties des Corps durs , ell le repos qu’elles ont l’une à l'égard de l’autre ; & qu’au con- traire les Parties d’un fiuide ont des mouvemens qui tendent également de tous côtés , que la première force fuf- lit pour les déterminer. Que la Matière du Soleil , ainfi que celle de la Flâme , ctl fort mobile , mais qu’il n’ed pas befoin pour cela qu'elle parte toute entière d’un lieu à un autre pour fe faire fentir. Que toutes les P lanettes font emportées autour du Soleil par le Ciel qui les con- tient , comme le font aulïi les tacbes qui font autour du Soleil. Que la Terre tjl emportée en rond au- tour de fon centre, £> la Lune autour de la Terre. Qn’un Corps peut tendre à fe mou- voir en plufieurs & diverfes façons, en sur la Peinture. 45 même tems, & qu’il tend à s’éloigner du centre autour duquel il fe meut. Que la Matière Célelle qui environ- ne le Soleil & les Etoiles , tend à s’é- loigner de tous les points de leur fu- perficie; que cela fuffit pour expli- quer toutes les propriétés de la Lu- mière. t Que les mouvemens des Tourbillons Je doivent un peu détourner pour d'être pas contraires les uns aux autres. Que la Matière du premier Elé- ment. ou la Matière Êthérée entre par les Pâles de chaqueTourbillcm vers fon cen- tre, fj1 fort de là par les points les plus éloignés des Pôles. Qu’il n’en efi pas de même du fé- cond Elément. Que la Matière du premier Elé- ment , ou la Matière du Feu ( que Defcartes prétend aulïi être celle du Soleil &c des Etoiles ) qui eft entre les petites boules qui compolent le Ciel, a deux mouvemens , L'un en ligné droite qui la porte des Pôles vers le Soleil , puis du Soleil vers l Ecliptique , 6r l’au- tre circulaire autour des Pôles, qui. lui ejl commun avec [le rejle du Ciel. Qu’elle employé la plus grande partie de fon agitation à fe mouvoir en toutes les autres façons qui font requifes pour changer continuellement les' Figures de ces petites Parties , & remplir exactement les recoins qu’elle trouve autour des petites boules entre lefquelles elle parte. Que la Matière du premier Elément contribue à l’adion qui doit être prife pour la Lumière , & que cette aftion s étend de tous côtés , aurti-bien vers les Pôles que vers l’Ecliptique. Que la Lumière que le Soleil en- voyé vers les Pôles n’a pas tant de for- ce que celle qu’il envoyé vers l’Eclip- tique. F ij Observations sur l’Histoire Naturelle, Que les Parties du feconJ Elément qui font plus proches du centre de cha- que Tourbillon, font plus petites & le meuvent plus vite que celles qui font quelque peu plus éloignées , & cela jufqu’à un certain endroit, au-de- là duquel celles qui fout plus hautes fe meuvent plus vite que celles qui font plus balles. Que les Parties du fécond Elément ont divers mouvemens, qui les rendent rondes en tout fens. Que les Planettes , Jttât qu'elles font em- portées par le Cours du Ciel , doivent con- tinuellement defeendre vers fon centre , juf- qu'à ce qu'elles foknt parvenues au lieu où font celles de [es Parties qui n'ont ni plus ni moins de force que n'a la Planétte à per* fevérer dans fon mouvement. Que les Planettes les plus folides & les plus groflês font les plus éloignées du Soleil , & que Mars n’elt pas plus éloigné du Soleil que la Terre , quoi- que plus petit , parce qu’il ell plus fo- lide. Que la Lune tourne autour de la Ter- re . parce qu'elle ejl défendue dans fon Tourbillon , avant que la Terre fut défi cenduë dans celui du Soleil. Que la Terre tourne fur fon centre, parce qu’elle a été autrefois Étoile fixe , qui occupoit le centre d’un Tourbil- lon particulier dans le Ciel , & que la moitié du premier Éléments qui a demeuré depuis à fon centre , continué de la mouvoir en la même façon. PHILOSOPHIE DE GASSENDI. Ce Philofophe dit que Dieu , dans le commencement a autant créé d’A- tômes, qu’il en ctoit nécellaire pont former le Monde : 8c fans les raflem- bler en des grandes & plus grandes malles, qu’il créa la malle de la Mar tiére , de façon qu’elle pût être difîoute en petits Corps, & par conféquent compofée des plus petites & dernieres Parties. Il fuppofe que les Atomes ayant, reçu de Dieu leur grandeur 8c leur Fi- gure avec une diverlité inconcevable, ils ont auiïi reçu la force convenable de fe mouvoir, de fe tourner, de fe débarraffer & fortir en liberté , de re- Héchir , choquer, repoulîer, retour- ner , de fe prendre les uns les au- tres , s’einbarraller , fe retenir , s'accro- cher , &c. autant qu'il a prévu être né- ceffaire pour toutes les fins & tous les effets aufquels dès lors il les delli- noit. Que lorfcjue Dieu au commence- ment, commanda à la Terre & à l’Eau de fruétilier & de produire les Plantes & les Animaux , il fit comme une Pé- pinière ou un Amas de Semences de tou- tes les clwfes qui pouvoient être engendrées, c’ell-à-dire. qu’il choilît les Atomes dont il lit les Semences de toutes cho- fes . pour fervir enfnite à la Généra- tion & à la Propagation des com- pofés. Que ces Semences furent répandues dans toutes les Régions propres à la Génération, non pas également ou les mêmes par tour , mars félon qu’il fe trouva être convenable à chaque lieu. Que les Semences pouvoient fe réfoudr e en leurs Atâmes . les Atomes pouvoient aujji en fe rencontrant les uns les autres , fe joindre 6* fe rajjembler . en forte qu'il s’en formât des Semences. Il fuppofe enfin , que cette difpo- lltion a commencé cette fuite de Gé-j itérations ou Je corruptions , qui per- féverent encore jufqu’à préfeut , & per. féverera de même , lelon les ordres de la Providence: L\e même Amasd’Atô- mes demeurant inépuifable , & four- sur. la. Physique ét sur la Peinture; 4$ taillant toujours la Matière dont fe for- ment les Corps, & le mouvement par le moyen dcfquels ils font formes, PHILOSOPHIE DE NEWTON. 11 me femble trcs-probablc, dit M. Newton J qu'au commencement Dieu forma la Matière en particules (olides & maffives , dures , impénétrables , mobiles , cfe telles grandeurs & Figu- res, avec telles autres propriétés , en tel nombre, en telle quantité, en telle proportion à l'efpace , qui convenoit le mieux , à la fin pour laquelle il les fot- moit , & que par cela même que ces particules primitives font folides , elles font incomparablement plus dures , qu’aucun des Corps poreux qui en font compofés , & fi dures qu’elles ne s’u- fent ni ne fe rompent jamais; rien n’é- tant capable, félon le cours ordinaire de la Nature, de divifer en plusieurs Parties ce qui a été fait originairement Du, parla difpofition de Dieu, Tandis que ces particules conti- nuent dans leur entier , elles peuvent conllituer dans tous les fiécles des Corps d’une même Nature & Con- texture ; mais fi elles venoient à s’u- fer ( dit Newton ) ou à être mifes en pièces, la Nature des cliofes r qui dé- pend de ces particules , telles qu'elles ont été faites d’abord, changeroit in- failliblement. L’Eau & h Terre , com- poses de vieilles particules idées & de fragmens de ces particules , ne fe- roient pas à prefent de la même Nature & contexture que l’Eau & la Terre qui auroient été composes au com- mencement des particules entières / & par conléquent afin que la Nature puif- & être durab'e, l’altération des Eftres Corporels ne doit confifter qu’en diffé- rentes réparations , nouveaux afiem- blages & mouvemens de ces particu- les permanantes. Les Corps compofcs étant fujets à fe rompre , non par le milieu de ces jaarticules folides , mais dans les endroits où ces particules font jointes enfemble &ne fe touchent que par un petit nombre de points, C’ell par le moyen de ces Principes que toutes les cliofes Matérielles fem- blent avoir été compofées de ces par- ticules dures & folides, diverfement aflemblccs dans la première formation des chofes, parla direélion d’un Agent intelligent ; & s’il l’a fait , ce n’ell pas agir en Philofophe que de recherchée une autre Origine du Monde, ou de pré- tendre que les fimples Loix de la Na- ture ayant pu tirer le Monde du cahos, quoiqu’eranf une fois fait, il puiffe conti- nuer plnfieurs fiécles par le fecours de ces Loix, Car tandis que les Cornettes fe meu- vent en tout feus dans des Orbes extrê- mement excentriques, un Deflin aveu- gle ne fçauroit jamais faire mouvoir routes les Pianettes en un même fens dans des Orbes concentriques , à quel- ques irrégularités près de nulle impor- tance , lefquelles peuvent provenir de l’aétion mutuelle entre les Cornettes & les Pianettes , & qui feront fujettes à augmenter , jufqu’à ce que ce Syftême ait befoin d’être reformé. Il me femble d’ailleurs ( ajoute MV Newton ) que res particules n’ont pas^ feulement une force d'inertie , accom- pagnée des Loix pafïïves du mouve- ment , qui refulte naturellement d’une telle force; mais qu elles font aitjjt mués par certains Principes aélifs tel qu'vjl celui de la Gravite , & celui qui produit la fermenta- tion la cohefon des Corps. Je ne coniidére pas ces Principes comme des qualités occultes, ( dit M- Newton) qui foient fuppofées réfulter: 4*. Observations sur l’Histoire Naturelle, de la forme fpécifique des chofes ; mais comme des Loix générales de la Nature , par lefquelles les chofes mêmes font formées , la vérité de ces Loix fe montrant à nous par des Phénomènes, quoiqu'on n'en ait pas découvert les Caufes. Nous dire ici que chaque efpéce de chofe cil douce d’une qualité occulte , fpécifique , & produit des etTets fenfi- bles , c’ell ne nous rien dire du tout : mais déduire des Phénomènes de la Nature deux ou trois Principes Généraux du mouvement , & nous expliquer enfuite com- ment les propriétés & les allions de toutes les chofes Corporelles découlent de ces Prin- cipes mMifeftes.ee fer oit faire un progrès très -conftdêrable dans la P'hilofophie , quoi- que les Caufes de ces Principes ne JuJfenc point découvertes. Newton admet enfuite l’Efpace , comme Gafiendi , & le divife en Efpace abfolu & en Efpace relatif : II prétend que l’ Efpace abfolu ell toujours fimi- laire & immobile , & que PEfpace re- latifn'ell que la mefure de cet Efpace, ou la dimeuliou quelconque du me* bile. Ce Philofophe dit après , que \'At- traâion des Corps , qui fe cherchent les uns les autres , ou qui s'agitent enfemble . efl occaftonnée par l'émijjion de leurs Ej'prits . m par l'ahion de l'Éther , ou de l'Air , eu d'un milieu quelconque , Jbit Corporel , foit Incorporel , qui pouffe les uns vers les autres , les Corps qui nagent J'ur la fur- face. C’efl-Ià tout ce que nous dit New- ton de l 'Attraélion , de V Éther & de Yhnpulfion. Newton prétend enfuite que la Lu- mière découle du Soleil (Sentiment “ j'ai déjà donné le précis de mon Syftême dans la première partie de mon premier Vo- lume, je fuis obligé nécellaircracntde le répé- de Leucipe , de Democrite , d 'Èpicurt , de Platon , & de Lucrèce , ) M. Voltairefon Difcrple, ajoute que leSo. Ieil nous darde la Matière Lumineufe & la fournit éternellement fans paro;_ tre s’épuifer, à peu près comme |e Mufc élance fans cejfe autour de lui Corps odoriféraru . J'ans rien perdre ftrfc Uement de fon poids. PHILOSOPHIE DE LEIBNITZ ■ ou SyJUme des Monades. Le Syllême de Leibnitz ell ficonu pliqué qu’il ell impoflible d’en fajre un Extrait en peu de mots , com11!{ nous venons de faire cle ceux des au. très ; nous nous contenterons d'en citer feulement ici les Principes elîen- tiels, St d’ailleurs nous refervons ce Syllême pour une autre fois ; il efl plus Métaphyfique que Phyfique & ne peut guéres fe placer ici. Ce Philofophe foutenoit l'Harmo- nie préétablie de l'Ame Gr du Corps , & qu'il y a une influence Phyfique de l’Ame fur le Corps. Il admet pour Elément de la Ma- tière les Monades , c'ell - à - dire, les Ellres fimples , qui n’ont ni étendue, ni parties, ni ligure, ni grandeur. PHILOSOPHIE DE GAUTIER. * Dieu a donné des bornes à l’Efpace qui forme l’Univers ; & l’Univers n’eft qu’un point dans le Sein de Dieu. La Matière ne remplit pas tout i’Ef. pace de l'Univers : lès particules fe touchent cependant . mais les plus pe. tites Parties occupent les intervalles ter ici à la fuite de ceux que nous venons d’éxa- miner & d‘y ajouter quelques réflexions par- ticulières fur la Création, 1 Sur. la Physique et sur la Peinture. , Je s plus grandes , Se les intervalles des plus petites font occupés par l’Efpace qui continue l’Univers. La Matière nous efl fcnfible , nous pouvons l’appercevoir comme telle, ' parce que nos Organes font analogues avec la Matière. Mais l’Efpace ne peut être conçu que par l’Efprit. La Matière diffère de l’Efpace en ce qu’elle ell folide & impénétrable . dans fes plus petites particules , quoi- ' que fes compofés puHTènt être divifés ; mais l’Efpace ell pénétrable en tout fens ; & malgré les mutations de la Ma- tière , qui lui font perdre d’un côté ce qu’elle acquiert de l’autre , elle eft tou- jours égaie & immobile dans fon tout.. L’Univers ell compofé d’une cer- taine quantité de Matières inaltérables & toujours les mêmes. Toute la Matière ell en général de la même pâte >& ne diffère que parla f forme de fes particules. Les Efprits immatériels exillent & lf font incompatibles avec la Matière : ) ils peuvent pénétrer l’Efpace en tout Sj feus & même l’occuper en entier fans le détruire j mais ils ne peuvent péné- ;j trer la Matière en aucune façon. La Matière ell inerte , paffive & relie | immobile dans l’Efpace, fi elle n’elt | impulfee par quelque Corps auquel Dieu donne le premier mouvement, ï Ces Corps ( les Parties ignées ) peu- vent encore céder aux impulfious des Eiprits immatériels aufquels Dieu com- munique fon Soup. Tel ell dansl’Hom- ÿ me l’Ame dont les impuUions agirent fur les Elprits Animaux. Les particules de la Matière font de plu Heurs fortes de formes, indiyifib/es & inaltérables. M. de Lille a eu loin d’expliquer l’excès du Diamètre de la Terre par-delTus celui de Mars; mais il eft impoflible aux Aftionomes 47 Les formes globuleufes peuvent for- mer toutes fortes de liquides, & les au- tres forment tous les Corps durs & folides. Les particules qui compofent le Feu font les plus petites de toutes , & pénétrent les intervalles des autres ; ce font celles que j’appelle ignées - Le Soleil ell un Globe de Parties ignées , qui impulfe continuellement celles qui font répandues dans le relie de l’Univers. Les Etoiles font le même office dans leurs Mondes. Les Planettes les plus folides & les plus grandes font les plus impulfécs pat les particules ignées, & parconféquent les plus écartées du Soleil. * Com- me elles font terraquées elles tournent fur leur centre par l’inégalité de la force impulfive , portée fur les Parties d’Eau & fur les Parties de Terre qui les compofent , c’ell ce qui caufe leur mouvement de Rotation , dont s’en- fuit le mouvement Orbiculaire. Les Satellites des Planettes , com- me la Lune à l’égard de la Terre , tournent fur elles - mêmes & autour des Planettes qui les dominent par la, réimpulfion des Rayons du Soleil qur fc fait naturellement du Soleil fur la* Planette, & de la Planette fur les Sar teilites. L’impulfion des Parties ignées for^ me a u lll la Lumière , & par conféquent la Chaleur : fait végéter les Plantes , vivre les Animaux & occafionne tous les Phénomènes de la gravitation & de l’Attradion apparente des Corps. Cette impullîou forme les Volcans & le Ton- nerre & fournit enfin la Matière Elec- trique qui n’ell que i’aftion ou la réac- de fixer leur folidité. Ainfi cette . Remarque u eft pas contraire à mon Syflcme» Observations sur l’Histoire Naturelle, 43 lion Jes Parties de Feu, foit par Pim- pulfion naturelle du Soleil, ou par l’impulfion artificielle des Expériences Eledriques. Ceux qui voudront entrer dans un plus grand détail & connoître les rai- ions que je donne pour appuyer mon Sentiment auront recours à inon Li- vre de Plrilofbphie , fous le litre de Nouveau Syfiîme de l'Univers , ou de Chroa-génèjie. Il eil à propos de convenir préfen- te ncnt que mes Parties ignées différent de la Matière Ethérée de Defcartes , & qu’il faut les confidércr dans mon Syf- tême , comme impulfées uniquement par le Soleil, &. non pas par leur Aétion particulière & par les T ourbillo^is Uni- ver fels que ce Philofopheleur donnoit pour Caufe motrice. Il faut encore convenir que Pitn- pulfion que Newton alTocie par hazard avec l'on Attradion, n’eüauffi , félon lui, que le poujfment de la Matière Ethérée de Defcartes. L’Adion du Soleil fur les Parties de Feu & la Nature du vrai Mouvement étoit in- connue à ce riiiiofoplie. II faut obferver que je fais la Ma- tière en général Inerte & PaJJîve, Sc ne rcconnois en elle d’autre mouvement que celui que le Créateur lui imprime à chaque inflant ; au lieu que New- ton & Defcartes foutiennent qu’elle continue de fe mouvoir actuellement d’elle-mêmc fans le fecours de Dieu ,, félon le mouvement qu’il lui a imprimé dès fa Création. Si quelqu’un trouve dans la Philo- fophie ancienne & moderne, que quel- que Philofophc ait dit avant moi que tout mouvement, toute lumière, de toute chaleur, toute attradion, légefeté St gravitation apparente : tome végé- tation , cbndenlation & dilatation : tou- te impulfion & toute Eledrifatton v;en de la feule Impuljîon des Rayons E M. R J C AU D , concernant la Vtfion des Objets * LA Queflion que nous allons obfer- ver devient allez curieule , ii on confidére que prefque tous les Phylj- ciens font convenus que le Crillallia „ . renverfe les Objets fur la Rétine ; ainfi fous cette Lentille du Crijlallin , cette Hu - que la Lentille renverfe fur une feuille meur vitrée fur laquelle le Crijlallin s’ap. de Papier, ou fur tout autre Corps, paie ; cette Humeur tient le Crijlallin dans les Objets qu’elle reçoit , après le foyer fi concavité , b ejl arrondie vers la Ré* de fa Convexité. M. Ricaud *ell l’Au- teur de cette Queftion & de la Décou- verte qu’elle a occaftonnée. Il a raifon* né en Phyficren fenfé. M. de Voltaire (dit- il ) nous dit dans fes Elemens de la Philofopfwe de New- ton, à Londres , 1758, page 4?. Les Rayons étant fortis ae l'Humeur aqueufe , trouvent une e/péce de Diamant liquide , t/ne. Le Pere Régnault ( ajoute enduite M Ricaud) nous dit pag. r 39. toni. j. Voulez-vous voir ce qui Je pajfe dans KJal au moment de la V ijton Pajjons doits une Chambre voifine préparée. La lumière nrentre que par unTrou circulaire. Un Drap blanc , étendu perpendiculairement vis-à-vis le Trou , la reçoit. Les Objets s'y peignent en taillé en Lentille, b enchajje dans une Mcm- faiblement b renverfés. Voilà le Dôme de Irane déliée b Diaphane elle - même . Ce Diamant ejl le Crijlallin , c’ejl lui qui rompt tous Us Rayons obliques, c'ejl un principal Organe de la refraflion b de la vâe , par- faitement femblable en cela à un Verre len- ticulaire ae Lunette. Soit ce Crijlallin ou ce V erre lenticulaire. Le Rayon perpendiculair e A le pénétre fans fe détourner; mais les Rayons obliques J3C Je détournent dans l'épttijéur du Perre en s’approchant des Perpendiculaires , qu'on tircroit fur les endroits où ils tombent. En- Sorbonne la Pointe en bas b la Baqe haut. Les Rayons ( a b ) partis de la Pointe du Dôme , venant d'un endroit plus élevé que le Trou de la Chambre , vont , lorfqu'iit J'ont entrés obliquement par le Trou, porter leur impr.ejjîon fur la Partie inférieure du Drap blanc. Au contraire le « Rayons ( c d) qui viennent de la Ba^e du Dôme , partant d’un endroit plus bas que le h ou , vont por- ter leur impreffîon fur la Partie fupérieure du Drap blanc. Les uns b les autres vien- fuite quand ils fortent du V erre pour pajfer nent dans la filiation quils ont fur le Drap, dans l’Air , ils fe brifent encore en s'éïoi - frapper lu Yeux. ? Connu dans la Républi^ue-des Lettres. su*, la. Physique et De-là je conclus, dit M. Pùcaud , que fi le Criftallm d’une part rell'emble à une Lentille , & qu’une Lentille renverfe ! les Objets ; & de l’autre fi le Trou i de la Chambre noire repréfente les Ob- • jets renverfés fur la Muraille , & que j notre Œil rell'emble à la Chambre noi- f re; il faut alors que lesObjets fe pei- gnent redrelîés fur la Rétine , parce ji que le CriAallin, qui doit recevoir les 4 Objets renverfes par le Trou de la Cornée, les redreflè de nécelfité^en les renverfant de nouveau. Ce rationnement efl à propos , il oc- cafionnela Découverte du croifemcnt des Rayons au Trou de VUvée , & ^ nous détrompe du prétendu croife- nient des Rayons par le Crillallin. Je J fuis furpris que ceux qui ont prétendu ï expliquer la Vifion, moi tout comme * les autres , ayons donné jufqu'aujou r- d’hui un foyer nu Crillallin , ce qui n’ell w pas viai-femblable. L’expérience cft t’ contraire à cette fuppofition , & ce w qu’il y a de fingulier, c'eft que cette ; expérience efl aulïï ancienne que la !> Découverte des Verres Lenticulaires , & perfonne ne s’eli avifé d’y prendre >r garde. Sans la Réflexion, de M. Ricaud ■f nous aurions relié dans l’ignorance en- P core long-tems. if Voici quelle efl cette expérience i Elle e/l dans nombre d’Auteurs , mais i P 'vpyez le Pere Régnault , page 1 4. t , ,Jtf> Tom. i. ^ applique un V erre fait en forme jf yy de Lentilic , au "Trou qui reçoit les » Rayons. Tous les Objets ont fur le ;li: » Drap blanc les plus vives couleurs. J » C’efl une perfpedive enchantée. Les » Hommes s’y promènent diilinéle- ÿ » menl les , Pieds en haut , la Tête en \j “ ha» , cafionner îe redreffement en quefti0„ *r «Ue con- Ce redreflemen, d Ob,e, „= peu. (s ! H Tvt.e Humeur vitrée eft pofée au- arriver ; c cil ce que je vais expliqua !U n lu Crdblliu elle ell plus épailTe Prop. Une Loupe, de quelle forme qu’c PHumeurâqueufe pofée au-devant qu’elle fou . ayant l«Pir faces pimoq i rniiiiht moins fpheriques , mile a louveitonj fVSeft la troifiéme Tunique ronde & très - petite d'une Chant!,,, 1 - ITBil elle tapi lie la cavité dit Glo- roue , ne fçaurou redrelîer lesRayons, b. c’cftfur ellelqnc a’epanourflent les quoique la denlite du Verre opp0fc , Nerfs , & que le peignent les Rayons. l’Air , caufe toujours^ la Rcfrad.on & rappiü^uc iv-vi.v,. » aiors plus clairs & plus diltinéts. Les Réfrac, lions cependant de la Lentille dans |a Chambre font pins fortes que celles 4, Crillallin, qui ell d’une denfné tropana, logue aux Humeurs voifines , pour <*. Réflexions Phyjîques fur L'Anatomie de l’Oeil. i*. Le Criflallin , l’Humeur Rqueufe év l’ Humeur vittée ne forment pas deux fluides oppoks , comme l’I'.au & l’Air, le Verre & P Air .dans lelquelles op- obligé les Rayons de fe plier. V oici la Dcmonftration de cette Propofition. DémonJIration. Les Rayons qui patient parle Trou dune Chambre noire fe croifenu Trou même qui fert de Centre à tous ces Rayons, ce qui ell inconteftablr, rdllCiIL’mv.11^ » ~ X ,,“vv • w~ " t. 'v • «U » n/» Ipurs Surfaces extérieures, meut aqueufe , a peine peut-clk tk- ’obliauité des Rayons fut uneSij chir le Rayon. Mais cotte différence ne L g Kèfraftion. Par exe,:, fuffit pas pour les converger & pour face change i ^ incidence d opérer un renverfemente qt. suite P » fe converge en haut , en b le Crillallin, l’Humeur aqueufe &l Hu- droite , JnnC 111V» ï .PlUllIp S/ frtrm» ineurviirce. ». 2°. L’Oeil étant une Chambre noire, & la Chambre noire peignant fur fa Muraille les Objets renverfes fans le le- cours d’aucun Verre , il »e faut pas croire aifément que les Objets fe re- dreffent par le Criflallin , ou la Lou- & par coté dans une Lentille & forme un loyer de convergence qui fe divtt- ge enfuite . & renverfe par conféquc* y Obi et -, mais un Rayon incident & oblique fort prefque droit & non pis convergé. Cela étant, il faut convenir que lcsllayonsqui traverfent le Crillal ✓ l Sus. la. Physique et sur la Peinture. lin font tout-à-fait paralelles en fartant de fa (tirface pollérieure, quand, même il feroit deCrillal.,& les Humeurs cjui l'entourent pas plus denfes que l’Air : pudique le croifement des Rayons qui fe fait à l’ouverture de l'Uvée, les porte lur le Crillallin par des incidences obli- ques. A plus forte raifon l'on doit être perfuadé que le Crillallin étant moins denfe que le Verre & les Humeurs de l’Oeil plus denfe que l’Air , les Rayons au fortir du au lieu d'être converges Crillallin, doivent être. au contraire toujours diverges , mais moins diver- ges qu’ils ne feroient fans le GntlaUin. L'extraôion du Crillallin , qu’opère Savamment M. Daviel , prouve cette vérité , & i! cil fur que ceux à qui on a ôté le Crillallin, doivent voiries Ob- jets plus grands & plus confus , mars non pas renverfes ; & moyennant une Loupe ils doivent les voir comme nous les voyons. Si le Crillallin renverfoit les Objets; en le (imprimant d’un Oeil vivant ou d’un Oeil mort, les Objets devroient paraître autrement qu’ils ne paroif- îoient auparavant. Car les Humeurs vitiées & aquetifes en s’approchant ne forment pas un nouveau Crillallin & ne peuvent pas occafionner une nou- velle Rcfradion ; en voici les raifons. Si les Humeurs s’approchent, il n’y a donc plus d’efpace entr’elles ; s’il n’y a plus d ’elpace , il n’y a plus de Corps intermediaire & s’il n’y a plus de Corps intermediaire , il n’y a plus doc- cauon au changement des Rayons. D’ailleurs l’Expérience de la Chanl delle de la Carte & de la Loupe, que ni a fait voir M. Ricaud chez lui, en me proposant fa Queftion , n’efl com- parable ni a l’Oeil ni à la Chambre L ArtIcle [uIvaut décide cette diilerence. SS La Chambre noire ell femblable a l’Oeil , où les Objets fe portent t enver- fés fur la Rétine ; mais une Carte avec un Trou fait avec une épingle polée devant la flamme d’une Chandelle , elt différente d’une Chambre noire & d’un Oeil : en voici la raifon. Si on mettoit une Carte avec un Trou d’épingle devant une Campagne & que l’on fit une petite Chambre noi- re proportionnée à ce Trou; on ver- roit le même Phénomène que l’on voit en faifant un Iran de cinq ou lïx li- gnes dans une grande Chambre noire ; ainli que la Pupille de notre Oeil, dont la plus grande ou la plus petite dilata- tion n’eft que d’une ligne à deux li- gnes de diamètre; c’elf-à-dire que ces Objets fe peindraient également renverfés avec toutes leurs couleurs r & fc dillingueroient parfaitement & aufTi-bien avec le Trou de la Carte fur un Papier; comme avec la Prunelle fur la Rétine, & fur ia Muraille d’une plus grande Chambre noire; fi les diitances ctoient proportionnées. Mais utot qu’à ce T rou d’une épin- gle vousoppofezune grande Chambre noire., ou un Oeil humain, les Objets fe confondent alors & ne parodient plus , par la trop grande dillance & les difproportions du Trou à la Muraille. Parce que le T rou qui doit fervir de Foyer aux Rayons . eft trop petit pour former le Tableau fur la Muraille. Dans ce cas, il arrive qu’un Trou com- me celui d’une Carte, fait avec une épingle , ne repréfente aucun Objet extérieur à une grande dillance com- me à celle de deux pieds, ou même de deux pouces , ou d’un pouce , fi vous voulez ; fi ce n’ell la flamme de la Chandelle. Il ell vrai que l’oppofi- tion feche & tranchante d'une flamme, avec Pombre qui l’entoure , peut occa- Observations sur l’Histoire Naturelle» fionner l’Image fenfible de cette flam- me fur un Papier ; mais toute autre Image ( telle qu’elle foit) que celle ci , doit fe confondre. Cela démontre , il ne relie plus qu’à obferver fi réellement l'Objet d’une flamme peut fe redreller par le fecours d’une Loupe; & en cas que cela arri- ve, fi l’on peut conjedurer que la mê- me choie doit arriver dans l’Oeil par le fecours du Criftallin fur la Rétine. Pour prouver un renverfement d'Objet fur la Rétine , il faut faire voir que la flamme de la Chandelle qui fe peint d’abord renverfée & fort diflinftc fur le Papier , à quelques pouces de dillance, fe peint aulli à la même dif- tance, redreflee & bien diftimSe; quand on met une Loupe entre le Trou & le Papier, Alors malgré la diflemblance des oppofitions des Corps , je veux di- re , de l’Air qui entoure la Loupe de Verre, & qui lui ell tout-à-fait hétéro- gène , bien oppofée aux Humeurs qui entourent le Crillallin & qui lui font prefque homogènes, alors,- dis - je , m dg é la diflemblance des oppofitions de . Corps moins denfes ou plus den- fes , l’on pourroit douter , ou du moins foup^onner que le Crillallin redrefle les Objets fur la Rétine ; mais lorfque pour trouver ce renverfement , il fait éloigner confrJérablemènt la Loupe, comme à la dillancc de deux pieds ou environ , & le Papier de la Loupe à celle d’un pied, je dis alors que la Carte, la Chandelle & le Trou d’épin- gle, ne font pas comparable à la Cham- bre noire ni à l’Oeil, où ce renverfe- ment doit le faire à même dillance. il faut fçavoirque malgré cetéloigneinent & cette difproportion, entre nos Orga- nes & ce Phénomène , cette préten- due Chandelle renverfée, ne paroît telle à une grande dillance que par le mouvement que l’on foupçonne qu’-ir a du bas en haut , & que ce n’ell C par fa forme : car alors fon finale ^ roît prefque Sphérique & confufe , lieu de paroître diflinâe& oblon’2U J’arme donc bien mieux me rend? ^ l’Expérience de l’Oeil de Bceul'n* tout le Monde connoît, où l'on vo' les Objets renverfés fur la Rétine J' le Crillallin y foit, ou qu’il foit ^ 5 primé ; à celle delà Chambre noire ? aux raifons Phyfiques & Géométrique que je donue ici contre le Redreiîj* ment , ou le Renverfement prétend, occafionnés par le CriflaUin, que J me livrer aune Expérience imparfait où la Nature des Corps & la diftanc,’ des Pofitions different tout-à-fait des Phénomènes que je veux expiiqUet La vérité que j’aime par defliis tout me fait critiquer ici l’un de mes boni amis , moyennant la liberté qu’il n)1 donné de relever fon Sentiment fi par hazard il s'étoit trompé en croyant que le Crillallin redrefloit les Objets que le Trou de l’Uvée devoit ne.’ celfairement renverfer. Il a lù lui-mcme le Manufcrit de la préfente DilTerta- tion , & m’a communiqué la Tienne, Je ne fais imprimer ici la Réponfe à fi Quellion & la Publication de fa De. couverte, que fur les aflurances que M. Ricaud m’a donné, qu’il feroit iniprj. mer lui-même fa Diflertation. Je puis faifir l’occalion que j’ai , en parlant de M. Ricaud, de rendre jullicj à fon mérité & à fes talens. J’ai con. fié à ce Philofophe mes premières De. couvertes contre Newton , avant me- me de les lire à Meilleurs de l’Aca- démie des Sciences $ il me lit l’hon- neur d’alliller à cette Lecture. Il a depuis fuivi toutes mes Expériences les a prônées avec zélé par le feu! amour qu’il a pour la vérité , il les 57 SUR LA FhïSIQUE ET SUR LA PEINTURE. les a répétée» lui-même à une infinité de Phyficiens : il s'ell attaché à les dé- montrer aux Partifans de Newton , & les a combattu tr^s- Couvent dans des Alïemblees nombreufes , où par la bon- té de fa Caufe , & par l’élégance de fes Difcours , il a toujours triomphe des * Cet Ouvrage efl un mélange très - cu- rieux de Pièces fugitives en Profe & en Vers. Jl forme aujourd'hui dix - fept Tomes in ii , qui le vendent tous en corps complet ou f é- plus incrédules. Je ne fuis cependant pas le premier qui ait parlé favorablement de M. Ri- caud,& je puis le citer ici après les julies éloges qu’en a fait l’Auteur des Amufemens du Cœur & de l'EJ'prit. * parement par Volume , chez Michel Lambert , Libraire , rue de la Comédie Françoife , au Pamafle. LES DISPUTES DES PHILOSOPHES ET DES ARTISTES MODERNES. Z********************* * ARTICLE VI Réponse aux Extraits du Journal de Verdun , des Mois de Février &" Août 1752. E ne ferai pas embarralTé à remplir cet Article, fi les Journaliftes continuent leurs attaques j ils me fourniront allez d’occafions pour occuper les Phy- ficiens qui prennent part aux Dispu- tes qui le font élevées , d’une part en- tre les Newtoniens , & de l’antre, entre les Oviparilles & mot. Année 17 j 2 }Tom. II, IV. Rien en effet n’cft plus intéreflant que de fçavoir fi VAuraftion ou Ylmpul- fion des Corps forme tous les mouvemens de la Nature , 8c fi les Animaux pré- éxiflent les uns dans les autres à l’infini, dans les Ovaires des Femelles ; ou s’ils s’engendrent lors de l’accouplement dans les Vèficules feminales des Males. Je crois que de toutes les Queftions cel- Partie. H T f8 Observations sur l’Histoire Naturelle, les- ci font les plus néceffaires à éclair- phes, les uns la diftinguent & l’affo- cir : car elles forment la Baze de la Phyfique & Je l’Hifloire Naturelle , d’où je conclus que pntfque je foutiens un Sentiment fi oppofé à celui de pref- qtie tous les Phyficiens , il ell im- poiïible de concilier ma Philofophie avec celle de ceux qui me contra- rient J & qu’il faut que nous nous con- tredirions fans ce de jufquà ce que l’on fçache qui efl-ce qui a raifon. Je répondrai en peu de mots à l’at- taque du Journal de Verdun ; parce qu'il n’efl point encore queflion du fait. & que l’Auteur de ce Journal, n’attaque que la forme. cient avec la Matière Ethérée, la Ma. ttére Electrique , la Matière Magnéû. que Sc celle du Tonnerre : Ceux-cf la font émaner du Soleil & des Etoiles en un certain efpace de tenis. Les au. très la divifent N la fltBdivifent en une infinité de Compofés.- 11 femble ce- pendant qu’elle cil Momentanée ,’qu’eUe cil [impie & Universelle . & qu'elle feule catife tous les accidens N tous les Phé. nomcnes qui paroillent dans la Nature II faut donc convenir , contre l’Opi.' nion de M. B * * * , que la plupart fa Philofophes n'ont par connu la Lumière s’ils lui donnent des qualités qu’elle n’à. pas, &. lui ôtent celles qu’elle a. 2°. En ce (pii concerne la Lumière. La Lumière qui nous éclaire n’efl point encore connue , elle reluit cer- tainement dans les ténèbres & forme avec elle toutes les couleurs. C’efl à tort qu'elle a été regardée jufqu’à pré- fent comme un Corps femblablc à tous les autres, & que l’exillance de l’Om- bre a été mife en doute : la Lumière & l’Ombre exilleut certainement. La première efl l’Agent du Monde , le Doigt de Dieu, avec lequel il effec- tue tous les monvemens de l’Univers: & l’Ombre ell la qualité des Corps en repos , des Corps paffifs , fur lefcjuels elle opère les merveilles que nous con- noilTons. Defcartes , comme nous avons vu , Etit fa Matière Êthèrèe de la Lumière & du Feu ; mais il ne connoit pas les autres propriétés de cet Elire Univer- fel. Newton ne la confidére que com- me un Elément commun qui ne fert feulement qu’à éclairer & à échauffer la J erre & les Planètes. l’anni les Difciples de ces Philofo- 2 °. En ce qui concerne l’impuljîon. Je ne parle pas ici de la différence qu’il y a entre l’Impulfion de Newton & celle que j’établis : cette différence ell allez bien démontrée dans mes Ob- fervations de Phyfique, ( furie Pau. lelle de la Philofophie Ancienne & Moderne.) C’ell fans raifon que M.. B * * * dit, ("dans le Journal de Fé- vrier 1712,) que je tache de remettre en Honneur l'impuljîon , que Newton U- tant d'autres Philofophes avant lui , avoient chargé de former , de concert avec l'Attrac- tion, la régularité & la précifton des grands Mouvemens qu'offre le Spettacle admirable de L’Univers. 30. En ce qui regarde la jujliftcatm dt L’Auteur. Je fuis autant fin-pris de la jufiiffca. tion de l’Auteur que de fou attaque: J’ai dit que M. B * * * n’entendoit pas les termes d’Optique, ( Février, page Su* la Physique et sur la Peinture. 10$. de fon Journal ) qu'il prenoit le Clair £r l'Ol’fcur tout tnfmlit pour l'Om- bre feulement ce qu’il ne nie point; mais il prétend aujourd'hui qu’ii a employé les propres termes dont je me fuis fervi dans la Préface du fécond Volume. Si cela eft , j’ai tort : car je nie cIc m’être jamais lcrvi d’exprefftons fi contradictoires. 4°. Concernant le Titre que l’on me.donne Copijle. À l’égard de l’imputation qu’il fait en difant , que je ne fais quelquefois que copier ce qui ejl imprimé ailleurs , com- me , par exemple dans les Mémoires de l'A- cadémie des Sciences. J’avertis les perfon- ncs qui n’ont pas lû les Obfervations de mon premier Volume, que dans tous mes Ouvrages, comme clans ce- lui-ci , je cite toujours en abrégé le Sentiment de ceux qui m'ont précédé , forfque la matière le demande pour ma juflilication , ou pour l’éclairci fl'ement du Fait ; mais f: je cite leurs Ecrits, j’y mets des Guillemets , ou je fais impri- mer les Citations en Caradcre Itali- que: J’annonce ordinairement que le palTage dont je me fers eft tité d’un tel l ivre ou d’un tel Auteur, & cela pour n’etre pas acculé de Plagiat. Je ne copie rien ; ce terme de copier les Ouvrages eft impropre , & ne peut s’appliquer à un Auteur qui le mérite li peu que mot, 1 ARTICLE VII. Lettre de M. G u y or à l'Auteur des Obfervations , contre l'Auteur du Jour- nal de Verdun. MONSIEUR , J’A l lù avec furprife la remarque qu’a fait le Journalille de Verdun fur mon Obfervation de la caufe de la variété des couleurs des Fleurs , que vous avez bien voulu inférer dans la I Ie. Partie de vos Obfervations. Dans ton Journal (du Mois cVAoût de la préfente Année, page 105.) il avance que je propofe des Expérien- ces à faire , qui l'ont déjà été avec fuccès ; ce feroit de femer par bande des fleurs de différentes couleurs O1 quife mélangeraient , dit-ii lors de la fécondât ion de s Graines par le tranfport de la femence qui voltige dans l’Air. Ce qui n’eft point conforme à l’Article VII. de votre Hilloire Natu- relle. Je n’avance point dans cette Obfer- vation qu’il falloit femer des Fleurs de différentes couleurs : au contraire , je dis que , lorfqu’on fetne , on ne fçait quelles couleurs produiront les Grai- nes , & j’ai propofé de planter fépa- rément des Fleurs de couleurs connues, & d’en femer enluite féparement les Graines , afin de parvenir à avoir des Fleurs des couleurs compofées de cel- les que l’on auroit fait fleurir. J’ai fait depuis une partie des Expé- riences que j’ai propofees , qui con- firment mes conjectures , defqueües Expériences je vous prierai de faire part au Public , ainfi que des Obfer- vations Microfcopiques fur Içs Pouf- fiéres des Etamines, Je fuis , &c. Signé . G U Y O T. Hij Observations sur l’Histoire Naturelle, ÿ® LES SECRETS DES ARTS ET LES NOUVELLES DÉCOUVERTES, *$3SM; ^5:v.vXî5S' ' 4r S Ti-'t à~ *£ O U S avons donné dans A les Secrets des Arts, de la Troifiémc Partie du Pre- *J* mîer Volume, la façon de faire le Lavis , & de cou- N cher les Couleurs fur le Verre ; nous avons donné aulTi la manière de com- poferles Couleurs. Les Perfonnes in- telligentes jugeront bien que du mê- I mge de ces Couleurs , ou en peut compoleruue infinité d’autres & for- mer toutes les Teintes convenables à la Peinture: il s’enfuit de-Ià qn’il faut fçavoir deffiner & peindre pour exécu- ter l’Art de peindre fur Verre. Les Anciens Peintres Verriers , ou Vitriers , avoient obtenus de nos Rois les mêmes Privilèges dont jouilTent les Nobles ; (ans doute à caufe de la Peinture que ces Antilles jolgnoient à la Verrerie. De-Jà s’en eft iuivi la Noblelle que confervent encore les Verriers, qui ne font cependant plus Peintres. Nos Anciens Vitriers ctoicnt Email- Icurs & faifoient même des Tableaux fur Verre. J’ai vu dans le Levant des Peintures Grecques de cette façon fort curieufes. J’ai connu un Papas qui pef. gnoitfnr Verre: il me fit préfei t d’une Tête d'Ecce Homo , fort bien delîinée & très-bien ca mêlé ri fée , peinte fur une Vitre que j’ai gardée long-tems à Mac. feille. Les Verriers Peintres commencè- rent à peindre en détrempe fur les Vi- tres; mais la Pluie & l'Humidité, \e Soleil même détruifoient leur Ouvra- ge : quelqu’un d’eux imagina dépein- dre avec des Couleurs plus lolides , ce qui donna tant de vogue à cer Art , de façon que toutes IcsEglifes de ce tems- là, plufieurs Palais mêmes, les Cloîtres des Religieux & jufqu’aux Chapelles de Villages , voulurent avoir leurs Fe- nêtres ornées de ccs Peintures, dont les Figurés n’étoient d’abord que pla- quées fuis dellein & fans goût. Ce ne fut que dans le commencement du XVI. Siècle que le bon goût commen- ça à prendre Racine & que la Pein- ture s’étant perfedionnée en France, les Peintres Vitriers commenceremà mieux faire , & à donner de très-beaux morceaux dans ce genre. Dans ce tems nos François excel-; sur la Physique et sur la Peintltke. 61 Icrent clans la Peinture fur Verre, & deflus du Plancher pour avbir la faci- U ri i * — furpaflerent les Peintres Verriers des autres Nations. N. B. On a oublié de dire dans l'Ar- ticle 1 1 1. du Secret des Arts de cette Année.’quelorfque lesC mleursétoient trop claires & fu'iettes à fe mêler tori- que l’on les appliquent à côté les unes des autres , il falloit tourner la Vi- tre ^ & les appliquer du côté oppofé. La pratique inftruira ceux qui en fe- ront les épreuves: on prendra la mê- me précaution à l’égard des Couleurs voilines qui fe mêlent dans la Cnitïon des Vitres. Déplus en parlant des Vi- tres du Cloître des B. U. P. P. Fcuil- lans de la vue Saint Honoré , on a cite Saint Jean de Dieu au lieu de Suait Jean de la Croix. Fourneau pour cuire le Ferre. Le Fourneau defliné à la CuilTon des Vitres colorées , doit être quarré , compofé de trois Pièces. On peut le faire aufii grand que l’on veut, & le proportionner à la grandeur des Carreaux de Vitre que Ton veut cuire. La première Pièce du Fourneau fera compofee de Briques cuites , bien ci- mentées, montées fur une grande Pia. Iité d’opérer. On y laide d’un feu! côte trois ou- vertures , la plus balle cil au-de!lus de la Plaque ; clic répond au Cendrier du Fourneau : ce Cendrier ell de 4 , ou ^ pouces de liant; il cil féparé de l’endroit où l’on met le Feu , dans tou- te l’ctendtic du Fourneau, par une Grille de Fer , que l’on cimente avec le Fourneau , ainfi qu’il faut pour lui donner la folidité convenable. L’Ouverture du Cendrier doit avoir 7 a 3 poucfcs de large , félon la gran- deur du Fourneau , afin que cette Ou- verture puifle donner de l’Air au Feu & permettre la fortie des Cendres. La leconde Ouverture doit répon- dre au Corps du Fourneau , lequel eft encore féparé du Creulet par trois ou quatre grolfes Barres de Fer, fur lef- quelles on pofe le Creufet : Cette Ou- verture , qui fertà palier dans le Corps du Fourneau le Charbon & le Bois que l’on met lurla Grille du Cendrier , elt ordinairement de 6 , ou 7 pouces de large, & de la hauteur du Corps du Fourneau , auquel on donne toujours cinq ou fix pouces. La troilicme Ouverture ell h plus étroite ; elle fe lait à b Cime du Four- neau fous le Couvercle : elle répond cme dp FW ,1» r . 1 ï a lc couvercle : elle répond deuv du F l’ir 1 onte de la grau- au Creufet, dans lequel on fait une autre m <£Ji 1 T : 5’"“nuc tv S,la- Ouverture, qui tepond à celle-ci. Ca.rc r î, deu* ou trots pou- Ouverture , feu a Taire les elîais , par Piancher ,? c!o,Sner îef quels on connoît quand lc Verre eft dZe ’aci 17. ,t''"m'a“;F-11= ",h & 'Jrf‘i“e !-•» Couleurs font fon- ' S FiZ au %"r0,“ d,,Ss & i»corpon!» au Verre. On don- z 1*t. ,°Tnare.“ p°-,cc * On fabrique les Murs du fourneau J,aut f“' I10l> °1' ïllltre dc fur cette Plaque, & on lie la Lonr a t’ le bas du Fourneau avec deux Cercle! °n vemiresnont des Por* de Fer. La hauteur du Fourneau doit î! fdü BnqUe? arv?c u‘l B°Ut0" P°«r eue en tout de deux pieds & demi au Lb einiLl 311 .be^oni* Le Creulet n-.ê- P demi au. me a une petite Porte à l’Ouverture 1 6 2 qui répond à la troifiéme du Four- neau. La fécondé P.éce du Fourneau eft un Creufet en forme de Boéte avec fon Couvercle. Cette Pièce efl quarrée & moins grande que le dedans du Four- neau: on la pote fur les Barres de Fer qui font au-delTus du Feu. Ce Creufet cil fait de façon qu’il ne touche point le Fourneau; & il laitTe une efpace de deux ou trois pouces , félon la gran- deur du Fourneau , entre le Creufet & les Paroys internes du Fourneau , pour laitier palier la Chaleur & la Flâtne tout autour. Ce Creufet doit avoir deux pouces au moins d’cpailTettr & ctre fait de Terre de Creufet d’une feule Pièce, ou de plufieurs , félon fa grandeur; c’efl dans ce Creufet que l’on met les Vitres les unes fur les autres ; mais ce- pendant féparées entr'elles par des lits de Chaux , comme nous le dirons ci- apres. Les Filais que l’on réferve font pofés vis - à - vis du Trou , de forte qu’on puifle les retirer du Cteulet Si & du Fourneau avec des Pinces. La troifiéme Picce du Fourneau cil le grand Couvercle qui couvre tout le Fourneau. Ce Couvercle efl fait de deux ou de trois Pièces de Terre à Creufet, incru fiée fur des Plaques de Fer: on le fait le plus épais & le plus lourd qu’il ell poflâble. 11 y a dans les quatre Coins de cc Couvercle des Trous vis-à-vis l’cfpace intérieur qui cil: entre le Fourneau & le Creufet ; c'ell par - là que fort la Flâme & la Fumée: ces Trous ont leurs Couver- cles particuliers que l’on ferme lorf- que la Fumée & la Flâme font dilïi- pces. Je crois que cette Dcfcription fuf- fit , & qu'il ell facile maintenant de faire conllruire de pareils Fourneaux , fans autre Modèle. Manière de préparer la Chaux pm cuire les Mitres. Prenez de la Chaux vive qui ^ point été mouillée: vous la ferez fon. dre feule; &: qu-™d elle fera refroj. die , vous la paierez par un Litige fin , aptes quoi vous la ferez cuireuÀç fécondé fois, & la pallerez encore de même. Comme il faut mettre le V erre dans h Creufet. Vous ferez au fond de votre Creu- fet un lit de cette Chaux, fur lequt| vous coucherez votre pièce de Verre où vous aurez étendu l’Email d’un cô-' té «Sc les Couleurs de l’autre : enfuite vous répandrez de la Chaux en pou. dre fur la Pièce de Verre, & lnet. tez ainfi toujours votre Verre entre deux lits de Chaux . il faut faire de même pour les Epreuves , qui let- vent à faire voir quand le Verre etl cuit. Comment il faut couvrir le Fourneau Cr à Creufet. Vous couvrirez votre Creufet avec fon Couvercle, auquel ii ne faut fer. re aucune O u vertu rc , & vous lutterez les jointures avec du Lut ordinaire t vous lutterez nufïi le deflus de votre Fourneau , lorfque vous aurez pôle le grand Couvercle , y lailTant cepen- dant les Ouverures des Coins libres, pour laificr fortir la Flâme & la Fu- mée. Je n’ai pas compté le Couvercle du Creufet comme une Pièce particu- lière du Fourneau j cela fait Partie du Creufet même. Observations sur l’Histoire Naturelle* sur la Physique et sur la Peinture. Comment il faut mettre le feu au Fourneaur Vom allumerez environ plein un Réchaud de Charbon , que vous pouf- ferez dans le Corps du Fourneau , en y joignant tout le Charbon nccelïaire & proportionné à l’etenduo du Corps du Fourneau : enfuite vous ôterez les Portes , à l'exception de celles du Creufet , pour bien allumer le Feu ; & quand il fera bien allumé , vous re- mettrez vos Portes , hormis celles du Cendrier , & lutterez bien le Four- neau , en forte qu’il ne reçoive de l’Air que par Ut Porte du Cendrier A les Trous du grand Couvercle. Le Feu étant bien allumé A pouf- fé avant dans le Fourneau , vous ['en- tretiendrez r en y pondant par l’Ou- verture du milieu du Bois fec, fendu bien menu , afin que le Feu fuit tou- jours bien clair. Vous refermerez la Porte de cette Ouverture à mefure que vous y aurez mis le Bois : celui de Cité ne n’y ell pas propre , parce qu’il brûle difficilement & qu’il pé- tillé trop. Ayant ainfi entretenir le Feu , environ douze heures , vous re- tirerez vos Epreuves par l’Ouverture d’en haut, en ouvrant le Fourneau A le Creufet y & li vous les trouvez bien conditionnées, vous retirerez le Feu , A laifferez refroidir votre Verre dans le Fourneau. Pour cet ellët vous re- boucherez bien le Fourneau jufqu’au Cendrier même , de façon qu’il n'y entre point d Air ; autrement les Piè- ces de Verre fe cafferoient. H ell inu- tile de dire que fi le premier Ellai que l’on retire n’eft pas alfez cuit ,. il faut attendre le tems convenable pour en retirer un autre; c’etl ce que la pra- tique enleiguera mieux que tout ce qu’on en pourrait dire». <5; ARTICLE VI. Maniere.de marbrer le Papier. ON fera donner un bouillon à une Pinte d’Eau : Payant retirée du Feu , on mettra dedans l’Eau , de la Gomme Adraaant , Tracacanthi , bien pure, pulverifée A tamifée, & on la laillera ainfi pendant 24 heures, re- muant de tems en tems pour faire d if— foudre la Gomme ; on mettra enfuite quatre Pintes d’Eau dans un Vaiffeau plus grand, A on y jettera la diffolu- tion de la Gomme Adragant , remuant bien avec un bâton , après quoi il faut JailTer repofer l’Eau 2 S heures. A 11 quelques grains de cette Gomme no- raient pas biendiffouds, ouïes écrafe- roit dans l’Eau avec les Doigts : ou palTe enfuite le tout à travers un Linge. Lorfque la Gomme eil bien fondue' A bien incorporée avec l’Eau , elle peut fe conferver long -tems, obfer- vant feulement de ne la pas préparer dans les grandes Chaleurs . ni dans les grands Froids. Lorlqu’on veut s’en fervtr , fi elle ell trop grade . A qu’elle ne porte pas- bien les Couleurs, on coule légère- ment par deffus une feuille de Papier pour la degraiffer. Ou fe fert ordinairement de fix for- tes de Couleurs pour faire le Papier Marbré. La première ell Rouge, que l’on prépare avec la Laque commu- ne , & pour la rendre plus Rouge, on y ajoute un pende beau Vermillon bien broyé. La deuxième Couleur ell jaune ;• c’ell l’Orpin qui donne un fort béait Iuilre au Papier. La troificme ell l’Orangé, qui fe fait’ avec les Couleurs précédentes.- HISTOIRE NATURELLE. OBSERVATION XXIII. Sur la Structure des Mufcles. Oeuvre pojlume de M. Duverney , Concilier , Médecin, Profejfeur d’ Anatomie ail Jardin Royal, & de V Académie des Sciences, ! c 3 ’ E morceau extrêmement ga- vant & curieux , & les deux | Obfervations buvantes m’ont iété remis par M. Duverney , Chirurgien Démonlbateur au Jardin Royal, av.ec qui j’avois etc allô- çic dans les Tables d’ Anatomie que je ~i — Il Anne'c 17 p,Tom. II. Partie. Vt donnai d’abord au Public, & qui fu- rent reçues avec tant de fuccès. Le Manufcrit que j’ai en ma potïelïion eft écrit de la main du même M. Du- verney , Neveu & Eleve de l’Auteur de ceue DilTertation , 3c de qui j’a» appris l’Anatomie. 66 Observations sur l’Histoire Naturelle , comme Bernoully regardent fa Fr j)re M u feule u fe comme une efpéce rrnrvilpmpnt t* „» » Je domine ce Traité ici, & l’Ob fervation fuivante , tels qu’ils font en- tre nies mains , fans y faire la moin- dre addition , & fans y rien rétratv- her. De la Structure des Mufeles en général. qui en fait le gonflement ce n’ejj que par hypothefe qu’on a attribué toutes ces differentes Figures à la fi. bre charnue , parce qu’on ne peut Ia déterminer précité ment par les yeux aidés même du Microfcope. 1 I.es Parties Tendineufes fontcom. pofees de Filets blancs , fermes, durs ferrés & élaftiques ; ces Filets fe fépal rentqifément, dans quelques Tendon» qu’on a fait tremper quelque temsdans l'eau, ou qui commencent à fepour, rir. Quelquefois les Tendons devien- nent o (leux , comme cela fe voit dans Jiti >a juuuuik VI,.- .a.,.— — - celui qui efl au milieu de la Rare du les uns prétendent qu’elles put la Figure Cœur du Cerf, du Boeuf, & ài’Hom- d’un petit Prifme à trois pans , coin- me,àmefure qu’il vieillit. Cela fe voit pofé de plufieurs filets , aufquels les aufli dans les Tendons des Jambes de Anatomilles donnent plufieursdifléren- plufieurs Oifeaux qui deviennent Of. tes Formes. Les uns veulent que chacun feux dans toute leur étendue , à la re. d’eux foit un aflemhlage de plufieurs ferve de l’endroit par où ils pa fient fur fïU triftlTT'ft mit laiflent entr’enx des iri- l*»c Arrirlpc r.omme on le remaroiip tre le mouvement "des Mufeles , fans fçavoir auparavant quelle efl leur Struc- ture > nous allons commencer par la décrire. Le Mufcle n’efl autre choie qu’un affemblage & un compofé do Fibres qu’on appelle Motrices. La Fibre Motrice efl ordinairement compofée de trois Parties , celle du milieu efl charnue , & les extrémités tendineufes. La Partie charnue efl la plus tendre & ordinairement de Cou- leur Rouge -, la Tendineufe efl la plus dure , & de Couleur Blanche. On efl fort en peine pour détermi- ner la St ru J ure des Parties charnues. fils trèfles , qui laiiïent entr’eux des in- tervalles de différentes Figures. Les au- tres comme Borelly , prétendent que chaque Fibre doit être confiderée com- me un Ciiindre creufé en Canal , & rempli d’une fubflance fpongieufe , & que ces Fibres s’entrelaffent de telle maniere quelles laiflent eutr’elles des elpaces en Lozangcs. Les autres enfin * Obtat nimia Fibrnrura Carnearum exilîta* iju* nimis veram earamdem Struduram oculi ptiam optimo Microfcopio armatis liceai iofpi- les Articles, comme on le remarque principalement dans les Coqs-d’Indej dans les Grtiës & autres. Les gros Tendons percent , ou pouf, fent, & s'enfoncent avec le Periofle, pour s’implanter dans l’Os même, le- quel efl toujours raboteux & inégal en ect endroit , pour rendre cette attache plus ferme. cere , liinc ideo racris conjeduxis cogiraunUtr qui. I sur ua. Physique et sur la Peinture: 67 Danstous les Mufcles, la Chair tient Pour concevoir une idée plus lieu de reffort, c’ell-à-dire , qu’elle a fenfible de ce Méchanifme, il n’y a la propriété de fe racourcir, & le Ten- qu’à Te reprefenter une longue Corde don lait l office dune llmple Corde ; attachée à un poids que l’on voudrait en cllct on voit par la Drfleâion des faire tirer par un grand nombre d'honi- Animauic vivans , que dans l’Aétion des mes, dans un chemin long & étroit : car Mufcles,, il n’y a que les Fibres char- nues qui fe contradent ou fe racour- cillent4 & que les Tendons au fqucls les Fibres font attachées , retiennent tou- jours leur même longueur fans aucun au lieu de les ranger de front , ce qui ne fe pourroit faire dans un fi petit ef- pace , on les difpoferoit en deux files aux deux côtés de la Corde. L’arrangement des Fibres en Forme o UC9 JL' lui Ci Cil F LfllllC changement dans leurs dimenfions , * de Plume , fait à peu près le inclue ef- & qu'ils ne font mouvoir la Partie à la- fet , chaque Fibre ayant fon point de quelle ils font attachés , qu’autant qu’ils force dans la longueur du Tendon. ( an r *r**/»c -I 1 r_ r'i.rt _ . ^ * lont tirés par les Fibres charnues qui fe racourciffent , & qui font l’inftrument immédiat & complet de tous les mou- vement des Animaux.. Cestrois Parties de fa Fibre Motri- ce ne font jamais une Ligne droite , «.nt. .11.. r J II f . C’el\ par ce moyen que la Nature peut mettre plufieurs Mufcles très-charnus les uns fur les autres, & aux côtés des Os , au lieu que fi les plans de Fibres étoient pofées les uns fur les autres à peu près comme des Cartes . le Ven- • ’ O — — 9 t wiiiiiiv ta l a , m les ^ y Cil' mars elles font dtfpofées de maniéré tre du Mufcle feroit épais & demande que fa Fibre charnue s’attachant par roit un grand efpace: ce qui ne peutfe chacune de fes extrémités à la Fibre trouver aux côtés des Os ou la Nature tendineufe lait des Angles alternatifs efi obligée de ménager l’efpace pour °P,p0'Cü-i t. .. placer dans un petit endroit, un très- . . , * lbres charnues f°nt arrangées grand nombre de Mufcles. D’ailleurs inégalement dans chaque Mulcle : de ces gros paquets de Fibres, ainfi entaf- maniere que pour l’ordinaire le plan fés les uns fur les autres , rendraient les des Chairs a la Figure d’un Rhombe , Parties difformes & monftreufes. ou d un Rhomboïde, & les Tendons Après avoir déterminé quelle efi la 3 nfomn,- CC e d l'n ,T Tr ’ & ^ StrUaUre de ia F.bre MoUice , il efi fom nh î; ’ mT PMS de ,f°rCe elles aifé de Concevoir ce que c’eft qu’un gen d aflembkr plufieurs de Mufcle , puifqu’iln’eft autre chofe qu’un e £a"St ’ ,e,lles l*ur donnent à peu près compofé de plufieurs couches de ces __ ,*r C Plume .dont les barbes memes Fibres. Quand elles fe placent r t "X pli“'s dc‘ F;i’"s >“ u,,'s “ c4,i d's “>«> dl« «I font c arme. ,& le Tuyau le Tendon mi- la largeur ,ordinem [eu latitudinem & en -qiU ,clant ordl Virement grêle fe plaçant les uns fur les autres elles en & délie , n’occupe par fon inferüon font l’épaiffeur eues en ttCS-pe,,t aCC f“r le C“'P* d= , O" aiflingue chaque Mut cle trois Parties , fçavoir . celle du mir îvô mïtu? 0™mMufCUlUm ^ * motus>olonUrÜ mO a Fibra Motrice, hinc , nonnulU malè S ‘ I ij (6S Observations sur l’Histoire Naturelle, Heu & Tes extrémités. Celle du milieu ell charnue & forme ce qu’on appelle fon Ventre • fes extrémités font les deux Tendons qui font oppofés l’un à l’autre. Les anciens appelloient la Tête la portion du Mufcle qui étoit attachée à la Partie qu’ils croyoient iintnobile ; & la Queue celle qui étoit attachée à la Partie qu’ils s’imagi noient être toujours mobile. Ils ont formé plufieurs difficultés fur les noms de Tcte & de Queue; mais on doit regarder ces queftions comme inutiles ; 8c pour éviter d’y tomber , il n’y a qu’à fe fervir toujours des mots d’extrémités dire, par exemple, qu’un Mufcle elt attaché par une de fes extrémités à telle partie d’un Os , & par l’autre à un autre endroit : car bien fouvent la Partie qui ell im- mobile dans une fituatron , devient mo- bile dans une autre. Datas un même Alufcle toutes les Fibres charnues font égales & paralfelcs. La raifon de cet- te égalité ell évidente ; parce que ces Fibres étant comme autant de relions, elles doivent feracourcir toutes égale- ment ; afin de fe fortifier & s’entraider dans leurs fondions; au lieu que fi elles étoient inégales , les plus courtes feroient non feulement inutiles ; mais elles empccheroient même le mouve- ment des autres. Toutes les Fibres charnues dans un même Mufcle (ont égales ; mais celles quicompofeut les Tendons, font dif- pof.es de telle maniéré que la plus lon- gue d’un Tendon répond à la pluscourte du Tendon oppofé.On voit parla qu’un Tendon quelque délie qu’il puille être renferme autant de filets qu’il y a de Fibres charnues. II y a un nombre prodigieux de Fi- bres Membraneules qui font implan- tées dans les Fibres charnues, elles naiffent de la Membrane propre Mufcle. Ces Fibres font parallèles en- tr’elles , & entrecoupent tranfverfale. ment les Fibres charnues 8c les l!ent étroitement. Chaque Mufcle a fon enveloppe p3r. ticuliere , qui eft formée par un tüfr, ferme Sc ferré , & de laquelle naifTcnt le? Fibres Membraneufesdont on vient de parler. Cette Membrane tient en état les Fibres charnues. Quand un Tendon fe dilate en for. me de Membrane , on l’appelle Mm. braneux , c’ell pourquoi un des Fié- drille u rs de la Jambe eft appelle demi Membraneux. Quandil ell rond comme- un Nerf, on l'appelle Nerveux , tel eft un desFléchilIeurs de a Jambe qu’on nomme demi Nerveux : c’ell là le lan- gage ordinaire. Maisiorfque les Fibres tendineufes s’cpanouilïent on nomme cette dilatation Aponévrofe , comme à l’avant bras , ou au Fafcialata ; & lorf- qu’on voit que fon Ventreelldillingué en deux ou trois Parties, par des Li- gnes tendineufes , on les nomme in* ter ferions , comme cela fe voit dans les Mufcles droits. Si tous ces Mufcles n’étoient rete- nus Amplement que par leur Membra- ne propre , dans les aéïions violentes, ils s’écarteroient les uns des autres & fe jetteroient en dehors; ce qui caufe- roit des gonflement qui renJroient la furface des Parties inégales. Cotte en- veloppe ne fort pas feulement d’en- veloppe , elle fournit encore plu- fieurs allongemens , qui comme au- tant de cloifons , féparent & diftin- guent les Mufcles , de la Partie où elle fe trouve. Chaque Mufcle ell parfemé d’un très-grau J nombre d’Artéres , de Vei- nes &c de Nerfs , qui percent indiffé- remment le Ventre du Mufcle; tau- sur la Physique tôt en un endroit , & tantôt à l’autre ; félon la (iiuation & la route des Vaif- feaux , d’où elles tirent leur Origine. Quand elles font entrées dans le Muf- cle , elles fe partagent en mille petits Rameaux q lifera ni ient Je telle maniè- re fur la furfacc de chaque Fibre char- 11 lié j qu'ils y font un Rezeau , ou Lacis, qui la couvre entièrement. On voit auiïi un très-grand nombre de V aideaux Lymphatiques qui naifie it de la Mem- brane propre de chaque Mufclc. Cou- per prétend avoir obfervé , \ par des injeftions mercurielles , que les Artères capillaires s’ouvrent dans le tiflit V èfi- culairc des Fibres charnues. C’el\ par l'abondance du Surtg dont ces Fibres font imbibées., qu’elles re- çoivent cette Couleur rouge, qu’on ap- pelle communément Couleur de Chair. Cela cil fi vrai qu’à mefure qu’on fe- ringue de l’eau tiède dans un Mufcle & qu’on en ôte le Sang , fes Fibres de- viennent pâles & blanches, c’eft une des raifons qui a obligé quelques Ana- tomiftes à foutenir que les Fibres char- nues font de la même nature que les I* ibres tendineufes,* & qu’il n’y a point d’autre différence , fi non que les char- nues font plus propres à s’imbiber de Sang & d’efprics , & les tendineufes plus ferrrées. Mats je fuis perfuadé qu’elles ont les unes & les autres une Strufture très- diifcrente , ce qui (e remarque allez par leurs effets : & d’ailleurs quoique les ribie^ charnue j fuient étroitement attachées aux tendineufes , elles eu peu- vent cependant être féparées pa\ la Cuiflon. On a dit que chaque Mufcle a deux Tendons oppofés, cependant il s'en ti ouve qui paroiflent n’en avoir qu'un feul : dans plufieurs Mufcles une des extrémités parait toute charnue , ix t.r sur la Peinture.- 6$ tient immédiatement aux Os voifnis ; ce qui prouve que ce ne font point les Tendons qui fervent au racourcilfe- ment des Mufcles. & qui en font le mouvement , mais feulement les Fi- bres charnues. Ce que nous venons de dire, qu’il y a des MulcleSjdont les chairs foin immé- diatement attachées aux Os, nous donne lieu de mieux faire concevoir quel elt le véritable ufage de la Chair & des Tendons. Cela fe voit dans plufieurs Mulcles qui couvrent le Crâne , l’E- pine , les Omoplates , les Os des Iles; & dans prefque tous ceux qui fervent aux mouvemens des Doigts, des Mains & des Pieds -, parmi lefquels il y en a quelques-uns qui n’ont point de Ten- dons. On pourrait dire alors que le Mufcle n’a ni Tète ni Queue, pour parler félon le langage ordinaire , puif- que fon Ventre ou fa Chair font immé- diatement appliquées par fes deux ex- trémités aux Os voilins. J’en remarque un principalement dans i’avant-Bras , qu’on nomme Quarrc à caufe de faFi- gurc, & qui fert à tourner la Main contre terre, ce qu’on appelle prôna-, tion; & unantre à la Cuille qui fert à l’ccarter & à la porter en dehors qu’on nomme aullrde même nom à caufe de fa Figure, il y en a nombre à la Fa- ce, &c. Si l’on confédéré que les Mufcle» qui n’ont point de Tendons , ne laif- fent pas de faire mouvoir les Parties aufquelks ils font attachés , on re- connoîtra facilement que la Fibre char- nue eff la Partie effentidle du Mufcle^ & que le Tendon qui n’ell qu’une Corl de, nelurei! ncceflitire que pour évi- ter certains inconvéniens. D’autre part fi l’on fait réflexion que plus une Fibre charnue a de longueur plus elle efl capable d’un grand racouw- cillement. L’on ne s’étonnera- plus de 7© Observations sur l’Histoire Naturelle * ce que certains Mufcles font fans Ten- la Partie charnue de ces Mufcle» 1 - - _ rïrtnt ravant.KMe ■ dons aux endroits de leur Origine-; parce que la Nature qui veut ménager le peud’efpace , où le Ventre du Mnf- clc doit être renfermé ^ donne parce moyen à la Fibre charnue le plus de longueur qu’il lui efl polTible. Si l’on demande pourquoi donc tous les Tendons ne manquent point dans tous les Mufcles; ileflaifé de repon- dre que comme il en a fallu placer plu- fieurs dans un très-petit efpace , 8c les placer commodément ,h tous les Muf- cles étoient fans Tendons , 8c que leurs Chairs fuflent immédiatement ap- pliquées aux Os , comme elles ont la plupart un volume confidérable , elles occuperoient un très grand clpace fur le Corps de l'Os, lequel ne pourroit fer- vir qu'à l’attache d’un très-petit nom- bre de Mufcles. f . D’ailleurs li tous les Mufcles étoient fans Tendons , & que leurs Chairs fuflent continues jufqu’aux Parties qu’ils doivent'mouvoir ; comment feroit-il poflible de renfermer dans des efpaces aufli étroits, que font ceux qui fe voient en divers endroits de l’Animal, tous les rellorts qui y font contenus en très- grand nombre; au lieu que par l’ar- rangement N l’ordre établi , lesVen- tres des Mufcles diminuent prefque tout à coup, & dégénèrent , pour ainfidire, en Cordas polies , & ordinairement déliées; ce qui donne une facilité mer- Ycilleufe à ces Cordes , ou Tendons , toute placée dans l’ayant-Bras ; nça„. moins fuivant les loix de la fituation des autres Mufcles, elle devroit être attachée apx Os du Métacarpe ; mais ces différais pelotons de Chair au_ rorent rendu la Paume de la Marnjnj. gale & pleine de bolfes , & par Coa> féquent mal propre aux ufages p0„t' Iefquels le Créateur l’a dellinée. Les Tctes charnues de tous Cet Mufcles paroiffent immédiatement at. tachées au x Os du Coude, ou du Ray0n. ce qui rend leurs Fibres charnues pltj longues , & par conféquent capables d’un plus grand racourciffement : Or cela étoit très-utile , les Doigts f0r! niant des Flexions & des Extenfionj très étendues dans leurs divers mouve. mens. Ces Chairs par leur autre extrè- mité fe terminent vers le Poignet ea Cordes déliées qui palTem par-dellus & par-delTous la Paume de la Main, fans altérer fe Figure qui doit être piatte & polie, pour fe pliet en creux , & e ni b rafler commodément les chofes dont on a befoin. Les Mufcles fe divifent en fimples & en compofés. On appelle fimples, ceux qui n’ont qu’un Ventre & deux Tendons. On appelle compofés ceux qui ont plulieurs Ventres , Sc donc chaque Ventre a fes Tendons , de#, à-dire , celui qui efl compofé de plu, fieurs Mufcles fimples. 11 y a plufieurs fortes de Mufcles TCUICIUC et i v- , vu avuviuu», xi y « pour couler entre les Mufcles , par où compofés. Le moins compofe elt ce. s. n .-.IrlT.-i- Ife 1111,‘s fur lui dnnr l’un des T ClldoilS venant 4 elles pafient, & à glilTer les unes fur les autres ; à fe percer mutuellement & à faire un chemin fort loti" , fans embarrafler les Parties entre lesquelles ils s’inlimient. Tous ces avantages font fort fenfi- bles dans l’arrangement des Mufcles qui fervent auxmouvemens des Doigts: lui dont l’un des Tendons venant à fe partagerai deux, embralle les cô- tés du Mufcle , l’autre paiïant par le milieu du Ventre reçoit les Filets, des deux plans de Fibres charnues dont il efl compofc. 11 efl inutile de parcourir les a«4 très différences des Mufcles compofés, sur, la Physique et car on ne les peut faire fentir que par l'in fpeétion de la Partie même. Il faut encore remarquer que la Ion- gueur des Fibres d'un Mufcle , ne doit pas toujours fe mefiirer par la longueur de fon Ventre, car il y en a qui ont tin Ventre très-long dont les Fibres font néanmoins très-courtes. Longitu- do Fibrarum dut inagnitudinem motus , G* Itrtvitas G* multitudo Curum dut vires. Oeil -à-dire, la longueur des Fibres charnues (ait la grandeur du mouve- ment , parce que le chemin d’une Fi- bre qui parcourt une Partie du Mufcle, ell toujours proportionné au racour- cifTement de ce Mufcle; & le grand nombre des Fibres augmente la force, & fe proportionne à l'étendue. Quand plufieurs puilfances agiflent enlemble, elles tircucavec plus de for- ce , c’cil pour cela que les Mufdes Crotaphitcs font (i épais, c’efl auffice qu’on obferve dans le Gizier dés Oi- feaux & dans le Cœur de tous les Ani- maux ; mais on obferve encore mieux cette force dans le Deltoïde. Conclulïon, les Mufcles qui fervent à nos mouvemens ont encore des diffé- rences trcs-con fi dé râbles , foie pat leur grolTeur , foït par leurtilTu, foit par leur configuration , foit à raifon de ï endroit où ils s’implantent, lequel dans les uns elt plus éloigné du point d’appuy , 8c i’eil moins dans les au- tres. A l’egard de leur gr odeur elle eR vt- flbIe dans les Mulcles qui fervent au mouvement des Mâchoires : dans les Animaux carnaciers , par exemple , les feuls Mufcles Crotaphites , outre 'leur «tendue très- conlidérable, ont dans j lîr n?~'eu trois grands pouces g epaïueur. i ïr^ 'a force occafionnée par le tiITu des Mufdes, elle paroitdans le sur la Peinture. 71 Cïizier des üileaux , dans le Coeur des Animaux , mais principalement dans le Cœur humain , dont les Fibres , outre leur tilfure ferrée, s’entrelaflent les unes fur les autres comme les fils d’un peloton , ce qui en augmente la fermeté & l’ElaRicitc. Quant à la configuration , je parle de l’intérieure , elle eft vifible dans le Deltoïde, ce Mufcle occupe un afiez petit efpace au defïiis de l’article du Bras ; cependant il eR compofé de dou- ze Mufcles Rhomboïdaux.dont chacun eR form ; d’un très - grand nombre de petites Fibres. Pour rendre fenfiblc l’a&ion de ce Mufcle qui eR deRiné à lever un poids très conlidérable, il faut fe reprefenter plufieurs forces , difpofées en douze fi- les de chaque côté, rangées artiflement de façon que chacune d’elles puille ti- rer la Corde qui eR au milieu pour attirer le poids attaché à cette Corde. Voilà ce que fait à peu près l’arrange- ment des Fibres qui compcfent les dou- ze Mufcles du Deltoïde , la Nature fe fert de cet ordre pour mettre en jeu en même tems un nombre trcs-conlî- dérable de Fibres , qui joignent tous leurs eflorts fur un feul point pour ti- rer d’un même fens le Tendon qui Rap- porte un grand efibrt. Examinons à pvéfent comment fe fait le mouvement des Mufcles. Les Ana- tomiRes Modernes dUlinguent ce me femble alTez bien les mouvemens qui fe font en nous, en purement més/umiques, de en méchaniques volontaires. Les premiers font ceux qui fe font par la feule difpofition de la Machine , comme le mouvement du Cœur , des luteAins, de la Veffic 8c c. Les derniers font ceux qui fe font par le commandement de l’Ame , à la- quelle la Machine obéit , ainfi que le 2 Observations sur l’Histoire Naturelle.' mouvement des Bras , des Pieds . de la Tète & du refte du Corps. L’Ane elt la Maitreffe de ces mouvemens , parce qu’elle dirige les efprits dans les Mufcles; mais fi cette diftribution d’ef- prît fe fait fans fa participation , le mou- vement devient involontaire. On n'appelle jamais volontaires les mouvemens qui font purement mécha- niques , parce que le cours des efprits dans les Mufcles qui fervent à ces mou- vemens n’ell jamais fournis à la volon- té. Quand ces mouvemens purement méchaniques font déréglés . on les ap- pelle Amplement Contre-nature & Con- vuljlfs. lis font nommés Contre-nature, quand ils font plus vites ou plus lents , plus forts ou plus petits que dans l’état naturel , & Convulfifs , quand, outre quelqu’un de ces defauts f ils ont en- core celui de fe faire d’une maniéré différente de la naturelle, ou qui lui eft oppofée . par exemple , le mouvement du Cœur & des Artères efl Amplement Contre-nature dans la Fièvre. «St C011- vullîf dans la Palpitation , & ainfi des autres, La Refpiration n’efi point un mou- vument compofé comme on le dit com- munément, Il eft purement méchani- que dans ceux qui refpirent fans y peufer, & volontaire dans ceux qui y font attention , parce qu’on peut l’ac- cellerer ou le retarder. Il efl à remarquer que les fonflions Animales fe font quelquefois en nous fans que l’Ame y faffe aucune atten- tion , ou fans qu'elle y falle réfle- xion. La différence qui efl entre ces mou- vemens, efl que les uns font continuels , & que les autres ne fe font que dans cer- tains tems, comme ceux des Paupières. Lorlqu’on obferve un Mufde qui eft dans fa contraétion , l’on remarqua en premier lieu qu’il efl dur; cette J,, reté augmente par la durée de l’afiion ou par la foule augmentation du p0i<]s fans que le mouvement augmente ! comme il arriveau Bras qui denieurç toujours dans la même (anation; Ce Phénomène eft fort beau & mérite at. tention. Deuxièmement , on reconnoît au Mufole un gonflement très-confidéra. ble , troiftémement il change de Cou' leur. Il efl bon de dire que quoique [s mot de Fléchilïeur convienne dans nombre d’occafions, par exemple arj Coude , il peut auffi -bien devenir F|.. chi fleur du Bras , fuivant les différentes attitudes , ainfi des autres , cependant il faut s’accommoder au langage vut. gaire , & avertir fou Leéieur. Les Organes immédiats de tous nos mouvemens font les Fibres Motrices; non feulement celles qui conipofent les gros Mufcles, qui fervent à remuer les Bras , les CuilTes . &c. mais enco. re celles qui aident à former les Par. lies qui fe meuvent, indépendamment de ces mêmes Mufcles , telles que font l'Eflomach , les Inteftins , la Matrice, les Uretères, la Veflîe, les Glandes, II en faut excepter les Artères , dont la dilatation dépend uniquement de rimpulfîon du Sang que le Cœur jr pouffe , fit le refferreineut , ou la vertu élaftique de leurs Fibres , qui ont été tendues au moment de leur Diallole, Il eu faut encore excepter les mouve- mens qui fe fiant par le rellort natu- rel ou des Ligamens , ou des Cartila- ges , comme auffi les Gonflemens qui arrivent à certaines Parties par la dif. pofuion de leur tiffu Véficulaire , & l’abondance du Sang & des Efprits qui y coulent eu certaines rencontres, tels Clitoris , du Rets admirable & du Va- gi"- OBSERVATION XXIV. De la Force desMufcIes. Par M. Duverney . Auteur de la précé- dente Observation, sur la Physique et sur la Peinture. 75 font les gondemens de la Verge, du Ofleufes qui font articulées par Genou le Centre du mouvement efl au milieu de la Boule , & que dans toutes celles qui font articulées par Ginglyme ce Cen- tre ell dans toute la longueur de l’Axe qui palTe par les deux extrémités Cy- lindriques de l’Os. Cela nous peut donner lieu de faire ici une réflexion qui ell que la grande dilatation des extrémités des Os qui forme les Epyphyfes.fert à augmenter la force des Mufcles : & pour le bien comprendre , U n’y a qu’à remarquer , premièrement que les Tendons des Mufcles font toujours implantés autour des articles. Cela étant , puifque plu* fieurs Puidances appliquées à des Le- viers ont d’autant plus de force , que leurs direélions font plus éloignées de l’appui de ces mêmes Leviers , il s’en fuit que les extrémités des Os étant fart grolTes , & les Tendons des Muf- cles palfant par deüus , leur force ell d’autant (plus augmentée, qu’ils font par ce moyen , plus éloignés du Cen- tre de leur mouvement: dc-là il arri- ve que quoiqu'un Tendon fe trouve couché fur la Tête d’un article, il efl: pourtant toujours éloigne du Centre de fou mouvement du demi Diamètre de cette Tête . comme on le voit dans Paétion du Fléchifleur du Coude : & comme il arrive qu’à mefure que le Coude fe fléchit jufqu’à un certain point, la Ligne de direéiion des Flé- chüTeurs s’éloigne de l’appui, cela fert encore à augmenter la force. On demande pourquoi les Tendons s implantent dans la Partie de l’Os qui ell voiline de l’appui. Il paroit d’a- bord étrange que la Nature les ait pla- cées fi proche, puifqu’en les pofant vers l’extrémité de l'Os qui doit être mû , elle auroit pu mouvoir les poids avec beaucoup plus de facilité. r" K D A N S la plupart de nos mouve- mens , la Nature fe lert des Os comme d’autant de Leviers , ce qui augmente l’effet de la force des Muf- cles. Dans les mouvemens des Bras & des Cuilles elle employé le Levier de la troiliéme efpéce ,qui efl celui où la puif- fance ell au milieu. En effet l’article du Bras, par exemple , ell comme l’ap- puy du Levier, le lieu de l’infeition du Mufcle efl l’endroit où la Puiflance pofe ; & l’extrémité oppofée , c’ert-à- dire, le refle du Bras, ou de l’avant-Bras ell le fardeau fur lequel la Puiifance agit. Or , il efl certain que plus l’endroit où la Puiifance agit, cil éloigné de I appui, & plus elle a de force pour agir & pour remuer le fardeau. Pour mefuter cette diftance , il n’y a qu’à vo,r quelle efl la Ligne de direéiion des Mufcles , & tuer une Perpendicu- laire du Centre du mouvement à la Li gne de Direéiion , c’ellla longueur dë cette Perpendiculaire qui marque cet- te dillance. L’on demande dans quel endroit precifement de l’article ell Je Centre du Levier. Pour le bien déterminer , il faut re- marquer que dans toutes les pièces avec Année 1752, Tom, II. Partie. V , Observations sur l’Histoire Naturelle Il efl aiféde taire voir que la Natu- re ne pouvoit les placer avec plus de juflelïe: car fi, par exemple les Flé- chi fleurs du Coude étoient près du Poignet , le Coude ne pourroit faire une autfi grande flexion; ainfi qu’il efi ncceflaire en plufieurs occafions : il faudrait pour lors que le Mufcle Fié- chiffeur fe racourcit plus des trais quarts, ce quiell impoffible; puifqu'ou peut démontrer qu’un Mulcle dans fa contraélion ne fe racourcit qu’environ de la troifiéme Partie de la longueur qu’il a quand il ell étendu. D ailleurs fi les Mufcles s’implantoient aux Par- ties des Os les plus éloignées de l’ap- pui , le Bras & la Main deviendraient diformes, parce que ces Mufcles dans leur contraélion fe jetteraient li fort en dehors qu’ils occuperaient toutl’efpa- ce qui etl entre l’extrémité du Coude & le Bras : ce qui rendrait ces Parties non-feulement monflrueufcs , mais en- core incapables des mouvcmens aux- quels elles (ont dellinées. Déplus, li les Mufcles Fléchi fleurs du Coude aboutilfoient près du Poi- gnet leur Ligne de direétion ne ferait pas plus éloignée de l'appui que dans ia fituation où ils font. Ainfi ils fo- raient obligés de faire le môme effort pour commencer à Hcchir le Coude, qu’ils font dans la fituation qu’ils ont. Enfin comme il faudrait qu’ils fiflent une très-grande contraélion , il faudrait autfi employer une très-grande quan- tité d'efprits, ce qui ferait une depen- fe inutile. On j voit par tout ce qui a été dit , que la tnécnamque dont la Nature fe feu dans l’inlertion des Mufcles con- 11 lie à bien choifir le lieu de l’iofer- tion en la mettant le plus loin qu'il ell polfibie de l’Articulation , quand une grande force ell neceffaire. Ainfi les Mufcles qui font employés atij mouvemens de la CuilTe ont leur in. fertion fort éloignée par la fituation ces éminences qu’on nomme Trochai. ters : Outre cet éloignement , la ^ ture donne à ces Mufcles une épaifléyç trcs-confidérable. Plufieurs Fibres mile; en contrac- tion tirent avec pfirs de force1, f, |4 Partie doit parcourir un grand efpaCe elles font autfi mouvoir l'extrémité op! pofée à Pappui par un chemin pfoj court: c’efi pourquoi la Naturea cou. tume de ménager h fituation de lin. fertion des Mufcles , de façon qœ ]3 force fuffife à l’éloignement de l'jn. fertion , & que l’efpace que l’ex. trêmité oppofée Je l’Os parcourt, f0jj autfi fuffifant & convenable ; l’exemp!e de mouvoir la Mâchoire va faire fentir ce qu’on vient de dire. La mcchanique de la Mâchoire con. fille en deuxehofes, premièrement à ménager une encrée convenable aux alimens dont fe (ert chaque elpèce d’A- nimaux deuxièmement à donner aux Mufcles qui fervent à les broyer .une force convenable & fufffiante. Pour bien entendre cette mcchanique , il faut remarquer que l’Os de la Màchoi. re ell aufii une efpéce de Levier dont l’appui ell à l’endroit de fon articula, tion , que le lieu de l’infertion 4 Crotaphite ell l’enJroit où la puiffm. ce agit , & que l’exrêmité oppnté j cet article cil U Portion de la Machoi. re qui contient les Dents. Par-là on voit que pour proportion, ner l’enme de la Bouche à la grolf.-m de: alimens , la N uure cil forcée de placer les Mufcles plus ou moins près des appuys Dans l’Homme , par exens pie, iis font affoz proches parce qu il falloit laiffei à la Bouche la ifaerté de s’ouvm autant qu’il cil nccdluire. Mai* sur la Physique et sur la Peinture. en récompenfe elle en augmente l.i force par l’épaifleur& le nombre des Fibres charnues , dont chaque Mufcle ell compofé , & par l’inftinft qu’elle a donnée à l’Homme elle veut le fléchir, elle élargit les Nerfs du Fléchifîeur, ou rétrécit ceux de fon Antagonifte, ou bien elle fait l’un ou l’autre en même tems. Premièrement , en élargiffant les Nerfs du Fléchiffeur , les Efprits y coulent plus abondamment qu’à l’ordinaire; ce qui fait qu’il l’emporte fur fon An- tagonifte , quoiqu’auffi fort qu’aupara- vant : à peu près comme les Baffms d’une Balance également chargée d« part 8e d’autre ; fi on les furcharged’un côté de ^quelque poids t ce côté l’em. sur la Physique et sur la Peinture.' Sj porte fur l’autre dont on n’a rien ôté: & Mais ii ce rctrécillèment & cet élar- tyiéme la dilïerence de leurs poids eft gilTementdes Nerfs font inégaux ,com- çgale a l augmentation de celui qui me ils le peuvent être en une inimité l’emporte iur l’autre ; auffi la diilérên- ce des forces des Muicles en ce cas eft égale au lurcroit des Efprits qui fur- viennent au Fléchiireur. Deuxièmement , en retrécillant feu- lement les Nerfs de l’Antagonifte du Fléchilïeur, les Efprits ycoulent moins abondamment qu’auparavant; & la di- minution qui s’en fait, regorge dans le Fléchilïeur. Si les Branches des Nerfs qui vont à ces Muicles ont quelque Tronc commun , hors le Cerveau, comme l'exemple le démontre , alors le FléchilTeur l'emporte fur fon Anta- goniilc à peu près du double des Ef- prits, ou de la force que celui-ci a perdue. _ Mars li ces Nerfs n’ont de commu- nication qu’avec le Cerveau, le re- gorgement , ou du moins l’épargne , qui s’y fait des Efprits que perd l’An- tagonifte dn Fléchilleur du Coude, le répand a peu près également dans tous les Ncrls du Corps , comme le re- gorgement d’un Canal dans fon Badin fe répand dans tous les autres Ca- naux. Troifiimemtnt , fi enfin en même tems que l’Ame élargit les Nerfs du Fié- chitïeur du Coude , elle rétrécit ceux r,^rUnuAnU^0nifte ’ fuPPofé q»e ce retrcciflement & cet élargiffernent forent égaux , & quc les Nerfs de l’un avent quelque communication avec ceux de 1 autre hors le Cerveau, il eft clair que la difterence de la force de ce Mufcle fera triple de celie que fon Amagonilîe a perdue; & fi ces Nerfs n ont point d'autre communi- cation qu avec le Cerveau , elle ne fe- ra qu a peu près le double, pour les raifoas qu’on vient de dire de maniérés , la différence de leurs forces fe peut aufti diversifier à l’in-* fini. Corollaire. Comme l’Ame peut fléchir le Cou* de , x°. foit qu’elle augmente feule- ment la quantité des Efprits dans le Fléchi fleur ; a0, foit qu’elle diminue feulement la quantité de ce qu’il y a ordinairement dans fon Antagonifte , 3° • foit enfin qu’elle fade l’un & l’au- tre en même tems. Tâchons de déter-j miner de laquelle de ces trois maniè- res l’Ame fefert. II y a lieu de croire que c’eft la deu- xième maniéré , parce qu’il n’eu coûte pas davantage a la Nature , pour mou- voir , par exemple , le Coude , que pour le laifTer en repos, puifque des mêmes Efprits avec lefquels elle tient en repos , lorfqu’ils font également par- tagés dans ces deux Mufcles, elle les met en mouvement les y partageant inégalement , au lieu que des deux au- tres maniérés elle feroit obligée à des frais tous nouveaux comme il paroît par tout ce qui a été dit. Expliquons à préfent comment il arrive qu’un Membre, par exemple, le Bras , loit en mouvement au même inftant que l’Ame le veut. 11 femble d’abord que le mouvement du Bras ou de qyelqu’autre Membre, ne doive fuivre que de loin la volonté que nous avons de le mouvoir, parce que l’Ame ne fortifiant le Mufcle do- minant que par l’affoibl iflement de ce- lui qui cède , l’on s’imagine naturel- lement qu’àl’inftant qu’on veut remuet le Bras, les Efprits commencent feu- lement à palier de ce Mufcle dan. L’au: Lii S 4 Observations sur Y tre ; & que n’y arrivant que quelque tems après qu’ils ont commencé de rétrograder , ils ne peuvent auiTi mou- voir le Bras que quelque tems après qu’on l’a voulu. Mais cette difficulté s’évanouit à la vue de ce qui fe pâlie dans les Liqueurs contenues dans des Tuyaux. Suppofons un Tuyau tel qu’on vou- dra , ouvert par les deux extrémi- tés. dont l’inférieure foit feulement bouchée du bout du Doigt ; qu’on lé rempliüe entièrement de quelque Liqueur ; il eft clair qu’au même inf- tant que le Doigt la prelTera par le bas , elle regorgera par le haut. Ce- la fùppofé , il ne faut que concevoir les Nerfs comme des Tuyaux , & les Elprits comme une Liqueur qu'ils con- tiennent, l’on verra par la même rai- fon qu’au même inflant qiie le reflus des Elprit» fe fait d’un Mutile dans un Nerf, au même inftant auffi ie regorgement s’en fera dans l’autre Mufcle, s’ils ont d’autre communication que le Cer- veau ; & s’ils n’en ont pas d’autre, la feule diminution des forces dans un Mufcle fuffit, afin que fou Amagonif- te , qui n’a point changé, l’emporte au même, tems que celui-là aura commen- cé de s’afloiblir ; comme le Baffin d’u- ne Balance également chargée , em- porte l’autre dès qu’on en a ôté le moin- dre poids. Or, au même inflant que l’Ame vêtit mouvoir le Bras , eile afloiblit un de fes Mufcles , N- au même mitant il faut que l’autre l’emporte , & qu’ainli le Bras fe meuve , par l’uéte de la volonté. Ce que l’on a dit du mouvement du Coude fe doit entendre de celui de tous les autres Membres qui font mûs par des Mufcles oppolés ; 8c ce qui a £té dit de fon Fléchilleur , le doiiaulfs Histoire Naturellê,- entendre de fon Antagonifle & tous les autres Mufcles du Corps. L’on voit comme on a dit qu»lln Mufcle n’agit qu'en ce que les Efprits s’infinnant de tous les côtés dans les petites Veficules , les gonflent & ]es courbent d’autant plus qu’il s’y en in, frnue davantage ; d’où il arrive que leurs extrémités 8c les Tendons qui |es terminent s’approchent auffi davanta- ge : de forte que fi un de ces Tendons cil fixe & que l’autre foit attaché à quelque poids, ce poids fera enlevé d’autant plus haut que la quantité des Efprits, qui feglilTe dans ce Mufcle, fe, ra plus grande; mais ce poids qui tire incellamment contre le Tendon qui eft fixe, tend , félon l'effort de fa péfan_ teur, à éloigner le Tendon auquel il eft attaché de celui qui eft fixe; c’efl. à-dire, à redrefter les Fibres de ce Mufcle, Sc par conséquent aies rappro- cher les unes des autres ; ce qui ne peut arriver fans qu’une grande partie de ces Efprits, qui les tiennent cernés, ne s’échappent à peu près de la manie- re que l’eau fort d’entre les Partiesd’un Linge mouillé rlorfqu’en le tordant on les prelfe les unes contre les autres. De la Lajfitude. Tant que le Cerveau peut fournir à cette diffipation , l’on fe lentalTez fort, mais dès le moment qu’il n’y peut plus fournir , l’on apperqoit fa foiblefle , & le fentiment qu’on a. s appelle Lalfu tude , Fatigue , Epuifement. Expliquons pourquoi le Cerveau ayant bien fourni d’abord à la difTipa- tion des Efprits , que caufoit un poids, lorfqu’ou a commencé de le lever, ne peut plus y fournir dans la fuite : Il y a deux raifons de cette diminution de forces ; la première, c’ell que la grande sur. la Physique et sur la Peinture. qnamitécPriprits que le Cerveau a four- d'où naît cette trille fenfation ni d’abord l’a épuifé ; la deuxième, c’clt que ce qui s’en cfl diflîpé ayant élargi les partages par où ils fe fon échappés , il s’en dirtipe plus fur la fin qu’au com- qu’on nomme Laiïitude. On voit par-là pourquoi ceux dont le Sang a trop de confiftance , tels que font les Mélancoliques , & les mencement ; quoique ce poids ne foit Filles qui ont les pales couleurs felâfent pas plus pefant dans un tems que dans un autre : ce qui fait que quand mê* ■i me le Cerveau ne feroit pas épuifé , il auroit peut-être encore de la peine à y fournir, parce qu’il en faudroit plus fur la fin qu’au commencement. C’ell donc non-feulement pour ar- rêter cet épuifé me nt , mais auflipour le réparer qu’on (e vepofe de tems en tems , & que lorfque Von fe larte d ette de bout , l’on fe met tantôt lur un pied , tantôt fur l’autre , c’ell auffi ce qui fait voir pourquoi on fe larte moins à marcher doucement qu’à demeurer toujours de bout. La Lallitude ( dit M. Duverney ) cfl un Sentiment de douleur accompa- gné d’une péfanteuv des Membres, & en cela elle ell dilTÔrcntede la fimple foiblelTe qui n'efl autre chofe qu’une impuirtance de faire quelques mouve- mens fans qu’elle foit précédée d’au- cun exercice du Corps , au lieu que la Lartitude fuppofe toujours quelque violent exercice. Lorfqu’aprcs un travail pénible & de longue duree, les Efprits commen- cent à manquer , les Fibres charnues des Mufcles s’aiTaifient & fe relâchent , ce qui fait que le Sang ne peut plus palier avec la même vuefle au travers des petites Fibres qui les compofent . cependant comme le Cœur en pouffe toujours de nouveau , les interftices au moindre exercice ; & pourquoi les Laffitudes fpontanées font toujours les avant - coureurs de quelque Maladie : car., ou elles marquent que le Sang a trop de confidence , ou qu’il ell agité d’un trop grand mouvement de rare- faétion , & par conféquent qu’il ne pourra facilement traverfer les Poro-; iitcs des Mulcles & des autres Par- ties. Par ce même Principe , il ell aifé d’cxpliqiicr pourquoi on fe fatigue plus étant de bout, ou aiTrs , qu’en marchant. L’on a dit que la Nature ne faifoit point de nouveau frais pour mouvoir un Membre ; parce que l’on fuppofe que le Mufcle qui le devoit emporter ne trouvoit alors de refiHance que de la part de fon Antagonifle, que l’Ame peut aflbiblir ; mais le poids dont i[ ell ici quellion faifant l'effet d’un An- tagonille que l’Ame ne peut affaiblir, elle ell obligée de fe fervir en ce cas de la maniéré qui a déjà été ci-devant propofee ; c’efl-à-dire , qu’elle élargit les Nerfs d'un des Mufcles & rétrécit ceux de fon Antagonilfe.Envoilàaftet,. ce me femble , dans ce S y If Orne pour prouver l'action des Mufcles qui ont des Antagonifles. Quoique toutes ces maniérés d’expli- quer le mouvement des Mulcles foient fort ingénieufes.dit M. Duverney, elles bien remarqué, qui font la durée dotes-; Observations sur l’Histoire Naturelle» mince de nos mouvemens, l’augmenta- tion & la diminution déterminée de cette durée, & la promptitude furpre- nante du changement de quelques-unes de ces déterminations. Les exemples d’explofion , de fermentation des Cor- des mouillées , ni ceux qu’on donne des Veffies qui lèvent des poids con- fidérables à mefure qu’on les gonfle ne lèvent point ces difficultés. OBSERVATION XXVI. SUR LA CIRCULATION des E s r k i t s Animaux , fondée fur de nouveaux Principes j Et fur l'Anatomie particulière du Cerveau & du Cervelet. L* O N vient d’obferver le Senti- ment de M. Duverney fur la fa- çon dont les Efprits Animaux opèrent le mouvement de tous les Mufcles, Ce fçavant Anatomifte a eu foin de rap- porter ce qu'en ont dit avant lui les Auteurs les plus célébrés. Mais ni les uns ni les autres n’ont pas défini la vraie Nature des Efprits V itaux , Sc encore moins leur Circulation Animale dans les Tuyaux Nerveux, d’où il fuit que l’on ignore toujours la maniéré dont ils agiiïent véritablement furies Mufcles, & fur les autres Parties de notre Corps Ce que nous venons de voir à ce fujet , ne fatisfait point pleinement , les difficultés exiftent encore , ainli que Ton ‘en convient , il relie à fça- voir ce] que deviennent les Efprits après leurs fondions ; & s’il cfl poflible que le Cerveau en fournilTe continuel Ieinent dans les aétions violentes & j ' longue durée, fans tarir la fource , caufer la mort du Sujet. Je n’oferois cependant entrepren dre de faire la Critique de tous cej Grands Hommes : il faudroit fuccom, ber abfolument dans Tentrepr}fe' mais il me fera permis , fans attaqUe' perfonne en particulier , de d0j}n préfentement mes Opinions fur le me fujet. J’ai formé IePlan de mettre au j0u mes lumières : fi elles font bonnes j» m’en appercevrai par le filence de mes Antagonifles : fi elies pêchent en quel que endroit, ils m’en feront bien mien» appercevoir : ainfi que Ton a vû , des fautes que Ton croyoit que j^vou fai. tes. II arrivera peut-être qu’ils djronJ que ce que je donne a déjà été dit; nnis ils n’entreprendront jamais de le prou, ver. Anatomie particulière du Cervtau & Jm Cervelet, La Moelle renfermée dans l’Epine du Dos , ell la continuation de la Moi.i le allongée , & celle-ci n’ell que la pro, duétion commune du Cerveau Cervelet: ainli on peut conlidéretlà Moelle de l’Epine & la Moelle allon. gée par rapport à leurs Origines, pjj rapport à leurs enveloppes & à leur fubilance , comme l’union feule des Branches externes du Cerveau & Cervelet. La Partie moyenne, de la Bâte dj Cerveau efl occupée par la Moelle al- longée , & la Moelle allongée ell for. niée par quatre Branches. Les deux plus fortes de ces Branches viennent du Cerveau, & font produites parles Lames Médullaire* Sc cendrées, au; sur la Physique et ont auparavant formé les Corps cannel- les de chaque Hémifphcre du Cerveau. Les deux petites Branches qui entrent dans la compofition de cette Moelle , viennent du Cervelet , & les Racines qui les produifent font ce qu’on appel- le dans le Cervelet , l'Arbre de Vie; que l'on apperçoit par la coupe Verti- cale de ce Vifcére. Sur la réunion des grottes Branches du Cerveau, qui vont former la Moel- le allongée , il y a une Protubérance tranfverfale , que l’on nomme le Pont de V arole; en fuppofant que les Bran- ches du Cerveau forment les Rivières du Fluide Animal , & que cette Protu- bérance e(\ le Pont fous lequel elles paf- fent j le nom de Pont que l’on donne à la Protubérance Médullaire dont il cil queflion , ell allez naturel. Varole ancien Anatomillc Italien , qui a don- né l’idée de cette comparaifon , & du nom duquel on sfell fervi , entendoit que les Liqueurs Nerveufes palToient du Cerveau dans la Moelle allongée & dans la Moelle Epiniere fous cette Pro- tubérance. J’adopte cette idée & la trouve fatisfailante. II relie feulement à fqavoir fi les Efprits vont & viennent en même tems , du Cerveau & de la Moelle allongée fous ce Pont. Il me femble cependant que pour donner une idée un peu plus prccife de la Structure du Cerveau & des Moel- les , l’on devrait appeller cé que les Anatorm fies nomment les Branches de la Moelle allongée , („ Racines du Tronc Medutiaue ; il faudrait aulTi aPPel;,er ,a Moelle allongée, k Tronc Médullaire ; les Nerfs , les Branches Mé- dullaires; & la Moelle Epiniere , les Branches réunies du Tronc Médullaire Cette dénomination donnerait une idee plus dillinûe de la difpofition des sur la Peinture. Î7 Parties du Cerveau & de la Nature des Nerfs. 1 En confidérant le Cerveau & le Cervelet comme deux Vifcéres parti- culiers, dont les Filières fe léuniflent pour former les Racines du Tronc Mé- dullaire. 2°. Parce que le Corps de ce Tronc; ou le prolongement du Cerveau fe di- vife enfuite comme celui des Végé- taux, pour former les Nerfs qui (or- ient du Crâne & ceux de la Moelle Epiniere. Les Racines d’un Arbre , par exem- ple. s’épanoui ffent dans la terre pour en filtrer les Sucs & former le Tronc , & le Tronc enfuite (e divife & fe fou- divife pour former les Branches , tout de même que les Filières du Cerveau & du Cervelet fe léuniflent pour for- mer les Racines de la Moelle allongée, & cette Moelle fe foudivife enfuite pour former les Nerfs. Cet arrangement nous conduirait à faire quelques réflexions ; fqavoir fi les Sucs Nerveux font de deux Natures; c’ell-à-dire, fi ceux qui proviennent du Cerveau font Hétérogènes à ceux qui proviennent du Cervelet ; ce qui n’eft pas vrai- femblable. Il vaut mieux croire quej’un fert à l’aélion & l'autre à ia réadion des Nerfs & à la filtration des Efprits : car les Filières qui for- ment les Branches de ces Vifcéres , pa- roilfenide différente couilruftion. J'ai dit dans mes précédentes Obfer. valions que les Parties ignées ou le Feu matériel , ctoit ce qu’on appelle les Ef- prits Animaux ; Si je prétends aufli dans mon Syilême . qu’on ne peut attribuer la caufe de toute mutation , & de tou- te fluité, celle de tout mouvement & de toute diflolution, &même de tou- te chaleur qu’à ces Parties ignées , que _ Observations sur l’ je crois répandues en tout lieu & péné- trer tous les Corps de quelque Nature qu ils (oient. La Matière EleBrique efl la meme que celle du Feu , & celle du Feu la même que celle des Efprits Animaux ; c’eft ce que l’on a déjà éprouvé fur quel- ques Paralytiques J en leur impulfant dans les Nerfs la Matière Electrique ; c’eft -à- dire , les Parties du Feu qui forment aulTi les Efprits Animaux. Mal- gré l'évidence de cette preuve, on dif- tingue encore aujourd’hui la Matière Electrique du Feu , & le Feu des Ef- prits Animaux. ( V oyei ce que je dis (ïir ce Sujet dans la IV. Part, de cette Année.) Revenons au Texte 8c n’abandon- nons pas la Queltion. On trouvèrent donc , félon la différence des Filières du Cerveau & celles du Cervelet, que l’un de ces Vifccres fourniroit les Branches qui portent les Efprits, & l’autre celles qui les rapportent: c’elt de quoi il ne faut pas douter. Ce' qu’il y a de trcs-certain , & que j’ai découvert après de longues recherches , c’elt que ces conduits Nerveux, du Cerveau & du Cervelet , fe réunifient enfemble fans fe confondre dans la Moelle al- longée , & que de- là ils s’accompa- gnent dans les plus petits Filets des Nerfs quifortent duCràne & dans ceux que fournit la Moelle Epinière , 'ain- fi que les Veines accompagnent les Antres dans les autres Parties du Corps. Remarques fur l' AB ion & la RéaBion des Efprits Animaux & fur leur EJjcnce. Les Académies propofent des Prix pour découvrir comment les Nerfs agif- fent fur les Mufcles. Celle de Berlin a fait annoncer les Lauriers dans nos Histoire Naturelle Journaux. Je crois que fans ami/ tionnerces récompenses honorable/" qu’il efl. fi difficile de mériter , je inftruire le Public de ma façon de îa'S lofopher fur les Organes du Corps H main , & donner ici l'effence des £rpr * Animaux & leurs aBions tir réaftions L les Mufcles & fur les autres Parties ^ Corps. Outre le dégorgement des pa ties de Feu , qui fe lait dans !»£(]/' mach pour échauffer & cuire les mens .dont j’ai parlé dans mes Table" d’Anatomie , les Efprits Animaux 0 les Parties de Feu, qui font impù[fe du Cervelet dans toutes les Filières ■ dérivent de ce Vifcére , retournent1 après la fonftion des Mufcles ftapt'* leur relâchement, dans le Cerveau/5 les grolTes Filières Nerveufes dur,! nous avons parlé ; car il n’ell pas ra;. fonnable de croire que les Efprits Ani. maux ( qui découlent du Cervelet poUt fervir au gonflement 8c à l’adion d’un Mufcle ) fe perdent enfune & ne re_ tournent plus dans leurs Refetvo\r$ La depenfe de ce fluide feroit alors très-conlîdérable , & fur-tout dans les grands travaux. Nous venons de voir dans les Obfervations précédentes l’embarras des Auteurs pour expliqua l’écoulement des Efprits , & qu’à n’ont pas réfléchi fur leur retour. On ne peut contefter que les Efpria Animaux, la Matière Eleftrique ^ Feu ne foient la même chofe. Exami. lions avec réflexion tout ce qu’ontdit jufqu’aujourd'hui les Auteurs fur |a Nature des Efprits Vitaux, ou Ani. maux, ainfi que je viens de dire, noi>s ne trouverons là-deflus rien de clair; tout efl confus , ils ont imaginé des Coq avec s inconnus & de peu de rapport lesQrganes: il efl inutile de citerici sur la Physique Et sur là 'Peinture. leurs remarques ; il fuffit °. Les Animaux mê- mes ne fe relTentent-ils pas de cette plus grande abondance d’Efprits Vi- taux ? Ne dégénerent-ils pas en chan- geant de Climats ; 6° Certaines cfpé- ces de ces Animaux, par le défaut , ou par le peu d’abondance des Parties de Feu , qu il y a dans les Climats froids, ne ceflent-ils pas de produire ? 70. Les Plantes mêmes ne font-elles pas dans le même cas ? 8°. Les Alimens qu'on appelle fpi- ritueux , ne font-ils pas ceux qui font les plus chargés des Parties de Feu , Ces réflexions faites , on peut croire qui vient de la dilatation de la Mem- ea 1 11 1 _r. « < . . . . 1 _ i _ qu’il fuflit à l’Aine-, d’arrêter le retour qui fe fait continuellement des Efprits dans la Cerveau , de l’un des Mufcles qu’elle veut mettre en contraaion , & d’impulfer avec plus de force ceux qui vont du Cervelet dans le même Mufcle. OBSERVATION XXVIÏ. brane interne des Artères, lorfque la Membrane externe ell détruite ; &c l’autre de la piquûre ou de la rupture de ces deux Membranes. Dans la première forte d’Anevrifme ; les humeurs corroüves , qui fe forment dans les Playcs, peuvent ronger une partie des Tuniques Artérielles; c’eft- u-dire , la Membrane externe ; & alors l’impulfion continuelle du Sang , trou- vant moins de réfiflance dans cet en- Sur l'Ancvrifme , ou fur Us dangereux V™ mony? rcl.üance dans cet en- eJJ'ets de la faufe Saignée, PoulJe a Membrane interne qui . j m e> je retient , & forme de grolfes poches , qui (erempliflent de Sang, & où il cir- cule comme dans un goulfre. L'égra- J’AI été témoins en 1750, cîe la Cure admirable de cette Maladie , faite par M Faget , Chirurgien Major de la Charité. Je deflmai pour lors , félonie detirde ce célébré Artille, la Playe , 1 Operation & les Inftrumens , dont il fe fervoit pour arrêter le Sang dans fa fource, & n’en donner au bras tignure d’une Lancette , ou de tout autre Inllrnment , qui ne perce pas tout-à-fait l'Artére ^ peut aufli caufer cette forte d’Anevrifme. La fécondé elpéce d’Anevrifme ell dangereufe , les fuites en font ordinai- f]ue ,ce ^ 1 lalloit pour ^empêcher rement funeftes. Telle ctoit celle qu’a de périr. Ce qui produifit-, moyennant guéri M. Faget IP fPCTiniA R* lue v.» r r ^-*1 • . - w t • 1 l J WIIIIUIH le régime & le» remèdes convenables, la parfaite guérifon. L Artère Brachiale fe reprit , & le Sang circule aujourd’hui an» le Bras du Sujet , comme dans les autres Parues de ton Corps. 11 exerce lon Meuer , & fait lc& mêmes etforts qu il btilûit ci -devant * . Avant de donner la Planche , nous dirons quelques mots de cette Mala- die, pour inftruire les Amateurs. D’au- «ant mieux que tout le monde s’y trou- dans l’Hôpital de la Charité. Cette forte d'Anevrifme con- fiée dans l’ouverture de l’Artère , foit par incifion. avec la pointe de la Lan- cette dan» les Saignées , on avec tout autre Inftrument , dans tel accident que cc puilîe être ; foit par la rupture des Artères dans les grands efforts. Pour lors le Sang s’extravafe entre la Ch4ir 8c la Peau ; il fe coagule par couches, ne pouvant plus circuler, & forme des malles molles & tibreufes , . ii , V,’ lori,ie des malles molles & hbreufes , pl; • e ni^(ie"r de fe 1er- comme celles qui font ici repréfentées. Chirurgien nul-a drott. A l'é- L’Anevrifme par conféquent peut C cil un Pvrttm é eau du Quartier Saint Antoine. Mij p2 Observations sur i/H'istoiae Naturelle',,', fe former de l’une ou de l’autre façon, d’apres le célébré Dionis. dans tomes les Parties du Corps où il y a des Artères un peu confidérables entre la Peau & les Mulclcs. Mais la plus ordinaire cfl celle du Bras , qu’occafionne la Saignée. Les quatre Veines que Bon pique dans les Saignées du Bras font \a Cépha- lique , qui c il celle du dellus ; la Mé- diane, qui elt celle du milieu ; la Ba- fi ique , qui fe trouve en deflbus ; Sc la Cubitale, qui elt plus voifine du Cu- bitus. Celles que l’on ouvre le plus com- munément font la Médiane & la Bafi- fique ; elles font auffi les plus dange- reufes : la Bafilique fur-tout elt fouvent très proche de l’Artére Cubitale, &Ia Médiane fe trouve toujours placées fur le Tendon du Biceps ; mais aufli le Sang ne fort pas fi aifément de 1» Céphalique , & il elt difficile de far— gnerà la Cubitale. C’elt la raifon pour- quoi on ne perce point ces Veines ici > quoiqu’il y ait moins de danger. La plupart des Chirurgiens Turcs , qui ne font point ufages des Sangfuës , ne faignent que ces deux Veines , pour ne pas rifqtier d’eltropier leurs Malades , ce que j’attribue à leur peu d’adrefiè. Tous les Bras ne font pas faciles à faigner : à quelques-uns on n’elt pas maître de choifir la Veine , & bien fouvent il faut s'en tenir à celle qui elt la plus apparente , Sc quelquefois de- viner l’endroit où elle doit être, fur les moindres apparences. Si malheureufement on perce UAr- tére en piquant la Bafilique , on s’en apperçoit fur le champ , par l’impé- tuolite & par la couleur vermeille du Sang : on peut alors avoir recours à un prompt remède , mais un peu vio- lent, tel que je le vais ici rapporiei Guèrifon fubite cCune Anevrifmei « Un Chirurgien de Paris faignant. » un Penfionnaire du Collège d’Har. » court, lui ouvrit l’Artére, dont » Sang fe lança comme un irait d’Ar- ès balêtre , de l’antre côté du Lit - jj » faifoit une trcs-grande arcade ; il f0r- » toit en fautillant , & il s’élévoit dans » le Plat une écume d’un vermeil oran. »■ gé Sc en grande quantité. Ayant c0n. » nu que c’étoit l’Artére qui étoit ou. » verte, il ne s’étonna point , il » Malade que fon Sang étant au[fi a échauffé, il failoït en tirer beatic0up et afin que cette Saignée calmât cette » grande chaleur ; il demanda un fe. j»cond Plat & en tira jufquà ce qu’il vît »qiie le Malade commençoit à tomber » en foiblefle. Pendant que le San* » fortoit , il avoit mis une pièce de » Monnoye dans la comprelle, & j| » avoit demandé une fécondé bande. » A mefure que le Malade s’aFlo\b\\[- » foit, l’Arcade que faifoit le Sangdi- » minuoit & bailloit. Ayant ôté la Li- » gature, Sc le Malade étant évanoui ^ » le Sang ceffit de fortir. 11 prit ce mi> 3. meut pour appliquer la compretTeft 30 bander le Bras qu’il ferra plus qu'j o» l’ordinaire, Sc mit deux Bandes -, h 3* ayant ployé le Bras fur l'Eflomacîi 30 du Malade Sc attaché à fa Camifol. » le , de crainte qu’il ne l’étendit , » lui jeita de l’Eau au vilage , lui lit 30 ternir du Vinaigre & le lit revenir 3» de fon évanouiflement. Il eut foin 30 de faire jetter le Sang avant que de » s’en aller, & il recommanda bien an 3» Malade de ne point remuer fon Brasj, 30 lui difant que s’il le débandoit, fon 30 Sang étoit fi furieux , qu’il feroit » mort avant qu’on le pût lecourii, le » for'r farinant d’avoir été appelle pour » un Malade dans fon voifinage il l’al- » la voir, 6c trouva que le Malade avoit » été ader obéHant pour avoir lai (Té » fon liras dans le même état qu’il l’a- » voit mis : le lendemain il lui ren- » dit encore vilite , & quoique le » Malade (e plaignit que fon Bras » ctoit bien ferré, il lui perfuada de n’y » toucher que le troïTtéme‘iour(& après » l’avoir débandé, ii y remit une nou- » velle comprelfo & une autre Bande, » pour plus grande fureté. La Cica- » trice fe lit comme auroit fait celle » d’une Veine , & le Malade a cru » qu’on ne lui avoit jamais fait une » meilleure Saignée, b Il a été facile ici de guérir & de cr- catriler une Artère „ en fupprimanrle Sang dès l’inlhint de fon ouverture; mais dans le cas où l’Anevrifme eil en- tièrement formée , l’Opération de M. Faget ert l’unique, & la feule qui peut réuiîir. C’eft lui qu’il faut alors conlul- ter dans le traitement de cette Mala- die, ainfi que j’ai déjà dit.. L'Artére Brachiale» Le Biceps. Son Tendon. Son Aponévrofe. Le Nerf. Figure II. L’Artére Brachiale. La piquure de l’Artére. R. S. Les Rameaux de cette Artère,. T. V. Sa divilion fur le pli du Bras. T. L'Artérc.Radiale. V. L’Artére Cubitale.. explication. De la Planche F d’ Anatomie, repréfen- tant les Tumeurs' fangumes caufées par l’ Aneyrifme. F i g u RE T. Elle repréfente la T umeur dans fon ctae naturel avec fes Lames écaiüeufes- du côté de la Peau. sur la Physique et sur la Peinture; 1. L. M. N. O. P. Q. EXPLICATION Delà Planche F d’ Anatomie, repréfen- ^ /Anevnfme d'après l'Opération t*eM. laget.- P J G U K K ];. A. B. Le Bras malade. C. D. Les Tégumens renverfés ainfi que dans l’Opération, E. La Celphj/ique, F. La Médiane. G. La Bufilique. U. La Cubitale, Figure IL Elle repréfente la même Tumeur du côté de l’Artére ayec fa cavité. F I G u r x III. Elle repréfente le Sang caillé fraîche^ ment contenu dans cette cayité. Figure I V. Elle repréfente lès Lames écailleufes- détachées , où l’on apperçoit de^ efpéces de Fibres.- 94' Observations sur l’Histoire Naturell Figure V. Elle repréfente la Coupe caverner.fe de toutes les Laines qui compo- fent la Tumeur. a, LesCoucIics corneilles & blanches, qui forment une efpéce de Mem- brane racorncie. b. Les Couches rouges & fpongieû- fes qui font déparées des précé- dentes. c. Les Cavités de la Tumeur.' d. L’Artére piquée. e. Son jet & la fource de l’Anevrif^ Figure Fl. Infiniment ou Coufimet qui a fervi à la compreflion. Figure F II. Autre Coufiinet à vis &à relTort p0UT comprimer l’Artére. OBSERVATION VII, Sur r a Cre at i o n du Monde , et Sur leDeluge VNiyS ,S£r Et Critique de Telliamed , ou le Philosophe Indien. E Livre en deux volumes (n) ell une efpéce de Roman iMulofophique , où on a ren- fermé divers femimens , & entr’autres une partie de la Doftrinede Thaïes (b). I elliamed n’admet que les eaux de la Mer, & leurs Diminutions pour prin- cipe aélif de la formation de la Terre : il en fait fortir non feulement les Monts , les Vallées , l’Homme , les Animaux Quadrupèdes & les Jnfedes , mais encore les Oifeaux , & les Plan- tes de toute efpéce. Les Hommes v dit- (a) 11 eft imprimé depuis peu à Paris, & fuppofede 1748, & de l’Impreilion d’Amftcr- dam. L'Editeur de ce Livre eft M. de Gucr. Je luis obligé de le nommer, parce qu'on m’a il , ont été lires des Eaux , &" leur font rt, dev allés de leur Origine. 11 conclud de-!à qu’il n’y a jamais eu de Déluge , & que la Création ell une chimère. Le Philofophe Indien fait la Terre en forme de fufeau & plus élevée vt^ les Pôles que vers l’Equateur 5 c'efl-j. dire , de la Figure à peu près d’ua CEuf : Il prétend que la Partie Septen. trionale , étant plus grolle & plus char- gée de Montagnes , emporte la Par. tie Méridionale : c’efl ce qui , félon lui , caule l’obliquité des Pôles de la Terre, à la Ligne Ecliptique que no- • fait l’injuflice de me foupçonner de l’avoir dtc, ( b ) Thaïes n’admetcoh que l’eau pour pri* cipc de toutes chofes. su h. la .Physique et ti c GîoBe parcourt dans le cours d’une année : V oici ce qu’il di enfuite. « Lorf- « que la Mer couvroit tome la furface >» de la Terre, alors tous les jours de 3* fon circuit annuel autour du Soleil si étoient à peu près égaux- j mais com- 3> me les Eaux de la Mer renfermoient >» en leur Sein des Montagnes beati- » coup plus grandes dans la Partie Sep- * tentrionale que dans la Méridionale , » à médire que les Eaux ont diminué * l’égalité qui avoit été jufques-Ià dans ale Globe ^ s’ell aflfoiblie. Alors par » la diminution de ces Eaux , le Pôle » Méridional a perdu le poids de fon côté , qui s’ell confervé datas le Pû- » le Septentrional,. Ai nlt s’ell fait (ajoù- ^ te-t -il ) dans les Pôles de la Terre, » cette variation relative àlapofiti on » du Soleil , & à l’état du Firma- » menr, » Selon cette idée , il faut fuppofer que les majjes des Montagnes ont unepe- fantcur déterminée qui entraîne U Globe de la Terre. A l’égard de la caufe générale du mouvement des Globes, lelon Tellta- med , la découverte en a été faite lors de l’Invention des Lunettes d'approche 8< par leur fecours: « Depuis l’Invention j> des Lunettes d’approche , dit-il , » on a découvert que le Soleil fait tour- » net autour de lui , par la chaleur & » par le mouvement qui lui ell pro- 3> pre , notre Terre & les autres Pla- » nettes qui font à la portée de l’afti- 3> vité de fon Peu * qui agit fur la Ma- 3> tiere dont le Globe du Soleil ell « compofé ,& il arrivera un tems où 3> Payant tout confotnmé , ce Feu s’e- 3> teindra i entièrement , après s’etre » alloibli i ifenfiblement à proportion nx de i Aliment qu’il y rencontre. » sur la Peinture. 91 Je fçaisbicn que cette définition ne fatisfait point ; mais i! n'y en a pas d’autre. Notre Philofophie entend que le Créateur n’entre pour rien dans les mouvemens qui fe patient dans la Ni- ture , & qui plus eft , félon lui , « if » fuffit de ne pouvoir comprendre que » la Matière & le mouvement ayent » commencé pour les croire éter- » nels. >3 C’elllà l’abregé 8e même la fubflan- ce totale des nouvelles Découvertes de M. de Maillet. La Description de LEgypte qu’il nous a donnée , nous pré- paroit à cette dernierc production. Les Matériaülles ont ici un illullre défenfeur de leur capte commune. L , A. D. P. digne Eleve du grand Philosophe Indien, vient depuis peu de faire paraître les progrès qu’il a faits dans cette Philofophie. 11 ne m’ap- partient pas de combattre celui - ci ; mais je puis attaquer Tellîamed 8c mettre au grand jour les défauts cITen- tiels & la foiblelfe du raifonnement do ce Philofophe, Pour y rétiflir il fufïic de raflembler fous un feul point de vue , les diverfes idées qu’il a répan- dues dans l’étendue de fon Livre : alors il ne fera plus queftion que de répon- dre à celles qui méritent quelque at- tention. SYSTÈME DEM. DE MAILLET,. Concernant la Matière G le Mouvement. i°. La Matière ell éternelle, (pan.. 6i du 2 . vol.) r6 2°. La caufe du mouvement aflueL des Globes vient de la chaleur du So- leil ( 2e. vol. pag. 6 8. ) 5,“- La chaleur du Soleil 8c des Etoi- les vient de l’embrafement des Ma.r £• Ce u eû ajoute à la Philofophie de M. de Maillet , ou Telliaœed,. $■<$ Observations sur l’Histoire Naturelle* tiéres combuüibles quilescompofeni, , ces courans étoient de pïufieurs efD« ( 2*. vol. pag. 8 t.) ces. ( i". vol. pag. 18. ) 4°. Lorique le Soleil s’éteint, il efl * 7°. Les Montagnes, les Vallées t remplacé par un autre Soleil. Si un les difîérens Terrains, qui font dans le* Globe femblable au nôtre s’embrâfe , Eaux., & ceux qui font fur la Terre les générations le font ailleurs. Tout fe nJont été formés que par la force ag;.' fuccéde, & par ce moyen le mouve- ve de ces courans. ( 1 ".voip. 2-j\ ment de l’Univers a été & fera perpé- M. de Maillet avec ces fept Propo. tuel. C 2*. vol. pag. 1x9 & 2. 30. fitions , veut combattre I Ecriture & Telliamed prétend, moyennant ces nier le Déluge untverfel. Il ne s’ap. quatre proportions , fonder le Maté- perçoit pas qu il commence par rial i fine & démontrer la Nature du blïr lui-même un Déluge de la mouvement. 11 cfl vrai qu’il dit à la ture de celui qu’il veut détruire, fui du Livre, qu’il fuppofe une Création : mais en quel teins fixer cette Création , SYSTME DE M . DE MAILLET fi la Matière efl éternelle , & que les Vifciflitudes des Globes ayent été de Sur la Création des Hommes b de tout teins } tous les Animaux Terrejhes. SYSTÈME DE M. DE MAILLET ; Sur la Formation de la Terre. i°. La Terre a été autrefois toute couverte des eaux de la Mer, & elle tournoit alors fur elle-même , comme elle fait aujourd’hui. ( 2*. vol.pag. 74. ) 2°. La Mer dans cet état ne ren- fermoit rien de vivant dans fon fein. ( 1". vol. pag. <58. ) 3". La Mer diminue continuelle- ment ; elle a diminué de tout teins & elle diminuera jufqu’à l’extinélion des eaux. ( i'’.vol.pag.i,&fuiv.) 40. Lors de la découverte des plus hautes Montagnes , par la diminution de la Mer, lesPoiilbns 8c les Coquil- lages ont commencé à fe multiplier, ( 1". vol. pag. 69.) ■> ®. La Mer en fe retirant a IaifTé fur les Montagnes les moins élevées des Animaux Marins. ( r . vol. pag. idem. ) 6e. Le mouvement naturel de la Mer , ell le principe de ce Syftême'i elle renfermoit de tout teins des cou- vris dans prefque toute fon étendue i 'i®. La Nature opère les fémencet de la Génération des Animaux dans le fein des Eaux où elles font répan- dues. ( 2!> vol. pag. zio.) 2 °. Les Sémences de toute efpéce font aulli répandues dans l'Ale . me dans les Parties des Globes en- flammés, ou lumineux, qui nelontpa$ encore pénétrés par le Feu. ( 2'. yol, pag. 2iS. ) 3°. Que ces Sémences foient éter- nelles -, ou qu’elles n’exiftent que pu une Création ; ces deux Opinions peu. vent, felonM.de Maillet, être égj. lement admifes. (i'. vol.pag. uy) 40. Les Animaux Tcrrellres ont été tirés du fein de la Mer. ( 2'. volume pag. 153.) <5*. Les Poiffons , en paffant d'un Elément dans l’autre , ont félon les di. verfes efpéces , produit les divers gen- res d’Animaux qui font fur la Terre, ( 2 . vol. pag. 135.) 6°. Les Hommes tirent leur origi- ne des Hommes Marins & Tritons, qui (e font peu à peu accoutumés à vivre entièrement sur la Physique ei entièrement fur la Terre. ( i'i volume, pa g. MO.) 7°- La Nature a choifi le tems 8c les freux propres à la tranfmigracion des Races Marines , & à la rcfpiration de l’Air. (2. vol. pag. 197.) 8°. Il y a philietirsefpéces d’Hom- mes. ( 2% vol. pag. 1 71. ) 90. 11 y a eu des Hommes à queue , comme, par exemple un Proven- çal à la Crautat , nommé Cruvillier . ( 2 . vol. pag. 175. io*. Il y a des Hommes d’une feu- le Jambe 8c d’une leule main. (2'. vol. pag. 18s.) ii°. Il y a des Races de Gcans. (2'. vol. pag, 188.) 12°. La fuite de la Génération de tous les Animaux fe fart lorfque le Mâle ell parvenu à un certain âge , 8c que les Semences de fon efpéce fe réu- nifient en lui par l'air qu’il refpire 8c par les Alimcns dont il fe nourrit ; à •caufe de la Loi générale de la Natu- re , qui veut que chaque chofe cher- che à s’attacher à fou efpéce. ( î '.vol. pag. ait. ) Moyennant ces douze Propofitions difperlées dans pluiieurs endroits du fécond volume , M. de Maillet veut établir la Formation de l'Homme N de toutes fortes d’Animaux Terreilres 8c Aquatiques par le feul concours des Sémencej ou des Molécules contenues dans le fem delà Mer , qui , félon lui , ell 1 inftrumem principal & la Mere çroduftrice de tous les Etres vivans qui exillent dans Ion fein & lue la Terre. Cet Auteur peu raifonnable , aime mieux créer les Animaux par le feul fecours d’une Matière partlve, que de convenir qu’un Etre Suprême , vivant & adil, ell l’unique principe de la Créa- tion y 8c I Auteur primitif 8c perpétuel Année .1752 j Tom. II. Pan ‘ sur la Peinture; 97 des mouvemens qui s’opèrent à chaque inftant dans la Nature. Le Philofophe Indien devroit s’ap- percevoir que non feulement les Eaux n’ont par elles-mêmes aucune adivitc, puifqu’elles reçoivent leur afiaiflêment de la Lune , leur fluidité de l’impul- fion des Rayons du Soleil , 8c leurs flots, leurs courans& leurs agitations, delà preffion de l’Air; mais encore que leurPaflivité ell démontrée eu rc- fléchillant feulement que la Mer ferort glacée 6c immobile fans I’Allre du jour , 6c qu’ainli elle ne petit être la caufc primitive d'aucune forte de Créa- tion , puifqu’eUe ne fe meut elle-mê- me que par un fecours étranger. Et fi ceux qui ont donné dans la Phi- fofophie de M. de Maillet a voient en- fuite réfléchi que l’Agent Univerfel, c’eft-à-dire, le Feu Ini-même, ell fem- blable à totite autre Matière , puifqu’il ell perceptible par nos feus ; ils con- viendroient alors fans peine qu’il ne peut pas y avoir une adivité innée dans le Feu , qui lui foit plus propre qu’à l’Air 8c à l’Eau ou à la Terre, lï elle ne lui ell imprimée par un Etre immatériel; la qualité la plus elletniel- te de la Matière étant l’inertie. Si la Matière en général étoit adi- ve , les Eiemens fe nuiroient , fe dé- tmiroient, s’embrouilleroient & i’or- dre établi fe difliperoit , 6c tout refte- roit dan» le cahos &c dans la confu- fion. Je crois que le peu de réflexions que je fais ici fuffit pour détruire l’adi- vité prétendue des Eaux, & la forma- tion chimérique des Homme» & des Animaux qu’elles ont octafionnc.EHe* leront connoître la nécelTtté d’un E re Créateur; furtout fi on joint à ces ré- flexions celles que tous le.-- H mmes font naturellement Iorfqu’iL fe conli; ». y, N ^8 Observations sur l’Histoire Naturelle, dcrent eux - mîmes & tout ce qui les primitive n a jaiTub* pute défirrîrpartet environne. Il me refle préferuemcnt à Philofophe que ce tou ; c ou je conclus, prouver la Création Je la Matière Sc qu'elle n’elt pas eterne.'.e ![ elle n» le Déluge Univerfct dépend que de 1 eflet de la volonté. L’aéle de la volonté efl toujours mo. mentine , parce qu’il efl confidéré comme dépendant de celui qui lef0r. me. Donc Dieu a créé la Matière & l’a créée dans les tems. On va me répondre préfente ment; Ca Matière étant créée ainli que V0U5* le prétendez , nous rencontrons aftutl. lement la même difficulté , qui exiftoit enta failant coéternelle ; c’eft-à-dire qu’elle borne aujourd’hui l’immenGté de Dieu , & que Dieu ne peut avoir La Création de la Matière. I.a Matière ne pmt point être coe- terneile avec Dieu. I fin Irait demau der alors fr Dieu remplühut i’immen- fitc, en quel endroit étoit donc pla- cée la Matière ? Et fuppofè que Dieu la pénétrât en tout point , de quelle efpéce étoit Jonc la pâte qui la conltt- tuoit 5 I.a pénétration de Subfiance ell incompatible avec la rafon. -- ----- . - ■ , r , < ---»«« Si , ma1 gré la force Je ces réflexions, donne des Limites a Ion etendue fan, on fouirent toujours que la Matière diminuer fa grandeur, n’étant point pénétrée par l’Efprit de Une parole fuffit pour fatisfaire à Dieu , elle occupoit un endroit avant cette queftion. Nous venons de dire les tems; il faudroit dire alors que que la volonté de Dieu ^ luffu p0ut Dieu n’était point immenfe à tous égards , il faudroit borner fon éten- due , & conllrurre des extrémités éter- nelles à un Etre indépendant. Le Créa- teur auroit alors confiné avec la Ma- tière, & la Matière ayant mis des li- mites à fa grandeur en auroit infailli- blement mis à fa puilTance: elle feroit reliée oppofée à l'Efprit Divin, dans les tems comme dans l'Eternité, év il n’y auroit jamais eu de Création. Airt- fi fi onme peut fuppofer la coéternité de la Matière avec Dieu & admettre en même tems fon exiftance : Dieu ne peut point avoir été le l'impie Archi- tecte de l'Univers,- il faut néceflaire- incnt qu'il en foit le Créateur. Si l’on demande alors où Dieu au- roit-il pris la pâte qui forme la Matiè- re . pu i (qu'on ne peut rien créer de rien? Je réponds que la volonté de Dieu fuffit pour continuer la Matière : LaMatiére n’ell rien en elle-même dans conllituer la Matière qu’elle n’ell rien d’elle-mcme. Il ne faut pas d’autre rai- fon pour prouver que Dieu efl aujour- d’hui & fera toujours suffi gtand&aufli étendu qu’il a été dans tous les tems puifque la Matière n’ell que l’aûede la, volonté. La Matière ne paroît â nos fens que ce que Dieu veut qu’elle nous paroilfe. Tout ainfi que les couleurs ne font rien en elles-mêmes qu’une différente Mo. dulation de Lumière, par rapport j nos Organes,- de même la Matière p;. roit d’une certaine forme impénétra- ble , chaude ou froide , toujours reJa. tivement à nous. Bien loin de croire que la Matière efl éternelle & infinie , & qu’elle conf- titue notre Etre en entier , je crois au contraire qu’elle n’efl rien : que Dieu feul efl l’Etre Univerfel : que la Matière & nous n’exiflons qu’autant qu’il lui plaît: & qu’il y a cependant une très- XjtU’iûlitiu H uimtu WH ^ J I r ie fond , puilque celle que l’on appelle grande ditlerencc entre notre façon 6URLA Physique eî sur. la Peinturé; tPexifter & celle de L'exillaace de la Matière. Le Déluge Unimfel. T.’Ecriturc Sainte nous a décrit le ‘Déluge ; & les . marques de ce terrible celui du Pérou , arrivé depuis cinq ou lix ans au Callao de L.'rm , où la Tem- pête emporta les Vailfeaux de la Cote à 5 ou 6 lieues dans les Terres , & plufieurs furent engloutis , ainfi que diverfe Mtifons, dans les f ntes eflr ï • blés que le tremblement de Terre oc- J icuouiene font imprimées dans pref- cartonna en plufieurs endroits. Les ine Coqui lages & de P )ido,is pétrifiés j r: é"' ^ ^ yw agati- cfoiit je viens de parier , que l’on tr ui- b s & te- Chairs p, t ilï e-. On |*a trou- ve fin. U Pierre m nie (à laquelle il lient «more) fur I.i Montagne Je Bo Lui , à pl is de vingt lieues de la Mer Adriatique, & à q. ou 5 lieues Je Ve- rmine & le la Riviere d'AJige *, C’ell M. Ju Bois Jourdain, Lcuyer du Roi & fou Lieutenant- Général *811 Gou- vernement du Toulois qui polléde cette rareté dans fou Cabinet , où il y a pliilienrs antres fortes de pétrifi- cations très - cm ienfes. A l’égard des débris de Navires pé- trilles que l’on trouve dans les Terres 11 8 ou 10 lieues de la Mer , ou de q e que Etang conii dérable , & quel- tpu oi3 enterrés bien avant dans la J erre ; pour en définir la caufe , il iuHit de citer les Volcans , les tremble* meus de 1 erre & les Tempêtes. ve fur les Mont ignés les p us élevées & les p us écart. es de la Mer. Il elt très-certain que ces marques non-équivoques certifient tme inonda* tion Univerlelle., & li 011 n’avoit des preuves certaines de la flubTte des Enix de la Mer, il (croit inutile d’ad- mettre le Déluge, ou du moins ou pourroit admettre tout à la fois cette caufe ou celle de l’afiailïînyent conti- nuelle de la Mer : parce qu'jl n’y a que ces deux Phénomènes qui puilf nt être caufe de ces productions fingulie- res: d’où je conclus qu’en prouvant la fiabilité aéluelle des E iux dê la M -r, & par conféquent fut ancien lit. Je prouve 1 1 réalité du D 1 ige., puifque la preuve de celui-ci eil une conféquen- ce nécefiarre de la preuve de l'autre. bre O11 prouve cette vérité par un nom- 4» L rv?1 profanes ont aufii parle •e conhdérable d’exemples : mais je f Dd^c« (o,t 4» en eulfent eu me contenterai de donner feulement J conno,!îa,1ce Par tradinon , ou qu ils uc donner feulement ayent copi(is pEaitllre Sainte j com. trt-r 1 Vh )7^rtll\TC a po{^ ci - devant ce (SeCot d Hifloire Naturelle , dont je «oy quç le Mercure a déjà fait mention. tfij ïoo Observations sur l’Histoire Naturelle, me ils ont fait en bien d’antres en- droits ; mais il n'eft point queftion ici d’écrit ni de tradition , on pourroit rejctter l’un &- l’autre. Ces preuves fe- roient mal reçues de certains efprits. Je ne veux adopter que les preuves Pliyfiques. Les Impies , les M'atérialiftes , ne trouvent pas leur compte dans cet événement, où le Bras de Dieu s’eft \ifiblement fait fentir fur la fur face de la Terre. I.e Menfonge avec lequel ils bâtilTent leurs Opinions a befoin d’un certain enchaînement de fuppo- fitions pour foutenir Ion établi (Tcment^ mais il écroule à la moindre attaque. Ainli que nous allons voir. M. de Maillet, pour détruire le Dé- luge Univerfel . appercevant lui-mê- me la foiblelle de fon raifonnement , cite l’autorité des Chinois, des Ara- bes , &c. Je viens de dire que je ré- futé toute citation écrite pour & con- tre ; & pour convaincre les Incrédu- les , qui veulent s’en rapporter à des Peuples Barbares , plutôt qu'à la Tra- dition de nos Peres, je ne donnerai dans cette DilTertation que des raifons Pliyfiques. On peut cependant obfcr- veren paflant que fi les anciens Ecrits Chinois répondent à la force du deflein de ces Peuples , à la beauté de leur Peinture & à la mélodie de leur Mii- fique , il n’y a pas beaucoup de fond à faire fur leurs connoitfances Hiftori- ques. qui doivent être apparemment de la même étoffe > ainli que l’Hifloire de leurs Dieux : je ne m’en rapporte- rai donc qu’aux faits. 8c qui plusell à ceux même que cite M. de Maillet. Exempies fur lefquels M. de Maillet fonde la Diminution de la Mer & la Découverte des Terres. i ®. A deux ou trois journées du » Nil , du côté de la Libye & dans jes » Défers qui terminent l’Egypte à f0n » couchant, on trouve plufieursruj. j) nés de Villes confidérables. Les$J » blés fous lefquels elles font enfeve* » lies , ont confervés les fondenienj >, 8c même une partie des Edifices » des Tours & des ForterefTes d0n| » elles étoient accompagnées ; & COm. „ me dans ces lieux il ne pleut jamais" « ou fort peu & très-rarement ; H y’ » apparence que. ces vertiges y fUf,. » lifteront encore pendant plufieurs » milliers d'années. Ces Villes détrui. » tes font placées à peu près fur une Li. » gne du Nord au Sud , ou fi vous voti, j» ïez de la Méditerranée vers la » bie. Elles font éloignées comme je » vous Pai dit , de deux à trois jour. née de l’Egypte habitable , & en- » foncées d’autant dans les Déferts, v Leurs diftances entr’elles ert d’une.' » de deux , & quelquefois de trois » journées, (r. i , p. 128 £r 119. ) m Que l’on examine la pofiüon de » ces Villes, comme je l'ai fait, en » commençant par celle où etoit fi. m tué du tems d’Alexandre & des Ro- » mains le Temple de Jupiter Amman ; >t il fera évident qu’elles ont été les ss Ports de la Mer de l’Egypte, La Ville ss 8c les Portes d’Alexandrie ont fut. s> cédé à la Ville & au Port célébré par j> le Temple de Jupiter Ammon : ce- » lui- ci avoit fuccédé à la plus pro- » chaîne des autres ruines , que l’on » rencontre en remontant vers la Nu- » bie, fc celle-là aux fnivantes. « Pour preuve de ceci on remarque » au-devant de toutes ces ruines, du » côté du Septentrion 8c de la Mer ss Méditerranée, l’endroit qui leur fer. » voit de Port. Les Badins n’en font »> pas même encore totalement com- » blés , & l’on en diftingue aifémqit g un. là Physique et sur la Peinture. roi !» fa forme & l’étendue. Je ne doute u point que fi en divers Badins on » creufoit dans les Sables dont ils font j> en partie remplis , on n’y trouvât » des relies de Bàtimens. Mais je n’a- » vois ni allez de Monde, ni alfez de j> vivres & d'Eau pour entreprendre » un pareil travail , que le hazard pou- ,> voit prolonger infiniment. ( r. i , » p. 1 30 (r 1 31. ) « 2 °. La grande & la petite Sirte , » fi renommées dans l’Hiftoire Ro- j> maine & toutes deux alTifes fur le » bord de la Mer , il n’y a que »6 ou » 1 7 cens ans , en font déjà affez a, éloignées. Il ejl vrai que c'cft autant » à caufe du peu de fond de la Mer fur j> cette Cire Af iquaine, que par la di- » minution de les Eaux.. Si vous en* » trez dans les Déferts dont cette Cô- » te eli bordée , quelles vertiges & » quelles traces n’y trouverez - vous » pas, comme en Egypte , des Villes » & des Ports qui y fleutilToient ati- » trefois ? les apparences des Ports , »& les vertiges des Bàtimens qui les » environnoient", y fubliftent en cent » endroits. Des Barques pétrifiées en- » tiérementou en partie , qu’on trou* » ve à 30 ou 40 journées delà Mer, * ainfi que dans les endroits qui en *font plus voifins; des Coquillages » fans nombre mêlés aux Sables des * Déferts , ou attachés à des Rochers ■» ou a des Montagnes qu’on y ren- » contre de tems en tems ; des Val- 30 Ions a leurs pieds remplis aufli de » Coquillages ; des Bancs entiers qu'on » en découvre dans d’autres endroits, » font des témoignages certains que la’ * Mer a couvert toutes ces contrées, >(t.i,p. 133 & 134. ) « 30. On a beau dire quefur les Cô- » tes de Normandie , la Mer gagne » continuellement dans les Terres. » N’efi-il pas confiant que rîajleur qui » autrefois fervoit de Port à la Vil- » de Rouen , & où on voit encore les = Tours, que la Mer a ruinées par fes » vagues , eft déjà éloigné de fes » bords t Le Havre qui lui a fuccédcf, » & qu’on a bâti il y a peu de tems fur » le Sable & la Vafe qu’elle avoit » amafles entre Harflcur & elle , ne tiendra pas long -tems fa place. Il » faudra que l’Art travaille de nouveau x> pour former plus loin un abri aux » Bàtimens défîmes à apporter des x. Pays éloignés les chofes nécefiaires » au maintient de l’abondance & des x> commodités deshabitans de Rouen » tk de Paris. * I el eli le fort de tous les endroits- * Maritimes. La Marfeillede nos jours x> n'eft déjà plus fituée au même en- » droit où étoit placée celle des Ro- » mains. Son Port n’eft aujourd’hui ni a celui de ce tems-là , ni même à la a fuite de l’ancien: c'cjl un ouvrage de » l’Art, creufé à côté de celui-là; & x> une refiitution qui a cté faite à ia » Mer d'un lieu quelle avoit déjà aban - x » donné. Ce nouveau Port que l’Art a » formé depuis peu d’un Marais, fera » encore abandonné pour toujours £c a comblé par la retraite des Eaux de » ia Mer comme le premier l’a été , » tandis que les lfles d’If unies au Con*- » tinent du coté des vieilles infirme- » ries , & privées dn peu d’eau qui les » environne, en formeront un plus » beau. A peine fe forment -on déjà » aujourd’hui de la pofition de la » Marfeille ancienne & de celle de » Con Port, on fe fouviendra auiïi peu « dans la fuite du Port de la Marleil- » le moderne. » « Fréjus , Port fi célébré autrefois » pour l’azile qu’il donnoit aux Galé- » res des Romains , & où j’ai vû le- Observations sur LrfisTontE Naturelle, i 02 » B iffin clans lequel elles inourllutent, » elt une autre preuve amentique de « la diminution des Faux de la Mer. » Ce BalTin n’ell pas feulement confi- » dcrablement éloigne de fes bords . *> puifquil y a même un Lac d’eau délice » entre l'un & Pautre ; mais il ell en- » core évident que, quand on en'le- » veroit tout le terrain qui les .épure , » la Mer ne potirroit retourner en ce j> BalTin à la hauteur qu* >n juge qu elle >> devoir y eue du te ni s des Romains. >j Je doute même que lion la rame- s> nuit par un Canal aux M'itj d \ igue- « mortes aux pieds defquels S.L mis » s’embarqua fur les VailFeaux qui le » portèrent en Orient, elle fe trou- r, val au point où elle étoit il y <> U » .en de fiécles. Ravennes , autrefois » P rtdes Romains, n’ell-il pas tota- » lenunt comblé; & cette Ville ns as le trouve-t-elle pas déjà à quelque 3> cli dance de la Mer? Le Port de Brundrfy ell devenu inutile , plus jj par la diminution des Faux de la jj Vier, que par l’Ouvrage des Véni- jj tiens qui cherchent à le remplir. La jj plupart des Cotes d’Italie À: de la jj Méditerranée ont déjà changé de jj face depuis 17 a 18 cens ans. I.i- j> léz les Itinéraires des Romains , 8c »> confrontez ce qu'ils difent cle vos jj Ports cle Provence avec ceux qu'on jj y trouve aujourd'hui , vous verrez » que fi quelques uns de ceux qu’ils jj citent fubfillent encore , il y en a >j deja beaucoup d’ellaccs , tandisqu’il « en a paru de nouveaux. Les pre- >j miers ayant apparemment dés lors » fort peu de profondeur , ont celTé « de pouvoir (ervir d'azile aux Vail- * Voyez, la Defcription de l’Egypte parle meme Auteur rom. 1, pog. 4 y. en parlant de fe Temple, il n’cft aucimement queftion de Port de Mer. Tous les Hifloriens Anciens & .. féaux, fait à caufe des Sables .. » font parvenus , ou par la din,jn^ j* lion des Eaux cle la M - . par' j» même raifon ceux qui furMillem f,.3 « peut être devenus meilleurs , jj que les nouveaux qui ctoient j,/* jj connus aux Romains fe font form' » par cette voye. jj u Les environs de la Ville d’R;,. jj fpurnillent autant qu’aucun a„. 5 jj lieu cle cette Côte , des preuves fGiC jj fibles de cette vérité. De l’endr » appelle le Signal, où fenoya,^ >» on , le fils d’un Comte de ProVe ' » ce . il y a aujourd’hui à la Meru » grands quarts de lieues; & le pÜI‘ j> grès de la prolongation de ce terrei' jj ell remarquable d'année en aniiiiç! j* non feulement par la diminution j> des Eaux de la Mer. mais encore jj par le Sable & la boite qu'un petit Ter » rem venant d s Mont aunes fupérieures » y charrie continuellement. D ailleurs « jj cct endroit fon fond efftpeu mfilra - » ble qu'à yoo toifes d: dijlxnu dt nya> jj g e j on ne trouve qu' environ deux jj d’eau. ( t. 1 . p. 1 qp , &* 1 5 5 ) CaiTTgus delà preuve que M de Aigu# alitée des prétendus faits que nous ytntm de citer. Je réponds à la première Obfetvj, tion que l’endroit où étoit polé le rem. pie de Jap ter Ammon , dont M. ^ Maillet veut faire un Port de Mer du te nis d’Alexandre 8c des Roinainq félon fon propre témoignage n’ell qu’un monticule pofé en de-là d’une chaîne de Montagnes dans les vallej Plaines de la Lybie. à une cinquantai, ne de lieues de la Mer Méditerranée*, les Modernes avant lui , n’ont jamais fait non plus un Port de Mer du Temple de Jupiitr Ammon. nj k la Physique et La raifort feule indépendamment L de tome autre preuve détruit cette L vaine idée. U fulïit de confiJérer que la place où M. de Maillet fuppofe que ce Tempe étoît bâti , ne peut pas | avoir été Port de Mer. Toutes les M m agnes qui la fépirent de la McJ'- tcrrance auroient du être alors des Iiles potées devant ce Port. Or quelle rai- fou y auroit-il eu de fabriquer un Port en de- là de plufieurs Illes , qu’auroient formé ces Montagnes 8c de plufieurs écueils: dans cette polition il atiroit été même à 40 lieues de l’embouchu- re du Nil ; pendant qu'entre cette em- bouchure & ce Port & vis-à-vis la Mer , il y a plus de 30 lieues de Pays aucunement coupés de Montagnes 8c qui n’auroient par conféquem été cou- vert d’aucune Ille nuilîbie à la Navi- gation. M.Je Maillet atiroit une efpécede raifon , fi l’endroit en quellion n'étoit qu’à quelques lieues d’Alexandrie , & fimée proche le Nil. Si cet endroit étoit du teins des Ro- . mains un Port de Mer, ou même du tems d’Alexandre , il faudroit , à plus forte raifon , qu’alors ITMune de Sues , ou la partie de Terre qui fépare la Mé- diterranée d'avec la Mer Rouge , fut couverte des Eaux Je la Mer: "cet en- droit étant fort bas, fort étroit, bordé de deux Mers & aucunement coupé de Montag es, comme l’endroit qui fépa- re >e prétendu ancien Port de Mec de la Méditerranée. U n'y a cependant ni marque ni tradition qui nous appren- ne que cet lllhme ait jamais été fu- îmergé. A l’égard des marques que Moniteur de Maillet a imaginé autour des Villes qui dénotoie/u des Ports Maritimes j *e /a'£ n'ell pas confiaté ; il efl au contraire démenti parla Def- cdptioit qu il nous a donné lui-mê- sur la Peinture. icj me de l’Egypte ainli que je viens de le remarquer dans la précédente Apof- tille. i*. Je réponds à la féconde Obfer- vation, quela grande & la petite Sirtc , fi renommées dans l’Hüloire Romai- ne , affiles au bord de la Mer il y a 16 , ou 1 7 ficelés., je dis que ces lieux ne font pas fi fort éloignés de la Mer , comme 011 veut nous le faire croire : & M. de Maillet a donné une autre caufe plus raisonnable de ce Phénomè- ne que j’ai foulligné dans fa propre citation.. 30 . La troifiéme Obfervation efi plus à notre portée : il s’agit du Havre & do Harlleur , du Port de Marleille & de celui de Fréjus: je ne fuis pas en éta* de donner des rations dcscltangemens qui font arrivés en Normandie3, quoi- que j’y aie palîé autrefois, m’étant embarqué au Havre en 1733 , pour palier à Cadix. Mais je puis décider de ceux de Provence , fur-tout de celui de Marfeilié dont je fuis natifs. L’on vient d’appercevoir que M. de Maillet prétend, que le Port moder- ne de Marleille n eû pas fituéau même endroit où étoit placé l’ancien Port, au- quel ont aborde autrefois les Romains. Cela ell vrai: mais TelUamtd déguife ici la vérité comme à Ion ordinaire. II veut faire entendre que la Mer s'ejl ecoulee ; que Jon lit ayant baijjé , on a abandonné L'ancien Port faute d’eau , &' que les MarJédlois ont creufé un Bafjin plus proche des Jl ns J oit les Bâtimens de toute grandeur abordent , & où ils font â l' abri tr dans un endroit vafle qui parole cepen- dant être plutôt l’Ouvrage d;s Hommes que celui ae la Nature J ce qu’ils ne Jç auroient plus faire dans L'ancien , qui , félon lui , eft à fec. L’ançien Port exifie encore aujour- d'hui comme du tems des Anciens lio- •io-j. Observations sua l’ mains : il porte non feulement des Bâ- timens ordinaires ; mais encore des Vaifleaux alTez confidérables ; il e£l - entoure de Rochers & paroît avoir été toujours le même ; il conferve encore le nom que les Romains lui avoient donné ;;’eû-à - dire., Portus Gallice, & en Provençal , Porté-Gallo. C’ell dans ce Badin où les enfans vont aujourd’hui fe baigner : j’y ai moi-mê- me plonge des Ourfins *, dans le te ms que j’étois Ecolier; j’y ai même vù un Vailîeau Anglois qui s’étant trompé pendant la nuit , avoit pris l’embou- chure de ce Port pour celui dont on fe fett aujourd’hui. Les nouvelles Infirmeries font bâties à côté de cet ancien Port : il ell ce- pendant vrai que ce Port ell préfente- ment hors de la Ville; mais il faut ob- Jerver que la nouvelle M trfeiile n’efl pas bâtie en-deflous ou plus proche de la Mer; mais fur la même Ligne & plus à 1 EU, dans une autre plage qui a été plus facile à agrandir que celle-ci, & qui ell mieux expofée. A l'égard des autres prétendues di- minutions de Mer qui font arrivées à Fréjus, elles fout de la même Nature, ainfi que celles du Havre N de Harjhur, les Sables que charrie la Seine auront prolongé les bords de Ion embouchu- re , ainfi que le Delta s’ell formé en Egypte à l’embouchure du Nil , & la Grau d’Arles àl’embouchure du Rhône. C’efl ainfi qu’aux environs de la V il- le d’Hiéres le terrein groflit par les f>oues & les terres que charrient les pluies & les eaux du Torrent qui dé- coule des Montagnes voifiues. La grof- feur des VailTeaux de notre teins ell fans doute la caule du changement de plufieurs Ports ; on en fait dans des » HiSTomE Naturell lieux plus profonds à rnefure que Hommes ont imaginés de plus grofics machines flottantes. U s’enfuivroit du Sentiment de Te[_ liamed , que les Dunes de la Ho!lan_ de, & les Digues qui retiennent |ej Eaux qui inonderoient ce Pays fe roient dans la fuite inutiles par l’atîaiiTe. ment de la Mer ; mais c’eftceguj n’ar. rivera point : on obferve au contraire que ces Eaux font toujours dans la raè. me élévation félon le Flux & le ReflUs & félon les Saifons,ou la fituationdelj Lune. M. de Maillet nous prédit qu’un jour V Angleterre tiendra à la France &* Pays-Bas , que le Détroit de Gibraltn deviendra une Langue de Terre ; que [4 Mer Notre £r la Mediterranée ne feront plus que des grands Lacs , ë . & des ef- pcces dillérentes des Animaux qui ctoicnt contenus dans l’Arche, ainfi que notis l’apprend l’Ecriture Sainte. L’Ecriture Sainte, comme l’on voit , ne m’a pas fervi à prouver qu’il y avoir eu un Déluge; mais ayant démontré, par le raifonnement Phylique , le plus à la portée de tout le monde, qu’il étoit impolTible qu’il fe trouvât des Animaux Marins dans les lieux les plus éloignés de la Mer, fans qu’il y ait en un pareil Phénomène; & que l’alfaif- lement aéluel & perpétuel de la Mer étoit une chinaere : les Phiiofophes peuvent ajouter foi n l’Ecriture Sain- te , puifqu’elle s’accorde li bien avec les Vérités Naturelles.. On peut encore dire que les Torrens' qu’ont caufé d’abord l’aflaillement des premières Eaux , & les Terres de toutes façon qu’ils ont entraînes , ont formé les diflérens lits que l’on trou, ve en creufant la terre en divers en. droits. Ce font ces mélanges qui ont compofè parla fuite les Marbres dans les Carrières : ce qui efl une fécon- dé preuve de la façm que les Eaux fe font aila;(Tées fur la Terre, c’eft-j. dire, en peu de tems par un Déluge, car il cfl rmpofïibie qu’elles enflent entraîné & mélangé les Terres fi leur alfaiflement avoit été infenfible , com- me le dit Tellianred.. EXPLICATION De la Planche A , des Pétrificatiom turieujis. A.D. Partie de Pierre compofée de deux couches dillérentes, où efl la moitié du PoilTon. C. D. Autre Partie de la même Pierre, fur laquelle ell rcAé la fécon- dé moitié du PoilTon. E.E. Diverfes fentes qui ont été fai. tes avant de partager la Pier- re , qui paroît avoir été fendue , après avoir fcié le tour du PoilTon ; lequel a été découvert apparamment dans la Pierre r ar fes extrémités, mifes en évidence pas ces mêmes fentes. J’ai vu de ces fortes de pétrifica- tions au Jardin du Roi & dans le Ca- binet de M. de Raumur, fort belles & bien entières , mais celle-ci m’a pam contenir un PoilTon d’une plus groffe forme 6c mieux confervé , dans la fc- paration delà Pierre. sur la Physique et sur la Piinturc; '107 Av Av Aj. -&■ Av A Av Av Ak, Av Av Av Av Av Av Al Av Av Av Av ^ -rr -7* ^ -4- ^ -7* -9» -9* «ç* *ç* *9* ^ *çr *9* *7- 4> < 44> <44> <44> <44> <44 > <44> <44> <4 4 > <4 <4 -A- 4' ^ 4' 4' 4' 4' 4' 4' 4' 4*- 4' 4' ^ ^ LES DISPUTES DES PHILOSOPHES ET DES ARTISTES MODERNES. ARTICLE VIII. Sur la Lithotomie , concernant des nouvelles réflexions t en faveur du Grand G* du Haut- appareil par AI, de Ch hignebru h. N a vu depuis peu les fa- meufe» Dilputes qui fe font élevées dans les Arts , ainfi que dans la Philofophie ; entr'antre le Lithotome caché a fait grand bruit. Aujourd’hui , Monfieur de Chaiohïbkun, Auteur de la préfente Diilertation, vient à l’ap- pui de M. le Cat contre le Frere Cô- me , & donne des nouvelles réflexions que le Public amateur recevra avec plalfir. Lettre a un Chirurgien de Pro- vince. M ONSIEUR. Depuis l’impreffion du petit Ou- vrage fur la Taille, que j'ai eu l’hon- neur de vous envoyer , & fur lequel vous m’avez lait des objeélious contre le Grand appareil , j’ai eu occafion de voir Meilleurs les Chirurgiens en chef des Hôpitaux de l.yon^de Bordeaux, de Nantes , M. Nigoul ( Lithotoinifle , Penfionnaire de la Ville de Touloufe ) & nombre d’autres Lithotomilles ; ils m’ont dit qu’ils tailioient au Grand appareil avec un fticcès des plus heu- reux ; & c’eit l’expérience de ces Melïieurs , jointe au fuccès particu- lier que M. Boudon a eu en fc fervant de la même méthode , qui fervira à vous faire voir que ce n’tll pas fans fondement que j’ai voulu prouver l’a- vantage de cette ancienne méthode fur certainesprétenduesnouvelles maniérés de Tailler à la Partie inférieure de la VcfTïe , fous le nom de Grand appareil en méthodes latérales , qui font quel- quefois des plaies fi grandes à ce vif- cére , qu’elles font fuivies de très- fâ- cheux accidens , ainfi que M. le Cat illuflre Chirurgien , l’obferve dans une Qij # V h o -h V;.4 ic8 Observations sur l’Histoire Naturelle, Lettre du Journal des Sçavans du mois de Mars j 749. M. le C.ii y réfute les prétendus avantages du Lithotome caché., que le Frere Corne a annoncé comme nou- veau dans celui du mots de Décembre 1743 , mars qui ne l’eft pas félon M. le Cat : aulïi M. de la Faye convien- droit-il , ft on le lui demandoit , qu’en 174^, je lui communiquai l’idée d’un femblable Lithotome , à l’exception de la vi-rolie, que je voulois faire conf- trifire ; mais ce gavant Chirurgien m’ayant répliqué qu’il avoit été tait mention d’un pareil Infirmaient , je n’en parlai pas davantage , quoique je me lu (Te ptopofc de m’en fervir dans d’autres vues que celle du Frere Côme, ( qui prétend en être l'In- venteur : ) c’ëft - à - dire , que je n’attrois pas voulu me fervir de mon Uthotome , ou B Ib'uri caché, pour étendre l’incifion auffi avant dans le corps de la Veille que le propole le Frere Corne de le faire avec le fien ; parce que les plaies de la partie infé- rieure de ce Vifcére qui anticipent beaucoup fur fon corps , font plus fu- jettes à l’inflammation, à la gangre- né rue Montmartre , à côté de la Communauté des Prêtres de S. Lujtache. Rapport de l'Ouverture & de l'Examen du Cadavre delà nommée Supiot : com- muniqué à la Faculté de Médecine de Paris , par Abnfieur Morand, fils , Ecuyer , DoÜeur Régent de la Faculté j, &c. J’AI formé le projet de raîfonner dans mes Obfervations d’Hilloire Naturelle de l'Année prochaine 175 J, lur la caufe de la Maladie dont nous allons donner le rapport , comme une Decouverte tres-intérefiante : mais je ne m’hazarderai à en parler que quand j’aurai écouté tout le monde, & que j’aurai fait certaines Expériences que je me propole de mettre en pratique. Le Rapport fuivant qui vient tout fraîchement d’âlre rendu public dans une petite Brochure ( annoncée dans la Gazette de France du a 5 Décem- bre 1 7 5 2. ), que je crois trcs-véritable , fera de quelque utilité dans notre futur taifonnement. Crainte que l’on ne me reproche d’avoir changé quelque chofe dans le %le je le donne tout au long , tel qu’il ell, ainfi qu’il fera aifé de véri- fier. M. HoRy ( dit M. Morand ) s’étant alluré du contentement du Mari & des parens de la défunte ^ qui nous accor- doient 1 o heures de tenis pour l’examen du Cadavre, écrivit lui- même à Mrs Dupouy & Leguernery Maîtres Chi- rurgiens, aufquels il paroiflbit naturel de donner la préférence . pour faire l’ouverture devant nous , & nous y in- vitâmes pour lejlendemain 1 1 du mois à lix heures du foir , M. le Doyen t ■n •• i rtf Observations sur l’ltistoire Naturelle* M. Fcrrein Ça) , M. HerilTa.it (b), ^ ~ -*1 M. Peut (c), & mon Pere (d). Les arrangemens que nous avons pris en vappellant de témoins aufTi ca- pables & aufTî éclairés , tels que nous étions obligés de les choifir, pour le Public & pour la Faculté, fe font trou- vés conformes aux intentions de la défunte, que nous avons fçu depuis, & qui dans les derniers rems de fa vie , ayant confidére que la maladie donc elle étoit attaquée avait des effets fi prodigieux , qu’il pou voit être utile au Public que la cau- fe en fût examinée. & s'il ètoit poffible , connue, avoit fait les difpotitions(e) pour que fon corps mort fut ouvert £r dijjéqué , ainfi qu'il feroit née cJJ aire pour l'utilité pu- blique ; elle avoit même nommé pour cette fonélion M. Dupouy fon Chirur- gien ordinaire. Le Samedi .o Novembre , à fix heures du foir, M.,J])upoiiy , & à la place de M. Leguemery , Al. Sue le cadet, out procédé à l’ouverture du Cadavre, en préfencede M. Ferrein , M. Petit, & M. HerilTant, de Mei- lleurs Henomont , la Faye , Verret , Maîtres Chirurgiens qui s’y font trouvés. On a commencé l’examen par Ta Jambe gauche , fur laquelle on a fait une inciuon depuis l 'épine du tibia juf- qu’à fa bafe. Les Tégumens féparés, ont laille appercevoir la crête du tibia &. le corps meme de cet Os a été entamé avec T Infiniment , la fubfiance Compara n’ayant offert aucune réfiftance ; elle étoit abfolument changée , plus 0Q moins ramollie dans toute fon éten'- due , prefqtie détruite dans quelques endroits; où ayant beaucoup perdu de fon cpailTeur dans d’autres. La fubfiance fpongieufe des deux ex. trêmités de cet Os , étoit fort fouplç- & pretoit aifément à la moindre pref. fion. La fubfiance recticulaire qui traverfe le milieu des Os longs , pour fou. tenir la Moelle , ctoit prefque obli. térce. Lacavité intérieure s’efitrouvée renr. pire d’une fubfiance fort rouge , fem. blable à du Sang caillé, qu’on auroit mêlé avec de la grailîe. Les changemens arrivés au péroné ctoient bien plus marqués; on avoit peine à rcconnoître fon extrémité fu- perieure . & on fentoit uniquement au tafi un relie de fon extrémité inferietr- re , près la malléole ; pour la partie moyenne , elle ctoit entièrement anéan- tie & confondue avec les chairs voi-j fines. L’incifion plongée furie genouila mis à découvert la rotule, qui étoit en- tière , mais d’un tilTu fort mol, & qui paroilfoit fous les doigts comme une éponge, ainfi que les condyles inter- nes & externes du fémur. ( a) Profefleur au College Royal , Mem- bre de l’Académie Royale des Sciences , Pro- felïeur d’Anatomie & de Chirurgie au Jardin du Roi, (b) Membre de l’Académie Royale des Sciences de Paris , & de la Société Royale de Londres, Ancien Profefleur en Chirurgie aux Ecoles de Médecine. (c) Profetreurde Chirurgie, d’Anatomie & de l’Art des Accouchemens aux Ecoles d* Médecine, (d) M. Morand , * Ecuyer, Chirurgien Ma- jor de l’Hôtel Royal des Invalides , Inf- pefteur des Hôpitaux Militaires , Membre de l’Académie Royale des Sciences de Pa- ris, &c. * M. Morand dont il cjl ici quejlion ejl lt grartj Artifle de qui je tiens une partie de meslumicrts, Anatomiques. (e) Par fop Teftament du. 12 Août, sur la Physique et Les cartilages qui font dans l'articu- lation du genouil aux extrémités du fémur , du tibia . 5c du pcronc n'ctoier.t altères en aucune manière ; ils avoient conlervti leur blancheur , leur poli, & leur élaflicité Il en croit de meme des cartilages , de toutes les autres parties du corps , comme de ceux qui garnirent les fa- cettes articulaires des os du carpe , du métacarpe , du tarfe 5c du mètatarfe. l es Os de l'avant-bras , & du bras droit, ont été entièrement décou- verts , & on les a féparés dans l’articu- lation avec le poignet d’une part , 8t avec l’omoplate de l’autre. La tête de Yhumerus étoit petite , & ne paroilioit pas li arrondie que dans l’état naturel : le corps de cet os , ce- lui du cubitus & du radius étoient fort diminués de leur volume , qui n’étoit pas le même dans leur longueur -, leur mollelle étoit aulfi différente ; dans quelques endroits ils étoient fouples & plians, dans d’autres ils étoient caf- fans quoique flexibles. On pouvoir en tirant ces Os par les extrémités , leur rendre leur diredion naturelle . mais ils fe replioient bien»- tôt dans les endroits où iis étoient courbés auparavant. Les phalanges n’avoient pas même la mollefle , qui fe remarquoitdans les aunes Os longs; à la vue, elles ne paro tfl oient Pas allérées , mais avec le lcapel on les coupoit fort aHement , & elles etoient fouples & diadiques comme de la baleine. 1 Les changemens communs aux Os longs , étoient fur-tout marqués dans les fémurs , qui dans prefque toute leur longueur redembloient piutôt à des sur la Peinture. i*7 cordes charnues qu'à des Os; la moel- le fanguinolente qui fe trouvoit amaf- fée en plus ou moins grande quantité dans l’étendue de leur cavité , rendoit leur grofleur inégalé dans quelques endroits. La capacité du petit bajjln étoit ex- trêmement étroite . les deux Os ilium avoient fort peu d’étendue , ils étoienc tres-épais , & leur face interne étoit raboteufe & inégale : d’ailleurs leuc tiflu ctoit ramolli comme celui des Os pubis & ifehium. L’épine du dos avoit fa configuration naturelle , mais les vertebres étoient fouples & molles au toucher.* Le llemum avoit comme tous les Os celleuleux & fpongieux confervé une folidité apparente , mais il fe coupoit fort aifément. Les côtes , quoique molles , étoient caftantes dans toute leur longueur ; quelques-unes des vraies étoient re- pliées fur eiles - mêmes dans i’extrê- mité qui s’unit avec les cartilages du Jkrnum. Les clavicules qui font formées d’une fubftance compatis , & d’une efpéce de diploé , étoient prefque caitiiagi- neufes. Les omoplates étoient beaucoup plus cpailïes qu’elles ne le font ordinaire- ment ; elles avoient en même tems perdu de leur étendue , & s’ étoient ra- cornies ; leurs éminences connues fous le nom d'épines s’étoient fort appro- chées de la côte fupérieure , 5c for- moient un conduit. La côte inférieure des omoplates étoit échancrée en deux endroits , Sc con- tournée en S Romaine. Les apophyfes acromion Si coracoïdr On ni rien trouvé d’extraordinaire dans le bas i entre Sc dans la poitrine , les vifcéres étoient très-fains & bien conftitués. 1 Observations sur l fe joîgnoient prefque. Les Os du crâne étoient tellement ramollis, qu’on les coupoit fort aifé- rnent avec le fcapel ; leur épai fleur ctoit augmentée du double au moins ; les deux tables étoient confondues, on n’y connoifloit aucune trace du di- floë > & en les comprimant un peu , on en faifoit fortir un fuc très-aqueux , dont ils ctoient abbreuvés. Les futures étoient prefque détrui- tes. Les Os mêmes de la bafe du crâne , ainfi que l’apopbyfe pierreufe des tem- poraux , tous les Os de la face , les ma- xillaires fupérieures & la mâchoire in- férieure , participoient de cette mo- le/Te. Les dents feules avorent confervé leur folidité , quoique la Malade ait prétendu qu’elles ctoient ramollies, ce qui venoit de la flexibilité des Os ma» xiliaires. La dure-mere ètott confondue avec le crâne ; le cerveau étoit d’une con- fillenceordinaire, fon hémifphére droit ctoit d’un tiers plus gros que le gau- che , de manière que h faux ne par- tageoit pas le Cerveau en deux par- ties égales ; & elle étoit ainfi que la ten- te du Cervelet , plus épailTe que dans l’état naturel. 11 y avoit environ une cuillerée de fung épanchée dans les deux ventricules. Le plexus choroïde ctoit engorgé & variqueux. Réflexions par M. Morand , fis , fur la Nature 6* la caufe de cette Alaladie. Quelque Singulière que foit la maladie qui vient d'être circonftan- ciée , il n’y a cependant perfonne qui ne fçache qu’elle n’ert pas faits exemple . & qui en rapprochant ceux 'Histoire Naturelle , dont nous avons les Hiftoires les plUs détaillées, que j’ai cité dans le deu' xiéme article de mon premier Ran.' port , ne reconnoille que celle doru il efl aujourd’hui quellion , ell tout-à. fait femb'able. Sans rappeller ici la conformité quq| y a entre les premiers fymptômes doat furent attaqués Pierre Siga, Bernarde d’Arinaignac , & ceux qui fe font mon. très il y a cinq ans dans la nommée Supiot, je remarquerai feulement en partant , que la refleinblance s’étend jufques fur les altérations furvenuej dans la charpente orteufe , comme il a été conllaté pat l’ouverture data, davre. Ceux qui feront curieux de s’enadu, rer , auront plus de fatisfaclionà coin, parer eux - mêmes ces cas fingn. liers , en les lifant dans les diflerens Auteurs. Je ne fqai s’il eft aifé d’établir bien pofitivement le caradére de cette nu. ladie ; les autres , dont j'ai fait men. tion , ont été regardées comme diiTé. rentes quant à leurs caulcs , “quoique femblables par les effets , le cas de Ber- narde d'Armaignac a été prononce feorbutique , parce qu’on ne fqavoiti quelle caufe l’attribuer. Celui de Pierre Siga a été loupçon. né vérolique , parce que cet homme avoit eu une gonorrhée avant d’urj attaqué d’un ramolliflement d’os; fans cela , peut-être qu’on l’eût afluré feot- butique. Dans le cas préfent , les fentimetis font partagés ; quelques-uns de ceux qui ont vu la nommée Supiot , ont at- tribué fon état à un vice vérolique ,4 ils prétendent qu’elle a pris du mercu- re ; d’autres ont regardé fa maladie comme un rachitis- feorbutique. y Ce qu’il y a de certain , c’eû qu’elle sur la Physique j n’a jamais déclaré aucune incommo- ü dite qui doive faire foupçonner un vi- ^ ms vénérien ; cela n’empêche pas à ^ la vérité . qu’elle ne punie avoir pris quelque préparation mercurielle : il y a des Auteurs (jui prétendent qu’on • peut guétir le feorbut avec du mer- , cure doux fublimé , de maniéré qu’il excite la lueur ; d ailleurs le mercure l ell le grand fecret de tous les empyri- ques, & il feroit étonnant qu’aucun de ceux atifqtiels la Malade a eu recours , n’eût point ellâyé (tir elie la vertu de quelque fpéci tique prétendu ; compofé avec du mercure , mais la Malade l’i- gnoroit ; & on fqait que la confiance aveugle qu’on accorde li injullement à ees lortes de gens , va jufqn’à prendre de leurs mains toutes (brtes de remè- des, fans leur en demander compte, èx fans faire toutes Jes difficultés que l’on fait tous (es jours à devrais Méde- cins, qui par efprit de probité, ne promettent jamais de guérir, quoiqu’ils agillent par des principes fages K éclai- res. La defeription des parties ofleufes , qui a précédé , montre qu’elles n’a- voient rien du rachitis , qui ell propre- ment une attrophieaveo difformité de l’épine , gonflement dans les articula- tions des os , & augmentation du vo- lume de la tête , toutes chofes qui ne te loin pas trouvées ici. Si donc il n’y avoit ni rachitis ni vu ils vaurien , relie le vice feorbuti- qtie , que l’on pourroit avec quelque radon regarder comme la caufc de l’é- tat miférable dont on a vu toute l’Hif- tuire; j’ai fait à la Malade dans l’efpa- ce de tenis que je l'ai fui vie beaucoup de queftjons fur (es incommodités qu ellepouvoit avoir eues avant de de- venir comme elle étoit,. afin d’étre en et sur la Peinture; ,119 état de juger de la nature de fa ma- ladie. M. MilTa , l’un de nos Bacheliers, que l’on fçait être animé de cette ému- lation fi ordinaire dans nos Licences, étant venu voir avec moi la Malade, s’eft attaché particuliérement à l’inter- roger fur ce même article ; & ce qu’il a appris ne s’ell pas trouvé différent de ce que j’ai Cqu de la Malade, ou de tes proches païens , comme de fa mè- re , de fa fœur , de fou mari , qui de- puis m'ont confirmé le détail fui- vant. La nommée Supiot avoit très-fou- vent des maux de tctc r & des inlom- nies: ou fi elle dormoit , fou fommeil étoit agité; elle fc mouchoit três-ra- remenr. Elle ctoit très- fu jette à des brouif- lards fur les yeux . à des éblouillemens fubits, mais fur tout à une opthalmie humide dont l’œil gauche étoit le plus fouvent malade ; à ues bourdônnemens dans l’oreille du même côte, fuivis quelquefois de furdités paffâgéres. Dès (011 enfance, elle avoit fnh- quemment , (ur-tout aux approches du Printems & de i’Automne , des flu- xions opiniâtres, principalement fur la joue gauche , des maux de dents , dis gonllemens de gencives, qui ab- cédoient même à la racine des dents, fur-tout incifives & canines ; les cotés des mâchoires étoientpvefque dépour- vus de dents. La Malade a rapporté a M. Mifla „ que la couronne des dents non carices tomboit lorfque la fluxion Ce diflipoit , tandis que de l’autre côté, les dents cariées refloient en place. Souvent la Malade ne pouvoit re- muer librement la mâchoire. & avoit un gonflement, qui, quoique léger , I 120 Observations sur l'Histoire Naturelle lui etoit importun; il paroi Toit auiTl très - fréquemment des boutons & des petites aphtes fur la langue., & dans la bouche. L’haleine de la Malade ctôit natu- rellement courte , & la refpiration Ia- borieufe ; elle a eu plusieurs fois dans fa vie des accès d’aflhme convulfifs , des palpitations de cœur , & des étottf- femens , fur-tout avant l’âge de feize â dix-fept ans, qu'elle a commencé à avoir fes régies; elle ctoit aulTi fujette à des évanouinemens qui étoient d’une longue durée, très - communément , elle étoît incommodée d’une petite toux féche, de rhumes , d’enrouemens, & d’extindions de voix fubites. Si mo- mentanées. Son appétit a de tout tems été bi- zarre & déprave , mangeant quelque- fois beaucoup , quelquefois peu , ne pouvant pas (upporter un bouillon ; elle étoit lu jette aux maux 6c péfanteurs d’eftomach. à des rapports aigres & ni- doreux, à des vomiüemens. Ces douleurs de reins & d’entrailles lui étoient fort ordinaires, ainfi que des coliques, qui étoient très- violentes ; elle fentoit prefque toujours de la ten- don dans le bas ventre avec des borbo- rigmes, qui fe terminaient par rendre des vents, tantôt elle étoit fort coulli- pée , tantôt fort relâchée. Ses urines étoient communément lc-géres , d’une odeur défagréable , & dépotaient une quantité de fedhnent gras, épais, blanchâtre ou cendré. Elle rellentoit prefque continuelle- ment des douleurs vagues dans l’épine du dos, dans les mamelles, entre les deux épaules; des crampes, des pe- fanteurs , des laiïitudes fpontanées dans les membres , des inquiétudes univer- elles ,des démangeaiîons, qui la for- çoient de fe gratter , au point de ^ (torcher , Si d’occafionner un ul^ qu’elle a eu long - tems fnr la gauche. Les cuifTes, les jambes étoient Bref, que toujours enflées, roides, péfJn> tes , fur-tout la jambe Si le pied jjau> che ; quelquefois elle avoit de la peine à m ouvoir ces extrémités , ou à fe f0tl. tenir ferme fur fes pieds. Outre toutes ces incommodités ha< bitnelles & journalières dont la part redoubloient lefoir ou la nuit,|j Malade étant âgée de 25 ans environ a eu la galle, après avoir couché avec une lille qui avoit cette maladie ; $ c’eft après qu'elle eu a été guérie qu’ij lui étoit venu fur une jambe, l’ulccre dont j’ai parié , qu’elle attribuoit à cet- te humeur qui étoit rentrée. La Malade avoit une perte blanche avant 6c après fes régies. Toutes ces ditlcremes maladies qui n’en caraâérifeut aucune efpéce par- ticulière , réunies dans un même fujet, indiquent une cacochymie feorbutique qui peut enfuite avoir été déterminée par le mélange du lait relie dans le fang après les différentes couches ; je laiff; cependant cette décifion aux Méde- cins , qui à l’aide d’une pratique con- taminée, font en état de porter un ju. gement précis fur ce point. Pour moi. je m'arrêterai feulement â ce qu’il y a de plus frappant dans le cas de la nommée Supiot qui ell cette perte de conl'.llance dans des parties auffi dures que les Os ; quant auxfpaf. mes 6c aux contrariions qui l’ont ac- compagnée , ce font des effets allez or. dinaires du feorbut , lorfque le levain âcre 6c lfimulant agit furies Fibresner- veufes. Dans l’explication de ce ramolIiiTe- raent <*> )l(l' efcf lit )Jp i#lif U«? î»rf: ik* liü' ,1* fH»1 tîitfl àf? î# & ¥. m ÿ in»' tif ji>r nJîr £ fi^ sur la Physique et sur la Peinture. j.£y ment des Os, je ne penfe pas qu’on La jpartie féreufe qui fert cTe véfii- n IL doive s’écarter du fentiment de Mon fieur Courtial * , la caufe doit eflen- tiellement rélider dans le fuc nourri- cier des Os , c’eft lui qui donne aux libres dont ils font compofés , la foli- dité qui leur eli néceflaire pour être propres à lervir d’appui aux parties molles , à foutenir tous les organes , & maintenir l’animal dans toutes les fitua- tions convenables «à leurs fondions; c’eli donc ce même fuc qui a perdu fa qualité ordinaire, & qui au lieu de dur- cir les Os , les a ramolli. Comme ce fuc , ainfi que tous les autres fluides qui pénétrent dans toute l’habitude du corps émanent du fang , il eft nécef- fairc de rapporter le vice qu’on y dé- couvre , à la Mafle du fang, dont il cfl un extrait , & qui en a été elle-mê- me affedée primordialement. Quelle que /oit la caufe de cette al- tération, il ell facile d’expliquer ce ra- molliflement par une dilïolution du fang , ou une dccompofition de prin- cipes , comme on en conviendra en fe rappellant quelles font les parties élé- mentaires de ce fluide. Le fang châtie avec lui une matière lerreufe , des fels & des foufres : ces derniers font eux-mêmes falins & aci- des : de plus il efl compofé d’une partie féreufe ou aqueufe, & d’une ma- tière huileufe ou gelatineufe. C cfl la combinaifon de tous ces principes qui conflitue un fang pro- pre a entretenir la vie & la famé? pour peu que ces parties foiern défunies que leur mélange (oh détruit oudéranl gé , ou qu’elles pèchent dans leur quan- tité , elles perdent dès lors leur quali- & au üeu d’être falutaires, elles te deviennent animale. contraires à l’œconomie JNouv. Oblerv.furles Os. pag. gj. - w, 0»# lanuoii Année .1752, Ton», JJ. Partit. ff. cule aux parties élémentaires mêlées avec elles , venant à dominer , le glu- ten ou l’huile épars dans cette ferofité , le fond petit à petit , la matière plâ- treufe ou terreufe que les Artères dé- pofent entre les couches ofleufes , ne peut s’y appliquer , le fang devenant trop aqueux, perd fa conlillance, 8c fejournant dans les cellules olfeufes , ramollit les Fibres. Les Tels du fang , qui vifent naturel- lement à devenir plus développés , n'é- tant plus embarraflés dans cette par- tie huileufe qui c mouflon. leur pointe , picotent le période , occaîionnent des douleurs, 8c la ferofité du fang ac- quiert une acrimonie qui irrite les Mufcfes , les fait entrer en contradion; 8c les Fibres ofleufes fe trouvant ab- breuvées , prêtent & fe courbent dans la diredion que ieurdonne le racour- cifTement des Mufcles. La lubflance grafle des foufres , dé- gagée des fels qui tempéraient leur adion , occafionnera dans la tillure du fang , une chaleur ou une efpéce de fermentation qui augmentera fa fonte. Tous ces effets d’une diflolution du fang , fe reinarquoient dans la mala- die dont il s’agit, La fimple infpe&ion des Os fpon- gieux, & fur-tout du Crâne qui ctoient foupies au toucher , & dont on expri- moit une quantité d’eau fort limpide, ne faille pas de doute fur la colliqua- tîon des fucs dont ils étoient ab- breuvés. Les fluxions aufquelles la nommée Suprota été fu jette dès fa plus tendre enfance, & qui fe font déclarées en diflérens tems fur plufieurs parties , an- noncent unefurabondance de férofités falfugineufes. iP TVNfO- i6(S Observations sur l’Histoire Naturelle L’appctit que la Malade a toujours confervé , prouve l’acidité des levains de l'efiomach , d’où en payant dans le fang, ils ont pu pénétrer les Os , & ramollir leur fu b 11 an ce , de même que le vinaigre la dilTout. La nature de la Moelle trouvée dans l’intérieur des Os du Cadavre , & qui refTembloit plutôt à de la graille figée , démontre , ce me femble _ la présence de Tels acides ou autres, qui ont agi furies fucs médullaires, comme l’el- Srit de nitre fur l’huile d’olive , qui evrent graille ,,loifqu’on verfe delîus Get ad Je. L’odeur forte dés urines de la Ma- lade , fi puanteur avant d’être en état de putréfadjon , indi juent dans la niaflfe du fang une grande quantité de füiifresfort exaltés par les fels. La matière gypfeufe , qui a paru long tems dans les urines , n’ctoitfans doute autre chofe que la fubllance ter- re ufe apportée avec le f.mg par les Artères , pour donner la dureté con- venable aux Os , mais qui étant privée de cette viîcofné néccfiaire pour pou- voir s’attacher dans les cellules oiTeu- fes,_ repalloit qtême avec celle qui y étoit déjà , & qui fe fondoit , dans les Vaiffeaux fécrétoircs & excrétoires , qui après les crifes & les fpalihes des parties nerveufes 8c vafculeufes , le relâchent toujours & fe prêtent au par- tage des parties excrémenteufes grol» fiéres* Cette partie terreule alkaline ayant enfnite repalfé par les emunétoires de la peau avec la fueur, ou même la grailTe du corps fondu par la chaleur interne , occafionnoit les taches que * Semptr vivum min. Vermiculatum acre , G. R. P , 285. Sedum parvum acre Fl. lutta. J» £.4- 69 InJl-'R. k. 26?. Hui j. Ai/?. 1041. Vermitularis fiye ilkccbra minor , agr'u. nous avons obfervées M. Hofty &n .. fur les ferviettes & les linges de [” Malade , & qui reffiembloient à de 1* grailTe mêlée avec de la craye, * En admettant cette théorie moins comme probable , il ne pàroj| pas qu’on doive défefpcrer de le ramolliffement des Os ; cette ma Iadie n’ell pas abfolument au-Jelbj des fecours de l’Art, ptiifque la ^ decine paffi.de des remèdes efficaces” pour donner aux fhndes imt2con(illan' ce uniforme , rendre la liaifon aux par. ties du fang , procurer un mêlant exaêt de fes principes , les rapproché quand ils font trop dégages , & ^ d'ailleurs , on a plus d’un exeraplt de la guérifon d'une pareille malj. die. Toute la difficulté efi de la reçoit, noitre dans les couiinencemens , lorf. qu’il efi encore tems d’y appliquer les remèdes qui peuvent lui être pro. près , & non pas dans la nommée Su. piot , Iorfquc la maladie a fait des pro. grès qui rendent inutiles tous les fe. cours de l’Art. Le fucccs des bains préparés avec l’alun , le foufre & le vitriol , ne don- ne-t-il pas un préjugé pour employw avec confiance des médicamcns inter, nés qui feroient analogues à cesfubf. tances faiines f Ne pourroit-on pas auffi fur-tout dans certains cas , dépendans d’un vice feorbutique qui commence à fe déve- lopper , recourir à la vermiculaire bru. lante * dont la vertu a été conftatce par l’expérience , dans des retiremens confidérables de. Nerfs & de Ten- dons **? gtr. En François, le pain d'oifeau. * * On trouve dans les Ephémerid. d'Alle* maen. decur. 1. an. VI. Vil. pag. jj.-Uoe Oblcrv. du Doiteur Bernard Jklow, qui sur la Physique et sur la Peinture. *<5?, Enfin feroit-il po(Tible(d’ét;iblirbien précifément des Canes , auxquels on puifle s’appercevotr que les O» com- mencent à fe ramollir? Qu’il me (bit permis , en Unifiant , de propofer ces idées : je fouliaite que quelqu’un les trouve dignes d'être ap- profondies , & qu’elles puiilqnt faire naître quelque difcufikm utile au Pu- blic 8c à la Médecine, c’eft l’unique but que j’ai en donnant cette Hiftoite, & en remettant fous les yeux une par- tie de ce qu'on trouve fur cette ma- tière dans les Auteurs. Nota, M. Morand a oublié de dire que la Malade confommoit une prodigieufe quan- tité de fel ; ce qu'elle ira jamais déclaré i fes Médecins. Nous ferons entrer cette re- marque dans les Oblervations que nous don- nerons fur les caufes de cette maladie , ièk>R nos Principes, ARTICLE XI. Nouveau Semoir accompagné de quelques réflexions J'ur l'Agriculture , par M. de V iiLSNjturK. LE S Hommes fe font accordes dans tous les teins à reconnoître l’Agri- culture comme le fondement de la So- cicte , (ans lequel l’efpéce humaine ne pourtoit fublüler. Cet Art néceflaire acte plus ou moins en honneur fui- vant 1 elptu du Gouvernement des dif- féras peuple». Pcrlonne n’iguore com- bien il ctoit honore chez les Romain,; J fur-tout dans le teins où cotte Républi- que a montré le plus de fagtfle. Les Grands ne regardent plus cet Art que comme une vile occupation , qu’ils abandonnent toute entière à l’induf- trie des Payfans. Les Chinois nous donnent un bet exemple à fuivre ; ils ont une telle vénération ps}iir l’Agriculture , que l’Empereur même par une Loi ex- prelfe de Cormtfius ell obligé cl’enfe- mencer fon Champ. Sans cette ar- deur mutuelle, il feroit impofiibie de nourrir tous les Habitait, de ce va (le Empire. Un petit • maître de Paris di- ra pour toute répunfe j ce font des Chinois. Les Sçavans qui font de tons tems en pofielîîon d’être miles aux hon> mes , & qui pour toute récompenfe s’attirent louveat leurs perfccutions; • foit par un mépris alTeélé , ou le plus fouvent par le ridicule que le beau monde tâche à jetter fur eux ,• les Sça- vans, dis-je , ont trop fouvent négligé les Arts, les plus utiles aux Hommes , pour s occuper d’idées plus fu bûmes, à la vérité , mais moins avantageufes à la Société. On doit rédîemeru une double re- connoiffance à un Mathématicien Iorfc qu'il veut bien quitter pour ces Arts , la Sphère de laGéométrie tranfeenden- tc , où l’efpm ell occupé d'une façon fi, iiuerrefiimte , fouvent même enchanté par les vives lumières d’une vérité qui ïflTqrc avoir gueu parla feule décoftion cette plante plus de cinquante Malades taqués d© tetiremeos de Nerfs 8c de tendi fi coiUidetables , que Je talon toucjloù jatet , Uns pouvOJr s'étendre : il fcifoj't p, cela bouillir huit poignées de cette p/ai lavée 8c mondée , -arec huit liy. de bie dans un railTeau couvert, «tletoutréd a morne, il donnoit de deux jours l’un tous les matins à jeun), fuivant la force des tujets trois ou quatre onces de cette dé- coction tiede. Il ûuc avoir attention que la maladie ne ki ^JS accomPann®c d’une trop grande chaleur , car alors cette plante précipita oit', ’Vontf- du fsng, Sc pourroit produire des effets funeiles. a A 168 Observations sur l’Histoire Naturelle# femble n’être pas faite pour les hom- mes , tant il leur faut de travail pour la découvrir dans Pobfcurité où elle s’obf- tine de fe cacher. C’eA ce qu’a fait un Académicien du premier ordre (æ) : il a tourné fes vues du côté de la culture des terres, il a lui même cherché â fépa- rer dans un Auteur Anglois (b) quelques vérités mêlées avec beaucoup de cho- fes inutiles ; il nous a donné ladefcrip- tion de fes Charrues , il a encore eu la patience de nous donner celle de fon Semoir , qu’il avoue lui-mcme être impraticable par beaucoup d inconve- niens , dont un efl de moudre le bled. II feroitcependant à fuuhaiter que nous eulTions un infiniment de labourage qui pût feiner fes grains de bled a éga- le di (lance les uns des autres , afin qu’ils enflent tous une égale quantité de tetre pour fe nourrir. Seconde- ment, dans la quantité que l’on auroit reconnu la plus avantageufe à la qua- lité de la terre que l’on voudroit en- femencer , il faudroit outre cela que ce même inflrument pût placer chaque grain de bled à la profondeur qu’on auroit éprouvé lui être la plus conve- nable. Si ce même inflrument le rc- couvroit à mêmetems, il efl certain qu’il refteroit très-peu à délirer. Nous n’aurions point encore rem- pli notre but li cette Machine n’étoit allez Ample pour être mife à la por- tée des gens de la campagne , & en même-tems d’une exécution allez fa- cile pour y être fabriquée. Je crois avoir allez exactement rempli ces con- ditions, & on en pourra juger par la defcription. Je marque des mêmes lettres les mêmes parties qui fe trou- vent répétées dans les difl'crens dcve; îoppemens. ( a ) M. Duhamel,' Defcription des Parties du Semoir, Figure I. A. Efl un Cilindre de bois que p0n fera folide ou creux fnivant qu’on ]e jugera à propos. S’il efl folide |e moindreTourneur de campagne çft en état de l’exécuter. S'il efl cTeUx on fe fervira des Boiffeliers, on ob- fervera feulement de donner une certaine épaifleur au bois pour y pouvoir creufer les cavités. D. D. D Sont des trous qui ont leurs cavités préciféme i t aflez larges pout loger un grain de bled fort à l’ait mais cependant trop petites po^ en contenir deux. Si l’on craint que les grains de bled ne lèvent pas en allez grand nombre , l’on pourra leur donner allez de capacité pout en contenir deux. B. B. Efl l’axe du Cilindre. Il faut re- marquer que ce même axe fert d’Ef- fieu aux deux roués qui font Axes, de forte que les roue, , l’Eflieu & le Cilindre , ne forment qu’une feule pièce qui tourne tout a la fois. Je ne parle point ici des proportions du Cilindre, elles dépendront de celles que l’on donnera aux rom,-, pour la diflance que l’on donnera aux trous qui reçoivent les grainsde bled; cela dépendra aufli comme l’on voudra femer maigre ou dru, pour me fervir des termes employés parles Laboureurs. Y. Y. Efl la coupe d’un autre Cilindre qui fert de ray au premier & qui em. pêche le Bled de s "échapper avant d’avoir rencontré les Entonnoirs P. P. P. Le fécond Cilindre efl attaché (b) M. Thullc. 1 sun. la Physique et sur la Peinture. _ 1 ^9 fixement fur les Brancards. On peut préferver la tremie de la pluie auffi fe reprcfenter cette Machine par deux Boilleaux mis l’un dans l'autre, celui du dedans feroit le feul qui tourneroir. K. R. Eft la tremie qui fe termine en quatre entonnoirs. On peut en met- tre davantage fi l'on veut il faut que le bout des entonnoirs prenne trcs- julle fur h circontérence du Cilin- dre, H. H. H. Sont des efpaces vuides bien que l’efpace du Cilindre qui eft à découvert: une toile cirée cil fuffifante. J’avois d’abord eu deflein de ren- dre les focs indépendant des autres mouvemens du Semoir, niais ayant remarqué que les focs dévoient être parallèles à la furface de la terre , pour s’enfoncer tous à la même profon- deur ; \’ai confidéré qu’en femant fur Coteau, la roue qui étoit vers le C. C. Eft une tringue de bois fixément Commet , quoique beaucoup plus éle- attachce aux Brancards. vée que l’autre , mçuoit cependant E. E. font plufieurs trous pour aua- la tringue qui porte les focs dans un cher La tringue qui contient les pc- exaél pnrallelifine avec la furface delà tits focs propres à tracer un liiion terre. Ceci eft aifé à démontrer , l’Ef- plns ou moins profond fuivant qu’on fieu qui eft une ligne droite eft paral- le déliré , il ne s’agit que de fiauffer le!e à fa furface du Coteau , puifque ou bailfer cette tringue. ces deux extrémités font également F. F. Sont de petits crochets pour re- éloignées de la furface de fa terre , tenir la tringue fi elle vouloit trop ayant pour méfure les rayons de deux _ s’élever. roues égales , & également inclinées Fig. i & f. f. f. f. Sont des focs & fur le plan incliné que forme le Cô- mortoiles dans la tringue c. c. teau. Les focs le font aufii puifque par 1 r: * 4 re préfente le Cilindre vu par la confiruftion , la barre C. C. ell LaF.6 derrieie de ce côté il ne doit plus y avoir de grains de bled dans les trous D. D. D. puifqu’ils font partes par les entonnoirs P. P. P, cepen- dant comme il peut très-bien fe fai- re qu’il y ait quelque grain impré- gné d’une liqueur glutineufe qui par conféquent s'attacherait aux cavités du Cilindre , l’eau feule peut occa- fionner cette adhérence. On con- çoit parfaitement que ce trou ainfï rempli d’un grain de bled devien- droit inutile. Pour remédier à cet inconvénient, l’on a découvert le parallèle à l’Eflieu c. q. f. d. Dans le cas où il y auroit des pier- res qui éleveroient les roues par fauts ; ce qui dérangeroit les focs , on a atta- t lié la barre C. C. au point E. avec une cheville de fer de forte qu’elle n’é- prouve dans toute fa longueur que le même mouvement qui fe fait (entirau point E. qui peut être regardé comme le centre commun des ofcillations du Semoir. Les petits crochets F. F, font pour la retenir dans un mouvement trop violent, fi par hazard il en arri- Cilindre A on . C0Uvefrt, le voit dans un Champ où l’on a pour de BrofL M, M dnnt^ une. c^PcC!r l’ordinaire le foin d’ôter toutes les feroient les grains de bleJ°de ° ^ f ' r0ffeS P'?rres’ Lorr de indre fe trouvent fous les entonnoirs , frais , ni beaucoup de tems poijrd exé- de Ij tremie , le grain de bled qui fe •trouve le plus à portée entre dans cet- te cavité & la remplit ; le Cilindre con- tinuant à tourner, après, une demie ré- volution , ce même grain dy bj,ed fe trouve vis-à-vis les entonnoirs, p, pr, p. trouvant alors une libre ilTue , il toqr- bedansle petit filfon qui lui cil pré- paré par les petits focs qui fe 'trouvent immédiatement devant. Ôn fait une Objeélion que l'expé- rience n’a pas confirmée ^ c’e/],elle décide én dernier 'reffort. On crue ta Je nç croirois point encore avoir ôté tous les doutes du Public, li je 11e démontrpis qu’il qft impofliblc que les grains de bled loicnteprafé^ou même froiflés par, le Ciltqdre lupyrieur. D émotif ration, Les cav.um.funt aller prplbn^ies pour, que les grains de bled 1 oient a\v délions dp la liifiage, du Ci- liudre inférieur , par çonlcquent le frot- tcment,du Çiiindtfe friperie, ur ( qui n’a. vai t lieu qqp dans le cas où i’011 au- refu trop ferre le Cilindre , ) porte en- -là il y auroit allez de jeu entre les deux Ci- Vindrcs pour qn’ils ne (c touchaient plus. t. q. f. d. * On peut ebcoré phr le moyen de cé Semoir connoitre combien il entrera de grains de bled dans un Champ quel- conqu Il ne s'agit que d’avoir exac- Réjlexicfis fur l’slgr induire. Malgré Futilité des bonnes Inven- tions, une des plus grandes difficultés qu’éprouvent tres-fouvent les Inven- teurs ; c’ell l'oppofhiori qu'ont ordr- . h ne j agu vjvk- u avoir exat- nairement les hottimbs pour les avan- tement mefurc la furfÈteede re Champ; tiges que l’on vêtu leur procurer. Il d enfuite il Huit inefurer la furface d’un a en nous un cerrain efprit de fconcra- ÜtAron&ohr mérvlc.tcms une envie; fhgeréfe pat l’arrtotir propre , de blâ- mer tout ce qui le préfente de nou- veau. l.a différence dans la cohftmâion des charruès a lieu de nous furprendre. Le proverbe dit avec radon , chaque Pays cfidquë Gomttra\ 11 ne faut pasr s’imaginer que ce foit la variété des terres qui ait donné lieu à cette différence. Depuis les terres que' l’on nomme fortes a caufe de la liaifon OimcWé donft le diamètre feroit égal à celui des roues & qui auroit la mèmè longueur (pte le Ciliudre dont on fe fert polir femer. Il nesMgit plus main- tenant que de Ravoir combien le Cia lindrc dépofe de grains de bled pat chaque révolution. Vv'tci L'Opérai ibl. Oh cherche par une drfiltori com- bien dé fois la furface du Çilindre eff cohtenue dans (a furface du Champ , enfuite on multiplie le quotient qui exprime le nombre des furfaces par le | —vu J/iH to » vij uvmiuv IVUIV.’ Il VUIUV< V» O lit lIvllIVJll nombre des grains de bled que chaque de leurs parties , jufqu’à Celles que l’on - révolution ISilTe tomber. Le produit nomme légères par des qualités tou- dùnne exaffement la quantité de grains tes oppofées , il ne fattdroit tout au dejbled qu’il a lallu pout enfemencer plus que quatre charrues différentes; le Champ. Je ne dois point oublier ce qui m'a fait rechercher ce nouveau Semoir ^ étant ennuyé de ne rien comprendre au Semoir de M. Thulle, après avoir lu le quart de fa Defcripiion , je pris la réfolution d’en chercher un plus lhn- ple , & de latlTer malefluve. Je le tra- çai après environ deux heures de réfle- xion. 11 feroit fort avantageux à l’Hif- toire de l'efprit humain que chaque In- venteur nous eut marqué Iescirconflan- ces qui lui ont aidé à faire fes Décou- une pour les terres fortes cht prfcmier genre J une autre pour celles du fé- cond & deux pour lés terres legeres. Les autres qualités dés terres comme leur plus ou moins de noirceur , leur plus ou moins de fertilité , font ablo- lument étrangères à la charrue dont l’effet eft Amplement d’en divifer ies parties. _ Confidérons maintenant le prodi- gieux nombre de charrues faites fur dilferens modèles. Jetions un coup d’ocil fur les chi- v_rtP<. Il r , , 7“ rftiiuus un coup Cioctllur les chi- ’ L uuve,5t phrs de ha- noifes ; elles ne reffemblent prefque * On pourrmt fe pafferdu Ciündre fupé- neiir , en .inclinant les cavités de façon quelle* ne laulallent tomber les grains que lorfqu’ils feroienr dans la perpendiculaii L. L. 1a Fig, I. en donne une coupe. \i% l 172 Observations sur l’Histoire Naturelle, &c. en nen aux nôtres , il n’y a aucunes qui y ayent rapport , tout au plus le foc parce qu’il le faut nécelTairement. Les Chinois femblent ici affeder plus particuliérement l’irrégularité qu ils adoptent par-tout ailleurs. Ils attelent un homme avec un cheval , ils atta- chent les cordes qui fervent à tirer la charrue immédiatement à la pièce de bois qui porte le foc, ils ne fe fervent point de roues; en un mot , il faut en voir la Figure * , & l’on appercevera lin degré de furprife auquel onne s’at- tendoit pas ; cependant l’on convient que le Royaume de la Chine efl de tous les Pays connus le mieux cultivé. Les terres ifortes de la Chine ou de tout autre pays du monde demandent la même charrue , c’ell - à - dire , la meilleure que l’on puifTe employer pour les bien labourer. Il s’agit donc de réunir les meilleurs modèles que l’on pourroit trouver dans ce genre , St les elfayer dans le même Champ avec la même force motrice & de com- parer les réfultats de leur labourage. On feroit le même eflai fur les char- mes propres aux terres légères , on s’alïureroit par-là delà meilleure conf- truélion : car il n’efl pas douteux qu’il n’y en ait une plus parfaite que les au- tres ; Il ce n’eli pas dans toutes fes par- * Mémoire pour fervir à THiftoirc Gcnéni ties, ce fera toujours clans le rnaxi. mum. M. le Maréchal de Vauban, qui avoir une ) u lie de de difeernement prefqUe unique dans toutes fes vûes.avoit fort bien fenti qu’il contribueroit beaucoup à la perfeétion du labourage en faifant adopter par toute la France la charrue la plus parfaite qu’il pourroit inventer, & ce n’efl pas peu dire; quel avantage’ n’en retireraient point les Laboureurs qui fe fervent de médiocres charrues ou même de mauvaifes. Le projet de M. de Vauban efl fort utile , fa charrue très-bonne, cepen- dant le tout efl refié fans exécution ■ il a biffé plufieurs Mémoires de pro’. jets utiles à la France. Nous pouvons conclure qu’il efl bien plus aifé de ré- former les inflrumens du labourage que l’opiniâtreté des Laboureurs. Ce que nous difons de la charue l'on peut le dire de tous les autres inflrumens, & fur-tout de ceux qui fervent à battre le bled , dans lefquels il ne devrait fe trouver aucune différence, fi l’on fe fervoit du meilleur ; puifque le bled ell le memejpar tout. Nous finitions par fouhaiter que les perfonnes intelligen- tes faffent adopter chacun dans leur pays la Méthode qu’ils auront éprouvé être la plus avantageufe. ale des Voyages. OBSERVATIONS SUR L’HISTOIRE NATURELLE , SUR LA PHYSIQUE E T SUR LA PEINTURE, AVEC DES PLANCHES IMPRIMÉES EN COULEUR. Cet Ouvrage renferme les Secrets des Arts , les Nouvelles Découvertes , les Difputes des Philofophes & des Artijles Modernes . ANNÉE 1752. TOME SECOND, VI. PARTIE. A PARIS, Chez DEL A GUET TE, rue Saint Jacques, i fOlivicr. Al' EC APPROBATION ET PRin LEGE DU ROY. ri^wb““ . a Auteur des préfentes r - ! T : - f " [i o ' ' “ ’i : " y ; ; ^ ... >V' r*V ; .a o a i- : x . . ? I «. , • 9 ■ • .1, OBSERVATIONS i 1 .■■■■ , —LU " ■ ! i SIXIÈME PARTIE. HISTOIRE NATURELLE- OBSERVATION XXVII. Sur le principe du mouvement dam le Fœtus. 1 U f l q u e s Auteurs ont mis Tires charnues ne pouvant agir par el- | en quellion lequel des deux , les-vnêmes fans le fecours des Nerfs j il I du Cerveau ou du Coeur ,com- faut aufli convenir que le Cerveau ne mentjoit le premier à fe mou- peut recevoir les Efprits animaux qui voir dans 1 Animal ? Iluentdans les Nerfs , que par les impul- En ellet lien n efl plus embarraflant; /ions du Sang , duquel il extrait les par- cette Quellion ne peut fe dcciJer en fa- ticuies qui compofent ces Efprits. veur c e un ni de l'autre ; car fi le Coeur On pourroit cependant fuppofer que a beloin du Cerveau pour fes mouve- les Nerfs ont été créés avec une cer- inens de Diallole & de Siftole , les Fi- taine quantité d’Efprits. contenue dans Année 17 52, Ton». Il Partie. VI. K b ’i 3° Observations sur l’Histoire Naturelle, leur capacité , & dans celle des Réfer- voirs du Cerveau , pour commencer le premier aéle de mouvement; & que de là font furvis tous les autres. Alors ce ferait le Cerveau , qui le premier ruiroit ce qu’on appelle Vie. Mais il faudrait encore fuppoler pour la per- feélion de l’HypQtcfe , que le Sang étoit créé auffi dans les Veines pour fournir dans l’inflant une ImpulGon propre à répondre à celle du Cerveau , & à répa- rer la diilipation que foudre le Fluide nerveux à chaque inftant de (es pul- fions ; malgré le retour qui s’en peut faire vers le Cerveau. On pourrait en- core fuppofer que ce n’a été que par la fncceflion impullîve des Efprits Ani- maux que le Sang s'cfl formé , & que le Méchanifme de la Circulation du Sang & des Efprits a eu lieu dans 1 A- nimal. D’un autre part , fans avoir recours à ces fuppofitions , on peut croire que le Foetus formé, les Organes difpofées, le Cordon Umbiiical attaché, fur quel- que A itère ou Veine Menllruelle , dans le fond de l’Uterus, a d’abord reçu des Particules fangtiines qui ont pénétré jufqu’au Cœur Je l’Embrion, & que la force & l’adivité impnlfive de ces Par- ticules a pouffe le Sang Menflruel dans le Cœur du Foetus & du Cœur dans le Cerveau , où le* font formes les Elprits : & qu’alois le*s Elprits poulies dans les Nerfs, ont commencé le )eu Animal. Ainli de façon ou d’autre, c’eft toujours le Cerveau qui a commencé , lorfque la Circulation naturelle s’eft formée dans i’Embrion. Je puis autorifer cette Hypotèfe par ïin fait cité dans l’Hilloire de l’Acadé- mie de l’année 1 70^ , d’un demi Fœ- tus Quadrupède. qui 11’avoit ni Cctur ni Poumon , ni Foyt, ni Ratejù Rein ,mVef- fie? ni Vaijjcaux Spermatiques , & auquel on trbtivoit cependant une portion fa Cerveau s quelques Nerfs, un Méfentére , quelques Boyaux J iér quatre gros Faijjtaux qui about ijjoient au Cordon Umbiiical, G* qui formoient toute la Circulation. l.e Coeur ne peut avoir aucune ac, trou particulière fans le fecoursduCer. veau , & il n’eft pas plus propre à im. pulferleSang , que tous les autres Con- duits qui le reçoivent, fans les Nerfs. Si le Cœur de quelques fortes d’Animaux conferve fon mouvement après fon ex* pulfion du Corps ; ce n’eft que par l’é- iallicité des Particules ignees , & |a preffion que (ooffrent ces Particules pendant quelque tems.par le rétrécifie- ment du Vifcére qui les contrent dans les Conduits nerveux, où ces particules font enfermées ; lequel mouvement dure alors jufqu’à la diilipation des Par* tics ignees. On peut aifcmenr conclure de -là que l’Einbrion Vivipare fort tout for- mé , mais fans vie , & qu’il ne la reçoit que du Sang de la Mere , qui met fes Organes en jeu ; ce qui ne fe trouve pas dans les Ovipares , où les Fœtus doivent ê tre Unis & parfaits pour croî. tre & vivre dans l’Oeuf, ne pouvant recevoir aucun mouvement de l’Oeuf , où ils s’attachent pour fe nourrir feule, ment. Je ne crois pas qu’qn puifïe créer d’autres Syllêmes , fi on veut s’accorder avec la faine Philofophie. Car d’ad- mettire des Attrapions , des Fermente » front des concours de Molécules, c’ell tou- jours chercher à faire de l’Or avec du Cuivre , & vouloir ôter à la Nature fes droits & fa (implicite. Je trouve encore plus ridicule de prétendre qu’il y a des Oeufs qui contiennent des Effigies par- faites , puifcjue dans le cas que nous venons de citer ci-defilis on n’a trou- vé qu’une deini-Figure vivante. Oiij sur la Physique et sur la Peinture: ï^t è(l dit dans la Doêlrine des Oviparif- gede divine qui a pourvu à la forme flr o fo t»î« A t* H-» c P I#-* ï i'x n Iaiivc tes que les Effigies Humaines, ou Ani- males , (ont contenues les unes dans les autres à l’infini , mais il n’ell pas parlé des demi -Figures. Nous en voyons cependant. Les Mâles de toutes efpéces dans les Vivipares ne donnent que la forme & les Organes de l'Embrion , & la Fe- melle Fournit le Sang, & donne le pre- mier mouvement au Foetus. Cela n’a rien de contraire aux expériences qui prouvent que les Fœtus fortent tout formés de tous les Males Vivipares. A l’égard des Ovipares , il n’ell pas jpoflible que la Femelle ait donné lieu a la circulation des fluides dans l’Em- brion , fur-tout dans ceux qui dépo- fent leurs Oeufs d’un côté pendant que les Embrions fortent de l’autre , ainlî que font les Poiiîons & les Grenoiiitles. Le f oetus de ces Animaux fort du Mâ- le, non-feulement tout formé, com- me dans l’Homme & dans les Quadru- pèdes , mais il fort en vie , & n’a be- foin de l Oeuf , que pour s’entretenir & s’accroître. J’ai donné dans mes Obfer- vations une Expérience fur la Généra- tion des Grenouilles , qui confirme cette vérité. ( l’om. z. 4'. Partie, An- née 1752. ) L’on peut enfin conclure de ces Re- marques , une fois pour toutes , que les Vivipares différent des Ovipares non-feu Wutdansla façon de nour- rir & d accroître leurs Fœtus , mais encore dans la lagon de les produire. Les uns les produilaiu tout formés fans vie , & les autres les produifam vifs & formes , piets a fe nourrir d’un Oeuf. Au lieu que les Vivipares ont des Rcfer- voirs ( l’Utérus) dans leurs Femelles dans lefquels ils les dépofent pour être V1V‘, n’.p0uf ?roitre & fe fortifier. C cil ici ou il faut convenir de la Sa- & à la vie de fes Créatures félon leurs états. Dans les Vivipares , où le Fœ- tus fort des Véfictiles du Pore débile & fluide , à travers les Filières les plus ctroites,& dans divers endroits, où il efl obligé de palier, & où il périrait certai- nement toujours , le Créateur a réler- vé de donner à ce Fœtus la vie dans l’Utérus d’une Femelle. O merveille,' digne de fon Auteur ! Au contraire dans les Poiffons & les Ovipares , où la Mete ne peut fournir que l’Oeuf. Cet Etre îupreme a fait fortir du Mâle l’Embrion , avec toutes les qualités né- ceffaires à la vie. Ayant une idée un peu difti-néle fur le principe du mouvement dans l’Ani- mal, fur les relions qui la conflituent & fur la nature de leur activité, & ea un mot fur la caufe & l'origine de la circulation des fluides ; voyons prefen- tement la Structure du Cœur humain. Structure du Cxur humain. Le Cocur efl compofé de deux Ven- tricules ou Cavités , l’un à droite & l’au- tre à gauche : le Ventricule droit ell ouvert a fa bafe par deux Orifices , dont l’un répond à l’Oreillette , & l'autre A bouchure d’une grolle Artère. Le Ventricule droit ell plus grand que le gauche , il s’abouche avec l'O- reillette droite & le Tronc de l’Artère Pulmonaire •, & le Ventricule gauche s abouche avec 1 Oreillette du même côte , & le Tronc de l’Aorte. Ces Ori- fices font garnis de piufieurs Valvules. Les Valvules qui s’avancent dans les Ventricules fe nomment Triglochines, &c celles qui fe replient dans les gros Vaif- featix s’appellent Sigmoïdes : on donne auffïlenomde Alitrales auxTriglochi- nes du Ventricule gauche. Rij i32 Observations sur l’Histoire Naturell, I.a furface externe des Ventricules j’ai vû clans le Cœur de plulîeurs Gre; efl. inégale, remplie de Cavités , & de phifieurs Eminences ; & la furface interne de ces Cavités cil remplie de Follettes de toutes fortes deFigures , très-profondes & en très-grand nom- bre, de forte qu’elles forment fur leurs bords plulîeurs Monticules de diver- fes formes. Les Ventricules font compofés en particulier de fortes Fibres qui fe croi- fent en tous fens , mais fur - tout de la Bafe à la pointe , & en travers de droit à giuche. L’aétion oppofee de ces Fi- bres caufela dilatation & la contraélion du Cœur. L’ajollcment des deux Ventricules 8c leur liaifon forme la Ciorfon qui les Lpare. M. Vinflow a prouvé (Mé- moires de l’Académie des Sciences , Année i 71 1 , page 1 5 o) que ces Ven- tricules 11e font unis enfemble que par quelques couches de Fibres qui forment la furlace extérieure du Cœur. De forte qu’il regarJe le Cœur comme compofé de trois Mufcles ; les deux premiers qui forment chaque Ventricule en par- ticulier, St le troifiémequilesenvelope, en fortam par la pointe du Ventricule gauche , & s'épanoiiilïaiit extérieure- ment à la Bafe. Quoique cependant cet Anatomille avoue que letroifiéme Muf- cle ne doit être regardé que comme la continuation des Fibres de celui qui forme le Ventricule gauche. Par cette Srruéture on s’appercevra que lors de la contraélron des Fibres Longitudinales & du relâchement des Fibres Tranfverfes , le Cœur fe dilate & fe racourcit ; & dans la Contraélion il s’allonge , 6c fe reflerre , c’eft ce que nouilles vivantes: lorfque le Cœur de ces Animaux s’emplit il fe racourcit 8c s’élargit ; 8c lorfqu’il fe vuide, iffo rétrécit Sc s'allonge. I.e Ventricule gauche efl plus épaîs 8c plus élafüque que le Ventricule droit, A l’égard des Oreillettes , on les re- garde comme deux Sacs mufculeuxfi. tués à la Baze du Cœur. L’Oreillette droite eft plus grande que la gauche, ainli que fou Ventricule. Les deux grolîes Veines , c’ell-à-dire , la Veine Cave fuperieure afeendante 8c la Veine Cave inferieure, s’abouchant enfemble dans cette Oreillette , elles ne doivent être confidérées que comme fes Bran, ches. La furface interne de cette Oreil. lette efl raboteufe, inégale & pleine de Ligne tranfverfes & Caillantes. L'Oreillette gauche efl un Réfervoit mufculeux , auquel on trouve un ap. pendice.qui lait comme une troifîcm* Oreil ette , la Surface interne de la- quelle cil un peu raboteufe & telle m- ble à l’Oreillette droite : mais en gé- néral les Parois de l’Oreillette gauc/is & de Ton appendice font plus épais que ceux de l’Oreillette droite. Les quatre Veines appellées Pulmonaires fe dé. gorgent dans cette Oreillette. Quel, qnes Anatomilles l’appellent pour cette railon le Tronc des Veines Pulmonar. res. Le Sac principal de cette Oreil- lette ell allez uni en dedans & en de- hors ; fes Couches Fibreufes fe croifent en plulîeurs fens. Pour accompagner cette DiJJertxtion & les deux fuiv antes, je donnerai des Figures &> leur explication ayant l'article de Phfyt, sur la Physique et sur la Peinture. ijj fur les Vailleatix Sanguins qui tapiiïent ces Véficules , & à travers lefquels l’Air fubtil paffoit comme à travers plufieurs Cribles. D'autres ne pouvant expliquer Te Méchanilme qui occafionnele mélange de l’Air & du Sang dans les Poumons , I.tifieurs Auteurs ont cherché d’ap- & ayant rejette les Cribles . parce qu’ef- profondir la Strudure des Pou- fedivement on n’en apperçoit aucun. OBSERVATION XXV III. Sur la Sirufture des Poumons humains (f leur Office. mous , & nous en ont donné la Def- •ription ; mais ils ne font pas d’accord entre eux. L’Office de ces Vifcéres dépend de leur Méchanifme , &• il eft difficile d’ac- corder leur Strudure avec la nature des Fluides , fur lefquels ces Vifcéres effcéUtem leurs fondions. Ces Fluides font l’Air & le Sang. Il eft queftion de mêler l’un avec l’autre ; voilà l’ufage générai des Poumons, & celui dont on convient. Mais lorfqu’il s'agit d’expliquer comme le fait ce mélange , les fentimens font partagés ; parce que la difficulté confifte à fçavoir fi l’Air feul entre dans le Sang, ou s’il y entre avec toutes les Parties hétérogè- nes qui le fui vent dans la Trachée-Ar- tère ; ou du moins s’il n’eft fuivi que des particules du Feu , qui Tans con- tredit nerdoivent pas être féparées de l’Air, lorfqu’il pénétre les Cloifons qui le féparent du Sang. ont eu recours à 1 ’Aurattion : reffource commode fx iavorite dont fe fervent les Newtoniens. Us ont prétendu que le Sang attiroit les Particules de l’Air dans les Poumons , à travers les Pores des Tuniques qui forment les Capil- laires des Vailleatix Sanguins, dont les Cavités des Poumons font entou- rées , fans cependant attirer les Parti- cules des autres Corps , qui pénétrent l’Air A le fuivent dans les Bronches. Mais ces raifons étoient imparfaites, Aqn’étoient fondées que lur de fimples conjeélures. Malpighi eft entré dans un plus grand détail., & s’ell plus attaché à dévelop- per la Strudure des Poumons. Il a vou- lu expliquer de quelle façon l’Air s’in- finue dans ces Vifcéres, & la route qu il tient pour arriver jufques aux Ca- pillaires des Vailleatix Pulmonaires. Il prétendort que les Lobules renfermés i ■ • »fr,,z r ^ r ^ans chaque Lobe du Poumon étoient tïons ft d CXP- Tm -f1 ‘.Q°ef“ COmPofés de Ph'fieurs Véficules; & que * J™ les E T “ i * N e JeCme ’ a t0US les Véficules d'un même Lobule brimipr i» i dans le cas de la- commtmiquoient enfemble , fans ce- ■ 1 >> -o ules uut reçoivent l’Air pendant communiquer avec celles d’un jlans les Pomno„s f„, d,K,e„s Modi- Lue l.ob„le. C=. Aiutomilte difoiî Parmi ces Ameu,, pM,uts ont ^ U ksËrFSp#: “ni ^ "Air pi:,c “• d minute de Trous, formés exprès Mous ayons beaucoup d'obligation à 134 ce Sçavant ; Helvétius de mieux approfondir la vé- ritable Structure des Poumons ; & nous pouvons nous repofer fur les Obferva- tions qu’il a faites de l’Anatomie de ces Vifcéres. C’eft ce que je vais citer ici, en ajoutant quelques Remarques de ma façon fur les Glandes Bronchi- ques. Je donnerai aufiï les raifons Phy- fique de la Refpiration félon mes Prin- cipes : avec lefquelles j'expliquerai le mélange d’Air A du Feu, qui s’eli'eélue à chaque mouvement de pulfation. Dans les Mémoires de l’Académie M. Helvétius nous a donné une fça- vante DilTertation fur la St ru dure des Poumons de l’Homme : les Obferva- tions font oppofées au fentiment de M. Mulpighi ; il n’admet aucune Vcficule dans les Poumons , il ne regarde ces Vifcéres que comme un fimple tilfu fpongieux , dans lequel les Bronches ik les V ailleaux Sanguins fe répandent. Cet Anatomille reconnoit deux Membranes au Poumon , une Mem- brane externe & l’autre interne : il con- fidére ces Mambranes comme la con- tinuation de la Plèvre. l a Membrane externe des Poumons , félon lui , elt la continuation de la Membrane interne de la Plcvre , & la Membrane interne de ces Vifeéres n'efl que la Membrane externe de la Plèvre. U a obfervé que cette Membrane interne des Poumons accompagne les Vaideanx Pulmonai- res, & qu’elle forme plufienrs Cellules entrecoupées & attachées fur ces Vaif- feaux. M. Helvétius ne regarde les Fibres de la Trachée- Artère que comme des Fibres Ligamenteufes, couvertes d’une Membrane garnie d’un Raifeau San- guin , & n’admet point les Fibres char- nues des Auteurs qui l’ont précédé. Il réunit a l’wxtrêmité des Bronches I31 Membrane externe & interne èe » Trachée-Artère, & nie les Ve|jCU| ou Sacs Membraneux que ces Aute'tS ont prétendu reconnoître au bout Bronches , formées par leur contint;5* tion. M. Helvétius dit au contraire n-1" les Bronches fe perJent feulement dj les Lobules fans compofer le inoind'! Véfictile. J'ai obfervé que la Mambrane jn terne de la T radiée- Artère ctoit g3n';’ de très-petites Glandes qui répondoie * à une infinité de petits Trous par 0> découloit une Liqueur Mucilagineu[e qui fert apparemment à défendre I Surface interne de la T rachée-Anjr St les Bronches , de l'Intempérie a l’Air. M. If'injlow a fait ces Obferva. lions avant moi. Ii elt du fentiment que cette Mambrane ell en pariie Charnue ou Mufculéufe , & en partit Ligamenteufe , contre l’opinion deM, Helvétius. Je n’ofe décider entre cq deux grands Anatomilles. M. Helvétius prétend que l’Air c; paffe pas d’un Lobule à l’autre -, usais qu’il palTe des Lobules dans leurs |n. terfiiees , & que de là il rcffort par les mêmes Lobules , & bien loin de regy. der ces Interllices comme le» Emunc, toires des Lobules , il les confidere comme les Réfcrvoirs de l’Air. Il conclut de toutes ccsJObferva. tions , i°. Qu'il n’y a point de Véficu- les formées par l’extrémité des Bron. clies. 20. Que les Cellules on Cavités, qui forment le Tilfu Spongieux, font compofées , en général , par la conti. nuation de la Membrane externe delà Plcvre. 3°. Que l’une des Lames de cette Membrane s’enfonce & fe perd dans tous les replis des Poumons 4», Que l’autre Lame de la même Mctnbta. ne forme les Gaines qui entourent tou- tes les Ramifications des YailfeauxSau. Observations sur l’Histoire Naturelle, mais il ctoit réfervé à M Si! Vf k{? ï dp. mi' »? e» lie-* téf H t «f W jf°'v l(ï; tn ?■' (»r Dû'* jt* < tf tf f fit :or >M,f b»r tlïi j Jî . J|Jf ilj < K iiir sur. la Physique et sur la Peinture. 13? guins, & produit encore les Membra- avec moins de facilité que des Lulni- nes des lnterlVtces , qui font entre les les, lefquels peuvent être afîaifles, pen- dant que leurs Interllices peuvent con- ferver leur tenfion & tout i’Air qui peut qui Lobules. M. Helvétius aobfervc que les plus __ grofles Ramifications des Artères & les remplir, des Veines Pulmonaires paflent le long 6°.Toutes les Cellules , que l’on dé- de l’intérieur des Interllices , & qu’el- couvre dans les Poumons fur lefquelles les fournillent de tous côtés, & en très- les Vaiffeaux s’épanoLiiffent par une grand nombre, les V aideaux Capil- infinité de petites Ramifications , fer- 1 aires qui fc dillribucnt dans chaque vent à donner plus de fuperficie à l’c- Lobule , & qui fe Ramifient encore fur tendue interne des Poumons afin que toutes les Membranes qui forment les l’aétion de l'Air fe répande tout à la fois Cellules. Il oblerve encore que les Ar- fur une pins gtande quantité de Parti- téres s'anaftomofent avec les Capillai- cules Sanguines. res des Veines , & forment ce Réjcau admirable dont Malpighi a donne la dé- couverte. Je ne puis me difpenfer d’a- joûter ici les Réflexions que M. Hel- vétius met à la (in de (a Di/k nation, i°. Le Poumon ell incapable par lui même de fe dilater ; tout (on mou- vement vient de l’impnifion de l’Air & du relfort des Fibres Ligamenteufes DiJJeüton particulière que pai faite des Poumons , confluences Phjfiques que j’en déduits. Comme je Phyfique autrement que n’ont tait les Anciens & les Modernes , & comme mes fentimens ne s’accor- dent point avec ceux des Cartcfiens & J I T | . . , 7 O ----- t .... uw v.miuiuu« ae la I racnee-Artere qm le repoufleut des Nexrtoniens, il ell impoiïible que Darleur . laiVn-n.' je pUjffe concilier mes idées, avec ce que dit enfuite M. Helvétius, fur la na- ture de la Circulation , & fur ce qui oc- calionne la différence fenlible que Poa reconnoît entre la capacité des Veines & ^es Artères Pulmonaires , & entre la couleur du Sang qui (lue dans l'un ik dans l’autre de ces Vailleaux.( Voyez le» Mémoires de l’Académie de 1718.) J’ai apperqu.oiure ce que \e viens de citer ci-devant, que toutes les Bifarca- .0 Tnm«UM , . lions des Bronches jnlqu’à leurs extre- oolent les Cellules' rbr*neS^U,COm‘ m,lés dans les Lobules* croient gar- polent les Cellules, & qm environnent mes de Glandes molles irrénulieres Sc srr d''",e “ '“™ palier de là dans les Interllices Tel! m,.,1Uo,îî,,lt a,vec ,es Bronche* ik deve- revenir par la même route ’ Cm a ,a 1m prefque imperceptibles ; 50. Les Interllices fnm A u r ^‘,e CCi ^lancies ^voient leur Orifice voirs où l’Air peut être coiffent" ^ Cavit^ JcS Brtmches » & ciu'eU ^certaines octalions & -, Vt'(Ten *’s communiquoient avec les Capillat- - occalions, & d’ou il «flore xes des Artères Pulmonaires , pour re- par leur élafticilé t®. L’Aime peut palier d’une Cel- lule à l’autre dans le Poumon , ni par- venir jufques dans les lmerflices des Lobules (ans foutlrir une iutiiiité de Co!lilions,& fans être léparé de quan- tité de Parties hétérogènes & tres- 'tof- fiéres qui l’accompagnent. 3°. Le même Air en tombant dans les Cellules , environne les Vaiffeaux Sanguins, & les touche immédiate- ment. Observations sur l’Histoire Naturelle cevoir les Secrétions du Sang , lors- qu'il fe dépouille des I .îqueurs glaireu- fes qui l’accompagnent & qu’il charrie du relie du Corps. i°. C’efi: ce qui diminue le Volume de la Malle du Sang Veinai, & qui dépouille Tes Particules. 2°. C’ell ce qui le fait changer de cou- leur. Et enfin c’efl par ces Glandes que fortent les crachats que nous im- putons de la Poitrine par la Trachée- Artère. .T'ai apperçu nuiïi que les Artcres Pul- monaires étoient couvertes par des Tu- niques plus fines que celles des Veines , avec lefquelles elles s’anaflomofent ; ce qui fait que l’Air & les parties de Feu ne palTent que dans ces Artères pour augmenter la chaleur & la Huidité du Sang j c’ell ce que je vais expliquer. La Faculté de Médecine & les Aca- démies ne peuvent raifonner Phyfique- ment aujourd'hui qu’en conléquence de la Doftrine établie par Defcartcs ou par Nevton. Ce font les feuls Dogmes reçus : ainfi le Public ne fera pas fâché que je donne une troifiéme conjeâure fur la prcjjîon de l’Air dans Us Poumons , fur les parties hétérogènes de tous Us Corps qui accompagnent cet F.lément dans la Ira - chée- Artère : St fur la Séparation qui fe fait dans Us Poumons , entre Us Particules fines & grojfiércs qui compofent l'Air que nous refpirons. L'on ne peut pas difeonvenir que dans l’Air il n’y ait un mélange de par- ties hétérogènes à cet Elément ; c’eft- à-dire, des Parties Terre lire ou Sali- nes , des Parties d’Eau & de Feu , & fur-tout dans notre Atniofphere. En admettant le vuide dans les in- tervalles des plus petites Particules, & remplilTant l’intervalle des plus grolles par fes plus petites , ou n'eft point em- barraflé de ce que deviennent ces Par- ties. Au lieu que dans le Plein abfolu. on nefçait de quelle forme eft I’Eth-r- ou le premier Elément , qui remplit f ’ Ion Defcartes , les Intervalles de tc'- les autres Elémens. On ne fçait a|Qr! fi cet Elément palTe avec l’Air dans [* Sang , ou s’il relie , au moyen de / Plein, dans un état d’inertie. C’efl Cç qui a fait imaginer aux Seâateurs deCe Philofophe que l’Air feul entroit dar le Sang pour le condenfer on pour le froidir. Jamais perfonne ne s’efl av^ de dire que la refpiration échauffoi' l’Animal , qu’elle étoit l’inflrunient j{ la Chaleur naturelle^ la fourcedestj. prits Vitaux. Je dis que lors de la Refpiration,]'^ n’entre dans la Trachée-Artère tel qU’j| ert autour de nous : que par l’impuj. lion naturelle de cet Elément il entie dans les Poumons , comme dans Soulllet, Iorfque l’on écarte fes Parois, qn'alors il fuit les Bronches jufqu’avit Lobules , oii elles fe terminent ; quede ces Lobules il pâlie dans les Intcrflicti en fe lèparant des Particules groffiéiij qui l’ont fuivi. Je dis enfuite que lors de \’lnfpirs . tion ou de la prelïion des Poumons l’Air fort avec impétuofité. Que les Particules groffiéres fortent d’abord des Lobules ; mais qu’aiors les Parti, cules fines contenues dans les Interfli- ces , étant preiïées de tome part, s’in. finuent à travers IesTuniques des Vajf. féaux Capillaires ; où elles trouvent moins de réfiflance , par l’aiïailTement des Membranes , à travers lefquels elles font d’abord palTées , lors de la tenfioj de ces Membranes : au lieu que les Par. ticules fines, qui fe trouvent renfer- mées dans les lnterflices , ne peuvent en fouir, dans le teins de leur afîaille- ment. On peut prouver dans ces Remar- ques l’iiifinuaûon de l’Air dans les Ca- pillaires M I V) SUR I.A 1?MYST^ÜÉ ÏT SUR LA PEINTURE.' t J7 ’pilfaires en donnant l’exemple de la dans cet état , les Membranes affaif- Machine Pneumatique. Tout le Mon- fies, dont nous avons parlé , qui fépa- de fçait qu’en tirant l’Air de cette Ma- rent les Lobules des Interflices , em- cliine , on retire toutes les Particules pêchent par leur affablement Pair fub- en général qui entrent dans la compo- til de parvenir jufqu’aux Interflices des fnion de l’Air que nous refpirons. La Lobules , & l’empêchent par confi- re traite de ces parties d’Air contenues quent de s’infinuer , avec les parties de dans le Rccipieat, le laideron vuide de tout Corps. & interdiroit par confé- quent toute communication de la vue îvec les Objets qui font au milieu du Récipient: c’ell ce qui n’arrive point ; parce que i Air fubtii & les parties de Feu , qui le pénétrent, entrent tout aufli- tût à travers les Paroirs du Récipient , quelques épaifles qu’elles fuient. Alors cet Air pur & fluide n’eft point com- primé &impulfé .comme l'Air extérieur, il ne fiauroit l’être que par la preffion. impojtible , du Récipient ; c’ell ce que l’expérience nous prouve tous les jours. H faut Jonc conclure., que puifque 1 Air fubtii & le Feu s’infinuent à tra- vers le Verre, à mefure que les Parti- cules grofliéres, que contient cette Ma- chine , abandonnent la place ; à plus firte raifon cet Elément doit s’infi- nuer à travers les Tuniques des Vaif- feaux Capillaires des Poumons, lorf- qu’il eft prellc par la conipreflion de ce Vifcére ; puifque ces Tuniques font alors les Parois les plus minces^ à tra- vers Iefquels il trouve le moins de ré- nltance. Les Animaux ne pétillent dans le Ré- cipient } lorfqu'on en a pompé l’Air gtoflîer , que parce que leurs Poumons relient alors atiaitTcs , & qu’ils ne peu- vent plus fe gonfler par la preffion de l’Air extérieur. Par conféquent il n’eft pas étonnant que le Sang ceffe de rece- voir (a fluidité; quoique l’Animal fijr le- quel on tait cette Expérience foit pofé dans l’Air le plut propre à cette fluidité fi Recellatre a la vie. Il faut convenir que /é / r . T *V vV.1 VI Aime 1752 jTm, II. Partit. W, Feu qu’il contient, dans le Sang. D’où je conclus , i°. que l’Air grof- fier compofé de divers Corps efl pro- pre àlaRefpiration paiTImpulfion que fouflre cet Air dans la Dilatation des Poumons. 2°. Qu’il fert à entraîner les Particules fines qui le pénétrent juf- ques dans les Lobules des Poumons , & à les faire paffer après dans les In- terllices. Que la preflion des Pou- mons force les Particules fubtiles de l’Air & celles de Feu à entrer dans les Capillaires des Artères Pulmonai- res ; tandis que les autres Particules . plus grofliéres , qui ont relié dans les Lobules , en fortent , en formant un Corps plus compaét & moins fluide , c’eft ce que l’on voit l’Hyver , où l’Aic qui fort de la Bouche efl beaucoup plus chargé d’humide. 40. Que pour lors la Couleur du Sang change par le Méchanifme le plus (impie du Mon- de , & fur lequel aucun Anatomille ne nous a pas encore dit un mot. C’efl- à-dire , que les Capillaires des Artères Pulmonaires étant plus groiïes que celles des Veines avec lelquelles elles s’Anaftomofent , dans l’efTort de la Cir- culation , les Particules fe dépouillent! d’une partie des Sérofués qui les ac- compagnent & qui les entourent pour piffler dans les Capillaires des Artères. C ell alors ce qui clarifie le Sang . 8c lui donne une Couleur plus Rouge. 5 "• Que le Volume du Sang diminue alors par le dépouillement des Parti- cules grofliéres. 6°. Qu’il relie , dans cet état , plus dilaté dans ies Capillui- 158 Observations sur l’Histoire Naturelle rcs, des Veines Pulmonaires , quoique d'un Volume moins confidérable. 11 re- Ï» fend fa fluijité, de Ton ndivité , par e mélange qui s'ell fait de l’Air & du Feu : mélange qui ne fait alors qu’aug- menter la vivacité de fes Couleurs. OBSERVAT IO N XXIX. Sur l'ufage des VaiJJeaux Lymphatiques du Méjentere , ùr concernant celui de la V einc-porte. LE M ' fentére efl une efpéce de T or- le, qui ell au milieu des Inteflins : il leur fert de Ligature générale , 6c empêche ces Vifcéres de s’entortiller , en leur permettant de flotter. Ample- ment les uns fur les autres. Les Glan- des & les VailTeaux du Méfentére fer- vent à nourrir les Inteflins , & à con- duire les Liqueurs de la Digeflion dans le Sjng, pour réparer les portes que fait continuellement ce Fluide, dans les fondions aiifquelles le Créateur l’a defliné pour l’entretien de notre Vie. Les Médecins anciens ont etc jadis dans un grand Débat, pour fqavoir fi les Boyaux n’ont qu’une feule faculté ; c’cft-à-dire,l’E*pu/mce,ou bien les qua- tre qualités enfemble qu’ils appelloient Attraflrice , Rétentrice , ConcoEh ice de Ex- pultrice. Nos Peres étoient fort portés pou 1 les Qualités Occultes, ainfi que les Newtoniens de nos jours : mais fans avoir recours à ces Qualités , on peut fort bien expliquer laChililication & le mouvement qu’ont tous les Inteflins pour recevoir & pour impulfer le Cliile a travers les Glandes Méfentériques. Les mouvemens du Cœur , des Pou- mons. du Ventricule de des Inteflins font des Mouvemens Naturels , qui le font par l’écoulement des Efprits , fan le confentement de l’Aine. Le prèniie fert à l'impulfion générale du Sam* ^ les Poumons de dans tout le Corps, pS fécond fe fait pour Impulfer le Feu & l’Air dans le Sang , de le Sang dam |e Cœur. Le troifieme fert à Triturer les Alimens de à les porter dans les Inte^ tins, de le quatrième fert à potiller |ç Chile dans les Veines Laélées & à ex- pulfer les Matières fécales hors Corps. Les Fibres circulaires des Inteflins dans leur Contradion. preflent le Chiié à paffer dans les Glandes, de les exete. mens à fortir enliu du Bas-Ventre. ‘ Expofitïon Anatomique du Méfentert. On divife le Méfentére en deux pot. rions : la plus étendue efl la plus courte de celle qui s’attache aux Inteflins Gref. les ; elle cft compofce d’une inftntit de plis , de efl appellée proprement^ Méjentere. L’autre portion ell plus lot, gue , moins pliflce , contournée en /or. me Spirale , de attachée aux gros inteü tins : elle'eft appellée pour cet effet!; Mcfùcolon. Ces deux portions ne font que I3 continuation de la Lame Membrane^ du Péritoine , redoublée fur elle-même, Le Méfentére commence à la det- niere Courbure du Duodénum, det cend obliquement de Gauche à Droite le long des Vertèbres Lombaires. C’efi dans cet efpace que la Portion Mera. braneufe du Péritoine fe détache k produit la Duplicateure des Lames, qui s’adoflènt pour former le Méfentc- re. Il efl d’abord fort étroit, mais il s’élargit enfuite , de forme une efpéce de Fraife Antique, dont les Pris. qui s’attachent aux Inteflins , font fort con- Adorables, sur. la Physique Les deux Lames du Péritoine font jointes enfemble par une Subfiance Spongieufe , qui renferme les Glandes, les V aideaux & les Nerfs du Méfentére. Dans les Sujets d’Embonpoint on trou- ve beaucoup de Graille entre ces deux Lames , qui les écarte en plttfieurs en- droits. L’extrèmitc de ces deux Lames enveloppe les lntefiins, & leur fert de Tunique Externe. Le Méfocolon s’attache d’abord à l’intcflin Colon monte enfui te, pour fuivre fon'Arc, vers le Rein droit, & s’é- largit après fous le Foye , fous l’Ello- macli & lous la Rate ; où il redefcend dans l’Hypocondre , vers le Rein gau- che , & ou il fe rétrécit pour s’élargir enfuite & defccndrc fur le Mulcle Pfoas du côté gauche , vers les derniè- res Vertèbres des Lombes. II finit fes Attaches au Rcdtim , lequel Boyau efi enveloppé par «ne Produdion particu- lière du Péritoine. Les Glanda Mefcntériques font difper- fées dans leCorpsCelluleux qui (e trou- ve entre les deux Lames du Méfentére. Elles font fort petites & de diverfes Formes, mais prefque toutes applaties , & fouvent entourées de Graiiïe. Leur Tilîu paroît Cellulaire. Malpighi a ob- •ervé dans ces Glandes un entrelalfe- ment de Fibres charnues. Les Anato- nttfies conviennent que jufqn’à préfent c n’°.nt P1'1 difiinguer les Vaifi'eaux trcnTces Glandes!Cra°ireS » ^ P™"* r,n°;l^!.!f Ü riîi“?.^uins. fe et sur la Peinture; les uns des autres: on appelle ces Vaif- feaux , Lymphatiques & Lattes. Les Veines Ladées Portent des Glan- des des Inteftins par plufieurs Ramifi- cations , qui fe réunifient pour formée un Tronc commun, & après avoir com- muniqué avec une grande partie des Glandes du Méfentére , ces Veines Lac- tées aboutilîent au Réfervoir de Pêmet pour porter le Chile dans le Canal Tno- rachique. Il efi aifé de voir la Liqueur Blanche que contiennent ces Vaifi'eaux, dans un Sujet qui auroit mangé quel- que tenis avant fa Mort, & fur- tout dans ceux qui pérüTcnt de Mort violen- te. On peut voir le mouvement de la Chilification dans les Chiens , ou tout autre Animal vivant, auquel on ouvre le Ventre pendant la Digeilion , & fur- tout après l’avoir nourri de Lait durant vingt-quatres heures. Les Vaifieaux Lymphatiques partent des Glandes du Méfentére communi- quent , de l’une à l’autre de ces Glan- des, & forment des Troncs particuliers, qui vont auffi au Réfervoir. De forte qu’il y a des Vaifieaux Lymphatiques & des Vaifieaux La&cs fur le Méfentere, L/age des Vaijfeaux Lymphatiques du Méfentere. Les Vaifieaux Lymphatiques , qui aboutilîent aux Glandes Méfentériques, peuvent y depoler cette Liqueur Lym- phatique , qui fans doute fe mêle avec le Chile dans les Veines Ladées & dam STuS»*” 4* •« 1= Canal Tliorachique, avam trent en tout fens; on y voit aulTi un grand nombre de Vaifieaux particuliers fins & tranfpareus, garnis de quantité de Valvules en dedans, qui forment en dehors des petits Nœuds fort proche ge du Chile & du Sang , loit pour tem- pérer la nouvelle Liqueur & la rendre plus Analogue, ou pour en empêcher la Fermentation. T otites les Glandes du Bas-Ventre fourniffent d’autres Vaif- feaux Lymphatiques qui vont aboutir , ou dans le Tronc des Veines Ladées , Sii 166 Observations sur l’Histoire Naturelle ] ou dans le Réfervoir même du Chiie, que quelques-uns appellent la Citerne haB.ee. Ufage de la Veine-Porte. Les Anatomirtes difent que le Sang dit Méfentere , du Pancréas , de la Ratte & de l’Epiploon , après avoir dépofé dans les Glandes de ces quatre Vifccres trois différentes Liqueurs , retourne , décompofé fous divers Modes , dans la Veine-Porte ; Æc , félon ces mêmes Anatomilles , ces diverfes Modulations du Sang que porte cette Veine, fervent à la compofiiion de la Bile. Je dis , au contraire , que il les Glan- des Biliaires font confiruites de façon à' ne féparer du Sang que la Liqueur Bi- lieufe , il importe peu que le Sang en- tre dans ces Gland-es compofc ou non» 11 doit toujours donner les memes Par- ticules qui compofent la Bi'e. Je c roi- rois plutôt que les quatre Vifccres dont nous parlons , fourniffent quatre Li- queurs differentes , chacun plus ou moins » félon la température du Sang ; lefquelies fervent à mitiger le Chde , qui fe forme dans les intellins , à pro- pos de les befoins, & il me femblc que le réfidu du Sang en généial, qui fe porte de ces Vifcéres au Foye, par la Veine porte, mêlé avec le Sang de l'Ar- tère Hépatique , de telle façon qu’il y vienne , ne produit jamais que la même forte de Bile , qui ne peut abfolumetu différer, que félon l'état de Santé ou de Maladie. Le Créateur ayant prévu les defor- dres qui réfulteroient immanquable- ment de la Fermentation de phifieurs fortes de Sangs mêlés & dccompofés , a bien voulu créer la Veine-Porte pour détournerles quatre fortes de Liqueurs, qui fe précipiterokut maRù-propos £e tout d'un coup fans aucune forte de nré paration dans la Veine-Cave. La Veine-Porte entre dansleFoye y porte ces Liqueurs, les mêle avec le Sang Artériel de ce Vifcére, &[Çs prépare dans les Glandes Hépatiques^. Biliaires, d’où le Sing retourne dans la Veine-Cave, fous une Modificatif convenable, par les Veines H,patiquçs fe réimillant , par piufieurs RaraifiCj* tions , en trois Branches , qui fe jettent alors fans aucun danger dans le ftéfeN voir commun, c’eil-à-dire , dans h. Verne-Cave. OBSERVATION XXX. EJfai fur les Oifeaux Carnafjiers , fa les Oifeaux de Couleur. JE me propofe de donner une fuite d’Oifeaux , de toutes elpéces , avec, leurs Couleurs Naturelles , exactement deffmés fur la Nature. M. de Reaumur, qui polléde l’un des plus fameux Cabi- nets d’idifloire Naturelle, & la Col. leélions d’Oifeaux , la plus belle & la plus complette qu’il y ait en Europe m’a promis de me laiffer peindre cette fuite : l’on ne doutera pas , par con- fcquent , qu’un Ouvrage fait fous les yeux d’un auffi grand Natnraliile, que M. de Réaumur , ne foit bien exécuté, (k qu’un préfent de cette nature ne foit bien reçu du Public. Je me fervirai auffi de toutes les Re- marques que nous ont donné les autres Sçavans fur les Oifeaux de chaque ef- péce : mats je me garderai bien déco- pier les Figures colorées ou non colo- rées, qu’ils ont joint à leurs DiiletU; tions. SUR LA PHYSIQÜE ET Le Busard, en Latin Euteo. Cet Oifcnti efl de la grandeur d’yne renne Poule. Il péfe environ 3 5. onces: fa longueur de la pointe du Bec, juf- qu’a l’extrémité de la Queue cil ii peu prés de 2 i. pouces ; il a la tête grande , le fommet en eft large & plat", le Bec d’une longueur médiocre , crochu, & d’un bleu fonce; fa Mâchoire fupérieure ell couverte d’une peau jaune depuis fa racine , jufques au delà des Narines ; les Coins de (a Bouche font auftl de couleur jaune. Sa Langue cil èpaifle , charnue & émondée , comme on la trouve dans les autres O i féaux , qui ap- partiennent à la clalTe des Fauconsi II a au Palais une cavité égale à la Langue. L’angle de fa Mâchoire inférieure eil Tond. Il a les yeux fort grands , l’Iris blanchâtre, un peu ombragé de jaune, & quelquefois de rouge. La Paupière de êfefTous en ell cotonneufe , la mem- brane qui les lie , eft de couleur bleue. La partie fupérieure de la Tête , du Dos, des Ailes, Plumes des Aijfs & de la Poi- trine , font bordées d’un blanc pâle, fale & jaunâtre. Le Menton , la Poi- trine & le Ventre , font d une couleur de gm-dc-fer \>àle , entremêlée de ta- ches d’un brun foncé. Entre les Yeux &• les Narines de cet Oifeau , il fe trou- ve de longues foyes noires & blanches. Son Dos eft couvert dans le milieu , de Duvet , & le relie de Plumes courtes. Les longues Plumes de chaque Ai/e, ne font qu’au nombre de quatre, ou environ , la plus avancée delquelles eft lapins courte,latroHiéme& la quatriè- me font les plus longues. Les pointes lH I suit La Peinture. t'di des quatre, qui fortenten dchofs , font plus noires & plus étroites que celles des autres. La tilfure intérieure de tou- tes cés Plumes ell diverfiliée de raies, ou de barres , en travers' ; ccs raies font larges , fombres & blanchâtres , Sc femblables à celles de la BccafTe. L e delta 11 s des autres' plumes des Ailes eft blanc , diverfilié de lignes parallèles , qui les traverfent. Les Ailes, lorfqu’elles font pliées ; s’étendent prefqu’à l’extrémité de la Queue , dont la longueur eft de 9. ou 10. pouces ; la Queue eft compofée de 1 2. Plumes , le (quelles étendues , for- ment un éventail. Les pointes les plus avancées de ces Plumes , font couleur de Frêne -, elles font fuivies d’une ban- de noire, qui les traverfe de la largeur d’un pouce: les autres Plumes,biga(ées de noir & de couleur de cendres , (orvt traverfées de raies brunes ; leur extré- mité ell blanche. Cet Oifeau a les Coiffes longues;, fortes & charnues, garnies de Plumes, un peu au - défions du Genoux : fes Jam- bes & fes Pâtes font courtes , greffes & charnues , couvertes d’écaiiies jaunes: le Doigt de dehors tient par une mem- brane, aux premières phalanges de ce- lui du milieu ; les Ongles de cet Ani- mal tant forts, & noirs ; celui du Doigt le plus avancé en dehors , eft le plus •pe- tit ; celui du Doigt de derrière , eltle plus grand. En ouvrant le bas Ventre dé cet Oi- feau , on trouve le Foye, partagé en. ,deux Lobes , & la Vefiie du Fiel , très- étendue , ce qui prouve la voracité de tanEllomach.La Rate eft de figure ova- le,& l’Eftomach large : itn’eft ni mnlcu- leuxni charnu, cqmme le Gcfier d’une Poule ou d’un Dindon 5 mais membra- neux, en forme de peau, comme celui des autres Animaux. IHT- :i 62 Observations NaTürelle'sür. l Histoire, Le Buzard mange non feulement, des Souris , des Taupes & des Oifeaux; mais, tante de meilleure nourriture, des Vermifleaux 8c autres Infcftes. Ayant ouvert l’Ellomach d’un Buzard, j’y ai trouvé une Grenouille, un Cra- paud, un gros Mulot 8c plufieurs Vcr- mifleaux. lis détruifent aulïï les La- pins & les Levrot-. On dit qu’en vieillilTant , la Tcte de ces Oifeaux devient couleur de Cen- dres , & que les Plumes du Dos blan- chillent ; mais il n’ell pas décidé fi ce- la arrive parVâge , par la différence du fexe ; ou par quclqu’autre accident. Ils .différent cependant beaucoup , parla .couleur de leur Plumage, quelques- uns ayant plus de blanc, quelques au- tres n’en ayant point. Les Oeufs de Buzard font blancs, marquetés de quelques grandes ta- ches rouges , 8c quelques fois tout- . à-fait blancs. Pline 8c Aldrovandus rapportent que cet Oifeau a trois Tellicules ; mais les Auteurs modernes n’en ont trouvé que deux, malgré leurs éxaélcs recherches. V tye% la Planche A. de l'Hijloire Naturelle des Oifeaux. La 'Bondrèc . en Latin Bulteo - aprivorus. CvF_t Oifeau a 23. ou 24. pouces de J longueur , depuis la pointe du tBec , jufqu’à l’extrénitc de la Queue : fes Ailes étendues occupent up efpace de 52. pouces ; fon poids ell d’environ 3 3. ou 34. onces. Son Bec depuis la pointe , jufqu’aux coins de la Bouche , .cil long d'un pouce 8c demi , de cou- leur noire 8: crochu , avec une énii- ,-nencc entre les Narines 8c la Tcte. La îbafe de la Mâchoire fupérieure ell cou- veite dune peau noire au-delà des .Narines, laquelle eil épaille 8c inéga- lé ; les Narines ne. font pas exaflement rondes , mais longues 8c courbées, i[ fait voir en baillant une bouche très, large Sc de couleur jaune. Le coin de la Mâchoire inferieure fait un demicer- cle femblable à celle des autres Eper- viers. L’Iris de fes Yeux ell d’un beau jaune. La couleur de fa Tête , en géné- ral , ell ou d’un bleu clair, ou couleUt de Souris. Le Sommet de fa Tcte, eft plat 8c large , mais étroit vers le Bec. Le Dos de cet Oifeau 8c fes Ailes font de couleur de fer , ou d’une couleur de Soutis tannée : les Plumes de Ailes , lorfqu'elles font pliées , ne viennent pas jufqu’à l’extrémité de U Qucuë : chaque Aile ell compofée de 24. grandes Plumes,, 8c la Queue de J 2. d’environ un pied de longueur. Le Bondrée a le Menton, le Ventre; les Cuiflès & le défions cle la Queue d’un bleu pâle , tirant fur le blanc , avec des rayeures jaunâtres 8c plus foncées; ces rayeùres ne fe trouvent point à la Queue , qui ell toute unie. Les Plumes qui garniffent fes Cuiffes,’ palïentun peu plus bas que les Genoux fes Jambes 8c lés Pattes font courtes* fortes 8c jaunes : il aies Ongles longs» forts , aigus 8c noirs ; les Boyaux plus courts que c^ux du Buzard ordinaire; PlnteftinCîCcum ell court 8c épais. Oa a trouvé dans l’Ellomach d’un de ces Oifeaux, un grand nombre de Che- nilles vertes , 8c plufieurs autres ln. leétes. Ils compofent leurs Nids , avec des petits rejettons de diverfes Plantes, & les couvrent de Laine , fur laquelle ils pofent leurs Oeufs : on en a trouve, qui s’étoient fervis d’un Nidde Milan pour y couver leurs Petits : ils les nourrilfem des Nimphes * des Guê-pes. On a « Petits Vers qui fe forment 4u réüdii dos l’Oeuf*. sur la Physique et me trouvé des Crêtes de Guêpes dans ce Nid Deux jeunes Bondrées, prifes dans leur Nid , ont été trouvées cou- vertes d’un Duvet blanc, & tachetées de noir , ayant les Pieds d’un jaune pâ- le , le Bec blanc , entre les Narines & la 1 été. l.curs Jabots ctoicnt remplis de Lézards » de Grenouilles & de plu- lieurs Infedes. Dans celui d’un d’en- treux, on a trouvé deux Lézards en- tiers, ayant les 1 êtes tournées vers le liée de l'Oifeau , comme fi ils s’etVor- Çoient d’en fortir. CetOifeau court avec, la même vî- tefic qu’une Poule ; la femelle ct\ plus grande que le mâle , comme il arrive ordinairement parmi les Oifeaux de proye. Leurs Oeufs font cendrés , & marquetés de taches encore plus /om- bres. . Voyq la Planche B. de l'H foire Naturelle des Oifeaux. Le Busard de Marais , en Latin Milvus- Æruginofus. ■ 1 Et Qifeau n’eft pas fi grand que le ' Euzard ordinaire . N n'a pas le sur la Peinture. ief£ Les Plumes de cet Oifeau , fur le Sommet de ia Tête , fous le Menton , & celles qui font couvertes fur la partie du deflus des Ailes contiguë au Corps; font de couleur d’Ocre pâle ou jaunâ- tre , & bigarrées de lignes noires. T otte le Corps , tant en delfus qu’en defifous efl d’un gris -de -fer foncé. Ses Ailes étant pliées , s’étendent prefqu’à l’extrémité de la Queue. Cha- cune ellde 24. grandes Plumes , elles font les plusfombres en couleur;ia plus avancée en dehors , efl plus courte de quelques pouces, que celle qui la fuit immédiatement; les Plumes, qui fortent du Corps , fur le deflus des Arles , font bigarrées de brun A de jaune vif. - Sa Queue contient 12. Plumes, d’en- viron 10. Pouces de longueur, & fe termine en demi - cercle , lorfqu’elieefl étendue. Elle efl bigarrée , d’un jaune fale & clair , ou rouge brun. - Ses Jambes , depuis le genou , juf- qu’à l’extrémité de la Griffe du milieu , ont fix pouces de longueur , N font garnies de Plumes ; un peu au dpffous du Genou, elles font pins longues , & plus délices, (eu égard à la grandeur de l’Oifeau 1 CHIP rpilps rl'nntrpc r ; ^ Y™ ^ucd^eu egara a la srancieur de Sa longueur denniôa ' ’ t' o^' i ül^eau ) clue celles d’autres Oifeaux 3"ein ’ ^Pu» 'a p°ime du Bec, de la Ciafie des Faucons. La couleur julqu’a l’extrémité de la Queue , elt de 24. pouces. Ses Ailes étendues , font de 56. polICes ; lc Bec ell d’environ un F>ucc & demi de longueur , crochu A couvert par le bout d'une peau , ou membrane , couleur de Frêne ; i ell fouvent noir , & dépouillé de cette membran- Scs Narines lom longues : le dedans de la bouche ell noir & bleuâ- tre ; ila ia langue large, charnue & moue , comme celle des aimes Oifeaux deProyc. La Fente «fe fon pa/afs eft large & ouverte : fes yeux font d'une grandeur médiocre y l’Iris en efl jaune. de fes Jambes & de fes Pieds , efl jau- ne ; celle de fes Serres efl noire. Le Doigt de dehors fe joint à celui du mi- lieu , par une Membrane intermédiaire laquelle s’étend prefqu’au milieu de ia Membrane qui lie les Pattes. La Serre du Doigt du milieu efl mince, en déf- ions , & tranchante : ces Oifeaux ont la Y cilié du fiel fort grolîe ,• ainfx que ceux que nous venons d’oblerver, A le refie des Intellinsde même. On les rencontre ordinairement dans des Bruyères & dans des Terres en Friche; fur des petits Rochers , ou fur des Ar- \u4 i<5'4 Observations sur l’Histoire Naturelle, hrilfeaux. Iis font leurs Nids, dans des endroits marécageux. Voye^la Planche C. La Pie Griefche des Moluques. Lanus minor Molucaruin. Cette efpéce elî fort rare , le Doc- teur Derlmm n’en parle pas dans fa collection. M. de Reauimir, qui enpof- féde bien d’autres dans fon Cabinet , dont on n’a pas parlée conferve cet Oi- feau fur ces pieds, dans la latitude que je le repréfente, &;tyquel il nemanque que le motivent & la vie ; les plumes font fi fraîches & fi bien confervées , ainfi que le corps, les pattes 5c la tete , qu’il vaut inieux.de cette façon, le défi- gner embeaumé que vivant; il ne fe tiendroit lürement pas fi tranquille , . » ; *<- **«.- quels les Géomètres ont voulu prou- , 1 sy continuellement , ver la vraie rcfiftance des Fluides aux des fclemens , auxquels elles (ont ex- autres Corps ; fondés apparemment fut ■tontt JI, tqnic. VI. % •v L ^ m°fiiles & féparces entre elles, par des intervalles plus ou moins grands, félon le mê- Observations sur l’Histoire Naturel-h? une Force quelconque. En détruifant cette » qu’elles occupent un efpace moindre:* Force, le Calcul tombera; il faudra en recommencer un autre . & ainfL jufqu’à l’infini. ^ Je vais me fervir des Calculs, faits par l’un des plus fçavant de nos Géomètres, concernant la réfiftance des Fluides , & après Jes avoir expliqués &• mis à la portée de tout le Monde , je les ferai écrouler en peu de mots , d’où l’on conclura l'inutilité que j’entreprends de prouver,. Obfervations générales fur les diverfes efpéces > de Fluides , par M, d'Æembcrt..*. Ces Obfervatîons ici font la Bafe de î’Hipotèfe ndinife , on ne tardera pas de s'en appcrcevoir, lorfque l’on aura pris la peine de les parcourir , & on verra diftinélement , que tous les Cal- culs de M. d’Alembert font fondés fur cette Bafe. Les Géomètres ont beau cacher leurs principes , on les décou- vre à la fin • le Phificien attentif ne les laide pas échapper, & s’il attaque le Géomètre , c’ell toujours de ce côté-là : car l’attaquer autrement , ce feroït perdre fes péines : on fçait qu’un Cal- cul , forti des mains d’un habile Hom- me, efi toujours jwfte ; mais il n’en cil pas de même de la chofe calculée. Par exemple , fur une certaine pofition , on peut calculer une certaine force ; il it’efl queftion alors que de fçavoir , fi la pofition efl jude , & fi la force ed ad- midible : on convient cependant qu’elle ed bien calculée. i c. M. D’Alembert dit moins que les Parties du Fluide ne fe ref~ » ferrajjent , ce qui ejl contre l' Hipothèfe. »3°. Il pourra en arriver autrement,. • fi le Corps fe meut dans un Fluide non < » cladique & contenu dans un vafe qui* » ne foit point fermé de tous côtés,;. » Car foit par exemple de l’èau ftagnan» « te dans un Baffin , & foit plongé dans » cette eau ftagnante un corps qui ne » foit pas fort éloigné de la furface fu- » périeure de l’eau , & qui Toit auffi pé- » faut qu’un égal volume d’eau ; j’ajoute • cette condition, pour pouvoir faire • abftraâion plus facilement de la pe- so lanteur du Corps & de celle du Flui* sodé. Qu’on donne à ce Corps une » impullion de bas en haut vers la fur* so face fupévieure de l’eau llagnante , »il efl vifible que par cette impul- » fion le Fluide cil poulTé dans fa partie » antérieure, c’efl-à-dire,dans la partie » qui efi entre la furface de l’eau & la fur- » face fupéricure du Corps. Ainli com- • Page j)i 4c l’cflàù d’une nouvelle Théoic de U réfiftance des Fluides. sur la Physique et stm la Peinture.’ 147 » me les. Parties qui font à la furface de «point de vuicle entre le Fluide 6c le « l’eau peuvent fe mouvoir librement «Corps. Dans la fécondé Partie . nous » de bas en haut , il pourra arriver «traiterons de la réfiflance des Fluides » que le mouvement imprimé au Corps «non-clafliques & finis, c’efl-à-dire,des *> oblige en cflet ces Parties de fe mou- » cas où il fe fait un vuide derrière le ” voir ainfi de manière que la furface » Corps. Enfin dans la troificme , nous * de iVau perde en cet endroit -là fa fi- » traiterons de la rcfiflance des Fluides • luation & fa figure redilique & Itori- » zontale , & s’élève au -defliis de fon » niveau. Cejl pourquoi rien rtemplche » alors qu il ne JefaJJ'e un vuide entre la fur- • face inferieure du Corps 6* les Parties • vo fines du Fluide; furtout fi le mouve- » ment imprimé au Corps efl affez » grand , pour que la prefïion fe com- • mimique , dès le premier inflant à la » furface de l’eau , 6c pour que le Fluide, ® contigu à la Partie poflérieurc du • Corps, ne puilTe pas s’élancer avec • allez de vîtefle, dans l'efpace que ce “ Corps biffera vuide par derrière. * 4°‘ Si le Fluide efl élaftique , foit • fini , foit indéfini , il efl évident que j>les Parties du Fluide doivent fe ref- «ferer nécelîairement à la partie anté- rieure du Corps , & fe dilater à la par- »tie poflérieurc ; il peut même arri- «ver , dans un grand nombre de cas , »> que le Fluide en s'élançant dans le vuide « que le Corps laijepar derrière* e remplije y» pas entièrement ce vuide, ce qui arivera »fi la vîtefle que le Fluide doit avoir en «tenu de fa comprefliou, efl moindre «que la vîtefle imprimée au Corps. «Nous diviferons donc en trois ** 1 a?*s JJoswclwcHes fur la refiflan- «ce des Fluides. Nous traiterons dans » la première de la réfiftauce des Fiui- » des non élaflique & indéfinis ou » ce qui revient au même , contenus «dans un vafe tranquille St ferme de » tous côtés, dont ils rempfiïTent exac- >» tement la capacité , c’efl-à-dire f «é- «neralement parlant ) de la réfiftauce «des Fluides dans le cas où il ne fe fait » élafliques. Nous deftinons à chacunô «de ces Parties un Chapitre particiH « lier, 6c nous inférerons entre ces Cha- » pitres plulîeurs llemarques impôt-; «tantes. . Réflexions à faire fur ces principes; II ne s’agit ici que du Fluide élajli* que ou non élaftique; des Fluides pleins ; c’efl- à-dire de ceux dont les Parties ne peuvent fe reflerrer ni fe dilater ; & des Fluides qui contiennent du vuide entre leurs Particules. Il faut d abord fqavoir s’il peut y avoir plufieurs fortes de Fluidité : c’efl ce que je ne crois pas. Les Corps ne de- viennent Fluides que par le détache- ment plus ou moins grand de leurs Par- ticules , 6c parle roulement de ces Par- ticules les unes fur les autres. Si un Fluide étoit plein j ainfi que M, d'Alem- bert le définit, 6c que fes Particules ne pufTent ni fe dilater ni fe réferver , il ne ferait plus Fiuide , 6c en cette qualité fa réfiflance ferait totale & abfoiue : le Calcul feroit pour lors inutile. Si au contraire le Fluide contenon des inter- valles, 6c par conféquent du vuide entre fes Particules , ainfi que font tous les Fltiideijalors ce Fluide feroit fujet à des variations perpétuelles^- le Calcul de la réfiflance de les Particules feroit im- polfible ; la raifon en efl aîfée à com- prendre : tout Fluide efl pénétré dePar- ticules hétérogènes , qui entrent 6c for- tent librement des intervalles, que for- ment les Particules homogènes qui le t g 14* Observations sur l’Histoire Naturelle, conftituebt. C’efl ainfi que l’Air efl fou- vent pénétré d’Eau & de Feu , & L’Eau toujours pénétrée deFeu&d’Air. L’eau & l’Air feroient glacés fans cette péné- tration , & par conféquent non Fluides. Il faut donc néceflairement calculer la réfiflance de trois fortes de Fluides, en calculant la rélîilance de l’Eau fiagnante aux Corps durs de Forme quelcon- que. Mais comme les Fluides, qui en- trent dans la compofition de l’Eau & dans celle de l’Air.ne font jamais déter- minés à une quantité connue fixe & fia- ble , & étant infiniment oppofcs dans leurs réfifiances, on ne peut les calcu- ler enfemble. Il luit de cette vérité , que fi on fonde le Calcul fur une force &une rélîilance connue, (dont la preu- ve ait été faite dans tel Fluide que ce fpit ) on ne peut pas aflurer qiie,I’inf- tant après le Calcul , la réfiflance du, .Fluide foit la même. L’Expérience nous enfeigne que la Fluidité de l’Air & de l'Eau &. de toutes les Liqueurs , varie, à toute heure du jour &en toute Sai- fon. D’où je conclus que le Calcul Algé- brique de la réfiflance des Fluides efl inutile , puilque la réfiflance de l’Eau , qui efl l’objet principal de M. d’AIem- bert , efl fujette à tout moment au plus ou moins de Fluidité, que cet Elément acquiert par le mélange plus ou moins grand de l’Air &du Feu. Si c’eft un Vaifleau, par exemple, dont on veuille calculer le poids ; il fe trouvera que dans certaines Eaux il s’en- foncera plus que dans d’autres, dans les Mers du Syd plus que dans les Mers du Nord , quoique chargé par tout également : il fera plus à Ilot l’Hyver que l’Eté , & la Nuit que le jour. Le Calcul ici ne fervira de rien ; c’efl en chargeant le Vaifleau que l’on connoît portj& les Mariniers fçavent par eftimation ce que devient leur charge ; & dans les tempêtes , combien à peu près il en faut jetter pour élever le Bâ- timent & le mettre mieux à l’abri des vagues. Si on veut appliquer le Calcul de la réfiflance des Fluides à la conftruâion. des Navires , comme le dit M. d ’A, lembert , ( Préface page VIL ) je crois qu’il ne peut être d'une nc'cejjité abfolut t la forme des PoilTons les plus lefles , eli celle qui fert à cette couflrudion. La Caréné d’un Vaifleau & fa for- me inférieure, font toujours femblables à celle de ces Animaux Aquatiques ; l’Avant efl toujours plus large que l’Ar- riere y & le Gouvernail , ainfi que la Queue du Poiffon , fert à diriger fa route à droite, à gauche, ou en avant. De quelque qualité que foit le Fluide, dans lequel le Navire efl pofé , la même forme fert toujours. G’ell au plus habile Cpnftruéleur à y prendre garde.fans s’a- rnuftr au Calcul , de la réfiflance que. pourra rencontrer fon Navire dans les. ditférens Fluides où il fera pofé-. Les bons Voiliers font bonsVôiliers par touti il ell vrai cependant que les uns font, meilleurs fur un plus grand lefl , &. les autres avec plus de poids , ce qui n’efl toujours que l’efïet de la forme, Four fè fatisfaire encore mieux fut la prefeme Quellion , voyez les EU-,, mens de V Architecture Navale de M . Du- hamel du Monceau , de l’Académie des Sciences , St lnfpeéteur de la Marine de France, vous verrez eomme ce Sçavant Conflruéteur laifl'e aux Géomètres le plailir de calculer : car ne s’attachant lui-même qu’à la feule pratique , que demande l’Art de conftruire les Navi- res , dans tout fon Livre vous ne trou- verez pas un feul mot d’AIgebre , ni un feul exemple de la conllru&ion impar- faite des Anciens : mais à la placé vvus •sur. la Physique et f rencontrez de bons Modèles de Vaif- t-aux de toute grandeur fabriqués fur divers Effais , & dont les Formes ne font pas équivoques. Cet Auteur parle auffr de la rcüftance des Fluides , mais fur des principes plus fûrs. La réliftance , que doit vaincre la maffe du VailTeau par l’effort des Voi- les, pourroit être définie en calculant la quantité de Colonnes d’Eau que poulie le Navire de fa Proue , le froillement qU’il foiifl're fur la Surface Fluide qui preffe fes bords ; &■ l’inipulfion patu- relle de l’Eau qui fuit le Navire & qui' remplit la place qu’abandonne la Cale du Vaiflcau : mais alors il faudroit fixer laFluidi té de V Eau, & 1 a force des vents. Ainfi tout fe réduit à inâter le Vaif- feau à proportion de fa giandeur, & de fa largeur fur fou avant , & afin que la preflion des Bords foit moins grande, il faut que fon plan latéral foit incliné vers la Poupe. Il faut auffi laillcr à cette partie du VailTeau une étendue conve- nable à recevoir les ImpulCons des Eaux poftérieures , comme nous avons dit,. Voilà le point de vùe que l’on choi- fit pour conüdérer la réfiflance de l’Eau, fans entrer dans le détail du Calcul de la force de. fes Particules , comme a fait M. d’Alembert, Si on veut confiderer la force motri- ce de J’Impulfiondes Eaux, par le Navi- re, c’elWdire. l’effort de 1 Air lur les Voiles. C«t efTortell autant varicque la Refiflancc du Fluide ;& l’art de miner un Vailfeaule réduit , encore , à poffr les Mâts & les voiles à l’endroit ic plus pr0 pre pour piofner de toute lorietltVem • c»efl ce que l’expérience donne : mais on ne pourra jamais calcuierlaforcedes Vents, c’ell ce qui efî au - deilus de no- tre portée. L'on conviendra fans peine.de ces Réflexions, que le Calcul eft inutile, <â. sur. la Peinture. 149 que l’Expérience réitérée efl la feufe réglé que l’on puiffe fuivre pour fondet la Théorie de la réfiflance des Fluides, & fur-tout celle de l’Eau. A l’égard de VElafiicité & de fa non- Elafiicité des Fluides , ce font des ter- mes qui me font inconnus. Je ne vois d’Elallicilé parmi les Fluides que dans le Feu , & je ne crois pas que les autres Fluides foient capables de nous démon- trer cet effet , fi ce n’eft par les Particu- les du Feu qui les pénétrent. . L’Eau glacée & dépourvue de Feu n’elT pas Elaftique , & P Air ne confcrve fon Elafticité. que parce qu'il ne peut pas être abfolumeni dépourvu des Par- ticules de Feu. Si on pouvoit l’en dé- pouiller , il feroit auffi dur que la glace Les Fluides n’ont donc aucune ELafti- citéque celle qu'ils reçoivent du Feu: qui les pénétré ; que ti tous les Fluides, font pénétrés de Feu , & que le Feu foit féul Elaftique , ils ne le font donc, je le: répété, que par rapport au Feu qu’ils, contiennent. Les. Fluides finis & indéfinis . qu’iL nous relie à expliquer , font de deux*' efpéces , félon M. d’Alembert : les pre- miers fontcontenus dansdesVafes,dont' les Parois occafionnent la réadion des > forces qui les compriment , & les in— définis font ceux qui n’étant contenus • que dans des vaftes cavités , cette réac- tion n’a aucun lieu : c’ell , jç cro'rs , ce • qu’entend M. d'AIemberc par les ter- mes de fini & d’indéfini. Defcartes s’efU fervi de la même figniècatioiï pour,' prendre un milieu entiele oui & !e non-; . H a dit que la Matière n’étoit ni fin le, ni i infime, mais, indéfinie.. • Aya« détruit î’Hypôtéfe- ,1e Calcul i neft plus rien: il faut cependant enu expoler ici quelque chofe pour connaî- tre s’ils peuvent exifterfans l’Hypotéfç. ifo Observations sur l’Histoire Naturelle Propositiom XII. Problesme. * » Déterminer la Vite [Je qu'un Corps de » Figure quelconque , mù avec une vttejfc 3>qudconque, communique aux Parties d’un j> Fluide fans pefanteur , & d’une denjité » quelconque lorfqu’ii Je meut dans un tel 3) Fluide. y Soient comme dans AC B , C , D . » (Fig. i .plan. F .) quatre Particules deFlui- » de dij'pojées de telle maniéré quelles confli- -e tuent un parallélograme relilanglc , dont * le côté N. C , loit parallèle an che- x inin du Corps. Il efl. vifitte que la vî- * te fie de ces Particules à chaque inf- » tant peut être regardée comme com- » polée de deux autres ; fçavoir d’une » vîtefle égale & parallèle à celle que le » Corps mû a dans cet inflnnt , & d’une » autre vîtelle qui fera laviteflë refpec- » tive de ces Particules par rapport au » Corps. Soit u la vîtefle reûi ligné du » Corps dans un inflant quelconque , » V. la vîtefle refpedive de la Particule » N', donc la vîtefle abfolue de cette » Particule fera compofée de la vîtefle x u . 8c de la vîtefle V. La première u » de ces vite liés bfl fuivant C, N, pa- x raltéle & c'gàïe à la vîtefle du Corps : » à Iégard de la fécondé vîtefle V , on * peut la regarder comme compofée * de deux autres vîtefles , dont l’une x que Rappelle v , fera fui vont N (j, St l'autre qUe nomme v , fera fuivant xNB. X Or, quand le Corps efl à la Tin d'un » efpace quelconque, la vîtefle abfo- » lue de la Particule AC doit avoir » (art. 8.) le même rapport à la vîtefle » atluclle du Corps, quelle qu’elle fort , » & la Particule N doit avoir la meme x lituation par rapport à ce Corps , & x la même direélton ; donc , puilque la » vîtefle abfolue de la Particule N fui- * P. y 7 de l'EUai de h réfilUncc des Fluides. x vant NE efl u — v , & fuivant tyg x efl «/, il efl clair que le rapport x u — v à u , & de d à u dépend de |a » fituation de la Particule N par rap. » port au Corps , & de I’efpace a- déia «parcouru par le corps : or coinme = -J, il s’enfuit que Ie » rapport de v à u & de d à u dépend de jjl’efpace .r parcouru par le corps , £ «de la pofition du point N. Je réponds à cette Propofition qu’| efl abfurde de fuppofer que quatre Particules d’un Fluide conftituent ua Parallélograme. 11 faudrait alors fup. ofer aux Particules même , une forme arallélograme , ce qui efl contre leur Fluidité : elles rie rouleraient aucune- ment Jes unes fur les autres , fi elles étoient cubes, paralfélogrames & quat- réels , ceci efl contre le fen tinrent de tous les Phyficiens. On ne peut don- ner aux Particules des Fluides que U forme ronde; d’où il fuit que quatre l’articules rondes ne peuvent former un Parallélograme. Aînfi la Propofition ne fe fitit tient plus, n’étant fondée que fnr cette Pofition : il efl clair que ]e rapport de n — vàu, &devàudé- pend de la fituation 8c de la forme de la Particule N. Proposition XIII. Probitesme Les mimes chofes étant fuppofées que ndans l’Article précédent , détermina » la réfijlance du Fluide. » La force qui tend à mouvoir le «Corps dans l’inftant dt efl -K — it x fort y. le volume de cc Corps , & A fa denfitc: donc /x x A fera fa malle; donc »fixix + " fera la force fuivant ? Page io;. sur. la Physique et sur la Ps inture; » C A ; cette force doit faire équilibré ficiens. s fart. r .) à la preRion du Fluide , c’ell- tiu IJ1| »dire à d'au u — X (ju-J-n — de »irrbl) Donc puifque p » t r b l. = n- d u on aura /* A — d V » J' 41 u 1 = o. ia. L’Atmofphére eR compofé de couches d’Air, qui augmentent de dei - fité à mefure qu’elles s’approchent de la furface de la terre. La caufe de e t elTet eR claire ; plus une couche d’A r eR chargée, plus fon relTort elt com- primé^ par conféquent reflerré dans Dans cette Proportion on fait la mê- un moindre efpace j les couches d’Air î fuppofition que dans l’Article pré- les plus près de la terre font chargées de tout le poids de PAtmofphére , par conféquent plus rapprochées. * Si l’on cl\ curieux par foi- même , de voir en quelle proportion l’Air fe condcnfe , l’on prendra un tube re- coudre , l’on comprimera l’Air dans la Branche recourbée , en faifant en- trer du Mercure dans la longue Bran» me cèdent , ce qui nous met devant les yeux les mêmes inconvéniens. L'on voit de plus que l’on fuppofe la force imprimée , le volume du Corps & la denfité , pour en conRnûre la mafle impulfive , ce qui peut fc faire. Mais h on veut fuppofer un équilibre de cette malle , & de fa force impulfive avec la réfiRance du Fluide , la Propolttion s’a- vous augmenterez fon poids fur-- --- vant le dégré où vous voudrez porter ncantit Nous avons déjà dit que les qualités des Fluides , & par "conféquent leurs réfillances plus ou moins grandes, ne peuvent être fixées par aucune forte de Calculs , & que l’expérience feule ell le Guide St la Théorie de cette ré fi Ran- ce. D’où je conclus enfin que la Géo- métrie des Anciens fuftit en bien d’oc- la condensation. Cette Expéritnee e/2 très-bien détaillée dans les Mémoires de l'Académie des Sciences. M. Pafçhal a porté le Eàrométre à différentes hauteurs fur la Montagne du Puy de Dôme en Auvergne ; il a confia»* té par cette Expérience, (jufqu’à la hauteur où il a porté le Baromètre r des Corps jufqucs dans leur Elément , ou dernum Particules. OBSERVATION IX. Sur la Caufe de la variété des degrés s notre Atmofphére , p^r de chaleur dam 1 M. D. V+" ’ A U F E U R annonce qu’il ne rapportera que des faits prouvés hypothèfe pour déterminer la fuite de fa progref-* lion, jufqu’au point où ce poids de' l’Air feroit nul j nous n’avons pas cru devoir partir d’après fon calcul, M.‘ CaJJinilk bien d’autres ont auRi don- nés leurscalculs; M .de *T*r a voulu- b déterminer plus exaclemem en fe fer- vant de la lumière boréale : mais leurs > débats font fort indifférer». Nous pou--- vous allurçr que nous n’avons encore rien de certain fur 1a hauteur de l’At-* pat les Expériences des meilleurs Phy- inférieures del’îbr o laPefinteur de rAtmofphére fupérieure qui épaitïit les couches ierem^Tusou mo^ a. ? rrerP'r0JnS,i mais c'clUe >»«»»£ des Particules d’Eau qui st- levcnt plus ou mou» de U lutface de la terre, parla réaftion des Rayons du Soleil. *r2 Observations sur. l’Histôire Naturelle. mofphére. Nous n’avous pas cru de- voir calculer exactement d’aprcs ces Hypothéfes , c’ell proprement bâtir un Idifice fur un Sable mouvant. 2°. L’Atmofphére ell borné par une courbe , à peu près parallèle à celle de la terre prife au niveau de la Mer. Les Montagnes ne contribuent pointa augmenter la hauteur de l’Atmofphére dans le point qui leur correfpond; en voici la railon : l’Air, de même que les liquides. cherche à le mettre en équili- bre avec lui-même. Un Rocher dans la Mer ne coupera 'jamais le niveau de fa furface , il fera feulement l’office d’une malle d’eau de même groflcûr. JI en ell de même de l’Air. 5°. Si aucun Agent ne modüioit l’Air, il xelleroit toujours au même degré de chaleur , attendu qu’il n’y auroit aucune caitfe ppur le faire chan- ger. Les Caves de l’Obfervatoire , ref- tent fenfiblement au même degré , fuivant les Expériences réitérées avec tin bon Termométre. 4e. Les Rayons du Soleil fortent divergens , & forment par rapport à nous . un cône de lumière dont la baze eft pofée fur la furface de notre Atmolphcre , fnais auffi-tôt qu’ils paf- fent d’un fluide plus rare dans un plus denfe, ils fe réfraftent en s’approchant delà perpendiculaire , chaque couche d’Air augmente de denflté , a mefure qu’elle s’approche de la terre , par conféquent le Rayon de lumière doit s’approcher fans celle de la perpendi- culaire. Il fuit donc dans fa route une courbe quelconque. M ■ de Bernoully a démontré qu’il fui- voit la Ligne la plus vite de defeente. M. de la Hère a dit que ce devoit être une ejeleïde.en adoptant néanmoins la pro- portion fur les diflérentes denfités des couches d’Air de l’Atmofphére, Il ell vrai que nous ne cohnoîflToiy pas plus jufqu’à prefent de ligne p[Us vite de defeente que la cycloi Je:on ne peut cependant pas affirmer pour cela qu'il n’y en a point , & il n’ell pas dé. montré que l’on ne la découvre fl el|e exille. L’on peut conclure par tout ce que nous venons de dire que la cour, be que fuit un Rayon de lumière en traverfam l'Atmofphére , ell une cy. cloïde, ou une courbe qui en appto. che beaucoup. 5 o. Les Rayons du Soleil en paf, fant de la furface extérieure de l’At. mofphére , jufqu’à l’intérieure s’ap. rochent de plus en plus de la perpen. iculaire, par l'an. 4. ils fornaeroient fans contredit , un Foyer fl la terre ne s’oppofoit à leur réunion. 6*. Pour déterminer la Figure que décrit dans l’Atmofphére un faittean de Rayons, il ne faut connoître que les courbes qui terminent le fai fléau. Si les Rayons du Soleil Envoient une Li- gne droite , ce feroit un cône tron. que , qui auroit pour baze une portion de Sphéroïde. Mcffieurs de l'Académie des Scienca ont démontres parleurs Obfervations faitu au Cercle polaire & fous l'Equateur qui U terre ctoit un Sphéroïde applati vers lu Pj. les;& par conféquent l’Atmofphcre^jr l'art. 2, mais les côtés du cône font terminés par deux portions decydoï. de, ou d’une courbe fort approchante; par conféquent un faifleau de Rayons doit décrire dans fon paflage un co- noïde fphéroïcicloidal. La réflexion des Rayons qui fe fait fur la furface de la terre doit être divergente , par la propriété du Sphé- roïde , outre cela les Rayons fuivent encore une courbe Cycloïdale, pu l'art. 4. 7 e. Suppofc que l’on veuille déter- minée sur la Physique et sur la Peinture. in miner les diflérens degrés de chaleur coup près par le calcul une femblnble que doit faire naître , à différentes hau- teurs dans l* Atmofphcre , le mêtne faif- ■ceau de Rayons;il faut pour cela un Ciel ferein. Nous prendrons le cas où le So- leil fera perpendiculaire'; par confé- quent les Seaions que l’on fera dans le Conoïde, parallèlement à l’horizon, fe- ront perpendiculaire à fon axe , & don- neront des Cercles ; ces Cercles feront d’autant plus grands qu’ils approche- ront plus près delà Raze du Conoïde , c’cll-à-dire.delafurface de l’Atmofphc- rc. Chacun de ces Cercles ne contien- dra pourtant que le même nombre de Rayons , puifque ce font toujours des Seélions du même faifeeau. Suppofons maintenant deux Serions du Conoïde dont l’une ait un diamètre double de l’autre ; les Cercles étant entr’etiX com- me les quarrés de leurs diamètres ; le diamètre de l’un étant fuppofé 4, èl: ce- lui de l’autre S , leurs furfaces fe- ront entr’elles, comme idell à 64 , donc il y aura autant de Rayons dans une efpace de i<î pieds quartés du petit Cercle, que dans une cfpace de 64 pieds du grand. U s’enfuivroit de ce calcul que la chaleur de ces deux Cercles devroit être en raifon [inverfe de leurs fur- faces. Mais les Expériences qnc M. Hom- terg a laites avec le Verre ardent de ..\e. Duc dXJrléam , invemc & tra- vaille parle Raron de Tfchimaufen ; dans lelquelles ce gavant Chimiffc remarque que les degrés de chaleur ne font point du tout en ration des quar- rés des diamètres, des différens Cercles formes par les Rayons de lumière que le Verre ardent réunir. L’Or uni bout jufqu’à pétiller & s'évaporer à fon Foyer refond à peine à deux pouces au- de (Tus; quoique la différer, ce des Cercles ne donne pas à beau- ** OJîjTurà, U Partie, h! diminution de chaleur. Le même effet doit s’opérer dans notre Atmofphcre puifque ce font les memes Rayons. Nous expliquerons par-là le froid exceffif des Montagnes entre Iefquelles celles du Pérou tien- nent le premier rang. La formation de la grêle dans l’Eté te plus chaud , doit auÎTt fc rapporter à ce même prin- cipe. Si l’on avoit la hauteur de l’At- mofphére déterminée Géométrique- ment-, l’on poviTtoh calculer l’efpa- ce de la derniere feêlion du Conoi- de vers fa Baze , qui feroit une corde de Sphéroïde, & la première feêlion vers la lurface de la terre qui feroit une tangente. Il feroit facile après cet- te Opération d’avoir toutes les fetlions intermédiaires ; mais il nous inanque- roit encore de connoître en quelle rai- fon l’approximation réciproque des Rayons augmente leur chaleur intiin- féque ; fc’elt - à - dire , celle que leur nombre devroit exciter naturellement, c eft une Expérience à laquelle j’ex- horte les Phyficiens de travailler. 8°. Quoique les Rayons de lumière, allument de la poudre, dans le vuide de la Machine pneumatique , & faffent à peu près les mêmes elVets , que dans I Air groffier ; il faut cependant bien fe donner de garde de conclure, qu’ils ayeiule même degré d’aétivité , outre -que plus l’Air elt épais, plus |a refrac- tion elf grande; il faut encore conve- nu qu’un Rayon de lumière ayant un cet tain degré de force pour traverier Atmolphére , ( je ne donnerai- au- cun nom à cette force ) il doit dé- ranger plus de parties dans un Air plus épais , éprouver par conféquent plus de frottemens ; les Particules ignées répandues par-tout , ou fi vous you- r/r *■ ’ , r Observations sur l’Histoire Naturelle i?4 lez la Matière du feu doit être plus abondante dans un Air plus denfe , ( ce que je démontrerai tout-à-l’heure ) donc le même Rayon doit mettre plus de Particules en mouvement dans un Air condenfé que dans celui qui eft raretié ; il doit y avoir une propor- tion quelconque, qui ell peut-être comme les diffère ns, cjégrés de pefan- teur de ce fluide. Maintenant appliquons notre rai- fonnement. au feu ordinaire. Expérience. Je mets une chandelle allumée fous le récipient de la Machine pneumati- que , j’y joins un Baromètre , j'en pompe l’Air, je remarque qu’à mefure que l’Air diminuede deniité & devient par conféquent plus léger , la ilamme de la chandelle devient plus foible , lorfqu’enfni l’Air ell à un certain dé- gré de pefanteur que le Baromètre m’indique, la chandelle s’éteint j il en efl de même des Charbons allumés & de tout autre feu. Je puis encore alTiirer que la même chandelle , por- tée à différentes hauteurs dans l’At- inofphére duninueroit dans les mêmes proportions , c’eit - à - dire . fui- vant ladillerence delà pefanteur de BAir. 9°. Ilferoit àfouhaiter que l’on fit les Expériences fuivantes , -fur des Monta- gnes extrêmement élevées comme cel- le des Cordeliers au Pérou. 11 faudrait choifirun jour ferein où le Soleil fans nuages, darderait fes Rayons fans obfla- cles. On partirait d'une première fec- tion faite à lalurfacede la terre.enfuite avec un Baromètre , on verrait les dilférentes pefanteurs de couches de l’Atmofphére , on déterminerait la di- vergence qu’occalïonneroit fes dilfc- rerfs milieux . qui deviendroienttou^ jours plus rares , par conféquent l’on fuivroit dans leur réfraâion les Rayons qui terminent la Figure du Conoide; l’on feroit alors lùr d'avoir toujours les ferlions du même Conoide qui con- tiendraient par conféquent le même nombre de Rayons. De plus on calcu. lcroit l’efpaccde chaque fedion , on. tre cela on aurait leurs clitlérentes hauteurs , & leurs dillances récipro- ques— Enforte que l’on pourrait toujours dire . à telle hauteur le Cercle du Ca- noide avoit tel diamètre , donc.il contenoit tant de pouces ou de lignes quarrées ; à cette même hauteur le pied cube d’Air pefoit tant & la di- vergence des Rayons s’éloignoit de la perpendiculaire, en telle propor- tion. En portant en même-tems un Ther- momètre , l’on connoitroità telle hau- teur qu’il a defeendu de tant de de- grés , à celle-ci de tant ; d’où l’on s’ap- percevroit que les Rayons de lumiè- re , en fe rapprochant les uns des an. très auraient augmenté la chaleur de tant de degrés , au-deflus de l’cflet que leur nombre devoit produire. Il relie encore une difficulté , la den- fi té de l’Air diminuant toujours à me- fn re que l’on s’élève dans l’Atmolplié*. re . elle doit contribuer à la diminu- tion de la chaleur con jointement avec la divergence des Rayons de lumière-, mais on ne peut fqavoiren quelle pro- portion , qu’en obfervant féparément ces deux caules différentes, ce qui ell impofiible. Nous fuppofons toujours le Soleil perpendiculaire -, car dans tout autre cas , les Seélions du Conoide faites parallèlement à l’horizon , neferoient plus des Cercles.. sur la Physique et sur la Peinture. i?? y o° • Dans un inllant quelconque il climats , l'Air palfe du cliaucT au froid. Un Nuage empêche les Rayons du Soleil de parvenir jufqu’à nous ; un vent de Nord charge de particules nitreufès, vient à fouiller fubitetnent, l’Air fe Tefroidit à l’in liant ; ce que j’entreprends ici de démontrer c’eft la route que fuit la Nature pour nous tranfmettre une chaleur vivifiante que 0,1-- — - v.UiiU1- l’on peut appeller l’ame du mouve- de avec l’norifon; plus le Soleil fera ment, tant dans le régne animal que oblique , plus 1 angle fera aigu, plus dans le végétal. On ne peut rien lta- l’airede TEUipfoïdc augmentera ; mais tuer fur les differentes caufes qui em- le laifeeau des Rayons qui forment le pèchent l’eflet naturel de la chaleur n’y a qu’un feul point de la Terre pour lequel le Soleil l'oit perpendiculaire , il ell oblique pour tous les autres points; par conféqueiu toutes les fec- tious des Conoides obliques faites pa- rallèlement à l’horizon donnent des Elipfoides , dont les aires augmentent ou diminuent , fui vaut langle plus ou moins aigu que forme l’axe du Conoï- Conoïde étant toujours covrvpofé du même nombre , il en rcfulte que plus l'obliquité du Soleil fera grande , moins il y aura de Rayons dans un du Soleil , elles fc combinent à Tin- fini. II fetrouve fouvent des Nuages qut n\ tant pas allez opaéfs pour réfléchir meme clpaee ; d ou l’on peut conclure les Rayons du foleil 8c les empêcher que la lituanon la plus avantagent du de venir jufqu’à nous , les laiflent paf- Soleil , pour augmenter la chaleur ell fer en les réfraftam. Ces efpéces de a perpendrculaire ; & par la même Nuages font le même ellet que les ration la plus oblique ell la plus défavan- Verres lenticulaires; ils réunifient les tageu e. Ajoutez encore que moins il Rayons de la même façon, i’on fent } a t e Rayons , plus la chaleur caufée alors une chaleur infupportable fous parréfiexion ell petite. ii®. Si aucun Agent ne troubloit l’équilibre & le calme de TAttaofphc- re , (i aucun Nuage ne réfléchifloit les Rayons du Soleil & ne les em- pcchoit par-là de parvenir jufqu’à la lurface de la Terre , & que de plus on eut déterminé géométriquement & fans aucune hypotèfe la hauteur de TAt- mofphére , Ton (eroit à même de cal ces Nuages *. Rèfultat. 11 réfulte de tout ce que nous venons d’avancer que l’Atmofplrére fait l'office d’un Verre ardent qui réuniroit les Rayons du Soleil , & augmente la cha- leur Iur la Terre. Nous ne pouvons ici allez admirer la , - | ;• r. --••-MiBucwi. fage ceconomie & l’admirable variété en c ci etetis degrés de chaleur , de la Nature qui fait multiplier le même !r <1- principe de W poJr le ,„e„te à Ton fixeroit dans TAtmofphére ; niais il s’en laut beaucoup que T Ait fuit toujours dans la même lituation; fou- vent dans la même heure, dans nos * Je crois au (li que l’affailTcraent des Nuages comprime les Particules ignées «c arrête la réadrondc ces Particules,8"?! portée de vivifier tousles Habitans de la Terre & qui même en modifie Sc va- rie tellement les différais degrés pour l’utilité du Méchanifme de notre Glo- ce qui forme , comme j’ai dit autre part » 'e Tonnerre 6c les chaleurs qui annoncent l*Oragc. v H ij 6 Observations sur l’Histoire Naturelle, be, que nous éprouvons vers les Pôles, Hommes nés fous un Climat plus ten> un minimum y palTé lequel les Animaux péré. Examinons maintenant les Ani. ne pourraient plus fupporter une plus maux de ces Climats, pour en faire U grande diminution de chaleur; vers différence d’avec ceux de la même ef- la ligne, ail contraire, nous éprouvons pcce nés dans les Pays chauds; pre- un maximum , dont l’augmentation fe— nous pour exemple les Chiens delà vat» . » a ... o j . jT i Do.tA A a tlii/ir.-Mi l#=*nr lonrr. noil non* toit périr tous les Animaux & délié cheroît. les végétaux. Application de noire raifonnment au Globe Terrejîre . Nous pouvons maintenant confidérer tous les hommes qui habitent la lui lace de noire Globe , comme plongés dans un fluide, dont la.denlité , la chaleur Sf les autres qualités,, varient prodi- gieufement d’un Pôle à l’autre. Les Hommes , les Animaux & les végé- taux , fans ceffe entourés de ce fluide actif qui influe tant fur l'occonamie animale, devraient porter l’empreinte des qualités de l’Air dans lequel ils font nés. Voyons fi notre conjedure fetrou- vera vraie; prenons un Globe terreflre, parcourons la 'Zone torride , nous y verrons des Hommes noirs , brûlés par l'ardeur du Soleil. Parcourons depuis le cinquantième degré de latitude juf- qu’au foixantiéme , nous y trouvons des Hommes dont la peau efl fort blan- che , &. la taille très - avant ageufe. Avançons vers le Cercle polaire, nous y découvrons des Lappons , des Grac- landois , fourés des dépouilles des Rennes & des Veaux marins: quelles petites tailles, quelles Figures.1 le froid exceflif empêche fans doute ici la Na- ture de le développer, lis affrontent les glaces & la neigç fans y paraître fenflbles , leur peau a fans doute très- peu de fenfation en comparaifon des Baye de Hudfon , leur long poil nous indique d’abord qu’ils (ont d’un Pays froid , comparons-les avec les Chiens, de Turquie qui ont le poil h ras, leur façon de vivre ell auffi toute différen- te. Les Moutons & les Bœufs d’ilfan- dc , différent de ceux des Pays chauds; les Ours de la Baye de Hudfon font également différens pour la Figure & pour les mœurs des autres Ours. Je renvoyé aux Relations fidelles des Voyageurs; plus on examinera de près les Habitans de notre Globe , plus on y remarquera la différence des Peu- ples de différens Climats la tempé- rature de l’Air paraîtra en être la cau- fe ; mais cette température ne vient elle- même que de la différente obli- quité des Rayons du Soleil ; principe qui paraît d’abord bien foible , mais qui à l’examen , devient prefque dé- montré *.. La Caufe des Variations relatives à ctr Principes. Il arrive fouvent qu’il fe trouve dans l’Air des caufcs qui empêchent l’effet des Hayons du Soleil & diminuent fen- fiblement le degré de chaleur qu’ils, devraient exciter naturellement. Un vent de Nord chargé de Particules ni- treufes ( comme nous avons dit ) ell capable de refroidir l’Air au pointée glacer l'eau ; quoique ce même Ait lût affez chaud un moment aupara* * Je prends plaifir à m’appercevoir dii progrès que fait mon Syllême folaire ou igné- dans l’efprit des Phyficiens». sur la Physique et sur la Peinturé; vnnt. T es terreins ncultes iont fort chargés de Particules nitreufes , & ce- la i il canf; qu’au meme degré d’un autre terrein culiivé, il doit y faire un froid confuicr3blement, plus grand. La Neige qui relie fur les Monta- gnes refroidit très- fenlibleivrent i’Air qui l’environne. On fqait que le Ni- tre s’empare tellement de la chaleur répandue dans l'Air & meme dans l’eau , qu'elle la convertit en glace. L'eau qui entoure les terreins incultes s’en ret- ient beaucoup , les bords des Mers r57 Nous pouvons regarder la Tarta- rie comme une grande Montagne pla- ne , & raifonnev ainfi : la hauteur dm terrein ell caufe qu’il y a moins de Rayons réunis dans un même cfpace, par conféquent U doit y faire beau- coup plus froid que fi ce même ter- rein ctoit au niveau de la Mer ; de plus, l’Air a plus de légéretc, par con- féquent le même Rayon de lumière' doit y exciter moins de chaleur. Mais h outre ces caufes un vent de Nord venait à loufder , combien lu y font glacés pendant une bonne par- dégrc de froid n’en devton-il pas çtre tie de l’année; les Mers du Canada “ai — en font une preuve. Loin des terres la même caufe ne fublifte plus, les Mers y font liquides , quoiqu'à un dégré de latitude bien plus au Nord que Quebec. Dans la Tartarie Chinoife, vers les quarante-quatre & quarante-cinq de- grés , il gèle fept ou huit mois l’année ; de forte qu’elle ell aulTi froide que l’If- lande , quoiqu’elle dût être plus chau- de que le midi de la France ; dans le relie de la Grande- Tartarie , il n’y a que quelques Villes, à caufe du froid extrême. Il faut obferver que les Voya- augraentc : en effet rien ne la garantit du côté du Nord , & ce Pays ell en proye aux mêmes vents de Nord,, qui, après avoir rendu la Nouvelle- Zemble inhabitable, la Sibérie incul- te , viennent chargés de Particules ni— treufes refroidit la Tartane.. Remarqi ms. L’eau qui s’élève dans I’Atmofphé— re jufqu’à une certaine hauteur , de- vrait le glacer, c'eflaufii ce qui arrive1 lorfqu’ellc palTe une certaine élévation. La Neige qtii tombe fur les hautes |En°ÏI w* le froid exéef- Montagnes , relie fous fa même forme ; " en Rapprochant de la terre , elle fe fif vient de la nature du terrein qui ell nitreux, plein deSalpêtre, fablonneux; joignez - y Ion élévation *. Le Pere \ etbrell a trouvé qu’un certain en- droit a 80 lieues au nord de la grande Montagne vers la fource du Kam-va,^ kmvn exccdou la hauteur du niveau de P. kinde 5000 pas géométriques ; cette hauteur ell la caufe que toutes les grandes Rivières de l’ Allé ont leurs fources dans ce Pays.. fond , & n’ell plus que de la pluye. Si cependant l’Atmofphére ell affez re- froidi, elle fe conferve en neige ou en glace , fe brife & tombe en petits glaçons qui fe fondent & s’arrondiflent en paffantpar des couches d’Air plus chaudes que celles où ils ont été for- més ; ils arrivent enfin fur notre Glo- be fous la forme de petites boudes &. ravagent nos Moiflans. Hiiloires des vol’. HaUc?*^1'00 de ^ Ghin8 du rerc dÙ irS Observations sur l’Histoire Naturelle. Mais, continuera-t-on à ra’objeâer, au même niveau, dans la même Cam- pagne, un terrein efl fort chaud, par- ce qu’il efl environné de petits Ro- chers , tout mûrit de bonne heure dans cet endroit, tandis que cet au- tre terrein voifin relevé en boile , ne donne que des fruits tardifs. Cette augmentation de chaleur ne vient que de la réflexion des Rayons du Soleil. Les Rochers reçoivent fur leurs diirérentes furfacesles Rayons du Soleil & les rcflécbiffent fous un an- gle-égal a celui d incidence , celte ré- flexion fe multiplie dans le même en- droit, fuivant le nombre des furfaces que les Rochers préfentent fous un angle propre à produire cet ellèt. Il n'ell pas étonnant qu’on rell'ente dans cet endroit une chaleur proportion- nelle au nombre des Rayons réfléchis. Le Miroir ardent de M. de Buffon en efl une preuve démonllrative i le con- traire doit arriver fur une bofle de terre ifolée ; les Rayons feront réflé- chis fort divergens .; & la chaleur doit diminuer proportionnellement à la diminution des Rayons dans le même cfpacc. 11 ne nous refleroit plus qu à trouver un Pays, où le Ciel toujours ferein, entretînt pendant toute l’an- née un dégrc de chaleur corrcfpondant à l’obliquité plus ou moins grande des Rayons du Soleil ; dans ce Pays les Moi flous fuivroienttm ordre régulier , & l’on pourroit régler tous les travaux dès les premiers jours de l’année , fans craindre les caprices des Saifons. Cet heureux Pays cil encore a trouver . mais il en ell un qui en approche. cVfl l’Egypte fi renommée , quoique très-peu connue de nous. Ce (croit ici le lieu de parler de notre Climat. On peut fur-tout s'éten- dre fur la variété & l’inconflance dç notre Atmofphére ; nous fommespij. cés entre le Nord & le Midi, n0U} éprouvons tour à tour du froid 8c dt- chaud, & ce font les vents qui font [, caufe de ces variations. Un vent de Nord foufÏÏe-t - il , aufli - tût l’Air fe condenfe , notre Atmofphére fe refroj. dit ; efl-ce un vent de Midi , il de(pe. che fou vent par fon fouille les moi(r0tl, de nos Campagnes. Un vent cfOuefl foullle-t-il „ l’horizon s’obfcurcit de Nuages qui bientôt fe fondent en eau &arrofent nos guerrets ; en un mot l’inconflance de l’Air efl fi grande dans une même journée l’on paffe fou. vent du froid au chaud ; & récipro. quement , ceux qui refpirent cet Ait pourroient fort bien participer de foi inconflance; je laiffè aux Ledeurfl en décider. Récapitulation Phyjîque de la décadence h la Philofophie de Newton . pour eau Année tyf 2. Il efl jufte d’obfcrveràquel point fe trouvent au bout de l’An nos entre, prifes phyfiques, nous devons en ce. la nous rendre compte à nous-mêmes, ainfi que nous le rendons au Public en même-tems. Il ne nous efl pas pofiîble de rapporter cependant , en général, tout ce qui a pu nous favorifer dam le courant de cette année , letetmne me le permet pas i je fuis trop occu. îé à mes Planches Anatomiques: mais e dirai quelques mots feulement («r a décadence de la Philofophie dt Newton, pour conflater les faits qui pourroient par la fuite nous être de quelque confcquence. sur. la Physique et sur la Peinture,. Journal tle Trévoux. ( Novembre 175t. fur l'Extrait de mon Livre) le Pere Berlier dit , ou remarque aujour- d'hui que les AdverJ dires de M. Newton ne le combattent point en faifant naître Jim- plement des doutes , en propofant des Ob- jectons j en irefjant leurs batteries contre quelque branche du Syflime , Crc. Moniteur G /t u t r e k , Jour nous annonçons L’Ou- vrage , e(l un des plus difpofés à détruire tout le Newtonianifme , & peut-être a-t-il ici quelque avantage. M. d’Alembert de l’Académie Roya- le des Sciences, de celle de Berlin & de Londres , dans fon ElTai d’une Nouvelle Théorie de la Rctiftance des Fluides ( 17J2), dit: Voilà l'u- nique preuve , ( parlant de la Théorie de Newton fur les Fluides) que don- ne Newton de cette propofttion fondamen- tale ; preuve qui ne parait pas d'une gran- de force. I ff>: On n’oloit pas parler ainfi il y a c[iielt|ue teins. M. Duhamel dit Monceau , de l’Académie Royale des Sciences , de la Société Royale de Londres , & Ho- noraire de celle d’Edimbourg K clic- dans fa Préface de fes Elémeus d’Ar— chiteflttrc navale ( 1752), cejl le ton décifif qui a fait que les Pkyjlaais fe font contentés pendant plufieurs fécles des qualités occultes , que dans les fécles les plus éclairés on a etc long-tems à s'apperce- voir que les tourbillons ne pouvaient cadrer avec les loiar de la Aîechanique , éy nous touchons peut-être , au tems où ion fera honteux de la Dcftrine mal entendue de l'attraCicn , telle que la foutiennent quel- ques outré Seftateurs de l’illujlre New- ton. On aura peut - être occaüon d’en dire davantage l’Année prochaine. PEINTU RE. OBSERVATION V. Sur le Parallèle des Peintres Anciens & Modernes de M. le Marquis d’Argens. * Perrault, dans fon Parallèle des * M * Auteurs Anciens & Modernes ^ * JÇ a pâlie trcs-légerementfur le» chofes fublimes dont les premiers font remplis, & n’a été occupé que du fcPiÎE* Cft «»*««*. Réfléxions Critiqi Rr les differentes Ecoles de Peinture.- A Pa ues Paris foin de relever leurs fautes. Il a échoué dans fon entreprife.M. d’Argens efpé- re que fes Lecteurs ne lui reprocheront pas le même défaut , & il croit qu’en rendant juflice aux Peintres Ancien» cbt2 Rollin , 8cc, 175», i6o Observations sur x’Histoire Naturelle, (ik les points les. moins importons , & en relevant avec complaifance les qua- lités les plus brillantes des Modernes, il ne fe trouvera pas dans le cas de M. Perrault. Le projet d’abaiffer les Anciens Peintres de l’Ecole Italienne, & d’é- lever les Modernes de notre Nation , pour former un Parallèle précis entre les uns & les autres cil digne de M. d’Argens; fentimens pilles & raifonna- bics , li la prévention n’y avoit aucune part , & fi la mefure y étoit exaftement obfervée: mats fi au contraire la compa- raifon projettée cloche, elle ne peut être que très-préjudiciable à l’avancement de l’Art de peindre : M. d'Argens en conviendra lui - même quand il aura fuivi mes réflexions. J’avoue avec M. d’Argens que les Peintres & les Sculpteurs François fur- pallent aûueîlement ceux des autres Nations, ce qu’il n’efl pas difficile de prouver; mais au lieu de comparer nos plus célèbres Artil1.es aux fameux Maî- tres de l’Ecoie Ancienne , je dis , au contraire , que les Modernes le font éloignés du point de perfeélion : mais ils peuvent y revenir , les Anciens croient des hommes comme nous. 11 y a ici une diftindion à faire pour l’intelligence decette Obfervation. On entend par Sculpteurs Anciens, ceux du teins des Grecs ftc de la Républi- que Romaine, aux Ouvrages detquels on donne le nom d’Antiques. Les ScuipteursModernes fonteeux que l’on compte depuis le renouvellement des Arts en Italie , c’elt -à-dire , depuis la fin du XlL Siccle. C'unibué cil le Chef de cette nou- velle Ecole : il ctoit Florentin , & premier Difciple des relies de l’An- Ctcnnc Ecole Greque, qui, pour lors étoit beaucoup déclinée , & dontl^ Peintres & les Sculpteurs qui !a for* moient encore dans ce Pays , & le Sénat de Florence avoit attiré dan. la Tofcane, n’étoient que les foib!e;‘ ombres des Grands Hommes de nous pofledons aujourd’hui quelque Statues , pour monument de leurpro. fond fçavoir. L’Italie, comme l’on voit.,fmj fon ordinaire obligée de recouriràfcs premiers Maîtres , le zélé des Chré- tiens ayant détruit les Ouvrages qlle cette célébré Contrée avoit poffédé pendant plufieurs fiécles. Tous les morceaux de Sculpture qui ont été faits , depuis ce reiioy, vellement de goût jufqu’à préfent , font regardés comme Modernes, On entend au contraire par Pein. très Anciens les defeendans de GW. bue , qui peiguirent à frefejue & à gouafc airrfi qu’on l’avoit toujours pratique en tout tems & en tout lieu : Ceux memes qui ont mis en ufage la Peis, ture à l’huile dans les premiers tems de fon Invention , font aufh compris parmi les Anciens Peintres. Sans la Découverte d'Herculane^ùm uelques fragmens qui relient à Rome e peu de confcqiience , nous n’au.’ rions aucune idée des Tableaux des premiers Peintres : ces relies de Pein. turcs font encore peu de chofe en comparaifon de ce qu’elles ctoient au- trefois; l’altération des Couleurs en ell la caufe : de forte que nous ne pou. vons porter aucun jugement folidefut le vrai mérite des Peintres Grecs , dont fans doute les plus parfaits Tableaux ont été détruits , & ont moins réfiftéaux laps des teins, que les Figures de Marbre qui ont été faites dans les mêmes ficelés & dos les -süu la Physique et sur la Peinture. ,, . i5j fanés dans les mêmes tiédcs & dans feryés, ils nous huuulierojeot Sfi tarif 4es mêmes endroits , pan des Ouvriers (ans contredit, de la même force. Il cil abfolument ridicule de croire que les Sculpteurs célèbres du tems d'A- léxandrc , defquels nous contioilTons les Ouvrages , fu lient adocics av’ec des milérables l’eûmes , ainfi que le pré- tendent quelques Auteurs. Les Hom- mes ont eu des yeux de tout tems ; & la Nature toujours préfente auroit empêché le Conquérant du Monde de donner la Madrelle à un Barbouilleur en échange de fon Tableau l Les Drogues brouillées avec de l’eau. feulement & un peu de gomme , ■ ont poulie des tels , fe font dépouillées de la plupart des parties qui les com- pofoient ; les Couleurs claires font de- que font les Figures de Marbre de nus Maîtres, que les Modernes étudient. ,Ne voit-on pas , dans ces vieux Ta- bleaux que l’on découvre, que les An- ciens croient de vrais Sçavans ? Les contours, pat exemple de leurs Figu- res ne font-ils pas élcgans , la touche hardie, les proportions no-bles, & la compofition admirable ? Je ne les ai pas vus , cela ell vrai: mais une inti- nité de ConnoilTeurs ne nous en ont- ils pas inllruus ? les Critiques mêmes les plus outres de cçs morceaux , ne dirent-ils pas *, que le goût de 'Co'mpo- fition qui règne dans ces Peintures , tient beaucoup dubas-reLef. N’ell-ce pas faire l’éloge de ces Tableaux, plutôt que font de- de les critiquer ?.. Michel. Arme & Ra- vernies noires, les Ombres fe -fqqt plVajsl , iv’ont-i'ls pas pcrléqbiomics leurs affaiblies, les Reflets fe font éteints, les Glacis fe font diflipés j & parcon- • féquent les Lointains & les Fonds fe font approchés des Figures & du de- vant du Tableau; les demi -teintes fe font confondues avec les Ombres &: les Clairs ; la vivacité du Coloris s’elt éteinte. L’on juge cependant fans toutes ces réflexions , & l’on accttfe mal - à - propos les Anciens d’avoir un Coloris bien au-de!ïous de celui des Modernes. Un peu d’amour pro- pre a beaucoup de part à cette déci- fion. Nous voulons futpafler nos Pè- res, & nous n’en fourmes que les Difciples dans l’Art de peindre &. de fculpter.* Si les Tableaux de touttemsavoient été peints en huile. le peu de morceaux qui nous relient le feroient mieux con- detVips fur ces bas-reliefs ? N’accufe- t-on pas Raphaël même de les avoir détruits eu partie , apres les avoir pillés dans fes Compofiiions > Ces Cri- tiques difent auflî, quecer Peintres , dont nous voyons encore quelques morceaux , m oienr j>eut-hr$ été élevés dans des Éco- les où l’on opérou facilement. Quel] -ce qu’opérer facilement, fi ce n cil avoir une touche hardie ? Eli- ce que les igno- rait» opèrent facilement ? Le Pere Belgrade, de la Compa- gnie de Jefus plus amateur, du vrai & plus fçavatu que tous ces Critiques anonymes , dit fort bien * contre les prétendus ConnoilTeurs , qui ont fouteau que IeCizeau des Anciens va- loir mieux que leur Pinceau & que nos Peintres font infiniment (upérieurs a ceux de l’antiquité, que les raifons de ■ * ^®ttrcs ''ur l£s Peintures d'Hercuhme > au- lourd’hui Portid. Voyez l'extrait au Jour- Ral de Trévoux, Juin 1751. * Dans fes Lettres adreffées à M. le Mar- quis Maftêi touchant les Monumens décou- verts fous Refîna & Portici , à Venifc chez . J- B. Pafcah. Annee 1752 , Tow. IJ, Partie. FL X Observations sur l’Histoire Naturelle , Juge s font ab furies b1 mal fondées, nous aurions pris d’auiïi bonnes leçons P-3ur détruire leurs feniiniens , il y op- pofe îcs remarques les plus judicieufes: J> Il y avoit , dit - il , des Peintres » excelîens en Grèce , lorfque Rome " Te contentoit de Fabius & de Pacu- " vins Artifles groiïiers, tels qu’on » les pouvoit attendre d’un fiécle & » d’une Nation qui ne connoiffoit que w la gloire des Armes : ce fut après » la conquête de Syracufe & de Co- » rinthe, que Rome ouvrit les yeux j> furies Chef- d’œuvres de l’Art, l.e » Conful Mummius commença à les » efti-mer quand il vit le Roi Attale, » allié des Romains , choifir dans les « dépouilles des Corinthiens, un Ta* » blenu qu’il paya fix mille grands Sef- » terces *. Telle fut l’époque du goût qu’on prit à Rome pour la Peintu- • » re ; ce qui prouve la beauté des Ta- » bleaux du teins des Grecs: en effet » peut-on s’imaginer que les Grecs » eu (lent excellé dans la Sculpture au » point de nous laitier des Miracles « de l’Art, & que la Peinture nean- j> moins eût été parmi eux fans goût , « fans génie N fans agrément , &c ? » Ce qui fevoit encore plus fingulter, n feroit que leurs Ecrivains n’eulîent » rien fait connoître de cette dill'é- j> rence d'état & de fortune entre s> deux Arts fi femblables? Que nous l'ommes heureux prefen- tement de peindre en hurle , & qu’il ell trille pour nous de n’avoir pas le même talent des Grecs & des premiers Romains ! Nos Tableaux parvien- dront à la Poflérité la plus reculée, & nous avons le malheur d’avoir per- du ceux des Anciens , fur lefquels * Ce Tableau repréfentoit Bacchus : on peut juger de fon mérite par fon prix. Mnm- mius alors call'a le marché, 8e fit porter une que celles que nous prenons fur leurs Figures. La Découverte de brouiller & d’em. ployer les Couleurs en huile fi utile à l’Art de peindre a été faite pat Jean-Van-Eyx , natif de Majfeyk fut [a Meufe , & depuis fon Invention, ap. pelle Jean de Bruges , à caule de l'hon- neur que ce Peintre reçût, dans cette Ville , de Philippe le Bon , Duc de Bourgogne, qui lui donna une place dans fon Confeil. Cet Auifte était non feulement , ellimé par l’excellence de fes talens, mais encore par la foiidité de fou efprit inventif & fécond en plu. fieurs fortes de Sciences. Alphonfel. Roi de Naples , le plus grand amateur de Peinture de fon teins, enleva le premier Tableau en huile , que l’In. venteur mit au jour ; lui donna des Elèves , le combla de biens , & rntro* duifit en Italie cette façon de peindre* l’unique à préfent & la plus commo-, de, ainfi que fera ma gravure en Cou» leur un jour , fi je fais des Eleves. C’eft dans le X V*. Siècle qu’on a trouvé la façon de faire des Tableaux en huile : de forte que depuis Cima- btié , dont nous venons de parler , qui renouvella à Florence & dans le relie de l’Italie , la Peinture à frefque & en détrempe , jufques au temsoù Jean de Bruges trouva la Peinture en huile, il s’efi écoulé environ trois liéclesj dans lefquels on a vu des grands hom- mes , mais dont il nous relie aufii peu d’Ouvrages , qu’il en refloit alors des premiers Peintres de la Grèce & de l’Italie; par confèquent n’ayant plus aucun Tableau ancien en état de per* pièce fi précieufe à Rome pour être placée dans le Temple de Ccrès. •f sur la. Physique et sur la Peinture. feélion, comme font encore les Fi- aux Salles de l’Académie forcés gures antiques , nous tommes de diflinguet les Tableaux de l’Ecole Italienne & de l’Ecole Françüife eq Tableaux Anciens .Sc Modernes , &de commencer l’époque des premiers à l’année 1430., & celle des derniers, au tems de François 1. c'ell - à - dire , vers l’an 1531. L. ’ Ecole Flamande a aufli les An- ciens & les Nouveaux Peintres ; mais on peut les féparer , comme a fait M. d’Argens, & mêler les premiers avec les Italiens, de qui ilsétoient Difciples, & les Modernes avec les François. Le Rojjo & le Primatrice, celui-ci de Pologne & Difciple de Jules-Romain , & l’autre de Florence , font les relhu- rateursdela Peinture en France. C’ell eux qui nous ont enfeigne ce que leurs Prédécèlîeurs avoient appris des Grecs: ils furent invités par le Roi François I. à pafTer en France où ils enfeignérent le bon goût aune mul- titude de Peintres qui n’en avoient que le nom. On voit préfemement quels font les Anciens Peintres & quels (ont les Modernes : nous avons des Tableaux des uns & des autres. 11 n’ell plus queftion que defuivre le parallèle que fait M. d’Argens pour examiner s’il ell julle. M. d’Argens 11e parle nullement des Sculpteurs ; il feroit aifé de lui prou- ver qu’au jour d’hui même nos Peintres & nos Sculpteurs étudient avec beau- coup d’attention , non leulement les Originaux, mais aufli les Plâtres que l’on a moules fur les belles Figuras de l’Antiquité. Le Marbre de nos Fi- gures Modernes efl bien inférieur au Plâtre de ces anciens morceaux. Les Connoilleurs peuvent décider la quef- tion avec facilité en fe tranfportant *4} Tous les Ar- tifles en conviennent & perfonné d’entr’eux n’ofe égaler les Chef-d'œu? vres de leurs Confrères à ces rllu lires Copies. L’Auteur dit lui-même : Nous qvtns des Antiques à Paris fi parfai- tement moulées que nous pouvons les dejji- ner avec autant de profit que lis. Origi- naux qui font à Rome ( pag. ai.) Michel - Ange , dont les Figures étoient prefque animées , a étudié & a puif ' fon fçavoir dans les Originaux des Plâtres que nous polTédons : fes Ouvrages de Sculpture , tiennent fans doute un rang entre les Antiques & les morceaux que l’on fait aujourd’hui. Si on s’ayifoit préfentement de cachet une Pièce de nos Sculpteurs , dans un endroit où l’on croirait trouver des Antiques , les Connoilleurs s’y laille- roipnc-ils tromper , comme fît le Car- dinal de S. Grégoire , auquel on vendit un Cupidon qu’avoit fait Michel-An- ge , & qui avoit été trouvé dans les débris de l’Ancienne Rome, où ce Sculpteur habile l’avoit caché ? Les Modernes auraient beau leur calïcr le Bras & même tous les Membres & en garder les pièces dans leurs Cabinets, on ne s’aviferoit jamais de les compa- rer au Tronc pour s’a durer du fait; comme il fallut faire du bras du Cu- pidon en queflion que Michel-Ange avoit gardé pour s’en faire reconnoître le maître. Ainü il ell inconteftable que dans cet Art les Anciens faifoient mieux que leurs Defcendans & que la Sculp- ture a dégénéré. En abandonnant les Pièces de Sculp- ture , les Antiques gravées Se nos Mé- dailles , on peut efpérer de mieux rénlïir dans la comparaifon projettée. Il fcmble à M. d’Argens que dans les Tableaux , les Modernes ont plus beau jeu: c’efl aufli pourquoi il n’a hazar- ■ : Xii \6\ . Observations sur l’Histoire Naturelle r dé crçcîe paraiieie de. ceux-ci; Mot lut eft prcfeniément dë prou- ver q Il faut ici mettre en comparaifoD les Tableaux mêmes que M. d’Argem cite de ces deux Maîtres. Celui de b Cène que Leonard de Vinci a fait » Milan dans le -Refedoire des Domini. quains, & celui du Jugement derniq que Jean Coufin a peint dans la Sa. crillie des Minimes du Bois de Vio. ce unes. Le premier Tableau eff entièrement gâté, & à peine peut-on y reconnoi- tre quelques fragmüns , qui ne Vai/Tent pas de dénoter la force & 1a hardietTe dit Pinceau de ce Sçavant Italien, Mais pour en avoir une idée plus jufle, voici le jugement qu’en fait Rubens*, au fentrment duquel l'oa peut s’en rapporter. Léonard de Vinci, di t-i! , commençait p]r examiner toutes chofes , félon la régies égale Théorie, Cr en faifoit enfui te l’apf cation fur le Naturel dont il vouloit fcjti. vir. U obfervoit les bien-féances fy fps toute affeélation. Il fçavoit donner à du^ objet le caraflére le plus vif . le plus cm- terij'é & le plus convenable qu’il ejl pefJij poujjoit la majeflé convenable aux juja, jufqu’ala rendre divine. L’ordre & la mtfm qu'il gardoit dans les exprejjions de fs fip. ra attirent l’ attention fur les parties ejjau'é sur. la Physique et les. qu'il a peint avec foin. Ilavo.t un(i grand foind'éviterla confujion des objets, qu'ilaimoit mieux laijfer quelque chofe à fouhaiter dans fon Ouvrage , que de raffajfier les yeux par une fcrupuleufe exactitude : mais en quoi il excelloit le plus . c'ctoit comme nous avons dit , à donner aux chofes un caraélére qui leur fût propre qui les dijlingu.it l’une de l'autre. Il commença par confulter plufieurs for- tes de Livres. Il en avoit tiré une infinité de lumière dont il avoit fait un Recueil , il ne laiffoit rien échapper de ce qui pouvoit con- venir à l'exprefion de fon Jitjet , b par le feu de fon imagination , aujji lnen que par la foliditéde fonJugcmeKt.il s'élevoit aux chofes divines par les humaines . b fçavoit .donner aux hommes les degrés dijf'erens qui les portoietu jufqu’au caraÙére de Héros. Le premier des exemples qu’il nous a laf- fés, eflle Tajtleau qu'il a peint à Mil an de la Cène de Notre-Scigneur . dans laquelle il a reprèfnté les Apôtres dans les places qui leur conviennent , b Notre Seigneur dans ia plus honorable au mdieu de tous . n'ayant perfonne qui le pnjfe , ni qui foit trop près de fes cotes. Son attitude tft grave . b fes bras font dans uneftuatton libre b dégager, pour marquer plus de grandeur . pendant que les Apôtres paroiffent agités de côté & d'autre . par la véhémence de leur inquié- tude, dans laquelle néanmoins il ne paroh aucune baffeffe , ni aucune aélion contre la bicnféance. Enfin par un effet de fes pro- fondes fpéculations , il eft arrivé à un tel degré de perfection , qu’il me paraît comme impoffîble d'en parler afq dignement, b encore plus de l'imiter. De Piles ajoute : Rubens s’étend en- fuite fur le degré auquel Léonard de Vinci pollédoit l’Anatomie. Il rap- porte en détail toutes les études & sur. la Peinture. tons les delTeins que Leonard avoit faits , & que Rubens avoit vus par- mi les curiofités d’un nommé Pompce Leoni quiétoit d ’Arreyo. Rubens conti- nue par examiner l’Anatomie des Che- vaux ^ & parle des Obfetvatrons que Leonard avoit faites fur la Phyfiono- mie,dont Rubensavoitvu pareillement lesdeüeins ; & finit fon difeours par la méthode dont ce Peintre mefuroit le corps humain. Voyez i Vincennes ft dans le Ju- gement de CouGn vous trouverez les mêmes beautés , & c'uez-moi quelque Peintre qui ait parlé avec tant d’élo- ges de celui - ci que le célébré Ru- bens a fait de Leonard. Où fe trouve donc le parallèle projetté entre deux iiommeslîoppofés ? L’un ell Phgia’-j re ; feutre ôft Auteur; celui-ci polie - dant en général toutes les Parties de la Peinture . & celui-là n’en poflede que quelques-unes. M. d’ rgens feroit extrêmement habile s’il pouvoit fer- mer les yeux à toute l’Europe fur le pafle, aptes tant de monmnens au- tentique6 ; & fi les Artilles François ap- plauditlbie-nt à fou parallèle, ils terni- roient la gloire dont ils joui lient pre- femement , & la primauté qu’ils ont dans la Peinture fur les autres Na- tions. Mes Confrères bien loin deme feavoit mauvais gré de difiiper une flatterie capable de les tenir dans une dange- reule fécurité & d’empêcher les e (Torts qu’ils font pour atteindre à la perfec- tion, regarderont la Critique que je fais du Livre de M. d’Argens, com- me le plus grand éloge que je puifle faire de leurs talens ; la véritable gloi- re n’étant loudée que fur la vérité. “V ❖ Jnne’e 1772, Tcm. II. Partie. VI Y *7° Observations sur l’Histoire Naturelle , fentement font devenus Peintres OBSERVATION V. Sur la Gravure en Bon par M. Papillon. NOUS fommes en état aujour- d luii de donner l’Hifloire com-' plette de la Gravure ; mais nous réfet- vons ce Traité à nos prochaines Obfer- vations; nous ne donnerons ici que celle en Bois, du détail de laquelle M. Papillon a bien voulu nous favorifer. Il nous a fait part de fon Livre , avant de le communiquer au Public : il nous a permis d'en donner un Extrait dans notre Article de Peinture , ainli que nous jugerions à propos ; ceci n’em- pêchera pas les Amateurs qui vou- dront s’inlhuire plus au long fur cette Gravure d’avoir recours à l’Ouvrage même, lorfqü’il fera expofé en- vente & annoncé dans les Journaux. II feroit à fouhaiter que tous les habiles Artifies en lüTem autant . chacun dans fon talent.ee quilormeroitpourlorsune belle Enciclopedte ; & une Enciclope- die vivante qui feroit louvent renou- velle , Se où Ton trouveroit le pour Sc le contre fur chaque Matière. La Gravure ell un Art de DelTein, ainli que la Peinture & la Sculpture 5 tous les trois vifent à veptéfenter les Objets Naturels, & tous les trois y réulTiflent quelquefois j ainfi ils doivent être regardés comme indépendaos les uns des autres : d'où je conclus que li on peut les exercer P parement, Si ar- river , quoique par diilérentes routes, au même but, il cil in tulle d’aflervir, par une Loi mal entendue, le premier de ces Arts aux derniers ; c’ed-à-dire , les Graveurs aux Peintres & aux Sculpteurs : puilque les Graveurs pré- qu’ils ont été de tout tents , Sculp. teurs. La Grauûre en Couleur , dont j’ai in- venté la vraie Pratique, ne met-elle pas les Peintres & les Graveurs dans la même clalîe. Pour exécuter unîa. bieau fur cuivre & foüs Prefîe , ne faut -il pas Ravoir, non feulement la Pratique de l’Art de peindre, mais encore la Théorie de la Compofition & de la Décompofition des Couleurs. Je dis de plus qu’un Peintre ordinaire, avec une Palette garnie de Couleur, ne doit fçavoir quecompofer un Ta. bleau, il n’ed pas obligé de le décom. pofer -, ainli qu’il faut que je fafle , lorfqu’aprcs avoir peint mes Pièces d’Anatonrie , je fuis contraint d'en de. compofer Ici Teintes & les Couleurs locales fur quatre Cuivres dilîcrens 3 en un mot, dans mon Art il faut pein- dre fans Couleur & fans Pinceau, avec le Burin feulement.- J’avoue cependant qu'un Graveur qui copie un Tableau ell aflervi au Peintre & ne fait l’olhce que delimpie Copide. Mais aufli combien de Pein- très copient-ils à leur tour des ex- cellons morceaux d’Edampes dans leurs Recueils. Si tous les Graveurs Monochrome chacun dans leur façon , car il y en a de plulîeurs fortes , composent leur Dedein , comme Callot , Le Clair, Picart y Cochin &c. ell ce que leurs Ellampes noires n’auroient pas plus de mérite que celles que l’on copie d’après les Tableaux , puifque les Gra- veurs en noir, ou taille-douce, 11’en peuvent rendre que le Clair- obfcur, alors ce n’ed pas le Tableau que l’on donne au Public, c’ell le Dedein ou l’Efquille du Peintre. Le Coloris, qui dillingue le Peintre du Delfinateuc, sur la Physique et sur la PëinTure. 17 1 ne s’y trouvant pas exécuté, jefoutiens allez. L’ufage elfentiel queî’on fait des que la Gravure en noir feroit aufli- bien reçue du Public, fi au lieu de co- pier Tcniére , Wauvremens, Rubens , Van- deik S< Natoire » les Graveurs nous don- noient des morceaux de leurcompofi- tion, puifqu'ils ne peuvent rendre la Couleur qui fait le principal mérite de ces fortes de Tableaux. Dans l’Art de graver il y a pluficurs fortes de manières, & chacune a (a beauté & fon utilité particulière. Le premier genre de graver efl celui, fans contredit , de reprélenter les Tableaux, c’ell-à-dire , de donner tout à la fois les Parties elîentielles de la Peinture. Je puis préfentement divifer cette Gra- vure en deux manières particulières ; celle qui s'imprime fous les Rouleaux de Taille-douce que j’ai déjà pratiquée , & celle qui s’imprimera fous la PrelTe de Caraèicre, & avec les Caraftcres mê- me dont je viens de parler dans l’Art. d’Hilloire Naturelleci-deiTus.Le fécond genre de graver ell celui de repréfentet un Camaïeu ou Clair oblcur en Bleu , Verd, ou Rouge , &c. on imite dans cette façon les Deffeins des grands Maîtres. Le troilicme enfin efl. celui qu’on appelle Fumé , ou maniéré Hol- landoife*, ce qui imite les Defleinsà l’Encre de la Chine. La quatrième for- te6de Gravure imite les Deflcins à la plume , c’ell ce qu’on appelle Taille- douce , (laquelle Gravure fe divife en Burin & en Eau-/orte ) & la Gravure en Bois. La Gravure en Bois , Telon moi , cil fort utile, c’eft la plus ancienne /elle cil trop négligée préfentement , car M. Papillon ell le feul qui fade bien , à ce que je crois, fa réputation le prouve * Quelques-uns ont donné le nom de ma- niéré noire a cette façon , mais elle convient en general a toutes les façons qui ne don- Gravûres en Bois dans les Manufactu- res des Perfes 8c des Indiennes , dans celles des TapilTeries & des Papiers peints, & fur-tout dans les ImprelTions des Livres ; pour les Lettres en Bois , les Vignettes & autres ornemens en noir ; cet ulage , dis-je , prefque uni- verfel, prouve bien la ncceflité de cet- te Gravure. Je vais aulli inférer à la tête de l’ex- trait du Livre de M. Papillon , la Let- tre qu’il m’a fait l’honneur de m’é- crire. Je fuis très - flatté qu'un Artifle aulTi célèbre que lui , dans fon genre , puilïe prendre quelque confiance dans mes Ecrits. Lettre de M. Papillon , Graveur en Bois & de la Société des Arts , à M. Gau- tier , Penfionnaire du Roi , Inven- teur du nouvel Art d'imprimer les Tu- ileaux. L, M ONSIEUR, 'Avantage de devenir votre Ami, m’eft fi glorieux , que c’ell avec regret que je n’ai pu être auffi long-tems avec vous , les deux ou trois fois que nous nous fournies déjà vus , que je l’aurois fouhaité , pour pouvoir profiler des connoiflances fur tomes fortes de Ma- tières que votre convention m’au- roit communiqué. Nos occupations réciproques nous privant du plaide de nous voir autant que je le dé- lirerois , & que je me flatte que vous le délirez pareillement. J’imagine qu’en certains momens dans mon pe- tit Laboratoire , pour me délalîer de tient pas la Couleur & que l’on n’iniprimc qu’avec du noir, Y V i72 Observations sur. L’HfsroiR.E~NATURELLÊ , ma Gravure , je puis de term en teins vous communiquer mes perrfées , vous prier d’éclaircir mes doutes fur plu- lieurs points qui ont rapport à i’Hif- toire NatureHe & à celle des Artsj fur- tout à celui que je pratique , autant que cela pourra vous faire plai- fir , 6c qu’il me fera poflible , fans com- promettre les engagemens que j’ai contradc avec les Auteurs de i’Ency- clopedie. Aiuli, Moniteur, fi vous l’ave z agréa- ble , quoique peu éloignés l’un de l’autre , nous pourrons corrverfer en- femble par nos Lettres , plus fou vent que nos affaires- mutuelles , le Publie à qui nous fommes & le teins qui nous eflfi précieux & fi citer, ne pourraient' itdus le permettre de vive voix. Elpc*>- rant que vous acquiefeerez à mon pro- jet, qui eft celui de participer à Èac- croiflement des- connoiffances humai- nes , dans les Matières qui lont dénia Pierre , le Marbre & le Mét'ail , ce m,; a enfanté la Sculpture, 6c donné [a première idée à tracer les Caradéres des Langues , d'où conféquemment celui de la Peinture a pris naifianCe. Vous verrez, Moniteur, dans le T rajt • de ma Gravure comme elle a pris che? les Peuples Orientaux & par la fuiteles Ulagcs difiërens aufqtlels on l’a en,, ployce. Les préjugés defavantageuxde bien du monde fur les Epreuves de cette Gravure, & ce qui y a donné & y donne lieu. 3on étonnante 6c prodigieij. fc utilité , 6cc. Croyez que je fuis avec amitié & la plus parfaite efiime , Votre très-humble , 6tc. Papillon, L’Origine de la Gravure en Bois ; l’ufe^ de cet Art & le Principe de l'Imprime- rie , par M. Papillon. La manière d’imprimer & Je tiret les Eftampes par le moyen de la Gravé- portée, dont vous pourrez inllruire les re en Dois, telle qu’elle fe pratique au’. Amateurs dansvosObfervations, remet- j'ourd’Itui en Europe , vient original- PiMinlpc rDO riant «smL tant à d’autres monte ns à vous détail- ler tout ce que j’avois déjà penfé de vous depuis nombre d’années , & com- bien votre réputation nie faifoit défi- rer paliionnément de vous connoître & Vne lier d'amitié avec vous, je com- mence , fous l’appui d’une étude & de recherches , au moins de quarante an- nées , touchant la Gravure en Dois, de vous affurer que fans contredit cet Art peut être regardé prefqu’auffi an- cien que le monde , d'autant qu’il e£l fenfé 6c probable , que les premiers hommes qui fe font nvifés de faire quelques Figures 6c quelques traits, ont fans doute commencé par les en- graver*ou graver fur le bois6< l’écorce renient des Peuples d’Oriem , mais eile a été modifiée & perfeftionnée pour nos Ulages.- On ne peut difeon venir que la lan- gue Chînoife compofée de foixante on quatre-vingt mille Caradéres, tous dif. férens les tins des autres, n'ait occafion- né à la Chine l'Invention de la Gravit, re en Dois pour imprimer les Caradc- res 6c les Livres de ce Pays. C’ell |j certainement où cet Art a cbmmencé à fe détacher d’avec la Sculpture , 6c qu’il a fourni1 l’expédient admirable de ti- rer plufieurs milliers d’épreuves, tou- tes pareilles par le moyen d’une même planche. Ange Rocca, dans fa Bibliothèque à des Arbres, Matières plus tendres que la Vatican , pag. 41p. avance lur le leraoi» * Ce terme étoit anciennement d’ulage Parmi les Graveurs, sur la Physique et Sür la Peinture. 173 gittgef de plufictus Voyageurs à qui il L’Impreflîon avec les Planches ou avoit parlé , que Vidage de l’Impref* les Tables de Bois gravées, ell non bon étoit commun chez les Chinois feulement en très - grand ufege à la plus de trois cens ans avant JefUs-Clitifl, Chine & dans la 1 avtarie Orientale * & Alvarez de Scviedo confirme qu’il y mais encore au Japon , au rouquin 6c a plus de mille fix cens années que les dans la Cochinchine. Les Letttcs ou les Chinois en ufent. D’autres Auteurs pré* Garafléres qui fervent à tous ces Pety tendent qu’il y a plus de mille ans que pies, font à peu près fcmblables à L Imprimerie a été trouvée chez les ceux des Chinois , en auffi grande Tartares Orientaux dans la Ville de quantité que les leurs ; & incapables , Tangut ; ce que l’on ne doit entendre comme ils le font , d’être féparés & que de la manière d’imprimer avec des mobiles , c’etl - à- dire , que chaque Tables de Bois gravées. Le Pere Jean- Planche forme une page d’nn Livre , Baptifle du Halde dans fa nouvelle & qu’elle ne peut ter vit à un autre. Je Defcriptron de l'Empire de la Chine & eonferve dans mes Eflampes deux de la Tartarie Ghinotfe , pag. 245 . du adrefles de Marchands d’ Encre de la fécond Volume, cite une Sentence Chine de Nanquin ; il y en a une rapportée par un Auteur Chinois, qui qui ell allez bien gravée , mais j’ai obli- pent prouver l’antiquité de la Géavtire garion à Alonfieur Fourmont l’aîné, en Bois pour imprimer. Voici Je paifa- Profefleur des Langues Orientales au ge de cet Auteur. Collège Royal , de m’avoir montré des » Le célèbre Empereur Fi ouwwg.qui, Livres Chinois imprimés à Pékin , dont * comme on fqait, Henri doit mo ans fa Gravure efl admirable. Les üaifpns » avant l’Ere Chrétienne ,• tiroit cette des Caractères font fi déliées & fi net-* » moralité de l’Encre. Comme la pier- tes , que nous aurions peine à les gra- ■ reAJe*, difoit-il, dont on fe fert ver auffi proprement. D'ailleurs la » pour noircir les Lettres gravées, 11e beauté de l'iinpreffion& la blancheur » peut jamais devenir blanche , de mê- du papier font fi parfaites , que je n’ai » me un cœur noirci d’impudicités , encore vû ni Lettres gravées,- ni aucu- * retiendra toujours fa noirceur. » ne imprefiion d’Europe qui mérite de Suivant le Pere Couplet, l’Inven- leur être comparée. Tous ces Livret tion d imprimer n’a été en grand ufa- font imprimes foncièrement avec l’En- ge a la Chine que depuis le régne de çre de la Chine; (cardans ce Pays 1 Empereur Mimçum, environ l’an de fou n’ufe point d’ Encre à l’huile ) les grâce 9 $6. mais l’Empereur Y venir qui feuillets ne (ont imprimés que d'urt ïegnoit en 5 5 2 .ayant eu tmç Bibliothé- coté, en forte qu’ils fopt pliés comme que compofée de plus de cent quarante nos petits Agendas de poche , de forte mille Volumes, on peut alilurer que quechacun defdits feuillets cil double -y 1 Invention de graver en Bois pour im- cependant le papier cil fi mince , qu’on primer , ell antérieure de plusieurs fié- a peine à s’en apperc.evoir. Les Plan- cles, S peut-etre même de plus de qua» cites qui- fervent pour imprimer ces Lif torze ou quinze cens ans ayant la Vres font compofées de plufietirs pa- Js.utfance de J. C. ges rangées les_ uucs auprès des ai.- ? Me ancien mot Chinois qui fignifiç de l’Encre.1 Observations sur l’Histoire Naturelle m très , 6c féparées avec une grande juf- tede par un Régler enrichi d’ornemens, du côté qui doit former la tranche du Livre -, de manière que tous les feuillets étant pliés , & le Livre coufu & fermé , fa tranche paroît suffi vive que fi elle avoit été rognée , & l’ornement du Ré- glet qui fépare chacune des pages , y forme deffus une variété très-agréable. 11 n’y a réellement de rogné à ces Li- vres que la tranche qui cil à la tête & celle qui lui eff oppofce. De plus , cet- te impreffion eff divecfifiée quelquefois par cinq ou fix fortes de Caractères de différentes grandeurs dans une feule page. Ce qui elt plus admirable , c’ell qu’elles font chacune par rentrées , d’u- ne couleur différente les unes des au- tres, telles que noir, rouge, bleu, jaune , vert, couleur de rôle, &c. Us y mettent auffidel’Or & de l’Argent, ce qui fait le plus bel effet qu’on puif- fe imaginer. Tous ces Livres ne font point reliés ; ils font feulement con- fus avec de la foye du côté du dos par deffus leurs couvertures , ce qui n'em- pêche pas qu’ils ne fe tiennent auflî fa- cilement ouverts que s’ils étoient re- liés. Leurs couvertures eff une efpéce de Moire , laquelle eff colée fur un car- ton. Les Volumes qui traitent d’un n\e- me fujet font tous enfermés dans une bo'éte de Carton très-funple: chaque Hiffoirc ou chaque Matière a la fienne. Ces bot tes font à peu près de la même li- gure de celles qui fervent dans les bu- reaux pour mettre des papiers, avec cet- te différence feulement, qu’il y a trois ou quatre anneaux attachés au corps & au couvercle de la Botte, dans lefquels l’on fait entrer des chevilles, un peu à force, qui la tiennent fermée, 8c il y a deffus une étiquette en Caradéres Chinois , qui indique ce que contien- nent les Livres qui font dedans. On peut dire que l'induftrie des Chinois eff bornée fur cette article ; car leilc Bibliothèque ne peut avoir ni leCOl!o d’œil au fil gracieux que les nôtres, ^ la même commodité , & l'on fe[0ll même tenté de croire que cette fa^ de conferver & d'arranger leurs Livres eff une efpéce de preuve qu’on lit afl^ rarement chez eux. J’avois tou jou rs cru que tous IesLivres Chinois s’imprimoient avec le R0u. leau ; mais ceux dont je viens depat. 1er où il y a pliifieurs rentrées de diffé. rentes couleurs , font indubitablement imprimés, ou avec la Preffequi fertj l’imprimerie en Lettres , ou avec quel, qu’autre Machine qui produit le meme effet. Le Pere du Halde , dont on a parlé plus haut , rapporte que l’imprefGoq Chinoife fe fait avec deux Brodes j \\. ne fert à mettre l’Eucre fur la Planche 8c l’autre à unir le Papier quand il eft pofé deffus; cela peut eue en ufagi pour les Caradéres d’une feule cou, leur , mais pour les pages où il y a plu, fietu's rentrées de différentes couleurs, il faut néceffairement que les Chinois fe fervent de quelqu’autre moyen plu» facile. Peut-être feroit-on inftruit de cette Méthode en iifant l’Inftruûio# circonflancice touchant l’Imprimerie Chinoife, coinpofée en Allemand pu André Muller, Les grands Caradéres , tels que font ceux qui fervent aux affiches , ils les gravent en creux fur la Planche , de forte qu'ils viennent blancs fur le Pa- pier , & que le fond eft noir. De tout ce que l’on vient de rapporter touchant l’immobilité des Caradéres, la Gra- vure & l’impreflîon des Livres Chi- nois. & c. il eff aifé de conclure que l'in- vention de la Gravure en Bois pour imprimer eff originaire de la Chine ou sur la Physique Et Je la Tartane Orientale , mais que le véritable Art de l’Imprimerie en Ca- raétéres mobiles , la manière de les jetier en fonte , & celle de corrtpofer avec lefdits Caradéres , n’a point cté inventé en Orient, & que cette in- vention a été trouvée en Europe. Il ell remarquable que les Chinois , les Japonois & les autres Peuples qui fe fervent des niémes Caradéres , n'e- xercent point Ja Gravure en Guivre , & qu'ils ne s’appliquent uniquement qu’à la Gravure en Bois. Cell fans doute à caufe de la commodité qu’ils f trouvent, pour tirer autantd’épteu- ves qu’ils le défirent. Quoiqu’il en foit , il doit y avoir une grande quantité de Graveurs en Bois dans ces Pays-là/ L.a Gravure en Bois fert encore à plulieurs autres ufages en Orient. A la C/iine & au Japoti on s’en fert quel- quefois pour former le trait des E (lam- pes enluminées ; on voit de dette fa- çon à Paris dans un Parloir du Cou- vent de Saint Lazare une grande Fi- gure aiïife , repréfentant uiie Idole de la Chine. Les Chinois & les Japonois employent encore cette Gravure pour faire des Papiers de Tapilferies & de Paravents , & pour faire d’autres Pa- piers par rentrées, qui imitent les Toiles peintes. A la Chine . au Japon dans l’indof- tan ou l’Empire du Grand Mogol ,■ au Pegu , aux ll\es Maldives , & au! très IlTes de la Mer Indienne , dans la Perle & chez plulieurs autres Peuples Orientaux ; de tems immémorial l’on y imprime & l’on y frappe le trait des dedeins fur les Etofçs , Toiles pein- tes , ou Indiennes avec des Planches de Bois gravées par bouquets déta- ches & par rentrées. Les Broderies qut nous viennent de ces Pays-là ne sur La Peinturé. 17J font point delfinées autrement ; îk li l’onvouloit pour s’en éclaircir , débro- der pluneurs bouquets pareils , l’on verroit facilement que le trait de chacun n’elt point deflinc à la main , qn’il ell imprimé , & qu'à tous il a etc fait avec la même Planche. La manière de frapper ce trait, ell de tap- per à plufieurs fois la Planche du côté qu’elle ell gravée , fur un morceau de Drap imbibé de la couleur qu’on déli- re employer , & de pofer enfuite cette Planche du même côté fur l’Etolïe que l’on veut marquer -, fi-tôt quelle ell deffits , on appuyé fur la Planche un peu ferme avec la main, ou s’il ell né- celfaire pour la faire bien marquer, on frappe de/fiis avec le poing, avec le manche d'un marteau ou autres cho- ses fetnblables. Il faut avant cela que i’Etofe foit pofee fur quelque Drap ou autre Etofe mollette ; car li l’on n’u- foit pas de Cette précaution , & qu’elle fût pofee à nud fur la Table , on cour- roie rifque d'éclater les traits de la Gra- vure, en frappant& en impriinanti’Eto- fe en queflion. Les rentrées des bouquets & des Heurs j fe marquent à peu près de la même façon ; il faut feulement prendre garde de pofer les Planches des rentrées bien jufte dans le milieu des contours , lefqueis auront été mar- qués parla première Planche qui aura fait le trait du Deflein. A l’égard des Toiles peintes , il faut obferver que la plupart des ornemens ou des fleurs font gravées mates j. afin que les Planches marquent d’un mê- me coup, le plein d’une fleur ou d’au- tre choie , comme s'il étoit rempli à la main avec le Pinceau. Les Indiens & les Perfans, pratiquent une manière très - avantageufe pour imprimer les couleurs fur leurs Toiles, quand les parties qui doivent venir toute d’une i7s le premier Tome, l'Hiftoire des jjt> Sciences & des Arts depuis Adam juf- :icti qu’au quatorzième fiécle inclulive- > St ment. 11 y a fait l'Hiftoire de la Gruvù- ;(!> re en général , & il peut bien y faire mention d’F.ftampes en taille de Bois , P & de quelques Graveurs qui nous font inconnus, l.e fécond Tome comprend ipr,if le quinziéme ficelé jufqu’en 1723. P . G» cft porté à croire touchant i’O- P figine de ia Gravure en Bois., pour itf ’ tirer des Ellampes , que quelque Pein- tre en mignature parmi ceux qui enio- jjZ livoient d'ornemens & de Figures, les premières feuilles & les commence- mens de chapitre des Livres manuf- crits de velin , aura trouvé l’Invention de graver en Bois le trait defes Def- feins & de les imprimer fur le velin pour s’épargner la peine de les tracer & de les répéter au Pinceau. L’on voit u anciens manuferits dont les couleurs Année 17; 2, Tôt». II. pm SUR. LA PlTNTÛRË. 177 font efllicées , où ces traits de Gravu- re le remarquent. D’ailleurs cette opi- nion s’appuye fur ce que les ancien- nes Ellampes de Gravure en Bois , font pour la plus grande partie fans aucune taille & au iiinple trait. La plupart ne font que des quadres de pages & de vignettes de Livres , que l’on a fait ler- vir par la fuite avec l’Impreiïion des Lettres. Il efttrès-fùrau moins qu’il y a eu de ces fortes de Gravures avant les premières lmpreffions de Lettres gravées en Bois -, c’eft à- dire , environ l’an 1400 Si l’on ob^efte qu’on auroit pu dès ce tems-là , fe lervic de la Gra- vure enBais pour imprimer des Livres, la réponfc eft toute prête ; car l’immo- bilité des Lettres fur les Planches de Bois, êtoit un premier obllacle , 8c en fiippofint même leur mobilité, il auroit fallu une fujetion, un teins, & une dépenfe fi confidérable pour s’en fcrvir à l’imprellion , que l’un ou l’au- tre de ces moyens, quoique décou- verts, n’a pu être niisen ufage que long- teins après l’invention , & qu’à mefiire qne l’Induftrte a perfeétionné les pre- mières Découvertes. ■D-’i Anciens Graveurs en Bois , &* fur l'Invention de l’Imprimerie. Toutes les anciennes Gravùres en B)is font fans datte & fans noms da Graveurs , de façon que l’on ne peut raifonnablement remonter plus haut , pour leur antiquité, qu’au commence- ment du quinziéme fiécle, quoique la Gravure en Bois ait pu être inventée dans le quatorzième i de plus l’on ne peut rien dire de pofitif touchant le Pays où cette invention a été trouvée. Les Italiens. lesHallandois& les Alle- mands ne manquent pas de raifons pour s’attribuer cet honneur. Les pre- ù. ru z f7? Observations stm l’Histoire Naturelle, miefs aNegueni l'exercice de la Pein- ture. de la Sculpture , lequel a rç- fleuri en Italie bien auparavant qu’en Hollande & qu’en Allemagne ; & qui lemble avoir dû procurer dans cette Région, l’invention Je la Gravure pour tirer des Elampes. Les Hollandois citent Laurent Cÿhr , & prétendent qu’il a trouvé l’Art d’imprimer après avoir gravé quelques Planches de Bois en 1420. Les Allemands qui paroif- fijemoriœ Sacrum. Tipographia /. fe it mieux fondés, préfententles pre- /Irxium omnium conjervatrix.nu * mJCTes Imprefflons avec des Planches • A ’ faites par Guttemberg & fes de Pois , Aflociês l’an 14^0. & ceux de Suaf- bourg citent Jean M<:ntel en 1440. M iis ^ ni Coller , Guttemberg , ni M uitel - ne doivent point être re- gardes comme Inventeurs de la Gra- vure en Bois pour les Eflampes, quoi- qu’ils le parodient de l’Imprefllon des Lettres ; & l’on doit plutôt croire que cet Art a été inventé bien avant eux en Italie , par quelque Sculpteur ou quel- que Peintre qui nous efl inconnu. Ce- pendant , comme ceux que nous ve- nons de nommer, ont tous gravés en Bois, de même que les Imprimeurs Imprimeries; qu’il trouva le fecret CT déparer les Lettres de Bois & . 1 1— «"v I * 11 * 1 Tj w u établies dans plulietirs Villes de l’Eu ropc ; on ne lailïcra pas de commen- cer par euxl’Hilloire des premiers Gra- veurs en ce genre. Laurent Cojler était natif delà Ville de Harlem en Hollande , & Concier- ge du Palais, ou de l’Hotel-de- Ville, îles Hollandois prétendent qu’il trou- va l’Invention de l’Imprimerie , parle moyen des Cataéléres qu’il grava fur du bdis de Hellre en fe promenant à la Campnguelau 1410; qu’il commen- ça par quelques Vers, dont il lit des empreintes lut du Papier avec de l’En- cre à écrire ; que par la fuite il inven- ta celle à huile dont on le fert dans les & il efl orné de plufieurs Figures. On dit qu’il efl en Langue Flamande^ qu'après celui-là Coller le fit en Vers Latin. Les pages ont chacune en tête une grande Vignette gravée en Bois, de quatre pouces de hauteur & fcpj pouces de large . elles font réparées en deux fur la largeur par un ornement Gothique ; ces Vignettes repréfentenr des fujets de l’Ancien & du Nouveau Teftament, elles font dellînées dans le goût Gothique, c’elLà-dire, très-mal; le nom de chaque lu jet ell au-delîous de chaque Planche, & les Lettres d’im- preflion font imprimées en deux Co- lonnes fur chaque page, relativement ■sur la Physique et sur la P&nture.' à chaque fiqet çPHilloire. Elles font d’abord été gravées , da toutes Gothiques. On ne peut douter que ce Livre ne foitdes premières Gravures en Bdis J & des premières Impreffions ; on con- viendra que les EftamàM ont été faites *1 » 1 i*. >i il > I t . . . I» Y «. -- ■. «79 , -ans le dé Hein que leurs épreuves fullent remplies d’E- cfiture à la main , que l’on en aura tiré un grand nombre. avec cette mau- vaife Encre dont j’ai parlé ci - dellus;. qu’enfuite le fecret dès Lettres de Fon* T .V..UIU ||UC ICS Liumpus UIll CIC ldi UT» Ull CHUIIIC IC ICGlCl UCï LtCUlca J- ait rouleau avant la Lettre d’imprimé- te & féparces ayant été trouvé, Fan r”' qu’elles ont été imprimées avec aura employé ces Epreuves d’Lftam- rie Lucre à huile, grile ou couleur de B' lire , & que le Papier ell plus foulé à cesendroits-Ià, qu’aux autres , où les Lettres ont été imprimées avec une Encre très - noire. Ce qui marque fen- fiblement que les Eftampcs ont été im- primées plufieurs années avant les Let- tres, & dans un terni où l’on n’avoit pas encore fait de belle Encre. pes , & l'on aura imprimé deflus avec les mêmes Lettres qui ont fervi à im- primer les premières pages de ce Li- vre. » I • • ' J Les Hollandois difent encore, que Coder ti fait une Graénrrtaire intitulée Donatus , avec des Lettres mobiles , gravées ‘en Bais. 'Jedfi Saubert à la page — i i6.de fonHiJloire de Nuremberg,' cite Plufieurs Auteurs qui ont parlé de trois Ouvrages , lefqnaldtonn été' im- cet Exemplaire, prétendent que les primés' avec d&s Pldntftes de Bois. Lettres ont été gravées en bois. Pour moi , je n’en crois rien ; au contrai- re, je penfe qu’elles font produites par Ues Caraéléres d’Etain ou de Fonte mobiles & féparées les unes des au- tres. Ce qui me confirme dans cette penfée , c’efl que plufieurs quadrats ou efpaces font rcflbrtis de leurs places , & qu’ils ont marqués des taches noires fur le’ papier en plufieurs endroits , Qjtc lijnô thà'pi funt hbckifrlréfeid , V. ?. hbcllumfdbidbrum & fimilitudinuw , tjuct- lis ejl j), Hartlkbii i/belù/s ■ Gérmanicus Itemque Jpeculum morientum. Spéculum Jk~ liais , & id genits alia. Mais toute cette Hitloirede Coller ed regardée comme une Fable faite à pllifir par plufieurs Auteurs l’on prétend qu il n’y a point de convidion allez forte pour lui pouvoirattribueravecjullicè.rhônneur • o r , » j-«v»uyuiiaiiwouci avcciumcc, i nonnetl muheram a la fin de quelques d’avoir inventé l’Art de l’Imprimerie. ï&nZ\ Ccs taChfS •°nt, quar;ees ’ maîs Jean Mattel Gentilhomme Allemand, a quelques endroits les efpaces ont natif de Straïbonrg. & concurrent dé Çn 1 1 1 4 r' i r . L v“fc *iUVA| KJ'~ jLiaïUvJiir i* , ex c L ^-nS *c Coder j ell regardé par d’autres Au- • a\ ours il ell aiféde voir que teurs comme rinventeui noircir. nlnfieur^ P,v;.”r''ivrruvw‘f ^ teurs comme l’Inventeur de l’impri- Lrexenuile .U-fTba^e5’nCOmi!le merie • lls direm cl"’il 8rava d’abord Fr ^ capitaux ] ont été des Lettres en Buis & Poirier ,& qu‘il beauUdiianSi elTr6 °n a «Mte avec des Metatî*. Sue ptufieur, Lctttc, SSli K ScS * S:r''Jb ?" * J*» Bois ou en Cuivre fans qu’il n’v ait on r -couverte en 1 44° » quelque clitlérence entr’elles très Cen f ^f?,e eaiJllte> qbe Mentel etn- ftble aux veux d’un hihll/ r S* en" P^yaOitttemberg.O.fevredeMayeri- qui leTïoudïa ex min.r Graveur «ç , parfaire des Poinço ns & des Ma- tion. Detoutcch î aVIec atteln' tr'ces > & que Gensfleich , domellique Planches des Fiuures de°nCTUS qUC ieS de Mentel » communiqua tout le fccret des 1 igures de ce Ltyre ont à GUttemberg , qu’ils t’en allèrent en- ZÜ i8o Observations sur l’Histoire Naturelle, .a Mayence j où il» s’aflociérent avec Fatill. fameux Marchand de cet- te Ville. Ou rapporte encore des Let- tres Patentes de i’Empereur Frédéric , qui permettent a Mentel de mettre une Couronne d'Of fur la. tête du l.ion. qu’il portort clans le» Armes ; mais tous ces Faits font cofitcedits , ba.r on ne produit aucun Ouvrage, de Mentel, & l’on, prouve que les premières Im- preflions. de .Straffroutg, n’opx été fai- tes qu'en 1474. On duaufTi 4ue tel p’a pu. obtenir des Lettres Paten- tes , qui le déclaraient Inventeur dç cet Art en 1 446. pullquM n’auroit pft en cinq ou fix années en faire- connoir tre Futilité, s’il eil vrai qu’il eût trou- vé ce (ecreten,'t44ü. [_raifonquipour- roit.bien être réfuçtbJe, car en moins d’un pjois de rems , on auroit pu la taire concoure à toute l’Europe. ] Et l’on ajoute, enfin, que Guttemberg 5c fes Alfociés ont pâlies pendant plus de foixante ans pour les uniques Inven- teurs de l’Imprimerie , fans que per- fonne pendant tout ce te ms-là fe foit avifé de Ieur.difputer cet, honneur. C’ell donc à Jean Guttemberg , Bourgepis de Mayence, à qui la l’of- térité doit avoir obligation de l’Inven» tion de cet. Açt. Pendant quelques an- nées il tenta feul l’exécution de fon delTein , 5c grava en bois quelques pe- tits Ouvrages. Mais comme il s’apper- çut qu’il ne pouvoit, lui leiil venir à bout d’une entteprife de li longue ha- leine, il fit part de Ion fecret à Jean Failli, riche Citpyctn fon Compatriote , 5c avec le feçouts de Pierre ^choeffet dit Opîlioj, DomelUque de ce dernier qui avoil beaucoup d’intelligente, ils gravèrent en bois toutes les Planches, d’un Livre dont chaque page avoit la. fienne;. ils l'ii^primerent au Rouleau , car, il ell certain qye l’inyeiuiou de, la Prefle ne fut trouvée que par la fuite 5: qu’elle n’a été en ufage que Iorfque l’Art de l’Imprimerie a eu atteint fa perfection. Ce premier Livre étoit uu Ifocabulaire Latin ,, intitulé CathoUcon que l’on croit être un Ouvrage co®! pofé par Jean Balbi Religieux Domi. nicain , qui l’acheva en 1180, avec ce titre CathoUcon. feu fumma GrammmiCi_ lis. CheviUier prétend que c’ell le Li- vre intitulé Syrpma. qiut CathoUcon ap. pellatur Joannis Juiiuenfu OrJ. F. F. Pr ^ dont OU voitplulleur» impreffions très, anciennes dans quelques Bibliothé- ques ; quoiqu’il en foit , il fut mis en Lumière l’an 145^0 , d’où l’on peut in. férer, que Guttemberg a commencé à grave, r en bois environ i’an 1 440 vingt années avant que l’on ait eu trouvé l’invention de graver en Cuivre; ce qui ell d’autant plus vraifemblable qu’il avoit fait nombre d’efiais , plufieuTs années avant d’avoir fait part de fon fecret , 5c quelqu'auires s’écoulèrent pendant que lui 5c les Allociés gravè- rent les planches de ce Livre. Mais comme la longueur du travail .de ces planches gravées étoit extrême, & qu’elles ne pouvoient fervir qu’à un même Ouvrage , ils s’en dégoûtèrent Si gravèrent des Lettres de bois fépa. rées 5c mobiles , avec lefquelles ils im, primèrent quelques Livres. Cela ne les lutisfailant pas encore , Schoeffer natu- tellement itidullrieux, trouva le fecret en gravant des Poinçons 5c en frap- pant des Matrices , de faire des Lettres de mctail; Failli fut fi charmé de cet. te invention , qu’il donna fa fille en mariage à SchoeHér avec une dot con. fidérable , ne croyant pas qu'nn fervi. ce de cette importance put être trop avantageufement recompenfé. O11 remarquera que les premières im- prelTions de. Guttemberg &. de fes AlTo- cl f( fl » $ l i i i l i' ( sur la Physique et sur la Peinture. j8i cies. ayant été faites a delTein de palier fé la ProFeffion de graver en Bois, qui: pourdesLivres mamifcrits^ils furent im- devoit beaucoup les occuper dans ce primes fan>Froinil'pice,ransVTgnettes& fans Lettres gtifes'; parce que toutes ces choies le peighoient après l’rmprefliôn fur le Vélin , ou fur le Papier . afin de mieux trompef ceux à qui on les ven- tems-Ià. La Ville de Rome n’eft pas ta pre- mière Ville après Mayence où il y ait eu une Imprimerie, comme on l'a cru j 1 1 f- , . .r i -vo .v..- qu’à, préfent , cet Art n’y fut établi doit. I elle eft la bible mjUio de Miyen- qu en 1467 , par Surenheim & Arnold xrÆ eîtV.tlS aB» ’*.- ge le Miinograme du Libraire dont on * A» V^îlS; rf CntrCtaî ICS ??ns nombre va donneir le nom , forme ta première - £ r "’S ?' L1 f,?par‘ deai- L«lrc *' Titre ; ce Monoframe eft o. e lc .m . r i . fi,UCS ’ parce virage Je Profil , fait par Je., cn- eion '«»«’*» trelas en forme de chiffre iogénieofe- - St el même. rP 'rn'“rs 'Z** en Bois°,r«.p,o- ?remem-Dj,Hlc“rpi d"u” y véritable , qu’on n’y trouve aucune marque qui puifte faire connoîire les- noms de ceux qui les ont faites. Il eft Viai qu’on n’y a pas beaucoup perdu . on don feulement avoir regret d’iguo- ter , par qui ont été gravées la pUis grande pattre Je «IleGùoe partait Italie, dans de, Listes & enEttam- pes , iur la fin du quinziéme liécle & au commencement du feiziéme , par- ce quelles ont été faites parpiufieurs bons Peintres, &c. & par habiles Dclhnateurs, Iefquelsont pratiqué cet- s vuie, ou pour produire leurs Def- f » 0U P^rce avoient embraf- en a encore quelqu’uns plus petits, qui forment des Lettres grifes, avec plufieurs fujets gravés en bois , rien qu au trait mal delTmé 8c d’un mauvais ■ Gothique. A la lin du Livre on trouve cette datte. L an 6 6 6 8 . après le commencement de l univerfel Monde. , J* i4<54- vingt-deuxième jour J m . après l'Incarnation de Notre Sei- gneur^ fut premièrement confummé ce pré- fm Livre , ire. . On lit plus bas , qu’il fut imprimé à Paris . pour Antoine Verard , Mar- chand Libraire du Palais , lequel a : aufià vendu plufieurs Livres d’ancieo* io2 Observations sur l’Histoire Naturelle nés Chroniques , dans Jefquels il y a nombre d’EUampes au trait ^ gravées en bois, mais groffiérement faites & encore plus mal deflinées. Les Lettres grifes de la plupart de ces Chroniques ne font point imprimées, elles ont été enluminées en Vermillon ou en Azur. J'ai vu quelques-uns de ces Livres de l’an 1495, &c. ils font tous imprimés en Caradéres Gothiques , de même que l’Ordinaire des Chrétiens de 1464. L’Imprimerie fut établie à Vernie en 1471 , par Jeande Spire & Vendelin. Celle de Naples , la même année, par Sixtus Rutiger. Celle de Louvain en 1473 , par Jean de Weflphaiie. Celle de Strafbourg, fut établie en 1474, .par Jean de Cologne & Jean Men- then, ou Mentelin. Celle de Padoue, la même année, chez Pierre Maufer. Cel- le de Milan en 1473 , par Philippe de Lavagna,. Celles de Bruxelles, de Lyon & de Genève en 1478. Celle de Balle fut établie en 1481 , par Jean Amer- bach, qui fut l’un des premiers qui imprima en Caradéres ronds & par- faits. L’Imprimerie d'A ivers fut établie en 1489, par Gérard Leeu. Celle de Seville par Paul de Cologne & fes Allociés, l’an 1491- & celle de De- venter en Hollande , par Richard pa_ fraër , en 1499. Tous ces ctablifTemens n’ont été faits , que Iorfque l’on s’ell fervi de Lettres de Fonte mobiles & féparées. Le plus ancien Livre de cette façon avec datte, ellde l’an 14^5. c’eft Un Pfeautier Latin in-quarto . de f Impti. merie deFau(l& de SchoefTer. Si le Leéleur ell curieux de conuoître le fenttment des Auteurs, touchant tous ces Imprimeurs & les Ouvrages qu’il» ont imprimés, en confultera particu- liérement, Tritheme en fa Cironiqui d’Hirfingen. Jean de la Caille , Hijloirt de l'Imprimerie. Chtvülier dansfonOn- gine de l'Imprimerie. Spiegel dam fon Le- xicon Juris , dans fes Notes fur Richard Bartholin de Peroufe. Jerome Gebvilet, dam fon Panegerique de Cliarlequint. Paul Jove , Liv. 19. Hijhire Sponde A C, 1440. iV°. 43 sur la Physique et sur la Peinturé. 183 4> 4> <44 > <44> <44 > <44> <44> <44> <44> <44> <4 LES DISPUTES DES PHILOSOPHES ET DES ARTISTES MODERNES. *25**: «3SH-- «3SW «3 ÎH«3$H *QS«: '•iSS**: «3SH >*3î*4: M8SHMQ8HM86i*Ha3Mt «33** >^3^ ARTICLE IX- Sur les tremblement de terre. w \ j ts j /vr & critHut à ce fujet d’une Lettre inférée dam le Mrna de Verdun (Sov. .7,2. j &- d'un Extrait des Journaux d’Angleterre injerè dans le Journal Oeconomque ( du meme Mois ) qui traite de la même Matière. E viens de recevoir une Lee* ♦ü I lit* trC ^,Un AlUe,ir Anonyme , fj J fT qui attaque le Sentiment de Ht -4 V* AI Fréter ; lequel a voulu fe lervir du Sylléme de la Cir- culation des Eaux au Centre du Globe Terreftre , pour établir la caule des \ olcans (S: des tremblemens de Terre. Cette prétendue circulation des Eaux dans l’intérieur de la Terre a été com- battue par plulieurs Auteurs ; l’idée en clt fou ancienne , mais pas moins con- traire au MécUanifme univerfe! L’Au- teur de cette Lettre ( que je vais don- ner ici ) en veut également dans fa Cri- tique, a un Extrait du Journal (éco- nomique fur l’explication de la caufe Phyfique des tremblemens de Terre traduite des Journaux Anglois. fe ne puis me difpenfer de donner fa DiiE na- tion en deux Parties, étant un peu lon- gue, pour ne pas la réduire j ceferoitia gâter qued’en,retrancherjqiielque Arti- cle. La fécondé Partie fera dans mes prochaines Obfcrvations. Lettre à l’Auteur des Obferv .par M. R** , contenant la Critique du SyJUme de Al. E relier furies tremblemens de Terre . tire. J Ai vu paraître , Moniteur, dans le Journal de Verdun du mois de No- vembre 1751 , une répliqué de M. Frézier contre l’Auteur de YHiJloire des tremblemens de Terre arrivés à Lima Ca- pitale du Pérou. Comme je luis un peu inter relie dans cette difpute & que je prends beaucoup de part à la defenfe de ce Livre, étant ami de l’Auteur, du rradudetir & du Libraire, je ne fçaurors pa'Ter fous filence le tort que l’on veut faire à l’Ouvrage en queftion qui renferme des Réflexions de Physi- que allez neuves & allez in terre liantes. ’-Bj- Observations sur l’Histoire Naturelle, quoiqu'elles blelFent véritablement les Opinions de M. Frézier. Je conviens que M. Frézier a raifon de reprocher les noms de quelque lieu que l’on a mal rendus , & la faute qu’on a faite dan* un calcul de peu de conféquence; mais cela n’a rien de commun avec le fond de la difpute : il s’agit de fçavoir quelle e!i la caufe pri- mitive des tremblemens de Terre. D’ailleurs la Relation des faits ell jnlle, ainû de quelle part qu’elle vienne co- piée, traduite , ou pillée , fi l’on veut., Fera toujours bonne & bien reçue. Les Hiiloriens de nos jours , par exemple, quelques habiles qu ilsfoient, ne font que les Copilles de ceux qui ont écrit avant eux ; mais les Réfle- xions 8c les Recherches qu’ils ajoutent aux faits & la tournure qu’ils y don- nent , en font la nouveauté & le méri- te particulier. 11 s’enfuit de là que l'Hifloire des tremblemens de Terre , &c. quoiqu’el- le renferme des faits déjà cités n’eft pas moins marquée au coin de l’originali- té , M. Frézier devoit s’attacher à cri- tiquer ce qu’il y a de contraire à fon Sentiment dans ce Livre , & non pas le plaindre de ce que l’Auteur peut avoir pris dans la Relation de fon V ojtage de la Mer du Sud , publiée en 1716. Comme je fçai , Moniteur , que vo- ue Livre d’Obfervations ell fait pour les Sçavans , & que l’on peut s’étendre autant que l’on veut fur les Matières que l’on a dellein d’approfondir , je «’héfiterai pas de répéter ici , 1 C l’A- brégé de la Relation de quelques trem- blemens de Terre arrivés à Lima, par le P. Fpuillée. -t*. Le Syflême de M. Frézier tel qu’il l’a d’abord fait paroître. * Enlifant la Lettr* de M. Frézier ( infé- ré dans le Journal de Verdun que l'on a ci- 30. LeSyftêine combiné, dontl’Extrait paroît dans le Journal OeconomiqUe & 40. La Critique de ces Syllèmes)pi| l’Auteur del’Hilloire des trembleinîns de terre de Lima; * j°. Je donnerai en. tin, mes nouvelles réflexions contre l’un & l’autre de ces Syllêmesgc'eft-àdire, contre M. Frezier contre l’Auteut Anglois de l’Extrait du Journal Oeco. nomique , 8c contre mon ami ; vous ferez fans doute furpris de voir qUe mon Sentiment ne roule que fur voj Principes. Jugez , Monlieur, fi je pou vois m* mieux airelFer qu’à vous-même, pat tontes fortes de raiforts ; d’autant mieux que j’efpére que li vous jugez ma Lu- tre digne de vos Obfervations , vous aurez la bonté d’appuyer mon raifou- nement de quelques mots de votre part , 8c de fuppléer , s’il le faut , à ce que je potirrois avoir omis. Defcription parle P. Feuillée des tremble • mens de Terre du Pérou, Tous les tremblemens de Terre font précédés d'un bruit épouvantable 8c plus ou moins grand , a proport ou que le choc doit être violent ; & plus ce bruit eû confidérable , moins il y a des intervalles au tremblement; de for- te que cet avant-coureur efl précédé fou. vent de 11 peu de te:n' , qu’on a à pei- ne celui de fe fauver dans les rues, où l’on ell plus en fureté que dans les maifons. Le tremblement de Lima au Pérou du 20 Mai 1709, arriva à deux heures du matin, pendant qu’un chacun dor- moitd’nn profond fommeil. Le bruit, qui le précéda fut fi grand , qu'il n’y eut té ) on verra que fa réplique ne répond pas à a queftiou, perfonne sur. la Physique et sur la Peinture.' 18$ perfonne qui ne s’en éveillât, & l’on vit même force , il ne feroit pas relié une en un moment tout ie monde fortir de chez foi chacun avec ce qui lui tomboit fous la main j de forte qu’il ell aifé de s'imaginer , dit notre Auteur , qu’un pareil (peélacle, quin’oflYoit que des larmes , eût bien fait rire dans un autre moment. Ce premier choc fut fuivi d’un fécond : à dix heures, l’Eglife, où je difois alors la Melle , fe trouva vuide en un moment , quoique plei- ne de monde , & perfonne n’ofa y rentrer pour achever de l’entendre. La violence de ce choc arrêta ma pen- dule ; ceux du i Juin & du 9 Juillet l’arrêterent aufli. Le 9 Juillet me (entant éveillé par un grand bruit qu’on entendit à une heu- re du matin , je me levai précipitam- ment , & courus dans la rue, où je me trouvai dans le tems que le tremblement commença. Je fentis trois ou quatre chocs fi violens, qu’ils me tirent conjec- turerque la maifon où je demeurois, & celles qui l’avoifinoient , dévoient être tombées. 11 arriva un autre tremblement à fept heures plus violent encore que le pre- mier. Le 10 à deux heures du matin , il en arriva un troilicme femblable au précédent. Des accidens 11 fréquens. me rendirent aufli craintif que les ha- bitans ; & craignant qu’enfui il n’en, arrivât un qui renversât les maifons & me cafsat ma pendule , je la démontai: & la (errai. Le 1 1 Oftobre a quatre heures du matin chacun fe trouva évaillé par un bruit épouventable , qui fut» auiïi-tôt fuivi d’un tremblement. On vit en un inflant dans les rues un fpetfacle aufli bizare que celui du :o Mai. Le pre- feule maifon fur pied à Lima. Le 22 à une heure & demie du matin , il ar- riva un autre tremblement , qui les lit encore tous fortir de chez eux. Sitôt qu’il fut paffé , chacun retourna fe met- tre au lit ; mais ils n’y furent pas plu- tôt, qu’il arriva un fécond choc > qui fit lever tout le monde de nouveau, & les etlraya tellement que perfonne n’o- fa fe recoucher , crainte qu'il n’arrivât pis. Il n’y eut cependant d’autre dom- mage que le renverfement de quelques maifons. Le 10 Décembre à trois heures du matin on entendit un bruit terrible , immédiatement fuivi d’un tremble- ment confidérable , qui renverfa plu- fieurs maifons de la campagne. Il en arriva un autre beaucoup plus violent le 23 à dix heures du matin. Us furent furpris d’un troiftéme le 24 à cinq heures du matin. Le 30 à la mçme heure , un quatrième les fit tous for- tir du lit. Enfin à dix heures du matin , le même jour , ils furent tous décon- certés par un t cinquième. lien arriva encore un autre le lendemain matin à quatre heures , qui fut le dernier pen- dant tout le tems que j’ai refié à Lima. Lima , étant pourainfi dire , fans in- termiflion , aufTt fujet qu’il l’e 11 à de pareilles calamités , on croiroit que ce ne peut-être qu uivUeu d’exil pour des criminels, ou des gens ennuyés de vi- vre , fans pouvoir s’imaginer que ja- mais perfonne en voulût librement fai- re fa retraite. Mais l’attrait des riclief- feseflfi Puilfant , l’efpérance du gain fiflatepfe, qu’oji préféré le danger à la fùreté , & qu’on concilie la crainte continuelle de la mort avec le délit' de mier choc fut li violent , que fi les deux vivre long-tems , (ans avoir rien à ape autres qui lefiuvirent enflent été de la. préhender. 175 2,Tom. II. Parti* • VIn A a iS S Observations sur l’Histoire Naturellk s SjJlème de M. Fréter, On ne peut penfer à des phénomènes auffi extraorclinaiies , dit M. Fréter , fans fe fentir naturellement entraîné par la curiofitc d’en fçavoir la caufe. Celle que les Philofophes en donnent en général ne fatisfait pas toujours. Ils les attribuent à des vapeurs & à des Feux fouterrains ; mais ils paroifTent plus vraisemblablement être occafion- nés par les eaux qu’on trouve intérieu- rement répandues par tout dans les en- t ailles de la tetre lorfqu’on la creufe } à peu près comme les veines le font dans les corps vivans.. L’eau peut de différentes façons oc- cafionner des trembletnens de terre r foit en diflblvant les fels répandus dans l’intérieur de la Terre , ou en pé- nétrant des terres poreufes & mêlées de pierres qu’elle ébranle infenfible- vnent & dont la chiite ou le remue- ment doit occafionner des chocs fem- blables à ceux qu’on fent dans-les trem- blemens de terre : enfin l’eau doit ocr cafionner une fermentation lorfqu’elle pénétre quelque corps fulphureux ; 8c alors la chaleur qui en réiiilte produit des vapeurs & des exhalailons qui em- poifonnent Pair, lorfqu’elles parvien- nent fur la furface de la terre : ce qui fait qu’il meurt tant de monde apres quelque tremblement de terre conli- dérable. L’exemple de Lima 8c les expérien- ces ctirieules de M. l’Emery , mention- nées dans les Mémoires de l’Académie des Sciences de l'année 1700, prou- vent la facilité de cette fermentation. Si Po n fait un mélange avec de l’eau, d’une certaine quantité de limaille d'a- cier & de foudre , comme de $0 à 40 livres & qu’on enfouiffe cette efpéc. de pâte ou cet amalgame à un pied de profondeur dans la terre , il fermen. fera & exaltera d’abord des fammà chaudesSc enfin 'du feu. Or, la terre efl entièrement remplje au Pérou , de mines de fel , de fouffrs 8< de métaux s il y a de plus des ïjorim tagnes qui brûlent continuellement , dont la" chaleur calcine les pierres & dilate les foudres, '.il ne faut donc pas séton, ncr que les trembiemens de terre y foient fi fréquens , & particuliérement le long des Côtes de la Mer j qui f0llt plus chargées d’eau que le haut & |e fommet des montagnes , telles que |a Cordillera . D’ailleurs , ceci s’accorde avec l’expcrience ; car il y a des en. droits où cesPhénomène? n’arriventquç très rarement , comme à Kufco , à Gna, manga^ 8c ailleurs. C’efl pour cette mê. me raifon qu’ils font plus fréquens fut le bord de la mer en Italie que vers les Alpes. En un mot , on ne peut difeon. venir que l’eau n’ait beaucoup de part à la produélion des trembiemens de terre, puifqu’on voit les campagnes fe dilperfer comme de la cire fondue , & des Lacs fe former tout d’un coup dans lesendroits où elles s’adaidoient ; parce que la terre en s’enfonçant, force l’eau de prendre le defliis , pour peu qu’il y en ait une certaine quantité , on au moins de fe répandre lorfqu’elle ell fut un plan incliné. Critique de ce Syjllme par l’Auteur des trembiemens de terre du Pérou , &c. 9 9 Quoique M. Frézierait d’abord en- tièrement attribué la caufe des tremble* mens de terre à l’eau , il efl néanmoins forcé cle convenir que le feu y a quel- que part. Car dans fon dernier exemplç sur la Physique et sur. la Peinture. 187 ils ne font p»$ l'effet immédiat de l’eau aux Lacs qu’ils forment tout d’un coup comme dans les deux premiers, mais dans les endroits où la terre s’enfon feulement de la chaleur qui vient de la ce, il ne s’enfuit nullement de-là que fermentation que l’eau a produite. L’ex- périence qu'il cite de M. l’Emeryen ell encore une preuve , & tout fon rai- fonneinent ne roule plus apres que fur cette hypothèle. Si M. Fréîier avoit fait attention à la petite quantité d’eau qui fuffit pour fai- re un amalgame , je doute qu’il lui eût attribue fa caufe des tremblemens de terre. Car cet amalgame n’ayarjt que la conliftance de pâte, fans être réduit en fluide , la quantité d’eau qu’il requiert doit ctre bien mince relativement aux autres ingrediens : ce qui s’accorde à une pareille compofition communi- quée au D. Wallis par laquelle on voit qu’une trop grande quantité d'eau em- pêcheroit l’opération , Se éteindrait le feu ; de forte que i’eau n’y entre efleéti- vement que comme le moindre inftru- , nient , de ceux qui fervent pour embra- ,t fer les matériaux ; & cil conféquem- j ment fi éloignée d'être la caufe des tremblemens de terre, qu’une trop . . grande quantité de cet élément einpê- f j cheroit l’explofion qui produit de fem- K blables Phénomènes. Il penfc aufli que les volcans, ou er- jÇ tuptions de feu , peuvent favorifer les tremblemens de terre, entant qu’ils ‘jil confinaient les matières combuflibles , fyl ^ dètruifentles matières fulphureufes, qui lesoccahonnent : ce qui fe contre- dit. De forte que s’il y en avoit quel- ^ ques - uns en certains endroits du Pé- " tou & du Chili , ( fuppofé néanmoins que les cavités fouterraines fe commu- niquent) ces Pays ne feraient pro- bablement pas tant affligés de pareil* malheurs. Quant aux campagnes que l’on voit fe difperfer comme delà cire fondue , & l’eau ait beaucoup de part aux trem- blcmens de terre , ptiifque ces Phéno- mènes peuvent n’etre que l’effet d’une certaine quantité d’eau ■ ramifiée dans quelques foyers des entrailles de la terre , à une certaine difla'nce de l’en- droit où l’explolion s’eil faite , & à laquelle l’ouverture de la terre a permis un p adage libre. Syftême qu1 adopte V Auteur Anglais. Quoiqu’il en foit , l’bypotbèfe qui attribue la caufe des tremblemens de terre aux vapeurs & aux matières in- flammables, me paraît beaucoup plus probable, que celle par laquelle on /initient qu’ils ne font qu’un elfet de l’eau qui diffout les fels footerrains , & fait ébranler les pierres qui fe peuvent trouver dans les entrailles de la terre. De pareilles catifes ne doivent point produire le bruit terrible & les vapeurs fulphureufes qui précédent toujours les tremblemens de terre , & qui prouvent d’eux-mêmes qu’ilsne peuvent être l’ef- fet que de quelque explolion naturel- le , & non pas de l’écroulement ou de l’écartement de la terre. De plus , dans les tremblemens de terre , il y a plus qu’un pareil écartement, elle e fl fou- vent fecouée 8c agitée perpendiculai- rement 8c hotifontalement d'une façon fi forte 8c fibrufque, qu’on peut bien piger qu’elle reçoit quelque impulfion d’en-b^s. Voyons maintenant ce que penfent nos Philofophes Angtois fur une Matière auflï délicate. Le D. Lifter attribue les tremblemens de terre au x pyrites & aux minéraux ré- pandus dans les entrailles de la terre , dont les vapeurs fulphureufes venant à pren- dre feu^fc le communiquent les unes * Aa jj 1 88 Observations sur l’Histoire Naturelle aux autres en forme de fufée , & pro- duifent ce bruit, terrible & ces convul- sons qui précédent & accompagnent les tremblemensde terre. Les cavités, ouefpéces de chambres , qu'on trouve prefque partout fous les montagnes „ lorfqu'ony fouille , & qui y paroijfent na- turellement formées prouve que la terre tfî plus ou moins creuft. On en trouve fou- vent quelquefois même de très - gran- des, qui paroilTent fe perpétuer moyen- nant de petits finus. 11 y en a plusieurs en Angleterre,.lelles que celles qui font corihues fous le nom de Pools-hole , Okei-hole : Ac^TfepIus, les différentes fources & ruiffeanx tant grands que pe- tits qu’on voit fortirde delTous les mon- tagnes , prouvent ces cavités. Ajou- tons encore que l’explofion & l'embra- fementde la première matière en for- ment quantité qui peuvent fe rejoin- dre , & fe rejoignent eflfeûivement , après que la force du choc eft palîée, mais qui cependant fe maintiennent rfffez ouvertes pour entretenir le trem- blement. L’humidité qu’il y a dans nos mines, prouve évidemment que ces cavités fouterraines (ont quelquefois, & eu certaines faiions , pleines de vapeurs inflammables, qui étant en feu y pro- duiiçnt les mêmes effets) ,.quoitjn’en un moindre degré , que ceux qui arrivent dans un tremblement, de terre;-H s’agit maintenant de fqavoir fe de tous les mi- néraux qu’on connoît , les pyrites font les feuls qui puiffent produirecotte va- peur inflammable c’eff ce que notre Auteur croit très - probable : voicr les raifons qu’il en donne. Premièrement , aucun minéral quelconque n’eilfillphu- xeiix , s’il n’eft pyrite , foit entièrement ou en partie. Il a fait cette expérience La fuite dans le J Volume de 175 3 . à avec beaucoup d’exacHtnde fur quanti- té de faffilles d’Angleterre , & il a tou- jours trouvé , que ceux qui étoient char, gés de foufire contenoient du fer. Secondement, il ne connoît qu'une efpéce de Souffre , au moins en- Angle, terre. Et puisqu'il n’y a que les pyrites qui fourniffent naturellement duSouf. fre , il eft à préfumer qu’il en vient tou. jours , foit qu'il fe trouve en l’air , 0u dans le fein de la terre. Quand auf0Uf. fre vif qu’on trouve en grande quantité à l’entour des montagnes brillantes, ce ne peut être , félon notre DoÔeur, qu’un effet de la fublimation cauféeà la longue par la violence de ces feux. Quoique les pyrites fourniffent une grande quantité de Souffre , & fe chan- gent naturellement en Souffre par une efpéce de végétation, il ne s’enfuit pas de-là que leur Ai b/lance une fois en- flammée, fe eonfume promptement, & fe diminue. - Pour prouver la durée ou fa réfiftati- ce des pyrites au feu , ce DoiSeuc rap- porte plulîeurs expériences faites (ur différentes fortes de charbon. Le char- bon d'Ecoffe, dit-il , contient très-peu de pyrites ,. & eft pcefqu'einiéreinent bitumineux: c’eff pourquoi il briffe vi- te & lailfe un fraifi blanc : celui de NewcajM fe confirme lentement j & ce- lui de Sumlerland dure fi long - teins , qu’on dit , en commun proverbe, qu’il fai t trois fois du teu. U eff beaucoup char- gé de pyrites y & fe eonfume jnfqu’à ce qu’il laiiîe un fraift rougeâtre qui eft une efpéce d'aimant. Ce Doèleuravoit un morceau de charbon d'Irlande, qu’on difoit être d’une fi grande réfiffanceaa feu , qu’il reffoit rouge pendant vingt-, quatre heures , fans, pour airifi dire , rien perdre de iâ ligure. ï Article des Difputesdes Philofophest t DES O B S E R FAT IONS du II. Volume de 17 y 2; HISTOIRE NATURELLE. BSERVATION XVIIt. , L Q |m Delciiption d'une Matrice llf double , par M. Eifenmann , , Doéleur en Médecine & Pro- felTeur d’Anatomie & de Chirurgie de Faculté de Strafbourg, 1752. Pag. Sentiment de M. Eifenmann fur les prétendues Ovaires & fur la fuper- fetatittit. ' 7, Obfervat. XIX. Sur une Découverte particulière concernant la Généra- tion des Grenouilles , de critique de la précédente Obfervation. n. Génération des Grenouilles, pag. 1 g. Critique du Sentiment de M. Èifen- nunn , fur la luperfétation. 1 y. Obfervation X X. Sur l'Anatomie des Grenouilles. itf. Remarques de différens Auteurs fur la* Grenouille. Sentiment de Levrwenboelt. Remarque de M.Seba. Sentiment de M&lpigM. Sentiment de Gérard Biafe. DifTedion d'une Grenouille. Vertus Médicinales de la Grenouillé. Obfervation XXI. Sur la multiplica- tion naturelle des Vers à foye & projet d’eu élever & d’en tirer les 16. 17. r8. lÿ. zo. 10. Cocons fans aucun foin,’ O bferv. XX IL Concernant la prccieu- fe Plante de Gin-feng de Tartarie , decouverte en Canada par le P. Jo- fcpFi-François la Fî tau de la Compa- gni de Jcfus. Millionnaire des Iro- quors db SaurS. Louis. Olferv. XXIII. Sur la Structure des Mufcles Oeuvre podbume de Mi- Duverney , Confeiller , Médecin ». Profefleur d' Anatomie au Jardin Royal » &dc l’Académie des Scien- ces. tfy. De la Structure des Mufcles en eéné- „ ta!. 6St Olferv. XXIV. De la force des Muf- des , par M. Duverney , Auteur de la précédente Obfervation. 73* Obferv. XXV. Sur le mouvement des Mufcles. -7 y.. Oeuvre poflbume de M. Duverney» Confeiller , Médecin , &c. fur l’é- coulement des Efprita Animaux & le mouvement des Mufcles.- ideml Sylfême du mouvement des Mufcles pur le mélange du fang &des Lfprits. r w *1 ($'+* Réflexions particulières de M. Duver-- ney3 fur le précédent Sydéme. 79- Sydême du mouvement des Mufcles v par les Efprits feulement. 7* îy* TABLE Réflexions Je M. Duverney, Si. bulus Mafculus. j^em Syllcme de M. Duverney. fur i’aélion Invention d’une Nouvelle Imprimerie ' des Efprits. ‘ 81. par M. Gautier , pour compofer ’ De la Laiîitude. 84. décorapofer & imprimer les Figures Obferv. XXVI. Sur la circulation des d’Animaux & de Plantes avec leurs Efprits Animaux , fondée fur denou- couleurs , comme on fait celles des veaux principes ; & fur l’Anatomie Caractères. Idem . particulière du Cerveau & du Cer- PHYSIQUE, velet. 8 Æ ruginofus. 163. pour 1 43. La Pie-Griefcte desMoluques. Lanus rninor Molucarum* J 1 64. pour 1 44. Le Loriçxt mâle de Franc e.Framus GeU Obferv. IV. Parallèle de la Philofophie ancienne & moderne. 34. Philofophie de Thaïes, Auteur de la Seéle Ionique. 38. . — — De Pithagore, Auteur de laSeéte Italique. Idem, • De Démocrite , Auteur de la Seéte des Atomilles. 39. - De Platon, ou principes Phyfiques des Platoniciens. 40. — D’Ariflote , Auteur de la Seéte des Péripatéticiens. Idem. — — De Defcartes. 42, - , ■ - — - De Gafl'endi. 44. - ■ - ■■ De Newton. 45". De Leibnitz, ou Syflême des Monades. 42.0 Art. FI. Manière de marbrer le Pa- pier. 63. An. FIII. Lettre concernant une nouvelle Machine hydraulique. 1 11. Defcription de cette Machine. 1 1 2. Art. IX. Lettre à l’Auteur des Obfer- vations concernant le Bureau MuG- cal , ou l’Art d’enleigner la Mufique Fin de la Table des Matines du IL & avec facilité. ,T Art. X. Rapport de l’ouverture & du mauvais ufage. Ceft-là f intention de l'Au- teur ; cefi ctujji la votre , Messi eurs , e>i propofant votre Q uè filon ; c'eflla mienne enfin en êmlraTant vos Jentimens. JJ , Bien loin , Mes si e vus, de blâmer votre Façon de pc.ij er,j admire lafagejfe de vos. jugement ; je cannois , comme vous , l miné des Sciences êr des Arts i mass j r . * w’ww ne in y criée u ac la y crm jaa tu -.i-ie ma i ichejfe ; j etois indifférent pour les A cadé- Aj.. iv LETTR E. mies , mais j’aime préfentement la vôtre : Je vous pr'lQ d’accepter la fincérité de mes raifons & la volonté ar- dente que j’ai de me joindre à des Efprits Jî éclairés amateurs du Vrai , & fi portés à l’ufage naturel des Sciences & des Beaux- ^4 rts. J ai l’honneur d’être avec un profond refpeél , MESSIEURS , .Votre très-humble & obéi (Tant De Paris le ai Mars 1 733 ; Serviteur , Gautier, P enfionnaire du Roi . EXTRAIT des Regifires de /’ Académie des Sciences & Belles- Lettres de Dijon. Du 30 Mars 1753. CE jour , Messieurs étant aflemblés à la Séance ordinaire, M. Lautin y Préfident, a fait part à la Compagnie de la Lettre qui lui étoit adreflee delà part de M. Gautier , enfemble des Exemplaires de l’Ouvrage qu’il envoyoit à l’Académie , ôta propofé en même-tems de le recevoir pour AHocié. Sur quoi, les avis pris , l’Académie a nommé tout d’une voix M. Gautier à la place d’Aflocié Correfpondant, St a délibéré qu’il lui feroit envoyé le préfent Extrait Signé &t fcellé defes Armes. JFromageot, Secrétaire perpétuel de l'Académie , PREMIERE PARTIE DE L'ANNEE 1753. OBSERVATIONS SUR L’HISTOIRE NATURELLE, SUR LA PHYSIQUE ET SUR LA PEINTURE. OBSERVATION PREMIERE Sur U prétendue Hifloire Naturelle, de l’Ame *. ANS un ficelé aufliécla ré que le nôtre , on n’ai roit jamais cru que JA me entrât clans l’Hifloir Naturelle, & qu’elle fi 1 m . • ... au rang des corps e Materialilme fait aujourd’hui la qua lue la plus elTentielle des prétendi beaux fjprits ; ils font revivre la Phi lofophie d Anftote que l’on a pre fefle fi longtems dans les Ecoles -, ils veulent remettre en vogue l'entité &* les formes fubjlant telles , Opinion favo- rite des Péripatéticiens : mais cepen- dant moins modelle que ceux-ci , qui n’ont donné leurs Opinions que com- me des Hypothéfes , les Matérialises les donnent fous le titre d 'Hijloire Na- turelle ; pour s’accommodera l’efprit du Siècle , qui veut palper & con-v rAuttu^DrLnn ^ * 'mPr‘œc ^ fa Haye , fuppofé traduit de l’Anglois, & dédie à M. M. ***» P pour devife ce V ers tiré de Lucrèce , Devife ordinaire des Matérialiftes. Quare participemlethi quoque convertit Observations sur i/Histoire Naturelle 7 a noître j 8c pour lequel les fuppofitions font devenues infupportables. Ainfi donc , puifque l’on falit nos Traités des chofes fenGbles ; par ces fortes de fuppofitions , notre devoir nous oblige de les éclaircir 8c de les combattre, moyennant quoi nous ne ferons pas difficulté d’en parler. r Notre Critique portera, i°. Sur les Principes Phyfiques de ce Livre , 8c z°. Sur les exemples avec lefquels l’Auteur prétend prouver fon fentiment. Les Matérialises alïeétent un efprit pliilofoplïique 5c tranquille ; leurs Ecrits cependant tendent à établir le régné de la Matière &. l’indépendance du Créa- teur. Ils afl'eélent quelquefois de par- ler de la Divinité & du bien de la Pa- trie ; malgré qu’ils s’éleyent fans cefle contre l’Etre fuprême 5c qu’ils infirment l’indépendance en tout point. Voici un trait de leur liypoctifie. » Je dis plus : (dit le Matérialifie ) » c’efi mal connoître les Philofophes , « que d’accufer fours moeurs de fe ref- » fentir de la licence de leur efprit Les » pafïions tranquilles, du Philofophe » peuvent bien le porter à la volupté ; » eh pourquoi fe refuferoit-il aux plaî- » firs pour lefquels fes fens ont été faits ? )> mais non pas au crime , ni au défor- dre. 11 n’eît pas en lui non-feulement 33 de faire de mauvaifes aftions , mais » même d’en faire de bonnes. Si nous croyons que l’Homme n’efi qu’une machine, que l’Ame efl maté- rielle, 5c que la volonté n’eft qu’un eflet des images 5c de la combinaifon des Particules , il n'y a plus de crime ni de vices , cela ell ailé à prouver 5c on peut être alors en toute sûreté Dévot impitoyable. Nous ne devons plus crain- dre notre deftruélion , fi elle termine nos maux; ni celle des autres-j.fi elle avance notre bonheur aüueL Le bien ou le mal , dire# ouindi- reét , pourvu que l’un ou l’autre nou5 foit propice , c’efl tout ce que doit cher- cher le Matérialifie ,. 5c s’il fait autre- ment , il travaille contre lui-même & ne connoît pas fes intérêts ; il n’ell plUs bon Matérialifie : il faut alors qu’il ait quelque chofe en lui qui lui prêche la vertu. Ce n’efi plus la Matière qui parle, c’efi l’Ame immortelle qui craint le fu. nefie avenir: la Matière, lui difteroit toute autre Méthode. Il y atiroit donc des affeétions difiinétes de la filtration des Organes : Adieu pour lots ces beaux Principes de tonnes 5c d 'Entité fubfian- tielle , que l’on verra ci-après. Celui qui croit que l’Ame efi difiinc- te de la Matière , 5c qu’il y a un Créa- teur, efi au contraire le Philofophe tran- quille. N’efi-il pas perfuadé que les pat fions font des vices, 5c les bienfaits des vertus , puifqu’il attribue les mouve- mens 5c les aâions à la volonté de cette Ame? Sera-t-il capable de trahir fon Prince 5c de nuire à fes femblables ? Principes Phyfiques des Matérialises , ex- traits de l'Hijloire Naturelle de l'Ame. » L’eJJence de l'Ame de l'Homme b des » Animaux efi (difent-ils) b fera tou - » jours aujfi inconnue que l'ejj'ence de laMa- 3. ttére b des Corps ; 5c l’Ame dégagée » du corps par abilraétion, refiemble à « la Matière confidérêe fans aucune for- 3> me , on ne peut la concevoir. 3. » La Matière efi par elle-même un Prin - D pe paffif , elle n'a qu'une force d'inertie 33 c'efi pourquoi toutes les fois qu’on la » verra fe mouvoir . on pourra conclure » que fon mouvement vient d'un autre j3. Principe qu'un bon ejprit ne confondra 33 jamais avec celui qui le contient : je veux 33 dire avec la Matière ou lubftance » des corps , parce que l’idée de 1 un éUR la Physique et Sur la Peinture. 9 * & Vidée de l'autre , forment deux » idées imeUeéluelles, auffi différentes » que l’a&if & le paffif. Si donc il eft » dans les corps un principe moteur Sc » qu’il fort prouvé que ce' même prin- » cipe qui fait battre le cœur, fade »> auffi fentir les nerfs & penfer le cer- » veau , ne s’enfuivra-t-il pas claire- » ment que c’eft à ce principe qu’on » donne le nom d’Ame , 8 i que par oeonfequent L'Ami riejl ni matière, ni » corps. » T ous les Philofophes qui ont atten- » tivement examiné la nature de la » Matière, confédérée en elle -même » indépendamment de toutes les for- » mes qui condiment les corps, ont •» découvert dans cette fubflance di- » ver Tes propriétés, qui découlent » d’une effence abfolument inconnue. Telles font, i°. |j puiffance de re- x ce voir differentes formes, qui fe pro- * duifent dans la Matière même , & » par lefquelles la Matière peut ac- » quérir la force motrice & la faculté » de fentir -, i°. l’étendue aâuelle qu’ils » ont bien reconnue pour un attribut » mais non pour l'dlence de la Ma » tiére t en forte que la puiffance d’ac- » quérir la force motrice , & la faculté ® de fentir a été de tout tems confidé> » rée. de même que l’étendue, com- * me une propriété effentielle de la x Matière. » L’étendue eff donc une propriété » qui convient toujours à toute ma- * tiere qui ne peut convenir qu’à e|le » feule, & qui par conféquenteft co-ef » fentielle à Ion fujet. * Les Philofophes qui ont le plu » médite fur la matière , n’entenden * pas par l ctendue de cette fubftan » ce , une etendue fotide , formée d » Parties diftinûes , capables de réfil » tance. Rien n’eft uni , rien n’ell di Aime i7Shj0TH.I.Pnrt, L » vile dans cette étendue : car ponrdi- » vifer il faut une force qui JéfunilTe ; » il en faut auffi pour unir les Parties » divifées. Or ,fuiv int ces Phyfîciens . la » Matière na point de force attudlement » aldive , parce que toute force ne peut re~ » nir que du mouvement de quelque effort » ou tendance au mouvement . (y qu'ils ne » reconnoijfent dans la Matière dépouillée » de toute forme par abftraftion , qu’une ® force motrice en puijjance. » Cette théorie eff difficile à conce- » voir , mais les principes pofès , elle » eff rigoureufement vraie dans tes » conféquences. » Il nousparoît donc que retendue » eff un attribut elTentiel à la Ma- » tiére, un attribut qui fait partie de » fa forme métaphyflque; mais nous » fommes fort éloignés de croire qn'u- » 11e étendue folideconftitue fon effen- » ce. » Ce qu’on appelle forme en général » confiffe dans les divers états, ou les » différentes modifications dont la Ma- » tiére eff fufceptible. Ces Modifica- ® tions reçoivent l’être ou leur exiften- » ce de la Matière même , comme i’em- » preinte d’un cachet la reçoit de la cire » qu’elle modifie. » Nous n’examinerons pas ici quelle » peut être la nature de ce principe » confidéré féparément de fon étendue » & de toute autre forme. Il fuffit d’a- » vouer qu’elle eft inconnue : ainfi i! eft » inutile de rechercher fi la Matière » peut exifter dépouillée de toutes ces » formes , fans lefquelles nous ne pou- » vons la concevoir. » Il y en a de deux fortes -, les unes » aéiives.les autres p iflives. Je ne trai- » te dans ce Chapitre que des der- » nieres. Elles font au nombre de qua- » tre ; fçavoir la grandeur , la figure , » le repos êc la fxtuation. Ces formes E io Observations sur l'Histoire Naturelle » font des états fimpfes, des dépendan- » ces pallives de la Matière des modes » qui ne peuvent jamais l’abandonner » ni en détruire la {implicite, f Les Anciens penfoient , non fans rai- » Ton 3 que ces formes méchaniques- » paffives de la Matière n'avoient pas » d’autre fource que l’étendue ; 8c c’ell » en ce fens qu’on peut dire que la » Matière conlidérée iimplement dans » fon étendue n’efl elle - même qu’un » principe paflif. Mais cette fnnple » étendue qui la rend (ufceptible d’une » infinité de formes , ne lui permet pas a. d’en recevoir aucune fans fa propre 3o force motrice ; car c’efi la Matière » déjà revêtue des formes au moyen » defqtielies elle a reçue la puiflànce 30 motrice , ou le mouvement aétuel, 3o qui fe procure elle-même fucceffive- 30 ment tonies les dificrentes formes » qu’elle reçoit : 8c buvant la meme » idée, li la Matière cil la mere des for- ai mes j comme parle Arillote , elle ne 30 i’eft que par fon mariage , ou fon oo union avec la force motrice même. 33 Celapofc: Ji la Matière ejl quelquefois » forcée de prendre une certaine forme , & 30 non telle autre . cela ne peut venir de fa x nature trop inerte ou de J'es formes mé- -■» chaniques pajjives dépendantes de l'etendue , » mais dune nouvelle forme qui mente ici le x premier rang , parce qu die joue le plus x grand rôle dans la nature , cejl la forme x a clive ou la pu tj] an ce motrice ; la for» x me. je le répété, par laquelle la Ma- x tiére produit celle qu’elle reçoit.. 3> Les Anciens perfuad s qu’il n’y x avoit aucuns corps fans une force ino- x trice , regardoient la fubftance des x corps comme un compolé de deux x attributs primitifs : par l’un , cette x fubilancc avoit la puiffance de fe é mouvoir , & par l’autre , celle d’être x mue, La eilet dans tout corps qui 33 fe meut , il n’efl pas poffibîe Je ne 3» pas concevoir ces deux attributs » c’efi-à-diie , la chofe qui fe TOeut 33 & la même chofe qui elt mue. j) S’il efl an principe aftif, il doit avoir v> dans l’ejfince inconnue de la Matière » une autre fource que rétendue; ce >3 confirme que la Jimpie étendue ne donne 33 pas une idée cow.plette de toute iejjence , 33 ou forme Mctaphyfique de la Jubfancedè; x corps j par cela fini qu’elle exclut l'idée d» 3> toute aüivitè dans la Matière. Ceft » pourquoi fi nous démontrons ce pfin. » cipe moteur; fi nous faifons voir que >3 la Matière , loin d’être aulTi indifié- 33 rente qu’on le croit communément. *3 au mouvement & au repos , doit 33 être regardée comme une fubftance 33 aélive , aufii-bieu que paffive, quelle 3> relîource auront ceux qui ont fait 3> conliller fon effence dans l’éten. 3> due ? 33 Les formes au moyen defquellesli 53 fubftance des corps pouvoir non-feu- 3> lement fe mouvoir , mais fe mon. 3> voient diverfement , ont etc nom. 33 mées formes matérielles, ou entité; » fuljlantidles. En effet ou cette fubllan- 33 ce fe meut elle-même /ou larlqn 'elle >3 eft en mouvement , c’eft une autre 33 ftibftancequi le lui communique.Mait » voit -on dans cette fubftance autre » chofe qu’elle-même eu adion; & f, j> quelquefois elle paroît recevoir un 33 mouvement qu'ctle n’a pas , le re- 33 çoit-elle de quelqu’autre caufj que 33 ce même genre de fubftance dont j> les parties agilîent les unes fur les au. 3> très ? 33 Si donc on fuppofe un autre Agent, je 33 demande quel il ejl , & qu’on me donm » des preuves de fon exifhince ; mais pdf. » qu'on lien a pas la moindre idée, ce n ul 33 pas mime un être de raifort. si 11 eft impofiibie de comprendre sur la Physique et sur la Peinture. t> commèïtt ce Myflére de la Nature » pût s’opérer parce qu’on ne connoît » point l'cflenec des corps. Neconnoif- « fant pas l'Agent,, quel moyen en effet » de pouvoir connoît re fa manière d'agir ! » lit la difficulté ne dcmeureroit-elle »> pas la même en admettant une autre :» fubffance , principalement un Etre »> dont on n’auroit aucune idée, & » dont on ne pourroit pasmême raifqu- u nnblement reconnoître l’exiftence. « Le corps humain, par exemple privé de (a forme propre, pourroit- « il exécuter les mouvemens qui en » dépendent ? De même fans l’ordre » & l’arrangement de toutes les parties « de l’Univers , la Matière qui les com- » pofe pourroit-elle produire tous les » divers Phénomènes qui frappent nos » fens i r » Mais les Parties de cette fubflance qui « reçoivent des formes . ne peuvent pas « elles-mêmes fe les donner ; ce font tou- « jours d'autres Parties de cette même fubf- » fiance déjà revêtue de formes qui les leurs » procurent . Atnfl c'ejl de l'athon de ces » Parties , prejjces les unes par les autres, »quc naijfent les formes par lefquelles la n forme motrices des corps devient ejfcfti- » ventent aüive. » C’eff au froid & au chaud qu'on « doit , à mon avis , réduire comme « ont fait les Anciens , les formes pro- » duchves des autres formes ; parce *qu en effet, c’ell par ces deux qua- ” rt ?^,ve5 Êenérales que font vrai- « femblablement produits tous les » corps lublunaires. ” Nous avons parlé de deux attri- « buts elTentrels de la Matière , def- » quels dépendent la plupart de fes « propriétés , (lavoir étendue & la 3> CC’ N°US n’avons Plus main~ f. a prouver un troiliéme at- » tribut j je veux dirq la faculté de] fentir. 1 1 » Il (e préfente une autre difficulté » qui intérelfe davantage notre amour » propre : c’éff ly impofjibilitè oit nous fom- » mes encore de concevoir cette propriété » comme une dépendance ou attribut de » la Matière. Mais qu’on faffj atten- » tion que cette fubflance ne nous » faiffe appercevoir que des cliofes » ineffables. Comprend-t- on mieux » comment l’étendue découle de fon « edence 2 Comment elle peut être » mette par une force primitive , dont » l’aôion s'exerce fans contaél ; nous » ne connoiffons dans les corps que « de la matière , & nous n’oblervons » la faculté de fentir que dans ces » corps : fur quel fondement donc » établir un être idéal délavoué par a toutes nos connoiiïances ? » Il faut cependant convenir avec la me- ss me franchife , que nous ignorons fi la » Matière a en Jbi la faculté immédiate « de fentir ou feulement la puijjance de » P acquérir par les modfications ou par les >» formes dont elle ejî fufceptible; car il ejl « vrai que cette ftculté ne fe montre que 33 dans Us corps organifés. « En effet , la Matière conftdérée par » abjlrachon , ou fcparéimm de toute for- 33 me , ejl un être incomplet , fuivant le 33 langage des Écoles . un être qui n'exijle 33 point dans cet état . £r fur lequel du 33 moins Us fens ni la raifon n’ont aucune » prife. Ce font donc véritablement les » formes qui le rendent fenlible , «Sc » pour ainfi dire le réalifent. Ainfi , » quoique rigoureufement parlant, el- » les ne foient point des fubffances, * mais de (impies modifications , on a 33 été fondé à leur donner le nom de » formes fubjlantidles . parce qu’elles » perfectionnent la fubjlance des corps , » &t en font en quelque forte partie. 3> I.es formes fubftantielles ont été gdivifées en fimples & en compûr Bij i2 Observations sur l Histoire Naturelle » fées. Les formes lîmples lonr celles » qui modifient les parties de la matié- 30 re , Telles que la grandeur , la figure > 30 le mouvement, le repos & iafitua- 3* tion ; 8c ces parties de la Matière * revêtues de ces formes , font ce qu’on x appelle les corps (impies ou éleraens. x Les formes compofées confident dans » i’aflemblage des corps (impies , unis * & arrangés dans l’ordre , & la quan- » tité néceflaire pour conftruire ou for- » mer les différons mixtes. s» » Les mûmes Plulofophes de l’antiquité ont aujjî en quelque forte dijlingué deux 31 fortes de formes fubjlantielles dans les » corps vivons ; fçavoir celles qui conjli- » tuent les parties organiques de ces corps , » £? celles qui font regardées comme étant » leur principe de vie. C'ejl à ces dernieres » quils ont donné le nom d'Ame. Ils en x ont fait trois fortes ,* l’Ame végeta- x tive qui appartient aux Plan tesj l’A- x me fenfitive, commune à l’Homme x & à la Bête : mais parce que celle x de l’Homme femble avoir un plus x vafie empire , des fondions plus x étendues J des vues plus grandes , x ils l’ont appellée Ame raifonnable. Critique des Principes du Matérialifme , que nous venons de parcourir , fondée fur les propres raijons de l’Auteur. Je n’employerai pour combattre le Mat é- ri ali lie que (es conuydidion». i°. La Matière ( dit-il ) cfl par elle- même un principe pafpfj elle n'a qu'une force d’inertie » c'ejl pourquoi toutes les fois quon la verra mouvoir , on pourra conclure qi efon mouvement vient d'un autre prin- cipe qu’un bon ejprit ne confondra jamais avec celui qui le contient. On ne peut mieux parler: eli'cdive- ment ^ l 'inertie elt la propriété la plus effeutielle de la Matière ; c’eft même celle qui la cqnfiuue conjqintemewt avec fes ditnentions & fon étendue , ffon ajoute fon impénétrabilité : ces pr telle que la Matière T ne doit pas être néceiïairement , ou ac. tuellernent aElive. Les Matérialifles l'entent bien cette vérité ; elle lhppe les fondemens de leurs erreurs: mais fqavez - vous ce qu’ils ajoutent p0Ut répouffer cpt argument ? je crois que vous vous en êtes déjà apperçu dans les définitions du Materialifine, ils dj. (eut que la Matière acquiert cet Adt d'adivué par L’arrangement de les pi(. lies. Mais pour que cet ade ait lieu il fandroit avant Parcangemem des Parties une autre uftivité qui eût lieu, & dont on ne parle point. L’être actif doit néceiïairement exif- ter fans toutes les qualités de la Marié» sur la Physique et re , pnifque la Matière peut exifter fans les qualités adives de cet Etre : car cet Etre avec les qualités de la Ma- tière , feroit Matière lui-même. Ce ne font point ici des (ubtilités fcholajliques, c’ell un rationnement qui me paroît allez fenfible , d’ailleurs fondé fur la Propofition du Matérialifle même. 2 ° . L'Ame ricjl ni Matière ni corps , dit l’Auteur de l'Hiftoire Naturelle de l’Ame. Perfonnc ne difpute cet Axiome , il n’y a que les Matérialises qui s’y op- pofent. Suivant les Phyfiàens , la Matiè- re n’a point de force aflucllcment aÜivc : parce que toute force ne peut venir que du mouvement . G* qu'ils ne reconnoijfent dans la Matière , dépouillée de toute forme par abflraÜion , qu'une force motrice en puif- fance. La Matière parabflradion de toutes fes qualités ne peut contenir qu’une force motrice en puijfance , mais la ques- tion ell de fqavoir , comme l’on voit , b cette force ell innée avec la Matiè- re , c’ell-à-dire, adueliement adive.ou fi elle lui cfl communiquée : car on ne difeonvient pas que la Matière peut . être mue & faire mouvoir les autres ! parties de même nature , qui lui font t contiguës. & fur lefquelles elle com- s mimique la force qui la fait mouvoir, it indépendamment de fes qualités eflen- i tielles & accidentelles. Cel\ ainfi que le Feu, dépouillé de toute forme par abftradion , relie en- core pourvu d’une force itnpulfive qui lui ell communiquée & qu’il commu- nique aux autres corps : mais cette for- ce motrice en puiffance , n’eft pas in- née avec le feu. c ell ce que nous prou- ve rôtis. 1 4°. la Matière ejl quelquefois forcée itpiendre une certaine forme , non. telle sur la Peinture. 15 autre , cela ne peut venir de fa nature trop inerte ou de fes formes méch uniques paffives dépendantes de l’étendue . mais d'une nouvel- le forme qui mérite ici le premier rang, par- ce quelle joue le plus grand rôle dans la Na- ture, ccfl la forme aütve ou la puijjànce motrice. Nous y voilà ! n’ai-je pas dit que les Matérialiiles , outre les formes niécha- niques & paflives dépendantes de l’é- tendue de la Maticre , imaginoient une forme inconnue , d’où devoit naître l’ adiv'tté 6c qui devoit ttnir le premier rang dans la Philofophic. îaudroit - il d’autres preuves pour les convaincre d’abfurdilés ? La Matière eft quelque- fois forcée de prendre mie certaine forme, mais cela ne peut venir de fa nature trop inerte. Effectivement l’iner- tie propre à la Matière pourroit - elle agir fans une force adive qui la déter- mine ? Mais ( dit l’Auteur ) une nou- velle forme vient au fecours , c’efi la forme aliive ou la puifance motrice. Ell-il poiTiblc que les Hommes qui ne connoilfent pas feulement la nature des corps, veuillent raifonner fur cel- le de l’Ame ! Une fubllance palfive y telle que la Matière, ainfi qu’on en convient , de ligure quelconque , peut- elle contenir une double forme tout à la fois? Quel ell le premier Auteur de cette penfée ? Sans être Philofoplie , on peut fort bien en appcrce\oir la contradiction. La pénétration de fubf- tance répugne à la Nature ; combien à plus forte raifon , doit -on rejetter la pénétration des formes dans un Jeul point. S’il y a double forme dans l’étendue d’une fubflance, cette double forme doit exiller dans to us les points: par exemple , il faudrait que non feule- ment laformetotale fût doublerais au f- fi la forme de chaque point i & fans al- ï 4 r Observations sur l’Histoire Naturelle, 1er chercher tous ces détours de dou- bles formes , il fuffiroit de dire que chaque Atome de la Matière , outre fa forme fubftantielle prrfe dans l’éten-' po/léde la pniffmce adive de fe due mouvoir. Cette définition feroit plus courte & plus commode au Matéria- lité ; même plus intelligible : mais auffi moins mafquée &: plus facile à culbu- ter, parce que l’on reconnoît générale- ment que l'inertie efl la propriété la plus elïentielle de la Matière j c’efl ce que l’on vient de voir. Alors , il y auroit è chaque point matériel, trois qualités contradidoires , fçavoir ; étendue , inertie ëcattïvité* aufquelsil faudroit nécef- fairemeut ajouter la volonté d’agir. Car l’étendue étant dépendante "du repos «Sodu mouvement ; dans un Ato- me , par exemple , la particule qui agit pour la formation des corps orpanifés devroit cefier Ton inertie & prendre fon mouvement -, 2c celle qui vou- droit former des litres folides 8c fixes, devrait cefler fon mouvement, & re- prendre fon inertie. C’et-ià pourtant ce que l’on veut dire. Jugez du bon fens de nos Matérialités ! Que l’on ne croye pas fe fauver en difant, contre ce que je viens d'expli- quer ici, qu’il y a des Atomes étendus & a&ifs , 8c des Atomes étendus & pajjîfs : puitque ces deux qualités font incom- patibles dans le même endroit. Alors, ce feroit admettre deux fullances , une adive & l’autre paiïive: ce ne feroit plus la même Matière & l’arrangement des mûmes Parties , ou les formes , qui pro- duiraient l’aSivité. Le Matérialité ne trouveroit pas fon compte dans cette jHypothcfe. Deux Etres matériels de différente nature, feroient pour lui des objets bien difficiles à définir. L'être pajfif ne (eroit pas celui dont £es qualités iaoieut les plus inconnues j mais celui auquel on donneroit l’adr- vité, préfenteroit des difficultés in(ilr* montables , s’il failoit déterminer cette adivité félon les loix metaphyliqtles. c’cll-à- dire , diflinguer en lui le rnoil veinent corporel , la volonté déterminée fa- gir de telle façon & non d'un autre , i’or-, dre relatif de chaque particule pour form.it un tout , £r enfin la faculté non feulement de fentir ou de recevoir les chocs des Parties homogènes ou hétérogènes, mais encore fa penfer , de combiner & de raiformer. Donc je conclus que les particules fa feu , dont j’ai parlé , dans lefquelles feulesrnous connoillons d’adivité , ne pourroient fervir aux Matérialités pour compofer V Ame 8c la raifon , par leurs affemblages , ni par leurs divifions. 11 n’y auroit que ces deux moyens cepen- dant qui pourrait dans cet élément lui donner la faculté d’agir 8c conflituerli nature de l’Ame dans les corps ; fi lj Matière qui le compofe étoit capable de fentir. Avons-nous quelque indice que It feu puiQc être raifonnable ? Qu’il ait une volonté libre ? Peut-il aller en bas ait lieu d’en haut , qu’il foit compofé ou défunt ? Se réfléchit-il tantôt dans un fens , tantôt dans un autre ? L’angle d’incidence n’et il pas toujours égal à l’angle de réflexion ? Il n’et donc pu libre, cet élément , 8c par confequent, hors d’état de penfer, & de faire des mouvemens & des aélions différentes.’ Que me repondra t-on àcelaïSinonqu’jj me (oit permis de dire que les Matéria- lilles font des imbéciles , (ans qu’j[s puiffent avoir lieu de fe fâcher, ni de fe plaindre de ma façon de parler. j°. S'il efl un Principe aftif, il fait avoir , dans l'ejfcnce inconnue delà Mme. re , une autre fource que l'étendue ; ce qui confirme que la funple étendue ne donne pu [tne idée complette de toute l ejjence oufr- sur la Physique et me Métaphyjtque . de la fubjlance des corps , par cela Jeul qu'elle exclut l'idée de toute ac- tivité dans la Matière. Ccitc propofuion ell h négation Je îa précédente. On ftippofe deux for- mes à la Matière, & on n’y veut ad- mettre qu’une forte d’étendue. Je ne crois pas qu’il y ait cependant aucune forme fans étendue , quand même te mot de forme ne comprcndroit que celui de fùbflance , & fur-tout d'une fubftance matérielle ainfi que l’on veut définir l’Ame. Je crois que ce que nous venons de dire fufiît pour détruire les principes phyfiques du Matérialifme & VHiftoire Naturelle de l’Ame , c’eft-à-dire , ceux de l'aftivité innée de la Matière & de fa fa- tuité de penfer. Ce que j’ai fouflignéou mis en italique ( qui fait encore con- tre l'Auteur de ce Traité) et! expliqué d’avance par ce que je viens de dire : Nous refervons d’autres réllexions pour la DilTertation fuivante , qui fous le nom de Médecine, renferme un cruel poifon. V enons préfentement aux exemples , que l’Académicien Doéleur , donne pour prouver fou fentiment- Exemples dont on veut fe fervir pour prou- ver le Matérialifme. «Taifons, dit le Matérialifle *, un * troU, ^ f°rme de lit , dans la terre ; ■* qu il fou entouré de murs, couvert » d un toit , que ce lieu ne foit ni trop » chaud nr trop froid; qu'on n’y en- » tende abfulument aucun bruit: ima- " &,nons >'es doyens de u’y faire en- * l.rer ,clurvmc pà e lueur entrecoupée » Je tenébres Qu’on mette un enfant -» non , eau né clans ce fouterrain ; que sur la Peinture; i$ » (es feus ne (oient frappés d’aucuns » objets; qu'une Nourrice , nue , en ii- » lence , lui donne fon lait & fes foins. » A-t-il befoin d’alimens plus folt- » des, qu’ils lui foient portés par la » même femme: qu’ils (oient toujours » de la même nature , tels que le »pain, & l’eau froide: que dans' le » creux de la main. Que cet enfant for- » ti de la race de Plutôt! , ou de Pi- » thagore , quitte enfin (a folimde à » l’âge de vingt , trente ou quarante = ans ; qu’il parodie dans l’alïemblée 3. des Mortels. Qu’on lui demande , » avant qu'il ait appris à penfer & u *» parler ce qu’il ell lui-même , quel ell » fon pere , ce qu’il a fait, ce qu’il a » pen!é , comment il a été nourri & » élevé jufqn’à ce tems. Plus llupide » qu’une béte, il n’aura pas plus de len- s> timent que le bois,, ou le caillou ; il » ne connoîtrajni la Terre, ni la Mer, » ni les Allres, ni les Météores , ni les » plantes , ni les animaux. S’il a faim ^ »» faute de fa nourriture ordinaire , » ou plutôt faute de connoître tout » ce qui peut y fuppléer, ne fe laüTera- » t-il pas mourir ? Entouré de feu ott » de bêtes venimeufes ,ne fe jettera-t if » pas ail milieu du danger , lui qui ne » fçait encore ce que c’ell que la crain- j> te ? S’il ell forcé de parler, par l’Im- » prefTion de tous ces objets nouveaux » dont il cü frappé , il ne fortira de » fa bouche béante que des Ions iuar- » ticulés , comme plufieurs ont corru- » me de faire en pareil cas. Deinar.- » dez-lui , non des idées abflraites & » difficiles de Meiaphylique , de Mo- 3> raie, ou de Géométrie , mais feule- 3> ment la plus limple qtteftion d’A- >» rithmétique ; il ne comprend pas ce » qu’il entend , ni que votre yoix guif- * Ckation d’Arnobe , AJverf. Cent. L. n. Observations sur l’Histoire Naturelle: » Te fignrfier quelque choie, ni même ** fi c efi à fur ou d'autres que vous » parlez. Où efi donc cette portion » immortelle de la Divinité ? Où efi » donc cette Ame , qui entre dans le » corps, fi dode & li éclairée , & qui , » par le fecours de l’infirudion ne fait » que fe rappeller les connoifinnces 3> qu’elle avoit infufes ? Efi-ce donc-là » bien ê tre fi raifonnable, & fi fort au- » deffus des autres Etres? Hélas ! oui , » voilà rtiomme ; il vivroit cterneile- » ment féparé de la fociété, fans ac- » quérir une feule idée. Mais poliffons s> ce diamant brut, envoyons ce vieux » enfant à l’Ecole , quantum mutatus 3> ab illo\ l’animal devient homme, & » homme dode & prudent. N’eft - ce » pas ainfi que le Bœuf > l’Ane , Je u Cheval, le Chameau, le Perroquet, » &c. apprennent les uns à rendre di- >• vers fervices aux hommes, & Jesan- » très à parler. » Jufqu’ici Arnobe, que j’ai traduit librement & en peu de mots. Que » cette Peinture efi admirable dans » l’originaj. C’efi un des plus beaux » morceaux de l'Antiquité. Mais pour »Je bien rendre, il faudroit avoir la » plume de M. l’Abbé Aï. 11 n’efi pas difficile de répondre à cette fuppofition , que l’éducation de cet enfant ne changerait aucunement la naturedefon Ame ; il deviendrait rai- fonnable& humain au boutdc quelques jours, & Içauroit parler , lire & écri- re , fi on vouloit, an bout de quelque mois. Une Bête, au contraire , relie- rait toujours la même , quand bien on l’auroit élevée des le Berceau , dans les Académies les pluscélébres. Je deman- de à Arnobe fi la feule éducation for- me l’Efprit& les penfées , & fi tous les jhommes naifient imbécilles , de qui tire-t-on les principes de cette édita cation ? Les maladies , l’âge fk la foiblede du tempéramment , difent les Materialif. tes , afioiblit l’Efprit & l’Ame qui „g fe fortifie que par 1 état de la bonne fauté, & de la force virile; ils citent les enfans qui ne raifonnent point & dont les adions font puériles; d’oùi|s concluent que notre être efi paffif matériel. Je conviens que ces fortes d’infirmi- tés empêchent le libre exercice des Organes, & interdirent Couvent tou. tes les fondions , par rapport à nom & par rapport aux autres; mais ils ne diminuent en rien la nature de l’Etre fpirituel , qui conftitue l’Ame. L’Ame refie toujours la même & eû Ion entier. Si les Organes par où elle reçoit fes perceptions la fervent mal. à-propos , & fi elle ne peut les faire agir en tems & lieu, cela ne prouve pas qu’elleait diminué de vertu, de ca. radére, de force ,ni d’étendue. C’eft un bon Capitaine dans un mauvais VailTeau que les vagues dirigent auquel ii n’efi pas poffible de gôlu verrier ; mais il n’en eft pas moins bon Marinier , & le même qu’il étoit dans un autre tems avec un meilleur Vaif. feau. Nous devons admirer au contrai^ la Sageffe du Créateur , qui empêche un enfant nouveau né de penfer com. me un homme de vingt-cinq ans; ne feroit-il pas bien malheureux , s’il pouvoit tout comprendre , & tout fentîr , fans pouvoir fe fatisfaire ? D’un Vieillard décrépit , fi Dieu n’afloupif. fort les fens , & ne lui faifoit méprifet la vie , combien forte ferait la douleur de quitter le Monde , dan* la pureté de fes idées, & danj la force de fou imagination j sur la Physique et sur la Peinture. imagination ; fur l’incertitude de fon fort , & les approches certaines de fa fin. Les Hifioires qui confirment . félon T Auteur , que toutes les idées viennent du fens, n’ont aucun rapport avec la natu- re de l’Aine. Tout le inonde convient que les idées font des fenfations , mais non pas des Principes de difeememant & de volonté. L'Auteur fe travaille beaucoup dans ces Citations, pour s'appuyer de l'opi- nion de divers Philofophes , & fur-tout de ceux de l’ Antiquité , il fait parler tous les Philofophes Anciens & Mo- dernes dans fes Apoflilles ; mais ni les uns, ni les autres, auroient-ils pû nier ce que Pon vient d’examiner; ceux qui ont penfé comme l’Auteur de l'Hilloire Naturelle de l'Ame, ont-ils donne de meilleures railons que celles que je combats j celui-ci au contraire n’a-t-il pas cherché ce qu’ils ont dit de plus avantageux à fes idées , il efl donc inutile d'en parler : & bien loin »7 plus , i’oiiie qu’elle a abandonné , &: enfin tous les autres fens , dont elle ne fait plus d’ufage ? Aura-t-on le coura- ge de dire que ce font alors les images imprimées qui agilTent ? Je demande pour lors quelles font les images du fon & de l’odorat , puifqu’il n’y en a aucuns qui foieut tracés par ces fortes d’organes , & même ceux que trace la vifion, ne font-ils pas effacés dans l’inftant. Efl-ce qu’un Anatomifle Phy- ficien , tel que M. L. M. oferoit dire que les Effigies , ou tout autre affeda- tion des fens , relient imprimées dans le Cerveau , dans le Cervelet , fur la Moelle allongée , ou toute autre part ? Je laide d’aiffeurs aux Théologiens à prouver l’immortalité de cet Etre adif comme a fait Pllluflre Cardinal de Polignac dans fon anti-Lucrece , je ne me fuis mêlé ici que de prouver l’exiflence fpirituelle de l’Ame , fes facultés dillindes de la Matière, fes im- preffions immatérielles , 5c l’inertie de de l’imiter, je crois qu’une vérité fe la Matière. C’efl , je crois tout ce qu’il foutient par elle-même , & n’a pas falloir faire pour combattre & détruire beloin de l’autorité de qui que ce foit la prétendue Hilloire Naturelle de i’A- pour fe faire fentir, Je ne veux pour me , & la chalfer de nos Recueils de garant de la vérité que je foutiens , que YHifioire Naturelle des Corps. les reves aufqucls nous fournies fujets. Durs le repos le plus profond du corps, - où les Yeux font fermés, les Oreilles’ ’ engourdies , l’odorat interrompu , 8c le goût dans l’inadion; notre Ame moins fujette à fes befoins naturels, ne fe réveille -t-elle pas? ne raifonne- t-elie pas fur ce qu’elle a vu pendant le jour , & quelquefois long-tems au- paravant ? ne forme-t-elle pas des pro- jets ? n’efl-elle pas agitée de plailîrs, que lui fourniffent la vûe qu’elle n’a * Par M. le Camus , Do&eur en Médecine; Amiee i7y3) Tom. I. Van. U OBSERVATION II. Sur la Medecine de l'Efprit * , & Critique de cette Opinion. I L ne faut pas croire que tous les Matérialises foient des Athées , il yen a de trois fortes; les premiers, comme l’Auteur de f Hifioire Naturelle C Observations sur l’Histoire Naturelle ae l'Ame , que nous venons de criti- quer ^ font les vrais Matérialiftes. Ils fuivent aveuglement la Doctrine de Dcmocritej d'Epicure , de Lucrèce Sc de Spinofa , ils n’admettent uniquement que la Matière pour principe de toute cnofe : & ce qu’il y a de fingulier , c’efl que parmi eux , ceux qui font obligés de nier le Plein abfolu par des raifons invincibles , qu’il ell aifé de donner j ainfl que Démocrite , admet- tent fans fcrupule le vuide. Alors on peut leur demander qui peut occuper ce vuide ; li Dieu n’exilloit point l Se- roit-ce le néant ? Les féconds Matérialrfîes croient à la Divinité, en connoiffent Pexiflen- ce ainli qu Anaxagoras 8c Arijlote ; il y a cependant quelque différence dans leurs Opinions. Les uns comme Ana- x agoras , admettent la Création du Monde, les autres au contraire font la Matière co éternelle avec Dieu : en gé- néral cependant , ils donnent tous à la Matière le pouvoir d’agir elle-même , de conllituer, non-feulement nos Or- ganes mais encore notre Ame , notre raifon, nos vices & nos vertu»; qui félon eux , font uniquement des acci- dens ou des façons d’étre de La Matière même. Les Matérialises de la troifiéme cf- péce , font ceux qui , de même que Zenonde Stoïcien , croient que l'Ame n’efl qu’un mode de la Divinité , & qu’jl n'y a que deux Etres , la Matière 8c Dieu. Ils concluent de- là que ce que nous nommons l’Efprit ou l’Ame ne réfide point dans le Corps ; que ctï Etre efl inc tendu, & que toutes ies im- preffjons qu’il reçoit, & toutes fes fen- fations , ne font que dans la Matière que Dieu met en jeu comme il lui plaît: ils difent que l’Ame réfide dans l’intelli- gence de Dieu, comme la Matière réfuie * dans fa grandeur. Lcoke 8c 'Malbraficht font foupçonnés de cette forte d’idée, & nous pourrions trouver quelque chéfe d’approchant dans le Traité de la Mé. decine de l’Efprit. L’Auteur n’a pu définir fes fentf. mens, fans établir des Principes; j| faut prouver, i que ces Principes ne font pas neufs, ce qui fera fort aifé ilfuflarade donner l’abrégé de ce qu[ s’eft déjà dit fur les imprejjions cnrportllt, des vices Cr des venus , & fur V inétendue de l'Ame. i°. Il faudra enfuite prouver que ces opinions font faufTes ; c’efl ceq«t nous ferons du mieux qu’il nous fetJ pofTible. 3”. Nous ferons appercevoir à l’Au. teur que le projet de guérir l'Efprit , pjc les remèdes ordinaires & les aliment ufuels , elt une chimère, 8c que les exemples fur quoi il fe fonde, pour do montrer cette prétendue théorie , n'ont aucun rapport à la Nature de l’Ame, ni à fes pallions, ni à fes volontés. La plupart de ce que l’on donne au- jourd’hui pour neuf, dans les Ma iéres phyfiques 8i jnétaphyfiques , eft tou- jours puilé dans les Anciens. Suffit que l'on écrive bien avec un ltyle coulant & gracieux, on devient grand home, La forme alors emporte le fond; e’cft ce qui caraétérife la frivolité. Je voudrois que les hommes lorf. qu’ils cherchent à s’inllruire dans quel- que Science , comme , par exemple, dans la Philofophie,.ils n’ayem alors' que cette Science en vue : & afin de mieux réuflir , à démêler le faux du vrai , dans une étude de cette impor- tance^ qu’ils faffent abflradiondellyle, de mérite perfonnel à l’Auteur, de qua- lité brillante , & de tout ce qui peut b diilraire de ce qu’ils cherchent, & qu'ils ne trouvent quelquefois pas. Le nom sur La Physique Je rhyticien n’a pas toujours etc donné à celui qui a fait des Découvertes & qui a combattu les erreurs , mais fou- vent à celui qui a fçù bien expliquer celles des autres: Faut-il que l'on fe laif- fe aller à la mode, ÿc que l’on néglige le bon feus & la recherche de la Vérité dans les Matières philofophiques. Principes qui et jBtmENT les Fa- culté s lie la Matie're . Je vais donner avant tout , les Prin- et sus. la Peinture. 19 d’autres ont détruit Newton? N’ont ils pas régné tour à tour? Mallteureu- fement tout ceci n’ell que trop vérita- ble ! & on conclue! de-là que les Phr- lofophes fe détruiront ainli de l’un à l’autre iufqu’à la fin des liécles , & que nous relierons fans celfe dans Piinbé- cilité 8c dans l’ignorance ; c’ell ce qui a fait renaître la Sede des Pirroniens. Cependant fi on fe décourageoit à cau- fe qne les autres n’ont pas réufiî , ou ne réuflitoit donc jamais. Les étions qu’on fait & que l’on a c'pes des premiers Philolophes, fur lef- fait jufqu’à prêtent , font toujours loua- quels on a bâti le Matérialifme en gé- néral , & d’où s’en eïl fuivi l’idée de F inétendue de l'Ame les formes fibflan- tielles. Ces définitions de l’Etre Spiri- tuel qui nous continue etTentiellement N de la force ad ive delà Matière, a fait le fu jet des plus fortes difputes : tout ainli que le plein abfoiu & les infiniment petits: quatre erreurs qui font devenues lalource&le pilier de toutes les autres. Le plein abfoiu, par exemple, a exclu les bornes de l’Ame , & a fait Imaginer V inétendue d’une part, & la Matérialité de l’autre. L’inétendue a occafionné la réalité des idées , & a dépouillé la volonté du pouvoir aftif fur les Organes. Les iniinimens petits ont introduit dans h Nature des formes infinies, avec lesquelles on a couiltuit julqu a l’Ame même. . Les formes (ubftantielles ont enfan- te les facultés occultes la propenfion quel- conque, h gravitation Sd'attraBion Moyennant ces faulTes idées ,1a vérité s ell cachee & n’a oie fe montrer aux blés quelques erreurs qu’ils ayent pro- duits. C’ell la route pour parvenir à ce que nous cherchons ’ & loin de blâmer Ariftote de fes abfurdités, Defcartes de fes contradrdrons, & Nevton de fon peu de foüdilé, je dis qu’ils ont bien lait de donner leurs idées; cela nous conduira peut-être à faire mieux. Première CdaJJê des Matérialifies ; & Rt flexions contre leurs Senttmens. Nous ne dirons rien de Démocrite, Che! des Matérialités ; fes Seniimens fout expliqués dans la I V. Partie de nosübfervations de 1 7 5 2; mais voyons de quelle façon Epicure a expliqué fon Syltêmc. Epicure étoit Matérialité abfoiu , il afiettoit la pureté de mœurs, & fe li- vroit aux paffions douces & fenfuelies. 11 parloit de la Divinité avec refpeét , mais il ne croyoït point en Dieu. Nous allons apperceyoir dans l’Extrait de fa Philofophie, que les Phantomes que l’on apperçoit dans lu rêves, avoient occafion- . . , . ----- né l’idée des Etres Spirituels, & que la LnMétrabrd”ScIesdant ““ n°mbre Dmaa? à U N’efl il na . ,s * ^ _ nature de ces Etres ; fi Jubtils qu ils ne pea- pas arrive qu Arifiote a dé- vent tomber fous aucun de nos J'ens , pas me- mm PU, oh , Defcartes a dét,„n Arif- tou , Newton a détruit Defcartes, & me fous les yeux del'Efpru; c’efi-à-dire , qu’il n’y en avoit aucun , & qu’ils C ij Observations sur l'Histoire Naturellp, navoicnt aucune rélation avec le monde. ^ Ce prétendu PhiloTophe n’étoit qu’un hypocrite de la Nature de ce- lui que nous venons de critiquer dans 1 Obfei vation précédente. Il craignoit les loix de Ton Pays ; c’étoit-là toute fa vertu. Voici ce qu’il nous a iaillé par fes Ecrits. «Epic'ure tient que notre Ame eft » corporelle , parce qu’elle meut notre » Corps , qu’elle participe à toutes fes = joies au lîi - bien qu’à fes infirmités , •» qu’elle nous réveille en furfaut lorfque » nous fommes le plus endormis , N qu’en- » tin elle nous fait changer de couleur * félon fes différons mouvemens. II » allure qu’elle ne pourrait jamais avoir jo aucun rapport avec lui lî elle n’ctoit * pas corporelle. »> Tangere enim &* tangi , nifi corpus nulla po- m tsjl res. » Il a conçu qu’elle n’efl rien autre » cliofe qu’un tilTn de Matière fort fub- « tile répandue par tout notre corps , » dont elle faifoit une partie , de mê- 3) me que le pied , la main , ou la tète; « d’où il conclut que par notre mort » elle périt, qu’elle fe diiïipe comme oo une vapeur , & qu’il n’y relie aucun » fentiment non plus que dans le corps; oo que par conléquent la mort n’eft pas oo à craindre , puifqu’elle n’etl pas un oo mal : car le bien & le mal confifle dans o» le feniiment: Or la mort eft une pri- 30 vation de tout fentiment. C’eR donc o> une chofe qui ne nous regarde en » aucune façon , puifque nous n’avons so jamais rien de commun avec elle , & oo que pendant que nous fommes elle «n’ell point , & que dès qu’elle fn-, » nous ne fommes plus: Qu’à la vérif » quand on fe trouvoit au monde a oo étoit fort naturel d’y vouloir denièj! » rer tant que le plaifir nous yatta' » choit : mais qu’on ne devoit pas avoir o» plus de peine à en fortir , qu’on en oo avoit ordinairement à quitter lata. oo ble après avoir bien mangé. »* Epicure a toujours parlé magni^. » quement de la Divinité (a). 11 VOlK o> loit qu’on en eût des fentimens fûrt » rélevés. Il défendoit exprelfément >o qu’on lui attribuât aucune choie in. oo digne de l'immortalité , & de la fou. o> vcraiue béatitude. L’impie difoit-il oo n’ell pas celui qui rejette les Dieux oo qu’adore le Peuple : mais celui quj » attribue aux Dreux toutes les impet. oo tinences que leur attribue le Peu. o> pie. o> Il a conçû que la Divinité mers oo toit nos adorations par l’excellence » de fa nature , & que nous devions » les lui rendre par cette feule confi. >o dération , & non par la crainte d’au. » cnn châtiment, ni en vue d’aucun in. » térét. 11 a blâmé les fuperflUions dotx o> on abufe le Peuple , & qui fervent oo ordinairement de prétexte aux plus oo grands crimes. o» Il les a cru indépendans de nous » dans leur bonheur, incapables d’ètre oo touchés ni de nos bonnes, ni de nos oo mauvaifes aftions. Jlcroyoit que s’iis oo prenoient foin des hommes , ou que oo s’ils fe mcloient du gouvernement du oo monde , cela troublerait leur fé|j. oo cité. io II conclut de -là que les invoca- o) tions, les prières; & les facrilices (a) L’Auteur de l'Hifloire Naturelle de l’Ame a fuivi cette Méthode , il a loué la Diyi- Ri:c> mais ilia rend impuilfantc Ce inutile. s' i! |5 ïf y Si1' f-:‘ $ II? & iti lé- ju- in* lai* *i* (lûô :ilj i'1 & * if & sun. la Physique et sur la Peinture. » étoient entièrement inutiles ; qu’il * n’y avoit aucun mérite à recourir aux » Dieux , ni à fe prolierner devant leur? » autels clans tous les accidens qui nous » arrivaient ; mais qu’il falloit regar- » der toutes cliofes d’un air tranquille » & fans s’étonner. » Il ajoute , que ce n’eft point la » raifon qui a donné aux hommes Pi— JJ dt e des Dieux ; & que la crainte que » tous les hommes ont de ces Etres » tranquilles * ne vient que cle ce que » Couvent en rêvant on s’imagine voir 31 des phantômes d’une grandeur pro- » digieufe. 11 fembie que ces SpeÛres >> nous menacent avec une hauteur & » une fierté convenable à leur mine J’ majefhieufe: on leur voit faire, à ce j> qu'il Comble , des clrofes ftirprenan- jj tes ; & comme d’ailleurs ces p/ran- jj tomes reviennent dans tous les rems, j> & qu'il y a quantité d'effets mcrveil- jj leux, dont les cailles paroilfent in- » connues: lorfque les gens peu éclai- J> rcs confidcrent le Soleil, la Lune, 35 le Etoiles , & leurs mouvemens fi » réguliers , ils s'imaginent suffi - tôt »j que ces Speûres nocturnes [ont des J> Etres éternels & tout-puillans. Ils les jj. placent au milieu du firmament-, d’où » ils voyent venir le tonnerre , les j» éclairs , la grêle , la pluye & la nei- * ge : ils les font préfider à la condtir- » le de cette admirable machine du jj monde , & leur attribuent genéra- » lement tous, les ellets dont les cau- *> fes leur font inconnues. C’ell de \ à Jj i ce qu’il prétend , qu’efi venu cette » grande quantité d'autels qu’on voit » par tout le monde i & il croit que 2 1 » le culte qu’on rend aux Dieux , n’a n point d’autre origine que ces faulles jo erreurs. » Pour ce qui elt de ces lieux enchan- j> tés où les Dieux faifoient leurs de- >j meures, Lucrèce, dans lefentiment jj d’Epicure , dit qu’il ne faut pass’i- jj magrner qu’ils ayent aucune relation » avec les Palais que nous eonnoilfons »ence monde, que les Dieux étant « d’une Matière fi lubiile qu’ils ne peu- » vent tomber fous aucun de nos (eus , » qu’à peine même pouvons-nous les » appercevoit des yeux del'efprit, il «faut de nécelTité que ces lieux -là j> foient proportionnés à la fubtilité de « la nature de ces Etres qui les habi- » tent (a), « Epicure clit que félon le cours or- j> dinaire de la Nature , rien ne le fait jj de rien, & qu’aucune chofe ne le » réduit à rien : l’expérience nous ap- » prend que les corps fe font du dé- » bris des uns des autres, & confé- jj quenmient qu’ils ont un lujet com- j>muiü& c’efl ce fiijec commun qu’on « appelle Matière première. Il croit » que ce fout des Atomes , c’efl -à- * dire des corpufcuies infécahies , dont j» il prétend que toutes chofes font coin* j» pofees, qui confiituent la Matière, (b) j» Outre les Atomes, il admet en- » core un autre principe qui efl te vui- * àe (c) : mais il ne le conftdére pas » comme un Principe deCompofition » des corps ; il ne l’admet uniquement » que pour le mouvement, parce que, jj dit- ir , s’il n’y avoit de petits vuides » répandus par toute la Nature , rien » n’auroit jamais pu le mouvoir , toute part. > V*il* n’exiftent nulle , }c fourriers ces Aron- es" ib cféltu'n contreiJlte > Jc fuis ce Principe dans mon Syfifnre ; mais ^Ci^quoi?ôi2uîâM?«f!r néce(laiïC à tOUt mouvement . Démocrite le ecnnoiffoit ; P t puiiqu ns n admettent, comme j’ai déjà dit» aucun Etre Spirituel, 22 Observations sur ^Histoire Naturelle « la maffe de la Matière feroit ref- ?» tée perpétuellement jointe enfemble » comme un roc , & par conféqtient » il ne fe feroit jamais fait aucune pro- » duction. » Il prétend que ces Atomes ont été » de toute éternité , que le nombre de » leur ligure ell incompréhenfible , » quoique fini: mais que fous cha- » que différente figure il y a unein- » finité d’Atômes. Il a cru que c'étoit » leur propre poids ( a ) qui etoit la caufe » de leur mouvement : qu’en fc choquant les » uns les autres , ils s’accrochoicnt fou- is vent ( !>)•> & ?ue ^ différente manière » dut ils s' arrangeaient , produifoit les » d'fférens effets que nous voyons dans la » Nature , fans qu'aucun de ces effets fut » redevable de fou Etre à d’autres puijjan- » ces qu'au hajard qui avait fait rencontrer » enfemble certaine quantité a’ Atomes de » telle & telle figure. 11 comparoit ces » Atomes auxLettres de l’Alphabet qui » forment des mots différons félon la » différente manière dont elles font ar- « rangées, comme par exemple, efire n 8c refle , font deux mots tout clillc- t> rens quoique compotes de mêmes » Lettres ; auffi les Atomes qui coiu- * pofent certains corps , iorfqu’ils {ont » arrangés d’une certaine manière, en » compofent un tout dillérent , lorl- » qu’ils (ont arrangés d'une certaine fa- » qon. Cependant , félon lui , toutes » fortes d’Atômes ne font pas propres à » entrer indifféremment dans la com- » pofition de toutes fortes de corps. ?» Il y a grande apparence, par exem- » pic, que ceux qui compofent un pe- ?» loton de laine , ne font pas tous pro- » près à compofer un diamant, de >» me que nous voyons fouvent H » mots qui n’ont aucune Lettre co^* ?» mu ne. » Il c.royoit que ces petits corPî » étoient dans un •perpétuel rnouçe. » ment , 8c que c’étoit de-là qu’aucy. » ne des choies de la Nature ne reftojt » jamais en même état; que les unes » diminuoient, & les autres augmfcy, » toient du débris de celles qui étoient » diminuées; les unes vtëillilfoient, & » les antres prenolcnt tous les jours de » nouvelles forces , 8c que parconfé. » quent chaque Lire n’avoit qy'Ua ?? teins dans le monde ; qu’à mely^ » que quelque chofe fe corrompoit » les Atomes qui s'en détachoient fe » joignoient avec d'autres, -S: foïmoient * ordinairement un corps tout difié- ?o rewt de celui dont ils venoient d’être >> détachés. Qu’ainfi lien ne pctilloit » jamais , quoique tout n’eùt qu’un » tems , éx que chaque chofe femblàt » difparoître à la lin , comme fi cllç » avoit été entièrement anéantie. » Epieu re a imaginé qu’il y avoir ej » un tems auquel tous les A t cubes é- » toient féparés & que par leur con- » cours fortuit (c), ils ont campofj >» une infinité de mondes , dont clij, » cnn périt an bout de certain tems » foit par le Feu, comme fi le Soleil m s’approchoit fi près de la terre, qu'il » la brûlât (d ), foit par quelque grau. » de & horrible fecouffe, qui en un » moment boulverlera toutes chofes, » & ruinera la Machine du Monde; » qu’enfm il y avoit plufieurs manié- » res dont chaque monde pouvoit pé: (a ) La Gravitation de Newton. (è) Les Parties crochues de nos Modernes. (c) Ceci revient au même que ce que nous a débité l’Auteur de ['Origine de, cet Unimt expliqué par un Pi i'ncipe de la Matière. ( 4 ) Tclliamed a puiié ici une partie de fes Réflexions. » rir ; mais que de ces débris il s’en » compofoit un autre , qui commen- » çoit auffi-tot à produire de nouveaux n Animaux ; il femble même que ce- « lui que nous habitons ne foit qu’un :» tas de ruines de quelque grand & n terrible tracas qui foit arrive autre- >» fois ; témoins ces goullres horribles ?» de la Mer , ces longues chaînes de sur la Physique et sur la Peinture. 2? » noilIbns , que ce n’eft point un ou- » vrage des Dieux. » 11 a cru que la terre avoit produit les s> Hommes & tous les autres Animaux , » de même qu’elle produit encore aujourd'hui » des Rats , des Taupes , des Vers , & de » toutes fortes d' Injectes ( b ). Il tient que i> dans Ion commencement iorfqu’elie , 0 — » étoit encore toute nouvelle , elle » Montagnes d une hauteur prodigieu- >> étoit grade & nitreufe , St que le Sj~ j> fe , ces longues &• larges couches de » leil l’ayant peu à peu échauffée, elle » Rochers, dont les uns font lîtués » fe couvrit d’Herbes & d'Arbrifleaux; » de travers , les autres de bas en haut , » que quantité dépérîtes tumeurs commen- » & d’autres de biais ; témoins cette « cercnt à s'élever dejjksla fuperficie , com- » grande inégalité au -dedans de la » me des champignons , Or qu après certain » Terre , tous ces Fleuves fouterrains , » teins, lorfque chaque tumeur étoit venue s» tous ces l.acs , toutes ces Cavernes; „ en maturité, la peau de dejjits fe rom - » témoins enhn cette antre grande inc- « pou , b qu'il en [omit aujft-tôt un petit » gaine de la fnrface de la terre qui Ce » Animal , qui fe retiroii peu à peu du ** trouve entrecoupée de Mers , de » lieu humide d'où il vernit de naître , b » Lacs , de Détroits , d’I îles , de Mon- » qui commençoit à refpircr j la terre fai- n [oit écouler de ces cndroits-là des tuijjeaux » de lait pour la nourriture de ces petits x> Animaux ( e). » Parmi ce grand nombre de toutes * fortes d'Animatrx, il s’en trouva beau- » coup de monftruatix ; les uns [ms * -pieds, les autres [ans tête, d'autres [ms * Couche, d'autres avotent les membres co- x les au tronc du corps , tellement qu'il y x en a eu beaucoup qui ont péri -, faute de » Jt pouvoir nourrir ou de pouvoir multiplier x leur efpèce par l'union des deux fexes. Ln- =o fin il ne refia que ceux qui fe trouve- » rem bien difpofés , & ce font les cl- » pèces de ceux que nous avons en- » cote aujourd'hui. * Dans ce premier commencement » du Monde , le froid , la chaleur & » tagnes. » bpicure tient que l’Univers efl in- *> fini; que ce grand bout n’a ni milieu, * ni extrémités , & que de quelque * point qu’on imagine dans le monde . » il relie encore un efpace infini àpar- s» courir , lans que jamais on en puille » trouver le bout (a). * 11 dit ftcs a.vou- relié fi long-tcms tranqnil- " es> : s fe luttant avllés de changer »» leur première manière de vie , pour =» en prendre une différentes1^ ») d ailleurs il «on fort aife denmer ^ par tous les defauts que nous y eon- (4) Celte idée ki^aut^ien *‘aPPe‘ler in//!Î , il l’appelloit indéfini. ïane. C‘ vau‘ bien ccll« ^ Tdliamcd , elle eft aulfi biffe 3c aulfi bi- lans les terres qui ieiirC . nC V?r'°rS i1!115 ^on’r (‘c ces tumeurs &r de ces néiteaux Varliét L èraJfis b nureujss, 8e aul ils avoient le corps tout couvert d’un poil » hérijfé comme celui des Sangliers ( a) , la »> mauvaife nourriture ni i’inclé men- ai ce des faifons ne les incommodoit » point ; ils ne connoilToient point » encore i'ulage des habits ; ils fe coït- ai choient nuds par terre dans tous les x endroits où la nuit les furprenoit ; » ils fe cachoient fous de petits arbrif- » féaux pour fe garantir de la pluye ; a> ils n’avoient encore aucune fociété ; » chacun ne fongeoit qu’à foi, & ne a. travailloit qu’à fe procurer fes cont- ai modités particulières. La terre avoit ai aufli produit de grandes Forêts dont a. les arbres croilFoient tous les jours; p» les hommes commencèrent à vivre » de gland de fruits d’Arboilier & de » Pommes fauvages. Ils avoient fou- ai vent à démêler avec les Sangliers & » les Lions. Ils fe mirent plufieurs en- ai fembie pour le garantir de ces bêtes » féroces. Ils bâtirent de petites caba- a> nés ; ils s’occupèrent à la ch a (Te , Sc ai trouvèrent moyen de fe faire des ai habits de la peau des Animaux qu’ils ai avoient tués. Chacun ehoifit fa fem- b me , 8c vécut en particulier avec el- » le ; il en vint des enfans qui adou- » cirent par leurs carelfes , l’humeur fa- » rouche de leurs peres. Voilà le com- » mencement de toutes les fociétés, ai Les voilais firent enfui te amitié avec b leurs voifies , & ceflërent de fe nuire ai les uns aux autres. D’abord ils , ai troient du bout du doigt les c|lQr^ ai dont ils avoient befoin; ils invQces ai térent enfuite pour leur commodip* » certain nom qu’ils donnèrent au],,’ ai zard à chaque chofe ; ils en comno' ai férent un jargon dont ils fe Fervirenî ai pour communiquer leurs penfées a. Le Soleil leur avoit fait conno'itrj » l’ufage du feu avant que de l’aVojr a> trouvé; c’étoit à l’ardeur des Hayons ai de cet Allre qu ils faifoient d’abord ai rôtir les viandes qu’ils rapportoient » de la ch aile ; mais un jour un cclair « tomba fur quelque chofe de combujh t|, » qu'il embrafa tout d'un coup fi).* auffi-tot ai les hommes qui connoilToient déjà ai l’utilité du feu , au lieu de l’éteindre ai ne fougère nt qn’à le conferver , cha! a> cnn en emporta dans fa cabane, & ai s’en fervit pour faire cuire ce qU’jj » avoit à mander. ai On bâtit enfuite des Villes, &ou » commença à partager les terres, mais ai inégalement ; les gens qui (e trou. a> vérent avoir plus de forces ouïe p/us » d'ad relie , eurent les meilleures por. » tions. Ils s'érigèrent en Rois; j|5 ai contraignirent les autres hommes à * leur obéir, & firent bâtir des Cita, ai déliés pour éviter les furprifes de ai leurs voifins. » Les hommes dans ce tcms-Ià n’a, ai voient point d’autres défenfes qll5 ai leurs mains, leurs ongles, leurs dents a» des pierres ou des bâtons ; c’étoient! » là les armes dont ils fè fervoientpom ai vuider leurs différends. » Après avoir brûlé quelques Fortù » n’importe pour quel fujet, ils virent (t) C’eftîci la Partie Hiftorique du Syftême d'Epicure , j'cfpére que le Le&eurne s'ennuiera pas: car il faut tout fçavoir. D'ailleurs dans ce qui fuit 1 fe trouve quelques vérités ng. îées avec beaucoup de menfonges , que l'on n’aura pas peine àdiilinguers ) Cette époque mérite attention. I» rlq su*, la Physique et » cTu mctal qui couloit par des veines de * la terre dans de petites folles où il fe * figeoit ; l’éclat de ce métal leur cau- » fa de l’admiration ; ils conçurent de b ce qu’ils le voyoient couler , que par » le moyen du feu ^ ils en feraient tout » ce qu’ils voudraient : ifs nefongérent b d’abord qu'à en faire des armes , c’cll » pour ce liijet qu’ils eftimoient beau- » coup davantage l’airain que l’or , par- » ce que les armes d’or étaient beau- * coup moins tranchantes que celles » d’airain ; enfuite ils en firent des bri- » des pour les chevaux , des focs de » charrue pour labourer la terre; &en- » lin toutes les choies dont ils fe trou- » vérent avoir bcfoin. Epicure continue à prouver l’ori- gine de toute cholè , à peu près de la même façon ; c'e/1 ce que nous lailTons à part pour venir aux parties effem/elfes de fou Syllême. >»Sur ce qu’on peut objeéter, que » la Terre ne produit point aujourd’hui » d' Hommes .des Lions des Chiens, Epi- » cure répond {a) : Que la fécondité de » la terre ejl épuifée ; qu’une femme » avancée en âge ne fait plus d’en- » fans ; qu’une terre qu’on n’a jamais » cultivée , rapporte beaucoup plus » les premières années que par la fuite ; » qu’en fin , lorfqu’on arrache une Fo- *» rct , le fond de la terre ne produit ” plus d’ Arbres pareils à ceux qu’on a ” ÿraciné* » i' en produit feulement » d autres qut dégénèrent, comme de ” P611,1,5 Sauvageons , des Epines, ou « des Ronces ; & que peut.£ire U a » encore a prefent des Lupin, , des Lièvres, sur la Peinture. 25 » des Renards J des Sangliers & d'autres b Animaux parfaits qui naijjent delà ter - » re \ mais parce que cela arrive dans des » lieux retirés , & que cela ne nous ejl pas » connu , nous ne croyons pas que cela f bit ; » de même que fi nous n’avions jamais » vû d’autres Rats que ceux qui narf- » fent des Rats , nous ne croirions pas b qu’il y en eût qui nâquilïent de la ter- » re. ( t ) b Pour ce qui efl de l’entendement ; b il tient qu’au commencement il n’a b aucune idée; qu’il etl comme une » table raze ; que lorfque les organes » corporels font formés , les connoif- b fances lui viennent peu à peu par » l’entremife des l'eus; qu’il peut pen- » fer aux chofes abfentes , qu’ainliil b fe peut tromper en prenant pour b préfent ce qui cil ablent , ou b même ce qui n’ell point du tout ; M & qu’au contraire nos feus n’apper* » çoivent que des objets actuellement «prefens, & que par conféquent ils » 11e peuvent jamais fe tromper quant b à l’exiflence de l’objet. Cell pour* « quoi, dit-il , c’ell être fou que de » n’exiger pas en ce cas-là, le rapport » des (eus pour avoir recours à des » raifons. Le faux d’Epicure dans fa Métaphy- fique 8c dans fa Création, efl conilaté par fa façon de penfer fur les opérations des (ens . comme nous allons voir. Epicure a ervi a quil fe détachoit perpé- » tuelLment de tous les corps une grande b quantité de petites fuperficies femblables » aux corps memes : que ces petites lu- = perfides remplilfoient l’air, & que voir* qu’on y 'répon^^on nul” ^ ’C V‘CnS ^ ^ dlns llAPoftil!c précédente & on va ne^coniw”renrpoint°U^ » s’il fe promenoit pour lors dans ce » parterre ; que Iorlqu’on fonne une » cloche , l’air des environs eft rem- aï pli de tintemens aigus lemblables aux » fons que nous entendons pour lors ; » & que des que le Soleil commence à » paroitre , il y a dans l’air quelque » choie de brillant & femblable à la » lumière que nous appercevons dans » ce tems-là ; qu’enfin lorfque la mê- a> me chofe paroit diflereinment à deux » Animaux différens , cela vient de ce » que la configuration intérieure de »> ces Animaux eft différente. Si la 33 feuilie Je S m e , par exemple , paroit 33 amere à un homme & douce à une j) Chèvre, c’eft que l’Homme & la }> Chèvre ne font pas faits au-dedans „ l’un comme l’autre. C eft cette mô- „ me raifou qui fait que la Ciguë em- M poifonne les Hommes& engrailfe les ,, Cailles. Sans répéter tout ce que j'ai déjà die, on voit ici clairement qu’Epicure ne croyoit point à la Création de l’Univers & qu’il fa ifoit naître les hommes A les tumeurs de la terre , comme for^5 les Champignons aux pieds desat? & dans les campagnes: & lorfqu> lui oppofoit cette raifon invincible" pourquoi donc ces Phénomènes n’ar •’ rivent-ils plus de nos jours ? H rép// doit,, c’eft la caducité de la terre qui e ' eft actuellement le caufe !' En quoi donc fait - il confifter laC3 ducité de la terre j puifqu’il convie/ lui-même que les Atomes qui la COln pofeut font inaltérables & qu’elles ont été de toute éternité ? Eil-ce fon chan gement de figure qui ia fait vieilli/ l’aftaifiement de fes eaux, ou l’apprQ’ che du Soleil ou fon éloignement p|uj ou moins grand ? Rien ne nous injj. que cette décadence,. le Soleil eft tou. jours fe même & dans fa même p|.iCe fi la terre s’en approche plus dans i/ teins y elle s’err éloigne à proportion dans un autre ; les eaux font toujours les mêmes , je l’ai déjà prouvé. Si unt partie de terre s’épuile à force de pro. duire en y mettant du fumier , &. enlj laiflant repofer quelques années, elle produit de nouveau & avec autant de vigueur & même quelquefois plus qu’au, paravant: celles que l’on ne cultiVc pas & que l’on n’a jamais cultivé , ne font-elle pas neuves? Qu’eft-ce qui peut les avoir altérées ? Seroit-cc la pfuye? elle les huinede.. Seroit-ce le Soleil? il les réchauffé, & les met en aftivité. Seroit ce les Plantes qu’elles produi- fent ? elles relient fur la même place & ieur pourriture redonne à ces ter- rains ce qu’ils avoient perdu en les pro. duifant. En un mot rien ne peut avoir vieilli la terre dans fes qualités produc- trices , elle ne celle de produire ce qu’elle a toujours accoutumé de nous donner;. je ne crois pas que iesFiuits sur la Physique et & l’imagination nous fait accroire que c’ell précifénient tel ou tel objet. Cette Senfation eft donc en pariie l’ouvrage des fens , de en partie l’effet de l’imagination. Ainfi les Senfations mixtes , font le réfultat d'un meckanifme compofé de celui des Senfations directes, (ï de celui des Senfations réfléchies. Il fe fait alors un reflux fubit des orga- nes vers le Cerveau, mais ce reflux eft bien - tôt fuivi d’un influx pref- que égal en force &. en quantité au reflux. T outes ces Senfations font douteu- fes. En effet elles réfultent d’un prin- cipe vrai , & d’un principe qui peut nous induire en erreur -, les confé-; quences n’en font donc pas certaines. Stippofons une perfonne qui fe pro- mené à la campagne lorfque le jour commence à tomber. Elle apperçoit un animal au coin d’un bois, la Sen- fation eft certaine jufqu’alors ; mais elle juge de cet animal félon fa paf- fion , voilà la partie incertaine de cet- te Senfation. Car fi la perfonne eft: timide , elle juge que c’ell un Loup , tandis que c’eft un Chien ; fi elle eft peu craintive , elle penfe que c’eft un Chien, tandis que c’eft un Loup. Ainfi l’erreur n’eft pas dans la Senfa- tion , mais dans la conjecture. Ainfi les Senfations mixtes ne font pas fauf- fes, quoiqu’elles foient moins évi- dentes que les Senfations direâes , & moins certaines que les Senfations ré- fléchies. On diftinguera i°. de l’imagination les Senfations diredes , en ce qu’elles exigent la préfence des objets , 8c que 1 imagination ne fe forme qu’en leur abfence. zp. On en diflinguera les Senfations réfléchies en ce que le mou- vement qui les cauie eft beaucoup plus fort que celui qui produit les idées! Observations sur l’Histoire Naturelle, diilincnera les Senfations idées dans nos Ames que relative aux difpofitions de nos corps n*ent les difpofuions de nos corps f0l 0,nc caules occafionneiles de nos Pariant de ce terme nous allons ies' rfipr 1#» mi»rïinnifme nnc J 4 3°. On en mixtes en ce qu’elles ont pour prin- cipe un objet préfent qui atèede im- médiatement les Sens, ce qui n’arrive pas dans l’imagination. On peut en- core déduire les différences des Sen- fations d’avec la mémoire, en ce que les Senfations font les impreffions mê- mes, 8c que la mémoire eft la con- feiettee , ou le reffouvenir des fignes & des circonflances qui accompa- gnent ces impreffions : reffouvenir qui eft incapable de réveiller les Sen- fations mêmes. On pourrait encore étendre plus loin cette comparaifon en examinant enfemble les opérations de la meme nature; c’eft-à-dire, en comparant les Senfations réfléchies avec les idées 8< la mémoire réflé- chie , les Senfations mixtes avec les idées & la mémoire mixte : mais cet examen deviendrait tnnuieux , & nous conduiroit trop loin. C’eft ce que le Lcdeur pourra faire commodément après la lecture de cette Première Partie. L’Imagination eft l’opération par laquelle l’Ame fe forme les repréfen- tations des objets en leur abfence. Ces repréfentations ou les réfultats de cette Faculté de connoitre les Etres , s’appellent idées. Il eft évident que les corps foulèrent ou agiflent dans cette partie de l’entendement ; mais quelle eft la maniéré dont ils foulèrent ou agiflent en cette occa- fion ? C’efl le nœud qui a fort cm- barralèé les Philofophes, & qui les a fait tomber dans une multitude de contradidions. Dieu feul ejl la caufe efficiente de nos idées parce qu’il eft le feul Etre capable de produire par lui-méme le mouvement, 8c d’agir fur les efprits & £ir les corps ; mais Dieu n’excite des cher le méchanifme de nos fait que nous penfons. corps qui Soit que nous le voulions f -, que nous ne le voulions pas j j' 0,!t b res du Cerveau font ébranlées pa I' cours naturel des efprits animaux ; par l’agitation de leurs parties ent°! elles. Les fibres frappées renvoyer ! la vertu de leur relèort le liquide y mal à l’origine des Nerfs qui ont J!’ ni les idées archétypes, & qui en f0!' niront alors une fécondé repréfen- tion fi le liquide animal parvient" leur extrémité, qui fe diftribue J organes des Sens. C’eft un influx ^ & modéré , ou , ii vous voulez ,h mouvement réfléchi , & non pas Z reflux comme dans les Senfations redes , ou un influx violent 8< y. cipité comme dans les SeACationsi^ fléchies. 2°. La volonté feule excite des mens dans le corps qui occaflonnent des ik(! Mais ces mouvemens là ne font pas differ^ de ceux que produit le cours naturel duL de animal dont nous venons de parltr,p‘r le moyen de la volonté , nous nous ra^ Ions les idées qne { nous avons déjà eues ■ c’efl ce qui fait la proche parenté de gination tr de la mémoire. Le raifonnement eft un aâe de l'en, tendement par lequel nous comparons deux idées. Suivant cette définition il eft aifé de diftinguer le Raifonnel ment de toutes les autres opérations de l’Ame. Dans l'Imagination n® avons , il ejl vrai, plufieurs idées ; mm elles ne font pas encore ahfolument {épurées. Dans le jugement on compare cufji deux idées -, mais on les joint à une troifime sur la. Physique et sur la Peinture. J? qui en doit faire connoitre les rapports. Les Sens font agites d’une façon plus ou moins vive , ou avec !a même vivacité. Ce qui fait que les appréhen- fions des objets ou les repréfentations que nous en formons font égales ou inégales. Car dans tout rapport on ne connoit que l’égalité ou l’inéga- lité. C’ell pourquoi l’Ame dans tous (es Raifonnemens ne doit appercevoir que convenance , ou difconvenance dans les idées; ou pour parler avec Spiuofa, elle ne doit appercevoir que des idées égales, c’cfl-à-dire. celles qui font conformes aux objets qu’el- les repréfentent , ou des idées inéga- les, c'eft-à-dire , celles qui ne font pas conformes aux objets qu’elles repré- fentent. Ainfi lorfque raifonnant fenCible- utent , je dis un L.ys blanc, le fenti- tnent que j'ai du Lys, & le fentiment que j’ai de la blancheur, étant égaux , je les unis enfemble. En etTet les or- ganes ébranlées par la préfence du bit, de la neige & de plufîeurs* au- tres fubliances , m’ont fourni l’idée que je me fuis fait de la blancheur. A l’af- peft d’un Lys , ou par la repréfenta- tion que je m’en forme , mon Cerveau ett affeéle de la meme maniéré que l’auroient alTeélé les fubflances qui m’ont donné l’idée archétype de blan- cheur : ces fentimens font donc égaux, je fuis donc obligé d’énoncer que le intiment que je prouve par la pré- bnce, ou par la repréfentation que je me forme d’un Lys, efl égal au fen- t'ment de blancheur. Voilà tout le méchanifme de ce raifonnement qui bit voir que l’Ame n’y agit que par fon attention , & le Corps par les differentes modulités qu’il a fouffert. Qu’on ne s’y trompe pas , la Vo- mi riejl pas moins mèchanique que l'en- tendement. Je veux nie mouvoir ; le mouvement fuit de près la Volonté, li rien ne blcffe I’organifation de mou corps. Je veux réfléchir , les idées s’offrent en foule à mon imagination. Je veux me rappeller les idées que j’ai déjà eues, ma mémoire m’obéit. Tou- tes ces fondions ne s’exécutent que pardefimples mouvemens qui fe paf- fent dans le Cerveau, comme nous venons de le dire. Il n’en efl pas de même lorfque les organes font vitrés: C'ejl er.vain que je voudrais agir. Mal- gré toute la force de ma Volonté je ne puis remuer mon bras dans la paralyfe. Mon Ame n’efl. plus maîtveffe de mon corps dans les convulfions. L’Empire de la Volonté efl détruit: & exille- t-elle elle-même cette Volonté dans de certaines maladies, comme dans J’ApIopéxie, dans la l’Etargie , dans l’Épiiepfie ? Nous ne pouvons pas feu- lement agir, penfer, nous reffouve- nir , bien loin de vouloir. Ilelt donc certain que dans fon ef- fence la Volonté appartient à l'Ame; mais que par Us loix qui uniJJ'ent les deux fubjlances hétérogènes de notre Etre , elle dépend aujjî de nos corps. La Volonté conliderce fous ce point méiaphyfique, n’eft donc pas d’un tifage fort étendu dans les Sciences , comme nous le di- rons dans la fuite de ces Obfervations. Ses avantages font bien plus grands , confiderée comme fource des Vertus & des Pallions. Nous n’en traiterons donc que fous ce lirnple titre. . . . L’Auteur ne fe plaindra pas ; nous avons bien expliqué tout au long fes penfées fur la Nature de l’Ame , &fur les facultés eflentielies ; c’ell- à-dire , l’Entendement , Y Imagination , le Rai- fonnement Se la Volonté. Nous avons même cité tout au long ce qu’il nous donne fur la nature des Sen- Eij Observations sur l'Histoire Naturelle Jutions iverfes &* leur combinai fon. 11 o’eft queflion prclentement que de critiquer l’Hypothèfe , comme nous avons promis dans le commencement de cette Diflertation , ce qui fera fait en comparant , les Principes de M. le Ca- mus , avec ceux des anciens Auteurs, que nous avons cité, & combattus. Comparaison e e ces Principes j à ceux des Matérialifles que nous avons critiqué . M. le Camus fait dépendre de l’opé- ration des Sens , la Réflexion ; de forte que le mixte prétendu des Senfations cor- porelles qui en rcfulie n’efl qu’une feule & même cliofe , & produit \' entendement ou l’intelligence qui efl en nous , c’efl- à-dire , la penfée. J’ai déjà dit que cette définition étoit obfcure ; mais la fuite de fon raifonnement prouve que ce n’eii ici qu’une façon nouvelle d’ex- pliquer le Syflcme à'Epicure: carde ceci il fuit que fi l’opération des Sens efi ma- térielle , fi la Réflexion n’efl auffi que le renvoi des Senfations, comme le dit très- clairement M. le Camus & que le mixte de ces deux facultés engendre l’entendement , qu’il faut nécellaire- ment que l’entendement foit matériel ; on ne peut engendrer un Etre , ou une faculté fpirituelle , d’un compofé ou de plufieurs eompofés , pris enfemble ou féparement , dans la matière ; fi on diftinguc cette fubflance de l’Etre fpi- rituel. i°. Dit le Dodetir de la Faculté de Paris , ( répétons ce que nous avons déjà extrait de fon Livre,) les Senfations diredes font celles qui font excitées par la préfence des Objets. Telle efl la nature de ces Senfations qu'il faut la préfence des Objets pour Us produire ; ce font eux qui excitent d’abord un certain mouvement à l’extrémité des Nerfs qui Je diflribue à la fuperjùie des Organes , lequel mouvement efl enfujte muniqué à l'autre extrémité des Nerfs trouvent dans le Cerveau. iQ. Lej' j tions réfléchies font celles qui flm " J' tées par un mouvement équivalent a d'- que produit la préfence des Objets, /y ‘ appelions ces impreflions Senjdtions nd chies , parce qu'elles femblent avoir la f,' xion pour principe , ou qu'elles partent • [ même point que la réflexion. Pour p^d cette efpéce de Senfation , il faut le m.f nfme inverfe de celui qui produit les St.r' tions direttes. 30. Les Senfations mixle- font celles qui font excitées , tant par lj préfence des Objets , que par la Ra xion , 6r la faculté générale de conntf' ou l’entendement part de ces trois granL fources. Sans aller plus loin , on compte-,, dra bien que l’entendement , qui ^ vroit ctre le premier attribut de l’Ame n’efl qu’un médianifme produit pa,]j jeu de la matière; & par conféquentoj méchanifine compofé des premiers^ fets que caufe la préfence des Objets & l’ébranlement primitif .des Orgar;i Or que dit Epicure de plus , fur cd partie de la Métaphyfique , finoc Tangere cnim tangi , mfl corpus nf pot efl res. Nous pourrions citer ce que dit 1] le Camus fur la génération , & trou, ver plufieurs endroits qui ferorentcon- formes au Sentiment d’Anaxagotas mais il ne fern queflion ici que de |j Médecine de l’Efprit ; opinion que nous nous fommes feulement propofe de combattre. A l’égard de la comparaifon que l’on peut faire du Syftême de M. le Camus avec celui des Stoïciens , dont nom avons parlé dans la troificme Claffe nous trouvons auffi occalion de faire de fortes applications à fes définitions de l’Efprit.. sur. la Physique e L’on vient de voir que le fentiment de cet Auteur s'accorde avec celui d’Epicure fur les Scnfations, fur la Réfle- xion , & fur le Raisonnement , premiè- res facultés de l’Ame; on feroit fur- pris de voir enfuite qu’il s’accorde avec celui de Zenon (ur l'inétendue de l’Efprit. On n’auroit jamais crû qu’il fût pofh- ble d’alfembler deux Sy(U mes fi oppo- fts , l’un qui admet la Divinité & la Matière , & l’autre qui n’admet que la Matière feulement : c’ell cependant ce qui arrive de nos jours ; Dieu feul , dit M. le C. (après avoir défini l’entende- ment comme corporel ,)eflla cauje ejji aente de nos idées, parce qu’il ejl lf Jlul Etre capable de produire par lui-mîme le mouve- ment , & d'agir Jurlts Efprits & fur les Corps. NYU il vrai que Zenon le Stoï- cien n’admeitoit que deux Etres , l'A- gent & le Patient, c’ell-à-dire, Dieu Se la Matière, n’efi-cepaslà la meme chofe que de dire que Dieu feul peut agir fur les Efprits (y fur les Corps , cejl-à dire , que les Efprits n'ont aucune aflivite , éy que Dieu n’agit Jur eux que relativement à leurs organes. Voilà cependant le nou- veau que l’on nous donne avec éclat. Que faut-il de plus , pour perfuader M.le C. qu il s’efi trompé lui- même en écrivant fur la nature de l’Efprit & fur fes facultés : s’il ell vrai , comme je ne puis m’empêcher de le croire , qu’il u’ait pas prétendu fuivre le fentiment des Matéxialilles. Rémedes propofès par M. le Camus , pour guérir les Maladies de L'Efprit. Voici comme M.le C. prétend guérir la médiocrité du Génie. En parlant de cette maladie , il dit , que la nature du fuc nerveux fuffifant , (y la tention des bibres peuvent nous fournir la repréfenta- r sur la Peinture. 37 tion des chofes : mais qu’ils font incapa- bles dans leurs médiocrités de produire cette énergie qui convainc , cette vivacité qui ré- veille,cemerveilleux qui étonne & cejublime qui ravit. 11 donne pour réinedela pri- vation de ce qui porte à la Mélancholie (y le changement de Climats. Pour le défaut de raifonnement. M. le C. prétend q(ie fur le haut des montagnes on ejl Philofophe (pag. 171 I. Vol.) au bas des montagnes , au milieu des hommes , on participe à leurs foiblejjes (pag 173 , même CUap. ) que les Senfations du Lu- xembourg font différentes de celles des Titille - ries , éy que les idces qui reflètent de ces di* rerfes motions des fétu ,font bien differentes de celles qu’on avait à Sceaux & à Meudon ou à Chaillot ; ( page 175, même Chip .) de forte que félon lui , pour bien raifon- ner , il faut chercher le lieu le plus con- venable. Le manque de jugement ell le troifiéme & dernier Exemple que nous citons du raifonnement de M. le Camus ; car il nous fiiffit, je crois , de parler de la médiocrité de Génie du précédent Exemple de celui qui fuit & de celui- ci , pour donner une idée de tout le relie. Le manque de jugement félon M. le Camus , efl un ajfatjfement du Cerveau , ou le défaut Jubit des efprits animaux, il confeille pour guérir cette Maladie , (pag. 200 du 1. Vol.) la (arguée , les purgations rafraichillantes , les acides relâchans , les bains , les boiffons aigrelettes , les fels nitreux ; les ali- mens doux , émolliens , laxatifs , froids , acides , & c. Je crois qu’on nous difpenfera de combattre davantage. Je finis dans cet' endroit ma DilTertation , pour parler d’autre chofe concernant la fa- culté prétendue de la matière. 3 8 Observations sur lv OBSERVATION III. Sur la génération des Vers àfoye , & cri- tique des Molécules vivantes & organi- ques trouvées, dit -on, dans la femence des Animaux , etnfemble des barillets Er rcjjorts qu'on a cru voir dam la Laite du Calmaé, l' Ous les Sçavans connoîflènt le mé- rite & l’éloquence de M. de Bu don ; mais on ne conuoît pas encore le fond defon fyfléme fur la génération: on fçait feulement qu’il confifle à vouloir prou- ver qu’il y a dans chaque individu des Molécules ‘ vivantes propres à concourir à la génération des Plantes & des Ani- maux. J’ai parlé des Vers à foye dans mes Observations de r 75 2 > & de la façon aifée avec laquelle on pouvoit les éle- ver ; mais comme il efl difficile de dé- truire les préjugés, & d’introduire de nouveaux ufages , lorfque perfonne ne fe met en état de prouver, par des exem- ples frappans, l’utilité que l’on peut re- cevoir de quelque découverte, je lajlîe au tems futur le foin de renouveller cette idée , & de la mettre en pratique. Je dirai feulement , que j’ai répété cette année l’expérience fur cinq pe- tits Mûriers qui font actuellement char- gés de graines de Vers a foye. J’efperc Vous les ans cueillir fur mes arbrilleaux des Co.cons , & m’amufer à voir croî- tre & multiplier ces Infeétes fans aucun foin. Par le moyen de quelques morceaux d’étoffe noire pendus aux Arbres , j’ai épouvanté les Moineaux qui dévoient avec avidité les vers , lorfqu’ils font d’une certaine grofïeur. Mes Mûriers ont été plantés en plei- Htfloire Naturelle Tome troifrime , pag. 1 Iistoire Naturelle, ne terre , on leur a coupé la cime , ^ on les a mis en buiifon, pour faciliter aux petits Animaux , dont il s’agit, |5 moyen de regagner les branches l0rs de leurs chûtes. La pluye ne les a pas incommodé non plus que les orages. 11 en efl mQrt quelques-uns de maladie , comme il ar. rive à ceux qui font dans les Chambres mais le plus grand nombre a cchapé aux injures du tems : il eft vrai quel’an. née a été favorable , & fi j’avois eu trois ou quatre arpens de Terre plantés en petits Mûriers blanc de la façon que je viens d’expliquer , j’aurois plus profité que d’y femer du Chanvre ou du Lin, Les Papillons m’ont fort occupé; j’ai été charmé de fuivre leurs généra- tions , & d’obferver par le fecours de leurs femences ; que le fyficme de Ah. lécules organiques de M. de Buffon n’c- toit fondé que fur de lîmples apparen- ces, ainfi que je vais le démontrer. Syjlêmt de M. de Bujfon. » Je réfléchifîois fouvent (dit M.de » Buffon ) fur les fyflcmes que je viens » d’expoler ,8c je me confumois tons » les jours de plus en plus dans l’opi- » nion que ma Théorie etoit plus vrai- » femblable qu’aucun de ces fy Renies; » je commençai dès-lors à foupçonner » que je pourrois peut-être parvenir » à reconnoître les parties organiques » vivantes , dont je penfois que tous >» les Animaux & les Végétaux tiroient » leur origine; mon premier foupçon „ fut que les Animaux Iperir.atiques » qu’on voyoit dans la femence de tous » les mâles , pouvoient n’èire que ces » parties organiques , & voici com- » ment je raifonnois. Si tous les Ani- », maux 6c les Végétaux contiennent » une infinité de parties organiques vi- sur la Physique et » vantes , cm doit trouver ces memes » Parties organiques dans leur femen- » ce , &: on doit les y trouver en bien » plus grande quantité que dans aucu- » ne autre fubftance, Toit animale, foit i> végétale -, parce que la femence n’é- » tant que l’extrait de tout ce qu'il y » a de plus analogue à l’individu & » de plus organique , elle doit conte- >» nir un très-grand nombre de Molé- » ouïes organiques , & les Animalcu- » les qu’on voit dans la femence des >» Males ne font peut-être que ces mê- » mes Molécules organiques vivantes , » ou du moins ils ne font que la pre- » miere réunion ou le premier ajjemblage » de ces Molécules ; mais fi cela elt , la » femence delà Femelle doit contenir, » comme celle du Mâle, des Molécules « organiques vivantes & à peu prèsfem- * blables à celle du Mâle , & l’on doit » par conféquent y trouver , comme « dans celle du Mâle., des corps en j» mouvement, des Animaux fpermati- j> ques ; & de même puifque les Parties jj organiques vivantes font communes jj aux Animaux & aux Végétaux, on » doitauffi les trouver dans les femen- >j ces des Plantes , dans le Nedareum , » dans les Etamines , qui font les par- jj ties les plus fubfiancielfes de la Pian- jj te, & qui contiennent les Molécu- » les organiques néceflaires à la répro- jj duâion. Je fongeai donc fétieufe- jj nient à examiner au Microfcope les jj Liqueurs féminales des mâles & des » femelles , & les germes des plantes , J> & je fis fur cela un plan d’Expérien- * ces ; je penfai en même lems , que jj le réfervoir de la femence desfemel. » les pouvoir bien être la cavité du j> Corps glanduleux, dans laquelle Val- » lifnieri & les autres avoient inutile— » ment cherché l’œuf; après avoir ré- • Hiftoire naturelle, Tome ttoiHésae sur la Peinture. 39 jj ttéchi fur ces idées pendant plus d'un jj an , il me parut qu’elles ctoient allez j> fondées pour mériter d’être fuivie; » enfin je me déterminai à-entrepren- » dre une fuite d’Obfervations & cI’Ex- *j périenccs qui demandoit beaucoup » de tems. L’on vient de voir, par le projet de M. de Billion, que fon intention, avant de faire aucune Expérience , étoit de trouver des Molécules vivantes ; c’efl po- fuivement un défaut dans lequel pres- que tous les Plvyficiens font tombés. Bien fouvent les préjugés qu’ils ont conçu , avant de pratiquer les recher- ches convenables pour par venir à la vé- rité , les ont conduits à appercevoir des Etres j ainli que dit M. le Camus dans fes prétendues fenfations mixtes & dou- teufes. Leeuwcnhoek a fait de même ; il s’é- toit mis dans l’cfprit de voir des Ani- malcules ; il en a vu elTedi veulent • mais ils n’exiftoient point. Nous allons préfentement démontrer que le même objet qui a paru Molécule vivante à M. de Bu flou , paroifToit Ver- nicvle à M. Leeuwenhoek , & qu’il ne m’a femblé que Bulle aérienne. EXPERIENCES DE M.DE BUFFON Première Expérience. * j> J'ai fait tirer (dit-il) des Véficules » féminales d’un homme mort de mort jj violente , dont le Cadavre étoit ré- » cent & encore chaud .toute la liqueur jj qui y étoit contenue, & l’ayant fait » meure dans un criftal de montre » couvert ,1 j’en ai pris une goûte afTez jjgrolîe avec un curedent , & je l’ai » mile fur le porte objet d’un très-bon » Microfcope double , fans y avoir ajouté de l’eau & fans aucun mêlan- » pag. 161, in-douze. 40 Observations sur l’Histoire Naturelle, »gc. Je vis d’abord (Fig. i. PI. i.) » des Filamens allez gros, qui dans de » certains endroits fe ramifioient & pa- » roifloient s'étendre en différentes » branches, & dans d’autres endroits ils » fe peletonnoient & s’entremêloient; » ces Filamens me parurent trcs-claire- » ment agités intérieurement d’un mou* » ventent d’Ondulation , & ils paroif- « foient être des tuyaux creux , qui con- »» tenoient quelque choie de mouvant. « Je vis trcs-diflinftement ( Fig* »*Pl* s» i . ) deux de ces Filamens ,qui étoient i> joints fuivant leur longueur , fe fépa- >» rer dans leur milieu , & agir l’un à l’c- » gard de l’autre , par un mouvement » d’ondulation : ces Filamens étoient « contpofés de Globules qui fe tou- i» choient & relTembloient à des Chape- » Iets. Je vis enftiite , (Fig. 3 . PI. 1 • ) » des Filamens qui fe bourfoufloient « & fe gonfloient dans de certains en- » droits , & je reconnus qu’à cdté de s> ces endroits gonllés il fortoit des » Globules & des petits ovales , qui »avoientun mouvement diftind d’of- >» cillation. Je vis ces petits corps fe «détacher entièrement du gros Fiia- » ment , emporter après eux le petit « filet par lequel ils étoient attachés. » Je délayai avec de l’eau de pltiye pure » & dans laquelle je m’étois alTuré qu’il » n’y avoit point d’ Animaux , une au- » tre goûte de la liqueur leminale. Je » vis alors ( PI. 1 . Fig. 5 . ) les Filamens » bietiféparés, & je reconnus tres-dif- » tindement les mouvemens des pe- » tits Corps dont je viens de parler; il » fe faifoit plus librement : ils pavoif- «foient nager avec viteife. II. » Lorfque la liqueur féminale ejl deve- « nue plus fluide , on ne voit plus les Fila- is mens dont j’ai parlé; mais les petits Corps » qui fe meuvent , paroi Jfent en wa.j « nombre J ( PI. 1. fig- <5.) ils ont pQllr ,> la plupart un mouvement d’Ofci^ » tion comme celui d’une Pendule » tirent après eux un long filet, on voit » clairement qu’ils font effort pour s’en » débarraffer ; leur mouvement de pro. » greffion en avant eft tort lent , jjs „ font des ofcillations à droite 8.) la plupart de ces petits Corps » mouvans entièrement dégagés du fi- » Iet qu’ils trainoient , ils font de fi. « gure ovale , & fe meuvent progreffi- » vement avec une allez grande vîtelle, « ilsreflemblent alors plus que jamais SUR LA. PhVSIQUE tT SUR LA PEINTURE. 41 * à Je» Animaux qui ont des motive- fement Je leurs nouvelles pattes, de leurs ailes & de leurs plumes , fc change en Semence. Celte Semence efl fluide, opaque, de couleur de brique, & con- • mens en avant , en arriére & en tout » fens.Ceux qui ont encore des queues » ou plutôt qui traînent encore leur » filet , paroiflent être beaucoup moins • vifs que les autres. Dans la V. Expérience, apres avoir laide tourner & fermenter la fetnence, & Iorfqu’elle commence à dépofer au fond du vai fléau fa matière gélati- neufe & blanchâtre ; M. de Bufl'on dit avoir obfervé , » que les petits Corps • mourons font alors dans une grande atti- ■ vite , ils font tous débarrajjcs de leur ji~ » let , la plupart font ovales , il y en a de • ronds, ils fe meuvent en tout fens , & • plufieurs tournent fur leur centre. » J’en ai vu changer de ligure fous ■ mes yeux , ( dit-il ) & d’ovale deve- » nir globuleux ; j’en ai vu fe divifer , • fe partager, & d’un feul ovale ou d’un » globule en former deux ; ils avoient » d’autant plus d'aâivitc & de mouve* » ment qu’ils ctoient plus petits. M. de Buffon donne encore d’autres Obfervatious (ur la Semence des Feni- nies , fur celle des Chiens , des Lapins , des Beliers , des Vaches & de plufieurs autres Animaux ; mais il n’a vu dans la fermentation de ces différentes fortes ténue dans des réfervoirs dont les mem- branes font extrêmement minces. Outre la Semence , il circule dans les Vaifleaux féminaux des liqueurs fanguines & fpiritueules , qui concou- rent à la formation du Fœtus dans les Veficules du pere. Les Fœtus de ces Animaux com- mencent à fe former avant l’approche des femelles. Cet ïnlefte dans l’état même de Chrifalide , contient des Em- bryons. ( V oye\ la Figure 7. de Va Plan- che 2,) a , h, c, efl la Véficule fentr- nale d’un Chrifalide mâle que j’ai dif- fequé & vu avec le Microfropc. ( Len- tille n°. 3. ) a , efl. l’Embryon que l’on voit à travers les Membranes ; b , efl: le corps des Veficules ; c, efl l’infertion des Vaifleaux déférens ; d, fout les Teflicules où fe perfectionne la liqueur fanguine. Ceci efl une antre découverte fur la génération des lufeèles , qui confirme ce que j’ai déjà donné fur celle des Am- phibies , des Quadrupèdes & même d.mere"tefs ljrt« daili celle de l’Homme , c’eft auflî ce î-dire totiioLirs dr' r l'V -<3ue nous expofons avant de parler des ou ronds „ j, 1 • i ^ 0 3U es ovales Obfervations microfcopiques fur les ci lh An’ a d,vers niduvemens d’of- Liqueurs féminales. 1 a • , . 011 . e F°greflion, ainfi que Par des faits certains & faciles à vé- firilîr ' V* avec h' en plus de rifier, on voit bien plus clairement, que Vers W3nS aSeTe^?fdU uap,ll°nde Par quelque fuppofilion que ce foit, ' IL ’ lî,ale * fem? V* le lieu deftiné à la formation animale & quelles font les Liqueurs qui peuvent y concourir , d’où l’on conclu alors fans peine , que les Fœtus de toute efpécc n’ont pas befoin du concours des Li- examinc , & même dans celle de l'hont- me , comme je vais le démontrer. Première Expérience contraire à celles de M. de Bujfon. pHa.. ,i„ • , Loques, le queur generatnee & le moule des for- rélident toujours dans F ftfidu de tout ce qui a fervi à l’arrrAîf • 1 „ i , -r . mes animales Année 175} > Tome I. Partie Jt 42 Observations sur l’Histoire Naturelle; les V efictiîes féminales du pere , comme dans les Animaux qui engendrent fans femelles. Ce qu’il y a de fingulier , c’efl que M. Needham , que cite & qu’approuve M. de Buflon , a fait une Expérience fur la l aite du Calmar (a) .avant l’appro- che de la femelle , à peu près comme celle dont je viens de parler concer- nant les Vers à foye , il a vu l’Embryon, mais il ne l’a pas connu , à ce qu'il dit , cependant il en fait un Outil, un Baril- let , un Fis & plufieurs fortes d’autres Infl rumens , au lieu de convenir quç î’aî raifon , & que les mâles de toute efpéce contiennent leurs Fœtus formés avant même l’émidion de leurs Se- mences. On fçait que la Laite des Poiflonseft la Véficule féminale du mâle. L’Au- teur Anglois a vu aux yeux nuds, fans le fecours d’aucun verre , dans ce Vif- cere plufieurs êtres vivans fortis de leurs étuits ; mais refprit occupé des Molé- cules aélives & de l’atiraélion de fon Compatriote Newton, il n'a jugé de l'A- nimal que félon fa pafjîon. Il en a fait une Machine , ainli que Delcartes faifoit des Bêtes. Que le Lefletir fade attention à l’ex- pofé même du fentiment de M. Need- ham , que fait M. de Buflon dans fon" Hiftoire Naturelle , il trouvera dans l’Expérience de M. Needham non feu- lement la critique des opinions de cet Auteur . mais encore celles du fenti- ment de M. de Buflon. - Avant de finir ce Chapitre , (è) je vais » (dit M. de Buflon ) rapporter les Ex- » périences de M. Needham fur la Se- ». mence d’une efpéce de Sèches, ap- » pellées Calmar ; cet habile Obferva- » teur ayant cherché les Animaux fper- » matiques dans les Laites de plyjj. » PoilTons diflérens, les a trouvé d’ DrS » grofleur très - confidérable (3an.Ul|e » Laite du Calmar , ils ont trois » tre lignes de longueur vûs à l'ail fJ“'U » Pendant tout l’Eté qu’il diffeqqjj ' » Calmars à Lifbonne, il ne trouva ^ » çune apparence de Laite, aucun! » fervoir qui lui parut defliné à rec" » voir la Liqueur féminale, & Ce,ê" » fut que vers le milieu de Déceml,? » qu’il commença à appercevoirles ^ >» miers vefliges d’un nouveau Vaijf x> rempli d’un fuc laiteux. Ce référé » augmenta , s’étendit , & ]e fuclajï » ou la Semence qu’il contenoit ! » étoit répandue alTez abondant’; n En examinant cette Semence au M!;f » c°pe . M- Needham n'apperçut dansl » petite Liqueur que de petits Globule, m » qttes , qui nageaient dans une efpéce if] » tiére fereufe ffans aucune apparence » mais ayant examiné quelque te®' » apres la Laite d’nn autre Calmar tablement que les Corps mouvans qui » fe trouvent dans la Laite du Calmar, » ne font pas des Animaux; mais de fm- ( » rite , plufiettrs agifTent dans le mo- > » ment qu’elles font en plein air , ce- > » pendant , la plupart peuvent être pla- > « cces commodément pour être vues > *> au Microlcope avant leuraflion,& > • même pour qu’elle s’exécute , il faut : » humeâer avec une goûte d’eau , l’ex- » trêmitcfupérieurede l’étui extérieur , *> qui commence alors à fe développer, » pendant que les deux petits l.iga- •> mens qui fortent hors de l’étui fe con- » tournent & s’entortillent en difleren- » tes façons. En même teins la Vrs •> monte lentement , les Volutes qui »> font à fon bout fupérieur fe rappro- chent & agifTent contre le fommet de « l’étui ; cependant celles qui font plus «bas avancent atrfli & femblent être con- » tinuellement fuivies par d’autres qui «foirent du Pifton ; je dis qu’elles fein- Bblent êtrefuivies, parcequeje necrois «pas qu’elles le foient elVedivement, b ce n’ell qu’une fimple apparence pro- » duite par la nature du mouvement de » la Vis. Le Pillon & le Barillet fe meu- » vent aufli fuivant la même diredion ^ » & la Partie inférieure qui contient « la Semence , s’étend en longueur , & » le meut en même tems vers le haut » de l’étui , ce qu’on remarque par le » vuide qu’elle laide au fond. Dès que » la Vis avec le T ube dans lequel elle efl » renfermée, commence à paroître hors » de l’étui , elle fe plie parce qu’elle » eft retenue par les deux L.igamens ; » & cependant tout l’appareil intérieur » continue à fe mouvoir lentement & *> par degré . jufqu’à ce que la Vis le ** Pillon Si le Barillet foit entièrement fortis: quand cela cft fait, tout le relie faute dehors en tin moment ; le Pif- ton b , fe fépare ( PL 3 . F/g. 2. ) du Barillet c, le Ligament apparent, qui 1 efl au-delîous de ce dernier, fe gon- » lie , & acquiert un Diamètre égal à > celui de la partie fpongieufe qui le > fuit : celle-ci , quoique beaucoup plus > large que l’étui , devient encore cinq > fois plus longue qn’anparavant ; le > T ube , qui renferme le tout , s’étrécit .> dans fon milieu, & forme ainfi deux » efpcces de nœuds d , e , ( PL. 3 . Fig . z » Gr 3.) didans d’environ un tiers de » fa longueur , de chacune de fes ex- » irêmités -, enfuite la Semence s’écoule » par le Barillet c , ( Fig. 2.) & elle efl » compolée de petits Globules opaques qui » nagent dans une matière féreufe fans don- « ncr aucun figne de vie J ùr qui font préci- » fanent tels que j’ai dit les avoir vus, lorf » qu'ils étoient répandus dans le rèfervoir de » la Laite. Dans la Figure la Partie » comprife entre les deux noeuds d, e , » paroît être frangée ; quand on l’exa- n mine avec attention , l’on trouve que « ce qui la fait paroître telle , c’efl que » la fubllance fpongieufe, qui efl en «> dedans du Tube efl rompue & fépa- » rée en parcelles à peu près égales ; » les Phénomènes fuivant prouveront *» cela clairement. » Quelquefois il arrive que la Vis & »le Tube fe rompent précifément au- » defTus du Pillon b , lequel relie dans » le Barillet c, (Fig. 3 ; ) alors le Tube fe » ferme en un moment , & prend une » figure conique en fc contrariant , au- » tant qu’il ell poffible , par deflus l’ex- " trempé de la Wisf, cela démontre » qu’il ell très-élaüiquc en cet endroit , » & la manière dont il s’accommode » à la figure de la fubllance qu’il ren- » ferme , lorfque celle-ci fondre le u moindre changement , prouve qu’il F ij 44 Observations sur l’Histoire Naturelle ï » l’efl également par-tout ailleurs. « M. Needham dit enfuite, qu’on y> ferait porté à croire que l'aftioti de ** toute cette Machine feroit due au rejfort t> delà Vis , mais il prouve par plulîeurs » Expériences que la V is ne fait au con- * traire qu’obéir à une force qui réfi- » de dans la Partie fpongieufe ; dès que » la Vis dl féparée du refie , elle celle » d’agir & elle perd toute fon aétivité. *> L’Auteur (dit M. de BuflTon) fait en- » fuite des réflexions fur cette lingulicre •» Machine. » Si j'ai ois vu, dit-il , les Animalcules » qii on prétend être dans lu Semence dun » Animal vivant , peut-être ferais- je en état » de déterminer fi ce font réellement des » Créatures vivantes ou fmplement des » Machines prodigieufement petites , & qui » font en mignature, ce que les Vaif- » féaux du Calmar font en grand. Par cette Analogie & par quelques » autres raifonnemens , M. Needham , » ( dit M. de BulTon) conclut qu’il y a » grande apparence que les Vers fper- » matiques des autres Animaux ne font » que des Corps or parafés , & des eipeces » de Machines femblables à celles-ci , »> dont l'aéliou fe fait en diffère ns tems. Lacritique du fentiment de M. Need- ham ell , comme l’on voit , dans fa propre conclufion , Si f avais vil , dit-;l , les Animalcules quon prétend être dans la Semence d'un Animal vivant , peut - être ferais - je en état de déterminer , fi ce font réellement des Créatures vivantes , ou fmplement des Machines prodigieufe- ment petites. L incertitude décide ici la queflion , M. Needham , parce qu’il ne voyoit ni pattes , ni têtes, ni nageoires à les Embryons , a mieux aime croire que ce n’étoit que des Machines , iln’a- voit qu’à confidérer le Foetus de la Gre- nouille , c’efl-à dire , le Têtard (Fojf? la Planche de la Grenouille de i année pré- cédente ) il auroit bien vu que p0n diflingue pas non plus dans cetAni nii les Membres qui le caradéti[ent ”7 que ces Membres font enfermes f “ me les Papillons Chrifalides,dàns j’ dures Membranes qui les couvrent ev tiérement ; mais qui cependant le!' permettent des mouvemens vermict/ laires & percnflâfs. Tous ces reffûtlj prétendus , les Barillets & ce motlTes ment élaflrque & machinal, ne fontm,' l’efTort du Foetus dans fon ctui, ,jj que celui du Papillon dans fon 6r)Vç loppe , pour brifer les couvertures qu; le contiennent. La critique du fentiment de M BulTon , dans l’Expérience de M. Need ham , fe trouve aulTi dans l’expofnj0lj qu’il fait de fes Obfervations microh. piques fur la Semence en particulier lorfque les Embryons n’étoient p0jn| formes. En examinant cette Semence ai) Microfcope , M. Needham, dit M. de Bufion n'apperçut dans cette liqueur qUi des petits Globules opaques qui nageoitu dans une efpéce de matière féreufe , fans m cune apparence de vie ; mais ayant exammi quelque tems après la Laite dun autre Q. mar , O la Liqueur qu’elle conicnoit , il j trouva îles Parties organiques toutes forint dans plufeurs endroits du réfervoir , & [(i parues organiques n étaient autre chofes qm des petits rejjorts faits en fpirales , &> r/t. fermés dans une efpéce d’etui tranfparent; c'ell-à-dire , qu’ici feulement les pat. tics organiques & les prétendues mo- lécules vivantes n’ont d’adivité que lorfqu’elles font affemblées, & qu’elles forment un étui tranfparent dans lequel ci voit des petits rejjorts faits en Spirale, Ce ne lont plus des Globules à queue , ce font des refïbrts parfaits & contenus dans des étuis. L’apoflille que donne M. de IM on dans ion Lîy. (in- i z page 3 3 7.) & dans sur la Physique et sur la Peinture. 45 laquelle il dit, que M. Needham n avoit ferver que les prétendues Molécules vivantes ne font que des Globes aériens, & rien de plus. De façon que le fyftêmo 1 * 1 — ■ • — pas alors fuivi ces Globales aJJéj loin , &c. ne fatisfait aucunement & ne détruit point l'Obfervation citée ci-deüus , elle confirme au contraire la critique de fon fentiment. Ces Globules inanimés n’é- toient point des Etres vi vans , M. Need- Iiam ne s’y feroit pas trompé ; ce ne- toit , fans doute , que les mêmes Bulles de M.de Buflon efl combattu par deux endroits ; c’eft-à-dire , par les Fœtus parfaits que l'on voit de chaque efpé-^ ce , dans les Semences , aux yeux fans le Microfcope J lorfque l’on reçoit le , Hut ics niciiica uuijcs Sperme entier & non rompu , dans l’eau dont je parlerai ci-après , qui parodient claire & froide. De plus , ce fyllême ell tranfparemes ou opaques . félon la po- encore combattu , lorfque l’on obferve fitiondela lumière ou du jour qui éclai- re les Liqueurs fur le porte-objet. La génération fur terre ell la même dans tout ce qui a vie. Dieu fait opé- ret la formation de toutes les diverfes cfpeces , quoiqu’avec des Liqueurs dif- férentes & des Organes oppofés , de la même façon ; fa PuilTance nous démon- tre par une Création uniforme, conti- nuelle & monter) tanéedans les individus — • -- - a 1 une goûte ou une portion de ces Se-; mencesavecle Microfcope, 1 1. Expérience contre les prétendues Molécules vivantes. Ayant exaéîenient obfervé ce que preferit jVf. de Buflon, pour examiner avec un bon Microfcope les Sentences des Animaux; j’ai pofe fur le porte- de toute nature, la magnificence de les objet de cct infiniment le Sperme des œuvres.- J’ai eu le bonheur de décou- Papillons des Vers à foye , que l’on a vrir une portion de ces Merveilles , & facilement en les preflant un peu entre ie crois que Fon me rendra jullice . ks doigts,' mais la lumière des bougies lorfqu on le donnera la peine de luivre qui éclairoit d’abord mon Microfcope , mes Obfervations. fuivant l’ufage de M . de Buflon , ne ré- Ma l gré ceci , M. de Buflon pourroit cbauffoit & n éclairoit pas aflez bien les encoie avoir vaiion , & les Molécules petites Bulles qui fe forment à l’infini petites bulles qui dans chaque goure de ces Sentences. Ces Bulles avoient alors des mouve- meits indéterminés lefquels M. de Buflon appelle d'ofcilliation , & n’agif- foient que lentement ; mais ayant tranf- porté le Microfcope au grand Air & au Soleil dans un tems ferain & trcs-cal- j’obfervar dillinélement que i'ac- me Vivantes pourroient exifler dans les ntâles & concourir dans leurs Veficules à la formation avant rémiffion de leurs Sentences ; niais comme cet Auteur ad- met des Molécules dans les femelles de toutes les elpeces, & même dans les infufions des Végétaux, il faudroit alors nécelTairement que ces Molécules bif- fent inutiles dans certains individus, tien des rayons du Soleil agiffoit bien pendant qu elles ferment leprincipe de plus vite fur ces prétendues Molécules , la formatton anima e dans les autres, e^qu aprèsavoircirculéautourdedivers L Axiome que la Nature ne prodiùt mn Corps folides & opaques qui fe for- T1,'’ ?[• 3 °r,5 '■'trillt> ntoient au milieu de cette femence , nônpnri^ mi f11’ V ^ar !ineautreEx’ elles prenoient toutes un mouvement L' r ™™ -"Ve "TV pe,u fa"e de P'ogtcd'.on félon la pofuion do S >- afluellcmeai . ) md.que ,a fal>on d>ob. ^ J, penK du Micpofcoî,e, 4' Observations sur l’Histoire Naturelle La figure de cliaque Globule étoit d’abord un peu ovale, &devenoit ronde enfuite ; elles paroilloient tomes en particulier creufes & pleine d'air ftib- til ^ arnfi que font les Globules qui font pouiïces du fond de i’eau par quelque Corps rempli d'air, dans lequel la pefan- teur de l’eau dominant celle de ce pre- mier Elément forme & chafïe des bou- les d’Air quelquefois ovales , qui s’ar- rondiflent enfuite vers la fupcrficie du fluide , où elles fe crèvent & difparoiff fent. Il n’y avoit aucune différence en- tre celles et & celles qui fe forment dans la Semence ; les queues qu’elles paroilfent avoir & perdre en meme tems , n’étoient qu’un prolongement de ces efpaces aeriens du côté d’où el- les partoient , lequel ne difparoilloit qu’en groffilfant les Bulles qu’il avoit formé.. M, de Buffon a pris ce prolon- gement pour des queues attachées aux Globules mêmes , & Leeuwenhoek les a greffes & a diminué les Globales , il les a même façonnés pour en faire des Vermicides. ( Voyq les 1 5 Figures qui fuivtnt celles de M. Needham , dans la troifiéme Planche, ) Ce font là les objets qui ont occafionné la Seâe des Vermi- culiftes ,& dont bien des perfonnes fui- vent l’opinion, fans fc mettre en peine de répéter l’Expérience & de mieux examiner les faits. Malgré l’avantage que j'ai fur bien des Obfervateurs, par lefccours du def- fein . qui me fait mieux diflingucr les objets , 8c quoique je fuffe certain que ces Globules n’étoient point des Molé- cules vivantes, je voulus voir fi vérita- blement elles avoient un mouvement particulier oppofé & dillinét de celui, que je voyois bien, que l’Air & le So- leil leur imprimoit. Pour m’en affluer parla preuve, je panchai le Microfcope à droite , alors les Molécules , malgré leur tourbillon particulier qtiiles ar » toit .luivoient une progreffon généré & déterminée vers le côté gand^ ( parce que les objets font renverf'* dans le Microfcope , le côté gauche n* roit le côté droit, &c. ) & iorfqUe j panchois le Microfcope à gauche f mouvement étoit déterminé à droite De plus , lorfque j’étois en face duStû leil , & que je panchois le MicrofCOp vis-à-vis cette Atlre , de forte qllc j poids des Particules entraînoient ie| Globules vis-à-vis le Soleil , que les rayons du Soleil les pouffoient parulle force égale & proportionnée dans |e fens oppofé , elles relloient immobiles & fans mouvement , c’ell ce qui f3j, voir qu’elles ne font pas vivante; ( Voyej Figure première Planche z.) ' Le Papillon qui a fervi à cette Expé- rience étoit accouplé ; je Pavois retiré par force de fa femelle pour obfervtr fa Semence , elle étoit plus chaude plus remplie de feu & plus aflive J celle d'un autre mâle qui n’avoit point encore vù la femelle 5 cette Semence iti s’elt plutôt refroidie. ( Voye^ U Fi> 2. même Planche. ) Il s’ell formé d’aborj des Corps opaques , & à mefurequele; Globules s’éteignoient par la diffipa, tion des Parties aeriennes, les parois de ces Globules , qui leur fervoient d’enveloppe , s’approchoient & grofTif- foient les Corps opaques , comme F, G. H. ( dans cette Figure > jufqu’à Ven! tiere ficcité du fluide feminal, La Figure troiliéme de la même Plan, che repréfente une goûte de femence humaine (prife dans un cadavre tout chaud , comme a fait M. de Buffon) où les Molécules étoient plus greffes qUe dans celle du Vers à foye , & dont le mouvement moins rapide ; par cette raifon, a laiflc plus long teins exifler le fluide & les Globules qu’il coutetioit. sur la Physique ’et sur la Peinture. 47 Que l’on répète préfentement ces expériences , 8c l’on verra fi les Molc- eules rivantes de M. de Bufïon ne font pas les Globules inanimés de M. Gau- tier & les Animalcules de M. Leeuven- lioek, Les autres Figures de la Planche deu- xième répréfentent les parties de la gé- nération des Papillons des Vers à foye mâles & femelles. Les Papillons des Vers à foye font fort amoureux, & paflent le relie de leur vie, après la fortie de leurs coques , à s’accoupler . fans manger ni boire. J’ai obfervé qu’à chaque éjaculation le mâle bat des ailes , c’etl ce qui lui arrive fort fouvent chaque jour. Il a de l'ouvrage , car il doit fournir des Embryons âpre/* qu’un tuilier d'oeuf que contient ordi- nairement la femelle. La femelle ne reçoit ordinairement qu’un mâle, mais quelquefois, pen- dant qu’elle pond fes œufs , le mâle lui fait inlidélité , & fe fert d'une autre fe- melle . & par conléquent produit de nouveaux Embryons. J’ai obfervé qu’un mâle peut féconder les œufs de quatre ou cinq femelles pendant le cours de fa vie , ce qui fait la produdion de qua- tre ou cinq milliers d’Embryon dans l’efpace d’un mois ; mais auflî il tombe en Paralyfie 8c meurt tout aufli-tôt fec & exténué, fans aucune goûte de Se- mence, ni d’aucun fuc dansfon corps. La Figure quatrième reprèfente les Parties génitales de la femelle , a , la Vulve ou l’entrce du Vagin 5 b, le Va- gin ; c , portion d’un Corps dur & an- nulaire qui entoure le Vagin ;d. Corps écailleux & très-dur , de couleur brune dentelé fur fon tranchant extérieur & «chancre pour couper les fils qui fuf- pendent les cents , ou pour mieux dire e cordon par où a paffe l’Embryon & les Liqueurs femtnalesic. Plumes qui entourent les Parties ; /, partie interne du Vagin ; g , œuf fortant du Vagin; h , Cordons qui fervent de Ligamens ronds; i, Vaifleaux de la Liqueur gluante & gclatineufe qui colle les œufs fur l’arbre ; k, l, Cordons qui lient les œufs , & dont nous venons de parler ; m, Vaifleaux fpermatiques ; n , portion de l’Ovaire. Figure cinquième , un œuf fécond & brifé au fortir du Vagin ; p , q , les deux portions de la Coque ; 0 , l’ Em- bryon un peu déchiré dans la fraélion de l’œuf. Figure feptiéme.la Véhicule femi- nale & les Tellicules dont nous avons parlé , a, l’Embryon. Figure lïxiéme. les Parties mafculi- nes ;r./, r, le Pénis ; r , le Gland & la Languette; j, le Corps du Pénis; t, les Proflates ; « , les grands Crochets qui affluent le mâle de fa femelle ;*v les petits crochets pour le même ufage ; y , la Baguette creufe qui dirige l’opé- ration & humeâe l’extérieure des Par- ties ; j. le conduit des Véhicules, La première Leffure de cette D il] erta- tion ejl dejlinée à l’Ajfemldèe de l' 'Acadé- mie de Dijon , pour la rentrée de cette année 1713 . Pour ce qui concerne le rejle de l'A- natomie des V ers à foye. V oye\ la troiféine Partie. PROPOSITION D'un étabhJJ'emcnt de Leçon de Dcffein' de Mathématique dans les Écoles publiques d' Anatomie o* de Chirurgie .• Y peutconnoître le Corps hu- main fans avoir aucune notion des au- tres Sciences ; mais alors je demande li l’idée , que l’on fe forme de cette admirable ilruÛure , eft parfaite St Observations sur l’Histoire Naturelle, fi on eft en état d’en donner raifon. On difféque dans plufieurs endroits beaucoup de fujets , on fçait à mer- veille détacher un Mufcle d’avec un autre, feringuer avec du Suif fondu mêle de bleu ou de rouge , le Vaifleau d’un Cadavre -, mais raifonne-t-on enfuite ? Cotinoît-on ce que l’on fait ? Cela n’elt pas pofïible fi on ne fçait que dilTéquer & li on ignore les connoilfances qui doivent accompagner celles de l'Ana- tomie. Lorfqu’un Anatomifte ne fçait ni les Mathématiques ni le Deflein , il peut ponnoître les attaches des Mufcles , 8c li vous voulez la place des Nerfs & des V aideaux ; mais il ne fçauroit les tracer fur le papier : ces parties du Corps hu- main ne font qu’imparfaitement dé- peintes dans fon Cerveau : s’il a recours à un DéfTinateur non Anatomifte ils ne s’entendent point ces deux hommes & feront toujours enfemblc de mauvais Ouvrages. C’efl comme les Obfervateurs au Mi- crofeope, s’ils ne fçavent aufli connoi- tre les effets de la lumière & de l’om- bre , & la figure & contour des Corps, ils prendront les Bulles pour des Mol- lécules & les Animalcules pour des Ref- forts : aiqfi que nous venons de voir dans la Dilfcrtation précédente. On ne manquera pas de dire après avoir lû le début de cette petite Ob- fervation, que je veux faire entendre qu’il n’y a que moi capable dans le monde de donner des Planches anato- miques & d'obferver les Objets, parce que je fuis Anatomifte Phificien 8c Peintre tout à la fois : on dira aufli que le Cours que je viens de com- pletter de toute l’Anatomie du Corps humain de grandeur & couleur natu-r relie en quarante - fix Planches me .{bonne de l’orgueil : M. Çautier, dira quelqu’un qui croira que egei fe garde , veut abforber & détruire t0 ^ ceux qui dorénavant voudront fe d’une entreprit fi confidérable ; nony en vérité ce n’eft pas là mon intention* Je veux, au contraire .confeiller à Antagonifles , à mes Atnis&àtouscer! dorénavant qui -voudront de donne. des Planches anatomiques de facrifiec trois ou quatre ans au Deflein, & ques années à l’étude de la Peinture de la Perfpeélive, 8c lorfqu’ils feront^ de leur fait , de fe montrer au pujj[jc On pourroit établir dans la Faculté de Médecine & dans l’Ecole de Chirur. gie des Leçons de Deflein, & de Ma, thématique, ainfi que les Peintres ont établi d’Atiatomie & de Géométrie dans leur Academie ; je m’étonne qUc l’on ait négligé ceci jufqu’à prefentî jj me femble qu’au lieu de n’obliger les Poflulans qu’à ne foutenir que des "Phefes en latin , ii faudroit encore les obliger à modeler de leurs doigts avec de la Cire telle partie du Corps hu. main qu’on leur indiquerait fur le champ & en préfçnce des Afliflans, pour prouver à toute l’Affemblée, qu’ils connoiffent le lujet fur lequel ils veut lent exercer leurs Inftrumens ou leurs ordonnances. Je connois laconféquen, ce & l’utilité publique d’un pareil éta- bliflement, c’efl pourquoi en bon Ci- toyen , je donne ici mon avis au Public! N’y auroit-il donc que les Chirur- giens & les Médecins exempts d’une Etude fi néceflaire pour développer les idées des Objets lenfibles ? Car les Militaires , les Ingénieurs , les Pilo- tes , les Çanoniers , les Jardiniers , & bien d’autres , qui certainement n’ont pas tant bpfoin de connoître lesRef. forts & la Figure des parties du Corps humains , apprennent tout au moins le Deflein & la Géométrie. sur. la Physique et sur la Peinture. &■ ♦ «$- A xfyÆ. «ig V >54. ‘V JW» e&4?&î m> <> &*&&&*&*&* & *$&&& LES DISPUTES DES PHILOSOPHES ET DES ARTISTES MODERNES. ©K«3Ca«38$< : «SSWttSSaOK : >ÆÎ^>;ÆCX4>'Æ^»-^3X- i? f t i sur. la Physique et sur la Peinture. de cette Mer. I.e Pere Kirclier prétend qu’il eft caché fous le Mont Caucafe, 8c qu’il communique à la Mer Noire , eu- lorte que la Géorgie 8c la Mingrelie for- ment au-deflus une efpécede Pont. II faut en dire autant du Golfe Per- fique , qui fert de refervoir à la Mer Cafpienne, 8c qui remplace dans le ballin de celle-ci les eaux que les vents en ont chalTces pour les faire entrer dans la Mer Noire. Il doit yavoirune femblable communication de la Mer Rouge à la Mediterranée. La jonftion invifiblc de ces Mers nous paroîtra moins furprenante , fi nous faifons attention aux exemples de même genre que la Géographie nous fournit en petit. On allure que le Ni- ger eft une émanation du Nil , qui sert ouvert une route par-delîous fa chaîne énorme des Montagnes de Nubie, d’où il continue fa route au Couchant & fe décharge dans l’Océan Atlantique. On eft aujourd’hui convaincu qu’il y a dans le Mont Taurus une Caverne vafle 8e profonde qui reqoitlc Tigre & lui offre un paflage du côté oppofé ; d’où après avoir traverfé le Lac Thofpites , ce Fleuve s’enterre de nouveau l’efpace de douze lieues , & reparaît enfuite pour déboucher dans l'Euphrate auprès de Babylone. Sans lortir de l’Europe, on fçait que la Guadiane qui fépare l’Efpagne du Por- jugal , parcourt fous terre trente-deux lieues de Pays. Le Rhône , après avoir franchi le Lac de Geneve . fe ]ette dans un Gouffre où il devient inviftble pen- dant une demi-lieue. La Rivière de Mole, dans la Province de Surrey en Angleterre , fe cache près de Boxhill jufqu’à une diftance coniidérable. On trouve près de Walworth dans la Com- te de Durham des puits, qui, félon des expériences faites fur les lieux, com- muniquent avec la Riviere de Tees ; par un canal fouterrain de deux lieues de longueur. Quil y ait pareillement des cavités dans la terre pleine d' exhalai fons prêtes à s’en- flammer , ou qui font même dans une con- flagration perpétuelle ; c’eft ce que les dif- férons volcans qui exiftent & qui fe for- ment tous les jours, ne nous permet- tent pas de révoquer en doute. On en voit fortir des flammes , des cendres , delà fumée, des pierres, des miné- raux , des marcaffites , 6c quelquefois des fleuves de bitume. Il n’y a point de partie confldérable du monde connu , qui foit exempte de ces bouches à feu. Plutarque difoit que les Gaules en é- toient franchies, mais depuis fou fié- cle on afouvent fenti dans ce Royau- me des tremblemens de terre , 6c il eft forti du leu des Montagnes d’Auvergne 6c du Fauçigny. Les Etats de Naples 6c de Sicile font expofes de ce côté-là à un péril continuel. Le Pérou n’eft pas moins fujet à de femblables cataftro- phes. On n’oubliera pas de Iong-tem-s celle qu’il a éprouvée il y a peu d’an- nées , parmi tremblement de terre qui s’eft ma ni fc lié fort avant dans les Mers , le long des côtes jufqu’à 6 oo. lieues au Sud 8c 1500. au Nord , particulari- té que je tiens du célébré M. Godiu , l’un des Académiciens envoyés par le R.01 pour mefurer un degré du méri- dien fous la ligne. On compte juf- qu’à quinze volcans dans cette longue chaîne de montagnes en Amérique , appellée la Cordeiiere des Andes ; en- tre lefquels il y en a un près de Guati- maia qui fe nomme le Volcan d'Eau , parce qu’il jette quantité de ruiffeaux ; un autre qui porte le nom de Volcan de Feu , 6c qui vomit des flammes fl vives , qu’on peut à cette lueur lire la nuit une Lettre à la diftance de trois milles.Onne Gij *2 Observations sur l’Histoire Naturelle; fçauroit eflimer les ravages que ces volcans ontcaufés en divers lieux & en divers tems. Il etl évident que de fi étranges boulverfemens forment des ca- vités inimenfes qui peuvent abforber des Rivières & engloutir des Monta- gnes. Audi les Ouvriers qui travaillent aux Mines dans ce Pays-îà rencontrent- iis à chaque pas des grottes & des ca- vernes , enfurte que ceux qui foulent la furface de ces terres , ne doivent jamais fe flatter de marcher fur lefolide. Si nos yeux pouvoient percer à tra- vers les croules plus ou moins épaifles qui nous cachent ces profonds abîmes , nous frémirions fans cloute à la vûe du danger que nous courons fans celte d’y être précipités avec les ruines de nos édifices. Seneque avoit médité le fujet que nous traitons ; il reconnoît qu'il y a par - tout fous nos pieds des fofTes creuféesqur peuvent à chaque intlant nous fervir de tombeaux. Iyamaticre des feux fouterrains eft d’u- ne force que nous ne fçaurions calcu- ler j à caufe de la diverjitè des ingrédient qui la compofent , tels que le Jouffre j le ni- tre, le Jd ammoniac , le bitume j l'arfenic , les cfprits métalliques de l’or , du cuivre , du fer , &c, &• tant u autres circonftances que nous ne connoijjons pas , çt- que nous ne connoitrons peut-être jamais. C’eft donc à la quantité & à la qualité de ces particules inflammables .relative- ment au plus ou moins de foliditç de la croûte terrellre qui les env ironne , que l’on doit attribuer les éruptions & les tremblemenspius ou moins vrolens qui fefont fentir, & qui, endétruifant d’u- ne part plulieurs lieues de Pays , font éclorre d’un autre des Montagnes & de nouvelles Mes, comme on Içait qu’il efl arrivé en divers endroits. Nous allons préfentement critiquer cet Hypothèfe 3 que l’on veut donner pour neuve 3 quoique ce foit à’peuprè*. la même que celle de M. Frézier , coIIW me nous venons d’oblerver. Critique de la précédente Hypothèfe. Toutconfifle dans cette Hypothèfe. à prouver que l’eau circule fous terre , & que la terre contient des cavités ple!nis d'exhalaifons prêtes à s'enflammer : niais l’Auteur en cela ne remplit pas ]es vues qu’il fe propofe. 11 veut enfujte nous expliquer lacaufe Phyfîque des tren,. blement de terre, & il ne nous détaille que les effets. Ce 11’eft point ainfi m», l’on phyfique. Ou fçavoit il y a Ion* tems que les Rivières fortent de la ter re , ainfi que plulieurs fources d'eaû vive , minérale , fulphureufe , &c.mais on fçait aulli pofitivement, qUe |es eaux proviennent de la filtration des Piuyes , à travers les tenes élevées & ordinairement voifines de cesfources & même des Rivières les plus fameu- fes. Cela eft fi vrai que les Piuyes aug- mentent iesrorrensqui forment lesFieu- ves 3c les Rivières, ainfi que ceux du Ail 8c de la Seine, & les font déborder de leurs lits : ies fources mêmes , & fe, filtrations des Rochers , ceffent lorfcjue- la fécherelle arrive dans un Climat, Peut-on révoquer en doute ces véri- tés ? Au lieu que cette circulation ima. ginaire,& inanimée, des eauxdelaAfer 11e nousa donné jtifqii’aujourd’huiaucu'. ne preuve de fou exiflence. Les exemples cités des Rivières qui difparoiffent , 8c qui reparoiflent en- fuite, après avoir coulé fous terre ua certain efpace de tems.. ne prouve rien. 11 eft naturel qucla pente deseauxtrou. vaut des cavités fouterraines,à la portée de leurs cours , s’y glilFc & en relîorte par des endroits où la foibleile desten res ne fçauroit la. retenir .: mais il fe-. sur. la Physique et sur la Peinturs, roit étrange de luppofer que ce (ut par traordinaire des eaux, il unedetde la circulation prétendue que le» eaux paroitlent&dilparoilfent'jainfi que font les Auteurs de cet Hypotlicle. 11 au roi t alors fallu prouver 1’adion & hréatiion des eaux de la Mer, non par le flux & le rellux.Ces effets n’ont aucun rapport à une circulation d’eatt élevée • une hauteur prodigienfe , en cornpa- falloit nous en expliquer la caufe-. A l’égard du IFolga qui jette dans la ’ Mer Gajpienneune Jt grande quantité d'eau ' qui innonàeroit tout le Globe terrcjhe dans iefpate d’un an. Malgré le débouché , que l’Auteur imagine au fond de cette Mer : nous Tommes très-peu portés , r a croire , o , que ces eaux remontent enfuite pour' fanon de celle de la plus grande éle- continuer la fource du IFolga. Nous ap- Vation du iitix de la Mer. percevons au contraire que ces eaux ta- l.e bon fens & la raifon , compagnons rilleiu en certains teins ; fur-tout lorf- fiddesdela Pfiilofophie, nous font-ils que les pluyes manquent pendant le imaginer que fi les eaux , par exemple, cours de quelques mois , ce qui ne de de l.i Mt*r Jane U nliif 01 XMTf-Vir ISIf 'irvMtni. P. -11 - * w • de la Mer , s’élèvent dans la plus grau de force du flux, à douze pieds lur le rivage d’une Cote, & que la fource d’un Ruilleau , ou d’une Rivière, fuit à cinquante ou foixante pieds au delTus du niveau de la Mer ; que cette fourcevient du meme mouv ement continuel de Pair qui force les eaux d'entrer dans les Jouttrrains les plus bas; ou de la preflion de la Lu- ne qui occafionne le flux de l’Océan. Mi Lune, ni l’autre, ni toute autre caufe, peut produire cet etïet. 11 faudroic nlurs, fi la circulation exiftoit.que com- me les eauxferoient libre dans cecas de monter à leurs volontés , contre les Ré- glés de la plus Line Phyfique, qu’il y eut des jctsd’eaufur le Cimet des plus lian- tes Montagnes, & qu'au lieu de trou- ver les fources à leurs Pieds , on les trouvât indifféremment par-tout. Les eaux de Verfailles n’aurotent pas tant coûte a nos Grands Monarques', \] les. veines d’eaux circuloient fur les hau- •eurs ainfi que dans les fonds; com- me il faudroit que cela fut, fl pHv- pothèfe de la circulation des eaux dans le centre de la terre avoit lieu. Eil-ce que les vibrations dtt Cœur ne font pas circuler le fang fur la Cime de la Te te comme fous b Pkmte des Pieds. En nous donnant un eflet li ex- vroit pas arriver fi elles circuloient. La ionélioirfoutcrfaitîe des Mers peut' et! e réeile ; mais cela ne prouve rien , & les preuves que certains Auteurs ont' vomnefonner des débris des Ni vires de' quelques Mers , trouvés dans des Mers (e paries où ces Navires n’ônt jamais abordé , feroit une caufe bien plus propre à prouver cette communica- tion, que la circulation des eaiix. St le fait tioit confia té par des Auteurs dignes de toi , ce feroit alors , com- me nous avons dit , les cavités de la terre pénétrées par les eaux d’une part' & de 1 autre , qui cauferoieut leur com-» munication : mais cette communica- tion feroit morte, elle ne feroit pas active ; i! ne s’agit pas alors d'une eau pouffée dans des conduits fur la farface de la terre , de quife replonge comme le Sang du Cœur dans les Artères , üc des Artères dans les Veines. Cette critique peut s’appliquer aui- fi au Sentiment de M\ Frcpier : mais la fui vante concerne celle des Piriles du Doâeur Lifler, nous -allons combattre un.s celle-là les Exhalai fons tic tous cea Auteurs , qui Je trouvent- dans 1rs tares , pt êtes a s’enflammer, ou qui font mime dans une conflagration perpétuelle ^ par IcL.di- verfitc des ingrédient qui la compofsnt » S 4 Observations sur l’ tels que le foujfre.le nitre , lefel ammoniac . le bitume ; l’arfenic , les efprits métalliques de l'or, du cuivre , du fer , &c. & de tant d autres circonllances que nous ne coimoif- fons pas. C’efl ainfi que parlent les Pnilofo- plies Cartéficns & Newtoniens. Critique du Syjlême du Dotteur Lijler qu'a- dopte l'Auteur de l’Hifioire des tremble - mens de terre arrives à Lima. * J’ai déjà dit.. Moniteur , que j’adop- tois votre Syllême delà feule impuljion des Rayons du Soleil fur les Pianettes & fur notre Globe. Je fçais à merveille diftinguer cette impuljion de celle du Syjlême moderne de Al. l’Abbé de Brancas & des nouvelles vues fur le Syjlême de l'Uni- vers j (que l’on fuppofe de M. l’Abbé de P. B. ) le fond de ces S y Aunes font bien différons du votre , le plein y ré- gné; l'Ether ambiant en eft le fonde- ment ; les Atmojphéres des Pianettes , les reAorts ; l'ELeffrifation attire &* réattive du Soleil & des Pianettes , en font le jeu. On trouve auAî dans le dernier de ces Livres , les Tourbillons Cartéfiens , ainfi que l c plein abfolu de Defc irtes. heicaufes n’y manquent pas , de forte qu’il y en a à clioifir. Je ne fuis pas fiirpris fl vous n’avez pas fait jufqu’à pré- fent la critique de ces Livres : vous fçavczbicn,à ce que je vois, que jamais perfonne ne les conlondra avec votre SyAême.Vous n’admettez, avec raifon, qu’une feule caufe univerfelle poin- tent mouvement, e'eA-à-dire , les im- ptdfons qui dérivent directement des Hayons du Soleil. La noble tîmplicué qui régne dans la Nature, le trouve dans vos Hypotlicfes & dans les Pliéuo- Hïstotre Naturelle, mènes que vous expliquez. Les tremblemens de terre & j v , cans n’ont pas d’autre caufe Iinpullion univerfelle, & je croisC'U? l’on ne peut gueres ajouter à ce^e vous avez déjà dit à ce fu jet , ?Ue fécondé Partie de vos Obfervàtion* } l’Année 17p. Mais vous me ^ , mettrez de dire ici quelque chofe d’appuyer votre raifonnement, mj ■ vérité foutient déjà aflez bien ^ même. Les Pirites du Doéteur Lijler [0n. peu fingulieres; on peut dire qUe Un Syflême eA neuf, & plus neufqUe C! lui de Newton, fon Compatriote **•" tout aulTi peu fondé. 1 ^ Ces fortes de pierres 11e fontpas; flammables par elles-mêmes , ^ J' ceptibies d’inflammation fans un ac; dent marqué , fans une flamme arde? te qui les embrafe ; elles font doncdaP un état pallif qui ne leur permet pas/ caufer le moindre feu dans les entrai!!* de la terie , fans une caufe étrange, (V peut prendre telle quantité qu’on v0;. dra de telle forte de pirite que cefoi" & les mettre auprès du Feu , ell«» s’enflammeront point ; on peut yi«. ter des étincelles delTus, elles 11e prc„' dront pas feu pour cela ; & ainfi jj toutes autres pareilles épreuves aux quelles on peut les expofer. U faut d0nc* conclure qu’elles ne peuvent rien opt. rer pour caufer des Volcans & des treia! blemens de terre. A l’égard de leurs vapeurs fulphurtufu elles ne peuvent avoir lieu , piiifij les pirites font enfermées parmi lesmj. ncraux & les terres, & qu’elles ne font point fémées fur terre au Las des cavi. tés, comme le gravier que l’on trou. * Qu’on ne foit pas furpeis ici , fi je critique mon ami, je fuis ami de Platon , mais tn^t plus de la vérité. sur. la Physique e ve répandu dans les Allées des Par- terres , moyennant quoi, les vapeurs n’ayant aucune caul’e étrangère qui ptiille les faire é’iever , & étant même arrêtées , fuppolé qu’elles culTcnt la fa- culte de s’élever elles-mêmes, le jeu n'y peut pas prendre. Les cavités que ï on trouve prefque par- tout fous les Montagnes , ne font point ré- voquées en doute ; mais elles ne favo- rifent aucunement le Dofleur Li/lcr dans les caufes qu'il veut établir. Elles ne peuvent faciliter l’inflammation des vapeurs , je fuis au contraire certain qu’elles le condenferoient lans l’afti- vitc des Parties de feu que le Soleil pouffe continuellement dans ces cavi- tés. Le Feu même enferme dans les ca- vités de la terre qui le conferve pen- dant quelque teins., s’éteint enfuite fans pouffer de flammes ; c’ell ce que l’on éprouve tous les jours aux Charbon- nières de Bois. Comment donc des va- peurs non allumées pourroient - elles former des flammes, ptiilque le Bois le plus enflamme s’éteint? Allumez , par exemple , du Bitume; du Soutire, &c. dans un Tonneau & f pendant que ces Compofitions brûlent , t étant bien enflammées, bouchez le fl Tonneau, le feu sY teint quelque tems P apres, & il ne fe rallume que quand « I vous donnez de l'air à ce Tonneau, je Or , quelle apparence y auroit-il que t? des Amples vapeurs dans des cavités fermées de toute part , ainfi qu’on le i fuppofe , fulfcnt en état de s’enflam- mer? Elles s’éieindroient plutôt fi cl- i ta étaient enflammées. Si pour parer l’argument , on fuppo- foit que les cavités euflént des iflues fur terre avant l’inflammation , les vapeurs fortiroient alors de cette iflue & ne cauferoiem aucun tremblement de ter- te , quand même elles s’enllamme- r sur la Peinture. 55 roient , ainfi que font les Volcans où la terre du tour ne tremble pas. L’Auteur répond mal d’ailleurs à rObjeélion , qu 'aucun corps ne s'enflam- me de lui- même , ( pag. 156. de la Tra- duélion ) , il cite , pour fe défendre , l’exemple du Foin mouillé, il pouvoit encore citer la Laine dans les Vaijfcav.x chargés de cette Marchandée. Mais il ne dit pas aulfi que ie Foin ou la Laine, fei- :hc ou mouillée , au fond de caile du VailTeau , lorlque les écoutilles font fer- mées , ne caufe aucune inflammation ; & ces fortes de corps relier oient conti- nuellement les mêmes. Sans l'air lubit que l’on lâche, dans les endroits qui les contiennent, & dont les Parties ignées qui y font contenues mettent en mou- vement celles qui ont été long -tems preflees par les Parties humides & les autres corps contenus dans la Laine. Parla même raifon , il faudroit que pour enflammer les vapeurs de ces ca- vités, dont il n’eft pas permis de donner des iflues avantfe tremblement de terre, fans en oter l’effet , comme nous avons dit , que l'air entrât fubitement , com- me il faut qu’il fafle, dans le fond du V ailleau , pour mettre le feu à la Laine trop ferrée dans la cale. C’efl pofitr- vcment ce qui n’arrive point dans les tremblemens de terre , car ils font or- dinairement précédés d’un grand cal- me; & l’on n’a jamais ap perçu dec ' dues (ubùes,qui fe.foient ouvertes, pour oc- calionner la flamme , ‘dans le fejour tranquille des vapeurs au centre de la terre. ün Agent aftif, connu, tel que vos Parties ignées, font la feule fouvee de ccs terribles elfets. C’ell ici , comme dans le Ciel, une flamme fubite qui fe forme par la preffion trop grande des Parties de feu & par le jeu de leur élallicné. Je ne répéterai pas ce que 5*> Observations sur l’Histoire Naturelle. vous avez dit tà-cle!fus , je le dis en- core, il ell inutile ; mais je confeille à ceux qui voudront philofopher à l’ave- nir , de ne pas s’écarter de vos Opi- nions. Je fuis. Moniteur, Votre très-hum- ble , tSec. De Verdun le i j Décem- bre 1752. ARTICLE I I. ■Conjeflitre fur la pojjibilité de la prédiction des tremblemens de Terre. "P L feroit heureux pour certains Cli- -R mats fi on pouvoit prévoir les trem- blemens de terre comme on prédit ce- lui des Eclipfes. Je crois qu’il y auroit moins lieu de fe tromper que dans 1 ap- parition des Commettes, puifqueles endroits où arrivent ces terribles Phé- nomènes, font llables & prefque tous connus; & que l'on ne cônnoîtgueres les Régions Celeftes oit les Commets les s’allument. J’ai déjà donné mon Mypothcfe fur la caufe des tremblemens de terre : mais la I ettre que nous venons de lire a reveillé mon imagination; & la Def- cription du dernier tremblement dé* ter- re arrivé à Lima en 1 746 , duqtici l’Au- teur Anonyme ne parle point , & qui Je trouve dans le Livre qui a fait le fu- jet de fa Critique, confirme prefque mes idées. On verra dans cet exemple que les •plus forts tremblemens de terre arri- vent dans l’oppofuion du Soleil & de la Lune,& commencent fouvent iorfque cette oppofttion fe forme avec celledu lieu propre au tremblement. Selon moi , cette fituation doit aug- menter l’aclion & la réa&ion des Par- ticules de feu fur le Globe terreRre • k par conféqttenï les efforts de ces P ’ ■ cales qui pénétrent les eaux & qui j!”1' gouffrent dan, les terres voilin les cavités fouterrarnes reçoivent i°U Parties de Feu journaliérement. Ci Les Habitans de Lima depuis [0 teins craignoient cette fàcheufe oppf fition. ^ ’ L’on remarquera ci-après qitedaP- le dernier tremblement de terre qMj ‘ opéré avec tant de violence , Ij^ a été produite parla preffion direâe du Soleil , jointe à celle de la Lune , aVec laquelle cet Allre étoit en oppoli\i0n & pofés directement l’un & l’autre L- le même degré de Latitude de Liin? Le Soleil étoit aux antipodes de Li m pendant quelaLunefe trouvoitau nit. Les Rayons du premier Agent de ij Nature pénétroit la Terre d’unepart tandis que ceux de la Lune I’imjm\{0jt’ fur faSurface, à l’enJroit oppolé les cavités fouterraines de Lima. Je Lu très-certain que fi l’on calculoit les tions du Soleil & de la Lune chaque !c; félon les endroits où arrivent ces i freux Phénomènes , on trouveroit,^ les momens où ils fe développent avû le plus de fureur , font ceux où l'Afo du jour trouve plus de facilité à pouffa fes Rayons dans les endroits propres 4 exciter ces révolutions. Defcription du dernier tremblement itjur, arrivé à Lima le 18. 0<3oi>re 1 745, » Ce coup fatal arriva à dix heurej * fv demi dufoir. félon les meilleures » Montres & les Pendules les mieux » réglées. Le Soleil étoit alors à cinq » dégrés dix minutes du Scorpion, 4 » la Lune à peu près au même degré du * Taureau. De forte que ces deux PI». » nettes étoient prefque en oppofitici: 4 P if] n K * M- $ TrJ.V'! .; w'- et» ^ w fj W\ f\ sur la. Physique et sur la Peinture. 57 » & le furent efleûivement cinq heu- perfonne ne fe put croire en fùreté , » res vingt-deux minutes après, c’ert- qu’il ne fût forti de la Ville. La Terre fecouoit les bârimens & les édifices avec tant de violence , que chaque choc en renverfoit la plus grande partie , dont le poids ache- voit en s’écroulant la deflruftion de tout ce qui fe préfentoit à fa ren- contre , & môme ce que le tremble* ... ... ment de terre avoit paru vouloir épar* vailes (uites , elles impriment cepen- gner. Ces chocs quoiqu’inflantanés , liant une terreur , pour ainli dire con- le fuccédoient cependant , & on fe » à dire , le :$ Oftobrc à trois heu- " rcs s o minutes du matin, a(pcft,qui, » félon toutes les Obfervations , a » toujours été fatal à ces Climats : » c’ert pour le plus fouvent fous fon influence qu’arrivent ces fortes de con- vulfions de la Terre , & quoiqu’elles n’ayent allez Couvent aucunes mau- tinuellc , aux Habitans par la vio- lence de leurs chocs. Mais dans cette derniere occafion, la deftruûion fut (top précipitée pour qu’on eût le tems d’avoir peur. On entendit tout trouvoit , fans le vouloir , quelque- fois tranfporté d’un endroit à l’autre: ce qui fut la fùreté de quelques-uns , pendant que les autres la dévoient au contraire à l’impolfibilité dans la- ^ U fois le bruit & on lentit le choc, quelle ils étoient de pouvoir bouger, on vit la dclolation par-tout ; de io r- Pour mieux s’en convaincre , il te que pendant 1 efpace de quatre mi- faut oblervcrque 3000 Mailons rem- nutes feulement , que dura la plus plilîoicnt les 1 ^o.Quarrés,ou ifliiës de grande force du tremblement , les uns bâtimens , contenus dans l’enceinte f «ro«yerent enfevelis (ous les ruines de la Ville ; toutes ces Maifons , avec ,Cb ma‘J.ons » ^cs autres écr3tcs dans quelques autres adjacentes & lesbou- « rues fous les murailles qui ieur tom- tiques, où Jemeuroient les ouvriers oient fur le corps , lortqn’ils cher- & les pauvres gens , y compris Je ho.ent à fe fauve r : !e plus grand Fauxbourg,ou le Bourg de S. Lazare, nombre s en efl cependant heureufe- qui eft de l’autre côté de la rivière * ; Sue^wM-uns dans les & qui communique à la Ville par le mines môm >s f " r ° -3Ut ccs enfcmble un logement fuffiiant pour Hiv avoienr mA ^ çavo,r c®mment contenir 60000 habitans , cjui réfi- q J la ’?'•"[ P“ Par)'en,r' 11 lembloit doient alors dans cette Ville , & quoi, de Uc 1 1 e rovidence prenoitloin qu’il en foit à peine refté vingt mai- la v p V C°n 'iUC P°Ur ^eur. iauvcr fons fur pied , cependant on fçait and;1 VCal tansrunc Çonjonüure moyennant les perquifitions exaâes d dS^anteLP< « °«*é faites , que le nom- - ,? ? ï 1 Si ’au- b" d“ mo"s « monte , à quelques- -..s lequel J “lA Ç’1 ‘'4' t, fùreté Ceux nui narr.;tT«;- . 1 .Cn Llma etoit parvenu à un fi haut fermes étoient fouvenr |CS r l?S ^eSre de perfeélion , qui puifle jamais bfe & le?plus foihT^ P]US amver à ««* Ville auffi éloignée de rififtoient quelqufifoi 1 ™ 1 Eu,rope » mais aufli incommode , k la conflernation fut fi .««de Enfi" If. l’aPPréhenfion continuelle de Année ijb3) Tom. I.PaT malheurs : tluouflie ks * Observations sur l’Histoire Naturelle Maifons n’y fuflènt que d’une hauteur médiocre, & pour la plupart d’un éta- ge feulement , les Rues y étoient fi bien alignées & fi régulières , que le coup d’œil en étoit merveilleux ; d’ailleurs elles étoient ornées de beaux Edifices, ce qui les rendoient auffi agréables que commodes aux Ha- bitans. L’on y voyoit quantité de belles Fontaines , oii l’on faifoit ve- nir de l’eau par des aqueducs fou- terrains ; fans parler de l’élévation des tours de chaque Eglîfe , & de la beauté des Maifons & Communautés Religieufcs ; à la conftruttion def- quelles le zèle des Habitans les avoit porté à des excès , dont ils n’avoient nullement envifagé le danger, en ac- cumulant tant de magnificence les unes fut les autres ; & l’on peut af- furer que fi cette magnificence n’excé* doit pas , au moins elle égaloit celle des plus fuperbes Bâtimens de ce genre qu’il y ait dans l’Univers. La beauté du deflein , l’élévation des Voûtes, les Cloîtres, les efcaliers : enfin tout y étoit fi bien achevé , qu’il ne leur refioit rien à défirer , pour la grandeur , ni pour l’élévation. Il y avoit foixante-quatorze Egli- fes , tant grandes que petites , fans parler de plufieurs Chapelles publi- ques , de quatorze Monaficres , d’au- tant d’Hôpitaux & d’infirmerie, qui formoient des Pièces , dont la richcf- fe des Matériaux égaloit la perfec- tion de l’ouvrage , foit que l’on con- fidérc les Peintures & les Tableaux , les ornemens des Lampes & autres Vafes d’argent : enfin les meubles des principales Maifons avoient rendu cette Ville la dépofitaire de tout ce qu’on peut trouver de plus précieux flans quelqu’endroit que ce foit. Chez les particuliers on trouvoit Commo- des , Miroirs , Tapifferies , ou atlt curiofités dont ils abondoient Z'5 parler de leur argenterie ; pJ ■ ?ns du gain , & les appas de l’or aJ- fait porter des Pays les plus éloig?' tout ce que le luxe & la vanité ^ inventer de plus agréable. Peut Dejlruclion de Callao & de J'(i^ bitans par le débordement de la Mer. Quelque touchant fpeâacle puifie aujourd’hui & de longte®^”* fenter à Lima la ruine de tantdeïZ gnificence 8c l’anéantiffement ce qu’ils étoient : an contraire il n’v j plus que des monceaux de fable j de gravier qui en ont pris la p/act Il eft vrai que quelques Tours i quelques-uns des Remparts ont fou. tenu pendant un tems la violence d., tremblement, & réfifté à la force de ces coups : mais les pauvres Habi. tans de ce Port commençoient 1 pe^ à revenir de l’horreur de la première allarme , qu’une défolation déjà pref. qu’entière & dont on ne peut pa, même donner une idée , venoit de répandre fur eux ; qu’auflitôt h Me: venant à s’enfler , le déborda à un fi haut degré d’élévation & avec tant de force , quoique Callao fit bâti fur une éminence au bord du rivage , éminence qui augmente cependant toujours en approchant de Lima , de forte que les eaux venant SUR LA PHYSIÛUE LT SUR LA PEINTURE. 5? ï tomber deiïus les Remparts , où neuf, & arrivoit de Gttayaquil où il elles étoient parvenues , fe forcèrent avoit été conftrnit. Le Navire de Don un paffage & fe répandirent au-delà Adrian Corzi,eft relie dans 1 endroit de leurs limites , qu’ils inondèrent où étoit l’Hôpital de Saint Jean de entièrement; elles firent couler la plu- Dieu; Sc le Vaiffeau le Secours appa- des Vailleaux , qui étoient à l’ancre tenant à Don Jean Baptifta Bacjuixïi- dans ce Portai entraînèrent les autres no, qui étoit arrivé le loir précé- pardeflùs les Tours & les Murailles, dent du Chili , où H avoit pris la car- & les tranfporrcrcnt bien loin au-delà guaiCort , fut jetté Vers les Montagnes de la Ville où ils les laiflerent à fec. Cordon. Tous les autres ont péri , Dans cctre furie, la Mer renverfa juf- excepté ces quatre (qttés fur la Terre, qu’aux fondemens des Maifons & des Les Magaûns où l’on dépoioit les autres Edifices, excepté feulement les marchandées qui venoient des Pays deux grandes Portes , & quelques étrangers pour l’entretien de cette fragmens des murailles qu’on voit en- Ville , & de fon commerce , telles core aujourd’hui dans l’eau , trilles que du bled, du fuif, du vin,del’eau- monumens de ce qu’elles étoient. de-vie, des cables, du bois, du fer, Tous les Habitans de la Place, qui, de l’étain , du cuivre , & autres fem- felon la plus exaftefupputation qu’on blables effets, ont tous été comblés en ait pu faire , montoient à près de dans ce bouleverfcment. D’ailleurs 5000 ames , de tout âge, de tout cette Ville étoit très-riche, & l’argent lexc & de toutes conditions, périrent y circuloit beaucoup, dans ce Déluge. J’ai été un peu avant, en donnant Nous avons lçu de ceux qui ont eu l’extrait de ce qui elf arrivé dernié- lc bonheur de te tauver , & qui font renient à Callao & à Lima , il fuffi- tout au plus au nombre de xoo , que foit de rapporter les dattes du trém- ies lames en fe retirant fe brifoient blement de 1746,0c la pofition des es unes contre les autres avec tant Allres, relativement au lieu où ils ont de force & entouroient tellement agi avec de fi ptiilfans efforts. Les eaux tome a il.e,quil ny avoit aucun qui circulent au centre de la Terre , les moyen e s échapper; & qu après que Pyrites & les vapeurs fulphureufes ne a force de 1 inondation fut un peu paroiffent plus perfuaiîves auprès des immuee , on entendit dans la Ville, raifons fi vraifemblahles ; mais que les* cris les plus lamentables. falloit-il dire lorfque l’on ne connoif- y. avoit lors du tremblement , foit pas Yïmpuljîen univerftlle du So- . _* , y tum. ^7 - »... r kiykvtb Utt CM/- yaifleaux tant grands que petits Itd , fa force aâive fur la Terre de fouillés dans le Port. De ce nomhrp fur 1rs antrp« Plan^tt^c J t.** Observations sur l’Histoire Naturelle , ARTICLE III. Remarque de M. Billet contre l’o- pinion de M.Berryat, Correfpon- dant de l’Académie Royale des Sciences , & Membre de la So- ciété Littéraire d’Auxerre , fur la manière de rendre le Fil in- combujlible au feu , & fur la pré- tendue caufe de ce Phénomène. LES Antinewtoniens fe rangent fous mes Etendarts , & fi je pou- vois donnerdix Volumes d’Obferva- tions par an , je les rcmplirois en par. tie des DifTertations judicieufes & fen* fées que je reçois contre la Philofo- phie de Newton , que l’on abandonne aujourd’hui infenfiblement. On verra dans la Differtation dont nous allons donner l’Extrait , Q_ue le feu agit fur les différents Corps qu ’on lui expofe en raifon inverfe de leur folidité , & en raifon inver- fe du quarre des Di/lances ; ceci efl copié de l’attraélion qui agit fur les corps planétaires en raifon inver- fe du quarré des diflances. Hypo- thèfe qui a tant donné de peine à nos Sçavants , pour déterminer les varia- tions & le mouvement de la Lune. Nous verrons cependant que la mê- me proportion , fur l’aélivité du feu, efl mieux déterminée ; & que lorfque le fil efl tout contre le métal , & qu’il n’y a aucune diflance entre lui & le fer ; alors par cette définition de la Raifon inverfe du quarré de la diflance, le Fil ou le Papier ne brûle plus : au lieu que lorfqu’il en efl tant foit peu écarté , cette raifon étant moins con- fidérable , ces Corps légers ne font plus incombuflibles. M. Billet m,; „ • j . i ne connoit rien dans tous ces quarrés des diflances donne des raifons p[as naturelles que j’ai été tenté d’adop. ter , mais ce ne fera qu’après le jUge. ment du Public. Extrait de la Differtation dt AI. Berryat. ( Journ. dt Verdun , 4 Mars lyhj. Un Etranger ( de Provence ) en- voya dernièrement à une de nos Af. femblées Littéraires , une Pierre de Foudre, prétendue , à laquelle il attri. buoit des jjropriétés mervcilleufes , qui pa/Tenf pour inconteflables dans fon Pays ; celle qui me parut la plus incroyable , étoit de rendre du Fil or- dinaire dont on entoure cette Pierre , incombuflible au feu le plus ardent, & même à la flamme. L’expérience que nous en fîmes dans notre AfTem- blée , en jettant cette Pierre enve. loppée de plufieurs tours de Fil dans le brafier le plus ardent , nous fit re. venir de notre incrédulité , le Fil for. tit en état , du feu oh il étoit refié en- viron fix ou fept minutes : je vous avoue, Monfieur, que je ne fçavois à quelle caufe phyfique attribuer le Phénomène ; mais je ne pouvois con. fentir à accorder cette propriété à cette Pierre , malgré l’évidence qui frappoit toute l’AfTemblée. Mon opiniâtreté me fit imaginer une expérience qui l’emporta fur les meilleures raifons , & qui détruifît de fond en comble la fiipcrftition du Peu- pie , j’entourai la queue de la pelle à feu de plufieurs tours d’un Fil pa- reil à celui dont oh s’étoit fervi, & je l’expofai beaucoup plus long tems que la Pierre à un feu aufîi vif, & mê* sur la Physique et sur la Peinture. 6i me à la flamme : le Fil n’en reçut au- cune atteinte , & parut aufli incom- buftible que le premier , donc cette propriété n’appartient pas plus à la Pierre de Foudre qu’à la queue de la pelle , & fans doute à bien d’autres Corps ; U me reftoit toujours à fça- voir la raifon de ce Phénomène , affez fingulicr. J’ai cherché à m’en inftruire depuis par voye d’expérience-, c’eft la lèule méthode de convaincre en Phyfiquc : je penfe que vous ne feriez pas plus fatisfait que moi , fi je vous repréfentois la matière étherée , ou du fécond Elément de Defcartes allez fubtile pour palier librement à travers certains Corps, d’une Nature trop po- reufe pour la retenir, & allant atta- quer par delà des Corps plus folides & plus propres à fixer fon aétion ; c’é- toit l’excellente raifon qu’on donnoit autrefois pour expliquer les effets fur- prenants du Tonnerre fur la lame d’u- ne épée , fans en bleffer le fourreau , raifon d’autant plus fatisfaifante qu’el- le offroit quelque Analogie avec cer- tains diffolvans de Chymie qui n’ont d’aftion qie fur les Corps les plus fo- lides , tels que l’or , & qui n’en ef- fleurent feulement pas d’autres , mê- me beaucoup plus faciles à diffoudre. Toute la folidité apparente de ce beau railonnement vient d’être anéan- tie par les admirables découvertes de M. Franklin fur l’Eleôricité , teleft le fort des plus beaux fyftêmes, loi fqu’on les expofe à la lumière de l’expérience. Voyons donc , fi notre Phénomène envifagé par plufieurs faces , ne nous préfentera pas lui-même la raifon que nous cherchons. Lorfqu’on pouffe un peu plus loin l’expérience du Fil ex- pofe au feu autour d’un cylindre de ter ou de pierre , & qi’on donne à ces Corps le tems de rougir , le Fil ceffe d’être incombuftible ; Iorfqu’on appli- que du même Fil fur un cylindre de bois bien poli , & qu’on l’expofe au feu ou à la flamme il brûle prei'que fur le champ. Tout le monde fçait , que fi on jette du même Fil au feu fans être appliqué fur aucun Corps , il brûle encore plus vite. De crainte que l’on ne foupçonne le Fil appliqué fur le cylindre de fer d’être capable de réfifter par fon tiffu à l’aftion du feu , je me fuis fervi d’un Corps plus combuftible ; j’ai envelop- pé de papier un cylindre de fer , je l’ai expofe fur des charbons ardens , & lui ai laiffé beaucoup plus de tems qu’il m’en falloir pour brûler le Papier ; mais je l’ai retiré fans aucun figne de brulure , il étoit feulement taché com- me s’il avoit touché du charbon non embrafé. Voici une expérience bien plus for- te : j’ai pris un morceau de Plomb convexe d’un côté & plat de l’autre , femblable à ceux que les Dames font mettre dans les bottes de leurs man- ches ; je l’ai enveloppé de papier le plus exaftement que j’ai pu, du côté de la convexité , & je l’ai expolé de ce côté-là fur la flamme d’une bougie pendant très-longtems fans pouvoir briller le papier , qui a pris feulement la couleur du noir de fumé. ; enfin je l’ai laiffé jufqu’à ce que la chaleur de la flamme ait fait fondre le plomb , qu’on voyoit fuinter à travers les po- res du papier , & tomber en forme de gouttes , fans que le papier offrît au- cun figne de combnftion. On voit par toutes ces expériences, i°. un principe dont tout le monde étoit déjà bien convaincu ; c’eft que plus les Corps font iolides , plus Us font lents à s’échauffer ; d’où l’on peut Conclure que It feu agit Jur la différents 6* Observations sur l’Histoire Naturelle., Corps qu'on lui expofe en raifort invtrfi de leur foiidité. i° On fçait que le feu manifefte Tes différens degrés de force & d’aûivité, par les trois différens états de chaleur finiple , d’embralement & de flamme. 3°- Le feu , comme tous les fluides, tend toujours à fe mettre de niveau dans les Corps qu’il pénétre ; mais fuivant une certaine proportion que des Sçavans ont fixé par des expérien* Ces k la raifon inverfe du quarre des dif- tances. La première (urface d’un Corps ne prend tous les degrés de chaleur dont elle eft fufccptible , que lorfque toutes les parties contiguës de ce Corps en ont reçu la quantité prêt, crite par cette Loi. 4°. Ce qui arrive dans un même Corps expofé au feu , doit s’appliquer à deux Corps , qui , en fe touchant exattement , ne font qu’une même mafle : c’eft ainfi qu’un vafe expofé fur le feu s’échauffe bien plus vite , lorfqu’il efl vuide que lorfqu’il con- tient une certaine quantité d’eau; par- ce que dans ce dernier cas les degrés de chaleur ne fe repartiflent dans l’eau qu’au préjudice de h furface du vafe qui touche le feu. Faifons l’applica- tion de ces principes, diûés par l’ex- pcrience à celle du Fil, ou du Papier incombuffible. Nous fçavons combien ces Corps feuls jettés au feu fe brûlent & s’en- flamment facilement , parce que le feu n’y trouve pas une iolidité fufltfante pour arrêter fon aélion. Si nous en en- veloppons un cylindre de bois , ils ne feront pas plus longtems à femirl’im» preflion du (eu que le bois lui-même ■$; enfin li on les applique le plus immé- diat, ment qu'il efl poflible fur du fer ou quelqu’autre métal , leur coœbuf- tion ire doit arriver que lorfque les parties contiguës du métal feront pjr. venues à un dégré de chaleur prop0r. tionné à celui qui efl néceflaire poUr cette combuflion. l es Corps combuf. tibles , avant de brûler, paffent par differents degrés de chaleur ; mais fi à mefure qu’ils contraûent ces diffé- rents dégres de chaleurs , ils (ont obli. gés de les communiquer 8t de les ré- partir à d’autres Corps qui les tou- chent immédiatement : il eff clair que la chaleur des premiers n’augmentera que lorsqu’ils cefieront de la commu- niquer aux Corps contigus , c’eft à- dire , lorfque la chaleur fera de niveau de part & d’autre , alors les deux Corps n’en forment plus qu’un , par rapport au dégré de chaleur -, & pour peu que l’alHon du feu continué , ils parviendront l’un & l’autre en même tems au dégré néceflaire pour la com- buflion,ou la diffoIution,du Papier, ou du Fil , applique. Ainfi fnppofé que le dégré de chaleur néceflaire pour la combuflion du Papier loit , iO. & que le dégré de chaleur proportionné dans le cylindre de fer , par rapport à fa mafle foit 1000. C’eft à-chre qu il tail- le iooo dégrés de chaleur pour faire rougir un cylindre de Fer , & qu’il n’en faille que io. pour enflammer le Papier ; fi ccs deux Corps font con- tigus , comme nous le (iippofons , le Papier ne pourra parvenir à (es dix dégrès, que lorfque le Fer aura reçu fes" iooo. de forte que s’il en man- quoit cent au Fer , le Papier n’en pourroit conferver que neuf pour de- meurer de niveau l’un avec l’autre c’eft pourquoi le Papier fera auflilong- tems à acquérir les dix dégrés de cha- leur, qui doivent l’enflammer , que le Fer en mettra à acquérir les iooo dé- grés qui doivent le rougir : Voilà , je penfe , la raifon qui retarde la com- SUR. IA PHTSÏQUE SI fcuftion du Fil ou du Papier immédia- tement appliqué à quelque Corps fo- lide , tel qu’une Pierre ou quelque Métal ; je dis immédiatement , car j’ai obfervé que le moindre intervale entre l'un & l'autre ejl capable de faire brûler le Papier aujji promptement que s'il étoit feul. Critique de cette opinion par M. Billet, Je me ferois contenté d’abréger la queftion dont je veux vous entrete- nir, fi j’avois cru la chofe poflible fans la priver d’une partie de fon jour; cela ne m’ayant pas paru pratiqnablc, j’en ai tait l’Extrait , afin que ceux qui ne l’ont point lu dans le Journal de Verdun de Mars dernier , foient en état de juger mieux qui eft celui qui a trouvé la véritable raifon du Fil incombufhble de M. Berryat ou de Moi. Quoique j’aye pour lui toute la conlidération poflible, & que je re* connoiflfe toute la fagacité qu’il a em- ployé pour expliquer le Phénomène , il me permettra cependant de lui dire que la raifon inverfe de la lolidité & du quarré inverfe des diftances , n eft point le véritable moyen pour réloudre la difficulté apparente d’un tel Phénomène : J’ajoute bien plus , rien au monde n’eft plus fimple a dé- finir. L Eau & l’Humidité qui pénétre plus ou moins dans tous les Corps , meme les plus durs , dévoile ici le my Itère. Tous les jours la Nature fe joue de plus grands Phyficiens , elle leur fait chercher au-delà du naturel les caules qui font le moins compo- lées , & qui s’offrent le moins ordi- nairement à ces Sçavants qu’aux per- fonnes moins inftruites. Tel eft donc ici le mot de l’Enigme. sur la Peinture. 63 I.’Eau eft la caufe unique qui rend le Fil , le Papier , St tout autre Corps incombuftible , lorfqu’ils font inti- mément appliqués fur des folides plus ou moins pénétrés par l’humidité , & dont les Particules qui compofent leurs furfaces , font les plus unies. i°. Perfonne n’ignore que les Corps les plus durs, les Métaux mêmes n’ac- quiérent plus ou moins d’humidité , fé- lon qu’ils y ont été plus ou moins ex- pofés. i°. Que les Corps rejettent & exhalent cette humidité en les appro- chant du feu. Tel eft un morceau de Fer , qui devient humide & fe couvre d’une vapeur d’eau, lorfqu’on l’appro- che du feu par dégrés ; ce qui arrive encore après un grand dégel. La cha- leur qui fiiccéde au froid , qui avoit comprimé l’eau dans tous les Corps folides , comme dans le Fer & dans le Marbre , s’exhale & en fort d’une fa- çon à ne pouvoir douter d’un tel effet & de fa caufe. 30. On fçait que le bâton le plus fec , fe cafferoit fur le genouil , fi on entreprenoir de le rcdrefl'er , dont on fait cependant ce que l’on veut, lorf- qu’on l’a expolé aux charbons ardens ou à la flamme ; l’eau qui étoit cachée dans fes interftices , en fort par le moyen du feu qui la raflemble à fa cii conférence , &. donne par ce moyen la facilité de le redreffer , ou de le re- tourner eu différentes formes ; mais nous exceptons le Bois , que M. Ber- ryat donne pour exemple des Corps , qui n’empêchent pas la combuftibilité du Fil ; à caufe de fa trop grande po- rofité , qui empêche que le Fil ne tou- che fi intimément les pores de fa fur- face, comme il fait fur celle des Corps durs & métalliques. Ce n’eft donc pas la raifon inver- fe de la folidité des Corps qui fait Observations sur l’Histoire Naturelle, échauffer plus ou moins vite ceux qui font folides ; mais c'efl la raifon de leur plus ou moins grande humidité , & de la plus parfaite union de leurs articules ; vis-à->ris néanmoins d’un il égal en proportion, du plus ou du moins d’humidité qu’ils contiennent. Le Fil ou le Papier, que vous appli- querez immédiatement fur un bâton de Bois verd , brûle , non pas à raifon de l’humidité du bâton qui eftpluscon- fidérable que celle du Fer , mais à rai- fon de la porofité de fa furface vis-à- vis un manche de pelle à feu , ou de tout autre Corps métallique. Ne fait- on pas rougir tous les jours une Vergette de Fer par une extrémité , lorfque l’autre bout , qui fera diftant , fuppofé, d’une toife, ne fe reffentira pas de la chaleur de cette extrémité ? Tout le monde fçait d’ailleurs que les gens de Campagne environnent un Œuf de Fil qu’ils mettent cuire au feu, lequel Fil demeure incombuflible juf- qu’à la parfaite cuiffon de l’Œuf , fins qu’il foit endommagé du feu. Dira-t- on que c’efl à raifon du quatre des difiances , ou de la raifon invtrfe de la folidité de l’Œuf ? Je crois le con- traire fuffifamment prouvé. ARTICLE IV. Prétendu Mort rejfuf cité. ON trouve dans les Papiers An- glois & dans une Gazette de Fran- ce de cette année 17 5 3 , la Méthode fuivante pour reffufeiter les préten- dus Morts. Cette Méthode vife cer- tainement à contredire quelque véri- té : elle décideroit la Quefiion entre M. Bruhier & M. Louis , fi elle étoit véritable. » Un homme ayant été fuffoqué par » des exhalaifons de Charbon de Terre » qu’on avoit allumé dans une mine, on h le crut mort. Il avoit les yeux fixes, >» la bouche ouverte , tout fon corps » étoit froid , & l’on ne fentoit aucun » mouvement, ni au Cœur , ni aux Ar- >• tères. Un Chirurgien nommé Guil- » lautnt Taffack, imagina qu’il pourroit » le rappeller à la vie par un moyen> » qui paroîtra extraordinaire II appli- » qua exaûement fa bouche fur celle » de cet homme , dont il terra en mê- » me tems les narines ; & en foufflant » fortement , il fit enfler fa Poitrine : » ayant continué de iouffler ,il fentit » fix ou fept battements de Cœur très- » vifs , La Poitrine reprit ton élaflici- » té , & bientôt le Pouls fe rendit fen- » Cible. Le Sr Taffack ouvrit auffr tôt » la veine au prétendu Mort : le Sang » fortit d’abord par gouttes, & un quart » d’heure après il coula librement. Alors » il fit ftcouer & frotter le Malade , une » heure après celui-ci reprit connoijfancef » & s'en retourna cht{ lui. Il y a quelques années qu’on annon- ça à Londres qu’une Femme avoit ac- couché d’un Chat , je fus , quelque tems après la vogue du Public , dans cette Ville. Je vis la femme enquef- tion, qui gardoit le Chat dans de l’Ef- prit de Vin chez elle , je lui donnai une Guinée pour découvrir le myftère du prétendu Phénomène : elle m’avoua que ce n’étoit qu’une feinte qui avoit un peu raccommodé fes affaires, & même celles de l’Accoucheur , aux dé- pens des perfonues crédules. On trouve dans IcsTranfaélionsPhi- lofophiques de 1697, N°. 227. une Fable de cette nature , d’un prétendu Accouchement par l’Anus des Os d’un Fœtus. On eft fort fujet à Londres à ces fortes d’événemens. SUITE. ART. V. SUR. LA PHVSIQUË ET SUR LA PEINTURÉ: H SUITE DES DISPUTES DES PHILOSOPHES, £ T DES ARTISTES MODERNES. ARTICLE II. Réponfe aux Obfervationt de M. Le Cat. Pur M. * * Exoriare aliquit nofkis ex «flîbus uUor. Ænc'td. L\b. IV. ‘ACADEMIE de Dijon , con- ne fut qu’au mois d'Aout r 7 ç 1 , qu’el- ■ tente d’avoir appris au Public, le en, fut infimité par le Mercure de qu’aucun de ceux qui la compo- st n'étoit l’Auteur de fa prétendue Réfutation du Difcours de Monfieur Roulleau, imprimé en 1 75* 1 , & d’a- voir forcé Monfieur Le Cat à déda- in Recette linguliere Réfutation étoit France, quiavoit annoncé le défaveu dontil s'agit. Ce défaveu n’auroit jamais eu lieu , fi M. Le Cat avoit voulu figner fa Réfutation , ou ne la pas faire paroî- tre fous une fauffe dénomination. Il . 0 ....... ...... fe feroit épargné une vérité qui lui a on Ouvrage, a conilamment refufe d’y paru dure, & que tout autre que lui répondre, n’auroit pas relevée. Mais comme M. Le Cat , accoutumé Ce défaveu que I’Antagonifle de l’A r. 6 urcr avaniagc de tout ce qui le pré- cadémie , regarde comme inutile , ne l’é cnic , pourro:*. prendre ce filence pour ri m “ne défaite entière ; il trouvera bon , s'l lui plaît, qu’un Particulier, qui P5!J’ rrc^:' prendre ce filence pour toit cependant point. II y étoit moins 1 L 1 e enucre ’ ^ trouvera bon . quellion de faire connoitre au Public , l’Auteur de la prétendue Réfutation , que l'Académie auroit fans doute laiffé dans le néant, que de lui apprendre qu’elle n’étoit pas l’Ouvrage de l’un de Tes Membres: ces MM. font trop inflruits des bienféances pour écrire contre une “a pas plus d’intérêt que lui à la que- rç ,e M» RoufTcau , fe charge defai- |e voir au public, combien font mal loiJdees les imputations répandues dans les Obftrvatieru. 1 ° .i proccuer avecquelque méthode, dccifion de leur Corps. Ces motifs font uisfuivre M. L.C.dansfes faillies, Se tropjulles , & méritent bien les peines apporter les termes dont .L eft fervi. qu’a pris pour cet cliet l’Académie. Lorrque V Academie rendu public le D’autres Auteurs ont attaqué avant M. tnUnq?om f°r- *““»£**- Le Cat,e Difcours de M. Rouffeau . ve w.We ^ „ uoyen de Gene- fans que l’Acadcmie qui ne l’étoit pas Dijon r elle icnoroit fcjd^11IC'en de perfonneUement , eut crû devoir s’en ui|oo , elle ignorait fon Auteur ; ce plaindre. Annee 1755, Tome L Partie L \ 66 Observations sur l’Histoire Naturelle Eile a lu avec une admiration ref- pedueufe , la Réponfe attribuée à un Monarque , plus Grand encore, s’il ctoit polîïble, par fa valeur & par fa fagefle, que par le titre augufte dont il eft revêtu ; elle a lu avec une fatis- fadion infinie le Difcours d’un Acadé- micien de Lyon , fur les avantages des Sciences , & elle l’a regardé comme un modelé de politelle , qui devroit en être un pour tous ceux qui veulent écrire. M. Rouffeau auiTi heureux que flatté d’avoir de pareils Adverfaires à com- battre , leur a répondu fur le même ton. C’ctoit fa propre affaire 8c nulle- ment celle de l’Académie , qui éta- blie ainfi que toutes celles du Royau- me, pour juger du mérite des Ouvra- ges qui lui font adrefles, n'efi compta- ble qu’au Public des motifs de fes dé- diions, & ne s'amufe point à les dif- cuter avec quelques Particuliers , en- vieux , ou mécontens. Elle auroit tenu la meme conduite vis-à-vis de M. Le Cat, fi fans pro- vocation , & fans avoir rien à démê- ler avec elle , il ne fe fût avifé de faire, ce qu’il appelle , une [ortie , en atta- quant l’Académie fous un titre fup- pofé , dans une forte de Réfutation , qui ne devoit regarder directement que le Citoyen de Geneve: alors l'Acadé- mie auroit feint de croire, avec le Pu- blic , que cefl avec la plus grande répu - gnance que AL Le Cat sefl déterminé à publier toutes les louanges qu’il a refîtes au fujet de cet Ouvrage , dans près de vingt Lettres de félicitation , dont il veut bien faire grâce au Public. Il y a, difoit M. Pafcal, de certai- nes perfounes qui pour faire voir que Ton a tort de ne les pas ellimer, ne manquent jamais d’alléguer l’exemple des Perfonnes de qualité qui les elli- ment. Ne feroit-ce pas-là précifément la fituation où fe trouve M. pe 1 1 Qu’il s’applaudi fe donc de fonnréipV du triomphe ! On pafferoit à M. Le Cat fafaço d’écrire , mais on n’a pu lui paV ï fon déguifement , qu’il appelle tan! t qu’il voudra cette fuppofitioti tnanj, fefle , ftratagême permis & ufité dans" ! toutes les efpéces de guerres , elle n’eft pas moins contraire à un homme i, tj Lettres. Que MM. Pafcal, Saas & tant d’au. j très Perfonnages Illuflres , aufqUeis M. Le Cat le compare hardiment J ayent écrit fous des noms emprunté! contre les Jéfuites & les Benediâin$ fans avoir reçu aucun reproche de |eu’r part, c’efl une queflion dont onpeet » bien douter, St dans laquelle on ne m doit point entrer; mars leur filence > ne doit point être une régie pour l’ A. t cadcmie, & ne peut pas l’empêcher j de trouver le procédé de M. Le Cat ji fort extraordinaire, & de s’en plaindre « clans le cas où l’on fait parler l’un de fes Membres. M. 1..C. malgré fon goût pour ces for. tes de Difputes , feroitbien fâché fi dan* \ fon déguifement, fous le nom d'un Aca. « démicien de Dijon, on ne lui fupp0. , foit pas les mêmes motifs qu’a eu A|, j l’Abbc Saas. La conduite uniforme J qu’il tient dans fes Obfervations ne per- , met pas d’en douter. Qu’on life la prétendue Note furune ;t Nouvelle Société Littéraire , ér k Pafy j[ Latin qui fert de Corollaire aux injures qu’il dit à l’Académie. Cet endroit du i Pfnlmifte, fait pour des Athées, que . L. C. confond ici avec les Gens de Let- tres , cil adapté à l’Académie de Di- t jon ; & bien-tôt tous les Antago- j nifl.es de M, Le Cat ; feront rangés 0 iif t'Jip é $»■ f K i iter /! ’j "■ i;5 ■'' $h tl\ $t'\ A Pfjl j? . ï»*' PI. tu": tr / fi{ P 9 sur la. Physique et sur la Peinture. 6j dans la même Catégorie. ne font que trop fenfibles ; M. Le Cac Il elt cependant bien extraordinaire auroit alors loué l’Académie de l’avoir qu’un homme qui a l’honneur d’être donnée, & M. Rouffeau d’avoir dcer- Membre d’une célèbre Académie, faffe dé que les Sciences avoient plutôt nuit femblanc d’ignorer les égards qui font aux mœurs, qu’elle ne leur avoient été dù> de la part d’un Particulier , aux favorables, par la pernicieufe applica- Compagnies de Gens de Lettres; & tion qu’en avoient fait la plupart des Sçavans & la plupart des hommes. L’Antagonifte de cette fage quef- tion auroit bien dû fe livrer avec moins d’impétuofité àfon zélé prétendu pour que s’érigeant en Réparateur des torts prétendus faits aux Sciences , fous pré- texte de venger les Belles Lettres , fen- fible plutôt à l’affront public qu’il croit tecevoir, décharge fa colère contre des $<;avans refpeétables, qui ne demandent que la paix , la droiture St l’avancement des Arts. Oh , dit M. Le Cat , ils ont eu l 'im- prudence de propofer un Problème ftngulier ; il tji Jcartdaleux quelle ait rendue proble- Ies Belles Lettres ; il lui auroit été facile alors de s’appercevoir combien les re- proches dont il a accablé V Académie , font mal fondées, mais il vouloit lut dire des injures St réfuter une vérité qu’il connoît lui-même ; St tout cela , parce que ce n’étoit pas lui qui l’avoit m tique une quefiion , dont l'affirmative a. dite, mais AI. Rouffieau. toujours pajjé pour confiante. Sa dècifion m faveur de la négative efi encore plus extraordinaire ; cefi une coffip ira tion contre h République des Lettres , dont ils ont tra- hila caufe, ils veulent leur lubfiituer l’igno- rance & la Barbarie. On ne doit pas douter un inflant toute quellion qui mérite d’être Agitée , ne foit problématique ; ou de « part de celui qui la fait , ou de la part de ceux qui la reçoivent. S’il y a quelque quellion dans le cas d’être éclaircie , celle-ci en efl une des plus importante., & des plus dignes d’être propofée. t °. Elle tend à fçavoir l’u- lage que l’on pourroit faire des Scicn- Ces i des Arts & des Belles Lettres. 2». A connoïtre l’ufagc qu’en ont fait les hommes depuis leur établiffemem. 3°. A chercher les moyens d’en corriger les pernicieufes applications. Si le Cri- tique outré de cette queflion , avoit mieux faifi l’efprit de l’Académie en a propofant , celui de M. Rouffeau en voulant mettre au jour des vérités qui Les mêmes raifons que nous venons de donner ici, ne font que l’Extrait de celles qui ont été déjà données par l’Académie. M. Le Cat n’avoit qu’à lire dans le Mercure du mois de Novembre 175-0, coque penfoit alors l’Acadé- mie par le compte qu’elle rendit au Public (le feul juge qu’elle doive re- connoître ) des motifs qui l’avoient déterminée à couronner le Difcours de M. Rouffeau: Voici comme elle s’ex- pliquoit. » Ceux qui ont foutenu avec le plus » de force le Parti de l’affirmative , ont » été contraints de fe rabattre fur la » queftion de Droit , mais l’Académie » ne demandoit pas feulement fi les » Siencespouvoient épurer les mœurs , » puifqu’elle n’en doute nullement , » mais fi réellement elles les avoient » épurés, c’efl-à-dire , fi par leur com- » merce les hommes étoient devenus » plus vertueux, plus fociables , plus » équitables. C’étoit à ce point de fait » qu il falloit une Démonfiration, Ceux Iii Observations sur l’Histoire Naturelle * qui étoient pour l’affirmative ne l’ont * pas donnée, ils ont tous arguraen- * té du fait parlé Droit, au lieu qu’ils » auroient dû prendre la route oppo- » fée, puifque fuivant les Jurifcomul- » tes exfaâojus oritur -, ils en fentoieni * fansdoute la difficulté : mais ils de. » voient convenir de bonne foi , que * les Lettres utiles & néceffiaires à cer- » tains égards n’or.t pas produit l’eiTct » que l'on devoit en attendre. Parleur » commerce , nos mœurs loin deve- » nues plus douces & plus fociables , » elles ont même dépouil c leur anti- » que férocité , l’éducation de l’ulage » du monde ont pu opérer ces clian- » gemens , mais plus éclairés que no3 » Peres & plus fçavans peut-être, foin- ® mes-nous plus honnêtes gens ? Voilà » le point delà difficulté que l\l. Rouf- » feati a parfaitement refolu. Bien éloigné de vouloir profaire les Sciences , les Sçavans qui compo- fent cette Académie ont fait voir com- bien elles pouvoient être utiles , & en même teins combien on en avoit abufé ; ce qui ne vient pas de la faute des Lettres, mais des tnauvaifes diipo- iitions que tant de perfonnes appor- tent en les cultivant, L’on abufetous les jours de la p’enfée & de la parole , s’enfuit-il de -là que nous ne devions plus ni penferni parle*. Auffi M. Rouf- leauni l’Académie n’ont jamais préten- du qu’il fallût fermer la porte des Col- lèges ni des Sociétés Littéraires , parce que les Sciences manquoient quelque- fois leur objet. Pourra-t-on reconnoître- à ce langa- ge toujours uniforme tenu même dans un tems non fufpeft , une Compagnie qui ait confpiré contre les Lettres , qui ait trahi leur caufe, £r qui veuille à leur place faire régner La barbarie & l’ignorance. Sur quel fondement M. Le Catav» ce-t-il que le reproche que l'Acad^* mie fait à un Ecrivain fur fon dé.^' ment , efl inconfcquent avec fesSpt|C* cipes , Si que la culture des Sciences Ans corrompant les moeurs , tlkdott fer que tous les vices font annexés Cens de Lettres. M. Le Cat qui a tant de «mnoiffcm ces acquifes , & qui joint fans doute ij plus néceffiaire , c’efl-à-dire , celle de foi- même, comment petit -il tirer de pareilles confêquences , M. Rondeau ni l’Académie n’ont jamais argumenté de la forte : car de ce que le premia a prétendu que lesSciences omcorrom. pu les mœurs , il ne s’enfuit pas qU{ tous les Sçavans foient compris dans [j Théfe, il n’a parlé que de ceux qui ont f Abufé de leurs nions. C’ell à lbn Ad. verfaire à chercher une place dans la Claile qui lui conviendra le mieux. Tout blefl’e fa faulie délicateffie. il oppofe le Problème de l’Académie Françoife , comme la condamnation formelle de celui de l'Académie de Di. jon, mais c’ell un véritable Parallogif. me de fa part. Tout le monde eil per- fuadé que Y amour des Belles-Lettres inf. pire l'amour de la Vertu , c'ell-à-dire, qu’il le peut , mais cil-ii bien vrai qu’il y conduife toujours , & li cette relpcc- table meredu toutes les autres Socié- tés Littéraires du Royaume en avoit fait un Problème, croit-on qu’elle fe fût formalifée ,fi quelques Ecrivains euf, fentfoutenu que l’amour des Lettres, ne mènent pas toujours ceux qui les cultivent dans le chemin de la Vertu. Qu’a penfc de plus l’Académie de Dijon fur l’épurement des mœurs par lerétabliffemem des Sciences, des Bel- les-Lettres & des Arts , qu’avoit donc de fi fingulier , de C imprudent & de fi fcandalenx , le Problème de l’Acadé- mie de Di jon , l'objet des déclamations de M. Le Cat ? C’ejl, dit-il , que l’affir- mative a toujours paffe pour coiffante if qu’elle doit Jur-tout faire loi dans une Aca- demie. Ne diroit - on pas que la révé- lation de la négative dans cette quef- tion , va cailler une révolution dans les idées de noue liécle , au défavau- tage des Arts & des Sciences , comme la cru un Auteur (a) aulli fçavant que timide, & ainfi que l'affine M. Le Cat , quand il avance fi gratuitement que l'affirmative ell conffume.il déci- de alors la queffion par la queffian. Dans le droit les Sciences pouvoient épurer les moeurs , mais dans le fait elles ont fouvent manque leur objet ; c'cll une vérité d’expérience à laquel- le on ne peut fe refufer. On ne doit rien leur imputera cet egard, il eff des ellomaclis qui convertillent en poi- fon tous les allmer.s qu’ils reçoivent , comme il eff des Sçavans qui confa- crent à la débauche de leur efprit & à la dépravation de leur cccur , des ta- lens qui dans leur principe , dévoient avoir d’autres objets ; ce font ceux-là que l’on doit appeller des ingrats , qui apres s’etre façonnés par la culture des Lettres, les déshonorent par leur con- duite, & ce font eux suffi que M. Rouf- feau a eu en vue. 1 .'affirmative du Problème n eff donc point une vérité ft bien établie, qu\-ffe n’ait pu être contredite ; il n’y a . üre^une Lettre écrite en mil lept cent cinquante-un , a l’Auteur du Mercure de France , celui qui- l’écrivoit , vou- lant faire l’analyfe de la première ré- ponte au Dilcours du Citoyen de Ge- Ja) Vo\ci L réfutation de M, Gautier de 69 neve , s’exprimoit en ces termes : » S’il n’étoit qtieflion que de mœurs * plus réglées en apparence , d’une «certaine décence qui a toujours Ibn «avantage pour la Société, bien qu’el- » le n’ait fotivent que l’ombre de la » vertu , dans ces derniers cas , la quef- » tion féroit décidée par l’affirmative, » niais s’il s’agit de fçavoir fi les Lettres » ont réellement rendu les hommes » plus vertueux , plus fociables 2c plus » équitables -, il y avoit tant de chofes « a balancer , & à comparer , que je ne « fçais fi quelqu’autte que Dieu peut « en juger avec certitude. La difficulté » a paru telle à ceux qui l’ont exami- » née de près, ils fe font retranches * prefqu’entiéreinent à traiter la qnef- « tion de droit , beaucoup pluséviden- » te & plus à portée d’être appro- » fondie , mais ils n’ont à l’autre » égard ( c’eft - à - dire , pour la quef- » tion de fait) avancé que des généra- » filés vraifemblables qui ne prouvent » rien. C’cll , drra M . Le Cat , un témoigna- ge ilolé dont l’Auteur n’eft pas meme connu , mais tel qu’il eff il peut bien balancer le lien, fur-tout fi l’on y ajou- te ce qu’ont dit à ce fujet, dans leurs Dijcours préliminaires, les Editeurs de 1 Encyclopédie « morceau précieux, (dit l’Auteur du Mercure de t rance au mois de Février 17 5 3 ) a fur lequel » il n’y a qu’une voix en Europe ; » Voici comme iis s’expliquent : U/i ne gagner oit rien à détruire les Scien- ces , les vices nous rejteroiem G' nous au- rions l ignorance de plus : d’où i’on peut conclure que les Sciences 11e détruifeni pas toujours les vices; mais ce qui luit cil bien plus déciüL Nancy... SUR LA PhvSIQUE ET SUR LA PEINTURE. 7° Observations sur l’Histoïre Naturelle Les Lettres contribuent cerr tain: ment à rendre la Société plus aimable , il J'er oit diffi- cile de prouver que les hommes en [oient meilleurs. V eut-on des témoignages plus an- ciens qui juflifient que les Lettres ne font point exemptes de défauts , ou quelles n’en préfervent pas tous ceux qui les cultivent. On lit dans l’Hiftoire des Yncas que Sinchi Rocha , Second Roi du Pérou , voulut que l’on n’enfeignât les Sciences qu’aux Gentilshommes. & non pas aux Enfans de baffe extradion , de peur que des penfées fx relevées ne les ren- dirent orgueilleux , fai cru le devoir faire , (x )c le ferais encore , Ji favois à recom- mencer. Avec une déclaration fi formelle ie me garderai bien de cherchera conver- ïf M*|e avec de rembla- is dtfpofuions , on ne doit point fe fiater que cet Auteur profite jamais du lage avis que lui donne Monfieur l’ Ab- be Raynal dans fün Mercure du mois d’Aout 1 7 p2. Nous ejpéroru (dit -il) que M. Le Cat aura quelque regret d'avoir entretenu fouvent b- long-tem k Public de fes dé - sur la Peinture. 71 Quelque parti que prenne M. Le Cat dans la fuite, on ne lui répondra plus , quand bien même malgré fa fé- condité , fes premières injures contre l’Aca- démie , reparoitroient encore tournées de dif- férentes façons. Qu'il range tant qu'il lui plaira fon honneur ojfenfé , qu'il défende la vie des hommes contre les pratiques diclecs par l'erreur & par la témérité 3 il lai fiera de l’occupation à fes Defcendans, s’ils hé- ritent de fon goût pour la Critique. Comme Membre de l’Académie de Dijon , je dois recevoir tout ce qui tend à la défenfe des fages Maximes qu clic embrafle 3 je n’ai pu rien retran- cher à la répartie, que fait à M. Le Cat un Sçavant , qui m’a remis la préfente Difîèrtationpour l’inférer à la fuite de fa Première Partie de mes Obfcrva- trons de 175 5. J’oflHrois volontiers à M. Le Cat de recevoir fes défenfes fi elles étoient légitimes , & s’il n’avoit attaqué que M. Roufleau , comme ont fait les autres Auteurs 3 & de plus s’il valoit encore la peine que l’on parlât davantage au Public d’une quellion dé- jà trop agitée. Mais comme la Pièce de M. R. a été goûtée de tous les Gens de Let- tres j & qu’elle renferme les Sentimens les plus nobles & les plus vertueux,, je vais taire ici l’Extrait des expreffions les plus frappantes , & fur .lefquelles M. Le Cat applique la Critique , comme a déjà fait M. l’Abbé Raynal en Extrait du Difcours de M. Roujfeau . • » Avant , dit-il, que l’Art eût fa- « çonné nos maniérés, & appris à nos » pallions à parler un langage apprêté , » nos mœurs étoient ruiliques 3 mais. « V 72 Observations sur l’Histoire Naturelle; ** naturelles , & ia différence des pro- » cédés annonçoit au premier coup » cl œil celle des caraétéres. La Nature *> humaine, au fond, n’étoit pas meiU « leure, mais les hommes trou voient »> leur fecurité dans la facilité de fepé- u nétrer réciproquement , & cet avan- » tage , dont nous ne Tentons plus le » prix, leur épargnoffbieu des vices. » Aujourd’hui , que des recherches » plus fubtiie5, & un goût plus fin ont » réduit l’art de plaire en principes , >3 il régne dans nos mœurs une vile & j> trotnpeufe uniformité , & tous les et » prits lembîent avoir été jettes dans » un même moule. Sans celle la poli— 3» telle exige , la bienféance ordonne ; » fans celle on fuit des ufages, jamais » fon propre génie: on n’ofe plus pa- j» roîtrece qu’on eft, dedans cette con- 33 trainte perpétuelle , les hommes qur 33 forment ce troupeau , qu’on appelle i3 fociétc , placés dans les mêmes cir- » confiances, feront tous les mêmes » chofes , fi des motifs plus pniffans » ne les en dé tournent. On ne fçaura » donc jamais bien à qui l’on a à faire. » Il faudra donc , pour connoîirtv fon j3 ami , attendre les grandes occafions, 53 c’cff-à-dire , attendre qu’il n’en foit « plus tems, puifque c’eff pour ccs ap occafions mêpte qu’il eût étéelfentiel de le counoître. isC’eft qu’un habitant de quelques » Contrées éloignées , qui cherchcroit >> à fe former une idée des mœurs Eu- 33 ropéennes , fur l’état des Sciences ï> parmi nous, fur la perfection de nos » Arts , fur la bienféance de nos fpec- J3 tacles , fur la politelte de nos manie- 33 res , fur l’affabilité d*e nos difeours jj fur nos démonfirations perpétuelles » de bienveillance , & fur ce concours « tumultueux d’hommes de tout âge & » de tout état, qui femblqnt emprelïes » depuis le lever de l’Aurore îufqn'a^ » coucher du Soleil , à s’obliger recù 33 proquement : c’efi que cet Etrange » dis-je , deviueroit exaâement ^ » nos mœurs , ie contraire de ce qu’eU » les (ont. j> L'élévation & l’abaiffement des s» eaux de l’Océan, n’ont pas été plus » régulièrement affujettis au cours de » l' Alice qui nous éclaiie durant la » nuit , que le fort des mœurs & de » la probité au progrès des Sciences » & des Beaux-Arts : on a vû la vertu s s’enfuir, à mefure que leur lumière j» s’élevoit fur notte horizon , & je s» même Phénomène s’eft obfervé dans 3» tous les tems & dans tous les lieux. » Voilà donc le plus fage des hom- »> mes au jugement des Dieux, & le » plus fçavanc des Athéniens, au lenti. 3» ment de la Grèce entière; Socrate 33 faifant l’éloge de l’ignorance. Croit- » on que s’il relTu/citoit parmi nous, » nos Sçavans& nos Artifles lui feroient » changer d’avis ? Non , Meilleurs ; 3> cet homme jufie continueroit de mé- j> prifer nos vaines Sciences; il n’aide- » roit point à grolfir cette foule de » mauvais Livres dont on nous inonde » de toutes part*, & ne laifieroit , com- » me il a fait , pour tout précepte à fe» 33 Difciples & à nos Neveux que l’e- 3» xempie de fa vertu : c’efi ainfi qu’ff as eft beau d’infiruire les hommes. » Socrate avoit commencé dans Athé- 33 nés, le vieux Caton continua dans » Rome ; de fe déchaîner contre ces 3» Grecs artificieux & fubtils , qui le- j> duifoient la vertu , & amoliiïoient le 53 courage de fes Concitoyens ; mais » les Sciences , les Arts 8c la Dialefli- 3» que prévalurent encore. Rome fe » remplit de fauxlPhilofophes 8c d’Ora- w teurs. On négligea la DiTcipline mi- » ficaire, on méprilà l'Agriculture ; on u embraflj sur. la. Physique et sur la Peinture. 7> h emlSraffa des Seéles , & l’on oublia » vous corrompent. Que d’autres mains » s’illuftrentpar de vains talens ; le feu! » talent digne de Rome, ell celui de » conquérir le monde , & d’y faire ré- » gner la vertu. Quand Cyneas prit no- » tre Sénat pour une alfemblée de Rois, » il ne fut ébloui , ni par une pompe ^ » vaine , ni par une élégance recher- *> chée; il n’y entendit point cette éio- » quence frivole, l’étude & le charme * des hommes futiles. Que vit donc Cy- * neasde li majeflueux? O ! Citoyens, » il vit un fpeéîacle que ne donneront » jamais vos richeflTcs, ni tous vos Arts: » le plus beau fpeûacle qui ait jamais * paru fous le Ciel ; ValTemblée de » deux cens hommes vertueux , digne* » vée par votre bras , & que votre nom * de commander à Rome & de gouver- »> refpeâable avoit plus illuftrée que » ner la terre. » la Patrie. Aux noms facrcs de Iiber- te , de dcfmtcreflement , de pauvre- » te , d’obcïflance aux Lotx , fuccé- » dercut les noms d’Epicure . de Zc- non , d’Arcelilas ; depuis que les Sça- » vans ont paru parmi nous, diloient leurs » propres Pluiofophes , les Gens de s» bien fe font éclipfés *. Jufqu’afors jy les Romains s’etoient contentés de » pratiquer la vertu; tout fut per- » du , quand ils commencèrent à l’é- » tudier. » O ! Fabricius , qu'eût penfé votre » grande ame , fi pour votre malheur j) rappelle à la vie , vous enfliez vu la s> face pompeufe de cette Rome , fau- » toutes les conquêtes 1 Dieux! Euf- » fiez-vous dit, que font devenus ces si toits de chaume, & ces foyers rufli- » ques qu’habitoient jadis la inodéra- » tion & la vertu i Quelle fplendettr fu- » nefle a fucccdé à la {implicite Ro- s> maine ? Quel eft ce langage étran- »> ger ? Quelles font ces mœurs eflèmi- » nées ? Que lignifient ces Statues , ces » Tableaux, ces Edifices? Infenfés, » qu’avez-vous fait ? Vous, les Maî- » très des Nations, vous vous êtes ren- » dus les efclaves des hommes frivoles » que vous avez vaincus ! Ce font des » Rhéteurs qui vous gouvernent. C’eft » pour enrichir des Archiiefles , des * Peintres , des Statuaires & des Hif- » toriens que vous avez arrofé de votre , fang la Grèce & l’Alie ! Les dépouil- » les de Carthage font laproye d’un » joueur de llute! Romains, hâtez-vous » de renverfer ces Amphithéâtres ; « brifez ces marbres ; brûlez ces Ta- » bleaux; chafTez cesefclaves qui vous * lubjugucnt, & dont les funelles Arts P ofqui * 1 tfquim do&i prodierunt , boni défunt. Sen. Epift. Annee 1 7 j $ , T om. I. Part. I. • Mais, continue M. R. franchilTons » la diftance des lieux & des tems , & • voyons- ce qui s’ell paflé dans nos » Contrées , & fous nos yeux , ou plu- » tôt, écartons des Peintures odieufes • qui bleflcroient notre délicatelîe , <5c » épargnons-nous la peine de répéter » les mêmes chofes fous d’autres noms; » qu’ai-je fait dire à Fabricius, que je • n’eu (Te pù mettre dans la bouche de •Louis XII. ou d’Henri IV. Parmi » nous , il eft vrai , Socrate n’eût point » bû la ciguë , mais il eût bit dans une » coupe encore plus amére , la raille— • lie infultante, & le mépris, pire cent » fois que la mort. » Que dis-je , oiftfs ? pourfuit-il d’un • ton plus véhément; 8c plût au Ciel » qu’ils le fûllent en ellët ! Les moeurs » en feraient plus faines , Si la fociété » plus paifible ; mais ces vains & futi- » les déclamateurs vont de tous côtés , • armés de leurs funeftes paradoxes.fap- » pant lesfondemens de la Foi & anéan- • tiflant la Vertu, ils fourient dédai- K. 74 Observations sur l’Histoire Naturelle; » gneufement à ces vieux mots de Pa- trie & de Religion , 8c confacrent » leurs talens & leur Philofophie à dé- » truire & avilir tout ce qu’il y a de fa- » cré parmi les hommes : non qu’au " fond ils haiflent ni la vertu, ni nos » dogmes; c’efl de l’opinion publique * qu’ils font ennemis, 8< pour les ra- * mener aux pieds des Autels, il fuffi- * roit de les releguer parmi des A- » thées. » On ne peut réfléchir fur ies moeurs » qu’on ne (e p'.aife à fe rappellet l’ima- * gede la (implicite des premiers tems. » C’efl un beau rivage, parc des feules » mains de la Nature, vers lequel on » tourne inceffamment les yeux, & » dont on fe lent éloigner à regret. » Quand les hommes innocens 8c ver- * Mieux aimorent à avoir les Dieux pour » te moins de leurs aélions, ils habi- » toient avec eux fous les mêmes ca- » banes ; mais bien-tot devenus mé- •» chans, ils fe lafferent de ces incom- » modes fpeéhteors , & les releguerent » dans desTemples magnifiques, Ils les » en chalTereiit enfin pour s’y établir » eux mêmes, ou du moins les Temples * des Dieux ne fé diflinguerent plus » des maifons des Citoyens. Ce lut * alors le comble de la dépravation , » & les vices ne furent jamais poulies » plus loin, que quand on les vit ^ pour » ainfi dire , foutenus à l’entrée des Pa- » lais des Grands , fur des colonnes de » marbre , & graves fur des chapitaux » Corinthiens. » C’ell , dit M. R. ce que I’expéricn- » ce n’a que trop confirmé depuis le » renouvellement des Sciences & des » Arts. Nous avons des Phyficiens , » des Géomètres, des Cbimilies , des » Aflronômes, des Pactes, des Mufi- » ciens . des Peintres ; nous n’avons » plus de Citoyens, &c. » C’efl dès nos premières» années- »> qu’une éducation infenfée orne notre » efprit 8c corrompt noue jugementi » Je vois de toute part des éiabViîïel » mens immenfes T où l’on éleve j, » grands frais la jeunefle pour lui ap. » prendre tomes choies, excepté fes » devoirs. Vos enfans ignoreront lent » propre Langue ; mais ils en parle. » rom d’autres qui ne font en ufage » nulle part; ils Içauront fabriquer des » vers, qu’à peine ils pourront com- » prendre , fans fçavoir démêler l’er- » reur de la vérité ;■ ils polTederont » l’Art de les rendre méconnoi [Tables u aux autres par des argument fpé- >> deux ; mais ces mots de tempérât-.* » ce , de magnanimité , d’équité , d’hu. » inanité , de courage, ils ne ^auront r> ce que c’eft ; ce doux nom de Pat rie » ne frappera jamais leur oreille, & » s’ils entendent parler de Dieu , ce » fera moins pour le craindre que pour » en avoir peur. J’aimerois autant , di- » foit un Sage , que mon Ecolier eût » pâlie le tems dans un jeu de paulme , » au moins le corps en feroit plus dit» » pos. Je fçais qu’il faut occuper les » enfans , & que l’oifiveté efl pour eux » le danger le plus à craindre. Que » faut-il donc qu’ils apprennent , me :» dira - t - on ? Voilà certes une belle » queftion ! Qu’ils apprennent ce qu’ils » doivent faire étant hommes , & non » pas ce qu’ils doivent oublier. a Tant d’établi (Iernc ns , dit-il , faits » à l’avantage des Sqavans , n'en font » que plus capables d'en impofer fur » les objets des Sciences - 8c de tour- » ner les efprits à leur culture. 11 fem- » ble anx précautions qu’on prend , » qu’on craigne de manquer de Philo- » fophes. Je ne veux point hazardet » ici une comparailon de l’Agricultu- n re & de la Philofophie ; on ne lafug- i i & c r/ t i b* A ? t sur i.a Physique et i) portfroit pas. Je demanderai feule- » ment , qu’eft-ce que la Philofophie ? » Que conûennentles Ecrits des Phi- » lofophes les plus connus? Quelles » font les Leçons de ces amis de laSa- » geiïe ? A les entendre , ne les pren- » droit-on pas pour une troupe de char- « latans , criant chacun de fon côté fur » une Place publique , venez à moi : "cV(l moileulqui ne trompe point? » L’un prétend qu’il n’y a point de «corps, & que tout cft en repréfen- » tâtions. L’autre, qu’il n’y a d’autres 8 fubflance que la Matière, ni d’autre » Dieu que le monde. Celui-ci avance * qu’il n’y a ni vertus , ni vices, & que 8 le bien & le mal moral font deseni- 8 mères. Celui-là, que les hommes 8 font des loups , & peuvent fe dévo- « rer en fureté de confcience. O grands 8 plulofophes ! Que ne refervez-vous 8 pour vos amis & pour vos en fa ns r « ces leçons profitables/1 Vous en re- 8 cevriez bien-tot le prix , & nous ne «craindrions pas de trouver dans les * nôtres quelqu’un de vos feâateurs. « Voilà donc les hommes merveii- * ,cilx > à qui l'eflime de leurs content- * potains a été prodiguée pendant leur «vie, & l’immortalité réfervee apres 8 leur trepas! Voilà les fages infiruc- * lions que nous avons reçues d’eux, » & que nous tranfmettrons d’âge en * a8e â nos defeendans. Le Paganif- i 8 me livré à tous les egaremens de la « radon humaine , a t illaiffé à la pofi. « iérité rien qu’on puifle comparer aux * monumens honteux que lui a prépa- * ré l’Imprimerie fous le régne dei’E- * vangile ? les Ecrits impies des Leu. ® cippes & des Diagoras font péris avec «eux. On n’avoit point encore inven- ‘té l’Art d’cternrfer Jes extravagances * de l efprit humain, mais grâces aux » caraélèies T ypographiques , & à l’u- sur la Peinture. 7? » (nge que nous en faifons , les dange- » reufes rêveries des Hobbe & des Spi- » nofa relieront à jamais. Allez , écrits » célébrés, dont l'ignorance & la ruf- » ticitc de nos Pcres n’auroient point ® été capables! Accompagnez chez nos » defeendans , ces ouvrages plus dan- » gereux encore , d’où s’exhale la cor- » ruption des moeurs de notre fiécle , » & portez enfemble aux ficelés à ve- » nir une Hifloire fidèle du progrès & «désavantagés de nos Sciences & de » nos Ans! S’ils vous lifent , vous ne » leur taillerez aucune perplexité fur la * quellion que nous agitons aujour- » d’hui , & à moins qu’ils ne forent plus » infenfés que nous , ils lèveront leurs « mains au Ciel , rend-nous l’ignorance , l’innocence » & la pauvreté, les feuls biens qui puif- « fétu faire notre bonheur, & qui forent » précieux devant toi ! » Pour nous, hommes vulgaires, con- * clud modeflement M. R. à qui le » Ciel n’a point départi de fi grands « lalens, & qu’il ne deftine pas à tant » de gloire, relions dans notre obfcu- » rite ; ne courons point après une ré- » putatron , qui nous échapperoit , & » qui, dans l’état préfent des chofes , * ne nous rendroit jamais ce qu’elle » nous auroït coûté , quand nous au- » rions tous les titres pour l’obtenir. A « quoi bon chercher notre bonheur » dans l’opinion d’autrui, fi nous pou- » vons le trouver en nous - mêmes ï * Lailîons à d’antres le foin d’inflruire » les peuples de leurs devoirs , & bor- » nous nous à bien remplir les nôtres; » nous n’avons pas befoin d’en pavois » davantage. 7 *r- r : : ■ '* y lm d i i’ -j 0 •’ ■ < o I }1 A i n ■ . ....... ilUii- ’ - sur la Physique et sur la Peinture. 77 SECONDE PARTIE DES OBSERVATIONS SUR L’HISTO IRE NATURELLE, SUR LA PHYSIQUE ET SUR LA PEINTURE. <*<* <-¥4»<+ 4> <,> «j* 4» 4» OBSERVATION IV. Sirr l'Organe de la V uë par rapport au fentiment de Monfteurde Bujfon. & Réflexions à ce fujet fur les Tableaux expofés cette année tybj. dans le Salon du Louvre. N Parlant des Organes , il eft J "p I? toujours à propos de citer les *± _ J* effÇts & de démontrer l’affec- tation bonne ou mauvaife des Corps étrangers fur les inrtrume ns qui nous font /ennr leur préfence. Si tous les hommes étoient Philo- sophes , ils teroient en général un meilleur ul'age qu’ils ne font de leur jugement : les effets , les organes & la caufe feroient confultés tour à tour dans toutes leurs fpéculations : Par exemple, celui qui applaudit les bril- lantes couleurs que l’on trouve ré- pandues avec abondance dans les Ta- bleaux de M. Boucher, aimeroit mieux goûter avec plaifir l’accord de lumie re que 1 on voit fur le groupe d’Ani Année i j b3, Tom. I. Pan. maux , que le Soleil éclaire dans lé morceau de M. Oudry. II eft queftion dans les uns de teintes vives , indéci- ses & trop prodiguées , & dans l’autre d’une lumière bien entendue & mé- nagée avec fcience. Dans les premiers les Organes ne font point latisfaits , dans le fécond la Vue eft en repos, & l’effet , moins éclatant a la vérité , s’accorde mieux avec la comparaifon que l’on pourroit en faire avec celui que produiroit la Nature. Le vrai Amateur ne cherche pas de faire jlinfion à fss yeux , & par le fecours de l’Art tracer fur fa Retine des objets étrangers à ceux que la Nature nous préfente , mais il defire- feulement obferver jufques à quel. U . l 7$ Observations sur l’Histoire Naturelle, point la préfence d’uneToile barbouil- lée de couleurs peut modifier des Rayons incidens, & les renvoyer fous différentes modulations, avec le mê- me accord que font tous les Objets réels qui nous environnent , 8c que le Peintre veut imiter. Les Rayons lumineux ne font que la preflion des parties ignées répandues partout ; ils fe modifient naturelle- ment de plufteurs fortes de façons , & font fentir les diverfes couleurs qui forment le clair & l’obfcur du Ta- bleau ; ils fervent encore à contour- ner les figures qui reprefentent les ob- jets que nous diffinguons du champ fur lequel elles repofent. Par exemple , dans un Tableau ne pofe-t-on pas une Figure fur divers plans , comme fur le terrein & devant un mur? l’un eft vertical de ces plans, & l’autre eft horizontal ; & quoique la Figure porte fur tous les deux, nous ne nous y trompons pas, cette figure nous paroît droite & pofée fur un feul de ces plans, pendant qu’elle ne fem- ble qu’interpolée devant l’autre. M. de Buffon dit alors que cela vient de l'habitude que nous avons prife de me- furer avec nos mains , & de nous tranf- porter d'un endroit dans un autre : mais ici il ne s’agit pas de mefure ; lorfque l’on confidere fur un Tableau une pa- reille figure , ce n’eft plus l’angle fous lequel elle eft reçuë qui nous fait ju- ger de la pofition , mais c’eft feulement la modulation de couleurs qui la con- tourent& la teinte qui la colore : d’oii il fuit qu’en détaillant toutes ces idées & en expliquant la caule & les effets des Rayons , la nature de nos Organes & les fondions de l’Ame fur le difcer- nement des objets, nous pourrons par- venir à démontrer que le fyftême de M, de Buffon n’eft pas fondé dans cet- te partie de fon Hiftoire naturelle & que les Peintres de notre Académie^ lont pas encore parvenus au point de pertedion, que leurs talens fupérieUrs femblent nous promettre. La Nature peint dans les yeux de tous les Hommes , & de tous les Animaux , à chaque inftant des Ta. bleaux extrêmement finis, bien comp0, fés & enrichis des effets des couleUrs les plus merveilleufes. L’Elprit fep!aît à confiderer ces Tableaux, il en reç0;t les fenfations mélodieufes , mais il ne juge cjue rarement bien de toutes les beautés qui s’y préfentent ; c’eft auffi ce qui fait les bons & les mauvais Cou- noiffeurs : de forte que par degrés de- puis un Enfeigne de Cabaret jufqu’au plus beau Tableau de l’Ecole Italien- ne , on trouve des Admirateurs & des perfonnes dont le jugement , par dif. férens étages , s'accommode du bon ou du mauvais accord des Rayons fur les nerfs de fon Optique, ainfi que des vibrations juftes ou diffonantes des Sons fur le Tympan de les oreilles. Si on pouvoit guérir le jugement de bien des perfonnes , & le porter à la perfe- ction dans la connoiflance des Ta- bleaux , non pas comme a voulu fai- re M. Le Camus par des médicamens ufuels , mais par les raifons que nous allons expofer dans cette Diffcrtation, nous ferions entièrement fiâtes de pouvoir contribuer dans quelque en- droit à l’avancement des connoiflan- ces humaines. Ne feroit-il pas indif- férent que les Artiftes fiffent bien ou mal , fi ceux qui font en état de poffé- der leurs Ouvrages ne font pas en état d’en juger ? On nous reprochera peut-être que nous prenons les chofes de trop loin, mais qu’importe, pourvû que nousar. rivions au but , & que les routes qui SUR LA PHYSIQUE ET femblent nous écarter du fujet, fervent à nous inftruire dans plulieurs fortes d’études. Je crois qu’un raifonnement phyfi- que, pour prouver démonftrativement à ceux même qui ne fçavent ni pein- dre ni ddïïner , qu’il eft ai fé de diffin- guer un bon d’un mauvais Tableau , fera quelque chofe de neuf & d’inté- reliant. Du Sens de la Vue. Je commence par définir cette par- tie ; car comment juger de quelque chofe ,fi nous ignorons comme elle agit fur nous & la route quelle tient pour parvenir à nous ? L’Œil , ainli que tous nos autres Or- ganes , eft un épanouiffement de nerfs aux extrémités defquels les Corps agif- lent par prejjion ou par choc ; il n’y a que ces deux façons de toucher les Corps; & l’Efprit enfermé dans le cen- tre du Cerveau , autour duquel abou- tirent tous les nerfs , juge par l’ébran- lement de ces tubes remplis de parties de feu , que nous appelions Efprits animaux , des Etres qui les ébranlent ; & il n’a jamais confondu les motions qui arrivent d’un Organe avec celles qui viennent d’un autre. Il eft décidé depuis Iongtems qu’un nouveau né ne peut pas confondre la Senfation du goût avec celle de l’ouie , ni celle de l’ouie avec celle du toucher : Ces dif- férentes Senfations ne font pourtant que l’effet & le jeu de la même ma- tière , ils ne différent que par les Or- ganes qui les reçoivent. Les parties de feu qui forment le Chaud, forment la Lumière aufîi ; ja Saveur & le Son ne font que des preflîons des glandes & des membranes que les nerfs tapiffent. Un Entant qui vient & naître , lorf* sur la Peinture. 79 qu’on lui frotte les pieds , ne préfente pas la bouche pour tetter ; mais quand avec le bout du doigt on lui touche les lèvres, il allaite & tire avec au- tant de vigueur que s’il preffoit le tet- ton. Voilà d’abord une preuve de notre difeernement dans l’affeélation des nerfs , de nos pallions & de nos defirs, avant même d’avoir fait ufage d’aucu- nefenfation. M. de Buffon prétend au contraire que l’habitude & l’ufage des organes forment \e jugement. Ce qu il y a d’admirable dans la formation animale , & qui marque une Création perpétuelle , où le concours des Molécules n'ont aucune part, c’eft oue chaque partie de notre corps n’eft: que Je prolongement d’une autre , qui fe façonne fans aucune caufe mécha- niq ie , mais feulement par l’ordre éta- bli : Par exemple , croiroit-on que les membranes qui forment le Globe de l’œil, c’eft-à dire la Cornée opaque & la Choroïde ne font que le prolonge- ment de la Dure-mere &de la Pie-me- re. Les membranes qui envelopent le Cerveau , en forçant du Crâne , vont fervir d’étui aux humeurs de l’CEil , à la Moële de l’épine & à tous les nerfs qui fe diftribuent dans toutes les par-, ties de notre corps. On ne peut pas dire que ces produâions tirent leur origine d’autre part ; de forte que l’on obterve aifément que ces Corps mem- braneux fe plient , fe prolongent , fe contournent , s’étendent , fe rétrécit- fent , & enfin façonnent les parties qu ils veulent conftituer , fans moule , fans matrice , tout ainfi que fi un ou- vrier les formoit avec les doigts les plus fubtils & les plus délicats. Ce que l’on dit de la Dure-mere & de la Pie-mere , fe peut applique1- de meme au Péritoine & à la Plevre. Ces L ij 8o Observations sltr l’Histoire Naturelle , membranes , par leurs dévelopemens, encourent tous les Vifcères,les forment même. Le Cœur , par exemple , après avoir été formé par ces tuniques uni- verfelles , elles lui fournilfent le Péri- carde , & vont conftruire les conduits du fang. Je crois même que la conti- nuation des tuniques des vaifleaux fan- guins forme les Sacs membraneux qui compofent les Fibres charnues des Mufcles , l’extrémité defquelles fait les Tendons , les Cartilages & les On- gles. Les Cartilages s’oflifient entuite , & forment les parties dures de notre corps ; les Glandes mêmes & les Cri- bles qu’elles contiennent ne font que les divifions de ces membranes ; de fa- çon que les Molécules prétendues de diverfes efpeces qui fe réunirent de toutes les parties de notre corps pour former un tout, un Embrion , .fi l’on veut , font des Molécules imaginaires; étant vifiblenient démontré qu’il n’y en a que d’une forte , c’eft-à-dire , de celles qui ont compofé les membra- nes , comme on en peut juger par les réflexions que nous venons de don- ner. D’où je conclus que ces Molécu- les font inanimées , puifqu’elles font extraites de la matière la plus grof- fiere,qui fert à compofer notre corps , de même que celui de toutes les efpe- ces d’Animaux qu’il y a fur la terre ; & dans ces Animaux les mêmes Molé- cules , après avoir conftruit avec la plus grande uniformité les parties mâ- les & femelles de chaque efpece , font détournées feulement pour façonner les réfervoirs de la génération , félon le Sexe qu’elles font obligées de for- mer. Si on pouvoit extraire le fang , les efprits animaux & tous les fluides de tous les individus,de telle nature qu’ils foient , les parties folides pourroient fe réduire a une feule & meme r . '-°m- poution. Avant que de parler des images fe peignent dans le Senforium , parlerons des tuniques de 1 ’ X T ' f)0’nt “ , Observations sur l’Histoire Naturelle , ni des autres ornemens , que les habi- les Peintres ont toujours évité de met- tre dans leurs Portraits ; les cheveux meme fans poudre ne tranchent pas comme la perruque blanche que l’on a mis au Pottrait de M. Morand , peint par M. Aved; ce célébré Académicien, a , fans doute , une grâce dans la tête que M. Aved a tout-à-fait manqué par la dureté du Coloris qu’il lui a donnée. M. de La Tour qui peint toujours des bouts de têtes avec des couleurs qui s’effacent aifémcnt , a parfaitement réuffi dans le Portrait de M. le Mar- quis de Voyer & dans celui de M. Sil- veflre. Je ne trouve dans celui de M. de Voyer qu’un feul défaut , c’eft l’en- femblede la tête & du corps. Celui de M. l’Abbé Nollet eft très bien; mais je ne fçaurois fouffrir de peindre des Académiciens, des Philolophes ,avec des affeffations de joye , ainfi que dans le Portrait de Manelli , jouant le rôle de l'imprtjfario , c’eft encore plus mal fait de les mettre à côté l’un de l’au- tre ; car le Portrait de M. Dalembert rit de même que celui de cet Atteur des Bouffons , & on les voit du même coup d’œil. L’air féant de M. le Mar- quis de Montalambert vaut beaucoup mieux. Le Portrait a des régies dont il ne faut pas s’écarter : Sans citer les Anciens , celui de M. Vanloo nous en donne l’exemple. Ce Peintre ne conlervc- t-il pas un air de tête agréable fans éclater de rire ? Je ne dis pas de faire pleurer les Sujets , ni de leur faire fai- re la grimace ; mais l’état naturel de l’Homme fuffit , & lorfque l’on en fort , c’eft une erreur. Les Draperies à la mode,cesBources & ces Galants font ridicules , lurtout les Dentelles d’argent du Portrait de Madame Bouché , en habit de Bal , par M. Roflin Suédois -, & le p0 , de Madame* * * par M. Lo Æ* chel Vanloo. J’aimerois mieux-,1* peint à la Pittorefque , entouré 1'^ fimple fon 1 , que de charger mon T11 bleau d’attributs, & lurtout d’adon/" les modes préfentes , qui ne fer,/* plus dans quelques tems ; de reçu au centre de la Prunelle & vient très-oblique & incline fur Ia vj' fion en fe peignant des deux côtés od' pofés, fur les deux yeux. Ceci devient admirable & /-0(lrnj des preuves inconteftables, je les Objets fe réunifient des deux- yeux en un point , lorfqu’i\s font reçus en face & félon la pofition or- dinaire. IIe. Que lorfqu’ils font tout- à fait obliques , ils ne peuvent fe peindre que dans des côtés oppofés & par conféquent être reçus dou. blement dans nos fens. IIIe, Que fi M.dc BufFon avoit raifonnéfur ce Phénomène il auroit bien apperçu que l’on ne pourroit voir double & fimple en même tems & dans un même Tableau , fi nous étions ha- bitués de juger généralement tous les Objets fimplesqui feroient doubles dans nos fens. Je ne fçai quel eftèt fera ceci dans l’efprit des Sçavans, je fuis accoutumé à donner bien des chofes nouvelles; & à ne recevoir dans les Ouvrages périodiques pas un fcul remerciaient, au contraire on travaille aftuelle- ment à tourner mes découvertes St à me les arracher s’il eft poflîble. Explications des Figures, Planche IIe. ( Figure Ie. ) l’Œil en fituation. a b, le Globe de l’Œil vu du profil, a , le côté de la Prunelle. b , le commencement du Nerf Op- tique. c d e , le Mufcle Trochleateur, ou grand oblique.^, la Trochlée, Sur la Physique et sur la Peinture. «h ! Mai 16 J 9. Les Journaux d’Allemagne parlent ^ d’une Epilepfie qui fut guérie par l’a- ;i'; veuglement de la perfonne qui en étoit ajtaquée , le remede valoit encore !f . bien moins que le mal. 0'. f i Optalmogr aph ia aut. Gui/.Briggs. L Journ. des Sçav. du 16 Avril 5>3 une autre , furent tellement frapés de l’horrible puanteur qui en fortit, qu’ils en perdirent la Vue , l’un abfolument, l’autre au point de n’appercevoir plus que foiblcment la grande lumière. M. Chomel les guérit tous deux par- faitement en vingt- quatre heures, en leur mettant fur les Yeux des com- prefles imbibées d’une liqueur fpiri- tueufe , & en leur faifant prendre ftue l’on peut prouver cela ; parce11 qu’elle avoit*11' ^ 'T » mais on Peut encore remarquer di- Année i7b 3. Tom^ParUl^ dlfp°flticnS Partic^ieres danS M. Briggs , en traitant des nerfs des Yeux & du mouvement des Efprits Animaux qui fe fait en eux , dit que quand les Nerfs moteurs font irrités par quelque humeur aiguë , les Yeux touffrent des convulfions qui devien- nent quelquefois mortelles , comme il VT.. — *- V • TV Hifioire de l’Académie des Scien- ces iju yp, zçt 94 Observations sur. l ‘Histoire Naturelle, ceux des Animaux, qui rendent cette vérité fenfible. Les Grenouilles , par exemple , outre ce que leurs Yeux ont de commun avec les nôtres , ont encore une Membrane ou un Cartila- ge dont elles fe les couvrent , fans que cela les puiffe empêcher de voir , par- ce qu’encore que cette Membrane foit allez forte , elle elt tranfparente & peut paffer pour une efpece de cor- née mobile. Ces Animaux vivans non feulement dans l’eau , mais encore lur le bord où il y a fouvent des arbrif- feaux & des joncs , & fe mouvans par faut , s’ils n’avoient aux Yeux ces dé- fenfes , feroient en danger de fe les créver à tout moment. On les peut re- marquer , fi en tenant une Grenouille cnforte qu’elle ne puille tourner le corps,on elfaye de lui créver lesYeux; alors on verra qu’elle les couvrira à l’inftant de cette Membrane , & que dès que le danger fera paffé , elle la retirera fans peine. On trouve la mê- me chofe dans plufieurs petits Oifeaux qui volent & qui fautent dans les Ar- bres touffus , & dans les Brouffailles , dont les épines pourroient aifément créver les Yeux , fans une cornée dont ils les couvrent. On fçait que les Hommes & la plu- part des Animaux à quatre pieds & des Oifeaux , ont divers Mufcles par le moyen defquels ils tournent les Yeux félon le beioin qu’ils en ont. Les Chevaux , les Bœufs , & quel- ques autres Bêtes ont un feptiéme Mufcle pour tourner les Yeux , outre lesfix qui leur font communs avec les Hommes , parce que cas Animaux de- vant avoir la tête panchée pour voir le fourrage qu’ils mangent , ne pour- roient avoir filongtems les Yeux bail- fés contre terre , fans une grande laf- fitwde , s’ils n’avoient ce feptiéme Mufcle , qui leur fert à cetufage;^ les Hommes n’en ayant pas htf0;n 1 un femblable Mufcle ne feroit que ^ incommoder. Les Mouches au contraire n’ont aucun Mufcle aux Yeux, mais en xi. compenfe eiles ont fur leurs PruneL les , qui font allez convéxes, un grand nombre de petites éminences capables de recevoir les Rayons qui viennent de toutes parts. On remarque ces iné- galités , en fe fervant d’un bon Mi- crofcope , particuliérement dans les Yeux des Mouches qui volent fur ja chair, quoique les Abeilles 8c autres groftes Mouches ayent les Yeux 'un. mobiles , on n’y voit pas la même chofe. Les Taupes ont les Yeux fi petits ^ que l’on croit communément qu’elles n’en ont point , quoique ceux qui en ont fait la diffeélion y en ayent trou- vé ; mais devant demeurer Ions terre, elles n’avoient pas befoin d’avoir de grands Yeux, qui même auroient été expofés à être crèves. Les Paillons ont l’humeur cryllal-' line , prefque fpherique , parce que l’eau dans laquelle ils vivent , caillant aux Rayons de la Lumière une ré- fraélion beaucoup plus grande que Pair, ils ne verroient rien dans l’eau, fi la convexité de l’humeur cryftalline caufoit à la Lumière une réfraction allez grande povir réunir les Rayons dans le fond de l’Œil. Le Caméléon , entre plufieurs cho- fes qu’il a de remarquables dans les Yeux, les peut mouvoir indépendam- ment l’un de l’autre ; de forte qu’il peut voir de l’un ce qui eft devant lui, & de l’autre ce qui eft derrière; voir de l’un ce qui eft en haut, & de l’autre ce qui eft en bas. M. Boyle fait encore une remjN sur. la Physique et sur la Peinture. ?ue fur la Prunelle de quelques Ani- maux ; il obferve que les Bœufs & divers autres Animaux ont la Pru- nelle longue , aulft bien que les Chats -, neanmoins que dans les premiers elle eft placée tranfverfalement, & s’étend de droite à gauche , au lieu que dans les Chats elle ell iituée perpendicu- lairement Un Ami de Moniteur Boy- le , très - verfé dans l’Optique , con- jeélura , en fai faut cette Remarque , que la railon de cela elt que les Che- vaux & les Bœufs cherchant leur pâ- ture en terre , peuvent ainli recevoir plus aiiénient les images du fourrage qui fe préfentent eux de divers cô- tés dans leur Prunelle tranfverfale ; & que les Chats vivans de Souris & de Rats , qui grimpent fur les mu- railles , peuvent plus aifément les ob- lerver, par la datation perpendiculai- re de leur Prunelle , que fi elle étoit autrement fituée. Extrait du Journal des Curieux de la Nature de l’an 1 68b.Obferv. 3 4- Eép. des Lettr. Sept. 1686 . p. 1109. . Konig de l’Académie des Ci rieuxde la Nature, en Allemagne, dan une dagulière Anatomie qu’il a fait d une Chouette, a trouvé que les Yeu de cet Oifeau font enfermés dans 1 Crâne , qu’ils font immobiles, & qu’il n’ont , m une Figure EUyp,ique /con me ceux de 1 Homme , ni une Figut Arrondie , comme les autres , ils foi feiftblables à un Globe , au milieu di quel un Tourneur feroit un trou < chaque côté , & on y voit une fui en rond de petits Os. La Chouette n’ Yott point du tout pendant le jour, ma gre le fenument de quelques Auteur J ai expérimenté très-fouvent qu’en portant le doigt ou la pointe d’un cou- teau tout contre fes Yeux , elle ne dé- tournoit aucunement la tête , & ne le rcculoit que lorfqu’on la touchoit. Je crois que cela provient de l’extrême délicateife de lès Nerfs Optiques. Obferv. de M. Redi. Extr. d’une Lettre au P. Kirker. Quatrième Confér. de M. Denys. Journ. des Sçav. du i. Oclob. l6jz. On dit ordinairement qu’ayant cre- vé les Yeux aux Petits qui font dans les nids des Hirondelles , le Pere & la Mere vont chercher bien loin de pe- tites Pierres , ou quelques feuilles d’Herbe qu’ils apportent dans leur Bec pour leur frotter les Yeux , & le Remède eftfi piaffant que les Humeurs de l’Œil fe reproduifent en très-peu de tems , & leur Vue le rétablit en fon premier état. On trouve des Char- latans qui fe vantent d’avoir de ces pierres , & qui les vendent même fort cher , comme des Remèdes excellens pour conferver la Vue. Quelques Na- turaliftes veulent que les Hirondelles rétabliflènt leur Vue par une Herbe plutôt que par unePierre,& ils croyent que cette Herbe n’eft autre que de la Chélidoine. Mais M. Redy foutient que les uns & les autres fe trompent , 8c que le rétabliffement de la Vue fe fait par un pur effort de la Nature , & il le prou- ve parce qu’ayant crévc les Yeux à plulieurs de ces Animaux avec des Aiguilles & des Lancettes , ils guéri- rent- tous , & réparèrent leur Vue , fans qu’on leur fît autre chofe. Il a fait les mêmes épreuves fur des Pi- geons , des Poules , des Canards , des Oifons 8c des Poulets d’Indes , & il dit que leur Vue s’eft rétablie d’elle-me- N ij, 9» Observations sur l’Histoire Naturelle me en moins de 24 heures , fans qu’il ait été beioin d’y appliquer aucun re- mède. Journal des Sçavants ,22. Janvier 16 86 . Nuck dit aufli avoir éprouvé qu’un Chien qui avoit été blefle à l’Œil , mais d’une telle manière que l’Hu- meur aqueulè en étoit lortie abon- damment , fut guéri dans fi* heures fans l’aide d’aucun remède. Il préten d aufli que ce n’eft pas dans les leuls Animaux que fe peut faire la répara- tion de cette Humeur ; il en apporte plufieurs exemples fort curieux ùt fort finguliers pour les Hommes mêmes. Hifl. de l'Académie des Sciences, par Duhamel , Répub Liq. des Leu. Juill. i6$ç). p. i5. La Stru&ure de l’Œil d”un Oifeau des Indes , nommé Cafuel , eft alTez fingulière. Sa Paupière intérieure eft attachée à une ef'péce de petite cor- de , qui , par le moyen d’une poulie , l’éléve ou l’abaifle , félon le beioin qu’il en a , à-peu-près comme on ou vre ou ferme les rideaux qu’on met devant les fenêtres : cette membrane a la Figure d’un Triangle , lorsqu'elle eft déployée , & d’un Segment de cercle , lorfqu’elle eft pliée. Biblioth. Univerf. & Hiflor. Avril 1690. t. ly. p. 34$. M. Bedevole , Dofteur en Méde- cine , a obfervé que les Oileaux de Proye ouvrent quelquefois la Prunel- le d’une maniéré extraordinaire , & fur tout lorfqu’ils regardent quelque objet fort éloigné , & qu’ils la refler- rent aufli , & la rendent fortpet;. . & tout cela fe fait d’une façon qui^’ palTe de beaucoup la Dilatation g/f Confraétion de la Prunelle dans l*s autres Animaux. Cette ouverture & la Prunelle eft encore plus grande dans la ^Chouette , que dans les au. très Oifeaux de Proye. Par-là on peuj rendre ailément raifon pourquoi la Chouette voit la nuit : en effet plUs |. Prunelle eft ouverte , plus il entre de lumière dans l’Œil , & mieux l’Animal doit voir ; ainfx dans la nuit la Ium^_ re ayant très-peu de force , il n>e£ pas furprenant que ces Animaux voyent où les autres ne voyentpoim. Dans un lieu abfolument obfcur , M. Bedevole ne penfè pas que la Chouet- te voye du tout. On croit commu- nément que la Chouerre ne voit pas pendant le jour , parce qu’une gran- de lumière 1 éblouit ; mais puifque cet Animal refferre la Prunelle , & fe la rend aufli petite qu’elle l’eli dans les autres Animaux , & qu’il la met dans cet état , lorfqti il eft dans un grand jour , il y a apparence qu’on fe trom- pe. On voit affez fouvent en plein jour des Chouettes ; & fl l’on n’en voit pas ordinairement , c’eft plutôt parce que les autres Oifeaux leur font la guerre , que par aucun défaut dans les Yeux des Chouettes. Optalmographia auth. Guillelm. Briggs. Journ. des Sçav. 26. Avril 1 6yy[ Touchant la raifon , pourquoi les Chevaux & les Chats fonrfl tenfibles aux moindres impreflions de la lu- mière ? M, Briggs loutient que c’eft à caufè qu’ils ont prefque toujours les Membranes des Yeux extrêmement tendues; d’où vient qu’il y a quel- quefois des Hommes qui ljfent des sur la Physique et sur la Peinture. 5)7 t pag. 44. M. Littré avoit un petit Chien em- baume , qui n’avoit qu’un Œil fans Paupière , fitué au milieu de la partie inferieure de la Face , à la Manière dont on peint /es Cyclopes. II n’avoit ni nés , ni gueule , ni aucune ouvertu- re pour y fuppléer , il étoit gros & bien nourri , & il étoit mort fort peu de tems après être né , fans doute par- ce qu’il ne pouvoit prendre d’air. Ce Fœtus ne fe pouvoit être nourri que par le Cordon Ombilical. deux Yeux du Pinfon , elle tomba cet- te croûte , & les Humeurs de l’Œil fe reproduifirent , ainfi que les Membra- nes extérieures. Je crois qu’à cette Opération il n’y avoit eu que le Pé- licule tranfparent & mobile , qu’ont ordinairement tous les Oifeaux , qui fut endommagé. Ayant une Poule malade d’un (Eil , ■auquel il y avoit un Epaifliffement & racoxtvtfTement total de la Cornée tranfparente qu\ couvre la Prunelle , je voulus faire l’Opération de M. Da- niel moi-même , mais à la bmple Inci- fion de cette Membrane l’Oifeau ex- pira , & je trouvai enfuite le fond de l’Œil aufîi beau dans toutes ces Hu- meurs que celui de l’autre côté. if Obfervation que j’ai faite. Ayant plufieurs Oifeaux pourchaf- fer aux Mets , un jeune Garçon qui avoit foin de leur donner à manger , ayan>t entendu dire qu’en Provence c’étoit l’ufage de brûler la Vuë de ceux qui fervent d’Appeltans , ce qui effeftivement les force de mieux chanter dans leurs petites Cages, s’a- vita , fans ma participation , croyant de me rendre fervice, défaire rou- gtr un fer, & de leur brûler à tous la Vue, de fi près , que la moitié périt quelque tems après L'Opération. L’af- peft du martyre de ces petits Ani- maux me fit pitié : je tâchai d’éle- ver les pauvres Bleffés , qui réfè- rent à une fi rude Epreuve , avec tous les foins poflibtes, & même ie cherchai à leur redonner la Vuë fi je pou vois : mais rous mes remèdes n’en purent tirer d’affaire que deux , dont 1 un etoit un Pinfon d’Ardennes , l’au- tre reûa aveuglé le telle de (es jours. Ufe forma une groffe croûte fur les OBSERVATION V. Ou Dijfertation de feu M. Noël Coypel , P. Peintre du Roi , fur les Parties effentielles de la Pein- ture , utile aux Etudians & Ama- teurs de cet Art. OUoique les Arts concourent tous au bien public , il y en a néan- moins qui s’exercent plus noblement , & d’une manière plus élevée que les autres , que l’on nomme libéraux , foit à caufe qu’ils font dignes d’être exer- cés par des Hommes libres , ou parce qu’ils rendent libres ceux qui les cul- tivent & même pour la gloire des Etats. N’eft-il pas vrai que ce qui relie des Ouvrages de l’Antiquité , en donne une plus haute idée que ce qu’en ont écrit les Hifloriens. Y a-t-il un exemple plus merveilleux de l’ef- fet des beaux Arts , que l’établilTe- ment d’une République qui ne con- fiée qu’en fept petites Provinces , 5>s Observations sur. l’Hestoihe Naturelle, dont la puiffance fe foutient contre toutes celles de l’Europe , en partie par les Arts libéraux , qui y font honores , étant exempts des char- ges publiques ; qu’on y propole des prix à ceux qui y excellent , & qu’ils peuvent parvenir à toutes les Digni- tés de l’Etat. Dans Venife les Arts libéraux y ont un Tribunal, & des Juges particuliers qui ne connoiflent que de leurs Caufes. A Romo lls jouit— fent des Privilèges des nobles Ro- mains. , , . A Florence , Cofme de Médias leur donna des Franchifes plus con- iidérables que celles des Gentilshom- mes , parce , difoit-il , que la Nobfeffe qui vient de la naiffance , eti un effet & un don de la Nature , & que celle qui s’acquiert par l’exercice des beaux Arts, eft une récompenfe légi- time de la Vertu. L’Empereur Charlcquint témoi- gna bien Je cas qu’il fai foi t de la Peinture , lorfqu’i! donna au Ti- tien la qualité de Comte Palatin, 8c l’honora de la Clcf-d’or , & de tous les Ordres de Chevalerie. Le Roi François Premier, qui régnoit dans le même temps , le furpaffa encore en l’eftime qu’il marqua pour Léo- nar de Vinci , expirant entre fes bras, lorfqu’il dit ces belles paroles aux Sei- gneurs de fa Cour : « Ne foyez pas » furpris de l’honneur que je rends » à ce grand Peintre; je puis faire » en un jour beaucoup de Seigneurs » comme vous , mais il n’y a que » Dieu feu! qui puiffe faire un hom- » me pareil à celui que je vais per- » dre. Notre Grand Monarque, n’a-t-il pas donné une, grande marque de Ion eftime à la Peinture ou aux Arts du Deffm , lorfqu’il a établi leur Académie à laquelle il a j r- de ft beaux Privilèges , & ^ toujours augmentés , ayant m; * annobli quelques uns de ce Corne2 par rapport à la Peinture & s’éta réfervé & à fon Conl'eil , pat 1 Arrêt , que Sa Majefté y a rendu fa faveur , la connoiffance des ^ férends qui pourroient y fnrvenir ' ou qui pourroient l’opprimer ,ayan| même dans l’année 1691, établi Ua fonds fur l’état de fes Bâtiments pa lequel Sa Majefté augmente ies a,,. pointements des Officiers St PtofeV- feurs qui y enfeignent , voulant pour marquer qu’elle eft véritable, ment Royale , que ceux qui y fe. roient reçus , le riiffent gratis , ^ pour leur feul mérite. Toutes ces nouvelles font d’autant plus confi. dérables , dans le temps & la cort- jonéture d’une guerre des plus vio. lentes qu’ait jamais fouteau la Mo. narchie , en laquelle Sa Majefté a fait connoitre fa Puiffance à toute l’Europe , en impofant à tous les Princes qui propofoient la guerre les conditions de la Paix , qu’il a bien voulu leur donner. L’on peut encore ajouter ici cette belle Sen- tence digne véritablement du Pere de l’Eloquence Romaine , que l’hon- neur nourrit les Arts , & que la Gloire anime les Ames nobles à bien, faire, & à les cultiver , car ils languiffent lorfqu’ils ne font point eftimés , ho- norés & récompenfés. En effet fi ces fujets d’émulation n’étoient les fuites , & les fruits des veilles & des fatigues que les Scien- ces & les beaux Arts coûtent à acqué- rir , il faudroit une vertu toute ex- traordinaire pour lacrifier fon repos & fa vie à l’étude , fans aucune ré- jçonipenl'e, car iJ. rfy a point, d’hora- sur. la Physique iï sur la Peinture.1 $ me fi défmtéreffé qu’il ne voulut au moins y trouver celle de l’honneur ; c’eft cependant ce qui arrive quel- quefois dans les Etats , fujets aux grands mouvements de la Guerre , où il arrive certaines conjonctures de tems , que les béaux Arts ne rencon- trent ni l’un ni l’autre, La Peinture a toujours eu pour fujet de fon imitation tous les Oh- jets^vifibles de la Nature , fa fin doit être de furprendre & d’attirer les yeux par une imitation vérita- ble & poffible dans les fujets qu’elle fe propofe de repréfenter , puifqu’il faut qu’il y ait de la convenance entre l’Objet & la fin qui eft l’imi- tation. Cela fuppofé il eft néceftai- re de faire voir quelles en font les parties eflentielles, & qu’il feroitd’une dangereufe conféquence pour le pro- cès des Arts , du Deftîn & de la Peinture particulièrement , fi l’on autorifoit la licence & fi l’on attri- buoit la partie effentielle de la Pein- l*jre au Coloris. Pour cet effet je tacherai de faire connoître dans la fuite de ce difeours que je diviferai en trois parties, la fauffeté de ces opinions. Dans la première , après avoir tait voir la différence de con- notffance qui doit faire aimer & efti- mer p/Us ou moins l’Art du Deflin 011 Peinture , par l’idée que \’en don- nerai , & des parties que doit poffé- der un Peintre qui cherche à fe per- fectionner. Je farai connoître que ce bd Art , qui demande tant de beaux & de ft différents Talents , par la relation qu’il a avec les plus belles Sciences, & les plus beaux Arts, ne le doit point traiter licentieufement m par caprice ( comme le prétendent quelques Peintres ) attendu qu’il a pour objet l’imitation de la Nature , 99 & qu’une Profelîion qui a tant d’é- ténduë , n’eft pas fi facile a acquérir que préfument quelques Amateurs. Je donnerai enfuite une définition de la Peinture , pour conduire à la connoiffance de fes parties eflentielles, par laquelle l’on connoîtra quel rang doit tenir le Coloris. Dans la fé- condé je ferai voir qu’il n’eft pas permis aux Peintres de prendre des licences contraires au bon Sens , à la raifon , à la vérité de la Na- ture , pour donnet un faux brillant à leurs Ouvrages fans que l’on puifle croire cependant , que l’exa&itude & la perfection , à laquelle je veux porter les Etudiants , & les Ama- teurs, pour acquérir la connoiffance du bon , vife à détruire le mérite des uns , & à bannir de la Curiofité les autres. Par la troifiéme partie enfin , je ferai connoître que bien que mon intention foit d’exciter les Etudiants à chercher la perfection de l’Art, & à porter les Amateurs à la connoiffance des principes , par lef- quels ils foient en état de faire uns diftinCtion plus jufte du mérite des Ouvrages ; je ne prétends point ex- clure de la Curiofité quelques maniè- res que ce foit , anciennes ni mo- dernes , mais au contraire faire voir que fi les plus excellents hommes ont eu des parties inimitables , il y a eu aufii en eux quelque chofe à defirer ; que chacun à fon mérite particulier qui le doit faire eftimer , que ce qui eft à fouhaiter dans les uns fait fouvent le mérite des au« très. PREMIERE PARTIE. Pour aimer les Arts il les faut con- noître : mais il y a deux fortes de joo Observations sur l Histoire Naturelle , connoifi'ances qui font que l’on aime plus ou moins parfaitement. La pre- mière, dans ce qui fe paffe fur l’ap- parence d’une chofe qui plaît , com- me la Peinture , l'ans en fçavoir la caufe , ni en découvrir le myftère ; telle eft la connoiflance de quelques Amateurs , qui n’ayant ni ne pouvant pas avoir acquis par pratique ni par théorie la connoiflance de toutes les excellentes Parties qui doivent com- pofer un Tableau qui tend à l’idée de la Perfection , & les qualités que doit avoir un Peintre qui travaille fur ces principes , ils ne peuvent avoir qu’u- ne amitié proportionnée à leur con- noiffance , & une eftime de même ma- nière pour les Artiftes. C’eft pour- quoi l’on peut dire que cette efpéce d’amour pour la Peinture eit plutôt un agréable & divertiflant commerce qu’une véritable curiofité. Mais l’a- mour pour les Arts du Dcflin ou pour la Peinture qui vient du fçavoir & de la connoiflance , ou tout au moins d’une forte notion de ces Parties ex- cellentes qui doivent faire le mérite d’un Tableau fait fur l’Idée de la per- fection fur laquelle il doit être con- duit , elt bien pl-.is accomplie , & eft celle qui produit la véritable Curiofi- té , parce qu’elle aime les chofes par rapport au mérite , cherchant A rem- plir fon Amour , par la poflcflion de la chofe aimée , & pour elle feule- ment par une véritable eftime. Pour donner un Principe aux Etu- diants comme aux Amateurs de cette connoiflance qui doit porter les uns à l’Amour de l’Etude, les autres à une véritable Curiofité ; par l’eftime que l’on doit avoir de ce bel Art , je vais tâcher de leur faire voir par l’idée de l’excellence de la Peinture ,que ce qui ia doit taire eftimer , eft fi vague par la quantité des belles Parties m > renferme , qu’elle feule fuffitcm 6 * rendre l’Homme prefque uniwür Puifque c’eft elle qui produit lep - fait de la Beauté naturelle , & u -ar,* vrai au vraifemblable des chofes f mifes au fens de la Vue afpirant toU” jours à la Perfection & au Merve'T leux, fe rendant non-feulement Imij' trice , mais fupérieure à la Na,*' ( dit M. Coypel ) faifant voir fes qJ vrages élégans & accomplis , pat choix qu’elle fait de plufieurs de fe Perfections pour en comp0fer un* dans chaque Objet de ce qu’elle re- préfente la Nature en particulier , n\ tant pas ordinairement parfaite en tou « tes chofes ( idée faufîe de la plupart des Peintres. ) L’Idée de la Peinture prife en cette manière fe peut appeller Déeffe de fi Beauté & Perfection de l’Art; mais celle qui fe forme ou vient de la Pra- tique , ne peut rien produire que de défectueux & de bas ; quoiqu’il y ait des Peintres qui prétendent cependant établir par elle l’Elévation de leurs Génies, & dire que cette efpéce d’Art, qu’ils pratiquent avec toutes fortes de licences , eft au-defliis de la Na- ture , ce qui eft oppofé au bon fens & à la raifon , parce que toutes les chofes perfectionnées de l’Art & de l’Efprit humain , ont pris naiffance de la belle Nature , d’où dérive la véri. table Idée de la Perfection : c’eft ce qui fait que ceux qui faute de la con- noître & de l’avoir étudiée , s’aban- bonnant à la pratique , repréfentent plutôt des Phantômes chimériques que des Figures naturelles. Ceux-ci ne leur font point diflem- blables , qui empruntant , ou contre- faifant les Œuvres d’autrui , font que leurs Ouvrages ne font pas Enfans sur la Physique et sur la Peinture. ioi /e'gitimes , mais bâtards de la Nature ; gnent de la vérité de l’Art & de la Na- auquel mal ils en joignent encore un ture , fur laquelle , comme fur fa pro- autre , qui ell que n’ayant pas le mê- pre bafe , efl pofée l’Idée & la No- me Génie de ceux qu’ils copient ou bleffe de la repréfentation. contielont , ils ne peuvent pas les Outre cette belle Idée eflentielle de imiter dans leur meilleure Partie > ce la Peinture , les qualités que doit avoir qui eft impoflible , parce que chacun encore l’habile Peintre , & qui lui font a quelque choie dans les produirions, néceffaires par rapport à la perfection qui lui eft tellement propre, & inimi. de l’Art , font fi univetfelles & ont table à tout autre , qu ils tombent dans tant d’étendue que la vie de l’Hom- leurs défauts , & le font plutôt une me ne pevu pas fuffire pour acquérir Idée du pis ou du mauvais qu’ils au- tous les Talents qvû lui font convena- gmentent encore par l’imitation qui blés , mais il doit avoir au moins de dégénéré toujours. Et quoiqu’ils réuf- fortes Notions de beaucoup des plus fiffent mal ordinairement dans ce gen- belles Sciences & de la plupart des re d’imitation ,ilsfe flatent vainement beaux Arts, comme je vais tâcher de de furprendre les plus habiles , & s’al- faire voir par comparaifon de chacu- foupiflent tellement dans cette habitu- ne de ces Parties , félon ce qui m’en de qu ils dégénèrent fouvent en une paroit par mon peu d’expérience & mauvaile pratique, n étant plus capable les réflexions que j’y ai faites, d étudier la vérité de la Nature , & les En premier lieu, fi nous confidérons Idées de ceux quils ont voulu con- l’Art poétique , le Peintre , comme le tretaire , ne les pouvant fuivre qu’en Poète, doit être né avec les talents des choies de peu de confequence , que donne la Nature , fans lefquels fes ces elpéces de Peintres fe donnent & travaux feront toujours inutiles , q' el- e font connoître pour ce qu’ils lont qu’amour qu’il puifle avoir , & quel- lorfque ces deux Idées les quittent que foin qu’il puilfe prendre, ans eurs uvrages , & ne font point Si le Poëte doit avoir dans fes Com> rtfCrenS,.-,?vnp&VqiK r P/.eAmiers ’ Pofltions l’élévation d’efprit , être nf fp fnni Ph!lo(oPh“ Mifles,qui fertile en invention & diverfués agréa- mais fur U nl,dma‘S UrJ3 Virité » bles , «n fortes & belles expreflions , I l’D ' • 1 aS'"a“™>tartiqties le Peintre, ou un Ouvrage de Peinture, pinion ; au contraire , les Gé- doit avoir toutes ces qualités. Quant tes e cvcs pctteftionnem leurs pen- aux Fiftions & aux Allégories tant fees Won Vidée du beau de la Na,„. for les Sujets Divins que ProfaneT réflexions. I0U,0llrs °bieI de leufs elles font communes aux Peintres Les Génies d’un nrrlno comme aux Poètes , & enfin pour en bas & flérile déférent mm COIJ1niUj’ faire voir la Conformité , l’on con- la Vue , a la fauffe apparence T a» 9"e P°ëf,e eft UnG Peintl,re faux brillant, & non à la be//pfn parlante , & la Peinture une Poefie qu’ils n’entendenr ” e ^orme muette. Si nous faifons Comparaiton ue l’éléearce dp f ,se^ventc°n- enfiiitedelaDécIamationdel’Orateur, ment t nouveaml ^ ’°n efti‘ 011 de ^rt Oratoire au Peintre , ou à (on Lvent ltr o’ 3 ' la , ü «te femble que I Ora- l°n , luivent leur opinion . ,eur fe doit’faire un plan général de Année 1 73 ïo/n, /, parL jr O ioi Observations sur l’ fon Sujet ; dont l’arrangement des Parties doit être fait pour faire valoir la matière dont il s’agit & y con- courir toutes, & dont l’oppofition des Figures de Rhétorique & du Di [cours fervent à relever & à faire valoir le Sujet auquel on veut donner 1 avan- tage; & les Périodes doivent etre liées les unes aux autres agréablement pour ne compofer qu’un tout qui impoie & fatisfafle l’elprit de l’Auditeur : la Peinture , ou le Peintre , doit avoir le même ordre dans fes Comportions. Les Figures dont fe fert le Peintre pour faire valoir fon principal Sujet , ce font les contraftes ou variétés de Figures & d’Attitudes , leurs difîérens Caractères , &r les oppofitions de Lu- mière que l’habile Peintre fçait placer à propos pour faire valoir & donner du brillant à fon Héros, & y attirer les yeux du SpeCtateur. En Peinture , ce que nous appelions Groupe , je le compare aux Périodes d’un Dif- cours , lefquelles étant compofées de plufieurs Membres ou Figures, doivent être bien traitées en particulier con- courant au Sujet , & être de même fi bien liées cnfemble , qu’elles ne com- pofent qu’un tout qui impofe au Spec- tateur, & lui développe le Sujet avec facilité , par le Caractère de chaque Objet qui entre dans cette Compofi- tion. Si le Difcours doit être corrcCt par le choix des Mots qui faffent pa- roître un fens naturel , ailé & élégant; chaque Figure , qui compofe ou fait un Groupe, qui peut être aufti com- pofé de plufieurs Figures , doit être correCtc & traitée d’une manière choi- fie , naturelle & élégante ; c’efi ce que nous difons être de grande Ma- nière ; & l’on peut dire que la Peinture efi une Eloquence muette , & que pOraifon efi une Peinture éloquente, Histoire Naturelle , Quanta l’Hiftoire , je crois qQy, doit être traitée avec une grande ' ? reté , un bon naturel dans les Expf'r’ fions ; qu’elles l'oient graves félon 1 Caractères , ou naïve félon la diver* fité des Sujets ; éviter les Incidens q!" pourroient fortir de la Gravité V delà Convenance de ce qui s’y tra;te L’on peut joindre à cette Partie celle du SpeCtacle ; car dans la Repréfenta. tion d’une Hifioire , elle doit être ac- compagnée d’un fonds qui lui con- vienne , félon la Scène qui s y pa/Te qui doit être repréfentée avec toute la magnificence qui peut convenir ^ l’Hiftoire ou au Sujet , & enfin de l’I. dée que l’Hiftoire peut donner dans fa Defcription. Le Peintre, ou la Peintti. re , dans ce qu’elle reprefente , la doit traiter ainfi & y exprimer tous les CaraCtères que nous avons marqués ci-deflus que doit avoir l’Hiftorien ou l’Hiftoire : ainfi on peut conclure que l’Hiftoire cft la Peinture parlante de quelque aCtion, & que la Peinture en eft la repréfentation vifible, vraie, & naturelle. Le Peintre doit encore dans fes Compofitions ou Situations de Sujet obferver les mêmes régies du SpeCtacIe , c’eft - à • dire , qu’un Ta- bleau doit être confidéré comme une Scène ou Repréfentation de Théâtre qui eft bornée par fa bordure , com- me l’ouverture du Théâtre l’eft par les Ornemens qui la terminent. Comme la Scène qui s’y paffe doit toujours remplir le Théâtre agréable- ment , le Héros , & les principaux ACteurs qui l’acompagncnt doivent en occuper naturellement le milieu; ceux qui ne font que de la fuite rempliflant les côtés , doivent con- courir au Sujet , ou produire quel- qu’incident qui fade plaifîr ; mais comme nous avoqsdit ci-defTus , qu’ft sur la Physique et sur la Peinture. ne foit pas contre la décence ou la convenance de la Repréfentation. Cette même Régie fe doit auflï ob- l'ervcr dans la manière de placer la Compofition dans un Tableau félon la Figure qu’il a, haute ou large , afin que la Scène qui s’y repréfente fatis- falfe la Vue , & qu’il y ait un équilibre de quantité d’Ouvrage, obfcrvant que ce ne foit pas par une fymtnétrie qui paroifle alfcâéc , & que la quantité foit diversifiée & fans confufion. J’ai remarqué que beaucoup de Peintres d’Italie ont fait peu d’atten- tion à cette forte de Régie , ayant très-fouvent mis le fort de leur Com- pofition à un côté du Tableau , & quelquefois dans les deux , biffant le milieu vuide d’ouvrage ; ce qui fait une Senfation d’un morceau de Tableau coupé , & féparé des par- ties qui femblent y manquer. L’Anatomie eft effentielle au Pein- tre par rapport à la correétion de la Figure humaine , pour la fituation des Mufcles & le jufle affemblage de fes parties , qui efl la principale , de celles qu’en Peinture nous appel- ions Deflin. La Phylionomie lui efl encore neceflaire pour donner, félon l’expreflion des Pafiions , le véritable Caraéierc qu’elles doivent avoir. Le Peintre doit fçavoir l’Architec- ture, & ordonner le dedans d’un Pa- lais & ce qui regarde toute forte de Décorations, pour ne pas introduire dans le tond d’un Tableau des Bâtiments ou des Edifices , qui font plutôt un Cahos aux yeux des Con- noiffeurs , qu ils ne donnent une idée dune^ place publique ou régulière: de meme fi c’eflun Edifice régulier, ou quelqu’appartement d’un Palais , I03 de ne pas faire des chofes impoflibles ni contraires aux Régies ni aux prin- cipes d’Architeéhire. Il efl encore effentiel au Peintre de fçavoir plufieurs Parties des Mathé- matiques , comme l’Arithmétique , la Géométrie-Pratique , la Perfpeélive , & avoir quelque teinture des autres parties; même de l’Aftronomie ; en ce qui regarde les Planètes S: les Af- ttss ; leurs Qualités , Influences , & leurs Attributs. Le Peintre ne doit pas auflï igno- rer la- Mufiquc , parce qu’il doit con- sidérer la Compofition d’un Tableau, comme celle d’un Ouvrage de Mu- fique , afin que ces Parties foient dif- pofées par le Plan perfpeéïif de fon Tableau , pour produire des Tons dif- ferents , qui faffent une Harmonie agréable , par l’arrangement des Par- ties que l’on veut faire entrer dans la Compofition ; de forte que par la diverfité des Groupes & la dégrada- tion de Plan & de Lumière, il produi- fe une Harmonie qui fatisfafle la Vue, & Iuifaffe plailïr: Car comme la Mu- fique efl l’Harnfonie des Oreilles , la Peinture doit être auflï celle des Yeux. Il doit être encore Philofophe pour lier par un raifonnement jufle , tou- tes ces Parties enfemble , & rendre raifon des effets par leurs caufes , comme \ : ferai voir dans la fécondé Partie de ce Difcours. Toutes ces belles & excellentes Parties , quoique néceflaires au Pein- tre parfait, ne font point cependant eflentielles à la Peinture , tomme Imi- tation ou repréfentation vifible des Objets de la Nature , qui en demande encore autant d’autres qui font beau- coup plus difficiles à acquérir * , par- M CovdpI T. diftinaion ® comprendre. On ne fçait pas les raifons qui l'o /r • e cintre parfait doit les avoir , ces capacités , pourquoi les féparer - Oij io4 Observations sur. l’Histoire Naturelle , ce qu’il eft obligé de les fçavoir avec plus de perfeffon que les autres , & fans lefquelles on ne fe peut point di- re Peintre, qui font la Correétion du Deffin en toutes fes Parties , la Com- pofuion , l’expreflion des Partions & la grâce des airs de tête , la beauté du Pinceau & l’agrément des Cou- leurs , toutes lefquelles Parties lui font effentielles , parce que c’eft propre- ment l’Art de Peinture , ces autres n’étant qu’accidentelles par rapport à l’imitation des Objets de la Nature ; mais qui font néceffaires pour la per- feélion de l’art dont nous allons don- ner la Définition , pour faire connoî- tre aux Etudiants ce qui eft efTentiel , & doit faire le fondement & la bafe de leurs Etudes , & conduire les Ama- teurs à un principe de connoirtance , du mérite des Ouvrages auquel ils pourront joindre les réflexions de tou- tes les autres Parties dont nous avons parlé ci-deffus , ce que pourront faire aurti les Etudiants. Définition. La Peinture donc ( ç’eft toujours M. Coypel qui parle ) eft une imitation & une repréfentation vifible des Objets de la Nature, laquelle fe démontre fur une fimple fuperficie par le moyen des Traits , des Linéamens , de l’Ombre , de la Lumière & de la Couleur , dont le genre eft commun avec la Sculp- ture , l’Hilloire & la Poëfie , & con- vient aurti fi plufieurs chofes de diffé- rente nature. La différence effentielle eft que ce ?u’elle repréfente eft vifible par la orme qu’elle donne aux Objets fur une fuperficie plate , & que notiSan.- pelions Deffin , en quoi elle diff^ f la Sculpture , de la Poëfie & de l’H\f foire ; parce que la Sculpture eft / relief, & que la Poëfie & l’Hifloire ne nous donnent qu’une idée de cequ’ej, les repréfentent , mais que la Peinture fait paroître au fens de la Vue , les Objets de la Nature avec tant de per. feélion , qu’il en eft fouventfurpris g c l’entendement fatisfait à tel point* qu’il femble n’avoir à defirer que l’A- me dans la repréfentation des Corps animés. Cette différence conftituë fon efp£, ce , & la fépare d’avec ce qui peui être repréfenté par la Sculpture ou par Ecrit. Ce qui eft propre & particulier à la Peinture ,*eft de fatisfaire la Vue, & de la furprendre agréablement lorf. qu’elle repréfente avec plus de véri-. té quelqu’Objet de la Nature , faifant paroître de relief, ce qui n’en a que l’apparence. Et comme nous avons dit ci-deffus que fa différence effentielle d’avec les chofes qui font comprifes fous le gen- re de la Repréfentation , eft la forme qu’elle donne aux Objets qu’elle re- préfente fur une fimple fuperficie , il faut nécert'airement que le Coloris en foit la Partie accidentelle ; car n’étant pas d’égale étendue & ne venant point de l’effence des autres Parties de la Repréfentation , comme de la forme des Corps en particulier & en général , l’expreffion des Partions 2c l’harmonie du Sujet * , qui ionc tou- tes Parties du Deflîn. Le Coloris ne peut être qu’accidentel * En quoi donc M. Coypel fait-il confi/ler l’Harmonie, s’il ne la prend pas dans le Colo- ris & dans le Clair- oblcur tout enlëmble , comme dans l’AU'emblage des Objets ? puilque ces trois Parties de la Peinture font inléparables , & quelles ne peuvent exifter l’une làns 1 autre , pas Blême dans un fimple devinojr. sur la. Physique et sur la Peinture.' dans /«Tableau, non plus que la blan- cheur à l’Homme , oïi quelqu’autre Couleur , parce que tous les Hommes peuvent être de différents Coloris , ï ainfi que tous les différents Objets de | la Nature * , fans que cela ajoute ou m diminue rien de ce qui leur eft effen- rjj tiel. Il en eft de même de l’Affemb/a- itfl 6e ou rencontre de Couleurs qui peu- jrjpj ycnt entrer dans la Compofuion d’un Tableau , & de ce qu’on pourroit t appeller Gourou Intelligence de Cou- 'ifi leurs ; car en tous les Objets de la Nature , l’intcrpofition de l’Air , la jp Qualité ou l’Alpeû de la Lumière les ,jÿ. fait paroitre d’une Couleur , & quel- K* quefois d’une autre , fans que ces ac- cidens apportent aucun changement à la Forme ( ne venant point de fon fit, Effence. ) Donc le Coloris n’étant $ d’accidentel dans les Objets de la r.c‘ |fature » il ne peut être autre chofe à 0 égard de la Peinture. Il eft néanmoins fit à chaque Peintre de faire tel choix qui lui plaît des divers accidents ■J Nature lui préfente , félon fon ÿ Goût quant à la Couleur ; mais il ne }Ul e(l pas permis de donner aux Ob- pt lets > ou Corps réguliers qu’il repré- tt lente» une autre forme que celle qu’ils 1 i doivent avoir ** , ni de rien faire c°ntre *a vérité de la Nature , ni les '0 e cts Naturels de la Lumière , qui toi io{ étant parties du Deflin , font auflî par ties effentielles de la Peinture , com- me je le ferai voir par la divifion que je donnerai des Parties du Deflin dans un autre Difcovrs. S’il eft vrai , félon cet Axiome de Philofophie, que tout ce qui peut être ôté d’un Sujet fans qu’il foit détruit ou ceffe d’être , ne lui eft qu’acci- dentel*** ; l’on peut conclure que le Colons ou Affemblage des Couleurs qui fe rencontre dans la repréfenta- tion d un Sujet n’eft qu’accidentel » puifque la Couleur ou le Coloris en peut être ôté fans que ce Sujet ceffe d’être dans toutes fes Parties effen- tiellcs , comme font la Compofuion qui comprend la Forme générale & particulière , l’Harmonie du tout en- femble , l’expreftion des pallions f’ comme nous voyons dans un Deflin de blanc & noir , ou dans une Ef- tampe. Ainfi puifqu’tin fujet peut être re- préfenté par l’affemblage de diverfes Couleurs , & que ce font même des accidens en la Nature , pouvant être d’une maniéré ou d’une autre , fans que le fujet ceffe d’être en toutes fes parties effentielles , il faut néceflai- rement conclure qu’il en eft de même à l’égard de la Peinture ; & que cet affemblage ou diverûté de Couleurs •re/le Coloris", pTrtS’SelleT/ '* Coulcut 'ocale d? cJa PuifPc le détruire non plus que >ous les Corps, & les Corns en nr ' i lCUf ’5ejl une autre qui prend la place dans b Lumière que l’on choiïir & ,• Pe“vent être reprélèntés fous diverfes Teintes , félon tourci & l’attitude qu’on lui d dlVÊrIes formes , comme je viens déjà de dire, félon le rac- ordonées à celle que la v,r °nne i clu|olclue cependant ces Teintes & ces Formes foient fubr tttd, comme del’eftrooier ^ ? «abli} car il feroic auffi ridicule de peindre un Homme f 1 uans la forme de tous fes membres, ioé Observations sur l’Histoire Naturelle , ou Coloris en général , n’eft que la partie accidenrelle , laquelle néan- moins étant jointe à la forme avec choix & intelligence , y ajoute une perfedion très conüdérable ; de mê- me que la Science , bien qu’elle ne faffe pas partie effentielle de l’hom- me , elle lui donne une qualité qui le fait plus eftimer. Il eft bon de faire ici une diftinc- tion de ce qu’on appelle intelligence de Couleurs , & ne pas confondre celle du Deflin avec celle de Paf- fembloge , ou oppofition des Cou- leurs , comme font quelques Peintres; car 1a conduite & l’oppolition du clair & de Pobfcur, & la dégradation des lu- mières & des ombres, n’appartiennent pas au Coloris , * n’étant pas la partie effentielle de la forme générale & par- ticulière de la composition d’un fujet que nous appelions Defftn , par la- quelle la Couleur doit être condui- te ; car le Coloris n'eft pas le Sujet qui reçoit la forme , mais la forme efl: le fujet qui reçoit & doit con- duire le Coloris , & le peut rece- voir en plufieurs manières fans lui apporrer de changement effenticl, ptiif- qu’elle peut fublifter par elle-même, & que le Coloris ne peut fnbfifter fans la forme qui eft le Dcflin. Je crois que par cette définition , l’on ne peut pas difeonvenir que le Coloris ou Couleur ne l'oit la partie accidentelle de la Peinture ; que c’eft le rang qu’elle y doit tenir , & que fi elle étoit la partie effentielle du Peintre & de la Peinture , ( ainfi que le prétendent d’aucuns Peintres , ) il s’enfuivroit qu’il faudroit commencer l’Etude de la Peinture parle çQi . dont il arriveront infaillible^11? » ruine de ce bel Art , parce qUî Z1 fondemens n’auroient rien de f0v,f ni d’affurc. Ces principes étant dés fur des accidens, de quoi je n' crois pas que l’on puifi’e ni doive ce"5 venir ; c’eft mon fentiment quant aù mérite & au rang , que doit tenir [, Couleur ou Coloris en l’Art de p^ SECONDE PART I E. Il eft affez ordinaire queleshom' mes méprifent ce qu’ils ne pofféden't pas , & qu’ils ne fçauroient acquérir dans les Sciences & les Arts;&tj, chent de faire recevoir leurs opini0ns pour principes , particuliérement cem qui par un génie libertin ne peuvent fouffrir des bornes, & difent que lj force ou l’élévation des beaux génies, eft au-deffus des régies & des pnn! cipes ; prétendant faire paffer p0w Art , des Licences bien fonvent ri. diculcs & extravagantes , & il fera, ble qu’il devroit fuffire pour détruire ces opinions , de ce que r.ous avons dit ci-dcffus, tant de la connoifl'ance qui doit faire aimer plus ou moins ce bel Art par l’idée que j’ai tâché & donner des parties excellentes q ç doit avoir le Peintre , & qu’il doit employer pour conduire fes Ouvra- ges fur l’idée de la perfection, que par la définition que nous avons don. née de la Peinture : qu’étant une re. préfentation vifible le Defîin en cil la partie effentielle ; & ayant pour objet tout ce qui eft dans la Nature, * Le clair n’eft-ce pas une couleur ; l’obfcur n’en eft ce pas une antre? Comment donc peut-on les fcparer ces deux accidents de jour & d’ombre, de ce qu’on appelle coloris , qui ne veut dire que dilpofition de couleur ? Toutes les couleurs ne font-elles pas prîtes dans la lumière & l’ombre» Pourquoi donc les fcparer du clair obfcur i sur. la Physique et fa fin doit être de décevoir nos fens , & fatisfairc notre raifon repréfentant quelque chofe qui eft ; or ce qui eft vifible exifte , & ce qui exifte eft vrai. La Peinture a donc pour objet de fon imitation le beau choix que le Peintre peut faire fur la vérité de la Nature, & a en cela quelque rap- port à la Philofophie ; la définition de laquelle nous dit que c’eft une con- noiffance vraie , certaine, & éviden- te , & fi le Philofophe doit rendre raifon des chofes naturelles par leur propre caufe , le Peintre fçavant doit aufli rendre une raifon vraie , cer- taine , & évidente , de la caille des effets que produit ce qu’il a repré- fenté. Mais je fçai que ceux qui par un défaut de génie ou libertinage d’ef- prit , ne veulent point de régies tti de fujettion, & dont les principales facultés de l’efprit réfident dans l’ima- gination , ne manqueront pas de ni objeûer & de dire , que la Pein- ture doit plaire à la vue & que pour la rendre , s’il fe peut , plus agréa- ble , l’on peut prendre telles Licences que l’on voudra , & que la forme ou correftion des objets, que quelques- uns traitent même de minucies & d erreur , et} peu conlidérable , pour- vu que le fujet repréfenté ait plus d éclat, & puiffe frapper la vue à ion premier abord. Us diront encore pour autorifer cette opinion , que quantité de Peintres en ont ufii de la forte ; que l’Ecole de Lombardie , & Rubens , fourniront de ces exevn pies , Sç que ces grands hommes qui poffedoiçnt , dilent-ils, le Coloris avec tant d’avantagç , n’ont pas toujours eu egard a la vérité des effbts de la Nature ; & que s’ils ont joint U Li- cence a 1 avantage qu’ils avoient pour 1 sur. la Peinture. 107 donner de l’éclat à leur Ouvrage ce n’étoit pas qu’ils ignoraffent les principes de leur Art , mais qu’ils ont préféré cette partie , comme la par- tie effentielle , à celle du Deffin ôc de la correftion ; & que cette févé- rité pour les régies de l’Art, eft plu- tôt d’un efprit froid , & bas , que d’un beau génie dont la vivacité ne peut fouffrir de bornes , & que les avan- tag« qu’ils ont tiré des Licences qu ils ont çti£es,font bien plus grands que les défauts ne Usnt confidérables,' qu il n eft pas meme petmis de pen- fer qu’ils y ayent tombé par un dé- faut de raifonnement , puifqu’ils ont fait paroître dans leurs Ouvrages des parties fi belles , qu’elles ont mérité l’eftime des Sçavans. Il eft facile de répondre à ce rai- fonnement ; & comme j’ai fait com- parailon de la Peinture à la Philofo- phie , laquelle me femble allez jufte , parce que la Philofophie étant l’Art de raifonner pour découvrir la vérité des chofes naturelles par leur propre caufe , la Peinrure aufti eft un rai- lonnement perpétuel fur les principes de la vérité de fon imagination , & des divers effets de la Nature , parce qu’elles ont toutes deux la Nature & la vérité pour objet , quoiqu’en dif- férentes manières ; car un Peintre qui ne s’attache point à la vérité de la Nature , teffemble à un Philofophe qui met toute fon étude à former des raiionpemens , pour prouver que l’être n’eft rien , & que le corps n’cft que l’ombre , & à faire des argu- mens pour furprendre fur une fauffe apparence , l’efprit des ignorans ,1'ans fe mettre en peine de la fin , ni des principes de fon Art , & de fatisfaire aux Sçavans qui n’ont pour but , Par le moyea de la Philofophie ou cai- !°8 Observations sur i fortement , que de découvrir & de connoitre^ la vérité de toutes chofes , qui doit etre au/fi la fin du Peintre de la Peinture , en tous les fujets qu elle repréfente. L’on peut dire encore en répon- dant à l’article ci defius , que quand on eft obligé de lecourir aux faufles fuppofitions pour donner de l’éclat & de l’avantage à les Ouvrages , cela provient plù ôt de l’indigence du gé- nie & de la foiblefle du 'jugement , que de l’abondance & de la fertilité , car un génie facile conduit par un jugement folide , n’a pas befoin de chercher dans les efpaces imaginaires, des fixions Se fnperftitions (ans fon- dement , & éloignées de la raifon & du bon fens, pour produire ces effets de brillans & de lumières , pour at- tirer les yeux des Spectateurs; mais par (on abondance & fa facilité , il fçait dilpoler les chofes de forte dans fes compofition-. , par l’ordre qu'il y établit , qu’elles prodaifent tels ef- fets que bon lui (emble , fans qu’il doive cet avantage qu’a la raifon , à la vérité , & à la jufteffe de fon efprit. .Te crois que ces grands hommes qui nous ont précédé , &r qui ont joint à (avantage qu’ils avoient du Colo- tis , la Licence d’éclairer bien fou- vent ce qui devoit être obfcur , d’om- brer ce qui devoit être éclairé ; de faire fur un plan ce qui devoit être fur l’autre , & quelquefois faire ré- gner le jour avec la nuit , ne l’ont pas toujours fait avec la raifon de plaire , & que le feu & la vivacité de leur génie les emportant , fans pouvoir louffrir de borne dans le charme de leur imagination , leur a fait négliger l’étude de la forme & de la corre&ion , & beaucoup d’au- tres parties. 'Histoire Naturelle, Ou bien l’on peut dire avec t de vraisemblance , que la Voj , n’eft pas toujours la maîtreffe i°n!e produéfions, & qu’elles dépendent la difpofition des facultés de no 6 efprit , félon qu’elles prédominé!! en l’entendement ou en l’inw,n 1 lion , & que quand le feu de gination l’emporte fur l’entendeme ' par la difpofition du tempérament"! il eft prefque impo/fible de le m ’ dérer fans l’éteindre , & au contrai» lorfque l’entendement l’emporte fu le feu de l’imagination, ou pour mieux dire , qu’il ne le laifle étendre qU’aiu tant qu’il eft néceflaire , il diftribuè avec beaucoup plus d’ordre & d’é. conomie , les images qu’elle lui pr^ fente, les réduifant au terme de la raifon & de la vérité. ‘ Mais difons que chaque faculté de l’efprit a fes avantages, que c’eft|e propre de l’imagination de produis ces belles parties de feu & de vivj. cité, qui furprennent les fens par Ij proximité qu’il y a entre eux ; qUc c’eft le propre de l’entendement de la perfeélionner & de la conduire- & qu’ayant la faculté de raifonner & de connoître la fin que nous de- vons nous propofer dans nos Ouvra, ges , doit être de le fatisfaire , ayant toujours la vérité pour objet. Il eft vrai que 1’étu Te de la belle fimplicité , & de la vérité de la Na. ture dont Raphaël nous donne défi beaux principes dans fes Œuvres qn’i| a faites au Vatican , ( & particulière, ment dans les Aéles des Apôtres,) eft un écueil dangereux pour ceux dont le feu trop véhément n’eft pas capable de réflexion , & qui par la foiblefle de leur jugement ne s’y fça- vent pas conduire , & qu’il y a peu de gens qui en foient capables ; mais cela SUR LA PHYSIQUE ET SUR LA PEINTURE. 103 ce/an'elt pas furprenant , puifque cha- cun fçait que la perfeftion elt quel- que chofe de fi haut & de fi relevé , qu’il n’y a perfonne qui y puiffe atteindre & même fe la puiffe pro- pofer ; à quoi cependant nous de- vons toujours afpirer , & travailler pour en approcher autant qu’il eû poffible , en conduifant nos études fur les véritables principes ; puifque la Nature & la vérité , qui font l’ob- jet de la Peinture , & le iiijet de l’ad- miration de tous les hommes , ont des charmes allez puiflans pour don- ner une entière l'atisfaûion en l’imi- tant avec choix. Je crois que l’on demeurera d’accord qu’il n’y a rien de plus difficile dans l’imitation de la Nature, que la beauté fimple 6c na- turelle , 6c qu’on ne doit point s’éton- ner ii beaucoup lé rebutent d’une fi longue & fi pénible étude , d’autant plus qu’il y a peu de génies qui en loient capables, 6c n’ayant pas quel- quefois le moyen d’y parvenir,voyant de plus qu’il y a eu beaucoup de Peintres qui ont eu l’avantage d’ac- quérir de l’eflime& delà réputation en furprenant par l’apparence d’un faux brillant & d’une mauvaife pratique.Je crois qu il ny a eu prefque que Ra- phaël, Monfieur Pouffin & peu d’au- tres , qui ayent acquis cet avanta- ge par le Deflin , les véritables princi- pes , la {implicite & la vérité de leurs expre fiions & qui ont porté ces par- ties au plus haut point de perfection leurs rence , parce que lelon toute l’appa- .v.iwi, , on a toujours étudié fur ces principes , & que peut-être aulfi l’on n’a pas eu la même émulation qu’a* voient ceux de l’Antiquité, par l’hon- neur & la réconipenle qui font les vrais aiguillons de la vertu , le fruit & la confolation des fatigues qu’il faut effuyer , lorfque l’on le propofe d’atteindre à quelque dégré de perfec- tion -, 6c il eft à ptéfumer que fi la Peinture avoir en ce tems-là un avan- tage proportionné k celui qu’elle a au- jourd’hui avec la Sculpture de nos tems , que les Peintres de l’Antiquité nous auroient encore donné des mar- ques plus évidentes de cette vérité , & leurs Ouvrages feroient, encore plus que la Sculpture , des Sujets de notre étude & de notre admiration. Voilà quel elt mon fentiment fur l'opinion de ceux cjui croyent que le Coloris elt la partie elfenticlle de la Peinture , & qu’il elt permis de pren- dre telles licences qu’il leur plaît dans leurs Ouvrages , duquel je crois m’ê- tre fuffifamment expliqué , & dont je m’explique encore ; en difant qu’un Peintre ayant pour Sujet de fon imi- tation , tout ce qui fe rencontre ou fe peut rencontrer dans le beau choix qu’il peut faire des Objets de la Na- ture , elt indifpenfablement obligé d’en imiter les Effets autant qu’il lui elt pof- fible , & de ne pas confondre ou faire regner le Jour avec la Nuit , le Ca- hos au lieu de l’Ordre, de l’économie & de la vraifemblance, & de faire tou- que0nousnavons dë l’a^Zfité^out T* ‘ï Vra,’e™D,ancc’ & de taire toi*- voyons jufqu’aujourd’hui que labeaù f ^ e,S pour raifon fondée té vraie & fimnle A* r0 ^ • a besu* “,r ^ vente , & qu il n elt pas de la relie a été iutcni’à n°US ™ ^onne Difcipline des Sciences & des table, tant aux Peintres^u’avu «"T" AftS f,® ProPofer ni foutenir la llcen“ » N. „ ^ aux Sculp- ce; d’autant plus en celui - ci qu’elle Armu Tom. /, Pan, IJ, 1 î î à Observations sur l’Histoire Naturelle ; éloigneroit , non - feulement les Pein- ou moins à la perfection des Sciences très , des progrès qu’ils pourroient faire dans leur Art , mais encore les Amateurs de la véritable connoiftan- ce qu’ils pourroient acquérir ; puif- que quelque diligence que l’on puifle apporter à s’inftruire , elle s’introdui- ra affez fans quelle ait befoin d’au- torité ; mais au contraire on doit tou- jours fe propofer & chercher la per- fection de l’Art, quelque difficulté qu’il y ait , fans quoi on ne fçauroit par- venir à y faire aucun progrès , ni à la vraie connoiffance du mérite des Ou- vrages. & des Arts, par proportion aux fÎCVll> tés de fon efprit , & que tous les Hom. mes qui profeffent un même Art , ont chacun quelque talent qui leur eft propre & particulier qui ne fe ren- contre point dans les autres ; bien que les uns s’écartent plus ou moins des Principes , même ceux dont j’ai pré- tendu parler qui en font les plus dé- nués , & dont le goût eff dégénéré en une mauvaife Pratique , ont eu en. core leur mérite : nos plus grands TROISIEME PARTIE. fein foit de détruire les fauffes nions & la licence qui conduit Auteurs anciens , comme les Moder- nes , ayant laifte dans leurs Ouvrages quelque chofe à fouhaiter ; quoique chacun ait eu des Parties excellentes qui leur étoient propres & particuliè- Bien que par ce Difcours , mon def- res qui leur ont acquis cette réputa- tion^ les ont fait admirer.Nous en fe- rons remarquer ici quelque chofe dans le relie de ce Dilcours , à commencer par Raphaël , ( que chacun demeure d’accord être le Prince des Peintres ;) parce qu’il a affemblé dans fes Œuvres plus de Parties elfentielles de la Pein- ture , & les a portées à un plus haut point que les autres , par la beauté, la noblelTe & la fimplicité Naturelle de fes Compofitions , la grande Cor- redion dans chacune des Parties qui y entre , le beau Jet des Draperies, le beau choix dans l’arrangement des plis, d’une manière grande & fage, mais auffi naturelle ; le beau Carac- tère dans fes expreffions , foit graves, douces 8c gracieufcs , traitées avec une grande, vérité & grandeur de goût & de manière , & l’on peut dire que ce grand Homme les a poffedées au fuprême degré de perfedion ; fans par- 1er de celles qui regardent la Théorie dont nous avons parlé ci-delîiis, qui ne font point de l’Imitation ou Repré- opi- à la deftrudion de l’Art & des Princi- pes que je tâche d’infpirer aux Etu- diants , comme aux Amateurs , l’en- vie d’acquérir les connoiffances qui doivent porter les uns à l’Etude de la Perfedion de leur talent , & les au- tres à s’inftruire du véritable mérite des Ouvrages & des Parties qui les doivent faire eftimer,par rapport à la différence que l’on doit faire des uns aux autres ; je ne prétends point cependant ôter ni diminuer rien de l’ef- time ni de la capacité d’aucun Peintre, ni bannir de la Curiofité aucunes ma- nières anciennes ni modernes ; Quoi- qu’elles n’ayent pas toujours toutes les Parties effentielles , mais feule- ment porter les uns à l’amôurdcs cho- fes qu’ils doivent apprendre , les au- tres à connoître & faire diftindion du véritable mérite de quelque manière d’Ouvrage que ce foit , fçaehant bien qu’à l’égard des Sçavans ou Artiftes , chacun , félon fon génie , s’élève plus Tentation , étant encore bon Sculpteur II I sur la Physique et sur. la Peinture. & excellent Architecte. Cependant, fi l’on peut dire l’on fentiment de ce grand Homme , fur ce qu’on pourroit louhàiter dans fes Œuvres ( qui ne fera pas feulement le mien : ) on n’a pas trouvé qu’il eût la délicateffe du Titien, ni qu’il fût fi naturel dans le Coloris des Chairs ; qu’il y avoit un peu de dureté dans quelques-unes de fes Œuvres, s’étant même oublié quel- quefois fur la régularité du Plan pour la pofitio n des Figures. A l’égard de Michel Ange, l’on peut dire qu’il a été le plus fçavant en Anatomie qu’il y ait eu ; qu’il a eu dans des chofes particulières un grand goût de Deffin & une très-grande ma- nière , étant excellent Sculpteur & grand Architeéte ; mais fi l’on peut dire encore fon fentiment a fon fu- jet, il n’étoit ni noble ni gracieux dans la Compofition de fes Tableaux, ayant une manière auftère & trop fevère Obfervatcur de l’Anatomie. Si nous parlons du Corrége : Qui eft-ce qui a approché de la grandeur & de la beau- té de la manière ; qui ait eu un plus beau Pinceau , plus de grâce dans les Expreffions , un Colons plus vague & plus gracieux? & l’on peut dire , par une manière de parler , qu’il avoit quelque choie de Divin dans les Par- ties excellentes qu’il pofiedoit ; mais ayant eu des défauts de CorreCtion fi confidcrables , dans l’Affemblage par- ticulier de fes Figures & dans quelques attitudes ; qu’il n’eft pas concevable qu’un Homme, qui avoit tant de fi ex- cellentes Parties, ait pû tomber dans des défauts de cette forte. Qui a eu un plus beau & plus fa- cile Naturel qu’Annibal Carrache , plus univerfel dans les Parties de la Peinture , plus aifé dans les Compofi- tions ? failant le Paylage d’un beau 8c bon goût , vrai & naturel ; qui ait eu une plus grande manière de Deffin, d’un Pinceau plus facile ; mais n’étant pas toujours bien gracieux dans fes airs de Têtes de Femme , ni trop ré- gulier quelquefois dans fes Compor- tions, quoique d’une production ai. fée. Le Dominiquain a été un excellent Homme, d’une grande CorreCtion de titffm, naturel & naïf dans fes Ex- preffions ,vmvverfel auffi dans les Par- ties de la Peinture , faifant le Payfa- ge parfaitement bien, tenant en tout beaucoup de goût d’Annibal fon Maî- tre , mais ayant eu dans les Draperies un peu de pelanteur , & la forme des plis peu naturelle , l'on Pinceau n’étant pas également léger ni facile. Le Guide de la même Ecole n’étoit* il pas un Peintre des plus gracieux dans les airs de Tête de Femme ? Qui eft ee qui a eu le Pinceau plus beau & plus facile , une manière plus grande & plus vague ? Qui eft-ce qui a drapé d’un goût plus naturel & plus beau ? mais aulfi il n’étoit pas ailé dans fes Compolitions, ne paroiffant pas dans ce que j’ai vù de fes Ouvrages , ni trop univerfel , ni d’un génie trop lertiie. L’Albane , auffi de l’Ecole d’Anni- bal , a été un Peintre fort gracieux , délicat dans fes airs de Tète & dans fon Pinceau ; mais je crois qu’il étoit plus propre aux petitsTableaux qu’aux grands Ouvrages, me paroiffant que fa manière de Deffin étoit plus petite & moins correCte en quelques Par- ties que quelques-uns de la même Eco- le , quoique l’on m’aye dit qu’il a fait quelques grands Ouvrages très-beaux que je n’ai point vît , qui pourroient bien être tels , & être foibles dans les parties que j’ai dit ci-deffus. Le Laafranc qui étoit encore Dn- P ij y ï i Observai* ions sur l’Histoire Naturelle , ciple d’Annibal , étoit auflî un excel- lent Homme , comme il paroît dans fa Coupe de S. André de Laval , & en d autres Ouvrages qu’il a faits, ( à ce que j’ai oui dire à Naples ) ayant con- servé beaucoup de la manière de fon Maître , & eu beaucoup de feu & d’ef- prit dansfes Ouvrages ; je neiçais’il l’a confervé longtems , mais la Cou- pe qu’il a fait à S. Charles , dit Catti- nari , m’a paru beaucoup inférieure à celle de S. André de Laval ; & meme quelques Tableaux particuliers qui ne fe trouvent pas d égalé force. Voilà ce qui me paroît des plus anciens & des renommés Peintres de l’Ecolè de Rome , & de celle de Bou- logne , taillant tous ceux qui font lor- tis de ces manières principales , ce qui me meneroit trop loin , n’entre- prenant pas de faire ici l'Hiftoire des Peintres que de fort habiles gens ont faite , mais citer feulement les Princi- paux , & qui ont eu plus de nom pour Servir d’exemple fur ce que j’ai avan- cé ci~deffus. Pour tirer encore quelques exem- ples de l’Ecole de Lombardie , j’en «ferai de même , ainfi que de celle de .Venifè. Le Georgion étoit un excellent Co- lorifte , naturel dans fes Ajuftemens , qu’il traitoit allez à la moderne , de fon tems & du pays : dans le peu que j’ai vû de fes Ouvrages , il m’a paru qu’il n’étoit ni riche ni nobie dans fes Compofitions , d’un goût de Delfin peu corrett Stpefant. Le Titien a été & a pafle pour le plus grand Colorifte : Dans ce que j’en ai vû , il m’a paru fort délicat dans les Teintes de Chair, étant vraies & naturelles : il étoit excellent Pay- fagi lie, d’un goût merveilleux dans le choix qu’il faifoit des açcidens de la Nature & des fituations , loit que f0{J génie ou la fituation du pays lui f0ur, nît ainfi pour Ion Payfage , ayant beaucoup d’harmonie & de richeffe dans fes Couleurs , qu’il traitoit vo- lontiers par oppofition. Je ne vou. drois pas cependant interdire abfolu. ment I’ufage de ces oppofitions , mais je voudrois que ce ne fût que par né- celîité & avec beaucoup de pruden- ce. A l’égard de la Correélion du Def. fin , il a été , ce me femble , le plUs corrett de ceux que l’on peut dire Colorifles , particuliérement dans le Nud , mais dans les Draperies il me paroît qu’il n’y a pas eu tout l’avan- tage , loit dans leur Jet , ou dans la forme des plis , non plus que dans la Compolîtion de fes Sujets. Paul Veronefe a été encore un ex- cellent Homme , riche & abondant dans fes Compofitions , quoiqu’elles n’ayent pas toujours été des plus régu- lières : il a été bon Colorifte , ayant fait de très-belles Têtes bien colorées, vraies & naturelles , peintes d’une bel- le facilité, allez d’harmonie dans fes Ta- bleaux,mais qui venoient le plus fou- vent d’une manière pratique , paroif- fant qu’il fe fervoit prefque par tout , pour plus de promptitude & de facili- té, d’une Teinte générale pour tes Ombres , dont il varioit les Couleurs plus par la lumière que par raifonne- ment : Au refte , peucorreél dans le Nud , comme dans fes Draperies qu’il a fait fouvent plus maniérées que na- turelles, peu de noblefle dans fes Ajuf- temens, mêlant dansfes Compofitions des Figures modernes avec d’autres d’un différent Cara&ère , peu correâ pour la proportion de fes Figures, fé- lon leurs Plans , mais l’on peut dire que c’étoit un excellent Praticien. L’on peut dire du Tintoret à-peu* su k la Physique et sur la Peinture: i 1 3 près la meme chofc , bien que d’nne manière différente , mais moins légè- re , & dont la forme des Figures avoit quelque chofe de plus folide 8t de plus correft en quelques parties , d’un gé- nie facile & abondant , mais quel- quefois outré dans fes Compolirions, & auffi beaucoup maniéré. Je pourrois encore parler da nos Peintres modernes , tant Italiens que François , comme Piètre de Cortone , André Sac hi , Carie Marati & le Si- niani , pour les Italiens : Pour nos François , M. Poulfin , M. Vouet , qui a eu fon mérite , M. Le Brun , & M. Le Sueur, & beaucoup d’autres , tant Flamans qu’Allcmans , dans les- quels , comme dans les autres, je ne pourrois faire voir que beaucoup de mérite , 3c toujours dans chacun quel- que chofe à délirer , ce qui n’ajoute- roit rien de plus à mon deffein , qui eft de donner feulement une idée de 1 eftime que l’on doit avoir pour cha- cun, félon la diverfité de leur Talent, & faire connoître que tous les Hommes ont quelque chofc qui leur eft propre & nnturel, que les autres n’ont point ; ^ qu’il a manqué ( comme nous avons dit) des parties aux uns , qui ont fait le mérite des autres ; & qu’ainfi bien loin que je prétende bannir de la Curiofiré la diverfité des manières , quoiqu’il y en ait de bien plus foibles les unes que les autres , ( celles-là même ayant toujours quelque chofe de bon & de particulier ) on les doit toujours ef- timer du plus au moins par propor- tion au bien qui s’y trouve ; & mon fentiment eft que l’on doit cftimer le bien en quelqu’endroit qu’il /oit , in- duftéremment dans les Anciens com- me dans les Modernes , comme font les Amateurs d’Italie. Et par compa- ïatfon les Gens de Lettres qui admet, tent dans leurs Bibliothèques avec le* grands Auteurs de l’Antiquité , ceux qui fe font trouvés dans des tents de la décadence des Lettres , préférant les Auteurs Modernes , félon leurs mé- rites , à beaucoup de plus Anciens , parce qu’ayant la connoiftance qu’il faut avoir pour en faire diftinûion , ilseftiment le mérite, de tout tems, de tous âges & de tous lieux. J’ai bien voulu toucher légèrement quelque chofe Au mérite de quelques- uns de nos plus confvlérables Au- teurs 3c de quelques Parties qu’on ait- roit pûfouhaiter à leurs grands talens, pour donner quelque teinture de l’un & de l’autre, pour faire voir qu’il ne faut chercher la perfeélion que dans l’Etre Souverain , dont la Providen- ce en a fait dans la Nature une diftri- bution telle qu’il lui a plu , & qui eft contrebalancée dans les Hommes avec leurs foiblefles 5 fi d’aucuns Amateurs ne traitoient pas de commerce inté- reflè leur curiofité , St ne jugeoient des chofes plutôt par tradition que par connoiftance ; St que tous les Peintres ou autres ne jugeaffent pas avec plus d’intérêt , & de prévention que d’équité , ils eftimeroient tous les Auteurs avec diftinâion par rap- port à leurs mérites ,les uns pour une partie , les autres pour une autre , & ne mépriferoient pas l’un parce qu’il n’auroit pas ce que l’autre pofféde , & eftimeroient chacun pour ce qu’il eft , fans vouloir attribuer par une fauffe prévention , un mérite univer- lel à tel qui l’a très-particulier, & quel- quefois borné dans une feule partie , au contraire méprifer un autre qui en aura beaucoup plus d’effèrtfrelles, parT ce qu’ils n’y tro r/eront , pà& cell ’S dont ils font prévenus ou entêtes „ & dont l’itnaginauon j .jcommo nous u-f Observations sur l’Histoire Naturelle, avons dit , fait fouvent le mérite. Mais il faut encore rendre jufticc à la plupart des Amateurs , & s’ils ne rendent pas leur curiofité aufli géné- rale qu’ils pourroient faire , recevant & plaçant , félon leurs mérites , les manières modernes , comme les an- ciennes dans leurs Cabinets , & dire que cela vient plutôt du mauvais ca- ractère d’efprit de quelques Peintres qui prévenus & aveuglés de prélomp- tion , quoiqu’ils foient bien fouvent d’un ordre commun, ne rougiflent pas de fe dire ( même en préfence quel- quefois de gens de la Profeflion ) feuls & uniques en mérite & capacité , & fi fort au-deflùs des autres , qu’ils mé- prifent avec audace & témérité, chez les Amateurs , les Ouvrages de leurs Confrères , à laquelle la Ieureft fou- vent beaucoup inférieure , préten- dants par ce moyen établir leur répu- tation , ce qui fait tout le contraire , & l’oppofé de leurs prétentions , par- ce que ceux de qui ils ont médit mal- à-propos , leur rendent à leur tour la pareille , & fe font ainfi également méprifer, les uns & les autres , ainfi que leurs Ouvrages. Il eft vrai cepen- dant que fi les Amateurs rraitoient la Curiofité, comme font ceux d’Italie , ils n’auroient nul égard à la Jaloufie, ou Médifance de ces fortes de Pein- tres , & eftimeroient les Ouvrages de chacun pour ce qu’ils ont de bon , par proportion à ceux des Anciens , & en orneroient leurs Cabinets com- me ils font , ainfi qu’un Parterre qui eft rempli de toutes fortes de Fleurs , qui ont chacune leur agrément, &des odeurs différentes , qui fatisfont tous les goûts de chacun en particulier. Je crois que les Etudians qui fçau- ront diftinguer le vrai d’avec le faux , profiteront des fentimens que j’ai tâ- ché de leur infpirer par ceD[fC0,,r & que les judicieux Amateurs Con/-’ fant leurs connoiflances iurces V -Ü1* cipes , jugeront mieux , & avec T' d’équité & de diftinftion , & au|oUs plus de fatisfadion dans leur fité. OBSERVATION Vl. Sur l’Hifloire Naturelle des Virs àSoye, & Critique du fentiment de Malphigy fur quelques p0im concernant leurs Générations JE donnerai le Zoogenefie des Vers à Soye pour fatisfaire entièrement les Naturaliftes , qui ne fe contentent pas de ce que les Fabriquans doivent fçavoir, pour multiplier les lnleftes les Animaux ou les Plantes , dont ils ont befoin dans leur trafic , & p0llr perfectionner leurs Manufactures . nous renverrons ceux-ci à notre troi. fiéme Partie, où ils trouveront de quoi fe fatisfaire. Les Amateurs des Beau, tés de la Nature aiment à connoître non feulement tout ce qui fe paffj clans le SpeCtacle du Monde , & qUe les yeux les plus communs peuvent appercevoir , mais encore les plis &; replis les plus cachés de tous les in, dividus , & les Organes & la conftruc. tion des Objets qui font le fujet de leurs Etudes. Plufieurs Auteurs ont parlé des Vers à Soye , & dans tous les Livres d’Hif. toire Naturelle il en eft fait mention; il y a aufli beaucoup de Traités par- ticuliers qui ont détaillé la manière de les élever ; mais je n’ai rien trou* vé de mieux & de plus fuivi , que ce que je donnerai dans PObfervation VIII. ci-après de M. Ifnard , pour l’éducation de ces Inledes & la ma- sur la Physique et sur la Peinture. mère de les élever dans les maifons. C ’eâ pourquoi je ne citerai rien ici de tout ce qui regarde cette Partie de l’Hiftoire des Vers à Soye. A l’égard des Parties organiques de ces Animaux , elles font extrêmement curieufes, & méritent bien quelques remarques. Nous ne dirons cepen- dant plus rien de ce qui concerne la Génération , puitque je viens de don- ner une Difl'ertarion toute entière à ce fujet , mais nous détaillerons le plus qu’il fera poffiblc ce qui nous relie à dire fur cet Infeéie, félon les Obfer- vationsque nous avons fait nous-mê- mes , où nous ingloberons ce qu’en ont dit les meilleurs Auteurs. Nuijfance des Vers à Soye. Les Vers A Soye font enfermés dans un Œuf, ou dans un Pélicule rond& applati, dans lequel ils ont été dépofés lors de la Génération par le Mâle , amfi qu’il l’a dit ci - defliis. La Coque de 1 Œuf, fécond ou infécond, eil d’a- bord jaune en fortant de la Femelle , mais celle qui contient l’cmbrion au bout de deux ou trois jours , change & devient couleur de chair , enfnrte couleur de brique-, & quelque tems apres de couleur violette ; elle dégé- néré cette couleur enfuite , & devient comme 1 ecorce du Mûrier blanc, maïs o une teinte un peu plus foncée & plus bleuâtre ; de forte cependant que de quelque pas on ne diffineue pas la graine, de l’Arbre f„r lequel elle €ft fortement attachée. Tous ces changemens de couleur ne peuvent s’attribuer qu’aux dift'é- rents états par où paffe l’Embrion, dé- ja formé «englobé dans la Coque- car les Coques infécondes reûent tou- jours de la meme couleur , & par la lutte le fechent tout-à-fait , au lieu ”5 que celles-ci , comme nous venons de dire , fe modifient félon les cou- leurs que lui communique le petit Ver à Soye. L’infefte fort de fa Coque dans le tems précifément que les feuilles com- mencent à pouffer fur les Mûriers fur lefquels ils font pofés ; ce qu’il y a de remarquable , c’eft qu’ayant été produites , ces Coques , vers la Saint Jean , &. ayant enduré les chaleurs du Soleil le refte de cette année , qui ont ctélouvent immodérées & capables de faire éclore toutes fortes d'Infeéles, cette chaleur n’a pas occafionné le moindre changement aux Coques , ni aux Vers qu’elles contiennent. J’ai même eu occafion d’obferver , dans l’Automne , après avoir vû tomber par la fechereffe les feuilles de mes Mûriers blancs , de voir pouffer les ar- bres de nouveau , après les pluyes lé- gères qui ont arrofé les environs de Pa- ris au commencement d’Oüobre , fans que les Œufs qui étoient pofés fur les branches , ayent fouffert le moindre changement , ni la moindre altération. Cependant lorfque le Printems vient , la moindre chaleur les pouffe hors de leur Cocon , & dans ce tems -là elles changent de groffeur , ( comme j’ai déjà dit l’année paffée.) Au Soleil, par exemple , elles paroiflent plus groffes & plus enflées que dans des endroits froids & à l’abri des Rayons , ce qui me fait juger que les particules de feu entrent dans les Organes des petits Vers pour fervir à leur croif- lance & à remplir les nerfs qui fer- vent à leurs mouvements ; mais il faut ctoire que l’Automne le Ver ne peut recevoiraucuneimpreffiondes rayons, puilque la Coque ni n’augmente ni ne diminue , quelque dégré de chatvd ou de froid qu’il faffe. 1 1 6 Observations sur l Le Ver a Soye en fortaht , ou lorf- qu il veut f or t îr , dévore une partie de (a Coque lui-même , fe fait jour à travers , s’élance fur la feuille , il grimpe fur le tronc & les branches pour chercher fa nourriture , & au cas qu’il ne la rencontre pas allez vi- te , n’ayant pas des Yeux pour l’ap • percevoir , il attache le fil , que la Na- ture lui donne tout en venant au mon- de , & fe laifie aller au gré du vent pour rencontrer quelque feuille. S il pleut , par exemple , comme nous avons dit , il cherche le couvert fous la feuille même , oii il prend commo- dément fes repas, en attendant le beau tems. En venant au monde les Vers font de couleur de fuye, fort velus, & rem- plis de boutons hérifles de poils cou- leur de maron , lefquels fervent à les garantir dans leur tendre jeunefle des incommodités & des intempé- ries de l’air; ils ont la tête , comme celle de tous les embrions venant au monde, fortgrofle , elle eft de couleur noire & luifante. Ces Animaux fça- vent tout ce qu’ils ont à faire , fans qu’il foit befoin de le leur indiquer : ce ne font point ici des Ottomates , ce font des créatures très-vivantes qui connoiffent leurs befoins. L’Etre Suprême en a ain fi ordonné ; car ces pauvres Animaux n’ayant ni pe- re ni mere , ni perfonne pour les inf- Iruire en arrivant dans ce bas mon- de , feroient aulfi embarrafles que font nos enfans nouveaux nés , fi perfonne n’en avoit foin ; ils font d’ailleurs tous de la même âge , & aufli fçavans les uns que les autres : & ce qu’on appelle communément Injlincl , eft de même que ce qu’on appelle Attraction , perfonne ne fçau- roit le définir. , 'Histoire Naturelle, Il faut bien* qu’il y aifqUe, chofe de plus que l’inJlinS\ .AS que la mere qui a pondu les g’ra; lil ’ ou les (Eufs , a foin de les nv^’ fur le tronc même & fur les pro(pe branches , plutôt que fur les feu-C|S les qui tombent , & que le vent eni' porte. Ces animaux préfèrent enc0ri de mettre leurs Œufs fur les tronc^ & dans les creux ; endroits fort coin’ modes pour la future race de cesn' tits Inleftes , race qu’ils n’ont mjC pas le bonheur de voir éclorre • de forte qu’ils font ce qu’ils doive/if fbns l’avoir appris. Si on diloit encore, mais c ’cft/W tinct de ces Animaux de pondre fUr |e tronc & non pas fur les feuilles , ;e leur répondrai que ce ridicule eft démenti par les Femelles des pa. pillons , qui font moins amoureufesde leurs produôions , & qui les mettent en tout lieu fans prévoyance , fur le$ feuilles mêmes où ils périlfent; mais de ces fortes de meres peu lages,le nombre en eft très-petit , en com. paraifon de celles qui foignent leurs familles , fans quoi la génération des Vers à Soye fieroit détruite en peu de tems: la Mouche à miel failles petits dans la ruche, les autres ln. îeéies dans leurs tifleux ou dans leur trou , & celui-ci les fait fur le tronc de l’arbre , parce que les feuilles tons, bent. Accroijfcment du Ver à Soye. Le Ver à Soye au bout de quel, ques jours , prend de nouvelles cou- leurs & s’éclaircit , mais non pas tout à la fois ; ce n’eft d’abord que fur l’extrémité ou vers la queue & les anneaux Inlenfiblement devien- pent gris cendré , tirant un peu fur reft« su k la Physique et sur la Peinture. 117 vert -, quelques-uns refont bruns , le » élevent la tête , ce qui les fait refte de leur vie , mais ce font ceux » paroître étourdis, c’eft-là une mar- d’une efpèce differente. » que de leur futur fommeil , de mê- Cet animal conferve cependant » me lorfque la maffe de leur corps toujours une couleur de marron fur » eft rendue plus petite & plus ferrée; le crâne; cette couleur eft fouvent » car ces fignes paroiftans , le Ver li loncec , qu’elle en devient prefque » cherche la retraite, afin d’y repo- noire. Il paroît toujours fur le dos » fer avec plus de tranquilité , & des petites bofles , les extrémités » après l’avoir cherchée foigneufe- defquelles font environnées de pe- » ment, il refte immobile, la tête pan- tits poils; la partie fupérieure du » chée ou baillée vers la terre ; ill’é- çorps eft argentée, & le refte eft » leve quelquefois en haut, ou’la pan-1' orné & embelli de taches fpirales » che vers les côtés , oU U refte cou- de couleurs de fuye qui s’étendent « ché pendant un jour & demi , & re. lur la largeur des anneaux; ton pre- » pofe ainfi; après lequel te ms il s’é- mier fommeil ne dure pas longtcnis , » veille, & il s’agite de côté & d’autre; & ic fait toujours avant le change- » il eft tout ébranlé, & devient plus ment de couleurs. 11 fe pafl'e tout au plus quatre jours & demi , avant qu’il prenne un nou- veau repos ou fommeil. Aux appro » petit. S’a peau extérieure , & furtout » celle des deux irs. anneaux eft toh- » léc & entortillée en rides & remplis; » ce qui arrive toujours par un prompt ches de ce fommeil , que les Natura- » retréciffement , & il fe donne tant liftes appellent mué , il commence à » de mouvement , il travaille avec ne plus manger : i. fommeiile alors un » tant d’ardeur avant de fe dépou lier f«ur& demi. Je ne me luis point ap- » de la vieille peau , que tout i’exté- perçu cl aucun changement de peau » rieur du corps s’en reftent ; il refte- mtie cj.es ) ers à Soye ; appa- » enfuite couché fur le dos pendant «> quelques moments, au bout detquels » il commence enfin à fecouer cette- » peau , déjà iéparée de la nouvelle , » ce qui fe fait par un long mouve- >t ment de pieds : après avoir fait une » réparation vers le crâne , &: avoir » tiré par les côtés , comme certaî- » nés petites lignes noires qui repré- » lentent la fuite d’une excoriation ; ” . Pour finir enfin cette opération , » il retient l’extrémité du corps, & remment que fur les arbres le vent les emporte à mefure qu’ils s’en dépouil- lent. Ce qui m’éronne , c’eft que Jcs Naturalises font d’accord la-deflus ; mais malgré cela j’ai tou- jours loupçonné que ce n’étoit peut- être qu’un changement de couleur qui fe fait ordinairement à leur mué- quoique cependant je puis tort bieA me tromper (ur cet article. Le corps de ces animaux m’a pa- ru devenir plus long dans les mues , — — *• V v. J VW & la neau devient * ~/r ‘““j’ ’ ” Pou"e & jette en avant les en- nhane eXe „ d,a- ” tra,U“- les Vilcéres , enferte qu'on Voici ce aue dit vt 1 i- ■ x ». ” ee Par -c fiant, par la force & de la muë des Vers à ” lela^icité ^es parties inférieures. » ils s’abliiennen, Je Xk. ” C'!,e mu ancienne peau, des ongles , ou mar- » ques de pieds & des lignes attachées « aux côtés , que quelques-uns ont » cru mal-à- propos être des ligamens, » ou des vafes , ou vaiffeaux umbi- » lie aux. •> Le Ver fatigué par le travail »> qu’il a déjà fait , pendant quelques » heures flaire les feuilles qu’on lui » a aportées , dont il effaye de goù- » ter les extrémités avec fes dents » encore tendres , mais il s’en abftient » par la douleur qu’il reffer.t peut- » être , & fe cache de nouveau pen- » dant un jour , après lequel tems » il reprend encore la nourritu- » re. Au bout de quatre ou cinq jours , après leur troifiéme mue , le Ver à Soye mange avec beaucoup de vora- cité, & donne des lignes avant cou- reurs de fon futur & de-nicr âge , & de fa derniere mue; & à meture que fes membres fe fortifient , il fe livre tout entier à la pâture , ce qui le groflit dans peu de tems ; il de- vient bien plus grand , plus libre , & tes mouvemens font bien plus ai- fis. J’ai obfervé que ces animaux quand Us lont fur un arbre bien garni de feuilles , ils font pas tant de dé«jt que l’on pourroit bien fe limaô;„ ner ; car ils commencent les feuV. les par l’extrémité , & la découpent tout autour , ou par un côté feule, nient , ne touchant jamais à la tige de la feuille, crainte de la couper & de le précipiter à terre par ta chu. te, étant pofés deffus cette feuille ; & lorfqu’ils ont l’eftomac affez fort pour garder des nourritures plus folides après avoir mangé le tendre de la fenil* le , qu’ils ne quittent point qu’elle ne foit entièrement conlommée , ils man- gent encore la tige avant d’en cher- cher d’autres ; ce qui fait que fi on pouvoit élever les Vers à Soye fur les arbres fans aucun foin , le dégât feroit bien moins confidérable , & un arbre nourriroit plus de Vers à Soye que cinquante autres que l’on effeuil- leroit pour nourrir ceux que l’on élève dans les chambres. Ce qu’il y a d’admirable , c’eft que chaque Ver , fé- lon fon âge , s’attache à la feuille qui eft la plus proportionnée à la tendreffe de fes organes , & prefque tous ne touchent point du tout au bourgeon ; ayant foin de laiffer croî- tre cette partie qui leur paroît né- ceffaire pour l’avenir. La configuration externe du Ver à Soye q- i eft fort longue , a la fa- çon des Vers ordinaires , eft divi- lée par douze anneaux , ou douze entaillures ; aux extrémités defqtielles la tête & l’anus , avec fes appendi- ces, font ajuftés. Le premier anneau b. contigu à la tête , eft plus petit , en comparaifon des autres , parce qu’il a une éten- due analogue, on proportionnée, & qui a du rapport avec le col ; il fort de cet anneau deux petites jambes dant fa partie, b. (Plane. 4. Fig. 1. ) qui eft sur. la Physique et sur la Peinture. in la plus baffe : fuivent enfuite deux pe- tits anneaux c, d, qui font de beaucoup plus grands : la partie fupérienre e , de tes anneaux , femble imiter une boffe raboteute & ridée. U y a des Vers dont la boffe eft prefque vio- lette fur chacun de ces gros anneaux , lefquels tiennent deux petites pattes antérieures qui fervent , comme les deux premières de Vanneau f>,à filer la Soye , & à grimper fur les feuilles. Ces petites pattes font garnies de trois petits crochets , dont celui du milieu eft le plus long. Le quatrième anneau fy qui fuit décroit un peu à proportion des premiers , & fuvtout à cette extrémité , par laquelle il eft joint au troifiéme g , qui devient ltii- mênte plus étroit , & fuit enfuite le lixiéme h, Si le feptiéme i ; les trois anneaux /, g, h, font plus ronds , & ne produisent aucune patte ; ils renferment un gros inteftin , & for- ment enlemble le ventre de l’animal. Les anneaux i , k , L , my qui font après , ont au contraire des grofiès pattes , & font plus petits que les précédents ; les pattes qu’ils produi- lent font armées , tout autour de la partie charnue qui les termine , d un nombre très-confidérable de pe- tits argots fins comme des cheveux.Les deux derniers anneaux font bien plus petits que tous les autres ,& ne con- tiennent aucune pane , furtout l’an- neau n ; mais Vanneau o , à l’extré- mité duquel eft placé l’anus , fe ter- mine en deux aîles fort mufeu- leufes , qui font armées au bout comme les pattes ci-deffus : ils fer- vent de tenailles , pour attacher le Ver fur la tige des feuilles , ou fur les petites branches lorfqu’il s’éle- ve ou qu’il fe tranfporte d’un en- droit a l autre , où il faut néceffai- rement qu’il abandonne tout fon corps. La figure des anneaux, où il ne parent point de jambes , eft ron- de comme nous avons dit ; mais dans la partie du bas-ventre où font les pattes , les anneaux reffemblent à un arc tire par une corde ; les parties du dos & des côtés font cour- bées. La fubftance en général des an- neaux eft membraneufe & forte : elle n’eft point cartilagineufe , mais pa- roît compofée de deux pro luttions jointes enfemble , dont les fibres fe croifent ; de forte qu’ils paroiffent for» mer des mufcles couverts d’une peau très- délice, & prefque imperceptible : les rides de ces anneaux font tou- jours en plus grand nombre vers les pattes &: longitudinales dans cet en- droit ; ils ont encore plufieurs rides tranfverlales d’un anneau vers l’autre. Aux extrémités des côtés de cha- que cercle , il paroît de part 8c d’au- tre , certaines marques noires , dont on donnera plus b3S la defeription & l’ufage ; il y en a dix-huit ; cha- que anneau en contient deux , ex- cepté les deux premiers & le der- nier. Les rides dont nous avons parlé , qui font au long & au-deffous des anneaux, font garnies de poils fort longs & diaphanes. Vers l’extrémité du corps ,dans le dernier anneau, il s’élève du milieu , & au-deffus , une queue comme une aiguille , qui plus grande dans l’implantation , devient mince peu- à -peu, & fe termine en pointe. Au dernier anneau , il pend une certaine partie de chair p , qui bou- che le trou de l’anus , & dans les éjettions fe leve à propos , ainft qu’une foupape. Le trou de l’anus Q 'i 1 10 Observations sur l’Histoire Naturelle , eft comme line fiücre dentelée qui dé- coupe les excréments , ainfi que les Hoilogers font de leurs pignons de l oue : (V oyeç la Figure #°. même Plan- che. ) Je crois même que c’eft ce qui adonné l’idée à ces Artiftes de filer leurs pignons , comme on file ordinai- rement les fils cilindriques. Il refie à expliquer ftruûure du Cafque a, car le Ver à Soye eft ar- mé d’un cafque qui lui couvre la tê- te , & garantit les yeux du Papillon, lequel ex.ifte cn-deflous ; ce que l on peut voir , ainfi que je l’ai oblervé , dans la Figure 4e. ( Planche 4. ) qui îe- préfente un crifalide dépouillé du cafque avant de fortir du lac muf- culcux , lequel bouchoit & garantii- foit les Yeux du Ver dans un teins oit fa plus grande occupation étoit de manger , fans avoir beloin d’y voir clair pour chercher fa nourriture. La tête eft attachée au premier an- neau , ou plutôt paroît comme fi elle en étoit la continuation ; elle eft prefque ronde & liée , (urtout dans fia partie fupérieure , 3vec deux pe- tits demi cercles ovales ;d’où dépend une certaine ceinture qnafi charnue, pleine de rides , qui retirée dans elle même au gré de l’animal, eft aflez cachée fous la tête. ( troye{ la Figure 9e. elle repréfentc la tête vue au pe- tit microfcope. ) Au - défions de la tête s’ouvre la cavité aflez grande de la bouche , a , .qui eft environnée de deux mâchoires ofleufes , b ; à côté & fous lefquelles pendent des pièces charnues , c , gar- nies de quelques pointes à leurs ex- trémités , faites comme de petites ai- guilles ; de part & d’autre font pla- cées, à côté des mâchoires, deux glan- des , d, qui ont aulîi des petites queues qui tournent au gré de l’animal. Dans la partie du devant , & un peu laté- rale , s’avancent certaines pet;tes protnberences diaphanes, e , auno^. bre de fix , qui font cenlées être les yeux , félon Maiphigi : ce qui peut être nié : car ces animaux , ainfi q„e le limaçon , dans l’état de Ver , n’ont aucun figue de vue , ils cherchent avec la tête les endroits fur lefqueis ils veulent grimper, fans diftinguer les objets qui fe préfentent, & qui ne font aucunement apperçus par les organes qu’on leur prête dans cet état. Tout l’extérieur du corps, de me. me que la tête , eft parfemé de poils couleur de zuzube , qui font enchaC- fés avec un ordre admirable ; mais ceux qui font autour des jambes, font luifans & de couleur argentine, & furpafTentpar leur grandeur , tous les autres qui font répandus fur le dos ; les racines de ces poils font environnées de marques bleues. Les pattes inférieures , dont nous avons parlé , font très-artiftement confiantes ; elles s’avancent & s’en- foncent dans la jambe , &c la jambe dans la cuiflc , par plufieurs rides ou mufcles circulaires , ajoutés les uns furies autres: ces parties lont molles, fans aucune lorte d’oflement , & pa- roifiènt plutôt être la continuation de la fubftance qui forme les anneaux : mais la fubftance des ongles eft of- l'eufe , folide &. dure , & comme ronf- le ; il y en a ordinairement 40 à cha- que pieds; elles ne font pas toutes d’u- neégale grandeur, & elles font placées fous deux crans également éloignés. Les Mufcles . A l’ouverture des Vers à Soye, lorfque l’on retourne leur enveloppe mufculeufe , on voit une membrane couleur de rôle & mucilagineule , qui 111 sur la. Physique et sur là Peinture. contient toutes les parties du Papil- lon,- les aîles mêmes & les nouvel- les pattes ; mais il eft 'ifficile de les développer . à ca de de leur moleffc , & de le r vifeofité. Les tro fléaux de fibres , que com- pofent tous les Mufcles , lont cer- tainement ditiiiâ Si déraches ; mais il etl impoflvble de les kiivre & de les difl'équer par leur moleffe , & à caufe de leur fragilité & de leur continuel rétréci (Terne nt , q i cache leur implantation & leur nai (Tance ; mais on peut cependant aflùrer quM y a dans chaque anneau des paquets dé terminés & une colleâion fixe de muf- cles & de fibres. C’e'ft par cette tai- fon que dans la région intérieure de I* peau , qui entoure le ventricule & les autres vifcéres , ces fibres s’é- tendent , & ont une direflion en droite ligne d’une extrémité du corps a l’autre. Cependant, dans chaque partie intermédiaire des anneaux , on obl'erve que l’anneau inférieur dans fon mouvement progrefiif, en- tre un peu dans la cavité de l’anneau fupérieur. Les fibres des Mufcles font dans ces endroits entièrement adhé- rents , 8c fe ctoifent les uns 8t les autres. I es fibres extérieures , & celles qm tombent d’abord fous les yeux , ®e font ni perpendiculaires , ni pa- ra.leles entre elles , hormis quelques- unes qui vont au-devant de celles qui font latérales 8t contiguës , 8t lurtout celles qui font vers le mi- lieu du dos : il y en a certaines qui unifient à chaque anneau , qui for- ment comme une pyramide. Le mouvement des Vers à Soye * çft fort varié en tous fens ; d’où Ion peut conclure que les anneaux qui compofent cet animal , ont à l’extrémité de leur forme , le point fixe d’où dépendent tous leurs mouve- mens; c’eft-a-dire,un cercle demi car- tilagineux , où font attachés les filets tendineux, qui vont former les fibres charnues de tous les Mufcles rran(- verfes de chaque anneau , pour fer- vir au mouvement d’approxima- tion. Il faut encore d’autres Mulcles, longitudinal aux anneaux , pour les mouvemens d’extenfion , ainfi que ceux de iupinaùon St de pronation , dont nous voyons que tous les Ani- maux lont fuceptibles. Le mouvement du Ver commence par les Mufcles des derniers anneaux, dont voici le Méchamfme extérieur. Les deux derniers pieds du Ver qui fortent des Appendices de l’Anus , que nous avons appelle Tenaille , s’avancent d’abord , & alors les deux derniers an- neaux deviennent gonflés & ridés , 8c enlitire les anneaux ci-deflus mention- nés, s’allongent par la progreffion Sc l'avancement que font en marchant les deux paires de jambes qui fuivent; de (orte que de l’un à l’autre les an- neaux fe communiquent leurs mou- vements , & font avancer les pattes jufqu’à l’extrémité antérieure. Les VaiJJeaux fanguins. Sous les Fibres décrites , il y a des marques noires , que nous avons dit déjà êtrepouflees dans chaque anneau. De part 8c d’autre de ces marques , fortent certains merveilleux rejetrons de \ aideaux , qui arrofent chaque partie du Corps ; ces Vaiffeaux (e voyent entre la coupe des pattes à la F‘g. i ; il; n’ont point de tronc , mus dans chaque Orifice il y a dix grands Rameaux , 8r quelquefois plus, qui fi" niffent 8c fc terminent à une ©uvettu- I 11 0»SB R TATIONS SUR l'HiSTOIRR NaTURRI-LÏ, re commune, ou cicatricule , ci deffiis mentionnée ; enforte qu’il y a dans le Ver dix-huit Origines de ces fortes de Rameaux , lelquels vont de bas en haut , de façon qu’il fe fait une mu- tuelle Anaftomofe depuis la tâte juf- qu’à l’extrémité inférieure. De la même fource s’allongent aufiî trois Cercles deVaiffeaux qui péné- trent dans le dedans du Corps & dans les Mufcles même jufqu’à la peau , 8e qui entourent les Vifcères voifins : ces Rameaux vont autli dans le Ven- tricule , & dans les autres Parties voi- fines. Ces fortes de ruifl'eaux fe ren- contrant audi au milieu du Ventre ; où ils s’anaffomofent inienfiblement , ain- fi que les Artères & les Veines ; ce qui prouve une Circulation évidente d’un Fluide fanguin. La produéHon de ces Vaiffeaux eft fi grande , & les entrelacemens fi en- tortillés 8c fi artirtement rangés, qu’on ne peut rien voir de plus beau. Ils s’étendent dans toutes les Parties du Corps les plus déliées & y portent le Suc nourricier. Le Tronc commun de tous ces Vaiffeaux , efl fur le Dos , & fa partie inférieure fait l’office de Cœur ; il ed de couleur plombée, ou prelque bleue , à travers la peau on y apperçoit les mouvemens de Diof- tolc & de Siftolc de ce Vifcère. Les Poumons du Ver à Soye. Les Poumons ont leur Orifice par- ticulier dans les côtés du Ver à Soye, en forte que chaque Anneau , excepté le fécond & le troifiéme, ont'deux ou- vertures, qui fe découvrent à la fim- ple vue , & paroiffen't ornées d’une ceinture noire , qui ed tout à l’entour: cependant leur drufture requiert une plus exaéte recherche que celle des Vaiffeaux fanguins. Le Cuir extérieur o-.’ la Peau externe , ed pÇtcé & r i fé de côté & d’autre de ’ ks , elles font enfoncéestlanslii0[1* ' gueur d’un Anneau •, enforte tendent par un bout vers le bavven- tre , & par l’autre vers le dos. trémité de la Peau , que défignç ja Cicatrice , ed noire , 81 un pe„ te_ courbée, & ed jointe à leur origine" c’ed-à-dire,aux commencements delà Trachée, qui remplit cet efpaceovale au milieu duquel on obferveunefentà longitudinale , qui s’écarte de femsçn tems. Le rede de l’efpace eft rempli & occupé de petites Fibres , de cou leur grife ou cendrée ; ces Fibres qui tirent leur origine du circuit extérieur de la Cicatrice , font tirées en droite ligne vers la Coupure ; & imitent par un certain rapport le circuit ciliaire C’ed par ce léger rétrécidemement par l’arrangement de ces Lignes que l’Ouverture peut être fort dilatée; de forte que l’air peut y entrer 8t en for. tir librement. Ons’ed apperçu que ces Ouvertures ctoient les conduits delà Ttachée, ou des Poumons, en les fro. tant d’huile , lefquelles étant bou- chées l’Animal tombe en léthargie 8c meurt fudoqué. Voici ce que dit Malphigy â ce fujet. » Pour rendre cette vérité plus fen. » fible , ayant légèrement an ofé , mè- » me avec un pinceau trempé d’huile, » chaque Ouverture de la Trachée, » l’Animal tomba d’abord renverlé; » & pour découvrir fi ce n’étoit pis » un effet d’Antipatie entre ces Infec. » tes & l’huile , j’ai fait plufiettrsdif. » férentes recherches. Après avoir „ arrofé les Orifices fupérieurs de la » Trachée , depuis le milieu du corps » jufqu’à la tête , fur le champ le » Ver tomba par terre , comme s’il sur. la Physique et sur la Peinture. tt$ ” c toit Paralytique , & atteint d’Apo- * plexie , & il ne le remuoit point vers » la tête , ou proche les parties fupé- » rietires , mais il confervoit fon mou- » vement dans le relie du Corps. Il » relia ainli durant la nuit ; le matin » je le trouvai rétabli , même quant » aux Parties fupérieures , & il com- » mença à prendre nourriture peu-à- » peu , & dévora enfin la feuille lur » laquelle je l’avois pofé, ce que j’ai » vu confirme dans d’autres. » J’ai verfé de l’huile dans les Tra- » chees inférieures d’autres Vers , juf- » ques au milieu du corps , & d’abord » les parties que j’avois biffées fans " l’huile, ont été attaquées de convul- " fon. Bien plus , les parties fupé- " rieures, en le remuant, entraînoient w avec elles les autres qui étoient w comme paralytiques ; le cœur ne * battoit prelque pas ; fon battement M étoit très-toible , & les parties af- " feftées n’étoient pas changées , & * altérées dans leur malle &"leurvo- ” lume. Dans ceux qui font enfuite M morts, la partie inférieure du Ven- ” tricule étoit fort refferrée. Quel- * ques-uns de ceux-là , après deux » heures paffées , ont pris de la nour- * riture : mais il en eli mort enfuite H pluneurs, quelques jours après , par- ” 011 cei|x à qui j’ai fait cette Obfer- * vation ; & la plupart ,lorfqu’ils font »' parvenus à jetter leurs Fils pour fai- * re leurs Cocons , font péris , pour » avoir cfïbyé cette opération. » Afin d’être plus certain de l’obferva- >* tion, j’ai Couvent arrofé d’huile le ver, » & en ai répandu fur le ventre , fur » la tête , la gueule & le dos , fans ». toucher pourtant aux Orifices de la » Trachee , & je n’en ai jamais vu de » morts , n, remarqué aucun fâcheux *> y Bip t o mç • ç elt pour cela- que j’ai » conjeâuré que la mort, caufée par > l’huile , n’arrivoit qu’autant que > les Trachées bouchées , la fuffoca- » tion , ou quelque choie de fembla- » ble furvenoit enfuite ; ce que j’ai » voulu confirmer & appuyer des ex - » périences qui fuivent. » J’ai frotté de beurre chaque Ori- i> lice de la Trachée, & les Vers font « A’abord crevés. La même chofe elt » arrivée par l’ufagedu lard , du fuif , » & autres chofes femblables. Cette » vertu mortelle n'eft pas feulement >• dans les lues graiffeux & huileux , » mais ayant verfé du miel liquide , ils »» fe font repofés, arrêtés , avec cette » différence pourtant, que quclques- » uns s’étant éveillés , font revenus , » ont revécu , en nettoyant , en ef- » fuyant de tems en teins le miel par » la friâion des côtés , mais à l’égard » de ceux dans lelquels le miel étoit » entré bien avant, ils ont toujours » relié couchés & étendus , fans prêt » que aucun mouvement. » J’ai voulu tenter & éprouver la » même chofe dans de femblables In- » feftes, comme dans les Sauterelles , « les Grillots ou Grillons , & autres » de cette efpéce , dans lefquels la » mort elt aulïî furvenuë ; il femble » donc convenable & à propos que » l’air entre continuellement dans les » Vaiffeaux du Ver à Soye , & qu’il » en forte, comme dans les autres In- » feûes , qui ont des Poumons. Le Cœur du Ver à Soye. Le Cœur elt placé au long du dos ÿ entre les Fibres des Mufcles & les Poumons, fufpendu & attaché de part & d’autre , & il elt étendu depuis le fommet de la tête , jufqu’à l’extrémi* té du corps ; c’eft pour cela que l’A- 1*4 Observations sur l’Histoire Naturelle, n:mal , tandis qu’il eft en vie, ion battement paroît très - diftinûement fans y taire beaucoup d’attention. Ce Vifcère eftcompofé de petites Mem- branes qui font pleines d’une liqueur bleuâtre : cependant cette liqueur de- vient dans la fuite d’un jaune clair. On ne peut voir fi , outre ces Mem- branes , il y a encore des Fibres char- nues , par lefquelles fe font les mou- vemens de dilatation & de contrac- tion. La figure de ce Vifcère eft mer- veilleufe ; car dans les autres Animaux il eft prefque entièrement rond un peu applati;mais le Cœur du Ver à Soye au contraire n’ert compote que d’un feul tuyau contigu, depuis la queue juf- qu’à la tête. Il eft prefque impo/fibie d’appereevoir les Nerfs, qui portent le mouvement à ce Vifcère , par leur extrême finefie. Chaque portion du tuyau qui com- pote le Cœur , n’a pas la même lar- geur ni la même Figure, mais d’efpace en efpace ; il eft intercoupé & fe ré- trécit: enfoi te que le conduit eft fé- paré en autant de Ventricules parti- culiers qu’il le trouve des diftances entte les interfeûions , ldqnels tont quafi ovales & contigus. Il eft cepen- dant probable, par ce que j’ai fouvent remarquc.que chaqueVentricnle a (on mouvement particulier , qu’il y en a autant qu’il y a des Anneaux , ou du moins des paires de Poumons. Ces pe- tits Sacs ou Ventricules fe meuvent de cette façon , lorfque leur Sy fiole eft tranquille. Le premier mouvement de Syftole fort du dernier Ventricule placé près de la queue : car celui ci étant plus large &. plus grand, & étant reft'erré il le fait un gonflement fucceftif & fi prompt , qu’on ne peut le diftinguer ; mais il eft vifible lorfque prête à manquer, il furvient d’évidentes préfixons , après avoir repouffé V1' humeur vitale d’un petit Vemr\c , dans l’autre , comme de l’oreille j le Cœur , ou du Cœur dans les ^ res. Je n’ai pu encore découvrir, g | troncs desArtéres qui contiennent!'^ meur vitale , viennent direftement dû Cœur ; il m’a cependant femblé avoir découvert quelquefois des Rameau* fenfibles dans les Interfiîces des An neaux, qui partoient de ce Vj/cère Cv. lindrique , d’où j’ai conjeôuréquec’é. toient les troncs des Artères. Le Ventricule du Ver à Soye, Le Ventricule eft remarquable par fon volume ; ( voyt{ la Figure z. ) de- puis l’ouverture de la Bouche , juf. qu’à l’extrémité oppofée, il remplit la cavité du Ventre ; fa fubftancc eft membraneufe, elle eftdivilée en deux plans); l’un interne , & l’autre externe; On y diftingoe certaines Fibres un peu blanches , dont il y a deux rangs op. pôles , les unes en travers & circulai- res , & les autres en défions & longi. tudmales Leur contraélion pouffe vi- goureufemenr les excréments en de. hors , & chafl’e les particules du chy. le dans les Vaiffeaux méfenteriques qui voni fe plonger , à ce que je crois, immédiatement dans le Cœur. Un fi grand appareil de l’Eftomac, tel que celui du Ver à Soye , ne doit pas être fatisfait du peu d’aliment, comme l’a écrit Ariftote ; car fi on le compare avec les autres lnfeftcs, même avec les fnfeûes fanguins , plus accomplis , qui font beaucoup plus gros , il les furpaffe par la voracité de la nourriture , il mange plus qu’eux, puifque les poids de l’aliment d’un jour sur la Physique et sur la Peinture. 125 jour & du corps à jeun du Ver à Soye, te couleur. Ceci nous explique par- font égaux. faitement la Nature de la Soye-, & il n’eft pas étonnant, par cette raifon. Les Vaijjeaux & le Rêfervoir de la Soye cruü retienne Pélearici- la Gomme qui produit la Soye. Entre le Conduit da l’aliment & de l’excrément , c’eft à-dire , dans la partie étroite h , du Ventricule , il y On peut tirer ici une conféquence convenable à l’explication de la cou- leur permanente des corps, qui, fé- lon moi , vient de l’arrangement des Particules. J’ai obfervé que les Vers a de petits Réfervoirs déliés , qui pour à Soye qui mangent la feuille de mu- la plupart font de couleur de foufre rier blanc ,qu\ eft d’un très-beau vert. ou de tafran , lefqtiels flottent éten- dus fur la partie fupérieure du Ven- tricule ; enforte qu’on compte fix courbures de ces Réfervoirs , dont efl entouré ce Vifccre. J’ai recherché Iong-tems leur origine , & il m’a fem- blé l'avoir enfin trouvée dans la par- tie où le Ventre prend la forme de l’inteftin 8c d’où il fort un Vaifleau,que l’onapperçoit facilement , qui bientôt font leur gomme d’un ‘jaune foncé , & leurs excréments bleus : au con- traire fi la gomme efl blanche ou d’un jaune pâle , les excréments font moins bleus , ou d’un gros vert , tou- jours plus obfcurs que la feuille ; ce qui prouve , ainfi que bien d’autres expériences, que tous lesverds ne font qu’un mélange de jaune 8t de bleu. La liqueur contenue dans les ré- fe partage en deux Rameaux, lefquels fervoirs, dont nous venons de par s élevent & ferpentent pour retomber 1er , outre les couleurs que nous de nouveau & fe fubdivifer en une avons obfervées , efl quelquefois d’un p us grande quantité de produôions. bleu céladon très-clair. ( Dans la Fi- n v oit une ouverture dans 1 Inteftin, gUre z • vous verrez ce Rêfervoir oie abou- toutes les fois qu après Ravoir coupé ùfftm les vaijftaux. ) Elle ne s’enflam- ent, avi.rs,prcs e 1 infertion du Tronc me point , mais femblable à la gom- e ce trvoir , & après avoir refler- me , elle retient une nature vifqueu- Zl (T0- UÔ,0nS & en- fe & gluante, nees, elles jettent une liqueur jaune 8c quelquefois blanche , dans les par- La S ub fiance corticale & nerveufe tics intérieure s de VImeftin-.laquel- du Ver à Soye. le liqueur eft chaffee nar cn»[» J Le Ver à Soye , ainfi que tout autre animal , ne fçauroit vivre fans nerfs & fans vaifleaux fanguins. Les liqueur eft cbaffée par cette ouver- ture & » de , & le relie du corps s’en va >• par cette fente , à quoi ne contri- bue pas peu une certaine liqueur «jaune qui fort des cavités du Crâ- » ne : eniorte que le Ver paroît alors » un Chryfalide dans les formes. Fnïe{ L* 3 • du Chry- falide & le dépouillement de la peau. «. cü la teredu Papillon, qui éroit au- paravant enfoncée fous le Calque du cr » f' C F‘g- 4- )g * font les yeux du Papillon que couvroitle Cal- que. d, ( Fig. 3. ) lont les Antennes du Papillon. On voit , ( Figure S ,) d, les mêmes Antennes vues au Microfcope, & les yeux , faits ainfi que ceux des Mouches. bt (Fig. 3 , ) font les ailes plaquées entre la peau du Ver, mu vient d’être dépouillé & celle du Papillon ; elles n’ont aucune plu- Toutes les parties du Chryfalide , font celles du Papillon , & chacune croît & s’allonge félon fon ufage & fa dérermination ; enfin çes Parties quit- tent tout- à-fait les unes des autres , fe décollent & pouffent en dehors une au- tre peau touffe & affez dure, qui a fervi à conferver \e Chryfalide , & qui s’eft trouvée entre le Papillon & les Muf- cles du Ver à Soye. De forte que l’on peut confidérer le Ver à Soye comme un Animal d’abord formé d’une Tu- nique mufculeufe , à laquelle font at- tachées des pattes & des jambes , au- deffous de laquelle il y a une enve- loppe membraneufe & tranfparente , qui enferme le Chryfalide , c’ell-à- dire un Papillon , & une autre difpo- fition d’Organe fous une autre forme, mais ce font les mêmes Vifcères 8t le même Cerveau. La Tête du Papillon a été celle du Ver à Soye converre d’un cafque ; & ceux qui ont cru que le Pa- pillon éloit un nouvel Animal qui fe rt - gen croit & fe formoit du debri de l'an- cien , font dans l’erreur la plus mani- felle.(Voyez les Papillons développés, Fig. to. & 1 1. même Plane ■ l a Fig n, i 3 , & 14. repiéfente les Plumes des Ailes vues au Microfcope. ) Dijfecüon du Chryfalide , où fe trou- ve La Critique de M. Malphigy. La peau du Chryfalide diflequée » fes parties extérieures enlevées, il ref- te encore dans I5 Ventre intérieur un veffige des petits inteftins du Ver à Soye, furtout quelque relie de gotU” *3® Observations sur l’Histoire Naturelle, me foyeufe dans lé Réfervoir , tout-à- tait diminué & rétréci. Le Ventricule paroît un peu retiré & ridé, il fe trou- ve au milieu, & de couleur de rofe. On y voit dedans un certain fuc épais com- ice le miel , qui n'a encore aucune la- veur. Autour de ce Vifcère s’allongent des inteflins très-minces & déliés , ou des petirs Vaifleaux , autrefois de cou- leur de fafran , qui confervent leur an- cienne forme. Le mouvement du coeur eft le plus fouvent continue fans in- terruption de haut en bas , mais les battements font beaucoup moins fré- quens. Les Tefticules occupent le mi- lieu du Ventre & fes côtés , & on dé- couvre leurs petits Vailfeaux fémi- naux dans la partie intérieure de la peau. On obferve les nouveaux Muf- cles du Papillon étendus fur les an- neaux contigus qui forment le corps du Papillon. Les anneaux ne font point tout-à fait unis & collés les uns aux autres , mais ils font liés par les Tendons & les Aponevrofes, de façon cependant qu’ilS s’enchaft'ent les uns dans les autres ; enforte que l’anneau inférieur enrre un peu dans la cavité de l’échancrure fupérieure, ce qui s’opère au moyen des Mufcles ; car leurs Fi- bres tirent leur origine , ou n.rifl'ent, de la partie fupérieure de l’anneau, & s’inférent dans les parties inférieu- res du fubféquent , & fe croifent par une efpéce de digitation. Les parties internes font aufli chan- gées. Les rameaux de la Trachée , après avoir perdu I’claflicité de leurs anneaux, deviennent plus mois, enlor- te qu’ils retombent fur eux-mêmes , & de plombés qu’ils étoient , ils de- viennent de couleur d’argent , & mê- mes leurs tuniques imitent aflez la dé- pouille des ferpens ordinaires ; par- ce qu’elles font compofées d’une efpéce de très-petites écailles. L’orifo rieur de IaTrachee fe tr0ü,e l /e; Le Ver à Soye, autant . e* race & grand mangeur penda^ Vfc premier âge , autant eft-il, a métamorphose , fobre & réfeVvé • •} e ; il premier âge , autant eft-il, métaniorphofe , fobre & ri ne mange même pins du tout. $j’-] eft partagée entre la bonne chere f fommeil ^ le travail , le repos & mour ; il quitte l’un pour prendre l’a ' tre , mais aufli il fe donne dans p U* & l’autre de ces plaifirs, fansintenu? tion ; s’il mange , c’cft pendant cinq où fix jours, la nuit comprife,fansdiic0n. tinner ; s’il dort , il dort deux & tr0lj jours de fuite ; s’il travaille à fesCo. cons , c’eft pendant quatre ou c;r jours : il repofe dans l’état de CW lalide , au moins quinze ou 1'eize.jours mais il médite dans cet état , & fert)] bje avoir renoncé au monde ; &erSn s’il fait l’amour , c’eft jufqu’à ce qü'jj ait rendu la vie. La diette diminue tout ce qui 8 fervi au Ventricule du Ver a Soye,!es (Kfophages , les Inteftîns &. IcsVaif. féaux laélés fe rétrécirent êc difpj. paroiffent , n’étant plus d’aucune uj. lité au Papillon ; enforte que le VCn. tricule paroît crépu & rempli de ri. des. A l’extrémité du Ventricule pen. dent des Vaifleaux de couleur de fj. fran ; ils font longtcms enflés du f„c Î[u’ils contiennent; bientôt après üs ont de couleur de jaune d’oeuf, & enfin comme de couleur de lait : ces Vailfeaux fervent à la Génération. Leur figure devient variqueufe , & parmi ces Vaifleaux il fort de petites tubérofités qui avancent , & qui for. ment des véficules féminales dans le Mâle. Ces petits Vaifleaux fontentr'. ouverts dans un conduit , allongé de- puis le bas du Ventricule , & fe plon- gent dans une grande V eflîe membra- *4 r. BS* $ M ¥ C*«j S* ,• iflj m :• 1’. r ÿ *> SUR LA PHYSIQUE ET «enTe , qui occupe la partie baffe du ▼entre. Ce long conduit où fe forment les Embrions, a un certain mouvement ïifible & périftaltique ; d’où il agite avec force , par un rcfferrement lue- ceflïf, les parties de l’humeur laélée , qu’il reçoit continuellement des petits Vaiffeanx qui l’entourent. Malphigy a fait la meme Obfervation, mais il ae s’eft pas apperçu que ces Vaiffeanx Soient les véficules téminales, Il dit lui- même, h Le mouvement de ce «conduit fait un fpeôacle merveil- » leux Sc curieux à voir; car quelque- * fois cette humeur efl exprimée par » en bas dans la Veffie par plufienrs » relier/ emenrs fucceffifs, tantôt elle « eft encore pouffée vers le fond du » Ventricule , enforte qu’elle y a une « agitation continuelle ; & enfin dans * la fuite du tems cet excrément » (c cft à dire l’Embrion du Ver à Soye cans la liqueur ) « eft plein du pus qui ** le ranuffe dans la Veffie. » La Veffie a la forme d’une poire, . etlconfilérable , & elle eil tou- |°m 5 pleine des Fœtus dont je viens de Pader, que Malphigy appelle Excrc- n'nts. Les Femelles ont auffi une pa- reille Veffie , mais le conduit & les Vefîcules féminales manc/uenr, & elle le remplit d'une antre (ubliance qui 1 à a GeneratJon , mais qui ne con- fit aucun Excrément ou Lmbxion. La Veffie eft d’une fub fiance mem- braneufe , elle eft vaboteufe au-dehors par de petites tubérofités , comme des boutons. (Voyez laFig. 7^ Pbnc. 7'. \ Malphigy dit enfuite , h il temble «qu’il V a dans cette Veffie deux lor- « tes décréments , car l’un eil plein « de pus , & prefque gris-cendré , qui * ?fc"Pe formaient le fond de la « Veffie, & étant féparé il s’épaiffit, fe » caffie , comme de la neige : L’autre sua la Peinture; *3 t » efl d’une couleur de miel , foncée, »> & nage toujours au-deftus; quoiqu’il » foit confondu par une grande agi- » tation , avec le fuc qui y eft joint. » Cette matière excrémen taie tirée du » ventre , teint li fort les linges & les » tables , que la marque ou la tache y » refte toujours. Il fort de cette Veffie » un autre conduit qui s’entr’ouvrant » versd’anus , prépare le paffage à ces » Excréments. » Si c’étoit des Excré- ments pour quoi Ve Ver à Soye , qui avant de s’enfermer s’eft purifié & a jette toutes fes ordures , & qui depuis fon état de Papillon n’a pris aucun aliment , poui quoi , dis je, auroit-il réfervé ces Excréments & ce mouve- ment périftaltique dans cette partie ? D’ailleurs l’anus fuppofé n’exifte plus, il eft détruit ainfi que les Œfophages , comme nous avons dit , il n’y a plus dans le Papillon que les permis & les Organes de la Génération. Dans les Femelles , aux premiers jours que la forme du Chryfalide parole, les principes des Œufs com- mencent à paroître , & fe découvrir. Leur fubftance eft d’abord morveufe , comme un fuc gluant & épaiffi, d’une couleur gris-cendrée ; ils deviennent enfuite couleur de foufre. A l’égard des Œufs , Malphigy qui étoitfort entêté du iylteme des Ovipa- riftes , dit a ce fujet , <» il m’a paru que » leur grandeur , leur groffeur, eft iné- » gale ; car comme il y a plufieurs for- » tes de trompes d’Oyaire qui font «comme de fort longs Inteftins , ten- » dans à un paffage commun , c’eft » pour cela que plus les Œufs font « éloignes de ce commun paffage, plus » auffi ils deviennent plus petits , en » gardant un ordre de proportion pro- » portionnelle. >> Je puis dire ici que cet Auteur Italien , û célébré clans Mï Observations sur l’Histoire Naturelle 1 Hiftoire Naturelle , s’eftun peu écar- té de la vérité ; car il eft ailé de voir que les Œufs croiffent tous à la fois ; il faudroit effectivement , fi les Ovi- parilîes avoient raiion , qu’ils croit- fent fucceffivement , à mefnre que les Embrions fe détacheroient des Ovai- res. Mais ici il n’y a ni Ovaire ni croiffancefucceflîve des Œufs, qui font dans un nombre très-confidérable , & le conduit en queftion qui communi- que de l’un à l’autre , eft comme la Matrice cornue du Lapin , oh les Fœ- tus fuivent à la file ; & le premier avance autant qu’il lui eft poflible , pour faire place aux autres. C’eftaufïï pourquoi le Mâle du Papillon fe re- tire pour laiffer pondre les premiers logés qui font toujours au nombre d’environ ioo, & enfuite reprend la Femelle pour remplir les Œutsqui refi- rent. Les Œufs fie perfectionnent & s’au- gmentent, enlbrte qu’avant l’accou- plement des Papillons , ils fe trouvent chacun fort bien conformés. Après l’efpace de neuf jours , ou même quelquefois d’un mois , dans lefquels s’affermiffent & fe fortifient les Vifcères du Chryfalide , le Pa- pillon fe manifefle au grand jour , & fort du Cocon après avoir déchiré la peau qui enveloppoit le Chryfalide par une ouverture pouffée fur le dos 8c fur la tête , ainfi qu’il eft dépeint (à la Figure 4. Plane. y. ) Comme le Pavillon fort de fa Cabane. Le Papillon pour percer fa coque, jette de la bouche un phlegme cor- rofif dont il mouille le bout du cocon le plus proche; il perce indifféremment l’une ou l’autreextrémité, félon la fitua- tion où il fe trouve alors : après avoir allongé la tête » chant peu-à-peu Ion tiffu , & tn ,, d' giflant le fil par les côtés ; \\ e ar* fuît fa befogne avec la tête, £°Ur' fonce le mur comme avec unbéli^' jnfqu’à ce que s’étant fait j0ür'r.j fort par Ta partie antérieure du Co’ 1 laquelle étant tournée au deflùs^ç * deffous de la furface externe duCOc R” il tire à lui l’extrémité inférieur^0’’ fon corps encore renfermée dans? coque , & cela en enfonçant f0r! 5 ment les ongles pour faire tous b efforts qui lui font polfibles-, ! enfuite les aîles , roulées & entor tillées le plus feuvent fur le c* ", gauche , lefquelles fe dreflènt peu°^ peu , & fe mettent en mouvement \ mefnre que le Papillon reçoit les i^ preftlons de l’air , il jette unepar? de fa Semence fort loin , & avec vio. lence , & lùrtout à l’approche d’tinj Femelle , fi c'eft tin Mâle; ce qui arrive également aux Femelles, \ battent alors les aîles avec une j0lt> extrême , fans cependant s’élever d? deflùs l’arbre, ce qui forme un bruit fourd , ou une efpéce de bourdonne, ment. Les Papillons ne font pas d’égale groffeiir , à caufe de la diftinûion du ïexe j le mâle eft plus petit , plus gr|. le , mais aufli plus vigoureux , & quoiqu’il ait des aîles , il ne vole pas. La Femelle a le corps fort long,&5 enflé , qu’elle préfente plufieurs ceio. tures raboteules qui l’environnent en travers , lefquelles auparavant relier, rées dans le Ver à Soye , étoiem ca- chées fous les anneaux. Ponrconte. nir une grande abondance d’CEufs , le ventre s’allonge néceffairement en re- lâchant les fibres qui confinent avec les anneaux. La Figure indiquera toutes les par- ties Sun- LA Physique et sua la Peinture. i 3 j & le Cafque emporté , fous lequel on découvre la Tête du Papillon. Fig. 6. La même tête vue au petit Microfcope. Fig. 6. La tête d’un Ver à Soye vue au petit Microfcope. Fig. j. Difle&ion de cette tête , a , , , - , « . les os de la baie du Crâne ; b , Corps rieures , aveclefqueUcs \l file fa Soye. tranfparant du Globe du l’Œil ; c , le* cy les Pattes poftérieures qvû le (ou- Cerveau ; d , ouverture de la Bouche^ tiennent, & avec lelquellcs il grimpe e > cavité ou alvéole des mâchoires. tics du Papillon : voyez l’explication fuivante. Explication de la 4* Planche. Fig. te. Elle repréfente un Ver à Soye de la plus grolTe efpèce. Fig. z. Eli la difieéiion de ce Ver. la Tête ; b , les fix Pattes anté- fur l’arbre & fur les Veuilles ; d , les Pinces de l’extrémité poftcricurc du corps qui l’attachent où il veut. < >/, g, h t i yk y l y le Ventricule oit le tait la digeflion des feuilles , & d’où fortent toutes les liqueurs ; e , f y Fibres tranfverfales de la petite portion du Ventricule. f,g , Fibres Iongitudin.iîes & char- nuës ; g , h. Fibres tranfverfales. . Partie membraneule du Ven- tricule ; k , / , Partie des intellins cou- verte des Ovaires ; m , n , Branches nervcufes qui fe perdent aux pattes inférieures & (ur les intellins ; o , py dillributions des Branches pulmonai- res qui aboutiffent à la peau & au coeur \ p y q y coupe du Ventricule qui laifle appcrcevoir le cœur, !c- Fig. S. L’Anus du Ver à Soye. Fig- cj- L Anus enlevé, avec la peau du Chrylalide. Fig. to & 11. Le Papillon vu de deux faces. Fig. 12, 1 J S- 14. Plumes des ailes vues au grand Microfcope. OBSERVATION VII. Sur la Théorie des Tourbillons Car - téjîens , & Dialogue } &c. ON vient de nous donner, à la fin de l’année derniere ( 1751,) un Préfervatif Cartêjîen contre la Séduclion Newtonienne ; 11 falloir produire ce Sa- lutaire Antidote , il y a neuf ou dix mel7nnfiÂT-MfcV7“ 7 ^ur > ,e" a™ i ™is aujourd’hui , que , grâce à fiuin fur le dn^ ^ i°'* qu’fl » n’y a réellement dans la Nature, n| » d’Equilibre abfolu , ou pour mieux » dire aéhiel , ni de parfaire ïmtnif. » libilité ; il fuffit ( félon cesPhilofo. >* phes ) que l’un & l’autre fe trouvent » à- peu près entre les couches des Tour- » bïllons , feulemeut au point nécejfairt », pour la perpétuité de leur confervation, 1» Le Fluide de toutes les couches » du Tourbillon ( difent-ils, ) fans jj ceflcr de fuivre un cours réglé, çft » toujours dans une eipéce d’Ondu. » lation. Les Planertes aufft en ont jj une particulière. Nous concevons, jj que par une Ofcillation continuelle » elles doivent fe trouver alternative. » ment dans ce qTon appelle lent » Aphélie & leur Périhélie propres, jj tans fortir pourtant cie certaines ii- „ mites de leurs Orbes. Quoique ce » balancement fe dérobe dans les lj. »> nettes les plus éloignées, on eft bien » porté à l’y nréfumer, rel que celui » qui le manifefte dans la Lune , &c. L’Auteur de la T néorie, api ès avoir fi bien établi l’mégaliié des mouve- ments planétaires, que les Tourbil- Ions devreent fixer & attacher lur des points immobiles, te croit triomphant, & ne réfléchit pas que li les Tourbil- Ions exiftoient , apres quelques révo- lutions fuivios , les Planertes s’écarte- roient du Centre. Detcartes dit lui- même , que tout Corps qui tourne en rond autour d’un point , tend à s’é- carter du Centre , Comment donc les Tourbillons auroient ils le Privilège particulier de faire tourner les Corps, ■8c de les empêcher en même-tems de s’écarter du Centre, contre la loi com- mune , & fi naturellement établie. Ne sur la Physique et sur la Peinture, i 3 j voyons-nous pas que les Tourbillons chofe à définir , fi outre le Tourbil" qui le forment dans l’air & lurla terre, Ion qui entraîne un Corps, & qui Pé~ ccartent du Centre les Corps qu’ils en- loigne du Centre, il y avoit encore traînent. Une tronde tendue par une une force centrale qui écarta lesPia- pierre , ne marque- 1- elle pas que tout nettes du Soleil : elles s’en éloigne- Corps s’éloigne du Centre autour du- quel il circule ? q)ue dira-t-on à ceci ? faudra-t-il toujours avoir recouis à des miracles , pour ajufter les idées des Philolopliesf L’un reproche à ton Avt- tagonifie l’attraâion , & la regarde comme une force imaginaire , il ne prend pas garde que lui meme en fubf- titué une aune bien plus aifëe à dé-- trune. .le puis dire que les Newtoniens avoient , en leur faveur , la préten- due vertu magnétique, ton apparence trompeufe pouvoit les induire eu er- reur : mais les Cartéfiens n’ont au- cun Tourbillon réel & féniible qui leur toit favorab'e. Ils le dilent eux- mêmes , je le répété an/îi, tout Corps qui tourne autour d’un point, tend à s éloigner du Centre. Ainii donc, li le Tourbillon n’a pas. une faculté Particulière de retenir le Corps qu’il entraîne autour d un pomt , ce Corps doit .toujours s’élo gner du Centre. Les Aphélies leroient , par exemple , très- tavorables au Syftême de L)el- cartes'j mais les Périhélies le détrui- fent totalcrocn' ; & ce prétendu À- peu-pre* d équilibre abfolu dans la P lu- nette 6- de parfaite immobilité , entre les couches au Touibillun , pour la per- pétuité de fa conservation , et! ridicule Les a-peu-piés & tes en auendans (ont reiettes dans U laine Philotophie Tout principe qui dérivé d’un à-peu-près,eft d abord aetnontré faux par lu. même , & celui qui prend les caules en roientavec bien plus de rapidité Eau » tomme bous avons dit,c’eft fon du cartes eft point admife par Def- car ce feroit encore bien autje courant & quelque obftacle. En un mot , que l’on me faffe voir dans le S ij i\6 Observations sur l’Histoire Naturelle, riionde un Tourbillon permanent qui tire fa force & fon aâivité de lui-mê- me ; je dirai que les Cartéfiens peu- vent avoir eu quelque efpéce de rai- fon d’imaginer cette Force univerfel- Ie ? Eft-ce parce qu’ils voyent tourner la Terre autour du Soleil , mais ne voyent-ils pas en même rems que la Lu- ne tourne autour de la Terre , & qu’il faut alors admettre deux Tourbillons dans le courant d’un feul , & échan- crer les Lames prétenduësde ces Tour- billons ? Car , Leftcur , je vous prie d’examiner que ces Lames ont ete ima- ginées pour définirles mouvements op- pofés des fix Planettes ; c’eft-à-dire de Mercure , de Vénus, de la Terre , de Mars, de Jupiter, & de Saturne; par- ce que les Aftronomes obfervent que les unes vont plus vite que les autres. Voilà d’abord une contradiéfion ma- nifefte fur la Nature des Tourbillons. Si le Plein eft abfolu dans la Matiè- re , comment une Lame de Matière peut-elle fe détacher de l’autre , & al- ler plus vite , fans l’entraîner par fa contiguïté? Il faudroit que les Parti- cules d’air fuffent aufti fines & aulîi indéfinies dans leurs formes , que celle de la Matière fubtile qui les pénétre félon Defcartes ; laquelle Matière il diftingue même de l 'Ether. Des Parti- cules fines qui s’avoifinent s’engraî- nent les unes dans les autres , fi elles font de différentes formes. Or , com- ment fi elles font une fois engravées , je veux dire , fi les Particules qui (e trouvent à la furface convexe d’une Lame , touchent celles de la furface concave d’un autre, pourront- elles circuler fans un vuide intermédiaire ? Comment donc, s’il n’y a aucun vuide, aucune diftance , les Lames pourront- elles gliffer les unes fur les autres par leur mouvement oppofé ? Ne fe nui- roient - elles pas les unes aux autres • quand même on luppoferoit p0ur ^ perfeftion de l’hypothèfe , qu'il y a entre ces Lames d’air une Couche Matière fubtile pour les féparer ?Dans les émanations ce la Lumière , pît exemple , ( telle que la définit Def, cartes lui même , ) cette Lame inter. médiaire de Matière étherée recevait un mouvement général , & feroitune Toile de lumière qui nous cacheroit tous les Affres. Ditcs-moi donc quellg refl'ource reftera-t-il aux Cartéliens après cette réflexion ? Croit-on que les Newtoniens n’ont pas fait les mêmes remarq ues avant de donner leur fyftême. Ces Lames &les Tourbillons leur paroifloient bien ri- dicules. Ajoutez encore cette idée ex- traordinaire d échaocrer les La mes qui compofent les Tourbillons, comme celui de Mars , de la 1 erre & de Vé. nus , pour mettre enir’eux le Tour, billon de la Lune autour de la Terre, tantôt d’une part , tantôt de l’autre; ce qu’il faudroit faire néceffairement,à caule des mouvements oppofes de ces Planettes. O vous, Démocrite , qui avez le premier imaginé les Tourbil- lons , auriez-vous jamais penlé à ces fortes de Lames , fi vous aviez vou- lu en compofer un Syffême univetfel dans un plein abfolu ? La forme indéfinie de la Matière du premier Elément , ou du Feu , qui rem- plit l’efpace des Particules de tous les autres Corps , n’eft-elle pas une chi- mère des mieux imaginée ? Un Corps dont les Particules changent de for- me , & qui remplit exa&ement les intervalles des autres , eft un être que je n’ai jamais pû comprendre : car tout Corps eft compoféde Particules, & les Particules ont une forme déterminée; fi -elles n’en avoient aucune , le Corps i SUR LA. PHYSIQUE ET SUR LA PEINTURE. * 37 qui en eft le réfultat ne pourroit pas être conftruit d’une certaine Nature ; il chargèrent d’efpéce à mefure que (es Particules changeroient de forme. A- lors la Matière magnétique, la Matière éleftrique, tourescesMatières que l’on a imaginé au befoin , exifteroient dif- tinftement tes unes des autres, comme 1 ont prétendu des Phyûctens peu (cru- puleux. Voyez , par l’explication que nous donne M de Boiffobre, de la for- me indéfinie des Particules dans tous les Phénomènes , de fon Traité fur la Nature du feu , s’il n’eft pas Carté- lîen ? fon Ether eft celui de Defcartes, fon Plein abfolu eft celui d’Anftote & des anciens Philofophes , & fon Im - pulfion eft la mienne : mais il rejette les Tourbillons, c’eft ce qui fait le nœud de fon Syftême. Ce qui l’arrête cependant, c’eft l’angle de réflexion des Rayons de Lumière, qui eft tou- jours égal à celuide l’incidence.Moien- nant cette Figure indéterminée desPar- ticules & ce Plein abfolu , la Réflexion peut point être déterminée, quelque tailon que paroiffe en donner cet Au- teur : il faut toujours qu’il revienne mr fes pas pour déterminer la forme des Particules ignées. Avions-nous beloin pour détruire le mouvement imprimé aux Corps en ligne droite, félon Newton , de la tendant en ligne droite de Defcartes , n’eft pas la meme chofe , ne faut-il pas fuppo- fer l’une & l’autre de ces forces dans les deux fyflêmes pour accorder leur prétendus effets } D'une part , l'attrac- tion ne fçauroit faire tourner un Corps autour d’un Centre fans le mou- vement imprimé fur ce Corps en ligne droite ; de l’autre, les Tourbillons ont befoin du fecours de la Tendance en ligne droite pour retenir les Corps dans leurs Orbes. Je demande quelle eft donc la différence fi confidérabl* entre ces deux Hypothèfes ? N’eft- ce pas là deux queftions qui fe reffem- blent dans le fond , & qui ne différent que par la forme ? » Le Corps , difent les Cartéfiens , » qui , s’il eût été » abandonné à lui-mcmc , eût fuivi la » Direction de la première ligne droi- » te , eft obligé de s’en détourner » pour fuivre celle d’une fécondé » droite ; & toujours , ainfi de fuite , il » fouff e une elpècede violence ( par u le Tourbillon ~) qui à chaque inftant » 1 empeche de s échapet par une Tan* » gente de Cercle. >» De même , les Newtoniens difent , « Si un Corps fe » meut dans une ligne droite , & qu’il » foit détourné par une force cen- » tripette , dirigée à quelque point » vers le Centre , le Corps décrira la h ligne courbe, &c. Ce font toujours dans chaque fyftême deux forces fup- polées , & que l’on ne connoît pas , jointes cependant enfemble pouroc- cafionner un mouvement. L’on explique bien autrement par C lmpulfon des Rayons du Soleil, dont je fuis 1 Auteur , les mouvemens des Planettes , cette Impulfion eft une force connue , qui n’a befoin que de l’inertie propre à tous les Corps en générale aux Planettes en particulier qui eu foni des compofés. Cette iner- tie n’eft: pas une force , c’en eft au contraire le défaut ; la feule force agit- fante eft cette Impulhon fi connue & fi univerfelle , dont on verra l’appli- cation plus au long d .ns les Phénomè- nes de l’Eleûricité ( à la troifiéme par- tie ).Elle occafionne, cette force natu- relle & connue , le mouvement de ro- tation journalier Storbiculaire de cha- que Corps planétaire ; c’eft ce que j’ai expliqué ailleurs. UnePlanette eft une maffe folide , in- M* Oï&dec^pi- n9 La Comteffe. Monfieur, je vous arrê- te , vous direz que je parle toujours ; je vous prie de m’exeufer, c’eft l’en- vie de m’inftruire. Si PAtmofphère eft agitée ,c’eft apparemment ce qui cau- fe le Tonnerre. L’Auteur. Madame, de grâce ! Per- me'tez moi de fini:! Je ne balance pas à mettre les actions indilibérées & vo- lontaires , des Etres animes , au premier rang des caufts intérieures , qui portent le mouvement dans toutes Us parties du Fluide , par qui la Terre tfl environnée & pénétrée. Leur influence fur le Mé- chanitme primitif de la Nature, eft une idée qui fait honneur à notre fiécle ; elle eil ii naturelle que chacun a pu la trouver dans lui même , &r dire , avec P Abbé de faint Pierre , qu’il la pofledoit avant le moment oit parut le Traité de Phyjlque de la Pefanteur; mais elle n’en eff pas moins duc au Pere Cajtel , qui , le premier , fçut l’ap- pliquer , en connoî re le prix , & le faire fentir. Il n’ellpoim d’inftant où la relpiration des animaux n produi- fe le flux & le reflux d’une mufle d’air égale , tour au moins aux mufles d’eau qu’engloutit , & que rejette deux fois par jour le fein des Mers , &c. La Comteffe. Ha , Monfieur, la belle choie! Quoi ! notre refpiratiot & cel- le de tous les Animaux fur la Terre , agite l’Atmofphere : ô l’aimable dé- couverte ! Que la Philolophie aura d’obligations aux Personnages , que vous venez de citer. L' Auteur. Que dire des effets du feu Central , qui (e font fenfir fi près de la furface de la Terre , comme l’a montré Monfieur de Muiran, & q i "’é- fendent fi loin au - delà ? Que ire des Fermentations violentes qui rem- pliffent l’intérieur du Globe , & dont les tremblemcns de Terre, & i’Erup on H® Observations sur. l des Volcans , démontrent fi fenfible- jnent 1 exiftence? Le Feu volant, d’au- tres Feux que le Vulgaire prend pour des Etoiles qui tombent , les Eclairs , les Tonnerres , tous ces Phénomènes n annonçent-ils pas des fermentations non moins continuelles dans la Ré- gion de l’air ; Région d’ailleurs fi trou- blée par Us Courans & par Us Tour- billons , que la violence & la diverfité des Vents ne ceffent d*y former ? La Comteffle. Les Fermentations, les Courans & les Tourbillons , ont été de tout tems de mon goût. J’aime à en- tendre parler , &r la façon jolie dont vous les défimffez me les rend enco- re plus agréables. A propos des Tour- billons , vous les adoptez donc, Mon- iteur, me voilà bien-aife; car on a beau dire , la Philofophie de Defcartes fera toujours à la mode. L’ Auteur. Madame , j’oubliois de vous entretenir des Rivières , de l’im- pétuofité du Flux & des Reflux , & de mille mouvements ; elFets de la pefan- teur ; capables d’entretenir , de rani- mer , & de réproduire en quelque for- te leur caufe.Je crois plus important de faire l'entir que de tous les mou vemens exirtans , il n’en eft aucun qui nepaffe dans lt Fluide , qui pénétre tous les Corps , & qui ne le réfol ve définitive- ment en mouvemens imprimés à la Ma- tière fubtile. La Comteffle. C’en eft allez, Monfieur, me voilà aulfi fçavantc que vous ; je comprends bien qu’il n’y a aucun mou- vement dans la Nature, fans qu’il n’ait effluence dans le Fluide , lequel par fon affluence naturelle rajeunit ces mouve- mens , & cela par l’imprelfion qu’ils ofeafiennent dans la Matière fubtile. Monfieur , je vais voir ce foir Mon- Histoire Naturelle, fieur .... & je le prierai d'annoncer votre Syftême dans ces feuilles. Cette Hypothèfe fera fortune , ou les Hom- mes n’auroient pas du goût pour les bonnes choies. L'Auteur. Je traite des applatiffe- mens des Planettes dans mon Syftê- me , je n’admets pas le vuide. Cette fuppofition eft révoltante ! Je prouve au contraire fon impoflibilité & la réa- lité du Plein (dans mon IVe Entretien avec Madame la Marquife d« * * *.) Je dis que les Soleils & les Planettes do tout le Monde pefent vers’ un point unique , vers le Centre de l’Univers, & je diffère de Defcartes,fur les Tour- billons , en ce que je fuppofe que les Tourbillons du Soleil & des Etoiles ne font point entaflés les uns fur les au- ti es , comme l’a cru Defcartes. De plus je dis que le Tourbillon folaire , en circulant autour de l’axe de l’Univers, décrit des Spirales qui l’en éloignent pendant fix mois, & l’en rapprochent pendant les fix mois fuivants. J’ai ima- giné un petit balottement des Corps cé- leftes entre le Centre & la Circonfé- rence du Fluide , origine de leur Ro- tation : les Tourbillons font produits par la Rotation des Corps céleftes. Madame , je puis vous affurer que c’ejl un fait certain qu’il txifle des Tourbil- lons. La Comteffle. Monfieur , cela fuflit,' je prônerai votre Syftême dans les bonnes Compagnies. Je ne veux plus que l’on parle de celui de M. l’Abbé de Brancas ,ni de celui de l’Auteur des Tableaux imprimés. Que ne fe mêle-t. il}celui-ci,de faire feulement des Plan- ches anatomiques , puifqu’il y réufîit fi bien , & non pas des Syftêmes ? Fin de la fécondé Partie de ljS3> J’ai lû , par l’Ordre de Monfeigneur le Chancelier , la fécondé Partie de ces Observations. Paie à Paris , le 30 Oétobre xj j }. P h iMPft ce Pketot. OBSERVATIONS SUR L’HISTOIRE NATURELLE, SUR LA PHYSIQUE SUR LA PEINTURE, AVEC DES PLANCHES IMPRIMÉES EN COULEUR -, Par M. Gautier, de l’Académie des Sciences & Belles Lettres de Dijon, & Penfionnaire de S A MAJESTE’. NEUVIEME PARTIE, ANNE E 1753. A PARIS, Chez DEL AGUETTE , rue Saint Jacques , à l’Olivier. AVEC APPROBATION ET PRIVILEGE DU ROI. LeS Planches en couleur fe diftribuent chez l’Auteur, rue de la Harpe , à l'Imprimerie Royale des Tableaux. V ' ; • -Ç* 'V . I U V • ' ^ ' • k- • > ? : :.' i ' \ . r * ‘ .- , v.. J \ • , zawûvv • Ai / • •■ TH';V. ✓ r ; . , i-j 1 > ; orr : fcrfrVJ &> :ï ;: ri.- a ) l\ A Z :/j zvwn- ? fe' iS * nojiCl / _ i ;x A v.. 1 Vf a 1 ' ■ a v\ ■ - •H - ■ , . Ji “i . \ ■ *" k) ■ ‘U/i’.v v,; ♦ ■ r ; À çr x ■ 1 ■■ ->> .wviiC & V: - ?n-’- .aÆAia/* r.;. V 0AV3G • • •,: ■ >••’ r?5J£3E!3K 5Ervf iT2‘" .. ■ , - fi ’i -f ’AOTTkaO ï! ^.k- ;, .. • ., • : '■•'-II,: t ,nsr -v; -■'•tb wwiûi-.u. A wwV.'jaa .■•><>' >*'«>1 «*t ', :'j. ' il. I' jsh f' TROISIEME PARTIE DES OBSERVATIONS SUR L’HISTOIRE NATURELLE, SUR LA P H Y S I QU E ET SUR LA PEINTURE. O B S ERV A T ION VIII- Ou Mémoire injlruftif, , pour le plan des Mûriers blancs } & la nourriture des Vers à Soye , par feu M. Ifnard. P ^ SIEUR Ifnard plus fërieufes pour les Payfans & leurs (de Provence) vint à familles ; je crois cependant que le dé- , ris Pédant le Minif- faut de Feuille dans lafaifon qu'il faut tere de M. Colbert, & facri fier au foin de ces lnfeftes, eft la „ _ „ — , Prc‘euva a \a Cour le principale caufe de cette négligence. Nlemoire dons nous al- D’ailleurs on fçait combien il en coûte mPil 1 rn'Tn ! r' UafU- ’ eta.b'iflement pour faire adopter quelque chofe de fnvon- lr°k!vf11 i mais nous ne neuf à un Peuple auiTi inunenfe que Z, ? .P leâ raifons RUI Pont hit celui de Paris. Quoique ce Mémoire ait déjà etc imprimé en i66<\ ; par la bonté des Ob- servations qu’il contient, il mérite d’ê- tre donné une fécondé fois au Public j peut-être que cette nouvelle édition écbouer, Il y a aftuellement très-peu de per- fonnes qui travaillent à la nourriture des Vers a foye, & on a prefque en- tièrement abandonné cette Nlanufac- apparamme'nt°H ^aPItal*j0Ù £aul°lfe fera P^s d’imprefïion dans Année rv! *r 0(lcupatrons 1 efprit des amateurs du bien commun. Armee 1753, To>», I. Part , /!/. X 142 Observations sur l’Histoire Naturelle D’autant mieux qu’ayant propofé d’elever des Vers à foye fans aucun foin , ( ainG que l’on aura pû voir dans les précédentes Obfervations) on trou- vera ici la façon de planter les Mûriers blancs fur Icfquels je propofe de les laif- fer venir , & les feuilles de ces arbres pourrait encore fervir à ceux qui ont la commodité d’élever les Vers à foye à l’ordinaire. Je ne fuis pas entêté de ce que je donne , li la manière de les foigner dans les Chambaes vaut mieux que celle de les \aitTer produire d eux- mêmes, on aura recours à la méthode de M. Ifnard , qui me paraît la plus belle & la mieux entendue de toutes celles que l’on a préfenté au Public r fans excepter même les plus moder- nes : c’efl auffi ce que va appercevoir le Leéleur. Je le prie en même tems de ne pas prendre garde aux expref- lions gauloifes qu’il trouvera dans cette DilFertation. La France , ( dit M. Ifnard dans fon Mémoire) qui ell de tous les Royau- mes du Monde celui où toutes chofes yiennen avec plus de facilité & d’abon* dance , fe trouvant peu fournie de cette produdion admirable.du Régné du Ror Henry 1 V. d’heureule mémoire ; ce rand Prince rempli de zélé pour le ien& l’accroillemeht de fon Royaume & de fes Sujets , voulût éprouver li les Vers à foye feraient le même rapport en France qu’aux Royaumes du Le- vant , où ils étoient introduits , & pour cet éfiet lit faire des elfais dans les Mai- fons Royales de Fontainebleau , Ma- drid & Jardin des l'huilieries ; par le moyen defquelles il fût reconnu par trois diverfes années , que les Vers à foye fe nourrifloient & ele voient en France, avec autant de fucccs & pro- fit , qu en Italie & autres Pays Etran- gers ; outre que les Peuples en Pro- vence avoient d’eux-mêmes introduits depuis quelques années auparavant les Mûriers blancs & les nourritures def- dits Vers à foye : Ces expériences por- tèrent ce grand Prince , d’ordonner l’c- tablifTement général par tome la France defdits Mûriers & nourritures des Vers, & d’y faire inltruire , comme pere com- mun , tous fes Sujets , afin de les exem- ter de la néceflïté d’aller chercher des Soyes dans les Pays Etrangers , éviter le tranfport des grandes fommes de de- niers qui fortoient pour lors du Royau- me tous les ans, pour l’achat des Soyes, & pour occuper une infinité des Peu- ples qui pouvoient gagner leurs vies aux Manufadures & Ouvrages qui en dépendent , & pour mieux y réuffir & avec plus de folidité , il députa des CommilTaires , tant de fes Gonleils que des Cours Souveraines , des Par- lemens , Chambre des Comptes, Cour des Aydes , & autres notables perlon- nages de fon Royaume, au nombre de treize ; lefquels fuivant la volonté de Sa Majefté , & en vertu du pouvoir à eux donné par fes Lettres Patentes du vingt-uniéme jour de Juillet 160 2 , au- raient contradé pour & au nom de fa dite Majellé, avec les Marchands re- connus & expérimentés en cet Art , pour fournir non feulement par les Eludions , Villes , Bourgs & Paroilles des G néralités de Paris , Orléans Tours & Lyon , certaine quantité de Meuriers blancs & des graines pour en' faire des pépinières mats au fil pour en- voyer fur les lieux eu chacune Elec- tion des Gens experts & inflruits pour enfeigner les Habitans des V ilies & Pa- rodies , & ions autres, à planter & éle- ver les Meuriers, nourrir les Versa foye , & en tirer & préparer la Soye , & leur délivrer des mémoires & inllruc- tions , qui furent imprimés par ordre sur la Physique et de S. M.& pour y fubvenir, il fut établi un fonds de fix - vingt mille livres , par Arrêt du Confeil d’Ctat du i 3 Octo- bre delà même armée i6oz ; & par Lettres du 7 Décembre enfuivant , il fut ordonné aux Officiers des Eleétions des Généralités de Paris , Orléans , Tours & Lyon, de tenir inceflamment la main à l’exécution des Arrêts du Confeil & Lettres Patentes , & enjoint aux Habitans defdites Pareilles de con- tribuer de leur part à tout le contenu en icelles , & fournir les chofes nécef- /aires audit établilTement , & même de lailTer cueillir les feuilles des Meuricvs aux Nourriffiersdefdits Versa foye fans rien payer. Les motifs deldits Arrêts & I ettres Patentes font tels. « Le Roi en *> fon Confeil , reconnoiffant que i'in- *> troduélion defdites Soyesès Pays de » fon obéillance , ell le plus convena- ble remède pour éviter le tranfport “ qui fe fait de trois à quatre millions * ^or tous les ans ès Pays étrangers » pour l’achapt defdites Soyes, & d’ail- » leurs fou bai table pour la décoration » publique , l’enrichiflemcnt & occu- » pation des Peuples de fon Royaume. » après avoir oui lefdits Commiffatres » fie vû les expériences de cette entre- » prife , & par icelles reconnu la faci- »> lité & l’utilité qui en proviendra à » nofdits Sujets, &c. Ce qui aurait fi bien réuffi . & aurait produit des effets tels , que fi ce grand Roi n’eût été pré- venu de la mort , nous n’aurions pré- fentement plus rien à fouliaiter fur le fujet de cet établilTement général , qui n’eft pas moins inconnu encore aujour- d’hui dans Paris & aux environs, qu’il I’ctoit de ce tems-là. Nous n’aurions non plus rien à défirer des Etrangers pour Tachapt des Soyes & des Etoffes & Ouvrages de foye., qui confument aujourd hui des fommes incompara- sur la Peinture. i blement plus grandes que celles de qua- tre millions d’or , dont il ell fait men- tion aux fufdits Arrêts fie Lettres Pa- tentes , quoique depuis ce tems-là il fe recueille en France une plus grande quantité de Soye , attendu que l’ufage des Etoffes de foye eft incomparable- ment plus commun qu’il n’étoit pour lors. Ce delfein qui n’a pas été entièrement confommé , peut s’exécuter préfente- ment avec beaucoup plus de facilité & de commodité , & dans Ion exécu- tion, toute la France y trouvera un tel bénéfice, que Sa Majefté & tous fes Su- jets , fans dépenfe & Tans aucune in- commodité en recevront un fccours confidérable -, car outre que l’argent ne fortira pas de ce Royaume pour l’achapt des Soyes étrangères , fie qu’au con- traire les Etrangers y apporteront le leur pour l’achapt de nos Marchandi- fes, delquelles ils ne fçauroient fe paiTer. Nous voyons aujourd’hui dans les Provinces du Languedoc , Provence , Dauphiné fie en quelques autres en- droits du Royaume , que le progrès des Vers à foye s’elt trouvé fi facile fie fi profitable , que le feui revenu de la foye apporte à prefent plus d’argent en ces Provinces , que les Bleds , hui- les & autres fruits qui y font en abon- dance, Paris , qui ell de toutes les Vil- les du monde , celle où les Etoffes & Ouvrages de foye ont plus de cours & de débit ; efi au (fi celle du Royaume où ce grand Prince Henry IV. avoit plus de défir d’introduire ces Ouvrages fie Manufactures des Soyes , comme celle où il y a le plus de-commodité , foit pour le plan des Mûriers blancs la bonté de la feuille qu’ils y portent , la douceur du climat au tems du Prin- tems que lefdits Vers font leur produc- tion, fie où l’expérience a fait voir que *44 Observations sur. i/Histoire Naturelle les Soyes y viennent en abondance & plus fines qu’ailleurs ; & enfin où il y a plus de Peuple , & les logemens fpacietix & très- commodes pour ce def- fein * cependant on ne voit des Meu- riers blancs dans toutte cette vafle éten- due des Jardinages , que ceux qui fu- rent plantés du Régne 8c par l’ordre de ce grand Prince , ni aucun métier pour filer & mouliner les Soyes , que ceux que j’y ai fait faire pour parvenir à mes expériences , s’y rencontrant fort peu d’Ouvriers en Soyc ; & ce qui cil étran- ge , ne s’y en trouvant prefque point qui fabriquent des Etoffes qui font les plus en ufage 8c les plus cheres , n’y ayant qu'un Ouvrier en Velours , 8c point du tout de Nourritfiers des Vers à foye , Tireurs & Fileurs de Soye , ni de Motiliniers j ce qui eft aflèz ordi- naire dans une Ville de grand Com- merce & en un climat il doux & où les Terres font trcs-propres pour por- ter les Meuiiers blancs , qui de leur na- ture ont cet avantage , qu’ils viennent atiffi bien dans les fonds les plus infruc- tueux que dans le plus fertile , ne l’en- dommagent point par leurs racines, ni par leur ombrage , & font fans contre- dit les plus beaux & les plus lucratifs de tous les arbres ; & ce qui ell encore d’autant plus à confidérer, c’efl que le tems auquel il convient vaquer aux Vers à loye ell jufle ment celui auquel la plus grande partie des pauvres gens & de travail ,ont fort peu ou point du tout d’occupation ; à fçavoir , dans les mois de Mai & de Juin , & que cette occupation ne les détourne point des autres travaux , & ne les engage dans aucune dcpenfe, & le revenu en ell li conlidérabie que dans la feule étendue & Banlieue de Paris , il y pourra avoir allez abondamment de Meuiiers pour la nourriture d’autant de Vers qu’il en fera néceffaire pour fournit de Soye à Paris ; & outre l’occupation férieufe & le divertifïement innocent des Curieux,, des Gens de condition & des perfon- nes Religieufes de tout fexe qui vou- dront s’y addonner , fort pour l’utilité ou pour la curiofité ; il y pourra avoir affez de quoi occuper tout ce qui (e rencontrera de pauvres infirmes ou in- valides & autres Manouvriers , qui dans cette faifon fooffrent par le manque d’emploi 8c d’occupation , ou s’ils en ont , elle ell fi peu conlidérabie qu’elle ne peut pas fuffire pour les nourrir & payer leurs gîtes ou loyers des mai- fons , qui ell ce qui ruine la plupart des petites gens, 8c les oblige ou de s’enfermer dans les Hôpitaux , ou d’a- bandonner la France , comme nous le voyons tous les jours en ceux qui y vont par nécelTité on par contrainte. Cette occupation ici efi de telle con- fi dération qu'une pauvre famille logée dans un petit appartement ( comme il y en a une infinité dans Paris qui n’ont qu’un petit trou de chambre) pour- ront dans le même appartement fans’ beaucoup d’incommodité ni de dé- penfe , 8c fans altérer la Santé d’aucuns-, faire de la Soye afiez pour payer les loyers des maifons , être remboursés de tous les frais qtPiis y auront faits (qui font fort petit, ) & gagner encore quelque chofe pardeff i, ; ce qui feroit un revenu inconcevable dans la feule Ville ou Fauxbourg.de Paris, d’une cliofe qui n’etl à proprement parler , que l'occupation des petits enfans,& qui ne détourne point les autres de leurs travaux & occupations ordinai- res , 8c q Yen foi elle eff fi noble , (ï agréable, fi Jivertiffante & fi curieufe, que dans les Provinces c’eft l’occupa- tion des Demoifelles 8c Perfonnes de- condition, mêmes des Eccléfiafiique* sur la Physique et sur la Peinture. H? &perfonnes Religieufes ; & les uns & tans & en richelTe par le moyen des frs autres y rencontrent ( outre leur fa- tisfaclion ) tin très-grand bénéfice par le moyen des Iitofles 8c Ouvrages de foye , ou moitié foye , moitié laine ou Kl qu'ils font faire dans leurs maifons , defquels ils font leurs habits & leurs ameublement a fort petits & menus frais , qu’ils nrautoient qu’à peine s’il falloir les avoir de chez les Marchands , de manière qu'en moins de quatre mois , on pourra faire une pièce d’E- tofie de la valeur de vingt ou trente piiloles , fans qu’on s’apperçoive pref- que fi elle a coûté quelque chofe à un ménage ; parce que ces frais font in- fenfiblement & imperceptiblement em- ployés par les femmes & jeunes filles qui feroient employées à d’autres tifa- ges ruineux pour les familles , outre leur divertilfement 8c la fatisfadion qu'elles y trouvent ; & fi on prend la chofe dans (on origine , on trouvera qu’elle provient de la Feuille de huit ou dix Meuriers ,qu’à peine auroit elle pù nourrir une vache pendant une fe- maine ;■ fi on en recherche les fuites on trouvera qu’un chétif Bourg com- pofé de deux ou trois cens familles , dans fix ou fept femaines de tems , fe- ront produire deux ou trois cens livres de Soye , qui monteront à trois mille & tant de livres de la vente des Soyes crues , lefquelles étant ouvrées peu- vent fans contredit occuper ces trois cens famille» une partie de l’année & kur donner plus de revenu qu’aucune autre occupation qu’ils pourroient prendre : ce font des vérités que la Ville de Lyon expérimente depuis fe tems qu’Henry IV. y a introduit les Soye. On fçart que cette Ville, celle de Saint Et tenne en Forêt , & Saint Chau mon , qui leur font voiline ; ont aug- menté de plus de la moitié en Habi*- Soyes. La Ville de Tours n’en cil pas moins augmentée, & fi on vouloit faire ces réflexions fur le général de la Fran- ce ; certainement on trouveroit que ce grand Princeaparle moyen des Soyes procuré un aufii grand bénéfice que tous les Rois précodens enfemble n’a*» voient fçu introduire dans ce Royau- me , quoique cela n’approche pas du revenu qu’en reçoit le Comtat d’Avi- gnon à proportion & les Pays d’Italie & du Levant, où les Vers à loyes font fréquemment nourris , & tout cela ell fort peu confidérable ; en égard à ce qu’il auroit pû être en France, fi les Peuples avoient eu le même amour pour leur bien propre, que leur Roi , &en comparaifon de ce qu’il fera dans vingt années fi chacun contribue félon fon pouvoir à celte introdudion géné- rale des Meuriers & des Vers à foye.- L’Auteur entre après dans d’autres détails, pour prouver que les Versa foye ne lont point incommodes & ne caufent aucun mauvais air ni puanteur, Iorfqu’on-en retire les malades & le? morts. Des Meuriers en gène'ral. Comme le principal fondement de' la Soye dépend de la feuille des Meu- riers , il eft d’une néceffité abfolue de pourvoir à la quantité des Meuriers que l’on peut avoir pour fubvenir à la nourriture des Vers filants la Soye, dont nous parlerons dans ces Mémoires & inftruàions. Nous trouvons de trois fortes de Meuriers, l’an defquels ell appellé Meu- rier noir & les autres Meuriers blancs.- Le Meurier noir eft celui dont otï mange les Meures , que nous voyou? fi communes dans les jardins. Les Meuriers blancs ne font- ças & 146 Observations sur i/Histoire Naturelle commun dans Paris que les noirs , mais iis font en plus grand nombre aux lieux où les Soyes fe font. Iis font ainfi ap- pellesà caufe que la plupart produi- fem des Meures blanches , & parce que leurs feuillages ont un vert naif- fant , plus clair & tirant plus fur le blanc que ceux des noirs , qui ont un vert plus obfcur ; l'écorce efl plus claire 8c plus blanche que celle du Meurier noir , 6c quoiqu’une bonne partie de ces Meuriers pvoduife des Meures noi- res 6c d’autres grifes , on ne laide pas de les appeller Meuriers blancs, à caufe de leurs conformités dans les feuilles. D’ailleurs leurs Meures ne font pas la moitié fi grofles que celles du Meurier noir , 6c ont aufïi un goût plusincipide. Quoique les feuilles de ces trois for- tes de Meuriers foient toutes propres à la nourriture des Vers à foye, néan- moinsles Meuriers blancs doivent être préférés aux noirs par quatre raifons principales. La première efl , que les feuilles qu’ils produifent font plus ten- dres , plus délicates , plus appétiflantes 6c plus naturelles aux Vers , que celles des Meuriers noirs. La fécondé qu’ils font plus aélifs à jetter leurs feuilles de quinze ou vingt jours plutôt que les noirs , ce qui ell nécdlaire afin que les Vers foyent avancés dans le Printems 8c exemtés des grandes chaleurs de la faim Jean , comme nous le remarque- rons en parlant du tems de mettre à éclore les graines. La troificme , que les Meuriers blancs croiffent 6c s’avan- cent plutôt , deviennent plus gros, 6c ne craignent point tant d’être dan-s un mauvais fond, ni d’être fouvent effeuil- lés 6c cbranchés , comme pourraient faire les Meuriers noirs. Et la quatriè- me, que leurs feuilles font produire aux Vers la foye beaucoup plus fine 8c de plus haut prix , que celles des noirs. Ces fortes de Meuriers blanc font non feulement plus beaux , plus \Ucra. tifs & plus à fouhaiter que les noirs ; mais il efl certain qu’ils le font incoml parablement plus que tous les autres efpèces d’arbres que l’on plante pour l’ornement. Le terme de fa croiffance eff pref- que infini 8c fans borne:, , comme il fera obfervé. Ses troncs 6c branchages ne différent point de l’Orme 6c de tous les autres arbres forts , 6c font auffi propres pour les ouvrages de Charonnerie , Menui- ferie, Charpenterie 6c pour toutes for- te? d’autres ouvrages, 6c auffi bon pour réfiffer dans l’eau que le Chêne. Il n’y a pas prefque jufqu’à l’écorce qui ne ferve à faire des Cordes 8c Etoffes , ainli que quelques Auteurs l’ont écrit, par- lant de J’éxcellence de cet arbre. Outre tous ces attributs, ils ne foui- nent aucuns des infeéles 6c animaux immondes ôc vénimeux quife perchent fur les Ormes, Chênes, Tilleuls 6c au- tres arbres , qu ils gâtent & qu’on n’ofe prefque approcher pour leur venin , 6c à quoi ii n’y a prefque point de remede. La raifon pour laquelle ils ne vont point fur les Meuriers ell admirable ; je la prends de ce qu’il fembie que la Na- ture nous ait donné ces Arbres ici, feu- lement pour nourrir les Vers à foye, qui font les plus nobles des infeéles , & qui n’ont ni ne peuvent fouffrir le moin- dre venin. Que fi cela n’étoit pas ainli, pourquoi les Chenilles qui gâtent les feuillages des autres arbres , ne gâte- roient-elles pas celles-ci, qui font meil- leurs f & que toutes fortes d’autres Bê- tes mangent très- volontiers. Cepen- dant il ell inoui que l’on ait jamais vu des Chenilles fur les Meuriers blancs. Leurs troncs & branchages font d’une telle nature , qu’ils ne craignent nuüe5 147 sur la Physique et sur la Peinture. ment d'être étêtés ÿr ébranchés, & ces mêmes branchages font de quelque re- venu dans les familles , ceux qui ont quantité de Meuriers peuvent avoir du bois fuffifamment à brider fans les en- dommager. Un gros arbre pourra facilement , & fans être endommagé , nourrir une de- mie once de graine de Versa foye , laquelle réuffiflfant médiocrement pour- ra rapporter fixou fept livres de foye qui vaudra dans Paris une piflole la livre. C’ell une vérité qui s’expérimente toutes les années dans le Comté d’A- vignon , & dans les Provinces voilines, (elle vaut ao, a 4 ou 3 o 1. prélentement.) Ses feuilles ne lailfent pas d’etre fort propres à la nourriture & engrais des Brebis , des Clievres , Vaches 8c antres Befliaux , & fort bonnes aux Cochons, pourvu qu’elles foient bouillies & mê- lées avec du Son, fes fruits font très- propres à nourrir & engraifler la Vo- laille, & en font fi friands, qu’il n’eft pas potlible de leur faire manger du grain ni autre chofe , tant qu'il trou- vent des Meures des Meuriers blancs. Nous voyons les petits enfans & les pauvres gens les rechercher curieufe- ment pour s’en nourrir. Plufieurs perfonnes les ont appro- priées à des remèdes ; ils en font des confitures liquides ; pour lâcher les in- tedins , pourvu que l’on les mange le matin avant toute autre viande ,'fans pain , & fort peu , afin qu’elle ne cor- rompent les autres viandes. I ne de leur plus grande propriété, eft de guérir les inflammations de bou- che & de gofier, & pour les Dents pour- ries A Gencives Ulcérées , il faut les mêler avec le Miel rofat , & obferver que les Meures ne loient nas en leur entière maturité,. Manière de transplanter les Meuriers tirés des Pépinières. Lorfque les Meuriers blancs auront atteint la grolfeur du bras 8c la hauteur de fix pieds, plus ou moins, félon l’in- tention des perfonnes , 8c les lieux où l’on voudra les tranfplanter. Comme par exemple , s’ils font mis en lieux où nul Beflial ne puilTe les endomma- ger , il n’y aura pas de néceffité que le pied (oit fi haut, ils pourront être trans- plantés une ou deux années plutôt qu’ailleurSjCe qui pourra fe faire envi- ron la cinquième ou Sixième année qu’ils auront été dans les Pépinières II faudra les arracher le plus adroi- tement qu’il fera pofTîble , pour en ti- rer toutes leurs racines , fans en rom- pre ni briler aucune , defquelles il ne faudra rien couper , fi l’on les tranf- plante bientôt après avoir été arrachées, 8c ne fera pas nécelï'aire de les faire tremper , ce qui autrement feroit né- cefTaire. Les branches feront aupara- vant coupées ainfi que l’on fait ordinai- rement. I.a faifon pour les tranfplanter efl en Septembre & Oétobre , iufqu’en No- vembre , en Lune nouvelle, & aupa- ravant que les froids viennent. Ils feront auflî bons tranfpïantés au Printems , en Mars & Avril , ou auffi- tôt après les froids 8c devant qu’ils poulie nt principalement Iorfqu’ils font jeunes , de trois ou quatre ans ou en- viron. Longtems auparavant que de les tranfplanter ,il faudra ouvrir leurs baf- fes , & ne les pas planter trop avant dans la terre , quoique la folîe ait été faite plua profonde, laquelle profondeur fau- dra remplir de bonne terre , & de ceiifr' H8 Observations sur l’Histoire Naturelle: principalement qui fe rencontre fur la fuperficie des champs , qui ait été la- bourée ou bonifiée par les influences du Soleil & des rofées , ce qui fera que les racines de l’Arbre feront fortifiées en peu de tems. Les foffes plus grandes & plus pro- fondes feront les meilleures , non feu- lement par la raifon ci-deflus ; ruais parce que venant à pleuvoir, l’eau qui remplit ce grand creux , y demeure fi long-tems, qu’il n’efi pas au pouvoir du SoleiL ni des vents d’en delîeclter les racines , quelque longue lécherefle qu’il fafle , il fera bon de bien fouler avec les pieds la terre par-deflus les racines. L’on pourra atiflà remplir le fonds des folles de bronflailles & herbages des champs ; afin que venant à pour- rir, ferve de fumier , & tienne d’autant la terre fraîche & conferve l'eau de ia pluye, alors Les racines percent plus fa- cilement. Les ofleinens, cornes & autres im- mondices, y font propres , ruifes plei- nes d’eau. II faudra les arrofer & bien mouil- ler aufii-tôt qu’ils feront tranfplantés , & toutesfois & quant qu’ils en auront befoin , afin de les faire prendre plus vite. Pour l’ordinaire on doit les arro- fer deux fois dans chacun des mois de Juillet & d’Août, ou plus , fi la féche- relTe eft grande , & ce pendant la feule première année. Pendant la première année , il faut à chaque pied d’arbre quelques ccha- fats , ou perches de la hauteur du pied , & les environner des épines , pour em- pêcher qu’aucun bétail n’aille ébran- ler les racines & ne le lalle mourir. Pour les faire mieux pouffer &éviter la féchereflê , il fera néceflaire de leur donner fouvent des labourap.es autour du pied & autour de la lar|eut me & ce fut en Juillet .prenant la Berne 751, Tome l. Partie III, V if0 Observations sur l* toute fraîche mêlée avec de la terre & fe- mée de la manière que je l’enfeigne au deuxième Chap, Art.7. de cette Partie. Ceux qui voudront femer les Meu- res fraîches , obferveront de les bien mêler & froiffer auparavant, avec me- nue terre ou menu fumier de deux ans, les femer en terre fort trempée d’arro- fage , les couvrir avec de la menue terre & enfui te de la paille ou clayon ou autre chofe , afin que lafécherelle ne les gâte ni les Animaux , & ne les point innonder,de peur que les Meures ne poiurilient plutôt que de pouffer leurs pépins , il en faudra tirer les her- bes qui fortiront parmi 8c les arrofer. Il y a un autre moyen plus facile , en prenant des cordes de crin de Cheval ou de laine, les frottant avec, des Meu- res , dont les graines ayent pris toute leur nourriture. On couche les cordes dans la terre de leur longueur , dans des rayons avec fort peu de terre bien déliée & bien apprêtée au-delïiis , ce qui produit une audî grande quantité de Meuriers , que la graine toute feule femée à partjbien entendu qu’on y ob- ferve les mêmes foins que nous avons prefcrits, les couvrir 8c arrofer de mê- me , dans le tems qu’il faut» Du lieu propre à faire éclore & nour- rir les V ers à foye. Pour faire une grande nourriture de Vers à foye, on doit pourvoir à un lieu convenable pour les loger l’efpace de fix ou fept femaines qu'ils ont à vi- vre , ou du moins durant le dernier mois, car dans le commencement on peut les nourrir étroitement dans des boëtes , & dans des coffres , fur des lits -, 8c dans les chambres où l’on habite, 8c plus communément dans des cabinets ou garderobes , kfquels ils ne gâtent Histoire Naturelle; nullement, parce qu’en ce tems-Ià ifs n’ont aucune humidité ; & d’ailleurs on met toujours du papier deffous , comme nous dirons ci-après. On ne les doit point mettre dans des caves ni lieux humides 8c trop frais, ni aux greniers proche les tuilles : mais dans une chambre airée , claire & fpa- cieufe , en un étage d’entre deux , ou bien au premier étage près de terre , pourvu que le plancher d’émbas foit re- haulTé de deux ou trois pieds. II eft vrai que dans Paris , à caufe du mau- vais air des boues , il fera mieux de choifir toujours les chambres les plus hautes , comme les plus faines. S'il eff poflible au lieu où ils feront mis. il faut qu’il y ait des fenêtres oppo- fées l’une à l’autre , comme du Soleil couchant au levant, ou du Septentrion au Midi, affn que durant les grandes chaleurs on puide les rafraîchir. II faut obferver qu’on doit éloigner des chambres toutes mauvaifes odeurs, comme du fumier & autres femblables, fnrtout les commodités ; il faudra bien boucher tous les trous & crevaffes des murailles , des portes 8c des fenêtres , pour garantir les V ers des Souris , Four- mis , Grillons , & autres vermines , & des vents coulis qui leur font nuiftbles. Comme il faudra dreffer lesHdtelliers dans les Chambres , fur le f quels les Vers ri foye feront nourris & fileront leur Soye. Dans une Chambre , Salle , ou autre lieu, de la manière que nous venons d'indiquer , feront dreffés plulieurs- Etauds , tant contre les murailles qu’au milieu de la Chambre , lefquels feront foutenus de deux traverfes ou foliveaux cloués fur des perches les plus droites qu’il fera poflible de trouver , qui leT sur la Physique et ront appuyées au planc her & porteront /ufqu'au plafond , de forte qu’elles tien- nent d’elles-mêmes ; diftantes l’une de l’autre dans un Cens , de la mente lar- geur de deux tablettes ou claies, que l’on mettra jointes enfemble , & de l’au- tre feus écartées de la longueur des ciayes , en façon néanmoins que la lar- geur ne foit pas plus grande que de trois pieds , afin de pouvoir atteindre avec les bras partout, ce qui formera des rangs garnis par étage de plufteurs elayes , & il faut laiiîer entre les rangs que formeront ces perches', la diflance de trois pieds pour y pouvoir marcher deux perfonnes quand elles fe rencon- trent , & y pofer une échelle pour les Vers des plus hautes tablettes -, il faut qu’il y ait fur la hauteur une coudée de diflance d’une claye à l'autre, ou de l’une fur l'autre. Sur les bords des ciayes ou tablet- tes , feront miles des petites bottes de pailles, ou autresbrouîfailles de lagrof- Ictir du bras liées de ficelle , pour em- pêcher les Vers de tombera terre, lorfqu’ils viendront fur les bords’ pour manger les feuilles. lit pour plus de précaution , il efl à propos de difpofer les tablettes en forte que les plus baffes foient plus larges, & que celles du haut foient toujours en étréciffant. Ceux qui ne font pas de grandes nourritures, & qui n’ont pas la com- modité d’avoir une Chambre particu- lière pour loger les Vers à foye , ni le moyen de drelîer des Hàteliers , & de femblables tablettes à celles que nous avons preferites, les nourriffent & lo- gent dansla même Chambre où ils cou- chent , fur des ais’ attachés contre les murailles , dans des coffres , fur des • bancs & tables , jufqties fur le ciel dit lit , même contre terre fur des ciayes sur la Peinture. t ou ais, ou dans des boutes ou paniers, bref par tout où ils peuvent les loger ; & pour cela ne laiffent les Vers de bien profiter , pourvu qu’on les garantifle des Souris .Fourmis, Grillons, Pou- les , Moineaux , Irondelies, & autres Bêtes qui en font friandes. Le feu , ni la fumée ne préjudicie point, & fert plutôt à l’avancement des Vers , que de leur nuire. Toutefois le trop grand bruit des Euclfimes des Ma- réchaux , Serruriers, Chaudronniers , leur caufe bien fouvent du dommage , aulti bien que les Tonnerres. C’clt pourquoi il fera à propos fi on peut , d’éloigner le logement des Vers de tels bruits. II efl vrai , que s’ils font accou- tumés des leur nailTance au bruit , il ne leur fera pas fi nuifible. Les ciayes des bateaux des Charbon- niers, 8c autres femblables , font très- propres pour dreller les Etauds à caufe de leur légèreté 5 & auffi les Vers ve- nant à filer leur foye , trouve leur loge- ment dans l’entre-deux des obiers & bâtons, pour y faire leurs Cocons. Pour faire éclore la graine des V ers à foye , & les moyens de la ckoiftr & dyen recouvrer la meilleure. La meilleure graine efl celle d’Ef- pagne, petite , colorée de gris obfcure, vive & fort coulante , pourvu qu elle ne foit pas morfondue , ou falcifiée ; ce quife peut connoître en la caffant fur l’ongle , & fi elle pétille & jette beaucoup d’humeur , ce fera marque qu’elle efl bonne, fi l’humeur a de la vivacité , & qu’elle ne coule point , car fi elle ctoit morfondue , elle n’auroit ni vivacité ni lucidité , & fi elle coule, c’efl marque qu’elle efl pourrie. La graine de Piedmond efl bonne en France j elle efl plus groffe & plus blan- wVij Observations sur l’Histoire Naturelle i >2 châtre que celle d’Efpagne j mais elle n’efl pas fi bonne., que ceile des autres Pays d’Italie. Celle de Boulogne eft auffi bonne que celle d’Efpagne, parce que c eft une Ville où l’on en fait grand trafic j & l’on y prend grand foin à faire de la bonne graine . & d’ailleurs ils la renouvellent de celle de Sicile & du Levant. Qui en pourroit recouvrer de Sici- le, feroit la meilleure de toute , comme l’on efpére d’en recouvrer pour en faire l’introdudion en France. Quoique la graine des Vers à foye pût s’éclore d’elle-même, Iorfque la chaleur la preffe , néanmoins il efl ex- pédient de la mettre à couvert le plu- tôt qu’il fera polTible , par deux raifons principales. La première , afin de ga- gner tout autant de teins du Printems qu’il fe peut, pour éviter les grandes chaleurs de la Saint Jean , 5c parce que ordinairement les premiers font les meilleurs , 5c éviter auffi la maturité des Meures , qui efl non feulement im- portune à cueillir les feuilles, mais qui les humectant , 5c fe mêlant parmi les feuilles , on ne peut fi bien faire que les Vers n’en mangent , ce qui eft fu- jetà les créver. Et la deuxième 5c plus importante raifon , efl de faire naître tous les Vers à la fois, ou en un ou deux jours , ce qu’ils ne feroient pas d’eux-mêmes fans chaleur artificielle, 5c par conféquent très-incommodes à traiter, pour faire leurs meues inégales. De maniéré que Iorfque les premiers éclos ont mué yqu’il faut changer la li- tière , les autres derniers éclos étant encore endormis , 5c enfouis dans les litières , ne veulent point être re- mués , 5c cette inégalité de naiiïance en fait périr beaucoup ,& donnent fix fois plus de foin, 5c leur faut fix fois plus d'efpace , 5c ce qui eft d’autant plus confiderable , e(l qu ils gâterubeancouo' plus de feuille , 5c coûtent double dé- penfe de la cueillir ; en ce que ceux qui font endormis , ou qui font prêt à muer, quoiqu’ils ne mangent pas , ne laiffent pas de monter fur les feuilles , les foulent & rendent de mauvais goût ; en telle forte que ceux qui font éveil- les ne les pouvant manger , montent defTus fans les manger & on eft obligé d’en donner d’autre , & par ce moyen on fait trop grande litière 5c on couvre trop avant les Vers qui font tout à- fait endormis ou prêts à jetter leur peau , aufquels la puanteur de la litière 5c la chaleur , leur caufe un notable dom- mage, Et s’il efl poffible , faudra les te» nir chacun féparément , félon les jour- nées de leur nailfance , comme nous l’obferverons enfuite. Pour éviter ces foins extraordinaires, il faut prendre toute la graine que l’on veut mettre à couvert ou éclore , fau- dra la faire tremper dans du Vin bour- geois ,c’eff-à-dire qui ne foit point far- laté , frais tiré du tonneau , 5c ôter tout ce qui viendra au-dellus, comme inu- tile, la faire fécher devant le feu , un peu éloigné > ou au Soleil s’il n’eft pas trop aident, de peur qu’étant échauffée trop tôt , 5c que venant d’une extrémité de fraîcheur à celle de la chaleur, elle ne foit morfondue, ou tout-à-fait gâ- tée. Et s’il arrive que voulant tremper la graine , on y trouve nombre de Vers éclos, comme il arrive fouvent , com- me nous dirons ailleurs , il ne la faudra point tremper , 5c la mettie fan» y faire quoique ce foit , car fi on la trempoit en cet état, on feroit mourir tous les Vers éclos , 5c ceux qui feroient fur le point d’éclorc. Le teins de la mettre à couver eft en Avril, en beau jour 5c ferein, quand le Soleil luit , en nouvelle Lune, afin que sur la Physique et sur la Peinture. le rems de la montée ou filement des Vers , ( qui eff environ quarante jours après , félon qu’ils font bien ou mal nourris ) vienne au plein de la Lune , & que les Vers montent & filent avec plus de vertu, & leur foye en foit plus ferme > & en plus grande quantité» Mais comme il faut gagner du teins., principalement en un climat froid , fans trop s arrêter à la Lune , la véritable régie, & letemspropreà obferver pour mettre à couver les graines, fera lorf- que l’on verra les Meuriers blanc com- mencer à bomtoimer , Sc jetter leur feuille , & qu’on peut en cueillit pour nourrir les Vers ,non pas pour un feul mais pour plufieurs , d’autant que fi l’on fe régie à quelque petit Meurier , qui fera dans un jardin ford chaud 8c que ceux de fa campagne foiem encore fort reculés , on feroit un très -grand dégât de feuille , car les Vers en gâte prefque autant lorfqu’ils font petits qu’étant gros , à proportion de ce que les Meu- riers en peuvent porter en un tems & à l'aune. C’efi pourquoi il efi à propos de voir boutonner les Meuriers de la Campagne avant que mettre la graine a éclore. Auffi-tot que la graine aura été trem- pée 8c féchce en la manière ci-delfus expliquée , faut la mettre dans une roete allez grande pour contenir la quantité de graine que Ion jugera à propos , de façon néanmoins .. qu’il n’v r i i A „ (T J _ • i * J 153 plus délié qu’il fe pourra trouver , ayant fon couvercle qui ouvre facilement. Il faut la garnir par dedans de Co- ton , 8c en mettre auflTi par-delTus la graine , & la mettre auprès du feu , non trop véhément , devant lequel la boëte & le coton feront médiocrement chauf- fés, & en même teins la graine venant récemment d’être féchée & chauffée au Soleil ou auprès du feu , fera mife dans ladite boëte , que l’on mettra entre deux coutis ou oreillers de plume mé- diocrement chauffés auprès du feu ou au Soleil , de manière que par la chaleur qu’on leur donnera, il ne faut pas qu’el- le foit plus forte que celle que le Soleil leur auroit communiquée , 8c enfuite on enveloppera le tout dans une bonne couverture pour être tenu chaudement,, laquelle couverture il n’importe-qu'clle foit tort chauffée , mais les oreillers' qui toucheront la boëte , ne doivent avoir qu’une chaleur tempérée -, 8c de fois à autre on vifitera la boëte pour lui donner la même cbaieur , toujours fort médiocrement , de peur de mor- fondre la graine , par le trop de chaud. J.a vraye mefure de cette chaleur doit être prife à celle qu’on pourroit leur communiquer fi on l'a voit dans le lit , ou que le Soleil feroit fi elle y ctoit expofée. En effet , pour y mieux réuifir , il faut tenir la boëte la nuit dans ie lin uc rtUïon. neanmoins , qu ’il n’y près de foi, foit homme ou femme . r f, a. -,e v\" e P°jir y lettre des pourvu que l’on évite de la verfer ; . & on ne fçauroit fi bien les qu’il n’en pérît une partie , & pour la plupart feroient écrafes , parce qu’aiiffi- tôt qu’ils font éclos , ils s’attachent for- tement à ce qu’ils peuvent & courent par tout, & la moindre chofe les écrafe. Malgré ce que j’ai ci-devant dit , H n’eft pas d’une nécellité abfoltie de mettre la graine à tremper dans le vin , on peut la mettre à couver fans y faire autre chofe , finon en fècouer tant foit peu la poulïlere en fouillant , ou bien l’arrofer fimplemem. de Vin blanc , pour en ôter la pouffiére & ordure qu’elle peut avoir reçue lorfque le Pa- pillon l'a faite. De la graine non trempée ni arro-- fee , devant que de la meure à éclore , il en fortira à la vérité plutôt des Vers,: maisatiffi le furphis traînera plus de fix ou fepe jours dans lanaiflunce , à comp- ter dès les premiers éclos jufqu’aux der- niers -, ce qui n’arrive pas de celle qui eft trempée. Néanmoins fi l’on attend que la feuille de Meurier foit bien avancée ; la graine viendra beaucoup plus vire. Elie peut s’éclore d’elle-même , ce qui arrive quelquefois plutôt qu’on ne l’auroit voulu j même auparavant le tems que le Meurier jette fa feuille , foit que la chaleur du l’rintems l’ait preiïée , ou qu’elle ait été tenue en lieu' trop chaud. En ce cas , fi on ne peut recouvrer des feuilles de Meurier , il leur faudra donner des feuilles de Ro- fier , de Laitues , d’Orties ou des Ron- ces. Les feuilles d’Ormeau font les- meilleures ; cependant pour peu que l’on ait donné aux Vers d’autres feuit- les que du Meurier , ils s’en reirenir-- font toujours , & s’ils né meurent pas , ils feront leur Soye plus foible & en- moindre quantité , que lorfqu’ils ont if<5 Observations sur l’Histoire Naturelle, été entièrement nourri» de feuille de Meurier ; & qui pourrait recouvrer d’autre graine , il vaudrait mieux en remettre à couver , que de s’amufer après celle qui ferait éclofe avant le teins des feuilles de Meurier. Pour éviter ces inconvéniens, ceux qui ont à conferver la graine pendant le relie de l’année , ou pendant l’in- tervalle du tems de l’achapt d’icelle , & celui de la mettre à couvert , la doi- vent tenir dans un coffre parmi du linge féché depuis long-tems , pour y être tenue fraîchement, pourvu que ces lin- ges n’ayent aucune humidité, comme pourraient être ceux qui auraient été blanchis depuis peu , laquelle humidité pourroit pourrir la graine. On peut encore le précautionner d’avoir des feuilles de Meurier aupa- ravant la faifon , en les hâtant dans des Serres, Quelles font les mues des Vers , & comment il faut les traiter & nourrir ? II faut obferver que les Yers muent quatre diverfes fois pendant le tems qu'ils font nourris , qui ell un dépouille- ment de leur peau , qu’ijs quittent tout ainfi qu’un Serpent. A chacune de ces quatre mues , iis dorment par l’efpace de quatre jours , pu du moins ils font pendant ce tems- là comme immobiles, ou maladifs, & ne mangent point du tout , s’ccartans fur les bords , féparés des autres, où Hs s'enfoncent, & fe couvrent dans les litiè- res pour y changer leur peau ; ce que l'on reconnoît lorfqu’ils grolliflent leur tête j fe rendent plus fermes, plus clairs & deviennent plus cours qu’à l’ordinaire. Apres aypir n>ué , ils mangent huit jours durant, apres lefquels ils recom- mencent une antre mue , & ainfi juf_ qu'à la quatrième mue , .qu’ils ont at- teint à peu près leur grofleur , qui eft environ comme d’une grade plume de Cigne & longs de deux pouces. Ayant mué pour la quatrième fois, il n’y a plus de mefure à prendre pour les changer de litiere , ni prefqtie de régie à obferver pour leur donner à manger. Ce qu’il faudra faire auüi fou- vent que la néceffiié le requerera , juf. qu’à la montée & file ment de la foye. Pour y procéder avec ordre , ayant tiré les Vers de la bocte où l’on les a fait éclore , & remis dans d’autres boë- tes , avec une éguillc d’argent ou de cuivre , ou autre métail , non trop poin- tu, en la manière qu’il a été expliqué.ci- devant,, & que fans les toucher avec les mains ils auront été mis médiocre- ment entalles , & par petits monceaux feparés , fur le papier qui aura été éten. du au fond des boëtes , il leur faut don- lier à manger de la feuille fraîche de Meurier, qui foit bien purgée de toute ordure , & cueillie au Soleil , afin qu’il n’y ait ni rofée ni humidité , & ce deux fois chaque jour, le foir & lema- tin , mettant toujours des feuilles aux lieux vuides , & aux environs des Vers , alin qu’ils s’écartent d’eux-mêmes égale- ment pour manger les feuilles, & pour éviter qu’ils ne s’entalfent trop les uns fur les autres. Il n’y a pas cependant de danger de les Iailïer fort épais dans les boëtes du- rant les premiers jours. Néanmoins s’ils étoient trop épais ; on doit multiplier les boëtes félon qu’ils font étroitement. La mefure de cela , ell qu’ils ne doivent pas être les uns fur les autres ; néanmoins quand ifs s’entretoucheront les uns & les aigres, fe k Ÿ ï ‘ p ‘‘ 5 t < A a y r si i . sur la Physique et sur la Peinture. 157 n y aura pas grand mal ; ce que l’on co/inoît mieux auparavant de leur don- ner à manger., que lorfque la feuille fraî- che vient de leur être donnée. La manière de les changer en d'autres boëtes pendant ce tems -là, eft auffl avec l’éguille d’argent, ou de cuivre, en prenant les feuilles un quart d’heure après qu’elles leur ont été données Sc qu’il y en a beaucoup d’attachés , & en même rems il convient de remettre d’au- tres feuilles fraîches aux endroits où l’on a ôté ceux-ci, afin que ceux qui relient au-deffus & aux environs , trou- vent de quoi manger. Quatre ou cinq jours après qu’ils feront cclos, il faut les changer & les arran- er fur d’autres papiers & dans d’autres oètes ou paniers , ou fur des tablet- tes dans la chambre , bien clofe con- tre le froid Sc le* vents , qui leur font contraires Sc nuifibles, & jetter les li- tières, après en avoir ôte tous les vers & fait fécher les boëtes au feu pour en ôter l’humidité quelles auront attiré & pour y remettre d’autres Vers ou des mêmes , li on n’a pas abondance de boëtes 1 dans lefqueiles fécondés boë- tes. on pourra laifler les Vers fix ou fept jours , devant que de les changer de litiere , laquelle ne leur nuit point, au contraire elle les échauffe Sc con- ferve. Après quoi on les changera de nteme que la première fois en d’autres boëtes pour y faire leur mue. La véritable manière de les changer, cell , comme il a été dit , d’oter toutes les feuilles de dellùs les Vers, un quart d’heure après qu’elles y ont été mifes , & remettre fur les litières d’autres feuill les fraîches, jufqu’à ce que les Vers y foient tous pris , lefeuelles on pourra ôter trois ou quatre heures après, Sc les remettre fur les Vers changés, s’ils ne (ont pas trop épais , ou fi les Vers Année 17 y 3, J0m, h Fart.l qui font en ces dernieres feuilles , 11e font pas en atîez grand nombre pour mériter d’être à part dans une boëte ré- parée. Après quoi, s’il ne relie point de Vers fur les litières, on pourra les jetter. Moyennant cette méthode on pourra les changer de litiere , & les mettre toujours au large , fans les toucher prefque avec les mains. A mefure qu’ils deviennent plus gros , &: qu’il fera né- ceffaire de les changer plus fouvent ; il n’y aura pas de danger de les toucher avec les mains, ni de leur faire accou- tumer l’air peu à peu , principalement dans les beaux jours , en les étargiflant dans les Chambres , découvrant les boëtes & ouvrant les fenêtres, princi- palement dans le tems qu’ils font tous éveillés & qu’ils mangent ; car à l’égard de ceux qui font dans la mue, ils n’ont befoin que de chaleur Sc de repos , 6c 11e faut point les découvrir ni les re- muer aucunement. Ceux qui peuvent prendre le foin ; Sc avoir le tems , la commodité & I’efpace, pour les tenir toujours fépa- rés & (ans confufion , chacun félon les journées de leur naiffance , le doivent faire, afin que venant à dormir, muer Sc filer la Soye , fe foit tout en mêmes jours , Sc que par ce moyen ils ne s’en- trenuifent les uns aux autres , & don- nent moins de foins. On peut à peu près les féparer dans leurs mues , li on ne l’a fait en la naif- fance. Sçavoir , en les obfervant foi- gneufement au fortir de leurs mues „ principalement aux deux dernieres, Sc mettre les Vers à part , auffi-tôt qu’ils auront mué , chacun dans les journées de leur éveil, après le changement de leurs peaux. Ce qui fe coimoit en ce qu’ils deviennent plus blancs , Sc leur peau plus tendre , Sc auffi en ce que U X iy8 Observations sur lH comme éveillés du fommeil l’appétit ieurrevient,& montent attrouppés avec aélivité fur les feuilles , tout auffi-tôt qu’on les y a mifes deflus ; lefquelles feuilles on ôtera avec les Vers joints à iceües, pour les mettre fur des tablettes féparant les plus éveillés d’avec les au- tres qui ne le font pas fi fort, & c’efila vé- ritable manière qui doit être pratiquée à chaque changement de litiere , afin de cor.noître ceux qui font éveillés d’avec ceux qui dorment , ceux aul- quels il faut donner à manger , d avec les autres qui n’en ont que faire. Pendant que les Vers mangent de cette manière & qu’ils font fortis de leur mue , leur faut donner à manger deux fois le jour dans les deux premières mues ; après la troifiéme mue , trois fois'le jour, & fur la quatrième, tout autant qu’il leur fera néceiïaire & que l’on verra qu’ils auront appétit ; niais afin qu’ils ne gâtent la feuille & qu’elle leur profite , il y faut obferver quelque ordre & mefure, en leur donnant qua- tre ou cinq fois chaque jour , la nuit comprife , c’efi- à-dire dans une efpace proportionnée & à certaines heures réglées , le foir bien tard & le matin de bonne heure , afin qu’il n’y ait pas grande intervalle entre le repas du foir & celui du matin; parce qu’alors les Vers ne doivent point jeûner d’unfeul repas ; principalement iorfqu’ils font prêts de faire leur montée & de faire leur Soye ; il faut alors leur en donner de deux en deux heures, peu a la fors, fans y épargner la nuit 3 comme pendant le teins qu’ils font dans les petites caba- nes., ce que nous expliquerons ci-après; auquel tems la feuille de Meurier noir leur efi propre & leur fait faire la Soye plus forte Si plus pelante , quoiqu’un peu plus grofiïere 3 mais pour lors les feuilles frêles & trop tendre, leur font ’isTOiRE Naturelle ÿ nuifibies ; c’efi pourquoi nous avons ob- fervé, qu’ris falloit rélerver, pour la mon- tée des Vers, les meilleurs &\esplus gros Meuriers,quiayentlesfeuillesbien fj fortes , bien vertes , furtout qui n’ayent point été jaunies ni tachées de taches noires par la rofée, ni gâtées par la grêle; ( s’il efi poiTible d’en trouver d’autres) & furtout venant d’Arbres non elle 11 il- /A lés pendant l’année,ni celle d’auparavant Çâ ( fi cela fe peut ; ) bref leur réferver pour les derniers jours toute la meil- leur feuille que l’on pourra reconnoî- fl tre , parce que pour lors étant nourris fl de mauvaife feuille, ils font très-dan- fl gereux à crever , tant à caufe qu’ils n’ont pas allez d’air dans les cabanes où iis font mis pour filer la foye , que fl parce que fe voyans près de leur fin , fl ils mangent par trop ; & fi la feuiileeft mauvaife , ils en mangent beaucoup plus qu’à l’ordinaire , principalement lorfqu’eüe efi trop tendre 3 ce qui con- vertit leur Soye en pourriture , les rend jaunes, pleins d’humeur, enflés pardefl fous le ventre & dans leurs jambes auflj, qui jettent une humeur femblable au 11 jaune des oeufs, & en moins de trois II jours font pourris 61 crevés tout-à-fait , & gâtent les autres fi on ne les jette plutôt. C’efi ce qu’il convient de faire ffl foigneufement , à mefure qu’on en verra de cette qualité 3 car il efi bien diffi- A cile que dans une li grande, quantité M de feuille qu'il faut faire cueillir & par ** tant de diVerfes pevfonnes , la plupart R mal Teigneux & fans pratique, il ne s’en trouve de mauvaife & de la qua- lité de celle que nous entendons ne devoir pas être donnée aux Vers. Outre les Obfervations que l’on peut |;£ faire pourconnoitre la bonne feuille, & .,s j les précautions que l’on peut avoir pour j.'Ü éviter la cueillette des mauvaifes & nj: nuifibies aux Vers , il fe trouve quel- sur la Physique et quefois des Arbres, lefquels quoique «■l très-bons , & chargés de la meilleure rtP | feuille , qu’il eft poflible de choilirdans Titf une grande quantité , néanmoins s'ils km font dans un fonds gras & humide, ils prennent une lî grande nourriture , P(!h\ qu’ils jettent devant la Saint Jean un fécond renouveau , aufli grand qu’ils ta’- ' pourroient faire au commencement de iî£ l'Automne. Et c’cfl à quoi les Vers fe prennent plutôt qu’aux premières feuil- fifj les du Printems , parce qu’elles font P^/1 phis tendres, & c’eit aufll ce qui les fait crever pour en trop manger. C’efl. encore une raifon qui doit t;: obliger à mettre à couver les graines le plutôt qu’il fera poflible, & nourrir les Vers avec abondance de feuille, afin qu'ils fartent vite leur production : jf5|f car il eil à remarquer que les Vers étans âW bien & loigneufement nourris , feront SH leur Soye en fix femaines , ou en qua- wn tante-cinq, eu cinquante jours ; & s’ils W font négligés , ou qu’ils pâtillent de jW*"? bonne feuille & du peu de nourritu- re, ou du changement de iittere , ils dureront plus de deux mois & lestar- difs ne feront jamais fi bons que les pre- W niiers. . Les moyens de cueillir & conserver les jeuilles de Meurier. in-1 I.a feuille des Meuriers doit être [SI cueillie après que \c Soleil aura défé- p ché la rofée , ou l’eau de la pluye au tems pluvieux, d’autant qu’il n’y arien tfï de fi dangereux aux Vers à foye , que de leur donner la feuille mouillée , foit de la rofée ou de la pluye ; cela les fe- roit affùrement mourir, comme nous lavons dit parlant des Meuriers lef- quels font endommagés extrêmement, Jorfqu’on les cueille pendant la rofee ou la pluye. sur la Peinture. iyy La feuille vaut mieux gardée douze ou quinze heures , que donnée aux Vers récemment fortant de l’Arbre & toute fraîche cueillie. Sil’oneftpreflé de la cueillir en tems de pluye , ou que les feuilles fe trou- vent autrement mouillées, on doit plu- tôt faire jeûner les Vers, que de leur en donner & attendre que les feuilles foient féchées ; à quoi on peut les hâ- ter , en les mettant entre deux draps ou linges bien défcchés au feu , & les fecouer fort pour leur faire attirer l’eau defdites feuilles , qui fécheront aufll par le vent que l’on leur donne. Apres quoi il les faut étendre fur des lits ,ou lur d’autres draps, dans les chambres , jufqu ace qu’elles loient bien déféchées. Lorfque l’on voit le tems porté à la pluye , il faut être foigneux de faire bonne provilion de feuille , pour deux ou trois jours, qui elt le tems qu’elle peut être gardée , pourvu qu’elle foit tenue en lieu frais & aire , & qu’on la remue plufieurs fois le jour, dans des cuves , poinçons , grands paniers , man- nes, ou coffres larges à I equipolent des feuilles que l’on y met , autrement el- les s’échaufferoicnt Se deviendroient mouillées , tout ainfi que fi elles avoient été cueillies avec la pluye ou rofée -, Sc en cet état ne feroit pas moins nuilible aux Vers que celles qui font mouillées de la rofée ou de la pluye. Ce que arri- vant, on doit les étendre au large & ieuc donner de l’air, jufqu’à ce qu’elles foient tout-à-fait elluyées ; & en attendant (ï les Vers ont faute de feuille , on pourra les amufer en leur remuant la iitiere -, ils ne IailJeront pas de ronger encore les feuilles qui étoient fous eux,& qu’ils n’auroient pas mangé fans les remuer , parce qu’ils ont toujours la tête élevée , attendans qu’on leur jetie à manger. Les feuilles provenantes d’ Arbres li* Xij i£o Observations sur l’Histoire Naturelle; tues en lieux aquatiques & ombrageux. Ces quatre maladies ou mues letlf où le Soleil ne luit point, leur ell nui* font ordinaires & naturelles , & ne laif- iible ainil que les feuilles jaunes , les ta- fent pas de leur etre louve tu domma- chetées de taches noires , les cimes &c geables , car que ce foit par faute de tendrons, & tous rejets provenans du tronc ou grofles branches qui font de la même année. Il faut que les Cueilleurs foient inf— truits de tout ce qui efl à obferver , qu’ils ayent les mains nettes , qu’ils n’ayent pas touché ni mangé des Oi- 1 J_. A . . T .. Mqnnp HT flimp QU gnons ni des Aulx , mange m .unie Tabac j & qu’en cueillant les feuilles ils ne les p relient pas trop , & qu ils ne les brifent pas contre les branches, comme il y en a qui la cueillent avec tant d’avi- dité , qu’il femble qu’ils la cueillent pour des Cochons. 11 vaudroit mieux jetter de telles feuilles , que de les don- ner aux Vers, & cela provient bien fouvent de la laute des Nourrilïiers , de ne pas choifir leur monde & de vou- loir donner à cueillir les feuilles à prix fait & à la fâchée, ce qui induit les Cueil- leurs à n’avoir point d’autre confi dé- lation , que celle de remplir vîtement leurs facs, de toute forte de feuille , foit bonne ou mauvaife. foin ^ de bonne nourriture ou d’un mau- vais naturel , on voit toujours arriver quelque déchet aux Vers à foye dans les mues. Les autres maladies font accidentel- les , provenantes de la mauvaife graine; de la rigueur des Saifons , de la mau- vaife feuille , de l’incommodité du lo- gement, dn mauvais gouvernement, ou des rnauvaifes odeurs , comme de la fumée du tabac , & autres fembla- que j’ai nourris , pendant qu’il faifoit Des maladies des Vers à foye & de des journées de froids , mais bien Iorl- bur< remèdes. qu'il faifoit bien chaud & que l’on ap- prochait de la Saint Jean. Il a été obfetvé en parlant de la nour- riture des Vers à foye, qu’ils muent quatre fois depuis leur naiffance jus- qu'au point de bâtir leur Soye ; qu’ils fe dépouillent à chaque fois de leurs peaux, qtt’jls font quatre ou cinq jours en chacune muée, pendant lefquels ils ne mangent point du tout , mais com- me immobiles ne font que dormir , paflans ainfi leur mal , cachés ou écar- tés des autres , en tant qu’ils le peuvent, fur les bords des tablettes , ou dans leur iitiere. /■/ blés chofes ; ce que l’on peut éviter avec du foin , fi le défaut ne procède pas de la mauvaife graine. Pour le choix de la graine , il a été obfervé fort particuliérement la ma- niéré d’en recouvrer de la bonne, & nous obferverons à la fin de ce Traité , la maniéré d’en faire de la meilleure. Pour la rigueur du tems , foit des froidures , foit de la chaleur , on peut les éviter. Le froid ne leur ell pas fi nuifible que le trop de chaleur. Je n’ai jamais vù dans Paris mourir les Vers ? 1 Y fÀ fs y % \ a àf A Quelquefois à l’improvifle il fur- vient des bouffées de vend froid , auf- quelles on remédie , en tenant la cham- bre bien clofe , telle que nous l’avons expliquée ,&en y mettant des braifes prifes au foyer , plutôt que d’allumer du charbon & les mettre fur des ter- rines ou réchaux, au milieu de la cham- bre , & près des portes & fenêtres par où le vent peut entrer. Si l’on fe trouve obligé d’y mettre du charbon , il faut auparavant le iail- fer bien rallumer hors la chambre , & .fi Ai 1» aie fort’ jees I sur. la Physique êt sur la Peinture. iSï outre ce y meute un morceau d’acier remuer, jufqu'à ce qu’ils s’eveiiient parmi , pour en évacuer les premières d’eux-mêmes. ïumées , qui feraient très-nuifibles aux Quand on voit qu’ils déclinent , qu iis Vers. * ne groffiflent pas , & qu’il en meurt Comme le trop de chaleur leur peut beaucoup , le changement de Iitiere , plutôt nuire que les froids , & qu’elle le frottement de planche &boëtes avec les fait crever , l’on y doit remédier en des bonnes herbes & les parfums leur ouvrant les fenêtres & portes pour les font véritablement fortfalutaires ; mais rafraîchir, en changeant (ouvent les li- le meilleurell deleschanger deCham- tieres. bres fi on en a le moyen , & avec un Il faut avoir la précaution d’ouvrir les particulier foin en féparer inceffam- fenêtres dans tous les beaux jours , & ment les malades ; leur chercher la celle de remarquer en entrant dans la meilleure feuille, & leur en donner peu, chambre aux Vers, s’il y a trop de & plus fouvent qu’à l’ordinaire , afin de chaleur -, car en ce cas, quoiqu’il ne les émouvoir & les empêcher deman- fùt pas en beau jour ,que l'air fût froid , ger trop. il ne faut pas lailfer d’ouvrir quelque 11 faut les parfumer avec de l’En- chaüis pour leur donner du frais & de cens , Benjoin , ou autres Parfums du l'air, & ôter les vapeurs trop ëtoullan- Levant, & de bon nés herbes des champs tes de la chambre , qui proviennent ou & des jardins qui foient odoriférantes , par les braifes qu’on y a mifes, ou par fans y mêler de celles qui y pourroient les trop grandes litières , ou par la fré- nuire. On le fait plus communément quentation des perfonnes , & pour te- avec du Lard maigre, Jambons ou nir la Chambre trop ferrée. Bref un Sautillons , ou bien faire rougir un air chaud & étouffant leur ell beaucoup Grais , Moëlon ., Caillou ou une Pet- phis nuifible qu’un air froid & yen- le, puis les éteindre avec du Vin ou teux. Vinaigre , ou Malvoilie. Cette fumée S’ils refufent quelquefois de manger ou vapeur les éveille , les réjouit & les & que les feuilles qu’on leur a données guérit., ou bien avoir une Poêle, de d’un repas à l’autre, ne l'oit point man- fricaffer fur des braifes du Perlil avec gées , faut cefler de leur en donner , du Lard ou des Jambons , & leur faire les changer de filière, avec de nouvel- jetter beaucoup de fumée , en les fri— les feuilles , comme il a été montré , & calTant fans eau au milieu de la Cham- ne leur en donner jufqu’à ce que ces bre. mêmes feuilles avec lefquelles on les Il fera bon auffi d’arrofer & afperger a levés foient mangées. quelquefois l’air du plancher , les mu» _ S ils ne font pas en état d’étre chan- railles , les perches & les tablettes , avec gés , comme par exemple quand ils du Vin ou Vinaigre, & les frotter avec font en leur mue & qu’ils ne mangent herbes de bonne fenteur , comme du pas leurs feuilles , foit pour être endor- Fenouil, Thim, Lavande , Romarin , mis ou maladifs j il leur en faut donner Lauriers & autres (emblables ; princi- fort legerement , & point du tout s’ils paiement li on les voit dans la difpofi- n ont pas rongé celles qu’on leur a don- tien des maladies , &lorfqu’il en meurt nces , & les lailîer en cet état fans les beaucoup , car autrement ces odeurs Aujourdhui on remédie à cet inconvénient par le* Poêles de payanec» _ Observations sur l'Histoire Naturelle, fortes feroient inutiles , & leur feroîent les autres Veis,& les feuilles qui fe_ plus nuifibles que profitables , fi les roient rendues de mauvais goût par Vers n’étoient pas malades. celte humidité , qui eJl tout le malqUe L’Iialeinc forte de ceux qui ont man- cela peut faire aux Vers, parce que gé des Aulx, Oignons , ou Pourreaux , cette maladie n eft point contagieule t* de ceux qui ont mâché ou fumé du ni communrqiiable. Tabac, eft nuifible aux Vers lorfqu’ils Ceux qui n’en ont jamais nourri, font fains , & encore plus nuifible Jorf- pourroient fe tromper en ce choix des qu’ils font malades , c’eft pourquoi il malades & prendre ceux qui (ont gri- ne les faudra point toucher, ni leurs fâtres, obfcurs , aufqucls cette couleur feuilles , apres avoir mange ou manié eft naturelle , & font les meilleurs de des chofes fufdites , & du Sel. tous • c’eft une couleur de jVhtfc, def- Les filles & jeunes femmes durant le quels s’en trouve grand nombre aux cours de leurs purgations feront bien graines d’Efpagne. de ne point toucher aux Vers , & s’abf tiendront pendant ce tems-là, d’entrer dans les Chambres où ils font , car el- les les feroient mourir. Les lignes de leurs maladies font quand on les voit devenir jaunes, en- flés , Iuifants & tachetés de meurtrif- fures ; pour lors il ett faut incontinent féparer & jetter ceux , lefquels outre les fignes fufdits , feront mouillés par defibus d’une humeur jaunâtre. & leurs jambes fort enflées &• noires fur l’extré- mité 3 les taches du dos font très-appa- rentes & différentes des autres Vers , & font fort molaffes , un jour ou deux devant que l’humeur leur découle du ventre & de leurs jambes. En cet état on peut véritablement leur donner quel- que foulagement, & en guérir quel L’on doit féparer ceux qui vont tou- jours fur les bords , quoiqu’ils ne foient pas prêts à faire leur mue , & qui (ont Itiifans de couleur verdâtre , à la deu- xieme & troifiéme mue , parce que ces Vers, qu’on appelle vulgairement Lu- zette , à peine iront-ils jufqu’à la qua- trième mue fans crever, quelques (oins qu’on en prenne 3 & ne s’en font ga- rantis jufques-là , que par le grand air qu’ils (e (ont donnés fur les bords des tablettes. Ce font des maladies incu- rables. Pour moi je n’y voit de meil- leur remède que celui de n’en point employer du tout, & d’en nourrir les Poules 3 pour y fuppléer,il n’y a qu’à mettre un peu d’avantage de graine à éclore , de ce que l’on a volonté d’en nourrir, comme il a été remarqué que îouiagcmeiu , cc en guérir quel- ucu uuuuu , k ques-uns par un grand foin , devant que ailleurs , pour éviter l’incomirodite des l’enflure (oit fi grande , en les féparant mues par l’inégalité , ce leva toujours des autres, & en obfervant ce qui eft une nourriture pour la NolaiLc, qui dit ci-defftis, mais il fera plus à pro- pos de les donner aux Poules que de s’a mu fer à les guérir , ni à les arrofer & tremper dans du Vinaigre & en des Eaux compofées ; ainfi que quelques Auteurs l’ont écrit , & quoique l’on en doive faire , il faut toujours les féparer des autres auparavant que l’eau leur forte du ventre, afin qu’elle ne mouille coûtera fort peu 3 une demie once de plus , qui ne vaudra que quarante ou cinquante fols , & moins pour ceux qui la feront , ou cent fols pour ceux qui i’acheteront, (uffira en une nourriture de dix-huit ou vingt onces. Il faudra prendre garde en parfumant les Vers qu’il y ait certaines herbes & des graines & ccolles defquelies l’o- sur la Physique et Jeurefl très-nuifibles aux Vers à foye. Je parfum même de quelques unes , & de certaines coquilles, cornes , crains &: vieux fouliers. Manière de faire monter & filer les Vers à foye. l e fdement de la Soye cil fi naturel aux Vers dont nous venons de parler, qu’ils ne font pas plutôt fortis de leurs graines. qu'ils commencent de fortir le bout de la Soye de leureflomac. du- quel ils doivent bâtir leur Cocon au teins de leur maturité. En effet , l'on voit les coquilles de la graine tenir l'une contre l’autre par de petits bouts de Soye , qui font imperceptibles ; & les feuilles que l’on met fur la graine , & le papier percé pour les en faire fortir. tiennent aufiï l’une à l’autre tout en un tas . par la tiffure des bouts de Soye que les Vers y ont mis. Pendant leur vie ils ont toujours ce bout de Soye prêt à attacher quand ils veulent ; car quelque lurprife qu’il leur arrive en tombant , leur bout de Soye eft pofé pour s’y pendre , ainfi que les Arai- gnées. Tellement que fans Art& fans don- ner aucune aflilhnce aux Vers à foye , lorfqu’iis auront atteint l’âge & le teins’ de leur maturité ( ce qui elt environ fix femaines après leur naiflànce ) ils file- ront la Soye d’eux-mêmes, s’ils trouvent des lieux propres pour s’y loger. Mais comme ces lieux doivent être circulai- res pour contenir une coque telle que le Vers la fait , en rondeur ou en ovale , & qu’en cette efpace le Vers y trouve du jour affez pour contenir une certai- ne bourre qu’il pofe auparavant que former le cocon, qui pourra avoir au- tant de circuit qu’un œuf de Poule ; c’eff pourquoi il fera expédient pour sue la Peinture. id? ceux qui feront trafic d’en nourrir des quantités , d’obferverce qui enfuit ; car pour ceux qui en nourriront feulement pour leur curiofité , & pour confidérer les merveilleux efiets de ces Infeéles, ils pourront les voir filer dans un cor- net de papier, dans le coin d’une boëte ou autre part, où le Vers puiffe pofer & joindre (es bouts de Soye , tout an moins de deux côtés oppofites ; car pour la première bourre , le Ver u’ob- ferve point d’ordre . comme il le fait pour le cocon , qui font régulièrement fait les uns comme les autres, comme il fera obfervé. Après la quatrième mue, les Vers viendront bientôt en maturité (qui fera environ douze jours après , plus ou moins, félon la grande ou petite nour- riture qu’on donnera) ce qui fe recon- noit en divers figues & changemens qui leur arrivent : vers la tète & au- tour de la gorge, il femble qu’il s’y forme un né & des yeux, leur mufeau devient plus pointu qu’à l’ordinaire , ils en deviennent plus clairs , les cer- cles d’autour , qui étoient auparavant verdâtres , deviennent jaunes & cou- leur d’or, qui eff celle de la Soye qui fe forme & s’augmente en couleur dans l’eftomac , &: en chaffe petit à petit la mangeaille, qui faifoit cette couleur verte , ôc font plus connoi fiables , lors principalement qu’ils vont courants 8c vagants par la troupe , fans tenir comp- te de manger , quoiqu’ils allongent leur mufeau fort pointu par tout ; ce font lignes qu’fis veulent monter & fi- ler leur Soye, de laquelle on verra pa- roître un petit brin à travers le jour au bout de leur mufeau. Il faut prendre garde que pendant les douze jours de la derniere mue , les Vers jettent quelque brin de Soye par- mi les feuilles , Sc aux environs de la Observations sur lHistoire Naturelle ; 1^4 litière ; ce qui abnfe bien fouvent les p.'us Experts , lefqtiels s’imaginans par ce feu! figne, que les Vers font mûrs, les mettent dans les cabannes , où ils deviennent pour la plupart jaunes, & y périment pour y avoir été mis trop lot, 8c pour avoir manqué d’air, qui efl ce qu’ils demandent , principale- ment dans ces derniers jours , parce que la Soye qu'ils ont dans leur efto- inac , leur caufe un fi extraordinaire chaleur qui leur brûle tous les i me (lins ; & cette même Soye ( qui cil une ma* liére nerveufe , qui rellemble à de la gomme , ou poix de Bourgogne ) fe convertit en pourriture, & en une ma- tière de la même couleur jaune , telle que celle dont nous avons parlé des Vers malades. Et tout cela ne procède que de trop de chaleur, le manque d’air & d’avoir tenu les Vers en un lieu trop fombre , & trop étouffant. C’ed pour- quoi il fe faut bien donner de garde de prcfler & hâter les Vers à la monte & pour lors principalement faut avoir un grand foin de les changer fouvent , 8c leur donner de l’air , en ouvrant les fenêtres de la chambre, s’il ne fait pas trop mauvais tems , ou les ouvrir en partie. Les plus parfaites connoiffances de leur maturité , font quand ils commen- cent de quitter leur couleur blanche, & leurs cercles verts & jaunes, & qu’ils deviennent rougeâtres ou couleur de chair , principalement fur la queue. Ils font fort molets 8c d'une confidence fort tendre & fort douce. Ils fe plient 8c entortillent facilement autour des doigts quand on les prend, & leur jam- bes s’attachent fortement 8c font com- me un peu piquantes, & il y a plus de difficulté de les en détacher , que de ceux qui ne font pas mûrs , & plus dif- férais en cela de ceux qui font mala- des , les jambes de ceux-ci font de cou- leur de chair tranfparente & velue en quelque façon , celle de ceux qui (ont malades ne le font point , étant pius courtes & enflées , ce qu’il faut remar- quer afin d’éviter d’en mettre dans les cabannes parmi les bons. Pour n’être pas furpris en ces occa- fions, iled néceffaire de pourvoir de bonne heure à garnir avec des rameaux d’autres Etauds , planches & tablettes , que ceux où feront les Vers. Et fi on en garnit de ceux où ils ont été, faudra les faire bien fécher auparavant que d’y bâtir les cabanes qui s’enfuivent. Pour garnir lefJits étauds , faut avoir des Rameaux bien fecs , de Bruierc , ou de Geneds , des Sermens de Vi- gne, du Châtaignier & autres chofes (emblables , nets de toute ordure , 8c purgés de toute humidité dès long- tems auparavant, au Soleil, ou dans un grenier, & non point de ceux qui auront été tenus dans les caves,1 fmtout qu’ils n’ayent point d’épines , ou choies piquantes , qui puifle blcfler les vers en montant, ou lorfqu’ils tombent defliis, pour y bâtir leurs cocons. Le bois de Bouleau , dont on fait les balets, pour- roit y fervir ; mais tant que l’on pourra avoir d’autre bois , il n’y faut point employer le Bouleau , parce que foie par fon odeur aigre , ou que fon i écorce (bit rude , les Vers ne s’y plaifent pas comme à d’autre bois , & l’expérience m’a fait connoitre dans Paris , que les Vers n’y vont point du tout , tant qu’ils peuvent trouver d’autres bois, 8c ü’au- tres places pour s’y mettre 8c y loger leurs cocons. Il cil vrai que dans Paris & aux environs, où il n’y a que le bouleau qui foit commun, on pourra s’en fer- vir , en y mettant des rognures & pe- lures, & autfes petits bouts des Otiers qui sur la Physique et sur la Peinture qui fe trouvent à fort bon compte chez elles' doivent former une voïite les \ ailiers «Se faifenrs de paniers ; cho- ies très-propres & très-commodes «à ba- ies cabanes tir les cabanes , & où les Vers $’a- grcent fort, & y font leurs cocons plus promptement & avec plus de facilité & moins de bourre ou fleuret , que fur tout autre bois., parce que dans l'en- tortillement de telles rognures & pe- lures d 021er , ils trouvent aufli tôt un vniJe pour y faire leur cocon , fans beaucoup travailler a bâtir leur lleurct dens la circonférence des petits vuides, aufquels ils forment la rondeur, comme ■'s feraient dans un grand cfpace. Je n’ai rien vu de fi commode que ces rognures & pelures d’Ozier ; il y en ade plufieurs fortes & toutes propres, pourvu qu’elles foient mêlés avec quel- ques Rameaux forts qui les foutiennent élevées, ce qu’elles ne fçauroient faire tontes feules , n’étant pour la plupart tion plus folides que du 4011c, ou du gros foin ; au(Ti les réduit-on en bottes def- tjuelles on allume le feu. Elles peuvent ervir fcparées , en les mettant fur les bords des tablettes ,ou en un tas , pour yjetter les Vers qui ne peuvent plus monter. Tous ces bois & rameaux , fort bruie- |c . Rouleau , Genefls , ou tout autre , teront coupes aux deux bouts par poi- gnées avec une hache, ou ferpe, fur un morceau dehors , afin de les appuyer Ur. , ta.Wette* ou clayes d’embas, & Jcrs la cime en fera feulement coupé petits bouts qui pourraient être fuE- Pondu.Lorlque les poignées du Bou- cait ou Rameaux , leront miles entre es deux clayes , de telle maniéré que Rosies bouts defdits Rameaux abou- I Cnt aux clayes de dellus , afin que Ji ^ers venans à y monter piiHTent ller jufqti’au haut fans tomber. En Jes Polant entre les deux clayes des Etauds Année 1753, Tome 1. Partie III . pied & demi de diftance , & faire com- me une petite Cabane ( nom qu’on •leur donne dans les Provinces. ) Dans lefquelles Cabanes , lï elles font feulement de la largeur d’un pied & demi , & de la longueur de trois pieds, qui efl celle de la largeur des Etauds, on y pourrait mettre en chacu- ne deux pleines affiettes de Vers , c’efi: tout ce qu’il y en pourra contenir; lef- qucls faudra étendre fur des feuilles de papier bien nettes , qu’on aura niifes dans Icfdites Cabanes , & dès lors on commencera à leur donner à mangée peu & fotivent , fans plus les nettoyer ni changer. Si les Vers font bien mûrs , on les verra auflr-tôt monter fur lefdits Ra- meaux,fans s’ataulèr davantage à man- ger les feuilles. Ils feront quelque cfpace de terns fur lefdits Rameaux fans filer , & après avoir marché de partit d’autre , ils fe repoferont comme ialfés ou malades , fe purgeants de quelques goûtes d’eau claire , qui ell comme gommée ; après quoi ils vont de tout côté fttr lef- dits Rameaux, fans plus defcendFe fur les feuilles , jufqu'à ce qu’ils ayent trouvé un lieu fpacieux pour s'y pou- voir tourner. 8c s’y enfermer dans leur coques , qui feront en ovale de ia for- me d'nn oeuf, un peu plus mou lie d’un côté que de l’autre ; elles auront diverfes couleurs , & feront grofles comme un oeuf de Pigeon. Les Vers en cet état doivent être bien fotgncufement nourris le jour & la nuit , de lameillleure feuille qu’il fera polTible de trouver, de la qualité dont nous avons parlé pour leur nourriture , où le Leâeur aura recours pour n’u- fer ici de répétition. 11 faut leur don* ner de la fraîcheur, en les garantilfant Y Observations sur ^Histoire Naturelle, de ta grande chaleur , & éviter tes qu’il y ait plusieurs purs d’intervalle grands froids, ainfi que nous l’avons entre les premiers cocons commencés ~tf - & tes derniers qui travaillent , fur une obfervé. Trois jours apres que les Vers auront commencé à monter fur les Cabanes, & à faire leur cocon fi l’on voit qu’il y en ait une aiïez grande quantité fur- ies Rameaux, fait qu’ils filent ou non, & qu’au dellous n’y en ait que fort peu , il faudra ôter tout le relie des Vers qui feront fur les feuilles & litière , St ne toucher aucunement aux Cabanes, nr ébranler les Etauds & clayes. Il faudra lever tontes les litières avec le papier tout enfemble , ne laitïant rien que ra planche toute nette & mettre lefdits Vers qui auront relié fur lefdites litiè- res , dans une autre cabane vnide , fur du papier net , & leur donner d’au- tres feuilles fraîches comme à l’ordi- naire. même cabane r cette inégalité caufera la perte de beaucoup de Soye ; en ce que dans le rems qu’il eft abfolument nécelîaire de défaire les cocons qui au- ront été les premiers bâtis , pour en ti- rer la Soye, (afin que les Papillons ne les percent pas & qu’ils ne les rendent inutiles à faire la fine Soye,) les derniers qui auront commencé à bâtir , feront encore après à les former au dedans -T 8c en les défaifants , on les détourne tout-à-fait de leur travail, lequel iis ne fçauroient plus reprendre , & crè- vent ou deviennent cours par cette in- terruption. Et la troiliéme j que la gran- de litière que l’on eft obligé de faire fous les cabanes, à force d’y meure des feuilles , sTédiaufleroit & s'empuen- Ce changement de Cabanes fera fait tiroit, pâlie trois ou quatre jours, en le troifiéme ou le quatrième jour d’a- près leur montée, plus ou moins , félon que les Vers auront monté activement ou qu’ils auront été parelfeux ; n’étant pas expédient de les laifler aufdites Ca- banes , jufqu’à ce qu’ils ayent entié façon qu’elle nuîroit extrêmement aux Vers filans furies Rameaux, & à ceux, qui ont bâtis leurs cocons , qui ne de- mandent que le grand air , la fraîcheur 8c les bonnes odeurs : d’ailleurs ce neu toyement des Cabanneseft néedfaire,, monté „ par trois raifons prin- en ce que , quelque foin que l’on pren- . La première , que s’il y en avoit ne aux Vers & a les cnoîlk pour les renient cipales.L,a premier- , ... trop fur les ramaux deldites cabanes-, mettre dans les Cabanes , il s en trouve ils feroient les cocons doubles ; ou bien ceux qui après , avoir beaucoup tourné de part 8c d’autre , ne s’y pou- vant loger , tomberoiem des Rameaux par leur iaffitude , n auroient plus de force d’y remonter ; aulïî le tems qui les pretTera les fera devenir courts , leur racourcira & enfermera les jambes , 8c leur ôtera la forme de Ver , & devien- dront en fève ; & d’autres ne pouvant fupporter la chaleur que la Soye leur caufe, creventSc pourriflent, ainfi qu’il a été oblervé. La fécondé , que fi on les iaifle monter pendant long tems & toujours quelques-uns qui crevent par- mi la litiere. C’eil ce qui feroit la puan- teur après les quatrième au cinquième jours , fi l’on n’avoit le foin de nettoyée les cabanes.. Et quant aux Vers pareCTeux cjur ref- teront à monter , après les avoir mis d’une Cabane à l’autre , connue il vient d’être dit ci-devant , feront enfin tous aflemblés de tomes les Cabanes, après y avoir été quatre ou cinq jours, & feront mis dans d’autres , il faut diminuer leur manger pendant cinq ou fix jours tout au plus après que sur la Physique TOim fes antres auront monté. Et lorf- qn ils commenceront à devenir courts & rouges, il ne leur faudra plus don- ner a manger •& les enfermer dans des cornets de papier , pour les ai- der & contraindre à filer, s’ils ne le veulent & s’ils ne le peuvent d’eux- mêmes. Si on n’a pas la patience de faire un fi grand nombre de cornets de pa- pier qu'il en faut quelquefois , eu qu’on ^ ait pas le teins de les faire, on pourra mettre fur un tas de brouüaille , du même bois duquel on a bâti les ca- jnes , principalement des rognures ^ Ozier , dont nous avons parlé , qu’on pourra mettre confulément fur une Jabie , ou fur les clayes & étatids , où L.0n c’aura pas d relié de Cabanes. ~\a“s lequel tas ou confufion de brouf- a, 'e > 'es Vers , s’ils ne font pas trop toiiris, feront aufTi bien leurs cocons ? aveÇ autant de facilité , qu’ils euf- . nt fi>it fur les cabanes en leur en- !,cre vigueur ; mais ils ne feront pas fi ournis de Soye , ni li bien bâtis que Ceux des Ramaux élevés. De ces co- tons n’en faut point prendre pour faire es graines , parce qu’étans parefTeux, ‘« Vers qui proviendroient de telles pines, feroient encore plus paref- rlx • & y auroit la plus grande partie «e courts. b fera aufTi nécelTaire de vifiter de °‘s à autres les cabanes qu’on a net- toyées , pour y prendre les Vers qui '«ont tombés fur les clayes, & ceux «l'ie l’on verra aux environs des Ra- n‘ea°x, en état de n’y pouvoir trou- er de place ; lefquels léront mis en quelque lieu commode , ou jettes fur le tas d Ozier fufdit pour y bâtir leur tocon ; Mais s’ils font fort courts , il *es faudra enfermer dans des cornets Papier , où ils ne feront que des co- et sur la Peinture. \6j cons difformes , qui font ordinairement fort minces ; l’on aura toujours foin de jeltet les malades & parfumer les chambres. (Afin que l’on connoifie plus aife- ment la manière de faire les Cabanes, je donne ici leurs Figures dans les Plan- ches fuivantes , qui réprefentent des ctaux au clayes, d’après celle qu’a don- né M. Ifnard. ) En quel tems il faut détacher les Co- cons des Rameaux , pour en tirer les Soyes ou tes graines. I.es Cocons ainfi bâtis fur les Ra- meaux, ou en quelque part qu’ils foient, après le huitième ou le dixiéme joue qu’ils auront été commencés , feront doucement détachés des cabanes , fans les prefler ni enfoncer aucune- ment, & mis dans des mannes, panier* ou corbeilles ,pour être ouvrés. Ce qui fe doit entendre pour le hui- tième ou dixiéme jour1, pour le re- gard de chaque Cocon , c’ell-à-dire , qu’il ne faut point défaire les caba- nes qu’après huit ou dix jours , à comp- ter depuis le jour qu’on les a nettoyées & que les derniers montés fur les Ra- meaux ont commencé à bâtir leur Co- con ; car qui les léveroit plutôt, cau- feroît la perte de partie de la Soye , parce que le travail du Ver doit être continué pendantquatre ou cinq jours, lefquels doivent être fans aucune in- terruption. Le premier jour qu’il com- mence , il fait feulement fou araignée, le fécond jour il forme dans cette arai- gnée fon Cocon , & fe couvre prcfque tout de Soye ; le troifiétne jour on ne le voit plus,& les autres jours il épaif- iit fon Cocon , toujours par un feul bout qu’il ne rompt jamais de lui- même ; il le pofe avec «ne telle vitelle Yij l’Histoire Naturelle 'idS Observations sur fi tin & fi long, que l’on peut foutenir fans iperbolle , que le bout de chaque Cocon pourroit avoir deux lieues de longueur ; c’efir pourquoi il leur faut lailfer fortir toute la Soye qu’ils ont dans I’eftomac en repos , fans les inter- rompre par aucuns des moyens que nous avons obfervés , & encore moins par celui-ci, de les défaire tout-à-fair des Rameaux , parce qu’après cela ils ne fiieroient plus ; comme il faudra prendre garde que fi la chaleur les prefle , & que les Papillons- percent les Cocons , ce feroit une grand© perte qu'il faudra éviter en les defaifant des Rameaux, & fe dépéchant de tirer & lis 1er la Soye dans le huitième ou dixiéme' jour après., fans attendre plus lôngtems. Explication de la Planche feptiéme !T7S3 > AB, C D , E F, G H /les per- ches qui forment la charpente I K. , L M.Ies Clayes ou Etauds garnis de feuil- les fur lefquels font les Vers à Soye , Planche huitième, les perches & les Etauds contre lefquels font fotmées les Caba- nes, oùi’on voit les Cocons iSdes Vers., OBSERVATION IX.. Sur la découverte des Phénomènes & des caujes de l’ Electricité , oh Ion explique l'opinion de Al. ÎVinc- kler , de Al. t xibbè Nollet & de AL Franklin , joint à quelques Réflexions fur l Extrait qui a été fait fur cette matière dans le Journal de Trévoux du mois de Janvier 1753. JE crois qu’en ajoutant mon opi* nion fur les caufes de l’Eieélricité , après le fentiment de ces trois célébrés Ehyficiens , je pourrai renfermer dans un petit efpace i’Hiftotre ymiverfelfc* de l’Eleftricité j il fera donc inutile de compofer mal à propos trois on quatre volumes , lorfque quelques feuilles d’imprelÏÏon fuffifent, pour inftrntre les Amateurs les plus avides de cette par- tie de la Phifique expérimentale ; ce que l’on pourra faire ai fé ment, en re- tranchant tout ce qu’èn ont dit une infi- nité d’autres Auteurs , dont les opi- nions fe font éclipfees avecalfez depré-- cipitation. • Je puis afTurer , félon le fentiment des perfonnes les plus fenfées , que ce qu’en difent les uns & les autres dans tant de Livres qui ont été im- primés à ce fujet , fe réduit à ce que- nous altons expliquer dans une feule- difleriatiom. U y a trois Syfiêines qui ont fourni; l’abondance des caufes tleélriques; ce- lui des Tourbillons . celui de l'slttrattioiv & celui enfin de l'impulfion. Deicartes ell l'Auteur du premier , Newton a fait le fécond , & j’ai expli- qué le troiliéme.- Si je parlois d’une époque bien an- cienne , la vérification des faits , fur Rhonneur de la découverte de ce der— nierS) ftême, feroit difficile & on pour— roit embrouiller la matière, j’aurots pei- ne peut-être à me tirer d affaire ; niais, les Sçavans, à qui j’ai d’abord adrefié mon Livre dans les diflçrecnes Cours de l’Europe , me rcconnoiflent pour l’Au- teur du Syftême de l’impulfion univer- felle des Rayons dû- Soleil . & ce feroit fur des fondemens peu honorables que l'on voudroit m’exclure d’un droit fi légitimement acquis. .En 17-504 le Roi Proteâeur de la vie , des biens & de l’honneur de les Sujets , en accepta la dédicace, &yfit tout l’accueil qu’en' pouvoit efpérer hit fidele Sujet. Ayant euoccalionde voit M, l'Abbé sur la Physique et tf'jfîer en préfence de quantité de per- mîmes intelligentes* j’entendis dire à ce gavant Phifiçfen, que l' Attraftionriavcit été reçut juftjtt'à prefent , qu'en attendant , par les Pkilnfophes Newtoniens , £r qu'avec i hnmlfton feule on pouvoit démontrer tous l ervation IV. dePhyfiqnedu cours I7‘j2 > I* fou n’aime mieux con- 1 l.er defcartes dans Defcartes même. Ja- inab ce Philofophe n’a reconnu l’J m- pu-fion comme caufe primitive du mou* vemem ; il la fait dériver de fes Tour- billons , qu’il place partout ,.fans crain- dre de derruire ladion (impie & uni» vçrlelle que nous connoillons dans la direôion des Corps planétaires, & dans -es particules qui compofent tous les lueincns. Cet Auteur outré du plein «uolUj dil'uit au contraire toutes sur la Peinture. 169 les PLinettes font emportées autour du Vu* leil par le Ciel qui les contient ; que la Terre ejl aujjî emportée en rond autour de fon cen- tre . ér la Lune autour delà Terre par la feule for ce des Tourbillons. La force . proprement dite iinpul- five , qu’a foutemi Defcartes , n’étoic qu’une force centrifuge, propre à tous les corps qui fe meuvent autour d'un centre, que l’on obfervoit & que l’on ne connoif- foit pas; mais cette force n'étoit pas re» gardée comme la Caufe de leurs mou- vcmens ; les Garteliens fe font tous parfaitement expliqués fur ce point'. D’où il réfuite qu’on ne fçait . fi c’eli l’aclion du centre ou celle du choc des parties fur ie centre mêtne. C ell-là ce- pendant tout ce qu'a dit notre premier l’hilofophe françois concernant la Na- ture & les Effets de l’Impuifion ; Iin- pulfion morte , indéterminée & indé- finie ; de laquelle perfonne n’a fart ufa- pc-, Se qui n’a jamais été connue que fous le nom de Force centrifuge ; Sa dont le folide Newton s'ell aulli fervi dans le befoin , ainfi qu’il a fait de tou- tes celles qui fe font prefentees à fes Calculs. J’avoue que fi , avec fa feule Impul- fion de Defcartes , telle qu’il la donne,, on explique tous les Phénomènes & que M. l’Abbé Nollet puilfe les définir , fans avoir recours à ce ;que j’ai donné dans mon Syllême, j’ai tort de me plain» dre , & qu’avec raifon ce fçavant Phy-r ficien dit que Defcartes ejl L'Auteur du’ fyjlèmo de L’ImpulJion. Si au contraire , je prouve avec fa- cilité que le terme d’Impiilfion ne fi- gnilie , félon tous les Philofophes. que la Force claftique d’un corps , ou fa Preflion fur un autre , fans le fècours! du tournoiement prétendu de Delcar- tes j.& en même teins., fi je prouve quo no Observations s'tjr l’Histoire Naturelle, je fuis le premier qui a imaginé cette for- ce , M. l’Abbé Nollet me rendra jullice ( ainfi qu’il fait ordinairement , comme dit le Journalise de Trévoux)»M. l’Ab- » bé Noliet publie les découvertes de » fes Rivaux avec autant de zélé que »> les bennes & il en releve le mérite a» avec plus d'attention ; nous ne re- » marquons dans lui cette équité fin- m cere , que parce qu’on ne lui en a pas » toujours donné l’exemple. Avant de parler de l’Eleélricité , il faut absolument fqavoir , ce que figni- fient les termes dont on fe fert. Explication des termes v. fit es dans la Théorie de /’ Electricité, AttraÜion , dans les corps inanimés, veut dire attirer à foi parune force quel- conque & que l’on ne connoît pas j c’ell auflî pourquoi ce terme , fi chéri autrefois , devient préfentement étran- ge dans la Phyfique. Propenfion quelconque , veut dire pen- te , chute , inclination , détermination d’un corps pour fe porter de lui-même dans un lieu , ou vers un autre corps. Ce terme efl Synonîme avec la Force Cehtripette , elle s’efl changée dans le Syftême de M. l’Abbé Nolletjen Affluen- ce , 6c a été ci-devant nommée Force ap- puljire , par M. Guericke. Force Centrifuge, félon que l’expli- quent la plupart des Phyhciens, figni- fie la puitlance méchanique , ou innée d’un corps pour fuir le centre. C efl po- fitivement cette efpéce de force que M. l’Abbé Nollet appelle I’Impultïon de Defcartes , & il donne auffi à cette force le nom d'Effluence. M. Guericke la nomme répulfive * & M. inkler qui admettoit ces caufes , fous telle déno- mination que ce fut , les appelloit/or- ces centrales. Les tourbillons de Def- cartes n’étoient pas oubliés non plus dans la Phyfique de M. Winckler. L'Impulfion uhiverfelle . félon moi , efl la force adive & impulfive d’un Etre animé & indépendant , qui fe fert d’un point central pour mettre en mouvement la matière , inerte & pafHve d’elle-mè- me, Le point central de notre Monde, félon moi, efl dans le Soleil ;l’Eire ani- mé qui le met en mouvement efl Dieu , 6c tous les Phénomènes qui parodient fur la Terre & dans le Ciel, ne vien- nent que de l’Impulfion naturelle de ces Alîres fur les Particules de feu , ré- pandues dans les interflices des Molé- cules de l’Air & des autres Corps. L’Impulfion animale , elt l’adion de l’Ame fur les Efprits animaux, qui ne font aulTi que des Particules de feu , dirigées dans les Nerfs 6c cpti opèrent tous les mouvemens volontaires & in- volontaires de notre Corps. Cette Im- puifion efl libre & ne dépend pas de l’Impulfion univerfelle ; puifque nous pouvons agir indépendamment du cours des Mires, de la preilion de l’Air & de l’Impulfion des parties de Feu. Il y a encore , félon moi , une troi- ’ fiéme forte d’Impulfion, qui elt l’Im- pulfion accidentelle ; c’ell celle qu’occa- fionne la-rotation d’une boule de verre, 6c le frottement précipité de la main fur un Tube , ou fur uiv corps , tel que l’Ambre , la Cire d’Efpagne , 6cc. la- quelle Impulfion accidentelle ell nom- mée mal- à-propos Elettrum , ou Elec- tricité. t t Cette impulfion accidentelle a été dé- couverte , comme nous dirons ci après, par M. Guericke , & il l’a d’abord con- fidérée comme 1 ’ÉleElrum des Anciens, ayant vû attirer à fon Globe rotatif des feuilles iégéres , 8c des portioncules sur la Physique et sur la Peinture. Je pailles : mais comme on ne con noillbit pas de fon tems , ni avant moi , les deux fortes d’impulfions que je viens d'expliquer , il a été impoffible de définir h véritable caufe de ce Phé- nomène , furtout la réaétion ou le repouf- 171 à ce qu’ils ont dit auparavant des caufes de l’Eleâricité , prifes dans les premières Forces que nous avons ex- pliquées. Mon Impulfion efl jalon fe des autres j Forces, & n’en foulire aucune à Tes cô- funint du corpufcule, après Ton affluence tés , elle veut jouir de fes droits , & par prétendue vers le Globe ouïe Tube, fa feule puillance opérer toutes les mer- On n’a malhetireufement pas com- veilles de la Nature ; de forte que pris que l’Attradion.ou l’Affluence, étoit Payant mife au jour dans un tems où la nue diimere & que le Phénomène nré- Phyfique éteit fi embrouillée de cal- ton compofé que du mouvement acci- cul , je dois foutenir fes droits, dentel de nos Bras, en frottant ou tour- On pourvoit dire ici que ce n’eft lUntunCorpspropreàformerune ligne qu’un jeu de mots de ma part, & que centrale d’ Impulfion artificielle; Iaquel- chaque Phyficien change le ’terme , „ -r- i- s- • • ia k produit, ce qu’on appelle, l’Eieâcici- tc> P3r une forte de preiïion dans une di- redion contraire à l’Impulfion impri- me univerfellement au particules de feu vers la Terre, & par conféquent vers le Globe de verre qui contient cette li- £ne centrale & artificielle. Ceci nous mais & garde te meme principe fuite de cette Differtation prouvera bien que l’Affluence & V Effluence di liè- rent autant de V Impulfion & de la Réim- pulfion , que l’Attradion de la Force centrifuge . J'ai allez parlé de la première forte prouve clairement la foiblelTe des opi- d’impulfion dans mon SyjUme de l'Uni- trions des précédens philofophes , & vers , J'ous le tître de Chroa gcncjie imprimé en i 7$o , où font attffi expliqués les Dieu ne nous préfente aujourd'hui cet admirable Ph énomène , que pour nous foire ouvrir les yeux fur les inou veine ns emanesdefon Etre aélif& tout-puifiant. nell point ici queftion des Forces ruortesde Defcartcs , ni de la matière sdHuente & effluente de M. l’Abbé Nol- et i ? fl la Terre eledrife les Corps pro- pres a recevoir l 'Fletfricité naturelle, qu’a tonrÜUVeu M- Fra,,klin > quelle ne elle - même fur Ion centre fans le lecours de nos Bras. Au fenl tableau que je fais de la fi- l'ulicatton des termes , on compren- dra que 1 Impulfion eff neuve, que per tonne n’en a parlé- avant moi , & meme qu’au yourd’hui ceux qui la nomment dans leurs Dilhrtations , ne i’enten- aent pas, telle que je la définis; ou Phénomènes de l’Eleétricicé ; mats n’ayant feulement donné que les cau- fes générales de ce Phénomène , pre— fentement que cette idée efl goûtée des Phyficiens , & qu’ils ne fe font pas fcrupule de l’adopter fous des termes déjà admis dans d’autres lignifications,. H faut que j’entre dans un très-grand dé- tail qui me donnera occafion de prou- ver , que l’EIeftricité n’efl produite , ni par l’Affluence , ni par l’Effluence de M. l’Abbé Mollet, ni par la force appui» five , ni par la force répulfive & perfé- verante de M. Guetilte & de M Win- Mer , & encore moins par l 'Attraftive r dont on a d’abord voulu expliquer ces Phénomènes. L’Auteur du Journal de Trévoux s’ils l*è i ^ — 1 i. Auteur au journal ue îitvou.v u eu dent x eeil pour l’ajufter s’explique allez clairement (à la fuite i72 Observations sur l’Histoire Naturelle , de ce que nous venons de citer ) fur îa découverte de l’Impulfion il fe fert meme du ternie d 'ImpnJJion , au lieu de celui que nous avons clioifi ; ce Sça- vant par Te fecours de ce mot veut faire entendre à fon Leéteur la preffion des parties de feu fur les autres Corps 8c à travers leurs Pores. » M. l’Abbé Nollet ( dit-il) en pouf- »fant fes découvertes aufli loin que » fon habileté nous le promet , ne tar- » dera pas à nous apprendre quelle peut être » cette matière s dont I’Afflucncï G? I Ef- » FLUF.NCÉ fe prêtent fi aijcment à tous Jes » lefoins ; ejl-elle. autre chofe que la Lu- is miére & le Feu élémentaire qu on met » attion 8c dont ['ImpreJJion agit fur » les Corpufcules fuipluireux ,, filins , »> nitreux 8c autres matières inflam- » niables, dont l’Air efl imprégné ? On dillingue ici le Feu des matières inflammables, c’efi peut-être ce qui fait le noeud de la Découverte. Il femble félon le Journalille que le Feu ne briile- roit pas fans elles , & que les Corpufcu- les fulphureux , falins , nitreux & autres dont 1 Air ejl imprégné, fervent à pro- duire la flamme ce qui n’elt aucune- ment nécelîaire. Cette prétendue dé- couverte pourroit fe pafler de l’explica- tion qu’on y ajoute ; car tous les Cor- pufcules de ces Corps inflammables ne fçauroient brûler , s’ils étoient dé- pourvus des parties de feu qui réfi- dent dans leurs interflices ; de forte que ces Corpuicules fans leFeu ne font rien d’inflammable en eux - mêmes , & le Feu peut briller & brûler , ainfl qu’il fait dans les Phénomènes éleélriques , fans les Parties falines dont l’Air n’efl pas toujours imprégné, comme dans la Ma- chine pneumatique, lorfque l’on y fait pafler les étincelles ou le Feu éledrique. Un mot vous épouvaute, dira quel- qu’un , & pour avoir dit , que Ta caufe de i’BIedricité fe prend dans la Lumière & le Feu élémentaire qu'on met en action ^ vous croyez que tout efl perdu; n’au- ra-t’on pas toujours recours à votre Li- vre ? Sa datte n'ell elle pas plus an- cienne que ce qu’en dit le Journalille, Sc M. l’Abbé Nollet cette année dans fes Lettres fur I’Eledricité; en fe fervant de cet Elément, comme vous faites, ils ne le déliniffent pas comme vous. On ne fçauroit détruire l’époque de votre Découverte. Oui , cela efl vrai, j’ai peut-être tort de me plaindre 3 mais pourquoi les Au- teurs des Ouvrages périodiques n’ont- ils pas fait un Extrait détaillé de mon Syflême , comme ils font des opinions des autres Auteurs. Ceux qui ne lifent que les Journaux 8c qui s’en rapportent àjeurs jugemens. Comment fçauront-ils . fi je fuis 1 In- venteur de cette Hypothèle , fi per- fonne ne la donne > fi on n’en fixe l’é- poque , & fi en parlant des points ca- pitaux de ce Syflême, on ne me nomme pas ? Infenfiblement ce que j’ai dit fera confondu dans ce que difent les au- tres , & les autres confondront ce que j’ai dit dans leurs écrits. Voyez la fuite du Journal de 1 révoux. Les aigrettes 'brillantes , ces rayons p pétillans, ces vives étincelles , ces » Explofions fenfibles,, l’Analogie dér a couverte entre l’Eleélricité 8c le 1 on- m nere , l’affinité foupçcnnce dans les « Phénomènes éleâriques & ces Phof- „ phores lumineux, qui en certaines „ circonflances s’allument fur les corps „ des Hommes & des Animaux , pour » ne rien dire encore de ces incendies » fpontances dans l’œconomie anima- » le , dont parle M. le Cat ; tout cela » 11e femble-t’il pas favorifer l'idée qu, e • nous - S suit la Physique et sur la Peinture. 17? nous nous propofcms ? « (Qui eü-cequi bre , on y excite une efpccc de mou- vement qui agit fur les objets proches & légers , tels que font la paille ha- chée , le fable, de petits bouts de (il , les plumes , les fragmens de feuilles d’Or , &c. enforte que ces petits corps fe jettent vers l’Ambre , comme s’ils y étoient fortement attirés , c’eil appa- remment pour cette rai fan que les fem- mes de Syrie appellent l'Ambre Harpa- ga , c’cfl-à-dire , attirant avec force, elles s’en fervoient ordinairement en guife d’Agraphes à leurs cheveux. Le mouvement, que l'on produit au- tour de l’Ambre en le frottant , fait non feulement que les corps légers e» font attirés , mais ils en font aulli ré- pondes. Le Soufre, la Poix .,1a Cire d’Efpa- gne , le Verre & plufieurs autres corps étant frottés , agilfent de la même ma- nière. Cependant nous ne trouvons pas que les Expériences faites avec le foufre& le verre foient li anciennes que celle* qu’on a faites avec l’Ambre. N ous igno- rerions peut-être encore, que le Phéno- mène qu’on obferve dans l’Ambre fe manifette auflî dans d’autres corps , fans les decouvertes qu’a faites à ce fujet le célébré M. de Guericke iîourg-Maitre de Magdebourg , qui a éternifé fou nom dans le Siecle pallé par l’inven- tion de la Machine pneumatique. Il frotta avec fa main un globe de Sou- fre , qu’il faifoit tourner à une ma- chine propre pour cet effet , & il ob- ferva que les petites pailles & les frag- mens de feuilles d’Or fe jettoient vers le globe & en étoient enfuhe repou des.; Il donne la defeription de ce Globe & de fes expériences dans un Ouvrage intitulé Expérimenta nova Magdeburgicm de Vacuo Jpacio. Dans le quatrième Livre il traite des Venus coniques ( de V irtur ne diroit pas que c'elt le Journalille de I revoux qui a fait la découverte?) » L'évaporation des lluides que l’Elec- » tricité accéléré, l’elpcce d’antipathie * qu’on remarque entr’elle & l’Eau ; ” fa limpadiie avec, la flamme , quand «les c/ialeurs n’en troublent ni lacha- » leur ni la lumière ; les lnftrumens «mêmes qui fervent aux Expériences., ” éledrrques ; les autres fenfations qu’el- * les excitent ; ne font-ce pas autant * d’indices qui appuyent nos conjectures? «Nous ne craignons pas qu’on nous «oppofe ici le vuide Gr les attractions ” 1er ioniennes : l'EleClrkité ne parole pas * Mr ouvrir un champ fort avantageux 5 ”tm y rejpire une abondance , pour ne pas 0 ‘‘ue uni ptiniluclet de mouvement Gr de ma- Au relie nous n’hazardons cette « penfée qu’avec la difcrétion que nous * lulpire l'Hillorien de l’Académie. Voyez à la Un de cette Diflertation , ^ que j ai dit moi-même fur l’Eledri- *jIle.en *75° ( trois ans avant l’Extrait ré le viens de citer) &la critique de Ce' Extrah ùl’Obferv. VIL ourfuivre un ordre, &fatisfarre en- uenient les Amateurs des merveilles ■connuesà nos Anciens, je vaisdonner piUoiltet les principaux Phénomè- cieélnques , & expofer eniuite l’O- rj°n J,,1,J.IC'ens , dont nous avons il Y • exP*,cat>on de leurs Caufesj [l -,fenlllIvra tout aufli-tôt mon hypo- 'ue & Ja critique de mes Amagonilles. h fuedricité non feulement efl dé- Jntrée par mon fyflême ; mais elle ex- Pf’quera encore , par les preuves les uUs naturelles , la vérité de mes prin- cipes. r Decouvertes des Phénomènes èleélriqiies. Lorsqu'on frotte un morceau d’Am- Annéc l7 ; h Tom. I. Part. III, 1 74 Observations sur i/HrsTOiRE Naturelle ; tibia mundanis ) c’ell - à - dire , des For- ces qui confident en certains écoa- lemens ; il les divife en deux efpéces : en Corporelles , qui ne pénétrent pas les corps folides , tel que le Verre , &c. comme par exemple , l’Air ; & incorpo- relles , qui pénétrent les corps folides, comme la vertu magnétique. II compte parmi les incorporelles la Force appui - five, par laquelle un corps eli mû d’un lieu à un autre, comme une piene qu’on jette en l’air ; la perfeverante , par laquelle une choie tend à rellei unie avec une autre ] à laquelle on peu t coin-* parer une pierre qui retombe de P Art par fa pefanteur ,• la repdfive , lorsqu’un corps elt repouflé par la force invin- cible d’un autre. Telles font encore, félon lui , la Force formante, la chauf- fante & la luifante ;ii prétend expliquer toutes ces Forces , par des Expériences faites avec un Globe de Soufre , qu’ri avoit formé lur-mcme. 11 fufpendit un Globe de Soufre en*- tre deux montans de bois , il appliqua enfuite une Manivelle à un des Pivots qui traverfoit fou montant d’outre en outre & fit tourner le Globe , pendant que quelqu’un y appuyoit une main bien lèche. Il obferva que des corps légers , comme des fragmens de feuil- les d’Or , de l’Eau , &c. mis fous le Globe , en étoient attirés & reponlTés. M. de Monconnis parle de ce Globe de Soufre , 5c dit avoir vu lui-même ces Expériences dans laMailbndeM.de Guericke à Magdebourg. Cette décou- verte étant faite, plufieurs excellens Phyftciens , comme MM> Gilbert , Boy le j Haubfiée , Gray , Dufay , s Gra- vejande , MuJJchenbroet , W iitciler , Aol- tet,& d’autres ont effayé ces mêmes Ex- périences fur le Verre, & par leur appli- cation infatigable ont enrichi la Philique d’une infinité d’Expériences curieules. M. Vinckler elt 1 Auteur nuque I j\tr trouvé le plus d’ordre dans fa façon dfe procéder à la recherche des Caufes. H l’emporte félon moi dans cette partie fur les Auteurs François & AngloiSqUj ont traité la Phifiqtte expérimentale de l’Eledricité. C’éfl ce que nous allons voir en expoiartt la méthode qu’il a fuivi lui-même; Des Phénomènes avec lesquels l’Eleç» triché communiquée Je mnni- fejie,par M. Winckler. i°. L’EIcdriché peut fe communi- quer d'un corps éledrique à l’autre , & il n’eft pas néeellaire pour cet efiet que les corps fe touchent. Cependant il faut que le corps dans lequel on veut que l’Eledricité com- muniquée devienne fenfible , repofe fur certaines matières propres pour cet effet j tels (ont principalement la Ré- fine St la Soye , & j’ai toujours oh- f.-rvé un effet ircs-confidérable de I’E- ledricité communiquée dans des corps pofés fur l’une & fur l’autre. L’Eledri- cité communiquée fe manifeile encore alfez , lorfqu’on pofe des corps fur de la Cire d’Efpagne , fur du Soufre , du Drap noir , de la Toile blanche, de ia Porcelaine de Saxe & du Japon, & fur des fils de Soye, tels que le Vers àfoyc les filent. 20.I ,’Eledricité communiquée cefîe d’être fenfible au moment même qu’on touche le corps éledrife avec la main ou avec du bois , du fer ou du chan- vre , foit qu’on touche au milieu ou à l’extrémité du corps. Pour rendre l’Eleélricité communh quée fenfible dans l’inllant, je place le corps dont il s’agit , fur des cor- dons tendus de Soye bleue ; fi le Corps efl allongé , je le pofe fur de sur la Physique pareils cordons , tendus fur de petites tourelles , montées fur leur bafe , que je haufle & baifïe félon le bcloin dans leurs guéridons ou ftipports. Si ce II un Homme à qui je veux communiquer l’Eleflricité\ je le fais monter fur une efpcce de CJialîis garni d’un raifeatt de Cordons dcSoye, que je couvre de pe- tites planches-, en prenant garde ce- pendant qu'elles ne touchent pas les côtés du ChalTis. ?*. Cependant on oTiferve quelque- lois, pourvu que le Verre appliqué à la Machine foit allez fin, que l’Elec- tticité communiquée ne laillè pas d’ê- •tefenfible , lors même qu’un tuyau de Fer blanc qui la reçoit repolc fur du Bois °u fur des Métaux , ou qu’il eft touché P3t quelqu'un. M. Mollir eg à Gotha 5 le premier efîayé ceci avec la nott- VfHe Machine , & il a trouvé l’Elec- tricité fi forte , qu’elle exerçoit fa vertu eu quelqu’endtoit qu’on ait touché le Vailïeau cleftrtfé. L Eledricitc eft fur- î0l,t fenfible dans une Perche de Bois induite de Poix ou de Réfine , & potée fir du Bois. 4°- Les fragmens de feuilles d’Or ou “e Papier la limaille des Métaux , les graius de Sable , &c. qu’on veut met- tre en mouvement par l’Eledricitc , foit ‘originaire ou la communiquée , doi- teniétrc mis fur des Corps uni$& focs; car fi la furlace fur laquelle on les ex- ?°'e ell humide ou raboteufe , les Corps légers s’y accrochent tellement qu’ils n’obéilTent guéres aux mouve- n'ens de la vertu éieélrique. î°. Certains Auteurs qui ont écrit fur ' Eledricité , prétendent qu’il faut choi- nt “n tems favorable pour bien faire tôullir les Expériences éleétriques. 6’. Us difent , que le Ciel doit être kiein , l’Air fec, la chaleur tempérée et sur. la Peinture. *7? & que le Vent du Nord fait mieux que les autres Vents ; qu’un Air humide , un Froid âpre, & une grande cha- leur font contraires anx Eliéts clcélrt- qnes ; qne par conféquent les Expé- riences ne réuflïflent pas également bien dans tontes les Saifons. lis recom- mandent furiont que pour faire ces Ex- périences on choifille un endroit frais en Etc , & qu’en Hyver on y falTe ré- gner une chaleur tempérée, lis s’accor- dent prclque tous à dire , que les Ex- périences éledriques fuccédent mal , lorfque l’endroit où on les fait eft rem- pli de inonde & de quantité d’exhalai- fons. 7®. De toutes ces circonftances ; qu’on regarde comme autant d’obfta- cles , je n’en ai trouvé aucune de nui— fible à mes Expériences en me fervant de ma Machine ; j’en ai fait fouyent pac un Airfec ou humide, j’en ai fait par un tems chaud & froid , par un Vent du Nord , d’Ell , d’Oueft & de Sud. , 8c même dans le tems des Tempêtes , 8c dans une Chambre remplie de Speda- teurs & où les exhalations de toutes efpéces étoient abondantes ; mais je n’ai jamaistrouvéqtie l’FJeélricitéaitété pour cela moins forte ou moins promp- te dans un tems que dans un autre ; tout ce que j’ai apperçu , c’eft qu’il m’a fallu plus de tems dans une Chambre froide que dans une chaude, pour que le Verre s’échauffe par le frottement contre le couflin. J’avoue encore que l’Air ne doit pas être humide au point que le Verre en devienne humide lui- même; & fi l'eflet de PEieélricilé s’af- foiblit dans une trop grande chaleur; ce n’ell que parce qu’on continue trop longtems à frotter le Verre; car l’Ait étant chaud par lui-même , le Verre s’échaude alors plus qu’à l’ordinaire. Zi j >7 6 Observations sur l’Histoire Naturelle ; r» r r mêmc flir des cordons de Soye SFeue- Des Corps alljquels l Electricité peut d'un autre fupport, & de là dans un* être tranfmtje par communication ~ vafe plein d’Eau ,. cm de Lait , de Lier- re , d’Eau-de-vie , de Mercure, &c. i Parmi les Corps qui deviennent Mais il faut que la corde ne touche pas électriques par le frottement , il y en aux parois du Vafe. Le Vafe doit être a, aufquels lEledricité étant tranfmife pofé fur des cordons de Soye tendus par communication ne fe fait npperce- fur un cfialtis ou fur un gâteau de Réft- voir que dans un très-petit degré ; de' ne. Dans un grand éloignement de cette efpéce efl la Soye non apprêtée , cette corde , cm en fufpend une autre & parmi les apprêtées , principalement dans le même Uuide ,& on la conduit la bleue. Lorsqu’on, frotte la Soye ap. pareillement fur des cordons de Soye prêtée l’Eleélricité devient très-fern montés fur un fupport ; en forte que ti0 Vl V, % g fible ; mais je n’âi jamais remarque' qu’elle s’y foit manifeftée avec quelque force , y ayant été tranfmife par com- munication , nonobflant le degré émi- nent d’Eleélricité que je donnofé air Verre de la Machine , que les Cor- dons de foye bleues touchoienr en fou» tenant la Soye que je voulois élecirifer. 20. Parmi les Corps clans lefqueis LEleôricité peut être excitée , foit par Je frottement , ou fans frottement, on compte principalement la Réfine , le Verre , la Cire d’Efpagne , le Soufre. 3°. L Electricité fe communique aifément à ces mêmes Corps folides , que je n’ai pû éiedrifer par le frotte- ment. Il n’importe pas que les Animaux & qu’eileGommuniqueà d'autres Corps foient vivans ou morts , ni que les Mé- fon Eledricité acquife , nous compre- taux loient froids ou chauds, ou rougis au feu. On peut atifli communiquer l’Eledricité aux Herbes & aux Arbres verds ou fecs. 4°. I.es Fluides peuvent être elec- trifes tel!ement,.qu'ilstranfmettemau(Ii l’Eledricitc communiquée à d’autres Corps. On attache , par exemple , une corde de Chanvre fur des cordons de Soye bleue tendus fur un fupport , qu’on met contre le Verre de la Machine. On conduit le relie de la corde de lions la raifon pourquoi cette Eledri- cité fe communique dans un degré très- fenftble à un cordon de Soye mouillé.,, quoi qu’a mre ment , elle ne devienne point clu tout fenlible, le cordon étant fec :en voici la raifon. Les cordons de Soye tendus fur le ohaflis venant à re- mouiller, on n’àppercevoit point , om très-peu , d’Eledricité à un Homme1 qui inouïe fur ce chalïis, quand même le Verre communiqueroit à celui- ci le plus fort degré d’Eledricité dont un Corps loit fufceptible.. P Ma wr . y* '' 5e ■: fon extrémité ne touche en aucun en- droit le bois. On peut fubüituer à cet- te derniere corde, un Bâton un peu long, & l’attacher aux cordons de Soye,- en forte qu’il touche avec fon extrémi- té la furface- du fluide : de plus un homme montera fur nmchaffl garni de- cordons de Soye, & tiendra dans le fluide une main, ou un pied1, ou un' Bâton. AutTi-rôt que le Verre efl mis en mouvement fur la Machine , l’antre' extrémité de la corde ,.ou du bâton de Bois , ou l’autre main de celui qui efL éledrilé ou fon habit, mettra des frag- mens de feuilles d’or en -mouvement.. y°. Comme l’Eau peut-être éledrifée,. -, ■■ è Çl* V • cîrlï ■ Ù K 0 ■y1 K ii *,?f !»■ r «ti^- j05|:= sur la Physique et Les charbons ardens , la Hame d'une dwndele & de i’Efprit-de Vin allumé, reçoivent aulfi l’Elediiciié par «ommunicarion & la tranfmenent de même fort loin. J'ai c/Tayé ceci plufieurs fois avec la Marne cl'ime cliandcle. On fait brûler de l’Efprit-de-vin allumé dans un long Vafe placé entre deux barres de Fer , *IUI repofe fur des cordons de foye r & dont l’une touche pvcfque le Verre delà Machine. 11 faut prendre garde de ne pas trop approcher ces deux bar- Ks l’une de l’autre ; afin que la pre- mière ne puifle pas communiquer fon Heâricité à l’autre ; il ne faut pas non pim qu'elle la communique au Vafe flui ell pofé entre deux , & qui fans cette précaution , la tranfmettroit à l’autre barre : on efTayc ceci avant que d’allu- l'Efprit-de-Vfn. On cledrife en- mite la première barre s’étant alïii- que l’autre n’a point participé de wn Fdedricité , on met le feu à l’Ef- P^-de-Vin , dans le même înftant l’E- «éiririté fera fcnfible à l’autre extrê- *a lcc°nde barre. Le vafe avec IL' (prit- de- Vin doit auffi repofer fur des cordons de Soye , ou fur un gâteau c u1e , ou fur d’autres matières qui ne tranfmettcm pas l’Eiedricué ; car s 1 cto.t po lé fur du bois, ou fimple- •uem fur fe plancher l’expérience ne reufîîroit pas.. 7°< La dame d’une Chandelle ou Sougie . potée dans fon flambeau fur des cordons de Soye du fupport , p,ès du Verre cledrique , reçoit une Eledri- cité fi forte , qu’elle la communique à un tuyau de Fer blanc, qui repofq.for des cordons de Soye montés fur leurs (j ué ri dons ; quoique ce tuyau fiait éloi- gne de la llame de plus de deux pieds. 8°. Je n’ai remarqué aucune Eiec- tticiu aux rayons du Soleil qui tom- sur la Peinture. 177 beat par le trou d’une chambre obt- cure, fur un tuyau de Fer blanc clcdri- fé , cScde là fur un Homme placé fur des cordons de Soye : ni les rayons qui fe ré- ttechilîent du tuyau éledrifé, ni l’Hom- me éclairé de ces Rayons , ne caufent aucun mouvement cledrique dans les fragmens de feuilles d’Or. Dss mouvemens qui naijjent de l’EleUrïcite. r°. Le Sable , les fragmens de feuil- les d’Or,& d’autres petits Corps lé- gers , pofés fur des Métaux , fur du Ver- re ou du Bois uni, font élevés en l’ait avec beaucoup de rapidité , Si pouflés de tous côtés, auffi-tôt que les Métaux* le Verre ou le Bois font éledrifés.. 2q. Les pouffieres qui nagent dans un rayon de Soleil qu’on fait entrer dans une Chambre obfcure , & tomber fur une barre de fer polée fur des cor- dons de Soye & éledrilés , font toutes fortes de mouvemens. Quelques-uns de ces petits corps qui touchent la barre , fait en haut ,.ou en bas , ou des côtés, en font repoufTés. Ceci lait naître diflé- renies lignes courbes dans le mouve- ment de ces poufïïeres. 3». Une Aiguille étant fufpendue perpendiculairement à un fil & en re- pos , à la diflance de quelques pouces d’un tuyau de Fer blanc , Soutenu fur des cordons de Soye fort de fon re- pos auffi-tôt qu’on éledrife le tuyau. Elle tend vers le tuyau , mais elle en revient aulfi tôt qu’elle le touche ; ces deux mouvemens font uniformes com- me les vibrations d’une Pendule. 40. Si l’on fufpend un fardeau pe- lant d’un côté d’une balance qu’on- la tienne en équilibré de 1 autre côté, l’un des côtés de la balance qui neu pas fort éloigné du tuyau, de i er bLanc r\q% Observations sur lH’istoire Naturelle ; eierînfé , fe mettra en mouvement. , I-es Phénomènes qu’on obferve a l’égard des gouttes d'eau qu’on fait tomber fur la Semence de Lycopode . méritent furtout notre attention. On ctend cette Semence fur une planche bien unie , ou fur unej régie de bois ; on y Iailîe enfuite tomber une goutte d’eau , en forte que la Semence ne fe mêle que par en bas avecla goûte. Auf- fî'tôt que la régie eft éledrifée par le Verre de la Machine , les petits grains de Semence s’envolent fucce(Tivement , quelques-uns fe jettent fur les cotés de la goutte d’eau 3 d’autres qui s’etoient élevés prefque perpendiculairement en l’air, retombent fur elle , & elle fe cou- vre à la fin tout au tour de ces petits grains. La goûte d’eau étant devenue parfaitement ronde & éleétrifée , on lui préfente un doigt ou quelqu’autre corps , à l’approche duquel elle perd d'abord fa rondeur , 8c prend la figure d’un œuf, dont la pointe s’élève vers le doigt ou le corps qu’on lui préfente. fi l’on partage la goute en deux parties qui foient également entourées de Semen- ce , & qui fe touchent, elles s’éloigne- ront d’entr’elles pendant tout le tems qu’on continue à éleélrifer ia régie ; quoiqu’on ne leur préfente plus aucun corps : & elles fe rejoindront au(Ti-tôt qu’on cefiera d’éledrifer. Si ces goûtes partagées font bien petites , elle feront jettées en l’air, comme les grains même de la Semence , par TEleétricité com- muniquée à la régie. 6°. Si l’on tient une goûte d’eau fuf- pendue par une pointe arrondie de bois ou de Métal qu’on éleélrife, la goûte fe change en un cône parfait , dont la bafe tient à la pointe 3 mais fi la goûte tient à un tuyau de fer, elle 11e devient coniforme que quand on lui préfente le doigt, ou quelqu’autre corps. 7V. Un filet d’eau qui s’écoule cPun‘ fiphon de verre en ligne droite, eft courbé par l’Eiedricitc d’un autre corps* On éleélrife un tuyau , &l’on voit qu’au moment même le filet d’eau quitte fa direétion de ligne droite. Si , avant qu’on eut éleélrife le tuyau , il pafToit pardeffous , il fe porteroit en fe cour- bant par dellus , & s’il pafToit par def- fu?- . il fe courberoit 8c palleroit par en bas ; dans l’un & l'autre cas il fe divi- fera en plufieurs petits filets qui feront pouffes jufqu’au tuyau. Si pendant cette expérience on touche au tuyau, le filet reprendra fa première diredion. S°. Si Ton met de l’HuilIe dans une cuillère à cafîe 8c qu’on la préfente au Quillon d’une Epée , THuiüe s’élèvera vers le Quillon de l’Epée par une ligne courbe qui continuera pendant tout le tems qu’on éledrife. S>°. Un rayon de Soleil, qui pafTe par un petit trou dans une Chambre obfcurc, par delius ou par defTous , ua tuyau de Fer blanc qu’on éledrife . ne fe détourne pas de fa diredion de ligne droite , quelque degré d’EIedricité qu’on puilTe donner au tuyau. De la lumière des Corps éîe Etriqués» j °. Lorfnue le Verre ou le Globe de la Machine ell plein d’air, & qu’il eft frotté contre le couffin de la Ma- chine , il paroît une lumière dans l’en- droit où le couffin touche la lurface du verre. 2°. Lorfqu’on éledrife des corps pointus ou hcrifles de plufieurs coins , connue une Epce. une croûte de Pain. Sec. il en fort auffi-tôt des Hayons lui- fans dans la diredion de lignes droites, 8c plus ces Rayons s’aiiongent , plus ils deviennent divergens. 30. Qu’on fade une efpéce d’étoile sur la Physique et ' à huit rayons ou pointes , qu’elle foit mobile fur fou axe , & montée fur une baguette, qu'on mette la baguette dans un flambeau de Métal, ou dans un pareil fupport , & qu'on fafle tourner l’étoile prés du Verre élech ilc de la Machine. Elle repré ferttera , dans un endroit obf- cttr, une roue luifante pendant tout le tems qu’elle continuera fon mouve- ment circulaire. 4°. Pendant qu’on cleélrife cette Etoile , les rayons lumineux qui fortent des pointes, font poulies fuccefiivement les uns après- les autres avec une rapi- dité étonnante , & ne font interrompus par aucun mouvement de l’air , ni par le foufle de la bouche. S°. Cette Expérience ne réuiïit pas bien , quand les pointes font trop pro- ches les unes des autres , & il ell int- pofliblc de les faire reluire toutes à la fois. On a beau cleétrifer une Scie, li les dents fe touchent de trop près, il n’y en aura qu’un petit nombre, à la fois , de luifanr. <$c. Cette derniere lumière fe ma- nifelle furtout avec beaucoup d'éclat , lorfque dans un endroit obfcur on pâlie le doipt ou la main le long des habits d’un Homme électrifé, fans ce- pendant le toucher. préfente un corps non cleclrilè à une de ces pointes lumineu- fes de l’Etoile , ou cle quelqu’autre corps , le rayon qui en fou devient plus long & plus denfe. Des Etincelles eleflriques. Certains Corps éleélrifés étant portés à quelque diflanee d'autres corps non cleéhiles, jettent de la lumière vers ceux-ci. Cette lumière s’en réfléchit vers les premiers, .& elle petiile en re- boudillant. Si c’ell un Homme ou un sur la Peinture» i 79 Animal qui reçoit cette lumière, il en relient une douleur allez vive ; on don- ne à ceue lumière le nom d 'Etincelles électriques. . 2". Quand je préfente mon doigt a du Bois éleélrifé , à la Porcelaine , a la Cire d'Efpagne.au Drap , à la Glace, à la Neige , au Soufre , au Chanvre , ou à quelqu’autre Corps éleflrilé , j y remarque bien une lumière , mais point d'F.tincclles. Ainfi nous avons deux efpéces de Lumière éledrique ; l’une n’efl qu’une fimple lueur , l’autre conlifle en vrayes Etincelles ; la première fe produit de deux façons dilférentcs , c’efl-à-dire , elle vient ou d'elle-même ou par l'ap- proche de quelques Corps , les Etin- celles au- contraire ne partent jamais d’elles -mêmes dans certains Corps, comme dans le Verre , la Porcelaine , le Bois , &c. La Lumière de la pre-r miéreefpéce efl. accompagnée d’un cetr tain craquement femblabie à celui que font les cheveux qu’on brûle. q?. Tous les Métaux , la peau & la chair de l’Homme , tous les Animaux vivans ou morts , la pierre à Fuzil , la C raye, le Diamant, le Mercure, l’Efprit- de-Vin , l’Eau , le Vinaigre , le Lait , le Fromage, le Beurre, (ont du nom- bre des Corps, fur lesquels on peut ex- citer1 des Etincelles cieélriques -, mais ces Etincelles font de différentes tor- ces. Les plus vives viennent aux Mé- taux & à l’Homme vivant ; les Etincel- les ékélriqttes d’une pierre à FuGI ne font pas plus fortes que celles du Beur- re , ou du Lait , ou de l’Eau. q,'. Les Etincelles clcâriques n’ont lieu qu’entre deux corps capables d’en produire ; par exemple , qu’un Homme eleétrife s'approche d’un autre qui ne l’efl pas , ou celui-ci d’un Homme élec- ttile , les Etincelles auront lieu dans i8o Observations sur. l * un & l’autre cas ; mais il n’y en aura point , lorfqu’un Homme eledrifé pré- fente fon doigt à du Bois non éledri- *Cj & qu’un Homme non éledrifé le préfente à du Bois éledrifé. 5°. Les Etincelles éiedriques exci- tent un grand mouvement dans les corps, entre lefquels elles parodient. 6\ Ceci fe voit par des bouts de fil qu’on fufpend aux Corps qui jettent des Etincelles lorfqu’on les éledrile : car auffi-tôt que l’Etincelle qui fort d'un tuyau éledrifé de Ferblanc, frappe con- tre un corps , & qu’elle en rebondit , le fil fufpendu du tuyau s’agite , foit qu’il fe trouve proche ou loin de l’en- droit où l’Etincelle paroît. Si ce font deux Hommes qui faffent venir entr’eUx une Etincelle éledrique, ils Tentent au moment , lorfqu’elie paroît , une douleur vive dans la peau, 7’. Lorfque deux corps capables d’exciter des Etincelles éiedriques font éledrifés au même dégré, il n’y paroit point d’Etincelles. 8°. Mais fi l’un eft éledrifé plus for- tement que l’autre, on y remarque des Etincelles. Par exemple , on fufpend deux barres de fer horifontalement fur des cordons de Soye , en forte qu’eUes forment une ligne droite , & à telle diftance l’une de l’autre, qu'elles puif- fent produire entr’clles des Etincel- les éiedriques. Audi tôt qu’on élec- trife celle qui eft proche du verre de la Machine, on voit des Etincelles entre cette barre Sc l’autre qui devient auffi par là éledrique, & qui conferve cette Eledricité communiquée -, étant foute- nue , comme la première par des cor- dons de Soye -, mais ces Etincelles s’af- foiblillent peu à peu Si à mefure que l’Eledricité augmente dans la fécondé barre. Elles cefl'ent à la fin tout-à-fait quand fon Eledricité ell devenue aufii 'Histoire Naturelle^ forte que celle de la première ; pour s’alîurer de la vérité de ce fait , on n’a qu’à appliquer en même temsnne cor- de au verre de la Machine près la pre- mière barre de fer, & lui donner tel- les courbures qù’on voudra, en la fou- tenant p3r tout par des cordons de Soye tendus fur des guéridons , ou fup- ports , en forte qu’eile foit fort éloignée de la première barre , & qu’avec fon autre extrémité , elle touche la fécon- dé ; de cette façon celle-ci fera d’abord auffi fortement éledrifée que la pre- mière, Si les étincelles qui paroiiïoierct au commencement , celleront dans l’inftant ; mais elles reparortront fur le champ, auffi-tôt qu’on touche la fé- condé barre. p ’. Un fer rouge qui reporte fur deux barres de fer froides , éledrifées & fuf- pendues par des cordons de Soye, jette auffi des Etincelles éiedriques. M. Haufen rapporte cette Expérien- ce dans fon Traité latin. On remarque de même de pareilles Etincelles au Plomb fondu & éledrifé, lorfqu’on y préfente quelque Métal. io*. Il n’en eft pas de même de la Cire d’Efpagne fondue , on n'y entend qu’un certain craquement , en y pré- fentant quelque Métal , Si la Cire s’é- lève comme une goûte qui vn formes un cône,. , i i°,L’Efprtt-de-Vin monte dans un Thermomètre , lorfqu’on le tient fuf- pendu pendant quelque tenu par le moyen d’un fupport à Eledricité à tuyau de fer blanc, qu’on continue tou- jours d’éledrifer. U faut faire cette Expérience dans un endroit qui conferve la même cha-i leur pendant tout le teins que l’Expé- rience dure ; pour cet effet il faut que le Thermomètre ait été fi longtems dans la Chambre , qu’il ait contradé la sur .La Physique "h même chaleur qui y régne. Il faut encore que les perfonnes qui font l’Ex- 'périence ayent étéauffi longtems dans Chambre que le Thermomètre. Il I >ut outre cela, que le Thermomètre foi t a'lcr éloigné de ht perfonrte qui tourne E' verre de la Machine , de façon qu’il ne puiHe en recevoir aucune Chaleur; «•près avoir éledrifé pendant une demie heure le tuyau de fer blanc contre le vcrrc de la Machine , on trouvera l’Ef- prit-de Vin monté dans le Thermomèt- îre à unehauteur trcs-confidcrable. Si l’on tient le Thermomètre immé- diatement contre le Verre éledrifé de ia Machine, l’Efprit-de-Vin montera dans l’infhnt même , & à vue d'œil. 1 1°. Pendant qu’on éledrife un tuyat) de Fer blanc , il n’en contradc aucune tliaieor, qui foît fcnfible à la main ; ^ais li , pendant qu’on continue «à clec- ’*nfer , ou approche , à une certaine utilance du tuyau un doigt ou plutôt la vifage j on fent une efpcce de mou- vement qui caufe au doigt ou au vi- ■age une chaleur douce. i3°. Les étincelles éledriques ex- citces fur des Métaux , par exemple , hir du 1er , de ltargent, & c. mettent le feu à tous les fluides fufceptibles d ctre allumes par la flàme. Cette Ex- périence réulTit flirtant fort bien , li on prefente de la Quintefïence végé- ta e , dans une cuillère à calfé , au quil- 0,1 “ une Epée éledrifée,dont la pointe eH tournée vers \c verre de la Machi- ne: ce même Efprit fubtil s’allume en- core arfément aux Etincelles qui for- lent d’un tuyau de Fer blanc éledrifé. iq°. Un fer chaud n’enfiàme aucun Efprit . quand même on le préfenteroit J°ut Pr^s de fa furface ; mais ce Fer étant éledrifé , les étincelles éledriques met- tent dans l’inlrant le feu à tout Efprit fubtil. Année 1753 , Tome I, Partie , t sur la Peinture. 181 i^°. Les Etincelles qui Portent d’un Homme éledrifé mettent le Feu aufli promptement que celles d’un métal éledrifé , foit que l’Homme foit élec- trifé immédiatement par le Verre de la Machine , ou médiatement moyen-: want un tuyau de Fer blanc. Ve la force & de la vitejfe de l EleSlricitè. i°. Tous les verres qu’on frotte , ne reçoivent pas le même degré d’Elec- tricité, félon leur difle rente qualité, mais félon leur différente cpailîeur & gran- deur ; c’ell le plus mince & le plus pe- tit qui s’éledrife le plus promptement îx le plus efficacement : mais il faut furtout que le verre delliné pour les Expérience foit fec , auffi-bien que le Couffin avec lequel on le frotte. i°. Lorfqu’un corps éledrifé repofe fur des cordons de Soye , fon Eledri- Ci te s’étend tout autour de lui, à une dillance aflez conlidérable , & quand d’autres corps fufceptibles cPF.ledricitc par communication s’approchent de ce Corps, enforte qu’ils ont atteint l’Amof- phére de Ton Eledricité , ils reçoivent un certain dégré de vertu élediique. 3°. L’Air u’ell pas capable d’inter- rompre l’tledrictté des corps, ni l’ori- ginaire , ni celle qui fe tranfmet par communication ; foit qu’on expofe au Vent les corps éledriques ; ou qu’on y foufie avec des SouÛets , ou avec l’Iia- Ieine , leur effiet n’en ert pas plus dimi- nué. J’ai foti vent fait fouller contre une Barre de fer éleârifce par plufietirs per- fonnes en même tems , tant avec leur haleine , qu’avec des foullcts, fans ja- mais avoir pù remarquer que l’Eledri- cité qui s’étoit maniieflce auparavant en fut diminué de forcé & d’adivitc. 4°. L’Elcdticité que le Verre de la L Aa Observations sur l’Histoire Naturelle,» Machine excite immédiatement dans la Vianclemorte, quelconque, eftbeaticoup plus foibîe que celle que la viande re- çoit d’un tuyau de Fer blanc tIedrifé,om d’un Homme cleélrifé ; je n’ai jamais pu mettre le feu à la Quinte fTence Vé- gétale, avec h viande éleétrifée immé- diatement par le Verre de la Machine. Je n’afllirerai cependant pas que cela foit abfolument impoffible ; peut-être n’ai-je pas eu alT'ez de patience pour poulTer i’Expcrience au bout ; mais ce qui efi de certain , c’efl que l’Eléélri- cité que la viande reçoit d’un tuyau éleclrifé , met d’abordla Quiutellence en flàme par fes étincelles.. y°. Iln’cn eftpas de même d’un Honv- me vivant , d’une Epée & d’un tuyau de Fer blanc ; ces Corps acquièrent du Verre ckclrifé ur.e h forte Electricité, que leurs étincelles allument fur le champ tous les efprits qu’on y préfente. • 0°. Mais fi ces mêmes corps font cleélrifés moyennant une corde, qui l’efi immédiatement du Verre de la Machine , .leurs étincelles font alors trop [bibles. II y a des teins qu’avec ces étincelles je ne pourrais pas allumer la Quintefience Végétale. 7°. Quand au contraire, cette corde cil éleélrifée par le tuyau de Fer blanc fufpeiidu près du Verre cleélrifé , elle communique à une Epée une Eleélri- cité dont les étincelles allument fur le champ la Quinte flencc Végétale. 8°. Une éponge féche qu’on préfente à une Epée clècmfée , ou a tuyau de Fer blanc élcéirifé,ne jette point d’étin- celles ; mais l'éponge étant imbibée d’Eau , il en fort d'affez fortes -, cepen- dant jufqu’à prefent je n’ai rien pu al- lumer avec ces étincelles. 9”, Mettez quelques fragmens de feuilles d’Or ou un peu de Sable dans un gobelet ou cylindre de Yerre,& après l’avoir bien couvert avec une petite Planche, on avec du Papier fec , ou ou avec de la Toile blanche & féche ou encoreavec de la Gaze féche ; met- tez-le fur un petit fnpport ’, & prefen- te? au-defius du verre un Tube de ver- re éleétrifé , qui mettra fur le champ * en mouvement les petits corps renfer- • niés dans le verre. Mouillez bien en- fuite la petite planche de bois , le Pa-- pier , la Toile ou la Gafe qui aura fervi de couvercle , & vous ne pourrez plus faire remuer les corps légers , qui font dans le verre, quand même vous élec- - triferiez de nouveau , & trcs-fprtement le Tube de verre. Mettez après cela le Cylindre avec fon couvercle mouillé fur un refeau de cordons de Soye, ten- dus fur un chafîïs, & faites-y entrer par en defïous & à travers les cordons du réfeatt, le fupporr, avec les fragmens de feuilles d’or, en forte qu’il foit éloi- gné également partout des parois du cylindre, pour ne pas participer de leur Eleélricité ; fi vous profanez alors le tuyau de verre par deiîus le couvercle moillé du cylindre , les fragmens de feuilles d’Or reprendront fur le champ leur mouvement ordinaire d’Eleâvi- citc- i°. Lorfqu’on éleélrifc dé deux cô- tés avec deux verres tin tuyau de Fer blanc ou une une Epée , l’Eleélricitc communiquée agira plus vivement que quand elle ne provient que d’un fctil verre ; l’augmentation de la force fe fait connoître. par les étincelles & par les inflexions d’un Filet d'eau qui fort; d’un fiphon en pallant par dellus le tuyau. Les aigrettes de feu font plus longues , elles frappent plus vivement , & mettent le feu plus proptement à toutes fortes d’efprits.l.eFilet d’eau s’in- cline de plus loin vers le tuyau que lorf- ciu’ou neleûrile qu’avec unfeui Ver-re. sur la Physique et sur la Peinture; i8| ii°. L'CIcélricité fe communique que avec autant de vite (Te que le mou- vement d’EIectricité , & il elT auffi fort ■Avec une vîtefle qui furpafle de beau- coup celle de la Poudre à Canon qui fait parcourir à un boulet lix cens pieds dans une fécondé. Voici l’Expérience qui m’a appris ce fait , je mis fur les cordons de Soye de mes /upports une Barre de fer d’en- \Iron quatoze pieds de long , & d’une des extrémités de cette Barre je fuf- pendis un lil. Je montai furie réfeau des cordons île Soye près de l’autre extrê- U11té , & je iis éleftrifer une main fur le 'erre de la Machine : je préfentai en- fuitede rature main un doigt à la Barrq de fer. Au moment même que l’Etincelle happoit entre le doigt & la Barre , le lil de l’autre extrémité fut mis en mou- vement. 12°. Je pofai une corde de Chanvre, d’environcent vingt pieds de long,de la ‘Chambre où étoit la machine à travers j,llc ^He, & de- là dans une autre Cham- ’rÇ , cl où je la lis revenir dans la pre- mière. La corde étoit foutenue par des cordons de Soye qui pendaient aux portes ,& les deux extrémités de lacor- e etoient éloignées de plufieurs pieds mie de l’autre. Je plaçai à l’une des extrémités fur un fupportdesfragmens e feuilles d’Or , & étant monté près e autre extrémité fur le réfeau , je me lis éleflrifer en appuyant une main •ur le verre de la Machine ; j’empoi- gnai la corde avec Vautre main , & au même moment les fragmens de feuille d’or !e mirent en mouvement à l'autre extrémité de la corde. On ne peut dilVinguer abfolument aucun in- tervalle de teins entre l’attouchement de la corde & l’in liant que les feuil- lesd Or commençaient leurs mouve- mens. 1 3 v* Le Feu éleélriquc le commuai - ICC à l’endroit où il celle , qu’à celui où iî commence. Ceci fe manifcfle par plufieurs Ex- périences. Appuyez , par exemple , un doigt contre l’extrémité d’une Barre de fer (ufpendue par des cordons de Soye ; auffi-tôt qu’un homme éleélrifé pré- fente fon doigt , ou quelque Métal éleélrifé , à l’autre extrémité de la barre & qu’il en fort une étincelle, ou aigrette de feu j vous fendrez une piquûre vive daus le doigt qui efl appuyé contre la Barre. Si vous prefTez la Barre de fer contre votre habit , vous femirez tres- vivemeut & fur le champ la piquûre dans l’endroit du corps où la Batte tou- che l’habit. 140. La fenfation efl plus forte dans la Tête que partout ailleurs ; j'en ai fait quelquefois l’Expérience avec un Mar- teau : j’appuyois fon côte large contre le front , & je préfentois l’autre bout à un tuyau éledrifé de Fer blanc, pour en faire fortir du feu. Dans l’inllant que le feu paroît entre les deux corps, on diroit qu’il palTe en ligne droite à tra- vers le marteau jufqu’au fond de la 1 é- te : le coup que la Té’te en relient elt fi violeur, qu’elle en ell ébranlée, & il y a lieu de craindre que cette Ex- périence ne devienne dangereufe pour le Cerveau , li oii la répétoit fouvent. Si L’on tient le marteau contre les dents ou les gencives , le coup ell b péné- trant, qu’on ne fouhaite pas de le tcu- tir deux fois. Les Effets deVEUttriàté fur l’Aimant. Je n’ai pu communiquer aucune Eleélricité à un morceau de fer <1UI ayoit lervi pendant quelque tems d at- A a ij 184 Observations sur l’Histoire Naturelle, mure a un Annan, & qui étoit pofé fur des cordons de Soye tout contre le verre électrifé de la machine. Il m’a été impodible d’en faire fortrr des étinceb les , comme il en fort ordinairement* de tout autre fer. 2°. Mais fi l’on préfênte un fér ma-? gnetique à un tuyau éleârifé de fer blanc , qui n’a jamais fenti I Annan , le fer jette alors des, étincelles comme à. l’ordinaire. 3°. L’Aiman nud ne reçoit lui- même- que fort peu d’Eleflricité , quand on* le préfente immédiatement au verre éleélrifé de la Machine. 4°. Mais fi l’on fufpend à un tuyau- de fer hlanc un Aiman , foitnud ou ar- mé, ou un fer dé fon armure, en-forte que ces Corps touchent immédiate- ment le tuyau , ils en acquièrent une Eleéhiëité fi forte, que les Etincelles qui en fortent allument fur le champ la Quinteflence Végétale. j®. Il relie encore plufieurs Expé- riences à faire à ce Ai jet. -On pourroit entr’autres eflayer fi l’EIeéhicité du verre de la Machine s’aflbibliroit, fr l’-on continuoit pendant plutieurs heu- res à cleélrifer un A iman pofé tout con*. tre le verre. Je l’ai fait deux fois , & j’ai- toujours remarqué quelque diminution d'ÉIec- tricité dans le verre. J’ai obfervé que* cet afToiblillement fe matvifeftoh d’une manière très-fenfible , non leulement- pendant qu’on éleclrifoit , mais même apres , & lorfque j’ai fubflitué à l’Aiman- mon tuyau de fer blanc pour l’éleélri- ler avec le mcn\e verre. Un ami , quoi- que connoilfant la bonté du yerre , érut néanmoins ne pouvoir attribuer cet ef- fet, qu’à quelque altération qui lui pourroit être arrivé pendant l’Expé- rience ; & à mefure qu’il s’entêtoit la defius, je m’oblligai de mon coté pour découvrir la vraye caufe de- cét'effefc' ffngulier. Je nie mis d’abord à éleflù-" fer le Globe , dont leu M' Haufen s’é- toit fërvr autrefois ; l’Elcélnchc f» montra d’abord dans fil plus grande force j'appliquai ènfiirte un autre ver- re à ma Machiné , & l'ayant frotté mr ; certain nombre Je fois, noirs obfervâ- mes une Elëiftricité plus forte que lai précédente; j’ôtai même lès cordons - de Soye fur lefquels l’Aiman élcdrifê avoit été- pofé , & je montai fur mon fupport d’autres cordons qui avoienc reliés dans la même fivlie pendant tout Ife tems dé ces Expériences. Auffi-tôt qu’on commençoit à tour- nerl'è verre , l’Eleélricité parut dans-* fit force ordinaire ,.dr lés Etincelles qui* fiirtoient du tuyau de fer blanc, allu- mèrent J’Efprit-dc-Vin, C'elt avec ct‘ nouveau verre que je recommençai le lendemain à éledrifcr l’Aiman. Je con- tinuai l’opération pendant plufieurs heures de fuite , A je m’npperçus à fri. fin d’une-drmlmuion dans l’Eleâricité, . comme je Pavois trouve la veille. . 6”. Je lailïai enfuite vepofer le verre ,\ & quelques heures aptes , quand il fut», tout-à-fait refroidi , je me mis à élec- trifer avec ce même verre , le tuyau de fer blanc & l’épée ; mais je trouvai l’ef-- fet extrêmement foible , & les étincel- les ne pouvoient'alluiner aucun Efprit. Je laiffai encore repofer le verre pen- - dant vingt-quatre heures, & ayant en- fuite recommencé à éleéUifer, je fus. furpris dé voir encore , que l’Eleflri- cité qu’il communiquoit à l’épée & au tuyau de fer blanc- n’étoit pas fuflfi— fante pour meure le feu à la Qtiintef- fence» Pour m’eivaffurer d’avantage , je changeai de verre & de cordons de- S oye , fur le fupport , & ayant opéré de la manière accoutumée, je retrouva» l’EleéU'icité dans toute fa lorce. Ayant. • r LA Physique et Wl1,d repo'cr pendant quelques jours ws verres , dont l’Aimant uaroilToit «voir afToibii l’bieâtjcitc , iis le font rc- is an point qu'ils ont communiqué ' c ogre ordinaire* d’EIeilricitc aux *°rP* qui leur croient afTez proclies. de l'E/eclricitè dans U vuide ... L’Elcâricité fe tranfmet par co'umnxicatfrtn à travers lé verre , & ‘îr.iet en mouvement tes Objets lé- Svr>uansle vuide.aufli bien qu’en plein- • otrc? un petit fupport avec dé; . ^n'ns de feuilles d'Or fur la platine a Machine pneumatique , couvrez . Im ^crpiéntde verre ; dont votu F ^ t0ut 'air a,ltJut qtt ’il eil pof frottez enfuite le tuyau dé verre entez-lè près,ou paf-detTusderé- i , a chaque fois que vous pafTe- ’ ^Psfierez te tuyau dans la main jj Clnres d Or J qui font fous le réci- L 6 ’ne.Uront eiv mouvemeut et: «ivant celui dntuyau. ipaV ,uVe Ver'C c!u rc'cipient~ert forj ttvncc P?Uf faire l’F.xpé- J. SH&U*favecun^gc chaud. Un n’c'tf. ^ Expérience avec Tubeétrob T"* gami d’ün après cme IV^ C {lennetiquemeni E ,Vérte“ par- tit ded a - \G ühcrre trûuvera éclaire 'enjlid î& .f0n Tube fera telle men coûte ! dC umb\re » qn’elte fcmblera. Ce’, COn>?ie.le courant d’un fluide , devient plusfenfible, lorf blobe^ a Un pe” ^etcure dans i ^elle f\l* dire 51 ion. du meuve m. de la m"*‘ère d E/e5lricué dans un Corps èle5lrique. ,J,« La fur face d’un Corps éfcariî Sun ta Peinture. iS? cfl environnée tout autour d’une ma- tière fubtile qui ell en mouvement : car au (Ti tôt que les frngmens de feuilles d’Or y approchent , ils font agités de tontes façons. Ce même effet fe montre fur un Homme électrifé, fuit qu’on pre- fênte les feuilles d’Or à fa tète ou à fes pieds j fi l’on voit fort ir de cet Hom- me des aigrettes de feu , foit qu’on pré- fente un doigt à fon vifagCj à fes mains on à fes jambes ; le dedans de la bou- che même renJ du feu , lorfqu’on y préfeme quelque chofe de non éhélri- lè. -Ces étincelles font partout ti vives ^ qu’on n’ofe pas efCtyer leur elfet fur des parties qui pourroient en être bieffées , comme principalement fur les yeux. Si l’on préfente à un tuyau de Fer blanc éleétrifé la main ou le vifage àunedif- tance plus grande qqe celle où le feu pareil, on fétu le mouvement d\i ne. matière fubtile & une chaleur douce. 2°. Les mouvemens de ces particu- les fe fait en lignes droites j car les grains de fable , les petites gantes d’eau couvertes de femence de'Lycopode , 8c d’autres corps légers , pofes fur des Métaux , fur du Verre , ou fur du. Bois éleôrifés , font jettes en lignes droites, tantôt en haut , tantôt de côté. j”. Pendant qu’on éieélrife un corps les particules cieâriques naiirént , on proviennent, füccelîivement les unes des autres; & c’eft aiuii qu’il s'en forme des lignes droites. Ceci ell évident par les rayons de lumière , qui fôrtcnt des pointes d’un Métal éleétrifé : car ils ne font inter- rompus par ancum mouv ement de I air. Cette Expérience fait encore voir que, chaque point de la furface d’iiu corps éieÀrife jette un grand nombre de ces rayons ou lignes ciectrrques ; qui s’éloignent d’entr’èlies à méfure qu’elles deviennent plus longues- $ en Observations sur l’Histoire Naturelle,’ roulent les Recherches de fyf. l’Abbé Nollet. i°.'Si l’Eleétricité fe conimtmi- 18 6 forte qu’elles font divergentes du point de leur origine. M. l’Abbé Nollet a donné depuis lors, ou dans le même teins , d’autres Expc- riencesjqu’il a’publiées dans fou EJpiifur VEU&rkité des corps, i m prime eni 7 46, & plufieurs Auteurs dans ces derniers teins ont donné chacun les bennes en particu- lier; mais tout le réduit à celles que nous venons devoir , & elles 11’ont fervi qu a les Contenir & à les confirmer, fi s ou» voulez.avecdes circonflances tres-am i- lantes&qui font plaifiràceux qui aiment le detail & les grands elfets. J’ofe due ce- pendant que dans le fondt ouïes ces Ex- périences en général & prifesenfemble, ne confident , comme on peut.le.voir , qu'aux recherches fuivantes,qui font les mêmes que nous avons déjà vû. 1 A manifeder l’Eleétricité dans les corps éleétriques , que l’on connoit prefente- ment. 1 A didjnguer les corps aufquels l’Eleélricité peutétretranfmile par com- munication. j°. A démontrer Icsmouve- mens qui nailTent de l’Electricité. 4 A faire éclater la Lumière qui fort des corps c Ie<5lriqnes. 5 A tirer des étincel- les des corps non éleélrifés &,éte étriqués. <5°. A prouver la force A la vîtclle de cette action élçétriquc. y0. A chercher les elTets des vertus prétendues tnané- t'rqnes & électriques mifes en aétiop l’une contre l’autre. 8°. A connoître fi l’Eleétricité pénéttoit le vuide. Quelle doit être la direâion poit- vement électrique. Il faut avouer que M. l’Abbé Nollet a ajouté à ceci , depuis peu , d'autres Re- cherches audi ellentielles que les pre- mières. éUufquelles on n’auroit peut- être pas penfé 3 je jes donnerai à la fuite de mon (yflçme N de celui de cet Au- teur. pour voir li elles font mieux expli- quées , dans l’un ou dans l’autre. V oyons cependant d'avance lurquoi que mieux en raifon des futfaces ou eu raifon des malles. i°. Si certaines figures des corps éleétrifés,ou certaines dimen- sions .peuvent contribuera rendre l’E- Ieétriciié plus efficace. 50. Si l’Eleftvifa- tion qui dure longtemsou qui elt fou- vent répétée, peut altérer les qualités ou diminuer la malfe des corps éleélrifés. 40. Quels font les eflets de la vertu (ou de l’action) éleétrique fur les Corps ot- gantfés. Al. Mambray à Edimbourg a ajouté d’autres recherches à l’Eleétricité , & pourroit avoir place ici avec, les Phy- siciens que nous donnons pour Inven- teurs daps la Phyfique ejcpéçirpenule $ voici de quoi il s’agit. On a cherché en Angleterre l’eflet que pourroit avoir I’Eleétricité fur les Végétaux , nous en formerons un arti- cled’Expérienccs particulières, M.Fran- itlin a aufli fait des recherches neuves , en Amérique , & qui fans doute met- tent le comble à ces fortes de recher- .ches. Je les ajoute encore à la méthode de M. Winckler ; celles-ci cpufiltént : 1 7. De connoître l’Analogie des ef- fets éleétriques avec. ceux du Tunncre. 2°. Si la matière électrique elt ana- logue avec celle du 1 ornière.. A connoître les propriétés des fur faces de la bouteille électrique. 4°. A aimanter une Aiguile par l’E- leélricité.' Je 11e connoîs pas d’autres recher- ches éleâriques différentes de.cclles-ci, éx qui vaille la peine d’être citées dans mes petites pbfet valions. Si elles ont échapé au foin que je me fuis donné pour les ralîembler toutes 3 je prie leurs Auteurs de m'en faire appercevoir , & je ferais un fupplémeiit à la prélente Difiei Wtion.Dc façon qu’à la Jm lePu- fec I r M P n? m m ù il * ht? P* i «E, M  ;,î Jt Op \P. P: ■» & [troc |f|e (fi'i tP )tf** Itl'.tioi J'-re dont il s’agit : Car tout f j® r^pcte, à Ravoir ; i o . d’où nous vient iJce d'I leflricitc.i ».Qiii font ceux,qui inventé la manière d’élcdrifer. 3 °. Quelles font les recherches eflTentielles IMBÜU sur la Physique et sur ea Peinture. 187 bic fera mis au fait. & on n’abufera bre paffage qu’elles ont Jroit cl’avoir plus de fa patience en multipliant , fans- fans obflacle dans tous les autres corps : Rloh ,lcs Traites qui concernent la ma- d’où l’on peut conclure quel’Impu!- fe réduit, \e flan univerfelle . que caufent ces parti- cules ignées poufl’e l’Aimant & le Fer l’un vers l’autre. de n’aurois befoin pour preuve de cette conjeélure que de la première , P'e 1 oit a faitdans cette partie de la Phi- féconde & uoifiéme Obfervation de '|1 ll' expérimentale. 4». Et enfin , qui l’Article ci-de!Tus , concernant les Ex- celui qui a expliqué la véritable ptrhnces cledtriques J'ur l'Aïmin , de eu, t> (]._• j Elcdricite.- ( M. Winlderjpuifque l’on peutobfervec nous avons fa tisfiit enpeude mots au qtte le Verre perd de fa qualité élec- Pteiruer St au fécond article; nous n’ou- trique , & qu’il ne poulie plus fi libre- •’crons rien, s’il efl pôflîble.dansletroi- ment à travers fes pores, les particules ,fme,&enfinnousferonsde notre mieux de feu. comme il faifoit auparavant. : P0!11 difctiter & établir le quatrième rien de plus naturel , étant oppofé a P^ntiCclni qui nous touche de plus près. l’Aiman pendant fongtems , les parti- ifl ceitfis de l’EUSfriM extraites u!;“ lonl par celle pierre mc- * w» Syflême donné au- “J 'ïfj,'"'. ” f°rce1i <-'e"£0'.ïc\ • * p 1 /• senchaller, & a s enclaver enfin dans u te en 17 »°* les interflices des particules du verre j yant Je donner les recherches de M, de telle manière qu’elles retiennent ‘ fe nés precedentes übfervations. On ver- » ans qu’il foit befoin d’en faire une é 'cation particulière, que toutes les M’^i”cWer,ci-de-r ‘ t détàillees , peuvent s’expliquer wV0,,|e UrCjq,,e ^Peut ap- peler decouverte , 1 i rien ne la dé- a travers tous les corps & à travers le Globe éleéhique, lorfqu’aucun obda- cle ne les arrête. Sur la nature du Feu. l.è feu félon moi (quoiqu'on dife M; de Boifïbbre dont i’atcnélefenttmcnt) «PI /*' T rs . • I « ■ r 1 1 r gUll t . . > "«i ne ia ac- ne . ( für la clue'clucs remarques cil compofé de Particules libres, dil- pellef;,,^CnCV es COt'PaqUC '*on aP‘ lmclei > de figure fphé ri que ; • elles fis raufe jl [Te c\,1on tr^ une fois f- daiîS ,es pores les plus petits de tous «tiagtietique { conmip Pr\ i dC inPu * vu,de qu’elles contiennent dans leur des particules de fl,, 7 ei?8or8eine[lt propre centre , & celui avec lequel el- îet & de T -\iman e^For^ du les confinent autour de leurs furfaces , j qui empeche le lu les rendent extrêmement aétives & ,4 (j 18S Observations sur l’Histoire Naturelle, propres même à tout mouvement, moyennant cette forme ronJe , elles ne peuvent toucher'les corps qui les avoi- fi tient que dans un très-petit nombre de point , c’ell ce qui facilite cette ac- tivité -, au lieu que fi elles étoient de toute autre figure fans aucun vuide el- les s’enclaverorent dans les petits ren- tiers raboteux de tous les diffierens corps ; tout deviendroit Aiman , tout s’approcheroit , & les corps fe fixe- roient les uns fur les autres comme le Fer fur la Pierre magnétique. L’embarras leroiidnen plus grand 'fi ces particules, (car M* de Boiflbbre lui-n-.ême ne peut dilconvenif , dans (a nature du feu , que cet Elément ell com- pofé de particules ) étoient unies 8c te- nues fans vuide intérieur 8< interjette, (ainfi qu’il veut nous le faire accroire) alors où prendrcit-on Yélajlicité 8c la fluidité? ‘Le bon .fens de tout teins 3 diflé aux Pbilofopbes les plus railonna- bles , que les fluides étoient compofcs des particules rondes & fpériques, De(- cartes lui-même , avec fon prétendit plein , n’a formé fes Elémens fubtils 8c fluide qu’avec la raclure Or lebriflement des angles des fmguliers Cubes qu il avoit imaginé pour former l’Univers. Jl concevoir parfaitement que des mor- ceaux cubiques ne peuvent pas rouler les uns fur les autres. Je l’ai dit moi- même cent fois , & bien d’autres font dit avant moi , que l’on ne peut définir le libre mouvemeiitqiienousdtllinguons dans les fluides, que par la lorme ronde des particules (Al. de BoilTobre n’a peut-être pas réfléchi fur 1a nature des fluides en général.) L’élaflicité feroit encore une autre chofe bien plus difficile à expliquer dans les particules de Feu , fi elles n’avoient du vuide (interjette entre elles ; elles f.eroient certainement colées les unes aux -autres -? Et lorîqu’elles fçrorent éfyl obligées de former un accident élafl'i- fj ■que -, c’eft à-dire de fe comprimer & de Æl le dilater enfuitc ; il faudtoit alors j / t î 0 . qu’elles falfem receler les bornes de /i\ l’Univers trouvant la place ptile en tout Q lieu. t*. il faudrait que leur êlafticité, K 'fans le vuide intérieur /vint alors d’ttù corps qui les arrêterait ou d’un corps t- , tranger & non pas d’elles-même Car jP , la Poudre à Canon , à l’élaflicité de la- J1''1 -quelle on attribue le terrible effet de fl" fon explofion , ne prendrait alors cette force (ubite, non des particules du Feu ,jtfc comprimées dans les grains qui la coin- .if1 pofent , mais d’un autre Elément qui fl' s’inlinueroit parla lumière, & auquel il faudrait donner toujours une. élafticité jf particulière & fans néceffité. Je demanderai dans fon tems à M.d.e ‘jj Boîlfobre qu’efl-ce que L’élafUçité 5 li ^ non une compreflion , une apprdxitna- fl tion de particules & de leurs furfaces, en r premier lieu ; 8c en fécond lieu , un ccartement de ces particules ou de ces fl furfaces? Si les Particules fe preiïent i’une& ■ l’autre , fi tout cft plein , la preffion fera infinie en ligne droite , & l’Univers s’é- tendra dans un endroit pendant qu’il ^ .diminuera de l’autre. Je fçâi bien ce que répondront a xçla les Seélateurs de Befcartes & d’A- li rillote., ils diront que la preffion fe tait en rond & non pas en ligne droite j ce qui n’eft plus admiflible depuis que nous connoillons les Expériences de l’Eleélricité , où tout le monde en gé- néral convient queJ’Imptilfion (ou tel autre force que l’on puille admettre) n’opère qu’en ligue droite, ormis qu’el- le 11c foit forcée par la courbure des pores d’un corps , de fe fléchir & de fe détourner de la direction naturelle. D’ailleurs qu’elle ridicule idée ( dans sur la Physique et le fens même que l’entendent les Car- *étie ns) que lorfque la prcffion fe fait réellement en lignes droites , qu'il (oit néceilaire qu'il y ait une réimpultiou latérale , qui tourne autour du point comprimant , enfin qu’il n’y ait jamais rien de vuidc dans la nature ; je fçai que cela ferait néce (Taire, ( fi ces Philo- fophes étoient fondés,) pour reprendre la place des corps qui ont cédés à la comprelfion primitive ; mais cos Mef- feurs eti donnant ce prétexte ne s’ap- •pcrçoivent-ils pas qu’alors le corps ou '«particules d'icelui , qui auroient pris place du corps comprimé , feroit un °MacIe invincible à l'on retour , 8c feroit l'office d’un corps que l’on ne pourrait challerque par une compref- Ton oppofee à la première ? On a beau dire que ce feroit le choc du corps opr ç°fe à celui qui comprime qui renver- toit le corps comprimé : fans le vuide T'» places feroient prrfes, je le répété, & un corps tranquille comme celui qui «reçoit le choc ou la prelfion du corps ponde & comprimé, ne pourroit repoul- 1er celui-ci & le comprimer de nou- veau que par une adivité que nous ne «connoillons point. Par exemple , uu «y°n de lumière poulTc fur une Sur- face morte & tranquille , relleroit fur Surface , & u’en feroit point rc- lailli ; li tout aulîi-tût qu’il ell poulie pat le Soleil , en s’éloignant de cet A(- tie un autre corps prenoit l’intervalle , que l’on ne dilpute pas , & que l'on h>ait que le corps comprimé laide , ajans l’endroit , ou dans une partie de a endroit , qu’il occupoit avant la com- preffion. Faites attention , &. fi vous connoidez le méehanifme des corps a<. fléchi dois fur ce que viens de dire ; •*dicu pour iors la nature du Feu de Al. de Boiffqbre. Je conciiis de ma démonfiration , & Année 17*3, Jom, I. Fart. 1 sur la Peinture. T 89 tout le monde conciliera avec moi , que les Particules de Feu , félon tout les Phénomènes qu’elles produifent , contiennent du vuide en elles-mêmes ; que leur vuide ell an (fi interjette entre leurs Surfaces ; qu’elles font fpheriques, extrêmement fines & polies ; & enfin quelles traverfeut par la même raifon les pores de tous les corps : c’ell ce que nous n’ignorons plus préfentemenr. C’cll auffi ce que M. l’Abbé N filet (e prépare peut-être d'expliquer dans les Lettres qu’il va faire paroitre. La nature de ly Air , félon mon Syjîeme. La nature du Feu & la nature de l’Air font bien dillérentes * je deman- dois un jour à un Phyficien, quelle étoit la nature de l’Air ? & combien il y a de forte d’Airî 11 11e put pas répondre un feul mot à ccs deux quellions ; les Per- fonnes qui nous entendoient furent (ort (caudal fiées. Depuis ce tems-là j’ai cher- ché à m’inflruire du ientiment de bien de fortes de Pliilofophes ; mais je n ai trouvé dans leurs Traités que des rai— fous ou obfcures , ou peu fatisfailantes. Les uns oat diftingué plufieurs fortes d’Air ; comme celui de l’Atmofphere , celui qui ell en delà , & enfin celui qui relie dans la Machine pneumatique , dans laquelle , difcnt-ils , on ne peut pas pomper avec le Pijlon entièrement l'Air qui ■y ell contenu. D’autres difent , que les Ffiemens lont confondus les uns dans les autres , & qu’ils ne fout en particu- lier qu’un compofé plus ou moins gxand de chaque efpéce. J’ai dé jà donné mon fentinaent fur la ntfture de i Air de la façon que je l’entends: mais comme l’Air entre pour quelque chofc dans le Phénomène de l’Eleéiricité , aiifii que * le Feu, dont nous venons de Parler, ijo Observations sur l'Histoire Naturelle;- nous entrerons dans un détail particu- dans la Machine, & par conféquenf lier fur cette matière ; d’autant mieux que pîufietyrs Phyficiens Eleétrifeurs ont pris l’Air pour le premier Agent de l’Eleétricité. L’Air, félon moi/n’eft que d’une feule forte , car celui de la Machine pneuma- tique , celui de l’Atmofphére i& cclur qui ed en delà , font toujours la même chofe Sc ne diflérent entre eux que par les mixtions , ou le mélange des corps étrangers. Tout ainli qu’il n’y a qu’une feule forte de Feu , & que le Feu fait la lumière & la chaleur , ainfi que les Etincelles éle&riques , de même il n’y a qu’une forte d’Air, qui fait l’Air fttb- til.& l’Air greffier. Celui que nous appelions grufller , ou pour mieux dire , celui de l’Atmof- phcre , n’ell tel que parce qu’ii ell im- prigné de Particules , falines , humides , terreflres, Sic. & l’Air fubtil ell celui qui efl en defiiis où ces matières hétérogè- nes ne furnagent en aucune façon. C’efl une erreur mantfefle de croire (comme difent quelques Maîtres de Phylique expérimentale J que l’on pompe l'Air avec la Machine pneumatique ; carl’un nefoullrait de la capacité du Récipient, dans cette opération, que les parties humides , falines , terrellres , &c. & l’Air refie dans fa pureté & dans fon entier , ainfi qu’il ell au-deffus de no- tre Atmofphére ; cela n’ell pas difficile à prouver. N’efl-il pas vrai , que s’il ne relloit plus d’Air dans la Machine pneumati- que Si qu’elle fut vuide , comme on le prétend, que l’on ne pourvoit pas voir ni en dedans pi entravers; tu. parce que les rayons de lumière que l’Aii con- tient & dirige , ne (croient plus portes dans les interflices de cet Elément , comme on fçait qu’ils le (ont toujours. 2°. Parce que n’y ayaqt plus d’Air plus d’eau ni de corps falins ,terref- tres. Sic. il n’y auroit plus qUe desPar. ticules ignées qui s’énfiâmeroiént. La flâme n’étant que l’approximation de ces Particules ; & le vuide prétendu- feroit rempli de Feu, puifque fon fqa\t que le Feu ell partout, & qu’il pafle à travers les pores du Verre avec facilité comme à travers tous les autres corps. Je n’ai pù m’empêcher de rire tomes les fois que j’ai affilié à des Expérien- ces publiques , Si que j’ai entendu par- ler du vuide de la Machine pneumati- que , & de celui/, dit-on , qui fe trouve dans les Tubes rempli de Mercure, lorfqu’ils font renverfés dans une jate de criAaL pleine de ce métal : Il faut Iça- voir , que l’Air pur 8c le Feu font deux Eli mens toujours unis , ainfi que nous allons expliquer, & qui palfent l’un & l’autre à travers les corps tranfparent ,, comme l’Eau pafle à travers un crible; Si fi quelquefois l’Air n’y pafle pas avec facilité, à travers ces corps, & que le Feu feulement pénétre leurs pores ; cela ne vient pour lors que de l’oppolition que l’Air rencontre dans las pores même du corps tranfparent occalionnée par l’Air Si les autres particules hétérogè- nes , enfermées dans la capacité ou dans l’efpace du corps tranfparent. D'où il fuit, que l’Air pur ne pâlie pas libre- ment dans une boule clechique , parce qu’elle ell pleine d’Air & de l’articu- les groflieres, que l’on n’a pas expul- ses avant de la mettre eu rotation : mais il n’en ell pas de même de la Ma- chine pneumatique , l’Air y pafle libre- ment , en voici la raifon ; en pompant l’Air greffier , c’eA à-dire , celui qui ell mêlé d’autres particules , on débarraiïe les pores du Verre & l’Air pur s’y in- finité avec les Particules de Feu qui le fuivent. sur la Physique et La fluidité extrême de l’Air nous /«Il connue , ainli nous n’aurons pas de peine à concevoir que les particules qui le compofent , doivent ctre fphé- riques ; mais plus grolTe cependant que celle du Feu ; car 11 elles ctoient plus petites, ce ferait l’Air qui pa'Te- roit à travers le Feu & non pas le Feu à travers l’Air. De forte que les molé- cules de l'Air , par leur figure ronde & fabrique, peuvent fe toucher , comme tout celles du feu , & laiffer encore un ül>re pillage entt’elle à celles-ci -, li el- les ctoient de ligure cubique & quar- rée , ces particules , foit du Feu ou de l’Air.elles ne tailleraient entr’elles aucun iutervalle , & le Feu ne fçauroit péné- trer celles de l’Air , ni rouler librement les uns à côté des autres : les angles des Cultes nuiraient au mouvement , facile & continuel., que ces deux Elcmensont entr’eux. Voilà donc la nature de l'Air, 1J Définition duquel notlsenfeigne qu’il ne peut y en avoir que d’une lorte d’ef- pece. De la nature du Verre, II n’y a qu’une forte de Feu , qu’une -orte d’Air ; mais il a plufieurs Verres , c elt- à-dire , de corps diaphanes ou tranfparent ; mais tous en général ne l°nt diaphanes , que parce qu’ils laidcnt P ;der plus librement les Rayons de la lumière, c’efl-à-dire le Feu, & il eftin- contellable que l'Air y pafle auffi , ainli que nous avons expliqué. La configuration des Particules des diBërens corps & leur fimilitude for- ment l’arrangement des pores ; de forte que fi'un corps dl diaphane, c’efi à cail- le de fes Particules uniformes & de l’ar- Çangement de lès pores réguliers, pour 'ailler aux Hayons ia liberté de palfer a Graver dans un ordre naturel & en li- sur la Peinture. *9* gne droite. Les Verres dos Microfeo- pes & des Telefcopes , qui font fottf- frir aux Rayons de lumière tant de for- tes deréfiaétions diflérentes.nous prou- vent cette vérité. Ainfi nous n aurons pas de peine à croire que les rayons de feu qui palîent à travers de la boule de Verre éleârique ne font point in- terrompus & fortent de la meme façon & ainfi qu’ils font impulfés., ne foul- frant cependant aucune refraélion ; parce que les furfaces convexes & con- caves du Verre dans les Boules élec- triques, font paralellesou prcfque para- lelles. D’où nous concluons que les rayons cledriques doivent fortir diver- gens, & comme les rayons d’un cercle., (c’elt ce que nous expliquerons dans le montent ) fans cire interrompus par aucun obflacle. Il faut croire auffi que' les corps tranfparens & lolides dillerent des corps tranfparens & fluides , dans la forme de leurs particules , & fi dans les Particules fluides on ne peut ad- mettre que la figure ipherique , ici on doit néceffairement admettre la forme d’un parallélépipède à plufieurs fortes de faces ; qui doivent former, félon leurs régularités, & I’efpace plus ou moins grande de leurs pores ., la plus ou moins parfaite tranîparence. Le qui n’ell pas difficile à comprendre. De la nature du Fer & de celle de l'Eau. Le Fer efl le corps le plus propre à tranfmettre l'Electricité , ainfi que l’Eau ; mais il l’emporte fur l’Eau par les raifons que nous allons déduire. Le Fer , comme nous avons dit dans notre Philofophie en parlant de l’Aiman , efl reconnu pour un Mé an dont les pores font extrêmement dioits, Bbij î- de, pour donner paflageaux Paitieules ignées , dans le fens ou ces I articules pénétrent plus facilement le Métal : c’efi au (Fi pourquoi quand on fait l’Ai- rnan artificiel avec une barre d’Acier on a foin de le forger toujours du même fens , pour enfermer les Particules ignées qui le changent en Aiman -, eu ee qui revient au même , pour lui donner la qualité magnétique ; qui îPeft autre chofe que l’engorgement de Particules de Feu. Le Fer elt cepen- dant plus propre 1 tranfmettre le Feu électrique, & moins propre à faire un Aimant artificiel que l’Acier ; parce que fes pores font plus ouverts, 5c que Tes Particules ignées s’éehapent plus ai- fément fous les coups de Marteau. On aimante aufli plus facilement une Ai- guille trempée qu’une autre qui ire Le fl point. Je foupçonne que les Par- ticules du Fer & de l’Acier ont une forme longue & pailleufe , c’cll la rai- Fon pourquoi dans la Fonte & dans la Filière , elles s’arrangent longitudina- lement pour former une Barre ou un Fil , car les Eieélriléurs ont expéri- menté que le Feu palîe plus facilement dans la longueur de la Barre qu’en tra- vers. A 1’égnr.cfde l’Eau ou de toute autre liqueur plus groflîére que l’Air, les Par- ticules qui compofent ces corps liqui- des, font fans doute mais moins fphé- •« celles de l’Air que celles- de celui • „ vis-à-vis celles du fetr ; puifque les nnes font pénétrées des autres & les plus grandes des plus petites. La rat- ion pourquoi je dis que je les crois moins fphériques que l’Air, c’efi àcau- fe de la facilité qu’elles ont à fe figer ou à fe glacer , c’efl-à-dire , à former un corps iolide, ce qui ne pourroit ar- river fi elles étoient abfohiment ror> des 5: fphériques. La Glace eft folide 5c tranfparente & devient tout au fii-tôt fi fluide en confervant fa tranfparence : ce qui prouve fans doute qu’elle parti- cipe de la nature de l’Air & de celle du Verre : de forte que fi c’efi la forme des Particules des corps qui fait leurs qualités différentes , comme il n'en finit pas douter, il eft certain que!» figure ronde des Particules de l’Eau doit être un peu appiatie , ou de la forme d’un oeuf. Oit fqait queia Glace ne fe fait que parla retraite des Particules ignées ,. &_la Poix n’avoir que fa fuperficie ébranlée. Cela efi fi vrai , qu’un gâteau de Refîne qui feroit mince comme un carton laifTeroit plus palfer d’Eledri- cité qu’un gâteau de quatre pouces, où les particules de Feu s’entrelaflent tout à fait & ne pallent plus fi librement. C’efi la raifon pourquoi auffi quand on frotte la Cire d'ECpagne ou l Am- bre, à travers lefquels l’EleflricHé ne pafîe pas plus facilement qu’à travers la Poix , ils enlèvent la paille ou tout autres Corps légers , ainli que l’Aiman fait du Fer , par les mêmes -raiforts ci- deflus expliquées. Je ne doute nulle- ment qu’une grande pierre d’A iman ou un gros morceau d’Ambre ne fit le même effet que la Soye crue, la Réfine & la Poix , À- je crois même que l’ Ai- mait où les particules de Feu font les plus engagées, puifqu'il enlève le Fer, feroit plus propre à retenir l’Elcdrjcité que tout autre corps réfineux, lefquels veulent être frottés & échauffés dans leur Atmofphere pour recevoir la paille ; ce que l’Aiman feroit aufii s’il pouvoit former un Atmofphere en ré- chauffant : mais dans celui-ci, de , corps, il ne peut y avoir aucune Atmofphere , les particules de Fou étant entièrement fixées ; il n’y a point de mouvement al- ternatif; & fi la paille avoit les pores ferrés & analogues, comme ceux du Fer, ù l’Aiman, elle s'approcherait de f Ai- mait ainfi que le Fer. La Soye crue eli la même qui a été filée par le Ver à Soye , ce n’eft qu’une Gomme , une efpéce de Réline figée & allez tenue pour former un fil délié & extrêmement long , ces fils accu- mulés enfemble , font un corps fem- blable à l’Ambre & à la Réfute , les par- ticules de Feu s’y arrêtent : mais au contraire , lorfque par des apprêts on écarte les pores de la Soye , elle u’eft plus un obfiacie à l’Elearicité & îailFe pafler les particules de Feu ; orinis que par des Sels alcalis, ainfi que les couleurs Bleues font compofées, on n’embarrafie de nouveau fes pores: car nous avons dit, dans notre preipjer Volume de Phylique de 171° j que les corps noirs & bleus étoient poreux & que la Lumière s’enfonçoit aux uns tout- à-fait , tandis qu’elle ctoit en partie ré- .flechie & en partie abforbée dans les autres. C’efi auffi pourquoi le marbre noir A bleu conferve plus la chaleur que Je blanc & le rouge. Il falloit expliquer la nature de tous .les corps qui concourent à éleélrifec avant d’expliquer les Phénomènes de I’Eledrické ; car comment lire dans un Livre fi on neconnoît pas les L.et- très & leur valeur , & comment con- noître les Caufes , 11 on ne fçait pas la firudure & le mcchanifme des corps; du concours defquels feulement, on peut feulement déduire les raiforts des Phénomènes que l’on veut expliquer. Un Phyficien qui fait d’abord trois ou quatre cens fortes d’Expcrienccs fur l’EIediicitc, par exemple , & qui dit enfuite en deux mots , que la caufe de ces Expériences , vient de VApulfiori 3c de la repuljion , parce qu’il voit qu’une plume ou une feuille d’Or s’approche & s’écarte enfuite du Globe éledrilé, croit-il avoir tout dit & que le Public content & fatisfait de ton explication , batte des mains & dife nous fomrnes allez infiruit? Apres avoir expliqué, félon ma façon 3c du mieux qu’il m’a été poifible, la nature de tous les corps qui concou- rent à former l’Eledricité , & après les Expériences que j’ai expofees de M. Winkler, je vais expliquer le Phéno- mène de l’Eledricite félon le Syfiême en 17)0 comme j’ai déjà fuis trompé on aura la té de m’en faire appercevoir , je npècherai pas les Journal» fies de ne leur demande SUR LA PHVSIQUE ET SUR LA PEINTURE.- Ipf de l’Tmpulfion ; Syllême que j’ai donné donner; & enfin parcellede nosbrasdans - ••• 1 l’t.leftricité. Nous aidons fouvent aux effets de ces particules ignées en les alTortillant & en facilitant leur explo- fion , comme dans les Phénomènes de la Poudre à Canon , dans les Feux que nous allumons nous-mêmes ou dans les Phofphores que nous compofons ; mais alors c’efl iimplement des acci- dens que nous procurons au dévelop- pement des particules ignées , & leur prelTion univerfelle fait elle feule les ellets furpvenans que nous admirons dans la lueur des Phofphores dans l’em- bralement d’un Feu’, elles forment l’éclat d’une Chandelle, ainli que le bruit & la flâme lubitedu coup de Canon ou de tout autre Arme à feu; au contraire dans l’Eleélricité le mouvement continuel de nos bras pour faire tourner la boule leur conferve la force éledrique & ac- att Public dit. Si je me bonté n’empêcherai pas m’attaquer, & je pour toute défenfe , que de renvoyer lé Lcdeur à mes Obfervations. la Cause de l'Electricité* par AI. Gautier. La Boule de Verre mife en moUve- tiient fur deux pivots avec une grande •bue , eft le corps le plus propre a for- mer l’ületfricilé , c’eff alors un petit Soleil , qui tournant fur fon Axe , qui impulfe les parties de Feu répandues dans l’Air , qui font autour de fon At- tnofphére. Ces particules de Feu , ( alttfi que je viens de les définir ) remplilfent les cidentelle que nous leut donnons , qut uuetdices des Molécules de l’Air , el- celle fi-tôt que nous celfons de tourner 1-s lont rondes ayant dit vuide dans la Boule, leur centre par conléquent capa- ble de comprellion & d’élailicité , leur extrême petitelTe leur donne la liberté de palier à travers les pores de tous les Ces Particules de Feu tendant tontes fur la Terre , par la prcflion du Soleil, ont de-là une réaâion qui les renvoit , — ri.u « uuvers ies pores ue ious i« comme ceux que reçoit la Lune : c’eli Corps : mais ces pores étant de diverfes le propre de tous les rayons d être rc- gtandeurs &uni ou raboteux,elles pal- fléchis , ( j’ai explique dans mort Syf- if»nr rallie * _ r* • i- o ' n 1*11^114 fmiî nréHlcS 1 11 f lent plus ou moins facilement, & s’ar- rêtent même en certaines occafionsdans ces petites intervalles, c’ell ce quicaufe «outes les merveilles que nous voyons & dont nous ignorions le» caufes , parce que l’Ecole d’Arülote avoit em- poifonné l’elprit desGartefienÿdu plein abfolu , & celui des Newtoniens de la chimérique attraction des corps. Ces particules n’ont de mouvement que celui qui leur ell imprime par le Soleil dans notre Monde, ou par la force de notre Ame dans notre corps; & dans celui des Animaux , par l’Ame animale qu il a plû au Créateur de leur téme comme ces rayons font prelks fur la Terre même en l’abfence du Soleil dans toutes les heures de la nuit) leur réflexion ell d’un grand fecours dans plulieurs lortes de Phénomènes : ceux de l’Eleélricité , ceux de l’Aiman ne ti- rent en partie leur prétendue vertu , que de cette réaélion univerfelle. St on réfléclrilloit fur l’inertie pro- pre à tous les corps , on n’auroit pas de difficulté à comprendre , que dans des corps paffifs & indifférent au repos & au mouvement , la moindre force imprimée ell capable de les determt- ainfi que l’on voit élever des mor- ne r ^ Observations sur l’Wistois.e Naturelle; ceaux de Fer conlîdérables.par des Pier- res d Aiman ; & recevoir des commo- tions terribles dans les bras d’une infi- nité de perfonne, par l’Expérience fa- ineiïfe de Leide , ou un lil de fer 'fi im- pie porte une très-petite quantité de Particules cleftrifées. Cela établi, voici comment agiffent les parties de Feu que la Boule électrique met en mouvement ; il n’y a qu’à fuivre maintenant l’Opération & nous ferons d’abord au fait. Une Boule qui tourne- roit feule fans être échauffée par la main ou par le frottement d’un couffinet ou de tout autre choie , ne donneroit au- cune Electricité, mais en la compri- mant elle s'échauffe; alors la chaleur, qtû n’efl que Faction du'Feu,qu’occafionnc le frottement, meut & agite les particu- les ignées qui touchent la fnrface de la Boule 8c elle s’éleétrife. Ces Particules lui ouvrent les pores, de façon qu'étant impnlfées de-haut en bas 8c réimpulfées de bas en haut, par l’Agent de la Nature & en tout lieu fur la terre, elles fe précipi- tent dans la Boule à travers lespores cKi verre échauffé .s’entrechoquent fur fon Axe& rejaillifTent forcément en forme de rayon, à travers les Su faces & plus la Boule eff échaullée & plus le verre e 11 a- gité -, plus les particules fortent avec vî- lefJe év avec une forte de viciffitude; plus entin l’aélionuniverfelle de tous ces Phé- nomènes électriques eft alors vigoureu- fe. Phénomènes pour lelquels on a fait tant de dépenfes clc Livres 8c d’Inftru- mens, pour en trouver l'explication. Tout eff dit préfentement , mais avant de démontrer comme fe faifoit cette impulfion , qu’il eff fi aifé prefen- tement de comprendre, j’ai expliqué la nature de tous les corps qui con- courent à l'Eleélricité ; n’ai-je pas bien fait .? Préfentement fans m’expliquer -d'avantage, on comprendra bien que parla forme de tous ces corps & fr.r,- rangement de leurs pores , lei uns foi# -éleétrrqucs & ies autres ne le font poinu que les aigrettes de Feu , qui fe font à l’extrémité des corps électrifés,ne pro- viennent que de la fortre de ces parti- •cides impnlfées avec force ; qui s’allu- ment d abord par la quantité de celles qu’elles rencontrent dans l’Air , 8c qui s’eteigneut à une certaine dillance par leur diffipation dans les pores vagues de cet élément, ainfi que fait la Rame de la chandelle qui finit à une certaine hau- -teur dans l’Atmofphére, 8c qui diminue •félon la preffion plus ou moins grande de l’Air 8c félon le lieu où elle eff pofee. Si je n’explique pas la nature des Nerfs, c'eft que je l’ai déjà fait dans mes ■Gbfervations précédentes de 1752,8c que je me répété le moins que je puis. Les bons Amateurs du Vrai com- prendront bien que je ne donne aucune Caufe fans en expliquer les refforts 8c •l’Origine ; fi j’avois connu une affluence dans les corps , je le dirois 8c j’en fe- rois la même explication ; mais puif- que c’eff M. l’Abbé Nollet qui a parlé de celle-ci , -c’efl à lui d’avoir la bonté de l’expliquer. A l’égard de \' Effluence , elle pourroit prendre quelques lueurs dant [’lmpullîon que nous propofons ; mais ce n’cil certainement pas la mê- me chofe . puifqu’elle eff inféparable de la première; 8c que félon M. l’Abbé Nollet elle eff prife dans une matière particulière 8c diffinéte du Feu élémen- taire dont nous avons fait la découver- te des propriétés , que nous avons pu- bliées plufieurs fois dans nos écrits, lans que perfonne lé foit encore mis en pei- ne d’en dire un feul mot. Comme mon ufage eff de parler tou- jours Pièces en main , je vais donner ce que nous a dit M. l’Abbé Nollet dans fes recherches fur l’Lleétrici.té .en .J74^ sur la Physique et sur la Peinture; ÏP7 je noterai rien de ce fyilême fur l’autre ? Cela rient de plufleurs cauj'et qui influent en mime teins ; mais quoiqu'on, les connoifl'e pour la plupart , il eft très- dif- ficile de démêler combien chacune y met du fien j Or ce qui doit en rêfulter. L’effort de chaque courant cfedri- que , dépend fans doute de la denfité ou du nombre des rayons qui agiffent fur le même corps & de la viteffe ac- tuelle qu’ils ont ; mais il n’elt guéres poffible de melurer cette vîtelte , ni de connoître au jufte la quantité des rayons qui agiffent efficacement ; car comme la matière éledrique pénétre les corps les plus durs, on ne doit pas douter qu’il n’y ait un grand nombre de rayons de chaque courant, qui en- filent les pores du corps léger, & dont l’adion foit comme nulle , à moins que ces pores forts étroits ou tortueux n’op- pofent une certaine réfiffance à leur pat- fage. _rr On doit encore faire attention que e a l autre, ces deux puiffanc.es font cette pénétration qui diminue l’effort de la matière éledrique fur le corps léger j fe fait d’autant mieux qu’il y a plus de viteffe dans les rayons -, 8c comme nous avons lieu de croire que le courant de la matière ejfluente efl plus ra- pide que celui de la matière affluente J on doit s’attendre , toutes chofes égales d’ailleurs , que fi l’un & l’autre agiffent en même tems fur un corps d’un cer- tain volume, le premier perdra, par proportion plus de fa force que l’autre. Enfin puifqu’une plus grande viteffe dans le courant de matière éledrique , peut occafionner deux effets contrai- res , augmenter fou effort , par rapport aux rayons qui rencontrent les parties folides du corps léger , ou l’afloîblir en faifant palier librement un plus grand nombre de ces rayons à travers les po- res, on doit être moins furpris de trou* ver des variétés affez confidérables 1749 JH & je citerai tout ce qui pourra nous mettre au fait de l’explication des cau- fes admifes par ce Phyficien. Ce qu’il Y aura de plus favorable dans le Syflê— 111e de M. l’Abbé Nollet , c’ell que je n’y retrancherai point fa propre tldenfe, telle qu’elle ell dans fon Livre. J’en fcparerai feulement les Expérien- ces pour les expliquer enfuhe félon la caufe que je viens de citer ci-deffus , en démontrant que i’AIlltience 8c l’Ef- fluence n’y ont aucune part. 1-aCausede l’E lectricité far M. l’Abbé Nollet. Lorfqn’une plume , une petite pail- le > une feuille de Métail &c. fe trouve pongéedansla fphere d’adivité d’un corps éledrique, je la confiderceom- nte étant follicilée à fe mouvoir par eux pui (Tances diredement oppofées ‘Hie a I autre , ces deux puiffanc.es font û une part la matière éledrique effluente , «de l’autre fj matière affluente ; il faut quelle obeiffe au plus fort de ces deux ourans, ou qu elle demeure comme iin- job'le entre l’une & l’autre . fi les deux «rces oppofees (ont en équilibre ; ce Xcfot'i,rarc-iUrrlïer~ le ^eS ^eux c°orans qui demeure f 115 ,ort » 11 entraîne donc jamais le orps lcger , fci0n toute l’intentité de lorce abfolue , mais fuivant l'excès l°n effort fur celui de fon Antago- 11 e;Ia plume qui vient au Tube élec* ,ri e y eft P°«ée par la matière affluen- >cn tant qu’elle efl plus forte que la eftlt!Cre0ef' U-ei,1,e ’ clui s’oppofe à cet ' . 1UI *e retarde toujours plus u utotns. r Mais d’où dépend la Force de ces '“Xcourans , & la fupériorité de l’un Ann& J 75 3 j Tome I. Partie III t Ce Observations sur l'Histoire Naturelle, m dans les réfultats de certaines expé- riences, fuivant que I’EIeélricité a plus ou moins de force , ou que l’on pré- fente le même corps plus ou moins près du corps cleétrilé. Au lieu d'emprunter de l'Air la caufe du retour de la matière éleltrique ; caufe qui ne pourroit pas fatisfaire dans tous les cas j je me jervois d'une matière que je fçavoisvenir des corps environnons , donc j indiquais des preuves en peu de mots ( M. l’Abbé Nollet parle ici de (on Elfai fur i’Eleéhicité qu’il fit paraître en 1746.) M. Boze frappé , ou des raifons que je lui donnois de cette matière affluente ou de celles qu’il trouva lui- même ; car par combien d’endroit ne fe manifefle- l’elle pas à un homme qui fait lui- même ces fortes d’Expériences , & qui n’a point intérêt de la méconnoître ? ne balança point de l’admettre il fit même imprimer ma Lettre par forme d’Appendice à fon Ouvrage , & quand SI en a parlé depuis , ce n’a é té que pour marquer fes regrets, de ce que cette caufe fi féconde des Phénomè- nes éleélriques avoit échapé à fes re- cherches. Je conviens de bonne grâce que la matière aflluente , telle que je l’en- tends , doit être rejettee comme inu- tile , au moins quand il s’agit d’expli- quer les attrapions éleélriques , s'il efl vrai qu’elle ne foit fondée que fur une Iiypothéfe , & que la feule matière ef- fluente repoufj'ée par l'Air extérieur ou am- biant , fuffile pour rendre raifon de tons les Phénomènes dans l’explication def- quels j’employe le jeu'de deux matiè- res ; mais ce n’eft qu’à ces deux con- ditions que je me rendrai j car quand bien même on pourroit attribuer à d’au- tres caufes, les effets qui me paroiffent appartenir à la matière affluente dont je fais ufage ; fi cette matière n’eft pas , comme on me le reproche , une pure hypo- thèfe j mais un fait bien établi & bien prouvé 5 dut- elle paraître à M. Bramma - care encore plus inutile , je ne la rejetterai pas. Examinons maintenant ces deux points. Quand je vois fortir de mes doigts d’un morceau de Métal , d’un Eaton préfemé à peu de dillance d’un corps qu’on éleélrife , des jets continuels d’une matière enflâmée , tout- à -fait feinblable pour la couleur, pour l’o- deur, &c. à ceux qui s’élançent d’une barre de Fer éleétrifée ; quand je vois la même chofe arriver à tous les corps qui s’approchent de même , Sc tous eufemble d’un Globe de verre que l’on frotte ; ell-ce donc faire une hypothè- fe que de dire , d’après ce que j’ai véï & fenti , qu’j/ vient des corps tnvironnans, au corps éleélriques une matière , 6* que cette matière rejjemble à la matière èlec *. trique ? Si je me fais éleârifer fortement, & qu’une perfonne non éleêtriquc me préfente fon doigt , une épée, & c. à quelques pouces de diflance , ou j’en vois venir une aigrette lumineufe , ou je feus un veut très marqué qui fort de ces corps 5 ferai-je encore une fuppo- fition gratuite , fi je dis qu’il fort une ma- tière qui efl affluente à mon égard ? Qu’eft-ce qui fouléve la iurface d une Liqueur que l’on prcfente à quelques corps éleélriques ? Qu’efi-ce qui h fou- lévc cent fois de fuite , fi l’on fe donne la peine de l’éprouver? N’elf-cc pas une matière qui fait effort pour en for- tir ? Enfin , fi l’on attribue d’un com- mun accord les évaporations ou les ccoulemens accélérés des liquides qu’on éleélrife , à la matière effluente, qui en entraîne les parties; quel moyen de 11e point attribuer à la matière afr *ur la Physique et sur la Peinture; 'I fluentc ces mêmes accélérations , quand on les obferve comme je l’ai fait , & comme tout le Monde le peut faire , dans des corps non éleétiifés’, mais feulement placés à une certaine proximité de ceux qu’on fçait qui le font. Pour terminer toute difpute à cet égard, il n’y a qu’à s’étendre fur ce qu'on appelle EleClricité \ pour moi , comme je l’ai dit , je fais confifler cette vertu Unes mais quand je dis que cette matière cjl ait fond la même que celle du Feu 6r de la Lu-, mie're , je ne prétend avancer qu’une conjec- ture , ( très-probable à la vérité & pres- que universellement reçue ) mais une conjecture qui ne tient aucunement au fond de mon fyjlème ; il me fuffit d’avoir prou-, vé que le iluidc dont il efl quellion ; elt capable de pénétrer les matières les plus compares , & de s’enllàmer par le choc de fes propres rayons : on lut dans les mouvement oppofés ù’fimul- peut donner tel nom qu’on voudra , des deux matières effluente & affluen - cela n’interefle point mes explications. »t,& je ne regarde l'état du corps L’affluence & l’effluence de la ma- froué ou éleélrilé , d’où procèdent les ticre électrique (dit M. l'Abbé Nollet émanations électriques , que comme à M. Morin ) font deux faits qui fui- une condition , ou li l’on veut , com- veut néceflairement l’un de l’autre , 8c nie la caufe prochaine qui donne lieu qu’on ne peut nier qu’en prouvant ou 3 ccs deux mouvemens; & en confi- la faulleté , ou l invalidité des Expé- dérant l’EIeélricité fous ce point de riences , fur Iefquelles je les ai appuyés . Vue , il n’y a pas de contradiction , que comment donc M- Morin peut-il les ^ne des deux matières électriques vienne des difflmulcr comme il fait, ces Expé— torps non éleClriJes , s’il fuffit pour cela qu’il riences , ou leur préférer des raifon- y ait dans le vosf nage quelque corps frotté nemens, à priori, qui n’ont nulle force ? quis'épuife par fes effluences, comme je l’ai Je dis qu’ils n ont nulle force ; car,’ expliqué dans mon Efflay , pag. 148. 1 °. quel avantage prétend it tirer du mou - ^ ventent de rotation ? Quand ce mouve- ment ferait pour l'EleClricicé , tout ce qu on ** » ? t11' vous attribués les effets de prétend qu'il fait , quand tout ce qu on pic- tend qu’il fait , fufflroit pour rendre raifort des Phénomènes électriques , ( deux arti- cles fur lefquels j’ai gardé. le filence julqu’à préfent , parce que je me fuis renferme dans les bornes d’une [impie ... r— .. défenfe . mais dont je ferai voir l’abus ) qu’il falloit bien quand on voudra) je demande a M. que cet Elément fût uni à certaines parties Morin, s’il elt permis de s’arrêtera une caufe particulière , quand il s agit d’une explication générale j fi l Elec- tricité d’un Globe de verre dépend de fa ro- tation , d’où vient celle d’un Tube , d un &fuiv. » Mds ce Feu élémentaire , dit» on , à qui vi |§ ÈÊm “ 1 E leélricité ; cette matière célefle »» n a pas plus d’odeur que l’Air. ■duffi n ai-je pas dit que le Feu élémen- taire J'eul , ùr dépouillé de toute autre fubf- tance , fit la matière de l’EleClricité ; j'ai n au contraire , ( & comment peut-on le diffimuler ainfi ? N> qu’il falloit bien J -- - - >*VJ y torps élcClrifant , du corps eleClrifé , ou du milieu par lequel il a pafjê , j’ai ap- puyé cette conjecture fpécialement fur l'odeur que l on remarque à la matière éleClrique. ...... - Au rejte , jefçai mieux ce que la matière morceau d' Ambre . d’un bâton de Girt éleClrique nejl pas jque ce qu’elle ejl, je crois d’Efpagne? 2°. Si le frottement ne tai- rtre en état de prouver que ce n’eft foit autre chofe qu’agiter la maticre point l’Air gtoffler que nous retirons 3 celelle inclufe , comme dit M. Morin , Ce ij *5.66 Observât ions sur l’Histoire Naturelle ; en effet ]e ne vois pas ce qui déter- mineroit la matière éleétrique des en- virons j à fe porter vers le corps frot- té : mais pourquoi faire gratuitement cette fuppofition , quand tous nos fens de concert nous difent , que la matière éleélrique fort réellement & continuel- lement du corps éleétrifé ? Et pourquoi le Philofophe à qui je réponds , voudroit-il me rejlraindre au feul mouvement intejlinal de la matière éleétrique, tandis qu’il en tire au dehors autant qu'il veut , pour fournir à toutes fes mojfetes . . , Au relie l’eftlucnce de la matière éleélrique ne feroit peut-être pas l’Ar- ticle qui auroit le plus de peine à paf- fer (dit M. l’Abbé Nollet à M. Morin) mais c’ell la matière affluente qui fcan- d3Üfe le plus M. Morin i & pourquoi ? c’ell que je tire delà la caufe des attrac- tions apparentes : & pour faire voir qu’il n’en ell rien , on fe hâte de prévenir le Leéleur , en difant -, » Si l’on voit les » plumes , les fils , les feuilles d’Or & » d’Argent s’élancer vers le Globe , » cela ne vient que de la réfillance de » l’Air, que la rotation & le frottement y> compriment & écartent , à peu près «comme le Fer fe précipite vers l’Ai- 3> niant. S’il ne faut que cela pour nous met- tre d’accôrd J je conviendrai volontiers avec M. Morin , que l’Air pouffe une feuille d Or vers le Globe éleélrique J com- me il porte un morceau de Fer vers l'Ai- mant , l'un me paroît aufft vrai quel’ autre-, mais je ne lui réponds pas que cet aveu de ma part , lui donne gain de caufe vis-à-vis des Phylîciens , tou- chant l’explication des Phénomènes éleétriques ; car il n’y a pas jufqu’aux Ecoliers qui ne fedonnentlesairsaujour- d’hui de refufer à l’aétion de l’Air tou. tes les fonélions qu’on avoit effayé de lui attribuer dans le Magnetifme. On conclut , fans façon . ( dit M. f’AB- bé Nollet ) qu’il n’y a point de Matière affluente : mais moi qui crois qu’il y en a une , la remarque de M. Morin , me trembler , & je crois déjà appercevoir fes funejles effets de fes affluences. Réflexions fur le Syflême de M. l’Abbé Nollet. Les Réflexions que l’on peut faire fur les deux lyllêmes que je viens d’ex- pofer, pour expliquer les Caufes de l’Eleélricité fe réduifent ; t°. à confla- ter la différence de ces deux conjec- tures. 2°. A connoître quelle eft la plus convenable , pour expliquer tous les Phénomèmes que nous préfente l’Elec- tricité. Première Réflexion. L’époque de ces deux Syflêmes ell fixée à une année de différence l’un de l’autre , celui de M. l’Abbé NoJIet ell le plus ancien , il a été donné en r 7451 4 le mien n’a paru qu’en 17S0 ; mais à cet égard nous n’aurons aucun diffé- rend j C3r celui que j’ai mis au jour 11’ell pas le même qu’a fait paraître M. l’Abbé Nollet , & chacun gardera par devers foi ce qui lui ell légitime- ment acquis. Il fuffit feulement d’en bien conilater la différence , la datte n’y fait rien. M. l’Abbé Nollet attribue , comme l’on vient de voir , les effets de l’Elec- tricité au mouvement de deux matiè- res différentes, l’une qu’il appelle ma- tière affluente, & qu’il prétend venir des corps environnans , & l’autre qu’il ap- pelle matière effluente , qu’il croit lortic des corps éleétriques , ou cleétrifés. Je crois ( dit M. l’Abbé Nollet) qu’il y a une matière affluente. Voilà d’abord un acte de foi bien oppofé à mon Syflê- SUR LA PHYSÎQÜt nie; moi qui ne donne que la feule ImpuUion des Particules de Feu agi- tées dans un Globe , d'où elles font châtiées par la rencontre qui fe fait, fur l’axe de ce Globe , de toutes celles qui y concourent , à travers les pores du ver- re, dilatés par la chaleur & le frottement d’une main bien féche ; & qui crois po- fitivement , que les corps environnans & qui avoifinent le Globe éleétrilé , ne contiennent aucune matière affluente, 8c que cette matière n'exifle nulle part. Je conviens qu’il y a une affluence de Particules ignées dans le Globe , qui occafionne la preiïion que reçoivent ces Particules de la rotation de la Boule ; mais cette affluence eft une autre lm- pullion des parties univerfelles de Feu qui font ponflees fur la Terre à travers tous les corps , & par conféquent à travers le Globe éledrique : mais M. l’Abbé Nollet n’en parle pas de cette affluence , il ne la connoît pas & n’en dit mot dans toutes fes Œuvres. La ma- tière affluente qu’il admet fort des corps non cleâriques , elle clt diftinéte félon fui ^ & il s’explique très-clairement fur fa nature. » Quand je dis ( dit M. l’Abbé Nollet ) » que cette matière ejî au fond la » mime que celle du Feu & de la Lumière . * je prétends n avancer qu’une conjcÜure , * mais une conjt&ure qui ne tient aucune- » ment au fond de mon Syjttme. « D’où l’on voit aifémenc que le Fen & la Lu. miére , c’efl- à -dire , les Particules tgnées qui font la feule matière élec- trique dans mon Syftéme., ne font qu’une conjefture pour M, l'Abbé Nollet qui ne tient aucunement au fond de celui quil donne fur b matière ajfluerue & fur la matière ef- fluente : auffi n’a- t’il pas dit, que le beu élémentaire fleul dépouillé de toute autre fubf- tance fut la matière de l’Eleélricité. Êr’c. Je du au contraire, qu’il n’y a que le Feu £r sur La Peinture? 201 feulement qui agifte 8c qui Cânfe les Phénomènes éleélrîques. Voilà donc une diflérence parfaitement établie entre les deux Syftcmes; qui eft aufli grande que celle de l’un & de l’au- tre de ces Syftcmes , à toutes les hi- pothefes qu’ont donné tons les Phyfr- ciens François & des autres Nations, depuis M. l’Abbé Nollet : quoique ce- pendant on pourrait mieux allortir l 'affluence 8c 1‘ effluence ( comme j’ai déjà dit ) avec Vappuljion 8c la répuljion de M. Guericke, que l’on ne fçauroit comparer ni confondre , mon impulfion , avec tel forte d’opinion qui ait été dite avant 17^0 , par tel Phyficien que ce foit. D’ailleurs l’avantage que je tire de cette différence marquée eft trcs-con- fidérable ; car je ne prend , ma caufe dans les Phénomènes de l’Eleâricité , que dans celle qui a fervi à expliquer le mouvement des Planettes autour du Soleil , & à détruire le Syftême de New- ton ; au lieu que l’affluence & l’effluen- ce forment en entier VAttraftion & la Force centrifuge newtonienne , où les corps fe portent réciproquement I un vers l’autre par gravitation ou par une certaine vertu , & s’en éloignent par la Force centrifuge. Seconde Réflexion. A l’égard de l’explication des Phé- nomènes , je ne puis mieux faire que d’expliquer, félon moi , les mêmes lix- périences que nous propofe M. l’Abbé Nollet . 8c qu’il veut démontrer dans fon Livre avec les caufes dont il établit fon hypothéfe. Voyei la fuite dans la Par- tie fuivante XI Obfervation. Je prolite du peu de place qui me refte, pour par- ler de M. le Cat & de M. Franklin. 202 Observations sur l’Histoire Naturelle * Réflexions fur le Syflême & les ten- tatives de M. Franklin adop- tées par M. le Cat .* II feroit impofiible de donnner des Obfervations pliyfiques , fans trouver fur fes pas M. le Cat, illuftre Phyfi- cien , connu dans la république des Belles-Lettres , par des Ouvrages cé- lébrés , qui lui ont attiré l’eftime du Public. Les fentimens qu’il adopte font fort éloignés de ceux que je profelTe ; ainfi je lui dois une petite critique , de laquelle je vais m’acquitter le mieux qu’il me fera poflîble. La DilTertation de M. le Cat efl ap- puyée de deux Expériences cflentiel- les, pour prouver, i°. que la pointe de Fer peut attirer la matière éleflrique qui compofe le Tonnere, puifqu’clle attire, dit- il , la matière èleftrique du Globe de verre ; a°. Que la pofition verticale ou Iiori- fontale d’une Barre de Fer, efl indiffé- rente pour attirer L’EleBricité. La première de ces Expériences efl de l’invention de M. Franklin & répé- tée par M. le Cat , la fécondé ell de l’invention de M. Franklin -, mais répé- tée par M. le Monter. Je crois venir à bout de mon deflein & détruire l’opinion de M. le Cat en éclairci fiant les circonflanccs delà première expérience ; où l’on s’apper- cevra que la faculté prétendue attrac- tive de M. le Cat ell une chimère. Je prouverai que la Barre de Fer que l’on pofe fur une Tour , à telle élé- vation & à tel endroit que ce foit , ver- ticale ou non , n’a aucun rapport avec l’Aiguille pointue & affilée que l’on préfente au Conduéteur de la préten- due matière éledrique. * La Diflertation de M. le Cat ; qui me fert dans le Journal oeconomique de Novembre Tout le monde fçait , n'en déplaife à M. le Cat . que bien loin de donner du Feu eledrique , toutes ces Expé- riences ont manqué, la plupart du tems, de donner des étincelles , li la barre n’a été pofée verticalement & avec les pré- cautions requifespourrecevoir lesréhn- pullions de la Terre j mais ce qu’il y a de certain c’efl qu’elles n ont jamais rcudi à attirer, ni à détourner encore moins , les Nues ni le Tonnerre. Tout le monde convient maintenant que cette idée ell ratifie. Les gâteaux de Réfine s'ils font trop grands nuifent à l’opération , & em- pêchent la réaétion des parties de Feu qui s’élèvent de la Terre , & qui tra- verfent les corps èleBriques , dans le tems de l’aiîaiffement des nuages ; ainfi que j’ai déjà dit , dans une Diflertation. L’Expérience de M. Franklin, répé- tée & citée par M. le Cat , par laquelle on prétend trouver la Force ati rac- » ti VF qui doit Joutirer à l’avenir le Ton- n nerre , & mettre nos têtes à l'abri de ce » furieux Météore « , ell autre chofe t nous allons l’expliquer. M. le Cat cite la célébré invention de M. Franklin pour d ffiper le Tonnerre , & M. Franklin pofe fur deux principes le but de fon Expérience. Le premier de ces principes efl l’Analogie reconnue par plufleur s Physiciens entre la matière du Tonnerre &* telle del’Eleflricité ; le fécond Je tire d’une Expérience qui conflfle à approcher de lu Barre éleBrifée une Aiguille pointue à une cer- taine diflance , à laquelle elle déJeleBrifera cet- te Barre la même Aiguille pointue ,àun plus grand éloignement , n’en retire que des étincelles. Voilà des principes bien établis pour réuffir à détourner le Tonnerre 5 le pre- mier femble dériver d’abord d’une vé- ■1 faire la critique de M, Franklin , efl inferrée 175*» sur la Physique et Hté,maisil s’écarte , dès l’inflant de Ton adoption, de la route que l’on veut fui* vre ; & le fécond principe eft faux & mal établi. On (çait que la matière éledrique , ainfi que j'ai répété tant de fois , elt la même que celle du Tonnerre , qui plus cil, elle ell la même que celle qui coin- pôle le Soleil , & qui continue nos ef- prits animaux ; c’ell cette même ma- tière que j’ai appellé Parties ignées , lefquelies font la bafe de mon fyftême ; mais prenez garde & rtfléchillez at- tentivement , que quoique cette ma- tière (oit la même dans le fond, elle n’ell pas analogue dans les eflets qu’el- le opère, ils font dillérens. Lorlqu’elle fert à éledrifer , par cxémple, elle fe trouve reufermée dans des pores folides, comme ceux des Mé- taux & des Nerfs , ou de tous autres corps, elle n’ell pas répandue dans des fluides comme loilqu’elle forme le Tonnerre. I.e Conducteur éledrique ell un Af- fcmblage de pores liés & folides qui condiment à la file les Particules de cette matière , & que l’on peut déran- ger en arrêtant leurs adions d’une part & les détournant de l’autre, & la Boule ileSlrifante ell le tourbillon des Parties ignées qu’entraine continuellement cet- te boule ; mais le Tonnere tout au con- traire ell l’explofion fubite des Parties ignées qui fe répandent dans l’Atmof- phère & dont le mouvement & le jeu fe diflipem dans l’inflant ; alors la Barre de Fer, qui fe trouve expoféeàune certaine ■uuteur dans le tems de |l’affailîement des nuages , ell le Condudeur qui re- Çdt la réadion des Particules de Feu que ces nuages compriment 5 c’ell ce qui (e voit à la Croix de Plau\ats en siureignc , il ne feroit pas fenfé de dire autrement , puifque la Barre continue SUR LA p£ïNTÎfkE; 20 f fon Eledricitc tant que la compreflion des nuages dure , julqu’à ce que les parties de Feu comprimées par ces nuages commencent à fe faire jour par le Tonnerre ou par la chiite des Eaux. Il 11e faut pas d’autres preuves pour con- firmer ce que je dis ; à moins que l’on ne veuille ajouter celle que j’ai déjà donné dans mes précédentes Obferva- tions , qui ell extrêmement dccifive , c'ell-à dire, que lorfque l’on a mis de la Refîne ou de la Poix dans une grande efpace , fous la Barre de Fer, l'Elec- trifation celle , & pour lors il 11’y a plus d’Etincelles lut* la pointe de la Barre. ( Voyez la preuve de cette vérité à la lin de cette Dide-nation ) d’où il fuit, que le Tonnerre ell un ellet bien oppofé à celui de la Boul- le de verre de la Machine éledrique , & la Barre de ‘Fer de M Franklin un Inflrument qui n'a rien de commun avec le Tonnerre. Je crois me faire entendre de tout le Monde , & l’on 11e dira pas que je m’ex- plique mal. On peut fort bien femie que des Particules de Feu , pou liées pac la rotation de la Boulle éleélrifante en- filent facilement tous les pores des corps éieâriques qu’on approche de fon tourbillon , parce que ces Particules 11e tendent alors qu’à s’éloigner du centre de la Boulle , fuivant les loix les plus fimples du Méchanifme univerfelle , que tous les Mathématiciens ont re- connu , & dont ils font leurs Principes fondamentaux. Tl n’y a rien là d’extraor- dinaire ; M. le Cat & M. Franklin ont raifon alors de dire, qu’en approchant d’environ deux pieds de dillance l’Aï- guille pointue & aflilée de cinq P^lI~ ces de long , ils peuvent tirer des étin- celles à une autre dillance beau- coup plus proche dejekélrijb le on- dudeur 3 c’eft-à-dire , faite p^er les 20^ Observations sur l’Histoire Naturelle? Particules qtu fuivoient les pores du Condudeur dans ceux de l’Aiguille ; mais cela ne prouve pas qu’une Barre eiedrifée par quelque caufe que ce foit fur fa pointe, puille arrêter les explo- rons fubites des autres parties de Feu de I’Atmofphére, avec lefquelles elle n’a rien de commun ; je répété ceci plufieurs fois , parce que l'on m’enten- dra enfin. Une Barre de Fer pointue de cinq pieds de long, fur une Tour , fur un Toit , fur un Clocher , à tel endroit que ce foit; quand même la prétendue at- traftion auroit lieu , cette Barre feroit trop foible pour réunir les parties de Feu qui compofent un Tonnerre ; M. le Cat en convient lui-même , comme nous allpns voir.,& je ne fçai pas la raifon pourquoi il penfe enluite autre- ment. » L’annéantijfement de la fondre ( dit »M. le Cat) Jont des tentatives qui.fi •> elles eujfent été faites dans les Siècles plus reculés * euf'ent fait regarder les Phyfi- » ciens comme des Titans , &1 même comme » des Titans Vainqueur de Jupiter , » s'il ejl vrai que nous puiffions un jour par- s» venir à nous garantir de fes fureurs & le s) dèfarmer j &c. 3> Mais le vrai point de la queflion ejl » fçavoir fi une Barre de Fer pointue fuffi- » ra pour foutirer & reprendre dans une x> vajle plaine toute l'Atmofphére électrique j> qui y répond ; la difproportion alléguée x> nefl pas entre l’Atmofphére élettrique & » la Plaine , mais entre cette Atmofphére >3 & l’Aiguille qui doit opérer [on attrac- 3> tion -, « car c’eft à la pointe feule qu’elt attachée cette vertu attradive , » £r de » la pointe d’une Aiguille & celle (Tune Bar - >3 re de Fer font les mêmes : or ceft cette 33 pointe que regarde la difproportion de 33 V Atmolphere du Globe du verre à celle du 3> nuage tonnant il faut avouer que cette 33 difproportion efi des plus confïdérables. 33 Malgré ces jufes fujets de crainte que 3> la conjetture de M. Franklin ne foit chi- 39 mérique , je fens une forte deplaifir à me 33 conferver encore un reste d’esperan- 3> cê de voir quelque jour cette Expérience m célébré réujjir pour le falut du genre hu- 33 main & pour le triomphe de la Phyfque » expérimentale. Si M. le Cat avoit été chargé dé faire lui-même fa propre critique , auroit-il mieux réuffi ? Ilfent une forte de plaifir à conferver l'efpérance de voir rèuffir la célébré Expérience , qui doit dèfarmer le Ciel & ga- rantir les Mortels de fa fureur , & il dit en même teins qu’il a des jufes fujets de crain- dre , que la conjetture de M. Franklin ne foit chimérique. Je crois que tout ce que je viens de dire ftiffit pour prouver l’inutilité des tentatives de M. le Cat & de M. Fran- klin. Fin de la troiféme Partie & du profiter Volume de 17J3. Approbation du Cenfeur Royal. 3 ‘Ai lû par l’ordre de Monleigncur le Chancelier , la troifiéme Partie de ces Obfervations J &c.FaitàPaiis le 17 Novembre 1753. Philippe de Pre’tot. Errata du premier Volume de 17 JJ , à l'occafon des Planches. P Age 1 18, au bas delà fécondé colonne, Planche 7. au Heu de Planche 4. Page J *0. même faute,' Planche 7. au lieu de 4. à la première colonne lig. 1 s . Page 153. même faute , première colonne lie. i, fepriéme planche au lieu de quatrième. Page 16S, coloime première li£. 1 y. Planche neuvième au lies de huitième. Le A- . To?vu:- p cerf , 3 . pAAe} 5 à-oo_ UTT^ i .'f ) - ■ i (> -n 7 . '•TPO-r-;- V 7 ■RL.V- ,S.‘- -îr ■■ ■K t r nnXEJU'ylTJON d'u,' f 7lù / , g, Atotur-rJ/r. suf'.fo PA . ^rr ---. ~ ' /a P^>n/'/// ' bx JPhut^g^ efrstu' Lee P emhere. 1 P/.II- 1 O me.' 1 ‘ • partie 1. F&i <2 ? quL prouve que tans lespace\^ I.H.R. les Ratons sontconàruieüe - rnen£crm.Tes et non, pas rewus commet Tom.l Pas'b z Pa-ÿ- too. cn-4.? ^3>8%.cnij\ K 'V' , 7'îyv. "2-, f .5"/ -in- 4, •!'i • z^i/ j% . pape/ 1S0 . ‘ V ' -2-» lO . ! 0 k .■ < • i:; , hq» -.s/ v Rvj . r*£r f-- : >Vr : « é' . ■ r:::. i " i Jÿfr' "" ' ' ; ; V '" ■ ■ &§!&; ■ ■■ ' - . '"•■/ ■ J--: >.: ,■■' • ;• .- ? ■ ■ v , - m H- &. S-/.: ' - s&y ■ •'• |r ®8i : * 1 "* ^«Vv HCïJ*§;r N- J iv‘ >. , ' >*V: «V. f . v, . +::ÂM :0 '■ :m f Je;*!: l . - Vs! 1 ■■. > ’ '* % :1 • >h ! j: V ' fcM- K ifc Çf.- 'W z.,f> IW U f ( h hutee 17Ô1. Pt. D , dcj üijeauœ Tom . 11. Partit* l’aa. 10 4 f rz>e ■ me a/e miorwpft h. Ic ar.rduÜ «fer vcsûu/v. e .On