n. \^f-. .,^;^.-yT^^' .vJ*-,(î M Vis ^^Lv ^St' ^t^I ^^^s^ÊBÈÈùi^ wSr S^^KmÊt'*^\ tlL^ l^^^k ~ N^^^^^^l ^ ^ ■■■ '^ ' V - «•- ^^ ■ --iï^ <^ X. «*• "" -M ' ' y --, ^fc^ • X •. "^^ ',gH 1^ .^ifli'.. J ^■^ •hSsi' -.. . \, .K i ^^t\ ^•?w% -^6^» 5*^^^«k* * \'# 'i *% OBSERVATIONS SUR L'HISTOIRE NATURELLE, SUR LA PH Y SI QUE ET SUR LA PEINTURE. AVEC DES PLANCHES IMPRIMÉES EN COULEUR. ^et Ouvrage renferme les Secrets des Jrts , les Nouvelles Découvertes ^_^ les Difputes des Pliilofopkes & des Artijles Modernes. ANNÉE 1752.. TOME SECOND. IV. PARTIE. A PARIS, ■lez- D E L A G UE TTE, rue Saine Jacques, à l'Olivier: AVEC APPROBATION ET PRIVILEGE DU ROY. Les Planches en couleur fe diftribuent féparement chez M,- 6mtmb ^ P^nfionnaire du Roy, rue de la Harpe.- Digitized by the Internet Archive in 2011 with funding from Research Library, The Getty Research Institute http://www.archive.org/details/observationssurl02gaut OBSERVATIONS QUATRIÈME PARTIE. HISTOIRE NATURELLE. OBSERVATION XVIII. Defeription d'une Matrice double, par M. E iS£nm yiNN, DoBeiir en Médecine Ù* ProfeJJciir d'Anatomie b" de Chirurgie de la Faculté de Strajbourg^ ^15^' E R S la fin de Jan- vier de l'année dernière 175-1 , (dit M. Eifen- mann*) on avertit M. Jacohi , qui tait les Dif- fedionsauTKéaire Ana- tomique de cette Ville , occupé pour * Nota. Cette Pièce a été donnée en Latin & en François ; nous y avons fupprimé quantité de Citations & quelques Phrafes que l'on trou- vera dans l'Auteur. Celles que je donne ici font exactement conformes au Texte & renferment tout ce qui a rapport à la découverte de cette An, in f 2 , Tom.lL W. Partie. lors à fes préparations , que quelques Elèves en Médecine & en Cliirurgio- avoient découvert dans le Cadavre d'u- ne fille, morte à l'Hôpital Bourgeois,, une double entrée de Vagin, Siir ce rapports M. Jacobi examine avec foin ces Parties , & trouve réellement deux. Matrice. La Figure que j'en vais repréfen*- ter , eft avec fes couleurs naturelles , copiée- fur les Planches mêmes qu'a donné M. Eifen- mann; mais les couleurs font prifes ûu une Matrice ordinaire^ Observati(5ns sur l'Histoire Naturelle; entroes de Vagin , égales d'ouverture &: de diamètre , chacune defquelles avoit un Hymen. Apres avoir enlève les Vifccres du bas - Ventre , il con- linua fon examen Çc apperçut deux Vaqins d'ime longueur & d'une capa- cité feinblable, pofcs Tun à côté de l'.uitre, l'un defquels étoit à droite & l'autre du côté gaucfie ; leurs Paroys internes ctoiciu luiis , & avoient la for.ne ordinaire, avec fes rides dans la furface iiitérieure,comme on a coutume de les trouver dans les Vicrgei. Chacun de ces VaginsafjoutilToit aune de ces en- trées, conimeiuffi à nn Oriiice interne d'Uteruî , d^jue StrucUu-e parfaite ; enfurte que le Vagin du côté droit em- JaralToitTOrifice interne fitué de ce cj- té-Ià,_& le Vagin iltuc aucôté gauche conduifoit à celui qui étoità gauche. Chacun de ces Orifices étoit continu pas communes, mais adolTces leà une» aux autres , de la façon que cela fe re-, marque au Mediallin dans la Poitrine, qui ert formé par la rencontre de la Plè- vre du côté droit avec celle du côté gauche , & au Scrotum , dont la Cloi- fon ert formée de la même manière des deux Poches du Dartos. Au refte cha- que Utérus n'ctoit accompagné que d'une feule Trompe . d'un Ovaire , d'un Ligament large & rond , & d'un feul Cordon de Vaiffeaux Spermati- pues. Cette découverte m^'ayant été com- muniquée , lit que je me portai à l'exa- miner moi-même avec toute l'atten- tion poiïlble , &: ce dans le tems que deux Elevés en Médecine ctoient oc- cupés à la préparation des VailTeaux Spermatiques , j'eus la fatisfaâion de trouver le rapport exact. C'efl pourquoi avec le Coû & le fond de l'Utérus, qui dans la crainte que ces Parties ne fouf- le trouvoient féparés de même que le frirtent quelque dommage , je donnât Vagin , par une certaine Cloifon aflez coinmiffion au Sieur Jacobi de les fer- epailfe^ qui aboutilToit jufqu'au milieu rer &: d'en achever lui-même la prépa- du côte fupérieur du fond de l'Uterus , ration. Cependant on prit la réfoiution enforte que fa cavité fe trouvoit par là dans une Alîemblée de la Faculté, d'ex- divifée en portion droite & en portion pofer au Public la fiiçon dont cette dé- gauche, qui n'avoient aucune commu- couverte s'efl faite, avec les Figures nication enfemble; ce qui fait qu'on pourroit regarder ceci . avec quelque raifon , comme deux Utérus féparés. Le bord fupérieur externe du fond, qui y ont rapport , comme je l'ai déjà infinué dans l'Avis que j'en ai donné au Leéleur. Je fuis bien aife d'avertir que j'en- ^ __ „ ."jjv.iii.iii cAtcmc uu luiiu, JC lias uicii aiic u avenu que | cii- etoii en partie divifé au dehors en deux tends par IJterv.s doubles , ceux qui font parties égales par une forte d'enfoncé- divifésen deux cavités, foit qu'ils foient nient luperliciel qui repréfentoit un divifés à l'aide d'une Oo/yôn , foit qu'ils Angle fort obtus: ce même enfonce- foient/oKrc/iujenguife de Cc/-«ej; quand ment, qui feprolongeoit le long dumi- bien même ils n'auroie/it pas deux Ori, lieu de la face antérieure des Utérus & lices externes, ni deux Vagins, ni en- des Vagins , les féparoit en deux par- fin deux trompes de chaque côte , deux tics parfaitement égales. Ovaires, deux Ligamens larges 8c ronds Ces parties en queflion doivent rai- Se deux Cordons de VaifTeaux Sper- fonnablement être regardées comme des Organes féparés . vu que leurs Cloifons, quoiqu'unies, ne leur font matiques. J'ai fait graver d'après Nature une nouvelle Figure de cet Utérus , commç SUR. LA Physique «lie fe voit a^uellement dans la liqueur où je la conferve. Les Ovaires & l'Uteriis étoient ex- trêmement durs ; îorfque le fujet ctoit récent. Tout le refle , fi vous en ex- ceptez les Caruncules , dont on ne voit plus de veflige, fe trouve, pour la plus grande partie , comme M. le Profeffeur rauel, de cette Univerfitc , Cqni pour lors aiïîrioit à mes Dcmonllrations , ) Ta fait graver dans la féconde Fi"ure jointe à la fin de la fçavante Théfe, dans laquelle il expofe fcs conjeâures fur la Snperfctation. On n'apperçoit qu'un Clitoris aux Parties externes de notre Sujet. Il eft fitué diredement avec fon Pré- puce fous ïa Commiffure fupérieure des grandes Lèvres^ comme cela fe voit ordinairement. L'Urethre, qui eft fituc fous le corps du Clitoris au-deiïus de l'un ion des deux Vagins , a fon Orifice entre les deux Nymphes , 4bus le Gland du CHtoris , à quelque difiance au-delTus de la Cloi- fon qui fépareles entrées des Vagins. On a beaucoup difputc toucliant la réalité de l'Hymen , & fuppofc qu'il exiliât,, quel feroit fon ufage ? Ci tou- tes les Vierges en font pourvues? Quel- le eH fa Figure , le lieu de fa fituation ? 8c ainfi du relie. Piufieurs Anatomiftes Anciens 8: Modernes ont nié fon exif- tence : d'autre l'ont admife ou fimple- inent , ou avec reflriâion. Ce que M. ^J^infiowdit, ( Expofit. Anat. Traité du Bas-Ventre §.655 & 654. ) de l'Hymen & des Caruncules mirtiformes , convient avec ce que j'en ai obfervé jufqu'à prcfent daiis notre Théâtre Anatomique , & ce que je fuis en état de faire voir dans les liqueurs où je lès conferve. Car on voit ma- nifeliement dans les Corps des Vierges nouvellement mortes , que l'Hymen^eft ET SUR LA "Peinture. f une vraie Membrane , aiïez mince , tendue , faite par la rencontre de la Membrane interne du Vagin avec cel- le de la Face intérieure des grandes Lèvres , qui bordent l'extrémité infé- rieure ou externe du Vagin , plus on moins large , plus ou moins é^Jal & circulaire , quelquefois ovale ; lailTant au Vagin une ouverture étroite dans les unes 8c plus amples dans les au- tres; rendant en général fon Orifi- ce plus étroit que le relie de fon Ca- nal. Cette Membrane fouffre des chan- gemens confidérables ^ à raifon de di- vers accidens. Ce font les débris de cette Membrane qu'on appelle Carun- cules Mirtiformes. Je conferve les Par- ties naturelles d'un Enfant de deux ans, où on voit un Hymen rend avec une ouverture fort étroite au milieu. Il y a dans le Cabinet de notreThéatre Ana- tomique quelques Hymens pris de Su- jets de ôifférens âges ^ l'un defquels elt d'une Vierge qui avoit paOc foixante ans , de Figure circulaire , dont la Mar- ge n'étoit pas confidérable, laifiantea revanche une ouverture large dans fon milieu : j'entends par M^^rgecet efpace qui ell; compris entre le plus grand 8c le petit cercle de la circonférence de l'Hymen. Il y en a auiïi un d'une Vierge de 50 ans ; les autres font de Vierges âgées d'environ vingt ans ou moins-: ils font tous ronds avec une ouverture ^paîTable au milieu; cependant avec cette difle- rence que dans deux de ces Hymens , la portion inférieure de la Marge eft un peu plus large que la fupérieure. Il y en a encore un d'une jeune fille de dix ans , femi-lunaire & d'ouverture alTez étroite. J'aidilTéqué en 1740 les Parties na- turelles d'une Vierge qui avoit pafle Observations sur l'Histoire Naturelle, On concluifuit ccs Stilets , to\ipiirj aiïez éloignés l'un de l'autre ."s: (nns fe toucher nulle part , de chaque c Jté de la Cloifon qui féparoit entièrement ces Matrices, depuis leursCoùs jufcin'à leurs Fonds, où elleétoitun peu plusépainfe. L'afpeél de la diRance des Orilices in- ternes & la diflance des Stilets faifoieii afTc? voir que la Cloifon étoit fort ciiaif- fe ; ce qui étoit encore plus manit'eile par l'ouverture faite de chaque cote de la Cloifon & poulTée jufques dans les. Cavités des Matrices. On voyoit alors clairement que cette Cloifon étoit faite , de même que nous avons dit de celle des Vagins , do l'u- nion des Paroys voifms des deux Ma- trices , chienne defquelles étoit pref- que égale à Uépailleur de celle d'une Vierge nubile , enforte qu'elle étoit ce qui n'eft pas confiant. J'ai prefque d'une groffeur double de celle n diB'érentes occafions , tar.t d'une Matrice ordinaire. J'ai obiervé à l'occafion d'une Je mes Démonflrations d'Anatomje , faite le premier Février dernier aux Parties na- turelles d'une Femme qui avoit pafle ■jo ans, une Membrane alîez épaîTe , quibouchoit en forme de Valvule l'ex- trémité du Coù de la Matrice qui ré- pondoit à fon fond ; enforte qu'il étoit impoffible d'introduire un Stilet dans la cavité de ce fond- là , fans avoir au- paravant ouvert le Coù. Le corps de la Matrice étoit fort petit , égal tant en- deux' Orifices des Vagins encore fer- confiflance qu'en grandeur, à une Ma- rnés, on trouvoit qu'ils ne fe rencon- trice Vierge, trente ans, où je trouvai un Hymen circulaire , entier , fans fcillùre , ni iné- galité apparente dans fa circonférence interne , mais dont l'ouverture étoit alîez ample pour tranfmeitre le doigt du milieu. Pour ce qui efl des Cavunciiles Mir- tiformes , j'en puis faire voir de gran- deurs & de grodeurs diflérentes ; tant de celles quiont eu commerce avec des Hommes fans avoir enfanté, que de cel- les qui ont enfanté: on voit dans les premiers l'Hymen rompu , fous la for- me de Lambeaux alTez vifibles , longs ou larges , à peu près de ligure de feuil- les de Mirthe, moins épailTes cependant que dans les dernières , chez qui la bâ- fe ell auffi plus large : Ces Lambeaux font encore dans celles-ci plus éloignés les uns des autres , & au nombre de 5 , 4 . ou 5 , obfervé e en Public qu'en particulier , que ces Caruncules étoient appuyées fur des Eafes plus larges dans celles qui avoient enfanté plufieurs fois ., bien que moins grandes & plus éloignées les unes des autres , que dans celles qui n'avoient eu qu'un commerce Ilérile. Ces Caruncules (ont fouvent conti- nués avec l'Hymen, & ne doivent point être confondues avec les véritables Ca- runcules Mirtiformes. Ayant introduit des Stilets dans les troient nulle part ; mais qu'ils refloient confidérablement éloignés les uns des autres dans tous leurs tra'iets. Les Va- gins étant ouverts laidoient apperce- voir les deux Orifices internes degran L'extrémité de chaque angle du fond de ia Matrice s'ouvroit dans la Trompe., de fon C'jté , par un Orifice fi ample, qu'on pouvoir le remarquer facilement & y introduire un Stilet, beaucoup deur égale , féparés l'un de l'autre de plus gros qu'une (oye de^ Porc. Les l'cpaiaeur de leur Cloifon , avec des Trompes fe prétoient beaucoup à V air qu'on ouvertures tranfverfales , comme cela y fouffioit. & la Frange du milieu la plus arrive oïdinairenient. longue de la large extrémité de la SUR LA Physique Trompe gauche, renfennoit un OiFe- let oblong. L'un & l'autre Ovaire étoit fort pe- tit, plat, mince & flétri. J'ai ob fer vé dans le droit des Globules de diverfes -grandeurs, yèmWaWej i de petits Oeufs, dont quelques-uns étaient remplis d''une ma- tière Limphatique ^ plus ou moins tranfpa- rente ; pour les autres , ils étaient endurcis. Dans VOvaire gauche^ j'ai vu moins de ces Globules durs . &■ unfeulfort grand un peu dur , ù" ajfe^ tranfparent ^ dont le dia- mètre exceàoit une ligne. On pouvait dif- tinguer dans chaque Ovaire des petites ci- catrices occafionnées par la jéparation des Oeufs, La furface interne du fond de la Ma- trice préfentoit des pores amples, aifés à appevcevoir. Le Vagin étoit prefque fans rides , excepté quelques-unes de fuperficielles , pofées à l'extrémité an- térieure ou inférieure proche de l'Ori- fice externe , qui étoit bordé lui-même de trois Çarimcules Mirtiformes peu confidérables &; faillantes. On rencontroit dans ce même Va- gin une grande quantité de petites ta- ches tirant du cendré fur le jaune obf- cur, de grandeur différentes 5 quelques- unes étoient noirâtres. Parmi le grand nombre de Sujets féminins qui ont été difléqués dans notre Théâtre Anatomi- que , l'occafion de voir de ces fortes de taches de couleur quelconque a été fort rare. Qu'il me foit permis préfentement ( di^ M. Eifenmann ) de tiier pour con- clufion quelques conféquences & con- jeaures vraifemblables de ce que je viens de dire. gentiment de M, Eifenmann fur les préten- dus Ovaires & Sur la Superfétation. fe.% Je me perfuade qu'il eft aflez ET SUR LA Peinture, 7 connu que les exemples des Matrices doubles ne font pas des plus rares, & qu'on peut excufer en partie les An- ciens qui admettent des Sinus dans la Matrice humaine , eu la comparant à la Matrice cornue de certains Animaux. Il a pu arriver auffi que, nonobftant la grande difette des Sujets humains , 8c fur-tout de féminins , qui tomboient fous le Scalpel de ces anciens Anatomif- tes, le hazardieur ait préfente une ou deux Matrices cornues, ou à deux Si- nus , d'où ils auront peut-être pris oc- cafion d'alTigner deux Sinus à toutes les Matrices humaines, ou de les croire femblabies à celles des Chèvres, des Brebis, des Chiennes, ou autres Ani- maux , Se de répandre dans le Public différentes opinions erronées touchant la Matrice humaine, 2"". Si la Fille dont il s'agit ici eut vécu , & qu'ayant contradé le Mariage, elle l'eût confommé, elleauroitpu con- cevoir Se accoucher d'un côté. Se ce- pendant demeurer Vierge de l'autre. 3"'. Si elle avoit vu fon Mari dans des tems différens Se aflez éloignés les uns des' autres , elle auroit pu conce- voir Si accoucher en divers tems , & par conféquent être en même temsgrof. fe & en couche. 4'. Si elle avoit conçu dans le même jour des deux côtés , elle auroit accou- ché de deux Jumeaux. Il eff bon de remarquer à cette occafion , qu'un en- fant étant mis au monde, il n'auroic pas fallu forcer le Travail de l'autre , à moins que l'Orifice interne de l'autre Matrice n'eût été difpofé au fécond ac- couchement. Le contraire arrive lorf- que deux Jumeaux font logé dans une même Matrice. 5°. Une vraie Superfétation auroit pu facilement avoir lieu dans la Fille en queflion , qui prefque dans tout autre É Observations sur l'Histoire Naturelle; cas, nepourroit arriver à moins qu'il qu à l'Oeuf, foit que VOcitfmàrfo'itdefcenàk n'approchât beaucoup du nôtre, ou avant fa fécondation dam la Matrice^ foie bien qui n'arriveroit que trcs-difficile- qu''ilfoit refîé dam une Trompe vuide,foit ment. enfin qiCd foit encore attaclie à VOvaire , La Superfctation ert , grncralement pourvu qu'il foit porté dans ia cavité parlant, une féconde conception arri- de ia Matrice fous les deux dernières vce pendant lagrofloiTe de ia Mère. (Voyez le Lexicon Je Callelli. ) On peut la dillint^uer en vraie & en faulfe. J'entends parla vraie, celle où le Pœtus eft contenu & croît dans une vé- ritable Matrice. Far la faufle jYnienJs celle où l'un des Fœtus occupe une Ma- trice vraie & l'autre une faulle. Cette forte de Matrice faulTepeut naître, ou d'une dilatation d'une portion de la Trompe, tel qu'ed le cas du Sr Vaiïal *, ou bien de quelques autres Corps ou leceptables joints, de quelle fai,;on que ce pu i lie être , à la véritable Matrice & qui en auroient l'apparence , cependant dans un examen plus attentif, avec une conditions : de mêuie , que cette efpé- ce de conception loit ordinairement funefte à l'enfant & à la Mère ; comme le prouve l'exemple du Fœtus de Trom- pe produit par M. ValTal ; foit qu'elle ic fafTe dans la Trompe ; foit que le Fœtus prenne fa nourriture & fon ac- croiirenicnt dans que!qu'autrecavité,ou MatriceT.iulïe que ce foit. 11 fera ailé de voir par-la que le cas d'une pareille Superfctation échéant, ou que l'un ni l'autre Fœtus ne pourra être mis au Monde , ou que du moins le Fœtus niché dans la Matrice faude j ne pourra jouir de la lumière. Je ne nierois cependant abfolument très-grande diHérence. telle qu'ell la pas.nonobflant la certitude des raifons Matrice fauffe dont parle M. Dicnis^di peut-être celle de Hartavan. Il peut arriver une Su perfétation dans le cas d'une Matrice faufle , enforte que ÏOeuf devenu fécond j parvenant dans cette cavitéjyfajfe fa refidence&ry prenne accroif- fement, &" qu''afJc^long-tcim après une nou- velle fécondation furvenant , l'Oeuf s'ar- rête dans la véritable A-fatrice :**■ car il n'y a rien qui empêche qu'il ne fe faffe une nouvelle conception , puifqu'une Ma- trice refte vuide , &: n'a pas fon Oriiice alTc,: fermé pour qu'il n'y puilfe rien venir par le deîiors. Dans le cas où un Oeuf fécond ef tombe dam une Matrice , il rCy a rien dans ia voie crdinaire j puifqu elle eft libre, qui empêche ï entrée de l'efprit feininal b" fon abord juf- * L' Auteur rapporee en ces termes l'exemple que cire \ aiïal. >j Valjkl a pris pour une féconde Matrice une »3 portion dt la Trompe du coté droit où ua que je viens de rapporter, que la Na- ture ne préfente quelquefois dans le fait de la conception ou de la génération , de tels effets & de tels phénomènes ; comme on le voit arriver dans les cho- fes qui regardent la Structure Si la dif- pofuion des Parties du Corps humain, qui , fi le cas n'en arrivoit (S: n'étoit at- teflé par des Hommes dignes de foi , n'auroient aucune apparence, fuppofé qu'on ne procédât que par le raifonne- ment._ Par exemple, il pourroit arriver dans un cas extraordinaire qn un Fœtus étant déjà dans la Matrice , ilfeflt quelques femai- nes ou quelques mcis avrès une nouvelle con- ception. Si ainfi il y aûroit en même tems deux Fœtus dans fa Matrice contjUs eji. « enfant s'ctoit niché. » ** Appnrament par la Trompe de l'autre c6tc fi l'une des deux eft occupée, différens Sur. la Physique Bifférens tems & allez éloignés l'un de l'autre^ pourvu cependant que les em- pêchemens , dont nous avons parlé , foient ou trop foibles ou abfens. Mais le cas arriveroit rarement , & s'il arri- voit par hazard ,i/ ri'efî pas probable qii'un Enfant engendré ainfi après coup ^ pût rejhr ajfei long-tems dans la Matrice pour acqué- rir une grandeur fujjifante pour conferverfa place pendant l'accoucheinent du premier^ ù" pour n'être pas pouJJ'é dehors peu de tems après. On pourroit donc admettre , fous cette condition , une vraie Snperféta- iion , quoique très-rare & très extraor- dinaire , où les deux Foetus ne parvien- droient pas à une grandeur fuffifante pour pouvoir enfuite être élevés ^ mais l'un des deux feroit exclus à terme , tandis que Tautre deviçndroit avorton. Mais il en arriveroit tout autrement dans cetteHipothère,fiIa Matrice étoit cornue , ou à peu près , ou Icparée par une Cloifon en deux cavités , fur-tout s^il y avoit deux Cous & deux Orifices diftinôs, & encore plutôt s'il s'y trou- voit deux Vagins féparés à l'aide d'une Cloifon , ou en partie , ou fuivant tou- te leur longueur & deux Orifices ex- ternes : car il n'y a rien dans ces cir- conftances quis'oppofe à la Superféta- tion. Suppofé que notre Fille eût conçu par le Vagin du côté droit , &* que laféinen- ce , ou fon efprit , ou quelque autre caufe de la Conception que cepuijje être, foit parve- nue par V-Orijice interne dans la Matrice droite^ &- dedàpar la Trompe jufqu' à VO- vaire^ où elle aurait pu rendre un Oeuf mûr, jécond^ lequel parvenu à la Matrice • de fon cbtéj n'auroit incommodé e'n aucune façon la Matrice gauche avec fon Coû & fon Orifice , quand même les trois obftacles dont nous avons par- ié ci-defl"us auroient été préfens. Mais que trois ^ quatre , ou cinq fe- Jm^e 175 2 j Tom. IL IF. ET suit LA Peinture. 9 marnes après , ou davantage , ayant eu affaire par le Vagin gauche , il s'en foit enfuivT une conception avec les mê- mes circonflances que nous avons mar- quées pour le côté droit, l'CEufauroit donc pu s'attacher , fe nourrir , & pren- dre accroiffement de ce côté-là ; enfuite venir l'un & l'autre vivans à terme & en état d'être élevés. Il efl bon de faire remarquer en der- nier lieu que le nombre de ceux qui ont nié & nient encore la Superfctation , n'eft pas petit ; mais je n'ai aucune en- vie de rapporter ni de réfuter leurs rai- fons : je ne rapporterai que celle de Ja- mes Perfons (Suppl. des Tianfaâ. Philo- foph. ) qui penfe que la Superfétatiori eft tout-à-fait impoiïible, à raifon de la Figure droite de la Trompe qui lui em- pêcheroit d'embralTer l'Ovaire. Cette difficulté fe trouve détruite par cela-feul , que les Femmes grojfes fentant le même plaijir &* les mêmes changemens dans l'affe j que lorfqu elles ne font pas enceintes :, léreBion des Trompes èr" leur tendance vers les Ovaires doit néceffairement arriver che^ elles. C'elt ce que confirme aulll l'our verture des Cadavres, qui quelquefois a fait voir^ dans des Corps de Femmes grofles , les Trompes relevées vers les Ovaires; & même quelquefois appli- quées. Je ne perdrai pas ma peine à citer des exemples , èc à entalfer un nombre d'Obfervationspour prouver la Superfctation : 11 y en a d'autres avant moi qui ont payé ce tribut aux Sça- vans ; je tirerai le rideau fur cette ma- tière après avoir rapporté une feule His- toire qui m'a été communiquée par M. le Riche, Chirurgien Major de l'Hôpi- pital Militaire^ telle qu'elle fuit. „ Marie -Anne Bigaut^ âgée de 57 „ ans, femme du nommé Edmon Vi- „ vier j Infirmier à l'Hôp'.tal Royal de ,, Strafbourg^ accoucha à terme d'un Partie, B „ garçon vivant Observations sur l'Histoire Naturelle, >i a ji >j »> j> }) »j a» 3> » »> »» if » M »J »» J> >> J> J> 11 i> >3 J> » » » »y »i 3t ti »> »> »} le dcniiei tl.i mois d'Avril 1748, à 10 heures du ma- tin ; cette couche fut fi pro,n;jt€ & fi heureufe, qu'une heure après cette femme fe leva , fortit de la Maifon de la Sage-Femme où elle ctoit ac- couchée, prit fon enfant avec elle & revint à l'Hôpital où elle di;meuroit. Elle ne perdit qu'au moment de l'ac- couchement, ce qui l'étonna d'au- tant plus qu'aux deux premières cou- ches qui précédèrent celle-ci , fes Lochies furent abondantes. Un quart d'heure après cet accouchement , elle fentit un mouvement réel dansla Matrice} elle en avertit la Sage-Fem- me, fe perfuadant qu'elle alloit enco- re mettre un enfant au monde; la Sa- ge-Femme fe contenta de lui dire qu'elle devoir fe tranquillifer. Cepen- dant cette Femme continuoit à fen- tir remuer de la même manière que la chofe arrive à une Femme quand elle ell enceinte. Ses Seins^ quoique naturellement gros ne lui faifoient aucun mal & ne fe rempliflbientpas, en forte qu'au bout de quinze jours elle fut obligée de donner une Nour- rice à fon enfant. Ces circonIVances (e trouvant jointes à des dégoûts , à des envies de vomir & aux mêmes fymptômesde Groffeffe qu'elle a voit eu pendant qu'elle étoit enceinte ,. commencèrent à l'inquiéter & à lui faire croire qu'elle l'étoit encore. El- le s'ouvrit à moi fur toutes ces cho- fes : je trouvai fes craintes bien fon- dées , Si je fis de mon mieux pour la confoler. Sa fanté fe dérangea ^ fes inquiétudes y eurent la plus grande part; mais elle reprit le deiïus. En- fin, voyant que fon Ventre grolTiiroit à vùë d'œil . elle fe fournit à l'exa- I 7 Septembre de la même année à- „ 5 heures du matin d'une fille vivante, „ reconnue être bien à terme par la „ grandeur du corps & la proportion „ des membres. Elle perdit beaucoup „ à la fuite de cette Couche, & fes ^ Seins fe remplirent atfez pour nour- ,y rir amplement fon enfant. If a vécu t, un an Se deux jours , au lieu que le „ premier ne vécut que deux mois & „ demi. J'ai vu ces deux enfans à lent », naiflance , le premier n'étoit pas li „ fort que le fécond , qui par delTus ,, cela fut mal nourri , le père n'ayant pas été en état de fournir à cette dé- penfe ; mais la fille que la Mère a nourrie étoit en chair& même gralTe; elle mourut aux dents. Ainfi du der- nier Avril juCqu'au r6 de Septembre il y a quatre mois & demi révolus , en forte qu'on peut allurer que cette femme étoit à demi terme de fon fé- cond enfant quand elle accoucha le dernier Avril. Je ne crois pas qu'il y ait jamais eu de Superfétation mieux caradérifée que celle-là. Depuis cet- te couche , Cette Femme a eu un en- fant , Si eft aâuellement prête d'ac- coucher, j. ■>> }' >> » >> >> Donné à Strafbourg, ce 20 Mars 1752. Signé y tfc. E X P L IC A T 10 N 1 De la Planche E d'Anatomie &' de la Fi-i sure reprefentant la Matrice double. Cette Figure repréfente les parties men & fut jugée enceinte de plu- externes delà génération, autant qu'on fieuis mois. Elle accoucha en effet le pouvoit les appercevoir après en avoir ÉT-^-- sxTR LA Physique écarté les grandes Lèvres avec les doigts. A. B. C. D. E.E. F. G. G. a K. L.L. M. M. N. O. P.P. -5. S* T. V. V. i :: : u.. X. X. -Z.Z. 1.: :. ':\ b.b. Le Pubis. La Commiflure fupérieure des Lèvres. Le Prépuce du Clitoris» Le Gland du Clitoris. Les Nymphes, L'Orifice de TUretFire, Les grandes Lèvres écartées, La CommilTure inférieure des Lèvres. La Foffe Naviculaire. Les deux Orifices du Vagin , le droit & le gauche , tous deux de diamètres égaux. Les deux Hymens, le droit & le gauche. Le Périné. L'Anus. Les Vagins, tant du côté droit que du côté gauche , niais fermés. L'union des deux Vagins, qui forme la Cloifon, Portion de l'Urethre fermée. - L'Utérus divifé, au moyen de laCloifon^ en droit & en gau- che & fermé. Une portion du Redum. Les Ovaires , le droit & le gau- che. Les Trompes de Fallope , la droite & la gauche. Les Ligamens ronds de la Ma- trice , le droit & le gau- che. Les Ligamens larges à droit & à gauche. Les Ailes de Chauve - fouris , ' îa droite & la gauche. Le* Franges des Trompes. Les Artères Spermatiques , une ET SUR LA Peinture; h de chaque côté. Les deux Veines Spermati- ques , une de chaque côté. Leurs origines n'ont rien que d'ordinaire. Le Corps Pampiniforme , ou Piramidal de chaque côté. L'union des deux Matrices, Echancrure qui fert à diftih- guer extérieurement les fonds des Matrices. c. c. d. J. e.e. f. OBSERVATION XIX. Sur une Découverte 'particulière concernant la Génération des Grenouilles^ ù" Criti- que de la précédente Obferi/ation. . ^ ♦ LE S Oviparifles nous ont toujours amufè de fuppofitions : la Spccy- lation feule a été la bafe de leur Syftê- me. Harvey ScMalpighi ont amplifié l'Hif- toire Naturelle d'une infinité de Fables que l'expérience dément aujourd'hui : le mal ne feroit pas bien grand, s'ils étoient feuls , mais plufieurs Phyfiçiens ont adopté leur Hipothèfe & en ont fait le fondement de toutes leurs Re- cherches. Nous avons déjà dit, quelque part, qu'Harvey vouloit que la Matrice con- çût par une efpéce de contagion , Se que Malpighi pretendoit que l'Embrion prèexifloit dans l'œuf femelle avan; l'ap- proche du Mâle. Les Remarques que fait M, Eifen- mann dans l'Obfervatioii précédente , confirment^ félon cet Auteur , le fen- timent des Phyfiçiens que nous venons de citer , malgré les expériences que B 12 OBSERVATIONS SUH l'H j'ai données fur la Génération Animale, fondées fur des faits , où le Microfcope &ies Loiipet. font imitiles, & où ilfuffit d'avoir des yeux pour être inllruit. Ce qui me fait dire ici, qu'ii n'efl pas fur- prenant que ceux qui ont écrit avant moi, ôc qui n'ont pas fait ma décou- verte , ayent imaginé des Etres 8ç en- fanté des Hipolhcfes abÛraites & diffi- ciles à expliquer. Mais que l'on conti- nue dç foutenir ,.par des- raifonnemens vagues, les chofes que les faits démen- tent, c'efl ce qui m'étonne. ' Avant de critiquer la DilTertation de M. ELfeninaun , voyons ici quelle efl ma Découverte 6< lés nouvelles Obfer- .yations qui la confirment. '' On peut s'inftruire du détail de cet- te Découverte dans le Mercure de Sep- tembre I yyo, & dans la première Par- tie du i.!vol. de mesObfervations. J'an- nonce dans mes Diflertations des faits irés-fenfibles , trcs-intérefiàns & trcs- curieux fur le principe de la Généra- tion animale de toute efpéce. Je prouve que pour découvrir le Fœ- tus au moment de (a formation , il fuf- fit de l'obferver dans les Mâles de toute efpéce, après le jet de leur femence : j'obferve qu'il a fallu recevoir ce jet dans l'eau claire & froide , qu'alors on a le tems de voir , fans le fecours d'au- cune Loupeni d'aucun Microfcope^ les Embrioni de tous les Vivipares. J'ai donné une Figure de ce Phéno- mène , dans la Planche A. d'Anato- mie. ( Voye^ la première Partie > An- née mil fept cent cinquante - deux :) j'ai enfin fait appercevoir aux Phyficiens que mon Syftéme n'eÛ pas celui d'Hartfoeker. Il eft à propos de remarquer ici la diflcrence qu'il y a entre la conjeûure d'Hattfoeker & ma Découverte, tout le Bionde la f^ait. te Seâaieur des Ver-; ISTÔIAE NAtURELtE i miculilles dit , qu'il a apperçâ par le fe« cours du Microfcope des Vermicults , des petits Tétarts , qui fourmilloient & qui frétrlloient dans la Semence , com- me les Infeâes que l'on voit dans le Vi- naigre. Ce qui a pu arriver par la cor- ruption fubite du Sperme. Ces petits Vers deviennent , fans doute , ajoute- t-il , des Hommes parfaits. Quelques OvLpariJîes que cette Dé- couverte étoniioit , afin de concilier leur opinion avec celle des Vermiculijîea, voyant le peu de folidité qu'il y avoil dans leurs conjeétures, fe font imaginés de fuppofer que parmi les Légions de Vers qui fe trouvent dans la Semence, Fun d'eux ou plulieurs, félon l'efpéce,' ( difoient-ils ) afiez heureux pour attra- per l'oeuf qui tombe dans la Matrice , s'y niche , s'y loge, y croit Se devient Foe- tus humain. Voilà bien des affaires: il faut adop- ter d'une part la fuperfluité contraire à la Nature ; de l'autre côté il faut croire à la Métamorphofe , ^ s'imaginer qu'un Animalcule peut devenir un Homme ,• U faut encore fuppofer que l'état de For- mation efl plus parfait que celui d'Ax- croilfcment : puifque le Ver frétille tan- dis que le Fœtus plus parfait à peine forme-t-il quelque mouvement. Chan- fons qui ont amufé les Hommes en a,t- tendant que quelqu'un les mît au fait ! Les (Euvres de Dieu font permanan- tes. De tous tems les Hommes pou- voient voir d'où ils provenoient j mais leur vanité les a aveuglés prefque dans tous les fiécles. Les Philofophes attachés à la Matiè- re ont voulu trouver la Nature dans la Nature même : les uns ont admis le concours des Molécules pour aider à la Création ; les autres ont voulu une éternité d'Oeufs , une infinité de Créatu- res les une» dans les autres , prêtes à f& SUR. LA Physique cfcvélopper au premier accident : ceux- ci ont rempli le Monde d'Etamines Gr de Vers j dont la difpofition & la place ne nianquent jamais d'aider à la forme & aux organes. Enfin l'imagination hu- maine a marqué par tout fa foiblefle & fa fubordination. Je viens de chercher avec Art dans ïes Animaux Ovipares & Aquatiques-^ leurs fortes de Générations , que le hazard, félon quelques-uns , m'a fait trouver autrefois dans les Vivipares. Ayant pour principe que la Nature ell une, & qu'elle opère en tout de la même* façon. Je me fuis imaginé d'élever des Grenouilles depuis leur enfaiice jufqu'à l'àge de puberté , tems auquel je les ai accouplées dans des Refervoirs grillés de fil de fer ^ en rafe Campagne ; & j'ai fuivi avec foin leur façon de vivre & leurs occupations journalières ,• ayant même la cruauté d'en dHTéquer quel- ques-unes de teins en tems , pendant leur croifiànce , leur métamorphofe , leurs fécondations , & même jufqu'à leur âge le plus décrépit. Je ne pouvois pas mieux. choifir que cette forte d'Ovipare. Elle efl Amphi- bie , fa produdionj doit redembler à celle des Poiflbns & à celle de tous les Animaux , qui dépofent leurs œufs dans les eaux. Génération des Grenouilles,, Les Grenouilles naiiïent, faites com- me des petits Têtards j elles n'ont en venant au monde ni pattes ni nageoires; elles frétillent dans l'eau auffi-tôt. qu'el- les ont quitté l'oeuf qui les nourrit pen- dant quelques jours. Elles multiplient prodigieufement & s'accouplent fans fe quitter pendant des journées entières.. Le Mâle embraiïe la Femelle par les gattes de dcTant & la ferre étroite^ ET SUR LA Peinture. i5 ment ; de forte qu'en les péchant vous les trouvez fouvent accouplées , & la peur du danger, ou toute autre raifon^ ne les peut faire quitter que par force. II faut obferver qu'elles n'ont aucu- ne partie extérieure : le Mà\e n'a aucu- ne Verge, la Femelle n'a aucun Vagin : l'Anus feul fert,.à l'un& à l'autre Sexe, à mettre dehors les excrémens , les Urines , les Embrions &; les (Eufs. Après avoir bien examiné ces cir- conilances qui dénotoient quelque cho- fe de fingulier dans leur Génération , je me fuis déterminé à ouvrir toutes celles que je trouverois accouplées jufqu'à ce que je pufle découvrir de quelle façon elles produifoient. Carfitôt qu'elles en- tendent quelque bruit, ou qu'elles ap- perçoivent quelqu'un, elles fe plongent dans l'eau , & il ne paroît rien de leur» opérations. J'en ouvris d'abord cinquante paires fans rien trouver qui pût me fatisfaire ; j'y allois d'abord trop rapidement , & l'avidité de nvinftruire me faifoh , fans compafiîon & fans précaution , plongée le Scalpel jufqu'au fond du Ventre. Je m'avifai enfin de prendre des Cifeaux fins & délicats & de couper avec pa- tience , { après avoir attaclié les pau- vres patiens avec plufieursgroITes épin- gles fur ime Table, ) la Peau & les Mufcles de l'Abdomen, que jerélevois allez adroitement. La première Grenouille que j'ou- vris en cet état ctoit la Femelle i elle n'offrit fur le champ à ma vue qu'un paquet énorme d'Oeufs contenus dans une glaire trcs-gluante , dont la furface formoit une efpéce de Pellicule.. Ces Oeufs étoient tous de la même groITeur & commedes têtes de greffes épingles, de couleur jaune , ronds Ik tachés d'un point noir qui en étoit le nœud : ce jjoint étoit l'endroit le glus tendre^ de- 14 Observations sur l'Histoire Naturelle» rociif, & celui où l'Embrion pou voit le de petits filets à ce cordon , qui na-r pins facilement s'attacher & prendre fa geoient dans l'eau claire , dont nous ve^ aourrnure. Je fouillai les entrailles , qnt palpi- toîent , mais il n'y avoit aucune appa- rence de vie ctrangcre à celle de l'A- niiiulquimefervoit de fujet, Oeft dans ces Oeufs prêts Jf ortir du corps qu'il falloir voir au NUcrofcope , des Em- biions ^ des EiTigies , ou du moins des Vers vivans & frétillans , ou palpitans tout comme on les voit dans les fémences. Mais , dira-t-on , ces Oeufs font en- core des Effigies &- attendent la fécon- dation du Maie à leur foriie du corps de la Femelle, comme font les Poiflbns: il n'cll pas étonnant que ceux qui font encore dans ks Ovaires ne foient pas fécondés. 11 ofi certain que cette raifon feroit demifefaiis ma Découverte vis-à-viâ laquelle il faut adoucir le ton. Après avoir difléqué la Femelle , de laquelle je donnerai l'Anatomie , ou pour mieux dire la Zoogénéjie ^ dans î'Obfervation fuivante , je clouai avec des épingles le pauvre Mâle & lui ou- vris le bas ventre avec autant de précau- tion que i'avois fait celui de la Femelle. Il fe prefenta d'abord une Véficule tnnfparcnte taillée àfacetes comme un Diamant, remplie d'une eau claire, belle, vive&: aufTi pure que le criftal ; cette Véficule étoitféparée par une fec- tion externe &formoit deux Lobes trcs- diflincls, la Véficule repofoit , fur l'Os pubis , à la même place où efl notre Veflie urinaire. J'ai oublié de dire que la Femelle avoir une pareille Véficule ^ mais celle du Mâle étoit fcparée par un cordon plus épais ; elle étoit entourée de Brandies d'Artères qui s'cpanouif- foient fur fa furface. Le cordon étoit comme le Placenta de plufieurs Em- brions vivans attachés par le cœur avec nons de parler , & frétilloient avec des fécou (Tes extraordinaires , battaru leurs queues, les uns contre les autres , fans pouvoir fe détacher du cordon qui les contenoit. A cette vue je fus tranfporté de joye; i'appellai tous ceux qui m'environ- noient, les voifins , j'aurois volontiers appelle toute la terre , pour être témoin d'un Phénomène fi nouveau , fi incon- .nu jufqu'aujourd'huij fi extraordinaire Si fi propre à convaincre tous ceux qui ont doute de la vérité de mes premiè- res expériences, n'étant pas à ponée de les faire. Un Mâle contenir des Embrions vi- vans, dillin Grenouilles fe fbrmoient auffi d'un Oeuf,environné d'une niatiére gluante, qui lui fevvoit de Coquille. Cet Oeuf lui parut d'abord moitié brun , moitié jau- nâtre , mais il brunit enfuite tout en- tier, excepté une partie qui eR , félon lui , le Ventre de l Animal. La Grenouil- le , dit-il , n'eft paj plutôt éclofe qu'elle nage dans l'eau & paroit à l'Oeil telle que dans la Figure i. ( Voyez à la fin de cette Obfervation. ) En obfervant ce Foetus , l'Au- teur a découvert une chofe à quoi il ne s'attendoit pas , c'ell la manière dont fe fait la circulation du Sang , & l'union des Veines &- des Artères. Il a remar- qué que ce mouvement n'étoit pas égal èi continu , comme celui d'un Fleuve, mais que le Sang étoit poulîé à diverfes reprifes, des parties les plus pioches du Cœur vers les plus éloignées , comme celui d'une liqueur qui tombe goûte à goûte , & que ces puUions étcient lî fréquentes , qu'on auroit de la peine à les compter une à une. Cela lui fit ju- ger que le Sang étoit poulTé autant de fois hors du Cœur, qu'il fe faiioit de pulfion dans ces Parties. A quelques jours de-là ces fix Vaiffcaiix tranfpa- rens fe réunirent à la Peau, 3-i quoi- qu'on pût encore remarquer un mou- vement de leiifion 54 de contraction à xS Observations sur l'Histoire Naturelle;. chaque côté de la Tête , on ne pouvoit plus voirie Sang circuler. Les petites Grenouilles à 8 » ou lo jours étoient le double plus grofles qu'au fortir de l'Oeuf, & on leur voyoit ouvrir & re- fermer la gueule , & ouvrir un peu les yeux,aufli fou vent que le Cœurbaitoit. L'Auteur fe conlirniadans fapenfée,. en obfervant la Queue de ces Reptile», où il remarqua plus de 50 VaiiTeaux fort minces & fjrt étroits, où le Sang circuloit. Ces Vailleaux étoient tous recourbés en forme d'Arc ^ dont l'un des bouts portoit le Sang du milieu de îa Queue vers fes extrémités &; le ra- menoit par l'autre bout vers le milieu» Si cela fe rencontre dans tous les Ani- maux, on fe feroit fatigué jufqu'icibien vainement à chercher le point d'union II y a encore ceci de remarqnaWc dans ces Obfervations, c'ert qu'on a pris garde qu'il y a des Vaiîîeaux qui fe divifenten deux comme ( Figure 2) A B aux points C D , de forte que A C E & B D F font deux Branches d'une Artère; aulTi bien que A C G , &: A C H : parce qu'elles portent le Sang aux extrémités du Corps. Au lieu que FI, Si EH font deux Veines, par- ce qu'elles le ramènent au Coeur. M. Leu\s^enhoek a déjà trouvé la même Circulation , & pour ainfi-dire , la môme identité des Veines Se des Ar- tères dans les nageoires de quelques PoilTons. II lit voir la plupart de ces Expériences à Meffieurs de Gravefande & Fallenfu, Echevins de Dclft , dont le premier étoit Médecin ,&àM.|iîein- des Veines & des Artères, puifqu'un J?«i , Penfionnaire de la Ville d'AmIler- même VailTeau , confidéré à divers égards , feroit Veine & Artère tout enfemble. Ce qui ell caufe qu'on n'avoit point encore découvert ce Myflère de la Na- ture , c'ell que la circulation du Sang ne fe fait pas feulement dans les grands Vaideaux , mais auffi dajis les plus pe- tits, parce qu'il faut que toutes les Par- ties du Corps en foicnt nourries. Ainfî les Vailleaux où l'Auteur a vu circuler le Sang des Grenouilles , font C étroits, qu'il n'y peut palTer à chaque fois qu'u- ne très-petite particule de Sang , qui ne peut être apperçue qu'avec un ex- cellent Microfcopc. Or, une feule par- ticule de Sang ne pouvant point /or/ncr de couleur , & les Animaux dans lelquels on cherche cette Circulation étant ou morts, ou tdlemeut épouvantés que leur Sang fe fige dans leurs Veines, ou perd au moins fon cours ordinaire , il d.jm , pour convaincre , par le témoi- gnage de ces Pcrfonnes éclairées, une efpèce d'Incrédules , qui ne peuvent . s'imaginer que les Pevfonnes qu'ils con- noiflent , fuient capables de quelqua chofe. Remarques de M. Seha^ Ce fameux Naturalifte a donné plu- fieurs Remarques fur la Grenouille : il prétend qu'ail y en a de plufieurs fortes ,. que les unes habitent les Buiflbns & les Arbriflaux * d'autres les joncs & les Marais , & d'autres les Rivières & les Lacs. Elles différent , félon lui , en grof- feur& il leur donne des nuancesde cou- leurs différentes; il cite une Grenouille de Mer d'une grolTeur monftrueufe : Voici la Defcription qu'il en donne lui- même. Les pieds de cette Grenouille , dit-iï, dedevanf'& de derrière étant étendus n'eft pas furprenant qu'on ne l'eût pas à prcfent même qu'ils font féchés , fur- découverte, partent encore en longueur une deniîc. S Je crois que cet Auteur veut parler ici des Crapaux». a ,r.x . Su». LA Physique «ouJée ; ce qui n'eft point leur gran- deur naturelle , comme on le jugera fans peine. Son Corps , à l'exception de la Tête , eft cendré gris-brun^ mar- queté de taches grandes & petites , qu'on prendroit pour des Verrues qui font au-de(îous d'un griî-lavé ^ & par deiïus d'un cendré jaune. Le Dos & l'interflice qu'il y a entre les Epaules , font relevés en bolTes , Se comme fé- parés par des lignes blanchâtres. Au- deflus des pieds de devant, on voit des deux côtés une efpéce de Bouclier , qui femble collé par deiïus", & dont la couleur efl d'un cendré clair , pi- coté de points noirs , & d'une figure approchante de celle d'un petit Bateau. Sa Tête eft barrée de Rayes rouiïâtres qui le décorent de côté & d'autre. Ses Yeux font grands & brillans j fes Oreil- les font rondes , courtes & peu ouver- tes *. Sa Langue efl large ^ adhérente à la partie de devant de la Mâchoire inférieure. Il paroît entre les FelTes & i'Os du Coccix quatre éminences ou boutons ronds, oblongs , qui font vrai- femblablement des excroilîances natu- relles. Ses pieds de devant fe fendent en quatre doigts , * * corapofés chacun de quatre articulations , dont les der- nières font larges munies d'Ongles & ne reiïemblent pas mal à des doign d'Enfant. Ses pieds de derrière font compofés d'un Pouce 6c de 4 Doigts terminés de la même façon & de plus attachés enfemble par une Membrane mitoyenne. Elien raconte ( Liv. î. Chap. ^6.) qu'allant de Naples à Pouzzole, il ef- fuya une pluie de Grenouilles qui lui tomba fur ie corps. C'ell ce que j'ai de ET SUR LA Peinture. if la. peine à croire , malgré le fentîmènr ô? Abraham Gronovieu: il fe peut que je' me trompe , c'eft ce que je ne puis pas alîurer. Sentiment de Malpighi. Ce Phyficien obferve dans les Gre- nouilles que lorfque le Sang revient lentement au Cœur & avec peu de chaleur, on apperçoit vifiblement des gouttes d'Huile dans le Tronc de la Veine-Porte (auquel font attachées des Canelures huileiifes ou graiffeufes y lerquelles gouttes font entrainées avec le Sang dans la cavité du Foyèi'' c-n. Ces Canelures çrrailTeufes font ad- mirables. Malpighi nous donne ici une preuve de leur utilité : le Créateur ea a pourvu ces Animaux pour fuppléec au défaut de nourriture &: pouf l'en- tretien du Sang. Je me fuis apperçu après les avoir cloués (ur des Table* 8c leur avoir fupprimé les Inteflins ,■ leur ayant mis un linge mouillé fur le Corps pour humeder ces parties & em- pêcher l'évaporation des humides , qu'elles ont vécu 2 4 heures dans cet état^ malgré la perte continuelle de leur Sang : mais que ces Canelures graiiïëufes, fe font trouvées plus pe- tites & plus diminuées de fubflance. Ces Canelures font les refervoirs de la fubfiflance de cet Animal f>endant l'Hy- ver, iorfqu'il efl caché au fond des eaux. La boue peut auffi lui fervir de nourriture j mais il eil certain qu'on peut en garder pendant long-tems^ qui vivront dans des vafes plein d'eau fans aucuiîe forte d'aliment. J'ai trouvé à la fin en les ouvrant que leurs Canelures * C 'eft ce qui me furprend , car dans celles ^ue nous connoilTons , il n'y a aucune ouyer- wre, ipfnc. ^roiï Doigts & un Pouce apparem^j graifleufes mées. Observations istJR L'HistôiRE NAtùRELlEj étoient prefque confom- Smtimmt de Gérard Blafe, On trouve dans cet Antenr des maii- vaifes Planches qui ne fe rapportent au- cunement au naturel. La Defcripiion Anatomique qu'il donne de la Gre- nouille n'efl pas jufle: Il prétend que les VaifTeaux Spermatiques des Fe- melles, faits pour fournir la Giape des Oeufs, font les Trompes : il dit que les Teflicules font ronds , ils font au contraires oblongs Se dans les vieux Mâles ils font faits pofitivement com- 1103 Reins , de couleur de jaune-paille, II obferve que le Péritoine , qui cache toutes les Parties du Bas- Ven- tre , monte plus haut que dans l'Hom- me ^ & va jufqu'à la Région des par- ties de devant, qu'il renferme les Poii- laions j comme le Diaphragnie dans les Poillons enferme les petits facs d'air qu'on y trouve ordinairement. Que le Péritoine fe termine au Péricarde , &; fépare 1© Cœur & le Diaphragme des Poumons &; du refle des Vilcéres du Bas-Ventre ; ce qui eft très- véritable. Cet Auteur prétend que les Gre- nouilles ne mangent que des Efcarbots, n'ayant trouvé rien autre chofe dans leurs Intellins. J'y ai pourtant trouve du limon de Marais , & du gravier dif- £bût& trituré d'une extrême iinefle. Je fupprirae de cet Auteur toutes les fuppolîtions qu'il fait fur la nature de rOeuf. Que les Oviparijles les citent > s'ils veulent & on leur répondra. Je vais donner préfentement ce que j'ai obfervé moi-même fur le naturel. DiJfeBionque j'ai faite de la Grenouille. Le CcEurn'efl compofc que d'un feu! \^entricule : il poulie &. reçoit alter- nativement le Sang par le moyen de deux Sous-papes , comme font les fouf-^ fiets fimples, qui lei^oivent & qui don- ' nent l'air, afin que l'air n'entre que d'un coté & ne forte que de l'autre. C'ert cette Contre-Sou?-pape qui cra- pcche le mélange du Sang dans le Ven- tricule du Cœur de la Grenouille ^ comme dans celui de laTortuc.( Voyez mes précédentes Obfervations , Toni. I. lySî.) Ce Vifcére occupera un jour les Phy- ficiens iut le mouvement de Diallole & de Sillole qu'il conferve pendant 7 ou 8 minutes, après fonextraftiondu Corps, & n'ayant plus aucune communication avec le Cerveau ni avec le Sang ; dont il efl pour lors privé entièrement : ce qui n'arrive point dans l'Homme ni dans plufieurs fortes d'Animaux. Je demande quels font les refforts qui le font agir ? LPOredle efl faite comme celle de la Tortue , c'el\-à-dire , compofée d'une cavité & d'une Peau extérieure qui la couvre: la cavité qui elt fous la Pieau , contient une corde qui la fépareen deux parties égales , laquelle fè tend à la vo- lonté de l'Animal , ce qui apparam- ment lui fert pour recevoir les vibra- tions de l'air. VOed de cet Animal n'efl point en- fermé dans une fofle odeufe ; il n'eit recouvert du côté du Palais que par la Dure-Mere & les Membranes du Pa~ lais. La Langue tient à Pextrêmité de la Bouche jfur les bords de la partie anté- rieure du Palais. & par conféquent elle eH attachée difléremment de la nôtre t fon extrémité pollérieure , qui répond au fond du Gozier, eft détachée & fert à enfoncer les alimens dans le Got zier. Les Poumons s'empliffent d'Air, à la SUR. LA Physique volonté de PAnimal. Sans ouvrir la Gueule j la Grenouille renvoyé l'air de fes Poumons dans des Veflîes qu'el- le porte procFie l'Oreille, aux angles de fes Mâchoires : Ces Veflles lui fervent apparemment de Refcrvoir pour raré- fier l'Air qu'elle contient dans fes Pou- mons. Les Parties du MUe confiflent en deux Teflicules qui appuient fur les Reins mêmes & ont des Epididimes fort adhérens aux Cannelures graif- feufes : ils font alTez petits dans les jeu- nes Grenouilles , & prefque auffi gros que des Arricots dans les vieux Màles, Ils tiennent aux gros VaiHeaux du Bas- Ventre , &i ont des Conduits qui vont fe perdre dans le Cordon que nous avons obfervé. Je nVr point trouve dans les Mâles des VailTeaux Spermatiques grands & entortilles comme dans les Femelles. Les Mâles des Grenouilles , comme je l'ai déjà dît ^ n'ont aucune Verge ou Conduit extérieur. LaVeffie de l'Urine tient au Reftum ; Elle eft fort adhérente à ce Vifcére: dans la chaleur de ces Animaux elle eft pleine de l'eau que nous avons obfervée^ où les Embrions nagent, étant attachés au Cordon ainfi que nous avons dit. Les Parties de la Femelle font les Cor- dons entortillés ou Vaifleaux Sperma- tiques. Ils commencent vers le Cœur, le Fore & les Parties fupérieures du Bas Ventre , & vont le perdre vers la Veiïie & vers les Oeufs de la Femelle : La VeflTie eft comme celle du Mâle , fortement attachée au Redum. Les Oeufs ne font point dans des Ovaires, c'eft-à-dire , dans un Vifcére particu- culier ; ils font répandus dans une glai- re j & forment un pacquet qurtient aux Reins , par une Membrane fine & dé- liée , où il y a quantité de petits Vaif- Heaux quifervem à l'accroiffetneat , ag- ET SUR LA Peinture; 2 1 paremment, & à l'extraôion des Oeufs. Ces Oeufs croilTent , environ vers le Primtems, prefque toussa la fois ; il en refte en la place d'autres qui ne s'ap- perçoivent pas pendant la crorirance des premiers , & dans le mors de Sep- tembre , après la Fécondation , on trouve les nouveaux paquets qui fe font formés, à moitié de. leur grofteur. Les Femelles n'ont aucun Vagin nr aucun Utérus. Le Coccix de cet Animal eft particu- lier , il eft fait en forme de Stilet fort allongé ^ ayant au moins la troifiéme partie de la hauteur de toutes les Ver« tébres ; il fait l'office de Levier pour étendre l'Anus, lesMufcles duquel font attachés à fon extrémité. La Figure & la fituation de cet Os fervent beaucoup à l'Elafticité du Corps de cet Animal. L'Os Sacrum ne tient point aux Os des Iles , comme dans prefque tous les Ani- maux : Il n'y eft attaché que par des Lf- gamens & des Mufcles ^ de forte qu'il s'en écarte &. s'en approche à volon- té , ri rient aux Vertèbres. La Moelle épiniere finit à la dernière Vertèbre ; die ne diminue point de groffeur ; mais à fon extrémité elle produit trois groiïes parres de Nerfs qui vont porter les efprits aux Cuilfes , & occafionnem leur mouvement : après avoir féparé du refte du Corps les Vertèbres, le BafTm & les Parties inférieures ; j'ai obfervé qu'en coupant ces Nerfs, ou en les fes- rant , les CuilTes Se les Jambes faifoient des mouvemens convulfife , q^uoique détachées du Corps» Vertus Médecinaks de la Grenouille,. Sylvius dit que la Grenouille guerfr de la Fièvre & empêche la fueur des.- mains , fi on en éioufTe quelqyiies-uueS' dans fes mainsv 22 Observations SUR l'Histoire Naturëlié^ Guainerius prétend que pour guérir la Grenouille. On vient de l'expliquet l'Hciifie , il faut manger des Poules dans la préfente Obfervation, de l'Mclilie , Il iaut mange nourries avec de la farine d'Orge pétrie du Bouillon des Grenouilles. ' Thimotée donne un Rcmcde fingu- lier ,• il prétend que les Grenouilles fen- duc> Si appliquées foir & matin fur les Reins des Hydropiques , attirent les eaux qui fluent dans le Corps de ces Malades. C'ell un Rcmcde qui mé- rite d'être éprouvé & authorifé par l'ex- périence. Les Foyes des Grenouilles calcinés au Four, fur une feuille de chou en- tre deux Terrines , mis en poudre & avalés dans l'eau de Pivoine^ guerif- fent les Maladies qui proviennent de l'airedation des Nerfs , & des foiblefles du Cœur. On peut les prendre en tout tems, mais fur-tout auxSolcifles d'Eté. EXPLICATI ON De la Planche E. de VHiJîoire Naturelle des Quadrupèdes. F I G u R £ L Le Fœtus de la Grenouille vu an Microfcope. L M N O F Marquent la Tête. H I R S LeVenire. G H S La Queue. Au-delTus de la Tête , vers M N 0 on voit la Peau plus épailîe qu'ailleurs, ce qui fait conjeâurer que ce pourroit être une partie de la Peau dont la Gre- rouille fe couvre en croiflant. T ell fa Gueule: V V deux taches noires fort rondes : I K L &: P Q R font fix par- ties tranrparenies & dont trois pendent à chaque côté delà Tête. Figure 11, prel F I G u R M IIL A B C D E F G Le Foie & fes trois Lobes. Les Teflicules, Les Corps graifTeux, Les Véficules féminaîes. Veffie commune aux deux Sexes , remplie d'une eau trcs-claire & limpide. Gros VailTeaux Sanguins. Les Reins. I G a R X ÎV, Elle repréfente une Grenouille Mâl«. A Le Lariux. B Petite ouverture du Larinx par où fort la voix» C Les Poumons, D Le Cœur. E La Véficule du Fiel. F Le Conduit Pancréatique. G L'Efloniach. H Les Inteflins GrelTes, I Le Foie. K Le Péritoine. L VelTies Aqueufes. M Les Véficules féminaîes d'où for- tent les Embrions & où ils fe tiennent attachés. I » o K. M V, A B C D Le Coeur. Les Poumons. Les Veines. Les Corps GraifTeux , la Vcficul* aqueufe. z G u R s VL File repréfente l'Anaftomofe des Elle repréfente une Femelle ouverte Veines & des Ancres dans le Foetus de aptes la ponte des Oeufs. svK LA Physique A L'Eflomacîi renverfé. B Coupe de l'Eftomacli qui tient aux Inteflîns. C Lés Inteftins. D La Veffie. E La Touffe des Oeufs Se le Corps Graiffeux. H Les Vaiffeaux Spermatrques, ou ceux qui fervent à l'accroifîe- ment de la glaire des Oeufs. OBSERVATION XXL Sur la Multiplication Naturelle des Vers à foye , & projet d'en élever 6' d'en tirer les Cocons fans aucun foin. MON but eft rutilité publique» Dans cette vûë , je n'épargne rien pour fervir la Patrie. H eft vrai que d'une autre part , le Public ne m'oublie point & qu'il me rend de fré- quentes vifites dans lefquelles il me laif- fe toujours des marques de ion eftime. Les Vers à foye font l'objet de cette Obfervation.Je lifois dans des Auteurs, anciens & nouveaux ^ l'Hiftoire de ces Infeâes , & j'obfèrvois avec douleur les foins & la peine que prennent les Hommes pour aider à la Nature, fur- tout dans nos climats. De forte que les Chambres j les Maifons & fouvent les Villages entiers font occupés par les Vers à foye, &en même temsles Hom- mes , les Femmes & les Enfans aban- donnent la Culture des Terres & toute autre occupation plus utile à la vie ^ pour fe livrer entièrement au fervice de ces Animaux: qui fçavent à merveille fe palTerde nous dans des Provinces de la Chine Se dans les Indes ; Pays auquel les Payfans foignent leurs Terres, pen- dant que les Vers parcourent les Mû- liers Si. fabriqiiem leurs Cocons. ET SUR LA Peinture. 2j Si j'étois en Provence, où le Climat eft plus fec , je ne douterois nullement de la réulTite de mon projet ; mais à Paris il (êra plus difficile de réuffir. Voici les ElTais que j'ai faits qui fer- viront de Plan à ceux qui voudront faire les mêmes tentatives. J'ai eu deux jeunes Mûriers dans- des Cailles que j'ai mis à une Fenêtre expofée au Soleil du Levant dans la Maifon que j'occupe à Paris , & j'ai; collé fur les Branches de ces Mûriers des morceaux de Papier fur lefquels étoient attachés des Oeufs de Vers s foye. J'avois foin d'arrofer mes Mû- riers^ mais je n'ai pris aucun foin des Oeufs ni des Vers qui s'y font produits. Voici le Journal des Obfervations que i'ai faites. Je commençai mon Opération vers le commencement de Juin , la Pluie qu'il fit pendant quelques jours i-^f^n' dommogea aucunement les Oeufs, ils conferverent leur couleur aflez long- tems , 8c les journées de beau Soleil qu'il fit enfuite leur furent extrêmement favorables. J'apperçus que les Oeufs fe gonfloient au Soleil Se devenoient prefque ronds , Se qu'au contraire pen- dant la pluie ils diminuoient Se fe ré- trecifibient de façon , qu'ils laiffoient une efpéce de Folle à leur Centre» J'avois pofé environ un millier d'Oeufs fur les deux petits Mûriers; mais avant qu'ils fuffent éclos il en pé- rit environ cinq cens qui blanchirent Se où l'Embrion perdit la vie y ce que j'attribuai au défaut de Soleil qui a été allez rare cette année, & aux pluies allez fréquentes ^ je puis encore ajou- ter à cela la mauvaife fituation de mes Mûriers , que le Soleil n'échaulToirque trois ou quatre heures le matin , ce qui faifoit que quand cet Aftre paroiffoit dans Paris le foir 8t que les Nuages ^4 Observations sur l'Histoire Naturelle^ l'avoîent caché le matin , je perdois ne leur faifoient aucun mal ; ils fe ga- rnie journée entière de Soleil, rentilToient eux - mêmes de la pluie Vers le i"} Juillet mes petits Vers comme je viens de dire, & toute la caufe fonirent de leurs Oeufs avec beaucoup de leur perte ne provenoit que de leur de vigueur & de force; ils ctoient (i éveilles & fi raifonnables que je fus furpris de leur adrelle & de leur induf- trie ; ils commencèrent à fuivre la Branche fur laquelle ils avoient reçu le jour : & de la Branche ils gagnèrent la queue des feuilles fur Icfquelles ils fe promenèrent avec avidité, fenour- ridant du velouté des feuilles , 8c ne louchant pas encore à lamalTe qui les compofe. Ce qu'il y avoit de fingulier , c'eft que le jour même de leur nailTance ils avoient la malice de fe mettre fous la feuille lorfqu'il pleuvoit , & s'ils ap- percevoient unefeuille plus commode, ou s'ils n'étoient pas à leur aife, ils fe iaifloient aller, au moyen d''un fil aiïez long quilesfufpendoitjufqu'à ce que le vent les eût poulîés fur d'autres feuilles où ils s'attachoient & coupoient pour lors le fil qui les avoii fufpendus. Ils ne fortirent pas tous à la fois de leurs Oeufs , mais chacun félon l'en- droit où ils étoicnt placés : ceux qui étoient le mieux expofis furent ceux qui vinrent les premiers au monde. Je les vis enfuite grofTir & croître , changer de Peau & dormir à leur ordi- naire , comme nous ont raconté les Auteurs qui ont écrit de cet Animal ; mais je m'apperçus avec douleur qu'il en tomboit continuellement à terre , que je perdois ne pouvant les apper- cevoii; fans compter ceux qui tom- boient par la fenêtre. De forte qu'au bout de quinze 'jours j'en avois perdu plus de la moitié de ceux qui étoient éclos- Il lit des Tonncres & des Eclairs; il plut fouvcnt3 mais tous ces accidens chute. Cette perte continua de façon , que plus ils grolTilfoient plus il en tomboit, en lorte que ver* le commencement d'Aoûts ie me trouvai réduit à vingt Vers fort gros , bien nourris & fort ro- buRes. Mais de ces vingt j'eus le mal- heur d'en perdre encore quinze, & il ne m'en refla pour toute refTource que cinq , qui ont fait leur Cocon d'une foyeextrèmement fine & belle. Je pris un de ces Cocons tout for- mé & je l'ouvris avec des CizeauxJ je trouvai le Ver encore dans le même état , mais moins gros qu'il n'étoit avant fa retraite. Le lendemain il referma fon Cocon, de forte que je ne pus l'ou- vrir que par une féconde incifion. J'ai dilTéquc enfuite les autres , & Tannée prochaine je continuerai mes Obfervations. Il fuit de ceci que l'on peut élever des Vers àfoye dans notre Climat, & même aux environs de Paris , fans au- cun foin , en mettant les Mûriers en expofition convenable; ce qui fcroit bien avantageux à la France; & fi mon projet réufTit, je ferai Hatté de prouver que les Phyficiens font bons à quelque chofe dans un Etat. Pour prévenir les accidens qu'ont éprouvé mes Vers à foye , il feroit à propos de mettre au bas de l'Arbre un ChalTis quarré , ou rond, foutenu par ^ piliers à la hauteur convenable. Ou de tendre une Toile fur deux ChalTis, que l'on joindroit au pied de l'Arbie, afm que les Vers à foye en tombant dclTus puilTent regagner l'Arbre & de -là les feuilles. Je crois auffi qu'un filet, qui enve- lopperoit SUR. LA Physique et sur la Peinture. par le bas & paroiiïent naturellement allignés comme pour le plaifir de la Promenade , qu'on le trouve au milieu d'une variété admirable d'Herbes Mé- decinales qtii naiiïent aux pieds des Ar- bres, entre les Racines & ies Pierres, d'où il eft très-difficile d-e l'arracher. , Le Gin-feng aime l'Ombre , auffi bien que les Plantes dont ces Bois font remplis. Quand les Terres font nou- vellement défricliées , il y en reparoît encore quelques Racines qu'on n'avoit pas arrachées en défrichant, mais il ne s'y en reproduit jamais d'autres, le ne le crois pas pour cela ennemi de la chaleur , car cette Racine eft chaude. D'ailleurs en Eté , il fait une chaleur encore plus forte & plus étouffante ^ans ces Bois qu'en plein air. J'aime- rois mieux dire que ces Plantes , à qui l'Ombre eft fi favorable, étant trop agi- tées par l'adion immédiate du Soleil & d'un Air trop ouvert , y font renfer- mées dans la Terre comme dans un feiH ftérile, tandis que d'autres , à qui ce grand air & Tadion immédiate du Soleil font plus propices , fe dévelop- pent &: croiftent à plaifir ; ce qu'elles ne pourroient faire à Tabri des Forêts. J'ai vu moi - même cette expérience dans le cours d'une Année : ayant fait abat- tre durant l'Hyver un ou deux Arpens de Bois, le Primems fuivant, au lieu de ces Herbes améres qui y étoient , il n'y vint que du Chiendent , du Trè- fle , du Curage & d'autres Herbes fem- blables qui ne croiftent qu'en plein Champ. Quand j'eus découvert le Gin feng , il me vint dans la penfée que ce pou- voit être une efpcce de Mandragore. J'eus le plaifir de voir que je m'etois rencontré fur cela avec le P. Martini , qui , dans l'endroit que j'ai cité , &; qui eft rapporté par le P. Kiiker, parle en » » Année i-j$2fTotn, IL IF. Part, 55 ces termes : « Je ne fçauroîs mieux re- » préfenter cette Racine , qu'en difant >) qu'elle eft prefque femblable à no- ty tre Mandragore , hormis que celle- » là eft un peu plus petite ,quoiquelle foit de quelqu'une de fes efpéces : je ne doute point du tout qu'elle n'ait les mèaies qualités & une pa- reille vertu , puilqu'elle lui relTem- ble fi fort & qu'elles ont toutes deux » la même Figure. » Si le P. Martini a eu raifon de Tap- peller une efpéce de Mandragore à caufe de fa Figure , il a eu tort de Pappeller ainfi à caufe de fes proprié- tés. Nos efpéces de Mandragores font Narcotiques , rafraîchiflantes & ftupé- fiantes. Ces qualités ne conviennent point du tout au Gin-feng. La féconde efpéce de Garent-Oguen^ qui , félon le rapport des Sauvages, ne produit qu'une feule Feuille fans Ti- ge , fans Fleur & fans Fruit , eft une autre efpéce de Mandragore > je ne fçache pas que perfonne en ait jamais parlé ; elle peut faire une troifiéme ef- péce avec les deux Mandragores da Diofcorides qu'il nomme a;^ttJxo<. Les Sauvages fe fervent d'une autre Plante pour rétablir les forces perdues, ils la nomment Tfîoterefe - gâa , ou la grande longue Racine pour la diftin- guer de la Salfe-pareille , qu'ils nom- ment Çjmpïemeni Tfîoterefe ^ ou la lon- gue Racine. Les François la connoiftent fous le nom d'Anis fauvage. Les Sau- vages font les plus grands mangeurs du Monde , mais ils fçavent auftî par- faitement fupporter la faim : Quand leurs Provifions manquent, ils fe cei- gnent fortement le Ventre , & fati- guent doublement à courir, pour cher- cher de quoi vivre, & pourfoufirir leur difette ; alors quand leurs genoux chan- cellent, & que leurs yeux commen- Observations sur l'Histoire Naturelle; Î4 cent à doubler les objets , ils prennent une poignée de la poudre de cette Ra- cine qu'ils délaient dans de l'eau qu'ils boivent , & leurs forces font fur le champ rétablies. Us font le même re- mède avec fuccès & avec la même préparation , pour fe guérir du coup de Soleil : Cette Racine efl d'ailleurs un des plus excellens Vulnéraires qu'on puiffe trouver: J'en ai apporté un peu De la Planche B. de fHifloire Naturelle & il n'eft perfonne qui ne juge de fa vertu par fon goût aromatique. Je l'ar vue dans l'Herbier de M. de JuflTieu A & dans celui de M.. Vaillant. II ne me relie plus qu'à fouhaiter que B les expériences qu'on fera en France du Gin-feng venu de Canada puiflent C répondre à celles qu'on a dcja faites en ce Pays-là, & fe trouver telles qu'on D paroit les promettre. M. de Juiïieum'a E fait l'honneur de me dire qu'il s'en Gtoit déjà fervi avec fuccès , &: qu'il avoit arrêté un VômifTement qui n'a- voit pu céder aux Remèdes ordinaires^ E XP L 1 C AT 1 ON des Plantes Gr des Fleurs^ La Racine & les noeuds qti'elle for- me tous les ans. La Tige nouvelle que prépare la Racine. La Tige avec fes Feuilles & £a Fleur. Le Fruit. Coupe de la Racine^ PHYSIQUE. OBSERVATION IV. Paralelle ' de la Philofophie Ancienne &* Moderne. E S Phyficiens font de trois ^4 efpéces ; les uns font des Ex- périences^ les autres les ex- pliquent , Si d'autres établif- fent les Syflêmes avec lefquels ont dc- fmit tous les Phénomènes. Il efl aifé de faire des Expériences & d'avoir un Cabinet garni de toutes fortes d'Inftru- mens ; mais il efl difficile de définir les caufes de chaque Météores. Dans les Collèges & dans les Cours particufiers de Phyfique, on s'attache à répéter les Phénomènes qu'ont dé- couvert M. Mariottej M. Polmiere^ M. Mujjenhroek , M. Mbbé Nollet & M. Franklin : lefquels ont fort illuflré la Phyfique expérimentale. M. Marchand^ M. Pagny > NL de Lor & plufieurs autres fuivent les Expériences de ces Phyfi- ciens, les démontrent au Public &s'en SUR LA Physique et sur la Peinture. acquittent à merveille. Ceux qui expliquent ces Expérien- ces fans les pratiquer, font d'autres Philofophes, que tout le Monde con- noît 8c dont le nombre efl trop confi- dérable pour entreprendre de les nom- mer ici: & enfin ceux qui ont établi les 5r Opinions font efledivement neuves & que perlonne n'y peut rien reven- diquer. Le fond de mon Syflême ne tient à celui de qui que ce foit. Il efl diffé- rent de ceux de Thaïes , de Pithagore , de Democriîe , de Platon , â'EpicureSc de Caufesgénérales, aveclefquelleson ex- tous ceux que j'ai déjà nommés. II efl plique les Phénomènes & les Météores, ^ •/-,., ... font connus fous les noms d'Ariftote, de Defcartes , de GaJJendy , de Newton , de Leibnit^ , de Gautier ( fi l'on veut) &c d'autres Philofophes que je nomme- rois s'ils n'avoient pas confervé i'anoni- me dans leurs Ecrits. Je ne cite point Mallebranche , Ro' hault , &c. ce ne font que des Difci- ples de Defcartes ; mais je prends la liberté de me nommer avec ceux qui ont enfanté des Syflémes nouveaux , ou du moins reconnus pour tels. Cette note-ci efl nécelfaire pour tran- cTier toute collocution inutile & mettre le Public au fait en deux mots ^ & tout d'un coup. Elle ne choquera perfon- ne parce que chacun y a la place que la Nature lui a donnée ou qu'il a choifie lui-même par état. On ne manquera cependant pas de me taxer de vanité pour m'être placé parmi les Pères de la Philofophie Mo- derne. Mais où faut-il me mettre ? Efl- ce avec MefTieurs Pagny & Delor? Ce- la n'efl pas jufle; je ne fais point de Cours d'Expériences Phyfiques. Faut- il que je fois de la Clallé de M. Poli- niere & de M. Franklin? Je n'ai point de Cabinets publics ornés d'Inllru- mens de Phytique , les plus curieux & les plus intérelTans : je n'adopte pas non plus les Syllêmes des autres. Enfin, Bon ou mauvajs Phyficien., il faut bien que je me place avec les Inventeurs de nouveaux Syflémes , puifque mes donc raifonnable de prendre féance oi Je droit naturel me pofe. Aujourd'hui il n'efl pas encore quef- tron de me combattre; il fuffit, félon quelques-uns , de me confondre avec la Foule, afin d'éclipfer toutes mes Dé- couvertes : c'efl ce que je veux éviter & je ne trouve pas de remède plus pro- pre pour détourner cette injuflice que de faire ici un Tableau abrégé de toute la Philofophie , & de prouver que les Parties ignées de mon Syflême ne font pas celles dont entendent parler les Difciples de Defcartes & de Newton. Quoique la plupart des LeAeurs fça- chent d'avance en quoi CGofifte l'an- cienne Philofophie, ils ne feront pas fâchés de voir ici le Paralelle des Opi- nions les plus renommées des premiers Philofophes, avec celles des Moder- nes ; fur lefquelles on a bâti les fonde- mens de toute la Phyfique. Nous ex- pliquerons enfuite la Matière Eleâri- que , félon nos idées , dans rObferva- tion fuivante. Les Syflémes de Philofophie ne font pas des Poèmes: les Philofophes n'ont pas befoin de dire comme les Poètes , Mufa mihi caufas memora , quoiqu'en dife un Auteur anonime *. Les Poètes racontent des Fables qui ne s'accorde- ront jamais avec la raifon ,• mais les" Philofophes cherchent la vérité Se for- ment des conjeétui.es pour la connoî- tre & la développer. Ils travaillent à expliquer les merveilles de la Nature Dans le Mercure de Septembre 1751 , page 61, ■4l5 Observations sur l'Hist'oim Natorblle, & à corriger les Moeurs , & les Poètes „ Sa chaleur le pénétre & fa clarté rinoiùTe^ quelquefois cherchent à les corrom- L'on ne doutera plus par Pexpofi- tion de ce qui fuit, du projet qu'ont formé mes adverfaires de confondre mon Syftême, &on fera perfuadé , piè- ces en main , des contradiftions qui fe trouvent dans leurs propres fenti- mens. Mercure de France Septembre i 7 5" a , page 63^ « Rien n'eft plus merveilleux ( dit l'Auteur Anonime que nous venons de citer ) « que l'aAion du feu , Prin- M cipe Phyfique de tous les Phénomè- i> nés de la Nature. » Ell-ce un Cartéfien qui parle ou un Newionien ? Quel e(l le Syflême que fuit cet Auteur , de dire que l'a£lion du Feu ejî k Principe Phyfique de tous les Plié- nomènes delà Nature. Defcartes n'admet pour Principe aaif que Us Tourbillons de la Matière en général. Newton ne connoît que V AttraEHon^ la Gravitation , la Force Centripète , la Force Centrifuge , & la Propenfion quel- Je croirois volontiers- que c'eft un Seftateur de mon Syftêrae , puilque toute mon Hypothcfe n'efl fondée que fur VASion du feu . fur les Impulfions du Soleil, & en un mot, fur les Parties ignées : non , je m.e trompe , c'etl un Ne\Btonien qui fe fert de mes Décou- vertes. 1/lmpulfion rapide du Soleil qui entraîne les Globes errans , appartient préfentement au grand Ne^vton. • » Oui , mon cher B. . . ( itit l'Anonime ) il * » eft l'ame du Monde , M Effets d'une mcme adion , *>L'un maintient les reflbrts de la Machin» •s ronde, » Et l'autre tend fans cefle à leur deftruftionj. =• Sa plus belle produdion M Eft cette lumière Éthérée, »» Dont Newton le premier d'une main iof^ » pirée, 30 Sépara les Couleurs par la réfraib'on ; » Il y voit aujourd'hui du haut de l'Empirée »x La caufe de l'attraftion. • Les Rayon* convergens de ce brillant fluide «Vert mille & mille points de ce vafte Uni- » very , . ** Balancent tous les Cofps fur leurs centrée M divers » D'un imique Soleil ïimpuîjîon rapide » Les diiîjerferoit tous dans un immenfe vuide» » Dieu compafla d'abord leurs grandeurs & « leurs rangs , » Il élance le Feu du centre à la furface , » Allume les Soleils : de lumineux Torrens » Aujfi-tât rempiijfenc l'efpace » Entraînent les Globes errans. » Tout fe meut, ^ félon les degrés diférens « De la dijlance 0* de la majje , " Tout s'approche , ou s'éloigne , ou conftrveft- 9 place , » Par l'effort des Feux confpiraïUi Je crois qu'il n'en faut pas davan- tage pour faire voir qu'on veut attri- buer mes Découvertes à Newton.. Journd de Trevouv, Mai 17J2 ,p. fjo. On vient d'obferver que les NeNTto- toniens fe fervent du Sentiment des autres Philofophes , on verra dans l'inflant qu'ils fe dépouillent eux-inèr mes de leurs Dogmes. euii LA Physique Jufqu'auiourcl'hui , les Seftateurs de Kewton ont regardé l'Attraâion & la Gravitation comme Principe du mou- vement , préfentement ils difent , que « la Pefanuur , la Gravitation Cr fAt- » traâion ^ font des termes dont on fe fert » non pour expliquer la caufe ^ mais pour » montrer ee qu'on obferve dans les Phéno^- 39 mènes mîmes. » Les Newtoniens commencent donc à fe dépouiller de la caufe principale de leur Syflcme , & fe contentent de donner le rriêrae nom aux Phénomè- nes , qu'ils appliquoient à la caufe , ce qui me paroîl bien fingulier! Et de- puis quand parle- 1- on ainfi ? Eft-ce depuis que j'ai démontré qu'il ctoit aullî ridicule d'admettre l'Aiiradion comme Principe adif du Monde, que d'adopter Iss facultés oceukes des Fe ripatèticiens. Ils veulent coiilTdérer les Phénomcnes fans caufe: & pour ap- puyer leur changement d'une efpéce d'autorité Phyfique , ils difent à la fuite de ce qiie nous venons de voir : « Il n ferait doncabfurde de dire que parce qu'on » ne connoit pas le Père de celui - ci ( que » nom appellerons , par exemple ^ Jean ) il » s'^enfuit que Jean n'ejî pas Père de Pierre, » Grand Père de Guillaume , (y Bif^yeul 3i de Nicolas. » Il auroit fallu donc ajou- ter ici : Jean danfe mieux que Pierre , Pierre danfe mieux que Jean, pour prouver que le Syllême d'un tel Plii- lofophe vaut mieux en certain point que c;elui d'un autre. De pareilles fimplicités déshonorent la Philofophie : Il faudroit enfouir ces ridicule; comparaifons dans l'abîme des ténèbres, au lieu de les rélever dans l'Extrait d'un grand Ouvrage qui if SITU LA Peikturb; 37 pouvait fournir vingt Extraits curieux 6* interreffans. Journal des Sçavans Décembre 175 1 , page iy4r. D'autres Ne\rtoniens paroinTcnt en même tems fur l'horifon & font indi- gnés delà foiblefle de ceux-ci, ils ren- chériflent fur i'Hypothèfe fans copier perfonne fans céder la moindre partie de leurs droits , augmentent au con- traire l'étendue & la force de leur pro- pre Syllcme. Non feulement ils veu- lent que l'Attraâion conferve le Mon- de &c tous fes mouvemens dans l'état que nous le voyons 5 mais ils créent l'U- nivers avec cette force majeure. Un New^tonien Anonime Compo- fiteur d'un Syllême matériel * prétend non feulement reconnourzi'AttraBïon ( ain- fi que Newton ) comme une propriété confiante de la Matière . qui conferve l'or- dre &■ l'arrangement dans ce vajle Univers.- il cherche Ji cette AttraSlion ne ferait poé la caufe produSlrice de la formation des Corps . comme ellt l'efl de leur confer- vation, C'efl: ici le comble de la contradic- tion dans une même Ecole; le pre- mier met de l'alliage dans la Gompo- fuion Philofophique de Novton. Le fécond , nie l'Attradion comme caufe effentielle , & le dernier la donne connue l'unique Agent de la Créa- tion. Ce qui caufe cette varie'té de Senti- ment dans la même Sede , ceft la. foi- blelTe de leur Dodrine. Voyons préfentement le Paralelle des Syftêmes que je me fuis propofc- de donner ici. * Extrait de l'Origine de cet Univers, expliqué par ua Principe de la Matière à Berli^i 58 Observations StJR'i'KiStoiRE Natdrellé, PHILOSOPHIE D E THALÉS , Auteur de la Seâle Ionique. Thaïes le plus ancien des Pliilofo- plies connus , croyoit que le Monde avoit été difpofé de la manière que nous le voyons par une intelligence qui n'avoit point eu de commence- ment & qui n'auroit jamais de tin: il eft le premier des Grecs qui ait enfei- gné que les Ames étoient immortel- les.' Il difoit que la chofc du Monde la plus grande étoit le Lieu , parce qu'il lefquelles la Lune paroit &i les contraignoit à fe déborder dans la Campagne. Thaïes a prédit le premier les Eclip- fesdu Soleil & de la Lune, & il a fait des Obfervations fur les mouvemens de ces deux Allre?. Il croyoit que le Soleil étoit im Corps lumineux de lui- même , dont la malîe étoit i lo fois plus grolle que celle de la Lune. Que la Lu- ne étoit un Corps opaque , qui n'étoit capable de reHcchir la Lumière du So- leil que par une feule moitié de fa fur- face , &. fur cette fuppofition , il reii- doit raifon des diflerentes Phafes fous (l'ert lui qui a recherché le premier l'Origine des Vents , la Matière des Foudres , la caufe des Eclairs & du Tonnerre. Perfonne avaiy lui n'avoit connu la manière de mefurer les Hauteurs des Tours & des Piramides par leur ombre Méridionale , lorfque le Soleil eft dans l'Equinoxe. PHILOSOPHIE DE PITHAGORE Auteur ie la SeBe Italique. Pithagore croyoit que le premier Principe de toutes chofes étoit Vanité, * que de-là venoient les nombres , des nombres les points , des points les branle ^ qui étoit la caufe de fou mou- lignes , des lignes les fuperlicies , des vement. fuperficies les folides, & des folides Les effets merveilleux de l'Aiman les quatre Elemens, le Feu , l'Air, l'Eau & de l'Ambre , & la Sympathie entre & la Terre , dont tout le Monde étoit les chofes de même Nature , lui ont compofé ; 8c que ces Elemens fe chan- fait croire qu'il n'y avoit rien dans le geoient perpétuellement les uns dans MonJe qui ne fût animé. Il croyoit les autres ; mais que rien jamais ne pé- renfermoit tous les Ellres Il croyoit que l'eau étoit le premier Principe de toutes chofes ; que la Ter- re n'étoit qu'une Eau condenfée ; l'Air une Eau raréfiée ; que toutes chofes fe changeoient perpétuellement les unes dans les autres; mais qu'en dernier ireu tout fe refolvoit en Eau ; que l'U- nivers étoit animé Se rempli d'Eftres invifibles qui voltigeoient fans celVe de côté & d'autre. Que la Terre étoit au milieu du Monde ; qu'elle fe mouvoir au tour de fon propre Centre , qui étoit le même que celui de l'Univers , & que les Eaux de la Mer, furquoi elle étoit pofée , lui donnoient un certain que la caufe de l'inondation du Nil venoit de ce que les Vents Ethejîens , qui fùulHoient du Septentrion au Mi- di , retardoient les Eaux du Fleuve qui coulent du Midi vers le Septentrion , rilfoit dans l'Univers^ Se que tout ce qui arrivoit n'étoit que des changemens. ' Il difoit que la Terre étoit ronde Se placée au milieu du Monde , qu'elle étoit habitée en tous fens , & pat con- ?. C'eô peut-être de cette idée que Leibniti a compofé Ces Monadett Su^ LA Physique féquent qu'il y avoit des Antipodes , où les homines marchoient les pieds oppofés aux nôtres. Que l'Air qui en- vironnoit la Terre étoit greffier & prefque immobile , & que c'étoit pour cela que tous les Animaux qui i'habi- toient étoient mortels &: fujets à cor- ruption ; qu'au contraire l'Air du haut des Cieux étoit très-fubtil Se dans une agitatiofl perpétuelle ; ce qui faifoit que tous les Animaux qui le remplif- foient étoient immortels , & par con- féquent divins ; & qu'ainfi le Soleil , la Lune & tous les autres Allres étoient des Dieux , parce qu'ils étoient placés au milieu de cet Air fubtil & de cette chaleur aâive qui ell le principe de la .Vie. PHILOSOPHIE DE DÈMOCRTTE Auteur de la. SeEle des Atomijles^ Démocrite croyoic que les premiers principes de toutes chofes , étoient les Atomes & le Vuide. Que rien ne fe faifoit de rien , & qu'aucune autre chofe ne pouvoit ja- mais être réduite à rien. Que les Atomes n'étoient fujets ni à la corruption ni à aucun autre change- ment , à caufe que leur dureté invinci- cibleles mettoit à couvert de toutes fortes d'altérations. Il prétendoit que du concours de ces Atomes , il s'étoit formé une infinité de MonJes , * dont chacun périiïbit au bout d'un certain tems ; mais que de ces débris il s'en compofoit un autre. Que l'Ame de l'Homme ^ qu'il croyoit être la même chofe que i'ef- * VhntewàeV Origine de cet Univers, ex- pliqué par un Principe delà Matière, a tiré (on idée de celle-ci. î * Les Matérialiftes tirent leurs opinions ET SUR LA Peinture. 5^ prit, étoit aulTi compofée du concours de ces Atomes ^ ** de même que le Soleil, la Lune & tous les autres Af- tres. Que ces Atomes avoîent un mou- vement tournoyant, qui étoit la caufe de la Génération de tous les Ellres; & commece mouvement tournoyant étoit toujours uniforme, c'étoit le fujet pour lequel Démocrite admettoit le Dallin, & qu'il croyoit que toutes chofes fe faifoient par néceflué. II croyoit que l'Ame étoit répandue dans toutes les Parties du Corps, & que le fujet pour lequel nous avions du fentiment dans toutes ces Parties : c'étoit parce que chaque Atome de l'Ame répondoit à chaque Atome du Corps. Démocrite croyoit que les Aflres fe mouvoient dans des efpaces entière- ment libres, & qu'il n'y avoit point par conféquent de Sphères folides , auf- quelles ils fulîent attachés ; qu'ils n'a- voient qu'un feul & fimple mouvement vers l'Occident; qu'ils étoient tous em- portés par la rapidité d'un Tourbillon de Matière fluide , *** dont la Terre étoit le Centre , & que chaque Aftre fe mouvoit d'autant plus doucement qu'il étoit plus proche de la Terre, à caufe que la violence du mouvement de la circonférence s'alîoibliiroit peu à peu en tirant vers le Centre. Qu'ainfi. ceux-là paroilToient fe mouvoir vers- l'Orient j lefquels fe meuvent plus len- tement vers rOccident3& que comme lesEtoiles fixes, fe meuvent plus rapide- ment que tous les autres Albes , elles achèvent leur circuit en j^ heures -; le Soleil qui fe meut plus lentement ne l'achevé qu'en ^4 heures & quel- de cette penfée. * * * Defcartes a compofé Ces Tourlillons & fa. Matière Etherée , de cet endroit de la Philo- fophie de Démocrite. 4© Observations sOr l'Hi qiies minutes : & la Lime qui fe meut plus lentement que tous les atures Af- tres, ne l'achevé qu'en près de 2^ ■fleures ; de forte qu'elle ne fe meut pas, difoit-il , de foii propre mouvement vers les Etoiles plus Orientales ; mais «lie eft laillée par les Etoiles plus Oc- cidentales qui la viennent rejoindre irente jours après« PHILOSOPHIE DE PLATON. eu Principes Phyfiques des Platoniciens. Platon (félon que rapporte Plutar- aii i.liv. des Opinions des Philofo- pliescK. 3. ) adraettoit trois Principes Dieu , ia Matière 8c Vidée: Dieu , com- •me l'intelligence univerfelle : la Ma- tière, comme le premier fuppôt de la Génération & de la Corruption : l'Idée, comme une fubftance incorporelle Se ïéfidente dansTeniendement de Dieu, îl reconnoilîoit à la vérité que le Mon- de étoit l'Ouvrage d'un Dieu Créateur; mais il n'entendoit pas par le nom de Création une Création proprement di- te: car il fuppofoit que Dieu n'avoit fait que former Se bâtir, pour ainfi di- re , le Monde d'une Matière prcexif- tante, & qui étoit de toute Eternité : de forte que ce Dieu Créateur, n'cft félon lui , à ('égard du Monde qu'il a créé en débrouillant le cahoi ^ & en donnant une forme à une Matière bru- te , que ce que font un Architede Se des Maçons , qui en taillant & en ar- rangeant dans un certain ordre des pierres brutes , en forment une Mîi- fon. Platon enfeignoît aufii la Mctempfi- cofe qu'il avoit prife de Pithagore , & enfuitç tournée à fa manière. sTOiRE Naturelle, PHILOSOPHIE D'ARISTOTE , Auteur de la SeSle des Péripateticiens. Selon Ariftote , il y a trois Princi- pes des chofes naturelles ; la Prbationf ia Matière Se la Forme. Il ne confidcre pas la Privation com- me un Principe de la compofition des Corps y mats comme un Principe exter- ne de leur produdion , en tant que la produâionefl: un changement , par le- quel la Matière pafle de l'état qu'elle n'avoit pas à celui qu'elle acquiert , comme , par exemple , des planches qui palTent de l'état de n'être point Table à celui d'être Table. Ariftote donne deux définitions différentes de la Matière ^ en voici une qui efl; négative^ La Matière première^ dit-iL ell ce qui n'ell ni fubUance , ni étendue ^ ni qualité , ni aucune autre efpéce d'Elire ; ainlî , félon lui la Matière du Bois , par exem- ple, n'eft ni (on étendue, ni fa figure, ni fa couleur , ni fa folidité , ni la pé- fanteur, ni fa dureté , ni fa fécherelfe, ni fon liumidité , ni fon odeur , ni en- fin aucuns des autres accidens qui fe trouvent dans le Bois. L'autre définition ell affirmative, & ne contente pas plus que la première. Il dit que la Matière eCl le fujet dont une chofe efl compofèe^ & en quoi elle fe refoud en dernier lieu. Il refte toujours à fçavoir quel ell ce premier fujet dont les Ouvrages de la Nature font compofés. Le même PhHofophe enfeigne que pour former un Corps naturel, il faut, outre la Matière première un autre Principe qu'il appelle la forme. Quel- ques-uns croyent qu'il n'entend riea autre chofe que la difpofition des Par- ties} d'antres foutiennent qu'il entend une entité fubJJantielle , réellement dif- SUR. LA Physique et sur la Peinture. fopperoit le Mûrier , empêcheroit les Oifeaux de détruire ces Animaux , fup- = ? naturelle , on croit faire un feconà préfent au Public en la donnant avec pofé 4u'il s'en trouvât quel dont elle me dit fur le champ l'ufage que les Sauvages en faifoient. Sur le rapport que je lui fis de l'eflime qu'on en faifoit à la Chine , elle fe guérit dès le lendemain d'une Fièvre intermittente qui la tourmentoit de- puis quelques mois. Elle n'y fit point d'autre préparation que de boire l'eau froide oùavoient trempés quelques- unes de ces Racines brilées entre deux Pierres. Elle fit depuis deux fois la mêmechofe & fe guérit chaque fois dès le même jour. Quelque préfomption que j'eulTe que cette Plante étoit le Gin-feng, je n'ofois pourtant rien affurer n'en ayant que des idées confufes. Je pris donc ie parti de faire une Defcriptionjexaèle de la Plante trouvée en Canada ; je l'envoyai à Québec à un Homme in- telligent , afin qu'il la confrontât avec ET SUR. LA Peinture. 27 la Planche gravée qui repréfente le Grn-feng de la Chine. On n'eut pas plutôt reçu ma Lettre qu'on partit pour Montréal ^ & qu'on fe rendit à notre Miirionqui n'en eft qu'à trois lieues. La perfonne habile & moi parcourûmes les Bois où je luilaillaile plaifir de la découvrir elle - même. Nos Recherches ne furent pas lon- gues. Quand nous eûmes raniafTé divers pieds, nous allâmes les confronter avec le Livre dans une Cabane. A la vue feule de la Planche^les Sau- vages reconnurent leur Plante de Ca- nada, & comme nous en avions en main les différentes efpéces ^ nous eû- mes le plaifir de voir une Defcription fi exafte & une fi jufie proportion avec la Plante , qu'il n'y manquoit la moin- dre circonflance dont nous n'eufiîons la preuve devant les Yeux. Ma furprife fut extrême quand enten- dant Texpiication du mot Chinois qui fignifie reffemblancede VHomme, ou Cuif- Jes de l'Homme , je m'apperçus que. le mot Iroquois Garent Oguenavoit la mê- me fignification. En effet, Garent- Oguen eft un mot compofé dkOrenta , qui fignifie les Cuifles &: les Jambes , & d'Ogwen , qui veut dire deux chofes féparées. Faifint alors une réflexioa fur la bizarrerie de ce nom^ qui n'a été donné que fur une reiïemblance fort imparfaite qui ne fe trouve point dans plufieurs Plantes de cette cfpéce , & qui fe rencontre dans plufieurs autres d'ef- péce fortjdiflcrente . je ne pus m'em- pêcher de conclure que la même figni- fication n'avoit pu être appliquée au mot Chinois & au mot Iroquois, fans une communication d'Idées , & pac conféquent de Perfonnes, P^r-là \z fus confirmé dans l'Opinion que i'avois dé- jà , & qui efl fondée fiir d'autres pré- jugés , que l'Amérique ne faifoit qu'ua Dij »8 Observations sur même Coiuiiient avcc l'Alie , à qui elle s'unit par la Tartarie au Nord de la Chine. Vuici préfentenT'nt la Defcrip- Mon de cette inorveiileiire Racine & les Obfcrvations que j'ai faites. La grande quantité qui m'en a palTé par les mains donnera de la créance à mon récit. Le Narct qui fait le Corps de la Ra- cine cfl peu ditlérent de nos Navets ordinaires. Quand on l'a lavé il paroît blanchâtre en dehors & un peu rabo- teux. Quand on l'a coupé en travers on voit un Cercle formé par la pre- mière écorce, qui efl affez cpailTe , & un Corps ligneux fort blane qui repré- fente un Soleil, par plufieurs lignes droi- tes tirées du Centre au Parenchime , lequel en fait la circonférence. La Ra- cine en fcchant jaunit un peu 3 mais le dedans de la Racine , coupée en long ou en travers , conferve toujours par- faitement fa blancheur. Le Colet de la Racine eft un tilTu tortueux de Noeuds, où font imprimés obliquement & alternativement , tan- tôt d'un côté, tantôt de l'autre les vef- tiges de différentes Tiges, & qui mar- quent l'âge de cette Plante , qui ne produit qu'une Tige par an. J'ai trou- vé dans plufieurs le relie des Tiges de deux ou trois Années précédentes au- deflbus de celle de l'année r on voit en Automne fe former celle qui doit pouïïer le Printems d'après. En comp- tant les Nœuds, j'ai vu des Racines qui marquoient près de cent ans. On voit fouvent fortir du Colet d'ef- pace en elpace deux ou trois de ces Navets fimples, aulTi-bien que quel- ques Fibr«s, ce qui peut être l'eflet d'une trop grande abondance de féve> qui trouvant une ilTuc par le Colet , forme une nouvelle Racine, ne pou- 'HisTdiRE Naturelle, vaut fe répandre 8c circuler tome en- tière dans la Tige. La Tige fort du Colet environ deux ou trois pouces avant dans la Terre, La ditTiculté qu'elle trouve a la percer & à fe faire jour la gauchit un peu ; mais des qu'elle en eft (ortie , elle s'élève à la hauteur d'un pied. Elle efl ordinairement fort droite Se affer unie. Tandis qu'elle eft dans la Terre , la Terre la blanchit; mais des qu'elle arrive au grand Air , elle fe colore d'un beau Vert glacé d'un Rouge Ama- rante qui fe confond 8c fe perd aulîî- bien que ce Vert foncé , à méfure qu'elle approche du Nœud. Ce Nœud fe forme au fommet de la Tige, 8c il eft le Centre de trois ou quatre Branches. Ces Branches s'éten- dant horifontalement , 8c s'écartant également les unes des autres , forment avec leurs feuilles une efpéce de Pa- rafol renverfé & afTez arondi. La cou- leur d'Amarante & de Vert fe renou-. velle au Nœud, & fe dégrade infen- fiblement en approchant des feuilles. Chaque Brarrche contient cinq feuil- les inégales , qui partent toutes d'un même Centre, elles s'étendent en for- me d'une main ouverte. La feuille du milieu eft plus grande que fes deux voifines , & celles-ci font plus grandes que les deux plus baffes. Les feuilles de la nouvelle Plante font oblongues , dentelées & d'une fineffe extrême ; elles fe retréciftent & s'allongent vers la pointe. Ledeffus de la feuille eft d'un Vert foncé , le re- vers en eft plus blanchâtre , plus uni 8c fort tranfparent. Les Fibres qui fe répandent fur toute la fuperficie font plus faillantes fur ce revers , & on y diftingue de petits poils blancs & droits qui s'élèvent de diftance en diftanc^^ Svx La Physique H faut cependant beaucoup d'atten- tion pour les obferver, &on ne les ap- perçoit bien qu'en les plaçant horilbn- talenient entre r(EiI& la Lumière. I,es couleurs de la Tige & des Bran- ches s'éclaircilTent à méfure que la Plante approche de fa maturité , le Vert fe change en un blanc terne, le Rouge n'ell plus fi foncé ,• & dans l'Au- tomne , les feuilles , en féchant , pren- nent ou la couleur ordinaire de feuilles mortes , ou une couleur vineufe pareil- le à celle des feuilles de la Vigne rem- pante. Au Centre du Nœud où fe forment les Branches s'élève un Pédicule d'en- viron cinq à fix pouces , qui paroît être la continuation de la première Tige, &qui foutient un Bouquet de petites Fleurs. En fon tems de très- beaux Fruits leur fuccédent. Ils font entés par leur Baze fur autant de pe- tits filets ou Pédicules particuliers de la longueur d'un pouce, & déliés à proportion, écartés à égale diUance les uns des autres en forme Sphérique. Ils compofent une Ombelle à peu près femblable par fa Figure à celle du Lierre , mais bien différente par la beauté de fon Fruit. Ces Pédicules font d'une couleur plus vineufe que le refle. Quand le Bouquet commence à s'é- panouir, on voit fe développer une Fleur fort petite, mais bien ouverte & biendillinde.ElIea cinq feuilles blan- châtres en forme d'étoile , comme le font communément les Fleurs des Plan- tes en Parafol ou en Ombelle. Elles font foutenues pat un Calice , au Cen- tre duquel on voit un Pillile recourbé en deux petits Filamens , & envi- ronné de cinq Etamines couvertes d'u- ne farine grumuleufe , extrêmement blanche. Ces Etamines font bientôt ET lùK LA Peinture; 2^ delîéchces , & cette poulTiére farineu- fe s'évapore en peu de tems. Le Piftile de la Fleur en s'unilTant au Calice devient un Fruit, & preni la Figure d'un Arricot, Il fe voûte par fon fommec , où le Calice de la Fleur lui fait une Couronne à cinq rayons » au Centre de laquelle paroit la pointe du Pillile; à fes extrên-iités il s'arron- dit en Orilion , & s'applatit par fes cô- tés , où il fe diftingue par des lignes épaifles de bas en haut , en manière de côtes de Melon ; mais à méfure que ce Fruit fe remplit ces lignes s'effacent Se paroiffent peu fenfibles. La Peau fe ra- fiiie , devient plus mince , plus déli- cate ^ & couvre une Pulpe ou Chaic fpongieufe un peu jaunâtre, d'où fort un Suc vineux , & qui eft à peu près du goût de la Racine & des Feuilles. Ce Fruit efl d'abord d'une couleur Vert-foncé , il blanchit en approchant de fa maturité, quand il ell mûr, if efl d'un beau Rouge de Carmin , & if noircit en féchant à méfure que laPeaa fe colle fur les Noyaux. Quand le Fruit, ell parfait ; il renferme deux Noyaux féparés en deux Cellules , & pofés fur le même plan. Ces Noyaux ont auiïi la Figure d'un Arricot ; ils font durs > diftingués en côtes de Melon comme le Fruit , l'Amande en ell blanche , & d'un goût un peu amer, ainli q^ue le refle de la Plante. Outre ce Bouquet , on remarque fouvent un ou deux de ces Fruits por- tés fur des Pédicules féparés & attachés au Pédicule commun , à deux pouces au-deiïous de L'Ombelle. Quelquefois il en naît plutieurs qui partent du nœu J. d'où forcent les Branches. J'ai vu une de ces Plantes qui me parut plus ex- traordinaire, elle avoit un fécond Bou- quet bien formé , qu'elle portoit fur un fécond Pédicule commun j^ qui s'é- 3© Observations sur. l'Histoire Naturelle; ievoit à côté du premier. Racine aiifTi la vendent-ils très-clier 8c Il paroît donc vraifemblable que or^ en donne trois fois autant d'Argent tous les Auteurs , qui nous ont donne qu'elle pcfe. des Figures diHerentes de cette Fiante, ne nous les ont données que fur des Mémoires intidéles, trompés eux-mê- mes par d'autres qui l'avoientété avant eux. Tous les Auteurs qui parlent du Gin - feng s'accordent à lui donner de très -grandes vertus. Les Chinois 6f les Japonois rappor- tent diverfes propriétés de ces Racines. Les principales font , qu'elles forti- fient , qu'elles engraiffent , qu'elles font utiles pour les maux des Reins. Il n'efl prefque point de Médecines , & il n'eft point de Cordiaux où ils ne les falTent peurs , qu'il remédie à la refpivation entrer après les avoir réduites en pou- foible &c précipitée en fortifiant la Poi- dre. trine ; qu'il augmente les Efprits vi- EUe augmente les Efprits vitaux , taux & produit de la Limplie dans quoiqu'on n'en prenne que la douzié- le Sang ; enfin qu'il efl; bon pour les me partie d'une once. Quand on aug- Vertiges (Se les EblouilTemens , &c qu'il mente la dofe elle fert à rétablir les for- prolonge la vie aux Vieillards. Sur les ces perdues & à fortifier les foibles &: expériences de cette Racine , on ne les débiles. Elle échauffe agréablement fçauroit trop vanter une Plante aulïï & doucement le Corps lorfqu'on la piécieufe & aufTi fouveraine que l'efl fait bouillir au Bain-marie: quand elle celle-ci. Les plus habiles Médecins de la Chr- ne ont fait des volumes entiers fur les propriétés du Ginfeng. Ils le font en- trer dans prefque tous les Remèdes qu'ils vendent aux Grands Seigneurs , car il ert d'un trop arand prix pour le Peuple. Ils prétendent que c'efl un Remède fouverain pour des cpuifemens caufés par des travaux exceOlfs du Corps & de l'Efprit , qu'il difTout les Phlegmes ^ qu'il guérit la foiblelfedu Poumon Se la Pléurefie , qu'il arrête les VômilTemens , qu'il fortifie l'Eflomach & ouvre l'appétit ; qu'il dilTipe les Va- efl cuite elle éxale une odeur aromati- que: ceux qui font d'un tempéram- ment fort & robufle , & qui ont une grande chaleur naturelle , courrent rif- que de perdre la vie s'ils en mangent , oarce qu'elle augniente trop leurs ef- prits (Se leur chaleur. Il n en ett pas ainfides Malades ou des Perlonnes af- foiblies par une longue maladie, elle fait fur eux des efpéces de miracles. Les mourans même trouvent fouvent du foulagement à en ufer : par là leurs forces s'augmentent, è^- ib îe trouvent en état de prendre les Remèdes qui leur font nécelTiires pour Is recouvre- ment de leur fanté. Les Chinois ra- content mille autres merveilles de cette Je demandai d'abord à nos Sauva- ges quel ufage ils en faifoient. On en ufe, me répondirent-ils, pour purger les Enfans au Berceau. Ils difent qu'el- le n'ert pas allez forte pour purger des Pcrfonnesplus âgées. C'ell-là fans dou- te ce qu'il l'a fait appeiler par quel- ques-uns la Médecine des Enfans. Les Sauvages s'en fervent aulTi pour réveil- ler l'appétit , quoique le dégoût foit une Maladie peu ordinaire parmi eux. Un Huron 8c un Albenaquï , tous deux habiles à leur manière, me dirent qu'ils l'employoientpour la Diffenterie , mais qu'ils la méioient avec d'autres Plantes, c'étoit-là tout ce que je fiçavois du Gin- feng lorfque je l'envoyai du Canada à SUR LA Physique Paris i je m'étois cependant perfuadé que par Ton ufage je m'étois guéri d'un refle de Khumatifme dont j'étois très- fatigué & que je n'ai plus reffenti. Je m'en fuis fervi depuis pour un flux de Sang commencé , que j'emportai d'u- ne feule prife. ■ Je n'envoyai que très - peu de Gin-feng à Paris , feulement pour le faire voir. Je ne laifTai pas d'enadref- fer une petite Bocte en Province aune Perfonne incommodée pour laquelle je m'intéreiïbis , elle étoit malade depuis dix-neuf mois. Le principe de fon mal étoit un dérangement d'Eftomach qui avoit fi fort empiré , qu'il s'y étoit jomt une Fièvre intermittente avec une in- fomnie perpétuelle & un très-grand dé- goût. Le Quinquina dont elle ufoii ne lui ôtoit ia Fièvre que pour peu de jours , il lui caufoit même une grande ardeur dans le Gofier, & i'écliaufloit coufidérablement. Ceux qui m'écri- voientà fon fujet m'en parloient com- me d'une perfonne de qui il n'y avoit plus rien à efpérer. Dès qu'elle eut reçu ces Racines elle en ufa durant fept jours de fuite. Dès les premiers jours elle recouvra l'appé- tit Si le fommeil : mais fa Fièvre aug- menta fi coufidérablement fur la fin , qu'elle en feroit morte^ dit-elle^ fi elle eut eu un troifiéme accès femblable aux deux premiers qu'elle avoit eus. Elle crut devoir interrompre l'ufage du Gin-feng. Son Médecin lui fit entendre que cette augmentation de Fièvre pou- voit venir plutôt de ce qu'elle avoit iifè de quelques- unes de ces Racines mojfics , que de la Nature même du Remède. Elle en reprit & guérit. II y a un mois , écrit-elle , que je n'ai plus de Ficvre , & djs tout mon mal , il ne me relie que de la maigreur. Je n'ai point fait myftére en Canada ET SUR LA Peinture. 31 de ma Découverte. A prcfent tout le Monde y connoît le Gin-feng, fur- tout à Montréal, où tout cet Eté les 5'auvages le font venu vendre au Mar- ché , & l'ont même vendu aflez Chè- rement. L'abondance qu'on en a eue a donné lieu à plufieurs expériences. Une perfonne de caraâère & de diflindion ; mais réduite prefque tou- tes les Années à rextrcmitè, par un Afihme, rèfolut de s'en fervir. Dès les premières prifes elle y reconnut un effet fi prompt , qu'elle avouoit qu'on lui ôtoit , ce lui fembloit , le mal com- me avec la main. Des Perfonnes âgées ayant fait ufa- ge pour des Fluxions 8c des Rhumaiif- me-,qui les rendoient comme impoten- tes depuis quelques années , en ont été délivrées par une efpèce de prodige. Cette Racine ell véritablement amie de l'Eriomach, en remet les Levains , difiipe les Humeurs froides , pituiteufes & fcrophuieules, fubiilife le Sang, lui ôte fa grolTierctè ., Si eil un fpècifique pour y rendre fluide la Lymphe. Elle ouvre les conduits des Rheins , Se pouf- fe au dehors les fables & les matières giaireufes. Elle excite fenfiblcment l'appétit , &: fortifie vèritabien>ent. La Chaleur qu'elle excite efl douce ^pro- portionnée à la Chaleur naturelle, & propre à faire une bonne Coélion , & par-là à remédier à prefque tous les maux qui font produits par le défaut de digeftion. C'eU en particulier un excellent Fé- brifuge : je connois trois ou quatre perfonnes qui ont été guéris de Fièvres lentes de deux ans , en très -peu de jours. M. Breynius dit que quand on en a pris y la Fièvre diminue de moment en moment. Cependant quelques per- fonnes en Canada ont éprouvé un effet contraire, & fait les mêmes plaintes Observations sur t'HistoiRE NAtuRELte ," 3^ que celle à qui je l'avois envoyé en France. Peut-être que ces dificrences viennent de la variété des Tempéra- mens , de la dirpofitiùnoù l'on fe trou- ve , ou de la manière de le prendre. Sur quoi les épreuves qu'on en fera dans la fuite, achèveront de nous inf- truire. Pourmoi j'ai de la peine à croi- re que fon ufage puifle être nuilîble , tant fa Chaleur me paroit douce. Il me femble pourtant qu'il eLl meilleur pour îes Fièvres chroniques & lentes , que pour les Fièvres aiguës. Je ne voudrois pas non plus le donner dans l'accès de la Fièvre. Les perfonnes mêmes d'un Tempérament trop vif doivent en ufer avec précaution , mais on le con- dèclare fa force St fa vertu. On peut re- mettre pareille quantité d'eau fur la même d jle , & il ell bon même la fé- conde fois. Oeft ainfi qu'on en ufe pour le Thé. Je croirois qu'il feroit meilleur infulédans le Vin blanc. On en pour- roit faire même une eau ^ comme l'eau de Genièvre^ qui auroit pour le moins autant d'efficace , & qui auroit le mê- me ufaç;e. On peut le prendre à jeun, ou mieux encore après avoir mangé , car il aide la digeRion , 8c guérit même l'indi- gellion. Une perfonne digne de foi m'a alTuré en avoir été guérie fubite- ment. Les Chinois ne fe fervent que de la feille aux perfonnes âgées & languif- Racine du Gin-feng. Le Fruit n'eft fantes La manière de prendre le Gin-feng , félon M. Kempfer eft de le réduire en poudre. La dofe eft d'une Dragnie & demie, infufée dans quelque liqueur. On peut s'en fervir de cette manière bon à rien. Le P. Jartoux affure que les Feuilles , prifes en guife de Thé , font auflTi bonnes ou meilleures que le Thé même. Quelques perfonnes ont fumé de ces Feuilles en Canada , le goût & l'crdeur félon leur rapport en félon le Père Jartoux. On coupe la font agréables , &; leur fumée abbat les Racine par tranches . il en confeille aux vapeurs perfonnes malades la cinquième paru d'une once , & la dixième partie à ceux qui n'en prennent que pour fe conferver dans leur embonpoint, en- core ne croit -il pas qu'on doive en faire un ufage \ournalier. On met cette dofe dans un Vaiîleau de Terre bien bouché , fur un demi - feptier d'eau qu'on lailïe bouillir iufqu'à ce qu'il foit réduit à une bonne lalfe. On le prend anffi chaud qu'on peut, & on îe mêle avec un peu de fucre pour en corriger le goCit , qui paroit d'abord défagrèable. Ce goût confilie dans un feniiment de jus de Règlilîe , mais qui a un peirplus d'amertume. Quand on y eft accoutumé il fait plailir , Se on fenten même-tems une chaleur douce dans la Bouche & dans l'Eilomach, qui Le Gin-feng ne croît pas à la Chine, mais enTartarie. On l'y trouve entre le j9 & le 47 dégrès de Latitude Boréale, le lo 5cie iode Longitude ^ en comp- tant depuis le Méridien de Pékin. Il croit fur le penchant des .Montagnes dans d'èpailles Forêts , fur le bord des Ravines , autour des Rochers , au pied des Arbres , & au milieu de toutes lor- tes d'Herbes ,-mais on ne le trouve point dans les Plaines , & dans les Marécages , ni dans les lieux décou- verts. On n'en recueille pas dans toutes for- tes de Bois, je l'ai cherché inutilement dans les Forêts touffues & embarralVces de Broufiaillcs. Ce n'efl proprement que dans les Bois de Haute-Futaye , où les Arbres droits & hauts font dégagés pax SUR LA Physique et sCr. la Peinture; tinde de la Matière, & que quand on •Broyé du Bled , par exemple , il fur- vient une nouvelle forme fubilan- tielle, par laquelle le Bled devient Fa- line , &.C. II admet de ces fortes de formes fubflantielles dans tous les autres Corps naturels ; ainfi , par exemple , dans un Cheval, outre les Os, la Chair, les Nerfs j le Cerveau , le Sang qui en cir- culant dans les Veines de dans les Ar- tères , nourrit toutes les Parties , & outre les Efprits Animaux qui font les Principes des mouvemens , il admet une forme fubftantielle qu'il dit être l'Ame du Cheval ; il foutiejit que cette prétendue forme n'efl: pas tirée delà Matière , mais de la puillancede la Matière: il veut que ce foit une entité réellenien: diflinéle de la Ma- tière, dont elle n'eit ni Partie, ni mê- me Modification. Ariûote tient que tous les Corps TerreÛres lojit compofés de quatre Elemens, la Terre, l'Eau, l'Air &; le Feu : que la Terre & l'Eau font péfar- tes , en ce qu'elles tendent à s'appro- cher du Centre du Monde; * & qu'au contraire l'Air & le Feu s'en éloignent ïe plus qu'ils peuvent, qu'ainfi ils font légers. Outre ces quatre Elemens , il en a admis un cinquième dont les chofes Céleftes étoient comporécs , Se dont le mouvement étoit toujours circulaire. II tient que la Matière efl; divifible à l'infini; que l'Univers efl plein, & qu'il n'y a aucun vuide dans toute la Natu- xei ** que le Monde efl: éternel ; que le Soleil a toujours tourné comme il a fait, & qu'il tournera toujours de même 41 que les Générations des Hommes fe font toujours faites fans qu'il y ait eu jamais de commencement, S'il y avoit eîi un premier Homme , dit-il , il fe- roit né fans Père &: fans Mère , ce qui répugne. Il fait le même raifon- nement fur les Oifeaux : il ne fe peut faire , dit- il, qu'il y ait eu un premier (Euf qui ait donné le commencement aux Oifeaux j car un Oifeaù vient d'un (Euf; mais cet v*.uf vient d'un Oifeau, Si ainfi toujours de même en remon- tant fans qu'il y ait jamais eu aucun commencement. Il raifonne de mê- me de toutes les autres efpéces qui font dans l'Univers. * 11 foutient que les Cieux font incor- ruptibles , & que quoique les chofes fublunaires fbient fujettes à fe corrom- pre , leurs Parties néanmoins ne pé- riflent pas ; qu'elles ne font que chan- ger de place ; que des débris d'une chofe il s'en fait une autre ; & qu'ainli la Maiïe du Monde demeure toujours en fon entier^ Ariflote tient que la Terre efl; au Centre du Monde, Si que le premier Elire fait mouvoir les Cieux au tour de la Terre par des Intelli- gences qui font occupées perpétuelle- ment à ces mouvemens. II prétend que tout ce qui efl cou- vert aujourd'hui des Eaux de la Mer, a été autrefois Terre ferme , & que tout ce qu'il y a aujourd'hui de Terre ferme fera enfuite couvert de ces mê- mes Eaux. La raifon qu'il en donne efl tirée de ce que les Fleuves & les Torrens entrament continuellement des Sables & des Terres , ce qui fait que les Rivages s'avancent peu à peu Si que la Mvir fe retire infcnfiblementi * C'eft de cet endroit que Newton tire la ** Defcartes tire fon Plein & fon Homur du Gravitation des Corps , & la Propenjion qud- Vuide de cet endroit ici. conclue. * Les Matérialiftes raiibnnent auflTi mal, Année \-j$2 jTom. IL IF. Partie, F, Observations sur" l'Histoire Naturelle^, 42 lîbien que le temsne manqiuuit jamais, ces vicilTitudcs de Terre en Mer Se de Mer en Terre , fc font enfin aprcs des liécles innombrables. Il ajoute qu'en phifieurs endroits qui font bien avant dans les Terres , & même fort élevés , la Mer en fe retirant y a (ailîé de fcs Coquilles , &: qu'en fouillant daps les Terres on trouve aulïï quelquefois des Ancics & des pièces ■de Navire. OviJe attribue auflTi ce mê- me Sentiment à Pithagore. ' Or^ Ariftct2 prétend que ces chan- gemens de Mer en Terre, de Terre en Mer , qui fe font infenfiblement & pendant une longue fucceffion de tenis^ font en partie caufe que la mémoire des chofes paflces s'abolit. Il ajoute qu'il arrive outre cela d'autres acci- dens , qui font caufes que les Arts mê- mes fe perdent. Ces accidens font , ou des Peftes , ou des Guerres , ou des Stérilités , ou des Trem.blemens de Terre, ou des Incendies , ou enfui des Défolations, qui font telles qu'elles ex- terminent & font périr tous les Hom- mes d'une Contrée ; fi ce n'eft qu'il s'en échappe quelques-uns qui fe fau- vent dans les Déferts, 011 ils mènent ime vie fauvage, & oîi ils donnent chaque Corps. On a beau méprifer la citation du Sentiment des Anciens; ce Sentiment a trop de liaifon avec celui des Mo- dernes pour l'enfévelir dans l'oubli : il faut au contraire qu'il niarche à la Tête pour confondre ceux qui en font les Plagiaires. PHILOSOPHIE DE DESCARTES. Defcartes foutient avec vérité , que Dieu efl l'Auteur de tout ce qui ell au Monde . & qu'étant la fource de toute vérité , il n'a point créé notre enten- dement de telle nature qu'il fe puifTe tromper au jugement qu'il fait des chofes dont il a une perception fort claire & fort dillinéle. Qu'il y a des Corps étendus en lon- gueur , largeur Se profondeur , qui ont diverfes Figures & fe meuvent en di- verfcs façons. Que ce n'ell pas la pcfanteur , ni la dureté , ni la couleur , &c. qui confli- tue la nature des Corps , mais Tex- tenfion feule. Que la Rarcfraflron, la Condenfa- lion , fe font par l'ccartemcnt ou par l'approche des Parties qui compofent nailTance à d'autres Hommes, qui par la fuite des tems cultivent les Terres , & inventent on retrouvent des Arts, Se que les mêmes Opinions font reve- nues & ont été renouvellées une infi- nité de fois. C'eft ainfi qu'il foutient que nonobflant ces viciflitudes Se ces révolutions , la Machine du Monde demeure toujours incorruptible. La Philofophie d'Ariftote a régné depuis Alexandre le Grand , jufqu'à Louis XIV. Defcartes rcnouvcUa la Philofophie & lui donna une nouvelle forme : il ell aux Modernes ce que Thaïes étoit aux Anciens. Que dans la Ràréfraclion , les Tn- tcrvalles des Parties écartées font oc- cupées par d'autres Corps ; Se dans la Condenfaiion , l'approche des Par- ties les expulfe de ces intervalles. Que la grandeur ne diffère de ce qui eft grand , que par nôtre penfée. Que l'efpace ou le lieu intérieur, n'ell différent auffi^qne par notre penfée. Que la fuperficie d'un Corps peut être prife pour fou lieu extérieur, Qii'il ne peut-y avoir aucun vuide. Que tous les Atomes font divifibks à V infini. SUR. LA Physique et Que retendue du Monde ei^ indé- jink. Que la Terre & les Cieux ne font faits que d'une même Matière, & qu'il ne peut y avoir plufieurs JMondes. Que toutes les variétés , qui font en la Matière , dépendent du mouvement des Parties. Que le mouvement en fa propre panification ne fe rapporte qu'aux Corps qui touchent celui qu'on dit fe mouvoir. Que Dieu cfl la première caufe du mouvement , & qu'il en conferve tou- jours une égale quantité dans l'Uni- vers. Que les forces de cliaque Corps conQllent en ce que chaque chofe per- fide autant qu'elle peut à demeurer au même état où eile fe trouve. Que la nature des Corps durs con- fifle en l'union des Parties , & celle des liquides en leur facilité à être déf- unies. Que ce qui joint les Parties des Corps durs , eft le repos qu'elles ont l'une à l'égard de l'autre ; & qu'au con- traire les Parties d'un fluide ont des mouvemens qui tendent également de tous côtés, que la première force fuf- fit pour les déterminer. Que la Matière du Soleil , ainfi que ■celle de la Flâme , ell fort mobile , mais qu'il n'eft pas befoin pour cela qu'elle paffe toute entière d'un lieu à un autre pour fe faire fentir. X^ue toutes les Planettes font emportées autour du Soleil par le Ciel qui les con- xient , comme le font auffi les taches qui font autour du Soleil. Qiie la Terre eji emportée en rond au- tour de fon centre^ Cr la Lune autour de la Terre. Qu'un Corps petit tendre à fe mou- voir en plufieurs & divetfes façons^ en SUR LA Peinture. '45 même tems, & qu'il tend à s'éloigner du centre autour duquel il fe meut. Que la Matière Célefte qui environ- ne le Soleil & les Etoiles , tend à s'é- loigner de tous les points de leur fu- pertîcie ; que cela fuflit pour expli- quer toutes les propriétés de la Lu- mière. Que les mouvemens des Tourbillons fi doivent un peu détourner poux n'être pas contraires les uns aux autres. Que la Matière du premier Ele,« ment^ ou la Matière Éthérée entre par les Pôles de chaque Tourbillon vers jon cen- tre j £r fort de-là par les points les plm. éloignés des Pôles, ■-) Qu'il n'en eft pas de même du fé- cond Elément. Que la Matière du premier Elé- ment , ou ta Matière du Feu ( que Defcartes prétend aulTi êtie celle du Soleil & des Etoiles ) qui efl: entre les petites boules qui compofcnt le CieL a deux mouvemens , Cun en ligné droite qui la porte des Pôles vers le Sqled j puis du Soleil vers l Ecliptique ^ Sr" l'au- tre circulaire autour des Pôles :, qu: lui efl commun avec 'le rejle du Gel. Qu'elle employé la plus grande partie de (on agitation à fo mouvoir en toutes les autres façons qui font requifes pour changer continuellement les' Figures de ces petites Parties , & rertiplir exaûement les recoins qu'elle trouve. .autour des petites boules entre lefquelles elle pade. Que la Matière du premier Elément contribue a l'action qui doit être prife pour la Lumière, & que cette action s'étend de tous côtés , aulTi-bien vers les Pôles que vers l'Ecliptique. ■ Que la Lumière que le Soleil en-, voye vers hs Pôles n'a pas tant de for- ce que celle qu'il envoyé vers TEclip- F il Observations sur l'Histoire Naturelle y 44- Que les Parties du fécond Elément qui font plus proches du centre de cha- que Totirbiiljn, font plus petites &; fe meuvent plus vite que celles qui font quelque peu plus éloii^nées, 8c cela jufqu'à un certain enchoit , au-de- là duquel celles qui font plus hautes fe meuvent plus vite que celles qui font plus balles. Que les J'arties du fécond Elément ont divers mouvemens, qui les rendent rondes en tout fens. Que les Planettes , fit et qu'elles font em- portées par le Cours du Ciel , doivent con- tinuellement defcendre vers fin centre , juf- qiCà ce qu'elles foient parvenmt au lieu où font celles de [es Parties qui n'ont ni plus ni moins de force que na la Planette à perz fevérer dans fon mouvement. Que les Planettes les plus folides & les plus grofTes font les plus éloignées du Soleil , & que Mars n'eft pas plus éloigné du Soleil que la Terre, quoi- que plus petit , parce qu'il ell plus fo- lide. Que la Lune tourne autour de la Ter- re . parce qu'elle eft défendue dans fon Tourbillon ^ avant que la Terre fut def~_ cendué dans celui du Soleil. Que la Terre tourne fur fon centre , parce qu'elle a été autrefois Étoile fixe y quioccupoit le centre d'un Tourbil- lon particulier dans le Ciel , 8c que l.i moitié du premier Élément ^ qui a demeuré depuis à fion centre , continué de la mouvoir en la même façon. PHILOSOPHIE DE GASSENDI. Ce Philofophe dit que Dieu , dans le commencement a amant créé d'A- tomes, qu'il en étoit nécelTaire pour former le Monde : Se fans les ralTem- bler en des grandes 8c plus grandes malles, qu'il créa la maiïe de la Ma- tière , de façon qu'elle pût êtredifloute en petits Corps, 8c par conféquent compofée des plus petites 8c dernières Parties. 11 fuppofe que les Atomes ayante reçu de Dieu leur grandeur & leur Fi- gure avec une diverfité inconcevable, ils ont auffi reçu la force convenable de fem)uvoir, de fe tourner^ de fc débarralTer 8c fortir en liberté , de ré- fléchir, choquer, repouffer ^ retour- ner , de fe prendre les uns les au- tres , s'embarralîer , fe retenir , s'accro-, cher , 8cc. autant qu'il a prévu être né- ceffaire pour toutes les fins 8c tous les effets aul'quels dès lors il les deflir noit. Que lorfque Dieu au commence- ment, commanda à la Terre &: à l'Eau de frudilier & de produire les Plantes & les Animaux , il fit comme une Pé- pinière ou un Amas de Semences de tou~ tes les chofies qui pouvoient être engendrées , c'efi-à-dire, qu'il chutllt les Atomes dont il fit les Semences de toutes chor fes j pour fervir enfuite à la Généra- tion ik à la Propagation des com- potes. Que ces Semences furent répandues dans toutes les Régions propres à la Génération , non pas également ou les mêmes par tout , mais félon qu'il fe trouvé être convenable à chaque heu. Que les Semences pouvoient fie réfioudre en leurs Atomes ^ les Atomes pouvoient aujji en fi rencontrant les uns les autres , fe joindre^ fie rajjembler ^ enfiorte qu'il s'en formât des Semences. Il fuppofe enfin ^ que cette difpo- fjtion a commencé cette fuite de Gé- J nirations ou de corruptions , qui pet- fcverent encore jufqu'à préfent , 8c per- févérera de même, (elon les ordres de la Providence: Le même Amas d'Atô-. mes demeurant inépuifable , 8c four^ SUR Va Physique •hîiïant toujours la Matière dont fe for- ment les Corps , Si le mouvement par ie moyen defquels ils font formés. ' PHILOSOPHIE DE NEITTON. II me fenible très, probable, dit M. Newton, qu'au commencement Dieu forma la Matière en particules (olides & malTives , dures , impénétrables , mobiles , de telles grandeurs & Figu- res , avec telles autres propriétés , en tel nombre, en telle quantité, en telle proportion à l'efpace , qui convenoit le mieux, à la fin pour laquelle il les for- moit , & que par cela même que ces particules primitives (ontfoHdes, elles font incomparablement plus dures , qu'aucun des Corps poreux qui en font compofcs , & fi dures qu'elles ne s'u- fent ni ne fe rompent jamais; rien n'é- tant capible, félon le cours ordinaire de la Nature, de divifer en plufieurs Parties ce qui a été fait originairement un, parladifpofition de Dieu. Tandis que ces particules conti- nuent dans leur entier , elles peuvent conftituer dans tous les fiécles des Corps d'une même Nature & Con- texture ; mais fî elles venoient à s'u- fer ( dit Nevton ) ou à être mifes en pièces, la Nature des chofes , qui dé- pend de ces particules, telles qu'elles ont été faites d'abord, cfiangeroit in- failliblement. L'^Eau & la Terre, com- pofées de vieilles particules' ufées & de fragmens de ces particules , ne fe- roient pas à préfent de la même Nature & contexture que l'Eau & la Terre qui auroient été compofées au com- mencement des particules entières ,• & parconfèquent afin que la Nature puif- fe être durable , l'altération des Elires Corporelsne doit confifler qu'en diffé- rences féparations^ ^ nouveaux allem- tr SUR LA Peinture; : SUR LA Physique et sur la Peinture. des Corps agîtes & niùs circulaire- ment. La Conpreffion que Ton fait enfuite de la main , raiïemble & retient les Parties de Feu que ia Bou'e mec en mouvement ; alors elles font forcées de toute néceflué Je fe précipiter dans le Corps le plus voifin de la compref- (îon. Les Corps les plus voifins reçoivent ces Parties ignées , fi les pores de ces Corps font rangés comme ceux du Fer, ou de tout autre Métail qui lui foit ana- logue ; alors ces Parties fuivent la di- reâion la plus droite de ces pores j & au contraire elles s'écliapperoient & ne produiroient aucun effort , fi le Corps qui les reçoit étoit d'une contex- tnre différente de celle du Fer : les Par-, ties de Feu pour lors fe diffiperoient. Le Fer recevant ces Parties le long de fes pores, & étant impuifées fuc- ceffivement dans les Conduits qu'ils forment i on éledrife &; ontranfmetà rinfini les Parties de Feu tant qu'elles trouvent des Corps propres à les rece- voir : Dans cet état , i'Impulfion des Parties ignées fe communique facile- ment ; fur-tout fi elle rencontre des Conduits aufii propres à ia recevoir , que font ceux de nos Nerfs , que l'on peut confidérer comme les Rcfervoirs desParties de Feu', que nous appelions les Efprits Animaux. Si on met des Matières bitumineu- fes fous les pieds , c'eft pour arrêter i'aftion de 'l'Eleftricitc artificielle, qui s'impulfe dans celui qui reçoit les Par- ties de Feu en tenant la Barre de Fer. C'eft ce qui m'a fait dire ci-defTus que ia Réaélion des Parties de Feu qui s'é- • levé de ia Terre ne fçauroît paflfer pac ?t les pores de la Barre de Fer , fi on gar- nifioit fa Baze d'une forte couche de Poix ou de Réfine. Après l'Explication d'un tel Phéno- mène qui paroit plus difficile à définir- dans tout autre Syflême que dans celui ci ; il faut convenir que de toutes les Philofophies , celle qui eft fondée fur I'Impulfion univerfelle des Parties de Feu^ eft la plus unie, la plus fimplc la plus à la portée de nosIens;&ea un mot la plus vraie; EXPLIC A T I O N Di la Planche de Pkyjîque E. inférée dans Vin- 12 & dans l'in-^^. decesObferpa- îions. A B Le Tonnerre , que l'on fuppofe partir du point A & fuivre à peu près la Ligne B. C D La Barre de Fer pofée fur le haut d'une Tour, C fon extrémité d'oîi fort la Fiàme , par l'Lnpulfion des Parties de Feu du Point L fur la Terre au point H 5c du point H à la Baze D de la Barre de Fer. K E Fil de Fer par lequel on veut faire palTer le Tonnerre fuppofe qu'il voulût bien defcendre jufqu'au point C & de-là fuivre la Ligne CK &KEau lieu de la Ligne KD. EFG Malheur quipourroit rélulter fi la fuppofition avoit lieu. Le Tonner- re après avoir quitté le fil de Fer au point E& être tombé dan; un Puits, fi l'on veut, pourroit en re- . fortir & ravager la Campagne, au lieu qu'en fuivant fa rouie ABU nç feroit aucun mal. Gij OSSERVATIONS SUR L'HiSTOIRE NaTURELLI, gnant du Pcrpeudicule ; ce nouveau hrijè- ment ejî precifcment ce qui les fait converger en D , fpytr du lierre Lenticulaire^ Or la Rétine^ cette Mcinbrane légère ^ cette expanfion du AWf Optique , qui ta- pijjc le Fond de notre Oeil , ejl le foyer du Crijlallin ; c'ejl à cette Rétine que les Rayons aboutijj'ent : mais avant d'y parvenir , iLt rencontrent encore un nouveau milieu qu'ils traverfent j ce nouveau milieu ejl l'Humeur vitrée , moins folide que le CriJIailin , moins Jîuide que l'Humeur aqutufe^ Qeji diins cette Humeur vitrée que les Rayons ont le tems de s'ajfembler , avant de venir faire leur dernière réunion fur les points du fond de notre Oeii. Ftgure^-vous donc * reiiverfe les Objets (m- la Rétine ; ainfi fous cette Lentille du Crifallin , cette Hw 5*2 OBSERVATION VI. Ki'ponfe à la Qucjïion de Phyfque : fç avoir î Si les Objets arrivent rtnverfés ou non renverfésfur la Rétine. xr "Deccwert E l'E M. Rrc.'fUD , concernant la Vfion des Objets.. LA Qtiedion que nous allons obfer- ver devient alîez curieufe, fi on confidcre que prefque tous !e> PliyTi- ciens font convenus que le CriHailin que la Lentille renverfe fur une feuille de Papier, ou fur tout autre Corps, les Objets qu'elle reçoit , après le foyer de fa Convexité. M. Ricaud *ell l'Au- teur de cette Quellion ^' de la Décou- verte qu'elle a occafionnce. U a raifon- uc en FKyficien fenfé. M^de Voltaire (dit- il ) nous dit dans fes Elemens de la Pliiloiophie de New- ton , à Londres y 1758, page 45. Lci Rayons étant fortis de L'Humeur aqiicufe ^ trouvent une ejpéce de Diamant liquide^ meur vitrée fur laquelle le Crijîallin s'ap- puie ; cette Humeur tient le Crijîallin dans fi concavité , Gr eJî arrondie vers la Ré" tine. Le PereRegnauIt ( ajoute enfuite M» Ricaud) nous dit pag. 135;. tom. }► Voulez-vous voir ce qui jepafje dansTOeil au moment de la Vifion Pâjjons dans une- Chambre voifine préparée. La Lumière, n'entre que par unTrnu c'.rculaire..Vn Drap liane , étendu perpendiculairement vis-à-vis le Trou ^ la reçoit. Les Objets s'y peignent taillé en Lentille, &" enchajjé dans une Mem- faiblement Cr renverfés. Voilà le Dôme de brune déiiée & Di-tphane elle - même. Ce Sorbonne la Pointe en bas (i lu Ra^e en: Diamant eJî le CriftalUn , c'efl lui qui rompt haut. tous les Rayons obliques, c'ejl un principal Les Rayons (ab partis de la Pointe Organe de la refraRion ù" de lavùe , par- du Dôme , venant d un endroit plus élevé faitement femblable en. cela à un Verre Un- que le Trou de la Chambrej vont ^ lorfqu''tis ticulaire de Lunette. Soit ce Crijîallin ou font entrés obliquement par le Trou , porter ce Verre lenticulaire, leur impreffion fur la Partie inférieure du Le Rayon perpendiculaire A le pénétre Drap blanc. Au contraire lei Rayons ( c d ) fkms fe détourmr; mais les Rayons obliques qui viennent delà Bd',edu Dôme ^ partant BC'fe ilétourmnc dans lépaijjèur du Verre d'un endroit plus bas que leTrcu , vontpor- tn s'approcliam des Perpendiculaires ., qWon ter leur imprefjîon fur la. Partie fupérieure- tirerait fur les endroits où ils tombent. En- du Drap blanc. Les uns &* les autres vicn- fuite quand ils fortent du Vtrre pour pajj'er nent dans lafituation quils ont fur le Drap, dans L'Airj ils fe brifent encore en s''éloi- frapper les Yeux. * Connu dans la République des Lettres» sun LA Physique et De-Ià 5e conclus, dit M. Ricaud , que C le Criftallia d'une part refferable à une Lentille , &: qu'une- Lentille renverfe les Objets ; & de l'autre lî le Trou de la Chambre noire repréfente les Ob- jets renverfcs fur la Muraille^ Se que notre Q?,il reiïemble à la Clianibre noi- le ; il faut alors que les Objets fe pei- gnent redrelTés fur la Rétine , parce que le Criftallin, qui doit recevoir les Objets renverfcs par le Trou de la Cornée, les redreffe de nécelTîté^en les ïenverfant de nouveau. Ce raifonnement ell à propos , il oc- cafionne la Découverte du croifement des Rayons au Trou de l'Uvée , & nous détrompe du prétendu croife- ment des Rayons par le Criflalli.i. Je fuis furpris que ceux qui ont prétendu expliquer la Villon j. moi tout comme les autres , ayons donné jufqu'aujour- d'hui iHT foyer au Criflaliin ,ce qui n'efl pas vvai-femblable. L'expérience cil contraire à cette fuppofition , & ce qu'il y a de fingulier , c'eR que cette expérience efl auffi ancienne que la Découverte des Verres Lenticulaires , di pcrfonne ne s'efb avifé d'y prendre garde. Sans la Reflexion de M. Ricaud nous aurions refté dans l'ignorance en- core long-tems. Vorci quelle eft cette expérience : Elle eft dans nombre d'Auteurs , mais voyez le Père Regnault , page 14.1 , Tom. 5. « J'applique un Verre fait en forme »» de Lentille , au Trou qui reçoit les » Rayons. Tous les Objets ont furie »Drnp blanc les plus vives couleurs^ y> C'elt uneperfpedive enchantée. Les >» Hommes s'y promènent diflinde- » ment les Pieds en haut , la Tête en « bas , & n'en vont pas moins vite.. « Maintenant au lieu d'un Verre » convexe , employons-ea deux, Je SUR LA Peinture. 55 » les place vis-â- vis. du Trou de la » Chambre obfcure à 17 pouces de jxdiftance l'un de l'autre. L'Image qui » étoit renverfée fur le Drap blanc, fe » redreffe tout d'un coup. Quel char- »> me lui rend fi vite la fituation natu- j> relie.» Si notre Oeil relTemble à la Cham- bre noire , & que nous n'ayons qu'uii Criflallin, alors il doit arriver ce qui arrive dans l'expérience delà Chambre noire , où on ne met qu'une Lentille vis-à-vis l'ouverture du Volet, & les Objets doivent fe peindre ren- verfés fur la Roline ^ contre le Senti- ment des Phyficiens. De -là il faut encore conclure que le Criftallinii'oc- cafionne pas ie renverfement des Ob- jets , malgré l'Opinion commune ; puifque ce renverfement ne provient que du croifement des Rayons en en- trant dans l'Oeil par le Trou de l'U- vée. L'extraclion du Criflallin prouve cette vérité., & l'F.xpérience où il faut deux Criflallins , ou deux Lentilles ,, dans une Chambre noire, pour les con- verger après leur croiffément , confir- me encore la nouvelle Opinion. Je vais expliquer préfeniement toutes les Cau- fes Pliyfiques &: Anatomique du ren- verfement des Objets fur la Rétine, & d'où provient ce renverfement. Anatomie de l'œiL La Cornée tranfparente efl le Pellicule trj.nfp.innt , qui couvre Ylris , & qui renferme VHumenr aqueufe. La Cornée Opaque efl le Blanc de l'(S.i\ 8i celle qui entourre le Globe. La Choroïde efl la féconde Tunique de i'CEil , de couleur noirâtre , elle produit la fuivante. La Tunique Ui'ée eft le fond de l'Iris. C'efl la portion antérieure de la Cho- loïde^percée furfon milieu, & qui fe dr. y4 Observations sur. l'Hi late & fe reiïerrepoui-dimiimer on pour aggrandir le Trou qu'elle formeau Cen- tre, afin de laiilcr pafTer lesRayons de Lumière avec plus ou moins d'abon- dance. La Prunelle ou la Puj7ille,ef\. le même Trou , par où paflent les Rayons, qui vont ébranler les Nerfs fur la Rétine. Le CriJhlUn ed une efpcce de Loupe , dont la partie antérieure eft plus con- vexe que la Partie ponérieure, qui, quelquefois eft plate : l'Humeur du Criftalliq ell un peu plus denfe que l'Humcnr vitrée avec laquelle elle con- fine. Cette Humeur vitrée eft pofée au- de-!à du Crillallin, elle efl plus épailTe que rHumeuraqueufe pofée au-devant du Crillallin. La Rétine cft la troifiéme Tunique de rCEil . elle tapilTe la cavité du Glo- be , c'eft fur elle que s'épanouilTeni les Nerfs , & que fe peignent les Rayons. Réflexions Phyfiques fur VAnatomie de l'Oeil. I '. Le Crirtallin , l'Humeur aqueufe & THumeur vitiée ne forment pas deux Huidesoppofés , comme l'Eau ^TAir, ie Verre de l'Air ,dans lefquelles op- pofuions de denfué il y a des Réfrac- tions confidérables de Rayons. La dif- férente denfué du Crillallin à THumeur vitrée, & de l'Humeur vitrée à l'Hu- meur aqueufe , à peine peut-elle flé- chir le Rayon. Mais cette différence ne fuffit pas pour les converger & pour opérer un renverfement d'Objets entre le Crillallin, l'Humeur aqueufe & l'Hu- meur vitrée. 2". LOeil étant une Chambre noire , 8i la Chambre noire peignant fur fa Muraille les Objets renverfés fans lefe- cûurs d'aucun Verre , il ne faut pas croire aifément que les Objets fe re- •^drelfcnt par le Crillallin , ou la Lou- STOIRE NaTURELlk, pe, qui fe trouve après la Prunelle en- tre l'Humeur aqueufe & l'Humeur vi- trée, puifque fi l'on pofe une Loupe dans la Chambre noire à toute forte de dillanCî& de toute forte de Convexité on ne redrelTe pas les Objets , on les rapproche feulement, é^ ils font alors plus clairs & plus diilinds. Les Réfrac- tions cependant de la Lentille dans la Chambre font plus fortes que celles du Crillallin, qui eft d'une denfité trop ana- logue aux Humeurs voifines, pour oc- cafionner leredrelTemcnt en queftion. Ce redrelfement d'Objet ne peut pas arriverj c'eft ce que je vais expliquer. Prop. Une Loupe, de quelle forme qu'elle foit , ayant les furfaces plus ou moins fphcriques , mife à l'ouverture ronde & très- petite d'une Chambre noire, ne fçauroitredrefler les Rayons, quoique la denfité du Verre oppofé à l'Air , caiife toujours la Réfradion Se oblige les Rayons de fe plier. Voici la Démonftration de cette Propofition. Démonftraùon. Les Rayons qui pafiient par le Trou d'une Chambre noire fe croilent au Trou même qui fort de Centre à tous ces Rayons, ce qui eft incontellable. Par confcquent le Criftallin , ou la Loupe reçoit les Rayons, non pas pa- rallellement , mais obliquement , fur leurs Surfaces extérieures. L'obliquité des Rayons fur une Sur- face change la Kéfraftion. Par exem- ple , un Rayon dont l'incidence eft droite, fe converge en haut, en bas & par côté dans une Lentille & forme un foyer de convergence qui fe diver-; ge enfuite , & renverfe par confcquent l'Objet ; mais un Rayon incident srton ê< celle que j'établis: cette diilerence eft alfez bien démontrée dans mes Ob- ftrvations de Phylîque, ( fur le Para- lelle de la Phiiofophie Ancienne &■ Moderne.) C'ell fans raifon que M.. B ♦ * * dit , Cdans le Journal de Fé- vrier 1 7'i 2 ^ ) que je t iclie de remettre en Honneur rimpidlion, que Newton^ tant- d'autres Philofophes avant lui , avolenù chargé de former, de concert avec l'Ait rac-^ tion, la régularité ù" Li précifion des grands Mouvemens quojjh le SpeBacle admirable de l'Univers. 3*'. En ce qui regarde la jujlijîcation de l'Auteur. Je fuis autant furpris de la ju/lifica- tion de l'Auteur que de fon attaque : J'ai dit que M. B*** n'entendoit pas les tenues d'Optique, ( Février, page Sur la Physique et suk la Peinture; 105. de Ton Journal ) qu'il prenoit le Clair &■ VObfcur tcut cnfcrrMe pour fOm- bre feulement CG qu'i\ ne nie point; mais il prétend aujourd'Inii qu'il a employé les propres term^es^ dont je me fuis fervi dans La Préface du fécond Volume, Si cela efl , j'ai tort : car ^e nie de m'ctre jamais iervi d'exprefl^ions fi contradictoires.. ?> ARTICLE VII, Lettre de M, G v i- o r à l'Auteur des Ohfervations ^ contre V Auteur du Jour^ nal de Verdun. MONSIEUR^ 4j.'. Concernant le Titre que Ven me donne Copifle. A l'égard de l'imputation qu'il fait en difant , que je ne fais quelquefois ^ue copier ce qui ejl imprimé adleurs , com- me , par exemple dans les Mémoires de l'A- cadémie des Sciences. J'avertis les perfon- nes qui n'ont pas lu les Obfervations de mon premier Volume., que dans tous mes Ouvrages ., comme dans ce- lui-ci , je cite toujours en abrégé le Sentiment de ceux qui m'ont précédé, lorfque la matière le demande pour ma juHification , ou pour t'éclairciflement du Fait j mais f: je cite leurs Ecrits, j'y mets des Guilleraeif ,, ou je fais impri- mer les Citations en Caradcre Itali- que: J'annonce ordinairement que le pafTage dont je me fers ed tité d'un tel Livre ou d'un tel Auteur , Se cela pour n'être pas accuGi de Plagiat. Je ne copie rien ; ce terme de copier les Ouvrages eft impropre , & ne peut s'appliquer à un Auteur qui le mérite fi peu que moi. J'A I lu avec furprife la remarque qu'a fait le Journalise de Verdun fur mon Obfervation de la caufe de U variété des couleurs des Fleurs, que vous avez bien voulu inférer dans la 1 1% partie d-e vos Obfervations. Dansfon Journal ( du Mois d'Août de la préfente Anne-?, page 105.) il avance que je propofe des ExpérieU" ces à faire ., qui VoJit déjà été avec fuccès ; ce ferait de femer par bande des Fleurs de différentes couleurs ù" quife mUlanger oient ^ dit-iL lors de la fécondât ion dis Graines par le tranfport de lafemence qui voltige dam l'Air. Ce qui n'eft point conforme à l'Article VIL de votre Hiiloire Natu: relie. Je n'avance point dans cette Obfer- vation qu'il falloit femer des Fleurs de différentes couleurs : au contraire , je dis que , lorfqu'on feme , on ne fçaic quelles couleurs produiront les Grai- nes , & j'ai propofé de planter fépa- rément des Fleurs de couleurs connues, & d'en femer enfuite féparement les Graines j afin de parvenir à avoir des Fleurs des couleurs compofées de cel- les que Ton auroit fait Heurir. J'ai fait depuis une partie des Expé- riences que j'ai propofées , qui con- firment mes conjedures , defquelles Expériences je vous prierai de faire part au Public , ainfi que des Obfer- vations Microfcopiques fur les Pouf- fiéres des Etamines. Je fuis , ^c. 5W,GUY0T. Hij î. G . . x : s . Auccu. de. prcr.nc. f: rr » V- !-f ■■»-' » • » ît . ^<# *"^ ^T- y^*^. <■ ^ ^, .A'b'7.,'j'« . -Hi-'' "-i ■■» :' »«•;'•'■■•;*' t' OBSERVATIONS CINQUIÈME PARTIE. i^; — ^-'^^r—'é — ^ ^niig: — ^ ^^s^ HISTOIRE NATURELLE. OBSERVATION XXIII. Sur la Struflure des Mufeles. Oeuvre pojlume de M. Duverney , Confeiller ^ Médecin , Profejfeur d'Anatomk au Jardin Royal, &• de VAcadémit des Sciences, '^E morceau extrêmement fça- donnai d'abord an Public , &; qui fu- p levant & curieux, & les deux rent reçues avec tant de fucccs. Le /"Il Obfervationsfuivantes m'ont Manufcrit que j'ai en ma pofîeirion ell f^^=^ été remis par M. Duverney , écrit de la main du même M. Da- ChirurgienDémonftrateurau veriiey , Neveu & Eleva de i'Autçuc Jardin Royal, avec qui i'avois été afTo- de cette Dilîertation , & de qui j'ai cic dans les Tables d'Anatomie que je appris TAnatomie.. Jnn/e i-j^ZjTom, II. Partie. F, X '(S6 Observations sur. l' -* 'îg^dbn^ne ce Traiic ici , & l'Ob- ferMaJjtott fuiVante , tels qu'ils font en- tre'nies niaiiis, fâiiï y .faire la moin- dre''aâaiuo'h,  lans y rien rétraii- Ij<^r. ^ '■ • , , ' Pe il SirUSiuredes Mufeles' en géncraL < Comme il eft impolTible de connoî- tré le 'm luvemeiTl des MufctÇs^, falis fçavQir^nparavant quelle ed leur Struc- ture î; nous allons commencer par la détTfte; '■■ ■ ~ • "■ • '•"•■ "■■ Le Mufcle n'eft autre cliofe qu'un aiïcmblagc & un compofé de Fibres 'qu'on appelle Nlotrice?. La Fibre Motrice çjl ordinairement compofce de trois Parties , celle du milieu efl charnue^ &• les extrémités- tenJinaufes. La Partie charnue eft la plus tendre &:-ordinaf rendent de Cotr- îeur Rouge ; la Tendrneufe eft la plus dure , & de Couleur Blanche. On efl fort en peine pour détermi- ner la Structure des Parties charnues^ les uns.prétenfTeni; qii'éfles ont laFigure d'un petit Prifme à trois pans , coni- pofé de plufieurs filets , aufquels les Anatomiltes donnent plufieurs différen- tes Formes. Les uns veulent que chacun d'eux foit un alîemblage de plufieurs fils treiTés , qui laiffent entr'eux des in- tervalles de différentes Figmes. Les au- tres comme Borelly , prétendent que chaque Fibre doit être confidérée com- me un Cilindre creufé en Canal , Se rempli d'une fubflance fpongieufe , & que ces Fibres s'entrelalFent de telle manière qu'elles iailTent eutr'elles des efpaces en Lozanges. Les autres enfin * Obtat nimia Fibrarum Carnearum exilita ^uae nimis veram earvmdem Strufturam oculi «etiam optimo Mieiofcopio armatij liceat iaTpi- HisTOTRE Naturelle , comme BernouUy regardent îa Fir^ ■ bfe Mufculeufe comme une efpéce de THiyau qui eff lié de telle manière d'elpace en efpace , par les Fibres Membraneufes qui l'entourent , qu'en fe gonflant il fe forme entre les Ligatu- res autant de Veficules , qui par la çommuwcation qu'elles ont encore en- ■ tr'elleà malgré ces Ligatures s'cntienl toutes à la fois par la Matière fluide qui en fait le gonflement , * ce n'eft que par hypothcfe qu'on a attribué toutes ces différentes Figures à la Fi- ■ "bre •chafmic, parce "cjn^on ne peut 11 déterminer précifément par les yeux, aidés même du Micjofcope. . Les Parties Te ndineufçs font corn- pofées de Filets blancs , fermer, durs, ferrés 8c élaftiques ; ces Filets (e fépa- rent.aifément , dans quelques- Tendons qu'on a fait tremperquelque temsdans l'eau ^ au qui commencent à fe pour-; rir. Quelquefois les Tendons devien- nent ofleux , comme cela fe voit dans celui qui ell au milieu de la Baze du Cœur du Cerf, du Boeuf, & à l'Hom- me, à mefure qu'il vieillit. Cela fe voir auffi dans les Tendons des Jambes dtc plufieurs Oifeaux qui deviennent Of- leux dans toute leur étendue , à la re- ferve dé l'endroit par où ils pafl'ent fur les Articles , comme on le remarque principalement dans les Coqs-d'Inde, dans les Grues & autres. Les gros Tendons percent, ou pouf- fent , & s'enfoncent avec le Periofie , pour s'implanter dans l'Os même ., le- quel efl toujours raboteux & inégal em cet endroit , pour rendre celte attache plus ferme. ccre , hinc ideèmeris conjeauris cogimux aSèrf qui. «UR LA Physique Dans tons les Mufcles , la Chair tient ïieu de reflbrt, c'efl-à-dire , qu'elle a Ja propriété de fe racoiircir, & le Ten- don fait roffi<;e d'une llmple Corde; en effet on voit par la DifTedèion des Animaux vivans , que dans l'Aftion des Mnfcles ^ il n'y a que les Fibres char- nues qui fe contraâent ou fe racour- cideiît, 6c que les Tendons au fqucis les Fibres font attachées , retiennent tou- jours leur même longueur fans aucun changement dans leurs dimenfions , * ik qu'ils ne font mouvoir la Partie à la- quelle ils font attachés , qu'autant qu'ils font tirés par les Fibres charnues qui fe racourcifTent , & qui font l'inftrument immédiat & complet de tous les mou- vement des Animaux. Ces trois Parties de la Fibre Motri- ce ne font iamais une Liorue droite . mais elles font difpofées de manière que la Fibre cliarnuë s'attachant par chacune de fes extrémités à la Fibre tendineufe fait des Angles alternatifs oppofés. Les Fibres cîiarnuës font arrangées inégalement dans chaque Mulcle : de manière que pour l'ordinaire le plan des Chairs a la Figure d'un Hliombe, ou d'un Rhomboïde, & les Tendons oppofés ont celle d'un Trapèze , & lorf- que pour tirer avec plus de force elles font obligées d'aSembler plulîeurs de ces plans , elles leur donnent à peu près la Forme d'une Plume , dont les barbes repréfentent les deux plans des Fibres charnues, & le Tuyau le Tendon mi- toyen , qui étant ordinairement grêle & délié , n'occupe par fon infertion qu'un très-petit efpace fur le Corps de l'Os. ET lui LÀ Peinturb: 6j Pour concevoir unz idée plus fenfible de ce Méchanifme, il n'y a qu'à fe repréfenter une longue Corde attachée à un poids que l'on voudroit faire tirer par un grand nothbre d'hom- mes,dans un chemin long & étroit : car au lieu de les ranger de front , ce qui nefe pourroit faire dans un fi petit ef- pace , on les difpoferoit en deux files aux deux cotés de la Corde. L'arrangement des Fibres en Forme, de Plume , fait à peu près le même ef- fet, chaque Fibre ayant fon point de force dans la longueur du Tenddri. C'cft par ce moyen que la Nature peut' mettre plufieurs Mufcles très-charnus les uns fur les autres, & aux côtés des Os , au lieu que fi les plans de Fibres étoient pofées les uns fur les autres à; peu près comme des Cartes , le Veri- tre du Mufcle feroit épais & demande-: roitun grand efpace: ce qui ne peutfe trouver aux côtés des Os ou la Nature eft obligée de ménager l'èfpace pour placer dans un petit endroit., un très-, grand nombre de Mufcles. D'ailleurs c-ss gros paquets de Fibres , ainfi entaf- fés les uns fur les autres , rendroiént les Parties difformes Si monffreufes. Après avoir déterminé quelle efl la Strudure de la Fibre Motrice , il efl aifé de concevoir ce que c'eft qu'un Mufcle , puifqu'il n'eff autre chofe qu'un compofé de plufieurs couches de ces mêmes Fibres. Quand elles fe placent les unes à côté des autres elles en font la largeur , ordinemftii latitudinem, & en fe plaçant les uns fur les autres elles ej» (ont l'épaiffeur. On diflingue auffi dans chaque Mut de trois Parties , fçayoir ^ celle du mi- * Nullusfit motus in CorpoKC Animali five fpontaneus fît, five volontarius , fivcmixtus, iHfi à Fibrâ Motrice , hinc > nonnulli malè definiunt Mufculum quod fît motus]|volont»rij, Organuia. Observations sur l'Histoire Naturelle, '<Î8 Heu & Tes extrémités. Celle du milieu €i\ charnue 6c forme ce qu'on appelle fon Ventre ; fes extrémités font les deux Tendons qui font oppofés l'un à l'autre. Les anciens appelloient la Tête la portion du Mufcle qui ctoit attachée à la Partie qu'ils croyoient immobile ; & la Queue celle qui étoit attachée à la Partie qu'ils s'imaginoient être toujours mobile. Ils ont formé plufieurs difficultés fur les noms de Tête & de Queue; mais Qti doit regarder ces quertions comme inutiles j & pour éviter d'y tomber, il n'y a qu'à fe fervir toujours des mots d'extrémités , & dire, par exemple, qu'un Mufcle cfl attaché par une de les extrémités à telle partie d'un Os, & par l'autre à un autre endroit : car Éien fouvent la Partie qui efl im- mobile dans une fituation , devient mo- bile dans une autre. Dans un même Mufcle toutes les Fibres charnues font égales & parallèles. La raifon de cet- te égalité efl évidente ; parce que ces Fibres étant comme autant de relTorts, naiiTeni de la Mejnbratie propre du Mufcle. Ces Fibres font parallèles en- tr'elles , & entrecoupent tranfverfale- ment les Fib/es charnues ôc les lient étroitement. Chaque M'ifcle a fon enveloppe par- ticulière , qui ell formée par un liiïii ferme & ferré , 6< de laquelle nailTent les Fibres iWembraneufes dont on vient de parler. Cette Membrane lient en état les Fibres charnues, Quan I un Tendon fe dilate en for- me de Membrane , on l'appelle Mem- braneux , c'cft pourquoi un des Fié-' chilleurs de la Jambe ef\ appelle demi Membraneu x. Quand il eft rond comme un Nerf, on l'appelle Nerveux , tel efl- un desFléchilTeiirs de a Jambe qu'oit nomme demi Nerveux : c'eft là le lan- gage ordinaire. Mais lorfque les Fibres- tendineufes s'épanouilTent on nontme cette dilatation Aponévrofe , comme à l'avant Bras , ou au Fafcialata ; & lorf- qu'on voit que fon Ventre ell diftingué en deux ou trois Parties , par des Li-* gnes tendineufes , on les nomme in^ elles dpivent fe racourcir toutes égale- terfeBions , comme cela fe voit dans lés- inent 3 afin de fe fortifier & s'entc'aider Mufcles droits dans leurs fondions : au lieu que fi elles étoient inégales , les pîui courtes feroient non feulement inutiles ; mais elles empêcheroient même le mouve- ment des autres. Toutes les Fibres charnues dans un même Mufcle font égales ; mais celles qnicompofent les Tendons^ font dif- poLes de telle manière que la plus lon- gue d'unTendon répond à la pluscourte du Tendon oppofé.On voit parla qu'un Tendon quelque délié qu'il puifTe être renferme autant de filets qu'il y a de Fibres charnues. H y a un nombre prodigieux de Fi- bres Membianeules qui font implan- tées dans les Fibres charnues, elles Si tous ces iMufcles n'ctoient rete- nus Amplement que par leur Membra- ne propre ^ dans les aélions violentes ^ ils s'écarteroient les uns des autres & fe jetteroient en dehors; ce qui caufe- roit des gonflemens qui reniroient la furface des Parties inégales. Cette en- veloppe ne fert pas feulement d'en- veloppe , elle fournit eiicore plu- fieurs allongement, qui comme au- tant de cloifons , (éparent de diflin- guent les Mufcles, de la Partie où elle le trouve. Chaque Mufcle efl parfemé d'un très-grand nombre d'Artères , de Vei- nes & de Neifs , qui percent inditTé- remment le Ventre du Mufcle 3 tan-; SUR LA Physique tôt en un endroit, & tantôt à Pautre; (elon la fnuation & la route des Vaif- feaiix , d'où elies tirent leur Origine. Quand elles font entrées dans le Miif- cle , elles Te partagent en mille petits Raaieaux qui le raiiiii^nt de telle maniè- re fur la (urface de chaque Fibre char- nui-, qu'ils y font un Rezeau , ou Lacis^ qui la couvre entièrement. On voit anffiun très-grand nombre de VaifTeaux I.y.nphatique^qui naifle it de la Mem- brane propre de chaque Mufcle. Cou- per prétend avoir obfervè , '^ par des injeèlrons mercurielles, que tes Artères capillaires s'ouvrent dans le tiiïli Vtfi- culaire des Fibres charnues. C'ell par l'abondance du Sang dont ces Fibres font imbibées^ qu'elles re- çoivent cette Couleur rouge, qu'on ap- pelle communément Couleur de Chair. Cela ei\ fi vrai qu'à mefure qu'on fe- ringue de l'eau tiède dans un Mufcle & qu'on en ôte le Sang , fes Fibres de- viennent pâles & blanches, c'efl une des raifons qui a obligé quelques Ana- tomiftes à foutenir que les Fibres char- nues font de la même nature que les Fibres tendineufes; & qu'il n'y a point d'autre différence , fi non quo les char- nues font plus propres a s'imbiber de Sang & d'efprits , & les tendineufes plus lërrrèes. Mais je fuis perfuadé qu'elles ont les unes & les autres une Struâure très- différente , ce qui fe remarque allez par leurs effets : & d'ailleurs quoique les Fibics charnues foient étroitement attachées aux tendineufes , elles en peu- vent cependant être féparées par la CuifTon. On a dit que chaque Mufcle a deux Tendons oppofés, cependant il s'en trouve qui paroilîent n'en avoir qu'un feul : dans plufieurs Mufcles une des extrémités paroit toute charnue, & ET SUR LA Peinture. 6$ tient immédiatement aux Os voifin^ ; ce qui prouve que ce ne font point les Tendons qui fervent au racourciiïe- ment des Mufcles^ 8c qui en font !e mouvement , mais feulement les Fi- bres charnues. Ce que nous venons de dire, qu'il y a des Mufcles, dont les chairs font immé- diatement attachées aux O>,nous donne lieu de mieux faire concevoir quel eft le véritable ufage de h Chair & des Tendons. Cela fe voit dans plufieurs Mufcles qui couvrent le Crâne , l'E- pine , les Omoplates, les Os des Iles; 6i dans prefque tous ceux qui fervent aux mouvemens des Doigts, des Mains Si des Pieds ; parmi lefquels il y en a quelques-uns qui n'ont point de Ten- dons. On pourroit dire alors que le Mufcle n'a ni Tête ni Queue, pour parler félon le langage ordinaire , puif- que fon Ventre ou fa Chair font immé- diatement appliquées par fes deux ex- trémités aux Os voifins. J'en remarque un principalement dans l'avant-Bras, qu'on nomme Quarrc à. caufe de fa Fi- gure, & qui fert à tourner la Main contre terre, ce qu'on appelle prona- tion j 5c unautre à la Cuilfe qui fert à l'écarter & à la porter en dehors qu'on nomme aulli de même nom à caule de fa Figure, il y en a nombre à la Fa- ce, &C. Si l'on confidére que les Mafcies qui n'ont point de Tendons , ne iaif- fent pas de faire mouvoir les Parties aufquelles ils font attachés , on re- connoitra facilement que la Fibre char* nuèell la Partie elTentielle du Mufcle & que le Tendon qui n'eft qu'une Cor- de, ne lui eft néceflaire que pour évi- ter certains inconvéniens. D'autre part fi l'on fait réflexion que plus une Fibre charnue a de longueur plus elle efl capable d'un grand rjcour- cillement. L'on ne s'étonnera plus de Observations stjr l'Histoire Naturelle, 7« ce que certains Miifcles font nns 1 en- dons aux endroits de leur Origine ; parce que la Nature qui veut ménager le peu d'efpace , où le Ventre du .\iiir- cle doit être renfermé ^ donne par ce moyen à la Fibre cliarnur le plus de ionsTiieur qu'il lui ell poilible. Si l'on demande pourquoi donc tous les Tendons ne manquent point dans tous lesMiifcles; ileilaifé de répon- dre que comme il en a fallu placer plu- f;eursdans un très-petit efpace , & les placer commodément , fi tons les Muf- cles ctoient finis Tendons , ^- que leurs Chairs fii!Tent immédiatement ap- pliquées aux Os , comme elles ont la plupart un volume confidéraljle , elles occuperoient un très grand efpace lur le Corps de l'Os, lequel ne pourroit fer- vir qu'A l'attaclie d'un très-petit nom- bre deMufcles. D'ailleurs fi tous les Mufcles ctoient fins Tendons , c\' que leurs Chairs fulTentcoiuinucsjufqu'aux Parties qu'ils .doivcnt'mouvoir i comment feroit-il polTibie de renfermer dans des efpaces aulTi étroits^ que font ceux qui fe voient en divers en Jroits de l'Animal, tous les rellorts qui y font contenus en très- grand nombre; au lieu que par l'ar- rangenient & l'ordre établi , les Ven- tres des^Mufcles diminuent prefque tout à coup', Se dégénèrent , pour ainfidire, en Cordes polies , èv ordinairement déliées; ce qui donne une facilité mer- Tcilleufe à ces Cordes , ou Tendons , pour couler entre les Mufcles , par où elles pallent, Se à giilVer les unes fur les autres ; à fe percer mutuellement & à faire un chemin fort long , fans embarralfer les Parties eutre lelquelles ils s'inlînuent. Tous ces avantages font fort fenfi- bles dans l'arrangement des Mufcles qui fervent auxmouvemens des Doigts: la Partie charnue de ces Mufcles eS toute placée dans l'avaiit-Bras ; néan- moins fuivant les loix de la fituatioa des autres Mufcles , elle devroit être attachée aux Os du Métacarpe ; mars ces dilTérens pelotons de Chair au- roient ren Ju la Paume de la Main iné- gale (Si pleine de bo'.Tcs , Se par cou- fjquent mal propre aux ufages pour lelquels le Créateur l'a dellinée. Les Têtes charnues de tous ce» Mufcliis paroilTent immédiatement at- tachées aux Oi du CouJe.oudu Rayon; ce qui rend leur^ Fibres charnues plus longues , & par coiîféquent capaliles d'un plus gran.1 racourctlFement : Or, cela étoit trè^-iuile , les Doigts for- mant des Flexions & des Extenfions trc> éten Jues dans leurs divers raouve- mens. C^s Chairs par leurautre extré- mité fe terminent vers le Poignet en Cordes déliées qui pallent par-dellus & par-delTous la Paume de la Main , fans altérer le Figure qui doit être platte & polie^ pour fe plier en creux , & embraflfer commodément les chofes dont on a befoin. Les Mufcles fe divifent en fimples (Sw en compofés. On appelle lunplcs , ceux qui n'ont qu'un Ventre & deux Tendons. On appelle compofés ceux qui ont plulleurs Ventres , & donc chaque Ventre a fes Tendons , c'eft- à-dire, celui qui eR compofé de plu- lleurs Mufcles fimples. Il y a plufieurs fortes de Mufcles compofés. Le moins compofé ell ce- lui dont l'un des Tendons venant à fe partager en deux, embrafle les cô- tés du Mufcle, l'autre palTant par le milieu du Ventre reçoit les Filets^ des deux plans de Fibres charnues dont il ell compofé. Il ert inutile de parcourir les au- tres diiferences des Mufcles compofés ^ SUR LA Physique et . car on ne les peut faire fentir que par l'infpedion de la Partie même. Il faut encore remarquer que la lon- gueur des Fibres d'un iVIufcle , ne doit pas toujours fe mefurerpar la longueur de Ton Ventre , car il y en a qui ont un Ventre trcs-long dont les Fibres . font néanmoins très-courtes. Longitu- do Fibrarum dat magnituditum motus , &* hrcvitas Gr multitudo Cinim dat vires, C'eft-à-dire, la longueur des Fibres charnues fait la grandeur du mouve- ment , parce que le chemin d'une Fi- bre qui parcourt une Partie du Mufcle, ert toujours proportionné au racour- cifTement de ce Mufcle; (Se le grand nonîbre des Fibres augmente la force, & fe proportionne à l'étendue. Quand piufieurs puilîances agilTent enfemble, elles tirentavec plus de for- ce , c'ell pour cela que les Mufcles Crotaphites font fi épais^ c'eft aulTice qu'on obferve dans le Gizier dés Oi- feaux & dans le Cœur de tous les Ani- maux ; mais on obferve encore mieux cette force dans le Deltoïde, Conclulîon, les Mufcles qui fervent à nos mouvemens ont encore des diffé- lences très-confidérabies, foit par leur grofleur, foit par leurtilTu, foit par leur configuration , foit à raifon de i'eudroit où ils s'implantent , lequel dans les uns efl plus éloigné du point d'appuy , & l'eft moins dans les au- tres. A l'égard de leur grofleur elle efl vi- fible dans les Mufcles qui fervent au mouvement des Mâchoires : dans les Animaux carnaciers , par exemple , les feuls Mufcles Crotaphites ^ outre leur étendue très - confidérable , ont dans leur milieu plus de crois grarjds pouces. d'cpaitTeur. A l'égard de la force occafionnée par le tilTa des Mufcles > elle paroit dans le SUR LA Peinture. 71 Gizier des Oileaux , dans le Cœur des Animaux, mais principalement dans le CœLir humain , dont les Fibres , outre leur tilfure ferrée , s'entrelalfent les unes fur les autres comme les fils d'un peloton , ce qui en augmente la fermeté & l'Eiafticité. Quant à la configuration , je parle de l'intérieure , elle efl vifible dans le Deltoïde, ce Mufcle occupe un allez petit efpace au delTus de l'article du Bras; cependant il ellcompofé de dou- ze Mufcles Rhombaïdaux, dont chacun eil form : d'un très - grand nombre de petites Fibres. Pour rendre fenfible l'aâion de ce Mufcle qui efi defliné à lever un poids très- confidérable, il faut fe repréfenter piufieurs forces, difpofées'eu douze fi- les de chaque côté, rangées artifiement de façon que chacune d'elles puilTe ti- rer la Corde qui e(t au milieu pour attirer le poids a'taché à cette Corde, Voilà ce que fait à peu près l'arrange- ment des Fibres qui compofent les dou- ze Mufcles du Deltoïde , la Nature fe fert de cet ordre pour mottre en jeu en même tems un nombre très-confi-» dérable de Fibres, qui joignent tous leurs efforts fur un feul point pour ti- rer d'nn même fens le Tendon c^ui fup- porce un grand cfiort. Examinons à préfent comment fe fait le mouvement des Mufcles. Les Ana- tomifies Modernes diRinguent ce me femble alTez bien les monvemens qui fe font en nous, eiipurement méc/foniques, &: en méchaniques volontaires. Les oremiers font ceux qui fe font par la feuie difpofition de la Machine, comme le mouvement du Cojiir ^ de» inteflins, de la Vedîe , Sec, Les derniers font ceux qui fe font par le commandement de l'Ame, à la- quelle laMicKine obéît, ainfi q_ue le- 72 Observations sur. l'H niodvement des liras , des Pieds, de la Tcte & du relie du Corps. L'A ne eil la Maîtrede de ces mouveuiiiis , parce qu'elle dirige les efpiits dans les Mufcles; mais li cette diftribution d'ef- prît (était faiis fa participation , le mou- vement devient involontaire. On n'appelle jamais volontaires les mouvemens qui font purement mécha- niques , parce que le cours des efprits dans les Mufcles qui fervent à ces mou- vemens n'eft jamais fournis à la volon- té. Quand ces mouvemens purement méchaniques font déréglés . on les ap- pelle fimpleiiient Contre-nature Se Con- pulfifs. lis font nommés Contre - nature , quand ils font plus vîtes ou plus lents , plus forts ou plus petits que dans l'état naturel , & Convnlfifs , quand, outre quelqu'un de ces défauts , ils ont en- core celui de fe faire d'une manière diflerente de la naturelle, ou qui lui eu. oppolée , par exemple , le mouvement du Cœur & des Artères eft fimplement Contre-nature dans la Fièvre , & Coii- vuliîf dans la Palpitation , Scainfides autres. La Refpiration n'efl point un mou- vument con^polé comme on le dit com- munément. Il ell; purement méchani- que dans ceux qui refpirent fans y penfer , & volontaire dans ceux qui y font attention , parce qu'on peut l'ac- cellerer ou le retarder. Il eft à remarquer que les fondions Animales fe font quelquefois en nous fans que l'Ame y faffe aucune atten- tion j ou fans qu'elle y faiïe réfle- xion, La dilTcrcnce qui eft entre ces mou- vemens, eft que les uns font continuels , & que les autres ne fe font que dans cer- tains tems, comme ceux des Paupières. Lorfc^u'oii obfervç wi Mufcle qui iSTOiRE Naturelle," eft dans fa contraôion , l'on remarque en premier lieu qu'il eft d'ir ; cette du- reté augmente par la durée de raftioii ou par 11 feule augmentation du poids, fans que le mouvement augmente ; comme il arriveauBras qui demeure toujours dins la même fituatioii ; ce Phénomène eft fort beau & mérite at- tention. Deuxièmement , on reconnoît au Mufcle un gonflement très-confidèra- ble, troifièmement il change de Cou- leur. Il eft bon de dire que quoique le mot de FléchilTeur convienne dans nombre d'occafions, par exemple au Coude , il peut aulH-bren devenir Fié- chifTeur du Bras , fuivant les dillerenies attitudes , ainfi des autres , cependant il faut s'accommoder au langage vul- gaire , 8c avertir fon Leâeur. Les Organes immédiats de tous nos mouvemens font les Fibres Motrices ; non feulement celles qui compofent les gros Mufcles , qui fervent à remuer les Bras , les Cuilfes , &c. mais enco- re celles qui aident à former les Par- ties qui fe meuvent, indépendcmment de ces mêmes Mufcles , telles que font l'F.ftomach , les Inteftins , la Matrice, les Uretères, la VefTie, les Glandes.' Il en faut excepter les Artères, dont la dilatation dépend uniquement de rimpulfion du Sang que le Cœur y poulie , 8i le refTerrement , ou la vertu élaftique de leurs Fibres , qui ont été tendues au moment de leur Diaftole. Il en faut encore excepter les mouve- mens qui fe font par le reftort natu- rel ou des Ligamens , ou des Cartila- ges , comme aulTi les Gonflemens qui arrivent à certaines Parties par la dif- pofuion de leur tilTu Véliculaire , & l'abondance du Sang & des Efprits qui y coulent on certaines rencontres, tels font SUR LA Physique et sur la Peinture." font les gonflemens de la Verge , du Clitoris y du Rets admirable & du Va- gin. ■OBSERVATION XXIV. De la Force des Mufcles. far M. Duverney , Auteur de la, précé- dente Obfervation. DANS la plupart de nos mouve- mens , la Nature fe fert des Os comme d'autant de Leviers , ce qui augmente l'effet de ia force des Muf- cles. Dans les mouvemens des Bras & des CuilTes elle employé le Levier de la troiriémeefpéce,qui efl: celui où la puif- fance ell; au milieu. En effet l'article du Bras, par exemple , eft comme l'ap- puy du Levier, le lieu de l'infettion du Mufcle ell l'endroit où la PuiCance pofe ,• & l'extrémité oppofée , c'efl-à- dire, le refte du Bras, ou de l'avant-Bras efl le fardeau fur lequel la Puiffance agit. Or , il eft certain que plus l'endroit où la Puiffance agit ^ efl éloigné de ï^appur, & plus elle a de force pour agir & pour remuer le fardeau. Pour mefurer cette dillance , il n'y a qu'à voir quelle ell la Ligne de direction des Mufcles , & tirer une Perpendicu- laire du Centre du mouvement à la Li- gne de Direftion , c'ell la longueur de cette Perpendiculaire qui marque cet- te dillance. L'on demande dans quel endroit précifément de l'article ell le Centre du Levier. Pour le bien déterminer , il faut re- inarquer que dans toutes les pièces Jnnee i-j^ZjTom. II, Partie, Vs, 73 Offeufes qui font articulées par Genou le Centre du mouvement ell au milieu de la Boule , & que dans toutes celles qui font articulées par GirtgZyme ce Cen- tre efl dans toute la longueur de l'Axe qui paffe par les deux extrémités Cy- lindriques de l'Os. Cela nous peut donner lieu de faire ici une réflexion qui ell que la grande dilatation des extrémités des Os qui forme les Epyphyfes.fert à augmenter la force des Mufcles : & pour le bien comprendre , il n'y a qu'à remarquer , premièrement que les Tendons des Mufcles font toujours implantés autour des articles. Cela étant , puifque plu- fieurs PuilTances appliquées à des Le- viers ont d'autanc*plus de force , que leurs direftions font plus éloignées de l'appui de ces mêmes Leviers , il s'ert fuit que les extrémités des Os étant fort grolTes , & les Tendons des Muf- cles pafTant par deiïus , leur force efl d'autant ^plus augmentée , qu'ils font par ce moyen , plus éloignés du Cen- tre de leur mouvement: de-là il arri- ve que quoiqu'un Tendon fe trouve couché fur la Tête d'un article , il ell pourtant toujours éloigné du Centre defon mouvement du demi Diamètre de cette Tête^ comme on le voit dans l'aftion du Fléchiffeur du Coude : & comme il arrive qu'à mefure que le Coude fe fléchit jufqu'à un certain point., la Ligne de direélion des Flé- chiffeurs s'éloigne de l'appui , cela fert encore à augmenter la rarce. On demande pourquoi les Tendons s'implantent dans ia Partie de l'Os qui eft voifine de l'appui. Il paroît d'a- bord étrange que la Nature les ait pla- cées fi proche , puifqu'en les pofant vers l'extrémité de l'Os qui doit être mû , elle auroit pu mouvoir les poids avec beaucoup plus de facilité. K Observations sur- l'Histoire Naturellf, 74 J! efl aiféde laiie voir que la Natu- re ne pouvait les placer avec plus de jufleire: car fi, par exemple les FIc- cliifToucs du Coude ctoient près du Poignet , le Coude ne pourroit Caire une auiTi grande flexion; ainfi qu'il eft nôccfTiire en plulîeurs occaiions : il £auJroit pour lors que le Mulcle Flé- çhilTcur fe racourcit plus des trois" quarts, ce qui efl impofTible; puifqu'on peut démoiiirer qu'un Mulcle dans fa contradion ne fe racourcit qu'environ de la troificme Partie de la longueur g' u'ii-a quand il eft étendu. D'ailleurs les Muîcles s'inipiantoieiu aux Par- ties des Os Les pius éloignées de l'ap- pui, le Bras & la Main deviendroient diforme» , parce que ces Muicles dans leur contraclion fe jetteroieni fi fore en dehors qu'ils occuperoient toutl'efpa. ce qui ell entre l'extrémité du Coude & le Bias : ce qui rendroit ces Parties non-leulement monllrueufes , mais en- core incapables des mouvemens auf- quels elles font deliinces. Déplus, fi les Mufcles FléchifTeurs du Coude aboutiffoient près du Poi- gnet leur Ligne de diredion ne feroit pas plus éloignée de l'appui que dans la fituation où ils font. Ainfi ils l\:- roient obligés de faire le même effort pour commencer à tiécliir le Coude, qu'ili font dan^ la fituation qu'ils ont. Enfin comme il faudroit qu'ils lifT-ut uns très-grande contradion , il faudroii aufTi employer une très-grande quan- tiié ddprlls, ce qui feroit une dcpen- fe inutile. On ^ voit par tout ce qui a été dit , que la méchiniq le dent la Nature fe fcit dans l'interiion de= Mufcles çon- firte à Fïien choifir le lieu de l'inier- tîon en la mettant le plus loin qu'il çfi polfibie 4 de Bor~ relly , & de Beiliny en approchent af; SUR. LA Physique et fez : maïs entre tous ceux qui préten- dent que le mouvement des Mufcles fe fait par le commerce du Sang , & des Efprits , il nie femble que le Syf- tême de M. BernouUy , ProfefTeur en Mathématique^ elt le plus plaufible. Il dit que la Fibre Mufculeufe efl; un ef- péce de Tuyau qui efl liée de telle manière , d'efpace en efpace , par les Fibres Membraneufes qui Tentourrent, qu'en fe gonflant il fe forme entre les Ligatures , autant de Sacs ou Véficu- ïes , qui par la communication qui refte encore entr'elles, nonobRant ces Liga- tures, s'enflent toutes à la fois par la Matière fluide qui en fait le gonfle- ment : d'où il conclud que l'adion du liquide renfermé dans le T^yau ainfi dillin^ué en plufieurs petits Sac doit néceffairement en les gonflant, pro- duire le racourcilîeaient de la Fibre charnue. Pour avoir le calcul exaft des forces que doivent employer les Mufcles dans leur adion^ il ell néceflaire de fçavoir quelle Figure prennent ces petits Sacs ou Véficulesdans le tems de leur gon- flement. Boreliy qui regardoit cette Li- queur non pas comme renfermée dans des Tuyaux, mais comme répandue entre lesFilamens des Fibres charnues, prétendoit que par l'écartement que îeur caufoient les Parties de cette Li- queur, ils décrivoient entre eux des Figures Rliomboïdales, ou de Lozan- ges ,• ce qui efl tout-à-fait contraire à la Nature de la preflîon d\m liquide : non feulement parce qu'on fqait qu'une Corde Héxible prelTée dans toute fa longueur, doit néceffairement fe flé- chir en Ligne courbe , & non eu An- gies faits de Lignes droites , poirr faire des Lozanges , tels que Borel- iy les fuppofe ; mais encore parce giue les prelTions faites par Les Par- suR LA Peinture. 77 ties d'un liquide font égales en tout fens: d'où il s'enfuit qu'elles doivent toutes également fe courber , & for- mer par- là une Ligne circulaire. C'ell: ce qui a fait conclure à M.' Bernoully que les Sacs ou Véficules qui fe for- ment par le gonflement des Fibres charnues dovent être formés comme des Arcs de Cercle qui tourneroient autour de la Ligne qui va d'une Li- gature à l'autre ; Se de-là il déduit un calcul très-exacl & trcs-diflorent de ce- lui de Boreliy , mais cette dernière Ma- tière n'etl pas de notre Sujet. Quand à la caufe du gonflement de ces Sacs ou Véficules , il fuppofe avec Boreliy que les Nerfs ne (ont qu'ua petit amas de Tuyaux , remplis d'une Subfiance fpongieufe, qui efl toujours pleine de ce Suc (piritueux, qu'on nom- me Efprit Animal, qui y demeure fui- pendu comme l'eau dans une éponge. Or> ces efprits étant agités dans le Cerveau , ou par li volonté de l'Ame, ou par l'impretTion des Objets , agitent & fecouent le Nsif dans fon Orroine. Cela fait que cette liqueur Nerveufe difliile par l'une des extrémités, Ia-< quelle efl divifée en plufieurs Fibres, qui s'abboucSent avec les petitsTuyaux qui compofent la Chair du Mufcle. 11 fuppofe que quoique ces petits Con^ duits de Neifs (oient toujours ouverts , l'Efprit Animal n'en peut découler que par cette fécouATe , de même que dans une éponge imbibée d'eau , il n'en fo;t aucune goutte, qu'on ne la prelTe , ou qu'on y verfe de nouvelle eau. Cela pofé , il dit que quand , par le commandement de l'Ame , ou par quelqu'autre caufe , plufieurs petites gouttes de cette Liqueur viennent à difliiler par les extrémités des Nerfs, & à tomber dans les Tuyaux quicom- pofcntja Chair du Muicle , pour lors 7.S Obseîivatîons stjr les Parties les piu» fnbtileà de cette même Liqueur percent & brifent les petites Molécules du Sani^ , & ou- vrent par ce moyen le pa>Tage aux pe- tites Particules d'Air, qui y étoient emprifoniiées ^ 6< qui font tort conden- fées, Icfquellesfe dilatent fur le champ, & font l'cbulliiton qui iert au racour- cifTeujent du Mufcie. Cet Auteur explique aulTi comment cette fermentation cetfe fi prompte- nieiit, en nous faifant remarquer que les pointes de celte l.iqneur fpiritueufe font fi fines & fi délicates qu'elles ne peuvent ouvrir que les Porofités les plus déliées de ces Molécules qui ne donnent auffi pafTage qu'à la Partie la plus fubtih de Vair condenfé ^ qui fe di- late au même inftaat & gonHe tout le Mufcie; mais parce que les Particu- les de cet air font trcs-tines , elles s'é- clnppent facilement dans les Porof.tés du Mufcie , &: par celles des Tégu- mens ; c'efl pourquoi après cette ébu- Htion le Mufcie fe défeniie , & s'il Fie vient de nouvelles gouttes pour produire une nouvelle cbulition, il ne fe tait plus de gonflcmcHt. Ainli li l'on veut que l'aftion du Muf- cie continue; il faut que cette ébuli- tron fait entrcteiuië pat une effulîon continuelle de Sanî;',,S: d'Efprit5,&: pour l'arrêter il fulTit d'interrompre le Cours de Tune de ces Liqueurs. Mais comme ■îa Circulation du Sang a d'autres ufx- g-îs qui foBt abfoiument ncceflaires ; c'cli poiu" cette raifon que la Nature a interrompu le Cours des Efprits dont ,el!e a rendu ja volonté maitrelTe, Se c'cli en cela que cGulUte tout fon em- pire furies adions volontaires. Quant à ce qu'on dit que pour arrê- ter T'aLtioii d'un Mufcie , il fiitfit d'in- terrompre le Cours d'mie de ces Li- qujj^ts^ p'iïll ce ^uc Pexpérience fctii- VKisToiRE Naturelli! f bie coarirmer, puifqu'en liant r.\r!é- re , CI le Nerf d'une Partie , eIL> de- vient P iralytique. Pour comprendre comnmt ces Ef- prits, ei brifautcominj autant de Coins tes MolJcules du Sang , ciufent leg^n- flem;nt , d )nt on vient Je parler , Jans les Véficules des Fibres charnue-, par la liberté qu'ils donnent à l'air de fe dila- ter beaucoup au-delà de ce qu'il cloit dans ces Molécules ; il faut faire atten- tion à une Expérience très -curieufe que M. Bernjully a faite, il a trouvé lem>yen, en mettant le feu à quatre ou cinq grains di Poudre à Canon , de calculer la condenfatipn de l'air, ren- fermé dans ces grains, il s'efl apper- çu qu'il é^it environ deux cens fois plus conJenfé que dans l'air extérieur ; de forte que l'air compris dans les grains d'une Barique de Poudre en- Hammée, doit dans fa dilatation s'éten- dre jufqu'à deux cens fois plui d'efpa- ce que n'en occupe cette Barique. Sion fait attention à la minière dont l'air étoit renfermé dans ces grains de P.niJre , comment le feu l'en a dé- livré , & comment enfuite ce même air s'etl étendu^ on omprenira faci- lement , ditcet Auteur , q le l'air , ren- fermé de iTi'ïme dan=. les Molécules dti Sang doit j lorf.l'u Us El'prits Cen iic^a- ge.îf en brïfint ces Molécules ; comme le feu fait dans les grains de Poudre; doit, dis-)e, fe dilater jufqu à une efpa- Ce beaucoup plus grand , q l'il n'occu» poit auparavant dans cesniJmes Mo- lécules^ &c'cllpar cette grande dila- tation que les Vcficules fe gonfleront. En nn mot , les Moiccules du Sang font comme les grakis de la Poudre à Ca- non , les Efprits qui dardent contre font comme le feu digéré fur cette Pou^r drc , & la dilatation , qui gonfle les Vé- ficules , fe liii comme l'explofion de SUR LA Physique la PonJre , cette comparaiion fuivie , donnera par tout des raifons égales de Tnn (^' l'autre fait. Quant aux l.aflnuJes, on pourroit croire qu'elles font proportionnelles aux durces de l'aflton^& la raifon en paroît d'abord vraifernblable. La voici , il cil vilîble que les Laffî- tudes ne font que des lenfations de Pcpuifement qui fe fait dans la conti- nuation d'une même adion : car pour continuer cette adion , on vient de Toii" qu'il faut à chaque inllant faire de nouvelles djpenfes d'Efprits, qui fe- ront ks mêmes fi cette aâron efl la même adiorj , Si par conféquent les dépenfes totales feront proportionnelles aux durées de cette aiftion^ dont les épuifemens & les l.afluudes ,. feront de même proportionnelles aux durées de cette même aclion. Réflexions particulières de M. Duverney , fur le précédent SyjUme. Cette raifon frappe d'abord , mais quand orr confidcre qu'à mefure que les Efprits fe dilTTpent les pores ou les paiîages par où il^ fe font échappes ^ fe dilatent incclliimment. On verra que dans la continuité de ï'adion , il faudra tqu]enirs de^ Efprits de plus en plus , c'ell-à dire , en plus grande quantité à chaque fois , à cau- fe decatte dilatation des Pores ,& par conféquent , l'épuifement ne doit pas être proportionné à la .lurcede Tactionj mais il doit être beaucoup plus grand, Ainfi les Ljiru>i des ne fuivent pas non plus cette proportion , & elles croif- fent infiniment plus que les diaées j auffi voyons nous qvi'un fardeau foute nu pendant trois minutes, qu'il aura fallu pour nous JalTer , nous caufera dans la quatrième une lalTt de beau- .coup plus grande que la pteccdeiue. Ef SUR. LA Peinturé; 'j(j Se non pas feulement du tiers comuii il faudroit pour la proportion établie par M. Bernoully. Syjlêmes du mouvement des Mufcks ,- par les Efprits feulement. PalTons à prefent au Syflême de ceux qui fouiiemient que le mouvement des Mufcles fe fait feulement par les Ef- prits ; ce Sydême me paroit le plus Gmplcj & c'elt celui aivquel \e m'at- tacherois le plus volontiers fi i'avoi9 à prendre parti. Il ne s'agit que de fe rappeljer ce que l'on a dit de la Srruéture' de la Fibre charnul- , foit qu'on la confidére comme un Tuyaa' Vélkulaire à l'exemple de M. Ber- noully, foit qu'on la regarde comme compofée de plufieurs fils trefïés; cec- te dernière Strudure paroit très-con- forme aux expériences de M-. Leven-* hoek qui dit qu'ayant examiné unr Fibre charnue neuf fois pins 'petite- qu'un poil de la Barbe, elk lui parue compolee de plus de foixante - douze fils entrelaifés & comme treiTes. Cela pofé , il fera aifé de juger que le Li- quide fpirrtueux qui découle par les Nerfs dans les prths Tuyaux Véficu- laires, avec Icfquels les extrémités de ces Nerii s'abbouchent , les dilate fans- celle , en les arrondilBnt , & que ces petites dilatations mu.tipliées dans la longueur de chaque Fibre, ou TuyaUy dans lequel elle fe font en très-grand nombre,, produifent en un indani fo» racourcilîement, La contraclfon de tout le Mafcle fe fait donc par l'intçodudion des Parties. . fpiritueufes de ce Liquide danstoute* les Veficules dont chaque Tuyau elt compofé. L'accourcîfTemenî de tout le Muf^ cic fait donc approcl-ier les extrénl^té3^ Observations sur l'Histoire Naturelle , 80 d;] Mufcle , c'cll-à-dire , fes Tendons: de forte que fi un des deux eft fixe , & qu'un poids foit attaché à l'autre , il remontera à mefure que ce Mufcle s'imbibera d'efprits , comme on voit qu'un poids monte au bout d'une Cor- de , à mefure qu'on la mouille : ainfi le plus ou le moins d'adion dans les Alufcles , ne fc fera que par le plus ou ie moins d'Efprits dont ils font imbi- bes. La plus grande difficulté qu'on puif- fe , ce me femble j) faire contre cette Opinion , c'efl que le mouvement que cauferoit les Mufcles , feroit à peu près auffi lent que celui d'un poids , qu'u- ne Corde mouiilce feroit monter. Miis on ne s'arrêtera point à cette ob- jection , fi on confidére qu:: les Efprits Animaux entrant dans les Fibres des Mufcles , multiplient leur force , par la même r;iifon que l'eau multiplie la lien- ije, lorfqu'eilo s'infinue dans les Fi- bres d^une Corde. En etfet l'aftiondes Parties de l'eau qui fe fait en tous feus les portant à heurter de toutes parts contre les Filets de la Corde fur laquel- le on la répand , elles s'infinuent cha- cune en particulier comme autant de petits Coins , dans les ouvertures qu'el- les trouvent entre les Fibres de cette Corde : par là écartant ces Fibres , & dilatant ces ouvertures dans lefquelies elles font entrées , elles doivent né- ceffiirement en racourcir la longueur , chacune à proportion de fa force. II £11 vrai que la force de chacune en par- ticulier ell peu dechofej mais entin elle eft toujours capable de quelque etietj & étant plufieursfois multipliée elle doit devenir trcs-grande. Comme toutes ces petites Parties d'eau y font dans un nombre prodigieux, leur for- ce doit aufTi y être prodigieufement inyUipiice : aulB voit-ou (ju'eiks font capables de donner à la Corde qui en ell abreuvée une force qui vajufqu'à élever des fardeaux énormes. Ce qu'on vient de dire de la maniè- re dont l'eau cil capable de racourcir une Corde , du Ven- tricule , &c. foit que l'habitude l'ait enfin formée, comme dans les Doigts d'un Homme qui joue du Lut , ou de la Viole fans y faire aucune atten- tion : nous avons déjà expliqué cette qu'il cède à Ion Mulcle oppofé ; ou à élargir ceux de fon Antagonifle, ou enfin à faire Tun & l'autre en mê- me lems ; & alors les Efprits coulanc plus abondamment dai>s l'un de ces Mufcles que dans l'autre , elle les tire- ra de cet équilibre où ils paroilToient fans adion. Mais comment l'Ame agit-elle ain« fi fur les Nerfs ? C'ed un Myllcre qu'on ne pourra jamais développer qu'avec celui de l'union de l'Ame & du Corps. C'ert pourquoi je le répète encore , je le fuppofe feulement , & de-là tous les mo'ivemens volontaires paroiffent af- kl faciles à expliquer. Les dilTérente* impreiïions des Objets peuvent faire le même elTet , tant fur le Cerveau que fur les Nerfs. Les Efprits qui coulent inceiïam- ment & également dans le Fiécliilleur du Coude , par exemple , & dans fon Antagonifle , les font agir également l'un contre l'autre ; ce qui les met dan.i une efpéce d'équilibre , & le Cou- de demeure immobile , parce qu'il en eft également tiré de part S*, d'autre > à peu près comme un Mât de Navire par (es Hautsbans , lorfqu'ils font éga- lement bandés : de forte que l'Ame , pour mouvoir le Coude doit rompre cet équilibre ; ._ Observations sur l'Histoire Naturelle, ininôe de nos mouvemens.l'.-iurtmenta- tioii S: la diminution déterminée de cette durée, (?c la promptitude furpre- nante du changement de quelques-unes de ces déterminations. Les exemples d'explofion , de fermentation des Cor- des mouillées , ni ceux qu'on donne des Vcflies gui lèvent des poids con- fidérables à m'jfure qu'on les gonfle ne lèvent point ces difficultés. OBSERVATION XXVI. SUR LA CIRCULATION D £s Esprits Animaux, fondée fur de nouveaux Principes j Et fur VAnatomie particulière du Cerveau £/ du Cervelet. L'ON vient d'obferver le Senti- ment de M. Duverney fur la fa- çon dont les Esprits Animaux opèrent le mouvement de tous les Mufcles. Ce fçavant Anatomifle a eu foin de rap- porter ce qu'en ont dit avant lui les Auteurs les plus célèbres. Mais ni les uns ni les autres n'ont pas défini la vraie Nature des Ejprits Vitaux , & encore moins leur Circulation Animale dam les Tltyaux Nervaix, d'où il fuit que l'on ignore toujours la manière dont ils acîiiïent véritablement fur les Mufcles , & fur les auues Parties de notre Corp'. Ce que nous venons de voira ce fujet , ne fatisfiit point pleinement , les dilTicultéi exirtent encore , ainfi que l'on jen convient^ il refle à fça- voir ce] que deviennent les Efprits après leurs fondions ; & s'il ell poffible que le Cerveau en fourniffe contînueî- lement dans les aftioiis violentes & de longue durée, fans tarir la fource ôc caufer la mort du Sujet. Je n'oferois cependant entrepren- dre de faire la Critique de tous ces Grands Hommes : il faudroit fuccom- ber abfolument dans l'entreprife ; mais il me fera permis , fans attaquer pcrfonne en particulier, de donner prcfentement mes Opinions fur le mê- me fujet. J'ai formé lePIan démettre au jour mes lumières: fi elles font bonnes , je m'en appercevrai par le fiience de mes Antagoniftes : fi elles pèchent en quel- que endroit, ils m'en feront bien mieux appercevoir : ainfi que Ton a vu , des fautes que l'on croyoit que j'avois fai- tes. Il arrivera peut-être qu'ils diront que ce que je donne a déjà été dit; mais ils n'entreprendront jamais de le prou- ver. Anatomii particulière du Cerveau Cr dm Cervelet. La Moelle renfermée dans l'Epînô du Dos , ell la continuation de la Moel- le allongée , & celle-ci n'cll que la pro- dudion commune du Cerveau & du Cervelet : ainli on peut conlidérer la Moelle de l'Epine i\ la Moelle allon- gée par rapport à leurs Origines, par rapport à leurs enveloppes 8c à leur fulDllance , comme l'union feule des Branches externes du Cerveau & du Cervelet. La Partie moyenne.de la Baze du Cerveau efi occupée par la Moelle al- longée, & la Moelle allongée ell for- mée par quatre Branches. Les deux plus fortes de ces Branches viennent du Cerveau , & font produites par les Lames Médullaires Se cendrées, qui SUR LA Physique £t ont auparavant formé les Corps cannel- les de chaque Hémifpîicre du Cerveau. Les deux petites Branches qui entrent dans la compofition de cette Moelle , viennent du Cervelet , & les Racines qui les produifent font ce qu'on appel- le dans le Cervelet, V Arbre de Vie; que l'on apperçoit par la coupe Verti- cale de ce Vifcére. Sur la réunion des groiïes Branches du Cerveau, qui vont former la Moel- le allongée , il y a une Protubérance tranfverfale , que l'on nomme le Pont de Varole; en fuppofant que les Bran- ches du Cerveau forment les Rivières du Fluide Animal, & que cette Protu- bérance efl le Pont fous lequel elles paf- fent j le nom de Pont que l'on donne à la Protubérance Médullaire dont il ell quellion , efl. allez naturel. Varole ancien Anatomille Italien , qui a don- né l'idée de cette comparaifon , & du nom duquel on s'efl fervi , enteadoit que les Liqueurs Nerveufes pafîoient du Cerveau dans la Moelle allongée 8c dans la Moelle Epiuiere fous cette Pro- tubérance. J'adopte cette idée & la trouve fatrsfaifante. Il relie feulement à fçavoir fi les Efpriis vont & viennent en mémeiems ^ du Cerveau & de la Moelle allongée fous ce Pont. Il me femble cependant que pour flonner une idée un peu plus précife de la Structure du Cerveau &: des Moel- les , l'on devroit appeller ce que les Anatomiftes nouiment les Branches de la Moelle a'.longce , les Racines du Tronc Médullaire ; il faudroit auiïi appeller la Moelle allongée, ie Tronc Médullaire; les Nerfs , les Branches Mé- dullaires ; Si la Moelle Epiniere , les Branches réunies du Tronc Médullaire. Celte dénomination donneroit une ïd'ée plusdillinde de la difpofition des SUR LA Peinture. 87 Parties du Cerveau & de la Nature des Nerfs. I °. En confidérant le Cerveau & le Cervelet comme deux Vifcéres parti- culiers , dont les Filières fe réunilTent pour former les Racines du Tronc Mé- duUaire. 2 °. Parce que le Corps de ce Tronc j ou le prolongement du Cerveau fe di- vife enfuite comme celui des Végé- taux, pour former les Nerfs qui for- tent du Crâne & ceux de la Moelle Epiniere. Les Racines d'un Arbre , par exem- ple^ s'épanouifTent dans la terre pour en filtrer les Sucs & former le Tronc , & le Tronc enfuite fe divife & fe fou- divife pour former les Branches , tout de même que les Filières du Cerveau & du Cervelet fe léuniflent pour for- mer les Racines de la Moelle allongée, & cette Moelle fe foudivife enfuite pour fornier les Nerfs. Cet arrangement nous conJuiroit à faire quelques réflexions ; fcavoir lî les Sucs Nerveux font de deux Natures j c'eil-à-dire, fi ceux qui proviennent du Cerveau font Hétérogènes à ceux qui proviennent du Cervelet ; ce qui n'efl pas vrai-femblable. Il vaut mieux croire que l'un fert à l'adion & l'autre à la réaction des Nerfs & à la filtration des Efprits : car les Filières qui for- ment les Branches de ces Vifcéres, pa- roiffent de difiérente cuuilruélion. J'ai dit dans mes précédentes Obfer- vations que les Parties ignées ou le Feu matériel , étoitce qu'on appelle les Ef- prits Animaux ; Scje prétends aulfi dans mon SyRêmej qu'on ne peut attribuer lacaufe de toute mutation, & de tou- te fluité, celle de tout mouvement iSc de toute dilTolution , & même de tou- te chaleur qu'à ces Parties ignées , que S5 Observations SUR. l'Histoire Naturelle ie crois répanJiies en tout iicu & pcné- Journaux. Je crois que fans ambr- trer tous les Corps de quelque Nature tionnerces rccompenfes hoivirables , qu ils fuient. qu'il eft fi difficile de mériter, je puis * La Matière EleBrique ert la même initruire le Public de ma façon de phi- que celle du Feu , & celle du Feu la lofoplier fur les Organes du Corps Hu- mênie que celle des Efprits Animaux ; main, & donner ici /'e^ence des Efprits c'ell ce que Ton a dcja éprouvé fur quel- ques Paralytiqueb j en leur impulfant dans les Nerfs la Matière Eleétrique ; c'ert-à-dire, les Parties du Feu qui forment aulTi les Efprits Animaux. Mal- gré l'évidence de cette preuve, on dif- tingue encore aujourd'hui la Matière Electrique du Feu, Se le Feu des Ef- prits Animaux. {Voyc^ ce que je dis fur ce Sujet dans lalV. Part, de cette Année.) Revenons au Texte &: n'abanJon- nons pas la Quellion. On trouveioit donc , félon la différence des Filières du Cerveau is: celles du Cervelet , que l'un de ces Vilcéres fourniroit les Branches qui portent les Efprits, Se l'autre celles qui les rapportent : c'eft de quoi il ne faut pas douter. Ce qu'il y a de très-certain , & que j'ai découvert après de longues recherches , c'eft que ces conduits Nerveux, du Cerveau &: du Cervelet , fe réuniflent enfemble fans fe confondre dans la Moelle al- longée , Si que de- là ils s'accompa- gnent dans les plus petits Filets des Nerfs quifortent du Crâne & dans ceux que fournit la Moelle Epiniére , ain- fi que les Veines accompagnent les Ancres dans les autres Parties du Corps. Animaux Sr leurs actions 6* réoBions fur les Mufcles & fur les autres Parties du Co.ps. Outre le dégorgement des Par- ties de Feu , qui fe lait dans l'Eflo-» mach pour échauBer & cuire les Ali- mens , dont j'ai parlé dans mes Tables d'Anatomie , les Efprits Animaux , ou les Parties de Fea^ qui font impuifés du Cervelet dans toutes les Filières qui dérivent de ce Vifcére , retournent, après la fondion des Mufcles 8i après leur relâchement, dans le Ceryeau par les groffes Filières Nerveufes dont nous avons parlé ; car il n'eft pas rai- fonnable de croire que les Efprits Ani» maux ( qui découlent du Cervelet pour fervir au gonflement & à l'adion d'un Mufcle) fc perdent enfuite Se ne re-, tournent plus dans leurs Refervoirs. La dépenfe de ce fluide feroit alors très-confidèrable , & fur-tout dans les grands travaux. Nous venons de voie dans les Obfervations précédentes , l'embarras des Auteurs pour expliquer rècoulement des Efprits , & qu'iU n'ont pas réfléchi fur leur retour. On ne peut contcrter que les Efprits Animaux , la Matière Eleèliique & le Feu ne foient la même chofe. Exami- nons avec réflexion tout ce qu'ont dit Remarques fur l'ABion (p" la Réaâion des jufqu'aujourd'hui les Auteurs fur la Efprits Animaux ù" fur leur EJjence. Nature des Efprits Vitaiix , ou Ani Les Académies propofent des Prix pour découvrir comment les Nerfs agil- îeni fur les Mufcles. Celle de Berlin a fait annoiKer fçs Lauriers dans nos maux , ainfi que je viens de dire, nous ne trouverons là-defTus rien de clair ; tout eft confus, ils ont imaginé des Corps inconnus & de peu de rapport avet lesOrganes: il eft inutile de citer ici SUR LA ThYSîQUE ÊT SUR LA TeINTURE. ïenrs remarques , il fuffit de dire qu'ils ne rcconnoilToientpas le Feu Matériel pour l'effL-nce des Efprits Animaux : je vais cependant prouver qu'il n'y en a pas d'autre. En admettant une Ame dirtincle de la Matière, en n'eit plus fujet à des Spéculations ridicules, où il faut tou- jours revenir fur fes pas. Le Labirin- te des Matcrialiltes eft fans fin : ils fe perdent dans leursidées, & le rcTuhac de leurs Théfes , eil qu'ils font auffi inf- truits fur la lin de leurs Queflions , qu'ils l'étoient au commencement. L'exiftence de l'Ame établie , alors les Efprits Animaux fe trouvent aifé- nient dans la Matière que nous con- noilTons; nous n'avons pas befoin de les nippofer & nous pouvons raifon- ner fur leur eiïence ; & fans aller bien loin , nous les prendrons dans le Feu même, pliuôt fans doute que dans les autres Elemens i.'aâivité du Feu , l'ex- trcme linelTe de fes Particules ^ leur Elaflicitè; tout nous fert alors j 8c nous bitilTins fur le folide^ La réflexion peut nous fervir pour confirmer l'iJèe fenfible que je donne des Efprits Vitaux. i°. Un Animal quel qu'il foit, que l'on mettroit dans la Glace pourroit-il vivre un infiant .? Où prenJroit-il de quoi entretenir la dilTipation des Parties de Feu ? 2". Un Membre engourdi, ne l'efl-il pas par îe défaut des Efprits Animaux ou de chaleur? Ne lui rcdonne-t-on pas fon état naturel en l'échauffant avec le Feu ^9 Matériel Dans les défaillances du Cœur où les Efprits Animaux man- quent, ne les fait-on pas revenir en lechautTant la Poitrine & la Tête du Malade, en lui froiiant les Tempes cx le Nez avec des Liqueurs infiamm a- r>Ies, pleines de Particules de Feu ? N'efl-ce pas en lui faifant avaler des Eaux combuilibles qu'on le fait re- venir ? 4°. Les Nations plus proches du So- leil ne font-elles pas plus vives & plus fpititueufes *? s°. Les Animaux mê- mes ne fe reflentent-ils pas de cette plus grande abondance d'Efprits Vi- taux ? Ne dégénerent-ils pas en chan- geant de Climats : 6° Certaines efpé- ces de ces Animaux, par le défaut , on parle peu d'abondance des Parties de Feu , qu'il y a dans les Climats froids, ne cefiént-iis pas de produire ? 7°. Les Plantes mêmes ne font-elles pas dans le même cas ? 8°. Les Aîimens qu'on appelle fpi- ritueux , ne font-ils pas ceux qui font les plus chargés des Parties de Feu , & ne font -ils pas en même tenis renaître avec plus grande abondan- ce les Efprits Animax ? 9°. Les Efprits tirés des Boilfons avec une trop grande quantité , ne déran- gent-ils pas laraifon î L'Ame eft-eile maitrelTe de les gouverner lorfqu'iJs furaboRdent : Ne les dirige-t-elle pas alors mal-à-propos .^ EnfinrEleélric'itc, comme je viens de le rapporter , ne défobftruë-t-elle pas les Nerfs , Se la force de fon impuifion ne dèbouche- t-elle pas les Conduits pour faciliter le pafTage des Efprits; c'ell - à -dire , des Parties Fiomogénes du Feu f Nous pouvons donc conclure de ces réflexions & de plufieurs autres , qu'if feroit aifé de faire, que le Feu & les Ef- prits Animaux font û même chofe : les * Je n'entenîs pas ici par les mots de plus ladîes en chaque Climat, ou des bénéfices de pives ic plus fpirnueufes , avoir plus de capa- Nature, qui augmentent ou diminuent l'aboR- ftité Si. p'iic «J'efprir. D'ailleurs il y a des Ma- dance des Efprits en certains (Sujets. Antîëç i-js^^Tom, IL Partie, r^ M Observations sur. l'Histoire Naturelle, Parùcviles de l'un font les Particules de l'autre. Le Cerceau & le Cervelet font les Filtres où ces Parties de Feu Çc fcpa- rent du S-uig , &c les Nerfs font les Con- duits où elles coulent pour dilater & racourcirles Fibres cliarnucsdes Muf- cles , eu fe gliiraut dans les Membra- nes^ que forment les Ligatures de ces Fibres charnues &' les Parois des Sacs Membraneux *. Ponr lors ces Sacs Membraneux faifant entre les Interfec- tions , une efpéce de Rcllort , ils les obligent de fe racourcir & de fe con- tracter ; comme les Mufcles du Cœur dans le mouvement de Diaflole ; en comprimant le Sang , occafionnent le durcllFeraent &; le racourcilTement du Cœur. Le Sang renfermé dans les Sacs Meînbrancux, dont les Fibres Miifcu- leufes font compofces , fe trouve com- primé par les Iprerfcdions des Pro- duflions de la Membrane commune duMufcIe, laquelle renferme efiec- tivement les Particules du Sang; mais en petite quantité ; c'eft ce qui donne la Couleur de Rouge-pale aux Fibres en particulier , & celle de Rouge foncé à l'alTemblage de ces Fibres. Je con- clus de-là que , lors du rcfT^rrement & du racouiciirenic'ut de ces Sacs Mem- braneux, les Particules de Sang relient plus enfermées & jilus contenues, & forment toute la force du Mufcle : mais lors du retour des Efprits , les Membranes étant relâchées , c«s Par- ticules fluent de nouveau de là dan^les Veines, & font moins comprimées. C'ell pourquoi en liant lagrolfe Artère; tv par confcquent la (ource du S.ing, les Fibres charnues perdent les Particules dcSang contenues dans les petits Sacs- Membraneux , dont nous venons de parler; & lesEfprits , dans la contrac- tion qu'ils occafionnent de ces Mem- branes, n'opèrent plus la dureté & le racourcilTement du Mufcle. Voyons préfentement la raifon de la réadion des Efprits apics PolTice des Muf- cles. Il ne feroit pas natiuel de croire que fi les Efprits Animaux découlent du- Cervelet par les Nerfs , pour l'adioii. prompte de chaque Mufcle , ou de toute autre Partie de notre Corps, ils retournent en même tems dans le mê- me Vifcére par les mêmes Filières ; en fuppofant qu'il y ait une adron Se une réadion d'Efprits tout à la fois , com- me il arrive lorfque Ton fait toute forte de mouvemens en même tems. 11 pa- roît donc bien plus naturel , que fi les Efprits découlent de l'un des Vifcéres du Cerveau , ils retournent dans l'au- tre ; puifque les Filières de ces deux Vifcéres s'uniffent enfemble (îk s'ac- compagnent, comme nous avons dit, pour former la Moelle allongée & tou- tes les Parties de Nerfs qui Ijrtent du Cerveau & da la Moelle de l'Epine. Si Ton me demande pourquoi je donne à l'un de ces Vifcéres l'adion plutôt qu'à l'autre , ]e répondrai qu'il paroit que les Filières les plus tlnes îout les plus propres à l'aftion de tou- te L'queur impulfèe,. Nous choifirons donc fans peine pour l'adion des Ef- prits le Cervelet , Si pour leur réadion le Cerveau ^ ce qui occallonne fans doute le gonllement &le relâchement des Mufcles. Il me femble que c'eft ce que l'on- cherche , & que l'on trouvera quand. * Les Anatomiftcs , que nous avons cité, rif.ns l'Obfervaiion précédente , ont obfervi les Ligatures & ces «Jacs Membraneux» suit LA Physique Et sur la Peinturô; ^T dn vou Jrâ , pour expliquer les mou- gard de la faqon de la traiter Se de la vemens Mufciilaires. Je puis a)outer ici que te Cerveau renvove enfuite au Cervelet , par le Plexus Choroïde , les Particules de Feu qu'il reçoit de la diilenfion des Nerfs. Ces réflexions faites , on peut croire qu'il fuffit à l'Ame , d'arrêter le retour gui fe fait continuellement des Efprits dans le Cerveau , de l'un des Mufcles qu'elle veut mettre en coritradion , Si d'impulfer avec plus de force ceux qui vont du Cervelet dans le même Mufcle. OBSERVATION XXVII. guérir, M. Faget en a donné la Dif- fertation dans les Mémoires de l'Aca- démie de Chirurgie , à laquelle ceux qui veulent opérer auront recours. Il y a deux fortes d'Auevrifme, l'une qui vient de la dilatation de la Mem- brane interne des Artères, lorfque la Membrane externe eft détruite ; 6c l'autre de la piquûre ou de la rupture de ces deux Membranes. Dans la première forte d'Auevrifme ; les humeurs corrofives , qui fe forment dans les Playes, peuvent ronger une partie des Tuniques Artérielles; c'eU- à-dire , la Membrane externe ; &: alors i'Impulfion continuelle du Sang , trou- vant moins de réfiÛance dans cet en- i«r l Anevnfme , ou fur les dangereux j^qJ^^ (^^ ja Membrane interne qui ejj'ets de la fai'Jfe Saignée, JWl été témoins en 17^0, de la Cure admirable de celte Maladie , faite par M. Faget ^ Chirurgien Major de la Charité. Je defTinai pour lors, félonie defirde ce célèbre Ariille , la Playe , l'Opération & les Inilrumens, dont il fe fervoit pour arrêter le Sang dans fa fource ^ & n'en donner au bras que ce qu'il falioit pour l'empêcher de périr. Ce qui produifit , moyennant le régime & les remèdes convenables, Ja parfaite guérifon. L Artère Brachiale fe reprit , & le Sang circule aujourd'hui dans le B:as du Sujet , comme dans les autres Parties de fou Corps. 11 exerce fon Métier, & fait les mêmes elîorts qu'il faifoit ci-devant *. Avant de donner la Planche , nous dirons quelques mots de cette Mala- die, pour inlh'uire les Amateurs. D'au- tant mieux que tout le monde s'y trou- ve expofè , fi on a le malheur de fe fer- vir d'un Chirurgien mal-à droit. A i'é- le retient , 8c forme de grofles poches , qui ferempliffent de Sang, & où il cir- cule comme dans un gouffre. L'égra- tignure d'une Lancette , ou de tout autre Inftruraent , qui ne perce pas tout-à-fait l'Artère, peut auffi caufec cette forte d'Anevrifme. La féconde elpèce d'Anevrifme efl: dangereufe , les fuites en font ordinai- rement funelles. Telle étoit celle qu'a guéri M. Faget dans l'Hôpital de la Charité. Cette forte d'Anevrifme con- fiite dans l'ouverture de l'Aitére , foit par incilion. avec la pointe de la Lan- cette dans les Saignées , ou avec tout autre Inllrument , dans tel accident que ce puilïe être ; foit par la rupture des Artères dans les grands eflbrts. Pour lors le Sang s'extravafe entre la Chair & la Peau ; il fe coagule pac couches, ne pouvant plus circuler, &: forme des malfes molles & libreufes, comme celles qui font ici repréfcntées. L'Anevrifare par conféquent peut " C'eft »UJ Porteur 4'eau du Quartier Saint Antoine, Mij p2 Observations sur l'Histoire N"atur.ct.i:i!:;. fefoiTnerde l'm.e ou de l'autre façon, d'apièi le cclcbre DwniSi dans toutes les Parties du Corps où il y a des Artères un peu confidérables' les Mu'cles. Mais entre la Peau &i la plus ordinaire eft celle du Bras ,. qu'occafionne la Saignée. Les quatre Veines que l'on nique dans les Saignéw>s du Bras font laOJp'ta- lique;, qui eil celle du de!Tus ; la iVic- diiinc,. qui eft celle du milieu ; la Ba- fi ique , qui fe trouve en delTjus ; ^' la CA'ffiîc, qui eil plus vûiilne du Cu- bitus. Celles que l'on ouvre le plus com- munément lont la Médiane & la Bafi- lique ; elles font auiïi les plus dange- reufes : la Bafilique fur-tmu eil fouvent très proche de l'Aftére Cubitale, &la Médiane fe trouve toujours placées iur le Tendon du Biceps ; mais aufli le b'uig ne fort pas fi aifémentde la Geplialique ^ £< il eft dilTicile de fai- gner à la Cubitale. C'e!l la raifon pour- quoion ne perce point ces Veines ici,. quoiqu'il y ait moins de danger, La plupart des Cliirurgiens Turcs , qui ne font point ufages des Sangrucs , ne faignent que ces deux Veines, pour ne pas rifquer d'eftropier leurs Malade; , ce que j'attribue à leur peu d'adrefic. Tous les Bras ne font pas faciles à faigner : à quelques-uns on n'ell pas maure de choilîr la Veine , &; bien fouvent il fauts'en tenir à celle qui efl la plus apparente ,.8c quelquefois de- viner l'endroit où elle doit cire, fur les inoindres apparences. Si mailieureufement on perce l'Ar- tére en piquant la Bafilique , on s'en apperçoit fur le champ , par limpe- tuofue & par la couleur vermeille du Sang : on peut a ►ors avoir recours à un prompt remède , mais un peu vio- ient , tel que je le vais ici rapporta: Guérifon fubite dune Ai evrifmei « Un Chirurgien de Paris faignanr » un Penilonnaiie du Collège d'Har— "courte lui ouvrit l'Aitcre., dont le >» Sang fe lança comme un trait dWr- » balOtre, de l'autre côté du Lit ; iL « faifoitune très-grande arcade ; ii lor- » toit en fautillaïu., (S: il s'élcvoit danS' j> le Plat une écume d'un vermeil oraii- = gé S< en grande quantité. Ayant con- D nu que c'étoit l'Artéie qui éioit ou- » verte, il ne s'étonna point , il dit aa » Malade que fon Sang étant aufli cr échaulle , il falloit en tirer Iseaucoup, a alîn que cette. Saignée calmât ceii'i 3j grande chaleur; il demanda un fe- »cond Plat & en tira jufquà ce qu'il vît a que le Ma'ade commençoit à tomber « en foiblelfe. Pendant que le Sang y> fortuit , il avoit mis une pièce de » Monnoye dans la comprelfe, & il a> avoit demandé une féconde Bande;, jo A mefure que le Malade s'afToiblif- D foit , l'Arcade que îaifoit le Sang di- B minuoit c'k bailToit. Ayant ôté la Li- » gature ;, & le Malade étant cvauon' ;. H le Sang cefîa de fortir.Il prit ce mo-. » ment pour appliquer la comprelfe Se D bander le Bras qu'il ferra plus qu'à » l'ordinaire, & mit deux Bandes ; & » ayant ployé le Bras fur l'EflomacIi » du Malade & attaché à fa Camifol- ï>ie, de crainte qu'il ne l'étendit, Sit X) lui jetta de l'Eau au vifage , lui fit » lentir du Vinaigre & le fît revenir a» de fon évanouillement. II iut foi.ii » de faire jetter le Sang avant que de » s'en aller, & il recommanda bien au x> .Vlalade de ne point remuer fon Brasi> » hii difant que s'il le débandoit, fon » Sang étoit fi furieux , qu'il feroit » xuort avaiii qu'on le £Ût fecourir. Le m ~i% SUR LA Physique » foir farginant d'avoir été appelle pour » un MalaJe dans fon voifinaije il l'al- 3j.la voir,& trouva que le MilaJeavoit » été a(îe^ obcïlT;int pour avoir laiffé 3» fon Bras -lans iemème état qu'il l'a- » voit mis : le lendemain il lui ren- a> dit encore vifite , & quoique la JB Malade fe plaignit que fon Bras 3> étoitbienferré, il lui perfuada de n'y aj toucher que ie troinéme jour, & après J5 l'av-oir dcbandé, il y remit une nou- a> velle comprelTe c*^ une autre. Bande, 3J pour plui grande fureté. La Cica- ^ trice fe fit comme auroit fait celle 3) -d'une Veine , t^- le Malade a cru :» qu'on ne lui avoit jamais fait une i> meilleure Saignée. » II a été facile ici de guérir Se de ci- catrifer une ATrtére^en fupprimantle Sang des l'inllant de fon ouverture; mais dans le cas où l'Anevrifme efl en- tièrement formée, ropéraiion de M. Faget efl l'unique , & la feule qui peut réulTir. C'eft lui qu'il faut alors conful- ter dars le traitement de cette Mala- die, ainfi que j'ai déjà dit. ET SUR LA PeiNTURST; I. !.. M. O. L'Artère Bracliiale. Le Biceps. Son Tendoni Son Aponcvrofe.- Le Nerf. H- I G U R E I I, P. L'Artère Brachiale. Q. La piquLire de l'Artère. R. S. Les Rameaux de cette Artère, T. V. Sa divifion fur le pli du Bras, T. L'Artère Radiale. V. L'Artère Cubitale, ■ EXPLICATION. De le Planche F d\4natomie^ repréfen" tant les Tumeur s fanguines caufées paV l'Anevrifme. El GU RE T. Elle repréfente la Tumeur dans fon ctaî' naturel avec fes Lames écaiileufes» du côté de la Peau, EXPLICATION J>e la Planclie E d'Anatomie ^ repréferi' tant l'AncV'ifme d'' après l'Opération de M. Faget. F I G u R £ 1,- I GU RE 11. À. B. Le Bras makde. G.D. Les Tégumens renverfès ainfi que dans l'Opération. E. La Celphalique, F. La Médiane. G. La Bjhlique, H. La Cubitale,' Elle repréfente la même Tumeur di:i côté de l'Artère avec fa cavité. F I a u R s LI L Elle repréfente le Sang caillé fraîcRe'-- ment contenu dans cette cavité. F T G u R E IV. Elle repréfente les Lames écaill^ufes ■ détachées , où l'on apperçoit dis^ efpéces de Fibres»- 94^^ Observations sur. l'Hi3tôixe Naturell c. Lef-Cavitcs de la Tumeur." F I G u R E V, d. L'Ancre piquée. e. Sou jet & la fource de l'Anevrifine^ Elle reprcfente la Coupe cavernenfe de toutes les Lames qui compo- feut la Tumeur. a. LesCoucIies coineafes & bîanclies, qui forinent une efpcce de Mem- biane racorncie. h. Les Couches rouges & fpongieu- fes qui font féparées des précé- dentes. Z G u R E FI. Inftrument ou Couninet qui a fervi à la comprcffion. Figure VII. Autre Couiïinet à vis &à reffortpour comprimer l'Artère. PHYSIQUE. OBSERVATION VII. Sus L^ CuE^TioK DU Monde , Et Se r leD élu ge Universez^ Et Critique de Telliamed , ou h Philofophe Indien. f E Livre en deux volumes (a) ell une efpcce de Roman Philofophique , où on a ren- fermé divers fentimens , & entr'autres une partie de la Doârine de Thaïes (b). Teliiamed n'admet que les eaux de la Mer, fleurs Diminutions pour prin- cipe aflif de la fonmtion de la Terre : il en fait fortir non feulement les Monts , les Vallées , l'Homme , les Animaux Quadrupèdes (S: les Infefles, riiais encore les Oifeaux , ^- les Plan- tes de toute efpéce. Les Hommes j dit- ( fl ) Il eft imprimé depuis peu à Paris , & fuppoféde 1748, & deriraprefllon d'Amfter- dam. L'Editeur de ce Li\Te eft M. de Guer, je luis obligé de le nommer, parce qu'<>n m'a il , ont été tirés des Eaux , &" leur font re^ dei'ables de leur Origine. 11 conclud de-là qu'il n'y a jamais eu de Déluge , & que la Création eft une clûiiére. Le Piiilofophe Indien lait la Terre en forme de fufean & plus élevée vers les Pôles que vers l'Equateur; c'eft-à- dire , de la Figure à peu près d'un (Euf : Il prétend que la Partie Septen- trionale , étant plus grolTe & plus char- gée de Montagnes , emporte la Par- tie Méridionale : c'eft ce qui , felou lui , caufe l'obliquité des Pôles de la Terre, à la Ligne Ecliptique que no- fait rinjuftice de me foupçonHcr de l'avoir ctl» ( i) Thaïes n'aJmetcoit que l'cau pourprinr cipe de toutes thofes. SUR LA. PhYSK^UE ET tre Globe parcourt dans le cours d'une année: Voici ce qu'il dienfuiie. « Lorf- 3> que la Mer couvroit toute la furface » de !a Terre , alors tous les jours de » Ton circuit annuel autour du Soleil 3j étoient à peu près égaux ; mais coin- » me lesE MX de la Mer renfermoient » en leur Sein des Montagnes beau- ■ coup plus grandes dans la Partie Sep- ^ tentrionale que dans la Méridionale » à mefure que les Eaux ont diminué » l'égalité qui avoit été jufques-!à dans » le Globe ^ s'etl aflbiblie. Alors par » la diminution de ces Eaux , le Pôle » Méridional a perdu le poids de fou ^ côté , qui s'eft confervé dans le Pô- » le Septentrional. Ainfis'ell fait (ajoà- = te-t-il ) dans les Pôles de la Terre, » cette variation relative à la pofition ^ du Soleil , & à l'état du Firma- ^ ment. » Selon cette idée , il faut fuppofer que les majjes des Montagnes ont unepe- fantciir déierminée qui entraîne le Globe de la Terre. A l'égard de la caufe générale du mouvement des Globes, félon Telîia- med , la découverte en a été faite lors de Vlnventicn des Lunettes d'approche 8c par leur fecours : « Depuis l'Invention n des Lunettes d'approche , dit-il , 3> on a découvert que le Soleil fait tour- » ner autour de lui, par fa clialeur Se 5) par le mouvement qui lui eil pro- 3> pre , notre Terre & les autres Pia- » nettes qui font à la portée de racci- 3> vite de fon Feu * qui aait fur la Ma- 4 O 31 tiere dont le Globe du Soleil eil » compofé ,, &it arrivera un tems où » l'ayant tout confommé , ce Feu s'é- 3) teindra entièrement , après s'être sa alfoibli iiifcrXiblemcnt à proportion p de TAliment qu'il y rencontre. « SUR LA Peinture,. ^5- Je fçais bi:n que cette définition ne fatisfait point ; mais il n'y en a p.is d'amre. Notre Pliilofopîiie entend que le Créateur n'entre piur rien dans les mouvemens qui fe pafTent dans la Na- ture , Se qui plus efi , félon lui , « il 33 futîu de ne pouvoir comprendre que >3 la Matière S( le mouvement ayent )3 commencé ., pour les croire cter- 3) nels. » C'efl là Tabregé & même la fubRan- ce totale des nouvelles Découvertes de M. de Miiltet. La Defcription de VEgypte qu'il nous a donnée , nous pré- paroit à cette dernière produclion. Les Matérialiltes ont ici un iiluftre défenfeur de leur caufe commune. L , A. D. P. digne Elevé du grand Pliilofophe Indien, vient depuis peu de faire paroitre les progrès qu'il a faits dans cette Pliilofophie. Il ne m'ap- partient pas de combattre celui - ci ; mais je puis attaquer Telliamed & mettre au grand jour les défauts cfTen- tiels & la foiblelTe dit raifonnement de ce PhiloTophe. Pour y réuffir il fuffic de ralFembler fous un feul point de vue , les diverfes idées qu'il a répan- dues dans l'étendue de fon Livre : alors il ne fera plusq.ieRion que de répon- dre à celles qui méritent quelque at- tention. SYSTÈME DE M. DE MAILLET. Concernant la Matière & le Mouvement. i'. La Matière efl éternelle, {pag^ 6 1 du 2'. vol. ) 2°. La caufe du mouven-ient afiiicL des Globes vient de la chaleur du So- leil ( 2.". vol. pag. 63. ) 3°. La chaleur du Soleil Se des Etôr, les vient de i'embrafemenc des Aio.- S Ceci eft ajoûié à la Pliilofophie de Ait de I\Iaillet , ou-Telliamsii, •5)5 Observations sur l'Histoire Naturelle^ i;cr?s combutliblcs quilescompofent , ces coiirans éioient de pIiiHeurs efpé- ( z'.vol.pag. Si.) l ces. ( i". vol. pag. i 8. ) 4<'. Lorfqiie le Soleil s'éteint, il efl '• 7». Les Montagnes , les Vdllces& .remplace par un autre Soleil. Si un les dilTérens Terrains, qui font dans les -Globe femblable au nôtre s'enibràfe , Eaux^ &- ceux qui font fur la Terre, les générations fe font ailleurs. Tout fe n'ont été fomnés que par la force aftt- fuccédc, & par ce moyen le mouve- ve de ces courans. ( i".voLp. 27 ) ment de l'Univers a été S( fera perpé- tuel. ( i'-vol. pag. 2 19& 250. Telliamed prétend, moyennant ces quatre propofitions , fonder le Maté- rialifme & démontrer la Nature du mouvement. Il efl vrai qu'il dit à la £m du Livre, qu'il fuppofe une Création : miisen queltems fixer cette Création, ■fi la Matière efl éternelle , & que les VifcinTuudes des Globes ayenc été de tout tems,? .SYSTÈME Be m. de MAILLET, Sur la Formation de la Terre. x°. La Terre a été autrefois toute couverte des eaux de la Mer, & elle tournoit alors fur elle-même^ comme elle fait aujourd'hui. ( a^ volpag. 74.) z°. La Mer dans cet état ne ren- fermoit rien de vivant dans Ton iein. ( i". vol. pag. 68. ) La Klcr diminue continnelle- elle a diminue de tout tems Se elle diminuera jufqu'àl'exiinétion des eaux. ( l'-voLptig. i.b'fuiv-) 4". Lors de la découverte des plus Iiautes Montagnes , par la diminution de la Mer, les Poiil'jus & les Coquil- lages ont commencé à fe multiplier. ( i '. vol. pag. op. ) 5*. La Mer en fe retirant a laiffé fur les Montagnes les moins élevées des Animaux Marins. ( i . vol. pag. idem. ) <>*. Le mouvement naturel de la Mer , efl le principe de ce Syftcme'; fille renfcrmoit de tout tems des cou- tODs dans prefque ioute fou étendue ; ment M. de Maillet avec ces fept Propo- fitrons , veut combattre TEcriture & nier le Déluge univerfel. Il ne s'ap- perçoit pas qu'il conmience par éta- blir Ini-mcme unDc.uge de la même Nu' tare de celui qu'il veut détruire. SYSTME DE M, DE MAILLET, Sur la Création des Hommes &* de tous les Animaux Terrejîres. i". La Nature opère les fémences de la Génération des Animaux dans le fein des Eaux où elles font répan- dues. ( 2'. vol. pag. zio. ) 2*. Les Semences de toute efpéce fout auiïî répandues dans l'Air ; mê- me dans les Parties des Globes en- flammés, ou lumineux, qui ne (ont pas encore pénétrés par le Feu, ( 2', voL pag. 218. ) 3<'. Que ces Semences foient éter- nelles , ou qu'elles n'exifleni que pac une Création ; ces deux Opinions peu- vent, félon M. de Maillet, être éga- lement admifes. ( i'. vol. pag. 215.) 40. Les Animaux Tcrrellres ont été tirés du fein de la Mer.. ( 2'. volume P-''S' M 3-) ^ , ■j*. Les Poiffbns , en patlant dun Elément dans l'autre , ont félon les di- vcrfes efpéccs , produit les divers gen- res d'Animaux qui font fur la Terre, ( 2 . vol. pag. 155.) 6». Les Hommes tirent leur origi- ne des Hommes Marins ù" Tritons, qui le font peu à peu accoutumés à vivre çniicremenc SUR LA ThYSIQUE ET SUR LÀ TeINTURE. py entièrement fur la Terre. ( z', volume j des mouvemens quis'opéreni àcîiaquc pcg. 150.) 7°- La Nature a cTioifi le tems &Ies îreux propres à la tranfmigracion des Races Marines , & à la refpiration de l'Air. (2. vol. pag. JpJ.) S"^. Il y a plufieurserpéces d'Hom- mes. ( 1 . vol. pag. 171.) 9". Il y a eu des Hommes à queue, comme, par exemple ^ un Proven- çal à la Cioutat , nommé CruvilUer. ( 2 . vol. pag. 175. 1 o". Il y a des Hommes d'une feu- le Jambe & d'une leule main. (2'. voL fag. i8s.) II*. Il y a des Races de Géans. <2'. vol. pag. 188. ) 12*. La fuite de la Génération de tous les Animaux fe fait lorfque le Mâle efl parvenu à un certain âge , & que les Semences de fon efpéce fe réu- nifient en lui par l'air qiril refpire & par les Alimens dont il fe nourrit .; à caufe de la Loi générale de la Natu- re, qui veut que chaque chofe cher- che à s'attacher à fon efpéce. ( 2'. vol. fag. 221.) Moyennant ces douze Propofitions difperfées dans plulieurs endroits du fécond volume , M. de lyiaiilet veut iCtablir la Formation de l'Homme & de toutes fortes d'Animaux Terrellres & Aquatiques par le feul concours des Sémmces ou des Molécules contenues dans le fein de la Mer , qui , félon lui, «fl: l'inPirument principal & la Mère produftrice de tous les Etres vivans qui exiflent dans fon fein & fur la Terre. Cet Auteur peu raifonnable , aime mieux créer les Animaux par le feul fecours d'une Matière paflive , que de convenir qu'un Etre Suprême , vivant & aflif, efl: l'unique principe de la Créa- ïion , & l'Auieur primitif & perpétuel Jbnee ij^ZjTom. IL Partie. F. inilant dans la Nature. Le Philofophe Indien devroit s'ap- percevoir que non feulement les Eaux n'ont par elles-mêmes aucune activité, puifqu'elles reçoivent leur atfaiffement de la Lune , leur fluidité de l'impul- fion des Rayons du Soleil , & leurs flots , leurs courans & leurs agitations, de la prefîion de l'Air ; mais encore que lem- PalFivité efl démontrée en ré- fléchilîant feulement que la Mer feroic glacée &: immobile fans l'Allre da jour^ & qu'ainfi elle ne peut être la caufe primitive d'aucune forte de Créa- tion , puifqu'elle ne fe meut eile-mè- me que par un fecours étranger. Et fi ceux qui ont donné dans la Phi-." lofophie de M. de Maillet a voient en- fuite réfléchi que l'Agent Univerfel , c'efl-à-dire, le Feu lui-même, efl fem- blable à toute autre Matière , puifqu'il efl perceptible par nos feus; ils con- viendroient alors (ans peine qu'il ne pent pas y avoir une aâivité innée dans le Feu , qui lui foit plus propre qu'à l'Air & à l'Eau ou à la Terre , li elle ne lui efl imprimée par un Etre immatériel; la qualité la plu^ e(TentieI- te de la Matière étant l'inertie. Si la Matière en général étoit acti- ve , les Elemens fe nuiroient , fe dé- truiroient, s'embrouiileroient & l'or- dre établi fe difTiperoit , & tout refte- roit dans le cahos & dans la confu- ûon. Je crois que le peu de réflexions que je fais ici fuffit pour détruire l'aéti- vité prétendue des Eaux , & la forma- tion chimérique des Hommes & d?s Animaux qu'elles ont occafionne.Elies feront connoître la nécefnté d'un Ere Créateur; furtout fî on joint à ces ré- flexions celles que tous le^ H numes font naturellement lorfqu"i!s le confi; .1* Observations sur. l'Histoire Naturelle, iOO' me il» ont" fait en bien d'autres en- droits ; mais il n'eft point quellion ici d'écrit ni de tradition ,- on pourrait re'jetter l'un & l'antre. Ces preuves fe- roient mal reçues de certains efprits. Je ne veux adopter que les preuves Pliyllcjues. Les Impies , les Matcrialilles , ne trouvent pas leur compte dans cet événement, où le Bras de Dieu s'ell vifiblement fait fentir fur la furface de la Terre. l,e Menfonge avec lequel ils bâtifTent leurs Opinions a befoin d'un certain enchaînement de fuppo a Nil , du coté de la Libye& dans les- » Défers qui terminent l'Egypte à Ton' » couchant,, on trouve plufiturs rui- 53 nés de Villes conlîdérahies. Les Sa-- » blés fous lefquels elles font enfeve- j) lies, ont confervés les fondcmens » & même une partie des Edifices , » des Tours c'^c des ForterefTes dont » elles ctoientacconipagnées;& com- » me dans ces lieux il ne pleut jamais,. " ou fort peu & très-rarement ; il y a «apparence que ces velliges y fub- » fixeront encore pendant pluHeurs » milliers d'années. Ces Villes détrur- luions pour foutenir f©n établilTement; » tes font placées à peu près fur une Li' mais ilccroule à là moindre attaque. Ainfi que nous allons voir. M. de Maillet, pour détruire le Dé- loge Uaiverfel ^ appercevant lui-mê- me la foibleiïe de fon raifonnement , cite l'autorité des Chinois, des Ara- bes , &-C. Je viens de dire que je ré- fute toute citation écrite pour &; con- tre ; &c pour convaincre les Incrédu- les , qui veulent s'en rapporter à des Peuples Barbares .plutôt qu'à la Tra- dition de nos Pères,, je ne donnerai dans cette Dilîertaiion que des raifons Phyfiques..On peut cependant obfer- » gne du Nord au Sud , ou fi vous vou- » lez de la Méditerranée vers la Nu- » bie. Elles font éloignées comme je >» vous l'ai dit ^ de deux à trois jouc- 53 née de l'Egypte îiabitable , & en-.- » foncées d'autant dans les Déferts. i> Leurs diftances entr'elles efl d'une j) de deux , Se quelquefois de trois ;> journées, (t. i , p, 1 28 Êr 1 19. ) •c Que l'on examine la pofition de' >» ces Villes, comme je l'ai fait, en M comm.ençant par celle oià etoit fi- » tué du tems d'Alexandfe & des Ro-. >> mains le Temple de Jupiter Ammon verenpaflant que li les anciens Ecrits j> il fera évident qu'elles ont été les Chinois répondent à la force du dcfllin de ces Peuples , à la beauté de leur Peinture & à la mélodie de leur Mu- fique , il n'y a pas beaucoup de fond à faire fur leurs connoifTances Hiflori- quesj qui doivent être apparemment de la même étofle ^ ainfi que l'Hilloire de leurs Dieux : je ne m'en rapporte- rai donc qu'aux»faits , iS: qui pluseft à ceux même que cite M. de Maillet. Exemples fur lefquels M. de Maillet fonde la Diminution de la Mer (s" la Découverte des Terres, «■ r?, A deux ou trois journées du n Ports delà Mer de J!E^ypte. La Ville 3) & les Portes d'Alexandrie ont fuc- j> cédé à la Ville & au Fort célèbre par » le Temple de Jupiter Ammon : ce- n lui- ci avoit fuccédé à la plus pro- » chaîne des autres ruines, que l'on ï» rencontre en remontant vers la Nu- » bie, Scelle -là aux fuivantes. « Pour preuve de ceci on remarque » au-devant de toutes ces ruines , du » côté du Septentrion & de la Mer » Méditerranée, l'endroit qui leur fer- » voit de Port. Les BafTms n'en font » pas même encore totalement com-r » blés , & l'on en dillingue aifcmen*- S SUR LÀ Physique »-îa forme Se l'étendue. J? ne Joute » point que fi en divers Billlns on « creuloit dans les Sables d-)r.t ils fonr » en partie remplis , on n'y trouvât 3) des rellc's de Bci'imens. Mais je n'a- j> vois ni afléz de Monde , ni afTez de » vivres & d'Eau pour entreprendre j) un pareil travail , que le hazard poii- « voit prolonger iniiiiiment. ( r. i^ i>p.- 130 &• 131.) « 2 "o. La grande & la petite Sirte , » fi renommées dans i'Hiltoire Ro- sj maine & toutes deux^alTifes fur le » iDord de la Mer , il n'y a que 1 6 ou s> 17 cens ans ^ en font déjà affez 3»éloignées. Il ejî vrai que c'eft autant à caufe au. peu de fond de la Mer fur cette Côte Afriquaine. que par la di- » minution de les Eaux, Si vous en- 30 trez dans les Ccferts dont cette Cô- 3». te eft bordée , quelles vertiges 8c «quelles traces n'y trouverez -vous 3* pas , comme en Egypte , des Villes 3» & des Ports qui y fieuiiflbient au- »trefois? les apparences des Ports, » & les vertiges des Bâtimens qui les 3* ènvironnoient , y fubfiftent en cent 3> endroits. Des Barques pétrifiées en- X tiérement ou en partie , qu'on trou- » ve 350 ou 4.0 journées delà Mer , 3& ariifi que dans les endroits qui en 3D font plus voifins; des Coquillages 3» fans nombre mêlés aux Sables des 3> Déferts , ou attachés à des Rochers » ou à des Montagnes qu'on y ren- 30 contre de tems en tems ; des Va]- 30 Ions à leurs pieds remplis auffi de :» Coquillages j des Bancs entiers qu'on DO en découvre dans d'autres endroits, 3» font des témoignages certains que la » Mer a couvert toutes ces contrées, >{t.i>p. 15^ &■ 154.) « 3°. On a beau dire que furies Cô- 3» tes de Normandie , la Mer gagne (»coniinueiIement dans les Terreso- ET SUR LA Peinture. roi 3> N'ert-il pas confiant que H.yïeur qui 30 autrefois fervoit de PcrT à la Vil- 3 de Pouen , & oîi on voit encore les IV Tours, que la Mer a ruinées par Tes » values , efi déjà éloigné de les :» bords ? Le Havre qui lui a fuccédéj, 3» Si qu'on a bâti il y a peu de tems fur » le Sable 8c la Vafe qu'elle avoir- X a nalTf s entre Hai fleur 8c elle, ne i> tiendra pas long-téms fà place., IJ* 30 faudra que l'Arc travaille de nouveau 30 pour former plus loin un abri aux 3» Bâtimens dertinés à apporter des » Pays éloignés les cnofes nécelTaires 30 au maintient de l'abondance & des 3> commodités deshabitans de Rouen » & de Pari?,- «r Tel eft le fort de tous les endroirs » ^î.^ritimes. La Marfeille de nos jours » n'ert dcja plus fituée au même en- 3» droit où étoit placée celle des Ro- 30 mains. Son Port n'ert aujourd'hui ni 3> celui de ce teti)S-là , ni même à la B fuite de l'ancien : cejî un ouvrage de 30 f j^rt , creufé à côte de celui-là; & 30 une reftitutiou qui a été faite à la- 30 Mer d'un lieu quelle avoit déjà aban- 30 donné, Cq nouveau Port que l'Art a » formé depuis peu d'un Marais, fera 33 encore abandonné pour toujours & » comblé par la retraite des Eaux de » la Mer comme le premier l'a été, » tandis que les Ifles d'If unies au Con^- » tinent du côté des vieilles infirme- 3) ries , 8c privées du peu d'eau qui les M environne, en formeront un plus « beau. A peine fe fouvient-on déjà » aujourd'hui de la pofition de la » Marfeille ancienne &: de celle de 33 fon Port, onfe fouviendra aufiî peu » dans la fuite du Port de la Marleil- 33 le moderne. » « Frejus , Port fi célèbre autrefois » pour l'azile qu'il donnoit aux Galé- » rss des Romains, & où j'ai vu le 10^ Observations sur l'Histoire Naturelx mains : H porte non feulement des Bâ- limens ordinaires ; mais encore des VailTcaux nflez confidcrables ; il eft eniomé de Rochers & paroit avoir été toujours le même : il conferve encore le nom que les Romains lui avoieut donné ; c'ell- à - dire , Portus CalUx, & en Provençal, Porté- Galb. Oeil dans ce BafTin où les enfans vont aujourd'hui fe baigner : j'y ai moi-mê- lieux plus profonds à mefure que les Hommes ont imaginés de pUis grofles machines flottantes. 11 s'enfuivroit du Sentiment Je Tel- iiamed , que les Dunes de la Hollan- de, 8c les Digues qui retiennent les Eaux qui inonderoient ce Pay^ , fe- roient dans la fuite inutiles par l'aflaiffe- ment de la Mer ; mais c'eflce qui n'ar- rivera point : on obferve au contraire me plongé des Ourfins *, dans le tems que ces Eaux font touj.nirs dans la mè- que'fétois Ecolier; j'y ai même yû un — ~ '■■ :~-r.i — i„i?i.,.. o. i„ o .a..„ VailTeau Anglois qui s'étant trompé pendant la nuit , avoit pris l'embou- chure de ce Port pour celui dont on fe fert aujourd'hui. Les nouvelles Infirmeries font bâties à côté de cet ancien Port.: il ell ce- pendant vrai que ce Port eft préfente- ir.ent hors de la Ville; mais il faut oli- ferver -que la nouvelle Marfeille n'efl pas bâtie en-defTous ou plus proche de la Mer; mais fur la même Ligne & plus à l'Ell, dans une autre plage qui a été plus facile à agrandir que celle-ci,, ,gc qui eft mieux expofée. A l'égard des autres prétendues di- minutions de Mer qui font arrivées à Fréjus, elles font de la même Nature, me élévation félon le Flux & le RcHux, & félon les Saifons,ou la fituation de la Lune. M. de Maillet nous prédit qu'un jour FAngkterre tiendra à la France &* aux Pays-Bas , que le Détroit de Gibraltar deviendra une Langue de Terre ; que la Mer Noire Qr la Méditerranée ne feront plus que des grands Lacs,, & qu'infenfi- blement les IJles &" les Cmtinens fe lieront mfemble. C'elt ce qui nous relie à fça- voir. Ayant détruit la fauffe preuve de la diminution de la Mer, malgré les exem- ples dont a voulu fe fervir M. de Mail-; îet, nous devons être alîuré de la fixar tion de fon lit. Nous avons auffi fait comprendre ainfi que celles du Havre & de Harfieur; que le Cours des E-uix des Fleuves Se les Sables que charrie la Seine avuont des Rivières peut former des terreins prolongé les bords de (on embouchu- à leurs embouchures ,(ur le bord de la re^ ainfi que le Delta s'eft formé en Mer, & même d'une grande étendue , •£oypte à l'embouchure du Nil , & la au moyen d'une longue fuite d'années, f^rfiu d'Arles àrembouchure du Rhône, ce qui eft alTez naturel en confidérant C'efl ainfi qu'aux environs de la Vil- l'aflTemblage qui s'y forme de plufieurs le d'Hiéres le terrein grolTit par les î)oues & les terres que charrient les pluies & les eaux du Torrent qui dé- coule des Montagnes voifines. La grof- feur de€ VailTcaux de notre tems eft fans doute lacaufe du changement de plufieurs Ports : on en fait dans des * Gtâtaignes de Mer, boues , terres, fables & graviers que les Eaux courantes entraînent ordinai- rement , fans que l'on en puiile con- clure que ces mêmes langues de Terre ont été autrefois fumergées. Je conclus de tout ceci, i'. qu'il n'y a aucune preuve de la diminutioa d9S svv. LA Physique et sur vk PEiNTuaiî. cTes Eaux de la Mer ; parce que les Continens , les Ides principales & les Ilîlunes les plus connus font toujours les mêiiics, c'eR ce qui prouve au con- traire Ja fixation de (on lit. 20. Que les terres qui s'allongent furfes bords, ne le font qu'aux embou- chures des Fleuves & des grandes Ri- vières. 3*. Que les vagues de la Mer , au contraire , creufent continuellement les Rochers fur lefquels elles fe brifent, fur-tout s'ils font efcarpcs. J'en ai vu des exemples fur toutes les Côtes que . ,j'ai vifitées : elles forment même des Antres & des Cavernes confidérables dans les endroits où la terre ell moins ferme, & où les Eaux gagnent les terres bien avant. 40. Que les Plages ou les Plaiiies maritimes augmentent fouvent par les graviers c*îc les fables que la Mer poulfe fur le Rivage. 5°. Et que malgré la fiabilité de la Mer & la (ixation de fon lit, l'on trou- ve réellement qu'il y a des proJuâions marines fur le fommet des Montagnes les plus élevées «Se les plus éloignées de la Mer ; productions non équivo- ques;, ainfi qu'ont voulu dire quel- ques-uns, mais très-véritables (^ bien conftatées. Moyennant la folidité de ces refle- xions , que bien d'autres ont faites avant moi , je reviens aux Coquilles 8c aux Poilîons que l'on trouve par toute terre à une fi grande diflance de la Mer, & où il n'efl pas pofllble fé- lon le fentiment univerfel j que les vagues., les tempêtes ni tout autre accident ayent pu porter ces produc- tions. Je me fers ensuite du propre fyftê- me des Matérialilles"; c'ell-à-dire , de ia caufe propofée ., qui ne confilte qu'à lor Année ly^ZjTonii IL Partie. ^, la feule inondation totil^ Je tome ia Terre par les Eiux de la Mer. Il eI1: impolTible d'en admettre un autre pour expliquer le tranfport des Coquilles marines dans les endroits dont nous venons de parler: il m'efl aifé alors des prouver phyfiqucment le Déluge Uni- verfel , Si je dis : Si la Mer ne diminue plus préfen- tement , & fi elle a inondé la Terre autrefois , il y a donc eu un accident particulier qui a été caufe de cette inondation Univerfelle. Car tout le monde conviendra que fi elle s'étoit diminuée fans difcontinuation parfuc- celTi on de teras , elle dimiiiueroit en- core aujourd'hui , (S: nous en aurions des preuves plus certaines que celle* qu'on a voulu nous infinuer. Toiu ce que l'on pourroit me répon- dre, c'efi que la Mer inondoit la Terre avant la Création de l'Homme Se des Animaux terreftres , & qu'elle cont3- noit alors des PoilTons ik des Coquil- lages : on pourroit ajouter que lors de la Création des Hommes , Dieu ayant foulevé les Eaux dans r.-\tmofphere , n'avoit laiîTé fur la lurface de la 1 erre que les Eaux qui forment préfente- ment la Mer, aufquelles il avait donné des bornes , & avoit découvert les Ter- res nécelTaires à la Génération des Animaux terreftres, & à la multiplica- tion des Hommes. Nous avons d'ailleurs une preuve du foulévement des Eaux, parce qui arrive tous les jours , & fimmenfitc d'Eaux que contient notre Atmof- phére, ce qui ell prouvé par des ex- périences de toute Nature. Mais en adoptant cette hypotéfe , on admettroit deux fortes de Créa- tions , une pour les Poilîons , & une autre pour les Animaux terrellres , & il faudroit alors prêter à Dieu des va- o Observations sur l'Histoire Naturelle^ On peut encore due que les Torrens; qu'ont caufé d'abord raffailTement des premières Eaux, & les Terres de toutes façon qu'ils ont entraînés , ont formé les diftérens lits que Ton trou- ve en creufant la terre en divers en- droit*. Ce font ces mélanges qui ont compofj par la fuite les Marbres dans les Carrières : ce qui efl i;ne fécon- de preuve de la faç ^n que les Eaux fe font alfa lices fur la Terre , c'eft-à- dire, en peu de tems par ui Déluge: car il cft impoffîbie qu'elles eufTent entraîné & mélangé les Terres fi leur aflaifTementavoitcté infeufible , com- me le dit Telliamed. 106 riatijns doilt ii cil incapable Dieu , ayant déterminé de créer l'Hoinnic & les Animatix terreft'-ei , fçavoit que 11 Mer ne devoit pas inon- der toute la Terre. Pourquoi donc au- roit-il inondé Ja Terre avant de créer les Animaux terrcilres , & pourquoi auroit-il fait périr, en les créans, une intinitc de Coquillages & de PoiflT.ins qui fe promcnoient dans le feiii des Eaux , & dont nous rencontrons les traces. Il faut donc convenir que , puifque i'Houime & les Animaux terreilres ne peuvent avoir été créés après l'inon- dation totale de la Terre , & que i'on trouve fur toute l'étendue de fa furface des Coquilles & des Poillons pétriliés , qu'il y a eu inconteftable- ment un Déluge Unîperfel , c'efl -à - di- re , im artaiiromcnt univerfel des Eaux fupériiur:s , ouJss Particules aqueufes contenues dans notre Atmofphére , qui ont fo lové les Evjx de la Mer, qui pour lors ont fumage fur toute la furface du Globe , de détruit tout ce qui étoit fur la Terre , à l'exception de la Famille de Noé ^ & des ef- péces différentes des Animaux qui croient contenus dans l'Arclie, ainfi que nous l'apprend l'Ecriture Sainte. L'Ecriture Sainte, comme l'on voit , •ne m'a pas fervi à prouver qu'il y avoit eu un Dcluge,- mais ayant démontré, par le raifonnement Pliylique , le plus à la portée de tout le monde, qu'il étoit impoflîble qu'il fe trouvât des Animaux Marins dans les lieux les plus éloignés de la Mer, fans qu'il y ait eu lin pareil Phénomène ; & que l'allaif- fement aéluel & perpétuel de la Mer étoit une chimère ; les Philofophes peuvent ajouter foi à l'Ecriture Sain- te , puifqi.'elle s'accorde fi bien avec les Vérités Naturelles. F^E EXPLICATION De la Flanche A , des Pétrifications eurieufes, A. B. Partie de Pierre compofée de' deux couches diiférentes, où efl la moitié du Poiiïon. C. D. Autre Partie de la même Pierre, fur laquelle efl relié la fécon- de moitié du PoilTon. Diverfes fentes qui ont été far- tes avant de partager la Pier- re , qui paroît avoir été fendue , après avoir fcié le tour du Poiffbn ; lequel a été découvert apparamment dans ia Pierre par fes extrémités, mifes en évidence pas ces mêmes fentes. J'ai vu de ces fortes de pétrifica- tions au Jardin du Roi & dans le Ca- binet de M. de Raumur, fort belles Se bien entières , mais celle-ci m'a paru contenir un Poillon d'une plus grofle forme & mieux confervé , dans la lé- paration delà Fieire. •■*- m suRLA Physique et sur la Peinturé. 'Î07 4> <-^4> <-^4> <>4> <¥4^ <>4-> <^ 4> <4^ <^ LES DISPUTES DES PHILOSOPHES ET DES ARTISTES MODERNES, «#i^««^«:^««:^^HïH(:#^^^^^^^ * ************************ ARTICLE VI.IL Sur ?rt Llthotomie ^ concernant des nouvelles réflexions , en faveur du Grand &" du. Haut-appareil par Ai, de Ch^ignebrun. o,-3p^ij N a vu depuis peu les fa- «-> o -4 nieufe» Difputes qui fe font élevées dans les Arts , ainfi que dans la Philofophre ; entr'autre le Lithotome caché a fait grand bruit. Aujourd'hui , Monfieur TE Chaignebrun, Auteur de laipréfente Diiïenation^ vient à l'ap- pui de M. le Cat contre le Frère Co- rne , & donne des nouvelles réHexions que le Public amateur recevra avec plaifir. Lettre à un Chirurgien de Pro- vince. M ONSIEUR. ■ 'Depuis' rîmpreffion du petit Ou- vrage fur la Taille, que i'ai eu l'hon- neur de vous envoyer , &; fur lequel vous m'avez fait des objedions contre le Grand appareil , j'ai eu occafion de voir Meffieurs les Chirurgiens en chef des Hôphauxde Lyon, de Bordeaux, de Nantes , M. Nigoul ( Lithotomifie , Penfionnaire de la Ville de Touloufe ) & nombre d'autres Lithoiomiftes ; ils m'ont dit qu'ils tailloient au Grand appareil avec un fuccès des plus heu- reux ; & c'ell l'expérience de ces Meiïîeurs , jointe au fuccès particu- lier que M. Boudoii a eu en fe fervant de la mcme méthode , qui fervira à vous faire voir que ce n'efl pas fans fondement que j'ai voulu prouver l'a- vantage de cette ancienne méthode fur certainesprétenduesnouvelles manières de Tailler à la Partie inférieure de la Veffie , fous le nom de Grand appareil en méthodes latérales , qui font quel- quefois des plaies ù grandes à ce vif- cére , qu'elles font fuivies de très-fà- cheux accidens , ainfi que M. le Cat illuilre Chirurgien , l'obferve dans une Oij io8 Observations sur ê'Histoire Naturelle, Lettre Jii JoiiiiialdeaS^javans dumoi^ de Mars 1749. M. I: Cu y réfute les prctendua avantages du Lithotom« caché , que le Frère Côine a annoncé comme nou- veau dans celui du mois de Décembre 1748 , mais qui ne l'ell pas félon M. le Cat : aulïî M. delà Paye convien- droit-il ^ fi on le lui dem;inJoit, qu'en I 74') ^ je lui communiquai TiJce d'un femblabicXitliotome , à l'exception de la vi-rolle, que je voulois faire conf- truire ; mais ce fçavant Cliirurgieu m'ayant répliqué qu'il avoit été fait mention d'un pareil Inllrument , je n'en parlai [)as davantage , quoique je me fuiTe propofc de m'en fervir dans d'autres vues que celle du Frère Côme , (qui prétend en être l'In- venteur : ) c''eft-à-dire , que je n'aurois pas voulu me fervir de mon I.Tthotomc , ou Biflouri caché , pour étendre riucifion aufTi avant dans îe corps de la VelTie que le propofe le Frère Côme de le -faire avec le fien j parce que les plaies de la partie infé- rieure de ce Vifcére qui anticipent beaucoup fur fon corps , fout plus fu- jettes à l'inflammation , à la gangre- né & aux intiltrations de l'urine, des glaires, des fables , dai fang cSt du pus, & plus difiïciici à fe réunir que dans la fimple fedion de fon col , ou dans une încifiou qui ne palTe pas quatre à cinq lignes au-delà. 1 .araifon eil que la partie inférieure du corps de la VelTie iouffre tous les effets de i'aflion de fa Partie fupérieure , qui efl la principale Partie agilTanrb de cet Organe , & qui poufle de haut en bas , ou vers fon Orifice, l'urine , les glaires , & les autres corps étrangers qu'il peut contenir j ce qui elt capable de le mutiler & de l'irriter j y étant déjà difpofé , foii par la plaie qui fections contre nature, qui précédent cette opération: ce quieft mcmeencoce capabiede faire dégénérer en inllamma- tion , ou en gangrené, une piilogofe, qui en général, accompagne plus ou m jins les playes des Parties membra- neufes & aponévrotiques, & qui s'op- pofe à la réunion des grandes plaies de fa région inférieure du corps de la veiïie , en les faiflun ouvrira mefure qu'elles veulent fe cicatrifer. Ce.i ac- cideus arriveroicnt d'autant plus foci- lement, que ce Vifcére ell moins fixe, moins charnu & moins épais vers fi Partie moyenne, qu'il ne l'etl à fon Ori- fice , ou à un pouce près. Je fuis donc pcrfuadé, par les raifons alléguées ci - delïïis , que fi le Frère Côme é^ fes Partilans réuffilTent quel- quefois en fe fervant du Litliotome ca- c!ié , ce n'ell pas en faifant de fi gran- des playes au corps de la Velîîe, que le propofe le Frère Côme ; ce qui re- viendroit aux vues que j'ai indiquées, avant lui, dans mon Parallèle imprimé le 1 1 Oftobre 1748 , & inféré dans le Journal desSçavans du mois de Janviec I 749 ; dans lequel je confeiile d'éten- dre l'incifion , en faifant le Grand ap- pareil , jufqu'au corps de la Veffie avec un leul Liihoiome courbe & dirigé pac une Sonde , dont la crénélure ne fçau- rojt être trop profonde. Cela revien- droit auffi aux vues que M. le Dran a propofées dans fon excellent Parallèle , 6c aux intentions de la plupart de ceux qui en croyant commencer leurs rnci- fions lur le corps de la VelTie , après avoir coupé les Tégiimens , les com- mencent fur rUreire , ou fur le col de la Veffie ^ les étendent enfuite plus ou moins latéralement dans la fivbilance de Vifcére. Ces manières d'opérer du Frère Jacques^ de Mef- fuitla Lithotomie, foit par d'autres af- fieurs Kau, Chefelden (^ de plufieurs SUR LA Physique et Cliirurg'enî François , nommées Mé- thodes latérales , ne font en quelques fortes que des efpcces de Grands ap- pareils plus OH moins variés , foie par îa grandeur, la figure & la fituation de i'incifion , foit par les Inflrumens 3 puifque les Auteurs de ces nouvelles manières de tailler fe fervent de Sondes pour diriger leurs Litlioromes , comme l'on s'en i'ert dans le Grand appareil , & que la plupart coupent une portion de l'Urètre , & le col de la Veffie avant d'atteindre à fon corps. C'efl ainfi que nombre de Lithotomiftes opèrent au- jourd'hui en employant le Grand appa- reil fous le nom de Méthode latérale ; qui cependant ne diucre de l'ancien, que par l'incilTon que Ton fait plus gran- de qu'autrefois , & que l'on étend juf- qu'au corps de la VelTie, afin de couper ce que Ton déchiroit , & aulTi parce qu'onlefait plus ou moins latéralemeivt. La Méthode des Romains , ouïe Grand appareil , qu'on peut encore nommer Ùrethro KYSTForoMiE, à caufe de l'Urètre & de la Veffie qui fe trouve intérefTée dans cette Opé- ration^ eft comme ^el'ai avancé dans mon Parallèle , la plus jvantageufe aux Taillés & là pliis aifée à exécuter, (ex- cepté le Haut appareil;) foit qu'on le faite fuivant les Anciens en coupant le long de la Partie antérieure de l'U- rétre jufqu'en deçà du col de la Veffie , avec dilatation & déchirement du refle du canal ; foit qu'on le faife félon les Modernes , en coupant antérieurement ou latéralement Le long du même ca- nal julqu'au corps de la VelTie avec divers Inflrumens ; comme Biflouris ou Liihotomes , droits, courbes , lar- ges , étroits , longs , courts , cachés ou enchaflTés dans des Sondes crénelées; ou bien avec des gorc;erêts armés de languettes tanchantçs & condudeurs "SUR LA Peinture. 109 tranchans par leur dos j pourvu qu'on obferve de ne faire qu'une fimple fec- tion du col de la VelTie , ou une inci- Hon qui ne paffe pas quatre à cinq lignes au-delà ^ & une dilatation mé- nagée du corps de ce Vifcére, afin d éviter "les accidens qui peuvent ar- river aux grandes playes de fa Partie inférieure. Si cette Méthode ou Grand appareil ne réuffit pas toujours , ce n'ell pas à caule de l'extrême douleur qu'on fait que cela dépend, puifque l'on déchire quelquefois l'Urètre des fem- mes d'une extrémité à l'autre fans qu'il leur arrive aucun accident : ainfi que je Tai remarqué à l'Hôtel-Dieu de Paris , Si comme on l'a éprouvé entr'autresfur la nommée veuve Marie , feptuagenai- re, de la ParoifTe de Noillientel que je taillai en 1747 ; lorfque je traitois pat- ordre de M. de Sauvigny , Intendant de la Généralité de Paris , les mala- dies de Beaumont fur Oife , avec M. du Chenney , fous la direâion du cé- lèbre M. Boyer , j'avois cependantMë- chiré l'Urètre de cette femme d'une extrémité à l'autre en tirant une grofTe pierre , & il ne lui fmvint pas le moin- dre accident. Il eft même à remarquer que malgré tout ce que je pus lui dire pour l'obliger à garder le lit pendant quelque tems , elle fe leva deux jours après l'Opération & guérit parfaite- ment. La douleur que quelques-uns font fi terrible dans cette Méthode, fi on pouvoir la niefurer avec la durée' de certaines autres manières de tailler , fe trouveroit bien moindre,' carune dou- leur aiguë d'une mimute & demie qu'tin bonLithotomille excite , en fai- fant la dilatation é!< l'extraclion , fera moindre que celle qui ne fera pas fi vive mais qui durera plus long-tems , comme cela doit a rrxyer dans l' Appareil 110 Observations sur. l' du Frcre Côme où on ell obligé de fe feivir de deux Litliotomes au lieu d'un. D'ailleurs onfçaitque l'incifion^ le palTage & le frôlement des teneltcs, (ont fuivis de douleurs à peu près éga- les à celles qu'une prompte diluation fait foufl'rir, fi l'on s'en rapporte aux fignes extérieurs qu'en donnent les per- fonnes taillées par les ditîérentes Mé- thodes. J'ai avance que le Grand appareil pratiqué par d'li;jbiles Maîtres de l'Art, fuivant les Anciens, ou félon les Mo- dernes étoit le plus avantageux aux taillés , & cela fondé , fur le fuccès des plus Experts Chirurgiens de l'Earope, excepte la Méthode de Franco ou le Hiut appareil,furnommé Cistitomie- HiPOGASTRiQUE , que je préfcrc daus plufieurs cas à i'Urf.thro-Kysteoto- MiE Si à toutes les autres manières de tailler à la Partie inférieure de la Vef- fie , pourvu que cet organe foit aflez fain , fpacieux Si exteufible ; ce qu'on peut connoitre par la Sonde, par la faillie delà VelTie au-delTus des Os pubis , par la quantité d'Urine que le iMalade rend à chaque fois après avoir bu beaucoup de liqueur diurétique & avoir retenu fon Urine, ou bien en- core par les injeftions. Voici les railbnsqui me déterminent àpréférer k Haut appareil. i'. Il efl plus facile d'extraire par cette haute Méthode, des greffes pier- res fans les écrafer, même celles qui font chatonnées , comme il arrive par les autres Appareils , ainfi que nombre de célèbres Auteurs l'obfervent. 2°. La partie fupérieure du Corps de la VefTie étant un peu plus épailTe que l'inférieure , ik beaucoup plus que fes parties latérales , excepté un pou- ce près de fon col , comme je lai déjà obfervc 3 il arrive aufll , qu'en Histoire Naturell fe coiitraâant, elle approche fa partie fupérieure vers l'inférieure , ou vers fon orifice , pour y poufTor ce qu'elle contient ; d'oià il réfulte une plus grande difpofition pour la réunion de fes plaies dans fa partie fupérieure , que dans l'inférieure. 5°. La propenfion qu'ont les corps étrangers contenus dans la Veflie , à fe porter vers la partie inférieure de ce Vif- cere,font toujours capables del'afTedec Si de caufer tous lesaccidens dont j'ai fait mention. 4°. Les grandes Hémorragies , les Fift'iles, ou les incontinences d'urine auxquelles fontfujets ceux qu'on taille à la partie inférieure de la velTij, ainlî que le danger de l'impuifTance , qui peut arriver par la deftrudion de quel- ques parties propres à la génération. "5°. Les fuccès que Douglas, Che- felden, Thornill, Malgill, Se d'autres Lithotomiftes ont eu en fe fervant dit Haut appareil , comparés avec ceux qu'ont eu d'autres Lithotomines , en opérant parles autres Méthodes. €". Ce qui me détermineroit enfin à préférer dans nomJjre de cas le Haut- appareil, c'efl que les plus fça vans & habiles Médecins Pour bien concevoir le jeu de cette Machine , il faut commencer par la force motrice qui cÛ l'Homme ,que nous avens dcfigné par la Lettre D. iorfqu'il ell parvenu .vers un des bouts du Levier ^ il fait delcendre par fon poids le Bras du Balancier fur le- j^uel il eu j & par confécjuem le Tuyau qiii le trouve de ion cote , fnrvant Ta proportion de la chute des Corps, il devroft porcourir en tems égaux des efpaces qui augmenteroient comme les nombres impairs : mais il s'en faut bien que fon mouvement foit libre ; il le diiliibue à toute fa made , qui , pir fon équilibre , ne panche par elle- même ni d'un côté ni d'autre , & retar- de confidérablement la vitelTe du mou- vement que l'on communique à l'un des Bras. Il faut encore remarquer que quoi- que lesdeuxTuyaux à fous-papes foienc en équilibre ; lorfqu'ils font pleins d'eau , l'on doit en diminuer la péfan- teur de l'eau dont chaque Tuyau fe vuide alternativement. Je le fuppofe de trente livres , il faut en conféquen- xe ôter trente livres du poids que •péfe l'Homme. L'excédent de ce poids efl l'évaluation juûe de la force mo- trice. Je ne calcule point ici les frote- mens ; ils dépendent de trop de cir- conllances , la qualité du Bois , fa pé- fanteur , la conllrudion du Tourillon qui lui fert de point d'appui , en ua mot l'Huile oii la Graitfe que l'on em- ployé , changent quelque chofe aux irottemens. Jeu de la Machine. Le Tuyau L. P. fuppofé vuide, ve-/ rant à frapper pour la première fois la furface de l'eau, avec une certaine vî- tefle proportionnelle à la Colonne d'Eau que l'on veut foutenir, aufil-tôt la Sous-pape G. fe levé ; l'air contenu entre G. 6i H. s'échappe par les Sous- papes fupérieures. Le bas du Tuyau plongeant dans l'Eau jufqu'au niveau de la Sous-pape H. il n'efl pas douteux que cet efpace doit fe remplir d'Eau. Le 'sur. la Physique et su* la Peinture. T;e Balancier abbaiffe à fon tour le Tuyau I-.. R. Se celui-ci fe trouve éle- vé hors de l'Eau ; mais le Tuyau I.. P. venant à frapper pour In féconde fois la furface de l'Eau , la Colonne d'Eau , qui occupoit l'efpace G. H. ei\ fojte- niie par la force du choc en fa place , tandis que le Tuyau en defrendant la fait trouver dans l'efpace H, I. quoi- qu'elle n'ait point remué. De plus l'ef- pace G. H. étant plongé dans l'Eau , il n'eil pas dout-^ux que le Tuyau ne foit rempli jufqu'à la hauteur de la Sous-pape I. Le troifiéme balance- ment foutient encore cette Colonne, Se elle fe trouve être à la hauteur de la Sous-pape K. & entin jufqu'au haut de ce Tuyau , on doit appliquer le même raifonnement à l'autre Tuyau , d'où elle fe dccharçe dans la conduite qu'on lui a defliné. L'on peut faire ietter plus ou moins xillàires. La ^ure-mere étoit confondue avec le crâne j le cerceau étoit d'une con- fillenceordinaire, fonhcniifplicre droit étoit d'un tiers plus gros que le gau- che , de manière que la faux ne par- tageoit pas le Cerveau en deux par- tics égales i & elle étoit aiufi que la ten- te du Cervelet , plus épailîe que dans Tétat naturel. li y avoit environ une cuillerée de fang épanchée dans les deux vencrkuhs. Le plexus choroïde étoit engorgé ik. variqueux. Réflexions par M. Morand , fils , fur la Nature &" la caufe de cette Maladie. Quelque finguliere que foit la maladie qui vient d'être circonflan- cite , il n'y a cependant perl^^mnè qui ne fçache qu'elle n'ell pas fans exemple , & qui en rapprocliaat ceux Observations sur l'Histoire NATURELtE, dont nous avons les Hilloires les plus détaillées , que î'ai cité dans le deu- xième articfe de mon premier Rap- port , ne reconnoille que celle dont il efl aujourd'hui qneflion , efl tout-à- fait femJj'able. Sans rappeller ici la conformité qu'il y a entre les premiers fymptomcs dont furent attaqués Pierre Siga , Bernarde d'Armaignac , & ceux qui fe font mon- trés il y a cinq ans dans la nommée Supiot , je remarquerai feulement en palFant , que la reflemblance s'éteni jufques fur les altérations furvenues dans la charpente oiTeufe , comme il a été conllaté par l'ouverture du ca- davre. Ceux qui feront curieux de s'en aflTu- rer , auront plus de fatisfadion à com- parer eux - mêmes ces cas fingu- liers , en les litant dans les ditlércns Auteurs. Je ne f(çai s'il efl aifé d'établir bien pofitivemeut le caraélére de cette ma- ladie; les autres, dont j'ai fait men- tion , ont été regardées coBime diflé- rentes quant à leurs caufes , quoique femblabics par les efléts, le cas de Ber- narde d'Armaignac a été prononcé fcorbuiique , parce qu'on ne fçavoit à quelle caufe l'attribuer. Celui de Pierre Siga a été loupçon» né vérolique , parce que cet homme avoit eu une gonorrhée avant d'être attaqué d'un ramollilTement d'os ; fans cela ^ peut- être qu'on l'eût allure fcor- butique. « Dans le cas préfent, les fentimens font partagés ; quelques-uns de ceux qui ont vu la nommée Supiot , ont at- tribué fon état à un vice vérolique, de ils prétendent qu'elle a pris du mercu- re ; d'autres ont regarde fa maladie comme un rachitisfcoibutique. Ce qu'il y a de certain , c'eft qu'elle SUR LA Physique n'a iamais déclare aucune incommo- dité qui doive faire fonpçonner un vi- rus vcnérien ; cela n'empccFie pa> à la vrriiéj. qn'elie ne puiile avoir pris qneiqMe-proparatîon mrrcini.'i'.le : il')' a lies Auteurs qui pn! tenaient q'i'oii peut guérir le (corbiic avec du mer- cure doux fub'.iine , de manière qifii" excite ia fueur ; d'aiix-iirs le mercura elt le grand fecret de lous les empyii- ques,& il leroit étonnant qu'aucun de ceux aufquels la Malade a eu recoure , n'eût point ellayé iur elle la vertu de quelque foécinque prelendu , compofé avec du mercure , mais la Malade l'i- gnoroit; 6< on fçait que la confiance aveugle qu'on accorde li injuRement à ces fortes de gens , va iufqu'à prendre de leurs mains toutes fortes de remè- des, fans leur en demander compte , & fans faire toutes les difficultés que l'on fait tous les jours à devrais Méde- cins, qui par efprit de probité, ne promettent jamais de guérir, quoiqu'ils agiffént par des prijicipes fages {k éclai- rés. La defcription des parties offeiifes , qui a précédé , montre qu'elles n'a- voient rien du rachitis, quiert propre- ment une attropliie avec diflormrté de l'épine , gonflement dans les articula- tions des os , & augmentation du vo- lume de la tête , toutes chofes qui ne fe font pas trouvées ici. Si donc il n'y avoit ni rachitis ni virus vénérien , relie le vice fcorbuti- que , que Ton pouruoit avec quelque raifon regarder comme la caufe de l'é- tat miférable dont on a vu toute l'Hif- toire ; j'ai fait à la Malade dans l'efpa- cedetems que je l'ai fui vie ^ beaucoup de queflions fur les incommodités qu'elle pouvoit avoir eues avant de de- venir CQlume elle étoic, alla d'être en ET SUR LA Peinture. x-19 ctat de juger de la nature de fa ma-r ladie. M. MilTa , l'un de nos Bnclicliers, que l'on fçait être animé de cette ému- jation fi ordinaire dans nos Licences, crsnt venu vo\\' avec moi la Mplade , s'etl aitacHc particulièrement à i'interr roger fur ce mêrne article ; & ce qu'il a appris ne s'eiî pas trouvé différent de- ce que i'ai fçu de la Malade, ou de fés proches parens ,. comme de fa mè- re , de fa fœur, de Ion mari , qui de- puis m'ont confirmé le détail fui-- vant. La nQmmce Supiot avoit trcs-fou- vent des maux de téte,,&; des infom- nies: ou il elle dormoit , fou fommeil étoit asité,- elle fe mouehoit três-ra- rement.^ Elle étoit trcs-fujette à des brouif- lard.s fur les yeux ^ à des éblouilîemens fiîbits, mais fur- tout à une opthalmie humide dont l'œil gauche étoit le plus fou vent malaae ; à desbourdonnemens dans l'oreille du même côté, fuivis- quelquefois de furdités paflagéres. Dès Ion enfance, jelle avoit fré- quemment, fur-tout aux approches du Printems & de l'Automne , des flu- xions opiniâtres, principalement fur la joue gauche , des maux de dents, des gonflemens de gencives, qui ab- ccdoient même à la racine des dents, fur-tout incifives & carines ; les côtés des mâchoires éîoientprefque dépour- vus de dents. La Malade a rapporté a M. MifTa , que la couronne des dents non cariées tomboit lorfque la fluxion fe dilTipoit , tandis que de l'autre côté, les dents cariées refloient en place. Souvent la Malade ne pouvoit re- muer librement la mâchoire ^ & avoit un gonflement, qui, quoique léger ^ . Observations sur. fHrsTOiaE Naturelle;, lia- lui ctoit importun j il paroilloit a'iffi très -fréquemment des boutons §: des petites aphtes fur la langue^ & dans 3a bouclie. L'haleine de la Malade ctoit natu- rellement courte , Si la rtTpiration la- torienfe ; elle a eu plufieurs fois dans fa vie des accès d'allhme convulfifs, des palpitations de cœur , & des étouf- femens , fur-tout avant l'âge de feize "à dix-fept ans, qu'elle a commencé à avoir (es régies; elle ctoit aufTi fujette à des évanouitiemens qui ctoient d'une longue durée , très - communément ^ 'Clie étoit incommodée d'une petite touxfechî^ de rhumes , d'enrouemens, .& d'extindions de voix fubites^ & mo- jmentanées^ Son appétit a de tout tems été bi- zarre Si dépravé , mangeant quelque- fois beaucoup, quelquefois peu ^ ne pouvant pas (upporter un bouillon ; elle étoit fujette aux maux & péfanteurs d'eftomach, à des rapports aigres & ni- doreux, à des vomiffemen?. Ces douleurs de reins & d'entrailles lui étoient fort-ordinaires , ainfi que des coliques, qui étoient très- violentes ; elle fentoit prefque toujours de la ten- fion dans le bas ventre avec des borbo- rigmes^ qui fe terminoient par rendre des vents ^ tantôt elle étoit fort conlli- pée , tantôt fort relâchée. Ses urines étoient communément légères , d'une odeur défagréable , & dépofoient une quantité de fcdiment ■gras , cpais, blanchâtre ou cendré. Elle rel!entoit prefque continuelle- ment des douleurs vagues dans l'épine du dos , dans les mamelles , entre les deux épaules j des crampes, des pé- fanteurs, deslafTitudes fpontanéesdans les membres , des inquiétudes univer- «lies , des dçmangeaiibns., qui la for- cneiit de fe gratter au point Je s'e- fcorcher, & d'occafionner un ulcère qu'elle a eu long - tems far la jambe gauche. Les cuifTes , les jambes étoient pref- que toujours enHées , roides ^ pefan- tes , fur-tout li jambe & le pied gail- che ; quelquefois elle avoit de la peine à mouvoir ces extrémités, ou à fe fou- tentr ferme fur fes pieds. Outre toutes ces incommodités Fia- bituellcs & journalières dont la plu- part redoubloient le foir ou la nuit^ la Malade étant âgée de 2^ ans environ , a eu la galle ^ après avoir couché avec une lille qui avûit cette maladie ; & c'ell: après qu'elle en a été guérie qu'i[ lui étoit venu fur une ja nbe ^ l'ulcère dont j'ai parlé , qu'elle attribuoit à cet- te humeur qui étoit rentrée. La Malade avoit une perte blanche avant & après fes régies. Toutes ces différentes maladies qui n'en caradérifeiit aucune efpéce par- ticulière , réunies dsns un même fujet , indiquent une cacochymie fcorbutique qui peut enfuite avoir été déterminée par le mélange du lait reÛé dans le fang après les dilfcrcntes couches ; je laifTe cependant cette décifion aux Méde- cins , qui à l'aide d'une prvatique con- fommée, font en étal de porter un ju- gement précis fur ce point. Pour moij je m'arrêterai feulement à ce qu'il y a de plus fiappant dans le cas de la nommée Supiot qui cil celte perte de conl-.llance dans des parties aulTi dures que les Os ; quant aux fpaf- mes & aux contradions qui l'ont ac- compagnée , ce font des etfets allez or- dinaires du fcorbiit , lorfqne le levain acre & llimulant agit fur les Libres ner- veufes. Dans l'explication de ce ramollifTe- ment SUR LA Physique et sur la Peinture. ment des Os, je ne peafe pas qu'on doive s'écai'ter du fentiment de Mon- iîeur Courtial * , la caiife doit eflea- tiellement réfider dans le fuc nourri- cier des Os , c'eft lui qui donne aux libres dont ils font compofés , la folt- dité qui leur eft néceflaire pour être propres à Jervir d'appui aux parties molles , àfomenir tous les organes , 6c maintenir l'animal dans toutes les fitua- "tions convenables à leurs fondions ; c'eft donc ce même fuc qui a perdu fa qualité ordinaire, & qui au lieu de dur- cir les Os, les a ramolli. Comme ce fuc , ainfi que tous les autres fluides qui pénétrent dans toute l'habitude du corps émanent du fang , il eft nécef- faire de rapporter le vice qu'on y dé- couvre , à la MafTe du fang^ dont il en un extrait , Se qui en a été elle-mê- me affeftée primordiaîement. Quelle que foit la caufe de cette al- tération, il eft facile d'expliquer ce ra- molliftement par une dilToiution du fang, ou une décompofition de prin- cipes , comme on en conviendra en fe rappellant qu'elles font les parties élé- mentaires de ce fluide. Le fang cliarie avec lui une matière terreufe , des fels & des foufres : ces derniers font eux-mêmes falins & aci- des : de plus il eft compofé d'une partie féreufe on aqueufe, & d'une ma- tière Iniileufe ou gelatineufe. C'eft la combinaifon de tous ces principes qui conflitue un fang pro- pre à entretenir la vie & la faute , pour peu que ces parties foient défuntes , que leur mélange (oit détruit ou déran- gé , ou qu'elles pèchent dans leur quan- tité , elles perdent dès lors leur quali- té , & au lieu d'être falutaires^ elles deviennent contraires à rœcononiie animale. JNouv. Obferv.furles Os. pag. 8j. Kî"; Année i-]y2 ^Tom, II, fortif. V^. La jpartie féreufe qui fèrt de véhi- cule aux parties élémentaires mêlées avec elles , venant à dominer , le glu- ten ou rhuileépars dans cette férofité, fe fond petit à petit , la matière plâ- treufe ou terreufe que les Artères dé- pofent entre les couches ofTeufes , ne peut s'y appliquer , le fang devenant trop aqueux, perd fa coniiiftance, & féjournant dans les cellules olFeufes , ramollit les Fibres. Les fels du fang , qui vifent naturel- lement à devenir plus développés , n'é- tant plus embarraflés dans cette par- tie huileufe quiémoufToit leur pointe; picotent le periofle , occalionnent des douleurs, & la férofité du fang ac- quiert une acrimonie qui irrite les Mufcles , les fait entrer en contradioui & les Fibres ofteufes fe trouvant ab- breuvées , prêtent & fe courbent dans la direélion que leur donne le racour- ciffement des Mufcles. La fubftance graÏÏe des foufres , dé- gagée des fels qui tempéroient leuc adion , occafionnera dans la tilTure du fang , une chaleur ou une efpéce de fermentation qui augmentera fa fonte. Tous ces eflets d'une diftolution da fang , fe remarquoient dans la mala- die dont il s'agit, La fimple infpeftion des Os fpon- gienx, & fur-tout du Crâne qui étoient foLiples au toucher; & dont on expri- moit une quantité d'eau fort limpide, ne laiiïe pas de doute fur la colliqua- tion des fucs dont ils étoient ab- breuvés. Les fluxions aufquelles îa nommée Supiota été fujette dès fa plus tendre enfance, & qui fe font déclarées en différens tems fur plufieurs parties , an- noncent une furabondance de Cérofités falfugineufes. l66 ■ OESERVAtlONS SUR l'HiSTOIRE NatUJIELLE ,. L'appétit que la MalaJe a toujours nous avons obfervées M. Hody & mor;. fur; les ferviettes & les linges de la- Malade , & qvii relTembloient à de la graille môlée avec de la craye. En admettant cette lîicorie , avr moins comme probable, il ne paroît pas qu'on doive dcfLTpcrer de guérie le ramolliflement des Os ;_ celte ma- ladie n'ell pas abfolument au-defTu» des fecours de l'Art, puifque la Mé- decine poiïede des renicdes efficaces, pour donner aux Huides une confillan- ce uniforme , rendre la liaifon aux par- ties du fang , procurer un mêbflge exad de fes principes , les rapprochée quand ils font trbp dégages , & que d'ailleurs , on a plus d'un exemple de la guérifon d'une pareille mala- die. Toute la difficulté efl de la recon- noître dans les commencemens , lorf- qu'il eft encore lems d'y appliquer les remèdes qui peuvent lui être pro- pres , & non pas dans la nommée Su- piot, lorfque la maladie a fait des pro- grès qui rendent inutiles tous les fe- cours de l'Art. Le fucccs des bains préparés avec l'alun , le foufre & le vitriol , ne don- ne-t-il pas un préjugé pour employer avec conliance des médicamens inter- confervé .prouve l'acidité dos levains de l'ellomach , d'où en paiïbnt dans ie fan'T , ils ont pu pénétrer les Os, & ramollir leur fubdance , de inéme que ïe vinaigre la dilTout. La nature di" la Moelle trouvée dans ï'intciicur des Os du Cadavre , c*^ qui reiïembloit plutôt àdeja grailT-^ figée , démontre, ce me femble^ la préfjnce de fels acides ou autres, qui ont agi furies fucs médullaires, comme l'ef- prit de nitre fur l'huile d'olive , qui devren.t graille , lorfqu'on verfe delîus cet acide. L'odeur forte des urines de la Ma- lade , fi puanteur avant d'être en état de -putréfaâion , indiquent dans la mafTedu fangune grande quantité de foufresfon exaltés par les fels. La matière gypfeufe , qui a paru îong-tems dans les urines, n'étoitfans doute autre chofe qiie la fubflance ter- reufe apportée avec le fang par les Artères , pour donner la dureté con- venable aux Os , mais qui étant privée de cette vifcolité néceltaire pour pou- voir s'attacher dans les cellules olTeu- fes, repalîoil même avec celle qui y étoit déjà , & qui fe fondoit , dans les Vaiffjaux fécrétoires & excrétoires , qui après les crifes & les fpafnes des nés qui feroient analogues à ces fubf- «arties nerveufes & vafculeufes , fe tances falines ? relâchent toujours & fe prêtent au par- Ne pourroit-on pas auffi fur-tout taaedes parties excrémenteufes grof- dans certains cas .dépendans d'un vice fiéres. fcorbutique qui commence à fe dcve- Ceite partie terreufe alkaline ayant lopper, recourir à la vermiculaire bru- enfuite repailé par les émundoires de lante * dont la venu a été conftatée la peau avec la fueur , ou même la grailfe du corps fondu par la chaleur interne , occafionnoit les taches que * Semper vivum min. Vermiculatum acre , C. R. P . i8 j . Sidum parvum acre FL luteo. J. £. 4. 6p \. Injl- R. h. 163. Raii. hifl. 1041. Vermifidaris fivs illecebra minor , aeris. pat l'expérience , dans des retiremens confidérables de Nerfs & de Ten- dons **f ger. En François, le pain d'oifeau» ** On trouve dans les Epliénieiid. d'Aile» magn. decur. 1. an. VI. Vil. pag. 53. Une Obl'crr, du Doûeut Bernard «elow » qui SUR LA Physique Enfin feroit-il pollible^d'ctablirbien prccifément des figues, auxquels on puifTe s'appercevoir que les Os com- mencent à fe ramollir ? Qu'il me foit permis, en finilTant-, de propofer ces idées : je fouliaite que quelqu'un les trouve dignes d'être.ap- profondie* , Se qu'elles puitîent faire •naître quelque difcuirion utile au Pu- blic & à la Médecine, c'efl l'unique But que j'ai en donnant cette Hiftoire, 6< en remettant fous les yeux' une par- tie de ce qu'on trouve fur cette ma- tière dans les Auteurs» Nora. M. Morand a oublié de dire que la Malade confommoit une prodif^ieufe quan- tité de fe! ; ce qu'el'e n'a jamais déclaré à fes Médecins. Nmis ferons entrer cette re- marque dans les Oblervations que nous don- nerons fur les caufes de cette maladie , félon nos Principes. ARTICLE XI. iJouveau Semoir accompagné de quelques réflexions jur V A^^ricuiture , par M. de ViLLENM'jyE, LES Hommes fe font accordés dans tous les tems à reconnoitre l'Agri- culture comme le fondement de la So- ciété , fans lequel l'efpéce humaine ne pourroit fubfiiler. Cet Art nécelîaire a été plus ou moins en honneur (ui- vant l'efpric du Gouvernement des dif- férens peuples. Perlonne n'ignore com- affure avoir guéri par la feule décoâion de cette plante plus de cinquante Malades at- taqués de retiremens de Nerfs & de tendons, fi confidérables , que le talon touchoit au jaret, l'aus pouvoir s'étendre : il fiifoit pour cela bouillir huit poignées de cette plante lavée & mondée , avec huit liv. de bierre dans un vailleau couvert , & le tout réduit à moitié, il donnoit de deux jours l'un , ou ET SUR LA Peinture, i6j bien il étoit honoré chez les Romains, fur-tout dans le tem> où cette Républi- que a montre le plus de ("agcfle. Les Grands ne regardent plus cet Art que comme une vile occupation , qu'ils abandonnent toute entière à l'induf- trie des Payfans. Les Chinois nous donnent un bel exemple à fuivre ; ils ont une telle vénération pour l'Agriculture , que l'Empereur même par une Loi ex- prefTe de Contujîui eft obligé d'enfe- niencer fon Champ. Sans cette ar- deur mutuelle, il feroit impofTiblede nourrir tous les Habitans de ce vafte Empire. Un petit-maître de Paris di- ra pour toute réponfe ; ce font des Chinois. Les Sçavans qui font de tous tems en polTeffion d'être utiles aux hom- mes , & qui pour toute rccompenfe s'attirent fouveit leurs perfccutions; foit par un mépris afiéété , ou le plus fouvent par le ridicule que le beau monde tâche à jetter fur eux ,• les Sça- vans, dis-je , ont trop fouvent négligé les Arts les plus utiles aux Hommes , pours'occuper d'idées plus fubiimcs,à la vérité , mais moins avantageufes à la Société. On doit réellement une double re- connoiffance à un Mathématicien lorf^ qu'il veut bien quitter pour ces Arts , la Sphère de laGeométrie tranfcenden- te , oii l'efprit eft occupé d'une façon fi interreffante , fouvent même enchanté par les vives lumières d'une vérité qui tous les matins à jeun|, fuivant la force des fujets trois ou quatre' onces de cette dé- coftion tiède. Il faut avoir attention que la maladie ne foit pas accompagnée d'une trop grande chaleur , "car alors cette plante prtcipiteroit la fonte du fang , & pourroit produire doK effets funeftes. i68 OsSERVATrÔNS SUR L*HiST6iRE NaTURELLB|; femble n'être pas faite pour les hom- mes , tant il leur faut de travail pour la découvrir dani l'obfrurité où elle s'obf- tine de fe cacher. C'eft ce qu'a fait un Académicien du premier ordre (a) : il a tourné Tes vues du côté de la culture desterres^il alui-mêuie cherché â fépa* rer dans un AuteurAnglois (b) quelques vérités mcléeiavec beaucoup Je cho- fes inutiles ; il nous a donne ladefcrip- tion de fes Charrues , il a encore eu la patience de nous donner celle de fon Semoir, qu'il avoue lui-même être impraticable par beaucoup d'inconvé- niens , dont un eft de mou Jre le bled. Il feroitcepcndant à fouhaiterque nous eunions un inftrument de labourage qui put femer les grains de bled a éga- le diftanre les uns des autres, afin qu'ils enflent tous une. égale quantité de terre pour fe nourrir. Seconde- ment, dans la quantité que Ton auroit reconnu la plus avantageufe à la qua- lité de la terre que l'an voudroit en- femencer , il faudroit outre cela que ce même inilrument pût placer chaque grain de bled à la profondeur qu'on auroit éprouvé lui être la plus conve- nable. Si ce même inilrument le re- Gouvroit à même lems, il ell: certain qu'il relleroit très- peu à délirer. Nous n'aurions point encore rem- pli notre but fi cette Machine n'étoit affez lîmple pour être mife à la por- tée des gens de la campagne , &. en même-tems d'une exécution afl!ez fa- cile pour y être fabriquée. Je crois avoir alTez exaélement rempli ces corit ditiins, & on en pourra juger par la defcription. Je marque des mêmes lettres les mêmes parues qui fe trou- vent répétées dans les ditferens dcye- îjppemens,. . Defcription des Parties du Semoir, F 1 G u R £ h- A, Efl un Cilindre de bois que l'oir fora lolide ou creu\ fuivanl qu'on le jugera à propos. S'il el^ folide le moindreToiu"neurde campagne eft en état de l'exécuter. S il elf creux on fe fervira des Butlffiiers., on ob- fervera feulement de donner lUie certaine épailTcur au bois pour y pouvoir creuner les cavités. D. D. D. Sont des irou« qui ont leurs cavités prccifément affez larges pour loger un grain de bled fort à l'aife,, mais cependant trop petites pout en contenir deux. Si l'on craint que les grains de bled ne lèvent pas en alTez grand nombre , l'on pourra leur donner alVez de capacité paut; en contenir deux. B. B. Ell l'axe du Cilindre. Il faut re- marquer que ce même axe fertd'Ef-- fieu aux deux roues qui font fixes ^ de forte que les roues , l'ElFieu «Se le Cilindre , ne forment .qu'une feule pièce qui tourne tout à la fois. Je ne parle point ici des proportions du Cilindre, elles dépendront de celles que l'on donnera aux roués, pour la diflance que l'on donnera aux trous qui reçoivent les grains de bled; cela dépendra aufTi comme l'on . voudra femer maigre ou ^rtt,pour me fervir des termes employés parles Laboureurs.. y, y. Ell la coupe d'un autre Cilindrs qui fert de ray au première qui em- pêche le Bled de s'échapper avant d'avoir rencontré les Entonnoirs P.. P. P. Le fécond Cilindre ell attache. .(a) M. Duhamel;. (*)M. TbuUe. SUR LA Physique et ffxement fur les Brancards, On peut fe repréfemer cette Machine par deux BoilTeaux mis l'un dans l'autre, celui du dedans (eroit la feul qui tourneroit.. K. K. Eli la trémie qui fe termine en quatre entonnoirs. On peut en met- tre davantage fi l'on veut il faut que le bout des entonnoirs prenne très- julle fur la circonférence du Cilin- dre; H. H. H. Sont des efpaces vurdes. G. C. Etl une tringue de bois fixement attachée aux Brancards. E. E. font plufieurs trous pour atta- cher la tringue qui contient les pe- tits focs propres à tracer un lillon plus ou moins profond fuivant qu'on le délire , il ne s'agit que de hauffer ou baifTer cette tringue. ¥-. F. Sont de petits crochets pour re- tenir la tringue fi elle vouloit trop s'élever. Fig. 1 & 5 . f. f. f. f. Sont des focs & mortoifes dans la tringue. c. c. La Fig. 4 repréfente le Gilindre vu par derrière, de ce côté il ne doit plus- y avoir de grains de bled dans les trous D. D. D. puifqu'ils font palTéî par les entonnoirs P. P. P. cepen- dant comme il peut très-bien fe fai- re qu'il y ait quelque grain impré- gné d'une liqueur glutineufe qui par conféquent s'attacheroit aux cavités du Gilindre , l'eau feule peut occi- fionner cette adhérence. On con- çoit parfaitement que ce trou ainf'i rempli d'un grain de bled devien- droit inutile. Pour remédier à cet inconvénient, l'on a découvert le Gilindre A. on a placé une efpéce de Broffc M. M. dont les poils chaf- feroient les grains de bled des ca- vités fi par hazard il s'en trouvoit ^iiieiulTent pas tombés. On doit SUS. Ia Peinture. lë^ préferveria trémie de la pluie aulTi bien que l'efpace du Gilindre qui efl à découvert; une toile cirée ell fulîifante. J'avois d'abord en deiïern de ren-- dre les focs indépcndans des autres mouvemens du Semoir , mais ayaiu remarqué que les focs dévoient ctre parallèles à la furface de la terre , pour s'enfoncer tous à la même proton- dem- ; j'ai confidéré qu'er femant fur un Coteau, la roue qui étoit vers le' fommet, quoique beaucoup plus éle- vée que l'antre, meitoit cependant la tringue qui porte les focs dans un exaâ parallelifme avec la furface de la- terre. Geci elt aifé à démontrer , l'Ef- Geu quiertune ligne droite efl paral- lèle à la furface du Coteau , puifque ces deux extrémités font également éloignées de ia furface de la terre , ayant pourriiéfure les rayons de deux roues égaies , 6c également inclinées fur le plan incliné que forme le Co- teau. Les focs le font aufiî puifque par la connrnâion, la barre C. C. eft parallèle à l'ElTieu c. q. f. d. Dans le cas où ilyauroitdes pier- res qui éleveroient les roues par fauts ; ce qui dérangeroit les focs, on a atta=^ ché la barre G. C. au point E. avec une cheville de fer, de forte qu'elle n'é- prouve dans toute fa longueur que le même mouvement qui fe fait fentirati point E. qui peut être regardé comme le centre commun des ofcillations du Semoir. Les petits crochets F. F. font pour la retenir dans un mouvement' trop violent, fi par hazard il en arri- voiî dans un Champ où l'on a pour l'ordinaire le foin d'ôter toutes les groITes pierres. Lorfqu'une rouepafTe' fm- une pierre les arcs décrics par les différens points de l'Effieu fom pro- portionnels à leurdiflance , au point: I70 Observations SUR l'Histoire Naturelle, d'appui qui eft (i:i la cire Mitcrence de petit que cela n'airivoit nullement ; Taiitre roue dans le point qui touche un Scavant qui s'y connoit mieux que la terre. Lon peut r.^|;'.^.Iquor ici en perfonne ed convenu de i'eHet en pe- paToui que ies Arts qui- fembloient lî tit, mais il lui refloit encore un doute grortlers en apparence , iont cenenJant fur TelTet en grand ; quoique le Cilin- lufcepiibles d'une tliéorie aflez fine dre le plus petit ell lujet aux plus iorfqu'on veut les approfondir. LaFig. 5. repréienteun rouleau que Von a,ttr.che à la traverie de derrière il (ert à faire retomber la terre dans ies petits filions 5 de forte que ce Semoir a la propriété de recouvrir le bled en même tems. Qn peut aulTi mettre des dents au rouleau , fi Ton vewt on fe fert de la Herfe.Fig. 6. z.z. la Herfe. Jeu du Semoir, . Fi g V r m V 11. Les Chevaux attelés au tjmon T. T. obligent les roues à tourner : l'Effieu , auquel cJles font fixement attachées, doit nécefl'airement tourner auffi bien .que le Cilindre. Il faut confidérer toutes ces pièces comme n''en faifant qu'unefeule lorfqu'ils'agit de leur mou- vement de rotation. Lorfque les cavités a. a. a. du Ci- indre fe trouvent fous les entonnoirs de la trémie , le grain de bled qui fe trouve le plus à portée entre dans cet- te cavité & laremplit ; le Cilindre con- tinuant à tourner, après une demie ré- volution , ce même grain de bled fe trouve vis-à-vis les entonnoirs p. p. p. trouvant alors une libre ilîue , il tom- be dansle petit fiUon qui lui efl pré- paré par les petits focs qui fe trouvent immédiatement devant. On fait une Objedion que l'expé- rience n'a pas confirmée & c'efl elle qui décide en dernier refTort, On craint que les grains de bled ne foient /roilTés & écrafés par le Cilindre fupé- ikur. J'ai fait voir dans le modèle en grands inconvéniens ; parce qu'ayant plus de furface , eu égard à fa malFe, Se de plus fa circonférence s'éloignant de la tangente fous un plus grand Angle j il doit avoir plus de frottement , &: en fécond lieu les grains de bled fe voyent expofés à être frottés bien plus violemment, pour peu qu'ils fi-u-palTaf- fem un peuleniveau du Cilindre. Cependant pour ôter ce derniec retranchement au doute , que l'on ne fçauroit trop employer dans l'elTet des Machines en grand ; je fis conflruire par un Boifielier deux grands Boilleaux qui s'enclavoient l'un dans l'autre, je fis faire les<:avité£ avec un Fer rouge ,' cette pièce qui efl la principale de la Machine a été exécutée dans moins d'un jour par deux ouvriers; le Se- moir a mieux réufiî en grand que dans le Modèle en petit ; on voit que ce Semoir ne demande ni beaucoup de frais , ni beaucoup de tems pour l'exc- cuter. Je ne croirois point encore avoir été tous le? doutes du l^ubjic, fi je ne démontrois qu'il ell impolTiblc que les grains de bled foiciu écrafés ou même froififés par le Cilindre iupérieur. DémonjQration. Les cavités font allez' profondes pour^queles grains de bled foient au dslTous de la furface du Ci- lindre inférieur j par conféquent le' frot- tement du Cilindre fupérieur ( qui n'a- voit lieu que dans le cas où l'on au- roit trop ferré le Cilindre , ) porte en- tièrement fin- le Cilindre intérieur, & il faudroit qu'il en eût ufè tout ce qui ex- cède le niveau du grain de ^'led ren- SUR LA Physique fermé clans la cavité avant d'atteindre au grain de bled , & dans ce cas-là il y atiroit allez de jeu entre les deux Cr- l'indres pour qu'ils ne fe toucRalîent plus. c. q. f. d. * On peut encore par le moyen de ce Semoir connoître combien ilejitrera de grains de bied dans un Champ quel- conque. Il ne s'agit que d'avoir exac- tement mefuré la furface de ce Champs enfuite il faut mefurer la furface d'un Cilindre dont le diamètre feroit égal à celui des roues & qui auroit la même longueur que le Cilindre dont on fe fertpour femer. Il ne s'agit plus main- tenant que de fçavoir combien le Ci- lindre dépofe de grains de Lied par chaque révolution. Voici L'Opération. ' On clierclie par une divifion com- bien de fois la furface du Cilindre efl contenue dans la furface du Champ , enfuite on multiplie le quotient qui exprime le nombre des furfaces par le nombre des grains de bled que chaque révolution laifTe tomber. Le produit donne exaftement la quantité de grains de bled qu'jl a fallu pour enfemencer ie Champ. Je ne dois point oublier ce qui m'a fait rechercher ce nouveau Semoir j étant ennuyé de ne rien comprendre au Semoir de M. Thulle, après avoir ïu le quart de fa Defcription ; je pris la réfolution d'en chercher un plus fim- ple , & de larlTer ma ledure. Je le tra- çai après environ deux heures de réfle- xion. 11 feroit fort avantageux à l'Hif- toire de l'efprit humain que chaque In- venteur nous eut marqué lescirconflan- ces qui lui ont aidé à faire fes Décou- vertes. Il y entre fouvent plus de ha-r ET SUR LA PeiNTURI. 171 zard que l'on ne s'imagineroit d'abord. Réflexions fur l'Agriculture. Malgré l'utilité des bonnes Inven- tions, une des plus grandes difficultés qu'éprouvent trcs-fouvent les Inven- teurs ; c'elt l'oppofitio;! qu'ont ordi- nairement les hommes pour les avan- tages que l'on veut leur procurer. Il y a en nous un certain efprit de contra- diction & j^en méme-tems une envie , fugerée par l'amour propre , de blâ- mer tout ce qui fe préfente de nou- veau. , La différence dans la conflruflion des charrues a lieu de nous furprendre. Le proverbe dit avec raifon , chaque Pays chaque Coutume. Il ne faut pas s'imaginer que ce foit la variété des terres qui ait donné lieu à cette différence. Depuis les terres que l'on nomme fortes à caufe de la liaifon de leurs parties , jufqu'à celles que Ton nomme légères par des qualités tou- tes- oppofées , il ne faudroit tout au plus que quatre charrues différentes ; une pour les terres fortes du premier genre ^ une autre pour celles du fé- cond & deux pour les terres, légères. Les autres qualités des terres comme leur plus ou moins de noirceur , leur plus ou moins de fertilité , font abfo- îument étrangères à la charrue dont l'effet efl fimplement d'en divifer les parties. Confidérons maintenant le prodi- gieux nombre de charrues faites fut diffïrens modèles. lettons un coup d'oeil fur les chi- noifes j elles ne reffemblcnt prefque _ • On pourroit (e pafler du Cilindre fiipé- rieur , en inclinant les cavités de façon qu'elles ne lâitt'aAeac combcv les grains ^uc lorfqu'ils feroient dans la perpendiculaire L> I» U Fig, I, en donne une coupe. 172 Observations sor. l'Histoire Naturelle, &c. £11 rien aux nôtres , il n'y a aucunes qui y ayent rapport , tout au plus le ■foc parce qu'il le faut ncceiïaircmsnt. Les Chinois femblent ici alFeâer plus pariiculicrement rirrégularité qu'ils adoptent par-tout ailleurs. Ils aitelent lin Iiomme avec un cheval , ils atta- chent les cordes qui fervent à tirer la charrue immédiatement à la pièce de bois qui porte le foc ^ ils ne fe fervent point de roues; en un mot , il faut en voir la Figure * , & l'on appercevera un degré de furprife auquel onne s'at- tendoit pas 3 cependant l'on convient que le Royaume de la Chine efl de vous les Pays connus le mieux cultive. Les terres jfortes de la Chine ou de tout autre pays du monde demandent la même charrue , c'efl- à-dire, la meilleure que l'on puiffe employer pour les bien labourer. Il s'agit donc de réunir les meilleurs modèles que i'on pourroit trouver dans ce genre , 6< les effayer dans le même Champ avec la même force motrice & de com- parer les réfultats de leur labourage. On feroit le même effai fur les char- ïues propres aux terres légères ^ on s'alïureroit par-ià de la meilleure conf- irudion: cariln'eft pas douteux qu'il ties , ce fera toujours dans le masci-^ mum, M. le Maréchal deVauban, qui avort une jullelle de difcernement prefque unique dans toutes fes vues, avoit fort bien fenti qu'il coniribueroit beaucoup à la perfeélion du labourage en faifant adopter par toute la France la charrue la plu5 parfaite qu'il pourroit inventer. Se ce ii'efl pas peu dire; quel avantage n'en retireroioin point les Laboureurs qui fe fervent de médiocres charrues ou même de mauvaifes. Le projet de M. de Vauban efl fort utile , fa charme très-bonne , cepen- dant le tout ell reflè fans exécution; il a laifTè plufieurs Mémoires de pro- jets utiles à la France. Nous pouvons conclure qu'il ell bien plus aifé de ré- former les ijiHrumens du labour-age que l'opiniâtreté des Laboureurs. Ce que nous difons d-e la charue l'on peut le dire de tous les autres indrumens, & fur-tout de ceux qui fervent à battre le bled , danj lefquels il ne devroit fe trouver aucune différence, fi l'on fe fervoit du meilleur ; puifque le bled eft le même^partout. Nous finirions par fouhaiter que les perfonnes intelligen- tes falFent adopter chacun dans leur n'y en ait une plus parfaite que les au- pays la Méthode qu'ils auront éprouyé très ; ii ce n'eft pas dans toutes fes par- être la plus avantagea fe. • Mémoire pour fcrvir à rHifloire Cénénéralc des Voyages, OBSERVATIONS SIXIÈME PARTIE. HISTOIRE NATURELLE- OBSERVATION XXVII. Sur le principe du mouvement dans le Fœtus, ja^} U E L Q u E s Auteurs ont mis Bres cTiarnues ne pouvant agir par el- CÈWi\ en quellion lequel des deux , les-mêmes fans le fecours des Nerfs 3 il "^^1 duCerveauouduCœur,com- faut aulTi convenir que le Cerveau ne mençoit le premier à fe mou- peut recevoir les Efprits animaux qui voir dans l'Animal ? riueut dans les Nerfs, que par les impul- En effet rien n'eft plus embarraflant: fions du Sang , duquelil extrait les par- cette Queftion ne peut fe décider en fa- ticules qui compofeni ces Efprits. ^' veurde l'un ni de l'autre ; car fi le Cœur On pourroit cependant fuppofer que", a befoin du Cerveau pour fes mouve- les Nerfs ont été créés avec une cer- ^ inens de Diaftole & de SiRole , les Fi- taine quantité d'Efprits, contenue dans " Année .i752jTo;«. II. Partie. VI, R '^ Observations sur l'Histoire Naturelle^ leur capacité , ^- dans celle des Réfer voirs du Cerveau , pour commencer le piemter ade de mouvement; 8c que de là font fiiivis tous les autres. Alors ce feroit le Cerveau , qui le premier auroit ce qu'on appelle Vie. Mais il laiidroit encore fuppofer pour la per- ' feâion de ri-Iypoicfe,que le Sang ctoit crcé autli dans les Veines pour fournit dans l'inftant une Impulfion propre à répondre à celle du Cerveau , & à rcpa^ rer la dilTipation que (ouBre le Fluide nerveux à chaque inftant de fes pul- fions ; malgré le retour qui s'en peut faire vers le Cerveau. On pourroit en- core fuppofer que ce n\i été que par la luccefrion impuKlve des Efprits Ani- maux que le Sang s'ell formé , ^ que le Méchanifme de la Circulation du Sang & des Efprits a eu lieu dans l'A- iiimal. D'un autre part , fans avoir recours à CCS RippoPitions , on peut croire que k. Fœtus formé, les Organes difpofces , ïe Cordon UmtDilical auaché, fur quel- que Artère ou Veine Menllruelle , dans le fond de l'Utérus ^ a d'abord reçu des Particules fanguines qui ont pénétré iufqu'au Cœur de l'Embrion, ^ que la force & l'adivité impuifive de ces Par- ticules a pouffe le Sang Menllrucl dans Je Cœur du Fœtus & du Cœur dani^le Cerveau , où (e font formés les Elprits;: & qu'alois les Efprits pouflés dans les Nerfs ont commence le jeu AnimaL Ainli de façon ou d'autre, c'etl toujours le Cerveau qui a commencé , lorfque la Circulation naturelle s'ell formée dans l'Embrion. Je puis autorifer cette Hypotcfe par un fait cité dans l'Hilloire de l'Acadé- mie de l'année 1703 , d'un demi Fœ- tus Quadrupède, qui n'avoit niCoeur ni Poumon , 7!/ Foye, m Rate.nt Rein^ m Vef- on trouvoit cependant une portion dt Cerveau , quelques Nerfs , un Méfentére » quelques Boyaux^ i:;" quatre gros Vai^eaux' qui ahoutilj'oient au Cordon Urnbilical ^ Qf' qui for m oient toute la Circulation. le Cœur ne peut avoir aucune ac- tion particulière fans le fecoursdu Cer- veau , &■ il n'eft pas plus propre à im-* pulferleSang , que tous les axures Con- duits qui le re<;oivent, fans les Nerfs. Sr le Cœur de quelques fortes d'Animaux conferve fon mouvement après Ion ex- puHion du Corps ; ce n'efl que par l'c- jallifité des Particules ignées, & la preflion que foulTrent ces Particules pendant quelque tems,par le rctrccifle- ment du Vifcére qui K;s contient dans les Conduits nerveux, où ces particules font enfermées ; lequel mouvement dure alors jufqu'à la dilTipation des Par* ties ignées. On peut aifément conclure de -là; que l'Einbrion Vivipare fort tout for- mé, mai-i fans vie , & qu'il ne la reçoit que du Sang de la Mère , qui ^r.et fes- Organes en jeu ; ce qui ne fe trouve pas dans les Ovipares , où les Fœtus- doivent être fîais & paffaits pour croî- tre & vivre dans l'Oeuf, ne pouvant recevoir aucun m.ouvement de l'Oeuf,.^ où ils s'attachent pour fe nourrir feule- ment. Je ne crois pas qu'ion puilTe créer d'autres Sytlcmes , fi on veut s'accorder avec la faine Philofophie. Car d'ad- mettre des Attrapions , des Fermenta^ tions des concours de Molécules , c'cR tou- jours chercher ii faire de l'Or avec du Criivre , & vouloir ôter à la Nature fe» droits & fa fimplicité. Je trouve encore plus ridicule de prétendre qu'il y a des Oeufs qui contiennent des Effigies par- faitCb , puifque dans le cas que nous venons de citer ci-deCfus ^ on n'a trou- fuf ni Vaijjeaux Spermatiques , & auc^uel vé qu'une demi-Figure vivante. Qi ii^ SUR LA Physique et sur la Peinture; èfl Jit Jans îa Dodiine des Oviparif- tes que les Effigies Humaines, ou Ani- males , font contenues les unes dans les autres à l'inlîni , mais il n'efl pas parle des demi-Figures. Nous en voyons cependant. Les Mâles de toutes efpcces dans les Vivipares ne donnent que la forme & ies Organes de l'Embrion, & la Fe- melle fournit le Sang, Se donne le pre- mier mouvement au Fœtus. Cela n''a lien de contraire aux expériences qui prouvent que les Foetus fortent tout formés de tous les Mâles Vivipares. A l'égard des Ovipares , il n'eft pas poflTible que la Femelle ait donné lieu à la circulation des fluides dans l'Em- brion , fur-tout dans ceux qui dépo- fent leurs Oeufs d'un coté pendant que les Embrions fortent de l'autre , ainfi que font les PoilTons & les Grenouilles. Le Foetus de ces Animaux fort du Mâ- le, non-feulement tout formé , com- me dans l'Homme 8c dans les Quadru- pèdes , mais il fort en vie , & n'a be- foin de l'Oeuf, que pour s'entretenir 5c s'accroître. J'ai donné dans mes Obfer- vations une Expérience fur la Généra- tion des Grenouilles , qui confirme cette vérité. ( Tom. 2. 4'. Partie, An- née 1752. ) L'on peut enfin conclure de ces Re- marques , une fois pour toutes , que les Vivipares dillcrent des Ovipares , non-feulement dans la façon de nour- rir & d'accroître leurs Foetus , mais encore dans la fa(,-on de les produire. Les uns les produilant tout formes fans vie , Si les autres les produifant vifs & formés, prêts à fe nourrir d'un Qeuf. Au lieu que les Vivipares ont des Hfefer- voirs ( l'Utérus) dans leurs Femelles , dans lefquels ils les dépofent pour être vivifiés , pour croître &; fe fortifier. C'eft ici où il faut convenir de la Sa- Î5Î gelîe divine qui a pourvu à la forme & à la vie de fes Créatures félon leurs états. Dans les Vivipares , où le Fœ>- tus fort des Véficules du Père débile Se fluide , à travers les Filières les plus étroites, & dans divers endroits.où il efl obligé de palfer. & où il périroit certai- nement toujours, le Créateur a réfer- vé de donner à ce Fœtus la vie dans rUtérus d'une Femelle. O merveille,' digne de fou Auteur ! Au contraire dans les PoilTons & les Ovipares , où la Mère ne peut fournir que l'Oeuf. Cet Etre fuprême a fait fortir du Mâle l'Embrion, avec toutes les qualités né- celTaires à la vie. Ayant une idée un peu diftiiiéle fur le principe du mouvement dans l'Ani^- mal , fur les relTorts qui la conflituent & fur la nature de leur activité , & en un mot fur la caufe & l'origine de îa circulation des fluides ^ voyons préferi- tement la Struclure du Cœurliumain, StruElure du Cœur lutmain, I.r. CœuR eft compofé de deux F'en- triades ou Cavités , Van à droite Se l'au- tre à gauche : le Ventricule droit efl ouvert à fa bafe par deux Orifices , dont l'un répond à l'Oreillette , & l'autre à bouchure d'une grolTe Artère. I.e Ventricule droit efl plus grand que le gauche , il s'abouche avec l'O- reillette droite &: le Tronc de l'Artère Pulmonaire ; & le Ventricule gauche s'abouche avec fOreillette du même côté j & le Tronc de l'Aorte. Ces Ori- fices font garnis de plufieurs Valvules. Les Valvules qui s'avancent dans lés Ventricules fe nomment Tng/oc/2z/2?i, & celles qui fe replient dans les gros Vaif- feaux s'appellent 5/g?7ioiiej .• on donne aulTi le nom de Alitrales auxTriglochi» nés du Ventricule oaUcTie. R ij Observations suk l'Histoire Naturell," Ij2 l.a fiirface externe des Ventricules eR inégale, remplie de Cavités , & de pliifieurs Eniinences ; & la furface interne de ces Cavités cft remplie de FolTcttes de toutes fortes défigures , très-profondes & en très-grand nom- bre, de forte qu'elles forment fur le'firs iords pkifieurs Monticules de diver- fes formes. Les Ventricules font compofés en particulier de fortes Fibres qui fe croi- fent en tous fens , mais fur - tout de la Bafe à la pointe , & en travers de droit à gauche. L'aélion oppofée de ces Fi- bres caufela dilatation & la contradion du Cœur. L'adolîement des deux Ventricules & leur liaifon forme la Cloifon qui les fcpare. M. Winflow a prouvé ( Mc- inoires de l'Académie des Sciences , Année 1 7 1 1 , page i 5 o) que ces Ven- tricules ne font unis enfemble que par quelques couches de Fibres qui forment ia furtace extérieure du Cœur. De forte qu'il regarde le Cœur comme compofé de trois Miifcles ; les deux premiers qui forment chaque Ventricule en par- ticulier, & le troifiéme qui les envelope, en fortaiu par la pointe du Ventricule gauche , & s'épanoiiiffant extérieure- ment à la Bafe. Quoique cependant cet Anatomille avoiie que le troifiéme Muf- cle ne doit être regardé que comme la continuation des Fibres de celui qui forme le Ventricule gauche. Par cette Sirudure on s'appercevra que lors de la contraâion des Fibres Longitudinale^ & du relâchement des Fibres Tranfverfes, le Cœur fe dilate & fe racourcii j & dan» la Contraâion il s'allonge ^ & ie leilerie , c'cil ce que j'ai vu dans le Cœur de pTuOeurs Grè' nouilles vivantes : lorfque le Cœur de ces Animaux s'emplit il fe racourcit 8i s'élargit ; & lorfqu'il fe vuide , il fe rétrécit & s'allonge. Le Ventricule gauche efl plus épais & plus élaflique que le Ventricule droit. A l'égard des Oreillettes , on les re- garde comme deux Sats mtifculeux fi- tués à la Baze du Cœur. L'Oreillette droite efl: plus grande que la gauche , ainfi que fon Ventricule. Les deux grofles Veines , c'ell-à-dire , la Veine Cave fiipérieure afcendante & la Veine Cave inférieure, s'abouchant enfemble dans cette Oreillette , elles ne doiveiît être confidérces que comme fes Bran- ches. La furface interne de cette Oreil- ktte ell raboteufe, inégale & pleine de Ligne tranfverfes & faillantes. L'Oreillette gauche eft un Réfervoif mufculeux, auquel on trouve un ap- pendice, qui iait comme une troifiéme Oreil ette , ia Surface interne de la- quelle eu im peu raboteufe & refTenv» ble à l'Oreillette droite : mais en gé- néral les Parois de l'Oreillette gauche & de fon appendice font plus épais que ceux de l'Oreillette droite. Les quatre Veines appellées Pulmonaires fe dé- gorgent dans cette Oreillette. Quel- ques Anatomilles l'appellent pour cette raifon le Tronc des Veines Pulmonaj- res. Le Sac principal de cette Oreil- lette ell alTez uni en dedans & en de- hors ; fes Couches Fibreufesfe croifent en plulieurs fens. Pour accompagner cette D{ffertiition &• les deux fuivantei, ;e donnerai des Figures fif leur explication ayant l'artULt de Phjfiqut» SUR LA Physique OESERVATION*XXVIII. Sur la htruBure des Poumons humains (.r leur Ojjice. PLufieurs Auteurs ont cherché d'ap- profondir la Structure des Pou- nions , & nous en ont donné la Def- cription ; mais ils ne font pas d'accord entre eux. L'Ofllce de ces Vifccres dépend de ïeurMcchanirme,& il eft difficile d'ac- corder lenr Strufliire avec la nature des Fluides , fur iefquels ces Vifccres eireftuent leurs fondions. Ces Fluides font l'Air & le Sang. II efl queftion de mêler l'un avec l'autre : voilà l'ufage général des Poumons, & celui don: on convient. Mais lorfqu'il s'agit d'expliquer comme fe fait ce mélange , les fentimens font partagés j parce que la difficulté confille à fçavoir C l'Air feul entre dans le Sang , ou s'il y entre avec toutes les Parties hétérogè- nes qui le fuivent dans la Trachée-Ar- tère ; ou du moins s'il n'eft fiiivi que des particules du Feu , qui fans con- tredit ne doivent pas être féparées de l'Air, iorfqu'il pénétceles Qoifons qui le féparent du Sang. I.a néceffité d'expliquer ces Quef- tions fi importantes à la Médecine , a mis les Anatomifles dans le cas de fa- briquer les Lobules qui reçoivent l'Air dans les Poumons fur ditîérens Modè- les. Parmi ces Auteurs , plufipurs ont ad- mis des Veficules à l'extrémité de cha- que Bra iche , où l'Aii fe terminoit , felon eux, pour fe fe parer des Parties groffiéres qui l'accompagnent ^ & pour palîer Je-là Jans le Sang , par le moyen d'une iûiinité de Trous, formés exprès ET SUR LA Peinture. 155 fur les Vaideaux Sanguins qui tapiiîjiu ces Véficules , & à travers Iefquels l'Air fubtil palfoit comme à travers plufieurs Cribles. y D'autres ne pouvant expliquer le Méchanifme qui occafionne le mélan"e de l'Air & du Sang dans les Poumons , & ayant rejette les Cribles^ parce qu'ef- feâivement on n'en apperçoit aucun, ont eu recours à VAttraBwn : reflburce commode & favorite dont fe fervent les Newtoniens. Us ont prétendu que le Sang attiroit les Particules de l'Air dans les Poumons , à travers les Pores des Tuniques qui forment les Capil- laires des VaiHeaux Sanguins , dont les Cavités des Poumons font entou- rées , fans cependant attirer les Parti- cules des autres Corps , qui pénétrent l'Air & le fuivent dans les Bronches. Mais ces raifons ctoient imparfaites , &vi'étoient fondées que fur de fimples conjeécures. Mdpighi efl entré dans un plus grand détaiL & s'ert plus attaché à dévelop- per la Strudure des Poumons. II a vou- lu expliquer de quelle façon l'Air s'in- finue dans ces Vifccres, & la route qu'il tient pour arriver jufques aux Ca- pillaires des Vaiiîeaux Pulmonaires. Il prétendoit que les Lobules renfermés dans chaque Lobe du Pounïon étoient compofés de plufîeurs Veficules; & que tous les Véficules d'un même Lobule communiquoient enfemble, fans ce- pendant communiquer avec celles d'un autre Lobule. Cet Anatomiite difoit auffi qu'outre ces Lobules , il y avoit des Interftices, ou des Civiles rem- plies de quantité des Membraiies , dont les unes font parallèles , (Se les autres s'entrecoupent pour foraver diverfes Cellules dans lefquelles l'Air pa;re li-^ farement. Nous ayons beaucoup d'obligations 134 Observations SUR ce Sçavant ; mais il ctoit rclervc à M Hdféthis de mieux appiofondir la vé- ritable Strudure des Poumons ; 8< nous pouvons nous repofer fur les Obrerva- tions qu'il a faîtes de l'Anatomie de ces Vifcéres. C'efl ce que je vais citer ici, en ajoutant quelcj-ies Remarques de ma façon fur les Glandes Bronchi- ques. Je donner;ii aulTi les raifons Phy- fiq'ue de la Refpiraiion félon mes Prin- cipes : avec lefquelles j'expliquerai le mélange d'Air & du Feu, qui s'efledue à chaque mouvement de puifaiion. Dans les Mémoires de l'Académie ■M. Heîvétius nous a donné ime fça- vantc DilTertation fur la Structure des Poumons de l'Homme : les Obferva- tions font oppofces au fentiment de M. Malpiglii ; il n'admet aucune Véficule dans les Poumons , il ne regarde ces Vifccres que comme un fimple tilTu fpongteux , dans lequel les Bronches & les VailTeaux Sanguins fe répandent. Cet Anatomille reconnoit deux Membranes au Poumon , une Mem- brane externe iSc l'autre interne : il con- fidére ces Mambranes comme la con- tinuation de la Fièvre. La Membrane externe des Poumons , folon lui , ell la continuation de la Membrane interne de la Plèvre , & la Membrane interne de ces Vifccres n'efl que U Membrane externe de la Plèvre. Il a oblervé qufe celte Membrane interne des Poumons accompagne les VailTeaux Pulmonai- res, 8: qu'elle forme plufieurs Cellules entrecoupées Se attachées fur ces Vaif- feaux. M. Heîvétius ne regarde les Fibres de la Trachée- Artère que comme des Fibres Ligamenteufes, couvertes d'une Membrane garnie d'un Raifeau San- guin , Se n'admet point les Fibres char- nues des Auteurs qui l'ont précédé. 11 réunit à l'exuêniité des Bronches la l'Histoire Naturelle, Membrane externe & interne de îa Trachée-Artère, Se nie les Velkules ou Sacs Menft^raneux que ces Auteurs ont prétendu reconnoitrc au bout des Bronches , formées par leur continua- tion, M. Heîvétius dit au contraire que les Bronches fe perJent feulement dans les Lobules fans compofer le moindre Véficnle. J'ai obfervé que la Mambrane in- terne de la Trachée-Artère étoit garnie de très-petites Glandes qui répondoient à une infinité de petits Trous par où découloit une Liqueyr Muciiagineufe , qui fert apparemment à défendre la Surface interne de la Trachée-Artère & les Bronches , de ITntempèrie de l'Air. M, Winjlow a fait ces Obferva- tions avant mji. li ell du feiuiment que cette Mambrane ell en partie Charnue ou Mufculeufe , & en partie Lii^amenteufe, contre l'opinion de M. Heîvétius. Je n'ofe décider entre ces deux grands Anatomilles. M. Heîvétius prétend que l'Air ne palTe pas d'im Lobule à l'autre ; mais qu'il palfe des Lobules dans leurs In- terilices , & que de là il reflbrt par les mêmes Lobules , & bien loin de regar- der ces Inierllices comme les Emunc- toires des Lobules , il les confidere comme les Rèfcrvoirs de l'Air. 'Il conclut de toutes cesJObfefva- tions , i®. Qu'il n'y a point de Vèficu- les formées par l'extrémité des Bron- ches. 2'^. Que les Cellules ou Cavités , qui forment le TiiTu Spongieux, font compofées , en général , par la conti- nuation de la Membrane externe de la Plèvre. }°. Que Tune des Lames de cette Membrane s'enfonce & fe perd dans tous les replis des Poumons. 40. Que l'autre Lame de la même Membra- ne forme le« Gaines qui entourent tout tes les Ramifications des VailTeaux Sai>; SUR. LA Physique et gnîm , 8c produit encore les Membra- nes des Inierilicesj qui font entre les Lobule?, M. Helvétius aobfervé que les plus groiïes Kamificaiions des Artères & des Veines Pulmonaires paflent le long de l'intérieur des Interllices , Se qu'el- les fournillent de tous côtés, 8i en très- jrrand nombre , les Vaiïïeaux Capii- ïnires qui fe dillribuent dans chaque Lobule , & qui fe Ramifient encore fur toutes les Membranes qui forment les Cellules. Il oblerve encorejjue les Ar- tères s'anadomofent avec les Capillai- res des Veines , îv forment ce Refeau admirable do\n Malpiglii a donne la dé- couverte. Je ne puis me difpenfer d'a- jouter ici les Réflexions que M. Hel- vétius met à la tin de fa DilTertation. i''. Le PùuiiTon eft incapable par lui-même de fe dilater; tout Ion mou- vement vient de l'impulfion de l'Air & du relTort des Fibres Ligamentcufes de laTraclue-Artere qui le repoulTent par leur élallicité. 1*. L'Air ne peut pafTer d'une Cel- lule à l'autre dans le Poumon ,, ni par- venir jufques dans les Interflices des JLobules fans foutilfr une infinité de Collilîons,& (ans être léparé de quan- tité de Parties hétérogènes & crès-arof- ficres qur l'accompagnent. 3^. Le même Air en tombant dans ïes Cellules , environne les Vaifleaux Sanguins , & les touche immediate- jment. 4°. Toutes les Membranes qui coai- potent les Cellules, Si qui envirv-nnent ies Lobules, font percées^ ou poieu- fes; de forte que l'Air peut facilement pafler de là dans les Interllices, &. en jevenir par la même route. 5°. Les Interllices font des Ref;r- voirs où l'Air peut être conferve en #eïiaines eccaiiows, & d'où il relloït SUR LA Peinture. x}). avec -moins de facilité que des Lobu- le--, lefquelb peuvent être an'aiflés, pen- dant que leurs Interllices peuvent coii- fcrver leur tenfion &. tout l'Air qui peut les remplir. 6°. Toutes les Cellules , que l'on dé- couvre dans les Poumons fur lefquelles les Vaiffeaux s'cpanoiiilTent par une infinité de petites Ramifications ^ fer- vent à donner plus de fuperlicie à l'é- tendue interne des Poumons ^ afin que l'aâion de f Air fe répande tout à la fois far une plus grande quantité de Parti- cules Sanguines. Dijfeâion particulière que fai faite des Poumons , Gr confcquences Phjfiquei que j'en déduits. Comme je Phyf^ue autrement que n'ont fait les Anciens & les Modernes ., Si comme mes feniimens ne s'accor- dent point avec ceux des Cartéfiens & des Ne\»toniens, il eft impoirible que je puilTe concilier mes idées , avec ce que dit enfuite M. Helvétius, fur la na- ture de la Circulation , Si fur ce qui oc- cafionnela différence fenJîble que l'on recoimoît entre la capacité des Veines & des Artères Pulmonaires , o< entre' la couleur du Sang qui Hue dans l'un & dans l'autre de ce» Vaifîeaux.( Voyez les Mémoires de l'Académie de 171 8.) J'ai apperçu^outrece que je viens de: citer ci- devant^ que toutes les Bifurca- iions des Bronches jufqu'à leurs extrc- mitc.-, da-is les Lobules, ctoient gar-- nies de Glandes molles , irrègulieres & d'une couleur bkuatre,& qu'elles di- minuoieiit avec les bronches (S^ deve- no eut à la tin prefque imperceptibles ; que ce- GlinUeS' .ivoient leur Orifice- tians la Cavité des LJronches , \- qu'ei- l 's cominuniquoieiU avec les Capillai- ïes des Ajicres Pulmonaii-es^poux te- 136- Observations sur l'Histoir.e Naturelle^ cevoîr les Secrciions du Sang, lorf- qiril fe dépouille des Liqueurs giaireu- fes qui raccoinpa;4neut (^ qu'il clmnie du rcrte du Corps, i*. C'cfl: ce qui diminue le Volume de la Malîc du Sang Veinai, & qui dépouille Tes Particules. 1°. C'ell ce qui le fait cîiangcr de cou- leur. Et enfui c'eft par ces Glandes que fortent les crachats que nous im- pulfons de la Poitrine par la Traclice- Artcre. .Tai apperçu aufTl que les Artères Pul- monaires ctoient couvertes par desTu- iiiques plus lînes que celles des Veines , avec lefquelles elles s'anaftomofent; ce qui fait que TAir & les parties de Feit ne patTent que dans ces Artères pour augmenter la chaleur & la Huiditc du Sang ; c'eft ce que je vais expliquer. La Faculté de MIdecine &: les Aca- démies ne peuvent raifonner Phyfique- inent aujourd'hui qu'en coniéquence de la Doctrine établie par Defcarics ou par Nevton. Ce font les feuls Dognies reçus : ainfi le Public ne fera pas fâché que je donne une troifiéme conjeâure fur la prejjîon de l'Air ditis les Poumons . fur les parties hétérogènes de tous les Corps qui accompagnent cet Elément dans la Tra- chée-Artère : &: fur la Séparation qui fe fait dans les Poumons , entre les Particules fines &• grojfiéres qui compofent VAir que nous refpïrons. L'on ne peut pas difconvenir que dans l'Air il n'y ait \m mélange de par- ties hétérogènes à cet Elément ; c'eft- à-dire, des Parties Tcrreflre ou Sali- nes , des Parties d'Eau & de Feu , Se fur-tout dans notre Atniofphere. En admettant le vuide dans les m- tervalles des plus petites Particules, & remplilTant l'intervalle des plus grolîes par les plus petites , on n'ell point em- barraîTé de ce que deviennent ces Par on ne fçait de quelle forme eft l'Ethcr; ou le premier Elément ^ qm remplit^ fé- lon Defcartes , les Intervalles de tous les autres Elémens. On ne fçait alors fi cet Elément pafTe avec l'Air dans le Sang , ou s'il relie, au moyen de ce Plein, dans un état d'inertie. C'ell ce qui a fait imaginer aux Seélateurs de ce Philofophe que l'Air feul entroit dans le Sang pour le condenfer ou pour le re- froidir. Jamais perfonne ne s'efl avifé de dire que la refpiration échauflbit l'Animal , qu'elle étoii l'inflrument de la Chaleur naturelle,&: la fource des El- prits Vitaux. Je dis que lors de la Ke/^/Mf ion, l'Air n'entre dans la Tracliée-Àitére tel qu'il efl autour de nous : que par TimpuU fion naturelle de cet Elément il entre dans les Poumons , comme dans un Soufllet, lorfque l'on écarte fes Parois j qu'alors il fuit les Bronches jufqu'aux Lobules , où elles fe terminent ; que de ces Lobules il paife dans les Interrtices en fe feparant des Particules groiriéres qui Font fuivi. Je dis enfuite que lors de VInfpira-, tion ^ ou de la preiïion des Poumons, PAir fort avec impéiuofité. Que les Particules groffiéres fortent d'abord des Lobules j mais qu'alors les Parti- cules lînes contenues dans les InterlU- ces, étant prelTées de toute part, s'in- finuentà travers lesTuniques des Vaif-. féaux Capillaires ; où elles trouvent moins de réfiflance, par l'aifailTement des Membranes , à travers lefquels elles font d'abord palTées , lors de la tenllon de ces Membranes : au lieu que les Par- ticules tineSj qui fe trouvent renfer- mées dans les Interflices , ne peuvent en foitir, dans le tems de leur ali'aille-» ment. On peut prouver dans ces RemarJ I tics. Au lieu que dans le Plein abfolu, ques l'iufinuaiion de l'Air dans les Ca-» pillaireç SUR. LÀ Physique Ït sur là Peinture; pîlîaires en Jonnant l'exemple de la ^slachine Pneumatique. Tout le Mon- de fçait qu'en tirant l'Air de cette Ma- chine , on retire toutes les Particules en général qui entrent dans la compo- fition de l'Air que nous refpirons. La retraite de ces parties d'Air contenues dans le Récipient, le lailleroit vuide Jeu qu'il contient, dans le Sang. ï?7 dans cet état , les MemBrancs aiTaiU fées , dont nous avons parlé , qui répa- rent les Lobules des Interflices , em- pêchent par leur atTailTement l'air fub- lil de parvenir iufqu'aux Interflices des Lobules , Se l'empêchent par confé- quent de s'infinuer , avec les parties de de tout Corps, & interdiroit par confé- quent toute communication de la vue avec les Objets qui foin au milieu du Récipient: c'efl ce qui n'arrive point ; -çarce que l'Air fubiil & les parties de Feu, qui le pénétrent, entrent tout aufîî- tôt à travers les Paroirs du Récipient, quelques épailîes qu'elles foient. Alors cet Air pur & fluide n'efl point com- primé &impulfé , comme l'Air extérieur, il ne fçauroit l'être que par la preffion , impofTible, du Récipient; c'eÙ ce que l'expérience nous p.rouve tous les jours. •Il faut donc conclure, que puifque l'Air fubîil & le Feu s'infinuent à tra- vers le Verre, à mefure que les Parti- cules grolTiéres , que contient cette Ma- chine , abandonnent la place ; à plus forte raifon cet Elément doit s'infi- nuer à travers les Tuniques des Vaif- feaux Capillaires des Poumons, lorf- qii'il ell; prellé par la comprefTion de ce Vifcére ; puifque ces Tuniques- font alors les Parois les plus minces^& à tra- vers lefquels il trouve le moins de ré- Cllance. Les Animaux ne pcrilTent dans le Ré- cipient , lorfqu'on en a pompé l'Air groffier , que parce que leurs Poumons relient alors aHailTés , & qu'ils ne peu- vent plus fe gonfler par la preffion de l'Air extérieur. Par conféquent il n'efl pas étonnant que le Sang cefTe de rece- voir (a fluiditéjquoique l'Animal fur le- quel on fait cette Expérience foit pofé alors par le dépouillement des Partr- dansl'Âirlepluspropreàcetiefluiditéfi cules grolTiéres. 6°. Qu'il refte , dans laéceflaire à la vie. Il faut convenir que cet état , plus dilaté dans les Capillai- D'où je conc'Ius , i^. que l'Air grof- fier compofc de divers Corps ell pro- pre àlaRefpiration par l'Impulfion que fouffre cet Air dans la Dilatation des Poumons. 2"^. Qu'il fert à entraîner leS Particules fines qui le pénétrent juf- ques dans les Lobules des Poumons, &: à les faire pafTer après dans les In- terflices. 3''. Que la preffion des Pou- mons force les Particules fubtiles de l'Air Se celles de Feu à entrer dans les Capillaires des Artères Pulmonai- res ; tandis que les autres Particules plus groffiéres , qui ont relié dans les Lobules , en fortent , en formant ua Corps plus compact & moins fluide , c'efl ce que l'on voit l'Hyver , où l'Aie qui fort de la Bouclie ell beaucoup plus chargé d'humide. 4^. Que pouc lors la Couleur du Sang change par le Méchanifme le plus fimple du Mon- de , Si fur lequel aucun Anatomille ne nous a pas encore dit un mot. C'efl-; à-dire , que les Capillaires des Artères Pulmonaires étant plus grolîes que celles des Veines avec lefquelles elles s'Annflomofent, dans l'effort de la Cir- culation , les Particules fe dépouillent d'une partie des SérofîtSs qui les ac- compagnent & qui les entourent pouc paffer dans les Capillaires des Artères, C'efl alors ce qui clarifie le Sang , 5c lui donne une Couleur plus Rouge, ■5'. Que le Volume du Sang diminue ï^s Observations sur l'Histoire Naturelle, xes, fFes Veines Pulmonaires , quoique d'uiT Volume moins confidilrable. Il le- {>rend fa fluidité, & fon adivité , par e mélange qui s'ell fait de l'Air & du feu : mélange qui ne fait alors qu'aug- menter la vivacité de fes Couleurs. OBSERVATION XXIX. Sur Vufage des Vaijfeaux Lymphatiques du Méfentcre , &■ conceiTiant celui de la Veine-porte. LEM.Tcntcreeflune efpéce de Toi- le, cjui ell an milieu des Intellins : iî lei'r fcrt Je Ligature générale , 5c empécUe ces Vifcéres de s'entortiller,, en leur perm:tniit de flotter, fimple- meni l.-s uns fur les autres. Les Glan- des & les Vaifleaux du Aléfentére fer- vent à nourrir les Inteflins , & à con- duire les Liqueurs de la Digeflion dans le Sang-, pour réparer les pertes que fait continuell-'ment ce Fluide, dans les fondions aufquelles Je Crcateur l'a def\iné povir l'eniretien de notre Vie. Les Médecins anciens ont été jadis dans un grand Débat, pour f(çavoir fi les Boyaux n'ont qu'une feule faculté ; ç'eft-à-dire,l'Ej7Ju/fr;ce,ou bien les qua- tre qualités enfenjble qu'ils appeUoient AttraHrice , Eétemnce , ConcoBrict 8c Ex- fultrice. No.s Pères étoient fort portes poui Icj Qualités Occultes, ainfi que les Nc-wioniens de nos jours : mais fans avoir recours à ces Qualités , on peut fort bien expliquer laCliilification & le mouvement qu'ont tous les Intellins pour recevoir & pour impulfer leCIrile à travers les Glandes Méfentériques. Les mouvemens du Cœur, des Pou- mons, du Ventricule & des Intellins font des Mouvemens Naturels , ^ui le font par l'écoulement des Efprîts , fans le conlentement de l'Ame. Le premier fert à Fimpulfion générale du Sang dans les Poumoué & dans tout le Corps. Le fécond fe fait pour Impulfer le Feu 6c l'Air dans le Sang , & le Sang dans le Cœur. Le troifiéme fert à Triturer les Alimens & à les porter dans les Intef- lins , & le quatrième fert à poufler le Chile dans les Veines Ladées & à ex- pnlfer les Matières fécales hors du Corps» Les Fibres circulaires des Inteflins, dans leurContradion^ prelTent le Chile à pafler dans les Glandes, & les excré- mens à fortit enfin du Bas-Ventre, Expnjïtion Anatomîque du Méfenterc. On divife le Méfentcre en deux por- tions : la plus étendue ell la plus courte, Scelle qui s'attache auxintedins Gref- les j elle eft compofée d'une infinité de plis , Si ell appelléc proprement le. Méjentére. L'autre portion ell plus lon- gue , moins plifTée , contournée en for- me Spirale, &- attachée aux gros inteP- tins : elle eft appellée pour cet effet le Mdfocolon. Ces deux portions ne font que la continuation de la Lame Membraneufe du Péritoine , redoublée fur elle-même. Le Méfentére commence à la der- nière Courbure du Duodénum, def- cend obliquement de Gauche à Droite le long des Vertèbres Lombaires. C'efl dans cet efpace que la Portion Mem- braneufe du Péritoine fe détache & produit la Duplicateure des Lames, qui s'adofTent pour former le Méfenté- re. Il ell d'abord fort étroit , mais il s'élargit enfuite , Se fornoe une efpéce de Fraife Antique, dont les Piis, qui s'attachent auxluieflins j font fort coi\; SUR LA Physique Les deux Lames du Péritoine font jointes enfemble par line Subftance Spongieufe , qui renferme les Glandes, lés Vaifleaux Se les Nerfs du Méfentére. Dans les Sujets d'Embonpoint on trou- ve beaucoup de Graille entre ces deux Lames , qui les écarte en plufieurs en- droits. L'extrémité de ces deux Lames enveloppe les Inteftins, & leur fert de Tunique Externe. Le Mefocolon s'attaclie d'abord à l'Litellin Colon , monte enfuite, pour fuivre fonjArc, vers le Rein droit, & s'é- largit après fous le Foye , fous l'Eflo- mach & fous la Rate i où il redefcend dans l'Hypocondre^ vers le Rein gau- che , & où il fe rétrécit pour s'élargir enfuite & defcendre fur le Mufcle Pfoas du côté gauche , vers les derniè- res Vertèbres des Lombes. 11 finit fes Attaches au Reôum , lequel Boyau efl enveloppé par une Produdion particu- lière du Péritoine. LesGlandes Méfemériques font difper- fées dans leCorpsCeiluleux qui fe trou- ve entre les deux Lames du Méfentére. Elles font fort petites & de diverfes Formes, mais prefque toutes applaties, & fouvent entourées de Graifle. Leur TilTu paroît Cellulaire. Malpighi a ob- fervé dans ces Glandes un entrelaiïe- ment de Fibres charnues. Les Anato- niiftes conviennent que jufqu'à prcfent ils n'ont pu diftinguer les VaifTeaux Sanguins & les Secrétoires , qui péné- trent ces Glandes. Outre les Vailleaux Sanguins qui fe diflribuent en forme de Rcfeau dans les Glandes du Méfentére , on y voit plu- fieurs Filamens Nerveux, qui les péné- trent en tout fensi on y voit auffi un grand nombre de Vailleaux particuliers fins & tranfparens , garnis de quantité de Valvules en dedans, qui forment en dehors des petits Noeuds fort proche ET SUR LA Peinture." i0 les uns des autres : on appelle ces Vait féaux j Lymphatiques & LaBés, L'-s Veines Ladées fortent des Glan- des des Inteftins par plufieurs Ramifi- cations , qui fe réunilfent pour formée un Tronc commua, & après avoir com- muniqué avec une grande partie des Glandes du Méfentére, ces Veines Lac- tées aboutiffent au Réfervoir de Péquet pour porter le Chile dans le Canal Tho- rachique. Il eft aifé de voir la Liqueut Blanche que contiennent ces Vaifleaux^ dans un Sujet qui auroit mangé quel- que tems avant fa Mort, & fur- tout dans ceux qui périlTcnt de M jrt violen- te. On peut voir le mouvement de la Chilification dans les Chiens , ou tout autre Animal vivant , auquel on ouvre le Ventre pendant la Digeftion , & fur- tout après l'avoir nourri de Lait durant vingt-quatres heures. Les Vaifleaux Lymphatiques partent des Glandes du Méfentére communi- quent ^ de l'une à l'autre de ces Glan- des, & forment des Troncs particuliers, qui vont auiïi au Réfervoir. De forte qu'il y a desVailTeaux Lymphatiques 5c des Vailleaux Ladés fur le Mcfentere, Ufage des VaiJJ'eaux Lymphatiques du Méiemere. Les VaitTeaux LympTiatiques , qui aboutilTent aux Glandes Méfentériques^ peuvent y dépofer cette Liqueur Lym- phatique , qui fans doute fe mcle avec le Chile dans les Veines Ladées & dam le Canal Thorachrque, avant le Mêlati- ge du Chile & du Sang , foit pour tem- pérer la nouvelle Liqueur & la rendre plus Analogue , ou pour en empêchée la Fermentation. Toutes les Glandes du Bas -Ventre fourniflent d'autres Vaif- feaux Lymphatiques qui vont aboutir, OU dans le Tronc des Veines Ladées , Sij Observations sur. l'Histoire Naturelle J tout d'iincûupransaucune fortede pré- paration duiî la Veine-Cave. La Veine-Porte entre dans !e Foye , y porte ces Liqueurs, les mêle avec le Sang Artériel de ce Vifccre , & les prépare dans les Glandes Hépatiques &: Biliaires, d'où le S uig retourne dans la Veine-Cave j fous une Modification convenable,par les Veines Hépatiques, fe réuiiilîant , par plufieurs Ramifica- tions , en trois Branches^ qui fe jettent alors fans aucun danger dans le Kcler- vorr commun , c'ell-à-dire , daiis la ?6d ou dans le Réfervoir même du Cliiie, que quelques-uns appellent la Gterm LaBée, ^ Vfage de la Veine-Forte, Les Anatomiftes difcnt que le Sang ïïu Mêfentere , du Pancréas, de la Ratte Si de l'Epiploon , après avoir dépofé d'ans les Glandes de ces quatre Vilcéres trois différentes Liqueurs, retourne , décompofé fous divers Modes , dans ïa Veine-Porte j Ik , félon ces mêmes Anatomifles, ces divcrfes Modulations du Sang que porte cette Veine , fervent è la compofition de la Bile. Je dis , au contraire , que fi les Glan- des Biliaires font conllruites de façon à re féparer du Sang que la Liqueur Bi- lieufe , il importe peu que le Sang en- tre dans ces Glandes compofé ou non. Il doit toujours donner les mêmes Par- ticules qui compofent la Bi'e. Je croi- rois pliiiôt que les quatre Vifcéres dont nous parlons ^ fournilTcnt quatre Li- queurs différentes , chacun plus ou moins ^ félon la température du Sang ; îefquelles fervent à mitiger le Cliile , qui fe forme dans les intellins , à pro- pos de les befoins, & il me fen>ble que îe réfidu du Sang en généial, qui fe porte de ces Vifcéres au Foye, par la Veine porte^mclé avec le Sang de l'Ar- Veine-Cave.' OBSERVATION XXX. Ejfai far les Oifeaux CarnaJJîers , &" fiw Us Oifeaux de Couleur. JE me propofe de donner une uiîttf d'Oifeaux , de toutes efpéces , avec Teurs Couleurs Naturelles , éxademenc deffinés fur la Nature. M. de Reaumur, qui polléde l'un des plus fameux Cabi- nets d'Hiftoire Naturelle, & la Col- iedions d'Oifeaux , la plus belle 8i la plus complette qu'il y ait en Europe m'a promis de me lailler peindre cette fuite : l'on ne doutera pas , par con- fcquent , qu'un Ouvrage fait fous les tére Hépatique , de telle façon qu'il y yeux d'un auffi grand Naiuralifte, que vienne ^ ne produit jamais que la même M. de Réaumur , ne foit bien exécuté , forte de Bile , qui ne peut abfoKiment & qu'un préfent de cette nature ne foit différer, que lelon i'ctat de Santé ou de bien reçu du Public. Maladie. Je me fervirai auffi de toutes les Re- Le Créateur ayant prévu les défor- marques que nous ont donné les autres tires qui rcfulteroient immanquable- Sçavans fur les Oifeaux de chaque ef- ment de la Fermentation de plufieurs péce : mais je me garderai bien deco- fories de Sangs mêlés & décompofés, pier les Figures colorées ou non colo- a bien voulu créer la Veine-Porte pour rées, qu'ils ont joint à Jeius Piiierta- détournerles quatre fortes de Liqueurs', tions, qui fe prccipiteroient mal-à-propos & / ^n/hcc j~6i, . Pi, ^A . cLe .'hrt n pria ■ ibi C .irr.i.r- m SUR. LA Physique et Le Biqard ^ en Laùn Buteo,' Cet Oifcaii efl de la grandeur d'une îeune Poule. Il pcfe environ 3 5 .onces : la longueur de la pointe du Bec, ]uf- qu'à l'extrùmité de la Queue eft à peu près de 2 I . pouces ; il a la tête grande , le fommet eu ell large & plat, le Bec d'une longueur médiocre , crochu, & d'un bleu foncé -Jà Màchoirefupérieure ell couverte d'une peau jaune depuis fa racine', jufques au delà des Narines ; les Coins de (a Bouche font auflî de couleur jaune. Sa Langue efl-épai(îe, charnue & émoulTée , comme on la Trouve dans les autres Oifeaux", qui ap- partiennent à la clalTe des Faucons. II a au Palais une cavité égale à la Langue. L'angle de fa Mâchoire inférieure efl Tond. Il a les yeux fort grands , l'Iris blanchâtre , un peu omîjragé de jaune, êc quelquefois de rouge. La Paupière -de defTous en ell cotonneufe, la mem- brane qui les lie , eft de couleur bleue, La partie fupérieurede la Tête, du Dos, des Ailes, èx de la Queue ^ font d'un brun foncé , tirant fur le noir , avec plufieurs taches brillantes, fur le Dos , & fur le fommet de la Tête ; quelques unes des Plumes des Ailes & de la Poi- trine , font bordées d'un blanc pâle , fale & jaunâtre. Le Menton , la Poi- trine & le Ventre , font d'nne couleur de gris-de-fer pâle, entremêlée de ta- ches d'iuT brun fonce. Entre les Yeux & les Narines de cet Oifeau , il fe trou, ve de longues loyes noires & blanches. Son Dos ert couvert dans le milieu , de Duvet, & le rerte de Plumes courtes. Les longues Plumes de chaque Aile, ne fopt qu'au nombre de quatre , ou environ , la plus avancée defquelles elt iapius cûurte,Ia troificme & laquatric- jïiQ font les plus longues. Les poimes . SUB. LA Peinture. ■ t6f des quatre, qui fortenten dehors , font plus noires & plus étroites que celles des autres. LatilTure intérieure de tou- tes ces Plumes eft diverfifiée de raies , ou de barres , en travers ; ces raies font larges , fombres Se blanchâtres , & femblables à celles de la BécalTe. Le deffous des autres plumes des Ailes eft blanc, diverfifié de lignes parallèles, qui les traverfent. Les Aîles, lorfqu'elles font pliées-, s'étendent prefqu'à l'extrémité de la Queue , dont la longueur eft de 9. ou lo. pouces : la Queue eft compofée de 12. Plumes, lefquelles étendues , for- ment un éventail. Les pointes les plus avancées de ces Plumes, font couleuc de Frêne ; elles font fuivies d'une ban- de noire, qui les traverfe de la largeur d'un pouce: les autres Plumes,bigarée5- de noir & de couleur de cendres , font traverfées de raies brunes 3 leur extré- mité eft blanche. Cet Oifeau a les Cuiftes longues^ fortes Si charnues , garnies de Plumes , un peu au-defibus du Genoux : fes Jam- bes & fes Pâtes font courtes, greffes & charnues, couvertes d'écaillés jaunes: le Doigt de dehors tient par une mem- brane , aux premières phalanges de ce- lui du milieu : les Ongles de cet Ani- mal font forts , & noirs 3 celui du Doigt le plus avancé en dehors, eft le plus pe- tit ; celui du Doigt de derrière , elt le plus grand. En ouvrant le bas Ventre Je cet Oi- feau , on trouve le Foye , partagé en deux Lobes , & la Veftie du Fiel , très- étendue , ce qui prouve la voracité de fonEftomach.Laliate eft de ligure ova- Ie,& l'Eftomach.large: im'eft m mulcu- leuxni clvarnu, comme le Gcfier d'une Poule ou d'un Dindon ; mais membra- neux, en forme de peau j corVaIc celui des autres Animaux. Observations NaturelleIswr l'Histoihe, Le Buzard mange non feulement^ des Souris , des Taupes & des Oifeaux ; mais, faute de meilleure nourriture, des Vcrmifleaux & autres Infedes. Ayant ouvert l'Ertomach d'un Buzard , j'y ai trouvé une Grenouille, un Cra- paud , un gros Mulot Se plufieurs Ver- mifleaux. Ils détruifent auffi les La- ;pins 8i les Levrot?, On dit qu'en vieilliiïant , la Tête de -ces Oifeaux devient couleur de Cen- dres , & que les Plumes du Dos blan- chilTent ; mais il n'efl pas décidé fi ce- la arrive par l'âge , par la diflérence du •^exe , ou par quelqu'autre accident. Ils diflérent cependant beaucoup , par la couleiH" de leur Plumage, quelques- uns ayant plus de blanc, quelques au- tres n'en ayant point. Les Oeuf» de Buzard font blancs, marquetés de quelques grandes, ta- .ches rouges , & quelques fois tout-r .à -.fait blancs. Pline Si Aldrovandus rapportent que •cet Oifeau a trois Telficules 3 mais les Auteurs modernes n'en ont trouvé que deux, malgré leurs éxaâes recherches. ■l^oyei la Planche A. de l'HiJîolre.NatureUe des Oifeaux. La -Bondrée , en Xiatin Bulteo- aprivorus. CEt Oifeau a 25. ou 24. pouces de longueur , depuis la pointe du SBec , juuju'à l'extrénitc de la Queue : fes Ailes étendues occupent un efpace de <, 2. pouces ; fon poids e£l d'environ .3 3, ou 54. onces. Son Bec depuis la pointe , jufqu'aux coins delà Bouche , ,ert long d'un pouce & demi , de cou- leur noire ^ crochu ^ avec une émi- .nence entre les Narines & la Tête. La fcafe de la Mâchoire fuperieure eft cou- verte d'une peau noire au-delà des JMaiiaes , laquelle elt épaille & inéga- le ; les Narines ne font pas cTaflemenC •rondes , mais longues Se courbées. II fait voir en baillant une bouche très- large Se de couleur jaune. Le coin de la Mâchoire inférieure fait un demi cer- cle femblable à cAc de^ ^fo/fiqJt^l^^s;^^^;^^^^' - Ititice Jjà-x .PTTE . Torrv .11 T Part . Vl . pa^uc 3 Ly ^ Le LonobyGrande^A.r' rLoéwc^ ic- M « J sua LA PhtSIQuë è¥ J'ai fait mon Eirat avec une Planche ?ui repréfente deux PoilTons, dont les louleurs font extrêmement vives & belles. J'ai en l'honneur de la préfen- ter au Roy & aux Miniflres. Monfieur de Malesherbes, Amateur-du bien Pu- blic , A' digne Proteâeur^ en même- tems,deTémis& des Mufes,anommé Monfienrde BozepourCommilTairede cette découverte ; c'efl le même Sça- "vant qui a fauve ma première inven- tion de fa perte totale, & à qui je dois tour. Ma première découverte efl celle avec laquelle j'ai donné mes Tableaux, & mes Planches Anatomiquesjeliecon- fille à imprimer fous la Preffe des Tail- les-douces, avec quatre Cuivres, toutes fortesdemorceauxpeints. Mais quoique cette manière foit excellente 8c unique pour TAnatomie , le genre de la Figu- re & l'Hilloire , elle ne peutfervir aux plantes & au petit détail que nous trou- verons dans la façon que j'annonce pré- fentement i tout comme celle-ci ne peut pas' donner la Figure : ainfi j'ai SUR LA Peinturé; ^ '"r^-j^ trouvé le moyen de tout faire par ce» deux Inventions. Il faut aulli obferver que la manière nouvelle que je propofe pour les Plan- tes, elt fi facile & de fi peu de dépenfe, que je pourrai donner les Planches fous preffe de Caradére,à un prix bien au- delfous de celui, que je fuis obligé de mettre aux autres impreffions. Si j'obtiens le Privilège exclufif, alors toutes mes CoUedions de l'Hifloire Na- turelle , hors les Quadruples & l'Ana- tomie , feront dans ce genre, & au lieu de trois ou quatre Planches dans cha- que Brochure , pour le même prix , j'ea donnerai quinze ou feize. La vivacité des Fleurs les plus bril- lantes fort de cette FrelTe, avec les traits les plus fins; les Verts fur-tout de tout efpéce , Scies Rouge vifs de toute nuance ^ fe rendent à merveille. Je ne donne pas ici mon Secret , cela n'efl pas jufle , mais je le donnerai après l'obtention du Privilège , & lorfque j'aurai mis le fruit de mes travaux ea fureté. PHYSIQUE. OBSERVATION VIII. Sur l'inutilité des Calculs pour prouver la réjlftance des Fluides, Es Particules des Fluides font pofées. Ceci ne peut être contredit ; ii^ T 7^ mobiles & fèparées entre elles, & c'eft juflement avec quoi je démon-; trerai l'inutilité des Calculs , avec lef- quels les Géomètres ont voulu prou- ver la vraie réfirtance des Fluides aux des Elémens, auxquels elles font ex- autres Corps ^ fondés apparemment fwji; née ij^z^Tom. IL Pqrtie, VL % par des iniervailes plus ou moins grands, félon le mé- lange, qui s'y fait continuellement. ?4<^ Observations sur. l'Histoire Naturelle rxnz Force quelconque. En détruiCint cette Force, le Calcul tombera; il faudra en recommencer un autre, &aiiir!, julqu'à l'infini. Jevaismefervir des Calculs, faits par Tun des plus fçavant de nos Gcomctres, concernant la réfinance des Fluides , & après les avoir expliqués & mis à la portée de tout le Monde , je les ferai écrouler en peu de mots , d'où l'on conclura l'inutilité que j'entreprends de prouver, . Obfervatiens générales fur les iiverfes cfpéces de Fluides, par M. d'Alemben. *. Ces Obfervations ici font la bafé de rHipôtéle admife , on ne tardera pas de s'en appercevoir , lorfque l'on aura pris la peine de les parcourir , & on verra diaindement , que tous les Cal- culs de M. d'Alembert font fondés fur cette Bafe. Les Géomètres ont beau cacher leurs principes , on les décou- vre à la fin • le Phificien attentif ne les iaiiïe pas échapper, & s'il attaque le Géomètre , c'efl toujours de ce côté-là : car l'attaquer autrement , ce feroit perdre fes peines : on fçait qu'un CaK cul , forti des mains d'un habile Hom- me, efl toujours jwfîe ; mais il n'en eft pas de même de la chofe calculée. Par exemple , fur une certaine pofition , on peut calculer une certaine force ; il Ji'efl queftion alors que de fçavoir , fi la pofition efl jufle , & fila force efl ad- miffible : on convient cependant qu'elle ell bien calculée. I °. M. D'Alembert dit = Tout Fluide ■ dans lequel un Corps fe meut , ell » élaftique , ou non élafiique. J'appelle ■ Fluide éladique , celui dont les Par- » ties peuvent fe refl^errer , de manière SI \ » qu'elles occupent un efpace moîndret' «■qu'avant la comprefTion, & rccipro— tr quement fe dilater , . de manière a qu'elles occupent un efpace plus X grand qu'avant lem- dilatation. Et » j'appelle FJuide non élafirque celui » dont les Parties m peuvent nife rejjèrrer , ^ ni fe dilater ^ mais occupent toujours le- » même efpace,qudle que fcit la force qui les » comprime. . a 1°. Si un Corps fe meut dans uni » Fluide de cette dernière efpéce , 8c » que le Fluide foit , ou indéfini, ou- » renfermé dansun vafe fini 8c fermé de » toutes parts, dont il remplriïe éxac-- » tement la capacité , en ce cas , il ne » peut & ne doit jamais y avoir aucun » vuide entre les Parties du Fluide , &:< ^ îa furface du Corps qui s'y meut. Cizr ' ail ne pourrait y avoir à' ejp ace vuide . à- » moins que les Parties du Fluide ne fe ref- ^ferrafjentj ce qui ejl contre l'Hipothèfe. . ^ 3°. 11 pourra en arriver autrement,' . » fi le Corps fe meut dansun Fluide non • 3> élafiique 8< contenu dans un vafe qui ' » ne foit point fermé de tous côtés,^. » Car foit par é:«emple de l'eau ftagnan- « te dans un Baflin , Ce foit plongé dans » cette eau flagnante un corps, .qui ne » foit pas fort éloigné de la furface fu- » pévieure de l'eau , Se qui foirauffi pé- • ijfantqu'unégal volume d'eau; j'ajoute 3> cette condition, pour pouvoir faire • »abflra£lion plus facilement deiapé-- 30 fauteur du Corps- & de celle du FÎui- - 30 de. Qu'on donne à ce Corps une ?> impulfion de bas en haut vers la fur— 30 face fupérieure de l'eau ftagnante , , >5 il efi vifible que par cette impul- 3j fion le Fluide efi poufie dans fa partie » antérieure, c*efi-à-dire^dans la partie • 3> qui cft entre la furface de l'eau & la fur- j» face fupérieure du Corps. Ainfi com^ * Page 91 de l'cflài d'une nouTcUc Théoic de la lélifljnce dc5 Fluides, «SUR LA Physique • me les Parties qui font à la furface de » l'eau peuvent fe mouvoir librement = de bas en haut , il pourra arriver -» que le mouvement imprimé au Corps ^ oblige en efiet ces Parties de fe mou- ■B voir ainfi», de manière que la furface » de IVau perde en cet endroit -là fafi- -» tnation & fa figure reâilique & hori- » zontcie , & s'élève au - deflus de fon ■» niveau. C'ejî pourquoi rien n^empCche » alors qu'il nefefaJJ'e un vuide entre lafur- ^ face inférieure du Corps Ù" Us Parties -» voffinzs du Fluide; furtout fi le mouve- » ment imprimé au Corps eft alfez «grand, pour que la prelTion fe cora- •« munique , dès le premier infiant à la » furface de Teau, &pour que le Fluide, » contigu à la Partie poftérieure du «Corps, ne puiiïe pas s'élancer avec « affez de vîteffe, dans l'efpace que ce •> Corps laiflTera vuide par derrière. » 4°. Si le Fluide eft élaftique , foit • fini , foit indéfini , il eil évident que »Ies Parties du Fluide doivent fe ref- MferernccelTairement à la partie anté- • rieure du Corps, & fe dilater à la par- •»>tie poflérieme ; il peut même arri- wver, dans un grand nombre de cas, » que le Fluide en s'élançant dans le vuide » que le Corps laiffepar derriere^ne remplijfe ^ypas entiéement ce vuide, ce qui arivera »fi la vitelîe qtie le Fluide doit avoir en 9) vertu de fa compreflion, eft moindre «que la vîtelTe imprimée au Corps. 35 Nous diviferoiis donc en trois s» Parties nos recherches fur la réfiftan- a>ce des Fluides, Nous traiterons dans wla première de la féfiftance des Flui- « des non élaftique & indéfinis , ou , » ce qui revient au même , contenus a>dans un vafe tranquille & fermé de *»tous côtés, dont ils rempliffent exac- M.tement la capacité, c'eft-à-dire(gè- jinéralement parlant) de la réfiftance 3» des Fluide» dans le cas où il ne fe fait feT SUR LA Peinture; 14.7 M point de vuide entre le Fluide & le » Corps. Dans la féconde Partie ^ nous » traiterons de la réfiftance des Fluides >»non-élaftiques & finis, c'efl-à-dire,des 3>cas où il fe fait un vuide derrière le » Corps. Enfin dans fa troificme , nous » traiterons de la réfiftance des Fluides » élaftiques. Nous deftinons à chacune «de ces Parties un Chapitre particu-; » lier, & nous inférerons entre ces Cha- » pitres plufieurs Remarques impoc- » tantes. Réflexions à faire fur ces principesi II ne s''agit ici que du Fluide âafli', que ou non élajïique; des Fluides ^icm ; c'eft- à-dire de ceux dont les Parties ne peuvent fe refterrer ni fe dilater ; 8c des Fluides qui contiennent du vuide entre leurs Particules, Il faut d'abord fçavoir s'il peut y avoir plufieurs fortes de Fluidité ; c'eÛ ce que je ne crois pas. Les Corps ne de- viennent Fluides que par le détache- ment plus ou moins grand de leurs Par- ticules, & parle roulement de ces Par- ticules les unes fur les autres. Si un Fluide cioit plein ^ ainfi que M. d'Alem- bert le définit, &: que fes Particules ne pulTent ni fe dilater ni fe réferver, il ne feroit plus Fluide , & en cette qualité fa réfiftance feroit totale & abfolue : le Calcul feroit pour lors inutile. Si au contraire le Fluide contenoit des inter- valles, & par conféquent du vuide entre fes Particules , ainfi que font tous les Fluidessalors ce Fluide feroit lujet à des variations perpétuelles ^ Si le Calcul de la réfiftance de fes Particules feroit im- poftîble i la raifon en eft aifée à com^, prendre : tout Fluide eft pénétré dePar- ticules hétérogènes , qui entrent 8c for- tent librement des intervalles, que for- ment les Particules homogènes qui Le -rrez comme ce Sçavan.t Conflrudeur laide aux Géomètres le plaifir de calculer : car ne s'attachant lui-même qu'à la feule pratique , que demande l'Art de conllruire les Navi- res, dans tout fon Livre vous ne trou- verez pas un feul mot d'Algèbre , ni un feul exemple de la conllru Figure quclcor:que , ma avec une vîtejfe » fmiation de la Particule N pnr rap-i quelconque . communique aux Parties d'un „ po^ au Corps , & de TeCpace .v déjà j> Fluide fans pejanteur , Gr d'une denfitê 3iquelconque lorfquii fe meut dans un tel 3j Fluide. B Soient comme dans N^ B , C,D ^ »(Fig. z.p\^i-i.F.)quatreParticulesdeFlui- » de difpofées de telle manière quelles conjîi- ■» tuent un parallélograme reilangle , dont alecôtéiV^ C> loit parallèle au che- « min du Corps. Il eft vifible que la vî- teffe de ces Particules à chaque inf- «parcouru par le corps : or comme ■ = I , il s'enluit que le »rapport de y à m & de t< à « dépend de 3>l''efpace x parcouru par le corps , & 3>de la.pofuion du point N. Je réponds à cette Propofitioii qu'A efl abfurde de fuppofer que quatre Particules d'un Fluide conîlitiient u« Parallélograme. II faudroit alors (up- :x> tant peut être regardée comme com- pofer aux Particules inême , une forme 3» polce de deux autres ; fçavoir d'une Parallélograme , ce qui efl contre leuc » vîtelfe égale & parallèle à celle que le Fluidité : dles ne rouleroient aucune- * Corps mu a dans cet inlknt , &. d'une 30 autre vîtetîe qui fera lavitelTe refpec- » tive de ces Particules par rapport au «Corps. Soit M la vîtelïe reâiligne du » Corps dans un infiant quelconque , » V. la vîtefTe rerpcdive de la Particule » A''; donc la vîiefTe abfolue de cette =0 Particule fera compofée de la vîtefTe I i( . & de la vîtelïe V. La première u » de cesvîtelîes cft fuivant C. N, pa- » ralléle & égale à la viieffe du Corps : » à légard de la féconde vitelTe V , on 35 peut la regarder comme compofée 3» de deux autres vîtelTes , dont l'une 3 que i'appellc v , fera (uivant NC, Se sj l'autre que.je nomme»!, fera fuivant ^NB. 3> Or , quand le Corps eft à la fin d'un m efpace quelconque , la viteflTe abfo- =.lue de la Pat'.ic.iie A^. doit avoir » (an. 8.) le incme rapport à la vîteffe a. afluelle du Corps, quelle qu'elle foit , >» Se la Particule A^ doit avoir la même » fuuation par rapport à ce Corps , &: 3» la même direàion ; donc, puifque la » vîtelïe abfolue de la Particule A^fui- * P. V7 ^e i'Mii de la rcfiftance des Fluidct. ment les unes fur les au4res , fi elles étoient cubes , parallclogrames Se quar- rées , ceci efl contre le fentiment de tous les Phyficiens On ne peut don- ner aux Particules des Fluides que U forme ronde ; d'où il fuit que quatre Particules rondes ne peuvent former un Parallélograme. Ainfi la Propofiiioa ne fe foutient plus, n'étant fondée que fur cette Pofuion : il eil clair que la rapport de «— .vàu, & de v à« dé- pend de la fuuation Si de la forme de la Particule N- Proposition XIFI. Probltswe *. » Les mêmes chofes étant fuppofées qut ndans l'Article précédent ^ iiererminer » la réfiftance du Fluide. »La force qui tend à mouvoir le >» Corps dans l'inflant d ï efl -t- — , 3> foit fx. le volume de ce Corps , &: A fa denfité ; donc f/. x A fera fa malTe ; donc » /* X A X -f- -T^ fera la force fuivant fPige 10^. dt SUR tA Physique et sur la Peinture; sy-C A' ; celte force doit tn;re équilibre ficiens. :ir{art. I,) à la prelTion du Fluide , c'efl- 15>î df 3>-7rrb') Donc puifque>6-— J — fi— — ; o , on aura /* A -fi- du dt iyJ'- té par cette Expérience , (jufqu'à la hauteur où il a porté le Barométro inclufivenient ) en quelle progreflion ' l'Air diminuoit de pefanteur,- mais comme il s'efl fervi d'uneJi^'porfîèfe ' pour déterminer la fuite de fa progref- •fion , jufqu'au point où ce poids de " l'Air feroit nul ; nous n'avons pas cru devoir partir d'après fon calcuLM,- Caffini 6( bien d'autres ont aufli don- nés leurs calculs; M.^e *•♦ ^'a voidu * la déterminer plus exaétemcnt en fe (.jr- vant de la lumière boréale : mais' leurs ^ débats font fort indifférens. Nous pou- • vons aflurer que nous n'avons encore ' rren de certain fur la hauteur de l'At- - if2 Observations SUR l'His inofplicre. Nous n'avons pas cru de- voir calculer exactement d'après ces •HvpotiKTes , c'crt proprement bàtif un Edifice fur un Sable mouvant. 2 o. L'AtmofpIiére ell borné par une courbe , à peu près parallèle à celle de la terre prife au niveau de la Mer. Les Montagnes ne contribuent pointa augmenter la hauteur de l'Atmolphére dans le point qui leur correfpond; en voici la railon : TAir, de même que les liquides. cherche à fe mettre en équili- bre avec lui-même. Un Rocher dans îa Mer ne coupera jamais le niveau de fa furface , il fera feulement l'office d'une malle d'eau de même grolleur. II en efl de même de l'Air. î". Si aucun Agent ne modifioît i'Air , il relleroit toujours au même degré' de chaleur , attendu qu'il n'y auroit aucune caufe pour le faire chan- ger. Les Caves de l'Obfervatoiie, ref- tcnt fenfiblement au même degré, fuivant les Expériences réitérées avec un bon Termométre, 4'=. Les Rayons du Soleil fortent divergens , & forment par rapport à iious'l un cône de' lumière dont la baze ert pofce fur la furface de notre Atmofphére , mais auffi-tOt qu'ils paf- lent d'un fluide plus rare dans un plus denfe , ils fe rcfradent en s'approchant delà perpendiculaire , chaque couche d'Air augmente de dcnf.tc, à melure qu'elle s'approche de la terre, par conféquentle Rayon de lumière doit s'approcher fans celle de la perpendi- culaire. Il fuit donc dans fa route une courbe quelconque. M. de BirnouUy a démontré qu'il fui- voit la Ligne h plus vite de defcente.M. de la Hirc îiûit que ce devoit être une cjcloide.en adoptant néanmoins la pro- portion fur les dirtérentes denfités des «ouches dAir de l' Atmofphére. TOIRE Naturelle,' Il ell vrai que nous ne connoilTons pas plus jufqu'à préfent de ligne plus vite de defccnte que la cycloïdeion ne peut cependant pas affiimer pour cela qu'il n'y en a point , & il n'ell pas dé- montré que l'on ne la découvre li elle exille. L'on peut coix;lure par tout ce que nous venons dédire que la cour- be que fuit un Rayon de luniiere en traverfant l'Atmofphcre , ell une cy- cloïde, ou une courbe qui en appro» che beaucoup. ■> e. Les Rayons du Soleil en paf-, fant de la (uiface extérieure de l'At- mofphére , jufqu'à l'intérieure s'ap- prochent de plus en plus de la perpen- diculaire, pxrïan. 4. ils formeroicnt fans contredit , un Foyer fi la terres ne s'oppofoit à leur réunion. 6'^, Pour déterminer la Fi'gure que décrit dans l'Atmolphére un failTeau de Rayons, il ne faut connoitre que les courbes qui terminent le faiffeau. Si les Rayons du Soleil luivoient une Li- gne droite , ce feroit un c6ne tron- qué , qui auroit pour Baze "une portion de Sphéroïde. Mt-nTieuis de V Académie des Sciences ont démontré) parleurs Objerpations faites au Cercle polaire ù' fous f Equateur que la terre etoit un Sphéroïde applati vers les Pê' /ei; & par confcquent l'Atmofphére,p«r l'art. 2. mais les côtés du cône font terminés par deux portions decycloï- de,ou d'une courbe fort approchante ; par conféquent un failTeau de Rayons doit décrire dans fon pafTage un co- noïJe fphéroicicloidal. La reflexion des Rayons qui fe fait fur la furface de la terre doit être divergente , par la propriété du Sphé- roïde , outre cela les Rayons fuivent encore une courbe Cycloïdale, par l'art. 4. 70. Suppofc que l'on veuille déter- ininei SUR LA Physique ►tniner les différens clcaiés do chaleur •que doit faire naître , i différentes hau- teurs dans l' Atmofphére , le même faif- ceau de Rayons;il faut pour cela un Ciel ferein. Nous prendrons le cas où le So- leil fera perpendiculaire"; par confé- quent les Sections que l'on fera dans le Conoïde, paralleiemcntà l'horizon, fe- ront perpendiculaire à fon axe , & don- neront desXZercIes ; ces Cercles feront . d'autant plus grands qu'ils approche- ront plus près delà Baze du Conoïde , c'efl-à-dirCj delà furface de l'Atmofphé- re. Chacun de ces Cercles ne contien- dra pourtant que le même nombre de Rayons , puifque ce font toujours des Sedions du même faifceaii. Suppofons maintenant deux Sedions du Conoïde dont l'une ait un diamètre douîîle de l'autre; les Cercles étant entr'eux com- me les quarrés de leurs diamètres ; Le diamètre de l'un étant fuppofc 4, Sfce- îui de l'autre 8 , leurs furfaces fe- ront entr'elles, comme i^eft à 6^^ donc il y aura autant de Rayons dans une efpace de 16 pieds quarrés du petit Gercle.que dansune efpace de ^54 pieds du grand. Il s'enfuivroit de ce calcul que la chaleur de ces deux Cercles devroit être en raifon jinverfe de leurs fur- faces. . Mais les Expériences que M. Hom- berg a faites avec le Vetre ardent de M. le Duc d'Orléans , inventé & tra- vaillé par le Baron de Tfchirnaufen ; dans lefquelles ce fçavant ChirniHe remarque que les dégrés de chaleur ne font point dn tout en raifon des quar- rés des diamètres, des diffèrens Cercles formés par les Rayons de lumière , que le Verre ardent réunit. L'Or qui bout jufqu'à pétiller ik s'évaporer à fon Foyer, fe fond à peine à deux pouces au-deffiis; quoique la diBéren- ce des Cercles ne donne pas à beau- Jjî/iee i-j^z-jTom, IL Partie. FL ET SUR LA Peinture. ij^ coup près par le calcul une femblablo diminution de chaleur. Le même effet doit s'opérer dans notre Atmofphére puifque ce font les mêmes Rayons. Nous expliquerons par-là le froid exceffif des Montagnes entre lefquelles celles du Pérou tien- nent le premier rang. La formation de la grêle dans l'Eté le plus chaud , doit aulTi fe rapporter à ce même prin- cipe. Si l'on avoit la hauteur de l' At- mofphére déterminée Géométrique- ment; l'on pourroit calculer l'efpa- ce de la dernière fedion du Conoï- de vers fn Baze j qui feroit une corde de Sphéroïde, & la première fedion vers la furface de la terre qui feroit une tangente. Il feroit facile après cet- te Opération d'avoir toutes les fedions intermédiaires; mais il nous manque- roit encore de connoitre en quelle rai- fon l'approximation réciproque des Rayons augmente leur chaleur intrin- féque; jc'ell - à -dire , celle que leur nombre devroit exciter naturellement, ç'ell; une Exrpèrienceà laquelle j'ex- horte les Phyfici'ens de travailler. 8". Quoique les Rayons de lumière, allument de la poudre, dans le vuide de la Machine pneumatique , & faiTent à peu près les mêmes effets, que dans l'Air greffier; il faut cependant bien fe donner de garde de conclure ^ qu'ils ayentle même degré' d'adivité , outre que plus l'Air ell épais, plus la refrac- tion ell grande ,• il faut encore conve- nir qu'un Rayon de lumière ayant un certain degré de force pour traverfec l'Atmofphere , (je ne donnerai au- cun nom à cette force ) il doit dé- ranger plus de parties dans un Air plus épais , éprouver par conféquent plus de frottemens; les Particules ignées répandues par-tout j ou li vous vou- Observations sur l'Histoire Naturelle , plus 174 lez la Matière du feu doit être aboii Jame dans un Air plus denfe, ( ce que je démontrerai tout-à-l'heure ) donc ie même Raycni doit mettre plus de Paiiicules en mouvement dans un Air condenfé que dans celui qui efl rarelic ; il doit y avoir une propor- tion quelconque, qui eft peut-être com:ne les dillcrenà degrés de pelan- teur de ce fluide. Niaintenant appliquons notre rai- fonnement au feu ordinaire. Expérience. Je mets une chandelle allumée fous le récipient de la Machine pneumati- que , j'y joins un Baromètre , j'en pompe l'Air^ je remarque qu'à mefure que l'Air diminue de denfité & devient par conféquent plus léger , la flamme de la chandelle devient plus foible , lorfqu'enlin l'Air efl à un certain dé- gré de pefanteur que le Baromètre m'indique, la chandelle s'éteint j il_ en efl de même des Charbons allumés &' de tout autre feu. Je puis encore aflurer que la même chandelle , por- tée à ditlerentes hauteurs dans l'At- mofphcre diminueroit dans les mêmes proportions , c'ert-à-dire ^ fui- vant la diHérence de la pefanteur de .FAir. 5°. Ilferoit àfouhaitcrque l'on fit les Expériences fuivantes , fur des Monta- gnes extrêmement élevées comme cel- le des Cordeliers au Pérou. Il faudroit choifirun jour ferein où le Soleil fans nuages, darderoit fes Rayons fans obfla- cles On partiroit d'une première fec- tion faite à la lurfacede la terre^enfuite îvec un Baromètre , on verroit les différentes pefanteuis de couches de l'Atmofphére , on détermineroit la di- vergence qu'occafionneroit fes dillc- rens milreux ^ qui deviendroienttou— jours plus rares, par conféquent l'on fuivroitdans leur réfraction les Rayons qui terminent la Figure du Conoide ; l'on féroit alors fur d'avoir toujours les feclions du même Conoide qui con- tiendroient par conféquent le même nombre de Rayons. De plus on calcu- leroit l'efpacede chaque fetlion , ou- tre cela on auroit leurs, dificrentes hauteurs , & leurs diffancts récipro- quef. Enforte que l'on pourrait toujours dire ^ à telle hauteur le Cercle du Co- noide avoit tel diamètre ^ donc il contenoit tant de pouces ou de lignes quarrées ; à cette même hauteur le pied cube d'Air pefoit tant & la di- vergence des Rayons s'èloignoit de la perpendiculaire, en telle propor- tion. En portant en même-tems un Ther- momètre , l'on connoîtroità telle hau- teur qu'il a defcendiv de tan: de dé- grés, à celle-ci de tant 3 d'o'à l'on s"'ap- percevroit que les Rayons de lumiè- re , en fe rapprochant les uns des au- tres auroient augmenté la chaleur de tant de degrés , au-deffus de l'efiet que leur nombre devoit produire. Il relie encore une dilTicultè , la den- fité de l'Air diminuant toujours à mc- fure que l'on s'élève dans l'Atmolphè»- re^ elle doit contribuera la diminu- tion de la chaleur conjointement avec la divergence des Rayons de lumière; mais on ne peut fçavoir en quelle pro- portion, qu'en obfervant fèpafément ces deux caules différentes, ce quieft impoffible. Nous fuppofons toujours le Soleil perpendiculaire ; car dans tout autre cas , les Sedions du Conoide faites parallèlement à l'horizon , nefeioient. plus des Cercles.. SUR LA Physique lo'. Dans uninllant quelconque ji n'y a qu'un feul point de la Terre pour lequel le Soieil fort perpendrcubire, il eft oblique pour tous les autres points ; par confcquent toutes les fec- tiorrs des ConoiJes obliques faites pa- rallèlement à l'horizon donnent des Elipfoides , dont les aires augmentent ou diminuent , fuivant langle plus ou moins aigu que forme l'axe du Conoi- de avec l'Iiorifon ,• plus le Soleil fera oblique , plus l'angle fera aigu , plus l'aire de l'Èilipfoide augmentera j mais le faifceau des Rayons qui forment le Conoide étant toujours compofé du même nombre , il en réfulte que plus Tobliquité du Soleil fera grande , moins il y aura de Rayons dans xm même efpace ; d'où'l'on peut conclure que la iîtuation la plus avantageufe du Sùleil , pour augmenter la chaleur eil; la perpendiculaire ; & par la même raifon la plus oblique eil la plus défavan- tageufe. Aioûtez encore que moins il y a de Rayoïîs , plus la chaleur caufée par réflexion e'il; petite. II». Si aucun Agent ne troubloit l'équilibre & le calme de l'Atmofphé- re j fi aucun Nuage ne réfléchilîoit îes Rayons du Soleil &: ne les em- pêclioit par-là de parvenir jufqu'à la furface de la Terre , & que de plus on eût déterminé géométriquement & fans aucune hypotèfe la hauteur de l'At- mofphére , Ton feroit à même de cal- culer les différens dégrés de chaleur , fuivant les différentes hauteurs que l'on fixeroit dans l'Atmofphére ; mais jls'en faut beaucoup que l'Air foit loujours^ans la même fituaiioni fou- venl dans la même heure, dans nos * Je croîs aufll que l'affaiflement des Nuages comfirime les Particules ignées & arrête la réa l'inconflance de l'Air efl fi grande que dans une même iournëeTon pafle fou- vent du froid au chaud ; & récipro- quement , ceu;: qui refpirent cet Air, pourroient fort bien participer de fon inconflance; je laiffe aux Leâeurs à en décider. Récapitulation Phyjîque de la décadence de la Philofophie de Newton , pour cette Année 175" 2. II efl jufte d'obferverà quel point fe trouvent au bout de l'An nos entre- prifes phyfiques, nous devons en ce- la nous rendre compte à nous-mêmes, ainfi que nous le rendons au Public en même-tems. Il ne nous efl pas poflihle de rapporter cependant ^ en génér.il , tout ce qui a pu nous favorifer dans le courant de cette année , letemsne me le permet pas ; je fuis trop occu- pé à mes Planches Ana:omiques : mais je dirai quelques mots feulement fur la décadence de la Philofopliie de Newton, pour conflater les faits qui pourroient par la fuite nous être de quelque confcquence. SDR. LA Physique et Journal de Trévoux. ( Novembre 175 1. fnr rExirr.it de mon Livre) 1'' Père Beriier dit , on remarque aujour- d'hui que les Advzrjcurcs àeM. Newton ne le combattent point en faijant naître jim- plement des doutes , en propofant des Ob- jeElions :, en drfjjant leurs batteries contre quelque branche du Syfltme, ù'c. Monjieur G^uTZERj dont nous annonçons COu- vrage , cil un des plus difpofés à détruire tout le Newtonianîfme , & peut-être a-t -il ici quelque avantage. hl d'Alembert de rAcadémie Roya- le des Sciences, de celle de Berlin & de Londres ,_dans fon Ellai d'une Nouvelle Théorie de la Réfiflance des Fluides ( 1 75-2 ) , dit : Voilà Pu- nique preuve , ( parlant de la Théorie de Newton fur les Fluides ) que don- ne Newton de cette propnjït ion fondamen- tale ; preuve qui ne paraît pas d'une gran- de force. SUR LA Peinture. i^p^ On n'ofoit pas parler aînfi il y a . quelque tems. M. Duhamel du Monceau , de l'Académie Royale des Sciences ^ de la Société Royale de Londres , & Ho- noraire de celle d'Ediinbourg , dit dans fa Préface de fes Elémens d'Ar- chiteélure navale ( 1752), q,'f/? le ton d.éîijîf qui a fait que les Phyficiens fe font contentés pendant plufieurs fîécles des qualités occultes , que dans les fîécles les plus éclairés on a été long-tems à s''apperce- voir que les tourbillons ne pouvaient cadrer avec Les loix de la Méchanique , & nous touchons peut-être , au tems au l'on fera, hontcu" de la DoBrine mal entendue de fattraâion , telle que la foutiennent quel- ques outrés' StSlateurs de l'iiluflre New-^ ton. . Dn aura peut- être occaHon d'èrî; dire davantage l'Année prochaine.. PEINTURE, OBSERVATION V. Sur le Parallèle des Peintres Anciens & Modernes de M. le Marquis d'Argens, * 'î^-ft^^. Perrault, dans fon Parallèle des -»• M *■ Auteurs Anciens & Modernes , 1^ À ^ a palTé trcs-Iégerement fur les choies fubliaies dont les premiers font remplis , &-n'a été occupé que du » Ce Livre eft intitulé, Réflexions Critique! jf«r ks différentes Ecoles de Peinture, ■ A Pari» foin de relever leurs fautes. II a échoué dans fon entreprife.M. d'Argens efpé- re que fes Ledeurs ne lui reprocheront pas le même défaut , & il croit qu'en: rendant juftice aux Peintres Anciens. chcs RolJin> &c,i7îâ* Observations sur l'Histoire Naturelle, i5o lur les points les moins impoitaiis , & en relevant avec coinplaifance les qiia- liic-s les plus brillantes des Modernes, il ne fe trouvera pas dans le cas de M. Perrault. Le projet d'àbailTer les Anciens Peintres de l'Ecole Italienne, & d'c- îevcries Modernes de notre Nation, pour former un Parallèle prccis entre les uns & les autres ^ efl digne de M. d'Argcnsj fentimens julles & raifonna- bles , lî la prévention n'y avoit aucune part , & fi (a mefure y ctoit exaâeQnei.t obfervce.: mais fi au contraire la compa- raifonproiettcecloclie, ellene peut cire que trcs-prcjudiciable à l'avancement de l'Art de peindre : M. d'Argens en conviendra lui - même quand il aura fuivi mes réflexions. J'avoue avec M. d'Argens que les Peintres «S: les Sculpteurs François fiir- pallent acluellement ceux des autres Nations, ct^qu'il n'cll pas difficile de prouver ; mais au lieu de comparer nos plus célèbres Artiftes aux fameux Maî- •tres de l'Ecole Ancieiuie , je dis , au contraire, que les Modernes fe font ctoit beaucoup déclinée , &^ dont Tes Peintres & les Sculpteurs qui la for- moicnt encore dans ce Pays, & que le Sénat de Florence avoit attiré dans laTofcane, n'étoient que les foibles ombres des Grands Hommes de qui nous pofTedons aujourd'lnii quelques Statues , pour monument de leur pro- fond fçavoir. L'Italie, comme l'on voit^ fut à fon ordinaire obligée de recourir à fes premiers Maîtres , le zélé des Clué- liens ayant détruit les Ouvrages que cette célèbre Contrée avoit polTédé pendant pKifieurs fiécles. Tous les morceaux de Sculpture qui ont été faits, depuis ce renou- vellement de goût jufqu'à préfent , font regardés comme Modernes. On- entend au contraire par Pein- tres Anciens les defcendans de Cima- hué , qui peignirent àfnfque & à gouajîr, ainfi qu'on l'avoit toujours pratiqué en tout tems 6c en tout lieu ; Ceux mêmes qui ont mis en iifage la Pein- ture à l'huile dans les premiers tems de fon Invention, font auffi compris éloignés du point de perfcétion: mais parmi les Anciens Peintres ils peuvent y revenir , les • Anciens ctoient des hommes comme nous. 11 y a ici une ditlinclion à. faire pour l'intelligence de cette Obfervation. On entend par Sculpteurs Anciens, ceux du tems des Grecs & de la Républi- que Romaine, aux Ouvrages defquels on donne le nom d'Antiques. Les ScuIpteursModernes fontceux que l'on compte depuis le renouvellement des Arts en Italie , c'eil-à-dire , depuis la findu XII. Siècle, 'Cividbué eft le Clief de cette nou- velle Ecole : il ctoit Florentin ^ & pr>.'nii'!r Difciple des reûes de l'An- cienne Ecole Greque^ qui, pour lors Sans la Découverte à'HcrculancSiÇ^m quelques fragmens qui retient à Rome, de peu de contèquence , nous n'au- rions aucune idée des Tableaux des prcmiersPeintres : ces refies de Pein- tures font encore peu de cliofe en comparaifon de ce qu'elles étoient au- trefois ; l'altération des Couleurs en ell la caufe : de lorte que nous ne pou- vons porter aucun jugement lotidefur le vrai mérite des Peintres Grecs , dont fans doute les plus parfaits Tableaux ont été détruits ^ & ont moins réfiflé aux laps des tems, que .les Figures de Marbre qui cnt été faites dans les mêmes fiéciss & àm% le» s"uu LA Physique faîtes dans les mêmes fiécles & dans les mêmes enclrorts , par des Ouvriers fans contredit, de la même force. II efl: abfolument ridicule de croire que les Sculpteurs célèbres du tems d'A- iéxandre , defquel? nous connoilTons les Ouvrages, fuflenc aiïociés avec des misérables ^eintres , ainfi que le pré- tendent quelques Auteurs. Les Hom- mes ont eu des yeux de tout tems ; Se la Nature toujours préfente auroit empêché le Conquérant du Monde de donner fa MaîtrelTe à un Barbouilleur en échange de fon Tableau ! Les Drogues brouillées avec de l'eau feulement & un psu de gomme , ont poulTé des Tels , fe font dépouillées de la plupart des parties qui les coni- pofdient ; les Couleurs claires font de- venues noires , les Ombres fe font afToiblies , les Reflets fe font éteints , les Glacis fe font difTipés; & parcon- féquent les Lointains & les Fonds fe font approchés des Figures & du de- vant du Tableau ; les demi - teintes fe font confondues avec les Ombres Se les Clairs ; la vivacité du Coloris s'ell éteinte. L'on juge cependant fans toutes ces réflexions. Se l'on accufe mal - à - propos les Anciens d'avoir un Coloris bien au-deîîous de celui des Modernes. Un peu d'amour pro- pre a beaucoup de part à cette déci- fion. Nous voulons furpalTer nos Pè- res, & nous n'en fommss que les Difciples dans l'Art de peindre & de fculpter. Si les Tableaux de tout tems avoient été peints en huile Je peu de morceaux quinou» relient fe feroient mieux con- -ET SUR LA Peinture. kSi fervés^ ils nous humilieroient Dutaiit que font les Figures de Marbre de nos Maîtres, que les Modernes étudient. Ne voit-on pas , dans ces vieux Ta- bleaux que l'on découvre, que les An- ciens étoient de vrais Sçavans ? Les contours, par exemple, de leurs Figu- res ne font-ils pas élégans , la touche hardie , les proportions nobles , & la compoiition admirable? Je ne les ai pas vus, cela ell vrai: mais une init- nité de Connoineurs ne nous en ont- ils pas intlruits? les Critiques mêmes les plus outrés de ce^ morceaux , ne difent-ils pas * , que le goâc de Compo- fition qui régne dans ces Peintures , tient beaucoup du bas-relief. N'efl-ce pas faire l'éloge de ces Tableaux, plutôt que de les critiquer ? Michel-Anae & Ra- phaël, n'ont-ils pas perfeétionnés leurs deflcins fur ces bas-reliefs f N'accufe- t-on pas Raphaël même de les avoir détruits en partie , après les avoir pillés dans fes Compofitions î Ces Cri- tiques difent aulTi, que ces Peintres, dont nous voyons encore quelques morceaux , avoient peut-être été élevés dans des Éco- les où l'on opérait facilement. Qneil- ce qu'opérer facilement, fi ce n'eft avoir une touche hardie ? Ell-ce que les igno- rans opèrent facilement ? Le Père 'Belgrade , de fa Compa- gnie de Jefus plus amateur du vrai & plus fçavant que tous ces Critiques anonymes , dit fort bien *, contre les prétendus Connoiflenrs , qui ont foutenu que le Crzeau des Anciens va- loit mieux que leur Pinceau éC- que nos Peintres font infiniment lupérieurs à ceux de l'antiquité, ji(e/ei rafons de •Lettres fur les Peintures d'Hêrcu/fwe, au- ' Dans/ès Lettres adreffées à M. le Mar- iourd'hui Portici. Voyez l'extrait au Jour- quis Maffei touchant les Monumens décou- saldeTrévoux, Juin 1751. ^^f^s '«"s Refîna & Portici, à Venife chezi J. B. Pafcali, Asnù ij^ijTom. IL Pttrtîe^ VU X 162 Observations sur. l^Histoire Naturelle , ces Juges font abfurdes Cr mal fondées^ nous aurions pris d'autTi bonnes leçons- Pour détruire leurs feiuimens , il y op- pofe îcs remarques les plus judicieufes: ». 11 y avoit , dit - il , des Peintres n exccllens en Grèce , lorfque RoiTie » fe comentoit de Fabius Se de Pacu- » vius Aftilles grolTiers, tels qu'on »les pouvoit attendre d'un fiécle Se » d'une Nation qui ne connoilToit que » la gloire des Arni«s : ce fut après » la conquête de Syracufe & de Co- î» rintlic , que Rome ouvrit les yeux 3» furies Chef- d'œuvres de l'Art. Le 35 Conful Mummius commença à les » eftimer quand il vit le Roi Attale, » allié des Romains , choifir dans les «dépouilles des Corinthiens, un Ta« ».bleau qu'il paya fi.K mille grands Sef- » terces *. Telle fut l'époque du goût j> qu'on prit à Rome pour la Peintu- 31 rei ce qui prouve la beauté des Ta- » bleaux du tems des Grecs: en elFet » peut-on s'imaginer que les Grecs j> eulFent excelle dans la Sculpture au que celles que nous prenons fur leurs Figures. l.a Découverte de brouiller 8c d'em- ployer les Couleurs en huile fi utile à l'Art de peindife ^ a été faite par Jean-Van-Eyx , natif de Majjeyk fur la Meufe , & depuis fon Inv'ention , ap- pelle Jean de Bruges , à caule de Thon- neur que ce Peintre reçut, dans cette Ville , de Philippe le Bon , Duc de Bourgogne, qui lui donna une place daiis fon Confeil. Cet Anifte étoit noa feulement, elHmé par l'excellence de fes talens , mais encore par la foliditc de fon efpritinvent'f^c fécond en plu- fîeurs fortes de Sciences. Alphonfe L Roi de Naples , le plus grand amateur de Peinture de fon tems, enleva le premier Tableau en huile , que l'In- venteur mit au jour i lui donna des Elevés , le combla de biens , & intro- duifit en Italie cette façon de peindre, Tunique à préfent & la plus commo- » point de nous laiflfer des Miracles de, ai nfi que fera ma gravure en Cou» » de l'Art , & que la Peinture nean- leur un jour , fî je fais des Elevés îj moins eût été parmi eux fans goût , « fans génie tk fans agrément , &c ? >3 Ce qui Ceroit encore plus fingulier, jj i'eroit que leurs Ecrivains n'eulîent » rien fait connoître de cette ditié- s> rence d'état & de Tortune entre 3> deux Arts fi femblables ? Que nous fommes heureux préfen- tement de peindre en- huile , & qu'il efl trille pour nous de n'avoir pas le même talent des Grecs & des premiers Romains ! Nos Tableaux parviens drom à la Pollérité la plus reculée, â: nous avons le malheur d'avoir per- du ceux des Anciens , fur lefquels * Gc Tableau repréfentoit Bacchus : on peut jpiger de fon mérite par Ivin prix. Mnm- mins ilors cafla le marché, & fit porter one. C'ell dans le X V*. Siècle qu'on a trouvé la façon de faire des Tableaux en huile : de forte que depuis Cima- bué , dont nous venons de parler , qui renouvella à Florence & dans le refte de l'Italie, la Peinture à frefque & en détrempe , jufques au tems où Jean de Bruges trouva la Peinture en huile , il s'efl écoulé environ trois fiécles ; dans lefquels on a vu des grands hom- mes , mais dont il nous relie auiïi peu d'Ouvrages ^ qu'il en reftoit alors des premiers Peintres de la Grèce 8c de l'Italie ; par conféquent n'ayant plus aucun Tableau ancien en état de per•^ pièce fi précieufe à Rome pour être pUci»- dans le Temple de Cércs«~ SUR LA Physique fedron , comme font encore les Fi- gures antiques, nous ronimes forcés de dillinguer les Tableaux de l'Ecole Italienne & de l'Ecole Francoife en Tableaux Anciens & Modernes , (?cde commencer l'époque des premiers à l'année 1430, & celle des derniers, au tems de François I. c'ell - à -dire , vers l'an 1551. L'Ecole Flamande a auflTi fes Arr- ciens & fes Nouveaux Peintres ; mais on peut les féparer , comme a fait M. d'Argens, & mêler les premiers avec les Italiens, de qui ils étoient Difciples, Si les Modernes avec les François. Le RoJJo & le Primatrke, celui-ci de Bologne & Difciple de Juki-Romain , & l'autre de Florence , font les relliu- rateurs delà Peinture en France. C'ell; eux qui nous ont enfeigné ce que ieurs Prédécefleurs avoient appris des Grecs : ils furent invités par le Roi François L à pafler en France où ils enfeignérent le bon goût aune mul- titude de Peintres qui n'en avoient que le nom. On voit préfentement quels font les Anciens Peintres & quels font les Modernes: nous avons des Tableaux des uns & des autres. II n'eit plus queftion que de fuivre le parallèle que fait M. d'Argens pour examiner s'il eft iurte. M. d'Argens ne parle nullement des Sculpteurs} il feroit aifé de lui prou- ver qu^aujourd'huimême nos Peintres & nos Sculpteurs étudient avec beau- coup d'attention, non feulement Ifes Originaux, mais aulTi les Plâtres que l'on a moulés fur les belles Figures de l'Antiquité. Le Marbre de nos Fi- gures Modernes efl: bien inférieur au Plâtre de ces anciens morceaux. Les ConnoilTeurs peuvent décider la quef- tion avec facilité en fe tranfjportant ST SUR tA Peinture. 1^5 auxSalles de TAcadcmie. Tous les Ar- tirtes en conviennent , & perfonne d'entr'eux n'ofe égaler les Clief-croeu- vres de leurs Confrères à ces illu lires Copies. L'Auteur dit lui-même: Nom av»m des Antiques à Paris Jî parfat-- tement moulées que nous pouvons les deffi- ner avec autant de profit que les Origi- naux qui font à Rome ( pag. 21. ) Michel - Ange , dont les Figures étoient prefque animées , a étudié & a puifé fon fçavoir dans les Originaux des Plâtres que nous polTédons : fes Ouvrages de Sculpture , tiennent fans doute un rang entre les Antiques 8c les morceaux que l'on fait aujourd'iiur. Si on s'avifoit préfentement de cacher une Pièce de nos Sculpteurs , dans uii endroit où l'on croiroit trouver des Antiques , les Connoilîeurs s'y laifle- roient-ils tromper , comme fit le Car^ dinal de S. Grégoire , auquel on vendit un Cupidon qu'avoit fait Michel-An- ge , & qui avoit été trouvé dans les débris de l'Ancienne Rome, où ce Sculpteur habile l'avoit caché ? Les Modernes auroientbeau leur calfer le Bras & même tous les Membres & en garder les pièces dans lenrs Cabinets, on ne s'aviferoit jamais de les compa- rer au Tronc pour s'afTurer du fait ; comme il fallut faire du bras du Cu- pidon en queftion que Michel-Ange avoit gardé pour s'en faire reconnoitre le maître. Ainfi il eft inconteftable que dans cet Art les Anciens faifoient mieux que leurs Defcendans & que la Sculp- ture a dégénéré. En abandonnant les Pièces de Sculp- ture , les Antiques gravées & nos Mé- dailles , on peut efpérer de mieux rèulTir dans la c.omparaifon projettée. 11 femble à M. d'Argens que dans les Tableaux, les Modernes ont plus beau jeu; c'eit auffi pourquoi il n'a hazaf- i6^ Observations sur. l'Histoire Naturelle, dé nue le parallèle de ceux-ci. Mon but eft prcTentement de prou- ver que la même fupérioriic , le même orJre, In même dêclinaifon régne tout à la fois dans la Peinture & dans la Sculptmre; que les uns ^ les autres de ces Ariiftes fe font fuivis dans leur» Pt riodes. Si je viens à bout de mon dolTein, il me fera alors facile de d monireï que Monfieur d'Argens fe trompe. Il eft cependant vrai que la Peintu- Te (?c la Sculpture ont eu des interval- les de force & de foiblefle, des celîa- tions totales , & des teins où elles ont femblé renaître & reprendre des noii- velles forces ; mais c'efl toujours pour faire de plus lourdes chûtes. La Peinture ell un talent qutdemande b.^aucoup d'étude & beaucoup de tems. Autrefois les Peintres Si les Sculp- teurs îàerifioicnt toute leur vie au tra- vail ; ils quittoient le Cizeau pour pren- dre le Scapeîle, 6i enfin ijs quittoient fe Scapeîle pour prendre les Livres. Nous avons dit dans la première par- tie de ces Obfervations tout ce qu'il felloit dire fur les cavifes fecrettes de la décadence des Arts & nous n'en di- rons pas davantage. Il efl queRion de prouver maintenant qu'ils font réelle- ment déclines. Cette queftion a été très-fouvent agitée : M. d'Argens prétend la dé- cider en faifant une comparaifon fui- vie , &; mettant les ArtiHes deux à deux dans les mêmes Chapitres j tou- jours un Ancien avec un un Moder- ne , un Italien ou un Flamand avec un François : Il ne fe contente pas («ulementde comparer la manière ou le CoJIume , le Pinceau , le Coloris , le deflein &: la touche de chaque Pein- tre qu'il veut égaler , il les appareille encore dans leur naiftance , dans leurs fiariunes, dans leurs traverfes , & en- fin dans leur façon de vivre. Ce parallèle . bien loin de nous fai- re G innoître fi les Arts de peindre Se fculpter font déclinés , ou s'ils font augmentés^ ne fert qu'à nous embrouil- ler t^ à nous éloigner du but. Te! lira dans le Livre de M. d'Argens : Michel- Ange montra dis fa tendre' jeunejje un grand amour pour le deffi'in : le Brun fit paroiinU même amour ij? la mum dijpo- Jîtion pour le d:Jfein àhjesp cmkres an- nées, Rapha-d a p-ijjé prowp:cment de la médiocrité où il •.toit en fortant de l'Ecole defon Aiuître Peruj^in à la grandeur qu'' on voit dans Jes Aernurs Ouvrages. Le Sueur fut ainfi que Raphaël fous un Maître qu'il furpafja bimtôt : d quitta de bonne heure la mankre de Vouet , en prit une beau~ coup plus noble, Grc N'ell-il pas vrai qu'après cette îedvi- re jointe à quelques réflexions de mê- me efpéce , que l'Amateur ou l'Ar- tilte ne fera pas trop inftruit, & que s'il avoir les Tableaux de ces Maîtres devant les yeux , au lieu de leur^ ac- tions & du détail de leur façon de pein- dre , ils fçauroient mieux à quoi s'en tenir.? Mais comme les Perfonnes de- Cabinet voyagent dans les Relations que l'on donne des quatre Parties du Monde , Si que les Peifonnes indiffé- rentes fur la Peinture s'en rapportent aux écrits de ceux qui ont de l'cfprit » ainii qu'il faut avouer que M. d'Ar- gens n'en manque pas j il eft à propos de répouiîer deux ou trois de fes pa- rallèles , pour prouver au Public que M'. d'Argens ne les a donnés que pour s'égayer, S< qu'il penle différemment. Je ne ferai pas hien long ; car un exemple ou deux bien combattus fuffi; ront pour détruire les autres. Comrafle de le Brun à Michel- Ange»- Ces deux Peintres ne fe leffenv; SUR LA Physique et sur la Peinture. blent qne pour avoir commencé à' peindre de bonne heure ^ avoir vécu long tems, & pour avoir établi chacun tme Académie de Peinture & de Sculp- ture ; l'une Italienne & l'autre Fran- çorfe. Celle de Michel-Ange fut fon- dée à Florence, Scelle de le Briirî à •Paris ; Se de plus , le noviciat de cel- le-ci fut établi à Rome par le même Peintre , ce que Michel-Ange avoit oublie de faire quand il créa celle de fon Pays. Dans tout le reife du pa- rallèle Aï. d'Argens n'eR pas jufte, M, d'Argens dit que Michel-Ange a dejjîné très-coneBement &■ de la plus gran- de manière. Cela eft très-vrai. Mais il femble enfuite douter de cette cor- ledion, de cette manière ;.il cite alors pour garant de fon doute M. de Pile , qui dit fans fçavoir pourquoi , que Michel-Ange ayant regardé le Corps Hu~ inain dans fa plus grande force ^ ^ ayant poujjë trop loin fon imagination li-dejjus , il a fait les Membres de fes Figures trop puijjàns tjr a chargé fon dejjein ; c''eft ce qui a fait dire à hien des Connoijfeurs que Michel-Ange était Sauvage, Ceux qui ont vu les Tableaux de Michel- Ange , & qui font Peintres & Connoiiïeurs , malgré le fentimentde M. d'Argens & de M. de Pile , ne trouvent pas que ce Célèbre Peintre ait péché d'avoir regardé le Corps Humain dans fa plus grande force. Au contraire il n'app'arcient qu'aux Pein- tres médiocres de le confidérer dans fon état de foiblefle. Cette façon de feifir la Nature dans un Tableau eft * A Rome dans la Chapelle de Sixte IV. ce Tableau eft à fiefqiie , peine au-deffus de l'Autel , vis-i-vis le grand Portail, & d'une étendue prodigieufe : il fourmille de Figures, & toutes plus belles les unes que les autres» Quand Michel Ange l'entreprit, il n'avoir i amai» peint à frelque î il le coœpofa & le fi- I<^f plutôt îa marque de la foibleffl- rnè- me du Peintre & de i'Amateur qui l'approuve, que celle du Corps Hu- main. La p^MJfance des Membres ne charge point un Sujet ; elle le met dans l'é- tat où la Nature le défire, ainfi que font les Figures des Tableaux de Mi- chel-Ange, les Hommes bien faits n'ont pas les Membres décharnés-, les Parties fcches & allongées , comme les Figures de Sijnon Vouet ^ qui au lieu de mains faifoit des pattes d'Arai- gnées , & au lieu de mufcler les Cuiffes & d'entrer dans l'action & le mouve- ment des Figures j ptaquoit des bofles & des creux fur les extrémités dii Corps, felouque l'idée g'ùdoit le peu de connoillance qu'il avok dans i'Ana- iiatomie. Cet air fauvage , que l'on attrilDue aux Figurei de Michel-Ange, eil la Nature elle-même dajis fa plus gran- de nobleir^ , s'il avoit gonflé fes Fi- gures corn Uie Ruhens ^ & qu'il les eût chargées de graifle , fur-tout dans les Femmes , on auroit pu dire qu'elles étùient trop puilTantes Se trop graiïes, mais au contraire , quand on évite cet excès , & que l'on s'éloigne de l'état de- maladie & de fécherelîe , on ne cliar- ge jamais trop la Nature. Quelle conipolltion 8c quel feu d'i- magination ne trouve-t-on pas dan? le Jugement Univerfel de Michel- Ange*! A la vérité le Chef-d'œuvre de ce Peintre, & qu'il n'a pas même fini ainfi qu'il s'étoit propofé, le Pape Ju- nie en vingt mois de tems, (ans fecours de perfonne, pas même pour broyer & préparée les Couleurs. De Piles prétend au contraire qu''I a été aidé par FugiardinsSc J-dlia.no di San. G allô , Pémtres peu connus, quoique de l'A- cadcniie Florentine dont Micliel-An'jje éîoitu le Fondateur,. f 66 Observations sna l'Histoire Naturelle , les II. grand Amateur de Peiiuiire, auiri s'il n'avoit eu que ces deux (jua lut ayant fait abbatre tous Tes cchataux pour jouir plutôt de la vue d'un fi bel Ouvrage, avant même que le Peintre y eut donné fon coup de maure. C'efl dans cet état que Raphaël puil'a d.ans ce Tableau fes plus grandes lumières, qu'il f(,ut mettre à profit , malgré la jaloufie qu'il avoii conçue pour fon concurrent. Si on reprocîie à Micliel-Ange d'a- voir porté trop loin fon im.:ginaiion ^ ce n'cù. certainement pas un reproche que l'on puilîe faire à tous les Pein- tres; car pouffer l'imagination bien ioin efl une qualité peu ordinaire. On vient de voir à quel point Mi- lites S< qu'il eût ignoré toutes les au-» tres> auroit-iiété plus grand Peintre ? Non certainement: ces qualités feules ne font qu'un Peintre ;itédiocre, fi les autres manquent. Si M. le Brun avoit pôlTedé les Parties de la Peinture que Micliel-Ange avoit au fuprême degré; & fi Michel. Ange avoit fçu aulTi bien colorer & avoit aulTi bien entendu les Ombres & la Lumière que M. le Brun, ils auroieiit été l'un Se l'autre plus par- fait dans la Peinture; mais malheu- reufement^le BnindelTinoit d'un goût médiocre, & Michel -Ange coloroit mal ; tandis que le premier coloroit palIaHement , celui-ci deirmoit com- cheUAnge a porté la Sculpture > puif- me l'Antique. Voilà un grand Con qu'il a trompé ( comme je viens de ci ter) les Connoifleurs de fon tems, au milieu de Rome même, en préfence de toutes les belles Antiques qui ont orné cette Capitale du Monde ; il leur a donné l'échange & a fait couronner fon Cizeau en le donnant pour celui de nos premiers Maîtres. Onvoitauflî que cet homme fi célèbre dans un genre fi difBcile , n'étoit pas moins fa- meux dans celui de peindre , puiique Raphaël, le Prince des Peintres , ctoit fi avide de fcs leçons, qu'il ne fe fai- foit pas (crupule de piller les belles Compofitions. Quefaut-il depluspour prouver que Michel-Ange podcdoit les plus éminentes qualités de la Pein- ture , qui font le Dejjdn , ÏAnatomie . la Compofiiion , la * FerfpcBive & la/or- a des caraBtres. Il ell vrai que Michel- Ange ne co- loroit que fo.blement & n'avoit pas l'ufage du grand Clair- obfcur : c'ert tout ce qu'on peut lui reprocher: mais trafte , bien loin du parallèle prétendu avec lequel M. d'Argens alTocie le Fon- dateur de l'Académie de Florence avec celui de l'Académie de Paris. On ne nous croira peut-être pas fur notre parole, li l'on n'a pas vu les Ou- vrages de l'un& de l'autre. C'eil pour- quoi examinons ici fpéculaiiveuîent, ( car il n'y a pas d'autre moyen quand on n'a pas les pièces en main ) ce qu'a valu le Brun , & quels font les talens 8c les morceaux de Peinture que l'on compare à Michel- Ange, ce qui nous mettra au fait de la quefiion. Michel-Ange s'ètant formé & per- feôioné à Florence même, où il avoit fait fes études; le Brun ne fut capa- ble de faire du bon qu'après fon voya- ge d'Italie ; le Portrait que fit celui- ci de fon ayeul avant d'aller à Rome, ne valoir pas le Serpent d'Airain qu'il a fait enfuite dans le Couvent des Picpus à fon retour à Paris ; Se il n'a établi une Académie dans cette Ville qUç • On voit dans IcTabieau que Ton vient perfpeftivc.d'une multitude infinie de fujets, «le citex «Il accord parfait dans l'ordre & I2 c« qui fouvent entraîne la confufion. SUR LA Physique et sur la Peinture. ï6j îong-tems après. Au contraire Michel- Ange avant de fonir de Fiorcnce , érigea fon /kcaJcmie , & avoit par Gonféquent déjà donné des marques de fon grand fçavoir. Le Brun n'a ja- mais été Sc«lpteur,& Michel-Ange étoit Peintre , Scoipteui &; Architeâe. I.e Brun n'a jamais «té copié par le Sueur fon Compétiteur , celui que M. d'Argens égale à Raphaël , & nous venons de voir que ce dernier a bien profité des le<^ons de Michel - Ange. J'aurois encore cent Contrafte à op- pofer à M. d'Argens ;. mais revenons aux Tableaux ; car voilà oii doit être la bonne ou faufle coniparaifon. Nous avons choifi le Jugement dernier de Michel-Ange pour fon Chef-d'o:uvre, prenons aâiiellement les Batailles d'Alexandre de le Brun , fi connues de tout le Monde , & que Ton voit à Verfai^lles. Les Figures dillinéles des einq morceaux qui compofent ces Batailles prifes enfemble , font à peu près le nombre de celles du Tableau de Michel-Ange. Au lieu de reflem- blance perpétuelle dans le Deiïein , dans la Compofition, on ne trouvera dans l'CEuvre de celui-ci que des op- pofnions & du contrafte ; contralle que M. d'Argens avoue lui- même. ( Voyez fon parallèle pag. yy, ) Les » airs de têtes du Tableau de Michel- Ange :^ font fiers Gr variés. Ceux de te Brun ne le x> font pr e [que potm du tout; les airs de têtes » des Figures que compofoit ce Peintre , » étoient toujours les mêmes. Que de caraâéres admirables ne voit- on pas dans la prodigieufe Compofi- tion du Jugement Univerfel de Mi- chel-Ange i au lieu que dans les Ba- tailles d'Alexandre ^ de le Brun, pref- que tous les Soldats fe reffemblent, Alexandre paroîtà la vérité plus jeune être tous de la même iamilfe. Les vieil- les & les Eumiques , fous celle Tente , ont la même phifionomte ou peu s en faut. Mais dans le Tableau de l'Italien^ les Anges & les Saints, quoique tous caraclérifés d'un air de tête difTérent,, repréfentent tous la vertu & la fageffe / & (ont dans une il grande variété d'at- titude, qu'il faut une journée entière pour les étudier les uns après l«s au- tres ; on y rencontre toujours du neuf ^ chaque fujet vous jette dans l'admira- tion. Les grotefques grimaces , & les attitudes burlefques des Damnés &des. Diables , eft la chofe la. plus fingulicre du monde. D'ailleurs quelle comparaifon y a- t-il à faire d'un homme auflT fçavanf dans le nud , comme Pétoit Michel- Ange , dont l'abondance du fcavoic Anatomique fe préfente continuelle- ment dans les (Éuvres les plus éten- dues, & qui fembloit avoir fait renaî- tre l'âge d"Or, dans plulîeurs fortes de- morceaux qu'il a compofes j quelle comparailon, dis- je, y a-t-il à faire avec un Peintre comme le Brun, qui ralîembloit dans fes plus belles Com- poiitions le falle Se le luxe » pour ca- cher ce qu'il ignoroit des Parties de- notre Corps: Avons-nous aujourd'hui- dès Peintres en état de peindre à fref- que un J//geme«t C/n & parle des Obfervations que Léonard avoit faites fur la Pliyfiono. mie,dont Rubens avoit vu pareillement lesdeflfeins ; di fmit fon difcours par la méthode dont ce Peintre mefuroit le corps humain. Voyez à Vincennes fi dans le Ju- gement de Coufin vous trouverez les mêmes beautés, & citez-moi quelque feu de fon imagination , aujji bien que par Peintre qui ait parlé avec tant d'élo la folidité de fan fugemcnt, il ^élevait aux ges de celui - ci que le célèbre Ru- chofes divines par les humaines ., ^ fç avoit bens a fait de Léonard. Où fe trouve donner aux hommes les degrés differens qui donc le parallèle projette entre deux les portoieiu jufqu'au caratlére de Héros. hommes fi oppofés ? L'un ell Plagia'-j Le premier des exemples qu'il nous a laif- re ; l'autre eu Auteur ; celui-ci polTé fés, eflle Tableau qu''il a peint à Milan de la ■Cène de Notre-S.eigneur ^ dans laquelle il a repréftnté les Apôtres dans les places qui leur conviennent , Sr Notre- Seigneur dans la plus honorable au milieu de tous ^ n''ayant perfonne.qui le prejfe , ni qui fait trop près de fes cotés. Son attitude ejl grave ^ ù" fes h'asfont dans. une fituation libre Gr dégagée^ pour marquer plus de grandeur j pendant .que les Apôtres paroi ffent agités de côté Gr fi! autre j par la véhémence de leur inquic- ■ tude , dans laquelle néanmoins il ne paroit Aucune baljejje , ni aucune aElion centre la bienfeance. Enfin par un ejfet de fes pro- fondes fpéculations , // efi arrivé à un tel degré de perfeSion , qu'il me paraît comme impojjible d'en parler ajjèi dignement j ùr ■encore plus de ï imiter. De Piles ajoute : Rubens s'étend en- fuite fur le degré auquel Léonard de Vinci polTcdoit l'Anatomie. Il rap- porte en détail toutes les études & dant en général toutes les Parties de la Peinture, & celui-là n'en poflede que quelques-unes. M. d'.- rgens feroit extrêmement habile s'il pouvoit fer- mer les yeux à toute l'Europe fur le paflé» après tant de monumens au- tentiques ; & fi les Artifies Fran(;ois ap- plaudllfoient à fon parallèle, ils terni- roient la gloire dont ils jouilfenc pré- fentement , & la primauté qu'ils ont dans la Peinture fur les autres Na- tions. Mes Confrères bien loin de me fçavoic mauvais gré de difiiper une flatterie capable de les tenir dans une dange- reufe fécurité & d'empêcher les efforts qu'ils font pour atteindre à la perfec- tion, regarderont la Critique que je fais du Livre de M. d'Argens, com- me le plus grand éloge que je puiiîc faire de leurs tatens ; la véritable gloi- re n'étant fondée que fur la vérité. Année i-^^ijTom. Il, Partie. FI. 170 Observations sur l'H OBSERVATION V. Sur la Gravure en Bois par M. Papillon. NOUS fommes en état aujour- d Inii de donner l'Hilloiie com- piette de la Gravure j mais nous reler- voiis ce Traite à nos prochaines Obfer- •vaiions; nous ne donnerons ici que celle en Bois , du détail de laquelle M. Papillon a bien voulu nous favorifer.- 11 nous a fait part de Ton Livre , avant de le communiquer au Public : il nous a permis d'i:n donner un Extrait dans' notre Article de Peinture , ainlî que nous jugerions à propos; ceci n'eni- pêcliera pas les Amateurs qui vou- dront s'inllruire plus au long fur cette Gravure d'avoir recours à l'Ouvrage même, lorfqu'il fera expofé en vente Se annoncé dans les Journaux, II feroit à fou Iiaiter que tous les habiles Artilles en filTcnt autant ^ cbacun dans fon talentjcequiformeroitpourlorsune belle Enciclopedie ; & une Enciclope- die vivante qui feroit fouvent renou- vellée , & où Pon trouveroit le pour ik le contre fur cliaque Matière. La Gravure ell un Art de DefTein, ainfi que la Peinture' (;<: la Sculpture; tous les troif. vifent à repréfentet les Ob'jtts Naturels, & tous les trois y réulTilTent qiu liuefois ; ainfi ils doivent être legardéà tomme indépendans les uns des autres : d'où je concKis que ti on peut ies exercer fcparéniént, ^ ar- river, quoique par diBérentes routes, au même but, il efl iniufte d'alTervir, par une Loi mal entendue , le premier de ces Arts aux derniers ; c'ell-a-dire , les Graveurs aux Peintres & aux Sculpteurs ; puif^ue les Graveurs pré; iSToiîvE Naturelle , lentement font devenus Peintres , Se qu'ils ont été de tout lems , Sculp- teurs. La Gravure en Couleur , dont )'ai in- venté la vraie Pratique, ne met-elle pas les Peintres & les Gïavcurs dans la n^ême clalTc. Pour exécuter un Ta- bleau fiu' cuivre &■ foui PrefTe , ne faut -il pDs fçavoîr, non feulement la Pratique de l'Art de peindre , mais encore la Théorie de la Compofition 8c de la Dccompojîtion iW.s Couleurs. Je dis de plus qu'un Peintre ordinaire, avec une Palette garnie de Couleur , ne doit fçavoir quecnmpofer un Ta- bleau, il n'ell pas oblige de le décom^ pofer ; ainfi qu'il faut que je fafle ^ lorlqu'après avoir peint mî!s Pièces d'Anatomie , je fuis contraint d'en dé- compofer les Teintes Se les Couleurs locales fur quatre Cuivres différens ; en un mot, dans mon Art il faut pein- dre fauj Couleur & fans Pinceau , avec le Burin feulement. J'avoue cependant qu'un Graveur q'ii copie un Tableau ell alîervi an Peintre & ne fait l'office que defimple Copiile. Mais auffi combien de Pein- tres copient-ils à leur tour des ex- cellens morceaux d'Eftampes dans leurs Recueils, Si tous les Graveurs Monochromates chacun dans leur fac^'on, car il y en a de plufieurs fortes, compofoient leur DelTein , comme Callot , Le Clair , Picart , Cochin , &c. ell ce que leurs Ellampes noires n'auroient pas plus de mérite que celles que l'on copie d'après les Tableaux , puifcyue les Gra- veurs en noir, ou taille-douce, n'en peuvent rendre que le Clair- obfcur , alors ce n'efl pas le Tableau que l'on donne au Public, c'ell le DefTein ou l'Erquille du Peintre. Le Coloris , qui dilUngue le Peintre du Deffmateur , SUR LA Physique «e s'y trouvant pas exécuté, jefoutiens que la Gravure en noir feroit aufTi- Bien reç'ie du Public, fi au lieu de co- pier Teniére , Waupremens, Rubens , Van- deik Si Natoire , les Graveurs nous don- noient des morceaux de leur compofi- lion , puirqu'ils ne peuvent rendre la Couleur qui fait le principal mérite de ces fortes de Tableaux. Dans l'Art de graver il y a plufieurs fortes de maiiiéres , & chacune a fa beauté & fon uiilité particulière. Le premier genre de graver ell celui, fans contredit , de repr'^len ter les Tableaux, c'eft-à-dire, de donner tout à la fois les Parties e(îernrelles de la Peinture. Je puis préfemement divifer cette Gra- vure en deux manières particulières ; celle qui s'imprime fous les Rouleaux de Taille-douce que j'ai déjà pratiquée , & celle qui s'imprimera fous la Preiïe 4e Caradére, & avec les Caraftéres mê- me dont je viens de parler dans l'Art. d'Hiftoire Naturelle ci-dedus.Le fécond genre de graver efl celui de repréfenter un Camaïeu ou Clair obicur en Bleu , Verdj ou Rouge , &c. on imite dans cette façon les Defleins des grands Maîtres. Le troilicme enfin eft celui qu'on appelle Fumé, ou manière Hol- landoife*, ce qui imite les DelFeins à l'Encre de la Chii:e,. La'quatriéme for- tejde Gravure imite les DefTcins à la plume , c'ell ce qu'on appelle Taille- douce j ( laquelle Gravure fe divife en Burin & en JE^au-foite ) & la Gravure en Bois^ La Gravure en Bois , félon moi , efl fort utile, c'efl la plus ancienne ^ elle cfttrop négligée préfentement, car M. Papillon eil le feul qui falfe bien , à ce que je crois, fa réputation le prouve * Quelques-uns ont donné le nom de ma- nière noire à cette façon , mais elle convient eji général à toutes les façons c^ui ne doii- ET sirR LA Peinture. 171 alTez. L'ufage effentiel que l'on fait des Gravures en Bois dans les Manufaâu- res des Perfes S< des Indiennes , dans celles des TapilTeries & des Papiers peints, & fur-tout dans les Impreiïions des Livres ; pour les Lettres en Bois , les Vignettes 8c autres ornemens en noir i cet ufage ^ dis-je , prefque uni- verfsl , prouve bien la nécefllté de cet- te Gravure. Je vais aulTi inférer à la tête de l'ex- trait du Livre de M. Papillon , la Let- tre qu'il m'a fait l'honneur de m'é- crire. Je fuis très - flatté qu'un Artiflc aulTi célèbre que lui , dans fon genre, puilTe prendre quelque confiance dans mes Ecrits. Lettre de M, Papillon . Graveur en Bois &" de la Sosiété des Arti , à M. Gau- tier , Perfionnaire du Roi^ Inven- teur du nouvel Art d'imprimer les Ta-^ bleaux. L M O NSI EUR, /'Avantage de devenir votre Ami, m'eft fi glorieux , que c'efl avec regret que je n'ai pu ctreaulTi long-tems avec vous , les deux ou trois fois que nous nous fommes déjà vus , que je i'aurois fouliaité , pour pouvoir profiter des connoilTances fur toutes fortes de Ma- tières que votre converfation m'au- roit communiqué. Nos occupations réciproques nous privant du plaifir de nous voir autant que je le dé- lirerois , Se que je me flatte que vous- le dèfirez pareillement. J'imagine qu'en certains momens dans mon pe- tit Laboratoire , pour me dèlalTer de nent pas l'a Couleur & que l'on n'imprime qu'avec du noir, Y V 172 Observations suit l'His ma Gravi'ire , je puis de teins en tems vous coimnu.'iiqiiei- mes penfces , vous prier d'cclaircir m^s doutes fur plu-* ïiciirs points qui ont rapport à i'Hif- Jôire Nnturelie & à celle des Arts; fur- tout à celui que je pratique, autant que cela pourra vous faire plai- fir, c*^ qu'il me fera pofllble , fans com- promettre les engagemens que j'ar contradé avec les Auteurs de l'Ency- clopédie. Ainli, Monfieur, fi vous l'ave? agréa-» ble . quoique peu éloignes l'un de l'autre , nous pourrons converfer en* femble par nos Lettres, plus fouvent que nos affaires mutuelles, le Public à qui nous fommes & le tems qui nous eflfi précieux & fi cher, ne pourroient ilo-us le permettre de vive voix. Efpc- rant que vous acqurefcerez à mon pro- jet, qui e(l celui de participer à l'ac- croiffement des connoilTances humai- nes ^ dans les Matières qui font de ma portée, dont vous pourrez inllruire les Amateurs dans V050bfervation5,remet- tantà d'autreà' ir.^metîs à vous détail- ler tout ce que j'avois déjà penfé de Vous depuis nombre d'années .^ com- bien votre réputation me faifoit défi- ïer pafîîonnément de vous connoître & 'me lier d'amitié avec vous, je com- mence , fous l'appui d'une étude & de recherches , au moins de quarante an- nées , touchant la- Gravure en Bois , de vous alTurer que fans contredit cet Art peut être regardé prefqu'aufPi an- cien que le monde j d'autant qu'il efl fcnfé & probable , que les premiers hommes qui fe font avifés de faire quelques Figures & quelques traits, ont fans doute commencé par les cn- graver * ou graver fur le bois 6* l'ecorce des Arbres, Matières plus tendres que la toire'Naturellé y Pierre , le Marbre & le Métail , ce qui a enfanté la Sculpture ^ fv domié la première idée à tracer les Caraéléres des Langues , d'où conféquemment celui de la- Peinture a pris nailTance. Vous verrez, Monfieur, dans le Traité de ma Gravure comme elle a pris chez les Peuples Orientaux & par la fuite les Ulages diflérens aufquels on l'a em- ployée. Les préjugés defavantageux de hicn du monde Air les Epreuves de cette Gravure, & ce qui y a donné & y donne lieu. Son étonnante & prodigicu- fe utilité , &c. Croyez que je fuis avec amitié & la plus parfaite ellinié , M. votre très-'humble , &c. Papillon. L'Origine de la Cravùre en Bois ; tufr^f de cet Art &' le Principe de l'Imprime- rie j par M, Papillon, La manière d'imprimer & Je tirer Tes Eflampes par le moyen de la Gravu- re en Bois , telle qu'elle fe pratique au- jourd'hui en Europe , vient originai- rement des Peuples d'Orient\, mais elle a été modifiée & perfeftionnée pour nos Ufages.- On ne peut difconvenir que la lan- gne Chinoife compoféc de foixante ou quatre-vingt mille Caraéléres, tous dif- férens les uns des autres, n'ait occafion- né à la Ciiine l'Invention de la Gravùi» re en Bois pour imprimer les Caraélé- res 6< les Livres de ce Pays. Ceft là certainement où cet Art a commencé à fe détacher d'avec la Sculpture , & qu'il a fourni l'expédient admirable de ti- rer plufieurs milliers d'épreuves j tou- tes pareilles par le moyen d'une même Planche. Ange Rocca^ Aans fa Bibliothèque du- Vatican , pag. 415). avance fur le lénioi- Ce Krmç étojt ancicnne.iient d'ulage Parmi les Graveu», SUR LA Physique ghage Je plufieurs Voyageurs à qui il avoit parlé , que l'ufage de Tlmpref- fion étoit comnran chez les Chinois plus de trois cens ans avant Jefus-Chriftj - 6i Alvarez de Seviedo confirme qu'il y a plus de mille fix cens années que les Chinois en ufent. D'autres Auteurs pré- tendent qu'il y a plus de mille ans que l'Imprimerie a été trouvée chez les Tartares Orientaux dans la Ville de Tangiit ; ce que l'on ne doit entendre que de la manière d'imprimer avec- des Tables de Bois gravées. Le Père Jean- Bapiifle du Halde dans fa nouvelle Defcription de l'Empire de la Chine & de la Tartarie Chinoife , pag. 2/^5. du fécond Volume , cite une Sentence rapportée par un Auteur Chinois , qui peut prouver l'antiquité de la Gravure en Bois pour imprimer. Voici le paiTa-^ ge de cet Auteur. JD I.e célèbre Empereur î^^uvan^.qiù ^ i comme on fqait, fleuriffbit 1 1 2 o ans » avant l'Ere Chrétienne , tiroit cette » moralité de l'Encre. Comme la pier- ■ re Me * , difoit-il , dont on fe fert * pournoircir les Lettres gravées , ne » peut jamais devenir blanche , de mê- » me un cœur noirci d'impudicitcs , a* retiendra toujours fa noirceur. » Suivant le Père Couplet\, Tlnvcn-* tion d'imprimer n'a été en grand ufa- ge à la Chine que depuis le régne de l'Empereur M/mcum, environ l'an de grâce 5» 5 o. mais l'Empereur \venti qui regnoit en 5 5 2, ayant eu une Bibliothè- que compofée de plus de cent quarante mille Volumes, on peut afJurer que l'Invention de graver en Bois pour im- primer , eil antérieure de plufieurs fié- cles, & peut-être même de plus de qua- torze ou quinze cens ans avant la Naiflancede J. C. ET îtïR LA Peinture. ' 175 L'Impreffion avec les Planches ou les Tables de Bois gravées , eft non feulement en très - grand ufsge à la Chine & dans la Tartarie Orientale ^ mais encore au Japon, au Tonquin & dans la Cochinchine. LesLetites ou les Caradéres qui fervent à tous ces Pci> ples, font à peu près fcmblables à ceux des Chinois , en aulTi grande quantité que les leurs ; & incapables , comme ils le font, d'être fèparés & mobiles, c'efl. - à-dire ^ que chaque Planche forme une page d'un Livre, & qu'elle ne peut fervir à un autre. Je eônferve dans mes Eflampes deux adrelles de Marchands d'Encre de la Chiiîe de Nanquin ; il y en a une qui efl alïez bien gravée , mais j'ai obli- gation à Monfieur Fourmont l'ainé , Profefleur des Langues Orientales 311 Collège Royal , de m'avoir montré des Livres Chinois imprimes à Pékin , dont îa Gravure efl admirable. Les liaifons des Caractères font fi délices & fi net- tes ^ que nous auiions peine à les gra- ver auffi proprement. D'ailleurs la beauté de l'imprellion &: la blancheur du papier font fi parfaites, o'je je n'ai encore vu ni Lettres gravée;, ni aucu- ne imprePjon d'Europe qui mérite de leur être comparée. Tous ces Livres font imprimés foncièrement avec l'En- cre de la Chine 3 ( car dars ce Pays Ton n'ufe point d'Encre à l'huile ) les feuillets ne font imprimés que d"i:n coté j en forte qu'ils font plies comme nos petits Agendas de poche , de forte que chacun defdits feuillets efi double j- cependant le papier efl fi mince,, qu'où a peine à s'en appercevoir. Les Plan- clîes qui fervent pour imprim.erces Li-- vres font compofees de plufieurs pa- ges rangées les tmes auprès des ai:- î Me ancien mot Chinois qui £gnifiç d«- l'Encre. Observations sur l'Histoire Naturelle, I74r très , & réparées avec une grande )ii[- telTe par un Réglei enrichi d'orneniens, du côté qui doit former la tranche du Livre ; de manière que tous les feuillets étant plies , & le Livre coufu & fermé , fa tranche paroît auffi vive que fi elle avoit été rognée , Se l'orneuîent du Ré- glei qui fépare chacune des pages , y forme delTus une variété très-agréable. Il n'y a réellement de rogné à ces Li- vres que la tranche qui e\\ à la tête & celle qui lui eQ oppofée. Déplus , cet- te imprcfTion eft diverfiliée quelquefois par cinq ou fix fortes de Caradércs de diflerenies grandeurs dans une feule page. Ce qui eft plus admirable , c'eli qu'elles font chacune par rentrées , d'u- ne couleur ditVéreiue les unes des au- tres, telles que noir, rouge, bleu, jaune, vert, couleur de rofe , &c. Ils y mettent aulTi de l'Or & de l'Argent , ce qui fait le plus bel effet qu'on puif- fe imaginer. Tous ces Livres ne font point reliés ; ils font feulement con- fus avec de la foyc du côté du dos par defl*us leurs couvertures , ce qui n'em- pêche pas qu'ils ne fe tiennent auiïi fa- cilement puverts que s'ils étoient re- liés. Leurs couvertures eQ une efpéce de Moire , laquelle eft colée fur un car- ton. Les Volumes qui traitent d'un mê- me fujet font tous enfermés dans une bocte de Carton très-limple: chaque Hifloire ou chaque Matière a la fienne. Ces boëtes (ont à peu près de la même fi- gure de celles qui fervent dans les Bu- reaux pour mettre des papiers, avec cet- te diflcrence feulement, qu'il y a trois ou quatre anneaux attachés au corps & au couvercle de la Bocte . dans lefquels l'on fait entrer des chevilles , un peu à force , qui la tiennent fermée , & il y a delTus une étiquette en Caradéres Chinois , qui indique ce que coniien- peut les Livres qui font dedans. On peut dire que l'induftrie des Chinoîs eR bornée fur cette article j car leur Bibliothèque ne peut avoir ni le coup d'œil aufTi gracieux que les nôtres , ni la même commodité, 6* l'on feroit même tenté de croire que cette façon de conferver Si d'arranger leurs Livres , ert une efpéce de preuve qu'on lit afler rarement chez eux. J'avois toujourscru que tous iesLivres Chinois s'imprimoient avec le Rou- leau ; mais ceux dont je vienj de par- ler où il y a plufieurs rentrées de diffé- rentes couleurs, font indubitablement imprimés, ou avec la Preffe qui fert à l'Imprimerie en Lettres , ou avec quel- qu'autre Machine qui produit le même effet. Le Père du Halde , dont on a parlé plus haut , rapporte que Pimpreffioa Chinoife fe fait avec deux Broiïes; l'u- ne fert à mettre l'Encre fur la Planche & l'autre à unir le Papier quand il eft pofcdeffusj cela peut être en ufage pour les Caraftères d'une (eule cou- leur , mais pour les page» où il y a plu- fieurs rentrées de différentes couleurs, il faut nècelTairement que les Chinoi* fe fervent de quelqu'autre moyen plus facile. Peut-être feroic-on inftruit de cette Méthode en lifant l'inllrudion circonllanciée touchant l'Imprimerie Chinoife , compofée en Allemand pat André Muller. Les grands Caraâéres , tels que fonc ceux qui fervent aux affiches , ils les gravent en creux. fur la Planche, de forte qu'ils viennent blancs fur le Pa- pier, Si que le fond eff noir. De tout ce que l'on vient de rapporter touchant l'immobilité des Caradéres, la Gra- vure & l'impreffion des Livres Chi- nois, &c. il eft aifé de conclure que l'in- vention de la Gravure en Bois pour imprimer eft oriijinaire de la Chine ou SUR LA Physique Et Se la Tartane Orientale , maii que le véritable Art de ^Imprimerie en Ca- ractères mobiles , la manière 'de les jeiter en fonte ^ Se celle de compofer avec lefdits Caraâéres , n'a point été inventé en Orient, & que cette in- vention a été trouvée en Europe, II eU remarquable que les Chinois , les Japbnois & les autres Peuples qui fe fervent des nicmes Caradéres , n'e- xercent point la Gravure en Cuivre , & qu'ils ne s'appliquent uniquement qii''à la Gravure en Bois. C'ell fans doute à caufe de la commodité qu''ils y trouvent, pour tirer autantd'épreu»-' ves qu'ils le défirent,- Quoiqu'il en foit , il doit y avoir une grande quantité de Graveurs en Bois dans ces Pays-là. La Gravure en Bois fert encore à pluPieurs autres ufages en Orient. A la Cliine Sr au Japon on s'en fert quel- quefois pour former le trait des Eftam- pes enluminées ; on voit de cette fa- içon à Paris dans un Parloir du Cou- vent de Saint Lazare une grande Fi- gure adife, repréfeniant une Idole de la Chine. Les Chinoise les Japonois cmployeiu encore cette Gfavùre pour •faire des Papiers de Tapifl'eries & de Paravents , & pour faire d'autres Pa- piers par rentrées , qui imitent les Toiles peintes. A la CInne, au Japon dans l'Indof'- -«an , ou i'Ëmpire du Grand Mogol ,• au Pegu , aux llles Maldives , & au- •ïres Ifles de la Mer Indienne , dans la Perfe & chez plufieurs autres Peuples Orientaux ; de lems immémorial l'on y imprime & l'on y frappe le trait dc% delleins fur les Etofes , Toiles pein- tes , ou Indiennes avec des Planches de BjIs gravées par bouquets déta- chés & par rentrées. Les Broderies qui iious viennent de ces Pays-là ne suit LA Peinturé. 17; font point deOTmées autrement ; & li l'onvouloit pour s'en éclaircir, débro- der plufieurs bouquets pareils , l'on verroit facilement que le trait de chacun n'eil point deffmé à la main , qu'il efl; imprimé , & qu'à totis il a été fait avec la même Planche. La manière de frapper ce trait, efl detap- per à plufieurs fois la Planche du côté qu'elle efl gravée , fur un morceau de Drap imbibé delà couleur qu'on déli- re employer , & de pofer enfuite cette Planche du même côté fur l'EtolTe que Ton veut marquer ; fi-tôt qu'elle elt defTus , on appuyé fur la Planche ua peu ferme avec la main , ou s'il efl né- celTaire pour la faire bien marquer ^ on frappe deîTus avec le poing ^ avec le manche d'un marteau ou autres cho- fes (emblabîes. II faut avant cela que l'Etofe foit pofée fur quelque Drap au' autre Etofe mollette ; car li l'on n'u- foit pas de cette précaution , 8c qu'elle fût pofce à nud fur la Table , oncour- roitrifque d'éclater les traits de la Gra- vure, en frappant & en imprimant l'Eto- fe en queflion. Les rentrées des bouquets & des fleurs, le marquent à peu près de la même façon ; il faut feulement prendre garde de pofer les Planches des rentrées bien jufte dans le milieu- des contours , lefquels auront été mar- qués parla première Planche qui aura' fait le trait du Dcflfein. A 1 égard des Toiles peintes , il fauc obferver que la plupart des ornemens ou des Beurs font gravées mates ; atÎH que les Pianches marquent d'un mê- me coup, le plein d'une fleur ou d'au- tre chofe , conime s'il étoit rempli à la main avec le Pinceau. Les Indiens 8c les Pcrfansj pratiquent une manière très -avantageufe pour imprimer les couleurs fur leurs- Toiles,, quand les parties qui doiye-nt venir toute d'un^ 17^ Observations sur l'Histoire Naturelle, couleur, font un peu grandes; ils Ici gravent en creux fur leurs Planches de bois, ils incruflent le dedans à force de morceaux de Callor ou de Feutre , Icfquels étant imbibés de couleur , la font happer &: marquer fur la Toile trèà-facilcment. On voit de ces Toiles peintes ou brodées , qui font très - délicatement travaillées, & qui font connoitre que les Indiens &c les Perfans ont parmi eux d'habiles Graveurs en Bois. Ce qu'on doit entendre pour le trait Se non pas pour les tailles. Car je crois que s'il falloit qu'ils gravaient une Ellampe ombrée, ils feroient trcs-embarralks. L'on voit cependant fur les Toiles de Pcrfe , quelques tailles qui forment les côtes des fleurs & des feuilles ; mais c'eft très-peu de chofe , en comparai- fon des Gravures en Bois cjui fe font en Europe. Les plus heWeiChitcs ou Toiles pcin- tes des Indes , fe fabriquent à Seronge , "Ville de l'Empire du Grand Mogol. Pendant la faifon des pluyes qui durent quatre mois , les Ouvriers impriment leurs Toiles, quand la pluyeeft celTée & qu'elle a troublé l'eau de la Rivière qui paffe à Seronge , ils y lavent les Toiles qu'ils ont imprimées ; cette eau trouble a la vertu de faire tenir les cou- leurs & elle leur donne plus de viva- cité ; plus ces Toiles font lavées par la fuite , plus elles deviennent belles , au lieu que les couleurs des autres Toiles peintes des Indes ne font paslî vives & qu'elles s'effacent en les lavant plufieurs fois. On fait à Seronge une for* te deToile peinte.qui eLl fi fine.que l'on voit la chair au travers quand elle ell fur le corps , on n'eu voit pas en Eu- rope de cette façon , parce qu'on la re- tient toute pour le Sérail & la Cour du Grand Mogol ; les Sultanes & les Fem» mes de condition, en font faire des ehemifes & des Kobes d'Eté pour leurs ufages. Il ell étonnant que les Anciens qui ont gravé en relief fur le Bois , n'ayent point trouvé l'invention de tirer des Empreintes avec cette Gravure ,• 8c qu'un fecretfi admirable ait été incon- lui en Europe , pendant l'efpace d'un fi grand nombre de fiécles. Principale- ment dans les Pays policés , tels que la Grèce & l'Italie , où les Sciences & les Arts Libéraux étoient cultivés avec grand foin ^ & où l'on traitoic de Bar- bares les Nations qui ne s'y attachoient pas. La Gravure en Bois n'a iamais été en plus grande ellime, que lorfqu'elle a commencé à être ufitée en Europe pour tirer des Eflampes,- chacun à l'en- vi s'en vouloit mêler , ce qui elt caufe qu'on voit une infinité d'anciennes Ef? lampes très-mal gravées. Plufieurs Au- teurs ont avancé , que les Voyages de? Européens en Afie , leur fréquentation & leur commerce avec les Chinois Se les Indiens , avoient fervi à faciliter la Découverte de cette Invention. En effet, cela n'ell pas hors de vraifem- blance , car fans parler de l'Impreffion Chinoife, & des papiers de Tapiffe.- ries du Japon ; les EtoBes & les Toi- les de Perfe & des Indes , examinées avec attention, étoient certainement très-propres à faire faire des réflexions aux génies indullrieux, & à leur décou- vrir des moyens faciles de parvenir à" la perfeclJon de la Gravure en Bois, &; d'en tirer toutes les utilités poffibles. L'ignorance qui regnoit dans le qua- torzième fiécle , Si la négligence des Hilloriens de ce lems-Ià , nous ôtent la connoilTance de l'Artille à qui nous en fomnies redevables. On ne fçait pas même bien pi>ruivement fi l'Impref- iîon SUR. LA Physique et sur la Peintur.e. 'fion des Eflampes en taille de Bois , a devancé l'ImprefOon des Livres avec les Planches gravées. Cependant il eft incontellable, que les premières Eflam- pes qui ont été faites en Europe , étorent gravées en Bois^ & que les pre- miers Livres imprimés ont pareille- ment été faits par le moyen de cette Giavûre. Les unes 3c les autres ont de- vancé de pluGeurs années j les Eftam- p2s en Taille-douce fur le Cuivre , & ont fourni l'intelligence pour inventer & perfeélionner cette dernière Gravu- re. L'Hifloire Littéraire d'Italie , inti- tulée , Idea delta Storia dell. Itdia Lette- rata , par le Docteur Gimma, Napoli- tain , imprimée à Naples en deux To- mes /n-4°. chez' Félix Mofca, l'an 171 3. pourroit donner quelque lumière fur l'époque de iTnvenuon de graver en Bois pour tirer des Ellampes. Je n'ai point vu cet Ouvrage , tout ce que j'en fçai, c'ell: que l'Auteur a inféré dans le preuiier Tome, l'Hilloire des Sciences & des Arts depuis Adam juf- qu'au quatorzième fiécle inelufive- ment. 11 y a fait l'Hilloire de la Gravu- re en général , ^' il peut bien y faire mention d'Eflampes en taille de Bois , 6i de quelques Graveurs qui nous font inconnus. Le fécond Toaie comprend le quinzième fiécle iufqu'en 172.5. On eft porté à croire touchant l'O- figine de la Gravure en Bois^ pour tirer des Elbmpes , que quelque Pein- tre en migr.ature parmi ceux qui enjo- livoient d'ornemens Si de Figures, les premières feuilles & les commence- mens de cl^apitre des Livres manuf- crits de velin , aura trouTc l'Invention de graver en Bois le trait de fes Def- fèins &. de les imprimer furie velin, pour s'épargner la peine de les tracer &c de les répéter au Pinceau. L'on voit d'anciens manufcrits dont les couleurs ■177 Année i-j^2jTom, H, Partie. FI, ■font elTacées , où ces traits de Gravu- re fe remarquent. D'ailleurs cette opi- nion s'appuye fur ce que les ancien- nes Ellampes de Gravure en Bois , font pour la plus grande partie fans aucune taille Si au luiiple trait. La plupart ne font que des quadres de pages Si de vignettes de Livres , que l'on a fait fer- vir par la fuite avec l'ImprefTion des Lettres. Il efl: très-fûr au moins qu'il y a eu de ces fortes de Gravures ^ avant les premières ImprelTions de Lettres gravées en Bois ; c'efl- à- dire , environ Tan 1400. Si l'on objefte qu'on auroit pu dès ce tems-là , fe fervir de la Gra- vure enBjis pour imprimer des Livres, la réponfe eft toute prête ; car l'imino- bilité des Lettres fur les Planches de Bois , <:toit un premier obftacle , & Cl fuppofant même leur mobilité , il auroit fallu une fujetion, un tems , & une dépenfe fi confidérable pour s'en fervir à l'imprelTion , que l'un ou l'au- tre de ces moyens , quoique décou- verts, n'a pu être mis en ufage que long- tems après l'invention , &: qu'à mefura que rinduftrie a perfedionné les pre- mières Découvertes. Des Anciens Graveurs en Bois, &" fur l'inuenticn de l'Imprimerie. Tontes les anciennes Gravures en Bois font fans datte &- fans noms da Graveurs , de façon que l'on ne peut raifonnablement remonter plus Iiaut , pour leur antiquité, qu'au commence- ment du quinzième fiécle, quoique la Gravure en Bois ait pu être inventée dans le quatorzième ; de plus l'on ne peut rien dire de pofitif touchant le Pays où cette invention a été trouvée. Les Italiens^ lesHoIlandoisôc les Alle- mands ne manquent pas de raifons pour s'attribuer cet honneur. Les pre- ijS Observations sur. l'Histoire Naturelle, mie rs allèguent l'excirice de la Pein- ture & de la Sculpture , lequel a re- fleuri en Italie bien auparavant qu'en Hollande & qu'en Allemagne ; & qui femble avoir dû procurer dans cette Région, l'invention de la Gravure pour tirer des Eflampes. Les Hollandois citent Laurent Cofler , & prétendent qu'il a trouvé l'Art d'imprimer après avoir gravé quelques Planches de Bois en 1420. Les Allemands qui paroif- fent mieux fondés, prcfcntent les pre- mières Impreffions avec des Planches de Bois, faites par Guttemberg &C fes Adocic.» l'an 14SO, &; ceux de Straf- bonrg citent Jean Mentd en 1440. Mais ■> '1' Coflcr , Guttemberg , ni Mentel - ne doivent point être re- gardés comtne Inventeurs de la Gra- vure en Bois pour les Ellampes^ quoi- qu'ils le paroiflent de l'ImprefTioji des Lettres ; & l'on doit plutôt croire que cet Art atté inventé bien avant eux en Italie , par quelque Sculpteur ou quel- que Peintre qui nous e(\ inconnu. Ce- pendant , comme ceux que nous ve- nons de nommer , ont tons gravés en Bois, de même que les Imprimeurs , des premières Imprimeries qui ont été établies dans plufieurs Villes de TEu- rope ; on ne laillera pas de commen- cer par eux THilloire des premiers Gra- veurs en ce genre. Laurent Cojier éio'ii [\atif delà Ville de Harlem en Hollande , & Concier- ge du Palais, ou de THôtel-de- Ville. îles Hollandois prétendent qu'il irou-- va l'Invention de l'Lnprimerie , par le moyen des Caradéres qu'il grava fur du bois de Hellre en fe promenant à la Campagne Tan 14203 qu'il commen-- ça par quelques Vers , dont il lit des empreintes lur du Papier avec de l'En- cre à écrire ,• que par la fuite il inven- ta celle à huile dont on le fert dans içs Lnprimeries; qu'il trouva le fecret cTe fcparer les Lettres de Bois Se de les rendre mobiles ; que peu après il en fit de Plonib 8c d'Etain , Si qu'il mit enfin cet Art dans fa perfection, en l'an- née 1440. On voit à Harlem une inf- eription de cette Hidoire, fur la Por- te de la Maifon où Goller demeuroit, Scies Vers fuivans. Memori^ Sacrum. Tipographîn, Ars Artium omnium conjervntrixy mtnc primum inventa circà annum 14-^0, Vana quid Archetjpos , &* Prxla , Mogumia. jaâas ? Harlemi Archetvpzs yrcdaque natafcias. ExtuUi hic j monjirante Deo , Laurtntius artem : DiJjimuUreiirum., dijfimulare Deumejl, On voit la Statue de Cofler dans l'Hôtel-de Ville de Hailem , & l'on y conferve fous une enveloppe de foye dans un collVct d'argent le premier Li- vre qui a étc imprimé , fuivant le fen- timent des Hollandois. Il a pour titre , Spéculum humariiz Salvatiojiis , on l'ap- pelle communément le Spéculum falutis , ik il ell orné de plufieurs Figures. On dit qu'il efl en Langue Flamande , Se qu'apici celui-là Coller le lit en Vers Latin. Les pages ont chacune en tête une grande Vignette gravée enBois , de quatre pouces de hauteur & fept pouces de large j elles (ont féparées en deux fur la largeur par un ornement Gothique ; ces Vignettes reprcfentent des fujets de l'Ancien Se du Nouveau Teftament , elles font dellinées dans le goût Gothique , c'ert-i-dire , très- mal ; le nom de chaque fujet efl au-delFous de chaque Planche , &. les Lettres d'ira- prefTion font imprimées en deux Co- lonues fur chaque page, relativement SUli LA FhYSîQUE à chaque fiijet d'Hittoire. Elles font toutes Gothiques. On ne peut douter que ce Livre ne foit des premières Gravures en Bois ^ &C des premières [mprelTions; on con- viendra que les Ellampesontété faites au rouleau avant la Lettre d'Imprime- rie , qu'elles ont été imprimée» avec Encre à huile, grife on couleur de Billre , & que le Papier ell plus foulé à ces endroits-là , qu'aux autres , où les Lettres ont été imprimées avec une Encre très - noire. Ce qui marque fen- lîhlement que les Eflampes ont été im- primées plulîeurs années avant les Let- tres , & dans un tems où l'on n'avoit pas encore fait de belle Encce. Plufieurs Auteurs qui ont parlé de cet Exemplaire, prétendent que les Lettres ont été gravées en bois. Pour moi , je n'en crois rien ; au contrai- re , je penfe qu'elles font produites par Ses Caraôéres d'Etain ou de Fonte ^ mobiles Se féparées les unes des au- tres. Ce qui me confirme dans cette penfée , c'efl que plufieurs quadrats ou efpaces font refTortis de leurs places , & qu'ils ont marqués des taches noires fur le' pgpier en plufieurs endroits , particulièrement à la fin de quelques lignes. Ces taches font quarrées , mais à quelques endroits les efpaces ont foulé fimplement le papier fans le noircir. D'ailleurs il efl aifédevoir que plufieurs Lettres femblables , [ comme par exemple des A capitaux ] ont été fondus dans la même Mattice. On a beau dire , il ell impofTible de graver plufieurs Lettres femblables , foit en Bois ou en Cuivre fans qu'il n'y ait quelque différence entr'elles^ trcs-fen- fible aux yeux d'un habile Graveur qui les voudra examiner avec atten- tion. De tout cela , je conclus que les Planclies des Figures de ce Livre ont ET SUR LA Peinture. 179 d'abjrd été gravées, dans le deiîein que leurs épreuves fuifent remplies d'E- criture à la main , que l'oli en aura tiré un grand nombre avec cette mau- vaife Encre dont j'ai parlé ci- defius ; qu'enfuite le fecret des Lettres de Fon- te & féparées ayant été trouvé, l'on aura employé ces Epreuves d'tflam- pes , & l'on aura imprinié deffus avec les mêmes Lettres qui ont fervi à im- primer les premières pages de ce Li- vre. Les Hollandois difent encore, que Cofler a fait une Grammaire intitulée Donatus , avec des Lettres mobiles , gravées en Bois. Jean Saubert à la page ii6.de fon Hijîoire de Nuremberg , ciie trois Ouvrages , lefquels ont été im- primés avec des Planches de B]:>h. Qux Ugno incifa funt hue non refera , v. ,?. libdlum fabidorum ù'fimilitudimvn , qua- lis efl D. Hardiebii Ubelliu German'cus IteiTique fpecidum morientum. Speculumfd' liais , ù' id genus alla. Mais toute cette Hiftoire de Coller eft regardée comme une Fable faite à plaifii- par plufieurs AuteurSj de l'on prétend qu il n'y a point de conviétion aifez forte poar lui pou voir attribueravecjuRrcc, l'honneur d'avoir inventé l'Art de l'Imprimerie. Jean MenreZ Gentilhomme Allemand, natif de Stralbourg^ & concurrent de Coller , efl: regardé par d'autres Au- teurs comme l'inventeur de l'Impri- merie , ils difent qu'il grava d'abord des Lettres en Buis & Poirier, & qu'il en fit enfuite avec des Métaux. Une Chronique de Strafbouig affure qu'il fit cette Découverte en 1440, î44î ou r447. elle ajoute , que Mentel em- ploya Guttemberg, Orfèvre de Mayen- C2 , pour faire des Poinço ns & des Ma- trices , & que Gensfleich , domellique de Mentel, communiqua tout le fecret à Guttemberg , qu'ils s'en allèrent en- Zy vîa Observations sur l'Histoire Naturelle , femble à Mayence^ où ils s'alTocicrent avec Faiifl fameux Marchind de cet- te Ville. On rapporte encore des Let- tres Patentes de l'Enpareur Frédéric , qiir pernifttent à Mental de mettre iKie Conro-ined'Or fur la tête du Lion qu'il portoit dans fes Armes ; mais tous ees faits font contredits,, car on ne produit aucun Ouvrage de Mentel , & l'on prouve que les premières Im- prefTions de StrafDourg n'ont été far- tes qu'en 1474.. On ditaufTi que Men- îel n'a pu obtenir des Lettres Paten- tes, qui le déclarafTent Inventeur de cet Art en 144/5. pullqu'il n'auroit pu en cinq ou fix années en faire connoi- tre l'utilité , s^^il efl vrai qu'il eût trou- vé ce fecreten 1440. [raifonqui pour- roit.bien être rcfutab.e ,. car eji moins- d'un u'vois de tems , on auroit pu la faire connoitre à toute l'Europe. ] Et l'on ajoute j enfin, que Guttemberg Se fes Aflociés ont palîcs pendant plus de foixanteans pour les uniques Iiiven- teucs de l'Imprimerie, fans que per- fonne pendant tout, ce tems-là fe foit avifé deleur difputer cet honneur. C'eft donc à Jean Guttemberg ,. Bourgeois de Mayence, à qui la Pof- téritc doit avoir obiig.Tiion de l'Inven- tion de cet Alt. Pendant quelques an- nées il tenta feul l'exécution de fon delTein , & grava en bois quelques pe- tits Ouvrages. Mais comme il s'apper- çut qu'il ne pouvoir lui feul venir à bout d'une entreprife de iî longue ha- leine, il fît part de fon fecret à Jean Faufl, riche Citoyen fon Compatriote, & avec le fecours de Pierre Schoeffer dit Opilio , Domellique de ce dernier qui avoit beaucoup d'intelligence, ils gravèrent en bois toutes les Planches Prefle ne fut trouvée que par la fuite & qu'elle n'a été en ufage que lorfquc iWrt de l'Imprimerie a eu atteint fa perfection. Ce premier Livre étoit un Vocabulaire Latin ,. intitulé Catholicon y que l'on croit être un Ouvrage com- pofé par Jean Balbi Religieux Domi- nicain, qui l'acheva en i. 18e, avec ce titre CathoUcon feu fumma Crammatica- iiî. Cheviiiier protend que c'eft le Li- vre intitulé Summa quiV Catliolicon ap- pelUtur Jcannis Janumfis Ord. F. F. Prced^ dont on voit plufieurs imprefTions très- anciennes dans quelques Bibliothè- ques ; quoiqu'il en foit , il fut mis en lumière l'an 1450 , d'où l'on peut in- férer, que Guttemberga commencé à graver en bois environ l'an 1 440 vingt années avant que l'on ait eu trouvé l'invention de graver en Cuivre •, ce qui efl d'autant plus vraifemblable qu'il avoit fait nombre d'eilais , plufieirrs années avant d'avoir fait part de foa fecret , & quelqu'auires s'écoulèrent pendant que lui &c fes Alfociés gravè- rent les planches de ce Livre. Mais comme la longueur du travail de ces planches gravées étoit extrême, & qu'elles ne pouvoient fervir qu'à lia même Ouvrage , ils s'en dégoûtèrent & gravèrent des Lettres de bois fépa- r^es & mobiles, avec lefquelles ils inir primèrent quelques Livres. Cela ne les fatistaifaïupas encore, Scf\oetTer natu- rellement indullrieux, trouva le fecret en gravant des Poinçons & en frap- pant des Matrices, de faire des Lettres de métail; Fauft fut fi charmé de cet- te invention, qu'il donna fa fille ea mariage à Schoelîer avec une dot con- fdérable, ne croyant pas qu'un fervr- ce de cette importance put être trop d'un Livre dont chaque page avoit la, avantageufement recompenfé. Genne> ils Tmiprimerent au Rouleau, «ar^il. eft certain que i'invemion de la On remarquera que les premières im- prelTions de Guttemberg 8c de fes AlTo- SUR LA Physique et sur la Peinture. iSi cîisj ayant été faites à clefTein de palier poiudes Livres manufcritsjls furent im- primés fan5Frontifpice,fansVignette5(Sc fans Lettres grifes'; parce que toutes ces choies fe peignoient après l'impreflTion fur le Velin , ou fur le Papier ^ atia de mieux tromper ceux à qui on les ven- doit. Telle efl: la Bible in follodc Mayen- ce,qui ell dans la Bibiiotliéque de Saint Viftor, Se dans celle du Collège Ma- zarin ; mais qnef^ques années après ^ le fecret de l'Imprimerie fut connu , iSc Hen n'empêchant alors d'orner les Li- vres d'Ellampes gravées, la Gravure en Bois , comme la première en ufa- ge , y fut employée avec profufioii. On en voit de tris- anciens , où il y a des Edampes «î^c des quadres de celte Gravure, avec des Lettres Capitales dorées Se peintes. On voit des Vignettes 8i des Let- tres grifes gravées enb'îis, dans tous les Livres fortiî des premières Impri- meries qui furent établies dans nombre de Villes fameufes. Li plupart defdi- tes Gravures font mal faites , parce que le goût Gothfque étoit encore en vogue, & que les Imprimeurs en tai- foient eux-mêmes à mefure qu'ils en avoient befoin ; cela eft d'autant plus véritable , qu'on n'y trouve aucune marque qui puilTe faire connoitre les noms de ceux qui les ont faites. Il e[\ vrai qu'on n'y a pas beaucoup perdu ^ on doit feulement avoir regret d'iiino- rer , par qui ont été gravées la p us grande partie de celles qui on paru en Italie,. dans des Livres Se en Eilam- pes , fur la fin du quinzième liécle, & au commencement du feizicme , par- ce qu'elles ont été faites par plufieurs bons Peintres ,^ &c. & par d'habiies Dcflinateurs, lefquelsont pratiqué cet- te Gravure, ou pourproduire leurs Def- fé la ProfelTiôn de graver en Bois, qui devoir beaucoup les occuper dans ce tems-là. La Ville de Rome n'eft pas la pre- mière Ville après Mayence où il y ait eu une Lnprimerie , comme on Ta cru iui- qu'à préfent ^ cet Art n'y fut établi qu'en 141^7 a par Surenheim t\ Arnold Pannarto. On efl perfuaié qne Mirtin Crantz , Ulric-Gerin & Michel Fri- biirger,ne commencèrent d'imprimer à Paris , dans le Collège d-^ Sorboit- ne qu'en 1470J cependant il ell cer- tain qu'on avoit déjà imprimé en cette Ville quelques années auparavant. M.. l'Abbé du Bos » de l'Académie Fran- çoife , m'a fait le plaifir d." m? comnu- iiiquerun ancien Livre très-rare , im- primé à Paris des l'an 1454 , S< qui n'elt point à la Bibliothèque dn Rot. C'elt un petit in-folio^ intitulé rOrdi- naire des Chrétiens , fur la première pa- ge le Monograrae du Libraire dont on va donner le nom , forme la première Lettre du Titre-; ce Monograme cft un vifage de Profil , fait par des en- trelas en forme de chiffre ingénicufe- ment tracés & gravés en Bois très-pro- prement. Dans le corps du Livre il y en a encore quelqu'uns plus petits, qui forment des Lettres grifes, avec plufieurs fiijets gravés en bois , rien qu'au trait mal deiriné ^< d'un mauvais Gothique. A la tin du Livre on trouve cette datte. L'an (5658. après le commencement dz VuniverJeL Monde. Et l'au 1464. le vingt-deuxième jour de Mai ^ après l'Incarnation de Notre Sei- gneur ^ fut premièrement confummé ce pré- fent Livre , ij-c» On lit plus bas , qu'il fut imprimé à Paris , pour Antoine Verard., Mar- chand Libraire du Palais , lequel a feins , ou parce qu'ils ayoient enibraf- auffi vendu plufieurs Livres d'anciaa- 102 Observations sur l'Histoire Naturelle, lies Ctu'oniqiies , dans Icfquels il y a taits. L'Imprimerie d'Anvers fut établie nombre d'Éftampes au traita gravées en bois, mais grufTiérement faites 8c encore plus mal defTinces. Les Lettres ^rifes de la plupart de ces Clironiques ne font point imprimées, elles ont été enluminées en Vermillon ou en Azur. J'ai vu quelques-uns de ces Livres de l'an 14.95 , Sec. ils font tous imprimés en Caradéres Gothiques , de même que rOrdinaire des Ciirétiens de i •4-<54. L'Imprimerie fut établie à Venift: en 1471^ par Jean de Spire & VenJelia. Celle deNaples, la même année, par Sixtus Ruli;;er. Celle de Louvain en .J473 , parJean de \7el1plialie. Celle de Strjfbourg , fut établie en 1474, par Jean de Cologne & Jean Men- tlieib ou Mentelin. Celle de Padoue, la même année, chez Pierre Maufer. Cel- en I489, par Gérard Leeu. Celle de Seville par Paul de Cologne & fes Aiïociés^ l'an 149 1. & celle de De- venter en Hollande , par Richard Pa- fracr , en 1499. Tous ces établilTcmens n'ont été faits , que lorfque l'on s'efl fervi de Lettres de Fonte mobiles &: féparées. Le plus ancien Livre de cette façon avec datte, elldel'an 14^3. c'eft un Pfeautier Latin in-quarto , de l' Impri- merie de Faufl & de Schoeffer. Si le •Ledeur eil curieux de connoître le fcniiment des Auteurs^ touchant tous ces Imprimeurs 8c les Ouvrages qu'il» ont imprimes , en confultera particu- lièrement , Tri thème en fa Cirnniijue d'Hirfangen. Jean de la Caille , Hijîoire de f Imprimerie. Chevilltcr dans fonOri- le de Milan en I47'> ^ par Pliilippe de gine de ^Imprimerie. Sp'iegcl damfon Le iLavagng^ Celles de Bruxelles ^ de Lyon & de Genève en 1478. Colle de Balle fut établie en I481, par Jean Amer- Bach, qui fut l'un des premiers qui imprima en .Caraclcres ronds & par- xicon Juris , St" dans fes Azotes fur Richard Banholïn de Peroufe. Jérôme Gebviler ^ dansfon Panegerique de Cliarkquint. Paul Jove , Lip. 19. Hijhire Sponde A C. 1440. A'«. 45 ^c SUR LA Physique et sur la Peinture . 183 4> 4> <4^4-> <-^^ <^4> <¥4> <^4> <^4> «-|-4-> 4|r4-> 4j'j>^*' 'Vij c*^T r,*o >*>" r.^o jXT '^.s»» ^fX\ . rA»3:e^T^« '>»ï.-iXTrxo ■.**•*• *>*> j^" >*) t*^^ ris*? c*^* ''Xo :^ ■■ -Vm •s^r^^Tg/yK ARTICLE IX. Sur les tremblemens de terre ^ Gr critique à ce fujet d'une Lettre inférée dans le Journal de Verdun, (Nov. 1752. ) &' dun Extrait des Journaux d'Angleterre inféré dam le Journal Oeconomique ( du mûme Mois)yui traite de la même Matière. 5^^^M E viens dé recevoir une Let- ljr~\ \.S tre cl\in Auteur Anonyme , ^1 ^ 17 qui attaque le Sentiment de ^'^^5^^ M. Premier ,' lequel a voulu fe lervirdu Syrtême de la Cir- culation des Eaux au Centre du Globe Terrefire^ pour établir la caufe des Volcans & des tremblemens de Terre. . Cette prétendue circulation des Eaux dans l'intérieur de la Terre a été ' O.hferv. XXIX. SurTufagcdes Vaif- feau.x iympiiatiques duMéfentere, & concernant celui de la Veine-por- te. 1^8. pow 158. CxpoCtion Anatomic|ue du IVléfcntere. IJar. l^fage des VaiiTeaux Lymprmiiques. l 'j 9, pour I3!cs .■termes d'Anatomie d'Hilloiie Naturelle, de Phylique , & concernant les Arts & Métiers ^elativenient à cet Ouvrasie. J APPROBATION. Ai li par or lire de Monfeigneur le Chancelier, la fîxiéme Part e d'un Manufcrit, quia pour Titre Obftrvations fur l'HiJioire Naturelle , fur ta Phjifujue Ç- fur la Peintures Se je ois que rimpreflV n en peut être permifc. Donné à Paris le 51 Décembic lyfi. PjtlLlPPEDE FrÉTOT, ■CtOli E R R A TA. LAfeuilk Q.eft ma'chifi-ccaulieu de itfy paroil ellecommence.ilfaiitcommcncerà 111 Ce finir cette feuille à liSaulieude 171. Layèui/Ze S. dl dans leméme cas. J57devoit être J137, jufqu'à I64 où il faut aufl'i conter 144. A la pa^. 8 première apoilille au lieu de rapportée///", rapporte. fcg-, 11. coht. lig. 44. de petits VailTcaux///; de fibres & des petits vailîeaux.p,;^. ? col. z. lig. 13. au mot u'cndomniogea, lif. n'endonima^t.îr. j. 40.C0/. » /. 7. un principe.///", un principe iihf.p, 49. col. z. L 45. Baril de îléfinc /i/«î de Réhne. pjg. fuivante il y a au/Il deux fois Rïifine pour Réfine. à la pag. ? 1 à'ia. troifiéme /. de la première co/. il y a compreflion auli«u de comprenlon. p.ig. S9 il manque un Ae au litre quatrième, p. 66 vous trouverez retranher au lieu de retrancncr. p. -ocol. 1, 1. 14. Ja pcnuitiime /. aprcs la ConiraCtion , ajoute^ oppoicc. p. zrffmaprvs le dernier mot pnyiiqus «jisj/rfj lia premier volume àe l'année prochaine, p. 147. col. id. zi>. réiervcr, /;/. relferrcr» ,e^r.,cci laprcHiierc'/ijj. dp la première ro/, dela^rt^e 161, r^'^ %•* «t.u-n '*r'« y-'» #«p ^té ^V-^> - . .i^ - ^ '^' ¥■. '.- w / A* jkt; ^sSmmM V^ 'il 'mi h^F m ^ >/^ ■«ix^l - 'H-- V!* **;MV:>v.^V Wm^mm ■^c^, 1