THE UNIVERSITY OF ILLINOIS LIBRARY 52>î5". / 0^ A^NAL^:s SCIENCES NATURELLES. /.^ E , M.|iil-ie Je rioNliliit J). Ces observations ne portent que sur huit espèces d'oiseaux diurnes, qui liabitenl tous , pendant le printemps et l'été, le jar- din de ma maison , rue de la Rochefoucault. Le calendrier du ré- veil et du chant de mes hôtes a été dressé chaque nuit , à Paris , depuis le 1" juin jusqu'au 6 juillet 1846, et dans ma terre de l.andres, près de Mortagne, département de l'Orne, depuis le 7 jusqu'au 23 juillet de la même année. Ces huit espèces d'oiseaux sont, en les rangeant suivant l'ordre d'antériorité de leur réveil et de leur chant, depuis le 1" mai jusqu'au 6 juillet : 1° Le l'inson, d'une heure à une heure et demie du matin; 2° La Fauvette à tête noire , de deux à trois heures : 3° La Caille, de deux heures et demie à trois heures (2); 4° Le Merle noir, de trois heures et demie à quatre heures; 5° Le Rossignol de murailles ou Fauvette à ventre rouge, de trois heures à trois heures et demie; 6° Le Pouillot, à quatre heures ; 7° Le Moineau l'ranc, de cini] heures à cinq heures et demie ; 8° La Mésange charbonnière ou grosse Mésange, de cinq heures à cinq heures et demie. On voit, par ces chitTres, que le Pinson est le plus matinal, et le Moineau le plus paresseux des oiseaux que j'ai observés. Est-ce de cette habitude reconnue qu'est venu le dicton : Gai, éveillé comme un Pinson ? (^uant au Moineau , qui vit dans la so- ft) Nota. Il na élé rulaincliù m ^ijoulé une seule virgule à ce Méuioiro, ter- miné en 1846. (2) Juin 181G a été très cluiuil . mon jiu-din él^iit iirro>(' ; voilà pouniuoi la Caille, qui aime un sol frais, est venue habiter quinze jours rue de la Kocliefou- caull, el comment j'ai pu l'observera l'élat libre dans les murs de Paris. 116 DlRE-tt DE I,A M*I.I.E. — SVK I.IC liKVKM. ciété de rHoinme, et qui pullule duiis les villes, aurait-il con- tracté, par celte coliabilation, les habitudes paresseuses des oisifs et des citadins? Le fait est que je n'ai observé qu'trfie fois, le 3 juin , un Moineau levé à trois licures et demie; encore avait-il été éveillé par un Merle privé , habitant de ma maison , (jui , depuis une heure, silllaità plein gosier. Mais, pour qu'on |)uisse accorder quelque confiance à oies ob- servations , il faut nécessairement que je dt'crivo mes habitudes , et la position de mon observatoire. Depuis trente ans, le printemps et l'été, je me couche régu- lièrement à se|)t henics, et je me lève à minuit. Mon cabinet de travail donne sur le jardin , et la chaude température des mois de mai et de juin ]S/|<) m'obligeait à tenir toujours les fenêtres ouvertes. J'avais disposé un appareil pour garantir les familles des oiseaux, (]ni venaient me demander l'hospitalité, contre les attaques des Chats, (jui , les années précédentes, avaient dévore IcMU's petits: ils (;laiciit devenus familiers avec moi, et j'ai pu, en visitant leurs nids, délerniiner la cause du réveil plus ou moins hâtif de chaque espèce. Le 4 juin IS/iO, la Fauvette à tète noire et le Merle ont connnencé à chanter à deux heures et demie du matin, l'rappé de celte anamolie , je vais inspecter leurs nids ; je trouve leurs petits éclos. Je pensai d'abord que c'était une ma- nifestation de la joie paternelle et maternelle; mais je me suis bientôt convaincu de mon erreur. Le besoin de plus d'heures de veille , [xnn- nourrir la famille augmentée , avait avancé d'une heure et demie lein- ré\ei! , (lui , auparavant , ifavail eu lieu (\n'[i quatre heures, lc l'''jiiiii et les jours précédents. Il faisait alors nu beau clair de lune , et j'ai pu voir les pères et les mères de ces deux espèces occupés constamment à chercher sur le gazon et dans les plates-bandes les insectes et les aliments qui devaient servir à la nourriture de lenr famille. Le 2()juin, étant à ma campagne, j'ai entendu, à deux heures du matin, lesCailles chanter tout autour de moi. Je n'ai pu vi'rifier le fait aussi directement (|ue je l'ai fait pour le Merle et la l'au- vetle de mon jiMtlin de Paris; mais l'éclosion des petits, et le besoin d'une nourriture plus abondante, sont. j"ai lieu de le liT I !•; CIH.M DK (Mi:i01i;s OISliVL.X DHilSNKS. 117 croire, la véritable cause de ce réveil anlicipé , qui devance de deux heures le lever du soleil.. Je terminerai cette courte noie par une observation qui prouve une certaine sagacité et une faculté d'imitation très prompte chez deux espèces d'oiseaux chanteurs : la Fauvette à tète noire et le Merle. Le 1 1 juin , je m'étais levé à minuit, les fenêtres de tua biblio- thèque ouvertes , et ma lampe Carcel allumée. A minuit et demi, la Fauvette s'éveille, et chante sur l'Acacia placé à quatre mètres de ma fenêtre. Prend-elle pour le jour le Carcel qui échiire ma veille? liie heure et demie se passe, elle ne chante plus. Il est clair (ju'elie a rocoimu son erreur, et que ce ])etit globe enllammé n'est pas le soleil. 11 est certain aussi que ce n'est pas le besoin d'une ]>lus grande quantité de noiu'rilure qui a avancé son léveil ; car j'ai inspecté le nid , et lesceufs n'é- taient pas éclos. Mon portier nourrissait en cage un Merle privé, auquel il avait appris à sifller avec beaucoup d'enthousiasme les airs patrioti- ques de la Marseillaise et de la Cannaiimle, et qu'il plaçait dans la cour, près des fenêtres de ma bibliotlièque. On le renfermait tous les .soirs dans une chambre obscure. Le S juin , on oublie de le rentrer ; dès minuit un quart , lrom|)é par l'éclat de ma lampe, il éveille toute la maison en chantant à gorge déployée les airs qu'on lui avait enseignés. A ces chants patriotiques, les Merles sauvages l'épondent ; et de nn'nuit un (piart à scjiL heures du matin, le Merle privé et les Merles libres chantent à tue- tète, chacun, les notes qu'ils ont apprises dans leur enfance. Les Merles sauvages étaient certainement entraînés par un guide trompeur ; ce n'étaii pas le sens de la vue frappé par la lumière qui déter- minait cette explosion musicale, car leur nid était placé à trente mètres de ma bibliothèque; et j'ai observé que, par un temps clair et par la pleine Imie, le Merle ne chante (|u'unc demi-heure avant l'aurore, excepté le cas de la nais.sance de leurs priils, et le besoin de plus d'aliments et de [)lus d'heures de tra\.ul pour se procurer leur nourriture. Le 17 juin , le Merle républicain est encore oublié dans ma cour ; il renouvelle la scène du 9 juin, met en \oix tous les Merles 118 iiiRKti ■>!': i.x n.tiJ.K. - SI it i.i': iucveil libres, et réveille de nouveau tous les habitants de ma maison. Je descends, et, pour le punir, je le mets au cacliot dans un en- droit obscur. Au bout d'une iieure, le croyant corrigé, je le délivre et le remets à sa place accoutumée. Un quart d'heure s'écoule à peine, et rincorrigil)le républicain chante de nouveau à tue-têle le Ça ira et la Marseillaise. Je descends plusieurs fois dans la nuit, et tout de suite, en me voyant, il se tait. Reconnaît-il en moi son jui^c et son geôlier? Les vieux Merles libres ont toujours résisté h chanter les chan- sons républicaines; mais un même couple de Merles avait produit trois générations successives dans mon jardin, dans la même allée, sur le même Tilleul, et dans le même nid, protégé par moi contre la grilTe desdhats voisins et des miens. Comme l'espace est borné, et qu'il n'ollrail pas, sans doulc, une nourriture sullisante à un i)elot()ii de (iiiiiixc Merles arrivés à l'état adulte, depuis le 10 marsjns(|u'au 25 juin, mes jeunes élèves m'avaient abandonné, et j'attendais impatiemment leur retour ; j'étais curieux desavoir si le chant arlinciel du Merle privé , qui avait frappé leurs oreilles pendant leur enfance cl leur adolescence, l'emporterait sur la langue maternelle (|u'ils avaient apprise de leurs parents. Enfin, le 18 et le '20 juin , à (|uatre heures du malin , le Merle privé étant renfermé et couvert, j'entends dans mon jardin retentir les deux phrases des chants populaires ('a ira, et Aux armes, ci- toyens , (]ne leur avait silllés tant de fois mon Merle républicain. Ce petit fait m'a semblé assez curieux , quoique tout le monde ait pu observer que certains oiseaux chanteurs élevés en captivité, t!t situés dans IcMir enfance . ont oublié leur langue maternelle pour la langue artiticielle (|u'on leur a a|)prise. Le 1/| juin , j'enlends chanter la Fauvette ;\ une heure trois (|uarts; le ciel était légèrement lloconneux , la lune en décours, .l'inspecte le nid: les petits étaient éclos. On sait qu'en général les Oiseaux chanteurs, le Merle, la Crive-Mauvis, le Rossignol, rliantent |)lus tôt et plus longtemps, surtout le mâle, (|uand ils oiil des petits. J'ai vérifié ce fait pendant plusieurs années sur un grand n(»inbre d'espèces d'oiseaux chanteurs. Je consignerai ici deux observations, dont l'une a rapport à riiisloire et au i;IkiiiI du Mi;iie noir, cl l'autie aux circonstances lii l.i; CIIAM l)l'. yiKl.QI 1,S ()|SKU\ 1)1 Ml. Mes. Il') locales et encore inconnues qui peuvent intluer sur l'organe vocal. Chant (in Meile noir d'ItMlif. En mai et juin 1830, j'ai traversé à pied les Apennins, de Novi h Gènes et de Gênes à Carrare. J'ai été fort surpris d'entendre le Merle noir sauvage moduler un chant très mélodieux tout dif- férent de celui de cet oiseau dans nos contrées. Je me suis glissé sans bruit, je me suis caché ; alors j'ai vu et ouï chanter l'oiseau à sept mètres de moi. Le mâle surtout , au bec jaune , aux pieds noirs , au plumage noir sans tache , ne m'a laissé nul doute sur l'identité de res])èce. Le climat , les eaux, l'air, les montagnes , le plus ou moins de tension électricjue , ont-ils une infhience sur la voix? Bref, l'oiseau est le même , son chant est tout différent de celui de notre Merle. Les réfugiés italiens, chasseurs et musi- ciens , ont éprouvé la même surprise que moi pour le Merle italien , en entendant chanter notre Merle parisien par une belle soirée, dans nos jardins de la rue de la Rocheloucault. M. A. de Humboldt m'a assuré que la même variation existait dans les Canaries pour le chant des Serins. En 1811 , j'avais visité Bergame. J'y remarquai h la fois beau- coup de goitres et des voix en grand nombi'c très fortes et très mélodieuses. Cette position, les circonstances inconnues que j'ai indiquées plus haut ou d'autres encore, influent-elles en bien ou en mal sur l'organe vocal? Je consignai le fait. Scarpa et Mas- cagni , avec qui j'en causai , me dirent que le fait reconnu par eux était le nombre de goitreux et de belles voix plus considéra- ble k Bergame que dans aucune ville d'Italie , et hors de propor- tion avec les populations respectives. Le professeur Orioli a aussi observé le même fait, et m'a trans- mis son témoignage. Le même phénomène avait été déjà observé à Zama par Vitruve et Pline, témoins oculaires (1), J'ai joint à ce petit Mémoire ini tableau contenant les heures du chant de huit espèces d'Oiseaux, avec les maxima et minima de tempéra! tu'e. (I) Vnypz mes Itrrhcrrhrf: mir lu ij('(>gr(ij)hio cl rhifloirr île l'Afrique srptentrio- nale , article Zama. 120 micKtr iH' i.% «»i.i.K. — SI I! i.r: hkmmi. i)i:s oiskai \. Tableau des heures du réveil de quelques espèces d'Oiseaux. Él'OOl'ES ET r)ATi;s TEMPÉHATtRES (les épit(|iipg ESPÈCES (tes plipnoiiiciirs de la vie iiiiinialc, décliiite.': de l.i roloiine précédente. 1 (les observaiidiis iiiudernes. -■ — ^ -^ M.ixiniu. Miitidiii. 1846. Tli(!i'(it.C TliCini.C Coucou [Cuculus Cano- 1 -2 juillet. Clianle dés le 5 mars. S'est rus, L. C ) n'EuROPE. lu le in juin + 27 +8,5 |Cot;COU ADIU,TE. Pris le 1 4 juillel. +29 + 12 'Caii.i.k {Trlnw ntlurnil, Clianle du 1" mai au S et au 1 4 juil- + 23 + 13 Cuvier). let même Engoii.evknt. 1 .1 juillet. — Sort du nid adulte. Nourri en cage de pain, lait, œufs. +28 + 10 Mai VIS [Tiirdus iliiiciif. 1 Ojuillet.— Chante encore le 26, pond. Ciivier). (•liante jus(iu au 1" septembre. + 22 + 9,5 .CaNAUDS nOMKSIlOLES 1 4 juillel — Levés à 0,2. — Orage, éclairs continus. + 26 + 9.5 HiRONDELLEnF. CHF.MIXÉE 14 juillet. — Chante a 0,2. - J- + 9,5 — d'entadlement. Id Id. la. Id. Fauvette a tète noire (Motarilla iitricapilld , 14 juillet — Chanlo à 0,3. +26 +9,5 Cuvier). Loriot [Oriolus ,ialbul(i. 21 juilU-t.— Chante 2 h ap. midi. (A Lin,). Pigeon-S.-Hilaire, prés Morlagnc.) + 23 + 8 CiiAT-HiJANT .(.Sd'ij; sln- iMauvis. ) fliihi , C ). 23 juillet, 3 h , crépuscule naissant. . L'oiseau diurneel l'oiseau nocturne ' chantent simultanément. I8«7. 27 1/2 <2 Merle i^Turdus mcnilii , 29 mars, n h. 1 Cuvier). )) 6 ! RoucE-GoRGE {Moliintlii Id rnbenda. ("uv.) D » TABLE DES MATIÈRES CONTEMiKS DANS Ci; A 0 I, i; M K. ANATOMIE ET PHTSIOLOGIE. Noie sur le non- vomissement du Cheval; par M. Klihrens Il," Mémoire pour servir à la connaissance de l'organisatinn et de la vie de la substance contractile chez les animaux les plus inlerieurs ; par M. Alkx. EcKER !(;4 AlVlinAUX VERTÉBRÉS. Observations sur les heures du réveil et du chant rie quelques Oiseaux diurnes pendant les mois de mai et de juin 1 840 ; par M. Dureau de la Malle M 5 Sur les animaux vertébrés envisagés sous le double rapport de la géo{