■^Il0'-^.,^.,,^.tl^^ (EUVRES COMPLÈTES D E M. LE CJ^DEBUFFON'. Partie expérimentale. Tome Fin. HISTOIRE NATURELLE, GÉNÉRALE ET PARTICULIÈRE.^ 'arMJe Comte DE Eu FFON .Intendant du Jardin du Roi, de U Académie F rançoife, 0 de celle des Sciences ^ ùc. Tome Huitième, A P AR I S, i- Suivant la Copie irt-4 ° DE L'IMPRIMERIE ROYALE, M. DCCLXXVL TABLE De ce qui eft contenu dans ce Volume. PARTIE EXPÉRIMENTALE. Huitième MtMoiKE.Ju xp èri en- ces fur la pefanteur du Feu y ù fur la durée de l'incandefcenœ.,,. Page I Neuvième Mémoire. Expérîen* ces fur la fufion des mines de Fer 52. Dixième Mémoire. Obfervations ù Expériences faites dans la vue d'améliorer les canons de la Marine 1 1 j Onzième Mémoire. Expériences fur la force du Bois. . . . 158 Table des Expériences fur la force du Boio. . . , z5 j Douzième Mémoire. Article L" Moyen facile d' aug- menter lafolidité ^ la force & la durée du Bois x^2/ Article II. Expériences fur le dejféckement du bois a l*air^ & fur fon imbibition dans l'eau 2,90 Article III. Sur la conferva- tion ù le rétablijfement des Forets. 357 Article IV. Sur la culture ù l'exploitation des Forets, 3 89 Article V. Addition aux Ob- fervations précédentes» •414 HISTOIRE HISTOIRE NATURELLE. WJ.I1 V Hi, '-y^ **W>v--yi-rj"!i^v«.j.i.ir^tyi.fv^i,«^i ..^ PARTIE EXPERl MENTALE, HUITIÈME MÉMOIRE. Expériences fur la pefamcur du Feu, è^ fur la durée de Vhîcandefceuce. JE crois devoir rappeler ici quelques- unes des chofes que j'ai dites dans l'mtrodudion qui précède ces Mémoires, afin que ceux qui ne les auroient pas bien préfentes, puifTent néan moins en- tendre ce qui fait robjet de celui - ci. Le feu ne peut guère exifler (ans lumière &. j-amais fans chaleur , tandis que la Toim VIIL A ii Hiflou-e Naturelle. lumière exifte fouvent fans chaleur ï^n^ , fible, comme la chaleur exifte encore plus fouvent fans lumière; l'on pevit donc confidérer îa lumière & la chaleur comme deux propriétés du feu , ou plutôt comme ies deux feuls effets par lefquels nous le reconnoiflons ; mais nous avons montré que ces deux effets ou ces deux propriétés ne font pas toujours effentiellement liés enfemble , que fouvent iis ne font ni fimukanés ni contemporains , puifque dans de certaines circonftances on font de la chaleur long-temps avant que la lumière paroîfîe , & que dans d'autres circonftances on voit de la lumière long -temps avant de fentir de la chaleur, & même fouvent fans en fentir aucune , & nous avons dit que pour raifonner jufte fur la nature du feu, il falloit auparvivant tâcher de recon- noître celle de la lumière & celle de la chaleur qui font les principes réels dont l'élément du feu nous paroît être compofé. Nous avons vu que la lumière eft une matière mobile, élaftique & pefante^ c'eft - à - dire , fufceptible d'attradion , comme toutes ies autres matières; on a Partie experhnenfak, 3 dcinontré qu'elle eft mobile , & même on a déterminé le degré de fa vîtefi'e immen(e par ie très-petit temps qu'elle emploie à venir des fatellites de Jupiter jufqu'à nous. On a reconnu Ton élaflicité qui ell prefquc infinie par l'égalité de i'angîe de ion incidence & de celui de fa réflexion ; enfin fa pefanteur, ou ce qui revient au même , fon attra(fuion vers les autres matières, efl: aulli démontrée par l'inflexion qu'elle foufFre toutes les fois qu'elle palîè auprès des autres corps. On ne peut donc pas douter que la fiabflance de la lumière ne foit une vraie matière, laquelle indépendamment de fes qualiés propres êc particulières , a aiifîi les propriétés générales & communes à toute autre matière. Il en eft de même de la chaleur, c'eft une matière qui ne diffère paî> beau- coup de celle de la lumière , & ce n'efl: peut-être que la lumière elle-même qui, quand elle eft très - forte ou réunie en grande quantité, change de forme, dimi- nue de vîteffe, & au lieu d'agir fur le ièns de la vue, affede les organes du toucher. On peut donc dire que relati- yement à nous , la chaleur n'eft que le Ai/ 4 Hifloîre Naturelle. toucher de la lumière , & qu'en elle-même ïa chaleur n'eft qu'un des effets du feu fur les corps , effet c[ui fe modifie fuivant les différentes fubftances & produit dans tomes une dilatation, c'eft-à- dire , une féparaiion de leurs parties confiituantes. Et lorfque par cette dilatation ou fe'pa- ration, chaque partie fe trouve affez éloigne'e de fes voifines pour être hors de ieur fphère d'attradion , les matières folides qui n'étoient d'abord que dilatées par la chaleur, deviennent fluides, & lie peuvent reprendre leur folidité qu'au- tant que la chaleur fe diffipe , & permet aux parues défunies de fe rapprocher & ie joindre d'auffi près qu'auparavant (a). _ (a) , Je fais que quelques Chimifles prétendent, qUe les métaux rendus fluides par le feu , ont plu$ de pefanttur fpécifique que quand ils (ont folides ; Riais j'ai de la peine à le croire, car il s'enfuivroit que leur état de dilatation où cette pefanteur fphé- cifique efl .moindre ne feroit pas le premier degré, de leur état de f^ fiqn , ce qui néanmoins paroît indubitable, l 'expérience fur laquelle ils fondent leur opinion , c'ell que le métal en fufion fupporte le même métal, folide , & qu'on le voit, nager à la furface du nétaf fondu: mais Je penfe que cet cfîet ne vient que de la répulfion caufée par la Partie expénmentak, 5 Ainfi toute fluidité a la chaleur pour caufe; & toute dilatation dans les corps doit être regardée comme une fluidité commençante ; or nous avons trouvé par l'expérience, que les temps du progrès de la chaleur dans les corps, Ibit pour l'entrée, foit pour la forde , font toujours en raifon de leur fluidité ou de leur fufi- bilité , & il doit s'cnfuivre que leurs dilatations refpecftives doivent être en même raifon. Je n'ai pas eu befoin de tenter de nouvelles expériences pour m'afllirer de la vérité de cette conféquence générale ; M. Muiïchenîoroek en ayant fait de très- exadles fur la dilatation de ditférens métaux, j'ai comparé fes expériences avec les miennes , & j'ai vu , comme je m*y attendois , que les corps les plus lents à recevoir & perdre la chaleur , (ont aulîî ceux qui fe dilatent le moins prompte- ment , &: que ceux qui font les plus prompts à s'échauffer & à fe refroidir, font ceux qui fe dilatent le plus vite : chaleur, & ne doit point être attribué à la pefan- teur fpécifrque pins grande du métal en fufion ; je fuis au contraire très-petTuadé qu'elle efl: moindre que celle du métal foiide. A iij 6 HïfoJre Naturelle, en forte qu'à commencer par le fer qui eft le moins fluide de tous les corps , <3c finir par le mercure qui eR le plus fluide, la dilatation dans toutes les différentes matières, fe fait en même raifon que le progrès de la chaleur dans ces mêmes matières. Lorfque je dis que îe fer efl le plus folide, c'efl-à-dire, le moins fluide de tous les corps , je n'avance rien que i'expérience ne m'ait jufqu'à préfènt démontré ; cependant ii pourroit fe faire que la platine, comme je l'ai remarqué ci- devant, étant encore moins fafible que le fer, la dilatation y feroit moindre, &ç, le progrès de la chaieur plus lent que dans le Ïqî ; mais je n'ai pu avoir de ce minéral qu'en grenaiiie , &: pour faire i'expérience de la fufibilité & ia comparer à celle des autres métaux , il faudroit en avoir une luaffe d'un pouce de dia- mètre , trouvée dans la mine même ; toute la pladne que j'ai pu trouver en mûile , a été fondue par l'addition d'autres matières, & n'efl pas affez pure pour qu'on puiffe s'en fervir à des expériences qu'oa ne doit faire que fur des matières Partie expérmentale. y purcs & fimples; & celle que j'ai fait fondre moi-même fans addition, étoit encore en trop petit volume pour pouvoir Ja comparer exactement. Ce qui me confirme dans cette idée ^ que ia platine pourroit être l'extrême en non fluidité de toutes les matières connues, c'eft la quantité de fer pur qu'elle con- tient, puiîqu'eik efl prefque toute attirabie par l'aimant; ce minéral, comme je Tai dit, pourroit donc bien n'être qu'une matière ferrugineufe plus condenfée & fpécifiquement plus pefante que ie fer ordinaire , intimement unie avec une grande quantité d'or, & par conféqucnt étant moins fufible que le fer, recevoir encore plus difficilement la chaleur. De même , lorlque je dis que le mercure eft le plus fluide de tous les corps, je n'entends que les corps fur lefquels on peut faire des expériences exades , car, je nigi-iox^ pas , puifque tout le monde ïe fait , que i'air ne (bit encore beaucoup plus fluide que le mercure ; & en cela même la loi que j'ai donnée fur le progrès de la chaleur efi: encore confirmée; car, i'air s'échauffe & fe refroidit, pour ainii A iii; s Hïjloh-e Naturelle, .'dire, en un infiant, il fe condenfe par .le froid-, & fe dilate par la chaleur plus qu'aucun autre corps, & néanmoins te froid îe plus exccffif ne ie condenfe pas affcz pour lui fifre perdre fa fluidité , tandis que le mercure perd la fienne à 187 degrés de froid au-deHous de la congélation de l'eau , & pourroit la perdre à nn degré de froid beaucoup moindre il on fe réduifoit en vapeur. II fubfiffe donc encore un peu de cfiaïeur au-delTous de ce froid exceffif de 187 degrés, & par conléquent le degré de la congélation de l'eau , que tous les conltruéteurs de thermomètres ont regardé comme la limite de la chaleur, & comme un terme où l'on doit la fuppofer égale à zéro , eit au contraire un degré réel de réchelle de ia chaleur, degré où non - feulement îa quantité de chaleur fubfiflante n'eft pas nulle , mais où cette quantité de chaleur -efl très-confidérable , puifque c'efl à peu- près le point milieu entre fe degré de la congélation du mercure & celui de îa chaleur nécefî^iire pour fondre le bifmuth , qui efl: de i c) o degrés , lequel ne diffère guère de i 87 au-deiîiis du terme de la Partie expeYiméntûk. 5? glace , que comme l'autre en diffère au - deflous. Je regarde donc ia chaleur comine une matière re'elle qui doit avoir Ion poids , comme toute autre matière , & j'ai dit en conféquence que pour reconnoîire fi fe feu a une pefanteur fenfibie , il fliudroit fiiire l'expérience fur des grandes mafTes pénétrées de feu, & les peier daus cet état, & qu'on trouveroit peut-être une différence affez fenfibie pour qu'on en pût conclure la pefanteur du feu ou de ia chaleur qui m'en paroît être la fubdance la plus matérielle : la lumière & la chaleur, font les deux élémens matériels du feu , ces deux élémens réunis ne font que le feu même, & ces deux minières nous affe(n:ent chacune fous leur forme propre, c'ell - à - dire , d'une manière différente. Or comme il n^exille aucune forme fans matière , il efl: clair que qiiel([ue fubtile qu'on fuppofe la fubilance de la lumière, de la chaleur ou du feu , elle eft fujette comme toute autre matière à la loi géné- rale de l'attradion unîverfeile : car, comme nous l'avons dit , quoique la lumière fbit douée d'un reffort prefque parfait, & que A V I o Hïflohe Naturelle . par conféquent fes parties tendent avec une force prefqiie infinie à s'éloigner des corps qui la produifent ; nous avons démontré que cette force expanfive ne détruit pas celle de !a pefanteur; on le voit par Texemple de l'iiir qui efl très- cîaflique , & dont les parties tendent avec force à s'éloigner les unes des autres , qui. ne Iai(΀ pas d'être pefuit ; ainfi la force par laquelle les parties de l'air ou du feu tendent à s'éloigner «Se s'éloignent en efîet les unes des autres , ne fait que diminuer la maffe, c'eft-à-dire , la denfité de ces matières, & leur pefanteur fera toujours proportionnelle à cette denfité: fi donc l'on vient à bout de reconnoître \z peianteur du feu par l'expérience de ïa balance , on pourra peut-être quelque jour en déduire la denfité de cet élément, & raifbnner enfuite fur la pefanteur & î'élaflicité du feu , avec autant de fonde- ment que fur la pefanteur & I'élaflicité de l'air. J'avoue que cette expérience qui ne peut être faite qu'en grand , paroît d'abord afîez difficile , parce qu'une forte balance , & telle qu'il la faudrok pour fupporter Partie expérimentale, 1 1 plufieurs miniers, ne pourroit être «fîèz ieiifible pour indiquer une petite difFe'- rence qui ne feroit que de quelques gros. II y a ici , comme en tout , un maxhnum de précifion , -qui probablement ne fe trouve ni dans ia plus petite , ni dans la pius grande balance podlble. Par exemple, je crois cjue fi dans une balance avec laquelle on peut pefèr ime livre , l'on arrive à un point de précifion d'un dou- zième de grain, il n'efl; pas iux qu'on pût faire une balance pour pefer éi^x. milliers, qui pencheroit aulîi fenfiblement pour I once , 3 gros , 4 1 grains , ce qui eft ia différence proporti jnneije de î à loooo, ou qu'au contraire, fi cette groffe balance indiquoit clairement cette différence, la petite balance n'indiqueroit pas également bien celle d'un dcjuzième de grain; & que par conféquent nous ignorons c[uelle doit être pour un poids donné la balance ia plus exacte. Les perfonnes qui s'occupent de phy- fique expérimentale , devroient fiire la recherche de ceprobiènic, dont la ioiutioii qu'on ne peut obtenii qae par l'expé- rieiicç , donuercit U maximum à^ précifion I 2 Hïjloïre Naturelle. de rtoutes ies balances. L'un des pîiis grands moyens d'avancer les Sciences, c'efl d'en perfedionner les indrumens.. Nos balances le font afTez pour pefer i'air , avec un degré de perfection de plus on viendroit à bout de pefer le feu & même la chaleur. Les boulets rouges de quatre pouces & demi & de cinq pouces de diamètre, que j'avois laifTé refroidir dans ma ba- lance (b), avoient perdu fept, huit & dix grains chacun en fe refroidifiant; mais piufieurs raifons m'ont empêché de regarder cette petite diminution comme la quantité réelle du poids de la chaleur. Car , I .° le fer , comme on l'a vu par le réfuîtat de mes expériences, cil une matière que le feu dévore , puifqu'il la rend fpécifiquement plus légère, ainft l'on peut ati.ribuer cette diminution de poids à i'évaporation des parties du fer enlevées par le feu. 2."* Le fer jette des- étincelles en grande quantité lorfqu'il eft rougi à blanc, il en jeue encore quclques- (h) Voyez les fxpéi'iences du premier Mé- rtioire,, tome VI, pd^e :io^ 'if Jiiiv Partie cxperïmenîaje, i 3 unes lorfqii'il n'efl que ronge, ôc ces étincelles font des parties de matières dont il faut défalquer le poids de celui de la ditiiinution totale ; &: comme il n'eft pas pas pofîjble de recueillir toutes ces éîin-^ celles , ni d'en connoître le poids , il n'eft pas pofîible non plus de favoir combien cette perte diminue la peilmteur des boulets . 3 .° Je me fuis aperçu que le fer demeure rouge & jette de petites étincelles bien plus long - temps qu'on ne Timagine , car quoiqu'au grand jour il perde la lu- rHÎère & paroilîe noir au bout de quelques ir)înute5 , fi on le tranfporte dans un lieu obfcur , on le voit lumineux , & on aperçoit les petites étincelles qu'il con- tinue de lancer pendant quelques autres minutes. 4.° Enfin les expériences fur les boulets me laifloient quelque fcrupule , parce que la balance dont je me fervois alors, quoique bonne , ne me paroiiîbit pas afîèz précife pour faifir au jufle le poids réel d'une matière aufîi légère que le fev. Ayant donc fait conftruire une balance capable de porter aifément cin- quante livres de chaque côté, à l'exécution de laquelle M. le Roy , de l'Académie des 14 Hîjhire Naîureïïe. Sciences, a bien voulu, à ma prière, donner toute l'attention nécelTaire, j'ai eu ia (ittisfadion de reconnoître à peu - près ïa pefanteur relative du feu. Cette balance chargée de cinquante livres de chaque côté, penchoit afîèz fenriblement par l'addition de vingt - quatre grains ; & chargée de vingt-cinq livres, elie penchoit par l'addition de huit grains feulement. Pour rendre cette balance plus ou moins fenfible, M. le Roy «i fliit vilTer fur ï'aiguiiie une mafie de plomb , qui s'élevant & s'abaifTant, change le centre de gravité ; de forte qu'on peut aug- menter de près de moitié la fenfibilité de ïa balance. Mais par le grand nombre d'expériences que j'ai faites de cette balance & de quelques autres , j'ai reconnu qu'en générai, plus une balance eil: fenfible & moins elie eiifage; les caprices , tant au phyfique qu'au moral, femblent être des attributs inféparables de la grande fenfibilité. Les balances très-fenfiblesfont fi capricieulès , qu'elles ne parlent jamais de la même façon. Aujourd'hui elles vous Indiquent le poids à un millième près, ôc ilemaijQ elles ne le doniaent qu'à uae moitié, Pmûe expérimentale, i 5 cVd-à-dîre, à un cinq - centième près , au lieu d'un miliième. Une balance moins fenfible eil: plus coudante, plus fidèle; & tout confidcré, il vaut mieux pour î'urage froid qu'on fait d'une balance, la choifïr fage , que de la prendre ou la rendre trop fenfible. Pour pefer exadement des mafles péné- trées de feu, j'*ai commencé par faire garnir de tôle les baflins de cuivre & îes chaînes de la balance, afn de ne les pas endommager , & après en avoir bien établi l'équilibre à fon moindre degré de fcnfibîliié, j'ai fait porter fur l'un des baffins, une miifle de fer rougi à blanc, qui provenoit de la féconde chaude qu'on donne à fafnnerie après avoir battu au marteau la loupe qu'on appelle Renard; je fais ceue remarque, parce que mon fer, dès cette féconde chaude, ne donne prcfque plus de flamm.e, & ne paroît pas fe confunier comme il fe confume & hrûle à la première chaude, & que quoiqu'il foit blanc de feu , il ne jette qu'un petit nombre d'étincelles avaiA^î id'êtr^ mis fous le marteau* l6 Hijîoîr£ Naturelle,. L Une mafle de fer rougi à bïanc , s'efl: trouvée pefer précifément 4p livres 9 onces : l'ayant enlevée doucement du bafîin de ia balance & poiée fur une pièce d'autre fer , où on la iaifloit refroidir ïhns la toucher , eile s'eR trouvée , après fon refroidiiîement , au degré de la teni~ pérature de i'air , qui étoit alors celui de la congélation, ne pefer que 49 livres 7 onces jufte , ainfi eile a perdu 2 onces pendant fon refioidi (le nient, onobfervera qu'elle ne jetoit aucune étincelle , aucune vapeur affez fenfible pour ne devoir pas être regardée comme ta pure émanation du feu. Ainfi l'on pourroit croire que la quantité de feu contenue dans cette niafîe de 49 livres 9 onces , étant de 2 onces, elle formoit environ t|t ou -^ du poids de la malTe totale. On a remis enfuite cette mafTe refroidie au feu de i'affinerie , & l'ayant fait chauffer à blanc comme la première fois , & porter au marteau, elle s'efl: trouvée après avoir été mallée & refroidie, ne pefer que 47 livres Partie expérimentale. 17 I 2 onces 3 gros : ainfi le déchet de cette chaude , tant au feu qu'au marteau, étoit de I livre 10 onces 5 gros; & ayant fait donner une féconde & une troifième chaude à cette pièce pour achever la barre, elle ne pefoit pius que 43 livres 7 onces 7 gros ; ainfi fon déchet total , tant par l'évaporation du feu , que par la purificanon du fer à l'affinerie & fous le marteau , s'eft trouvé de 6 livres I once I gros j fur 49 livres 9 onces, ce qui ne va pas tout-à-fait au huiiième. Une féconde pièce de fer, prife de même au fortir de l'affinerie à la pre- 'mière chaude & pefée rouge-blanc, s'eft trouvée du poids de 38 livres i 5 onces = 5 gros 3 6 grains , & enfuite pefée froide , de 38 livres 14 onces 36 grains; ainfi ciie a perdu i once 5 gros en fe refroi- difîlmt, ce qui fait environ ~ du poids total de fa maffe. Une troifième pièce de fer , prife de même au fortir du feu de l'affinerie , après ia première chaude, & pefée rouge-blanc, s'eit trouvée du poids de 45 livres 12 onces 6 gros, & pefée froide, de 45 livres 1 \ onces 2 gros ; ainfi elle a pe;du l8 Hîjloire Naturelle, I once 4 gros en fe refroidilîlint , ce qui fait environ --^ de fon poids total. Une quatrième pièce de fer, prife de même après la première chaude & pefe'e rouge-blanc, s'efl trouvée du poids de 48 livres II onces 6 gros, & pelée après ion refroidiiîement, de 48 livres I o onces juiie ; ainfi elle a perdu en fe refroidiflant 14 gros, ce qui fait environ -— du poids de (a mafîe totale. Enfin une cinquième pièce de fer, prife de même après la première chaude & pefée rougè - blanc , s'eft trouvée du poids de 49 livres i i onces, & pefèe après fbn refroidiiTement de 49 livres 9 onces I gros ; ainfi elfe a perdu en fe refroidiffant i 5 gros, ce qui fait ^ du poids total de la mafïê. En réuniffuit les rélliîiats à^s cinq expériences pour en prendre la mefure commune , on peut affurer que le fer chauffé à blanc , & qui n'a reçu que deux volées de coups de marteau , perd en le jcefroidiffant -~ de fa maffe. ■T'2 0 I I. Une pièce de fer qui avoit reçu quatre Partie expénmentale. ip volées de couj^s de marteau , & par confé- quent toutes les chaudes néceffaires pour être entièrement & parfaitement forgée, & qui peloit 14 livres 4 gros, ayant été ciiaiiiîée à blanc , ne pefoit plus que 13 livres 12 onces dans cet état d'hi- candelcence, & 13 livres 11 onces 4 gros après fon entier refroidiflement. D'où l'on peut conclure que la quantité de feu dont cette pièce de fer étoit pénttrée , failoit ^- de fon poids total. Une ieconde pièce de fer entièrement forgée & de même qualité que la précé- dente , peloit froide 1 3 livres 7 onces 6 gros, chaufîée à blanc 13 livres 6 onces 7 gros, & refroidie i 3 livres 6 onces 3 gros; ce qui doniie -^— à très-peu près dont elle a diminué en ié refroidillànt. Une troifième pièce de fer , forgée de même que les précédentes , peloit froide 13 livres i gros, & chauffée au ■dernier degré, en forte qu'elle étoit non- feulement blanche, mais bouillonnante Ôc pétillante de feu, s'efl trouvée peler 12 livres 9 onces 7 gros dans cet état d'in- candefcence ; & refroidie à la température aduelie, qui éioit de i 6 degrés au-dcffus 2.0 Hilhire Naturelle, de la congélation , elle ne pefoit plus quie 12 livres 9 Ox^ces 3 gros, ce qui donne -^- à très - peu près pour la quantité qu'elfe a perdue en fe refroidiffant. Prenant le terme moyen des réfultats de ces trois expériences , on peut afîurer que le fer parfaitement forgé & de la meilleure qualité, chauffé à blanc, perd en fe refroidiiîant environ •^y de fa maffe. III. , Un morceau de fer en gueufe, pefé très-rouge, environ 20 minutes après la coulée , s'eft trouvé du poi folidés jufqu'à 2 pouces 3 lignes fous cette même face fupérieure. Les épaiiTeurs confolidées font donc d, 5?, Il, 18, 27 lignes, & les temps B V j 3^ Hijloire Naturelle. employés à cette confolidation font ï f ,. 2 ou z ^ 5 3 5 4 T 5 7 minutes. Ce qui fait à très-peu près le quart numérique des épaiiïeurs. Ainfi, les temps nécelTaires pour confolider le métal fluide, font précifé- ment en même raifon que celle de leur épailTeur. En forte que Ç\ nous fuppofons un globe ifolé de toutes parts, dont la furface aura pris fa conliftance en un temps donné, par exemple , en 3 minutes, il faudra i minute \ de plus pour le con~ folider à 6 lignes de profondeur , 2 minutes ^ pour îe confolider à 9 lignes , 3 minutes pour le confolider à 12 lignes, 4 minutes pour îe confolider à 18 lignes , & 7 minutes pour le confolider à 27 ou a 8 lignes de profondeur -, &: par confé- quent 3^ minutes pour le confolider à ,10 pieds de profondeur, &€. Sur le Ferre. Ayant paît couler du laitier dans des moules très- voilins du fourneau , à en- viron 2 pieds de Fouveraire de la coulée, l'ai reconnu , par pluiieurs edais , que la furface de ces morceaux de laitier , prend fe confiftance en ni©ins de temps que la Partie expérimentale, 37 ' fonte de fer , & que l'intérieur fe confo- lidoit aufîî beaucoup plus vite *, mais je n'ai pu déterminer, comme je l'ai fait fur îe fer , les temps nécelTaires pour confo- lider l'intérieur du verre à ditférentes épaif» feurs*, je ne fais même iî l'on en vien- droit àbout, dans un fourneau de verrericj: ou Ton auroit le verre en maiïès fort épaifTes , tout ce que je puis aiTurer, c'eft que la confolidation du verre , tant à l'ex- térieur qu'à l'intérieur, eft à peu-près une fois plus prompte que celle de la fonte du fer. Et en même temps que le premier coup de l'air condenfe la furface du verre liquide , & lui donne une forte de con- liftance foiide, il la divife & la fèîe en une infinité de petites parties, en forte que le verre faifi par l'air frais, ne prend pas une foiidité réelle , & qu'il fe brife au moindre choc *, au lieu qu'en le laifTant recuire dans un four très -chaud, il ac- quiert peu-à-peu la foiidité que nous lui connoidons. Il paraît donc bien difficile de déterminer ,par l'expérience , les rap- ports du temps qu'il faut pour confolider le verre à diftérentes épailTeurs , au-def= fous de fa furface. Je crois feulemenc 3 8 Hijhire Naturelle. qu'on peut, fans fe tromper, prendre îe même rapport pour îa confoliclation que celui du refroidiiïement du verre au re- froidifïement du fer, lequel rapport eft de 1 3 2 à 2 3 .'3 par les expériences du fé- cond Mémoire f tome II j page 22s )• V I I. Ayant déterminé, par les expériences précédentes, les temps nécefïaires pour la confoîidation du fer en fufion, tant à fa furface qu'aux différentes profondeurs de fon intérieur , j'ai cherché à reconnoître , par des obfervations exadles , quelle étoit ia durée de Fincandefcence dans cette même matière, I. Un renard, c'eft- à-dire, une loupe détachée de la gueufe par le feu de la chaufferie &: prête à être portée fous îe marteau, a été mife dans un lieu dont Fobfcurité étoit égale à celle de la nuit quand le ciel eft couvert ^ cette loupe, qui étoit fort enflammée, n'a ceiïe de don- ner de la flamme qu'au bout de 24 mi- nutes j d'abord la ffamme étoit blanche , enfuite rouge & bleuâtre fur la fin \ elle ne paroilToit plus alors qu'à la partie ïn-^ Partie expérimentale, 39 f érieure de la loupe qui touchoit la terre , & ne fe niontroit que par ondulations ou par reprifes, comme celles d'une chan- delle qui s'éteint *, ainli , la première in- candefcence accompagnée de flamme a duré 24 minutes -, enfuite la loupe , qui étoit encore bien rouge , a perdu cette couleur peu-à-peu & a celFé de paroitre rouge au bout de 74 minutes , non com- pris les 24 premières , ce qui fait en tout 98 minutes -, mais il n'y avoit que les Tur- faces fupérieures & latérales qui avoient abfolument perdu leur couleur rouge, la furface inférieure qui touchoit à la terre , rétoit encore aufii-bien que l'intérieur de la loupe. Je commençai alors , c'eil-à- dire au bout de 98 minutes, àlaiiTer tom- ber quelques grains de poudre à tirer fur la furface fupérieure , ils s'enflammè- rent avec explolion. On contînuoit de jeter de temps en temps de la poudre fur la loupe , & ce ne fut qu'au bout de 42 minutes de plus ^ • qu'elle ceiTa de faire explohon-, à 43 , 44 & 45 minutes la poudre fe fondoit & fufoit fans expîo- fion, en donnant feulement une petite flamme bleue. Delà je crus' devoir con- 40 HiJIoire Naturelle, dure que rincandefcence à rintérieur delà ioupe n'avoir fini qu'alors, ceft-à-dire, 42 minures après celle de la furface , & qu'en tout elle avoir duré 140 minutes. Cetre loupe étoit de figure à peu-près ovale & aplatie fur deux faces parallèles , foiî grand diamètre étoit de 15 pouces, & le petit de 8 pouces -, elle avoit aufïï , à très- peu près , 8 pouces d'épaiileur par- tout , & elle pefoit 5)1 liv. 4 onces après avoir été refroidie. 2. Un autre renard , mais plus petit que le premier, tout auiïi blanc de flamme & pétillant de feu , au lieu d'être porté fous le marteau , a été mis dans le même lieu obfcur , où il n'a celTé de donner de la flamme qu'au bout de 22 minutes*, enfuite il n'a perdu fa couleur rouge qu'a- près 45 minutes, ce qui fait 65 minutes pour la durée des deux états d'incandef- cence à la furface , fur laquelle ayant en- fuite jeté des grains de poudre, ils la'ont cefle de s'cnfiammer avec explofion qu'au bout de 40 minutes , ce qui fait en tout 105 minutes pour la durée de Tincandef- cence, tant à l'extérieur qu'à l'intérieur» Cette loupe étoit à peu-près circulaire ? Partie expérimentale. 41 fur ^ pouces de diamètre, & elle avoir environ 6 pouces d'épaiffeur par - tout -, elle s'eft trouvée du poids de 54 livres apfès Ton refroidilTement. J'ai obfervé que la flamme & la cou- leur rouge fuivent la même marche dans leur dégradation -, elles commencent par difparoître à la furface fupérieure de la loupe , tandis qu elles durent encore aux furfaces latérales, & continuent de paroi- tte afTez long-temps autour de la furface inférieure crui , étant conftamment appli- quée fur la'cerre , fe refroidit plus lente- ment que les autres furfâces qui iont expo- fées à Tair. , , . v 3. Un troifième renard tire du feu très- blanc , brûlant de ipéùlhnt d'étincelles Se de flamme , ayant été porté dans cet état fous le marteau , n a confervé cette incan- defcence enflammée que 6 mmutes -, les coups précipités dont il a été frappé pen» dant ces 6 minutes, ayant comprime la matière, en ont en même temps réprimé la flamme qui auroit fubfifté plus long- temps fans cette opération , par laquelle on en a fait une pièce de fer de 1 2 pou^ ces T de longueur, fur quatre pouces en 42 HiJIolre Naturelle. quarré, qui s'efi; trouvée pefer 48 livres 4 onces après avoir été refroidie. Mais , ayant mis auparavant cette pièce encore toute rouge dans le même lieu obfcur , elle n'a celTé de paroître rouge à la fur- face qu'au bout de 46 minutes, y compris îes 6 premières. Ayant enfuite fait Té- preuve avecla poudre à tirer, qui n'a celle de s'enflammer avec explolion que 16 mi- nutes après les 46 , il en réfuire que l'in- candefcence intérieure êc totale a duré 72 minutes. En comparant enfemble ces trois expé- riences, on peut conclure que la durée de l'incandefcence totale eil comme celle de la prife de coniiftance proportionnelle à l'épaiiïeur de la matière. Car la première ïoupe , qui avoir 8 pouces d'épaifleur , a confervé fon incandefcence pendant 140 minutes : la féconde , qui avoir 6 pouces d'épaidèur, l'a confervée pendant 105 mi- nutes 5 & la troifième, qui n'avoir que 4 pou- ces, ne l'a confervée que pendant 7 2 mi- nutes. Or, 105 : 140:: 6 : 8, & de même 72 : 140 à peu -près : *. 4 : 8 , en forte qu'il paroît y avoir même rapport entre les temps qu'entre les épailTeurs. Panie expérimentale, 43 4. Pour m'aiïlirer encore mieux de ce fait important, j'ai cru devoir répéter Tex- périence lur une loupe, prife comme la précédente , au fortir de la chaufferie. On Ta portée toute enflammée (ous le mar- teau , la flamme a cefTé au bout de 6 mi- nutes , &, dans ce moment, on a celTédek battre -, on Ta mile tout de fuite dans le même lieu obfcur , le rouge n'a ceiTé qu au bout de 39 minutes, ce qui donne 45 mi- nutes pour les deux états d'incandefcence à la furface -, enfuîte la poudre n a cefle de s'enflammer avec exploiion qu'au bout de 28 minutes, ainli Tincandelcence inté- rieure & totale a duré 73 minutes. Or cette pièce avoit, comme la précédente, 4 pouces jufl:e d'épaiffeur, fur deux faces en quatre, & lo pouces ^ de longueur-, elle pefoit 3 9 livres 4 onces après avoir été refroidie. Cette dernière expérience s'accorde (î parfaitement avec celle qui la précède 8c avec les deux autres , qu'on ne peut pas douter qu'en général la durée de l'incan- defcence ne foit à très-peu près propor- tionnelle à l'épaifleur de la mafle , & que par conféquent ce grand degré de feu ne 44 HlJIoire Naturelle. fuive la même loi que celle de la chaleur médiocre ; en forte que , dans des globes de même matière , la chaleur ou le feu du plus haut degré, pendant tout le temps de rincandefcence , s'y confervent 6c y durent précifément en raifon de leur dia- mètre. Cette vérité que je voulois acquérir Se démontrer par le fait, femble nous in- diquer que les caufes cachées ( caufœ la- tentes ) de Newton, defquelles j'ai parlé dans le premier de ces Mémoires , ne s'oppofent que très-peu à la fortie du feu, puifqu'elle fe fait de la même manière que fi les corps étoient entièrement & parfai- tement perméables, & que rien ne s'op- pofat à fon iiTue. Cependant on feroit porté à croire que plus la même matière efl comprimée , plus elle doit retenir de temps le feu -, en forte que la durée de rincandefcence devrojt être alors en plus grande raifon que celle des épaifleurs ou des diamètres. J'ai donc Q'î^^yé de recon- noître cette ditiérence par l'expérience fuivante. 5. J'ai fait forger une malTe cubique de fer, de 5 pouces 5? lignes de routes faces ; elle a fubi trois chaudes fucceflives^^ Partie expérimentale. 4 y 8c Fayant îarlTé refroidir, Ton poids s'efl: trouvé de 48 livres 5? onces. Après l'avoir pefée, on Ta mile de nouveau au feu de raffinerie , où elle n'a été chauffée que jufqu'au rouge couleur de feu , parce qu'alors elle commençoit à donner un peu de flamme, & qu'en la lailîant au feu plus long-temps le fer auroit brûlé. Delà on l'a tranfportée tout de fuite dans le même lieu obfcur , où j'ai vu qu'elle ne donnoit aucune flamme , néan- moins elle n'a celïé de paroître rouge qu'au bout de 52 minutes, Se la poudre n'a ceffé de s'eniiammer à fa furface avec explolion que 43 minutes après-, ainfi, l'incandefcence totale a duré 95 minutes. On a pefé cette maflTe une leconde fois, après (on entier refroidifl^ement , elle s'efl: trouvée pefer 48 livres i once -, ainfi , elle avoir perdu au feu 8 onces de fon poids , 8c elle en auroit perdu davantage, lî on l'eût chauflée jufqu'au blanc. En comparant cette expérience avec les autres, on voit que l'épaiflèur de la maiTe étant de 5 pouces^, l'incandefcence totale a duré 9 5 minutes dans cette pièce de fer , comprimée autant qu'il eil poffi- 4 (S Hijîoire Naturelle, hîe , 3^ que dans les premières maflTes , qui n'avoîent point été comprimées par le marteau, TépailTeur étant de 6 pouces, rincandefcence a duré 105 minutes, & l'épailleur étant de S pouces, elle a duré 140 minutes. Or, 140 : 8 ou i 05 : 6 : : 5) 5 : 5 -^ - , au lieu que l'expérience nous donne 5 ^. Les caufes cachées, dont la principale eft la comprefîîon de la matière. Se les obftacles qui en réfultent pour riiïiie de la chaleur, femblent donc pro-o duire cette ditîérence de 5 :^ à 5 -^-, ce gui fait |^ ou un peu plus a un tiers fur -^^-, c'eft-à-dire , environ -jq- fur le tout. En forte que le fer bien battu, bien fué, bien comprimé , ne perd fon incandef- cence quen 17 de temps, tandis que le même fer, qui n a point été comprimé , la perd en 16 du même temps. Et ceci paroît fe confirmer par les expériences j & -^,011 les maiïes de fer ayant été com- primées par une feule volée de coups de marteau , n ont perdu leur incandefcence qu'au bout de 7 z & 7 5 minutes , au lieu de 70 qu'a duré celle des loupes non comprimées , ce qui fait 2 { ûir 70 ou j^- ou rg de différence produite par cette pre- Partie expérimentale. 47 Hilère comprefîîon. Ainii, Ton ne doit pas être étonné que la féconde & ia troifième comprefîîon qu'a fubi la malTe de fer de la einquième expérience qui a été battue par trois volées de coups de marteau , aient produit — ^^ i^^" de ^ de ditfé- rence dans la durée de l'incandefcence. On peut donc aflurer en général que la plus forte comprefîîon qu on puiOfe don- ner à la matière pénétrée de feu autant qu'elle peut Têtre, ne diminue que d'une feizième partie la" durée de fon incandef^ cence , & que dans la matière , qui ne reçoit point de comprefîîon extérieure, cette durée eft précifénient en même rai^ fon que fon épaifTeur. Maintenant, pour appliquer au globe de la Terre le réiultat de ces expériences, nous confidérerons qu'il n'a pu prendre fa forme élevée fous l'Equateur , & abaiffée fous les pôles, qu'en vertu de la force centrifuge combinée avec celle de la pe- fanteur -, que par conféquent il a dû tour- ner fur fon axe pendant un petit temps , avant que fa furface ait pris fa confî fiance, & qu'enfuite la matière intérieure s'efl coiifolidée dans les mêmes rapports de 48 Hijloire Naturelle. temps indiqués par nos expériences,' en forte qu'en partant de la fuppoation d'un jour au moins pour le petit temps nécef- faire à la prife de confiftance à fa furface, & en admettant, comme nos expériences l'indiquent, un temps de 3 minutes pour en confoiider la matière intérieure à un pouce de profondeur, il fe trouvera 3^ minutes pour un pied, 116 minutes pour une toile, 341 jours pour une lieue, & 490086 jours, ou environ 1 542 ans pour qu'un globe de fonte de fer qui auroit , comme celui de la Terre, 1432 lieues-^ de demi-diamètre , eût pris fa coniillance jufqu'au centre. La fuppofition que je fais ici d'un jour de rotation, pour que le globe terreftre ait pu s^élever régulièrement fous l'Equa- teur , &: s'abaiiTer fous les pôles, avant que fa furface ne fût confolidée, me paroît plutôt trop foible que trop forte j car il a peut-être fallu un grand nombre de révolutions de vingt- quatre heures cha- cune, fur Ton axe, pour que la matière fiuide fe foit folidement établie, & Ton voit bien que dans ce cas le temps nécef- faire pour la prife de confiftance de la matière Farde expérimentale. 49 matière au centre Te trouvera plus grand. Pour le réduire, autant qu'il efi: pcTlhic, nous n'avons fait aucune attention à l'ef- fet de la force centrifuge qui s'oppofe à celui de la réunion des parties, c'eft-à- dire, à la prife de confifiance de la ma- tière en fufion. Nous avons fuppofé encore, dans la même vue de diminuer le temps que Tatmoiphère de la Terre, alors toute en feu , n'étoit néanmoins pas plus chaud que celui de mon fourneau , à quelques pieds de diftance où fe font faites les ex- périences , & c'efl: en conféquence de ces deux fuppoiitions trop gratuites, que nous ne trouvons que 1 34.2 ans pour le temps employé à la confolidatron du globe juf- qu'au centre. Mais il me paroît certain que cette eftimation du temps , eft de beaucoup trop forble, par Tobfervation confiante que j'ai faire fur la prife de con- iiilance des gueufes à la tête & à la queue -, car il faut trois fois autant de temps 8c plus , pour que la partie de la gueufe , qui eft à 18 pieds du fourneau, prenne confîftance, c'eft-à-dire , que (i la furface de la tête de la gueufe , qui eft à 1 8 pieds du fourneau , prend confîftance en i mi- Tome FIIL C ' ^o HiJIoire Naturelle. nure £; celle de la queue, qui n'ed qu'à 2 pieds du fourneau, ne prend confiftance qu'en 4 minutes | ou 5 minutes ; en forte que la chaleur plus grande de l'air con- tmbue prodigieufement au maintien de k fluidité : & Ton conviendra fans peine avec moi, que, dans ce premier temps de liqué- faction du globe de la Terre , la chaleur de Fatmofphcre de vapeurs qui Tenviron- noit , étoit plus grande que celle de Tair, à 2 pieds de diftance du feu de mon fourneau j & que par conféquent il a fallu beaucoup plus de temps pour confolider le globe jufquVtU centre. Or nous avons démontré, paries expériences du premier Mémoire (cj, qu'un globe de fer, gros comme la Terre, pénétré de feu feule- ment jufqu'au rouge, feroit plus de qua- tre-vingt-feize mille fix cents foixante- dix ans à fe refroidir -, auxquels ajoutant deux ou trois mille ans pour le temps de fa confolidation jufqu'au centre -, il réfulte qu'en tout , il faudroit environ cent mille ans pour refroidir au point de la température aduelle , un globe de 4 c ) Tome I , page i§8. Partie expérimentale, j i fer gros comme h Terre ^ fans compter la durée du premier état de liquéfadtion, ce qui recule encore" les limites du temps, qui iemble fuir & s'étendre à mefure que nous cherchons à le faifîr^ mais tout ceci fera plus amplement difcuté & déterminé plus précifément dans les Mémoires fui- vans. Ci; j2 Hljloire Naturelle. NEUVIÈME MÉMOIRE. Expériences Sur la fufion des mines de fer. J E ne pourrai guère metcre d'autre Itar- fon encre ces Mémoires, ni d'autre ordre entre mes diftérentes expériences , que celui du temps ou plutôt de la fueceiïion de mes idées. Comme je ne me rrouvors pas allez inftruit dans la connoilTance des minéraux, que je n'étois pas latisfait de ce qu'on en dit dans les livres , que j Pa- vois bien de la peine à entendre ceux qui traitent de la Chymie, où je voyois d'ail- leurs des principes précaires , toutes les expériences faites en petit & toujours ex- pliquées dans Tefprit d'une même mé- thode -, j'ai voulu travailler par moi-même, & confultant plutôt mes defirs que ma force, j'ai commencé par f:nre établir, fous mes yeux, des forges & des fourneaux en grand, que je n'ai pas cefTé d'exercer continuellement depuis fept ans. Le petit nombre d'Auteurs qui ont Partie expérimentale. 5 3 écrit flir les mines de fer, ne donnent, pourainfi dire, qu'une nomenclature aiîèz inutile, & ne parient point des ditférens traitemens de chacune de ces mines, lis comprennent dans les mines de fcr.rai- mant , i'émeril, riiématice , &:c. qui font en etfet des minéraux ferrugineux en partie, mais qu'on ne doit pas regarder comme de vraies mines de fer, propres à être fondues & converties en ce métal *, nous ne parlerons ici que de celles dont on doit faire ufage, & on peut les réduire à deux efpèces principales. La première eft la mine en roche , ceft-à-dire, en ma.fles dures, folides & compares qu'on ne peut tirer & féparer qu'à force de coins , de marteaux & de malfès, & qu'on pourroit appeler /^/Vrr^ de fer. Ces mines ou roches de fer fe trouvent en Suède , en Allemagne , dans les Alpes, dans les Pyrénées, & généra- lement dans la plupart des hautes mon- tagnes de la Terre , mais en bien plus grande quantité vers le Nord que du coté du Midi. Celles de Suède font de couleur de fer pour la plupart, & paroiffent être du fer prefqu'à demi préparé par la Na- C iij j4 Hijîoire Naturelle. ture : il y en a aiifîi de couleur brune y roulTe ou jaunâtre-, il y en a même de toutes blanches à Alvard en Dauphiné , aînfî que d'autres couleurs -, ces dernières mines femblenc être comporées comme du fpath, & on ne reconnoît qu'à leur pefanteur , plus grande que celles des autres fpaths, quelles contiennent une grande quantité de métal. On peut auffî. s'en ailurer en les mettant au feu-, car de quelque couleur qu'elles foient, blanches, grifes, jaunes, roulTes, verdâtres, bleuâ^ très , violettes ou rouges , toutes devien- nent noires à une légère calcination. Les mines de Suède qui> comme je l'ai dit,, femdDient être de la pierre de fer , font attirées par l'aimant -, il en ePc de même de la plupart des autres mines en roche , & généralement de toute matière ferru- gineule qui a fubi i'aélion du feu. Les mines de fer en grains qui ne font point du tout magnétiques le deviennent lorf- qu'on les fait griller au feu, ainii, les mines de fer en roche & en grandes mafles étant magnétiques, doivent leur origine à l'élément du feu. Celles de Suède qui ont été les mieux obfervées , font très^ Partie expérimentale. 5 5 étendues & très-profondes -, les filons font perpendiculaires , toujours épais de plu- îieurs pieds , & quelquefois de quelques toifesj on les travaille comme on tra- vailleroit de la pierre trcs-dure dans une carrière. On y trouve fou vent de rafbefte, ce qui prouve encore que ces mines ont été formées par le feu. Les mines de la féconde efpèce, ont au contraire été formées par Feau, tant -du détriment des premières , que de toutes les particules de fer que les végétaux & les animaux rendent à la Terre par la décompofition de leur fubftance j ces mi- nes formées par Teau , font le plus ordi- nairement en grains arrondis , plus ou moins gros , mais dont aucun n'eft artirable parraimpnr, avant d'avoir fubi Tadliondii feu 5 ou plutôt celle de Tair par le moyen du feu -, car, ayant fait griller plufieurs de ces mines dans des vaillèaux ouverts , elles font toutes devenues très-attirables à l'ai- mant-, au lieu que dans les vailfeaux clos , quoique chauffées à un plus grand feu & pendant plus de temps, elles navoieiit point du tout acquis ia vertu magné- tique. Civ j 6 Hijloire Naturelle. On poLirroic ajouter à ces mines en grains, formées par l'eau, une féconde ef- pèce de mine fouvent plus pure, mais bien plus rare, qui fe forme également par le moyen de Teau , ce font les mines de fer criftallifées. Mais , comme je n'ai pas été à portée de traiter par moi-même les mines de fer en roche , produites par le feu , non plus que les mines de fer criftallifées par Teau, je ne parlerai que de la fufion des mines en grains -, d'autant que ces dernières mines font celles qu'on exploite le plus communément dans nos forges de France. La première chofe que j'ai trouvée , Se qui me paroît être une découverte utile , c'ell; qu'avec une mine qui donnoitle plus mauvais fer de la province de Bourgogne , j'ai fait du fer aullî du6èrle, aufïi nerveux , aufîi ferme que les fers du Berri , qui font réputés les meilleurs de France. Voici com- ment j'y fuis parvenu -, le chemin que j'ai tenu efl: bien plus long , mais perfonne , avant moi, n'ayant fi'ayé la route, on ne fera pas étonné que j'aie fait du circuit. J'ai pris le dernier jour d'un fondagc, c'eft- à-dire , le jour où l'on alloit faire cefTer le feu d'un fourneau à fondre, h Partie expérimentale, 5 7 mine de fer, qui duroic depuis plus de quatre mois. Ce fourneau d'environ 20 pieds de hauteur & de 5 pieds & demi de largeur à fa cuve , étoit bien échauffé , 8c n'avoir écé chargé que de cette mine qui avoir la faufTe réputation de ne pouvoir donner que des fontes très-blanches , très- caflTantes, Se par conféquent du fer à très- gros grain, fans nerf & fans ductilité. Comme j'étois dans Tidée que la trop grande violence du feu ne peut qu'aigrir le fer , j'employai ma méthode ordinaire, & que j'ai fuivie conftamment dans toutes mes recherches fur la Nature , qui con- fifre à voir les extrêmes avant de confî- dérer les milieux : je fis donc, non pas ralentir , mais enlever les foufïlets , & ayant fait en mênie temps découvrir le toit de la haie, ]e fubftituai aux foufFiets un ventilateur fimple, qui n'étoit qu'un cône creux, de 2.4. pieds de longueur, fur 4 pieds de diamètre au gros bout, ôc 3 pouces feulement à i9. pointe, fur la- quelle on adapta une h'jfe de fer ^ 8c qu'on plaça dans le trou de la tuyère *, en même temps on continuoit à charger de charbon 6c de mine ? comm.e Ci l'on eut voulu con- Cv 5 8 Hijloire Naturelle. thiuer à couler s les charges defcendoient bien plus lentement, parce que le feu n'étoic plus animé par le vent des fouf- flets -, il rétoit feulement par un courantj d'air que le ventilateur tiroit d'en haut , 6 qui étant plus frais & plus denfe que celui du voifmage de la tuyère, arrivoit avec allez de viteile pour produire un murmure confiant dans Tintérieur du four- neau. Lorfque j'eus fait charger environ deux milliers de charbon , & quatre mil- liers de mine, je fis difcontinuer pour ne pas trop embarralfer le fourneau, & le ventilateur étant toujours à la' tuyère , je îaiiîai baiffer les charbons & la mine fans remplir le vuide qu'ils laiiïoient au-deflus. Au bout de quinze ou feize heures , il fe forma des petites loupes, dont on tira quelques-unes par le trou dé la tuyère > & quelques autres par l'ouverture de la coulée, le feu dura quatre jours de plus> avant que le charbon ne fut entièrement confumé, &, dans cet intervalle de temps, on tira des loupes plus grofles que les premières j & , après les quatre jours , ou en trouva des plus groiTes encore en vu^ dant le fourneau. Partie expeYirnentale. 59 Après avoir examiné ces loupes, qui me parurent être d'une très-bonne écolie, & dont la plupart portoientà leur circon- férence un grain fin, & tout feinbiable à celui de Facier, je les fis mettre au feu de Tafîinerie &: porter fous le marteau-, elles en loutinrent le coup fans fe divifer, fans s'éparpiller en étincelles , fans donner une grande flamme, lans larlfer couler beau- coup de laitier, chofes qui toutes arrivent lorfqu'on forge du mauvais fer. On les for- gea à la manière ordinaire > les barres qui en provenoient n'étoient pas toutes de la même qualité -, les .unes étoient de fer , les autres d'acier , & le plus grand nom- bre de fer par un bout ou par un côté , & d'aciçr par l'autre. J'en ai fait faire dos poinçons & des cifeaux par des ouvriers qui trouvèrent cet acter aufli bon que celui d'Allemagne. Les barres qui n'étoient que de fer étoient fi fermes, qu'il fut impoflî- ble de les rompre avec la malïè, & qu'il fallut employer le ciieau d'acier pour les entamer profondément des deux cotés avant de pouvoir les rompre v ce fer étoit tout nerf 5 & ne pouvoir le féparer qu'en fe déchirant par le plus grand etiort. E;i. Cvj, <^o HiJIoire Nature Ue, le comparant au fer que donne cette même mine fondue en gueufes à la manière or- dinaire 5 on ne pouvoir fe perfuader qu'il pro\^enoit de la même mine , dont on n'avoir jamais tiré que du fer à gros grain, fans nerf & très- cafTant. La quantité de mine que J'avois em- ployée dans cette expérience, auroit dû produire au moins 1200 livres de fonte, c'eft-à-dire, environ 800 livres de fer , fi elle eût été fondue par la méthode or- dinaire , & Je n'avois obtenu que 280 livres, tant d'acier que de fer , de toutes les loupes que j'avoîs réunies *, & en fup- pofant un déchet de moitié du mauvais fer au bon , 8c de trois quarts du mau- vais fer à l'acier, Je voyois que ce produit ne pouvoir équivaloir qu'à 500 livres de mauvais fer, & que par conféquenr il y avoir eu plus du quart de mes quatre milliers de mine qui s'étoit confumé en pure perte, êc en mcme temps près du tiers du char- bon brûlé fans produit. ■ Ces expériences étant donc exceffive- ment chères , 8c voulant néanmoins les fuivre , Je pris le parti de faire conftruire deux fourneaux plus petits j tous deux Partie expérimentale. 6i cependant de 14 pieds de hauteur, mais dont la capacité intérieure du fécond écoit d'un tiers plus petite que ceile du premier. H falloir, pour charger & remplir en en- tier mon grand fourneau de fulîon, cent trente-cinq corbeilles de charbon de 40 livres chacune*, c'eft- à-dire, 5400 livres de charbon, au lieu que, dans mes petits fourneaux, il ne falloir que 5)00 livres de charbon pour remplir le premier, oc 6co livres pour remplir le fécond, ce qui di- minuoit confidérablement les trop grands frais de ces expériences. Je fis adoiîer ces fourneaux l'un à l'autre ,afin qu'ils pulTent profiter de leur chaleur mutuelle \ ils étoient féparés par un mur de trois pieds , & environnés d'un autre mur de 4 pieds d'épailTeur , le tout bâti en bon moellon & de la même pierre calcaire dont on fe fert dans le pays pour faire les étalages des grands fourneaux. La forme de la cavité de ces petits fourneaux étoit pyra- midale fur une bafe quarrée , s'élevant d'a- bord perpendiculairement à 3 pieds de hauteur, & eniuite s'inclinant en dedans fur le refte de leur élévation qui étoit de 1 1 pieds 5 de forte que l'ouverture fupé- 6i Uijloire Naturelle, rieure Te troiivoit réduite à 14 pouces au plus grand fourneau , & 1 1 pouces au plus petit. Je ne laifTai dans le bas qu une feule ouverture à chacun de mes four- neaux, elle étoit furbaiiïee en forme de voûte ou de lunette , dont le fommet ne s'élevoit qu'à z pieds \ dans la partie in- térieure , & à 4 pieds en dehors -, je faifois remplir cette ouverture par un petit mur de briques , dans lequel on lariToit un trou de quelques pouces en bas pour écouler le laitier , & un autre trou à i pied \ de hauteur pour pomper l'air-, Je ne donne point ici la figure de ces fourneaux, parce qu'ils n'ont pas allez bien réufîi pour que je prétende les donner pour modèles, & que d'ailleurs j'y ai fait & j'y fais encore des changemens efiTentieîs , à mefure que l'expérience m'apprend quelque choie de nouveau. D'ailleurs ce que je viens de dire fuffit pour en donner une \dcQ , & auiïi pour l'intelligence de ce qui fuit. Ces fourneaux étoient placés de ma- nière que leur face antérieure dans laquelle étoient les ouvertures en lunette, fe trour voit parallèle au courant d'eau qui fait mouvoir les roues des foufîlets de mon Partie expérimentale, 6^ grand fourneau & de mes afîinerres*, eu forte que le grand entonnoir ou ventila- teur dont j'ai parlé , pouvoir être pofé de manière qu'il recevoir fans cefTe un air frais par. le mouvement des roues -, il por- toit cet air au fourneau auquel ii aboutif- foit par fa pointe , qui étoit une bufe ou tuyau de fer de forme conique, ôc d'un pouce & demi de diamètre à fon extré- mité. Je fis faire en même temps deux tuyaux d'afpiration , Tun de i o pieds de longueur fur 14 pouces de largeur pour le plus grand de mes petits fourneaux, 8c Tautre de 7 pieds de longueur Se de 1 1 pouces de coté pour le plus petit. Je fis ces tuyaux d'afpiration quarrés, parce que les ouvertures du defïus des fourneaux étoient quarrées , & que c'étoit fur ces ouvertures qu li falloir les pofer -, & , quoi- que ces tuyaux fulTent faits d'une tôle aiïez légère , fur un chalîis de fer mince 5 Hs ne laiifoient pas d'être pefans , & même embarrailans par leur volume, fur -tout quand ils étoient fort échauffés-, quatre hommes avcient allez de peine pour les déplacer 6c les replacer , ce qui cepen- ^4 HiJIoire Naturelle. dant étoit nécedarre toutes ies fois qu'il failoit charger les fourneaux. J'y ai fait dix - fept expériences , dont chacune duroit ordinairement deux ou trois jours & deux ou trois nuits, je n'en donnerai pas le détail , non - feuiement parce qu'il feroit fort ennuyeux , mais même afîez inutile, attendu que je n'ai pu parvenir à une méthode fixe, tant pour conduire le feu que pour le forcer à don- ner toujours le même produit. Je dois donc me borner aux fimples réfultats de ces expériences qui m'ont démontré plu- fieurs vérités que je crois très- utiles. La première, c'eft qu'on peut faire de l'acier de la meilleure qualité fans em- ployer du fer comme on le fait commu- nément, mais feulement en faifant fondre îa mine à un feu long & gradué. De mes dix-fept expériences il y en a eu fîx où j'ai eu de l'acier bon & médiocre , fept où Je n'ai eu que du fer, tantôt très-bon & tantôt mauvais, & quatre où j'ai eu une pente quantité de fonte & du fer environné d'excellent acier. On ne man- querapas de me dire , donnez-nous donc au Partie expeYimenîale, 6j moins îe dérail de celles qui vous ont produit du bon acier \ ma réponfe eft aulîî fimple que vraie , c'eft qu'en fuivant les mêmes procédés aufîî exadlement qu'il m'éroir pofîible *, en chargeant de ia même façon 5 merranr la même quanriré de mine &: de charbon, orant & mettant le ven- tilateur & les tuyaux d'afpiration pendant un temps égal, je n'en ai pas moins eu des réfultats tout diftérens. La féconde expérience me donna de l'acier par les mêmes procédés de la première qui ne m'avoit produit que du fer d'une qualité aiïez médiocre -, iatroifième,parlesmêmes procédés , m'a donné de très bon fer \ Se quand après cela j'ai voulu varier la fuite des procédés, 8c changer quelque chofe âmes fourneaux, le produit en a peut- être moins varié par ces grands change- mens , qu'il n'avoir fait par le feul caprice du feu, dont les effets & la conduite font il dï^c'ûes à fuivre, qu'on ne peut les faifir ni même les deviner qu'après une infinité d'épreuves 8c de tentatives qui ne font pas toujours heureufes. Je dois donc me borner à dire ce que j'ai fait, fans anticiper fur ce que des Artiftes plus s 6 Hijloire Naturelle. habiles pourront faire -, car il_ efl certain qu'on parviendra à une méthode fûre de tirer de i'acier de toute mine de fer fans îa faire couler en gueufes. Se fans con- vertir la fonte en fer. Ceft ici la féconde vérité, auiïî utile que la première. J'ai employé trois diffé- rentes fortes de mines dans ces expérien- ces*, J'ai cherché, avant de les employer, ïe moyen d'en bien connoître la nature. Ces trois efpèces de mines étoient à la vé- rité toutes les trois en grains , plus ou moins fins, je n'étois pas à portée d'en avoir d'autres, c'eft-à-dire, des mines en roche en aflTez grande quantité pour faire mes expériences -, mais je fuis bien con- vaincu , après avoir fait les épreuves de mes trois différentes mines en grain , Ôc qui toutes trois m'ont donné de l'acier fans fufion précédente , que les mines en roches, & toutes les mines de fer en général , pour- roient donner également de l'acier en les traitant comme j'ai traité les mines en grain. Des-lors il faut donc bannir de nos idées le préjugé fi anciennement, li univerfelie- ment reçu , que la qualité du fer dépend de celle de la mine. Rien n'eft plus mal fondé Partie expérimentale. 6 y que cette opinion , c'eft au contraire uni- quement de la conduite du feu & de la manipulation de la mine que dépend la bonne ou la mauvaife qualité de la fonte, du fer & de Tacier. Il faut encore bannir un autre préjugé -, c'eft qu'on ne peut avoir de l'acier quen le tirant du fer. Tandis qu'il eft très-poffible au contraire d'en ti- rer immédiatement de toutes fortes de mines. On rejettera donc en conféquence les idées de M. Yonge, & de quelques autres Chy milles qui ont imaginé qu'il y avoit des mines qui avoicnt la qualité par- ticulière de pouvoir donner de Tacier, à Texclufion de toutes les autres. Une troifième vérité (jue j'ai recueillie de mes expériences, c'eiî que toutes nos mines de fer en grain, telles que celles de Bourg0gne5.de Chapopagne, de Franche- Comté, de Lorraine, du Nivernois, de i'Angoumois , &c> c'ed-à-dire, prefque toutes les mines dont on fait nos fers en France , ne contiennent point de foufre comme les mines en roche de Suède ou d'Allemagne-, & que par conféquent elles n'ont pas befoin d'être grillées , ni traitées dç la même manière ; le préjugé du fou- 6 g HlJIoire Naturelle, fre contenu en grande quantité dans les mines de fer, nous eft venu des Métallur- giftes du nord , qui , ne connoifTant que îeurs mines en roche qu'on tire de la terre à de grandes profondeurs, comme nous tirons des pierres d'une carrière, ont ima- giné que toutes les mines de fer étoient de ia mêm.e nature , Se contenoient comme elles une grande quantité de foufre. Et comme les expériences fur les mines de fer font très-difficiles à faire , nos Chymiftes s'en font rapportés aux Métallurgiftes du nord, 8c ont écrit, comme eux, qu'il y avoit beaucoup de foufre dans nos mines de fer *, tandis que toutes les mines en grain que je viens de citer, n'en contiennent point du tout, ou fi peu qu'on n'en fent pas l'odeur de quelque façon qu'on les brûle. Les mi- nes en roche ou en pierre , dont j'ai fait venir des échantillons de Suède & d'Alle- magne 5 répandent au contraire une forte odeur de foufre lorfqu'on les fait griller, ik en contiennent réellement une très- grande quantité, dent il faut les dépouiller, avait de les mettre au fourneau pour les fondre. Et de-ià fuit une quatrième vérité toucë Partie expenmentale, 6^ aufli intérefTante que les autres, c'eft que nos mines en grain , valent mieux que ces mines en loche tant vantées, & que lî nous ne faifons pas du ferauiïi bon ou meilleur que celui de Suède, c'eil purement notre faute & point du tout celle de nos mines, qui toutes nous donneroient des fers de la première qualité, (î nous les traitions avec le même foin que premient les Etrangers pour arriver à ce but. Il nous eft même plus aifé de l'atteindre , nos mines ne demandant pas à beaucoup près autant de travaux que les leurs. Voyez dans Swedenborg le dé- tail de ces travaux, la feule extraction de la plupart de ces mines en roche qu'il faut aller arracher du fein de la Terre, à trois ou quatre cents pieds de profondeur , cafler à coups de marteaux , de mafifes Ôc de le- viers , enlever enfuite par des machines jufqu'à la hauteur de terre, doit coûter beaucoup plus que le tirage de nos mines en grains , qui fe Fait, pour ainii dire, à fleur de terrein, & fans autre indrument que la pioche 8c la pelle -, ce premier avantage n'efl: pas encore le plus grand, car il faut reprendre ces quartiers , ces morceaux de pierres de fer, les porter fous les maillets 70 Hijloin Naturelle. d un boccard pour les concafler , les broyer & les réduire au même état de division où nos mines en grains fe trouvent naturelle- ment *, Se comme cette mine concalîée con- tient une grande quantité de foutre, elle ne produiroit que de très-mauvais fer fi on ne prenoit pas la précaution de lui enlever îa plus grande partie de ce foufre furabon- dant, avant de la jeter au fourneau. On la répand à cet etiet fur des bûchers d'une vaiic étendue où elle fe grille pendant quelques femaines-, cette confommation très-confidérable de bois, jointe à la diffi- culté de Textraétion de la mine, rendroic îa chofe impraticable en France , à caufe de la cherté des bois. Nos mines heureu- fement n'ont pas befoin d'être grillées, & il fuffit de les laver pour les féparer de la terre avec laquelle elles font mêlées*, la plupart fe trouvent à quelques pieds de profondeur j l'exploitation de nos mines ie fait donc à beaucoup moins de frais, & cependant nous ne profitons pas de tous ces avantages , ou du moins nous n'en avons pas profité jufqu'ici , puifque les Etrangers nous apportent leurs fers qui leur coûtent tant de peines, & que nous les Partie expérimentale. 71 achetons de préférence aux nôtres , fur la réputation qu'ils ont d'être de meilleure qualité. Ceci tient à une cinquième vérité qui efi: plus morale que phyfique -, c'eft qu'il eft plus aifé, plus fur ôc plus profitable de faire, fiii'-tout en ce genre, de la mauvaife marchandile que de la bonne. Il eil: bien plus commode de fuivre la routine qu'on trouve établie dans tes forges , que de cher- cher à en perfectionner l'art. Pourquoi vou- loir faire du bon fer , difent la plupart des maîtres de forges -, on ne le vendra pas une piftole au-deiTjs du fer commun, &il nous reviendra peut-être à trois ou quatre de plus , fans compter les rifques & les frais des expériences & des effais qui ne réuffillent pas tous à beaucoup près ? Maiheureufe- ment cela n'ed: que trop vrai , nous ne pro- fiterons jamais de l'avantage naturel de nos mines , ni même de notre intelligence , qui vaut bien celle des Etrangers, tant que le Gouvernement ne donnera pas à cet objet plus d'attention , tant qu'on ne favorifera pas le petit nombre de manufactures où l'on fait du bon fer , & qu'on permettra l'entrée des fers étrangers : il me femble 7Z HiJIoire Naturelle. que l'on peut démontrer avec la dernière évidence le tort que cela fait aux Arts & à FEtat ', mais je m'écarterois trop de mon fujet il j'entrois ïcï dans cette difcuffion. Tout ce que Je puis afTurer comme une iîxième vérité , c'eft qu'avec toutes fortes de mines , on peut toujours obtenir du fer de même qualité-, j'ai fait brûler 8c fondre luccefTivement dans mon plus grand four- neau, qui a 2 3 pieds de hauteur, fept ef- pèces de mines différentes, tirées à deux, trois & quatre lieues de diftance les unes des autres > dans des rerreins tous diilérens, les unes en grains plus gros que des pois, les autres en grains gros comme des che- vrotines , plomb à lièvre , &: les autres plus menues que le plus petit plomb à tirer; Se de ces fept différentes efpèces de mine dont j'ai fait fondre pluiieurs centaines de milliers , j'ai toujours eu le même fer -, ce fer eft hïen connu, . non-feulement dans la province de Bourgogne où font lltuées mes forges, mais même à Paris où s'en fait le principal débit , & il eft regardé comme de très bonne qualité. On leroit donc fondé à croire que j'ai toujours em- ployé la même mine, qui toujours traitée de Partie expérimentale. 75 de îa même façon , m'aiiroit conftamment donné le même produit', tandis que, dans le vrai, j'ai ufé de toutes les mines que j'ai pu découvrir, êc que ce n'efl qu'en vertu des précautions & des foins que j*ai pris de les traiter diiiéremment que je fuis parvenu à en tirer un réfLiirat femblabie , & un produit de^iiêmie qua- lité. Voici les obfervations & les expé- riences que j'ai faites à ce fujet^ elles feront utiles Se m.ême néceiTaires à tous ceux qui voudroiît connoître la qualité des mines qu'ils employeur. Nos mines de fer en grain ne fe trou- vent jamais pures dans le fein de la Terre, toutes font mélangées d'une certaine quan- tité de terre qui peut fe délayer dans Teau, & d'un fable plus ou moins nn , qui , dans de certaines mines , eil de na- ture calcaire , dans d'autres de nature vitrifiable, & quelquefois mêlé de l'une Se de l'autre -, je n'ai pas vu qu'il y eût aucun autre mélange dans les fept ef- pèces de mines que j'ai traitées & fondues avec un égal fuccès. Pour reconnoître la quantité de terre qui doit fe délayer dans i'eau, 8c que l'on peut efpérer de léparer Tome VJIL ^ D 74 Hijîolre Naturelle. de la mine au lavage , il faut en pefer une petite quantité dans Técat même où elie fort de la Terre ^ ia faire enfuite fé- cher, & mettre en compte le poids de Teau qui fe fera diiîîpée par le defsè- chement. On mettra cette terre féchée dans un va(e que Ton remplira d'eau & on ia remuera-, dès que Teau fera jaune ou bourbeufe , on ia verfera dans un autre vafe plat pour en faire évaporer Teau par le moyen du feu ■■, après Téva- poration, on mettra à part- le rélidu ter- reux. On réitérera cette même manipula- tion jufqu'à ce que la mme ne colore plus Teau qu'on verfe ' deffus , ce qui n'arrive jamais qu'après un grand nom- bre de lotions. Alors on réunit enfemble tous ces réfidus terreux, & on les pèfe pour reconnoitre leur quantité relative à celle de la mine. Cette première partie du mélange de . îa mine étant connue & fori poids conf- taté , il reftera les grains de n>ine & les fables que l'eau n'a pu délayer : ii ces fables font . calcaires , il faudra les faire diiïbudre à i'eau-forte, & on en recon^- noîtra la quantité en les faifant précipiter Partie expérimentale. 7j après les avoir diiTous -, on les pèfera & dès -lors on faura au jufte combien la mine contient de terre, de fable calcaire & de fer en grains. Par exemple, la mine dont je me fuis fervi pour la pre- mière expérience de ce Mémoire , conte- noit par once , un gros & demi de terre délayée parTeau, un gros 55 grains de fable dillous par feau- forte, trois gros 66 grains de mine de fer, & il y a eu 59 grains de perdus dans les lotions & diilolutions. Ceft M. Daubenton , de l'Aca- démie des Sciences , qui a bien voulu faire cette expérience à ma prière, & qui Ta faite avec toute l'exadlrtude qu'il ap- porte à tous les fujets qu'il traite. Après cette épreuve , il faut examiner attentivement la mine dont on vient -cie fçparer la terre & le fable calcaire , & tâcher de reconnoître à la feule infpec- tion s'il ne fe trouve pas encore parmi les grains de fer, des particules d'autres matières que l'eau- forte n'auroit pu dif- foudre , & qui par conféquent ne. feroient pas calcaires. Dans celle dont je viens de parler , il n'y en avoir point du tout , & dès- lors j'écois affuré que fur une quantité Dij 7(^ Hijîoire Naturelle. de 57($ livres de cette mine , il y avoit 282 parties de mine de fer, 127 de matière calcaire, & le refte de terre qui peut fe délayer à Teau. Cette connoifïanee une fois acquife, il fera aifé d'en tirer les procédés qu'il faut fuivre pour faire fondre la mine avec avantage & avec certitude d'en obtenir du bon fer , comme nous le dirons dans la fuite. Dans les lix autres efpèces de mine que j'ai employées , il s'en eft trouvé quatre dofit le. fable n'étoit point dillb- iuble à l'eau-forte , & dont par confé- quent la nature n'étoit pas calcaire , mais vitrifiabie*, & les deux autres qui étoient à plus gros grains de fer que les cinq premières , contenôient des graviers cal- caires en aiïez petite quantité, & des pe- tits cailloux arrondis, qui étoient de la nature de la calcédoine, & qui retrem- bloient par la forme aux chryfalides des foufmrs : les ouvriers employés à Tex- traflion & au lavage de mes mines , les appeloient œufs de fourmis. Chacune de ces mines exige une fuite de procédés diftérens pour les fondre avec avantage & pour en tirer du fer de même qualités Partie expérimentale, 77 Ces procédés quorqu'ailez (impies , ne laiilent pas d'exiger une grande attention 5 comirie il s'sgic de travailler fur des mil* liers de quintaux de mine, on eft forcé de chercher tous les moyens, & de pren- dre toutes les voies qui peuvent aller à réconomie ; j'ai acquis fur cela de l'ex- périence à mes dépens, & je ne ferai pas mention des méthodes qui , quoique plus précrfes & meilleures que celles dont je vais parler, feroient trop di(^ pendieufes pour pvouvoir être mifes en pratique. Comme je n'ai pas eu d'autre but dans mon travail que celui de l'uti- lité publique, j'ai tâché de réduire cqs procédés à quelque chofe d'afTez fimple> pour pouvoir être entendu & exécuté par tous les maîtres de forges qui voudront faire du bon fer -, mais néanmoins en les prévenant d'avance, que ce bon fer leur coûtera plus que le fer commun qu'ils ont coutume de fabriquer, par la même raifon que le pain blanc coûte plus que le pain bis*, car il ne s'agit de même que de cribler , tirer & féparer le bon grain de toutes les matières hétérogènes donc il fe trouve mélangé. Diij jS Hijloire Naturelle, Je parlerai ailleurs de la recherche & de la découverte des mines, mais je Tup- pofe ici les mines toutes trouvées & tirées \ je fuppofe auiîi que, par d^s épreuves femblables à celles que jeviens d'indiquer, on connoilïe la nature des fables qui y font mélangés *, la première opération qu'il faut faire , c'eft de- les tranfporter aux la- voirs, qui doivent être d'une conftruclron diiiérente félon les difiérentes mines -, celles qui font en grains plus gros que les fables qu'elles contiennent, doivent être lavées dans des lavoirs foncés de fer & percés de petits trous comme ceux qu'a propofé M. Robert (c) , 8c qui font très-bien ima- ginés*, car ils fervent en même temps de lavoirs & de cribles j l'eau emmène avec elle toute la terre qu'elle p^it délayer , & les fablons plus menus que les grains de la mine pailent en même temps par les petits trous dont le fond du lavoir eft percé-, & dans lé cas où les fablons font auiïî gros, mais moins durs que le grain de la mine , le rable de fer les écrafe &: ils tombent avec l'eau au-delTous ( c ) Méthode pour laver les mines de fcr^ în-\ i, Paris 17^7* Farde expérimentale, 79 du lavoîr -, la mine refte nette & affex pure pour qu'on la puifle fondre avec économie. Mais ces mines , dont les grains font plus gros & plus durs que ceux des fables ou petits cailloux qui y font mé- langés , font afTcz rares. Des fept efpèces de mines que j'ai eu "oc:ahon de traiter, il ne s'en eft trouvé qu'une qui fût dans le cas d'êrre lavée à ce lavoir, que. j'ai fait exécuter & qui a bien réuffi *, cette mine eft celle qui ne contenoit que du fable calcaire , qui communément eft moins dur que le grain de la mine. J'ai néan- moins obfervé que les râbles de fer en frottant contre le fond du lavoir qui eft aufîi de fer, ne laiffoient pas d'écrafer une aftez grande quantité de grains de mine> qui dès-lors paftbient avec le fable Se tomboient en pure pette fous le lavoir, & je crois certe perte inévitable dans les lavoirs foncés de fer. D'ailleurs la quan- tité de caftine que M. Robert étoit obligé de mêler à (es mines ^ & qu'il dit être d'un tiers de la m'mefdj, prouve qu'il reftoit encore 5 après le lavage, une portion ■■ ' '— 1 1 . .1 ■ -( ^) Méthode peur laver les mines de fer, p a g". Z2&i^. D iv 8o Hijloire Naturelle, confidérable de fablon virrifiabîe, ou do. terre vitrercible dans Tes mines ainfi la- vées-, car il ii'auroit eu befoin que d'un fixièir.e ou même d'unhuiticme de cafl-ine fi les mines eliiTent éré plus épurées, c'efl- à-drre, plus dépouillées delà terre grafle ou du fable vitrifiabie qu'elles contenoient. Au refte , il n étoit pas poiïible de fc fervir de ce même lavoir pour les autres fîx efpèces de mines que j'ai eu à traiter-, de ces fix, il y en avoit quatre qui fe font trouvées mêlées d'un fablon vitref- cible* auiïi dur &: même plus dur , &: en même temps plus gros ou auffi gros que les grains de la mine. Pour épurer ces quatre efpèces de mine, je nie fuis fervi de lavoirs ordinaires & foncés de bois plein , avec un courant d'eau plus rapide qu'à l'ordinaire-, on les paQbit neuf fois de fuite à l'eau, & à mefure que le cou- rant vif de l'eau emportoit la terre & le fablon le plus léger & le plus petit, on faifoît pafler la mine dans des cribles de fil-de-fer aflez ferrés , pour retenir tous les petits cailloux plus gros que les grains de la mine. En lavant ainfi neuf fois & criblant trois fois, on parvenoit à n^ Partie expérimentale. 8 i lailTer dans ces mines qu environ un cin- quième ou un fixième de ces petits cail- loux ou Tablons vitteicibles , Se c'écoient ceux qui, étant de la même groiTeur que les gtains de la mine , étoient auiïi de la même pefanteur, en forte qu'on ne pou- voir -les réparer ni par le lavoir ni par le crible. Après cette première préparation, qui eft tout ce qu'on peut foire par ie moyen du lavoir 8c des cribles à Teau , la raine étoit alTez nette pour pouvoir être mife au fourneau -, & comme elle éroit encore mélangée d'un cinquième ou d'un (ixième de matières vitrefcibles, on pouvoir la fondre avec un quart de caf- tine ou matière calcaire, & en obtenir de très-bon fer en ménageant les charges , c'eft-à'dire ;, en mettant moins de mine que l'on n'en met ordinairement : mais comme alors on ne fond pas à profit , parce qu'on ufe une grande quantité de charbon, il faut encore tâcher d'épurer fa mine, avant de la jetter au fourneau. On ne pourra guère en venir à bout qu'en la faifant vanner Se cribler à l'air, comm.e l'on vanne Se crible le hlé. J'ai féparé par ces moyens encore plus d'une D V §2 Hijloire Naturelle. moitié des mstièrcs hétérogènes qui ref- toient dans mes mines , & , quoique cette dernière opération Toit longue & même alTez difficile à exécuter en grand, j'ai reconnu 5 par l'épargne du charbon, qu'elle étoit profitable , il en coûtoit vingt fous pour vanner & cribler quinze cents pe- Tant de mine, mais on épargnoitau four- neau trente-cinq fous de charbon pour la fondre : je crois donc que, quand cette pratique fera connue, on ne manquera pas de l'adopter. La feule drUiculté qu'on y trouvera , c'eft de faire féçher allez les mines pour les faire pader aux cribles & les vanner avantageufement. Il y a très- peu de matières qui retiennent l'humidité auffi long temps que les mines de fer en grain (e). Une feule pluie les rend humi- {e) Peur reconjioître la quantiié d'humi4ité tjui réfîde dans ia mine de fer, j'ai fait fécher, bi. , pour air.iî dire, griller dans un four tiès- chaud, trois cents livres de celle qui avoir éiL la mieux lavée, & qui s'étoit déjà fé- chée à l'air; &: ayant pefé cette mine au fortir dvi four, elle ne pcfoit plus que deux cents cinquante-deux livres i ainfî, la quantité de la matière humide ou volatile que la chaleur lui enlève , ed à très- peu près d'un (îxième de fon poids total , bc je fais pcrfuadé que fi on la grilloit à uk feu plus violent , elle perdroit encore plus. Partie expérimentale. S j cies pour plus d'un mois -, il fkur donc des hangards couverts pour les dépofer, il faut les étendre par petites cr.jches de trois ou quatre pouces d'épard'eur, les remuer, les expofer au foleil-, en un mot, les fécher autant qu'il eft poflible -, fans cela, îe van ni le crible ne peuvent faire leur efler. Ce n'eO: qu'en été qu'on peut y travailler , & quand il s'agit de faire paiîer au crible quinze ou dix-huit cents mil- liers de mine que l'on brûle au fourneau dans cinq ou fix mois , on fent bien que le temps doit toujours manquer, & ii manque en effet-, car je n^i pu, par cha- que été, faire traiter ainfi qu'environ cinq ou iix cents milliers : cependant en aug- mentant 4'efpace des hangards , & en dou- blant les machines & les hommes, on en viendroit à bout , & l'économie qu*on trouveroit par la moindre confommation de charbon, dédommageroit de au-delà de tous ces frais. On d.vc traiter de même les mines qui font mêiani^ées de graviers calcaires & de petits cailloux ou de fable vitrefcible ', en féparer ie plus que l'on pourra de cette féconde matière à laquelle la pre- D vj 84 Ul/loire Naturelle. mière fert de fondant, 8ç que, par cette raifon , il n'efl: pas néceflaire d'ôrer , à moins qr/elle ne fût en trop grande quantité*, j'en ai travaillé deux de cette efpèce, elles font plus fufibies que les autres , parce qu'elles contiennent une bonne quantité de caftine, & qu'il ne leur en faut ajouter que peu ou même point du tout, dans le cas où il n'y auroit que peu ou point de matières vitrefcibîes. ■ • Lorfque les mines de fer ne contien- nent point de matières vitrefcibîes, & ne font mélangées que de matières calcaires, il faut tâcher de rcconnoître la propor- tion du fer 8c de la matière calcaire, en fiparant les grains de mine un à un fur une petite quantité, ou en di(îblvant à l'eau- forte les parties calcaires, comme je l'ai dit ci -devant. Lorfqifon fe fera afluré de cette proportion, on faura-tout ce qui eft nécellaire pour fondre ces mi- nes avec fuccès -, par exemple, la mine qui a fervi à la première expérience, & qui contenoit un gros 5 5 grains de iable calcaire, fur 5 gros 66 grains de fer en grain , & dont il s'étoit perdu 5 9 grains dans les lotions & la difToIution , ét'oit par Partie expérimentale. 8j conféqiient mélangée d'environ un tiers de cafline ou de matière calcaire, .fur deux tiers de fer en grains. Cette iiùne porte donc naturellement fa cafline, & on- ne peut que gâter la fonte (i on ajoute encore de la matière calcaire pour la fon- dre. Il faut au contraire y mêler des ma-- rières vitrefcibles, & choifir celles qui fe fondent le plus aiiément ', en mettant un quinzième ou même un feizicme de terre vitrefcible, qu'on appelle aubu'é, j'ai fon- du cette mine avec un grand iuccès, & elle m'a donné d'excellent fer , tandis qu'en la fondant avec une addition de cafline, comme c'étoit l'uiage dans le pays avant moi, elle ne produiloit qu'une mauvaile fonte qui catloit. par fon propre poids fur les rouleaux en la conduiiant à i'affînerie. A\n\\^ toutes les fois qu'une mi- ne de fer ie trouve naturellement fur- chargée d'une grande quantité de matières calcaires, il faut, au lieu de caftine, em- ployer de l'aubuc pour la fondre avec avantage. On doit préférer cette terre au- bue à toutes les autres matières vitrefci- bles , parce qu'elle fond plus aiiément que le caillou, le fable criftaiiin <5c les autres 8 6 Hijloire Naturelle. matières du genre virrifiabie , qui pour- rorent faire le même effet, mais qui exi- geroient plus de charbon pour ie fondre. D'ailleurs cette terre aubuë fe trouve pref- que par-tout, & eft la terre la plus com- mune dans nos campagnes. En fe fondant, elle iaiiit les fablons calcaires , les pénètre, îes ramollir & les fait couler avec elle plus promptement, que ne pourroit faire ie petit caillou ou le fable vitrefcible , auxquels il faut beaucoup plus de feu pour les fondre. On Qpt dans Terreur îorfqu'on croit que îa mine de fer ne peut fe fondre fans cafiine. On peut la fondre, non-feulement fans cailine, mais même fans aubu'.- & fans aucun autre fondant Icrfqu'ciie eft nette & pure^ mais il tk vrai qj'alors il fe brille une quantité aiTez con^iûérable de mine qui tombe en mauvais laitier & qui diminue ie produit de ia fonte"-, il s'a- git donc pour fondre le plus avantageu- fem.ent qu'il eft poilible , de trouver d'abord quel eft le fondant qui convient àia mine, & enfuite dans quelle propor- tion il faut lui donner ce fondant pour qu'elle fe convertiiTe entièrement en fonte Partie expérimentale. 8 7 de fer, & qu'elle ne brûie pas avant d'en- trer en fufion. Si la mine eft mêlée d'un tiers ou d'un quart de matières vitrefci- bles , & qu'il ne s'y trouve aucune ma- tière calcaire, alors un demi-tiers ou un demi-quart de matières calcaires, fuRira pour la fondre -, & iî au contraire elie Te trouve naturellement méiano;ée d'un tiers ou d'un quart de fable ou de graviers xalcaires, un quinzième ou un dix- hui- tième d'aubuë fuHira pour la faire couler Se la préferver de l'adion trop iubice du feu qui ne manqueroit pas de la brûler en partie. On pèche prefque par-tout par l'excès de caftine qu'on niet dans les four- neaux -, il y a même des maîtres de cet art aflez peu inllruits> pour mettre de la cafline Se de l'aubuc tout enfemble ou féparément;, fuivant qu'ils imaginent que leur mine efl: trop froide ou trop chaude , tandis que dans le réel toutes les mines de fer, du moins toutes les mines en grains font également fulibles, & ne dif- fèrent les unes des antres que par les matières dont elles font mélangées, & point du tout par leurs qualités intrinsè- ques qui font abfolument les mêmes, Se 8 8 Hijloire Naturelle. qui m'ont démontré que le fer , comme tout autre métal , eft un dans la Nature. On reconnoîtra par les laitiers fi la proportion de la caftîne ou de Taubue que Ton jette au fourneau pèche parexccs ou par défaut-, lorfque les laitiers font trop légers, fpongieux & blancs, prefque femblabies à la pierre ponce, c'eft une preuve certaine qu'il y a trop de matière calcaire-, en diminuaiît la quantité de cette matière, on verra le laitier- prendre. plus de folidité, & former un verre ordinai- rement de couleur verdâtre qui file, s'é- tend & coule lentement au fortir du four- neau. Si au contraire le laitier eft trop vifqueux, s'il ne coule que très-difriciie- ment, s'il faut Tarracher du fommet de la dame , on peut être fur qu'il n'y a pas . aiïcz de caftine, ou peur-êcre pas affez de charbon proportionnellement à la mi- ne , la condftance & même la couleur du laitier , font les indices les plts fiirs du bon ou du mauvais état du fb'urneau , & de la bonne ou m.auvaife proportion des matières qu'on y jette-, il faut que le laitier coule feul & forme un ruiifeau lent fur la pente qui s'étend du fommet Partie expeHmentale. 8 9 de îa dame au rerrein-, il faut que ïà couleur ne foit pas d\in rouge trop vif ou trop foncé, mais d'un rouge pâle & blanchâtre, & lorfqu'il eft refroidi on doit trouver un verre folide , tranfparent & verdâtre , aufîî pefant & même plus que îe verre ordinaire. Rien ne prouve mieux ie mauvais travail du fourneau ou la d\{- proportion des mélanges que les laitiers trop légers, trop pefans, trop obfcurs *, &: ceux dans lefquels on remarque plu- fleurs petits trous ronds, gros comme les grains de mine , ne font pas des laitiers proprement dits, mais de la mine brûlée qui ne s'eft pas fondue. Il y a encore plùfieurs attentions né* ceiTaires , & quelques précautions à pren* dre pour fondre les mines de fer avec la plus grande économie. Je fuis parvenu j après un grand nombre d'eflais réitérés , à ne confommer qu'une livre fept onces & demie, ou tout au plus une livre huit onces de charbon pour une livre de fonte -, car avec deux mille huit cents quatre-vingts livres de charbon, lorfque mon fourneau eft pleinement amainé , J'ob- tiens conftamment desgueufesde dix-huit 5iO Hijtoire Naturelle. cents roixante-qLirnze,d[ix-neufcents& dix* neuf cents cinq Liante livres, & je crois que c eft le plus Iiaut point d'économie auquel on ptnfîe arriver -, car M. Robert , qui , de tous les traîtres de cet art, eft peut-être celui qui, par le moyen de Ton lavoir, a le plus épuré fes mines, confommoit néanmoins une livre dix onces de charbon pour chaque livre de fonte ^ & je doute que la qualité de fes fontes fût aufîi par- faite que celle des miennes-, mais cela dépend, comme je viens de le dire, d'un grand nombre d'obfervations & de pré- cautions dont je vais indiquer les prin-* cipales. i.*^ La cheminée du fourneau, depuis îa cuve jufqu'au gueulard, doit être cir- culaire & non pas à huit pans, comme ctoit le fourneau de M. Robert , ou quarrée comme le font les cheminées de îa plupart des fourneaux en France -, il eft hiQn aifé de fentir que dans un quarré la chaleur fe perd dans les angles fans réagir fur lamine, & que par conféquent on brûle plus de charbon pour en fondre la même quantité. 2.° L'ouverture du gueulard ne doit Partie expérimentale. cji ctre que de la moicié du diamètre de la iargeur de la cuve du fourneau*, j'ai fart des fondâmes avec de très -grands & de très-petits gueulards^ par exemple, de 3 pieds Y de diamètre, la cuve n'ayant que 5 pieds de diamètre , ce qui eft à peu-près la proportion des fourneaux de Suède-, Se j'ai vu que chaque livre de fonte, confommoit près de deux livres de charbon. Enfuite ayant rétréci la che- minée du fourneau , & lailfant toujours à la cuve un diamètre de 5 pieds, j'ai ré- duit le gueulard à 1 pieds de diamètre , &: dans ce fondage j'ai confommé une livre treize onces de charbon pour cha- que livre de fonte. La proportion qui m'a le mieux réuffi, & à laquelle je me fuis tenu, eft celle de 2 pieds \ de dia- mètre au gueulard , fur 5 pieds à la cuve , la cheminée formant un cône droit, por- tant fur des gueufes circulaires depuis, la cuve au gueulard, le tout conftruit avec des briques capables de réiiller au plus grand feu. Je donnerai ailleurs la com- poiitîon de ces briques , & les détails de la conftrudion du fourneau , qui eft toute ^iiiérente de ce qui s'eftpratiqué jufqu'ici » 92 Hijloire Naturelle. fur-tour pour la partie qu'on appelle rou^ yrage dans le fourneau, 3.° La manière de charger ie fourneau ne iaiife pas d'influer beaucoup plus qu'on ne croit fur le produit de la fufion*, au lieu de charger , comme c'ell; Fufjge , toujours du coté de la ruftine , & de laifler couler la mine en pente , de manière que ce côté de ruftine efl conftamment plus chargé que les autres, il faut la placer au milieu du gueulard , l'élever en cône obtus, & ne jamais interrompre le cours de la flamme qui doit toujours envelopper le tas de mine tout autour, & donner conftamment le même degré de feu j par exemple, je fais charger communément iîx paniers de charbon de quarante livres chacun, fur huit mefures de mines de cinquante-cinq livres chacune, & je fais couler à douze charges -, j'obtiens com- munément dix-neuf cents vingt-cinq livres de fonte de la meilleure qualité ^ on com- mence , comme par-tout ailleurs , à mettjre le charbon , j'obferve feulement de ne me fcrvir au fourneau que de charbon de bois de chêne, & je laifle pour les afEneries le charbon des bois plus doux. Partie expérimentale, 95 On jette d'abord cinq paniers de ce gros charbon de bois de chêne, & le dernier paniçr qu'on impofe lur les cinq autres, doit être d'un charbon plus menu que Ton entaife 8c brife avec un rabie, pour qu'il remplifïe exactement les vuides que laifTent entr'eux les gros charbons ; cette précaution eft necedaire pour que la mine , dont les grains font très-menus, ne perce pas trop vite, & n'arrive pas trop tôt au bas du fourneau-, c'efl auffi par la même raifon , qu'avant d'impofer la mine fur ce dernier charbon , qui doit être non pas à fleur du gueulard, mais à deux pouces au-delïbusj il faut, fuivant la na- ture de la mine, répandre une portion de la caftine ou de Taubuè", néceifaire à ia fuiion , fur la furface du charbon s cette couche de matière loutieut la mine & l'empêche de percer. Enfuite on impofe au milieu de l'ouverture une mefure de mine qui doit être mouillée , non pas a(Tez pour tenir à la main, mais aflez pour que les grains aient entr'eux quelque abhé- rence , & falTent quelques petites pelottes ', fur cette première mefure de mine, on en mec une féconde & on relève le tout 94 HiJIoire Naturelle. en cône , de manière que ia flamme i'en- veloppe en entier , & s'il y a quelques points dans cette circonférence où la flamme ne perce pas, on enfonce un petit ringard pour lui donner jour, afin d'en entretenir l'égalité tout autour de ia mine. Quelques minutes après, lorfque le cône de mine eft atîailîé de moitié ou des deux tiers, on impofe de la même façon une troifième & une quatrième mefure qu'on relève de même, & ainiî de fuite jufqu'à la huitième mefure. On emploie quinze ou vingt minutes à chat- ger fuccefïivementla mine •, cette manière ed meilleure & bien plus profitable que la façon ordinaire qui efl en ufage, par laquelle on fe prefle de jeter, & tou- jours du même coté , la mine tout en- femble en moins de trois ou quatre mi- nutes. 4.° La conduite du vent contribue beaucoup à l'augmentation du produit de la mine & de l'épargne du charbon -, il faut dans le commencement du fondage donner le moins de vent qu'il efl: pofîi- ble 5 c'ef t - à - dire , à peu-près fix coups de fouftlets par minute, ôc augmenter Partie expérimentale. 9j peu - à - peu le mouvement pendant les quinze premiers jours , au bout defquels on peut aller jufqu'à onze & même juf- qu'à douze coups de foufflets par minute^ inais ri faut encore que la grandeur des foufflets Toit proportionnée à la capacité du fourneau , & que Forifice de la tuyère fort placé d'un tiers plus près de la ruf- tine que de la timpe, afin que le Y^ni ne fe porte pas trop du coté de l'ouver- ture qui donne palTage au laitier. Les bufes des foufflets doivent être pofées à fix ou fept pouces en dedans de la tuyère, & le milieu du creufet doit fe trouver à-plomb du centre du gueulard", de cette manière lèvent circule à peu -près éga- lement dans toute la cavité du fourneau, & la mine defcend, pour ainlï dire, à-plomb & ne s'attache que très-rarement &: en petite quantité aux parois du four- neau j dès- lors il s'en brûle très -peu, & r,on évite les embarras qui fe forment fouvent par cette mine attachée, & les bouillonnemens qui arrivent dans le creu- fet lorfqu'elle vient à fe détacher & y tomber en maflTe*, mais je renvoie les détails de la conftru6lion éc de la conduite Cf6 Hijîoire Naturelle. des fourneaux à un autre Mémoire, parce que ce fujec exige une rrès-longue dif- cufîion. Je penfe que j'en ai dit adèz pour que les maîtres de forges , puiilent in entendre & changer ou perfedlionner leurs méthodes d'après la mienne. J'ajou- terai feuiement que par les moyens que je viens d'indiquer, & en ne prellant pas le feu, en ne cherchant point à accélérer les coulées , en n'augmentant de mine qu'a- vec précaution, en le tenant toujours au- delïous de la quantité qu'on pourroic charger , on fera fur d'avoir de très- bonne fonte grife , dont on tirera d'ex- cellent fer, & qui fera toujours de même qualité de quelque mine qu'il provienne*, je puis i'alTurer de toutes les mines eu grain, puifque j'ai fur cela l'expérience la plus conilanre Se les faits les plus réité- rés. Mes fers, depuis cinq ans, n'ont ja- mais varié pour la qualité, & néanmoins j'ai employé fept eipèces de mine diffé- rentes ^ mais je n'ai garde d'allurer de même que les mines de fer en roche don- neroient comme celles en grain du fer de même qualité , car celles qui contien- nent du cuivre 3 ne peuvent guère produire . que Partie expérimentale, c^j que du fer aigre & caiTant, de quelque manière qu'on voulût les traiter, parce qu'il efl: comme impoiTible de les purger de ce métal, dont le moindre mélange gâte beaucoup la qualité du fer -, celles qui contiennent des pyrites Se beaucoup de foufre, demanderoient à être traitées dans des petits fourneaux prefque ouverts, ou à la manière des forges des Pyrénées -, mais comme toutes les mines en grains, du moins toutes celles que j'ai eu occa- iion d'examiner, (& j'en ai vu beaucoup, m'en étant procuré dun grand nombre d'endroits) ne contiennent ni cuivre ni fourre: on fera certain d'avoir du très- bon fer & de la même qualité en fuivanc les procédés que je viens d'indiquer. Et comme ces mines en grains font, pour ainiî dire, les feules que l'on exploite en France , & qu'à l'exception des pr.<3vinces du Dauphiné, de Bretagne, du Rouiîîllon, du pays de Foix , êcc. où l'on fe fert de mine en roche, prefque toutes nos autres provinces n'ont que des mines en grains -, ies procédés que je viens de donner pour le traitement de ces mines en grains , fe- ront plus généralement udles au royaume. Tome FUI. E c)8 Hijloire Naturelle. que les manières particulières de traiter les mines en roche, dont d'ailleurs on peut s'inftruire dans Swedenborg, & dans quelques autres Auteurs. Ces procédés, que tous les gens qui connoiiTent les forges, peuvent entendre aifément , Te réduifent à féparer d'abord , autant qu'il fera pofîible, toutes les ma- tières étrangères qui Te trouvent mêlées avec la mine ^ fi l'on pouvoit en avoir le grain pur Se fans aucun mélange, tous les fers, dans tout pays, feroient exade- ment de la même qualité -, je me fuis alTu- ré, par un grand nombre d'eflais, que toutes les mines en grains, ou plutôt que tous les grains des diiiérentes mines font à très-peu près de la même fubftance. Le fer eft un dans la Nature , comme l'or & tous les autres métaux : & , dans les mines en grains , les diftérences qu'on y trouve ne viennent pas de la matière qui compofe le grain, mais de celles qui fe trouvent mêlées avec les grains , Se que l'on n'en fé- pare pas avant de les faire fondre. La feule différence que j'aie obfervée entre les grains des différentes mines que j'ai feit trier un à un pour faire mes eflais g Partie expérimentale, 5 9 c'eft que les plus petits font ceux qui ont ia plus grande pefanteur fpéciFique, 8c par conléquent ceux qui, fous le même volume , contiennent le plus de fer -, il y a communément une petite cavité au centre de chaque grain -, plus ils font gros, plus ce vuide eft grand j il n'augmente pas comme le volume feulement, mais en bien plu^ grande proportion j en forte que les plus gros grains font à peu-près comme les géodes ou pierres d'aigle, qui font elles-mêmes des gros grains de mine de fer , dont la cavité intérieure efl: très- grande 5 ainG , les mines en grains très-me- nus font ordinairement les plus riches; j'en ai tiré julqu'à 49 Se 50 par cent de fer en gueufe , & je fuis perfuadé que Ci je les avois épurées en entier, j'aurois ob^ tenu plus de foixante par cent *, car il y reftoit environ un cinquième de fable vi- trefcible auffi gros & à peu-près aufîî pe- fant que le grain, & que je n avois pu fé- parer-, ce cinquième déduit fur cent, refte quatre-vingts, dont ayant tiré cinquante, on auroit par conféquent obtenu foixante- deux & demi. On demandera peut-être comment je pouvois m'alTurer ' qu'il ne loo Hifioïre Naturelle. reiloit qu'un cinquième de matières hété- rogènes dans la mine , & comment il faut faire en général pour reconnoître cette quantité: cela neft point du tout difficile j H fuffit de pefer exadement une demi- livre de la mine , la livrer enfuite à une petite perfonne attentive, once par once, & lui en faire trier tous les grains un à un-, ils font toujours très-recbnnciiîabies par leur luifant métallique -, & lorfqu'on îes a tous triés, on pèfe les grains d'un côté & les Tablons de Tautre pour recon- noître la proportion de leurs quantités. Les Métailurgîftes qui ont parlé des mines de fer en roche, difent qu il y en a quelques-unes de fi riches, quelles don^ nent 70 & même 75 & davantage de fer en gueufe par cent : cela femble prouver que ces mines en roche font en eftet plus abondantes en fer que les mines en grain. Cependant j'ai quelque peine à le croire) &, ayant confulté les Mémoires de feu M. Jars, qui a fait en Suède dès obfeî^ varions exaifles fur îes mines, j'ai vu que, félon lui, les plus riches ne donnent que cinquante pour cent de fonte en gueule-. J'ai fait venir des échantillons de piufieurs Partie expérimentale, lOî mines de Suède, de celles des Pyrénées & de celles a Alvard en Dauphiné, que M. le comte de Baral a bien voulu me procurer, en m envoyant ia note ci-jointe (fj^ 8c les ayant comparées à ia balance hydrofla- tique avec nos mines en grains, elles fe f"fj a La terre d'Alvard eft compofce du bourgs d'Alvard & de cinq paroiÛes , dans lefqueiies iUc peut y avoir près de lîx mille perfonnes toutes oc- « cupées, fojt àreKpIo'tation des mines, foit à con-œ vertir les bois en charbon & aux travaux des four- « neaux, forges ce martinets 5 la hauteur des monta- « gnes ei\ pleine de ramerrax de mines de fer^ bc (c elles y font fi abondantes qu'elles fourniiTcnt des « mines à toute la province de Dauphiné. Les qualités ic en font û fines & fi pures, qu'elles ont toujours été ce abfolument nécen>jres pour la Fabrique royale de « canons de Saint-Gervais, d'où l'on vient les clier-« cher à grands frais j ces mines font toutes répan- ce dues dans le coeur dés roches où eîles forment des <;c rameaux , 5c dans lefqueiies elles fe renouvellent par (c une végétation continuelle. « Le fourneau eft fitué dans le centre àss bois & « des mii'es , c'eft l'eau qui fouffle le feu , & les cou- ce rans d'eau font immenf^-s. Il'n'y a par conféquent Se tour au moins Partie expérimentale. 107 une différence de vingt -cinq francs. Et néanmoins dans le commerce , tel qu'il eft aujourd'hui 8c depuis plufieurs années, on ne peut efpérer de vendre le bon fer que dix francs tout au plus au-delTus du mau- vais -, il n'y a donc que les gens qui veulent bien , pour l'honneur de leur manu^adlure , perdre quinze francs par millier de fer, c'efl-à-dire , environ deux mille écus par an, qui fallent le bon fer. Perdre, c'eft-à- dire, gagner moins , car avec de l'intellî- gence, & enfe donnant beaucoup de peiiie, on peut encore trouver quelque bénéfice en faifant du bon fer j mais ce bénéfice efl fi médiocre , en comparaifon du gain qu'on fait fur le fer commun, qu'on doit être étonné qu'il y ait encore quelques manu- fadtures qui donnent du bon fer. En atten- dant qu'on réforme cet abus, fuivons tou- jours notre objet -, h l'on n'écoute pas ma voix aujourd'hui, quelque jour on y obéira en confuitant mes écrits , & l'on fera fiché d'avoir attendu fi long-temps à faire un bien qu'on pourroit faire dès demain, en profcrivant l'encrée des fers étrangers dans le royaume, ou en diminuant les droits de la marque des fers, E vj I o 8 Hijioire Naturelle. Si Ton veut donc avoir, Je ne dis pas de la fonte parfaite & telle qu'il la fuidroic pour les canons de la marine, mais feule- ment de la fonte aiTez bonne pour foire du fer liant, moitié nerf diamètre, fur $ pieds de longueur 5 & comme cela »ne feroit pas praticable dans les chaufferies ordinai- » res , ou du moins que cela deviendroit très-difficile , » il faudroit établir des fourneaux de réverbère , où 31 l'on pourroit chauffer ces barres dans toute leur 53 longueur pour les fouder enfuite enfemble, fans 3> être obligé de les remettre plufieurs fois au feu. Ce » cylindre une fois formé , il fera facile de le forer & 33 tourner , car le fer battu obéit bien plus aifément au » foret que le fer coulé. 3) Pour les canons de huit livres qui^ont fix pieds » 8 pouces de longueur , fur 8 pouces 5- d'épaiffeur , 3» il faudroit fouder enfemble neuf barres de 3 pouces »foibles en quarré chacune, en les faifant toutes •» chauffer enfemble au même fourneau de réverbère, 3> pour en faire un cylindre plein de 8 pouces 5- de » diamètre. 33 Pour les canons de douze livres de balles qui doi- >» vent avoir 10 pouces | d'épaiffeur , on pourra les » faire avec neuf barres de 3 pouces | quarrés , que Partie expérimentale. 1 1 9 Quoi qu'il en Toit, comme ce n'eft pas l'état actuel des chofes, nos obfervatious ne porteront que fur les canons de fer l'on foudera toutes enfemble par les mêmes moyens. « Et pour les canons de vingt-quatre, avec feize « barres de 3 pouces en quatre. ce Comme l'exécution de cette efpèce d'ouvrage* devient beaucoup plus difficile pour les gros canons « que pour les petits , il fera jufte & néceffaire de les « payer à proportion plus cher. « Le prix du fer battu eft ordinairement de deux « tiers plus haut que celui du fer coulé. Si l'on paye « vingt francs le qiiintal les canons de fer coulé, il a faudra donc payer ceux-ci foixante livres le quintal ; a mais comme ils feront beaucoup plus minces que «: ceux de fer coulé , je crois qu'il feroit poOible de« les faire fabriquer à quarante livres le quintal , & n'eft pas encore de la bonne fonte. J'ignore il depuis ce temps l'on ne coule pas aux fourneaux de Ruelle, des fontes meilleures êc plus pefantes, je fais feulement que pefoit elle-même 70 livres le pied cube.Or 130'gros : 70 livres : : 916 gros f : 493 -^ livrf^s , poids du pied cube de cette fonte. Le fécond morceau marqué P, pefoli daub l'air 7 iivrca ^ onces i grOS , c'eft-à-' dire, 929 gros. Le même morceau pefoit dans l'eau 6 livres 3 onces 6 gros, c'eît-à-dire , 798 gros; donc le volume d'eau égal au volume de ce morceau de fonte j, pefoit 151 gros. Or 131 gros: 70 livres : : 929 gros :^96~~ livres, poids du pied cube de cette fonte. On obfervera qtie ces morceaux qu'on avoir voulu cou* 1er fur ks dimenfions d'un cube de 5 pouces étoient trop foibles. Ils auroient dû contenir chacun 27 pou- ces cubiques, & par conléquent le pied cube du pre* jTiier n'auroit pefe que 45 ;-. livres 4 onces , car 27 pou- ces : 1728 pouces : ; 916 gros ^ : 458 livres 4 onces. Et le pied cube du fécond n'auroit pefé que 464 livres ♦ a m lieu de 4^3 Uvks ,^* & de 4?6: livres ^^. Partie expérimentale. 141 tîeux Officiers de Marine (e) ^ très-habiles & zélés , y ont été envoyés fucceflivement, & quils font tous deux fort en érat de perfedionner Fart, & de hkn conduire les travaux de cette fonderie. Mais jufqu a répoque que je viens de citer, & qui efl: bien récente, je furs alTuré que les fontes de nos canons coulés pleins, n'étoient que ^e médiocre qualité -, qu une pareille fonte na pas aiïez de réliftance, & qu^en lui otant encore le lien qui la contient, c eft- à-dire, en enlevant, par les couteaux du tour , h furface trempée , il y a tout à craindre du fervice de ces canons. On ne manquera pas de dire que ce font ici des frayeurs paniques & mai fon- dées, qu'on ne fe fert jamais que des canons qui ont fubi l'épreuve, & qu une pièce une fois éprouvée par une moitié de plus de charge, ne doit ni ne peut crever à la charge ordinaire. A ceci je réponds; que non-feulemént cela n eft pas certain,' mais encore que le contraire eft beaucoup plus probable. En général, Tépreuve des canons par la poudre, eft peut-être la plus — (0 ^l-"^^ de Souvilie & 4e VialiSà 1^2 Mifioire Naturelle. mauvaife méthode que i on pût employer pour s'affurer de leur réfiftance. Le canon ne peut fubir ie trop violent effort des épreuves, quen y cédant autant que la cohérence de la matière le permet, (ans fe rompre -, & comme il s'en faut bien que cette matière de la fonte Toit à relfort par- fait, les parties féparées par le trop grand effort ne peuvent fe rapprocher ni fe réta- blir comme elles étoient d'abord -, cette cohéfion des parties intégrantes de la fonte étant donc fort diminuée par le grand effort des épreuves, il neft pas étonnant que le canon crève enfuite à la charge ordinaire, ceft un effet très- fmaple qui dérive dune caufe toute aufîi fmiple. Si le premier coup d'épreuve écarte les par- ties d'une moitié ou d'un tiers de plus que le coup ordinaire , elles fe rétabliront , fe réuniront moins dans la même proportion -, car , quoique leur cohérence n'ait pas été détruite puifque la pièce a rélifté , il n'en eft pas moins vrai que cette cohérence n eft pas fi grande qu'elle étoit aupara- vant , & qu'elle a diminué dans la même raifon que diminue la force d'un relTort imparfait : dès-lors un fécond ou un troi- Partie expérimentale. 145 Tième coup d'épreuve fera éclater les pièces qui auront réfifté au premier, & celles qui auront fuLi les trois épreuves fans fe rom- pre, ne font guère plus fures que les au- tres -, après avoir fuhi trois fois le même mal, ceft^à-dire, Je trop grand écartement de leurs parties intégrantes, elles en font necefTairement devenues bien plus foibles. Se pourront par conféquent céder à Teffort de la charge ordinaire. , Un moyen bien plus fdr, bien fimpîe Se mille fois moins coûteux pour s'aiTurer de îa réfîftance des canons , feroit d'en faire pefer la fonte à îa balance hydrofta- tique, en coulant le canon 1 on metcroit à part un morceau de h fonte 5 lorfquil feroit refroidi, on le pèferoit dans Tair & dans Teau , & fi la fonte ne pefoit pas au moins cinq cents vingt livres le pied cube, on rebuteroit la pièce comme non rece- vable : Ton épargneroit la poudre , la peine des hommes 3c on banniroit la crainte très- bien fondée de voir crever les pièces fou- vent après répreuve : Etant une fois fur de la denfité de la matière , on feroit éga- lement aiïijré de fa réfiflance, & Ci nos canons étaient faits avec de la fonte pefant 144 HiJIoire Naturelle. cinq cents vingt îivres le pied cube, & qu on ne s'avifât pas de les tourner ni de toucher à leur furface extérieure , j'ofe aiïurer qu'ils réfifteroient & dureroient au- tant qu on doit fe ie promettre. J'avoue que par ce moyen , peut-être trop fimple pour être adopté , on ne peut pas favoir Il la pièce eft faine, s'il n'y a pas dans l'in- térieur de la matière des défauts, des fouf- flures, des cavités -, mais connoidant une fois la bonté de la fonte, il fuffiroit, pour s'aiïurer du refte, de faire éprouver une feule fois , & à la charge ordinaire , les canons nouvellement fondus , & l'on feroit beaucoup plus fur de leur réfiftaiice, que de celle de ceux qui ont fubi des épreuves violentes. Plufieurs perfonnes ont donné des pro- jets pour faire de meilleurs canons ^ les uns ont propofé de les doubler de cuivre, d'autres de fer battu, d'autres de fouder ce fer battu avec la fonte, tout cela peut être bon à certains égards -, & dans un arc dont l'objet eftaufli important & la pratique auiïi difficile, les eftorts doivent être accueillis, & les moindres découvertes récompenfées j je ne ferai point ici d'ob- fervationç Partie expérimentale. 145 fervations fur les canons de M. Feutry, qui ne lahTem pas de demander beau- coup d'arc dans leur exécution -, Je ne parlerai pas non plus des autres tentatives, à l'exception de celle de îvl. de Souville , qui m'a paru la plus in génie ufe , & qu'il a bien voulu me communiquer par fa let- tre datée d'Angouléme , le 6 avril 1771, dont je donne ici l'extrait (fj. Mais je 1^ I I I I m» ffj et Les canons fabriqués avec des fjjjraîes , ont oppofé la plus grande réfiftance à la p'us )-rite tics- calKuue •> «is: qu en général le loutre ell un internùde qu'on ne doit ianiars euiplovec lork]u ou veut fouder du ter fans en alté- rer la qualité ; je ne donne ceci que pour AVIS .^ ceux qui pouiroienr prendre cette V toute cette torvo ; li cette Juatation cil iuoinortt v]ue le luouwiucnt qui lui cil ■» coJnn»ut\iv^iic. Ainli , «.t;uis Tun Ck 1 autre cas .IVltVt cil 1» le \nème. l.'.vUcmblajîC vUs barres , au contrairtr , V ne iclille «,]ue par les cercles qui les contiennent » Lortl|u'on en a revêtu l'amc des canons, on i\'a jms » mgmcnte la velillancc ilc la tome , ta tenviance à le » rompre acte la mcnic , ^c lorlqu'on a enveloppe ton V epaillVur , les cercles n'ont pu l'outenit également Tct- » tort v]ui le partante fur tout le «.lovcloppement de la Ipi- »rale. Les barres d'ailleurs s'oppolent aux vibrations » des cercles. La rpivalei]ue)"ai n\ire dans un canon de- >»llx, tore ^: éprouve au calibre de douic, uc peùnt *»quc «iuatrc-vinj;t-trois livres, elle avoir ; pouces d.- » largeur 5c 4 lignes d'cpailî«ur. la ditlance d'une hc- V lice à l'autre , eiolt aulli de : pouces, clic ctoiï roU' «< l«c « chaud lui aa mandita Uc fci. v Partie cxpcnrucntalc, i 47 •voie coiniiu* l.« plus (lire .'V li plus ni(éo, poiu- rc-ndic le Ict fuliMt- iv t-n Ijiir de giollcs |)lCtt*S. Si Ton ct)ii(ervc' l'uLi^'/* de* foi cm \vn cnnons, &c (ju'on les coule de l")()une fnmc dure, il fiuidi.i III revenir aux u);icliiues à toierde M. le uiircjuisde Moiinleniheri, celles de M. M;niiz nci.iui homies cpic pour le- hroiv/e ou la foFite de* fer irudrc, M. de Moutaleuiherr cfl encoïc uu de» lioiuines de iTimce (jur enieud le mieux CCft art de la fondeiie des canons, iV j*at f ( )i ijoui s j^'^-i nr ( [ue Ion /{le cclari c de r( x it es les c"^onnoilIane(s nc'ifllaues en ce jjenre, n'ait alioiiii <|u. III dcirinienr de fa fortune j comme je vis éloit'^né de lui, j'écris ce Mémoire fans le lui eommunicjuer •, \\y.\\% je ferai j)lus fiatic: de fou apjjronation (jiie (Je celle de (jui (jue ce foir, car je; ne connols peilonne (lui entende mieux ce doni H efl ici cjueflion. Si l'on mettoit en jiialle , dans ce royaume, les ticfors de lumière cjue l'on jette à l'écart , ou (ju'on îi l'air de dc'rdnip^ner, nous ferrons hienrot la nation la j')lus floifll.inie i^ le peuple le plusiitlie. Par exemple , il cfl le premiei* qui au conieillcde iecoiinouielarc:(i(lanco 14^ Hljîoire Naturelle. de h fonte par fa pefanteur fpécîfique j il a auffi cherché à perfed:ionner Tart de la moulerie en fable des canons de fonte de fer, & cet art eft perdu depuis qu'on a imaginé de les tourner. Avec les moules en terre, dont on fe fervoit auparavant, îa furface des canons écoit toujours char- gée d'afpérités & de rugofités j M. de Montalenibert avoit trouvé le moyen de faire des moules en fable, qui donnoienr à îa furf;ce du canon tout le liffe , & même îe iuifant qu'on pouvoir délirer -, ceux qui connoilTent les Arts en grand, fentiront bien les difficultés qu'il a fallu furmonter pour en venir à bout , & les peines qu'il a fallu prendre pour former des ouvriers capables d'exécuter ces moules , auxquels ayant fubftitué le mauvais ufage du tour, on a perdu un .art excellent pour adopter une pratique funefte fgj. (g.) L'outil à langue de carpe perce la fonte de feî avec une vîtc(rê prefque double de celle de l'outil à cylindre. Il n'eft point néceflaire avec ce premier ou- îil , de feringuer de l'eau dans la pièce , comme il eft d'ufage de le faire en employant le fécond qui ^icchauffe beaucoup par fon frottement très-confidé- *able. L'outil à cylindre feioitdetiempé en vti\ ^Ç Farde expérimentale, 149 t^ne attention trcs-néceilaire lôrfque l'on GOule du canon , c'èft d'empêcher les temps fans cette précaution j elîe eft même iouvent infuffifante, dès que la fonte fe trouve plus compafte 6: plus dure, cet outil ne peut la forer. La limaille fort naturellement avec l'outil à langue de c;îrpe, tan- dis qu'avec l'outil à cylindre, il faut employer conti- nuellement un crochet pour la tirer, ce qui ne peur fe faire afTez exaftement pour qu'il n'en refie pas entre l'outil & la pièce, ce qui la gêne & augmente encore fon frottement. Il faudroit s'attacher à perfeftionner la moulerîc. Cette opération eft difficile, mais elle n'eft pas im-" ^pofïible à quelqu'un d'intelligent. Plufieurs chofes font abfolument néceflaires pour y réuffir , i.o des moule- ries plus étendues, pour pouvoir y placer plus de chantiers & y faire plus de moules à la fois, afin qa'i's puiTent fecher plus lentement ; 2.0 une grande folle pour les recuire de bout, ainti que cela fe pratique pour les canons de cuivre , afin d'éviter que le moule ne foit arqué, & par conféquent le canons 3.' un pe- tit charriot à quatre roues fort balTes avec dts mon- tans aflez élevés pour y fufpendre le moule recuit, & le tranfporter de la moulerie à îa cuve du fourneau , commeon tranfporteun luftre; 4.<* un )iifte mélange d'une terre graffe & d'une terre fabieufe, tel qu'il le faut, pour qu'au recuit le moule ne fe fende pas de mille & mille fentes qui rendent le canon défec- tueux , & fur-tout aour que cette terre, avec cette qualité de ne pas fe fendre , puiffe conferver l'avan- tage de ^'écalhr (c'eft-à-dire de fe détacher du canon G iij i ^ o Hijîolre Naturelle. écumes qui furmontent îa fonte , de tom- ber avec elle dans îe moule. Plus la fonte eft légère & plus elle fait d'écumes, Se Ton pourroit juger à i'infpedtion même de l^ coulée fi la fonte eft de bonne qualité , car aloTs fa furface eft lifte & ne porte .point d'écume -y mais, dans tous ces cas , il faut avoir foin de comprimer la matière cou- lante par pluiieurs torches de paille placées dans les coulées -, avec cette précaution , i! ne pafte que peu d'écumes dans le moule. quand on vient à le nettoyer )j pins la terre eft graffe, mieux elle sV'caZZ^ , d<. plus elle fe fend; plus elle eft maigre ou fableufe , moins elle fe fend , mais moins elle s'écalle. Il y a des moules de cette terre qui fe tiennent fi fort attachés au canon , qu'on ne peut , avec le marteau oc le cifeau, en emporter que la plus groffe partie j ces fortes de canons rcftent encore plus vilains que ceux cicatrifés par les fentes innombra-i blés des moules de terre graffe. Ce mélange de terre eft donc très-difficile , il demande beaucoup d'atten- tion, d'expérience, & ce qu'il y a de fâcheux, c'efl: que les expériences dans ce genre , faites pour des petits calibres , ne concluent rien pour les gros. Il n'eft jamais difficile de faire écaller des petits canons avec un mélange fameux. Mais ce même mélange ne peut plus être employé dès que les calibres pafTent celui de douze; pour ceux de trente-fix fur -tout, iî çft très-difficile d'attraper le point du mélange. Partie expenmentale, 151 & fi la fonte étoic denfe & compa6l:e, il n'y en auroic point du tout. La bourre de îa fonte ne vient ordinairement que de ce qu'elle eft trop crue 8c trop précipitam- ment fondue ', d'ailleurs la matière la plus pefante fort la première du fourneau, la plus légère vient la dernière ', la culalTe du canon efl par cette raifon toujours d'une meilleure matière que les parties fupérieu- res de la pièce \ mais il n'y aura jamais de bourre dans le canon (i , d'une part, on arrête les écumes par les torches de paille, & qu'en même temps on lui donne une forte malTelote de matière excédante , dont il eft même aufîî nécelTaire qu'utile, qu'il refte encore, après la coulée, trois ou qua- tre quintaux en fufion dans le creufet , cette fonte qui refte y entretient la chaleur -, & conime elle eft encore mêlée d'une afTez grande quantité de laitier, elle conferve le fond du fourneau , & empêche la mine fondante de brûler en s'y attachant. 11 me paroît qu'en France on a fouvent fondu les canons avec des mines en roche, qui toutes contiennent une plus ou moins grande quantité de foufre j & comme l'on n'eft pas dans l'iafage de les griller dans G iv I j 2 Hijloire Naturelle. nos provinces où ïe bois efl: cher, ainfî qu'il fe pratique dans ies pays du Nord où le J^ois efl: commun, je préfume que la qualité cafTante de la fonte de nos canons de la marine, pourroic aulîi provenir de. ce foufre qu'on n'a pas foin d'enlever à la mine, avant de la jeter au fourneau de fuhon. Les fonderies de Ruelle en Angou- rnois, de Saint-Gervais en Dauphiné & de Baigorry dans la balTe Navarre , font les feules dont j'aie connoifTance, avec celle de l^. Nouée en Bretagne , dont j'ai parlé, & où je crois que le travail eft cç^è : dans toutes quatre, je crois qu'on ne s'efl: fervi 8c qu'en ne fe fert encore que de mine en roche, & je n'ai pas ouï dire qu'on les grillât ailleurs qu'à Saint-Gervais & à Bai- gorry -, j'ai tâché de me procurer des échan- tillons de chacune de ces mines , & au dé- faut d'une affez grande quantité de ces échantillons , tous les renfeignemens que j'ai pu obtenir par la voie de quelques amis intelligens. Voici ce que m'a écrit M. de Morogues, au fu}et des mines qu'on emploie à Ruelle. « La première eft dure, compadîea » pefante, faifant feu avec l'acier, de couleur Partie expeHmentaîe. i j 3 ronge-brun, formée par deux couches « d'inégale épaiiTeur , dont Tune eft fpon- ce greufe , paiTemée de trous ou cavirés , « d'un velouté violet- foncé , 8c quelque- oc fois d'un bleu indigo à fa cailure, ayant ce des mamelons , teignant en range de ce fangurne -, caraj^ères qui peuvent la faire c« ranger dans la feptième clade de Fart ce des forges , comme une efpèce de pierre « hématite , mais elle eft riche &: douce, ce -La féconde reffemble afTez à îa pré- ce cédence pour la pefanteur, la dureté & ce la couleur, mais eile efl un peu /alûrdee ce ( on appelle falard ou mine falardéejcc celle qui a des grains de fable clair, & ce qui efl mêlée de fable gris -blanc, de oc caillou & de fer ), elle eft riche en mé- ce rai , employée avec de la mine très- ce douce, elle fe fond très- facilement. Son œ tilïu à fa caffure eft ftrié & parfemé quel- es quefois de cavités d'un brun-noir. Elle œ paroît de la lixième efpèce de ia ininecc rougeatre dans l'art des forges, ce La rroîfième qu'on nomme dans le es pays glacieufe j parce qu'elle a ordinal- ck rement quelques-unes de fes faces liifes ce & douces au toucher , n'eft ni fort pefance « G y 1)4 Hijloire Naturelle, 9) ni fort riche , elle a communément queî- » ques petits points noirs & luifans, d'un a> grain fembiable au marroquin -, fa cou- 93 leur eft variée, elle a du rouge afTez 9t> vif 5 du brun , du jaune, un peu de verd » & quelques cavités -, elle paroît, à caufe ao de les faces unies & îuifantes, avoir quel- «> que rapport à la mine fpéculaire de la » huitième efpèce. 30 La quatrième qui fournit d'excellent iD fer 5 mais en petite quantité > eft légère , K> fpongieufe , allez tendre , d'une couleur m brune prefque noire , ayant quelques ©mamelons & fablonneufe •, elle paroît m> être une forte de mine limonneule de » la onzième efpèce. » La cinquième eft une mine falardcc » faifant beaucoup de feu avec l'acier, dure, œ> compade , pefante , parfemée à la cafture f> de petits points brillans qui ne font que v> du fable de couleur de lie-de-vin. Cette » mine eft difficile à fondre -, la qualité de sjfon fer pafte pour n'être pas mauvaife, » mais elle en produit peu -, les ouvriers 30 prétendent qu'il n'y a pas moyen de la so fondre feule , & que l'abondance dç:s V çraiTes qui s'en féparent, l'aglutine à l'ou: Partie expérimentale. i 5 j vrage du fourneau , cette mine ne paroît ce pas avoir de refTemblance bien caradlé- ce rifée avec celle dont Swedemborg a c< parié. oc On emploie encore un grand nombrec» d'autres efpèces de mine *, mais elles ne « diftèrent des précédentes que par moins « de qualité, à l'exception d'une efpèce ce d ocre martiale qui peut fournir ici une c«. fîxième clalTe. Cette mine eft afTez aJ)on- ce dante dans les minières , elle eft aifée à ce tirer , on l'enlève comme la terre , elle ce eft jaune & quelquefois mêlée de petites oc grenailles, elle fournit peu de fer, elle c« eft très - douce ; on peut la ranger dans oc la douzième efpèce de Tart des forges, ce La gangue de toutes les mines du c« pays, eft une terre vitrifiable rarement ce argileufe. Toutes ces efpèces de mines ce font mêlées , & le terrein dont on les ce tire , eft prefque tout fableux. ce On appelle /cA/'^e en Angoumois un «■£ caillou alTez femblable aux pierres à feu , ce & qui en donne beaucoup quand on le ce frappe avec l'acier. Il eft d'un Jaune- c« clair, fort dur -, il tient quelquefois à des ot G v) I j 5 JrJijloire Naturelle. » matières qui peuvent avoir du fer , mais 9) ce n'ell point le fchif]:. y> La caftine ed une vraie pierre calcaire vi aflez pure , iî i on en peut juger par i'uni- 3:» formité de fa cafiTure &: de fa couleur 35 quieO: gris-blanc *, elle efi: pefante, aflez » dure 5 & prend un poiî fort doux au » toucher. » Par ce récit de M. de Morogues, il me femble qu'il n'y a que la (ixicme efpèce qui ne demande pas à être grillée, mais feulement bien lavée avant de la jeter au fourneau. Au refte 5 quoique généralement parlant, 5i comme je l'ai dit, les mines en roche Se qui fe trouvent en grandes maiïes folides, doivent leur origine à l'élément du feu , néanftioins il fe trouve aufîî plu (ieurs mines de fer en aflez grofl'es ma (les qui fe font formées par le mouvement & l'intermède de l'eau. On diftinguera, par l'épreuve de î'aimanr, celles qui ont fubi l'adlion du feu, car elles feront toujours magnétiques, au lieu que celles qui ont été produites par la ftillation des eaux , ne le font point du tout & ne le deviendront qu'après avoir Partie expérimentale, ijj éré bien grillées & prefque liquéfiées. Ces mines en roche , qui ne (ont point artrrables par Taimant, ne^ contiennent pis plus de foufreque nos mines en grains -, Topératioa de les griller, qui elt très-couteufe, doit dès-lors être fupprimée, à moins qu'elle ne foit néceiïaire pour attendrir ces pierres de fer allez pour qu'on puilTe les concafîer fous les pilons du boccard. J'ai taché de préfenrer dans ce Mémoire tout ce que j ai cru qui pourroit être utile à l'amélioration des canons de notre ma- rine j je fens en même temps qu'il refte beaucoup de chofes à faire, fur-tour pour fe procurer dans chaque fonderie une fonte pure & adez compadte, pour avoir une réfîftance fupérieure à toute explolion ^ cependant je ne crois point du tout que celafoitimpolfible, &je penfequ'en puri- ^ fiant la fonte de fer, autant qu'elle peut l'être , on arriveroit au point que la pièce ne feroit que fe fendre au lieu d'éclater par une trop forte charge : li l'on obtçnoit une fois ce but , il ne nous refteroir plus rien à craindre ni rien à délirer à cet égard. ijS Biftoire Naturelle. ONZIEME MEMOIRE; Expériences fur la force du Bois. JLj E principal iifage du bois dans les bâtr- mens & dans les conftrudtrons de toute erpèce , eft de fupporter des fardeaux : la pratique des ouvriers qui l'emploient n'efl: fondée que fur des épreuves, à la vérité fouvent réitérées, mais toujours allez grof- iières *, ils ne connoiiïent que très-impar- faitement la force & la réfi fiance des maté- riaux qu'ils mettent en œuvre \ j'ai tâché de déterminer , avec quelque préciiion , la force du bois , & j'ai cherché les moyens de rendre mon travail utile aux Conftruc- teurs &aux Charpentiers. Pour y parvenir, j'ai été obligé de faire rompre plufieurs poutres Se pluiieurs folives de différentes longueurs. On trouvera , dans la fuite de ce Mémoire, le détail exadl de toutes ces expériences ; mais je vais auparavant en préfenter les réfultats généraux , après avoir dit un mot de Forganifation du bois Se de Partie expérimentale, i j 9 quelques circonftances particulières qui me paroilTent avoir échappé aux Phyficiens qui fe font occupés de ces matières. Un arbre eft un corps organifé, dont la ftrudture n eft point encore bien connue. Les expériences de Grew, de Malpighi, & fur- tout celles de Haies, ont, àla vérité, donné de grandes lumières fur Féconomie végétale 5 & il faut avouer qu on leur doit prefque tout ce qu'on fait en ce genre*, mais dans ce genre comme dans tous les autres, on ignore beaucoup plus de chofes qu'on en Tait. Je ne ferai point ici la def- cription anatomique des différentes parties d'un arbre , cela feroit inutile pour mon delTein, il me fuuira de donner une idée de la manière dont les arbres croifTent , 8c de la façon dont le bois fe forme. Une femence d'arbre , un gland qu'on jette en terre au printemps, produit au bout de quelques femaines un petit jet tendre & herbacé , qui augmente , s'étend, grofîît, durcit, & contient déjà, dès la fin delà première année, un filet de fubftance irgneufe. A l'extrémité de ce petit arbre ;> ell un bouton qui s'épanouit Tannée fui- vante, 6c dont il fort un fécond jet feuv ï6o Hijloire Naturelle. blable à celui de la première année, maïs plus vigoureux, qui grollic & s'étend da- vantage, durcit dans le même t?emps, & produit un autre bouton qui contient le jet de latroifième année , Se ainfi des autres jufqu'à ce que l'arbre foit parvenu à toute fa hauteur -, chacun de ces boutons eft une efpcce de germe qui contient le petit arbre de chaque année. L'accrorlîement des ar- bres en hauteur fe fait donc par plufieurs produdions Temblabies & annuelles *, de ïorte qu'un arbre de cent pieds de haut, eft compofé dans fa longueur de plulieurs petits arbres mis bout à bout , dont le plus long n'a fouvent pas deux pieds de hauteur. Tous ces petits arbres de chaque année ne changent jamais dans leurs dimen- iîons , ils exiftent dans un arbre de cent ans fans avoir groffi ni grandi, ils font feu- lement devenus plus foiides. Voiià com- ment fe fait Faccroiflcment en hauteur- -, Taccroiirement en grofTeur en dépend. Ce bouton, qui fait le fommet du petit arbre de la première année, tire fa nourriture à travers la fubftance & le corps même de ce petit arbre -, mais les principaux canaux^ qui fervent à conduire la sève, fe trouveES Partie expë'rimentale, i6i entre Técorce & le filet ligneux ; Tadiiion de cette sève en mouvement, dilate ces canaux & les fait grofîîr, tandis que le bouton en s'éievant , les tire & les alonge *, de plus , la sève en y coulant continuelle- ment, y dépofe des parties fixes qui en augmentent la iolidiré -, ainfi , dis la féconde année, un petit arbre contient déjà dans Ton milieu un filet ligneux en forme de cône fort alongé, qui eft laprodudion en bois de la première année , & une couche ligneufe aulîî conique qui enveloppe ce premier filet & le furmonte, & qui eft la production de la féconde année. La troi- (îème couche fe forme comme la féconde ; il en eft de même de toutes les autres qui s'enveloppent fuccefTivement & continue- ment -, de forte qu'un gros arbre eft un compofé d'un grand nombre de cônes ligneux qui s'enveloppent & fe recouvrent tant que Tarbre groffit ; lorfqu'on vient à l'abattre, on compte aifément fur la coupe tranfverfale du tronc le nombre de ces cônes, dont les fections forment des cer- cles ou plutôt des couronnes concentriques, & on reccnnoît l'âge de l'arbre par le nom- bre de ces couronnes^ car elles font diftinc* 1 6 2 Hijloire Naturelle. tement féparées les unes des autres. Dans un chêne vigoureux , Tépaiileur de chaque couche ou couronne, eft de deux ou trois ïignes -, cette épaîffeur efl: d'un bois dur & iolide y mais la fubftance qui unit enfemble ces couronnes, dont le prolongement forme îes cônes ligneux , n'eft pas à beaucoup près auiïi ferme, c'efl: la partie foible du bois dont Torganifation efl: différente de celle des cônes ligneux, & dépend de la façon dont ces cônes s'attachent & s'unif- fent les uns aux' autres, que nous allons expliquer en peu de mots. Les canaux lon- gitudinaux qui portent la nourriture au bouton , non-feulement prennent de l'éten- due & acquièrent de la foîidité par l'action & le dépôt de la sève , mais ils cherchent encore à s'étendre d'une autre façon , ils fe ramifient dans toute leur longueur, & pouiTent de petits filamens comme de pe- tites branches, qui, d'un côté,vont produire l'écorce, & de l'autre , vont s'attacher au bois de l'année précédente , & forment entre les deux couches du bois un tifTu fpongieax qui , coupé tranfverfalement , même à une afï'ez grande épaiiTeur , laifle voir plufieurs petits trous , à peu - près Pûrtle expérimentale, 16^ comme on en voit dans de la dentelle ; les couches du bois font donc unies les unes aux autres par une efpèce de réieau : ce réfeau n'occupe pas à beaucoup près autant d'erp?xe que la couche ligneufe , il n'a qu'environ une demi -ligne d'épaiiïeur , cette épaifleur eft à peu-près îa même dans tous les arbres de même efpèce, au lieu que les couches ligneufes font plus ou moins épailTes, & varient fi coniidérable- ment dans la même elpèce d'arbre, comme dans le chêne, que j'en ai mefuré qui avoienc trois lignes & demie , & d'autres qui n'a- voient qu'une demi-ligne d'épailTeur. Par cette (impie expofition de la texture du bois 5 on voit que. la cohérence longi- tudinale doit être bien plus confidérabic que l'union tranfverrale -, on voit que dans les petites pièces de bois , comme dans un barreau d'un pouce d'épailTeur , s'il fe trouve quatorze ou quinze couches ligneu- fes , il y aura treize ou quatorze cloifons , & que par conféquent ce barreau fera moins fort qu'un pareil barreau , qui ne contiendra que cinq ou fix couches & qua- tre ou cinq cloifons : on voit aulTi que, d.ms ces petites pièces , s'il fe trouve une 1 6" 4 Hijloire Naturelle. ou deux couches ligneufes qui foient tran- chées par îa^cie,'Ce qui arrive fouvent, leur force fera confîdérablement diminuée *, mais k plus grand défaut de ces petites pièces de bois, qui font les feules fur lef- quelles ont air jufqu'à ce jour fait dQS expé- riences, c'efl qu'elles ne font pas compo- fées comme les grolfes pièces, la pofition des couclies ligneufes & des cloifons dans un barreau eil fort différente de la pofition de ces mêmes couches dans une poutre , leur figure eft même ditierente, & par con- féquent on ne peut pas eftimer la force d'une groile pièce par celle d'un barreau : un moment de réflexion fera fentir ce que je viens de dire. Pour former une poutre, il ne faut qu'équarrir Tarhre, c'efl-à-dire, enlever quatre fegmens cylindriques d'un bois blanc & imparfait , qu'on appelle au- bier ; dans le cœur de l'arbre, ia première couche ligneufe refte au milieu de la pièce , toutes les autres couches enveloppent la première en forme de cercles ou de cou- ronnes cylindriques -, le plus grand de ces cercles entiers , a pour diamètre l'épaifleur de la pièce s au-delà de ce cercle , tous les autres font tranchés, & ne forment plus Partie expérimentale. i6j que des portions de cercles qui vont tou- jours en diminuant vers les arêtes de la pièce :. ainii , une poutre quarrée eft com- pofée d'un cyiindre continu de bon bois bien folide, & de quatre portions angu- laires tranchées, d'un bois moins folide & plus jeune.-Un barreau tiré du corps d'un gros arbre ou pris dans une planche, eft tout autrement compofé -, ce font de petits fegmens longitudinaux des couches an- ~ nuelles , dont la courbure eft infenlible ; des fegmens qui tantôt fe trouvent pofés parallèlement à une des furfaces du bar- reau, & tantôt plus ou moins inclinés, des legmens qui font plus ou moins longs & plus ou moins tranchés, & par conféquent plus ou moins forts j de plus , il y a tou- jours dans un barreau deux pofitions, dont l'une eft plus avantageufe que l'autre , car ces fegmens de couches ligneufes forment autant de plans parallèles. Si vous pofez le barreau de manière que ces plans loient verticaux , il réfiftera davantage que dans une polition horizontale -, c'eft comme il on faifoit rompre pluiîeurs planches à la fois, elles réfifteroient bien davantage étant pofées fur le coté que fur le plat. Ces re« i66 Hijloire Naturelle, marques font déjà fenrir combien on dort, peu compter fur les tables calculées , ou fur les formules que diliérens Auteurs nous ont données de la force du bois, qu'ils n'avaient éprouvée que fur despièces, dont les plus grotïes étoientd'un ou deux pouces d'épaiileur, & dont ils ne donnent ni le nombre des couches ligneufes que ces bar- reaux contenoient , ni la pofition de ces couches , ni le fens dans lequel fe font trou- vées ces couches lorfqu'iis ont fait rompre le barreau -, circonftances cependant ellen- tielles, comme on le verra par mes expé- riences 8c par les foins que je me fuis donné pour découvrir les effets de toutes ces dif- férences. Les Phy(iciens qui ont fait quel- ques expériences fur la force du bois , n'ont fait aucune attention à ces inconvéniens^, mais il y en a d'autres peut - être encore plus grands qu'ils ont aulîi négligé de pré- voir ou de prévenir. Le jeune bois eft moins fort que ie bois plus âgé ^ un bar- reau tiré du pied d'un arbre réfifte plus qu'un barreau qui vient du fommet du même arbre j un barreau pris à la circon- férence près de i'aubier, eft moins fort qu'un pareil morceau pris au centre de Partie expérimentale. i6j i arbre -, d'ailleurs le degré de dedéche- ment du bois fait beaucoup à fa réiillance, le bois verd cafTe bien plus difficiicment que le bois fec j enfin le temps qu'on em- ploie à charger les pièces pour les faire rompre , doit auiïi entrer en conlidération , parce qu'une pièce qui foutiendra pendant quelques minutes un certain poids > ne pourra pas foutenir ce poids pendant une heure, & j'ai trouvé que des poutres qui avoient chacune fupporté fans fe rompre pendant un jour entier neuf milliers, avoient rompu au bout de cinq ou iix mois fous la charge de fix milliers, c'eft- à-dire, qu'elles n'avoient pas pu porter pendant (îx mois les deux tiers de la charge qu'elles avoient portée pendant un jour. Tout cela prouve aiîëz combien les expé- riences que l'on a faites fur cette matière , font imparfaites, & peut-être cela prouve aufli qu'il n eft pas trop aifé de les bien faire. Mes premières épreuves , qui font en très-grand nombre, n'ont fervi qu'à me faire reconnoître tous les inconvéniens donc je viens de parler. Je fis d'abord rompre quelques barreaux, &: je calculai quellç 1(^8 HiJIoire Naturelle, devoit être la force d un barreau plus long Se plus gros que ceux que j'avois mis à répreuve, & enfuke ayant fait rompre de ces derniers, & ayant comparé le réfultat de mon calcul avec la charge adueiie, je trouvai de fi grandes différences, que je répétai plufieurs fois la même chofe fans pouvoir rapprocher le calcul de l'expé- rience -, j'effayai fur d'autres longueurs 8c d'autres groffeursjl'évènement fut le même: enfin je me déterminai à faire une fuite com.piète d'expériences qui pût me fervir à dreifer une table de la force du bois, fur laquelle je pouvois compter, & que tout le monde pourra confulter au befoin. Je vais rapporter en aufii peu de mots qu'il me fera poffible , la manière dont j'ai exécuté mon projet. J'ai commencé par choifir, dans un can- ton de mes bois, cent chênes fains & bien - vigoureux , auffi voitins les uns des autres qu'il a été poffible de le^s trouver , afin d'avoir du bois venu en même terrein, car les arbres de différens pays & de diflérens terreins ont des réfiflances différentes -, au- tre inconvénient qui feul fembloit d'abord anéantir toute l'utilité que j'efpérois tirer de Partie experimentaîe. i (j 9 de mon travail. Tous ces chênes écoienc aufîi de la même efpèce, de la belle efpèce, qui produit du gros gland attaché un à un ou deux à deux fur la branche, les plus petits de ces arbres avoient environ 1 pieds Y de circonférence , & les plus gros cinq pieds -, je les ai choiiis de différente grof- îeur , ahn de me rapprocher davantage de Tufage ordinaire *, iorfque les Charpentiers ont befoin d'une pièce de 5 ou 6 pouces d'équarrilTage , ils ne la prennent pas dans un arbre qui peut porter un pied , la dé- penfe feroit trop grande, Se il ne leur arrive que trop fouvent d'employer des arbres trop menus & où ils laiiïent beau- coup d'aubier -, car Je neparle pas ici des fo- lives de fciage qu'on emploie quelque- fois, & qu'on tire d'un gros arbre *, cepen- dant il efl: bon d'obferver en pafTant que ces folives de fciage font foibles , Se que Tufage en devroit être profcrit. On verra, dans la fuite de ce Mémoire , combien il eft avantageux de n'employer que du bois de brin. Comme le degré de defTéchement du bois fait varier très-confîdérablement ce- lui de fa réfiftance, Se que d'ailleurs il eft Tome FUI, H ijo liijîoire Naturelle. fort difEcîle de s'aiTurer de ce degré de deiïecheiiient 5 puirque fouvent de deux arbres abattus en même temps, l'un fe defsèche en moins de temps que Tautre*, j'ai voulu éviter cet inconvénient qui au- roit dérangé la fuite comparée de m.es ex- périences, & j'ai cru que j'aurois un terme plus fixe & plus certain en prenant le bois tout verd. J'ai donc fait couper mes ar- bres un à un à mefure que j'en avois be- foinjlemême jour qu'on abattoir un ar- bre, on le conduifoit au lieu où il de voit être rompu-, le lendemain, les charperr- jtiers réquarrifloient & des menuiiiers le 4;ravaiiloîent 'à la varlope, afin de lui don- ner des din^enfions exad;es, Se le furlen-. demain on le mettoic à l'épreuve. Voici en quoiconfiftoit la machine avec laquelle j'ai fait le plus grand nombre de mes expériences. Deux forts tréteaux de 7 pouces d'équarrilfage , de 3 pieds de hauteur & d'autant de longueur, renfor- cés dans leur milieu par un bois debout; on pofoit fur ces tréteaux les deux extrér mités de la pièce qu'on vouloir rompre. Piufieurs boucles quarrées de fer rond^ ^ont la plus groffe portoit près de ^ pou?. Partie expérimentale, i 7 1 ces de largeur intérieure, & étoit d'un fer de 7 à 8 pouces de tour-, îa féconde boucle portoit 7 pouces de largeur, & croit faite d'un fer de 5 à 6 pouces de tour y les autres plus petites -, on palToit îa pièce à rompre dans la boucle de fer, les grolles boucles fervoient pour les grof- fes pièces, & les petites boucles pour les barreaux. Chaque boucle, à la partie fu- périeure, avoir intérieurement une arête; elle étoit faite pour çmpêcher la boucle de s'incliner, & aufîî pour faire voir la lar- geur du fer qui portoit fur les bois à rom- pre. A la partie inférieure de cette bou- cle quarrée,on avoir forgé deux crochets de fer de même grolTeur que le fer de la boucle*, ces deux crochets Ce iéparoient. Se formoient une boucle ronde d'environ ^ pouces de diamètre, dans laquelle on mettoit une clef de bois de même grof- feur & de 4 pieds de longueur. Cette clef portoit une forte table de 14 pieds de longueur^ fur lîx pieds de largeur 5 qui étoit faite de folives de 5 pouces d'é- paiiTeur , mifes les unes contre les autres, & retenues par des fortes barres: on la fufpendoit à la boucle par le moyen d© îjz Hi/toire Naturelle. îa groife clef de bois , & elle fer voit à placer les poids, qui confiftoienr en trois cents quartiers de pierre, taiiiés & numé- rotés, qui pefoient chacun 25 , 50, joo, 150 & 200 livres*, on portoit ces pierres fur la table, & on bâtillbit un mafîîf de pierres large & long comme la table, & auflî haut qu'il écoit nécelïaire pour faire rompre la pièce. J'ai cru que cela étoit alTez fimple pour pouvoir en donner Yidés nette fans le fecours d'une figure. On avoit foin de mettre de niveau îa pièce êc les tréteaux que Ton crampon- iioit , afin de les empêcher de reculer; huit hommes chargeoient continuellement la table, & commençoient par placer au centre les poids de 200 livres, enfuite ceux de 150, ceux de 100, ceux de 50, & enfin au-delTus ceux de 2 5 livres. Deux hommes portés par un échaftaud fufpendu en Tair par des cordes, piaçorent les poids de 50 & 25 livres, qu'on n'auroit pu ar- ranger depuis le bas fans courir rifque d'être écrafé *, quatre autres honmies ap puyoient & foutenoient les quatre angles de la table, pour l'empêcher de vacillera & pour la tenir en équilibre j un autre ^ Partie expérimentale, 175 avec une iongue règle de bois, obfervoic combien la pièce plioit à mefure qu'on la chargeoir, & un autre marquort le temps & écrivoit la charge, qui /ouvent s'eft trouvée monter à 20, 25 & jufqu'à près de 28 milliers de livres. J'ai fait rompre de cette façon plus de jcent pièces de bois, tant poutres que fo- îives, fans compter 300 barreaux, & ce grand nombre de pénibles épreuves a été à peine fuftifant pour me donner une échelle fuivie de la force du bois , pour toutes les grolTeurs & longueurs ^ j'en aï dreiré une Table que je donne à la fin de ce Mémoire -, fî on la compare avec celles de M. MulFchenbroeck & des au- tres Phyfîciens qui ont travaillé flir cette matière, on verra combien leurs réful- tats font différens des miens. Afin de donner d'avance une idée jufte de cette opération, par laquelle j'ai fait rompre les pièces de bois pour en recon- noître la force, je vais rapporter le pro- cédé exad de l'une de mes expériences, par laquelle on pourra juger de toutes les autres. Ayant fait abattre un chêne de 5 pied» Hiii ï 74 Hijioire Naturelle. de circonférence, je Tai fait amener 8c travailler le même jour par des charpen- tiers -, le lendemain , des menuiliers Tont réduit à 8 pouces d'équarridàge 8ch.ii pieds de longueur. Ayant examiné avec foin cette pièce, je jugeai qu'elle étoit fort bonne , elle n'avoit d'autre défaut qu'un petit nœud à l'une des faces. Le iurlendemain, j'ai fait pefer cette pièce, fon poids fe trouva être de 409 livres *, enfuite l'ayant paflTée dans la boucle de fer 3 Se ayant tourné en haut la face oti étoit le petit nœud, je fis difpofer la pièce de niveau fur les tréteaux, elle portoit de '6 pouces fur chaque tréteau i cette portée de 6 pouces étoit celle des pièces de 12. pieds-, celles de 24. pieds portoient de jLi pouces, & ainfi des autres, qui por- toient toujours d'un demi-pouce par pied de longueur : ayant enfuite fait gliffer la boucle de fer jufqu'au milieu de la pièce, on fouleva à force de leviers la table qui, feule avec les boucles & la clef, pefoit 2500 livres. On commença à trois heures cinquante-lix minutes : huit hommes char- geoient continuellement la table -, à cinq heures trente-neuf minutes , la pièce n'a- - Partie expenmentale, 17J voit encore plié que de 1 pouces, quoi- que ehaigée de 1 6 milliers -, à cinq beur- res quaranre-cinq minutes , elle avoir plié de 2 pouces |, Se elle étoit chargée de 18500 livres -, à cinq heures cinquante- une minutes, elle avoir plié de 3 pouces, ëc étoit chargée de 11 milliers*, à fix heu- res une minute , elle avoir plié de 3 pou- ces |, & elle étoit chargée de 23615 li- vres-, dans cet inftantjeile fît un éclat com- me un coup de piftolet, auffitot on dif- continua de charger , & la pièce plia d'un demi -pouce de plus, c'eft-à-dire , de 4 pouces en tout. Elle continua d'éclater avec grande violence pendant plus d'une heure, & il en fortuit par les bouts une efpèce de fumée avec un iifflement. Elle plia de près de 7 pouces, avant que de rompre abfolument, & fupporta, pendant tout ce temps, la charge de 23625 livres. Une partie des fibres ligneufes étoit cou- pée net comme ii on l'eût fciée, & le rede s' étoit rompu en fe déchirant, en fe. tirant (& laifTant des intervalles à peu-près com- me on en voit entre les dents d'un peigne , Taréte de la boucle de fer qui avoit 3 li- gnes de largeur, & fur laquelle portoit FI iv iy6 HiJIoire Naturelle. tOLire îa charge, éroir entrée d'une ligne Se deiDJc dans le bois de la pièce. Se avoic fait refouler de chaque coté un faifceau <îe fibres, & le petit nœud qui étoit à la face fupérieure, n'avoir point du tout contribué à la faire rompre. J'ai un journal où il y a plus de cent expériences aufîi détaillées que celle-ci, dont il y en a pluiieurs qui font plus for- tes. J'en ai fait fur des pièces de lo, 12, 14, 16, 185 20, 22, 24, 26 & 28 pieds de longueur & de toutes grolTeurs, de- puis 4 jufqu'à 8 pouces d'équarriflage , & l'ai toujours pour une même longueur 8c grofTeur fait rompre trois ou quatre pièces pareilles, afin d'être alTuré de leur force refpedive. La première remarque que j'ai faite, c efî: que le bois ne calTe jamais fans aver- tir, à moins que la pièce ne foit fort pe- tite ou fort sèche *, le bois verd cafTe plu^ difficilement que le bois fec, & en géné- ral le bois qui a du relTort, réfifte beau- coup plus que celui c[ui n'en a pas : l'au- bier, le bois des branches, celui du fon> met de la tige d'un arbre, tout le bois jeune eft moins fort que le bois plus Partie expérimentale, 177 âgé. La force du bois n'eft pas propor- tionnelle à Ton volume j une pièce double ou quadruple d'une autre pièce de même longueur, eft beaucoup plus du double ou du quadruple plus forte que la première ^ par exemple, il ne faut pas quatre mil- liers pour rompre une pièce de 10 pieds de longueur & de 4 pouces d'équarrifTage, & il en faut dix pour rompre une pièce double ; il faut vingt -fix milliers pour rompre une pièce quadruple, c'eft-àdire, une pièce de i o pieds de longueur fur 8 pouces d'équarrifTage. Il en eft de mê- me pour la longueur, il femble qu'une pièce de 8 pieds 8c de même grolTeur qu'une pièce de 16 pieds, doit par les règles de la mécanique, porter jufte le double ^ cependant elle porte beaucoup moins. Je pourrois donner les raifons phyfiques de tous ces faits, mais je me borne à donner des faits ^ le bois qui, dans le même terrein, croît le plus vite, eft le plus fort j celui qui a crû lentement , & dont les cercles annuels, c'eft-à-drre, les couches iigneufes font minces , eft plus foible que l'autre. J'ai trouvé que la force du bois eft Hv ï 7 8 ÎJiJîoire Naturelle. proportionnelle à fa pefanteur, de forte qu'une pièce de même longueur & grof- feur, mais plus pefante qu'une autre piè- ce, fera aufîî plus forte à peu-près en même raifou. Cette remarque donne les moyens de comparer ia force des bois qui viennent de diÔérens pays & de dif- férens terreins, & étend inFiniment Futi- lité de mes expériences -, car lorrqu'il s'a- gira d'une conftruétion importante ou d'un ouvrage de conféquence, on pourra aifé- mentj au moyen de ma Table, & en pefant les pièces, ou feulement des échan- tillons de ces pièces, s'afïurer de la force du bois qu'on emploie, & on évitera le double inconvénient d'employer trop ou trop peu de cette matière, que fou vent on prodigue mal- à-propos, & que quel- quefois on ménage avec encore moins de raifon. On feroit porté à croire qu'une pièce qui, comme dans mes expériences, eft pofée librement fur deux tréteaux , doit porter beaucoup moins qu'une pièce re- tenue par les deux bouts , & infixée dans une muraille , comme font les poutres & les folives d'un bâtiment , mais il on fait Partie expérimentale, ly^ téBexion qu'une pièce que je fuppofe de 24. pieds de longueur , en bariîant de 6 pouces dans ion milieu, ce qui efl: fou- vent plus qu'il n'en faut pour la faire rompre, ne hau^Te en même temps que d'un demi-pouce à chaque bout, & que même. elle ne hauil'e guère que de 3 li- gnes, parce que la charge tire le bout hors de la muraille, fouvent beaucoup plus qu'elle ne le ïûi haufTer, on verra bien que mes expériences s'appliquent à la poiition ordiïjaire des poutres dans un bâtiment : la force qui les fart rompre en ies obligeant de plier dans le milieu & de haulTer par les bouts, efl cent fois plus confîdérable que celle des plâtres & des mortiers qui cèdent & fe dégradent aifé- ment, & je puis alTurer , après l'avoir éprouvé, que la diderence de force d'une pièce pofée fur deux appuis & libre par les bouts, & de celle d'une pièce fixée par les deux bouts dans une m.uraille bâtie à l'ordinaire, efc ii petite qu'elle ne mé- rite pas qu'on y falTe attention. J'avoue qu'en retenant une pièce par des ancres de fer, en la pofant fur des |)ierres de taille dans une bonne muraille;^ HV5 ï 8 o HiJJoire Naturelle. on augmente confidérabiement fa force, J'aî quelques expériences fur cette pofi- tion, dont je pourrai donner les réfultats. J'avouerai même de plus , que li cette pièce étoit invinciblement retenue & in- ébranlablement contenue par les deux bouts dans des enchâtres d'une matière inflexible & parfaitement dure , ilfaudroic une force prefque infinie pour la rompre > car on peut démontrer que, pour rompre une pièce ainfi pofée, il faudroit une force beaucoup plus grande que la force nécedaire pour rompre une pièce de bois debout, qu'on tireroit ou qu'on prefferoit fuivant (a longueur. Dans les bâtimens & les contignations ordinaires, les pièces de bois font char- gées dans toute leur longueur & en difté- rens points , au lieu que , dans mes expé- riences, toute la charge efl: réunie dans un feul point au milieu s cela fait une diffé- rence confidérable, mais qu'il eft: aiié de détei miner au îufte ^ c'eft \M\t affaire de calcul que tout Conftrudteur un peu verfé dans la mécanique pourra fuppléer aifé-» ment. Pour effayer de comparer les effets du Partie expeYimentale. i 8 r temps fur la réfîftance du bois, & pour reconnoirre conibien il diminue de fa for- ce, j'ai choilî quatre pièces de i8 pieds de longueur, fur 7 pouces de grolfeur-, j'en ai fait rompre deux, qui en nom- bres ronds , ont porté neuf milliers cha- cune pendant une heure: j'ai {six. charger les deux autres de lix milliers feulement, c'ePc-à-dire, des deux tiers de la première charge, <5c je les ai lailTé ainfi chargées, ré- folu d'attendre Tévénement. L'une de ces pièces a caffé au bout de cinq mois & vingt-cinq jours, & l'autre au bout de lix mois & dix-fept jours. Après cette expérience, je fis travailler deux autres pièces toutes pareilles , & je ne les fis charger que de la moitié, c'eft- à-dire, de 4500 livres ; je les ai tenu pendant plus dé deux ans ainii chargées , elles n'ont pas rompu, mars elles ont plié alTez confidéra- bieraenti ainfi , dans des bâtimens qui. doi- vent durer long-temps , il ne faut don- ner au bois tout au plus que la moitié de la charge qui peut le faire rompre , & il n'y a que dans des cas prefTans & dans des confbrudlions qui ne doivent pas durer comme lorfqu il faut faire un pont poux I 3 2 HiJIoire Naturelle. palier une armée, ou un échaffaud pour fecourir ou ailaillir une viiîe, qu'on peut hâfarder de donner au bois les deux tiers de fa charge. Je ne fais s'il efi: nécedaire d'avertir que j'ai rebuté plufieuts pièces qui avoient des défauts, & que Je n'ai compris dans ma Table que les expériences dont j'ai été fatisfait. J'ai encore rejeté plus de bois que je n'en ai employé-, les nœuds, le fil tranché & les autres défauts du bois font alïèz aifés à voir-, mais il eft difficile de juger de leur effet par rapport à -la force d'une pièce, il eft fur qu'ils la di- minuent beaucoup, & j'ai trouvé un moyen d'eftimer à peu-près la diminution de force caufée par un nœud. On fait qu'un nœud eft une efpèce de cheville adhérente à l'intérieur du bois, on peut même con- noître à peu-près, par le nombre des cer- cles annuels qu'il contient , la profondeur à laquelle il pénètre -, j'ai fait faire des trous en forme de cône & de même pro- fondeur dans des pièces qui. étoient fans nœuds, & j'ai rempli ces trous avec des chevilles de même figure *, j'ai fait rompre ces pièces 5 & j'ai reconnu par-ià corn- Partie expeYimentale. 185 bien les nœuds otenr de force au bois, ce qui efl: beaucoup au-delà de ce qu'on pourroit imaginer : un nœud qui fe trou- vera ou une cheville qu'on mettra à la face inférieure, & fur -tout à l'une des arêtes, diminue quelquefois d'un quart la force de la pièce. J'ai auiïi ellayé de re- connoître, par plufieurs expériences, la diminution de force caufée par le fil tran- ché du bois. Je fuis obligé de fupprimer les réfultats de ces épreuves qui deman- dent beaucoup de détail: qu'il me foit permis cependant de rapporter un fait qui paroîtra fingulier, c'eft qu'ayant fait rompre des pièces courbes , telles qu'on les emploie pour la conftrudlion des vail- feaux,des dômes, &c. j'ai trouvé qu'elles réliftent davantage en oppofant à la charge le côté concave -, on imagineroit d'abord le contraire, & on penleroit qu'en oppo- fant Le côté convexe, comme la pièce fait voûte , elle devroit réfifler davan- tage ; cela feroit vrai pour une pièce dont les fibres longitudinales feroienc courbes naturellement, c'efl-à-dire, pour une pièce courbe, dont le fil du bois feroit continu & non tranché, mais. 184 Hijloire Naturelle, comme les pièces courbes dont je me fuis fervi, & prefque toutes celles dont on fe fert dans les confl;ru6i:ions , font prifes dans un arbre qui a de TépailTeur, la partie intérieure de ces couches eft beau- coup plus tranchée que la partie exté- rieure, & par conféquent elle réfifte moins, comme je lai trouvé par mes ex- périences. Il feiTîbîeroit que des épreuves faites avec tant d'appareil & en fi grand nom- bre, ne devroient rien lailTer à defirer, fur-tout dans une matière auffi fimple que celle-ci-, cependant je dois convenir, & je Tavouerai volontiers, qu'il refte encore bien des chofes à trouver^ je n'en citerai que quelques-unes. On ne connoît pas le rapport de la force de la cohérence lon- gitudinale du bois à la force de fon union tranfverfale, c'eft-à-dire, quelle force H faut pour rompre , & quelle force il faut pour fendre une pièce. On ne connoît pas la réfiftance du bois dans des pointions diliérentes de celle que fuppofent mes ex- périences-^ poiitrons cependant alTez ordi- naires dans les batimens, & fur lefquelles il feroit très-important d'avoir des règles Partie expérimentale. 185 certaines-, je veux parler de la force des bois debout, des bois inclinés, des bois retenus par une feule de leurs extrémi- tés 5 &c. Mais en partant des réfuitats de mon travail, on pourra parvenir aifément à ces connoifTances qui nous manquent. PafTons maintenant au détail de mes expé- riences. J'ai d'abord recherché quels étoient la denfité & le poids du bois de chêne dans les différens âges, quelle proportion il y a entre la pefanteur du bois qui occupe le centre, & la pefanteur du bois de la cir- conférence, & encore entre la pefanteur du bois parfait Se celle de l'aubier, Sec, M. Duhamel m'a. dit qu'il avoit fait des expériences à ce fujet; l'attention fcrupu- leufe avec laquelle les miennes ont été faites, me donne lieu de croire qu'elles fe trouveront d'accord avec les iîennes. J'ai fait tirer un bloc du pied d'un chêne abattu le même Jour, & ayant pofé la pointe d'un compas au centre des cer- cles annuels, j'ai décrit une circonférence de cercle au tour de ce centre, Se enfuite ayant pofé la pointe du compas au milieu de l'épaifTeur de l'aubier, j'ai décrit un I 8 6 Hijîoire Naturelle, pareil cercle dans Faubier -, j'ai iait enfuire tirer de ce bloc deux petits cylindres, Tun de cœur de chêne , Se Tautre d'au- bier, & les ayant polés dans les baffins d'une bonne balance hydroftatique , ôc qui penchoit renfibîement à un quart de grain, je les ai ajuftés en diminuant peu- à-peu le plus pefant des deux , & lorfqu'ils m'ont paru parfaitement en équilibre, je ies ai pefés , ils pefoient également chacun 371 grains, les ayant enfuite pefés féparé- ment dans l'eau, où je ne fis que les plon- ger un moment, j'ai trouvé ^e le mor- ceau de cœur perdoit dans l'eau 317 grains, & le morceau d'aubier 34.4 des mêmes grains. Le peu de temps qu'ils demeurèrent dans l'eau, rendit infeniible ia différence de leur augmentation de vo- lume par i'imbibition de l'eau, qui eft très- difié rente dans le cœur du chêne & dans l'aubier. Le même jour, j'ai fait faire deux au- tres cylindres, l'un de cœur & l'autre d'aubier de chêne, tirés d'un autre bloc, pris dans un arbre à peu-près de même âge que le premier & à la même hauteur de terre, ces deux cylindres pefoient chacun Partie expérimentale, i 8 7 1978 grains, le morceau de cœur de chêne perdit dans Teau 1635 grains , 8c le morceau d'aubier 1784. En comparant cette expérience avec la première, on trouve que le cœur de chêne ne perd, dans cette féconde expérience, que 307 ou environ , fur 371, au lieu de 3 1 7 -j , & de même que Taubier ne perd fur 371 grains que 350, au lieu de 344, ce qui eft à peu-près la même proportion entre le cœur Se Taubier : la diîîérence réelle ne vient que de la denfité dirlérente tant du cœur que de Taubier du fécond arbre, dont tout le bois en général étoit plus fo- iide & plus dur que le bois du premier. Trois jours après, J'ai pris dans un des morceaux d un autre chêne abattu le mê- me jour que les précédens, trois cylindres, Tun au centre de Tarbre , Tautre à la cir- conférence du cœur , & le troifième à l'au- bier, qui pefoient tous trois 975 grains dans l'air. Se les ayant pefés dans l'eau, le bois du centre perdit 873 grains, celui de la circonférence du cœur perdit 906, & l'aubier 938 grains. En comparant cette troilième expérience avec les deux précé- dentes, on trouve que 371 grains du I 8 8 HlJIoire Naturelle. cœur du. premier chêne perdant 317 grains Y , 371 grains du cœur du fécond chêne auroient dû perdre 532 grains à peu près -, & de mêaie que 371 grains d'aubier du preaiier chêne perdant 3^4 grains, 371 graifis du lecond chêne au- roient dû perdre 350 grains, & 57 1 grains de Taubier du troifièrne chêne auroient dû perdre 356 grains, ce qui ne s'éloigne pas beaucoup de la première propofition*, la dîtîérence réelle de la perte, tant du cœur que de l'aubier de ce troiiîème chêne, venant de ce que Ton bois étoit plus léger & un peu plus fec que celui des deux autres. Prenant donc la mefure moyenne entre ces trois didérens ?jois de chêne 5 on trouve que 371 grains de cœur, perdent dans Teau ^19 grains y de leur poids, & que 371 grains d'aubier perdent 343 grains de leur poids i donc le volume du cœur de chêne eO: au vo- lume de l'aubier : : 3 19 -j : 343, & les mades : : 343 : 3 19 j, ce qui fait environ un quinzième pour la driîérence entre les poids fpécifiques du cœur & de l'aubier. J'avois choifi , pour faire cette troifième expérience , un morceau de bois dont les ' Partie expérimentale, i 8 9 couches Irgneufes m*avoient paru affez égales dans leur épaifTeur , & j'enlevai mes trois cylindres , de telle façon que le centre de mon cylindre du milieu , qui étoit pris à la circonférence du cœur, étoit également éloigné du centre de Tarbre où j'avois enlevé mon premier cylindre de cœur, & du centre du cylindre d'au- bier*, par-là, j'ai reconnu que la pefan- teur du bois décroît à peu -près en pro- grelîîon arithmétique, car la perte du cy- lindre du centre étant 873 , & celle du cy- lindre d'aubier étant 5?38, on trouvera en prenant la moitié de la fomme de ces deux nombres, que le bois de la circon- férence du cœur doit perdre 905 {, &, par l'expérience, je trouve qu'il a perdu 906 -, ainii , le bois depuis le centre Jufqu'à la dernière circonférence de l'aubier, di- minue de denlité en progrelîîon arithmé- tique. Je me fuis aflTuré, par des épreuves femblables à celles que ie viens d'indi- quer, de la diminution de pefanteur du bofs dans la longueur *, le bois du pied d'un arbre pèfe plus que le bois du tronc au milieu de fa hauteur, & celui de ce ipo Hijloire Naturelle. milieu pèfe plus que le bois du fommets & cela à peu-piès en progreffion arith- inétique, tant que Tarbre prend de Tac- croiirement, mais il vient un temps* où le bois du centre & celui de la circonfé- rence du cœur pèfent à peu-près égale- ment , & c'eft le temps auquel le bois eft dans fa perfedion. Les expériences ci-defTus ont été faites fur des arbres de foixante ans , qui croif- foient encore , tant en hauteur qu'en groiïeur, & les ayant répétées fur des ar- bres de quarante -fix ans, & encore fur des arbres de trente -trois ans, j'ai tou- jours trouvé que le bois du centre à la circonférence, & du pied de l'arbre au fommet, diminuoit de pefanteur à peu- près en progrelîion arithmétique. Mais, comme je viens de l'obferver, dès que les arbres cefTent de croître, cette proportion commence à varier. J'ai pris dans le tronc d'un arbre d'environ cent ans, trois cylindres, comme dans les épreuves précédentes, qui tous trois pe- foient 2004 grains dans l'air -, celui du centre perdit dans l'eau 171 3 grains, ce- lui de la circonférence du cœur 17 18 Partie expérimentale. 191 grains 5 & celui de Taubier 1779 grains. Par une féconde épreuve, j'ai trouvé que de trois autres cylindres, pris dans le tronc d\in arbre d'environ cent dix m\s , & qui pefoient dans l'air 1 1 1 2 grains , •celui du centre perdit 1002 grains dans i'eau , celui de la circonférence du cœur 5?97 grains, & celui de l'aubier 1025 grains. Cette expérience prouve que le cœur n étoit plus ia partie la plus folide de l'arbre, & elle prouve en même temps que l'aubier eft plus pefant & plus fo- lide dans les vieux que dans les jeunes ■ arbres. J'avoue que dans les dilférens climats, dans les diiiérens terreins, & même dans le inêmeterrein, cela varie prodigieufe- ment, & qu'on peut trouver des arbres fitués affez heureufemenr pour prendre encore de l'ace roiffem en t en hauteur à Tâge de cent cinquante ans ; ceux-ci font une exception à la règle , mais en géné- ral il eft conftant que le bois augmente de pefanteur jufqu'à ua certain âge dans la proportion que nous avons établie; qu'après ctt âge., îe bois des différentes parties de l'arbre devient à peu-près d'é- • gale pefanteur, & ç'efl alors qu'il eft dans 19 2 Hijloire Naturelle. fa perfedion -, & enfin que fur fon^ dé- clin le centre de l'arbre venant à s'obf- truer , le bois du cœur fe defsèche faute de nourriture fuftifante , Se devient plus léger que le bois de la circonférence à proportion de la profondeur, de la diiié- rence du terrein & du nombre des cir- conftances qui peuvent prolonger ou rac- courcir le temps de TaccroiUbment des arbres. Ayant reconnu , par les expériences pré- cédentes, la diftérence de la denfité du bois dans les diilérens âges & dans les dittérens états où il fe trouve, avant que d'arriver Uaperfedion, j'ai cHerché quelle étoit la différence de la force, auffi dans les mêmes différens âges-, & pour cela jai fait tirer du centre de plusieurs arbres, tous de même âge, c'eft- à-dire, d'enviroti foixante ans, pluheurs barreaux de trois pieds de longueur fur un pouce d'équar- riiTage , entre lefquels j'en ai choifi quatre qui étoient les plus parfaits, ils pefoient j i.^'' i.^ 3.'"^ 4»'"^ barreau, onces, onces, onces. onces. ils ont rompu fous la charge de EnfuitC Partie expérimentale. 15)3 Enfuite j'ai pris plufieurs morceaux du bois de la circonférence du cœur , de même longueur & de même équarrifTagea c'eft-à-dire, de 3 pieds, fur i pouce, en- tre iefquels j'ai choifi quatre des plus par- faits, ils peioient : onces, onces, onces. onces. Ils ont rompu tous la charge de • Et de même ayant pris quatre mor-' ceaux d'aubier, ils pefoient: onces, onces, onces. onces. Ils ont rompu fous la charge de Z48l..,242i,..2.4il,„.i yo'. Ces épreuves me firent foupçonnet* que la force du bois pou rr oit bien être proportionnelle à fa pefanteur , ce qui s'eft trouvé vrai, comme on le verra par la fuite de ce Mémoire. J'ai répété les mêmes expériences fur des barreaux de 2 pieds, fur d'autres de 18 pouces de longueur & d'un pouce d'équarrilTage, yoici le réfultat de ces expériences, Tome FIIL l x94 Hijloire Naturelle. Barreaux de deux pieds (d)* Poids. jet 2.^ 3."^^ 4.'"^ onces. onces. onces, onces. Centre.. 17 ji KÎ7Î....16 ~ i^fr. Circonf.i y f^ 1 f 71....1 y ii i y If- Aubier. 14^^ I4rf.-i4 7i HH* Charges, Centre..43 9^ 42-8' 4M^........ 40^.1 Circonf.3 ^6 3 fo 341^ ..34<^« Aubier..340 3 34 3 2. J. 31^. Barreaux de dix- huit pouces; Poids» jet 2.,^ 3."^^ 4.*"^ onces. onces. onces. onces, Centrci 3 71 1 3 f^ 1 3 n ^ 3 . Circonf.i 2 f| 12 -^ 12 71 12. -^^ Aubier,.! 1 ^ 1 1 f^ 1 1 fi 1 1 H» Centre..48 81 48 ô' 478I......477.1 Circoîif.46'0 4f i 443 441. Aubier.,43 9.,.....43 8 428 428, faj II faut remarquer que , comme l'arbre étoît affez gros , le bois de la circonférence éroit beaucoup plus éloigné du bois du centre que de celai de l'au^^ feier. Partie expérimentale. ic)j Barreaux d'un pied. Poids. I^er 2..^ 3."^^ 4,me onces, onces. onces. onces. Centre....8 7! 8 ff 8 ff 8 f^. Cii-conf.. 8 ^" 7 f^ 7 f! 7 H- Aubier...7 ^ 7 71 7 6 1|. Charges. Centre. .7<3+' 7j Tai fait tirer du même pied d'atbre , à îa circonféreuce du cœur, deux barreaux de trois predsde longueur, lur un p'..«uce <& demi d equarriffage , chacun de ces deux barre.uix contenoit quatorze cou- ches iigneufes prefque parallèles entr'eiies. Le premier peioit 5 livres 2 onces ^, & le fécond 3 livres 2 onces \. J'ai fait rompre ces deux barreaux, en les expofant de fa- çon que, dans le premier, les couches li- gneules le trouvoient poiédH horizontale- ment, Se dans le fécond, elles étoient fituées verticalement. Je prévoyois que cette dernière pofitioii devoit être avan- tageufe-, & en etilMRie premier rompit fous la charge de ^2 livres, & le fé- cond ne rompit que fous celle de 5^72 ix< yres. J'ai de même fait tirer pîufieurs petits barreaux d'un pouce d'équarrilTage , fur un pied de longueur ; l'un de ces bar- reaux qui pefoit 7 onces [|, & contenoit douze couches Iigneufes poiées horizonta- lement, a rompu fous 784 livres -, l'autre qui pefoit 8 onces, & contenoit audï douze couches Iigneufes pofées verticale^ ment 5 n'a rompu que fous 860 livres» lii] t 9 B HiJIoire Naturelle. Des deux autres pareils barreaux, dont le pieiiùer pefoit 7 onces, & confenok huit couches ligneufes *, & le fécond 7 onces j|, & contenoit ^ulîî huit cou- ches ligneufes -, le premier dont les couches ligneufes étoient pofées horizontalement, a rompu fous 778 livres*, & Taurre dont les couches étoient pofées verticalement, a rompu fous 818 livres. J'ai de mçme fait tirer des barreaux de deux piecÉfee longueur, fur un pouce Se demi d'équarrilTage. L'un de ces bar- reaux qui pefoit 2 livres 7 onces ^6 > ^ contenoit douze coujhgs ligneufes pofées horizontalement , ^pfbmpu fous 1 2 1 7 livres -, & l'autre qui pefoit 2 livres 7 onces -| , & qui contenoit aufîî douze couches ligneufes, a rompu fous 125)4 livres. Toutes ces expériences concourent à prouver qu'un barreau ou une folive rélifte bien davantage lorfque les couches ligneufes qui le*compofent, font (îtuées perpendiculairement-, elles prouvent auffi qae plus il y a de couches ligneufes dans les barreaux ou autres petites pièces de bois ? plus la différence de la force de ces Partie expérimentale. î 9 9 pièces dans les deux pofitions opporées efl: confîdérable. Mars, comme je n'étois pas encore pleinement latisfait à cet égard , j'ai fait la même expérience fur des planches mifes les unes contre les autres , & je les rapporterai dans la fuite , ne vou- lant point interrompre ici Tordre des temps de mon travail , parce qu il me paroît plus naturel de donner les chofes comme on les a faites. Les expériences précédentes ont fervi à me guider pour celles qui doivent fuivre *, elles m'ont appris qu'il y- a une difl:érence coniidérabie entre la pefan- teur & la force du bois dans un même arbre , félon que ce bois eft pris au centre ou à la circonférence de Tarbre -, elles m*ont fait voir que la iituation des cou* ches ligneufes , faifoit varier la réfiftance de la même pièce de bois. Elles m'ont encore appris que le nombre des couches ligneufes influe fur la force du bois, & dès-lors j'ai reconnu que les tentatives qui ont été faites jufqu'à préfent fur cette ma- tière 5 font infuffi Tantes pour déterminer la force du bois -, car toutes ces tentatives (pnt été faites fur d^s petites pièces d'un liv SLoo Hljloire Naturelle, pouce ou unpouce & demi d'équarriffage l & on a fondé fur ces expériences , ie calcul des tables qu'on nous a di^nnées pour la réliftance des poutres , foiives & pièces de toute grolleur & longueur , fans avoir fait aucune des remarques que nous avons énoncées ci-delîus. Après ces premières connoilFances de îa force du bois , qui ne font encore que des notions aiTez peu complètes , j'ai cherché à en acquérir de plus précifes , j'ai voulu m'alTurer d'abord fi de deux morceaux de bois de m3me longueur & de mène figure, mais dont le premier étoit double du fécond pour la grolTeur^ îe premier avoir une rédftance double , & pour cela j'ai choifi plufieurs morceaux , pris dans les mêmes arbres & à la même diftance du centre, ayant le même nombre d'années, fitués de la m3me façon, avec toutes les circonftances nécelTaires pour établir une jufte comparaifon. J'ai pris à la même diftance du centre d'un arbre , quatre morceaux de bois parfait, chacun de i pouces d'équarrif- {^go. , fur 1 8 pouces de longueur -, ces guatre morceaux ont rompu fous 32.26^ Partie expeyimentale. zoi '^061, 2983 & 2890 livres, c eft-à-drre , fous ia charge moyenne de 3040 livres. J'ai de même pris quatre morceaux de 17 lignes, foibles d'équarrifTlge , fur îa même longueur , ce qui fait à très-peu près la moitié de grolTeur des quatre pre- miers morceaux , 8c j'ai trouvé qu'ils ont rompu fous 1304, 1274? ^33^5 ii5)B iivres, c'eft-à-dire , au pied moyen, fous 1252 livres. Et de même j'ai pris quatre morceaux d'un pouce d'équarrilTage , fuc la même longueur de 18 pouces, ce qui fait le quart de grofTeur des premiers , & j'ai trouvé qu'ils ont rompu fous 526, 5 1 7> 500 ,'496 livres, c'eft-à-dire , au pied moyen , fous 510 livres. Cette expérience fait voir que la force d'une pièce n'eft pas proportionnelle à fa grofTeur , car ces grolîeurs étant 1 , 2,4, les charges de- vroient erre 510, 1020, 2040, au lieu qu'elles font en ertet 510, 1251, 3040, ce qui eft fort diftérent, comme l'avoient dé]h remarque quelques Auteurs qui ont écrit fur la réfiftance des folides. J'ai pris de même plufieurs barreaux d'un pied , de 1 8 pouces , de 2 pieds & de 3 pieds de longueur, pour reconnoîtie îv 201 Hijîoire Naturelle. £. les barreaux d'un pied porteroient une; fois autant que ceux de 2 pieds *, & pour m'aiTurer fi la réiiflance des pièces diminue juftement dans la même raifon que leur longueur augmente. Les barreaux d'un pied fupportèrent 5 au pied m'oyen , 7^5 livres-, ceux de 18 pouces, 500 livres j ceux de 2 pieds, 369 livres-, & ceux de ^ 3 pieds 5 2 5 0 livres. Cette expérience me îaifTa dans le doute, parce que les charges n'étoient pas fort diflérentes de ce qu'elles dévoient être, car au lieu de 765, 500, 369 8c 230, la règle du levier deman- doit 765, 5IO-J, 382 & 255 livres, ce qui ne s'éloigne pas afTez pour pouvoir conclure que la réfiftance des pièces de fcois ne diminue pas en même raifon que îeur longueur augmente -, mais d'un autre coté cela s'éloigne alTez pour qu'on fuf- pende fon jugement, & en effet, on verra par la fuite que l'on a ici raifon de douter. J'ai enfuite cherché quelle étoit la force du bois , en fuppofant la pièce inégale dans fes dimenlions, par exemple, en la fuppofant d'un pouce d'épailleur , fur i pouce ^ de largeur , 6c en la plaçant fur Partie expérimentale. ,205 Tune & enfuite fur l'autre de ces dimen- /îons-, & pour cela j'ai fait faire «quatre barreaux d'aubier de 1 8 pouces de lon- gueur 5 fur I pouce \ d'une face , & fur j pouce de l'autre face ^ ces quatre bar- reaux pofés lur ia face d'un pouce , ont, fupporté au pied moyen, 723 livres, & quatre autres barreaux tous femblables , pofés fur ia face d'un pouce ^3 ont fup- porté au pied moyen ,935 livres \. Quatre barreaux de bois parfait, pofés fur la face d'un pouce, ont fupporté au pied moyen , 775, & fur ia face d'un pouce \ , 5)98 livres. Il faut toujours fe fouvenir que , dans ces expériences , j'avois foin de choilir des morceaux de bois à peu-près de même pefantéur & qui contenoient le même nombre de couches ligneufes po- ïtQs du même fens. Avec toutes ces précautions & toute l'attention que je donnois à mon travail, j'avois fouvent peine à me fatisfaire-, je m'appercevois quelquefois d'irrégularités & de variations qui dérangeoient les con- féquences que je voulois tirer de mes expériences , & j'en ai plus de mille rap- portées fur un regiftre, que j'ai faites à 2 04 Hijloire Naturelle» pîufieurs deffeins, dont cependant je n'ai pu rien tirer , & qui m'ont laifTé dans une incertitude manifefte à bien des égards. Comme toutes ces expériences Te faifoient avec des morceaux de bois d'un pouce , d'un pouce | ou de 2 pouces d'équarrif- fage , il falloir une attention très-fcrupu- îeufe dans le choix dti bois, une égalité prefque parfaite dans la pefanteur , le mêmq nombre dans les couches ligneufes ^ &: , outre cela , il y avoir un inconvénient prefque inévitvable , c'étoit l'obliquité de îa diredlion des fibres, qui fouvent ren- doit les morceaux de .bois tranchés les uns d'une couche, les autres d'une demi- couche, ce qui diminuoit confidérable- ment îa force du barreau -, je ne parle pas des nœucïs, des défauts du bois, de la direction trèsroblique des couches ligneu- fes, on fent bien que tous ces morceaux étoient rejetés fans fe donner la peine de les mettre à l'épreuve -, enfin de ce grand nombre d'expériences que j'ai faites fui' des petits n:iorceaux, je n'en ai pu tirer rien d'ailuré que les réfultats que j'ai don- nés ci-delTus , & je n'ai pas cru devoir hafarder d'en tirer des conféqueuees gé- Partie expérimentale. 20 j hérales pour faire des tables fur la ré- fiftance du bois. Ces confidérations & les regrets d^^ peines perdues , me déterminèrent à en- treprendre de faire des expériences en grand •, je voyois clairement la difficulté de l'entreprife, mais je ne pouvois me réfoudre à l'abandonner , & heureufe- ment j'ai été beaucoup plus fatisfait que je ne Tefpérois d'abord. Première expérience, Ta I F A I T abattre un chêne de 3 pieds de circonférence, & d^environ 25 pieds de hauteur \ il é.toit droit & fans bran- ches jufqu'à la hauteur de i 5 à 1 6 pieds ; je l'ai fait fcier à 14 pieds, afin d'éviter les défauts du bois, caufés par l'éruption des branches , & enfuite j'ai fait fcier par le milieu cette pièce de 14. pieds, cela m'a donné deux pièces de 7 pieds cha- cune-, je les ai fait équarrir ie lendemain par des charpentiers , & le furlendemain. je les ai fait travailler à la varlope par des menuifiers , pour les réduire à 4 pouces jufte d'équarriifage y ces deux pièces 2o6 Hijloire Naturelle. étoient fort faines & fans aucun nœud apparent -, celle qui provenoit du pied de l'arbre pefoit 60 livres, celle qui ve- iioit du deflus du tronc pefoit 56 livres; on employa à charger la première vingt- neuf minutes de temps , elle plia dans fon milieu de 3 pouces \ avant que d'é- clater-, à Iniftant que la pièce eut éclaté, on difcoîitinua de la charger, elle con- tinua d'éclater & de faire beaucoup de bruit pendant vingt-deux minutes, elle baiffa dans fon milieu de 4 pouces \ , & rompit fous la charge de 5 350 livres : I3. féconde pièce , c'eft - à - dire , celle qui provenoit de la partie fupérieure du tronc fut chargée en vingt-deux minutes : elle plia dans fon milieu de 4 pouces 6 lignes avant que d'éclater-, alors on celTa de îa charger , elle continua d'éclater pendant huit minutes , & elle baiiTa dans fon milieu de 6 pouces 6 lignes, & rompit fous la charge de 5275 livres. I I. Dans îe même terrein oii j'avois fait Couper l'arbre qui m'a fervi à l'expérience Partie experirhentale. loy précédente, j'en ai fait abattre un autre prefque femblable au premier, il étoit feulement un peu plus élevé, quoiqu'un peu moins gros , fa tige étoit adez droite , mais elle laifToit paroître pluiieurs petites branches de la groiTeut d'un doigt dans la. partie fupérieure, 8c à la hauteur de 17 pieds , elle fe divifoit en deux grolTes bran- ches -, j'ai fait tirer de cet arbre deux folives de 8 pieds de longueur , fur 4 pouces d'é- quarridàge, & je les ai fait rompre deux jours après, c'eft-à-dire, immédiatement après qu'on les eut travaillées & réduites à la jufte mefure ^ la première foiive, qui provenoit du pied de l'arbre, pefoit 68 livres , & la féconde tirée de la partie fupé- rieure de la tige , ne pefoit que 6 3 livres p on chargea cette première foiive en quinze minutes, elle plia dans fon milieu de 3 pouces 9 lignes avant que d'éclater ^ dès qu'elle eut éclaté, oncelTade charger, la foiive continua d'éclater pendant dix mi- nutes, elle bailTa dans fon milieu de 8 pouces , après quoi elle rompit en faifant beaucoup de bruit fous le poids de 4600 livres : la féconde foiive fut chargée en treize minutes , elle plia de 4 pouces zo8 THJîoïre Naturelle. 8 lignes avant que d'écîarer, & après îe pre- mier éclat , qui fe fit à 5 pieds 2 pouces du milieu , elle bailla de 1 1 pouces en fix minutes , & rompit au bout de ce teitips 3 fous la charge de 4500 livres, I I I. Le même tour, je fis abattre un troiiîème chêne voîfin des deux autres, & j'en fis fcier la tige par le milieu -, on en tira deux folives de 5) pieds de longueur chacune, fur 4 pouces d'équarridage *, celle du pied pefoit 77 livres, & celle du fommet 71 livres -, & les ayant fait mettre à répreuve? îa première fut chargée en quatorze mi- nutes 5 elle plia de 4 pouces \ o lignes avant que d'éclater , & enfuite elle bailla de 7 pouces ~ , &: rompit fous la charge de 4 1 00 îivres -, celle du delTus de la tige , qui fut chargée en douze minutes , plia de 5 pou- ces Y> éclata \ enfuite elle baiflfa jufqu'à ioîumenr. La moins pefanre des deux pièces plia de^, i, z, 3^, 5^ dans ies cinq, dix, quinze, vingt &vingt- ciîiq minutes, & elle éclata fous la charge de 5225 livres, fous laquelle au bout de 7 à 8 niinutes elle rompit entièrement ; on voit que la dirlérence eft ici à peu-près aufîi grande dans ies charges que dans les poids, & que la pièce légère étoit très- foible. Pour lever les doutes que j'avois fur cette expérience, je fis tout de fuite travaiiier un autre arbre de 1 3 pieds de longueur, & j'en fis tirer une folive de 12 pieds de longueur, fur 5 pouces d'é- quarriiTage -, elle fe trouva pefer 154 li- vres , & elle éclata après avoir plié de 5 pouces 9 lignes, fous la charge de 6100 livres. Cela me fit voir que les pièces de 12 pieds, fur 5 pouces, peuvent fuppor- ter environ 6000 livres, tandis que les pièces de 24 pieds ne portent que 2200, Parth^ expenmentale. iij ce qui fait un poids beaucoup plus fort que le double de 2200 qu'elles aiiroient du porter par la loi du levier. Il me ref- roit, pour me fatisfaire fur toutes les cir- eonftancesde cette expérience, à trouver pourquoi, dans un même terreinjilfe trouve quelquefois des arbres dont le bois eft 11 diriérent en pefanteur & en rélif- tance; j'allai, pour ie découvrir, viliter le iieu , & ayant fondé ie terrein auprès du tronc de l'arbre qui avoir fourni la pièce iégère, je reconnus qu'il y avoir un peu d'humidité qui féjournoit au pied de cet arbrci par la pente naturelle du lieu, & j'attribuai la foibleiïe de ce bois au terrein humide où il étoit crû, car je ne m'a- perçus pas que la terre fiit d'une qualité différente, & ayant fondé dans piuiieurs endroits, je trouvai par- tout une terre femblable. On verra, par Texpéiience fui- vanre , que les différens terreins produi- fent des bois qui font quelquefois de pe- fanteur & de force encore plus inégales. X I. J'a i CHOISI dans le même terrein oà K V zi6 Hijlolre Naturelle, je prenois tous les arbres qui me fer- voient à faire mes expériences > un arbre à peu-prcs de ia mène groTieur que ceux de l'expérience neuvième , & en même temps |ai cherché un autre arbre à peu près lembiable au premier, dans un rerrein différent -, la terre eft forte & mêlée de glaife dans le premier terrein, & dans le fécond ce n'eïl qu'un fable prefque fans aucun mélange de terre. Fai fait tirer de chacun de ces arbres une folive de 21 pieds , fur 5 pouces d'équarrifïage \ la pre- mière folive, qui venoit du terrein fort ,^ pefoit i8i livres -, l'autre, qui venoit du terrein fablonneux, ne pefoit que 231 livres, ce qui fait uiie dilïérence de près d'un fixième dans le poids. Ayant mis à l'épreuve la plus pefante de ces deux piè- ces , elle plia de 1 1 pouces 5 lignes avant que d'éclater, & elle baitTa îufqu'à i^ pouces avant que de rompre abfolu- ment , elle fupporta, pendant 1 8 minutes, une charge de 2975 livres*, mais la fé- conde pièce, qui venoit du terrein fablon- meux, ne plia que de 5, pouces avant que d'éclater , & ne baiffa que de 8 pouces ~ dans fon milieu, &, elle rompit au bout Partie expàimentalc, iij Je 3 minutes fous ia charge de 2350 ii- vres, ce qui fart une diftérence de plus d'un cinquième dans la charge. Je rap- porterai dans la fuite quelques autres ex- périences à ce fujef, mais revenons à notre échelle des réfulances, fuivant les àxiic-- rentes longueurs, X î L De deux foiives de 20 pieds de Ion-- gueur, fur 5 pouces d'équarriifage , prifes dans le même terrein & mifes à l'épreuve le même jour , la première qui pefoit 263 livres, fupporta, pendant diy: minu- tes, une charge de 3 275 livres, & ne rom- pit qu'après avoir piié dans fon milieu de 16 pouces L lignes", la féconde lolive qui pefoit 259 livres , fupporta , pendant huit minutes, une charge de 3175 livres 3 & rompit après avoir plié de 20 pouces 1» J'a I enfuite fait faire trois foîives de' jo pieds de longueur & du même équar- îâiïage de ^ pouces > la première pefoit 2 28 Hijîoire Naturelle. 132 livres, & a rompu fous ia charge de 7225 livres au boiir de vingt minutes, & après avoir baifle de 7 pouces | -, la féconde pefoit 1 3 o livres , elle a rompu , après vingt minutes , fous la charge de 7050 livres, Se elle a baillé de 6 pouces 9 lignes-, la troifième pefoit 128 livre*^{, elle a rompu fous la charge de 7 1 00 li- vres après avoir baillé de 8 pouces 7 li- gnes, & cela au bout de dix-huit mi- nutes. En comparant cette expérience avec îa précédente, on voie que les pièces de 20 pieds , fur 5 pouces d'équarrilïage , peu- vent porter une charge de 3225 livres, & celles de i o pieds de longueur & du mê- me éqttarriflage de 5 pouces, une charge de 71 25 livres, au lieu que par les règles de îa m.écanique elles n'auroient dû por* ter que 6450 livres. XIV. Ayant mis à Fépreuve deux folives de 18 pieds* de longueur, fur 5 pouces d'équarrilfage , j'ai trouvé que la pre- mière pefoit 232 livres, de quelle a fup- Partie expérimentale. 229 porté, pendant onze minutes, une charge de 3750 livres, après avoir bailTé de 17 pouces 5 & que la féconde , qui pefoit 2. 3 1 livres, a fupporté une charge de 3650 li- vres pendant dix minutes, 8c n'a rompu qu'après avoir baillé de i 5 pouces. XV. x\yant de mépe mis à l'épreuve trois Tolives de 5? pieds de longueur, fur 5 pouces d'équarrilTage , j'ai trouvé que la première, qui pefoit 118 livres, a porté, pendant cinquante - huit minutes , une charge de 8^00 livres, après avoir plié dans fon milieu de 6 pouces -, la féconde qui pefoit né livres, a fupporté , pendant quarante-iîx minutes, une charge de 8325 livres, après avoir plié dans fon milieu de 5 pouces 4 lignes *, & la troiiième qui pe- foit 1 1 5 livres , a fupporté , pendant qua- rante minutes, une charge de 8 100 livres, 6 elle a plié de 5 pouces dans fon mi- lieu. Comparant cette expérience âvec la précédente, on voit que les pièces de i 8 pieds de longueur, fur 5 pouces déquar- 230 Hijloire Naturelle. riiïage, poreent 3700 livres, & que celhè de 9 pieds portent 8 308 livres j, au lieu: qu'elles n'auroient dû porter leloii les règles du levier que 7400 livres. XVI. Enfin ayant mis à Tépreuve deu» folives de 1 6 pieds de longueur , fur 5 pouces d'équarrilïàge -, la première qui pe- foit 209 livres, a porté, pendant dix-fepc minutes, une charge de 44.25 livres. Se elle a rompu après avoir baillé de 16 pouces -, la féconde qui peloit 105 li- vres, a porté, pendant 15 minutes, une charge de 4275 livres, & elle a rompu ,- après avoir baiifé de 1 2 pouces ^. X V I I. Et 'ayant mis à Tépreuve deux fo- lives de 8 pieds de longueur, fur 5 pou- ces d'équarrillage -, la première qui pefoic 184 livres, porta, pendant quarante mi* jiutes, une charge de c)C)co livres, & rom- pit après avoir baiffé de 5 pouces -, la fé- conde qui pefoit Ï02. livres, porta? pea* Partie expérimentale. 2 3 î dant trente-neuf minutes , une charge de 5^675 livres, & rompit après avoir plié de 4 pouces 7 lignes. Comparant cette expérience avec îa précédente, on voit que la charge moyenne des pièces de 16 pieds de lon- gueur, fur 5 pouces d'équarrilTage, eft 4350 livres, & que celle des pièces de 8 pieds & du même équarrifïage , eft 5)787 ^, au lieu que par la règle du le- vier, elle devroit être de 8700 livres. Il réfulre de toutes ces expériences, que la rétiftance du bois n'eft point en raifon inverfe de fa longueur, comme on l'a cru jufqu'ici, mais que cette réfiftance décroît très- confidérablement à mefure que la longueur des pièces augmente, ou fi Ton veut quelle augmente beau- coup a. mefure, que cette longueur dimi- nue ; il n'y a qu'à jeter les yeux fur la Table ci-après pour s'en convaincre, on voir que la charge d'une pièce de 10. pieds, eft le double & un neuvième de celle d'une pièce de 20 pieds-, que la charge d'une pièce de 9 pieds, efl le dou- ble & environ le huitième de celle d'une' pièce de 18 pieds -, que la charge d'une 252 H'iftoire Naturelle. pièce de 8 pieds, eft ie double & un huicième prelque iiifre de cq]Iq d'une pièce de 1 6 pieds , que la charge d'une pièce de 7 pieds , eft le double & beau- coup plus d'un huitième de celle de 14 pieds ; de forte qu'à mefure que la lon- gueur dts pièces diminue,- la réiiilance. augmente, & cette augmentation de réfif- tance croît de plus en plus. On peut objeder ici que cette règle de l'augmentation de la réfiftance qui croît de plus en plus, à mefure que les pièces foJit moins longues , ne s'obferve pas au-delà de la longueur de 20 pieds, & que les expériences rapportées ci-defliis fur des pièces de 24 & de z 8 pieds, prou- vent que la réfiilance du bois augmente plus dans une pièce de 14 pieds, compa- rée à une pièce de 28, que dans «ne pièce de 7 pieds, comparée à une pièce de 14; & que de m.ême cette réiiftance augmente plus que la règle ne le demande, dans une pièce de 1 2 pieds, comparée à une "^izcq de 24 pieds -, mais il n'y a. rien là qui fe contrarie, & cela n'arrive ainli que par un effet bien naturel, c'ed que la pièce de 2.8 pieds & celle de 24 pieds, qui n'ont Partie expérimentale. 233 que 5 pouces d'équarrififage, font rrop dif- proportionnées dans leurs dimenlions,.& que le poids de la pièce même eft une par- tie conlidérable du poids total qu'il faut pour la rompre, car il ne faut que 1775 livres pour rompre une pièce de 28 pieds , 6 cette pièce pèfe 362 livres. On voit bien que le poids de la pièce devient dans ce cas une partie confidérable de la charge qui la fait rompre -, & d'ailleurs ces longues pièces minces pliant beaucoup avant de rompre , les plus petits défauts du bois , & fur-tout le fil tranché contribuent beaucoup plus à la rupture. Il feroit aifé de faire voir qu'une pièce pourroit rompre. par Ton propre poids, Se que la longueur qu'il faudroit fuppofer .1 cette pièce proportionnelleiuent à fa grof- feur, n'efi: pas à beaucoup près auiïi grande qu'on pourroït rirnaguier; par exemple, en partant du fait acquis parles expériences ci-defiTus, que la charge d'une pièce de 7 pieds de longueur, fur 5 pouces d'é- quarriiïage, eft de 1 1525, on concluroit tout de fuite que la charge d'une pièce de i4piedseft de 5762 livres •, que celle d'une pièce de 28 pieds eft de 2881, 234 HlJIoire Naturelle. que celle d'une pièce de 56 pieds eft de; Ï440 livres, c'eft-à-dire , la huitième par- tie de la charge de 7 pieds, parce que la pièce de 5 (5 pieds eft huit fois plus lon- gue -, cependant bien loin qu'il fût befoin d'une charge de 1440 livres pour rompre une pièce de 56 pieds, fur 5 pouces feu- lement d'équarriiïage , J'ai de bonnes rai- fons pour croire qu'elle pourroit rompre par fon propre poids. Mais ce n'eft pas ici le lieu de rapporter les recherches que j'ai faites à ce fujet, & je pafTe à une autre fuite d'expériences fur des pièces de 6 pou- ces d'équarriffage, depuis 8 pieds jufqu'à zo pieds de longueur. X V I I ï. J'ai fait rompre deux foîives de 20 pieds de longueur, fur 6 pouces d'équar- riCige, l'une de ces folives pefoit 377 li- vres, & l'autre 375-, la plus pefante a rompu au bout de douze minutes fous la charge de 5025 livres, après avoir plié de 17 pouces -, la féconde, qui étoit la moins pefante , a rompu en onze minutes fous la charge de 4875 livres, après avoir plié de 14 pouces. Partie expérimentale. 235 J'ai enfurre mi^ à Tépreuve deux pièces de 10 pieds de longueur fur le même équarrilTage de 6 pouces , la première, qui pefoit 188 livres, a fupporté, pendant quaranre-fix minutes, une charge de 1 147 5 livres, & n'a rompu qu'en fe fendant juf- qu'à Tune de Tes extrémités , elle a plié de 8 pouces -, la féconde , qui pefoit 186 li- vres, a fupporté, pendancquarante-quatre minutes, une charge de 1 1025 livres, elle a plié de 6 pouces avant que de rompre. X I X. Ayant* mis à l'épreuve deux foîives de 18 pieds de longueur, fur 6 pouces d'équarriiTage, la première, qui pefoic 3 34 livres, a porté, pendant feize minutes, une charge de 5625 livres, elle avoit éclaté avant ce temps, mais je ne pus aper- cevoir de rupture dans les fibres, de forte qu'au bout de deux heures & demie> voyant qu'elle étoit toujours au même point, & qu'elle ne bailToit plus dans, fon milieu, où elle avoit plié de 12 pou- ces 3 lignes, je voulus voir fi elle pour- roit fe redrelTer, & je fis ôter peu à peu 236 Hijloire Naturelle. tous les poids donn elle étoit chargée*, quand tous les poids furent enlevés, elle ne demeura courbe que de z polices, & ie lendemain elle s'éroit redrelTée au point qu'il ny avoir que 5 lignes de courbure dans Ton milieu. Je la fis recharger tout de fuite, & elle rompit au bout de quinze minutes fous une charge de 54.75 livres, tandis qu'elle avoir fupporré , le jour pré- cédent, une charge plus forte de 250 li- vres pendanr deux heures (Se demie. Cette expérience s'accorde avec les précédentes , où Ton a vu qu'une pièce qui a fupporté un grand fardeau pendant quelque temps, perd de fa force même fans avertir & fans éclater. Elle prouve auflî que le bois a un redort qui fe rérablit jufqu'à un certain point, mais que ce relTort étant bandé au- tant qu'il peut l'être fans rompre , il ne peut pas fe rétablir parfaitement. La fé- conde folivc, qui pefoit 331 livres, fiip- porta, pendant quatorze minutes, la charge de 5500 livres, & rompit après avoir , plié de I o pouces. Enfuite ayant éprouvé deux folives de 5> pieds de longueur, fur 6 pouces d'é- quarrilTage-, la première, qui pefoit 166 Partie expérimentale, 237 livres, fupporta, pendant cinquante -fix minutes, la charge de 15450 livres, 8c rompit après avoir plié de 5 pouces 1 li- gnes -, la féconde, qui pefoit 1 64. livres {, fupporta , pendant cinquante-une minutes, une charge de 12850 livres, & rompit après avoir plié de 5 pouces. X X. J' A I FAIT rompre deux folives de 1 6 pieds de longueur, fur 6 pouces d'équar- riflage j la première , qui pefoit 294. li- vres, a fupporté, pendant vingt-fix minu- tes, une charge de 6250 livres, & elle a rompu après avoir plié de 8 pouces -, la féconde, qui pefoit 295 livre's , a fupporté pendant vingt-deux minutes une charge de ^475 livres, & elle a rompu, après avoir plié de 10 pouces. Enfuite ayant mis à l'épreuve deux fo- lives de 8 pieds de longueur, fur le mê- me équarrilTage de 6 pouces -, la première folive, qui peloit 149 livres, fupporta pendant une heure vingt minutes une charge de 15700 livres, & rompit après avoir baiffé de 3 pouces 7 |ignes ; la fc- 238 Hijloire Naturelle. conde folive, qui pefoit 14e livres, portd, pcnclriiit deux heures cinq minutes , une charge de 15350 livres, 8c rompit après avoir plié dans le milieu de 4 pouces 2 lignes. XXL Ayant pris deux folives de 14 pieds de longueur , fur 6 pouces d'équarriiïa- ge-, la première, qui pefoit 255 livres 5 a fupporté , pendant quarante-lîx minu- tes, la charge de 7450 livres, & elle a rompu , aprcs avoi«r plié dans le milieu de ■ I o pouces ,• la féconde , qui ne pe- foit que 254 livres, a fupporté, pendant u:ie heure quatorze minutes , la charge de 7500 livres , & n'a rompu qu'après avoir plié de 1 1 pouces 4 lignes. Enfuite ayant mis à l'épreuve deux fo- lives de 7 pieds de longueur, fur 6 pou- ces d'équarriiTage -, la première , qui pe- foit 128 livres, a fupporté, pendant deux heures dix minutes, une charge de 15)250 livres, & a rompu, après avoir plié dans dans le milieu de 2 pouces 8 lignes -, la féconde, qui pefoit 126 livres j, a fup- porté, pendant une heure quarante- huio Partie expenmentale, 239 nnnutes 5 une charge de 18^50 livres, elle a rompu , après avoir plié de 2 pouces. XXII. Enfin ayant mis à l'épreuve deux fo- Hves de 1 1 pieds de longueur , fur 6 pouces d'équarriilage j la première , qui pefoit 224 livres 5 a fupporté , pendant quarante-iix minutes, la charge de 9100 livres, & a rompu , après avoir plié de 7 pouces', la féconde, qui pefoit 121 li- vres, a fupporté, pendant cinquante-trois minutes, la charge de 9000 livres, & a rompu , après avoir plié de 5 pouces i o lignes. J'aurois bien voulu faire rom])re des fclives de 6 pieds de longueur, pour les comparer avec celles de 12 pieds, n:iais il auroit fallu un nouvel équipage , parce que celui dont je me fervois écoit trop large , & ne pouvoir pader entre les deux tréteaux fur lelquels portoient les deux extrémités de la pièce. . En comparant les réfultats de toutes ces expériences, on voit que la charge d'une .pièce de .10 pieds de longueur. 2, 40 Hijîoire Naturelle. fur 6 pouces créquarriffage , eft îe dou- ble & beaucoup plus d'un Teptième de celle d'une pièce de 20 pieds -, que la charge d'une pièce de 9 pieds , eft le double & beaucoup plus d'un fixième de celle d'une pièce de i 8 pieds -, que la charge d'une pièce de 8 pieds , eft le double & beaucoup plus d'un cinquième de celle d'une pièce de lé pieds-, & en- fin que la charge d'une pièce de 7 pieds, eft le double & beaucoup plus d'un quart de celle d'une pièce de quatorze pieds , fur 6 pouces d'équarrillage -, ainfi , l'aug- mentation de la réiiftance eft encore beau- coup plus grande , à proportion , que dans les pièces de 5 pouces d'équarrifta- ge. Voyons maintenant les expériences que j'ai faites fur des pièces de 7 pouces d'équarriflage. XXIII. J'ai fait rompre deux folives de 20 pieds de longueur , fur 7 pouces d'é- quarriftage -, la première de ces deux fo- lives, qui pefoit 505 livres, a fupporté, pendant trente-fept minutes^ une charge de Partie expérimentale. 2^41 de 8550 livres, & a rompu, après avoir plié de 1 1 pouces 7 lignes *, la reconde folive 5 qui pefoit 500 livres, a fuppor- té, pendant vingt minutes, une charge de 8000 livres , Se a rompu , après avoir plié de 1 1 pouces. Enfuite ayant mis à l'épreuve deux fo- lives de 10 pieds de longueur , fur 7 pouces d'équarrilTage -, la première , qui pefoit 254 livres , a fupporté , pendant deux heures, (ix minutes, une charge de 15) «350 livres, & elle a rompu , après avoir plié de 2 pouces 7 lignes avant que d'éclater , & bailFé de 1 3 pouces > avant que de rompre abfolument ^ la féconde folive , qui pefoit 252 livres, a fupporté, pendant une heure quaran* te-neuf minutes , une charge de 19500 livres , & elle a rompu , après avoir plié de 3 pouces avant que d'éclater, & de ^ pouces , avant que de rompre entière- ment. XXIV. J'ai fait rompre deux folives de 18 pieds de longueur , fur 7 pouces d'é- quarriffage -, la première , qui pefoit 4.54 Tome FIIL L z^i Hïfioire Naturelle. livres, a fupponé , pendant une heure huit minutes , une charge de 9450 li- vres , & elle a rompu , après avoir plié de 5 pouces 6 lignes , avant que d'écla- ter ,& de 12 pouces, avant que de rom- pre -, la féconde, qui peioit 450 livres, a fiipporté , pendant cinquante - quatre minutes , une charge de 9400 livres, & elle a rompu , après avoir plié de 5 pou- ces I 0 lignes , avant que d'éclater -, & enfuite de 9 pouces 6 lignes, avant que de rompre abrolument. Enfuite ayant mis à l'épreuve deux fo- lives de 9 pieds de longueur , fur le même équarrillage de 7 pouces -, la pre- mière folive, qui pefoit iij livres, a fupporté , pendant deux heures , une charge de 22800 livres, & elle a rom- pu , après avoir plié de 3 pouces une li- gne, avant que d'éclater, & de 5 pou- ces 6 lignes , avant que de rompre ab- folument -, la féconde folive , qui pefoit 115 livres , a fuppoité , pendant deux heures dix-huit minutes, une charge de 2. 1 9C0 livres, & elle a rompu, après avoir plié de 2 pouces 11 lignes, avant que d'éclater, & de 5 pouces 2 lignes, avant que de rompre entièrement. Partie expérimentale. 245 XXV. J'ai fait rompre deux folives de i^ pieds de longueur , fur 7 pouces d'é- quarrifTage*, la première, qui pefoit ^06 livres , a llipporté , pendant quarante- fept minutes, une charge de 11 100 livres, & elle a rompu, après avoir plié de 4 pouces 10 lignes, avant que dé- clarer , & de 10 pouces avant que de rompre abfoiumentj la leconde, qui pe- foit 405 livres, a lupporté, pendant cin- quante-cinq minutes , une charge de 10900 livres, & elle a rompu, après avoir plié de 5 pouces 3 lignes , avant que d'éclater ,. & de 11 pouces 5 lignes > avant que de rompre entièrement. Enfuite ayant mis à Tépreuve deux folives de 8 pieds de longueur , fur le même équarriiTage de 7 pouces, la pre- mière, qui pefoit 204 livres, a fuppor- té , pendant trois heures dix minutes 5 une charge de 26150 livres , & elle a rompu , après avoir plié de 2 pouces ^ lignes, avant que d'éclater, &: de 4 pou- ces, avant que de rompre entièrement, la féconde foiive , qu i pefoic 201 livres 4 > Lfj 2 44 HiJIoire Naturelle, a fupporté, pendant trois heures qua- tre minutes 5 une charge de 255)50 li- vres 5 & elle a rompu , après avoir plié de 2 pouces 6 lignes, avant que d'écla- ter, & de 3 pouces 9 lignes, avant que de rompre entièrement. XXVI. J*Ai FAIT rompre deux folives de 14 pieds de longueur , fur 7 pouces d'é- quarrilTage •, la première, qui pefoit 351 livres , a fupporté , pendant quarante- nne minutes, une charge de 13600 li- vres, & elle a rompu, après avoir plié de 4 pouces 2 lignes, avant que d'écla- ter 5 & de 7 pouces 3 lignes , avant que de rompre-, la féconde folive, qui pe- foit auffi 3 5 1 livres , a fupporté , pen- dant cinquante-huit minutes, une charge de 12850 livres, & elle a rompu, après avoir plié de 3 pouces 5? lignes, avant que d'éclater, & de 8 pouces une ligne, avant que de rompre abfolument. Enfuite ayant fait faire deux folives de 7 pieds de longueur , fur 7 pouces d'é- quarrillage, & ayant mis la première à Partie .expérimentale, 245 l'épreuve, elle étoir chargée de 28 mil- liers , lorfque rouc-a-coup la machine écroula , c'écoic la boucle de fer qui avoit cafifé lier dans Tes deux branches , quoi- qu'elle fiir d'un bon fer quarré de 18 lignes j de grolTeur, ce qui fait 348 li- gnes quarrées pour chacune des bran- ches, en tout 696 lignes de fer qui ont caiTé fous ce poids de 28 milliers , qui tiroir perpendiculairement-, cette boucle avoit environ i o pouces de largeur , fur 1 3 pouces de hauteur , 8c elle écoit à très-peu près de la même grofTeur par- tout. Je remarquai qu'elle avoit caiïe prefque au milieu des branches perpen- diculaires 5 & non pas dans les angles , où naturellement j'aurois penfé qu'elle auroit du rompre *, je remarquai aufîî , avec quelque furprife , qu'on pouvoit conclure de cette expérience , qu'une li- ' gne quarrée de fer ne devoir porter que 40 livres-, ce qui me parut 11 con- traire à la vérité , que je me déterminai à faire quelques expériences fur la force du fer, que je rapporterai dans la fuite. Je n'ai pu venir à bout de faire rom- pue mes folives de 7 pieds de longueur, L iij 24 . . 0. 44.. 2. 6.. 2, 10. . / 188.. . II47).. ITOlf . ^. 0.. 3. (î.. --.{fit::: 9200. . 9000.. 0. 31.. 0. 3i.. 4. 0.. 4. I.. M..-.{;^::: 74p. • 7P0.. 62 p.. 647f.. 0. 2^.. 0. 22.. 4. 6.. 4. 2.. --..{.Ij::: 0. 20. . 0. 19.. 0. 16.. 0. 14.. ! 0. 12. . ' 0. TT . . f. 6.. ■ y. 10.. -••••{]?t::: J62f.. 7. J.. 8. 6.. 'O (377... J02y.. 487^. . 9. C. 8. 10.. ( I ) On n'a pas pu obferver la quantité dont .les pièces de fept pieds ont plié dans leur milieu , à caufe ^e l'épaiiTeur d:; !a boucle. j 8 HiJIoire Naturelle. QUATRIEME TABLE. Pour les pièces de Sept pouces d^e'quarrijfage. Longueur des Pièces PUd. 7 Poids des Pièces. Livres. O. . . 204 20! fii7. i 22^ a M- (5? {''. f 406' f 4H' Charges. Livres, o. 26M0, 2y9fo. 22800. Z1900. 19300. I6800. 13600. 128 fo. II 100. lowo. 4^0. 9400. 8yyo. 8000. Temps i depuis le Flèches premier Idelacour- ÉCLAxiaf- bui-e avant qu'à ri.if- que d'écla- tant de la! ter. Rupture. ■ Hew 0. . 2^^ in. 0. . 6.. 13. . ;; t: I. 13.. I. 16 . I. 3.. 1 . 0. . 0. 0. 48.. 0. 0, 41.. 36.. 0. c. 27.. 22. . o, 1) o. 13 Partie expérimentale. 259 IciNQUlÈME TABLE. Four Us pièces de Huit pouces d'equarriJTage. Longueur des Pièces. Pieds. Poids des Pièces. Livres. '^ 331 397 ^9f r46 46 1 9 f24 f T9 t Î9 664 660 Charges. Livres, zj^oo. 27700. 23900. 2^000. 2.00 )'0. 1 9 i 00 . I6800. iî9)'o. i3)'oo. 11900 ii77f. 12200, Temps depuis le pi-emier ÉclaT iuf- FlÈche de la cour- bure avaat qu'à l'iiif- tant de la Rupture que d'écla- • ter. Heur. Min. 2. )0.. 2. y8.. Poiic. Lig. 3. 0. . 2. 3.. I . 1 . 23.. 1. I. 6.. 2. , 0. 0. 47.. fo.. 0. 0, 32.. 3c. . o. 24. o. 28. 3. 0. . 2. II. . 10. . 2. . 2. . 9.. 6. . I. . 6.. o. . 26q Hijloire Naturelle. SIXIÈME TABLE. Pour les charges moyennes de toutes les Expériences précédentes. Longr. des. Pièces. Pieds. 7. . 4 pouces. Livres, 4^0. . G R 0 s s E U R s. 5 pouces. 6 pouces. Livres. 189^0 .. 7 pouces. Livres. 8 pouces. Livres, Livres. iM2r . 8. 97^7 1. ZÔO'jO. . 223 fo. . •9. . 10. . 402 r. . 33o8f. 131p.. ■Ql^o. . 3612. . 2987 1. 7115.. Il2fO .. 1947 y. . II. . 6o7f. . 9100.. I6l7y. . 234^0. . 14. . f3oo. . 747^.. 132.2T. . IIOOO. . 1977 f. . 16'. . 43 fo, . 6362 |. I637^ . 18. . 3700. . nôif 924^.. 132100. . 10. . 3ii). . 49fo. . 837f. . II487I. 21. . 197U . 24. . 2l62i. 177 f. . 28. . Partie expérimentale. 16 1 Septième Table. Comparaifon de la réjîjîance du hois, trou- iee par les expériences précédcntfSj î} de la refîjiaace du hois fuivant la règle que cette rêjijlunct eji comme la lar- geur de la pièce , multipliée par le quarré de la. hauteur, en Juppofànt la même longueur. • Les aftérifques marquent que les expériences n'ont pas e'té faites. GROSSEURS. Loiigr.l des ^ Pièces.! 4 pouces. I 5 pouces. 6 pouces, iy-pojices. ^8 pouces, Pieds. I Livres, 1 Livres. 7..< >iiy2.^ ^ T90I. J U99U7. f 4T)0. A 9787, ri ni). Iï69l2.i 10 I 3611.. 1 rliiro.. ^°' -l 3648. ./ ^ ^^- '111312... Il / '-9^7 F "16075 /9IOO;. -I04977. 16, 10 fioo. / 747Î.. •«- 8812.7. 43^0. f 6361:^. 3700. f n6i|* •«- 6393-7. 3iiy f 49ro.. 113 îo.. 12.7981. 1947 y i9ni 1617^. I6669-. 1311T.. i399yT. IIOOO Ii936i 9415.. loiyi^, ~7y.. 8849f. Livres. 48100. 476497 47198- *397yo. 400894- -*=3z8oo. 34031. 177 p. 19184. 134 )0. Z4883I 1977 T. 108891 I637f. I78i7f 13200. 1)1 fJr. : 14871-. 31097. i6z Hijloire Naturelle, MMIIIIIiW ■MIW—WIHIIIWHWII II ■■WIIW— Jil»a3BW— «a— ■— ■«■■ DOUZIÈME MÉMOIRE. ARTICLE PREMIER. Moyen facile d* augmenter la folidité ^ La force ù la durée du bois. Il ne faut, pQur cela, quécorcer Tar- bre du haut en bas dans le temps de la sève , & le laillèr fécher entièrement fur pied , avant que de l'abattre -, cette pré- paration ne demande qu'une très-petite dépenfe *, on va voir les précieux avan- tages qui en reluirent. Les chofes audi limples &: aufïî aifées à trouver que l'eft celle-ci , n'ont ordi- nairement , aux yeux des Physiciens , qu'un mérite bien léger \ mais leur uti- lité fuffit pour les rendre dignes d'être préfentées , & peut-être que i'exaditude & les foins que j'ai joints à mes recher- ches 5 leur feront trouver grâce devant ceux même qui ont le mauvais goilt de n'eftimer , d'une découverte , que la Partie expérimentale. 16 } pCMie & le lemps qu'elle a coûté. J'a- voue que je Turs iurprrs de me trouver le premier à annoncer celle-ci, fur-tout depuis ([ue j'ai lu ce que Vitruve Se Eve- lin rap|>ortenr à cet égard. Le premier nous dit, dans Ton architecture, qu'avant d'abattre les arbres , il faut les cerner par le pied , jufque dans le cœur du bois, & les laider ainfi fécher fur pied, après quoi, ils font bien meilleurs pour le fervice, auquel on peut même les em* ployer tout de fuite. Le fécond rapporte, dans fon Traité des forêts , que le Doc- teur Plot, alTure, dans fon Hiftoire Na- turelle , qu'autour de Haffon en Angle- terre , on écorce les gros arbres fur pied dans le temps de la sèv^e, qu'on les laiffe fécher jufqu'à l'hiver fuivant , qu'on les coupe alors -, qu'ils ne laiilent pas que de vivre fans écorce , que le bois en de- vient bien plus dur , & qu'on fe fert de l'aubier con-ime du cœur. Ces faits font aiïez précis , & font rapportés par des Auteurs d'un alTez grand crédit , pour avoir mérité l'attention des Phylîciens, ^ même des Architeéles -, mais il y a tout lieu de croire, qu'outre la néglt- 2^4 Hijloire Naturelle, gence qui a pu les empêcher jufqu'ici de s'afTurer de la vérité de ces faits , la crainte de contrevenir à l'Ordonnance des eaux & forêts , a pu retarder leur curioiité. Il eft défendu , fous peine de grofïes amendes, d'écorcer aucun arbre, & de le laifler fécher fur pied^ cette défenfe, qui d'ailleurs eft fondée, a dû faire un préjugé contraire , qui fans doute aura fait regarder ce que nous venons de rapporter comme des faits faux, ou du moins hafardés*, & je ferois encore moi-même dans l'ignorance à cet égard , fi les attentions de M. le comte de Maurepas , pour les Sciences > ne nVeufiTent procuré la liberté de faire mes expériences , fans avoir à craindre de les payer trop cher. Dans un bois taillis , nouvellement abattu , & oii j'avois fait réferver quel- ques beaux arbres , le 3 de mai 1735, j'ai fait écorcer fur pied quatre chênes d'environ trente à quarante pieds de hau- teur. Se de cinq à iix pieds de pour- tour, ces arbres étoient tous quatre très- vigoureux 5 bien en sève , & âgés d'en- viron foixantc-dix ans, j'ai fait enlever l'écorce Partie expenmcntale, zSf récorce depuis ïe fommet de ïa tige juf- qu'au pied de Tarbre avec une ferpe. Cette opération eft aifée, Técorce fç ré- parant très-facilement du corps de Tar- bre dans le temps de la sève. Ces chê- nes étoient *de refpèce commune dans îes forêts, qui porte le plus gros gland. Quand ils furent entièrement dépouillés de leur écorte, je fis abattre quatre au- tres chênes de la même efpèce , dans le même terrein , & auffi fembiables aux premiers que je pus les trouver. Mon deffein étoit d'en faire écorcer le. même jour encore fix , & en abattre fix autres , mais je ne pus achever cette opération que le lendemain : de ces iîx chênes écorcés, il s'en trouva deux qui étoient beaucoup moins en sève que les quatre autres. Je fis conduire fous un hangar les fix arbres abattus , pour les lailïër fécher dans leur écorce jufqu'au temps que j'en aurois befoin , pour les comparer avec ceux que j'avcis fait dé- pouiller. Comme je m'imaginois que cette opération leur avoir fait grand tort, & qu'elle devoir produire un grand chan-« gement, j'allai jplufiçurs jours de fuite ;j lomc FUI, M ^6é Hijloire Naturelle. vi/îrer très-curieufement mes arbres écor- cés, mais je n'aperçus aucune akéracion fenfîble pendant plus de deux mois. En- fin jîe lo de juillet, l'un de ces chênes, celui qui étoit le moins en sève dans le temps de Técorcement , laifïa voir les premiers Tymptomes de la maladie qui devoir bientôt, le détruire. Ses feuilles commencèrent à jaunir du côté du midi, êc bientôt jaunirent entièrement, fechè- rent & tombèrent , de forte qu'au 16 aoûr il ne lui en reftoit pas une. Je ie fis abattre , le 30 du même mois , j'étois préfent *, il étoit devenu il dur que la cognée avoit peine à entrer, &' qu'elle caflà 5 fans que la mal-adreflTe du bûche- ron me parût y avoir part ^ Faubier fembloit être plus dur que le cœur du bois , qui étoit encore humide & plein de sève. Celui de mes arbres qui , dans îe temps de récorcementj n'étoit pas plus en sève que le précédent , ne tarda guère à le fuivre j fes feuilles commencèrent à chan- ger de couleur au 1 3 de juillet, & il s'en défit entièrement avant le i o de feptem* bre. Comme je çraignois d'avoir fait aba^ Partie expérimentale. 16 j tre trop tôt ie premier , & que rhiimî- dite que j'avois remarquée au -dedans, indiquoit encore quelque refte de vie, je fis réferver celui-ci , pour voir s'il pouf-, feroit des feuilles au printemps fuivant. Mes quatre autres chênes réiiftèrent vigoureuîemenr , ils ne quittèrenr leurs feuilles que quelques jours avant le temps ordinaire ^ & même Tun des qua-» tre , dont la tête étoit légère & peu char-^ gée de branches , ne les quitta qu'au temps jufte de leur chute naturelle ^ mais Je remarquai que les feuilles, & même quelques rejetons de tous quatre , s'é- toient defféchées du coté du midi , plu- fleurs jours auparavant. Au printemps fuivant, tous ces arbres devancèrjent les autres, & n'attendirent pas le temps ordinaire du développement des feuilles pour en faire paroître-, ils fe couvrirent de verdure huit à dix jours avant la faifon. Je prévis tout ce que cet effort devoit leur coûter -, j'obfervai les feuiilesjleuraccroiirementfutaflezprompta mais bientôt arrêté faute de nourritureTuf^ fifante -, cependant elles vécurest, mais celui de mes arbres qui, l'année précédente^ M il i (S 8 ÏJiJIoire Naturelle. s'écoit dépouillé le premier, fentit auiïlîci premier tout l'effet de l'état d'inanition & de réchereiïe où il étoit réduit -, Tes feuilles {e fanèrent bientôt & tombèrent pendant les chaleurs de juillet 17 34. Je le fis abattre îe 30 août, c'eft- à-dire , une année après celui qui l'avoit précédé^ je jugeai qu'il étoit au moins auiïi dur que' l'autre , & beaucoup plus dur dans le cœur du bois qui étoit à peine encore un peu humide : }e le fis conduire fous un hangar , où l'autre étoit déjà avec les llx arbres dans leur écorce, auxquels je voulois les comparer. Trois des quatre arbres qui me reftoient, quittèrent leurs feuilles au commencement 'de feptembre *, mais le chêne à tête légère îes Gonferva plus long-temps, & il ne s'en défit entièrement qu'au 22 du même mois. Je le fis réferver pour l'année fuivanrej avec celui des trois autres qui me parut îe moins malade, & je fis abattre les deux plus foibles en o6lobre 1734. ^^ lailFai deux de ces arbres expofés à l'air 8c aux injures du temps , & je fis conduire l'autre ious le hangar ^ ils furent trouvés très-durs à la cogiîée , &: le cœur du bois étoit preAj guc fec. Partie expérimentale, 16$, Au printemps 1 7 3 5 , le plus vigoureux de mes deux arbres réfervés donna encore quelques lignes de vie, les boutons fe gon- flèrent, mars les feuilles ne purent fe dé- veiojjper. I/autre me parut tout -à- fait mort -, en eiiet , l'ayant fait abattre au mois de mai, je reconnus qu*ii n'avoir plus d'hu- mide radical, & je le trouvai d'une très- grande dureté, tant en dehors qu'en de- da'-js. Je fis abattre le dernier quelque temps après, & je les fis conduire tous deux au hangar, pour être mis avec les autres à un nouveau genre d'épreuve. Pour mieux comparer la force du bois des arbres écorcés avec celle du bois ordi- naire, j'eus foin de mettre enfemble cha- cun des iîx chênes que j'avois fait amener en grume , avec un chêne écorcé , de même grolïeur à peu-près ^ car j'avois déjà recon- nu , par expérience , que le bois , dans un arbre d'une certaine grolfeur, éroit plus pefant & plus fort que le bois d'un arbre plus petit, quoique de même âge. Je fis fcier tous mes arbres par pièces de qua- torze pieds de longueur -, j'en marquai les centres au-delTus & au-delTous -, je fis tra- cer aux deux bouts de chaque pièce uii M iij %jQ Hijîoire Naturelle. quarré de 6 pouces 1, & je fis fcier 8c eniever les quatre faces , de forte qu'il ne me refta de chacune de ces pièces qu'une folive de 14 pieds de longueur fur 6 pouces très-jufte d'équarriffage. Je les fis travailler à la varlope, & réduire avec beaucoup de précaution à cette mefure dans toute leur longueur, & j'en fis rom- pre quatre de chaque efpèce , afin de reconnoître leur force , & d'être bien afTuré de la grande différence que j'y trouvai d'abord. La folive tirée du corps de l'arbre , qui avoir péri le premier après l'écorcement, pefoit 242 livres i elle fe trouva la moins forte de toutes , & rompit fous 7940 livres. Celle de l'arbre en écorce, que je lui comparai, pefoit 234 livres*, elle rompit fous 7320 livres. La folive du fécond arbre écorcé , pe- foit 249 livres ♦, elle plia plus que la pre- mière, & rompit fous la charge de 836^ livres, Cellfe de l'arbre en écorce , que Je lui comparai , pefoit 236 livres -, elle rompit Ipus la charge de 73 S 5 livres. La folive de l'arbre écorcé 3c laiffé aux f Partie expeVimentale. lyi injures du temps, pu^foic 258 livres -, eiîe plia encore plus que la féconde, & ne rompît que fous 892e livres. Celle de l'arbre en écorce, que Je lui comparai, peroit2 35? livres, & rompic fous 7420 livres. Enfin la folive de mon arbre à thc lé- gère, que j'avors toujours jugé le meilleur, fe trouva en eftet pefer 265 livres, & porta, avant que de rompre , 9046 livres. . L'arbre que je \m comparai , pefoit 238 livres, & rompit fous 7500 livres. Les deux autres arbres écorcés fe trou- vèrent défedtueux dans leur milieu , où il fe trouva quelques nœuds , de forte que je ne voulus pas les faire rompre : mars les épreuves , ci-defTus , fuflifent pour faire voir que le bois écorcé & féché fur pied eft toujours plus pefant, & conudérable- ment plus fort que le bois gardé dans fon écorce. Ce que je vais rapporter ne laif- fera aucun doute fur ce fait. Du haut de la tige de mon arbre écorcé & lailTé aux injures de Tair , j'ai iait ti- rer une folive* de 6 pieds de longueur & de 5 pouces d'équarriilage *, il fe trouva qu à Tune des faces , il j avoir un petit M iv 1J^ Hijloire Naturelle. abreuvoir , mais qui ne pénétroit guère que d'un demi-pouce , & à la face oppo- féd 5 une tache large d\in pouce , d'un fcois plus brun que le refte. Comme ces défauts ne me parurent pas confidérables, je la fis pefer & charger , elle psfoit 7 5 livres *, on la chargea , en une heure cinq ininutes, de '8 5 00 livres, après quoi elle craqua afTez violemment *, je crus qu'elle allort caiTer quelque temps après avoir craqué, comme cela arrivoit toujours j mais 5 ayant eu la patience d'attendre trois heures , & voyant qu'elle ne baififoit ni ne plioit , je continuai à la faire charger, & au bout d'un autre heure, elle rom- pit enfin , après avoir craqué , pendant une demi-heure , fous la charge de 12745 livres. Je n'ai rapporté le détail de cette épreuve , que pour faire voiï: que cette folive auroit porté davantage j fans les petits défauts qu elle avoit à deiix de Tes faces. Une folive toute pareille ,. tirée d'un pied d'un des arbres en écorce , ne fç trouva pefer que 72 livres-, elle étoit très- faine & fans aucun défaut, on la chargea pa une heure trente-huit minutes ? après Partie expeflmentale. ij^ ■quoi elle craqua très-Iégérement , 8c cou- ' tinua de craquer de quarc-d'heure en quart -d'heure 5 pendant trois heures en-* tières , & rompit au bout de ce temps ^ fous la charge de 1^1885) livres. Cette expérience eft très-avantageufe an bois écorcé , car elle prouve que le bois du delTus de la ûge d'un arbre écorcé, même avec des défauts aiïèz con- fîdérables ^ s'eft trouvé plus pefant & plus fort que le bois lué du pied d\in autre arbre non écorcé , qui d'ailleurs n'avoit aucun défaut-, mais ce qui fuit eft encore plus favorable. ^ De l'aubier d'un de mes arbres écor- ces, yai fait tirer piuiieurs barreaux de 3 pieds de longueur , fur un pouce d'é- quarrilTage, entre ieiqueîs j'en ai choi(î cinq des plus parfaits pour les rompre -, le premier pefoit 13 onces ^ , & rompit fous 287 livres-, le fécond pefoit 2^ on-» ces ^5 êc rompit fous 25» i livres | -, le troiiième pefoit 23 onces ^5 & rompic fous 275 livres, le quatrième pefoit 2$. onces ^|, & rompit fous 291 livres, cc. îe cinquième pefoit 23 onces y^, 8c rom- pit fous zp i livres l. Le poids moyen eft ' ■ My 2 74 Hijloire Naturelle > Si peu -près 25 onces [1, &: la charge moyenne à peu -près 287 livres. Ayant ïkfr les mêmes épreuves fur plufîeurs bar- reaux d'aubier d'un des chênes en écorce? le poids moyen fe trouva de 2 3 onces ~ , & îa charge moyenne de 248 livres j & enfuite ayant fait auffi la même chofe fur plu/îeurs barreaux de cœur du même chêne en écorce, le poids moyen s'eft trouvé de 25 onces yl, & la charge moyenne de 256 livres. Ceci prouve que Taubier du bois écor- ce, eft non-feulement plus fort que Tau- bier ordinaire , mais même beaucoup plus que le cœur de chêne non écorcé 5 quoiqu'il foit moins pefant que ce der- nier. Pour en être plus fur encore, j'ai faic tirer de l'aubier d'un autre de mes arbres écorcés , plulieurs petites folives de 2 pieds de longueur, fur i pouce y d'équarriflage 3 entre lefquels je ne pus en trouver que trois d'à liez parfaites pour les foumettre à l'épreuve. La première rompit fous 1 25?^. iivres *, la féconde fous 1 2 1 5) livres \ la troîfième fous 1247 livres, c'ejfl: - à-dire ^ m pied moyen fous 1253 livres : mais de Partie expérimentale, ly^ plu (leurs folives femblabîes que je tirai de l'aubier d'un autre arbre en écorce , le pied moyen de la charge ne Te trouva que de 5^97 livres, ce qui fait une driîérence encore plus grande que dans l'expérience précédente. De l'aubier d'un autre arbre écorcé Bc féché fur pied, j'ai fait encore tirer plu- fleurs barreaux de i pieds de longueur, fur I pouce d'équarriflage, parmi lefquels j'en ai choiiî fix, qui, au pied moyen, ont rompu fous la charge de 501 livres ^ & il n'a fallu que 353 livres au pied moyen pour rompre plufieurs folives d'aubier d'un arbre en écorce qui portoic ia même longueur & le même équarrif- fage -, & même il n'a fallu que 579 livres au pied moyen , pour rompre plufieurs fo-. lives de cœur de chêne en écorce. Enfin de l'aubier d'un de* mes arbres écorcés, j'ai fait tirer plufieurs barreaux d'un pied de longueur, fur un pouce d'é- quarridéige, parmi lefquels j'en ai trouvé dix-fept alTez parfaits pour être mis à l'é-* preuve*, ils pefoient 7 onces || au pied moyen , & il a fallu pour les. rompre ia charge de 751 8 livres ; mais le poids moyei^ M y] 2 7^? Hijloire Naturelle. de plullciirs barreaux d'aubier , d*un d^ nies arbres en ccorce , n'étoir que de 6 onces -3-^, Se la charge moyenne qu'il a fallu pour les rompre de 619 livres-, & h charge moyenne pour rompre de lembla- fcles barreaux de cœur de chêne en écor- ce , par huit ditlérenres épreuves , s'efl: trouvée de 731 livres. L'aubier des ar- bres écorcés & léchés fur pied , eft donc confidérablemeni plus pelant que Taubier dts bois ordinaires , & beaucoup plus fort que le cœur même du meilleur bois^ Je ne dois pas oublier de dire que j'ai re- marqué en flùlanr toutes ces épreuves, que îa partie extérieure de l'aubier étoit celle qui rélilloit davantage', en forte qu'il fld-< loir conftamment une plus grande cliarge pour rompre un barreau d'aubier pris à la dernière circonférence de l'arbre écorcé, que pour rompre un pareil barreau pris au"dcdans. Cela efl: rout-à-fait contraire à ce qui arrive dans les arbres traités h l'ordinaire , dont le bois eil plus léger & plus foible à mefure qu'il eft le plus près de la circonférence. J'ai déterminé la pro- Eortion de .cette dijninution, en peinant à t balance hy drolatique des mprceaux di} Partie expérimentale. 277 centre des arbies , des morceaux de la circonférence du bois parfait, &: des mor- ceaux d'aubier V mais ce n'efl: pas ici le lieu d'en rapporter le détail, je me con- tenterai de dire que, dans les arbres écor- ces, la diminution de folidité du centre de l'arbre à la circonférence, n eft pas à beaucoup près auffi fenfiblc, & quelle ne l'eft même point du rout dans l'aubrcr. Les expériences , que nous venons de rapporter, font trop multipliées pour qu on puille douter du fait qu elles concourent à établir ; il eft donc trcs-certain que le bois des arbres écorcés & féchés fur pied eft plus dur, plus folide, plus pefcuit , & plus fort que le bois des arbres abattus dans leur écorce -, & de-là je penfe qu'on peut conclure qu'il eft auOi plus durable. Des expériences immédiates fur la durée du boisferoient encore plus concluantes', mais notre propre durée eft fi courre, qu'il ne feroitpas raifonnable de les tenter-, il en eft ici comme de l'âge des louches, & en général comme d'un très-grand nombre • de vérités importantes que la brièveté de notre vie fcmble nous dérober à jamais: y faudroicUiaer à la poftéritc des expé-. 278 Hijloire Naturelle. rlences commencées j il faudrofc îa mieux traiter que ion ne nous a traicé nous- mêmes j car ie peu de traditions phyfiques que nous ontlailfé nos ancêtres, devient inutile par le défaut d'exactitude, ou par le peu d'intelligence des Auteurs, & plus encore par les ^hïts hafardés ou faux qu ils n ont pas eu honte de nous tranfmettre. La caufe phyfique de cette augmenta- tion de folidité & de force dans le boisf écorcé fur pied, fe préfente d'elle-même, il fuffit de favoir que les arbres augmen- tent en grolTeur par d^s couches addi- tionnelles de nouveau bois qui fe forment à toutes les sèves entre Técorce & le bois ancien-, nos arbres écorcés ne forment point de ces nouvelles couches, &, quoi- qu'ils vivent après i'écorcement, ils ne peu- vent groffir. La fubftance deftinée à for- mer le nouveau bois fe trouve donc ar- rêtée & contrainte de fe fixer dans tous îes vuides de laubier & du cœur même de Tarbre , ce qui en augmente nécefTai- rement la folidité, & doit par conféquent augmenter la force du bois ^ car J'ai trouvé^ parplufieurs épreuves, que le bois le plus pef^nt eit auffi ie plus fort. Partie expérimentale, 279 Je ne crois pas que rexplicatiôn de cet effet ait befoin d'être plus décaillée j mais à caufe de quelques circonllances particulières qui reftent à faire entendre, je vais donner le réfulcac de quelques autres expériences qui ont rapport à cette matière. Le 18 décembre, j'ai fait enlever des ceintures d'écorce de trois pouces de lar- geur à trois piedsau-defTusdeterrcàplu- fieurs chênes de différens âges , en forte que Taubier paroiiïoit à nud Se entièrement découvert -, j'interceptois par ce moyen le cours de la sève qui devoir palîer par l'e-» corce & entre Técorce & le bois -, cepen- dant au printemps fuivant ces arbres pouf^ sèrent des feuilles comme les autres, & ils ieur refTembloient en tout ,^ je n> trouvai même rien de remarquable qu'au 21 de mai-, j'aperçus alors des petits bourrelets d^environ une ligne d^hauteur au-deffus de la ceinture, qui fortoie.it d'entre l'écorce & Taubier tout autour de ces arbres ^au-def- fous de cette ceinture , il ne paroiUoit 6c il ne parut jamais rien. Pendant Tété, cesbour» relets augmentèrent d'un pouce en dcfcenj^ 4ant de en s'appliquant fur l'aubier > les z s o Hijîoire Naturelle, jeunes arbres formèrent des bourrelets plus étendus que ies vieux. Se tous coniervèrent ieurs feuilles, qui ne tombèrent que dans îe temps ordinaire de leur chute. Au prin- temps fuivant , elles reparurent un peu avant 'celles des autres arbres, je crus re- marquer que ies bourrelets fe gonflèrent un peu, mais ils ne s'étendirent plus *, ies feuilles réîiftèrent aux ardeurs de Tété) &: ne tombèrent que quelques jours avant îes autres. Au troiiîème printemps, mes arbres fe parèrent encore de verdure & devancèrent ies autres \ mais les plus jeunes, ou plutôt ies plus petits , ne la con- fervèrent pas Long-temps, îes fécherelTes de juillet les dépouillèrent -, les plus gros arbres ne perdirent leurs feuilles qu'en automne , oc j'en ai eu deux qui en avoient encore après le quatrièiue printemps*, mais tous ont péri à la troiiième ou dans cette quatrième année depuis l'enlèvement de îeur écorce. J'ai eiïayé ia force du bois de ces arbres , elle m'a paru plus grande que celle des bois abattus à l'ordinaire 5 mais ia difiérence qui, dans les bois en- tièrement écorcés eft de plus d'un quart , p efl pas à beaucoup près auffi conlidérçî- Fartie expérimentale. 28 i fcle ici, & même n eft pas allez fenfible pour que je rapporte les épreuves que jsi faites à ce fuJet.Et en effet ces arbres na- voient pas iaiffé que de groffir au-deffus delà ceinture i ces bourrelets n écoient , qu une expanfion du /i3er qui s'étoit forme entre le bois & Técorce-, ainfi, la sève qui, dans les arbres entièrement écorces, fetrouvoit contrainte de fixer danslespores du bois & d'en augmenter la folidite, fuivit icî fa route ordinaire , & ne depola qu une petite partie de fa lubftance dans rintérieurdeTarbre-, le refte fut employé à la formation de ce bois imparfait, dont les bourrelets faifoient l'appendice & la nourriture de i'écorce, qui vécue aufTi îong-temps que l'arbre même-, au-deflous de la ceinture, Técorce vécut aulli, mais xi ne fe forma ni bourrelets ni nouveau bois, l'adion des feuilles & des parties Supérieures de l'arbre pomport trop puil- famment la sève pour qu'elle pût fe por- ter vers l'écorce de la partie inférieure: & j'imagine que cette écorce du pied de l'arbre a plutôt tiré Ta nourriture de l'hu- inidité de l'air que de celle de la sève 282 Hijloire Naturelle. que les vaifTeaux latéraux de Taubier pou-^ voient îui fournir. J'ai fait les mêmes épreuves fur plu- fieurs efpècés d'arbres fruitiers-, c'eft un moyen fur de hâter leur produdron j ils fleuriflent quelquefois trois femaines avant les autres, & donnent des fruits hâtifs & alTez bons la première année. J'ai même eu des fruits fur un poirier dont j'avois enlevé , non-feulement Técorce , mais même tout l'aubier , & ces fruits prématurés ëtoient aufli bons que les autres. J'ai aufîî fait écorcer du haut en bas de gros pom- miers & des pruniers vigoureux , cette opération a fait mourir, dès la première année, les plus petits de ces arbres, mais les gros ont quelquefois réfifté pendant deux ou trois ans \ ils fe couvroient avant la faifon d'une prodigieufe quantité de fleurs, mais le fruit, qui leur fuccédoit,. ne venoit jamais en maturité, jamais même aune groffeurconfidérable. J'ai aufîi effayé de rétablir i'écorce des arbres qui ne leur ell que trop fouvent enlevée par diftérens accidens, & je n'ai pas travaillé (ans fuccès , mais cette matière ell toute Partie expeHmentale. 283 différente de celle que nous traitons ici, & demande un détail particulier. Je me fuis fervi des idées que ces expériences m ont fait naître , pour mettre à fruit des arbres gourmans & qui poulToient trop vigoureufement en bois. J'ai fait le pre- mier efTai fur un coignaflTiet , le 3 avril, j'ai enlevé en fpirale Ticorce de deux branches de cet arbre -, ces deux feules branches donnèrent des fruits, le refte de Tarbre pou(Ta trop vigoureufement & demeura ftérile : au lieu d'enlever Té- corce, j'ai quelquefois ferré la branche ou le tronc de Tarbre avec une petite corde ou de la filalfe -, Teffet étoit le même , & j'avois le plaifir de recueillir des fruits fur ces arbres ftériles depuis long-temps. L'arbre en groffilTant ne rompt pas le lien qui le ferre, il fe forme feulement deux bourrelets, le plus gros au-delTus &, le moindre au-dclfous de la petite corde, & fouvenr , dès la première ou la féconde année, elle fe trouve recouverre& incor- porée à h fubilance même de l'arbre. De quelque façon qu'on intercepte donc la sève, on eft fur de hâter les pro- ductions des arbres, fur-tout i'épanouif- 284 Hijloire Naturelle. fement des fleurs & la produdlion des fruits. Je ne donnerai pas Texplication de ce fait, on la trouvera dans la Statique des Végétaux : cette interception de la sève durcit auiïi le bois , de quelque fa- çon qu'on la falTe -, & plus elle eft grande , plus le bois devient dur. Dans les arbres entièrement écorcés, Taubier ne devient il dur que parce qu'étant plus poreux que le bois parfait, il tire la sève avec plus de force & en plus grande quantité*, faubier extérieur la pompe plus puiilam- ment que l'aubier intérieur; tout le corps de l'arbre tire jufqu'à ce que les tuyaux capillaires fe trouvent remplis & obftrués ; il faut une plus grande quantité de par- ties fixes de la sève pour remplir la capa- cité des larges pores de l'aubier, que pour achever d'occuper les petits interflices du ^ bois parfait, mais tout fe remplit à peu- près également i & c'eft ce qui fait que dans ces arbres la diminution de la pe- fauteur & de la force du bois, depuis le centre à la circonférence, ePc bien moins confidérable que dans les arbres revêtus de leur écorce s & ceci prouve en même temps que Taubiçr de ces arbres écorcés 3 Farde expérimentale. 28^ ne 5oir plus être regardé comme un bois imparfait, puifqu il a acquis en une année ou deux, p-ir Técorcement, la iolidité & la force qu'autrement ii n'auroit acquife qu'en douze ou quinze ans j car ii faut à peu-près ce temps dans les meilleurs ter- reins, pour transformer Taubier en bois parfait : on ne fera donc pas contraint de retrancher Taubier, comme on Ta tou- jours fait^ufqu'ici, & de le rejeter : on emploiera les arbres dans route leur grof- feur, ce qui fait une ditlérence prodi- gieufe, puifque Ton aura fouvent quatre foiives dans un pied d'arbre , duquel on n'auroitpu en tirer que deux: un arbre de quarante ans pourra fervir à tous les ufages auxquels on emploie un arbre de foixante ans ^ en un mot, cette pratique aifée donne le double avantage d'au gm en» ter non -feulement la force & la folidité» mais encore le volume du bois. Mais , dira-t-on , pourquoii'Ordonnance a-t-elle défendu l'écorcement avec tant de fé vérité ? n'y auroit-il pas quelqu'inconvé- nient à le permettre, Se cette opération ne fait -elle pas périr les fouches? ï{ c^ vrai qu'elle leur fait tort ) mais ce tort cft 2% 6 HlJIoire Naturelle, bien moindre qu'on ne Timagine , Se d*aiï- îeurs il n'eft que pour les jeunes Touches, Se n'eft fenfible que dans les taillis. Les vues de l'Ordonnance font juftes à cet égard , & fa révérité eft fage ^ les mar- chands de bois font écorcer les jeunes- chênes dans les taillis , pour vendre Yé- corce qui s'emploie à tanner les cuirs j c'eft-là le feul motif de l'écorcemenr. Com- me il eft plus aifé d'enlever Téc^rce lorf- que l'arbre eft fur pied qu'après qu'il eft abattu , 8c que de cette façon un plus petit nombre d'ouvriers peut faire la mê- me quantité d'écorce,rufage d'écorcerfur pied fe feroit rétabli fouvent fans la ri- gueur des loix : or , pour un très-léger avantage , pour une façsoi un peu moins chère d'enlever l'écorce , on faifoit un tort confidérabie aux fouches. Dans un canton que j'ai fait écorcer Se fécher fur pied , j'en ai compté plufieurs qui ne re- pouiToient plus , quantité d'autres qui pouftoient plus foibiement que les fou- ches ordinaires , leur langueur a même été durable-, car 5 après trois ou quatre ans, j'ai vu leurs rejetons ne pas égaler la moitié de ia hauteur des rejetons ordinaires de Partie expérimentale. iSj «iiême âge. La défenfe d'écorcer fur pied eft donc fondée en railon , il conviendrorc ieu- iement de faire quelques exceptions à cette règle- trop générale. 11. en ai tout autre- ment des. futaies que des taillis, il hu- droit permettre d'écorcer les baliveaux 8c tous les arbres de fervice -, car on fait que les futaies abattues ne repoulTent prefque rien : que plus un arbre efl: vieux, lorf- qu'on Tabat, moins fa fouche épuifée peut produire ^ainli, foit qu'on écorce ou non, les louches des arbres de fervice produi- ront peu lorfqu'on aura attendu le temps de la vieillelTe de ces arbres pour les abattre. A Tégard des arbres de moyen 2ge, qui laiiïent ordinairement à leur fou- che la force de reproduire , Técorcement ne la détruit pas ; car , ayant obfervé les Touches de mes fix arbres écorcés 8c fé- chés fur pied , j'ai eu le plaiiir d'en voir quatre couverts d'un aiTez grand nombre de. rejetons 5 les deux autres n'oiu poufïé que très-foibiement , 8c ces deux fouches font précifément celles des deux arbres qui , dans le temps de l'écorcement , étoient moins en sève que les autres. Trois ans après Técorceiiient , cous ce$ 2 8 8 Hijtoire Naturelle. rejetons avoient trois à quatre pieds dé hauteur ^ & je ne doute pas qu'ils ne fe fudent élevés bien plus haut li le taillis qui les environne 8c qui les a devancés , ne les privoit pas des influences de Tair libre iî nécelTaire à Taccroiflement de tou- tes les plantes. Ainfij récorcemenr ne fait pas autant de mal aux Touches qu'on pourroitle croire, cette crainte ne doit donc pas empêcher rétablilTement de cet ufage facile & très- avantageux*, mais il faut le reftreindre aux arbres deftinés pour le fervice , Se il faut choilir le temps de la plus grande sève pour faire cette opération -, car alors les canaux font plus ouverts , la force de fuc- cion efl: plus grande , les liqueurs coulent plus aifément , palTent plus librement ôc par conféquent les tuyaux capillaires con* fervent plus long -temps leur puilTance d'attradtion , & tous les canaux ne Ce fer- ment que long-temps après TécorcemeHr *, au lieu que, dans les arbres écorcés avant îa sève , le chemin des liqueurs ne fe trouve pas frayé , & la route la plus com- mode fe trouvant rompue avant que d avoir fervi> la sève ne peut fe faire paiïage Partie expérimentale, 189 palTage aulîi faeîlement , la plus grande partie des canaux ne s'ouvre pas pour la recevoir , Ton aâion pour y pénétrer ed impuiiîànte, & ces tuyaux fcvrés de nour- riture font obftrués faute de tenfîon : les autres ne s'ouvrent Jamais autant qu'ils i'auroient fait- dans Tétat naturel de i'ar- bre , & à l'arrivée de la sève, ils ne pré- fentent que de petits orifices , qui , à la vérité , doivent pomper avec beaucoup de force , mais qui doivent toujours être plutôt remplis & obflirués que les tuyaux ouverts & diftendus des arbres que la sève a humectés & préparés avant l'écor- cement -, c'eft ce qui a fût que dans nos expériences , les deux arbres qui n'étoient pas auffi en sève que les autres ont pérî les premiers , & que leurs fouches n'ont pas eu la force de reproduire \ il faut donc attendre le temps de la plus grande sève pour écorcer j on gagnera encore à cette attention une facilité très-grande de faire cette opération , qui, dans un autre temps, ne lailTeroit pas d'être aiTez longue, & qui 5 dans cette faifon de la sève , devient un très -petit ouvrage, puifqu'un feul homme monté au-dçiTus d'un grand arbre^ Tçme FUI. N 2 9 Q Hijlpire Naturelle. peut i-^^jQTçeiÇidu baut^.^ii'^ en moins de deux bfu/es. Je n'ai pas» eu occafion .de faire les mêmes épreuves fur d'autres bois que le chêne,, mais je ne doute pas que l'écorçe- ment & le defléchement fur pied, ne rende tous les bois, de quelque erpèce qu'ils foient, plus compares & plus ferr-; mes : de forte que je penfe qu'on ne peut trop étendre & trop recommander cette pratique. ARTICLE II. EXPÉRI ENCES fur le deffé- chement du bois a l'air ^ ù fur - fort imbibinon dans Veau. Expérience première, Vour rcconnoLtre le temps & la gradation du dejféchement, L E 2 1 mai 17335 j'ai fait abattre un chêne âgé d'environ quatre-vingt-dix ans, je l'ai fait fcier & équarrir tout de fuite , & j'en ai fait tirer un bloc en forme de paralléiipipède de 14. pouces a lignes | de Partie expérimentale, 291 hauteur , de 8 pouces 2 lignes crépaif- feur , &: 9 pouces 5 lignes de largeur. Je lîi'étois trouvé réduit à ces mefures, parce que je ne voulois me lervir que du bois parfait qu*on appelle le' cœur ^ Se que j'a- vois fait enlever exadement tout Taubier ou boi6 blanc. Ce morceau de cœur de chêne pefoit d'abord 45 livres 10 onces, ce qui revient à très-peu près à 72 livres 5 onces le pied cube. Table du dejféchement de ce mor- ceau de bois. Nota. Il étoit fous un hangar à Pabri du Soleil. NNH£S , Mois Poids ê: Jours. cîuBois. In-, onc. 733. Mai.. 23. 4). 10 M- 4^ I 1)- 44. 10 26. 44. î^ 2.7. 44. i 2S. 43.ïif 43. 7ï 19. 30. 43. 4 Juin . 2 42.11 • 6. 41. I 10. 41. 6 14. 40.14 18. 40. 7 26. 39.1/ Juil.. 4. 39. 8 16. 38.12 26. 38. 6 Août. 26. 37. 3 Années, Mois & Jours. 173 3. Sept. 26 Oft. Nov 26, temps fec. 3, fcc 17 , pluie Dec. i.cr pluie... If , gelée 29, humide. . 1754. Janv. 12 , variable. . 26, gelée révr . 9 , piu'e 23^ vent Mars. 9^ temps doux. 23 , pluie, . . . Avril. 26. Mai. .26 Juin.. 26 Juii. .26,.. ArO.t. 26 Po I D SI du Bois. 1 liv. onc. 36. I 3f. J 3r 4i 3 ^ 4 3f. 4 3f. 3i 3J. 3t 3f. 3i 3 h it 3J. 3)- 34- ^n 34- ^H 34. 10 34- 7 33. '4 Ih 65 33. Nij 29 2 Hijloire Naturelle, ANNEES, Mois PoiDsgAN NÉES, Mois Poids & Jours. du Bois. 1 Si J 0 u R s. du Bois. liv, anc. I li-v, onc. 1734. Septemb.26. 32. II l73y-"Novemb.26. 3i. 3 Oa:obre .26. 32. 7 Decemb.26. n. y| Npyeinb. 26. 32.11 1736. Février. .26. 32. I Décemb. 26. 32. I2| Mai^ 27. 3i. 173 y. Tcinvier.;26. 32.12 Août 26, 31. 13 Février.. 26. 32. I2| 1737. Février.. 26. 31. loi Mars 25. 32.13 1738- Février. .27. 31. 7 Avril.... 26. 32. 8 1739- Février. .26. 31. y^ Mai 26. y- 7 1740. Février. .2) , 31- 3 Juin. . . .26. 32. 6 1741- Février. .26. 31. ij Juillet... 26. 32. 4 1742. Février. .26, 31. I Août... .26. 32.. i 1743- Février.. 26. 31. I Septemb.26. 32. i 1744. Février. .26. 31. li Oftobre .z6 32. I Cette Table contient , comme Ton voit, îa quantité & ia proportion du defféche- ment pendant dix années confécucives. Dès la feptième année, le defTéchement étoit entier -, ce morceau de bois , qui pe- foit d'abord 45 livres 10 onces, a perdu en Te defîéchant 14. livres 8 onces, c'eft- à-dire, près d'un tiers de fon poids. On peut remarquer qu'il a fallu (ept ans pour fon deiréchement entier; mars qu'en onze jours il a été fec au quart, & qu'en deux mois il a été à moitié fec, puifqu'au 1 juin il avoit déjà perdu 5 livres 9 onces, 8c qu'au 16 juillet 173 3 , il avoit déjà perdu Partie experimentah, ^93 7 livres 4 onces , & qu'enfin il étoit aux trois quarts (qc au bout de dix mois. On doit obferver auiïî que, dès que ce mor- ceau a été (qc aux deux tiers ou environ, il repompoit autant & même plus d'hu- midité qu'il n'en exhaloit. Expérience II. .Pour comparer le temps & la gra^ datioti du dejfichement. Le 12 mai 1734 5 ]^^ fait fcier dans le tronc du même arbre, qui m'avoit fervi à l'expérience précédente, un bloc donc j'ai fait tirer un morceau tout pareil au pre- mier , & qu'on a réduit exadVement aux mêmes dimeniions. Ce tronc d'arbre étoit depuis un an, c'eft-à-dire, depuis le 22 mai 1733 ) expofé aux injures de l'air ; on l'avoir lailTé dans Ton écorce , & pour l'empêcher de pourrir , on avoir eu foin de retourner le tronc de temps en temps. Ce fécond morceau de bois a été pris tout auprès 6c au-deiïous du premier. N iij 2 94 Hijioire Naturelle, Table du dejjéchement de ce morceau. A N N à E s ,• M O 1 s & Jours, Poids ciu Bois. li-v. onc. 41. 10^ 41- 3 'i- 40. I y i 40. I3i 40.11 40. 7 40- I? 39- loi 39- y? 39- li 38. 12 37-iyl 37. 7, 37. 3* 36. 6i 3y. 10 3f- i^ 3 y- 3ï 3Î. 4l Années , Mois & Jours. 1734. Mai.. 23, à 8^ du m. 24, à s'"" du m. 24, à 8'^ du f. . 2 y, à S'^dum. Z6, idem 27 I73y.janv..26. Févr. . 26. Mars.. 26. Avril. 26. Mai.. 25. luin..26. juil. .25. Août. 25. Sept.. 25. 28 29 30 ■. . Juin. 2 ,.. . oa...25. 6 N0V..26. 10 Dec. .25. 14 l73^.Févr..25. 18..... Mai. .25. 2(5 Août, 25. Tuil , 4 1737. Févr. .25. j6 1738. idem.zô. 2(5 Août.26, Sept .26 1739. idem..z6. 1740. idem. . z6. 1741. idem. ,25. I742.'r^«m..25. 1743. idem..z6. 1744. î'^^'"' -^-ô. oa..26 Nov..2(î Dec. 25 32. En comparant cette Table avec la pre- mière 5 on voit qu en une année entière îe bois en grume ne s'eft pas plus de([é' ché que le bois travaillé s'efi: deffeché en onze jours *, on voit de plus qu il a fallu huit ans pour Tentier delféchement de ce morceau de bois qui avoit été confervé Farde expérimentale. 295 en grume & dans ion écorce pendant un an : au iieu que ie bois travaillé d'abord s'eil trouvé entièrement fee au bout de fept ans. Je fuppofe que ce morceau de bois peioit autant & peut-être un peu plus •que le premier, & cela lorrq'-ui étoie en grume &querarbre venoit d'être abattu, le .2 3 mai 1733, c'eft- à-dire , qu'il pefoit alors 45 livres 10 ou 12 onces: cette fup- pofition eft fondée , parce qu'on a coupé & travaillé ce morceau de bois de là même façon & exà6lement fur les m.êmes dimensions, & qu'au bout de dix années, &• après Ton deiîéchemenr entier , il s'eft trouvé ne diuérer du premier que de 3 onces , ce qui efc une bien petite diffé- rence , & que j'attribue à la folidrté ou denfité du premier morceau, parce que le fécond avoir été pris imiiiédiatement ^u-deifous du premier , du côté du pied de l'arbre : or on fait que plus on ap- proche du pied de l'arbre , plus le bois a de denfité. A l'égard du dciléchement de ce nîorceau de bo's , depuis qu'il a été travaillé , on voit qu'il a fallu fept ans pour le delTécher entièrement comme ïe premier morceau -, qu'il a fallu vingt jours N iv 2 9<^ Hijloire Naturelle, pour deffécher au quart ce fécond mor- ceau, deux mois & demienviron pourie delTécher à moitié , & treize mois pour îe deiîécher aux trois quarts. Enfin on voit qu'il s'eil: réduit comme le premier morceau aux deux tiers environ de fa pe- fauteur. 11 faut remarquer que cet arbre étoft en sève lorfqu'on le coupa le 23 mai 17 3 3 , Se quQ par conséquent la quantité de la sève ie trouve, par cette expérience, être un tiers de la pefanteur du bois , & qu'ainii il n'y a dans le bois que deux tiers de parties folidcs & ligneufes, & un tiers^ de parties liquides & peut-être moins , comme on le verra par la fuite de ces expériences. Ce defléchement ôc cette perte confidérable de pefanteur n'a rien changé au volume -, les deux mor- ceaux de bois ont -encore les mêmes di- mer.iions , & je n'y ai remarqué ni rac- courciiîement ni rétréciffement : ainfi , la sève efl: logée dans les interftrces des par- ties ligneufes , & ces interflices reftent vuides & les mêmes après î'évaporation des parties humides qu'ils contiennent. Ou n a point obfervé que ce bois , Parde expérimentale. 297 quoique coupé en pleine, sève, ait été pi- qué de vers , il eft trcs-iaîn, & les deux morceaux ne font gercés ni l'un ni l'autre. Expérience II L Pour reconnaître fi le dejféckement fe fait proportionnellement aux furfaces. Le 8 avril 1733 , j'ai fait enlever pat un Menuilier un petit morceau de bois blanc ou aubier d'un chêne qui venoic d'être abattu , &: tandis qu'on le façonnoic ~ en forme de parallélipipèd^ , un autre Me- nuifier en façonnoit un autre morceau en forme de petites planches d'égale épaif- feur \ fept de ces petites planches fe trou- vèrent pefer autant que le premier mor- ceau , & la Tuperficie de ce morceau étoit à celles des planches comme i o eft à $4 à très-peu près. Nv 298 Hijioire Naturelle. Ta BLE' de la proportion du dejféchement. Nota. Les pefanteurs ont été piifes par le moyen d'une balance qui penchoit à un quart de grain. r^'^'"""""'™"""*' PUI'JS P0IUS3 des Iept| Mois POIDS "pôTd; 1 Mois du leul dufeul des fep |ii J 0 u R' s. mor- cean. moi- 1 & Jours. ceaux. 1 mor- ceau. mor- ceaux. i 1734. Avril. grains. grains. 17H' grains.^ grai^is. 1 8 à 2'i du f. ZI89 1189 Avril. 26; fec. iJ3ii I479 I4f8 1 Sàio'iduf. ZI30 I98I 27, fec. l)l8| 1 9àlo'''du!-n. ZO70 i8ji 28, fec. ifc9 I4495 1 lOmêmeheu- Z9, veiit. iyo4 14475 1 '^^' 1973 1712 30, pluie. i[o4 I46I 1 1 1 ■ . , , IU7 lôzS Mai..i.erhum. iyo7 I468 1 -[^2 iSzj iy89 J , pluie. 9 , beau. I)-I2 1478 147 r 1 13 , temps 1 ferein. 1778 1 iî(5y 13 , hum. lyii 147^ 1 I4,fec.... 1741 iH-ol 21, beau. i)C4t I46f i I), fec 1708 U2fi 29 , vent 1 16, fec... 1684^ ni8 5c pluie. If 03 1466 1 17, fec. . . . 16^6Ï iyoy| Juin , 6 , pluie. in7 1489 \ ï8, fec... I6I0 ipz Juil. . 6, beau. iyo7 1479 1 19, couv... l6o8i H97i Août. 6 , fec. . If 00 1468 ^. zo, hum.. . If 90 1493 10, fec. . 1489 1461 1 il iJ7^ i486 12, fec . 1479 14 fo 1 zz, var i)(54 14S1 14 , fec . . 1470 1448 23, ciiaud . in^ 148 J I) , fec . 1461 1460 i Z J I )-p i l^'^C 16, pluie. Ï464 1468 1 -,j;„„^gf--'- U43 I1482 1 17 , beau. T463 i4fo Avant que d'examiner ce qui réfulte de cette expérience , il faut obferver qu'il falioit 491 des grains dont je me fuis fervr pour faire une once , & que ie pied cube de ce bois 3 qui étoit de l'aubier , Partie expérimentale. 299 peroit à très -peu près 66 livres \ que le morceau dont je me fui^ fervi , contcncit à peu -près 7 pouces cubiques , &: chaque petit morceau un pouce , & que les fur- faces étoient comme 10 eft à 34. Encon^ fultant la Table, on voit que le deiïeche- ment dans les huit premières heures efî:, pour le morceau feul, de 59 grains -, &: pour les fept morceaux , de 208 grains *, ainfî 5 la proportion du deiTéchement e(t plus grande que celle des furfaces, car le morceau perdant 59 , les fept morceaux n'auroient dû perdre que 100 |. Enfuira on voit que, depuis dix heures du foir jufqu à fept heures du matin , le mor- ceau feui a perdu 60 grains , & que les fept morceaux en ont perdu 150*, & que par conféquent le deiTéchement qui d'a- bord étoit trop grand, proportionnelle- ment aux ^furfaces , eft maintenant trop petit -, parce qu'il auroit fallu pour que la proportion fût jufte , que le morceau feul perdant 60 , les fept morceaux eiifTent perdu 2.04 5 au lieu qu'ils n ont perdu que I 30. En comparant le terme fuivant , c'efl- à-dire , le quatrième de la Table , on voit N vj 3 00 Hijloire Naturelle. que cette proportion diminue très «confî- dérabiement , en forte que les fept mor- ceaux ne perdent que très-peu en corn- paraifon de leur furface -, & dès le ciii- quième terme , il fe trouve que le mor- ceau feul perd plus que les fept nîor- ceaux 5 puïfque fon deiiéchement eO: de 5? 3 grains , & que celui des fept mor- ceaux neft que de 84 grains. Ainfi, le delTéchement fe fait ici d'abord dans une proportion un peu plus grande que celle des furfqces, enfuite dans une proportion, plus petite, & enfin il devient plus grand, où la furface efl: la plus petite. On voit qu'ihfafallu que cinq jours pourdefïécher îes fept morceaux au point que le mor- ceau feul perdoit plus enfuite que îes fept morceaux. On voit auiïi qu'il n'a fallu que vingt- un jours aux fept morceaux pour fe deAé- cher entièrement 5 puifqu'au iç) avril ils ne pefoient plus que 1447 grains { > ce qui eO; le plus grand degré de légèreté qu'ils aient acquis , & qu'en moins de vingt-quatre heures , ils étoient à moitié fecs 5 au lieu que le morceau feul ne s'eft entièrement defléché qu'en quatre mois êc fept jours ; puffque c'efl au i 5 d'aoïlt Partie expérimentale. 30 ï que fe trouve fa plus grande légèreté $ {on poids n'étant alors que de 1 46 1 grains^ Se qu'en trois fois vingt-quatre heures il écoit à moitié fec. On voit aufîi que les fept morceaux ont perdu , par le dcffé- chement , plus du tiers de leur pefan- teur, & le morceau feul à très-peu près le tiers. Expérience IV. Sur le mêmefujet que la précédente. Le 9 avril 1734, )'ai fait prendre dans le tronc d'un chêne qui avoir été coupé & abattu trois jours auparavant, un mor- ceau de bois en forme de cylindre , dont j'avois déterminé la grofl'eur en mettant ia pointe du compas dans le centre des couches annuelles, afin d'avoir la partie la plus folide de cet arbre qui avoit plus de foixante ans. J'ai £^.it (cier en deux ce cylindre pour avoir deux cylindres égaux, & j'ai fait fcier de la même façon en trois l'un de ces cylindres. La fuper» ficie des trois morceaux cylindriques étoic à la fupetficie du cylindre , dont ils n'a- voient que le tiers de ia hauteur comme 43^ ed: à 27 5 & le poids éroit égal > en forte que le cylindre feul peioic^ 3 02 Hijloire Naturelle, aufîi-bien que les trois cylindres, 28 onces ~l 5 & ils auroient pefé environ une livre 14 onces fi on les eût travaillés le jour même querarbre avoir été abattu. TABLE du de£échement de cei morceaux de bois. Poids Poids a Poids Poids Mois duleul des 3 j Mois dufeul des 3 & J 0 u R s. mor- '"O''- i& Jours. mor- mor- ceau. ceauxi ceau. ceaux 1734. vnces. onces. 1734. onces. onces. Avril. 9 à 6^^ du m. ^sf^ ^877 Avl-il. 3 0 . ^Stt ^•■H 1 0 à ô'"" du m. ^«f: 2 8f, Mai..i.^' ^3fT ^ifl 1 1 même heure. ^8f, 2 7Ti 2 . ^3-^ ^'fl 12 ^7\i 27f. 3. J. 9- '^V î 1 13 -7t| -^^J ^'7^ II-LI 14 i^f. ^^^ 2 2il 11-1- J y ^<^7r 13- 17. 2 2-H- 2 iJL 16 ^^7T -H 2 0|i 17 ^«H Mi^ 21. ^^fl ^^tf 18 16. ^4-n- 2J. 2li^ 2 0-i^ ? î 19 MtT Mti| 29. ^j^H io{i 20 ! ::v -477i.Tnîn i . ;a ^ofi 21 2^^| ^• "ï^ j 22 mH ^^TÏ 14, ^■îi "T^ 23 247! 24Tf ^3ri 2(J. 7 "f4 24 ^3i^ Jnil,.2<î, ^.fî "TT 1 4 2 4ri 2 2iii Août. z6. zo-H "* 16 , , 7 ^^r Sept.. 2 d. "if ^°A 27 24. 22.L± Oa. .Z6. 20^7 "r 28 iz~ Nov.. 16. -'^ loiî 29 , . .. ^5rr zz^ Dec. 25. ^irr -t^l Partie expérimentale, 303 On voit par cette expérience, compa* rée avec la précédente , que le bois du centre ou cœur de chêne ne fe defsèche pas tout- à -fait autant que Taubier, en ruppofant même que les morceaux euiTenc pefé 3 G onces, au lieu de 28 f^ , &cela à caufe du delléchement qui s'eft fait pen- dant •trois jours , depuis ie 6, avril qu'on a abattu l'arbre dont ces morceaux ont été tirés, jufqu'au 5? du même mois, jour auquel ils ont été tirés du centre de l'ar- bre & travaillés. Mais , en partant de 28 onces fl , ce qui étoit leur poids réel , on voit que la proportion du defTéche- ment efl d'abord beaucoup plus grande que celle des furfaces , car le morceau feul ne perd le premier jour que -^ d'once, & les trois morceaux perdent — ' ^^ lieu qu'ils n'auroient dû perdre que Y^ + 1X^6. En prenant ie deiîéchement du fécond jour , on voit que le morcesu feul a perdu -^ *, Se les trois morceaux ^ , & que par conféquent Ti eO: à très -peu près dans la même proportion avec les furfaces qu'il écoit le jour précédent? & la différence eft en diminution j mais, dès le u:oilième jour 3 le defféchemenc eil en 504 Hijloire Naturelle, moindre proportion que celle des furfa- ces , car les furfaces étant 27 & 43 , les deiîéchemens feroient comme 5 & 7 v| s'ils éroient en même proportion -, au lieu que les delTéchemens font comme 5 & 7 ou rg & 1^. Ainri,dès le troilième jour, le deiïechement qui d'abord s'étoit fait dans une plus grande proportion quccelie des furfaces , devient plus petit , & au douzième jour le defféchement des trois morceaux efi; égal à celui du morceau feul \ 8c enfuite les trois morceaux conti- nuent à perdre moins que le morceau feul -, ainii , le defléchement fe fait comme dans l'expérience précédente , d'abord dans une plus grande raifon que celiedes furfaces , enfuite clans une moindie pro- portion -, & enfin il devient ahfolument moindre pour la iurface plus grande; l'ex- périence iuivante confirmera encore cette efpcce de règle lur le deiîéchement du bois. Expérience V. J'ai pris dans le même arbre, qui m'a- yoit fervi à l'expérience précédente, deux Partie expérimentale. 305 morceaux cylindriques de cœur de chêne, tous deux de 4 pouces 2 lignes de dia- mètre ^ & d\ui pouce 4 lignes d'épaifïeur: j'ai divifé Tun de ces morceaux en huit parties par huit rayons tirés du centre , & j'ai fait fendre ce morceau en huit , félon la diredion de ces rayons j fuivant ces mefures, la fuperficie des huit mor- ceaux eft à trcs-peu près double de celle d'un feul morceau, & ce morceau feul , auiïi-bien que les huit morceaux , pe- foient chacun 1 1 onces fi , ce qui revient à très-peu près à 70 livres le pied cube: voici la table de leur defféchement. On doit obferver , comme dans l'expérience précédente , qu'il y avoir trois jours que l'arbre dont j'ai tiré ces morceaux de bois étoit abattu , Se que par conféquent la quantité totale du d.elïéchement doit être augmentée de quelque choie. $o6 Hifioire Naturelle. TAB LE du dejfe'chement d'im mtrceau de Lois , & de huit mor- ceaux, dcJqHels la Juperjiçie était douUe de celle du preraier morceau , le poids elant te, même. Mois & J o u R s. Poiàs dufeul mor- ceau. onces. "H Poids des 8 mor- ceaux onces. Mois & Jours. Poids dufeul mor- ceau. onces. Poic des{ m or ce au 1734. Avril. 9 à 8^ du f. 1734. Avnl.29. 8^ loà^'Mum. "7^ Il- 30. 8-U 8-- I 1 même heure. "H- ï I. Mai.i.er. M 8^ 12. I I-^ ^°-H 2. -;- 8^: 13 ici-i 3 '- loU 3. 877 0 7 14 i; \6 9f^ 9- 13. 8^ 8f 8t^ 17 ^-7^ 9fi 17. 874 Sf 18 10^ 9t: 21 . 87^ 8-i 19 97^ 9r. 2f . St^ 8-1 20 21 9|7 9f^ Sfr 29. 8-^ Juin. ô. «7^ 8^ 8-À 2 2 9-n 8- ^^. 0 f "77 s~ 23 ^77 •8-pi .Juil..25. 8^ Août. 26. 8-L 24 ^T 2(J 9^ 9^ 87^; Sept. 2^. 8-!Oa:..26. 8-L ■8J- 5 1 8^ 27 9-H 8-piNov..2^. 8^ 8 -il 2 ier. i onces. onces, 6- ^\ 'r^ ^1^ 6^ ^"r î — SUL i~ y— ^f^ c - 1 ^H î ï f ', ' ^rr * 2 y — T-L S^ ^^ ^^ M- ' 3 i 5. 4|| ' s7 4- 4?7 M 0 I s Poids du & cœur Jours. de chêne onces. 1734 Avril .24. 47; 2 T. ^T. ^5. 4iT 2.7. 4^7 28. 47- 29. 4;t 30. 4— Mai. I.^^ 5. 9. 13. 17. 47Ï 4|f 47^ 47i ^f. 4?T Juin. . 2. 47r 10. •177 2(î. 477 Juil. .25. +J7 Août .16. 4^7 Sept. oa. .z6. z6. 4^ Mov. .16. 4i:f Dec. z6. 4|i Poids du mor- ceau d'au- bier. onces. 4^ 4^ 4: 477 477 477 47^ 4^ T^ 28. ...7. T E M P S pendant le- quel les bois ont refté à l'eau. POIDS des deux morceaux de bois Il heures Il heures Il heures Il heures Il heures Il heures Il heures 11 heures Il heures 11 heures, 12 heures. 24 heures 4 heures, 14 heures 24 heures 14 heures 24 heures ri.er -2.d 'I.er "I.er ■1.^ •l.er ' j er ler 1.^ I.er 2.^ I.^r 1.^ I ^^ 1> liv. 3<î. 37. iO. 17. 36. }7. 3<5. i7. i7. i7, 37. i7. i7. 17. 17. 17. 17. '>^. 17. l.ei- 1.^ I-er d I ^^ 1> ^^ I.er 2.d 37. 38. 17. 38. 37. 38. 37. }^. h7. 38. 37. 38. 37. 38. 0?2C. 27 II. 2 7. 3 II. 6 8. 4 13. 1 9. 4 14. 7 10. 7 " 1 11. 2 I. I 13. 6 1. " 14. 3 3. 7 If. 2 3. 6 " 7 y 4 4. I. j. 1 4 6 3 7 9 6 10. 3 7. y 11. 3 8. 7 II. 1 TO. "{ 3 I 6 Hlfioire Naturelle, -— ^ TEMPS i M o i s pendant le- POIDS & quel les bois des deux J 0 U R s. ont ref é à l'eau. morceaux de bois. 1744- lii-. 'me. gros. .I.er 37. 13. 1 Mars... ....^9. 14 heures./ ;,,d 38. 10 3 ,1.^'^ 37. 13. <3 30. 14 heures. 1 ^d jg n, 5 31. . .1.7 37. 14. 3 14 heures. |,d 3g _ u. 5 Avril..-. .. ..I.er.. .. .1.^»^ 37. 14- 7 14 heures. |-^.d -38 ji, 4 1. 14 heures. |^,d 38^ 13. 1 fl.^r 38. " 6 14 heures | ^_d 38, 14. " 3. . • . . • , .1.^7 38. I. 2 24 htures.!2.d 38. 14. z 4. y. ri-'"' 38. 1.7 14 heures.j^d 38. ly. 1 (î, pluie. fi-"' 38. 3. " 14 heures.{^d 39^ "7 7, puie. fi.'^'* 38. 3. 3 14 heures.j^d 3^. j^ " 8, piuie. 24 hcures.|^d 39. I. i 9 pluie. , ri.e'- 38. 4. 6 24 heures. {,d 39^ je 10 , pluie. ,' fi.^'' 38. r I 24 heures.!^ d 39 ^l. i II , pluie. , rl.^*" 38. 6. 7 24heures.{^d 39. 3. 4 ïi, froid. , fi.^»" 38. 7. ) 24 heures.j^d 39 ^ " 13, fec... , , fi.^' 38. 8. 7 14 heures.! ^_d 39^ c, 4 M , froid. 14 heures fl.f 38. 9. 6 l2.^ 3.9. 6. 6 Partie expérimentale, 3 1 7 MOIS & Jours. 1-44. Avril, POIDS des deux morceaux de bois. Mai, ï^ , pluie. 16, vent 17, pluie- 18, beau, 19, pluie zo , pluie 11, beau. 2.ij beau. Z3, vent. Z4, pluie. 2;, pluie. i(î, fec. . 2.7, vent. 28 , pluie. z9, beau. 30, fec. !:€»•, beau. -4 heures. |,"d 14 heures.^ , d 14 heures. |,d 24 heures. I 2. d 24 heures. I^d 24 heures. I^^'d 24 heures "l ^^ d 24 heures. -[ ,'d 24 heures./ ^"d 24 heures./ 24 heures./ 2^' 24 heures.{2. d 24 heures. |2..d 24 heures. {^.[d heures./ 39. 38. 39. 38. 39. 38. 39. 38. 39. 38. 39. 38. 39. 58. 39. 38. 39. 39. 39. 39. 39. ^9. 39. 39. i9. i9. 40. 39. 40. 1 ri-"" 59- 24 heures. {,d ^^^ . fî-^'' 39- 24 heures.^, d ^^ o ic. grot. 10. 2 2.^ d ^4 7. 10 7. II. 8. 12. 9. 13- 9. 4 13 10. 7 14. " 11. " 14. 6 II. 6 M. 6 II. 5 " 3 13. y I. y 13. 7 I. 6 14. 2. 3. " IJ. 4 4. I I. * 4. 3 I. " . I. 6. . i. 7 "i 3i8 Hifloire Naturelle. MOIS & Jours. 1744- Mai. .-. 2, chaud. 3, beau. 4, beau, y, beau. 6 , vent. 7, pluie. 8, pluie . 9, beau. II, vent. 13, vent, ij, vent. 17, pluie. 19, pluie. 21, tonn. 23, beau. 2 J, pluie. Z7, beau, TEMPS pendant le- quel les bois ont refté à l'eau. POIDS des deux morceaux de bois. 24 heutes 24 heures 24 heures 24 heures 24 heures 24 heures 24 heures 24 heures 2 jours . 2 jours . 2 jours . 2 jours . 2 jours . 2 jours . 2 jours . 2 jours . 2 jours . -, d liv. onc. gros. 40. ■{ ■{ ■{ï ■{\ ( I. 6. 4 4. 3 2.^ '•" er d er 2^ I ^"^ 2> I." 39 6. 7 3. 7 7. * 4. 7 7. y 4. 4 7. 4 4. 1 7. y J. 3 8. y J. 3 9. 2. 6. '' 9. I y. 3 9. 3 T. ô 9. 7 y. 7 10. y 6. 3 11. J 7. i 39. li. J 40. 8. 3 39. 13. 3 40. 9 " 39. 14- 4 40. 10. " 40. 1,1 40, li. 3 40. 39. 40. 39. 40. 39. 40. 39. 40. 39. 40. 39. 40. 39- 40. 40. 39- 40. 39. 40. 39. 40. Partie expérimentale. 3 i 9 MOIS TEMPS pendant le quel les bois POIDS des deux 1744. Jours. ont relie à l'eau. morceaux de bois.- lii: onc. groi. . T.^!- A3. 2. * iMcii . 29, beau. 2 jours.. |,d 40. II. 4 fïS^ 40. I. 2 2 jours.. |,_d 40. 12. J 31, beau. Juin, . .... . 2 , fec. fj.^' 40. 2, 4 2 jours..{^d 5o. 13. , 4, pluie. ,I.er 40. 4. I 2 jours..{^d 5o. 14. 1 6;fec.. rl.^'^ 40. f. " 2 jours.. {^_d lo. 14. 7 8, fec. 2 jours.. {J-r II] 4' r 10, fec. . 2jours..{^d ^0. " " 12 (iS^ 40. 6. y 2 jours.. {,d ^i. '^4 I4,chaud. fi.^'^ 40. 7 2 2 |Ours..{^d ^i, I, /' 16 , pluie. fl.er 40. 8. 3 2 jours.. {,d ;i_ I. ^ 18, couv. ri."** 40. 10. I 2 jours. .{^d ^i^ ^, 7 20, pluie. f i.^"^ 40. 10. 4 .2 jours. .{,d ^i. 3, ; 22, couv. ri.^'^ 40. II. y 2,ours...{^d ^,, j. 3 24,chaud. r i.^"^ 40. II. 7 2 jours. .{,d ;i^ j^ . z6 , Cec, . ri-^"^ 40. 13. " 2 jours. -|,d 41. (5, 2. 28, fec. fl.cr 40. 13. 3 2 JOUrS..|^d 41 _ <;. ^ 30, fec. 2 jours. fî.^; 40. 14. 6 •\2.^ 41. 6,7" OÎY 3 20 Hijhire Naturelle. MOIS & Jours I7-I4- Juillet. . , 2, chaud. 4, pluie. 6, pluie. 8, vent. T E Nf P S pendant le- quel les bois ont re' é à l'eau. POIDS des deux morceaux de bois. ii-v. onc. gio!. 1 jours ri."' 41 z,ours..{^_d l, 1 joui fl.^'^ 40. 14. I i,ours..|^_d l,^ ;^ . rl.^r 40. If. 3 li.^ 41. 8. J -^r 41. " 4 8. 7 (i.^' 41. I. " "• ii.^ 41. 10. " Te 10 . on n été obligé de les changer de cuvier , deu.x cercles s'etant bril'és. .i.^»- 41. 2. 6 4,ours..{,d ^i^ jo g i-^"- 41. 4. I 12. " y. " 13. " 6. 6 4- y Août li. pluie. 16, pluie. 20, pluie. 24 , couv. 28, ber^u. I.er, vent y, couv. 9, chai.. 13. pluie. 17, vent. 2-1., pluie. ij var . . 4 jours . .| , d (iS^- 41. 4 JOUIS.. |,d ;[i rl.^»- 41. 4,ours..{,_d ^i. /i.^'- 41. 4 ,onrs..{^d ^,, ri.^"- 41. 4 )ours..{, d ^,^ /•i.^^ 41. 4 jours.. |,d ]:,^ 4 jours . .j ••{ 4 jours ..| ^d I.er 41. I •> d rl.*^'' 41. 4 jours.. {^_d ;^_ 3. i [2. I 3. 7 ti. 7 41 4 jours 4 jours... {^'d 4,^ j_ ^ fier 41 _ i_^. 7 ■Iz.d 42. 6. 7 Partie expérimentale. 321 TEMPS " "1 MOIS pendant le- P 0 1 D S 1 & quel les bols des deux | Jours. ont reflé à l'eau. morceaux de bois. 1744- /,-... ne. gros. Août 29, beau. 4 jours.. j^'d' ^J- 4 7. 2 Septembre . 2. , beau. ,1.^^ 4.1 4 /ours..|^a ^,; I. " 8. " 6, beau. ^ I.^'^ 4.-> 4Jours..|^d II] 2. 4 9. 2 10 var... 4 jours ..|/d ^;* 3. y 10. J 14, beau. 4iours..{f;ff; f. 3 II. 4 i8,chaud. 4 jours ../^d T^;* ^ 4 12. " 21, beau. 4Jours..|^d ^,; 4- 7 II. 6 25,chaud. 4J0urs..|^d ^-; î. 4 12. 2 30, beau. 4 jours -..{^'d ^-^ 6. 7 13. 1 Odobre.... 4, vent. 4 ,ours..|^d ^,; 7. 4 14. 2 8, pluie. 4 jours.. I^'d' ^J- 7. y 14. 2 12, pluie. 4 jours.. {^;d ^;; 9. " If. " ï6, pluie. 4 jours.. {^'d'' ^3" 9. 6 20, pluie. ri.^^ 4'* 4 JO"rs ..|^_d ^3; 10. 2 I. 3 24, pluie. 4 jours.. {,d ^3; 12. " ^. 4 iS, gelée. ri ^^ 42* 4 jours.. {^'d ^^; 12. 2 3. " Novembre, i.er.beau. 4J0urs..{^d ^3; 12. 6 3. i Ov 322, Hijîoîre Naturelle. TEMPS pendant le- quel les bois ont refté à l'eau. 1744. Novembre.. U P^uie. 9, beau. 13, beau. 17, pluie. zi , var.. 2y, beau. 29, neige & gelée. I [Décembre. 3, dégel.. 7, var. II, gelée. Ij, pluie, neige.. 19, pluie, brouii . 2.3, pluie ; neige. 31, neigC; dégel . POIDS des deux morceaux de bois. 4 jours . , 4 jours . , 4 jours . 4 jours . 4 jours . 4 jours . 4 jours . 4 jours . 4 jours . 4 jours 4 jours 4 jours 8 jours 8 jours I."-' 2.^ 43. {i /it'. onc. g>of. 42. 13- 2. 4. " 14. " 4. 6 er 42. 2.^ 43. I.er 41. 14. 4 1.^ 43. I.e/ 42, ■{ 174 T. Janvier. . 8, brouii. ôc pluie . i."-"^ 43. i.*^; 43. 2.^ 45- 1.7 43. 2.^ 43. 1.7 43. 2.^ 43. i.^-- 43. 2.^ 43. 2.^ 43. ^^ 43. 1.7 43. ^ 43. I-? 43. I). y. 6 " 2 6. 2 I. 7. 2. 8, 2. 2 8. 2 2. 6 8. 4 3. " 9. " 2. 6 9. 6 3. 4 9. 4 3 •{1: 43. 43. 43- 10. 43. U 43. 10. 6 16^ gelée. 4 jours.. {,d jours../ i.^"* 43. T. 4 U.^ 43. II. ^ 43. 7. 4 43. 33. 6 Partie expérimentale, 525 TEMPS i M 0 1 S pendant le- POIDS & quel les bois des deux J 0 U R s. ont teRe' à l'eau. morceaux de bois. Ï74J. liv. onc. gros. janvier. . Féviier.. .,.2.4, gelée, dcgeia. . I.er neige. 8 jours ..l2." 43. If 4 9, pluie. ^'--■{l"t',:l 17, pluie, 8ioun..{;-:,'.43. 8,3 vent,gelée. 27, beau . 8iou,s..{^-;^- lî Mars..v .. J^beaubj gelée. ^'^-^■■{l?t":' 13. gelée. ^---■0't'y/-' 21 , vent. ^'^■^^-■a-t":'^ 29, beau. Mo-..{i:ït'5:: A Trvî! — :. , . 6 fec. . 0 . fl-"' 4Î. II. 1 Avili . • 14 , fec . . 8iours..{;-r ;f5- ''-t 22, pluie nou...{j:? ^-3_- : 30, beau 8 jours . 4»2.d 44. J. 3 a Le baquet étoit entièrement gelé; il n'v avoit qu'une pinte d'eau qui ne fut point glacée. On avoit changé les bois deux jours auparavant pour relier le baquet. b Les boisétoient H fort ferrés par la glace qu'il a fallu y ieterde l'eau chaude. Ils ont paffé la nuit dans la cuifine au- pics de la cheminée , & ils ont été pefe's douze heures après Veau chaude mife dans ce cuvier. Ovj 5^4 Hijhlre Naturelle. POIDS des deux morceaux de bois. \'uin. Juillet Août. 5, pluie 16, beau, pluie , Z4,chaud. pluie. .er, froid. giboul . 9, frais , chaud . 17, frais, vent. lU pluie, vent. . 3, pluie. chaud. Il , var. . 19, pluie, chaud . Z7, beau . , . 4 , pluie . li^luie. zo, pluie. jours 8 jours 8 jours 8 i.er liv. onc. gros. jours . ■{ 2.]d )0urs . .|2.^ ■il-" ■il" tours ..|2..d f l"^' jours .-jj.d jours jours jours , jouis ./ours jours jours 1 -{zA ri." •Iz.^ ri." ••iz.^^ 43. 44. 43. 44. 44. 44. 44- 44. 44. 44.- 44. 44. 44- 44- 44- 44.. 44. 44. 44. 44. 44. 44. 44- 44- 44- 44- 44. 44. 14. 7. If. 7. I. 8. 3. 9. z. 9. 3. II. 3. II. 4. II. y. 13. 6. II. 7. 13. 8. 14. 9. M. ,• A .,;fihlP ici aue c'eft la viciflitude du temps qui deter- c I>eftvifible.ciqueceu ^^^^^^.^_ ^^^^^ ^^^ ^^^^^_ "'■'"^ ^^ •i'' Z. iS bo s ont coniidérabîement^ augmente nombre de JO^'^» f^^"^'." jours, qui ont précédé celui cette fois , pa>ce .^f.^f.^^^„^e^iiîe continuelle par un vent du qu'on les a P|f^^'/^£,^^'ir a encore continué de pleuvoir Partie expérimentale. 3 2 y i TEMPS M 0 I s pendant le- p 0 1 D S Se 1 quel les bois des deux J 0 u R S. ont refté morceaux de bois. à l'eau. I74J. In: onc. gros. Août .28, pluie, :)eau. 8*°»"--{I:"lt: 10. I I. " Septembre. j, beau. i<î jours.. {J;"«; 10. 4 2. 4 2.1, beau. '«i™-{!?:t: II. 6 4. ^ Odcbrc. .. . 7, Tec. isjours..{';" ^-1; 1 ^ . I y. 7 2.3, beau. ri.^'' 4-4. 16 jours.. |,d ^; If. 6 6. 1 Novembre. . 8,var.. 16 jours.. {['d' ^[; I. 4 8. 2 24, hum. 16 jours.. {^-d' ^î; 4. " 9. " Décembre. 10, gelée. /i-^' 4). 16 jours..|^d ^^ 4. 6 10. I 16, hium. u;on...{l7tl: 10. 4 1746. Janvier. . . . .11, var. . iiS jours.. {J;^ 4|- 4 9 4 i7, gelée, pluie. i«jours..{'-;;;t;; 6 12 8 Février. .. .12, pluie, neige. '«io"" ••{':" 1;-; 6 12 4 28, dégel. i(i jours.. {;■!•'■ ;![• S 12 ■ 1 ù'-axs. . ..'. .16, gelée, dégel. 1. jours.. {Ç 4J_- 9 13 / Avril. ...; I.^*", vent , I<5 jours.. {^;rf''^[; 9 ' neige. 13 I7>rec.. 16 jours . . 9 » HiJIoire Naturelle. POIDS des deux morceaux de bois. Iti/. onc. gros ,I.er 4y. 10. ' {i.^ 4T. 13. ' .1.7 4T. 10. " {1.^ V^. " " 1-1.7 4Î. 9. 4 tz.^ 4). 14. 2 .1.^; 4). 10. 6 ■{ zA 46. " " /•1.7 4). 10. y •"li.^ 4(î. " 1 ji.ei- 4f. 10. j •U.^ 46. " " i.^- 4^ II. " 1." ■■{\ 46. .1-7 4f- ir. 3 .1.7 4f- I^ 6 S.- 4^. " 6 (z.^ 46. 3.6 l.^r 46. I. 3 {2.^ 4^. 4- 3 .1.7 46. I. " {2.^ 4^. T. " .1.7 46. 2. * ri-7 46. 3. I jz.^ 46. 6. 6 yi.^ 46. 4. 4 {2.^ 46. 7. l2.^ 46. 7. " Partie expérimentale. 327 MOIS Jours. 1747. Janvier 14, gelée, 30, hum. Février.:. .îj, temp. Mars 3» dégel. 19, froid. Avril 4, pluie. 20 , fec . , Mai 6, temp. zzjvar.. Juin. T..... 7, pluv. 2 3, temp. pluvieux. Juillet..... 9.var.. 2 j, chaud. 5c hum. Août..-. ..lo/chaud. vent. 26,chaud. pluie. Septembre.. II, fec 27 , pluv 3^8 Hïjloire Naturelle. 1 T E M P s 1 wmmmmm MOIS pendant le- p 0 I D S & quel les bois desd ÎUX Jours. ont reflé morceaux de bois. à l'eau. 1747. liv. o«c. f;ror. Oftobre... 27, beau , 30 jours . .|2..d 46. 12. " couvert. 46. IJ. " Novembre . I7jbruines 30 jours . .{i^d 46. 14. " pend. 8 j. 47. " 4 Décembre. .27^ plu^-» 30 jours . .\2.d 4(î. 47. I. 7 1748. Janvier. ...17, gelée, 30 jours,.|^d 47. » // neige & dégel. 47. 2. " Février.., .27, dégel. 30 jours.. |2..d 47. I, " & doux . 47. 2.. 4 V ars. . . . . ,27, froid. 30 jours . .-{ ^"d 47. 47. 4'.^ Avril 27, froid. 30 jours . .i 2. "^ 47. 2. " & p'uv. 47. 3. * Mai 27, fec & froid . 30 jours ..| , d 46. 47. ^. " 4. " Juin 27, fec. 30 jours . .-[^d 4^. 47. 't; ;: Juillet 27, chaleur & pluie. 30 jours ..\ ^d 46. 47. lé! 2 2. I Août. . ..27, cha!ei;r, brouillards. 30 jours . .{, d 47. 47. 2. " 4. " Septembre. .27, pluv. 30 jours ..\2.f1 47. 47. 3. " 06>obre. . .27 , hum. 30 jours ..\^_d 47. 47. 7. 3 7. 4 Novembre . 27 , gelée . ri.er 30 jours..\^d 47. 47. 4. I 7. 4 Décembre. . 27 , pluie • & vent. 30 jours . ." l2.^ 47. 47. 4. 4 6. 7 Partie expérimentale, 329 MOIS &: Jours. jarwut 27, pluv Février. . . .2.7 , paii.^ enfuite fcc, Mars z7 , p uv Avril 17, vent, Mai 17 , chaud. uin 27, var. . Juillet 27, var. . Août 27, pluv. Septembre. .27, [ce. . Oftobre. ...27, fec. . Novembre.. 27, pluv. Décembre. 27 j gelée, dégel. 17)0. Janvier 27, hum. Février 27, var.. Mars 27 , beau . Avril 27, fec. T K M p s pendant >- qiu-1 les bois ont refié à l'eau. POIDS Hes deux morceaux de bois. 30 jours jo jours 'o jours 30 jours ^o jours l'o jouis . 50 jours . 30 jours . 30 jours . 30 jours . 30 jours . 30 jours . 2.^ 47. 47. 6. 4 7. 4 6. " {l ■{ il ■J7. o. 1 T.^"- 47. 8. " i- 47. 9. 4 l-y 47. 7. • ^ 47. 9. i.^'- 47. <î ^•^ 47. 8. ^•7 47. 6. 4 z.'^ 47 '•7 47 -^ 47 7. 2 8. 2 •l 2." 47. II. /!•? 47. 8. •l2.^ 47. 10. er 47. ; 47. i^ 48. I '-7 47. 14. •U.^ 47. ly. ^°^-"-{l>^^:iU 30 jours 30 jours 30 jours , i-i.? 47. If. 4 "t2.^ 47. i^. 6 /i.^'- 47. 14. " •12.^ 48. 2. " /Le" 47. 12. 4I u.^' 47. 13. 4I 3 3 o Hifcoire Naturelle. T E M p s MOIS pendant le- POIDS & quel les bois des deux Jours. ont relié à l'eau. morceaux de bois. 17)0. liv, onc. gros. Mai 27, pluv. (i.^^ 47. 14. " 30 jours .;.{^,d %^ ^l >> Juin..... 27, bruine. i i.^»" 47. 13. 4 30 jours.. {,_d ^7, 13. 4 Juillet..... 27, chai.. / I.er 47.. 13. " 30 jours.. {^_d ^^7^ 4. /' Août....7;27,pIuv. 30 jours.. |2..d 48. " " Septembre. 27, bruine fl.er 48. I. " 30 jours..|^d ^8. \. " oaobre...27,beau, couvert. ri.^^- 48. I. " 30 jours.. 1 2. a 48. I. '/ Novembre.. 27, pluv. f I.er 48. 2. " 30 jours .^.ti.d 48. 2. " 17^1 *. Janvier... 7. 27, pluv. ^ , .l.er 48. 10. '' 6\ joursv./^d 48 13 '' Février .... 27, §elée. ,1.^'^ 48. 9. " 30 ,ours..|^d 48. 10. " ^i.e«- 48. 13. " 30 jours.. {,d ^8. 14. " Mars •.r.27,pluv. Avril....;. 27, pluie. .I.er 48. 13. '/ 30 jours..{^d ^8. 14. " Mai... 27, var.. / 1.^'* 48. 13. " 30 jours. -.{^d ^8. 13. " Juin..7. ...27,chal. ri." 48. 8. '/ 30 jours..|^d 48. 12. /, Août 27, temp. ^ . ri" 48. 7. '' <îo jours..{^d 48. 8. '/ oaobr€....27,pluv. 6q jours . •\z.^ 49. '■ * On a oublie' de pefer les deux morceaux de bois dans le mois de décembre. Partie expérimentale. 331 TEMPS, 1 MOIS pendant le- P 0 I D S 1 & quel les bois des deux | Jour s. ont refté à l'eau. morceaux de bois. 17 yo. iiv. onc. gros. Décembre.. 27, gelée. 60 jours.. |^;d' ^g; 10. " 10. " 17)2. Février. . . .27 , var. . 60 jours.. {^'-r f^- 9. " II. " Avril 27, fec. .0 jours. .{jjr^^i 6. '' 6. " Juin Z7, chaud. pluvieux. .0 jours.. {;-^/ f 8. '' 8. " Août 27, var. , .0 jours. .{J-; 48: 10. " 10. " O£tobre. ...27, beau. .0 jours.. {-J48_. 10. 4 11. 4 Décembre. .27^ pluv. 60 jours.. {J-" 48- 11. " 12. " 17)3. Février. . . .27 , hum. doux. ^0 jours.. {J-r ll[ 10. 4 11. 6 Avril. ... 27, pluv. 60 Jours . .< •I.^"^ 48. 2.^ 48. 11. 4 12. " On voit par cette expérience qui a duré vingt ans : i.^ Qu'après ïe defTéchement à Tair pendant dix ans , & enfuite au Soleil & au feu pendant dry: jours , le bois de :hêne parvenu au dernier degré de Ton iefTéchement , perd plus d*un tiers de 3 5 2 Hijloire Naturelle. Ton poids lorfqu'on le travaille tout vercî, 6 moins d'un tiers lorfqu'on le garde dans fon écorce pendant un an, avant de le travailler. Car le morceau de la première expérience s'eft, en dix ans, réduit de 45 livres lo onces à 29 livres 6 onces 7 gros -, & le morceau de la féconde ex- périence s'eO: réduit en neuf ans , de 42 li- vres 8 onces 329 livres 6 onces. 2.° Que le bois gardé dans fon écorce, avant d'être travaillé, prend plus prompte* ment & plus abondamment Teau, & par confcquent l'humidité de l'air , que le bois travaillé tout verd. Car le premier morceau, qui pefoit 29 livres 6 onces 7 gros lorfqu'on l'a mis dans l'eau , n'a pris en une heure que 2 livres 8 onces 3 gros , tandis que le fécond morceau , qui pefoit 29 livres 6 onces , a pris dans le même temps 3 livres 6 onces. Cette dif- férence dans la plus prompte & la plus abondante imbibition , s'eft foutenue très- îong-temps. Car5au bout de vingt-quatre heures de féjour dans l'eau , le premier morceau n'avoir pris que 4 livres i 5 onces 7 gros , tandis que le fécond a pris dans ie même temps 5 livres 4 onces 6 gros. Partie expérimentale. 333 Au bout de huit jours, le premier morceau n'avoir pris que 7 livres i once 2 gros , tandis que le iecond a pris dans le même temps 7 livres 12 onces 2 gtos. Au bout d'un mois, le premier morceau n'avoir pris que 8 livres i 2 onces , tandis que le fé- cond a pris , dans le même temps, 9 livres II onces 2 gros. Au bout de trois mois de féjour dans Teau , le premier morceau n'avoir pris que 10 livres 14 onces i gros, tandis que le fécond a pris dans le même temps II livres 8 onces 5 gros. Enfin ce n'a été qu'au bout de quatre ans fept mois , que les deux morceaux fe (ont trouvés à très -peu -près égaux en pe- fanteur : 5.° Qu'il a fallu vingt mois pour que ces morceaux de bois , d'abord dedéchés jufqu'au dernier degré, aient repris dans l'eau autant d'humidité qu'ils en avorent fur pied & au moment qu'on venoit d'a- battre l'arbre dont ils ont été tirés. Car, au bout de ces vingt mois de féjour dans l'eau , ils peloient 45 Ji^res quelques onces, à peu-près autanc que quand on les a travaillés : 4.*^ Qu'après avoir pris pendant vingt J34 Bijloire Naturelle. mois de féjour dans Teau autant d'humi- dité qu ils en avoient d'abord , ces bois ont continué à pomper l'eau pendant cinq ans Car , au mois d'odtobre 1 75 i' ^^^ pe- foient tous deux également 49 livres. Ainii , le bois plongé dans l'eau , tire non- feulement autant d'humidité qu'il conte- noit de sève , mais encore près d'un quart au-delà -, & la ditlérence en poids de l'entier deîîéchement à la pleine imbibi- tion , eft de trente à cinquante, ou de trois à cinq environ. Un morceau de bois bien Tec, qui ne pèfe que 3 f^vreS' en pefera 5 lorfqu'il aura féjourne plufieurs années dans l'eau : _ , v • t 5.*" Lorfque Timbibition du bois dans Teaû eft plénière , le bois fuit au fond de Teau les viciffitudes de l'atmofphère , il fe trouve toujours plus pefant lorfqu'il pleut , & plus léger lorfqu'il fait beau , comme on le voit par les pefees de ces bois dans les dernières années des expé- riences, en 1751 > 175^ &i75^i ^n forte qu'on pourroit^ire , avec jufte railon , qu'il fait plus humide dans l'eau lorlqu li pleut que quand il fait beau temps. Partie expérimentale. 5 3 j Expérience VIII. Pour reconnoîtrc la différence de l'imbibition des bois ^ dont lafo- lidité eflplus ou moins grande, ^^ ^ 3^ril 1735, j'ai fafr prendre dans un chêne âgé de foixanre ans, qui venoît d'être abattu , trois petits cylindres , l'un dans îe centre de larbre , le fécond à la circonférence du bois parfait , & l'autre dans l'aubier i ces trois cylindres pefoient chacun 985 grains. Je les ai mis dans un vafe rempli d'eau douce tous trois en même temps , & je les ^i pefés tous les jours pendant un mois , pour voir dans quelle proportion fe faifoit leur imbi- bitîon. j 3 C? Hlfioire Naturelle. Table de i'imhihithn de ces cylindrei de ho'is. DATES des PESÉES. I73y. Avril. le 1 3 à ô'"* m. 4 j, pluie.. 6, hum. . 7, hum. . 8, pluie.. 9 , hum. . 10, couv. 11, fec 12, fec . . . I3,fcc 14, couv.. 1 ) , fec. . . 16, chaud. 17, chaud 18 , fec. . . 19) fec... 20, couv. . 2 1, pluie.. 22, couv. , 23, couv. . 24, fec. . . 2j , fec. .. Poids des trois Cylindres. C œ u R. Civcouf. du Coeur. grains. grains. 98 ^ 98 J. 1011. 10I<. I02I. ioi7. 1013. 1034- 1030. 1040. 103 T. 1044. 1 03 (^. 1 048. 1 0 3 7_. loy I. 1039. loy s. 1040. 10 j5. 1042. 10 y 9- 104^. 106I. io48t- 1054. iojo|. 106 î. lOTl. 1066. lonl- 1067. I0J2. 1068. lof 3- io69» lOf (î. 1072. 10^7- «073. I0 57T 107^7. loyS. 1077. IOJ9- 1078^. 1060, 1079. grains. 98y. 1061 . 106 j. 10737. 1081. 1083. 1088-;, 1 090. IOV2-i, 1 084. 1078. 1078;, 10797. 1078. 1074- 1072. 1073. 1071. 1 072. 1079. 10787. 10 747' I074- io74« Partie expérimentale. 337 D A p E TES des s É E s. Poids d C œ u R. is trois Cy CirconK. duCœur. liiidres. Aubier 173)- Avril. . . Mai ..29, fec... . . j, chaud. grains. 106^. IO6S- gramt. 1087. 1091. graim. 10747. I07I. 9, fec... I 3 , chaud. 1072. 1075. 1093. 109^7. 1071. 1070. 21, pluie.. I07^ IIOI. 1070. Juin... . 2 y, pluie. . . . 2,fec. ... 10, hum... 10777. 1078. 1082. 11037. 11034. II08. 1084. I07I. io78f. Juillet. . 18, fec . . 6, pluie. . 1080. 1088. IIOJ. 1109, 10^4. 10^9. Août. , . I y, pluie. . 2f, pluie.. . .2 y, fec 109^. 1113. 1112. III2. I122. t077. 1098. Iseptemb jOaobre. re.2 j, pluie. ..2r. pluie.. 1 120. 1128. 112^. 1130. 1092. 1124. Cette expérience préfente quelque cho " fe de fort hngulier ^ on voit que pendant le premier jour Taubier, qui efî: le moins folide des trois morceaux, tire 80 grains pefant d'eau , tandis que le morceau de îa circonférence du cœur n'en tire que 3 1, le morceau du centre lé -, & que le len- demain ce même morceau d'aubier ceiTe de tirer l'eau , en forte que, pendant Tome FUL P 338 Hljîoire Naturelle. vingt-quatre heures entières, fon poids n'a pas augmenté d'un leui grain, tandis que les deux autres morceaux continuent à tirer Teau & à augmenter de poids*, 8c en jetant les yeux lur- la Table de Tim- bibition de ces trois morceaux , on voit que celui du centre & celui de la circon- férence, prennent des augmentations de pefanteur depuis le 1 avril jufqu'au 10 juin , au lieu que le morceau d'aubier augmente & diminue de pelanteur par des variations fort irrégulières. Il a été mis dans l'eau le i ^^ avril à midi , le ciel étoit couvert & l'air humide -, ce morceau pe- foit comme les deux autres 985 grains. Le lendemain à dix heures du matin , il pefoit 1065 grains*, ainfi , en dix -huit heures il avoir augmenté de 80 grains , c'eft-à-dire , environ ~ de fon poids total. Il etoic naturel de penfer qu'il continue- roit à augmenter de poids -, cependant , au bout de dix-huit heures, il a celïé tout d'un coup de tirer de l'eau , & il s'eft paiïé vingt - quatre heures fans qu'il ait augmenté *, enfuite ce morceau d'aubier a repris de l'eau , & a continué d'en tirer pendant fix jours, en forte qu'au 10 avril Partie expérimentale, 339 il avoit tiré 1 07 grains { d'eau -, mais les . deux jours iuivans , le 11 & le 11 , il a reperdu 1 4 grains j , ce qui fait plus de la moitié de ce qu il avoit tiré les fix jours précédens -, il a demeuré prefque ftation- naire & au même point pendant les trois jours iiiivans , les 15, 14 & 15 , après quoi il a continué à rendre l'eau qu'il a tirée , en forte que le 19 du même mors, il fe trouve qu'il avoit rendu 21 grains^ depuis le 10. Il a diminué encore pl»s aux 13 & 21 du mois fuivant, & encore plus au 18 de juin , car il fe trouvée qu'il a perdu 28 grains | depuis le 10 avril. Après cela, il a augmenté pendant le mois de juillet , &: au 25 de ce mois li s'efî: trouvé avoir tiré en total 11 3 grains pefant d'eau. Pendant le mois d'août il en a repris 5 3 grains j & enfin il a augmenté en fép- tembre , 8c fur-tout en odobre il confidé- rablement , que le 25 de ce dernier mois, il avoit tiré en total 1 3 9 grains. Une expérience, que j'avois faite dans une autre vue, a confirmé celle-ci-, je vais en rapporter le détail pour en faire la comparaifon. J'avois fait faire quatre petits cylindres pij 3 40 Hiftoire Naturelle, d'aubier de Tarbre dont j'avois tiré îes petits morceaux de bois qui m ont (ervi à l'expérience rapportée ci-dellus. Je es avois fait travailler le 8 avril , & je les avois mis dans le même vafe. Deux de ces petits cylindres avoient été coupes dans le côté de rarbre qui étoit expofe au nord îorfqu il étoit fur pied, & les deux autres petits cylindre? avoient été pns dans le coté de l'arbre qui étoit expoie au midr. Mon but, dans cette expérience, etoit de lavoir fi le bois de la partie de l arbre, qui eft expofée au midi, e 11 plus ou moins ("olide que le bois qui eft expofe au nord. Voici la proportion de leur mibibition. TABLE de rîmblbition de ces quatre cylindres. DATES des PESÉES. 73^ Avril. , 9. 10. II. 12. 13 Poids des mor- ceaux Septen- trionaux. l'autre. (^4. 7^7. 7^7- 77. 76^. grains. 64. 76. 7(5. 76. 76, 7^7. Poids des mor- ceaux Me'ridio- naux. \\m. l'autre. grains. grains. 64. 7 3 t. 7i\' 7 3^ 7 37- 74. 74. 74. 74. 74T. 74T« Partie expenmentale. 3 4^ DATES des PESÉES. 173 T. Avril. Mai. Juin. . . . Juillet, . . Août. . , , Septembre. Octobre. . 14. I J. \6, 17- 18. 19. 2.1. y. 13. 28. 30. ij. ly. 2j. if. ctaux Septen- trionaux. L'un. 1 autre. grains. 77t. 77» 76f. 77. 77. 78^. 77. 77-. 77'-. 78. 78. 80-i. 74- 80I. 8+T- grains. 7^T. 77. 7<^. 7^7- 7^. 77. 7^. 7^f. 76^. 77-r 77, 761. 80. 7^T- 80^. 84I ceaux I^ na lennio- ux. l'autre". grains. L'un. gra.m. 7U 74-. 7f;-. 7f7- 74-. 747. 747. 7^7. 74;. 737. 74. 737- 7^. 7y. 74. 74. 747. 74. 74. 74. 74. 74. 7f. 7). 7U 7r. 787. 78. 74T- 74. 797. 797- 83. 83. Cette expérience s'accorde avec Tautre, 8c on voit que ces quatre morceaux d'au- bier augmentent & diminuent de poids ies mêmes Jours que le morceau d'aubier de l'autre expérience augmente ou dimi- nue, de que par conféquent il y a une caufe générale qui produit ces variations. Piij 34^ HiJ^oire Naturelle. On en fera encore plus convaincu, après avoir jeté les yeux fur la Table fuivante. Le 1 1 avril de la même année , j'ai pris un morceau d'aubier du même arbre , qui pefoit, avant que d'avoir été mis dans Teau , 7 onces 3 gros. Voici la proportion de Ton imbibition. M 0 I S POIDS MOIS POIDS 8z du mor- & du mor- J 0 V R s. ceau. onces. Jours. ceau. 173^ I73y. onces. Avril. , , .11. 7t?- Avril. . . .21. 7iî. 12. 7^. ^U 7f!. 13. 7H. Mai y. 7¥.- 14. 7^. 2-U 7ii- M. 7^. Juin. . . . 2 K 7il- i^. l'a. Juillet. . .2y. «i-.- 17. 7Vi. Août. . . .2 y. 7ii- 18. 7^,. Septembre.2y. 7|f. 19. 7^. Oaohre. .2f. 8^- Cette expérience confirme encore les autres, & on ne peut pas douter, à la vue de ces Tables , des variations (ingulières qui arrivent au bois dans Teau. On voit que tous ces morceaux de bois ont augmenté confidcrablement au 25 juiiletj.quiis onî Farde expérimentale, 343 tous diminué confidérablemenr au 25 août, & qu'enfuite ils ont tous augmenté encore plus confidérablement aux mois de fep- tembre & d'odobre. Il efl donc très-certain que le bois plongé dans Teau, en. tire Se rejette alternative- ment dans une proportion dont les quan- tités font très-conlidérables par rapport au total de rimbibition -, ce fait après que je Feus abfolument vérifié m'étonna. J'ima- ginai d'abord que ces variations pouvoient dépendre de la pefanteur de l'air-, je pen- fai que l'air étant plus pefant dans le temps qu'il fait fec & chaud, l'eau chargée alors d'un plus grand poids , devoir pénétrer dans les pores du bois avec une force plus grande, & qu'au contraire lorfque l'air eft plus léger, l'eau qui y écoit entrée par la force du plus grand poids de l'at- mofphère pouvoir en reiTortir -, mais cette explication ne va pas avec les obferva- trons, car il paroît au contraire, par les Tables précédentes, que le bois dans l'eau augmente toujours de poids dans les temps de pluie , & diminue confidérabîement dans les temps fecs & chauds , & c'eft ce qui me fit propofer, quelques années après, Piv 344 Hijloire Naturelle. à M. Dalibard de faire ces expériences fur le bois plongé dans Te^iu, en comparant les variations de la pefanteur du bois avec les mouvemens du baromètre, du thermomètre & de Thygromètre, ce qu'il a exécuté avec fuccès & publié dans le premier volume des Mémoires Etrangers, imprimés par ordre de l'Académie. Expérience IX. Sur V 'imbïbitïon .dit bois vert. L E 5) avril 1735, j'^^ P^^^ <^^"s ^^ ^^^^" tre d'un chêne abattu le même jour , âgé d'environ foixante ans, un morceau de bois cylindrique qui pefoir 1 1 onces -, je l'ai mis tout de fuite dans un vafe plein d'eau , que j'ai eu foin de tenir toujours rempli à la même hauteur. Ê^ié>^ Partie expérimentale, 34J TAB LE ae ' imbib ;r/o/2 cz^ c^ morceau de cœur de chêne ( a). A N NEE, POIDS Année, POIDS M 0 I S du cœur Mois du cœur & J OURS. de clit'ne. & Jours. de chêne. 173 U onces. I73f. onces. Avril. ... 9. II. x\vril. . . .22. 6^* 10. 11^^ 2f. T T — II. 1177. 29. (r4* 12. Ilff. Mai. ... y. ë>* 13. ï'ir- 13. I llf H. ïi?^- 29. j j ?4 (r4» I). "^• Juin . , , .14. T J 5 f «■4. 1 16, ïiir- 30. 1 17. ï^ÎT- Juillet. . .2 j. "77.J 1 18. ^^ii^- Août. . . .2 y. ^■4 • 1 19." iiil- Septembre.! f. 1 20. iiii. Octobre. .2j. 1 21. 11^. 1 ^a^ L'eau , quoique changée très - fouvent , prenolt une couleur noire peu de temps apics que la bois y étoit plongé ; quelquefois cette eau étoit recouverte' d'une efpéce de pellicule huileufe, & le bols a tou- jours été gl-jant jufqu'^u 19 avril, quoique l'eau fe foie claritiée quelques jours auparavant. (h) On voit que dans \ts temps auxquels \ts au- biers des expériences précédentes diminuent au lieu d'augmenter de pefanteur dans l'eau, le bois de cœiu: de chêne n'augmente ni ne diminue. Py 34^ Hijioire Naturelle. îl paroît, par cette expérience, qu'il y a dans ie bois une matière graiTe que Teau dififout fort aifément -, il parok aufli qu'il y a des parties de fer dans cette matière graffe qui donnent la couleur noire. On voit que le bois qui vient d'être coupé, n'augmente pas beaucoup en pefan- teur dans l'eau , puifqu'en fix mois l'aug- mentation n'eft ici que d'une douzième par- tie de la pefanteur totale. Expérience X. Sur Vimbibition du bois fec y tant dans Veau douce, que dans l'eau Calée. J 4< Le 2 2 avril 1735, j'ai pris dans une folive de chêne, ttavaillée plus de vingt ans au- paravant , & qui avoit toujours été à cou- vert, deux petits parallélipipèdes d'un pouce d'équarriU'age , fur deux pouces de hauteur. J'avois auparavant fait fondre dans une quantité de 1 5 onces d'eau , une once de Tel marin -, après avoir pefé les mor- ceaux de bois dont je viens de parler, & avoir écrit leur poids, qui écoit de 450 Farde expérimentale. 347 grains chacun, j'ar nûs l'un de ces mor- ceaux dans l'eau falée, & Tautre dans une égale quantité d'eau commune. Chaque morceau peforr, avanr que d'être daiis l'eau, 450 grains-, ils y ont été mis à cinq heures du foir , ôc on les a iaiilé furnager librement. Ta BLE de V imhlh'nion de ces deux morceaux de bois. ANNÉE, MOIS Se Jours. 17? ^ Avril, Mai ,2.' 2 à 7^^ du foir. à lo'"' du foir. Z3 à 6^ du mat. à 6^ du foir. 24 à 6^ du mat. if -même heure. ^6 27 à 6^ du mat. 28 29 30 ■ I .er . . . . . . POIDS du bois imbibé d'eau com- mune. grains, 4SJ. 49T. H7. f 60, y73. J82. 598. (J03. POIDS du bois imbibé d'eau falce. grains. 481. 487. 49f. joi. Î09t. n7T^ 528. J33. T3 9Î. 54-9. ni. * 11 s'étoit formé de petits criflaux de fel tout autour du morceau , un peu au-deflous de la ligne de l'eau dans laquelle liUurnageoit, Pvj 348 îTiJloire Naturelle , A N N J É E, M & 0 u K. 0 S. 1 S POIDS du bois imbibé d'eau com- mune. I73^ Mai. . . . . 2. . î . 9 . 13 . 17 . 2.1 . grains. 605)7. 628.' (Î484. 667- 6Î-L. 684. 2i? . 14- . 704. Juin. , . . 71^7. 732.. 50 . .2.5 . .if . 7J3t. Juillet. . . Août. . . , Septembre oaobre . 770. 781Î. 7887. 79(S-» POIDS du bois imbibé d'eau (aiée. grains. ySf. f97. ' . 4H. 4U. 4n. 4^9. 4^8. 4n| 4^3. 4<îi. 4Î9 7 4^(î. 4^J. 479 t. 47^ i. 47y. 494 j. 491. 488. fo3. ;oi. Partie expérimentale. 351 Mois & Jours des Pesées. Avril. Mai ij i6 2-7 28 i9 30 I.er, POIDS des numéros I, 2., ^ grains. 490^ 4867. . 48 4.. fOI.. 497.. 49 f. . (^o7t" .<^04.. 14997.. (M4.- .y 09 . |n7.. l!07. . In H. 2 a jy.7. ^heures(|^°' dufoir.ij -^ J19- .-h 64 POIDS des numéros 4, U 6- gramS' n8^ yl3. f 3i. fi9. 5^71 K^ n9. ^^ ni. ni. n7- nî ■ y7i. y(î8. y7). 571 570. 582. 577. T7T. 600. 594. J9?« 3 5 2 Hijîoire Naturelle. 13 17 Z9 Juin . » , , * 6 ï 6 heures grains . ^7h ... f7o.. . f^if. .. î8i... ^78... f70... J89... f82 ... r7^ ... Î97... If83 ... .{^18 .. . dufoir.-J^'^^- l<îi3 .. ] ?o Juillet. . . .ly 528 . 627. .-^20 . <î4^ • (>42 . 634. <^(î37. (5f7. ^48 . 4. b 6- S»-ai«f. <;ii^. sui. 60^). ^347. 63 li. 6247. 6n. 648. 637. 670. 6ff. 649. <Î82. 66j, 664' 694- ^80. ^79 7. 70}, 696, 691 T. 7M-. 7iy. Partie expérimentale» 353 Mois &■ Jours des P E s- É E s. 173^. Août. . . . .if . Septembre. .2; . Odobre POlDSiPOlDS des numéros 1, i, 3 gyains. 688 . 694. 6%6 . 718 . 711 . 704., 72.3. 7137. 707t. II réfulte de cette expérience & de toutes les précédentes : 1° Que le bois de chêne perd environ Un tiers de Ton poids par le defTéchement, ëc que les bois moins folides que le chêne perdent plus d'un tiers de leur poids : 1^ Qu'il faut fept ans au moins pour delïécher des folives de 8 à 5? pouces de groiïeur, &: que par conféquent il faudrqic beaucoup plus du double de temps , c'eft- à-dire, plus de quinze ans pour deffécher une poutre de 1 6 à i 8 pouces d'équarrif- fage : 5° Que le bois abattu & gardé dans Ton 3 j 4 Hifioire Naturelle. écorce fe defsèche fi lentement , que îe temps qu'on ie garde dans Ton écorce eft en pure perte pour ie defféchement , & que par conféqi'ent il faut équarrir les bois peu de temps après quils auront été abattus : 4° Que quand le bois efl parvenu aux deux tiers de Ton defTéchemenc, il com- mence à repomper riiumidité de Tair, & qu'il faut par conféquent conferver, dans des lieux fermés, les bois iecs qu'on veut employer à la menuiierie : 5° Que le deiléchement du bois ne di- minue pas fenfiblement fon volume, 8c que la quantité de la sève eft le tiers de celle des parties folides de Tarbre : 6° Que ie bois de chêne abattu en pleine sève, s'il eft fans aubier, n'eft pas plus fujet aux vers que le bois de chêne abattu dans toute autre faifon : 7° Que le dedéchement du bois , eft d'abord en raifon pius grande que celle des furfaces, & enfuite en moindre rai- fon : que ie defféchement total d'un mor- ceau de bois de volume égal , & de fur- face double d'un autre , fe fait en deux ou trois fois moins de temps : que le defte- Partie expeYimentale. 35 j chement total du bois à volume égal & furface triple, fe fait en cinq ou fix fois environ moins de temps. 8^ Que l'augmentation de pefanteur que le bois (qc acquiert en repompant Thumidité de Tair, eft proportionnelle à îa furface. 9° Que le defTéchement total des bois, eft proportionnel à leur légèreté, en forte que Taubier fe defsèche plus que le cœur de chêne, dans la raifon de fa denfité rela- tive, qui eft à peu-près de -— moindre que celle du cœur: 10° Que quand le bois eft entièrement deiréché à Tombre , la quantité dont on peut encore le de (lécher en i'expofant au Soleil, & enfuite dans un four échauffé 3 47 degrés, ne fera guère que d'une âsx- feptième ou dix-huitièuie partie du poids total du bois, & que par conféquent ce deftechement artificiel eft coûteux & inutile : 1 1° Que les bois fecs & légers, ïorf- qu'îls font plongés dans Teau, s'en rem- plîllent en très -peu de temps-, qu'il ne faut, par exemple, qu'un jour à un petit morceau d'aubier pour fe remplir d'eau , 3 5 6 Hijîoire Naturelle. au lieu qu'il faut vingt jours à un pareil morceau de cœur de chêne : II"* Que le bois de cœur de chêne, n augmente que d'une douzième partie de Ton poids total , lorfqu on l'a plongé dans l'eau au moment qu'on vient de le cou-, per, & qu'il faut même un trcs4ong temps pour qu'il augmente de cette douzième partie en pefanteur : 13'' Que le bois plongé dans l'eau lîouce , la tire plus promptement 8ç plus abondamment que le bois plongé dans Teau falée , ne tire l'eau falée ; 14° Que le bois plongé dans j'eau s'imbibe bien plus promptement qu'il ne fe defsèche à l'air, puifqu'il n'a fallu que douze Jours aux morceaux des deux pre- mières expériences pour reprendre dans i'eau la moitié de toute l'humidicé qu'ils avoient perdue par le dedéchement en fept ans-, & qu'en vingt-deux mois ils fe font chargés d'autant d'humidité qu'ils en avoient jamais eu -, en forte qu'au bout de ces vingt-deux mois de féjour dans i'eau , ils pefoient autant que quand on les avoit coupé douze ans auparavant : 15° Enfin aue , quand les bois font Farde expérimentale. 557 enticremenr remplis d'eau, ils éprouvent au fond de i'eau des variations relatives à celles de ratmofphère , & qui fe recon- noilFent à la variation de leur pefanteur -, & quoiqu'on ne lâche pas bien à quoi correfpondent ces variations, on voit ce- pendant en général que le bois plongé dans l'eau, eft plus humide lorfque l'air eft humide, & moins humide lorfque Tair eft Çec, puifqu'il pèfe conftammenc plus dans les temps de pluie que dans les beaux temps. ARTICLE I I L Sur la confcrvatïon & le rétablijfc- ment des Forets, Le bois, qui étoit autrefois très-com- mun en France , maintenant fuffit à peine aux ufages indifpenfables, & nous fommes menacés pour l'avenir d'en manquer ab- folumenf, ce feroir une vraie perte pour l'Etat d'être obligé d'avoir recours à fes voifms, & de tirer de chez eux, à grands frais, ce que nos foins & quelque légère économie peuvent nous procurer. Mais il 3 j 8 Bijîoire Naturelle. faut sY prendre à temps, il faut com- merxer dès aujourd'l ui ; car fi notre indo- îence dure, fi Tenvie preffante que nous avons de jouir continue à augmenter notre inditiérence pour la poftérité ; enfin fi îa police des bois n efb pas réformée , il eft à craindre que les forêts, cette partie la plus noble du Domaine de nos Rois, ne de- viennent des terres incultes, & que le bois *de fervice, dans lequel cqnfifte une partie des forces maritimes de TÉtat, ne fe trouve confommé & détruit Tans efpérance pro- chaine de renouvellement. Ceux qui font prépofés à la conferva- tion des bois, fe plaignent eux-mêmes de leur dépériflement -, mais ce n eft pas affez de fe plaindre d'un mal qu on reffent déjà, & qui ne peut qu'augmenter avec le temps -, il en faut chercher le remède, & tout bon citoyen doit donner au Public les ex- périences & les réflexions qu'il peut avoir faites à cet égard. Tel a toujours ete le principal objet de l'Académie , l'utilité pu- blique eft le but de fes travaux. Ces raifons ont' enragé feu M. de Réaumur à nous donnerten i-jiU àt bonnes remarques fur rétat des bois du royaume. U pôle dts Partie expérimentale. 359 faits inconreflables , il offre des vues faines, & il indique des expériences qui feront honneur à ceux qui les exécuteront. En- gagé par les mêmes motifs, & me trou- vant à portée des bois. Je les ai obfervés avec une attention particulière*, & enfin animé par les ordres de M. le comte de Maurepas, j'ai fait pluiîeurs expériences fur ce fujet. Des vues d'utilité particulière, autant que de curiofité de Phyhcien , m'ont porté à faire exploiter mes bois taillis fous mes yeux -, j'ai fait des pépinières d'arbres forediers, j'ai femé & planté pîulieurs cantons de bois, & ayant fait toutes ces épreuves en grand, je fuis en état de rendre compte du peu de fuccès de plu- fîeurs pratiques qui réufîilToient en petit , & que les auteurs d'Agriculture avoient recommandées. Il en efl; ici comme de tous les autres Arts, le modèle qui réuf- fit le mieux en petit , fouvent ne peut s'exécuter en grand. Tous nos projets fur les bois doivent fe réduire à tâcher de conferver ceux qui nous reftent, & à renouveler une partie de ceux que nous avons détruits. Com- mençons par examiner les moyens de 3 (jO Hijloire Naturelle. confervation , après quoi nous viendrons à ceux de renouvellement. Les bois de fervice du Royaume con- lîftent dans les forêts qui appartiennent à Sa Majefté , dans les réferves des eccléfiaf- tiques & des gens de main-morte, & enfin dans les baliveaux que l'Ordonnance oblige de larlTer dans tous les bois. On fait, par une expérience déjà trop longue, que le bois des baliveaux n eftpas de bonne qualité, & que d'ailleurs ces ba- liveaux font tort aux taillis. J'ai obfervé fort fouvent les etiets de la gelée du prin- temps dans Jeux cantons de bois taillis voifins l'un de l'autre. On avoit confervé dans l'un tous les baliveaux de quatre coupes fuccelTives , dans l'autre, on n'avoir confervé que les baliveaux de la dernière coupe -, j'ai reconnu que la gelée avoit fait un fi grand tort au taillis furchargé de ba- liveaux, que l'autre taillis l'a devancé de cinq ans fur douze. L'expofition étoit la même j j'ai fondé le terrein en ditîérens endroits, il étoit femblable. Ainfi, je ne puis attribuer cette ditlérence qu'à Tombre & à l'humidité que les baliveaux jetoienc fur le taillis, & à l'obftacie qu ils formoient au Partie expérimentale. - ^(Si au defTéchement de certe humidité , en interrompant Tadlion du vent & du Soleil. Les arbres qui poudenc vigoureuiement en bois, produifent rarement beaucoup de fruit -, les baliveaux fe chargent d une grande quantité de glands , & annoncent par-là leur foibleiïe. On imagineroit que ce gland devroit repeupler & garnir les bois, mais cela fe réduit à bien peu de chofe, car de plufîeurs millions de ces graines qui tombent au pied des arbres , à peine en voit-on lever quelques centaines, & ce petit nombre eft bientôt étouiFé par Fombre continuelle Se le manque d'air ou fupprimé par le dégouttcment de Tar- bre, & par la gelée qui eft toujours plus vive près de la furface de la terre, ou enfin détruit par les obflacles que ces jeunes plantes trouvent dans un terrein traverfé d'une infinité de racines & d'her- bes de toute efpèce : on voit à la vénré quelques arbres de brin dans les taillis- ces arbres viennent de graines, car le chêne ne fe multiplie pas par rejetons au lom, &nepouiïe pas de la racine^ mais ces arbres de brin font ordinairement dans les endroits clairs des bois, loin des lome FIIL q 5(?2 Hijloire Naturelle. gros baliveaux, &: font dûs aux mulots ou aux oifeaux, qui, en rranfportantles glands, en fement une grande quantité. J'ai fu mettre à profit ces graines que les oifeaux îaiffent tomber. J'avois obrervé dans ua champ qui, depuis trois ou quatre ans, croit demeuré lans culture, qu'autour de quelques petits buiflons quisYtrouvoient fort loin les uns des autres, plusieurs petits chênes avoient paru tout d'un coup , je re- connus bientôt par mes yeux, que cette plantation appartenoit à des geais, qui, en îortant des bois, venoient d'habitude Te placer fur ces buiflons pour manger leur gland, & en lailloient tomber la plus grande partie , qu'ils ne fe donnoient ja- mais la peine de ramafler. Dans un terrefn que j'ai planté dans la fuite, j'ai eu foin •- êij mettre de petits buiflons, les oifeaux s'en font empares, & ont garni les environs d'une grande quantité de jeunes chênes. H faut qu'il 'y ait déjà du temps qu'on ait commencé à s'apercevoir du dépérifle- ment des bois, puifqu'autrefois nos Rois ont donné des ordres pour leur ccnferva- tion. La plus utile de ces Ordonnances efl: çelje qui établit dans les bois des ecciéliaf^ Partie expérimentale, 3(^5 iiques & gens de main-morte la réfervê du quart pour croître en futaie j elle eft ancienne, Se a été donnée pour la pre- mière fois en 1575, confirmée en 1597, & cependant demieurée fans exécution juf- quà l'année 1669. Nous devons fouhaiter qu'on ne fe relâche point à cQi égard*, cqs réierves font un fonds, un bien réel pour TÉtat, un bien de bonne nature, car elles ne font pas fu jettes aux défauts des bali- veaux j rien n'a été mieux imaginé , & on en auroit bien fenti les avantages, fi juf- qu'à préfent le cïèdiz, plutôt que le be- foin , n'en eût pas difporé.. On prévien- droit cet abus en fupprimant i'ufage arbi- traire des permiffions, & en établilTant un temps fixe pour la coupe des réierves: ce temps feroit plus ou moins long, félon îa qualité du terrein, ou plutôt félon la profondeur du fol-, car cette attention eft abfolument néçeiTaire. On pou rr oit donc en régler les coupes à cinquante ans dans un terrein de deux pieds & demi de profondeur, à foixante-dix ans dans un terrein de trois pieds & demi, & à cent ans dans un terrein de quatre pieds & demi & au-delà de profondeur. Je donne 3 64 Hijîoire Naturelle. ces termes d'après les obfervatîons que j'ai faites, au moyen d'une tarière haute de cinq pieds, avec laquelle j'ai fondé quantité de terreins, où j'ai examiné en même temps la hauteur, la grolTeur & l'âge des arbres -, cela fe trouvera allez jufte pour les terres fortes & paitri (Tables. Dans ies terres légères &:fablonneuies, on pour- roit fixer les termes des coupes à qua- rante, foixante & quatre-vingts ans -, on perdroit à attendre plus long -temps, & il vaudroit infiniment mieux garder du .bois de fervice dans des magafms, que ' de le laiffer fur pied dans les forêts, où il ne peut, manquer de s'altérer après un certain âge. Dans quelques provinces maritimes du royaume, commue dans la Bretagne près d'Ancenis, il y a des terreins de communes qui n ont jamais été cultivés, & qui, fans être en nature de bois, font couverts d une infinité de plantes inutiles , comme de fougères, de genêts Ôc de bruyères, mais qui font en même temps plantés dune allez grande quantité de chênes ifolés. Ces arbres fouvent gâtés par l'abroutifTe- ment du bétail, ne s'élèvent pas, ils fe Partie expérimentale. 3 6 y courbent, ils fe tortillent, 8c ils portent une mauvaife figure, dont cependant on tire quelqu'avantage , car ils peuvent four- nir un grand nombre de pièces courbes pour la Marine, & par cette raifon ils mé- ritent d'être confervés. Cependant on dégrade tous les jours ces efpèces de plan- tations naturelles-, les feigneurs donnent ou vendent aux payfans la liberté de cou- per dans ces communes, & il eft à crain- dre que ces magafins de bois courbes ne foient bientôt épuifés. Cette perte feroit confidérable , car les bois courbes de bonne qualité, tels que font ceux dont je viens de parler, font fort rares. J'at cherché les moyens de faire des bois courbes, & j'ai fur cela des expériences commencées qui pourront réuiïîr, & que je vais rapporter en deux mots. Dans un taillis j'ai fait couper à ditlérenres hauteurs , ravoir,ài,4, ^' ^» ^^ ^^ ^- pieds au- deffus de terre, les tiges de plulieurs jeunes arbres, & quatre années enfuite j'ai fait couper le fommet des jeunes branches que ces arbres écetés ont produites -, la fi- gure de ces arbres eft devenue, par cette double opération, fi irrégulièrc, qu'il nell Qiij j66 Hljhire Nature lie. pas pofliblc de la décrire, & je fuis pef- ftiadé qu'un jour ils fourniront du bois courbe. Cette fliçon de courber le bois feroit bien plus liniple & bien plus aiféc à pratiquer que celle de charger d'un poids ou d'affuicttir par une corde la tête des j.cuncs arbres, comme quelques geris l'ont propoié ( c ), Tous ceux qui connoifTent un peu les boisj lavent que la gelée du printemps cfl îc fléau des taillis-, c'eft elle qui, dans îes endroits bas & dans les petits vallons fupprime continuellement les jeunes reje- tons, 8c empêche le bois de s'élever ; en un mot, elle fait au bois un aufîî grand tort qu'à routes les autres productions de la terre, & fi ce tort a jufqu'ici été moins connu, moins fenfible, c'ed que la jouif- fance d'un taillis étant éloignée, le pro- priétaire y fait moins. d'attention, & fe confole plus aifément de la perte qu'rl ('cj Ces jeunes arbres que j'avois fait étêtcr en 1734., &C dont on avoit encore coupé la principale branche en 1737, m'ont fourni, en 1769, plulîeurs courbes très-bonnes, & dont je me fuis lervi pour les loucs des marteaux Ôc des fouflflcts de uks foïgcs. Partie expérimentale, ^6y fait-, cependant cette perte nen eft pas moins réelle , puifqu'elle recuie fon re- venu de plufieurs années. J'ai tâché de pré- venir, aurant qu'il eft poiîiblc, les mau- vais etfcts de la gelée, en étudiant la façon dont elle agit, & j'ai fait fur cela des ex- périences qui m'ont appris que la gelée agît bien plus violemment à Texpolition du midi, qu'à l'expofîcion du nord', qu'elle fait tout périr à l'abri du vent, tandis qu'elle épargne tout dans les endroits où il peut pafïer librement. Cette obferva- tion, qui eft conftante, fournit un moyen de préferver de la gelée quelques endroits des taillis, au moins pendant les deux ou trois premières années, qui font le temps critique, & où elle les attaque, avec plus d'avantage^ ce moyen confifte^^obferver, quand on les abat, de commencer la coupe du coré du nord ; il eft aifé d'y obliger les marchands de bois en mettant cette claufe dans leur marché , & je me fuis déjà très-bien trouvé d'avoir pris cette précau- tion pour quelques-uns de mes taillis. Un père de famille, un homme arrangé qui fe trouve propriétaire d'une quantité un peu confidérable de bois taillis , corn-» Qiy }6B Hijloire Naturelle. nience par les faire arpenter^ borner, di- vîfer èc mertre en coupe réglée, il s'ima- gine que c eft-là le plus haut point d'éco- nomie *, tous les ans, il vend le même nombre d'arpens, de cette façon fes bois deviennent un revenu annuel \ il fe fart bon gré de cette règle, Se c'eft cett.e appa- rence d'ordre qui a fait prendre faveur aux coupes réglées : cependant il s'en faut bien que ce foit là le moyen de tirer de fes taillis tout le profit qu'on en pour- roit obtenir \ ces coupes réglées ne font bonnes que pour ceux qui ont des terres éloignées qu'ils ne peuvent viiiter -, la coupe réglée de leurs bois eft une efpèce de ferme, ils comptent fur le produit, &' le reçoivent fans fe donner aucun foin, cela doit?*" convenir à grand nombre de gens -, mais pour ceux dont l'habitation fe trouve fixée à la campagne, & même pour ceux qui y vont palier un certain temps toutes les années , il leur eft hcïlQ de mieux ordonner les coupes de leurs bois taillis. En général, on peut ailurer que, dans les bons terreins,on gagnera à les attendre, èc que, dans les terreins où il n'y a pas d@ fond, il faut les couper fort jeunes -, mais Partie expérimentale. 3C35 îl feroit à fouhairer qu'on pût donner de la précifion à cette règle, & déterminer au JLifte Tvige où* Ton doit couper les tail- lis-, cet âge e(l celui où Taccroidemenc du bois commence à diminuer. Dans les premières années , le bois croît de plus en plus, c'eft-à-dire, que la produ6tion de la féconde année efl plus confidérable que celle de la. première anr.ée *, FaccroifTe- ment de h troifième année e(l plus grand que celui de la féconde -, ainfi , faccroiffe- ment du bois augmente jufqu'à un certain âge , après quoi il diminue ^ c'eft ce point , ce maximum _y qu'A faut faiflr pour tirer de fon taillis tout l'avantage & tout le pro- fit pofîîble. Mais comment le reconnoître , comment s'alTurer de cet inftant ? il n'y a que des expériences faites en grand, des expériences longues & pénibles, des expé- riences telles que M. de Réaumur les a indiquées , qui puifFcnt nous apprendre Tâse où les bois commencent à croître de moins en moms -, ces expériences con- (îftent à couper Sz pefer tous les ans le pro- duit de quelques arpens de bois, pour comparer raugmentation annuelle, & re- Qv 3 70 Hijîoire Nature He. connoître au bout de pluiieurs années Fâge où elle commence à diminuer. J'ai fait pluiieurs autres remarques fur la confervation des bois, & fur les change- mens qu'on devroit faire aux Règlemens des forêts, que je fupprirae comme n'ayant aucun rapport avec- des matières de Phyii- que : mais )e ne dois pas pafîer fous liience ni céder de recommander le moyen que j'ar trouvé d'augmenter la force & la foii- dité du bois de fervice , Se que j'ai rap- porté dans le premier article de ce Mé- moire-, rien n'ell: plus fimple, car il ne s'agit que d'écorcer les arbres, & laiffer ainii fécher & mûrir fur pied avant que de les abattre. L'aubier devient, par cette opération, aulîi dur que le cœur de chêne, il augiijente confidérablement de force & de den'ité, comme je m'en fuis aiTuré par un grand nombre d'expériences, & les fouches de ces. arbres écorcés & féchés fur pied, ne laiifentpas que de repouiler&de reproduire des rejetons -, aind , il n'y a pas ie moindre inconvénient à établir cette pratique, qui, en augmentant la force & la durée du bois mis en œuvre , doit ea Partie expérimentale. 571 diminuer la confommatron , & par confé- qiienc doit être mife au nombre d^s moyens de conferver les bois. Venons mainte- nant à ceux qu on doit employer pour les renouveler. Cet objet n'eO: pas moins important que ïe premier, combien y a-t-il dans le royaume de terres inutiles, de landes, de bruyères, de communes qui lont abloiu- ment ftériles? la Bretagne, le Poitou, la Guyenne, la Bourgogne, la Champagne, & plufieurs autres provinces ne contiens nent que trop de ces terres inutiles-, quel avantage pour l'Etat fi on pouvoit les mettre en valeur 1 la plupart de ces ter- reins étoit autrefois en nature de bois 5 comme je l'ai remarqué dans plufieurs de ces cantons déferts, où l'on trouve en* core quelques vieilles Touches prefque entierementpourries.il ell à croire qu'on a peu à peu dégradé les bois de ces ter- reins, comme on dégrade aujourd'hui les communes de Bretagne, & que, parla fucceflîon des temps, on lesaabfolumenc Hégarnis. Nous pouvons donc raifonna- blement efpérer de rétablir ce que nous avons détruit. On n a pas de regret à voir 3 72 Hijloire Naturelle, des rochers nus 5 des montagnes couvertes de glace ne rien produire , mais com- ment peut-on s'accoutumer à foufirir au milieu des meilleures provinces d'un royaume, de bonnes terres en friches, des contrées entières mortes pour l'Etat ^ je dis de bonnes terres, parce que j'en ai fait défricher, qui ncn-feulement étoient de qualité à produire de bon' bois , mais même des grains de toute efpèce. Il ne s'agiroit donc que de femer ou de planter ces terreins , mais il faudroit que cela pût fe faire lans grande dépenfe , ce qui ne laifle pas que d'avoir quelques difficul- tés, comme on jugera par le détail que je vais faire. Comme je fouhaitois de m'inftruire à fond fur la manière de femcr & de plan- ter des bois, après avoir lu le peu que nos auteurs d'Agriculture difent fur cette matière, je me fuis attaché à quelques au- teurs Anglois, comme Evelyn, Miller, &c. qui me paroiiïoient être plus au fait, & parler d'après l'expérience. J'ai voulu d'a- bord furvre leurs méthodes en tout poinr> & j'ai planté & femé des bois à leur façon ^ mais je n'ai pas été long-temps faiis m aper- Partie expérimentale. 375 eevoir que cette façon étoit ruineufe , Se qu'en luivant leurs confeils , les bois, avant que d'être en âge, m'auroient coûté dix fois plus que leur valeur. J'ai reconnu alors que toutes leurs expériences avoient été faites en petit dans des jardins, dans des pépinières, ou tout au plus dans quelques parcs , oii Ton pouvoit cultiver & foigner les jeunes arbres -, mais ce n'eft point ce qu'on cherche quand on veut planter desbois-, on a bien de la peine à fe réfoudre à la pre- mière dépenfe néceiïaire, comment ne fe refuieroit-on pas à toutes les autres , comme celles de la culture, de l'entretien, qui d'ailleurs deviennent immenfes lorfqu'on plante de grands cantons! j'ai donc été obligé d'abandonner ces Auteurs & leurs méthodes, & de chercher à m'inftruire par d'autres moyeus, & j'ai tenté une grande quantité de façons diliérentes, dont la plupart, je Tavouerai, ont été fans fuccès, mais qui du m.oins m'ont appris des faits > Se m'ont mis fur la voie de réufîîr. Pour travailler, j'avois toutes les fRcilr- tés qu'on peut fouhaiter , des terreins de toutes efpèces, en friches Se cultivés. Une- grande quantité de bois taillis , Se des pé* 3 74 Hijîoire Naturelle. pinîères d'arbres foreftiers où je trouvors tous les jeunes plants dont jWois befoin -, enfin j'ai commencé par vouloir mettre en nature de bois une efpèce de terrein de quatre-yingcs arpens , dont il y en avoit en- viron vingt en friche, & foixanté en terres labourables , produifant tous les ans du fro- ment & d'autres grains , même allez abon- damment. Comme mon terrein étoit natu- rellement divifé en deux parties prefque égales par une haie de bois taillis , que Tune des moitiés étoit d'un niveau fort uni, & que ia terre meparoillbir erre par-tout de même qualité, quoique de profondeur alfez in- égaie, je penfaique je pourrois profiter de . ces circonllances pour commencer une ex- périence do.it le réfultat ed fort éloigné, mais qui fera fort utile, c'eft defavoir, dans le même. terrein , la, ditlérence que produit fur un bois i'inéga'liré de profon- deur du fol, afin de déterminer plus jufte que je ne Yû fait ci devant, à quel âge on dort couper les bois de futaie. Quoique f are commencé f )rr jeune , je n'efpère pas que je puille me fatisfaire pleinement à cet égard, même en me fuppofant une fort longue vie; mais j'aurai au moins ieplaifir Partie expérimentale. jjf d'obferver quelque chofe de nouveau tous les ans, pourquoi ne pas laiiTer à la pofté- riré des expériences commencées? J'ai donc fait drvrfer mon terrein par quart d'arpenc, & à chaque angle j'ai fait fonder la profjrKleur avec ma tarière, j'ai rap^ porté fur un plan tous les points où j'ai fondé , avec la note de la profondeur du terrein & de la qualité de la pierre qui fc trouv oit au-de(îbus, dont la mcche de la tarière ramenoit toujours des échantil- lons, & de cette façon j'ai le plan de la fuperficre & du fond de ma plantation j plan qu'il fera aifé quelques jours de com- parer avec la produdion (dj. (à) Cette opération ayant été faite en 1734^ & le bois femé la même année, on a recepé les jeunes plants, en 1738, pour leur donner plus de vii^ucur. Vingt ans après , c'eft-à-dire j en 1758, ils formoient un bois dont les arbres avoient communément S à 9 pouces de tour au pied du tronc \ on a coupé ce bois a même année, c'eft-à-dire, vingt -qra-re ans aptes l'avoir fcme. Le produit n'a pas été tout-à-faic moitié du produit d'un bois ancien de par.nl âge dans le même terrein i mais aujourd'hui, en i;'74, ce même bois , qui n'a que feize ans , cfl: aufTi garni, & produira tout autant que les bois anciennement plan-" té«;ô( malgré l'inégalice de la profondeur du terrein ^ ^•j6 HiJIoire Naturelle. Après cette opération préliminaire , j'ai partagé mon terrein en plulieurs. cantons, que j'ai fait travailler différemment. Dans Tun, j'ai fait donner trois labours à la char- rue, dans un autre, deux labours, dans un troiiîème un labour feulement j 'dans d'au- tres , j'ai fait planter les glands à la pioche & fans avoir labouré^ dans d'autres, j'ai fait fimplement jeter des glands, ou je les ai fait placer à la main dans l'herbe , dans d'autres, j'ai planté de petits arbres, que j'ai tirés de mes bois -, dans d'autres , des ar- bres de même efpèce, tirés de mes pépi- nières -, j'en ai fait femer & planter quel- ques-uns à un pouce de profondeur, quel- ques autres à iix pouces -, dans d'autres, j'ai femé des glands que j'avois auparavant fait tremper dans difléreiites .liqueurs, comme dans l'eau pure, dans de la lie- de-vin, dans l'eau qui s'étoit égoutée d'un fumjer, dans de l'eau falée. Enfin, dans plufîeurs cantons, j'ai femé des glands avec de l'avoine', dans plufîeurs autres. qui varie depuis i pied f jurqu'à 4 pieds f- , on ne s'aperçoit d'aucune différence dans la grolTeur des ba- liveaux réfervés dans les taillis. Partie expérimentale, 377 j*en ai femé que j'avois fait germer aupa- ravant dans de la terre. Je vais rapporter en peu de mots le réfukat de toutes ces épreuves, & de plufieurs autres que je fupprime ici, pour ne pas rendre cette énuméracion trop longue. La nature du terrein où j'ai fait ces cfTais, m'a paru femblable dans toute fon étendue-, cefl une terre fort paitriilable, un tant foit peu mêlée de glaife , rete- nant Teau long-temps , & fe féchant aiïèz difficilement , formant, par la gelée 8c par la féchereffe, une efpèce de croûte avec plufieurs petites fentes à fa furface, pro- duifant naturellement une grande quantité d'hiebles dans les endroits cultivés, Se de genièvres dans les endroits en friche ; ce terrein eft environné de tous côtés de bois d'une belle venue. J'ai fait femer avec foin tous les glands un à un & à un pied de diftance les uns des autres, de forte qu'il en eft entré environ douze me- fures ou boilTeaux de Paris dans chaque arpent. Je crois qu'il eft néceffaire de rap- porter ces faits pour qu'on puille juger plusfainementde ceux qui doivent fuivre. L'ann ée d'après , j'ai obfer vé avec grande 3 78 Hijloire Naturelle. attention Tétat de ma plantation, & yA reconnu que dans le canton dont j'erpérois le plus, & que jWois fait labourer trois fois, & femer avant Thiv^er, la plus grande partie des glands navoient pas levé, les pluies de Thiver avoient tellement battu Se corroyé la terre, quils navoient pu percer , le petit nombre de ceux qui avoient pu trouver liFue, n avoir paru que fort tard, environ à la fin de juin-, ils croient foibles, eHilés, la feuille étoit jau- nâtre, languiffante, &ils éroient fi loin. les uns des autres , le canton étoit fi peu gar- ni,^ que j'eus quelque regret aux foins qu'ils avoient coûtés. Le canton qui nV voit eu que deux labours, & qui avoit auffi été femé avant Thiver, reiïembloic alTez au premier, cependant il y avoit un plus grand nombre de jeunes chênes, parce que la terre étant moins divifée par le la- bour, la pluie n'avoit pu la battre autant que celle du premier canton. Le troifième qui n'avoir eu qu'un feul labour, étoit par la même raifon un peu mieux peuplé cpje le fécond , mais cependant il Tétoit fi mal , que plus des trois quarts de mes glands avoieat encore manqué. Partie expérimentale. 379 Cette épreuve me fitconnoître que dans les terreins forts & mêlés de glaife, il ne faut pas labourer & femer avant Thiver j j'en fus eiiticrement convaincu 5 en jetant les yeux fur les autres cantons. Ceux que j'avois fart labourer & femer au printemps, étoîent bien mieux garnis^ mais ce qui me furpric, c'eft que les endroits où j'avois fait planter le gland à la pioche, fans au- cune culture précédente, étoientconfidé- rablement plus peuplés que les autres s ceux même où l'on n avoir fait que cacher ies glands fous Therbe, étoient a(Tez bien fournis, quoique les mulots, pigeons ra- miers , & d'autres animaux en eulTent em- porté une grande quantité. Les cantons où les glands avoient été femés à fix pouces de profondeur, fe trouvèrent beaucoup moins garnis que ceux où on les avoir fait femer à un pouce ou deux de profondeur. Dans un petit canton où j'en avois fait femer à un pied de profondeur, il n'en parut pas un, quoique dans un autre endroit où j'en avois fait mettre à neuf pouces , il en eût levé plufieurs. Ceux qui avoient été treni- pés pendant huit jours dans la lie- de- vin ôc daas régoût du fumier , fortirent de terre 3 8 o Hijloire Naturelle. plutôt que les autres. Prefque tous les ar- bres gros & petits que jWois fait tirer de mes taillis, ont péri à la première ou à la féconde année, tandis que ceux que favois tires de mes pépinières ont prefque tous réufîi. Mais ce qui me donna le plus de fatisfadion, ce fut le canton où j'avois fait pîanter au printemps les glands quej avois fait auparavant germer dans de la terre , il n'en avoir prefque point manqué -, à la vé- rité ils ont levé plus tard que les autres^ce que j'attribue à ce qu en les tranfportant ainli tous germes, on caffa la radicule de pluiieurs de ces glands. Les années fuivantes n ont apporté au- cun changement à ce qui s'eft annoncé des la première année. Les jeunes chênes du canton labouré trois fois font demeu- rés toujours un peu au-delTous des autres*, ainfi , je çjfois pouvoir allbrer que pour femer une terre forte & glaifeufe, il faut conferver le gland pendant iliiver dans la terre, en failant un lit de deux pouces de glands fur un lit de terre d'un demi- pied, puis un lit déterrée un lit de glands, toujours alternativement, & enfin en cou- vrant le magafm d un pied de terre pour Partie expérimentale, 381 que la gelée ne puilTe y pénétrer. On en tirera le gland au commencement de mars, 8c on le plantera à un pied de diftance. Ces glands qui ont germé font déjà au- tant de jeunes chênes , Se le fuccès d'une plantation faite de cette façon n'eft pas douteux -, la dépenfe même n'eft pas con- lidérabie, car il ne faut qu'un feul labour. Si l'on pouvoir fe garantir des mulots 8c des oiieaux, on réuiïîroit tout de même 8c fans aucune dépenfe en mettant en au- tomne le gland fous l'herbe, car il perce 8c s'enfonce de lui-même, & réufîît à merveille fans aucune culture dans les fri- ches dont le gazon eft fin, ferré 8c bien garni, ce qui indique prefque toujours un terrein ferme & glaifeux. Comme je penfe que la meilleure fa- çon de fenier du bois dans un terrein fort 8c mêlé de glaife, eft de faire ger- mer les glands dans la terre , il eft bon de raflurer fur le petit inconvénient dont j'ai parlé. On tranfporte le gland germé dans des manequins, des corbeilles, des paniers, 8c on ne peut éviter de rompre la radicule de piufieurs de ces glands*, mais cela ne leur fait d'autre mai que de 382 Hijloire Naturelle. retarder leur fortie de terre de qurnze jours ou trois femainesjcequiniênien'eft pas un mal, parce qu'on évite par-là celui que la gelée des matinées de mai fait aux graines qui ont levé de bonne heure, & qui eft bien plus confidérable. J'ai pris d^s glands germes auxquels j'ai coupé le tiers, îa moitié, les trois quarts, & même toute la radicule-, je les ai femés dans un jardin où je pou vois les obferver à toute heure, ils ont tous levé, mais les plus mutilés ont levé les derniers. J'ai femé d'autres glands germes auxquels, outre la radicule, j'avois encore ôté l'un des lobes, ils onc encore levé -, mais fi on retranche les deux lobes, ou fi l'on coupe la plume, qui eft la partie efTentielIe de l'embryon végétal, ils périfTent également. Dans l'autre moitié de mon terrein, dont je n'ai pas encore parlé , il y a un canton dont la terre eft bien moins forte que celle que j'ai décrite, & oii elle eft même" mêlée de quelques pierres à un pied de profondeur-, c'étoit un champ qui rapportoit beaucoup de grain, & qui avoit été bien cultivé. Je le fis labourer avant l'hiver j & aux mois de novembre, dé- Partie expérimentale. 383 cembre Se février, j'y plantai une collec- tion nombreufe de toutes ies efpèces d'ar- bres des forêts, que je fis arracher dans mes bois taillis de toute grandeur, depuis trois pieds jufqu'à dix & douze de hau- teur. Une grande partie de ces arbres n'a pas repris, & de ceux qui ont pouffé à la première sève, un grand nembre a péri pendant ies chaleurs du mois d'août, plu- lieurs ont péri à îa féconde, Se encore d'autres ia troifième & la quatrième an- née -, de forte que de cous ces arbres , quoi- que plantés & arrachés avec foin, & même avec des précautions peu communes, il ne m'eff rell:é que des cerifiers, des aiiiiers, des cormiers, des frênes & des ormes, encore les aliiiers & ies frênes font-ils lan- guiffans, ils n'ont pas augmenté d'un pied de liauteur en cinq ans -, les cormiers font plus vigoureux, mais les mériliers & les ormes lont ceux qui de tous ont le mieux réufîi. Cette terre fe couvrit pendant l'été d'une prodigieufe quantité de mauvaifes herbes, dont les racines détruifirent plu- fleurs de mes arbres. Je fis femer aufE dans ce Q^ton des glands germes, les mauvaifes herbes en étouftèrent une grande partie^ 384 Hijioire Naturelle. ainfi. Je crois que dans les bons terreins, qui font d'une nature moyenne, entre ies terres fortes & ies terres légères , il con- vient de femer de Tavoine avec les glands, pour prévenir la nailTance des mauvailes herbes , dont la plupart font vivaces , & qui font beaucoup plus de tort aux jeunes chênes que Tavoine qui cefïe de pouffer des racines au mois de juillet. Cette ob- fervationeftfûre, car, dans le même ter- rein, les glands que j'avois fait femer avec lavoine, avoient mieux réuffi que les autres. Dans le refte de mon terrein, j'ai fait planter des jeunes chênes, de l'or- n^ille & d'autres jeunes plants , tirés de mes pépinières, qui ont bien réuflî j ainfi, je crois pouvoir conclure, avec connoilTance de caufe, que c'eft perdre de l'argent & du temps que de faire arracher des jeunes arbres dans les bois pour les tranfplanter dans des endroits où on eft obligé de les abandonner & de les laifTer fans culture. Se que quand on veut faire des plantations confidérables d'autres arbres que de chêne ou de hêtre, dont les graines font fortes. Se furmontent prefque tous les obftai^es , il faut des pépinières où l'on puilTe élever & Partie expérimentale, 385 $c foigner les Jeunes arbres pendant les deux premières années, après quoi on les pourra planter avec fuccès pour faire du bois. M'étant donc un peu inftruit à mes dé- pens en faifant cette plantation , j*entreprrs. Tannée fuivante, d'en faire une autre pref^ que au(îî coniidérable dans un rerreia tout différent-, la terre y eft sèche, légère, mêlée de gravier, & le fol n'a pas huit pouces de profondeur, au-deilous- duquel on trouve la pierre. J'y fis auiïï un grand nombre d'épreuves, dont je ne rapporter rai pas le détail, je me contenterai d'aver- tir qu'il faut labourer ces terreins, & les femer avant l'hiver. Si l'on ne feme qu'au printemps, la chaleur du Soleil fait périr les graines j fi on fe contente de les jeter ou de les placer fur la terre, comme dans ks terreins forts, elles fe deiîéchent & pé- rilTent, parce que Therbe qui fait le gazon de ces terres légères , n'eft pas aiïez gar- nie & alïez épaiiîe pour les garantir de la gelée pendant l'hiver, & de l'ardeur du So- leil au printemps. Les jeunes arbres arra- chés dans les bois, réuiïiffent encore moins dans ces terreins que dans les terres for- Tome VÎIL R 5 8 <> Hijîoire Naturelle. tes-, & Cl on veut les planter, il faut le faire avant Thiver avec des jeunes plants pris en pépinière. Je ne dois pas oublier de rapporter une expérience qui a un rapport immédiat avec notre fujet. J'avois envie de con- iioitre les efpèces de terreins qui font ab- folument contraires à la végétation, de pour cela j'ai fait remplir une demr-dou- !zaine de grandes caifles à mettre des oran- gers, de matières toutes diiïérentes ^ la première de glarfe bleue , la féconde de graviers gros comme des noifcttes, latroi- fième de glaife couleur d'orange, la qua- trième d'argile blanche, la cinquième de fable blanc, & la fixième de fumier de vache bien pourri. J'ai femé dans cha- cune de ces caiffes un nombre éjiaî de glands, de châtaignes & de graines de frênes, & j'ai iaifîé les cailles à l'air fans ies foigner 8c fans les arrofer-, la graine de frêne n'a levé dans aucune de ces terres, ies châtaignes ont levé & ont vécu , mais fans faire de progrès dans la câlffe de glaife bleue. A l'égard des glands, il en a levé une grande quantité dans toutes les caif- feS) à l'exception de celle qui contenoit Partie expérimentale, 387 îa gîaife orangée qui n'a rien produit du tour. J'ai obiervé que les jeunes chênes qui avoienc levé dans la glaife bleue & dans l'argile, quoiqu'un peu effilés au fom- niet, éroient forts & vigoureux en com- paraifon des autres -, ceux qui étoient dans le fumier pourri, dans le fable & dans le gravier, étoient foibles, avoient la feuille jaune Se paroiffoient languilTans. En au- tomne, j'en fis enlev>er deux dans chaque caiffe, l'état des racines répondort à celui de la tige , car dans les glaifes la racine étoit forte, & n'étoit proprement qu'un pivot gros & ferme , long de trois à qua- tre pouces, qui n'avoir qu'une ou deux ra- mifications. Dans le gravier au contraire êc dans le fable , la racine s'étoit fort alon- gée, & s'étoit prodigieufement divifée; elle reiïembloit. Ci je puis m'exprimer ainfi, à une longue coupe de cheveux^ Dans le fumier, la racine n avoir guère qu'un pouce ou deux de longueur, & s'é- toit divifée, dès fa nailTance, en deux ou trois cornes courtes & foibles. Il eft ailé de donner les raifons de ces diflérences, mais je ne veux ici tirer de cette expé- rience qu une vérité utile , c'efl que le R il 38S Hijîoire Naturelle. gland peut venir dans tous les terrerns. Je ne diiïîmulerai pas cependant que j'ai vu, dans plufleurs provinces de France , des terreins d'une vafte étendue couverts d'une petite efpèce de bruyère, où je n'ai pas vu un chêne, ni aucune autre efpèce d'arbres *, ia terre de ces cantons eft légère comme de la cendre noire, poudreufe, fans aucune liaifon. J'aifeit ultérieurement des expériences fur ces efpèces de terres , que je rapporterai dans la fuite de ce Mé- jiioire, & qui m'ont convaincu que fî les chênes n'y peuvent croître, les pins, les fapins, & peut-être quelques autres arbres utiles peuvent y venir. J'ai élevé de graine, & je cultive adlueîiement une grande quan- tité de ces arbres, j'ai remarqué qu'ils demandent un terrein femblable à celui que je viens de décrire. Je fuis donc per- fuadé qu'il n'y a point de terrein , quelque mauvais, quelqu ingrat qu'il paroifle , dont on ne pût tirer parti, même pour planter des bois , il ne s'agiroit que de connoitre les efpèces d'arbres qui conviendroienç gux diftérens terreins. Partie experimentaïe. 5^^ ARTICLE IV. Sur la culture ù ^ l'exploitation des Forêts. Dans les Arts qui font de néceffité première, tels que T Agriculture, les hom- mes, même les plus greffiers, arrivent a force d'expériences à des pratiques utiles: -la manière de cultiver le blé, la vigne, les légumes & les autres productions de la terre que Ton recueille tous les ans, eft mieux & plus généralement connue que la façon d'entretenir & cultiver une to- rêt -, & , quand même la culture des champs feroit défeaueufe à pluheurs égards, il efi: pourtant certain que les ufages établis font fondés fur des expériences conti-. nuellement répétées, dont les réfultats font des efpcces d'approximations du vrai. Le cultivateur éclairé par un intérêt toujours nouveau, apprend à ne pas fe tromper, ou du moins à fe tromper peu fur les moyens de rendre fon terrein plus fertue. Ce même intérêt fe trouvant par-tout, il feroit naturel de penfer que les hom- mes ont donné quelque attention à la cui- R iij $^Q Uijloire Naturelle. ture des bois ; cependant nen n^eft moins connu, rien n'eft plus négligé: le bois pa- roit être un préfent de la Nature, qu'il lufiit de recevoir tel qui! fort de fes mains. La néceffité de le faire valoir ne s'ert: pas fait fentir, & la manière d'en jouir n'é- tant pas fondée fur des expériences afTez répétées, on ignore jufqu'aux moyens les plus limples de conferver les forets, & d'augmenter leur produit. Je n'ai garde de vouloir in/inuer par- îà que les recherches & les obfervations , que j ai faites fur cette matière, foient des dé- couvertes admirables -, je dois avertir au contraire que ce font des chofcs commu- nes, mais que leur utilité peut rendre im- portantes. J'ai dé]^ donné , dans l'article précédent, mes vues fur ce fujet-, je vais dans celui-ci étendre ces vues, en pré- lentant de nouveaux faits. Le produit d'un terrein peut fe mefurer -parla culture^ plus la terre efl: travaillée, plus elle rapporte de fruits ^ mais cette ve- nte, d'ailleurs Il utile, fouftre quelques ex- ceptions, & dans les bois une culture pré- maturée-& mal entendue caufe ladifetteau iîeude produire l'abondance j par exem. Partie expérimentale. 3 9 ^ pie, on imagine, & )e l'ai cru long-temps, que la meilleure manière de mettre un ter- rein en nature de bois, eft de netoyer ce • terrein, & de le bien cultiver avant que de femer le gland ou les autres graines qui doivent un jour le couvrir de bois, & je n'ai été défabufé de ce préjuge, qui paroît 11 raifonnable, que par une longue Fuite d'obfervations. J'ai tait des femis -confidérables & des plantations allez val- tes, je les ai faites avec précaution -, )ai fouvent fait arracher les genièvres, les bruyères, & iufqu'aux moindres plantes que ie regardois comme nuihbles pour cultiver à fond & par plufieurs labours les terreins que je voulois enfemencer j je ne doutois pas du fuccès dun femis fait avec tous ces foins, mais au bout de quel- ques années, j'ai reconnu que ces mêmes foins n'avoient fervi qua retarder iac- croiffement de mes jeunes plants, & que cettecultureprécédente,quimavoitdonnc .Lud'efpérance,m'avoitcaufedespei-tes confidérables : ordinairement on depenle pour acquérir, ici la dépenle nuit a lac- '^tTon veut donc réuffir à faire croître 392 Hijîoire Naturelle. au bois dans un terrern de quelque qua- lité qu'il loir, il faut imiter ia Nature, ii faut y planter 8c y femer des épines & des Luiilons qui puiHènt rompre îa 'force du vent, diminuer celle de la gelée Se s'oppo- fer à rintempérie des iaifons -, ces builFons font des abris qui garantiilent les jeunes plants, & les protègent contre Tardeur du Soleil Se ia rigueur des frimats. Un terrein couvert, ou plutôt à demi-couvert de ge- nièvres, de bruyères, efl: un bois à moitié fait, & qui a peut-être dix ans dWance fur un terrein net Se cultivé : Voici les obfervaàons qui m'en ont ailuré. J'ai dtuK pièces de terre d'environ qua« rante arpens chacune, femées en bois de- puis neuf ans, ces deux pièces font envi- ronnées de tous côtés de bois taillis -, l'une des deux étoit un champ cultivé., on a femé également & en même temps pîuiieurs cantons dans cette pièce, les uns dans le milieu de la pièce, les autres le long des bois taillis -, tous les cantons du milieu font dépeuplés , tous ceux qui avoi- fînent le bois iont bien garnis : cette dif- férence n'étoit pas ieniible à la première année, pas même à ia fecondcj mais je ma Partie expérimentale. 593 fuis aperçu h h troihcme année d'une pe- tite diminution dans le nombre des jeunes plants du canton du milieu, & les ayant obfervés exadement, j'ai vu qu'à chaque été & à chaque hiver des années luivan- tes , il en a péri conlidérablement , & les fortes gelées de 17405 ont achevé de dé- fôler ces cantons , tandis que tout eft floriffant dans les parties qui s'étendent le iong des bois taillis, les Jeunes arbres y font verts, vigoureux, plantés tous les uns centre les autres, & ils fe font élevés fans aucune culture à quatre ou cinq pieds de hauteur: il eft évident qu'ils doivent îeuc accroillement au bois voiiin qui leur a fervi d'abri contre les injures des faifons» Cette pièce de quarante arpens, eft actuel- lement environnée d'une iifière de cinq à fîx perches de largeur d'un bois naiffant qui donne les plus belles efpérances j àmefure- qu'on s'éloigne pour gagner le milieu, le terrein eft moins garni, & quand on arrive à douze ou quinze perches de diftancedes bois taillis, à peine s'aperçoit-on qu'il aie été planté -, l'expolition trop découverte eft la feule caufe de cette diftérence, car le- teneiu eft abfoiumenc le même au milieux 594 Hifloire Naturelle. de la pièce &Ie Iongdubois*,cesterreins^ avoient en même temps reçu les mêmes cultures, ils avoient été femés de la même façon & avec les mêmes graines. J'ai eu occafion de répéter cette obfervation dans des femis encote plus vaftes, oii j'ai re- connu que le milieu des pièces eft toujours dégarni, & que, quelque attention qu'on ait à refemer cette partie du terrein tous . les ans, elle ne peut fe couvrir de bois» & refte en pure perte au propriétaire. Pour remédier à cet inconvénient , far fait faire deux foflés qui fe coupent à an- gles droits dans le milieu de ces pièces , & j'ai fait planter des épines, du peuplier & d'autres bois blancs tout le long de ces foflés*, cet abri quoique léger a luifi pour garantir les jeunes plants voifins du fofl^é^ &,par cette petite dépenfe, j'ai prévenu la perte totale de la plus grande partie de ma plantation. L'iîutre pièce de quarante arpens donc 5'ai parlé, étoit avant la plantation compo-^ fée de vingt arpens d'un terrein net & bien cultivé, & de vingt autres arpens en friche & recouverts d'un grand nombre de genièvres & d épines: j'ai feit ieuitt. Partie expérimentale. 59y en même temps la plus grande partie de ces deux terreins \ mais , comme on ne pou- voit pas cultiver celui qui étoit couvert de genièvres , je me fuis contenté d'y faire jeter des glands à la main fous les geniè- vres, & j ai fait mettre dans les places dé- couvertes le gland fous le gazon au moyen d'un feul coup de pioche *, on y avoic même épargné la graine dans l'incertitude du fuccès, & je l'avois fait prodiguer dans ie rerrein cultivé. L'événement a été tout ditiérent de ce que j'avois penfé , le rer- rein découvert & cultivé fe couvrit à la première année d'une grande quantité de jeunes chênes, mais peu à peu cette quan- tité a diminué, & elle feroit aujourd'hui prefque réduite à rien, fans les foins que je me fuis donné pour en conferver le refte. Le rerrein au contraire , qui étoit couvert d'épines & de genièvres eft devenu en neuf ans un petit bois^ où les jeunes chênes fe font élevés à cinq à fix pieds de hauteur. Cette obfervation prouve encore mieux que la première combien l'abriyeftr néce (Taire à la confervation Se a l'accroif- femenr des jeunes plants, car je n'ai con^ lervé ceux qui étoient dans le terrein trog^ 5 9 s Hijîoire Naturelle. 'découvert , qu'en plantant au printemps des boutures de peupliers & des épines, qui, après avoir pris racine, ont fait un peu de couvert, & ont défendu les jeu- nes chênes trop foibles pour réiifter pat eux-mêmes à ia rigyeur des faifons. Pour convertir en bois un champ ou tout autre terrein cultivé, le plus difficile eft donc de faire du couvert. Si Ton aban- donne un champ, il faut vingt ou trente ans à la Nature pour y faire croître dès épines & des bruyères-, ici il faut une cul- ture qui, dans un an ou deux, puilTe mettre le terrein au même état où il fe trouv-e après une non-culture de vingt ans. J'ai fait à ce fujet différentes tentatives, j*ai fait femer de Tépine , du genièvre & plufîeurs autres graines avec le gland, mais il faut trop de temps à ces graines pour lever & s'élever ^ la plupart demeu- rent en terre pendant deux ans , & j'ai aufîî inutilement elï'ayé des graines qui me paroiilbient plus hâtives, il n'y a que la graine de marfeau qui réufîifle & qui croilTe alTez promptement fans culture : mais je n'ai rien trouvé de mieux pour faire du couvert, que de planter des boutures dO- Partie expùimentak. 397 peuplier ou quelques pieds de tremble en même temps qu'on sème le gland dans un terrein humide-, & dans des terrerns fecs, des éoines, du fureau & quelques pieds de fumach de Virginie-, ce dernier arbre fur-tout, qui eft à peine connu des gens qui ne font pas Botaniftes, fe multiplie de rejetons avec une telle faciliré , qu il iuliira d'en mettre un pied dans un jardin pour que tous les ans on puilTe en porter un grand nombre dans fes plantations, & les racines de cet arbre s'étendent fi loin , qu il n en faut qu'une douzaine de pieds par arpent, pour avoir du couvert au bout de trois ou quatre ans : on obfervera ieule- ment de les faire couper iufqu à terre à la féconde année, afin de faire pouOer un plus grand nombre de rejetons. Apres ie fumach, le tremble eft le meilleur^ car li pouffe des rejetons à quarante ou cin- quante pas, & j'ai garni plufieurs endroits^ de mes plantations, en faifant le-ulemenc abattre quelques trembles qui s'y trou- voient par hafard. îl eft vrai que cet arbre ne fe tranfplante pas aifément, ce qui doit faire préférer le fumach-, de tous les arbres ç^ue je çQiinoiç, c eftie (eul qui, fans aucune: 598 Hijloire Naturelle. culture, croiiTe & fe multiplie au point de garnir un ter rein en auOî peu de temps y fes racines courent prefque à la furface de la terres ainli, elles ne font aucun tort à celles des jeunes chênes qui pivotent Se s'enfoncent dans la profondeur du fol. On ne doit pas craindre que ce fumach ou les autres mauvaifes efpèces de bois, comme ie tremble, le peuplier & le marfeau, puiiTent nuire aux bonnes efpèces , comme îe chêne & le hêtre : ceux-ci ne font foi- bles que dans leur jeunefTe, &: après avoir padé les premières années à l'ombre &: à l'abri des autres arbres, bientôt ils s'élève- ront au-de(ÏLis , & devenant plus forts ils etoufteront tout ce qui les environnera. Je l'ai dit & je le répète, on ne peut trop cultiver la terre lorfqu'elle nous rend tous les ans le fruit de nos travaux-, mais iorfqu'il faut attendre vingt-cinq ou trente ans pour jouir, Iorfqu'il faut faire une dé- penfe confidérable pour arriver à cette JouiiTance , on a raifon d'examiner, on a peut-être raifon de fe dégoûter. Le fonds ne vaut que par le revenu , & quelle diffé- rence d'un revenu annuel à un revenu éloi- gné, même incertain} Fdrtie expérimentale, 39 9 J'ai voulu nVaffurer, par des expétien- ces confiantes, des avantages de la culture par rapport au bois, & pour arriver a des eonnoiflances précifes, j'ai fait femer dans un jardin quelques glands de ceux que )e femois en même temps & en quantité dans mes bois; j'ai abandonné ceux-ci aux ioins de la Nature, & j'ai cukivé ceux-là avec toutes les recherches de FArt. En cinci années les chênes de mon jardm avoient acquis une tige de dix pieds, & de deux à trois pouces de diamètre, & une tête afl'ez formée pour pouvoir fe mettre ana- ment à l'ombre de(ïous, quelques-uns de ces arbres ont même donné , dès la cin- quième année, du fruit, qui, étant feme au pied de fes pères, a prodmt d autres arbres redevables de leur naiffance a la force d'une culture affidue & étudiée. Les chênes de mes bois, femes en même temps, n'avoient, après cinq ans, que deux ou trois pieds de hauteur, {je pai'le des plus vigoureux, car le plus grand nombre- n'avoir pas un pied) leur tige etoit a peu- pr;-s gro.Ie comme le doigt, leur forme- ^toit celle d'un petit builTon, leur mau- vaife figure, loin d'annoncer de la polte- 400 HiJIoire Naturelle, rite 5 larffoît douter s'ils auroient afîez de force pour fe conierver eux-mêmes. En- couragé par ces fuecès de culture, & ne pouvant foufFrir les avortons de mes bois , lorfque Je les comparois aux arbres de mon jardin, je cherchai à me tromper moi-même fur la dépenfe, & j'entrepris de faire dans mes bois un canton affez coniidérabîe , où j'éleverois les arbres avec les mêmes foins que dans mon Jar- din : il ne s'agifToit pas moins que de faire fouiller la terre à deux pieds & demi de profondeur, delà cultiver d'abord comme on cultive un Jardin -, 8c pour .améliorations de faire conduire dans ce terrein, qui me paroilToit un peu trop ferme & trop froid, plus de deux cents voitures de mauvais bois de recoupe & de copeaux que je fis brûler fur la place , Se dont on mêla lés cen- dres avec la terre. Cette dépenfe alloit déjà beaucoup au-delà du quadruple de la va^ ïeur du fonds, mais je me fatisfaifois , & je voulois avoir du bois en cinq ans ; mes efpérances écoient fondées fur ma propre expérience , fur la nature d'un ter- rein choili entre cent autres terreins. Se glus encore fur ia réfolution de ne xim Partie expérimentale. 40 ï épargner pour réulîlr, car céto'n une ex- périence i cependant elles ont été trom- pées, j'ai été contraint, dh la première an- née, de renoncer à mes idées, & à la troi- iièiiie j'ai abandonné ce terrein avec un dégoût égal à l'empreflement que j*avois eu pour le cultiver. On n'en fera pas fur- pris lorfque je dirai, quà la première an* née, outre les ennemis que j'eus à com- battre, comme les mulots, les oifeaux, &c. îa quantité des niauvaiies lierbes fut G. gr^ndQ , qu'on étoit obligé de larder conti- nuellement, & qu'en le faifant à la main 8c avec la plus grande précaution, on ne pou- voit cependant s'eaipêcber de déranger les racines des petits arbres naillans, ce qui leur caufoit un préjudice fenfible*, je me fouvins alors, mais trop tard, de la remar- que de's Jardiniers, qui, la première année n'attendent rien d'un jardin neuf, & qui ont bien de la peine dans les trois pre-^ mières années à purger le terrein des mau- vaifes berbes dont il eft rempli. Mais ce ne fut pas là le plus grand inconvénient ^ î'eau me manqua pendant l'été, ôc ne pou- vant arrofer mes jeunes plants, ils en fouf- frirent d'autant plus qu'ils y avoient été 40 2 HiJIoire Naturelle. accoutumés au printemps ; d'ailîeurs îe grand foin/ avec lequel on ôtoit les mau- vaifes herbes , par de petits labours réité- rés, avoit rendu le terrein net, & fur la fin de l'été la terre étoir devenue brûlante êc d'une fécherefîë atireufe, ce qui ne fe- roit point arrivé fi on ne Tavoit pas culti- vée aLiiïî fouvent, & fi on eût laifie les mauvaifes herbes qui avoient crû depuis le mois de Juillet. Mais le tort irréparable fut celui que caufa la gelée du printemps fui- vanf, mon terrein, quoique bien fitué, n'étoit pas allez éloigné des bois pour que îa tranfpiration des feuilles naifïantes des arbres ne fe répandît pas fur mes jeunes plants*, cette humidité accompagnée d'un vent de nord, les fit geler au 16 de mai, &: des ce jour je perdis prefiijue toutes mes efpérances •■, cependant je ne voulus point encore abandonner entièrement mon pro- jet, je tâch.ai de remédier au mal caufé parla gelée, en faifant couper toutes les parties mortes ou malades-, cette opéra- tion fit un grand bien, mes Jeunes arbres reprirent de la vigueur , 8c comme je n*âvois qu'une certaine quantité d'eau à îeur donner 5 je la réfervai pour ie be- Partie expérimentale, 403 foin preffànf, je ûrminuai auiïi le nombre des labours , crainte de trop delîécher la terre, & je fus aHTez content du fuccès de ces petites attentions : la sève d'août fut abondante, & mes jeunes plants pouf- fèrent plus vigoureufement qu'au prin- temps -, mais le but principal étoit man- qué, le grand & prompt accroiflfement que je defirois, fe réduifoit au quart de ce que j'avois efpéré , & de ce que j'a« vois vu dans mon jardin : cela ralentit beaucoup mon ardeur , & je me conten- tai, après avoir fait un peu élaguer mes Jeunes plants, de leur donner deux la- bours Tannée fuivante, & encore y eut -il nn efpace d'environ un quart d'arpent qui fut oublié, & qui ne reçut aucune culture. Cet oubli me valut une connoif- iance , car j^obfervai , avec quelque fur- prife,que les jeunes plants de ce canton étoient auiïi vigoureux que ceux du can- ton cultivé -, & cette remarque changea mes idées au fujet de la culture , & me fit abandonner ce terrein qui m'avoit tant coûté. Avant que de le quitter, je dois avertir que ces cultures ont cependant fait avancer coaiidérablement iaccroiffe- 404 HiJIoire Naturelle. ment des jeunes arbres. Se que je ne me fuis trompé fur cela que du plus au moins i mais la grande erreur de tout ceci eîl: la dépenfe, le produit n'eft point du tout proportionné , & plus on répand d'argent dans un terrein qu'on veut convertir en bois , plus on Te trompe -, c'efl: un intérêt qui décroît à melure qu'on fait de plus grands fonds. Il faut donc tourner Tes vues d'un autre côté, la dépenfe devcniirit trop forte, il faut renoncer à ces cultures extraordinai- res, & même à ces cuirures qu'on donne ordinairement aux Jeunes plants deux fors î'année en ferfouifïant légèrement la terre à leur pied ; outre des in convéniens réels de cette dernière efpèce de culture, celui de la dépenfe ed: fuHîfant pour qu'on s'en dégoûte aifémcnt, fur-tout (i l'on peut y fubllituer quelque chofe de meilleur & qui coûte beaucoup moins. Le moyen de fuppléer aux labours & prefque à toutes les autres efpèces de cul- tures, c'eftde couper les Jeunesplants Juf- qu'auprèsde terre-, ce moyen tout fimple qu'il paroît, eft d'une utilité infinie, Se iorfqu'il eil mis en œuvre à propos, ij Partie expérimentale, 40 j accélère de plufieurs années le fuccès d'une plantadon. Qu'on me permette, à ce fujet, unpeu de détail, qui peut-être ne déplaira pas aux amateurs de l'Agriculture. Tous les terreins peuvent fe réduire à deux erpèceSjfavoir, les terreins forts & les terreins légers -, cette diviiion , quel- que générale qu'elle foit, fuffit à mon ûedein. Si l'on veut femer dans un terrein léger , on peut le faire labourer *, cette opération fait d'autant plus d'eflet, & caufe d'autant moins de dépenfe que le terrera eil plus léger : il ne faut qu'un feui labour , 8c on sème le gland en fuivant la charrue. Comme ces terreins font ordinairement fecs & brûlans , il ne faut point arracher les mauvaifes herbes que produit l'été luivant, elles entretiennent une fraîcheur bienfai- faute, 8c garantifTent les petits chênes de Fardeur du Soleil ', enfuite venant à périr 8c à fécher pendant l'automne, elles fer- vent de chaume 8c d'abri pendant l'hiver, & empêchent les racinçs de geler j il ne faut donc aucune efpèce de culture dans ces terreins fablonneux. J'ai femé en bois un grand nombre d^arpens de cette nature fie terrein, §c j'ai réuiÇ m-ddl de mç§| 4C^ HiJIoire Naturelle^ efpérancesi les racines des Jeunes arbres trouvant une terre légère & aifee à divifer , s'étendent & profitent de tous les fucs qui leur font offerts -, les pluies & les rofées pénètrent facilement jufquaux racines, il ne faut qu'un peu de couvert Se d abri pour faire réuffir un femis dans des terreins de cette elpèce', mais il eft bien plus difficile de faire croître du bois dans des terreins forts, & il faut une pratique toute dirfé- rentc *, dans ces terreins, les premiers la- bours font inutiles Se fouvent nuifibles, la meilleure manière eft de planter les glands à la pioche fans aucune culture précédente j iiiais il ne faut pas les abandonner comme îes premiers, au point de les perdre de vue êc de n'y plus penfer, il faut au contraire les vifiter fouvent -, il fiut obferver la hauteur à laquelle ils fe feront élevés la première année, obferver enfuite s'ils ont poulie plus vrgoureufement à la féconde année qu'à la première, & à la troiiième cju'à la féconde : tant que l'accroilTemenc va en augmentant ou même tant qu'il fe foutient fur le même pied, il ne faut pas y toucher, mais on s'apercevra ordinairement à la troiiième apnée que l'accroifTement va Partie expérimentale. 407 en diminuant, & fi on attend la quatrième , la cinquième, la iixième, &c. on reconnoî- tra que raccroifTement de chaque année ed toujours plus petite ainli, dès qu'on s'a-* percevra , que , fans qu'il y ait eu de gelées ou d'autres accidens, les jeunes arbres commencent à croître de moins en moins, il faut les faire couper jufqu'à terre au mois de mars , 8c Ton gagnera un grand nombre d'années. Le jeune arbre livré à lui-même dans un terrein fort êc ferré , ne peut étendre fes racines, la terre trop dure les fait refouler fur elles-mêmes, les petits filets tendres & herbacés, qui doi- vent nourrir l'arbre & former la nou- velle production de l'année, ne peuvent pénétrer la fubftance trop ferme de la terre-, ainfi, l'arbre languit privé de nour- riture, & la production annuelle diminue fouvent jufqu'au point de ne donner que des feuilles Se quelques boutons. Si vous coupez cet arbre , toute la force de la sève fe porte aux racines , en développe tous les germes , 8c agilFant avec plus de puilTance contre le terrein qui leur ré- lifte, les jeunes racines s'ouvrent des che* mins nouveaux, 8c divifent par le furcrok 40 8 Hijloire Naturelle. de leur force cette terre qu'elles avoîent jufqu'alors vainement attaquée , elles y trouvent abondamment des fucs nourri- ciers ', Se 5 dès qu elles font établies dans ce nouveau pays, elles pouffent avec vi- gueur au-dehors la furabondance de leur nourriture, & produifent, dès la première année , un jet plus vigoureux & plus élevé que ne l'étoit l'ancienne tige de trois ans. J'ai h fouvent réitéré cette expérience que je dois la donner comme un fait fur, 8c comme la pratique la plus utile que je connoiffe dans la culture des bois. Dans un terrein qui n'eft que ferme fans être trop dur, il fufîira de receper une feule fois les Jeunes plants pour les faire réuiîîr. J'ai des cantons affez con(î- dérabies d'une terre ferme & paîtrilTa- ble, où les jeunes plants n'ont été cou* pés qu'une fois, où ils croiffent à mer- veille, & où j'aurai du bois taillis prêjt à couper dans quelques années. Mais j'ai remarqué dans un autre endroit ou la terre eft extrêmement forte & dure, qu'ayant fait couper à la féconde année mes jeunes plants , parce qu'ils étoient fenguiffans, cel^ na pas empêché qu'au bout Partie expérimentale, 409 bout de quatre autres années on n'ait été obligé de les couper une féconde fois, & je vais rapporter une autre expérience, qui fera voir la néceiîité de couper deux foi» dans de certains cas. J'ai fait planter, depuis dix ans, un nombre trcs-con(icîérable d'arbres de plu- fleurs efpèces, comme des ormes, des frê- nes, des charmes, 8cc, La première an- née, tous ceux qui reprirent pcufscrent afïez vigoureufement j la féconde année, ils ont pouffé plus foibiemenf, la troi- fième année plus languiffamment ^ ceux qui me parurent les plus malades étoient ceux qui étoient les plus gros & les plus âgés lorfque je les fis tranfplanter. Je voyois que la racine n'avoir pas la force de nourrir ces grandes tiges, cela me dé- termina à les faire couper -, je fis faire la même opération aux plus petits les années fuivantes , parce que leur langueur devint telle, que, fans un prompt fecours, elle ne laifïbit plus rien à efpérer , cette pre- mière coupe renouvela mes arbres 8c îeur donna beaucoup de vigueur , fur- tout pendant les deux premières années, mais à la troifième je m'aperçus d'un peu Tome Fin. S 4 1 o Hijloire Naturelle. de diminution dans Face roiiTe ment -, je i'attribuai d'abord à la température des iailons de cette année, qui n'avoit pas été aufîi favorable que celle des années précédentes -, mais je reconnus clairement/ pendant Tannée Suivante, qui fut heu- reufe pour les plantes, que le mal nWoic pas été cauié par la feule intempérie des faifons -, raccroiffement de mes arbres con- tinuoic à diminuer , 8c auroir toujours din^inué , comnie je m/en fuis affuré en îaiflànt fur pied quelques-uns d'entr'eux, li je ne les avois pas fait couper une fé- conde fois. Quatre ans fe Ibnt écoulés depuis cette fecpiîde coupe, fans qu'il y ait eu de diminution dansTaccroiffement, & ces arbres , qui font plantés dans un ter- rein qui eft en friche depuis plus de vingt ans , & qui n'ont jamais été cultivés au pied, ont autant de force, & la feuille aulFi verte que des arbres de pépinière s preuve évidente que la coupe, faite à propos , peut fuppléer à toute autre cul- ture. Les auteurs d'Agriculture font bien éloignés de penfer comme nous fur ce {il jet i ils répètent tous les uns après les au-. Partie expérimentale. 4 1 1 très, que pour avoir une futaie, pour avoir des arbres d'une belle venue, il faut bien le garder de couper le fommec des jeunes plants, ôc qu'il faut conferver avec grand foin le montant j, c'eft- à-dire, le jet principal. Ce confeil n'eft bon que dans de certains cas particuliers -, mais il eft généralement vrai, & je puis ralTurer, après un trcs-grand nombre d'expériences, que rien n'eft plus eflicace pour redreller les arbres, & pour leur donner une tige droite & nette , que la coupe faire au pied. J'ai même obfervé fouvent que les futaies venues de. graines ou de jeunes plants, n'étoient pas li belles ni (1 droites que les futaies venues fur les jeunes fouches -, ainfi, on ne doit pas héfiter à mettre en prati- que cette efpèce de culture fi facile & fi peu coûteuse. Il n eft pas nécelTaire d'avertir qu'elle eft encore plus indifpenfable lorfque les jeunes plants ont été gelés, il n'y a pas d'autre moyen pour les rétablir que de les receper. On auroit dû. par exemple,"^ recepertous les taillis de deux ou trois ans qui ont été gelés au mois d'o6tobre. 1740 5 jamais gelée d'automne n'a fait au^ Sij 4 1 2 Hijioire Naturelle, tant de mal : la feuîe façon d'y remédier c'eft de couper, on faciifie trois ans pour n'en pas perdre dix ou douze. A ces obfeivations générales fur la cuî- nire du bois, qu il me loir permis de join- dre quelques remarques utiles , & qui doivent même précéder toute culture. Le chêne & le hêtre font les feuls ar- bres, à l'exception des pins & de quel- ques autres de moindre valeur , qu'on puifle femer avec fucch dans des terreins incultes. Le hêtre peut être femé dans les terreins légers , la graine ne peut pas for- tir dans une terre forte , parce qu'elle pouiTe au-dchors fon enveloppe au-defifus de la tige naifTante -, ainfi , il lui faut une terre meuble & facile à divifer, fans quoi elle refte Se pourrit. Le chêne peut être femé dans prefque tous les terreins j toutes les autres efpcces d'arbres veulent être Ce- rnées en pépinière , & enfuitc tranfplan- tées à l'âge de deux ou trois ans. Il faut éviter de mettre enfemble les ar- tres qui ne fe conviennent pas , le chêne craint le voifinage des pins, des fapins, des hêtres & de tous les arbres quipoulTènt de grofTes racines dans la profondeur du Partie expérimentale, 413 Toi. En général, pour tirer le plus grand avantage d'un terrein , il faut planter en- fenible des arbres qui tirent la fubftance du fond en poulTant leurs racines à une grande profondeur, & d'autres arbres qui puiiTent tirer leur noiirriture prefque de îa furface de la terre, comme font les trem- bles, les tilleuls, les marfeaux & les autres dont les racines s'étendent Se courent à quelques pouces feulement de profon- deur fans pénétrer plus avant. Lorfqa on veut femer du bois , il faut attendre une année abondante en glands, non- feulement p.uTe qu'ils font meilleurs & moins chers , mais encore parce qu'ils ne feront pas dévorés par les oifeaux, les mulots & les fangliers, qui, trouvant abon- damment du gland dans les forêts, ne vien- dront pas attaquer votre femis, ce qui ne manque jamais d'arriver dans des années de difette. On n'imagineroit pas jufqu'à •quel point les feuls mulots peuvent dé- truire un femis-, J'en avois fait un, il y a deux ans, de quinze à feizearpens ,j 'avois femé au mois de novembre -, au bout de quelques jours, je m'aperçus que les mu- lots emportoient tous les glands : ils habi- S iij 4 1 4 Hifloire Naturelle. tenr feuls , ou deux à deux, & quelquefois trois à quatre dans un même trou^ je hs découvrir quelques-uns de ces trous, & je fus épouvante de voir dans chacun un demi-boilTeau , & fouvent un borHeau de glands que ces petits animaux avoient ra- maflés. Je donnai ordre fur k champ qu'on dreffât dans ce canton un grand nombre de pièges , où pour toute 'amorce on mit une noix grillée -, en moins de trois femaines de temps on m'apporta près de treize cents j-LUilots. Je ne rapporte ce fait, que pour faire voir combien ils font nuidbles, & par leur nombre & par leur diligence à ferrer autant de glande qu'il peut en entrer dans leurs trous. A Pv T I C L E V. Addition aux Obfcrvations précéz dentés. L Dans un grand terrein très-ingr^.t & mal litué, où rien ne vouloir croîrre, où le chêne, le hêtre &: les autres arbres foref- Partie expérimentale» 4 1 5 tiers que j'avois femés n avoient pu réufïîrî où tous ceux que j'avois plantés ne pou- voient s'élever, parce qu'ils éroient tous les ans faiiis par les gelées, je fis planter , en 1734, ^^^ arbres toujours verds-, fa- voir, une centaine de petits pins f^Jj autant d'épicéas & de fapins que j'avois élevés dans des caifTes pendant trois ans*, la plupart des fapins périrent dès la pre- mière année , & les épicéas dans les^ an- nées fuivantes-, mais les pins onr réiiflé, & ie font emparés d'eux-mêmes d'un aiîez grand terrein. Dans les quatre ou cinq premières années, leur accroiiîement étoit à peine ienfible , on ne les a ni cultivés ni recepés ^ entièrement abandonnés aux foins de la Nature, ils ont commencé au bout de dix ans à fe montrer en forme de petits buiiïons-, dix ans après, ces buif- fons devenus bien. plus gros, rapportoient des cônes, dont le vent difperfoit les graines au loin -, dix ans après, c'eft-à- dire,aubout de trente ans, ces builTons avoient pris de la tige, & aujourd'iiui, en I774,c'eft-à-dire, au bout de quarante faj Pinus filvejîris Geneyenjïs, S iv 4 1 6 Hijloire Naturelle. ans -, ces pins forment d'aiïez grands ar- bres dont les graines ont peuplé îe terrein à plus de cent pas de dillance de chaque arbre. Comme ces petits pins ven^s dé graine étoient en trop grand nombre, fur- tout dans le voiiinage de chaque arbre, j'en ai fait enlever un très-grand nombre pour les^tranfpianter plus loin, de ma- nière quaujourdT^iui ce terrein , qui con- tient près de quarante arpens, eft entière- ment cojjvert de pins & forme un petit bois toujours verd, dans un grand efpace qui de tout temps avoit été ftérile. Lorfqu on aura donc des terres ingra- tes, où le bois refufe de croître, & des parties de terrein fituées dans des petits valions en montagne , où la gelée fupprime les rejetons des chênes & des autres ar- bres qui quittent leurs feuilles, la ma- nière la plus fûre & la moins coûteufe de peupler ces terreins, eft d'y planter des jeunes pins à vingt ou vingt -cinq pas les uns des autres. Au bout de trente ans, tout Tefpace fera couvert de pins , &, vingt ans après, on jouira du produit de la coupe de ce bois, dont la plantation n'aura pref- que rien coûté. Et quoique la jouiiTance Partie expérimentale, 417 de cette efpcce de culture Toit fort éloi- gnée, la très -petite dépenfe qu'elle lup- pofe , Se la fatisfadion de rendre vivantes des terres abfolument mortes, font des motifs plus que Tuffifans pour déterminer tout père de famille & tout bon citoyen à cette pratique utile pour la poftérité, l'intérêt de TEtat, Se à plus forte raifon celui de chaque particulier , efi: qu'il ne relie aucune terre inculte j celles-ci qui de toutes font les plus ftériles , 8c paroiiïenc fe refufer à toute culture, deviendront néanmoins aufli utiles que les autres. Car un bois de pins peut rapporter autant 8c peut-être plus qu'un bois ordinaire, & en l'exploitant convenablement devenir un fonds non-feulement auiïi fructueux, mais âufîî durable qu'aucun autre fonds de bois. La meilleure manière d'exploiter les taillis ordinaires, eft de faire coupe nette en laillant le moins de baliveaux qu'il efc poffible*, il efl très-certain que ces bali- veaux font plus de tort à l'accroifTement des taillis, plus de perte, au propriétaire qu'ils ne donnent de bénéfice, & par con- féquent il y auroit de l'avantage à les Sv 41 8 Hijloire Naturelle. tous fnpprrmer. Mais, comme l'Ordon- nauce prcljrit d'en lailfer au mo'ns feize pararpc-nr, les gens les plus foigneux de leurs bois ne pouvant Te difpenfer de cetre Icrvirude mal entendue , ont au inoins grande attention à n'en pas iaiiTèr davantage, Se fnt abattre à chaque coupe fubféquente ces baliveaux réfer^^és. Dans un bois de pins sTexplortation doit fe faire tout autrement -, comme cette efpèce xl'arbre ne repoulle pas fur louche ni des rejetons au loin, & qu'il ne fe propage & multiplie que par les graines qu'il pro- duit tous les ans , qui tombent au pied ou font tranfportées pai le vent aux en- virons de chaque arbre , ce feroit dé- truire ce bois que d'en faire coupe nette ', il faut y lailler cinquante ou foixapte ar- bres par arpent, ou, pour mieux faire encore , ne couper que la moitié ou le tiers des arbres alternativement, c'eft-à- dire , éclaircir feulement le bois d'un tiers ou de moitié , ayant foin de laiiTer les arbres qui portent le plus de graines j tous les dix ans, oîi fera, pour ainlî dire , une demi-coupe , ou même on pourra, tous les ans 5 prendre dans ce taillis le bois Partie expenmentale, 419 dont on aura befoin : cecre dernière ma- nière, par laquelle on jouir annuellement d'une parrie du produit de Ton fonds, cffc de toutes la plus avantageufe. L'épreuve que je viens de rapporter, a été faite en Bourgogne, dans ma terre de Burfon , au-deilus des coliines les plus froides ôc les plus (lériles -, la graine m'é- toit venue des montagnes voiinies de Genève, on ne connoidoit point cette ef- pèce d'arbre en Bourgogne, qui y eft maintenant naturalifé 8c allez multiplié pour en faire à l'avenir de très-grands cantons de bois dans toutes les terres oi\ les autres. arbres ne peuvent réulîir. Cette efpèce de pin pourra croître & fe* multi- plier avec le même fuccès dans toutes nos provinces, à l'exception peut-être des plus méridionales, oii l'on trouve une autre efpèce de pin > dont les cônes font plus alongés, & qu'on ccnnoît f.'iis le nom de pin maritime ^ ou pin de Bordeaux ^ comme l'on connoît celui dont j'ai parlé, fous le nom dçipin de Genève, Je fis venir &: femer, il y a trenre-deux ans, une allez grande quantité de ces pins de Bordeaux, ils n'ont pas à beaucoup près aufïi-bien Sv) 42 0. Hijioire Naturelle. réufîi que ceux de Genève*, cependant il Y en a quelques-uns qui font même d'une très- belle venue parmi les autres, & qui produifent des graines depuis plu- iîeurs années j mais on ne s'aperçoit pas que ces graines réufïilTent.rans culture, & peuplent les environs de ces arbres, comme les graines du pin de Genève. A l'égard des fapins & des épicéas dont j'ai voulu faire des bois par cette même méthode fi facile le 11 peu difpendieufe , j'avouerai qu'ayant fait fouvent jeter d^s graines de ces arbres en très-grande quan- tité dans ces mêmes terres où le pin a il hiQn. réuiïi, je n'en ai jamais vule produit, ni même eu la fatisfadiion d'en voir ger- mer quelques-unes autour des arbres que j'avois fait planter, quoiqu'ils portent à.QS cônes depuis plufieurs années. Il faut donc un autre procédé, ou du moins* ajouter quelque chofe à celui que je viens de donner, il l'on veut faire des bois de ces deux dernières efpèces d'arbres toujours verds. I I. D A N s les bois ordinaires > c'efl-à-dire.^' Partie expérimentale. 4 2 i dans ceux qui font plantés de chênes, de hêtres, de charmes, de frênes, 8c d autres arbres dont raccroiilementeft plus prompr, rels que ies trembles, les bouleaux, les marfeaux, les coudriers, ôcc, il y a du bénéfice à faire couper au bout de douze à quinze ans ces dernières efpèces d'ar- bres , dont on peut faire des cercles ou d'autres menus ouvrages ^ on coupe en même temps les épines & autres mauvais bois : cette opération ne fait qu'éclaircir le taillis, 8c bien loin de lui porter préjudice elle en accélère Taccroiffement -, le chêne , le hêtre 8c les autres bons arbres n en croilTent que plus vite, en forte qu'il y a îe double avantage de tirer d'avance une partie de fon revenu par la vente de ces bois blancs, propres à faire des cercles ,& de trouver enfuire un taillis tout compofé de bois de bonne elTence, & d'un plus gros volume. Mais ce qui peut dégoûter de cette pratique utile, c'eft qu'il faudroir , pour ainli dire, la faire par fes m^ins -, car, en vendant le cerclage de cqs bois aux bûcherons ou aux petits ouvriers qui em- ploient cette denrée, on rifque toujours la dégradation du taillis, il eil prefque im- 42 2 HiJToire Naturelle» pofnble de les empêcher de couper furti- vement des chcnes ou d'autres bons ar- bres, & dès-lors le tort qu'ils vous font, fait une grande dédudion fur le bénéfice & quelquefois l'excède. I I L Dans les mauvais terreins, qui n'ont que (ix pouces ou tout au plus un pied de profondeur, & dont la terre eft grave- leufe & maigre, on doit faire couper les taillis à feize ou dix-huit ans-, dans les terreins médiocres à vingt-trois ou vingt- quatre ans, & dans les meilleurs fonds, il faut les attendre jufqu'à trente: une ^ expérience de quarante ans m'a démontré que ce font à très-peu près les termes du plus grand profit. Dans mes terres, & dans toutes celles qui les environnent, même à plufieurs lieues de diftance, on choifit tout le gros bois, depuis fept pou- ces de tour & au-delTus, pour le faire flotter & l'envoyer à Paris, & tout le menu bois eft confommé par le chauffage du peuple ou par les forges -, mais dans d'autres cantons de la province, où il n'y Partie expérimentale. 423 a point de forges , & où les villages élor» gnés les uns des autres ne font que peu. de confommation , tout le menu bois tomberoit en pure perte fi Ton n'avoir trouvé le moyen d'y remédier en chan- geant les procédés de l'exploitation. On. coupe ces taillis à peu-près comme j'ai conîeillé de couper les bois de pins , avec cette différence qu'au lieu de lailfer les grands arbres, on ne laiflTe que les petits: cette manière d'exploiter les bois en les jardinant j eft en ufage dans plufieurs en- droits-, on abat tous les plus beaux brins, êc on laille fublifter les autres, qui, dix ans après, font abattus à leur tour, & ainfi de dix ans en dix ans , ou de douze en douze ans, on a plus de moitié coupe, c'eft-à-dire , plus de moitié de produit. Mais cette manière d'exploitation, quoi- qu'utile, ne lailTe pas d'être fujette à des inconvéniens. On ne peut abattre les plus grands arbres fans faire fouffrir les petits. D'ailleurs le bûcheron étant pref- que toujours mal-à-l'aife, ne peut couper la plupart de ces arbres qu'à un demi- pied, & fouvent plus d'un p^ed au-dellus de terre, ce qui fait un grand tort aux re« 424 Hijhire Naturelle. venues j ces Touches élevées ne poufTenc jamais d^s rejetons aulîî vigoureux ni en suffi grand nombçe que les Touches cou- pées à fleur de terre \ 8c l'une des plus utiles attentions qu'on doive donner à l'exploitation des taillis, efi: de faire cou- per tous les arbres le plus près de terre qu'il eil: poffible. I V. Les bois occupent prefque par-tout le haut des coteaux & les fommets des col- lines ôc des montagnes d'une médiocre hauteur. Dans ces efpèces de plaines au-, delïïis des montagnes, il fe trouve des ter- reins enfoncés, des efpèces de vallons fecs & froids , qu'on appelle des combes. Quoique le terrein de ces combes ait or- dinairement plus de profondeur, 8c foie d'une meilleure qualité que celui des par- lies élevées qui les environnent, le bois néanmoins n'y efl: jamais auffi beau , il ne poulTe qu'un mois plus tard , 8c fouvent il y a de la ditrérence de plus de moitié dans l'accroilTement total. A quarante ans > le bois du fond de la combe ne vaut pas Partie expérimentale, 425 plus que celui des coteaux qui renviron- neiit vaut à vingt ans. Cette prodigieufe dirr'érence efl: occafîonnée par la gelée qui, tous les ans Se prefqu'en toute iaifon, fe fait fentic dans ces combes, & fuppri- niant en partie les jeunes rejetons, rend les arbres raftaus, rabougris & galleux. J'ai remarqué dans plufieurs coupes où Ton a voit laiilé quelques bouquets de bois, que tout ce qui étoit auprès de ces bouquets 8c iitués à l'abri du vent de nord étoit entièrement gâté par TeiFet de la gelée , tandis que tous les en.droics ex- polés au vent du nord n'étoient point du tout gelés ', cette oblervation me fournit la véritable raifon pourquoi les combes & les lieux bas dans les bois, font ii fujet* à la gelée, & li tardifs à l'égard des ter- reins plus élevés , où les bois deviennent très-beaux , quoique louvent la terre y fort moins bonne que dans les combes ^ c'ed parce que l'humidité & les brouil- lards qui s'élèvent de la terre , réjournent dans les combes , s'y condenfent , & par ce froid humide occaiionnent la gelée; tandis que, fur les lieux plus élevés, les vents diviienc & chalTent les vapeurs nui- 426 IJiJloire Naturelle, iîbics, & les empêchent de tomber fur les arbres, ou du moiiis de sy atraclicr en aiifTi graiHÎe quantrié & en aufli grofles gouttes. li y a de ces lieux bas où il gèle tous les mois de l'année, auiïi le bois nV vaut jamais rien -, j'ai quelquefois par- couru en cré la nuit à la challe ces difî'é- rcns pays de bois, & je me fou viens par- faitement que, fur les lieux élevés, j'avois chaud, mais qu auiïîrot que je defcendois dans ces combes un froid vif & inquiétant, quoique fans vent, me faifiiloit, de forte que fou vent à dix pas de diftance on au- roit cru changer de climat -, des Charbon- niers qui marchoientnuspieds,trouvoient la terre chaude fur ces éminences, & d'une froidure infupportable dans ces pe- tits vallons. Lorfque ces combes fe trou- vent fituécs de manière à être enfilées par les vents froids &: humides du nordoueft, îa gelée s'y fait fentrr, même aux mois de juillet & d'août-, le bois nepcut y croître, les genièvres même ont bien de h peine à s'y- maintenir, & ces combes n'oftrent, au lieu d'un beau taillis femblable à ceux qui les environnent, qu'un efpace ftérile, qu*on dL^ipdÏQune chaume , ôc qui dilière Partie expérimentale. 427 d'une friche, en ce qu'on peut rendre celle-ci fertile par la culture, au lieu qu'on ne fait comment cultiver ou peupler ces chaumes qui font au milieu des bois. Les grains qu'on pourroit y femer font tou- jours détruits par les grands froids de l'hiver ou par les gelées du printemps, il n'y a- guère que le blé noir ou farazin (|ui puiffe y croître , & eixore le produit ne vaut pas la dépenfe de la culture. Ces ter- reins refient donc défcrts, abandonnés, & font en pure perte. J'ai une de ces combes au milieu de mes bois, qui feule contient cent cinquante arpens , dont le produit eft prefque nul. Le fu^cès de ma plantation de pins , qui n'eft qu'à uns lieue de cette grande combe, m'a déter- miné à y planter des jeunes arbres de cette efpcce -, je n'ai commencé que de- puis quelques années , je vois déjà par le progrès de ces jeunes plants, que quel- que jour cet efpace (lérile, de temps im- mémorial , fera. un bois de pins tout auiîi fourni que le premier que j'ai décrit. V. J'ai fait écorcer fur pied des pins, 42 8 Hijloire Naturelle. dQs^ Tapins & d'autres efpèces d'arbres toujours verds, j'ai reconnu que ces ar- bres dépouillés de leur écorce vivent plus îong- temps que les chênes auxquels on fait la même opération , & leur bois ac- quiert de même plus de dureté, plus de force & plus de folidité. Il feroit donc très -utile de faire écorcer fur pied les fa- pins qu'on deftine aux mâtures des vaiA féaux, en les lailïànt deux, trois & même quatre ans fécher ainfi fur pied, ils acquer- ront une force & une durée bien plus grande que dans leur état naturel. Il en eft de même de toutes les groffes pièces de chêne que Ion emploie dans la conf- truétion des vailTeaux, elles feroient plus réfiftantes,pIusfolides & plus durables fi on les tiroir d'arbres écorcés & féchés fur pied avant de \ts abattre. . ^ A l'égard des pièces courbes , il vaut mieux prendre des arbres de brin de la grofieur nécelîaire pour faire une feule pièce courbe, que dé fcier ces courbes dans de plus groiïes pièces, celles-ci font toujours tranchées & foibles, au lieu que les pièces de brin étant courbées dans du fable chaud 3 confervent prefque toute Partie expérimentale. 429 îa force de leurs fibres îongitudinales: J'ai reconnu, en faifant rompre des cour- bes de ces deux elpèces, qu'il y avoir plus d'un tiers de différence dans leur force-, que les courbes tranchées cafToient fubite- nienr, & que celles qui avoient été cour- bées par la chaleur graduée & par une charge conftamment appliquée , fe réta- blilfoient prefque de niveau , avant que d'éclater & fe rompre. V I. On est dans l'ufage de marquer avec un gros marteau , portant empreinte des armes du Roi ou des feigneurs particu- liers 5 tous les arbres que l'on veut réferver danslesbois qu'on veut couper-, cette prati- que eftmauvaife , on enlève l'écorce & une partie de l'aubier avant de donner le coup de marteau-, la blefTure ne fe cicatrife jamais parfaitement & fouvent elle pro- duit un abreuvoir au pied de l'arbre. Plus la tige en eft menue, plus le mal eft grand. On retrouve, dans l'intérieur d'un arbre de cent ans , les coups de marteau qu on lui aura donnés à vingt-cinq, cin- 430 HiJIoire Naturelle. quante & foixante-quinze ans, Se tous ces endroits font remplis de pourriture, & forment fouvent des abreuvoirs ou des fufées en bas ou en haut qui gâtent le pied de Tarbre. Il vaudroit mieux mar- quer avec une couleur à l'huile les arbres qu'on voudroit réferver, la dépenfe feroit à peu-près la même, & la couleur ne feroit aucun tort à l'arbre, & dureroit au moins pendant tout le temps de l'exploitation, V I I. On trouve communément dans les bois deux efpèces de chênes, ou plutôt deux variétés remarquables & différentes i'unc de l'autre à plufieurs égards. La première ell: le chêne à gros gland qui n'eft qu'un à un, ou tout au plus deux à deux fur la branche ^ l'écorce de ces chê- nes eft blanche & lifTe, la feuille grande Se large, le bois blanc, liant, très-ferme, Se néanmoins trcs-aifé à fendre. La fé- conde efpèce porte les glands en bou- quets ou trochets comme les noifettes, de trois, quatre ou cinq enfemble j l'é- corce en cft plus brune Se toujours gerfée, Partie expérimentale. 431 le bois aufîî plus coloré, îa feuille plus pe- tite, & raccroiilement plus lent. J'ai ob- servé que dans tous les terreins peu pro- fonds, dans toutes les terres maigres, on ne trouve que des chênes à petits glands en trochets, & qu'au contraire on ne voir guère que des chênes à gros glands dans les très-bons terreins. Je ne fuis pas alTuré que cette variété foit confiante & fe pro- page par la graine, mais J'ai reconnu, après avoir femé plulieurs années , une très- grande quantité de ces glands, tantôt in- diftindement & mêlés, & d'autres fois réparés, qu'il ne m'efl venu que des chê- nes à petits glands dans les mauvais ter- reins, & qu'il n'y a que dans quelques en- droits de mes meilleures terres où il fe trouve des chênes à gros glands. Le bois de ces chênes relTemble li fort à celui du châtaigner par la texture & par îa couleur, qu'on lésa pris l'un pour l'autre-, c'eft fur cette reiïemblance qui n'a pas été indiquée , qu'eft fondée l'opinion que les charpentes de nos anciennes églifes font de bois de châtaigner: j'ai eu occafion d'en voir quelques-unes , Se j'ai reconnu que ces bcis prétendus de châtaigner. 43 2 H ijlo ire Naturelle. croient du chêne blanc à gros glands, dont je viens de parler, qui éroit autre- fois bien plus commun qu'il ne i'efi: au- jourd'hui, par une raifon bien fimplej ced qu'autrefois , avant que la France ne fut aulîî peuplée , il exiftoit une quantité bien plus grande de bois en bon terrein , & par conféquent une bien plus grande quantité de ces chênes, dont le bois ref- femble à celui du châtaigner. Le châtaigner aft'e6te des terreins parti- culiers, il ne croît point ou vient mal dans routes les terres dont le fond eft de ma- tière calcaire, il y a donc de très-grands cantons & des provinces entières où Ton ne voit point de châtaigners dans les bois , & néanmoins on nous montre dans ces mê- mes cantons des charpentes anciennes, qu'on prétend être de châtaigner, & qui font de Tefpèce de chêne dont je viens de parler. Ayant comparé le bois de ces chênes à gros glands au bois des chênes à petits glands dans un grand nombre d'arbres du même âge, & depuis vingt-cinq ans juf^ qu'à cent ans Se au-deffus, j'ai reconnu que le chêne à gros glands a conflam- ment Partie expérimentale. 4 5 5 ment plus de cœur & moins d'aubier que ie chêne à petits glands dans la propor- non du double au fimple -, h le premier n a qu'un pouce d'aubier, fur huit pouces de cœur, le fécond naura que fept pou- ces de cœur, fur deux pouces d aubier, & ainfi de toutes les autres melures-, d'où il réfulte une perte du double lorf- qu on équarrit ces bois , car on ne peut tirer qu'une pièce de fept pouces d'un chêne à petits glands , tandis qu'on tire une pièce de huit pouces d'un chêne à gros glands de même âge Se de même grolïeur. On ne peut donc recommander aiïez la confervation 8c le repeuplement de cette belle efpèce de chênes, qui a fur l'efpèce commune le plus grand avan- tage d'un accroiffement plus prompt, & dont le bois eft non-feulement plus plein, plus fort, mais encore plus élaftique. Le trou fait par une balle de moufquet dans une planche de ce chêne, fe rétrécit par le reiTort du bois de plus d'un tiers de plus que dans le chêne commun, & celt une raifon de plus de préférer ce bon chêne pour la conftrudion des vaideauxi le boulet de canon ne le feroit point écla- Tomc FUI. T 454 TJiJloire Naturelle. ter , & les trous feroient plus aifés à bou- cher. En général, plus les chênes croiiFent vite , plus ils forment de cœur & meil» îeurs ils font pour le fervice, à grolleur égale-, leur tillu eft plus ferme que celui des chênes qui croilTent lentement , parce qu'il y a moins de cloifons, moins de ré- paration entre les couches ligneules dang le même efpace. Fin du Tome huitième^ (%i