wâmm^mm^Mûm OEUVRES GOMPLETRS FRANÇOIS ARAGO TOME HUITIF.ME La propriété littéraire des divers ouvrages de François Akago étant soumise i des délais légaiii différents, selon qu'ils sont ou non des œuvres posthumes, l'éditeur a publié chaque ouvrage séparément. Ce titre collectif n'est donné ici que pour indiquer au relieur le meilleur classement à adopter. Par la même raison, la réserve du droit de traduction est faite an titre et au verso du faux titre de chaque ouvrage séparé. H»IS. — mPHlUEUIE DE J. CltTE, KrB S»mT - ŒUVRES (Ml'LtTES 1 JIANCOIS AUAGO s E C H K r A 1 H K 1' K H P li T U E 1. DE L'ACADÉMIE DES ïJOlENCES I' U I) L 1 E E s D'APRÈS SON OR DUE SOUS LA DIKECTKKN DE M. J.-A. UAIIRAL Ancien Él(':ve de l'École Polytechnique, ancien Kéiiétitcur dans cet Établissement TOME HUITIÈME fk ~ ^ — Ay/-^ C> PARIS LLIPZIG GIDE, ÉDITEUR T. 0. WEIGEL, ÉDITEUR s nw. lifiiia|j.iite Kônigs-Strasse Le droit Je H'aduction i.'st l'ései'vé au titip de iliaque uuviagu tPiiarci. 18 58 Q 113 (M t. S s:c-i4.t NOÏICES SCIENTIFIQUES TOME CINQUIEME P I.ps ili'ii\ liU ilr François Arago, seuls héritiers de ses droits, ainsi que l'éditenr-propriétairc de, ses œuvres, se réservent le droit de faire traduire les Notices Scieni ifiqdes dans toutes les langues. Ils poursuivront, en vertu des lois, des décrets et des traités internationaux, toute contrefaçon on tontf traduction, même partielle, faite au mépris de leurs droits. Le dépôt légal de ce volume a été fait à Paris, au Ministère de l'Intérieur, en décembre 1858, et simultanément à la Direction royale du Cercle de Leipzig. L'éditeur a rempli dans les autres pays toutes les formalités prescrites par les lois nationales de chaque État, on par les traités inter- nationaux. L'unique traduction eu langue allemande, autorisée, a été publiée simul- tanément à Leipzig par Otto Wigand, lihraire-éditenr, et le dépôt légal ou a été fait partout où les lois l'exigent. iMi'iuviFRin i)C I. ci.iVE , r.oï s»int - booii , ŒUVRES FRANCOTS ARVGO SF.CRETMRE PF.RPKTIKt DE LAfiADÉMIE DES SCTEXCES PnBLIEES D'AVIIKS SON ORDRE SOIiS LA DIRECTlOiN M. J.-A. BARRAL NOTICES SCIENTIFIQUES TOME CINQUIE.M i; PARIS GIDE. ÉDITELR 5 rue Bonnpnrie LEIPZIG T. 0. WEIGEL, ÉDITEUR Konigs-Slrasse Lt^ itpoit lin tradurtion t'st rt'servc. 18y8 NOTICES SCIENTIFIQUES SUR LA PRÉDICTION DU TEMPS EST-IL POSSIBLE, DANS l'ÉTAT ACTUEL DE NOS CONNAISSANCES, DE PRÉDIRE LE TEMPS qu'il FERA A CNE ÉPOOIE ET DANS UN LIEU DONNÉS? PEUT-ON ESPÉBEB, EN TOUS CAS, QUE CE PROBLÈME SERA RÉSOLU UN JOUE? CHAPITRE PREMIER AVANT-PROPOS Occupé, par goût et par devoir, d'études météorolo- giques , je me suis souvent demandé si , en s'appuyant sur des considérations astronomiques, on pourra jamais savoir, une année d'avance, ce que seront, dans un lieu donné, la température annuelle, la température de chaque mois, les quantités de pluie comparées aux moyennes habituelles, les vents régnants, etc. En examinant les résultats des recherches des physi- ciens et des astronomes concernant l'influence de la Lune et des comètes sur les changements de temps, j'ai trouvé la preuve péremptoire, je crois, que les influences^ lunaires et coraétaires sont presque insensibles et, dès Vlll. — V. - 1 s SUR LA PRÉniCTION lors, que la prédiction du temps ne sera jamnis une branche de l'astronomie proprement dite. En effet, notre satellite et les comètes ont été, à toutes les époques, con- sidérés en météorologie comme les astres prépondérants. J'ai encore envisagé le problème sous un autre aspect. J'ai cherché si les travaux des hommes , si des événe- ments qui resteront toujours en dehors de nos prévisions ne seraient pas de nature à modifier les climats acciden- tellement et très -sensiblement, en particulier sous le rapport de la température. Les faits ont répondu affir- mativement. J'ai publié ce résultat avant l'achèvement de mon travail dans VA?muaire du bureau des longitudes pour I8/16. Je l'avouerai sans détour, j'ai voulu alors faire naître une occasion de protester hautement contre les prédictions qu'on m'a attribuées tous les ans, soit en France, soit à l'étranger. Jamais une parole sortie de ma bouche, ni dans l'intimité, ni dans les cours que j'ai pro- fessés pendant plus de quarante années, jamais une ligne publiée avec mon assentiment , n'ont autorisé per- sonne à me prêter la pensée qu'il serait possible , dans rétat de nos connaissances, d'annoncer avec quelque certitude le temps qu'il fera une année, un mois, une semaine, je dirai même un seul jour d'avance. Puisse le dépit que j'ai ressenti en voyant paraître sous mon nom une foule de prédictions ridicules, ne m'avoirpas entraîné, par une sorte de réaction, à donner une importance exa- gérée aux causes de perturbation que j'ai énumérées! Quoi qu'il en soit, je crois pouvoir déduire de mes inves- tigations la conséquence capitale dont voici l'énoncé: Jamais, quels que puissent être ks progrès des sciences, DU TEMPS. 3 les savants de bonne foi et soucieux de leur réputation ne se hasarderont à prédire le temps. Une déclaration si explicite me donnerait le droit d'espérer qu'on ne me fera plus jouer le rôle de Nostra- damus ou de Mathieu Laensberg; mais je suis loin de me bercer, à ce sujet, d'aucune illusion. Des centaines de personnes qui cependant ont parcouru tous les éche- lons des études universitaires n'ont pas manqué de m'assaillir après I8/1O, comme elles le faisaient antérieu- rement , de ces questions vraiment déplorables à notre époque : L'hiver sera -t-il rude? Pensez-vous que nous aurons un été chaud, un automne humide? Voilà une sécheresse bien longue, bien ruineuse ! Va-t-elle cesser? On annonce que la Lune rousse produira cette année de grands ravages; qu'en pensez -vous? etc., etc. Malgré mon peu de confiance dans les prédictions, j'affirme que cette fois l'événement ne me démentira point. Au reste, n'ai-je pas été mis pendant quelques années à une épreuve encore plus rude? N'a- 1- on pas publié un livre intitulé : Leçons d'astronomie pj-o fessées à V Observatoire par M. Arago, recueillies par un de ses élèves ? J'ai protesté dix fois contre cet ouvrage ; j'ai montré qu'il fourmille de bévues incroyables; qu'il est au-dessous de toute critique, dès le moment 011 l'auteur, ne pouvant plus promener* ses ciseaux au travers des notices de l'An- nuaire, est réduit à tirer quelques lignes de son propre fonds. Efforts inutiles! Ces prétendues leçons d'astro- nomie de l'Observatoire n'en sont pas moins arrivées à la quatrième édition. Les lois n'ont rien prévu contre ce que j'oserai appeler la calomnie scientifique. Que faire i SUR LA PRÉDICTION quind la loi est muette ? Se résigner? Une susceptibilité qui semblera légitime à tous ceux qui ont vu le livre en question ne me permet pas de me contenter de la rési- gnation. La position où Ton m'a placé n'étant pas tolé- vable , je me suis décidé à publier ces leçons aujourd'hui si outrageusement défigurées. J'ai dii abandonner des projets de recherches que j'avais formés, et consacrer à la rédaction d'un ouvrage destiné à populariser l'Astro- nomie, un temps que je voulais employer à des expé- riences délicates, propres à éclairer des points de la science encore enveloppés dans une grande obscurité. Puisse mon traité d'Astronoinie populaire avoir quelque utilité ! CHAPITRE II ENTRE QUELLES LIMITES VARIENT DANS NOS CLIMATS LES TEMPÉ- RATURES MOYENNES DES ANNÉES ET DES MOIS L'état météorologique d'un lieu donné est beau- coup moins variable que ne seraient portés à le croire ceux qui en jugent par leurs sensations personnelles, par des souvenirs vagues, par l'état des récoltes. Ainsi, à Paris, les températures moyennes des années oscillent dans des limites assez peu étendues. La température moyenne annuelle de Paris, de 180G à 1826 inclusivement, a été de -|-10".8 centigrades. L;i plus grande des 21 moyennes annuelles n'a surpassé la moyenne générale que de 1°.3; la moindre des tem- pératures moyennes annuelles ne s'est trouvée au-des- sous de la moyenne générale que de Wli. Pour ce qui DU TEMPS. 5 tient aux températures moyennes annuelles, les météo- rologistes systématiques n'ont donc à prévoir, à prédire que d'assez faibles perturbations. Les causes de troublti satisferont à tous les phénomènes si elles peuvent pro- duire, en plus ou en moins, 1°.5 centigrade de variation. Il n'en est pas de même des mois. Les différences entre les moyennes générales et les moyennes partielles vont, en janvier et en décembre, jusqu'à /i et 5 degrés centigrades. En vertu de ces variations, si l'on compare les tem- pératures extrêmes de chaque mois aux températures moyennes ou normales de tous les autres, on trouvera: Que le mois de janvier est quelquefois aussi tempéré que le mois de mars moyen ; Que le mois de février ressemble quelquefois à la seconde quinzaine moyenne d'avril ou à la première quinzaine moyenne de janvier ; Que le mois de mars ressemble quelquefois au mois d'avril moyen ou à la seconde quinzaine moyenne de janvier ; Que le mois d'avril n'arrive jamais à la température moyenne du mois de mai ; Que le mois de mai est assez souvent, en moyenne, plus chaud que certains mois de juin; Que le mois de juin est quelquefois, en moyenne, plus chaud que certains mois de juillet ; Que le mois de juillet est quelquefois, en moyenne, moins chaud que certains mois d'août ; Que le mois d'août est quelquefois, en moyenne, légè- rement plus froid que certains mois de septembre ; 6 SUR LA PRÉDICTION Que le mois de septembre est quelquefois, en moyenne,, plus froid que certains mois d'octobre; Que le mois d'octobre peut être, en moyenne, de plus de 3 degrés plus froid que certains mois de novembre; Que le mois de novembre peut être, en moyenne, de 5°. 5 plus froid que les mois de décembre les plus chauds ; Que le mois de décembre peut être, en moyenne, de 7 degrés plus froid que le mois de janvier. CHAPITRE III CAUSES PERTDRnATRICES DES TEMPÉRATURES TERRESTRES NON SUSCEPTIBLES d'ÈTRE PRÉVUES L'atmosphère qui, un jour donné, repose sur la mer, devient en peu de temps , dans les latitudes moyennes , l'atmosphère des continents, surtout à cause de la prédo- minance des vents d'ouest. L'atmosphère emprunte, en très -grande partie, sa température à celle des corps solides ou liquides qu'elle enveloppe. Tout ce qui modifie la température normale de la mer apporte donc, tôt ou tard , des perturbations dans la température des atmo- sphères continentales. Y a-t-il des causes, placées à tout jamais en dehors des prévisions des hommes , qui puis- sent modifier sensiblement la température d'une portion considérable de l'Océan? Ce probl-^me se rattache par d'étroits liens à la question météorologique que je me suis proposée. Essayons d'en trouver la solution. DU TEMPS. 7 § 1. — Dislocation des champs de glace. Personne ne peut douter que les champs de glace du pôle arctique, que des mers immenses congelées, n'exer- cent une influence marquée sur les climats de l'Europe. Pour apprécier en nombres l'importance de cette influence, il faudrait tenir compte à la fois de l'étendue et de la posi- tion de ces champs ; or ce sont là deux éléments très- variables qu'on ne saurait rattacher à aucune règle certaine. La côte orientale du Groenland était jadis abordable et très-peuplée. Tout à coup une barrière de glaces impé- nétrable s'interposa entre elle et l'Europe. Pendant plu- sieurs siècles le Groenland ne put être visité. Eh bien, vers l'année 1815, ces glaces éprouvèrent une débâcle extraordinaire, se brisèrent dans leur course vers le midi, et laissèrent la côte libre sur plusieurs degrés de latitude. Qui pourra jamais prédire qu'une semblable dislocation des champs de glace s'opérera dans telle année plutôt que dans telle autre? § 2. — Les g'iaces flottantes. Les glaces flottantes qui doivent le plus réagir sur nos climats sont celles que les Anglais appellent des icebergs (montagnes de glace). Ces montagnes proviennent des glaciers proprement dits du Spitzberg ou des rivages de la baie de BafTin. Elles se détachent de la masse générale, avec le bruit du tonnerre, lorsque les vagues les ont minées par leur base, lorsque la congélation rapide des 8 SUR LA PRÉDICTION eaux pluviales dans les crevasses produit une dilatation suffisante pour ébranler et pour pousser en avant ces poids immenses. De telles causes, de pareils effets reste- ront toujours en dehors des prévisions des hommes. Ceux qui se rappelleront les recommandations que les guides ne manquent jamais de faire quand on approche de certains murs de glace , de certaines masses de neige placées sur les croupes inclinées des Alpes; ceux qui n'ont pas oublié que, suivant les assertions de ces hommes d'expérience, il suffit d'un coup de pistolet, et même d'un simple cri , pour provoquer d'effroyables catastro- phes, s'associeront à la pensée que je viens d'exprimer, § 3. — Les montagnes de glaces. Les montagnes de glace (les icebergs) descendent souvent sans se fondre jusque par des latitudes assez faibles. Elles couvrent quelquefois d'immenses espaces; on peut donc supposer qu'elles troublent sensiblement la température de certaines zones de l'atmosphère océa- nique, et ensuite, par voie de communication, la tempé- rature des îles et des continents. Quelques citations ne seront pas ici hors de place. Le (i octobre 1817, dans l'océan Atlantique, par 4G° 30' de latitude nord, M. le capitaine Beaufort rencontra des montagnes de glace marchant vers le sud. Le 19 janvier 1818, à l'ouest de Greenspond de Terre- Neuve, le capitaine Daymont rencontra des îles flottantes. Le lendemain, le bâtiment était tellement pris dans les glaces, qu'on n'apercevait aucune issue, même du haut DU TEMPS. 9 des mâts. Les glaces s'élevaient généralement de \li pieds anglais (4"'. 27) au-dessus des eaux. Le bâtiment fut entraîné ainsi vers le sud pendant vingt-neuf jours. 11 se dégagea par [ik" 37' de latitude, 120 lieues à l'est du cap Race. Pendant cette singulière captivité, le capitaine Daymont aperçut plus de cent icebergs. Le 28 mars 1818, par kV 50' de latitude nord, 53° 1 3' de longitude ouest de Paris, le capitaine Vivian éprouva toute la journée un vent du nord excessivement froid , qui lui fit présumer l'approche des glaces. Effectivement, le lendemain, il aperçut une multitude d'îles flottantes qui occupaient un espace de plus de 7 lieues. « Plusieurs de ces îles, dit le capitaine, avaient de 200 à 250 pieds anglais (61 à 76 mètres) de hauteur au-dessus des eaux. » Le brick Funchal, de Greenock, rencontra des champs de glace à deux reprises dilTérentes, dans son passage de Saint-Jean de Terre-Neuve en Ecosse; d'abord le 17 janvier 1818, à 6 lieues du port qu'il venait de quitter, et ensuite, le même mois, par /i7° 30' de latitude. Le premier champ avait plus de 3 lieues de large; on n'en voyait pas la limite dans la direction du nord. Le second, très-étendu aussi, présentait à son centre un immense iceberg. Le 30 mars 1818, le sloop de guerre le Fly passa entre deux grandes îles de glaces flottantes par /i2 degrés de latitude nord. Le 2 avril 1818, le lieutenant Parry rencontra des montagnes de glace par 42° 20' de latitude nord. En l'année 18/i5, le navire anglais Roc fie fort resta enfermé, à la fin d'avril et au commencement de mai, 40 SUR LA PRÉDICTION pendant vingt et un jours consécutifs, dans une masse de glaces flottantes qui longeait, en s'avançant vers le sud, le banc de Terre-Neuve. § 4. — Variations de la diaphanéité de la mer. La mer s'échauffe beaucoup moins que la terre, et cela en grande partie parce que l'eau est diaphane. Tout ce qui fera varier notablement cette diaphanéité apportera donc des changements sensibles dans la tem- pérature de la mer ; immédiatement après, dans la tem- pérature de l'atmosphère océanique, et plus tard, dans la température de l'atmosphère continentale. Existe-t-il, en dehors des prévisions de la science, des causes qui puissent troubler la diaphanéité de la mçr sur une grande étendue? Voici ma réponse : M. Scoresby a constaté que, dans les régions boréales, la mer affecte quelquefois une teinte vert-olive très-pro- noncée; que cette teinte est due à des méduses et à d'autres petits animalcules ; enfin , que partout où la teinte verte règne, les eaux ont extrêmement peu de dia- phanéité. M. Scoresby a rencontré, parfois, des bandes vertes qui, sur une longueur de 2 à 3 degrés en latitude (60 à 80 lieues), avaient jusqu'à 10 à 15 lieues de large. Les courants entraînent ces bandes d'une région dans l'autre. 11 faut supposer qu'elles n'existent pas toujours, car le capitaine Pliipps, dans la relation de son voyage au Spitzberg, n'en fait pas mention. Comme je le disais tout à l'heure, la mer verte et DU TEMPS. H opaque doit évidemment s'éciiauITer tout autrement que la mer diaphane. C'est une cause de variation de tem- pérature qu'on ne pourra jamais soumettre au calcul. Jamais on ne saura d'avance si dans telle ou telle année ces milliards de milliards d'animalcules auront plus ou moins pullulé, et quelle sera la direction de leur migra- tion vers le sud. § 5. — Phosphorescence de la mer. La phosphorescence de la mer est due à de petits animaux du genre des méduses. Les régions phospho- rescentes occupent de très-grands espaces, tantôt par une latitude, tantôt par une autre. Or, comme l'eau des espaces phosphorescents ressemble à de la bouillie, comme sa diaphanéité est anéantie presque entièrement, elle peut devenir, par réchauffement anormal qu'elle éprouve, une cause de perturbation notable pour la température des atmosphères océanique et continentale. Cette cause de variation thermique, qui saura jamais d'avance la place qu'elle occupe, qui pourra prévoir son intensité ? § G. — Mobilité de l'atmosphère. Supposons l'atmosphère immobile et parfaitement se- reine ; supposons encore que le sol soit doué partout à un égal degré, de facultés absorbantes, émissives, et d'une même capacité pour la chaleur ; dans l'année on observera alors, par l'effet de l'action solaire, une série régulière, non interrompue, de températures crois- 12 SUR LA PRÉDICTION santés, et une série pareille de températures décrois- santes. Chaque jour aura sa température invariable. Sous chaque parallèle déterminé, les jours de maximum et de minimum de chaleur seront respectivement les mêmes. Cet ordre régulier et hypothétique est troublé par la mobilité de Tatmosphcre ; par des nuages plus ou moins étendus, plus ou moins persistants; par les propriétés diverses du sol. De là, des élévations ou des dépressions de la chaleur normale des jours, des mois et des années. Les perturbations n'agissant pas de même en chaque lieu, on peut s'attendre h voir les chilTres primitifs difle- remment modifiés ; à trouver des inégalités comparatives de température là où, par la nature des choses, la plus parfaite égalité semblait de rigueur. Rien n'est plus propre à faire ressortir l'étendue de ces causes perturbatrices combinées, que la comparai- son des époques moyennes oii se manifestent les tempé- ratures maxima et minima dans divers lieux. Voici quelques résultats : Maiimum. Minimum. Saint-Gothard ) (10 années), j Rome I (10 années), j léna i (18 années), j Pétersbourg ) (10 années), j 11 août. 2!i décembre. 6 août. 8 janvier., . . 1" août. 3 janvier. . . . 22 juin. 8 janvier... . Pans ) , ^ . .,, /o. / ^ 15 juill. (21 années), j •' là janvier. 51 et 3 jours après le solstice. /i6 et 18 jours après le solstice. I /il et 1/i jours après î le solstice. 31 et 18 jours après le solstice. 25 et 25 jours après le solstice. DU TEMPS. 13 Ces difTérenccs tiennent aux localités. Mais lorsque des circonstances locales cachées ont tant d'influence, n'est- il pas naturel de penser que les modifications qu'elles reçoivent de la main des hommes peuvent alté- rer sensiblement, dans l'intervalle de peu d'années, le type météorologique de chaque ville de l'Europe? § 7. — Influences des circonstances locales. Je viens de montrer que des circonstances locales cachées, ou du moins peu caractérisées, peuvent exercer des influences sensibles et constantes sur la manière dont les maxima et les minima de température sont distribués dans l'année. Lorsque la science sera en possession d'une grande masse d'observations météorologiques exactes et comparables, faites simultanément en divers lieux ; lors- que ces observations auront été discutées avec intelli- gence et scrupule, on verra, très-probablement, des circonstances de localité jouer dans la science un rôle très-supérieur à celui que les physiciens semblent dispo- sés à leur attribuer. 11 ne me serait même pas difficile de citer, dès ce moment, des régions circonscrites qui ont quelquefois complètement échappé aux froids rigou- reux dont les pays environnants étaient frappés. Les Sables -d'Olonne, par exemple, et les pays voisins, à C lieues à la ronde, constituèrent, pendant l'hiver de 1763 à 176/i, une sorte d'oasis thermique. La Loire était prise près de son embouchure ; un froid intense, un froid de plus de — 10 degrés centigrades interrompait tous les travaux agricoles le long du pays que le fleuve tra- U SDR LA PRÉDICTION verse ; aux Sables, le temps était doux : ce petit canton échappait à la gelée. Voici un fait plus extraordinaire encore que le précé- dent, car il se reproduit tous les ans. Il y a en Sibérie, M. Erman nous l'a appris, un dis- trict tout entier dans lequel, pendant l'hiver, le ciel est constamment serein et où il ne tombe pas une seule parcelle de neige. § 8. — Obscurcissements accidentels de l'atmosphère. Je consens à laisser de côté les perturbations des tem- pératures terrestres qui peuvent être liées à une émission plus ou moins abondante de la lumière ou de la chaleur solaire, soit que ces variations d'émission dépendent du nombre de taches, de facules dont la surface de l'astre se trouve fortuitement parsemée, soit qu'elles aient pour origine toute autre cause inconnue ; mais il m'est impos- sible de ne pas appeler l'attention du lecteur sur les obscurcissements que notre atmosphère subit de temps à autre, sons aucune règle assignable. Ces obscurcisse- ments, en empêchant la lumière et la chaleur solaires d'arriver jusqu'à la terre, doivent troubler considérable- ment le cours des saisons. Notre atmosphère est souvent envahie, dans des éten- dues considérables, par des matières qui troublent fortement sa transparence. Ces matières proviennent quelquefois de volcans en éruption. Témoin l'immense colonne de cendres qui, dans Tannée J812, après s'être élevée du cratère de l'île de Saint -Vincent jusqu'à une DU TEMPS. 15 grande liautcur, fit la nuit, en plein midi, sur l'île de la Barbade. Ces nuages de poussière se sont montrés, de temps à autre, dans des régions oii il n'existe aucun volcan. Le Canada, surtout, est sujet à de tels phénomènes. Dans ce pays on a eu recours, pour en donner l'explication, à des incendies de forêts. Les faits n'ont pas toujours semblé pouvoir se plier exactement à l'hypothèse. Ainsi, le 16 octobre 1785, à Québec, des nuages d'une telle obscurité couvrirent le ciel, qu'on n'y voyait pas à midi pour se conduire. Ces nuages couvraient un espace de 120 lieues de long sur 80 de large. Ils avaient semblé provenir du Labrador, contrée très-peu boisée, et n'of- fraient nullement les caractères de la fumée. Le 2 juillet 181/i, des nuages semblables à ceux dont il vient d'être question enveloppèrent en pleine mer les navires qui se rendaient au fleuve Saint- Laurent. La grande obscurité dura depuis la soirée du 2 jusqu'à l'après-midi du 3. Peu importe, quant au but que nous nous proposons ici, qu'on attribue ces nuages exceptionnels, capables d'arrêter entièrement les rayons solaires, à des incendies de forêts et de savanes ou à des émanations terrestres : leur formation , leur arrivée dans un lieu donné n'en restera pas moins en dehors des prévisions de la science ; les accidents de température, les météores de tout genre dont ces nuages peuvent être la cause, ne figureront jamais d'avance dans les annuaires météorologiques. L'obscurcissement accidentel de l'air embrassa, en 1783, un espace tellement étendu (de la Laponie jus- 46 SUR LA PRÉDICTION qu'en Afrique) , qu'on alla jusqu'à l'attribuer à la matière d'une queue de comète, laquelle, disait-on, s'était mêlée à notre atmosphère. 11 serait impossible de soutenir qu'un état accidentel de l'atmosphère qui permit, pen- dant près de deux mois, de regarder le Soleil à l'œil nu en plein midi, fût sans influence sur les températures terrestres. § 9. — Influence des forêts. Les forêts ne peuvent manquer d'exercer une influence sensible sur la température des régions environnantes,, car, par exemple, la neige s'y conserve beaucoup plus longtemps qu'en rase campagne. La destruction des forêts doit donc amener une modification dans les cli- mats. Dans des cas donnés, à combien cette influence des forêts peut-elle s'élever, en degrés du thermomètre cen- tigrade? La question est très -compliquée et n'a pas encore été résolue. Les vallées, dans toutes les régions très-montagneuses, sont parcourues par des brises diurnes périodiques, sen- sibles particulièrement en mai, juin, juillet, août et sep- tembre. Ces brises remontent les vallées depuis 7 à 8 heures du matin jusqu'à 3 à 4 heures de l'après-midi, époque de leur maximum de force, et depuis d heures ^'usqu'à 6 à 7 heures du soir. Elles ont le plus ordinai- rement la vitesse d'un vent décidé, et quelquefois celle d'un vent violent ; elles doivent donc exercer une influence sensible sur les climats des contrées dont les vallées sont environnées. DU TEMPS. il Ces brises, quelle en est la cause? Tout concourt à montrer qu'elle réside dans la manière dont les rayons solaires échauffent le massif central d'où les vallées rayonnent. Supposez ce massif dénudé, et vous aurez un certain effet ; substituez aux roches arides des forêts touffues, et le phénomène prendra un autre caractère, eu égard du moins à l'intensité. C'est là un des vingt modes d'action du déboisement sur les climats. Avant de mettre la main à l'œuvre pour arranger ses prédictions, le faiseur d'almanachs devrait donc se mettre en relation avec tous les bûcherons de chaque pays. § 10. — Influence des lacs. Dans l'Amérique du nord, l'intérieur du continent ne jouit pas, à parité de latitudes, du même climat que la côte. Par l'influence des lacs cette différence disparaît à l'égard de tous les points dont la distance à ces grandes masses d'eau n'est pas considérable. Il faut donc s'attendre que le dessèchement d'un lac modifiera le climat de la région environnante, et qu'une vaste inondation, conséquence de la rupture imprévue d'une digue, produira momentanément un effet contraire. Si l'on se récriait en me voyant enregistrer des causes dont chacune, prise isolément, ne semble pas devoir produire un très-grand elTet, je répondrais : Nous avons à considérer une influence d'ensemble, et, en tous cas, les perturbations qu'il s'agit d'expliquer sont loin d'être aussi étendues que le public le suppose. vin. — V. 2 48 SUR LA PRÉDICTION § 11. — Les villes et la campagne. Suivant Howard, la température moyenne de Londres surpasse celle de la campagne voisine d'environ 1° centigrade. La dilTérence entre les deux températures n'est pas la même dans toutes les saisons. CHAPITRE IV CAUSES PERTURBATRICES DE L'ÉLECTRICITÉ ATMOSPHÉRIQUE ORAGES — GRÊLE — TROMBES Il serait diflicile de ne pas ranger l'électricité parmi les causes qui influent notablement sur les phénomènes climatologiques. Allons plus loin, et voyons si les travaux des hommes peuvent porter le trouble dans l'état élec- trique de toute une contrée. Le déboisement d'une montagne, c'est la destruction d'un nombre de paratonnerres égal au nombre d'arbres que l'on abat, c'est la modification de l'état électrique de tout un pays, c'est l'accumulation d'un des éléments indispensables à la formation de la grêle, dans une loca- lité où, d'abord, cet élément se dissipait inévitablement par l'action silencieuse et incessante des arbres. Les observations viennent à l'appui de ces déductions théo- riques. D'après une statistique détaillée les pertes occasion- nées par la grêle dans les États continentaux du roi de Sardaigne, depuis 1820 jusqu'à 1828 inclusivement, s'élèvent à la somme de /i6 millions de francs. Trois DU TKMPS. 19 provinces, celle du val d'Aoste, la vallée de Suse et la haute Mauriennc, ne figurent pas dans les tableaux; elles ne furent point grêlées. Ces trois provinces ont les montagnes les mieux boisées. Dans les provinces les plus chaudes, celle de Gênes, dont les montagnes sont bien peuplées, n'est presque jamais visitée par le météore. L'électricité atmosphérique donne lieu à des phéno- mènes immenses par leur étendue ; cependant ils sem- blent avoir eu pour origine des causes purement locales. Leur propagation s'opère aussi sous des influences cir- conscrites dans des zones particulières et quelquefois assez étroites. Le 15 juillet 1788, dans la matinée, un orage à grêle commença dans le midi de la France, parcourut en peu d'heures toute la longueur du royaume et s'étendit ensuite dans les Pays-Bas et la Hollande. Tous les terrains grêlés en France se trouvèrent situés sur deux bandes parallèles, dirigées du sud -ouest au nord-est. L'une de ces bandes avait 175 lieues de long, l'autre environ 200. La largeur moyenne de la bande grêlée la plus occi- dentale était de 4 lieues ; la largeur de l'autre, de 2 lieues seulement. L'intervalle compris entre ces deux bandes ne reçut que de la pluie ; sa largeur moyenne était de 5 lieues. L'orage se mouvait du midi au nord avec une vitesse de 16 lieues à l'heure. Les dégâts occasionnés en France, dans les 1,039 paroisses grêlées, se montèrent, d'après une enquête officielle, à 25 millions. 20 SUR LA PRÉDICTION Voilà, assurément, une tourmente, une perturbation atmosphérique considérable, soit par les dégâts matériels qu'elle produisit , soit par Tinfluence que le déplacement de l'air, et la masse de grêle déposée à la surface de deux longues et larges bandes du territoire, durent exer- cer sur les températures normales d'un grand nombre de lieuXi Les météorologistes, en les supposant aussi instruits que possible, auraient-ils pu la prévoir ? Les deux bandes eurent leur origine dans le pays d'Aunis et dans la Saintonge. Pourquoi là et non pas ailleurs? Pourquoi l'orage ne commença-t-il pas sur tout autre point du parallèle de latitude passant par ses extré- mités méridionales? C'est, répondra -t- on, que dans l'Aunis, que dans la Saintonge, le 13 juillet 1788, les conditions d'électricité et de température étaient éminem- ment favorables à la production d'un orage à grêle et d'un ouragan concomitant dirigé du sud-sud- ouest au nord-nord-est. D'accord; mais ces conditions thermi- ques et électriques favorables à la naissance de l'orage n'étaient - elles pas liées intimement aux travaux agri- coles, à l'existence de telle ou telle masse d'arbres, à l'état des irrigations, à des circonstances variables sui- vant les besoins et le caprice des hommes? Quant à la température, la réponse ne saurait être douteuse pour personne. Sur l'autre point, la liaison ne semblera pas moins évidente si je rappelle que l'évaporation est une source abondante d'électricité, et que divers physiciens ont même rangé la végétation parmi les causes généra- trices de ce même fluide dans l'atmosphère. S'il est vrai, comme on a cru le reconnaître, que DU TEMPS. 21 dans certains cas la flamme et la fumée qui sortent du gueulard d'un haut fourneau ou de la cheminée d'une usine peuvent dépouiller l'atmosphère de toute son élec- tricité sur un grand nombre de lieues à la ronde, les prophètes en météorologie se trouveront dans un nouvel embarras : il faudra qu'ils connaissent d'avance les pro- jets des maîtres de forges et des propriétaires d'usines. D'après ce qu'on sait de moins équivoque sur la cause physique des trombes, d'après la théorie de M. Espy, il doit suffire quelquefois du courant ascendant engendré par une cheminée d'usine pour faire naître un de ces redoutables météores. CHAPITRE V CAUSES PERTURBATRICES DE LA RÉGULARITÉ DE LA PLUIB § 1. — Rizières. On prétend avoir remarqué , en Italie , qu'au fur et à mesure de la multiplication des rizières, la quantité de pluie annuelle s'est graduellement accrue, et que le nombre de jours pluvieux a suivi une augmentation cor- respondante. Pense-t-on que jamais de telles circonstances puissent entrer en ligne de compte dans les combinaisons des fai- seurs de prédictions? § 2. — Tremblements de terre. Dans les régions tropicales de l'Amérique les indigènes regardent les tremblements de terre qui se répètent 22 SUR LA PRÉDICTION comme d'heureux avant-coureurs de pluies fécondantes. M. de Ilumboldt rapporte même que, dans la province dci Quito , de violentes secousses amenèrent l'invasion subite de la saison des pluies ; que cette saison y arriva assez longtemps avant l'époque où elle a lieu ordinairement. 11 n'est pas probable que l'influence des tremblements de terre s'exerce seulement dans le voisinage de l'équa- teur. La prédiction de la pluie supposerait donc une connaissance anticipée du nombre et de la force des secousses qui devraient se faire sentir dans la région pour laquelle l'astrologue travaillerait. § 3. — Incendies. Je lis dans Bacon : « Quelques historiens prétendent que, dans le temps où la Guyenne était encore au pou- voir des Anglais, les habitants de Bordeaux et des can- tons voisins présentèrent une requête au roi d'Angleterre pour l'engager à défendre à ses sujets des comtés de Sussex et de Hampton de mettre le feu aux bruyères, sur la fin d'avril, comme ils le faisaient ordinairement; opé- ration d'où résultait, disaient-ils, un vent c{ui était très- nuisible à leurs vignes. » Je ne sais ce qu'il y avait de fondé dans la réclama- tion, car la distance de Bordeaux au comté de Sussex est fort considérable; mais je dois déclarer qu'aujourd'hui on commence, parmi les physiciens, à vouloir faire jouer aux incendies un rôle non moins extraordinaire; je puis dire qu'aux États-Unis, un savant bien connu , M. Espy, adoptant les opinions répandues parmi les indigènes du I DU TEMPS. 23 nouveau continent, depuis le Canada jusqu'au Paraguay, a proposé récemment de faire naître, en temps de séche- resse, des pluies artificielles, et que son moyen est d'al- lumer de grands feux. A l'appui de son projet M. Espy, cite : L'opinion des Indiens du Paraguay qui, au rapport des missionnaires, mettaient le feu à de vastes savanes lors- que leurs récoltes étaient menacées par la sécheresse , et prétendaient faire naître ainsi jusqu'à des orages avec tonnerre; L'opinion des colons de la Louisiane et le succès immémorial de l'incendie des prairies dans cet État; L'opinion de la population de la Nouvelle -Ecosse concernant les conséquences de l'incendie des forêts ; L'opinion et les pratiques des colons des comtés de Delaware et de Oswego ; Etc., etc. M. Espy dit s'être assuré, par diverses voies, que le climat de Manchester a éprouvé des modifications gra- duelles et sensibles, à mesure que l'industrie manufactu- rière s'est développée. Depuis que cette ville est devenue, pour ainsi dire, une vaste fournaise, il y pleut, plus ou moins, tous les jours. Ceux qui prétendent que la dété- rioration du climat n'a pas été aussi considérable assu- rent qu'il ne pleut à Manchester que six jours sur sept. Supposons ces faits avérés. Les prédictions de la pluie l")Our un lieu donné se trouveront souvent renversées par des incendies accidentels et par des feux d'usines. Si SUR LA PRÉDICTION DU TEMPS. CHAPITRE VI VARIATIONS DES VEKTS Le temps me manque pour indiquer ici la multitude de causes locales qui peuvent exercer une grande in- fluence sur la direction et sur la force du vent. Je me bornerai à une remarque, très-propre à éclairer ceux qui, dépourvus d'instruments météorologiques, se guident d'après l'état des récoltes et celui de la végétation. Voici comment elle peut être formulée : le vent exerce sur les végétaux une action directe, souvent très-nuisible, et qui doit être soigneusement distinguée de l'action climatolo- gique. C'est contre cette action directe que les rideaux de bois formant abri sont particulièrement utiles. L'influence directe du vent sur les phénomènes de la végétation ne se présente nulle part d'une manière plus frappante que dans l'île de France. Le vent du sud-est, très-sain pour les hommes et les animaux, est, au con- traire, un fléau pour les arbres. Jamais on ne trouve de fruits sur les rameaux directement exposés h ce vent ; il n'en existe que du côté opposé. D'autres arbres sont mo- difiés môme dans leur feuillage ; ils n'ont qu'une moitié de tête ; l'autre a disparu sous l'action du vent. Les oran- gers et les citronniers deviennent superbes dans les bois. En plaine et sans abri , ils restent toujours faibles et rabougris. DE L'INFLUENCE DE LA LUNE SUR LES PHÉNOMÈNES TERRESTRES CHAPITRE PREMIER DEFINITIONS Les astronomes, les physiciens, les météorologistes, semblent généralement convaincus que la Lune n'exerce sur notre atmosphère aucune influence appréciable ; mais on doit avouer qu'ils sont seuls de cet avis. L'immense majorité du public croit fermement à une action puis- sante de notre satellite. Les agriculteurs, et surtout les marins, disent avoir remarqué, par exemple, dans mille circonstances, que tout passage d'une phase de la Lune à la phase suivante amène inévitablement un change- ment de temps. Une question aussi compliquée ne saurait aujourd'hui être résolue par de simples considérations théoriques. De longues suites d'observations exactes, groupées avec méthode, peuvent seules faire espérer des résultats inatta- quables, dignes de prendre place dans la météorologie positive. Malheureusement, les travaux de ce genre sont encore très-peu nombreux et n'embrassent que de courts intervalles. La question, cependant, ayant fait depuis peu des progrès incontestables, j'ai pensé devoir les 'SB DE L'INFLUENCE DE LA LUNE signaler dans celte Notice, qui aura peut-ôtre quelque action contre des préjugés trcs-cnracinés. Pour éviter plus d'une périphrase, je rappellerai ici la signification précise de divers termes d'astronomie dont j'aurai à faire usage. La Lune décrit dans l'espace une ellipse dont la Terre occupe un des foyers. Cette courbe est Vorbite lunaire. L'extrémité du grand axe de cette ellipse la plus voisine de la Terre s'appelle le périgée. L'extrémité opposée, qui est en môme temps le point oii la Lune se trouve le plus éloignée de nous, porte le nom d'apogée. Le périgée et l'apogée sont quelquefois désignés, l'un et l'autre, par le mot d'apsides. Le temps que la Lune emploie à faire une révolution complète dans le ciel , c'est-à-dire à revenir à la môme étoile, estde27J.31. Ce temps s'appelle la révolution sidérale. Les apsides ne sont pas fixes parmi les étoiles. Leur déplacement s'opère de l'occident à l'orient. Le temps qui s'écoule entre deux passages successifs de la Lune par le périgée est donc plus long que la durée de la révo- lution sidérale. Ce temps porte le nom de révolution anomalistique. Le Soleil, vu de la Terre, paraissant doué d'un mou- vement propre, dirigé, comme celui de la Lune, de l'occident à l'orient, le temps que la Lune emploie à revenir au Soleil doit aussi ôtre plus long que la durée de la révolution sidérale. Ce temps est, en effet, de 29J.53, terme moyen. On l'appelle la révolution synodique. C'est, en d'autres termes, la durée du mois lunaire. SUR LES PHÉNOMÈNES TERRESTRES. 27 Pendant chaque révolution synodique la Lune prend différentes formes ou phases. Quand cet astre se trouve directement interposé entre le Soleil et nous, il est éclairé dans toute l'étendue de l'hémisphère opposé à la Terre, de l'hémisphère que l'opa- cité de la matière dont il se compose nous empêche de découvrir. La Lune, dans ce cas, ne peut être aperçue ; on la dit nouvelle. Le moment où ce phénomène se réalise est celui de la conjonclion. A l/jJ.VG, terme moyen, du moment de la conjonction ou de la nouvelle Lune, la face de cet astre éclairée par le Soleil coïncide avec la face tournée de notre côté : elle paraît être un cercle lumineux complet. Le temps où cela arrive s'appelle Vopposilion. La Lune est alors pleine. Le mot de syzygie sert à désigner indistinctement les nouvelles et les pleines Lunes. A l'époque qui partage en deux parties égales l'inter- valle compris entre la nouvelle et la pleine Lune, cet astre a la forme d'un demi-cercle lumineux. Sa partie occidentale paraît circulaire, sa partie orientale rectili- gne. C'est le premier quartier. On dit alors que la Lune se trouve dans la première quadrature, parce que sa distance angulaire au Soleil est d'environ 90% ou du quart de la circonférence entière. La seconde quadrature, le second ou dernier quartier, arrive IKk après la pleine Lune. C'est la seconde épo- que, où, dans une lunaison, l'astre paraît sous la forme d'un demi-cercle lumineux. Mais, cette fois, la convexité est orientale et la portion rectiligne à l'occident. Pour certaines recherches, on a eu bcroin de distin- 28 DE L'INFLUENCl- DE LA LUNE guer dans le cours de la Lune, quatre autres points qui ont pris le nom d'octants. Le premier, le second, le troisième et le quatrième octant, sont respectivement situés, comme le nom l'indique, à égales distances de la nouvelle Lune et du premier quartier, du premier quartier et de la pleine Lune, de la pleine Lune et du second quartier, du second quartier et de la nouvelle Lune suivante. Chaque octant est d'ailleurs caractérisé par une forme particulière de l'astre, sur Inquelle il serait superflu d'insister ici, puisque nous n'aurons pas besoin d'en faire mention. L'intervalle de temps qui s'écoule entre la nouvelle et la pleine Lune, cet intervalle durant lequel la partie éclairée de l'astre, visible de la Terre, augmente gra- duellement d'étendue, s'appelle la période de la Lune croissante. Tout le monde comprendra, sans autre expli- cation, pourquoi le reste du mois lunaire, pourquoi le temps qui sépare la pleine Lune de la nouvelle Lune du mois suivant, porte le nom de période de la Lune décroissante, de période du décours ou du déclin. CHAPITRE II LA LUNE EXERCE-T-ELLE QUELQUE INFLUENCE SUR LA PLUIE? Cette question a été examinée avec beaucoup de soin, en 1830, par M. Sciiubler, dans un ouvrage allemand qui mériterait d'être plus connu en France. Je suis redevable de l'avantage de pouvoir présenter ici l'ana- lyse de ce curieux traité à la complaisance qu'a eue SUR LES PHÉNOMÈNES TERRESTRES. 29 le savant professeur de Tiibingue de m'en adresser directement un exemplaire. Les bases sur lesquelles il se fonde sont 28 années d'observations météorologiques faites en Allemagne , savoir : A Munich de 1781 à 1788 A Stuttgart! de 1809 à 1812 A Augsbourt' de 1813 à 1828 NOMBRES DE JÛLRS DE PLUIE de de de de de en 1809 1813 1817 1S21 1825 20 ans. à à à à à 1812. 1816. 1820. 1824. 1828. De la nouvelle Lune au premier quartier 76û 132 1^2 i!x5 179 166 Du premier quartier à la pleine Lune 8!i5 l/i5 169 173 180 178 De la pleine Lune au der- nier quartier 761 12i l/i5 162 166 16^ Du dernier quartier à la nouvelle Lune 696 110 139 135 153 159 Pendant la Lune crois- sante 1609 277 311 318 359 3Ziù Pendant la Lune décrois- sante 1Z|57 23a 28Zi 297 319 323 Excès pendant le premier intervalle 152 Zi3 27 21 ZjO 21 Le maximum du nombre de jours pluvieux a donc lieu entre le premier quartier et la pleine Lune, le minimum entre le dernier quartier et la nouvelle Lune. Le nombre de jours de pluie dans le dernier intervalle est au nombre de jours de pluie pendant le premier ::69G:8/i5, ou :: 100:121. /|, ou enfin, en nombre rond, ::5:6. Les moyennes par intervalles de quatre années donnent des rapports analogues. 30 DE L'INFLUENCE DE LA LUNE Il paraît donc avéré qu'il pleut plus fréquemment durant la période de croissance de la Lune que durant celle de son déclin. Ces premiers résultats encouragèrent M. Schùbler à discuter les observations avec plus de détail ; à ne pas partager le mois lunaire en quatre parties seulement; à chercher les époques des maxima et des minima plus exactement qu'à 6 ou 7 jours près. CHAPITRE m NOMBRES DE JOlTxS DE PLUIE SLIVANT LES PHASES DE LA LUNE On a compté comme jours de pluie tous les jom's pour lesquels une chute de pluie ou de neige était indi- quée dans les journaux météorologiques, pourvu que la hauteur de la quantité recueillie dépassât 2 centièmes de ligne ( 0™'^^. 0Zi5) . Dans la formation des groupes, le jour même du premier quartier a été compris dans l'intervalle de la nouvelle Lune au premier quartier ; le jour môme de la pleine Lune, dans l'intervalle du premier quartier à la pleine Lune, et ainsi de suite. Le tableau renferme les résultats, d'abord pour les 20 dernières années, ensuite pour le nombre total de 28 années, dont M. Schiibler pouvait disposer. En pre- nant, à chaque époque, les moyennes de deux jours consécutifs, on avait en vue d'alîaiblir les elTets des per- turbations accidentelles et d'arriver à une série de nom- bres un peu plus régulière. SUR LES PHÉNOMÈNES TERRESTRES. 31 NOMBRES DE JODRS DE PLUIE rendant 2o ans. Pendant 2S ans. I.c jour de la nouvelle Lune Le jour suivant Le jour du premier oc- tant Le jour suivant Le jour du premier quartier Le jour suivant Le jour du deuxième octant Le jour suivant Le jour de la pleine Lune Le jour suivant Le jour du troisième octant Le jour suivant Le jour du dernier quartier Le jour suivant Le jour du quatrième octant Le jour suivant Le jour Moyeun-js de Ue jour Moyennes de mi'me. deux jours. m(5me. deux jours. 105 113 119 115 111 113 12^ 128 116 113 125 109 92 96 100 109 117 112 126 115 117 94 94 1/|8 148 152 148 156 151 164 167 162 161 161 150 130 140 138 129 148 150 153 165 161 155 135 133 On voudra bien remarquer que dans l'espace de 20 ans il y a eu 2/i9 révolutions synodiques de la Lune, et 348 en 28 ans; en sorte que cet astre est revenu autant de fois à chacune des positions qu'on vient de consi- dérer. Ces moyennes, soit pour 20, soit pour 28 ans, indi- quent un accroissement assez régulier du nombre de jours pluvieux depuis la nouvelle Lune jusque vers le deuxième octant ; ensuite, un décroissement graduel ; enfin un mi- 32 DE L'INFLUENCE DE LA LUNE nimiim situé entre le dernier quartier et le quatrième octant. Quand on possédera une plus longue suite d'observa- tions, il sera facile d'elTectuer ces mêmes calculs relati- vement à tous les jours du mois lunaire. Alors, pour ' éliminer totalement les effets des causes accidentelles, il suffira de grouper ensemble les nombreuses observations particulières faites, soit le jour de la nouvelle Lune, soit le lendemain, soit le jour suivant, etc. En attendant que les richesses météorologiques permettent de suivre cette marche, M. Schubler a essayé d'approcher des résultats qu elle fournira, en faisant concourir à la détermination des quantités correspondantes aux diverses époques caractéristiques de la lunaison, les moyennes particulières de plusieurs jours précédents et de plusieurs jours sui- vants. Je n'insisterai pas sur le genre d'interpolation qu'il a suivi, car toutes les méthodes connues auraient à peu près donné les mêmes nombres. Deux mots suffiront, au surplus, pour rendre la table suivante parfaitement intelligible. En 28 ans il y a eu en Allemagne ^ ,299 jours de pluie. Pour avoir un nombre rond, M. Schubler a ramené tous ses résultats, par des parties proportionnelles, au cas hypothétique d'un total de 10,000 jours pluvieux. Ainsi, lorsque, dans la seconde colonne de la table, on lit 290, cela signifie que sur un espace de temps durant lequel il y a eu 10,000 jours de pluie, les jours pluvieux de qua- trième octant, compris dans le même intervalle, ont été au nombre de 290; et ainsi de même pour les autres résultats. SUR LES PHÉNOMÈNES TKUKESTUES. 35 Nombre de fois qu'il phnt, au sud-ou( ^t dd AHtu.agve, dans les différentes phases, sur un nombre tolal de 10,000 jours pluvieux. Le jour de la nouvelle Lune 306 Le jour du premier octant 306 Le jour du premier quartier 325 Le jour du deuxième octant 3^1 maximum Le jour de la pleine Lune 337 Le jour du troisième octant 313 Le jour du dernier quartier 28i minimum Le jour du quatrième octant 290 Pilgram chercliu déjà en 1788, si à Vienne, en Autriche, les phases lunaires n'exerçaient pas quelque influence sur la pluie. Voici quels furent ses résultats : Sur 100 observalions de la méjiie phase. Nouvelle Lune 26 chutes de pluie. Moyennes des deux quartiers. . 25 — rieine Lune 29 — Ici, comme à Augsbourg et à Stuttgard, la pleine Lune offre plus de jours pluvieux que la Lune nouvelle. La comparaison ne saurait être poussée plus loin, puisque les quadratures , pour Vienne, ne sont pas séparées. Au reste , la similitude que j'ai pu signaler est d'autant p!us remarquable, que les capitales de l'Autriche, du Wur- temberg et Augsbourg diffèrent extrêmement entre elles quant à la quantité de pluie qu'on y recueille : niilHuiô ios. A Vienne, la moyenne annuelle s'élève seulement à û33 A Stuttgard, ou a trouvé 6'il A Augsbourg, la somme énorme de 971 Poitevin trouvait, en 1777, par dix années d'observa- vii;. — V. 3 34 DE L'INFLUENCE DE LA LUNE lions, les résultais suivants, qui se rapporteraient a cli- mat de Montpellier : Nouvelles Lunes 1 jour de pluie sur li Premiers quartiers 1 jour sur 7 Pleines Lunes 1 jour sur 5 Derniers quartiers 1 jour sur û Ces nombres ne s'accordent pas avec ceux de M, Schû- bler. A Stultgard, il pleut moins souvent pendant la nou- velle que pendant la pleine Lune ; le contraire aurait lieu à Montpellier. En Allemagne les jours pluvieux sont plus nombreux au premier quartier qu'au second ; dans le midi de la France, ce serait l'opposé. Ce désaccord doit-il nous amener à regarder les nombres du physicien alle- mand comme mal établis? Je ne le pense pas, surtout à cause de la régularité de leur marche. Il faut remarquer, en outre, qu'à Montpellier Poitevin n'opérait que sur dix années d'observations, et qu'il avait, à tort peut-être, enregistré comme pluies de légères bruines qui doivent souvent être attribuées à des causes locales. Au surplus, la question est assez curieuse pour mériter une nouvelle discussion. 11 sera utile d'y introduire d'autres données. Mon confrère, M. de Gasparin, a cherché à faire dis- paraître les désaccords de détail que paraît présenter, alors que l'on considère un pays méridional ou une con- trée septentrionale, le phénomène, d'ailleurs incontesta ble, d'une liaison existant entre les nombres des jours de pluie et les phases de la Lune. 11 a compté, à cet effet, le nombre de pluies relatives à tous les jours d'un mois lunaire, à Paris, à Carlsruhe et à Orange. Il s'est servi des observations de l'Observatoire pour Paris, SUR LES PHÉNOMÈNES TERRESTRES. 35 des observations faites à Carlsruhe par M. Eisenlohr et de celles qu'il a lui-même recueillies à Orange. 11 a ainsi trouvé pour 1,000 observations de chacun des jours des phases : ésignation des jours. Paris. JOCRS PLUVIEUX. Carlsruhe. Orange Il /i06 452 221 3 422 4i6 220 2 425 418 188 N. L. Û02 463 226 2 436 489 252 3 432 471 220 U 414 433 260 U 427 482 209 3 426 460 263 2 404 471 223 P. 0. 418 460 273 2 469 509 259 3 426 495 282 U 477 515 239 U 467 473 230 3 435 515 224 2 432 517 245 P. L. 439 464 221 2 418 418 233 3 468 493 288 II 422 471 236 U 413 441 204 3 429 479 207 2 435 436 224 D. 0. 391 426 233 2 418 436 213 3 378 446 232 II 377 465 248 Ce tableau montre que pendant l'intervalle qui s'écoule entre le quatrième jour après la nouvelle Lune et le qua- trième jour après la pleine Lune, il tombe ; 36 DE L'INFLUENXE DE LA LUNE A Paris 612 pluies. A Carlsruhe 67Zi A Orange 3Zi2 et du quatrième jour avant le dernier quartier au qua- trième jour avant le premier quartier : A Paris 578 A Carlsruhe 630 A Orange 315 « On voit, dit M. de Gasparin, dans les trois colonnes du tableau, le nombre des jours de pluie s'élever gra- duellement jusque dans les jours qui suivent le premier quartier, témoigner par un dernier et court effort de l'effet de la pleine Lune et s'abaisser ensuite sur le der- nier quartier. Il faudra un beaucoup plus grand nombre d'années pour que la véritable influence des phases soit dégagée de toutes les causes secondaires qui tendent à la dissimuler , pour que les apsides et les déclinaisons aient agi également sur tous les termes, et enfin pour que les changements locaux de température, l'action des foyers de chaleur et des réfrigérants n'aient pas pesé plus puis- samment sur certaines périodes et que cette cause ait été éliminée par la multiplication des observations. « On conçoit aussi comment l'influence de la Lune sur les pluies est à grand'peine aperçue dans des pays comme Paris et Carlsruhe, où le jour moyen a encore plus de hO pour 100 de probabilité de pluie et oii le maximum d'eflet de Finfluence n'augmente cette probabilité que d'un quart. A Orange, où la probabilité moyenne n'est que de 25, mais où, dans certains mois, elle peut se porter à 50, cette influence est très-bien reconnue, et il SUR LES PHÉNOMÈNES TERRESTRES. 37 en est de même dans les pays méridionaux, où les pluies sont rares. » CHAPITRE IV IXFLDENCE DE LA LUNE SUR LA QUANTITÉ DE PLUIE ET SUR LA SÉRÉNITÉ DE L' ATMOSPHÈRE A l'aide des 16 années d'observations d'Augsbourg, embrassant 198 révolutions synodiques, M. Schûbler a pu former la table suivante , dont on comprendra aisé- ment la signification, si je dis qu'on a considéré comme jours sereins tous ceux où le ciel était sans nuages à 7 heures du matin, à 2 heures et à 9 heures du soir, et comme jours couverts , ceux où il n'existait pas d'éclair- cies aux mêmes heures de la journée. Nombre Nombre Quantité y de jours de jours de pluie Ji-poques. sereins couverts en millimètres en 16 ans. en 16 ans. en 16 ans. Nouvelle Lune 31 61 674 Premier quartier 38 57 625 Deuxième octaut 25 65 679 Pleine Lune 23 61 625 Dernier quartier M 53 Z|96 Ces résultats s'accordent assez bien avec ceux qui précèdent. On voit en eiïet, 1° que les jours sereins sont de beaucoup les plus fréquents au dernier quartier , époque du moindre nombre de jours pluvieux , comme le montre la table de la page 33; 2° que c'est vers le deuxième octant qu'arrive le plus grand nombre de jours complètement couverts, ainsi que le maximum du nombre de jours de pluie. Quant aux quantités d'eau recueillies, le maximum, 38 DE L'INFLUENCE DE LA LUNE comme il fallait s'y attendre , correspond au deuxième octant, et le minimum au dernier quartier. CHAPITRE V DE LA PLUIE EN TAM QD'eLLE EST MODIFIÉE PAR LA DISTANCE DE LA LUNE A LA TERRE Dès qu'une certaine action de la Lune sur notre atmo- sphère était constatée , on devait naturellement penser que , quelle qu'en fût la nature, les variations de distance de cet astre à la Terre auraient sur les phénomènes une influence marquée. M. Schûbler a trouvé , en effet , que , durant les 371 révolutions anomalistiques qui ont eu lieu en 28 ans, il a plu : Pendant les 7 jours les plus voisins du périgée. 1,169 fois Pendant les 7 jours les plus voisins de l'apogée. 1,096 Ainsi , toutes choses égales, plus la Lune est voisine de la Terre, et plus les chances de pluie sont grandes. Les observations de Vienne ont donné à Pilgram , sur 100 répétitions de la même phase. Périgée 36 jours de pluie; Apogée 20 jours seulement, M. de Gasparin a trouvé pour 1,000 observations : Paris. Orause. Périgée Z|35 281 jours pluvieux. Apogée Zj25 255 — SUR LES PHÉNOMÈNES TERRESTRES. 30 CHAPITRE VI LOI DK l/iNFLUENCE DE LA LUNE SUR L'AT.MOSPHÈRE TERRESTRE. En nous bornant aux principaux résultats, il semble difficile de ne pas conclure de ce qui précède que la Lune exerce une influence sur notre atmosphère; qu'en \ertu de cette influence, la pluie tombe plus fréquemment vers le deuxième octant qu'à toute autre époque du mois lunaire ; qu'enfin , les moindres chances de pluie arrivent entre le dernier quartier et le quatrième octant. Ces résultats sont sans doute fort éloignés des idées généralement admises par les géomètres, les physiciens et les météorologistes les plus instruits; mais que leur opposer? Ne résultent -ils pas de la discussion arithmé- tique des observations ? Peut-être dira-t-on qu'on n'a pas embrassé dans le calcul un espace de temps assez étendu ; que les différences entre les nombres de jours pluvieux , correspondant aux diverses phases de la Lune , sont purement accidentelles; que si M. Schûbler prenait d'autres observations, il arriverait à des résultats entière- ment opposés aux premiers ; que, par exemple, il trouve- rait le minimum de pluie au deuxième octant, et le maxi- mum au quatrième, etc., etc. Ces doutes qui pourraient paraître spécieux , se résou- dront h la seule inspection du tableau de la page 29. Là , en effet , l'influence des phases de la Lune se mani- feste , et pour la période totale de 20 années , et de la môme manière, sans aucune exception, dans cinq courtes périodes, de trois années seulement, que M. Schûbler a 40 DE L'INFLUENCE DE LA LUNE également formées. Une telle concordance ne saurait étreTeiTet du hasard. Au surplus, nous retrouverons tout à l'heure l'influence de la Lune sur l'atmosphère ter- restre , dans des observations d'une autre espèce , et qui semblent plus démonstratives encore que celles dont il vient d'être question. CHAPITRE VII DE l'influence QUE LE LEVER, LE COUCHER DE LA LUNE ET SON PASSAGE AD MÉRIDIEN, PARAISSENT AVOIR SUR LA PLUIE Il y a dans le mouvement journalier de la Lune autour de la Terre quatre époques remarquables : le passage au méridien supérieur , le passage au méridien inférieur , le lever et le coucher. Je trouve dans un mémoire de Toaldo , couronné en illti par la Société royale des sciences de Montpellier, une observation très-curieuse relative à ces quatre époques : Sur 7G0 pluies, 646 commencèrent, dit Toaldo, soit (et cela à une dani-heure près), lorsque notre satellite était au méridien supérieur ou au méridien inférieur, soit quand il se levait ou se couchait. Ainsi, 1 ili pluies seule- ment , sur un total de 760 , auraient paru hidépendantes des influences lunaires! Rien assurément ne semble moins probable qu'un pareil résultat. Mais , d'une autre part , comment aurait- on pu se tromper aussi grossièrement dans une simple énumération ? Au surplus, je cite le fait sans le garantir , et comme pouvant devenir le sujet de nouvelles re- cherches. SUR LES PHÉNOMÈNES TERRESTRES. 41 CHAPITRE VIII INFLDENCE DE LA LU.NE SUR LA DIRECTION DD VENT Les tables que M. Schûbler a formées d'après 16 an- nées d'observations faites à Augsbourg paraissent prouver qu'en Allemagne , les vents de sud et d'ouest deviennent de plus en plus fréquents depuis la nouvelle Lune jus- qu'au deuxième octant ; que le dernier quartier est l'époque où ils sont le plus rares; qu'alors, enfin, les vents d'est et de nord soufflent plus souvent que jamais. Si l'on découvre comment la Lune, par une action phy- sique, produit ces changements de direction dans le vent, les phénomènes concernant la pluie, dont nous venons de nous occuper, les phénomènes, non moins curieux, que nous allons passer en revue, se trouveront par cela même expliqués. CHAPITRE IX SrR LES HADTEDRS MOYENNES DD BAROMÈTRE DANS LES DIFFÉRENTES POSITIONS DE LA LUNE Les observations sur lesquelles se fondent les résultats que je vais rapporter ont été faites à Viviers (départe- ment de l'Ardèche) , par M. Flaugergues. Elles embras- sent les 20 années comprises entre le 19 octobre 1808 et le 18 octobre 1828. AL Flaugergues a discuté les seules observations de midi, afin que tout étant constam- ment égal par rapport au Soleil , il ne restât dans les i2 DE L'INFLUENCE DE LA LUNE moyennes que les effets dépendants de la Lune. Les hau- teurs ont été réduites à la température de la glace fon- dante. Hauteurs moyennes du baromètre. Nouvelle Lune 755^'ii.Zi8 Premier octant 755 .64 Premier quartier 755 .60 Deuxième octant 756 .79 Pleine Lune 755 .30 Troisième octant 755 .69 Second quartier 756 .23 Quatrième octant 755 .50 Pour comparer ces résultats à ceux de M. Schiibler, il suffira de se rappeler qu'en général, quand il pleut, le baromètre est bas; en sorte que les chances de pluie doivent augmenter si la colonne mercurielle se raccourcit, et diminuer, au contraire, quand elle s'allonge. D'après la table précédente, si toutefois on veut tenir compte des faibles variations qu'elle présente , le maximum du nombre de jours de pluie devrait donc correspondre au deuxième octant, et le minimum au second quartier. Tels sont, en etTet, les résultats qu'a obtenus le physicien de Stuttgard. (Voir page 33.) La hauteur moyenne du baromètre à Viviers, le jour du périgée, est 756"'''. 73 le jour de Tapogée 755 .73 D'après ces deux hauteurs, le nombre de jours de pluie doit être plus grand au périgée qu'à l'apogée. C'est, en effet, ce que MM. Schiibler et Pilgram ont trouvé (page 38). Malgré la distance qui sépare Stuttgard de Viviers; malgré la diversité des méthodes, MM. Flaugergues et SUR LES PHÉNOMÈNES TERRESTRES. 13 Schubler parviennent, comme on voit, à des consé- quences analogues. II semblerait donc bien difficile, aujourd'iiui , de ne pas reconnaître que la Lune exerce sur notre atmosphère une action , très-petite il est vrai , mais qui cependant est appréciable, même avec les in- struments dont les météorologistes font habituellement usage. Cherchons , néanmoins , si ce résultat capital ne pourrait pas encore se conclure d'observations faites dans d'autres lieux. L'idée fort naturelle que la Lune devait agir exacte- ment de la même manière, sur l'atmosphère, d'abord dans le premier et dans le second quartier, ensuite dans la nouvelle et dans la pleine Lune, avait amené jusqu'ici les météorologistes, dans toutes les discussions auxquelles ils se sont livrés , à réunir ces quatre phases par groupes de deux. Le travail de M. Flaugergues montre qu'à l'avenir il sera nécessaire d'adopter d'autres bases. En ce moment je ne puis pas m'en écarter. En calculant une longue série d'observations faites à Padoue, par le marquis Poleni , à l'heure même de midi, Toaldo avait trouvé, jadis, que la hauteur moyenne du baromètre dans les quadratures surpasse la hauteur moyenne des syzygies de 0™'"./i6. Eh bien, prenons les observations de M. Flaugergues, et nous aurons : Hauteur moyenne des quadratures 755™'"- 81 Hauteur moyenne des syzygies 755 .39 Excès du premier résultat sur le second 0 ./i2 Venons enfin aux observations de Paris, que M. Bou- vard a discutées, et nous trouverons : H DE L'INFLURNCE DE LA LUNE Hauteur moyenne des quadratures 75G°''".59 Hauteur moyenne des syzygies 755 .90 Difterence, toujours dans le même sens... 0 .69 Ainsi, plus d'incertitude possible : la Lune, dans nos climats, exerce sur l'atmosphère une action très-petite, -mais que la combinaison d'un grand nombre de hauteurs barométriques fait ressortir nettement. Il reste à décider de quelle nature est cette action. Des observations faites à 9 heures du matin, pendant une année, à Santa-Fé de Bogota, par MM. Boussingault et Rivero, ont donné ces résullats moyens : Nouvelle Lune 562""".i Premier quartier 561 .6 Pleine Lune 562 .0 Dernier quartier 562 .2 Ces observations, quoiqu'elles soient faites dans un autre continent et par une élévation au-dessus de la mer de 2,G60 mètres; quoique, de plus, elles correspondent, non à midi , mais à 9 heures du malin , s'accordent avec les observations de M. Flaugergues , en ce sens qu'elles fixent le maximum de hauteur barométrique au dernier quartier. Mais elles donneraient pour les quadratures une hauteur moyenne inférieure à celle des syzygies. Au sur- plus, une seule année ne suffit peut-être pas pour décider une question de cette nature. J'ai , en outre , quelques raisons de supposer que l'action lunaire , dont nous cher- chons ici à apprécier numériquement les effets, est moins puissante près de l'équateur que dans nos climats. Si la Lune agissait sur l'enveloppe gazeuse du globe de la même manière que sur la mer, c'est-à-dire par voie SUR LES PIlftlNOMÈNliS TERP.ESTRES. io d'attraction; si elle y produisait un double flux et reflux diurne; si les heures des marées atmosphériques chan- geaient chaque jour comme les heures des marées de rOcéan, avec l'heure du passage de la Lune au méri- dien ; pour déterminer toute l'étendue de l'elTet, il fau- drait comparer entre elles, jour par jour (on me par- donnera l'expression que je vais employer), les hauteurs barométriques correspondantes aux hautes et aux basses atmosphères. Or jusqu'ici il n'a été question, dans ce qui précède , que des observations d'une seule heure de la journée, que des observations de midi. Dans les syzygies, la Lune passe au méridien supérieur ou inférieur à midi. Si, en chaque lieu, comme il paraît naturel de le supposer à cause de l'extrême mobilité de l'air, le maximum d'efl'et coïncide à peu près avec la présence de l'astre au méridien, les moyennes des seules observations faites à midi, les jours de syzygies, seront des moyennes de hautes atmosphères. A toutes les époques de la lunaison les hautes et basses atmosphères semblent devoir être séparées entre elles, comme le sont les hautes et les basses mers, par des intervalles d'environ 6 heures. Les observations faites à midi, les jours où la Lune passe au méridien vers 6 heu- res du soir ou vers 6 heures du matin, c'est-à-dire vers le premier et vers le second quartier, ou, ce qui est la même chose exprimée en d'autres termes, à l'époque des quadratures, correspordent donc à de basses atmo- sphères. Comparer les observations méridiennes syzygies aux observations méridiennes quadratures, c'est donc com- 46 DE L'INFLUENCE DE LA LUNE parer entre elles de hautes et de basses atmosphères lunaires. On l'cmarquera sans doute que je n'ai pas annonci^ encore comment les hautes atmosphères devront se mani- fester; on demandera s'il faut s'attendre à un mouvement , ascensionnel ou à un mouvement descendant du baro- mètre. Je me bornerai à répondre qu'il m'était inutile en ce moment de décider cette question. Il me suffira, pour arriver au but vers lequel je tends, d'observer que les deux syzygies, si l'action lunaire pouvait être assimilée à celle qui s'exerce sur l'Océan, si, en un mot, elle était attractive, devraient donner les mêmes résultats; qu'il en serait également ainsi des premier et second quartiers comparés entre eux. Or, en jetant seulement les yeux sur la table de la page 42, tout le monde verra que ces conditions ne sont pas satisfaites. Les inégalités de pres- sion que les observations ont fait reconnaître doivent donc tenir à quelque cause différente de l'attraction ; à quelque cause d'une nature encore inconnue, mais cer- tainement dépendante de la Lune. Cette conséquence serait capitale. Voyons si nous n'aurions pas, dès ce moment, quelque moyen de la fortifier. Par une action évidemment liée à la position du Soleil, le baromètre baisse tous les jours entre 9 heures du matin et midi. Ce mouvement, qui fait partie de l'os- cillation connue sous le nom de variation diurne, est sou- vent masqué, en Europe, par des fluctuations acciden- telles ; mais on le retrouve constamment dans les moyennes, même en n'employant qu'un petit nombre de jours. Eh SUR LliS PHÉNOMÈNES TERRI- STR !• S. * 47 bi(?n, \ oyons s'il doit avoir la monic valeur aux syzygics et aux quadratures. Pour fixer les idées, j'admettrai un moment que la haute atjnosphrre amène une augmentation dans la hau- teur du baromètre. On supposerait une diminution, que le résultat serait absolument le même. Aux syzygies, le maximum de hauteur barométrique dépendant de TelTet de la marée atmosphérique, devant avoir lieu à midi, il est clair qu'entre 9 heures du matin et midi cette hauteur croîtra continuellement. Pendant le même intervalle, la période diurne produit dans le mercure un mouvement inverse. Donc, l'effet observé sera la différence de deux certains nombres. Aux quadratures, le minimum de pression atmosphé- rique dépendant de la marée aérienne a lieu à midi ; ainsi, de 9 heures à midi, le baromètre descendra. Mais il descend déjà en vertu de la période diurne ; donc TelTet total observé sera la somme des deux mêmes nom- bres dont il était question tout à l'heure. La somme de deux nombres surpasse leur différence du double du plus petit. Le plus petit étant ici la marée atmosphérique supposée, si l'on prend, d'abord aux qua- dratures, ensuite aux syzygies, la dilTérence entre les hau- teurs moyennes du baromètre de 9 heures du matin et de midi, la première de ces différences surpassera la seconde du double de l'effet que produit la marée aérienne en 3 heures. Cet effet peut être supposé la moitié de la marée totale ; son double sera donc l'entier ; et, en définitive, le calcul que je signale fera connaître à peu près la valeur complète de la marée aérienne. 48 DF L'INFLUENCl- DE LA LUNE Venons à l'application. Hauteur moyenne du baromètre, à Paris, par 12 années d'observations. ^ , ^ j 9" du matin 757""'.06 ^^^^'^^^'^^ Uidi 756 .69^ Différence 0™i".37 I 9" du matin 756">^'.32 Sy^ySies j^^.^j 755 .99 Différence 0°>'".33 Ces deux nombres ne diffèrent, comme on le voit, que de h centièmes de millimètre ; quantité évidemment au- dessous des erreurs d'observation. La marée atmosphérique, en tant qu'elle dépendrait de la cause qui produit les marées de l'Océan, en tant qu'elle serait régie par les mêmes lois, n'aurait donc qu'une valeur insensible. Nous voilà ainsi ramenés, une seconde fois, à reconnaître dans les variations baromé- triques correspondantes aux diverses phases lunaires, les effets d'une cause spéciale, totalement différente de l'at- traction, mais dont la nature et le mode d'action restent à découvrir. CHAPITRE X DE l'influence des PHASES DE LA LUNE SUR LES CHANGEMENTS DE TEMPS Les travaux auxquels MM. Schûbler et Flaugergues se sont livrés, et dont je viens de faire connaître les consé- quences, ne présentaient rien d'arbitraire. Avec les mê- mes éléments, deux calculateurs, quels qu'ils fussent. SUR LES PHÉNOMÈNES TERRESTRE?. ^9 auraient, sans se communiquer, trouvé des résultats iden- tiques. En serait-il ainsi de la question soulevée par le titre de ce chapitre ?Qu est-ce, au fond, qu'un changement de temps? Tel météorologiste, s'il admet l'influence des phases, se croira autorisé à ranger sous cette dénomina- tion tout passage du calme au vent ; d'un vent faible à un vent fort ; d'un ciel serein à un ciel nuageux ; d'un ciel nuageux à un ciel entièrement couvert, etc., etc. Tel autre exigera, au contraire, des variations très-tranchées dans l'état de l'atmosphère. Cette difliculté n'est pas la seule que la question présente, mais elle explique pour- quoi il est à peu près impossible de trouver sur la ques- tion du temps qu'il a fait à telle ou telle époque des docu- ments numériques incontestables. Toutefois, j'ai pu ras- sembler assez de faits positifs pour me croire autorisé à rejeter l'opinion populaire concernant l'influence des pha- ses lunaires sur les changements de temps comme une erreur, et j'ai réuni tous mes arguments dans un chapi- tre de V Astronomie populaire (liv. xxi, chap. xxxix, t. m, p. 519 à 532). J'ajouterai seulement ici une remarque. Dans son Traité sur les signes avant-coureurs de la pluie et du vent, Théophraste dit que la nouvelle Lune est généralement une époque de mauvais temps. La raison qu'il en donne, c'est qu'alors la lumière de l'astre nous manque. Un autre passage nous apprend que les changements de temps tombent ordinairement sur les syzygies et sur les quadratures. Ainsi, cette opinion, encore si répandue, est fort ancienne. On peut induire de quelques considé- rations dont l'auteur grec l'accompagne, qu'elle se fon- VIII. - V. u 50 DE L'INFLUENCE DE LA LUNE (Jait, non sur un dépouillement d'observations, mais, ainsi qu'Horsley l'a déjà remarqué, sur une analogie imagi- naire qui amena le célèbre disciple d'Aristote à voir dans les syzygies et les quadratures du soleil des nuils les tro- piques et les équinoxes annuels du soleil des jours. Afin que l'imposante autorité de Théophraste n'em- pêche pas d'examiner sans prévention les arguments dont je me suis servi pour combattre la théorie des influences lunaires, je prierai le lecteur de vouloir bien remarquer que les deux principes empruntés à l'auteur grec et rap- portés ci-dessus se contredisent. En elïet, si comme le veut Théophraste, il fait ordinai- rement mauvais à la nouvelle Lune, le changement que, d'après l'autre principe, la première quadrature amènera, produira du beau temps, lequel, au nouveau changement de la syzygie, redeviendra mauvais. La nouvelle Lune ne se distinguerait donc pas, sous !e rapport des circon- stances atmosphériques, de la pleine Lune. CHAPITRE XI SUR LES PÉRIODES DE 19 ET DE 9 ANS QUI, DIT-ON, RAMÈNENT LES MÊMES SÉRIES DE PHÉNOMÈNES ATMOSPHÉRIQUES La grandeur des marées de l'Océan dépend des posi- tions angulaires relatives du Soleil et de la Lune, des déclinaisons de ces deux astres, de leurs distances recti- lignes à la Terre. Ainsi, les marées des syzygies, en d'au- tres termes, les marées des pleines et des nouvelles Lunes, surpassent les marées des quadratures, c'est-à-dire du SUR LES PHÉNOMÈNES TERRESTRES. 51 premier et du second quartier; ainsi, parmi les marées inégales des syzygies, le maximum s'observe lorsque la Lune est au périgée, lorsqu'elle est près de la Terre; ;iinsi le minimum arrive quand l'astre atteint le point opposé de l'orbite, quand il est à l'apogée. Les déclinai- sons, suivant qu'elles acquièrent telle ou telle autre valeur, suivant qu'elles sont australes, nulles ou boréales, ont aussi telle ou telle autre part d'influence sur le phé- nomène. Il résulte de là que les mois, que les jours de même dénomination, dans les différentes années, ne doi- vent pas voir, en général, des marées égales. On ne peut espérer de trouver cette égalité qu'en comparant des mois et des jours dans lesquels le Soleil, la Lune et la Terre sont précisément, et sous tous les rapports, dans les mêmes positions. Les tables astronomiques les plus exactes montrent qu'après une période de 235 mois lunaires, ce qui cor- respond à fort peu près à 19 années solaires ou civiles, le Soleil, la Lune et la Terre se retrouvent presque exac- tement dans les mêmes situations, quant aux phases. Cette période était connue des anciens astronomes. Ils l'appe- laient le nombre d'or ou cycle de Méton. Ils s'en servaient pour prédire, en général assez bien, les phases de la Lune. Il leur suffisait, s'il est permis de s'exprimer ainsi, de transporter tous ces phénomènes, observés pendant une période entière de 19 ans, sur les jours de même dénomination des périodes suivantes. Puisque le Soleil et la Lune sont les causes manifestes de la double oscillation diurne de la mer, il semble natu- rel d'étendre à ce t]ux et reflux ce que nous venons de dire 52 DE L'INFLUENCE DE LA LUNE des phases. II paraît évident que celui qui, dans un port quelconque, aurait tenu, pendant 19 années consécutives, une note journalière exacte de la hauteur des marées, se trouverait, par cela seul, en mesure d'assigner, sans aucun calcul, les circonstances de ce phénomène dans le inôme port, pour une époque précédente ou suivante, quelle qu'elle fût. Mais il faut remarquer que le nombre d'or, outre le défaut de ne pas être mathématiquement exact, ne se rapporte qu'aux positions angulaires. S'il est vrai qu'aux mêmes dates, dans deux périodes de 19 ans, le Soleil et la Lune aient à peu près des situations angu- laires pareilles, soit conjonction, soit opposition, soit quadratures ou octants, on ne saurait en dire autant de la distance rectiligne de cet astre à la Terre. Cette distance, pour chaque phase, est dépendante de la place qu'occupe le périgée lunaire, ou, ce qui est la même chose, de la direction du grand axe de l'ellipse que la Lune parcourt. Ce grand axe change continuellement de position. Ses extrémités suivent graduellement toutes les constellations zodiacales, par un mouvement dirigé de l'occident à l'orient. Le temps qu'elles emploient à faire une révolution complète n'étant pas égal à la durée du cycle de Méton, ou à 19 ans; ce temps n'étant que de 8 ans 10 m.ois, ou d'environ 9 ans, il est de toute évidence qu'après une période exacte de 19 ans, lorsque le Soleil et la Lune viendront prendre, dans le firmament, la même série de situations angulaires relatives, leurs dis- tances rectilignes à la Terre seront changées. Or, on se rappelle que ces distances influent sur la grandeur des marées; donc il ne faut pas s'attendre à pouvoir déduire SUR LES PHÉNOMÈNES TERRESTRES. 53 des observations d'une période tout ce que les périodes suivantes présenteront, surtout quant à l'étendue totale du flux et du reflux. Ceux qui admettent une puissante influence de la Lune sur notre atmosphère assimilent les flux et reflux aériens fu flux et reflux de la mer. Ils croient que les marées de l'Océan se reproduisent dans le même ordre et précisé- ment avec les mêmes valeurs , après une période de 19 ans. Ils doivent donc supposer que les marées de l'atmosphère suivent aussi cette loi. Or comme, d'après eux, ces dernières marées sont la cause première, la cause principale des variations nombreuses qu'éprouve l'air dont nous sommes entourés, ils se trouvent inévi- tablement amenés à cette conséquence que chaque 19 ans les saisons se représentent dans un ordre régulier et avec les mêmes traits caractéristiques. On sait maintenant d'où vient cette fameuse période de 19 ans, si célèbre parmi les météorologistes, et qui a été jusqu'ici la seule méthode plausible dont ils aient fait usage pour prédire le temps. On sait aussi qu'elle se fonde sur une donnée qui n'est pas parfaitement exacte. Tou- tefois, des savants d'un mérite reconnu l'ont adoptée, et prétendent qu'elle est confirmée par les observations. Ainsi, disent-ils : Les années J701, 1720, 1739, 1758 et 1777, toutes séparées par des intervalles de 19 ans, ont également présenté, dans les différents mois, des excès de sécheresse et d'humidité. Eh bien, prenons à notre tour ces mêmes années, mais au lieu d'une phrase vague, caractérisons- les par des nombres; plaçons, en regard de chaque 54 DE L'INFLUENCE DE LA LUNE année, les extrêmes de la température et la pluie, c'est- à-dire les éléments qui, en général, influent le plus sur les récoltes. La ressemblance, je crois, ne paraîtra plus alors aussi grande qu'on l'a prétendu. Dates Maiimum de température. Minimum de température. Qn.nnlité annuelle de pluie. 1701 + 32°. 5 — 2°. 5 577miU 1720 + 31 .9 — 1 .5 46i 1739 + 33 .7 — 1 .9 517 1758 + 3/i .k — 13 .7 II Voici, au surplus, d'autres résultats. J'ai rangé les années à comparer par groupes de deux. Années séparées par des intervalles multiples de 19 ans. Maximum de température. Minimum de température. Quantité annuelle de pluie. 1725 1782 + + 31°. 2 centig. 32 .5 - Il" — 13 .1 centig. .8 /j7m.Il 597 1709 + 30 .6 — 21 .0 • 589 1728 + 30 .6 — 8 .4 438 1710 ! 28 M — 13 .7 426 17/i8 + 36 .9 — 12 .6 467 1711 + 29 .6 — 9 .5 681 1730 + 31 .2 — 6 .9 433 1733 + 32 .5 — 2 .1 243 1771 + 33 .7 — 12 .7 487 173i + 31 .9 — 5 .0 476 1753 + 38 .1 — 11 .5 480 Il n'est sans doute pas nécessaire de pousser cette table plus loin, pour qu'il demeure établi que dans des années dont les indices diffèrent, soit de 19 ans, soit de 2 ou o fuis le même nombre, on a trouvé tantôt des SUR LES PHÉNOMÈNES TERRESTRES. oo températures extrêmes , tantôt des quantités de pluie très-dissemblables. Je n'hésite pas à affirmer qu'en pre- nant les années au hasard, on ne rencontrera guère de plus grandes discordances. J'ai fait mention, dans le titre de ce chapitre, d'une période de 9 années qui, suivant plusieurs météorolo- gistes, ramènerait constamment la même série de phé- nomènes atmosphériques. Voyons, en peu de mots, sur quelles considérations théoriques on l'appuie. Voyons aussi si les observations la confirment. Dans les marées de l'Océan, l'influence de la distance de la Lune à la Terre se fait sentir de la manière la plus manifeste. On a donc pu supposer qu'il en serait de même des marées atmosphériques. Le grand axe de l'ellipse que la Lune parcourt autour de la Terre se meut continuellement. Les deux extrémités de ce grand axe, c'est-à-dire le périgée et l'apogée, c'est- à-dire encore les deux points où, pendant la durée de chacune de ses révolutions, la Lune se trouve le plus près et le plus loin de nous, se transportent graduellement dans les différentes constellations zodiacales. Il faut envi- ron 9 années pour que toutes ces constellations soient parcourues. Ce n'est qu'après 9 années que les pleines et les nouvelles Lunes, les premiers et les seconds quar- tiers, se représenteront avec les mêmes conditions de distances de notre satellite à la Terre. Ce n'est donc qu'a- près 9 années que les changements de temps dont ces distances pourraient être l'origine se renouvelleront dans un ordre régulier. Voilà la théorie ; passons aux vérifications. 56 DE L'INFLUENCR DE LA LUNE Toaldo assure qiCh Padoiic, si l'on partage un long intervalle de temps en périodes successives de 9 années chacune, les quantités de pluie recueillies dans chacune de ces petites périodes seront égales entre elles. 11 ajoute que cette égalité disparaît quand on opère le partage de l'intervalle total, non par groupes de 9, mais par séries contiguës de 6, de 8, de 10 ou de 12 ans. Eh bien, les résultats suivants, quoique tirés des propres tableaux du professeur de Padoue, ne confirment pas à beaucoup près sa règle. Dans les 9 années commenrant à et finissant inchisivemcnt à Plnie tombée à Tadoue. 1725 1733 8°- 255 i73!l 17/|2 6 .655 1743 1751 8 128 1752 1760 8 .458 1761 1769 S .128 Paris donne 1699 1707 4". 331 1708 1716 4 .493 1717 1725 3 .546 1726 1734 3 .383 1735 1743 3 .763 nuii 1752 4 .331 Qui pourrait voir la confirmation du principe de Toaldo dans une série de résultats où l'on trouve les nombres de li'".[i92> et 3™. 383, dont la dilîérence est près de deux fois et demie la quantité de pluie moyenne qui tombe annuellement à Paris? A l'appui de la période de 9 ans, des météorologistes citent un passage de Pline l'ancien oij on lit que : « Tous les d et surtout tous les 8 ans, les saisons subissent une SUR LES PHÉNOMÈNES TERRESTRES. 57 espèce d'cITcrvcscence, par la révolution de la centième Lune. » Supposons que Pline ait dit vrai. Supposons encore, quoique cela soit loin d'être évident, que parle mot eiïer- vescence on doive entendre un retour des saisons à ce qu'elles étaient huit ans auparavant ; qu'en pourra-t-on conclure? Ne s'agit-il pas d'établir la réalité d'une pé- riode de neuf ans , tandis que le célèbre naturaliste de Rome parle seulement de huit? La durée ordinaire des baux, pour les propriétés terri- toriales, est de 9 ans. On a pensé que cette durée pou- vait être fondée sur des observations longtemps répétées, et qui auraient prouvé aux agriculteurs qu'en 9 ans un champ donnait un revenu moyen constant. De là semble- rait découler la conséquence qu'il faut aussi un intervalle de 9 ans pour que les mêmes phénomènes météorologi- ques se reproduisent. Je ne pouvais guère me dispenser de citer la remarque qu'on vient de lire, et qui est empruntée à la durée ordi- naire des fermages ; mais il serait sans doute superflu de la discuter sérieusement. Pour arriver à constater avec certitude l'existence de la période dont il est ici question, et qui aurait pour cause le déplacement des apsides de l'orbite lunaire, il faudrait pouvoir comparer entre elles des observations météorolo- giques faites dans des circonstances où, sauf la position de ces mêmes apsides, tout serait semblable de part et d'autre. Or tout le monde verra aisément par les détails dans lesquels nous venons d'entrer, que ce n'est pas ainsi qu'on a opéié. 58 DE L'INFLUENCE DE LA LUNE Je n'ajoute plus qu'une seule remarque pour en finir avec la période de 9 ans. Le temps de la révolution des apsides de la Lune esl de 8 ans et 10 mois. Si donc nous comparons entre elles des périodes de 9 ans commençant au premier janvier, le mois de janvier de la seconde période ne nous oiïrira déjà plus le périgée et l'apogée aux places qu'ils occu- paient à l'origine. C'est à la fin d'octobre de la 9* année de la première période que la révolution entière se sera achevée ; c'est donc dans le mois de novembre de la 9' année de cette première période , que le périgée vien- dra occuper les constellations oii il se trouvait à l'origine. Ainsi le mois de janvier de la deuxième période ressem- blera , quant à la position des apsides, au mois de mars de la première. On trouvera, d'une manière analogue, que le mois de janvier de la troisième période ne pourra être assimilé qu'au mois de mai de la première. Or main- tenant , je le demande , quelque influence qu'on veuille donner au périgée lunaire , comment admettre qu'il pourra produire dans le mois froid de janvier, les mêmes effets que dans le mois chaud de mai? D'ailleurs, est-il nécessaire de faire remarquer que ces retards successifs de deux mois finissent par produire bientôt une année entière, et qu'ainsi il arrive une époque oi!,i c'est la 8' an- née d'une des périodes de 9 ans qui devrait être assi- milée à la première année de la période de départ? En résumé : aucune observation ne prouve , jusqu'ici , que la même série de phénomènes atmosphéiiques se reproduise tous les 9 ans. Pour décider si la position du grand axe de l'orbite SUR LES PHÉNOMÈNES TERRESTRES. 59 lunaire a réellement une influence appréciable sur le cours des saisons, il faudrait ou savoir faire la part des autres causes , telles que les déclinaisons de l'astre , qui viendraient mêler leurs effets à ceux des apsides, ou se borner à comparer des observations pendant lesquelles, sauf la position du périgée et de l'apogée, tout se serait trouvé égal de part et d'autre. Si l'on combine les données météorologiques sans avoir aucun égard aux attentions que je viens de signaler, on s'ôte les moyens de découvrir parmi toutes les causes de changement possibles , celle qui aurait engendré cer- taines différences. Enfin, il n'est pas moins indispensable de faire cadrer les groupes d'observations discutées, avec la période exacte dont on veut faire ressortir l'influence ; de ne pas substituer 9 ans, par exemple, à 8 ans 10 mois ; car sans cela on finit par coiDparer entre elles des années qui , même théoriquement , ne doivent avoir rien de commun. Je sais bien que de telles attentions sont très-minu- tieuses ; qu'elles rendraient les calculs longs et délicats; mais il faut se résigner. Au point où les sciences sont maintenant parvenues , rien de solide ne saurait être fait qu'au prix de beaucoup de peine. CHAPITRE XII SUR LES PRONOSTICS EMPRUNTÉS A CERTAINS ASPECTS DE LA LUNE Les anciens croyaient que le lever et le coucher de certaines constellations, que le lever et le coucher du 60 DE L'INFLUENCE DE LA LUNE Soleil et de la Lune , surtout , peuvent fournir sur le temps qu'il fera des notions certaines un mois à Tavance. Ces idées étaient très -répandues. Aratus, il y a plus de 2000 ans , les consignait déjà dans ses Phénomènes. Ger- manicus César , en traduisant ce poëme, suivit pas à pas son modèle. Les pronostics seuls lui parurent mériter de plus amples développements. Pline consacra un livre presque tout entier de son traité d'histoire naturelle à la description de ces signes célestes, que Virgile, dans les Géorgiques , recommandait aussi à la sérieuse attention des agriculteurs. Voyons jusqu'à quel point les princi- paux de ces anciens pronostics peuvent se concilier avec les acquisitions de la physique moderne. Voyons encore, si, en les supposant fondés, ils viendraient à l'appui de la théorie que nous avons discutée, sur Tinfluence des phases. §1. a Si le troisième jour de la Lune les cornes du croissant sont bien effilées, le ciel sera serein pendant le mois qui commence. » ( Aratus. ) En réalité, lorsque la Lune se dégage le soir des rayons du Soleil, elle a toujours la forme d'un croissant terminé par deux cornes très-déliées ; mais quand l'atmosphère est trouble, les cornes semblent s'élargir. Cet élargissement, toutefois, n'est qu'une illusion : il tient à ce que des vapeurs fortement éclairées et en con- tact apparent avec l'astre, paraissent en être une partie constituante. On doit ajouter qu'alors les extrémités les plus fines du croissant sont comme noyées dans la SUR LES PHÉNOMÈNES TERRESTRES. 61 lumière parasite dont la Lune est entourée , et disparais- sent à l'œil. L'emploi d'une lunette rend tout cela évident. La forme du croissant de la Lune dépend donc, jusqu'à un certain point, quand on l'observe à l'œil nu , de l'état actuel de l'atmosphère. L'observation de cette forme est donc, à proprement parler, une simple observation mé- téorologique : elle nous apprend que l'atmosphère est plus ou moins brumeuse. Ainsi, le pronostic d'Aratus pourrait s'énoncer de cette manière : o Quand , le troi- • sième jour de la Lune , l'atmosphère est bien sereine «vers l'occident après le coucher du Soleil, elle reste « sereine pendant tout un mois. » Tout le monde, j'ose l'alTirmer, repousserait le pro- nostic , s'il était ainsi rédigé. Cependant je n'ai changé que les termes ; le sens est resté absolument le même. Je pourrais, si c'était nécessaire, faire remarquer en- core que, dans une même soirée et à de courts inter- valles, le croissant de la Lune est tantôt obtus et tantôt efQlé. Je pourrais demander ce qu'il faut alors penser du temps à venir ; mais je me contente d'observer qu'en faisant dépendre l'état du ciel, pendant tout un mois, de l'aspect de la Lune le troisième jour, on reconnaît tacite- ment que les quartiers, que les syzygies n'auront pas d'influence ; que ces phases n'amèneront pas les change- ments de temps dont elles étaient, disait-on cependant, inévitablement accompagnées. Les vers d'Aratus , ceux de Virgile et du vainqueur d'Arminius; rautorité de Cicéron et de Pline, ne sauraient détruire la contradiction que je viens de signaler. 6Î DE L'INFLUENCE DE LA LUNE t Si la corne supérieure du croissant de la Lune paraît noirâtre le soir, au coucher de l'astre, on aura de la pluie au déclin ; si c'est la corne inférieure, il pleuvra avant la pleine Lune ; si c'est le centre du croissant , il pleuvra dans la pleine Lune même. » ( Varuon. ) Personne n'ignore aujourd'hui que la Lune emprunte sa lumière au Soleil, et qu'il n'existe point de matière entre les deux astres qui puisse , dans les quartiers, afllaiblir d'une manière sensible le faisceau éclairant. Ainsi les changements qu'on pourra remarquer dans l'in- tensité des phases lunaires dépendront nécessairement de l'atmosphère terrestre. Quand la corne supérieure est noirâtre comparative- ment au reste du croissant, c'est qu'il existe dans la direction de cette corne plus de vapeurs que le long du trajet des autres lignes visuelles. Si ces vapeurs s'abais- sent un tant soit peu, elles affaiblissent le centre de l'astre. Il suffira d'un autre léger mouvement dans le même sens pour que l'obscurcissement porte sur la corne inférieure. Toute la différence entre les deux phé- nomènes extrêmes tiendra donc à la hauteur angulaire plus ou moins considérable d'un petit amas de vapeurs atmosphériques dont l'existence n'aurait peut-être pas été aperçue dans une autre région du ciel. Cependant ce petit amas à peine visible, qui, dans une première position, présageait la pluie pour une époque assez éloi- gnée (pour le temps du déclin), s'il se rapproche de l'ho- SUR LES PHÉNOMÈNES TERRESTRES. 63 rizon seulement de quelques minutes, annoncera, dit-on, une pluie très-prochaine ! Si, envisagé de celte manière, le résultat du pronostic ne paraît pas encore assez dénué de vraisemblance, je proposerai de placer deux observateurs à quelques cen- taines de mètres de distance. Alors un même nuage se projettera, pour l'un, sur le bord supérieur du croissant ; pour l'autre, sur le bord inférieur; alors la corne élevée paraîtra sombre au premier, tandis que le second ne re- marquera d'obscurité que dans la corne basse; alors, dans deux quartiers différents de la même ville, le même nuage, observé au même instant, signalera, ici une pluie très-prochaine, là une pluie éloignée ! La savante autorité de Varron ne saurait empêcher de rejeter une règle qui conduit à d'aussi absurdes con- séquences. §3. « Si la Lune, lorsqu'elle est âgée de quatre jours, ne projette pas d'ombre, attendez - vous à du mauvais temps. » (Tdkon.) Les ombres des corps terrestres, le quatrième jour de la Lune, ne peuvent être tantôt visibles et tantôt invi- sibles qu'à cause de certaines variations dans les cir- constances atmosphériques. 11 est évident, en effet, que dans une situation donnée, l'intensité réelle de l'astre est toujours la même. Ici, la Lune sert donc, en quelque sorte, d'instrument météorologique pour constater un état tout particulier dans lequel se trouve l'air qui nous envc- Ci DE L'INFLUENCE DE LA LUNE loppc. Rien ne prouve que la Lune ait le moins du monde contribué à amener cet état par son action. Mais pourquoi, pourra-t-on dire, Théon, à qui j'em- prunte le pronostic, cite-t-il le quatrième jour delà Lune plutôt que le troisième, plutôt que le cinquième? Ce choix doit avoir un motif : cette position particulière de l'astre correspond sans doute à un mode d'influence qu'une position différente ne produirait pas. La réponse sera facile. Nous avons vu que l'absence des ombres était le résultat d'une certaine épaisseur, et peut-être aussi d'une certaine disposition des vapeurs at- mosphériques ; eh bien, le troisième jour de la Lune, avec un croissant très-étroit et conséquemment très- faible, presque toujours plongé, d'ailleurs, dans la lumière crépusculaire, les ombres peuvent ne pas être visibles, sans que l'atmosphère ait acquis le degré de nébulosité qui sera nécessaire pour amener, le quatrième jour, leur disparition complète. Le cinquième jour, au contraire, la puissante lumière d'un plus large croissant traversera abondamment les vapeurs de la veille, en sorte que le mauvais temps que ces vapeurs présagent ne sera pas signalé par l'absence des ombres terrestres. §4. Je ne pousserai pas cette discussion plus loin. Il n'est aucun des pronostics recommandés par Aratus, par Théo- phraste, par Germanicus, etc., qui ne puisse devenir le texte de remarques du même genre. Ces pronostics sont analogues à ceux que, dans certains pays, dans le voisi- SUR ! ES rHÉNOMÈNES TERRESTRES. 65 nage des montagnes surtout, on tire de la visibilité de tel ou tel pic, pour prédire la pluie un ou deux jours à l'avance. Peut-être même n'ont-ils pas plus de portée f(ue le pétillement de l'huile dans les lampes communes; que les excroissances charbonneuses qui se forment au- liour de la mèche, et dont Virgile, Pline, etc. , ont égale- ment tiré des préceptes à l'usage des agriculteurs. Le soir la jeune fille, en tournant son fuseau, Tire encor de sa lampe un présage nouveau , Lorsque sa mèche en feu, dont la clarté s'émousse, Se couvre, eu pétillant, de noirs flocons de mousse. {Géorgiquea traduites par Delille, livre 1".) Au reste, cet article n'aura pas été inutile, si j'ai prouvé que les pronostics des anciens n'ont aucune connexion avec la théorie des prétendues influences lunaires; si j'ai établi, surtout, que cette théorie est née de la méprise qu'on a faite en prenant sans cesse pour causes ce qui avait été seulement proposé comme signes. CHAPITRE XIII DES PRÉTENDCES ACTIONS EXERCÉES PAR LA LDPiE SUR LA NATURE ORGAMQLE, SUR LES MALADIES, ETC., — DE l'iNFLUENCE QU'a, DIT-ON, LE MÊME ASTRE, SUR LE SUCCÈS DE DIVERSES OPÉRA- TIONS INDUSTRIELLES OU AGRICOLES Il faudrait un gros volume pour analyser toutes les opinions populaires qui se rattachent au titre qu'on vient de lire. Aussi me suis-je proposé de signaler seulement les principales, et d'examiner en peu de mots jusqu'à quel point elles peuvent se concilier avec les vrais principes de l'astronomie et de la physique. VJII. — V. 5 66 DE L'INFLUENCF. DE LA LUNE Je renvoie k ma Notice sur le rayonnement do la clin- leur à travers ratmosplière, l'examen détaillé de la pré- tendue influence, sur les phénomènes de la végétation, que l'on prête, particulièrement dans les environs do Paris, à la Lune rousse; j'ai cru devoir aussi combattre ce préjugé dans un chapitre de V Astronomie populaire (liv. XXI, chap. xxxii, t. m, p. /i97). §1- « Les arbres doivent être abattus pendant le décours de la Lune, si l'on veut que le bois soit de bonne qualité et se conserve. » Cette opinion était si généralement répandue dans le siècle dernier, qu'elle devint le sujet de prescriptions po- sitives de la part de l'autorité. Ainsi, en France, les or- donnances forestières enjoignaient de n'abattre les arbres qu'après que la Lune avait passé son plein. Mon célèbre confrère à l'Académie, M. Auguste de Saint- Hilaire, m'a appris qu'il a retrouvé ces mêmes idées au Brésil. Dans la province d'Espirito-Santo, M. Francisco Pinto, agriculteur distingué, lui assura que le bois qui n'est pas abattu pendant le décours est bien- tôt piqué des vers et ne tarde pas h se pourrir. Le garde forestier général allemand Sauer ne se con- tente pas d'admettre que le temps du décours doit être préféré à tout autre pour la coupe des bois ; il appuie ce précepte sur une cause physique qui, en la supposant réelle, serait bien remarquable. Suivant lui, la force ascensionnelle de la sève est beaucoup plus grande pen- SUR LES PHÉNOMÈNES TERRESTRES. 67 dant la première que pendant la seconde moitié de chaque lunaison. C'est pour cela, dit-il, que le bois coupé avant la pleine Lune est plus spongieux, et dès lors plus facile- ment attaqué par les vers ; c'est pour cela qu'il sèche plus difficilement, qu'il se fendille sous de faibles variations de température. Au décours, au contraire, pendant que la sève se retire, le bois est serré, solide ; il doit se trouver plus propre aux constructions. Y aurait-il, dans le vaste domaine de la physique, rien de plus curieux que l'existence d'une liaison entre les mou- vements de la sève et les phases de la Lune? Mais cette liaison, admise par Sauer, est-elle le résultat d'observa- tions directes? INe l'a-t-il pas plutôt imaginée pour ap- puyer le sentiment populaire sur les qualités diverses que posséderaient les bois, suivant qu'on les couperait dans la première ou dans la seconde moitié du mois lunaire? En supposant que cette diversité fût réelle, au lieu d'en cher- cher la cause dans les mouvements de la sève, ne pour- rait-on pas la rattacher simplement à une circonstanco sur laquelle nous avons déjà tant insisté au commence- ment de cette Notice : à l'abondance de pluie qui carac- térise le temps de la Lune croissante ? Au reste, l'opinion que je discute ici est loin d'être solidement établie, car nous pouvons lui opposer des expériences directes, positives, de Duhamel du Monceau. Le bois que ce célèbre agronome tira d'un grand nombre d'arbres du même âge, situés dans le même ter- rain, et par la même exposition, ne parut jamais d'une quaUté supérieure, quand il compara les coupes faites pendant le décours de la Lune à celles qui correspon- 68 DE L'INFLUENCE DE LA LUNE fiaient à la période croissante. En général, tout était à [)cu près pareil. 11 faut même ajouter que, par une cir- constance sans doute fortuite, les différences, lorsqu'il s'en manifesta, auraient même indiqué, contre l'opinion commune, que la Lune croissante avait quelque avan- tage. §2. t Voulez-vous des choux ou des laitues qui puissent pousser ; des fleurs doubles ; des arbres qui donnent des fruits précoces ; semez, plantez et taillez pendant le dé- cours de la Lune. » « Voulez-vous des plantes ou des arbres qui s'élèvent et poussent avec vigueur ; il faut semer, planter, greffer et tailler pendant la Lune croissante. » Ces aphorismes de tous les jardiniers, de presque tous les agriculteurs d'Europe, n'en sont pas moins, à ce qu'il paraît, des erreurs. La croissance ou la décroissance de la Lune est sans influence appréciable sur tous ces phé- nomènes de végétation. Les expériences de La Quintinie, et surtout celles de Duhamel du Monceau, le plus grand agronome dont la France puisse se glorifier, l'ont claire- m-'ut établi. Au surplus, la théorie dont on prétendait s'étayer mé- rite à peine qu'on la réfute. « Pendant toute la durée du jour, disait Montanari, la chaleur solaire augmente la quantité de sève qui circule dans les plantes, puisqu'elle accroît le diamètre des tuyaux dans lesquels s'opère ce mouvement. Le froid de la nuit produit un effet opposé. Or, au moment où le Soleil se couche, la Lune, si elle n'a SUR LES PHÉNOMÈNES TERRESTRES. 69 pas encore atteint son plein, se trouve sur l'horizon ; l'ac- tion de ses rayons atténue donc le refroidissement subit que la plante doit éprouver quand le Soleil disparaît. Pendant le décours, au contraire, la Lune souvent ne se lève que plusieurs heures après le coucher du Soleil, c'est- c\-dire 5 une époque où le refroidissement des organes ds la plante a déjà opéré tout son effet sur la sève. » Mathématiquement parlant, ce raisonnement est exact; mais il n'en sera pas moins dérisoire de prétendre saisir, dans un phénomène aussi compliqué que l'est celui de la végétation, les effets de changements de température qui, en portant tout à l'extrême, ne vont pas à un vingt-mil^^ lième de degré centigrade. Le système que je viens de réfuter (du moins quant à la raison physique sur laquelle on l'appuie) concernant la nécessité de semer les graines, de planter, de tailler ou de greffer les arbres par telle phase de la Lune plutôt que par telle autre, règne aussi dans les colonies d'Amé- rique. Ainsi, au Brésil, d'après ce que m'a dit M. Auguste de Saint - Hilaire, les cultivateurs ont soin de planter dans le décours tous les végétaux à racines alimentaires, tels que les carras {Dioscorea) , les patates, les manives ; et, au contraire, ils plantent pendant la Lune croissante la canne à sucre, le maïs, le riz, les haricots. Cependant M. de Ghanvalon rapporte qu'à la Martinique des expé- riences comparatives , faites en temps de pleine et de nouvelle Lune, ne lui firent apercevoir aucune différence appréciable entre les deux époques. Peut-être, à la rigueur, pourrait-on rattacher la pra- tique du Brésil, c'est-à-dire la différence tranchée que, 70 Dli L'INFLUENCE DE LA LUNE dans ce pays, les agriculteurs ont établie entre deux /classes distinctes de plantes, h quelque cause physique susceptible de discussioîi ; mais en Europe on est allé bien plus loin : ainsi Pline prescrit de semer les fèves dans la pleine Lune et les lentilles vers le temps de la conjonc- tion ! Ne faut-il pas, en vcrilé, une foi bien robuste pour admettre, sans preuves, qu'à 80,000 lieues de distance, la Lune, dans une de ses positions, agisse avantageusement sur la végétation des fèves, et que, dans une position opposée, ce soient les lentilles qu'elle favorise ! « Si l'on récolte le grain pour le vendre, il faut choisir le temps de la pleine Lune, car pendant la période qui précède cette phase, pendant la période de la Lune crois- sante, le grain augmente notablement de grosseur. Pour avoir des grains exempts de corruption, il importe, au contraire, de choisir le temps de la nouvelle Lune, ou du moins celui du décours. » (Pll\e.) Puisqu'il est maintenant bien établi que la période delà Lune croissante et celle du décours ne voient pas tomber des quantités égales de pluie ; puisque nous savons qu'en Allemagne le nombre moyen des jours pluvieux corres- pondants à la première période est au nombre des jours pluvieux de la seconde comme 6 est à 5, on peut adhérer, jusqu'à un certain point, au précepte agronomique de Pline, sans toutefois admettre qu'il y ait ici pour la Lune d'autre rôle que celui de répartir la pluie d'une manière inégale entre les différentes périodes du mois lunaire. SUR LES PHÉNOMÈNES TERRESTRES. 71 §4- De tous les astres dont le firmament paraît parsemé, fa Lune n'était pas, à beaucoup près, celui auquel les anciens attribuaient la plus puissante influence. Ils croyaient, par exemple, qu'une simple étoile fixe, qu'une étoile qui peut à peine prendre place parmi celles de première grandeur, que Procyon, enfin, ou le Petit Chien, « décide exclusivement du sort des vendanges ; que ses malignes influences causent le charbon qui brûle le raisin. » (Pline.) Sans prendre la peine de nier les propriétés occultes attribuées à Procyon, et que ne posséderaient pas des étoiles beaucoup plus brillantes, telles que la Lyre, Arc- turus, la Chèvre ou Sirius, n'aurons-nous pas le droit de demander pourquoi toutes les années ne se ressemble- raient pas; pourquoi l'action malfaisante de Procyon serait aujourd'hui si active et demain insensible? La diiïé- rence, dira -t -on sans doute, dépend de circonstances atmosphériques, de l'élat plus ou moins serein de l'air qui nous environne ; mais alors nous retomberons dans le cas de la Lune rousse; alors nous pourrons considérer Procyon comme signe et non comme cause des phéno- mènes observés. L'antiquité, il faut le reconnaître, croyait à une in- fluence réelle des étoiles. « Un air doux et serein , disait- on, transmet à la terre une espèce de rosée laiteuse et féconde qui découle de la Voie lactée. La Lune, au contraire, nous envoie une rosée froide dont l'amertume 72 DE L'INFLUENCE DE LA LUNE aigrit l'humeur bienfaisante de la Voie lactée et fait périr les fruits naissants. » (Pline, liv. xviii.) Ceux qui font dépendre les influences de la Lune de sa clarté seront sans doute fort embarrassés pour expliquer comment, sous la faible lueur de la Voie lactée, il ne se produit pas d'efTet frigorifique, tandis que malgré l'action de la lumière infiniment plus intense de la pleine Lune, il se manifeste en présence de cet astre de fortes congé- lations. Au reste, il serait peu utile de discuter minutieu- sement un précepte qu'aucune expérience ne confirme, et dont l'origine se rattache évidemment à des conceptions fantasques et mythologiques sur la nature de la Voie lactée. c Le vin qui se fait dans deux Lunes n'est jamais de bonne qualité et reste constamment trouble. » Toaldo essaie de justifier ce dicton des cultivateurs italiens. La fermentation vineuse, dit-il, n'embrasse quel- ques parties de deux lunaisons différentes, qu'au cas où elle a commencé près de la nouvelle Lune. Puisque alors cet astre, éclairé par sa face opposée à la Terre, ne nous envoie aucune lumière, la température atmosphérique doit être à son minimum ; or personne n'ignore que moins la température est élevée, et moins la fermentation a d'activité ! On a peine à comprendre comment le célèbre météo- rologiste italien s'obstine à faire jouer ainsi un rôle impor- tant à des variations de température d'un vingt-millième SUR LES PHÉNOMÈNES TERRESTRES. 73 de degré. N'est-il pas évident que, par des causes con- nues, les dilTérences entre les indications du thermomètre, d'un jour à l'autre, d'une semaine à la semaine suivante, d'une cave à la cave voisine, sont dix mille fois plus considérables que celles dont la lumière de notre satellite peut être l'origine, sans qu'elles amènent aucune variation notable dans la qualité du vin ? §6. « Le vin ne doit être transvasé, soit en janvier, soit en mars, que pendant le décours de la Lune, sous peine de le voir se gâter. » Toaldo, qui nous a fait connaître cette règle des mar- chands de vin ses compatriotes, n'a pas même essayé d'en donner une raison physique. Pline, au dTME>T DE LA CHALEUR A TRAVERS L'ATMOSPHÈRE CDAPITRE PREMIER DEFI'îITIOS Tout le monde sait que si ron place deux corps diver- sement échauilés Tun devant l'autre, à une distance quelconque, même dans le vide, celui dont la tempéra- ture est la plus élevée échauffera graduellement le plus froid. 11 y a donc des effluves, des rayons de chaleur qui émanent de la surface des corps à toutes les tempéra- tures et par l'intermédiaire desquels ils peuvent agir à distance. Ces effluves, ces rayons constituent ce que les physiciens nomment le calorique rayonnant. Tous les corps ne jouissent pas au même degré de la propriété d'émettre le calorique sous forme de rayons : cette faculté, qu'on a appelée le pouvoir rayonnant ou émissif, dépend de la nature particulière du corps et de l'état de sa surface. Pour chaque nature de corps, l'intensité du rayonne- ment augmente avec la température. A température égale, les gaz paraissent être au nombre des corps qui rayonnent le plus faiblement. 84 SUR LE RAYONNEMENT DE LA CHALEUR Les substances filamenteuses, au contraire, telles que la laine, le coton, le duvet de cygne, etc., ont un pou- voir émissif très-considérable. Les métaux polis rayonnent peu en général ; cette pro- priété toutefois, d'après les expériences de Leslie, est p]us marquée dans le platine, le fer, l'acier et le zinc que dans l'or, le cuivre et l'étain. Puisque tout corps perd incessamment du calorique par voie de rayonnement, sa température ne pourra de- meurer constante qu'autant qu'il s'appropriera, à chaque instant, une portion de la chaleur totale que lui lancent les corps dont il est entouré exactement égale à celle qui émane de sa propre surface. Le corps se refroidira ou s'échaufîera dès que ces échanges instantanés ne se com- penseront pas parfaitement. Cela posé, concevons qu'un petit corps dont la surface rayonne librement du calorique soit placé, par un ciel serein, au milieu d'une vaste plaine découverte de tous côtés. On peut prouver que, dans cette position, il se refroidira promptement. A chaque instant, ce petit corps lancera, en effet, des rayons calorifiques vers tous les points du ciel situés dans l'hémisphère visible : nous n'avons donc qu'à chercher si cet hémisphère peut lui rendre tout ce qu'il perd ainsi. Or, d'une part, l'espace vide dans lequel notre globe se meut n'enverra rien de sensible; de l'autre, l'efi^et total provenant du rayonnement de l'atmosphère elle-même sera peu considérable, i° parce que tous les gaz ont un faible pouvoir rayonnant; 2° à cause que les couches atmosphériques sont déjà très-froides à une petite hau- A THAVERS L'ATMOSPHERE. 85 tcur, comme le prouvent les neiges perpétuelles dont tant de montagnes sont couvertes. Il demeure ainsi constaté que, pendant une nuit se- reine, un corps placé dans un lieu découvert émet plus de calorique rayonnant qu'il n'en reçoit ; il se refroidira donc indubitablement, et TefTet pourra être considérable si une substance peu conductrice interposée entre le sol et le corps, en mettant obstacle à l'arrivée de la chaleur terrestre, l'empêche d'aller combler le déficit. Les substances dont l'enveloppe du globe est formée étant en général très-peu conductrices, le refroidissement qu'éprouvera la couche superficielle se communiquera lentement aux couches qui la supportent : celles-ci jouent le rôle de la substance peu conductrice qui, dans la sup- position précédente, était interposée entre le petit corps et le sol. Les couches inférieures de l'atmosphère sembleraient devoir éprouver un abaissement de température pareil; mais leur faculté rayonnante étant très-faible, comme celle de tous les gaz, le refroidissement s'y manifestera à un degré beaucoup moindre, en sorte que, par un ciel pur, un thermomètre placé sur le sol et un thermomètre suspendu dans l'air ne marqueront pas la même tempéra- ture : le premier sera le plus froid. Cette différence de température entre l'air et les corps solides ou fluides placés à la surface du sol étant un elîet du rayonnement vers l'espace, on doit s'attendre à la trouver d'autant plus forte que la faculté rayonnante de ces corps sera plus marquée et qu'une plus grande éten- due du ciel se montrera à découvert. 86 SUR LE RAYONNEMENT DE LA CHALEUR L'interposition d'un écran solide entre le corps en expé- rience et le ciel préviendra son refroidissement, car la perte de calorique que le corps eût éprouvée en rayonnant vers l'espace est compensée presque exactement par le rayonnement en sens contraire de la surface inférieure de l'écran^ la température de cette surface étant peu dif- férente de celle de l'air qui la touche. Les nuages tiendront lieu de cet écran et empêcheront ou amoindriront de la même manière le rayonnement nocturne; il faut seulement ajouter que les nuages devant jouir d'une température à peu près égale à celle de la couche d'air qu'ils occupent, compenseront d'autant moins complètement par leur rayonnement propre la perte de chaleur des corps terrestres, qu'ils seront plus élevés. Pour que le rayonnement vers l'espace produise des effets sensibles sur la température de certains corps, il ne semble point indispensable que le Soleil soit couché. Partout où la lumière de cet astre n'arrive pas directe- ment, il sera possible qu'on observe, même dans le jour, une température plus élevée dans l'atmosphère que sur l'herbe, si une grande portion du ciel s'y montre à dé- couvert : rien ne prouve, en effet, que le rayonnement de tous les corps terrestres vers l'espace ne peut jamais surpasser le rayonnement en sens contraire qui s'opère do l'atmosphère éclairée vers ces corps. Pioprenons maintenant ces divers résultats de la théo- rie, et examinons jusqu'à quel point l'expérience les con- firme. L'excellent ouvrage que le docteur Wells a publié sur la rosée nous en fournira les moyens. A TRAVERS L'ATMOSPHÈRE. 87 CHAPITRE II DC RAYONNEMENT NOCTURNE Si Ton place en plein air, dans une nuit calme et sereine, de petites masses d'herbe, de coton, d'édredon ou de toute autre substance filamenteuse, on trouve, après un certain temps, que leur température est de 6, de 7 et môme de 8° centigrades au-dessous de la température de l'atmosphère ambiante. Dans les lieux oii la lumière du Soleil ne pénètre pas et d'oii l'on découvre une grande étendue du ciel, cette différence entre la température de l'herbe, du coton, etc., et de l'atmosphère commence à se faire sentir vers 3 ou d heures de l'après-midi, c'est-à-dire dès que la température diminue; le matin, elle persiste plusieurs heures après le lever du Soleil. CHAPITRE m DES CIRCONSTANCES QUI ONT DE l'iNFLDENCE SUR LE RAYONNEMENT NOCTURNE § 1. — Influence des nuages. Dans une nuit sereine, l'herbe d'un pré était de G°.7 centigrades plus froide que l'air; des nuages survinrent : aussitôt l'herbe se réchauffa de 5°. 6 sans que la tempéra- ture de l'atmosphère eut changé. § 2. — Influence des é:rans artificiels. Un thermomètre en contact avec un flocon de laine 88 SUR LE RAYONNEMENT DE LA CHALEUR déposé sur une planche élevée de 1 mètre au-dessus du sol marquait, par un temps calme et serein, 5° centi- grades de moins qu'un second thermomètre dont la boule touchait un flocon de laine tout pareil, mais qui se trou- vait placé sous la face inférieure de la même planche. § 3. — Effet du pouvoir rayonnaut. Les mêmes circonstances atmosphériques qui rendent les feuilles des plantes, la laine, l'édredon, etc., de 7 à 8° centigrades pUis froids que l'air, abaissent la tempéra- ture des métaux de 1 ou :2 degrés seulement. Ce léger refroidissement est plus perceptible sur le platine, le fer, l'acier et le zinc que sur l'or, l'argent, le cuivre et Tétain. Ces quatre derniers métaux, nous l'avons déjà dit, sont ceux qui possèdent le moindre pouvoir émissif. § 4. — Effets de la conductibilité. Il importe extrêmement, si l'on veut avoir une idée exacte de tous les phénomènes, de bien distinguer les facultés conductrices des corps de leurs facultés rayon- nantes. Le mot conductibilité désigne la propriété plus ou moins tranchée que possède une portion accidentellement échaulîée d'un corps quelconque, de transmettre sa cha- leur aux autres parties de la même masse sans que pour cela elle se déplace. Le rayonnement est l'acte en vertu duquel la chaleur s'échappe de la surface des corps et est lancée au dehors. Les corps peuvent avoir une grande conductibilité avec un faible pouvoir rayonnant, et réci- A TRAVERS L'ATMOSPHÈRE. 89 proquement. Les métaux polis et le charbon fournissent ces deux exemples : personne n'ignore, en effet, que si Ton place une mince barre métallique par un de ses bouts dans un brasier, la chaleur s'y propage assez loin, tandis qu'un charbon incandescent, à peine chaud au delà de la partie rouge, peut être impunément saisi avec les doigts à la distance de 2 ou 3 centimètres de la flamme. Quant aux propriétés rayonnantes, l'expérience montre, au contraire, qu'elles sont faibles dans les métaux et très- intenses dans le charbon. Ces principes posés, on conçoit comment il se fait qu'une feuille de métal peu étendue et mince, une feuille de papier doré, par exemple, se refroidit sensiblement plus qu'une masse épaisse du même métal. Dans ce dernier cas, la couche superficielle reçoit continuellement des couches inférieures, par voie de conductibilité, une partie de la chaleur dont le rayonnement l'a privée; dans l'autre cas, rien ne répare la perte. § 5. — Effet du vent. Le vent accélère le refroidissement d'un corps plus chaud que lui; il doit donc hâter réchauffement d'un corps plus froid. Le vent, pendant une nuit sereine, amenant continuellement de nouvelles couches atmosphé- riques à la surface de tous les corps que le rayonnement tend à refroidir , empêchera que leur température ne s'abaisse autant qu'elle l'aurait fait sans cela. Quand le ciel est couvert de nuages, l'herbe elle-même n'est jamais plus froide que Tair si le vent est fort; par un ciel par- •00 SUR LE RAYONNEMENT DE LA CHALEUR faitemciit serein, le vent amoindrit mais ne masque pas tout à fait l'influence du rayonnement. CHAPITRE IV DES CIRCONSTANCES DANS LESQUELLES SE PRODUIT LA ROSÉE La rosée n'est abondante que pendant les nuits calmes et sereines. On en aperçoit quelques traces dans des nuits couvertes , s'il ne fait pas de vent , ou malgré le vent , si le temps est clair , mais il ne s'en forme jamais sous les influences réunies du vent et d'un ciel couvert. A l'instant oi!i le ciel se couvre la rosée cesse de se former. On observe même alors, fort souvent, que celle qui déjà avait mouillé les plantes disparaît entièrement, ou du moins diminue beaucoup. Un léger mouvement de l'air favorise plutôt qu'il ne conti'arie la formation de la rosée. Dans deux nuits également calmes et sereines, il peut se précipiter des quantités de rosée très-inégales. L'observation des quantités de rosée déposée est très- délicate. Dans les expériences où. il importait de com- parer les quantités d'humidité qui se précipitent par telle ou telle autre exposition , sous telles ou telles autres cir- constances atmosphériques, etc. , le D' Wells, à qui l'on doit la plupart des observations consignées dans ce cha- pitre, se servait de flocons de laine du poids de O'^'^GS chacun , auxquels il donnait la forme d'un sphéroïde aplaîi dont le plus grand axe égalait environ 0"'.05. La laine était blanche, d'une finesse médiocre, et déjà imbi- A TRAVERS L'ATMOSPHÈRE. 9\ bée d'une petite quantité de vapeur aqueuse , puisqu'elle était conservée dans une chambre sans feu. Cette sub- stance admettait facilement entre ses fibres l'humidité qui s'était déposée à sa surface et la retenait fortement. On trouve beaucoup de rosée après une nuit calme et sereine s'il a plu récemment; on en trouve très-peu, au contraire, après un certain nombre de jours de sécheresse. Les vents du sud et de l'ouest, qui chez nous viennent de la mer, favorisent sa formation. En Egypte, au con- traire, au sud de la Méditerranée, on en aperçoit à peine quelques traces quand les vents du nord ne soufflent pas. En général , comme il était naturel de s'y attendre , tout ce qui augmente l'humidité de l'air, tout ce qui fait mar- cher l'hygromètre vers le terme de la saturation, contribue à rendre la rosée abondante. Il n'est pas exact, quoique plusieurs physiciens l'aient prétendu, qu'il ne se forme de rosée que le soir et le matin: un corps se couvre d'humidité à toute heure de la nuit , pourvu que le ciel soit serein. A parité de circonstances, la rosée n'est jamais plus abondante que dans des nuits claires qui sont suivies de matinées brumeuses : la for- mation du brouillard, le matin, prouve que l'atmosphère contenait précédemment une grande quantité d'humidité. Suivant toute probabilité, la rosée commence à se dé- poser dans des lieux à l'abri du Soleil, aussitôt que la température de l'air diminue, c'est-à-dire à partir de 3 ou û heures de l'après-midi. 11 est du moins certain qu'à l'ombre l'herbe est déjà sensiblement humide long- temps avant le coucher du Soleil ; toutefois on aperçoit rarement de petites gouttelettes tant que cet astre est sur 92 SUR LE RAYONNEMENT DE LA CHALEUR l'horizon; le malin, a|3rès son lever, les goutlelettes de la nuit continuent à grossir encore quelque temps. A égalité de circonstances, il se forme moins de rosée durant la première moitié de la nuit que pendant la se- conde, quoiqu'à cette dernière époque Tair ait déjà perdu une certaine portion de son humidité. Les circonstances favorables à une précipitation abon- dante de rosée se rencontrent plus généralement réunies au printemps, et surtout en automne, qu'en été. 11 faut se rappeler un fait qui doit être lié au précédent, à savoir que les différences entre les températures du jour et celles de la nuit ne sont jamais plus grandes qu'au prin- temps et en automne. CHAPITRE V DE LA PRÉCIPITATION DE LA ROSÉE SDR LES CORPS DE DIVERSES NATURES Les phénomènes de la précipitation de la rosée sur un corps dense et poli, sur une plaque de verre, par exemple, ressemblent parfaitement à ceux qu'on observe lorsqu'une vitre est exposée à un courant de vapeur d'eau plus chaude qu'elle: une couche légère et uniforme d'humidité ternit d'abord la surface ; il se forme ensuite des goutte- lettes irrégulières et aplaties qui se réunissent après avoir acquis un certain volume et ruissellent alors dans toutes sortes de directions. Les métaux polis sont de tous les corps connus ceux qui attirent le moins la rosée. Cette propriété des métaux est assez tranchée pour avoir porté d'habiles physiciens à A TRAVERS L'ATMOSPHERE. 93 ofTirmcr que la rosée ne les mouille jamais. Sous des cir- constances très- favorables , le U' Wells a cependant aperçu une légère couche d'humidité à la surface de quelques miroirs d'or, d'argent, de cuivre, d'étain , de platine, de fer, d'acier, de zinc et de plomb; mais on n'y remarque presque jamais même les gouttelettes extrême- ment petites qui, sur l'herbe, sur le verre, etc. , caracté- risent les premiers instants de la précipitation du liquide. Les métaux ne résistent pas tous également à la forma- tion de la rosée. Ainsi , par exemple , on voit parfois le platine, le fer, l'acier et le zinc distinctement couverts d'humidité, pendant que l'or, l'argent, le cuivre et l'étain, quoique semblablement situés , se conservent parfaite- ment secs. Un miroir de métal , mouillé à dessein , se sèche quel- quefois là où d'autres substances deviennent très- humides. Cette inaptitude des métaux à se couvrir de rosée se communique aux corps qui reposent sur leur surface : ainsi un flocon de laine exposé à un ciel serein se chargera sur un miroir de métal de moins d'humidité que s'il était placé sur une lame de verre. Réciproquement , les corps sur lesquels les métaux reposent influent à leur tour sur la quantité de rosée qui mouille ces derniers. Voici l'expérience qui le prouve : Une feuille quadrangulaire de papier doré ayant été attachée par de la colle à une croix formée de deux tiges légères de bois de 0"'.08 de long, de 0™.0l de large et de 0"'.02 d'épaisseur, on exposa le tout à l'air, à 0"'.12 du sol, le côté doré du papier en dessus; après quelques heures la partie du papier qui débordait la croix 9i SUR LE RAYONNEMENT DE LA CHALEUR se trouvait couverte d'uue multitude de petites gouttes de rosée , tandis que celle qui adhérait au bois était restée parfaitement sèche. L'état de division mécanique des corps influe sur la quantité de rosée qu'ils attirent. Des copeaux très- menus, par exemple , s'humectent beaucoup plus, dans un certain espace de temps, qu'un morceau de bois épais de même nature. Le coton non filé paraît aussi attirer un peu plus de rosée que la laine, dont les filaments sont généralement moins déliés. CHAPITRE VI INFLUENCE DE l'eXPOSITION SDR LA PRÉCIPITATION DE LA ROSÉE La quantité de rosée qui se précipite sur les corps ne dépend pas seulement de leur constitution et de leur na- tui'c , mais encore de la situation dans laquelle ils se trouvent placés par rapport aux objets circonvoisins. Tout ce qui tend, en général, à amoindrir l'étendue de la portion du ciel qui peut être aperçue de la place que le corps occupe, diminue la quantité de rosée dont celui-ci se recouvre. Pour prouver le principe précédent, «je plaçai, dit le D' Wells, dans une nuit calme et sereine, 0s'.65 de laine sur une planche peinte, de 1"\50 de long, de O^.ôG de large, de 0'".0:2 d'épaisseur et qui était soutenue à plus de 1 mètre au-dessus de l'herbe par quatre appuis de bois très-minces et d'égale hauteur; en même temps j'at- tachai, mais sans trop les serrer, O^'.ôS de laine au A TRAVERS LATMOSPllf- R H. 95 milieu de la face inférieure. Les deux toulTes étaient conséqucmment à 0"'.02 de distance et se trouvaient éga- lement exposées à l'action de l'air. Cependant, le lende- main matin, je trouvai que la touffe supérieure s'était char- gée de O'^.Ol d'humidité, tandis que l'inférieure n'en avait attiré que 0s^26. Une seconde nuit, ces quantités d'humidité furent respectivement ls^.23 et Qs^SO; une troisième 0"'.li et O'MS; une quatrième is^SO et 0°^26 : c'était toujours la laine attachée à la face supé- rieure de la planche qui acquérait le plus de poids. » On observait déplus petites différences quand la toulTe inférieure n'occupait pas, comme dans l'expérience que je viens de rapporter, une place d'où l'on ne découvrait presque aucune portion du ciel. Ainsi, 0"'.65 de laine déposés sur l'herbe verticalement au-dessous de la plan- che acquirent dans une première nuit un excédant de poids de 0^.45, dans une seconde, de 0^^.58, dans une troisième, de 05^78. Par les mêmes circonstances, une quantité égale de laine, placée aussi sur l'herbe, mais tout à fait à découvert, se chargea de 0?^G5, de l-'.O/i et de 1^.30 d'humidité. La planche, dans la première expérience, masquait la presque totalité du ciel, parce que la laine était en contact avec sa face inférieure ; dans la seconde, à la distance de plus de 1 mètre, une portion considérable du ciel était visible de la place que la laine occupait. On pourrait peut-être imaginer que la rosée tombe à la manière de la pluie et que la planche n'en garantissait la laine que mécaniquement, quoique, dans cette suppo- sition, il serait difficile d'expliquer comment la touffe atta- 96 SUR LE RAYONNEMENT DE LA CHALEUR chée au milieu de la face inférieure de la planche était devenue humide. Pour lever, au surplus, toute espèce de doute à cet égard, le D' Wells plaça verticalement sur l'herbe un cylindre de terre cuite, ouvert à ses deux bouts, ayant près de 1 mètre de hauteur et 0"\33 de dia- mètre. Un flocon de 0".G5 de laine qui occupait le centre de la base inférieure-du cylindre ne se chargea dans une nuit que de 0^'M3 d'humidité, tandis que pour un flocon semblable, mais tout à fait découvert, Taugmentation fut de l"^0^. Cependant, comme il ne faisait pas le moindre vent pendant rexpéricnce, les deux flocons de laine au- raient certainement reçu la même quantité de rosée si celle-ci tombait verticalement, ainsi que quelques physi- ciens l'ont supposé. Il serait possible qu'on prétendît qu'une partie notable de l'humidité dont une toulTe de laine se charge pendant la nuit résulte de l'action hygroscopique que ses filaments exercent sur la vapeur atmosphérique ; mais le D' Wells a observé que dans les lieux privés de l'aspect du ciel O'^GS de laine n'augmentent pas de poids d'une manière appréciable pendant la durée d'une nuit. L'eiïet est en- core moindre si le temps est couvert, quoique alors, à cause de l'abondance des vapeurs, l'action hygroscopique de la laine doive être à son maximum. Des corps tout pareils et situés de même relativement au ciel, peuvent néanmoins se couvrir de quantités iné- gales de rosée : il suffit pour cela qu'ils ne soient pas semblablement placés à l'égard du sol. 0"'.65 de laine déposés sur une planche à 1 mètre de terre acquirent dans une nuit un excédant de poids de l^^âO, pendant A TRAVERS I/ATMOPPIIÈRE. 97 qu'un flocon pareil, suspendu h \"\bO de hauteur, n'ab- sorba (|ue 0".71 d'humidité, quoiqu'il présentât une plus grande surface à l'air. CHAPITRE VII THÉORIE DE LA ROSÉE En comparant les cliapitres précédents, on remarqueri combien il règne d'analogie entre la faculté que possèdent tous les corps solides de se couvrir de rosée et la pro- priété non moins curieuse dont ils jouissent de se refroi- dir pendant des nuits calmes et sereines beaucoup plus que l'atmosphère. Si le refroidissement des corps précède l'apparition à leur surface des gouttelettes de rosée, l'explication du phénomène n'offrira aucune difficulté : on n'y pourra voir qu'une précipitation d'humidité analogue à celle qui s'opère sur les parois d'un vase renfermant un liquide plus froid que l'air. En eiîet, un corps d'une température quelconque plongé dans une atmosphère sensiblement plus chaude, refroidit promptement la couche qui vient le toucher. Si cette couche est imprégnée de beaucoup d'humidité, elle en dépose aussitôt une portion h la surface du corps, puisque, comme tout le monde le sait, la quantité d'caii hygrométrique qu'un gaz peut retenir est d'autai:t moin- dre que sa température est plus basse. Un ^jjtit excès de pesanteur, un léger souiïle déplacent bientôt la première couche ; une couche nouvelle lui succède, se refroidit aussi Vlll. — V. 7 9S SUR LE RAYONNEMENT DE LA CIIALI-CR pnr le contact du corps et abandonne h son tour toute l'eau ([ue sa nouvelle température la rend inhabile à conserver. Ce inême phénomène se renouvelle un grand nombre de fois dans un temps très-court, et bientôt la surface du corps, quelle qu'ait été la cause première de son refroi- dissement, est couverte de gouttelettes ou même d'une lame d'eau continue que les couches atmosphériques y ont déposée. Il reste donc celte question à examiner : Le froid observé par une nuit calme et pure à la surface de presque tous les corps terrestres, précède-t-il ou suit-il l'appari- tion des petites gouttelettes? Dans le premier cas, le froid sera la cause immédiate de la rosée; dans la supposition contraire, on pourrait imaginer que nous nous sommes mépris jusqu'ici sur l'origine du refroidissement nocturne, qu'il est la consé- quence de la précipitation du fluide. L'expérience sui- vante du D' Wells tranche la difficulté. Par un temps très-sec, O^^SO de laine placés sur une planche élevée étaient déjà de 7°. 7 centigrades plus fi'oids que l'air, avant ci'avoir acquis le môme excédant de poids, ce qui fut constaté avec une balance qu'un poids de 0=^.004 faisait trébucher ; tandis que, dans d'autres cir- constances atmosphériques, une différence de tempéra- ture beaucoup plus petite amena, sur le même flocon de laine, près de l^^SO de rosée, en sorte que son poids se trouva triplé. Dès qu'il est ainsi bien constaté que le froid précède l'apparition de la rosée, ce météore, sur lequel on avait tant discouru, se trouve devoir être assimilé au phéno- A TRAVIÎRS L'ATMOSPIlkRIÎ. 99 mène naturel le plus simple et le mieux expliqué, c'cst-à- dirc à la précipitation d'humidité qu'on observe dans l'intérieur des grands édifices, lorsque les murs, graduel- lement refroidis pendant l'hiver, viennent ensuite à être frappés subitement au moment du dégel par l'air chaud de l'atmosphère extérieure. En admettant la justesse de l'explication que nous venons de donner, on conçoit que, dans les climats tem- pérés, la rosée ne doit jamais se déposer sur les par- ties nues du corps humain, puisque leur température est toujours supérieure à celle de l'air. Dans la zone torride, il serait possible, au contraire, dit le D' Wells, que la rosée se montrât sur les mains, la figure, etc., même en plein jour. 11 résulte des mêmes principes que le rayonnement de l'enveloppe vitreuse qui contient le mercure dans les ther- momètres peut abaisser ces instruments au-dessous de la température de l'air dans lequel ils sont plongés. Un écran, placé de manière à cacher le ciel au thermomètre, préviendra les erreurs de cette espèce. CHAPITRE YIII DÉTAILS HISTORIQUES SOR LA THÉORIE DE LA ROSÉE Les détails historiques cpi suivent ont été puisés, pour la plus grande partie, dans divers chapitres de l'intéres- sant ouvrage du D' Wells ; j'ai pensé, en les réunissant, devoir y joindre une analyse succincte de plusieurs Mémoi- res dont cet habile physicien n'avait pas eu connaissance. iOO SUR LE RAYONNEMENT DK LA CHALEUR Aristote avait déjà parfaitement remarqué (voy. son Traité des Meléorcs) que les nuits calmes et sereines sont les seules pendant lesquelles il se dépose de la rosée. Ce résultat, qui se rattache très-bien, comme on a pu le voir précédemment, à la théorie du D" Wells, a tou- tefois été révoqué en doute par plusieurs observateurs modernes. Musschenbroek, par exemple, dit qu'en Hol- lande la rosée se montre en abondance alors même que les couches inférieures de l'atmosphère sont chargées d'un épais brouillard; mais comme il ajoute en même temps que dans ces circonstances on en trouve aussi bien à la .surface des métaux que sur les autres corps, il s'ensuit que cette espèce d'humidité n'est pas de la rosée propre- ment dite. Quant au calme de l'atmosphère, quelques physiciens le croyaient si peu nécessaire qu'ils affirmaient ( voy., par exemple. Journal de l'École Polytechnique, t. ii, p. 409) « qu'un vent venant toujours du côté du Soleil accom- pagne constamment la formation de la rosée »; mais cette opinion n'est guère soutenoble, puisqu'on a reconnu que la rosée se précipite sans interruption depuis le coucher jusqu'au lever du Soleil. On doit encore faire honneur à Aristote de plusieurs observations importantes : c'est lui qui a reconnu le pre- mier que la rosée est moins abondante sur les montagnes que dans les plaines ; que la gelée blanche se dépose d'abord sous la forme de rosée proprement dite et ne se congèle qu'ensuite ; que tel vent qui produit un certain elîet dans une localité particulière peut avoir un effet tout contraire dans un autre lieu. Voilà, au re^te, les seules A TRAVl-HS L'ATMOSniîîRE. 101 notions expérimentales positives que les anciens nous aient transmises sur les phénomènes de la rosée. Aristote avait aussi recherché la cause du phénomène. Suivant lui, la rosée est une espèce particulière de pluie qui se forme dans les couches inférieures de Tatmosphère, aussitôt que le froid de la nuit a condensé en petites gouttelettes les vapeurs aqueuses qu'elles contenaient ; telle est aussi, à très-peu près, l'explication qu'en donne Leslie, dans son ouvrage On Heat and Moisture. L'exis- tence des courants qui mêlent sans cesse les couches supérieures et froides de l'atmosphère aux couches infé- rieures est bien démontrée ; ce mélange peut quelquefois engendrer des vapeurs vésiculaires; mais qui ne voit que par un ciel serein l'humidité totale provenant de cette cause, en une nuit, serait toujours très-peu abondante ? D'ailleurs, et ceci tranche la difTiculté, en admettant que la totalité de la rosée tombe à la manière de la pluie, on ne saurait expliquer ni comment un flocon de laine placé verticalement sous une planche peut être mouillé, ni com- ment les métaux exposés en plein air ne le sont pas. Les cloches de verre avec lesquelles les jardiniers cou- vrent les plantes pendant la nuit sont, le matin, tapis- sées d'humidité en dedans. Cette observation avait fait supposer que la rosée s'élève de terre *. On trouve les premières traces de cette opinion dans V Histoire de l'Àra- 1. En parlant de cette opinion dans V Histoire de rÀcaiémie pour 1736, Fontenelle disait : « En physique, dks qu'une chose peut être de deux façons, elle est ordinairement de celle qui est la plus contraire aux apparences. » Ce serait, je crois, se hasarder beau- coup que de prendre ce principe à la lettre. \ 2 SUR LE RAYONNEMENT DE LA CHALEUR fJcnuc pour 1687. Gcrsten publia, en 1733, un long Mémoire destiné ^i prouver que telle est en effet l'unique origine de riiumidité qui pendant un temps serein se dépose à la surface des corps. Musschenbroek adopta d'abord les idées de Gersten ; mais il admit ensuite qu'il existe trois espèces de rosées : l'une, suivant lui, plus dense que les autres, s'élève des lacs, des rivières, des marais; une seconde sort des plantes et de la terre; une troisième tombe d'en haut. Dufay chercha, en 1730, à faire revivre le système du physicien allemand; plusieurs météorologistes modernes l'ont également adopté ; il ne sera donc pas inutile de rapporter ici quelques traits de l'examen que le D' Wells en a fait. On remarquera d'abord que l'expérience de la cloche renversée, en la supposant exacte, prouve seulement que les vapeurs terrestres peuvent donner naissance à une certaine quantité de rosée et non pas qu'elles en sont l'unique cause. Dufay puisait son principal argument dans une observation fort exacte qu'il avait faite : c'est que la rosée se montre d'autant plus vite sur les corps, qu'ils sont placés plus près de terre; mais cela s'explique tout naturellement d'après la théorie du D' Wells ; car, dans une nuit calme et sereine, les couches inférieures de l'air, généralement plus froides que les couches éle- vées, doivent arriver plus tôt que celles-ci au degré d( température où elles abandonnent une partie de leur humidité. On pourrait ajouter, s'il était nécessaire, qu'un flocon de laine placé sur le milieu d'une planche horizon- tale et élevée, et garanti, par conséquent, de tout cou- rant de vapeur ascendante, se charge néanmoins d'une A TllAVERS L'ATMOSPllÉIlE. 103 plus grande quantité d'humidité qu'un flocon pareil sus- pendu librement dans l'air à la même hauteur. Au reste, s'il est très-facile de montrer que la rosée n'est pas due en totalité aux vapeurs terrestres, on aurait, au contraire, quelque peine h déterminer pour combien elles contri- buent à sa formation, quoique tout porte à penser qu'en général ce doit être pour une proportion assez faible. Les recherches que Musschenbroek et Dufay entrepri- rent à l'occasion du système de Gersten ne furent pas tout à fait infructueuses. Le premier découvrit que les métaux polis ne se couvrent pas de rosée ; le second con- firma cette curieuse remarque par des observations variées. Il prouva ensuite, contre l'opinion commune, que le serein du soir et la rosée du matin ne sont qu'un seul et môme phénomène, en montrant que l'humidité se précipite en quantités peu dilïérentes à toutes les heures de la nuit. On ne connaissait pas encore, du temps de Dufay, 1er facultés inégales de rayonnement dont les corps de dilîé- rente nature sont doués. Les observations faites avec des métaux polis étaient donc alors isolées ; elles ne se liaient à aucune cause connue; aussi Dufay ajoute-t-il seulement à son expérience, à titre de rapprochement, que les corps ( les métaux) que la rosée ne mouille point, sont précisé- ment ceux dans lesquels le frottement ne développe pas d'électricité. Pour faire sentir l'inexactitude des systèmes qu'on a bâtis sur cette remarque, j'ajouterai, d'après le D"" Wells, que le charbon qui, comme on le sait, conduit très-bien l'électricité, a néanmoins la propriété d'attirer abondamment la rosée. <0i !-UR LE RAYONNEMENT DE LA CHALEUR Le D' Wells s'est trompé, ce me semble, en attribuant à Dufay Topinion que la rosée est un phénomène électrique ; car ce physicien dit positivement, page 368 de son Mé- moire : « sans prétendre rien inférer du rapport que je vais taire remarquer, » et il mentionne seulement alors la grande conductibilité des métaux pour Télectricité. Plus bas, après avoir rappelé que les métaux sont les seuls corps qui ne deviennent pas phosphorescents, Dufay ajoute : « J'avoue que je suis bien éloigné de voir le rapport qu'il peut y avoir entre des propriétés si différentes; mais aussi je ne voudrais pas assurer qu'il n'y en eût point. » Suivant Musschenbroek l'humidité qu'on observe sur les feuilles des plantes provient de leur propre transpira- tion. Voici la preuve qu'il en donne : Un pavot dont la tige passait au travers d'une petite ouverture praticjuée dans une large plaque de plomb fut recouvert le soir d'une cloche de verre; le lendemain matin les feuilles étaient chargées d'humidité, quoique, à l'aide de la dis- position précédente et du lut qui bouchait le trou, elles eussent été privées de toute communication avec le sol et l'air extérieur. En examinant attentivement cette expérience, on voit que tout ce qu'il est permis d'en conclure, c'est que les sucs qui transsudent par les vaisseaux excrétoires des végétaux peuvent entrer pour quelque chose dans la forma- tion de la rosée; mais on ne saurait assimiler la quantité de liquide qui se montre en vaisseaux clos, dans une atmo- sphère bientôt saturée d'humidité, sur une plante garantie du refroidissement nocturne, à celle qui se serait déve- , loppée et maintenue sur chaque feuille en plein air. Les A TRAVERS L'ATMOSPHÈRE. {05 nombreuses expériences que le D' Wel!s a faites sur la rosée dont se chargent les substances mortes, telles (|uc. la laine, le duvet de cygne, le verre, etc., montrent d'ail- leurs suiïisamment que la transpiration des plantes ne peut jouer dans ces phénomènes qu'un rôle très-secon- daire. Les dispositions qu'affectent les gouttes de rosée sur les feuilles de quelcjues plantes ont été aussi présentées par Musschenbroek et d'autres physiciens comme la preuve que ce fluide est dû aux sucs qui s'échappent par les vais- seaux excrétoires, a De là vient, dit-on, que les gouttes de rosée diffèrent entre elles en grandeur et en quantité, et occupent différentes places, suivant la structure, le diamètre, la quantité et la situation de ces vaisseaux ex- crétoires : tantôt on les voit rassemblées au voisinage de la tige où commence la feuille, comme dans les choux et les pavots ; une autre fois elles se tiennent sur le contour des feuilles et sur toutes les éminences, comme cela se remarque surtout dans le cresson d'Inde. Elles se trou- vent aussi assez souvent au sommet de la feuille, comme dans l'herbe des prés. On ne saurait trouver deux plantes de différentes espèces sur lesquelles la rosée soit disposée de la même manière. » (Musschenbroek, t. m, § 25/|5.) Le Roy, de Montpellier, a déjà remarqué que, si par exemple, on trouve ordinairement une quantité considé- rable de rosée à l'aisselle des feuilles de choux-fleurs près de la tige, c'est qu'elle s*y amasse à raison de la décli- vité ; et, en effet, lorsqu'on les secoue légèrement, on voit toutes les gouttelettes répandues sur la superficie se réunir et couler ensuite vers la naissance de la feuille. On pour- 10G Sun Ln RAYON ni: MENT DK LA CHALEUR rait d'autant moins attribuer ce plicnomènc à des vais- seaux excrétoires particuliers, que lorsque le chou-fleur est avancé et que la feuille a pris une autre forme, la rosée, au lieu d'aller vers les aisselles, se porte sur les bords et s'y amasse en grosses gouttes autour de petites éminences dont ils sont couverts. En combinant des con- sidérations de ce genre avec la remarque que les parties saillantes des corps, comme ayant moins de masse, doi- vent se refroidir le plus, on expliquera fort simplement tous ces eflets, et vsans qu'il soit nécessaire, avec quelques botanistes, de faire jouer ici le rôle principal à la petite quantité de sucs qui transsudent par les vaisseaux excré- toires. Parmi tous les physiciens qui, avant le D"" Wells, avaient cherché à découvrir les causes de la rosée, Le Roy, de Montpellier, me semble être celui qui s'était le plus rap- proché du but; le lecteur au reste va en juger. Après avoir expliqué sur quels motifs il se fondait pour regarder les vapeurs qui la nuit s'élèvent de la terre comme une des causes de la rosée. Le Roy ajoute {Mé- moires de r Académie pouT 1751, p. 509) : « Les herbes ou le verre exposés à cette vapeur se refroidissent pendant lu nuit autant que l'air, et par conséquent beaucoup plus que la terre, de sorte que la vapeui- qui s'en élève peut s'arrêter sur ces corps sans être dissipée à mesure. » Il ne faudrait faire aujourd'hui qu'un seul changement à ce paragraphe pour le rendre parfaitement exact : ce serait d'ajouter que la température du verre, non-seulement de- vient plus froide que celle de la terre, mais encore qu'elle s'abaisse au-dessous de la température de la couche d'air A TMAVEUS L'ATMOSrilEHE. 107 dans laquelle il est plongé. Quant à l'huinidité qui vient directement de l'atmosphère, Le Roy l'explique moins heu- reusement, puisque, suivant lui, c'est toujours le refroidis- sement préalable de l'air qui en détermine la précipitation. La critique que ce physicien a faite des systèmes de Cicrsten, de Musschenbroek et de Dufay est d'ailleurs extrêmement judicieuse, et diffère à peine de celle que renferme l'ouvrage du docteur Wells. J'ajouterai qu'on trouve encore dans le Mémoire de Le Roy une obser- vation très- importante, dont l'auteur anglais a vérifié l'exactitude : c'est que l'air est quelquefois tellement près du terme de la saturation que, par un temps serein et en plein jour, il dépose de l'eau sur les plantes qui sont ga- ranties des rayons du Soleil. Ce serait ici le lieu de rapporter quelques phénomènes curieux découverts par Bénédict Prévost, et pour l'expli- cation desquels le savant docteur Young d'abord, et Pierre Prévost de Genève ensuite, avaient eu recours au prin- cipe du rayonnement; mais l'étendue que ce chapitre a déjà acquise nous permettra seulement de les rappeler. Les observations de B. Prévost sont relatives à l'in- fluence que des armures métalliques exercent sur la quan- tité de rosée qui se dépose sur les vitres des appartements. Tout le monde sait que, lorsque l'air extérieur se refroidit la nuit, les vitres des fenêtres se couvrent d'humidité intérieurement; on observe le contraire si l'air du dehors est devenu plus chaud que celui de la chambre. Collons maintenant sur la face d'un des carreaux, en dedans ou en dehors, une lame de métal poli : si cette lame est du coté qui s'est refroidi le plus, il ne se déposera point 108 SUR LE RAYONNEMENT DE LA CHALEUR d'iuimiditc du côte chaud sur la partie de la vitre qui correspond à l'armure métallique, tandis que le reste en sera couvert. Si, au contraire, le miroir est placé du côté qui s'est maintenu chaud, l'humidité ne se montrera nulle part en plus grande abondance que sur la portion de la vitre dont le contour est déterminé par celui de l'armure. La liaison de ces phénomènes avec les propriétés rayon- nantes des métaux est trop évidente pour qu'il soit néces- saire de s'y arrêter. On a vu précédemment quel heureux parti le D' Wells a su tirer de ses observations thermométriques pour expli- quer les phénomènes de la rosée ; ce ne sera donc pas une digression déplacée que de rapporter, en terminant ce chapitre, quelques faits du même genre qui n'avaient pas échappé à l'attention des physiciens. On a remarqué de très-bonne heure, avant môme l'in- vention des thermomètres, que les nuits nuageuses sont généralement moins froides que les nuits sereines (voy., par exemple, lord Bacon , Hisloria naturalis, § 886) ; mais on n'a cherché que fort tard à évaluer numérique- ment l'elTet que l'apparition de quelques nuages peut occasionner. En 1771, A. Wilson, ayant suivi la marche d'un thermomètre pendant une nuit d'hiver qui fut suc- cessivement, à plusieurs reprises, claire et brumeuse, trouva qu'il montait constamment d'environ 0°.6 centi- grades dans l'instant même oij l'atmosphère s'obscurcis- sait, et qu'il revenait au point de départ lorsque les brumes étaient dissipées. Suivant le fils du môme physi- cien, Patrick Wilson (voy. les Transactions cVEdinburgh pour 178S), TelTet instantané des nuages sur un ther- A TRAVEHS L'AT.MUSIMI K RE. 109 momètre suspendu à l'air libre peut s'élever à l°.7 ceii- tigrade. Tel est aussi, à très-peu près, le résultat obtenu par Piolet en 1777, et publié pour la première fois en 1792, dans l'ouvrage de Prévost, où, par parenthèse, le rayonnement du nuage se trouve déjà indiqué comme la cause physique du phénomène. Alors, toutefois, on n'avait pas encore reconnu que ce rayonnement refroidit l'atmosphère beaucoup moins qu'un corps solide. Une circonstance curieuse dont on doit la découverte à Pictet, c'est que, dans des nuits calmes et sereines, la tem- pérature de l'air, au lieu d'aller en diminuantà mesure qu'on s'éloigne du sol, présente au contraire, au moins jusqu'à certaines hauteurs, une progression croissante. Un ther- momètre, à 2"'. 50 d'élévation, marquait toute la nuit 2°.5 centigrades de moins qu'un instrument tout pareil qui était suspendu au sommet d'un mât vertical de 17 niè- tres. Deux heures environ après le lever du Soleil, comme aussi deux heures avant son coucher, les deux instru- ments étaient d'accord ; vers midi le thermomètre près du sol marquait souvent 2°. 5 centigrades de plus que l'autre ; par un temps complètement couvert, les deux instruments avaient la même marche le jour et la nuit. (Voy. les Lettres de Deluc à la Reine d'Anglelerre , t. V, 1779.) Ces observations de Pictet ont été confirmées en 1783, par Six, de Canterbury, et répétées pendant une année entière. Un thermomètre suspendu dans un jardin, à â mètres du sol, était, pendant la nuit, et par un lemps calme et serein, de 5 à 6° centigrades plus bas qu'un thermomètre placé au sommet du clocher de la cathédrale 110 SUR LE RAVON.XKMRXT DE LA CHALEUR de Ganterbury, à G2 mètres de hauteur. (Voy. Trmisac^ lions philosophiques pour 1788, p. 103 et suiv.) Pendant ses expériences, Pictet avait comparé la tem- pérature observée à l'air libre avec celle que marquait un thermomètre dont la boule était ensevelie sous la sur- face du sol. La terre conserve pendant la nuit une partie considérable de la chaleur qu'elle a acquise durant le jour ; le thermomètre enseveli était donc constamment supérieur aux autres. Une remarque importante a échappé au physicien genevois : c'est que la surface du sol et les plantes dont il est recouvert acquièrent, sous un ciel serein, une température inférieure à celle de l'air qui les baigne. Un thermomètre dont la boule était enterrée à 0"'.025 au-dessous de la surface du sol, marquait quelque- fois, suivant le D' Wells, jusqu'à 8°.9 centigrades de plus qu'un instrument pareil placé sur l'herbe, et 5". 6 de plus qu'un thermomètre dans l'air. Pictet parle, il est vrai, d'un thermomètre suspendu à quatre lignes (0"\009) de la surface du terrain, et qui se tenait plus bas encore que le thermomètre à 1"'.G0, mais il ne dit nulle part qu'il ait placé la boule d'un de ces instruments sur un corps solide. Quant à Six, il nous apprend positivement dans son Mémoire (1788), qu'un thermomètre sur le sol [upon Ihe grovîid), au milieu d'une prairie, se tenait plus bas qu'un thermomètre semblable élevé de l'°.82. On trouve dans un ouvrage posthume du môme auteur, publié à Ganterbury en 1794, une multitude de déterminations de ce genre, et qui donnent jusqu'à 7°. 5 centigrades pour la dilTérence de température entre l'air et l'herbe d'un pré. Dans son premier Mémoire, Six attribuait le froid A TIIAVEHS L'AT.MOSPllÈRR. Ht de l'iici'be : [)rL'ii)ièremcnt ù la rosée dont elle est recou- verte par un temps serein, et qui aurait conservé en tombant la température des couches élevées de l'atmo- sphère où il supposait qu'elle prenait naissance ; seconde- mcjit à l'évaporalion. Dans l'ouvrage posthume, il admet que le froid est la conséquence de la rosée. Telle était aussi l'opinion de Wilson. (Voy. les Transactions (rEdin- burg/i pour 1788.) On trouve dans un Mémoire de Rumford, Transactions philosopliicjues, 18()/|, ce passage remarquable : «N'est- ce pas par l'action des rayons frigorifiques (œux qui viennent de Tespacc) que notre globe est continuellement refroidi, et qu'il conserve, dans tous les âges, la même température moyenne, malgré l'immense quantité de chaleur que les rayons solaires lui communiquent jour- nellement?» Cette conjecture, du reste, n'est appuyée d'aucune observation thermométrique qui soit propre à indiquer comment s'opère le refroidissement. La découverte du docteur Wells consiste donc dans les observations très-importantes qu'il a variées de mille manières, et d'oij résulte avec évidence la conséquence que, par un temps serein, les corps solides exposés au rayonnement de l'espace sont au-dessous de la tempéra- ture de l'air avant que la rosée ait mouillé leur surface. Le refroidissement de ces corps est donc la cause, et non pas la conséquence de la formation de la rosée. On peut même ajouter, en opposition avec les idées de Wilson et de Six, que la chaleur qui se développe quand la vj^poiir aqueuse atmosphérique passant de l'état de fluide néi i- formc à celui de liruiide vient se déposer à la surface des 112 SUR LE RAYONNEMENT DE LA CHALEUR corps, Gï-t une des causes qui atténuenl le plus les effets du refroidissement nocturne. CHAPITRE IX INFLUENCE DO RAYONNEajENT DE LA CHALEUR SUR LA TORMATION DE LA GLACE Le rayonnement de la chaleur à travers l'atmosphère, particulièrement pendant la nuit, joue un grand rôle dans la formation de la glace sur les lacs et les rivières et sur des surfaces aqueuses convenablement disposées. Ce serait donc le lieu d'entrer ici dans quelques détails à ce sujet. Mais comme j'ai examiné dans une Notice spéciale les circonstances variées de la congélation de l'eau , je prie le lecteur de s'y reporter; il y trouvera une discus- sion complète du phénomène. CHAPITRE X SIR l'utilité des nattes dont LES JARDINIERS COUVRENT LES PLANTES DURANT LA NUIT Avant d'avoir reconnu le rôle important que joue le rayonnement nocturne dans les phénomènes de tempéra- ture, les physiciens ne croyaient guère à l'utilité de ces légers abris à l'aide desquels les agriculteurs espèrent garantir les végétaux les plus délicats de l'action du froid. H paraissait, en elTet, impossible qu'une natte mince, par exemple, suspendue devant une plante, pût l'empêcher de pi endre la température de l'atmosphère , soit parce que A TRAVERS L'ATMOSPHÈRE. 443 cette natte est perméable à l'air dans tous les sens, soit parce qu'une masse fibreuse aussi faible doit se pénétrer de la température atmosphérique avec une extrême promptitude ; mais ici , comme sur tant d'autres objets , l'expérience a précédé la théorie. La natte n'aurait en effet qu'une utilité bornée et fort équivoque, si le froid de l'air était seul à craindre ; on va voir combien la question change de face dès que l'on considère de plus les effets du rayonnement. Le D' Wells ayant fixé aux quatre angles d'un carré de O^.eO quatre piquets minces qui s'élevaient chacun de O'^.IS perpendiculairement à la surface d'un pré, tendit horizontalement sur leurs sommets un mouchoir de batiste très-fin et compara, dans des nuits claires, les températures du petit carré de gazon qui correspondait verticalement à cet écran léger avec celles des parties voisines qui étaient entièrement découvertes. Le gazon garanti du rayonnement par le mouchoir de batiste se trouva quelquefois de 6° centigrades plus chaud que l'au- tre ; quand celui-ci était fortement gelé, la température du gazon privé de la vue du ciel par le mince tissu qui le recouvrait à 0°M5 de distance, était encore de plu- sieurs degrés au-dessus de zéro. Dans un temps complè- tement couvert, un écran de batiste , de natte ou de toute autre nature, produit à peine un efl'et appréciable. Un écran donné garantit également bien le sol à quel- que hauteur qu'il soit placé, si ses dimensions varient avec réloignemcnt, de manière à intercepter constam- ment la même étendue du ciel. Il faut cependant éviter tout contact. Dans un champ gazor.né l'herbe sur laquelle vu:. — V. 8 1U SUR LE RAYONNEMENT DE LA CHALEUR reposait une pièce de toile était de 3° centigrades plus froide que Tiierbe recouverte seulement à la distance de quelques centimètres par une pièce de toile pareille. Je terminerai ce chapitre par une importante expé- rience, empruntée également au physicien que j'ai si sou- vent cité. Un mouchoir ayant été tendu verticalement sur un pré, à l'aide de deux bâtons, on observa, le ciel étant serein, qu'un thermomètre placé sur l'herbe , au pied du mouchoir, du côté du vent, marquait 3°. 5 centigrades de plus qu'un thermomètre voisin, mais qui ne correspondait pas au mouchoir. Cette expérience montre que les murs des espaliers ne garantissent pas les plantes seulement en leur distribuant la nuit un peu plus de la chaleur qu'ils ont absorbée le jour et en arrêtant mécaniquement les vents froids , mais encore qu'ils agissent comme écran et atténuent la grande perte de calorique que les plantes auraient éprouvée par leur rayonnement , s'ils ne leur avaient pas caché une grande portion du ciel. CHAPITRE XI SDR LES BROUILLARDS QDI SE FORMENT APRÈS LE COUCHER DU SOLEIL, QUAND LE TE.MPS EST CALME ET SERI.IA", AU BORD DES LACS ET DES RIVIÈRES La formation des brouillards qui apparaissent après le coucher du Soleil, quand le temps est calme et serein, au bord des lacs et des rivières, se rattache, comme les phénomènes précédents, aux lois du rayonnement de la chaleur. Nous avons déjà vu qu'aussitôt qu'une région quelcon- A TIIAVERS L'ATMOSPHÈRE. i1o que du globe cesse d'clrc éclyirce par le Sulcil, elle perd, en rayonnant vers l'espace, une portion d'aulant plus notable de sa température que l'atmosphère est plus sereine ; mais il importe de remarquer ici que le refioi- dissement ne peut pas se manifester au même degré sur la terre et sur une masse d'eau un peu grande. Aussitôt que les molécules superficielles d'un liquide éprouvent un certain refroidissement, elles deviennent plus lourdes, comme tout le monde le sait ; dès lors elles doivent s'enfoncer dans la masse ; des molécules chaudes venant de l'intérieur les remplacent immédiatement. Quand le corps est solide, au contraire, les molécules refroidies par rayonnement restent à la surface, puisqu'elles sont dépourvues de mobilité, et les couches inférieures ne par- ticipent à l'abaissement de température qu'à raison do leur propriété conductrice. Or, cette propriété étant ex- trêmement faible dans la plupart des substances dont la croûte extérieure du globe est formée, il est naturel de penser qu'aussitôt que, par un ciel serein, le refroidisse- ment nocturne aura produit son elTet, toute masse d'eau qui le jour était à la température de l'atmosphère sera sensiblement plus chaude à sa surface extérieure que les terres environnantes : c'est en elfet ce qu'une multitude d'observations ont constaté. L'air prend en peu d'instants la température des corps avec lesquels il est en contact. Durant une nuit calme et sereine, la portion de l'atmosphère qui reposera sur l'eau sera donc plus chaude que celle qui s'appuiera sur le rivage. Pur un temps calme, là où l'eau abonde, les couches 416 SUR LE RAYONNEMENT DE LA CHALEUR inférieures de l'atmosphère se chargent de toute Thumi- dité que leur température comporte ; on dit alors de ces couches qu'elles sont saturées. La quantité d'humidité, nous l'avons déjà remarqué, que l'air renferme quand il est saturé, est constante pour chaque température. Si de l'air saturé se refroidit par le contact d'un corps solide, il dépose sur la surface de ce corps une portion de son hu- midité; mais quand le refroidissement s'opère au sein même de la masse gazeuse, l'humidité abandonnée se précipite en petites vésicules creuses, flottantes, qui trou- blent sa transparence ; ce sont ces vésicules qui consti- tuent les nuages et les brouillards. Ces principes posés, supposons qu'une circonstance quelconque, une petite déclivité du sol, par exemple, un léger souffle de vent amène, la nuit, l'air du rivage à se mêler avec l'air qui repose sur une rivière ou sur un lac : le premier, qui est le plus froid, refroidit le second; celui-ci abandonne aussitôt une partie de l'humidité qu'il renfermait et qui d'abord n'altérait pas sa diaphanéité, mais cette humidité tombant à l'état de vapeur vésicu- laire, l'air se trouble, et quand le nombre des vésicules flottantes devient très- considérable, il en résulte un brouillard épais. Voici quelques observations à l'appui de cette théorie. Les 9, 10 et 11 juin 1818, par un ciel serein, sir Ilumphry Davy, qui descendait le Danube près de Ratis- bonnc, reconnut que le brouillard se montrait le soir sur le fleuve quand la température de l'air, à terre, était de 2 à h° centigrades au-dessous de celle de l'eau. Le matin, ce même brouillard se dissipait au contraire dès que la A TRAVERS L'ATMOSPHÈRE. M7 température de l'atmosphère sur le rivage surpassait celle de la rivière. Le 11 juin, à 6 heures du matin, au-dessous du pont de Passau, les températures du Danube, de l'Inn et de rilz, au point où ces rivières se joignent, étaient respec- tivement 16°. 7 , 13".6 et 13°.3, tandis que sur le rivage un thermomètre exposé à l'air marquait 12°. 2 seulement. Dans ces circonstances, un brouillard épais régnait sur toute la largeur du Danube, une brume peu intense couvrait la surface de l'Inn, et la brume légère qu'on apercevait sur l'Ilz était l'indice de la faible précipitation d'humidité que pouvait occasionner le mélange de l'atmo- sphère de la rivière avec l'atmosphère à peine plus froide venant du rivage. L'eau, comme on l'a vu plus haut, se refroidit moins que la terre par voie de rayonnement parce qu'une mo- lécule superficielle liquide s'enfonce dans la masse dès qu'en perdant quelque chose de sa température primitive elle est devenue plus lourde. Si cette augmentation de densité n'accompagnait pas la diminution de chaleur, les liquides et les solides offriraient des effets tout pareils. Or, il existe une température au-dessous de laquelle l'eau, loin de se condenser en se refroidissant, se dilate au con- traire : cette température est d'environ -\-li°A du ther- momètre centigrade. Une masse d'eau dont la tempéra- ture serait de /i".l se refroidira donc à la manière des corps solides : les particules auxquelles le rayonnement aura enlevé une portion de leur chaleur n'en resteront pas moins à la surface, et le froid ne descendra dans la masse fluide que par voie de conductibilité. L'eau et la ns SUR I.E RAYONNEMENT DE LA CHALEUR terre offrent alors, même pnr le ciel le plus pur, des tcm- périitures très-peu dissemblables, et le mélange de leurs atmosphères ne donne plus naissance à des brouillards. On voit que cette exception appuie plutôt qu'elle n'in- firme l'explication précédente. CHAPITRE XII COMMENT LA NEIGE EMPI-CIIIÎ LA GELÉE DE DESCENDRE PROFON- DÉMENT DANS LA TERRE QU'ELLE RECOUVRE Le froid, durant les hivers rigoureux, pénètre le sol à des profondeurs d'autant moindres que la terre a été plus tôt et plus abondamment couverte de neige. Durant le rigoureux hiver de 1789, par exemple, la terre, sui- vant les expériences de Teissier, se gela jusqu'à la pro- fondeur de 0"'.59 sur tous les points qui étaient restés couverts de neige, tandis que dans des places toutes voi- sines, mais d'oij la neige avait été emportée par le vent, la gelée descendit 0'". 32 plus bas. Les agriculteurs ont constaté de bonne heure cette vertu préservatrice, à laquelle ils sont souvent rede- vables de la conservation des semences; mais on ne pos- sède que depuis peu d'années les éléments qui permettent d'analyser avec exactitude les divers modes d'action du météore. Si les couches atmosphériques restaient invariablement h la même place, les températures terrestres, d'un solstice au solstice suivant, varieraient d'une manière régulière, sauf les petits accidents dépendants d'une plus ou moins grande pureté du ciel. S'il n'en est pas ainsi, c'est que A TRAVERS L'ATMOSPHERE. H9 les vents transpoitent souvent les atmosphères du nord au midi et celles du midi au nord; c'est que des courants verticaux mêlent les couches extrêmement froides des régions élevées aux couches généralement plus tempérées de la surface du globe. Si un vent glacial arrive dans un lieu déterminé, il refroidit promptement la surface de tous les corps qu'il frappe, et ce refroidissement se communique plus ou moins vite, par voie de conductibilité, aux couches inté- rieures. Quand la surface du globe est nue, elle éprouve directement les effets du vent, et le refroidissement inté- rieur qui en résulte peut être considérable. Si elle est couverte, au contraire, le refroidissement immédiat porte sur l'enveloppe, et les couches terrestres y participent d'autant moins que cette enveloppe est plus épaisse et son pouvoir conducteur plus petit. Or, la neige est une des substances connues les moins conductrices; elle formera donc, pour peu qu'elle ail assez d'épaisseur, un obstacle presque insurmontable au passage du froid atmosphé- rique dans le sol qu'elle recouvrira. Mais ce n'est pas seulement à empêcher la communi- cation des basses températures de l'air aux couches ter- restres plus ou moins profondes que se borne l'utilité de la neige; elle fait aussi l'olTice d'écran, et s'oppose à ce que le sol qu'elle abrite n'acquière la nuit, en rayon- nant vers le ciel quand il est serein , une température de plusieurs degrés inférieure à celle de l'air. C'est h la sur- face extérieure de la neige que s'opère ce genre de refroi- dissement et, à cause du manque de conductibilité, le sol y participe à peine. 4-20 SUR LE RAYONNEMENT DE LA CHALEUR CHAPITRE XIII SDR LA LUNE ROUSSE Les agriculteurs croient généralement que la Lune, dans certains mois, exerce une grande influence sur les phénomènes de la végétation. Ne s'est-on pas trop hâté de ranger cette opinion parmi les préjugés populaires qui ne méritent aucun examen? Le lecteur va en juger. Les jardiniers donnent le nom de Lune rousse à la Lune qui, commençant en avril, devient pleine, soit à la fin de ce mois, soit plus ordinairement dans le courant de mai. Suivant eux, les jeunes feuilles, les bourgeons qui sont exposés à la lumière de la Lune, dans les mois d'avril et de mai, roussissent, c'est-à-dire se gèlent, quoique le thermomètre se maintienne dans l'atmo- sphère à plusieurs degrés au-dessus de zéro. Ils ajoutent encore qu'il suffit, dans des circonstances de tempéra- tures d'ailleurs toutes pareilles, que des nuages ou même des écrans artificiels arrêtent les rayons de l'astre et les empêchent d'arriver jusqu'aux plantes, pour que les bourgeons demeurent parfaitement intacts. Ces phénomènes, au premier coup d'oeil, sembleraient indiquer que la lumière de notre satellite est douée d'une vertu frigorifique sensible, et telle était, en effet, la conséquence qu'on en avait déduite; mais hâtons-nous d'ajouter que cette lumière concentrée au foyer des plus larges réflecteurs ou des plus grandes lentilles, sur la boule d'un thermomètre assez délicat pour accuser les cen- tièmes de degré, n'occasionns pas le moindre mouvement A TRAVERS L'ATMOSPHÈRE. i'ii dans la colonne. Aussi, dans l'esprit des physiciens, la Lune rousse se trouve reléguée parmi les préjugés popu- laires à coté des prétendues influences des phases sur les changements de temps, tandis que les agriculteurs, de leur côté, demeurent encore persuadés que ses rayons refroidissent tout ce qu'ils frappent. Le lecteur, mainte- nant familiarisé avec les effets du rayonnement nocturne, doit entrevoir combien il sera aisé de concilier ces deux opinions en apparence si contradictoires; il suffira môme qu'il se rappelle que, par un temps serein, les plantes peuvent acquérir en rayonnant vers l'espace une tempé- rature de 0, 7 ou même 8° centigrades au-dessous de la température de l'atmosphère ambiante, et que ces dif- férences disparaissent dès qu'il y a beaucoup de nuages. En effet, dans les nuits des mois d'avril et de mai, la température de l'atmosphère n'est souvent que de k, de 5 ou de 6° centigrades au-dessus de zéro. Les plantes exposées à la lumière de la Lune, c'est-à-dire à un ciel serein, peuvent alors se geler nonobstant l'indication du thermomètre, puisque le rayonnement leur fait perdre de 7 à 8°. Si la Lune, au contraire, ne brille pas, si le ciel est couvert, le rayonnement est presque totalement détruit, la température des plantes descend à peine au- dessous de celle de l'atmosphère, il n'y a de gelée que si le thermomètre a marqué zéro. 11 est donc vrai, comme les jardiniers le prétendent, qu'avec des circonstances atmosphériques toutes pareilles, une plante pourra être gelée ou ne l'être pas, suivant que la Lune sera visible ou cachée derrière des nuages. Mais on a tiré de cette remarque de fausses conséquences : la lumière de la 122 SUR LK HAYONNEMENT DE LA CHALEUR Iaiiio lie produit ici aucun ciïet, elle est seulement l'indice de cette grande pureté du ciel, sans laquelle le rayonne- ment nocturne n'amènerait qu'un refroidissement insen-, sible. Que l'uslre soit levé ou sous Thorizon, le phéno- mène a également lieu dès que l'atmosphère est sereine. L'observation des jardiniers n'était donc qu'incomplète; mais l'absurde théorie à laquelle on l'avait rattachée n'avait pas peu contribué à la faire rejeter sans examen. La prétendue action de la Lune rousse se rattache, comme on vient de le voir, de la manière la plus natu- relle, à la dilTérence considérable qui existe, dans une nuit sereine, entre la température des corps terrestres et celle de l'air dont ils sont enveloppés. Cette dilTérence a été établie, comme on l'a vu dans les premiers chapitres de cette Notice, par des observations nombreuses, incontes- tables. Or c'est seulement à titre de fait expérimental que je l'ai citée; je pourrais donc ne pas aller plus loin. Tou- tefois, comme il est possible de donner, sans de trop grands détails, la cause physique d'une aussi singulière anomalie, j'ai pensé que le lecteur ne serait pas fâché de la trouver ici. Ce que je vais dire est en (juelque sorte le résumé de tous les principes que j'ai exposés sur le rayonnement nocturne. Deux corps diversement échauffés, quoique placés à distance l'un devant l'autre, acquièrent à la longue une égale température, même dans le vide. Il existe donc des efïluves, des rayons de chaleur qui émanent des corps dans toutes sortes de directions, et à l'aide desquels, aux plus grandes distances possibles, ils peuvent s'influencer réciproquement. Ces effluves, ces rayons, constituent A lit AVERS L'ATMOSPIIÈUE. 123 ce que les physiciens appellent le calorique rayonnant. 11 est maintenant facile de concevoir que, pour qu'un corps ne perde rien de sa température actuelle, il faut qu'à chaque instant il reçoive des corps environnants une quantité de chaleur rayonnante précisément égale à celle qui, à chaque instant aussi, émane de sa propre surface. Tout le monde comprendra de même qu'un corps s'échauffera ou se refroidira dès que ses échanges instan- tanés de chaleur avec les corps dont il est entouré ne se compenseront pas parfaitement. Cela posé, imaginons, pour un moment, que le firma- ment se compose d'une sphère de glace (eau gelée); concevons ensuite un corps suspendu dans l'atmosphère et qui serait au même degré de température qu'elle. Sup- posons que cette température soit supérieure au degré de la congélation, et qu'elle ne diffère point de celle de la couche superficielle de la Terre. Tout cela admis, exa- minons ce qu'éprouvera le corps suspendu. Ce corps rayonnera de la chaleur de bas en haut. La sphère de glace (qui esta une température inférieure) lui rendra évidemment moins de chaleur qu'il n'en perd. Du côté de la Terre les échanges se compenseront : ainsi, au total, le corps se refroidira. ].'atmosphère elle-même éprouvera bien quelque chose d'analogue; mais, par une propriété non douteuse des substances gazeuses, l'effet sur l'atmosphère sera sensiblement moindre que sur le corps solide. En peu d'instants, la température de ce corps sera donc inférieure à celle de l'air qui le baigne de toute part. L'air, s'il était fortement agité, amoindrirait no!able- ment la dillerence en question. Mais, dans l'état de 124 SUR LE RAVONNEMExNT DE LA CHALEUR calme, il est difficile d'admettre que la chaleur commu- niquée au corps, soit par voie de conductibilité, soit par Tentremise de très- faibles courants, puisse compenser les pertes que le rayonnement occasionne. J'ai supposé que le firmament était une sphère de glace à zéro. Cette fiction n'a qu'un défaut : elle est, sous le rapport du rayonnement de la chaleur, fort au-dessous de la vérité. On a prouvé, en effet, que les espaces célestes sont non pas au terme de la glace fondante, mais à 40 ou 50 degrés centigrades plus bas. Ainsi, en supprimant l'enveloppe de glace, il nous faudra mettre le petit corps en communication rayonnante avec un espace à dO ou 50 degrés au-dessous de zéro. Sa déperdition de chaleur n'en sera donc pas moins nécessaire. Lorsqu'il existe un écran entre le corps et le ciel , le rayonnement vers les régions glaciales de l'espace , le rayonnement sans compensation, se trouve supprimé, et le corps ne doit plus dès lors descendre à une tempéra- ture inférieure à celle de l'air qui l'enveloppe. L'obser- vation, comme on l'a vu plus haut, confirme cette con- séquence. CHAPITRE XIV SUR LE RAYONNEMENT DE LA CHALEDR SOLAIRE A TRAVERS l'ATMO- SPHÈRE TERRESTRE — DISCUSSION D'DN OUVRAGE DE DANIELL M. Frédéric Daniell a publié en Angleterre, à la fin de 1823, des Essais de météorologie dont les journaux de Londres et quelques recueils périodiques français ont fait de grands éloges. J'ai soumis dans les Annales de A TRAVERS L'ATMOSPHERE. f-25 chimie et de physique à un examen détaillé le chapitre de cet ouvrage qui traite du rayonnement de la chaleur solaire à travers l'atmosphère terrestre. C'est cette dis- cussion que je reproduis ici. Personne n'ignore qu'un thermomètre dont la boule est garantie du Soleil par un écran quelconque monte moins haut, à parité de circonstances, qu'un instrument semblable qui serait directement frappé par les rayons de cet astre. Plusieurs physiciens ont cherché à évaluer cette différence de température ; mais ils n'ont pas obtenu des résultats généraux : les instruments et les circonstances de l'observation n'étant pas comparables, les évaluations numériques auxquelles ils se sont arrêtés ne conviennent qu'à des cas particuliers. Le préambule du chapitre que j'analyse montre que M. Daniel! a senti toutes les difficultés de la question. Je regrette de ne pouvoir dire avec une égale assurance qu'il les a évitées; le lecteur jugera lui-même tout à l'heure si mes doutes n'ont pas quelque fondement. Ces doutes , du reste , je les ai uniquement puisés dans l'examen des observations, et la singularité ou, si l'on veut, l'improbabilité du résultat qu'en déduit M. Daniel!, n'y est entrée pour rien. Voici en quoi ce résultat consiste : « La force calorifique des rayons directs du Soleil diminue à mesure qu'on se rapproche de l'équateur. » Passons maintenant aux observations. Londres. — Le thermomètre de M. Daniel! était à index ; on l'avait placé sur la face méridionale d'une plate-bande de terreau, à un pouce de hauteur (O^.O^ô); de la laine noire recouvrait la boule. Voici, pour toute f2G SUR LE RAYONNEMENT DE LA CHALEUR une aniiéo, les résultais moyens et extrêmes fournis par la comj)araison de ce thermomètre avec un instrument semblable non exposé au Soleil, et qui donnait consc- quemment la température de l'air : Maiimnm moyen EtTet moyeu Effet uia\imiiiu de l'air. du Soleil. du Soleil. Janvier - + W .1 2".Z| 6" .7 Février + 5 .8 5 .6 20 .0 Mars + 10 .0 8 .9 27 .2 Avril + l/i .3 15 .6 26 .1 Mai + 17 .2 1(3 .9 31 .7 Juin + 20 8 22 .2 36 .1 Juillet + 20 .7 l/i .3 30 .6 Août + 21 .2 18 .Zi 32 .8 Septembre.. .. -f 18 .7 18 .2 30 .0 Octobre +13.2 15.3 23.9 Kovembre +8.6 3.7 13.3 Décembre + 6 .2 3 .0 6 .7 Amérique (Baliia,- Jamaïque). — Le capitaine Sabine, dans son voyage aux régions équinoxiales, a fait des observations analogues aux précédentes. Je rapporterai d'abord celles de Bahia au Brésil : La boule du thermomètre exposé au Soleil était noircie et enveloppée dans de la laine noire , l'instrument re- posait ^ sur de l'herbe. Theiniumètre Thermomètre au Soleil. à i'oml're. Différences. 2i juillet + Zi5°.6 + 27''.8 17° 8 25 + 50 .6 + 27 .8 22 .8 26 + 51 .1 + 28 .3 22 .8 27 + 50 .6 + 28 .3 22 .3 28 + 35 .0 + 25 .6 9 U 29 + 46 .1 + 25 .6 20 .5 30 + 52 .8 + 26 .7 26 .1 1. C'est du moins là, ce me semble, le sens de cette expression : A mercuriai thermomeler luasfully eapvsed to the Sun ongrais. A TRAVERS i;ATM()SP11Î: H1-. 127 A la Jamaïque, la boule du thcrmoinclrc que le capi- taine Sabine exposa aux rayons solaires était à 0"'.2r) du sol et en contact avec des végétaux alors en fleur. Cette boule, comme à Bahia, avait été noircie et recou- verte de laine noire. Thermomètre au Soleil. Thermomètre à l'ombre. Différence 25 août . . . .. + 50'^ .0 -\- 30». 0 20" .0 26 4- 50 .G + 30 .0 20 .0 27 -f 50 .0 + 30 .0 20 .0 28 + 50 .0 -f 30 .0 20 .0 29 -f 50 .6 + 30 .3 20 .3 30 + 50 .G + 30 .3 20 .3 Dans le même intervalle du 25 au 30 août, un ther- momètre à mercure, h boule nue, suspendu aux branches les plus élevées d'un arbre mort et renversé, à 1"\37 au-dessus du sol, no monta jamais, par l'action du Soleil, au delà de -|- 33". 7 centigrades, quantité qui ne surpasse l'indication maximum du thermomètre à l'om- bre que de 3M. Dans la môme île de la Jamaïque enfin, le 31 octobre, sur le sommet des collines du Port-Royal, à 1,219 mè- tres d'élévation , le thermomètre , recouvert de laine noire et posé sur le gazon, s'éleva jusqu'à -j- 54°. 4 cen- tigrades; tandis qu'à l'ombre il n'y avait que -]- 28°. 3. La différence 26°. 1 surpasse celle que les mêmes instiu- ments avaient donnée au niveau de la mer. Afrique [Sierra- Leone). — A Sierra-Leone , dans le mois de mars, la plus grande différence entre un ther- momètre à l'ombre et un second thermomètre à boule noircie, suspendu à 0"'./i6 au-dessus du parapet en terre du fort, ce qui le metlait à plusieurs décimètres au- 428 SUR LE RAYONNEMENT DE LA CHALEUR dessus du niveau général du sol, ne fut que de -\-iO°Al centigrades. Dans le premier voyage du capitaine Parry à l'île Aleivilie, le 16 mars, un thermomètre exposé au Soleil à la poupe du bâtiment, près du gouvernail (on ne dit pas à quelle hauteur), jnarquait — 1°.6. A l'ombre, la température était — 29°. û. La différence 27°. 8 centi- grades est donc la mesure de l'effet calorifique des rayons solaires. Le 25 mars suivant, ce maximum d'effet s'éleva jusqu'à 30°. 5 centigrades. Tels sont les résultats d'après lesquels M. Daniell trouve qu'il est incontestable (incontrovertihle) que les rayons solaires ont une force calorifique moins grande à l'équateur qu'en tout autre lieu de la Terre. Voyons cependant si une légère contestation à ce sujet ne serait pas permise. A Londres, le thermomètre de M. Daniell touchait presque le sol ; la boule était noire et recouverte de laine de même teinte. A Sierra -Leone le thermomètre du capitaine Sabine n'était que noirci; on ne l'avait pas enveloppé de laine : ajoutons qu'ici la distance de la boule aux points les plus voisins du sol égalait O^.^Ô. Ce ne serait donc qu'après avoir oublié les notions les plus élémentaires de physique qu'on pourrait se permettre de comparer immédiatement entre elles des observations faites dans des circonstances aussi dissemblables. L'instrument de Bahia était pareil à celui de Londres, beaucoup plus, du moins, que le thermomètre de Sierra- A TRAVERS 1,'ATMOSPll Ei{E. 12Î) Leone; je ne trouve cependant pas que les résultats de Bahia et de Londres puissent être comparés entre eux avec certitude. Un thermomètre couché sur l'herbe peut, ce me semble, s'élever sensiblement moins qu'un ther- momètre en contact avec du terreau noir sans que, pour expliquer le fait, il soit nécessaire d'avoir recours aux hypothèses de M. Daniell. On rencontre des dilTicultés du même genre si l'on veut essayer de tirer parti des observations de la Jamaïque. Dans cette île c'est sur des végétaux, à 0"'.25 d'un sol garanti en grande partie de l'action directe des rayons solaires, que le thermomètre sera placé. Au sommet des collines du Port-Royal l'instrument reposera sur du gazon ; ces expériences ne peuvent être comparées ni entre elles ni avec celles de Londres. Mais, dira-t-on peut-être, les seules observations de M. Daniell, combinées avec celles du capitaine Parry, ne sufTisent-elles pas pour justifier les vues de ce phy- sicien? Nous avons cru devoir faire abstraction des résultats de l'équateur, parce que les circonstances n'étaient point comparables; c'est parce que les cir- constances ne sont pas suffisamment connues que je rejetterais les résultats des régions polaires. Qui ne sait d'ailleurs combien la force réfléchissante de la neige est considérable? 11 aurait fallu faire, par le calcul ou par l'expérience, la part de cette réflexion avant de comparer les observations de Londres avec celles du capitaine Parry. Si M. Daniell pensait que j'accorde une trop grande influence aux circonstances locales, s'il soutenait qu'une Vill. — V. 9 130 SUR LE RAYONNEMENT DE LA CHALEUR plus OU moins grande élévation du thermomètre au- dessus du sol et que l'enveloppe de laine n'eût pas dû modifier sensiblement les résultats, je lui signalerais une nouvelle découverte qui découlerait alors trop direc- tement de ses observations pour qu'il ne fût pas juste de lui en laisser tout l'honneur : ce serait que le Soleil, par des latitudes égales, a une force échauffante plus grande on Amérique qu'en Afrique, et sur le continent que dans les îles. Avant le travail dont nous venons de rendre compte, Flaugergues s'était déjà livré à une longue suite de recherches, dans la vue de déterminer aussi l'influence calorifique que peuvent avoir les rayons solaires en tombant directement sur la boule d'un thermomètre noircie avec une couche d'encre de Chine. Comme toutes les précautions avaient été prises pour soustraire l'instrument, autant que possible, aux rayons réfléchis par le sol et les objets voisins, les résultats obtenus par cet observateur paraissent mériter toute confiance. Voici en quoi ils consistent ; A Viviers, par [id" 29' de latitude nord, la différence moyenne entre le thermomètre à l'ombre et le thermo- mètre exposé au Soleil, dans un temps parfaitement calme, était de 9°. 9 centigrades. Cette différence diminuait très-sensiblement dès qu'il y avait du vent; il arrivait même qu'elle ne s'élevait pas à plus de 2° ou 2°. 5 si le vent soufflait avec vio- lence. Dans trois années d'observations consécutives et assidues, le thermomètre au Soleil a marqué deux fois A TUAVERS L'ATMOSPHERE. 431 ll°.4 centigrades de plus que le thermomètre h l'ombre; jamais la dilTércnce ne s'est élevée à 12°. En groupant ensemble les observations faites p;ir un temps calme, entre le 21 novembre et le 21 janvier, c'est-à-dire un mois avant et un mois après le solstice d'hiver, on trouve que la chaleur moyenne commu- niquée au thermomètre par les rayons du Soleil est de -f- 10°. 07 centigrades. Si l'on additionne de même les différences observées un mois avant et un mois après le solstice d'été , le ré- sultat moyen sera -}-10''«'i2. D'oia il suit, dit Flau- gergucs, que les rayons solaires ont la même force calo- rifique en hiver et en été; résultat qui paraîtra fort singulier, et que l'auteur regarde comme la confirmation d'une ancienne hypothèse de Deluc , suivant laquelle la lumière doit produire d'autant plus d'effet que son trajet dans l'atmosphère a été plus long. Mais ne faudrait-il pas, surtout à raison des changements continuels des circonstances atmosphériques, quelques centaines d'ob- servations, au moins , pour établir l'égalité de force calo- rificiue qu'admet Flaugergues? Et, cependant, c'est de deux groupes seulement, de six observations chacun, que le résultat est déduit. Voici, au reste, l'ensemble des observations faites en temps parfaitement calme : ■Différences Différences (les deux des deii\ thermomètres. thermomèvies. 1)0 février 1815 8". 9 limai 10". Zi 3 mars 10.1 18 juin 9.0 •28 9.7 5 juillet 10.2 12 avril 9.2 15 10.6 Zi mai 10.6 23 août 9.6 \.il SUR I.H HAVONNEMENT DE LA cnALKL';'. 27 août 9". '2 8 août «>.'2 3 septembre 9.5 29 10.0 10 9.0 15 septembre 10.5 20 9 .2 29 10 .0 25 10.9 10 octobre 11 .û 15 janvier 1816 9.6 l'i 10.6 1" février 9 .6 29 décembre 9 .5 8 mai 9.6 20 février 1817 10.9 18 juillet 9.6 13 mars 9.7 21 10 .ù 9 novembre 11 .Zt 25 9.6 2i 11.0 U août 8 .7 Flaugergiics ne croit pas que si les différences entre les deux theimomôlres sont plus grandes par un temps calme que quand le vent souffle, cela dépende du plus prompt refroidissement que le mouvement de l'air doit amener dans Fiiistrument exposé au Soleil : c'est, suivant lui , par une modification particulière de la lumière qu'elle ne produit pas autant d'effet calorifique lorsque l'air est en mouvement; mais cette singulière opinion n'étant appuyée sur aucune expérience, sur aucun fait, n'a point reçu l'assentiment des physiciens, et il serait inutile de la discuter ici. Après le coucher du Soleil, les corps terrestres, comme on le sait, perdent, pur rayonnement, une grande partie de leur chaleur. Ces corps passent ainsi à une tempéra- ture inférieure à celle de l'air qui les baigne. On a vu précédemment (p. 80 à 99) quel heureux parti le D' Wells a tiré de cette remarque pour expliquer les phénomènes de la rosée. M. Daniell a essayé, durant trois années, de déterminer, à l'aide d'un thermomètre à minimum, dont la boule était couverte de laine noire, et qui reposait sur un gazon Juillet . .. 7» 2 Août . . . G 7 Septembre ... 7 .2 Octobre ... 6 .1 Novembre . . . 5 .6 Décembre ... G .1 A IKAVl-US L'ATMOSPHÈRE. <33 court, h combien se monte cet abaissement de tempérii- ture dans les différentes saisons. Voici les résultats ex- trêmes : Janvier 5» .6 Ft'vrier 5 .G Mars 5.6 Avril 7 .8 Mai 7.2 Juin 8 .9 Le capitaine Sabine a fait de semblables observa- tions à Bahia. Le thermomètre reposait aussi sur le gazon , et la boule était recouverte de laine noire : ses abaissements au-dessous de la température de Tair ont été comme il suit : Le 2ù juillet 2° 5 centigrades. 25 2 .5 26 5 .3 27 5 .0 28 1 .9 29 6 .2 30 0 .6 A la Jamaïque, le même observateur a trouvé (le ther- momètre étant supporté par des végétaux à 0'".25 du sol): Le 25 octobre 2° .2 centigrades. 26 3 .9 27 6 .1 28 5 .6 29 6 .a 30 6 .1 3 novembre 5 .0 Enfin, à 1,219 mètres au-di\ssus du niveau de la mer, dans la même île, les indications du thermomètre \ :\ Sl'R Ui lîAVONNUMl-NT DE LA CHALEUR CI] contact avec le gazon étaient inférieures à celles d'un instrument semblable suspendu dans l'air : Le 31 octobre de 7°. 8 (à 10 heures du soir). 1" novembre de 10 .0 (à 5 heures du matin). Ir/em. de 7 .2 (à 11 heures du soir). 2 novembre de- 5 .0 (à 5 heures du matin). « D'après ces expériences , dit M. Danicll , considérées dans leur ensemble, il paraît que la même cause qui, dans l'atmosphère, arrête la chaleur rayonnante venant du Soleil , s'oppose aussi au retour de cette chaleur de notre globe dans l'espace, et que, pour une température donnée, la radiation des corps terrestres est moindre entre les tropiques qu'à Londres. » Mais, attendu le petit nombre d'observations des tro- piques et les grandes variations qu'elles présentent, pres- que du jour au lendemain; attendu surtout, comme cela résulte des belles expériences du D' Wells, que la clarté de l'air et la force du vent influent sur l'intensité du re- froidissement nocturne (p. 89), on pourra, ce me semble, et jusqu'à plus amples vérifications, se borner à déduire des observations qui précèdent, que, du 24 au 30 juillet, pendant le séjour du capitaine Sabine à Bahia, l'atmo- sphère y était moins calme ou moins pure que dans les jours du même mois oii M. Daniell a trouvé, à Londres, un rayonnement nocturne de 8 à 9" centigrades. Tel est l'article que j'ai inséré, dans le tome xxiv des Annales de chimie et de physique (août 1824), pour pi'ouver que les observations sur lesquelles s'appuie l'au- teur des Nouveaux essais de météorologie , quand il annonce qu'à l'équateur les rayons solaires ont une force A TRAVERS LATMOSPHf- RE. i35 calorifique moins grande qu'en tout autre lieu de la Terre, ne sont pas démonstratives. Cet article, comme de raison, n'a point obtenu l'assentiment de M. Daniell, qui y a répondu dans le Journal de rinslitulion royale, mais de manière à laisser voir avec trop d'évidence, je crois, que mes objections l'avaient profondément blessé. Les elîorts qu'il a faits pour paraître plaisant ne lui ont pas réussi , et montrent seulement à découvert les traces d'un amour-propre irrité. Je reproduis ici la réponse que je lui fis en 1825 dans le tome xxix des Annales de chimie et de physique. Les accents de la louange sont si doux ! Les journalistes anglais avaient si unanimement applaudi aux élucubra- tions de M. Daniell ! Pourquoi me suis-je avisé de mêler une voix importune à celles qui proclamaient son livre le plus important ouvrage sur la science pratique qu'on ait publié dans les temps modernes [themosL important work upon practical science wich has appeared in modem times)^. Je reconnais, mais trop tard, que l'amour de la vérité m'a jeté dans une démarche inconsidérée. Au lieu d'une simple discussion scientifique dont je m'étais rési- gné à courir les chances, je vais avoir à me débattre contre des accusations de plus d'un genre, et au nombre desquelles je n'ai pas vu figurer sans quelque étonncraent, je l'avoue, celle de partialité nationale. Mon adversaire, heureusement, par une condescendance dont je lui sais un gré infini, m'a laissé cette fois la possibilité de lui répondre, et je m'empresse d'en profiter. Il y a dans le Mémoire de M. Daniell deux choses distinctes : les observations et les conséquences qu'il en a 136 SUR LE RAYONNEMF.NT DE LA CIIALEIH déduites. Les observations, pour la plupart, sont dues à un physicien (le capitaine Sabine) dont personne plus que moi n'est disposé à proclamer le rare mérite. J'adopte ces observations sans réserve, comme donnant la valeur de la force calorifique des rayons solaires entre les tro- piques, pour les positions particulières dans lesquelles les thermomètres étaient placés. Les conséquences appartien- nent exclusivement à l'auteur des Essais de météorologie. J'ignore si elles sont vraies ou fausses; je me borne à dire qu'elles ne découlent aucunement des observations qu'il discute. Dans la réponse qu'il a bien voulu faire à mon article, ce physicien avoue que les instruments dont on s'est servi dans les dilférents lieux « n'étaient pas suffisants pour décider la question ( celle de l'inégalité d'effet calorifique) avec précision [nicetij); mais il pense que les irrégularités devaient être en grande partie compensées par la multi- plicité des observations. C'est, ajoute-t-il, du nombre total d'observations recueillies dans cette contrée com- paré au nombre total d'observations faites entre les tro- piques, que j'ai pensé pouvoir tirer ma conclusion. » Si M. Daniell avait lu avec plus d'attention l'analyse que j'ai donnée de son IMémoire, il aurait vu, je crois, que la multiplicité des observations, fût-il parvenu à en recueillir des milliers, n'affaiblirait aucunement mes objections. Du reste, puisque je n'ai pas eu le bonheur de me faire comprendre, je vais essayer de m'expliquer plus clairement. J'ai dit que les observations de Londres,^ obtenues à l'aide d'un thermomètre qui touchait presque une plate-bande de terre noire, n'étaient pas comparables A Tl'.AVERS L'ATMOSPHÈr.E. 137 à des observations dans lesquelles l'instrument reposait sur de l'herbe ou était suspendu à une assez grande hau- teur au-dessus du sol. 11 me paraît encore évident aujour-, d'hui que cette dissemblance d'exposition a dû inlluer notablement sur les résultats. M. Oaniell, comme on peub le conclure du passage de son Mémoire qui précède, ne serait pas éloigné d'en convenir lui-même si les observa- lions étaient peu nombreuses. Les conséquences aux- quelles il est arrivé ne lui semblent incontestables que par la seule raison qu'il les déduit de la totalité des obser- vations équinoxiales comparées à la totalité de ses obser- vations de Londres. J'aurais donc eu raison, suivant lui, de désirer qu'une couche de terreau, à Sierra-Leone , à Bahia et à la Jamaïque, eût, comme en Angleterre , tou- ché la boule du thermomètre exposé au Soleil, si l'on n'y avait fait, par exemple, que dix observations; mais dès qu'on en a réuni vingt, cette circonstance devient indifférente, l'erreur constante disparaît, l'objection n'a plus de poids. M. Daniell, je lui demande bien pardon d'être obligé de le faire remarquer, raisonne ici comme ce marchand qui perdait sur chaque objet de sa vente en détail et se rattrapait sur la quantité. Je trouve, dans la Réponse de M. Daniell, cette phrase : « On a objecté que tous les thermomètres (ceux qui étaient destinés à donner la mesure du rayonnement solaire) ne furent pas placés partout à la môme distance du sol et de la végétation; qu'ils ne furent pas également garantis des courants d'air, etc., etc. » L'objection tirée des cou- rants d'air est fort bonne, mais elle ne m'appar- tient pas, comme on pourra s'en assurer en relisant la dis- 13S SLR LF RAYONNEMENT DE LA CllALElR CLission à laquelle je me suis livré. Ce passage, cchappô sans doute par inadvertance h la plume de M. Daniell; les etc., etc., qui sont aussi de son invention, montrent que, depuis la publication de mon analyse, il a soumis à un examen approfondi les erreurs diverses dont ses ob- servations Ihermomctriques peuvent être aflectées, et aux- quelles d'abord il n'avait pas songé. M. Daniell en ferait aujourd'hui franchement l'aveu, j'en ai la conviction, s'il ne voyait que, par cela même, il livrerait à la risée du public les maladroits apologistes qui ont rendu compte de son ouvrage, et parmi lesquels figurent, peut-être, ses amis les plus intimes. J'apprécie ainsi que je le dois toutes les difficultés d'une semblable position : aussi je me hâte de passer à un autre point de la discussion. Suivant M. Daniell, ses résultats ont été confirmés par des observations faites avec des instruments d'une construction très-délicate dont, à dessein, j'ai négligé de parler. Voici la vérité : Le capitaine Sabine, pendant son séjour à Sierra-Leone et à la Jamaïque , exposa à la lumière solaire un récipient vide d'air qui contenait deux thermomètres, l'un à boule noircie, l'autre à boule ren- fermée dans une double enveloppe métallique destinée à rejeter les rayons solaires; les indications de ces deux instruments ne différèrent jamais de plus de 6° centigra- des. Cette quantité est certainement très-petite, mais qui peut affirmer que le même appareil, s'il avait été essayé à Londres, aurait donné un nombre plus fort? Quel terme de comparaison peut -il exister entre un instrument de cette nature et le thermomètre de M. Daniell à boule noircie, recouvert de laine noire et placé sur du terreau i A TI{AVi:ns LA TM os PII ERE. \Z9 noir h Tair libre? Les mêmes remarques s'appliquent aux observations de M. de Ilumboldt : elles ont été faites avec un thermomètre à boule nue, et dès lors les résultats qu'elles fournissent ne sauraient être comparés à ceux de MM. Sabine et Daniell. On cite, il est vrai, des obser- vations de la Société météorologique palatine qui ont donné jusqu'à 8°. 7 centigrades pour l'elfet maximum produit par les rayons solaires tombant sur la boule nue d'un thermomètre, tandis qu'entre les tropiques, M. de Ilumboldt n'a jamais trouvé plus de 3°.7; mais la manière dont l'instrument est monté, l'isolement plus ou moins complet de la boule, sa plus ou moins grande épaisseur, la diaphanéité plus ou moins parfaite du verre dont elle est formée, les propriétés plus ou moins absor- bantes des échelles, peuvent exercer une si grande in- fluence que ce rapprochement lui-même est bien loin de me paraître démonstratif. Je trouve, par exemple, dans les excellents tableaux météorologiques de Rio- Janeiro de M. Bento Sanches Dorta [Mémoires de Lis- bonne, t. III, p. Ih et 106), qu'un thermomètre ordinaire de Naire et Blunt qui, à l'ombre, le 16 décembre 1786, marquait + 28°. 9 centigrades, s'éleva, quand on l'ex- posa au Soleil, jusqu'à + 50°. 5 centigrades. Si M. Da- niell persiste à comparer, sans jamais étudier les cir- constances qui les ont accompagnées, des observations qui n'ont peut-être rien de commun, les 21°.6 de dilfé- rence entre l'ombre et le Soleil observés à Rio-Janeiro avec un thermomètre à boule non noircie, placés en regard des 3M centigrades seulement que le capitaine Sabine a trouvés à la Jamaïque avec un thermomètre 110 PUn LK HAVONNEMENT OE LA Cil A [.EUR semblable, ramèneront, pour peu qu'il le désire, ù cette conséquence que le Soleil, dans riiémisphcre aus- tral , a une force calorifique six ou sept fois plus consi- dérable qu'au nord de Téquateur. J'avais présenté les résultats numériques du long tra- vail entrepris par Flaugergues pour déterminer TefTet calorifique des rayons solaires comme dignes de toute confiance. M. Daniell soupçonne que je les juge trop favorablement, et me reproche avec amertume de n'avoir pas fait connaître « les précautions spéciales adoptées par l'astronome français. » Mais il ignore donc que le Mémoire de Flaugergues a été inséré en 1818 dans le Journal de physique, t. Lxxxvii, p. 256, et que les détails minutieux de toutes les expériences s'y trouvent consignés? Ou bien, si le Mémoire lui est connu, il aura oublié qu'on n'attaque pas un travail public par des soupçons, mais bien par des arguments, et que tout écrivain qui vise à des succès durables doit faire avec candeur la part de ses devanciers! M. Daniell assure que « je n'ai pas seulement travaillé à détruire son hypothèse, mais encore que j'en ai sou- tenu et recommandé une autre [bn'ngs foncard and supports anotlier) qui a certainement trop peu de con- sistance pour qu'on puisse l'admettre. » L'hypothèse, ou plutôt le résultat en question, appar- tient à Flaugergues; en voici l'énoncé : « Les rayons solaires ont la même force calorifique en hiver et en été. » Dans mon article, cette phrase était accompagnée de la remarque suivante (p. 131 ) : « Ne faudrait- il pas, surtout à raison des changements continuels des circon- A TUA VF. H S L'ATMnSPIlKHl-. iil stances atmosphériques, quelques centaines d'observations au moins, pour établir l'égalité de force calorifique qu'ad- met riaugergues? Et cependant, c'est de deux groupes seulement de six observations chacun que le résultat est déduit. » Puisque M. Daniell trouve que c'est ainsi (ju'on recommande une hypothèse, il ne tenait vraiment qu'à lui de me placer au nombre des apologistes de son ouvrage. Tout en rendant justice aux résultats numériques des expériences de Flaugergues, j'avais cru devoir signa- ler, p. 132, une opinion de ce physicien, à mon avis entièrement erronée; j'ajoutais «qu'il était inutile de la discuter, puisque personne ne l'avait admise. » « Voyez, s'écrie à cette occasion M. Daniell, comme pour montrer que nous avons deux poids et deux mesures, voyez si c'est une excellente chose d'être né sur la rive droite du Pas de Calais! » 11 ne faut pas, dit-on, disputer des goûts ; aussi je prends acte de la déclaration de M. Daniell, et si jamais, descendant des hautes spéculations dans les- quelles il est maintenant engagé pour traiter quelque sujet scientifique, il lui arrive, ce qu'à Dieu ne plaise, de rien produire d'aussi médiocre que V Essai sur le rayonnement de la chaleur, je n'oublierai pas la phrase qui paraît avoir si fortement excité son envie; et, quoi- qu'il soit né sur la rive gauche du détroit, M. Daniell aura cette fois, du moins, le plaisir de lire «que ses résultats n'ayant été adoptés par personne , il serait inutile de les discuter. » Parmi les observations du rayonnement nocturne faites en Angleterre durant trois années, on trouve quelques 142 SUR LE UAV ORNEMENT DE LA CHALEUR rcsullats supérieurs à rcnsemble de ceux qu'a obtenus le capitaine Sabine à Bahia et à la Jamaïque, dans deux périodes de sept et de six jours consécutifs des mois de juillet et d'octobre 182:2. M. Danicll en conclut « que la radiation des corps terrestres est moindre entre les tro- piques qu'à Londres. » Comme l'intensité de ce rayonne- ment dépend de la pureté de l'atmosphère, j'avais cru, sauf plus ample vérification, que la dilTérence de 2°. 5 qui existe entre le maximum de rayonnement observé à Londres dans un espace de temps si long (trois ans), et le maximum de rayonnement observé à la Jamaïque dans une période si courte (six jours) , pouvait tenir seulement à ce que, dans cette île, les circonstances atmosphériques avaient été moins favorables. J'avoue qu'en voyant avec quel dédain M. Daniell rejetait mes doutes, j'ai craint un moment de n'avoir ici que des excuses à lui présenter. « Ceux, dit-il, qui connaissent par expérience la pureté habituelle et la beauté du ciel équinoxial; ceux, plus spé- cialement, qui ont décrit la splendeur des étoiles et l'éclat des constellations qu'on aperçoit dans la zone torride, comme dilïérant si complètement de tout ce que nous sommes accoutumés à voir dans notre atmosphère bru- meuse, complimenteront certainement le capitaine Sabine sur la patience et la persévérance avec lesquelles il a attendu des occasions peu favorables, il est vrai, à l'ob- jet qu'il se proposait, mais qui sont rares et remar- quables. » Le capitaine Sabine, que d'autres travaux appelaient à Bahia, a certainement choisi, dans le court intervalle de son séjour, les circonstances les plus favorables à cha- I A TRAVERS LATMOSPHÈH E. 143 cune des expériences météorologiques qu'il a tentée.-'. Personne moins que moi n'élèvera de soupçons à cet égard ; et M. Diiniell prend un soin fort inutile quand il a l'air Je s'instituer le défenseur d'un savant que je n'ai point critiqué. Pour ce qui le concerne personnellement, ma confiance n'est pas tout à fait la môme : aussi, avant de m'inclincr respectueusement devant sa dernière assertion, moi qui n'ai point l'avantage de connaître par expérience le ciel de la zone torride, j'ai cherché , dans les recueils météorologiques, si les brumes y sont aussi rares qu'il l'assure. Les passages suivants , extraits des intéressants Mémoires de M. Dorta, éclairciront, je pense, suffisam- ment la question: « Cette année ( 1785) a été remarquable par des brouillards qui se sont maintenus permanents de jour et de nuit. Il y a eu des mois entiers durant les- quels on n'a découvert ni les étoiles, ni les planètes. Dans les quatre derniers mois, sur 53 éclipses des satellites de Jupiter qui devaient être visibles à Rio-Janeiro, je n'ai pu en observer que 12. ^ [Mémoires de Lisbonne, tome ii, p. 3G9.) « Le brouillard commença en 1786, à Piio-Janeiro, avec le mois d'avril, et alla ensuite en augmentant durant le reste de l'année , ce qui mit obstacle à toutes les obser- vations astronomiques que j'avais projeté de faire, en sorte que sur 83 éclipses visibles des satellites de Jupi- ter, Il seulement furent observées. » [Mémoires de Lis- bonne, t. m, p. 70.) Si M. Daniell prétendait que les brumes ne se mon- trent ainsi qu'à Rio-Janciro ; que c'est là un phénomène local , pour le détromper, j'emprunterais la phrase sui- 1i4 SUR LE HAYONNKMENT DE LA CHALEUR vaille à une personne qui connaît aussi par expérience le ciel des tropiques : « Quoique , à Lima , on soit plongé dans les brouillards pendant plus de la moitié de l'année, etc. »(IIumboldt, Astronomie, t. ii, p. /i2'2.) S'il y a souvent, sous l'équateur, des brouillards qui cachent totalement les étoiles, on accordera, je pense, qu'il doit à fortiori en exister quelquefois qui affaiblis- sent leur éclat, et qu'une nuit étoilée des tropiques n'est pas nécessairement plus pure ou plus propre au rayonne- ment de la chaleur qu'une nuit étoilée de nos climats : or, ai-je prétendu autre chose? Ma tâche serait finie ici si le Quarterly Journal s'était contenté de réfuter mes objections ; mais je ne puis pas me dispenser de présenter quelques remarques au sujet des sentiments qu'il me prête. Suivant M. Daniell , j'ai voulu, de propos délibéré, produire contre lui dans le pu- blic une impression fâcheuse ; je n'ai trouvé dans ses Essais qu'un seul chapitre qui pût me conduire à ce but, et je m'en suis aussitôt emparé : ce chapitre, dit-il, en effet, n'est le premier ni par son rang ni par son impor- tance. Dès qu'on demande une explication, j'avouerai fran- chement que les chapitres dont je n'ai pas parlé m'a- vaient paru, pour la plupart insignifiants ou inintelligi- bles. Du reste, même dans les chapitres appartenant à cette dernière classe, les paragraphes isolés dont j'avais réussi à comprendre le sens, n'autoriseraient pas, à beau- coup près, l'idée avantageuse dans laquelle M. Daniell se complaît. Pense-t-on, en effet, qu'en 1823, il soit per- mis h Vauteiir du plus bel ouvrayc des temps modernes, A TRAVERS L'ATMOSPHÈRE. U5 d'oublier, en traitant de la période diurne du baromè- tre, les noms de Godin , de Bouguer, de La Conda- mine, etc., etc., et d'attribuer la découverte de ce phé- nomène à Lamanon, le compagnon de La Pcrouse? (Voy. les Essais, p. 251.) Sans sortir du même sujet, n'aurais- je pas eu le droit de demander à M. Daniell si la remar- que, certainement très- intéressante, que l'étendue de l'oscillation diurne atmosphérique diminue de plus en plus à mesure qu'on s'éloigne des tropiques , lui appar- tient réellement, comme il le laisse croire (p. 253 et 254), et par quelle fatalité les pages des Mémoires de Ramond où elle se trouve consignée dans les termes les plus précis ont échappé à ses regards? Eût-il été nécessaire de faire de grands efTorts pour frapper de ridicule l'auteur de la petite table intitulée : Baromelri- cal measurement of Box- hill, loith the Moon vpon the meridian, et d'oii il prétend déduire , par huit résultats peu concordants, que la position de la Lune a une in- fluence appréciable sur les mesures des hauteurs par le baromètre, etc., etc.? M. Daniell a-t-il trouvé, enfin, dans les anciens volumes des Annales de chimie et de physique des indices de partialité à son égard qui puis- sent aujourd'hui autoriser ses soupçons? J'ose affirmer que non, et j'en fournirai aisément la preuve : des six Mémoires que cet auteur, à ma connaissance, a publiés, cinq ont été insérés dans les Annales; nous n'avions jamais parlé du sixième, et c'était de notre part, je crois, une grande marque de bienveillance : le lecteur va en juger. Dans ce fameux mémoire intitulé : De la Ihéorie des aloines sphériques et de la liaison qu'elle n avec VIII. — V. 10 Ii(î SUR LE RAYONNEMENT DE LA CHALEUn. la gravité spécifique de certains niincraiLX', M. Daniell trouvait, par un raisonnement à sa manière, que la pesan- teur spécifique des cristaux ne doit pas être la môme sur les angles et dans le centre ; et comme sa confiance dans les spéculations théoriques paraît sans bornes, l'expérience , sur-le-champ , était venue à son appui. On trouve , en elTot, dans ce Mémoire : qu'un cube de spath- lluor avait pour pesanteur spécifique 3.180; qu'en cas- sant les quatre angles cette pesanteur montait à 3.2^2; qu'en continuant les fractures jusqu'à obtenir un octaèdre, on avait 3.261 ; enfin que les pesanteurs spécifiques de trois des angles enlevés du cube étaient respectivement, 3.115,3.111,3.125. M. Daniell n'a certainement point oublié l'accueil que ses propres compatriotes firent à ce travail ; pourquoi ne s'est-il pas aussi rappelé que les Ajinales de chimie et de physique s'abstinrent de répéter un seul mot des critiques, j'ai presque dit des sarcasmes, dont il fut l'objet? Si je n'avais trouvé, dans les ouvrages de M. Daniell, que des indices de la rectitude de son jugement, je pourrais tirer grande vanité de la méprise C{u'il a faite en -ittribuant à M. Gay-Lussac l'article des Annales qui a été l'origine de cette discussion ; mais je dois, je le sens trop bien, me contenter d'enregistrer cette erreur, comme faisant nombre, parmi toutes celles que j'ai déjà signalées. SUR LA FORMATIO?^ DE LA GLACE CHAPITRE PREMIER D £ F I M T 1 0 N s Les physiciens ont démontré qu'un même corps peut, sans que sa constitution chimique soit altérée, se pré- senter sous trois états : sohde, Hquide et gazeux. Des différences plus ou moins considérables dans les cir- constances calorifiques au milieu desquelles les corps se trouvent placés suffisent pour amener ces changements d'état, qui sont marqués par une température toujours la même lorsque la pression à laquelle le corps est soumis ne change pas. On a ainsi la température de fusion ou de solidification pour le point où le corps passe de l'état solide à l'état liquide, ou réciproquement, et la tempéra- ture de volatilisation ou de condensation pour le moment où le corps se transforme de liquide en gaz, ou, inver- sement, de gazeux redevient liquide. 11 y a une différence remarquable entre un corps qui, à la température de la fusion , se trouve encore à l'état solide, et ce même corps qui est déjà à l'état liquide : le dernier renferme de plus que le premier une quantité de chaleur combinée non sensible au thermomètre et que, pour 448 SUI{ LA FORMATION cette raison, on a appelée latente. Lorsqu'un corps repasse de Télat liquide à l'état solide, il abandonne cette chaleur latente de fusion qui est spécifique, c'est-à-dire qui varie avec la nature intime des corps. La comparaison que l'on fait d'un li(iuide et du gaz qu'il fournit présente des ré- sultats analogues, c'est-à-dire que le corps gazeux ren- ferme de plus que le corps liquide considéré à la même température, une quantité de chaleur combinée qu'on nomme chaleur latente de volatilisation, et que le gaz abandonne quand il se condense pour reprendre la forme liquide. On appelle vulgairement glace, eau et vapeur, les trois états dilTérents que présente un corps très-abondamment répandu à la surface de notre planète, et qui est formé en poids de 1 partie d'hydrogène et de 8 parties d'oxygène. La glace se forme ou se fonâ à la température de zéro du thermomètre à mercure centigrade. La vapeur se produit ou se condense au point marqué 100 degrés sur l'échelle de ce même thermomètre, lorsque d'ailleurs la pression atmosphérique extérieure est mesurée par une colonne barométrique de 760 millimètres de mercure. La chaleur latente de fusion de la glace est assez grande pour élever de 0° à 79" un poids égal d'eau. La chaleur latente de la vapeur élèverait un poids équivalent d'eau de 0° à 535% si l'on empêchait ce liquide de s'évaporer pendant son échauffement. La vaporisation amène donc une action ré- frigérante prononcée ; il en est de même de la liquéfaction d'un solide. Mais, inversement, la condensation d'un gaz et la congélation d'un liquide sont deux sources de chaleur. La glace occupe un volume un peu plus considérable DI-: LA GLACE. 149 que le mcine poids d'euu cousidcré à la même tempé- rature de 0°. 11 en résulte que la glace en se formant brise par sa force d'expansion les vases fermés que l'on a rem- plis d'eau. La densité de la glace est de 0".94, celle que l'eau présente à [i° étant prise pour unité. On sait d'ail- leurs, d'après les recherches de M. Despretz, que, de k° à 0°, la densité de l'eau diminue, de telle sorte que d'une valeur égale à 1 elle tombe à 0.999873. Si l'on part de la température de 0", on trouve que la densité de l'eau aug- mente d'abord jusqu'à 4% et ensuite diminue constamment jusqu'à 100% point d'ébullition de ce corps sous la pression barométrique de 7G0'"'''; à 8% la densité est à peu près la même qu'à 0"; à 100% elle n'est plus que de 0.958Go/|. Ces diverses propriétés, connues depuis longtemps des physiciens, nous serviront, en les rattachant aux lois du rayonnement et de la conductibilité de la chaleur, à expli- quer les singuliers phénomènes que présente la congélation de l'eau. CHAPITRE II SLR LA FORME CRISTALLINE DE LA GLACE On a observé déjà depuis fort longtemps que les aiguilles qui apparaissent à la surface de Feau au moment où, par un refroidissement lent, ce fluide commence à se congeler, ont une tendance marquée à se réunir sous des angles de GO" ou de 120% Cette disposition se remarque aussi dans la neige, car elle tombe assez souvent sous la forme de petites étoiles à six rayons exactement situés comme ceux d'un hexagone régulier. 4oO Sun LA FORMATION Pour expliquer cette disposition particulière, Haûy sup- po:5ait que «les molécules de la glace sont des tétraèdres réguliers composant des octaèdres par un assortiment semblable {\ celui qui a lieu pour le spath-fluor ; » mais n'ayant jamais eu l'occasion d'observer des cristaux pro- prement dits de glace, ce savant illustre ne présentait sa conjecture qu'avec défiance. (V. son Traité de physique.) En 1805, M. Héricart de Thury trouva, dans la gla- cière de Fondeurle, en Dauphiné, d'immenses stalactites de glace tout à fait vides, formant des géodes, et tapissées à l'intérieur de belles aiguilles parfaitement cristallisées. Le sol de la même caverne est couvert d'une nappe de glace. Un examen attentif lui fit aussi découvrir que cette masse était composée de parties cristallisées parfaitement limpides, présentant pour la plupart la forme de prismes hexaèdres dont la surface terminale offrait des stries parallèles aux faces du prisme. Quant aux cristaux de l'intérieur des stalactites, ils n'étaient pas tous des prismes hexaèdres. On y remarquait aussi des prismes triangu- laires. Sur quelques échantillons de prismes hexaèdres qui avaient jusqu'à 0"'.005 de diamètre, les arêtes termi- nales , à la jonction de la base et des faces latérales du prisme, étaient remplacées par des facettes; mais nulle part, malgré les recherches les plus scrupuleuses, M. de Thury ne découvrit de pyramide complète. [Annales des mines, t. xxxiii.) Dans le volume des Transactions de la Société de Cam- bridge publié en 1822, on trouve sur le même objet un Mémoire du D' Clarke qui présente des observations intéressantes. I DE LA GLACIi. 451 Le 3 janvier 1821 , la température de l'air n'étant que de 0.5 au-dessus de zéro, le D"" Clarke aperçut à Cambridge, au-dessous d'un pont en bois, des glaçons pendants qu'atteignait constamment le brouillard formé par une chute d'eau voisine et d"où partaient des reflets lumineux semblables à ceux que donnent les verres à facettes les mieux taillés. Au lieu des formes coniques allongées, à surfaces ondulées, qu'affectent en général de tels glaçons, on voyait ici des protubérances prononcées terminées par des arêtes vives et des angles saillants. Plusieurs de ces masses ayant été détachées, le D' Clarke reconnut qu'elles se composaient en général de cristaux rhomboïdaux par- faits ayant des angles obtus de JSO" et des angles aigus de 60°. Les mesures furent prises à l'aide du goniomètre de Carangeau et en présence de divers membres de la Société : l'opération d'ailleurs n'olfrait aucune difficulté, puisque plusieurs des rhomboïdes avaient plus de 0"\025 de longueur. Le 6 janvier, le thermomètre s'étant élevé jusqu'à 3". 9 centigrades, le dégel eut lieu, et néanmoins les cristaux durant leur fusion conservèrent toujours la figure rhom- boïdale ; ce qui prouve que le même arrangement des parties existait dans toute leur masse ; conséquemment, ajoute le D' Clarke, le noyau ou la forme primitive de la glace est un rhomboïde à angles de 120° et de 60°, et les cristaux hexaèdres de Fondeurle n'étaient que secondaires. Le D' Clarke remarque qu'on ne doit guèi-e espérer de trouver des cristaux réguliers de glace qu'alors qu'ils se forment sous une température peu éloignée de celle de la congélation. C'est dans ce cas seulement, et sous Tin- (52 SUR LA FORMATION fluence d'une force d'agivgation pour ainsi dire naissante, que les molécules peuvent s'arranger avec ordre et offrir des figures géométriques régulières. CHAPITRE III SDR LES GLACIÈRES NATURELLES Nous avons parlé dans le chapitre précédent de la glacière de Fondeurle, située dans le département de la Drôme, à quatre lieues au nord de Die. C'est une caverne de 70 mètres environ de profondeur, qui se trouve sur le bord d'un plateau élevé de plus de 1700 mètres au-dessus du niveau de la mer. Un pavé de glace que l'on brise quelquefois pour en porter les morceaux dans les villes voi- sines, en occupe le fond, et à la voûte sont suspendues des stalactites dont plusieurs atteignent le pavé. Tout semble démontrer que ces glaces sont formées par la congélation de l'eau qui filtre goutte à goutte à travers quelques fissures de la voûte et qui se solidifie lorsque l'air intérieur est au-dessous de zéro. Cet air ne se renouvelant que très-difficilement, on conçoit la persistance des glaces pendant l'été. On connaît plusieurs autres cavernes qui présentent des phénomènes analogues à la glacière de Fondeurle. Une des plus remarquables est celle des environs de Besançon. Elle se trouve décrite dans les Mémoires de l'Académie des sciences pour 1712. En ^1727, le duc de, Lévis fit enlever par un très-grand nombre de chariots qui y venaient journellement, la glace tant des pyramides DE LA GLACE. 453 que du sol qu'on découvrit entièrement {Mémoires pré- sentés à r Académie des sciences', 1750,1. i, p. 208). Cependant, lorsque M. de Cossigny visita cette grotte aux mois d'août et d'octobre ilho, après le long hiver de 17/|0, il s'y était reformé une nappe de glace abondante et plusieurs pyramides. Le fond de la grotte est à GO mè- tres au-dessous du sol extérieur; la voûte est à 48 mètres; on y descend par une rampe rapide de 128 mètres de lon- gueur. L'air y est stagnant. M. de Cossigny y observa à peu près la température de 0°. Il se trouvait un peu d'eau claire au-dessus de la glace, et l'on recevait quel- ques gouttes d'eau qui tombaient de la voûte. M. de Cos- signy constata les mêmes faits en avril 17/|5. Au milieu d'août 17G9, le professeur Prévost mesura une épaisseur de 30 centimètres de glace dans le fond. M. Colladon, pharmacien à Genève, a visité, le li oc- tobre 1807, une autre glacière, celle de Saint-Georgo, dans le Jura, située à 850 mètres au-dessus du lac de Genève. Une grande quantité de neige entourait l'en- trée de la cavité, qui est profonde d'environ 8 mètres. Le môme phénomène fut observé par M. Pictet, qui la visita à la fin de juillet 1822, et y mesura une surface glacée de 25 mètres de longueur et d'une largeur moyenne de 13 mètres. Les lieux sont naturellement disposés de manière à empêcher le renouvellement de l'air intérieur. MM. Colladon et Pictet ont tous deux visité également, le premier, le 21 juillet 1807, le second, le 17 juillet 1822, une troisième glacière naturelle, celle de Mont-Vergi, dans le Faucigny. Ils ont trouvé que l'air y avait à peu près la température de 1% et la glace celle de zéro. C'est 4:it SUR LA FOM'.IATIOX une excavation qui a /jO mètres de longueur ; on y des- cend par une pente douce au bas de laquelle on trouve une couche de glace dure de 23 mètres de longueur sur 10 de largeur. Les deux visiteurs ont trouvé une petite nappe d'eau au-dessus de la glace, et aperçu quelques stalactites au fond, contre les parois de la grotte. C'est encore une cavité dans laquelle l'air ne peut se renouveler qu'avec une grande difTiculté. Quand, à la suite d'un hiver très-rigoureux, la glace s'est formée dans de telles grottes, sous une épaisseur assez grande, on conçoit qu'elle ne puisse fondre que très-len- tement, à cause de la grande quantité de chaleur latente absorbée par la glace se transformant en eau. Or l'air froid étant plus lourd que l'air chaud ne peut être déplacé dans des espèces de cul-de-sac où les courants ne s'établissent pas facilement. D'un autre côté, la terre est très-peu con- ductrice de la chaleur. Aussi la température intérieure des glacières naturelles ne s'élève guère, pendant les mois les plus chauds de l'année, au-dessus de -\- 1", et il faudrait plusieurs étés pour fondre la glace une fois accumulée, lors même qu'elle ne se reformerait pas chaque hiver, quand l'air froid tombe par sa plus grande pesanteur dans les cavités que nous avons décrites. CHAPITRE IV RDPTCRE DES GLACIERS Les glaciers formés à l'air libi-e dans des lieux situés à une hjuteur au-dessus du niveau de la mer telle que la DE LA GLACE. lijo température est toujours assez basse pour que les neiges soient perpétuelles, présentent des masses énormes qui ne fondent jamais complètement, lors même que les étés sont exceptionnellement chauds. Cependant il arrive quel- quefois que ces glaciers se rompent et produisent des accidents mémorables. La catastrophe qui, en 1818, a dévasté le fond du val de Bagne, dans le Bas-Rhin, nous paraît devoir être placée parmi les événements naturels dont il est utile de conserver le souvenir. Le val de Bagne est une vallée généralement fort étroite et presque perpendiculaire à plusieurs chaînes de l'immense masse de montagnes qui séparent le Valais du Piémont. La Dranse en occupe le fond. Sur plusieurs points cette rivière est resserrée dans des couloirs de 40 à 13 mètres de large, et dont les parois s'élèvent jus- qu'à plus de 30 mètres. Des glaçons tombés depuis cinq ans du glacier de Gétro dans le lit de la Dranse, avaient déjà obstrué son cours et formé pour ainsi dire le noyau d'un nouveau glacier par-dessous lequel les eaux s'écou- laient. Mais dès le mois d'avril 1818, ces eaux, retenues au fond de la vallée, y avaient formé un lac d'une demi- lieue de longueur. On travailla aussitôt à leur creuser une issue; elle fut terminée le 13 juin. A cette époque, le lac avait près de /|,000 mètres de longueur, une largeur moyenne de 130 mètres et 70 mètres de profondeur, en sorte qu'il contenait au moins 36 millions de mètres cubes. La galerie d'écoulement produisait déjà, depuis deux jours, un excellent effet, lorsque tout à coup, le 10 juin, à quatre heures du soir, l'eau rompit le glacier et s'écoula en niasse. Au bout d'une demi-heure, le lac 456 SUR LA FORMATION fut entiôrement vidé. Cet immense volume d'eau occa- sionna de grands ravages : roches, forets, routes, usines, maisons, granges, hommes, animaux, etc., tout sur son passage fut détruit et entraîné. A peu de distance du gla- cier, le torrent paraissait contenir plus de débris de corps étrangers que d'eau. On a calculé qu'entre le glacier et le Chable l'eau se mouvait avec une vitesse de 10 mètres par seconde. On sait que très-peu de fleuves atteignent à une vitesse de Il mètres. Près de Martigny, cette vitesse était déjà ré- duite de moitié. Il est fort à craindre qu'une catastrophe semblable ne se renouvelle. Le couloir par lequel le lac s'est échappé s'est refermé à la fin de 1818, et la Dranse avait dès lors peine à se frayer un passage. 11 faudrait déblayer le massif de glace qui barre la vallée; mais son volume paraît être de plus de 2 millions de mètres cubes, et la force de tous les agents dont l'homme dispose est trop faible pour s'attaquer à une telle masse. CHAPITRE V sur. [,A FORMATION ARTITICIELLE DE LA GLACE AU BENGALE Il existe au Bengale, par des latitudes oij le thermo- mètre à l'air ne descend jamais à zéro, des fabriques qui produisent journellement d'assez grandes quantités de glace. Jusqu'ici on avait supposé que l'évaporation jouait le principal rôle dans cette congélation artificielle, mais pour reconnaître qu'elle est presque en totalité l'effet DR LA GLACE. 157 du rayonnorncnt nocturne, il sufTira d'examiner avec attention les circonstances qu'elle nécessite. Voici la description d'une manufacture visitée par M. Williams et qui emploie trois cents personnes. Un terrain assez bien nivelé, d'environ l'^^'^^GO, est divisé en carrés de 1 mètre à r".50 de côté, entourés d'un petit rebord de terre d'environ 0"M de hauteur. Dans ces compartiments, couverts de paille ordinaire ou de cannes à sucre sèches, on place autant de terrines remplies d'eau qu'ils peuvent en contenir. Ces terrines ne sont pas vernies, mais on graisse leurs parois intérieures ; elles ont beaucoup de largeur et peu de profondeur. La glace se forme à leur surface. Il y aurait d'autant moins de raison d'admettre que l'eau des terrines ne se refroidit pas la nuit en rayonnant vers le ciel à la manière de tous les autres corps terres- tres, que ce liquide, d'après les expériences directes de Leslie, a un pouvoir émissif très-considérable. Aussi je rappellerai que la question n'est pas d'examiner ici si ce rayonnement a une petite part dans le phénomène, mais bien s'il n'en serait point la cause principale, comme, au reste, les considérations suivantes vont l'établir : 1° D'après les témoignages de MM. Barker et Williams, le vent, qui favorise tant l'évaporation, est au Bengale un tel obstacle à la production de la glace, que pour peu qu'il soit fort la congélation cesse entièrement. 2° La cause d'aflaiblissement la plus efTicace du rayon- nement nocturne, c'est-à-dire la présence d'une giande quantité de nuages , empêche tout à fait aussi l'eau de se irlacer. 458 SUR LA FORMATION 3° Un thermomètre placé sur la paille, entre les ter- rines, ne descend pas à zéro à Tinstant où la glace se forme , ce qui prouve que les parois extérieures de ces vases ne sont jamais très-froides et qu'elles n'agissen' pas à la manière dès alcarazas ou cruches poreuses ei refroidissantes de l'Orient : conséquence qu'on pouvai au reste prévoir, puisque les parois intérieures des ter- rines sont graissées. li" En admettant que l' évapora tion lut la cause de la première lame de glace dont l'eau se recouvre, il faudrait toujours chercher comment l'épaisseur s'augmente gra- duellement pendant la nuit, lorsque toute évaporation est supprimée. 5° Enfin, depuis qu'il est reconnu que ce phénomène de congélation nocturne n'est pas particulier à l'Inde, le D' Wells a prouvé qnix Londres, et ceci tranche toute difficulté, l'eau se congèle quelquefois à une température supérieure à zéro, sans rien perdre de son poids, ce qui devrait avoir lieu cependant si l'évaporation avait quelque part au phénomène. 11 paraîtrait, d'après le passage suivant de Pline l'an- cien , que les Romains connaissaient déjà les moyens de transformer l'eau en glace : « 11 y a aussi des eaux privi- légiées , et l'argent a su mettre des distinctions même entre les éléments de la nature. Les uns boivent de la neige et les autres de la glace. Le fléau des montagnes est devenu une jouissance pour la sensualité. On conserve la glace pour les feux de l'été. On a le secret de faire dur- cir la neige dans les mois les plus brûlants. D'autres font bouillir l'eau pour la transformer en glace un moment I DK LA GLACE. :cconde marcjuée par la montre (et de cette durée dépend colle des minutes et des heures) est réglée par le temps qu'une roue métallique, appelée le balancier, emploie à Kiirc un tour sur elle-même. Si les principes posés plus \II;. — V. 13 19i SUR LÉTAT TIIERMOMÉTR IQUE hiuil sont vrais, on on déduirn, la montre étant supposée réglée à la température ordinaire, que par la chaleur, le balancier se trouvant plus grand, oscillera avec plus de lenteur; que la seconde sera trop longue; que la montre retardera. Par le froid, au contraire, le balancier ira trop vite, il arrêtera les rouages à des époques trop rapprochées, les secondes seront trop courtes, et la montre avancera. Ces divers résultats sont confirmés par l'expérience. Les montres dans lesquelles on n'a pas remédié aux dé- fauts du balancier, h l'aide d'un artifice dont la descrip- tion serait déplacée ici, retardent en été et avancent en hiver. Les détails qu'on vient de lire auraient été entièrement superfius, si je ne m'étais imposé la règle de ne faire ici aucun usage des principes de la mécanique rationnelle, sans avoir, au préalable, montré comment on pourrait expérimentalement en établir l'exactitude. Tout ce que j'ai dit d'une roue plate doit évidemment être appliqué, mot pour mot, à une masse de figure quel- conque. Concevons, par exemple, une sphère qui tourne sur elle-même en vertu d'une première impulsion. Si ses dimensions augmentent, la vitesse de rotation diminuera; la sphère emploiera plus de temps à faire un tour entier. Si la sphère, au contraire, se contracte, sa vitesse s'ac- célérera ; elle aura besoin de moins de temps pour accomplir chaque révolution. Or notre Terre, qu'est-elle autre chose qu'une sphère suspendue dans l'espace et pirouettant chaque jour sur nu GLOBE TERRESTRE. <95 son centre en vertu d'une impulsion primitive? Ainsi donc, si la Terre grossit, elle doit de jour en jour tourner sur elle-même plus lentement; si elle diminue de dimen- sion son mouvement doit s'accélérer. Les substances dont la Terre est formée se dilatent par la chaleur et se resserrent par le froid. Ceux qui croient que la Terre se refroidit admettent par cela même que son rayon diminue, que son volume devient de plus en plus petit. Mais, nous venons de le voir, le volume ne peut pas diminuer sans que la vitesse de rotation s'ac- célère. La question de savoir si la Terre était, il y a deux mille ans, au degré de chaleur du milieu du dix- neuvième siècle, revient donc à celle-ci : cent cinquante ans avant notre ère, la Terre employait-elle à faire un tour sur son centre précisément le même temps qu'au- jourd'hui? Sous la première forme la question semblait exiger impérieusement des déterminations thermométriques dont les anciens n'avaient aucune idée. Nous trouverons, au contraire, dans les observations qu'ils nous ont léguées, les moyens de reconnaître si le temps de la rotation de la Terre s'est conservé invariable. Qu'est-ce, en elTet, que la durée de cette rotation? Ce n'est autre chose qu'une certaine unité de temps dont li^s astronomes se servaient jadis, dont ils font encore usage maintenant : c'est, en un mot, ce qu'ils appellent \e jour sidéral. Il suffira, pour n'avoir aucun doute à ce i-ujet, d'examiner comment ce jour sidéral se détermine. Dans chaque observatoire il y a un mur bien dressé ou quelque chose d'équivalent, dirigé très-exactement du M6 SUR L'ÉTAT TIIEIIWOMÉTRIQUR midi au nord. L'astronome qui veut voir si sa pendule est réglée sur le temps sidéral note, avec toute la préci- sion possible, le moment oiî une étoile vient se placer dans le prolongement du mur. Le lendemain, il recom- mence l'opération sur la même étoile. Si 2/i heures, ni plus ni moins, se sont écoulées depuis la première jus- qu'à la seconde observation, la pendule est réglée. Elle avance ou relarde lorsque, entre les deux passages de r étoile par le prolongement du mur, ses aiguilles ont marqué plus ou moins de 2/i heures ^. Les anciens devaient regarder le jour sidéral comme la mesure du temps de la rotation de la sphère céleste, puisqu'ils croyaient la Terre immobile. Les modernes ont prouvé que la Terre tourne, que lorsque l'étoile paraît venir se placer dans le prolongement du mur méridien , c'est en réalité le mur qui va à la rencontre de l'étoile. ()n a donc été inévitablement conduit à voir dans le jour sidéral la durée de la rotation de notre globe. 1. Une pendule réglée sur le temps sidéral, une pendule sur laquelle il s'est écoulé exactement 24 heures entre deux passages consécutifs d'une étoile par le mur méridien, marque 2i heures 3 minutes 56 secondes pendant la durée du jour solaire de temps moyen dont on fait usage dans la société. Cette différence est facile à expliquer. Supposons le Soleil et une certaine étoile dans la même région du ciel , c'est-à-dire admettons qu'aujourd'hui les deux astres pas- sent ensemble dans le plan du mur méridien. Le lendemain, quand l'étoile y reviendra, en d'autres termes quand le jour sidéral sera révolu, le Soleil ne se trouvera plus avec l'étoile ; il occupera une position plus orientale; il n'arrivera dans le prolongement du mur qu'après que tous les points de l'arc dont il s'est déplacé auront traversé le méridien. Or, le temps nécessaire pour que l'arc dont le Soleil se déplace en un jour traverse en totalité le méridien est , en valeur moyenne, de 3 minutes 56 secondes. DU GLOBE TERRESTRE. 197 Nous avons ramené la question de température que nous voulons résoudre à un problème de mesure de temps, parce que les anciens ne connaissaient pas le ther- momètre. Qu'avez-vous gagné, dira-t-on, à cette trans- formation, puisque l'antiquité n'avait pas non plus de pendules; puisque, en tout cas, aucune de ces machines ne nous est parvenue? Eh bien, je vais montrer que pour déterminer la durée qu'avait le jour sidéral il y a 2,000 ans, nous avons infiniment mieux que d'anciennes machines dont l'identité serait contestable et que les années auraient d'ailleurs inévitablement détériorées. La Lune n'est pas immobile dans l'espace : elle marche de l'ouest à l'est. C'est de l'ouest à l'est qu'on la voit traverser successivement toutes les constellations zodia- cales. Le mouvement propre de la Lune a, de tout temps, fixé l'attention des hommes; ils ont surtout désiré me- surer sa vitesse. Mais la mesure d'une vitesse implic[ue le choix d'une unité de temps : cette unité, nous pouvons admettre qu'elle a été le jour sidéral. Pour c{ue le choix du jour sidéral comme unité de temps ne puisse donner lieu à aucune objection dans le problème concernant la vitesse de la Lune, il faut que la durée de ce jour, ou, ce qui est la même chose, il faut que la durée de la rotation de la Terre soit indépendante de la vitesse propre de notre satellite. Cette indépendance existe, elle est manifeste : la Terre cesserait môme tout à coup de tourner sur son centre, que la Lune n'en con- tinuerait pas moins à parcourir les constellations zodia- cales, comme elle le fait maintenant. 498 SUR L'ÉTAT TIIERMOMÉTRIQUE L'école d'Alexandrie nous a laissé des observations d'oi^i l'on peut déduire, avec une très-grande exactitude, quel était, il y a 2,000 ans, le chemin moyen que la Lune parcourait 6n un jour sidéral. L'astronomie arabe nous fournit les éléments de cette même détermination pour le temps des califes. Il n'est pas un seul catalogue d'observations modernes où l'on ne trouve, pour l'époque actuelle, la valeur de la marche moyenne de la Lune pen- dant la durée d'un jour sidéral. Eh bien , l'arc parcouru en un jour sidéral par notre satellite est exactement le même, soit que vous le calculiez par les observations grecques, par les observations des Arabes, ou par les observations modernes ^. Cet important résultat renferme la solution de la ques- 1. Si l'on prenait les observations brutes, les arcs parcourus par la Lune aux trois époques grecque, arabe et moderne, ne seraient pas égaux. Depuis le temps des Chaldéens, la vitesse de la Lune, en effet, s'est continuellement accrue; mais cet accroissement est de la nature de ceux qu'en astrono nie on appelle perturbations. Il dépond d'une diminution dans Texcentricité de Tellipse (|ue la Terre parcourt annuellement autour du Soleil. Lors(|ue cette excentricité, qui jusqu'ici a été en décroissant, viendra à augmenter, la vitesse de la Lune diminuera par degrés, tout comme elle s'était pi'écé- demment accrue, et ainsi de suite périodiquement. On ne trouve donc la constance de vitesse annoncée dans le te.xte qu'après avoir corrigé, comme il était nécessaire de le faire, les ol)servations de la Lune des perturbations que le mouvement de translation de la Terre apporte dans s''s mouvements. l,orsque tout à l'heure je disais que la vitesse de la Lune était indépendante du mouvement de la Terre, c'était de notre mouve- ment de rotation que je parlais. Si je n'en faisais ici la remarque, on pourrait croire à une contradiction qui n'existe pas. Toutes ces découvertes sur le mouvement de la Lune, et sur ses applications à la recl.erclie de l'invariabilité du jour et de la tem- pérature de la Terre, appartiennent à Laplace. DU GLUBK TLHUhSTIU':. 490 tion proposée, rcii de mots sulïirunt pour le prouver. L'astronome d'Alexandrie déterminait, par des obser- vations directes, la durée de son jour sidéral, ou de la rotation de la Terre. 11 laissait marcher la Lune, tout juste pendant cette durée, et notait Tare qu'elle avait par- couru. Telle était aussi la manière d'opérer des astro- nomes arabes ; telle est encore la méthode suivie par les modernes. Ainsi chacun se réglait sur le jour sidéral de son époque. Mais puisque la Lune , comme nous en sommes convenus, se meut toujours avec la même vitesse, le chemin qu'elle parcourt doit dépendre uniquement de la durée du temps pendant lequel on suit sa marche. Si le jour sidéral, à l'époque d'IIipparque, avait été plus long qu'il ne l'est aujourd'hui, l'astronome grec aurait observé la Lune pendant plus de temps que ne le font les observateurs modernes; le déplacement diurne de cet astre se serait trouvé plus grand qu'il ne l'est mainte- nant; sa vitesse nous semblerait s'être affaiblie. Or, l'arc parcouru en un jour a précisément la même étendue à toutes les époques; donc, depuis les plus anciennes ob- servations, le moi jour sidéral a perpétuellement désigné un égal espace de temps; donc encore (puisque jour sidéral et durée de la rotation de la Terre veulent dire la même chose) depuis 2,000 ans la vitesse de rota- lion de notre globe s'est conservée constante ; donc, aussi, son volume n'a pas changé; donc, enfin, la tem- pérature, qui ne pourrait éprouver de variations sans que le volume s'en ressentît, est restée stationnaire. Ces déductions sont toutes très-simples, et j'esp'Te qu'on les saisira sans difficulté. Il me reste encore à ap- 200 SUR L'ÉTAT TUERMOMÉTRIQUE précicr en nombres l'cxaclitudc dont la mélhode est susceplible. Supposons que la température moyenne de chaque rayon du globe terrestre ait diminué en 2,000 ans d'un degré centigrade. Prenons pour la dilatation générale des matières dont la Terre est formée , celle du verre , c'est- à-dire à peu près un cent-millième par degré. Un degré de diminution dans la température de chaque rayon aura amené un cent-millième de diminution dans les dimen- sions de la sphère. J'ai essayé de faire sentir, au com- mencement de ce chapitre, comment cette diminution de diamètre devrait être suivie d'une augmentation de vitesse; les principes de la mécanique rationnelle permettent d'aller plus loin : ils nous apprennent qu'à un cent-millième de diminution dans les dimensions de la sphère correspon- drait un cinquante-millième d'accélération dans la vitesse. Le jour sidéral serait donc devenu plus court de 86,/|00, nombre de secondes sidérales dont il se compose, divisé par 50,000, c'est-à-dire d'une seconde et sept dixièmes. Les observations du mouvement propre de la Lune prou- vent que, depuis le temps d'IIipparque, le jour sidéral n'a pas même varié d'un centième de seconde*, quantité 1. Peut-être ne voudrait-on pas croire à une aussi étonnante exactitude, si je ne disais comment on y est arrivé. Supposons que pour s'assurer de Tinvarial^ilité du jour sidéral, on prenne à chaque époque, comme étalon, le chemin qu'exécute la Lune pendant un seul de ces jours, et tel qu'une observation directe peut le donner. A quel degré de précision arrivera-t-on ainsi? En s'aidant des meilleurs instruments dont les astronomes mo- dernes disposent, l'arc parcouru par la Lune en un jour sidéral pourra être mesuré à une seconde de degré près. Cette seconde de degré, la Lune ne la parcourt qu'en deux secondes de temps sidé- DU GLOBE TERRESTRE. 201 170 fois plus petite que V.l. Donc le changement de température que nous avions supposé tout à riieurc dans le rayon terrestre, était 170 fois plus grand qu'il n'est permis de l'admettre d'après les observations de la durée du jour sidéral; donc en 2,000 ans, la température moyenne de la masse générale de la Terre n'a pas varié de 1/170' de degré du thermomètre centigrade. On fera une large part à l'incertitude dans laquelle on est encore sur la dilatabilité des matières qui composent le globe, en multipliant le résultat précédent par 10, ou ral. Donc, quand on se trompe, en plus par exemple, dans la déter- mination du mouvement lunaire, d'une seule seconde de degré, c'est comme si l'on faisait le jour sidéral plus long de deux secondes de temps, ce qui est bien loin de l'exactitude admise dans le texte. Hâtons-nous de dire aussi que ce n'est pas d'un seul jour d'obser- vations qu'on déduit le déplacement diurne de la Lune. Admettons qu'on mesure l'arc parcouru par le même astre en dix jours. Cet arc aura dix fois plus d'étendue que celui qui correspon- dait à un seul jour; mais l'incertitude de la détermination expéri- mentale sera encore d'une simple seconde. Elle tient, en effet, soit aux opérations qu'on effectue au point de départ, soit ù celles du point d'arrivée. Or, tout le monde peut comprendre que ces opéra- tions doivent être identiquement les mêmes aux deux extrémités d'un arc, quelle que soit sa longueur. Lorsque, pour avoir l'arc diurne, on divisera par 10 l'arc correspondant à dix jours, cette division atténuera l'erreur de l'arc total dans le rapport de 1 à 10 ; cette erreur ne sera donc plus que de un dixième de seconde de degré, correspondant à deux dixièmes de seconde de temp?. Si nous mesurions, enfin, l'arc lunaire décrit en 200 jours, quand on arriverait à diviser cet arc total , lequel renfermerait un grand nombre de circonférences, par 200. pour avoir l'arc diurne corres- pondant au milieu de l'intervalle des 200 jours, la seule seconde d'incertitude dont cet arc total serait affecté deviendrait dans l'arc diurne, un deux-centième de seconde de degré correspondant à un centième de seconde de temps. Ces explications doivent suffire pour faire comprendre comment on est arrivé à l'étonnante exactitude admise dans le texte. 202 SUR L'f.TAT TllERMOMÉTRIQUE si l'on veut pnr 17, nfiii d'avoir un nonibrc rond. Ceci portera à un dixième de degré lu quantité dont la tempé- rature moyenne du globe (ce globe étant toujours consi- déré en masse, c'est-à-dire extérieur et intérieur com- pris) n'a certainement pas varié dans l'espace de 2,000 ans. CHAPITRE V LA CHALEUR PRIMITIVE DU GLOBE DONT LES EFFETS SONT ENCORE SI SENSIBLES A UNE CERTAINE PROFONDEUR, COJiTRIBUE-T-ELLE POUR UNE PART NOTABLE A LA TEMPÉRATURE ACTUELLE DE LA SURFACE? Mairan, Buiïon, Bailly évaluent, pour la France, la chaleur qui s'échappe de l'intérieur de la Terre, à 29 fois en été, et à iOO fois en hiver, celle qui nous vient du Soleil. Ainsi , la chaleur de l'astre qui nous éclaire ne formerait qu'une très-petite partie de celle dont nous res- sentons l'heureuse inHuence. Celte idée a été développée avec une grande éloquence, dans les Mémoires de l'Académie, dans les Époques de la nature de Buiïon, dans les Lettres de Bailly à Vol- taire sur l'origine des sciences et sur l'Atlantide; mais l'ingénieux roman auquel elle sert de base s'est dissipé comme un fantôme devant la sévérité des calculs mathé- matiques. Fourier ayant découvert que l'excès de la température totale de la surface terrestre sur celle qui résulterait de la seule action des rayons solaires, a une relation néces- saire et déterminée avec l'accroissement des températures à dilîérentes profondeurs, a pu déduire de la valeur expé- rimentale de cet accroissement, une détermination numé- DU GKOBIi TERHESTKE. 20? rique de Texcès en question, je veux dire de l'elTet thermomélrique que la chaleur centrale produit à la surface ; or, au lieu des grands nombres donnés par Mairan, Bailly, Bulîon, qu'a trouvé le savant secrétaire de l'Académie? La trentième partie d'un degré ! La surface du globe qui, à l'origine des choses, était probablement incandescente, s'est donc refroidie dans le cours des siècles de manière à conserver à peine une trace sensible de sa température primitive. Cependant, à de certaines profondeurs, la chaleur d'origine est encore énorme. La suite des temps apportera de grandes modifications dans les températures intérieures. A la surface (et les phénomènes de la surface sont les seuls qui puissent altérer ou compromettre l'existence des êtres vivants), tous les changements sont accomplis à un trentième de degré près. L'alîreuse congélation du globe dont BulTon fixait l'époque au moment où la chaleur intérieure se sera totalement dissipée, est donc un pur rêve ! CHAPITRE VI LA TEMPÉRATURE DES ESPACES CÉLESTES EST-ELLE VARIABLE? — CETTE TEMPÉRATURE PEUT-ELLE DEVENIR LA CAUSE DE CHAN- GEMENTS DANS LES CLIMATS TERRESTRES? Fourier a introduit, depuis peu d'années, dans la théorie des climats, une considération qui jusqu'ici avait été entièrement négligée ou dont les physiciens, du moins, ne faisaient pas une mention explicite. 11 a signalé le rôle que doit y jouer la température de ces espaces célestes 20t SUR L'ÉTAT TIIERMOMÉTRIQUE dans lesquels s'opèrent les mouvements planétaires : dans lesquels, en particulier, la Terre décrit annuellement autour du Soleil son orbe immense. En voyant, même sous l'équateur, certaines montagnes couvertes de neiges éternelles ; en voyant le décroisse- ment rapide de température des couches atmosphériques, tel qu'il est observé par les aéronautes pendant le mou- vement ascensionnel de leurs ballons, les météorologistes avaient imaginé que dans les régions dont l'extrême rareté de l'air tiendra toujours les hommes éloignés, qu'en dehors de l'atmosphère surtout, il doit régner des froids prodigieux. Ce n'était pas seulement par cen- taines, c'était par milliers de degrés qu'ils les eussent volontiers mesurés! Mais tout cela était follement exagéré. Les centaines, les miUiers de degrés, sont devenus, après l'examen sévère de Fourier, 50 à 60 degrés seulement. 50 à 60 degrés au-dessous de zéro, telle est la tempéra- ture des espaces que la Terre sillonne tous les ans ; tel est le degré qu'un thermomètre marquerait dans toute la région occupée par notre système, si le Soleil et les planètes qui l'accompagnent venaient à être anéantis. Fourier est arrivé à ce résultat, en cherchant quels phénomènes on observerait si la Terre était placée dans une enceinte privée de toute chaleur. Or, dans cette hy- pothèse, dit-il, les régions polaires subiraient un froid de beaucoup supérieur à celui que l'observation a donné. L'intermittence des jours et des nuits produirait des effets subits et d'une énorme intensité, etc., etc. 11 est bien désirable que le Mémoire oii le savant secré- taire de l'Académie avait dû consigner les preuves de ces DU GLOBE TliRRESTUE. 205 importantes propositions ne soit pas perdu et que le public puisse bientôt en jouir. La chaleur * des espaces célestes, quelle qu'en soit l'intensité, est probablement due au rayonnement de tous les corps de l'univers dont la lumière arrive jusqu'à nous. Plusieurs de ces corps ont disparu ; d'autres présentent seulement des indices non équivoques d'affaiblissement; d'autres, enfin, augmentent d'éclat ; mais ce sont là de rares exceptions. Or, comme le nombre total des étoiles et des nébuleuses visibles avec des télescopes surpasse certainement plusieurs milliards, tout fait supposer que, de ce cùlé du moins, les habitants du globe terrestre n'ont à redouter aucune altération de climat. J'ajouterai que dans la relation du voyage du capitaine Back aux régions polaires, j'ai trouvé, entre autres re- marques dignes d'être recueillies, une observation de thermomètre très-importante. Cette observation semble en effet assigner à la température de l'espace une valeur bien voisine de celle que Fourier avait adoptée. Le 17 janvier 183/|, au Fort Reliance , latitude 62° ZiG' 1/2, longitude 109° 0' 39" ouest de Greenwich, M. Back a vu le thermomètre de Fahrenheit à alcool descendre jusqu'à 70° au-dessous de zéro = — Zi5°.3 Réaumur = — 56o.7 centigr. 1. Qu'on ne s'étonne pas de me voir employer l'expression de chaleur en parlant de 50 ou 60 degrés au-dessous de zéro : 50 ou 60 degrés au-dessous de zéro, c'est-à-dire une température que les capitaines Parry et Franklin ont éprouvée dans leurs voyages aux régions polaires, sont en effet de la chaleur quand on les compare aux centaines ou aux milliers de degrés de froid qui régneraient peut-être dans l'espace sans l'action de la cause dont Fouriur s'est occupé. 206 SUR L ÉTAT TMERMOMÉTRIQUE D'après ce résultat, je pense que la température des espaces célestes ne peut manquer d'être notablement inférieure ù — 57° centigrades. Poisson, qui a fait un travail remarquable sur la pro- pagation de la chaleur dans le globe terrestre, n'admet pas, il est vrai, cette conséquence ; suivant lui, la tempé- rature des couches supérieures de l'atmosphère peut être plus basse que celle des ditTérentes régions de l'espace qui probablement ne sont pas toutes à la même tempé- rature. La question a besoin d'être étudiée de nouveau, et des déterminations directes des températures des plus hautes régions atmosphériques auxquelles on pourra par- venir doivent être recommandées particulièrement au zèle des physiciens. CHAPITRE VII LES VARTATIONS QU'ÉPROUVENT CERTAINS ÉLÉMENTS ASTRONOMI- QCES PEUVENT- ELLES MODIFIER SENSIBLEMENT LES CLIMATS TERRESTRES? Il n'y a sur le globe qu'une seule région où, abstrac- tion faite des réfractions atmosphériques, les jours et les nuits aient en tout temps la même durée. Cette région porte le nom d'équateur terrestre. Paitout ailleurs que sur l'équateur terrestre les jours et les nuits ont, en général, des longueurs inéga'es. A Paris, par exemple, le 21 juin le jour est de 16 heures et la nuit de 8. Le 21 décembre est le jour, au contraire, qui compte 8 heures tandis que la nuit en embrasse 16. Les 20 et 21 mars, les 22 et 23 septembre sont les seules DU GLODR TERRESTRE. 207 époques où les jours et les nuits s'y composent exacte- ment du nnênie nombre d'heures. Ces dernières dates (le 20 mors et le 22 septembre) ont cela de remarquable, qu'alors il y a dans tous les lieux de la Terre, d'un pôle à l'autre, de l'orient au couchant, la môme égalité entre la durée de la présence du Soleil sur l'horizon et la durée de sa disparition. Il n'est pas nécessaire d'avoir étudié minutieusement la question difficile des températures terrestres, pour comprendre, en masse, que, sous toutes les latitudes, l'époque des longs jours et des courtes nuits sera une époque de haute température ; que de longues nuits com- binées avec des jours de courte durée amèneront, au contraire, une saison froide; qu'enfin, les extrêmes ther- mométriques auront, dans chaque lieu, une liaison intime et nécessaire avec la dilVérence des jours de plus grande et de moindre durée. Toute cause qui réduirait cette dilTérence rendrait les hivers et les étés moins dissem- blables. Il n'est pas aussi évident qu'il en résulterait un changement dans les températures moyennes; mais une certaine égalisation des saisons serait déjà un fait trop remarquable, trop susceptible de modifier en tous lieux les phénomènes de la végétation, pour qu'il ne soit pas utile d'examiner si, depuis les temps historiques, cette égalisation n'a pas pu être amenée par quelque changement de forme et de position de l'orbite solaire. Un cercle qui fait le tour entier du firmament et qu'on appelle l'équateur céleste, sépare les constellations bo- réales des constellations australes. Plus une constellation est voisine du pôle austral, et plus, chez nous, est court le 2 8 SUR L'ÉTAT THERMOMÊTRIQUE temps qui s'écoule entre le moment de son lever et celui de son couclier. Le contraire arrive pour la moitié oppo- sée du ciel : les constellations qu'elle renferme se mon- trent au-dessus de nos horizons un nombre d'heures d'autant plus grand qu'elles occupent une région plus jboréale. Enfin, les constellations intermédiaires, celles que traverse l'équateur, sont visibles 12 'heures consécu- tives et disparaissent pendant les 12 heures suivantes. Le Soleil, dans sa marche annuelle apparente, se trouve pendant six mois dans les constellations australes; pendant six autres mois il est au nord de l'équateur. Per- sonne ne peut douter qu'à chaque époque de l'année, la durée du jour ne soit précisément égale au temps qui s'écoule entre le lever et le coucher de la constellation où le Soleil est alors parvenu, dont il semble faire partie et avec laquelle il participe au mouvement diurne du ciel. Le problème de savoir si les jours d'hiver, comparés aux jours d'été, sont maintenant plus ou moins inégaux qu'ils ne l'étaient il y a 2,000 ans, revient donc à rechercher si, dans ses excursions au nord et au midi de l'équateur, le Soleil s'est toujours arrêté aux mômes constellations, ou mieux encore aux mêmes étoiles. Mathématiquement parlant, il n'en est pas ainsi. Depuis les plus anciennes observations, les excursions boréales et australes de cet astre se renferment dans des limites de plus en plus res- serrées. Ajoutons, toutefois, que le changement annuel est excessivement petit; qu'en somme, au bout de 2,000 ans, il s'est à peine élevé à un quart de degré; qu'en d'autres termes, le Soleil, dans son excursion aus- trale, Dar exemple, s'arrête aujourd'hui pour commencer DU GLOBE TEHRliSTRE. 209 à remonter vers l'équatcur, lorsque le bord inférieur du disque est parvenu à l'étoile que le centre lui-même atteignait à l'origine de celte période de vingt siècles. Une variation aussi insignifiante n'a pu évidemment apporter de changement digne d'être remarqué, ni dans les durées comparatives des jours d'hiver et d'été, ni dans les phénomènes agronomiques ^. Le Soleil n'est pas toujours également éloigné de la Terre. Aujourd'hui sa moindre distance s'observe dans les premiers jours de janvier, et la plus grande six mois après, ou dans les premiers jours de juillet. Un jour vien- dra , au contraire, où le minimum arrivera en juillet et le maximum en janvier. Ici se présente donc cette question intéressante : un été, tel que celui de notre époque, qui correspond au maximum de la distance solaire, doit-il différer sensiblement d'un été avec lequel le minimum de cette distance coïnciderait ? Au premier coup d'œil tout le monde, je crois, répon- drait affirmativement ; car, entre le maximum et le mini- mum de distance du Soleil à la Terre, il y a une diffé- rence notable, une différence, en nombre rond, d'un trentième du total. Introduisons cependant dans le pro- blème la considération des vitesses, qui ne pourrait être légitimement négligée, et la solution sera l'opposé de ce que nous pensions d'abord. 1. Les géomètres ont découvert que la variation qui se remarquai dans lamplltude des oscillations annuelles du Soleil au nord et au midi de Téquateur est périodique; qu'après avoir diminué pendant un certain nombre de siècles, ces oscillations commenceront à croître, et ainsi de suite indéfiniment, sans jamais dépasser des limites fort resserrées. Vllf- V. 14 210 SIR LÉTAT TIl F.RMOMÉTRIQUE Le point de l'orbite où le Soleil se trouve le plus près de la Terre est en môme temps le point où cet astre se meut le p'us rapidement. La demi-orbite, ou si l'on aime mieux, les 180° compris entre les deux équinoxes de printemps et d'automne, seront donc parcourus dans le moins de temps possible, lorsqu'en allant de l'une des extrémités de cet arc à l'autre, le Soleil passera, vers le milieu de sa course de six mois, par le point de sa plus pelite distance. En résumé, l'hypothèse que nous ve- nons d'adopter donnerait, à raison d'un moindre éloi- gnement, un printemps et un été plus chauds qu'ils ne le sont aujourd'hui; à raison d'une plus grande vitesse, deux saisons en somme plus courtes d'environ sept jours. Eh bien, tout compte fait, la compensation est mathé- matiquement exacte! D'après cela, il serait superflu d'ajouter que le point de l'orbite du Soleil correspondant à la moindre distance à la Terre se déplace très-lente- ment, et que depuis les temps les plus reculés l'astre a toujours passé par ce point ou à la fin de l'automne, ou au commencement de l'hiver. Nous venons de reconnaître que les changements qui s'opèrent dans la position de l'orbite solaire n'ont pas pu modifier les climats terrestres. En est-il de même des variations que cette orbite éprouve dans sa forme? L'orbite apparente du Soleil, c'est-^-dire l'orbite réelle de la Terre, est actuellement une ellipse très-peu diffé- rente d'un cercle. Dans cette ellipse, le grand axe conserve perpétuelle- meiit la même longueur. L'excentricité, au contiaire, varie. DU GLOBE TERRESTRE. 211 L'invariabilité du grand axe d'une planète entrnîno, d'après une des lois de Kepler, l'invariabilité du temps de la révolution de cette planète autour du Soleil. Ainsi, quels que soient les changements d'excentricité de l'el- lipse terrestre , la longueur de l'année restera toujours constante. D'après ce résultat, le problème que nous avons en vue revient à celui-ci: la Terre, considérée dans son ensemble, recevra-t-elle du Soleil la même quantité de chaleur, soit qu'elle parcoure autour de cet astre, en 365 jours l//i, un cercle parfait ou une ellipse plus ou moins allongée, ayant toujours cependant un grand axe égal au diamètre du cercle? On peut entrevoir que la réponse h cette question sera négative, c'est-à-dire que la quantité totale de chaleur reçue par notre globe augmentera avec l'excentricité de l'ellipse, si l'on porte tout à coup, par la pensée, cette excentricité à l'extrême; si l'on amène l'orbite à être si resserrée que ses deux branches rasent presque la surface du Soleil ; si l'on force ainsi la Terre à aller toucher cet astre deux fois par an. Au surplus, un calcul exact donne la mesure de l'augmentation pour tous les cas; il nous apprend que la Terre doit recevoir annuellement du Soleil des quantités totales de chaleur inversement pro- portionnelles aux petits axes des orbites elliptiques à grand axe invariable dans lesquelles nous circulons successivement. Aujourd'hui l'excentricité de l'orbite terrestre dimi- nue; le petit axe, conséquemment, grandit; ainsi, la chaleur que nous recevons tous les ans du Soleil doit 512 SUR LETAT TURRMOMÉTRIQUE aller en s'affaiblissant. Ceci , à dire vrai , est une pure abstraction : la variation d'excentricité s'effectue si len- tement qu'il faudrait plus de 10,000 ans pour qu'elle occasionnât un changement mesurable au thermomètre dans la température de la Terre. Quand on ne remonte qu'aux temps historiques, l'influence de cette cause doit donc être entièrement négligée. Herschel, qui s'est occupé de ce problème dans l'es- poir d'y trouver l'explication de divers phénomènes géo- logiques, admet que la suite des siècles pourrait amener l'excentricité de l'orbite terrestre à la proportion de celle de la planète Pallas, c'est-à-dire à être les 25 centièmes du demi-grand axe. 11 est très-peu probable que dans ses changements périodiques , l'excentricité de notre orbite éprouve d'aussi énormes variations, et toutefois ces 25 centièmes n'accroîtraient que de i centième la moyenne radiation solaire annuelle! En résumé, une excentricité de 25 centièmes n'altérerait pas d'une ma- nière notable l'état thermométrique moyen du globe. 11 en résulterait seulement qu'à six mois d'intervalle , les plus grandes et les moindres distances du Soleil à la Terre, qui aujourd'hui dillèrent à peine d'un trentième, pourraient être dans le rapport de 5 à 3. A des dis- tances comparatives de 3 et 5 les intensités éclairantes et échauffantes du Soleil seraient entre elles à peu près comme 3 est à 1, Faisons maintenant coïncider l'intensité 3 avec les solstices d'été, c'est-à-dire pla- çons trois soleils sur nos têtes dans les mois de juillet et d'août, et nous nous formerons une idée exacte des cha- leurs excessives qu'on éprouverait dans certains jours , DU GLOBE TEf{RESTRn:. 213 si rexcentricité de notre orbite était de 25 centièmes. Au reste, je ne saurais trop le répéter, une pareille excentri- cité n'a probablement jamais eu lieu, et, dans tous les cas, on ne pourrait la trouver qu'en remontant dans le passé jusqu'à 15 ou 20 mille ans de l'époque actuelle. CHAPITRE Vlïl DES CLIMATS TERRESTRES TELS Qu'ON PEUT LES DÉUUIRB DES OBSERVATIONS FAITES DANS DIVERS SIÈCLES Nous venons de débarrasser, du moins quant aux phé- nomènes qui se manifestent à la surface, le problème des températures terrestres de plusieurs éléments qui l'au- raient grandement compliqué. Ainsi, la chaleur centrale ne saurait plus occasionner une variation sensible dans les climats, puisque son effet total à la surface ne surpasse pas maintenant un trentième de degré. La température de l'espace, quelques doutes que l'on puisse conserver encore sur la valeur que Fourier lui assigne, doit demeu- rer à très-peu près constante, si elle a pour cause, comme tout porte à le croire, le rayonnement stellaire. Les chan- gements de forme et de position de l'orbite terrestre sont ou mathématiquement sans action, ou bien leur influence est si minime qu'elle échapperait aux instruments les plus délicats. Pour expliquer les changements de climats, il ne nous reste donc plus que des circonstances locales ou quelque altération dans le pouvoir calorifique et lumineux du Soleil. Eh bien, de ces deux causes, l'une pourra en- core être éliminée. Tous les changements devront , en '214 SUR L'ÉTAT TllERMOMÉTRlQUE effet, être attribués aux travaux agricoles, au déboisoment des plaines et des montagnes, au dessèchement des ma- rais, etc., etc., si nous parvenons à prouver que le climat n'est devenu ni plus chaud ni plus froid, dans un lieu dont l'aspect physique n'a pas sensiblement varié depuis une longue suite de siècles. Renfermer ainsi, d'un seul coup, pour toute l'étendue de la Terre, les variations de climats, passées et futures, dans les limites des intlucnces naturellement fort bor- nées que les travaux des hommes peuvent exercer, serait un résultat météorologique d'une importance extrême. On me pardonnera donc, je l'espère, les détails minu- tieux dans lesquels je vais entrer. Une partie de ces détails, je m'empresse de le déclarer, a été prise dans les écrits de Schouw, voyageur danois égaleinent dis- tingué par des travaux de botanique et de météoro- logie. On remarquera que je devrai résoudre le problème que je me suis posé sans avoir recours à des chilTres certains, à des observations numériques. L'invention des thermomètres ne remonte guère qu'à l'année 1590; on doit même ajouter qu'avant 1700 ces instruments n'étaient ni exacts ni comparables. 11 est donc im- possible de déterminer avec précision , pour aucun lieu de la Terre , quelle était sa température à des époques très-reculées. Mais quand on voudra se borner h des limites, rechercher seulement, par exemple, si maintenant les hivers sont plus ou moins rigoureux que par le passé, si les étés sont plus chauds ou plus froids, on pourra suppléer aux observations directes, DU GLODI- TKnRRSTHI-:. 215 commo l'ont faitPilgram, Toaido, le professeur Pfniï, etc., en prenant dans divers auteurs les passages relatifs à l'état des récoltes et à plusieurs phénomènes naturels, tels que la congélation des rivières, des fleuves, des mers. CHAPITRE IX LA TEMPÉRATCRE MOYENNE DE LA PALESTINE NE PARAÎT PAS AVOIR CHANGÉ UEPLIS LE TEMPS DE MOÏSE Pour que le palmier fructifie, ou, plus exactement, pour que la datte mûrisse, il faut au moins un certain degré de température moyenne. D'un autre côté, la vigne ne peut pas être cultivée avec profit, elle cesse de donner des fruits propres à la fabrication du vin, dès que cette même tenjpérature moyenne dépasse un point du ther- momètre également déterminé. Or, la limite thermomé- trique en moins de la datte dilîère très-peu de la limite thermométrique en plus de la vigne ; si donc nous trou- vons qu'à deux époques difTérentes la datte et le raisin mûrissaient simultanément dans un lieu donné, nous pour- rons affirmer que dans l'intervalle le climat n'y a pas sensiblement changé. Venons maintenant à l'application : La ville de Jéricho s'appelait la ville des palmiers. La Bible parle des palmiers de Debora situés entre Rama et Bethel; de ceux qui longeaient le Jourdain, etc. Les Juifs mangeaient les dattes et les préparaient comme fruits secs ; ils en tiraient aussi une sorte de miel et de liqueur fermentée. Les monnaies hébraïques offrent des représen- tations distinctes de palmiers couverts de fruits. Pline, 216 SUH LtTAT THEMMOMl' TRIQUE Théophrastc, Tacite, Josèplic, Slrabon, etc., font égale- ment mention de bois de palmiers situes dans la Pales- tine. On ne peut donc pas douter que cet arbre ne lut cultivé fort en grand par les Juifs. Nous trouverons tout autant de documents sur la vigne, et ils nous apprendront qu'on la cultivait, non pas seule- ment pour en manger les raisins, mais aussi pour avoir du vin. Tout le monde se rappelle cette grappe que les envoyés de Moïse cueillirent dans la terre de Canaan et dont la grosseur était telle qu'il fallut deux hommes pour la porter. Dans vingt passages de la Bible il est question des vignobles de la Palestine. La fcte des Tabernacles se célébrait à la suite des vendanges. La Genèse parle des vins de Juda. On sait d'ailleurs que la vigne n'était pas seulement cultivée dans la partie nord et montueuse du pays, puisque la Bible fait souvent mention des vignes et du vin de la vallée d'Engaddi. Au besoin j'invoquerais encore le témoignage de Strabon et de Diodore, car l'un et l'autre vantent beaucoup les vignes de la Judée. J'ajouterais, enfin, que le raisin figurait comme symbole sur les monnaies hébraïques tout aussi fréquemment que le palmier. En résumé, il est bien établi que, dans les temps les plus reculés, on cultivait simultanément le palmier et la vigne au centre des vallées de la Palestine. Voyons maintenant quels degrés de chaleur la matura- tion de la datte et celle du raisin exigent. A Palerme, dont la température moyenne surpasse 17° centigrades, le dattier croît, mais son fruit ne mûrit pas. DU GLOBli TERRESTHE. 217 A Catanc, par une température moyenne de 18 à 19° centigrades, les dattes ne sont pas mangeables. A Alger, dont la température moyenne est d'environ 21°, les dattes mûrissent bien. Toutefois, elles sont in- conteslabiement meilleures dans Tinléricur du pays. En partant de ces données, nous pouvons affirmer qu'à Jérusalem, à une époque où Ton cultivait le dattier en grand dans les environs; à une époque où le fruit de cet arbre servait d'aliment à la population , la tempéra- turc moyenne n'était pas au-dessous de celle d'Alger, où la datte mûrit tout juste. Eh bien, c'est porter la tempé- rature de Jérusalem, ou à 21° centigrades ou à un nombre plus fort. Léopold de Buch place la limite méridionale de la vigne à l'île de Fer, dans les Canaries, dont la tempé- rature moyenne doit être entre 21° et 22° centigrades. Au Cuire et dans les environs, par une température moyeime de 22°, on trouve bien çà et là quelques ceps dans les jardins, mais pas de vigne proprement dite. A Abusheer, en Perse, dont la température moyenne ne surpasse certainement pas 23°, on ne peut, suivant Niebuhr, cultiver la vigne que dans des fossés ou à l'abri de l'action directe des rayons du Soleil. Nous venons de voir qu'en Palestine, dans les temps les plus reculés, la vigne était, au contraire, cultivée en grand; il faut donc admettre que la température moyenne de ce pays ne surpassait pas 22° centigrades. La culture du palmier nous apprenait, tout à l'heure, qu'on ne saurait prendre pour cette même température un nombre au-dessous de 21°. Ainsi, de simples phénomènes de 218 SUR L'ÉTAT Tll EUMOMÉTR IQUE végf'Iation nous amènent h caractériser par 21°. 5 du tlierniomètre centigrade le climat de la Palestine , au temps de Moïse, sans que l'incertitude paraisse devoir aller à un degré entier. La température moyenne de la Palestine, à combien s'élève-t-elle aujourd'hui? Les observations directes man- quent, malheureusement; mais nous pourrons y suppléer par des termes de comparaison pris en Egypte. La température moyenne du Caire est de 22°. Jéru- salem se li'ouve 2° plus au ncrd ; 2 degrés de latitude cor- respondent, sous ces climats, à une variation d'un demi à trois quarts de degré du thermomètre centigrade. La température moyenne de Jérusalem doit donc être peu supérieure à 21°. Pour les temps les plus reculés, nous trouvions les deux limites 21° et 22°, et pour moyenne 21°.5. Tout nous porte donc à reconnaître que 3,300 ans n'ont pas altéré d'une manière appréciable le climat de la Palestine. La constance de ce climat pourrait encore se conclure, quoique avec moins de précision, de plusieurs autres faits agronomiques. La culture du blé prouverait, par exemple, que la température moyenne ne surpassait pas 2/|. à 25° centi- grades. Les arbres à baume de Jéricho marqueraient, d'une autre part, comme limite inférieure de température 21 à 22°. Les Juifs célébraient jadis la fête des Tabernacles ou des vendanges en octobre. C'est à la fin de septembre ou DU GLOBE TERHESTRE. 219 au commencement d'octobre que l'on cueille aujourd'hui le rai.-in dans les environs de Jérusalem. Dans Tiintiquité, on faisait la moisson, en Palestine, du milieu d'avril à la fin de mai. Des voyageurs ont vu, de nos jours, l'orge parfaitement jaune , dans la partie méridionale du même pays, au milieu d'avril. Près d'Acre, il était mûr le 13 mai. On sait d'ailleurs qu'en Egypte, où la température est plus élevée, on coupe maintenant l'orge à la fin d'avril ou au commencement de mai. Il résulte de plusieurs passages de la Bible que la glace et la neige se montraient quelquefois en Palestine. Il en est de même aujourd'hui. On sentira pourquoi j'ai réuni, pour une seule région du globe, tant d'arguments concourant au même but , si l'on veut bien remarquer que la Palestine se présentait comme un des points de l'ancien continent qui devaient avoir le moins éprouvé les modifications particulières de climat dont on cherche la cause dans les défrichements, ou en général dans les travaux des hommes. Ainsi, la constance de température de ce pays devait, il faut le répéter, conduire à cette conséquence que trente-trois siècles n'avaient apporté aucun changement aux propriétés lumineuses ou calorifiques du Soleil. Or, la démonstration de cette proposition ne pouvait être appuyée sur trop de preuves, depuis qu'on a remarqué des étoiles, je devrais dire des soleils éloignés, dont la lumière diminue et finit même, h la longue, par disparaître totalement. 220 SUR L'ÉTAT TU ERMOMÉTRIQUE CHAPITRE X DIFFICULTÉS DE DÉFINIR LES ÉLÉMENTS CLniATOLOGIQOES DE BEAL'COCP DE LIEUX DANS LES TEMPS RECULÉS Les renseignements que nous avons trouves, dans les plus anciens auteurs, sur les produits agricoles de la Pa- lestine s'accordaient parfaitement entre eux. Les plantes étaient nettement définies; les localités exactement dési- gnées; la conséquence à laquelle nous sommes arrivés a donc toute la certitude désirable. Qui ne croirait que ce mode de discussion doit nous éclairer de même complète- ment sur l'antique climat de l'Egypte? Il n'en est rien cependant. Ce n'est pas que les renseignements manquent; mais leurs discordances ne permettent pas toujours d'en tirer un parti utile. Veut-on , par exemple, s'occuper de la vigne? Un passage d'Hérodote nous dira que les Égyptiens ne la cultivaient pas; tandis qu'Athénée nous vantera les vins d'Alexandrie. Désirez-vous savoir les limites australes de la culture de cette même plante? vous trouverez dans Théophraste une mention expresse de vignes croissant jusque près d'Éléphantine. Cette indica- tion, toutefois, sera sans utilité, car la question climato- logique se décide, non par les latitudes où la vigne végète, mais par celles où elle cesse de fructifier de ma- nière à pouvoir donner du vin, etc. Les documents rela- tifs aux palmiers ne sont guère plus concordants. Suivant Strabon, ces arbres étaient stériles, ou, du moins, ne donnaient pas de fruits mangeables à Alexandrie et près du Delta, Alors pourquoi toute la basse Egypte en était- DU GLOBE TEURHSTHE. 221 elle couverte? etc., etc. Nous devons donc ne pas tenir un bien grand compte d'anciens passages obscurs, fondes le plus souvent sur de simples ouï-dire, et nous nous appesantirons davantage sur les observations modernes qui peuvent d'une manière plus certaine définir les divers climats. Je désire qu'il soit de nouveau bien entendu que nous allons nous occuper de changements locaux, et sans avoir la pensée d'étendre, même à tout un royaume, ce que nous avons trouvé pour des points particuliers. Tout autre mode d'examen manquerait de cette netteté qu'on a le droit d'exiger aujourd'hui dans les discussions scientifiques. CHAPITRE XI DU CLIMAT DE LA CUINE M. Edouard Biot a présenté en 1841 à l'Académie des sciences un très-bon Mémoire intitulé : Recherches sur la température ancienne de la Chine. Dans ce Mémoire il a comparé pour une même zone de la Chine, dans les temps anciens et modernes, les plantes habituellement cultivées, l'époque de l'éducation des vers à soie, celle de l'arrivée et du départ des oiseaux voyageurs et diverses circonstances météorologiques. La parfaite identité de ces phénomènes, aux deux époques, lui a paru indiquer avec beaucoup de probabilité que la température de la zone qu'il a étudiée autour du 35*' parallèle n'a pas sen- siblement varié depuis la plus haute antiquité. M. E. Biot a extrait ses données, pour les temps modernes, principale- 222 SUR L'ÉTAT TIIEHMOM ÉTRIQUÉ ment des relations des mi!^sionnaircs et des voyageurs européens et, pour les temps anciens, des livres sacrés, le Chi-king et le C/wu-king, d'un ancien calendrier des llia et d'un chapitre de l'ancien livre Tcheou-chou. 11 a joint à son Mémoire la première traduction complète de ces anciens documents. CHAPITRE Xll DU CLIMAT DE l'ÉOYPTE Il est des plantes qui ne vivent qu'entre l'équateur et la latitude de l'Egypte. Dans ce nombre Théophraste cite les Mimosa inlolica. Ficus syramorus, Cordia myxa, Hypnanthcra moringa et Nymphœa lolus. L'Egypte est encore la région que ces plantes ne dépassent pas. Théophraste cite un palmier, le Crucifcra thebaica comme une plante de la haute Egypte. Ce palmier, de nos jours, ne se trouve pas non plus dans la basse Egypte. Théophraste et Pline rapportent que de leur temps l'olivier était cultivé dans la haute Egypte. De nos jours cet arbre ne s'étend pas jusqu'aux tropiques; la tempé- rature de la haute Egypte, il y a 1,500 ans, n'était donc pas supérieure à celle qu'on trouve aujourd'hui sous le tropique du Capricorne, ce qui implique qu'elle n'a pas diminué, car maintenant elle en dillère à peine en moins. Hàtons-nous d'ajouter que plusieurs passages des auteurs sont obscurs ou concernent des plantes qu'il est diflicile de reconnaître. DU GLOBE TERRESTRE. 223 CHAPITRE XTII ENVIRONS DE LA MER NOIRE RI. Schouw repousse les prétendus changements de climat des environs de la mer Noire, dont l'abbé Mann avait fait une peinture si exagérée. Hérodote rapporte que le détroit qui unit la mer Noire et la mer Assyrienne se gèle quelquefois. Strabon dit la même chose; suivant lui, on allait alors en traîneau de Phenagoras à Ponlicapa3um. Il ajoute que Néoptolème, ambassadeur de Mithridute, donna en hiver un combat de cavalerie, là oii six mois auparavant il avait eu à sou- tenir un combat naval. A cela M. Schouw répond que, suivant Pallas, le Bos- phore est maintenant couvert de glace, même dans des hivers modérés, aussi bien qu'une grande partie de la mer d'Azolf, surtout à cause des glaçons charriés par le Don ; que dans les hivers un peu rudes, des charrettes chargées le traversent, et que les glaces flottantes ne dis- paraissent, d'ordinaire, qu'au commencement de mai. CHAPITRE XIV CLIMAT DE LA GRÈCE La Grèce n'était pas anciennement plus chaude qu'au- jourd'hui. Les Grecs apportèrent le dattier [Cordia vnjxa) de Perse dans leur patrie. Suivant Théophraste il n'y donna 224 SUR L'ÉTAT THERMOMÉTRIQUE point de fruit. Le célèbre botaniste ajoute cependant qu'à l'île de Chypre la datte, sans mûrir complètement, était mangeable. La petite quantité de chaleur dont ce fruit aurait aujourd'hui besoin, pour arriver dans la môme île à une parfaite maturité, manquait donc aussi dans l'antiquité. CHAPITRE XV DD CLIMAT DES ENVIRONS DE ROME Thcophraste et Pline rapportent que les plaines, dans les environs de Rome, étaient couvertes de hêtres. La température moyenne la plus forte par laquelle ces arbres végètent bien ne surpasse pas 10° centigrades. La tem- pérature moyenne de Rome est maintenant de près de 15° et demi. S'il n'y a de méprise dans les deux auteurs que je viens de citer, ni sur la désignation de l'espèce d'arbre ni sur les localités, si c'est bien de la plaine et non des montagnes qu'ils ont voulu parler, l'ancien climat de Rome, comme on voit, se serait singulièrement amélioré avec la suite des temps. A une température légèrement inférieure à celle de Paris aurait succédé la température de Perpignan ! L'idée qu'il a pu se glisser quelque erreur dans les passages auxquels je viens de faire allusion est confirmée par cette circonstance que le second des deux auteurs nommés plus haut, après avoir parlé du hêtre, dit aussi que le laurier et le myrte croissent dans la plaine de Rome. Or, ceci suppose une température moyenne DU GLOBE TERUESTRE. 225 de 13 ou ili" centigrades au moins ^. Nous voilà mainte- nant ramenés h des nombres, et ce ne sont pourtant que des limites inférieures, beaucoup moins éloignés de la température actuelle. Ajoutons, avec Pline, que de son •temps, le laurier et le myrte prospéraient dans l'Italie moyenne, même à quelque élévation, sur le flanc des mon- tagnes. Remarquons ensuite que, d'après le témoignage de tous les voyageurs, ces plantes n'y dépassent pas aujourd'hui la hauteur de /lOO mètres (200 toises), et de ce rapprochement on pourra conclure, sans hésiter, que l'ancienne Rome ne devait pas être sensiblement plus froide que la Rome moderne. Était-elle plus chaude? Un passage de Pline le jeune me semble conduire à une réponse négative. Dans sa lettre à Apollinaire ( liv. v, lettre 6), cet auteur dit en parlant d'une campagne située en Toscane : « il y vient des lauriers. S'ils y meurent quelquefois, ce n'est pas plus souvent qu'aux environs de Rome. » Ainsi les lauriers 1. Ces limites de température ne sont vraies que pour les climats continentaux. Dans les îles, dans celles surtout où des vents d'ouest, presque constants , venant de la mer, rendent les hivers extrèine- ment tempérés, le myrte peut vivre par des températures moyennes fort au-dessous de 13" centigrades. Cette plante, par exemple, réus- sit à merveille sur les côtes de Glenarm, en Irlande, par 55' de latitude. Mais c'est qu'il y gèle à peine, c'est que l'hiver y est beaucoup plus doux qu'en Italie. Au reste, ce qu'on gagne pendant ](' froid, dans de semblables localités, on le perd avec usure ea été. Ainsi le raisin ne mûrit pas sur les côtes de Glenarm. Je renverrai les personnes qui désireraient étudier à fond les dissembhmces qu'ofTrent les régions continentales comparées aux régions mari- times, quant à la répartition par saisons d'une môme somm-- de chaleur annuelle, à l'excellent Mémoire de M. de Ilumboldt sur les ligues isothermes. VIII. -V. 15 226 SUR L'ÉTAT THERMOMÉTRIQUE mouraient quelquefois dans les environs de Rome; ainsi la température moyenne ordinaire de cette ville ne devait pas être bien éle,vée au-dessus de celle qui amène la mort des lauriers; ainsi elle ne pouvait pas surpasser de beaucoup le 13" degré du thermomètre centigrade. La végétation habituelle du laurier et du myrte nous annon- çait ili" au moins; la mort, par exception, des lauriers vient de nous donner un nombre peu élevé au-dessus de 13". Ces deux résultats se concilient parfaitement avec la supposition d'une température moyenne constante : car, je le répète, cette température est aujourd'hui de 15°. 5. Varron place la vendange entre le 21 septembre et le "23 octobre. Par une moyenne, on trouve aujourd'hui, dans les environs de Rome, le 2 octobre. Ces dates ne contrarient donc pas la conséquence que nous avons déduite de la culture du myrte et du laurier. Veut-on une nouvelle preuve que, dans l'antiquité, les plaines de la Romagne n'étaient pas aussi froides que certains auteurs l'ont prétendu , nous la trouverons dans deux passages intéressants de Virgile et de Pline le naturaliste. En s'élevant dans les Apennins à certaines hauteurs au-dessus de la mer, on trouve un grand nombre de beaux arbres qui ne pourraient pas supporter aujourd'hui la forte température des basses régions, et parmi lesquels je me contenterai de nommer le Pinus picea et le sapin ordinaire. Eh bien , dans les temps anciens, ces mêmes arbres ne descendaient pas non plus jusqu'aux plaines. ^Virgile et Pline citent même tous les deux les hautes mon- tagnes comme les seules localités où on les trouvait. DU GLOBE TERRESTRE. 227 Dans cette discussion, je m'empresse de le reconnaître, les données qu'il a fallu mettre en œuvre ont manqué, jusqu'à un certain point, de ce caractère particulier qui tout à l'heure nous a permis, pour la Palestine, de ren- fermer son antique température entre deux nombres presque égaux entre eux. Au reste, nous devons peu le regretter; car, si nous étions arrivé à constater, pour Rome, une différence de climat de 2 ou 3° du thermo- mètre centigrade, faute de données qui nous fissent con- naître, avec exactitude, l'état ancien du pays comparé à l'état actuel, nous n'aurions pas pu découvrir la cause du changement. CHAPITRE XYI CHANGEMENT DE CLIMAT EN TOSCANE Dans la lettre à Apollinaire, déjà citée page 225, Pline le jeune déclare que le climat de sa terre de Toscane ne convient ni aux myrtes ni aux oliviers. La maison de Pline ne se trouvait pourtant pas sur une hauteur ; il dit expressément qu'elle est située près de l'Apennin, au pied d'une colline, non loin du Tibre. C'est aux habitants de CittàdiCastello, l'ancienne Tiferne, à décider si, comme je le crois, le climat est maintenant plus tempéré que du temps de Pline. En tout cas, il sera bon d'avertir si les montagnes environnantes sont encore couvertes de bois très-hauts et très-anciens. Passons maintenant à la Toscane moderne. Aussitôt que Galilée eut employé le thermomètre, vers la fin du xvr siècle, les académiciens del Cimento firent 228 SUR L'ÉTAT THERMOMÉTRIQUE construire un grand nombre de ces instruments, parfai- tement semblables entre eux. Ces thermomètres, envoyés dans diverses villes d'Italie, servirent à des observations météorologiques simultanées. En même temps, le grand- duc de Toscane, Ferdinand 11, chargeait les moines des principaux couvents situés dans ses États de s'associer à ces intéressantes recherches. La masse énorme de do- cuments qu'on avait ainsi recueillis fut dispersée à l'épo- que où, pour obtenir le chapeau de cardinal , le prince Léopold de Médicis sacrifia l'Académie del Cimento aux ressentiments de la cour de Rome. Quelques volumes seulement échappèrent, comme par miracle, au vandalisme des agents de l'inquisition. Dans le nombre se trouvait une partie des observations ther- mométriques faites par le père Raineri , au couvent des Angeli de Florence. Ces observations, comparées à celles des météorologistes modernes , semblaient destinées , à cause de leur ancienneté , à jeter quelque jour sur la question des changements de climat. Malheureusement, les thermomètres des académiciens del Cimento n'avaient pas de terme fixe, et diverses tentatives destinées à éta- blir la concordance des degrés de ces instruments avec ceux des thermomètres de Réaumur et de Fahrenheit, laissaient beaucoup à désirer. Le problème en était à ce point lorsque, en 1828, on fit à Florence la découverte d'une caisse qui, parmi beaucoup d'autres anciens instruments, renfermait un grand nombre de thermomètres de l'Académie del Cimento , divisés en 50 parties. M. Guillaume Libri à qui ils furent confiés, commença par s'assurer qu'ils DU GLOBE TliURESTRE. ^>29 marchaient tous d'accord entre eux. Ensuite, à l'aide de plus de deux cents observations comparatives, il rapporta leur échelle à celle des thermomètres actuellement en usage. M. Libri trouva, par exemple, de cette manière, que le zéro, sur l'échelle del Gimento , correspond à — 15° de l'échelle de Réaumur; que le 50* degré de la première est identique avec le lik' de la seconde; que dans la glace fondante le thermomètre del Gimento marque 13°.5, etc. Muni de ces résultats, M. Libri a pris , dans les seize années qu'embrassent les registres retrouvés du père Rai- neri, les maxima et les minima de chaque mois, et il les a placés en regard des déterminations analogues que lui ont fournies les observations faites depuis 1820 à l'Ob- servatoire des Écoles Pies de Florence. Ce tableau l'a conduit à l'importante conséquence que le déboisement des montagnes, opéré depuis une soixantaine d'années , n'a 'amené, en Toscane, contre une opinion presque générale, aucune diminution sensible de température. Au XVI* siècle, en effet, les Apennins étaient couverts de forêts, et cependant, dans l'espace de quinze années (de 1655 à 1670), le père Raineri vit son thermomètre : une année à — 5° centigrades; une autre année à — 5°. 6; une troisième à — 9°./j. ; une quatrième année , enfin , à — 12°. 9; froids excessifs et qui n'ont pas même été atteints dans l'hiver extraordinaire de 1829-1830. Dans la table de M. Libri , la colonne des maxima de température me semble offrir une conséquence tout aussi capitale. Il en résulte nettement, je crois, qu'au xvi* siècle, les étés en Toscane étaient plus chauds qu aujour- 230 SUR L'ÉTAT THERMOMÉTRIQUE d' liai. Les observations de Raineri présentent, en effet, cinq maxima de 37". 5 centigrades; deux de 38M et an de 38°. 7. De 1821 à 1830 le thermomètre ne s'est élevé à Florence à 37°. 5 qu'mie seule fois. Ainsi, hivers moins froids, étés moins chauds, telle est la modification de climat que la Toscane paraît avoir subie. Il resterait à chercher si les observations de Raineri confirment le résultat précédent, non plus seulement à l'aide des degrés extrêmes de chaleur et de froid, mais encore par l'ensemble des températures de chaque mois, je veux dire par ce qu'on appelle, très -justement, les températures moyennes. CHAPITRE XVII SUR LE CLIMAT DE PARIS AU TEMPS DE JULIEN Les passages suivants sont tirés du Mîsopogon : « J'étais une année (vers l'an 358) en quartiers d'hiver dans ma chère Lutèce (car c'est ainsi que les Gaulois appellent la ville des Parisiens) qui occupe une île d'une petite étendue, située au milieu du fieuve qui lui sert de rempart de tous côtés. Des ponts de bois sur chaque rive conduisent à la ville, et rarement le fleuve s'accroît et s'abaisse; mais, tel il est en été, tel il est ordinairement en hiver. » «... L'hiver dans cette contrée est très-doux, ce qu'on attribue à la chaleur de l'Océan, qui n'en est pas éloigné de plus de quatre-vingt-dix stades , et peut-être quelque DU GLOBE TliUUESTHE. 231 légère émanation tempérée s'en exhale. Il semble, en effet, que Teau de la mer est plus chaude que Teau douce. Soit donc pour cette cause, soit pour toute autre à moi inconnue, Thiver, pour les habitants de ce pays, est très- mitigé. Aussi produit-il d'excellentes vignes et même on a trouvé depuis quelque temps l'art d'élever des figuiers, en les revêtant pendant l'hiver avec des enveloppes de paille de froment, qui leur servent pour ainsi dire d'ha- billements , ou avec d'autres objets de même espèce que l'on sait propres à défendre les arbres des injures du ciel. y> « L'hiver était donc à cette époque plus rigoureux qu'à l'ordinaire, et le fleuve charriait pour ainsi dire des plaques de marbre qui semblaient prêtes à joindre les deux rives et à faire comme un pont au- dessus. » CHAPITRE XVIII CHANGEMEMS DE CLIMAT DE QUELQUES PARTIES DE LA FRANCE Les documents agronomiques que je vais mettre sous les yeux des lecteurs me paraissent établir que , dans certaines régions de la France , les étés sont aujourd'hui moins chauds qu'ils ne l'étaient anciennement. Plusieurs anciennes familles du Vivarais ont conservé, dans leurs titres de propriété, des feuilles cadastrales qui remontent à l'année 1561. Ces feuilles indiquent l'exis- tence de vignes productives , dans des terrains élevés de plus de 300 toises au-dessus du niveau de la mer, et où, maintenant, pas un seul raisin ne mûrit, mêuic dans les 232 SUR L'ÉTAT THERMOMÊTRIQUE expositions les plus favorables. Pour expliquer ce fait, il faut admettre qu'en Vivarais, les étés, jadis, étaient plus chauds qu'ils ne le sont aujourd'hui. Cette conséquence est confirmée, quant à la partie du même pays où la vigne est encore cultivée, par un docu- ment également démonstratif, mais d'une nature diffé- rente. Avant la révolution, il y avait dans le Vivarais un très- grand nombre de rentes foncières en vin, établies dans le xvr siècle. Le plus grand nombre de ces rentes devaient être payées en vin du premier trait de la cuve. Il était stipulé, pour d'autres, qu'elles seraient prises dans les tonneaux au choix du seigneur. Le terme de ce paiement était fixé (je tiens compte de la réforme grégorienne du calendrier) au 8 octobre. Les actes en question prouvent donc que, le 8 octobre, le vin était dans les tonneaux, ou du moins dans la cuve, au point d'être tiré. Or le minimum de temps qu'on laisse le vin dans la cuve avant de le tirer, c'est huit jours. Au xvi* siècle, la vendange devait donc être finie, en Vivarais, dans les derniers jours de septembre. Maintenant c'est du 8 au 20 octobre qu'on la fait. Un habitant du pays affirme qu'il ne l'a jamais vu commencer avant le k octobre. Ces documents sont muets quant à la durée et à la rigueur des hivers ; mais, je le répète, ils paraissent établir (ju'au XVI' siècle, par le 45^ degré et sur les rives du Rhône, les étés devaient être plus chauds qu'ils ne lo sont maintenant. On lit dans l'Histoire de Maçon qu'en 1552 ou 1553 les huguenots se retirèrent à Lancié (village situé tout DU GLOBE TERRESTRE. 233 près de cette ville), et qu'ils y burent le vin muscat du pays. Le raisin muscat ne mûrit pas assez maintenant dans le Maçonnais pour qu'on puisse en faire du vin. L'empereur Julien faisait servir à sa table du vin de Surène. La réputation du vin de Surène est aujourd'hui proverbiale, mais tout le monde sait dans quel sens. Au reste, je n'attache pas à ce dernier rapprochement plus d'importance qu'il ne mérite. La qualité du vin dépend trop en effet de la nature du plant et des soins du cultiva- teur, pour qu'elle puisse fournir des arguments sans réplique dans la question des changements de climat. On trouve, dans une vieille charte citée par M. Cape- figue, que Philippe-Auguste ayant voulu choisir parmi tous les vins d'Europe celui qui ferait sa boisson habi- tuelle, les vignerons d'Étampes et de Beauvais se présen- tèrent au concours. La charte ajoute, il est vrai, qu'on les rejeta; mais peut-on supposer qu'ils auraient eu la hardiesse de se présenter si leurs vins avaient été aussi peu potables que le sont, à notre époque, tous ceux du département de l'Oise ? Ce département marque aujour- d'hui la limite septentrionale en France de la culture de la vigne. Le Compte rendu de l'administration des contributions indirectes pour 1830 porte, en effet, qu'il ne s'est pas récolté de vin dans le département de la Somme. Or, ce n'est pas dans la région où une culture est à peine possible qu'on a jamais pu obtenir des pro- duits passables. Lorsque l'empereur Probus permit aux Espagnols et aux Gaulois de planter des vignes, il accorda la même faveur aux habitants de l'Angleterre. La faveur aurait été 834 SUR L'ÉTAT TIIERMOMÉTRIQUE une véritable dérision, si dans ce temps-là la vigne n'avait pas fructifié de l'autre côté de la Manche, De vieilles chroniques nous apprennent d'ailleurs qu'à une certaine époque la vigne était cultivée en plein champ dans une grande partie de l'Angleterre et qu'on y récol- tait du vin. Maintenant les soins les plus assidus, une exposition méridionale et complètement abritée des vents froids, un espalier, suffisent à peine pour amener quel- ques petites grappes à une entière maturité. Voilà, ce me semble, de quoi convaincre les plus incré- dules qu'avec la suite des temps, les étés ont perdu, en France et en Angleterre, une partie notable de leur cha- leur. 11 nous reste maintenant à chercher la cause de cet inquiétant phénomène. Cette cause n'est pas évidemment dans le Soleil : la constance de température de la Palestine est là pour le prouver. Quelques physiciens croient la trouver dans une extension inusitée des glaces du pôle arctique ; dans un mouvement général qui, après avoir entraîné ces glaces de plusieurs degrés vers le sud, les aurait soudées à la côte du Groenland. Il est certain que la côte orientale du Groenland (Green-land, contrée verte) était libre de glaces lors- qu'elle fut découverte vers la fin du x^ siècle^, par un navi- gateur islandais; que des Norvégiens s'y établirent; qu'en 1120 la colonie était nombreuse, florissante ; qu'elle faisait un commerce considérable avec la Norvège et l'Islande. On sait aussi qu'en 1408, lorsque l'évêque Andrew ( c'était le dix-septième depuis la colonisation ) allait prendre possession de son siège, il trouva la côte DU GLOBE TERRESTRE. 235 entièrement bloquée par les glaces et ne put pas aborder. Cet état de choses persista, avec quelques variations, jus- qu'en 1813 ou 18l/|. Alors une immense débâcle eut lieu, et la côte orientale du Groenland devint de nouveau libre. La détérioration des climats de l'Europe aurait donc tenu à l'existence permanente d'une vaste plaine de glace qui, en latitude, se serait étendue depuis le cap Farewell jusqu'au cercle polaire arctique. Je renverserai cette explication de fond en comble, en faisant remarquer que les documents sur lesquels je me suis appuyé pour prouver qu'en Vivarais et en Bourgogne les chaleurs étaient jadis très-fortes ; que ces documents, dis-je, sont d'environ un siècle et demi postérieurs à la date de la formation de la plaine de glace groenlandaise. J'ajouterai que la débâcle, à peu près complète, que ces glaces ont éprouvée en ISlZi n'a occasionné, dans nos climats, ni de ces changements notables que les phéno- mènes agricoles révéleraient à tout le monde, ni même aucune des légères modifications dont les seuls instru- ments météorologiques pourraient avertir les physiciens. Voyons, maintenant, si la cause cherchée de la varia- tion de nos climats n'est pas près de nous; si cette variation ne dépendrait point exclusivement des travaux que les besoins et les caprices d'une population sans cesse croissante ont fait exécuter sur mille points du territoire. L'ancienne France, comparée à la France actuelle, nous offrirait une étendue de forets incomparablement plus grande; des montagnes presque toutes boisées ; des lacs intérieurs, des étangs, des marécages sans nombre ; des rivières dont aucune digue artificielle n'empochait le 236 SUR LÉTAT TllERMOMÉTRIQUE débordement; d'immenses terrains que les instruments aratoires ne sillonnaient jamais, etc., etc. Ainsi, le déboi- sement, la formation de larges clairières dans les forets conservées; la disparition h peu près complète des eaux stagnantes ; le défrichement de vastes plaines qui devaient peu différer des steppes de TAsie ou de l'Amérique, telles sont les principales modifications que la surface de la France a subies dans l'intervalle de quelques centaines d'années. Or, ces mêmes modifications, il est un pays qui les éprouve aujourd'hui. Elles s'y développent sous les yeux d'une population éclairée; elles y «narchent avec une étonnante rapidité ; elles y doivent, en ('quelque sorte, amener, coup sur coup, les changements météorologiques que plusieurs siècles ont à peine suffi à rendre évidents dans notre vieille Europe. Ce pays, tout le monde l'a déjà nommé, c'est l'Amérique du nord. Voyons donc comment les défrichements y changent le climat. Les résultats pourront évidemment être appliqués à l'ancien état de nos contrées, et nous nous trouverons ainsi dispensés des considérations à priori qm, dans une matière aussi com- pliquée, nous auraient probablement égarés. Sur toute l'étendue de l'Amérique du nord, on s'accorde à reconnaître que le défrichement a modifié le climat; que cette modification devient de plus en p'us manifeste ; que les hivers sont aujourd'hui moins rudes et les étés moins chauds; en d'autres term.es, que les extrêmes des températures observées en janvier et juillet se rapprochent d'année en année. Comparons ces résultats à ceux qui découlent de la discussion précédente. Pour Florence, l'identité saute DU GLOBK TERIinSTKE. 237 aux yeux. Dans le centre et dans le nord de la France, nous voyons, comme les Américains, que les étés sont devenus moins chauds. Peut-être aussi, suivant Topinion générale, les hivers étaient-ils jadis plus froids; mais nous n'avons pas trouvé que cette grande rigueur des anciens hivers fût prouvée. En tout cas, rien, comme on le voit, ne contrarie l'opinion qu'en Europe le changement de climat doive être exclusivement attribué aux défriche- ments. Les Américains ont aussi reconnu une modification marquée dans les vents qui soufflent sur leurs côtes. (Voyez les ouvrages de Williams et de Jeflérson.) L'an- cienne prédominance des vents d'ouest paraît diminuer ^ Les vents d'est, devenus plus fréquents, pénètrent aussi, par degrés, plus avant dans le pays. De moindres froids, de moindres chaleurs, tel a été, aux États-Unis, l'elTet du déboisement. Mais cela ne dit point si la température moyenne y a été altérée. Le bénéfice des hivers pourrait, en effet, y compenser la perte des étés. 11 est cependant probable que celte com- pensation n'a pas lieu ; car, parmi la multitude d'impor- tants résultats que M. Boussingault a recueillis pendant son séjour dans l'Amérique du sud, on trouve un tableau d'observations de températures moyennes de la zone 1. Si quelqu'un pouvait douter de l'immense prédominance des vents d'ouest dans l'océan Atlantique, je lui citerais le fait suivant qui me semble démonstratif : Par une moyenne de six années, les paquebots qui marchent de l'est à l'ouest, c'est-à-dire qui se rendent de Liverpool à .New-York, emploient pour faire la traversée, 60 jours; les mêmes navires re- viennent en 23 jours. 238 SUR L'ÉTAT THERMOMÉTRIQUE équatoriale, où l'on voit, sans exception, les plus petits nombres correspondre aux régions boisées. Il est donc probable qu'en mjème temps, pour me servir de l'expres- sion de Buffon, que le climat américain devient moins excessif, sa température moyenne s'accroît. Il ne sera peut-être pas inutile d'ajouter ici quelques mots, pour répondre aux physiciens qui refusent de voir dans les opérations de l'industrie humaine, je veux dire dans des travaux qui , véritablement entament à peine l'épiderme de notre globe, la cause suffisante d'un chan- gement sensible de climat. Je me bornerai, au surplus, à indiquer diverses localités, lesquelles, à raison d'une colline favorablement placée relativement aux vents do- minants, de quelques plis du terrain, ou de circonstances tellement peu saillantes qu'on ne pourrait pas les citer, jouissent d'un climat exceptionnel. Middelbourg, dont la latitude est de près d'un degré plus petite que celle d'Amsterdam, devrait avoir une tem- pérature moyenne plus forte d'un demi-degré : elle est plus faible de plus de deux. La ville de Bruxelles elle- même n'a pas une température moyenne aussi élevée qu'Amsterdam, quoiqu'elle soit à 1° 31' plus au sud. En Angleterre, dans le Devonshire, la ville de Sal- combe jouit d'un climat tellement extraordinaire, qu'on l'appelle le Montpellier du nord. Marseille est de plus d'un degré au sud de Gênes. La température moyenne de cette dernière ville semblerait donc devoir être d'un demi-degré centigrade plus faible que celle de Marseille : elle est, au contraire, d'un degré plus forte. DU GLOBI-: TERRESTRE. 239 Il ne faut pas s'étonner que Marseille, ville maritime, ait un climat plus tempéré qu'Avignon, situé un peu plus au nord et dans l'intérieur des terres; que les hivers y soient sensiblement moins froids, et les étés sensiblement moins chauds; mais quelle est la cause qui rend la tem- pérature moyenne de Marseille plus faible que celle d'Avi- gnon? Rome et Perpignan ont exactement la même tempéra- ture moyenne, quoique Rome soit d'un degré plus au sud. Si j'en demandais la raison, on me parlerait sans doute des Apennins. Mais Perpignan n'est-il pas au pied des Pyrénées? Je ne pousserai pas plus loin ces citations. Je sais très- bien qu'on pourrait puiser des explications plausibles de plusieurs des anomalies qu'elles signalent, dans la confi- guration des contrées oi^i se trouvent les différentes villes que j'ai nommées; mais la question n'est pas là : ce que je disais, ce que je puis soutenir encore, c'est que les causes présumées de ces anomalies sont peu remarqua- bles; c'est qu'un examen attentif des localités n'aurait pas fait deviner de quelle nature serait leur influence, dans quel sens elle s'exercerait. CHAPITRE XIX OBSERVATIONS PROUVANT QUE l'aNCIEN CLIMAT SE MAINTIENT DANS CNE PARTIE DES GALLES Strabon présente la ligne des Gévennes, dans la Gaule narbonnaise, comme la Umite septentrionale où le froid arj'éte les oliviers. Dans la carte de la Flore française de 240 SUR L'ÉTAT TUERMOMÉTRIQUE De Gandolle, cette limite est aujourd'hui à la même place. Le passage de Slrabon est ainsi conçu : « La Gaule Narboniiaise produit les mêmes fruits que ritalie; mais quand on s'avance au nord, vers les Cé- vennes, l'olivier et le figuier disparaissent : tout le reste y croît. 11 en est de môme de la vigne, dont le fruit vient difficilement à maturité , quand on s'avance au delà de la Narbonnaise. » (Strabon, liv. iv.) Voici quelques nouvelles citations dont je suis rede- vable à M. Letronne, et qui se rapportent à des époques plus reculées encore que celles dont il a été question plus haut : « Trouverions- nous une fertilité semblable (c'est-à- dire à celle de l'Asie et de la Bactriane), près du Borys- thène (Dnieper) et sur les côtes de la Gaule baignées par l'Océan, dans ces contrées où la vigne ne peut croî- tre, ou du moins ne porte pas de fruit? Sur des côtes plus méridionales ^ et vers le Bosphore 2, si elle donne du raisin, il est fort petit : encore, durant l'hiver, a-t-elle besoin d'être enfouie. Et là même, je veux dire à l'em- bouchure du Palus Méotide, les gelées sont si fortes, qu'en hiver un des généraux de Mithridate y défit des Barbares, précisément où, en été, ils furent vaincus dans un combat navaP. » (Strabon, liv. 11, p. 73, fin du texte; t. I, p. 193 de la traduction française.) Ce passage de Diodore de Sicile montrerait que la Gaule 1. Celles de Crimée. 2. Le détroit de Caffa. 3. L'époque de ce fait n'est pas connue avec précision. 11 appar- tient au premier siècle avant notre ère. DU GLOBE TERRESTRE. 241 était alors un pays aussi froid que le nord de l'Allemagne, a La Gaule est un pays excessivement froid, où les hivers sont très-rigoureux ; car, dans cette saison, loi's- que le temps est brumeux, la neige tombe en abondance, au lieu de pluie, et quand le temps est clair, tout se couvre de frimas et de glace; les rivières se gèlent, et la glace tient lieu de pont pour les traverser : non-seule- ment elles peuvent supporter alors des piétons en petit nombre, mais des armées nombreuses, avec leurs chariots remplis de bagages, peuvent les traverser sans crainte. i> (Diodore, liv. v, § 25.) CHAPITRE XX CONSÉQUENCES TIRÉES DE L'0BSERVATI0.\ DES NEIGES DE QUELQUES MONTAGNES Dans la séance du 30 novembre 1836, j'ai fait remar- quer au Bureau des longitudes que les sommets de l'O- lympe de Bithynie et du Monte-Rotondo, en Corse, sont dans des conditions très-propres à faire décider cette question : les températures ont- elles varié depuis les temps anciens? En effet, le sommet de l'Olympe comme celui du Monte-Rotondo sont à la limite des neiges perpé- tuelles, et il semble que la neige ne s'y conserve que dans les anfractuosités ; or, un abaissement de tempéra- ture de 1° ferait que, dans une hauteur de 180 mètres environ, la neige se conserverait toute l'année. viii. — V. 16 242 SUR L'ÉTAT TllERMOMÉTRlQUE CHAPITRE XXI CLIMAT DES ILES DRITANMQUES Le journal de l'instilulion royale pour 1816 renferme une dissertation destinée à montrer, d'après des docu- ments historiques, qu'en quelques siècles le climat des îles Britanniques a éprouvé une détérioration sensible. On trouve, dit-on, dans de vieilles chroniques, la preuve que la vigne, à une certaine époque, était cultivée en plein champ en Angleterre, et qu'on y recueillait du vin. Maintenant les soins les plus assidus, une exposition méridionale et complètement abritée des vents froids, un espalier, suffisent à peine pour conduire quelques petites grappes à maturité. Le pommier même menace de dé- serter les vergers où jadis fleurissait la vigne. 11 est triste, dit l'auteur à qui nous empruntons ces détails, de penser qu'un jour notre postérité sera privée de cidre, comme nous le sommes de vin, et que la pomme ne mûrira plus alors dans des serres chaudes, que pour décorer la table du riche. CHAPITRE XXII VARIATIONS DD CLIMAT DU GROENLAND Le Groenland [Grecn-land, terre verte) offre l'exemple le plus frappant qu'on puisse citer de la détérioration des climats septentrionaux. Les Islandais qui, les premiers, visitèrent cette contrée, lui donnèrent, à ce qu'il paraît, DU GLOBE TERRESTRE. 243 le nom qu'elle porte, à cause de l'aspect verdoyant de ses côtes. Des colonies nombreuses s'y établirent et faisaient encore, dans le commencement du xv* siècle, un com- merce très-animé avec la Norvège; mais à partir de cette époque, toutes les communications ont cessé. Les glaces, en s'accumulant d'année en année sur la côte orientale, ont empêché les bâtiments d'y aborder. Aussi l'existence même du vieux Groenland était naguère ran- gée au nombre des fables. Cependant, en 18iC, des pêcheurs de baleines s'étant aperçus que deux cents lieues carrées de glace avaient disparu, dirigèrent leur course à l'ouest et reconnurent le vieux Groenland. On assure même, dans des relations danoises, que des navigateurs de celte nation y ont abordé de nouveau. Cette débâcle extraordinaire et subite paraît s'être étendue fort avant vers le pôle nord, car dans l'au- tomne de 1816, des navigateurs ont rencontré d'immenses îles de glaces flottantes qui n'étaient pas encore fondues, quoique les courants les eussent déjà entraînées jusque près des tropiques. Les expéditions scientifiques envoyées postérieurement vers le pôle nord ont fourni des notions précises sur cette dislocation des glaces des mers polaires *. Des courants d'eau chaude qui sillonnent les mers arctiques et luttent avec les froids permanents du pôle nord expliquent les modifications séculaires présentées par les climats les plus septentrionaux. 1. Voir t. IX des Œuvres, Instructions, Rapports et Notices sur les Voyages scientifiques, p. llo ù 133. 2U SUR L'ÉTAT TIIEUMOMÉTRIQUE CHAPITRE XXIIT DES HIVERS QUI ONT AMENÉ LA CONGÉLATION DES GRANDS FLEUVES Nous venons de citer des preuves de la détérioration des climats de quelques points isolés de l'Europe, mais nous avons pu également démontrer que les climats d'au- tres points n'ont subi aucun changement notable depuis les époques les plus reculées. Veut-on maintenant que nous suivions Daines, Barrington et plusieurs autres physiciens, dans les efforts qu'ils ont faits pour prouver que la suite des siècles a considérablement détérioré le climat de l'Europe tout entière et celui de quelques points de l'Asie? Désire-t-on qu'à l'exemple de ces auteurs, nous procédions par cas exceptionnels, par phénomènes extraordinaires? Eh bien, des phénomènes extraordinai- res analogues et beaucoup plus modernes se présenteront à nous en foule. Lisez , nous dit-on , Diodore de Sicile , et vous saurez que jadis, dans les Gaules, les fleuves étaient souvent gelés pendant l'hiver ; que les soldats à pied et à cheval, que les chariots, les plus lourds équipages, les traver- saient sur la glace sans aucun risque. Le fameux pont de Trajan , sur le Danube , était des- tiné, suivant Dion Cassius, à rendre en hiver le passage de ce fleuve facile « quand le froid n'avait pas congelé ses eaux ». Hérodien nous parle de soldats qui, au lieu d'aller avec des cruches chercher de l'eau sur les bords du Rhin , se munissaient de cognées et coupaient des DU GLOBE TERRESTRE. 245 morceaux de glace qu'ils emportaient au camp, etc., etc. Que conclure de ces passages? Rien autre chose, si ce n'est qu'au temps des Romains, les fleuves de France, que le Rhin, que le Danube, se gelaient quelquefois com- plètement. Or, voici une table qui nous montrera , à des époques bien postérieures, d'une part, ces mêmes fleuves, de l'autre , le Pô et l'Adriatique, le Rhône et la Méditer- ranée elle-même, fréquemment gelés. 11 est bien entendu que les faits déjà mentionnés dans le texte doivent se retrouver répétés dans cette première table relative aux congélations des rivières et dans celle que je donnerai plus loin pour les hivers rigoureux ou mémorables. Dans mes Notices de 1825 et de 1834 sur l'état thermométrique du globe terrestre , je n'avais pu embrasser tous les faits constatés par les historiens. Je dois dire que l'état de ma vue m'a forcé de recourir à M. Rarral pour rendre ces tables aussi complètes et aussi exactes que le comporte l'état actuel de la science. 396 avant notre ère. Tite-Live rapporte (lib. V, c. 13) que la na- vigation du Tibre a été interrompue par le froid. 271. Le Tibre fut glacé à une grande profondeur. [Histoire ro- maine de Catrou et Rouillé, t. YI, p. 239.) Vers 66. Une bataille est livrée sur la glace, à l'embouchure du Palus Méotide (nord de la mer Koire) par un des généraux de Mithridate. I" siècle de notre ère. Juvénal cite la congélation du Tibre comme un événement qui arrivait fréquemment de son temps. 299. Lorsque, sous le règne de Dioctétien, Constance Chlore, depuis empereur, faisait la guerre aux nations germaniques, une quantité immense de Germains passait le Rhin sur la glace pour pénétrer dans l'île des Bataves. (Crevier, Hidoire des empereurs romains^ liv. XXVIII, t. II, p. 251.) 246 SUR L'flTAT THF RMOMÉTRIQUR .'jOO. I.a mer Noire gela entièrement. Le Rliônc fut pris dans toute sa largeur. 4fi2. I,e Danube pela, et TlK'odomer le traversa sur la place avec son armée pour aller en Souabe venger la mort de son frère. Le Var gela également. 5i7. « En ce temps-là fut [ dans les Gaules ) si grande froidure que lesyaues portoient les gens. » ( Chroniques de Saint-Denys. ) 559. Le Danube fut gelé dans cet hiver. [ Collection hijzantine. ) 763. La mer Noire et le détroit des Dardanelles furent gelés. [Hïstorix miscellx. lib. XX.) 801. Le Pont-Euxin fut entièrement obstrué par les glaces. ; .In- nnlcs de Fui de. ) 822. Des chariots pesamment chargés traversèrent sur la glace le Danube, le Rhin, l'Elbe et la Seine pendant plus d'un mois. Le Rhône, le Pô, l'Adriatique et plusieurs ports de la .Méditerranée gelèrent. (Eginhard, Annales.) 829. L'année où le patriarche jacobite d'Antioche, Den3's de Tel- mahre, alla avec le calife Al-Mamoun en lîgypte, Ils trouvèrent le Nil gelé. ( Abd-Allatif , traduit par S. de Sacy, p. 505.) 8'j9. La Seine est gelée en sorte que le peuple y passe comme sur un pont ( Chronique de Saint-Fandrille , de Rouen. ) 860. L'Adriatique gela de telle sorte que l'on pouvait aller à pied de la terre ferme à Venise. Le Rhône gela é:,'alenient [Annales de Fulde et autres. ; 87'i. Le Rhin et la Meuse restèrent gelés pendant longtemps et praticables aux piétons. ( Annales de Fulde.) 880. Le Rhin et la .Meu.se furent pendant longtemps traversés sur la glace. ( Annales de Fulde. ) 891. La Meuse est prise. 893. Le Rhône gèle. 1009. Les fleuves furent congelés dans une partie de l'Italie. 1069. Les fleuves gelèrent dans le nord de l'Allemagne. 107i. L'hiver est tellement rude que tous les fleuves en Flandre et en Allemagne sont complètement gelés. (Lambert de Schaf- naburg et Martin de Tournai. ) 1076-1077. Le Rhin est pris depuis la Saint-Martin fil novembre) DU GLOBE TERRESTRE. 247 jusqu'au commencement d'avril ; on le traverse sur la glace. (L. de Schafnaburg et Annales brunwilarenses. ) 1079. En Italie le Calore est gelé près de Bénévent de manière à être traversé sans péril par les piétons. {Annales beneventani.) 1082. Le Pô gèle complètement en décembre. 1124. Le Rhin gelé est traversé par les piétons. {Ann. brimioîlar.) 1133. Le Pô était pris depuis Crémone jusqu'à la mer; on traver- sait le Rhône sur la glace. llZi3. La Tamise gelée fut traversée à pied. ( Chronicon Trivettî.) 1149. La mer gela sur les côtes de la Hollande. 1216. Le Pô et le Rhône gelèrent jusqu'à une grande profondeur. 1218. De grands fleuves, et surtout la Seine et la Loire, sont gelés et on les traverse sur la glace. ( Guillaume de Bretagne. ) 1234. Le Fô et le Rhône gèlent de nouveau; des voitures chargées traversent l'Adriatique sur la glace en face de Venise. 1236. La Loire est prise et le Danube reste gelé, cette année, dans toute sa largeur pendant assez longtemps. 1269. Le Catégat fut gelé entre la Suède et le Jutland. 1288. Le Rhin gela au-dessous de Bâle au mois de mars. 1292. Des voitures chargées traversent le Rhin sur la glace devant Brisach. Le Catégat est aussi totalement pris. (Van Swinden, Journal de pliysique, t. L. ) 1302. Le Rhône gèle. 1305. Le Rhône et toutes les rivières de France gèlent. (Papon, Histoire de Provence, t. III, p. 102. ) 1307. Les rivières de France, la Seine entre autres, gelèrent. Il j" eut aussi congélation des fleuves dans les Flandres; on les passa en chariots. [Meijeri annales.) 1323. Le Rhône se gèle. Les voyageurs à pied ou à cheval vont sur la glace du Danemark à Lubeck et à Danzig 1325. La Seine est prise deux fois à des intervalles rapprochés ; on la traverse avec de lourds fardeaux et sur des traîneaux. (Le continuateur de Guillaume de Nangis. ) 1334. Tous les fleuves d'Italie et de Provence sont couverts de glace. 1338. La Meuse est prise. (Quetclet, Climat de la Belgique. ] «i8 SUR L'ÉTAT TIIRRMOMÉTRIQUE 136Zi. Le Rhône gè>le i\ Arles jusqu'à une profondeur consi(l(''rnMc ; les chariots charge'*? passent sur la glace. Yillani, cité par Papon, t. III, p. 210.) iiOO. Dans le nord de l'Europe les mers sont gelées. ( Calvisius. ) ii08. Les voitures traversent la Seine sur la glace. (Félibien, His- toire de Paris. ) Le Danube gèle dans tout son cours. La Meuse est prise. La glace s'étend sans interruption entre la Norvège et le Danemark , en sorte que les loups passent du nord dans le Jutland. H22. « Fut la rivière de Saine, qui grande estoit, toute prinse. » (Journal d'un bourgeois de Paris, dans Mémoires four servir à riiistoire de France et de Bourgogne . Paris, 1729, p. 91.) 1423. Les voyageurs vont sur la glace de Lubeck à Danzig. ( Ber- neggeri observât, polit. ^ p. 199.) lZi30. Le Danube reste gelé pendant deux mois ; la Seine est prise et traversée par les piétons. On va sur la glace de Danemark en Suède. 1632-1Û33. La Seine est encore prise et toutes les rivières sont gelées en Allemagne. lUZU. Dans le nord de l'Europe et en Allemagne , les rivières gelè- rent. La Tamise fut prise jusqu'à Gravesend. (Van Swinden.) 1442. Les rivières gelèrent dans le midi de la France. 1458. Le Danube est gelé de l'un à l'autre bord; une armée de 40,000 hommes campe sur la glace. ( iEneas Silvius. ) 1460. Le Danube reste gelé pendant deux mois. Le Rhône gèle aussi. Les voyageurs à pied ou à cheval passent sans difficulté du Danemark en Suède. ( Annales Meyeri. ) 1480. La Seine est gelée et porte des chariots. 1493. Le port de Gênes était gelé les 25 et 26 décembre. ( Papon, t. IV, p. 18.) 1503. Le Pô est gelé et porte une armée. 1507. Le port de Marseille gela dans toute son étendue. 1513. La Meuse gèle dans tout son cours ; les voitures se rendent de Liège à Maestricht sur la glace. ( Quetelet. ) 1538. La Tamise gela cette année. DU GLODE TERRESTRE. 249 15Û8. La glace, sur la plupart des rivières de l'Europe, ('itait assez épaisse pour supporter des charrettes pesamment chargées. 1563. Dans cet hiver TEscaut gela à Anvers et la Tamise à Londres. 15G5. La .Seine est prise fortement dés le commencement de janvier. Des voitures chargées traversent la Aleuse sur la glace. L'Es- caut est également gelé. Le Rhône est pris dans toute sa largeur à Arles. La Tamise à Londres porte des piétons. 1568. Le 11 décembre les charrettes traversent le Rhône sur la glace. La débâcle n'arrive que le 21. 1570-1571. De la fin de novembre 1570 à la fin de février 1571, riiiver est si rude que toutes les rivières, même celles du Languedoc et de la Provence, sont gelées de manière à porter les charrettes chargées. ( .Alezeray, Histoire de France. ] 159Zi. Le Rhin et le Pô sont pris. La mer gèle à Marseille et à Venise. 1603. Les charrettes passent le Rhône sur la glace. 1608. En Allemagne les fleuves les plus rapides et les plus profonds sont tellement gelés que les chariots chargés passent dessus. La Tamise à Londres porte des voitures, L'Escaut est pris à Anvers; le golfe de Zuyderzée est gelé. En France toutes les rivières gèlent. (Mercure françois de 1608. ) 1610. La Tamise est gelée et porte des piétons, 1616. La Seine est prise au commencement de l'année , la débâcle arrive le 30 janvier. 1620-1621, Le Zuyderzée gèle entièrement. La flotte vénitienne se trouve prise par les glaces dans les lagunes de l'Adriatique. 162Û. Le Danube gèle en Allemagne, 1635-1636. Les voitures traversent la Meuse sur la glace. (Quetelet.) 1638. L'eau du port de Marseille gèle autour des galères. ( Papon.) 1656. La Seine fut prise du 8 au 18 décembre 1656. i'Boulliaud, cité par Pingre, Mémoires de V Académie pour 1789. ) 1658. La Seine est entièrement prise depuis les premiers jours de janvier jusqu'au 21. ( Boulliaud. ) Les rivières d'Italie gèlent assez profondément pour supporter les plus lourdes voitures. Le petit Belt est traversé sur la glace par l'armée de Charles X, roi de Suède. 1662-16G3. La Seine est entièrement prise au mois de décembre 1662, (Boulliaud.) 250 SUR I/I'TAT TllK RMO.M !• TU IQT !• 1067. «1 11 commoïK^a ;"» frôler trt's fortomeiit lo IG Miars par nn vont piquant de nord-ost ; le br;us do mor nomniù l'Y, qui sùlond dovant Amsterdam, fut pris le 17; lo 18 on le passa sur la glace de cette ville à Nord-Hollande; le /uyderzée fut entiè- rement pel(^; plusieurs vaisseaux se trouvèrent \n'is au milieu desfîlaces, (jui so maintinrent jusqu'au 1" avril. » ( Van Swin- den, d'après Hering, J'a/ertel can horde ichUers. llSh. ) 1670. On traverse le grand Boit et le petit Belt en traîneaux sana aucun danger. ( Mémoires de l'Académie pour 1788. ) 167Ù. i-c Zuyderzée est entièrement gelo'; le 16 mars on le passe sur la glace à pied, à cheval et en traîneau entre Stavoren et Enkhuiscn. ( Van Swinden. ) 1676-1677. La Seine est prise pendant trente-cinq jours consécutifs, du 9 décembre 167G au 1.3 janvier 1677. (Boulliaud. ) La Meuse demeure gelée depuis Noël jusqu'au 15 janvier. 1/; vignes souffrirent extrêmement en Allemagne. (Peignot.) 1633. Cet hiver fut encore rude en Allemagne. (Peignot.) 1633 - 1636. « La gelée commença le dernier jour de décembre et continua pendant trois mois moins neuf jours : elle recom- mença vers la fin de mars et dura jusqu'à Pâques qui tom- boit cette année au 17 avril. » (Félibien. ) En Hollande, il neigea pendant quarante jours consécutifs. ( Van Swinden. ) Le 25 avril et la nuit suivante, il y eut une gelée si ùpre accompagnée de neige, que la majeure partie des vignes péri- rent en Autriche, en Souabe et en Hongrie. {Chronicon elwa- cen.se. ) Cet hiver fut appelé en Angleterre celui de la grande gelée; le froid dura du 26 novembre 1633 au 10 février 1636. ( Ti-uslei''s Chronology.) 1635. L'hiver de cette année fut remarquable par la durée et la rigueur du froid. 11 dura en Flandre depuis le commence- ment de décembre jusqu'au mois de mars, et l'épaisseur de la glace fut de plus d'une aune. {Annales Meyeri.) En Alle- magne beaucoup de personnes moururent de froid. {Chro- nicon elwacense.) 1662. « Le roj' passa l'hyver à Montauban, qui fut si rude qu'il glaça toutes les rivières de ce pays-là et retint les troupes dans leurs quartiers sans pouvoir sortir. » (Mezeray.) Quan- tité d'arbres et de fruits de la terre gelèrent. ( Chronique flamande de de Werdt.) 1663. Cet hiver fut très-dur en Allemagne : la gelée commença à la fête de Simon et Jude (28 octobre), et dura jusqu'à la Chaire de Saint-Pierre (22 février) ; elle reprit ensuite et ne cessa qu'à la Saint-Georges (23 avril). On n'avait pas^vu dans l'espace de soixante ans un pareil hiver, car on eut froid jusqu'à la Saint-Urbain (25 mai). {Continuatio claus- troneoburgensis quinta.) 1657-1658. Cet hiver fut très -rigoureux à Paris. {Chroniques de Saint-Denys. Paris, 151^i, t. HI. ) : « Oudit an cinquante-sept, dit un contemporain, il fust sy fort et grand hyver et long 272 SUR L'ÉTAT THERMOMÉTRIQUE que depuis le Saint-Martin d'hyver jusqu'au dix-huictiesrae de febvrier, il gela si fort que on passoit la rivière d'Oise et plusieurs autres rivières à chariost et à cheval ; et se feit en la fin moult grandes neiges, et sy grande multitude en quiet (tomba) que quand il desgella il fit sy grande lavasse qu'il n'estoit point mémoire d'homme que on les euist veu si grandes, et feirent moult dommaiges, » {3Iémoires de Jac- ques du Clercq.) En Allemagne le froid fut si vif que sur le Danube congelé campa une armée de ZiO,000 hommes. (Guillaume Marcel, Histoire de l'origine et des progrès de la monarchie française, t. III, p. 62^.) 1/|59-1A60. L'hiver de cette année fut très-froid dans le Nord ainsi qu'en Provence. La Seine déborda à Paris et causa be:'UC0up de dégâts. Les vignes souffrirent extrêmement en AUbJiagne. {Jnnales Meyeri, Papon, Pilgram, Peignot. ) IZ16Z1. Cet hiver fut très-rude dans le Nord; en Flandre on n'en avait pas ressenti de semblable depuis IZ1O8. Il gela sans dis- continuer du 10 décembre au 15 février. On traversa l'Es- caut sur la glace pendant un mois. ( Annales Meijeri, Chro- nique de de Werdt. ) lZi68-l/i69. Cet hiver rigoureux est mentionné par Philippe de Com- mines; le plus grand froid eut lieu entre le IZi et le 17 no- vembre : « A cause des grandes gelées et froidure fut force que la plupart des gens du duc (de Bourgogne) allassent à pied au pays de Franchement (près de Liège)... J'y vis choses incroyables du froid. Il y eut un gentilhomme qui perdit un pied dont oncques puis ne s'ayda. Et y eut un page à qui il tomba deux doigts de la main. Je vis une femme morte et son enfant dont elle étoit accouchée de nouveau (récem- ment). Par trois fois fut départy le vin qu'on donnoit chez le duc, pour les gens qui en demandoient, à coups de cognée, car il étoit gelé dedans les pipes, et falloit rompre le glaçon qui étoit entier, et en faire des pièces que les gens mettoient en un chapeau ou en un panier, ainsi qu'ils vouloient. J'en dirois assez d'estranges choses longues à escrire; mais la faim nous fist fuir à grande liaste, après y avoir séjourné huit jours. » {Mémoires de Philippe de Comynes.) La rigueur du froid s'étendit jusqu'en Provence où les vignes souffrirent beaucoup. (Martins. ) 1^80. L'hiver fut rigoureux et remarquable par une grande inon- dation à Paris. (Peignot.) DU GLOBE TERRESTRE. 273 1^82. Cet hiver est placé parmi les hivers rigoureux par les recueils hollandais. {IJistorisch verhaal van harde winlers; Tajereel van harde winters de Hering; Historia frisica )Vinsemii,) 1Ù90. Un froid très-piquant dura six mois en Bourgogne, et fut suivi de chaleurs excessives. (Peignot. ) Ii93-li9i. Cet hiver fut remarquable par l'intensité du froid, qui fut extrême dans le Midi. (Papon.) La lagune et tous les canaux de Venise gelèrent; les gens à pied, les chevaux et les voitures passaient dessus. (Toaido. ) lZi9S -l/j99. Les frimas de cet hiver se présentèrent dans le Hainaut sous une forme tout à fait insolite. Il tomba dans la nuit de ^oël une grêle très-forte mêlée de pluie qui fut immédiate- ment saisie par la gelée et forma une rivière de glace polie. Yint ensuite une neige abondante, « tellement que le tout, dit le chroniqueur, congère et entremeslé ensemble, causè- rent une glace dure comme pierre. » Les arbres, ne pouvant supporter un tel fardeau, « furent esbranchez et desbrisez par grans esclas ; » les branches qui résistèrent, agitées par le vent, formaient un bruit « à manière du cliquetis de har- nois d'armes. » Cette singulière gelée dura douze jours, et quand vint le dégel, des pièces de glace énormes tombèrent des clochers et endommagèrent les nefs et les chapelles des églises. Les pommiers et les poiriers donnèrent l'automne suivant une bonne récolte; mais les fourrages manquèrent totalement, et les chevaux ainsi que les animaux de l'espèce bovine périrent de famine. Les laboureurs qui, l'année pré- cédente, avaient couvert leurs granges de paille, furent con- traints de les découvrir pour donner les chaumes à manger à leurs bestiaux. ( Chronique de Jean Molinet.) 150'2. 11 y eut un hiver rude en Hollande et une inondation à Paris. (Peignot.) 1503. L'hiver fut rude en Italie. Le Pô fut gelé et soutint le poids del'arméedu pape Jules IL (Toaido.) 1507-1508. Cet hiver fut extraordinairement rigoureux dans le Midi. Le jour de l'Epiphanie il touiha trois pieds de neige (1 mètre environ) dans la ville de Marseille. Les arbres fruitiers péri- rent. (Papon.) 1510-1511. Cet hiver est cité comme rigoureux dans les recueils hollandais. En Italie, le froid fut très-intense; la neige tomba abondamment et la gelée fut assez forte pour qu'au VIIL — V. 18 274 SUR L'ÉTAT TIIERMOMÉTRIQUE siège de la Mirandole les soldats du pape Jules H pussent traverser les fossés sur la glace. (Guichardin, Histoire de Vltalie. ) ■ 1512. « Il tomba en janvier, à Bologne en Italie, de la neige si espais, qu'elle empeschoit la veuë. » (Mezeray.) Cette neige dura jusqu'en mai. (Toaldo.) 4513-1514. Cet hiver se montra très-rigoureux dans les Flandres. (Van Swinden, Quetelet. ) Les chariots allaient de Gorcum à Cologne sans décharger, passant les rivières sur la glace. {Chronique manuscrite de Bois-le-Duc , en flamand.) 1518. L'hiver fut très-sec et très-froid. (Short, A gênerai chronolo' gical history oftheair, Londres, 17/|9.) 1522. L'hiver fut rigoureux. (Peignot.) 1523-152/1. Le froid se fit sentir dès l'automne. (Peignot, Quetelet.) « L'hiver fut violent et la gelée commença dès le 12 de no- vembre. Elle fit périr les bleds et les légumes, et il fallut au commencement de l'année labourer les terres de nouveau et les ensemencer, en sorte qu'à la mi-août les bleds étoient encore en fleur et les autres grains étoient aussi peu avancez. Cela rendit les vivres fort chers pendant tout le cours de l'année. » (Félibien, Histoire de Paris.) En Angleterre, dans cet hiver, après de grandes pluies et des vents violents, il y eut une gelée qui fit périr plusieurs personnes par la rigueur du froid; d'autres perdirent les orteils. (Baker, Chronique, p. 297.) 1537 - 1538. En décembre et en janvier il fit un grand froid, et la Tamise fut gelée. ( Short. ) Ibhh- « La froidure étoit si extrême qu'elle glaçoit le vin dans les rauids ; il le falloit couper à coups de hache, et les pièces s'en vendoient à la livre. » ( Mezeray, Histoire de France. ) i5ù8. Cet hiver fut très-rigoureux dans toute la France. Toutes les rivières furent gelées de manière à porter les voitures les plus pesamment chargées. (Peignot.) 1552-1553. Cet hiver est cité parmi les hivers rigoureux dans les recueils hollandais indiqués plus haut (p. 259, 262 et 273). « Un seul trait prouvera quel a été l'excès du froid pendant cet hiver dans le Nord : le capitaine Villoughby cherchait le chemin de la mer de la Chine par la mer septentrionale; les glaces l'arrêtèrent à Arzina, port de la Laponie, à la latitude DU GLOBE TERRESTRE. 275 de 69 degrés. L'année suivante (1554), on le trouva mort ainsi que tous les gens de son équipage. » (Peignot. ) C'est pendant cet hiver qu'eut lieu le fameux siège de Metz par Charles-Quint et la retraite de l'armée impériale après l'hé- roïque défense de ses habitants. Le froid fit beaucoup souffrir les soldats. « Dès lors, tant pour les grandes et merveilleuses froidures qui les empeschoient , que pour les nécessités et défault de diverses choses, à tous leurs soldats défailloit le courage... les aultres en grand nombre estoient trouvez roides et transis dedans les tranchées. » {Commentaires de François de Rabutm, histoire du sirge de Metz.) « Nous trouvions des soldats assis sur de grosses pierres ayant les jambes dans les fanges gelées jusqu'aux genoux... A la plupart il falloit coupper les jambes, car elles estoient mortes et gelées. » ( Mémoires de f^ieilleville. ) 1562-1563. Cet hiver fut rigoureux en Flandre. (Peignot, Quetelet.) A Anvers, il commença à geler vers la mi-décembre; depuis la Saint-Étienne (26 décembre) jusqu'au 5 janvier, il y eut sur l'Escaut des boutiques et des cabarets; le 5 janvier, la glace se rompit en peu de temps. {Chronique manuscrite de de Werdt. ) Le 21 décembre, à Londres, il commença à geler avec tant de violence que le 1" janvier on passa la Tamise à pied, et le peuple s'y divertit comme sur la terre ferme ; mais cette gelée n'eut guère de durée; le dégel commença le 2 janvier; le 5, il n'y eut plus de glace sur la rivière. (Baker, Chronique, p. 399.) 1564-1565. A Paris cet hiver dura depuis le 20 décembre 1564 jus- qu'au 24 mars 1565 , ainsi que nous l'apprennent les vers suivants : s Q L'an mil cinq cent soixante qnalre, La veille de la saincl Thomas, Le grand liyver nous vint corabatre, IS Tuant les vieux noiers à las; j5 Cent ans a qu'on ne vit tel cas. Il dura trois mois sans lasclier, Un mois outre saitict Maciliias, Qui fit beaucoup de gens fasclier. (Pierre de l'EsTOiLE.) La gelée dura à Liège du 14 novembre 1564 à la fin d'avril 1565. On tint boutique sur la glace dont était couvert l'Es- caut. (Quetelet.) En décembre la Tamise fut prise au point qu'on la traversait sur la glace. (Short.) En Provence, le 276 SUR L'ÉTAT THERMOMÉTRIQUE Rhône fut pris dans toute sa largeur à Arles et les oliviers périrent. (Martins, Patrki.) 1568. Mezeray rapporte que cet hiver fut remarquable à Chûtclle- rault par les glaces et les neiges. Le 19 décembre le froid excessif força le duc d'Anjou de décamper de devant Loudun. (Pinard, Chronologie mililaire.) 1570 - 1571. « L'hiver fut si rude depuis la fin de novembre de 1570 jusqu'à la fin du mois de février en suivant que durant ces trois mois entiers il tint les rivières gelées à passer les char- rois et brûla les arbres fruitiers, même en Languedoc et en France, jusque dans les racines. » (Mezeray.) La gelée com- mença en Flandre la veille de saint Nicolas (5 décembre) et dura jusqu'au 10 mars; ce dernier jour, la Meuse, le \Va- hal, le Rhin étaient encore pris. (Abbé Mann.) 1572. L'hiver fut très-rigoureux en Flandre. Il y eut un déborde- ment de la Meuse causé par la fonte des neiges , vers la fin de février. (Quetelet.) En Angleterre il fit un grand froid et il tomba beaucoup de neige depuis le 2 novembre jusqu'à l'Epiphanie. (Short.) 158Zi. Cet hiver est placé parmi les hivers rigoureux dans la Chro- nique de Jouston Zopf, imprimée en allemand à léna, vers 1687. 1591. 11 y eut en Provence des neiges abondantes et les arbres fruitiers souffrirent. (Martins, Patria.) Les Ligueurs faisant une tentative sur Saint-Denis, il y eut un grand froid, et les fossés où il y avait de l'eau étaient le 3 janvier glacés jus- qu'au fond. (Le P. Daniel, Histoire de France.) 1594 - 1595. Le grand froid de cet hiver commença le 23 décembre 159/i ; il reprit le 13 avril 1595, et il gela aussi fortement en ce jour-là qu'à Noël de 159Zi. Cette saison amena beaucoup de morts subites à Paris, surtout aux petits enfants et aux femmes. {Journal de Henri IF, 17Zil, p. 201.) Le Rhin, le Pô, les lagunes de Venise furent gelés. (Toaldo.) 1597-1598. Zopf dans sa Chronique cite cet hiver parmi les hivers remarquables de l'Allemagne. 1599-1600. Zopf cite encore cet hiver comme rigoureux. Depuis la fin de novembre jusqu'à la fin de mai, le froid fut si vif par intervalles dans les provinces méridionales de la France, que presque tous les arbres fruitiers et un grand nombre d'animaux périrent. ( Papon. ) 11 DU GLOBE TERRESTRE. 277 1601. Les oliviers périrent en Provence. (Martins, Pairia.) 1603. Cet, hiver fut encore très-rigoureux dans le midi de la France. Des charrettes passèrent sur le Rhône congelé. ( Martins. ) 1608. L'hiver de 1608 fut longtemps appelé le grand hiver. Le froid sévit presque sans intermittence depuis le 20 décembre 1607 jusque vers le milieu de mars 1608, en France, en Angle- terre, en Hollande, en Allemagne, en Italie. Les historiens abondent en détails sur les effets de la gelée. Le 10 janvier, à Paris, dans l'église Saint-An dré-des- Arcs, le vin gela dans le calice, « il falut, dit TEstoile, chercher un rechaux pour le fondre. » Le 20 janvier , cinq hommes qui amenaient des provisions aux halles, furent trouvés morts de froid au coin de la rue Tirechappe. Le pain qu'on servit à Henri IV, le 23 janvier, était gelé. Dans la partie septentrionale de l'Eu- rope , tous les fleuves furent pris. La glace était si épaisse en Flandre que, dit Mathieu l'historien, « ceux d'Anvers voyant la rivière de l'Escaut aussi glacée qu'elle Tavoit été en 1563, y dressèrent plusieurs tentes sous lesquelles ils alloient ban- queter. » « Plusieurs personnes, dit Mezeray, moururent de cette froidure et dans les villes et dans les campagnes; d'autres demeurèrent percluses ; un grand nombre eurent les pieds et les mains gelés. » La plupart des jeunes arbres périrent; le froid gela une partie des vignes jusqu'à la racine ; les cyprès et grand nombre de noyers furent gravement atteints. L'Angleterre vit presque tout son bétail détruit. A Londres, la Tamise était gelée au point que des chariots chargés la traversèrent; beaucoup d'oiseaux périrent, et un grand nombre de plantes furent détruites. Le dégel occa- sionna à son tour de grands ravages. « Les glaces des rivières, dit Mezeray, rompirent les bateaux, les chaussées et les ponts; les eaux grossies par les neiges fondues inondèrent toutes les vallées ; et la Loire bouleversant ses digues en plusieurs en- droits, fit un second déluge dans les campagnes voisines En Italie, il survint du commencement un si grand débor- dement de rivières, que Rome se vit presque en un déluge par les eaux du Tibre qui descendirent avec une telle vio-, lence des monts Apennins que plusieurs maisons en furent renversées. » Il tomba à Padoue une immense quantité de neige. {Mercure françois de 1608; Pierre Mathieu, Histoire de France; Aubert Le Mire, Chronique; Baker' s Chron.\ Mezeray, Calvisius, Van Swinden, Toaldo.) 278 SUR L'ÉTAT THERMOMÉTRIQUE 1609-1610. Le temps fut très-froid en Angleterre de décembre à avril ; la Tamise fut prise de manière à former un chemin. Les oiseaux et les plantes périrent. [Clork's Exam.) 1615. L'Allemagne, la Hongrie et les provinces voisines soutinrent le 20 janvier un froid si rude, que nombre de ceps de vigne et une grande quantité d'arbres fruitiers furent gelés. {Mer- cure françois.) 1G16. Le froid fut très-vif en France pendant cet hiver ; il sévit sur l'armée royale qui accompagnait la reine, de Poitiers à Tours. A Paris, la débâcle de la Seine renversa un côté du pont Saint-Michel. {Mercure françois; Félibien. ) 1620-1621. Cet hiver fut très-rigoureux au Nord et au Midi. Le Zuy- derzée gela entièrement; une partie de la mer Baltique fut couverte d'une glace très-épaisse ; les glaces des lagunes de l'Adriatique emprisonnèrent la flotte vénitienne. Le froid fut aussi très-intense en Provence. (Galvisius.) 1621-1622. Les gelées furent très-fortes en Flandre et dans le nord de la France durant cet hiver. Les Hollandais perdirent la moitié de leur armée devant l'Écluse par le froid et la faim. {Mercure françois. ) 1623-162Zi. Cet hiver fut très-âpre; il fît tellement souffrir l'armée du prince d'Orange, qu'il empêcha de réussir la tentative de ce prince contre la ville d'Anvers. 11 tomba d'immenses quan- tités de neige qui causèrent de grands désastres. {Mercure françois.) L'hiver dura, en Angleterre, du milieu de décem- bre au milieu de janvier, et en Allemagne le Danube fut gelé. (Short.) 1624-1625. Voici ce que rapporte un météorologiste contemporain: « Après un hiver extrêmement rude, il tomba en février une neige très-abondante par le vent d'ouest. Il survint ensuite pendant quelques jours des gelées très-âpres amenées par le vent du nord, particulièrement à la fin de février. Au surplus, presque toute l'année se montra très-froide. Plusieurs espèces d'arbres et surtout les noyers, dont la végétation était très- avancée, furent gelés jusqu'au tronc. Ces rigueurs des saisons ont amené la disette que nous subissons en ce moment » { Liberti Fromondi Meteorologica, Anvers, 1627, in-Zi, p. 272.) 1632-1633. Cet hiver fut très- rigoureux et commença de très- bonne heure. Le Mercure de France rapporte que le k octo- bre 1632, le froid devint si vif entre Montpellier et Beziers DU GLOBE TliRRESTHE. 279 que seize gardes-du-corps de Louis XIII, huit de ses Suisses et treize valets d'armée en moururent. iG35-1636. La gelée commença en décembre 1635 et continua une partie du mois de janvier 1636. Les voitures traversaient la Meuse sur la glace. (Quetelet. ) 1638. Cet hiver fut si rigoureux en Provence que dans le port de Marseille l'eau gela autour des navires. (Papon, IV, /j90.) 1655 - 1656. Cet hiver fut très-rigoureux en France et en Allemagne. A Paris, « il gela le 25 et le 26 novembre 1655. Los premiers jours de décembre il neigea. Du 8 au 18 la gelée fut excessive. La Seine fut prise. Du 18 au 28 l'air fut humide. Le 29 la gelée recommença et dura jusqu'au 28 janvier 1656. Une nouvelle gelée reprit peu de jours après et dura jusqu'en mars: mais entre ces deux reprises le froid fut moins rigoureux qu'en décembre. » ( Manuscrit d'ismaël lîoulliaud, cité par Pingre, Mémoires de V Académie des scinices pour 1789, p. 51/i. ) En Allemagne, « le froid fut si vif, qu'à Wismar (\lecklen- bourg-Schwerin , dans la Baltique), on vit arriver des cha- riots chargés et attelés de quatre chevaux, de la distance de cinq à six milles d'Allemagne (9 à 11 lieues de h kilomètres), ce qui n'avait été vu de bien des années; dans le pays, les puits étaient gelés jusqu'au fond. En Bohême, plusieurs per- sonnes furent trouvées gelées sur les grands chemins. » ( Van Swinden. ) 1657-1658. Cet hiver fut très-rigoureux en Europe, depuis la mer Baltique où Charles X, roi de Suède, fit passer de Fionie en Zélande, sur la glace, toute son armée, la cavalerie, l'artille- rie, les caissons, les bagages, etc., jusqu'en Italie où les riviè- res gelèrent assez profondément pour supporter les plus lourdes voitures. 11 tomba, à Piome, une immense quantité de neige. (Peignot. j A Paris « il gt4a depuis le llx dijcembre 1657 jus(|u'au 20 janvier 1658, de manière cependant que le froid ne fut pas alors extrêmement piquant. Le 20 janvier, par un vent impétueux de nord-est, il devint excessif : très- peu de personnes se ressouvenaient d'en avoir jamais éprouvé un si pénétrant. Tout fut glacé. L'âpreté du froid continua jusqu'au 26. Le 27 l'air un peu radouci fit espérer un dégel; mais le 28, le froid redevint aussi perçant qu'il l'avait été et dura jusqu'au 8 février. Le 9 et le 10 février, la glace et la neige, qui était tombée en abondance, commencèrent à se fondre. Le lundi 11, i deux heures du matin, le vent étant 280 SUR L'ÉTAT TUERMOMÉTRIQUE remonté au nord et au nord-est les eaux furent prises de nouveau, la gelée fut extrême ; au lever du soU'il il n'exis- tait plus le moindre vestige de la fonte précédente. La rigueur du froid se fît sentir jusqu'au 18. Enfin le 19 février le veut souillant du nord-ouest et ensuite de l'ouest, la fonte de la glace et des neiges recommença et ne discontinua plus. Le 21 la glace qui couvrait la Seine s'entr'ouvrit. Le 22 la rivière commença à grossir. Le 27 et le 28 elle déborda; l'inondation fut plus grande qu'aucune de celles dont on avait mémoire. Depuis six heures du soir du 27 jusqu'à midi du 28, l'eau baigna les murs de l'église Saint-André-des-Arcs; il fallait une planche pour traverser la rue. Le 28 à midi les eaux commencèrent à baisser. La rigueur du froid avait fait périr plusieurs voj^ageurs ; d'autres en furent quittes pour la perte de quelques membres. Durant la nuit du 28 au 1" mars, une grande partie du pont Marie fut emportée par le courant et plusieurs personnes périrent. Le jour suivant les derrières de quelques maisons voisines de la rivière furent pareillement emportés. » ( Boulliaud. ) En Provence, beau- coup d'oliviers périrent. (Martins, Palria.) 1659-1660. Cet hiver fut encore très-froid en Italie et en Provence. Les oliviers qui avaient repoussé périrent presque tous. (Martins.) 1662-1663. Pendant cet hiver, qui fut très-âpre, la gelée dura à Paris depuis le 5 décembre jusqu'au 8 mars. Cependant, durant ce long intervalle, le froid parut trois fois se radou- cir. La Seine fut entièrement prise au mois de décembre 1662. (Boulliaud.) 1664-1665. Bouillaud cite cet hiver comme ayant été très-rude. En Belgique, il y eut des gelées très-intenses et il tomba des neiges abondantes. (Quetelet. ) Au mois de janvier 1665 comme déjà en 1655, le froid fut si violent en Pologne que les vins les plus forts furent gelés, et plu.sieurs personnes perdirent de leurs membres, quelques-unes même la vie. {Transactions philosophiques, n" 19. ) 1667. Cet hiver fut remarquable en Hollande par le froid très-ri- goureux mais tardif qui sévit du 16 mars au 1" avril. ( He- ring, Tvfereel van harde winters, 178Zi, in-8. ) 1670. Cet hiver fut rigoureux dans toute l'Europe. On traversa le grand et le petit Belt en traîneau sans danger. Le Danube DU GLOBE TERRESTRE. 28< fut pris de façon i porter des hommes, des chevaux et des chariots. (Carol. Rayger. ) 11 gela fortement en Italie et en France. Lorsque les membres de l'Académie des sciences, constituée depuis peu d'années, firent, en 168ù, des expé- riences sur les effets de la congélation, pour comparer le froid de cette année à ceux des époques antérieures, le minimum de 1670 fut jugé le même que celui de 168û. {Histoire de l'Académie, t. I, p. 390.) Bouliiaud, dans son journal manuscrit, ne dit autre chose de l'hiver de 1670, sinon que le froid fut excessif dans les mois de janvier et de février, et que sa violence fit périr un grand nombre d'ar- bres. 1672. L'hiver fut rigoureux : la gelée dura trois mois. (Mezeray.) 1674. Cet hiver a été remarquable en Hollande par sa rigueur et par l'époque tardive à laquelle il a commencé (mois de fé- vrier) ; le !\ avril, on allait encore à patins sur le lac de Har- lem. (Van Swinden. ) 1676-1677. Cet hiver fut très-rigoureux en France. Le froid fut surtout très-vif depuis le 2 décembre 1676 jusqu'au 13 jan- vier 1677. « La terre fut couverte de neige et la Seine fut prise pendant trente-cinq jours consécutifs. L'air fut ensuite humide. En février on éprouva quelques gelées, mais elles ne furent pas fortes : les pluies furent fréquentes. La tempé- rature fut la même en mars. Le ciel fut presque toujours cou- vert. Le commencement d'avril fut encore froid et humide : vers le milieu du mois la température fut plus douce; mais bientôt après les fraîcheurs recommencèrent et durèrent jusqu'au 22 mai. » (Bouliiaud. ) La Meuse fut traversée sur la glace depuis Koël jusqu'au 15 janvier avec des voitures pe- samment chargées. '^Galliot, Histoire de Namur. ) 1680. Cet hiver a été très-rude en Italie et en Provence. Dans cette dernière contrée les oliviers périrent. (Martins. ) 1683-168^. Cet hiver a été rigoureux dans toute l'Europe. « Un froid, très-vif dura à Paris depuis le 11 janvier jusqu'au 17. Pendant, ces sept jours la liqueur descendit dans la boule du thermomè- tre bien avant où elle n'était pas encore parvenue pendant d'autres hivers. » Les académiciens virent geler le vin dans l'espace de 10 à 12 minutes. {Histoire de r Académie, t. I, p. o'JO. ) Il tomba une quantité extraordinaire de neige dans le Midi. Les effets du froid furent très-graves, surtout en 282 SUR L'ÉTAT TIIERMOMÉTRIQUE Angleterre. La Tamise, à Londres, fut si fortement gelée pendant une grande partie de cet intervalle qu'on y érigea des cabanes et des loges; on y tint une foire qui dura deux semaines, et dès le 9 janvier les voitures la traversèrent et la pratiquèrent dans tous les sens comme la terre ferme ; on y donna un combat de taureaux, une chasse au renard, et sur la glace, vis-à-vis de White Hall, on fit rùtir un bœuf entier. La mer, sur les côtes d'Angleterre, de France, de Flandre, de Hollande, fut gelée dans retendue de quelques milles, au point qu'aucun paquebot ne put sortir des ports ou y entrer pendant plus de deux semaines. La plupart des oiseaux périrent; on n'en vit aucun 1 été suivant; grand nombre de chênes éclatèrent dans les forêts; « la gelée dé- truisit presque toutes les plantes et l'espérance des labou- reurs. » ( Transactions, t. XIV.) Plusieurs personnes furent victimes de la violence du froid, qui était telle qu'à Londres on éleva dans les principales rues de grands bûchers allu- més pour soulager les habitants forcés de sortir de chez eux. [Gaz-^'t/e de France.) En Hollande et en Belgique, toutes les rivières furent prises en février et en mars. (Van Swinden, Quetelet. ) 1688. L'hiver fut très-rigoureux en Allemagne. (Short.) 1695. Cet hiver fut très rude. Homberg rapporte avoir fait geler du vinaigre. « Le thermomètre de La Hire, pendant toute la gelée, a été entre le 15* et le 20' degré (— 12M à — S'.S centig.), hormis le 7 février qu'il est descendu à 7 degrés ( — 17".9 centig.). » {/listolre de l'Jcadémie, t. H, p. 231.) 1696. Au commencement de l'année 1696, le froid fut excessif en Angleterre, dans les Paj's-Bas et dans la basse Allemagne. Le docteur Deihani dit que le thermomètre du collège de Gres- ham, à Londres, descendit à une température équivalant à — 16°.9. [Philosophical transactions.) 1709. L'hiver de cette année est un des plus rigoureux dont on ait gardé le souvenir. Le froid sévit très-fortement en France, en Italie, en Espagne, en Allemagne, en Angleterre et dans tous les pays du nord. Les fleuves les plus rapides de France,' même ceux du Midi , furent entièrement pris. Les mers et les golfes qui baignent les côtes méridionales de l'Italie et de la France furent gelés. Vers la fin de janvier, on traversait sur la glace les lacs de Constance et de Zurich avec des voi- tures chargées. Van Swinden a discuté les observations ther- DU GLOBE TERRESTRE. 283 mométriques faites dans plusieurs villes de l'Europe, et est parvenu, par diverses combinaisons, à les rapporter à l'é- chelle centigrade. Voici quelques-uns des résultats de son travail : A l'Observatoire de Paris, on eut, d'après La Ilire : Le 4 janvier — 7°. 5 Le 6 — 1 .4 Le 7 — 7 .6 Le 10 — 18 .0 Le 13 — 23 .1 Le 14 — 21 .3 A partir du 15 le thermomètre remonta un peu, puis il revint Le 20 janvier à — 20° .4 Le 21 à — 20 .6 La gelée recommença, mais moins forte en février; le 13 mars le tliernioniètre redescendit encore à — 5". 8, A Montpellier, les observations du président Bon ont donné : Le 10 janvier — 4°. 8 Le 11 — 16 .1 Le 12 — 12 .5 Le 13 — 4 .1 Le 14 — 9 .6 Le 15 — 9 .5 Le 16 — 9 .G Le 17 — 7 .8 Le 18 — G .9 Le 19 — ]2 .3 Le 20 — 8.2 Le 21 — 7 .7 La gelée, comme à Paris, reprit pendant le mois de février. Le 25 on nota encore —5". 6. C'est un fuit remarquable que le maximum de froid ait eu lieu deux jours plus tard à Paris qu'à .Montpellier, et quedaub cette dernière ville il ait repris un peu plus tôt; comme aussi que, malgré ce froid excessif, la Seine n'ait pas été entière- ment gelée, lorsqu'on sait que dans le même temps la Garonne était totalement i)rise et qu'on allait sur la glace de Balaruc à Boussigny et à Cette. Le froid ({u'on éprouva dans la Hollande, en Angleterre et >84 SUR L'ÉTAT THERMOMÉTRIQUE en Prusse fut moindre qu'à Paris. Il commença à geler, dans les environs de Londres, le jour de Noël, et la gelée dura jusqu'à la fin de mars; le plus grand froid observé fut le 16 jan- vier de — 17°. 2 au collège de Gresham. A Berlin, les 9 et 10 janvier, on eut — 16". 6. {\a.n Sw'màen, Journal de p/iy- sique, t XXXIV.) La Meuse fut prise à Namur à l^.GO de pro- fondeur, et le thermomètre descendit à — 19M. L'Èbre, en Espagne, fut glacé. Le 8 avril la Baltique était encore cou- verte de glaces aussi loin que la vue, aidée de lunettes, pouvait s'étendre. Les effets de ce froid extraordinaire sur les hommes, les animaux, les végétaux et les récoltes en terre sont décrits dans divers Mémoires de l'époque. Plusieurs espèces de petits oiseaux et d'insectes furent presque anéantis en An- gleterre et dans le nord du continent ; Derham compte jus- qu'à vingt espèces d'oiseaux de la zone glaciale qui furent vus et tués sur les côtes d'Angleterre. Un grand nombre de voyageurs succombèrent aux atteintes de la gelée, et le bé- tail périt dans plusieurs provinces. Beaucoup d'arbres fores- tiers furent gelés jusqu'à l'aubier, et, vingt ou trente ans plus tard, on retrouvait dans la coupe d'un vieux tronc la marque de la cicatrice de 1709 (faux aubier). Les lauriers, les cyprès, les chênes verts, les oliviers, les châtaigniers, les noyers les plus vieux et les plus forts moururent en grand nombre. (Buffon, Duhamel du Monceau.) Ce qui mit le comble aux désastres, c'est le dégel de sept ou huit jours qui intervint : la sève se mit en mouvement dans les plantes, et lorsque la gelée reprit avec intensité, tout fut anéanti. La Provence perdit ses orangers et ses oliviers. Du 9 au 11 janvier, on eut à Montpellier un froid de — 16».l. Le 12 le dégel arriva subi- tement : les feuilles des oliviers se flétrirent, le bois des branches sécha, l'écorce sphacélée se détacha du tronc. (De Gasparin.) La vigne disparut dans plusieurs parties de la France; les jardins et les vergers furent dépouillés de leurs arbres fruitiers. Beaucoup de pommiers parurent n'être pas morts; ils poussèrent des feuilles et des fleurs et moururent ensuite; d'autres succombèrent l'année suivante. Les blés eux-mêmes souffrirent tellement qu'une famine et une mor- talité inouïes succédèrent bientôt à ces calamités. Voici ce que consigna à ce sujet, dans le registre de sa paroisse, le curé de Feings, près de Mortagne : « Le lundi 7* janvier com- mença une gelée qui fut ce jour-là, la plus rude journée et DU GLODE TERRESTRE. 285 la plus diincilc à, soullVir; elle dura jusqu'au 3 ou û fi'nrier. Pendant ce tenips-lù, il vint de la neige d'environ demi-pied de haut : cette neige était fort fine; elle se fondoit diffîcile- nient. Quelques jours après (|u'elle fut tombée, il fit un vent fort froid entre bise et galerne (vent du nord ouest) qui la ramas:.6 à Astrakan (latitude 66" 21'). (Peignot. ) A Paris, le plus grand froid eut lieu le 15 février; il fut de — 9".l. La Seine charria deux fois des glaçons, les 16, 15 et 16 février, puis le 13 et le 16 mars. [Mémoires de V Académie des sciences pour 1766, p. 711, et pour 1776, p. 65.) 1768. L'hiver de cette année fut long et assez rigoureux. La Seine ut complètement prise le 15 janvier, et elle charria forte- ment le 7 mars. La plus basse température observée fut à Paris, le 12 janvier, de — 16". 1. Les froids tardifs de mars re- tardèrent les travaux agricoles. ( Mémoires de f Académie des sciences pour 1768, p. 600, et pour 1769, p. 226. ) 1769. Cet hiver a été rigoureux en Suisse et en Frise. (Toaldo et Van Swinden. ) En France le temps resta presque constam- ment assez doux. 1750. Le 17 mars, la Meuse déborda à la suite de la fonte des neiges abondantes de l'hiver. (Quetelet. ) L'hiver fut rigoureux en Autriche, en Bohême et en Hongrie. (Toaldo. ) En France, le froid ne fut ni long ni intense. 1752. Dans le paj'^s toulousain, « il y eut des froids excessifs, des gelées très-fortes, des neiges très-abondantes et très-fréquen- tes. Depuis le commencement de décembre jusqu'au 16 avril, on n'avait eu que sept à huit jours passables, et toutce jour- là même il y eut encore neige et frimas. » [Études sur la mé- téorolofjie du pays toulousain, par le D'' Clos.) A Paris le DU GLOBE TERRESTRE. 289 plus grand froid noté a été do — 6°. 3, le 16 janvier. ( Mémoires de l'Académie des sciences pour 1752, p. 623. ) 1732-1753. Cet hiver a été assez rigoureux en décembre et en janvier; le minimum de la température a été à Paris de — 11°. 7. {Mémoires de V Académie des sciences pour 1753, p. 589, et pour 175Zi, p. 589. ) Dans le pays toulousain, il y eut de grands froids. ( D' Clos. ) 1753 -175^. Cet hiver fut généralement rigoureux en France; il commença en novembre et se prolongea jusqu'en avril. Du- hamel du Monceau a compté 52 jours de gelée à Denainvil- liers. La plus basse température observée à Paris fut de — 15°. Les neiges furent très -abondantes; il périt beaucoup de bestiaux. L'hiver fut rigoureux aussi en Angleterre; on nota à Londres — 8^9. {Mém. de l'Acad. des sciences pour 175Zi, p. 685, et pour 1755, p. Zi96 ; D' Clos ; D' Hutton ; abbé Mann. ) 175i -1755. Cet hiver fut rigoureux en France et en Italie ; la Seine a gelé deux fois; la lagune de Venise prit également deux fois et portait les hommes. Duhamel du Monceau a compté 51 jours de gelée, à Denainvilliers, de novembre à mars. A Paris, la plus basse température observée a été de — 15". G le 6 janvier. On nota à Londres — IV.l, à Francfort — 21", à Genève — 25". 11 tomba beaucoup de neige dans le Midi; dans le Languedoc un certain nombre d'oliviers périrent. (Toaldo; van Swinden; Mémoires de l'Académie des sciences pour 1756, p. 270 , et pour 1776, p. 67 ; Mourgue, Journal de physique, t. VIL) 1756-1757. Cet hiver a commencé de bonne heure et fini tard avec quelques intermittences de temps doux. Duhamel du Mon- ceau a compté 6i jours de gelée à Denainvilliers, de novem- bre à mars. La plus basse température observée a été de — 12°. 5, à Paris, le 8 janvier. La débâcle de la Seine a eu lieu le 20 janvier, la prise complète datant du 9. {Mémoires de l'Académie des sciences pour 1776, p. 68.) 1757-1758. Pendant cet hiver, qui a présenté des neiges assez abondantes, la Seine a charrié des glaçons du 21 au 26 jan- vier. Le minimum de la température a été de —13». 7 à Paris, le 22 janvier. On nota à La Haye — 16° et à Leipzig —20°. Le froid fut rigoureux aussi en Italie et en Espagne. ( Mémoires de r Académie des sciences pour 1758, p. Zj95, et pour 1776, p. 69; Toaldo; Van Swinden; abbé Mann.) VIIL— V. 19 290 SUR L'ÉTAT TIIERMOMÉTRIQUE 1762 - 1763. Cet hiver a été remarquable par sa précocité et sa durée. Duhamel du Monceau rapporte que le froid ayant commencé en novembre 1762, le dégel n'a eu lieu qu'à la fin de janvier 1763. A Paris, la Seine a été prise durant trente- quatre jours à partir du 29 décembre 1762, et le tiiermomètre marquait alors — 9\6. {Mémoires de V Aca'Jêmie des sciences pour 176Ù, p. 528, et pour 1776, p. 70.) La Loire a été prise non loin de son embouchure, mais, d'après les observations de La Condamine, le temps se maintint doux aux Sables- d'Olonne. (Peignot. ) Dans le midi de la France, la tempé- rature resta très-douce. (D'"Clos.) A P.ruxcUes, onnota— 13".9; le canal de cette ville fut tellement glacé que les traîneaux à cheval, les cabriolets et les voitures y allaient sans risque. A Londres, la Tamise fut gelée à pouvoir la passer en voitu- re; deux sentinelles, dans le cours de janvier 1763, furent trouvées mortes de froid dans leurs guérites. De la Nord- Hollande on passait la mer en traîneau sans danger jusqu'en Frise. A Utrecht on eut — loM le 27 décembre; à Leyde — 11°.2; à Amsterdam — 10°; à Vienne, en Autriche — 20"; à Rome le froid fut assez \ if pour geler toutes les fontaines de la ville. (Van Svvinden; abbé Mann.) 1765 - 1766. Cet hiver a été rigoureux dans toute la France. Duha- mel du Monceau a noté 36 jours de gelée consécutifs, à De- nainvilliers, du 20 décembre 1765 au 25 janvier 1766 ; le minimum fut le 10 janvier de — 13''.1. A Paris, les journaux d'observation de Messier donnent — 12°. 5 pour la plus basse température observée ; la Seine prit à partir du 1" janvier 1766. A Bruxelles on nota le 11 janvier— 120.8. Le président Borda constata, à Dax, un froid de — lh°.U. Le Gave et les autres ri- vières du Midi furent pris. Le Rhône était gelé au pont Saint- Esprit de sorte qu'on pouvait le passer en voiture. Comme la neige ne tomba dans ces contrées qu'en février, la récolte fut compromise; beaucoup d'oliviers furent aussi endommagés dans le Languedoc. A Madrid on allait à patins sur la glace, et à Cadix il tomba de la neige. {Histoire de l. académie des scien- ces pour 1766, p. liO; Mémoires pour 1767, p. 510, et pour 1776, p. 70 et 85; Mourgue, Journal de physique, t. VU; Van Swinden ; Pœderlé ; abbé Mann. ) 1766-1767. Le froid fut particulièrement rigoureux pendant le mois de janvier de cet hiver. A Dcnainviilicrs, Duhamel du Monceau marqua — 16°.9. le 7 janvier; à Paris, les journaux DU GLOBE TERRESTRE. 291 d'observation de Messier donnent— 15\3 pour le minimum, qui arriva le 7 janvier. Les vignes et beaucoup de plantes gelèrent, mais la grande quantité de neige qui tomba durant l'hiver préserva les récoltes. A Dijon, le thermonirtre descen- dit à— 17 '.5 et à Bruxelles à —17". 8 le 7 janvier. A Londres, on eut seulement — 90.2, mais à Derby on nota — 18".6. La plus basse température observée fut à Utrecht de— 20", à Fra- neker, où demeurait van Svvinden, de — 210.9, à Cologne de — 18'>.7, à Francfort, de— t9»./i, à Vienne, en Autriche, de — 16 .9, à Varsovie — 30°. Le Rhin fut congelé au point que des voitures chargées le passèrent entre Cologne et Duitz. Le froid fut aussi trés-vif en Lombardie. {Mémoires de l'Académie des sciences pour 1768, p. Zi73, et pour 1776, p. 71; abbé Mann; Van Swinden; Toaldo; Peignot. ) 1767 - 1768. Durant cet hiver les froids furent très-vifs en Amérique , dans toute l'Europe et plus particulièrement en France. Il ne fut pas toutefois de longue durée et ne présenta pas beau- coup de neige. Le froid sévit en général du 20 décembre au 9 janvier. Pendant ces 20 jours il a gelé d'une manière consécutive. A Denainvilliers, Duhamel du Monceau a noté — 16'. 9 le 6 janvier. Le minimum observé à Paris a été de — 17». 1 le 5 janvier; la Seine fut prise entre les ponts, mais elle conserva un courant au milieu à l'aval du Pont-Royal, d'après les observations de de Parcieux. Les plus basses températures observées furent à Londres —8°.^, à Amster- dam —13". 5, à Leyde — 15'>.6, à Utrecht — 16''.7, à Namur — 17°. 9, à Bruxelles, le 5 janvier, — 19°.^; à Culogne, le 6 janvier, — 21". 6; à Varsovie — 25°. En Provence, le froid fut aussi très-vif, mais les oliviers, d'après M. de Gasparin, n'eurent point à en souffrir, parce que le dégel eut lieu graduellement. Dans le pays toulousain, les blés furent com- plètement gelés. Le 5 janvier, à 7 heures du matin, par un froid de — 15''.6, on trouva à Ascou, près de Denainvilliers, de la glace de ùra'".5 d'épaisseur dans un puits de 16 m'- tres de profondeur et de 2 mètres de diamètre. A Mont- morency, un puits de 10 mètres gela aussi. A Alais, on nota le même phénomène par une température extérieure de — 12°. {Mémoires de r Académie pour 1768, p. 56; pour 1769, p. 559, et pour 1776, p. 76; Toaldo; Clos; Van Swinden.) 1770-1771. Le froid a été rigoureux et la neige abondante dans le nord de la France, pendant les mois de janvier, de février 292 SUR L'ÉTAT TllEiaiOMÉTRlQUE et de mars. A Paris , la Seine a charrié des glaçons pen- dant le mois de février; la température la plus basse obser- vée a été de —13°. 5 le 13 février. Ce même jour, à Denain- villiers, on eut aussi la température minimum de l'année égale à — 13°. 1. A Bruxelles, le 13 janvier, le thermomètre marqua —12°. 8. En Angleterre, ù Cambridge, on nota— lZi°.û, le 12 février. Les neiges furent trés-abondantes en Italie. ( Mémoires de l'Académie des sciences pour 1771, p. 801, et pour 1776, p. 7Zi; abbé Mann.) 1771-1772. Cet hiver fut un des plus rigoureux qu'on ait éprouvés depuis un temps immémorial dans les parties méridionales de la Russie et dans les environs de la mer Caspienne. Il tomba de la neige pendant trois semaines consécutives dans )e mois de décembre 1771; les orangers, dans la province de Ghilan, en Perse, furent gelés et il régna continuellement des vents violents de l'est. Ce temps rigoureux cessa dans les premiers jours de janvier, et l'on vit incontinent succéder le printemps. (Gmelin, Foyage en /'erse dans Histoire des dé- couvertes des savants de la Russie, t. 111, p. 63.) En France, l'hiver fut peu rigoureux ; à Denaiuvilliers, la plus basse tem- pérature observée fut de — 6°. 9 le 19 janvier, et les mois de décembre, de février et de mars furent très-doux. A Bruxelles, le minimum arriva le 31 janvier et fut de — 13". 6. [Mémoires de V Académie des sciences pour 1773, p. 512. ) 1772-1773. Le mois de février a été très-froid dans le nord de la France. La Seine a charrié des glaçons. Le minimum de la température fut de — 10».6, le 5, à Paris, de — 9".! à Denain- villiers, et le 6 de — 9°.i à Bruxelles. ( Mémoires de V Acadé- mie des sciences Tpouv mil, p. 572, et pour 1776, p. 75.) 177/1-1775. Cet hiver a débuté par des froids intenses. Le 27 no- vembre 1776, à Paris, la Seine était couverte de glaçons, et le thermomètre marquait —8». 8. A Franeker, en Frise, le froid fut aussi très-vif. La température la plus basse de Bruxelles fut —12°. 8 le 25 janvier. {Mémoires de r Académie des sciences pour 1776, p. 76 ; D' Clos ; Van Swinden.) 1776. Cet hiver a été rigoureux dans toute l'Europe ; le froid a surtout sévi pendant le mois de janvier, et les neiges furent extrêmement abondantes. Les circonstances diverses qui se sont présentées ont été de la part de Messier le sujet d'une étude comparative et approfondie. La gelée, très-intense, dura, à Paris, 25 jours consécutifs et présenta, le 29 janvier 1776, DU GLOBE TERRESTRE. 293 un minimum de— 19M. A Denainvilliers, Duhamel du Mon- ceau compta 22 jours de gelée consécutifs, du 10 janvier au 2 février; le minimum y fut de — IT^.S le 29 janvier; la gelée pénétra en terre à une profondeur de O^.GO. Voici les températures les plus basses qui ont été observées dans différentes villes : Saint-Pétersbourg, le 18 janvier — 33° .6 Dresde — 31 .2 Leipzig, le 27 janvier — 28 .7 Cracovie — 27 .5 Varsovie, le 27 janvier — 25 .6 Vienne, le 29 janvier — 23 .8 Stockholm, le 15 janvier — 22 .5 Nancy, le 1" février — 22 .5 Montdidier, le 29 janvier — 22 .5 Lyon, le 1" février — 21 .9 Franeker — 21 .9 Grenoble, en février —21.6 Berlin — 21 .U Tournai, le 28 janvier — 21 .3 Francfort, le 28 janvier — 21.3 Hambourg, le 27 janvier — 21 .3 Copenhague, le 26 janvier — 21.2 Manheim, le 1" février — 21 .2 Bruxelles , le 28 janvier —21.1 Saint-Quentin, le 28 janvier — 20 .6 Douai, le 28 janvier — 20 .6 Rotterdam, le 29 janvier — 20 .4 Amiens , le 27 février — 20 .3 Louvain, le 28 janvier _ 20 .0 Dijon, le 1" février — 20 .0 Strasbourg, le 29 janvier — 20 .0 Meaux — 19 .5 Montmorency, le 28 janvier — 19 .3 Amsterdam, le 28 janvier — 19 .2 Paris, le 29 janvier — 19 .1 Breda — 18 .9 Maestricht — 18 .9 Le Havre, le 28 janvier — 18 .8 Zurich, le 29 janvier _ 13 .7 >y4 SUR L'ÉTAT TIIERMOMÉTRIQUE Niouport, le 28 janvier — 1 8" .3 Namur — 18 .1 Denainvilliersj le 29 janvier — 17 .1 Genève , le 30 janvier — 16 .1 Pc^ticrs — 13 .5 Padoiie — 13 .2 Nortliampton, le 30 janvier — 12 6. Nantes —12.5 Londres, le 31 janvier — 10 .8 Saint-Jean-d'Angely — 10 .7 Montpellier — 7.5 Aix, le 18 janvier — G .2 Toulouse — 6.2 Bordeaux, le 19 janvier — 6.2 Brest, le 27 janvier — 6.0 Marseille — 5.0 Saint-Jean-de-Luz — 0 .6 Perpignan — 0.6 La moyenne des minima extrêmes de trente-deux villes de l'Europe, calculée par le P. Cotte, est de — 21°. 75. Les rigueurs du froid de cet hiver furent tn-s-sensibles sur les hommes, les animaux et les plantes. Le Rhin, la Seine, le Rhône, la Saône, la Medvvay et beaucoup d'autres fleuves furent pris presque entièrement. En Flandre, à Nieuport, Teau-de-vie, le tafia gelèrent. A Paris, le vin gela dans les caves et les tonneaux se rompirent. Sur les côtes maritimes, la glace eut jusqu'à 2'".'40 d'épaisseur. « Fi'embouchure de la Seine, sur une largeur de plus de 8,000 mètres, se montra, le 29 janvier et les jours suivants, toute couverte déglace ainsi que cette partie de la mer comprise entre la baie de Caen et le cap de la Hève, en sorte que du Havre la mer paraissait couverte de glace jusqu'à l'horizon. Cette glace était rompue par le flux et le reflux , ce qui donnait à notre mer l'ap- parence de la Baltique. » En Italie, le Tibre gela d'un bord à l'autre à Pérouse, ce qui est un fait très-rare; les lagunes de Venise furent prises. Le mal fait par la gelée aux végétaux fut constaté par nombre d'observateurs : les abricotiers, les pêchers soun"rir^nt beaucoup ; les alaternes, les phillyrea, quelques pins, les ifs, les ilex, les lierres, les houx, les ge- nêts, furent gravement endommagés. Un grand nombre d'ar- bres, des ormes, des tilleuls se fendirent du haut en bas DU GLOBE TERRESTRE. 295 aux environs de Paris. Une grande quantité de gibier périt. 11 y eut l)oaucoup de victimes du froid. Le couri-ier de Paris pour la Picardie fut trouvé gelé dans sa voiture, lorsqu'il arriva à Clermont en Beauvoisis. Plusieurs autres voyageurs furent trouvés morts dans les neiges. A Paris, Louis XVI fit allumer de grands feux dans les rues. « Les mendiants qui couchent dans les granges, dit Duhamel, eurent les pieds gelés; d'autres ont péri le long des chemins; on en a même trouvé de morts dans les maisons. Beaucoup de vieillards ont été frappés de mort subite. On a entendu des chênes se fendre avec bruit, j'en ai vu à Vrigny. » Dans la Provence, le froid ne fut pas assez intense pour faire souffrir les oliviers. ' M<'- moires de V Académie des sciences pour 1776, p. 1, pour 1777, p. 61/[i; Cotte; Toaldo ; abbé Mann.) 1783 - 178Ù. Cet hiver, mémorable surtout par sa longueur, a sévi dans toute l'Europe. A Paris, on compta 69 jours de gelée consécutifs. Le froid extrême moyen de cet hiver en Europe, résultant de la moyenne, dressée par le P. Cotte, des tempéra- tures minima de 83 villes, fut de — 19°.75. Voici les tempé- ratures les plus basses observées en diverses villes : A Stockholm, en janvier — 33° .7 le 15 février — 30 .0 En Transylvanie — 29 .6 A Prague, le 7 janvier — 28 .3 A Francfort, le .iO décembre — 26 .2 A Saint-Pétersbourg — 25 .1 A Manheim, le 30 décembre — 23 .1 A Ratisbonne, le 31 décembre — 23 .0 A Delft, en Hollande, le 31 décembre.. — 22 .5 A Vienne (Autriche), le 7 janvier — 21 .2 A -Munich, le 15 janvier — 21.2 A Amsterdam, le 30 décembre — 20 .0 A Hambourg, le 8 janvier — 20 .0 A Troyes, le 31 janvier — 19 .6 A Paris, le 30 décembre — 19 .1 A Strasbourg, le 30 décembre — 18 .7 A Chartres, le 30 décembre — 18 .7 A Pontarlier, le 31 janvier — 17. 5 A Bruxelles, le 31 décembre — 16 .3 A Tournai — 16 .2 296 SUR L'ÉTAT TIIERMOMÉTRIQUE A Lons-le Saunier, le 31 janvier — 13\7 A Montluçon, le 30 décembre —13.7 A Grenoble, le 2G janvier — 11 .8 A Alontpelb'er, en janvier — 3.8 A Perpignan, le 31 janvier 0 .0 « La gelée a commencé à Laon, dit Cotte, le lli décembre 1783, et n'a pas cessé jusqu'au 21 février 178Û ; elle a duré G9 jours : il n'y a eu d'interruption que les 25 et 26 décembre, les 1", 2, 3, 16 et 17 janvier ; le 31 décembre, il y eut ici — 18°. 6, mais ce qui a singulièrement augmenté la rigueur de cet hiver, ce sont les neiges abondantes et continuelles qui sont tombées depuis le 28 décembre jusqu'au 17 février. J'ai compté dans cet espace de temps 27 jours de neige et j'en ai mesuré 2 pieds (O^.GS). Plusieurs individus ont péri dans les neiges, le gibier mourait de faim, les loups affamés se répandaient dans les villages : plusieurs personnes ont été dévorées. Les chemins dans la campagne, les rues dans les villes étaient encombrés de neige ; la misère était extrême, surtout aux champs : on manquait de tout, de pain, de bois et d'argent. » {Journal de physique, t. XXV, p. /iSô.) Le docteur JMaret décrit ainsi cet hiver : « On le voit d'abord humide et excessivement froid, se prolonger bien avant dans le mois d'avril; faire périr en grande partie les animaux livrés aux seuls soins de la nature; arrêter les travaux de l'agriculture et retarder la végétation au point d'inspirer des inquiétudes sur le sort des grains confiés à la terre dans l'automne précédent; d'alarmer .sur celui des se- mences, céréales et légumineuses qu'on doit encore répan- dre... » ( Mémoires de l'Académie de Dijon pour 1784.) Aux environs de Paris, le vin se congela dans les caves ; la terre était gelée ù 0"'.65 de profondeur. Louis XVI fit allu- mer des feux publics dans les différents quartiers de la capi- tale pour chauffer les pauvres. On éleva, à la barrière des Ser- gents, une statue de neige représentant le roi. La Seine, sans prendre complètement, a charrié de nombreux glaçons. La débâcle se fit à partir du 21 février lentement et sans acci- dents; il n'en fut pas de même pour la Loire, l'Oise, la Marne, l'Aisne, etc., qui occasionnèrent les plus grands désastres : des ponts rompus, des villages entiers presque détruits, des habitants emportés avec leurs meubles, etc. La fonte de l'immense quantité de neige qui était tombée et les DU GLOBE TERRESTRE. 297 inondations qu'elle amena durèrent jusqu'à la fin de février ; mars et avril furent froids; la grêle succéda ù la neige, et la saison ne se rétablit que le 12 mai. En Suède, en Danemark, en Allemagne, en Hollande, en Pologne, en Angleterre, en Irlande, aux États-Unis même, les désastres produits par la rigueur du froid, la grande quantité des neiges, la fonte de ces neiges et les inonda- tions, furent considérables. Le Danube resta gelé pendant presque tout le mois de février. Depuis trente ans, il n'avait pas été fermé si longtemps ù la navigation. Le froid fut aussi très-extraordinaire pour le climat dans le Portugal et no- tamment à Lisbonne. [Mercure français, abbé Manu.) 1788 - 1789. Cet hiver a été un des plus rigoureux et des plus longs qui ait sévi dans toute l'Europe. A Paris, le froid a commencé le 25 novembre et a duré, sauf une interruption de la gelée pendant un jour (le 25 décembre), 50 jours consécutifs; le dégel eut lieu à partir du 13 janvier ; on mesura une épais- seur de neige de O^.ôS. Sur le grand canal de Versailles, dans les étangs et sur plusieurs rivières, la glace atteignit jusqu'à O^.eo d'épaisseur. L'eau gela aussi dans plusieurs puits très-profonds; le vin se congela dans les caves. La Seine commença à prendre dès le 26 novembre 1788; durant plusieurs jours le cours de la rivière fut interrompu, et la dé- bâcle n'eut lieu que vers le 20 janvier. La plus basse tem- pérature observée à Paris fut, le 31 décembre, de — 21°. 8. Le froid n'a pas été moins fort dans les autres parties de la France et dans toute l'Europe. Le Rhône fut complètement prisa Lyon ; la Garonne gela à Toulouse ; à Marseille, les bords du bassin furent couverts de glace. Sur les côtes de l'Océan, la mer a gelé dans une étendue de plusieurs lieues. La glace sur le Rhin fut si épaisse que des voitures chargées purent traverser ce fleuve. L'Elbe fut entièrement couvert de glaces et porta des chariots de transport. Le port d'Ostende fut gelé assez fortement pour qu'on pût traverser la glace à pied et à cheval ; la mer a été prise jusqu'à quatre lieues de dis- tance des fortifications extérieures de cette place dont aucun navire ne pouvait approcher. La Tamise fut gelée jusqu'à Gravesand, à six lieues plus bas que Londres ; pendant les fêtes de Noël et le commencement de janvier, à Londres et aux environs, le fleuve fut couvert de boutiques. En Irlande, les rivières furent glacées ; le Shannon fut pris à Limerick. Les voitures traversèrent le grand iielt sur les glaces ; il ne 298 SUR L'ÉTAT TIIERMOMÉTRIQUE resta de libre dans le Sund qu'iMiviron '200 mètres entre Cronenburg et Helsingfors. La Neva a été complètement prise à Saint-Pétersbourg dès le 15 novembre 1788. Le lac de Genève fut gelé auprès de cette ville pendant quinze jours en janvier. Les neiges furent partout très-abondantes, no- tamment en Autriche et en Italie; les rues de Rome et les campagnes environnantes en furent couvertes pendant douze jours. A Constantinople, le froid fut aussi très vif et la neige très-épaisse; sur les mers environnantes, les glaces étaient si abondantes que les navires n'osaient approcher. A Lisbonne, les rigueurs de l'hiver durèrent trois semaines. Le plus grand froid moyen de cet hiver, résultant de la moyenne des minima de 110 villes d'Europe, fut trouvé par Cotte de — 21°.25. Voici les plus basses températures ob- servées en divers lieux : Bâle (Suisse), le 18 décembre 1788 Brème (Allemagne), le 16 Saint-Albans (Angleterre), le 31 Varsovie (Pologne), le 18 Dresde ( Allemagne), le 17 Erlang (Allemagne), le 18 Eosberg (Norvège), le 29 Inspruck (Allemagne), le 30 Saint-Pétersbourg, le 12 Neuf brisach , le 18 Hanovre (Allemagne), le 16 Weimar ( Allemagne ), le 17 Anspach (Allemagne), le 19 Berlin (Prusse), le 28 Munich (Bavière), le 30 Leipzig (Allemagne), le 17 "Wetten (Saxe), les 21, 27, 28 Saint-Dié, le 31 Augsbourg (Allemagne), le 30 Grande Chartreuse, le 30 Copenhague (Danemark), le Zi janvier 1789. Strasbourg, le 31 décembre 1788 Colraar, le 19 Tours, le 31 Gotha (Allemagne), le 17 Lons-le-Saunier, le 31 37" .5 35 .6 33 .8 32 .5 32 .1 31 .3 31 .3 31 .3 30 .6 30 .2 29 .4 28 .8 28 .8 28 .8 28 .8 27 .5 26 .3 26 .3 26 .3 26 .3 26 .3 26 .3 25 .6 25 .0 2i .Il 2li .0 DU GLOBE TERRESTRE. 299 Pontarlier, le 31 — 23°. 8 Maiiheiin (Allemagne ), le 18 — 23 .8 Troyes, le 31 — 23 .8 Arras. le 30 — 23 .k Chùloii-sur-Saône, les 31 décembre 1788 et 5 janvier 1789 — 22 .8 Moulins, le 31 — 22 .6 Orléans, le 31 décembre 1788 — 22 .5 Beauirency, le 31 — 22 .5 Bude (Hongrie), le 30 — 22 .5 Lyon, le 31 — 21 .9 Vervins, le 31 — 21 .9 Étampes, le 31 ' — 21 .9 Rouen, le 30 — 21 .8 L'Aigle, le 30 — 21 .8 Paris, le 31 — 21 .8 Tournai, le 30 — 21 .2 Verviers, le 5 janvier — 21 .2 Liège — 21 .2 Grenoble, le 31 décembre — 21 .2 Roanne, le 31 — 20 .6 Joigny, le 31 — 18 .7 Angoulême, le 31 —18.7 Louvain, le U janvier — 17 .7 Marseille — 17 .0 Libourne, le 30 décembre — 16 .2 Orange — 15 .7 Anvers, le 5 janvier — 15 .0 Londres (hors de la ville) — 14 .4 Honfleur, le 30 décembre — 14 .3 Milan , —13.7 Limerick (Irlande) — 12 .0 Oxford (Angleterre), le 30 décembre. . . — 10 .6 11 résulte de ce tableau qu'il y eut trois époques bien tran- chées pour les minima extrêmes : dans une partie de l'Alle- magne, vers le 18 décembre 1788; dans une très -grande partie de la France, le 31 ; dans le nord de l'Europe vers le 5 janvier 1789. Le froid de cet hiver a sévi cruellement sur les hommes et les animaux; les végétaux furent aussi atteints d'une ma- nière grave. Dans le pays toulousain, le pain gela dans près- 300 SUR L'ÉTAT TIIERMOMÉTRIQUE que tous les ménages : on no pouvait le couper qu'après l'avoir exposé au feu. Plusieurs voyageurs périrent dans les neige.*;; i\ Lçniberg, en (lallicie, trente-sept personnes furent trouvées mortes de froid en trois jours à la fin de décembre. Les oiseaux qui habitent ordinairement le Nord se montrèrent dans plusieurs provinces de la France. Les poissons périrent dans presque tous les étangs à, cause de la profondeur qu'at- teignit la glace. Beaucoup d'arbres fruitiers furent profon- dément maltraités; une partie des vignes gelèrent; dans le Beaujolais, celles surtout qui étaient plantées dans les ter- rains humides furent profondément atteintes; on fut obligé de les tailler jusqu'au ras de terre. Les poiriers eurent beau- coup à souffrir; les pommiers, et surtout les arbres à fruit à noyau, résistèrent mieux; mais presque tous les noyers furent détruits. Dans les provinces méridionales, les oran- gers, les oliviers, les grenadiers moururent presque tous. « Les grands froids , dit M. de Gasparin , durèrent en Pro- vence du 20 décembre au 8 janvier ; le thermomètre des- cendit à Orange à — 15°. 7. Le dégel, comme en 1709, eut lieu subitement par un vent du sud qui succéda sans tran- sition au vent du nord et fit un mal considérable. » Les arbres forestiers furent aussi fortement endommagés : ceux de la famille des pins se trouvèrent en grande partie dé- truits; d'autres arbres se fendirent du haut en bas. Quant aux blés, ils furent garantis du froid par l'épaisse couche de neige qui les recouvrait : « Ils sont sortis, dit Cotte, très-verts de dessous la neige; ils sont même plus épais qu'à l'ordi- naire, parce qu'ils ont tallé et ont été purgés des mauvaises herbes qui les étouffent à la suite des hivers très-doux. Beaucoup de moutons renfermés dans des étables malsaines ont perdu leur laine et ont péri ; ceux qui étaient demeurés en plein air ont conservé leur toison et n'ont pas été malades. De tous les animaux domestiques, les chevaux ont le moins souffert; le gibier et le poisson ont succombé en partie. Les oiseaux des champs sont morts d'inanition à cause de la neige. » Lors du dégel, la débâcle des glaces, sur la plupart des fleuves, causa de grands désastres. Sur les bords de la Loire, notamment, sept lieues de terrain furent ravagés; les ponts de Tours, de Nevers, de la Charité, et des Ponts-de-Cé furent emportés. Les débâcles de la Saône et de la Dordogne pro- duisirent aussi de grandes pertes. ( Gnzette de France ; jlfer- cure de France; Journal de physique, t. XXXI V; Connaissance DU GLOBE TERRESTRE. 304 des temps do 1791 ; Journal des savants de 1789; Mémoires de V Académie des sciences pour 1789; Journal r/énéral de France; abbé Mann; Peignot; D' Clos; de Gasparin, Cours d'agriculture. ) 179i!i - 1795. Cet hiver a été remarquablement long et rigoureux dans toute rEurope. A Paris, ou compta 1x1 jours consécutils de gelée; le 25 janvier eut lieu le plus grand froid qui y ait jamais été observé ; le thermomètre descendit à — 23". 5. A Londres le minimum de température eut lieu le même jour et fut de — 13».3; à minuit, sur les bords du Rhône, près de Ge- nève de — lû°. Le Mein, l'Escaut, le Rhin, la Seine furent gelés au point que des voitures et des corps d'armée les traversèrent en plusieurs endroits. La Tamise fut prise dans les premiers jours de janvier, aux environs de \Vhite-Hall, malgré la hau- teur de la marée. Pichegru envoya, vers le 20 janvier, dans la Nord-Hollande, des détachements de cavalerie et d'artille- rie légère, avec ordre à la cavalerie de traverser le Texel, de s'approcher et de s'emparer des vaisseaux de guerre hol- landais surpris à l'ancre par le froid. Les cavaliers français traversèrent au galop les plaines de glace, arrivèrent près des vaisseaux, les sommèrent de se rendre, s'en emparèrent sans combat et firent prisonnière l'armée navale. Dans le midi de la France et en Italie, l'hiver ne fut pas moins ri- goureux, et le froid dura jusqu'au delà du commencement du printemps. Le dégel eut lieu avec de grands dommages causés par des inondations, particulièrement sur les bords du Rhin. [Moniteur universel; Magasin encyclopédique, 1. 1", p. 305; D'Clos.) 1798 - 1799. Le froid a été rigoureux durant cet hiver dans toute l'Europe. A Paris, on a compté 32 jours consécutifs de gelée, et la Seine a été prise complètement du 29 décembre 1798 jusqu'au 19 janvier 1799, du pont de la Tournelle au delà du Pont-Royal, mais sans pouvoir porter des piétons ; un homme ayant voulu le 9 janvier traverser le fleuve près du Pont-Neuf, la glace fléchit sous ses pieds et il tomba dans l'eau. La tem- pérature la plus basse observée fut, le 10 décembre 1798, de — 17''.6. Un aigle des Alpes fut tué à Chaillot. La Meuse, l'Elbe, le Rhin furent gelés plus solidement que la Seine. On traversa la Meuse en voiture ; à La Haye et à Rotterdam, des boutiques de marchands et toutes sortes de spectacles furent établis sur le fleuve. Un régiment de dragons partant de 302 SUR L'ÉTAT TIIERMOMÈTRIQUE Mayence traversa le Rhin sur la glace au lieu de passer sur le pont de Cassel qu'on avait été obligé de lever. Le froid fit périr plusieurs soldats au fort d'Ercnbreitstein. Dans le can- ton des Grisons, des sentinelles moururent aussi de froid sur les montagnes. La température fut également trés-àpre dans toute la Ligurie ; toutes les eaux gelèrent, et les orangers furent perdus. En Provence les oliviers souffrirent considé- rablement. Dans le Languedoc, le froid détruisit une grande partie de la récolte. (Moniteur universel; Journal de Paris, Lalande ; D'' Clos ; Martins. ) 1799-1800. Dans cet hiver, on compta à Paris Zi9 jours de gelée, dont 15 consécutifs, du 19 décembre au 2 janvier. Les 31 dé- cembre et 30 janvier, on nota la température minimum de — 13°. 1. La Seine fut prise au pont de la Tournelle depuis le 21 décembre 1799 jusqu'au li janvier 1800. A Mons, le 1" janvier, le thermomètre descendit à — 13M et à Lon- dres, le 31 décembre, à, — 8''.3. Dans le Midi, l'hiver ne fut rigoureux que pendant le mois de décembre; le froid fut modéré en janvier et en février; les blés souffrirent des gelées de décembre qui vinrent avant la neige; les figuiers furent gelés et la plupart périrent. (Journal manuscrit des crues de la Seine ; Moniteur universel; D' Clos. ) 1801-1802. Cet hiver fut encore très-rigoureux dans le Nord. La Meuse, le Wahal et le Rhin gelèrent ; la navigation sur la Ta- mise fut entièrement interrompue par les glaces. La Saône fut gelée à Dijon. A Paris, le thermomètre descendit, le 16 janvier, à — 15°.5; à Avignon, le 17, à — 10".6; à Mons, à — 17°.5; à Maestricht, le 15 janvier, à — 10o.3; et à Londres, le 16, à — 8".0. Il y eut en France de grandes inondations ' à la suite du dégel. [Monif.eur universel ; Veignot) 1803. L'hiver fut assez tardif, mais très-rigoureux, La Meuse, l'Elbe, la Seine gelèrent. A Paris le thermomètre descendit, le 12 fé- vrier, à — 12".5; la Seine fut prise du 17 janvier au 17 février. Plusieurs voyageurs moururent de froid en Hollande et en Allemagne ; tous les ports furent pris par les glaces. A Bruxelles et à Maestricht on nota le 11 février — 15\6; à Mons, le 12, —16". 3. Le Sund gela, et le 30 janvier plus de six mille per- sonnes le traversèrent. La neige rendit en Autriche les che- mins impraticables. {Journal de Paris; Journal des crues; Moniteur univeriel, Quetelet. ) \ 808 - 1809. Cet hiver a été doux dans le Midi, mais dans le Nord le DU GLOBE TERRESTRE. 303 froid fut tr^s-vif. A Paris, la Seine a charrié des glaces à deux reprises, du 20 au 29 décembre 1808, puis du 19 au 20 janvier 1809; le thermomètre descendit, le 21 décembre 1808, à — 12'.2, et le 18 janvier à —9". 6; à Maestricht, le 22 décembre, à— 10°. 5, et le 17janvier à — lû".7; à Mons, le 19 décembre à— 10°. 6; les 17 et 19 janvier à— 11°. 3. A Moscou, le mercure gela plusieurs fois vers la fin de mars, et les noiires furent trés-abondantes. [Jourual des crues de la Seine; Bibliothèque britannique, t. XLIII, p. 87. ) 1809-1810. Cet hiver a été très-froid dans toute l'Europe, même dans le Midi. A Paris, la température la plus basse eut lieu le 31 janvier; elle fut de — 12°.3. Le Journal manuscrit des crues et diminutions de la Seine donne les indications sui- vantes : « La rivière a commencé à charrier du bouzin (glace à cristallisation confuse) le 15 janvier 1810, sur les sept heures du matin ; elle a cessé dans la nuit du 25 au 26 ; le 28 jan- vier, elle a encore charrié du bouzin et elle a cessé dans la journée. Le 29, eUe a recommencé pour cesser dans la nuit du 2 au 3 février. Le 23 février, sur les deux heures du matin, elle a commencé à charrier pour cesser le soir du même jour. » A Avignon, le thermomètre est descendu le 22 février à— 9°.4; à Lyon, en janvier, à —15° ; à Maestricht, le 16 janvier, à— 14". 7, et à Mons, le 21 février, à— 15o. On a pu traverser la Saône sur la glace pendant plusieurs jours. La Meuse a été prise dans les derniers jours de décembre, et elle est restée gelée pendant une grande partie de janvier; le thermomètre descendit, à Bruxelles, à — lù°.7 le 3 et le 7 janvier. Le lac a été pris près de Genève le 22 février. La Loire a été prise près de Nantes. Vers le 15 janvier, le Danube, Tlnn, l'Iser, la Roth, la Vils et l'ilz gelèrent jusqu'à une distance assez considérable de Passau. Le froid fut très- rigoureux à Saint-Pétersbourg, La Dwina fut entièrement prise dès le commencement de novembre 1809, et le port d'Archangel fut bloqué par les glaces. i,Peignot; Quetelet; D'' Clos; Moniteur universel; Journal de Paris; Gazette de France.) 1810-1811. Cet hiver fut encore assez rigoureux. Les glaces inter- rompirent la navigation dans la Baltique. Le Sund fut presque tout à fait pris. La Meuse fut congelée du milieu de décembre au milieu de janvier; la plus basse température observée à Bruxelles fut de —\!\\1 les 3 et 7 janvier; à Maestricht, le 304 SUR L'ÉTAT TIIERMOMÉTRIQUE 7 janvier, de —IWJ, et à. Mons, le 3 janvier de — 11".9. Le ^Vahal et le Leck furent congelés. La Loire charria des glaces nombreuses. Il y eut à, Avignon, le 3 janvier, — 10°.9. Cepen- dant le froid fut modéré en Provence : à Hyères, la plus basse température de l'hiver fut le 1" janvier de — WM- D'après le Journal manuscrit des crues et diminutions de la Seine, la rivière a commencé à charrier du bouzin le 1" janvier 1811 sur les cinq heures du soir, et elle a cessé le 10 dans la ma- tinée. Le 25 et le 26 du même mois, elle a recommencé à charrier vers les cinq heures du matin pour cesser dans la journée. La plus basse température observée à Paris eut lieu le 7 janvier et elle fut de — 10". 3. (Quetelet; Bouvard; mo- niteur universel.) 1812-1813. Cet hiver est à jamais mémorable par les terribles dés- astres de la retraite de l'armée française ù travers les plus rudes frimas de la Russie, après la prise et l'incendie de Moscou. Le froid commença à sévir de bonne heure dans toute l'Europe. Partout la température la plus basse non-seu- lement de l'hiver, mais des deux années 181 2 et 1813 est arrivée en décembre 1812. Les premières neiges sont tombées à Moscou le 13 octobre; la retraite de l'armée commença le 18; Napoléon sortit de la capitale de l'empire moscovite le 19, et l'évacuation complète de la ville eut lieu le 23. L'armée s'est mise en marche sur Smolensk sans que la neige ait ces.sé de tomber. Les froids prirent une rigueur extrême à partir du 7 novembre ; le 9 le thermomètre marqua — IS». Après le court séjour à Smolensk, lorsque l'armée quitta cette ville du ih au 17 novembre, la température descendit à — 2P Réaumur (— 26\2), d'après l'observation de Larrey qui por- tait un thermomètre suspendu à la boutonnière de son habit. Le valeureux corps d'armée du maréchal Ney échappa à l'ar- mée russe qui l'enveloppait de toutes parts, en traversant durant la nuit du 18 au 19 novembre le Dnieper gelé. La veille, un corps d'armée russe traversa avec son artillerie la Dwina sur la glace. Mais le froid faiblit, et un dégel survint le 2/i, sans toutefois persister, de telle sorte que les 26, 27, 28 et 29, lors du long et tragique passage de la Bérézina, l'eau charriait de nombreux glaçons sans présenter nulle part un passage pour les hommes. Bientôt la rigueur du froid reprit énergiquement; le thermomètre redescendit à — 25° le 30 novembre, à — 30" le 3 décembre, et à —37° le 6 décem- bre à Molodeczno, le lendemain du jour où Napoléon partit de DU GLOBE Tl^RRESTRE. 305 Smorgoni et quitta rarméo après la rédaction du 29' l)ulletiii, qui apprit ii la France une partie des désastres de cette ter- rible campagne. C'est par ce froid intense que Tannée con- tinua sa retraite sur A\ ilna, passa le 11 et le 12 décembre le Niémen sur la glace près de Kowno et vint abriter ses rares débris derrière la Vistule et sur l'Oder. Le temps ne se radou- cit que vers la fin de décembre, et le reste de cet hiver trop précoce ne présenta plus aucun phénomène météorologique exceptionnel. Les effets du froid rigoureux auquel les soldats mal vêtus furent tout à coup soumis doivent être signalés ici comme un exemple de l'action des températures très -basses sur les êtres animés. D'abord les neiges épaisses du cemmen- cement de novembre assaillirent l'armée : « Pendant que le soldat s'efforce, dit M. de Ségur dans son Histoire de la campagne de Russie, pour se faire jour au travers de ces tour- billons de vent et de frimas, les flocons de neige, pous- sés par la tempête, s'amoncellent et s'arrêtent dans toutes les cavités; leur surface cache des profondeurs inconnues qui s'ouvrent profondément sous nos pas. Là, le soldat s'engouf- fre, et les plus faibles s'abandonnant, y restent ensevelis. Ceux qui suivent se détournent, mais la tourmente leur fouette au visage la neige du ciel et celle qu'elle enlève à la terre; elle semble vouloir avec acharnement s'opposer à leur mar- che. L'hiver moscovite, sous cette nouvelle forme, les atta- que de toutes parts : il pénètre au travers de leurs légers vêtements et de leurs chaussures déchirées. Leurs habits mouillés se gèlent sur eux; cette enveloppe de glace saisit leur corps et roidit tous leurs membres. Un vent aigu et violent coupe leur respiration ; il .s'en empare au moment où ils l'exhalent et en forme des glaçons qui pendent par leur barbe autour de leur bouche. Les malheureux se traînent en- core en grelottant jusqu'à ce que la neige, qui s'attache sous leurs pieds en forme de pierre, quelque débris, une branche ou le corps de l'un de leurs compagnons les fasse trébucher et tomber. Là, ils gémissent en vain; bientôt la neige les cou- vre ; de légères éminences les font reconnaître : voilà leur .«épulture! La route est toute parsemée de ces ondulations comme un champ funéraire. Les plus intrépides ou les plus indifférents s'affectent : ils passent rapidement en détour- nant leurs regards. Mais devant eux, autour d'eux, tout est neige : leur vue se perd dans cette immense et triste uni- VllL — y. 20 306 SUR I/I-TAT TIIKH.MOM ÉTRIQUÉ formité, Timagination s'étonne : c'est comme un grand lin- ceul dont la nature enveloppe l'armée. Les seuls objets qui s'en détachent, ce sont de sombres sapins, des arbres de tombeaux avec leur funèbre verdure, et la gigantesque immobilité de leurs noires tiges, et leur grande tristesse qui complote cet aspect désolé d'un deuil général, d'une nature sauvage et d'une armée mourante au milieu d'une nature morte. Tout, jusqu'à leurs armes encore oftensives à Malo- laroslawitz, mais depuis seulement défensives, se tourna alors contre eux-mêmes. Elles parurent à leurs bras engour- dis un poids insupportable. Dans les chutes fréquentes qu'ils faisaient, elles s'échappaient de leurs main -, elles se brisaient ou se perdaient dans la neige. S'ils se relevaient, c'était sans elles, car ils ne les jetèrent point, la faim et le froid les leur arrachèrent. Les doigts de beaucoup d'autres gelèrent sur le fusil qu'ils tenaient encore, et qui leur ôtait le mouvement nécessaire pour y entretenir un reste de chaleur et de vie. » Un chirurgien-major de la grande armée, M. René Bour- geois, a décrit en ces termes les souffrances atroces causées par les froids extrêmes du commencement de décembre : « Les chau.ssures des soldats brûlées par les neiges furent bientôt usées. On était obligé de s'entourer les pieds de chiffons, de morceaux de couvertures, de peaux d'animaux qu'on attachait avec des liens de paille ou de ficelle, et qui ne garantissaient que faiblement de l'impression du froid Malgré ce qu'on faisait pour mitiger les effets du froid, en s'entourant de tout ce qui pouvait servir de vêtements, peu de monde échappa à la congélation et chacun en fut frappé dans quelques parties du corps. Heureux ceux à qui elle n'atteignit que le bout du nez, les oreilles et une partie des doigts. Ce qui rendait ses ravages encore plus funestes, c'est qu'en arrivant près des feux, on y plongeait imprudemment le? parties refroidies qui, ayant perdu leur .sensibilité, n'étaient j)lus susceptibles de ress^^ntir l'impression de la chaleur qui les consumait. Bien loin d'éprouver le soulagement que l'on recherchait, l'action subite du feu donnait lieu à de vives douleurs et déterminait promptement la gangrène... Toutes les facultés étaient anéanties chez la plupart des soldats, la certitude de la mort les empêchait de faire aucun effort pour s'y soustraire : se croyant hors d'état de supporter la moindre fatigue, ils refusaient de continuer leur route et se couchaient à teri'e pour y attendre la fin de leur déplorable DU GLOBE TEURESTRE. 307 existence. Un grand nombre étaient dans un véritable état de démence, le regard fixe, l'œil hagard; ils marchaient comme des automates dans le plus profond silence. Les ou- trages, les coups môme étaient incapables de les rappeler à eux-mêmes. Le froid excessif, auquel il était i.mpossible de résister, acheva de nous détruire. Chaque jour il moissonnait un grand nombre de victimes, les nuits surtout étaient très- meurtrières : la route et les bivouacs que nous quittions étaient jonchés de cadavres. Pour ne pas succomber, il ne fallait rien moins qu'un exercice continuel qui tînt constam- ment le corps dans un état d'effervescence et répartît la chaleur naturelle dans toutes les parties. Si, abattu par la fatigue, vous aviez le malheur de vous abandonner au som- meil, les forces vitales n'opposant plus qu'une faible résis- tance, l'équilibre s'établissait bientôt entre vous et les corps environnants, et il fallait bien peu de temps pour que, d'a- près l'acception rigoureuse du langage physique , votre sang se glaçât dans vos veines. Quand, affaissé sous le poids des privations antérieures, on ne pouvait surmonter le be- soin du sommeil, alors la congélation faisait de rapides pro- grès, s'étendait à tous les liquides, et l'on passait, sans s'en apercevoir, de cet engourdissement léthargique à la mort. Heureux ceux dont le réveil était assez prompt pour prévenir cette extinction totale de la vie ! Les jeunes soldats qui ve- naient de rejoindre la grande armée, frappés tout à coup par l'action subite d'un froid auquel ils n'avaient point en- core été exposés, succombèrent bientôt à l'excès des souf- frances auxquelles ils étaient livrés. Ceux-ci ne périssaient ni d'épuisement, ni d'inaction, et le froid seul les frappait de mort On les voyait d'abord chanceler pendant quelques in- stants et marcher d'un pas mal affermi comme des hommes ivres. Il semblait que tout leur sang fût refoulé vers leur tête, tant ils avaient la figure rouge et gonflée. Bientôt ils étaient entièrement saisis et perdaient toutes leurs forces. Leurs membres étaient comme paralysés; ne pouvant plus soutenir leurs bras, ils les abandonnaient à leur propre poids et les laissaient aller passivement : leurs fusils s'écliappaient alors de leurs mains, leurs jambes fléchissaient sous eux, et ils tombaient enfin, après s'être épuisés en efforts impuis- sants. Au moment où ils se sentaient défaillir, des larmes mouillaient leurs paupières, et quand ils étaient abattus, ils se relevaient à diverses reprises pour regarder fixement c3 308 SUR L'ÉTAT TllERiMOMÈTRlQUE qui les environnait; ils paraissaient avoir perdu entièrement le sens, et ils avaient un air étonné et hagard; mais l'ensem- ble de leur physionomie, la contraction forcée des muscles de la face offraient des traces non équivoques des cruelles douleurs qu'ils ressentaient. Les yeux étaient extrêmement rouges et très-souvent le sang transsudait à travers les pores et s'écoulait par gouttes au dehors de la membrane qui re- couvre le dedans des paupières. » L'eau glacée dans laquelle durent plus d'une fois se plon- ger nombre de soldats pour effectuer le passage de torrents ou de rivières non congelés complètement, produisit des ma- ladies particulières dont l'issue fut presque constamment mortelle. C'est ainsi que mourut, à Kœnisbcrg, ù, la fin de décembre, l'illustre général Éblé qui avait sauvé les derniers débris de l'armée au passage de la Bérézina ; des cent pon- tonniers qui à sa voix s'étaient plongés dans l'eau du fleuve pour construire les ponts, il en restait douze; des trois cents autres qui les secondèrent dans ce travail héroïque, il en restait un quart à peine. Dans le reste de l'Europe, le mois de décembre 1812 fut extrêmement rigoureux. Les plus basses températures obser- vées ne furent àParis que de —10°. 6 le 9 décembre 1812. et de — 7" le 21 janvier 1813. Le Journal manuscrit des crues et (limi. -ans de la Seine donne les détails suivants qui reflè- tent 11, variations de la température : « Le 9 décembre, vers cinq heures du matin, la rivière a commencé à charrier ; elle a cessé ce même jour à quatre heures du soir. Le 10, à trois heures du matin, elle a charrié de nouveau jusqu'au ih, à quatre heures et demie du soir, qu'elle s'est arrêtée. L'échelle marquait I^.ÎS. Le 17, vers midi, la débâcle s'est faite par les grands et les petits ponts. Les grands ponts ont ensuite débâclé dans la nuit du 17 au 18, puis la glace s'est arrêtée depuis le dessous du Pont-Neuf jusqu'à la pointe orientale de l'île de la Cité, en laissant le petit bras de l'Hùtel-Dieu libre de glace, ainsi qu'une charrière jusque vers la rue de Seine. Le 18, vers dix heures du soir, toute la glace qui était restée depuis la pointe orientale de l'île de la Cité jusqu'au-dessous du Pont-Neuf, s'est échappée. Un bateau qui est venu se pla- cer en travers des deux arches navigables du pont Notre- Dame a retenu de nouveau la glace; ce qu'il en restait dans la partie supérieui^e s'est écoulé par le petit bras du nord. Le 19, à quatre heures du matin, la glace restée dans le DU GLOBE TERRESTRE. 309 grand bras s'est écoulée. Le 26, elle a recommencé à char- rier sur les six heures du matin; elle a cessé le 30 dans la journée. » Les températures les plus basses notées en divers lieux ont été : Liège — 17°. 5 Maestricht, le iU décembre — 16 .G Id. le 25 janvier — 8 .9 Strasbourg — 15 .6 Mons, le li décembre — 15 .0 Poitiers, le 26 janvier — 12 ..^i Paris, le 9 décembre — 10 .6 Avignon, le 25 janvier — 5.0 Londres, le 9 décembre — 3.9 Id. le 29 janvier —3.9 Hyères, le 15 janvier 0.0 Dans le pays toulousain, d'après le D' Clos , cet hiver fut froid et assez sec ; il y eut de fortes gelées dans le dernier tiers de janvier et le premier tiers de février. L'année fut anomale pour les saisons et désastreuse pour les récoltes. 1818-1819. Durant cet hiver le froid ne fut un peu vif que dans le mois de décembre. La Meuse fut prise le 17 décembre après si.K jours de gelée seulement; le plus grand froid, à Bruxelles, fut de — 10". 1; à Maestricht, le J 8 décembre, de — 10". 3, le 8 février de— 10".0; ù, Mons, le 18 décembre, de — 8°.8. A Paris, les plus basses températures observées furent do — 6°.4 le 27 décembre 1818 et de — 6°.3 les 1" et 31 janvier 1819 ; à Avignon, le 7 janvier, de — 1".3 ; à Orange, les 28 et 29 décembre, de— /i".5; à Hyères, le 14 décembre, de 0°. A Londres, il n'y eut que — Zi".Zi, le 17 décembre. Le froid fut très-rigoureux à Madrid. Dans le Nord, il ne fut pas exceptionnel ; l'Elbe charria à la fin de décembre. (Moniteur universel; annales de chimie et de physique; Quetelet. ) 1819-1820. Le froid a été extrêmement vif pendant cet hiver dans toute l'Europe, quoique ses rigueurs extrêmes n'aient pas duré longtemps. A Paris, on compta hl jours de gelée, dont 19 consécutifs, du 30 décembre 1818 au 17 janvier 1819. Le minimum de la température fut, le 11 janvier, de — lZi°.3. La Seine fut entièrement prise du 12 au 19 janvier. La Saône, le Rhône, le Rhin, le Danube, la Garonne, la Tamise, les lagunes de Venise, le Sund furent congelés de manière qu'on 310 SUR L'ÉTAT TIIRRMOMÊTRIQ UE ■put se promener sur la glace. Les plus basses températures observées en différentes villes sont les suivantes : Saint-Pétersbourg , le 18 janvier — 32°. 0 Berlin, le 10 janvier — 2/i .i Maestricht, le 8 décembre —11". 6 et le 10 janvier — 19 .3 Strasbourg, le 15 janvier — 18 .8 Commercy (Meuse), le 12 janvier.... — 18 .8 Malines, en janvier — 18 .1 La Chapelle (près Dieppe), le 15 janv. — 17 .7 'Marseille, le 12 janvier — 17 .5 Metz, le 10 janvier -^ 16 .3 Mons, le 11 et la 15 janvier — 15 .6 Riez (Basses- Alpes), le 12 janvier — 15 .0 Joyeuse, le 11 janvier — 15 .0 Paris, le 11 janvier — l/i .3 Toulouse, le 11 janvier — 13 .8 Orange, le 11 janvier — 13 .0 Alais, le 12 janvier — 12 .3 En Piémont — 12 .0 Hyères, le 11 janvier — 11.9 Vence ( Var), le 11 janvier — 11 .3 Avignon, le 11 janvier — 11.3 Montpellier, le 12 janvier —11.0 Londres, le 11 décembre 1819 — 7 .8 Id. le 5 janvier 1820 —7.2 Les effets du froid furent terribles, soit à cause de son in- tensité même, soit par suite du dégel qui fit fondre rapide- ment de grandes masses de glaces et de neiges amoncelées. En Suède, on n'a éprouvé que très-rarement un froid plus rigoureux, et l'on n'y avait jamais vu une quantité de neige plus considérable. Dans le Danemark, où la mer a été gelée' tout autour de l'île de Fionie, de sorte qu'on put aller d'Arroe dans cette île et de Svendborg à Thorseng et à Langelang en passant sur la glace, on a trouvé sur la route de Randers à Aarhuus une femme gelée ainsi qu'un enfant qu'elle allai- tait. Le Sund étant pris, il y eut un passage très-suivi de traîneaux entre la côte de Suède et celle de Danemark. Un grand nombre de sentinelles, 170, dit-on, ont été gelées dans une nuit à Saint-Pétersbourg; des loups pi-essés par la faim se sont montrés dans plusieurs quartiers de cette ville. DU GLOBE TERRESTRE. 3IÎ En Allemagne, le froid ne fbt pas moins rude : plusieurs factionnaires ont été trouvés morts dans leurs guérite;:, à Berlin ; beaucoup de voyageurs succombèrent sur les routes. La débâcle du Danube fil de grands ravages aux environs de Vienne; des loups entrèrent dans liucharest. Kn Hollande, la débâcle de la Meuse, du Rhin, du Wahal et du Leck causèrent de graves inondations. En Belgiciue, ou vit au moment du dégel l'Escaut charrier pendant deux jours des débris de toute sorte, des bestiaux, des cadavres En Angleterre, lintensité du froid a été telle que toute communication avec les bàtimenis mouillés ùDeptford, Wool- Avich et autres stations de la Tamise était devenue presque impossible. Ce n'est qu'avec beaucoup de peine et de tra- vail que l'on parvint en quelques endroits à traîner sur la glace des provisions aux vaisseaux mouillés au milieu du fleuve. Cependant la glace ayant acquis une épaii=seur de près de 2 mètres, tant à Deptford qu'en d'autres endroits, il s'est établi dessus une esp:^ce de foire. Les effets du froid se sont également fait sentir au-dessus des ponts de Londres, et de- vant Lambeth on vit un morceau de glace de Ix mètres d'é- paisseur. La glace de la Tamise, au-dessous du pont de Kew, atteignit O^.ô d'épaisseur. La débâcle amena de grands désas- tres; plus de ZiOO bâtiments furent entraînés à la dérive. En France, la vivacité du froid fut annoncée par le pas- sage sur le littoral du Pas-de-Calais d'un grand nombre d'oi- seaux venant des régions les plus boréales, par des cygnes et des canards sauvages à plumages variés. Plusieurs voyageurs périrent de froid, notamment un cultivateur du Pas-de-Calai-, près d'Arras; un garde forestier près de Xogent, dans la Haute- Marne; une femme et un homme dans la Côte-d'Or, deux voyageurs sur la route de Breuil, dans le département de la Meuse ; une femme et un enfant sur la route d'Étain à Verdun ; six individus dans l'arrondiss ment de Château-Salins (Mour- the) ; deux petits Savoyards sur la route de Clermont à Cha- lon-sur-Saône. Dans des expériences faites à l'école d'artillerie de Metz, le 10 janvier, pour essayer la résistance du fer à de basses températures, plusieurs soldats eurent les mains ou les oreilles gelées. Le vin gela dans un grand nombre de cel- liers. M. d'Hombres-Firmas rapporte que le Cardon, qu'il n'avait jamais vu pris, était congelé de manière à être traversé sur la glace par des bêtes chargées. La débâcle de la Seine produisit de graves accidents ; vingt-cinq bateaux furent dé- 312 SUR L '£TAT THERMOMÉTUIQUE truits à Taris, depuis le pont d'Austerlitz jusqu'au pont d'Iéna; les quais de la Grève et des Ormes furent submer- gés. Une digua de la Robec fut rompue et Tune des piles d'un pont de Rouen fut emportée. La débâcle des glaces de la Saône détruisit beaucoup de bateaux et inonda le fau- bourg de Valse, à Lyon. L'Italie fut également éprouvée par les gelées et les frimas : Venise fut pendant queUjues jours bloquée par les glaces; la mer fut gelée do manière qu'on put se rendre de cette ville à la terre ferme. Rome fut pendant trois jours couverte de neige. Lors du dégel , le Tibre sortit de son lit. L'Arno fut gelé en partie. Les etlets du froid sur la végétation furent très-remarqua- bles. Les blés ont été éclaircis, surtout dans les terres hu- mides; les avoines d'hiver ne résistèrent pas. Une grande partie des oliviers périrent en Provence. Tous les orangers d'Hyères et de ^ice durent être coupés ras de terre : ils n'avaient pas autant souffert depuis 1787. D'après M. Delile, directeur du Jardin botanique de Montpellier, voici les plantes de pleine terre qui ont péri par la gelée de — 11". 3 du 10 janvier 1820, à Montpellier : Phœnlx dactylifera, le dattier, âgé de vingt-quatre ans, et qui commençait à s'élever et à former le tronc par sa base; — Cliamœrops humilis; — plu- sieurs cactus et aloès de dix ù, douze ans; — Jgnve ameri- cana; —les thymélées et myrtées de la Nouvelle -Hollande, savoir : Gnidia simplex; Mclaleuca thymifolia ; Eucalyptus obliqua; — le Phormium tenax , ou lin de la Nouvelle-Hol- lande; — Buddleia (jlobosa, arbuste du Chili, âgé de quinze à vingt ans; — Verbena triphijUa, ou verveine à odeur de citron, arbrisseau du Chili ; — lilius viminale, du Cap de Bonne-Espérance ; — Melianthus comusus, du Cap, arbrisseau de six ans. M. D'Hombres - Firmas a décrit ainsi les effets des fortes gelées dans le département du Gard: « Les bois de chêne vert semblaient brûlés; nous avions cru que tous les figuiers seraient morts; néanmoins, plus de la moitié ont repoussé des principales branches, quelques-uns du pied. Beaucoup de lauriers, tous les myrtes de nos jardin et plusieurs autres arbustes ont péri. Le 10 janvier, le troncs d'un grand nombre de mûriers éclatèrent tout du lon^ avec bruit. Nous remarquâmes que les fentes, qui avaient de Zi à 10 millimètres de largeur, étaient toutes tournées I DU GLOBE TERRESTRE. 313 vers le midi ; sans doute parce que le bois est plus lâche, et que la sève , plus abondante de ce côté que du côté du nord, rompit, en se gelant, les vaisseaux et les fibres végé- tales. Comme les arbres les plus jeunes avaient probablement plus d'élasticité dans leur texture, et les vieux plus de force, ce furent particulièrement les arbres de dix à trente ans qui éprouvèrent cet accident. Les fentes restèrent ouvertes jus- qu'au dégel et se refermèrent parfaitement; l'écorce s'est scellée et les arbres n'en vivent pas moins. Le plus grand mal qu'ait occasionné le froid de janvier est la perte de nos oliviers. 11 paraît, néanmoins, que la majeure partie des vieux arbres repoussera; plus de la moitié des jeunes, et dans quel- ques quartiers tous ceux plantés depuis un ou deux ans sont morts. )) Les vignes souffrirent beaucoup dans les environs de Manosque, sur les bords de la Durance et dans le Bordelais. [Annales de chimie et de physique; Bibliothèque tmiver- selle de Genève; Notes manuscrites de M. de Gasparin et de M. d'IIombres-Firmas ; Peignot; Moniteur universel ; Journal des Débats.) 1820-1821. Cet hiver n'a été un peu rigoureux que dans le nord de la France et une partie de l'Allemagne. A Paris il y eut 5Zi jours de gelée dont 15 coni-é.;utifs. La Seine fut prise le 31 décembre 1820 et la débâcle eut lieu sans accident le 7 janvier suivant. Le Rhin fut gelé également, et le 3 janvier, à Dusseldorf, des voitures de poste le traversèrent sur la glace. Les minima de température de cet hiver se produisirent du 31 décembre au 3 janvier. En voici quelques-uns : Malines, en janvier, — 15"; La Chapelle (près Dieppe), le 1" janvier, —130.8; Paris, le 31 décembre, —13"; Maestricht, le 1" jan- vier, —12°; Mons, le l" et le 2 janvier, —8 '.8; Orange, le 2, — 5". 1822-1823. Cet hiver fut rigoureux en France et en Belgique. On compta à Paris 53 jours de gelée dont 21 consécutifs. Le froid commença le 8 décembre 1822 et continua, sauf une interruption de deux jours (les 11 et 12). jusqu'au 2 janvier, pour reprendre ensuite du 9 au 25. La Seine fut prise deux fois, du 30 décembre au 8 janvier, époque de la première débâcle, et du 15 au 29, époque de la seconde. En Allemagne , le Kecker fut gelé également deux fois et traversé en \oiture; il en fut de môme du Rhin, qu'on ne se souvenait pas d'a- voir vu congelé par une température aussi modérée (—11" à. 3U SUR L'ÉTAT TIIHIUMOMÈTIUQUE —12°^ En Belgique, la Meuse a été prise le 17 décembre 182'2 après six jours de gelée pendant lesquels la température la plus basse observée a été de —8°; les gelées ont continué jusqu'au 28 janvier 1823; le 23, le thermomètre marqua à .Macstricht -22''.9; la débîlcle de la rivière eut lieu le 30 janvier. 1,'Escaut n'a fait que charrier de très-gros glaçons. En Hollande , on a passé sur le Leck devant Wageninger avec les plus pesants fardeaux. Dans la France centrale, la glace des rivières ne fut pas très-forte, car les journaux rap- portent des cas nombreux d'accidents mortels arrivés à des patineurs, à Rouen, au Mans, etc. Dans les Alpes, dans le Piémont et les États romains, il y eut beaucoup de neige. A Domo-d'Oi^sola. il en tomba pendant quarante-huit heures sans interruption et en telle quantité que les avalanches rompirent des grandes routes et ensevelirent plusieurs per- sonnes et un grand nombre de bestiaux. Voici les tempéra- tures les plus basses observées en différents lieux : Saint-Pétersbourg, le 7 février 1823. — 30". Zi Malines. en janvier — 2'i .!\ Maestricht, le 23 janvier — 22 .9 Bruxelles, le 16 décembre —h". h, et le 25 janvier — 17 .5 Paris, le 27 déc. —8'. 8 et le l/i janv. . — IZi .6 La Chapelle, près de Dieppe, le 30 dé- cembre — 9\9 et le 22 janvier — 11 .1 Orange, le 2 déc. — k" et le 13 janv. . . — 6 .7 Avignon, le ilx janvier — G .2 Londres, le 30 déc. —3». 9 et le 22 janv. — 5 .6 Rome, les 29 et 30 décembre — 4.0 Hyères, le 19 janvier — 1.2 {.innales de chimie et de physique; Moniteur universel; Bibliothèque universelle de Genève; Quetelet. ) 1826-1827. Cet hiver a été remarquable par l'énorme quantité de pluie et de neige tombée en Allemagne, en France, notam- ment en Provence, en Italie et jusqu'à Constantinople, pen- dant la dernière partie de décembre 1826 et la première de janvier 1827. 11 y eut h Paris 51 jours de gelée dont 33 con- sécutifs; le froid commença le 3 janvier, cessa le 6, reprit le 17 et continua avec intensité, sauf une interruption d'un seul jour (le 20 février) jusqu'au 25 de ce mois. Les neiges furent extrêmement abondantes dans l'Auvergne. En Belgi- DU GLOBE TERRESTRE. 315 que. les mois de janvier et de février furent très-froids, et le déjrel dt^finitif ne commença que le 27 février; la Meuse fut prise complètement devant Dinant et Maestricht. Les plus basses températures de cet hiver notées dans difl'érentes villes ont été : Hospice du Grand-St-Bernard, le 20 janv. — 2i'.0 Bâle, le 18 février — 21 .0 Metz, le 18 février — 20 .2 Genève, le 25 janvier _ 18 .7 Maestricht, le 15 février — 18 .2 Strasbourg, le 17 février — 15 .0 Bruxelles, le 16 février — lli .U Lyon, le 23 janvier — IS"" .0 Joyeuse, le 2!x janvier — 13 .0 Paris, le 18 février — 12 .8 Laon, le 18 février — 12 .0 La Chapelle (près Dieppe), le 18 février. — 11 .U Avignon, le 21 janvier — 11 .3 Orange, le 25 janvier — 10 .6 Londres, le 3 janvier — 8 .9 Alais, le 2't janvier — 8.8 Madrid, le 3 janvier — 5.5 Hyères, le 2ù janvier — 3.6 M. de Gasparin s'exprime ainsi dans son journal météoro- logique sur les effets du froid en Provence : « L'hiver n'a pas fait de mal aux avoines, parce qu'elles étaient sous la neige lors du grand froid du 25 janvier. >»os myrtes, nos lauriers roses sont morts dans leur tige; les oliviers n'auraient, dit-on, souffert qu'aux branches et dans certaines expositions. Les sainfoins semés avant l'hiver sont morts. L'année 1827 tout entière a été exceptionnelle dans notre climat : les neiges ont été abondantes et persistantes jusqu'au milieu de février. » {/Innales de chimie; Bihliotkéque taiiverselle de Genèce ; Mo-niteur unirersel ; Clos; Martins; Notes manuscrites de M. de Gasparin.) 1828-1829. Cet hiver ne fut pas aussi rude en France qu'en Belgi- que, en Allemagne et dans les provinces Danubiennes. H y eut cependant à Paris 60 jours de gelée ; le froid commença le 6 janvier 1829 et dura 21 jours consécutivement avec de très -fortes gelées; il reprit le 31 janvier et persista jus- 316 SUR L'ÉTAT TIIERMOMÉTRIQUE qu'au 11 février, mais moins rigoureux et avec une inter- mittence de 3 jours. La Seine était prise à Rouen le 18 jan- vier auprès de Caudebec; à Paris elle prit le 25 janvier et la débâcle eut lieu le 28. D'après le journal de M. Craliay, re- cueilli par M. Quetelet, les gelées Ci Maestricht ont commencé le 5 janvier. Le 11, le froid était de — 12\6 ; le 17 de— 18°. 5. Toutes les nuits, jusqu'au 25, le thermomètre descendait do —11° à — 18" ; après une interruption de gelée depuis le 27 jusqu'au 30, le froid a repris jusqu'au iti février; le mini- mum était de — 10°.6 du 11 au 12. 11 y eut encore de temps en temps des gelées jusqu'à la fin de mars. La Meuse fut en- tièrement prise du milieu de janvier au milieu de février; le Rhin gela également, et sa débâcle causa une grave inon- dation à Grunthal. La navigation du Danube fut entièrement interrompue par les glaces ; le fleuve commença à se congeler dès le mois de novembre. En Russie, le port de Revel était fermé par les glaces dès le 8 décembre. 11 tomba des neiges abondantes sur les bords du Danube, à Strasbourg, à Genève et en Espagne. Voici les plus basses températures observées en différents lieux : Berlin, le 2Zi janvier — 25» 0 Francfort, le 23 janvier — 21 .2 Bùle , le 12 février — 19 .1 Hospice du Grand-Saint-Bernard, 1" fév. — 18 .2 Paris, le 2/i janvier — 17 .0 La Chapelle ( Dieppe), le 23 janvier — J6 .3 Metz , le 22 janvier — 1^.0 Quillebeuf, les 2i et 25 janvier — IZi .0 Genève , le 1" février — 13 .9 Orange, le 26 janvier. — 12 .1 Joyeuse , le 25 janvier — 11 .5 Alais, en février — 10 .8 Bruxelles, le 21 décembre — 9 .Zi Avignon , le 15 décembre — 2.3 Hyères, le 13 février — 0 .6 « A Orange, dit M. de Gasparin, la terre a été couverte dd neige depuis le 10 janvier, et elle paraît avoir protégé les blés qui sont verts par-dessous. Les verglas ont fait beaucoup de mal aux mûriers en faisant éclater les branches : un rameau de Oii'1.75 portait 4iiii,5 de verglas. Il est remarquable que DU GLOBl- TEUUIiSTIlE. 317 l'hiver a 6té très-doux à Marseille et sur toute la côte de la Proveoce. » Il y eut aussi beaucoup de neige et de fortes ge- lées dans le pays toulousain. [Annales de chimie ; Bibliothè- que îiniversel/e de Genève; Moniteur universel; MAI. Clos; Aîariins; de Gasparin,) 1829-1830. Cet hiver a été le plus précoce et le plus long des hivers de la première partie du xix* siècle; sa continuité a été par- ticulièrement funeste à l'agriculture dans les contrées méri- dionales. Ses rigueurs, sans être extrêmes, s'étendirent sur toute l'Europe : un grand nombre de fleuves furent congelés, et le dégel fut accompagné de désastreuses débâcles et de grandes inondations; beaucoup d'hommes et d'animaux pé- rirent; les travaux des champs demeurèrent longtemps sus- pendus. Le tableau suivant donnera une idée nette de la marche progressive du froid : le 22 octobre 1829, Jassy (Moldavie) forte gelée le 3 novembre Varsovie — 5" .0 le 21 novembre Paris — 5.3 le 22 décembre Saint-Pétersbourg.,. — 30 .0 le 23 décembre Berlin — 21 .0 le 24 décembre Genève — 18 .2 [Berlin — 21 .0 le 25 décembre | Genève — 16 .5 ( Orange — 12. 2 I Maestricht — 18 .1 lOrange — 12.2 le 26 décembre ■; Paris —12.0 1 Toulouse — 10 .3 ' Bordeaux — 10 .0 Aurillac — 23 .6 Ipau — 17 .5 I Paris — 14 .2 le 27 décembre ^^.j^^^^ _ ^3 o /Toulouse — 12 .5 1 Lyon — 12 .0 [ Paris — 14 .5 Ulais — 10 .8 le 28 décembre < Marseille — 10.1 i Londres — 7 .6 I Hyères — 5.3 318 SUR L'ÉTAT TIIERMOMÉTIUQUE I Saint-Pétersboui'g. . . I Metz le 29 décembre 1829, ,' Joyeuse 1 Toulouse [Paris , „„ ,, , (Avignon le 30 décembre ., .,, (Marseille le 31 décembre i, , ( Bordeaux ( Pciris • le i" janvier 1830, „ •' ( Rome le 3 janvier Joyeuse le 5 janvier Alais le 8 janvier Orange le 10 janvier Genève le 11 janvier Paris le 12 janvier Paris ( Maestricht le 13 janvier _ . '' (Pans le là janvier Paris le 15 janvier Paris le 16 janvier Paris le 17 janvier Paris le 18 janvier Paris le 19 janvier Paris / Jletz Berlin Maestricht le 31 janvier / Bruxelles Genève Paris Rouen ( Yverdun le 1" février | Valence [Paris i Grand-Saint-Bernard. le 2 février | Metz Maestricht 32" 5 16 5 15 G 15 0 13 .5 11 .0 8 .8 11 .2 10 .6 il .8 0 .5 H .5 9 .8 12" .5 16 .5 1 0 5 .3 16 .8 8 .5 12 .3 12 .u l/l .0 17 2 10 .5 6 .7 20 .5 20 .0 18 M 18 • ù 15 .8 11 .5 9 .5 21 .0 12 .0 10 .0 20 .6 19 .8 19 .3 DU GLOBE TERRESTIU-: d\? le 2 février 1830, le 3 février 'Paris Joyeuse Avignon / Marseille VHyères /Mulhouse Bàle \ancy Kpinal l' Strasbourg La Chapelle (Dieppe). Maestricht Fribourg Paris le U février le 5 février le 6 février le 7 février le 21 février le 8 mars Paris Paris { Paris I Londres Paris LAIaestricht. ( Paris (]\Iaestricht. Paris — I.'r .9 — H .5 -11 .5 — 10 .1 — 5 .3 — 28 .1 — 27 .0 — 26 .3 — 25 .G — 23 M — 19 .8 — 19 .3 — 18 .5 — 15 .0 — l'i .3 — 13 .5 — 15 .6 — 9 — 10 — 6 — h — G .3 — 2 .3 L'hiver avec ses frimas a commencé en Moldavie à la fin d'octobre; en Pologne avec le mois de novembre. Dès le 2 de ce mois, il était tombé assez de neige pour qu'on parcou- rût les rues de Varsovie en traîneau; le lendemain le ther- momètre marqua —5°. Le froid fut vif à Saint-Pétersbourg en décembre sans être exceptionnel. On constata —30^ le 22, —32». 5 le 29; en janvier, le froid, si rigoureux alors dans les climats tempérés et méridionaux, fut extrêmement modéré en Russie; on n'y observa que —U à — 5\ 11 y eut de grands froids sur les bords de la mer Noire dès le 11 décembre. En Suède et en Danemark, le froid, intense et continu en décembre, faiblit aussi en janvier; les glaces du Belt n'in- terrompirent la navigation que pendant douze jours, mais des traîneaux pesamment chargés traversèrent en décembre le Sund sur une largeur de sept à huit lieues entre la Suède et le Danemark. En janvier, la communication directe sur la glace 320 SUR L'ÉTAT TIIERMOMÉTRIQUE entre Elscneur et llelsingborg fut interrompue par la vio- lence des courants, et sur d'autres points le peu d'intensité de la gelée de ce mois rendit les excursions sur la glace très- périlleuses. - En Prusse, il tomba beaucoup de neige, et le thermomètre, pendant une partie de décembre et de janvier, resta au-des- sous de — 20". A la fin de janvier il y avait 0'".50 de neige dans les rues de Berlin. En Hollande et dans les Pays-Bas le froid a été de très-lon- gue durée et a suivi la même marche que dans les parties plus méridionales du continent. D'après le journal tenu par M. Crahay, les gelées ont commencé à Maestricht le 3 dé- cembre, ont été chaque nuit de — 3 ù. —6 et — 8". Depuis le 25 elles ontétéde— 12».3 ii— 18M. Du 7 au 8 janvier 1830, le temps s'est radouci pendant trois ou quatre jours, puis le froid a repris; c'est surtout à partir du 13 qu'il a été fort. Pendant la nuit, il a été de — 9 à — 16°. 8. Après une interruption de quelques jours, il y eut le 29 —9". 5, le 31 — IS'.Zi. En février, les quatre i)remières nuits il y eut de —18°. 3 à — 19\3 ; puis une diminution de à à 5° ( — 12 à — 15"); il dégela le 9. Après cela il a gelé de temps en temps la nuit, mais le minimum n'a plus été que de — 6".3 le 21. Pendant le premier tiers du mois de mars il y eut la nuit — 1 à —3°. A Paris, le thermomètre descendit au-dessous de zéro du 17 au 22 novembre, puis les 24 et 25 du même mois. Entre le 26 novembre et le 5 décembre il ne gela point. Le froid reprit le 6 décembre et sévit sans interruption jusqu'au 19 janvier; du 20 au 27, le thermomètre s'éleva un peu au- dessus de zéro et se tint de nouveau au-dessous, du 28 jan- vier au 7 février. Les 8, 9 et 10 février furent assez chauds, ensuite il gela de nouveau pendant onze jours en février et quatre jours en mars. A partir du 15 de ce mois, le thermo- mètre ne descendit plus au-dessous de zéro. La plus basse température de novembre 1829 fut, le 21, de— 5».3 ; celle de décembre, le 28, de—lU".5; celle de janvier, le 17, de— 17". 2; celle de février, le 6, de — 15°. 6 ; celle de mars, le 8, de —2". 3. Il y eut en tout 77 jours de gelée dont 32 furent consécutifs. M. d'Hoiï'.bres-Firmas a décrit, dans la Bibliothèque uni- verselle de Genève, la marche du froid pour le midi de la France : « A Alais, la fin de décembre, dit ce savant météo- rologiste, fut très -froide; depuis le 25 le thermomètre resta DU GLOBE TERRESTRE. 32< continuellement au-dessous de zéro, môme au milieu du jour, et les 27 et 28 au matin, il descendit à —10' et —iQ\7ô. De- puis 1802, le plus grand froid de décembre avait été de —5' en 1821 et 1825. J'avais déterminé la température moyenne de ce mois à + 6^27 ; en 1829 elle ne fut que de + 3'. 5. Le plus grand degré de froid que j'eusse observé à Mais est de — 12 ". 25 en janvier 1820; il n'a été qu'à — 9\75 le 5 de janvier 1830, mois qui fut cependant plus froid, parce qu'il gela tous les jours sans exception, tandis que dix ans auparavant nous n'eûmes que dix jours de gelée. En février, il gela plus ou moins fort jusqu'au 24. Le thermomètre descendit à —9° les 2 et 3 au matin, et plusieurs jours à, —5° et à —8". Le mois de mars fut plus chaud que d'ordinaire. Il avait neigé abon- damment le 22 décembre; il neigea de nouveau les 27 et 28, et les 16 et 18 janvier, puis les U, 14 et 15 février. La pre- mière neige successivement recouverte ne disparut complè- tement dans quelques endroits qu'après 54 jours. C'est beau- coup dans nos climats, où le plus souvent elle se fond en tombant, ou peu après. » Les notes manuscrites de M. de Gasparin caractérisent eu ces termes les rigueurs de l'hiver à Orange : « La terrible température de janvier et de février a réduit à l'inaction toute la population. La glace a 0"'.38 d'épaisseur; la terre a été gelée à 0°'.64. On a passé partout le Rhône sur la glace. Les plus basses températures observées furent de — 12". 2 les 25 et 26 décembre 1829, et de — 12''.5 le 8 janvier 1830. » « Dans le pays toulousain, dit le D"" Clos, le froid fut rigou- reux et soutenu sans interruption depuis le 25 décembre jus- qu'au 17 janvier ; il se renouvela dans les premiers jours de février, mais avec un peu moins d'intensité. Le reste de l'hi- ver fut humide. » En Suisse, l'hiver fut excessif sur les points élevés. A Fri- bourg, on compta 115 jours de gelée sur lesquels il y en eut 69 de consécutifs ; le minimum fui de — 18" 5. « Le brouillard, lit-on dans la liibl'wtlièque de Genève, qui régnait constam- ment pendant le froid, du moins dans la matinée, nous a pré- servés d'une plus grande rigueur de la gelée. » Dans les plai- nes, à Yverdun, entre autres, on éprouva le phénomène de rayonnement si bien décrit par AI. IIuber-Burnand sous le nom de huit de fer et pendant lequel le thermomètre des- cend en quelques heures de — 10 à — 20\ On vit aussi tomber cette neige dite polaire, ù cristallisation peu serrée, parti- Vlll.— v. 21 322 SUR L'ÉTAT TllERMOMÉTRIQUE culière aux températures très-basses. 11 n'y avait pas de neige dans la vallée ds Chamouny, au pied du mont Blnnc ni sur le mont Saint-nernard, tandis qu'on en trouvait plus de 30 cen- timètres dans les rues de Genève. En Corse et en Italie, le thermomètre ne descendit pas sou- vent au-dessous de — 3 il —5% mais il tomba d'énormes quantités de neige. En Espagne, l'hiver se signala par des pluies abondantes et continues à la fin de novembre. A Madrid et dans les provin- ces, le thermomètre descendit, à la fin de décembre, à — 7°,— 9" et— 11". 2 et l'on vit,àBilbao, des cygnes du septentrion. Toutes les communications furent plus ou moins longtemps suspen- dues. Dans certaines vallées on mesura 3 mètres de neige. En Portugal, en certains points le thermomètre marqua —12°. Le tableau qui suit résume les plus basses températures observées dans un grand nombre de villes : Saint-Pétersbourg, le 29 décembre 1829. — 32^ .5 Mulhouse, le 3 février — 28 .1 Bàle, le 3 février — 27 .0 Nancy, le 3 février — 26 .3 Épinal, le 3 février — 25 .6 Inspruck, en janvier — 25 .0 Aurillac, le 27 décembre 1829 — 23 .6 Strasbourg, le 3 février — 23 .4 Berlin, le 25 décembre — 21 .0 Yverdun (canton de Vaud). le l*"^ février. — 21 .0 Hosp. du Grand-Saint-Bernard, le 2 fév. — 20 .6 Metz, le 31 janvier — 20 .5 La Chapelle (près Dieppe), le 3 février. — 19 .8 Maestricht, le 3 et le A février — 19 .3 Fribourg — 18 .5 Bruxelles, le 31 janvier — 18 .Zi Colmar, en février — 18.0 Paris, le 17 janvier — 17 .2 Genève, le 25 décembre — 16 .5 Joyeuse, le 29 décembre — 15 .6 Rouen, en février — 1^ .5 Avignon, le 27 décembre — 13 .0 Orange, le 8 janvier — 12 .5 Toulou.se, le 27 décembre —12.2 Gibraltar, le 1" janvier — 12 .1 12° .0 11 .2 10 .8 10 .1 10 .0 9 .1 8 .7 5 .3 5 .0 5 .0 2 .5 DU GLOBE TERRESTRli. 323 Lyon, le 27 décembre Madrid, le 31 décembre Alais, le 28 décembre Marseille, le 2 février Bordeaux, le 26 décembre Londres, le 6 février En Andalousie Hyères, les28déc. 1829 et 2 fév. J830. . Valence (Espagne) Séville Rome, le 1" janvier La longue congélation de la Seine et sa débâcle excitèrent au plus haut point l'attention publique. La rivière demeura prise du 28 décembre au 26 janvier, c'est-à-dire durant 29 jours une première fois, puis une seconde fois du 5 au 10 février; 3Zi jours en tout, c'est-à-dire aussi longtemps qu'en 1763 (voir p. 290 ); elle fut prise au Havre dès le 27 décembre, et le 18 janvier on établit à Rouen une foire sur la glace. Le 25 janvier, après six jours de dégel, les glaces venues de Cor- beil et de Melun s'arrêtèrent au pont de Choisy et y formèrent une muraille de 5 mètres de hauteur; les piles étaient submer- gées jusciu'au couronnement; la ville se trouvait dans un lac. Le gonflement du fleuve se fit sentir à Paris à 9 heures du soir ; un mouvement faible de la glace se produisit au- dessus du pont d'Austerlitz pendant quelques minutes vers 10 heures. « A 3 heures du matin, dit un témoin oculaire, les lacessont parties avec force, ont marché pendant une demi- heure et se sont arrêtées en formant d'énormes recharges contre les ponts supérieurs et l'estacade de l'île Saint- Louis destinée à protéger la grande gare d'hiver où étaient réfugiés une soixantaine de gros bateaux de charbon, ainsi qu'une foule d'autres bateaux chargés de marchandises. Sur les 5 heures et demie du matin les glaces sont reparties avec une furie impossible à décrire, et l'estacade, fermée cette année avec un soin particulier et renforcée de nouvelles char- pentes, a essuyé un choc si terrible qu'elle a reculé de 0'".30 en dérangeant les assises des culées du quai sur lequel elle s'appuie. Elle a résisté comme par miracle et préservé ainsi non-seulement les nombreux bateaux marchands remplissant la gare, mais encore les ponts du grand bras (|ue cette énorme masse flottante eût pu entraîner avec elle.» On n'eut pour 324 SUR L'ÉTAT TIIERMOMÉTRIQUE une si formidable débûcle ;\ regretter que des pertes relati- vement peu graves : rétablissement de blanchisserie de la Sirène coulé bas par les glaces, plusieurs bateaux marnois» quelques légères embarcations, une portion de l'estacade des bains Vigier, celle de la gare de Grenelle , deux arches du pont du Pecq à Saint-Germain et une pile du pont de Fon- tainebleau à Melun. La retenue des glaces à Choisy-le-Roi avait heureusement beaucoup amorti les effets de la débâcle et de Tinondation. La crue ne fut que de 6"". 10 à l'échelle du pont de la Tournelle. Le lendemain 27 elle n'était plus que de h mètres. La seconde débâcle, en février, n'occasionna presque aucun accident. L'énumération des fleuves et des rivières qui furent con- gelés serait trop longue ; il suffira de citer les faits les plus saillants. La Meuse charria dès le 8 décembre et fut fermée entièrement le 28 ; la débâcle eut lieu le 22 janvier ; la rivière se referma le 30 et ne fut rouverte que le 9 février. Le 10 janvier, devant Schiedam, la glace de cette rivière se rompit au moment où plus de quatre cents personnes étaient dessus; deux individus seulement périrent. — Le Rhin fut pris en plu- sieurs points et notamment le 2 février à Brisach.Les glaces de ce fleuve, après avoir longtemps battu les soutiens du pont de Strasbourg, en enlevèrent une partie, de sorte que toute communication se trouva interrompue entre cette ville et Kehl. — L'Inn fut gelé jusqu'à Hall.— Le lac de Genève fut pris près de cette ville du 3 au 8 février : on l'avait traversé des Paquis aux Eaux-Vives dès le 29 décembre; la congélation s'étendit jusqu'à la ligne qui va de Sécheron à Montalègre. — La Loire, la A ienne, l'Orne gelèrent. — Dans le Midi la Garonne, la Dordogne, la Duran-^^e, le canal des deux mers furent pris, et l'on passa le Rhône sur la glace : la débâcle de ce fleuve détruisit deux arches du pont d'Avignon situé sur la grande branche, et à la seconde débâcle deux usines furent emportées près de Lyon. La Saône fut congelée à deux reprises. Du côté de Rayonne on patina sur l'Adour et la Nive. Dans le port de Bordeaux les bâtiments souffrirent beaucoup des glaces. — Le port d'Odessa dans la mer Noire fut pris dès le 8 décembre. — La débâcle du Danube et de ses affluents, et les débordements produits par la fonte des neiges, furent si graves en Alle- magne que des ponts furent rompus, des faubourgs dévas- tés; trente cadavres furent retrouvés le h mars. Les rigueurs du froid sont caractérisées par les faits sui- DU GLOBE TERRESTRE. 325 vants : A Paris un soldat mourut dans la nuit du 26 d(^cembre après avoir fait sa faction. Le maire du 7* arrondissement et celui du 10* firent établir des chaulToirs publics à partir du 15 janvier. Beaucoup de voituriers disparurent dans les nei- ges, qui avaient atteint dans certains points de la Nor- mandie 2 mètres d'épaisseur. A Rouen un enfant mourut de froid en février. On fut obligé d'envoyer en Alsace des soldats à la poursuite des malheureux qui pillaient les bois et les forêts pour se chauffer; il y eut même le 10 février une émeute à Guebuiller amenée par la répression du vol du bois. Le roi Charles X crut devoir, par une ordonnance du U mars, accorder une amnistie pour les délits forestiers commis pendant la durée de l'hiver. A Avignon, dès la fin de décembre, les ateliers furent fermés et les théâtres suspen- dus à cause de la rigueur de la saison. A Montreuil, le l" jan- vier, deux hommes furent ramassés morts de froid ; à Mar- seille, le 12 janvier, on trouva cinq individus qui avaient également succombé sur la voie publique, un postillon , des militaires, etc. Des contrebandiers périrent en voulant se hasarder à franchir certains passages dans les Pyrénées. A Berlin toutes les voitures étaient transformées en traî- neaux dès la fin de décembre; les décès s'élevèrent considé- rablement ; les hôpitaux et les maisons de travail se remplirent de malheureux accablés par la misère et le froid. On fut obligé, comime en France, de lancer dans les forêts des détachements de soldats à la poursuite des voleurs de bois. En Espagne les communications se trouvèrent sus- pendues; des factionnaires, des bergers et des voituriers succombèrent; la mortalité des troupeaux fut énorme : on porte à 1Z|,000 têtes de bétail les pertes de l'Andalousie. A la Pena d'Orduna quatorze muletiers et trente -cinq mulots moururent de froid. Les loups, chassés en bandes nombreu- ses dans les plaines par la neige des montagnes, firent de cruels ravages parmi les troupeaux et dévorèrent un grand nombre de personnes. Des documents nombreux constatent les effets funestes de l'hiver de 1830 sur les végétaux. Une grande partie des ar- bres, les chênes, les noyers, les châtaigniers périrent : « Les blés ont été éclaircis, dit M. de Gasparin, et beaucoup de plants sont morts; on a dû resemer les terres en orge. Les avoines ont été perdues. Le mal fait aux oliviers a été très- considérable et plus grand qu'en 1820. » M. d'Hombres-Fir- 326 SUR L'ÉTAT TIIERMOMÉTRIQUE mas, dans la Bibliothèque universelle de Génère, a apprécié les effets de cet hiver en ces termes : « Dans quelques olivettes mal situées, presque tous les oliviers sont morts; dans les meilleures expositions, certaines espèces, quelques arbres plus robustes ont résisté, mais en général les rejetons ont souffert considérablement. Les souches ont été préservées par la neige; les personnes qui coupèrent les arbres malades entre deux terres ont à présent de très-belles poussées; celles qui, oroyant les ménager, se contentèrent d'abord de les émonder, furent obligées d'y revenir et de les arracher plus tard. Les vignes ont beaucoup plus souffert qu'en 1820. Ce n'est pas seulement le degré du froid qui leur a été funeste, c'est sa durée. Nous perdîmes en février des souches qui avaient ré- sisté aux premières gelées. Nous en avons arraché un bon tiers; on en brûle dans tous les ménages, ainsi que de l'oli- vier. C'est aussi à la durée du froid qu'il faut attribuer la mortalité de beaucoup de châtaigniers, de figuiers et d'autres arbustes. En 1820 il y eut un grand nombre de mûriers de dix à trente ans dont le tronc se fendit instantanément tout du long, du côté du midi. Cette année-ci les froids sont ar- rivés plus graduellement; j'ai vu quelques mûriers isolés, éclatés; mais c'étaient des allées, des plantations entières en 1820. Le degré du froid, sa durée et de plus le poids de la neige bientôt convertie en glaçons ont occasionné la perte de tous les lauriers, des myrtes, des romarins et de plusieurs autres arbrisseaux verts. Quelques-uns ont repoussé des prin- cipales branches, d'autres du tronc ou des racines, d'autres sont tout à fait morts; et ce qui est très-remarquable, la bruyère, le romarin, le petit houx, qui croissent naturelle- ment dans nos bois, ont bien plus souffert que Taucuba du Japon, l'aubépine de la Chine et tant d'arbustes des pays chauds. M Les champs de blé, les sainfoins, les prairies préservées des grands froids par la neige souffrirent plus que dans les pays où il n'en était pas tombé. Nos terres plus humec- tées lorsqu'elle se fondit furent d'autant plus profondément pénétrées par les gelées et les dégels qui les soulevèrent, déchirèrent les racines des plantes et les exposèrent à l'air et au froid. Sur les terres en pente, où les eaux pu- rent facilement s'écouler, les blés furent tivs-bons, et il ne vint rien dans les creux au milieu des plaines, preuve sans réplique de l'explication que j'avance. DU GLOBE TIîRRESTRE. 327 « Dans rarrondisscmcnt dWlais, et en général dans le dé- partement du Gard, la récolte du blé a été très-inédiocre, celle du sainfoin mauvaise; mais la sécheresse du printemps y contribua autant que la gelée. Les avoines d'iiiver ont man- qué complètement; celles de mars n'ont rendu que la se- mence; la paumelle, l'orge, l'épeautre ont trés-mal réussi. Les mêmes causes avaient arrêté leur croissance et le déve- loppement des épis; jamais nous n'avions eu des gerbes si courtes, si peu de paille et de fourrage. « Plusieurs arbres du pays ou depuis longtemps acclimatés ont perdu leurs jeunes pousses, d'autres des branches assez fortes, quelques-uns leur tronc en entier, tandis qu'à côté d'eux des arbres des pays chauds ont passé les hivers de 1820 et de 1830 sans inconvénient. Parmi les premiers, je citerai, après les oliviers et les vignes, les châtaigniers, plusieurs espèces de figuiers et quelques pêchers et amandiers, les lauriers, etc. Quelques végétaux exotiques ont souffert également. Le Cap- paris spiiiosa, entièrement desséché, a repoussé seulement des racines ; le Sterculia platnnifolia a perdu ses jeunes pousses. Dira-t-on qu'elles sont vertes, tendres, à grosse moelle : je citerai V Jmorpha fruticosa, le Fitex agnus castas, qui ont éprouvé le même sort quoique d'une organisation différente. « Les noyers, noisetiers, cognassiers, néfliers, azeroliers, sorbiers, cerisiers, abricotiers, pruniers, poiriers, pommiers ont très-bien supporté les gelées dans mon jardin et dans la campagne. Les chênes verts ont eu leurs feuilles comme brû- lées; les autres arbres des bois ou des bords de l'eau ne se sont pas ressentis du froid. Les frênes, les ormes d'Amérique ont résisté comme ceux du pays; mais il semble plus éton- nant que V Acacia julihrissin, le Sophora japonica, le Chio- nanthus virginica, le Gleditsia sinensis, le Cijdonia japonica, le Kxlreuteria panicuUtta et autres arbres de pays plus chauds, supportent un froid de —10 à — 12" sans danger. Je n'en ai pas perdu un seul. Les arbres ou arbrisseaux à feuilles persistantes, indépendamment de l'intensité et de la durée de l'hiver, eurent encore à souffrir du poids de la neige glacée qui les courbait et cassait leurs branches. « Les végétaux qui ont perdu quelques menues branches sont : Àrbutus unedo, Duxus variegata, B. balearica, Cera- sus lusilanica, Clematis jlammiUa, llex aquijhlium, I. au- reo-maculata, Ligustrum vutgare^ Lonicera grafa, L. tata- 328 SUR L'ÉTAT THERMOMÉTRIQUE rica, Magnolia grandi flora , Mespilus japonica, Quercus suber, Q. ilex , Ç. ballota, Rasa noisettlana, Fiburnum Un us. « Les végétaux qu'il a fallu élaguer jusqu'au tronc sont : Alriplexhalimus, Coronillaglartca, Daphne mezereum, Ilex echinata, I. heterophxjlla , I.lutea, I. balearica, Laurus nobilis, Neriiim oleander, Rhamnus alaiernus, R. hispani- cus, Rosa bracteata, Ruscus raeemosus, Verbena triphylla. « Les végétaux qui durent être coupés entre deux terres sont : Asparagus acud/olia, Buddleia globosa, Cistiis mons- peliensis, Cestrum parqtd , Erica scoparia, E. vxdgaris, Myrtus communis , M. romana , M. tarentina , Nerium splendens, Rosmarinus officinalis, Ruscus aculeatus. « Enfin les végétaux qui ont péri, malgré tous les soins apportés à leur conservation, sont : Agave americana., Bac- char is halimifolia, Cneoruni tricoccxim, Mijrica pensylva- nica, Myrtus flore pleno, I^'erium flore pleno albo, Phlomis fruticosa, Rosa inermis, Yucca a/oefolia, Y. gloriosa. n Pour terminer, nous ajouterons l'appréciation des effets de cet hiver sur la végétation donnée par le D' Clos pour le climat toulousain : « Par la rigueur de l'hiver on perdit beaucoup de plantes étrangères et même beaucoup d'arbres ou arbustes verts du pays : l'yeuse, l'alaterne, les lauriers et même l'ajonc périrent dans leurs tiges et quelquefois dans leurs racines. Ce qui diminua beaucoup l'étendue du mal, c'est qu'à l'invasion du grand froid la terre se trouvait cou- verte de neige et qu'il en tomba ensuite fréquemment et avec assez d'abondance. Les blés furent en général préservés, excepté dans les champs qui, plus exposés au vent, avaient été dépouillés de la neige. Néanmoins les avoines d'hiver péri- rent. La sécheresse produisit de plus grands dommages que la gelée. Les fourrages, les blés, les maïs furent courts. La récolte en général fut médiocre, » 1834-1835. Cet hiver fut mémorable dans l'Amérique du nord par des froids d'une rigueur extraordinaire : il y eut des tempé- ratures excessivement basses sur le littoral de l'océan Atlan- tique les 5 et 6 janvier. Les ports de Boston, de Portland, de Newbury, de New-Haven, de Philadelphie, de Baltimore et de Washington étaient entièrement gelés au commencement de ce mois. Le 3 et le /i les voitures traversaient le PoLomac sur la glace. (Voir plus loin le tableau des froids de l'Amérique du nord en janvier.) L'hiver fut au contraire d'une grande dou- DU GLOBE TERRESTRE. 329 cour en Europe ; il n'y eut à Paris que 2/i jours de gelée dont 6 seulement furent consécutifs. Les plus basses températures se sont ainsi réparties sur des points très-distants les uns des au- tres : Genève, le 21 décembre, — 9°. 5; Bùle, le 25 décembre, — 8°.ù; Paris, le 6 janvier, — 6°. 8; Bruxelles, le 15 novembre, — 3\9; Constantinople, le 8 janvier +0°.2; Ilyères, le 26 dé- cembre, -|-0"'.6; le Caire, le 17 janvier, +6°.2. 1835-1836. Cet hiver fut assez sévère sans être exceptionnel en Bel- gique et dans le nord de la France; il y eut des gelées très- fortes dans certaines parties de la Provence. Le D^ Clos, dans sa Météorologie du pays toulousain^ dit que la constitution froide et pluvieuse de Thiver et de la moitié du printemps se montra funeste aux arbres fruitiers et qu'il en mourut un grand nombre. Voici le résumé des températures les plus basses observées en divers lieux : Orange, le 28 décembre — 1 8" .0 Bûle, le 23 décembre —13.3 Id. le 2 janvier — 16 .5 Metz, le 15 décembre — 12 .5 Id. le 2 janvier — 13 .0 Genève, les 11 et 12 décembre — 12 .0 Louvain, les 2 et 3 janvier — 11 .8 Bruxelles, le 22 décembre — iO .li Id. le 2 janvier — 11.3 Paris, le 22 décembre — 9.6 Id. le 2 janvier —10.0 Avignon, le 29 décembre — 9.5 Id. le 3 janvier — 9.5 Alost, le 22 décembre — 8.1 Id. le 2 janvier — 9.2 Nantes, en décembre — 8.1 Londres, le 2i décembre — G .2 Id. le 2 janvier — 8.0 Fort Vancouver (Amérique du Nord), le 7 décembre — 6.0 Hyères, le 2 janvier — 1-3 Le Caire, le 31 décembre -r ^i -7 Id. le 26 janvier -f 2.5 A Paris, il y eut dans cet hiver 5i jours de gelée dont 9 seu- lement consécutifs ; mais dans la Russie d'Europe et en Tur- 330 SUR Lf'TAT THEHMOMÉTRIQUE quie, les froids furent rigoureux. Dès le 27 décembre on observa à Gonstantinople — Zt".9, et ù Saint-Pétersbourg, dès le 6 janvier, '— 3'2\ M. Wartinaun a communiqué à la Biblio- thèque unirerselle de Genece l'extrait suivant de sa corres- pondance particulière: « A Gonstantinople, on a éprouvé pendant les premiers jours de janvier un froid excessif qui a surpassé celui de 1812 et fait périr plusieurs personnes. A Saint-Pétersbourg, à la même époque, on a eu pendant cinq jours consécutifs un froid de — 25". Dans la nuit du 5 au 6 janvier, le tliermomètre est descendu à — 32°. Après avoir éprouvé pendant huit jours un froid qui variait de — 25 à — 33°.8, on eut tout à coup, le 9 janvier, pendant vingt-quatre heures, 6° de chaleur. Les jours de grand froid il régnait un vent épouvantable ; aussi ne sortions-nous pas. On n'enten- dait que le bruit des roues sur la terre gelée et des cris aigus qui semblaient Texpression de la .souffrance universelle. Des traîneaux arrivèrent aux portes de la ville ; mais quand l'officier chargé de faire la visite s'en approcha, il trouva les personnes gelées. Les oiseaux en grand nombre tombaient morts. A Moscou, qui est de k degrés un quart de latitude au sud de l'étersbourg, le froid a été plus vif et est descendu à — Zi3°. 7. Par suite de cette rigoureuse température personne ne pouvaitagiretles boutiques sont restées fermées pendant trois jours consécutifs. A Saint-Pétersbourg il y a eu beaucoup de personnes malades, à la suite des alternatives de chaud et de froid. C'est le vent qui est surtout insupportable pendant les tempêtes de neige, parce qu'il enveloppe ceux qui y sont exposés d'une couche de glace qui leur ôte toute faculté de lutter contre l'action du froid. » {Bihliotltèque universelle de Genève, nouvelle série, t. I, page 3/i7. ) 1837-1838. Les gelées commencèrent de bonne heure : la Dwina était couverte de glaces dès le 7 novembre; le 30 décembre le froid sévissait à Saint-Pétersbourg. Pendant ce temps on jouissait à Paris d'une température prlntanière; en Champa- gne, les chèvrefeuilles étaient en fleur, les pommiers étaient encore chargés de leurs fruits et le thermomètre marquait -flO" à -f-ll".3. 11 y eut néanmoins à Paris, dans cet hiver, 65 jours de gelée dont 26 consécutifs. A partir du 7 janvier la température s'abaissa rapidement; le 11, la Seine charriait, le 13 elle était arrêtée à Rouen et les communications étaient interrompues. Le 15, à Paris, le petit bras de l'Hôtel-Dieu était gelé; le 18 la rivière était prise au pont d'Austerlitz, et le DU GLOBE TERRESTRE. 331 19 on la traversait. Ce jour-h'i, cinq personnes périrent à la hauteur du pont de Bercy. I.a débâcle eut lieu sans crue de la rivière le 8 février. La Saône fut prise dès le 16 janvier au-dessus de Serin et au port Neuville ; le Rhône fut gelé à Avignon dès le 13 et le 19 au-dessus de Saint -Clair. En Allemagne, le Rhin fut pris, ainsi que le Necker au-dessus de Heidelberg, au milieu de janvier. En Angleterre, la Tamise fut tellement encombrée par les glaces que la navigation ordinaire fut presque totalement interrompue. Du côté de Chàlons-sur-AIarne trois personnes furent trouvées mortes de froid sur les routes. Voici les températures les plus basses observées dans plu- sieurs stations météorologiques : Genève, le 11 et le 15 janvier — 25" .3 Lons-le-Saunier, le 16 — 2'( .5 Hospice du Grand-Saint-Bernard, le 20 janvier -2V.S et le 13 février — 23 .6 Louvain, le 3 janvier - 20 .0 Lyon, le 16 — 20 .0 Paris, le 20 — 19 .0 Reims, le 20 —19.0 Bru.xelles, le 16 —18.8 Metz, le 21 — 18 .5 Bernay ( Eure) — 18 .0 Alost, le 20 — 17 ./i Orange, le 20 — 13 .7 Rouen — 13.0 Londres, le 16 janvier — 11.9 Cherbourg, le 18 — 8.5 Avignon, le 20 — 7.6 Hyères, le 12 janvier — 1.3 Le Caire, le 27 décembre + 7.9 Id. le 9 janvier -f 7 .3 D'après une note insérée dans la Bibliothèque universelle de Genève, « la température du mois de janvier 1838 est une des plus basses qu'on ait observées à Genève depuis quarante- trois ans que l'on y fait des observations météorologiques régulières; le thermomètre est descendu deux fois, le 11 et le 15, à — 25° et au-dessous. » Chose singulière, l'abaissement de température n'a pas été aussi considérable au Saint-Ber- 332 SUR L'ÉTAT TIIERMOMÉTRIQUE narci : le jour le plus froid de janvier a été le 20; le thermo- mètre est descendu à — 21°. 8. 1840-1841. Il y eût dans cet hiver, à Paris, 59 jours de gelée dont 27 consécutifs. Les froids commencèrent le 5 décembre et durèrent, avec une interruption du 1" au 3 janvier, jusqu'au 10 de ce mois. Il y eut une reprise de la gelée du 30 janvier au 10 février. Le thermomètre marqua encore — 9°. 2 le 3 fé- vrier. Dès le 16 décembre la Seine cliarria avec abondance, et l'une des arches du Pont-Royal fut obstruée ; le soir du même jour, elle s'arrêta au pont d'Austorlitz et elle fut prise du pont Marie jusqu'à Charenton ; le lendemain elle fut gelée au pont Aotre-Dame, et le 18 on la traversa entre Bercy et la Gare. En plusieurs endroits les glaçons amoncelés n'avaient pas moins de 2 mètres d'épaisseur. Voici la marche du froid, à Paris, pendant les phases successives de la congélation : le 1 2 décembre, — 1°.0 ; le 13, —2". 5 ; le 14, —7". 1 ; le 15, —9°. 6 ; lel6,— 11".4 ; le 17, — 13».2 ; le 18, — 11°.9 ; le 19,— lOo.O ; le 20, — 2°.6. Une débâcle partielle eut lieu le 5 janvier; le dégel dura neuf jours, et une seconde débâcle arriva le 14. Le fleuve avait été pris à Rouen dès le 16 décembre. Près de quarante bateaux furent coulés à fond en quelques minutes du côté de Charenton le 20 du même mois. Le 19, la Loire et la Maine étaient prises. A Lyon, le 17 décembre, la Saône, s'est trouvée prise avant d'avoir charrié. Le dégel et la fonte des neiges amenèrent des inondations en France. Le 15 décembre 1840 eut lieu à Paris l'entrée solennelle, par l'arc de triomphe de l'Étoile , des cendres de l'empereur Napoléon rapportées de Sainte-Hélène. Le thermomètre avait marqué ce jour-là, dans les lieux exposés au rayonnement nocturne, — 14°. Une multitude innombrable de personnes, les légions de la garde nationale de Paris et des communes voisines, des régiments nombreux stationnèrent depuis le matin jusqu'à deux heures de l'après-midi dans les Champs- Elysées. Tout le monde souffrit cruellement du froid. Des gardes nationaux, des ouvriers crurent se réchauffer en buvant de l'eau-de-vie, et, saisis par le froid, périrent de congestion immédiate. D'autres individus furent victimes de leur curiosité : ayant envahi les arbres de l'avenue pour apercevoir le coup d'oeil du cortège, leurs extrémités engour- dies par la gelée ne purent les y maintenir; ils tombèrent des branches et se tuèrent. En Alsace, le thermomètre descendit au-dessous de — 15°. DU GLOBi: TERRESTRE. 333 « Sur la ligne de fer de Mulhouse à Thann, dans la journée du 15 décembre, trois convois furent arrêtés dans leur marche quoique ce jour-là il y ait eu six machines d'allumées. Mais dès qu'une locomotive quittait la remise, à peine était-elle placée sur la plate-forme, que celle-ci s'encombrait de glace et refu- sait de tourner. Cet obstacle levé, et la machine mise en mou- vement, un seul moment d'arrêt suffisait pour faire geler l'eau dans l'intérieur des pompes alimentaires. Un convoi a été obligé de passer la nuit dans la forêt de Lutterbach, d'où il fut impossible de faire bouger la machine qui gela com- plètement pendant qu'une locomotive de secours allait la chercher. Les pistons étaient gelés dans les cylindres; les tuyaux, après avoir crevé, laissaient échapper l'eau qui gelait les roues contre les rails et celles du tender contre le frein, de sorte qu'il n'y eut pas moyen de démarrer. La locomotive de secours, après de vains efforts pour remettre ce convoi en marche, prit des voyageurs sur son tender et les ramena à Mulhouse. Elle fit ainsi plusieurs voyages dans la nuit. Le froid était si intense que l'un des mécaniciens eut les pieds gelés. » {Journal des Débats.) ^oici les plus basses températures observées en divers lieux pendant cet hiver : Mont Saint-Bernard, le 22 janvier -— 23" .3 Genève, les 16 et 17 décembre —12.0 Id. le 9 janvier — 14 .4 Id. le 10 — 17 .8 Metz , le 17 décembre — 15 .3 Id. le 10 janvier — 12.5 Avignon, le 17 décembre — 15 .3 Id. le 10 janvier — 12.5 Alost, le li décembre — 14 .3 Paris, le 17 décembre — 13 .2 Id. le 8 janvier —13.1 Orange, le 16 décembre — 13 .1 Id. le 10 janvier —12.0 Bruxelles, le 16 décembre — 12 .9 Id. le 9 février —11.3 Gand, le 16 décembre — 12 .5 Louvain, les 3 et Zi février — 11 .5 Londres, le 17 décembre — 6.1 Id. le 9 janvier — 9.4 334 SUR L'ÉTAT TllRRMOMÉTRlQUE Toulouse, le 17 décembre — 8" .0 Marseille, le 9 janvier — /i .5 Le Caire, le 3 décembre + 6.4 Id. le 1" janvier + 5.2 1S/|1-18/!|2. Cet hiver a été remarquable par des gelées intenses dans le midi de la France et des froids inaccoutumés en Espagne et en Algérie. La température s'était montrée très- douce dans la France entière jusqu'à la fin de décembre; mais au commencement de janvier la gelée, accompagnée de neiges abondantes, sévit au sud de la Loire, et du 8 au 16 janvier on ressentit dans le Midi des froids très-vifs. Le 10, la Saône était prise entre le pont Saint-Vincent et l'île Barbe. La Garonne fut couverte de glace i\ Agen ainsi qu'à Bordeaux, et le 8 on patinait à Toulouse sur le canal. A Paris, il y eut 52 jours de gelée dont 23 consécutifs, et la Seine charria fortement le 10 janvier. Voici quelques-unes des plus basses températures notées pendant cet hiver : Bruxelles, le 8 janvier — 12" .6 Pau, le 8 — 12 .3 Toulouse, le 8 — 11 .5 Agen, le 16 — 12 .0 Gand, le 8 — 10 .9 Paris, le 10 — 10 .0 Metz, le 26 —9.8 Orange, le 13 — 8.7 Bayonnc, le 8 — 6.0 Londres, le 2Zi — 2.7 18^i-18-'i5. Cet hiver, mémorable par sa longueur et l'immense quantité des neiges qui tombèrent pendant plusieurs mois, s'est fait sentir en Suède, en Angleterre, en Allemagne, en France, en Italie, en Espagne et jusqu'à Ceuta sur la côte septentrionale de l'Afrique. Il y eut dans cette saison, à Paris, 65 jours de gelée dont 20 furent consécutifs. Les froids commencèrent le 2 décembre; le 8 et le 11 de ce mois, le thermomètre marqua —9°. 3; la gelée continua jusqu'au 16; il y eut encore cinq jours de gelée du 22 au 27 décembre. En janvier, la température fut assez douce, et il y eut seulement quatorze jours de petites gelées séparées par des intervalles de dégel. Le 7 février le froid reprit avec rigueur et conti- DU GLOBE TERRESTRE. 335 nuité jusqu'au 2'2. Le 21 de ce mois eut lieu la plus basse température de l'hiver : — 11». 8. Le froid reprit à la fin de février et se soutint avec une certaine intensité jusqu'au 20 mars. Voici quelques-unes des plus basses températures ob- servées : Geffe (province de Nordland en Suède), le 11 février — 32°. 5 Mont Saint-Bernard, le 8 décembre... — 2i .3 Valléed'Ossan,danslesPyrénées,endéc. — 21 .0 Dijon, le 21 février — 18.0 Metz, le 21 février _ 18 .7 Turin, le 7 décembre — 17 .0 Rouen, le 12 février — 12 .9 Bruxelles, le 12 décembre — 12 .Zi Id. le 20 février — 15 .0 En Catalogne, en décembre — 13 .0 Saint-Lô, le 6 décembre — 9.5 Paris, le 8 et le 11 décembre — 9 .3 Id. le 21 février — 11 .8 Le Havre, le 9 décembre — 10 .0 Toulouse, en décembre — 10 .0 Montpellier, le 8 décembre — 9 .7 Orange, le 10 décembre — 9.5 Id. le 13 février — 9 .Zi La Seine ne fut pas prise, mais la Saône fut gelée en dé- cembre et la Loire fut arrêtée. En Allemagne, le Necker fut pris sur plusieurs points le 13 février; le Rhin commença aussi à charrier. En Angleterre, on vit apparaître, sur les bords de la Tamise, les oiseaux sauvages, les mouettes, etc., précurseurs des hivers rigoureux. La rivière Serpentine, dans Ilyde-Park, fut complètement gelée dès le 9 décembre, et l'on vit plusieurs milliers de patineurs se risquer sur une glace de 38 millimètres d'épaisseur. Il tomba une énorme quantité de neige sur une grande partie de l'Europe, ^'on-seulement les Ardennes, les Vosges, le Jura, les Alpes, les Cévennes, les montagnes de l'Auvergne et les Pyrénées furent couvertes dans cet hiver d'une couche de neige triple de celle dont ces hauteurs sont chargées dans les hivers ordinaires, mais pres- que toutes les routes dans le Midi en furent encombrées; les communications furent interrompues sur un nombre consi- dérable de points ; à Marseille, il tomba O-.ôO de neige en 336 SUR L'ÉTAT TIIEIIMOMÉTRIOUE trente-six heures; à Pau, O^.SO. En Allemagne, les railvvays du Harz et de la Silésie, ceux de Magdcbourg et de Leipzig à Dresde furent enterrés sous une couciie d'une épaisseur de 7 mètres. Dans la iiaute Silésie des maisons furent enseve- lies avec leurs habitants. La côte d'Espagne, d'Estepona à Tarifa, fut couverte de neige. La cordillère de Tetuan offrit le même phénomène. Des accidents en très-grand nombre ont été constatés pen- dant le cours de cet hiver. Dans le département de la Drôme six hommes et douze chevaux furent ensevelis sous la neige au mois de janvier. Sur la route du Puy i\ Nîmes cinq hom- mes et vingt chevaux eurent le même sort. A Fos (Pyrénées), huit hommes et neuf mulets se perdirent également au mois de janvier. Plusieurs individus moururent de froid sur les routes, entre autres un soldat sur la route de Lodève au Caylar; à Marseille, un jeune garçon qui s'était endormi dans un bateau périt aussi. A Turin, dans la nuit du 6 au 7 dé- cembre, plusieurs sentinelles furent trouvées mortes dans leurs guérites. En Suède, dans l'espace de huit jours, onze personnes moururent de froid aux environs de Geffe, dans la province de Nordland. La gelée causa quelques dommages aux vignes dans le Haut et le Bas-Rhin ; mais dans le reste de la France les végétaux furent protégés par les neiges. 18-i6-18i7. Cet hiver fut très-prolongé eu France et rigoureux en Provence, en Suisse et en Espagne. En Pologne, la gelée commença en octobre. On compta à Paris 60 jours de gelée dont 10 fureut consécutifs. Le froid commença le 12 novem- bre et dura jusqu'au 17 avec dégel pendant le milieu du jour; il reprit le 2 décembre et le thermomètre descendit le 3 à — 5°./i. Il dégela du 5 au 8 et la gelée reprit ce jour- là et dura jusqu'au 19, jour où le thermomètre descendit à — 1^'.7; il dégela ensuite jusqu'au 2Zi, et le froid reprit et persista jusqu'au 3 janvier; un nouveau dégel survint jus- qu'au 9 ; la gelée reparut le 10 et continua, mais modérée et avec des alternatives de températures assez élevées, jusqu'au 15 mars. Le 19 décembre fut le seul jour de l'hiver où il se soit produit un froid intense. La Seine ne fut pas prise par suite de la crue des eaux. Au pont de la Tournelle, elle monta à Zi^.G le 27 décembre et inonda les plaines basses des environs de Paris. Quoique très-grosse, elle charria le 30 dé- cembre. ■ Dès le 13 de ce mois, l'hiver se montra sévère à Marseille, DU GLOBE TERRESTRE. 337 et la violence du mistral rendait la marche très -pénible. Il tomba dans tout le Midi et en Espagne beaucoup de neige : à Vittoria, on mesura une épaisseur de O^.TO; le thermomètre y descendit à —11°. 3. Toutes les routes de Test de la Péninsule étaient encombrées par les neiges. On vit ap- paraître à Barcelone les oiseaux aquatiques du ^'ord. A Pon- tarlier, on nota un minimum de — 31».3; les oiseaux des champs se laissaient prendre à la main. Cet hiver se montra très-doux à Saint-Pétersbourg et marqué seulement par des neiges extrêmement abondantes ; mais les froids furent très- rigoureux aux États-Unis. Voici les températures les plus basses observées en diffé- rentes stations : Pontarlier, le lU décembre — 31°. 3 Locle (Neuchâtel), le 14 décembre... — 28 .5 Genève, le l!x décembre — 18 .8 Berne, le lu décembre — 18 .8 Zurich, le 14 décembre — 18 .8 Rodez, le 19 décembre — 15.0 Paris, le 19 décembre — 16 .7 Id. le 1" janvier — 7.0 Gœrsdorff, le 6 décembre — 14 .0 Cracovie, le 15 décembre — 13 .3 Id. le 13 février —13.5 Metz, le 1" janvier — 10 .0 Dijon, le 14 décembre — 12 .4 Id. le 12 février — 12 .8 Bruxelles, le 18 décembre — 12 .6 Vittoria (Espagne), le 13 — 11 .3 Cambrai, le 1" janvier — 10.0 Pau, le 31 décembre — 10.0 Id. le 2 janvier — 9.1 Orange, le 14 décembre — 8.7 Versailles, le 31 décembre — 9 .4 Rouen, le 30 décembre — 9.2 Saint-Lô , le 31 décembre — 8.6 La Ciiapelle ( près Dieppe), le 11 mars. — 8.1 Toulouse, le 14 février — 6.8 Bordeaux, le 3 décembre — 6 .5 Id. le 1" janvier —6.8 Draguignan, en décembre — 5.0 Vlll. — V. 22 338 SUR L'ÉTAT THE lUlOMÈTRIQUE Cannes ( Var), le 18 déceni1)re — 3» .0 Marseille, le 19 décembre — n Id. , le 12 mars — 2.6 (( Les circonstances caractéristiques de cet hiver, dit M. Petit-Lafitte, professeur d'agriculture du département de la Gironde, ont été : une température généralement assez basse pour retenir la végétation dans les limites d'action où elle doit alors se renfermer ; quelquefois des froids capables de suspendre tout à fait son cours, de s'opposer au dévelop- pement des mauvaises herbes, de détruire les œufs et les larves des insectes malfaisants; de la neige pour mettre la terre et les racines des plantes à l'abri des transitions trop brusques qui peuvent se manifester dans l'atmosphère; enfin des pluies pour accumuler dans le sein de cette même terre l'humidité nécessaire. » {Annuaire niétéoroloyique de la France pour 18^9. ) 1853-185'! '. Cet hiver a offert les caractères d'un hiver rigoureux des régions tempérées de l'Europe. 11 s'étendit de novembre en mars et amena des congélations nombreuses de rivières. 11 y eut des froids intenses dans beaucoup de régions, et néan- moins sou intluence fut plutôt profitable que nuisible à l'agri- culture. Quoiqu'il y ait eu de la glace près de Saint-Pétersbourg à la fin de décembre, que le golfe de Cronstadt en ait été couvert dès le 20, il ne paraît pas que le froid soit sorti en Russie des conditions ordinaires du climat boréal. En Dane- mark, à Copenhague, il n'y eut qu'un seul jour de gelée à — 2° en décembre et la navigation du Sund demeura libre. En France, les gelées commencèrent dès le 10 novembre sur le littoral du Pas-de-Calais, dans l'Oise et sur les lieux élevés de nos départements du nord et du centre. Du 26 au 31 décembre se produisirent tous les minima absolus de température de l'hiver, sauf au Puy, station tout à fait exceptionnelle par son élévation. Les tableaux météorologiques publiés chaque mois dans le Journal d'agriculture pratique permettent une étude approfondie de tous les phénomènes. Voici d'a- bord la situation géographique des lieux où se sont faites les observations : 1. La table des hivers mémorables, dressée selon les idées de M. Arago, est continuée jusqu'à ré|iofiue de la piiblication de ce volume; il sera désormais facile de la prolonger el d'obtenir pour l'avenir des comparaisons avec le passé. DU GLOBE TERRESTRE. 339 .. Altitude ,.," , au-dessus du Latitude. Lonsitude. météorologiques. • j i _ o — ° ^ mvcau de la mer. mètres Lille 2i.O 500,39' N Oo43'E Hendcconrt.... 81.0 50 47 N 0 26 0 Clermont 86.0 49 23 N OSE LesMesueux.. 85.0 49 13 N 137 Meu 181.5 49 7 N 3 50 E Gœrsdorff 2-28.0 48 57 N 5 -26 E Paris 65.8 48 50 N 0 Marboué 110.0 48 7 N 100 VemWnie 85.7 47 47 N 1 16 0 Nantes 40.0 47 13 N 3 53 0 La CliAliC .... 233.0 4Ô 35 N 0 21 0 Bourg 247.0 46 (2 N 2 53 E Le Puy 630.0 45 3 N 1 33 E Bordeaux 0 44 50 N 2 55 0 0ran;;e 50.0 44 8 N 2 28 E Bejrie 60.0 43 42 N 3 60 Uégusse 515.0 43 40 N 3 48 E Toulouse 198.0 43 .37 N 0 54 0 Montpellier 29.5 43 37 N 1 32 E Marseille 46.6 43 18 N 3 2 E Le tableau suivant montre la marche régulière des plus basses températures de chaque mois dans les stations précédentes pendant l'hiver de 1853-1854 : M INI MA EXTRÊMES DE TEMPÉnATUhE novembre. décembre. janvier. février. mars. dcgrrés, degrés. dcprés. degrés. degr. Lille le 23 — 3.4 le 20 —18.0 le 3 -lo.o le 14 - 5.4 le 6 -2.1 Hendecouri.. le 19 — 5.0 le 26 —18.5 le 3-12.0 le 14 — 8.0 le 1—3.5 Clermont.... le 13 — 5.8 le 26 —20.0 le 2 — 6.0 le 14 —10.5 le 6—3.0 LesMesneux. le • — 8.6 le 26 -20.1 le 2 — 7.5 le 14 —10.7 le 6 —6.7 Metz le 30 — 4.5 le 27 -17.5 le 24 — 64 le 13 —10.0 le 6 —3.4 Gœrsdorff. .. le 30 — 4.5 le 27 —21.8 le 23 —10.3 le 15 -15.0 le 19 -3.6 Paris le 30 — 3.5 le 30 —14.0 le 2 — 3.7 le 15 - 5.3 le 3-1.0 Marboué le 30 — 1.3 le 30 —11.2 le 2 — 4.9 le 14 — 6.5 le 6-1.4 Vendôme.... le 24 — 2.8 le 30 —14.0 le 2 — 3.3 le 15 — 6.0 le 3-1.5 Nantes le 29 0 le 30 — 9.5 le 2 — 1.7 le 14 — 2.0 le i o La Châtre... le 24 — 3.2 le 30 —12.5 le 1 — 6.2 le 14 - 8.7 le 1 —3.2 le 2, Bourg le 30 — 4.0 le 30 —17.6 le 2 — 8.5 le 15 —15.5 le 3—30 le 4) Le Puy le 30— 11.1 le 31 —15.6 le 1-16.1 le 15 —17.1 ^ o}-7.0 Bordeaux.... le 28 — 1.0 le 30 -10.0 le 2 0 le 14 — 5.0 le 8 -(-4.7 le 14) Orange le 30 — 3.8 le 31 — 9.8 le 1—9.0 i^ ^-j- ''•O 'e 5—1.0 Beyrie le 30 — 2.0 le 30 —10.2 le 13 — 0.5 ie,5)— '^ le 1-^-1.5 340 SUR L'ÉTAT THEUMOMÉTRIQUE 0 le 30 — 6.0 degrés 3 — 2.0 degrés. le 15) degr. le le le 2 -1.0 le 22 +4.0 Regusse le 30 0 le 30 — 6.0 le Toulouse.... le 30 — 4.2 le 3« —15.0 le 4—7.0 le 45 — 8.9 Marseille .... le 28 + 2.3 le 30 — 7.7 le 1 — 3.0 le 16 — 4.7 Les tableaux météorologiques dressés pour Bruxelles par les soins de M. Quetelet nous fournissent les températures suivantes : Bruxelles novembre. décembre. janvier. février. mars. » le 26 — 460.1 le 3 — 60.3 le 4t — 60.5 le 20 — 20.2 On compta durant cet hiver les nombres de jours de gelée suivants : Lille Hendecourt Clermonl. . . Meiz Gœisdorff. . Paris Marboué . . . Veuilome . . Nantes 52 jours. La CliAtre. 414 418 99 405 47 H 54 22 75 jours. Bourg 97 LePuy 423 Bordeaux Orange . . Beyric... Régusse . Toulouse. . Marseille . 21 65 27 39 51 20 Le froid, modéré en Belgique, s'étendit sur l'Allemagne, l'Angleterre, la I-Yance, TEspagne, la Lombardie. Presque partout la chute des neiges coïncida avec les froids rigou- reux de décembre, elle les précéda en nombre de lieux, et dans le centre de la France une couche épaisse protégea le sol jusqu'au 1" mars. Comme la congélation de la Seine à Paris s'est accomplie dans des conditions de température d'une modération exceptionnelle, ou a cru devoir donner ici le tableau des phases successives du phénomène : Dates. TEUPÉRITDRES a. État des vents, du ciel et des neiges. Hauteli; en janvier et février 1656; en janvier 1658; en décembre 1662, janvier et février 1663. Si l'ancienneté des observations thermométriques pré- cises ne paraît pas assez grande pour qu'on puisse en déduire la conséquence que les hivers, à Paris, étaient anciennement plus rudes qu'aujourd'hui, on accordera du moins que ces observations prouvent, contre une opinion fort répandue, que le climat de la capitale de la France ne s'est point détérioré dans les temps modernes. Il faut bien remarquer, du reste, dans la discussion des hivers rigoureux, qu'à égalité de latitude le froid peut sévir d'une manière très-différente, selon les lieux. Nous citerons comme preuve les froids extraordinaires observés en Amérique dans le mois de janvier 1835 (voir p. 328). V American journal of science and arts publié par Benjamin Sillim.an, renferme à cet égard beaucoup do documents dont une partie m'a paru mériter d'être mise sous les yeux des météorologistes. Jadis les observations de très-grands froids pouvaient être considérées par des esprits inattentifs comme un objet de simple curiosité ; mais depuis qu'on a compris que, tôt ou tard, ces obser- vations se rattacheront, par exemple, d'une manière plus ou moins directe, à la détermination de la température des espaces célestes, leur importance ne saurait plus être le sujet d'un doute pour personne. Voici les minima de température en degrés du Iher- momôti'c centigrade , qui ont été observés les /j. ou 5 VIII. — V. 23 351 SUR L'ÉTAT THEHMOMÉTRIQUE janvier 1835 dans divers points des États-Unis d'Amé- rique. Ports de mer. Latitude boréale. Température. Portsmouth Zi3° — 28".9 Salem Zi2 1/2 — 27 .2 Boston Zi2 1/3 —26.1 New-llaven /jl 1/3 —30.5 New-York 40 3/4 —20.5 Philadelphie ZiO — 20 .0 Baltimore 39 1/Zi —23.3 Washington 39 — 26 .6 Chaiiestowu 32 3/4 — 17 .8 Villes de l'iulérieur. Latitude boréale. Température. Montréal 45" 1/2 — 37» .2 Bangor 45 —40.0 Montpellier /i4 1/2 —40 .0 Rutland 43 1/2 —34-4 Franconia 43 1/2 —40.0 Windsor 43 2/5 — 36 .7 Concord 43 1/4 — 37 .2 Newport 43 —40.0 Saratoga 43 — 36 .1 Albany 42 3/4 — 35 .6 Pittsfield , 42 1/2 —36.1 Il est possible qu'il y ait eu dans les thermomètres employés sur ces divers points des erreurs de graduation de 3 à /i degrés, surtout pour les parties de réchelle les plus éloignées de celles oii se font habituellement les ob- servations : ainsi c'est dans ces limites d'exactitude qu'il faut adopter les froids de — ^0°. Nous devons dire cepen- dant que — hr^" est, à fort peu près, le terme de la con- gélation du mercure et que là où ce degré a été noté, à Montpellier, à Bangor, par exemple, les observateurs annoncent que le mercure se gela. En voyant, en janvier, des froids si extraordinaires DU GLOBE TERRESTRE. 335 près de l'océan Atlantique et par des latitudes de /i/i à /i5°, la pensée, naguère, se portait tristement sur le capitaine LJack et ses compagnons de voyage, lesquels à cette iuème époque, devaient se trouver aux confins de la mer vilaciale. Heureusement, cet intrépide officier a pu reve- nir de son entreprise. Si l'anomalie de température dont nous venons de donner un aperçu se fût manifestée dans le continent américain jusqu'aux plus hautes latitudes, on aurait pu conclure, d'après les observations de sir John Franklin, que le capitaine Back aurait enduré des froids de 70 à 75" centigrades au-dessous du terme de la glace. On a vu précédemment (p. 206) qu'il n'a observé que —57°. Pendant les froids du commencement de janvier 1835, les ports de Boston, de Portland, de- Newbury, de New- Haven, de Philadelphie, de Baltimore et de Washington étaient entièrement gelés. Le 3 et le k, les voitures tra- versaient le Potomac sur la glace. Dans ce même mois de janvier 1835, pendant lequel le froid en Amérique atteignait le degré de la congélation du mercure, nous avions en Europe un hiver tempéré. A Paris, en janvier, le thermomètre n'est pas descendu au-dessous de — 6°. 8 (Voir p. 3'29). Il faut ajouter que l'hiver de 1834-1835 est le plus rigoureux ({u'on ait éprouvé aux Etats- Unis depuis deux tiers de siècle. Je vais maintenant rapporter les circonstances et les effets des plus grands froids que l'on ait observés en différents lieux du globe. Je ne citerai pas ici les évaluations données par Gmeihi des froids de la Sibérie, puisqu'on sait aujourd'hui qu'elles 356 SUR L'ÉTAT THERMOMÉTRIQUE sont tout h fait inexactes, et que ce voyageur prenait pour des températures réelles les indications de thermo- mètres dans lesquels, sans qu'il s'en fût aperçu, le mer- cure s'était congelé: or, un vingt-troisième de conden- sation qu'éprouve ce métal en se solidifiant suffit pour rendre parfaitement compte des variations de température observées par Gmelin, tant sous le rapport de leur gran- deur que sous celui de leur promptitude. Le mercure commence à se geler à — 39°. 5 centigrades. On peut donc affirmer que partout où ce fluide s'est soli- difié, la température est descendue à /iO° centigrades au moins au-dessous de zéro. Les indications suivantes fournissent donc des limites thermométriques. Voici les dates de la congélation naturelle du mercure, que j'ai extraites de divers journaux météorologiques. Latitude. Longitude. Yeniseisk (Sibérie). 58n/2N. 89»3/ZiE. Yakoutsk {ic/.).... 62 N. 127 3//iE. Fort Kirenga 57 1/2 N. 105 3/4E. id id. id. id id. id. Près de Solikamsk. . 59 N. 58 E. Sombio id. id. Près de Krasnoïark. 56 1/2 N. 91 E. id id. id. Irkoutsk (Sibérie) . . 52 N. 102 E. Nom de l'observateur. Gmelin (déc. ilZk). Delisle ' (1736). Gmelin (27 nov. 1737) id. (29 déc. 1737). id. (9janv. 1738). id. (déc. il 1x1). Hellant (janv. 1760). Pallas (8, 9, 10, 11 et 12 déc. 1771). Pallas (5, 6, 8 et 9 janvier 1772). Pallas (6, 7 et 9 déc. 1772) et M. Hans- teen(endéc.l829). 1. Le mercure était visiblement congelé dans le baromètre de Delisle de la Croyère, qui le montra à Gmelin; mais celui-ci rejeta l'explication. Delisle est probablement le premier observateur qui ait vu et reconnu que le mercure se solidifie par le froid. DU GLOBE Latitude. Fort York ( baie d'iludson) 58" N. Fort Albany («/.) ... 52 1/6 id id. id id. Witegorsk 61 N. Jemtland (Suède).. 63 1/2 N. Steppe des Kirghiz Kaissaks 66 51 N. Seine-et-M. (ascen- sion aérostatique) 68 68 N. TERRESTRE. Zo' Longitude. Nom de l'observateur. 95" 0. 86 1/3 id. id. 36 E. 13 E. Hutchins (souvent). id. (2 fois dans riii- verdel776àl775). id. (3 fois dans l'hi- ver de 1777 à 1778). id. (26janv. 1782). Von-Elterlein (6 janv. 1780). Tôrnsten (1" janvier 1782). 52-56 E. de Tchihatcheff (7 décembre 1839) «. 0 56 E. MM. Barrai et Birio (27 juillet 1850) *. Je puiserai quelques autres exemples de froids extraor- dinaires dans les ouvrages du capitaine Parry. Il résulte des observations faites en 1819 pendant la première expédition du capitaine Parry à l'île Melville, qu'il y a dans l'année cinq mois durant lesquels le mercure exposé à l'air se gèle naturellement. On ne voudrait peut- être pas admettre que des êtres vivants puissent endurer des froids aussi intenses si l'on ne savait que, pendant le séjour de l'expédition à Winter-Harbour, les chasseurs de VHécla et du Griper tuèrent 3 bœufs musqués (un seul fournit /i20 livres de viande), 2!i rennes, 68 lièvres, 1. Le mercure de la boule du thermomètre resta congelé et mal- léable pendant trente-deux heures du 17 au 19 décembre; il se solidifia aussi, mais pour moins longtemps, le 22 décembre et le 15 février suivant; plusieurs boules thermométriques crevèrent par la dilatation du mercure. 2. Voir Instructions et Rapports sur les Voyages scientifiques, t. IX des Œuvres, p. 528. 358 SUR L'ÉTAT TIl ERMOMÉTRIQUE 53 oies, 59 canards et \hll ptarmigans (Tetrao lagopxis), espèce de perdrix, -qui donnèrent un total de 1,883 kilo- grammes de viande. Du reste, le capitaine Parry nous apprend qu'un homme bien vêtu pouvait se promener sans inconvénient à l'air libre par une température de 46° centigrades au-dessous :1e zéro, pourvu que l'atmosphère fût parfaitement tran- ;;uille ; mais il n'en était pas de niême dès qu'il soufflait le plus petit vent, car alors on éprouvait sur la face une douleur cuisante, suivie bientôt d'un mal de tête insup- portable. En février 1819 le mercure s'étant entièrement con- gelé à l'air, le capitaine Parry et ses compagnons eurent l'occasion de reconnaître qu'à l'état solide ce métal est très-peu malléable. Après avoir été frappé sur une en- clume de deux ou trois coups de marteau, il se brisait en éclats. Durant son second voyage le capitaine Parry a vu , à Ingloolik, le mercure se congeler naturellement à l'air libre, dans les mois de décembre 1822, janvier, février et mars 1823, en sorte qu'on n'a pu déterminer les tem- pératures qu'avec le thermomètre à alcool. Les environs de cette île sont cependant habités par d'assez nombreu- ses peuplades d'Esquimaux, même dans la saison ha plus froide. Elles demeurent dans des huttes construites par f.ssises à l'aide de blocs de neige taillés avec art, et de manière à donner à tout l'édifice, surtout à l'intérieur, la forme d'un dôme régulier. L'entrée de chaque hutte est une ouverture circulaire très-basse. La lumière pénètre dans cette maison, d'un genre si singulier, par une fenê- DU GLOBE TERRESTRE. 359 tre pratiquée vers le sommet, et fermée avec un fragment bien diaphane de glace, qui fait ainsi l'office de nos car- reaux de vitre. Pendant l'hiver de 1808 à 1809 il a été fait à Moscou, par le docteur Kehrmann, plusieurs essais de congéla- tion du mercure rapportés par la Bibliolheque universelle de Genève. Dans la soirée du 11 au 12 janvier 1809, cet expérimentateur exposa à Fuir libre, dans une assiette de porcelaine, un kilogramme de mercure purifié. A d^ 1/2 du matin on trouva ce mercure congelé en une masse solide qu'on pouvait couper et étendre au marteau. Cette masse avait l'apparence du plomb, mais elle était moins dure que ce métal et en même temps plus fragile et moins cohérente. Au contact elle produisait une sensation comme celle qu'occasionne un corps brûlant; on était obligé de retirer les doigts comme si l'on eût touché des charbons ardents. Cette masse employa un quart d'heure à dégeler dans une chambre à la température de + 16". On exposa de nouveau, à 5 heures du matin, cette même quantité de mercure à l'air extérieur. 11 ne tarda pas à s'y congeler une seconde fois et il demeura solide jusqu'à 8 heures et demie. Comme le mercure se gèle entre le 39" et le liO" degré au-dessous de zéro, on peut présumer que quelques heures plus tôt le froid était de 3 à 4 degrés plus intense et qu'à 5 heures du matin il était proba- blement entre /|.2 et lid degi'és. » Je ne manquerai pas l'occasion de mentionner ici l'extrait d'une lettre de M. Ilansteen à M. Schumacher, datée d'irkoutsk et qu'a également publiée la Biblio- thèque universelle de Genève : 3G0 SUR L'ÉTAT THERMOMÉTRIQUE « Il est difficile de trouver un aussi beau ciel pour les observations astfonomiques que celui de la Sibérie orien- tale. Depuis le moment où le fleuve Angara, qui sort du 'ac Baïkal et entoure en partie la ville d'Irkoustk, est couvert de glace jusqu'au mois d'avril, le ciel est d'une sérénité non interrompue ; on n'y aperçoit pas encore le plus petit nuage. Le Soleil se lève et se couche par un froid de — 37 à — 40°, brillant d'un éclat parfaitement pur et tout à fait exempt de cette teinte rougeâtre que nous lui voyons revêtir en hiver lorsqu'il approche de l'horizon. L'élévation de la contrée et l'éloignement con- sidérable où elle se trouve de la mer rendent l'air sec et donnent lieu à un grand rayonnement de calorique, qui est une des causes de la basse température qu'on y ob- serve. La force du Soleil y est cependant si grande au printemps, que, par un froid de — 25 à — 38° à l'ombre, à midi l'eau dégoutte des toits. «INous partîmes de Tobolsk le 12 décembre, et dans notre voyage jusqu'ici nous eûmes constamment une tem- pérature de — 25 à — 42°. Malgré cela j'ai observé chaque matin, au lever du Soleil, pendant une heure en plein air, par un froid de — 37°. L'air est heureusement toujours tranquille, et sa sécheresse fait que l'on souffre moins ici à — 37° que chez nous (en Norvège) à — 19°. Le nez et les oreilles sont les parties les plus exposées à l'effet du froid, et il arrivait souvent que pendant mes observations mon domestique me prévenait que mon nez était déjà tout blanc et requérait une prompte friction. J'ai enve- loppé de cuir mince les vis des instruments que je dois manier; car si Ton touche du métal avec la main nue, DU GLOBE TEKIIKSTRE. 361 on sent au contact une douleur poignante, comme si c'était un charbon ardent, et il s'élève sur la peau une cloche blanche, comme au contact du fer rouge. « Quoique nos thermomètres fussent enfermés dans des étuis de bois, revêtus d'épais fourreaux de cuir et placés dans les poches de notre voiture, souvent le soir nous les avons trouvés gelés ; le baromètre l'aurait été également si je ne l'avais pas tenu entre mes jambes et si, à chaque station, je ne l'avais pas apporté dans une chambre chauffée. « Le thermomètre à alcool était d'accord avec le ther- momètre à mercure jusqu'à — 12°. 5; au-dessous de ce terme le premier indiquait toujours une température plus élevée que l'autre, et cette différence allait en augmen- tant à mesure que la température baissait, comme le montre le tableau suivant : Degré du mercure. Différence avec Talcool — 12°. 5 0.0 — 19 .9 0.5 — 25 .8 1.2 — 31 .3 2.2 — 37 .5 2.5 « Plus bas le mercure rentrait en entier dans la boule. » Le capitaine Ross rapporte de son côté les faits sui- vants dans la relation de son voyage : « Dans les contrées polaires, la glace est si froide qu'on ne peut la tenir dans la main ni la fondre dans sa bouche ; on souffre beaucoup de la soif, la neige à une si basse tem- pérature l'augmentant avec excès; aussi les Esquimaux aiment mieux l'endurer que de manger de la neige. En janvier nous ne pouvions faire aucune observation avec les 362 SUR L'ÉTAT THERMOMÉTRIQUE instruments dont il était aussi impossible de toucher le métal que si c'eût été un fer rouge, tant ils glaçaient rapi- dement la main au contact, comme le mercure congelé. Un renard perdit la langue pour avoir mordu les barres de fer de la trappe où il fut pris. Le mercure en se congelant et se cristallisant dans la boule du thermomètre ne la brisa pas. On a chargé un fusil d'une balle de mercure gelé et on apercé une planche de 1 pouce (0'",025) d'épais- seur; une balle d'huile d'amandes douces, congelée à — 40% tirée contre une planche, la fendit et rebondit à terre sans être cassée. » Je vais maintenant donner les tables des plus basses températures absolues, constatées chaque année dans le petit nombre de lieux où l'on a fait des observations suivies. Voici d'abord les résultats obtenus à Paris; on devra remarquer que les observations très-exactes et bien con- tinues ne datent guère que du commencement de ce siècle : Dates des observations. 1665. 1709.. 1716., 1723-, 1729. 17Z|0., 17/jl., 17Z|2., niili. 17/i5. 17/|6. 17Z|7. 17/i8. 6 février. 13 janvier. 22 janvier. 10 février. 19 janvier. 10 janvier. 26 janvier. 10 janvier. IZi janvier. 14 janvier. 15 février, là janvier. 12 janvier. Températures les plus basses observées. — 21" .2 — 23 .1 — 19 .7 — 10 .0 — 15 .3 — 12 .8 — 9 .0 — 17 .0 — 10 .0 — 12 .8 — 9 .1 — 13 .6 — 14 .1 DU GLOBE TERRESTRE. 363 il5'4 8 janvier — 15^0 1755 6 janvier —1^.7 1757 8 janvier —15.6 1758 22 janvier —13.7 1767 7 janvier —15.3 1768 5 janvier - 17.1 1771 13 février — 13 .5 1773.... 5 février —10.6 177/1 27 novembre — 8.8 1776 29 janvier — 19 .1 1778 12 janvier —5.9 1779 5 janvier —10.6 1780 28 janvier —10.6 1781 13 janvier —7.1 1782. ... 17 février — 12 .5 1783 30 décembre —19.1 178/i 31 janvier —12.6 1785 1" mars —10.9 1786 U janvier —13.0 1787 27 janvier et 30 novem. . — 5 ./i 1788. . . . 31 décembre — 21 .8 1789 /i janvier —15.0 1790 1" décembre —5.0 1791 9 novembre — 7.7 1792 19 février — IZi .0 1793 20 janvier —7.6 179Ù 19 décembre —7.5 1795 25 janvier — 23 .5 1796 11 décembre — 13 .Zj 1797 21 février —3.1 1798 26 décembre — 17 .6 1709 31 décembre —13.1 1800 30 janvier —13.1 1801.... 13 février —10.1 1802 16 janvier — 15 .5 1803 12 février — 12 .5 180Zi 20 décembre —8.3 1805 18 décembre — 12 .5 1806 12 mars — 3 .4 1807 8 déceml)re —7.2 1808 21 décembre —12.2 1809 18 janvier —9.6 364 SUR L'ÉTAT TIIERMOMÉTRIQUE 1810.. 1811.. 1812.. 1813.. 18U.. 1815.. 1816.. 1817.. 1818.. 1819.. 1820.. 1821.. 1822.. 1823.. 182i.. 1825.. 1826. . 1827.. 1828.. 1829.. 1830.. 1831.. 1832.. 1833.. 183Zi.. 1835.. 1836.. 1837.. 1838.. 1839.. 18ZiO.. 18Zil.. 18^2.. 18i3.. 18/ii.. 18^5.. 18^6.. 18/j7.. 18/i8.. 18^9.. 1850.. 1851.. 31 janvier 2 janvier 9 décembre 21 janvier 2i février 20 janvier 11 février 31 décembre 27 décembre 1" et 31 janv.; 8 déc. Il janvier 1'' janvier 27 décembre là janvier IZi janvier 31 décembre 10 janvier 18 février 10 janvier. 2Zi janvier 17 janvier 3i janvier 1" janvier 10 janvier 2 et 11 février 22 décembre 2 janvier 2 janvier 20 janvier 1" février 17 décembre 8 janvier 10 janvier 13 et l/i décembre 8 et 11 décembre 21 février 19 décembre l^r janvier 28 janvier 2 janvier 11 janvier 30 décembre 12" .3 10 .3 10 .6 7 .0 12 .5 10 .3 10 .8 9 .4 6 .U 6 .3 U .3 11 .6 8 .8 li .6 Il .8 8 .0 11 .8 12 .8 7 .8 17 .0 17 .2 10 .3 5 .9 8 .5 h .0 9 .6 10 .0 8 .9 19 .0 8 .1 13 .2 13 .1 10 .0 h .0 9 .3 11 .8 1^ .7 7 .9 9 .7 7 .3 7 .0 6 .3 DU GLOBE TERRESTRE. 365 1852.. 1853.. 1" et 2 janvier. 30 décembre . . . — T — la On voit que le plus grand froid qu'on ait observé à Paris depuis l'invention du thermomètre est de — 23°. 5 centigrades le 25 janvier 1795. La table suivante relative aux températures extrêmes de Bruxelles, est empruntée au remarquable ouvrage pu- blié par M. Quetelet sur le climat de la Belgique. Dates des observations. 1763 . 1764.. 1765.. 1766.. 1767.. 1768.. 1769.. 1770.. 1771.. 1772.. 1773.. 1775.. 1776.. 1777.. 1778.. 1779.. 1782.. 1783.. 1784.. 1785.. 1786.. 1787.. 1822.. 1823.. 1824.. 1825.. 1826.. 1827.. 4 janvier 25 décembre . . . 19 février 11 janvier 7 janvier 5 janvier 21 janvier 7 janvier 13 janvier 31 janvier 6 février 25 janvier 28 janvier 18 février 16 et 19 janvier 12 janvier 16 février 31 décembre . . . 30 janvier 31 décembre . . . 3 janvier 27 janvier 16 décembre . . . 25 janvier 27 janvier 26 février 10 janvier 16 février Températures les plus basses observées. — 13V9 — 7 .8 — 10 .0 — 12 .8 — 17 .8 — 19 .4 — 6 .7 — 8 .3 — 12 .8 — 13 .6 9 12 21 11 11 9 13 16 11 13 .1 16 .0 6 .3 4 .4 17 1 2 10 14.4 366 SUR L'ÉTAT THRRMOMÉTRIQUE 1858.. 1829.. 1830.. 1833.. 183i.. 1835.. 1836.. 1837 . . 1838.. 1839.. l8ZiO.. 18/(1.. 18Zi'2.. 18Zi3.. 18M.. 18/i5.. 18Zi6.. 18/|7.. 18Û8.. 18i9.. 1850.. 1851.. 1852.. 1853.. 21 décembre . , en décembre . . 31 janvier 24 janvier 15 novembre. . 22 décembre . , 2 janvier 22 mars 16 janvier. ... 1" février . . 16 décembre . . 9 février 8 janvier h mars 12 décembre . - 20 février. . . . 18 décembre . , 11 mars 28 janvier 2 janvier 21 janvier 29 décembre., 6 mars 26 décembre . — 9" — 18 , — 18 — 9 — 3 — 10 — 11 — 6 — 18 — 9 — 12 — 11 — 12 — 5 — 12 — 15 — 12 — 10 — 13 — 9 — 13 — ti — 3 — 16 Le plus grand froid noté à Bruxelles a été de — 21M le 28 janvier 1776. Le tableau suivant, que nous avons formé d'après les Transactions philosophiques , donne les plus grands froids annuels observés à Londres de 1774 à 18/i3; les obser- vations de 1782 à 1786 manquent; depuis 18/|3, l'Ob- servatoire royal de Greenwich continue les observations de la Société royale : Températures Dates des observations. les pins basses observées. 1774 4 janvier — 4°.Zi 1775 25 janvier — 3.6 1776 31 janvier —10.3 DU GLOBE TERRESTRE. 1777 9 janvier 1778 28 janvier 1779 26 décembre 1780 13 janvier 1781 23 janvier 1787 8 janvier 1788 18 décembre 1789 5 janvier 1790 27 et 29 déceml)re 1791 12 décembre 1792 12 janvier 1793 19 janvier 179/1 10 janvier 1795 25 janvier 1796 25 décembre 17'.)7 9 janvier et 28 février. . 1798 27 décembre 1799 31 décembre 1800 1" janvier 1801 20 décembre 1802 16 janvier 1803 26 janvier 180/1.... // 1805 // 1806 13 mars 1807 8 décembre 1808 22 janvier 1809 18 janvier 1810 17 janvier 1811 3 et 10 janvier 18L2 9 décembre 1813 29 janvier 181/i 10 janvier 1815 2/i janvier 1816 10 février 1817 12 décembre 1818.... 17 décembre 1819 ... , 11 décembre 1820 .... 5 janvier 1821 7 janvier et 27 février. . 1822 30 décembre 1823 22 janvier 367 7°. 2 5 .6 6 .7 6 .7 3 .3 2. 8 7 .8 8 .0 1 .1 6 .1 7 .2 2 .2 5 .3 13 .3 15 .0 3 .9 10 .0 8 .3 5 .6 Ix .!x 8 .9 7 .2 6 .7 5 .0 .3 ,0 ,8 7 ,8 ./l ,9 3 .9 8 .3 5 .0 7 .2 2 .8 Ix .k 7 .8 7 .2 3 .9 3 .9 5 .G 368 SUR L'ÉTAT THERMOMÉTRIQUE 1824 1/» janvier — 2» .8 1825.... 31 décembre —2.2 1826 15 janvier — 8.3 1827 3 janvier —8.9 1828 11 janvier — 2.2 1829 28 décembre —7.6 1830 6 février —9.1 1831 8 janvier — U .i 1832 1", ijanv.etiefévrier. — 1 .9 1833 23 janvier —2.4 1834 10 février —0.7 1835 24 décembre —6.2 1836 2 janvier —8.0 1837 2 et 3 janvier —4.4 1838 16 janvier —11.9 1839 30 janvier —4.8 1840 17 décembre —6.1 1841 9 janvier — 9 .4 1842 24 janvier — 2 .7 Le plus grand froid observé à Londres a donc été de —15" le 25 décembre 1796. Voici la série des observations des plus basses tempé- ratures annuelles de Genève : Températures Dates des observations. les plus basses observées. 1S26 13 janvier — 20°. 6 1827 25 janvier —18.7 1828 7 janvier _ 7 .•} 1829 25 décembre — 16 .5 1830 26 décembre — 21 .7 1831 31 janvier, 1" février — 14 .0 1832 31 janvier —10.5 1833 30 janvier —9.5 1834 21 décembre — 9.5 1835 11 et 12 décembre —12.0 1836 27 décembre — 17 .2 1837 3 janvier —16.0 1838 15 janvier —25.3 1839.... 3 février —13.3 18Ù0.. 18^1.. 18'i2.. 18Û3.. 18i5.. 18^6.. 1867.. 18^8.. 1869.. 1850.. 1851.. 1852.. 1853.. DU GLOBE TERRESTRE. 16 et 17 décembre — 1 2». 0 10 janvier —17.8 12 février — 12 .8 7 janvier — 9.0 7 février — 15 .0 21 février — 16 .5 16 décembre — 18 .9 12 février — 12 .3 30 janvier — 11 .8 31 décembre — 12 .3 11 janvier — 13 .2 li mars — 10 .1 7 janvier — 10.1 5 mars — 13 .2 3G9 A l'observatoire météorologique de l'hospice du Grand Saint-Bernard, situé à 2J16 mètres au-dessus de celui de Genève et à 2,/i91 mètres au-dessus du niveau moyen de la mer, on a obtenu les minima suivants qu'il est curieux de rapprocher de ceux obtenus pour de moins grandes altitudes : Dates des observations. 1839.. 1860.. 1861.. 1862.. 1863.. 1866.. 1865.. 1866. . 1867.. 1868.. 1869.. 1850.. 1851.. 1852.. 1853.. YIII. — V. 1" février. . 22 février. . . 22 janvier., . 5 janvier. . . 6 mars 22 mars 6 mars 16 décembre. 11 janvier. . . 28 janvier. . . 29 décembre. 27 janvier.. . 3 mars 5 mars 30 décembre. Températures les plus basses oiiservées. — 26M — 22 .0 — 23 .3 — 21 .6 — 23 .9 — 21 — 22 — 27 — 19 — 23 — 23 — 26 — 22 — 23 — 25 .6 ,1 .0 .2 .2 .8 .5 .7 ,0 .5 26 370 SUR L'ÉTAT THERMOMÈTRIQUE En comptant seulement les quinze dernières années tant pour Genève que pour le Grand Saint-Bernard, on trouve comme moyennes des températures les plus basses — 13°. 21 et — 2oM6; de là on conclurait, du moins pour les températures les plus faibles, un abaissement d'un degré pour chaque hauteur de 212 mètres d'éléva- ition en plus au-dessus du niveau moyen de la mer. Duhamel du Monceau nous a laissé , pour une grande partie du siècle dernier, une série très-intéressante d'ob- servations météorologiques qu'il insérait avec soin dans les Mémoires de l'Académie des sciences , en les accom- pagnant d'un grand nombre de remarques sur les phé- nomènes de la végétation. Son observatoire était à Denainvilliers , près de Pithiviers, dans le Gâtinais, à 120 mètres au-dessus du niveau moyen de la mer. Les tableaux de Duhamel du Monceau nous fournissent les plus grands froids suivants : Températures Dates des observations. les plus basses observées. nàS 8 mars — 12°.7 17/49 9 février — 9 .U 1750 1" janvier —7.5 1751 19 février et 13 décembre. — 8.1 1752 30 décembre —7.5 1753 27 janvier —12.5 175Ù 30 janvier —12.5 1755 8 janvier —13.8 1756 16 avril —7.5 1757.... 8 janvier —13.1 1758. ... 27 janvier — 13 .8 1759 28 janvier —7.5 1761'... 29 janvier —6.9 i. Les observaiious de 1760 ont été détruites par un incendie. 1762., 1763.. 176Ù., 1765.. 1766.. 1767. 1768.. 1769.. 1770.. 1771.. 1772.. 1773.. 177Ù.. 1775.. 1776.. 1777.. 1778.. DU GLOBE TERRESTRE. 29 décembre _ j i" .3 16 janvier — 12.8 29 décembre —6.3 22 févrieret 25 décembre. — 9 .Zi 10 janvier. —13.1 7 janvier _ ig",9 6 janvier — 16 .9 22 janvier _ e .9 7 janvier — 10 . 0 13 février — 13 .1 19 janvier — 6.9 5 février — 9.0 Zi janvier — 6.9 25 janvier — 8 .8 29 janvier — 17 .1 l*"" janvier — 10 .0 27 janvier — k .k 371 Depuis 1825, M. Schuster, chef de bureau à Técole d'application de l'artillerie et du génie, a fait à Metz (Moselle) des observations suivies dans lesquelles on peut avoir toute confiance et dont j'extrais les chiffres suivants : Dates des observatioas. 1825.. 1826.. 1827.. 1828.. 1829.. 1830.. 1831.. 1832.. 1833.. 183i . 1835.. 1836.. 1837.. 1838,. 1839.. Températures les plus basses observées. 17 mars — S^O 10 janvier — IZi .7 18 février — 20 .2 17 février — 7 .3 29 décembre — 16 .5 31 janvier — 20 .5 31 janvier —16.8 9 décembre —5.3 10 janvier — 12 .7 11 février — Zi.8 15 décembre — 12 .5 2 janvier — 13 .0 2 janvier — 10 .5 21 janvier — 18 .5 1" février — 10 .6 372 SUR L'ÉTAT THERMOMÉTRIQUE 18/jO.. I8Z1I.. 18^2.. 18Zj3.. 18W.. 18/i5.. 18Zj6.. 18Zi7.. 18^8.. 1849. . 17 décembre. 10 janvier. . . , 26 janvier. . . , U mars IZi janvier 21 février 11 février 12 février 28 janvier 2 janvier — 15°. 3 — 12 .5 — 9 .8 — 7 .0 — 10 M — 18". 7 — 6 .8 — 12 .8 — 12 .5 — 11 .0 M. Nell de Bréauté a fait une série d'observations météorologiques à La Chapelle, près Dieppe, d'où l'on a extrait les plus basses températures annuelles qui sui- vent : Dates des observations. 1820. 1821. 1822. 1823., 182Zi. 1825.. 1826., 1827. 1828., 1829. 1830., 1831. 1832., 1833., 1834., 1835., 1836., 1837. 1838. 1839. I8Z1O., I8Z1I.. 1842. 15 janvier... , 1" janvier. . , 30 décembre 22 janvier. . . , 13 janvier... 29 décembre 10 janvier 18 février. . . 10 janvier 23 janvier 3 février 31 janvier. . . . 1*' janvier. . . 10 janvier. . . , 10 février. . . , 22 janvier. . . . 2 janvier. . . . 5 janvier 19 janvier — 1" février. . . 18 décembre. 9 janvier 9 janvier — Températures les plus basses observées. — 17". 7 — 13 .8 — 9 .9 — 11 .1 — 5 .6 — 3 .1 — 13 .2 — 11 .4 — 7 .5 — 16 .3 16 19 7 7 7 3 9 11 5 19 7 13 .0 .5 .8 .2 .3 .3 .6 .0 .5 .5 9 .8 9 .5 d8.'i3.. 18'ii., ISiS , 18Ù6., 18i7., DU GLOBE TERRESTRE. ù février — S".! 8 décembre. ... — 10 .0 12 février — 13 .6 31 décembre —9.0 11 mars — 8.1 373 Flaugergues a obtenu, à Viviers (Ardèche), les mi- nima absolus suivants pour la seconde partie du siècle dernier : Dates des observations. 1766., 17G7., 17G8.. 1776.. 1778.. 1779.. 1782.. 178Û., 1788., 10 janvier. 11 janvier 5 janvier 31 janvier. 9 janvier 16 janvier 18 février 21 et 26 janvier. 31 décembre Températnres les plus basses observées. — 11" .1 — 11 .1 — 12 .5 — 12 .9 — 6 .2 — 8 •i — 10 .0 18 .1 Un observateur d'Avignon (Vaucluse), M. Gaérin, nous fournit la table des plus grands froids observés an- nuellement dans cette ville pour la première partie de ce siècle : Dates des observations. 1802. 1803. 1804. 1805. 1806. 1807.. 1808., 1809., 1810., 1811. 1812. 1813., 17 janvier. 9 février. 2 mars. . . 10 janvier. 6 mars. . . 29 janvier. 26 février. 1" janvier. 22 février. 3 janvier. 2 janvier. 25 janvier. Températures les pins basses observées. — 10" .Zi 0 .0 1 2 3 .8 6 .3 0 .6 9 •i 10 .9 8 .u 5 .0 374 SUR L'ÉTAT THERMOMÉTRIQUE 181Ù... 1815... 1816... 1817... 1818... 1819... 1820... 1821... 1822... 1823... 182/1... 1825... 1826... 1827... 1828... 1829... 1830... 1831... 1832... 1833... 1834... 1835... 1836... 1837... 1838... 1839... 2A janvier 17 janvier 31 janvier. . . . 11 janvier 27 janvier 7 jan\'ier 11 janvier. . . , 2 janvier. . . . 17 janvier. ^ . , Ih janvier. . . . 15 janvier. . . . 18 mars 16 janvier. . . . 21 janvier. . . , 15 décembre. 27 décembre. 2 février. . . , 31 janvier 2 janvier 11 janvier..., 12 février 29 décembre. 3 janvier 2 janvier 20 janvier.. . 31 janvier. . . , + T 3 6 1 1 1 11 3 1 6 U 2 6 11 2 13 11 7 3 3 6 9 9 5 7 6 Mon confrère M. de Gasparin m'a communiqué les plus basses températures qu'il a notées à Orange de- puis quarante ans qu'il y fait des observations météoro- logiques : Dates des obseryations. 1817. 1818. 1819.. 1820. 1821. 1822. 1823., 182/1. 26 décembre ". 28 et 29 décembre. 15 décembre 11 janvier 2 janvier 2 décembre 13 janvier IZi et 15 janvier . . . Températures les plus basses ODservées. — 1° .0 - 4 .5 — 1 .5 — 13 .0 — 5 .0 - U .0 — 6 .7 - k M DU GLOBE TERRESTRE. 375.: 1825 8 et 9 janvier — 1°.8 1826 16 et 17 janvier —7.6 1827 25 janvier —10.6 1828 15 février —7.5 1829 26 janvier —12.1 Id 25 et 26 décembre — 12 .2 1830 8 janvier —12.5 1831 l"'' février —10.0 1832 li décembre —9.0 1833 6 janvier —10.0 183^ 12 février —10.0 1835 28 décembre — 18 .0 1836 27 décembre — 10 .0 1837 3 janvier —8.7 1838 20 janvier —13.7 1839 31 janvier —11.2 18i0 16 décembre — 13 .1 1861 10 janvier —12.0 18Zi2 13 janvier —8.7 18^3 29 décembre — 7 .9 \8!\h 10 décembre — 9.5 1865 13 février — 9 .Zi 1866 16 décembre —8.7 1867 2 janvier — 9.1 18i8 18 janvier —9.1 1869 30 décembre —7.7 1851 31 décembre — 8 .5 1852 19 février —5.0 1853 31 décembre —9.8 On conclut de la série précédente que le plus grand froid observé à Orange a été de — 18° le 28 décembre 1835. Les observations faites pendant trente-cinq ans à AIaî& (Gard) par M. d'Hombres-Firmas donnent les résultats, suivants : Températures Dates des observations. les plus basses. observées.. 1803 9 février — 6° .4: 1812.... 12jun\ier —5.9 376 SUR L'ÉTAT THERMOMÉTRIQUE 1818 décembre — 3°. 18'20 12 janvier — 12 . 1827 ' 2/i janvier — 8 1829 28 décembre —10, 1830 5 janvier — 9 , M. Martins a fait connaître les plus basses tempéra- tures absolues de la station d'IIyères : Dates des observations. 1811... 1812... 1813... 181Zi... 1815... 1816... 1817... 1818... 1820... 1821... 1822... 1823... 182^... 1825... 1826... 1827... 1828... 1829... 1830... 1831... 1833... 18:5Zi... 1836... 1838... 1839... 18i0... 1" janvier. . . 23 janvier.. .. 15 janvier.... 25 janvier. . . . 21 janvier 1" février. . . 2 décembre. IZi décembre. 11 janvier 2 janvier 9 janvier 19 janvier. . . . 19 janvier. . . 6 février . . . 11 janvier . . . 2Zi janvier. . . 13 février 28 décembre , 25 décembre . 29 décembre. 23 janvier. . . 12 février 30 décembre. 12 janvier 2 février.... 25 mars. . . . . Températures les plus basses observées. — WM — 2 .5 0 .0 — 5 .9 — 5 .9 — 3 .1 + 1 .5 0 .0 — 11 .9 0 .0 — 1 .2 — 1 .2 0 .0 0 .6 2 .9 3 .6 0 .3 5 .3 2 .0 0 .6 0 .6 0 .1 6 .3 1 .3 0 .8 0 .3 + + Les températures extrêmes, lors même qu'elles signa- lent des froids excessifs, ne suffisent pas pour caracté- riser un hiver. La durée du froid est d'une importance DU GLOBE TERRESTRE. 377 non moins grande que son intensité. Malheureusement les observations, recueillies jusqu'à ce jour , dans les- quelles on a envisagé le phénomène sous ce point de vue, sont assez rares. Flaug<3rgues a compté à Viviers (Ardèche) les nom- bres de jours de gelée suivants, c'est-à-dire de jours pen- dant lesquels le thermomètre est descendu au-dessous de zéro ou du point de congélation de l'eau, pour l'époque où il observait : Années Nombre de jours Années Nombre de jours '^°''^^- de gelée. Années. ^^ „gj^g_ 1766. 32 1779 21 1767 13 1782 IZl 1768 8 178't 21 1776 7 1788 33 1778 11 Pour l'observatoire de Bruxelles, M. Quetelet nous fournit dans son ouvrage sur le Climat de la Belgique la table suivante : ».,„-^.. Nombre de jours *„„;;„,. Nombre de jours ^"■'««^- dégelée. ^°°«'='- dégelée. 1834 21 1862 62 1835 Û6 18/i3 57 18.36 31 18^/1 75 1837 62 18Zio 7Zi 1838 77 18/i6 51 1839 50 18/i7 71 18'i0 72 18/18 Zi8 18/il M Les observations faites à l'Observatoire de Paris don- nent une série plus complète, et qui sera d'un bien grand intérêt quand elle aura été continuée pendant une lon- gue suite de siècles : 378 SUR L'ÉTAT THEUMOM ÉTRIQUÉ Années Nombre de jours de gelée. Années. Nombre de jours de gelée. 178i.... .. - 50 1820.... . . 61 1785 Zl9 1821 37 178fi.... 56 1822.... 33 1787.... Zll 1823.... 39 1788.... 07 182/1.... 26 1789 52 1825.... 3/1 1791.... 36 1826.... 35 1792 iO 1827 5/» 1793 38 1828.... 32 179Zi ZiO 1829.... 78 1795 51 1830.... 59 1796 55 1831 .... 30 1797 37 1832.... /l2 1798 57 1833.... /lO 1799 Zi8 183/1.... 29 1800 53 1835.... 45 1801 34 1836.... 58 1802 39 1837.... 67 1803 1x7 1838.... 72 180/1 56 1839.... /l/i 1805 50 18'i0.... 76 1806 n I8/1I.... 34 1807 58 18/i2.... 66 1808 57 1843.... 44 1809 Zil 18'i/i .... 58 1810 5Zi 18/i5 57 1811 67 I8/16..., 44 1812 91 18/i7.... 46 1813 7Zt I8/18 31 ISU 70 18/i9.... 29 1815 72 1850 45 1816 59 1851.... 41 1817 3/1 1852 29 1818 36 1853 62 1819 2/1 La moyenne du nombre jours de gelée par année pour la première moitié de ce siècle est de 48.5. La continuité du froid sans aucune interruption est un DU GLOBE TERRESTRE. 379 fait qui mérite aussi de fixer l'attention. Il ne faut pas considérer seulement le nombre total de jours de gelée d'une année ; on doit encore supputer le nombre de jours pendant lesquels il a gelé sans aucune interruption. Alors on doit envisager les hivers sous le point de vue pure- ment météorologique, c'est-à-dire rapprocher au besoin les gelées du mois de décembre d'une année de celles du mois de janvier de Tannée suivante. La moyenne du nombre de jours de gelée consécutifs par hiver pour la première moitié de ce siècle est à Paris de 12. /i. On a compté dans les hivers De 1775 à 1776 25 jours consécutifs de gelée. 1783 à 1784 69 1788 à 1789 50 1794 à 1795 Zi2 1798 à 1799 32 1829 à 1830 32 1837 à 1838 26 1840 à 1841 27 Lorsqu'on cherche à apprécier l'intensité d'un hiver, il faut avoir bien soin de circonscrire les lieux qui sont le théâtre des faits invoqués : selon la position géogra- phique le froid sévit d'une manière bien différente. En général, la plus basse température s'observe vers les lati- tudes les plus élevées, mais cette loi souffre bien des exceptions provenant de circonstances accidentelles, de la configuration des lieux, du voisinage des mers ou des montagnes, de l'élévation au-dessus du niveau moyen de l'Océan, des obstacles que rencontrent certains vents, de la présence ou de l'absence de vastes étendues boi- sées, etc. C'est ce que montre la table suivante où 380 SDR L'ÉTAT THERMOMÉTRIQDE M. Barrai a réuni les températures minima extrêmes observées dans différentes contrées du globe : Lieux. Latitude \ Lille 50O39' 2 Douai 50 22 3 Arras 50 17 4 Hendecoiirl 50 17 5 Amiens 49 53 6 S.iii)t-Quentia 49 50 7 Vervins 49 53 8 La Ciiaiielle (près Dieppe) 49 55 9 MoiiMIdier 49 39 JO Cherboiirs 49 39 11 Le Havre 49 29 12 Quillebœuf 49 28 13 Rouen 49 26 14 Honfleur 49 26 15 Clcrmuni (Oise) 49 23 1G Ueims 49 13 17LesMesneux 49 13 18 Metz 49 7 19 Saiiit-Lô 49 7 20 Beriiay 49 6 21 Moiitiuorency 49 0 22 Meaux 48 58 23 Châlons-sur-Marne 48 S7 24 Gœrsdoifr. 48 57 25 Vire 48 50 26 Paris 48 50 27 Hagueiiau 48 48 28 Coranu-rcy 48 46 29 L'Aigle 48 43 30 Naacy 48 42 31 SainiMalo 48 39 EUROPE • I. France , . Longitude. Élévation au-dessus Dates, de la tuer. Minimum absolu. N. 0o43'E. 24m 26 décembre décembre 1853 1788 — 18».0 —17 .9 0 44 24 28 janvier 1776 —20 .6 0 2G 67 30 décembre 1788 -23 .4 0 26 0. 81 26 décembre 1853 —18 .5 0 2 36 27 février 1776 —20 .3 0 57 E. 10» 28 janvier 1776 —20 .6 1 34 175 3» décembre 1788 —21 .9 1 15 0. 147 3 février 1830 -19 .8 0 14 E. 99 29 janvier 1776 -22 .5 3 58 0. 16 18 janvier 1838 - 8 .5 2 14 28 janvier 1776 —18 .8 5 j 9 décembre 1844 -10 .0 1 49 3 24-25 janvier 1829 —14 .0 37 { 30 décembre 1788 —21 .8 en février 1830 —14 .5 2 7 4 30 décembre 1788 -14 .3 0 5 E. 86 26 décembre 1833 -20 .0 1 42 86 20 janvier 1838 —19 .0 1 37 85 19 janvier 1855 —20 .2 3 50 182 ! 1783 et 1784 31 janvier 1830 —21 .3 -20 .5 3 26 0. 33 j 6 décembre 1786 1844 -14 .1 — 9 .S 1 44 105 en janvier 1838 -18 ,0 0 2 183 janvier 1795 —20 .0 0 33 E. 58 28 janvier 1776 -19 .5 2 1 82 j décembre 1788 —20 .6 26 décembre 1853 -20 .0 5 26 228 27 décembre 1833 —21 .8 3 14 0. 177 janvier 1776 -15 .0 0 0 65 j 25 janvier 1793 -23 .5 20 janvier 1838 —19 .0 5 25 E. u décembre 1788 -21 .5 3 15 243 12 janvier 1820 -18 .8 2 0 0. 136 30 décembre 1788 —21 .8 3 51 E. 200 i 1er février 3 février 1776 1830 —22 .6 —26 .3 4 21 0. 14 décembre 1783 -13 .8 DU GLOBl- TliUKE^TUE. 381 Lieux, Latitude. Longitude. 32 Strasbourg *8o35'N. 5o25'E. 33 Chartres 48 27 0 310. 34 Elaiii|(cs 48 26 0 10 3.T .Ma>etine 48 18 2.57 36 Tr..\es 48 18 1 45 E. 37 Mircroiirt 48 18 3 48 38 Saim-Dié 48 17 4 37 39 É|iiiial 48 10 4 7 40 Deiiainvillicrs 48 10 0 4 0. 41 Marijoué 48 7 10 42 Colmar 48 5 5 1 E. 43 Xeofbrisach 48 0 5 0 44 Moiilarijis 48 0 0 23 43 Joignv 47 ô9 14 46 Orléans 47 54 0 26 0. 47 Mulhouse 47 49 5 CE. 48 Auxerre 47 48 4 14 49 Vemlôme 47 47 116 0. 50 Beaugency 47 46 0 46 51 La Cbapelle-d'.Ansillou ... 47 26 07 52 Tours 47 24 1 39 53 Dijon 47 19 2 42 E 54 Besauçon 47 14 3 42 55 Nantes 47 13 3 53 0. 56 Cbinoii 47 10 2 6 57 Courges 47 3 0 4 E. 58 Poulariier 46 54 4 1 59 Chalon-sur-Saône 46 47 2 31 60 Lons-le-Saunier 46 40 3 13 61 La Cb.'.tre 46 35 0 210. 6-2 Puiliers 46 35 4 00 63 Moulins. 46 34 1 0 E. 6i Funtenay (Vendée) 46 28 3 9 0. 65 Luçoi) 46 27 3 30 CO Maion 46 18 2 30 E. 67 Bourg 46 12 2 53 (J8 La liochelle 46 9 3 30 0. 09 Boanne 46 2 1 44 E. 70 Villefraucbe IBIiône) 45 59 2 23 71 Sainl-Jeau-d'Anuely 45 57 2 52 0. Elévation , au-.lejsu5 Dates, de la mer. Minimum abiulu. 144m ' 31 décembre 3 février 178S 1810 -26».3 —23 .4 1.-8 30 décembre 1788 -19 .5 127 31 décemlire 1788 —21 .9 102 décembre 1788 —20 .0 110 31 décembre «788 -23 .8 279 . n'iô -17 .3 313 31 décembre 178^ —26 .3 311 3 février 1830 —25 .« 120 29 janvier 1776 -17 .1 110 19 janvier 18.->5 — 12 .2 10.j { 19 décembre 1788 -25 .6 en février 1830 —18 .0 198 18 décembre 1788 —30 .2 116 décembre 1783 —18 .1 117 31 décembre 17b8 -18 .7 123 31 décembre 1788 —22 .3 •■'29 janvier 1784 —22 .4 3 février 1830 —28 .1 122 jauvier 1768 -IS .4 85 30 décembre 18.53 — 14 .0 100 31 décembre 1788 -22 .5 i91 19 janvier 1855 — 14 .0 55 1 31 décembre 1788 —23 .0 janvier 1836 — 13 .0 24G 1 1er février 1776 —20 .0 21 février 1845 -18 .0 270 janvier 1784 -!6 .9 4i décembre 178i —13 .0 82 décembre 1788 —23 .8 156 janvier 17»9 —23 .0 838 { 31 décembre 1788 —23 .8 14 décembre 1846 —31 .3 '™! 31 décembre 5 janvier 1788 1 1789) -22 .8 238 1 31 décembre 1788 -24 .0 16 janvier 1838 -24 .5 233 1 30 décembre 1853 -12 .5 19 jauvier 1855 — 14 .7 118 décembre 1788 —20 .0 26 jauvier 1812 —12 .4 227 31 décembre 1788 —22 .6 23 décembre 1788 -17 .3 81 décembre 1788 -18 .1 18* V . -18 .6 247 30 décembre 18.j3 —17 .C 25 •> > —16 .2 286 31 décembre 1788 —20 .0 183 u t786 -13 .8 24 décembre 1788 — 17 .J 382 SUR L'ÉTAT TIIERMOMÉTRIQUE Lieux. Latitude. Longitude. 72 La S.uilsaye (Ain) 4,".o5»'N. SoiO'E. 73 Limoges 43 50 1 3 0. 74 Ciermonl-Ferrand 45 i7 0 i3 E. 75 Lyon 43 46 2 29 76 Angoulùnie 45 39 2 H 0. 77 Granile-Gliarircuse 43 18 3 23 E. 78 Grenoble 43 H 3 2» 79 Le l'uy 43 0 3 3» 80 Aurillac 44 36 0 6 81 Libouine 44 S7 2 35 0. 82 Bordeaux 44 10 2 53 83 Joyeuse (Ardéche) 44 30 2 0 E. 84 Viviers 44 29 2 21 85 Rodez 4i 21 0 14 86 Agen 44 12 143 0. 87 Orange 44 8 2 28 E. 88 Alais 44 7 4 .'(4 89 Hicz (Basses-.\lpes) 44 7 3 50 90 .Monlauban 4'i 1 0 39 0. 91 Avi-nun 43 57 2 28 E. 92 Ninies 43 31 2 1 93 Saint-Sever 43 46 2 54 0. 94 Dax 43 43 3 24 93 Arles 43 41 2 18 E 96 Régusse (Var) 43 40 3 48 97 Toulouse 43 37 0 34 0. 98 Montpellier 43 37 1 32 E. 99 Aix Bouches-du Rhône). 43 32 3 7 100 Draguigaan 43 32 4 8 101 Bézieis 43 21 0 32 102 Marseille 43 18 3 2 10.^ Pau 43 18 2 43 0. 1 04 Carcassonne 43 1 3 0 1 E. 105 Oloron (Basses-Pyrénées) 43 12 2 37 0. 106 Narbonne 43 11 0 40 E. 107 Toulon 43 7 3 36 108 llyèies 43 7 3 50 10J Valléed'OssanlPyrénées). 42 .lO 2 46 0. UO Perpignan 42 42 0 34 E. 111 Veuce ^Yar) 43 0 4 40 Elcvatior au-dossu do la nier Dates. Minimum absolu. 298m 20 décembre 1853 —150.0 287 décembre 1788 —21 .7 407 décembre 1788 —18 .1 r 1er février 1776 —21 .9 29S 31 décembre 1788 —21 .9 1 16 janvier 1838 -20 .0 96 31 décembre 1788 —18 .7 2030 30 décembre 1788 —26 .3 213 en février 1776 -21 .6 630 j janvier 1789 —19 .8 13 février 1834 —17 .1 622 27 décembre 1829 —23 .6 5 30 décembre 1788 -16 .2 ' 1 décembre 1788 —13 .8 26 décembre 1829 —10 .0 147 29 décembre 1829 —13 .6 57 31 décembre 1788 — 18 .1 630 { ,^ 1782 1846 -10 —13 .0 .0 43 16 janvier 1842 -12 .0 45 j en janvier 28 décembre 1789 1833 -15 -18 .7 .0 1G8 12 janvier 1820 -12 .3 500 12 janvier 1820 -13 .0 97 décembre 1788 -13 .1 55 27 décembre 1829 —13 .0 114 u » -14 .6 100 .' 1784 - 7 .0 40 » 1776 — 14 A "1 .. 1786 — 5. 5 février 1810 — 6 .2 515 22 janvier 1853 — 7 .0 198 1 30 décembre 1833 -15 .4 .. 1735 -12 .3 30 { n janvier 1709 —16 .1 20 janvier 18j3 -18 .0 203 » 1729 -11 .0 213 décembre 1846 — 5 .0 70 1/ 1849 - 7 .0 46 1 décembre 1788 —17 .0 12 janvier 1820 — 17 .5 203 8 janvier 1S42 —12 .3 104 •> 1789 — 12 .0 272 > 1784 — 17 .5 13 " 1803 — 12 .3 4 » .- -10 .0 4 11 janvier 1820 — Il .9 1000 décembre 1844 —21 .0 42 décembre 1788 — 9 .4 zn Il janvier 1820 -Il .3 DU GLOBE TERRESTRE. 383 II. lies Britanniques. Elt^Tation Lieux. Latitude. Longitude, au-dessus Dates, de la mer. 4 Limcrick sa^WN. 10o58'O. » » 1788-89 a Oxford 51 '.6 3 36 ■. 30 décembre 1788 3 Lomlrcs 5131 2 28 " 25 décembre 17iC ♦ A la campagne près de Lon- dres " " " » u 5 Penzaucc 50 7 7 53 » • « lu. Hoilande et Beigique. 4 Amsterdam S^^aa'N. 2o33' E. 0 30 décembre 1783 2 Delfi 52 1 2 2 " 31 décembre 1783 3 Rotterdam 51 53 2 9 « 29 janvier 1776 4 Niniport 51 8 0 25 " 28 janvier 1776 5 Malines 51 2 2 9 " janvier 1823 „ ,, . _. „ (5 janvier 1789 6 ^ClVlc^s 51 ■> 3 • ' 1 „„ , V t 26 décembre 1833 7 Alost 50 56 142 » 20 janvier 1838 SLouvain ro 53 2 22 " | S r''; T. ( 26 décembre 1853 9 .Maeslricht 50 51 3 48 49 23 janvier 1S23 10 Bruxelles 50 51 2 1 1,9 » f J''"^'" '^ I lo janvier 18;j8 11 Liège G039 311 61 r-^ f '^.'"^'■^ ;;!! l 19 février 1835 12 Tournai. 50 36 J 3 » 28 janvier 1776 13 Namur 50 28 2 31 131 [,„,", 'l!.^ t 26 décembre 1853 14 Mons 50 26 140 • 16 janvier 1S0:> IV. Danemarlt, Suède et Norvège.. 4 Enontfkis 68o40'N. 20o4o'E. 420m 2 Haapakyla^prèsdeToniéa. 66 27 21 27 " 3 Calix 65 50 N. » ,/ 4 Kt'ikiavig (Islande) 6^ 8 24 16 0. » 5 Dronlheim 63 26 8 3 E. " 6 Gdle 60 40 14 18 >' 11 février 1845 7 Upsal 59 52 15 18 0 8 Stockholm 59 20 15 43 40 en janvier 1784 9 Copenhague 55 41 10 14 0 4 janvier 1789 10 Eosbeig • « • 29 décembre 1788 V, Russie. 1 Abo 60o27'N. 19o57'E. 0 l 12 février 1772 2 Saini-Péicrsbomg 59 50 27 58 0 | 18 janvier lb20 ( 29 décembre 1829 3 Kasan 53 48 46 47 83 4 Moscou 55 45 35 U 142 eu janvier 183G Hinimum absolu. — 120.0 —10 .6 — 15 .0 —20 .6 — 4 .4 — 2O0.O —22 .3 —20 .4 — IS 3 —24 .4 -21 .2 -19 .5 -17 .4 — :o .0 —23 .2 -22 .9 —21 .1 -18 .8 —24 .4 —20 .8 -21 .3 — 18 .1 —22 .0 — 17 .5 -30° .0 -30 .0 -53 .0 -20 .0 -23 .7 -32 .5 -31 .7 -33 .7 -20 .3 -31 .3 -36 .0 38 .8 32 .0 -32 .5 -40 .0 -13 .7 384 SUR L'ÉTAT TIIERMOMÉTRIQUE Elévation Lieux. Latitude. Longitude, au-dessus Dates. Minimum de la mer. «''*<''"• 5 Vilna 5i04rN. 22=58'E. —36.2 9 Virimo-Ouikiiisk (sur la pente occident. del'Oural) « » « janvier 1841 —31 .0 / 45 40 . >/ —25 .0 0 Steppes du Caucase ) à à à I 50° 50° -32 ,0 VI. Confédération germanique. 1 Cuxhaven 53»53'N. 6''24'E. " « « -22o.7 2 Hambourg 53 33 7 38 19 » « —30.0 3 Brème 53 5 6 28 26 16 décembre 1788 —35.6 ABerlin 52 31 11 3 4, j 28 décembre 1788 -28.8 I 24 janvier 1829 —25 .0 5 Hanovre 52 22 7 24 " 16 décembre 1688 -29.4 6 Sagau 5140 12 59 119 - " -32.6 7 Leipzig 5120 10 2 100 27 janvier 1776 —28.7 8 Breslau 51 7 14 42 148 « » —35.0 9 Veilen 51 5 10 0 - 21, 27, 28 déc. 1788 —26.3 10 Dresde 5l 4 1124 120 17 décembre 1788 —32.1 11 Weimar 50 59 9 0 204 17 décembre 1788 —28.8 12 Gûliia 50 56 8 23 308 < 7 décembre ^88 —24.4 • n r f . ,n « « „. ..- ( 30 décembre 1783 —26 .2 13 Francfort 50 7 6 21 117 i „„ . .„„„ . „ I 23 janvier 1829 —21 .2 14 Prague 50 5 12 5 179 7 janvier 1784 -28.3 15 Erlang 49 36 8 40 » 18 décembre 1788 —31.3 10 Jlanlieim 49 29 6 7 98 18 décembre 1788 —23.8 17 Anspach 49 18 8 14 » 19 décembre 1788 —28.8 18 Raiisbonne 49 1 9 45 362 » " —30.5 19 Kebl 48 34 5 23 » 26 décembre 1788 —17.6 20 Aiigsbonrg 48 22 8 34 491 30 décembre 1788 —26.3 21 Vicjne 48 13 14 3 186 29 janvier 1776 —23.8 «^ .. - . .00 « ., ^00 ( 30 décembre 1788 —28 .8 22 Munich 48 8 9 1-î 538 )^ , , ,„„, „. „ (. 26 décembre 1853 —21 .3 23 Peissenberg (couvent de). 47 48 8 14 996 - « —22.8 „, , , ,, .^ „ , ,e<, I 30 décembre 1788 -31 .3 24 Inspruck 47 16 9 4 556 < .„.,„ „^ „ ' ( eu janvier 1830 —25 .0 VII. Hongrie, Turquie, Grèce. 1 Bude 47o29'N. 16o43'E. 154 30 décembre 1788 —220.5 2 Constaniiuople 41 0 26 39 " 23 janvier 1850 —16.4 3 .Ubënes 37 58 2123 " ■' " —4.0 VIII. Italie et Suisse. ,„ „ l 18 décembre 1788 —370 .5 2 Zurich 47 23 6 13 450 \ f, ^'^^ H]' "'^ l ( 14 décembre 1846 —18 .8 DU GLOBE TERRESTRE. Élévation Licuï. Latitude. Longitujp. au-dessus Dates. de la mur. 3 Locle 470 " N. 4030'E. " U décembre * Berne 46 57 5 6 571 f ( 14 décembre 5 SaiDl-Bernard (hospice). 46 50 4 45 2i9l ^ ( .'JO décembre 6 Friboari; 46 48 4 48 712 » 7 Yverdun 46 47 4 18 . 1er février 8 Saini-Gothard (hospice). 46 33 6 14 2095 9 Lausanne 46 31 4 18 528 « 10 Genève 46 12 3 49 i07 [ *^" ^^"^"^"^ Ml et 15 janv H Milan 45 28 6 51 147 12 PadoDe 4.') 24 9 32 14 I ' 13 Pavie 45 11 6 49 90 14 Turin 45 4 5 21 278 [ ,, ", ( 7 décembre 15 Florence 43 47 8 55 73 " 16 Pise 43 43 8 4 17 Nice 43 42 4 57 54 - 18 Rome 4.54 10 7 ,9 j 29 et SO^déc. 19 Naples 40 51 1155 54 u 20 Palerme 38 7 11 1 54 n 21 Niculosi 37 35 1:2 46 082 » IX. Espagne et Portugal. 1 Viltoria 43o O'N. 5© o'O. " 13 décembre 2 Madrid... 40 25 6 2 635 31 décembre 3 Valence 39 29 2 45 » > 4 Lisbonne 38 42 11 29 72 « 5 Séville 37 23 8 21 u « 6 Gihraliar 36 7 7 41 » 1er janvier X. Asie. 1 Nouvelle-Zemble 730 o'N. 5lo30'E. . < 2 OuMjaiisk 70 55 133 22 - janvier 3 .Nijnc-Kolyiiisk 68 32 158 34 4 I:iknutsk 62 2 127 23 87 25 janvier 5 Bogoslowsk 59 48 .")8 4 156 1 6 Xijné-Taguilsk 57 56 57 48 213 !„„,", (26 décembre 7 Ak-BoulaketBich-Tamak. 50 .- 57 » « 14 au JO fév. 8 Sieppe dus Kirghiz Kais- s.iks 46 51 52 0 " décembre 9 Pck.n 39 r.4 114 9 97 12 janvier 10 Bokliar;i 39 44 62 35 » 28 janvier Vlll.— V. 385 1846 -28 .5 .' —30 .0 1846 -18 .8 .' —30 2 1853 -25 .5 1830 -18 .5 1830 —21 .0 " -30 .0 1768 —20 .0 17.55 -25 .0 1838 —2ti .3 .' -16 2 ■' — 15 .6 1776 — 13 .2 1830 —15 .3 1755 —17 .8 1844 -17 .0 .' — 8 .5 » — 6 .3 .' — 9 6 1823 — 4 .0 1745 — 6 9 " — 5 .0 1/ - 0 .0 „ '> .2 1846 -HO .S 1829 -11 .2 1830 - 5 .0 u 2 .7 1830 — 5 .0 1830 -12 .1 —46» .9 1846 —40 .3 0 —53 .9 1829 —.58 .0 " -40 .0 - —51 .5 1841 —38 .7 1840 -40 .7 1839 -43 .9 1762 — 13 .6 1842 -23 .0 25 336 SUR L'ÉTAT THERMOMÉTRIQUE Elëvation . . Lioux, Latitude. Longitude, au-dessus Dates. Minimum j , , absolu. de la mer. H Bagdad .'... 33o20'N. 42o 2'E. " janvier 1784 — 50.O 12 Nangasaki (lie Décima)... 3-2 4.5 127 32 .. 5 février 185.) —3.0 13 Mossour 30 27 75 42 1848 ' " —2.8 14 Arabala 30 25 74 25 313 -. " —0.3 15 Béiiarcs 25 19 80 35 97 " " +7.2 16 Caiitop 23 8 110 56 » " « —2.2 17 Clianilernagor 22 51 86 2 » " " + 7 .5 18 Fort William (près Calculla) 22 35 86 0 " « - + 4 .7 49 Calcutta 22 33 86 0 » " •' +11 .1 20 Macao 22 11 111(4 » .- " + 3 .3 21 Madras 13 4 77 54 •' » .. +17.8 22 Seringapatam 12 25 74 19 735 - " +8.9 23 Poiulichéry 1156 77 29 " « « +13.0 24 Ootacamund 1 1 25 74 30 2242 « » + 3 .9 25 Kandy (lie de Ceyiaii).... 7 18 78 30 512 » <• +11 .7 26 Pulo-PCBang (lie) 5 25 97 59 " « . +24.4 27 Singapore 1 17 101 30 - « .' +21 .7 XI. Archipel d'Asie et Oce'anie. 1 Hnnolnlu . 21ol8'N. 160oi5'0. - « » +80.9 2 Ambcine 3 41 S. 125 49 E. 2 20 septembre 1852 +19.8 3 Balavia 6 9 104 33 « « ,„ _|-2l .7 4 Fort Dundas (lleMelville). 112;; 127 45 E. • » » -f 17 .2 5 Taïii 17 29 15149 0. . u ,, -f |8 .3 6 Sydney 33 52 148 54 « •> ^ — 3 .3 XII. Afrique. 1 .\lSer 36047'N. 0o44'E. 4 « ,■ — 2o.5 2 Tunis 36 46 7 51 .- u ,,4.2.5 3 Funciial [ilede Madère).. 32 38 19 16 0. 25 « „ -fio .6 4 Le Caire 30 2 28 53 E. 0 26 janvier 18.36 -f 2 .5 5 Saint-Louis (Sénégal) 16 1 18 510. .- ./ „ -}-i2 .5 6 Corée 14 40 19 45 1/ « „ -)-l5 .3 7 Kobbe (4 11 25 48 « « „ _|_ 7 .7 8 Sackatou 13 5 3 ,52 E. « » „ -)HS .6 9 Bornou 13 0 M 30 .- « „ -|- 5 .5 10 Sainte-Hélène 15 .jS S. 8 3 0. 538 « « -\-\\ ,\ 11 Port-Louis (lie de France). -JO 10 55 8 E. " . « -|-i5 .6 12 Saint-Denis (lie Bourbon). 20 52 53 10 43 « « -j-io .0 13LeCap 33 55 16 8 " » „ 4. < .| XIII. Amérique septentrionale. 1 lie Melville 74o47'N. H3o 8'0. " » u —480.3 2 Port Bowen 73 14 91 15 « u « —44.2 3 Mer du Groenland 72 0 22 0 " u „ —42.5 4 Port Félix 70 0 9413 " « —50.8 5 Uc Igloolik 69(9 84 33 " " « —42.8 DU GLOBE TERRESTRE. 387 EléTatioD Lieux. Latitude. LoDgitude. au-dessun Dates, de la mer. 6 lie AViiiter CGoH'X. Sjosi'O. » 7 Fort Enlrcprise 64 28 1l.->26 253ni 8 Fort Reliame 6-2 46 109 \ 200 9 Nain (Laliiador) 57 10 64 10 0 <0 Silcha 57 3 137 38 » f Il Cumberlan l-House 53 57 104 37 235 « 13 Uuébeo 46 49 73 36 13 Fort Brad) 40 39 87 10 175 14 Montréal 45 31 73 53 " 4 ou 5 janv. 15 Penetanguisliene 44 48 83 o 179 ■' 16 Fort Howard 4140 89 22 185 17 Montpellier 4123 74 40 « 4 oa 5 janv. 18 Bangor '«4 8 71 1 ■- 4 ou 5 janv. 19 An«on 44 •' 72 " » 29 janvier 20 Franconia 43 30 74 » « 4 ou 5 janv. 21 Windsor 43 2* « • 4 ou 5 janv. 22 Concord 43 12 73 50 » 4 oa 3 janv. 23 Dover 43 13 73 14 « 24 Portsmoulh 43 5 73 6 » 4 ou 5 janv. 2:j Newport 4 5 " 73 40 « 4 ou 5 janv. 26 Saratoga 43 " ./ » 4 ou 5 janv. 27 Rutland 43 "- » ■/ 4 ou 5 janv. 28 Albany 42 39 76 5 39 4 ou 5 janv. 29 Salem 42 31 73 14 ■■ 4 ou 5 janv. 30 l'itisfield 42 30 " V 4 ou 5 janv. 31 Cambridge 42 23 73 28 68 32 Boston 42 21 73 24 " 1 , ". t 4 OU 5 janv. 33 New-Haven 41 13 73 14 • 4 ou 5 janv. 34 New- York 40 43 70 20 0 4 ou 5 janv. 35 Philadelphie 39 57 77 30 « 4 ou 5 janv. 36 Mirielta 39 23 83 50 200 37 Baltimore 39 18 78 57 » 4 ou 5 janv. 38 Cincinnati 39 6 86 50 162 39 Washington 38 53 79 21 .. 4 ou 5 janv. 40 Saint-Louis (Missouri) .. 38 37 92 33 136 41 Richmond 37 32 79 48 » » 42 Williamsburg 37 15 79 3 « 4îCharlstown 32 47 82 16 » 4 ou 3 janv. 44 Savannah 32 5 83 26 43 Naichez 3133 93 43 58 46 Talahasse 30 30 80 20 - 47 Ncw-Orleans 29 5>J 92 27 48 Key-West (Floride) 2i 34 84 13 » u 49 Vcra-Cruz 19 12 98 29 • * XIV. Iles Antilles. 1 La Havane 2.3o 9'N. 8*043' 0. 2t 2 Ubajoy vCuba) 23 9 84 43 93 « Minimum absolu . —380.6 <• —49 .7 1/ —36 .7 1779 —37 .8 .' -20 .0 '. —43 .2 " -4) .0 " — 30 .1 1835 — 37 .2 .' —33 .0 « —38 .9 1835 —40 .0 1833 —40 .0 1817 —40 .0 1835 —40 .0 1835 —36 .7 1835 —37 .2 « —33 .3 1833 —28 .9 1833 —40 .0 1833 —36 .1 1835 —34 .4 1833 —33 .6 1835 —27 2. 1833 -36 .1 ■■ —24 .4 « -33 .6 1835 —26 .1 1835 —30 .5 1833 —20 .5 183? -20 .0 " —27 .8 1835 -23 .3 " -27 .0 1833 —26 .6 .' —27 .7 » —21 1 " —21 .1 1835 —17 .8 « -16 .1 V —17 .8 .' — 15 .6 « — 3 .9 0 + c .7 " +1G .0 •f 70.3 Û ,0 388 SUR L'ÉTAT THERMOMÉTRIQUE Elcvatioii . . Lieux. Latitude. Longitude, au-dessus Dates. , , , , ibsolu. de la niei-, 3 La JjmaTqiie iTo.-iO'N. 79o 2'0. " • " +I70.8 4 La r.ii uleloiipe 46 U G3 52 • « . -fjg .5 5 La Martinique U 40 63 30 - - - -f 17 .1 6 La Barbade 13 5 61 57 . > « +22.2 7 La Trinité 10 39 63 51 « • « +i& .0 XV. Amérique méridionale. 4 Curaçao 12» 6'N. 7lol6'0. • « . +23o.9 2 MaraMîbn 1119 76-29 » , w 4-21 •< 3 La Guayra 10 36 69 17 » . « +21.0 4 Caracas 10 31 69 25 916m « . +11 .0 5 Faramaribo 5 43 57 33 • . . +16.1 6 Cayenne 4 56 54 39 . » » +18.7 7 Sam a-Fé de Bogota 4 36 76 34 2661 » - +2.5 « Sainl-Liiuls de Maraiia... 2 31 46 36 « . - +24.4 9 lies Galapagos 0 0 93 0 " . - +11.1 40 Quito 0 14 S. 81 5 2908 .' u +6.0 41 Lima 12 3 79 28 166 ^ . +13.9 42 Rio de Janeiro 22 54 45 30 - " « +«'.4 43 Buenos-Ayres 34 36 60 44 « » . — 2 .2 44 lies Falkland 5125 63 19 . . „ _ 5 .6 On voit par ce tableau que les froids les plus exces- sifs que l'on ait ressentis jusqu'à ce jour sont renfermés dans des limites assez étroites; qu'ils ne descendent pas au delà de — 31°. 3 pour la France ; de — 20°. 6 pour les îles Britanniques; de — 24°. Zi pour la Hollande et la Belgique; de — 55° pour le Danemark, la Suède et la Norvège; de — /i3°.7 pour la Russie; de — 35°.6 pour l'Allemagne; de — 17°.8 pour l'Italie; de — 12° pour l'Espagne et le Portugal. Quant aux contrées qui n'appar- tiennent pas à l'Europe, il faudrait de plus nombreuses observations pour qu'on pût dire avec quelque certitude les plus forts degrés de froid qu'on est exposé à y subir. On a vu par les faits rapportés dans ce chapitre que les rivières ne commencent à se congeler que par une température d'environ — G°. Les grands fleuves exigent DU GLOBE TERRESTRE. 389 pour être pris d'un bord à Tautre une température d'au- tant plus basse qu'ils sont plus rapides. A mesure que les rigueurs du froid se prolongent, l'épaisseur de la couche de glace formée s'accroît et elle devient assez grande pour que des hommes ou des chariots puissent y passer, de telle sorte que le fait de porter des fardeaux est la preuve, presque la mesure de l'intensité de l'hiver. Il est donc intéressant de connaître l'épaisseur de la glace qui est nécessaire pour supporter des charges déterminées. Des mesures ont été prises à cet effet par plusieurs phy- siciens, Hamberger, Temanza, Toaldo, par la Société royale de Londres, etc. On a reconnu qu'il faut 5 centi- mètres pour que la glace porte un homme, 9 centimètres pour qu'un cavalier y passe en sûreté; quand la glace atteint 13 centimètres elle porte des pièces de huit placées sur des traîneaux, et quand son épaisseur s'accroît jus- qu'à 20 centimètres l'artillerie de campagne attelée peut y passer. Les plus lourdes voitures, une armée, une nombreuse foule sont en sûreté sur la glace dont l'épais- seur atteint 27 centimètres. Après avoir donné la liste des hivers mémorables par leur extrême rigueur, il est intéressant de citer les hi- vers qui se sont au contraire signalés par leur douceur exceptionnelle. Ces hivers sont beaucoup moins nombreux que ceux qui se sont fait remarquer par l'intensité des froids. M. Peignot, de Dijon, auteur d'un très-bon travail intitulé Essai chronologique sur les hivers rigoureux^ qui a servi plus d'une fois pour contrôler les faits rapportés dans la table des hivers remarquables donnée précédem- ment (p. 258 à 350), a dressé la liste des hivers où la 390 SUR L'ÉTAT THERMOMÉTRIQUE douceur de la température s'est manifestée par des phéno- mènes extraordinaires. Nous reproduisons cette liste en la complétant. 58Z». L'hiver fut d'une douceur si constante qu'on vit des roses au mois de janvier. (Grégoire de Tours.) 808. Cette année l'hiver fut très-mou et très-pernicieux. On fut affligé à sa suite d'inondations terribles. [Fita Caroli Magni; Annales xantense s ; Chronlcon brève.) 838. L'hiver fut entièrement rempli par la pluie et le vent. Le tonnerre se fit entendre depuis le mois de janvier jusqu'au milieu de février, ainsi qu'eu mars; l'ardeur extrême du soleil desséchait la terre. {Annales xantenses.) SUk. L'hiver fut extrêmement doux et pluvieux jusqu'au commen- cement de février avec quelques intervalles de beau temps. {Annales bertiniani.) 1097. L'hiver fut très-doux et fécond en maladies. L'énormité des pluies amena le débordement des rivières. {Sigeberti Chro- nlca; Ekkehardi Chronicon un'wersale.) H72. L'hiver fut si doux que les arbres se couvrirent de verdure. Vers la fin de janvier les oiseaux nichèrent et ils eurent des petits en février. 11 y eut aussi de grands vents, des tempêtes et des pluies. En janvier il tonna fréquemment : le feu du ciel endommagea beaucoup de maisons et d'églises. {Cliron. Magdeburg.; le continuateur tournaisien de Sigebert; Cal- visius. ) 1186. 11 fit cette année, en Allemagne, l'hiver le plus chaud qu'on eût éprouvé depuis longtemps dans cette contrée; aussi la végétation fut de beaucoup en avance : la moisson se fit en mai et les vendanges eurent lieu en août. En France les arbres fleurirent au milieu de l'hiver. {Chronique de Magde- bourg; Functius; Annales fossenses) 1204- Depuis la fin de janvier jusqu'au mois de mai il régna une sécheresse continuelle et une chaleur ardente comme celle de l'été. Cette saison se montra très -funeste aux biens de la terre : la famine et la mortalité furent très -grandes en Angleterre, en France, en Espagne et en Italie. [Bakefs chronic; Chronolog. Roberti altissiodorensis ; Guillaume do Nangis.) DU GLOBE TERRESTRE. 391 1258. or En cest an fut le temps si doulz et si souef que en tout river ne gela que deux jours. Ou mois de janvier trouvoit-on les violettes et les fleurs de frasiers et estoient les pommiers tous blans flouris. » « 11 fit chaut temps jusqu'à la Chande- leur. » {Chronique anonyme, etc., dans dom Bouquet.) 1285. L'hiver fut très-doux et pluvieux en Italie. (Toaldo. ) 1289. La température fut si douce qu'à Cologne les jeunes filles, le jour de Noël et l'e jour des Rois, portèrent des couronnes de violettes, de bleuets et de primevères. ( Peignot. ) 1301. Cet hiver fut chaud en Italie. En Allemagne, au commence- ment de décembre, un ouragan renversa les maisons et les édifices ; puis l'air se calma et se rasséréna, et l'on éprouva une chaleur tellement insolite, qu'au mois de janvier les arbres étaient couverts de jeunes rameaux. Il survint ensuite un grand débordement des eaux. ( Fry tsch ; Toaldo. ) l/i2l. L'hiver fut si doux que l'on eut des cerises en avril et des raisins en mai. (Peignot.) lZj27. L'hiver n'eut pas de froid et les arbres fruitiers fleurirent en Saxe à la saint Nicolas ; la même chose eut lieu en Bel- gique et en Italie. Une peste très-violente se manifesta en Allemagne à la suite de cette saison. { Chronique saxonne ; Libert Fromond, Meteorologica ; Toaldo.) 1504. En Italie l'hiver fut aussi doux que le printemps. (Toaldo. ) 1529. « Cette année l'hiver fut un des plus extraordinaires qu'on eût jamais vus ; car non-seulement il n'y eut nulle gelée, mais il fit aussi chaud au mois de mars qu'il fait d'ordinaire à la saint Jean ; de sorte que la plus grande partie des sei- gles étaient en épi, et qu'on vendait à Paris des amandes nouvelles avant le mois d'avril. Mais le temps changea, et le h avril il gela si fort qu'on crut tous les fruits de la terre perdus. Heureusement la gelée se tourna en pluie et ne causa aucun dommage aux récoltes. » (Félibien, Histoire de Paris, t II, p. 985.) 1539. En décembre et en janvier les jardins furent émaillés de fleurs. (Peignot.) 1552. L'hiver fut chaud et sec en Italie. (Toaldo. ) 1573. Les arbres se couvrirent de feuilles en janvier et abritèrent en février les nids des oiseaux. (Peignot.) 392 SUR L'ÉTAT TIIERMOMÉTRIQUE 1585. I/hivcr fut si doux que le blé fut en épis à Pâques. (Peignot.) 1596. « La constitution du temps estoit vaine, maussade et plu- vieuse; car on cust cestc année Testé en avril, l'automne en niay et l'hiver en juin. » (Pierre de l'Kstoile. ) 1607, 1609, 1617, 1619. Les hivers de ces années sont signalés , comme s'étant passés sans aucune gelée notable. (Peignot.) 1622. Le mois de janvier fut si chaud, même dans le nord de l'Al- lemagne, qu'on n'y alluma pas les poêles, et que tous les arbres furent en fleur au mois de février. ( Peignot. ) 1659. Dans cet hiver il n'y eut ni gelée ni neige. (Short.) 1692. En Allemagne l'hiver fut extrêmement chaud. (Short.) 1702. L'hiver fut très-doux en Italie. (Toaldo.) 1719. Cet hiver fut remarquable par sa douceur en France et en Italie. A Paris, le thermomètre ne marqua souvent que -\- 2°. 2 en janvier comme plus basse température des vingt- quatre heures. 11 ne descendit au-dessous de zéro qu'un seul jour, le 2, où il fut à — 2''.0. La plupart des arbres portèrent, en février et en mars, des fleurs qui furent détruites par les froids de la fin de mars et les gelées d'avril. A Marseille, les arbres avaient fleuri dès le mois d'octobre précédent, et pro- duisirent de nouveaux fruits, qui, quoique petits, n'en par- vinrent pas moins à maturité. Le 18 décembre, on cueillit des cerises et des pommes parfaitement mûres. Dans plu- sieurs parties de la province de Gènes, il en fut de même des prunes, des cerises, des figues et des pêches. Les oran- gers et les citronniers en pleine campagne fleurirent dès le mois de novembre et portèrent leurs fruits. En Provence, les oliviers étaient aussi avancés en janvier qu'ils le sont en avril et en mai dans les années ordinaires. {Maraldi, Mémoires de V Académie pour 1720, p. 3. ) 1723. Cet hiver fut doux en Angleterre. ( Short.) Dans la province des Algarves, on vit, selon M. de Montagnac, consul de France à Lisbonne, en décembre 1722 et au mois de janvier suivant, les arbres verts et fleuris comme au printemps, des prunes et des poires aussi mûres et aussi bonnes qu'au mois de juin, des figues aussi grosses qu'en avril et mai , et des vignes qui avaient déjà des grappes de verjus. [Mémoires de V Académie pour 1723, p. 17.) 1730. Depuis la mi-décembre de 1729, époque où les pluies cessé- DU GLOBE TERRESTRE. 303 rent en Angleterre, le temps devint, avec le vent du sud, doux et clair comme en avril. 11 n'y eut ni neige ni gelée jusque vers la moitié de janvier. Le vent du nord amena ensuite, pendant deux jours, une neige légère; puis le temps redevint doux et persista ainsi, avec quelques intervalles de petites pluies, jusqu'à la fin de février. 11 tomba encore un peu de neige avec de la pluie froide jusqu'au milieu de mars. (Short.) 1705. L'hiver fut tempéré et d'une extrême douceur en Italie. (Toaldo. ) 1779. L'hiver fut extrêmement deux en France, et le baromètre resta très-élevé pendant cette saison. (Cotte, Mémoires sur la météorologie, t. I, p. 112. ) 1822. Cet hiver fut doux dans toute l'Europe. On écrivait de Saint- Pétersbourg au Journal des Débats : « Nos hivers sont ordi- nairement très -rigoureux pendant quatre mois consécutifs, et ils se font sentir encore, quoique plus modérément, pen- dant deux autres mois. Leur durée totale est de six mois au moins. Celui de cette année n'a été que d'un mois et quel- ques jours. La première neige qui ait tenu est tombée le jour de Aoël et elle a disparu généralement dès les premiers jours de février. Depuis lors nous avons eu une température fort douce; le ciel couvert était souvent pluvieux; il neigeait encore un peu de temps à autre, et quelques jours sereins étaient mêlés de tempêtes violentes par le vent de sud-ouest. Nos canaux, gonflés par les pluies, ont mis les parties basses de la ville dans le plus grand danger de se voir inondées. Les grains d'hiver ont beaucoup souffert dans les gouvernements des côtes de la Baltique et de la Russie blanche à raison de l'humidité d'un sol découvert, et le cultivateur ne put espé- rer une bonne récolte. » « En Sibérie, où la rigueur des hivers est constante, on ne l'a que faiblement ressenti cette année, et il a régné des vents chauds, soit à Tobolsk, soit beaucoup plus au nord-est. Partout la neige a manqué. A Bérésoff, une des villes les plus septentrionales de nos con- trées, il a plu abondamment le 8 décembre. Les habitants les plus âgés n'avaient rien vu de semblable. » Dans les différentes parties de l'empire russe, la tempéra- ture fut anomale. A la fin de novembre 1821 on cueillait des violettes nouvelles aux environs de Riga; le 10 décembre, en Pologne, dans la Russie centrale et jusqu'à Moscou, le froid 394 SUR L'ÉTAT TIIERMOMÉTRIQUE ne s'était pas fait sentir, et les routes, défoncées par des pluies continues, étaient devenues impraticables. L'hiver ne commença à Saint-Pétersbourg que le U décembre; le ther- momètre descendit ce jour-là à — 12". 5. Vers la fin du mois la température se maintint vers U à. S degrés au-dessus de zéro. En Angleterre on vendait dans les rues de Londres des violettes et des primevères au milieu de décembre. Il y eut ensuite de longues pluies, mais k Noël on eut un temps magnifique. En Irlande la récolte des pommes de terre fut gravement compromise par l'abondance des pluies de cet hiver. Dans le midi de la France, en Italie, en Espagne, la dou- ceur de la température fut troublée par quelques apparences de froid et de fortes tempêtes au commencement de la saison ; les ouragans se montrèrent formidables le 5 novembre; ensuite l'hiver disparut et fit place à un temps si chaud que plusieurs arbres fleurirent et que d'autres portèrent de nou- veaux fruits. A kl fin de décem1)re les eaux des lagunes s'étaient élevées d'un mètre par l'abondance des pluies. A Paris, à la fin de l'année 1821, il ne gela pas un seul jour; la moyenne du mois de décembre fut de -{-7".5 ; la plus haute température fut le 3 de -|- 13\0, la plus basse le 7 de H-l°.8. En janvier, il y eut cinq jours de gelée; la plus haute température fut le 25 de +9\U, la plus basse le 7 de —3°. 5; la moyenne du mois fut de + à'M. Le temps fut presque constamment couvert. En février, il y eut trois jours de gelée; la plus haute température fut -|-12°.0 le 8 ; la plus basse —'3\8 le !"■; ce fut le minimum absolu de l'hiver. La température moyenne de février fut + 6M. Le temps fut couvert, moins cependant qu'en janvier. En mars, il n'y eut qu'un seul jour de gelée, le 1", à — P. 5. La plus haute température fut +21''.8 le 28. La moyenne du mois fut -f- 9°. 9. La plus haute tempé- rature d'avril fut -f- 23". 3 le 15, la plus basse + l'.S le 3; la moyenne du mois + 11". 1. Le contraste signalé dans la table des hivers mémorables entre le climat du Canada et celui de l'Europe occidentale se manifesta encore cette fois : le froid se montra rigoureux à la fin de 1821 , et le Saint-Laurent était entièrement pris devant Montréal. 182i. L'hiver de 1823-182/i fut doux dans le nord de l'Europe. En Russie il ne fit un peu froid que vers leZi février où l'on con- DU GLOBE TERRESTRE. 395 stata — 12". 5; il y eut toutefois des tempêtes très-violentes et il tomba beaucoup de neige. Il en fut de môme en Suède. La navigation du Sund demeura libre. On ne vit jusqu'à, la fin de janvier ni gelée ni neige, et l'on trouva sur les mar- chés des légumes verts. Dés la fin de novembre on éprouva, à Stockholm, des orages avec tonnerre. La température moyenne de janvier fut dans cette ville de -\- 1°.5 ; le ther- momètre ne descendit durant ce mois qu'une fois ù — 6\5 et monta à + 7°.0. En France l'hiver fut beaucoup moins fi'oid que dans les années moyennes ; il n'y eut que 31 jours de gelée dont 5 consécutifs; le minimum fut —!i\8 le IZi janvier. En Espagne, les amandiers étaient en pleine floraison au mois de janvier ; mais de violentes tempêtes firent tomber les fleurs. En Italie il fit plus fioid ; les montagnes, aux envi- rons de Rome, furent couvertes de neige, et le 5 février le thermomètre descendit à — 1".9. On peut conclure de tous les faits relevés dans ce cha- pitre que la succession des grands hivers, pour n'être pas assujettie à des lois fixes, n'en présente pas moins une certaine régularité quand on embrasse un grand nombre de siècles. Il ressort aussi d'un examen attentif des phé- nomènes que les variations présentées par la température et qui font sur le moment l'étonnement des contempo- rains, ont leurs analogues dans le passé, de telle sorte qu'on peut hardiment nier le prétendu bouleversement des saisons qu'on ne manque jamais d'invoquer dès qu'il se présente un hiver qui , par sa rigueur ou par sa dou- ceur, contraste avec les hivers ordinaires. Tout concourt à prouver que les climats de l'Europe sont en général dans un état d'équilibre stable, qui doit tout à fait rassu- rer les esprits les plus timorés. 396 SUR L'ÉTAT TIIR RMOMÉTRIQUE CITAPITRE XXV DES PLUS GRANDES CHALKURS OBSERVÉES ANNUELLEMENT — ÉTÉS MÉMORABLES S'il est difficile de bien fixer l'intensité d'un froid sans l'emploi d'un thermomètre, l'embarras est bien plus grand quand on veut préciser une chaleur exceptionnelle ressentie à une époque où tout instrument de mesure fai- sait défaut. Pour les froids excessifs, la congélation des rivières, des fleuves, des bras de mer, sont un signe cer- tain sur lequel les historiens ne peuvent se tromper; il n'en est pas de même d'une forte chaleur dont les effets peuvent souvent se confondre avec ceux d'une séche- resse, d'un grand vent méridional, etc. Aussi, nous n'aurons dans ce chapitre, une grande précision que pour les indications recueillies depuis l'invention des ther- momètres, et surtout depuis que ces instruments sont de- venus comparables entre eux par les soins apportés dans leur construction. Nous commencerons par donner la table des plus grandes chaleurs observées annuellement à Paris; je n'ai pas besoin de rappeler que tous les nombres suivants indiquant des températures au-dessus du zéro de l'échelle centigrade, doivent être considérés comme précédés du signe -|-. Plus hautes Dates des observations. températures observées. 1705 6 août -f- 39°.0 1706 8 août 36 .9 1718.... 22 août 38 .1 DU GLOBE TERRESTRE. 172^ 11 août +36» 1731 10 et 11 août 36 1732 30 juillet 30 1733 7 juillet 32 nsti 6 et 8 septembre 31 1735 16 juillet, 10 août 31 1736 30 juillet 37 1737 21 juillet 33 1738 5 août 36 1739 22 juillet 33 1740.... 23 juillet 28 17Zil.... 8 août 33 17Ù2 2 juillet 36 17Zi3 17 juin et 31 juillet 32 1744 29 juin 30 1745.... 6 juillet. 30 1746.... 15 juillet 32 1747 6 septembre 34 1748.... 23 juin 36 1749.... 23 juillet 36 1750 22 juillet 35 1751 17 juin 36 1752 29 juin 33 1753 7 juillet 35 1754 14 juillet 35 1755 G juillet 34 1757 14 juillet 37 1760 18 et 19 juillet 37 1763 19 août 39 1764 22 juin 37 1765 26 août 40 1766 en juillet 37 1767 en juin et août 33 1768 en juillet 35 1769 en août 36 1770 en août 35 1771 .... en juillet et septembre 35 1772 24 juin 36 1773 14 août 39 1774 26 juillet 33 1775.... // 35 1776 2 et 3 août o3 397 39S SUR L'ÉTAT TIIERMOMÉTRIQUE 1777.. 1778.. 1779.. 1780.. 1781.. 1782.. 1783.. 178i.. 1785.. 1786.. 1787.. 1788.. 1789.. 1790.. 1791.. 1792.. 1793 . 3d... 179^1.. 1795.. 1796.. 1797.. 1798.. 1799.. 1800.. 1801.. 1802.. 1803.. 180i.. 1805.. 1806.. 1807.. 1808.. 1809.. 1810.. 1811.. 1812.. 1813.. 1814.. 1815.. 1816.. 1817.. /' + 36M 5 juillet 36 .2 18 Juillet Sli .U 2 juin 35 .0 31 juillet 34 .4 16 juillet 38 .7 11 juillet 36 .3 7 juillet 29 .6 26 juillet 30 .3 12 juin 29 .1 5 août 31 .5 12 juillet 33 .7 29 août 30 .3 22 juin 34 .6 15 août 34 .1 13 août 31 .1 8 juillet 38.4 16 août 37 .3 30 juillet 30 .5 13 août 29 .5 21 août 29 .5 15 juillet 31 .0 1" août 32 .7 8 août 30 .0 18 août 35 .5 12 août 28 .2 8 août 36 .4 31 juillet 36 .7 5 juin 33 .8 12 août 28 .0 11 juillet 33 .6 11 juillet 33 .6 15 juillet 36 .2 17 août 31 .2 2 septembre 30 .7 19 juillet 31 .0 14 juin 32 .8 30 juillet 29 .7 28 juillet 33 .8 5 août 30 .0 20 juillet 28 .0 20 juin 31 .0 1818.. 1819.. 1820.. 1821.. 1822.. 1823.. 182/1 . 1825.. 182G.. 1827.. 1828.. 1829.. 18:50.. 1831.. 1832.. 1833.. 183Zi.. 1835.. 1836.. 1837.. 1838.. 1839.. 18/i0.. 18/11.. 18/i2 . . 18/i3.. 18/1 'i.. 18/i5.. 18/i6.. 18/i7.. 18/i8.. 18/i9.. 1850.. 1851.. 1852.. 1853.. DU GLOBR TliRRESTRE. 2/1 juillet + 3/i».5 5 juillet 31 .2 31 juillet 32 .2 2/i août 31 .0 10 juin 33 .8 26 août 31 .3 l/i juillet 35 .3 19 juillet 36 .3 1" août 36 .2 2 août 33 .0 29 juin 32 .0 2/1 juillet 31 .3 29 juillet 31 .0 8 juillet 29 .5 13 août 35 .0 2 juin 29 .8 12 et 18 juillet 32 .6 23 juillet 3/1 .0 1" juillet 3/i .3 19 août 31 .1 13 juillet 3/i .3 17 juin 33 .3 6 août 33 .0 26 mai 33 .8 18 août 37 .2 5 juillet 3/i .9 22 juin 31 .Il 7 juillet 30 .1 5 juillet 36 .5 17 juillet 35 .1 7 juillet 31 .6 1" juin 32 .0 5 août 33 .6 23 août 31 .0 16 juillet 35 .1 7 juillet 32 .0 399 Ainsi les plus hautes températures observées h Paris ont été de 38°. 4 le 8 juillet 1793, de 39.0 le 19 août 17G3, de 39". /i le 14 août 1773 et de tiO" le 26 août 1765. J.e maximum moyen de la seconde moitié du siècle 400 SUR L'ÉTAT TIIERMOMÉTRIQUE passé est de 34°. 0; celui de la première moitié de ce siècle de 32°. 75. L'époque moyemie du maximum a été le 23 juillet dans- le siècle dernier et le 19 dans celui-ci. Toutes les observations précédentes ont été faites avec des thermomètres placés au nord, à l'ombre, et autant que possible, au moins pour les plus modernes, à l'abri des réverbérations du sol. Si les boules de ces instru- ments avaient été noircies et exposées à l'action directe des rayons du Soleil, ils auraient constamment mar- qué, par un temps calme, c'est-à-dire quand l'effet de la lumière solaire est au maximum, 8° ou 10° centi- grades de plus. On se tromperait toutefois beaucoup si l'on croyait pouvoir conclure de là que, dans nos climats, la température des corps terrestres exposés aux rayons solaires ne dépasse jamais liCf ou 48" centigrades. Le sable , sur le bord des rivières ou de la mer, est sou- vent, en été, à la température de 65° à 70° centigrades. Quant à l'eau d'une rivière, pour peu que sa profon- deur soit considérable, elle ne s'échauffe jamais beau- coup. Ainsi, en 1800, par exemple, à Rouen, le 18 août, quand le thermomètre à l'air libre marquait -|- 38° cen- tigrades, l'eau de la Seine n'était qu'à -j- 23°. M. Quetelet, dans son ouvrage sur le Climat de la Bel- gique, donne les chiffres suivants relatifs aux plus hautes températures observées à Bruxelles: Pins hautes Dates (les observations. lempéMinres observées. 1763 19 août + 27° .2 176'!.... 13 juillet 26.1 1765 26 août 29 .4 1766 20 juillet 26.1 1767. ... 12 août 28 .3 DU GLOBE TERRESTRE. 40t 17G8. ... 28 juillet -f 27^ 1769 7 août 26 1770 9 août 33 1771 17 juillet 30 1772 26 juin 35 1773 l/i août 31 1775 6 juin 31 1776 16 juillet 30 1777 9 août 33 1778 20 juillet 35 1779 18 juillet 29 1782.... 16 juillet 30 1783 2 août 33 178Zi.... 7 juillet 32 1785 l" juillet 30 1786 16 juin 29 1787 12 juin 30 1822 10 juin 29 1823 25 août 26 1824.... U juillet 30 1825.... 19 juillet 31 182G 2 août 31 1827 30 juillet 28 1828 5 juillet 30 1833 29 juin et 8 juillet 28 183i.... 19 juillet 31 1835.... 11 juin et 12 août 29 18i6 6 juillet 30 1837 20 août 29 Î838 13 juillet 30 1839.... 18 juin 32 18ZiO 2 juin 27 18il 26 mai 28 18/i2 18 août 32 18/i3 5 juillet 32 ISZiZj.... 2i juin 30 18Û5 6 juillet 32 1846 27 juin 30 1847 17 juillet 32 1848 8 juillet 30 1849 9 juillet 32 1850 6 août 30 VIII. — V. 26 i02 St'R L'ÉTAT TllERMOMÉTRIOUE 1851., 1852. 1853. 1" juillet. 16 juillet.. 8 juillet.. + 29°. 2 32 .7 30 .5 La plus grande chaleur notée à Bruxelles a été de 35° le 26 juin 1772. Les tableaux météorologiques publiés dans les Trans- actions philosophiques m'ont permis de former la table suivante des plus hautes températures observées à Lon- dres pendant plus de trois quarts de siècle : Dates des observations. 1774... 1775... 1776... 1777... 1778... 1779... 1780... 1781... 1787... 1788... 1789... 1790... 1791... 1792... 1793... i79Zi... 1795... 1796... 1797... 1798... 1799... 18C0... 1801... 1802... 1803... 180i... 1805... 1806... 26 juillet 21 juillet 2 août 8 août 13 et Iti juillet 13 juillet 29 mai 31 juillet 9 août 27 mai et 2 juin 29 août 22 juin 7 juin 12 août 16 juillet 13 juillet 23 mai 22 août 1/i et 16 juillet 28 juin 10 et 30 juin, 6 et 8 juillet. 2 août 10 et 29 juin 30 août 2 juillet 10 juin. Pins hautes températures observées. + 28°. 3 27 .8 30 .0 27 .8 30 .0 28 .9 28 .9 28 .9 28 .6 26 .6 23 .3 30 .0 26 .7 28 .9 31 .7 28 .9 27 .2 26 .7 28 .9 30 .0 25 .0 31 .1 26 .7 27 .2 29 .4 27 .2 26 .1 28 .3 DU GLOBE TERRESTRE. 403 1807.. 1S08.. 1809.. 1810.. 1811.. 1812.. 1813.. 181Ù.. 1815.. 1816.. 1817.. 1818.. 1819.. 1820.. 1821.. 1822.. 1823.. 182i.. 1825.. 1826.. 1827.. 1828.. 1829.. 1830.. 1831.. 1832.. 1833.. 183Zi.. 1835.. 1836.. 1837.. 1838.. 1839.. 18^0.. 18/il.. 18^2.. 22 juillet 13 juillet 10 août 25 août 28 et 29 juillet 11 juin 30 juillet 28 juillet iU juillet 2 juin 21 juin 16 juillet. 30 juillet et 17 août 26 juin en août 10 juin 13 et 25 août 13 juillet et 1" septembre. 19 juillet 27 juin 29 juillet 8 juillet IZi juin et 22 juillet 30 juillet 29 juillet. 10 août 15 mai 17 juillet 28 août U août 28 juillet 2Zi juin 8 et 20 juin 1" juin 20 juin 19 août 29". 4 26 .1 26 .7 22 .7 21 .1 22 .8 26 .1 22 .2 21 .1 27 .2 26 .7 23 .9 28 .9 24 .Il 27 .2 23 .9 26 .7 30 .6 30 .8 27 .2 26 M 25 .7 29 .9 27 .1 27 .7 27 .U 30 .Zj 28 .9 29 .h 26 .k 26 .5 29 .U 28 .3 30 .6 30 .0 On voit que la plus haute température observée à Londres a été pour cette série de 33°.3 le 13 juillet 1808. Les observations faites à Genève donnent la série sui- vante pour les maxima absolus ; 40i SUR LÉTAT THERMOMÉTRIQUE Dates des observations. Plus hantes températures observées. 1826.. 1827.. 1828.. 1829.. 1830.. 1831.. 1832.. 1833.. 183Û.. 1835.. 1836.. 1837.. 1838. . 1839.. 18Ù0.. 18Zil.. 181x2.. 18^3.. 18^a.. 18/i5.. 1846. . 18Zi7.. 18Ù8.. 18Zi9.. 1850.. 1851.. 1852.. 1853.. 3 août + 3V.6 30 juillet 36 .2 U juillet 3Zj .U 10 août 30 .ù 5 août 32 .7 23 juin 29 .6 22 août 35 .2 26 juin 32 .1 18 juillet 3/t .5 16 juillet 32 .5 12 juillet 33 .i 16 juin 32 .7 5 août 31 .0 15 juillet 33 .9 22 juin 31 .2 21 juin 28 .9 à juillet 30 .9 5 juillet 28 .5 li juin 31 .5 3 juillet 31 .0 ili juillet 31 .6 18 juillet 32 .Zi 27 juillet 30 M 12 juillet 32 .2 5 juillet 30 .5 30 juin 31 .2 15 et 17 juillet 31 .6 30 juin 32 .0 Les observations faites dans le siècle dernier à Denain- villiers, par Duhamel du Monceau, fournissent les résul- tais suivants : Plus hautes Dates des observations. températures observées. 1748 23 juin + 33°.8 17Zi9.... 13 juillet 33.8 1750 22 juillet 34.4 1751.... 17 juin 30 .0 1752.. 1753.. 175/1.. 1755.. 1756.. 1757.. 1758.. 1759.. 1761.. 1762.. 1763.. 176Zi.. 1765.. 1766.. 1767.. 1768.. 1769.. 1770.. 1771.. 1772.. 1773.. 177Zi.. 1775.. 1776.. 1777.. 1778.. 1779.. 1780.. DU GLOBE TERRESTRE. 20 et 29 juin + 28" .8 7 juillet 36 .3 15 aoiU 32 .5 20 juin 36 .3 16 juillet 31 .9 11 et 13 juillet 36 .3 9 juin 3li.li 9 et 24 juillet 33 .8 2i juin et 8 septembre.... 33 .8 2 août 35 .6 19 août 35 .3 19 juin 33 .8 2Zi août 35 .0 21 juillet et 21 août 30 .0 6 et 1 1 août 33 . 1 26 juillet 36 .3 7 juin 31 .9 11 août 31 .9 18 juillet 32 .5 26 juin 35 .0 15 août 35 .9 8 août et 2 septembre. ... 32 .5 22 juillet 35 .6 5 août 36 .9 18 juillet 35 .0 5 juillet 36 .9 17 août 33.0 l"juln,31 juin, et 1" août. 35 .0 405 En remontant vers le nord, nous trouvons la série sui- vante provenant des observations faites à Metz (Moselle), par M. Schuster: Dates des observations. Plus hautes températures observées. 1825. 1826. 1827. 1828. 1829. 1830. 18 et 19 juillet 4- 3/i<'.0 3 août 36 .1 30 juillet 34 .5 Zi et 5 juillet 3/i .0 25 juillet 30 .5 28 juillet 31 .0 406 SUR L'ÉTAT TIIERMOMÉTRIQUE 1831.., 1832... 1833... 183/4... 1835.. 1836... 1837... 1838... 1839.. 18ZiO.. 18Zil.., 18i2... 18/i3.., 18/i5... 18/|6... 18/i7,.. I8i8... 1849... U août 13 août 26 juin 12 juillet 18 juillet 211 juin 29 juin iU juillet 18 juin 2 juin 27 mai 19 août 5 juillet 2U juin 7 juillet, l*' août 18 juillet 7 juillet et 29 août. 8 juillet + 28». 2 31 .5 31 .0 33 .0 33 .0 29 .8 31 .0 33 .5 33 .4 29 .5 29 .5 32 .5 31 .0 30 .5 33 .2 3i .8 33 .2 30 .5 33 .6 Les observations faites à La Chapelle, près de Dieppe, par M. Nell de Bréauté, donnent les chiffres suivants : Dates des observations. 1820., 1821., 1822., 1823., 182/1., 1825.. 1826.. 1827.. 1828., 1829.. 1830. 1831., 1832., 1833., 183/1., 1835., 1836., 26 juin... 2i août. . 21 août. . 25 août. . l/i juillet. 18 juillet. , 2 août. . , 2 août. . , 3 juillet, l/i juillet. 28 juillet. 7 juillet. 9 août. . 28 juin... 21 juin. . . 11 août. . 5 juillet. Plus hantes teinpéntures observées. + 26°. 7 29 .4 30 .7 27 .5 32 .9 33 .5 30 .1 30 28 27 28 2/1 27 .7 25 .4 30 28 29 .2 1837.. 1838,. 1839.. 18'i0.. 18/|l.. 18^2.. 18Z|3.. 1845.. 18^6.. 18Zi7.. DU GLOBE TERRESTRE. 19 août + 26". 8 13 juillet 28 .5 17 juin 28 .0 6 août 27 .2 31 août 26 .2 18 août 32 .3 5 juillet 29 .2 2i juillet 26 .7 6 juillet 27 .8 5 juillet 31 .Il 23 mai 29 .3 407 Les observations météorologiques faites à Avignon, par M. Guérin, fournissent pour cette ville la série suivante : Dates des observations. 1802 IZi août -f 38 1803 16 août 1804 6 juillet 1805 2 juillet 1806 15 juillet 1807 30 juillet 1808 16 juillet , 1809 1" août 1810 l/i juillet 1811.... 27 juillet 1812 8 juin 1813..,. 30 juillet 18U 2 août 1815.... 21 juillet 1816 1/4 août 1817.... 3 juillet , 1818.... 27 juillet 1819 7 juillet 1820 11 août , 1821 U août , 1822 lli juillet 182 5 29 août 182Zj.... 13 juillet 1825.... 21 juillet rius hautes températures observées ■i- 38" .1 38 .1 35 .3 35 .0 36 .9 35 .7 37 .0 31 .9 28 .7 35 .0 35 .6 33 .1 35 .5 31 .5 30 .0 32 .5 3li .0 33 .5 33 .6 31 .5 33 .3 31 .& 38 .0 35 .0 i08 SUR L'ÉTAT TIIERMOMÉTRIQUE 1826 2 juillet + 33° .0 1827 29 juillet 3ù .1 1828.... 3 juillet 33 .3 1829...". 15 juillet 33.5 1830 16 juillet 36.5 1831 9 juillet 3û .5 1832 11 août 36.5 1833 1" juin 34 .0 183Û IZi juillet 35.0 1835 31 juillet 35 .0 1836.... 5 juillet 36 .6 1837 21 août 35.0 1838 20 juillet 33.8 1839 3 août 38 .0 La plus haute température observée à Avignon a été de 38M le ili août 1802 et le 16 août 1803. Les maxima obtenus à Orange avant l'année 18/i3 ne méritent pas, dit notre confrère M. de Gasparin dans la note manuscrite qu'il nous a remise, une confiance ab- solue, parce que le thermomètre employé était exposé à des radiations , ou , pour parler plus exactement , à des réflexions qui influaient sur les résultats : à partir de 18/i3, au contraire, les maxima ont été observés hors de toute influence perturbatrice et sont rigoureusement exacts ; ils donnent les chiffres suivants : Plus hautes Dates des observations. températures observées. 18/i3 26 août -f 36".6 18/ji 15 juillet 37.2 18i5 8 juillet 35.2 me 13 juillet 36.5 18Zi7 11 juillet 37.5 1848.... 7 août -36.7 1849.... 9 juillet 41.4 1850 2 juin 40.5 1851 17 août 36 .2 I DU GLOBE TERRESTRE. 409 1852.... L>5 août + 35°.3 1853 23 juillet 35 .8 Le maximum d'Orange du 9 juillet 18/|9, de +!ii°-h, est le plus élevé qu'on ait observé en France. M. d'IIombres-Firmas a obtenu à Alais (Gard), les* maxima de température suivants ; Plus hautes Dates des observations. températures observées, 1803.... 3 août + 36M 1812.... 2Zi août 30.8 1817 en juillet 33.8 1818 .... en août 36 .5 1820.... en août 35.8 1821 en juillet 32 .5 1822.... lZiet23juin 36.5 Les tables précédentes montrent dans quelles limites varient d'une année à l'autre les plus fortes chaleurs res- senties en divers lieux. C'est l'intensité des chaleurs qui, jointe à leur durée, caractérise chaque été. Avant l'épo- que des observations thermométriques il était difficile de comparer les étés les uns aux autres ; cependant les chroniqueurs rapportent des effets calorifiques qui méri- tent d'être conservés dans l'histoire météorologique de notre globe, pour les confronter avec les faits analogues constatés aux époques plus récentes. Jean-Dominique Cas- sini a commencé en 1682, au premier étage de l'Obser- vatoire, une série d'observations thermométriques qui fut continuée par ses descendants, sauf quelques interrup- tions, jusqu'en 1793. Ses registres ont permis à son arrière-petit-fils, Gassini IV, de calculer avec quelque degré de certitude la température des étés k Paris de 4<0 SUR L'ÉTAT TIIERMOMÉTRIQUE 1682 à 1731 , 1750 à 1755 et ilGli à 1793. On peut ainsi rectifier la série des observations faites au s'econd étage de l'Observatoire. Cette série, commencée en 1700 par La Ilire et publiée en résumé dans les Mémoires de l'ancienne Académie jusqu'en 175/i, ne fournit qu'un maximum de chaque année, observé la plupart du temps au lever du Soleil. Les registres de Maraldi et de Grandjean de Fouchy, continuateurs de la série de La Hire, ne se sont pas retrouvés ; mais les observations de Cassini, combinées avec celles faites pos- térieurement par Réaujnur et par Charles Messier, per- mettent de fixer les conditions thermiques du xviii* siècle. Les remarques consignées dans les annales des grands vignobles, les observations agricoles si consciencieuses de Duhamel du Monceau donnent le moyen de mettre en regard des observations de la chaleur estivale les effets produits sur les diverses récoltes. Avec Cassini , on peut compter à Paris comme jours de chaleur forte les jours d'été où le thermomètre monte au moins à 25% mais ne s'élève pas au-dessus de 31°, comme jours de chaleur très-forte ceux oij le thermo- mètre atteint au plus 3/|.°.9, comme jours de chaleur extraordinaire ceux où le thermomètre dépasse ce der- nier chiffre. Pour qu'un été soit considéré comme mémo- rable à cause de l'intensité et de la durée des chaleurs, il faut qu'on y compte ou bien 45 jours au moins tant de chaleur forte que de chaleur très-forte, ou bien au moins 1 jour de chaleur extraordinaire. J'ai chargé M. Barrai de dresser dans ces conditions la table suivante des étés mémorables par leur intensité. DU GLOBE TERRESTRE. H^ 58i. Dans les Gaules les arbres portèrent des fruits au mois de juillet; ils en donnèrent de nouveaux en septembre. La sé- cheresse fut très-grande. (Grégoire de Tours, livre IX dans la collection de dom Bouquet.) 587. En octobre, après les vendanges, on vit dans les vignes de nouveaux sarments avec les grappes fournies, et sur d'autres arbres des feuilles nouvelles et de nouveaux fruits. (Gré- goire de Tours. ) 588. Les arbres fleurirent en automne et donnèrent des fruits pareils à ceux qu'on avait déjà recueillis; des roses parurent au neuvième mois (en décembre). (Grégoire de Tours.) G05. Il fit en Italie une chaleur et une sécheresse excessives. {Chronique de Magdeboxirg.) 775. L'été fut chaud et toutes les fontaines furent taries. ( Glycx annales dans la Bibliothèque byzantine.) 783. L'été fut tellement ardent cette année que beaucoup de per- sonnes expirèrent de chaleur. {Chronicon vêtus moissiacen- sis cœnobii dans Monumenta Germanix historica de Pertz.) 828. « Il s'éleva en Italie des vents brûlants accompagnés de mé- téores ignés. Cependant l'année fut très-fertile. » (Collection académique citée par Toaldo. ) 838. Cette année fut marquée par des vicissitudes atmosphéri- ques inaccoutumées. Une ardeur terrible du Soleil brûlait la terre. [Annales xantenses.) 851 et 852. L'ardeur du Soleil fut extrême dans les Gaules, en Allemagne et en Italie; la sécheresse était si grande que l'herbe manqua au bétail : il en résulta une famine terrible qui se prolongea jusqu'en 855. On vit des parents manger leurs propres enfants. [Annales xantenses, fuldenses et Functius. ) 869. « A la suite de l'été une horrible famine frappe un grand nombre de provinces en France et en Bourgogne. Il meurt une effrayante quantité d'hommes, et telle est la détresse qu'on mange de la chair humaine. » [Annales xantenses.) 870. 11 fit aux environs de Worms une chaleur si violente que les moissonneurs tombaient morts dans les champs; plusieurs personnss périrent suffoquées en voyageant sur le Rhin. [Annales fuldenses dans la collection de dora Bouquet.) 412 SUR L'ÉTAT THERMOMÉTUIQUE 872. L'été fut dans rAllemagnc et dans les Gaules d'une chaleur étouffante ; ou eut presque continuellement des orages. L'é- glise de Saint-Pierre à \Vornis fut détruite par la foudre ; beaucoup de personnes périrent et les récoltes manquèrent. L'Angleterre fut éprouvée par une sécheresse et une chaUiur dévorantes, {llennantii contracti Chronica et Chronicoii hildenheimense; Short) 87i. L'ardeur de l'été et sa longueur amènent la sécheresse des! foins et la disette du blé. (Annales bertiniani.) L'annaliste, de Fulde assure que la famine et la peste qui se déclarèrent' à la suite de cette saison dans la Gaule emportèrent le tiers de la population. 921. La chaleur de l'été fut très-forte et l'on eut cette année beaucoup de vin. La sécheresse fut presque continue pen- dant les mois de juillet, août et septembre. {Frodoardi Chronicon.) 928. Dans le canton de Reims les vendanges furent presque finies avant le mois d'août. [Frodoardi Chronicon.) 987. La chaleur extrême de l'été fit périr beaucoup de monde et la récolte des fruits fut presque nulle. ( Chronicon saxonicum.) 988. 11 y eut de la mi-juillet au milieu d'août une chaleur si ar- dente que nombre de personnes succombèrent; la récolte des fruits fut beaucoup moindre que d'ordinaire : l'ardeur du Soleil et la sécheresse dévorèrent tout : il y eut famine. {Chronicon saxonicum; Sigeberti, dolense; .annales colo- nienses; Functius. ) 993. Depuis la Saint- Jean {1!x juin) jusqu'au 9 novembre, c'est-à- dire pendant presque tout l'été et l'automne , il fit une sé- cheresse et une chaleur excessives; beaucoup de fruits ne vinrent point à maturité et furent brûlés par l'ardeur du Soleil. 11 s'ensuivit une épidémie et une grande mortalité sur les hommes et les animaux domestiques. [Chronicon hildes- heimense. ) 99i et 995. La chaleur dut être intense et continue pendant ces étés, car les chroniqueurs rapportent que la sécheresse fut si terrible, que les poissons périssaient dans les étangs, que les arbres s'enflammaient spontanément, que les fruits et la récolte du lin ont été anéantis. En 995 la plupart des fleuves de l'Europe étaient assez bas, disent-ils, pour qu'on pût les traverser à gué. DU GLOBE TERRESTRE. 413 1022. Il y eut pendant la réunion sj^nodale et royale d'Aix-la-Cha- pelle une ardeur de l'air tellement intense que beaucoup de gens étouffèrent et quantité d'animaux périrent de mort subite. Le pavé et les colonnes de marbre du temple suintè- rent une humidité si forte que bien des personnes croyaient qu'on les avait arrosés. Cet été fut extrêmement chaud et sec en Angleterre; il fut, dans une grande partie de l'Alle- magne, mortel pour les hommes et le bétail, et accompagné d'orages épouvantables. [Sigeberti Chronicon; Jnnales Ileij'i- clanni; Short.) 1026. 11 sévit cette année sur l'Italie une si forte chaleur que beaucoup d'animaux et une multitude de personnes en furent gravement affectés. (Wippon.) 103Zi. Après l'horrible famine des années précédentes, si bien dé- crite par l'annaliste Raoul Glaber, cette année se montra, selon la chronique de Verdun, chaude et tellement abon- dante en blé, en vin, en fruits de toutes sortes, que la récolte égala celle de cinq années réunies. 1053. Ce fut une année de chaleur et de sécheresse prolongée au nord de la France. [Chronique de Saint-f^andrille.) 1078. Il y eut cette année une sécheresse et une chaleur qui des- séchèrent les prés. On obtint néanmoins une bonne récolte : on cueillit les fruits en juin, et le vin fut très - abondant. {Annales sanctx Columbx senonensis.) 1083. L'ardeur de l'été fut telle que non-seulement des hommes y succombèrent, mais qu'elle fit périr le poisson dans les étangs. {Annales ottenburani.) 1102. L'été fut excessivement chaud. (Short.) 1113. La chaleur fut si forte au mois de juin, que les moissons et les bois même s'enflammaient, dit-on, spontanément. [Baker s Chronide.) 1135. La chaleur et la sécheresse furent extrêmes : les pâturages et les récoltes furent grillés; il s'ensuivit une cherté exces- sive et la famine. Les rivières et les sources furent taries ; les bruyères des montagnes et les bois desséchés s'enflam- mèrent, dit-on, par l'ardeur des rayons solaires. Le Rhin , à peu près sec, put être traversé à pied dans plusieurs endroits. (Aventius Bergomensis etToaldo.) 1136. Vers le solstice d'été il y eut eu France une chaleur iiiac- 414 SUR L'ÉTAT TIIERMOMÉTRIQUE coutumée et tellement forte, que les personnes, les trou- peaux et les biens de la terre eu éprouvèrent de funestes eflets. ( Annales fossenses.) 1137. L'été suivant fut encore excessivement chaud et sec. Les ri- vières navigables furent traversées à pied en quelques en- droits. En France, les puits et les fontaines ne donnaient plus d'eau, et beaucoup de paysans périrent de soif. Au milieu de ces chaleurs dévorantes, plusieurs villes furent in- cendiées le même jour : Mayence et Spire entre autres. Des feux souterrains se montrèrent en Italie pendant trois ans; 11 y eut cette année une éruption du Vésuve. L'état ordinaire des eaux ne se rétablit qu'en 1139. {Chronique saxonne, Guillaume de Nangis, Vincent de Beauvais, Martin Polonais, Trithème, Toaldo.) 1157. L'été fut en Italie extrêmement chaud et sec. (Short.) 1165. 11 souffla en Italie des vents ardents qui séchèrent toutes les plantes. (Toaldo.) 1177. L'été fut très-sec et très-chaud ; la sécheresse fut si forte que les semences furent perdues : il n'y eut ni blés ni foins. On vendangea dès le mois d'août, et le vin fut excellent. (Chronicon fVilhelmi Godelli ; Short.) 1186. La moisson se fit en mai et les vendanges eurent lieu en août. ( Voir précédemment p. 390. ) 1188. 11 fit une chaleur et une sécheresse extraordinaires, au point que dans beaucoup d'endroits les fleuves, les sources et les puits furent taris; la France souffrit de nombreux désastres par les incendies. (Guillaume de Nangis.) 120/i. L'été fut chaud en Italie et extrêmement sec. (Toaldo.) 122/1. Les chaleurs de cet été furent si fortes, que les grains sé- chèrent sur pied. Des vents violents, qui régnèrent pendant tout le mois d'août, achevèrent de dépouiller les campagnes. ( Quetelet.) 1228. L'été fut si chaud cette année que la moisson fut entièrement terminée à la saint Jean (mi-juin). En Angleterre, le tonnerre tua beaucoup de personnes et d'animaux. (Juste Lipse ; Short.) 12Z|0. L'été fut sec et ardent. Les vins de cette année furent telle- ment forts, qu'on ne pouvait les boire sans eau. ( Vincent de Beauvais.) DU GLOBE TERRESTRE. 445 1251. Cet été fut d'une chaleur excessive et intolérable; la morta- lité qui l'accompagna était si grande que dans quelques pa- roisses on enterra une centaine de personnes en un mois. {Chronique de Magdebourg.) Le vin manqua en France. ( Chronique anonyme. ) 1257. L'été fut excessivement chaud et parut se prolonger jusqu'à la Chandeleur. [Chronique anonyme, dans la collection de dom Bouquet.) 1277. Cet été fut chaud. Il régna une extrême sécheresse; les plus grandes rivières, les puits, les sources furent complètement à sec. Il en résulta une grande mortalité. La foudre tomba en beaucoup de lieux pendant les mois d'août et de septembre. {Anonymi Sancti-Martialis Chronîcon.) 1282. Le 2Zi août (J" septembre), on buvait à Liège du vin nou- veau. (Quetelet.) 1288. «Fust grand année de vins, de foings et glans, et en aoust fîst si grant chault, que les oiseaulx mouroientaux champs.» {Chronique anonyme.) Dans quelques endroits des personnes périrent suffoquées. {Annales Dunstapl.) 1305 et 1306. Ces deux étés furent extrêmement secs en France et probablement très-chauds. Gérard de Frachet et Jean de Saint- Victor rapportent que les biens de la terre souffrirent beaucoup. 1321. L'été fut excessivement chaud et sec; les fontaines et les rivières furent desséchées; les animaux domestiques et le bétail souffrirent extrêmement. Beaucoup de malheureux succombèrent, faute d'eau pour se désaltérer. (Short.; 1325. L'été fut extrêmement ardent. (Le continuateur de Nangis.) 1352. Il y eut des chaleurs excessives en Toscane. La sécheresse de l'été fut telle sur le continent, que beaucoup de bétail périt dans les pâturages ; les marais et les étangs furent complète- ment mis à sec, et l'on vit des chemins là où il n'y en avait jamais eu. Ce fut en Angleterre une année très-dure. (Toaldo , Short.) Il y eut néanmoins cette année un grand déborde- ment du Rhône. (De Gasparin.) 1358. Une chronique du pajs messin dit que cette année « les raisins estoient tous croistis et sechoient en vigne, par la grande chaleur qu'il fesoit. Le setier de vin se payoit cinq sols. » {Chronique du pays messin.] 416 SUR L'ÉTAT TllERMOMÉTRIQUE 1391. 11 fit en Lombardic une chaleur très-forte au mois de sep- tembre. Pendant le siège d'Alexandrie, le jeune comte d'Ar- magnac succomba à la suite d'une apoplexie pour avoir bu de l'eau froide. (Froissard.) l/i20. On commença les vendanges à Dijon le 25 août, c'est-à-dire 30 jours plus tôt que l'époque moyenne. (Lavalle.) Dans le pays messin, l'année fut aussi très-précoce. Dès les premiers jours d'avril , les paysannes venaient à, la porte de la cathédrale de Metz offrir des bouquets de muguet. Le 10 de ce mois, les fraises étaient mûres. Le 22 juin, les raisins mêlaient; le 22 juillet, les vendanges étaient faites, et l'on buvait à Magny du vin nouveau à la fin du mois. l/!i22. On commença les vendanges à Dijon le 28 août. iUok. On vendangea à Dijon dès le 1" septembre. lZj^2. Dans le pays messin, la chaleur fut telle, du mois d'avril au mois de juin, que « plusieurs gens alloient en chemise et n'avoient mis ni de robes ni de chausses. » Une partie du vin s'aigrit dans les cuves. On commença les vendanges à Dijon le 13 septembre. l/!i66. Les chaleurs excessives de l'été causèrent beaucoup de ma- ladies contagieuses : dans la seule ville de Paris elles empor- tèrent plus de quarante mille personnes, et en chassèrent un bien plus grand nombre. (Mezeray, t. II, p. 72^.) Cependant on ne commença les vendanges à Dijon que le 27 septembre. Le prix des grains doubla cette année. La chaleur fut acca- blante dans le pays messin. Le vin fut meilleur qu'il n'avait été depuis trente ans. 1473. La chaleur et la sécheresse furent si intenses cette année, que les forêts s'enflammaient , dit-on , spontanément. Toutes les rivières furent taries. Le Danube put être traversé à gué en Hongrie. Cette sécheresse dura trois années. (Frytsch, Func- tius. Short.) On fit les vendanges à Dijon dès le 29 août. La chaleur fut tellement forte cette année dans le pays messin, que dès le 1*' mai on vendait les cerises à la livre, et des raisins mûrs à la Saint-Pierre (27 juin) ; les vendanges étaient terminées au mois d'août. On ne récolta point de légumes, par suite de la grande sécheresse. Ifi77. On éprouva en Angleterre une chaleur excessive et une intempérie singulière de latmosphère. En Italie, l'ardeur du DU GLOBE TERRESTRE. 417 Soleil fut extrême; les fleuves furent mis à sec. Il y eut fa- mine. (Short, Toaldo.) L'été ne fut pas sans doute ausifi chaud en France, car on ne vendangea à Dijon que le 11 oc- tobre et à la Saint-Étienne d'août (le 2) les raisins n'étaieiit pas encore mêlés dans le pays de Metz. liS2. Le 17 mars on vendait des fraises au marché de Metz, et le 2U juin, du raisin devant la cathédrale. On commença ies vendanges à Dijon le 16 septembre. 1Ù83. On vendait du raisin à Metz le 13 juin. liSi. Dans le pays messin, après la vendange qui eut lieu vers le 8 octobre, les vignes, favorisées par une forte chaleur, don- nèrent de nouveaux bourgeons. On vendangea deux fois dans l'année. Ii93. L'été fut très-chaud. Le blé et le vin se vendaient à bas prix dans le pays de Liège. ( Quetelet ) 1^98. L'année fut chaude en Angleterre, extrêmement sèche, et le fourrage très-cher. (Short.) 11 fit si chaud du côté de Metz, que les cultivateurs durent arroser leurs champs. Les pres- soirs étaient fermés dès le milieu de septembre, et le vin fut très-bon. La vendange n'eut lieu à Dijon que le 26 sep- tembre. Le prix des grains fut élevé en France. 1500. On commença les vendanges cette année à Dijon le li sep- tembre. Le 19 août on buvait à Liège du vin nouveau. (Que- telet.) 150Zi. Jehan Molinet s'exprime ainsi dans sa chronique de Bour- gogne : « .... Le temps d'esté, merveilleusement plein de chaleur et sans plouvoir, pourquoy maladies et fiebvres s'a- cherdoient aux gens ù peu de tous estais. En plusieurs lieux furent piteux feux de meschiefz pour la sécheresse du temps.» Une cruelle sécheresse sévit aussi sur l'Angleterre pendant l'été. (Short.) On commença les vendanges à Dijon le li sep- tembre. 1517. L'été fut très-chaud et la moisson fort abondante en Angle- terre. ( Short.) On ne commença à vendanger à Dijon que le 26 septembre. La moisson fut aussi abondante eu France. 1522. On commença les vendanges à Dijon le 5 septembre. 1523. Les chaleurs furent excessives pendant le mois d"aoùt en Italie. (Toaldo.) On vendangea à Dijon dès le 26 août. VllI. — v. 27 418 SUR L'ÉTAT THERMOMÉTRIQUE 1536. On commença les vendanges à Dijon le 8 septembre. 1538. L'été fut brûlant en Italie; les fleuves furent desséchés; l'air se remplit de. météores ignés; on ressentit des tremblements de terre. Dans le royaume de Naples la mer fut mise à sec dans un espace d'environ 8 milles (13 kilomètres ). (Toaldo; Clark's exampl.) On vendangea à Dijon vers le 20 septembre. 1540. L'été fut cette année , au rapport des contemporains , beau- coup plus chaud et plus sec que dans un grand nombre d'années précédentes. En Angleterre la sécheresse fut éga- lement excessive; les puits, les fontaines, les rivières furent mis à sec. La Tamise devint si basse que l'eau salée remonta au-dessus du pont de Londres. L'aridité de cette saison fut telle en Allemagne, qu'il y eut disette de beaucoup de choses nécessaires à la vie. En revanche , on récolta sur les plus mauvais coteaux des vins forts et précieux . En Belgique la moisson et la vendange furent terminées vers le commence- ment d'août. (Quetelet. ) On ne vendangea cependant à Dijon que le k octobre. Le prix des grains diminua en France de moitié. En Italie, après une sécheresse de cinq mois sur- vinrent des chaleurs meurtrières : les forêts s'enflammaient, dit-on, spontanément; les glaciers des Alpes se fondirent. (Stow, Frytsch, Toaldo.) 15/i2. Beaucoup de récoltes se firent en mai à Padoue. (Toaldo.) 1552. En Italie, l'été fut sec et brûlant. (Toaldo.) La sécheresse dura cinq années consécutives, ( Zahn. ) On vendangea à Dijon dès le 13 septembre. 1556. On éprouva encore cette année en Italie des chaleurs exces- sives; en France les sources furent taries. (Toaldo.) On ven- dangea à Dijon le 5 septembre. Ce fut une année de cherté des grains. 1558. Le printemps, l'été et l'automne furent chauds et secs dans une grande partie de l'Europe. (Jul. Palraer., Constantin.) On vendangea à Dijon le 30 septembre. 1559. On vendangea à Dijon dès le k septembre, c'est-à-dire 20 jours plus tôt qu'en moyenne. 1578. On ressentit en Belgique des chaleurs excessives. La séche- resse dura depuis mai jusqu'en septembre. (Quetelet.) On vendangea à Dijon le 22 de ce mois. DU GLOBE TERRESTRE. 419 1583. L'été fut sec et chaud en Angleterre. (Short.) On vendangea à Dijon le 13 septembre. 1590. Une chaleur et une sécheresse très-fortes régnèrent cette année dans la région tempérée de l'Europe. En Allemagne , les foins, les regains, les légumes manquèrent; on récolta peu de vin. Des incendies nombreux eurent lieu dans cette contrée. En Thuringe, des villes et des villages furent con- sumés; dans beaucoup de lieux, les bois prirent feu et furent brûlés, particulièrement dans les montagnes de Bohême. Le 30 juillet, aux environs de Vienne, du foin s'enflamma, par l'action des rayons solaires, dans la voiture qui le rentrait à la ferme. [Dresse?-. MUlenar., p. 552.) Ou vendangea à Dijon le 10 septembre , c'est-à-dire 14 jours plus tôt qu'en moyenne : c'est l'époque la plus avancée depuis 1556. 1598. L'été se montra en Angleterre extrêmement chaud et sec. (Short.) On vendangea à Dijon le 23 septembre. 1599. Les mois de juin et de juillet furent chauds en Angleterre. (Stow.) On vendangea à Dijon dès le 13 septembre 1601. Le mois de juin fut chaud, et des chaleurs excessives eurent lieu en juillet et en août; la sécheresse continue dura quatre mois. Les arbres étaient chargés de fruits , mais on les vit noirs et rôtis avant la maturité. (Juste Lipse, Short.) On ne vendangea à Dijon que le 8 octobre. 1608. L'été fut des plus chauds et rôtit tout ce que le grand hiver précédent (voir p. 277; avait épargné soit des céréales, soit des bourgeons de la vigne. (Calvisius.) On commença la ven- dange à Dijon le 1*' octobre seulement. 1610. L'été fut excessivement chaud et sec, et il y eut grande abon- dance de vin. (Short.) On vendangea à Dijon le 20 sep- tembre. 1615. L'été fut très-sec et très-chaud dans l'Europe entière. Tout fut ravagé dans les champs. A Ham en Picardie , une église fut détruite par le feu du ciel et nombre d'habitants périrent La sécheresse était si grande qu'en Allemagne plus de 3,000 maisons furent consumées par des incendies. ( Toaldo; Mer- cure fru)içois ; Quetelet. ) On fit la vendange à Dijon le 21 septembre. 1616. L'été fut sec et d'une chaleur dévorante. (Short.) Ou ven- dangea à Dijon le 12 septembre , c'est-à-dire 12 jours avant 420 SUR L'KTAT THERMOMÉTRIQUE l'époque moyenne. C'est la date la plus avancée depuis 1590. La vendange fut excellente. 1G2Ù. On vendangea à Dijon dès le lu septembre. C'est pendant cet été que la foudre tomba sur la poudrière de ^ érone ; quatre couvents de religieuses furent ensevelis avec tout leur monde sous les ruines. 1C26. En été il fit en Angleterre une chaleur excessive. (Short.) On ne vendangea ;\ Dijon que le 1" octobre. J G32. On éprouva en Italie une sécheresse et une chaleur extraor- dinaires. (Toaldo.)On ne vendangea à Dijon que le U octobre. !63G. On vendangea à Dijon dès le Zi septembre, c'est-à-dire 20 jours jilus tôt qu'en moyenne. C'est la date la plus avancée depuis 1559. 1637. Cet été fut extrêmement chaud et sec. (Revenus.) On ven- dangea à Dijon dès le 3 septembre, c'est-à-dire 21 jours plus tôt qu'en moyenne : c'est la date la plus avancée depuis 1523. 1638. Cet été fut encore extrêmement sec et chaud. (Revenus.) On vendangea à Dijon dès le 9 septembre, c'est-à-dire 15 jours plus tôt qu'en moyenne. 16!i3. En Italie il y eut des chaleurs excessives. (Toaldo.) En France ce fut une année de grande cherté des grains , et l'on ne fit la vendange à Dijon que le 1" octobre. 16ÙÛ. Ea chaleur fut si forte à Montbéliard (Doubs) pendant plus de quinze jours que les poissons mouraient dans les rivières. {Chronique de Bois-de-Chéne, recueillie par M. Contejean et publiée dans V Annuaire de la Société météorologique de France, t. III, p. 393.) On vendangea à Dijon dès le 15 sep- tjmbre. 16.'i5. Cet été fut chaud en Angleterre , selon Short. On commença la vendange à Dijon le 11 septembre , c'est-à-dire 13 jours plus tôt qu'en moyenne. 1650. La chaleur fut très-grande à Rome , surtout pendant l'été, et la sécheresse extrême. (Short. ) On ne sait pas l'époque des . vendanges en Bourgogne. 1650 fut une année de si grande cherté des grains que le prix fut triple de ce qu'il était cinq ans auparavant. 1C51. ;1 y eut des chaleurs très-fortes à l'époque de la moisson. (Khort.) On commença la vendange à Dijon le 22 septembre. DU GLOBE TERRESTRE. 421 Co fut encore en France une année de grande cherté des grains. ,552. L'été fut très-chaud et très-sec en Danemark et en Anglc- gleterre. (Short.) On fit la vendange à, Dijon le 20 septembre. Ce fut une troisième année de grande cherté des grains. :G53. On vendangea t\ Dijon le 11 septembre, c'est-à-dire 13 jour?-- plus tôt qu'en moyenne. En France, le prix des grains dlmi»- nua de moitié. 1658. L'été de cette année fut remarquablement chaud en Anglo- terre, surtout à la fin de la saison. (Short.) On ne vendangea à Dijon que le 30 septembre. 166G. Cet été fut chaud et sec en Angleterre. (Short.) On vendangea à Dijon le 10 septembre, c'est-à-dire lU jours plus tôt qu'en moyenne. 1669. Le printemps et le commencement de l'été de cette année avaient été extrêmement froids en Angleterre par Tintluence prolongée du vent du nord; les mois de juillet, août, sep- tembre se montrèrent, par un vent d'ouest, d'une chai' ur intolérable. (Short.) On vendangea à Dijon le U septembre. 1671. On vendangea à Dijon dès le 16 septembre. 16T6. On vendangea à Dijon le 9 septembre. 1680. Gel été fut extrêmement chaud en Angleterre. (Short ) On vendangea à Dijon dès le 9 septembre. Ce fut en France une année de bon marché des grains. 1681. Le printemps et l'été furent si chauds et si secs , que per- sonne ne se souvenait d'avoir vu un état delà végétation pareil à celui de cette année. Les herbes et le gazon étaient brûlés, et Ton ne découvrait dans l'air aucune trace d'humidité. (Short.) On vendangea à Dijon dès le 9 septembre. 1683. On vendangea à Dijon le 13 septembre. 168^. Cet été est le premier été chaud sur lequel on possède des données thermométriques. En Angleterre, il avait été précéd.; par un hiver très-rude et un printemps humide, il se montra chaud et sec. ( Short. ) En France, la sécheresse fut extraor- dinaire. On vendangea à Dijon dès le U septembre. Il y eut à Paris : 422 SUR L'fiTAT THERMOMÉTRIQUE Chaleur forte 68 jours. — très-forte 16 — — extraordinaire 3 — Ces maxima se présentèrent le 10 juillet et les 4 et 8 août. (Cassini, Mémoires de l'Institut, classe des sciences mathé- matiques et physiques pou?' l'an XI, tome IV.) 1686. Cet été fut très-chaud à Paris; il y eut : Chaleur forte /|6 jours, — très-forte 8 — — extraordinaire 5 — Les maxima de température eurent lieu les 19, 20, 21, 22 et 23 juin. On vendangea à Dijon dès le à septembre. 1687. On compte cette année à Paris : Chaleur forte 3i jours. — très-forte 6 — — extraordinaire 3 — Les maxima se produisirent le 29 juin, le 10 juillet, le 16 août. On ne vendangea à Dijon que le 29 septembre. 1688. Il y eut cette année à Paris : Chaleur forte ZiO jours. — très-forte 12 — — extraordinaire 1 — Le maximum de température eut lieu le 9 septembre. On ne fit les vendanges à Dijon que le 27 de ce mois. 1689. Cassini a compté pour Paris : Chaleur forte 27 jours. — très-forte 7 — — extraordinaire . 1 — Le maximum eut lieu le 10 août. On commença la ven- dange en Bourgogne le 27 septembre; on récolta peu de vin, mais il fut excellent 1690. On eut cette année à Paris : Chaleur forte 3U jours. — très-forte 2 — — extraordinaire 1 — il DU GLOBE TERRESTRE. 423 Le maximum eut lieu le 31 juillet. On commença les ven- danges en Bourgogne le li septembre. L'été fut très-orageux dans cette contrée. On récolta beaucoup de vin, de qualité moyenne. 1691. Cet été fut excessivement chaud et sans pluie en Italie. (Toaldo.) A Paris il y eut : Chaleur forte tiU jours. — très-forte 12 — — extraordinaire 5 — Les maxima eurent lieu les 8, 9, 22, 23 et 28 août. On vendangea à Dijon dès le 17 septembre, c'est-à-dire 10 jours plus tôt que la moyenne de 1689 à 1800. Il y eut peu de vin, mais il fut bon. On éprouva aussi , dit Short, de fortes chaleurs et une grande sécheresse à la Jamaïque. 1693. On ressentit en Italie des chaleurs excessives à l'époque de la moisson. (Toaldo.) En Angleterre, la chaleur fut intense en septembre ; au milieu du jour elle était intolérable. (Short.) A Paris il n'y eut que ; Chaleur forte 33 jours. — très-forte 9 — En Bourgogne , le printemps avait été très-froid et l'on ne commença les vendanges que le 27 septembre : on eut peu de vin , mais il fut bon. 1699. On éprouva le 22 juin une chaleur étouffante en Angleterre. (Short.) A Paris, la moyenne de l'été fut très-élevée :*on eut Chaleur forte 55 jours. — très-forte 5 — Il tomba de grandes pluies en avril et en septembre; La Hire mesura à Paris 130 millimètres d'eau pendant les trois mois d'été. En Bourgogne, le printemps fut tardif et humide; il y eut de grandes chaleurs en août. On vendangea à partir du 5 septembre; on récolta peu de vin, mais il fut bon. 1700. On eut à Paris : Chaleur forte 29 jours. — très-forte 2 — — extraordinaire 2 — iU SUR L'ÉTAT THERMOMÉTRIQUE Los plus hautes températures eurent lieu les 9 et 12 sep- tembre. Î701 Ce fut Fêté -le plus remarquable depuis 1682 par la conti- nuité de la chaleur et l'élévation de la moyenne estivale. On éprouva en Italie, selon Toaldo, une chaleur insupportable pendant cette saison. Cassini a compté à Paris : Chaleur forte 62 jours. — très-forte 11 — — extraordinaire 9 — c'est-à-dire 33 jours de chaleur forte, 7 de chaleur très-forte, 8 d'extraordinaire de plus qu'en moyenne. Les plus hautes températures se produisirent les 10, 11, 13, 26, 27, 28 juillet, 17, 31 août, 1" septembre. Il y eut le 17 août, d'après le calcul de Cassini, très-près de ZiO' centigrades. Les vendanges commencèrent en Bourgogne le 22 sep- tembre. 1702. L'été de cette année fut encore extrêmement chaud. On eut il Paris : Chaleur forte Zi7 jours. — très-forte 5 — — extraordinaire 3 — Les plus hautes températures eurent lieu les 28 et 29 juil- let et le 5 août. On commença les vendanges en Bourgogne le 16 septembre. 170i. On eut à Paris : Chaleur forte Zil jours. — très-forte 11 — — extraordinaire 9 — Les plus hautes températures eurent lieu les 13, 2Zi, 26, 27, 29 juillet, 23, 28, 29, 30 août. On commença les ven- danges en Bourgogne le 12 septembre. 1705. Cet été a fixé l'attention des météorologistes du siècle passé par les effets extraordinaires qui se sont produits dans le Midi. M. Plantade a envoyé à Cassini la relation d'une cha- leur excessive ressentie à Montpellier, particulièrement le 30 juillet. « Il n'y avait pas mémoire, dit-il, de rien de pareil. L'air fut ce jour-là presque aussi brûlant que celui qui sort DU GLOBE TERRESTRE. 42") des fours d'une verrerie, et l'on ne trouva point d'autre asile que les caves. En plusieurs endroits on fit cuire des œufs au soleil. Les thermomètres de Ilubin cassèrent par l'ascension de la liqueur jusqu'au haut. Un thermomètre d'Aïuontons, quoique placé dans un lieu où l'air n'entrait pas librement, monta fort près du degré où le suif doit se fondre. La plus grande partie des vignes furent brûlées dans ce seul jour, phénomène qui n'était pas arrivé de mémoire d'homme en ce pays. A Paris il y eut : Chaleur forte 33 jours. — très-forte 13 — — extraordinaire 5 — Les plus hautes températures se produisirent le 30 juin , les 5 et 27 juillet, les 2 et 6 août. Le 6 août la liqueur ayant rempli complètement la tige du thermomètre de Cassini, cet instrument fut brisé. Les thermomètres de La Hire cassèrent également ce même jour. La température maximum du 6 août, calculée sur l'indication d'un thermomètre Fahren- heit, serait de 39°. En Angleterre on éprouva de fortes cha- leurs au mois d'août , selon Short. En Bourgogne, ainsi qu'à Lyon, l'ardeur de l'été ne fut pas aussi grande. Les vendanges ne commencèrent que le 15 septembre. 1706. Il y eut dans l'été de cette année des chaleurs fortes et une grande sécheresse en Angleterre et dans le Nord. A Paris ou compta : Chaleur forte Zi3 jours. — très-forte 1 — — extraordinaire 1 — La plus haute température eut lieu le 8 août et fut de 36°. 9. Les vendanges commencèrent à Dijon le 13 septembre. 1707. Short dit que les 7 et 8 juillet il fit en Angleterre la plus forte chaleur qu'on eût observée depuis /i6 ans. La chaleur fut aussi très-grande à Paris : selon La Hire on eut le 21 août 36".9. 1712. Dans la basse Hongrie la chaleur fut excessive à partir du 6 août; à la fin du mois la pluie qui tomba rafraîchit ua peu le temps, mais la chaleur reprit bientôt. A Paris, ou compta : 426 SUR L'ÉTAT THERMOMÉTRIQUE Chaleur forte 61 jours. — très-forte U — Le maximum eut lieu le 16 juin. On ne commença les ven- danges en Bourgogne que le 27 septembre. On éprouva de fortes chaleurs et une grande sécheresse dans le Midi. 1718. L'été fut chaud et sec en Angleterre, notamment en juillet et en août, et la chaleur fut excessive en Italie, il y eut à Paris : Chaleur forte 29 jours. — très-forte 5 — — extraordinaire U — La plus haute température se produisit le 22 août et s'éleva à 38". 1, selon l'évaluation de J.-D. Cassini. La Hire dit avoir observé Zt jours de chaleur extraordinaire, les 11, 21, 22 et 23 août : 35°. 5. On commença les vendanges en Bourgogne le 2 septembre. 1719. Il y eut cette année un des étés les plus secs qu'on eût jamais observés en Europe. Dans le comté d'York on éprouva , dit- on, à partir du l"' mai, une chaleur et une sécheresse inouïes pour la contrée, et une température très-élevée se maintint, sauf une interruption de quinze jours, jusqu'à la fin de l'au- tomne. (Short.) A Paris Cassini a compté : Chaleur forte Zi2 jours. — très-forte U — 11 y eut, selon Maraldi , un maximum extraordinaire le 16 juillet et un autre le 7 août. Les chaleurs durèrent depuis le commencement de juin jusqu'à la mi-septembre. La Seine fut plus basse pendant cet été que pendant une longue série des années antérieures et des suivantes jus- qu'en 1731. En Bourgogne les vendanges commencèrent le 28 août. A Marseille les chaleurs furent très - longues , selon le P. Feuillée, et il ne plut pas. Le maximum eut lieu le 15 août. Les blés séchèrent sans avoir pu grener. 172/j. En Angleterre cet été fut chaud et pluvieux, selon le doc- teur Wintringham, et en Italie on éprouva, d'après Toaldo, des chaleurs très-fortes. A Paris l'été fut chaud et sec. Cas- sini a compté : DU GLOBE TERRESTRE. 427 Chaleur forte ZiO jours. — très-forte ù — — extraordinaire 1 — Les chaleurs commencèrent au mois de juin et durèrent jusqu'en septembre. Le maximum eut lieu le 11 août et fut de 36°. 9. En Bourgogne, après un hiver et un printemps tempérés, l'été fut très-cliaud et les vendanges commencè- rent le 9 septembre. Le vin fut abondant et assez bon. 1726. On compta à Paris cette année : Chaleur forte 62 jours. — très-forte 10 — Les chaleurs qui avaient commencé en mai firent avancer d'un mois la maturité des fruits. Elles furent extrêmement intenses à Toulon le iU juillet, à Orange le 13, à Béziers le 12. En Bourgogne les trois mois d'été furent chauds et les vendanges s'ouvrirent le 9 septembre. La récolte fut extrê- mement faible, mais le vin assez bon. 1727. 11 y eut à Paris : Chaleur forte Zi3 jours. — très-forte 15 — — extraordinaire. 1 — Les mois de mai, juin et juillet furent très-chauds et la chaleur se prolongea jusqu'en septembre. Le maximum eut lieu le 18 juillet. La vendange commença en Bourgogne le 9 septembre, mais on n'obtint qu'une faible récolte, de qua- lité médiocre. 1728. Cet été fut à Paris très-chaud et très-sec ; il y eut : Chaleur forte iS jours. — très-forte 5 — Le maximum eut lieu à Paris le 17 juillet; dans le Midi le 19 août, La vendange commença en Bourgogne le 13 sep- tembre. On obtint une récoite ordinaire et les vins furent excellents. 1731. Cet été fut chaud et le plus sec depuis 1719. Il y eut à Paris : Chaleur forte 35 jours. — très- forte 3 — — extraordinaire 2 — 428 SUR L'ÉTAT TIIERMOMÉTRIQUE Le maximum tomba les 10 et 11 août et fut de 36".9 cen- tigrades, d'après les indications du thermomètre de Réaumur installé i\ l'Observatoire, cette année même. Dans le Midi il arriva le 10 juillet. En lîourgogne les vendanges commen- cèrent le 9 septembre. La récolte fut ordinaire , la qualité excellente. La Seine fut à Paris de 0°*.15 plus basse qu'en 1719. 1736. L'histoire météorologique de cet été a été préparée par Réaumur lui-même. Cet illustre savant ayant mis aux mains d'un certain nombre d'observateurs son nouveau thermo- mètre , publia dans les Mémoires de l'Académie les tableaux détaillés des observations de l'année. Il y eut à Paris : Chaleur forte G2 jours. — très-forte h — — extraordinaire 2 — Les chaleurs se sont ainsi distribuées : 7 en mai, 11 en juin, 21 en juillet, 18 en août, 10 en septembre. M. Taitbout, consul de France h Alger, adressa à Réaumur les tableaux jour par jour des observations faites dans cette ville, avec un thermomètre vérifié par le célèbre académicien. En appliquant la division de Cassini on trouve de mai à octobre : Chaleur forte 124 jours. — très-forte hi — Les maxima de température se sont ainsi distribués cettr année : Paris, 30 juillet 37°. 0 Utrecht, 2/i juillet 34 .4 Alger, 15 juillet et 5 août 33 .8 En Bourgogne les vendanges commencèrent le 17 sep- tembre ; la récolte fut faible , la qualité assez bonne. 1737. On éprouva pendant cet été, selon Toaldo, une chaleur exces- sive en Italie. A Paris, on compte, d'après les observations de Réaumur : Chaleur forte Zj5 jours. — très-forte 10 — Le maximum fut, le 21 juillet, 33M. L'année fut sèche, car on n'eut que 427 millimètres d'eau à Paris. En Bour- 11 DU GLOBE TERRESTRE. 429 gogne on commença la vcndango du 16 au 23 septembre, et la récolte fut très-faible, les vignes ayant été fraiipées deux fois par la grêle, le G juin et le 30 août. 1738. On compte à Paris, d'après les tableaux de Réaumur : Chaleur forte Zj9 jours. — très-forte 1 — * — extraordinaire 1 — Le maximum de température fut le 5 août de 36". 9. L'année fut sèche, il ne tomba à Paris que 399 millimètres d'eau. En Bourgogne, la vendange s'ouvrit le 29 septembre. On obtint une récolte très-faible, mais de vins assez bons. 17^6. 11 fit cette année de grandes chaleurs dans le Languedoc et de grands orages en juin au centre de la France. Les ven- danges ne s'ouvrirent en Bourgogne que le 26 septembre. La récolte du vin fut peu abondante, mais d'excellente qualité. Les blés donnèrent, selon Duljamel du Monceau, les deux tiers d'une bonne moyenne, et l'on eut abondance de légumes et peu de fruits. L'année tout entière fut sèche ; il ne tomba ù Paris que 390 millimètres d'eau. 17^8. Ou compte sur les tableaux de Duhamel pour Denainvilliers: Chaleur forte Zi8 jours. — très-forte h — Le maximum de température fut à Paris, le 23 juin, 36°.9, à Toulouse, So'.lx; à Denainvilliers, le même jour, 33». 8. La récolte des blés n'excéda pas dans l'Orléanais une bonne demi-année, et la qualité du grain fut médiocre ; les avoines manquèrent en partie. On eut peu de fruits. En Bourgogne la vendange commença le 25 septembre ; la récolte fut faible, mais la qualité bonne. 17Zi'J. Ou compte à Denainvilliers, d'après Duhamel : Chaleur forte /il jours. — très-forte 1 — Le ma.viinum fut à Toulouse de 36". 9; ù ]3cuaiuvilliers , le 13 juillet, de SS^S; à Paris le 23, de 36\9. 11 y eut de grandes chaleurs en Languedoc. La vendange ne commença en Bour- gogne que le 29 septembre. Le vin fut très-peu abondant et de qualité médiocre ; le froment, d'après Duiiumel, a été dans 430 SUR L'ÉTAT TIIERMOMÉTRIQUE rOrléanais faible pour la quantité, assez satisfaisant pour la qualité. On eut peu de légumes, et la disette des fruits fut presque complète. 1750. On compte "sur les tableaux de Denainvilliers : Chaleur forte Zi5 jours. — très-forte 9 — Il y eut t\ Paris deux jours de chaleur extraordinaire , le 26 juin et le 22 juillet 35\0; à Toulouse, 35\à. A Denainvil- liers, le 22 juillet, on eut ZU".U- A Moscou, le 11 juillet, il y avait eu 29°. 3. En Bourgogne la vendange commença le 26 septembre. La récolte du vin fut assez abondante et de très-bonne qua- lité. Dans le Midi la vigne et le froment rendirent peu, mais la récolte de maïs fut excellente. L'année fut assez fertile en fruits. 1753. Cet été fut un des plus chauds du xviii* siècle. On compte sur les tableaux de Denainvilliers : Chaleur forte 70 jours. — très-forte 2 — — extraordinaire 1 — Ces nombres indiquent une moyenne estivale très-élevée pour le centre de la France. On observa à Paris le 7 juillet 35°.6, selon Cassini; à De- nainvilliers, le même jour, 36**.3; à Toulouse, 38°.Zi; à Mul- house, le 8 juillet, 35°.8. Une grande sécheresse régna dans le Midi depuis juin jusqu'à novembre. La récolte du maïs fut médiocre, mais celle du blé assez bonne, ainsi que celle du vin. ( Messier.) En Bourgogne, la vendange commença le 19 septembre et le vin y fut abondant et de bonne qualité. Dans l'Orléanais, la récolte en céréales fut estimée à une bonne demi-année et le vin aux trois quarts. (Duhamel.) 755. On compte sur les tableaux de Denainvilliers : Chaleur forte 57 jours. — très-forte 5 — — extraordinaire 2 — On observa dans cette station 36°. 3 le 20 juin ; à Paris, le [ 6 juillet, on nota 3i°.7; à Mulhouse, 31°. 6 le 21 juin et le 12 juillet. L'été fut très-chaud dans le pays toulousain et DU GLOBE TERRESTRE. 431 l'année riche en céréales, excepté en avoine et en maïs. La récolte du vin y manqua totalement, tandis que dans le bas Languedoc on eut abondance de vins et déficit de céréales. (Clos.) En Bourgogne la vendange commença le 16 sep- tembre; la récolte du vin fut satisfaisante pour la quantité, mais de qualité médiocre. Au centre de la France , d'après Duhamel, les céréales donnèrent une faible récolte; le vin, la valeur d'une demi-année ; les légumes furent assez abon- dants et les fruits manquèrent en partie. 1757. Cet été fut remarquable à Paris par une série de chaleurs très-intenses. Messier les a observées avec beaucoup de soin sur un thermomètre h mercure vérifié en 177G par une com- mission de l'Académie. Cet instrumeni était divisé en 85 degrés, depuis le terme de la congélation de l'eau jusqu'à celui de l'ébullition. Voici ses indications réduites en degrés centigrades : Le 10 juillet 35°. 0 Le 11 — 35 .3 Le 12 — 35 .3 Le 13 — 35 .3 Le IZi — 37 .7 On observa, d'après le même auteur, 38°. 8 le 20 de ce mois au Collège de France. {Connaissance des Temps pour 1810, p. 369.) A Denainvilliers il y eut cette année : Chaleur forte 29 jours. — très-forte 13 — — extraordinaire h — Les plus hautes températures de cette station ont été : Le 11 juillet 36» .3 Le 12 — 3Zi .4 Le 13 — 36 .3 Le 14 — 35 .0 Le 17 — 31 .3 Le 20 — 35 .3 Les maxima de température de cette année furent : Paris, Iti juillet 37° .7 Denainvilliers, le 11 et le 13 36 .3 Mulhouse, le l/i 33 .8 432 suu L'Etat theiimométrique En Allemagne, les chaleurs se montrèrent également in- tenses en juillet; la moyenne de ce mois à. Berlin s'éleva à. 2i°.3. La sécheresse fut très-forte dans le nord de la France ; la Seine descendit à 0"'.13 en automne. En Bourgogne la vendange commença le 26 septembre. La récolte du vin fut ordinaire et la qualité assez bonne. Dans rOrléanais la chaleur avait commencé à, la fin de juin, continué en juillet; en août, l'air avait été rafraîchi par des pluies fréquentes. Les blés et les seigles donnèrent une bonne récolte ; les orges et les avoines rendirent moins. Le vin ne fournit qu'un tiers d'année et sa qualité fut trou- vée très-médiocre. On eut abondance de fruits. 1759. Oa compte sur les tableaux de Denainvilliers : Chaleur forte 36 jours. — très-forte 15 — La chaleur se montra intense en juillet; le maximum fut de 33". 8, le 9 et le 24 ; à Neufchùtel, 33». Zi; à Alulhouse, le 25, 32''.Zi. En Bourgogne la vendange s'ouvrit le 2Zi septembre; la récolte fut presque nulle, par suite d'une grêle désastreuse tombée les 1" et 21 juin. 11 y en avait, dit-on, une couche de 0'".60, depuis Dijon jusqu'à Annecy. Dans l'Orléanais la récolte du froment fut assez abondante et le grain de très-bonne qualité. Le vin donna une année moyenne et l'on eut beaucoup de fruits. L'été se montra très-chaud dans le Languedoc; on n'ob- tint, dans cette région, que très-peu de froment, de maïs, de vin, de légumes et de fruits. 1760. ]\lessier constate à Paris plusieurs jours de chaleur extraor- dinaire pendant cet été : Le 18 juillet 37° .7 Le 19 — 37 .7 Le 20 — 3i .2 Le 21 — 29 .4 A Mulhouse le 19 juillet, on observa 33 ".8. En Bourgogne, la vendange commença du 15 au 22 sep- tembre; la récolte fut ordinaire, et le vin très-bon. Dans le Midi l'année fut mauvaise pour toutes les récoltes. (Clos.) Le 26 avril la célèbre abbaye de Royaumont et l'église de îiotre- Dame de Ilam furent incendiées par la foudre. DU GLOBE TERRESTRn. 433 1761. On compte d'après les observations faites ù Denainvilliers : Chaleur forte 38 jours, — très-forte 6 — La plus haute température eut lieu les 2U juin et 8 sep- tembre et fut de 33°.8. On eut à Mulhouse, le 25 juin , 31°. 3. Dans l'Orléanais la plupart des récoltes furent très-faibles en quantité et en qualité. Les vendanges commencèrent en Bourgogne le IZi septembre; la récolte du vin fut assez abondante, mais de qualité médiocre. Dans le Midi il y avait eu le 8 avril un ouragan désastreux. ( Perre3\ ) L'année dans cette région fut trouvée très-fertile dans les pays qui n'étaient pas exposés à l'autan. (Messier.) 1762. Cet été se montra très-beau et très-chaud à partir de juillet; il en fut de même de la plus grande partie de Tautomne. On compte d'après les observations faites à Denainvilliers ; Chaleur forte 5/i jours. — très-forte 5 — — extraordinaire 1 — Duhamel observa le 2 août un maximum de 35". 6. Dans le Midi il y avait eu, selon Messier, des chaleurs dès le mois d'avril. En Bourgogne la vendange commença le 15 sep- tembre, 7 jours plus tôt qu'en moyenne; la récolte fut assez abondante et le vin fort bon. Le blé se montra de la plus belle qualité et l'année fut en général fertile en denrées. 1763. Cet été est remarquable par une chaleur exceptionnelle qui eut lieu en août, mais qui ne dura que très- peu de temps. La saison présenta d'ailleurs une grande sécheresse, surtou: dans le Midi. On compte pour Denainvilliers ; Chaleur forte 22 jours. — très-forte 3 — — extraordinaire 1 — Il n'y avait eu jusqu'en août que 10 jours de chaleur forte. Les maxima se sont ainsi répartis : Paris, le 18 août. 3Zi".7 — le 19 — 39 .0 Denainvilliers, le 19 35 .3 Muliiouse, le 10 32 .3 Bruxelles, le 19 27 .2 VIII. — v. 28 I2i SLR L'ÉPAT I H E ILMOM liTRlQUE En Bourgogne les vendanges ne conimcncèrent que lo 5 octobre La récolte fut assez abondante, mais le vin très- mauvais. Dans rOrléanais le raisin ne put jias même mûrii-. La récolte des blés fut magnifique dans le nord et le centre de la France, mais dans le Midi elle fut faible. 1764. On compte d'après les observations faites à Denainvilliers : Chaleur forte Zi2 jours. — très-forte 7 — Les chaleurs les plus notables eurent lieu en juin. Duha- mel observa le 19 de ce mois 33°.S. On eut à Paris, le 2'2, 37''.5; à Lausanne 35". 0 ; à Mulhouse, les 19 et 22 juin, 31". 6; à Bruxell<*s, le 13 juillet, 26 .1. Les vendanges commencè- rent en Bourgogne le 12 septembre; la récolte futass'z abondante et le vin fort bon. Les blés auraient donné une très-belle moisson, sans les grêles qui tombèrent dans un nombre considérable de lieux. On eut peu de fruits et de li'îgumes dans l'Orléanais. 1765. On compte d'après les tableaux d"ol)servations laissés par Duhamel du Monceau pour Denainvilliers : Chaleur forte Zil jours. — très-forte 2 — — extraordinaire 3 — Les plus fortes chaleurs se produisirent en août Les maxima de température furent cette année : Paris, le 24 août 36". 0 — le 25 37 .7 — le 26 ZiO .0 Denainvilliers, le 2/i 35 .0 Mulhouse, le 16 juin 29 .9 Bruxelles, le 26 août 29 .Zi En Bourgogne, les vendanges commencèrent le 23 sep- tembre ; il était tombé une grêle désastreuse le 1" septem- bre, et le vin fut mauvais Dans l'Orléanais, la vendange fut bonne et le raisin profita des chaleurs de la fin d'août et du commencement de septembre. On eut peu de fruits. La mois- son fut satisfaisante dans le Nord ; mais dans le Midi, l'année ayant été pluvieuse , on trouva quantité d'herbe dans les gerbes; la récolte du froment fut mauvaise et celle du maïs jjiédiocre. (Cailhasson.) DU GLOBE TERRESTRE. 435 ■ 766. Cet été a été remarquable par une chaleur extrêmement intense constatée par Messier à l'observatoire du collège de France : il a noté en juillet 37". 8. On ne compte cependant ù Paris, d'après Cassini, que 2-'i jours de chaleur forte, 1 jour de chaleur très forte, et à Denainvilliers, d'après les obser- vations de Duhamel, que UO jours de chaleur forte. Les vendanges ne commencèrent aussi en Bourgogne que le 27 septembre ; la récolte de vin fut ordinaire et de qualité assez bonne. Cet été fut extrêmement pluvieux dans le midi de la France; dans l'Orléanais beaucoup de vignes furent gelées au mois de septembre. 1769. Dans cet été Messier constata à l'observatoire du collège de France une chaleur extraordinaire de 36^9 en août; cepen- dant la moyenne estivale fut très-faible, car on ne compte à Paris, d'après Cassini , que 13 jours de chaleur forte, h jours de chaleur très-forte, et 1 d'extraordinaire, et à Denainvil- liers, d'après les observations de Duhamel, que 26 jours de chaleur forte et 5 de très-forte. Les vendanges ne commen- cèrent en Boui'gogne que le 27 septembre ; la récolte du vin fut faible en quantité et médiocre en qualité. 1772. Cassini a compté cette année pour Paris : Chaleur forte 25 jours. — très-forte 5 — — extraordinaire 1 — A Denainvilliers, Duhamel avait observé : Chaleur forte Zil jours. — très-forte h — Le mois de juin fut très-chaud et les plus hautes tempé- ratures se sont ainsi réparties : Paris, le 2ù juin SG» .8 Auxerre , le 20 35 .9 Montmorency, le 26 35 .6 Denainvilliers, le 26 35 .0 Bru.xellcs, le 26 35 .0 Mulhouse, le 27 33 .8 Berlin , le 27 31.3 Saint-Pétersbourg, le 26 juillet 30 .6 On éprouva une sécheresse très-forte dans le Nord et le 430 SUR L'ETAT THERMOMÊTRIQUE pays toulousain. La Seine était en septembre à O^.S/i au- dessus des plus basses eaux de 1719. Dans le Midi il tomba des i^luios abondantes. (Alexis Perrey.) En Bourgogne la ven- dange couînioîira le 2U septembre. A Montmorency, la vigne donna le double de Tannée moyenne, selon Cotte ; mais dans rOrléanais la récolte du vin fut faible. 5773. Cet été fut remarquable par des chaleurs extrêmement vives, qui ne furent toutefois que de peu de durée. Duhamel observa en août une série de 15 jours consécutifs de chaleur, du à au 18. Pour Paris Cassini a compté : Chaleur forte 18 jours. — très-forte 2 — — extraordinaire 1 — Pour Denainvilliers on trouve d'après les observations de Duhamel du Monceau : Chaleur forte Zj5 jours. — très-forte U — — extraordinaire 2 — Les hautes températures arrivèrent en août Les maxime se sont ainsi répartis cette année : Paris, le lli août 39° .4 Denainvilliers, le 15 35 .9 Berhn, le 23 mai et le 15 août 32 .5 Bruxelles , le Ik août 31 .7 Mulhouse , le 14 31.5 Moscou, le 20 juin 31 .3 Saint-Pétersbourg, 2i juillet 30 .6 L'été fut aussi très-sec. Eu Boui-gogne les vendanges com- mencèrent seulement le 27 septembre. Dans l'Orléanais le vin fut de qualité médiocre. 11 y eut également dans cet été des chaleurs fortes en Provence. Dans le Languedoc, en juillet, un brouillard in- tense endommagea fortement la récolte des vignes. 1775. Cet été fut chaud et sec dans le centre de la France. On compte cette année d'après les observations faites à Denain- villiers : Chaleur forte 67 jours. — très-forte 8 — — extraordinaire 1 — DU GLOBE TEUUliSTUE. 437 Le mois de juin fut chaud , mais les clialeurs les plus fortes eurent lieu en juiileteten août. Les niaxima furent à Denain- viliiers le 22 juillet, 35". 6 ; à Paris, 35". 6 ; à Stockholm, 3^./» ; à Berlin, le 2/i juillet, 32°.5; à Mulhouse, le 10 juin, 32°.3; à Bruxelles, le 6, 31". 9; à Nancy, le 19 août, 30".9; à Mos- cou, le 16 juillet, 28°. 8; à Londres, le 2 août, 30". 0. En Bourgogne les vendanges ne commencèrent que le 25 septembre. Dans l'Orléanais la moisson fut peu abondante, mais de très-bonne qualité. La récolte du vin se montra or- dinaire et la qualité fut bonne. 1776. Cet été s'est montré chaud dans le centre de la France. Depuis le 8 juillet jusqu'au 5 août il y eut à Denainvilliers une série de jours pendant lesquels le thermomètre monta, sauf deux interruptions seulement, constamment au-dessus de 25"; on compte d'après les tableaux de Duhamel : Chaleur forte Zi5 jours. — très-forte h — — extraordinaire 1 — On eut dans cette station en octobre des jours aussi beaux et aussi chauds qu'en été. Les maxima de 1776 se sont ainsi distribués : Denainvilliers, le 5 août 36" .9 Montpellier 35 .6 Perpignan, le 26 juin 35 .0 Clermont-Ferrand 35 .0 Mulhouse, le 6 juillet 33 .5 Paris, les 2 et 3 août 33 .1 Berlin , le 17 juillet 32 .5 Aix 31 .9 Bordeaux 31 .3 Nancy, le 3 août 30 .0 Londres , le 2 30 .0 Bruxelles, le 16 juillet 30 .3 Saint-Pétersbourg, le 22 29 .i Moscou, le 17 2/1 .8 En Bourgogne les vendanges commencèrent seulement le 30 septembre. Malgré les rigueurs de l'hiver précédent la récolte des blés fut bonne. La vigne donna une bonne ven- dange dans l'Orléanais et l'automne s'y montra si doux 438 SUR L'ÉTAT TIIEUMOMÉTRIQUE qu'il y eut une nouvelle floraison des arbres fruitiers en cer- tains endroits et même une seconde fructification de quel- ques pommiers. (Duhamel. ) Pendant k« deux jours du maximum de Paris, Messier observa le degré marqué par un thermomètre libre exposé di- rectement au Soleil et trouva le 2 août 56M, le 3, 52". 7, c'est- à-dire 22 et 18 degrés de plus que les indications du ther- momètre à l'ombre. £777. On compte d'après les observations météorologiques faites à Denainvillicrs : Chaleur forte Zi7 jours. — très-forte 8 — — extraordinaire 1 — Les chaleurs les plus intenses eurent lieu en juillet et sur- tout en août. Les maxima de température se sont ainsi distribués : Luçon (Vendée) 38". 8 Saint-Omer 37 .5 Montargis 37 .5 Udine (Italie), le 17 août 37 .3 Paris 36 .1 Denainvilliers, le 18 juillet 35 .0 Montpellier 33.8 Tarascon 33 .8 Bordeaux 33 .8 Bruxelles, le 9 août 33 .4 Mulhouse, le 18 juillet 31 .9 Nancy, le 18 30 .9 Moscou, le 31 mai 30 .6 Berne 30 .1 Berlin, le 10 août , 30 .0 Londres, le 8 27 .8 Saint-Pétersbourg, le 6 juillet 27 .1 Dans l'Orléanais l'été ayant été froid et pluvieux, la mois- son ne fut pas satisfaisante et il n'y eut presque pas de vin. En Bourgogne la vendange ne s'ouvrit que le 1*' octobre. Dans le pays toulousain l'année ne fut pas mauvaise en den- rées, seulement on ne récolta pas de vin, non plus que dans le bas Languedoc. On eut dans le Nord une bonne récolte en blé. DU GLOBE TERRESTRF. 439 1778. Cet été fut très-cliaud et très-sec à Piiris et dans la plus grande partie de l'Europe. Cassini n'a compté pour Paris que: Chaleur forte 27 jours. — très-forte 1 — mais ce résultat paraît trop faible. A Denainvilliers Tété fut très-remarquable : en juillet le thermomètre resta presque toujours au-dessus de 25° et l'on compte d'après les tableaux de Duhamel : Chaleur forte bli jours. — très-forte 15 — — extraordinaire 3 — Les plus hautes températures se sont ainsi distribuées : Montargis 37°. 5 Denainvilliers, le 5 juillet 36 .9 Bordeaux 36 .6 Soissons 36 .6 Paris, le 5 juillet 36 .2 Rouen 35 .6 Tienne (Isère) 35 .3 Nantes 35.0 Bruxelles, le 20 juillet 35 .0 Ile d'Oléron 3i .i Mulhouse , le lU août 34 .1 Franeker (Frise), le 20 juillet 3li 0 Copenhague, en juillet 33 .8 Berne 33 . 8 Nancy, les 7 et 14 août 33 .8 Dijon 33 .8 Toulon 33 .8 Berlin, le 14 août 33 .1 Leyde 32 .5 Marseille 32 .5 Montauban 31 .3 Moscou, le 5 juillet 30 .5 Londres, les 13 et 14 juillet 30 .0 Genève, en août 28 8 Saint-Pétersbourg, le 20 juillet 28 .7 Bristol 25 .5 Voici la relation de cet été remarquable extraite du Mé- moire de Messier sur les chaleurs de 1793 : 440 SUR L'ÉTAT THERMOMÉTRIQUE « La grande clialcur de cette année (1778) fut longue, con- stante , avec un ciel sans nuage. Les légumes manquèrent et la disette de ce genre d'aliment devint générale. Vers le 5 août les arbres étaient déjà en mauvais état. Le 10 sep- tembre les herbes des allées du bois de Vincennes, ainsi que celles des parterres, paraissaient brûlées, comme si le feu y avait passé. Au milieu de l'esplanade, vis-à-vis du château, je ne trouvai à la profondeur d'un mètre qu'une terre desséchée et en poussière. Les eaux de la Seine devinrent extrême- ment basses et restèrent longtemps dans cet état; le 5 sep- tembre elles n'étaient plus qu'à 0"'.08 au-dessus de l'étiage extrême de 1719. « On vit à Paris, au jardin de l'Arsenal, à la suite de ces grandes chaleurs, une seconde floraison de quelques marron- niers. Ce phénomène, assez commun dans les pays chauds, fut également remarqué sur d'autres arbres, tels que pêchers, pruniers et pommiers. Ce qui parut plus surprenant, ce fut une seconde fructification de deux ceps de vigne appuyés au mur du corps de garde du quai Malaquais en face de la rue des Saints-Pères. Celte vigne ayant refleuri, elle portait, le 10 octobre, des grappes assez grosses; les grains étaient ramassés et pressés les uns contre les autres, en partie noirs, et l'on reconnut que la totalité ne tarderait pas à parvenir à maturité si la chaleur continuait quelques jours encore. « Cette ardeur de l'été se fit sentir dans toute la France. On constata en plusieurs provinces des maladies de bes- tiaux occasionnées par la grande sécheresse et par la disette d'eau et d'herbages. « On fut en outre éprouvé par des oi'ages , des ouragans , des inondations considérables. « La chaleur de 1778 s'étendit également sur une partie de l'Europe. Cette saison accablante, les exhalaisons funestes qu'elle occasionna, avaient fait suspendre les travaux d'un chemin qu'on faisait en Calabre. {Journal de Bouillon.) A Gènes la chaleur et la sécheresse firent, comme en France, augmenter considérablement le prix des denrées. {Gazette de France. ) A Cologne les espérances que l'on avait conçues d'une belle récolte s'évanouirent par suite du manque de pluie et d'une ardeur du Soleil si excessive et si continue que les vieillards du pays ne se souvenaient pas d'avoir rien vu de semblable. Les raisins, au lieu de mûrir, se des- séchèrent. » DU GLOBE TERRESTRE. 441 Dans rOrléanais, selon Duhamel, le grain rendit bien dans répi, mais beaucoup de légumes et de raisins lurent grillés. Néanmoins la vendange n'a pas été trouvée mauvaise. En Bourgogne il y eut des chaleurs fortes, longues et constantes, une grande sécheresse, de nombreuses tempêtes. La ven- dange commença le 2i2 septembre. Dans le pays toulousain, contrairement à ce qui se passa dans les autres régions, l'an-' née fut abondante. 1779. Cet été fut remarquablement chaud en France. Cassini a compté seulement pour Paris : Chaleur forte 33 jours. — très-forte 1 — Mais, d'après les tableaux de Duhamel pour Denainvilliers, on trouve : Chaleur forte 65 jours. — très-forte 5 — Les chaleurs intenses se produisirent à Paris en juillet et en août. Les maxima se sont ainsi répartis cette année : Bordeaux 36" ./i Perpignan 35 .0 Besançon 35 .0 Paris, le 18 juillet 3/i .U Denainvilliers, le 17 août 33 .0 Berlin , le 7 32 .8 Montauban 31 .3 Mulhouse , le 19 juillet 30.8 Nancy, le 19 30 .0 Bruxelles, le 18 29 .7 Amsterdam. . . *. 29 .6 Londres, le 13 juillet 28 .9 Dieppe, les 23 et 24 mai 22 .5 Les chaleurs commencèrent à la fin de mai à Denainvilliers, furent moindres en juin, reprirent en juillet et continuèrent jusqu'en septembre. On éprouva une grande sécheresse pen- dant cet été; la Seine, le 19 octobre, était à 0'".22 seulement au-dessus des plus basses e:uc de 1719. En Bourgogne la vendange s'ouvrit le 21 septembre; le vin, par suite des pluies de la fin de l'été, ne fut pas bon. La récolte du blé se montra plus satisfaisante. Dans le .Midi il» SUR L'fiTAT TIIERMOMÉTRIQUR l'année fut trt^s-bonnc en denrées, on eut de tous les fruits en abondance. Néanmoins les grandes pluies qui tombèrent avant les vendanges pourrirent une partie du raisin. (Clos.) 1780. Cet été fut moyen à Paris, mais cliaud dans une grande partie de la France. .\ TObservatoire Cassini a compté : Chaleur forte 33 jours. — très-forte 1 — — extraordinaire 1 — Duhamel eut à Denainvilliers : Chaleur forte 59 jours. — très-forte 15 — — extraordinaire 3 — Le mois de juillet se montra dans cette dernière station mé- téorologifiue sec et assez chaud, le mois d'août très-chaud; il n'y eut dans ce mois que deux jours pendant lesquels le thermomètre ne monta pas au-dessus de 25". Les maxima de 1780 se sont ainsi distribués : Turin , le 28 juillet 37" .6 Bordeaux 36 .4 Montpellier 36 .3 Cray (Haute-Saône) 36 .3 Orléans 35 .8 Denainvilliers, l^juin, 31 juillet, 1" août. 35 .0 Paiis, le 2 juin 35 .0 Mulhouse, le 31 juillet 3/i .3 Viviers 33 .8 Vire 33 .1 Nancy, le 2 juin 32 .5 Rodez , 31 .5 Bréda 31 .0 Bourbonne-les-Bains 30 .9 Londres , le 29 mai 28 .9 Amsterdam 28 .5 Agde 27 .5 La sécheresse régna très-forte à Paris jusqu'en août. Le 9 de ce mois la Seine était à O^.lô au-dessus des basses eaux de 1719. En Provence on ressentit des chaleurs vives. En Bourgogne l'année fut variable et humide. La vendange s'ou- vrit le 18 septembre et il y eut pourriture du raisin. Dans DU GLOBE TERRESTRE. 443 rOrléanais les céréales furent abondantes et de bonne qua- lité. Cette récolte fut moyenne dans le Midi et dans le Nord. 1781. L'été de 1781 fut très-chaud dans le Nord et dans le Midi. A Paris Cassini compte : Chaleur forte 54 jours. — très-forte 5 — Les mois de juin et de juillet s'y montrèrent très -chauds. Les plus hautes températures se sont ainsi distribuées : Metz 38M Liège, 26 juillet et 2 septembre 37 .5 Montpellier 36 .3 Troyes 36 .3 Poitiers 36 .0 Paris, le 31 juillet 3U M Denainvilliers, le 31 '3^ .h Bordeaux 3/i .0 Mulhouse, le 3 septembre 33 ./'j Stockholm 32 .5 Amsterdam 29 M Londres, le 31 juillet 28 .9 La sécheresse fut intense dans le nord de la France ; il ne tomba à Paris dans toute l'année que 362 millimètres d'eau. Dans le Midi des pluies torrentielles en juin rendirent la récolte des plus médiocres. En Bourgogne la vendange s'ou- vrit le 10 septembre. La récolte du blé fut assez satisfaisante dans le Centre et dans le Nord. 1782. Cet été fut assez pluvieux dans le Nord; néanmoins il se produisit des maxima très-élevés en divers points : Haguenau 39" ./i Manosque 38 .8 Paris, le 16 juillet 38 .7 Nancy, le 26 37 .6 Mulhouse, le 26 36 .6 Meaux, le 16 36 .2 Bordeaux 35 .3 Chartres 30 .0 Chinon 35 .0 Les Sables d'Olounc 33 .1 Bruxelles, le 16 30 .6 Saiut-Cothard Il) .4 444 SUR L'ÉTAT TIIERMOMÉTRIQUE En Bourfïogne les vendanges ne commencèrent que le 30 septembre. La sécheresse se montra constante dans le Midi depuis le mois de juin jusqu'en octobre : il en résulta la perte du uwïs et des légumes. (Clos.) Dans le Nord il y eut une récolte de blé insuffisante. 1783. Cet été fut remarquable dans le nord de l'Europe et le centre de la France. Gassini a compté pour Paris : Chaleur forte 30 jours. — très-forte 5 — — extraordinaire 1 — Le mois de juin fut très-chaud. Les maxima de 1783 se sont ainsi distribués : Seurre (Côte-d'Or) 39". 0 Chinon 38 .1 Cambrai 37 .5 Liège 37 .0 Bordeaux 36 . 5 Paris, le 11 juillet 36 .3 Orléans 36 .3 Oloron 36 .3 Vienne ( Autriche ) 35 .9 Arles 35 .4 Arras 35 .1 Lille 35 .0 Mayenne, le 10 juillet, 35 .0 Saint-Malo 35 .0 Montdidier 35 .0 La Rochelle 35 .0 Mulhouse 3i .9 Stockholm 33 .8 Bruxelles, le 2 août 33 .8 Amsterdam 33 .li Saint-Brieuc 31 .3 ^ Sables d'Olonne, le 21 juillet 33 .1 Saint-Pétersbourg, le 17 juin 29 .3 En Bourgogne les vendanges commencèrent le 16 sep- tembre. Dans le Midi des pluies abondantes vinrent compro- mettre ia récolte; le maïs souffrit et le raisin manqua dans tout le Languedoc. (Clos.) DU GLOBE TERRESTRE. 445 1788. Cet été fut trés-cliaud en certains points. On compta à Paris: Chaleur forte 52 jours. — très-forte 3 — Les plus hautes températures se sont ainsi réparties : Vérone, en juin et juillet 35" .6 Ciiartres 35 .6 Chàlons-sur-Marne 35 .6 Montauban 3^ .9 Paris, le 12 juillet 33 .7 Milan , 33 .U Lons-le-Saunier 32 .5 Saint-Dié 32 .5 Dunkerque. 31 .i Le Puy (Haute-Loire) 27 .7 Londres, 27 mai et 2 juin 26 .6 Le 13 juillet eut lieu le plus fameux orage de grêle qui soit consigné dans les annales de la météorologie ; une partie de la France fut horriblement dévastée (Voir précédemment, p. 19). En Bourgogne les vendanges commencèrent le 15 sep- tembre. La récolte du vin fut faible , mais la qualité très- supérieure. Celle des blés fut satisfaisante. 1790. Cet été fut chaud et surtout d'une sécheresse excessive dans tout le nord de l'Europe, excepté en Suède. On compta ù Paris : Clialeur forte àO jours. — très-forte 6 — Les plus hautes températures se sont ainsi distribuées : Vérone, en août 35". 6 Paris, le 22 juin 3/i .6 Londres, le 22 30 .0 11 y eut en Provence et en Languedoc des pluies très-fortes. En Bourgogne les vendanges s'ouvrirent le 27 septembre ; le vin fut peu abondant et médiocre. La récolte de blé fut mauvaise. 179J . Cet été fut encore notablement chaud. On compta à Paris • Chaleur forte /i8 jours. — très-forte 9 — 446 SUR L'ÉTAT THERMOMÉTRIQUE Les plus hautes températures ont été : Vérone, en août 35" .6 Paris, le 15 3^ .1 Londres, le 7 juin 26 .7 En Bourgogne les vendanges commencèrent le 19* sep- tembre; la quantité du vin fut faible mais la qualité très- supérieure. 1793. Cet été est mémorable par des chaleurs extraordinaires et restées sans exemple depuis le siècle passé. Elles se sont pro- duites en juillet et en août. On compte pour Paris, d'après Cassini : Chaleur forte 36 jours. — très-forte 9 — — extraordinaire 6 — Les plus hautes températures se sont ainsi distribuées : Valence, le 11 juillet /jO^O Paris, le 8 38 .4 Id. le 16 août 37 .3 Chartres, le 8 38 .0 Id. le 16 38 .1 Vérone, en juillet et août 35 .6 Londres, le 16 juillet 31 .7 Ch. Messier a fait des grandes chaleurs de 1793 le sujet d'un travail inséré dans le tome IV des Mémoires de l Institut (Classe des sciences mathématiques et physiques). 11 a ob- servé par comparaison deux thermomètres exposés l'un à l'ombre , l'autre à l'action directe des rayons du Soleil. Ce dernier « J,tait attaché au bout d'une lunette achromatique, montée sur une machine parallatique qui , mise à la décli- naison du Soleil, suivait cet astre; de manière que le ther- momètre, se trouvant incliné, recevait directement les rayons calorifiques tombant sur lui perpendiculairement et en marquait la chaleur. Ces expériences se faisaient dans Tintùrieur de l'observatoire , l'instrument étant à l'abri de l'agitation de l'air, isolé, c'est-à-dire détaché de .sa planche. » Voici les indications comparatives de ces deux instruments ramenées à l'échelle centigrade : DU GLOBE TERRESTRE. i47 Ileureu Tlicrmoniitre ThcrmomJtre Dîtes. de la journée. au Soleil. exposé à l'ombre. 8 jiiilL't 2 h. àvgrés. 63.2 dcgriîs. 37.9 9 — 4 1/2 60.9 a.!. 6 M — 3 62.0 330 Il — 2 59.7 34.7 1-' — 1 58.5 33.1 r» - < 4/2 62.0 33.> Les grandes chaleurs de cet été produisirent des effets qu'il est intéressant de résumer. « Mai et juin 1793 furent très-mauvais, dit Ch. jAIessier, humides et toujours couverts ; il y eut souvent de la pluie, et la température était très-froide. On trouvait, pendant ces deux mois, du feu dans beaucoup de maisons. A Vienne (Autriche), on éprouvait le 5 juin un froid excessif depui.s le 30 mai ; il est tombé de la neige dans les montagnes, et une lettre, datée du 30 juin, disait : «A Bockflies , en basse Autriche, il a fait, il y a quelques jours, un temps extraordi- naire dans la saison actuelle ; des chariots chargés ont pu tra- verser la glace. » « Les grandes chaleurs commencèrent à se faire sentir à Paris le 1" juillet, et augmentèrent rapidement. Le ciel fut, pendant leur durée, constamment beau, clair et sans nuage; le vent ne quitta pas le nord; le plus souvent il était calme, et le baromètre se tint à une très-grande hauteur. Les jours les plus chauds ont été le 8 et le 16 juillet. Le 8, le ciel se couvrit, il plut, le tonnerre gronda. Le 9, à û heures et demie du soir, un orage épouvantable dévasta Senlis et ses envi- rons. Une grêle grosse comme des œufs détruisit les moissons; un vent furieux renversa plus de cent vingt maisons. Une pluie énorme succéda à cette tempête; les eaux, s'amassant dans les campagnes, emportèrent les bestiaux, les meubles, les femmes et les enfants. A Bongneval (Oise), une mal- heureuse mère, à bout de forces, fut entraînée par le courant après avoir sauvé ses neuf enfants. La Convention nationale accorda aux victimes du sinistre un secours provisoire de 30,000 livres, et elle décréta, dans sa séance du 8 août, que 6 millions seraient remis au ministre de l'intérieur pour se- courir les possesseurs des propriétés ravagées. Le 10 juillet, pour comble de maux, survint un nouvel orage de grêle. « La chaleur pendant tout le mois de juillet fut extrême et coutinua durant uue partie du mois d'août. Dans la jour- 448 SUR L'ÉTAT TIIERMOMÉTRIQUE née du 7 de ce mois elle fut singulièrement remarquable : elle se montra générale, pesante, on peut dire accablante; le ciel était resté très-clair. Le vent , au nord-est , devint sensible et d'une ardeur si violente qu'il semblait sortir d'un brasier ou de la bouche dun four à chaux. On recevait cette chaleur insolite par bouffées de distance en distance; elle était aussi ardente à l'ombre que si Ton eût été exposé aux rayons d'un soleil dévorant. On ressentait cette pénible sensation dans toutes les rues de Paris, et les effets étaient les mêmes en rase campagne. Cette chaleur étouffante paralysait la respi- ration et l'on se sentait beaucoup plus incommodé ce jour-là que pendant celui (8 juillet) où le thermomètre était monté à 38°. û. Cependant cet état suffocant de l'atmosphère dans la journée du 7 n'avait fait monter le thermomètre qu'à 36». 3. Des phénomènes analogues se reproduisirent dans la journée du 13. « A Chartres, le 8 juillet, à 2 heures, on observa 38°. 0 et le 16, 38°. 1. « A Valence ( Drôme ) les chaleurs arrivèrent presque subi- tement dans les premiers jours de juillet et se montrèrent excessives pendant une partie du mois. Voici la marche d'un thermomètre placé à l'ombre : Le 7 juillet 36o.5 8 — 37 .5 9 — 39 .Zi 10 — 38 .8 11 — ZiO .0 12 — 38 .8 13 — 34 .4 14 — 37 .5 15 — 33 .8 16 — 33 .1 17 — 37 .8 18 — 32 .5 « n n'était pas tombé dans cette région de pluie depuis le 13 juin : la terre était tellement desséchée que la plupart des végétaux bas périrent, et même beaucoup d'arbres, par- ticulièrement les jeunes. « Ces chaleurs désastreuses s'étendirent sur les départe- ments de la France et une grande partie de l'Europe. Le vent resta a.ssez constamment dans la direction du nord au sud ; le DU GLOBE TERRESTRE. 449 ciel demeura parfaitement beau et clair; le Soleil, quoique ardent, était terminé sans ondulation, et Ton ne vit pas de tache sur son disque pendant toute la durée de ces phéno- mènes. « La sécheresse fut extrême dès la fin de juillet. La hau- teur de la Seine descendit aux basses eaux de 1719 à la fin d'août et au milieu de septembre. 11 ne tomba à Paris dans toute Tannée que 331 millimètres d'eau. Dans la campagne , les marronniers, les pommiers, les noyers, les cerisiers, les noisetiers, le chèvrefeuille, la vigne, le groseillier eurent leurs feuilles brûlées; les fruits, les pommes entre autres, por- taient sensiblement le caractère de la brûlure. La rareté des légumes se fit vivement sentir, et ce qui en restait monta à des prix exorbitants. Les terres desséchées, endurcies, cre- vassées, ne pouvaient plus être remuées par la charrue ni par la bêche. Dans le jardin du Luxembourg le sol ne pré- senta pas à 1 mètre de profondeur la moindre apparence de fraîcheur. Des terrassiers , chargés d'ouvrir un puits dans un lieu entièrement exposé au Soleil , trouvèrent la terre dessé- chée à l^.eo de profondeur. Le 1^' septembre, les arbres du Palais-Royal étaient presque tous dépouillés de leurs feuilles; cont cinquante d'entre eux étaient entièrement nus, la séche- resse et la chaleur avaient fait gercer l'écorce et les bran- ches paraissaient mortes : la plupart de ces arbres moururent en effet. « Le 17 août, il s'éleva dès onze heures du matin un oura- gan terrible qui dura jusqu'à minuit ; le vent, venant du sud- ouest, fut, pendant tout ce temps, d'une violence inouïe. Plusieurs des boutiques provisoires placées sur les ponts de Paris furent renversées; quantité d'arbres furent extrême- ment maltraités et secoués avec une telle force que la base même du tronc avait été ébranlée; on s'en apercevait par le vide laissé à leur pied. » D'après Antonio Cagnoli , de l'Académie de Vérone, par une température de 35°.6, la chaleur était si étouffante que des moissonneurs périrent dans les campagnes. En Bourgogne, les vendanges commencèrent le 23 sep- tembre. Le vin fut abondant, mais de qualité médiocre. Il était tombé dans cette région des pluies froides qui en avaient altéré la qualité. L'été fut sec et chaud dans le pays toulousain; la récolte du maïs manqua complètement. On' sait que 1793 fut en France une année d'extrême disette. VIII. — V. 29 iSO SUR L'ÉTAT TIIERMOMÉTRIQUE 179Z|. Cette aniK^e à Paris, le mois de juin fut tn^'s-chaud. Il y eut en Bourgogne des chaleurs vives et des pluies fréquentes. La vendange commença de bonne heure, le 15 septembre. Le vin fut abondant et la qualité assez passable. On observa la plus haute température à Vérone, en juillet, de 3Zi°.0; ii Paris, le 30, de 30°.5 ; à Londres, le 13, de 28°. 9. 1798. Le printemps et l'été de cette année furent chauds et secs dans le -Midi. La récolte fut très-satisfaisante dans les régions épargnées par la grêle ; les fruits se trouvèrent abondants et excellents. En Bourgogne l'été fut également chaud et pro- pice. Les vendanges s'ouvrirent le 15 septembre ; la récolte fut faible, mais la qualité supérieure. Les plus hautes tem- pératures ont été : à Paris, le i" août, 32°, 7 ; à Londres, le 28 juin, 300.0. 1800. L'été de 1800 fut marqué par des chaleurs très -vives qui s'étendirent sur une partie de l'Europe. Du 6 juillet au 21 août le thermomètre ne descendit ù Paris que cinq fois au- dessous de 23° M, et l'on eut, d'après les tableaux de Bou- vard : Chaleur forte 25 jours. — très-forte 5 — — extraordinaire 2 — Ch. Messier a observé avec beaucoup de soin les tempéra- tures qui se sont produites dans cette saison. Voici les i)lus hauts degrés de chaleur qu'il a constatés vers midi dans son domicile, deux heures environ avant le moment du maximum diurne. Ses observations sont mises en regard de celles faites à l'Observatoire par Bouvard : D'après Messier. D'après BouTard. le 3 aoùi :Ho.o 3to4 le 4 31 .0 31 .5 le M 31 .6 31 .9 le 12 28 .0 29 .0 le 13 28 .0 28 .9 \c M 28 .0 30 .0 le 15 32 .8 34 .6 le 16 33 .9 32 .6 le 17 36 .8 36 .6 le 18 37 .4 3.Ï ..1 le 19 29 .2 27 .9 le 20 28 .0 27 .1 La chaleur directe du Soleil fit monter le thermomètre, DU GLOBE TERRESTRE. 4ol selon Cotte, à Montmorency, le 18 août à 3 heures du soir, à 51°. 5. Les températures les plus élevées de cet été se sont ainsi distribuées : Bordeaux , le 6 août 38°.8 .Nantes, le 18 38 .8 Montmorency, le 18 37 .9 Limoges 37 .5 Paris, le 18 35 .5 Mons , le 18 35 .0 Londres, le 2 31 .1 Bath, le 3 23.9 Edinburgh, le 2 22 .5 Il fit très-chaud cette année en Allemagne dès le mois d'avril; mais en juillet on ressentit des gelées à Dusseldorf. La sécheresse fut terrible dans le nord comme dans le midi. A Montmorency, du 5 juin au 18 août, il ne tomba que 26 millimètres de pluie, d'après Cotte. Les incendies se déve- loppèrent dans une proportion énorme depuis le commence- ment d'août. Un village entier dans le département de l'Eure, la forêt d'Haguenau, une portion de la Forêt .\oire devinrent la proie des flammes. Des myriades de sauterelles s'abatti- rent sur les cantons voisins de Strasbourg. Dans la nuit du 20 juillet, le tonnerre tomba sur l'ancien couvent des Augus- tins à Paris et y mit le feu. On constata dans le Midi beau- coup de cas de rage. Eu Bourgogne, l'année fut, dit M. Morelot, pluvieuse et froide; la vendange ne commença que le 25 septembre; la récolte du vin fut presque nulle et sa qualité médiocre. Il en fut de même dans le Midi , où les fruits se montrèrent cependant abondants à la suite d'une chaleur et d'une séche- resse aussi intenses que dans le Nord. La récolte des céréales fut insuffisante. 1802, Cet été fut très-chaud et extrêmement sec dans le nord, l'est et une partie du midi de l'Europe. En Hollande et dans une partie du Jutland la chaleur fut même tout à fait iusolite. Voici les plus hautes températures observées : Avignon, le IZi août 38°. 1 Vienne Autriche les 10 et 11 36 .9 — — vers le lu 37 .8 Paris, le 8 36 ./j 4o2 SUR L'ÉTAT TIIERMOMtTRIQUE Turin, lo 21 aoùl 35». 0 iMaostricht, le 9 35 .0 Genève Su .5 Rions ; le 9 o2 .5 Londres, le 30 27 .2 « La sécheresse de Tannée précédente, écrivait Messier, continue d'allliger l'Europe. Les plantes sont brûlées, l'herbe est séchée jusque dans ses racines; les fruits d'été et même ceux d'hiver sont compromis; les arbres sont en été dé- pouillés de leur feuillage; la vigne seule conserve ses pam- pres verts, n En Bourgogne la vendange commença le 20 septembre ; la récolte se montra faible, car une gelée, les 16 et 17 mai, avait fortement endommagé les vignes; mais la qualité du vin fut très-supérieure. La moisson fut insuffisante et le blé très-cher. En Angleterre la moisson fut une des plus abon- dantes que l'on eût vues dans les comtés. 1803. M juillet 18 .9 \% .(4 août 19 .0 18 .43 Moyenne. 19°. 7 Moyenne. 18° .27 ijuin 21" .4 16''.9 juillet 19 .1 18 .8 août 17 .9 18 .1 Moyenne. 19". -16 Moyenne. l7^9o juin 23° .0 22° .6 Auis (juillet 27.2 23.3 août 27 .7 25 .5 Moyenne. 26° .63 Moyenne. 24° .46 458 SUR L'ÉTAT THERMOMÉTRIQUE Pour Paris on compte : Chaleur forte 55 jours — trtis-forte 3 — Les maxima de température se sont ainsi distribués : Malines, en juillet 38° .8 Joyeuse, le 23 juin 37 .3 Mais , les lu et 23 36 .5 Liège 35 .0 Maestricht, le 11 juin 3/i .0 Paris, le 10 33 .8 Avignon , le li juillet 33 .3 Strasbourg 32 .5 La Chapelle, le 21 août 30 .7 Bruxelles, le 10 juin 29 .U Londres, le 10 27 .2 La belle saison se montra hâtive dans presque toute l'Eu- rope. On jouissait en Russie, dès les premiers jours de mai, d'un printemps magnifique. La chaleur devint ensuite exces- sive pour le climat et les fruits manifestèrent une précocité surprenante. En Angleterre la chaleur se montra si forte au commencement de juin que sur la seule route de Chelten- ham onze chevaux de poste succombèrent en une semaine. A Barcelone, en Espagne, on notait 30' le 1" juin. En Italie, la chaleur de l'été et la sécheresse furent considérées comme inouïes; la maturité du raisin anticipa de iO jours sur son époque ordinaire. La sécheresse fut très-grande en France durant la saison chaude : depuis le 21 août jusqu'au 26 septembre 1822 la Seine demeura presque constamment au-dessous du zéro du pont de la Tournelle. Dès le mois de mars , dans les campagnes du midi, on était embarrassé pour abreuver le bétail; on allait chercher l'eau à des distances considérables à dos de mulet. On éprouva au printemps dans ces contrées une température comme celle du mois d'août. La moisson était achevée dans le Languedoc avant le 23 juin : elle donna peu de gerbes, mais un grain très-serré. En Bourgogne l'année se signala par la beauté inaccoutumée du ciel. On commença la ven- dange le 2 septembre ; mais, au dire des vignerons , on eût pu vendanger dès le 15 août, et dans les environs de Yesoul ( Haute -Saône) on vendangea le 19 août. La récolte du vin fut assez abondante et de qualité tout à fait supérieure ; DU GLORH TERRESTRE. 459 celle des ci^réales fut moins abondante en général que dans les années précédentes. M. Tardy de la Brossj' a décrit ainsi dans la Bibliothèque iniireiselle de Genève les chaleurs qu'il a observées à Joyeuse: « Dans le mois de juin le mercure est monté huit fois au- dessus de 32°. 5, trois fois au-dessus de 35° et une fois, le 23, àSV^S. La moyenne des maxima du mois est de 32°. 2. Déjà en mai la température avait de beaucoup anticipé sur la saison ; mais dans toutes les parties de la France, et surtout dans les départements méridionaux , on a pu signaler comme exces- sives les chaleurs du mois de juin. Je puis dire, quant au lieu que j'habite, que je ne trouve dans mes registres aucun mois, aucune série de jours caniculaires, qui ne soit à cet égard de beaucoup au-dessous. Enfin, pour donner une idée exacte de cet excès de chaleur, je dirai que la moyenne de ce mois dépasse de 5 degrés celle de ce même mois pendant les dix années précédentes. La température singulièrement élevée de cette saison a été jointe à un état électrique très- prononcé de l'atmosphère. Il n'est presque pas tombé de pluie qui n'ait été accompagnée de tonnerre et quelquefois de grêle. Cette dernière a beaucoup endommagé les vignobles du bord septentrional et oriental du lac, et nombre de com- munes du canton de Vaud. » 182i. Cette année se signale ù, l'attention des météorologistes par quelques chaleurs vives dans le midi de la France. Voici un extrait du journal de M. Clos père : « Le 8 juillet, après une constitution orageuse et un peu pluvieuse, le vent d'est, qui se montre rarement à Sorèze, alterna avec le nord-ouest. Le 11 la chaleur parut excessive, mais elle fut surpassée par celle -\u 12. Dans cette journée plusieurs personnes moururent au milieu des champs, tant dans la plaine de Revel que vers Toulouse et dans d'autres pays. Le lendemain, l'atmosphère était louche et néanmoins le Soleil était très-ardent. Cette grande chaleur continua jusque dans la nuit du 18 au 19, où nous ressentîmes quelques secousses de tremblement de terre qui durent s'étendre loin, puisqu'on a appris (|ue Lisbonne craignit une catastrophe comme celle de 1755. Pendant cette nuit les vents se succédaient d'une manière bizarre et tumul- tueuse ; le ciel paraissait ombragé. La température extérieure fut de 37". 5 le 12 de ce mois. » {Méfèorologie du pays ton- loiisriin.) Dans cette contrée la récolte du blé fut abondante; celle du maïs et des pommes de terre médiocre. 460 SUR L'ÉTAT THERMOMÉTRIQU E Dans le nord de la France on eut de longues pluies et la température resta modérée. En Bourgogne, le temps se mon- tra inconstant, marqué d'alternatives de froid et de chaleur. La vendange s'ouvrit le 19 septembre; le vin fut très-médio- cre en quantité et en qualité. Dans le Bordelais, la récolle fut plus abondante, mais le vin parut dur et mauvais. On compte seulement pour Paris : Chaleur forte 26 jours. — extraordinaire 1 — Voici le tableau des plus hautes températures : Malines, en juillet 38° .8 Avignon, le 13 38 .0 Sorôze, le 12 37 .5 Pavie 37 .5 Paris, le IZi 35 .3 Maestricht, le l/i 3/i .6 Liège 33 .1 La Chapelle (près Dieppe), le IZi ... 32 .9 Strasbourg 32 .2 Marseille 30 .5 Bruxelles, le l/i 30 .0 Londres, le 13 juill. et le 1" sept. . . 26 .7 Les céréales donnèrent, en France, une récolte satisfai- sante. 1825. La chaleur de Tété de 1825 s'étendit sur la France, l'Italie, l'Espagne et même jusqu'aux États-Unis. La sécheresse fut malheureusement excessive dans notre climat. La Seine descendit, à Paris, au-dessous du zéro du pont de la Tour- nelle du 26 juillet au 17 août et du 28 septembre au 21 octobre. On compte pour Paris : Chaleur forte 37 jours. — très-forte 7 — — extraordinaire 2 — La moyenne de l'été fut de 18". 9. Voici les plus hautes tem- pératures qui se sont produites : Paris, le 19 juillet 36». 3 Maestricht, le 19 35 .7 Avignon, le 21 35 .0 DU GLOBE TERRESTRE. 4G1 Strasbourg 3!i .U Pont-de-Souillac, le 19 juillet 3'i .U Metz, les 18 et 19 3i .0 La Chapelle (près Dieppe), le 18 33 .5 Bruxelles, le 19 31 .3 Londres, le 19 30 .6 Marseille 30 .0 En Bourgogne, la saison fut chaude et entremêlée de petitei pluies très -favorables ii la vigne. Malheureusement la grêle étendit ses ravages de Dijon jusqu'à Chùlon. On vendangea à partir du 20 septembre et Ton obtint une petite récolte de qualité très-supérieure. Dans le Bordelais, les vins furent très- abondants, se vendirent à des prix énormes et ne devinrent pas bons en vieillissant. Les grains donnèrent encore en France, cette année, une moisson satisfaisante. 1826. A Paris, cet été fut aus.si chaud et aussi sec que le précédent ; mais dans des parties plus méridionales de la France, il y eut abondance de pluies, et la température ne se montra très- élevée que vers le nord. On compte ; Chaleur forte 36 jours. — très - forte 7 — — extraordinaire 2 — La moyenne de Tété est très-élevée: 20'. 7 ; celle du mois de septembre également: 17M. Voici le tableau des plus hautes températures observées : Maestricht, le 2 août 38 .8 Épinal, le 1" juillet 36 .5 Paris, le 1" août 36 .2 Metz, le 3 36 .1 Genève, le 3 3Zi .6 Strasbourg 34 .2 Bâle, le3 3li .0 Varsovie, en juillet 33 .8 Avignon, le 2 33\0 Liège 32 .5 Bruxelles, le 2 août 31 .3 Londres, le 27 juin 30 .8 Marseille 30 .2 La Chapelle (près Dieppe], le 2 août. 30 .1 462 SUR L'ÉTAT THERMOMÉTRIQUE En Suède et en Danemark, les clialeurs excessives combi- nées avec une séclieresse prolongée amenèrent des sinistres agricoles. On écrivait de Stockholm , le 27 juin : « Toute espérance de récolte a disparu pour nous. Les jardins sont sans fruits et presque sans feuillage; les champs n'offrent plus trace de verdure; les épis, brûlés par l'ardeur du Soleil, dépérissent visiblement. A ce triste spectacle vient se join- dre, depuis trois jours, l'obscurcissement répandu sur l'ho- rizon par des nuages de fumée produits par l'incendie de deux forêts situées Tune à deux milles, l'autre à trois milles de notre capitale. » La sécheresse devint aussi très -intense dans le nord de la France. A Paris, la Seine demeura au-dessous de son zéro du 2 août au 7 septembre; à la fin de septembre, elle redes- cendit au zéro et y resta quatorze jours. « Dans le Languedoc, dit le docteur Clos, nous eûmes un printemps d'abord sec et froid, puis froid et humide. Juillet et août se montrèrent chauds sans être secs à proportion. La moisson fut peu abondante; les pluies provenant des orages d'été gâtèrent nos gerbiers. La récolte du maïs fut bonne, celle du vin mauvaise. » En Bourgogne, on éprouva une cha- leur très -forte; les raisins furent en partie grillés et attaqués par les vers et l'on ne vendangea que le 2 octobre. La récolte de vin fut néanmoins abondante, mais avec goût de pourri. L'année donna une bonne moyenne en céréales. 1830. Un petit nombre de jours de chaleur forte qui se sont suc- cédé à la fin de juillet et au commencement d'août 1830, ont valu à cet été, dans le public, une notoriété qu'il est loin de justifier aux yeux des météoi^ologistes. On compte seule- ment à Paris : Chaleur forte 19 jours. — très - forte 1 — Et la moyenne de l'été ne fut que de 17°. 3, c'est-à-dire d'un degré plus faible que la moyenne générale de cette saison. Voici les degrés de température observés à Paris pendant la série de jours chauds: le 23 juillet, 26''.2; le 2/i, 26''.3; le 25, 23". 7; le 26, 26". 0; le 27, 27°. 7; le 28, 30". 8; le 29, 31°.0;le30, 29».5; le 31, 2Zt''.5; le 1" août, 27°.5; le 2, 25°.0; le 3, 2^".7 ; le U, 28».0; le 5, 26".2. Les chaleurs néanmoins ont été assez intenses dans quelques DU GLOBE TERRESTRE. IGJ stations méridionales, et les niaxirna de cette année se sont ainsi distribués : Orange, en juillet ZiO" .2 Avignon, le 16 36 .5 Genève, le 5 août 3'2 .7 Maestricht, le 30 juillet 3i .Zi Strasbourg 31 .2 Marseille 31 .2 Paris, le 29 31 .0 Metz, le 28 31 .0 Liège, le 30 29 .9 Londres , le 30 29 .9 La Chapelle (près Dieppe) , le 28. . . 28 .3 En Bourgogne, l'année 1830 se montra pluvieuse, surtout en juin au moment de la floraison de la vigne ; la vendange ne commença que le 28 septembre et la récolte du vin fut presque nulle, mais de qualité passable. La moisson des céréales fut peu abondante. 1832. L'été de 1832 se montra, sous le rapport de la chaleur, le plus remarquable depuis celui de 1826. On compte pour Paris : Chaleur forte 31 jours. — très-forte 6 — — extraordinaire 1 — La moyenne estivale fut de 19°.2. Les plus hautes tempéra- tures se sont ainsi réparties : Avignon, le 11 août 36". 5 Genève, le 22 35 .2 Paris, le 13 35.0 Marseille 3/i . 4 Milan 3-'i .4 Maestricht, le 14 juillet 32 .3 Strasbourg 31 .9 Metz, le 13 août 31.5 Liège, le 14 juillet 30.1 La Chapelle fprès Dieppe), le 9 août. 27 .7 Londres, le 10 27 ,7 Bâle, le 12 juillet 27 .1 L'été fut sec à Paris; la Seine, à la fin de septembre. 464 SUR L'ÉTAT TIIERMOMÉTRIQUE demeura une quinzaine do jours au-dessous de zéro. Dans la Bourgogne, on éprouva de grandes vicissitudes atmosphéri- ques: la vendange ne s'ouvrit que le li octobre, la récolte du vin fut peu-abondante et de seconde qualité. La moisson des céréales se montra très -satisfaisante dans toute la France. 83Ù. Cette année, sans être remarquable par des chaleurs vives, se distingue par une température moj'enne, printanière et esti- vale, très -élevée dans toute la France. La végétation se montra précoce et il tomba, en différents lieux, des pluies d'une distribution très -favorable aux cultures. On compte à Paris : Chaleur forte /i3 jours. — très-forte 3 — La moyenne de l'été, 20°. ii5, est la plus haute de ce siècle après 1826, 1862 et 18^6. La sécheresse fut très-grande en août et la Seine descendit, le 16 de ce mois, à O^.OS au-dessus des basses eaux de 1719. Les maxima de 1834 se sont ainsi répartis : Avignon, li juillet 35° .0 Genève, le 18 Si .5 Liège 33 .5 Metz, le 12 33 .0 Strasbourg 32 .8 Paris, les 12 et 18 32 .6 Marseille 31 M Lyon, en juillet 31 .3 Bruxelles, le 19 31 .1 La Chapelle (près Dieppe), le 21 juin . 30 .6 Londres, le 17 juillet 30 .U Bàle, le 18 27 .1 Dans le midi, la température, modérée par des pluies abon- dantes, se montra très-douce. En Bourgogne, cette année est restée célèbre par la qualité supérieure de son vin. On ven- dangea dès le 15 septembre. Cette précieuse récolte fut néan- moins médiocre pour la quantité. Il en fut de même dans le Bordelais. Dans presque toute la France la moisson fut belle. 1835. On compte cette année à Paris : Chaleur forte Zil jours. — très- forte 10 — bU GLUBE TERRESTRE. 465 La moyenne estivale y fut de 19°.2. Les plus hautes températures se sont ainsi distribuées : Avignon, 31 juillet 35". 0 Alost, 9 juin 35 .0 Paris, 23 juillet 3Zi .0 Rouen, les 23 et 2i 3û .0 Metz, le 18 33 .0 Genève, le 16 32 .5 Marseille 31 .9 Lyon, en août. 30 .8 Bruxelles, les 11 juin et 12 août 29 .8 Londres, le 28 août 28 .9 La Chapelle (près Dieppe), le 11 28 .8 Bùle, le 17 juin 26 .0 La chaleur et la sécheresse furent remarquables en Nor- mandie, les pluies en Bourgogne. La vendange ne commença dans cette dernière contrée que le 5 octobre ; la récolte du vin fut abondante, mais de médiocre qualité. La moisson de céréales se montra satisfaisante. 1836. L'été de cette année est mémorable par la constitution ora- geuse du mois de juin et du commencement de juillet et le nombre des accidents funestes produits par la chaleur dans le midi de la France. En Danemark, en Prusse, en Espagne, on a noté aussi des effets remarquables de la température. On compte pour Paris : Chaleur forte 30 jours, — très-forte 7 — La moyenne estivale y fut de 18". 9. Les maxima se sont ainsi distribués : La Rochelle, Zi et 5 juillet 39°. 0 Avignon , le 5 36 .6 Toulouse , le 3 36 . 1 Paris , le 1" 3Zi .3 Rodez , en juillet 33 .8 Genève , le 12 juillet 33 .4 Marseille 32 .8 Alost, le 6 32 .1 Bordeaux , le /i 31 .0 Bruxelles, le G 30 .1 VIII. -V. 30 406 SUR L'ÉTAT THERMOMÉTRIQUE Metz, le '2/t juin 29\8 Londres, le U août 29 M La Chapelle (près Dieppe), le 5 juillet. 29 .2 Louvain , le 6 28 .8 Bùle, le 12 26 .0 A Toulouse, du 15 juin au 3 juillet, le thermomètre s'est constamment tenu au-dessus de 30" et nombre de chevaux sont morts sur les routes. A La Rochelle, plusieurs personnes et des animaux doiiK'stiqwps succombèrent. Aux environs de Perpignan des moissonneurs furent asphyxiés dans les champs ; eu Espagne, dea soldats périrent dans Une marche. La sécheresse était intense à Paris au mois d'août; la Seine descendit ù, O^.SO au-dessous des basses eaux de 1719. On obtint dans le Midi une récolte moyenne de vin d'une qualité assez bonne. Les vendanges ne commencèrent en Bourgogne que le 6 octobre. La moisson des céréales fut mauvaise cette année. 1839. Cet été fut extraordinairement sec et marqué par des cha- leurs vives dans le Midi de la France; pluvieux et d'une température modérée dans le Nord. On compte pour Paris : Chaleur forte 34 jours. — très- forte 5 — La moyenne estivale fut dans cette ville de 18<>.37. Les maxima connus sont : Toulouse, en juin 38". 5 Avignon , le 3 août, t 38 . 0 Pesaro (Italie), 28 juin 35 .6 Dijon , en juillet 33 .9 Genève, le 15 33 .9 Alost , le 18 juin 33 .6 Metz, le 18 33 .4 Gand, le 18 33 .4 Paris, le 17 33 .3 Bruxelles, le 18 32 .9 Marseille 31 .5 Louvain , le 18 31 .4 Londres, le 8 et le 20 29 .4 La Chapelle ( près Dieppe], le 17. . . . 28 .0 Angers , le 7 juillet 27 .6 DU GLOBE TERRESTRE. 467 La vendange ne commença en Bourgogne que le 30 sep- teml)re; la récolte du vin fut très-médiocre par suite des gelées du mois de mai, et celle du froment en déficit sur les besoins. (AI. Becquerel dans les Mémoires de la Société cen- trale d'agriculture pour 1853.) 1840. On compte cette année, à Paris: Chaleur forte Uk jours. — très- forte 3 — La moyenne estivale y fut de IS^.S. Les plus hautes températures se sont ainsi distribuées : Tours 38" .0 Toulouse , en juin 36 .0 Paris , le 6 août 33 .0 Dijon, en juillet 32 .5 Alost, le 9 juin 31 .3 Genève, le 22 31 .2 Gand, le 2 30 .0 Marseille 29 .9 Metz, le 2 29 .5 Angers, le 15 juin et le 30 août 29 .0 Londres, le 1" juin 28 .3 Bruxelles , le 2 27 .5 Louvain , le 2 septembre 27.3 La Chapelle (près Dieppe), le 6 août. 27 .2 Dans une partie du Midi , la constitution de l'été se montra orageuse. Plusieurs vaches succombèrent au labour par l'effet de la chaleur. La moisson du blé fut en excédant sur les besoins , d'après M. Becquerel . et la récolte du vin fut moyenne en quantité et d'assez bonne qualité. Les vendanges commencèrent en Bourgogne le 25 septembre. 18^1. Cet été a été en France le plus froid depuis le commencement de ce siècle après celui de 1817, et ce fut une année de déficit des récoltes. En Italie, au contraire, on a ressenti des cha- leurs d'un caractère tout à fait exceptionnel. Léopold Pilla les a décrites ainsi dans une lettre adressée à M. Élie de Beaumont : « Nous avons éprouvé, la semaine dernière, une chaleur étouffante, dont on n'a pas eu d'cxenqjle à Naples de mé- moire d'homme. C'était une température africaine que nous 468 SUR L'ÉTAT THERMOMÉTRIQUE apportait un vent siroco (iiii remplissait notre beau ciel d'un air sombre et caligineux. Cette température a duré surtout pendant deux jours et demi, le 16 et le 17 juillet, et le 18 jusqu'à, midi. Dans la journée du 17, le thermomètre placé à l'ombre au nord, a marqué à deux heures et demie, 38°. 8; le mèm;' instrument, placé uu soleil , est monté à 50°. Yous pouvez ( (.:icevoir quelles souffrances devait produire cette chaleur libyenne. Tout le monde s'accorde à assimiler l'im- pression de l'air dans ces journées au reflet d'un grand four- neau ; il y avait des instants où l'on croyait être suffoqué par les bouffées de clialeur. Le meilleur remède pour s'en garan- tir était de rester à la maison, les croisées bien fermées. Le matin du 18, j'allai avec M. Melloni et d'autres amis, par mer, au cap de Pausilippe, pour nous rafraîchir un peu ; le ciel était serein, mais le Vésuve était environné d'un air calig'ineux et triste, qui se faisait surtout remarquer dans la vallée de l'Atrio del Cavallo. L'action de ce vent a causé de grands dommages aux campagnes; les fruits des vignobles qui sont au pied du Vésuve ont été séchés, de manière que la récolte est perdue... La température étouffante dura jus- qu'à midi du 18 , puis l'air se rafraîchit par un vent du N.-O. « Le bruit court qu'en Sicile la chaleur a été plus forte encore, et cela devait être ; ou dit qu'à Palerme elle s'est élevée à Zi3''.75. » Les vendanges commencèrent en Bourgogne le 27 sep- tembre. 1842. L'été de cette année a été le plus chaud de la première partie de ce siècle, surtout sous le climat de Paris et dans le Nord. Il fut aussi très-sec, car il ne tomba à l'Observatoire que 65 millimètres d'eau, c'est-à-dire 107 de moins que dans l'été moyen et la Seine descendit au-dessous du zéro du pont de la Tournelle plusieurs jours en juillet, août, septembre et octobre. On compte pour Paris : Chaleur forte 51 jours. — très-forte 11 — — extraordinaire U — La température moyenne de la saison fut à Paris de 20». 75, c'est-à-dire de 2". 45 supérieure à la moyenne. La tempéra- ture de juin l'ut supérieure de 3» à la moyenne, celle d'août de 4". « AToniouse, l'été de 1842 a été, d'après les obser- vations de M. Petit, relativement moins chaud qu'à Paris, car DU GLOBE TERRESTRE. i&O les moyennes de ses trois mois ne sont supériourcs que d'un degré environ aux moyennes générales. D'une manière abso- lue le thermomètre s'est aussi élevé moins haut, car il n'a pas dépassé 34°. A Genève, la moyenne de juin d842 fut de 1°.5 supérieure à la moyenne générale; celle de juillet fut deO". Zi6 au-dessous, et celle d'août de 0". 30 au-dessus. On voit donc qu'à Genève comme à Toulouse, cet été ne présenta rien de remarquable sous le point de vue de la chaleur, A Genève , le thermomètre ne s'éleva même jamais au-dessus de 31"; mais dans le nord de la France, la chaleur fut réellement tout à fait exceptionnelle. » (Martins.) \oici le tableau des plus hautes températures observées : Paris, le 18 août 37° .2 Agen , le U juillet 37 .0 Bordeaux, le 16 SU .8 Toulouse , le 17 3i .fi Louvain, le 11 juin 32 .8 Angers, le 17 août 32 .8 Bruxelles , le 18 32.6 Metz, le 19 32 .5 La Chapelle (près Dieppe), le 18 32 .3 Gand , le 19 août. 32 .2 Genève, le U juillet 30 .9 Londres, le 19 août. 30 .0 Le Havre 30 .0 Marseille 29 .8 Calais, le 19 27 .0 Divers accidents produits par la chaleur ont été signalés. Le feu prit aux roues de plusieurs malles de la poste. A Ba- dajoz, en Espagne, trois laboureurs succombèrent le 28 juin; une dame mourut suffoquée dans une diligence. A Gordoue plusieurs moissonneurs périrent asphyxiés et divers cas de folie furent attribués à la même cause. En Bourgogne la vendange s'ouvrit le 21 septembre; la ré- colte du vin fut abondante et de première qualité ; mais plus à Test, dans le Doubs, par exemple, la quantité fut moindre. (Contejean.) Dans le Bordelais la qualité fut faible. La récolte des céréales fut au-dessous de celle d'une année moyenne. 18i6. La température de cet été fut très-remarquable et l'on 470 SUR L'ÉTAT THERMOMÈTRIQUE éprouva des chaleurs intenses en France, en Belgique, en Angleterre. On compte pour Paris : Clialour forte US jours. — très-forte 9 — — extraordinaire 2 — La moyenne température estivale fut de 20o.63, c'est-à-dire de 2°.33 supérieure ù la moyenne générale; la moyenne de Bruxelles fut encore plus élevée , d'après les observations de M. Quetelet, et s'éleva à 21°. 1. Les maxima de cette année se présentent dans l'ordre suivant : Toulouse, le 7 juillet ZiO" .0 Quimper, le 19 juin 38 .0 Rouen, le 5 juillet 36 .8 Paris, lo 5 36° .5 Orange, le 13 36 .5 Angers , le 29 35 .0 Metz, le 1" août 34 .8 Pau, le 6 juillet 33 .U Gœrsdorff , le 1" août 31 .6 Genève, le là juillet 31 .6 La Chapelle (près Dieppe), le 5 Si M Saint-Lô, le 6 juin 30 .9 Bruxelles, le 27 juin 30 .6 Dijon , le 31 30 .2 Rodez , le 21 28 .0 Cracovie, le 10 juillet 27 .9 M. Preisser écrivait de Rouen : « L'été de 18/i6 a été très- chaud, et le thermomètre s'est élevé à une hauteur qu'il atteint bien rarement dans nos contrées. » Des accidents ont été signalés en Bretagne. A la foire de Pont-de-Croix , plu- sieurs personnes ont eu des syncopes occasionnées par la chaleur: à Beuzec une petite fille, laissée imprudemment exposée au soleil, est morte en quelques minutes. La tem- pérature de juin fut également excessive à Toulouse, Toulon et Bordeaux. Dans les Landes on obtint une seconde récolte de seigle. Aux environs de Niort , au commencement de juillet , trois laboureurs expirèrent sur leur sillon. Les vendanges s'ouvrirent en Bourgogne le Ik septembre ; on n'obtint qu'une demi-récolte , mais de qualité très-supé- DU GLOBE TERRESTRE. 474 rieure, La récolte des céréales fut encore oette année de beaucoup au-dessous de celle d'une année moyenne. 1847. L'été de 18û7, quoique bien plus rapproché de la moyenne que le précédent sous le climat de Paris , se montra précoce dans le Midi, magnifique en Italie et en Espagne, et, depuis rirlande jusqu'à Gibraltar, tellement propice aux cultures, que toutes les récoltes dépassèrent do beaucoup l'année com- mune. On compte pour Paris : Chaleur forte 39 jours. — très-forte 1 — — extraordinaire 1 — La moyenne estivale de Paris fut de IS'.fi; chiffre sensi- blement égal à la moyenne générale 18'.3. Voici le tableau de la distribution des maxima : Toulouse , le 16 juillet 38" .2 Orange, le 11 37 .5 Béziers 37 .0 Angers, le 17 38 .0 Bordeaux, le 17 35 .8 Versailles, le 17 35 .5 Paris, le 17 35 .1 Constantinople, le 7 août 33 .4 Dijon , le 18 juillet , , . 33 .2 Metz, le 18 33 .2 Pau, le 16 33 .0 Rouen, le 17 32 .8 Genève , le 18 32 .4 Bruxelles, le 17 32 .1 Marseille . le 15 31 .9 Gœrsdorfif, le 18 31 .4 Rodez, le 16 31 .3 Cambrai , le 2 août. . , 31 .0 La Chapelle, le 23 mai 29 .3 Bourg, en juillet 26 .1 L'excédant sur les besoins de la récolte du froment monta en France au chiffre énorme de 20,913,041 hectolitres, d'a- près M. Becquerel. La vendange ne s'ouvrit en Bourgogne que le 4 octobre ; le vin fut abondant mais de qualité faible. Il en fut de même dans le Bordelais. 472 SUR L'ÉTAT TIIERMOMÉTRIQUE 18Zj9. On éprouva des chaleurs très-fortes dans le Midi, et le maxi- mum d'Orange est la température h l'ombre la plus élevée qui ail été éprouvée en France. On compte seulement pour Paris : Chaleur forte 32 jours. — très-forte 2 — La moyenne estivale fut de 18°. û, d'un dixième de degré seulement au-dessus de la moyenne des étés; mais les mois de mai et de juin se montrèrent notablement chauds, et l'on observa dans le Midi des chaleurs très-vives au commence- ment de l'été. Voici le tableau des températures les plus hautes : Orange, le 9 juillet Ui" U Toulouse, le 23 juin 37 .6 Bordeaux, le 7 juillet 3Zi .6 Gand Hk M Metz, le 8 juillet 33 .6 Versailles , le 8 33 .3 Dijon, le 8 33" .1 Constantinople , le Ik juin 33 .0 Rouen, le3 32 .9 Bruxelles, le 9 juillet 32 .8 Marseille, le 25 juin 32 .3 Genève , le 12 juillet 32 .2 Paris, le 1" juin ■ 32 .0 Gœrsdorff , le 9 juillet 31 -Zi Angers , le 5 juin 30 .5 Rodez , le 23 juin et le 8 août 30 .0 Cherbourg, le 7 juillet 29 .9 Bourg 27 .7 La récolte du blé fut de beaucoup supérieure à celle d'une année moyenne; la vendange s'ouvrit en Bourgogne le 27 septembre, et le vin fut bon. 1852. L'été de 1852 a été remarquable sous le rapport de la cha- leur en Russie, en Angleterre, en Hollande, en Belgique, en France. On compte pour Paris : Chaleur forte 30 jours. — très - forte 6 — — extraordinaire 1 — DU GLOBE TERRESTRE. 473 La moyenne estivale fut à Paris de 19". 33, d'un degré plus élevée que la moyenne générale. La moyenne de juillet fut de 22°. 5, de trois degrés plus forte que la moyenne de ce mois; on éprouva une succession insolite de chaleurs vives : le 9 juillet, 3l°.l; le 10, SS'-.ô; le 11, Sl'-.O ; le 12, 32''.5; le 13, 33°. 8; le 14, 3^,2; le 15, 3Zi\2; le 16, 35M. Les plus hautes températures se sont ainsi distribuées en Europe : Constantinople, le 27 juillet 38". 5 Rouen, le 5 36 .1 Versailles, le 16 35 .7 Orange, le 25 août 35 .3 Dunkerque, le 7 juillet 35 .7 Paris, le 4 6 3o .1 Verviers, le 18 35 .1 Londres, le 12 35 .0 Vendôme, le 16 35 .0 Oran (Algérie), le 5 août 35 .0 Saint-Étienne, le 16 juillet 35 .0 Saint- Trond ( Belgique), le 17 3û .7 Toulouse, le 11 juillet 3!i A Périgueux, le 16 3U .0 Namur, le if 33 .7 Kemours, le 16 33 .6 Munich, le 17 33 .5 Stavelot (Belgique), le 18 33 .3 Bordeaux, le 16 33 .0 Gand, le 10 33 .0 Liège, le 17 33 .0 Amsterdam, le 12 33 .0 Dijon, le 17 32 .9 Bruxelles, le 16 32 .7 Angers, le 12 32 .5 Gœrsdorff, le 17 32 .4 Château -Thierry, les 12 et 13 32 .0 Marseille, le 17 31 .7 Genève, les 15 et 17 31 .6 La Flèche, le 12 30 .5 Oviédo (Espagne), le 3 29 .0 Rodez, le 11 28 .5 D'après le Morning-Âdvertiser, le 10 juillet le therrao- 474 SUR L'ÉTAT THERMOMÈTRIQUE mètre Fahrenheit marquait au Soleil 102° (38°.8 centigr.) et 95° (35" centigr.) à rombrc; pendant une semaine, le terme moyen a été", au soleil, 103o (39°.5 ), et le 12 le même ther- momètre atteignit lil°.l. A Amsterdam , un thermomètre exposé :\ la réverbération monta, le 12 juillet, à 39°. 0. A Alphen, près de Leyde, deux paysans, aspliyxiés par la cha- leur, furent trouvés morts dans un champ; à Alicmacr, un chautteur de machine i\ vapeur fut frappé d'aliénation men- tale après une congestion produite par l'insolation. Dans le centre de la France, le thermomètre resta plus de dix jours au-dessus de 30°. Beaucoup d'animaux domestiques succom- bèrent au travail. A Madrid, on souffrit beaucoup de la cha- leur. A Thourout, en Belgique, le 11 août, on vit tomber une grêle désastreuse ; beaucoup de grêlons pesaient 75 grammes et avaient de 7 à 8 centimètres de diamètre. En France, la moisson eut lieu généralement un peu après la mi -juillet et fut satisfaisante pour la quantité. En revan- che, la vendange ne commença que dans les premiers jours d'octobre ; la récolte du vin se montra faible dans beau- coup de vignobles et de mauvaise qualité, 1857 *. L'été de 1857 fut plus chaud que la moyenne en France et présenta presque partout des chaleig's intenses en juillet et août. La moyenne estivale fut, d'après les observations de l'observatoire de Paris, de 19". 38. Les chaleurs se sont ainsi distribuées en France pendant la période chaude de notre climat, d'après les tableaux météorologiques publiés mensuel- lement dans le Journal d'agriculture pratique : «OMDRE DE JUURS DE CHALEDR Latitude. Loniritude. Altitude, forte. , . j- • ° forte, ordmaire. Lille SOoSQ'N. OoiS'E. 24 41 4 1 Hendecoart 50 i7 0 20 0. 81 38 2 0 Clermont 49 93 0 5 E. 86 Ik 32 9 Metz 49 7 3 50 182 54 8 2 Gœrsdortr 48 57 5 26 2i28 42 5 0 Paris 48 30 0 0 65 44 4 1 Marboué 48 7 10 0. HO 36 < 0 Vendôme 47 47 4 16 85 49 6 0 Nanles 47 13 3 33 44 65 12 0 La Châtre 46 35 0 21 233 54 s I Boorg "46 12 2 53 E. 247 53 12 3 I. Les été» de 1857 et 1858 sont placés à la fm de cette tabtc (les été» mémombles pour montrer comment elle peut être prûlongée dans l'avenii-, selon les idées de M. Arago. DU GLOBE TERRESTRE. 475 Saint-Léonard. Le Puy Cordeaux Orange Beyrie Régasse Toulouse Montpellier. . .. Marseille Alger 450 50' 49 0 44 50 44 8 43 42 43 40 43 37 43 37 43 iS 36 47 N. OoSO'O. 3 6i E. i 55 0. ■2 28 E. 3 6 0. 3 48 E. 0 54 0. 1 32 3 2 E. 0 44 437 630 7 45 60 5I."> 1'J8 30 4G 4 54 44 58 66 56 56 62 68 60 <09 5 6 HO 23 n iô i2 29 2 7 Voici les plus hautes températures observ Montpellier, le 29 juillet Orange, le 18 Les Mesneux , le Zi août Toulouse, le 27 juillet Clermont, les Ih et 15 juillet et le 3 août Beyrie, le 15 juillet Blois, en août La Chapelle d'Angillon, en août Paris, le Zi Tours, en août Sétif (Algérie ), en juillet Bourg, le U août Metz, le 4 La Châtre, le h Lille, le Zj Rousson, en juillet Régusse. les 30 et 31 juillet Alger, le 9 septembre Gœrsdorff, le à août Vendôme, le 3 Le Puy, le 28 juillet Nantes, le 3 août Rodez, en juillet Hendecourt, le U août Saintes, le 3 Bordeaux, le 15 juillet, le 3 août Marseille, le 30 juillet Saint- Léonard, le 29 Marboué, les 15 juillet, U août Bruxelles, l" août ees : 38'. 6 38 .3 37 .0 36 .8 36 .8 36 .6 36 .5 36 .5 36 .2 36 .0 35 .8 35 .6 35 .6 35 .2 35 .0 35 .0 35 .0 3Zj 3li 3Zi oU 3Zi oo .i> 33 .0 32 .5 32 .0 31 .8 31 .5 31 .3 30 .2 Le tableau suivant montre la distribution des maxima de chaque mois dans les stations précédentes : 476 SUR L'ÉTAT THERMOMÉTRIQUE Sont le 27.. les 27 et 28 le 28 le 30. . Le rny 29.0 Toulouse...^ 31.6 Oraiige 33.6 IMoiitpollior.. 33.8 Bordeaux. .. 31.0 Nantes 33.0 / Ili'susse 29.0 Hcviie 3J.4 Si-Léonard.. 29.0 Bourg La Cliàire... Vendôme . . . Marboué Paris fiœrsdorfr. . . Metz Les Mesneux Clerraont.... Hendecourt.. Lille Alger ■; 30.0 31.0 32.0 29.6 29.4 29.1 31.0 32.0 357 29 0 31 4 30.0 1858. .IniLET le 6... UeM5 le 15. le 16... le 18... le 19... le 21... le 27... le 28... I le 29.. . I le 30... 30 et 31 degrés. Alger 32.0 Clermont. .. 3G.8 Beyrie 3G.6 Bordeaux. . Vendôme. . Marbouc. . . Paris Metz Les Mesne:! Hcndecotirt Lille La Cliatre. Orange 38.3 Nantes 33.5 Bourg 33.0 Toulouse.. . 36.8 Le Puv 34.2 32.0 32. S 31.3 31.5 33.2 .34.4 31.0 33.0 33.6 AonT le 1er. le 2... 2, 4, '■> 2 et 3 le 3., degrés. Montpellier. . 3G.4 Le Puy 32.2 r.('gu.sse 34.0 Orange 37.0 / Marseille 30.0 Deyrie 3G.o Bordeaux. .. 32.0 Saintes .32 5 Nantes 34.0 3 et 4 Gœrsdorff. . . Montpellier. St-Lconard. Marseille... Régusse. . . 31 .38.6 31.5 31.8 35.0 : le Venlôme Clermont M.nboué Paris Toulou.se — St-Lconard.. Bourg La Cbàtre. . . Gmr.sdorff. . . Metz Les Mesneux Hendecourt.. Lille 34.4 368 30.2 36.2 35.5 31.5 35.6 35.3 34.4 356 37.0 33.0 35.0 On voit nettement, par ce tabloau, qu'il y a eu, en 1857, trois courants distincts de chaleurs estivales. Le premier passe le 27 juin sur lesstations les plus élevées et sur les plus méri- dionales de la France et parvient, le 28, à notre frontière sep- tentrionale; le second parcourt le nord -ouest du ih au 16 ; le troisième, et le plus intense, ii marche lente et successive, s'étend du midi au nord dans l'intervalle compris entre le 27 juillet et le U août. Cet été fut d'une sécheresse extraordinaire (iuns la plus grande partie de la France; heuroiisement, dans le milieu d'aûtit, il tomba, sur un grand nombre de points, des petites pluies bienfaisantes. La Seine, à Paris, est restée au-dessous du zéro de l'échelle du pont de la Tournelle pendant plu- sieurs jours en juillet, août et septembre. En Bourgogne, on a commencé à vendanger le 16 septembre et la récolte a été passable en quantité et bonne en qualité. Les céréales ont offert, en général, une bonne moyenne. Cet été s'est signalé par une grande sécheresse et des cha- leurs prolongées plutôt qu'intenses dans l'Angleterre, la Bel- gique , le centre de la France, une partie du Midi et de l'Al- gérie. Il a été moins chaud dans le nord que celui de 1857 et plus chaud dans le midi. Voici le tableau de la répartition DU GLOBE TERRESTRE. 477 (les températures élevées pour la France et sa colonie depuis avril jusqu'à la lia de septembre : NOMBRE DE JOURS DE CHALEUR forto. très-forte. eztraord. Lille 2â 9 1 Henderourt 27 5 1 Clermout 69 13 3 Les Mesneux 29 17 4 Metz iu J7 i Gœrsilorlî A2 5 0 Paris 26 3 0 Vendùiiie 48 9 3 Nantes 64 6 0 La Cliùlre 53 3 2 Bourg 53 7 0 Le l'iiy 47 3 0 Saim-Léonani 36 1 0 Bordeaux 61 3 0 Orange 66 27 8 Beyrie 59 3 0 Régusse 76 5 0 Toulouse 70 ii 0 Moni|)ellier 81 .'»7 21 Marseille fcO 2 0 Alger 105 24 3 Les chaleurs les plus remarquables se sont produites en France du 13 au 20 juin; elles se sont fait sentir le 13 sur les stiitious élevées, ont atteint leur maximum le 15 dans un grand nombre de points depuis Lille jusqu'à Bordeaux et, du 19 au 20, ont acquis une intensité extrême dans les alentours de Montpellier. Du 14 au 16 juillet et du 12 au 18 août il s'est encore produit des maxima élevés quoique moins forts que ceux de juin, à l'exception du Var, de Vaucluse et de la Haute-Garonne, qui ont eu leur plus haute température en juillet. Voici le tableau de la répartition des maxima ex- trêmes : Montpellier, le 20 juin 38". 3 Orange, le 19 juillet 38 .3 La Planchaie, en juin 38 .3 Les Mesneux , le 15 juin 37 .5 Alger, le 25 juillet 37 .1 Sétif , en juillet 37 .0 La Chap-^lle d'Angillon , <^n juin 37 .0 "Vendôme, le 15 juin 30 .1 ns SUR L'ÉTAT THERMOMÉTRIQUE Tours , ou juin 36". 0 Clormout . le 16 juin 35 .8 Lillo, le 15 35 .5 Metz ; le 15 35 .0 Hendecourt , le 15 35 .0 Londres , le 16 34 .9 Gevrolles, en juin 34 .8 Toulouse , le 14 juillet 34 .6 Rousson , eu juillet. 34 .5 Nantes, le 15 juin 34 .0 Beyrie, le 2 34 .0 Bourg, le 15 33 .3 Gœrsdorff , le 45 32 .6 La Châtre , le 16 32 .5 LePuy, le 13 32 .3 Régusse, le 19 juillet 32 .0 Paris, le 3 juin 32 .0 Bordeaux , le 15 31 .5 Saintes, en juin 31 .5 Marseille, le 19 31 .4 Saint-Léonard, le 15 31 .0 Rodez , en juin 29 .5 La sécheresse, désastreuse pour l'élève du bétail, a été très-grande dans presque toute la France pendant le prin- temps et la moitié de Tété ; durant le mois de juin le ciel a été d'une pureté remarquable; mais de petites pluies en juillet et des orages nombreux en août ont atténué en partie pour le nord l'aridité des prairies causée par un manque d'eau remontant à l'année précédente. La moisson terminée le 1" juillet dans une grande partie du midi et le 1" août dans le nord a "donné une récolte moyenne pour la quantité, assez belle pour la qualité ; les céréales de printemps ont seules présenté un déficit. Les diverses espèces de légumes et de fruits ont été très- abondantes. Les vendanges, commen- cées en Bourgogne le 18 septeml)re, ont donné une récolte remarquable tant pour la quantité que pour la qualité. La température s'est maintenue douce si longtemps que beau- coup d'arbres ont fleuri deux fois, particulièi-ement les châ- taigniers, et ont formé de nouveaux fruits après la récolte ordinaire faite beaucoup plus tôt que de coutume. DU GLOBE TERRESTRE. 479 L'examen attentif des faits consignes dans la table précédente démontre à tout esprit non prévenu que le climat de l'Europe ne s'est aucunement détérioré depuis le commencement de l'ère chrétienne; on retrouve dans le dernier siècle ou dans la première partie de celui-ci les mêmes phénomènes de chaleurs intenses, des récoltes également précoces, des étés d'une grande ardeur distri- bués à des intervalles inégaux, sans doute, mais à peu près semblables. D'un autre côté, il est arrivé autant de fois dans le passé que dans le présent que des étés ont été extraordinaire- ment froids et ont suscité les plaintes des contemporains, désolés de voir les chaleurs bienfaisantes de la saison estivale presque remplacées par des frimas. On en jugera par la table suivante, qui renferme les étés qu'on peut appeler des étés froids et ceux dans lesquels se sont pro- duites des gelées intenses. 820. Vété de cette année fut remarquablement froid, au rapport d-Eïinhard. Il tomba des pluies abondantes et continues qui amenèrent l'inondation des campagnes par suite du débor- dement des rivières, notamment de la Gironde, à Bor- deaux. Les grains et les légumes , détériorés par l'humidité, ne purent se conserver sans pourrir, et le vin, dont la récolte avait été très-médiocre, fut, par l'effet du manque de cha- leur , acide et tout à fait dépourvu de saveur. Une maladie contagieuse, occasionnée par ces intempéries, sévit sur les hommes et sur la race bovine; aucune partie de la Gaule ne fut épargnée par ce fléau et, pour comble de misère, le dé- bordement des eaux empêcha dans plusieurs contrées de faire les semailles d'automne. {E inhardi annales dansPertz, Munumenta Germanix hiatorica.) S)!x!x. Au commencement du mois de mai de cette année les vignes furent séchées par la gelée et la pluie fut constante pendant i%0 SUR L'ftTAT THERMOMÉTRIQUE la saison d'été. [Chroniques du moine de Saint-Gall, de Saint-Maixent et d'Angers.) 1033. Les désastres météorologiques de cette année méritent une mention particulière. Voici un extrait abrégé de la traduc- tion donnée par M. Guizot d'un monument contemporain, Glabri Rmlolfi historix : « La température se montra si contraire dans les Gaules qu'on ne put trouver aucun temps pour les semailles, nul moment favorable à la moisson, sur- tout par suite de la quantité d'eau dont les champs étaient inondés. La terre fut tellement pénétrée par des pluies con- tinuelles que, durant trois ans, on ne trouva pas un sillon bon i\ ensemencer. Au temps de la récolte les herbes para- sites et l'ivraie couvraient la campagne. Le boisseau de grains semés ne rendait dans les terres où il avait le mieux profité, qu'un sixième de la mesure à la moisson, et ce sixième en rapportait à peine une poignée. Ce fléau avait commencé en Orient; après avoir ravagé la Grèce, il passa en Italie, se répandit dans les Gaules et n'épargna pas l'Angleterre. On fut réduit à manger des herbes, des animaux, des cadavres même. Les hommes se tuèrent pour se dévorer. Quelques- uns pivseutaient à des enfants des œufs ou une pomme pour les attirer à l'écart et ils les immolaient à leur faim. Ce dé- lire, cette rage s'accrut tellement que les animaux étaient plus sûrs d'échapper à la mort que les hommes, car il sem- blait que ce fût un usage consacré de se nourrir de chair humaine, bien que ce crime fût puni du bûcher. Lorsque des malheureux depuis longtemps consumés par la faim trou- vaient à la satisfaire, ils enflaient aussitôt et mouraient; d'autres tenaient ù la main la nourriture qu'ils voulaient ap- procher de leurs lèvres, mais ce dernier effort leur coûtait la vie et ils mouraient avant d'avoir pu jouir de ce triste plaisir. On croyait généralement l'ordre des saisons et des éléments anéanti. » (Raoul Glaber, Mémoires pour servir à V histoire de France, par M. Guizot, t. VI, p. 306.) lOM- Cette année fut mémorable par l'extrême abondance des pluies et la disette extraordinaire des fruits de la terre. [Glabri Rudolfi historix.) 1135. Cette année, pendant la semaine de la Pentecôte ( vers le 20 mai ) il tomba dans quelques contrées boisées une neige épaisse; les jour.s suivants on ressentit un froid très-vif; la gelée endommagea les récoltes de tout genre, notamment DU GLOBE TERRESTKH. i%H celles d'automne, les vignes et un grand nombre d'arbres, quantité d'arbustes furent détruits jus(|u'aux racines et de faibles cours d'eau se congelèrent. (Cosmas, Chronica IJoe- mormn.) En France, à la suite d'un hiver rude et prolongé on eut un été désastreux pour les biens de la terre ; on éprouva une famine terrible à la suite de ces fléaux, (Guil- laume de Kangis. ) 1151. L'année promettait des récoltes abondantes; mais la pluie qui toml)a sans relâche depuis la Saint-Jean (30 juin nouv. st.) jusqu'au milieu d'août ravala les biens de la terre; bien peu de fruits arrivèrent à maturité; le vin fit défaut, car la petite quantité qu'on en recueillit tourna en vinaigre, {Sigeberti mictarium aquicinense. ) 117/i. La pluie dura depuis la Saint- Jean (30 juin uouv. st.) jusqu'à la fin de l'année ; il y eut disette de vin et de tous les fruits. Le pays messin éprouva une inondation. [Annales blandî- nienseset mettenses.) 1219. « Cette année la vendange eut à souffrir les plus rudes tra- verses : la pluie fut constante à l'époque de la floraison de la vigne; on vit dans les derniers jours d'août une gelée blanche qui dessécha les ceps ; à la fin de septembre, c'est-à-dire à l'époque ordinaire de la récolte, il y eut pendant trois semai- nes une gelée très-forte, et le raisin ne put mûrir; une neige épaisse couvrit la terre pendant plusieurs jours. Nous perdîmes ainsi la presque totalité du vin dans le royaume de France. » (Guillaume deNangis.) 1315. Depuis le milieu d'avril jusqu'à la fin de juillet la pluie fut incessante et l'on éprouva un froid insolite dans cette saison; les céréales et les raisins no parvinrent point à maturité. [Girardi de Fraclieto Ckronicon; Memorialis historiarum Johannis a Sancto-f'ictore; Chronique anonyme.) 1423. Les fruits n'arrivèrent point à maturité cette année, par suite de l'état constamment pluvieux de l'atmosphère qui succéda à un hiver rigoureux; on ne vendangea à Dijon que le 23 septembre. 1512. Les vignes gelèrent cet été dans le pays messin. On brûla à cette occasion plusieurs sorcières que l'on força de confesser le crime d'avoir caust'; ]iar leurs maléfices cette désastreuse gelée. [Chronique manuscrite.) VilL— V. 31 482 SUR L'ÉTAT THERMOMÉTRIQUE 1596. « La constitution du temps estoit vaine, maussade et plu- vieuse; car on eust ceste année l'été en avril, l'automne eu may et l'hiver en juin. » (Journal de Pierre de rEstoUe. ) On ne vendangea en Bourgogne que le U octobre. 1639. On éprouva le 21 juin à Montbéliard un froid aussi fort qu'en plein hiver. (Coutejean, Chronique de Bois-de-Chêne, dans V Annuaire de la Société météorologique, t. III, p. 388.) 16Zil. Il gela à Montbéliard le 27 juillet. (Contejean.) On ne com- mença à vendanger en Bourgogne que le 3 octobre. 1663. Cet été fut froid et pluvieux dans le Doubs. Les vignes cou- lèrent. (Contejean, Chronique de Perdrix.^ On ne vendan- gea à Dijon que le 8 octobre. 1667. « Cette année a été extrêmement froide [h Montbéliard) et sèche, n'y ayant pas eu un mois en toute l'année qu'il n'ait gelé, ce qui a été cause que nos vignes n'ont rien rapporté et que le vieux bois a été entièrement gelé. » (Contejean, Chronique de Perdrix.) On commença la vendange en Bour- gogne le 28 septembre. 1673. Cette année fut en Angleterre froide, pleine d'intempéries; la moisson se fit tard et fut très-maigre. (Short.) On ne ven- dangea à Dijon que le 5 octobre. 1675. La vendange commença en Bourgogne le l/i octobre; à Sorèze elle n'était achevée que le ilx novembre. 1692. Il y eut cette année de grandes inondations dans le nord au mois de juillet. (Quetelet.) Les vendanges ne commencèrent en Bourgogne que le 9 octobre; on récolta peu de vin, dont une grande partie était aigre; l'année fut stérile. (D'Morelot, Statistiqiie de la rigne dans la Côte-d'Or.) 1709. Après l'hiver si mémorable de 1709 on eut un été très-froid. Cassini ne compte à Paris que 6 jours de chaleur de 25 à 30°, c'est-à-dire cinq fois moins qu'en movenne. Les mois de mai et juin furent très-pluvieux. La plus iuuite température, 29°. 5, eut lieu le 10 août. [Mémoires de la classe des sciences ma- thématiques de l'Institut, t. IV.) En Bourgogne la vendange commença le 27 septembre. 1710. Cet été fut plus froid que le précédent : Cassini ne compte à Paris qu'un seul jour de chaleur forte, le 3 août, 27o.0. Selon DU GLOBE TERRESTRE, 483 Short, cet été fut assez cliaml en Angleterre. En Bourgogne, la vendange commença le 25 septembre. 1711. Cette année eut encore les mômes caractc^-ros météorologi- ques. Le maximum de chaleur ne fut le 16 juin que de 28\8, et Cassini ne compte que 11 jours de chaleur forte. Le 10 juil- let, époque ordinaire des plus hautes températures, La llire ne trouvait à TObservatoire que 12° au lever du Soleil. En Bourgogne l'année fut pluvieuse ; la vendange commença lo 2!i septembre et se termina dans la neige. 1725. La température moyenne de cet été a été très -faible dans toute la France. Le maximum de Paris, 30°. 5, eut lieu le 13 juillet. On ne compta, d'après Cassini, que 9 jours de cha- leur forte. Voici ce que rapporte Mnraldi de cette saison : « Le ciel toujours couvert et les pluies fréquentes de 1725 ont été cause que l'année a été tardive ; la moisson qui, dans les parties septentrionales du royaume, se fait ordinaire- ment en août, n'a pu être faite qu'aux mois de septembre et d'octobre; par suite des pluies on n'a pu rentrer les grains secs, ce qui les a fait germer en partie dans les granges. Les pluies abondantes de mai et de juin ont fait couler beaucoup de raisin, et celles qui sont survenues en août, septembre et octobre ont empêché la parfaite maturité de ce qui restait. » {Mémoires de VJcadémie pour 1726, p. 3.) En Bourgogne les vendanges commencèrent le 10 octobre; la récolte fut abondante, mais le vin fut mauvais. La récolte des céréales fut mauvaise en France. 17Z|0. Le long hiver de 17/i0 fut suivi d'un des étés les plus froids du siècle dernier. La plus haute température, le 23 juillet, ne s'éleva pas à Paris au-dessus de 28". Zi. Voici, d'après Duha- mel du Monceau, qui observait à Denainvilliers, le résumé des effets agricoles de cette saison : « Ce ne fut que le 25 mai qu'il commença à ne plus faire froid. Quoique le temps fût nota- blement adouci, il ne fit que peu de chaleurs pendant tout le mois de juin, et les nuits étaient toujours fraîches. Les blés et les fruits étaient fort retardés. Dans le cours de juillet, les nuits continuèrent à être froides, et au commencement d'août les blés n'avaient pas encore leurs épis formés. La moisson, commencée vers la fin de ce mois, par un temps froid et pluvieux, ne fut terminée que vers le 20 septembre. Dans le Boulonnais ( Pas-de-Calais ) il y avait encore des grains sur terre au commencement de novembre quand les pi-c- i8i SUR L'ÉTAT THERMOMÉTRIQUE mières neiges sont tombées. Quelques céréales ne purent mûrir et pourrirent clans le cliamp. Les melons hâtifs, ap- pelés Melons des Carmes, n'ont mûri que dans le courant de septembre. » [Mémoires de t Académie pour 17/il, p. 165.) D'après les statisticiens de la Côte-d'Or la vendange ne com- mença en Bourgogne que le 10 octobre, la récolte fut très- faible en quantité et mauvaise en qualité : l'année dans cette région fut pluvieuse; on eut constamment de la gelée et de la neige, même en juin : on cassait la glace dans les cuves. 1756. Il y eut cette année , selon Duliamel , des gelées au com- mencement de mai assez fortes pour endommager les vignes. «Juin fut froid et humide. Juillet a été si humide et si froid, que vêtu comme en hiver, on était obligé de se chauffer de temps en temps. Août et septembre ont encore été froids. » Le maximum, à Denainvilliers, fut le 16 juillet de 31°. 9. On commença à vendanger en Bourgogne le h octobre : on obtint une récolte ordinaire, mais le raisin ayant pourri, le vin fut médiocre. Dans le Midi , selon Messier, les saisons furent dérangées ; on éprouva une succession continuelle de pluie et de vent violent; l'année fut mauvaise pour les den- rées agricoles; il y eut de nombreuses inondations, particu- lièrement en novembre. A Berlin il fit très-chaud en juin. 1770. Cet été a été froid dans le centre do la France. « Le mois de mai, dit Duhamel, a été froid et humide, et il a neigé et gelé au commencement de ce mois. Juin s'est montré froid et humide et juillet aussi. Le 20 de ce mois les blés étaient encore verts comme au printemps. Le 10 août les fermiers commencèrent la moisson des froments, qui a été retardée sur une année commune de trois semaines à un mois. Cette récolte a duré jusqu'à la fin du mois, et il y avait encore des grains à couper pour les premiers jours de septembre. Ce mois a été sec et froid. En résumé, l'été s'est passé sans chaleur, et l'année a été très -tardive en fruits. » [Mémoires de l'Académie pour 1771, p. 819.) Le maximum de Paris, 35°, 0, fut plus élevé que celui de Denainvilliers, 31°. 9. Dans le Midi les froids de l'hiver se firent sentir dès le mois de septembre. La vendange commença en Bourgogne le 6 octobre et le vin fut assez abondant et de très-bonne qualité, selon le docteur Morelot , ce qui indiquerait qu'il aurait fait beaucoup plus chaud dans cette région que dans l'Orléanais. DU GLOB[-: Tr'PxRESTRE. 48S 1789. Après l'hiver si rigoureux île 1788-1789 on n'eut dans le Midi que peu d'été, peu d'automne, et l'hiver commença de bonne heure. (Clos. ) En Bourg'ogne la vendange ne fut ou- verte que le 7 octobre; la récolte fut nulle en quantité et en qualité. La moisson donna en France de très-mauvais résultats. 1796. Cet été se montra, particulièrement en Bourgogne, froid et pluvieux. On vendangea le 7 octobre; la récolte fut trè.«- faible comme qualité et comme quantité. Le maximum de la température à Paris ne s'éleva pas au-dessus de 29^5. Cependant dans le Midi l'été fut sec et chaud , ainsi qu'une bonne partie de l'automne. (Clos.) 1799. Après un hiver rigoureux cette année fut encore en Bour- gogne pluvieuse et froide. La vendange commença le 10 octo- bre. La récolte fut abondante, mais de qualité très-médiocre. Il y eut néanmoins dans le Midi des chaleurs vives , après un printemps pluvieux. A Paris, le maximum de tempéra- ture ne s'éleva qu'à 30" en août. 1809. En Bourgogne cet été fut constamment défavorable à la vigne. La vendange ne commença que le 16 octobre; la récolte du vin fut très-faible et de qualité mauvaise. Dans le Midi l'été fut froid, pluvieux, très-orageux; au commen- cement d'octobre on n'avait pas, en beaucoup d'endroits, commencé à battre le blé; les foins furent gâtés; les fruits ne parvinrent point à maturité; les raisins pourrirent. (Clos.) A Paris la plus forte température ne fut que de 31°. 2 le 17 août et la moyenne estivale de 16°. 9. La récolte des grains fut insuffisante en France. 1812. Cet été fut dans le nord de la France et en Bourgogne plu- vieux et froid. La vendange s'ouvrit le 8 octobre ; le vin fut très-abondant, mais de qualité très-médiocre. Il y eut séche- resse en Languedoc et en Provence pendant l'été et l'au- tomne s'y montra froid et pluvieux. (Clos.) Le maximum de Paris fut de 32'. 8 le lU juin. La moisson des céréales fut de beaucoup insuffisante. 4813. L'été de 1813 fut désastreux pour beaucoup de récoltes, excepté pour celle des céréales. En Bourgogne l'année fut pluvieuse, on n'obtint qu'une récolte très-médiocre, de qua- lité mauvaise. Dans le .Midi les productions de la terre furent très-médiocres. A Paris la température ne s'éleva pas au- dessus de 29", 7. Moyennes Moyennes de 1822. gs'uérales. 90.9 90.81 42 .7 a ..'>3 U .8 17 .34 15 .6 19 .04 15 .5 18 .45 U .0 15 .47 M .6 10 .97 48G PUR L'ÉTAT THERMOMÉTRIQUE 1816. L'été de 1816 est le plus froid de la première moitié du XIX* siècle. Sa température moyenne à Paris n'est que de 15°. 3, c'est-à-dire de 3° au-dessous de la moyenne estivale de ce lieu. On ne compte que 6 jours de chaleur forte, 26 de moins qu'en moyenne. Le maximum de chaleur, le 20 juillet, n'a pas dépassé 28". 0. Voici comment les tempé- ratures moyennes de la période d'activité végétale se sont réparties à Paris dans cette année calamiteuse : Avril Mai .luin Juillet... Août Seplembi'i OcloLre. . En Bourgogne la vendange ne commença que le 15 octo- bre; c'est l'époque la i)lus tardive depuis 1809; la récolte fut extivmement faible et de qualité mauvaise. Les pluies furent dans cette région à peu près continues depuis le mois de mai jusqu'en décembre. Le produit des céréales fut géné- ralement insuffisant, le prix moyen de l'hectolitre de blé s'éleva à 35 fr. , et la misère publique née des circonstances politiques fut gravement accrue par les influences météo- rologiques. Voici comment s'exprime le docteur Clos sur la marche de cette saison funeste dans le pays toulousain : « Le printemps et l'été ont été froids, humides, pluvieux; les mois de septembre et octobre furent seuls secs et un peu chauds. L'année fut éminemment froide et humide et la plus remarquable do toutes, sinon par l'abondance des pluies, du moins par leur continuité; remarquable encore en ce que, tandis qu'en France, en Suis.se, en Allemagne, la saison a été constamment pluvieuse, elle était très-belle en Danemark, en Suède, en Russie. Pour compléter le tableau d'une si grande anomalie, on peut ajouter que dans le bas Languedoc la sécheresse fut cause de la perte des récoltes. A Sorèze la moisson se fit tard; la plupart des blés étaient couchés par la pluie ; le maïs avait été semé très-tard et avec beau- coup de peine ; aussi on en récolta très-peu. Il n'y eut pas de raisin, pas de fruits : les fourrages seuls abondèrent, mais il y en eut beaucoup de gûtés. Kn juillet le maïs se vendait DU GLOBE TERRESTRE. 487 dans le Midi oG à /jO francs riioctolitre, et le blé US à 50. » ( Météorologie du pays toulousain. ) A côté des tableaux détaillés que je viens de donner sur les étés mémorables soit par l'intensité de leurs cha- leurs, soit au contraire par des frimas insolites, je vais maintenant indiquer les maxima de température observés dans diverses régions de la Terre, avec des thermomètres placés à une certaine hauteur au-dessus du sol et à l'abri des rayons du Soleil. EUROPE. I. France. Elévation Lieux. Latitude. Longitude, au-dessus Dates Maïima de la mer. extrêmes. 4 nnnkerque r,lo a'N. Oo 2'E. 8m{ „ . " '^^^ ^*°* ^ ( 7 juillet 1832 33 .7 2 Calais 50 58 0 29 0. 20 10 août 18i3 30.0 3 Saiut-Ollier 50 45 0 5 23 - 4777 37.5 4 Lille M 39 0 44E. 24 | , ". "^ f'I « 4 ar.lU 1857 35 .0 ôArras 50 18 0 26 67 { .,'.„.!!!? Il '[ \ 14 juillet 1824 30 .0 6 Hendecouil 50 17 0 20 0. 81 4 août 1837 33.0 7 Cambrai 50 11 0 54 E. 54 | „ ",, JJff l]^ ( 2 août 1847 31 .0 8 Dieppe 49 56 116 0. 20 23 et 24 mai 1779 29.5 9 La Chapelle du Bourgay. 49 49 1 12 147 18 juillet 1823 33 .5 <0 Montilidier 49 39 0 14 E. 240 20 mai 1784 35.0 11 Cherbourg 49 39 3 58 0. 9 6 juillet 1848 31.6 12 Laon 49 34 < 17 E. 180 ■■ 1783 30.3 43 Le Havre 49 29 2 14 0. 5 juillet 1854 32.0 UKouen 49 26 115 39 { ,^ '\, ^'J'I ^i* '^ < 18 aoftt 18U0 38 .0 15 Clcrmont (Oise) 49 23 0 5 E. 86 14,15 juill., 3 août 1837 36.8 16 Soissons 49 23 0 59 49 . 1778 36.6 17LesMesneux 49 13 137 85 4 août 1857 37.5 18 Metz 49 7 3 50 182 { " ^''*' ^^ * l 3 août 1826 30.1 19 Sainl-Lô 49 7 3 ÎJ 0. 43 j ^. .". |'^^ î;;* '* I 0 juin 1846 30 .9 20 CUiteau-Thierry 49 3 1 4 E. 77 12 et 13 juillet 1852 32.0 »'»-'—' «" "-'o- •» I ::;:; s S:: Maxlma extrt'uios. 488 SUR L'ÉTAT TllURMOMÉTRIQUE Élévation Lieux. Latitvidc. Longitude, au-dessus Dates, de la mer. 2i2 Meaux ? 48«58'N. Oo33'E. 58m 16 juillet 1782 36o.2 23 CIlAlons-SUr-Manie 48 57 2 i 82 "4788 35 .6 24 Ga'isdorff 48 57 5 26 228 4 août 1857 34.4 25 Vire 48 50 3 14 0. 177 | '■„.!!!? Il '\ { juillet 1825 3S .0 o. „ • ,o „ ^ „ . l 26 août 1765 40 .0 26 Pans 48 50 0 0 C5 .„ ,. ,„,„ „„ „ 18 août 1842 37 .2 30 .0 / 12 juin 1786 27 Versailles 48 48 0 13 134 | ■■ 1787 I 16 juillet 1852 35 .7 28 Hagnenau 48 48 5 25 E. « " 1782 39.4 29 L'Aigle 48 43 2 0 0. 136 - 178i 31.9 30 Nancy 48 42 3 51 E. 200 26 juillet 17S2 37.6 31 Saint-Malo 48 39 -5 210. 14 " 1786 35.4 32 Strasbourg 48 35 5 25 E. 144 1 .o • li . .oL o- "q " (13 juillet 1807 3o .8 33 Saint-Biieiic 48 31 5 6 0. 89 » 1783 31.3 34 Chai 1res 48 27 0 51 158 16 juillet 1793 38.1 35 Éiampes 48 26 0 10 127 " 1784 33.1 36 Brest 48 24 6 50 65 <> 1784 30.0 37 Mayenne 48 18 2 57 102 10 juillet )783 35.0 38 Troyes 48 18 1 15 E. 110 " 1781 36.3 39 Mirecoart 48 18 2 57 102 " 1785 30.0 40 Saint-Dié 48 17 4 37 343 1785 et 1788 32.5 41 Nemours 48 17 0 22 .. 10 juillet 1852 33.6 42 Bruyères (Vosges) 48 13 4 9 30O .- 1782 36.2 43 Épinal 48 10 4 7 .T.l 1" juillet 1826 36.5 44 Deiiainvillieis 48 10 0 4 0. 420 | ^.^^-u/.lll 136.9 f 5 juillet 1778 ' 45 Marbuué 48 7 10 MO 15 juill. et 4 août 18o7 31.3 46 Qnimper 48 0 6 26 6 19 juin 1846 38 .0 47 Montargis 48 0 0 23 E. 116 1777 et 1778 ,".7.5 48 Bi)urbonne-les-Bains... . 47.57 3 25 400 " 1788 31 .3 49 Orléans 47 54 0 26 0. 123 •• 1783 36.3 50 Mulhouse V7 49 5 0 E. 229 26 juillet 1782 36 .6 51 Auxerre 47 48 114 122 20 juin 1772 35.9 52 Vendôme 47 47 1 IG 0. 85 16 juillet 1852 35.0 63 La Flèche 47 42 2 25 33 12 juillet 1852 30.5 54 Vannes 47 39 5 6 18 .- 1785 32.1 55 Blois 47 35 10 102 août 1857 36.5 56 Angers 47 28 2 :jI 47 17 juillet 1784 38.0 57 Cray (Haute-Saône).. .. 47 27 3 15 E. 220 - 1780 36.3 58 La Chapelle-d'Angillon . . 47 26 0 7 0. 191 août 18.")7 36.5 59 Tours 47 24 139 55 « 1810 38.0 60 Dijon 47 19 2 42 E. 246 | ".„.!!!! ^^^ ■■ ' juillet 1808 35 .6 61 Besançon 47 14 3 42 236 " 1787 36.3 62 Nantes 47 13 3 53 0, 44 ( ,. !', HH H '^ I 18 août 1800 38 .8 63 Chiuou , 47 10 2 6 82 21 juillet 1783 38.1 DU GLOBE TERRESTRIi. 489 Lieux, Lititude. Longitude, au-dessus Dates. de la mor. Maximï eitrC'Dies. 6* Beau ne 4To l'N. 2o30'E. 220™ C jiiilleM78.i :t-2o.5 65 Seurre (CiMc-d'Or) W < 2 48 i'M « 1783 39.0 66Nozeroy.. 40 47 3 42 - » \U1 37.5 67 Loiis-le-S-.niiier 46 40 3 13 258 « 1788 32.5 68 Li Chaire 46 35 0 24 0. 233 4 août ^%ri^ 35.2 69 Poitiers 46 35 100 118 » 1781 36.0 70 Tournas 46 34 2 31 E. - - 1787 32.5 71 Le.< Sables d'OIonne... 46 30 4 7 6 1782 et 21 juill. 1783 33.1 72 Fontenay (Vendée) 46 28 3 9 0. 23 - 1787 32.6 73 Luçon 46 27 3 30 81 . 1777 38.8 74 Monlluçon 46 20 0 16 E. 228 « 1784 30.0 75 Bourg 46 12 2 53 247 4 aoilt 1857 35.6 76 La Rochelle 46 9 3 30 0. 25 { , .".„ ^7*^ ^^ "^ 1 4 et 5 juillet 1836 39 .0 77 Saint-Jean-d'Angely.... 45 57 2 52 24 « 1787 37.5 78 lie dOleron 45 56 3 32 0 - 1778 34.4 79 Saint -Léonard (Houle- Vienne) '15 50 0 51 457 23, 24, 25 juill. 1854 32.0 80 Limoges 45 50 15 287 « 1800 37.5 81 Clerniont-Ferrand 45 47 0 45 E. 407 \ \ \'J^ ^^ '^ ' 5 août 1850 32 .4 82Ly.ii 45 46 2 29 194 | ■"•„.!!!! !! *o ' juillet 1834 31 .3 83 Saintes 45 45 2 59 0. 27 3 août 1857 32.5 84 Vienne (Isère) 45 31 2 32 E. 150 .< 1778 35.3 85 Saini-Étienne 45 26 2 3 540 16 juillet 1852 35.0 86 «iiande-Gbartreuse 45 18 3 23 2030 - 1787 27.5 87 Grenoble 45 11 3 24 213 <> 1782 35.0 88 Périgneux 45 11 137 0. 08 16 juillet 1852 34.0 89 Le Puy 45 0 1 33 E. 760 28 juillet 1857 34.2 90 V;i;ciice 44 56 2 33 128 11 juillet 1793 40.0 91 Souillac(Lot) 44 55 18 140 19 juillet 1825 34.4 92 Bordeaux 44 50 2 55 0. 18 f ._'.', ]'ll l' * I 6 août 1800 38 .8 93 Monl-Daupliin 44 40 4 17 E. 960 7 juillet 1784 27.0 94 Joyeuse (Ardéchc) 44 32 2 0 147 23 juin 1822 37.3 95 Cau>.-.ade 44 30 0 48 0. 100 11 juillet 1783 36.9 96 Viviers 44 29 2 21 E. 57 •> 1780 33.8 97 Tonneins 44 25 2 2 0. « .- 1784 33.1 98 Saint-Paul -Trois -Châ- teaux 44 21 2 30 i: . » . 1787 32.8 99 Rodez 4121 0 14 030 | ..", ^^^** ^'"* f juillet 1836 33 .8 100 Rousson (Gard) 44 12 145 417 juillet 1857 35 .0 i 101 Agen 44 12 143 0. 43 4 juillet 1842 37.0 1U2 Orange 44 8 2 28 E. 46 9 juillet 1849 41.4 103Alais 44 7 144 168 ( . ,„'"'" ^^'M 36.5 I 14 et 23 juiu 1S22 > 104 Casiel-Sarrazin 41 3 115 0. 88 18 juillet ■•fSi 94.0 105 Muniauban 44 1 0 59 97 « 17t,â 24.9 490 SUR L'ÉTAT TIIÉRMOMÉTRIQUE Élévation Lieux. Latitude. Longitude. au-Jossus Dates. do la mer. „ ,^ . 1 <4 -will 180-2 *<^6 Avignon 43o57'N. 2o28'E. 36.n [ ^^. ^,,,^^^ ^^,,3 ( ■' 4784 ^»7^'™«^ "•'• '^ ^ "* I 18juilleH807 <08 Tarascon 43 49 2 23 88 » 1777 <09 Manosqiie 43 49 3 3.Ï 400 " 1782 410 Saint-Scver 43 46 2 54 0. 100 « 1787 111 Diix 43 43 3 24 40 » 1781 H2 Beyrie 43 42 3 « 60 i:i juillet 1857 1« 1 783 20 août 1806 114 Régusse (Var) 43 40 3 48 515 30 et 31 juillet 1857 «15 Toulouse 43 37 0 54 0. 198 { „■■'„. Il'll ( 7 juillet 1846 i 16 Montpellier 43 37 1 32 E. 30 { o^'*",,''! !!!! ■^ (29 juillet 18:)7 117 Salon (B.-du-Rliônc)... 43 32 2 48 " « 1779 H8 Aix (Bouches-du lUiôiie) 43 32 3 7 205 » 4730 119 Béziers 43 21 0 52 77 .- 1847 120 Agde 43 19 18 12 - 1780 121 Sorèze 43 19 0 13 0. 500 12 juillet 1824 122 Marseille 43 18 3 2 E. 46 j 7 j^^et îm 12.1 Pau 43 18 2 43 0. 205 4 aoiH 1838 124 Rienx (Haute-Garonne). 43 15 1 8 " " 1783 125 01oron(Basses-Pyrén.). 43 12 2 S7 272 .- 1783 126 Toulon 43 7 3 36 E. 4 " 1778 , ( " 1784 *27 Perpignan 42 42 0 34 42 { 29 juillet 1857 428 Monllouis 42 31 0 20 0. 1537 >' 1782 II. Iles Britanniques. { Edinbargh 55057'N. Sosro. 88m j ^ ^^^^^ ^^^^ ( " 1774 2 Londres 5131 2 28 » { 43 juillet 1852 3 Chyswick, près de Lon- dres 5129 2 37 « « 4 Bri.stûl 3127 4 50 " " 1778 îi Bath 5122 4 41 -' 3 aoat 1800 C Penzauce 50 7 7 53 ■' " » III. Hollande et Belgique. 1 Franecker 53020'N. 3ol2'E. - 20 juillet 1778 2 Harlem 52 23 2 18 ( .' 1783 3Aiusterdam 52 22 2 33 0 [ 12 juillet 1853 Maxima oxtrt^mos. 380.1 38 .8 33 .1 33 .8 36 .6 35 .4 37 .5 35 .0 37 .7 40 .0 36 38 32 34 37 27 37 36 .6 36 .9 38 .3 34 .8 36 .3 33 .8 36 .3 38 .6 27 .5 320.2 22 .5 31 .1 35 .0 35 .6 25 .5 23 .y 28 .9 340.0 3-2 .0 33 .4 33 .0 DU GLOBE TERRESTRE. 491 Elëration Lieux. Latitude. Longitudtj. au- 10 Alosl 50 56 142 - 9 juin 1835 35.0 <1 Louvain 30 53 2 22 » 41 juin 4842 32.8 42 .Maestrichl 50 54 3 21 49 2 aoùl 4S28 38.8 43Bruxelles 50 51 2 4 59 ! -*^ J"'" *^'- ^'^ '^ ( 48 juin 1839 32 .9 44 Sainl-Trond 50 49 2 54 47 juillet 4852 34 .7 45Liége 5039 341 CI | 20juill..2sept. 4781 37.5 l .' 4822 3S .0 46 Slavelot 50 28 3 35 48 juillet 4852 33.3 47 Namur 50 28 2 34 451 47 juillet 1852 33.7 48 Mons 50 20 140 « 45 juillet 4804 36.3 IV. Danemark, Suède et Norvège. 4 Spiizberg 80o N. 22o 0. « . „ 2 Enouiekis 68 40' 20 40'E. 420ni 3 Hindoen (Ile) C8 30 43 - » 4 Haapakyla, près de Tor- néa 66 27 2127 . » 5 Eyafjord (Islande) 65 40 22 0 0. » •> o 6 Hccla (Islande) 64 8 22 .- » » „ 7 Reikiavig (Islande) 6i 8 24 46 . dQ25au34 JQil. 4837 8 Dronlbeim 63 26 8 3 E. » " 9 Bergen 60 24 2 58 (0 Lpsal 59 52 45 48 0 . » 41 Stockholm 59 20 45 43 40 f .^-.f!!!!^ ( 12 juillet 4805 .-. z' u -. I.. .„ ., o f juillet 4778 42 Copenhague 55 41 40 14 0 ] .., " ' juillet 1KH 43 Alloua.... 53 33 7 36 « 20 jailKt 4811 V. Russie. 4 Abo 60o27'N. 49057' E. Om en 4757 35.0 !26 juillet 1772 1 24 juillet 4773 1 ^^ '^ 27 juin 4814 34 .4 3Blga 5G.57 2446 . [ < '7* et 477.5 27.5 ( 27 juia i&44 33 .0 4 Kasan 55 48 46 47 76 ,. 36.0 5 Moscou ,-,5 45 3541 442 45 juin 4745 34.5 6 Wilna 5i 44 22 58 452 » . 33.5 420.8 36 .0 25 .0 25 .0 20 .9 42 .8 20 .5 28 .7 26 .0 30 .0 33 .8 37 .3 33 .8 35 .0 Maxima extrêmes 380.7 38 .8 33 .8 37 .3 27 .9 37 .5 33 .G 4<»? SUR L'fiTAÏ THERMOMKTUIQUE ElëraUon Lieux. LatituJo. Longitude, au-dossus Dates. de la mer. 7 Tanibov 52» 43' N. 390 9' E. ."sgin „ „ 8 Varsovie 52 13 18 42 120 i . "„ ( juillet iS2r> 9 Kiew tiO 27 28 13 " 22 juillet 1774 10 f.racovie 50 4 17 37 200 10 juillet 1846 11 NicolaïelT 46 58 29 38 42 12 Sébasiopol 44 37 3111 48 VI. Confédération germanique. i Ciixhaven 53053' N. e-aVE. « .- .- 330.4 2 Hambonrg 53 33 7 38 19m j .„„,.„!, ?? ? * I 19 juillet 1811 34 .8 3 Stetlin 53 26 12 15 ■' 15 août 1850 31.3 4 Lunebourg 53 15 8 4 56 » « 35.6 5 Tilsit 53 4 19 33 » " " 35.0 I ■' " 39 3 6 Berlin 52 31 11 3 i\ \ ,, ,, ,^^„ ,., ' I 14 août 1778 3:! .1 7 Munster 5158 3 18 59 » " 37.5 8 nusseldorf 5114 4 26 47 .- 1783 30.0 9 lireslau 51 7 14 42 148 - 1775 32.8 10 Dresde 5( 4 1124 120 .. « 38.8 11 léna 50 57 9 17 137 .- » 37.5 il/ a 37 5 juillet 1807 36:2 13 Prague 30 5 12 5 179 - - 33.4 14 Wurtzbouig 49 48 7 36 171 « « 39.1 15 Heidelbcrg...., 49 24 6 22 100 ■' « 36.2 «6 '^^■•'^^'-û'>e ^9 1 C 5 117 j ,3j„;„eti8û7 35 io 17 Ratisbonne 49 1 9 45 362 .- « 36.9 18 Stuttgart 48 46 6 50 247 " " 39.4 19 Augsbourg 48 22 8 34 491 30 juillet 1811 37.5 .„„ ( " 1783 33 .9 21 Munidi 48 8 9 1} 538 9 juillet 1833 35.0 22 Peisseuberg (couvent de). 47 48 8 14 996 » « 32.7 23 Inspruck 47 16 9 4 .366 « r 37.3 VII. Hongrie, Turquie, Grèce. 1 Bnde 47o29'N. 16o43'E. 154m 10 .7 458 34 • » 22 .5 427 23 87 " 30 .0 38 4 156 " 33 .0 65 56 35 .^ 37 .5 57 48 213 9 juin 18U 35 .0 43 51 « " 43 .7 401 .% 409 " 27 .5 414 9 97 .5 juin 4760 43 .1 24 48 o 16 juillet 4834 35 .0 34 45 • en 1752 33 .0 494 SUR I/KTAT TMERMOMÈTRIQUE Elévation Lieux. Latitude. Longitude, au-dessus Dates. de la mer. 43 Bagdad 33o20'N. -iSo 2'E. U N.ingasaki (Ile Décima).'. 3-2 4. -i 127 3-2 " 9 etH août 1 8.')2 <5 B;issora 30 29 45 18 16 Mossour 30 27 75 42 1848m 17 Ambali 30 25 74 25 313 1S Akaba 29 31 32 40 19 r.oiuckpore 26 45 81 0 20 Bénaiès 25 19 80 35 97 21 Mascate 23 38 .56 21 - juin i82» 22 Canloil 23 8 110 56 - " 23 Cliamlcniagor 22 51 86 2 2* Calcutta 22 33 86 0 25 Macao 22 11 111 14 26 Bir-cl-Barut 2148 " ■■ 27 Abou-Aiicli 20 - 39 - 28 l?eii-el-Fakiii 14 0 41 « 29 Madras 13 4 17 M ■• mai 1778 30 Senngapaiam 12 25 74 19 735 31 Côte du Malabar 12 - 74 " 32 ï*'"'<'"^"éry 1156 77 29 ■■ { .^^ ^^^^ 33 Ootacamund 1125 74 30 2242 34 Côte de Ceylan 6 à 8 78 " 35 Poulo-Penang (ile) 5 25 97 59 36 Singapore 1 17 10130 XI. Archipel rTAsic et Océanie. 4 Honolulu 2loi8'N. 160ol5'0. " septembre 1821 2 Manille <4 36 118 35 .- 20 juin 1767 „ ,. o ,„-,„,. ( 22 décembre 1850 3Amboine 3 41 S. 12o 49 E. - { ^^ février 1853 4 FortDun':as(ileMelville). 1125 127 45 5 Taïli «7 29 15149 0. 6 l'erili (Australie) 3155 113 10 E. 7 l'aramaiia ^'f 49 148 41 18m 8 Sydney 33 52 148 54 .. • XI 1. Afrique. 4 Alger 36o47'N. 0044'E. 4m 8 Septembre 1855 2 Tunis 36 46 7 51 . { is'iuillet 1831 3 Staouéli 36 4S 0 10. 125 22 août 1853 4 Constantine 36 22 4 17 E. 664 5 Médéah 36 15 0 8 920 6 Milianali 36 " 0 30 800 7 Séiif 35 55 2 50 E. 110O | MAxima extrêmes. 48» 32 45 25 34 42 42 44 50 33 41 37 34 50 52 38 40 46 38 44 42 25 32 32 31 30o .6 45 .3 33 .0 37 .8 32 .0 41 .0 41 .1 45 .6 37°. 5 44 .7 40 .3 41 .5 40 .0 36 .0 38 .0 37 .0 38 .0 DU GLOBE TERRESTRE. 195 ElcTation Latitude. Longitude, au-dessus de la miT. Maiima extrêmes. 8 Oran 35o.S3'N. 30 O'O. 50 m ( „.'■,,, a-, ol"'^ ( 25 août 18o3 35 .3 9 Mascara S.-; 32 2 8 400 ' AI .0 <0 Biscara 3*30 2 40 E. 90 49 aoùUSU 44.0 44 Funchal (Ile de Madère). 32 38 49 40 0. 25 » 29.4 42 Le Caire 30 2 28 53 E. 0 5 „./ . .„.„ ,, „ ( 23 mai 4840 43 .'J 43 Soez 29 59 .30 4 < - ■' 52.5 4* Ile Caiiarie 28 30 48 0 O- « 3« .7 45 Moorsouk 26 30 44 30 E. " « 56.2 46 Esné 23 48 30 40 « » *7 .4 47 Syèiie 24 5 30 30 » « 54.0 48 Ile l'hila; 21 2 3 34 « « 4800 43.1 49 .^nibukol 48 " <• - « 34 mai 1823 46.9 20 Chciidi 46 45 3« 30 » » 48.3 2» Saint-Louis (Sénégal)... 46 4 18 3« 0. 22 Riciiard-Tol 15 23 « « ., v 23 En Nnbie 13 « - .< 24 Bakel U .53 44 42 25 Sackalou 13 5 3 52 E. » • 26 Kouka 42 55 44 2 345 27 Côiede Sierra-Leone... 8 30 45 39 0. 0 »» o . ^ . . „ i 26 mais 1825 ) 28 Saint-George-del-Miua.. 5 2 2 56 " ) .^ ,0^0 ' " * 12 mai 4828 ) 29 Jamesto\sii (Ste. -Hélène). 44 53 S. 8 3 538 30 Aiitongil (Madagascar)... 43 27 46 i- - « 31 Pori-Loais(ile de France). 20 10 5 8 E. " janvier 17.3?; 32 Flacq (Ile Maurice) 20 11 53 23 48 mars et avril 4836 33 Saint-Denis (Ile Bourbon) 20 52 53 40 43 34LeC3p 33 53 16 8 » 23 février 1751 XIII. Amérique si'ptentrionale. 4 Ile Melville 74o47'N. 413© 8'0. » 2 Port Bowen 73 14 94 43 3 Groenland 72 - 22 « 4 Port Félix 70 0 94 13 5 Ile Igloolik 69 19 84 fis 6 lie AVinter 66 11 83 31 ' » 7 Fort Franklin 63 12 123 33 68m „ » 26.7 8 Fort Chepewyaii 58 4i 113 38 147 - - 36.1 9 Okak (Labrador^ 57 20 63 20 » « en 1780 29.0 40 Nain (Labrador) 57 40 64 10 - - en 1780 29.1 41 Québec '16 49 73 36 » juillet 47i8 37.5 42 Montréal 43 31 75 55 « - 36.7 13 PcneUnguishcne 4148 83 0 179 » 33.3 14 Fort Howard 44 40 8'J 22 185 • 37.8 15 Brunswick (Maine) 43 53 72 13 - .36.9 16 Dover 43 13 73 14 - • 37.5 47 Salera 42 31 73 14 ■■> « 38 .S 33 .0 40 .0 46 .2 40 .3 43 .3 42 .7 37 .5 32 .2 27 .8 43 .0 32 .6 38 .5 37 .5 43 .8 I50.G 10 .6 31 .2 21 .1 45 .0 40 .0 i% SUR L'ÉTAT THERMOMÉTRIQUE KltWatioii Lieux, Latitude. Longitude, au-dessus Daios, de la mer. <8 lîoslon. 42o24'N. 73o24'0. 10 Hnm-Caiiada .'.. 42 0 ■■ " " .- 20 Coimcil Bllllïs H 25 98 3 2Wn '21 KorlColombus 40 42 76 29 " « 22 Marietta 39 25 83 50 20O » 23 Ciiiriniiali 39 6 86 50 162 » 24 Williamsbotirg 37 15 79 3 " " 25 Chailcstowi) 32 47 82 1 6 26 Nalchez 3133 93 45 58 27 Bâton Rouge 30 26 93 2H 19 28 Kev-Wesl (Floride) 24 34 84 13 29 Mexico 19 26 10125 2277 mai 1709 30 Veia-Cruz <9 12 98 29 » « XIV. Iles Antilles. 1 La Havane 23» 9' N. 84o43'0. 28m „ 2 l'bajoy (Cuba) 23 9 84 45 93 3 Torlola 18 27 67 0 251 4 Sainl-B;irliii';iemy 17 54 65 6 - " 5 La Guadeloupe 16 14 63 52 6 La Basse-Terre (Guadel.) 15 59 6i 4 .- 21 août 1837 7 La Martinique 14 40 63 30 8 La Barbade 13 5 6157 9 La Trinité 10 39 63 51 XV. Amérique méridionale. 1 Curaçao 12» 6'N. 7loi6'0. ■- « 2 Maracaîbo 1119 76 29 3 Cumaiia 10 28 66 30 4 Demerary 6 45 60 24 5 Paramaribo 5 45 57 33 " 6 Planiaiion près de la ri- viiîre Comewyne 5 38 55 2 " en 1744 7 Cayenne 4 56 54 39 ■- octobre 1849 / 2 N. . 8 Kquateur ^ à ' 80 0 ( 2 S. I 9 Quito 0 14 S. 81 5 29Û3"i 10 Saint-Louis de Marana.. 2 31 46 36 U Rio de Janeiro 22 54 45 30 12 Buenos-Ayres 34 36 60 44 13 lies Falkland 5125 63 19 Ma\im,r extrt'ii es 380.9 39 .4 42 o 40 .0 35 .0 42 .0 36 .7 38 .3 34 .4 37 .2 32 .2 25 .6 35 .6 320.3 34 .4 32 .8 36 .4 39 .3 35 .0 35 .0 30 .0 33 .9 320.8 37 .2 32 .8 31 .7 34 .4 31 .9 30 .7 38 .4 22 .0 33 .3 34 .4 35 .6 26 .7 Les nombres renfermés dans la table précédente éprouveraient probablement quelques modifications, si les journaux météorologiques d'où ils sont tirés ombras- DU GLOBE TERRESTRE. 497 saient, clans chaque station, des intervalles plus considé- rables; on doit donc les considérer comme fournissant seulement des limites en moins. Les principaux observateurs, voyageurs ou physicien?, à qui sont dus les résultats consignés dans cette table sont mon illustre ami Alexandre de llumboldl , Le Gentil, Lacaille, Euler, Réaumur, Duhamel du Monceau, Van Swinden, Cotte, le général Brisbane, Parry, Rox- burgh, Niebuhr, Ilerrenschneider, Bugge, Ronnow, Chanvalon, Le Gaux, Orta, Cossigny, Coutelle, Beau- champ, Bréguin, de la Trobe, Lèche, Van Scheels, Clapperlon, Tuckey, Elphinstone, Tamisier, Lyon, Rit- chie. Mahlmann, Schouw, de Gasparin, Martins, Bec- querel , etc. On conclut de cette table que les plus fortes chaleurs que Ton ait ressenties à l'ombre et au nord s'élèvent à -\- li\°.[i pour la France; à -|- 35°.6 pour les îles Bri- tanniques ; à -f- 38^8 pour la Hollande et la Belgique ; à -^ 37°. 5 pour le Danemark, la Suède et la Norvège; à -j- 38°. 8 pour la Russie ; à -j- 39°. d pour l'Allemagne ; à -\- a0°.6 pour la Grèce; à +^0° pour l'Italie; à -j- 39" pour l'Espagne et le Portugal. Quant aux contrées qui n'appartiennent pas à l'Europe, je dois appeler l'attention sur les températures supérieures à /j3°, atteignant même 56°. 2, qui ont été observées ainsi qu'il suit : dcgrp- A Pékin ( Asie, n" 10 du tableau ) 63. 1 A Sackatou (Afrique, n" 25), d'après Clapperton. . . ho.'ô ^ A Kisslar (Asie, n" 8 ), d'après Stoven liS.l Au Caire, le 23 mai 18^0 (Afrique, no 12) 63.9 A Diskara ( Afrique, n" 10), le 19 août 18Zii, d'après .M. Aimé Zl'i.O Vin. — V. 32 i98 SUR L'ÉTAT TIIERMOMÉTRIQUE àffrfa A Ponarès (Asie, n» 20) /|/|.6 A Pondicliéry (Asie, n" 32), observations de Le Gentil. ti/iJ A Tunis (Afrique, n° 2) UU.7 A Antoiigil (Madagascar) (Afrique, n" 30), d'apiV's Le Gentil Zj5.0 Sur le plateau de Peschavour, d'après Elphinstone. Ù5.0 A Manille (Archipel, n» 2) Zi5.3 A lîassora (Asie, n" 11 ) , d'après de Beauchamp. . . . Z|5.3 A Sydney ( Archipel , n» 8) ^5.6 A Seringapatam , à 735 mètres d'altitude (Asie, n" 10) Zi6.1 A Mascate (Asie, n" 21), d'après Ruschenberger /j6,l En Nubie (Afrique, n°23), d'après Russegger Z|6.2 A Ain Dize (Egypte ), d'après Browne Zi6.7 A Ambukol ( Afrique, n° 19) , d'après Rïippell 46.9 A Esné (Afrique, n" 16), d'après Burckhardt U7.li A Chendi (Afrique, n» 20 ), d'après Bruce ù8.3 A Bagdad (Asie, n" 13 ) /i8.9 A Bir-el-Barut (Arabie), (Asie, n''26), d'après Tami- sier 50. 0 Près de Suez (Afrique, n" 13), expédition française d'Egypte 52.5 A Abou-Arich (Arabie) (Asie, n° 27), d'après Tami- sier 52.5 Près du port Macquarie (Archipel, n" 26) 53.9 Près de Syène (Afrique, n" 17) 5/i.O A Mursouk (Afrique, n° 15), d'après Lyon et Ritchie. 56.2 Lorsque pour la première fois, en iS2li, je m'occupai, dans Vy^nnuaire du bureau des longitudes, de la question de savoir quelles étaient les plus hautes températures rencontrées en divers points du globe , je m'étonnai à bon droit des nombres donnés par Le Gentil, pour Pon- dicliéry et Antongil. Je m'exprimai alors en ces termes : a Les résultats que Le Gentil a obtenus surpassent trop ceux de tous les autres voyageurs, pour qu'il ne vienne pas à la pensée que le thermomètre de cet académicien était en erreur de 2> owli degrés; mais je ne trouve point, il DU GLOBE TERRESTRE. 499 dans les observations laites en mer, la confirmation de cette conjecture. On verra plus loin, en eflet , (ju'au mi- lieu de rOcéan le thermomètre exposé à l'air libre se maintenait vers -{- 30° centigrades sans jamais dépasser ! »' terme, même sous l'équateur. Or, voici un extrait des journaux de Le Gentil : Maxima Latitude. de temiJerature de l'aie. Océan Atlantique (1760) 2"Zi5'N. + 30".G Ide77i. Idem 0 51 S. 29.6 Idem. (1771) 0 12 26 .9 Idem. Idem 8 Z|8 N. 28.1 «On trouve, il est vrai, des observations de cet acadé- micien faites en 17G6, à bord du Berryer, qui donnent + ?>2°.6, + 33°.7 et même + 35°.0; mais le bâtiment était alors dans le détroit de la Sonde, fort près de terre. Du reste, depuis qu'une seule année d'observations a offert au général Brisbane, à Paramatta, des températures au-dessus de + /il° centigrades, je ne vois pas pourquoi on s'étonnerait qu'à Pondichéry, beaucoup plus près de l'équateur, le thermomètre s'élevât jusqu'à h- 45°. » Aujourd'hui, en présence des chiffres beaucoup plus élevés obtenus notamment par le voyageur Burckhardt, par Bruce, par Lyon et Ritchie, etc., on ne peut avoir de doute sur le fait que des thermomètres aient réelle- ment accusé des températures aussi élevées, mais on peut craindre encore que des effets de rayonnement aient in- fluencé les instruments. Aussi j'insisterai pour que les voyageurs aient recours à un procédé d'observation que j'ai indiqué il y a longtemps et qui est ainsi décrit dans le procès-verbal de la séance du Bureau des Longitudes 500 SUR L'ÉTAT TIIERMOMÉTRIQUE du 17 février 1830 : « M. Arago propose d'attacher un thermomètre à une machine rotative douée d'une grande vitesse et produisant un vent artificiel. Il espère ainsi obtenir la température de l'air dégagée des elTets du rayonnement des corps dont le thermomètre est en- touré. » CHAPITRE XXVI IIAXIM DE TEMPÉRATURE DE l'aTMOSPIIÈRE, OBSERVÉS EN PLEINE MER, LOIN DES CONTINENTS La table qui suit renferme les maxima de température de l'atmosphère, observés par les navigateurs, en pleine mer, loin des continents. Dates. Latitude. Tempérât Noms des observateurs. Océan Atlantique. 1772, ilx août ia°5V xN. dc-gi-é» + 27.5 Bayley. Mer du Sud 1773, 16 août 17 66 S. 28.9 Id. Océan Atlantique. 177/1, 23 mai k 5 -N. 28.3 Id. Idem. 1772. 13 août 16 50 N. 28.6 AVales. Idem. 1775, 22 juin 11 12 N. 29.2 Id. Idem. 1785, 29 sept. 0 0 26.3 Lanianon. Idem. 1788, nov. 0 58 S. 27.2 Churruca. Idem. 1791, 6 nov. 9 16 N. 28.6 D'Entrecast. dJ Mer des Moluques. 1792, 27 oct. 10 62 S. 30.6 ■ Idem. 1793, 2 août 0 3 S. 29.7 Id. " Océan Atlantique. 1800, mars 0 33 S. 27.7 Perrins. Grand Océan 1803, févr. 0 11 N. 28.0 Humboldt. Idem. 1816, 26 déc. Il 16 N. 30.0 Kotzebue. Océan Atlantique. 1816, 16 mars 6 21 N. 27.8 Jobn Dïwy. Idem. 1816, 11 mai 6 63 N. 27.5 Lamarche. 1 Mer de la Sonde.. 1816, 20 juin 5 38 S. 26.6 Basil Hall. ] Mer de la Gliine. . 1816, 3 juin. 13 29 N. 29.1 Id. 1 Mer des Indes 1816, 7 août 2 10 N. 28.1 John Davy. 1 Océan Atlantique. 1816, 13 oct. 5 38 S. 29.1 Lamarche. \, Grand Océan 1817, 27 sept. 20 10 N. 30.3 Kotzebue. DU GLOBE TERRESTRE. 501 Noms Dates. Latitude. Tempérât. des observateurs. degrés Mer du Sud 1818, 18 fcvr. 8° 55' S. 30.0 Kotzebue. Méditerranée 1818, 3 août 39 12 N. 29.2 Gauttier. Idem. 1819, 2/i juin 38 66 N. 29.0 Ici. Mer Noire 1820, 23 juin Zi.'i ù2 N. 29.Zi Id. Ces nombreuses observations présentent entre elles trop d'accord pour ne pas nous autoriser à en conclure qu'en pleine mer, loin des continents, la température de l'air ne s'élève jamais au-dessus de + 30° centigrades. L'observation unique de d'Entrecasteaux, du 27 octo- bre 1792, qui a donné + 30". 6, ne me semble pas devoir faire rejeter ce résultat, puisqu'il est possible que, dans ce cas particulier, la réverbération du bâtiment ait occa- sionné un degré d'augmentation. Les journaux météorologiques qu'a insérés M. Louis de Freycinet, dans le quatrième volume de la Relation du voyage du capitaine Baudin, renferment des observations d'après lesquelles il paraîtrait qu'entre les tropiques, en pleine mer, l'air est quelquefois à + 34° centigrades; mais je dois faire remarquer que le thermomètre était placé au pied du mât d'artimon, dans la batterie couverte de la corvette, c'est-à-dire en un lieu où il devait faire plus chaud qu'à l'air libre ; je dis où. il devait, car je trouve dans les observations de M. de Lamanon qu'à bord de l'Astrolabe, surtout vers midi, le thermomètre extérieur marquait toujours moins que le thermomètre situé dans la chambre : la dilférence allait souvent à 2 ou 3 degrés centigrades. Le capitaine Tuckey rapporte, dans le journal de son malheureux voyage au fleuve Zaïre, qu'en 1800, durant 502 SUR L'ÉTAT TIIERMOMÉTRIQUE une campagne qu'il avait faite dans la roer Rouge, le thermomètre centigrade marquait ordinairement : A minuit +36» (jamais moins de 3h°M) Au lever du Soleil hO A raidi hU ou ho» Ces résultats n'infirment pas la conséquence qui m'a paru résulter de la table précédente. En elTet, j'y ai inséré exclusivement des températures déterminées loin de terre : or, le capitaine Tuckey ne nous a point appris si, lorsqu'il observait le thermomètre à /iO°et à lili% son bâti- ment ne longeait pas les côtes de l'Arabie, de la Nubie ou de rKgypte. J'ajouterai que la mer Rouge est trop resserrée pour qu'on ne doive pas supposer que les plages arides qui la bordent étendent leur influence calorifique jusque vers son milieu. Cette influence du voisinage des terres sur les tempé- ratures des couches d'air placées au-dessus des mers qui les baignent, se fait, du reste, manifestement sentir en tout lieu. En ne considérant que les observations recueil- lies en pleine mer, le journal tenu par Wales, à bord de la Résolution, depuis le 21 juin 1772 jusqu'au 30 juillet 1775, ne présente point de température supérieure à + 29°.2 centigrades, quoique le bâtiment, dans cet inter- valle, ait plusieurs fois croisé l'équateur; tandis qu'à la pointe Vénus, à la baie d'Owharre, à la baie d'Ohaina- neno, à Bolabola, etc., par 17° 1/2, 16° 3/4 et 16° 1/2 de latitude sud, le thermomètre libre, à bord de la Réso- lulion^ a marqué, en mai 177/i, 3/i°, 35° et même 36M centigrades. DU GLOBE TERRESTRE. 503 CHAPITRE XXYII MAMMA DE LA TEMPERATURE DE LA MER A SA SDR FACE Pour compléter les documents météorologiques que je me suis proposé de réunir dans cette Notice, il me reste à former une table des maxima de températures qu'acquiert l'eau de la mer à sa surface, aux époques les plus chau- des de Tannée. Océan Atlantique. Mer du Sud Océan Atlantique. Idem. Idem. Idem. Idem. Idem. Idem. Mer de Chine — Océan Atlantique. Mer de Ceylan . . . Océan Atlantique. Mer des Indes Grand Océan Au N. de Sumatra. Grand Océan Mer de la Sonde.. Latitude. T N. 17 3/Zi S. h N. 6 l/_'iN. S. N. N. N. 13 1/2 N. 7 1/3 N. 2 1/2 N. 10 N. 1 N. 9 /i9'N. 5 1/3 xN. 9 59' N. h 21 S. Longitude de Paris. 20"3/Z|O. 152 0. 2i E. 22 1/50. 29 3/iO. 25 1/20. 22 1/30. 21 0. 26 0. 110 1/2 E. 1k 1/2 0. 75 1/2 E. 20 1/20. 91 E. 170 3/4 E. 98 E. 153 1/4 E. 104 1/4E. Température. degrés + 26.9 28.9 28.3 28.7 28.6 28.8 28.2 28.6 27.5 29.1 27.3 28.9 29.1 29.6 27.6 28.9 30.5 29.1 Dates 1772, 1773, 1774, 1788, 1803, 1803, 1804, 1816, 1816, 1816, 1816, 1816, 1816, 1816, 1816, 1817, 1817, 1818, 23 août « 18 août* 23 mai ^ octobre * avril " novembre^ mars ^ 16 mars * 10 mai » 3 juill. '0 14 juill. " 9 août '* 18 oct. «^ 25 nov. " 30 déc. "" 8 mars '" 13 nov. '^ 11 févr. ' = <. W. Bayley. — 2. W. Bayley. — 3. W. Dayley. — 4. Churnica. — 3. Quevedo. — 6. Rodman. — 7. Perrins. — 8. John Davy. — 9. Laimrche. - 10. Basil HrU. — H. CIi. Baudiii. — \î. Jolm Davy. — 13. Lanian lie. — \k. Ch. Baudin. — 15. Kolzebue. — 16. Basil Hall. — Kl. Kolzebue. — 18. Kolzebue. Toutes les observations réunies dans le tableau précé- dent confirment les conséquences que M. de Humboldt 804 SUR L'ÉTAT THERMOMÉTUIQUE avait déjà lirces de celles de Ghurruca, Qiievedo, Rod- nian, Perrins, et des siennes propres. Elles montrent qu'en aucun lieu du globe, qu'en aucune saison , la tem- pérature de l'Océan ne monte jusqu'à + 31° centigrades. A quel point la température de la mer, sous chaque latitude, peut-elle être modifiée par le voisinage des conti- nents et surtout par les courants polaires? Nous man- quons de données pour résoudre complètement cette question : on peut dire toutefois que cette influence n'est pas douteuse et qu'elle produit, dans quelques locali- tés, plusieurs degrés de variation. Ainsi, par exemple, M. Gaultier, dans ses campagnes hydrographiques de la Méditerranée, a trouvé, en août 1819, la température de la mer de + 26". 9 centigrades. Le bâtiment était alors par /iO° 1/2 de latitude nord et 22° 3' de longitude orien- tale, entre l'île de Tasso et le mont Athos. Je ne pense pas que dans des mers non resserrées par les détroits, et dont les eaux peuvent conséquemment se mêler sans obstacle à celles des courants polaires, on ait jamais, par 40° de lati- tude, trouvé une température aussi forte. CHAPITRE XXVIII D£S DIFFÉRENCES EXTRÊMES DE TEMPÉRATURE SUPPORTÉES A LA SURFACE DE LA TERRE On peut déduire, je crois, de l'ensemble des observa- tions rapportées dans les chapitres précédents, les consé- quences que voici : Dans aucun lieu de la Terre et dans aucune saison, un DU GLOBE TERRESTRE. 305 thermomètre élevé de deux ou trois mètres au-dessus du sol et à Tabri de toute réverbération n'atteindra le 57" degré centigrade. En pleine mer, la température de l'air, quels que soient le lieu et la saison, ne dépasse jamais le 30' degré centi-' grade. Le plus grand degré de froid qu'on ait jamais observé sur notre globe avec un thermomètre suspendu dans l'air, est de 58° centigrades au-dessous de zéro. Les températures les plus extrêmes qu'on ait consta- tées dans l'air atmosphérique diffèrent donc entre elles de 115". En comparant entre elles les températures les plus extrêmes qu'on ait constatées en un même point du globe, on trouve la table très-curieuse qui suit. Les lieux sont rangés par ordre de latitude décroissante. Latitude. Longitude. Tempéra- Tempéra- ture la ture la observée, observée. Ile Melville 74ol7'N. ns» 8' 0. +I50.6 — 48o.3 63o.9 Porl Félix 70 0 94 13 +21 .< —50.8 7J .9 Énonlekis 68 40 20 40 E. +26.0 — ÛO .0 76.0 Nijnei-Kolymsk 68 32 158 34 +23.5 —53.9 76.4 Reikiavik 64 8 24 16 0. +20.5 —20.0 40.3 Droiitheira 63 26 8 3 E. +28.7 —23.7 52.4 Iakuulbk 62 2 427 23 +30 .0 —38 .0 88 .0 Abo 60 27 49 57 +35.0 —36.0 74.0 Sainl-Pettrsbourg 59 56 27 58 +34 .4 —38.8 69.9 l'|)sal 59 52 15 48 +30.0 —34.7 61.7 Slockboliri 59 20 45 43 +37.5 —33.7 71.2 Nijuei-Taguilsk 57 56 57 48 +33.0 —54 .5 86.5 kasan 55 48 46 47 +36.0 —40.0 70 .0 .Moscou 55 45 33 44 +34.5 —43.7 78.2 Hariilourg 53 33 7 38 +35.0 -30.0 63,0 Berlin 52 31 14 3 +39.3 —28.8 68.4 Lûudres 5131 2 28 0. +35.0 —15.0 50.0 Dresde 54 4 41 24 E. +38.8 —32.1 70.9 Bruxelles 50 51 2 4 +35.0 —21.4 5t> .i Liège 50 39 3 H +37.5 -24.4 64.9 506 SUR L'ÉTAT TIIERMOMÊTR IQUE Lille •. 50O39' N. I.a Cliapelle (près Dieppe) 49 49 Rouen 49 2G CliTinont (Oise) 49 23 Metz 49 7 Paris 48 50 Strasbourg 48 35 Munich (5380» d'altitude) 48 8 Bàle 47 33 Bude 47 29 Tours 47 24 Dijon 47 19 Québec 46 49 Lausanne ;528m d'altitude) 46 3i Genève 46 12 Hospice du St-Bernard (2491m) 43 30 Grande-Cbartrense(2030md'alt.) 43 18 Grenoble 45 11 Tarin 45 4 Le Puy (7601" d'altitude) 4ri 0 Orange 44 8 Avignon 43 57 Toulouse 43 37 Montpellier 43 37 Marseille 43 18 Perpignan 42 42 Rome ■ . . . 4i 54 Naples 40 51 Pékin 39 54 Lisbonne 38 42 Palerme 38 7 Alger 36 5 La Havane 23 9 Vera-Cruz 19 12 Madras 13 4 Curaçao 12 6 Paramaribo 5 45 lie de Pulo-)'enaiig 5 23 Quito (.!908«i d'altitude) 0 14 S. Saint-Louis de Marana 2 31 Ile Bourbon 20 52 D'une manière générale les différences entre les plus hautes et les plus basses températures sont d'autant moindres qu'on s'éloigne plus du pôle boréal pour avan- cer davantage vers l'équateur. Il est probable que sur Longitude. tm-f 1,1 plu^han te tnre la plus basse Ditrér ^nce! observée. observée. 00 4' E. +35° .6 — I80.O 530.6 i 12 0. +33 .5 -19 .8 53 .3 M 15 +38 .0 -21 .8 59 .8 OSE. +36 .8 -20 .0 56 .8 3 50 +38 .t —21 .3 59 .4 0 0 +40 .0 —23 .5 63 .5 5 25 +35 .9 -26 .3 62 .2 9 14 +35 .0 -28 .8 63 .S 5 15 +34 .0 —37 .5 71 .5 16 43 +36 .0 —2a .5 58 .5 1 3!) 0. +38 .0 —25 .0 63 .0 2 42 E. +35 .6 —20 .0 55 .6 73 36 0. +37 .5 —40 .0 77 .5 4 18 E. +3.-; .0 —20 .0 55 .0 3 49 +36 .2 -25 .3 61 .5 4 45 +19 .7 — 30 .2 49 .9 3 23 +27 .5 —26 .3 53 .8 3 24 +35 .0 —21 .6 56 .6 5 21 +37 .6 —17 .8 55. 4 1 33 +34 .2 —19 .8 54 .0 2 28 +41 .4 —18 .0 59 .4 2 28 +38 .1 —13 .0 51 .4 0 54 0. +40 .0 —15 .4 55 .4 1 32 E. +38 .6 —18 .0 56 .6 3 2 +36 .9 —17 .5 54 .4 0 34 +38 .6 — 9 .4 48 .0 10 7 +38 .0 — 6 .9 4i .9 H 55 +40 .0 — 5 .0 45 .0 114 9 +43 .1 -15 .6 58 .7 11 29 0. +38 .8 — 2 .7 41 .5 11 1 E. +39 .7 0 .0 39 .7 0 44 +37 .5 — 2 .5 40 .0 84 43 0. +32 .3 + 7.3 23 .0 98 29 +35 .6 +16 .0 19 .6 1 77 54 E. +40 0 +17 .8 22 .2 1 71 16 0. +32 .8 +23 .9 8 .9 57 33 +34 .4 +16 .1 18 .3 i 97 59 E. +32 .2 +24 .4 7 .8 :.' 81 5 0. +22 .0 + 6 .0 16 .0 46 36 +33 .3 +24 .4 8 .9 53 10 E. +37 .5 +16 .0 21 .5 DU GLOBE TERRESTRE. o07 riiémisphère austral les observations permettront un jour de constater une loi analogue. Certains corps, tels que la neige, etc., prennent, par l'cHet du rayonnement, quand le ciel est serein, une tem- pérature de 10 à 12 degrés inférieure à celle de l'air qui les baigne. On peut donc supposer qu'au moment où le thermomètre de MM. Katakazia et Newierovv à qui l'on doit l'observation du froid extrême constaté à Iakoutsk le 25 janvier 1829 (voir plus haut, Asie, n" li, p. 385), marquait — 58% on aurait trouvé — 70° si la boule avait touché la neige dont le sol était recouvert. Peut-être — 70° exprime-t-il la température la plus basse que les corps terrestres puissent jamais naturellement acquérir à la surface du globe. Le froid de — 58° est beaucoup plus fort que celui de — 50° qui avait été observé par le capitaine Franklin dans son expédition de 1819-1821 vers les régions arctiques. Cependant le thermomètre à alcool de MM. Katakazia et Newierow ayant été vérifié avec soin par M. Erman, on ne peut avoir de doute sur l'exactitude de ses indications. La température de l'eau de la mer, sous aucune lati- tude et dans aucune saison, ne s'élève au-dessus de + 30° centigrades. La température des corps solides atteint des chiffres beaucoup plus élevés. J'ai dit plus haut (p. 400) que le sable , sur les bords des rivières ou de la mer, est sou- vent , en été , à la température de G5° à 70° centigrades. A Paris, en 1826, dans le mois d'août, j'ai trouvé, avec un thermomètre couché horizontalement et dont la boule n'était recouverte que de 1 millimètre de terre végétale 508 SUR LÉTAT TllERMOMÉTRIQUE très-fine*, + 5/^^ Le môme instrument, recouvert de :2 millimètres de sable de rivière, ne marquait que + /iG". La plus haute température de l'air fut, pendant ce mois, de + 36°.2. Le thermomètre de Messier, exposé directe- ment au Soleil le 8 juillet 1793 (voir plus haut p. liM), a marqué H-03°.2. Mon illustre ami, M. de Ilumboldt, a trouvé dans les llanos de Venezuela que le sable avait, à deux heures de l'après-midi, une température de +52°.5 et quelquefois même de + G0° ; celle de l'air, à l'ombre d'un bambou, était de + 36°. 2; au Soleil à 50 centimè- tres au-dessus du sol, elle était de + /i2°.8. La nuit le sable n'avait plus que + 28" : il avait perdu plus de 24 degrés. On voit ainsi que le plus grand écart des tempéra- tures les plus extrêmes que les corps supportent à la sur- face de la Terre est de 140 degrés. CHAPITRE XXIX TEMPÉRATURES DES DIFFÉRENTES ESPÈCES d'ANIMAUX Les corps inanimés d'un petit volume prennent, après un temps assez court, la température de l'atmosphère dont ils sont entourés. La plupart des êtres vivants, au contraire, sont doués, entre certaines limites, de la faculté de résister à ces communications de chaleur. Une masse de plomb, de fer, de marbre, etc., du volume d'un homme, est en peu d'heures à la température de 1. Voir tome IX des Œuvres, instructions, rapports et notices sur les questions à résoudre pendant les voyages scientifiques , p. 8. DU GLOBE TERRESTRE. 509 l'atmosphère ambiante ; le sang du navigateur fait monter le thermomètre à peu près au môme degré, soit qu'il explore les rives glacées du Spitzberg ou les régions bru- hmles de l'équateur. H ne peut pas être question ici d'examiner quelle est la cause de cette singulière pro- j)riélé; je me propose seulement de faire connaître, d'a- près un travail de sir John Davy, les températures exactes des différents genres d'animaux. Les observations de cet habile chimiste ont été faites en Angleterre, à Ceylan ou en mer. Dans les tableaux suivants, les premières sont marquées de la lettre A, les secondes de la lettre C, celles delà mer, enfin, de la lettre M. On déterminait la température des grands animaux en plaçant la boule d'un thermomètre sous leur langue, près de sa racine, ou par des moyens analogues. Pour les insectes, sir John Davy se servait d'un thermomètre à boule très-fine qu'il introduisait dans le corps de l'animal par une incision faite à l'instant même de l'expérience. Température de différentes races d'hommes^ déterminée à Kandy (Ceylan). degrés Trois ouvriers vigoureux, de 24 à 33 ans 37.1 Trois vaidas, de 30 à 60 ans 36.8 Trois prêtres de Bouddha, de 15 à 30 ans 37.1 Cinq nègres d'Afrique, de 23 ù 35 ans 37.2 Quatre Malais, de 17 à 35 ans 37.2 Six cipayes, de 19 à 38 ans 37. 1 Dix soldats anglais, de 23 ù 36 ans 37.3 Ile de France. degrés Trois nègres de Madagascar 36.9 Deux Anglais établis dans l'île 36.9 5<0 SCR L'ÉTAT TIIERMOMÊTRIQUE Temi:érature des ?némes hommes, par dijférentcs circonstances atmosphériques. Atmosphère. Homme, degrés degrés Température de 7 Anglais +25,5 +37.2 (Le bâtiment était par 9"Z|2' de latit. jS.) — des mêmes 7 Anglais 26.4 37.3 (Latitude du bâtiment 0° 12' N.) — des mêmes 26.7 37.6 (Latitude du bâtiment 23» kh' S.) — des mêmes 15.5 36.8 (Latitude du bâtiment 35° 22' S.) — de six porteurs de palanquin. 20.5 36.8 (A Kandy, dans l'île de Ceylan.) — des mêmes six porteurs 27.8 37.7 (A Trinqueraale, dans la même île.) Température des mammifères. Atmosphère. ' degrés Singe G +30.0 Chauve-Souris C 28 V. Vampirus C... 21 Écureuil C 27 Rat C... 26.5 Lièvre C... 26.5 Iclmeumon G 27 Tigre C 26.5 Chien C Jackal C 29 Chat A 15 Id C... 26 Panthère C 27 Cheval C 26 Mouton A (été) Id C... 26 Bouc C 26 Chèvre C 26 Bœuf A (été) Id C... 26 + Animal, degrés 39.7 38.0 37.8 38.8 38.8 37.8 39. Zi 37.2 39.3 38.3 38.3 38.9 38.9 37.5 38.5 ZjO.2 39.5 /iO.O 38.9 38 9 DU GLOBE TERRESTRE. Atmosphère. Élan C + 25.6 Porc G 25.6 Éléphant C 26.7 Marsouin M 23.7 Température des oiseaux. Atmosphère. Milan C + 25.3 Chat-Huant A 15.6 Perroquet C 2/i Choucas C 31.5 Grive C 15.5 Moineau commun G 26.6 Pigeon (en cage) A 15.5 Jd G.... 25.5 Poule A.... 2Zi.5 Jd G.... 25.5 Poule de Guinée C 25.5 Coq d'Inde G 25.5 Pétrel -M.... 26 Oie C 25.5 Canard G 25.5 Température des amphibies. Atmosphère. Testudo mydas M +26.0 Id C 32 T. geometrica (Cap). 16 Id G 26.6 Grenouille G 26 7 Iguana G 27.8 Serpent (vert) G 27.5 Id. (brun) G 28.1 Couleuvres (brunes) — G 28.3 Température des poissons. Eau. Requin M +23.7 Truite A 13.3 Poisson volant M 25.3 Ô44 Animal. degrés + 39.4 kO.5 37.5 37.8 Animal. 37.2 /lO.O Zil.l /i2.1 Z|2.8 42.1 42.1 43.1 42.5 43.5 43.9 42.7 40.3 41.7 43.9 Animal. + 28.9 29.4 16.9 30.5 25.0 29.0 31 4 29.2 32.2 Animal. + 25.0 14.4 25.5 512 SUR L'ÉTAT TIIERMOMÉTRIQUE Température des mollusques. Eau. Animal. degrés dcgrrs Huître C +27.8 +27.8 Température des crustacés. Atmosphère. Animal. Écrevisse C + 26.7 + 26.1 Eau, Crabe C... 22.2 22.2 Température des insectes. Atmosphère. Insecte. Scarabée C +2/^.3 +25.0 "Ver luisant C 22.8 23.3 Blatta orientalis C 23.3 23.9 Grillon (Cap). 16.7 22.5 Guêpe C 23.9 2'i.li Scorpion C 26.1 25.3 Julus C 26.6 25.8 Température des vers. Les vers paraissent avoir la température de Tair ou de l'eau dans lesquels on les trouve. Les tableaux qui précèdent conduisent aux consé- quences suivantes : 1° Les hommes des différentes races, placés dans des circonstances semblables, ont exactement la même tem- pérature, soit qu'ils se nourrissent exclusivement de viande, comme les vaidas; soit qu'ils ne mangent que des légumes, comme les prêtres de Bouddha ; soit enfin que, à l'exemple des Européens, ils prennent journellement ces deux espèces d'aliments. 2" La température de l'homme s'accroît un peu quand DU GLOBE TERRESTRI-. 5U il se transporte d'un pays froid ou même tempéré dans un pays chaud. 3° Les oiseaux sont les animaux dont la température est la plus élevée ; les mammifères occupent le second rang; viennent ensuite les amphibies, les poissons et cer- tains insectes; la dernière classe comprend les mollus- ques, les crustacés et les vers. Les expériences précédentes ont principalement porté sur des animaux vivants placés dans des milieux chauds ; il en est de même de celles qu'ont décrites quelques au- tres physiciens ou physiologistes. Les expériences que le capitaine Back a faites dans son excursion vers les régions polaires semblent mériter une attention toute spéciale, parce qu'elles ont été exé- cutées par de très-grands froids. En voici les principaux résultats : Température Températnre du thorax de l'atmosph. en desrés en degrés ceotigraJes. centigrades. 1833, 36 oct. Gelinotte noire d'Amer, (mâle). 28 Id. Id. 29 Id. (femelle). 29 Id. Id. 183i, 18 mai Id. Id. 5 janv. Lagopède des saules (mâle) . . . 7 Id. Id. 11 Id. Id. Si le lecteur compare les tables de sir John Davy avec celles que j'ai insérées dans le chapitre xxv de cette Notice (p. /iS? à /i96), il verra qu'il y a sur la Terre un grand nombre de lieux habités dans lesquels le thermomètre, à l'ombre et à l'exposition du nord, s'é- lève à plusieurs degrés au-dessus de la température du VllI. — V. 33 -|-/i3.3 -12.7 -i-i3.0 — 15.0 -I-Û2.8 — 8.3 -i-Zi3.3 — 8.0 -f/|2.8 — 1.1 ^!x1.!x —19.7 -i-Zi3.3 -32.8 -f63.3 —35.8 514 SUR L'ÉTAT TIIERMOMÉTRIQUE sang. C'est donc à tort qu'on supposait anciennement que l'homme élait sulToqué dès qu'il se trouvait dans une atmosphère plus chaude que son corps. Il n'existe r.ucune expérience d'où l'on puisse déduire quel est le dernier terme d'une température habituelle que nous puissions supporter; on sait seulement que ce terme est extraordinairement élevé quand l'épreuve ne dure qu'un petit nombre de minutes. Tillet rapporte dans les Mémoires de V Académie pour 17G/i, que les filles de service attachées au four banal de la ville de La Rochefoucauld restaient habituellement dix minutes dans ce four, sans trop souffrir, quand la tempé- rature y était de 132° centigrades, c'est-à-dire supérieure de 32° à la température de l'eau bouillante. Au moment d'une des expériences il y avait autour de la fille de service des pommes et de la viande de boucherie qui cuisaient. En 1774, Fordyce, Banks, Solander, Blagden, Dun- das, Home, Nooth, lord Seaforth et le capitaine Phipps entrèrent dans une chambre où la température était de 128° centésimaux, et y restèrent huit minutes. Leur température naturelle s'accrut légèrement. Dans la même chambre, à côté des observateurs, des œufs devinrent durs en vingt minutes, un bifteck cuisit en une demi- heure; l'eau entra en ébullition : on l'avait recouverte d'une couche d'huile pour éviter l'évaporation. On a vu à Paris, en 1828, un homme entrer dans un four d'un mètre de hauteur, et dans lequel un thermo- mètre placé vers la partie supérieure marquait 137° centigrades; il y resta cinq minutes; il était couvert I DU GLOBE TERRESTRE. 515 d'abord d'un léger vêtement de coton, ensuite d'un vête- ment do laine rouge, épais, doublé de toile, et par-dessus d'une sorte de carrick en laine blanche également doublé; il portait sur la tête une espèce de capuchon de pénitent en laine blanche doublée. [Bibliothèque universelle de Genève, t. xxxviii, p. l/i9. ) Le degré de chaleur que les animaux peuvent endurer paraît dépendre de leur volume. Dans les expériences de Tillet, le petit oiseau qu'on appelle bréant ne résista que pendant quatre minutes à une température de 77° centi- grades. Un poulet était déjà très-malade au bout du même temps, mais il ne mourut pas. Un lapin fut exposé à la température de 73° ; il ne donna des signes de souffrance qu'à la dix-septième minute. Un bréant enveloppé dans un maillot formé de plu- sieurs tours d'un linge double, mais ayant la tête et les pattes libres, resta exposé pendant huit minutes à une température de 79° centigrades sans que la mort s'en- suivît. Le poulet, semblablement emmaillotté, ne com- mença à s'agiter par une température de 79° qu'à la cin- ((uième minute. On le retira du four après la dixième : il ne mourut pas. Le lapin donna des résultats analogues. Les vêtements opposent donc un puissant obstacle aux communications de chaleur qui, dans les températures très-élevées, amènent la mort des animaux. Ne serait-ce point dans des expériences de ce genre que les Espagnols ont puisé cette réponse , qu'ils ne manquent jamais de faire à ceux qui s'étonnent de les voir couverts de leurs manteaux au fort de la canicule : Lo que préserva del frio préserva lambien del calor? 5<6 SUR L'ÉTAT TIIERMOMÉTRIQUE Je n'ai sons doute pas besoin de faire remarquer qu'on ne pourrait rien déduire des expériences précédentes concernant la clialeur qu'il serait possible de supporter dans des milieux plus denses que l'air. Voici, à cet égard, les résultats de quelques épreuves faites par Banks, Blagden et Solander : On peut endurer avec la main une température do /i7°.0 dans le mercure, de 50 .5 dans l'eau, de 5i .0 dans Tliuile, et de 5/i .5 dans ralcool. Suivant Blagden, ces déterminations sont exactes à un degré près. L'observateur, dit-il, qui supportait une température de 50". 5 dans l'eau, était obligé de retirer sa main avant que le liquide atteignît le 52* degré. Banks, Blagden et Solander arrivèrent tous les trois aux mômes résultats. On s'est assuré, par expérience, que quelques per- sonnes boivent habituellement le café à la température de 55° centigrades. Le maréchal Marmont rapporte qu'à Broussa il a vu un homme rester longtemps dans un bain d'eau dont la température était de + 78° centigrades. Newton a donné + liT centigrades comme la plus forte chaleur d'un bain d'eau où l'on puisse tenir la main en la remuant. Il s'assura que si la main reste immobile, on peut aller à 8° au delà , ou à + 50° centigrades. On doit cependant comprendre sans peine que les savants anglais que j'ai nommés plus haut aient pu supporter pendant plusieurs minutes une température de -t- 128° DU GLOBE TERRESTRE. 517 au milieu d'un air cliaud dans lequel la plus abondante transpiration garantissait probablement les chairs des effets qu'une aussi haute température aurait certainement produits sans cela ; il en est tout autrement lorsqu'on se trouve immergé dans de l'eau chaude. Le médecin Carrère rapporte qu'un homme robuste ne put pas rester plus de trois minutes dans un bain d'eau thermale du Roussillon, dont la température était de + 50° centigrades. Lemonnier se baignait habituellement à Baréges à la température de + 38" centigrades. Il restait chaque fois dans le bain une demi-heure sans inconvénient; mais dans une expérience où le thermomètre marquait + /|5% après six minutes d'immersion, la sueur ruisselait de tous les points du visage de ce médeciii ; tout son corps était rouge et gonflé; à la huitième minute il éprouva des étourdissements qui l'obligèrent à se retirer. Le docteur Berger fixe à + 42° centigrades la chaleur d'un bain d'eau pure qu'on ne peut endurer sans en être incommodé, sans que le pouls s'accélère d'une manière inquiétante. Il y a toutefois bien loin de ces nombres aux -{- 78° que marquait le thermomètre dans le bain oii le duc de Raguse a vu un Turc se tenir plongé pendant longtemps. Ce résultat ayant fait naître des doutes, voici la réponse du maréchal : « C'est de mes yeux que j'ai vu l'homme se baigner. Le docteur Jeng (Autrichien) l'a vu comme moi, et ce médecin me fit remarquer dans le moment même combien le fait était extraordinaire. Ainsi je donne mon observation pour parfaitement certaine. » 518 SUR L'ÉTAT THERMOMÉTRIQUIÎ - CHAPITRE XXX DES TEMPÉRATUr.ES MOYENNIÎS La température moyenne d'un jour, dans l'acception mathématique de ce terme, est la moyenne des tempéra- turcs correspondantes ù tous les instants dont le jour se compose. Si l'on fixait à une minute, par exemple, la durée de ces instants, on diviserait par 1^40 (nombre de minutes contenues dans 2[i heures) la somme des ilikO observations thermométriques faites entre deux minuits consécutifs, et le quotient serait le nombre cherché ; divi- sant ensuite par 365 la somme des 365 températures moyennes correspondantes à tous les jours de l'année, on aurait la température moyenne do l'année. 11 semble, d'après la définition précédente, que pour obtenir les températures moyennes avec exactitude, il sera indispensable de se procurer des observations très- rapprochées; mais telle est, heureusement, la marche du thermomètre, dans les circonstances ordinaires, que la demi-somme des températures maximum et minimum (celles de 2 à 3 heures après midi et du lever du Soleil) ne diffèrent presque point de la moyenne rigoureuse des vingt-quatre heures et peut la remplacer. C'est en com- binant ainsi les deux observations extrêmes, qu'ont été calculées, pour chaque lieu, les températures moyennes journalières; leurs sommes, divisées par 365 dans les années communes et par 366 dans les années bissextiles, ont donné les températures moyennes annuelles; enfin, en prenant le milieu entre les résultats correspondants à plu- I DU GLOBE TERRESTRE. 519 sieurs années consécutives , on a obtenu les nombres que nous allons inscrire vis-à-vis de chaque nom de ville dans la table qui nous servira à trouver les lois remarquables suivant lesquelles la chaleur se distribue à la surface du globe. Les températures moyennes des saisons ont été calculées en supposant que l'hiver se compose des mois les plus froids et que Tété comprend les mois les plus chauds; dans notre hémisphère l'hiver est formé par con- séquent des mois de décembre, janvier et février, et l'été s'étend du l'' juin au dernier jour d'août. EUROPE. I. France. TEMPERATURES MOYENNES K Diinkerqiie 51» 2'N. 2 Lille 50 39 3 Arras 50 18 4 Hen(lecourt(P.-de-C.). 50 17 5 Cambrai 50 1 1 6 Abbeville 50 7 7 La Chapelle du Bourgay 49-49 8 Monidldier 49 39 9 Cherbourg 49 39 10 Laoïi 49 34 11 Le Havre 49 29 12 Rouen 49 26 13 Clermonl 49 23 14 Les Mesneux 49 13 13 Sainl-Lô 49 7 16 Metz 49 7 17 Monimorency 49 0 18 Chù oiis-sur-Mariie 48 57 19 Gœrsdorll 48 57 20 Vire 48 50 21 Paris 48 50 22 Versailles 43 48 23 Haguciiao 4S 48 24 Naiiiy 48 42 25 Sainl-Malo 48 39 26 Strasbourg 48 35 27 Saiiil-Brieuc 48 31 en deg rés <:eutigi ades Nombres LODgit. Altit. de de de d'anaées d'ob-ier- l'année. riiivur. l'été. vations. Oo 2'E. 8m 10.17 335 17.76 13 0 44 24 10.35 2.94 17.89 12 0 26 67 10.39 2.44 17.00 2'. 0 26 0. 81 9.06 2.33 10.63 6 0 54 E. 54 10.12 2.62 18.-JI 10 0 30 0. 62 9.44 3.00 15.'.0 2 1 12 147 9.47 3.00 17.12 37 0 14 E. 240 9.09 1.70 17.20 8 3 58 0. 17 11.29 5.9.5 16.68 9 1 17 E. 181 9.38 2.20 16.71 8 2 14 0. 5 9.37 2.45 17.49 3 \ 15 39 10.82 2.14 18.00 27 OSE. 86 10 26 2 20 18.81 5 1 37 83 10.01 2.06 18 41 5 3 26 0. 43 10.18 4.44 10.44 4 3 50 E. 182 9.98 1.66 19.47 3S 0 2 0. 143 10.61 3.84 17.8'( 30 2 ) E. 82 Il 10 "2.79 19 29 /.S 5 26 2i8 9.48 0.38 18.08 i2 3 14 0. 177 11 47 4.06 19.18 1C 0 0 C5 10.74 3.23 18.28 ;j't 0 13 0. 134 10.49 341 IS.iO 7 5 25 E. 200 10.88 2.C3 20.17 12 3 51 200 9.66 1 53 18.2S r-> 4 L'2 0. 14 12.38 5.75 19.01 10 5 2". E. 144 9 80 1.10 18.30 32 5 6 0. 89 11.16 546 17.92 12 530 SUR L'ÉTAT TI1ERM0.MÉTRIQUE Lieux. Latit. 28 Chartres 48o-27'N. Î29 Mayenne 48 i8 30 Troyes 48 18 31 Saini-Dié 48 17 32 Epinal 48 10 33 Denainvilliers .18 10 34 Marlioné 48 7 33 Monlargis 48 0 36 Bourlionne-Ies-Dains. . . 47 57 37 Orléans 47 54 38 Mullionse 47 49 39 Venilôme 47 47 40 Angers 47 28 41 La Chapelle d'Angillon. 47 26 42 Tours 47 24 43 Dijon 47 19 44 Thouarcé{Maine-el-L.)- 47 16 45 Besançon 47 14 46 Nantes 47 13 47 Chinon 47 10 48 Autun 46 57 49 l'oniarlier 40 51 50 Syam 46 45 51 Lons-le-Saunier 46 40 5-2 La Chaire 46 33 53 Poitiers 46 33 54 Tournus 46 34 5") Saint-Maurice-le-Girard 46 30 56 Mâcon (Berzé-la-Ville, près de) 46 18 57 Bourg 46 12 58 La Rochelle 46 9 59 D'Alisre 4m 7.S 4.1 11.9 2 4 55 38 8.2 3.2 14.8 16 4 26 16 8.8 3.4 14 3 8 5 39 44 8.1 3.1 14.0 27 5 8 21 9.1 3.8 14.9 8 3 46 > 7.4 2.6 12.9 21 5 31 88 8.6 3.6 14 4 17 6 8 390 6.6 0.2 13 1 10 3 23 54 8.1 2.6 13.9 2ô - 60 8.3 3.0 14.4 7 3 17 66 8.4 3.0 14 2 24 5 56 27 95 4.4 13.3 20 5 6 40 8.3 28 14.4 20 6 50 9.7 0.4 14.6 9 5 8 9.5 3.6 13.3 6 3 23 9.0 2.2 16.0 23 4 35 46 8.7 2.8 14.8 23 8 40 9.5 4.6 13.3 13 4 40 8.3 2.7 liO 10 2 48 10.9 4.7 17.0 7 4 30 9.7 3.8 158 13 3 36 9.4 2.8 15.3 8 2 28 9.8 4.0 161 63 2 37 9.9 3.7 16.7 27 3 26 11.0 5.0 17.1 16 3 38 10.3 3.9 17.2 10 522 SUR L'ÉTAT THERMOMÉTRIQUE TEMPÉRATURES MOYENNES eu dfgrés centigrades Nombres Lieux, Latit. Longit. Altit. -^"T ~' ^. '^ 7^ d'années de de de d obser- l'année. l'hirer. l'été. rations •:6 Lyme Régis 50o43'N. 5ol6'0 28m 10.4 5.5 15.2 13 •:" Plynioiilli 50 22 C 28 18 11.2 6 9 16.0 7 •:8 Penzance 50 7 7 53 0 1I.I 6.6 16.5 21 III. Hollande et Belgique. 1 Fianerker S3°20'N. STi'E. "m 10.0 2.6 19.6 13 2 Groniiigue 53 13 k Mt » 7.8 0.1 16.2 4 3 Lecuwarlcn 53 12 3 27 • 8.5 0.2 17.2 i 4 Le Helder 53 0 2 25 " 9.0 2.1 16.6 4 5 Harieni .52 23 2 18 - 10.0 2.9 17.0 48 6 Anisierdaiii 52 22 2 33 - 9.3 1.8 17.7 18 7 Zwanenbourg 52 15 2 0 » 9.3 1.8 16.9 2) 8 Leyde 5i 9 2 9 « 10.1 2 4 17.8 24 9 l'irecllt .52 5 2 47 " 9.2 1 .9 18.5 2 10 La Haye 52 4 158 » 111 3.3 18.6 8 11 Ai-nheim 5159 3 3> 18 9.3 1.6 16.8 31 12 Uollerdam 5155 2 9 « 10.6 2.7 18.4 5 13 Niiiicgue 5151 3 32 ■■ 8.7 0.1 17.7 4 14 Breda 5135 2 26 10 10.9 2 4 18.5 5 15 Flessingue 5126 115 " 9.6 2.1 17 3 3 16 Gand 51 3 1 23 « 10 4 2.4 13.9 11 17 .\lo?t 50.56 142 .' 9.9 1.7 18.8 6 18 Louvaiii 50 53 2 22 .. 9.5 1.4 17.7 8 19 Macslriclit 50 51 3 21 49 10.5 1.9 18.9 22 20 Bruxelles 50 51 2 1 .59 1ft.3 24 18.9 89 21 Liège 50 39 3 11 61 10.8 3.8 18.4 H 22 Slavclot 50 28 3 35 " 8.2 1 .1 16.4 5 23 Namur 50 28 2 31 151 10 4 31 19 1 5 24 Luxembourg 49 38 3 49 ■' 7.5 0.2 15.7 /; IV. Danemark, Suède et Nonve'ge. 1 Spitzberg 80o O'N. 22» O'O. «m . » 4.5 . 2 Mer du Groenland, près du Spitzberg 78 0 - ^ — 7.7 .- 1.4 3 Cap Nord 7110 23 30 E. - 0.1 —4.6 6.4 1 4 Alten 69 58 20 23 « 0.8 —7.5 11.1 H 5 Enonlekis 68 40 20 40 420 —2.7 —17.0 12.6 4 C Haapakyla (Suède).... 66 27 2127 « —0.5 —14.2 14.4 30 7 Fyafjord (Islande). . . 65 40 22 0 0. - 0.0 — 6.2 7.7 2 8 lieikiavik (Islande).... 64 8 24 16 •> 3.9 —1.7 12.2 16 9 rmea 63.50 17 57 E. » 2.1 —102 14.1 8 10 Droutlieim.. 63 26 8 3 » 5.4 —2.4 13.4 2 11 Jcmleland 63 0 15 43 408 2.8 —MO 13.0 5 <2 Hernosand 62 35 15 33 - 2.3 —8.1 13.4 28 13Sœndmœr... 62 30 4 0 " 5 3 —2.7 13.3 19 14 ThorshavM (Iles Fserôe) 62 2 9 6 0. - 7.5 4.3 12.2 5 DU GLOBE TERHESTRE. 523 TEMTEBATDRES MOYENNES en degrés ccntiprailcs Lieux. Latit. Lonpit. Altit. ' , , . ^ de ne de rannée. l'hiver. l'été. <5 Rergen 60">24'N. 2o5S'E. -m 67 0.8 13.2 16 l'Ilcnswanp (60 19 4 20 24) _ot \- C et Malinangcr > 39 58 6 20 S^ i ' ''' 17 Christiania 59 5-i 8 2:! » S.O -5.3 15.6 18 l'psal 59 52 15 18 0 5.1 —39 15.1 19 Caristadt 59 23 U 10 52 6.3 —2.7 16.2 20 Stockholm .Ï9 20 15 43 40 5.6 —3.6 10.1 21 Gtiti'horg 57 41 9 34 - 7.9 —0.3 16.9 22 We.xiij 56 33 12 25 146 6.9 —2.3 17.7 23 Lumien 33 42 10 51 15 7.2 —1.4 16.7 2* Copenhague 55 41 10 14 0 7.6 —0.5 10.5 23 Praesioe .53 7 9 43 0 80 —0.3 10.2 26 Apenrade 53 3 7 5 31 8.3 -0.6 16.2 V. Russie dEurope. < Uleaborg 63" 3'X. -IV 6'E. -m o.7 —11.1 14.3 2 Archangel 64 32 38 13 .- 0.3 —15 3 16.3 3 Abu (Finlande) GO 27 ^9 57 0 4.6 —5.4 15.7 4 Saint-Pétersbourg 39 36 27 58 0 3.5 —8.4 15.7 5 Durpat 58 23 24 23 64 5.2 —4.1 16.8 6 Mllîatl 56 39 2123 38 6.1 —4.1 16.7 7 Nijnei-Xowgorod 56 19 4141 « 3.6 —8.9 17.6 8 Kasan 53 .'i 8 46 46 76 19 —13.7 16.5 9 Moscou 55 45 35 14 142 4.1 —10.0 17.9 10 Slalonsl (Oural) 55 8 57 32 320 —0.7 —16.6 15.2 11 Wilna .54 41 22 58 152 6.4 —4.2 17.0 12 Tanibov .52-13 39 9 .59 5.1 —8.7 18.4 13 Varsovie 52 13 18 42 120 7.5 —2.3 17..Ô 14 Kic'Ice 50 32 1S 18 272 7.8 —1.7 16.0 15 Cracovie 50 4 17.37 200 8.0 —3.3 19.1 .16 Lemberg 49 60 2145 310 C.7 —4.1 10.7 17 Nicolaïeiï 46.58 29 38 42 9.3 —3.4 21.8 18 Oilcssa 46 29 28 24 0 9.1 —2.4 20.6 19 Astrakan .. 46 21 43 43 •> 8.7 —3.6 21.2 20 Symphéropol.. 44 57 3146 253 9.7 0.5 19.6 21 Sébastopo! 44 37 3M1 48 11.7 1.8 21.7 VI. Confédération rjermanique. 1 Tilsil 55" 4'X. 19^33'E. .-m 6.7 — 3.6 16.7 2 Kœiiigsberg 54 43 18 10 18 6.2 —33 15.9 3 D.inzig 54 21 16 19 141 7.6 —1.2 16.4 4 Drannsberg 54 19 17 34 22 G.9 — 3.8 15.8 5 Siralsuml 54 18 10 43 16 8.2 —0.2 16.5 6 Surkenborst, près de Swincinùnilc 53 54 11 57 - 8.5 — 0.7 17.4 7 Cuxhaveu 53 53 6 24 » 8.6 0.3 172 Nombres d'années d'oli.ser- vationç. 14 32 10 63 40 34 63 10 12 6 19 17 65 6 12 36 14 6 13 25 6 27 20 16 17 2i 26 7 20 9 18 521 SUR L'ÉTAT TIIEKMOMÉTRIQUE TEMPERATURES MOYENNES 8 ILiinlioiirg 53o33'N. 9 .N'cusirelilz 53 22 10 Pienziuw 53 iS i\ l.ûiK'ltourg 53 13 ii P.rlL'lierg 53 5 13 Berlin 52 31 U Saizufein 52 5 15 Munster 51 58 46 Sagan 51 40 17 r.œltingue 51 32 18 llallo 51 30 19 Elberfeld 51 13 20 Dùsseldorf 51 U 21 Hreslau 51 7 22 Dresde 51 3 23 Erfiirl 50 59 24 Golha 50 57 25 léna 50 57 26 Ziilau 50 54 27 Arnstadt 50 50 28 Marbourg 50 49 2S Altenberg 50 43 30 Ilolienhelbe 50 38 31 Fulda 50 34 32 Rotenbans 50 31 33 Saaz (Bohùme) 50 20 34 Cobnurg 50 15 35 F.ancfort 50 7 36 Prague 50 5 37 Bayreuth 49 57 38 Landskron 49 53 39 Wurlzbûurg 49 48 40 Maiilieim 49 29 41 Heidelberg 49 24 42 Tabor 49 24 43 r.eliberg 49 6 44 Karlsrube 49 1 43 P.atisbonne 49 1 46 Stullgart 48 46 47 llidienfunh 48 37 48 Tubingue 48 31 49 Augsbourg 48 22 50 Vienne 48 13 51 Munich 48 8 îi-2 Kremsniûiisler 48 3 53 Peissenberg(couveiitde) 47 48 54 Insiiruck 47 16 eu degrés centigrades Nombres Longit. Altit. de de de d'années d'iibser- l'annexe. l'hiver. rété. vatious. 7o38'E 19m 8.6 0.3 17.0 19 10 43 83 8.6 - 0.7 17.3 5 H 25 41 9.4 1.8 18.3 4 8 4 50 9.0 0.9 17.2 12 9 1 95 8.8 — 0.5 18.0 4 11 3 41 9.0 0.1 18.1 110 6 25 38 9.3 1.5 17.3 16 3 18 59 9.5 2.2 16.8 9 12 59 119 8.8 — 2.6 18.2 7 7 36 154 9.1 06 17.6 6 9 38 111 8.9 0.2 17.1 16 4 50 130 9.3 2.2 16.3 12 4 26 47 10.0 1.3 171 3 14 42 148 8.1 — 1.0 17.3 20 Il 24 120 8.5 — 0.4 17.2 10 8 42 208 9.0 0.6 17.3 17 8 23 308 7.3 — 1.3 13.5 8 9 17 157 9.1 — 0.9 17.3 29 12 28 250 7.6 — 1.7 16.5 12 8 37 292 8.3 - 1.3 17.2 23 6 26 221 8.8 1.3 16.6 » Il 23 728 6.4 — 3.5 12.2 . 13 14 458 6.9 — 2.5 16,2 13 7 20 272 83 — 2.6 18.7 11 11 7 380 8.3 - 1.4 18.0 16 U 13 237 8.8 — 1.4 18.3 9 8 38 220 7.8 — 0.9 17.1 12 6 21 117 9.8 1.4 18.3 14 12 5 179 9.6 — 0.3 19.3 76 9 13 341 7.8 - 1.7 16.0 19 14 17 331 8.0 — 2.3 17.7 14 7 36 <71 10.1 1.6 18.7 27 6 8 91 10.3 1.5 19.5 13 6 22 100 9.7 1.1 17.9 20 12 19 428 8.0 - 2.4 18.4 21 Il 7 818 6.4 — 2.5 15.5 10 6 3 117 10.2 1.1 18.9 38 9 43 362 86 - 1.4 18.0 68 6 50 247 9.7 0.7 18.2 30 12 34 563 6.7 — 3.3 16.4 6 6 43 331 8.6 - 0.2 17.1 13 8 34 491 7.9 — 1.7 16.6 22 n 3 186 10.2 0.2 20.3 76 9 14 526 8.8 — 0.6 17.4 36 11 48 360 7.8 — 1.9 17.1 20 8 41 996 6.2 — 1.6 14.4 54 9 4 566 9.0 — 0.9 18.3 SI DU GLOBE TERRESTRE. 525 VII. Hongrie, Turquie, Grèce. TEMPÉRATURES MOYENNES en degrés ceotigrades Lieux, Lalit. Longit. Altit. ^^, "/ ~~^ " de de de l'année, l'hiver. l'été. < Bade iyoQ&'N. 16"43'E. 154in 10.3 —0.6 21.1 2 Coiislaniinople k\ 0 £0 39 .. 13.0 4.8 23.0 3 Brousse 40 .5 26 30 233 13.1 5.6 23.3 4 .Xthèiies 37 58 2123 0 13.5 5 Canea 33 29 2140 0 18.0 12.4 25.2 VIII. Italie et Suisse. < Bâie 47o33'N. 5o15'E. 265™ 9..'J 0.4 18 2 2 Sainl-Gall 47 25 7 2 5.55 7.9 —0.1 16 6 3 Zurich 47 23 6 13 439 9.0 —0.7 18.1 4 Neufdiùtel 47 0 4 30 438 10.5 1.9 19.2 5 DeriiC 46 57 5 6 571 7.8 —0.9 13.8 6 Sl.-Gdtliard (liosp. (lu). 46 33 6 14 2093 —0.8 — 7.G 6.7 7 Lausanne 46 31 4 18 528 9.5 0.5 18.4 8 Gcnlliud, pr.deGcnèvc 46 15 - - 10.0 1.6 17.6 9 Genève 46 12 3 49 407 91 0.9 179 10 Col Je Géant 45 52 4 37 3327 —6.0 ine 38 11 13 14 0 18.8 12.8 23.1 32 Païenne 38 7 11 2 54 17.2 11.4 23.5 33 Elna (Casino des Augl.) 37 46 12 41 2896 -1.3 34 Nicolosi 37 35 12 46 703 18.0 10.7 25.9 IX. Esparjne et Porluf/al. ^ Madrid 4Co25'N. 6° 2'0. 630n> 14.3 5.6 23.4 2 Coimbre 40 12 10 45 90 16.7 11.2 20.8 Nombres d'annérs d'iibscr- rations. 12 20 16 13 24 20 11 10 6 29 43 15 76 9 7 34 12 12 cO 22 10 40 36 12 20 32 19 6 39 25 ;26 SUR LÉTAT TIIERMOMÉTRIQUE TEMPERATURES MOYENNES 3 Mafia 38o56'N. i l.isbiinue :t8 42 5 Villanova-de rorliuu'io. 37 H C Cadix 36 32 7 Gibraltar 36 6 Altit. en degri!» coiitigra les Nombres d'aiint^es iVobscr- Longit. de (iO 28.1 " " » 74 30 2442 13.9 11.4 14.1 4 77 24 .' 28.7 20.4 30.0 1 79 2 •> 27.4 25 7 28.9 3 78 30 512 22.7 22.3 235 6 (01 30 » 26. S 25.9 27.1 3 DU GLOBE TERRESTRE. 527 XI. Archipel dAsie et Ocému'e. Lieux, Latit. Longit, Altit. i HonolulQ 21018' N. IGOolJ'O. "ta 2 Manille U 29 US 33 E. « 3 Batavia 6 9 S. 104 33 4 Duileiuori; (Java) 6 37 104 28 5 Fort Dundas (ile Mel- ville) M 23 127 45 6 Raialea Iles de la So- ciéié) 16 40 153 50 0. " 7 Penh (Australie) 3155 113 10 E. « 8 Para ma ita (Australie). . 33 49 148 41 18 9 Xoiivelle-Zélaiule 34 36 10 Hobail-Town 42 53 143 0 E. - XII. Afrique. 1 Alger 36o47'N. Oo44'E. i^ 2 Tunis 36 47 7 51 3 Bougie 36 47 2 43 4 Selif 36 13 3 5 1057 5 Baliia 33 38 3 54 1100 6 Oran 35 43 3 0 0. 50 7 Masiara 35 28 2 15 40O 8 Tlemcen 34 54 3 40 743 9 Lalla-Maghmia 34 50 4 8 8363 10 Biscaia 34 56 3 24 E. 90 11 Funfhal (ile de .Madère). 3-2 38 19 16 0. 23 12 Le Caire 30 2 28 65 E. 0 13 Laguna (Tenériffe^ 28 30 18 39 0. 545 14 Sanla-Cruz (TénerifTe). 28 28 18 36 » 13 Saint-Louis (Sénégal).. 16 1 18 31 16 Corée 14 40 19 43 17 Kobbe 14 11 23 48 487 18 Kouka 12 35 11 2 E. 343 19 Côte de .Sierra-Leone.. 8 30 13 39 0. 0 20 Clirisiiansborg 5 24 2 10 » 21 Saint-George del Mina. 3 2 2 36 22 Sainie-Helèiie 13 55 S. 8 3 538 23 riarq (Ile de France). . 20 10 33 23 E. 24 Port-Louis (ile de Fr ). 20 10 53 8 25 St-l)enis(ile Bourbin).. 20 32 53 10 43 26 Le Cap (cap de Bonne- Espérance) 33 35 16 8 TEMPERATURES MOTENNES eo degrés centig rades Nombres "— —^^ d'années de de de d'ubser- l'année. l'hiver. l'été. rations. 24.0 22.0 23.7 5 26.4 254 27.1 1 20.2 23.8 26.8 4 25.0 24.6 23.3 14 27.0 24.0 28.8 1 23.4 24.3 23.7 „ 20.3 14.7 27.3 1/ 18.1 1-2.3 23.3 2 16.7 13.3 » .1 11.3 3.6 17.3 7 181 (2.0 24.1 14 20.3 13.2 28.3 4 18.2 ., ., . 13.6 4.6 22.9 2 13. 6 5.8 22.8 3 17.5 II II „ 17.1 » » „ 16.7 » „ „ 18.0 9.3 27.3 « 21.3 11.4 33.0 6 18.7 16.3 21.1 6 22.3 14.3 29.7 8 17.1 13.C •20.2 8 21.9 18.1 24.9 3 24.7 21 1 27.6 3 27.5 : II 3 26.. îi 19.9 300 2 28.2 23.8 29.0 1 27.2 27.4 26.2 1 27.2 25.5 29.0 4 26.2 25.4 26.5 4 16.4 14,7 18.2 10 21.9 22.6 26.2 1 2i.9 21.6 28.1 9- 23.0 22.3 29.9 2 14.8 23.4 XIII. Amérique septentrioiwle. 1 Port Winter (Ile Melv.) 74o47'N.ll3o8'0. 2 Port Bov.en 73 14 9115 3 F'orl Félix 70 0 94 13 4 lie Igloolik 69 19 84 23 -17.2 -34.0 2.8 1 -13.8 -31.7 2.7 1 -15.7 —33.2 3.7 3 —13.9 —29.7 1.7 1 538 SUR L'ÉTAT TIIERMOMÉTRIQUE Lieux, Latit. 5 Ile Wintcr T.. CCirN. 6 Forl Franklin 65 12 7 Fort Enterprise 64 30 8 Fort Rcliancp 62 46 9 Fort Cli'jrihill(b.d'Hu.) 59 2 <0 Nain (Labrador) 57 10 11 Sitcha 57 3 12 Cumberlanii-IIoase 54 13 Iloulouk ( lie de Ouna- lascka) 53 52 14 St-Jcan (Terre-Neuve). 47 37 15 Québec 46 49 16 Sl-Pierre (Terre-Neuve) 46 h^ 17 Fort Drady 46 39 18 Fort George 46 18 l'J Fort Vancouver 45 38 20 Montréal 45 31 21 EastporI 44 54 22 Pencianguishene 44 48 23 Fort Howard 44 40 24 Halifax 44 39 25 Dover 43 13 26 Concord 43 12 27 Rothester 43 8 28 Fayctieville 42 58 29 Pompei 42 56 30 Albany 42 39 3J Andover 42 38 32 Salem 42 31 33 Cambridge 42 23 34 Boston 42 21 35 Mcdiield 42 15 36 Providence 4150 37 New-lîedford 41 38 38 Fort \Yolcntt 41 29 39 Council Bluffs 41 25 40 New-Yoïk 40 43 41 Fort Colombus 40 42 42 Erasmus Hall 40 37 43 Gerraantown 40 3 44 Philadelphie 39 57 45 Marietia 39 25 46 Baltimore 39 17 47 Cincinnati 39 6 48 ^Va^hinglon 38 53 49 St-Louis (Missouri) 38 36 50 Richmond 37 32 51 Williamsbourg 37 15 52 Ghapel Uill 35 54 TEMPÉRATURES MOTENNES en degi es centigraiies Nomlires Longit. Altit. de de de d'années d'ohser- l'année. l'tiivcr. l'été. Taticins. 850 31 '0 «m —12.5 -29.1 17 1 125 33 68 — 82 —27.2 10.2 2 115 30 » — 9.2 » „ „ 109 1 107 - 5.9 -29.1 » 2 90 30 • — 7.2 —27.8 11.2 1 6i 10 « - 3.6 — 1S.5 7,0 5 137 38 « 6.3 1.0 12.5 10 104 30 • — 1.0 " ' W 168 45 , 4.1 — 0.1 105 2 54 58 42 3.5 - 4.9 12.2 S 73 36 .' 5.5 - 2.9 20.2 3 58 27 " 7.9 3.3 14.4 1 87 16 155 4.5 - 7.7 16.3 18 125 20 .' 10.1 3.8 15.5 2 124 54 » 11.4 3.9 18.4 6 75 55 .' 6.7 - 8.2 20.4 15 69 16 .' 6.0 — 4.6 16.0 12 83 0 179 7.7 — 6.3 20.0 3 89 22 185 71 — 6.2 20.3 17 65 58 .. 6.2 — 4.4 172 9 73 14 " 7.3 — 5.0 196 10 73 49 .. 6.9 - 5.2 18.5 10 80 11 155 8.3 — 2.9 19.7 17 75 2 .< 7.0 — 5.6 19.0 7 78 25 390 5.6 — 6.2 17.5 17 76 5 46 9.1 - 3.0 20.9 23 73 27 58 8.7 — 2.9 20.6 11 73 1i .- 8.9 - 2.6 20.6 43 73 28 68 8.7 - 2.9 20.1 33 73 24 .' 8.8 — 2.2 20.1 20 73 20 y 8.2 — 3.0 19.6 12 73 45 « 8.5 — 2.9 20.0 7 73 16 » 9.6 — 0.8 20.1 5 73 40 <• 9.4 — 0.3 20.1 14 98 3 243 9.7 — 5.2 23.2 6 76 20 1/ 12.1 — 1.2 26.2 2 76 29 • 11.0 — 0.3 22.3 19 76 18 » 10.8 0.4 21.3 11 77 37 62 11.3 0.0 22 8 9 77 30 V H.9 1.1 24.0 20 83 50 200 11.3 0.9 21.6 25 78 57 > 11.6 0.4 23.1 8 86 50 162 11.9 0.9 22.9 14 79 22 „ 13.4 2.3 24.6 12 92 35 136 13.1 1.1 24.6 16 79 48 ., 13.8 .. .r 14 79 3 « 13.5 3.1 17.3 3 81 19 « 15.4 6.4 24.5 7 I DU GLOBE TERRESTRE. 529 TEMPÉRUnBES MOYENNES en degrés centigrades Ni^mbre» d'.inni'es E3 Smiihville 54 Si-Georges (Bermades}. 55 Savannah 6C Naichei Î7 Fou Jesnp 8 Ditou Rouge Sd CaulODnemeDl Clioch.. 60 Nouvelle-Orléans 61 Fori King (Floride). . . . 62 Fori Brooke (Floride).. 63 Key ^Yesl (Floride).... 64 Veto Gronde 65 .Mexico 66 Yera-Crnz Latit. Longit. AUit. de de de d ann d"obs l'année. rhiTcr. lété. Tatio 340 o'X 80o25'0 .m 19.0 10.7 26.8 10 32 20 67 \0 18 19.7 15.1 24.0 1 32 5 83 26 . 18.1 109 2S.1 8 3t 34 93 45 58 18.2 9.6 25.8 15 31 30 % 7 r 18.6 10.7 27.5 20 30 26 93 25 19 19.8 12.6 27.5 7 30 24 89 34 . 20.5 13,2 27.4 7 29 58 92 27 » 19.4 11.8 26.5 4 29 3 84 30 • 21.7 15.0 28.8 5 27 57 81 55 . 22.3 17.2 26.8 10 24 34 84 13 • 24.7 21.5 27.9 7 22 SO 104 73 2520 13.8 10.0 16.0 2 19 26 101 25 2275 16.3 12.0 18.4 1 19 «2 98 29 . 25.0 21.8 27.5 43 XIV. Iles Aniilles. 1 La Havane 23o 9'N. 2 Lbajoy Cuba) 23 9 3 M;itauzas (Cuba) 23 2 4 l'orio-Rico 18 29 5 Toriola 18 27 6 Porl.'.ntonioCJamiique) 18 15 7 Sainl-Barthélemy 17 54 8 Sainte-Crois 17 44 9 pyliiie-à-Piire (Guad.). 16 14 10 Basse-Terre (Gaadel.). 15 59 11 Saiiiie-Aoae (Barbade). 13 4 840 43' 0. 28 m 23.0 22.6 27.4 10 8i 45 93 23.0 18.3 28.4 4 83 58 35 25.5 22.5 27.6 3 68 28 . -25.9 23.0 29.5 1 67 0 251 26.0 25.1 27.1 3 78 38 25.3 24.2 26.4 3 65 6 26.2 25.1 27.2 2 67 1 26.3 24.7 27.8 2 63 52 23.0 . » . 64 4 36.3 - . ., 61 57 24.7 . 28.7 1 XV. Amérique méridionale. 1 Sanla-Marta lloi5'.N. 2 .Maracajbo 11 10 3 La Gu3}ra 10 37 4 Caracas 10 31 5 Cumana 10 2S 6 Cartagena 10 25 7 l'auama.... , 8 57 8 Beiuerary 6 45 9 l'aramaribo 5 45 10 Cayenne 4 56 1 1 Sauia-Fé de Bogota 4 36 12 Esiueraldas 3 11 13 Popjyan 2 26 14 Quilo 0 14 S. 15 Guayaqoil 2 11 16 Sjiui-LoDis de.Maraaa.. 2 31 17 Payu 5 3 VIII. — V. 760 35' 0 Om 28.5 . . tf 76 29 . 29.0 27.8 29.9 1 69 27 . 28.1 23.5 29.0 1 69 10 916 22.0 20.9 23.4 2 66 30 . 27.4 27.0 28.6 1 77 54 0 27.5 . ., . 81 50 0 27.2 » u . 60 24 . 271 26.1 27.4 .. 57 33 . 2C.5 26.4 57. ."î 3 54 39 . 26.8 26.1 27.6 8 76 34 2660 1.-..0 15.1 15.3 2 68 23 0 26.4 > . :. 79 0 1809 17.5 . . - 81 5 2914 15.6 15.4 157 3 82 18 0 26.0 . . 9 46 36 . 26.8 26. 6 27.0 . 83 32 0 27.1 • 34 • 530 SUR L'ÉTAT TllEUMOMÉTRIQUE TEMrÉRATl'RES MOYENNES en iloRi'Os centigradrs Nombrps Lieux. Latit. Longit. Altit. , , .... lie do de d oliseï-- l'amiéf. l'hiver, l'été, vatiuiis. ; a Lima ". 12o3'S. 79o28'0. . 22.7 20.1 2.'>.3 2 : 9 lUo lie Janeiro 22 .'Ji 43 30 » 23.1 20.3 20.1 9 20 15iieilOS-A>ies 34 36 CO '.4 . 47.0 11.4 22.8 7 :i Moiiievideo 34 34 58 33 » 16.8 14.1 25.2 10 2i lies Faliwiaud 51 25 63 19 • 8.3 4.2 11.7 2 [ Pour établir la table précédente, on s'est servi de toutes les observations fournies par les physiciens et les voyageurs dont les noms ont été cités précédemment (page 497 ). Cette table a la forme arrêtée par M. Arago, qui en a donné un premier essai dans VAiinuaire du bureau des loncjitudes pour 1823. Les principales sources qui, d'après ses indications, ont servi à compléter le tra- vail primitif de M. Arago, doivent être indiquées ici. On doit placer en première ligne le Mémoire de M. de Humboldt sur les Lignes isothermes, qui reste le fonde- ment de la météorologie. Les tables de M. de Humboldt, publiées, en 1817, dans les Mémoires de la Société d'Ar- cueilj ont été successivement corrigées et augmentées, en 1844 et en 1853, par l'illustre savant, avec le con- cours de Mahlmann et de Dove. La majeure partie des résultats que l'on trouve ci-dessus pour l'Asie, l'Afrique et l'Amérique, est extraite du travail de M. de Humboldt. Quelques-uns sont dus à M. Boussingault, qui les a con- signés, soit dans son Économie rurale, soit dans son beau Mémoire sur la température de la zone torride. Pour la France et l'Algérie, les documents les plus récents auxquels on a eu recours sont : La Météorologie de la France, publiée par M. Charles Martins dans Patria; DU GLOBE TERRESTRE. 531 La table calculée par M. Edmond Becquerel et con- tenue dans son Mémoire sur le Climat de la France inséré dans les A;ina/e5 de rinslitut agronomique de Versailles; V Annuaire que publie chaque année la Société météo- rologique de France; Les tableaux météorologiques synoptiques, insérés tous les mois dans le Journal d'agriculture pratique. Les principaux auteurs des observations météorolo- giques de France sont MM. Delezenne et Meurein, à Lille; Proyart, à Ilendecourt (Pas-de-Calais); Nell de Bréauté, à La Chapelle du Bourgay, près de Dieppe; Rottée, à Clermont; Chardonnet, aux Mesneux (Marne); Schuster et Lavoine, à Metz; le Père Cotte, à Montmo- rency; Haeghens et Bérigny, à Versailles; Tisset, Fran- çois et Chaictte père, à Chàlons-sur-Marne; Millier, à Gœrsdorfl' ( Bas-Rhin ) ; Hcrrenschneider, à Strasbourg ; Renou, à Vendôme ; Delcros, à Marboué (Eure-et-Loir) ; Alexis Perrey, à Dijon ; Huette, à Nantes ; Decerfz, ù La Châtre; Jarrin, à Bourg; Fleuriau de Bellevue, à la Rochelle; Massoulard, h Saint- Léonard ; Fournet, à Lyon; Abria et Petit-Lafittc, à Bordeaux; de Gasparin, à Orange; d'Hombres-Firmas, à Alais; Guérin, à Avignon; Dupeyrat, à Beyrie (Landes) ; Gros le Jeune, à Régusse (Var) ; Petit, à Toulouse; Charles Martins, à Montpellier; Gambard et Valz, à Marseille; Aimé et Hardy, à Alger. Pour l'Angleterre, on a consulté spécialement le Mé- moi''e sur le climat des îles Britanniques, de M. Rowland- son, inséré dans les Transactions of llie Highland and AgricuUural society of Scotland, et le Physical Atlas de Johnston. 532 SUR L'ÉTAT THERMOMÉTRIQUE Pour la Hollande et ses colonies, on s'est servi du recueil publié à Utrccht par MM. Buys-Ballot et de Krccke , sou? le titre de Nederlatidsch meteorologisch Jaarboek. Le grand ouvrage de M. Quetelet sur le climat de la Belgique a été consulté pour toutes les températures de cette contrée. Les travaux météorologiques exécutés en Russie, sous la direction de M. Kupffer, ont servi à établir les tempé- ratures de ce vaste empire. On s'est servi, pour l'Allemagne, du Miitlere Verthei- lung der Wàrme de Mahlmann et du Physicalischer lîand-Atlas de Berghaus, Pour la Suisse, on a mis à contribution la Bibliothèque universelle de Genève. Enfin M. Arago a laissé un grand nombre de registres manuscrits qui lui ont été remis par divers météorolo- gistes. On a calculé avec soin toutes les séries d'observa- tions qui avaient été signalées par l'illustre savant comme dignes de confiance. Les résultats partiels, tirés de ces diverses sources, ont été refondus en une moyenne unique. Toutes les obser- vations douteuses ont été rejetées. On a pu ainsi éta- blir avec certitude la température de 466 stations parmi lesquelles 60 sont nouvelles; les moyennes de 69 stations ont été calculées sur un nombre d'années d'observations plus considérable que dans les tables publiées avant cette Notice. ] Pour obtenir la véritable température moyenne d'un lieu, il faudrait que le calcul portât sur des observations DU GLOBE TERRESTRE. 533 faites tout au moins d'heure en heure. On ne peut espérer (ju'une telle méthode d'observation soit jamais employée l)our un grand nombre de lieux. On a cherché à obvier à l'impossibilité d'imposer aux météorologistes une tâche si astreignante par l'invention des instruments enregis- treurs, fondés, soit sur la photographie , soit sur des dispositions mécaniques fort ingénieuses. On ne saura qu'après plusieurs années de pratique, s'il y a réellement quelque avantage à tirer de l'emploi de pareils instru- ments , fort coûteux , et qui d'ailleurs fournissent des courbes dont le relevé impose une tâche presque aussi fatigante que celle qui consiste à faire directement les observations. La chose essentielle me paraît ici de savoir la limite de l'erreur que l'on commet en substituant, soit aux observations horaires, soit à des observations plus rapprochées encore , des observations moins fréquentes mais convenablement choisies. Le professeur Dewey , de Williamstown ( Massachu- setts) , a cherché à déterm.iner jusqu'à quel point les demi- sommes des températures maxima et minima donnent de bons résultats. Pour cela il s'est astreint à observer le thermomètre d'heure en heure, c'est-à-dire vingt- quatre fois par jour, pendant trente jours, distribués sur toutes les saisons de l'année. Les nombres déduits de l'ensemble des vingt -quatre observations journalières peuvent évidemment être considérés comme les vraies moyennes. Voyons ce que d'autres combinaisons ont fourni : Moyenne des vingt-quatre observations jour- nalières, faites durant 30 juurs, en 1816 et 1817. + 5° .3 centigr. 53i SUR L'ÉTAT TIIERMOMÉTRIQUE Moyenne de l'ensemble des niaxima et des niinima + 5". 9 centigr. Moyenne des ojjservations de 7 heures du matin et de '2 heures après midi 5.8 — I\l03'enne des observations faites au lever et au coucher du Soleil Zi .9 — M. Brewster a trouvé d'après les nombreuses données que lui ont fournies les observations faites à Leith, que la combinaison des seules observations de 10 heures du matin et de 10 heures du soir conduit à des résultats extrêmement peu différents des vraies moyennes, et il a proposé aux météorologistes d'adopter ces deux heures qui déjà avaient été recommandées par la Société royale d'Edinburgh ; mais il faut remarquer que cet accord dont parle M. Brewster, n'a lieu qu'à l'égard de l'année entière, et qu'on aurait à craindre des erreurs d'un degré, en plus ou en moins, si l'on déterminait de la même ma- nière les températures moyennes des différentes saisons. A Salem (États-Unis), où leD'Holyoke a observé durant trente-trois ans, la température moyenne est, suivant lui : + 9° .3 centigr. Celle de 8 heures du matin 8.0 — La température moyenne de midi 13 .0 — La température moyenne du coucher du So- leil 9.2 — Enfin, celle de 10 heures du soir 6.8 — La différence entre la vraie moyenne et huit heures du matin est plus grande que ne l'avait trouvée le profes- seur Pictetà Genève, et que ne la donnent les observations de Paris. On pourrait donc être tenté de supposer que, dans la recherche des températures moyennes, les mêmes heures ne doivent pas être adoptées en Europe et en DU GLOBE TERRF.STRE. 535 Amérique; mais il faut remarquer qu'à Genève, comme à Paris , on appelait température moyenne la demi- somme des températures maxima et minima, tandis que le D' Holyoke a déduit ses résultats journaliers de In combinaison de quatre observations, celles de 8 heures du matin, de midi, du coucher du Soleil et de 10 heures du soir. En discutant un grand nombre d'observations faites entre les parallèles de 46 à /i8°, M. de Humboldt a trouvé que la seule époque du coucher du Soleil donne une température moyenne qui dilïère à peine de quel- ques dixièmes de degré de celle qui se déduit des obser- vations combinées du lever du Soleil et de deux heures après midi. La table suivante montre que dans nos climats on peut calculer assez exactement la température moyenne de l'année d'après les seules observations faites à neuf heures du matin. 1816 1817 1818 Moj-PODes MoTennes Moyennes Moyennes Moyennes Hoyennes des de Mois. maxima 9 heures et des du minima. matin. Janvier 2o.6 2«.4 Février 2 .0 ^ A Mars 5 .6 5 .6 Avril. 9 .9 H A Mai 12 .7 13 .7 Juin ii .8 15 .8 Juillet 15 .6 16 ..3 Aoiii 15 .5 17 .0 Septembre 14 1 U .5 Oclohre 11 .8 H .2 Novembre.... 4 .1 3 .7 Décembre. ... 3 .7 3 .0 Moyeimes 9 .4 9 6 des de maxîma 9 heures et des du mioima. matin. 500 6 .9 6 .3 7 .3 12 .4 17 .8 17 .1 16 .4 16 .9 7 .3 9 .6 2 .6 10 .5 40.2 6 .7 6 .3 8 .4 13 .2 19 .6 18 .8 17 .7 17 .1 G .7 8 0 1 .5 10 .7 des maxima et des minima. 40.3 3 .9 6 .5 11 .4 13 .•; 19 .5 20 .1 18 .5 15 .: 11 .7 9 .1 de 9 heures- 40.2 3 .2 Il .3 6 .7 Il .7 15 1 20 .9 21 .9 10 .8 19 .4 IG .7 8 .1 1 .3 H .7 536 SUR L'ÉTAT THER3I0MÉTRIQUE 1819 1820 1821 Janvier. . Février. . . Mars Avril M;ù Juin Juillet Août Septembre Octobre . . . Novembre. Décembre. Moyennes. ... ii .1 Moyennes Moy onncs Movennes Moyennes Moy onnes Movo:ines dis - le les > e d es de maxima 9 heures maxima 9 heures ma lima 9 heutes et des du et des du et des du minima. matin. miQima. matin. mio ma. matin. 40.9 30.6 — O0.7 — 10 .4 30.1 20.6 5 .5 4 .9 2 .9 2 .2 1 .0 0 .0 S .9 6 .7 4 .9 4 .9 7 .3 7 .7 Il .6 12 .9 11 .6 12 .6 11 .6 12 .7 U .6 16 .5 14 .1 15 .9 12 .1 13 .8 16 .0 18 .0 15 .6 17 .6 14 .5 15 .5 19 .* 20 .4 18 .3 20 .0 17 .0 18 .5 19 .2 20 .2 18 .7 20 .7 20 .1 21 .2 16 .4 17 .1 14 .2 15 .5 16 .7 17 .4 ^^ .1 10 .8 10 .1 9 .8 11 .1 10 .7 4 .8 4 .3 5 .1 4 .2 10 .2 9 .3 3 .3 3 .8 3 .3 2 .7 7 .5 6 .8 11 .5 9 .8 10 .4 Il .2 11 .3 1822 Moyennes Moyennes des de Vois. maxima 9 heures et des du minima. matin. Janvier 40.4 3°. 8 Février 6 .1 5 .4 Mars 9 .9 10 .3 Avril Il .1 12 .7 Mai 16 .7 18 .6 Juin 21 .2 22 .8 Juillet 18 .9 20 .6 Août 18 .9 20 .6 Septembre.... 15 .9 16 .4 Octobre 13 .2 13 .0 Novembre 9 .0 8 .4 Décembre.. .. —0 .5 —1 .8 Moyennes 12 .1 12 .6 1823 182/1 Moyennes Moyennes Moy ennes Moy ennes des Je d es de maxima 9 heures maxima 9 heures et des du et des Ju mimma. matin. minima. matin. - 00.3 — 10.2 20 .7 20.2 5 .3 4 .8 5 .1 4 .0 6 .5 6 .8 5 .8 5 .7 9 .2 10 .1 9 .0 10 .1 15 .2 16 .5 12 .6 14 .0 15 .0 16 .4 16 .5 18 6 17 .1 19 .0 18 .7 20 .5 19 .1 20 .5 18 .4 19 .8 15 .7 16 .2 16 .5 17 .7 10 .6 10 .0 11 9 11 .8 5 .7 5 .1 9 .6 8 .9 5 .6 5 .0 7 .1 6 .5 10 .4 10 .8 Il .2 11 .6 1825 1826 1827 des Mois, maxima et des mioima. Janvier 3o.5 Février 4 .3 Mars 5 .6 Avril 11 .9 liai 14 .2 Moyennes Moyennes Moyennes Moyenne» Moyenne de d«s de des de 9 heures maxima 9 heures maxima 9 heures du et des du et des du matin. mmuna. matin. muiiaïa. matin. 30.1 - 10.7 — 20.6 — 00.2 — O0.7 3 .3 6 .4 3 .3 — 0 .9 - 1 .7 5 .3 7 .4 7 .4 8 .0 8 .2 13 .4 10 .2 11 .1 11 .4 12 .3 15 .8 12 .6 13 .4 14 .6 13 .6 I DU GLOBE TERRESTRE. 537 Juin «70.0 190.6 180.8 20\4 l/O.O 48o.2 Juillet 20.3 22.4 20.7 22.8 19.8 21.5 Août 19.* 20.9 21.2 22.8 18.0 19.6 Septembre... 17.9 18.5 17.1 17 ..i 16.2 16.6 Octobre 12.2 11.9 13.4 13.0 13 1 12.8 Novembre 7 .3 6 .9 5 .* 4 .8 5 .8 5 .1 Décembre.... 6.4 5.3 5.8 5.1 6.9 0.3 Moyennes il .7 12 .2 11 .4 11 .8 10 .8 11 .3 1828 1829 1830 Moyennes Moyennes Moyennes Moyennes Moyennes Moyennes des de des de des de Mois. maiima 9 heures maiima 9 heures maiima 3 heures et des du et des du et des du miuima. matin, minioia. ciatii], minima. matin. Janvier 5o.9 5o.i — 20.O —20.6 — 2°.5 — 2o.8 Février 5.2 4.9 2.7 2.6 1.2 1.7 Mars 7.0 7.0 5.7 5.6 8.9 9.0 Avril 10 8 11.8 9.8 11.1 12.0 13.0 Mai 13.1 16.3 14.9 16.4 14.6 16.3 Juin 17.3 19.9 17.1 19.1 16.1 17.5 Juillet 19.1 21.1 18.6 19.3 18.9 20.9 Aoat 17.6 18.9 17.0 18.3 17.0 18.8 Septembre.... 16 .6 17 .3 13 .7 13 .0 13 .8 14 .5 Octobre 10.8 11.2 10.0 9.9 10.6 10.3 Novembre.... 7.4 6.3 4 7 4.2 7.9 7.0 Décembre 4 .5 3 .9 — 3 .5 — 4 .1 2 .6 2 .1 Moyennes 11 .5 12 .0 9 .1 9 .6 10 .1 10 .7 Dès 1818, j'ai donné la preuve que la température moyenne de neuf heures du matin est égale à la tempéra- ture moyenne de l'année; je me suis exprimé en ces termes {Amiales de chimie et de physique, t. ix, p. /i25) : «Si l'on compare les températures moyennes de neuf heures du matin à celles des mois correspondants, on trouvera que les premières étaient supérieures aux secondes de plus d'un degré, en mai, juin, juillet, aoiit et septembre ; qu'elles étaient inférieures d'environ un degré, en février, octobre, novembre et décembre; et, qu'enfin, en janvier, mars et avril, il n'y avait entre la moyenne déduite des maxima et minima journaliers et celle de neuf heures du matin , que des dilTérences insensibles. On peut dune, 538 SUR L'fiTAT TllERMOMÉTRIQUE dans nos climats, calculer assez exactement la tempéra- turc moyenne de Tannée d'après les ^seules observations de huit ou neuf heures du matin. » Ou voit par les tableaux précédents que j'ai établis pour 15 ans, que ce premier aperçu s'est montré constamment vrai avec une approximation assez grande. La moyenne de neuf heures du matin est cependant un peu plus forte que celle déduite des maxima et minima. Ainsi, pour les 15 années , de 181 G à 1830, la première moyenne donne 11°. 2, et la dernière 10°. 8. Plus les résultats annuels sont dissemblables en un même lieu, plus il faut employer d'observations pour que les moyennes qu'on en déduit soient débarrassées des effets fortuits des circonstances accidentelles. Sous les tropiques l'influence de ces circonstances est très -légère et une seule année donne la température moyenne avec une assez grande exactitude. Dans nos cli- mats, au contraire, il faut réunir plusieurs années d'ob- servations pour atteindre à la précision d'une fraction de degré. En 1828, MM. Rodolphe et Guillaume Brandes ont fait à Salzufeln, en Westphalie, les observations horaires de la température de l'air. Ces observations, comme celles de Leith , si habilement discutées par M. Brewster (p. 53/i), montrent que les demi-sommes des tempéra- tures observées à des heures du matin et du soir de même dénomination, à des heures homonymes, peuvent servir à caractériser les climats avec une grande précision. En effet, la moyenne mathématique, la véritable température moyenne de Salzufeln, déduite des 8,784 observations DU GLOBE TERRESTRE. 539 horaires de 1828, est de + 9°. 45 centigraaes ; eh bien, La moyennp annuelle de. 1 h. m. 2 h. m. 3 b. m. 4 li. m. 5 h. m. G h. m. Combinée avec celle de.. 1 b. s. 2 h. s. 3 b. s. 4 h. s. 5 b. s. 6 h. s. donne 9°. 72 9°.62 9^.65 9".25 9°.20 9M5 r..i moyenne annuelle de. 7 h. m. 8 b. ni. 9 h. m. 10 h. ra. H b. m. 12 h. œ. Combinée avec celle de.. 7 b. s. 8 b. s. 9 b. s. 10 b. s. 11 b. s. 12 b. s. donne 9\17 9°.27 9°.45 9".57 9».63 9'. 75 Les heures homonymes conduisent donc à la tempéra- ture moyenne annuelle avec une précision vraiment remarquable. La plus grande discordance est fournie par la combinaison des observations de six heures ; et cepen- dant, alors môme, l'erreur n'est que de 0°.30 centigrades, en moins. Si l'on se rappelle que Leilh est sur la côte orientale d'une île, que Salzufeln doit être considéré comme une station continentale , on ne doutera guère qu'une loi météorologique qui se vérifie dans des lieux placés si diversement, ne puisse être légitimement géné- ralisée. CHAPITRE XXXI DES TEMPÉRATDRES QUI REPRÉ.SENTENT LE MIEUX LES TEMPÉRATURES MOYENNES DE l'ANNEE Comme il est rare que les voyageurs aient les moyens de réunir, dans chaque lieu, des observations en nombre suffisant pour calculer avec exactitude la température moyenne de l'année, il était curieux de rechercher quels sont les mois qui peuvent la donner immédiatement. La table suivante que j'emprunte en partie h mon illustre ami M. Alexandj'e de Humboldt, montre que jusqu'à des latitudes très-élevées, les mois d'avril et d'octobre jouis- sent de cette propriété. 540 SUR L'ÉTAT TllERMOMÉTRIQUE TEMPÉRATURES MOYENNES de l'année, d'octobre. d'avril. Le Caire 22». 3 22».^ 25°. 5 Natchez 18 .2 20 .2 19 .1 Alger 18 .1 22 .3 17 .0 Cincinnati 11.9 12.7 13.8 Pékin 12 .6 13 .0 13 .9 Phiiadelplîie 11.9 12.2 12.0 New-York 12.1 12.5 9.5 Rome 15.4 16.7 13.0 Milan 12.7 IZi .5 13.1 Genève 9 .1 9 .6 7 .6 Québec 5 .5 6 .0 Zi .2 Bude 10 .3 11 .3 9 .5 Paris 10 .7 10 .7 9 .0 Londres 9 .8 11 .3 9 .9 Gœttingue 9.1 8.4 6.9 Franecker 10 .0 12 .7 10 .0 Dublin 9 .5 9 .3 7 .û Copenhague 7.6 9.3 5.0 Edinburgh 8 .6 9 .0 8 .3 Nain (Labrador) —3.6 0.6—2.5 Stockholm 5 .6 5 .8 3 .6 Upsal 5 .1 6 .3 Zi .3 Christiania 5.0 h .0 5.9 Saint-Pétersbourg.... 3.5 3.9 2.8 Abo U .a 5 .0 à .9 Drontheim 5.4 4.0 1.3 Uméa 0 .7 3 .2 1 .1 Uléaborg 0 .7 3 .3 1 .2 Enontékis —2.7 —2.5—3.0 Cap Nord 0.1 0.0—1.0 Kirwan avait émis l'opinion que c'était le mois d'avril qui approchait le plus de la moyenne annuelle ; on voit que c'est plus souvent le mois d'octobre qui jouit de cette propriété. DU GLOBE TERRESTRE. 544 CHAPITRE XXXII DE LA TEMPÉRATURE MOYENNE D'UN LIEU La température moyenne d'un lieu est celle que l'on obtient en faisant la somme des températures moyennes annuelles et en divisant par le nombre des années pen- dant lesquelles ont été faites les observations. Ce mode d'opérer n'est applicable qu'à un nombre restreint de stations. Aussi on a dû chercher de bonne heure un moyen d'obtenir, par des expériences elfectuées rapide- ment, des nombres qui pussent suppléer, avec une suffi- sante approximation, à des déterminations si longues. On a constaté que dans nos climats la couche solide qui est à la surface du sol éprouve des variations de température diurne, que plus loin on trouve une couche qui n'éprouve que des variations annuelles, et qu'enfin , à une profon- deur suffisamment grande, à environ 15 mètres dans nos climats , on rencontre une couche de température inva- riable, qui est très- voisine de la moyenne d'une très- longue série des températures moyennes journalières de l'atmosphère ambiante. En cherchant la température de cette couche suffisamment profonde, ou bien, ce qui revient au môme , en déterminant la température con- stante des sources qui jaillissent dans une contrée, ou des puits peu profonds, ou encore des souterrains , on peut donc arriver à trouver ' pour la température de cha- 1. Voir la Notice sur les puits forés, t. III des .\otices scientifi- ques, t. IV des OEuvres, p. 372 et suiv. 542 SUR L'ÉTAT TllliRMOMÉTRIQUE que lieu, un nombre qui diiïère très-peu de celui calculé en employant une longue suite de températures annuelles. Dans les régiens éciuinoxialcs, selon mon ami M. Bous- singault, il suffît de descendre un thermomètre à la simple profondeur de un tiers de mètre dans des lieux abrités, pour qu'il marque constamment le même degré à un ou deux dixièmes près. On creuse à cet effet un trou dans des rez-de-chaussce, sous des cabanes d'Indiens ou sous de simples hangars, dans des lieux où le sol se trouve à l'abri de réchauffement direct produit par l'absorption de la lumière solaire, du rayonnement nocturne et de l'infiltration des pluies. Ainsi, d'après les observations comparatives rapportées par M. Boussingault dans son remarquable Mémoire *, tant sur les températures moyen- nes de l'air que sur les températures de la couche située à un tiers de mètre de profondeur seulement, on a : Températures Températures Lieui. Latitude. Longitude. Altitude, moyeunes de de l'air. la terre. Marmato 5°30'N. 77"35'0. 1/126" 20°. 5 20° .5 Zupia 5 28 11 hl 1225 21.5 21.5 Anserma-ÎSuevo. . h 50 78 /i5 1050 23 .8 23 .7 Popayan 2 26 79 0 1809 17.5 18.0 Purace 2 15 78 30 2720 IZi .2 13.1 Pasto 113 79 M 2610 i!x .G i!x .1 Quito 0 1^ S. 81 5 29U 15.6 15.5 En prenant la température des sources pour celle de l'intérieur de la terre, on trouve une concordance très- grande pour la zone comprise entre 30° et 55° de latitude, pourvu que les lieux ne soient pas élevés de plus de 1000 mètres au-dessus du niveau de la mer, comme le montre le tableau suivant : 1. Annales de chimie et phtjsiqtte, 2" série, t. LUI, p. 228. . DU GLOBE TERRESTRE. 543 Teni|iératures Températures Lieux. Latitude. moyennes de la terre de l'air. ou des sources. Congo 9° 0' S. 25". 6 22". 8 Cumana 10 28 N. '11 M 25.6 Saint - lago ( îles du cap Vert) 15 0 25.0 26.5 Bockford (Jamaïque). 18 0 27.0 26.1 La Havane 23 9 25 .0 23 .5 Képaul 28 0 25 .0 23 .3 Ténériffe 28 30 21.6 17.0 Le Caire 30 2 22 .3 22 .5 Natchez 3134 18.2 18.3 Charleston 33 0 17 .3 17 .5 Cincinnati 39 6 11.9 11.4 Philadelphie 39 57 11.9 11.2 Genève 46 12 9.1 10.4 Paris 48 50 10 .7 11 .0 Berlin 52 31 9 .0 9 .6 Dublin 53 23 9 .3 9 .6 Kendal 54 17 8 .3 8 .8 Keswich 54 33 8.9 9.2 Pour les latitudes supérieures à 55°, la différence entre les températures de l'air et des sources s'accroît de plus en plus et s'élève jusqu'à 4°. 3, ainsi qu'on le voit par les chiffres suivants : Températures Températures Lieuï. Latitude. moyennes de la terre de l'air. ou des sources. Carlskrona 56" 6'N. 5". 8 8". 5 Upsal 59 52 5 .1 6 .5 Uniéa 63 50 2 .1 2 .9 Enontekis 68 40 — 2 .7 1 .6 Vadso 70 0 —1.3 2.2 Vers la cime des Alpes suisses, au delà de l/iOO à 1500 mètres de hauteur, comme dans les hautes lati- tudes, les sources de la terre sont de 3° plus chaudes que l'air, ainsi que le démontre ce petit tableau calculé par M. de Humboldt : 544 SUR L'ÉTAT TIIERMOMÉTRIQUE TempiTaturc Température Licui. Altitude. de de ia terre l'air. on des sources. Rigi, Kaltes bad 1^38" 3».û 6\5 Pilate -. ilxSi 3 .0 5 .0 Blancke-Alp 17G/i 2 .1 3 .0 Rossboden 2136 —0.9 3.5 Pour obtenir la température moyenne d'un lieu par les températures moyennes de l'air, il ne faut pas , du reste, un très -grand nombre d'années d'observation. Ainsi on va voir qu'en Europe les différences entre les moyennes annuelles sont moins grandes qu'on ne serait tenté de le supposer d'après le témoignage de nos sens et les produits si variables des récoltes. La table suivante donne les températures moyennes de Paris pour 50 années, de iSOli à 1853 : TEMPÉRATURES MOYENNES •^°°^^^ de l'hiver, de l'été. de l'année. degr(!s. degrés. degrés. 180/i 5.0 18.6 11.1 1805 2.2 17.3 9.7 1806 A. 8 18.5 11.9 1807 5.6 19.7 10.8 1808 2.1 19.1 10.4 1809 Zi.9 16.9 10.6 1810 2.0 17.5 10.6 1811 û.O 18.1 12.0 1812 ù.l 17.2 9.9 1813 1.8 16.5 10.2 181Zi 0.9 17.4 9.8 1815 Zi.3 17.1 10.5 1816 2.2 15.3 9.4 1817 5.2 17.1 10.5 1818 3.5 19.2 11.3 1819 4.1 18.2 11.1 1820 1.9 17.4 9.8 1821 2.5 17.2 11.1 1822 G.O 19.7 12.1 DU GLOBE TERRESTRE. 545 degrés. 1823 i.U 182i Û.i 1825 Zl.9 1826 3.7 1827 1.1 1828 6.0 1829 3.1 1830 —1.6 1831 3.6 1832 3.5 1833....; 3.7 183i 6.3 1835 Û.7 1836 1.9 1837 3.9 1838 0.6 1839 3.2 18Ù0 U.2 18Zil 0.9 18^2 2.9 18^3 h.i 18iù 3.3 18Zi5..... 0.4 1846 5.8 18i7 1.7 1848 ■ 3.3 1849 5.9 1850 3.8 1851 4.3 1852 4.0 1853 5.3 Moyennes générales 3.2 18.3 10.7 Il résulte de cette table qu'à Paris, de 1804 à 1853, l'hiver le plus froid a été celui de 1830, et le plus chaud celui de 1834; l'été le plus froid a été celui de 1816, et le plus chaud celui de 1842 ; l'année la plus froide est celle de 1829, et la plus chaude celle de 1834. VllI. — V. 35 •itgris. degr(!s. 17.1 10.4 17.8 11.2 18.9 11.7 20.2 11.4 18.0 10.8 18.0 11.5 17.5 9.1 17.3 10.1 18.4 11.7 19.2 10.8 17.7 10.9 20.4 12.3 19.2 10.7 17.5 10.7 19.0 10.0 17.5 9.2 18.4 10.9 18.5 10.3 16.7 11.2 20.7 11.0 17.8 11.3 16.9 10.2 17.0 9.7 20.6 11.7 18.4 10.8 18.6 11.4 18.4 11.3 18.4 10.6 18.2 10.5 19.3 11.7 17.9 10.1 546 SUR L'ÉTAT THERMOMÉTRIQUE Dans ce même intervalle de l80/j à 1853, les diffé- rences entre les moyermcs du mois de janvier s'élèvent à 7"; pour le mois d'août elles atteignent rarement li". Les températures moyennes annuelles de Paris connues pour les années antérieures à 1804 sont données dans le tableau suivant; les observations de 1741 à 1762 man- quent; celles de 1787 à 1802 sont empruntées aux Trans- actions philosophiques, parce que les registres météoro- logiques français présentent de nombreuses lacunes; les autres chiffres proviennent de l'Observatoire de Paris : innées. Tempéra- tures Années. Tempéra- tures Années. Tempéra- tures moyennes. moyennes. moyennes 1735 11° .2 1772 11" 2 1788 10^.3 1736 10 .9 1773 13 1789 9 .7 1737 10 .7 177/1 13 1790 10 .5 1738 10 .6 1775 13 1791 10 ./i 1739 10 .0 1776 10 1792 10 .2 1740 7 .3 1777 11 1793 10 .h 1778 1'. .6 179/4 10 .7 1763 10 .3 1779 12 ./l 1795 9 .8 176i 12 .2 1780 11 .6 1796 10 .0 1765 10 .0 1781 U .2 1797 9 .6 1766 8 .7 1782 10 .6 1798 10 .5 1767 8 .7 1783 13 .0 1799 8 .8 1768 10 .1 1784 10 .u 1800 10 .2 1769 11 .2 1785 10 .5 1801 10 .7 1770 11 .6 1786 // 1802 10 .0 1771 9 .0 1787 10 .5 1803 10 .6 L'année la plus froide de toute la période thermomé- trique est celle de 17/|0, et la plus chaude celle de 1781. D'après les observations faites à Orange par mon confrère M. de Gasparin, on a pour les années de 1817 à 1853 la série suivante : DU GLOBE TERRESTRE. 547 TEMPÉRATURES MOÏENNES de rbiver. de l'été. de i'année degrés. Jeçrés. ilogrés. // 20.7 12.6 ll.O 21. /i 12.6 '4.Ô 20.5 12.4 3.1 20 . 2 12.1 3.5 20.7 12.2 5.6 2 '4.0 13.6 2.9 15.7 11.2 3.5 21.5 13.2 3.7 19.0 12.4 3.6 20.6 11.7 2.9 21.9 11.0 5.5 22.9 13.4 3.3 19.6 12.4 0.9 19.9 11.9 k.5 20. /i 13.4 4.2 18.9 11.4 3.3 21.3 // Zi.5 19.7 // i.5 II 11.2 .Y 21.0 11.9 3.7 TA.k 12.9 3./1 23.6 12.9 3.7 23.6 13.8 5.i 23.4 12.9 3.0 21.9 13.3 3.9 2-'i.6 13.4 6.3 21.5 13.2 2.8 21.1 12.4 3.1 20.8 13.3 5.8 22.7 13.5 3. '4 22.7 13.1 U.7 22.6 13.2 5.8 23.3 12.9 // 21.5 II // 19. Z» 11.3 ù.l 20.2 12.5 5.6 21.2 11.8 Années. 1817 1818 1819 1820 1821 1822 1823 1824 1825 1826 1827 1828 1829 1830 1831 1832 1833 1834 1835 1836 1837 1838 1839 18i0 1841 1842 1843 1844 1845 1846 1847 1848 18W 1850 , 1851 1852 1853 Moyennes générales 4.9 21.8 13.1 548 SUR L'ÉTAT THERMOMÉTRIQUE L'hiver le plus froid a été à Orange celui de 1830 et le plus chaud celui de 18^3 ; l'été le plus chaud a été celui de 1837 et le plus froid celui de 1823; enfin l'année la plus froide celle de 1827 et la plus chaude celle de 1822. Les observations faites à Châlons-sur- Marne par MM. Tisset, François et Chalette père, de 1806 à 18/i8, donnent la série suivante : TEMPÉRATCRES MOYENNES Années. 1806. 1807. 1808. 1809. 1810. 1811. 1812. 1813. ISlZi. 1815. 1816. 1817. 1818. 1819. 1820. 1821. 1822. 1823. 182Zi. 1825. 1826. 1827. 1828. 1829. 1830. 1831. 1832. de l'hiver. de l'été. de l'année degrés. degrés. degrés. Il 19.1 12.0 h.l 21. /l 10.9 1.3 19.9 9.9 3.Zi 18. /i 9.9 1.2 17.9 11.0 3.0 19.9 12.0 2.9 19.0 9.9 0.7 17.2 10.0 1.2 19.3 10.6 2.8 20.2 10.7 2.5 16.8 10.0 h.h 19.0 11.2 3.9 19.3 11.6 h.h 20.2 12.3 2.7 19.5 11. l 3.6 18.6 12.2 7.0 20.5 13.1 3.2 18.3 11.3 h.l 18.1 11.5 3.1 20.1 11.9 2.6 21.2 12.3 1.5 18.5 10.6 3.9 19.5 12.5 3.0 18.5 10.1 —3.5 19.1 10.2 1.2 18.5 11.2 /1.6 20.9 11.6 DU GLOBE TERRESTRE. 549 degrés. dcgri's. defr(?s. 1833 1.7 19. ù 11.2 183a 3.8 20.9 12.8 1835 'ô.à 19.5 11. 1 1836 2.1 20. ^ 11.9 1837 3.0 18.8 11.0 1838 1.3 18.4 10.8 1839 2.8 19.6 11.3 18a0 3.5 19.1 11.6 1841 1.7 17. G 10.2 1862 2.0 21.0 10.9 1843 Zi.l 18.6 11.5 1844 2.3 17.7 10.6 1845 0.4 18.9 10.3 1846 5.5 22.8 12.8 1847 1.3 20.2 11.3 1848 2.5 19.7 11.7 Moyennes générales 2.8 19. 3 11.1 L'hiver le plus froid est encore ici celui de 1830 ; le plus chaud est celui de 1822. L'été le plus chaud a été celui de 18^6, et le plus froid celui de 1816. L'année la plus chaude de Chùlons-sur-Marne a été celle de 1822, et la plus froide celle de 1812. Si l'on remonte vers le nord, on trouve pour Stock- holm une bonne série de 50 températures moyennes annuelles établie d'après les observations faites par ordre de l'Académie des sciences de Suède : Tempéra- _ Tempéra- Tempéra- Ancées. tures Aimées. tures Années. tures moyennes. moyennes. moyennes. 1758 4". 6 1766 6° .8 1774 5°.l 1759 6 .1 1767 5 .1 1775 7 .8 1760 5 .1 1768 5 .1 1776 6 .3 1761 6 .4 1769 5 .4 1777 4 .8 1762 5 .8 1770 5 .7 1778 5 .7 1763 4 .9 1771 4 .6 1779 7 .8 1764 6 .4 1772 5 .0 1780 5 .8 1765 5 .8 1773 7 .4 1781 6 .6 650 SUR L'ÉTAT TIIERMOMÉTRIQUE 1782 r.9 1791 7". 6 1800 5" .0 J738 7 .0 1792 6 .0 1801 5 .8 1784 h .h 1793 6 .5 1802 5 .5 1785 Ix .6 1794 7 .8 1803 Ix .7 1786 h .h 1795 U .9 180Zi h .7 1787 5 .7 1796 6 M 1805 h .0 1788 h .7 1797 6 .8 18 06 Ix .h 1789 7 .0 1798 7 .0 1807 U .5 1790 6 .Zi 1799 h .1 L'année la plus chaude de cette série est celle de 1794, cl la plus froide celle de 1805. Enfin, les observations faites à Londres au palais de la Société royale fournissent la table la plus longue que l'on ait pour les températures moyennes tant des années, que des hivers et des étés ; elles embrassent 68 années, de 1775 à 1842, avec une interruption de 5 ans, de 1782 à 1786 : TEMPERATURES MOYENNES Années. 1775. 1776. 1777. 1778. 1779. 1780. 1781 . 1787. 1788. 1789. 1790. 1791. 1792. 1793. 1794. 1795. 1790. de l'hiver. de l'été. de l'année degrés. degrés. degrés. 5.2 17.3 10.3 2.7 16.6 9.7 3.4 16.0 10.0 2.7 18.3 9.9 5.7 17.4 11.4 2.3 17.6 10.2 4.0 18.2 t II 16.2 II 4.4 15.9 9.9 2.0 15.0 8.3 6.5 15.3 9.7 4.8 15.8 9.8 2.9 15.2 9.1 4.3 16.0 9.5 5.1 16.6 10.2 0.6 15.9 8.7 7.1 15.2 9.9 DU GLOBE TERRESTRE. 551 1797. 1708. 1799. 1800. 1801. 1802. 1803. 180Zi. 1805. 1806. 1807. 1808. 1809. 1810. 1811. 1812. 1813. 181/i. 1815. 1816 1817. 1818. 1819. 1820. 1821. 1822. 1823. 182^. 1825. 1826. 1827. 1828. 1829. 1830. 1831. 1832. 1833 . 183Û. 1835. 1836. 1837. 1838. degrés. degrés. (ii-grés 1.8 15.6 8.6 Z|.4 16.8 10.2 3.6 16.8 8.7 3.3 15.5 9.6 6.6 16.6 10.2 3.0 15.9 9.2 2.9 16.6 9.6 5.8 16.6 10.7 3.2 15.3 9.2 5.6 16.6 10.6 5.9 17.0 9.8 3. à 17.3 9.7 3.5 15.6 9.3 UA 16.1 9.5 3.6 15.2 10.2 Zi.5 16.0 8.9 3.6 16.7 8.7 1.1 16.8 8.1 /l.2 15.8 10.3 3.6 13.6 8.6 5.2 16.6 9.3 3.8 18.5 11.0 5.1 16.5 10.6 2.6 15.1 9.1 6.1 16.9 10.1 6.6 17.3 11.6 2.7 15.1 9.0 6.1 15.7 9.6 6.9 17.2 10.6 6.3 18.3 10.5 2.8 16.2 9.8 6.0 16.3 10.7 6.2 15.6 9.2 1.5 15.5 9.5 3.5 17.6 10.5 6.6 16.6 10.1 5.1 15.6 9.9 6.9 17.5 11.2 5.3 17.6 10.5 3.2 16.3 9.6 6.7 16.1 9.1 2.1 15.7 8.9 5o2 SUR L'ÉTAT TIIERMOMÉTRIQUE 1839. 18Û0. 18^1. 18Ù2. dcgri^s. degrés. Jegrés. h.3 15.7 9.9 Zi.6 15.2 9.5 2.1 15.1 9.6 /I.2 17.7 9.8 Moyennes générales... Zi.O 16.1 9.8 L'hiver le plus froid observé à Londres a été celui de 1795, et le moins rigoureux celui de 183/i. L'été le plus chaud a été celui de 1818, le plus froid celui de 1816. L'année la plus chaude a été 1822, et la plus froide 181/1. Les écarts entre les températures moyennes des années les plus chaudes et des années les plus froides sont : Pour Paris, de 1735 à 1803 6° .9 Paris, de 180Zi à 1853 3 .2 Orange, de 1817 à 1853 2.6 Chùlons-sur-Marne, de 1806 à 18i8 3 .2 Londres, de 1775 à 18Zi2 3 .3 Stockholm, de 1758 à 1807 3 .8 Ainsi, en laissant de côté la série des observations faites à Paris durant le dernier siècle, observations pour lesquelles on peut d'ailleurs craindre quelques erreurs, on trouve qu'il n'y a guère qu'une différence de 3° entre la température de l'année la plus chaude et celle de l'an- née la plus froide d'un même lieu. Les nombreux chiffres que renferme ce chapitre pour- ront être à l'avenir employés par les météorologistes pour apprécier si la température d'une année déterminée diffère plus que dans le passé de la température moyenne générale d'un lieu. DU GLOBE TERRESTRE. 553 CHAPITRE XXXIII TABLEAU DE LA TEMPÉRATDRE MOYENNE DES JOURS ET DES MOIS A TARIS — TEMPÉRATURES MOYENNES DES MOIS DANS LES PAYS SEPTENTRIONAUX — TEMPÉRATURES MOYENNES D'APRÈS LES OBSERVATIONS FAITES A L'heURE DE MIDI Je vais maintenant donner le tableau de la tempéra- ture moyenne des jours à Paris. Ce tableau est le résultat de vingt et une années d'observations faites à l'Obser- vatoire depuis 1806 jusqu'à 1826 avec le même thermo- mètre. La température moyenne du jour est le milieu entre la plus haute et la plus basse température des vingt- quatre heures, observées le plus souvent au lever du Soleil et à trois heures du soir, ces deux instants étant, à fort peu près , ceux du maximum et du minimum de chaleur. Les températures de ce tableau sont les moyen- nes entre celles de cinq jours, savoir, des cinq premiers jours de janvier, des cinq jours suivants, et ainsi de suite. Dans les années bissextiles on a pris la température moyenne des six jours du 25 février jusqu'au 1" mars inclusivement. Les observations ont été réduites à l'échelle centigrade. Ce tableau présente encore des irrégularités qu'un plus grand nombre d'observations fera sans doute dispa- raître. Il est clair, par exemple, que du 16 au 20 avri la température doit être intermédiaire entre celles du 10 au 15 et du 21 au 25; et cependant le tableau la donne plus petite que chacune d'elles. Les anomalies qui tiennent aux causes irrégulières sont fort grandes d'une année à l'autre, et pour les détruire et n'avoir que 554 SUR L'ÉTAT TIIERMOMÉTRIQUE les résultats des causes régulières, il faut un très-grand nombre (l'années d'observations. D'ailleurs, la notion précédente de la chaleur moyenne n'est pas d'une rigou- reuse exactitude, et si l'on voulait soumettre au calcul des probabilités les observations thermométriques pour en déterminer les lois , il serait préférable de considérer séparément celles qui se rapportent à la même heure; mais ce tableau, malgré son imperfection, répand déjà quelques lumières sur la chaleur moyenne des jours. En l'examinant avec attention, on voit que la chaleur moyenne de l'année serait pour ces 21 années de 10". 81. La plus basse température des périodes demi -décadaires arrive du 11 au 15 janvier et elle est égale h 1°.66; la plus haute température arrive du 30 juillet au 3 août et est égale à 19°. 33. Les deux jours de l'année dont la température égale à peu près 10°. 81 sont le 22 avril et le 18 octobre. Le jour qui est moyennement le plus chaud est le 15 juillet; il tombe 25 jours après le solstice d'été. Le jour qui est moyennement le plus froid est le l/t janvier ; il tombe 25 jours après le solstice d'hiver. Les seules observations de midi conduisent au même résultat, car alors le maxi- mum a lieu le 13 juillet et le minimum le 14 janvier. Le maximum moyen est de -1-32°. 8, et le minimum moyen de — 10°. 5. Ces calculs sont relatifs à la période de 1800 à 1826. L'expression mathématique des températures journa- lières est à peu près 10°. 81 , plus le produit de 8°. 8 par le sinus de la longitude moyenne du Soleil comptée du l"jan- vier et diminuée de 112°. Cette expression renferme encore DU GLOBE TERRESTRE. 555 quelquos inégal ilés forl petites qui paraissent rapprocher du solstice d'hiver le minimum de la chaleur; mais pour les déterminer il faut attendre un plus grand nombre d'observations. Températures moyennes de 5 en 5jou7'S pour 21 années d'observation. degrds. du 1" au 5 janvier 1.96 du 6 au 10 — 1.87 du 11 au 15 — 1.66 du 16 au 20 — 1.75 du 21 au 25 — 1.67 du 26 au 30 — 3.10 du 31 au k février 3.28 du 5 au 9 — Zi.92 du 10 au l/i — /4.92 du 15 au 19 — /j.79 du 20 au 2Zi — 5.02 du 25 au 1" mars 5.59 du 2 au 6 — 5.91 du 7 au 11 — 5.50 du 12 au 16 — 5.7Zi du 17 au 21 — 6.65 du 22 au 26 — 7.21 du 27 au 31 — 8.1i du 1" au 5 avril 8. 10 du 6 au 10 — 9.60 du 11 au 15 — 9.52 du 16 au 20 — 9.2Zi du 21 au 25 — 11.10 du 26 au 30 — 11.^1 dul"au 5 mai 13.50 du 6 au 10 — I.'i.l7 du 11 au 15 — 1/1.07 du 16 au 20 — 15.19 du 21 au 25 — 1/1.88 du 26 au 30 — 15.28 du 31 au Zi juin 16.13 du 5 au 9 — 16.20 du 10 au 1/j — 16.77 C56 SUR L'ÉTAT THERMOMÉTRIQUE denrés. du- 15 au 19 juin 16.61 du 20 au 2Zj — 16.20 du 25 au 29 — 17.60 du 30 au Zi juillet 17.88 du 5 au 9 — 17.90 du 10 au IZi — 19.10 du 15 au 19 — 19.0Zi du 20 au 26 — 18.58 du 25 au 29 — 18.75 du 30 au 3 août 19.33 du 6 au 8 — 18.50 du 9 au 13 — 18.11 du 16 au 18 — 18.32 du 19 au 23 — 18.69 du 26 au 28 — 18.52 du 29 au 2 septembre 17.89 du 3 au 7 — 16.96 du 8 au 12 — 16.00 du 13 au 17 - 16.10 du 18 au 22 — 15.23 du 23 au 27 — 16.86 du 28 au 2 octobre 13.81 du 3 au 7 — 13.56 du 8 au 12 — 12.66 du 13 au 17 — 11.27 du 18 au 22 — 10.61 du 23 au 27 — 9.65 du 28 au 1" novembre 8.96 du 2 au 6 — 8.02 du 7 au 6 — 7.62 du 12 au 16 — 6.92 du 17 au 21 — 6.63 du 22 au 26 — 5.66 du 27 au 1''' décembre 5.66 du 2 au 6 — 5.66 du 7 au 11 — 6.16 du 12 au 16 — 6.12 du 17 au 21 — 6.56 du 22 au 26 — 2.93 du 27 au 31 — 2.16 I DU GLOBE TERRESTRE. 357 La marche générale des températures journalières est soumise à des fluctuations, tantôt au-dessus, tantôt au- dessous delà moyenne; ces fluctuations sont certainement dépendantes d'influences locales. Cependant leur étude présente de l'intérêt et elles ont donné lieu aux remar- ques suivantes que nous empruntons à Brandes : « 1° Le plus grand froid tombe, presque partout, en Europe, sur les premiers jours de janvier. Dans la plu- part des endroits où l'on a observé en Allemagne, ce maximum répond au 9 et au 10 de ce mois, et dans quelques-uns au 16. « 2° A ce maximum de froid succède un adoucisse- ment assez régulier dans la température jusqu'au 28. Puis survient un retour de froid jusque vers le 17 fé- vrier, époque assez ordinaire de ce second minimum. « 3° Depuis le 12 février, le froid diminue en Suède, et depuis le 17 dans d'autres contrées. Mais il revient ensuite, d'abord dans les contrées de l'est, puis dans celles de l'ouest et du sud. Cette nouvelle température froide se manifeste vers le d mars à Moscou et à Péters- bourg ; mais seulement du 9 au l/j. à Cuxhaven et à Londres; le id à Vienne. Dans quelques endroits, comme à la Piochelle, à Rome, à Zwanenbourg et à Manheim, on n'observe pas ce refroidissement particulier, mais plutôt une stagnation sensible dans la marche naturelle- ment croissante de la chaleur. « [i° Après ce froid il se manifeste une chaleur d'abord rapidement croissante, ensuite, dans un intervalle de cinq à dix jours, un peu ralentie. Mais depuis le 19 mars on voit commencer à Stockholm, à Uméa et Pétersbourg, et 558 SUR L'ÉTAT TIIERMOMÉTRIQUE depuis le- 29 dans toutes les contrées méridionales, une chaleur uniformément croissante jusqu'à la fin d'avril. « 5° Après un refroidissement marqué dans les pre- miers jours de mai, une augmentation rapide de cha- leur a lieu vers le 10 mai, et une série moins prononcée de jours chauds paraît avoir lieu partout au commence- ment de juin. « G" Quant au maximum annuel de chaleur, il arrive- rait plus tôt dans les contrées septentrionales que dans les méridionales ; et la chaleur paraît en réalité atteindre deux maxima, l'un dans le dernier tiers du mois de juil- let, l'autre du 11 au 16 août. « 1° Dans la seconde moitié d'août, une diminution rapide et continuelle de chaleur commence pour les con- trées septentrionales; mais, dans les premiers jours d'oc- tobre, cette diminution rapide est suspendue, et il survient une température douce et une sorte d'arrière-été. Un second retour de chaleur a lieu dans le dernier tiers d'octobre. Plus tard il survient une augmentation de froid, laquelle est interrompue par un nouveau retour de chaleur dans le dernier tiers de novembre. La diminution de la chaleur dans le mois de décembre est progressive dans le nord ; dans les contrées plus méridionales elle pa- raît un peu diminuée vers le milieu du mois et s'accroître ensuite vers la fin. » Les petites irrégularités de l'accroissement de la tem- pérature depuis le 15 janvier jusqu'au milieu de juillet et de sa décroissance depuis cette dernière époque jusqu'au ili janvier suivant, disparaissent lorsqu'on ne considère que les températures moyennes des mois. C'est ce que DU GLOBE TERRESTRE. 559 démontre le tableau suivant, qui donne, d'après les observations faites à l'Observatoire, depuis 1800 jusqu'à 1851 inclusivement, c'est-à-dire pendant quarante-six ans, les moyennes des températures maxima, des tem- pératures minima et des températures moyennes : TEMPERXTLRES MOYENNES. Mois. Janvier Février Mais Avril Mai Juin Juillet Août Septembre , Octobre Novembre Décembre Moyennes annuelles. Maxima. 5°. 02 7 .31 10 .01 13 .12 18 .38 21 .12 22 .G7 22 ./i2 18 .85 U M 9 .67 6 .85 lZi«'.17 Minima. - 0°.87 0 .07 3 .15 6 .51 10 .67 13 .56 15 .a U .57 12 .08 7 .30 3 .91 0 .33 7°. 27 Moyennes. 2°. 07 3 .90 6 .58 9 .81 Ik .52 17 M 19 .Ok 18 ./i9 15 M 10 .97 6 .79 3 .59 10". 72 On voit que, soit que l'on consulte les maxima moyens, de chaque mois, soit que l'on considère les minima moyens, soit enfin que l'on se contente de prendre les températures moyennes seulement, la chaleur présente une marche croissante de janvier à juillet, et décroissante de juillet à décembre. Le mois le plus chaud est bien celui de juillet, qui suit le solstice d'été, et le mois le plus froid est bien celui de janvier qui suit le solstice d'hiver. On tirerait encore la même conséquence des observa- tions faites en d'autres lieux, ainsi qu'on peut le voir par le tableau suivant qui donne les températures moyennes mensuelles pour quatre stations des pays septentrionaux : 560 SUR L'ÉTAT TIIERMOMÉTRIQUE T., ■ CoPENnAcnE Stockholm Pétersbourg r„„,c^,.>„. '"°'^- d'après Bn-ge. d'après Wargentin. d'après Euler. ^-«"Stianu Janvier — 0".7 — /i°.t — 10»./i —S» .6 Février — 2 .2 — 3 .1 — 5 .8 — 2 .3 Mars — 0 .2 — 1 .1 — 1 .9 — i .ti Avril à .0 2 .9 2 .3 û .8 Mai 8 .5 7 .5 8 .1 8 .2 Juin 12 .6 11 .3 12 .2 13 .2" Juillet 15.0 11.4 15.0 15.2 Août 13 .6 13 .1 13 .0 15 .9 Septembre. . 11 .7 9 .0 8 .5 9 .2 Octobre 7 .5 h .7 3 .2 3 .2 Novembre... 2 .9 — 1 .3 — 2 .5 1 .8 Décembre... 0 .7 — 1 .6 — 4 .1 1 .6 6 .2 Zi .6 3 .1 i .9 Si l'on compare les températures des lieux en prenant les observations faites à l'heure de midi , on obtient encore des résultats semblables à ceux que je viens de mettre en évidence. C'est ce que démontre le tableau suivant que j'ai calculé en 1814 {Bulletin de la Société philomalliique pour cette année, p. 95), d'après les observations faites à Paris depuis 1806 inclusivement jusqu'à la fin de 1813 ; à Strasbourg , par M. Herren- schneider, depuis le commencement de 1807 jusqu'à la fin de 1813 ; à Clermont-Ferrand, par Ramond, depuis juin 180G jusqu'à la fin de cette même année 1813. TEMPÉRATURES MOYENNES DE MIDI à Paris. à Strasbourg, à Clermont-Ferrand. Janvier 3°. 7 0°.2 l°.l Février 7 M 5.4 6.9 Mars 8 .9 8 .1 9 .U Avril 12 .0 12 li 12 .5 Mai 20 .2 20 .6 19 .7 Juin 20 .7 20 .9 20 .2 Juillet 23 .6 23 .7 22 .6 Août 22 .6 23 .4 21 .9 DU GLOBE TERRESTRE. 564 SepteinDre IS".? 18». 5 19". 0 Octol)re lU U 13.2 IZi .9 Novembre 8.4 6.7 9.2 Décembre 4.9 1.9 5.2 Moyennes annuelles. 13 .8 12 .9 13 .5 Les températures moyennes de Paris , de Strasbourg et de Clcrmont-Ferrand, calculées d'après les moyennes entre les maxima et les minima diurnes, étant de 10°.7, 9°.8 et IIM, on voit que les dilTérences avec les moyen- nes de midi sont respectivement de 3°.l, 3°.l et 2°. 4. D'après les observations faites sur de hautes montagnes, telles que le Saint-Gothard, l'écart paraît devenir moins grand quand on s'élève davantage dans l'atmosphère. La loi de la variation mensuelle de la température se soutient encore quand on considère un lieu assez voisin de réquateur ; c'est ce qui résulte des observations météo- rologiques faites à la Havane pendant les années 1810, 1811 et 1812, par don Jose-Joaquin de Ferrer, obser- vations dont j'ai fait connaître les résultats dans la Con- naissance des temps pour 1817 : ••j.jg Températures moyennes mensuelles. Janvier 21". 1 Février 22 .2 Mars 2Zi .3 Avril 26 .1 Mai 28 .1 Juin 28 .k Juillet 28 .5 Août 28 .8 Septembre 27 .8 Octobre 26 .4 Kovembre 24 .2 Décembre 22 .1 Moyenne de raiiuôe 25" .7 VIII. — V. 36 562 ' SUR LÈTAT TIIKRMOM ETRIQUE Les deux extrêmes du thermomètre , à la Havane , pendant les trois années des observations de don Jose- Joaquin de Ferrer, ont été le ili août et le 20 février 1812 ; à la première de ces deux époques , la température s'était élevée à 30° ; à la seconde, le thermomètre ne marquait plus que 16°. 4. Dans un puits de 30 mètres de profon- deur le thermomètre s'est soutenu dans l'air à 2/i°./i; en contact avec l'eau, il marquait 0°.8 de moins. Le lecteur devra remarquer que les faits contenus dans ce chapitre forment la base de la théorie des saisons, telle que je l'ai exposée dans VAstronomie populaire (t. IV, liv. XXXII, chap. xii, p. 558 à 567 ). CHAPITRE XXXIV DES LIGNES ISOTHERMES, ISOCHIMÈNES ET ISOTHÈRES En jetant les yeux sur la table générale du chapitre xxx (p. 519 à 530), on voit que les températures moyennes ne sont pas égales dans toute l'étendue d'un même pa- rallèle terrestre. M. de Humboldt a imaginé en 1817 de marquer sur une mappemonde tous les points dont les températures moyennes sont respectivement 0°, + 5°, + 10°, + 15° et + 20°; les courbes passant parées diverses séries de points s'appellent les ligîies isothermes de 0°, de 5°, de 10°, etc. (Voir les figures 3û9 à 352 de VAstronomie populaire, t. iv, p. 610 à 613.) «L'emploi des moyens graphiques, dit mon illustre ami , jette beaucoup de jour sur des phénomènes qui sont du plus haut intérêt pour l'agriculture et pour l'état social DU GLOBE TERRESTKE. R63 des habitants. Si , au lieu de cartes géographiques, nous ne possédions que des tables renfermant les coordonnées de latitude, de longitude et de hauteur, un grand nombre de rapports curieux qu'offrent les continents dans leur configuration et leurs inégalités de surface, seraient restés •'i jamais inconnus. » Les lignes d'égale chaleur moyenne diffèrent très-sen- siblement des parallèles terrestres et toutes offrent deux inflexions. Leurs sommets convexes en Europe sont pres- que situés sous le même méridien ; à partir de ces points les courbes s'abaissent vers l'équateur, soit qu'on marche vers l'est ou vers l'ouest ; elles se relèvent ensuite et pa- raissent avoir leurs seconds sommets convexes sur la côte occidentale de l'Amérique. Le tableau suivant prouve d'une manière frappante qu'en allant de l'Europe vers l'est , c'est-à-dire vers l'Asie, les lignes isothermes, de quelque degré thermo- métrique que ce soit, s'abaissent d'une façon régulière : Localités peu orientales. Noms des lieui. Latitudes. Sœndmer 62"30'N. Christiania b9 dix L'psal 59 52 Copenhague 55 Zil Amsterdam 52 22 Francfort 50 7 Manheim Z|9 29 Troyes Zi8 18 Gap Zii 33 Naples /lO 51 16 M Températnrei moyeuuL's. 5° .3 5 .0 5 .1 7 .6 9 .3 9 .8 10 .3 11 .3 12 .3 56i 'SUR L'fiTAT TllERMOMÉTRlQUE Localités très- orientales. Noms des lieni. Latitudes. Températures moyennes. Uméa 63''50'N. 2M Bogoslowsk 59 Ziù — 1.1 Saint-Pétersbourg 59 56 3 .7 Moscou 55 Z(5 6.2 Varsovie 52 13 7 .0 Cracovie 50 Zi 8.0 Tabor Zi9 1!x 8 .0 Vienne û8 13 10 .2 Sébastopol Zi4 37 11 . Pékin 39 bh 12 .6 Je ferai remarquer que l'élévation de Pékin est peu considérable, et que celle de Moscou est de l/i2 mètres. Si Ton marche vers Touest les lignes isothermes des- cendent vers l'équateur, auquel elles restent à peu près parallèles depuis les côtes atlantiques du nouveau monde Jusqu'à l'est du Mississipi et du Missouri. Il n'est pas douteux qu'elles ne se relèvent ensuite au delà des mon- tagnes Rocheuses et sur les côtes opposées de l'Asie, entre les 35' et 55' degré de latitude. On sait , en effet , que l'on cultive avec succès l'olivier le long du canal de Santa-Barbara, dans la nouvelle Californie, et qu'à Noulka, presque sous la latitude du Labrador, les plus petites rivières ne gèlent pas avant le mois de janvier. Dans une vue d'ensemble on peut faire abstraction de quelques inflexions, bornées à de petites localités, telles par exemple que celles qu'on observe sur les côtes de la Méditerranée, entre Marseille, Gênes, Lucques et Rome. Il sera un jour utile de les comprendre dans des cartes détaillées. A un degré de variation dans la température moyenne DU GLOBE TERRESTRE. 565 annuelle correspondent, dans dilTérentes zones, les chan- gements de latitude suivants : Dans le nouveau Dans l'ancien continent continent (par les longitudes (par les lon^-'itndes 70° à 80O 0.). 2° à 170 0.). Entre 30 et /|0 degrés de latitude boréale 1° 2Zi' 20 30 Entre ÙO et 50 degrés... 16 1 2Zi Entre 50 et 60 degrés. . . 1 18 1 Zi8 La table suivante, dans laquelle sont comparés des lieux de l'ancien et du nouveau continent situés sous des latitudes peu dilTérentes, fera voir combien la côle occidentale de l'Europe jouit d'une température plus éle- vée que la côte orientale des États-Unis d'Amérique. Latitudes. Températures moyennes Saint- Jeau ( Terre-Neuve) . . . 47" 37' N. 3° .5 Québec Û6 Zi9 5.5 Eastport M 5ii 6.0 „ ,, . .Cambridge Zi2 23 8.7 Nouveau Monde. { ., ^ , ,,,,., , „ - 1 New-York ZiO Zi3 12 .1 [Washington 38 53 i3.li Savannah 32 5 18.1 Nouvelle-Orléans 29 58 19 M LaUtndes. Températures moyennes. Nantes Z|7"13'N. 12". 8 La Rochelle Ii6 9 11 .6 Rordeaux hh 50 13 .5 * „. .-^ , , Perpignan Zi2 62 15.3 Ancien Monde. / ., , , ,, ^ . . , Naples ZiO 51 16.4 Lisbonne 38 1x2 16 .Zi Funchal (Madère) 32 38 18.7 Santa-Cruz (Canaries) 28 28 21 .9 Ainsi, en résumé, les côtes occidentales de l'ancien et du nouveau monde jouissent, à parité de latitude, d'une tem- 566 SUR L'ETAT TUERMOMETRIQUE purature sensiblement plus élevée que les cotes orientales. Dans la zone torride , au-dessous de oO° de latitude, les lignes isothermes deviennent à peu près parallèles entre elles et à l'équateur terrestre; en sorte que l'opi- nion, admise pendant longtemps, que l'ancien monde est plus chaud que le nouveau, même entre les tropiques, n'a aucun fondement. Le tableau suivant montre bien qu'il y a identité des températures moyennes sous les tropi- ques, de part et d'autre de l'équateur : 'LaHavane 23" 9' N. 25". 0 Vera-Cruz 19 12 25 .0 Poiute-à-Pitre 16 14 25.0 iLa Barbade 13 û 24.7 „ , JMaracaybo 1110 29.0 Nouveau Monde. <„ *' .« «o on , \Cumana 10 28 27 .4 [Paramaribo 5 45 26 .5 Esmeraldas 3 11 26 .4 Payta 5 5 S. 27 .1 ^ Rio de Janeiro 22 54 23.1 Moyenne température de la zone tropicale du Nouveau Monde 25" .92 Latitudes. Températures moyennes. Canton 23° 8'N. 21". 1 Bombay 18 56 26 .0 Saint-Louis (Sénégal) 16 1 24 .7 1. Madras 13 4 27.8 . . „ . ) Pondichérj^ 1 1 56 28 .1 Ancien Monde. <,- ., , ,« rr «o -, iKarikal 10 55 28.7 Ist-Georgesdel Mina (Afrique). 5 2 26 .2 Singapore 1 17 26 .5 Batavia 6 9 S. 26 .2 Saint-Denis (île Bourbon)... 20 52 25.0 Moyenne température de la zone tropica'e de l'Ancien Monde 26» .03 DU GLCBE TERHESTRE. 567 A la remarque qu'on avait déjà faite depuis plus d'un siècle que les températures ne sont pas égales dans toute l'étendue de chaque parallèle terrestre et qu'en avançant (le 70 degrés en longitude à l'est ou à l'ouest du méridien de Paris, le climat est plus froid, on doit ajouter que les dilîérences entre les températures des lieux situés sous les mêmes parallèles ne sont pas également considérables dans toutes les latitudes : TEMPÉHATDRES MOYENNES à l'onest à l'est Latitudes. de raiiciea du nouveau Différences. continent. continent. 30° N. 2V.li 19o.Zi 2°.0 ^0 17 .3 12 .5 U .8 50 10 .5 3 .3 7 .2 60 Zi .8 — k .G 9 M Les quantités dont les températures moyennes décrois- sent quand les latitudes augmentent sont renfermées dans la table suivante : VARIATIONS DE TEiJPÉRtTCKE Latitude. dans l'ancien dans le nouveau continent. continent. De 0 à 20^ 2" T De 20 à 30 U 6 De 30 à ZiO Il 7 De ZtO à 50 7 9 De 50 à 60 5 .5 7 .Zi De 60 à 70 10 9 Dans les deux mondes, le décroissement de la tempé- rature moyenne présente un maximum dans la zone comprise entre les parallèles de kO et de ^5°. « Cotte circonstance, dit M. de Humboldt, doit influer sur la civilisation et sur l'industrie des peuples qui habitent les pays voisins du parallèle moyen : c'est le point où les régions des vignes touchent à celles des oliviers et des 568 SUR L'ÉTAT THERMOMÉTRIQUE citronniers. Nulle part ailleurs sur le globe, en avançant du nord au sud, on ne voit s'accroître plus sensible- ment les températures ; nulle part aussi les productions végétales et les objets variés de l'agriculture ne se suc- cèdent avec plus de rapidité. Or, une grande différence dans les productions des pays limitrophes vivifie le com- merce et augmente l'activité des peuples agriculteurs. » D'après la définition que nous avons donnée des tem- pératures moyennes, il est clair qu'une égale quantité de chaleur annuelle peut être, dans divers lieux, très-inéga- lement répartie entre les différentes saisons. Le tableau suivant montrera , en effet , comment les différences de température entre les hivers et les étés sont loin d'être égales, sous une même ligne isotherme, lorsque l'on com- pare des points fort éloignés en longitude. On ne manquera pas de remarquer que dans les deux bandes de l'ancien et du nouveau monde, formant deux systèmes de climats différents, le partage de la chaleur annuelle entre l'hiver et l'été se fait de manière que sur la ligne isotherme de 0°, la différence des deux saisons est presque double de celle que l'on observe sur la ligne isotherme de 20°. Points compris entre 30 de lonp;itiide occideat. et 150 de longitude orientale. Points compris entre 60 et 740 de longitude occidentale. TEIIPÉRATDRES MOYENNES TEMPÉRATIIFES MOVEVyES de Itiver. de l'été. différ. de l'hiver de l'été. différ Lignes Isothermes de 20° 15" 27° 12° 12° 27" 15 — de 15 7 23 16 U 26 22 — de 10 2 20 18 — 1 22 23 — de 5 — U 16 20 — 10 19 29 - de 0 — 10 12 22 — 17 13 30 I DU GLOBE TERRESTRE. 569 11 résulte de cette table que les dilTérences entre les saisons de l'année sont moins grandes sur les sommets convexes que sur les sommets concaves des lignes iso- thermes; en sorte que la même cause qui relève ces courbes vers les pôles tend aussi à égaliser les tempéra- tures des saisons. La température moyenne de l'année étant égale au quart de la somme thermométrique des températures hi- vernale, vernale, estivale et automnale, nous aurons, par exemple, sur une même ligne isotherme de 12° : Au sommet concave, en Amérique (par 77° de long. 0. de Paris) : u près du sommet convexe , en Europe (dans le méridien de Paris): Zi°.5+il".0+20".2 + 12\3 12 _ ^ au sommet concave, en Asie (par lili" de long. 0. de Paris) : 12" = ; . U Lorsque, au lieu de considérer, comme ci-dessus, les températures moyennes des saisons, on prend les tempé- ratures moyennes du mois le plus chaud et du mois le plus froid, l'accroissement des dilTérences est plus grand encore que nous venons de le trouver. ^oici les éléments d'après lesquels on pourra tracer sur une carte les lignes isothermes : La ligne correspondante à 0° de température passe à 570 SUR L'ÉTAT TIIERMOMÉTRIQUE 3° 5/|.' uu sud de Nain (Labrador); à Eyafjord (nord de l'Islande); au cap Nord; à 1 degré au nord d'Uléaborg; par Soliskamsky; par Barnaul (Sibérie); et à l'île Saint- Laurent (Amérique russe). La ligne de 5° passe à 0° 5' au nord de Québec; à h pointe méridionale de l'Islande ; à Christiania ; à Roursk ; 1 degré au nord de Moscou; à 2 degrés au nord de Sitcha (Amérique russe). La ligne isotherme de 10° passe un peu au-dessus de Erasmus-Hall (États-Unis); à 1 degré sud de Dublin; par les Mesneux; à 0° 23' au nord de Paris; à Franeckcr ; à Wurtzbourg; à 0° 5' au sud de Nicolaïeff; à 2° li^' au nord de Pékin; à 1 degré au sud de Fort George (côte occidentale de l'Amérique). La ligne de 15° passe à 0° 30' au nord de Chapel-liill (États-Unis); à Montpellier; à 0° 20' au nord de Florence; à 0° ÛO' au nord d'Athènes ; à 1° au sud de Bakou ; à 1° 5' au nord de Nangasaki. La ligne de 20° passe à0° 30' au nord de Cantonnement Chnch (États-Unis); à Villanova de Portimâo ; à la pointe nord de l'Afrique; àl degré environ au-dessus de Tunis; par 33° 5' de latitude au-dessous de l'île de Chypre; à 5 degrés au nord de Canton , et par 27° de latitude en Californie. Enfin, la ligne isotherme de 25° passe à la Havane ; à 2 degrés au nord de Saint -Louis (Sénégal); à Esné j (Haute Egypte); à Abousheher (Perse); à 1 degré au . nord de Bénarès ; à 1° 30' au nord de Manille et à Vera- k Cruz. î Si au lieu de rapporter sur une carte les lignes iso- DU GLOBli TERRESTRE. 571 thermes, ou d'égale Iciiipérature annuelle, on y traçait les lignes d'égale température hyémale ou lignes isochi- lul'iics, on ne tarderait pas à remarquer qu'elles s'écar- tent bien plus que les premières des parallèles terrestres. Va\ Europe les latitudes de deux endroits qui ont la même température annuelle ne diffèrent jamais que de li ou 5 degrés ; tandis que deux lieux dont les hivers sont égale- ment froids peuvent être éloignés en latitude de 10 à 15 degrés. Comparez, par exemple, Stockholm à NicolaïelT et le cap Nord à Wilna. Les lignes d'égal été, ou lignes isotheres, présentent des inflexions presque aussi grandes, car on trouve la même température moyenne pour cette saison à Moscou, au centre de la Russie, et en France, à Montmorency, malgré une différence de latitude de 7 degrés ; à Fra- necker (Frise) par 53 degrés et h La Rochelle par 46 degrés de latitude. CHAPITRE XXXV SUn LE DÉCROISSEMENT DE LA TEMPÉRATCUE ATMOSPHÉRIQUE DÉPENDANT DE LA HAUTEUR Les détails compris dans les chapitres précédents ne sont relatifs qu'à la distribution de la chaleur à la surface du globe ; mais on conçoit que pour trouver sous un paral- lèle quelconque une température moyenne donnée, 0% par exemple, il doit suffire de choisir un lieu convenablement élevé au-dessus du niveau moyen de la mer. En effet, à mesure qu'on s'élève dans l'atmosphère au-dessus d'un môme lieu la température diminue assez rapidement. 572 SUR L'ÉTAT TIH- RMOMÉTIUQUE La recherche de la loi suivant laquelle la température atmosphérique décroît avec la hauteur au-dessus du niveau de la mer a déjà exercé un grand nombre de physiciens; et cependant on ne saurait dire, à beaucoup près, qu'elle soit épuisée. Nous serions bien plus avancés à ce sujet, si, à relïet d'augmenter le nombre de données qu'ont fournies les voyages aéronautiques de Gay-Lussac, de MM. Barrai et Bixio, de M. Welsh, etc. ^, on avait songé à profiter de la bonne volonté de tant de personnes qui, à Paris, se sont élevées en ballon. En attendant des observations de cette espèce, recueillons du moins celles qui ont été faites sur des montagnes assez isolées pour qu'on puisse supposer qu'à leurs sommets régnait à peu près la température de la couche atmosphérique libre placée à la même hauteur. C'est dans cette catégorie que je crois pouvoir ranger les observations du mont Venteux, près d'Avignon , dont on est redevable au doc- teur J. Guérin , conservateur du Muséum Calvet. L'inté- ressant ouvrage dans lequel ce physicien distingué a consigné les résultats de ses laborieuses recherches, nous a déjà fourni, plus d'une fois, l'occasion de signaler son zèle infatigable. Par une moyenne entre les déterminations obtenues dans un grand nombre de voyages au Venteux, M. Guérin a trouvé que, pour observer dans l'atmosphère une dimi- nution de 1°, il faut : En été, s'élever de 156 mètres. En hiver, de 195 — Et dans les saisons intermédiaires, de 174 — 1. Voir Instructions, Rapports et Notices sur les Voyages scienti- fiques, t. IX des Œuvres, p. 532. DU GLOBE TERRESTRE. 573 La table suivante montre comment les températures moyennes varient avec les hauteurs : Altitude. Zone torride de Oo àlOo de latitude. Zone tempérée de 450 à 470 de latitude. mètres. tempéradirc- ni. yenne. température moyenne. 0 27" .5 12". 0 97/i 21 .8 5 .0 19/i9 18 M — 0 .2 2923 l!l .3 — 4 .8 3900 7 .0 —10 .u Û872 1 .5 —16 .0 Cette table se fonde sur la discussion d'un grand nombre d'observations faites en Amérique, sur le dos de la Cordillère des Andes, et en Europe, sur les Alpes et les Pyrénées. Dans nos climats, Gay-Lussac a trouvé, pendant son voyage aérostatique, que la diminution de température, quand on s'élève dans l'air libre, est de 1° centigrade par 187 mètres d'élévation. Le voyage de MM. Barrai et Bixio a donné 1" par 126 mètres, mais dans le cas d'une atmosphère troublée par de vastes nuages marchant avec une grande vitesse, tandis que Gay-Lussac avait pour son excursion aérienne un temps calme et un ciel pur. Une température constamment inférieure à celle de la glace fondante règne, comme on le voit, en chaque lieu à une hauteur sufiisamment grande dans l'atmosphère. Les montagnes dont les sommets baignent dans des couches d'air éternellement glacées, sont couvertes de neiges perpétuelles. (Voir VAslronomie populaire, t. iv, p. 616.) Si Ton imagine qu'en chaque point de la surface de la Terre on élève des verticales assez grandes pour qu'on 574 SUR L'ÉTAT THERMOMÉTRIQUE obtienne la hauteur à laquelle régnerait la température moyenne 0% et si l'on fait passer une surface par les som- mets de toutes ces coordonnées verticales, on obtiendra !a surface isotherme de 0°; son intersection avec le globe sera la ligne isotherme correspondante déjà déterminée plus haut. On pourra obtenir par la même considération géométrique les surfaces isothermes de 5°, de 10% etc. Ces surfaces s'éloignent du centre de la Terre vers l'équa- teur ; elles s'en rapprochent vers les pôles. CHAPITRE XXXVI SDR LA TE.MPÉRATDRE MOYENNE DD PÔLE NORD — PÔLES DE FROID Les navigateurs ne s' étant encore avancés dans la direc- tion du nord que jusqu'au 82"' degré de latitude, il n'existe pas d'observations directes propres à faire connaître la température qui règne au 90% c'est-à-dire au pôle arctique. Les météorologistes avaient naguère à ce sujet des idées très-erronées, que les voyages des célèbres navigateurs Parry, Franklin , Wrangel , Scoresby , etc. , ont considérablement modifiées. Peut-être même a-t-on maintenant recueilli assez de données pour qu'il soit per- mis d'en conclure, avec une certaine approximation, le nombre de degrés qui exprime la température moyenne de la région qui entoure le pôle. Discutons d'abord les observations thermométriques recueillies dans quelques-unes des expéditions où l'on s'est le plus approché du pôle arctique. DU GLOBE TERRESTRE. 575 néxiilfots des observations météorolofjiqites faites pendant la première expédition du capitaine Parnj. Latitude Longitude TEMPÉRATURES CENTl'.RArES bciit-aif-. occidentale. CDaxima. njiQima, moyennes. Juillet 18)9 64«à Ti" 67» ' -(- 7o.7 — 3o.3 + f'°.9 .\ortl 7-2 à 75 93» +3.5 —2.2 0.0 Septembre 75 112 3 -(-2.8 —18.3 — 5 .:j Octoliic 713/4 H3 < —8.0 —33.3 —19.7 Kovembre id. id. —14 .4 —43 .9 —29 .2 Décembre id. id. —14 .^ —42 .8 -29 .0 Janvier id. id. —18.9 —43.9 — 3i .5 Février id. id. —27.2 —4:; .6 — 3"/ .0 Mars i.l. id. -14 .4 —40 .0 —27 .8 Avril id. id. 0.0 —35.5 —22.4 Mai id. id. +8.3 —20.0 —8.5 Juin id. id. +10.6 —2.2 +2.4 Juillet id. id. +15.6 0.0 +.".8 Août 74 à 75 tCO 5 +7.2 —5.5 +0.4 1. Au milieu du détroit de Davis et de la baie de Baffln (entre 62° et 72" de longitude). 2. Le long de la passe de Lancastcr (entre 80 et 107» de longitude). — 3. Idem (entre 10" et ino). — ». A lile MelTiUe.— 5. Entre 117 et 830. Il résulterait de ces observations que par la latitude de 75° et le 113' degré de longitude comptée de Paris, la température moyenne de l'année est de — 17° centigrades ; mais le capitaine Parry a reconnu, dans diverses occa- sions, que le voisinage de ses deux bâtiments augmentait les indications des thermomètres d'environ 3 degrés Fah- renheit (1°.67 centigrade). La température moyenne de Wintcr-IIarbour, sur la côte méridionale de l'île Melville, doit donc être portée à — 18°. 5 centigrades. Cette température n'est pas éloignée du degré extrême de froid que l'on éprouve à Paris dans les hivers les plus rigoureux. Loin des bâtiments, en février 1819, le ther- momètre descendit jusqu'à — 1x1° centigrades. 576 SUR L'ÉTAT TIIERMOMÉTRIQUE Résultats des observations météorologiques faites durant le second voyage du capitaine Parry. MOIS. Joillet 1821 Août Septembre Octobre Novembre Décembre Janvier 1822 Février Mars Avril Mai Juin Juillet Aoùi Septembre Octobre Novembre Décembre Janvier 1823 . . . Février Mars Avril Mai Juin Juillet Août 1. Détroit d'Hudson. Vile d'iglooUk. Latitude boréale. 62» 66 66 66 1/5 id. id. id, id. id. id. id. u. 66 2;3 à 69 69 1/2 id. 69 1/3 id. id. id. id. id. id. id. id. id. 69 1/5 à 66 1/5 Longitude occideutale. 740 1 87 » 86 3 8S 1/2 < id. id. id. id. id. id. id. id. 83 85 83 84 ^ id. id. id. id. id. id. id. id. id. 85 1/i à 84 TEMPERATURES CENTIGRADES. -flOo.O + 8 .9 4- 5 .6 -f 0 .3 — 2 .2 — 16 .7 —21 .1 — 20 .0 —10 .5 — 1 .7 + 7 .8 -i-IO .0 4-12 .2 + 10 .0 + 2 .8 — 1 .7 —13 .3 -23 .3 — 5 .6 — 6 .1 —15 .6 0 .0 + 9 .7 +H .1 + 13 .0 +1i .7 Miniuia. — 10.7 — 2 .2 — 6 .7 —25 .0 -28 .9 —33 .9 —38 .a —38 .3 -37 .2 —19 — 6 — 1 2 —11 22 —35 .6 —41 .6 —42 .8 —H .6 -40 .5 —31 .6 — 2-2 .2 —13 .3 — 1 .1 — 4 .4 Moyennes. + 10.9 + 2 .6 — 0 .6 — 10 .8 -13 .5 — u5 .0 -30 —31 —24 — U — 5 + 1 + 2.4 + 0 .9 — 2 .2 -10 .7 —28 .5 —23 .2 27 .2 —29 .1 —28 .7 — 18 .7 — 4 .0 + 0 .2 + 4 .4 + 3 .2 — 2. Baie d'Hudson, — 3. A l'ancro. — 4. Winter Island. — 5. A Cette table donne pour la température moyenne an- nuelle de : Winter Island, lat. 66° 11', long. 85° 31' 0. — 12°.5 et pour celle de Igloolik Island lat. 69" 19', long. 8i° 23' 0... — 13'.9 A Winter Island, le froid n'est pas descendu dans l'année 1822 jusqu'au degré de la congélation du mer- cure. DU GLOBE TERRESTRE. 577 Résumé des observa/ions J'aves durant l'expédition du capitaine Franklin. . LatituJe Longitude TF.MPKRarnES CENTIGRADES ■ borùale. occideutale. " . maxiiua. miniœa. moyennes. Septembre 1819 57oà 54ol/2 95o3/4 +16o.4 — \o.t -(- 8o.3 Octobre 53 à 54 102 4/2 -fl2 .8 —7.2 +2.7 Novembre 54 104 4/2' +7.2 —28.9 -9.1 Décembre id. id. +4.4 —35.0 —16.0 Janvier 1820 id. id. —12.2 —4-2.2 —25.1 Février id. id. —6.7 —36.7 —18.3 Mars id. id. +12.2 —30.0 —MO Avril id. id. +25.0 —25.0 +1.7 Mai id. id. +28 .9 — 6 .7 +'0 0 Juin 54 à 55 1/2 107 +30.5 +5.6 +14.9 Juillet 58 3/4 à 62 1/3 114 1/2* +28.9 +8.3 +17.1 Août 62 1/3 à 64 1/2 116 +23.5 +0-5 +13.4 Septembre.... C4 1/2 113 1/2 3 +11.7 —8.9 +1.0 Octobre id. id. +2.8 -15.0 —4.8 Novembre... id. id. —3.9 —35.0 —18.1 Décembre id. id. —1 4 .4 —49 .7 —34 .7 Janvier 1821 id. id. — a .7 -43 .0 —25 .4 Février id. id. —-7.2 —46.1 —33.7 Mars id. id — 4 .4 —44 .9 —24 .1 Avril id. id. +4.4 —35.6 —15.2 Mai id. id. +20.0 —13.3 —0.2 1. Cumberland-Uause. — 2. Entre le fort Chypewyan et le fort Providence. 3. Fort Entreprise. On déduit de ces observations : 1° que la température moyenne de Cumberland-House (lat. 6li°, long. lO/i" 30' 0. ) doit être d'une petite quantité au-dessus da — 1".0 centigrade; 2° que la température moyenne d^ Fort Enterprise ( lat. 64° 30' N. , long. 115° 30' 0. ) diflèi o peu de — 9°. 2 centigrades. Au niveau de la mer, près de l'équateur, le thermo- mètre ne baisse jamais au-dessous de -f- 18° centigrades ; au Fort Entrcpi"ise, le capitaine Franklin l'a obser\c à — 50°. Ces deux nombres dilîèrent de 68°. On trou\ e des résultats beaucoup moins éloignés les uns d'.'s autres, si Ton compare, au contraire, les maxinia de vili. — V. 37 578 SUR L'KTAT TU ERMOIM ÉTRIQUÉ icmpéraliire. Les mcloorologisles du dernier siècle croyaient môme qu'en été le thermomètre ne monte pas plus entre les tropiques que dans les régions polaires; mais il suffit de jeter les yeux sur les observations des capitaines Parry et Franklin pour voir combien cette opinion était erronée. Les tableaux qui précèdent mon- Ircnt qu'on se trompait encore davantage en admettant un été universel, c'est-à-dire en supposant que les tem- pératures moyennes de juin, juillet et août étaient les mêmes partout. A l'île Melville, en effet, le mois le plus chaud, celui de juillet, n'a pour température moyenne que -|- 6° centigrades, tandis qu'à Paris, par exemple, elle est de -|-19". Du reste, M. de Humboldt avait déjà fait justice de ces systèmes, dans son beau Mémoire sur les lignes isothermes. A parité de latitude on trouve de fort grandes discor- dances entre les températures moyennes déterminées sur des méridiens éloignés. Le long de la côte occidentale d'Europe les résultats sont à peu près égaux à ceux qu'on obtient en pleine mer dans l'océan Atlantique, mais ils diffèrent beaucoup des températures moyennes qui régnent en Amérique sous les mêmes parallèles, surtout quand on choisit, dans ce continent, des lieux situés sur un méri- dien fort avancé dans l'intérieur des terres. Si l'on admet que le nouveau monde se prolonge jusqu'au pôle nord, soit d'une manière continue, soit par un archipel composé d'îles fort rapprochées, la température de ce point s'ob- tiendra en discutant les seules observations faites sur le méridien américain. Si , au contraire , on suppose que rOcéan baigne le pôle, on pourra espérer d'arriver au DU GLOBE ÏIiRIlESTRE. 579 résultat en employant exclusivement les observations des capitaines baleiniers d'Islande, et peut-être aussi de (juclques points de la côte d'Ecosse et de Norvège. Voyons d'abord ce que donnerait la première hypothèse. Lieni. Latitude. Température moyenne. Cumberland-House 5!i° 0' — l^.O Nain 57 10 —3.6 Fort Cliurchill 59 2 —7.2 Fort Reliance 62 /i6 — 5.9 Fort Entreprise 6/i 30 —9.2 Fort Franiclin 65 12 —8.2 ^Vinter Island 66 11 — 12 .5 Fort Ilope 66 32 — 13 .2 Igloolik Island 69 19 — 13 .9 Port Félix 70 0 — 15 .7 Port Bowen 73 14 —15.8 Melville Island 75 0 —18.5 La marche des nombres dans ce tableau, en faisant une petite part pour les erreurs des diverses températures moyennes qu'on y trouve inscrites, est, comme on peut le voir, assez régulière. En admettant que la même loi s'observe entre le 75' et le 90* degré de latitude, on trou- vera que la température moyenne du pôle nord doit être d'environ — 32° centigrades. Si nous passons maintenant h l'autre cas, si nous sup- posons que l'océan Atlantique se prolonge librement jus- qu'au 90' degré de latitude, il faudra employer ces nou- veaux éléments : Lieux. Latitude. Température moyenne. Edinburgh 55" 57' + 8° .6 Aberdeen 57 9 8 .8 Clunie Manse 57 12 8.2 r' "i^fiania 59 5i 5.0 580 SUR L'ÉTAT THERMOMÉTRIQUE Iles Shetland ôO^ZiS' +7°. 5 Iles Fferoe 62 2 7.5 Reikiavik 66 8 3.9 Eyafjord (Islande ) 65 60 0.0 Cap Nord 71 10 0 .1 En mer ( sous le méridien de Londres) 76 65 —7.5 Mer de Groenland (près du Spitzberg) 78 0 —1.1 Enmer(zrfe»î) 78 0 —8.3 En liant, autant que possible, tous ces nombres par une formule et cherchant ensuite ce qu'elle donne pour la température moyenne du pôle, on trouve — 18° environ. La première hypothèse nous avait conduits à — 32° centigrades. Ainsi , même en admettant comme légitime l'extension que j'ai donnée aux formules, il resterait une incertitude de l/i°sur le résultat, et cela à cause de notre ignorance relativement aux limites boréales de l'Amé- rique. En attendant de nouvelles observations, il semble qu'on peut lixer à — 25° centigrades la température moyenne du pôle. Vers 1760 Mayer la supposait de 0 degré. C'est le célèbre navigateur Scoresby qui le premier a signalé l'erreur énorme de la détermination de l'astronome de Go^ttingue. Scoresby, dont j'ai eu l'occasion de montrer le rare mérite^, s' est occupé avec une attention particulière d'ob- servations thermométriques durant les nombreux voyages qu'il a faits dans les mers boréales. Il a réuni toutes ses 1. Voir Instructions, Rapports et Notices sur les Voyages scien- tifiques, t. X des Œuvres, p. 297 à 366. DU GLOBE TERRESTRE. 581 observations afin d'en déduire les températures moyennes d>j l'air pour chacun des mois de l'année pendant lesquels les bâtiments baleiniers naviguent dans les mers polaires. Dans la table qui suit j'ai placé, comme terme de com- paraison, les températures moyennes de Paris à côté de celles que Scoresby a déterminées; j'ai ramené toutes les températures à l'échelle centigrade. Mois. Latitudes. des de Nombres observations Scoresby. Températures moyennes boréales. Températures coripsponilaates de Paris. Avril... . 70" O'N. 370 — 10" .0 9". 8 Mai 77 17 956 — 5 .0 l/i .5 Juin 78 15 831 — 0 .k 17 .3 Juillet. . . 77 18 5^8 + 2 .9 19 .0 Les 956 observations du mois de mai ont été recueillies en douze années ; celles de juin en dix ans, et enfin les 5/i8 observations de juillet dans sept voyages diiï'érents. Si nous admettons que près du pôle, ainsi qu'on l'ob- serve dans nos climats, la température moyenne du mois d'avril représente à peu près celle de l'année entière, on aura, comme on le voit, pour la valeur de cet élément au 70^ degré de latitude nord et en pleine mer — 10° centi- grades. Ce nombre est encore plus bas que celui dont je me suis servi dans les déductions précédentes. Je n'ignore pas cependant que plusieurs physiciens ont pensé que le chiffre de — 25% auquel je suis arrivé par les déductions que le lecteur a sous les yeux, indique une température trop basse ; mais elle diffère de 33" de la température minimum extrême ( — 58°) observée dans les régions polaires, et par conséquent elle est aussi éloignée de ce minimum que se trouvent être éloignées des minima 582 SUR L'ÉTAT TUERMOMÉTRIQUE extrêmes les températures moyennes de tous les autres lieux. Ainsi, par exemple, à Paris, la température moyenne est de --f- 10°. 7 et le plus grand froid qui y ait été observé est de — 23". 5; la diiïérence est de 3/i°.2. Quoi qu'il en soit, il résulte des formes que prennent les lignes isothermes à mesure que l'on considère des lati- tudes plus boréales et de la discussion de toutes les obser- vations, que peut-être le point le plus froid ne coïncide pas avec le pôle géographique. D'après les calculs aux- quels se sont livrés Brewster, Berghaus et d'autres physi- ciens, il y aurait deux points plus froids que les points voisins : ce seraient les deux pôles de froid de l'hémi- sphère nord, situés l'un en Asie, l'autre en Amérique. Sir David Brewster les a placés sous le 80^ parallèle et par 93 degrés de longitude orientale et 102 degrés de lon- gitude occidentale de Paris. Suivant Berghaus, le pôle glacial américain serait situé par 78 degrés de latitude nord et par 97 degrés de longitude ouest ; le pôle glacial asiatique serait situé par 79° 30' de latitude nord et par 120 degrés de longitude est. Ce physicien ne donne au premier que — 19°. 7 de température moyenne et au second que — 17°. 2. CHAPITRE XXXVII SDR LE CLIMAT DE LA CÔTE ORIENTALE DE l'amÉRIQOE DU NORD On sait depuis longtemps que la côte orientale des Etats-Unis d'Amérique est notablement plus froide que la côte occidentale de l'Europe. Des phénomènes de végé- tation, cités par M. de Humboldt dans son beau Mé- DU GLOBE TERRESTRF. 583 moire sur les lignes isothermes, ont aussi prouvé que la côte occidentale du nouveau continent est plus tempérée que la côte orientale ; mais en l'absence d'observations météorologiques exactes et continuées pendant un temps sulTisamment long, il ne serait pas possible de dire à combien de degrés se monte la différence. On poui'ra d'ailleurs être curieux de rechercher si, sur les deux continents, les côtes occidentales se trouvent dans des conditions de température exactement pareilles, et jusqu'à, quelles latitudes la ressemblance s'étend. Eh bien , les observations de M. Mac Loughlin, dont nous allons don- ner les principaux résultats, seront un jour mises à profit par les météorologistes qui tenteront de résoudre défini- tivement ces curieuses questions de physique terrestre. M. John Mac Loughlin a observé , d'abord de mai" 1832 jusqu'en avril 1833, et ensuite d'octobre 1835 à mars 1837, au fort Vancouver (rivière Columbia, côte occi- dentale de l'Amérique du Nord, par 45° 38' de latitude). Les heures dont M. Mac Loughlin a fait choix sont G heures du matin , 2 heures après midi et 6 heures du soir. 2 heures après midi est à peu près, en tout lieu et en toute saison, l'époque du maximum de la température diurne, mais 6 heures du matin n'est l'heure du mininitim qu'aux deux équinoxes. Ainsi la combinaison des obser- vations de 6 heures du matin et de 2 heures après midi aurait donné un résultat trop fort. Ici se présentait dans toute son évidence l'utilité de la remarque consignée dans le chapitre xxx (p. 537), sur la propriété des heures homonymes. 6 heures du matin et 6 heures du 584 SUR L'ÉTAT THERMOMÉTRIQUE soir figurent en effet l'une et l'autre dans les tablenux de M. Mac Loughlin. On avait donc, à défaut des tem- pératures extrêmes , deux autres éléments équivalents d.\ la température moyenne ou d'une température de 2 à 3 dixièmes plus petite que la moyenne réelle. C'est ainsi qu'on a trouvé, pour le fort Vancouver, la température moyenne d'une année, de 12". 8 centigrades. Voici main- tenant les températures extrêmes et moyennes de chaque mois : on se rappellera que les minima peuvent être un peu trop forts, attendu qu'on ne consultait le thermo- mètre dans la matinée qu'à 6 heures du matin. Mai 1832 Juin Juillet Août Septembre Octobre Novembre Décembre Janvier 1833 Février Mars Avril J'ai pu réunir dans le tableau suivant, qui n'a pas besoin d'explication , les résultats de la seconde série d'observations. Nous devons dire seulement que les tem- pératures maximum et minimum de chaque jour n'ayant pas été observées, on n'a pu arriver à la température moyenne des jours et des mois qu'à l'aide de la combi- Baison des températures des heures homonymes, 7 heures du matin et 7 heures du soir. Maxima Minima M extrêmes. extrêmes. oye QIID 37\8 5» 5 IZl" .1 37 .2 10 .5 15 .1 35 .0 11 .7 16 9 33 .3 15 .5 21 .5 28 .3 13 .3 18 .4 20 .0 10 .0 12 .8 18 .9 5 .0 10 M 18 .3 7 .8 11 .U 16 .1 —11 .1 1 .0 15 .0 — 0 .6 9 .3 17 .8 3 .3 9 .5 21 .7 2 .8 12 .7 DU GI.OBE TERRESTRE. 585 Températures Tcrapt-rat. Tempérât. moycQues. maiiina. miaima. Octobre 1835 9° .6 26M 0'.6 Novembre 3 .8 13 .3 — 2 .'2 Décembre 2 .6 14 -ù — G .1 Janvier 1836 2.0 13.9 —3.9 Février 1 .2 13 .3 — Zi .[\ Mars 7 .5 19 .û 0 .0 Avril 9 .8 20 .0 Zi .4 Mai 14 .3 26 .6 5 .5 Juin 15 .8 26 .6 8 .9 Juillet 19 .8 36 .0 12 .7 Août 19 .1 36 .6 12 .2 Septembre 13 .7 30 .0 2 .7 Octobre 11 .1 27 .7 3 .3 Novembre 5.8 16.0 — 1.7 Décembre 2.0 13.3 -10.5 Janvier 1837 1.2 13.8 —5.5 Février 2 .7 13 .9 — 1 .6 Mars 6 .3 21 .5 — 6 .0 Moyenne 10". 0 Cette moyenne est notablement au-dessous de ce que permettait d'attendre la première série d'observations. Le nombre IC.O centigrades est inférieur à la tempéra- turc moyenne du 45' degré de latitude en Europe, mais il surpasse à peu près de la même manière la température du 45Megré pris sur la côte orientale d'Amérique. En dé- finitive, la côte occidentale du nouveau continent, en tant que côte occidentale, sera-t-elle plus tempérée que la côte orientale des États-Unis? Cette même côte occidentale, en tant que portion de l'Amérique, se trouve ra-t-elle moins chaude que la côte occidentale de l'ancien continent? Telles sont les questions importantes que le tableau pré- cédent soulève. L'année d'observations dont on vient de voir les résultats peut d'autant moins servir à les 586 SUR L'ÉTAT TIIERMOMÉTRIQUE résoudre, que d'avril 1836 h. mars 1837, les vents d'ouest ont régné au rio CoUimbia beaucoup moins de temps qu'on ne devait s'y attendre, en considérant la cause qui leur donne naissance, et ce qu'on observe sur la côte opposée du même continent. Du reste, je transcrirai ici quelques nombres, pour que chacun aperçoive d'un coup d'œil combien, par des lati- tudes égales, les côtes orientales et occidentales d'Amé- rique diffèrent entre elles sous le rapport thermométrique, et combien, au contraire, il y a de ressemblance entre les températures des côtes homonymes de l'ancien et du nouveau continent. T i-i j Températures Latitudes, ^^^yennes. Pékin 39"5/i'N. 12". 6 Nangasaki 32 Ziô 16 ./i Canton 23 8 21 .1 Macao 22 11 22 .5 Côtes orientales ] Manille l/i 29 26 . A de (Bangkok 13 Z|0 27.3 l'ancien continent. Karikal 10 55 28 .7 [Kandy 7 18 22 .7 Singapore 117 26.5 Batavia 6 9 S. 26 .2 Sydney 33 51 18 .1 Latitudes. Températures moyennes. ^Philadelphie 39"57'N. 11°. 9 Savannah 32 5 18 .1 Key-West 2Zi 3/i 2Zi .7 ,Ubajoy (près la Havane). 23 9 23 .0 Basse-Terre (Guadeloupe). 15 59 26 .3 LaBarbade 13 Zi 2k .7 iLa Guayra 10 37 28 .1 Paramaribo 5 U5 26 .5 Cayenne à 56 26 .8 Rio de Janeiro 22 54 S. 23 .1 VBuenosAyres 34 36 17.0 Côtes orientales du nouveau continent. DU GLOBE TlîHRESTRE. 587 La moyenne pour la première série est de 22°. 6 et pour la seconde de 22°. 7; ces doux nombres forment une identité. Dans les deux tableaux qui suivent, on trouve la tem- pérature moyenne de 12° dès avant le /i5^ degré de lati- tude noid, tandis que dans les précédents il faut des- cendre jusqu'au kO' pour la rencontrer. T -4-t A - Températures Latitudes, ^o^^nues. (Aberdeen 57° 9' N. 8°. 8 La Rochelle /i6 9 11.6 Bordeaux Zj/i 50 13.5 uu ' Li.sboiine 38 Zi2 1(3 ./i rancien coutinent. 1 St-George del Mina Afr.) 5 2 26 .'2 [Fort Dundas (Australie).. 11 25 S. 27.0 \VaaDiémea Zi2 53 11.3 Latitudes. Températures moyenne». 'Sitcha (Amérique russe). . 57"30'N. 6". h Fort George (Colunibia).. Zi6 18 10 .1 Côtes occidentales | Fort Vancouver Zi5 38 11 .Zj du / San-Francisco 37 Zi8 13 .6 nouveau continent.) Guayaquii 2 11 S. 26 .0 Lima 12 3 22 .7 Iles de Chiloé 61 52 10 .5 La moyenne de la première série est de 16°. /|. et celle de la seconde de 15°. 8 ; la dilTérence peut encore être regardée comme insignifiante. Voici d'autres observations de la côte occidentale de l'Amérique faites au fort George (Columbia), latit. 46° 18' et long. 125° 20' 0., par M. Scouler, pendant une année composée de mois pris en : 1821 et 1832 qui donnent. ... 10" .3 centigrades. 182Jetl826 10.9 — 11 faudra remarquer, si l'on veut tirer parti de ces 588 Srn L'ÉTAT TIl K R MOM ÉTRIQUÉ nombres, qu'ils ont été déduits de trois observations journnli'Tcs faites constamment à G heures du malin , ?i midi et à 6 heures du soir. Le thermomètre était au nord. Dans les mois de mars et de septembre, les tempéra- tures moyennes données par M. Scouler doivent être inférieures aux véritables. Si 6 heures du matin est, en effet, l'instant le plus froid du jour, midi n'est pas le plus chaud; or l'observation de G heures du soir (du coucher du Soleil) donnant, en général, la moyenne du jour, la moyenne des trois ne peut être qu'au-dessous de la véri- table température. Septembre, temp^-rat. moyenne. — terapér. maximum. — tempér. minimum. Mars, temp/Tature moyenne... — température maximum.. — température minimum.. Le plus grand degré de chaleur observé au fort George en 1821 , 1822, 1823 et 1824, estdeSlM ; le moindre — 7". 21 centigrades. J'ajouterai encore, qu'à Okak, sur les côtes du Labra- dor, il y a à peine, dan» l'année, deux mois exempts de neige ou de gelée. La neige s'accumule sur le rivage de la mer, au Labrador, ju.squ'à la hauteur de 7 à 8 mètres, tandis que, sous la même latitude, sur le rivage occiden- tal, elle fond aussitôt qu'elle est tombée. J'ai donné dans V Astronomie populaire (liv. xxxii, chap. xviii, t. IV, p. 579) l'explication des différences de température que je viens de démontrer entre les côtes orientales et les côtes occidentales des deux continents, 1821.. 15" .3 1823.. IS- .2 1821.. 26 .1 1823.. IS .3 1821.. . 9 .6 1823.. 8 .9 1822.. 7 .9 182Zi.. 6 .2 1822.. 17 .0 182/1.. 18 .3 1822.. . —0 G 182.'i.. — â .0 DU GLOBE TliRRESTRE. u89 et j'ai cherché les causes du climat rigoureux de l'Amé- rique septentrionale. Je ne reviens sur ce sujet que pour rnpppeler un Mémoire intéressant publié dès 1793 par Holyoke {Memoirs oflhe y^merican Academy, t. ii, p. 65,;. Suivant ce physicien l'atmosphère de l'Amérique du Nord est de li^d centigrades plus chaude dans l'été et de 15'\5 plus froide en hiver que l'atmosphère des parties de l'Eu- rope situées par la même latitude. Les vents qui, en Amé- rique, produisent en général les plus grands froids vien- nent du nord- ouest. Les grands lacs situés à l'ouest ne sont donc pas la cause de la température peu élevée des hivers. Le phénomène a été attribué à l'existence d'im- menses forêts ; la neige, dit-on, abritée des rayons du So- leil, doit s'y conserver plus de temps. Ceci pourrait expli- quer une plus grande longueur des hivers et une moindre température des vents dans le printemps ; mais on ne sau- rait y trouver la cause d'un froid plus intense en hiver. Dans l'hémisphère nord, les vents les plus constants vien- nent de l'ouest ; sur les côtes occidentales des continents, ces vents arrivant après avoir traversé la mer sont moins froids en hiver et moins chauds en été que s'ils avaient passé sur une certaine étendue de terre. Dès lors il est évident que les extrêmes des températures annuelles doi- vent être plus éloignés sur les côtes orientales que sur celles qui ont la mer à l'ouest. Holyoke ne cherche pas pourquoi l'influence échauffante des vents d'ouest en été, en Amérique, est plus que contre-balancée par l'influence refroidissante des vents d'ouest d'hiver ; il aurait dû se demander également pourquoi les vents les plus constants, dans notre hémisphère, sont les vents d'ouest. 11 remar- 590 SUR L'ÉTAT TIIKRMO.MÉTRIQUE que, du reste, que dans cette théorie les côtes occiden- tales d'Amérique et orientales d'Asie doivent différer des côtes opposées des mêmes continents. Suivant lui il pleut en Amérique plus abondamment qu'en Europe, et le nombre des jours sereins y serait aussi supérieur. Ce sont des allégations qui devront être examinées ailleurs i. Je ne peux pas oublier non plus de mentionner ici la grande influence que doivent avoir sur les températures des terres les grands courants d'eau chaude qui, parcou- rant les mers , échauffent l'air superposé et envoient ainsi sur les côtes voisines des vents qui modifient leurs climats. Dans le Rapport que j'ai fait sur les travaux scienti- fiques exécutés pendant la campagne de la Vénus, j'ai insisté sur l'importance des observations thermomé- triques pour la détermination des courants de l'Océan 2 ; depuis la lecture de ce Rapport, M., de Tessan a cru devoir examiner de nouveau sous ce point de vue les registres où sont consignés les résultats des observa- tions horaires de température de la mer et il a été con- duit ainsi à constater l'existence d'un courant d'eau très- chaude dans la mer du Japon, à 320 lieues des côtes de cette île et 200 lieues des îles Kouriles, courant dont il ne paraît pas que les navigateurs aient fait mention jusqu'à présent et qui par la différence entre sa température et celle des mers qu'il traverse n'est pas moins remarquable que le célèbre gulf-strcam. Les deux courants produisent 1. Voir le volume des Mélanges scientifiques, t. XII des Œuvres. 2. Voir Instructions, Rapports et ^otices sur les voyages scien- tifiques, t IX des Œuvres, p. '272. DU GLOBE TERRESTRE. 591 au reste dans les mers qu'ils parcourent des effets sem- blables et les brumes presque permanentes des côtes du Japon semblent correspondre aux brumes presque per- manentes du banc de Terre-Neuve. L'extrait suivant des registres tenus abord de la Vénus jjour les observations thermométriques montre combien la température du courant était supérieure à celle qu'on aurait dû attendre d'après la latitude. On a trouvé pen- dant la traversée des îles Sandwich au Kamtschatka : Le 15 août 1837, à midi, par une latitude de ZiO° 16' N , une longi- tude de 161» 37' E., que la température était de 26".0. Le 16, à midi, par une latitude de Zi2o 1', une longitude de 161' 18', que la température de l'air était de 25M. Le 17, à midi, par une latitude de Ui" h'2', une longitude de 160' 22', que la température de l'air était de 20°. 9. Le 18, par une latitude de hO" 55', une longitude de 160' 30', que la température de l'air était de 13 '.5. TEMPERATtRE DE LA MER A SA SUBFACB fleures. le 15. le 16. le 17. le 18. minuit 26 '.0 25". 6 21° .0 15°. 0 1 25 .8 25 .3 22 .0 13 .3 2 25 .5 25 .0 22 .0 13 .6 3 25 .5 2l\ .6 21 .8 13 .8 U 25 .5 2/i .3 21 .6 l/l .0 5 25 .7 2/j .0 21 .0 15 .2 6 25 .8 23 .6 21 .0 15 .2 7 26 .0 23 .6 21 .0 l/i .7 8 26 .0 2Zi .0 21 .2 l/l .8 9 26 .5 2/1 .0 20 .0 l/l .0 10 26 .7 2/i .0 19 .0 13 .5 11 26 .7 2/1 .0 19 .0 13 .3 midi 26 .7 2/1 .0 19 .0 13 .3 1 26 .5 2/1 .1 19 .0 13 .3 2 26 .7 2/j .2 19 .0 13 .7 •à 26 .8 2/1 .2 19 .0 13 .7 592 SUR L'ÉTAT THERMOMÉTRIQUE u 26". 8 2ù".2 19°. 0 13". 5 5 26 .8 2Zi .2 18 .8 13 .3 6 26 .7 24 .0 18 .5 13 .3 7 26 .5 23 .6 18 .5 13 .0 8 26 .5 23 .0 18 .3 13 .0 9 26 .0 23 .0 17 .5 13 .0 10 25 .8 23 .0 16 .5 13 .0 11 25 .8 22 .0 15 .8 13 .0 minuit 25 .6 21 .0 15 .0 13 .0 Dans la traversée du Kamtschatka à Monterey le maximum de température trouvé pour la mer n'a plus été que de 18°. 5 par 41 degrés de latitude et de 135 à 100 degrés de longitude. Ainsi, pour une dilTérence en latitude de 2°/i0', c'est- à-dire 53 lieues marines, et une différence en longitude de 1 degré, c'est-à-dire 15 lieues, la température de l'eau a baissé de 13°, quantité énorme. C'est évidemment la température chaude de 26°. 7 qui est la température anomale à la latitude de lii degrés. C'est donc encore un courant d'eau chaude dont on n'a pas la largeur; car depuis les îles Sandwich les températures diffèrent très-peu de celles de la journée du 15 août. Ce courant portait la frégate vers le nord-est et l'est avec une vitesse de un demi-mille à l'heure. A partir du 17 août inclusivement, les navigateurs se sont trouvés enveloppés de brume, ce qui n'a pas permis d'avoir exactement les courants par la comparaison de l'estime et l'observation. On a sondé plusieurs fois dans cette brume par 180 brasses sans trouver fond; la hgne était inclinée comme si le bâtiment était porté vers le sud-ouest. Sur la mer flottaient des morceaux de bois, des pelotes d'anatifes, des goémons en grande quantité. DU GLOBE TERRESTRE. 593 CHAPITRE XXXVIII SUR LA TEIIPKRATLRE DE L' H KM ISP H ÈRE AUSTRAI, L'hémisphère austral du globe est plus froid, à parité de latitude, que l'hémisphère nord. Les recherches des voyageurs l'ont parfaitement constaté ; mais à quelle dis- tance de réquateur cette différence de température com- mence-t-elle à être sensible, car à l'équateur même elle ne paraît pas avoir lieu ? Les observations météorologiques faites au midi de la ligne équinoxiale ne sont ni assez précises ni assez nombreuses , pour qu'on puisse mainte- nant répondre avec certitude à cette question. Dans le tableau suivant on a choisi des lieux situés de part et d'autre de l'équateur, dans les deux hémi- sphères, à parité de latitude : HÉMISPHÈRE BORÉAL TEMPÉRATTRES MOYENNES Noms des lieux. Latitudes. Hambourg 53" 33' N. Bréda 51 35 Perpignan /i2 62 Barcelone Zil 22 Catania 37 30 Alger 36 /i7 Canea (Gandie) 35 29 Lalla Magiirnia (Algérie) 3U 50 Biscara (Algérie) 3i 56 Smitlnille (États-Unis) 3U 0 Nangasaki (Japon) 32 Zi5 Funchal (Madère) 32 38 Le Caire 30 2 La Havane 23 9 Vlll. — V. 38 e l'année. de l'hiver. de rété. 8« .6 0° .3 17» .0 10 .9 2 .4 18 .5 15 .3 7 .1 23 .9 17 .0 10 .0 2i .5 19 .7 11 .5 29 0 18 .1 12 .0 2ù .1 18 .0 12 ■U 25 .2 18 .0 9 .5 27 .5 21 .5 11 .U 33 .0 19 .0 10 .7 26 .8 16 .u 6 .G 25 .2 18 .7 10 .3 21 .1 22 .3 l/l .5 29 .7 25 .0 22 .6 27 .4 594 SUR L'ÉTAT TIIERMOMÉTRIQUE Calcutta 22"33'N. 26" .3 20°. 7 29M Nagpour (Indoustaiî) 21 9 27.5 22.7 32.0 Vera-Cruz (Mexique) 19 12 25.0 21.8 27.5 Maracaybo (Venezuela) 11 10 29 .0 27 .8 29 .9 Demerary (Guyane anglaise). 6 Zi5 27 .1 26 .1 27 .'i Cayenne /i 56 2G .8 26.1 27.6 Lsmeraldas (Colombie) 3 11 26 .Zi // i HÉMISPHÈRE AUSTRAL TEMPÉRATURES MOYENNES Noms des lieux. Latitudes. - " — -^ — i ■■ ~ - - de l'année, de l'hiver, de l'été. Tort Famine (détr. de Magel.). 53° 37' S. 5» .0 1° .1 10° .2 liesFalkland(pi\ducapHorn) 5132 8.3 /i .2 11.7 Ilobart-Town (Van Diémen).. /i2 53 11 .3 5 .6 17 .3 Port Wellington (N.-Zélande). ki 18 13 M 9 .8 16 .6 Auckland (Nouvelle-Zélande) . 36 51 15.1 11.1 19.5 Talcahuano (Chili) 36 /|3 IZi .0 // // Albany (Nouvelle-Hollande).. 35 0 16.1 12.6 19.0 Montevideo 34 5/i 16.8 IZi .1 25.2 Buenos-.Ayres 3Zi 36 17.0 li .U 22.8 Cap de Bonne-Espérance 33 55 19.1 IZi .8 23.4 Sydney (Australie) 33 51 18 .0 12 .5 23 .3 Paramatta {id.) 33 /i9 18 .1 12 ,5 23 .3 Graaf Ueynet (cap deB.-Esp.). 32 11 16 .8 // // Rio de Janeiro 22 5/i 23 .1 20 .3 lie Bourbon 20 52 25 .0 22 .5 Fiacq (île de France) 20 10 21.9 22.6 lie Melville (Australie) 11 25 27 .0 2/i .0 Buitenzorg (Java) 6 37 25.0 24.6 Payîa (Pérou) 5 5 27 .1 a n Saint-Louis de Marana 2 31 26 .8 26 .6 27 .0 Guyaquil 2 11 26 . 0 u // La comparaison que l'on peut faire, d'après ce tableau, entre deux lieux semblablement situés, comme par exem- ple, Smithville et Buénos-Ayres, tous deux sur les côtes orientales, est complètement décisive. 11 résulte des éléments numériques que le lecteur a sous les yeux : 26 .1 29 .9 26 .2 28 .8 25 .3 DU GLOBE TERRESTRE. 595 1° Que le froid de l'hémisphère austral se fait sentir dès la limite australe des tropiques, les températures moyennes de l'année entière y étant moindres que sous les limites tropicales de l'autre hémisphère ; 2° Que la distribution de la chaleur annuelle entre les hivers et les étés rapproche le climat de l'hémisphère austral de celui de nos côtes, sous les conditions suivan- tes que, par des latitudes de 33° à li6\ les hivers sont à peu près les mêmes dans les deux hémisphères, mais les étés beaucoup moins chauds dans l'hémisphère austral, et que par 50° à 55° de latitude , les ciialeurs de l'été y manquent. On voit donc qu'il importe de recueillir avec soin les données qui permettront un jour de soumettre à une dis- cussion exacte les causes variées qui ont amené une aussi remarquable différence entre les deux hémisphères. Tel est au moins le motif qui m'a déterminé à transcrire ici le résultat des observations faites pendant douze mois à Paramatta (Nouvelle-Hollande), latitude 33" 49' S., par sir Thomas Brisbane : ■.■.;. Maxima Minima ,,,„ . ^°'^- eitrémes. eitrèoies. Moyenne. Mai 1822 + 22° 2 + 5°.5 -\- 15° .5 Juin 19 ./i — 3 .3 11 .8 Juillet 17 .2 — 2 .8 10 .8 Août 25 .0 +1 .7 13 .6 Septembre // // // Octobre 33 .9 2 .2 16 .7 Novembre ../il .1 5 .6 20 .0 Décembre 37 .2 8 .9 22 .2 Janvier 1823. .. 38 .9 8 .3 23 .3 t Février ùl .1 11 .1 22 .8 Mars 36 .1 9 .7 20 .3 Avril 23 .3 9 .7 16 .6 596 SUR L'ÉTAT TIIERMOMÉTRIQUE En interpolant les nombres qui correspondent au mois de septembre, nous trouverons que la température moyenne de Paramatta doit être d'environ -{-il\[i cen- tigrades. Des observations faites avec des thermomètre? enfoncés dans la terre, ou plongés dans des puits pro- fonds, ou baignés par de l'eau de source, ont donné 1° centigrade de moins. M. Brisbane a fait prendre, durant une année tout entière (1825), la température de l'eau d'un puits situé à Sydney (Nouvelle-Hollande), aux casernes des prison- niers. Le fond du puits est à 26 mètres de profondeur ; la couche liquide a varié d'épaisseur, entre 18 et 6 mètres. L'eau du fond a toujours été entre 17°. 8 et il\6; celle de la surface a varié entre 17°.0 et 18°. 3. A 24 mètres de profondeur, la température de la terre à Sydney est donc égale à 17°.65 centigr. Dans un Mémoire sur le climat de la ville de Buenos- Ayres, M. Mossotti établit : Que la hauteur moyenne du baromètre au niveau de la mer est la même à Buenos-Ayres et sous le parallèle de Paris ; Que la marche diurne barométrique, à Buenos-Ayres, est ascendante et de l""i^7 entre 9^ du matin et 3'' Ijk du soir et de 0'""^8 en sens contraire, entre 3'' i/li et lO*" 1/2 du soir; Que la température moyenne de la même ville, calculée d'après sept années d'observations, est de -|- 17°. 0 ; Enfin, que la quantité de pluie qui tombe annuellement à reiiibouchure du rio de la Plata est de 892'"'^^ 5. En ne considérant, dans cette Notice, qu'un seul de ces DU GLOBE TEIUIESTRE. 597 résultats, la température moyenne de Buenos-Ayres trouvée par M. Mossotti, tout le monde en tirera cette importante conséquence que la différence de température des deux hémisphères, si évidente, si incontestable, quand on prend pour termes de comparaison les Malouines (îles Falkland ) et Londres, le cap Horn et Copenhague, est déjà très- sensible sous le parallèle de la Plata. Buenos-Ayres, en effet, par S/i" 36' de latitude sud, n'a que 17°. 0 de température moyenne, tandis que, dans notre hémisphère, Tunis, plus éloigné de l'équateur, situé à 06" lil' N., jouit d'une température moyenne de plus de 20°. J'ai donné, dans V Ai>tronomie populaire, liv. xxxii, chap. XVII, t. IV, p. 576, l'explication actuellement pos- sible des différences de température que je viens de signaler ; je n'y reviendrai pas ici ; je me contenterai de reproduire, à ce sujet, un passage d'une lettre de mon illustre ami Alexandre de Ilumboldt : a Les terres continentales, séparées par l'équateur, offrent, dans les deux hémisphères, en aires de surface, , le rapport de 3 à 1 ; mais cette différence porte beaucoup plus sur les terres appartenant aux zones tempérées que sur celles qui sont situées dans la zone torride. Les pre- mières sont, dans les hémisphères boréal et austral, comme 13 à 1 ; les dernières seulement comme 5 à /i.. 11 est probable que le manque de terres fermes, dans l'hémi- sphère sud, produirait un effet frigorifique beaucoup plus considérable , si la répartition des continents était aussi inégale au sud et au nord de l'équateur, dans les zones tropicales, qu'elle l'est dans les zones tempérées. Une telle inégalité de distribution des masses opaques exerce- 598 SUR L'ÉTAT THERMOMÉTUIQU E rait une influence encore plus puissante sur la force du courant ascendant tropical, qui, en s'inclinant, augmente la température des zones tempérées boréale et australe. « Il n'y a rien de tout ce que tu as avancé dans ta dernière leçon sur le climat littoral (aquatique) de Thé- misphère austral, sur les différences de la température moyenne de tout cet hémisphère, c'est-à-dire de la quan- tité de chaleur qu'il reçoit ou produit en comparaison avec toute la température moyenne de l'hémisphère boréal, qui ne soit rigoureusement exact. » Les mers de l'hémisphère sud présentent des glaces flottantes comme celles de l'hémisphère nord , et l'on a constaté aussi des débâcles des glaces antarctiques analo- gues à celles des glaces arctiques. M. de Blosseville m'a appris que le bâtiment hollan- dais la Concorde a rencontré, dans le mois de mai 1828, d'immenses masses de glaces flottantes à l'ouest du cap de Bonne- Espérance et par la latitude de ce cap. A la même époque, un navire français a fait une semblable rencontre sur les accores du banc des Aiguilles. De mé- moire d'homme, on n'avait rien vu de pareil dans l'hémi- . peu près égal, et destinée ù faire équilibre à la première; le cercle gradué, supporté par trois petits pieds, est évidé afin que Tair n'éprouve aucun obstacle à se renouveler autour de F instrument. La spirale étant composée de métaux inégalement di- latables et soudés entre eux dans toute leur étendue, doit évidemment se tordre ou se détordre suivant que la tem- pérature varie dans un sens ou dans l'autre et entraîner dans ce mouvement l'index, ou tige déliée, qui parcourt ainsi les divisions du cercle inférieur. On détermine la valeur de cette graduation, soit en comparant la marche du nouvel instrument à celle d'un thermomètre à mercure, soit en fixant directement la situation de deux points extrêmes, tels que les termes fixes de l'ébullition et de la congélation de l'eau. Ensuite on peut, sans erreur sen- sible, partager l'intervalle compris entre ces deux points en cent parties égales, et considérer chacjue division comme équivalente à un degré du thermomètre centésimal à mercure. L'espace que chaque degré occupera sur le cercle divisé sera évidemment proportionnel au rayon de ce cercle et au nombre de circonvolutions de la spirale. Dans un de ces thermomètres que je possède, la spirale fait 27 tours sur elle-même ; les degrés sur un cercle de 27 millimètres de rayon occupent un peu plus de 3™". 5 chacun ; kS complètent à peu près la circonférence entière ; en sorte que, dans l'intervalle de la glace fondante à l'é- bullition de l'eau, l'index fait un peu plus de deux fois le tour du cadran divisé. A la rigueur il doit suffire , dans la construction de la €30 SUR L ÉTAT TH RRMOMÉTRIQUE spirale, de superposer deux métaux inégalement dila- ables, le platine et l'argent, par exemple; mais, pour éviter les déchirements qui se manifestaient presque tou- jours dans une des lames, pendant les changements brusques et considérables de température, MM. Breguet ont imaginé de placer entre le platine et l'argent une lame d'un métal doué d'une dilatation intermédiaire et à peu près moyenne entre celle des deux premiers, et c'est for pur qu'ils ont choisi. Cet artifice a donné aux points extrêmes du thermomètre une fixité qu'ils n'avaient pas auparavant. Les trois lames superposées de platine, d'or et d'ar- gent, dont la spirale est composée, forment ensemble une épaisseur de un cinquantième de millimètre. Le thermo- mètre est ainsi presque tout en surface et a, en outre, une masse très-petite : aussi accuse-t-il les variations de température avec une promptitude extrême et qu'on chercherait vainement dans les thermomètres à mercure les plus sensibles et même dans les thermomètres à air. Le temps que le calorique emploie, dans ces derniers instruments, à traverser l'enveloppe vitreuse et la masse du fluide qu'elle renferme, surtout quand ce fluide est du mercure, empêche qu'ils ne marquent avec précision les changements de température de peu de durée. Les ré- sultats suivants, que j'extrais d'une note qui m'a été communiquée par MM. Breguet, se rapportent à une question de physique très-intéressante et me paraissent propres à faire sentir les avantages du nouvel instrument. Le thermomètre métallique à spirale et un thermo- mètre à mercure furent placés conjointement dans le DU GLOBE TERRESTRE. 634 récipient d'une machine pneumatique; la capacité de ce récipient était de 5 litres, la température de 19° centi- grades. On fit alors le vide aussi promptement que pos- sible : le froid qui se manifeste toujours, comme on le sait, pendant la raréfaction de l'air, agit aussitôt sur les deux instruments; mais le thermomètre à mercure ne descendit que de 2% tandis que l'index de la spirale passa de -\- 19" à — 4°. En laissant rentrer l'air immédiatement après, le thermomètre métallique s'éleva jusqu'à -\- 50° ; le ther- momètre à mercure descendait encore un peu, tant les effets frigorifiques de la raréfaction avaient mis de len- teur à se communiquer à la masse du liquide contenu dans la boule de verre de cet instrument. En diminuant la masse de la spirale, celle de son support et du cercle gradué ; en augmentant le volume du récipient sans rien ajouter à l'épaisseur de ses parois, MM. Breguet ont ob- tenu, dans des expériences analogues à celles que nous venons de rapporter, des effets qui surpassent beaucoup 50° centigrades. M. Breguet fils a imaginé, en 1840, de transformer son thermomètre métallique en un thermométrographe enre- gistreur. L'appareil se compose principalement d'un ther- momètre métallique qui ne diffère de ceux dont on fait ordinairement usage qu'en ce que l'aiguille et le cadran occupent la partie supérieure. A chaque heure une bas- cule, mise en jeu par un mouvement d'horlogerie, presse l'extrémité de l'aiguille contre le limbe du cadran et y imprime une marque qui indique ainsi la température cor- respondante à cette heure; cela fait, l'aiguille reprend sa liberté. Cependant la plaque qui porte le cadran se déplace 632 SUR L'ÉTAT THERMOMÉTRIQUE horizontalement, de telle manière que quand une heure s'est écoulée, un nouveau cercle, concentrique comme le premier à l'axe du thermomètre, se trouve sous le trajet de l'extrémité de l'aiguille et reçoit de môme une marque qui indique la nouvelle température. Bref, dans l'espace de vingt-quatre heures, vingt-quatre marques sont impri- mées sur autant de cercles difîérents ; et comme ces arcs sont tracés sur une feuille de papier qu'on remplace chaque jour par une autre semblable, on a, dans l'en- semble des feuilles, pourvu qu'elles soient datées, un véritable registre d'observations horaires de tempé- rature. Les thermomètres ordinaires donnent la température de l'atmosphère au moment où l'observateur les consulte; d'autres instruments font connaître les températures maxima ou minima qui ont pu se manifester dans l'air depuis l'époque où ils ont été mis en expérience jusqu'à celle de l'observation. On n'avait pas construit jusqu'en 1837 de thermomètre qui indiquât avec précision la tem- pérature moyenne d'un jour, d'un mois ou d'une année. Tel est le problème que M. Jules Jûrgensen, très-habile horloger de Copenhague , s'était proposé et qu'il a résolu. Le balancier d'une montre ordinaire augmente de dimensions quand la température s'accroît; il se resserre, au contraire, si la température diminue. Une augmenta- tion de dimensions du balancier amène inévitablement une augmentation dans la durée de ses oscillations, et dès lors un retard dans la marche de la montre ; son rétré- cissement détermine une accélération. Pour parer à ces DU GLOBE TERRESTRE. 633 inconvénients, les artistes ont imaginé, depuis longtemps, de substituer aux balanciers simples, ou formés de quatre rayons et d'un anneau continu d'un seul métal, dos balan- ciers composés. On aura une idée suffisamment exacte de ces derniers en se figurant deux baguettes rectangu- laires d'un même métal, aux cfuatre extrémités clesciuelles s'adaptent quatre arcs séparés, formés chacun de deux métaux inégalement dilatables, rivés aux deux bouts. Ces arcs bimétalliques ne peuvent manquer de changer de courbure et conséquemment de position lorsque la température varie. Il n'est pas moins évident que le mou- vement de l'extrémité libre de chaque arc se fera vers le métal le moins dilatable quand la température augmen- tera et en sens opposé quand la température dimi- nuera. Il résulte de là qu'au même moment où, par voie de dilatation, conséquence d'une augmentation de tempé- rature, les rayons du balancier écarteront de leur point d'entrecroisement, ou de l'axe de rotation, les extrémités des arcs qui leur sont attachées, les autres extrémités de ces mêmes arcs, les extrémités libres, marcheront au contraire vers le centre, si le métal le plus dilatable est en dehors. Quand le métal le plus dilatable sera en dedans, le jeu des arcs composés, des arcs bimétalliques, loin d'atténuer ou de compenser entièrement les effets de la dilatation des rayons, les accroîtra considérablement. Tout le monde comprendra que, voulant faire une montre capable d'accuser de très -petites variations de température, la position de l'arc bimétallique que M. Jiirgensen a dû adopter est l'inverse de celle qu'on €34 SUR L'ÉTAT THERMOMÉTRIQUE remarque dans les chronomètres ordinaires : dans la montre-thermomètre le métal le plus dilatable de l'arc composé est en dedans. L'artiste a même fait plus: l'extrémité libre de chacun des quatre arcs a été prise comme point d'attache d'un autre arc tout semblable et dont les variations de courbure accroissent les effets des changements analogues qu'éprouvent les premiers. La montre-thermomètre, exécutée d'après ces prin- cipes par M. Jûrgensen, n'est pas plus grande qu'une montre ordinaire ; les arcs doubles du balancier sont extérieurement en platine et intérieurement en laiton. La variation de marche correspondante à un degré de chan- gement dans la température est de près de 32 secondes en vingt-quatre heures. Cet instrument, placé en plein air comme un thermo- mètre ordinaire, aura évidemment une marche accélérée ou retardée suivant que la température atmosphérique di- minuera ou s'accroîtra. Si donc on a déterminé expérimen- talement à quel degré de température la montre est réglée, auquel degré son aiguille bat exactement 86,400 coups en 24 heures, la différence de 86,400 au nombre réel d'oscil- lations que la même aiguille aura faites durant les 24 heures d'un jour donné servira à en calculer la température moyenne, quelles qu'aient pu être d'ailleurs les tempéra- tures partielles des divers instants dont la journée se com- pose. Chaque température, en effet, agissant ici propor- tionnellement à son intensité et proportionnellement à sa durée, se retrouvera dans le résultat total, exprimée en battements de l'aiguille des secondes, comme elle aurait dû figurer dans le calcul arithmétique exact de la tempe- I DU GLOBE TERRESTRE. 635 rature moyenne, si les éléments de celte température étaient connus. L'observateur n'aura donc à faire toutes les vingt-quatre heures que deux comparaisons d'une pendule ou d'un chronomètre bien réglés, avec la montre- thermomètre, et cela pour avoir l'accélération ou le retard journalier de celle-ci. Les astronomes savent tous que l'incertitude de ces comparaisons ne surpasse pas une petite fraction d'oscillation. L'artiste construit expérimentalement la table desti- née à transformer les accélérations ou les retards de sa montre en degrés du thermomètre ordinaire. Afin de rendre cette montre d'un usage plus général, M. Jùrgensen y ajoute, sans que cela augmente sensible- ment son volume, un thermomètre métallique qui donne la température actuelle et, à l'aide de deux curseurs, les températures maxima et minima qui se sont manifestées dans les vingt-quatre heures. Une montre thermomètre que M. Jùrgensen m'a re- mise en 18/il pour être présentée à l'Académie des sciences, a une sensibilité telle qu'un changement de 1° centigrade se manifeste dans la marche par une variation de 41 secondes en vingt-quatre heures. Un instrument fondé sur des principes analogues à ceux appliqués par M. Jùrgensen a été employé en France par M. Edmond Becquerel , à l'observatoire météorolo- gique de l'Institut agronomique de Vei'sailles, et il a donné des indications qui ont été trouvées très-exactes. Des constructeurs anglais ont fait également des chro- nomètres enregistreurs très - ingénieux. Enfin en en- voyant un faisceau lumineux se peindre sur une feuille 636 SUR L'ÉTAT THERMOMÉTRIQUE de papier sensible et moiiile, après avoir traversé la tige verticale d'un thermomètre où le mercure forme un écran plus ou moins haut selon la température, on obtient aussi une représentation photographique continue des tempé- ratures qui se succèdent en un même lieu. Ainsi, la dé- termination des températures moyennes de chaque lieu peut être réduite à de simples lectures sur des instru- ments précis, et elle n'offre plus nulle part aucune diffi- culté. Mais je rappellerai en terminant que les instruments compUqués ont beaucoup moins de sensibilité que les plus simples; et, je l'ai déjà dit (p. 533), il est bien douteux que les instruments enregistreurs présentent généralement des avantages sur les observations directes. CHAPITRE XLI TEMPÉRATURE DES CAVES DE l'OBSERVATOIRE DE PARIS J'arrive enfin au terme de la tâche que je m'étais im- posée. Je vais terminer cette longue Notice par l'examen des températures des caves de l'Observatoire de Paris. Je pourrai tirer de cet examen des conséquences inté- ressantes sur la question de savoir si, de nos jours, le climat moyen de Paris éprouve quelque variation. Rien de plus simple, au premier aspect, que cette question. La température des souterrains un peu pro- fonds dans lesquels l'air extérieur n'a pas un libre accès, non-seulement ne varie pas, mais elle est, de plus, égale à la température moyenne de l'atmosphère extérieure prise à la surface. De tels souterrains existent sous le DL" GLOBE TEHRESTRE. 637 bâtiment de l'Observatoire de Paris. Ils sont à 28 mètres (86 pieds) de profondeur. Depuis plus d'un siècle et demi on y suit la marche du thermomètre. Il devra donc suffire de mettre des observations en regard. Mais nous ferons auparavant l'histoire succincte des déter- minations thermométriques qui ont eu lieu dans cette enceinte. C'est le 26 septembre 1671 que, pour la première fois, on déposa dans les souterrains de l'Observatoire un ther- momètre qui y resta en expérience pendant un certain temps ; le lendemain 25, on marqua avec soin la hauteur où se tenait la liqueur. Pendant tout le mois d'octobre et de novembre on descendit plusieurs fois dans les souter- rains, et l'on trouva toujours la liqueur à la même éléva- tion ; mais le 7 décembre, elle était descendue un peu au-dessous de la marque ; on fit un nouveau trait, et le 21 du même mois, on trouva encore la liqueur au-dessous de la nouvelle marque. Mais le 1" janvier 1672, elle était remontée d'une légère quantité. D'après une note retrou- vée sur les registres par Cassini, à qui j'emprunte ces détails, ce thermomètre avait été construit par l'abbé Mariette. Telles sont les plus anciennes observations faites sur la température des souterrains de l'Observatoire. On doit regretter qu'elles manquent de précision. La constance de cette température fut aussitôt admise comme un fait avéré. La Hire, dès la fin du xvii* siècle, prit cette température pour un des points fixes de son thermomètre ; il la marqua à liS degrés de son échelle calorifique. Dans un Mémoire publié en 1730, Réaumur donna, 638 SUR L'ÉTAT THERMOMÉTIUQUE pour la première fois, une détermination de cette tem- pérature qui puisse être rapportée aux degrés thermo- métriques comparables. « C'est un fait bien singulier, dit cet illustre physi- cien, et un de ceux qu'on n'aurait pas prévus, que des caves dont la profondeur n'est pas extrême et dont la longueur n'est pas excessive, et auxquelles on ne s'est pas embarrassé d'ôter toute communication avec l'air extérieur, que ces caves, dis-je, renferment un air dont la température est toujours sensiblement la même. Les épreuves qu'on en a faites sont pourtant démonstratives. M. de la Hire a observé que, dans les plus grandes chaleurs de nos étés, et dans le plus grand froid de 1709, la liqueur du thermomètre est restée assez con- stamment sur le même degré : aussi ce degré de tem- pérature des caves de l'Observatoire est-il un des termes qu'on a pris soin de marquer sur les meilleurs des ther- momètres qu'on a faits jusqu'ici. Un des premiers usages qu'on a cru devoir faire des thermomètres construits sur les principes que nous avons donnés, a été de le reconnaître. « On a trouvé que le degré de chaleur de ces caves était à 10 degrés 1/6. au-dessus du terme de la congélation dans un thermomètre dont le volume de la liqueur con- densée par la congélation artificielle était 1000, et dont le volume de cette liqueur dilatée par l'eau bouillante était 1080, ou, ce qui revient au même, le volume de la liqueur de ce thermomètre, qui est réduit à 1000 par la congélation de l'eau, est 1010 1/4 dans les caves de l'Observatoire. » DU GLOBI- TFRRFSTRF. 639 La détermination précédente correspond à \2".Si de l'échelle centigrade. En 1741, Michcly Ducrest nnarqua avec soin, sur un thermomètre à grandes divisions, le terme de la tempé- rature des souterrains par deux fils très-fins collés sur le tube. Ce même thermomètre, remis entre les mains de Le Gentil par le chartreux dom Germain, fut transporté dans les mêmes souterrains le 13 janvier 1776 et des- cendit d'un demi-degré au-dessous du terme fixé en 1741. En 1759, Le Gentil avait trouvé avec un autre thermomètre de Michely 10°. 25 (12°.81 centigrades); en février 1773, après son retour de l'Inde, il ne trouva plus que 8° 5/6 (11°. 04 centigrades) avec le même in- strument; en même temps, un thermomètre construit par Sigaud de Lafond marquait 9"! '6 ( 11°. 43 contigr.) La température des caves de l'Observatoire, les 2 fé- vrier 1776, à dix heures du matin, et 16 février 1776, entre sept et huit heures du soir, était de 11°. 76 centi- grades sur un thermomètre de Messier divisé en 85° de la glace à l'eau bouillante. Ce thermomètre avait été construit avec le plus grand soin par Messier lui-même, et vérifié peu de jours avant l'observation, à l'occasion du froid excessif de cette année. {Mémoires de V Académie des sciences pour 1776, p. 44 et 45.) En 1783, Lavoisier construisit lui-même un nouveau thermomètre qui fut installé à l'Observatoire par les soins de Cassini. Pour empêcher que des courants d'air pussent influencer la température de l'enceinte où dé- sormais devaient se faire les observations Ihermométri- ques, Cassini prit le parti de faire boucher en maçon- 640 SLR L ÉTAT TUERMOMÉTRIQUE nerie épaisse toutes les avenues aboutissant à F ancienne table des thermomètres, sauf une qui fut fermée par une bonne porte. Il eut ainsi un vaste cabinet souterrain for- mant une galerie de 33 mètres de longueur, de 2 mètres de largeur et de 2'". 66 de hauteur, à laquelle communi- quent encore trois autres caveaux en cul-de-sac, creusés dans la pierre, d'environ 1 mètre carré sur 2'". 66 d'élé- vation, destinés à recevoir des boussoles et plusieurs au- tres instruments de divers genres. Au fond du cabinet et en face de l'ancienne table des thermomètres, Cassini a fait élever un pilier isolé pour supporter le thermomètre de Lavoisier. Cet instrument est formé d'un réservoir d'environ 0"\07 de diamètre, surmonté d'une tige presque capillaire de 0'".57 de lon- gueur, parfaitement calibrée; il a été gradué par com- paraison avec un thermomètre étalon; chaque degré de la division Réaumur occupe 0'". 109 de hauteur, et par conséquent on peut distinguer et estimer facilement le demi - centième de degré. L'instrument est placé dans un bocal rempli de sable de grès très-fin et très-sec , qui enveloppe la boule et même le tube du thermomètre jusqu'à 0"\22 du terme où se soutient le mercure dans les souterrains. Le séjour de deux observateurs dans le cabinet, pendant 8 à 10 minutes, ne cause aucune va- riation dans la hauteur du mercure. Les divisions ther- momélriques sont gravées sur une glace placée contre la tige de l'instrument. Les observations faites un grand nombre de fois avec le thermomètre de Lavoisier ont donné les résultats sui- vants ramenés à l'échelle centigrade : DU GLOBE TERRESTRE. 641 . Température Années. des caves. 1783 ir.Zil7 178Ù 11 •'^16 1785 11 .556 1795 11 .950 1796 11 .950 1797 11 .930 1806 12 ,050 1811 l'2 .090 1816 12 .092 1817 12 .086 Ces résultats ont acquis un grand intérêt depuis que les géomètres ont démontré qu'à une profondem* suffisante la température, sous chaque latitude, doit être, abstraction faite descauses accidentelles, la moyenne des températures de la surface. Un coup d'œil sur le tableau suivant prouvera qu'à 28 mètres au-dessous du sol les variations diurnes et môme les variations annuelles du thermomètre sont tout à fait insensibles. On ne doit pas oublier que l'étendue de l'échelle dans l'instrument dont on se sert permet d'apprécier un ou deux millièmes de degré. TE.MPÉRATURES DES CAVES DE l'ûBSERVATOIKE DE PARIS EN *!"'=*• 1811 1816 1817 1818 i819 1820 Janvier 120.087 Février 12 .088 Mars 12 .090 Avril 12 .(193 Mai 12 .092 Juin 12 .092 Juillet )2 .092 Août 12 .092 Septembre 12 .091 Octobre 12 .092 Novembre 12 .0S6 Décembre 12 .086 Moyennes annuelles 12 .090 VIII. — V. 120 .093 12c .081 120.070 120.092 1 20.074 12 .098 12 .082 12 .07.-> 12 .099 12 .074 12 .092 12 .082 12 .070 12 .073 12 .072 12 .0'J2 12 .099 12 .071 12 .072 12 .066 12 .093 12 .100 12 .072 12 .072 12 .073 12 .092 12 .085 12 .078 12 .073 12 .077 12 .092 12 ,080 12 .086 12 .073 12 .077 12 .092 12 .092 12 .086 12 .073 12 .083 12 .092 12 .086 12 .080 12 .074 12 .081 12 .091 12 .08r, 12 .08:! 12 .074 12 .087 12 091 1i 0S6 12 .086 12 .074 12 .074 12 .09» 12 .072 12 .086 12 .074 12 .077 12 .069 12 092 12 CSG 12 .079 12 .076 41 642 SUR L'ÉTAT THERMOMÉTRIQUE TEMPÉRATLRES DES CAVES DE L'OBSERVATOIRE DE PARIS EN ""•*• 1821 1822 1823 182Zi 1825 1826 Janvier <2o.070 12o.08l r2o.lOO 12». in i;o.150 42o.t61 Février 12.074 12.087 12.093 12 111 12.153 12.165 Mars 12.077 12.100 12.073 12.112 12.153 12.170 Avril 12.074 12.090 12.097 12.120 12.153 12.174 Mai 12.082 12.093 12.099 12.121 12.154 12.170 Juin 12.082 12.098 12.100 12.133 12.155 12.182 Juillet 12.074 12.098 I^.IOO 12.138 12.155 12.171 Août 12.076 12.099 12.103 12.135 12.165 12.171 Septembre 12 078 12.099 12.112 12.133 12.173 12.170 Octobre 12.086 12.101 12.111 12.132 12.171 12.170 Novembre... 12.085 12 .M3 12.111 12.137 12.153 12.168 Décembre 12.085 12 .'.04 12.123 12.139 12.158 12.171 Moyennes annuelles 12.079 12.096 12.103 12.127 12.158 12.170 TEMPÉRATIRES DES LAVES DE L'oBSEBVATOIR K DE PARIS EN' '"'>'''• 1827 1828 1829 Janvier 120.172 l2o.l94 12o.212 Février 12.175 12,202 12.218 MitS 12 .175 12 .230 12 .213 Avril 12.176 12.191 12.212 Mai 12.176 12.196 12.225 Juin 12.176 12.197 12.223 JoiUet 12 .166 12 .193 12 .2:^5 Août., 12.171 12.190 12.237 Septembre 12.181 12.210 12.225 Octobre 12.182 12 .210 12.223 Novembre 12.184 12.213 12.230 Décembre 12.187 12.212 12.223 Moyennes annuelles 12.177 12.203 12.223 Il n'est personne qui, on consultant uniquement les chiffres précédents, ne soit disposé à conclure que la température de la couche terrestre située à 28 mètres de profondeur au-dessous de Paris ne soit légèrement crois- sante. Mais j'ai pu reconnaître dès 1817 que la tem- pérature des souterrains de l'Observatoire, telle qu'elle était indiquée par le thermomètre de Lavoisier, était en désaccord avec la température du sol , et avec ce -qu'on savait alors sur la chaleur croissante avec la pro- 1830 1831 1832 „ 120.241 12''.249 120.224 12 .241 12 .250 V 12 .223 12 .247 12 .251 # 12 .233 12 .243 12 .253 , 12 .238 12 .244 1-2 .230 12 .242 12 .243 12 .231 12 .236 12 .243 12 .250 12 .2,36 12 .243 12 .230 12 .239 12 ,243 12 .250 12 .240 12 .243 12 .230 12 .243 12 .248 12 .230 12 .241 12 .249 12 .230 12 .236 12 .244 12 .230 \ DU GLOBE TERRESTRE. 6i3 fondeur. Je dus en conséquence chercher si ce désac- cord n'était pas apparent, si le thermomètre établi jadis par Lavoisier et dont on se servait invariablement, n'était pas en erreur avec un thermomètre récemment construit. Je priai mon ami Gay-Lussac de vouloir bien faire lui-mLMTic un thermomètre. Ce savant physicien se rendit k mon désir et gradua avec le plus grand soin un ther- momètre qui fut placé dans les caves de l'Observatoire, à côté de celui de Lavoisier et avec les mômes précau- tions. Je constatai une erreur de -]-0".380 dans la gra- duation de l'ancien thermomètre, à cause du déplacement du zéro de son échelle ^ ; de telle sorte que la tempé- rature de 1817 devait être réduite à 11".70G au lieu de 12°. 086, et alors la différence avec la température de la surface (10°.7) n'était plus que d'un degré, excès en rapport avec ce fait, démontré par les recherches de tem- pérature dans les puits profonds , qu'il existe 1 degré d'accroissement dans la température pour une augmen- tation d'environ 30 mètres dans la profondeur ~. Le zéro du thermomètre de Lavoisier a-t-il continué à se déplacer? la différence entre ce dernier et celui de Gay-Lussac est-elle restée constante? Les données qui pourront un jour servir à résoudre ces questions sont les suivantes; elles fournissent les températures moyennes annuelles des caves d'après chacun des deux instruments : 1. Voir précédemment, p. 612. 2. Voir t. III des Notices scientifiques, t. VI des Œuvres, p. 372 à 398. 644 SUR L'ÉTAT THERMOMÉTRIQUE Thermomètre Thermnmfître Différences de températures Années. de de indiquées par Lavnisier. Gay-Lnssar. les deii\ tliermoniètres. 1817 12° .086 11» .706 0".380 1818 12 .079 11 .758 0 .321 1819 12 .077 11 .727 0 .350 1820 12 .076 11 .73'i 0 .3/42 1821 12 .079 11 .11x1 0 .332 1822 12 .096 11 .806 0 .290 1823 12 .103 11 .818 0 .285 182/t 12 .127 11 .836 0 .291 1825 12 .158 11 .773 0 .385 1826 12 .170 11 .827 0 .'dko 1827 12 .177 11 .85Zi 0 .323 1828 12 .203 11 .887 0 .316 1829 12 .223 11 .930 0 .293 1830 12 .236 11 .936 0 .300 1831 12 .26/i 11 .958 0 .286 1832 12 .250 il .959 0 .291 1833 12 Mk 11 .953 0 .291 1834 12 .251 11 .964 0 .287 1835 12 .2/|9 11 .963 0 .286 1836 12 .249 11 .î;62 0 .287 1837 12 .263 11 976 0 .287 1838 12 .262 11 .979 0 .281 1839 12 .262 11 .971 0 .291 1840 12 .258 11 .967 0 291 1841 12 .249 11 .956 0 .293 1842 12 224 11 .936 0 .288 1843 12 .201 11 .933 0 .268 1844 12 .193 11 .910 0 .283 1845 12 .178 11 .914 0 .264 1846 12 .196 11 .842 0 .354 1847 12 .172 11 .896 0 .276 1848 12 .165 11 .910 0 .255 1849 12 .172 11 .920 0 .252 1850 12 .182 11 .878 0 .304 1851 12 .180 11 .903 0 .277 1852 12 .188 11 .884 0 .304 La différence entre les deux thermomètres, sans rester absolument constante, a varié au plus de 0".133. I DU GLOBE TERRESTRE. 645 Ainsi, il ost maintenant prouvé qu'à la longue, pres- que tous les thernioniètrcs deviennent faux. J.c zéro, je veux dire le terme de la glace fondante, monte le long de l'échelle graduée, comme si la boule contenant le mercure se rétrécissait. Le thermomètre arrive ainsi à marquer + 1% quand il devrait indiquer zéro; + 2° quand la température n'est que de + 1°, etc. L'erreur va même quelquefois jusqu'à 1° 12. Les nombreuses températures déterminées dans les souterrains de l'Observatoire à une époque où l'on ne savait pas que les thermomètres doivent être vérifiés sans cesse, sont donc comme non avenues. Mais parmi les anciennes, il en est deux dont on peut tirer quelque parti. Ce sont celles du mois de février 1 776. Messier les fit, comme on l'a vu plus haut (p. 639) , avec un thermomètre construit sous ses yeux et vérifié par lui-même, peu de jours auparavant. Ces deux obser- vations, parfaitement d'accord entre elles, donnent : 11°. 8 centigrades. En 1826, un demi- siècle après, on a trouvé aussi après la correction : 11°. 8 centigrades. Supposons maintenant que dans les observations de Messier, à raison de la petitesse de l'échelle de son ther- momètre , il y ait eu une incei-titude d'un vingtième de degré. Les deux températures de 1776 et de 1826, qui nous ont paru égales , dilféreraient entre elles de cette même quantité. Mais un vingtième sur cinquante ans, c'est un dixième pour un siècle. Ce serait donc seulement un degré entier de variation pour mille ans! Les deux époques comparées comprennent entre elles 646 ÉTAT THERMOMÉTRIQUE DU GLOBE TERRESTRE. une période durant laquelle certaines parties de la France ont été fortement déboisées. La température moyenne de Paris n'en a cependant éprouvé aucun effet appré- ciable. J'ai pris comme terme de comparaison les observations de 1826, afin d'avoir le nombre rond de cinquante années. En poussant jusqu'en 1852, j'aurais trouvé environ un dixième de degré en plus. Ainsi , au lieu d'un refroidis- sement du climat de Paris, nous serions arrivés à un léger réchauffement. Au reste, il faudra prolonger ces observations pendant un demi-siècle avant de pouvoir affirmer avec certitude que le dixième de degré dont je viens de parler n'est pas une oscillation irrégulière et accidentelle. SUR LE CLIMAT DE CHERBOURG [Le 13 septembre 1852, M. Emmanuel Liais a pré- senté à l'Académie des sciences un Mémoire ayant pour titre : Résultats des observations météorologiques faites à Cherbourg pendant les années 18^iS, 18/|9, 1850 et 1851. Ce Mémoire a été renvoyé par T Académie à l'examen d'une Commission composée de MM. Arago, Pouillet et Babinet. Peu de temps avant sa mort, M. Arago, chargé de ce soin par ses collègues, a dicté le Rapport suivant.] Le Mémoire que l'Académie a renvoyé à notre examen renferme les résultats des observations météorologiques faites avec le plus grand soin par un observateur très- exercé et à l'aide d'instruments parfaitement comparables à ceux de l'Observatoire de Paris. M. Liais a discuté ses observations avec une rare in- telligence et les a comparées à celles qui se font dans la capitale, de manière à faire ressortir tout ce qui, dans le climat de Cherbourg, est indépendant de la latitude de cette ville et se rattache au voisinage de la mer. Le premier chapitre du Mémoire est consacré à l'exa- men de la température moyenne de l'année et à celle des diverses saisons. M. Liais trouve pour la température moyenne de l'année 11°.27. M. Lamarche, capitaine de 648 SUR LE CLIMAT DE CHERBOURG. vaisseau, avait obtenu antérieurement, par la discussion des observations faites de 1838 à 1842 inclusivement, 11°. 32. La similitude des deux résultats nous autorise à croire que la température moyenne de Cherbourg est mainte- nant connue à moins d'un dixième de degré près. Tou- tefois, comme les températures moyennes des jours, des mois et des années qui entrent dans ces moyennes géné- rales ont été obtenues en formant la demi-somme des températures maxima et minima, et que les esprits difTi- ciles pourraient élever des doutes sur la légitimité de cette méthode de calcul, nous eussions désiré que M. Liais n'eût pas négligé de consigner dans son beau travail les températures moyennes des sources qui abondent dans les environs de Cherbourg. C'est une lacune regret- table qu'il suffît, au reste, d'avoir signalée à l'habile et zélé physicien, pour avoir la certitude qu'il s'empressera de la combler. Les phénomènes de la végétation, comme chacun sait, ne sont pas réglés en chaque lieu par la température moyenne de l'année ; les températures moyennes et extrêmes des mois d'hiver et des mois d'été jouent, à cet égard, un rôle très-essentiel; aussi M. Liais n'a-t-il pas négligé de comparer, sous ce rapport, les observations de Paris à celles de Cherbourg. On déduit des tableaux détaillés que le Mémoire renferme quelques résultats déjà connus des météorologistes, mais qui ici se trouvent appréciés avec une précision en quelque sorte mathéma- tique. M. Liais établit qu'à des époques correspondantes à I SUR I.E CLIMAT DP. CHERBOURG. 649 Paris ot h Cherbourg, la température diffère on général d'autant plus que les températures comparées sont plus faibles. Les six mois d'octobre, novembre, décembre, janvier, février et mars sont plus chauds à Cherbourg qu'à Paris; les six autres mois sont plus froids : toutefois, les mois d'avril et de septembre sont sensiblement égaux dans les deux villes. L'hiver est plus chaud h Paris qu'à Cherbourg de 2°. 8 ; l'été y est plus froid de 1°.7. On peut donc dire que 1°.7 est la différence qui détermine les dissemblances dans la maturation des fruits qu'on a remarquées entre Paris et les lieux des rives de l'Océan placés à peu près sous la même latitude. On déduit de tous ces nombres, ce dont, au reste, on trouverait facilement la cause, que l'action de la mer est beaucoup plus grande pour élever la température des côtes occidentales de notre continent en hiver que pour l'abaisser en été. 11 résulte d'un tableau formé par M. Liais, que les dif- férences entre les températures estivales de Cherbourg et les températures correspondantes de Paris sont d'au- tant plus grandes que celles-ci se trouvent accidentelle- ment plus élevées. Nous ne suivrons pas l'auteur dans l'examen auquel il s'est livré des modifications qu'il faut apporter à ces ré- sultats, suivant que le ciel est serein ou couvert, suivant que le vent soufTIe dans telle ou telle direction ; tout cela sera suivi dans le Mémoire original avec beaucoup d'in- térêt et de profit pour les météorologistes. 630 SUR LE CLIMAT DE CHERBOURG. Rien de plus intéressant qu'un examen de la liaison qui existe entre les légères dilTérences de température que nous venons de signaler, pour un pays situé sur les rives de l'Océan, comparé h une contrée continentale, et les phénomènes correspondants de la végétation. Plu- sieurs ouvrages de botanique renferment à ce sujet des données précieuses et pleines d'intérêt : le public eût été sans doute charmé que M. Liais, qui pouvait appuyer ses comparaisons des déterminations thermométriques les plus précises, se fût décidé à faire entrer une semblable comparaison dans le cadre de ses recherches. Il n'eût pas manqué alors de faire remarquer que Mayence, dont la latitude est supérieure à celle de Cherbourg, produit d'excellent vin, tandis qu'aux environs de notre port mi- litaire, c'est à grand'peine que le raisin mûrit quelque- fois. D'autre part, et par une sorte de compensation, la presqu'île du Gotentin nous eût présenté des myrtes en pleine terre, et d'énormes figuiers donnant d'excellents fruits. On aurait eu à citer aussi, comme le remarque M. Du Moncel, à Saint-Vaast (Manche), par exemple, un arbousier ou arbre à fraises, dont le tronc avait deux mètres de tour. C'est un sujet que nous prendrons la liberté de recommander à M. Liais, lorsqu'il jugera à propos de compléter son beau travail. INous nous hâtons d'arriver au chapitre relatif au ba- romètre, qui nous olïrira des faits encore plus intéres- sants. D'après ce titre, on pourrait s'attendre à ne trouver dans le chapitre en question que de simples banalités, mais on se tromperait. Les questions traitées par l'auteur SUR LE CLIMAT DL Clll- IllîOLUG. 651 et les problèmes qu'elles soulèvent sont du plus grand intérêt pour la météorologie et la physique du globe. Quelle est, dans nos climats et au niveau de l'Océan, la hauteur moyenne du baromètre? Cette question parut jadis assez importante à rAcadémic pour l'avoir fait figurer dans le programme confié à une commission spé- ciale dont le rappoii, par des raisons faciles à concevoir, n'a jamais été achevé. En ce qui concerne Cherbourg, M. Liais a procédé d'une manière très-logique. La hauteur barométrique variant suivant les saisons, suivant les heures du jour et de la nuit, l'auteur a choisi, pour établir ses comparaisons, une heure détei'niinée, celle de midi, qui, du reste, d'après une discussion détaillée, semble correspondre à très-peu près, en toute saison, à la moyenne des pressions barométriques des vingt-quatre heures. -M. Liais ayant senti le besoin de rattacher son résultat à un étalon bien déterminé et facile à retrouver en tout temps, vint à Paris, et fit construire un baromètre por- tatif qui lui a servi à comparer son baromètre ^lationnaire de Cherbourg à celui dont on se sert depuis de très-longues années à l'Observatoire de Paris. 11 a trouvé ainsi que les observations de Chei'bourg devaient être augmentées de Qmiii ig pQi^j. dgyçnir comparables à celles de Paris. Cette correction une fois opérée, M. Liais trouve pour la hauteur moyenne du baromètre à midi dans son observatoire de Cherbourg, 7G1°''".31. Mais l'observatoire de M. Liais à Cherbourg est élevé de 17"'.Zi9 au-dessus du zéro du niveau moyen de la mer pris au maréographe construit avec tant de luxe dans le bassin militaire , ce qui corres- 652 SUR LK CLIMAT DE CHEKBOUKG. pond à peu près sur l'échelle du baromètre à 1""".70; ajoutant ce nombre au précédent, on trouve 763'"'". 08 pour la hauteur moyenne du baromètre, résultat qui, d'après les idées reçues, paraîtra un peu considérable, surtout si l'on songe que cette hauteur est réduite à zéro du thermomètre centigrade. Il eût été intéressant de comparer cette hauteur de Cherbourg aux hauteurs du baromètre correspondantes à diverses stations situées au nord ou au midi de cette ville. Les résultats de telles comparaisons nous mettraient peut- être sur la voie d'une des causes jusqu'ici peu appréciées qui déterminent les courants de la mer le long du littoral de la France. Nous nous livrerons une autre fois à ces comparaisons intéressantes dont nous possédons tous les éléments pour le Havre et pour Boulogne-sur-mer, mais nous sommes forcé d'avouer, non sans quelque humi- liation, que nous manquerons presque totalement de don- nées pour tout l'espace compris entre Cherbourg et la frontière d'Espagne, quoique dans cette immense étendue de côtes, il y ait trois grands ports militaires et plusieurs ports de commerce de première importance. FIN DU TOME CINQUIEME DES NOTICES SCIENTIFIQUES TABLE DES MATIERES DU TOME HUITIÈME TOME CINQUIÈME DES NOTICES SCIENTIFIQUES SUR LA PRÉDICTION DU TEMPS EST-IL POSSIBLE, DANS l'ÉTAT ACTUEL DE NOS CONNAISSANCES, DE PRÉDIRE LE TEMPS QU'lL FERA A UNE ÉPOQUE ET DANS UN LIEO DONNÉS? PEUT-ON ESPÉRER, EN TOUS CAS, QUE CE PROBLÈME SERA RÉSOLU UN JOUR ? Pages. CHAPITRE PREMIER. — Avant -propos 1 CHAPITRE II. — Entre quelles limites varient, dans nos cli- mats , les températures moyennes des années et des mois li CHAPITRE III. Causes perturbatrices des températures terres- tres non susceptibles d'être prévues 6 § 1. — Dislocation des champs de glace 7 § 2. — Les glaces flottantes 7 § 3. — Les montagnes de glace 8 § ù. — Variations de la diaphanéité de la mer 10 § 5. — Phosphorescence de la mer 11 ^6. — Mobilité de l'atmosphère 11 § 7. — Influences des circonstances locales 13 § 8. — Obscurcissements accidentels de l'atmosphère... IZj § 9. — Influence des forêts. 16 § 10. — Influence des lacs 17 § 1 1. — La ville et la campagne 18 Cn.APlTRE IV. — Causes perturbatrices de l'électricité atmo- sphérique. — Orages. — Grêle. — Trombes 18 CHAPITRE V. — Causes perturbatrices de la régularité de la pluie 21 654 TABLE DES MATIERES. Page . § 1. — Rizières 21 § '2. — Tremblements de terre 21 ^3. — Incendies 22 § i. — Variation des vents 2k DE L'INFLUENCE DE LA LUNE SUR LES PHÉNOMÈNES TERRESTRES CHAPITRE PREMIER. — Définitions 25 CHAPITRE IL — La Lune exerce-t-elle quelque influence sur la pluie? 28 CHAPITRE III. — Nombre de jours de pluie suivant les phases de la Lune 30 CHAPITRE IV. — Influence delà Lune sur la quantité de pluie et sur la sérénité de Tatmosphère 37 CHAPITRE V. — De la pluie, en tant qu'elle est modifiée par la distance de la Lune à la Terre 38 CHAPITRE VI. — Loi de l'influence de la Lune sur l'atmo- sphère terrestre 39 CHAPITRE VII. — De l'influence que le lever, le coucher de la Lune et son passage au méridien, paraissent avoir sur la pluie liO CHAPITRE VIII. — Influence de la Lune sur la direction du vent Ui CHAPITRE IX. — Sur les hauteurs moj^ennes du baromètre dans les diS"érentes positions de la Lune Zil CHAPITRE X. — De l'influence des phases de la Lune sur les changements de temps /i8 CHAPITRE XL— Sur les périodes de 19 et de 9 ans qui, dit-on, ramènent les mêmes séries de phénomènes atmosphé- riques 50 CHAPITRE XII. — Sur les pronostics empruntés à certains aspects de la Lune 59 CHAPITRE XIII. — Des prétendues actions exercées par la Lune sur la nature organique , sur les maladies, etc. — Sur l'influence qu'a, dit-on, le même astre, sur le succès de diverses opérations industrielles ou agricoles 65 TABLE DES MATIÈRES. 655 SUR LE RAYONNEMENT DE LA CHALEUR A TRAVERS l' A T M OS PII È R E Papes. CHAPITRE PREMIER. — Définitions 83 CHAPITRE II. — Du rayonnement nocturne 87 CHAPITRE HI. — Des circonstances qui ont de Tinfluence sur le rayonnement nocturne 87 ^1. — Influence des nuages 87 § 2. — Iniluence des écrans artificiels 87 § 3. — Eiîet du pouvoir rayonnant 88 ^ U. — Effet de la conductibilité 88 § 5. — Effet du vent 89 CHAPITRE IV. — Des circonstances dans lesquelles se produit la rosée 90 CHAPITRE V. — De la précipitation de la rosée sur les corj)s de diverses natures 92 CHAPITRE VI. — Influence de l'exposition sur la précipita- tion de la rosée 94 CHAPITRE Vil. — Théorie de la rosée 97 CHAPITRE VIII. — Détails historiques sur la théorie de la rosée 99 CHAPITRE IX. — Influence du rayonnement delà chaleur sur la formation de la glace 112 CHAPITRE X. — Sur l'utilité des nattes dont les jardiniers couvrent les plantes durant la nuit 112 CHAPITRE XI. — Sur les brouillards qui se forment après le coucher du Soleil, quand le temps est calme et serein, au bord des lacs et des rivières llU CHAPITRE XII. — Comment la neige empêche la gelée de descendre profondément dans la terre qu'elle recouvre. 118 CHAPITRE XIII. — Sur la Lune rousse 120 CHAPITRE XIV. — Sur le rayonnement de la chaleur solaire à travers l'atmosphère terrestre. — Discussion d'un ou- vrage de Daniell 124 656 TABLE DES MATIÈRES. SUR LA FORMATION DE LA GLACE Pages. CHAPITRE PREMIEH. — Définitions 1Z,7 CHAPITRE IL — Sur la forme cristalline de la glace 169 CHAPITRE m. — Sur les glacières naturelles 152 CHAPITRE IV. — Rupture des glaciers 15^ CHAPITRE V. — Sur la formation artificielle de la glace au Bengale 156 CHAPITRE VI. — De la congélation des rivières 159 CHAPITRE VIL — Circonstances qui accompagnent quelque- fois la formation de la glace dans les eau.x tranquilles. . 161 CHAPITRE VIII. — Sur les glaçons que les rivières charrient en hiver 162 SUR L'ÉTAT THERMOiMÉTRIQUE DU GLOBE TERRESTRE CHAPITRE PREMIER. — Introduction ish CHAPITRE II. — A Torigine des choses la Terre était incan- descente. — Aujourd'hui elle conserve encore une par- tie notable de sa chaleur primitive 187 CHAPITRE III. — y a-t-il quelque moyen de découvrir depuis combien de siècles la Terre se refroidit ? 190 CHAPITRE IV. — En deux mille ans, la température générale de la masse de la Terre n'a pas varié de la dixième par- tie d'un degré. — Démonstration de cette proposition tirée du mouvement de la Lune 191 CHAPITRE V. — La chaleur primitive du globe, dont les effets sont encore si sensibles à une certaine profondeur, con- tribue-1- elle pour une part notable à la température actuelle de la surface ? 202 CHAPITRE VL — La température des espaces célestes est-elle variable? — Cette température peut -elle devenir la cause de changements dans les climats terrestres ? 203 CHAPITRE VII. — Les variations qu'éprouvent certains élé- TABLl- DES MATIÈRES. C57 Pages. ments astronomiques peuvent-elles modifier sensiblement les climats terrestres ? oqg CHAPITRE Mil. — Des climats terrestres tels (|u'on peut les dciduire des observations faites dans divers siècles 213 CHAPITRE I\. — La température moyenne de la Palestine ne paraît pas avoir chaniré depuis le temps de Moi.-:; 215 CHAPITRE X. — Difficulté de définir les éléments climatolo- giques de beaucoup de lieux, dans les temps reculés. . . 2'20 CHAPITRE XI. — Du climat de la Chine 221 CHAPITRE XII. — Du climat de l'Egypte 222 CHAPITRE Xlll. — Environs de la mer .Noire 223 CHAPITRE XIV. — Climat de la Grèce 223 CHAPITRE XV. — Du climat des environs de Rome 224 CHAPITRE XVI. — Changement de climat en Toscane 227 CHAPITRE XVII. — Sur le climat de Paris au temps de Julien. 230 CHAPITRE XVIII. — Changements de climat en quelques par- ties de la France 231 CHAPITRE XIX. — Observations prouvant que l'ancien climat se maintient dans une partie des Gaules 239 CHAPITRE XX. — Conséquences tirées de l'observation des neiges de quelques montagnes 2^1 CHAPITRE XXJ. — Climat des îles Britanniques 2Zi2 CHAPITRE XXII. — Variations du climat du Groenland 2i2 CHAPITRE XXIII. — Des hivers qui ont amené la congélation des grands fleuves 2!i'4 CHAPITRE XXIV. — Des plus grands froids observés annuel- lement dans les différents lieux du globe. — Table des hivers mémorables 257 CHAPITRE XXV. — Des plus grandes chaleurs observées an- nuellement. — Étés mémorables 396 CHAPITRE XXM. — .Maxima de température de l'atmosphère, observés en pleine mer, loin des continents 500 CHAPITRE XXVII. — Maxima de température de la mer à sa surface 503 CHAPITRE XXVllI. — Des différences extrêmes de tempéra- tures supportées à la surface de la Terre 50ù CHiVPITRE XXIX. — Températures des différentes espèces d'anirnau.v 508 VIII. —V. 'j2 658 TABLE DES MATIÈRES. Pages- Cil APITRE XXX. — Des températures moyennes 518 CHAPITRE XXXI. — Des températures qui représentent le mieux les températures moyennes de l'année 539 CHAPITRE XXXII. — De la température moyenne d'un lieu.. 5/il CHAPITRE XXXIII. — Tableau de la température moyenne des jours et des mois à Paris. — Températures moyen- nes des mois dans les pays septentrionaux. — Tempéra- tures moyennes d'après les observations faites à l'heure de midi 553 CHAPITRE XXXIV. — Des lignes isothermes, isochimènes et isothères 562 CHAPITRE XXXY. — Sur le décroissement de la température atmosphérique dépendant de la hauteur 571 CHAPITRE XXX"VI. — Sur la température moyenne du pôle nord, — Pôles de froid 57Zi CHAPITRE XXXVn. — Sur le climat de la côte orientale de l'Amérique du nord 581 CHAPITRE XXXVIII. — Sur la température de rhéraisphère austral 587 CHAPITRE XXXIX. — État météorologique des mois d'avril et de mai 1837, comparé aux observations faites durant les mêmes mois à des époques antérieures 594 CHAPITRE XL. — Nécessité d'avoir des thei'momètres com- parables. — Cliangement du zéro dans les thermomè- tres. — Thermomètres à maxima et minima. — Ther- mométrographes. — Thermomètres de M. Walferdin. — Thermomètres métalliques 606 CHAPITRE XLI. — Température des caves de l'Observatoire de Paris 636 Sur le climat de Cherbourg 6/(7 FIN DE LA TABLE DES MATIERES DU TOME HUITIEME TOME CINUIIÈ.ME UES NOTICES SCIENTIFIQCES 113 A7 185-4 t. 8 Arago, Dominique François Jean Oeuvres comolètes P&ASà PLEASE DO NOT REMOVE CARDS OR SLIPS FROM THIS POCKET UNIVERSITY V.. .ORONTO LIBRARY