>H \ ŒUVRES COMPLÈTES D E M, LEC^E JOE BUFFON, Intendant du Jardin du Roi, de l'Académie Françoifc^ de celle des Sciences, Sec. Tome Huitième. Histoire des Animaux quadrupi EDES. A PARIS, Suivant la Copie in-^S DE L'IMP-RIMERIE ROYALE M. DCCLXXVn. ^'^r^^mi^^h AT» 8^ 9S!sm?ssstm TABLE De ce qui eft contenu dans ce Volume. £J E s Mulets Page t Addition a l'article du Cheval. 6i Addition aux articles de V Ane ^ du Zèbre 8t Addition aux articles du Bœuf, du Bifon. ^ du Zébu (j du Buffie 89 Addit ion aux articles de la Bre- bis, du Muffion & des Brebis étrangères, voj Addition aux articles du Cochon du Sanglier du cap Kcrd TABLE, ou Sanglier d'Afrique, du Babirouffa , du Pé- cari ou Tajacu, . . 117 Addition de VEditeur hollandois ( M. le Pro- fedeur Allamand ) à rarticlc du Sanglier d'Afrique 13^ Du Baèiroujfa ï4<^ Du Pécari HZ ADDITION aux articles des Chèvres d'Europe, d'Afie ù d'Afrique i S J Du Bouc de Juida ^ & des Chèvres a oreilles pen^ dames M4 <& ^55 De la Grimm ou Chèvre de Grimm,.. * . . . . 15^ Du Chevrotin de Ceylan. > 164 TABLE. Addition aux articles du Chien ^ du Loup j du Renard^ du Chacal & de rifatis. i66 P^ariétés dans les Chiens, .• i68 Du Loup 176 Du Renard. 17S Du Chacal, ........ 180 De Vlfads Ibid. KDï^iTioii^ a l'article du Chat, 185 Addition aux articles du Cerf^ du Daim ^ du Chevreuil ù du Renne., ... i 89 Du Daim & de l'Axis, 1 9 8 Du Chevreuil, 200 Du Renne 20 j - Addition de l'Editeur hoU landais ( M. le ProfelTeur Alhmand) fur l* Elan j h TABLE. Caribou^ le Renne., 215 Description du Renne ^ par M. le Profeffeur Alla- mand ^^^ Addition aux articles du Lievrc 0 de l'Écureuil, avec un animal anonyme ; un autre que nous avons appelé le Rat de Ma- dagafcar, & un troifièmc qui efl le Taguan ou grand Écureuil volant... De l'Écureuil. . .7 . . ^i9 Animal anonyme. . . . 2-45, Du Rat de Madagafcar. . . 244 Du Taguan ou grand Écu- reuil volant 2.4^ Addition a l'article de la Loutre, , TABLE. Addition aux articles de la Fouine ù de la Zibeline, . 264 De la Zibeline,. • . . , z6j Addition aux articles de la Be- lette^ de l'Hermine y du Surikate j de la Man- gonfle Ù du Kanflre,, . .^ 2.71 T)u Grifon , 278 Du Surikate, 285 ' ' T)e la Mangoufle, ... 28^ Du Kanfire 187 ApDITION aux articles de la Mar- motte y du Caflor ^ des Souris & Rats ^ du Rat de blé ou Hamfler y du Soulik ù de la Taupe, .^ Marmotte de Kamtfchatka, TABLE. Marmotte du cap de Bonne- cfpérance z^3 Du Cajlor, 300 Des Souris & des Rats, . . ' 301 Du Hamfier ou Rat de blé 305 Addition de V Editeur hol- landois j fur le Hamjier,,,. 30S Du Soulik. ........ 311 De la Taupe 3^5 De la Taupe du cap de Bonne-efpérance., . . 3x4 Taupe de Penjllvanie. 325 KDmriQ^ a l'article de l'Ours.^zj Fin de la Table. HISTOIRE HISTOIRE NATURELLE^ SUPPLÉMENT A L'HISTOIRE des Animaux quadrupèdes, DES MULETS''. l^N CONSERVANT le nom de Mulec^ à ranimai qui provient de Tâne & de îa jument, nous appellerons Bardeau celui qui a le cheval pour père & TânefTe pour inere Perfonne n'a jufqu'à préfent ob- ierve les différences qui fe trouvent en- tre ces deux animaux d'efpèce mélangée. ^^ Cet article doit être regardé comme une addr- ^on à ce que j ai déjà dit au lujet des mulets dans ' JeDifcoursquiapourntrerDe /. dégénération 4 î Tome FIIL Quadrupèdes. A % Supplément a rHiJîoire Cefi: néanmoins Yun des plus furs moyens que nous ayons pour reconnoître & dil- • tinguer les rapports de rinHuence du mâle Se de ia femelle dans le produit de la gé- nération. Les obfervations comparées de ces deux mulets, & des autres métis qui proviennent de deux efpèces diftérentes, noys indiqueront ces rapports plus préci- fément 8i plus évidemment que ne le peut faire la fimple comparaifon de deux individus de la même efpèce. Nous avons fait repréfenter ici le mulet fpL /y>j & le bardeau (pL 11)^ afin que tout le monde Toit en état de les comparer, comme nous allons le faire nous-mêmes-, d'abord le bardeau eft beau- coup plus petit que le mulet , il paroît donc tenir de ia mère Tâneile les dimen- fîons du corps -, & le mulet beaucoup plus grand at plus gros que le bardeau, les tient également de la jument fa mère -, la grandeur & la grolïeur du corps paroilïent donc dépendre plus de la mère que du des Animaux quadrupèdes. j. père dans les efpèces mélangées. Mainte- nant, h nous confidérons ia forme du corps , ces deux animaux , vus enfemble , paroiiïent être d'une figure diftérente •, le bardeau a Tencolure plus mince , le dos plus tranchant , en forme de dos de carpe , la croupe plus pointue & avalée, au lieu que le mulet a Tavant-main mieux fait, l'encolure plus belle & plus fournie , les côtes plus arrondies , la croupe plus pleine & la hanche plus unie (a ). Tous deux tiennent donc plus de la mère que du père, non-feulement pour la grandeur, mais auffi pour la forme du corps. Néan- moins il n'en eft pas de même de la tête, des membres & des autres extrémités du corps. La tête du bardeau eft plus longue & n'efl: pas fi grofl'e à proportion que celle de l'âne , & celle du mulet eft plus courte & plus grolTe que celle du cheval (b), lis tiennent donc pour la (a) Obfervations communiquées par le fieur de îa Fofle, maréchal très-expérimenté. A Paris, en (bj Comparez les figures, ;?/./ & // du muïec Aij 4 Supplément à FHiJIoire forme & les dimenfîons de la tête plus du père que de la mère. La queue du bar- deau efl: garnie de crins à peu-près comme celle du cheval*, la queue du mulet eft prefque nue comme celle de Tâne*, ils rcflemblent donc encore à leur père par cette extrémité du corps. Les oreilles du mulet font plus longues que celle du che- val, & les oreilles du bardeau font plus courtes que celles de Tâne*, ces autres extrémités du corps ^appartiennent donc auili plus au père qu'à la mère. Il en eft de même de la forme des jambes , le mulet les a sèches comme Tâne, & le bardeau les a plus fournies-, tous deux refTemblent donc par la tête , par les membres ôc par les autres extrémités du corps beaucoup plus à leur père qu a leur mère. Dans les années 17516^1752, j'ai fait accoupler deux boucs avec pluiieurs • brebis, & j'en ai obtenu neuf mulets, fept mâles ôc deux femelles; frappé de cette ditiérence du nombre des mâles & du bardeau , avec les figures du cheval & de i%e, toJUQ r, pages 9 & 224.- des Animaux quadrupèdes. j mulets à celui des femelles > je fis quel- ques informations pour tâcher de favoir /i le nombre des mulets mâles qui pro- viennent de Tâne & de la jument, excède à peu-près dans la même proportion le nombre des mulets *, aucune des réponfes que j'ai reçues ne détermine cette pro- portion , mais toutes s'accordent à faire le Rombre des mâles mulets plus grand que celui des femelles. On verra, dans la fuire, que M. le marquis de Spontin-Beauforr, ayant fait accoupler un chien avec une louve, a obtenu quatre mulets , trois mâles & une femelle (c). Enfin ayant fait des queftions fur des mulets plus aifés à pro- créer , j ai fu que , dans les oifeaux mulets,' îe nombre des mâles excède encore beau- coup plus le nombre des mulets femelles. J'ai dit à l'article du ferin des Canaries, que de dix-neuf petits provenus d'une ferine & d'un chardonneret , il n'y en (c) Extrait d^1ne lettre de M. îe marquis de Spontin-Beaufort , \\ M. de Buffon , datée de Na- mur, le 14 juillet 1773 ; confirmée par deux lettres de M. Surirey de Boifly, auffi datées deNamur,l€s .9 juin & 19 juillet 1773. AiiJ 5 Supplément à VHifioife avoir que trois femelles ( d). Voilà les feuîs farts que je puilTe préfenter comme certains fur ce fujet (ej ^ dont il ne pa- (d) Voyez le feptième tome, /«-12, del'Hift» Nat. des oifeaux, art. duferin des Canaries, (e) Ce que je trouve dans differeris Auteurs au fujet des jumars, me paroît très-fufpect. Le fieur Léger ^ dans fon Hiftoire du Vaudois, amée 1669 , dit que , dans ies vallées de ] iémont, H y a des ani- maux d'efpèces mélangées, & qu'on^ies appelle Jumars. Que , quand ils font engendrés par un tau- leau & une jument , on les nomme Baf ou Buf, & que, quand ils font engendrés par un taureau & une ânefle , on les appelle Bif. Que ces jumars n'ont point de cornes , Se qu'ils font de la taille d'un mu- let ; qu'ils font très-légers h la couîfe; « que luî- 9f même en a voit monté un le 30 feptem.bre , & » qu'il fit en un jour dix-huit lieues ou cinquante- fy quatre m.ilîes d'Italie ; qu'enfin ils ont la démar- che plus fàiC & le pas plus aifé que le che- al. >» D'après une femblable afiertion , on croiroit que ces jumars provenant du taureau avec la jument Se î'ânelfe , exiftent , ou du moins qu'ils ont exifté ; néanmoins, m'en étant informé, perfonne n'a pu me confirmer ces faits. Le Dodeur Shaw , dans fon Hiftoire d'/. ïger, /fl^e 234 , dit, qu'il a vu en Barbarie un animal appelé Knmrah , Se qui efl: engendré par l'union de i'àne & de la vache , qu'il efl: foiipède comme l'âne, & qu'il n'a point de cornes fur la tête , mais qu'à tous autres égards il diffère de i'âne ; qu'ij des Animaux quadrupèdes. y rojt pas qu'on fe foie jamais occupé , & qui cependant mérite ia plus grande at- tention -, car ce n'eft qu'en réunilfant plu- iîeurs faits femblables qu'on pourra dé- velopper ce qui refle de myftérieux dans la génération par le concours de deux individus d'efpèces différentes , & déter- miner la proportion des putiTances qiIqc-'^ tives du maie & de la femelle dans toute reproduction. De mes neuf mulets provenus du bouc Se de ia brebis , le premier naquit le i ç avril -, obfervé trois jours après fa naif- fance & comparé avec un agne.ui de me ne âge, il en difléroit par les oreilles qu'il avoir un peu plus grandes , par la partie fupérieure de la tête qui étoit plus large, ainlî que la diftance des yeux \ ï\ avoit de îi'eft capable que de peu de fer vice, qu'il a îa peau, Ja queue & la tSte comme la vache, h Pexception des cornes. Le Dodleur Shaw eft un Auteur qui mé- ite confiance ; cependant ayant confulté fur ce fait quelques perfonnes qui ont demeuré en Barba- rie, & particulièrement M. ie chevalier James Bruce , tous m^'ont allure n'avoir aucune connoif- fance de ces animaux engendrés par i'âne & ia vache. Aiv 8 Supplément à FHiJloirc plus une bande gris-blanc depuis la nuquis du cou jufqu à Text rémité de la queue , les quatre jambes, le deflbus du cou, de la poitrine Se du ventre étoient couverts du même poil blanc afTez rude*, il n'y avoit un peu de laine que fur les flancs entre le dos & le ventre , & encore cette îaine courte 8c frifée étoit mêlée de beau- coup de poil. Ce mulet avoit aulli les jambes d'un pouce & demi plus longues que Tagneau du même âge , obfervé le 5 mai fuivant, c'eft- à-dire dix-huit jours après fa. naiiTance, les poils blancs étoient en partie tombés & remplacés par des poils bruns fembîables pour la couleur à ceux du bouc Se prefqueaufîi rudes. La proportion des Jambes s'étoitfoutenue^ ce mulet les avoit plus longues que Tagneau de plus d'un pouce & demi, il étoit mal fur Tes longues jambes, Se ne marchoit pas aufîi-bien que l'agneau. Un accident ayant fait périr cet agneau, je n'obfervaî ce mulet que quatre mois après , Se nous le comparâmes avec une brebis du même âge. Le mulet avoit un pouce de moins que la brebis , fur la longueur qui efl depuis l'entre-deux des yeux jufqu'au des Animaux quadrupèdes. 9 bout du mufeau, & un demi pouce de plus fur la largeur de la tête , prife au- defTus dQS deux yeux à rendroic le plus gros. Ainfî, îa ittQ do-cQ mulet écoit plus grolTe 3c plus courte que celle d'une bre- bis du même âge •, la courbure de la mâchoire fupv^rieure prife à Tendroic des coins de la bouche , avoir près d'un demi- pouce de longueur de plus dans le mulet que dans la brebis. La tête du mulet n'étoit pas couverte de laine, mais elle étoit gar- nie de poils longs Se toufTus. La queue étoit de deux pouces plus courte que celle de la brebis. Au commencement de Tannée 1752? j'obtins de l'union du bouc avec les bre- bis huit autres mulets, dont fix mâles & deux femelles •, il en efr mort deux avant qu'on ait pu les examiner, mais ils ont . paru relTembler à ceux qui ont vécu & que nous allons décrire en peu de mots , il y en avoit deux, l'un mâle & l'autre fe- melle, qui avoient quatre mamelons, deux de chaque côté comme les boucs & les chèvres -, & en général ces mulets avoienc du poil long fous ïe ventre , & fur-tour fous ia verge comme les boucs , & aufli A V I o Supplément à VHiJloire du poil iong fur les pieds, principalement fur ceux de derrière \ ia plupart avoient auiîî le chanfrein moins arqué que îes agneaux ne Tont d'ordinaire , les cornes des pieds plus ouvertes, c'eft-à-dire, la fourche plus large & la queue plus courte que les agneaux (f). J'ai rapporté dans le premier volume de THiftoire Naturelle, à l'article du chien, ( pag. 309 & fiàv») les tentatives que j'ai faites pour unir un chien avec une louve •, on peut voir toutes les précau- tions que j'avois cru devoir prendre pour faire réuflir cette union -, le chien & la louve n'avoient tous àQut. que trois mois au plus , lorfqu on les a mis enfemble , & enfermés dans une affez grande cour , fans les contraindre autrement , & fans les enchaîner. Pendant la première année , ces jeunes animaux vivoient en paix, &. paroiiToient s'aimer. Dans la féconde an- née 5 ils commencèrent à fe difputer la nourriture, quoiqu'il y en eût au-delà du néceiïàire *, la querelle venoit toujours de »— — — — ■ ' ' (f) Note communiquée par M. Daubentcn , de l'Académie des Sciences. des Animaux quadrupèdes. 1 1 la louve. Après la féconde année, ies coni- hats devinrent plus fréquens -, pendant tout ce temps , ia louve ne donna aucun iîgne de chaleur -, ce ne fut qu'à la fin de la troifîeme année qu'on s'aperçut qu'elle avoit les mêmes fymptômes que les chien- nes en chaleur -, mais, loin que cet état les rapprochât l'un de l'autre , ils n'en devin- rent tous deux que plus féroces, ^ le chien , au lieu de couvrir la louve , finit par la tuer. De zq.ix.q. épreuve j'ai cru pou- voir conclure, ( T, I^p, 349)3 que le loup n'eft pas tout-à-fait de la même nature que le chien , que les efpèces font a{ïez féparées pour ne pouvoir les rapprocher aifément , du moins dans ces climats. Et je m'exprime, (T, 1 , page ss^ )^ dans les termes fuivans : Ce neji pas que je prétende j d'une manière décljive & abfo^ lue _, que le renard 6' la louve nefefoient jamais , dans aucun temps _, ni dans aucun climat , mêlés avec le chien ; les Anciens Vajfurent aj[e\ pojitivement pour quon puijfe avoir encore fur cela quelques dou' tes , malgré les épreuves que je viens de rapporter ^ 6* j avoue qu'il faudroit un A vj i 2 Supplément à FHif.oire plus grand nombre de pareilles épreuves j pour acquérir fur ce fait une certitude en- tière. J'ai eu raifon de mettre cette ref- trîtlion à mes conclufîons \ car M. ie mar- quis de Spontin-Beaufort ayant tenté cette même union du chien &: de la louve , a très-bien réulîî , & dès-îors il a trouvé & fuivi 5 mieux que moi , les routes & les moyens que la nature fe réferve pour rap- procher quelquefois les animaux qui pa- roifTent être incompatibles. Je fus d'abord informé du fait par une lettre que M. Su- rirey de BoilTy me fit Thonneur de m'é- crire , & qui eO: conçue dans les termes fuivans : ce A Namur y le 9 Juin il y 3* Chez M. le marquis de Spontin , à Namur , a été élevée une très- jeune louve, à la- quelle on a donné pour compagnon un prefqu'auffi jeune chien , depuis deux ans j ils étoient en liberté , venant dans les ap- partemens, cuiiîne, écurie, &:c. très-caref- fans , fe couchant fur la table &: fur les pieds de ceux qui Tentouroient. Ils ont vécu le plus intimement. des Animaux quadrupèdes, i 3 Le chien eft une efpèce de mâtin-bra- que très-vigoureux. La nourriture de la louve a été le lait , pendant les fîx pre- miers mois j enfuite on lui a donné de la viande crue -, qu'elle préféroit à, la cuite. Quand elle mangeoit , perfonne n'ofoic l'approcher -, en un autre temps , on en faifoit tout ce qu'on vouloit , pourvu qu'on ne la maltraitât pas *, elle carelToit tous les chiens qu'on lui conduifoit, jufqu'au mo- ment qu'elle a donné la préférence à Ton ancien compagnon : elle entroit en fureur depuis contre tout autre. C'a été le 25 mars dernier, qu'elle a été couverte, pour ia première fois , Tes amours ont duré feize jours avec d aifez fréquentes répétitions , & elle a donné Tes petits, le 6 juin, à huit heures du matin-, ainiî , le temps de la gef- tation a été de foixante - treize Jours au plus : elle a jeté quatre jeunes de couleur noirâtre. Il y en a avec des extrémités blanches aux pattes & moitié de la poi- trine, tenant en cela du chien, qui eil: noir & blanc. Depuis qu'elle a mis bas, eileeil grondante , 8c fe hérilîè contre ceux qui approchent, elle ne reconnoît plus Tes 1 4 Supplément à VHlJîoire maîtres -, elîe érrangleroit le chien même; s il etoità portée* J'ajoute qu'elle a été attachée à deux chaînes . depuis une irruption qu elle a faite à la fuite de Ton galant, qui avoir franchi une muraille chez un voifin , qui avoit une chienne en chaleur j qu'elle avoir étranglé à moitié fa rivale-, que le cocher a ete pour Its féparer à grands coups de baron & la reconduire à fa loge, où , par imprudence, recommençant la correction, elle s eft animée au point de le m.ordre à deux fois, dans la cuiife, ce qui Ta tenu au lit fix femames,par les incihons confi- derabies qu on a été obligé de faire. >> Dans ma réponfe à cette lettre, je fai- lois mes remerciemens à M. de BoilTv, & j y joignois quelques réflexions pour éclair- cir les doutes qui me refloient encore. M. le marquis de Spontin ayant pris com- munication de cette réponfe, eut la bonté de m écrire lui-même dans les termes fui- vans : l^c Namur^U i^ juillet lyj^. J'ai lu. des Animaux quadrupèdes, i j avec beaucoup d'intérêt , les réflexions ju- dicieufes que vous faites à M. Surirey de Boiiry, que j'avois prié de vous mander, pendant mon abfence , un événement au- ' quel Je n'ofois encore m'attendre, malgré la force des apparences , par l'opinion que j'avois, & que j'aurai toujours, comme le refte du monde, de l'excellence & du mé- rite des favans Ouvrages dont vous avez bien voulu nous éclairer. Cependant , Toit TefFet du hafard ou d'une de ces bizarre- ries de la Nature, qui, comme vous dites, fe plait quelquefois à fortir des règles gé- nérales, le fait eft inconteftable, comme vous alkz en convenir vous-même, (i vous voulez bien ajouter foi à ce qi.ie j'ai l'hon- neur de vous écrire \ ce dont j'ofe me flatter d'autant plus , que je pourrois au- to rifer le tout de l'aveu de deux cents perfonnes au moins, qui, comme moi, ont été témoins de tous les faits que Je vais avoir l'honneur de vous détailler. Cette îouveavoit, toutau plus, trois jours, quand je l'achetois d'un payfan , qui Tavoit prife dans le bois , après en avoir tué la mère. Je lui fis fucer du lait pendant quelques jours î jufqu'à ce qu'elle put manger de 1 6 Supplément à FHiJIoire la. viande. Je recommandai à ceux qui de' voient en avoir foin , de la carefTer , de la tourmenter continuellement , pour tâ- cher de rapprivoifer au moins avec eux; elle finit par devenir fi familière , que je pouvois la mener à la challe dans les bois, jufqu'à une lieue de la maifon fans rilquer de la perdre *, elle eft même revenue quel- quefois feule pendant la nuit , les jours que je n'avois pu la ramener. Tétois beaucoup plus fur de la garder auprès de moi quand jWors un chien, car elle les a toujours beaucoup aimés. Se ceux qui avoient per- du leur répugnance naturelle , Jouoient avec elle, comme fi c'eût été deux ani- maux de la même efpèce. Jufque-là elle n'avoit fait la guerre qu'aux chats & aux poules , qu'elle étrangloit d'abord , fans en vouloir manger. Dès qu'elle eut atteint un an , fa férocité s'étendit plus loin , & je commençai à m'appercevoir qu'elle en vouloit aux moutons & aux chiennes , fur- tout fi elles étoient en folie. Dès-lors je lui otai la liberté , & je la faifois pro- mener à la chaîne & mufelée, car il lui eft arrivé fouvent de fe jeter fur fon conduc- teur > qui la contrarioit. Elle avoir un an. des j4nimaux quadrupèdes, i 7 au moins, quand je lui fis faire la connoiA fance du chien qui Ta couverte. Elle efl en ville , dans mon jardin , à la chaîne , depuis les derniers jours du mois de no- vembre paflfé. Plus de trois cents perfon- nes font venues la voir dans ce temps. Je fuis logé prefqu'au centre de la ville y ainiî 5 on ne peut fuppofer qu'un loup fe- roit venu la trouver. Dès qu'elle com- mença à entrer en chaleur , elle prit un tel dégoût pour le chien, & le chien pour elle , qu ils heurloient affreufement de part & d'autre quand ils n'étoient pas enfemble» Elle a été couverte, le 28 mars, pour fa première fois, & depuis, deux fois par jour , pendant deux femaines environ. Ils reftoient attachés près d'un quart-d'heure à chaque fois, pendant lequel temps la louve paroïiïoit fouftrir beaucoup & fe plaindre , & le chien , point du tout. Trois femaines après, on s'apperçut aifémenc qu'elle étoit pleine. Le 6 juin, elle donna fes petits au nombre de quatre, qu'elle nourrit encore à préfent , quoiqu'ils aient cinq femaines, & des dents très-pointues & alTez longues. Ils relTemblent parfaite- ment à des petits chiens , ayant les oreiller I 8 Supplément à VUljlolre afTez longues & pendantes. Il y en a un qui -eft tout-à-fait noir , avec la poitrine blan- che, qui étoit la couleur du chien. Les au- tres auront, à ce que je crois, la couleur de la louve. Ils ont tous le poil beaucoup plus rude que les chiens ordinaires. Il n'y a qu\uie chienne, qui eft ven '.e avec la queue très courte, de mên-ie que le chien, qui n'en avoit prefque pas. Ils promettent d'être grands, forts & très-niéchans. La mère en a un \o\\\ extraordinaire Je doute li je la garderai davantage , en ayant été dégoûté par un accident qui eft arrivé à mon cocher, qui en a été n\ordu à la cuifte ii fort, qu'il a été (ix lemaines fur Ton lit, fans pouvoir fc bouger ♦, mais je parierois volontiers qu'en la gardant , elle aura encore des petits avec ce même chien, qui eft blanc, avec àes, grandes ta- ches noires furie dos. Je crois, Monfieur, avoir répondu, par ce détail, à vos obfer- vations, & i'efpère que vous ne douterez plus de la vérité de cet événement fingu- lier, y> Je n'en doute pas, en effet, & je fuis bien aife d'avoir l'occaiion d'en témoigner des Animaux quadrupèdes, i ^ publiquement ma reconnoifTance. Ceft beaucoup gagner que d'acquérir , dans Thiftoire de la Nature, un fait rare *, les rnoyens font toujours difficiles, &, comme Ton voit, très-fou vent dangereux*, c'éioic par cette dernière raifon que j'avoîs fé- queflré ma louve & mon chien de toute fociété-, je craignois les accidens en laif- fant vivre la louve en liberté j j'avois pré- cédemment élevé un jeune loup qui , juf- qu'àTâge d'un an, n'avoic fait aucun mal, éc fuivoit fon maître à peu-près comme un chien j mais, dès la fecoii de année, il commit tant d'excès , qu'il fallut le con- damner à la mort -, j'étois donc afTuré que ces animaux, quoiqn'adoucis par l'éduca- tion, reprennent, avec l'âge, lenr féroci- té naturelle -, Se en voulant prévenir les m- convéniens qui ne peuvent manquer d'en réfulter, & tenant ma louve toujours en- fermée avec le chien , j'avoue que je n'a- vois pas fentique je prenois une mauvaife méthode*, car, dans cet état d'efclavage & d'ennui, le naturel de la louve, au-îieu de s'adoucir , s'aigrit au point qu'elle étoit plus féroce que dans l'état de nature -, & le chien ayant été féparé de il bonne heure i o Supplément à VHijloire de fes fembîables, & de toute fociété, avoîc pris un caradère fauvage & cruel, que la mauvaife humeur de la louve ne faifoit qu'irriter*, en forte que, dans les deux der- nières années , leur antipathie devint li grande, qu'ils ne cherchoient qu'à s'en- tre - dévorer. Dans l'épreuve de M. le marquis de Spontin , tout s'eft paffé diffé- remment, le chien étoit dans l'état ordi- naire , il avoit toute la douceur & toutes îes autres qualités que cet animal docile acquiert dans le commerce de l'homme ; la louve, d'autre part, ayant été élevée en toute liberté & familièrement , dès fon bas-âge, avec le chien, qui, par cette ha- bitude fans contrainte , avoit perdu fa ré- pugnance pour elîe, étoit devenue iufcep- tible d'affedion pour lui -, elle l'a donc bien reçu îorfque l'heure de la Nature a fonné, &, quc^iqu'elle ait paru fe plaindre & fouffrir dans l'accouplement, elle a eu plus deplaifir que de douleur, puifqu'elle a permis qu'il fût réitéré chaque Jour pen- dant tout le temps qu'a duré fa chaleur. D'ailleurs le moment pour faire réufîîr cette union difparate , a été bien faifi \ c'é- toit la première chaleur de la louve , elle des Animaux quadrupèdes, 1 1 n étoit qu à la féconde année de Ton âge, elle n'avoit donc pas encore repris entière- ment Ton naturel féroce *, toutes ces circonf- tances, & peut-être quelques autres, dont on ne s'eft point apperçu , ont contribué au fuccès de l'accouplement & de la produc- tion. Il fembleroit donc, par ce qui vient d'être dit , que le moyen le plus fur de rendre les animaux infidèles à leur efpèce, c eft de les mettre , comme Thomme , en grande fociété , en les accoutumant , peu- à-peu 5 avec ceux pour lefquels ils n au- roient, fans cela, que de Tindifférence ou de rail tipathie. Quoi qu'il en foit, on faura maintenant ^ grâces aux foins de M. le mar- quis de Spontin, & on tiendra doréna- vant pour chofe fure, que le chien peut produire avec la louve, même dans nos cli- mats : jVirois bien defiré qu'après une ex- périence aufTi heureufe, ce premier fuc- cès eût engagé fon illuftre auteur à tenter l'union du loup & de la chienne, & celle des renards & des chiens : il trouvera peut- être que c'eft trop exiger, & que je parle ici avec Tenthoufiafme d'un Naturalifte infatiable-, j'en conviens, & j'avoue que la découverte d'un fait nouveau dans 2 2 Supplément a PHiJIoire la Nature m'a toujours tranfporté {^gj. Mais revenons à nos mulets -, le nom- bre des mâles, dans ceux que j'ai obtenus du bouc & de la brebis, eft comme 7 font à 2 ^ dans ceux du chien Se de la louve^ ce nombre elt comme 3 lont à i , & dans ceux des chardonnerets & de ia ferine , comme 16 font à 3. Ilparoîtdoncprerque certain que le nombre des mâles , qui eft (g) Un fait tout pareil vient de m*être annoncé par M. Bourgelat, dai s une lett e qu'il m'a écrite le 15 Avril 1775 , & dont voici l'extrait : " Milord ?» comte de Pembrokc me mande , dit M. Eourge- ?> lat , qu'ii a vu accoupler , depuis pîufieurs jours , 91 une îouve & un gros matin , que la iouve eft ap- »> privoifée , qu'elle eft toujours dans la cl^ambre >î de fon maître, & conftamment fous fes yeux; » enfin qu'elle ne fort qu'avec lui , & qu'elle le » fuit auffi fidèlement qu'un chien. Il aioute qu'un »» marchard d'animaux a eu à quatre reprifes difFé- » rentes des produ(fiions de la iouve & du chien ; >j il p" étend que le Icup n'eft, autre chofe qu'un Si chien fàuvage, & en cela il eft d'accord avec le >» célèbre anatomille Hunter. Il ne penfe pas qu'il >» en loit de même des renards. H m'écrit encore 91 c^i'.e la chienne du Lord Clansbrawiii, fille d'un 99 loup, accouplée avec un chien d'arrtt,a fait des ♦» petits quî , fe?on fon Garde- chaffe; feront excel- leiîg pour le funi, » des 'Animaux quadrupèdes, 2 3 dt^ih. pius grand que celui des femelles dans les efpèces pures , efl; encore bien plus grand dans les efpèces mixtes. Le mâle influe donc, en général, plus que la fe- melle , fur la produdion , puifqu'il donne fon fexe au plus grand nombre , & que ce nombre des maies devient d'autant plus grand, que les efpèces font moins voisi- nes -, il doit en être de même des races diilérentes, on aura en les croilant, c'eft- à-drre, en prenant celles qui font les plus éloignées, on aura, dis-]e, non-feulement de plus belles produdtions , mais des mâ-v les en plus grand nombre -, j'ai fouvent tâché de deviner pourquoi , dans aucune Religion, dans aucun Gouvernement, le mariage du frère & de la fœur n'a jamais été autorifé. Les hommes auroient-ils re- connu, par une très-ancienne expérience, que cette union du frère & de ia fœur étoit moins féconde que les autres, ou pro- duifoit-elle moins de mâles & des enfans plus foibles & plus mal faits? ce qu'il y a de fur, çeft que l'inverle du fait efl vraii car on fart , par des expériences mille fois répétées, qu'en croifant les races au lieu de les réunir 3 foît dans les aniinaux j foie 2 4 Supplément à F Hijioîre dans Thomme , on ennoblît refpèce , & que ce moyen feul peut la maintenir belle, & même la perfectionner. Joignons maintenant ces faits , ces réful- tats d'expériences & ces indications à d'au- tres faits confiâtes, en commençant par ceux que nous ont tranfmis nos Anciens. Ariftotedicpofitivement, que le mulet en- gendre, avec la jument, un animal appelé, par les Grecs, Hinnus ou G'innus. Il dit de même que la mule peut concevoir aifé- ment, mais qu'elle ne peut que rarement perfedionner Ton fruit ( h ). De ces deux faits, qui font vrais, le fécond eft en effet plus rare que le premier , & tous deux n'arrivent que dans des climats chauds. M. de Bory, de l'Académie Royale des Sciences , & ci-devant Gouverneur des îles de l'Amérique , a eu la bonté de me conir muniquer un fait récent fur ce fujet, par fa Lettre du 7 Mai 1 770, dont voici l'extrait: a Vous vous rappelez peut-être , Mon- iîeur, que M. d'Alembert lut, à l'Académie (h) Arift. Hijï* Animal, lib. y 1, chap. 24* des Animaux quadrupèdes. 2 5 des Sciences , Tannée dernière 17^9, une lettre dans laquelle on lui mandoit qu'une iTîule avoit mis bas un muleton, dans une habitation de Tlfle Saint-Domingue -, Je fus chargé d'écrire pour vérifier le fait, & far Thonneur de vous envoyer le certificat que )Qn ai reçu Celui qui m'écrit elt une perlonne digne de foi. Il dit avoir vu desmulets couvrir indiilindement d^s mules & des cavales , comnie auiïi des mules couvertes par des mulets & des étalons. y> Ce certificat eft un acte Juridique de notoriété, figné de plufieurs témoins, & dûment contrôlé & légalifé. II porte en fubftance, que, le 14 Mai 1765), M. de Nort, chevalier de Saint- Louis, & ancien Major de la Légion Royale de Saint-Do- mingue , étant fur fon habitation de la Pe- tite-Anfe , on Jui amena une mule qu'on lui dit être malade •, elle avoit le ventre très-gros , & il lui fortoit un boyau par la vulve. M. de Nort la croyant enflée , en- voya chercher une efpèce de maréchal Nègre, qui avoit coutume de panfer les animaux malades*, que ce Nègre étant ar- Tomc VIIL Quadrupèdes. B % 6 Supplément à rilijloire rivé en Ton abfence , il avoit jeté bas îa muie pour lui faire prendre un breuvage *, que i'inftant d'après la chiite il la délivra d'un petit mulet bien conformé, dont le poil étoit long Se très-noir \ que ce mule- ton a vécu une heure-, mais qu'ayant été bleiïé, ainfi que la mule , par fa chute for- cée, ils étoient morts l'un & l'autre , le muleton le prem.ier, c'eft- à-dire, prefque en nailïant, & la m.ule, dix heures après. Qu'enfuite on avoit fait écorcher le mu- îeton 5 & qu'on a envoyé fa peau au Doc- teur Mathi, qui l'a dépofée (dit M. de Nort ) dans le cabinçt de la Société royale de Londres. D'autres témoins oculaires, & parti- culièrement M. Cazavant, maître en Chi- rurgie, ajoutent que le muleton paroiffoic être à terme & bien conformé-, que, par rapparence de fon poil, de fa tête & de fes oreilles , il a paru tenir plus de l'âne que les mulets ordinaires*, que la mule avoit les mamelles gonfiées & remplies de lait-, que lorfque Ion aperçut les pieds du muleton fortant de la vulve , le Nègre , maréchal ignorant , i'avoit tité li rudement, qu'en arrachant de force le muleton, il des Animaux quadrupèdes, 1 7 avoit occafîonné un renverfement dans ia matrice ,& des déchireinens qui avoient occalionné ia mort de ia mère & du petit. Ces faits, qui me paroilTent bien conf- tatés, nous démontrent que, dans les. cli- mats chauds, la mule peut non-feule- ment concevoir, mais perfedtionner & porter à terme fon fruit. On m'a écrit d'Efpagne & d'Italie , qu'on en avoit plufieurs exe nples •, mais aucun des faits qui m'ont éié tranfmis, n'eft aufîi bien vérifié que celui que je viens de rappor- ter : feulement il nous refte à favoir fî certe mule de Saint-Domingue ne tenoit pas fa conception de l'âne plurot que du mulet-, la reiTemblance de fon muletoii au premier plus qu'au fécond de ces ani- maux, paroîtroit l'indiquer-, l'ardeur du tempérament de l'âne le rend peu déli- cat fur le choix des femelles, & le porte à rechercher prefque également l'ânelTe » îa Jument & la mule. Il eft donc certain que le mulet peut engendrer , &: que la mule peut produire : ils ont, comme les autres animaux, tous les organes convenables & la liqueur né* ceiTaire à la génération : feulement ces Bij 2 8 Supplément à VHlJloire animaux d'efpèce mixte, font beaucoup moins féconds, & toujours plus tardifs que ceux d'efpcce pure *, d*aiileurs ils n'ont jamais produit dans les climats froids, Se ce n'eft que rarement qu'ils produifent dans les pays chauds , & encore plus ra- rement dans les contrées tempérées -, dès- îors leur infécondité, fans être abfolue , peut néanmoins être regardée comme poiitive, puifque la production eft fi rare qu'on peut à peine en citer un certain nombre d'exemples \ mais on a d'aborcj eu tort d'alTurer qu'abfolument les mu- îets & les mules ne pouvoient engendrer, & enfuite on a eu encore plus grand tort d'avancer que tous les autres ani- maux d'efpèces mélangées étoient comme îes mulets hors d'état de produire : les faits, que nous avons rapportés ci-devant fur les métis produits par le bouc & la brebis, fur ceux du chien & de la louve, & particulièrement fur les métis des ferins & des autres oifeaux, nous démontrent que ces métis ne font point inféconds , & que quelques-uns font même aufîl féconds à peu-près que leurs père 6ç mère. des Animaux quadrupèdes, z 9 Un grand défaut ou , pour mieux dire 9 un vice très-fréquent dans l'ordre des CGiinoifTances humaines, c'eft qu'une pe- nte erreur particulière & fouvent nomi- nale, qui ne de voit occuper que fa pe- tite place en attendant qu'on la détruife , fe répand fur toute la chaîne des chofes qui peuvent y avoir rapport, & devient par-là une erreur de fait, une très grande erreur, & forme un préjugé générai, plus difficile à déraciner que Topinion parti- culière qui lui fert de bafe. Un mot, un nom qui, comme le mot mulet ^ n'a dû & ne devroit encore repréfenter que ridée particulière de l'animal provenant de l'âne 8c de la jument , a été mal- à-propos appliqué à l'animal provenant du cheval & de l'ânelfe , & enfuite ^ encore plus mal à tous les animaux quadrupèdes & à tous les oifeaux d'efpèces mélangées. Et comme, dans fa première acception, ce mot mulet renfermoit l'idée de l'infécon- dité ordinaire de l'animal provenant de l'âne & de la jument, on a fans autre examen tranfporté cette même ïdéQ d'in- fécondité à tous les êtres auxquels on a donné le même nom de mulet ; je dis à Biij 3 o Supplément à VHlfloire tous les êtres 5 car , indépendamment des animaux quadrupèdes, des oileaux, des poiflons , on a fait auiïi des mulets danS' les plantes auxquels on â, fans héiiter, donné comme à tous les autres mulets, le défaut général de l'infécondité *, tandis que, dans le réel , aucun de ces êtres métis n'eft abfoiument infécond, & que de tous, le mulet proprement dit , c'eft-à-dire , Tani- mal qui feul doit porter ce nom, eft aufîi le feul dont Tinfécondité , fans être abfolue. Toit alTez pofitive pour qu'on puiiïe le regarder comme moins fécond qu'aucun autre, c'eft-à-dire, comme in- fécond dans Tordre ordinaire de la Na» ture, en comparaifon des animaux d'ef- pèce pure , & même des autres animaux d'efpcce mixte. Tous les mulets, dit le préîugé, fonc des animaux viciés qui ne peuvent pro-» duire *, aucun animal , quoique provenant de deux efpèces, n'eft abfolument infé- cond, drlent l'expérience & la raifon \ tous au conliraire peuvent produire , Se il n'y a de différence que du plus au moins s feulement on doit oblerver que dans les ^fpèces pures, ainii q^ue dans les efpèces , des Animaux quadrupèdes. 3 ï mixtes, il 7 a de grandes diftérences dans la fécondité. Dans les premières , les unes, comme les poiilons , les infe6les, &c. fe multiplient chaque année par mil- liers , par centaines -, d*autres , comme l'es oifeaux & les petits animaux quadrupèdes , fe reproduifent par vingtaines, par dou- zaines*, d'autres enfin, comme l'homme &: tous les grands animaux, ne fe repro- duifent qu'un à un. Le nombre dans la produdfcion eft, pour ainfi dire, en raifon inverfe de la grandeur des animaux. Le cheval & l'âne ne produifent qu'un par an-, & 5 dans le même efpace de temps, les fouris , les mulots, les cochons-d'inde produifent trente ou quarante. La fécon- dité de ces petits animaux eft donc trente ou quarante fois plus grande -, & , en faî- fant une échelle des ditférens degrés de fécondité, les petits animaux, que nous venons de nommer, feront aux points les plus élevés, tandis que le cheval, ainfi ç[v\t l'âne, fe trouveront prefque au terme de la moindre fécondité, car il n'y a guère que l'éléphant qui foit encore moins fé- cond. Dans les efpèces mixtes, c'efl-à-dire , Bit 3 2 Supplément à VHiJloire dans celles des animaux qui, comme îe mulet, proviennent de deux efpèces dif- férentes , il y a 5 comme dans les efpèces pures, des degrés différens de fécondité ou plutôt d'infécondité *, car les animaux qui viennent de deux efpèces, tenant de deux natures, font en général moins fé- conds , parce qu'ils ont moins de conve- nances entr'eux qu'il n'y en a dans les efpèces pures, & cette infécondité efl d'autant plus grande que la fécondité na- turelle des parens eft moindre. Dès -lors il les deux efpèces du cheval & de l'âne, peu fécondes par elles-mêmes, viennent à fe mêler, l'infécondité primitive loin de diminuer dans l'animal métis ne pourra qu'augmenter-, le mulet fera non- feulement plus infécond que fon père & fa mère, mais peut-être le plus infécond de tous les animaux métis , parce que toutes les autres efpèces mélangées dont on a pu tirer du produit, telles que celles du bouc & de la brebis , du chien & de îa louve, du chardonneret & de la fe- rine. Sec. font beaucoup plus fécondes que les efpèces de l'âne & du cheval. C'efl à cet;e caufe particulière & priml^. des Animaux quadrupèdes, 3 3 tive qu'on doit rapporter Tinfécondité des mulets & des bardeaux. Ce dernier animal efl même plus infécond que le premier, par une féconde caufe encore plus particulière. Le mulet provenant de Tâne & de la jument , tient de fon père Tardeur du tempérament, & par confé- quent la vertu prolifique à un très haut degré, tandis que le bardeau, provenant du cheval & de rânelTe, eft comme fou père moins puilFant en amour & moins habile à engendrer *, d'ailleurs la jument moins ardente que râneflè , eft aufli plus féconde , puifqu'elle retient & conçoit plus aifément, plus fûrement *, ahilî, touc concourt à rendre le mulet moins infé- cond que le bardeau -, car l'ardeur du tempérament dans le mâle , qui eft li né- ceftaire pour la bonne générarion , & fur- tout pour la nombreufe multiplication ^ nuit au contraire dans la femelle , & l'em- pêche prefque toujours de retenir & de concevoir. Ce fait eft généralement vrai , foft dans les animaux , foit dans l'efpèee hu* maine •, les femmes les plus froides avec les hommes les plus chauds? engendrem: 3 4 Supplément a FHlJîoire un grand nombre d'enfans : il efl; rare au cpntraire qu'une femme prodciife Ci elle eil: trop fenfible au phyfîque de Tamour, Ua6be par lequel on arrive à la généra- tion, n'eft alors quune fleur fans fruit, un plaiiir fans eftet -, mais auffi dans la plupart des femmes, qui font purement pafîives , c eft comme dans le figuier dont la sève eft froide, un fruit qui fe produit fans fleur *, car Teffet de cet ade eft d'autant plus fur , qu'il eft moins troublé dans la femelle par les convullîons du plailir : elles font iî marquées dans quelques-unes & même fi nuifibles à la conception dans quelques fem.elles, telles que l'ânefTe, qu'on eft obligé de leur jeter de l'eau îiir la croupe, ou même de les frapper rudement pour les calmer, fans ce fecours défagréable elles ne deviendroient pas mères, ou du moins ne le deviendroient que tard , lorfque, dans un âge plus avancé, la grande ardeur du tempérament feroit éteinte ou ne fubfifteroit qu'en partie. On eft quelque- fois obligé de fe fervir des mêmes moyens pour faire concevoir les jumens. Mais, dira-t-on, les chiennes & les des Anirnaux quadrupèdes. 3 ^ •chattes qui paroilTent être encore plus ardentes en amour que la jument & râneiïe, ne manquent néanmoins jamais de con- cevoir -, le fait que vous avancez fur iln- fécondité des femelles trop ardentes en -amour, n'eft donc pas général & foutïre :de grandes exceptions ? Je réponds que . l'exemple des chiennes & des chattes, au lieu de faire une exception à la règle en feroit plutôt une conhrmarion', car à quel- que excès qu'on veuille fuppofer les con- •vulfions intérieures des organes de la chienne, elles ont tout le temps de fe cal- mer pendant la longue durée du temps qui /e palle entre Tadle confommé & la retraite du mâle , qui ne peut fe féparer tant que fublifte le gonflement & Tirritation des parties', il en eil de même de la chatte, qui 5 de toutes les femelles , paroît être la plus ardente, puifqu'elle appelé Tes mâles par des cris lamentables d'amour, qui an- noncent le plus preirant befoin *, mais c'eil comme pour le chien par une autre raifon de conformation dans le mâle, que cette femelle (i ardente ne manque ja- mais de concevoir-, fon plaiiir très-vif dans r^ccouplemcnt efl nécelTairemeiit B vj • 3 6 Supplément à VHiJloire mclè d'une douleur prerqu'auiïi vive. Le gland du chat eft héiiflé d'épines plus groiles & plus poignantes que celles de fa langue, qui, comme Ton fait, eft rude au point d'otlenfer la peau *, dès - lors rintromilîicn ne peut être que fort dou- îoureufe pour la femelle, qui s'en plaint & l'annonce hautement par des cris en- core plus perçans que les premiers*, la douleur eft fi vive, que la chatte fait en ce moment tous fes eftorts pour échap- per, & le char , pour la retenir , eft forcé de la failir fur le cou, avec fes dents & de contraiiidre & foumettre ainh par la force cette même femelle amenée par ram.our. Dans les animaux domeftiques foignés Se bien nourris, la multiplication eft plus •grande que dans les animaux fauvages j 'on le voit par l'exemple des chats & des chiens, qui produifent dans nos maifons plulieurs fois par an, tandis que le chat fauvage & le chien abandonné à la feule Nature, ne produifent qu'une feule fois chaque année. On le voit encore mieux par l'exemple des oifeaux domeftiques y y at'il, dans aucune efpèce- d'oiieaux des Animaux quadrupèdes. 3 7 îrbres, une fécondité comparable à celle d'une poule bien nourrie, hïi^m fêtée par fon coq ? Et dans refpèce humaine quelle différence entre la chétive propagation des vSauvages & rimuienfe population des nations civiiifées & bien gouvernées? mais nous ne parlons ici que de la fécondité naturelle aux animaux dans leur état de pleine liberté \ on en verra d'un coup« d'œil les rapports dans la Table fui vante, de laquelle on pourra tirer quelques con-; iequences utiles à THiiloire Naturelle, Supplément à PHiJIoire TABLE DES RAPPORTS de la fécondité des Animaux. NOMS DES ANIMAUX. L'Eléphant Le Rhinocéros. . , . . . L'Hippopotame Le JVîorfe Le Chameau. ...... Le Dromadaire Le Cheva! Le Zèbre L'Ane Le Buffle Le Bœuf Le Cerf Le Renne. Le Lama L'Homme. . . .. .. . • Les grands Singes. . . AGE auquel les Mâles font en état d'engendrtr , Cv Jis Femelles de produire. iM A I E . Femelle, à ^o ans i I you zo ans. a 4 ans a 4 ans à 2 ans-*. . . .1 1 ans à 2 ans. . . . . ?. 5 ans à 2 ans à iS mois... à 2 ans à 3 ans à 14 ans. ... à 3 ans a 30 ans àiyou2cans. a 4 ans à 4 ans , à 2 ans à 2 ans à 2 ans , à 3 ans à 18 mois.. . , a 18 mois. .. a 2 ans , a 3 ans. . ... , à 12 ans à 3 ans * A deux ans &: demi , le Cheval n'engendre que des pou- jlains foibles ou mal faits; il faut qu'il ait quatre ans, fe imcmc ils. pour les chevaux fins. des jinimaux quadrupèdes. 3 9 SUITE DE LA TABLE DES RAPPORTS de la fécondité des Animaux» DURÉE de Ja Gcftation. 2 ans, 9 mois. . . , â an à peu pr I an à peu pi-. II mois. . Il mois. . . II mois oc pi 9 mois .... 9 mois. ... Smois&plus, 8 mois. . . . 9 mois .... AGE ^^^ ^^^... auquel les Mâles queVsMeresj celTent d'engendrer, & font l^^5 Femelicb de produire NOMBRE D£S Petits à chaque portée. I petit en 3 ou 4 ans. I petit Mal e. vit deux iiécles. vit 70 oaSo ans. lp2tit. .. . I petit. . . . ^ P2tit j vit 40 ou Joans ^ petit ! vit 40 ou 50 ans. Femelle. I quelquefois;. I rarement i. I rarement 2.. à 2) ou 30 ans, à 25 ou 50 ans. à 25 ou 30 ans. I petit IvitijouiS ans. I rarement iJà 9 ans I rarement i.î vit 300U 35 ans. i vit 16 ans. . ï petit... i rarement 2.I à 12. ans. I quelquefoi82.| I quelqiiefoiji. à iSou2oans. à iSou2oans à 25 ou 30 ans. à 9 ans... , à iz ans.;. 40 Supplément à VHiJloire NOMS DES ANIMAUX. LeMoufflon. Le Saïga, Le Chevreuil Le Chamois. |La Chèvre & le Bouc. La Brebis & le Bélier. Le Phoque. .7.7... L'Ours AGE auquel les Mâles font en érat d'engendrer , & les Femelles de produire. aIale. Femelle. ai8 mois. . . a I an. à 18 mois. . . à 1 an a I an, a I an, a I an, a 2 ans, à I an. , a I an. e Blaireau, Le Lion.. . Les Léopards & le 1 z ans. à 7 mois.. .. a I an..s. .. a 2. ans. à 1 ans à 2 ans. à 2. ans à 2. ans. des Animaux quadrupèdes, 4 1 DURÉE de la Gedâtion. J mois .... j mois. . .. J mois .... y mois. .. . j mois .... J mois. . .. plufieursmois plufleursmois NOMBRE DES Petits que les Mères font à chaque portée. I quelquefois 2, peut produire deux fois dans les climats chauds. ( quelquefois 2. 1 , 2 quelquefois i 1 , 2 rarement 3 1 ,2 rarement 3 , & jamais plus de 4 1 quelquefois 2 , peut produire deux fois dans les climats chauds. 2 ou 3 petits. 1 , 2 , 3 . 4; & jamais plus de 5. 3 OU 4 petits.. 3 ou 4 une feule fois par an ... 4 ou s une feule fois par au.,.. AGE auquel Ws Mâles ceflent d'engendrer , & es Eemelles de produire, Mâle. à S ans vit jufqu'à I J ou 20 ans.. vitizoui Jans. vit , dit- on, 20 ans a 7 ans. à 8 ans... .. vit 20 ou 2 y ans .....•• vit 20 ou 25 a'^'" Femelle. à iooui2ans. à 7 ans. àioouuans. 4 i Supplément à VHiJîoire NOMS DES ANIMAUX. Le Loup Le Chien dans l'état de nature L'ifatis Le Renard Le Chacal. .7. .". .«.. Le Chat dans l'état de nature La Fouine AGE auquel les Mâles font en état d'engendrer , & Its Femelles de produire, M A L E . F t M t L L E . a 2 ans à 9 ou 10 mois, a I an. La Martre, Le Putois. La Belette. [L'Kermine. L'Écureuil. avant i an.. . à 1 an toutau p-us, . . , a îan toutau p!u3 à I an dés la première année. Idan à 1 an ..... . Le Polatouche L'Hérilïon |à i an A. es Loirs %di% la première année. L'Ondatra à 2 ans à 9 ou 10 mois, à I an avant i an.. . à I an tout au plus a I an tout au plus ai an dés la première année. Idem à I an a I an dès la première |. année. des , Animaux quadrupèdes. 4 5 DURÉE de la Geftation. 73 iours ou plus.... C) jours... 63 jours. . . «ntre en cha- leur en hi- Ter , produit au mois d'a- vril. . • . . . j(5 jours. comme les chats, dit-on, c'elTi-à-dire 55 jours. . . . Xdem NOMBRE UES Petits que les Mères font à cha]ue portée. 5 , fî & jurqu'àQ une feule fois par an 6 5c7 ,4, jufqu'à 6. 1, 3 0U4. 4, y OU (5.. 3,4Sc(î.. A G E ^ auquel les Mâles cefTent d'engendrer . 6c les Femelles de produire Mâle. îà If OU 10 ans. Idem, 3,48c'^- 3>4&y- \ 1 J ans , ;i 1 )' ans , \ 10 ou iians.Uioouiïans à 9 ans U9ans. so T^^nc la Sou lo ans. à 8 ou 10 ans. à8 OU lo ans. ,àS ou 10 ans.] entre en cha- leur en mars , & met bas au mois de mai. 40joursenvir. Idem. . , 3 OU 4. , , produit toutJ ;ngendtetou-|' ç^^-^^^ te fa vie. îdiin. , 3 OU 4... 3, 4-^ T. 3 , 4&C J. 4, 1 ou 6, Idem Idem, Idem. ïvlt 6 ans. 4 4 Supplément à VHiJloire NOMS DES ANIMAUX. Le Defman. . . Les Sarigues . . LesPhilandres. Les Cochons. , Lts Tâtons, Les Lièvres. Les Lapins, Le Furet, Les Rats Les Mulots. Lts Souris. .^ Le Surmulot Le Cochon d'Inde... AGE auquel les Mâles font en érat d'engendrer, & les Femelles de produire M AL B. a 9 mois ou l an dès la i.""^ an- née à J ou 6 mois. dès lai. '■^an- née. , Femelle. a 9 mois ou I an Idem ....... Idcvi Idem, ...,,. Idem y ou ôfem. dès lai. ''^an- née à Jou(îmois, dès la i.''^ an- née Idem. Idem. Idem, Idem . à ; ou 6 fem. des Animaux quadrupèdes. 4 5 DURÉE de Ta Gcftatlon. NOMBRE] DES PtTirs i^ue les Mèresj font à chaque portée. AGE auquel les Mâles ceffcnt d'engendrer , 'f>c les Femelles de produire Mal 4 mois. . . . [7. joouji jours. 500U31 jours. 40 jours. . , j ou6fem.i5 ï mois ou S femaines. I mois ou f femaines. 3 femaines ^ ou C, U 6&7.. 4, y &6..., lo, 12, i'3 & ja- mais plus de 20 , & produilent deux fois par an. 4 petits &: pro- riuilentpluiieurs par an 2 , 3 & 4 & pro- duifentplufieurs fois par an 4 , 5 8t jufqu'à 8, & produilent plufieursfoispar an 5 , 6 jufqu'à 9 , 6 produit deux fois par an en domefticité , où 6 , 8c pro- duilent plulieurs fois par an.. . 9 ou 10 , & pro duilentplufieurs fois par an. . . 5 ou 6 , & pro duilentplufieurs fois par an. . . • depuisiz jufqu'à ip , Se produit trois fois par an. produit huit fois par an; première portée 4 ou S ; deuxième por- Fh MILLE ly ans, vivent 7 ou 8 ans. vivent 8 ou 9 ans. produit pen- dant toute fa /ie. Idem. ly 5ns. [idem. Idem vit 6 Ou 7 ans , produit toute •a vie, qui eft tée5our),&iesr-ie j ou 6 ans, ^.utres depuis 7 J 8, jufq. 11 pe"ts. 4^ Suppléments VHiJloire Voilà Tordre dans lequel la Nature nous préfente les diftérens degrés de la fécondité des animaux quadrupèdes. Oi\ voit que cette fécondité eft d'autant plus petite que l'animal eft plus grand. En gé- néral, cette même échelle inverfe de la fécondité relativement à la grandeur, fe trouve dans tous les autres ordres de la Nature vivante -, les petits oifeaux pro- duifent en plus grand nombre que les grands-, il en eft de même d^s poillons, &: peut-être aulîî des infectes. Mais en ne confidérant ici que les animaux quadru- pèdes , on voit dans la Table qu'il n'y a guère que le cochon qui fafte une excep- tion bien marquée à cette efpèce de rè- ,gle-, car il devroit fe trouver, par la gran- deur de Ton corps, dans le nombre des animaux qui ne produifent que deux ou trois petits une feule fois par an , au lieu qu'il fe trouve être en eftet auiïi fécond que les petits animaux. Cette Table contient tout ce que nous favons fur la fécondité des animaux dans les efpèces pures. Mais la fécondité , dans les animaux d'efpèces mixtes, demande des confidérations particulières 5 cette des Animaux quadrupèdes, 47 fécondité efl, comme je i'ai àxz, toujours moindre que dans les efpèces pures. On. en verra clairement la raifon par une (im- pie fuppofition. Que l'on fupprime, par exemple , tous les mâles dans refpèce du cheval, & toutes les femelles dans celle de Tâne; ou bien tous les mâles dans i'efpcce de Fane, & toutes les fe- melles dans celle du cheval, il ne naîtra plus que des animaux mixtes, que nous avons ap- pelés Mulets & Bardeaux jf &: ils naîtront en moindre nombre que les chevaux ou les ânes, puifqu'il y a moins de rapports de nature entre le cheval & râneile ou râne & la jument, qu'entre l'âne & l'â- neile, ou le cheval & la jument. Dans le réel, c'eft le nombre des convenances ou des diiconvenances qui conftitue ou fé- pare les efpèces , & puifque celle de l'âne ie trouve de tout temps féparée de celle du cheval, il eO: clair qu'en mêlant ces deux efpèces, foit par les mâles, foit par les femelles, on diminue le nombre tîes convenances qui conftituent I'efpcce. Donc les mâles engendreront & les fe^ meiles produiront plus difficilement, plus rarement en conféquence de leur me- 4 8 Supplément à V Hijloire lange*, & même ces efpèces mélangées ne produiroient point du tout li leurs difcon- venances étoient un peu plus grandes. Les mulets de toute forte feront donc toujours rares dans Técat de Nature , car ce n'efl qu'au défaut de fa femelle natu- relle qu'un animai, de quelque efpcce qu'il foit, recherchera une autre fe- melle moins convenable pour lui, & à laquelle il conviendroit moins aufîî que fon mâle naturel. Et quand même ces deux animaux d'efpèces difrérentes s'ap- procheroient fans répugnance , & fe joindroient avec quelque empreilement dans les temps du befoin de Tamour , leur produit ne fera ni auiïi certain , ni auflî fréquent que dans Tefpèce pure, où le nombre beaucoup plus grand de ces mê- mes convenances fonde les rapports de Tappétit phyfique , & en multiplie toutes les fenfations. Or ce produit fera d'autant moins fréquent dans l'efpèce mêlée, que la "fécondité fera moindre dans les deux efpcces pures dont on fera le mélange s & le produit ultérieur de ces animaux mixtes provenus des efpèces mêlées, fera encore beaucoup plus rare que le pre- mier 5 des Jinimaux quadrupèdes. 4 9 mier, parce que Tanimal mixte, héritier, pour ainfî dire, de la difconvenance de nature qui fe trouve entre Tes père & mère, & n'étant lui-même d'aucune ef« pèce, n'a parfaite convenance de nature avec aucune. Par exemple, je fuis per- fuadé que le bardeau couvriroit envain fa femelle bardeau, & qu'il ne réfulteroit rien de cet accouplement -, d'abord par la raifon générale que je viens d'expofer, enfuite par la rail on particulière du peu de fécondité dans les deux efpèces, dont cet animal mixte provient , & enfin par la raifon encore plus particulière des caufes qui empêchent fouvent l'ânelïe de conce- voir avec fon mâle , Se à plus forte raifon avec un mâle d'une autre efpcce •, je ne crois donc pas que ces petits mulets pro- venant du cheval & de l'âneflè , puidènt produire entr'eux, ni qu'ils aient jamais formé lignée, parce qu'ils me paroilTent réunir toutes les difconvenances qui doi- vent amener l'infécondité. Mais je ne pro- noncerai pas aufïi affirmativement fur la nullité du produit de la mule & du mu-^ let, parce que des trois caufes d'infécon-» dite que nous venons d'expofer , la der- Tom^ Vlll% Quadrupèdes^ C j o Supplément à VHiJloire nière n*a pas ïcï tout Ton efïet \ car la Jii* ment concevant plus facilement que râneife, & Tâne étant pius ardent, plus chaud que le cheval, leur puifTance ref^ pedtive de fécondité eft plus grande, & ieur produit moins rare que celui de râneiîe & du cheval, par conféquent le mulet fera moins infécond que le bar- deau -, néanmoins je doute beaucoup que le mulet ait jamais engendré avec la mule, & je préfume, d'après les exemples même des mules qui ont mis bas , qu'elles dévoient ieur imprégnation à Tâne plutôt qu'au mulet. Car on ne doit pas regar- der le mulet comme le mâle naturel de ia mule, quoique tous deux portent le même nom , ou plutôt n'en diiîerent que du niafculin au féminin. Pour me faire mieux entendre, établif- fons pour un moment un ordre de pa- renté dans les efpèces, comme nous en admettons un dans ia parenté des familles. Le cheval & la jument feront frère & fœur d'efpèce, & parens au premier de- gré. Il en eft de même de l'âne & de i'âneffe, mais lî l'on donne l'âne à la ju- ment, ce fera tout au plus comme ion des Animaux quadrupèdes, j i coufin d'efpèce, & cette parenté fera déjà du fécond degré-, le mulet qui en réluI- tera, participant par moitié de refpèce du père & de celie de la mère , ne fera qu'au troifième degré de parenté d'efpèce avec î'un & l'autre. Dès-lors le mulet & la mule, quoique iiïus des mêmes père 8c mère 5 au lieu d'être frères & fœurs d'c(-* pèce, ne feront parens qu'au quatrième degré *, & par conféquent produiront plus difficilement entr'eux, que Fane & la ju- ment qui font parens d'efpèce au fécond degré. Et , par la même raifon , ie mulet & la muleproduirontmoinsailément entr'eux qu'avec la jument ou avec l'âne, parce que leur parenté d'efpèce n'efl qu'au troifième degré , tandis qu'entr'eux elle cft au quatrième -, l'infécondité qui com- mence à fe manifefter ïciy dès le fécond degré, doit être plus marquée au troi- fième, & (i grande au quatrième, qu'elle eft peut-être abfolue. En général, la parenté d'efpèce efl: un de ces myftères profonds de ia Nature que l'homme ne pourra fonder qu'à force d'expériences aulîi réitérées que longues &: difficiles. Comment pourra-t-on coU:; j 2 Supplément à VHiJloire iioîcre autrement que par les réfultats de Tunion mille & mille fois tentée des ani- maux d'efpèce différente, leur degré de parenté? Tâne eft-ii parent plus proche du cheval que du zèbre ? le loup eft-il plus près du chien que le renard ou le chacal? A quelle diftance de l'homme , mettrons-nous les grands fînges qui lui reilemblent fi parfaitement par la confor- mation du corps ? toutes les efpèces d'ani- maux étoient-elles autrefois ce qu'elles font aujourd'hui ? leur nombre n'a-t-il pas augmenté ou plutôt diminué ? les ef- pèces foibies n'ont-elles pas été détruites par les plus fortes, ou par la tyrannie de l'homme , dont le nombre eft devenu mille fois plus grand que celui d'aucune autre efpèce d'animaux puiflans ? quels rapports pourrions-nous établir entre cette parenté des efpèces &: une autre parenté mieux connue , qui eft celle des ditlé- rentes races dans la même efpèce ? la race en général ne provient-elle pas , comme l'efpèce mixte, d'une difconvenance à Tefpèce pure dans les individus qui ont formé l^ première fouche de la race? il jr a peut-être dans Tefpèce du çlûen, telle des Animaux quadrupèdes, j 5 race fî rare, qu'elle efl: plus difficile à procréer que refpèce mixte provenant de Tâne & de la jument. Combien d'autres queftions à faire fur cette feule matière > & qu'il y en a peu que nous puiflions ré- foudre ! que de faits nous feroient né- celïaires pour pouvoir prononcer & même conjedlurer ! que d'expériences à tenter pour découvrir ces faits, les reconnoître ou mcme les prévenir par des conjedures fondées! cependant, loin de fe découra- ger, le Philofophe doit applaudir à la Nature , lors même qu'elle lui paroît avare ou trop myftérieufe. Se fe féliciter de ce qu'à mefure qu'il lève une partie de fon voile, elle lui laiife entrevoir une immenfîté d'autres obiers tous dignes de fes recherches. Car ce que nous connoif- fons déjà doit nous faire juger de ce que nous pourrons connoître *, l'efprit hu- main n'a point de bornes, il s'étend à me- fure que l'Univers fe déploie \ l'homme peut donc & doit tout tenter , il ne lui faut que du temps pour tout favoir. Il pourroit même, en multipliant fes obfer- vations, voir & prévoir tous les phéno- mènes, tous les évèiaemens de la Nature C iij 5 4 Supplément a VHiJloire avec autant de vérité & de certitude que s'ii les déduifoit immédiatement des caufes -, & quel enthouliafrne plus par- donnable ou mcrce plus noble que celui de croire Thomme capable de reconnoître toutes les puilTances , Se découvrir par fea travaux tous les fecrets de la Nature ! Ces travaux confillent principalement en obfervations fuivies fur les diftérens fujets qu'on veut approfondir, & en ex- périences raifonnées, dont le fuccès nous apprendroit de nouvelles vérités ; par exemple, l'union des animaux d'efpèces diflérentes 3 par laquelle feule on peut reconnoître leur parenté, n'a pas été alTez tentée. Les faits que nous avons pu re- cueillir au fujet de cette union volon- taire ou forcée fe réduifent à 11 peu de chofe, que nous ne fommes pas en état de prononcer fur Texiftence réelle des jumarts. On a donné ce nom juman^y d'abord aux animaux mulets ou métis , qu'on a pré- tendu provenir du taureau & de la ju- ment, mais on a aufli appelé jumart le produit réel ou prétendu de Tâne & de la vache. Le Dodteur Shaw dit, que dans îes provinces de Tunis & d'Alger ; dès Animaux quadrupèdes, 5 j a II y a une efpèce de mulet, nommé Kumrach j qui vient d'un âne & d'une va- che, que c'eft une bête de charge, petite à la vérité, mais de fort grand ufage -, que ceux qu'il a vus n'avoient qu'une corne ait pied comme l'âne, mais qu'ils étoient fort diflérens à tous égards, ayant le poil lilTe, & la queue & la tête de vache, excepté qu'ils n'avoient point de coi'* ncs ( hj : y> Voilà donc déjà deux fortes de ju=» marts -, le premier qu'on dit provenir du taureau & de la Jument, & le fécond de l'âne & de la vache. Et il eft encore quef» tion d'un troiiîème jumart, qu'on prétend provenir du taureau & de rânelîe. Il eft dit dans le voyage de MéroUe , que dan$ l'île de Corfe : ce II y avoir un animal, portant les bagages , qui provient du taureau & de l'âneiïe, & que, pour fe le procu-» rer, on couvre l'âneiîe avec une peau (h) Voyage du Dodeur Shaw en Africjuej C iv 5 6 Supplément à VHiftoire de vache fraîche , afin de tromper îc taureau (ij, » Mais je doute également de Texiftencc réelle de ces trois fortes de jumarts, fans cependant vouloir la nier abfoïument. Je vais même citer quelques faits parti- culiers 5 qui prouvent la réalité d'un amour mutuel & d'un accouplement réel entre des animaux d'efpèces fort difté- rentes, mais dont néanmoins il n'a rien réfulté. Rien ne paroît plus éloigné de l'aimable caradtère du chien que le gros inftind brut du cochon, & la forme du corps dans ces deux animaux, efl: auffi dittérente que leur naturel, cependant j'ai deux exemples d'un amour violent entre le chien & la truie-, cette année même 1774, dans le courant de l'été, un chien épagneul de la plus grande taille, voilin de l'habitation d'une truie en cha* leur, parut la prendre en grande palîîon*, on les enferma enfemble pendant pîu- fieurs jours, & tous les domefliques de (i) Voyage de Méroile au Congo , en 1682^, des Animaux quadrupèdes. 5 7 îa maifon furent témoins de l'ardeur mu- tuelle de ces deux animaux *, le chien fit même des eftorts prodigieux &: très-réité- rés pour s'accoupler avec la truie, mais ia difconvenance dans les parties de la gé- nération empêcha leur union (k), La même chofe eH arrivée plufîeurs années auparavant dans un lieu voilin (IJ ^ de manière que le fait ne parut pas nouveau à la plupart de ceux qui en étoient té- moins. Les animaux, quoique d'efpèces très- différentes, fe prennent donc fouvenc en affedlion , Se peuvent par conféquent , dans de certaines circonftances, fe prendre entr'eux d'une forte pafïion, car il eft: certain que la feule chofe qui ait empê- ché, dans ces deux exemples, l'union du chien avec la truie, ne vient que de la conformation àQS parties qui ne peuvent aller enfemblej mais il n'efl pas égale- ment certain que , quand il y auroit eu intromidîon, & même accouplement con* fommé, la production eût fuivi. Il eft (k) Ce fait eft arrivé chez M. ïe comte de îa Feuiliée , dans fî terre de Froflois en Bourgogne. (IJ A Biiiy, près de Chanceau en Bourgogae. Cv j 8 Supplément à FHiJloire fouvcnt arrivé que plufieurs animaux d'erpcces diftérentes, fe font accouplés librement & fans y être forcés^ ces unions volontaires devroient être prolifiques, puîfqu'elles fuppofent les plus grands obftacles levés, la répugnance naturelle furmontée, Se afTez de convenance entre les parties de la génération. Cependant ces accouplemens quoique volontaires, ^ qui fembleroient annoncer du pro- duit , n'en donnent aucun -, je puis en citer un exemple récent , & qui s'eft , pour ainfî dire, palTé fous mes yeux. En 1767 & an- nées fuivantes , dans ma terre de BufFon , îe Meunier avoit une Jument & un tau* reau qui habitoiewt dans la même étable, & qui avoient pris tant de pafîion l'un pour l'autre, que, dans tous les temps ou îa jument fe trouvoir en chaleur, le tau- reau ne manquoit jamais de la couvrir trois ou quatre fois par jour, dès qu*il fe trouvoit en liberté •, ces accouplemens réitérés nombre de fois, pendant plufieurs années, donnoient au maître de ces ani- maux de grandes efpérances d'en voir le produit. Cependant il n'en a jamais rien réfulté 5 tous les habitaus du lieu ont été des Animaux quadrupèdes, y 9 témoins de racconpiement très - réel & très- réitéré de ces deux animaux pen- dant plulleurs années ( mj^ ôc en même temps de la nullité du produit. Ce fait très -certain paroît donc prouver qu'au moins, dans notre climat, le taureau n'en- gendre pas avec la jument, & c'eft ce qui me fait douter très -légitimement de cette première forte de jumart. Je n'ai pas des faits aulîi politifs à oppofer contre la féconde forte de jumarts dont parle le Docteur Shaus & qu'il dit provenir de l'âne & de la vache. J'avoue même que, quoique le nombre des drfconvenances de nature paroifl^c à peu -près égal dans ces deux cas, le témoignage politif d'un voyageur auŒ inftruit que le Do6leur Shaw , femble donner plus de probabilité à fm) Je n'étois pas informé du fait que je cite ici lorfque j'ai écrit , toimVl I , page 244 , dix ans auparavant, que les parties de la génération du taureau & de là jument étant très-différentes dans leurs proportions & dimeniions, je ne préfumois pas que ces animaux puflent fe joindre avec fuccès & même avec plailir , car il eft certain qu'ils fer joignoient avec plaifir , quoiqu'il n'ait jamais riea léfuité de leur union. éo Supplément à VHiJloire i'exiftence de ces féconds jumarts, qu'il n'y en a pour les premiers. Et à l'égard du troifième jumart provenant du taureau & de Fânede, je fuis bien perfuadé , mal- gré le témoignage de Mérolle , qu'il ivexifte pas plus que le jumart provenant du taureau & de la jument. Il y a encore plus de difconvenance , plus de diftance de nature du taureau à rânelTe qu'à la ju- ment, & le fait que j'ai rapporté de la nullité du produit de la jument avec le taureau, s'applique de lui-même, &: à ^lus forte raifon fuppofe le défaut de produit dans l'union du taureau avec l'âneffe. ./^ . 7T ^ Tû/ri . T7II. Pi .T.^ûuf (w- k Scv: d:L J"^'Jlm."jrJ c\- xt: gk.\]sd MULP/r. I om . 7 . Jom. nu. PI .71. ^uu/- Où. TPâTôoT' XE BAUDE^XT. des Animaux quadrupèdes. 6 1 ADDITION A L'A R T 1 C L E DU C H E VAL*. Nous AVONS DONNÉ la manière dont on traite les chevaux en Arabie, & le dé- tail des foins particuliers que Ton prend pour leur éducation. Ce pays Cec & chaud, qui paroît être la première patrie Se le climat le plus convenable à Tefpèce de ce bel animal, permet ou exige un grand nombre d'ufages qu on ne pourroit éta- blir ailleurs avec le même fuccès. H ne feroit pas poffible d'élever & de nourrir les chevaux en France & dans les con- trées feptentrionales, comme on le fait dans les climats chauds -, mais les gens qui s'intéreirent à ces animaux utiles , fe- ront bien aifes de favoir comment on les traite dans les climats moins heureux ^ Tome 1 5 j>age g. 6z Supplément à VHijloire que celui de TArabie, & comment ils fe conduifent & favent fe gouverner eux- mêmes lorrqu'ils fe trouvent indépendans de Thomme. ^ Suivant Iqs difFérens pays & félon les difîérens ufages auxquels on deftine les chevaux , on îes nourrit drflëremment ^ ceux de race Arabe, dont on veut faire des coureurs pour la chafle en Arabie & en Barbarie, ne mangent que rarement de 1 herbe & du grain. On ne les nourrit ordmairement que de dattes & de laie de chameau qu'on leur donne le foir & le marin-, ces alimens, qui les rendent plutôt maigres que gras, les rendent en même temps très - nerveux & fort légers à la courfe. Ils tettent mêm.e les femelles chameaux, qu'ils fuivent, quelque grands qu'ils foient (a)^ & ce n'eft qu'à l'âge de iix ou fept ans qu'on commence à les monter. En Perfe, on tient les chevaux à lair dans la campagne le jour & la nuit, bien couverts néanmoins contre les injures du temps, fur-tout l'hiver, non-feulement 00 Voyage de Marmol, toms l^j^a^eso. âes Animaux quadrupèdes. 6 5 d'une couverture de toile, mais d'une autre pardefFus qui efl; épaiffe ôc ti (lue de poil, & qui les tient chauds & les dé- fend du ferein 8c de la pluie. On prépare une place a(Tez grande & Tpacieufe , feloii le nombre des chevaux, fur un terrein (ec & uni, qu'on bailaie & qu'on accom-» mode fort proprement \ on les y attache à côté Tun de l'autre , à une corde alTez longue pour les contenir tous, bien ten- due & liée fortement par les deux bouts à deux chevilles de fer enfoncées dans la terres on leur lâche néanmoins le licou auquel ils font liés autant qu'il le faut pour qu'ils aient la liberté de fe remuer à leur aife. Mais , pour les empêcher de faire aucune violence, on leur attache ïes deux pieds de derrière à une corde alTez longue qui fe partage en deux branches , avec des boucles de fer aux ex- trémités, où l'on place une cheville en- foncée en terre au-devant des chevaux, fans qu'ils foient néanmoins ferrés f\ étroi- tement qu'ils ne puiiTent fe coucher, fe lever 8c fe tenir à leur aife, mais feule- ment pour les empêcher de faire aucun défordre) &, quand on les met dans des 6 4 Supplément à PHiJIoire écuries, on les attache & on les tient de k niême façon. Cette pratique eft Ci an- cienne chez les Perfans, quils lobfer- voient dès le temps de Cyrus, au rapport deXenophon. Ils prétendent, avec afTez de fondement, que ces animaux en de- viennent plus doux, plustraitables, moins hargneux entr eux; ce qui eft utile à la guerre, où les chevaux inquiets incom- modent fouvent leurs voïfms lorfqu'ils iont ferrés par efcadrons. Pour litière, on ne leur donne en Perfe que du fable & de la terre en pouffière bien sèche , fur laquelle ils repofent & dorment auffi-bien que fur la paille (^hj. Dans d autres pays, comme en Arabie & au Mogol, on fait iecher leur fiente que Ion réduit en pou- are, Sz dont on leur fait un lit très- doux ^^cA Dans toutes ces contrées, on ne les fait jamais manger à terre ni même a un râtelier-, mais on leur met de îorge fbj Voyage Della Valie. Rouen, 1745, 1,1-12 tome F, page i^^jufqu'à 302. ' des Animaux quadrupèdes. 6 5 êc de ia paille hachée dans un fac qu on attache à leur tête , car il n y a point d'avoine, 5c Ton ne fait guère de foin dans ce climat : on leur donne feulement de Therbe ou de Torge en verd au prin- temps 5 & en général on a grand foin de ne leur fournir que la quantité de nourri- ture nécefTaire -, car lorfqu on les nourrit trop largement, leurs jambes fe gonflent, & bientôt ils ne font plus de fervice. Ces chevaux, auxquels on ne met point de bride , & que Ton monte fans étriers , fe kiflent conduire fort aifément -, ils por* tent la tête très-haute au moyen d'un lim- pie petit bridon, 8c courent très- rapide- ment & d'un pas très-fur dans les plus Xîiauvais terreins. Pour les faire marcher, on n'emploie point la houfîîne & fort ra- rement l'éperon ^ fi quelqu'un en veuc ufer, il n'a qu'une petite pointe coufue au talon de fa botte. Les fouets dont on fc fert ordinairement , ne font faits que de petites bandes de parchemin nouées & cordelées^ quelques petits coups de ce fouet, fuffifent pour les faire partir & les entretenir dans le plus grand mouve^. me lit. 66 Supplément à VHiJloiré Les chevaux font en fi grand nombre ; en Perfe, que , quoiqu'ils Toient très-bons , \ ils ne font pas fort chers. Il y en a peu de groiïè & grande taille , mais ils ont tous plus de force & de courage que de mine Se de beauté. Pour voyager avec moins de fatigue, on fe fert de chevaux qui vont Tamble, & qu'on a précédemment accoutumés à cette allure, en leur atta- chant par une corde le pied de devant à celui de derrière, du même côté; &> dans la jeunefTe, on leur fend les nafeaux, dans ridée qu'ils en refpirent plus aifé- menfj ils font (1 bons marcheurs, qu'ils font très-aifément fept à huit lieues de chemin fans s'arrêter ( d). Mais l'Arabie, la Barbarie & la Perfe ne font pas les feules contrées où l'on trouve de beaux & bons chevaux *, dans les pays même les plus froids, s'ils ne font point humides, ces animaux fe main^ tiennent mieux que dans les climats très- chauds. Tout le monde connoît la beauté des chevaux Danois, & la bonté de ceux (d) Voyage Deîla Valîe. Rouen, 1745, in-ïi, iome y^,j)a^e 2S^jufqu'à 303. des Animaux quadrupèdes. 6 7 de Suède, de Pologne, &c. En Iflande où le froid eft exceflif , & ou fouvent on ne les nourrit que de poîfTons defféchés, ils font très-vigoureux quoique petits (^e^; il y en a même de li petits qu'ils ne peu- vent fervir de monture qu*à des en- fans C fj. Au refte, ils font (1 communs dans cette île, que les bergers gardent ieurs troupeaux à cheval *, leur nombre n'eft point à charge, car ils ne coûtent rien à nourrir. On mène ceux dont on n'a pas befoin dans les montagnes, ou on les laide plus ou moins de temps après les avoir marqués*, & lorfqu'on veut les reprendre, on les fait chailèr pour les raiïembler en une troupe, & on îeur tend des cordes pour les faifir, parce qu'ils font devenus fauvages. Si quelques jumens donnent des poulains dans ces montagnes, les propriétaires les marquent comme les autres & les laififent là trois ans. Ces chevaux de montagne devien- fe) Recueil des Voyages du Nord. Rouen, 3716, tome I , page lo. ( f) Dercription de llflande , &c. pcir Jean An- \ 6 8 Supplément à FHiJIoire nent communément plus beaux , plus fiers & plus gras que tous ceux qui font élevés dans les écuries ( g). Ceux de Norwège ne font guère plus grands, mais bien proportionnés dans leur petite taille j ils font jaunes pour la plupart, Se ont une raie noire qui leur règne tout le long du dos •, quelques-uns font châtains, & il y en a au(Ti d'une couleur de gris-de-fer. Ces chevaux ont le pied extrêmement Air , ils marchent avec précaution dans les fentiers des mon- tagnes efcarpées, & fe laiifent glifîer en mettant fous le ventre les pieds de der- rière Icrfqu'iîs defcendent un terrein roide S: unu Ils fe défendent contre Tours 5 Se lorfqu'un étalon aperçoit cet animal vorace , & qu'il fe trouve avec des poulains ou des jumens, il les fait refter derrière lui , va enfuite attaquer l'ennemi qu'il frappe avec fes pieds de devant. Se ordinairement il le fait périr fous fes coups. Mais fi le cheval veut fe défendre par des ruades, c'eft-à-dire, avec ■ ■ ■ ■ " ' I I II. I 1^ fgj Hiftoire génénile des Voyages , tome XFJII, if âge ip. des minimaux quadrupèdes. 6^ ies pieds de derrière, il eft perdu fans reiïource, car l'ours lui faute d'abord fur îe dos & le ferre Ci forcement , qu'il vient à bout de l'étouffer & de le dévorer ('hj. Les chevaux de Nordlande ont tout au plus quatre pieds & demi de hauteur. A mefure qu'on avance vers le nord, les chevaux deviennent petits & foibles. Ceux de la Nordlande occidentale font d'une forme iîiîgulière^ ils ont la tcte grolTe, de gros yeux, de petites oreilles, le cou fort court, le poitrail large, le jarret étroit, le corps un peu long, mais gros, les reins courts entre queue & ventre, la partie fupérieure de la jambe longue, Tinférieure courte, le bas de la jambe fans poil , la corne petite Se dure , la queue grolTe, les crins fournis, les pieds petits, fûrs & jamais ferrés, ils font bons, rarement rétifs 8c fantafques, grimpant fur toutes les montagnes. Les pâturages font fî bons en Nordlande, que lorfqu'on lamène de ces chevaux à Stockolm, ils y (h) EfiTai d'une Hiftoire Naturelle de ïa Nor- wège , par Pontoppidam. Journal étranger, mois it Juin 11^6» 7 o Supplément à VHiJloire paiTent rarement une année fans dépérir ou maigrir & perdre leur vigueur. Au contraire, les chevaux qu'on amène en Notdlande , des pays plus feptentrionaux , quoique malades dans la première année, y reprennent leurs forces (ij. L'excès du chaud & du froid femblô être également contraire à la grandeur de ces animaux ^ au Japon , les chevaux font généralement petits, cependant il s'en trouve d'aiïez bonne taille , & ce font probablement ceux qui viennent des pays de montagnes , & il en eft à peu- près de même à la Chine. Cependant on siifure que ceux du Tonquin font d'une taille belle & nerveufe , qu'ils font bons à la main, & de fi bonne nature, qu'on peut les drefler aifément , & les rendre propres à toutes fortes de marches (k). Ce qu'il y a de certain, c'efl: que les chevaux, qui font originaires des pays fecs & chauds , dégénèrent , & même ne (i) Hiftoire générale des Voyages, tome XI X» page 561. (k) Hiftoire de Tonquin , par le P. de Rhodes j Jéfuite j ^fl^25 51 ^ fuiy. des Animaux quadrupèdes, y i peuvent vivre dans les ciimars & les ter- reins trop humides , quelque chauds qu'ils foient 5 au lieu qu'ils font très- bons dans tous les pays de mon- tagnes, depuis le climat de TArabie juf- qu en Danemarck & en Tarcarie, dans notre continent, & depuis la nouvelle Efpagnc jufqu'aux terres Mageilaniques dans le nouveau continent ) ce n'eft donc ni le chaud ni le froid, mais l'humidité feule qui leur eft contraire. On fait que i'efpèce du cheval n exif- toit pas dans ce nouveau continent, loiÇ- qu'on en a fait la découverte -, &: Yon peut s'étonner avec raifon de leur prompte & prodigieufe multiplication, car en moins de deux cents ans le petit nombre de chevaux, qu'on y a tranfpQrtés d'Eu»^ rope, s'eft /î fort multiplié, & particulière- ment au Chili, qu'ils y font à très-bas prix : Frézier dit , que cette prodigieufe multiplication eft d'autant plus étonnante, que les Indiens mangent beaucoup de chevaux, & qu'ils les ménagent fi peu pour le fervice & le travail, qu'il en meurt un très-grand nombre par excès 7 2 Supplément à VHiJloire de fatigue ( l)* Les chevaux que îes Eu- ropéens ont tranfportés dans les parties les plus orientales de notre continent, comme aux îles Philippines , y ont auffi prodigieufement multiplié (m). En Ukraine (n) jyèc chez les Cofaques du Don 5 les chevaux vivent errans dans les campagnes. Dans le grand efpace de terre compris entre le Don & le Niepper, efpace très- mal peuplé, les che- vaux font en troupes de trois , quatre ou cinq cents, toujours fans abri , même dans la faifon où la terre eft couverte de iieige-, ils détournent cette neige avec (l) Voyage de Frézier dans la mer du Sud , &c, page 67, in-Aty Paris, 1732. (m) Voyage de Gemeili Caréri , tomt V, j>agt (nj Dans i'Ukraine , il y a des chevaux qui vont par troupes de cinquante ou foixante , ils ne font p'cis capables de fervice , mais ils font bons à man- oer ; leur chair eft agréable à ^'oir & pius tendre que celle du veau , & ie peuple ia mange avec du poivre. Les vieux chevaux n'e'tant point faits pour être drefles, font engraifîes pour la boucherie, où on les vend chez les Tartares au prbc du bœuf & du mouton. Defirij>tion di l'Ukraine, par BeaujjUit. le des Animaux quadrupèdes, 7 j le pied de devant pour chercher & man- ger l'herbe qu'elle recouvre. Deux ou trois hommes à cheval ont le foin de con- duire ces troupes de chevaux ou plutôt de les garder, car on les laiife errer dan$ la campagne, & ce n'eft que dans Iqs temps des hivers les plus rudes, qu'on cherche à les loger pour quelques jours dans les villages qui font fort éloignés les uns des autres dans ce pays. On a fait fur ces troupes de chevaux abandonnés, pour ainfi dire, à eux-mêmes, quelques obfer- vations qui femblent prouver que les hommes ne font pas les feuls qui vivent en Société ^ Se qui obéilTent de concert au commandement de quelqu'un d'entr'eux. Chacuiie de ces troupes de chevaux a un cheval-chef qui la commande , qui la guide, qui la tourne &: range quand il faut marcher ou s'arrêter-, ce chef com- mande auiïi l'ordre & les mouvemens né- cefTaires lorfque la troupe eit actaquéç parles voleurs ou par les loups. Ce chQÎ eft très-vigilant & toujours alerte-, il fait fouvent le tour de fa troupe , & iî quel- qu'un de fes chevaux fort du rang ou relie en arrière, il court à lui, le frappe Tome FUI, Quadrupèdes, D 74 Supplément a FHiJlGÎre d un coup d'épaule & lui fait prendre fa place. Ces animaux, fans être montés ni conduits par les hommes , marchent en ordre à peu-près comme notre cavalerie. Quoiqu'ils foient en pleine liberté, ils paiffent en files & par brigades, 5c for- ment ditîérentes compc^gnies fans fe fépa- rer ni fe mêler. Au refte, le cheval-chef occupe ce poftè encore plus fatigant qu'im- portant pendant quatre ou cinq ans -, & îorfqu il commence à devenir moins fort 8c moins adif, un autre cheval airibitieux deccnmande'r, 6c quis'en fent la force, fort de la troupe, attaque le vieux chef qui garde fon commandement s'il n'eft pas vaincu, mais qui rentre avec honte dans le gros de la troupe s'il a été battu, & le cheval vidorieux fe n et à la tête de tous les autres, & s'en fait obéir foj. En Finlande, au mois de mai, lorfque îes neiges font fondues, les chevaux par- tent de chez leurs maîtres. Se s'en vont dans de certains cantons des forets , où il foj Exuait rJvYi Mén^oire fourni à M. de Byffoii ^ piu-M. 'ï^r-^î'^ez, ancien premier Médecin des a?- filées de Ruflie» des Animaux quadrupèdes^ y c femble qu'ils fe foient donné le rendez- vous. Là, ris forment des troupes différen- tes , qur ne fe mêlent ni ne fe féparent ja^- mars-, chaque troupe prend un canton diftérent de la forêt pour fa pâture -, ils SQYï tiennent à un certain territoire, & n'entreprennent point fur celui des autres. Quand la pâture leur manque, ils décan> peut, & vont s'établir dans d'autres pâtu- rages avec le même ordre. La police de leur fociété efl: fi bien réglée , & leurs marches font (i uniformes, que leurs maî- tres favent toujours où les trouver lorf- qu'ils ont beforn d'eux j & ces animaux, après avoir fcûc leur fervice, retournent d'eux-mêmes vers leurs compagnons dans les bois. Au mois de feptembre, lorfque îa faifon devient mauvaife , ils quittent les forêts, s'en reviennent par troupes, & fe rendent chacun à leur écurie. Ces chevaux font petits , mais bons & vifs, fans être vicieux. Quoiqu'ils foient généralement aiTez dociles, il y en a ce- pendant quelques-uns qui fe défendent lorfqu'on les prend, ou qu'on veut les at- tacher aux voitures -, ils fe portent à mer- veilles, & font gras quand ils reviennent 7 6 Supplément à FHljloire de la foret -, mais Texercrce prefque conti- nuel qu'on leur fait faire Thiver, Se le peu de nourriture qu'on leur donne, leur fait bientôt perdre cet embonpoint. lis le roulent fur la nerge comme les au- tres chevaux fe roulent fur Therbe. lis paflent indstiéremment les nuits dans la cour comme dans l'écurie , lors même qu'il fait un froid très-violent ( p J- Ces chevaux qui vivent en croupes & fouvent éloignés de l'empire de l'homme, font la nuance entre les chevaux domef- tiques & les chevaux fauvages. Il s'en trouve de ces derniers à l'île de Sainte- Héiène, qui, après y avoir été tranfpor- tés , font devenus fi fauvages & (î farou-* ches, qu'ils fe jecteroient du haut des ro- chers dans la mer plutôt que de fe lailTer prendre (^cfj. Aux environs de Nippes, ii s'en trouve qui ne font pas plus grands que des ânes, mais plus ronds, plus ra- niaflés & bien proportionnés ; ils font fpj Tournai d'un Voyage au Nord, par M. Ou- tbier, en 1736 b' 1737. Amjhrdam , 1746. (qj Mémoires pour fervir à l'hillojre des Indes orientales, ^ûge 199. des Animaux quadrupèdes» y j vifs & infatigables, d'une force & d'une refTource fort au-dedus de ce qu'on en devroit attendre. A Saint-Domingue, on n'en voit point de ia grandeur des che- vaux de carrolTe, mais ils font d'une taille moyenne & bien prife. On en prend quantité avec des pièges & des nœuds coulans. La plupart de ces chevaux ainiî pris, font ombrageux (r). On en trouve auffi dans ia Virginie, qui, quoique ior- tis de cavales privées, font devenus fi fa* rouches dans les bois, qu'il eft diiîicîie de les aborder, & ils appartiennent à celui qui peut les prendre \ ils font ordinaire- ment fi revêches, qu'il eft très-difficile ds les dompter (f). Dans la Tartarie, fur- tout dans le pays enrre Urgenz & la mer Cafpienne, on fe ferr, pour chalTer les chevaux fauvages qui y font communs, d'oiieaux de proie dreiTés pour cette chaiïe*, on les accoutume à prendre l'ani- mal par la tn^te & par le cou , tandis qu'il fe fatigue fans pouvoir faire lâcher prife (r) Nouveau Voyage aux îles de l'Amérique , toim V, pages 192 cf fii'w. Paris,, 1I11» ([) Hiftoire de I ( fJ:Kiil:oire généraîe des Voyages, torm VÎT, fuj Ibidem , tome VI, page 602. fxj H genio vagante de! conre Aurelio Degli ^uzi. In Parma , tome I T , par^e 4"'5' fyj Defcfiption'du Cap , par Kolbe , tome IJ I , jage-io. des Animaux quadrupèdes, 7 9 J'ai dît, à l'article du cheval, que, par toutes les obfervations tirées des haras, le mâle paroît iiiRuer beaucoup plus que la femelle fur la progéniture , & enfuite je donne quelques raifons qui pourroienc faire douter de la vérité générale çle ce (3x1 y Se qui pourroient en même temps iailTer croire que le mâle êc la femelle influent également fur leur production. Maintenant je fuis afTuré depuis, par^un très-grand nombre d'obfervations , que non- feulement dans les chevaux , mais même dms l'homme 8c dans toutes les autres efpèces d'animaux, le mâle influé beaucoup plus que la femelle fur la forme extérieure du produit, & que le mâle eft le principal type des races dans chaque efpèce. J'ai dit (^^ ) que , dahs l'ordonnance commune de la Nature, ce ne font pas les mâles, mais les femelles qui conftituent l'unité de ïeCphcQ: mais cela n'empêche pns que le mâle ne foit le vrai type de chaque efpèce , & ce que j'ai dit de l'u- CzJ Voyez Hiftoire Naturelle, toms FIT, pa^e 232. 8 o Supplément à VHiJloire nite , doit s'entendre feulement de îa plus grande facilité qu'a ia femelle de repréienter toujours fon efpèce, quoi- qu'elle fe prête à difrerens mâles. Nous avons difcuté ce point avec grande atten- tion dans Tarticle du ferin (a)j & dans ce Volume à l'article du mulet-, en forte que, quoique la femelle paroiflTe influer plus que le mâle fur le fpécifique de lef» pècejce n'eft jamais pour la perfedtion- ner , le mâle feul étant capable de la main» tenir pure & de la rendre plus parfaite, (a) Hiftoire Naturelle des Oifeaux, tome IK •?. r^"^'Tjm. TTTf. li.E^t. /y. Iir./Hijcj . So. ■^^^^""^%^ LTL CIIKVAL 3)'i:SPAGNK . des Animaux quadrupèdes, 8 r >■ Il I I II I r, III II. Il ADDITION Aux articles de VAm ' à^ au Zèbre \ 1j*ame domeflfque ou fauvage $*eft trouvé dans prefque tous les climats chauds & tcinpéiés de l'ancien continent, & n'exiftoit pas dans le nouveau lorfqu'on en fie la découverte. Mais maintenant refpèce y fubrifte avec fruit, &s*e(l même fort multipliée depuis plus de deux iîè^ clés qu'elle y a été Jiranfportée d'Europe *, en forte qu'elle efl aujourd'hui répandue à peu-près également dans les quatre parties du monde. Au contraire, le zèbre qui nous eft venu du cap de Bonne- efpérance, fcmbie être une efpèce con- ' TomeJ, page 132, ' Tome V,>û^e 175, Dv s z Supplément à FHiJîoire fînée dais les terres méridionales de TAfrique, &" fur-tout dans celles ,/ie ia pointe de cette grande prefqu'île , quoi- que Lopez d.Kç' , qu'on trouve ie zèbre plus fouvent en Barbarie qu*à Congo, êc que Dapper rapporte qu'on en ren- contre des troupes dans les forêts d'Aneoia. Ce bel animal qui, tant par la va- riété de fes couleurs, que par i'élégance àe f^ figure , eft Ci fupérieur à lane, paro t néanmoins lui tenir d'aiTez prcs< pour l-erpcce, puilque la plupart des> Voyageurs lui ont donné le nom d'ânC' rayé i parce qu'ils ont été frappés de îa« rellemblance de fa taille & de fa forme,., qui iembie au premier coup- d'ail avoir plus de rapport avec l'âne qu'avec le cheval. Car ce n'eft pas avec les petits ânes communs qu'ils ont fait la compa- raifon du zèbre, mais avec les plus grands & les plus beaux de l'efpèce. Cependant je ferois porté à croire que le zèbre trent de plus près au cheval qu'à Fâiiej car il eft d'une figure fi élégante, que quoi- qu'il foit en général plus petit qtie le che- yal , il n'en eft pas moins voifixî de cette des Animaux quadrupèdes, 8 j efpèce à pluileurs égards*, & ce qur paroîc confirmer mon opinion , c'efl que dans les terres dw cap de Bonne-efpérance, qui paroiiïent ccre le pays nanirei & la vraie patrie du zèbre, on a remarqué avec queiqu'éconnement, qu'il y a des chevaux tachetés fur le dos & fous le ventre, de jaune, de noir, de rouge & d'azur (a ) ^ & cette raifon particulière eft encore appuyée fur un fait général, qui eft, que dans tous les climats les chevaux varient beaucoup plus que les ânes par la cou- l'^ur du poil. Néanmoins nous ne déci- derons pas fi le zèbre eft plus près de refpèce du cheval que de celle de Tâne^ nous efpérons feulement qu'on ne tardera pas à le favoir. Comme les Hollandois ont fait venir dans ces dernières années un aftez grand nombre de ces beaux ani- maux , & qu'ils en ont même fait des at- telages pour le prince Sradhouder, il eft probable que nous ferons bientôt mieux informés de tout ce qui peut avoir rap- port à leur nature. Sans doute on n'aura (a) Vo\'(ig€ du capitaine Robert , tome I^ Dvj §4 Supplément à VHiJloire pas manqué de les unir enrr'eux , & pro- bablement avec les chevaux & les ânes pour en tirer une race direéte ou des races bâtardes. Il y a en Hollande plu- lieurs perionnes habiles , qui cultivent THiftoire Naturelle avec fuccès , ils réuf- firont peut-être mieux que nous à tirer du produit de ces animaux , fur lefquels on n'a fait qu'un efTai à la ménagerie de .Verfailles en 1761. Le zèbre mâle âgé de quatre ans, qui y étoit alors, ayant dédaigné toutes les ânelTes en cha- leur ( bj j n'a pas été préfenté à des ju- mens-, peut-être auiTi étoit-il trop Jeune; d'ailleurs il lui manquoit d'être habitué avec les femelles qu'on lui préfentoît; préliminaire d'autant plus nécefiaire pour îe fuccès de l'union des efpèces diverles, que la Nature femble même l'exiger dans l'union des individus de même efpèce. Le mulet fécond de Tartarie, que Ton y appelle C:(!giîhai _, ôc dont nous avons f'bj Voyez Hiftoire Naturelle, tome V, fagé ^77- des Animaux quadrupèdes. 8 5 parlé , pourroit bien être un animal de la même efpèce, ou tout au moins de Tef- pèce la plus voifine de celle du zèbre , car il n'en diftère évidemment que par les couleurs du poil. Or Ton fait que les dif- férences de la couleur du poil ou des plumes, eft de toutes les différences la plus légère & la plus dépendante de Tim- prefîîon du climat. Le czigithai fe trouve dans la Sibérie méridionale, au Thibet, dans la Daurie & en Tartarie. Gerbilloii dit, qu'on trouve ces animaux dans le pays des Mongoux & des Kikas, qu'ils diftèrent des mulets domeftiques , 5c qu'on ne peut les accoutumer à porrer dQS fardeaux (c). Mulîer & Gmelin affureiit qu'ils fe trouvent en grand nombre chez les Tungufes, où on les chalTe comme d'autre gibier^ qu'en Sibérie, versBorsJa, dans les années sèches, on en voir un grand nombre, & ils ajoutent qu'ils font coiijpa- lables pour la figure, la groiTeur & la cou-» leur à un cheval bai-clair, excepté la queue qui eft comme celle d'une vache , & les (c) Hiftoire générak 4es Voyages, tome K/, fa^a 601. 8 6 Supplément à VHiJîoire oreilles qui font fort longues (d). Si ces voyageurs, qui ont obrervé ie czigithai, avaient pu le comparer en même temps au zèbre, ils y auroient peut-être trouvé plus de rapports que nous n'en fuppo- fons. 11 exifte, dans le cabinet de Péterf- bourg, des peaux bourrées de czigithai & de zèbre-, quelque diilérentes que paroifTent ces deux peaux par les cou- leurs, elles pourroient appartenir éga- lement à des animaux de même efpèce ou du moins d'efpèces très-voilines. Le temps feul peut fur cela détruire ou con- firmer nos doutes-, mais ce qui parok fonder ia préfomption que le czigithai & le zèbre pourroient bien être de la même efpèce, c'efl: que tous les autres animaux de FAfiique fe trouvent également en Afîe, & qu'il n'y auroit que le zèbre feul qui feroit exception à ce fait général. Au refte, (i le czigithai n'efl: pas îe même que le zèbre, il pourroit être en- core le même animal que i'onagre ou (d) Voyages de M.« Muîîer & Gmeliiî^ iom^ JI,j}ages 105 cf 107, des Animaux quadrupèdes, 8 7 âne fauvnge de TAfie ( e). J'ai dît qu'il ne falloir pas confondre l'onagre avec ie zèbre, mars je ne fais (î l'on peut dire la même chofe de Tonagre & du czigithai ; car il paroît , en comparant les relations des Voyageurs, qu'il y a différentes fortes d'ânes fauvages , dont l'onagre efl la plus remarquable, & il fe pourroit bien auiîi que le cheval, l'âne, le zèbre & le czigithai conftituaffent quatre efpèces 5 &, dans le cas ou ils n'en feroienc que trois, il efl encore incertain h le czigithai eft plutôt un onagre qu'un zèbre , d'au- tant que quelques Voyageurs parlent de îa légèreté de ces onagres, & dffent qu'ils courent avec affez de rapidité pour échap- per à la pourfuite des ci;a(Tèurs à cheval, ce qu'ils ont également alïuré du czi- githai. Quoi qu'il en (oit , le cheval , l'âne, le zèbre & le czigithai font tous du même genre, & forment trois ou quatre branches de la même famille, dont les deux premières font de temps immémo. (e) Hilloire Naturelle ^ tome. J^JJ, ^agt a 20. § 8 Siipplernent à VHijloire rral réduites en domeftrcité , ce qui doit faire efpérer qu'on pourra de même y ré- duire les deux dernières 5 & en tirer peut-être beaucoup d'utilité. r7 Tcm. JTH. Fl.mf^iui . A; LE ZEBRE EEMELLE . •IIW . d {es Animaux quadrupèdes. 8 9 ADDITION 'Aux articles du Bœuf \ du Bijou % du Zébu & du Buffle. Les bœufs & les bifons ne font que deux races parnculières , mais toutes deux de la même efpèce -, quoique le bifon dittère toujours du bœuf, non-feulement par la loupe qu'il porte fur le dos, mais fouvent encore Var la qualité, la quantité & la ion^ cueur du poil-, le bifon ou bœuf a boUc de Madaaafcar réuffit très-bien à llile-de^ France-, fa chair y eft beaucoup meilleure que celle de nos bœufs venus ^'£^^^P^> &, après quelques générations, fa boHc s etlace entièrement. Il a le poil plus liUe, _ ■ ■*• I Tome 1, page 171. * Tome V, pa^e 45. 90 Supplément à FHiJloire h jambe plus effilée & les cornes plus longues que ceux de l'Europe, fai vu, dit M. de Querhob'nt, de ces bœufs boiTus qu'on anieioit de Madagafcar qui en avorent d'une grandeur éuonnante (a). , Le bîfon dont nous donnons ici ia. fi- gure (pi, IV ) ^ & que nous avons vu vivant, avoit été pris jeune dans les forêts« dts parties tempérées de l'Amérique fep- rentrronale, enfuite amené en Europe, élevé en Hollande, l^z acheté par un SuifTe qui le rranrpotroir de ville en viîie dans une efpèce de grande c?gQ , d'où W né fortoit point, & ou il étoit même attaché par la tête avec quatre cordes qui la lui tenorent étroitement aflTujertie. L'énorme crinière dont fa tece eft entourée , n'eft pas du crin, ma-s de la laine ondée & diviCée par flocons pendar.s comme une vieille toifon. Cette laine eft très- fine, de même que celle qui couvre la loupe & tour le devant du corps. Les parties qui paroiiîent nues dans la gravure, ne le (ont (a) Note communiquée par M. le vicomte de Querhoënt. 1 des Animaux quadrupèdes. Çî > que dans de certains temps de l'année, & c'eft plutôt en été quen hiver-, car, au mois de janvier , toutes les parties du corps étoient à peu'près également couvertes d'une laine frifée trèb-fine Se très-fer ree, fous laquelle la peau paroilloit d\in brun couleur de fuie, au lieu que fur la boQe & fur les autres parties couvertes égale- ment. d'une laine plus longue, la peau eft de couleur tannée. Cette boiie ou loupe , qui eft toute de chair, varie comme l'embonpoint de l'animal. Il ne nous a paru diiierer de notre bœuf d'Europe que par cette loupe & par la laines quoiqu'il fût très-contraint, il n'etoit pas féroce, il Te laiiToit toucher & caretler par ceux qui le foignoient.^ On doit croire qu'autrefois il y a eu des bifons dans le nord de l'Europe ', Gefner a même ^ix. qu'il en exiftott de fon temps en tco'Î^QS cependant, m'étant foigneufement informé de ce dernier fait , on m'a écrit d'Angleterre & d'E- cofTe qu'on n'en avoir pas de mémoire. M. Bell, dans Ton voyage de RuiTie à la Chine, parle de deux eYpèces de boeufs qu'il a vus dans les parties feptentrionales 9 2 Supplément à VHljloire de iVlfie, dont l'une eft l'aurocks ou i^œuf fauvage de même race que nos ^œuts , & lautre dont nous avons donne 1 indication di^^.h Gmelin : lous le nom de v^c.^^ de Tartane ou y ache grognante , nous paroît être de la même efpèce ç^u^ le bifon. On en trouve ia oeicription^ dans notre Ouvrage s &> aprcs avoir comparé cette vache gro- gnante avec le Mon, j-af trouvé qu^elIe lui refïemble par tous les caracftères, à 1 exception du grognement au lieu du mugillemenf, mais jai préfumé que ce grognement n'étoit pas une afteélion confiante & générale, mais contmgente & particulière, femblable à la eroiîb VOIX entre-coupée de nos taureaux, qui i^e ie fart entendre pleinement que dans >e temps du rut^ d'ailleurs j'ai été informé que le bnon dont je donne la figure, ne taiioît jamais retentir fa voix, & que quand même on lui caufoit quelque dou- leur vive, il ne fe plaignoit pas ^ en forte ^ Tome VII, 7.^^00359. des Animaux quadrupèdes, 9 j que fon maître difoit qu'ii étoît muet, & on peut penfer que fa voix fe feroit développée de même par un grogne- ment ou par des fons entre-coupés, fî, jouifïant de fa liberté & de la préfence d'une femelle, il eût été excité par Tarn ou r. Au refte , les bœufs font très-nom- breux en Tartarie & en Sibérie. Il y en a une fort grande quantité à Tobolsk, où les vaches courent les rues même en hiver, & dans ies campagnes où on en voit un nombre prodigieux en été ( b). Nous avons dit qu'en Irlande les bœufs & les vaches manquent fouvent de cornes, c*efl: fur-tout dans les parties méridionales de rîie où les pâturages ne iont point abondans, & dans les pays maritimes ou les fourrages font fort rares, que fe trouvent cqs bœufs & ces vaches fans cornes-, nouvelle preuve que ces parties excédantes ne font produites que par la furabondance de la nourriture. Dans ces (b) Hiftoke générale des Voyages, tomz XVni, 94 Supplément à rUi/hire endroits voihns de îa mer, Ton nourrît les vaches avec du poifTon cuit dans i'eau & réduit en bouillie par le feu -, ces ani- maux font nori-feulement accoutumés à cette nourriture, mais ils en font même très- friands, 8c leur lait n'en contradle, dit»on, ni mauvaife odeur ni goût dé- fagréable fcj. Les bœufs & les vaches de Norwège font en général fort petits. Ils font un peu plus grands dans les îles qui bordent les cotes de Norwège*, dittérence qui provient de celle des pâturages, & auffi de la liberté qu'on leur donne de vivre dans ces îles fans contrainte, car on les îaiiTe abfolument libres, en prenant feu* lement la précaution de les faire accom- pagner de quelques béliers, accoutumés à chercher eux-mêmes leur nourriture pendant Thiver. Ces béliers détournent ia nerge qui recouvre Therbe , & les bœufs les font retirer pour en manger j ils deviennent avec le temps iî farou- ches , qu'il faut les prendre avec des M" ■ I ' ■ . I .1 m (c) Hiftoire générale des Voyages, tome XFUIi des jinimaux quadrupèdes, 9 j cordes : au refte , ces vaches demi-fa uva- ges donnent fort peu de iaif, elles man- gent, à défaut d'autre fourrage, de l'algue mêlée avec du poiiîon bien bouilli ( dj. Il eil alTez iingulier que les bœufs à boiïe ou bifons, dont la race paroîr s'être étendue depuis Madagafcar & la pointe de l'Afrique, & depuis l'extrémité des Indes orientales jufqu'en Sibérie, dans notre continent, & que l'on a retrouvée •dans l'autre continent, Jufqu'aux Illinois, à la Louillane, & même jufqu'au Me- xique, n'aient jamais palTé les terres qui forment i'ifthme de Panama, car on n'a trouvé ni bœufs ni bifons dans aucune partie de l'Amérique méridionale, quoi- que le climat leur convînt parfaitemienr, i& que les bœufs d'Europe y aient mul- tiplié plus qu'en aucun lieu du monde^ A Buenos-aires & à quelques degrés en- core au-delà, ces animaux ont tellement ^multiplié & ont fi bien rempli le pays, -que perfonne ne daigne fe les appro- prier 5 les chafTeurs les tuent par milliers (d) Hifroire Naturelle de îa Norwège , par Pontoppidilm, Journal étra"$i^r , juin 17^6. 5) 6 Supplément à VHiJloire & feiilemenc pour avoir les cuirs & ïa graiffe. On les chafïe à cheval, on leur coupe les jarrets avec une efpèce de hache, ou on les prend dans des lacets faits avec une forte courroie de cuir ( e)^ Dans nie de Sainte-Catherine, fur la cote du Brefii , on trouve quelques petits bœufs dont la chair ell: mollalfe & défa- gréable au goûf, ce qui vient, ainfi que leur petite taille, du défaut & de la mauvaife qualité de la nourriture, car, faute de fourrage, on les nourrit de cale- bafles fauvages (fj. En" Afrique ? il y a de certaines con- trées où les bœufs font en très-grand nombre. Entre le cap Blanc & Serre-^ lionne, on voit, dans les bois & fur les montagnes, des vaches fauvages ordinai- rement de couleur brune, & dont les j cornes font noires Bc pointues; elles mul- tiplient prodigieufement, & le nombre en feroit infini, fi les Européens & les Nègres ne leur faifoient pas continuelle^ (e) Voyage du P, Lopo, tomt //'" , page 38. CfJ ibidem, ment des Animaux quadrupèdes, 9 7 ment la guerre (g)' Dans les provinces de Duguela &: de Tremecen , & dans d'autres endroits de Barbarie, ainfi^ que dans les délerts de Numidrejon voit des vaches fauvages couleur de marron ob- fcur 5 aiTez petites & fort légères à la courfe -, elles vont par troupes quelquefois de cent ou de deux cents (h), A ivladagarcar , les taureaux & les vaches de la meilleure crpèce y ont été amenés des autres provinces de l'Afrique , ils ont une bolTe lur le dos \ les vaches donnent fi peu de lait , qu'on pourroit adurer qu'une vache d'Hollande en fournit fix fois plus. Il y a, dans cette île, de ces bœufs à bolTe ou bifons fauvages qui errent dans les fo- rêts-, la chair de ces bifons n'efl pas fî bonne que celle de nos bœufs (ï). Dans les parties méridionales de l'AÎie , on trouve aufli des bœufs fauvages , les (q) Hiftoire génércJe des Voyages, tome. III ^ page 291. (hj L'Afrique de Marmol , tome III, pages 66 fij Voyage de François le Guat, tome Ilf^ page 71. Tome FIJI, Quadrupèdes^ £ 9 8 Supplément à VHipire chalTeiirs d'Agra vont les prendre dans îa montagne de Nerwer qui eft environ- née de bois, cetre montagne eft fur le chemin de Surate à Golconde -, ces va- ches fauvages font ordinairement belies , & fe vendent fort cher (k). Le zébu iemble être un diminutif du biion , dont la race , ainfi que ^celle du fcœufi iubit de très-grandes variétés , fur- tout pour la grandeur. Le zébu, quoi- qu originaire des pays très-chauds, peut vivre & produire dans nos pays tempes rés. « J'ai vu, dit M. Colinfon, grand ff> nombre de ces animaux dans les parcs » de M. le duc de Rîchemont, de M. le ») duc de Portland, & dans d'autres parcs-, 35 ils y multiplioient & faifoient des s> veaux tous les ans, qui étoient les plus 3^ jolies créatutes du monde, les pères & m mères venoient de la Chine & des dindes orientales-, la loupe qu'ils por- â>tentfurles épaules, eO: une fois plus iï grofle dans le mâie que dans la fe- ^ melle , qvû eft auffi d'une tarile au- (k) VoyagQ deTbévenot, toim lU,^a^^ ii^? dts Animaux quadrupèdes. 9 9 deiïous de ceiîe du mâle. Le petit zébu œ tette fa mère comme ies autres veaux ce rettent les vaches -, mais le lait de la co mère zébu tarit bientôt dans notre cli- ce mat, & on achève de les nourrir avec ce de i'tiutre lait. On tua un de ces ani- «e maux chez M. le duc de Richemont,» mais la chair ne s'en effc pas trouvée il ce bonne que celle du \)Ç£.^^i ( l) n» Il fe trouve aufïi dans la race des bœufs fans boiTe de très -petits individus, & qui, comme le zébu, peuvent faire race particulière, Gemeîii Caréri vit fur la route d'Ifpahan à Schiras, deux petites vaches que le Bâcha de la province en- voyoit au Roi, & qui n'étoient pas plus groffes que des veaux. Ces petites va- ches , quoique nourries de paille pour tout aliment , font néanmoins fort graiTes (m)^ Et il m'a paru qu'en général les zébus ou petits bifons, ainfî que nos bœufs (l) Extrait d'une ïettre de feu M. Colinfon Il M. de BufFon , datée de Londres^ le 30 décembre 1764. (m) Voyage de Gemeïfi Caréri, tomt 11^ fa^es 338 ^ fkivi^nui, Paris , 17 19, ï o o Suppltment à ,/' Bifioire de la petite taille, ont le corps plus charnu & plus gtàs que les bifons & les bœufs de taille ordinaire. Nous avons très-peu de chofes à ajou- ter à ce que nous avons dit du buffle . Nous dirons feulement qu au Mogol on les fait combattre contre les lions & les tigres, quoiqu'ils ne puilTent guère fe fervir de leurs cornes. Ces animaux font très- nombreux dans tous les climats chauds 5 fur-tout dans les contrées maré- çageufes & voifmes des fleuves. L'eau ou l'humidité du terrein , paroilTent leur être encore plus néceiTaire que la chaleur du climat (^/z; 3 & c'eil: par cette raifon que l'on n'en trouve point en Arabie, dont prefque toutes les terres font arides. On chalTe les buffles fauvages , mais avec grande précaution, car ils font très-dan- gereux & viennent à l'homme dès qu'ils (n) J'ai dit ailleurs que les buffles réuffiroient en France. On vient de tenter de les faire multi- plier dans le Brandebourg , près de Berlin. Voye^ la Gaiem de France , du g juin 1775, ■ *« Tome y,}>ages 45 ^ fuivanm. des Animaux quadrupèdes, i o r font blefTés. Niébuhr rapporte, au fujet des buffies domeftiques, que dans quel^ ques endroits , comme à Bâfra ^ on a i'ufage jy lorfquon trait la femelle du buffle-, de lui fourrer la main jufquau coude dans la vulve , parce que Vexpé^ rience a appris que cela leur faifoit don- ner plus de lait (o). Ce qui ne paroît pas probable, mais il Te pourroic que la femelle du bufïie fîr, comme quel- ques-unes de nos vaches, des efforts pour retenir Ton lait, & que cette efpèce d'o- pération douce , relâchât la contradion de fes mamelles. Dans les terres du cap de Bonne-efpé- rance, le buffle eft de la grandeur du bœuf pour le corps, mais il a les jambes plus courtes, la tête plus larges il eft fort redouté. Ilfe tient fouvent à la lilière des boisj^: comme il a la vue mau- vaife, il y refte la tête bai(ïée pour pou- voir mieux diftinguer les objets entre îes pieds des arbres , & lorfqu'il aperçoit à fa portée quelque chofe qui l'inquiète, (o) Defcription de l'Arabie , par M. Niébuhr , fa^e 145, E iij I o 2 Supplément à VHifiolre i! s'éIa,Ke deffus en poulTant des mugiffe- „ens affreux , & il eft fort difficile d'échapper à fa fureur, il eft moins a craindre dans k plaine-, il a le poil roux & noir en quelques endroits-, on en volt de nombreux troupeaux (p). (p) Note communiquée à M. de BufFon pa» M. Je vicomte de Querlioënt. \ot.7/''^'T,.n.mr^'^'^^ J^/ ■ ï^.^ilt/ . -lu 2 •Wf Je/. LE BISON. -Z^ . LrUl/i}^ 0\u^> des Animaux quadrupèdes, loj mesÊam. ADDITION A V article de la Brebis ^^ & à celui du Moufflon & des Brebis étrangères "■. Je donne ici (planche V l) la figure de notre brebis commune, parce qu'elle n'a pas été bien rendue dans la (pL 111 ^ Tome l) page 1^2. J. Nous donnons aufîi les figures (plan- ches V 1 1 8c V 17 I ) d'un bélier & d'une brebrs dont le deiîin m\^ été envoyé par feu M. Coîinfon, de la Société royale de Londres, fous les noms de P^alachian ram Se F^alaçhlan eve j c'efl-à-dire , bé- ' Tome I , page 225. * Tome V, pagz 121. Eiv 1Ô4 Suppleme,nt à VHiJloire ifer & brebis de Valachie. Comme cet habiie Naturalifte eft àtcédè peu de temps après , Je n'ai pu favoir Ç\ cette race de biebis, dont ies cornes font d'une forme alTez diftérente de celle des autres , eft commune en Valachie , ou fi ce ne font que deux individus qui fe font trou- vés par hafard différer de Tefpèce com- mune des béliers & des brebis de et même pays. Nous donnons auffi la figure (pL IX j d*un bélier que f on montroit à la foire Saint-Germain, en 1774, fous le nom de Sélier du cap de Bonne - efpérance : ce même bélier avoit été préfenté au public Tannée précédente, fous le nom de Bé- lier du Mogol à grojj'e queue ; mais nous avons fu qu'il avoit été acheté à Tuîiis , & nous avons Jugé que c'étoit en eftet un bélier de Barbarie, qui ne diffère de celui dont nous avons donné la figure '^ que par la queue , qui eft beaucoup plus coutte, & en même temps plus plate & ^ Tome V, Planck FU, j^a^e 152. des Animaux quadrupèdes, i 05 plus îarge à la partie fupérieure. La tête eft auffi proportionnellement plus grofTe, & tient de celle du bélier des Indes •, le corps eft bien couvert de laine, & les jambes font courtes, même en comparai- fon de nos moutons*, les cornes font aufîi de forme & de grandeur un peu diffé- rentes de celles du mouton de Barbarie: nous l'avons nommé Bélier de Tunis _, pour le didinguer de l'autre *, mais nous ïommes perfuadés que tous deux font du même pays de la Barbarie ^ de races trcs-voi(ines (a ), (a) Le bélier de Tunis diftère de ceux de riotre pays non-feulement par fa groffe & large queue , mais encore par fes proportions ; il eil pîus bas de jambe , & fa tête paroît forte & plus arquée que celie de nos béliers ; fa ièvre inférieure defcend en pointe au bout de la mâchoire , & fait le bec-de- îièvre. Ses cornes, qui font îa volute, vont en ar- rière ; elles ont fix pouces mefurées en ligne droite , & dix pouces une ligne de circonvolution , fur deux pouces deux lignes de grofîeur à l'origine ; elles font blanches & annelées de rides comme dans ïes autres béliers. Les cornes qui pafîent pardeflus ks oreilles les rendent pendantes ; elles font larges & flniiïent en pointe. Cet animal domefticpe eft Ev I C Supplément à l^HiJioire Enfin nous donnons auiïi la figure (^pL X ) d\m béirer que Ton montroîc de même à la foire Saint-Germain, en 1774, fous le nom de Morvant de la Chine. Ce bélier eft finguiier en ce qu iî fort îaineux , fur-tout fur le ventre , îes cuilTes , ïe cou & la queue. Sa laine a plus de fix pouces de îong en bien des endroits ; elle efl blanche en géné- ral , à l'exception qu^il y a du fauve foncé fur les oreiiies , & que la tîIus grande partie de la tt'te & îes pieds font auffi d'un fauve foncé tirant fur le brun : ce que ce bélier a de lingidier , c'eft la queue , qui lui couvre tout le derrière ; elle a onze pouces de large , fur treize pouces neuf lignes de long; f n épaiiTeur efi: de trois pouces onze lignes; cette partie charnue eft ronde & finit en pointe (^par une petite vertèbre , qui a quan-e pouces trois îignes de longueur) en paffant fous le ventre, entre les jan^bes ou tombant tout droit. F'oar lo'S , le floc de laine du bout de la queue femble toucher à terre : cette queue eil comme méplate diilus comme deflbus , s'enfonce dans le milieu , & y forme comme une foib'e Routtière ; le deifus de cette queue ,& la plus grande partie de fon épaifleur, font couverts de grande laine blanche, mais le deffous ce cette même queue efl: fans poil & d\me chair fraî'jhe ; de forte que , quand on lève cette queue, on croirojtvoir une partie des felfes d'un enfimt. des Animaux quadrupèdes, i 07 porte fur le cou une elpèce de crinière, & qu il a fur le poitrail & fous le cou La longueur de fon corps P^^^^- P°«<=«' ^^S^^^ mefuré en ligne droite de- puis le bouc du mufeau juf- qu'à l'anus, eft de 3, 9, * Longueur de la tête de- puis k bout du mufeau juf- qu'à l'origine des cornes.. . e 7, lî^ Longueur de l'œil d'un angle à l'autre i 1, 2, Diflance entre les angles antérieurs des yeux... .....* 3, 9, Diftance entre l'angle an- térieur & le bout des lèvres. " ;. 10. Longueur des oreilles.. , . >/ ;, i. Largeur de la bafe -» 1. 5, Diftance entre les oreilles ôc les cornes. " i. i, Diftance entre les deux oreilles , prife en bas * 4, 6, Longueur du cou " io, « Circonférence prés de la tête !<. C, 4, Hauteur du train de de- vant 2. « ^ Hauteur du train de der- IlCrC». «.9vi>o>>»>* t«tr 2» 2.., la E vj I O 8 Supplément à l^Hi/Ioire de très-grands poHs , qui pendent & for- ment une efpèce de longue cravate, mê- lée de poils roux 6c de poils gris, longs Circonférence du corps, P'^^^- Pouces, lignes, prife derrière les jambes de devant..... j. 2, C, Circonférence à l'endroit le plus gros 3. 8, 2. Circonférence devant les jambes de derrière 5. 4» 4. Longueur du tronçon de la queue i. Sa largeur " Longueur du bras depuis ïe coude jufqu'au genou... . « Longueur du canon,. ... * Longueur du paturon.. . . 5,. Circonférence devant les jambes de derrière 3, 2. 4» Longueur du tronçon de Î2 Ici '^' rîllîrrr" *, ;! i-ilcrry-xf- T\pc ovortA même en comparaifon d'une belle brebis de France qu'on lui avoit donnée pour compagne. Ce bélier étoit tout blanc, petit & bas de jam.bes, la laine longue & par flocons -, il portoit quatre cornes (c) Hifloire générale des Voyages j tome XIX, page 252. des Animaux quadrupèdes, 1 1 j larges & fort longues , dont les deux lupérieures écoient les plus confîdérables, & ces cornes avoient des rides comme celles du mouftlon. Dans les pays du nord de l'Europe 5 comme en Danemarck &enNorwège,les brebis ne font pas belles, & pour en amé- liorer refpèce , on fait de temps en temps venir des béliers d'Angleterre. Dans les îles qui avoilinent la Norwège, on laille les béliers en pleine campagne pendant toute Tannée. Ils deviennent plus grands & plus gros , & ont la laine meilleure & plus belle que ceux qui font foignés par les hommes. On pré- tend que ces béliers , qui font en pleine liberté, paiTent toujours la nuit au côté de nie d'où le vent doit venir le lende- main ^ ce qiî! fert d'avertilTement au:?; mariniers, qui ont grand foin d'en faire Tobfervation ( d)^ En Iflande , les béliers , les brebis & les moutons dift èrent principalement des nôtres, en ce qu'ils ont prefque tous (L) Hiftoire Naturelle de ïa Norwège , par Poû- toppidam. Journal étranger y Juin J756. I I 6 Supplément à rHijloire îes cornes plus grandes & plus grofTes. II s'en trouve pluiieurs qui ont trois cor- nes , & quelques-uns qui en ont quatre , cinq & même davantage : cependant il ne faut pas croire que cette particularité foit commune à toute la race des béliers d'iflande , & que tous y aient plus de deux cornes^ car, dans un troupeau de quatre ou cinq cents moutons, on en trouve à peine trois ou quatre qui aient quatre ou cinq cornes : on envoie ceux-ci à Copen- hague comme une rareté, & on les achette en I (lande bien plus cher que îes autres, ce qui feul fuffit pour prouver qu'ils y font très-rares (ej^ (&) Hiiloire générale des Voyages , tomz XVlUp ■page 19. jv: Ei^i^. Fl, ri.pa./ .Jié^. •f.r W-'^- p' J-CPC ,/.-/. Z,Z.' O/tind t'c' I>A BREBIS COMMUN^:. y. EJ.i-. Tl.VII.pa^.uS. S^f. R ■ lu-utv Zw~.fl^ X.E T5ELIER VAr.ACHIEN. u r. T.mt. 77ir. T/. fUI.^yiUj.jj^ù. X A. BREBIS VALACHEElVJsTE G^yot iScuA) , PI. IX .jin-uj -JJ.O. LE BELIER DE TUTNTS. I^l.X, ^nur n{y "ve Jel- CtiiA ■ JlauJ'J'a/^ii tfc- XE MOUVAKT . des Animaux quadrupèdes, 1 1 7 AD DIT I O N v4 r article du Cochon^ ; du Sanglier du cap Verd ^ ; du Bahiroujfa ^^ & du Pécari ou Ta/acut DU COCHON. J E n'ai rien à ajouter aux faits hif- toriques que j'ai donnés fur la race de nos cochons d'Europe, & fur celle des cochons de Siam ou de la Chine, qui toutes trois fe mêlent enfemble, & ne ' Tome ï , page 272» * Tome VII, page 376, ' Tome V, page 463. * Tome IV, page i. 1 1 8 Supplément a VHiJloire font par conféquent qu'une feule & même efpèce 5 quoique ia race des cochons d'Eu- rope ioit confidérablement plus grande que l'autre, par ia gtolTeur & la gran- deur du corps j elle pourroit même îe devenir encore plus, il on laifToit vivre ces animaux pendant un plus grand nombre d'années dans leur état de do' mefticîté. M. Colinfon , de ia Société royale de Londres, m'a écrit, qu'un co- chon engraiiTé par les ordres de M, Jofeph Leajlarm jySctui par le (îeur Meck ^ bou- cher àCougleton en Chejïer-Shire j peloit huit cents cinquante livres-, favoir, l'un des cotés trois cents treize livres , l'autre côté trois cents quatorze livres , & la tête , l'épine du dos , la graiffe intérieure, îes inteftins, &:c. deux cents vingt-trois livres ( aj. (a) Lettre de M. Colinfon à M. de BufFon» fjondres, ^ojaiwier l']6'j. des Animaux quadrupèdes, 119 Du SANGLIER du cap Ferd. Nous AVONS DONNE unc notîce "^ au fujet d'un aiiiaial qui fe trouve en Afrique, Se que nous avons appelé Sanglier du cap Ferd. Nous avons dit que, par Té- normité des deux défenfes de la mâchoire fupérreure, il nous paroiiloit être d'une race & peut-jtre même û une efpèce diifé* rente de tous les autres cochons, d^Ç^ quels il diflère encore par la longue ou- verture de Tes n?.rînes, & par la grande îargeur & la forme de ies mâchoires*, que néanmoins nous avions vu les défenfes d'un fanplier tué dans nos bois de Bour- gogne , qui approchoien: un peu de celles de ce fanglier du cap Verd , puifqne ces défenfes avoient environ trois pouces &: demi de long, fur quatre pouces de circonférence à la bafe , &C. ce qui nous faifoit préfumer , avec quelque fonde- ment, que ce fanglier du cap Verd, pou^ voit être une fimple variété & non pas une efpèce particulière dans le genre des ^ Tomç VU,/.a^e 376, I 20 Supplément à FHiJîoire cochons. M. Allamand, trcs-céièbre Pro» fedeur en Hifloire Naturelle, à Leyde, eut la bonté de nous envoyer la gravure de cet animai , & enfuite il écrivit à M. Daubentoa dans les termes fuivans : ce Je crois avec vous, Monfîeur, que le fanglier repréiencé dans la planche que Je vous ai envoyée, ell le même que celui que vous avez défigné par le nom de Sanglier du cap Verd, Cet animal eft encore vivant (5 mai 1767) dans la mé- nagerie de M. le Prince d'Orange. Je vais de temps en temps lui rendre vilite , & cela toujours avec un nouveau plailir. Je ne puis me ïafTer d'admirer la forme fingulière de fa tête. J'ai écrit au Gouver- neur du cap de Bonne-erpérance, pour îe prier de m'en envoyer un autre , s'il eft poffible, ce que je n'ofe pas efpérer, parce qu'au Cap même il a paflé pour un monftre, tel que perfonne n'en avoit jamais vu de femblable. Si, contre route efpérance, il m'en vient un, je l'enverrai en France, afin que M. de Buffon & vous, le voyez. On a cherché à accoupler celui que nous avons ici avec une truie, inai§ I des Animaux quadrupèdes, m mars des quelle s'eft préfenrée, il s'eft jeté fur elle avec fureur & Ta éventrée. w C'effc d'après cette planche gravée, qui nous a été envoyée par M. Aiiamand, que nous avons fait defîîner & graver ce même animal dont nous donnons ici la figure (^planche X i ), Nous avons re- trouvé dans les Mifcellanea & les Spici- leg'ia \oolooica de M. Pallas, & aufîî dans les defcrrptions de M. Vofmaër, la même planche gravée \ ôc ces deux derniers Au- teurs ont chacun donné une defcriptroa de cet animal -, aufîi M. Aiiamand , par une lettre datée de Leyde , le 3 r odo- bre 1766, écrivoit à M. Daubenton, qu'un jeune Médecin établi à la Haye, en avoir donné la defcription dans un Ouvrage qui probablement ne nous étoic pas encore parvenu , & qu'il en avoir faic faire la planche. Ce jeune Médecin eft probablement M. Pallas, & c'eft à lui par conféquent auquel le public a la première obligation de la connoiiTance de cet ani- mal. M. Aiiamand dit, dans la même let- ^tQy que ce qu il y a de plus lingulier Tome VIIL Quadrupèdes. F liT- HZ Supplément à VHiJloire dans ce cochon, c*eft: la tête-, qu'elle dif- fère beaucoup de celle de nos cochons, fur-touc par deux appendices extraordi- naires en forme d'oreilles qu'il a à côté des yeux. Nous obfervcrons ici que le premier fait rapporté par M. Ailamand, du dédain Se de la cruauté de ce fangiier envers la truie en chaieur, Icmble prouver qu'il eft d'une efpèce difléiente de nos cochons. La difconvenance de la forme de la tête 5 tant à l'extérieur qu'à l'intérieur, paroît le prouver auffi *, cependant com.me il efl beaucoup plus voiiin du cochon que d'aucun autre animal, &: qu'il ie trouve non-feulement dans les terres voihnes du cap Verd, mais encore dans celles du cap de Bonne-efpérance 5 nous l'appelle" rons le Sanglier d'' Ajrique ^ Se nous allons en donner rhiftoire Se la deicription pa? extrait d'après M." Palias Se Voimaër. Celui-ci l'appelle Porc à large groin ou Sanglier d'Âjrique ; il le diftingue, avec raiion , du porc de Guinée à longues 1 oreilles pointues, Se du pécari ou rajacu 1 d'Amérique, Se auffi du babirouifa des j Indes,. ^ des Animaux quadrupèdes, 123 Et de-là M. Vofmae'r infinue que ce n'eft pas le même animal i cependant on vient de voir que M. Ailamand penfe , comme moi, que ce fanglier du cap Verd, dont je n'avois vu qu'une partie de la tête, Te trouve néanmoins être le même porc à large groin , que M. Vof- mae'r dit être inconnu à tous les Naturaliues, M. Tulbagh, Gouverneur du cap de Bonne-efpérance , qui a envoyé ce fan- glier, a écrit qu'il avoit été pris entre la Caffrerie & le pays des grands Nama- quas, à environ deux cents lieues du Cap, ajoutant que c'étoit le premier de cette efpèce qu'on eût vu en vie, M. Vof- mae'r reçut aufTi la peau d'un animal de même efpèce, qui paroilToit dirrérer, à plufieurs égards, de celle de l'animaî vivant» 124 Supplément a F Hijiolre qu'autrement il porte pendante *, il exhale une forte odeur que je ne puis comparer, & que je ne trouve pas défagréable. Quand on le frotte de la main, cette odeur approche beaucoup de celle du fromage verd, il mange de toutes fortes de graines ) fa nourriture à F iij % 1 2 s Supplément à VHiJïoire bord du vailfeau étoit le maïs Se de la verdure autant qu'on en avoit *, depuis qu'il a goûté ici de l'orge 8z du blé lara- zin, avec iefquels on nourrit plufieurs autres animaux de la ménagerie, il s'eft décidé préférablement pour cette man- geailîe, & pour les racines d'herbes Se de plantes qu'il fouille dans la terre. Le pain de feigle eft ce qu'il aime le mieux , il fuit les personnes qui en ont. Lorfqu'ii mange , il s'appuie fort en avant fur Tes genoux courbés, ce qu'il fait auffi en buvant, en humant l'eau de la furface. Se il fe tient fouvent dans cette pofition fur les genoux des pieds de devant. Il a l'ouïe Se l'odorat très -bons, mais il a la vue bornée, tant par la pctitefle que par la fituation de fes yeux qui l'empêchent de bien apercevoir les objets qui font autour de lui, les yeux fe trouvant non feule- ment placés beaucoup plus haut Se plus près l'un de l'autre que dans les autres porcs, mais étant encore à côté Se en deflious plus ou moins oflufqués par deux lambeaux, que bien des gens prennent pour de doubles oreilles-, il a plus d'in- telligence que le porc ordinaire. des animaux quadrupèdes, i if La têce eft d'une figure afFreufe -, la forme aplatie 8c large du nez, jointe û la longueur extraordinaire de la tête, à ion large groin, aux lambeaux ilngu- îiers, aux protubérances pointues, laii- îantes des deux côtés de Tes yeux, & à fes fortes défenfes, tout cela lui donne un afpedt des plus monilrueux. y^ Dimenjior.s prifes (pied du RhinJ. pieds, pouces. ligues. Longueur du corps entier. 4. 3. Hauteur du train de de- vant 2. }, Hauteur du train de der- rière I. II tî. La plus grande épaiiTeur du corps c . . . 3, i. La moindre épaiffeur du corps, près des cuifl'es 2, lof. Longueur de la tête juf- qu'entre les oreilles i. 3, Largeur de la tcte entre les lambeaux « ^ \. Largeur du groin entre les défenfes " ^ li* Longueur de la queue... . " i^ li» « La forme du corps approche allez de celle de notre cochon domeftrque. Il F iv I 2 8 Supplément a VHiJloire me paroîc plus petit ayant le dos plus aplati en defliis , & les pieds plus courts. La tête , en comparaifon de celle des autres porcs, eft diftorme, tant par la ftru6ture que par fa grandeur. Le mufeau eft fort large, aplati & très-dur. Le nez eft mobile, à cote un peu recourbé vers le bas & coupé obliquement. Les narines font grandes, éloignées Tune de l'autre j elles ne fe voyent que quand on foulève îa tête. La lèvre fupérieure eft dure & épaiffe à côté, près des défenfes, par- deftlis & autour defquelles elle eft fort avancée & pendante, formant, fur-tout derrière les défenfes, une fraife demi- ovale pendante & cartilagineufe , qui couvre les coins du mufeau. Cet animal n'a point de dents de devant , ni en defTus ni en deftous, mais les gen- cives antérieures font liftes, arrondies & dures. Les défenfes , à la mâchoire fupé- rieure, font à leur bafe d'un bon pouce d'épaifteur, recourbées & faiilantes de cinq pouces & demi dans leur ligne courbe , fort écartées en dehors & fe ter- minant en une pointe obtufe j elles font des Animaux quadrupèdes, 129 auiïî î à côté de chacune, pourvues d'une efpcce de raie ou cannelure j celles de la mâchoire inférieure font beaucoup plus petites, moins recourbées, prefque trian- gulaires & ufées par leur frottement con- tinuel contre les défenfes fupérieures^ elles paroilTent comme obliquement cou- pées. Il Y a dQS dents molaires , mais elles font fort en arrière dans le mufeau , & là réiiftance de Tanimal nous a empêché de les voir. Les yeux, à proportion de îa tête, font petits s placés plus hauts dans la tête, & plus près l'un de Tautre & des oreilles que dans le porc commun. L'iris eft d'un brun-foncé , fur une cornée blanche. Les paupières fupérieures font garnies de cils bruns, roides, droits & fort ferrés, plus longs au milieu que des deux côtés , les paupières inférieures en font dépourvues. Les oreilles font alTez grandes, plus rondes que pointues , en dedans fort ve- lues, de poil jaune -, elles fe renverfent en arrière contre le corps. Sous les yeux , on aperçoit une efpèce de petit fac bul- beux ou glanduleux, 5c immédiatement au-deflbus fe font voir deux pellicules F V ï j o Supplément à VHlJloire rondes, plates, épaiiTes, droites & horr- zonraics, que j'appelle lambeaux des yeux , leur longueur & largeur eft d'en- viron deux pouces un quart fur une ligne droiie encre ces pellicules & ïe mufeau , paroît , de chaque coté de ia tête 5 une protubérance dure , ronde & pointue, Taillante en dehors. La peau (embie fort épailTe Se ren> plie de lard aux endroits ordinaires, mais détendue au cou, aux a'ines & au fanon*, en quelques endroits, elle paroît légère- ment cannelée, inégale & comme li la peau fupérieure muoit par intervalles. Sur tour le corps fe montrent quelques poils clair-femés , comme en petite broife de trois, quatre & cinq poils, qui font plus ou moins longs & pofés en ligne droite, les unsprès des autres. Le front, entre les oreilles, paroît ridé, &: il eil garni de poils blancs & bruns fort ferrés, qui, par- tant du centre, s'apl.^tilTent ou s'abaiffent de plus en plus. De-là , vers le bas du mufeau, defcend au milieu de la tête une bande étroite de poils noirs & gris, qui, partant du milieu , s'abattent de chaque côté de ia tête j du refte ils font clair- des Animaux quadrupèdes, 131 femés, C'eft principalement fur la nuque du cou & fur la partie antérieure du dos quil y a le plus de foies, qui font auflî les plus ferrées & les plus longues , leur cou- leur eft le brun-obfcur & le gris *, quel- ques-unes ont jufqu'à fept ou huit pouces de longueur avec l'épaideur de celles des porcs communs, & fe ÎQadQiU de même. Toutes ces foies ne font pas droites, mars légèrement inclinées. Plus loin, fur le dos , elles s'éclaircilTent & diminuent tel- ïenlent en nombre, qu'elles iaîiTent voir par-tout la peau nue. Du rede, les flancs, ie poitrail 6c le ventre, les côtés de la tête & le cou, font garnis de petites foies blanches. Les pieds (onx. conformes à ceux de nos porcs, divifés en deux ongles pointus & noirs. Les faux onglets pofent auiïï à terre, mais font pendans la plupart du temps. La que^e ed: nue, perpendicu- lairement pendante, rafe & fe termine prefque en pointe. Les tefticules font adhécens à la pe3u du ventre entre les cuiîTes -, le prépuce ed fort vafle au bout. La couleur de l'animal eft noirâcre à I 3 2 Supplément à VHiJloire îa tête , mais d'un gris-roux clair fur le refle du dos & du ventre. Comparé avec la peau d'un autre fujet de même efpèce, & venu de même du cap de Bonne-efpérance, M. Vofmacr a remarqué que îa tête de ce dernier étoit plus petite & le mufeau moins large. Il lui manquoit les deux lambeaux fous les yeux -, cependant on y voyoit de petites éminences qui en paroiiTbient être les bâfes ou principes , mais il ny avoir point ces protubérances rondes & pointues, qui font placées en ligne droite entre ces îambeaux des yeux & le mufeau *, en re- vanche les défenfes font beaucoup plus grandes -, les fupérieures qui ont des deux côtés une profonde folTette ou canne- lures, & qui fe terminent en pointes aiguës, fortant de plus de iix pouces Se demi des côtés du mufeau, & les infé- rieures de deux pouces & demi j celles-ci, par leur frottement contre les premières, font obliquement ufées & par-là fort aiguës. La grandeur des défenfes du der- nier fujet, montre afïez que cette peau ne peut être d un jeune animal Au refte , des Animaux quadrupèdes. 135 je n'ai trouvé aucune différence aux pieds. y> M. Vofmacr termine ainfî cette de(' cription, & foupçonne que ces diflérences qu'il vient d'indiquer, peuvent provenir de la différence du fexe. Pour moi, je ne fuis pas encore convaincu que ce fanglier d'Afrique, malgré la première répugnance qu'il a marqué pour là truie qui lui a été préfentée, ne foit une (impie variété de notre cochon d'Europe. Nous voyons, fous nos yeux, cette même efpèce varier beau- coup en Afîe, à Siam & à la Chine j & les groffes défenfes que j'ai trouvées fur une tête énorme d'un fanglier, tué dans mes propres bois , il y a environ trente ans , défenfes qui étoient prefque.auffi grolïes que celles du fanglier du Cap, me laiiïent toujours dans l'incertitude, li ce font en eftet deux efpèces diftérentes ou deux va- riétés de k même efpèce , produites par la feule influence du climat & de la nour- riture. Au refte , je trouve une note de M. Co- merfon, dans laquelle il efl: dit, que l'on voir, à Madagafcar, des cochons fauvages?. 134 Supplément à VHiJloire dont îa tête depuis les oreilles jufqu'aux yeux , eft de la figure ordinaire *, mais qu'au-dellous des yeux eft un renfort qui va en diminuant julqu'au bout du groin, de manière qu il femble que ce Toit deux têres , dont la moitié de Tune eft enchâftée dans l'autre : qu'au refte, la chair de ce cochon eft glaireufe & a peu de goût. Cette notice me fait croire que Tanimal que j'ai d'abord indiqué fous le nom de Sanglier du cap Vcrd ^ parce que la tête nous avoir été envoyée des terres voiiines de ce Cap , qu'enfuite je nomme San- glier d'Afrique ^ parce qu'il exifte dans les terres du cap de Bonne- efpérance, fe trouve aufîî dans l'île de Madagafcar. Dans le temps même que je revoyois la feuille précédente , & que j'en corri- geois l'épreuve pour l'imprefiion, il m'eft srrivé de Hollande une nouvelle Edition de mon Ouvrage fur l'Hiftoire Naturelle, ^-^ j'ai trouvé, dans le quinzième volume de cette édition, des additions très-impor- tantes, faites par M. Aliamand, dont je viens de parler. Quoique ce quinzième volume foit imprimé à Amfterdam en I771, je n'en ai eu connoiftance qu'au- des Animaux quadrupèdes, i 3 j jour(fhui, 23 JLirliet 1775, & j'avoue que c'e/l avec la plus grande fatisfadion que }*ai parcouru l'édicîon entière qui eH: hiQn. forgnée à tous égards-, j'ai trouvé les notes & les additions de iM. Allamand, (i Judi- cieufes & (i bien écrites, que je me fais •un grand plarfir de ies adopter: je les inférerai donc dans ce Volune de flipplé- ment, à la fuite des articles auxquels ces obfervations ont rapport. Je me ferois âx(pQ:n(c de copier ce que Ton vient de lire s j*aurois même évité quelques re- cherches pénibles & pluneurs diicuflîons que j'ai été contraint de faire, fi j'avois eu plus tôt connoinfance de ce travail de M. Allamand. Je crois que Ton en fera auffi fatîsfait que moi -, Se je vais commencer par donner ici ce que ce favant homme a dît au fujet du fanglier d'Afrique. r^l^^**^ ï }6 Supplément à rHiJloire ADDITION De VEditeur hollandois ( M. le ProfeiTeur Allamand ), Du SANGLIER d'Afrique \ « Uans Thiftoire que M. de BufFon nous a donnée du cochon faj^y il a dé- montré que cet animal échappe à toutes les méthodes de ceux qui veulent réduire les productions de la Nature en clafles & en genres, qu'ils diftinguent par des caradlcres tirés de quelques-unes de leurs parties. Quoique les raifons, parlefquelîes il appuie ce qu'il avance , foient fans ré- plique, elles auroient acquis un nouveau degré de force, s'il avoir connu l'animal ^ HiftoireNatLireHe, &c. Édition de Hollande. Amfterdam , chez J. H. Schneider , in-^."^ à deux colonnes, 1771 , tome X K pages 45 & juiv. (a) Voyez îe tome V, i//-4»° de cet Ouvrage 5 Édition de Hollande , pa^e 45. des Animaux quadrupèdes, i 3 7 repréfenté dans la planche première^ (h). . Cefi: un fanglier qui a été envoyé, en 17^5, du cap de Boniie-efpéL-ance à la ménneerie du prince d'Orange, & qui jufqu^aîors a été inconnu de tous les Na- turaiiftes. Outre toutes les tingularités qui font de notre cochon d'Europe, un ani- mal d'une efpèce ifoiée , celui-ci nous oftre de nouvelles anomalies , qui le dil- tingLient de tous les autres du même genre ; car non-feulement il a la tête difteremmenn figurée, mais encore il n a point de dents incilives,doù la plupart des Nomencla- teurs ont tiré les caradères diftindifs de cette forte d'animaux, quoique leur nom- bre ne foit point confiant dans nos co- chons domeftiques, M. Tulbagh, Gouverneur du cTap de Bonne-efpérance , qui ne perd aucune occafionde rafTembler, & d'envoyer en Europe tout ce que la contrée où il ha- bite fournit de curieux, eft celui à qui Ton efl redevable de ce fanglier-, dans la lettre dont il l'accompagna, il marquoit (h) Nota. Cette planche première de M. AHa- maiid , eft h même que h planche x / de ce \oiume. î 5 8 Supplément à VHlfîoire qu'il avoir été pris fore avant danslesrerres, a environ deux cents lieues du Cap , & que c'étoit le premier qu'on y eût vu vi- vant. Cependant il en a envoyé un autre I année paflee , qui vit encore ^ & en 1 7 57, II en avoit envoyé une peau, dont on na puconferverqueîa tête : ce qui femble indiquer que ces animaux ne font pas rares dans leur pays natal Je ne fais fi ceftdeux que Kolbe a voulu parler, quand il dit (c) : ce On ne voit que rare- «ment des cochons fauvages dans les » contrées qu'occupent ies Hollandois : *> comme il ny a que peu de bois, qui =«iont leurs retraites ordinaires, ils ne « ont pas tentés d'y venir. D'ailleurs les » lions, les tigres & autres animaux de =? proie ks détruifenc fi bien qu'ils ne iauroient beaucoup multiplient. Comme il n'ajoute à cela aucune dd- cription on n'en peut rien conclure, & enluite il range au nombre des cocbons mi L.ap, le grand fourmillier ou le taman- dua, qui eft un animai d'Amérique, qui rScJ J'^'T/r ^"^'"P^^°^^ d^^ cap de Bonne-efpé- l^^f^^y tome I Il^pa^e ^'^. ^ des Animaux quadrupèdes, 139 ne reilemble en rien au cochon. Quel cas peut-on faire de ce que die un Auteur auiîî mal inftruit? Notre fanglier Africain refTembîe à celui d'Europe par le corps, mais il en diflere par la tête, qui eft d'une grolTeur nionftrueufe \ ce qui frappe d'abord les yeux, ce font deux énormes défenfes qui iortent de chaque coté de la mâchoire fupérieure, & qui font dirigées prefque perpendiculairement en haut. Elles ont près de (ept pouces de longueur , & fe terminent en une pointe émoufTée. Deux femblabies dents , mais plus .petites , & fur - tout plus minces dans leur coté intérieur, fortent de la mâchoire infé- rieure , & s'appliquent exadtement au côté extérieur des défenfes fupérieures , quand la gueule eft fermée: ce font -là de puiiFantes armes dont il peut fe fervic utilement dans le pays qu'il habite, 011 il eft vraifemblablement expofé fouvent aux attaques des bêtes carnaiîières. Sa tête eft fort large & plate pardevant s elle fe termine en un ample boutoir, d'ua diamètre prefque égal à la largeur de la têce, & d'une dureté qui approche de 140 Supplément à VHiJloire celle de îa corne -, il s'en fert comme nos cochons pour creufer la terre *, Tes yeux font petits & placés fur îe devant de îa têre, de façon qu'il ne peut guère voir de coiè^ mais feulement devant foi -, ils font moins diftans Tun de l'autre & des oreilles que dans le fanglier Européen : au-deiïous eft un enfoncement de la peau, qui forme une efpèce de fac très-ridé ^ fes oreilles font fort garnies de poil en dedans. Un peu plus bas, prefque à côté des yeux, îa peau s'élève & forme deux excroiffances qui , vues d'une certaine dif- tance , relfemblent tout-à-fait à deux oreilles -, elles en ont la figure & îa gran- deur, & fans être fort mobiles, elles forment prefque un même plan avec îe devant de îa tête ; au-delfous, entre ces excroidances & les défenfes, il y a une groife verrue à chaque coté de la tête : on comprend aifém.ent qu'une telle con- figuration doit donner à cet animal une phyiionomie très-fingulière. Quand on le regarde de front, on croit voir quatre oreilles fur une tête , qui ne relfemble à celle d'aucun autre animal connu, & qui infpiie de la crainte par la grandeur de des Animaux quadrupèdes, 141 ces défenfes. M/^ Pallas (d) & Vof- macr { e )_i qui nous en ont donné une bonne defcription , difent , qu'il étoic fort doux & très-apprivoifé quand il ar- riva en Hollande*, comme il avoir été pluiieurs mois fur un vaifTeau , & qu'il avoir été pris allez jeune, il étoir prefque devenu domeftique -, cependanr fi on le pourfuivoir, & s'il ne connoilToit pas les gens 5 il fe reriroit lentement en arrière , en prélentant le front d'un air menaçant, & ceux-là même qu'il voyoit tous les jours dévoient s'en défier. L'homme à qui la garde en étoit confiée en a fait une triPte expérience : cet animal fe mit un jour de mauvaife humeur contre lui, 8c y d'un coup de Tes défenfes , il lui fit une large blefTure à la cuifTe, dont il mourut le lendemain. Pour prévenir de pareils accidens dans la fuite, on fut obligé de >rôter de la ménagerie, & de le tenir dans un endroit renfermé, où perfonne . (d) Voyez P, S. Mifcdlanea loologica ; àf cjiif- dem Sjpicilegia loologica. Fafciadus fecuiidus, (e) Voyez Befchryving van cen Africaaufch Breedfnentig Varken , door A. Vofiiictèr. T ^1 Supplément à rHîfîoire ne pouvoir en approcher. Il eft mort au bout d'une année, &: fa dépouille fe voit dans le cabinet d'Hiftoire Naturelle du prince d'Orange. Celui qui l'a remplacé, & qui eft a(à;,uellement dans la miême ménagerie, eft encore fort jeune j Tes dé- fenfes n'ont guère plus de deux pouces de longueur. Quand on le lailTe fcnir du lieu où on le renferme, il témoigne fa joie par des bonds & des faurs, & en cou- rant avec beaucoup plus d'agiiité que nos cochons-, il tient alors fa queue élevée Se fort droite. C'eft pour cela fans doute que les habirans du Cap lui ont don. né le nom de Hartlooper^ ou de coureur. On ne peut pas douter que cet animal ne faiïe un genre très-diftin & des deux cotés de ia Gij 148 Supplément à VHijloirc mâchoire, il y a une tache ronde de poils blancs, de la grandeur d'un petit écuj le refte du corps eft noir -, Tanimal pèfe en- viron cent livres. La plus petite efpèce a le poil roux, & nç pèfe ordinairement que foixante livres. Ceft la grande efpèce dont nous avons donné la defcription & les figures*: & à regard de la petite efpèce , nous ne croyons pas que cette différence dans la couleur du poil & la grandeur du corps, dont parle M. de la Borde, puifle être autre chofe qu une variété produite par rage ou par quelquautre circonftance accidentelle. M. de la Borde dit néanmoins, que ceux de la plus grande efpèce ne courent pas comme ceux de la petite après les chiens & les hommes -, il ajoute que les deux efpèces habitent les grands bois, qu ils vont par troupes de deux ou trois cents. Dans le temps des pluies, ils habi- tent les montagnes , & lorfque le temps des pluies eft palTé, on les trouve conf- » Tome IV, Plamhs j>remière, £age i, dès Animaux quadrupèdes. 149 tàmmenc dans les endroits bas & maré- cageux. Ils fe noLirriiîent de fruits , dé graines , de racines , & fouillent aufîî les eiKlroirs boueux pour en tirer des vers & des infectes. On les chalTe fans chiens & en les fuivant à la pifte. On peut les tirer aifément & en tuer pluiîeurs > car ces animaux au lieu de fuir fe ralTem- blent, & donnent quelquefois le temps de recharger & de tirer pîufieurs coups de fuite. Cependant ils pourfuivent les chiens & quelquefois les hommes : ï\ taconte qu^étant un jour à la chalTe de ces animaux avec pîufieurs autres per- fonnes, & un feul chien qui s*étoit, à leur afpe6t> réfugié entre les jambes de fon maître, fur un rocher où tous les chaflfeurs étoient montés pour fe mettre en fureté, ils n'en furent pas moins in- veftis par la troupe de ces cochons, & qu'ils ne cefsèrent de faire feu fans pou- voir les forcer à fe retirer , qu'après en avoir tué un grand nombre. Cependant, drt-il 5 ces animaux s'enfuient lorfqu'ils ont été chaiTés plusieurs fois. Les petits que 1 on prend à la chaflTe, s'apprivoifent aifément, mais ils ne veulent pas fuivrc G iij ï jo Supplément à Pllijloire îes autres cochons domeftiques, & ne fe mêlent jamais avec eux. Dans leur état de liberté , ils fe tiennent fouvent dans les marécages & traverfent quelquefois les grandes rivières, ils font beaucoup de ravages dans îes plantations -, leur chair, dit- il, eft de meilleur goût, mais moins tendre que celle des cochons domefti- ques •, elle refTemble à celle du lièvre & n'a ni lard ni grailTe. Ils ne font que deux petits , mais ils produifent dans toutes les faifons. Il faut avoir foin, lorfqu'on les tue , d'oter la glande qu'ils ont fur le dos , cette glande répand une odeur fétide , qui donneroit un mauvais goût à la viande, M. de la Borde parle d'une autre ef- pèce deîcochon qui fe nomme Padraj 8c qui fe trouve également dans le continent de la Guyane : je vais rapporter ce qu'il en dit, quoique j'avoue qu'il foit difficile d'en tirer aucune conféquence, je le cite dans la vue que M. de la Borde lui-même ou quelqu'autre Qbfervateur pourra nous donner des renfeignemens plus précis, & des defcriptions un peu plus détaillées. €£ Le pâtira eft de la grolTeur du pé-^ des Animaux quadrupèdes, i j t cari de la petite efpèce *, il en diftère pat une ligne de poils blancs qu il a tout le long de répine du dos, depuis le cou jufqu'à la queue. Il vit dans les grands bois, dont il ne fort point : ces animaux ne vont jamais en nombreufes troupes, mais feulement pat familles. Ils font cependant très-communs» ne quittent pas leur pays natal. On les chaiîe avec des chiens , ou même fans chiens li Ton ne veut pas s'en iervir. Quand les chiens les pourfuivent , ik tiennent ferme , & fe défendent coura- geufement. Ils fe renferment dans dt^ trous d'arbres ou dans des creux en terre que les tatous-cabafifons ont creufés , mais ils y entrent à reculons & autant qu'ils peuvent y tenir, &: fî peu qu'on les agace, ils fortent tout de fuite. Et, pour les pren- dre à leur fortie, on commence par faire une enceinte avec du branchage *, enfuite un des chalTeurs fe porte fur le trou , une fourche à la main pour les faiiir par le cou à mefure qu'un autre chalTeur les fait for-, tir, & les tue avec un fabre. S'il n'y en a qu'un dans un trou , & que le chafTeur n'ait pas le temps de le pren^ G Vf î j 1 Supplément à PHiJIoire dre , il en bouche la fortie & eft fur de re- trouver le lendemain Ton gibier. Sa chair eft bien fupérieure à celle des autres co* chonsj on les apprivoife aifément lorf- qu'on les prend petits, mais ils ne peu- vent fouftrir les chiens qu'ils attaquent à tous momens. Ils ne font jamais plus de deux petits à la fois, & toutes les faifons de Tannée font propres à leur génération. Ils fe tiennent toujours dans des maré- cages, à moins quils ne foient tout-à-fait inondés. Le poil du pâtira n eft pas fi dur que celui du fanglier ou même du cochon domeftique, ce poil eft comme celui du pécari , doux ôc pliant. Les pâtiras fuivent leur maître lorfqu'ils font apprivoifés -, ils fe laiflent manier par ceux qu'ils con- noiftent, & menacent de la tête & des dents ceux qu'ils tie connoiiïènt pas. f/i^^ PL. XII. pai7 .zSz- iJ\-i'^ de^ ■ XE BAI3IROUSSA. des Animaux quadrupèdes, i 5 j faaasssaBESBca ADDI TI O N ^ux articles des Chèvres^; Etrangères p grandes & petites \ DES CHEF RE S D'EUROPE. X ONTOppiDAM rapporte que îe« chèvres font en Norwège en fî grande quantité que, dans îe féal port de Ber- guen, on embarque tous les ans jufqu'à quatre-vingts mille peaux de boucs non apprêtées, fans compter celles auxquelles on â déjà donné la façon. Les chèvres conviennent en effet beaucoup à la na- ture de ce paysv elles vont chercher feur nourriture jufque fur les montagnes Tome I , page 253. Tome V, pa^es 59 1 Ê^ fui». G V 1^4 Supplément à VHiJloire les plus efcarpées. Les mâles font fort courageux , ils ne craignent pas un loup feul , & ils aident même les chiens à dé-, fendre le troupeau (a). Du BOUC DE JU D A. Nous DONNONS ici (planche xiii ) la figure d'un bouc de Juda ou Ju'ida ^ qui nous a paru avoir quelques ditférences avec celui que nous avons donné *. M. Rour- gelât Tavoit vivant 4 TEcoIe vétérinaire, & il en conferve encore la dépouille dans fon beau cabinet d'Anatomie zoologique. Ce bouc étoit confidérablement plus grand de corps que celui de notre planche XX ; il avoir deux pieds neuf pouces de lon-< gueurjfur un pied fept pouces de hau- teur, tandis que Tautre n'avoir que vingt- quatre pouces & demi, fur dix-fepr pou- ces de hauteur *, la tête & tout le corps font couverts de grands poils blancs , le bout des narines noir \ les cornes fe tou- li-»- (a) Hiftoire Naturelle de la Norwège , par Pon-' toppidam. Journal étranger. Jui» , 1 756, * Tome V, Plançhi x x,p4^Q 319. des Animaux quadrupèdes, i j j chent prefque en naiflant, s'écartant en- fuite, & font beaucoup plus longues que celles du premier bouc, auquel celui-ci relTemble par les pieds &: par les fabots qui fonc fort courts. Ces différences fonc trop légères pour féparer ces deux ani- maux , que nous croyons être tous deux à^% variétés de la même efpèce. Nous avons parlé * des chèvres de Syrie à oreilles pendantes, qui font à peu-près de la grandeur de nos chèvres, & qui peuvent produire avec elles, même dans notre climat-, mais il exifte , àMadagafcar, une chèvre conlidérabiemientplus grande, & qui a auiïi les oreilles pendantes, & Il longues que, lorfqu'elle defcend, les oreilles lui couvrent les yeux, ce qui P l'oblige à un mouvement de tête prefque continuel pour les Jeter en arrière î en forte que , quand on la pour- fuit, elle cherche toujours à grimper & jamais à defcendre. Cette indication, qui nous a été donnée par M. Comerfon , eft I trop fuccinde pour qu'on puiiîè dire. * Tome I5 ]^agQ. 270. Gvf 1^6 Supplément â FUifloire /i cette chèvre eft de la même race que celle de Syrie , ou fi c'eft une race diffé- rente qui auroit également les oreilles pendantes. M. le vicomte de Querhoent nous a communiqué la note fuivante : a Les chèvres & les cabrits qu'on a lâchés à Tîle de rAfceniion, y ont beaucoup mul- tipliés; mais ils font fort maigres, fur- tout dans la faifon sèche. Toute Tîle eft battue des fentiers qu'ils ont faits*, ils fe retirent la nuit dans les excavations des montagnes-, ils ne font pas tout-à-fait auiïi grands que les chèvres & les cabrits ordinaires, ils font Ç\ peu vigoureux, qu'on les prend quelquefois à la courfe*, ils ont prefque tous le poil d'un brun- foncé. 3> De la g ri m m. Aux FAITS hiftoriques que nous avons pu recueillir fur cet animal, nous n'avons joint que la figure de deux têtes, l'une décharnée; & l'autre couverte dune partie \vn.- 7T Ti^m ■ fJll. JlI. XUL. ruij- 1^ V <^J« Ce grattant fouvent à cet etfet de l'un de fes pieds de derrière, & c'eft ce qui lui a fait donner ici le nom de Tetje j dérivé de Tetdg y c'eft- à-dire, net ou propre; cependant fî on le frotte un peu long- temps furie corps, il s'attache aux doigts une poufîière blanche, comme celle deâ chevaux qu'on étrille. Cet animal eft d'une extrême agilité 5 & lorfqu'il eft en repos , il tient fouvent un de fes pieds de devant élevé & re-» courbé, ce qui lui donne un air très- agréable. On. le nourrit avec du pain de feigle & des carottes, il mange volon- tiers ^uffi des pommes de terre > ii ell i 6q Supplément à VHiJlolre ruminant, & il rend Tes excrémens ca petites pelotes, dont le volume eft fort coniidérable, relativement à fa taille....» Le Dodeur Herman Grimm a dit que Thumeur jaunâtre , graflfe & vifqueufe , qui fuinte fur les cavités ou enfoncemens que porte cet animal au-deiTous des yeux , a une odeur qui participe du caftoreum & du mufc. M. Vofmaër obferve que, dans le fujet vivant qu'il déctit, il n'a pu découvrir la moindre odeur dans cette matière vifqueufe, & il remarque, avec raifon, que la figure donnée pat Grimm, eft défediueufe à tous égards , repréfen- tant fur le devant de la tête une toufte de poils qui n y efi pas, & fon fujet, qui étoit femelle, n'ayant point de cornes*, te au lieu que le notre, dit M. Vofmaër, qui eft mâle , en a d'aftez grandes à pro- portion de fa taille j & au lieu de cette haute & droite tou^Te de poils, il a Çq\x^ îement entre les cornes un petit bouquet de poils qui s'élève un peu en pointe. Il eft à très-peu près de la grandeur d'un chevreau de deux mois r^ (quoiqu'âgé pro- bablement de trois ou quatre ans *, je des Animaux quadrupèdes. i6i ' crois devoir faire cette obfervation , parce qu'il avoit été envoyé avant Thiver 1764, & que M. Vofmaer a publié fa defcrip- tion en 1767), «Il a les jambes fines & très-bien afTorties à Ton corps*, la tête belle & refTemblant afTez à celle d'un chevreuil -, l'œil vif & plein de feu -, le nez noir & fans poil, mais toujours hu- mide*, les narines en forme de croilTant alongé *, les bords du mufeau noirs , la lè- vre fupérieure fans être fendue , paroîc divifée en deux lobes \ le menton a peu de poil, mais plus haut il y a, de chaque côté, une efpèce de petite mouftache, & fous le gofîer un poireau garni de poil, » ( ce qui rapproche encore cet animal du genre des chèvres , dont la plupart ont de même fous le cou des efpèces de poireaux garnis de poils ), «La langue efl: plutôt ronde qu'oblon- gue ou pointue Les cornes font noires , finement fillonnées du haut en bas, & longues d'environ trois pouces, droites fans la moindre courbure, & fe terminant par le haut en une pointe alfez aiguë. A leur bafe^ elles ont à peu-près i6% Supplément à VHiJloîre répaiffeur de trois quarts de pouce -, elîes font ornées de trois anneaux qui s'élèvent un peu en arrière vers le corps. Les poils du front font un peu plus droits que les autres, rudes, gris & hé- riiTés à Torigine des cornes, entre ief- qucls le poil de la tête fe redrefTe encore davantage, & y forme une efpèce de toupet pointu & noir, dont defcend au miiieu du front une rare de même cou* leur qui vient ie perdre dans le nez. Les oreilles font grandes, & ont en dehors trois cavités ou folTertes, qui fe dirigent du haut en bas. Au fomniet, du coté intérieur , elles font garnies d'un poil ras & blanchâtre^ du refte, nues & noirâtres. Les yeux font afïez grands & d'un brun foncé. Le poil des paupières eft noir, ferré & long aux paupières fupé- rieures. Au-defiTus des yeux fe voient en- core quelques poils longuets , mais clair- femés ou plus difperfés. Des deux cotés, entre les yeux & le fiez, fe montre cette propriété remar- quable & fingulière , qui fait d'abord re- connoître cet animal, & dont nous avons déjà parlé. Cette partie ell moins élevée > Tl. XZlT/y,u7, 11? 2.. lie del. J^ ■ R , veuve Tariùcii tfcalp . lA GKIMM. des Animaux quadrupèdes, i g 3 nue & noire. Dans fon milieu paroît une cavité ou foflfette , qui eft comme calleufe ^ toujours humide -, il en découle, mais en petite quantité, une humeur vifqueufe, gluante & gommeufe , qui, avec le temps j (q durcit & devient noire. L'animal fem- ble fe débarrafTer de temps à autre de cette m.atière excrémentielle \ car on la trouve durcie & noire aux bâtons de fa loge, comme (î elle y avort été ejfïuyée. Quant à l'odeur , dont parle Grimm & fes copiftes, Je n'ai pu la découvrir. Le cou, qui eft médiocrement long, eft couvert au bas d'un poil alTez roide & gris-jaunâtre, tel que celui de la tête, mais blanc au golier & à la partie fupé- rieure du cou, en defïous. Le poil du corps eft noir & roide, quoique doux au toucher. Celui des par- ties antérieures eft d'un beau gris-clair 5 plus en arrière d'un brun très -clair 5 vers le ventre , gris , & plus bas tout- à-fait blanc. Les jambes font très-minces, noirâtres au bas près des fabots, les pieds de devant font, pardevant jufqu'auprès des genoux, ornés d'une raie noire. Ils n'ont 1^4 Supplément à FHlJIoire point d'ergots ou d'éperons ongulés; mais, à leur place , on voit une légère ex- croifTance. Ces pieds font fourchus , & pourvus de beaux fabots noirs, pointus Se lides. La queue efi: fort courre, blanche, & en delTus marquée d'uiie bande noire. A regard des parties naturelles, elles font fortes & confident en un gros fcrotum noir, pendant entre les jambes, accompa- gné d un ample prépuce. » M. Allamand a donné la même figure de la grîmm, dans fes additions à mon Ouvrage, mais il n'ajoute rien à ce qu'en ont dit M." Pailas & Vofmaër. nu CEE FR O TA IN. Nous DONNONS ICI (planche XV J la figure d'un chevrotain différent de celui de notre Ouvrage*. Nous avons dit ^, que le chevrotain à peau marquetée de taches blanches, 8c que Seba dit fe trou- ' Tome V, Planche x x r, page 422. * Tome V, j>a§e ^21. PI. XK/jai/ . J- (^^ ■ IMEMINAonCHEVKOTAIN DE CEYXAN. des minimaux quadrupèdes, i(S j ver à Surinam , ne fe trouve point en Amé- irique , mais au contraire aux grandes Indes , où il s'appelle Memina, Nous avons reçu la dépouille d'un chevrotain de Ceylan fous ce nom Memina ^ qui a une parfaite relTeaihlance avec la defcrip- tion que J'en ai publiée , & c'eft celui duquel je donne ici la figure-, en la com- parant à celle de notre Folumc V ^ on verra que ces deux petits animaux font également lans cornes, & qu'ils ne font tous deux qu'une iîmple variété dans la même eipèce. ï66 Supplément à VHijloire ADDITION Aux articles du Chien ^^ du Loup & du Renard "-^ dii Chacal & de Vlfatis K Du CHIEN. JM* DE Mailly, de rAcadémîe dé Dijon» connu par plufîeurs bons ouvrages de Littérature, m'a communiqué un fait qui mérite de trouver place dans THiftoire Naturelle du chien: voici Textrait de la lettre qu il m'a écrite à ce fujet le 6 oc- tobre 1772, tt Le Curé de Norges, près de Dijon, pofsède une chienne qui, fans avoir ja- * Tome I , fage 309. * Tome II, pages 185 ô' 205. «• Tome VI, pagts i88 6* 20 j. des Animaux quadrupèdes, i6y mais porté ni mis bas, a cependant tous les f/mptomes qui caradérifent ces deux manières d'être. Elle entre en chaleur à peu-près dans le même temps que tous les autres animaux de Ton efpèce, avec cette différence qu elle ne fouffre aucun mâle j elle n en a jamais reçu. Au bout du temps ordinaire de fa portée, fes mamelles fe remplirent comme fi elle étoit en géline , fkns que fon lait foit provoqué par aucune traite particulière; comme il arrive quel- quefois à d'autres animaux auxquels on en tire, ou quelque fubftance fort femblable, en fatigant leurs mamelles. Il n y a rien ici de pareil-, tout fe fait félon l'ordre de îa Nature, & le lait paroît être fi bien dans fon caradère, que cette chienne a déjà allaité des petits qu'on lui a donné, Se pour lefqueîs elle a autant de tendrelTe , de foins & d'attention que fi elle étoic leur véritable mère. Elle efl aduellement dans ce cas, & je n'ai l'honneur de vous afifurer que ce que je vois. Une chofe plus fingulière peut-être, eft que la même chienne, il y a deux ou trois ans, allaita deux chats, dont l'un contrada fi bien Jes inclinations de fa nourrice, que fon 1 6 8 Supplément à PHiJloire cri s'en refTentif, au bout de quelque temps, on s'aperçut qu'il reilembloit beau* coup plus à Taboiement du chien qu au miaulement du chat. » Si ce fait de la production du lait, fans accouplement 8c fans prégnation, étoit plus fréquent dans les animaux qua- drupèdes femelles, ce rapport les rap- procheroit des oifeaux femelles qui pro-« duifent des œufs fans le concours du mâle. VARIETES DANS LES ChIENS, Il Y AvoiT ces années dernières, à îa foire Saint-Germain, un chien de Sibérie, qui nous a paru alTez ditlérent de celui qui efl: gravé "^^ pour que nous en ayons retenu une courte defcription. Il étoit couvert d'un poil beaucoup plus long, êz qui tomboir prefqu'à terre. Au premier coup d'œil, il reflfembloit à un gros bi- chon , mais fes oreilles droites étoient & en même temps beaucoup plus grandes. * Tome I , Planche x v, j?â^e 372. II des Animaux quadrupèdes, i 6c^ Il écoit tout blanc, & avoit vfngt pouces & demi de longueur depuis le bout du nez juiquà rextrémrté du corps ^ onze pouces neuf lignes de hauteur, niefuré aux jambes de derrière, & onze pouces trois lignes à celles de devant. L œil d'un brun châtain, le bout du nez noirâtre, rjnfi que le tour des narines & le bord de l'ouverture de la gueule s les oreilles qui! porte toujours droites, font 'très- garnies de poil , d'un blanc jaune en dedans, & fauve fur les bords & aux ex- trémités Les longs poils, qui lui couvrent la tête, lui cachent en partie îes yeux, & tombent jufque fur le nez; les doigts' & les ongles des pieds font aufïï cacîiés par les longs poils des jambes, qui font de la même grandeur que ceux du corps • la queue qui fe recourbe comme cq\\*q du chien-loup, efl au/îi couverte de très- grands poils pendans, longs en général de fept a huit pouces. C'eft le chien le plus vêtu & le mieux fourré de tous les chiens. D'autres chiens amenés à Paris par des Kulles, en 1755?, Zc auxquels iis don- noient le nom de Chiens de Sibcnc Tome FUI. Quadrupèdes. y "^ '-'f I 7 o Supplément à VîJijlolre ccoient d une race très-différente^ du pré- cédent, lis étoient de groffeur égale, le mâle & la femelle, à peu-près de la gran- deur des lièvres de moyenne taille*, le nez pointu, les oreilles demi -droites, un peu pliées par le milieu -, ils n étoient point effilés comme les lièvres, mais- bien ronds fous le ventre. Leur queue avoir environ huit à neuf pouces de long, aiïez grode Sl obtufe à fon extrémité v ils étoient de couleur noire & fans poils blancs; la femelle en avoir feulement une touffe grife au milieu de la tête , & le mâle une touffe de même couleur au bout de la queue. Ils étoient fi caref- fans qu'ils en étoient incommodes , & d'une gourmandife ou plutôt d'une voracité fi grande , qu'on ne pou- voir jamais les raiïafier. lis étoient en même temps d'une malpropreté infup- portable & perpétuellement en quête pour affouvir leur faim. Leurs jambes n étoient ni trop groffcs ni trop menues , mais leurs pattes étoient larges, plates & même fort épatées -, enfin leurs doigts étoient unis par une petite membrane. Leur vok étoit très forte, ils navoient des Animaux quadrupèdes, iji nulle rnclinarion à mordre, & carefToient indiftinctement tout le monde *, mais leur vivacité étoir au-deflus de toute expreA fion (a). D'après cette notice, il paroîc que ces chiens prétendus de Sibérie , font plutôt de la race de ceux que j*ai appelés Chiens d' IJlande y dont la figure eft gravée*, qui préfente un grand nom- bre de caractères femblables à ceux qui font indiqués dans la defcription âr defTus. ce Je me fuis informé ( m'écrit M. Coîrn- fon ) des chiens de Sibérie -, ceux qui tirent des traîneaux & des charrettes , font de mé- diocre grandeur \ ils ont le nez pointu , îes oreilles droites & longues -, ils portent leur queue recourbée, quelqueS'U;iS font comme des loups, & d'autres comme des renards, & il eft certain que ces chiens de Sibérie s'accouplent avec des loups & des renards. Je vois ( continue M. Colin-» (a) Extrait d'une lettre de M. Pafumot, de rAcadémie de Dijon, à M. de Buffon, en dat« du 1 mars 1775. * Tome X, Planche x r, page 372. l'J^ Supplément a PHiJIoire fon) par vos expériences, que quand ces animaux font contraints, ils ne veulent pas s'accoupler -, mais en liberté ils y confentent, je l'ai vu moi-même en Angleterre pour le chien & la louve, mais Je n'ai trouvé perfonne qui m'ait dit avoir vu l'accouplement des chiens & des renards j cependant , par refpèce que j'ai vu venir d'une chienne , qui vivoit en li- berté dans les bois, je ne peux pas douter de l'accouplement d'un renard avec cette chienne. Il y a des gens à la campagne qui connoifïent cette efpèce de mulet 8c qu'ils appellent Chiens-renards (bj, » La plupart des chiens du Groenland font blancs*, mais il s'en trouve aufîi de noirs & d'un poil très-épais *, ils heurlent & grognent plutôt qu'ils n'aboient j ils font ftupides, & ne font propres à aucune forte de chaiTe. On s'en fert néanmoins pour tirer des traîneaux auxquels on les attelé au nombre de quatre ou fix» Les (b) Lettre de feu M. Colinfon i\ M. de Buffon. ^ée de JL ondres , 9 fém&r j 764. des Animaux quadrupèdes. 175 jKroënîandois en mangent la chair , & fe font des habits de leurs peaux (cj. Les chiens du Kamtfchatka font gref- fiers , rudes & demi-fauvages comme leurs maîtres. Ils font communément blancs ou noirs, plus agiles & plus vifs que nos chiens; ils mangent beaucoup de poif- fons -, on les fait fervir à tirer des traîneaux \ on leur donne toute liberté pendant Tété 5 on ne les ralTemble qu'au mois d'odtobre pour les atteler aux traîneaux , & pen- dant Thiver on les nourrit avec une ef- pèce de pâte faite de poiflTon qu'on laiiîe fermenter dans une fo(ï'e. On fait chauffer Se prefque cuire ce mélange avant de leur donner (^f//>. Il paroît , par ces deux derniers paflages tirés des Voyageurs , que la race d&% chiens de Groenland & de Kamtfchatka, & peut-être des autres climats feptentrio- naux 5 reifemblent plus aux chiens dlflande qu'à toutes autres races de chiens, car la (c) Hiftoire générale des Voyages , tm& XIX, (dj Uidem,pa^e 39. Hii] î 74 Supplément à VHiJîoire defcription que nous avons donnée ci- deflus des deux chiens amenés de Ru (lie à Paris , auffi-bien que les nonces qu'on vient de lire fur les chiens de Groenland & fur ceux du Kamtfchatka, conviennent afTez entr'elles, & peuvent fe rapporter également à notre chien d'Iflande. Quoique nous ayons donné toutes les variétés confiantes, que nous avons pu raflembler dans refpèce du chien , il en tefte néanmoins quelques-unes que nous il avons pu nous procurer. Par exemple, il y a une race de chiens fauvages dont 5'aivu deux individus, & que je n'ai pas été à portée de décrire ni de faire defîi- ner. M. Aubry, Curé de Saint- Louis, dont tous les Savans connoiflent le beau Cabinet , & qui joint à beaucoup de connoiiTances en Hiftoire Naturelle, le goût de les rendre utiles, par la commu- nication franche Se honnête de ce qu'il pofsède en ce genre, nous a fouvent fourni des animaux nouveaux qui nous étoient inconnus-, &, au fujet des chiens, il nous a Sx. avoir vu, il y a plufieurs années, un chien de la grandeur à peu-près d'un épagneul de la jiioyentie efpècep qui avoic des animaux quadrupèdes, i 7 j de longs poils & une grande barbe au menton. Ce chien provenoit de parens de même race, qui avoienc autrefois été donnés à Louis XIV, par M. le comte de Touloufe. M. îe comte de LafTai eut aufîî de ces mêmes chiens, mais on ignore ce que cette race Singulière eft devenue. A l'égard des chiens fauvages, dans lefquels il fe trouve , comme dans les chiens domeftiques, des races diverfes, je n'ai pas eu d'autres informations que celles dont j'ai fait mention dans mon Ouvrage. Seulement M. le vicomte de Querhoent a eu la bonté de me commu- niquer une note au fujet des chiens fau- vages, qui fe trouvent dans les terres voi- lînes du cap de Bonne-efpérance. Il dit, ce qu'il y a au Cap des compagnies très- hombreufes de chiens fauvages qui font de la taille de nos grands chiens , & qui ont le poil marqué de diverfes couleurs. Ils ont les oreilles droites, courent d'une grande vîtelTe, & ne s'établiiTent nulle part fixement. Ils détruifent une quantité étonnante de betes fauves *, on en tue ra- rement, & ils fe prennent diilicilement aux pièges > car ils n'approchent pas Hiv iy6 Supplément à PHiJîoire aifément des chofes que l'homme a tou- ché. Comme on rencontre quelquefois de leurs petits dans les bois , on a tente de les rendre domeftiques, mais ils font fî méchans étant grands, qu'on y a renoncé. » Du LOUP. Nous AVONS DIT dans l'hiftoire du îoup , qu'on les avoir détruits en Angle- terre*, il femble que, pour dédommage- ment, ces animaux aient trouvé de nou- veaux pays à occuper. Pontoppidam pré- tend qu'il n'en exiftoit point en Nor- vège, & que c'eft vers l'année 1 7 i 8 qu'ils s'y font établis *, il dit, que ce fut à l'oc- cafion de la dernière guerre entre les Sué- dois & les Danois qu'ils pafsèrent les mon- tagnes à la fuite des provilions qui fui- yoient ces armées (^e ), Quelques Anglois qui ont travaillé à une zoologie , dont ils ont exclu tous les animaux qui n'étoient pas ^r^ro/zj^ m'ont fait reproche d'avoir dit, qu'il y avoii (e) Hiftoire Naturelle de îa Norwège , par Pon- toppidam, Journal étranger. Juin y 1756. des Animaux quadrupèdes. 177 encore des loups dans le nord de leur île s je ne l'ai point affirmé, mars j'ai feu- lement dit^ que Ton m'avoit aflliré qu ii y en avoit en EcofTe.CeftMylord, comte de Morton, alors Préfîdent de la Société royale, homme trcs-refpedlable , très-véri- diquejÉcofTois, pofTédant de grandes ter- res , qui m'a en effet affuré ce fait en 1 7 5 6 j je m'en rapporte à fon témoignage encore aujourd'hui, parce qu'il eft pofitif, & que l'affertion de ceux qui ont travaillé à la zoologie Britannique, n'eft qu'un témoi- gnage négatif. M. le vicomte de Querhoënt dit, dans {es obfervations , qu'il y a , au cap de Bonne-efpérance , deux efpèces de loup, dont il a vu la peau, l'un gris tigré de noir, & l'autre noir. Il ajoute, qu'ils font plus grands que ceux d'Europe, & qu'ils ont la peau plus épaiflTe & la dent plus meurtrière i que néanmoins leur lâcheté les fait peu redouter, quoiqu'ils viennent quelquefois la nuit comme les onces dans les rues de la ville du Cap. mmtm * Tome H y j}agc 201. 178 Supplément à P Hijloire Du RENARD. Les Voyageurs nous difent que les xenards du Groenland, font afTez fcmbla- bles aux chiens par la tête & par les pieds, &: qu'ils aboient comme eux. La plupart font gris ou bleus, & quelques-uns font blancs. Ils changent rarement de cou- leur, & quand le poil dans refpère bleue commence à muer, il devient paie, & la fourrure n'eft plus bonne à rien. Ils vivent d'oifeaux &: de leurs œufs, & lors- qu'ils n'en peuvent pas attraper , ils fe con- tentent de mouches, de crabes & de ce qu'ils pèchent. Ils font leurs tanières dans les fentes des rochers (f). Au K'amtfchatka, les renards ont un pcil épais, fî luifant & fi beau, que îa Sibérie n'a rien à leur comparer en ce genre. Les plus eftimés font les châtains- noirs, ceux qui ont le ventre noir & le corps rouge , & aufli ceux à poil cou- leur de fer (^g). (f) Hiftoire générale des Voyages, tome XIX, fgj HiftoJregénéraîe des Voyages, wme XIX, fage, 252. des Animaux quadrupèdes, lyç Nous avons parlé des renards noirs de Sibérie, dont les fourrures fe vendent encore bien plus cher que celles de ces renards rouges ou châtains - noirs de Kamtrchatka. En Norwège, il y a des renards blancs^ des renards bais & des noirs*, d'autres qui ont deux raies noires fur les reins ; ceux-ci 8c les tous noirs font les plus eftr- niés. On en fait un très-grand commerce. Dans le feul port de Berguen on embar- que , tous les ans , plus de quatre mille de ces peaux de renards. Pontoppidam, qui fouvent donne dans le merveilleux , pré- tend qu'un renard avoir mis par rangées pluiieurs têtes de poifTons à quelque dif- tance d\me cabane de pêcheurs, qu'on ne pouvoir guère deviner Ton but ; mais que, peu de temps après, un corbeau qui vint fondre fur ces têtes de poilTons , fut la proie du renard. Il ajoute que œs animaux fe fervent de leur queue pour prendre des écreviiTes , Sec. (hj. (%) Hiftoire Naturelle de la Norwège , par Pon- toppidam, Journal étranger. Juin , 1 756. Hvj I 8 o Supplément à VHiJîoire Du CHACAL. Nous DONNONS ICI la figure (plan- che X V ij d'un chacal que nous croyons être îe petit chacal ou adive. Le defïin m'en a été envoyé d'Angleterre , fous le iîmple nom dt chacal, M. le chevalier Bruce m'a alTuré que cette efpèce ici re- préfentée, étoit commune en Barbarie, où on l'appelle Thakh y & comme la figure ne relTemble pas à la defcription que nous avons donnée du chacal^, je fijis perfuadé que c'efl: celle de Tadive ou petit chacal dont nous avons parlé , & qui diffère du grand chacal par la figure au- tant que par les mœurs, puifqu on peut spprivoifer celui-ci & îélever en do- mefticité , au lieu que nous n'avons pas appris que le grand chacal ait été rendu donieftique nulle part. JD E l'I S A T I S. Par une lettre datée de Londres, ïe * Tome V I,p«^M 1^0 ^Z"^' ■fj. rf"^' Tcy/n. mï. Pi'.Ii'cÛ/. FLxn . pa^r-jJc' !• Seoe de/. Mad . TA ■ Hauj-j-el^t Scu^. LE CHACAL AT)I\^I1 . des Animaux quadrupèdes, i 8 i 19 février 1768, M. Colinfon m'écrit dans les termes fuivans : a Un de mes amis, M. Paul Demi- doft, Rufîîen, qui admire vos Ouvrages, vous envoie le defîin d'un animal qui n*eft point encore décrit, appelé Cojjac ; il vient des grands déferts de Tartarie, iitués entre les rivières Jaïck ^ Emba & les fources de YIrtish j ces cofTacs y font en fi grand nombre, que les Tarcares en apportent tous les ans cinquante mille peaux à Oremburgh y d'où on les porte en Sibérie & en Turquie. » II y a du bout du mufeau P'^ds. pouces. lignes. à l'origine de la queue.... i, 7« n. De la plante du pied au fommet de la tSre i. 2. J". De la plante du pied au- delTus des épaules » 11, ' Longueur de la tête * J. 2. Longueur des oreilles.. . * 2.. 2, Diftance entre les oreilles, * 3. • Longueur de la queue.. . * lo. * 'c La forme de la tête, le doux regard 5c l'aboiement de cet animal, femblenc le rapprocher du chien 3 néanmoins il ^ I 8 2 Supplément h VHiJloire de commun avec le renard fa queue & fa fourrure très-belle & très- douce. Son fang eft dune nature ardente, & il répand une afTez mauvaife odeur par la refpira- tion 5 comme le chacal & le loup. » Il m'a paru, par ce defîîn & encore plus par cette courte defcription de AI. Demidoft & par celle de M. Gmelin, que cet animal e(l Tifatis dont nous avons parlé ", & c'eft pour cela que je Tai fait graver (planche XV II), * Tome VI,/fl^e 205. PL.:n^jT.^uic7ifi^ des Animaux quadrupèdes, 183 ADDITION A r article du Chat^. J 'a I DIT à Tarticle du Chat "^, que ces animaux dormoienc moins qu'ils ne font ftmblant de dormir. Queîques perfonnes ontpenfé, d'après ce pa(îage, que j'érois dans Topinron que les chats ne dormoient point du tout. Cependant Je favois très- bien qu'ils dorment, mais j'ignorois que leur iommeil fût quelquefois très-pro- fond*, à cette occafion , j'ai reçu deM.Pa- fumot, de l'Académie de Dijon, qui eft fort inftruit dans les différentes parties de THiftoire Naturelle, une lettre dont voici l'extrait : «Permettez- moi, Monfîeur, de remar- quer que je crois que vous avez àiii au fujet * Tome 1 , fagt 273, I 8 4 Supplément â rUiJloirc du chat, quil ne dornioit point. Je puis vous aiïiirer qu il dort, à ia vérité il dort rarement, mais Ton fommeil eft fi fort, que c'eft une efpèce de léthargie. Je Tai obfervé^ àix fois au moins fur différens chats. J'étois aÏÏèz jeune quand j'en fis lobfervation pour la première fois. De coutume Je couchois avec moi, dans mon lit, un chat que je plaçois toujours à mes pieds -, dans une nuit, que je ne dormois pas , je repouiïai le chat qui me gênoit. Je fus étonné de ^le trouver d un poids "lourd, & en même temps li immo- bile , que je le crus mort -, je le tirai bien vite avec la main, & je fus encore tout auiïi étonné en le tirant de ne lui fentir aucun mouvement. Je le remuai bien fort, & à force de Fagiter, il fe réveilla, mais ce fut avec peine & len- tement. J'ai obfervé le même fommeil par la fuite & la même dilîicuité dans le réveil. Prefque toujours c'a été dans la ^Hhuit. Je fai auiïî obfervé durant le jour, mais une feule fois à la vérité , & c'efl depuis que j ai eu lu ce que vous dites du défaut du fommeil dans cet animal. Je n 4 même cherché à loLferver gu à des Animaux quadrupèdes, i 8 5 caufe de ce que vous en avez dit. Je \ pourrois vous citer encore le témoignage dune perionne qui, comme moi, a fou- vent obfervé le fommeil dun chat, même ^ en plein jour & avec les mêmes circonf- ! tances. Cette perfonne a même reconnu i déplus, que quand cet animal dort en plein jour, ceft dans le fort de la cha- I leur, & fur-tout lors de la proximité des orages. 3> M. de Leftrée, négociant, de Châlons en Champagne, qui faifoit coucher fou- vent des chats avec lui, a remarqué : « I .° Que , dans le temps que ces ani- maux font une efpèce de ronflement, îorfqu ils font tranquilles ou qu'ils fem- blcnt dormir, ils font quelquefois une infpiration un peu longue, & auffitôt une forte expiration, & que, dans ce moment, ils exhalent par la bouche une odeur qui reffemble beaucoup à Todeur du mufc ou de la fouine. 2.° Quand ils aperçoivent quelque chofe qui les furprend, comme un chien ou un autre objet qui les frappe inopi- I 8 5 Supplément à PHijloire ncment, ils font une forte de fixement faux, qui répand encore la même odeur. Cette remarque n'eft pas particulière aux niales, car j'ai fait la même obfervation fur des chartes comme fur des chats de difterentes couleurs & de dirférens âges. » De CCS faits, M. de Leftrée fembleroit croire que le chat auroit, dans la poitrine ou i'eftomac, quelques vé/icules remplies d'une odeur parfumée, qui fe répand au dehors par la bouche \ mais i'Anatomie ne nous démontre rien de femblable. Nous ayons dît * qu il y a voit à la Chine des chats à oreilles pendantes -, cette va- riété ne fe trouve nulle part ailleurs, & fait peut-être une efpècc différente de celle du chat, car les Voyageurs parlant d\in animal appelé Sumxu ^ qui eft tout- à-fait domeflique à la Chine, difentqu on ne peut mieux le comparer qu'au chat, avec lequel ïl a beaucoup de rapport. Sa couleur efl: noire ou jaune, & fon poil extrêmement luifant. Les Chinois mettent à ces animaux des colliers d'argent au * Tome If page ^2 g. des Animaux quadrupèdes, i 8 7 cou, & les rendent extrêmement fami- liers. Comme ils ne font pas communs, on ies achette fort cher, tant à caufe de leur beauté, que parce quils font aux rats la plus cruelle guerre (a). Il 7 a aufïî, à Madaçafcar, des chats fauvages rendus domeftiques , dont ia plupart ont la queue tortillée, on les ap- pelle Saca ; mais ces chats fauvages font de la même efpèce que les chats domefti- ques de ce pays, car ils s'accouplent 8c produifent enremhle(^^y^. Une autre variété que nous avons ob- fervée, c*eft que, dans notre climat, il naît quelquefois des chats avec des pin- ceaux à Textrémiré des oreilles. M. de Sève, que j'ai cléjà plufieurs fois ate, m'écrit C 16 Novembre 777^^^ qu'il eft né dans fa maifon à Paris une petite chatte de la race que nous avons appelée Chat d'Efpa^ne ^ avec des pinceaux au bout des oreilles, quoique le père & la mère euffent les oreilles comme tous les au- tres chats, ceft à dire fans pinceaux, & (a) Journal des Savans , tome I, /w-4.° pa^z l6u (b) Voyage deFiacourt,i^^^e 152. i88 Supplément à rHiJloire quelques mois après les pinceaux de cette , jeune chatte étoient auffi grands, à pro- portion de fa taiile, que ceux du lynx de Canada. On ma envoyé récemment de Cayenne la peau dun annnal, qui reflemble beau- coup à celle de notre chat fauvaee. On appelle cet animal Haïra dans la Guiane, ou 1 en en mange la chair qui eft Hanche & oe bon goût j cela feul fuffit pour faire preiumerqueîe haïra, quoique fort ref- femblant au chat, eft néanmoins d\me elpece différente ^ mais il fe peut que le nom haïra foit mal appliqué ici, car îe prefume que ce nom eft le même que taira ^^ & il n'appartient pas à un chat, mais a une petite fouine dont nous avons * Tome VII-, /û^e 386. 4. des .Animaux quadrupèdes, i 8 9 ADDITION Aux articles du Cerf ^^ du Daini^ du Chevreuil & du Renne \ Du CERF. XJn sait que dans plufîeurs animaux^ tels que les chats, les chouettes, &c. la pupille de TcEil fe rétrécit au grand jour & fe dilate dans robfcurité ^ mais on ne l'avoit pas remarqué fur les yeux du cerf. J'ai reçu de M. Beccaria, favant Phyfî- cien & célèbre ProfeiTeur à Pife, la lettre fuivante, datée de Turin le 28 odtobre 17 6 7 5 dont voici la tradudion par. extrait ; ce Je préfentois du pain ( dit M. Bec- caria ) à un cerf enfermé dans un endroit " " ^■■■^■■••■■^ • TomeII,;;fl5-esi3,65Ô'75. ^ Tome V,jjage 226, I 90 Supplément à VHiJloire obfcur pour Tatcfrer vers la fenêtre, & pour admirer à loiiîr la forme rectangu- laire &: tranfverfale de Tes pupilles, qui, dans la lumière vive, n'avoient au plus qu'une demi-ligne de largeur, fur envi- ron quinze lignes de longueur. Dans un Jour plus foible, elles s'éiargidoient de plus d'une ligne & demie, mais en con- fervsnt leur figure redangulaire j &,dans îe paffage des ténèbres, elles s'élargifToient d'environ quatre lignes , toujours tranf- verralement,c'eft à- dire horizontalement, en confeivant la même forme rectangu- laire. L'on peut aiféinent s'afTurer de ces faits en mettant la main fur l'œil d'un cerf', au moment qu'on découvrira cet œil, on verra la pupille s'élargir de plus de quatre lignes. » Cette obfervation fait penfer , avec raifon, à M. Beccaria, que les autres ani- maux du genre des cerfs , ont la même faculté de dilater & de contracter leurs pupilles -, mais ce qu'il y a de plus re- inarquable ïciy c'eft que la pupille des chats , des chouettes & de pluiieurs autres animaux fe dilate & fe concraCte vertfca- des Animaux quadrupèdes, i 9 1 îement, au lieu que la pupille du cerf fe contradle & fe dilate horizontalement. Je dois encore ajouter à i'hiftoire du cerf, un fait qui m'a été communiqué par ;M. le marquis d'Amezaga, qui joint à beaucoup de connoilTanccs, une grande expérience de la chajGTe. «c Les cerfs , dit-il , mettent leur tête jbas au mois de mars, plus tôt ou plus tard, félon leur âge. A la fin de juin, les gros cerfs ont leur tête alongée &: elle commence à leur démanger. C'eft aufïî dans ce même temps qu'ils commencent à toucher au bois pour fe défaire de la peau veloutée qui entoure le merrain & îesandouillers. Au commencement d'août, leur tête commence à prendre la conlif- tance qu'elle doit avoir pour le refte de l'année. Le 17 odobre, l'équipage de S. A. S. My le Prince de Condé, attaqua un cerf de dix cors jeunemeiit-, c'eft dans cette farfon que les cerfs tiennent leur rut, & par conféquent ils font alors bien moins vigoureux, & ce fut svtc grand étonnement que nous vîmes ce cerf aller 19 2 Supplément à VHiJloirc grand train, & nous conduire à près de iix lieues de Ton lancé. Ce ceif pris, nous trouvâmes fa tête blanche & fanguinolenre , comme elle auroit dû l'être dans le temps que les cerfs ordinaires touchent au bois -, cette tête éroic couverte de lambeaux de la peau veloutée qui fe détache de la ramure. Il avoir andouillers fur andouillers & che- viiiures, avec deux perches fans empau- mures. Tous les chailëurs qui arrivèrent à la mort de ce cerf, furent fort étonnés de ce phénomène , mais ils le furent bien davantage , iorfqu'on voulut lui lever les daintiers^ on n'en trouva point dans le fcrotum 'y mais, après avoir ouvert le corps, on trouva en dedans deux petits daintiers gros comme des noifettes, &: nous vimes clairement qu'il n'avoit point donné au rut comme les autres. Se nous eftimames que même il n'y avoir jamais donné. On fait que, pendant les mois de juin , juillet & août, les cerfs font prodigieufement chargés de fuif, & qu'au 1 5 feptembre ils pilTent ce fuif, en forte qu'il ne leur , refte que de ia chair ) celui dont je parle des minimaux quadrupèdes» 195 parle avoit confervé tout Ton fuif, par la iaifon qu'il r/étoit point en état de rurer. Ce cerf avoir un autre défaur, que nous obfervames en lui levant les pieds , il lui manquoic dans le pied droit l'os du dedans du pied , &: CQt os qui fe trouvoic dans le pied gauche, étoit long d'un demi- pouce, pointu & gros comme un cure- dent. Il efl notoire qu'un cerf que Ton coupe quand il n'a pas fa tête, elle ne repoulTe plus -, on fair aufîî que lorfque Ton coupe un cerf, qui a fa tcte dans fa perfection, il la confervé toujours. Or il paroît ïci que les très-petites parties de la génération de l'animal dont je viens de parler, ont fuffi pour lui faire changer de tête, mais que la Nature a toujours été tardive dans Tes opérations pour la conformation naturelle de cet animal, car nous n'avons trouvé aucune trace d'accidens qui puiilè faire croire que ce même ordre de la Nature ait pu être dérangé *, en forte qu'on peut dire , avec grande rarfon , que ce retar* dément ne vient que du peu de facultés des parties de la génération dans cet ani- mal, lefquelles étoient néanmoins fufKt Tomç FIIL Quadrupèdes, I \/ 194 Supplément à FHiJîoire fautes pour produire la chute & la renaif- fance de la tête, puifque les meules nous indrquoient qu'il avoit eu fa tête de da- guet, fa féconde tête, fa troifième , la quatrième 8c dix cors jeunement au temps où nous l'avons pris. » Cette obfervatron de M. îe marquis d'Amezaga femble prouver encore mieux que toutes les obfervations qu'on avoic fait précédemment, que la chute & le renouvellement de la tête des cerfs, dé- pendent en totalité de la préfence des daintiers ou refticules, 6c en partie de leur état plus ou moins complet -, car ici îes tefticuies étant, pour ainfi dire, im- parfaits 8c beaucoup trop petits, la tête étoit par cette raifon plus long-temps à fe former, 8c tomboit auffi beaucoup plus tard que dans les autres cerfs. Nous avons donné * une indication aiïez détaillée au fujet d'une race particu- lière de cerf, connu fous le nom de cerf noir ou cerf des Ardennes ; mais nous * Xome Vj ^a^Qi i6o if fuiy^ des Animaux quadrupèdes, i 9 j ignorions que cetre race eût des variécés. Feu M. Colinfon m'a écrit que le roi d'Angleterre, Jacques I.^"^ avoir fait venir pluiieurs cerfs noirs ou du moins très- bruns, de diliérenspays, mais fur-tout du Hoiftein, de Danemarck & deNorwège, & ii m'obferve en même temps que ces cerfs font ditiérens de celui que j'ai dé^ crit dans mon Ouvrage. « Ils ont, dit-il, des empaumures lar* ges & aplaties à ieurs bois comme les daims. Ce qui n'eft pas dans celui des Ardennes. Il ajoute , que le roi Jacques avoit fait mettre plufieurs de ces cerfs dans deux forêts voifines de Londres, & qu'il en avoit envoyé quelques autres en Eco (Te 5 d'où ils fe font répandus dans plu- iieurs endroits-, pendant l'hiver, ils pa«» roiiTent noirs & ont le poil hérifïé, l'été ils font bruns & ont le poil lide, mais ils ne font pas fi bons à manger que \q$ cerfs ordinaires (cij. » (a ) Extrait de deux lettres de M. Colinfon h M. de Buffon, en dtite des 30 décembre 1764 oi , r: Tom . un. F/.xrnr.^ni,^ , ic? 8. des Animaux quadrupèdes, i 9 9 ce Ils vivent volontiers avec eux, dit-iî, & ne forment pas des troupes réparées. II y a plus de foixante ans que l'on a cette efpèce en Angleterre ^ elle y exifte avant celle des daims noirs & des daims blancs, & même avant celle du cerf, qui font plus nouvelles dans l'île de la Grande- Bretagne, & que je crois avoir été en- voyées de France, car il n'y avoir aupara- vant en Angleterre que le daim comniun FalloW'Deer j Sc\q chevreuil en ÉcofTe; iTiais, indépendamment de cette première efpèce de daims, il y a maintenant le daim .axis, le daim noir, le daim fauve Se le daim blanc \ le mélange de toutes ces cou- leurs faitque , dans les parcs , il fe trouve dt très-belles variétés (dj. y> Il y avoît, en 1 7<^4, à la ménagerie de Verfailles, deux daims Chinois, l'un mâle Bc l'autre femelle , ils n'avoient que deux pieds trois ou quatre pouces de hauteur j le corps & la queue écoient d'un brun- minime, le ventre & les jambes fauve- (d) Lettres de M. Coïinfon \\ M. de BufFon» Londres, 3 déczmhn 1764 6* 31 novembre 1765, iÎY 2CO Supplément à VUifioire clair, les jambes courtes, le bois large étendu & garni d'andouillers -, cette ef- pèce, plus petite que celle des daims or- dinaires & même que celle de Taxis, n eft peut-être néanmoins qu'une variété de celui-ci, quoiqu'il en diffère en ce qu il n'a pas de taches blanches -, mais on a obfervé qu'au lieu de ces taches blanches il avoit en plufieurs endroits quelques grands poils fauves, qui tranchoient vi(i- blement fur le brun du corps: au rede, la femelle étoit de la même couleur que le mâle , & Je préfume que la race pourroit non-feulement fe perpétuer en France, mais peut-être même fe mêler avec celle de Taxis, d'autant que ces animaux font également originaires de Torient de i'Afie. Vu CHEFREUIL. J'ai dit en plufieurs endroits de mon Ouvrage, que dans les animaux libres, le fauve, le brun & le gris font les couleurs ordinaires, & que c eft letat de domefticité qui a produit les daims blancs, les lapins blancs, &c. Cependant la Nature feule produit aulFi quelquefois des Animaux quadrupèdes. 2 o t ce même efFet dans îes anmiaux fauvages. M. labbe de la Vfllette m^a écrit, qu^un particulier des terres de M. Ton frère, iituees près d^Orgelet en Franche-comté, venoit de lui apporter deux chevrfllards, dont 1 un etoit de la couleur ordinaire, & 1 autre, qui étoit femelle, étoit d'un fclanc de lait, & n^avoit de noirâtre que 1 extrémité du nez & les ongles (ej. Dans toute l'Amérique Teptentrionale; on trouve des chevreuils femblables à ceux d'Europe-, ils font feulement plus grands, & d'autant plus que le climat devient plus tempéré. Les chevreuils de îa Louifiane font ordinairement du double plus gros que ceux de France (f), M. de Fontenette, quim'aafTuréce fait, ajoute quiîs s'apprivoifent aifément. M. Kalin ditia mêmechofe; il cite un chevreuil qui alloit,- pendant le jour, prendre f^ fa Vil eue à M. de Buffon, datée à Lons-Ie-Sau! 3aier,Ie lyjuin 177^. ^{i ^^^y?îf d'une iettre écrite à M. de Buffon Iv: 2 0 2 Supplément à VHiJloire nourriture au bois, & revenoic le foir à îa maifon (g) ; mais , dans les terres de TAmérique méridionale, il ne laifTe pas d'y avoir d'aiïèz grandes variétés dans cette erpèce. M. de la Borde, Médecin du Roi à Cayenne , dit : 'ce Qu'on y connoîr quatre efpèces de cer/j qui portent indiftin6tement, mâles & femelles , le nom de biches, La pre- mière efpèce , appelée hiche des bois _, ou hiche rouge j fe tient toujours dans les bois fourrés, pour être moins rourmentée des maringouins. Cette biche eft plus grande êc plus grofTe que Tautre efpèce qu'on ap- pelle biche des palUtuviers ^ qui efl: la plus petite des quatre , & néanmoins elle n'ell pas iî grofle que la biche appelée hkhe de barallou^ qui fait la féconde ef- pèce, & qui eft de la même couleur que la biche des bois. Quand les mâles font vieux, leurs bois ne forment qu'une bran- che de médiocre grandeur & grofï'eur. (g) Voyage de Piçrre Kalm. Gottiii^, ^151-; tome II, £a^e 350, des Animaux quadrupèdes, 205 & en tout temps c^s bois n'ont guère que quatre ou cinq pouces de hauteur. Ces biches de barallou font rares, & fe battent avec les biches des hois. On remarcfue dans ces deux efpèces , à la partie latérale de chaque natine , deux glandes d'une grofTeur fort apparente, qui répandent une humeur blanche & fétide. La troifièm^e efpèce eft celle que Ton appelle la hichc des fav ânes ^^ elle a le pelage grifâtre, les jambes plus longues que les précédentes , & ie corps plus alongé. Les chaiTeurs ont alTuré à M. de îa Borde que cette biche des favanes n'avoit pas de glandes au-deiTus des na- rines , comme les autres , qu'elle en dif- fère aufîî par le naturel, en ce qu'elle eft moins fauvage, & même curieufe au point de s'approcher des hommes qu'elle aperçoit. La quatrième eft celle des pallétuviers ,"" plus petite & plus commune que les trois autres ; ces petites biches ne font point du tout farouches, leur bois eft plus long que celui des autres & plus branchu , portant pluiieurs andouiilers. On les appelle biche des pallétuvkrs ^ I vj 2 04 Supplément a VHiJloire parce qu'elles habitent les favanes noyées &: les terreins couverts de pallétuviers. Ces animaux font friands de manioc, &: en détruifent fouvent les plantations*, îeur chair eft fort tendre & d'un très - bon goût^ les vieux fe mangent comme les jeunes, & font d'un goût fupérieur à celui des cerfs d'Europe, Elles s'apprivoifent aifémenf, on en voit dans les rues de Cayennesqui fortent de la ville & vont par- tout fans que rien les épouvante. Il y a même des femelles qui vont dans les fcois chercher des mâles fauvages, & qui reviennent enfuite avec leurs petits. Le cariacou eft plus petit , fon poil eft gris tirant fur le blanc -, fes bois font droits & pointus. Il eft plutôt de la race des chevreuils que de celle des cerfs \, il ne fréquente pas les endroits habités \ on n'en voit pas aux environs de la ville de Cayenne, mais il eft fort commun dans les grands bois *, cependant on l'apprivoifs aifément. Il ne fait qu'un petit tous les ans (hj, 33 (h) Extrait des obfervations mimufcrites de M. de la Borde, Médecin du Roi à Cayenne. des Animaux quadrupèdes, loj Si Ton compare ce que Ton vient de lire avec ce que nous avons dic"^ à l'ar- ticle des Matâmes _, pages j rS & fulv, on verra que tous ces prétendus cerfs ou biches de M. de la Borde, ne font que des chevreuils , dont les variétés font plus nombreufes dans le nouveau continent que telle que M. de Sève me les a données. ce La hauteur du train de devant , eft cîe deux pieds onze pouces, & celle du train de derrière, de deux pieds onze pouces neuf lignes. Son poil efl; épais & uni comme celui du cerf-, les plus courts fur le corps ont au moins quinze lignes de longueur. Il eft plus long fous ie ven- tre, fore court fur Jes jambes , & très-long fur le boulet jufqu'aux ergots. La couleur du poil 5 qui couvre le corps, eft d'un brun- rouftâtre, plus ou moins foncé dans diffé- rens endroits du corps, & mélangé ou jafpé plus ou moins d'un blanc- jaunâcre: fur une partie du dos, les cuifteSjle deftus de la tête & le chanfrein, le poil eft plus foncé, fur-tout au-deilus du larmier que des Animaux quadrupèdes, loj îe renne a comme le cerf. Le tour de Tceii eft noir. Le mufeau eft d'un brun-foncé, & le tour des nafeaux noir ; le bout du mufcau jufqu'aux nafeaux efl: d'un blanc- vif, ainfi que le bout de la mâchoire infé- rieure. L'oreille efl; couverte en deiTus d'un poil épais, blanc, tirant fur le fauve, mêlé de poil brun -, le dedans de Toreille efl: garni de grands poils blancs. Le cou èc la partie fupérieure du corps font d'un blanc-jaunâtre ou fauve très -clair, ainfi que les grands poils qui lui pendent fur la poitrine au bas du cou. Le deflous du ventre efl; blanc. Sur les côtés au - deflfus du ventre, efl: une bande large & brune comme à la gazelle. Les jambes font fort menues pour le corps, elles font, ainfl que les cuiflTes, d'un brun-foncé, & d'un blanc- faie en dedans, de même que l'extrémité du poil qui couvre les fabots. Les pieds font fendus comme ceux du cerf. Les deux ergots de devant font larges & minces ; les deux petits de derrière font longs, aflTez minces & plats en dedans; ces quatre ergots font très-noirs. // II. I. // I. 4- n 7. 8. 2 o 8 Supplément a FHiJîoire Lorxgueur du corps depuis P'^ds. pouces, ligne». le mufeau jufqu'à l'anus , en ligne fuperiicielle j, i, i- La même longueur mefu- tée en ligne droite 4. 7. a Longueur de la tête juf- qu'à l'origine des cornes... . I. I. jf Circonférence du mufeau prife derrière les nafeaux. . . Ouverture des narines». . Contour de la bouche.. . Diftance entre les angles de la mâchoire inférieure. . // i» ^« Diftance entre les angles de la mâchoire fupérieure. , a z, 9» Diflance entre l'angle pof- térieur & l'oreille // ^. 5» Diftance entre les angles antérieurs des yeux // J. K Circonférence de la tête, prife devant les cornes // 9, 3. Longueur des oreilles. .. . // 4. !• Largeur de la bafe niefu- tée fur la courbure exté- ïieure ^ 4, 3, Diftance entre les oreilles, prife en bas , fuivant la cour- bure du chignon /^ 4, 7, Longueur du cou // 10. ^ Circonférence près la tête, i, 8. 10, Circonférence près les épauks. *.« ji z, a» des Animaux quadrupèdes, 209 Hauteur du train de de- p'^^". pouces, ligne», vant -.. 2.. 5). p. Hauteur du train de der- rière 2. II, n Circonférence du corps , derrière les jambes de de- vant 5. 8. ;, Même circonférence de- vant les jambes de derrière. 3, ii, ^ Longueur du tronçon de la queue n 4, 3. Circonférence à fon ori- gine // 8. 2. Longueur du bras depuis le coude jufqu'au genou... . // 11, 2, Circonférence à l'endroit le plus gros i, i. 3, Circonférence du genou. . ^ j, 4, Longueur du canon /y 6. C, Circonférence à l'endroit le plus mince... // 3, 7. Circonférence du boulet.. /, j. 7» Longueur du paturon. . . . // 4, 3, Circonférence du paturon. // 5, 3, Circonférence de la cou- ronne .....// 7, 6, Hauteur depuis le bas du pied jurqu'au genou // 10, ^ Longueur de la cuiflë de- puis la rotule jufqu'au jarret. I, jf f^ Circonférence près le ven- tre.. , I. 10. j^ 2IO Supplément à l'Hiftoire T ^^^ 1 , pieds, pouces, liwies. Longnear du canon depuis jarrer jufqu'ai] ' Circonférence. le jarrer jufqu'au bouler... . i. Longueur des ergots 3^ ^^ Hauteur des fabors J J Longueur depuis la pince jusqu'au talon , dans les pieds de devant ^ Longueur dans \t^ pieds de derrière ^ Largeur des deux fabots', " ' " dans les pieds de devant.. . „ , La même largeur dans ceux de derrière , Circonférence des deux fibots dans les pieds de de- vant Circonférence des deux Jabots dans les pieds de der- rière ^ ^^ j^ Longueur du bois mefuré en ligne droite j^ ^^ -^ Et de l'origine à la bran- che plus courte & plus large. „ 7, 6, Circonférence à fon ori- gine // 3. 10. Au refte, il ne £iut pas juger par îa figure que nous donnons du renne , de rétendue en longueur & en groiïeur de ion bois. Il 7 a de ces bois qui s'étendent des Animaux quadrupèdes. 1 1 i en arrière , depuis la tête de Tanimal juf- quà fa croupe, & qui pointent en avant par de grands andouillers de plus d un pied de longueur. Les grandes cornes ou bois foffiles que Ton a trouvés dans plufieurs endroits, & notamment en Ir- lande, paroilTent avoir appartenu à l'el- pèce du renne. J'ai été informé, par M.Colinron,quil avoit vu de ces grands bois foiïiles , qui avoient dix pieds d in- tervalle entre leurs extrémités, avec dés andouillers qui s'étendent en avant de la face de Fanimal, comme dans le bois du renne ( i )' \ Ceft donc à cette efpèce & non pas a celle de l'élan, que l'on doit rapporter les bois ou cornes foffiles de l'animal que les Anglois ont appelé rnoofe-deer; mais il faut néanmoins convenir qu adtuelle- ment il n exifte pas des rennes aiTez grands & affez puilTans, pour porter des bois aufïï gros & auffi longs, que ceux qu'on a trouvés fous terre en Irlande, ainfi que dans quelques autres endroits de l'Europe, -r (i) Extrait d'une lettre de M. Colinfon à M. de Buffon. Londres, 6 fémer 1765. 212 Supplément à PHlJîolre & même dans FAmérfque feptentno- nale fkj, ^ Au refte, je ne connof {fois qu'une feule erpece de renne, auquel J'ai rapporté le caribou d^^mérique, & le daim de Grocn- land, dont M. Edwards a donné la figure & la defcription ; & ce n'eft que depuis peu d années, que j'ai été informé qu'il y en avoit deux efpcces ou plutôt deux vanercs, lune beaucoup plus grande que ♦ autre. Le renne dont nous donnons ici la hgure & la defcription, eft de la petite efpèce, & probablement le même que îe daim du Groenland de M. Ed- wards. Quelques Voyageurs difent que ïe renne efl le daim du nord, qu'il eft fau- vage en Groenland, & que les plus forts n y font que de la groifeur d une geniife de deux ans ("/J, Ck) On trouve dans PAmérique feptentrionale , Ats cornes qui ont du appartenir à un animal dW grandeur prodigieufe ; on en trouve de pareilles en Irlande. Ces cornes font branchues, &c. Vova<^e de Pierre Kalm , to,m II, page ^gr. ^'^' (U Hiftoire générale des Voyages, tome XIX des Animaux quadrupèdes. 1 1 3 Pontoppidam afifure que les rennes périfTent dans tous les pays du monde, à l'exception de ceux du nord, où il faut même qu'ils habitent les montagnes ^ mais il ajoute des chofes moins croyables , en difant que leur bois eft mobile, de façon que l'animai peut le plier en avant ou en arrière, & qu'il a au-de(ïus d^s paupières une petite ouverture dans la peau , par la- quelle il voit un peu, quand une neige trop abondante l'empêche d'ouvrir les yeux. Ce dernier fait me paroît imaginé, d'après l'ufage des Lappons, qui fe cou- vrent les yeux d'un morceau de bois fendu, pour éviter le trop grand éclat de la neige, qui les rend aveugles en peu d années, lorfqu ils n'ont pas l'attention de diminuer, par cette précaution, le reflet de cette lumière trop blanche, qui fait grand mal aux yeux (m). Une chofe remarquable dans ces ani-; maux , c'eft le craquement qui fe fait en- tendre dans tous leurs mouvemens, if n eft pas même nécelTaire pour cela, que (m) Hiftoire Naturelfe de la Norwége pat ^orilo^^i(hm.Joumd étranger. Juin 11^6^ ' 2 14 Supplément à VHijloirc leurs jambes foiènt en mouvement. Il fuffit de leur caufer quelque furprife ou quelque crainte en les touchant, pour que ce craquement fe falTe entendre. Oii atFure que la même chofe arrive à Télanj mars nous n avons pas été à portée de le vérifier. F/.xnr./>,z<7 -21^. I.A PEMEXI^E DU RENNE I des Animaux quadrupèdes, ii f ADDITION de UEditeur Hollandois (• M. le ProfeiTeur Allamand ). l'élan^ le cjribou & le re'jstne^ : V-j' E s T avec raifon que M. de BufFon croie que TEian de l'Europe , fe trouve aulfi dans l'Amérique feptenrrionale , fous îe nom d'Orignal ( a). S'il y a quelque différence encre les animaux àiÇxgnis par ces deux noms, elle ne confifte guère que dans la grandeur, qui, comme l'on fait, varie beaucoup fuivant le climat & la nourriture-, & encore même n'eft-il pas bien décidé quels font ceux qui font les plus grands. M. de Buffon croit que ce ^ Édition de Hollande, i//-4.o tomi X Kpage 50, (aj Voyez le tome XII, ///-4.0 Je cet Ou« vrage , Edition dç Hollande , pa^e 46. 2 I 6 Supplément à VHifioirt font ceux d'Europe (h) ; Se il eft naturel de le croire, puifque Ton voit que les mêmes animaux font conftamment plus petits dans le nouveau monde que dans l'ancien continent', cependant la plupart des Voyageurs nous repréfentent l'orignal comme plus grand que notre élan, M. Dudley, qui en a envoyé une très- bonne defcription à la Société royale , dit , |l que fes chalTeurs en ont tué un qui étoit haut de plus de dix pieds fc); il a befoin d'une pareille taille pour porter les énormes cornes dont fa tête eft char- gée, & qui pèfentcent cinquante 8c même jufqu à trois ou quatre cents livres , s'il en faut croire la Hontan fdj, Mylord duc de Richemont, qui fe fait un plailîr de raffembler, pour l'utilité publique, tout ce qui peut contribuer à la perfedion des Arts Se à l'augmentation (bj Ibidem, page 48. fcj Voyez îes Tmnfa&ions philo fophîques , poui Tannée 1721 , w.° 36B , page 165. (d) Voyez le tome XII , in-^P de cet Ouvrage j Édition de^HpHande^/û^e 47. de des Animaux quadrupèdes. 2 i 7 de nos connoifTances en Hiftoire Naturelle, a eu une femelle d'orignal, qui lui avoir été envoyée par M. le Général Carîeron, Gou- verneur du Canada, en 1766. Elle navoic alors qu'une année , & elle a vécu pendant Ineuf ou dix mois dans Ton parc de Goed- voed. Quelque temps avant qu'elle mou- rût , il en fit faire un defTin fort exadt Wil a eu la bonté de me communiquer, ^'ai cru qu'on le verroit ici avec plaifir ^planche il:, édition de Hollande J ^ lour fuppléer à celui que M. deBufFon n'a _^as eu le temps de faire achever à Paris, Comme cette femelle étoit encore jeune \ ïlle n avoit guère plus de cinq pieds de lauteur : fa couleur étoit d'un brun- •oncé pardefTus le corps , & plus clair pardellous. J'ai auflî reçu du Canada la tête d'une femelle d'orignal plus âgée. Sa longueur, iepuislebout du mufeaujurqu'aux oreilles^ ^ft de deux pieds trois pouces : fa circon- férence, prîfe des oreilles, eft de deux pieds huit pouces, & près de la bouche d'un pied âs^ pouces : Tes oreilles font longues de neuf pouces; mais, comme cette tête eft deiféchée, on comprend Tome FIIL Quadrupèdes, K a î 8 Supplément à PHlfîoire que ces dimenfions font plus petites que dans ranimai vivant. vj' ' ^ M deButfoneft auOi dans lifiee que le caribou de T Amérique eft le renne de Lapponie (e);ôc Ton ne peut pas re u- fer de Te rendre aux raifons par ielquelles il appuie Ton Tentiment. J'ai donne une planche du renne, qui ne fe trouve pomt dansrédition de Paris, ceft la onzième du douzième tome : elle eft une copie de celle qui a été publiée par le fameux peintre & graveur Ridinger, quia delime l'animal d'après nature. îci je croîs devoir ai outer une autre planche, qui reprelente le caribou d'Amérique ff). Ceft encore au duc de Richemont que i en fuis rede- vable. Cet animal lui a été envoyé du Canada, & il a vécu aflez long-temps dans fon parc : fon bois ne faifoit que commencer à pou(ïer quand li a ete del- fuié. Quoique je ne puille rien dire pour réclaircidement de cette planche, je iuis ^ej Voyez le mm XII, iu-^P de cet Ouvrage, Édition dé Hollande ,i;aâe 47- , (f) Plané, lu. tome X F, i/i-4." Edition d$ ïiollandç. des Animaux quadrupèdes, z 1 9 perfuadé quon la verra *rci avec pîailir; c'eft ia feule qui repréfente au vrai le caribou. En la comparant avec celle du renne , ii paroîrra d'abord qu'il y a une alTez grande différence entre les deux ani- maux qui Y font repréfentés -, mais 1 ab- iencQ dQs cornes dans le caribou, change beaucoup fa phy/ionomie. La différence entre ce caribou & le renne , paroîtra encore plus marquée , fi ion jette les yeux fur la planche iv (g). Elle repré- fente un animal qui a été vu en 1765) à la foire d'Amfterdam. S'il en faut croire les matelots qui le faifoient voir , il avoit été pris dans la mer du nord, à 76 de- grés de latitude, & environ à cinquante fieues de terre. Le capitaine Bré , de Schiedam, qui commandoit un vaifTeau deftiné à la pêche de la baleine, vit quatre de ces animaux nageant en pleine-mer -, [I fit mettre d'abord quelques hommes dans la chaloupe, qui les fui virent à force de rame pendant près de trois heures fans pouvoir les atteindre : enfin ils en (§J Volume X K in-At^ Édition de Hollande. Kij 2 2 o Supplément à VHiJloire attrapèrent deux -qui étoient jeunes, Tun eft mort avant que d'arriver en Hollande, &: l'autre eft celui dont je donne la figure, Se qui a été montré à Amfterdam. Voilà l'hiftoire de la prife de cet animal, telle qu'elle a été racontée par des matelots, qui difoient en avoir été les témoins. On ne fera pas fort difpofé à la croire : la cir- conftance de ces animaux, nageant à cm^ quante lieues de toute terre , eft plus que fufpede. Le capitaine Bré auroit pu me donner là-delîus des informations plus fûtes-, auffi ai-je voulu m'adrefter à lui pour lui en demander -, mais j'ai appris^ qu'il étoit parti pour un nouveau voy^age, dont il n'eft pas encore de retour. Quoi qu'il en foit de cette hiftoire, cet animal venoit fûrement d'un pays très- froid ^a moindre chaleur l'incommodoit, & pour le rafraîchir on lui jetoit fouvent des féaux d'eau fur le corps, fans que fon poil en parût mouillé : il n'y eut pas moyen de le conferver long-temps^ en vie-, il mourut au bout de quatre mois à Groningue, où on le faifoit voir pour de l'argent. On le donnoit pour un \ renne, & c'en étoit véritablement un, des Animaux quadrupèdes, m Il refTembloit fore à ce daim de Groen- land, dont M. Edwards nous a confervé la figure , & que M. de Buffon a pris pour un renne (h). Ces deux animaux ne diffè- rent prefque qu'en ce que le bois de ce daim eft fans empaumures -, mais les va- riétés que M. Daubenton a trouvées entre îes bois de renne qui font dans le Cabi- net du Roi, nous prouvent afTez que les empaumures n'ont rien de confiant dans ces animaux , & que les caractères diftinc- tifs qu'on en voudroit tirer, font très-" équivoques. (h) Voyez îe tome XII, in-j^.^ de cet Ouvrage^ page 46 5 Édition de Hollande. Kiij 2 2 2 Supplément à VHiJloire DESCRIPTION DU R E N N E^ ( Par M, le Profejfeur Allamand )• E Renne, qui efi: repréfenté dans îa flanche 1 Fj étoit un mâle. La couleur de fon poil étoît d'un gris-cendré à Textré^ miré, mais blanche vers Ta racine. Tout fon corps éroit couvert d'un duvet fort épais, d'où fortoient en divers endroits quelques poils alfezroides, dont la pointe étoit brune. La partie inférieure de fon cou fe faifoit remarquer par des poils de huit à neuf pouces, dont elle étoit toute couverte, & qui étoient beaucoup plus fins que des crins, & d\in beau blanc. Le bout de fon mufeau étoit noir & velu. Chacune des perches de Ton bois étoit * Hiftoire Naturelle, tomt X V^ in~/\.° pa^e 52, Édition de Hollande. des Animaux quadrupèdes. 21 $ chargée de trois andouiilers •, ceux qui forroient de la partie inférieure étoieiu dirigés en avant fur le front ', iîs Te termr- hoient tous en pointe, & ce n'étoit qu'à rexcrémité fupérieure de chaque perche qu'on remarquoit des empaumures j mais vraifemblablement il enauroit paru d'au- tres, fi l'animal avoir vécu plus long-temps: je vois par un defîîn que M. Camper a fait de cet animal , lorfqu'il étoit plus âgé de quatre mois, & qu'il a eu la bonté de me communiquer, que les empaumures du haut du bois s'étoient élargies, qu'elles commençoient à former de nouveaux an- douiilers, ôc que ceux qui font repréfen- cés pointus dans notre planche , avoient acquis plus de largeur. Ce renne avoir les jambes plus courtes, mais plus fortes & plus groiTes que celles du cerf. Ses fabots étoient auiîi beaucoup plus larges, & par-ià même plus propres à le foutenir fur la neige , le bout de l'un étoit placé fur Textrémicé de l'autre. Voici les dim.eni^ons de fes principales parties. K iv '2 2 4 Supplément à l^HiJIoire Longueur du corps mefurc P'^'^*' pouces. !ign«.. en ligne droite > depuis le bout du mufeau jufqu'à l'a- nus 4, I. ^ Hauteur du train de de- Tant.. 2. 8. /y Hauteur du triiin de der- ïicre 3. 2» '// Longueur de la tête , de- puis le bout du mufeau juf- qu'à l'origine des cornes. . . . // 7. <^. Longueur des cornes i, // g Longueur de l'andouiller , qui efl dirigé au-devant de iatete... // 4. 9. Diftance entre les cornes., u 1» 6» Diftance entre les deux fiafeaux ,....// i, 2, Diftance d'un œil à l'au- be // U // Longueur de l'œil d*un an- gle à l'autre .....// l. ^» Hauteur des jambes de derrière jufqu'à l'abdomen.. 2. i. // Longueur de la queue.. . . // 6, // - Circonférence du corps, prife autour du ventre 4. 2. // Ce renne n'eft pas le feul qui ait paru dans nos provinces -, M. le ProfelTeur Camper en a reçu un qui malheureufe- des Animaux quadrupèdes, iij ment n'a vécu chez lui que vingt-quatre heures. Sa prompte mort eft une perte pour l'Hrftoire Naturelle \ iî cet animal avoit pu être obfervé , pendant quelque temps, par un homme auŒ exa6t & péné- trant que M. Camper, nous ferions par- : faitement inftruits de tout ce qui le re- I garde. Cependant nous avons lieu de t nous féliciter qu'il foit tombé en fi bonnes mains. M. Camper Ta anatomifé avec foin, & il m'en a envoyé une dcfcriptron très-intéreiïante 5 qui le fera connoître mieux qu'il ne nous eft connu par tout ce que les autres en ont dit jufqu'à préfent*, on la lira ici avec plailir -, la voici donc telle qu'il a bien voulu me la commu- niquer^ OBSERVATIONS SUR LE ReNNE> Faites à Groningue par M, le Profeffeur F. Camper. Le Renne qu'on m'avoit envoyé de îa Lapponie par Dronthem & Amfter- «km 5 arriva à Groninguele zi juin 1771» 2 2 (j Supplément à VHiJîoire i Il étoit fort foible, non-feulement à caufe • de la fatigue du voyage & de la chaleur du climat, mais probablement fur-tout à caufe d'un ulcère entre le bonnet ou deuxième eftomac & le diaphragme, dont il mourut le lendemain. Dès qu'il fut chez moi, il mangea avec appétit de Therbe, du pain & autres chofes qu'on x îui préfenta , & il but aflTez copieufemenr. Il ne mourut point faute de nourriture, car, en l'ouvrant, je trouvai fesefl:omacs& fes boyaux remplis. Sa mort fut lente & accompagnée de convulfions qui étoient tantôt univerfelles , & tantôt uniquement vifibles à la tête : les yeux fur-tout en fouf- frirent beaucoup. C'étoît un mâle âgé de quatre ans. Tous les os de fon fquelette offroient encore les épiphyfes , ce qui prouve qu'il n'avoft pas atteint fon plein accroiflfement, auquel il ne feroit parvenu qu'à l'âge de cinq ans. Aînlî, on en peut conclure que cet animal peut vivre au moins vingt ans. La couleur du corps étoit brune & mêlée de noir, de jaune & de blanc*, le poil du Centre & fur-tout des flancs, étoit blanc avec des pointes brunes > des Animaux quadrupèdes, iiy comme dans les autres bêtes Fauves. Ceîuî des Jambes écoit d'un jaune-foncé', celui de îa tête tiroit fur le noir^ celui des flancs étoit très-touftb -, celui du cou & du poitrail étoit aufîî fort épais & très-long. Le poil qui couvroit le corps étoit li fragile, qu'il fe cafToit tranf/erfalement dès qu'on le tiroit un peu j il étoit d'une figure ondoyée, & d'une fubftance alTez femblabie à celle de la moelle des joncs dont on fait les nattes -, fa partie fragile étoit blanche. Le poil de la tête ^ du delTous du cou & des ïambes jufqu'aux ongles, n'avoir point cette h3.giïitè *, il étoit au contraire auffi fort que celui d'une vache. • La couronne des fabots étoit recou- verte de tous cotés d'un poil fort long. Les pieds de derrière avoient entre les doigts une pellicule aiïez large, faite de la peau qui couvroit le corps, mais parfe- mée d^etites glandes. A la hauteur des couronnes des fabots, il Y avoir une efpèce de canal qui péné- troit jufqu'à l'articulation du canon avec les oifelets des doigts-, il étoit de la lar- geur du tuyau d'une plume à écrire ^ & K vj 2 2 8 Suppit nient à l'HlJîoire rempli de fort longs poils. Je n ai pas pu découvrir un femblable canal aux pieds ' de devant, & j'erî ignore Tufage. La figure de cet animal drftéroit beau- coup de celle qui a été décrite par les Auteurs qui en ont parlé, & de celle que }'ai deiîîné il y a deux ans, & celaparcequ il étoit extrêmement maigre. M." Linnxus, îes Auteurs de TEncyclopédie & Edwards ie dépeignent tous fort gras, & par con- féquent plus rond & plus épais. Voici les dimenfions de fes principales parties , prifes avec le pied de Groningue, qui eft: un peu moins long que celui de ^ France. Longueur d€ la tête , de- P'^^ds. pouces. lignc*>. ^ puis le bout du mufeau juf- qu'à la nuque du cou i. z, ^ Hauteur verticale de la tête , là où elle efl: la plus fiolîe n S. // Longueur des oreilles... . // ^^ fi Longueur des vertèbres du cou, entre la tSte. ôc la pre- mière côte. I, // (I Longueur du corps, de- puis l'épaule jurqu'à l'extré» piité de l'ifchion # . . . 3». ^^ o ics Animaux quadrupèdes, 229 pieds, pouces. îignçs. Longueur de romoplate.. i, // // Longueur de Tas du bras. // li, // Longueur du canon /y ^. ^ Longueur des- doigts du pied de devant avec les fa- bots fi f^ 6^ Longueur de l'os de la jambe i. // // Longueur du canon i, u // Longueur des doigts du pied de derrière avec les fa- bots Il 6, If Hauteur du train de de- vant 3 . u f, Longueur depuis le bout du mufeau jufqu'àl'anus.. . . y, // // Diflance entre l'os des îles & la rotule... ., i.. 4. // Diflance entre l'extrémité de l'ifchion & la rotule i» 4^ // Hauteur de la partie in- férieure du corps pardelTus terre i, 6. // Diflance entre le poitrail & le pénis 2, a a. Longueur dei'efpace qu'ocr cupent les côtes dans les flancs du fquelctte^ i» u it ce Les yeux ne diffèrent pas de ceux du daim ou du cerf-, fa prunelle eft tranf-^ 2 3 0 Supplément à VHijloire | verfale, & Tiris brun tirant fur le noir;' fes larmiers, femblables à ceux des cerfs, font remplis d'une matière blaiichâtre, réfineufe , Se plus ou moins tranfpa- rente. Il y a deux points lacrymaux & deiix canaux, comme dans îe daim. La paupière fupérieure a des cils fort longs & noirs , elle n eft pas percée, comme l'ont prétendu quelques Auteurs, elle eft en- tière. L'évcque Pontoppidam, & fur Ton autorité M. Haller , ont même voulu ren- dre raifon de cette perforation de la pau- pière \ ils l'ont jugée nécefîaire dans un pays prefque toujours couvert de neige, dont la blancheur auroit pu nuire, par fon éclat, aux yeux de ces animaux lans ce lecours. Les hommes faits pour pou- voir vivre dans tous les climats , prévien- nent autant qu'ils peuvent la cécité par des voiles, ou de petites machines trouées, qui afFoiblifTent l'éclat de la lumière : le renne , fait pour ce feul climat , n'a voit pas befoin de ce mécanifme-, mais il a cette membrane ou paupière interne, iî vi/îble dans les oifeaux , & qui Te trouve dans pluiieurs quadrupèdes, fans y être mobile que dans un petit nombre. Cette I des Animaux quadrupèdes, z^t membrane n'eft pas non plus percée dans îe renne j elle peut couvrir coure la cor- née j jufqu'au petit angle de rœil. Son nez eft fort large , comme dans les vaches, & le mufeau eft plus ou moins plat, couvert d'un poil long grifâtre, & qui s'étend jufqu'à Tintérieur des narines. Les lèvres font aufîî revêtues de -poils 5 excepté un petit bord qui eft noirâtre , dur & très- poreux. Les narines font fort éloignées Tune de l'autre. La lèvre infé- rieure eft étroite, & la bouche très -fen- due, comme dans la brebis. Il a huit dents incifives à la mâchoire inférieure, mais très-petites, & très- lâche- ment attachées \ il n'en a point à la mâ- choire fupérieure, non plus que les au- tres ruminans, mais J'ai cru y remarquer des crochets, quoiqu'ils ne paroiiTent pas encore hors des gencives , dans la mâ- choire inférieure, je n'en ai vu aucun in- dice. Les chevaux en ont aux deux mâ- choires 5 mais il eft rare que les jumens en aient -, les daims , tant mâles que femelles , n'en ont prefque Jamais *, mais J'ai préparé CQt été la tête d'une biche nouvellement née , qui a un très- grand crochet à la ma- Zji Supplément à VHifioire choirefupérieure du côté gauche. La Na- ture varie trop dans cette partie pour qu'on puifïe y déterminer rien de conf- rant. Il y a fix dents mâchelières à chaque coté des deux mâchoires, c'eft-à-dire, qu'il y en a vingr-quatre en tout. Je n'ai rien à remarquer au fujet des cornes, elles ne faifoient que de naître*, Tune avoit un pouce, & l'autre un pouce & demi de hauteur: leur bafe étoit iituée entre l'orbite & l'occiput , un peu plus près de ce dernier. Le poil qui les coii- vroit étoit joliment contourné , & d'un gris tirant fur le noir -, en le voyant d'une certaine diftance, on auroit pris les deux touffes de ce poil pour deux grandes iou- ris pofées fur la tête de l'animal. Le cou efl: court, & un peu plus arqué que celui de la brebis , mais moins que celui du chameau. Le corps paroît ro- buite ; le dos efl un peu élevé vers les épaules, & aiîez droit par-tout ailleurs, quoique les vertèbres foient un peu for- mées en arc, La queue eft fort petite, recourbée en bas & très-garnie de poils. Les tefticules font très-petits, & ne pa-r des Animaux quadrupèdes, 233 roilTent point hors du corps. La verge neft pas grande -, le prépuce eft fans poil, comme un nombril j il eft fort ridé en dedans, & chargé ou couvert dune croûte pierreufe. Les fabots font grands, longs & con- vexes en dehors \ mais ils n'avoient pas les bouts placés les uns fur les autres , comme ceux du renne que j'ai delîîné il y a deux ans. Les ergots font aulTi fort longs, & ceux des pieds extérieurs tou- choient à terre quand Tanimal étoit de- bout, mais ceux des pieds poftérieurs croient placés plus haut, & ne defcen- doient pas fi bas -, aulTi les os des doigts en font-ils plus courts. Ces huit ergots étoient creux, apparem* ment parce que l'animal ne les ufoit pas. Les" inteftins étoient exactement fem- blables à ceux du daim. Il n y avoit point de véficule du fiel*, les reins étoient lilles & fans divifion -, les poumons étoient grands -, la trachée-artère étoit extrême- ment large. Le cœur étoit d'une grandeur médio- cre , & , comme celui du daim , ne conte- noir qu'un feul olTelet. Cet olTelet fou- 2 3 4 Supplément à rHiJloire tient laLafe de la valvule fémiîunaire dé î'aorre, qui eft oppolee aux deux autres, iiir lefquelies les artères coronaires du cœur prennent leur origine. Ce même oiïeîet donne de la fermeté à la cloifon membraneufe , qui efc entre les deux fînus ûLi^cœur, & à la hd^ de la valvule triglo- chine du ventricule droit. Ce qui m'a paru de plus remarquable dans cet animal , eft une poche membra- neufe & fort large, placée fous la pem du cou, & qui prenoit fon origine entre 1 os hyoïde & le cartilage thyroïde par un canal conique j ce canal alioit en s'é; largîiTant, & fo changeoit en une ef- pece cfe (ac membraneux , foutenu par deux mufcles oblongs-, ces mufcles tirent leur origine de la partie inférieure de i os hyoïde, précifément là où la bafe , 1 os graniforme & les cornes fe réuniffent. Ces mufcles font plats, minces, larges d un demi-pouce, & defcendent des deux cotes de la poche jufqu'au milieu du fac, ou les fibres fo féparent & fo perdent dans la membrane extérieure & mufcuieufe de i^ pocher ils relèvent & foutiennent cette partie à peu-près comme les crémaflères des Animaux quadrupèdes. 2 3 5 foiufennent & élèvent le péritoine , qui eft autour des tefticules dans les linges & autres animaux femblables. Cette poche s'ouvre dans le larynx, fous la racine de l'épiglotte, par un large orifice, qui admettoit mon doigt tres- aifément. Lorfque Tanimal fait fortir avec force l'air des poumons , comme quand il fait des mugiiremens, l'air tombe dans cette po- che, l'enfle & caufe néceffairement une tumeur confidérable à l'endroit indique-, le Ton doit auffi néceffairemenr changer beaucoup par-là-, les deux mufcles vident la poche de l'air quand l'animal celle de mugir. J'ai démontré, il V a vingt ans, une femblable poche dans plufieurs papions & guenons-, &, l'année paCfée , j'ai eu occa- fion de faire voir à mes auditeurs quil y en avoir une double dans l'orang-ou- tang: j'en donnerai la defcription & la figure dans un Mémoire que je me pro- pofe de publier, fur la voix de l'homme & de plufieurs animaux. Je ne faurois déterminer fi la femelle renne a cette 2}6 Supplément â FHîjIoire poche comme le mâle : dans les linges*; les deux Texes en font pourvus -, je ne me fouviens pas de Tavoir trouvée dar>s îe daim , la biche ne l'a pas. » des Animaux quadrupèdes, 237 ADD IT I O N \A V article du Lièvre^; de r Écureuil^ P avec un animal anonyme ; un autre auquel nous avons donné la déno^ mination de Rat de Mada- gafcar j enfin un autre que nous appelons Taguan ou erand Ecureuil volant ^ DU L I È r R E. Tout le monde fait que les Lièvres fe forment un gîte , & qu ils ne creufent pas profondément la terre comme ies '* ^ Tome I l,page 96. * Tome II, page 269, ' Tome 1 V, page 24. Z}B Supplément à VHiJloire * ïapins pour fe faire un terrier-, cependant j'ai été informé par M. Hettlinger , habile Naturalifte, qui fait travailler acluelle- ment aux mines des Pyrénées, que, dans les montagnes des environs de Baigory, les lièvres fe creufent fouvent des tanières entre des rochers, chofe , dit-il , qu'on ne remarque nulle part (a). On lait aufli que les lièvres ne fe tien- nent pas volontiers dans les endroits qu'ha- bitent les lapins*, mais il paroît que réci* proquement les lapins ne multiplient pas beaucoup dans les pays où les lièvres font en grand nombre. ce Dans la Norwège (ditPontoppidam) les lapins ne fe trouvent que dans peu d'endroits, mais les lièvres font en fort grand nombre, leur poil brun & gris en été devient blanc en hiver -, ils prennent & mangent les fouris comme les chats ; ïh font plus petits que ceux du Dane- niarck ( h), » (a) Extrait d'une lettre écrite par M. Hettlinger à M. de Buffon, datée de Baigory , le 16 juillet 1774. (h) Hiftoire Naturelle de la Norwége , par Pon- loippidàin. Journal étranger f Juin 1756. des Animaux quadrupèdes. 239. Je doute fort que cqs lièvres mangent des fouris, d'autant que ce n'ed pas le feui fait merveilleux ou faux que Ton puifTe reprocher à Pontoppidam. ce A Flile-de-France , dit M. le vicomte de Querhoënt , les lièvres ne font pas plus grands que les lapins de France, ils ont la chair blanche, & ils ne font point de terriers \ leur poil eO: plus liffe que celui des nôtres, & ils ont une grande tache noire derrière la tête &: le cou j ils font très-répanduSa » M. Adanfbn ait aufîî que les lièvres du Sénégal ne font pas rout-à-fait comme ceux de France, qu^ils font un peu moins gros, qu'ils tiennent par la couleur du lapin & du lièvre, que leur chair eft délicate & d'un goût exquis ( cj. DE l'ÉCURE U il. Les écureuils font plutôt des animaux (c) Voyage- au Sénégal, par M, Adanfon 5 2 40 Supplément à VHiJloirc originaires des rerres du nord que des contrées tempérées*, car ils font (i abon- dans en Sibérie, qu'on en vend les peaux par milliers. Les Sibériens , à ce que dit M. Gmelin, les prennent avec desvefpè- ces de trapes , faites à peu-près comme des quatre en chiffres , dans lefqueîs on met pour appât un morceau de poiffbn fumé , ^ on tend ces trapes fur les ar- bres (dj. Nous avons déjà parlé des écureuils noirs, qui fe trouvent en Amérique. M. Aubry, Curé de Saint -Louis, a dans fon cabinet un écureuil qui lui a été en- voyé de la Martinique, qui eft tout noir; fes oreilles n'ont prefque point de poil ou du moins n'ont qu'un petit poil très- court, ce qui le diftingue des autres écu- reuils. M. de la Borde, Médecin du Roi à Cayenne, dit qu'il n'y a à la Guyane qu'une feule efpèce d'écureuil, qu'il fe tient dans les bois, que fon poil eft rou- geâtre , & qu'il n'eft pas plus grand que (JJ Voyage de Gmelin en Sibérie, toim II, fage 232. le - I des Animaux quadrupèdes, 241 îe rat d'Europe, qu'il vit de graine de Maripa j à'Aoura ^ de Comana j &c. qu il fait Tes petits dans des trous d'arbres au nombre de deux, qu'il mord comme le rat, & que cependant il sapprivoife aifé- ment, que Ton cri eft un petit fifïlement, qu'on îe voit toujours feul fautant de branche en branche fur les arbres. Je ne fuis pas bien alTuré que cet ani- mal de la Guyane , dont parle M. de la Borde, foit un véritable écureuil, parce que ces animaux, en général, ne fe trou- vent guère dans les climats très-chauds, tel que celui de la Guyane. Leur efpèce efl au contraire fort nombreufe & très- variée dans les contrées tempérées 6c froides , de l'un &de l'autre continent. ce On trouve ( dit M. Kalm ) pîu- fieurs efpèces d'écureuils en Penfîivanie, & l'on élève de préférence la petite efpèce (l'écureuil de terre), parce qu'il eft le plus joli, quoiqu'alTez difficile à appri-. voifet. Les grands écureils font beaucoup de dommages dans les plantations de mais ; ils montent fur les épis <& les coupent en deux pour en manger la Tome VIIL Quadrupèdes^ h 2 4 i Supplément à VHiJloire moelle -, ils arrivent quelquefois par cen- taines dans un champ, & le détruifent fou- vent dans une feule nuit. On a mis leur vie à prix pour tâcher de les détruire*, on mange leur chair, mais on fait peu de cas de la peau (e) Les écureuils gris font fort communs en Penfilvanie, & dans plufîeurs autres pardes de FAmé- rique feptentrionale. Ils refTemblent à ceux de Suède pour la forme , mais en été & en hiver, ils confervent leur poil gris , & ï\s font auiïi un peu plus gros. Ces écureuils font leurs nids dans des arbres creux avec de la moufTe & de la paille. Ils fe nourrilTent des fruits des bois, mais ils" préfèrent le maïs. Ils fe font des provifions pour rhiver, & fe tiennent dans leur ma- gahn dans le temps des grands froids. Non-feulement ces animaux font beau- coup de tort aux maïs, mais encore aux chênes dont ils coupent la fleur dès qu'elle vient à paroître , en forte que ces arbres rapportent très-peu de gland On prérend qu'ils font adueliement plus (e) Voyage de Kalm, tome II, page 245. des minimaux quadrupèdes. 245 nombreux qu'autrefois dans les campa- gnes de la Penfilvanie , & qu'ils fe font multipliés à mefure qu'on a augmenté les plantations de maïs, dont ils font leur principale nourriture (fj. y> ANIMAL ANONYME. Nous DONNONS ICI (planche X X ) la figure d'un animal nouveau, c'eft-à- dire inconnu à tous les Naturaliftes, dont ie deiïin a été fait par M. le chevalier Bruce, qui m'a permis de le faire copier: cet animal dont nous ignorons le nom, & que nous appellerons [Anonyme j en attendant qu'on nous dife Ton nom, a quelques rapports avec le lièvre ', 8c d'autres avec l'écureuil. Voici ce que M. Bruce m'en a laille par écrit : « Il exifte dans la Lybie, au midi du lac qu'on appeloit autrefois Palus 7>/ro- nides j un très-iingulier animal , de neuf à dh pouces de long, avec les oreilles prcfque aulîi longues que la moitié du {fJ Voyage d§ Kalm j tome II, page 450. j; 4 4 Supplément à VHiJloiré corps & larges à proportion , ce qui ne le trouve dans aucun animal quadrupède, à l'exception de la chauve-fouris oreillard, llalemufeau prefque comme le renard, & cependant il paroît tenir de plus près àTécureuil vil vit fur les palmiers & en mange le fruit -, il a les ongles courts, quîl peut encore retirer -, c'eft un très- joli animai, fa couleur eft d'un blanc mêlé d\m peu de gris & de fauve- clair, l'inté- rieur des oreilles n'eft nu que dans le milieu , elles font couvertes d'un petit poil brun mêlé de fauve , Se garnies en dedans de grands poils blancs, le bout du nez noir , la queue fauve & noire à fon extrémité, elle eft allez longue, mais d'une forme ditîérente de celle des écu- reuils, &, tout le poil, tant du corps que de la queue, eft très-doux au toucher, Du RAT DE Madagascar. .Nous DONNONS ici la figure (plan" che XXiJ d'un petit animal de Mada- gafcar , qui a été defïîné vivant chez Ma- jdame la comtefte de Marfan ^ il nous pa- roît approcher de l'efpèce de l'écureuil ou de celle du palmifte plus que de celle Tc^-r.^'"^ T.nn.Vmf-^'^'' MxX.^a^^. ^44. IL'ANIMAI. ANONYME. des Animaux quadrupèdes, 245 du rat, car on nous a alTuré qu'on le trou- voit fur les palmiers *, nous n'avons pu ob- tenir de plus amples indications fur cet animal. On doit feulement obferver que, comme il n'a point d'ongles faillans aux pieds de derrière ni à ceux de devant, il paroît faire une efpèce particulière très- différente de celle des rats, & s'approcher de l'écureuil & du palmifle. Il femble qu'on peut rapporter à cet animal le rat de la côte fud-oueft de Madagafcar , dont parlent les Voyageurs hollandois, car ils difent que ces rats fe tiennent fur les pal- miers, en mangent les fruits, qu'ils ont le corps long , le mufeau aigu , les pieds courts & une longue queue tachetée (g)* Ces caradères s'accordent a{fez avec ceux que préfente la figure que nous donnons ici du rat de Madagafcar , pour qu'on puilTe croire qu'il eft de cette efpèce. Il a vécu plufieurs années chez Ma- dame la comteiïe de Marfan ; il avoit les mouvemens très -vifs, mais un petit cri (g) Recueil des Voyages qui ont fervi à i'éta- bliirementde'îa Compagnie des Indes orientAieSj ytoniQ I , }>agcs 413 ^ fuU\ L««» Ilj 2 4 <^ Supplément à FHiJIoire plus foîble que ceiui de réciireuil 8c à peu- près femblabie i ii mange aufîi comme les écureuils avec Tes pattes de devant, rele- vant fa. qucuQ , le drefTant & grimpant aufïi de n;ême en écartant les jambes*, il mord affez ferré & ne s'apprivoife pas ; on l'a nourri d'amandes & de fruits •, il ne fortoir guère de fa caifTe que la nuit , 8c il a très bien pafïé les hivers dans une cham- bre où le froid étoit tempéré par un peu de feu. DU TAGUAN bu GRAND Écureuil volant. Nous AVONS DIT * qu'il exifte de plus grands polatouches que ceux dont nous avons donné la description , 8c que nous avions au Cabinet une peau qui ne peut provenir que d'un animal plus grand que le polatouche ordrn:îire. M. Daubenton a fait la defcription de cette peau (" Tome X X ^ P^S' ^ 3 h^^^-^' ^^ trente-un volumes); cette peau a en eftet cinq pouces 8c demi de » Tome IVj pa^e 31. jP/.:Lxz.^iU7- 24 û. LE IIAT X>K AfADAGASCUi. des Animaux quadrupèdes, i^j long, tandis que la peau du polatouche ordinaire n'a guère que quatre pouces de longueur-, mais cette différence n'eft rien en comparaifon de celle qui fe trouve pour ia grandeur entre notre polatouche & le taguan des Indes orientales , dont la dépouille a été envoyée de Mahé à S. A. S. Monfeigneur le Prince de Condé, qui a eu alTez de bonté pour me le tal e voir & en conférer avec moi.(Nous en don- nons ici la figure P/iz/2cA. xxii.) Ce grand écureuil volant, confervé dans le très- riche cabinet de Chantilly, a vingt - trois pouces de longueur, depuis le bout du nez jufqu'à l'extrémité du corps *, il Te trouve non-feulement à Mahé, mais aux îles Philippines, & vraifemblablemenc dans plufîeurs autres endroits des Indes méridionales*, celui-ci a été pris dans les terres voifines de la côte du Malabar j c'eft un géant en comparaifon du pola- touche de Rufïie & même de celui d'Amérique -, car communément ceux-ci n'ont que quatre pouces & demi ou cinq pouces tout au plus. Néanmoins le taguan reiïemble pour la forme au polatouche dont il a les principaux caradèresj tel Liv 248 Supplément à VHlJloire que îe prolongement de la peau qui eft tout- à- fait conforme -, mais, comme il en diffère exceffivement par îa grandeur & I affez évidemment par d'autres caraélères que je vais indiquer, on doit en faire une efpèce féparée de celle du polatouche, & c'eft par cette raifon que nous l'avons indi- qué par le nom de Taguan qu'il porte aux îles Philippines, félon le témoignage de quelques Voyageurs. Le taguan diffère donc du polatouche, i.° par la grandeur , ayant vingt-trois pouces de long, tandis que îe polatouche n'en a pas cinq. 2.° Par la queue qui a près de vingt- un pouces, tandis que celle du polatouche n'a guère que trois pouces 6c demi*, d'ailleurs la queue n'eft point aplatie comme celle du polatouche, mais de forme ronde, alTez femblable à celle du chat, & couverte de longs poils bruns- noirâtres. 3.*^ Il paroît que les yeux & les oreilles de ce grand écureuil volant, font placés & enfoncés comme ceux du pola- touche, & que les mouflaches noires, font relativement les mêmes, mais la tête de ce grand écureuil volant eft moins gïo^Q, à proportion du corps que celle du des Animaux quadrupèdes, 249 polatouche. 4.° La face efl: toute noire; les cotés de la tête & des joues font mêlés de poils noirâtres & de poils blancs *, le deiïiis du nez & le tour des yeux font couverts des mêmes poils noirs , roux & blancs-, derrière les oreilles font de grands poils brun-mufc ou minime, qui couvrent les côtés du cou , ce qui ne fe voit point fur le polatouche. Le delTus de la tête & de tout le corps, jufqu'auprès de la queue, efl: jafpé de poils noirs & blancs où le noir domine, car le poil blanc efi: noirâtre à fon origine , & ne devient blanc qu'à un tiers de diftance de Ion extrémité. Le defifous du corps eft d'un blanc gris-terne, & cette couleur s'étend jufque fous le ventre. 5.° Le prolonge- ment de la peau eft couvert au-delfus de poils d'un brun-mufc, & en delTous de poils cendrés & jaunâtres. Les jambes font d'un roux-noir qui fe réunit au- deiïus de la queue, & rend la partie fu- périeure de la queue brune -, cette nuance de brun augmente imperceptiblement jufqu'au noir, qui eft la couleur de Tex- trcmité de la queue. Les pieds de ce grand écureuil volant ont le même nom- Lv / 250 Supplément à VHijloirc bre de doigts que ceux du polatouche , mais ces doigts font couverts de poils noirs, tandis que ceux du polatouche îe font de poils blancs. Les ongles font courbes & aflfez minces, & leur enipatte- ment eft large &: crochu à l'extrémité, comme dans les chats -, ces rapports & celui de la refTemblance de la queue, a fait donner à cet animal la dénomination de chat volant _y par ceux qui l'avoient apporté. Au refte, le plus grand ongle des pieds de devant avoit cinq lignes &: demie de longueur, & le plus grand ongle des pieds de derrière cinq lignes feulement, quoiqu'il foit d'une forme plus alongée que ceux de devant. On peut voir (planche XX m) la fi- gure de cet animal rare que M. de Sève a deiïiné auiïi parfaitement que l'état de fa dépouille pouvoit le permettre-, nous lui avons donné le nom de taguan^, en conféquence d'un paffjge que nous avons trouvé dans les Voyageurs, &: que je dois rapporter ici : « Les îles Philippines font le feul en- droit où l'on voit une efpèce de char des Animaux quadrupèdes, 2 j ï volant, de îa grandeur des lièvres & de la couleur des renards, auxquels les Infu- laires donnent le nom de Taguan, Ils ont des ailes comme les chauve-fouris, mais couvertes de poil, dont ils fe fervent pour fauter d'un arbre fur l'autre, à la diftance de trente palmes { hj, » Après avoir rédigé cet article, TOu- vrage de M. Vofmaer, qui contient la defcription de quelques animaux quadru- pèdes & de quelques oifeaux , m'ell tombé entre les mains-, j'y ai vu avec plaifir la defcription de ce grand écu- reuil volant, & quelques notices au fujet du polatouche ou petit écureuil volant. M. Vofmaër dit, qu'il a vu deux petits polatouches vivans , mais qu'ils n'ont pas. vécu long -temps à la ménagerie de S. A. S. Monfeigneur le Prince d'Orange. €c Ils dormoient, dit-il, prefque toute îa journée j quand on les pouflbit vive- ment 5 ils faifoient bien un petit faut (h) Hiftoire générale des Voyages, toim Xa fage 410. L vj z^ 2 Supplément à VHijloire comme pour voler , mais ils s'efquivoient d'abord avec frayeur, car ils Tout peu- reux*, ils aiment beaucoup la chaleur, & fi on les découvroit, ils le fourroient au plus Vite fous de la laine qu'on leur don- noir pour fe coucher -, leur nourriture étoit du pain trempé, des fruits, &:c. qu'ils inangeoient de la même façon que les écureuils avec leurs pattes de devant & afiîs fur leur derrière. A Tapprcche de la nuit on les voyoit plus en mouvement, la diflérence du climat influe certainem.ent beaucoup dans le changement de nature de ces petits animaux, qui paroiiTent fort délicats ( ij. y> Ce que je viens de citer, d'après M. Vof- maè'r, eft très -conforme à ce que j'ai vu moi-même fur plulieurs de ces petits ani- maux -, j'en ai encore actuellement uu ( 1 7 mars 1 775 ) vivant dans une cage, au fond de laquelle eft une petite cabane faite exprès -, il fe tient tout le jour fourré dans du coton 3 & n'en fort guère que le (i) Defcription à\m écureuil volant , par 2VI. Vofmaër , pagn 9. Amilerdam , 1 767. des Animaux quadrupèdes, 253 foir pour prendre fa nourriture *, il a un très-petit cri, comme une fouris qu'il ne fart entendre que quand on le force à forcir de Ton coton -, il mord même aiTez ferré, quoique Tes dents foient très-petites; fon poil eft de la plus grande EnefTe au toucher-, on a de la peine à lui faire étendre fes membranes ,41 faut pour cela le jucher haut & Tobliger à tomber, fans quoi il ne les développe pas*, ce qu'il y a de plus (ingulier dans cet animal , c'efl qu'il paroit extrêmement frilleux, & je ne conçois pas comment il peut fe garan- tir du froid pendant l'hiver dans les cli- mats feptentrionaux, puifqu'en France fî on ne le tenort pas dans la chambre, & qu'on ne lui donnât pas de la laine ou du coton pour fe coucher & même pour s'envelopper , il périroit en peu de temps. A l'égard du taguan ou grand écureuil volant, voici ce qu'en dit M. Vofmaer : te Le polatouche décrit par M. de Bufton, a fans contredit une grande con- formité avec celui-ci-, il a les membranes pareilles au polatouche, non pas pour 2^4 Supplément à VHiJîoïre voler, mais pour fe foutenir en Tair quand H faute de branche en branche. Le grand écureuil volant que je dé- cris ( k ) ^ ne m^'a été envoyé qu'en peau dedéchée. M. Allamand a donné une defcription abrégée de cet animal, d'après un fujet femelle , confervé à Leyde dans îe Cabinet de l'Académie. Valentin eft le premier qui en ait parlé*, il dit, qu'il fe trouve dans l'île de Gl- lolo i il appelle ces animaux des Civettes vo/antes ; il dit qu'ils ont de fort longues queues à peu-près femblables à celles des guenons-, lorfqu'ils font en repos, on ne voit point leurs ailes, ils font fauvages & peureux i ils ont la tête roufTe avec un mélange de gris- foncé, les ailes ou plutôt îes membranes , couvertes de poils en dedans & en dehors -, ils mordent forte- (kj Ce nom me paroît plus propre que celui de Chat volant, fous lequel cet animai nous eft autre- ment connu. La tête, les dents & les griffes ont plus de rapport avec les Écureuils que n'en a la fimpie queue velue, qui eft particulière au chat, L^épithète de volant convient d'ailleurs alfez à caufe du grand faut que fuit l'animal. des Animaux quadrupèdes. 255 ment & font en état de brifer très-facile- ment une cage de bois dans un^ feule nuit , quelques-uns les appellent des Singes volans ; ils fe trouvent auiïi à l'île de Ternate, où l'on prit d'abord cet ani- mal pour un écureuil, mais il avoir la tèze plus effilée & refTembloit davantage à un coefcoes j ayant le poil gris depuis le mufeau avec une raie noire le long du dos jufqu'au derrière. La peau éroit adhé- rante au corps & s'étendoif, elle eft garnie d'un poil plus blanc pardelTous & blanc comme celui du ventre. Lorfqu'il faute d'un arbre à l'autre , il étend (es mem- branes & il paroîc comme s'il étoic aplati. Dans rOuvrage de M. l'abbé Prevoftj on trouve un palTage relatif à cet animal, qu'il dit, d'après les Lettes édifiantes, fe trouver aux îles Philippines , où on l'ap- pelle Taguan. J'ai vu quatre pièces relatives à cet ani- mal, l'une au cabinet de Leyde, l'autre au cabinet de M. Heetercn à la Haye, tous deux femelles, de couleur châtain-clair fur le corps, plus foncé fur le dos, & îe bout de la queue noirâtre) la diftérence z^6 Supple'ment à VHiJloire de fexe fe connoifToit à fix petits mamelons placés à drftance égale en deux rangs à la poitrine 8c au ventre *, les deux mâles étoient dans le cabinet de S. A. S. Mon- feigneur le Prince d'Orange. » Voici la defcriprion que M. Vofmacr donne de cet animal. Dlmenjions prlfes à la mefure du Rhin. Longueur du co(rps de P'^d". pouces, lignes. l'animal i, ;. // Largeur du corps, les membranes étendues, prife auprès des pieds de devant, u 4^. // Largeur du corps , les jnembranes étendues, prife auprès des pieds de derrière. // 5 J, n Longueur de la queue jufqu'à l'extrémité du poil. • i. 8, /y Les pieds de devant étant écartés, la ligne de diftance entre le bout des onglets d'un côté à l'autre, donne... i. // 5", Et celle des pieds de der- tière . i. 5- ti ce La tète eft plus pointue que celle d*un écureuil.' des Animaux quadrupèdes, 257 Les oreilles petites, pointues, couver- tes en dehors d'un poil brun-clair très- court & très-fin -, les yeux font furmontés de deux longs poils d'un brun - fauve > les paupières paroilTent fans poils. Il y a des deux côtés du mufeau plufieurs poils en mouftaches, longs, noirs & très-roi- des-, le nez eft fans poils, les dents font comme celles dts écureuils au nombre de deux en delTus, & deux en defTous, d'un Jaune-foncé, les intérieures font fort longues, les dents molaires fe trouvent auffi au fond du miufeau. Ses pieds de devant Se de derrière, fur-tout ceux-ci, font comme cachés fous la peau à voler, qui les recouvre prefque jufqu'aux pattes, dont les antérieures font divifées en quatre doigts tout noirs, les deux du milieu plus longs que les autres, fur -tout le troifîème. Celles des pieds poftérieurs font auflî noires, & ont cinq doigts , quatre defquels font d'égale lon- gueur 5 mais le cinquième , qui eft l'inté- rieur, eft beaucoup plus court, & ne paroît que comme un fimple appendice. Les onglets font fort grands & aigus, noirs en devant, blancs en deiTous, d>c 2^8 Supplefnent à VHiJïoire larges à leur origine. Les articulations de ces doigts font femblables à celles des écureuils. La peau à voler, qui, dans notre fi- gure , fe montre étendue entre les pieds de devant & ceux de derrière, eft le plus mince au milieu , où elle a environ qua- tre pouces de largeur de chaque côté , & ne palîe pas Tépailleur du fin papier des Indes. Ailleurs elle eft cependant aufîî fort mince, d'un tifTu-clair, & garnie de petits poils châtains. Près des pieds de devant & de derrière, elle devient plus épaifTe ou s'élève en forme de coullînet, plus large aux cuififes, & allant en fe rétréciiTant vers l'extrémité des pattes.Cette partie eft couverte de poils bruns & noirs, fort ferrés. Sur les pattes de devant, elle paroît lâche & pend auprès ou par- delîbs , comme un lambeau qui eft rond & revêtu de poils drus. Les bords exté- rieurs de cette peau font courbés d'une lifière épaifte de poils noirs & gris. La partie fupérieure de la tête, le dos & l'origine de la queue font garnis de poils drus, ailez longs, noirs à leur partie inférieure, & lesfommités, ou extrémités, ; . /^ Tant. FUT- PL XXU.^.l^. iSS. TAGUAN on GRA^N'D IXUREUIL VOL le prûhjiçemenl tle la iwaii ete/iam ■ ANT ,. j: Tom.FTII. Ti,xxnr.^u2.7. -ss. TAOUAN ou GRAND ECUREUIL VOLANT «* des Animaux quadrupèdes. 259 pour la plupart, dun blanc -grifâtre. Les poils de la queue font noirs, plus gris vers le corps, & difperfes de façon Que la queue paroîc être ronde. ^ Les joues , à côté de la tête , font d un pris-brun-, le gofier d'un gris blanchatre- clair, ainfi que la poitrine, le ventre & en delTous vers la queue. La peau a vo- ler a aulTi en deflous des poils gris, mais fort clair-femés. » 2 6o Supplément à VHijloire mMmA:m-^^^ÊS^à^^st^^^siis^Mi^j^tàt-}mmm ADDIT I O A V article de la Loutre \ X o NTOppiDAM alTtire qu^en Nor- wège, la Loutre fe trouve également au- tour des eaux falées comme autour des eaux douces-, qu'elle établit fa demeure dans des monceaux de pierres, d'où les chaflTeurs la font fortir en imitant fa voix, au moyen d'un petit iifïlet : il ajoute qu'elle ne mange que les parties grafles du poif- fon, & qu'une loutre apprivoifée à la- quelle on donnoic tous les jours un peu de lait , rapportoit continuellement du poilTon à la maifon (a). Je trouve dans les notes communiquées par M. de la Borde, qu'il y a à Cayenne * Tome II, page 229. (a) Hifîoire Naturelle de îa Norwège , par Pontoppidam. Journal étranger, Juin 1756. des Animaux quadrupèdes, 16 1 trois efpèces de loutres , la noire qui peut pefer quarante ou cinquante livres, la féconde, qui eft jaunâtre. Se qui peut pefer vingt ou vingt-cinq livres, & une troiiième efpèce beaucoup plus petite , dont le poil eft grifârre, & qui ne pèfe que trois ou quatre livres. Il ajoute que ces animaux font très -communs à la Guyane le long de toutes les rivières 5c des marécages , parce que le poillbn y eft fort abondant -, elles vont même par troupes quelquefois fort nombreuies, elles font farouches & ne fe laillent point approcher*, pour les avoir, ïl faut les fur- prendre-, elles ont la dent cruelle, & fe défendent bien contre les chiens : elles font leurs petits dans des trous qu'elles creufent au bord des eaux ", on en élève fouvent dans les maifons : j'ai remarqué , dit M. de la Borde, que tous les ani- maux de la Guyane s'accoutument facile- ment à la domefticité, & deviennent in- commodes par leur grande familia- rité (b ), (h) Obfervations de M. de la Borde, Médecin du Roi à Cayenne. " M. Aubier , favant Botanrfte, que nous avons déjà cité, & M. Olivier, Chirur- gien du Roi, qui ont demeuré tous deux long-temps à Cayenne & dans le pays d'Oyapock , m'ont alTuré qu'il y avoit des ioutres fi groffes, qu elles pefoient julqu à quatre-vingt-dix & cent livres-, elles fe tiennent dans les grandes rivières qui ne font pas fort fréquentées, & on voit leur tête au-deflus de Teau; elles font des cris que Ton entend de très-loin -, leur poil eft très-doux, mais plus court que celui du caftor-, leur couleur ordinaire eft d'un brun-minime-, ces loutres vivent de poif- fon, & mangent aufïï les graines qui tombent dans l'eau fur le bord des fleuves. Nous donnons ici (planche XXJvJ la figure d'un petit animal qui nous a été envoyé de la Guyane, fous le nom de petite loutre d'eau douce de Cayenne ,^ Se qui nous paroît être la troilième efpèce dont parle M. de la Borde. Elle n'a que fept pouces de longueur , depuis le bout du nez jufqu'à l'extrémité du corps-, cette petite loutre a la queue fans poil , comme le rat d'eau, longue de fix pouces fept nif^. ^ Tom. TTTl. PlXXI7Tna.7. 2L^z. i.A PETITE I. OU tr:e DE TA glty:\2^i: . des Animaux quadrupèdes, z6 f lignes , 8c cinq lignes de groffeur à Torf- grne 5 allant toujours en diminuant jufqu'à Textrémité qui eft blanche , tandis'que tout ie refte de la queue eft brun , & au lieu de poil elle eft couverte d'une peau grenue , rude comme du chagrin -, elle eft plate par- deftbus 8c convexe pardeftus. Les mouf- taches ont un pouce de long auiïî-bren que les grands poils qui font au-delTus des yeux ^ tout le deftous de la tête & du corps eft blanc, ainii que le dedans des jambes de devant. Le deftus 8c les côtés de la tête 8c du corps font marqués de grandes taches d'un brun- noirâtre, dont les intervalles font remplis par un gris- jaunâtre. Les taches noires font fymé- triques de chaque coté du corps ^ il y a une tache blanche au-deftus de Toeil -, les oreilles font grandes & paroiiTent un peu plus alongées que celles de nos loutres» Les jambes font fort courtes, les pieds de devant ont cinq doigts fans membranes, les pieds de derrière ont auffi cinq doigts, mais avec des membranes. 64 Supplément à VHijloire ADDITION Aux articles de la Fouine '^" & de la Zibeline'-. DE LA FOUINE. jN ous donnons ici (planche xxv ) la figure d un animal Américain, qui a été envoyé de la Guyane à M. Aubry, Curé de Saint-Louis, & qui eft en très- bon érat, comme tout ce quon voit dans Ton cabinet. Quoique les dents manquent à cet animal, il m'a paru dans toutes fes autres parties fi femblable à nos fouines par la forme du corps, que j'ai penfé qu'on pouvoir le regarder comme une variété dans l'efpèce de la fouine, dont ^ Tome II, page 236. » Tome V I , pa^e. 246. celle-cî f des Animaux quadrupèdes, 2^5 celle-ci ne ditïere que par la couleur d\i poii Jafpé de noir Se de hianc, par les taches de la têre, & par la queue plus courte. Cette fouine de la Guyane a vingt pouces de longueur du bout du mufeaii Jufqu'à la naiflance de la queue , elle ell plus grande par conféquent que notre fouine, qui na que feize pouces & demî ou dix-fept pouces-, mais la queue eft bien plus courte à proportion du corps." Le mufeau fenible un peu plus alongé que celui de nos fouines, il eft tout noir, & ce noir s'étend au- deiTus des yeux, pafle fous les oreilles le long du cou, & fe perd dans le poil brun des épaules. Il y a une grande tache blanche au-deiTus des yeux , qui s'étend fur tout le front, enveloppe les oreilles, & forme le long du cou une bande blanche &: étroite , qui fe perd au- , delà du cou vers les épaules. Les oreilles ! ifont tout-à-fait femblables à celles de nos i fouines-, le dellùs de la tête paroît gris & mêlé de poils blancs i le cou eft brun, mêlé de gris-cendré, & le corps eft cour vert de poils mêlés comme celui du lapin que Ton appelle r/V/^^^ ceft-à-dire, de poil blanc &: de poii noirâtre. Ces poils Tome FIIL Quadrupèdes. M %G6 Supplément a VHijloire font gris & cendrés à leur origine, en- fuite bruns , noirs & blancs à leur eme- lîiiré Le deffous de la mâchoire eft dun noir -brun, qui s'étend fous le cou & diminue de couleur fous le ventre, ou il eft d'un brun- clair ou châtam. Les jam- bes & les pieds font couverts d'un poil luifant d'un noirroulTâtre , & les doigts des pieds redemblent peut-être plus a ceux des écureuils & des rats qu'à ceux de la fouine. Le plus grand ongle des pieds de devant a quatre lignes de long, & le plus grand ongle des pieds de der- rière n'en a que deux -, la queue eft beau- coup plus fournie de poil à fa naiflance qu'à ion extrémité-, ce poil eft châtain ou brun-clair mêlé de poils blancst Un autre animal de Cayenne, qui a rapport avec le précédent, eft celui dont nous donnons ici la figure (planche XXV Jj. Il a été defTmé vivant à la foire Saint-Ger- main en 1768 -, il avoit quinze pouces de longueur du bout du nez à l'origine de la queue, laquelle étoit longue de huit pouces, plus large & plus fourme de poils à fa naiftance qu'à Ton extrémité. Cet mn-nal étoit bas de jambe comme nos d€S Animaux quadrupèdes, iGj fouines ou nos martres. La forme de la tête eft fort approchante de celie de la fouine , à l'exception des oreilles qui ne font pas femblables. Le corps eft couvert d'un poil laineux , il y a cinq doigts à chaque pied, armés de petits ongles comme ceux de nos fouines. T> E LA ZIBELINE. Nous n'avons rien à ajouter à ce que nous avons dit de la Zibeline, que quelques faits rapportés par les voyageurs Ruftes, & qui ont été inférés dans les derniers volumes de l'Hiftoire générale des Voyages. ce Les Zibelines vivent dans des trous, j leurs nids font ou dans des creux d'ar- i bres, ou dans leurs troncs couverts de ; moufle, ou fous leurs racines, ou fur des hauteurs parfemées de rochers. Elles coni- truifent ces nids de moufle, de branches & de gazon. Elles reftent dans leurs trous ou dans leurs nids pendant douze heures en hiver comme en été, & le refte du temps elles vonr chercher leur nourriture» xM ij 268 Supplément à VHiJloire ^ En attendant la plus belle fairon, elles fe nourrirent de belettes, d'hermines, de- cureuiis & fur-tout de lièvres. Mais, dans le temps des fruits , elles mangent des baies, & plus volontiers le fruit du ior- bier. En hiver, elles attrapent des oifeaux- & des coqs de bois. Quand il fait de la iieiee , elles fe retirent dans leurs trous, où elles relient quelquefois trois femaines. Elles s'accouplent au mois de janvier. Leurs amours durent un mois, & fouvent excitent des combats fanglans entre les mâles. Après Taccouplement , elles gardent ieuis nids environ quinze jours. Elles mettent bas vers la fin de mars, & font depuis trois jufquà cinq petits, quelles allaitent pendant quatre ou lix femaines. On ne les chafle qu'en hiver, & les chalTeurs vont enfemble jufqu'au nombre de quarante à cette chafle-, ils y vont en canots, & prennent des provilions pour trois ou quatre mois. Us ont un Chef qui, arrivé au lieu du rendez- vous, ainh qiie tous les chaffeurs, affigne à cjiaque bande fon quartier, & tous les chafTeurs doivent lui obéir. On écarte la neige ou 1 on veut éreffer des pièges -, chaque chaffeur en éles Animaux quadrupèdes, 2 (d 9 drelîè vingt par jour. On choifît un petit efpace auprès des arbres-, on l'entoure, à une certaine hauteur, de pieux pointus ^ on le couvre de petites planches , afin que la neige ne tombe pas dedans*, on y laille une entrée fort étroite, au-delTus de la- quelle eft placée une poutre qui n'eft fuC- pendue que par un léger morceau de bois, & iitôt que la zibeline y touche pour prendre le morceau de viande ou de poillbn , qu'on a mis pour amorce , la bafcule tombe & la tue. On porte toutes les zibelines au condu6leur général, ou bien on les cache dans des trous d'arbres , de crainte que les Tungufes ou d'autres peu-" pies fauvages ne viennent les enlever de force. Si les zibelines ne fe prennent pas dans les pièges , on a recours aux filets. Quand le chaiïèur a trouvé la trace d'un de ces animaux, il la fuit jufqu'à fon ter- rier, & l'oblige d'en fortir au moyen de la fumée du feu qu'il allume *, il tend fon filet autour de l'endroit où la trace finit, & fe tient deux ou trois jours de fuite aux aguets avec fon chien -, ce filet a treize toifes de long, fur quatre ou cinq pieds de haut. Lorfque la zibeline fort de Miij ïyo Supplément à VHijloin fon terrier, elle manque rarement de (e prendre, &, quand elle eft bien embar- rafïee dans le filet, les chiens l'étranglent. ^i on les voit fur les arbres on les tue à coups de flèches, dont la pointe eft ob- tufe pour ne point endommager la peau^ La chafïè étant finie , on regagne le rendez-vous général & on fe remoarque auiïïtot que les rivières font devenues navigables par le dégel (a)* » (a) Hiftoke généraîe des Voyages, tome XIX, /'/. xxr./ui./ LA FOUINE Di: LA &I YAT^E .0 f^o/fi . r. ^ ' Jom. J7JI. J^^.J^.//i. -Pc.XXPT, /fciu/- 2,^Ly. Jere del ^"y¥aru-ard ^-C . XA PETITE EOXTINE BE TA GIt\A-^-E . des Animaux quadrupèdes. 1 7 i ADDITION Aux articles de la Belette & de l'Hermine'; du Suri- kate y de la MangouJIe & du Vanfirc\ DE L'HERMINE. Je BOIS citer ici avec éloge & recon- noilTance une lettre qui m'a ete écrite par Madame la comtelTe de Noyan, datée au château de la Manceliere en Bre- tagne, le 10 juillet 177 1. _ a^ Vous êtes trop jufte, Monfieut, pour ne pas faire réparation d'honneur à Tome II, pages 259 & 265. Tome VI, ^ages 93, m ^ I49-. M IV i-ji Supplément à VHiJîoire ceux que vous avez offenfés. Vous avez fait un outrage à ia race de Thermine , en i'annonçant comme une bête que l'on ne pouvoït apprivoifer. J>n ai une depuis un mois que ion a prife dans mon jardin , qui, reconnoifîante des foins que je prends d'éU, vient m/embraffer , me lé- cher & jouer avec moi comme îe pour- roic faire un petit chien. Elle eft à peu- près de la taille d'une belette, roulTâtre fur le dos, le ventre & les pattes blan- ches-, cinq belles petites griffes à fes jo- lies petites pattes-, fa bouche bien fendue, & fes dents pointues comme des aiguilles. Le tour des oreilles blanc, la barbe lon- gue, blanche & noire, & le bout de la queue dun beau noir. Sa vivacité fur- paflTe celle de Técureuil. . . . Cette jolie petite bête jouifTant de fa liberté jufqu à Theure que nous nous retirons, joue, vole nos facs d ouvrages & tout ce qu elle peut emporter. » J'avoue que je ne me fuis peut-être pas affez occupé de Téducation d^s be- lettes & des hermines que j'ai fait nourrir -, car toutes m'ont paru également farouches* des animaux quadrupèdes, a 7 3 Je ne doute pas néanmoins de ce que me marque Madame de Noyan, & d'autant moins que voici un fécond exemple qui confirme îe premier. M. Giely de Mornas, dans îe Comtat Venaifîîn, m'écrit dans les termes fuivans : ce Un homme ayant trouvé une portée de jeunes belettes , réfolut d'en élever une, & le fuccès répondit promptement à Tes foins. Ce petit animal s'attacha à lui, & il s'amufa à l'exercer un Jour de fête dans une promenade publique , où la jeune belette le fuivït conftamment, & fans prendre le change pendant plus de iîx cents pas, & dans tous les détours qu'il fit à travers les fpedtateurs. Cet homme donna enfuite ce joli animal à ma femme. La méthode de les apprivoifer eft de les manier fouvent en leur palîant douce-? ment la main fur le dos, mais auflî de les gronder & même de les battre il elles mordent. Elle eft comme la belette ordi- naire & le rouiïelet, roulTe fupérieure- ment & blanche inférieuremeut. Le fouet de la queue eft d'un poil brun approchant du noir-, elle n'a que cinq femaines, & Mv 1 7 4 Supplément à VHiJîoire j'ignore fî avec l'âge ce poil du bout de ïa queue ne deviendra pas tout noir. Le tour des oreilles n'eft pas blanc comme au rouflelet , mais elle a comme lui Tex- trémicé des deux partes de devant blan- ches 5 les deux de derrière étant roufîès même pardelTous. Elle a une petite tache blanche lur le nez , & deux petites tâ- ches rouiïes oblongues, ifolées dans îe blanc au-delîous des yeux, félon la lon^ gueur du mufeau. Elle n'exhale encore aucune mauvaife odeur, & ma femme > qui a élevé plufieurs de ces animaux, afïure qu'elle n'a jamais été incommodée de leur odeur ^ excepté les cas où quel- qu'un les excédoit Se les irritoit. On la nourrit de lait , de viande bouillie & d'eau \ elle mange peu & prend fon repas en moins de quinze fécondes *, à moins qu'elle n'ait bien faim , elle ne mange pas le miel qu'on lui préfente. Cet animal efl: propre, & s'il dort Rvr vous, & que fes befoins l'éveillent , il vous gratte pour le mettre à terre. Au furpius, cette belette efl très fami- lière &: très- gare-, ce n'eft pas contrainte Tïï tolérance 5 c'efl plaifir, goût:> attache- des Animaux quadrupèdes, zjj ment. Rechercher les careilès, provoquer les agaceries, fe coucher fur le dos, Se répondre à la main qui la flatte de mille petits coups de pattes & de dents très- arguës, dont elle fait modérer & retenir rimprelîîon au fimple chatouillement , ians jamais s'oublier -, me fuivre par-tout, me grimper & parcourir tout le corps*, s'infînuer dans mes poches, dans ma man- che, dans mon (ein y Se de-Ià m'inviter au badinage, dormir fur m.oi, manger à table fur mon afîiette, boire dans mon gobelet, me baifer la bouche Se fucer ma faiive qu'elle paroît aimer beaucoup. ( Sa langue eft rude comme celle du chat). Folâtrer fans celTe fur mon bureau pendant que j'écris, & jouer feule & fans agacerie ni retour de ma part avec mes mains & ma plume : voilà la mignar- derre de ce petit animal Si je me prête à fon jeu , ii le continuera deux heures de fuite Se jufqu'à la iaffi- tude (aj. » fa) Tertre de M. Giely à M, de Euffon ^ Marnas, id juin i'^']S> M y) 2j6 Supplément à PHijloire Par une féconde lettre de M. Giely de Mornas, du 15 août 1775, ^^ m'informe que fa belette a été tuée par accident, & il ajoute les obfervations Suivantes: « I .° Ses excrémens commençoient à empuantir le lieu où je la logeois j il faut y apporter beaucoup de foins & de pro- preté, êc la nourrir plus fouvent d'œufs ou d'omelette aux herbes que de viande. 2.° Il ne faut pas la toucher ni la pren- dre pendant qu'elle prend fon repas, dans ce court intervalle , elle eft intraitable. 3.° Elle me faigna des poufîins qu*on avoir placés à fa portée par inadvertance, niais elle n'a jamais ofé attaquer de front de gros poulets que j'engraifTois en cage *, ils la harceloient & la mettoient en fuite à coups de bec. Il étoit amufant d'obfer- ver les rufes & les feintes qu'elle em- ployoit pour tâcher de les furprendre. 4.° Quant à fa familiarité & aux grâces de fon badinage & même à fon attache- ment, je n'ai rien avancé qui ne fe foit foutenu jufqu à fa fin prématurée. Seule- ment elle s'oublioit par fois dans la cha- leur de fes agaceries, ^ comme par tranf- des Animaux quadrupèdes, 277 ports elle fcrroit un peu trop îes dents *, mais la correétion opéroit d'abord Tamen- dement. Il faut, lorfqu'on la corrige, la gronder & la frapper pofl:érieurement5& jamais vers la tête, ce qui les irrite. 5.° Elle n avoir pas beaucoup grollî, & étoit probablement de la petite ef- pèce 5 car, lors de Ton accident, c'eft-à- dire, ayant plus de deux mois, tout fon corps glilToit encore dans le même collier. 3> On trouve dans THiftoire Naturelle de la Norwège, par Pontoppidam , les obfer- vations fuivantes : \/A'i, Srii//-. LA CrR AKDE MANOOITSTE. |. des Animaux quadrupèdes, 287 nous paroît former une variété dans Tef- pèce des mangouftes ; elle a le mufeau plus gros & un peu moins long -, le poii plus hérifle & plus long, les ongles auiîi plus longs-, la queue plus hérilïee & aufB plus longue à proportion du corps. DU F A N S I R E. Le Vansire eft, comme nous Tavons dit, un animal de Madagafcar & de Tin- térieur de l'Afrique , qui reiîèmble beau- coup au furet, à l'exception du nombre & de la forme des dents , & de la lon- gueur de la queue qui eft beaucoup plus grande dans le vanlire que dans notre furet. Nous donnons ici ( planche XXIX ) îa figure d'un animal, qui nous â été en- voyé de la partie orientale de l'Afrique, fous le nom de Neipfe ; par fa forme auiïi- bien. que par cette dénomination, j'ai re- connu que c'étoit une elpècede furet, car nems ou n'ims eft le nom du furet en langue Arabe-, & ces furets d'Arabie , ou ces nems relTemblent beaucoup plus au vanfire qu'à nos furets d'Europe. Voici la defcription iju'en a faite M. de Sève, 2 8* 8 Supplément à VHiJloire ce Le Nems eft un vrai furet, à le confidérer dans le détail de fa forme & de fa fouplefTe : quand il marche, il s'a- longe & paroit bas de jambe. Il a beau- coup de conformité avec nos furets. Celui-ci étoit maie & avoir treize pouces dix lignes de longueur du mufeau à Tanus, le tron- çon de la queue un pied^ la hauteur du train de devant eft de cinq pouces fîx li- gnes, celle du train de derrière fîx pouces iix lignes, Toreilie eft fans poil & de la même forme que celle du furet commun. Son œil eft vif & l'iris d'un fauve- foncé. Son mufeau, qui eft très-fin, ne m'a pas paru avoir de mouftaces, tout le corps eft cou- vert d'un poil long, jafpé d'un brun- foncé , mêlé d'un blanc-faie qui a dix li- gnes de longueur, ce qui fait que , par fes rayures, il reftemble au lapin riche. Le ventre eft couvert d'un poil fauve-clair fans mélange. Le fond du poil de la tête, autour de l'œil, eft d'une couleur jaunâ- tre-claire, & fur le nez, les joues, les au- tres parties de la face où le poil eft court, un ton fauve plus ou moins brun par en- droits, règne par-tout fans mélange, fe continue & fe perd en diminuant dans le$ PI. XXLX:.pag. 2S8. Ctz/A. J^Mt^Ava Se. I.E 1>JE,MS. des Animaux quadrupèdes, 289 ïes parties de la tête au-de(îùs des yeux. Ses jambes font couvertes d'un poil ras fauve-foncé', les pattes ont quatre doigts & un petit doigt parderrière. Les ongles font petits & noirs ^ la queue, qui eil: au moins du double plus longue que celle de nos furets, eft très-grofl'e au commen- cement du tronçon , & très-menue au bout qui finit en pointe. De grands poils jafpés comme furie corps couvrent cette queue. Cet animal ne boit point à ce qu*a dit avoir obfervé le garçon qui en a foin. Tome FIIL Quadrupèdes. N 2 5) © Supplément à VHijloire IPW I ..■■■—■■ IWI»» ■■ Ml^ ^H ■! I II»—!!»» — — - ■mil II I.»»W11^»»>».I«IWII»W1 ■ 11^ ADDITION Aux articles de la Mawiom . & du Cajlor '; des Rats & Souris -; du Rat de ble ou Uamjler -; du Soulik^^ & de la Taupe \ De la marmotte. jSi ous DONNONS ici îa figure (plan- che XXX ) de Tanimal que nous avons indiqué fous ie nom de Monax j Mat' motte de Canada, Le deflin nous en a été ' Tome III, fdgtî 6 ô" 39. * Tome 1 1 , /fl^t's 276 £3* 285, ' Tome V I , fagt 104. * Tome VII, ^agi. 370. ^ TomeII,_pa^e 322. des Animaux quadrupèdes, 2 9 î envoyé par M. Colinfon, mais fans au- cune defcription. Cette efpèce de mar- motte me paroît dfftérer des autres mac- mottes en ce qu'elle n'a que quatre doigts aux pieds de devant, tandis que la mar- motte des Alpes & le bobak ou mar- motte de Pologne en ont cinq, comme aux pieds de derrière. liy a aufîi quelque différence dans la forme de la tête qui efl beaucoup moins couverte de poil. La queue efl plus longue & moins fournie dans le monax que dans notre marmotte, en forte qu'on doit regarder cet animal du Canada, comme une efpèce voifine, plutôt que comme une fimple variété de la marmotte des Alpes. Je préfume qu'on peut rapporter à cette efpèce l'animal dont parle le baron de la Hontan (a) _, & qu'il nomme fiffleur-, il dit qu'il fe trouve dans les pays feptentrionaux du Canada,' qu'il approche du lièvre pour la grofTeur, mais qu'il efi: plus court de corps *, que ia peau en eft fort eftimée, & qu'on ne recherche cet animal que pour cela, (a) Voyage du baron de la Hontan , tomz I, f^S^ 95- 2 9 2 Supplément à VJîiJloire parce que îa chair n'en eft pas bonne à manger -, il ajoure que les Canadiens ap- pellent ces animaux fiiïleurs, parce quils fifflent en effet à l'entrée de leurs ta- nières lorfque le temps eft beau. Il dit avoir entendu lui-même ce fifflet à di- verfes reprifes. On fait que nos mar- mottes des Alpes fifilent de même & d'un ton très-aigu. MARMOTTE m Kamtsckatka, Les voyageurs RufTes ont trouvé 'dans les terres du Kamcfcbatka un animal quils ont appelé Marmotte^ mais dont ils ne donnent qu une très-légère indica- tion -, ils difent feulement que Ta peau rel- fembie de loin, par les bigarures, au plu- mage varié d'un bel oifeau-, que cet ani- mal fe fert, comme récureuil, de Tes pattes de devant pour manger, & qud fe nourrit de racines, de baies & de noix de cèdre (b). Je dois obferver que cette expreffion Tzoix de cèdre, préfente une (h) Hiftoire générale des Voyages, tomt XIX, ^agt 253. JPl.XXX'.^UTc/. 2c} 2.. des Animaux quadrupèdes. 295 faufTe idée , car le vrai cèdre porte des cônes , Se les autres arbres , qu on a dé- lignés par le même nom de cèdre j por* tent des baies* De la marmotte nu CAP DE Bonne- ESPÉRANCE^ C'est encore à M. Allamand, favant naturalifte & Profeffeur à Leyde, que nous devons la première connoifTance de cet animal^ M. Pallas Ta indiqué fous le nom de Cavia Capenjis j 8c enfuite M. Vofmacr fous la dénomination de Marmotte bâtarde d*^frique ; tous deux en donnent la même figure tirée fur la même planche, dont M. Allamand nous avoit envoyé une gravure. Il marquoit à ce fujet à M. Daubenton : « Je vous envoie la figure d*une ef- pèce de cabiai (je ne fais par quel autre nom le défigner) que j'ai reçue du cap de Bonne-efpérance. Il n'eft pas tout-à-faic aufïi-bien repréfenté que je le defirerois, mais comme j*ai cet animal empaillé dans mon cabinet 5 je vous Tenverrai par la Niij 2 94 Supplément à VHiJIoire première occafion fî vous fouhaitez de îe voir. » Nous n'avons pas profité de cette offre trcs-oblîgeante de M. Allamand, parce que nous avons été informés peu de temps après qu'il étoit arrivé en Hollande un ou deux de ces animaux vivans 5 & que nous efpérions c\uq quelque Naturalifte en feroit une bonne defcription. En effet, M." Pallas & Vofmaër ont tous deux décrit cet animal, & Je vais donner ici l'extrait de leurs obfervations. «c Cet animal, dit M. Vofmaër, eft connu au cap de Bonne-elpérance fous le nom de Blaireau des rochers ; vraifem- biablement parce qu'il fait fon léjour en- tre les rochers & dans la terre, comme le blaireau , auquel néanmoins il ne ref- f emble point. Il reffemble plus à la mar- motte, & cependant il en diftère Cefi: Kolbe qui le premier a parlé de cet ani- mal, & a dit, qu'il rellemble miieux à une marmotte qu'à un blaireau. » Nous adopterons donc la dénominatiofi des Animaux quadrupèdes. 295 de marmotte du Cap, Se nous la préfére- rons à celle de cavia du Cap, parce que Tanimal dont il eft ici queftron, eft très- différent du cavia ou cabiai. 1.° Par le climat, le cavia étant de l'Amérique mé- ridonale, tandis que celui-ci ne fe trouve qu'en Afrique. 1° Parce que le nom de cavia eft un mot Brafilien, qui ne doit point être tranfporté en Afrique, puifqu'il appartient au cavia qui eft le vrai cabiai, & au cavia -cobaïa qui eft îe cochon- d'inde. 3.° Enfin parce que le cabiai eft un animal qui n'habite que le bord des eaux, qui a des membranes entre les doigts des pieds, tandis que la marmotte du Cap n'habite que les rochers & les terres les plus sèches qu'elle peut creufer avec Tes ongles 5 (voyei la figure j pi, xxxij, «c Le premier animal de cette efpècc, dit M. Vormaër, qui ait paru en Europe, a été envoyé à M. le Prince d'Orange, par M. Tulbagh, & on en conferve la dépouille dans le cabinet de ce Prince. La couleur de ce premier animal diftere beaucoup de celle d'un autre qui eft arrivé depuis) il étoit auffi fort jeune ôc Nir 2 9^ Supplément à FHlJtoire très-petit*, celui que Je vais décrire, étoit un mâle, & il m'a été envoyé par M. Berg- nieyer, d'Amfterdam Le genre de vie de ces animaux, Tuivant les infor- mations qui m'en ont été données, eft fort trifte, dormant fouvent pendant ia jour- née. Leur mouvement eft lent & s'exécute par bonds. Mais, dans leur état de Nature , peut-être eft-il aufîi vif que celui des la- pins-, ils pouffent fréquemment des cris de courte durée, mais aigus & perçans. » Je remarquerai en pafîànt, que ce ca- ladtère rapproche encore cet animal de îa marmotte, car on fait que nos mar- mottes des Alpes font fouvent entendte un fiftlet fort aigu. fort ferrées & au nombre de quatre -, elles font alTez longues 5 plates & larges. • . . Les dents molaires font afTez groffes, quatre en haut & quatre en bas de chaque coté 5. on en pourroit compter une cinquième plus petite que les autres. . . . Cet ani- mai a les jambes de devant fort courtes Se cachées à moitié fous la peau du corps.^ Les pieds font nus de ne préfentent qu'une peau noire. Ceux de devant ont quatre doigts, dont trois très-apparens 8c celui du milieu le plus long, le quatrième, qui eft au côté extérieur, efl: beaucoup plus court que les autres & comme adhérent au troifième*, le bout de ces doigts eft armé d'onglets courts & ronds > attaché%,- à la peau, de la même façon que nos ri. XXXT.pa^ . sufS. LA M ARM O TE DU CA:^ . des Animaux quadrupèdes, 29^ ongles. Les pieds de derrière ont trois doigts dont il n'y a que celui du milieu qui ait un ongle courbe , le doigt exté- rieur eft un peu plus court que les au- tres. L'animal faute fur fes pieds de der- rière comme îe lapin Il ny a pas le moindre indice de queue -, Tanus fe montre fort long, & le prépuce en bour- iet rond découvre un peu la verge. La couleur du poil eft le gris ou le brun- fauve, comme le poil des lièvres ou des lapins de garenne. Il eft plus foncé fur la tête & fur le dos, & il eft blanchâtre fur la poitrine & le ventre. Il y a auiïi une bande blanchâtre fur le cou tout près des épaules', cette bande ne fait point un collier , mais fe termine à la hauteur des jambes de devant , & en général le poil eft doux & laineux. a> Nous ne donnerons pas ici la defcrîp- tion des parties intérieures de cet animal -, on la trouvera dans l'Ouvrage de M. Pallas, qui a pour titre : SpicUegia :ioologlca^ Cet habile Naturalifte Ta faite avec beau- coup de foin 3 & il faudroit la copier en Nvj 5 o o Supplément à VHiJloire entier pour ne rien perdre de fes ob-f ler^ations. Du CASTOR. Nous AVONS DIT que le CaftoE étoit un animal commun aux deux coa- tînensi il fe trouve en effet tout auffi fré- quemment en Sibérie qu'au Canada -, on peut les apprivoifer aifément, &: même leur apprendre à pêcher du poilïon & le rapporter à la maifon \ M. KaLn aflure ce fait. « J'ai vu, d^-il, en Amérique des cadors tellement apprivoifés, qu'on les envoyoit à la pêche , & qu'ils rappor- toient leurs prifes à leur maître. J'y ai vu auiïi quelques loutres qui étoient fî fort accoutumées avec les chiens & avec leurs maîtres qu'elles les fuivoienr, les accom- pagnoient dans le bateau, fautoient dans l'eau & le moment d'après revenoient avec un poilTon (cj. fcj Voyage de Kalm , tçms U, pa^e 350, des Animaux quadrupèdes. 3 o ï Nous vîmes , dit M. Gmelin , dans une petite ville de Sibérie, un caftor qu'on élevoit dans la chambre, & qu'on manioic comme on vouloif, on m'afïura que cet animal faifoit quelquefois des voyages à une dîftance très-confidérable, & qu'il enlevoit aux autres caftors leurs femelles qu'il ramenoit à la maifon, & qu'après le temps de la chaleur palTée, elles s'en re- tournoient feules & fans qu'il les con- duisît ( d), y> Des souris et des RATS. Nous DONNONS ici (pluTiche xxxii) la figure de la Souris commune, parce qu'elle n'a pas été bien rendue*. Nous avons dit à l'article de la fouris, que les fouris blanches aux yeux rouges n'étoient qu'une variété, une forte de dégénération dans i'efpèce de la fouris j cette variété fe trouve non-feulement dans nos climats tempérés, mais dans les (d) Voyage de Kamtfchatka , yage 73, ^ Tome t\y Plancha x x , ^a^e 296, 3 o 2 Supplément à VHijloire contrées méridionales & feptentrionales des deux continens. a Les fou ris blanches aux yeux rouges,, dit Pontoppidam , ont été trouvées dans la petite ville de Molle ou Roms-dallem ; mais on ne fait C\ elles y l'ont indigènes ou il elles y ont été apportées des Indes orientales. » Cette dernière préfomption ne paroît fondée fur rien , & il y a plus de raifon de croire que les fouris blanches fe trou- vent quelquefois en Norwège, comme elles fe trouvent quelquefois par-tout ailleurs dans notre continent -, & les fou- ris en général fe font mêine aduellement fi fort multipliées dans l'autre, qu'elles font aufîi communes en Amérique qu'en Europe , fur-tout dans les Colonies les plus habitées -, le même Auteur ajoute : quoiqu'il y en ait fur le bord méridional de la rivière de l^ormen _> & que, lorfqu^ils font tranfportés de Tautre coté, c'eft-à- dire> à la partie boréale de cette rivière, ils y périflent en peu de temps-, difté- rence qu'on ne peut attribuer qu'à des ex- halaifons du fol contraires à ces animaux, w Ces faits peuvent être vrais -, mais nous avons fouvent reconnu que Pontoppidani n'eft pas un Auteur qui mérite foi ejurère. Dans les obfervations que M,, le vicomte de Querhocnt a eu la bonté de me communiquer, il dif, que les rats tranfportés d'Europe à rifle-de-France par les vailTeaux sY étoient multipliés au point qu'on prétend qu'ils firent quit» ter l'île aux HoUandois ; les François en ont diminué le nombre, quoiqu'il y en ait encore une très- grande quantité* Depuis quelque temps , ajoute M. de Querhocnt, un rat de l'Inde commence à s'y établir •> il a une odeur de mufc des plus fortes > qui fe répand aux environs des lieux qu'il habite , & l'on croit q]ue 304 Supplément à VHlJloire îorfqu'il pafTe dans un endroit ou ii y a du vin ii le fait aigrir (e). Il me paroîc que ce rat d'Inde, qui répand une odeur de mufc, pourroit être le même rat que îes Portugais ont appelé Chérofo ou rat odoriférant. La Boullaye-le-Gouz en a parlé : ce II eft, dit-il, extrêmement petit \ il eft à peu-près de la figure d'un furet, fa morfure eft venimeufe-, quand il entre dans une chambre on le fent inconti- nent, & on l'entend crier kric^ kricj krk (f). » Ce même rat fe trouve auffi à Maduré, où on le nomme Rat de fenteur ; les voyageurs Hollandois en ont fait men- tion -, ils difent qu'il a le^ poil aufE fin que la taupe , mais feulement un peu moins noir ( g)\ (e) Note communiquée par M- le vicomte de Querhoënt ci M. de Buffbn. ( fj Voyage de ia BouIIaye-Ie-Gouz , page 256^ (g) Recueil des Voyages qui ont fervi à Péta- bliflement de la Compagnie des Indes orientales;, VoiUQ VII, page. 275. des Animaux quadrupèdes. 305 Du HAMSTER ou RAT de blé: On trouve dans la Gazette de Litté» rature, du 1 3 feptembre i774' "" ^^^^^^^ des obfervations faites fur le hamfter , & tirées d'un Ouvrage allemand de^ M. Sul» zer, que j'ai cru devoir donner ici. « Le rat de blé, en Allemand^ Hamf-- ter, ne pouvoir être mieux décrit ni plus commodément qu à Gotha, ou, dans une feule année, on en a livré onze mille cinq cents foixante-quatorze peaux à rhôtel-de-ville -, dans une autre cinquante- quatre mille quatre cents vingt-neuf, & une troifième fois quatre-vingts mille cent trente-neuf. Cet animal habite en gé- néral les pays tempérés-, quand il eO: irrité le cœur lui bat jufqu à cent quatre-vingts fois par minute -, le poids du cerveau eft à celui de tout le corps , comme i eft à 15)3. ^ ., Ces rats fe font des magafins, ou ils placent jufqu à douze livres de grains. En hiver, la femelle s'enfonce fort avant dans la terre. Cet animal eft courageux', il fe défend contre les chiens, contre les chats. }06 Supplément à F Hifloire contre les hommes: il eft naturellement querelleur, ne s'accorde pas avec fon ef^ pèce, & tue quelquefois, dans fa furie, fa propre famille. li dévore Tes femblables lorfqu ils font plus foibles, auiïi-Lien qt^.e les fou ris &: les oifeaux, & il wk avec cela de toutes fortes d'herbes, de fruits & de grains. Il boit peu, la femelle fort plus tard que le mâle de fa retraite d'hiver -, elle porte quatre femaines, & fait jufqu'à fix petits. Il ne faut que quelques mois pour que les petites femelles deviennent fécondes. L'efpcce de rat qu on nomme Iltis (hj j tue le hamfter. ^ Quand l'animal eft dans fon engour- diflement, on n'y obferve ni refpiration, ni aucune forte de fentiment. Le cœur h^t néanmoins environ quinze fois par minute, comme on s'en aperçoit en ou- vrant la poitrine; îefaag demeure fluide, les inteftins immobiles ne font pas irri- tables -, le coup éledrique même ne ré- veille pas l'animal, tout eft froid en lui; au grand air, il ne s'engourdit jamais. » ^— — — — — — — — — (hj L^Itis défigne ïe Putois, & non pas u» Rat, comme le dit ici TAuteur. des minimaux quadrupèdes. 307 M. Suîzer rapporte par quels degrés il pafle pour fortir de Ton engourdiflè- menr. « Cet animal n*a guère d'autre utilité que celle de détruire les fouris -, mais il fait bien plus de mal qu'elles (i), » Nous eufïîons defiré que M. Sulzer eut indiqué précifément le degré de froid ou de manque d'air auquel ces animaux s'en- gourdifFent •, car nous répétons ici affirma- tivement ce que nous avons dit ^, que dans une chambre fans feu, 011 il geîoic alTez fort pour y glacer Feau, un hams- ter , qui y étoit dans une cage, ne s'engour- dit pas pendant Thiver 17^5 On va voir îa pleine confirmation de ce fait dans les additions que M. Allamand a fait impri- mer à la fuite de mon Ouvrage, & que je viens de recevoir. (i) Cbfervatîons fur le Rat de bîé , par M. Su5» xer. Gaxette d& Littérature y i^ Sept^môii 1774- ^' Tome VI, page 115, 3 o 8 Supplément à VHijloire A D D I T I O De l'Editeur hollandois. Le hamster*. fttljE Hamster eft un quadrupède du genre des fouris, qui pafTe Thiver à dormir, comme les marmottes. Il a îes jambes bafTes, le cou court, la tête un peu grofle, la bouche garnie de mouftaches des deux cotés, les oreilles grandes & prefque fans poil, la queue courte & à demi-nue, les yeux ronds & fortant de la tête , le poil mêlé de roux , de jaune , de blanc & de noir, tout cela ne lui donne pas la figure fort revenante. Ses mœurs ne le rendent pas plus recommandable. H n'aime que fon propre individu, & n'a jpas une feule qualité fociabie. Il attaque * Cet article eft d*un Auteur anonyme , & fe trouve tome XIII, in-^.° page 69 dç l'Hiftoir® J^aturellçj Éditiçu k Moilmés. des Animaux quadrupèdes, 309 & dévore tous les autres animaux dont il peut fe rendre maître, fans excepter ceux de fa propre race. L'inftind: même qui le porte vers l'autre fexe, ne dure que quel- ques Jours, au bout defquels fa femelle n'éprouveroit pas un meilleur fort , (î elle ne prenoit pas la précaution d^éviter la rencontre de fon ingrat , ou de le pré- venir & de le tuer la première. A ces qua- lités odieufes, la Nature a néanmoins fu en allier d'autres, qui, fans rendre cet animal plus aimable, lui font mériter une place diftinguée dans l'Hidoire Naturelle des animaux. Il eft du petit nombre de ceux qui paffent l'hiver dans un état d'en- gourdilTement , & le feul en Europe qui foit pourvu de bajoues. Son adrefle à fe pratiquer une demeure fous terre & Tin- duftrie avec laquelle il fait fes provifions d'hiver, ne méritent pas moins l'attention des curieux. Lehamfter n'habite pas indifféremment dans toutes fortes de climats ou de terreins. On n e le trouve ni dans les pays trop chauds, ni dans les pays trop froids. Comme il vit de grains & qu'il demeure fous terre, une terre pierreufe j fablonneufe , argil- 5 I o Supplément à VHlJloire leufe lui convient auiïi peu que les prés, ies forêts & les endroits bourbeux. Il lui faut un terroir aifé à creufer, qui néanmoins foit alTez ferme pour ne point s'écrouler. Il choiiît encore des contrées fertiles en toutes fortes de graines, pour n'être pas obligé de chercher fa nourriture au loin, étant peu propre à faire de longues cour- fes. Les terres de Turinge , réuniffant toutes ces qualités , les hamfters s'y trou- vent en plus grand nombre que par -tout ailleurs. Le terrier que le hamfter fe creufe, à trois ou quatre pieds fous terre, confifte pour l'ordinaire en plus ou moins de chambres , félon l'âge de l'animal qui l'habite. La principale effc tapilTée de paille, & fert de logement, les autres font deftinées pour y conferver les provifions, qu'il ramaiïe en grande quantité dans le temps des moiflons. Chaque terrier a deux trous ou ouvertures, dont celle par laquelle l'animal eft arrivé fous terre , d^i- cend obliquement. L'autre qui a été pra- tiquée du dedans en dehors, eft perpen- diculaire Se fert pour entrer & fortir. Les terriers des femelles, qui ne de- des Animaux quadrupèdes, 311 meurent jamais avec îes mâles, difterent des autres en plufieurs points. Dans ceux ou elles mettent bas, on voit rarement plus qu'une chambre de provifion, parce que le peu de temps que les petits de- meurent avec la mère, n'exige pas qu'elle amalFe beaucoup de nourriture -, mais, au lieu d'un feul trou perpendiculaire , il y en a jufqu'à fept ou huit qui fervent à don- ner une entrée & une fortie libre aux pe- tits. Quelquefois la mère ayant chalTé fes petits , refte dans ce terrier \ mais , pour l'ordinaire, elle s'en pratique un autre, qu'elle remplit d'autant de provifions que la faifon lui permet d'en ramalTer. Les hamJilers s'accouplent la première fois vers la fin du mois d'avril, où les mâles fe rendent dans les terriers des fe- melles 5 avec lefquelles ils ne relient ce- pendant que peu de jours. S'il arrive que deux mâies, cherchant femelle, fe ren- contrent dans le même trou, il s'élève un combat furieux entre eux, qui, pour l'or- dinaire, finit par la mort du plus foible. Le vainqueur s'empare de fa femelle, & l'un & l'autre qui, dans tout autre temps, fe perfécutent & s'encretuent, dépofent leur 3 1 1 Supplément à VHïJloire férocité naturelle pendant le peu de jours que durent leurs amours. Ils fe défendent même réciproquement contre les agref- feurs. Quand on ouvre un terrier dans ce temps-là , & que la fereielle s'aperçoit qu'on veut lui enlever Ton mari , elle s'é- iance fur le ravilTeur, & lui fait fouvent fentir la fureur de fa vengeance par des morfures profondes & douloureufes. Les femelles mettent bas deux ou trois fois par an. Leur portée n'eft jamais au- deiïbus de (ix, & le plus fouvent de feize à dix-huit petits. Le crû de ces animaux eft fort prompt. A l'âge de quinze jours, ils eiîayent déjà à creufer la terre: peu après, la mère les oblige de fortir du ter- rier, de forte qu'à l'âge d'environ trois femaines ils font abandonnés à leur pro- pre conduite. Cette mère montre en gé- néral fort peu de tendreffe maternelle pour Tes petits -, elle qui, dans le temps de Tes amours , défend fi courageufement fon mari, ne connoît que la fuite quand fa famille eft menacée d'un danger, Ton unique foin eft de pourvoir à fa propre confervation. Dans cette vue, dès qu'elle fe fent pourfuivie, elle s'enfonce en creu- fanr (l'es Animaux quadrupèdes. 315 fant plus avant dans îa terre, ce qu'elle exécute avec une célérité furprenanre. Les petits ont beau la fuivre , elle eft fourde à leurs eris, & elle bouche même îa retraite qu'elle s'eft pratiquée. Le hamfter fe nourrit de toutes fortes d'herbes , de racines & de grains , que les différentes faifons lui fournilTent. Il s'ac- commode même très-volontiers de la chaire des autres animaux dont il devient le maître. Comme il n'efl: pas fait pour les longues courfes , il fait le premier fonds de fon magaiîn par ce que lui préfentent les champs voifins de fon établilTement , ce qui eft la raifon pourquoi l'on voit fou- vent quelques-unes de fes chambres rem- plies d'une feule forte de grains. Quand les champs font moilTonnés, il va cher- cher plus loin fes provifions , & prend ce qu'il trouve dans fon chemin pour le porter dans fon habitation & l'y dépofer fans diftindion. Pour lui faciliter le tranf- port de fa nourriture, ia Nature l'a pourvu de bajoues de chaque côté de l'intérieur de la bouche. Ce font deux poches mem- braneufes, lilTes & luifantes en dehors, & parfemées d'un grand nombre de Tome FUI, Quadrupèdes, Q 314 Supplément à VHiJloire glandes en dedans, qui difliilent fansceflfe une certaine huniicfité , pour les tenir foupies & les rendre capables de réfil'ter aux accidens , que des grains fouvent roides & pointus pourroient caufer. Cha- cune de fes bajoues peut contenir une once & demie de grains, que cet animal de retour dans fa demeure, vide moyen- nant fes deux pieds de devant , qu il preiTe extérieurement contre fes joues, pour en faire fortir les grains. Quand on rencontre unhamfter. Tes poches remplies de pro- vifions , on peut le prendre avec la main , fans rifquer d'être mordu, parce que, dans cet état, il na pas le mouvement des mâ- choires libre. Mais, pour peu qu'on lui lailTe du temps, il vide promptement fes poches & fe met en défenfe. La quantité de provifions qu'on trouve dans les ter- riers, varie fuivant l'âge & le fexe de ranimai qui les habite. Les vieux hamf- ters amalïent jufqu à cent livres de grains, mais les jeunes & les femelles fe conten- tent de beaucoup moins. Les uns & les autres s'en fervent, non pour s'en nourrir pendant l'hiver, temps qu'ils palïent à dormir & fans manger, mais pour avoiï des Animaux quadrupèdes. 5 i y de quoi vÏvilQ après leur réveil au prin- temps , & pendant refpace de temps qut précède leur engourdiiïement. A rapproche de l'hiver, les hamfters iQ retirent dans leurs habitations fouter- ràines, dont ils bouchent l'entrée avec foin. Ils relient tranquilles & vivent de leurs provifions, jufqu'à ce que le froid étant devenu plus fenfible, ils tombent dans un état d'engourdrlTement femblable au fommeil le plus profond. Quand, après ce temps-là, on ouvre un terrier, qu'on reconnoît par un monceau de terre qui fe trouve auprès du conduit oblique , donc nous avons parlé , on y voit le hamfter mollement couché fur un lit de paille menue & très-douce. H a la tête retirée fous le ventre , entre les d^ux jambes de devant: celles de derrière font appuyées contre le mufeau. Les yeux font fermés, & quand on veut écarter les paupières^ elles fe referment dans Imftant. Les mem- bres font roides comme ceux d un animal mort , & tout le corps eft froid au toucher, comme la glace. On ne remarque pas la moindre refpiration ni autre figne de vie. Ce n eft qu'en le difféquant dans cet ét^t Oij 3 I 6 Supplément à VHiJloire d'engourdiiTement qu'on voit le cœur fe contrader & fe dilater-, mais ce mouve- ment eft Ti lent, qu'on peut compter à peine quinze pulfations dans une minute, au lieu qu'il y en a au moins cent cin- quante dans le même efpace de temps , îorfque l'animai eft éveillé-, la graiffe eft comme figée : les inteftins n'ont pas plus de chaleur que l'extérieur du corps, & font infenfibles à l'acliion de l'erprit-de- vin & même à l'huile de vitriol qu'on y verfe, & ne marquent pas la moindre irritabilité. Quelque douloureufe que foit toute cette opération, l'animal ne paroît pas la fentir beaucoup: il ouvre quel- quefois la bouche, comme pour refpirer j mais fon engourdiftement eft trop fort pour s'éveiller entièrement. On a cru que la caufe de cet engour- dilTement dépendoit uniquement d'un certain degré de froid en hiver. Cela peut être vrai à l'égard des loirs, des 1er rots, des chauve-fouris ^ mais, pour mettre le hamfter dans cet état, l'expérience prouve qu'il faut encore que l'air exté- rieur n'ait aucun accès à l'endroit où il s'eft retiré. On peut s'en convaincrç en des Animaux quadrupèdes, 317 enfermant un hamfter dans une cai(ïe remplie de terre & de paille, on aura beau Texpcfer au froid le plus fenlîble de Thiver & aflTez fort pour glacer Teau, on ne parviendra jamais à le faire dor- mir-, mais, dès qu'on met cette caiffe à quatre ou cinq pieds fous terre , qu iî faut avoir foin de bien battre , pour em- pêcher Tair extérieur d'y pénétrer , on le trouvera au bout de huit ou dix jours engourdi comme dans fon terrier. Si l'on retire cette caifiTe de îa terre, le hamfter fe réveillera au bout de quelques heures Se fe rendormira de nouveau, quand on îe remet fous terre. On peut répéter cette expérience avec îe même fuccès , aufïî long-temps que le froid durera, pourvu qu'on obferve d'y mettre Tintervaliô de temps nécefïàire. Ce qui prouve encore , que i'abfence de Tair extérieur eft une des caufes de i'engourdiftement du hamf- ter, c'eft que, retiré de fon terrier au plus gros de Fhiver, il fe réveille im- manquablement au bout de quelques heures, quand on Texpofe à Tair. Qu'on fafTe cette expérience de jour ou de Oiij 5 ï 8 Supplément à l'HlJîoire nuit, cela eft indifférent, de forte que la lumière n'y a aucune part. Ceft un fpe6tacle curieux de voir pafTer un hamfter de Fengourdidement au réveil. D'abord il perd la roideur des membres •, enfuite il relpire profondé- ment, mais par de longs intervalles : on remarque du mouvement dans les jam- bes -, il ouvre la bouche , comme pour bailler, & fait entendre des fons défa- gréables &: fembiables au ralement. Quand ce jeu a duré pendant quelque temps, il ouvre enfin les yeux & tâche de fe met- tre fur les pieds ; mais tous ces mouve- mens font encore peu aflfurés & chance- lans, comme ceux d'un homme ivre. Il réitère cependant fes elTais, jufqu'à ce qu'il parvienne à fe tenir fur fes jambes. Dans cerre attitude il refte tranquille, comme pour fe.reconnoître 8c fe repofer de les fatigues *, mais peu à peu il commence à marcher, à manger êc à agir, comme il faifoit avant le temps de fon fommeil. Ce palTage de TengourdilTement au ré- veil, demande plus ou moins de temps, félon la température de Tendroit où fe des Animaux quadrupèdes. 319 trouve TanitTiaL Si on rexpofe à un air fenfiblemenc froid, il faut quelquefois plus de deux heures pour le faire éveiller, & dans un lieu plus tempéré cela fe fait en moins d'une heure. Il eft vraifemblable que, dans les terriers, cette cataftrophe arrive imperceptiblement, & que rani- mai ne fent aucune des incommodités qui accompagnent un réveil forcé & fubit. La vie du hamfter efl: partagée entre les foins de fatisfaire aux befoins naturels & la fureur de fe battre. Il paroît n'a- voir d'autres paillons que celle de la co- lère , qui le porte à attaquer tout ce qui fe trouve en fon chemin , fans faire atten- tion à la fupérioricé des forces de l'en- nemi. Ignorant abfolument l'art de fauver fa vie en fe retirant du combat , il fe îaiiïe plutôt afTommer de coups de bâton que de céder. S'il trouve le moyen de faiiir la main d'un homme, il faut le tuer pour fe débarrafTer de lui. La grandeur du cheval l'effraie aullî peu que radreilè du chien , ce dernier aime à lui donner la chaflfe : quand le hamfter l'aperçoit de loin , il commence par vider fes poches , Oiv 3 se Supplément à rHïfioire /î par hafard il les a remplies de grains \ enfuite il les enfle ii prodigieufement, que la tête & le cou furpalTent beaucoup en grolleur le refte du corps *, enfin il fe redreiïe fur Tes jambes de derrière & s'élance dans cette attitude fur Tennemi ; s'il rattrape , il ne le quitte qu après l'avoir tué ou perdu la vie*, mais le chien le prévient pour l'ordinaire , en cherchant de le prendre parderrière & de l'étran- gler. Cette fureur de fe battre fait que le hamfter n'eft en paix avec aucun des autres animaux. Il fait niême la guerre à ceux de fa race , fans en excepter la fe- melle. Quand deux hamfters fe rencon- trent, ils ne manquent jamais de s'atta- quer réciproquement, jufqu'à ce que le plus foible fuccombe fous les coups du plus fort qui le dévore. Le combat entre un mâle & une femelle dure pour l'or- dinaire plus long-temps que celui de mâle à mâle. Ils commencent par le don- ner la chaile & fe mordre j eniuice chacun fe retire d'un autre coté , comme pour prendre haleine •, peu après, ils renou- vellent le combat, & continuent à fe fuir des Animaux quadrupèdes, 321 ^ à fe battre jufqu'à ce que Y un ou Tautre fticcombe. Le vainca fert toujours de repas au vainqueur. » Du S O V L I K. Nous DONNONS ICI f planche XXXI 11) la figure de cet animal, qui manquoic dans nos volumes précédens \ M. ie Prince Galitzin a eu la bonté de demander , à ia prière de M. de Buffon, huit Soulilcs, & de donner tous les ordres néceilàires pour les faire arriver vivans jufqu'en France \ il s'adreflfa pour cela à M. ie Général Betzki, qui les envoya à M. le marquis de Beauflet, alors Ambaiïadeur de France à la Cour de Péterfbourg. Ces huit petits animaux arrivèrent vivans à Péterfbourg après un long voyage depuis la Sibérie, mais ils ont péri dans la tra- verfée depuis Péterfbourg en France , quoiqu'on eût eu les plus grandes atten- tions , tant pour leur nourriture que pour les autres foins nécefTaires à leur confervation. On avoir recommandé de Sibérie, de ne leur donner à manger que du blé ou du chenevis, de les lailTer à l'air autant quon pourroit> d'empêcher 52 2 Supplément à l^HiJîoire feulement que l'eau des grandes pluies ne les inondât dans leur caifTe -, de leur mettre dans cette même caiflè une forte épailïeur de fable aifez lié pour ne pou- voir s'ébouler, parce que, dans leur état de nature, ils font leurs trous dans les ter- res légères. Ces animaux habitent ordinairement les déferts, fe font des tanières fur les pentes des montagnes , pourvu que le fond de la terre foit noir. Leurs tanières ne font pas égales en profondeur, elles font de fept ou huit pieds de longneur, jamais droites , mais tortueufes , ayant deux, trois, quatre & cinq fotties *, leur diftance eft auiïï inégale , ayant depuis deux jufqu à fept pieds de féparation. Ils pratiquent dans ces tanières ditierens en- droits, où, en temps d'été, ils font leurs provilions pour l'hiver. Dans les terres labourées ils ramaiïènt , pendant le temps delamoifïon, les. épis de froment, de même que la graine des pois, du lin & du chanvre qu'ils mettent féparément l'un de l'autre dans les endroits préparés ex- près & d'avance a l'inférieur de leurs tanières. Dans les endroits incultes, ils 7ûm . r. Tom. Tm. FI. XXXm.^a^. 32Z. •^% \ _Z?f àai/t! Ut'i' Jic.ss.-fU Sl LE SOULIK. des u4nimaux quadrupèdes, 325 ramafîènt des graines de différentes herbes. En été, ris fe nourrilTent de grainSjd'herbes, de racines & de jeunes fou ris *, pour peu qu*elIesfoient groflfes, le foulilc ne peut en faire (sl proie. Indépendamment des magafîns 011 ces animaux gardent leurs provf(]ons d'hiver, ils fe pratiquent en- core dans leurs tanières des endroits pour repofer, & qui en font diRans de quel- ques pieds -, ils rejettent leurs ordures hors de leurs retraites. Les femelles por- tent depuis deux jufqu'à c\nç{ petits , ils naiffent aveugles Se fans poil , & ne com- mencent à voir que quand le poil paroît. On ne fait pas au jufte le temps de la gefla- tion des femelles. (Voyez fur le foulik la defcription qu'en a donnéM. Daubentonj volume X V^ p^*-g^^ ^95^ fuivantesj. De la taupe. Je donne icï(pL xxxiv ) la figure de la Taupe, parce qu'elle n'a pas été bien rendue*. Pontoppidam alTure que îa taupe ne fe * Tome II, Planche x x r, jjage 328. Ovj 3 2 4 Supplément à FHiJîoire trouve en Norwcge que dans la partie orientale du pays, & que le refte de ce royaume eft tellement rempli de rochers qu elle ne peut sy établir (kj. TAUPE BU CAF jy E BONNE-ESPERANCE, Nous DONNONS ICI (pL XXXV ) la figuie d'une Taupe , qui le trouve au cap de Bonne -efpérance, & dont la peau bourrée nous à été donnée par M. Sonne- rat , Correfpondant du Cabinet. Cette taupe relTemble afTez à la taupe ordinaire par la forme du corps , par les yeux qu'elle a très-petits , par les oreilles qui ne (ont point apparentes, & par la queue qu il faut chercher dans le poil , & qui eft à peu-près de la même longueur que celle de notre taupe -, mais elle en dif- fère par la tête qu'elle a plus groflTe , & par le mufeau qui reflemble à celui du cochon-d'inde. Les pieds de devant font aufli diftérens-, le poil du corps neft pas (k) Hiftoire Naturelle de la Norwègc , par Pej^- loppidam. Journal étranger ^ Juin 1756. des Animaux quadrupèdes, 325 noir, mais d'un bruii-minîme avec un peu de fauve à Texcrémiré de chaque poil*, la queue eft couverte de grands poils d'un jaune-blanchaL-re , & eu général le poil de cerce taupe du Cap etl plus long que celui de la taupe d'Europe. Ainli, roii doit conclure de toutes ces ditlérences que c'efl: une elpèce particulière, & qui, quoique voifine de celle de la taupe , ne peut pas être regardée comme une (im- pie variété, TAUPE DE Pensilvanie. œ II Y A, dit M. Kaîm, en Penfilva- nie une efpèce de Taupe, qui fe nourrit principalement de racines. Cet animal fe creule dans les champs de petites allées fouterraines, qui fe prolongent en for- mant des détours & des {inuofités. ... Il a dans les pattes plus de force & de roideur que beaucoup d'autres animaux, à proportion de leur grandeur Pour creufer la terre , il fe fert de fes pieds comme des avirons. M. Kalm en mit un dans fon mouchoir, il s'aperçut qu'en moins d'une minute il y avoit fait quan- tité de petits trous , qui avoient i'air }i6 Supplément à VHiJloire d'avoir été percés avec un poinçon,... II écoit très-méchant , & dès que l'on mettoit ou qu^il trouvoit quelque chofe fur fon pafTage, il y faifoic tout de fuite, en mor- dant, de grands trous. Je lui préfentar, dit M. Kalm , mon écritoire , qui étoit d'acier, il commença d'abord à ia mordre, mais il fut bientôt rebuté par la dureté du métal, & ne voulut mordre après aucune des chofes qu'on lui préfentoit. Cet ani»» mal n'élève pas la terre en dôme comme les taupes d'Europe, il fe fait feulement de petites ailées fous terre ( l), y> Ces indications ne font pas fufBfàntes pour donner connoilTsnce de cet animal , ni même pour décider s'il eft vraiment du genre des taupes. (l) Voyage de Kalm, rome II, pagQ 333, Got- tîngen,i757. » ■ am, T^ Tbm.TTir, PI. XXXlK^^ai/ . 3 2 o\ PI. XXXI. pa^. 32Û 1.A TAI^PE DV CAP. des Animaux quadrupèdes. 327 , Il II ■ I I j 1] I L .L II- - - r^ ADDITION A V article de FOurs\ jyi« DE MusLY, Major d'artillerie, au fervice des Etats-Généraux , a bien voulu me donner quelques notices fur des Ours élevés en domefticité , dont voici l'extrait : ce A Berne, où Ton nourrit de ces animauX5ditM.de Mufly, on les loge dans de grandes fofTës carrées , où ils peuvent Te promener -, ces fofTes font couvertes pardeflus & maçonnées de pierre de taille, tant au fond qu'aux quatre côtés. Leurs loges font maçonnées fous terre au rez-de-chauiïee de la fofTe , & font partagées en deux par des murailles, & on peut fermer les ouvertures tant «^— — — ■ —■———.— —p———— — ' Tome III, page 18, 5 1 8 Supplément à VHijloire extérieures qu'intérieures, par des grilles de fer qu'on y laifTe tomber comme à une porte de ville. Au milieu de ces fofTes, il y a des trous dans de groflès pierres, où l'on peut dreflfer debout de grands arbres*, il y a de plus une auge dans chaque foiïe , qui eft toujours pleine d'eau de fontaine. Il y a trente-un ans qu'on a tranfporté de Savoie ici deux ours bruns fort jeunes, dont la femelle vit encore \ le mâle eut les reins cadés, il y a deux mois, en tombant du haut d'un arbre qui eft dans la fofïè. Ils ont commencé d'engendrer à l'âge de cinq ans , & depuis ce temps ils font en- trés en chaleur tous les ans au mois de juin, & la femelle a toujours mis bas au commencement de Janvier*, la première fois elle n'a produit qu'un petit , & dans ia fuite tantôt un , tantôt deux , tantôt trois, mars jamais plus, &, les trois der- nières années, elle n'a fait qu'un petit chaque fois ; l'homme qui en a foin , croit qu'elle porte encore actuellement (17 oâiobre 177 1). Les petits en venant au monde, font d'une afîèz jolie figure couleur fauve avec du blanc autour du des Animaux quadrupèdes, 329 cou, & n'ont point Fair d'un ours-, la mère en a un foin extrême. Ils ont les yeux fermés pendant quatre femaines \ ils n'ont d'abord guère plus de huit pouces de lon- gueur, &5 trois mois après, ils ont déjà quatorze à quinze pouces , depuis le bout du mufeau jufqu'à la racine de la queue , & du poil de près d'un pouce. Ils font alors d'une figure prefque ronde, & le mufeau paroît être fort pointu à proportion du refte, de façon qu'on ne les reconnoît plus *, enfuite ils deviennent fluets pendant qu'ils font adultes , le blanc s'efïace peu-à-peu, & de fauves ils de- viennent bruns. Lorfque le mâle & la femelle font accouplés, le mâle commence par dts mouvemens courts, mais fort prompts, pendant environ* un quart de minute*, enfuite il fe repofe deux fois auffi long- temps fur la femelle & fans s'en déga- ger, puis il recommence de la même ma- nière jufqu'à trois ou quatre reprifes, &, l'accouplement étant confommé , le mâle va fe baigner dans l'auge jufqu'au cou. Les ours fe battent quelquefois aiTez ru- dement avec un murmure horrible', mais> 3 3 o Supplément à VHiJloire dans le temps des amours, la femelîe a ordinairement le deflus, parce qu'alors le maie la ménage. Les foiles, qui étoient autrefois dans la ville, ont été comblées, & on en a fait d'autres entre les remparts & la vieille enceinte. Ces deux ours ayant été réparés pendant quelques heures pour Ips tranfporter Tun après l'autre dans les nouvelles fofTes , lorfqu'ils fe font retrou- vés enfemble ils fe font drelïes debout pour s'embrader avec rranfporr. Après la xnort du mâle 3^ la femelle a paru fort affligée, & n'a pas voulu prendre de nourriture qu'au bout de plufieurs jours*, mais à moins que ces animaux ne foient élevés & nourris enlemble des leur tendre jeunelle, ils ne peuvent fe fupporter j & lorfqu'ils y ont été habitués, celui qui fur- vit ne veut plus en fouftrir d'autres. Les arbres que l'on met dans les foflès tous les ans au mois de mai font des mé- lèzes verds , fur lefquels les ours fe plar- fent à grimper -, néanmoins ils en cafîènt quelquefois les branches , fur-tout lorfque ces arbres font nouvellement plantés. On les nourrit avec du pain de feigle que Ton coupe en gros morceaux, & que l'on des animaux quadrupèdes, 531 trempe dans de Teau chaude. Ils mangent aufli de toutes fortes de fruits-, & , quand îes payfans en apportent au marché qui ne font pas murs, les archers les jettent aux ours par ordre de police. Cependant on a remarqué qu'il y a des ours qui préfèrent les légumes aux fruits des ar- bres. Quand la femelle efl: fur le point de mettre bas, on lui donne force paille dans fa loge , dont elle le fût un rempart, après qu'on l'a féparée du mâle , de peur qu'il ne mange les petits \ &, quand elle a mis bas , on lui donne une meilleure nour- riture qu'à l'ordinaire. On ne trouve Ja- mais rien de l'enveloppe, ce qui fait Ju- ger qu'elle l'avale. On lui laiiïè les petits pendant àjyi femaines , & , après les en avoir féparés, on les nourrit pendant quel- que temps avec du lait & des bifcuits. L'ours en queftion que l'on croyoit pleine, fut munie de paille comme à l'ordinaire dans le temps que l'on croyoit qu'elle alîoit mettre bas \ elîe s'en fit un lit où elle refta pendaiit trois- femaines fans avoir rien produit. Elle a mis bas à trente-un ans, au mois de Janvier i/yr, pour la dernière fois *, au mois de juin 5 3^ Supplément à PHifloire fuivant, elîe s'eft encore accouplée, mais au mois de janvier 1772 , à trente-deux ans, elle n'a plus rien fait. Il feroit à fou- haiter qu'on ia laiiïat vivre jufqu'au terme que la Nature lui a fixé , afin de le con- noître. H y a des ours bruns au Mont- jura, fur les frontières de notre canton , de la Franche-comté & du pays de Gex •, quand ils defcendent dans la plaine , (1 c'efl; en automne , ils vont dans les bois de châ- taigniers, où ils font un grand dégât. Dans ce pays-ci les ours pallènt pour avoir le iens de la vue foible , mais ceux de l'ouïe, du toucher & de l'odorat très- bons (a)* » En Norwège , les ours font plus com- muns dans les provinces de Berguen & de Dronthein, que dans le refte de cette contrée. On en diftingue deux races, dont îa leconde efl; confidérablement plus pe- tite que la première -, les couleurs de (a) Extrait de deux lettres écrites par M. de Mufly, Major d'artrilerie au fervice de Holîande, à M. de Buffon , l'une date'e à Berne le 17 odtobre J771 , & l'autre datée à la Haye le 3 juin 1772. des Animaux quadrupèdes, 553 routes deux varient beaucoup, les uns font d'un brun -foncé, les autres dun brun- clair, & même il 7 en a de gris & de tout blancs. Ils fe retirent au commencement d'odobre dans des ta- nières^ ou des butes quils fe préparent eux-mêmes, & où ils difpofent une ef. pèce de lit de feuilles & de moufle. Comme cqs animaux font fort à crain- dre, fur-tout quand ils font bleflés, \qs chafleurs vont ordinairement en nombre, au moins de trois ou quatre, & comme Tours tue aifément les grands cbiens, on n'en mené que des petits qui lui pafl^ent aifémcnt fous le ventre, & le faifîflbnt par les parties de la génération. Lorfqu'il fe trouve Qy^cèdè, il s'appuie le dos contre un rocber ou contre un arbre , ramaflè du gafon & des pierres qu il jette à fes en- nemis, & c'efi ordinairement dans cette fituation quil reçoit le coup de la mort (bj. Nous avons vu , à la ménagerie de Chantilly-, un ours de l'Amérique-, il étoit (b) Hifloire Naturelle de la Norwège , par Pon- tpppidam. jQumal étranger , Juin 1 756, 3 34 Supplément à VHiJloire ^ &c. d'un très-beau noir & le poil écoit doux , droit & loDg comme celui du grand fapa- jou 5 que nous avons appelé le coaita. Nous n'avons remarqué d'autres difié- rences dans la forme de cet ours d'Amé- rique, comparé à celui d'Europe, que celle de la tête , qui ell: un peu plus alon- gée, parce que le bout du mufeau efl moins plat que celui de nos ours. On trouve, dans le journal de l'expé- dition de M. Bartram, une notice d'un ours d'Amérique, tué près de la rivière Saint-Johnes , à l'eft de la Floride : ce Cet ours , dit la relation , ne pefoit que quatre cents livres, quoique le corps eût fept pieds de longueur , depuis l'ex- trémité du nez jufqu'à la queue. Les pieds de devant n'avoient que cinq pouces de j large, la graillé étoit épailîè de quatre ' pouces. On l'a fait fondre, Se on en a tiré foixante pintes de graifïè , mefure de \ Paris ( c). j* (c) Lettre de M. Colinfon ii M. de BufFou, Londres, 6 féiprkr 1767. Fin du Tome huitième* i